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Full text of "Mollusques méditeranéens [!]; observés, décrits, figurés, et chromolithographiés d'après le vivant .."

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MOLLUSQUES 


MÉDITERANÉENS 


OBSER VÉS, DÉCRITS, FIGURES ET CHROMOLITHOGRAPHIÉS D'APRÈS LE VIVANT 


OUVRAGE 


DÉDIÉ À S. M. LE ROI 


CHARLES ALBERT 


PAR 


JEAN BAPTISTE VERANY 


Chevalier de l'ordre des SS. Maurice et Lazare , Directeur du Cabinet d'histoire naturelle 
de la ville de Nice , Essayeur-chef au bureau de la garantie de la division de Gènes, 


Membre correspondant de l'Accademie Royale des sciences de Turin, etc. 


a 


PREMIÈRE PARTIE. 


CÉPHALOPODES DE LA MÉDITERRANÉE. 


en | 


GÈNES 


IMPRIMERIE DES SOURDS-MUETS. 


1851 


Division of MoïluaEs 


Bectional Library 


SIRE, 


un son beau ciel, ses monuments vainqueurs des siècles el Les grands hommes 
qu’elle a enfantés, l'Italie possède des richesses ensevelies dans le sein des flots, qui 
baignent ses côtes riantes. Un petit nombré de ces trésors, si précieux pour la science, 
ont été déjà signalés : la plus grande partie avait échappé jusqu'ici aux regards des 
savants. J’ai voulu sonder, à mon tour, les profondeurs de la Méditerranée, arracher 
les Mollusques à l’oubli, au quel ils semblaient condamnés et les offrir à l'étude des 
naturalistes tout en leur faisant part de mes observations. 

Pour rendre fructueux ce travail long et pénible, il s'agissait, non d’obtenir une 
pâle copie typographique des espèces diverses prise sur des corps inanimés, mais de 
représenter les Mollusques avec une fidélité exacte, tant sous le rapport de la conformation 
et des organes, que sous celui des nuances, variées à l’infini, qui les distinguent, quand 


ils ont le mouvement et la vie. C'était un rude labeur, et la tache me paraissait au 


VI 


dessus de mes forces: cependant, comme la science et les beaux-arts se tiennent, pour 
ainsi dire, par la main, et se prétent un mutuel secours, je me suis adressé à la 
chromolitographie, qui, grâce à mon application et à ma persévérance, à reproduit les 
Mollusques, que je possédais vivants, avec la souplesse des chairs, la grace des contours, 
la flexibilité des membranes, le transparent et le coloris que j'ambitionnais avec tant 
d’ardeur. 

Votre Majesté, qui n’est étrangère à aucun genre de connaissance, pourra s'en 
convaincre, en jetant les yeux sur la série de planches, que j'ai l’honneur de lui 
soumettre. 

Sire, {a reconnaissance des peuples se charge d’éterniser la mémoire d'un bon Roi ; 
mais les sciences et les arts, qui fleurissent sous l’égide de son sceptre paternel, forment 
le piédestal du monument, qui doit transmettre sa gloire à la postérité, et chacun de 
ses sujets s'efforce, par des découvertes plus ou moins importantes, de lui payer un 
tribut d'amour et de gratitude. 

Si mes travaux sont trop faibles pour contribuer en rien à la splendeur de votre 
régne, ils auront un assez bon partage en prouvant que vos fidèles sujets revendiquent 
aussi leur part dans le progrès des sciences, et que Votre Majesté encourage leurs efforts, 
puisqu'elle me permet de lui dédier cel ouvrage. 

Je le dépose à vos pieds, Sire; daignez en agréer l’hommage: ce sera le plux doux 
fruit de mes veilles, comme il deviendra le gage impérissable du respectueux dévouement 


et de l’éternelle reconnaissance 


Du plus fidèle de vos sujets 


VERANY. 


V0 si dichiara che S. M. si è degnata di gradire la dedica dell opera. 
Raconiggi li # luglio 1847. 


Il Segretario privato di S. M. 


Dr CasTAGneTTo. 


PRÉFACE 


Pressé de me livrer à la recherche des êtres marins, pour me rendre aux pressantes 
sollicitations de feu M. le Prof. Bonelli, qui travaillait à enrichir le musée de Turin des 
produits de nos mers; ébloui par l'élégance des formes et des couleurs, qui parent cette 
branche de la création ; persuadé, par les ouvrages que je consultai, qu'il y avait encore 
beaucoup à faire dans cette partie du règne animal; je me décidai, en 1824, à m'occuper 
spécialement des mollusques marins; à cet effet, j’entrepris d’en faire la description et de 
les dessiner, autant que possible, sur le vivant, et j'étudiai leurs mœurs. Entré en 1848, 
grâce à M. le Doct. Prof. Wagner, en rapport avec M. le Bar. de Férussac ; flatté de l’ac- 
cueil qu'il fit à mes premières communications, et surtout à mes dessins, je redoublai d’ac- 
tivité, heureux de pouvoir me rendre utile à la science, en secondant de mes faibles ta- 
lents la publication de la monographie des céphalopodes, qu’il avait commencée, en commun, 
avec M. À. d'Orbigny. 

Mon assiduité sur les marchés, mes pêches fréquentes, ma générosité envers les pé- 
cheurs gens insouciants et indiscrets , et surtout une prime d'encouragement, que je 
donnais à tous ceux qui me portaient quelque nouveauté; tels furent les moyens em- 
ployés, qui me réussirent à Nice, et plus tard à Gènes, où mes fonctions d’essayeur 
avaient fixé ma résidence. Les rencontres heureuses, que je fis au début de mes recherches, 
m'emflammérent du plus vif amour pour cette science; et, sans me laisser séduire par la 
gloriole de publier moi-même les espèces remarquables, qui me tombaient sous la main et 
recompensaient mes travaux, je m'empressai de les adresser à M. de Férussac. Ma corres- 
pondance avec lui cessa à la mort prématurée de cet auteur. Les matériaux, qui servaient 
à la compilation de l’ouvrage, furent contestés par M.”° veuve de Férussac, et par M. d’Or- 
bigny, qui fut mis en droit de finir ce travail; désireux, de mon côté, de voir compièter 
cette monographie, je lui cédai tous les matériaux, que j'avais fournis: quelques-uns furent 


publiés, d’autres restèrent inédits, l’ouvrage n’ayant pas été terminé. 


Vi PRÉFACE 

Possesseur de riches matériaux, nouveaux pour la science ; encouragé par les naturalistes, 
qui ont examiné mes cartons ; cédant aux invitations des nombreux amateurs, avides d’un 
ouvrage qui puisse les guider dans leur recherches; aiguillonné enfin par la générosité 
des savants, qui se sont empressés de me céder toutes leurs découvertes ; je me suis dé- 
cidé à publier la monographie des céphalopodes de la Méditerranée, que j'ai vus en grande 
partie vivants, et les autres très bien conservés dans l'alcool. 

Je remplis ici une tâche bien agréable en témoignant toute ma reconnaissance à l’infati- 
gable M. E. Ruppell, qui m’a donné ad hoc toutes les espèces de la Méditerranée, dont il 
s'était contenté de fournir une simpie indication, et à M. le Doct. Krohn, qui m’a cédé toutes 
les nouveautés, qu’il a recuellies dans le golfe de Messine, pendant qu'il s’occupait de son 
travail précieux sur les bifores. 

Je me plais à témoigner aussi toute ma gratitude à M. le Prof. Delle Chiaje, si connu 
dans le monde savant par ses travaux zoologiques et anatomiques. Il voulut bien, pendant 
mon séjour à Naples, m’accorder plusieurs séances, qui m'ont fourni des éclaircissements 
d’une utilité immense pour mon ouvrage. Le même sentiment de reconnaissance m'oblige 
également à adresser mes bien sincères remerciments, au savant entomologiste, M. le Mar- 
quis Maximilien Spinola, qui, tout en me permettant d’user de sa riche bibliothèque, a 
facilité mes études par ses conseils et ses vastes connaissances. 

Je’ déclare, avant tout, que je possède toutes les espèces-types que je décris, et qu’elles 
seront déposées dans le cabinet d'histoire naturelle, que j’ai créé et donné à la ville de 
Nice, ma patrie, et que plusieurs de mes nouveautés sont déjà déposées dans le musée de 
Francfort et de Turin. | 

Pour rendre ce travail aussi complet que possible, j’ai ajouté à la suite de chaque genre 
la phrase caractéristique originale des espèces, que je n’ai pu voir, et que j'ai recueillies 
dans les ouvrages ; je les ai accompagnées, quand je l’ai pu, de mes observations : si quel- 
que publication n’y figure pas, c’est que je n'ai pas eu l’avantage de la connaitre. 

J'ai été pendant quelque temps arrêté par l’exécution des planches ; car, possesseur de 
dessins, exécutés par moi-même sur le vivant, dessins où, grâce au tâtonnement et à la 
patience, j'ai souvent réussi à figurer le moelleux et le trasparent, qui caractérisent ces ani- 
maux, je ne pouvais en abandonner l'exécution à la lithographie et au coloriage, encore 
dans l'enfance dans ce pays. Pour me tirer de cet embarras j'ai mis à profit quelques 
données, que j'avais sur la gravure en couleur à la roulette. J’ai essayé d’en faire l’appli- 
cation à la lithographie, et quelques essais sont venus confirmer mon attente. Dès lors, 
quoique n’ayant aucune habitude de la lithographie et même aucune connaissance de la 
chromolithographie je me suis lancé, avec courage et confiance, dans cette entreprise: les 


résultats, que j'ai obtenus, tout en atteignant mon but, m'ont confirmé, dans la pensée 


IX 
que ce genre, entre les mains d’un artiste habile, pourra arriver à un degré de perfection- 
nement, qui rivalisera, non seulement avec les plus belles productions étrangères, mais 
les surpassera peut-être, 

Pourtant je ne me fais pas illusion; et quoique satisfait de mes planches par le moil- 
leux, l’impasto des teintes, et le transparent que j'ai obtenus, grâce à de nombreux tirages, 
et à quelques retouches faites au pinceau, je dois avouer qu’elles me laissent beaucoup à 
désirer pour le fini et la précision des détails : je n’ai pu vaincre, je le dis à regret, ces 
difficultés insurmontables, avec une vue bien usée, et à cause de la nécessité de faire les 
tirages à sec ; je me flatte que M." les artistes me le pardonneront; car, j'en fais l’aveu 
sincère, ce n’est qu’à la dernière extrémité que je me suis décidé à me mettre moi-même 
à l’ouvrage. 

Je sens le besoin de m’excuser auprès de mes compatriotes d’avoir employé la langue 
française dans la rédaction de cet ouvrage: j’ai préféré cette langue, connue de tous les 
naturalistes d'Europe, et familière à tous les Italiens instruits, à la nôtre, afin de rendre 
ma publication plus utile à la science. Mes compatriotes me sauront gré de m'être suffi à 
moi-même et d’avoir employé un système économique, qui pourra faciliter à l'avenir la 
publication d'ouvrages nécessaires, en Italie, pour la propagation des sciences naturelles, 
et pour l'instruction élémentaire de la jeunesse. 

Il ne me reste qu’une prière à adresser à M." les naturalistes, qui auront l’occasion de 
s’occuper de Mollusques ; c’est de m’honorer de leurs remarques, de leurs observations et 
de leurs découvertes, pour que je puisse, à la fin de la seconde partie, qui comprendra 
les Ptéropodes et Gastéropodes nudibranches, rectifier mes erreurs, et y ajouter les nou- 


veautés, qu'on jugera de quelque utilité pour le complément de cette monographie. 


Grènes, avril 1851. 


VERANY. 


x 


Bras libres; deux d'entre eux se repliant sur eux-mêmes aux deux 
tiers de leur longueur, et pourvus dans ce repli d’une membrane 
très extensible ; ouverture du sac munie d’un appareil constricteur : 
ouvertures aquifères très petites . . 

è k , Nageoires latérales presque circulaires , placées sur le milieu de la longueur au 
Corps attaché extérieurement à la À corps; osselet interne corné, très petit, n'occupant que la moilié de la longueur 


L 


‘4 * Sans aucun autre organe préhenseur on de tact . " , 
a” Une rangée de cupules sessiles sur chaque bras Et deux rangées de tentacules fins, charnus, disposés par paire ; 
el sac où corps muni latéralement de deux nageoires . Lu « 
E Tête sans ouvertures aquifères ; 
© OCTOPODES Bras libres ou réunis entrel ouverture du sac sans appareil 
f à / eux par une membrane in-Ÿ constricteur. Poulpe, d'Orbigny. 
| ee { terbrachiale plus ou moins Tête fournie d'ouvertures aqui- 
| je | Deux rangées de cupules sessiles ou pédiculées sur Ÿ développée. fères ; ouverture du sac munie d'un 
— chaque bras, ‘ appareil constricteur charnu, Phi- 
a lonexe, d’Orbigny. ) 
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(en 


tête, du sac . 
Nageoires terminales, réunies entre elles ‘et échancrées à leur jonction posté- 
rieure ; osselct interne corné, occupant toute la longueur du sac , , k . 
Latérales, presque circulaires , placées sur le milieu ou sur la moitié postérieure 
du sac; osselet interne corné, petit, n an que la moitié de la longueur du 
corps . L 

; Dépassant l'extrémité du sac, " semi- circulaires, réunies entre elles, 
ta j Nageoires n'oc- échancrées à leur jonction postérieure , qui dépasse le sac, Six bras 
A | cupant pas toute sessiles, réunis entre eux par de grandes membranes interbrachiales , 
= ) la longueur du les deux autres libres. Bras tentaculaires implantés en dehors de |’ om- 
Qu | DÉCAPODE corps. brelle; osselet interne corné, occupant toute la longueur du corps & 
re ia par ke 
à membrane transparente 
< [,. Bras SarniS| Lercée d'une petite ou- 
nv de cupules pé- verture: a ï 
: ; appareil cons 
= na tricteur simple; osselet 
SDS tiérement , peu ha Calmars d'Or 
‘Fprimlnales 4 point réTaC" | Oil largement ouvert, 

iles : osselet inf &t muni d'un sinus : ap- 

j. terne, occupant RE À 
/ Corps ons A pareil constricteur com- 
Corps détaché charnu. de in ONSUEUT posé : osselet muni d’un 
extérieurement ; \ godet terminal. Ommas- 
\ de la tête. tréphes, d'Orbigny . 
Des griffes sur Îles 
re ù bras tentaculaires seu- 
» . Ne dépassant Bras garnis en! jement. Onychotcuthe. 
Jamais le corps totalité ou en Des griffes sur tous les 
|et se prolonge- partie de .CTO-4 bras. Enoploteuthe. 
ant jusqu’à son chets ou griffes. Des griffes sur les 


‘extrémité. bras sessiles seulement, 


, Veranie. / 
Corps gélatineux ; bras et nageoires trés variables ; 
bras tentaculaires, quelquefois très fins et longs, et 
munis sur toute leur longueur de cupules sessiles. 
Osselet corné 
Presque de la même largeur sur toute leur longueur : 
osselet crétacé . L ; , , : : k 


TETRABRANCHIATA. Owen. 


Nageoires occupant toute la longueur 


| du corps. 
NaurisE et toutes les coquilles 4 Beaucoup plus large à la moitié de leur longueur, osse- 
cloisonnées fossiles. let corné 


. 0 . . . . , , . 


ELEDoN. 


Cirrhoteuthe. 


Poure. 


ARGONAUTE. 


SÉPIOLE. 


Cranchie. 


Rossie. 


HISTIOTEUTHE. 


CALMAR. 


ONICHOTEUTHE. 


CALMARET. 
SÈCHE. 


SÉPIOTEUTHE, 


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CARACTÈRES ZOOLOGIQUES DES CÉPHALOPODES DIBRANCHES. 


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Les céphalopodes étant divisés par M. Richard Owen en dibranchiata et tetrabranchiata, 
d’après le nombre des branchies , et cette secende division ne renfermant que le Nautile, 
qui est exotique et les coquilles fossiles, qui appartiennent à cet ordre, je m’attache à la 
première division et la résume. 

Le corps des'céphalopodes dibranches se divise en deux parties bien distinctes ; l’an- 
térieur, céte; la postérieure, corps. 

Sur la tête proprement dite, on remarque les yeux, les crêtes et ouvertures olfactiques 
(auditoires de quelques auteurs), et les ouvertures aquifères. 

Sur la tête, les bras; les membranes interbrachiales ; l’ombrelle; les membranes longitu- 
dinales dorsales des bras (crêtes natatoires); les membranes protectrices des cupules ; les 
cupules, crochets et tentacules charnus; la bouche composée d’une langue, de deux ma- 
choires, de deux lèvres et d’une membrane buccale. 

Sur le corps ou manteau, l'ouverture ; la cavité branchiale; les branchies; l'appareil 
constricteur ; les nageoires latérales; l’entonnoir; les brides, et l’osselet interne. 

Sur la peau, la consistance; les granulations; les verrues ; les tubercules; les chromo- 
tophores ; les points métalliques, et les reflets métalliques. 

Les yeux sont plus ou moins proéminents, toujours enfermés dans une cavité spéciale, 
à l’exception toutefois du Calmaret-marteau, qui les a implantés sur une espèce de tuber- 
cule (PI. 40. fig. c.); ils sont latéraux, latéro-supérieurs, et quelquefois latéro-antérieurs. 
Les uns sont unis aux téguments opaques, qui les entourent: ces téguments forment deux 
replis membraneux, dont le supérieur s’avance sur l’inférieur, et peuvent couvrir totale- 
ment l’œil; d’autres sont entièrement couverts par les téguments de la peau, qui sont 
transparents et percés d’un petit trou latéral, lequel trou donne entrée à l’eau ; d’autres 
enfin sont tout-à-fait à découvert, les téguments étant largement percés : cette ouverture 
est régulière, ou munie d’un sinus à la partie supérieure. 

L’iris est presque toujours argenté ; il est très souvent contractile. Souvent aussi il forme 
un repli, qui couvre la pupille; ce repli a l’apparence d’une paupière. 

La paupière est constamment ronde. La forme ovale, qu’on observe très souvent chez 
les octopodes, est due à la contraction volontaire de l'iris. 

Les crêtes auditloires sont des orifices plus ou moins visibles, placés à l’extrémité d’une 
légère protubérance, ou au milieu des replis ou crêtes. M. de Siebold les regarde comme 
des organes olfactiques, qu’il nomme Cul de sac nasal. 


XHI 


Les ouvertures aquifères sont les orifices symétriques, qu’on remarque ordinairement 
sur la tête; ces orifices communiquent avec des cavités plus ou moins profondes. D’après 
leur position on les distingue en céphaliques, quand elles sont sur la partie supérieure de 
la tête (Trémoctope); en canales, quand elles sont sur la partie inférieure de la tête (Tré- 
moctope); en buccales, quand elles sont aux alentours de la bouche; en brachiales, quand 
elles sont à la base des bras (P. à maille, P. Carena); et en oculaires, pour celles qu’on 
voit sur les téguments, qui couvrent l’œil. 

Les bras sont de deux sortes : les uns sessiles, toujours au nombre de 8, entourant la 
bouche ; les autres tentaculaires, au nombre de 2, implantés entre la 3.° et la 4.° paire de 
bras sessiles: ces derniers appartiennent exclusivement aux décapodes. 

Les bras sessiles sont conico-subulés, cylindracés dans le bas, se terminant progressive- 
ment en pointe, On désigne comme 1." paire la supérieure ou dorsale; comme 2.° la la- 
téro-dorsaie ; comme 5.° la latéro-inférieure; comme 4. l’inférieure. Ces bras sont en 
général plus ou moins comprimés, anguleux et souvent carénés, c’est-à-dire fourni, d’une 
crête longitudinale dorsale : ils sont toujours symétriques et de longueur très variable. 

Les bras en voile ‘sort ceux qui se replient sur eux-mêmes et sont pourvus dans ce 
repli d’une membrane très extensible, qui aide la nage à la surface de l’eau, et embrasse 
la coquille pendant la marche rétrograde (Argonaute bras de la 1. paire). 

Les bras tentaculaires sont presque tous plus ou moins contractiles et très souvent ré- 
tractiles, dans une cavité spéciale sous-oculaire ; ils sont cylindracés, et se terminent presque 
toujours en massue plus ou moins large, obtuse ou lancéolée, pourvue en dedans de cu- 
pules ou crochets; et en dehors presque toujours d’une crête natatoire ou carène plus ou 
moins développée ; quelquefois ils ont sur un de leurs côtés une membrane très large, 
qui couvre et dépasse les cupules (membrane protectrice des cupules). Ces bras ne portent 
ordinairement des cupules que sur leur massue; ils en portent très rarement sur toute leur 
longueur (Calmar todare, Calmaret Verany et marteau ). 

Les membranes interbrachiales sont ces membranes minces, élastiques plus ou moins 
développées, qui réunissent entre eux soit tous les bras, soit quelques-uns seulement, soit 
la totalité de ces mêmes bras, soit une partie seulement, et se prolongent quelquefois jus- 
qu'à leur extrémité. 

L’ombrelle est la réunion de membranes interbrachiales, presque égales, qui réunissent 
la base de tous les bras. 

La crête natatoire ou membrane longitudinale dorsale des bras est plus ou moins dé- 
veloppée sur la plus grande partie des décapodes, et ne se présente que peu caractérisée 
sur quelques octopodes (Argonaute, P. à maille 1." paire de bras). 

La membrane protectrice des cupules est cette membrane latérale, qui couvre et dépasse 
les cupules : ou la rencontre sur plusieurs décapodes, très rarement sur les octopodes (Poulpe 
à maille ). 

La membrane, qui lie entre elles les cupules, est cette membrane, qui rattache entre 
elles la base pédiculée des cupules de quelques octopodes (Poulpe à maille, Trémoctope et 
bras hectocotyliforme du P. Carena). 

Les cupules, ventouses ou sucoirs (acetabulum), sont sessiles, pédiculées ou pédoncu- 
lées ; toutes font le vuide même après la mort. 


XIV 


Les cupules sessiles sont des coupes charnues, infondibuliformes, peu profondes, dont 
le bord est orné d’un bourrelet ; elles sont très peu saillantes sur les bras ; mais elles peu- 
vent, selon la volonté de l’animal, s’allonger beaucoup et diverger. 

Les cupules sessiles pédiculées ont leur base excessivement saillante sur les bras. (Argo- 
naute, Trémoctope, Poulpe à maille, et P. Carena ). 

Les cupules pédonculées sont globuleuses ou déprimées, toujours portées par un pédon- 
cule très étroit, filiforme ou pyramidal, attaché très souvent à côté de l’axe, implanté tou- 
jours sur une saillie conique plus ou moins allongée (tubercule), appartenant au corps 
même du bras (PI. 22. fig. g); leur ouverture est munie d’un cercle corné édenté, ou 
partiellement ou entièrement denté. 

_Les erochets ow griffes ne se rencontrent que sur quelques décapodes ; ils sont cornés, 
fermes, allongés, aigus et erochus à leur extrémité, élargis à leur base, fendus sur toute 
leur longueur; ils sont mobiles sur leur axe et enveloppés d’une membrane charnue, fle- 
xible, ouverte dans le haut, membrane qui les cache et les laisse plus ou moins à découvert 
selon le gré de l’animal. Les crochets ne sont qu’une modification des cupules. 

Les tentacules charnus sont ces filets charnus, qu’on a observé disposés sur deux ran- 
sées à côté des cupules le long des bras du Chiroteuthe. 

La membrane buccale est plus ou moins développée et entoure ou couvre entièrement 
la bouche des décapodes : elle est ordinairement conique, anguleuse, et son ouverture est 
plus ou moins festonnée ou couronnée de lobes plus ou moins saillants. Ces lobes sont 
munis, quelquefois à l’intérieur, de cupules pédonculées. 

Les lèvres sont toujours au nombre de deux ; l’intérieure, épaisse, charnue et ciliée, 
pouvant se contracter sur le bec; l’extérieure, mince, courte et à bords entiers. 

La machoire ow bec est composée de deux mandibules, qui agissent de haut en bas et 
ressemblent au bec du perroquet; la supérieure rentre dans linférieure. 

La langue est recouverte de plusieurs rangées très rapprochées de crochets cornés 
et forts. 

Les brides sont des membranes, qui rattachent la membrane buccale aux bras, lenton- 
noir à la tête, et quelquefois aux bras de la 4.° paire (Argonaute). 

Le corps, sae ou manteau est très variable dans ses formes : il est bursiforme, rond 
ou ovale chez les octopodes; il est encore plus varié chez les décapodes, passant du bur- 
siforme au campanuliforme, de l’ovale arrondi au fusiforme extrêmement subulé, de lovale 
oblong déprimé au cylindracé. Il est, excepté dans le genre Chiroteuthe, toujours sans na- 
seoires et toujours extérieurement uni à la tête chez les octopodes, toujours muni de na- 
geoires et presque toujours séparé extérieurement de la tête chez les décapodes. 

La bride cervicale est, selon M. d’Orbigny, la continuité des téguments destinés à unir 
la tête au corps en dessus; elle est très marquée sur tous les octopodes et ne se rencon- 
tre parmi les décapodes que sur le genre Sépiole et Cranchie. 

L'ouverture de la cavité branchiale est la grande ouverture inférieure et antérieure du 
sac ; elle occupe rarement moins de la moitié de la circonférence du sac (O0. tetracir- 
rhus), généralement plus de la moitié, y compris même tout le globe des yeux (Argonaute): 
elle occupe tonte la circonférence chez presque tous les décapodes. On remarque dans cette 
cavité une bride médiane longitudinale, qui unit la paroi interne du sac à la masse viscé- 


XV 
rale: de chaque côté de cette cavité sont fixées les branchies, et l’on voit en outre du 
côté gauche le pénis des mâles chez les octopodes. 

Les branchies sont de forme pyramidale allongée ; elles sont composées d’une grande 
quantité de petites lames membraneuses, transversales, fixées de deux côtés d’une tige 
médiane. 

L'appareil constricteur , (de résistance de M. d’Orbigny), est l'organe, au moyen du 
quel Panimal fixe à volonté la paroi inférieure de son corps à la base du tube locomoteur, 
conséquemment à la tête: par ce moyen il ferme à volonté l'ouverture branchiale, et oblige 
l’eau aspirée par cette grande ouverture, à sortir par lentonnoir: dont l'ouverture infé- 
rieure se trouve par ce mécanisme entièrement dilatée, Cet appareil est plus ou moins com- 
posé ; il consiste en sillons, cavités, crêtes, et mamelons ou tubercules, placés sur les 
côtés de la partie interne du sac et sur les bords latéro-inférieurs de lentonnoir: leur dis- 
position est telle que les mamelons et crêtes correspondent aux sillons et cavités opposées: 
et leur adhérence est si remarquable que même après la mort, on le désunit difficilement. 
Ces organes manquent chez presque tous les octopodes; ils sont rudimentaires sur l’argo- 
naute et quelques poulpes du genre Philonexe de M. d’Orbigny ; ils sont plus ou moins 
compliqués et toujours constants chez les décapodes. 

Les nageoires sont toujours musculaires, recouvertes d’une peau plus ou moins épaisse : 
elles manquent chez tous les octopodes, excepté chez le chiroteuthe; et existent toujours 
sur les décapodes. Elles sont séparées entr’elles et d’après leur position, latéro-dorsales, ou 
latérales. Elles n’occupent qu’une partie de la longueur du corps (Sépiole, Rossie ), ou 
l’occupent toute (Séche, Sépioteuthe); elles sont réunies entre elles et toujours terminales, 
p’atteignant le plus souvent que l'extrémité du corps (Calmars), ou le dépassant (Histioteu- 
the). Les nageoires terminales, qui ne dépassent pas le corps, varient beaucoup de forme : 
elles sont rhomboïdales, ou en flèche plus ou moins aigüe, et quelquefois extrêmement 
subulées. Les nageoires, qui dépassent le corps, sont ordinairement semi-circulaires et échan- 
crées en arrière à leur point de réunion. 

L’entonnoir ou tube locomoteur , tube anal, est toujours placé à la partie inférieure de 
la masse céphalique, presque toujours saillant, quelquefois enchassé en partie dans une 
cavité de la tête. L’extrémité antérieure est toujours tronquée , plus ou moins longue et 
toujours libre; l’extrémité postérieure est très large, à bords minces, supportant lappareil 
constricteur. Il est quelquefois pourvu à l’intérieur, près de son extrémité antérieure, d’une 
valvule ou membrane, qui peut en fermer l'ouverture selon la volonté de l’animal. Il tient 
en général à la tête par la continuité des téguments ; quelquefois il y est attaché par des 
brides. Dans son intérieur vient aboutir l’extrémité anale: et c’est au degré de force que 
le céphalopode imprime à l’eau, qu’ii chasse par l’entonnoir, qu’il donne à son corps le 
mouvement saccadé rétrograde. 

L’osselet interne manque chez tous les octopodes et se trouve constamment chez les 
décapodes : il est enfermé dans une gaine spéciale le long de la ligne médiane du corps, 
en dedans des muscles ; ordinairement il en occupe toute la longueur, rarement la moitié. 
Il est ordinairement corné et flexible, rarement crétacé. L’osselet corné varie beaucoup de 
forme ; il est en plume plus ou moins large, en glaive ou filiforme spatulé; quelquefois 
son extrémité est terminée par un godet conique plus ou moins aigu. 


XVI 
La consistance des céphalopodes varie beaucoup; ils sont quelquefois très charnus et 
coriaces; d’autrefois leur chair est mollasse et flasque, généralement opaque chez le octo- 
podes et transparente chez les décapodes; quelquefois elle est très transparente, quasi gé- 
latineuse, et sa structure paraît au premier abord identique à celles des acalèphes. 

Les verrues sont de petites taches rondes saillantes, presque régulières, qui couvrent la 
peau de quelques octopodes: elles sont inhérentes à la peau de quelques-uns ; chez d’au- 
tres cependant elles sont soumises à la volonté de l’animal, et n'apparaissent que pendant 
l’état d’irritation. 

La granulation est cette infinité de très petits points rélevés, qui se remarquent pendant 
’état d’irritation. 

Les tubercules sont des protubérances rondes ou ovales plus ou moins saillantes : ils sont 
sous-cutanés et relèvent la peau (P. à maille), ou cutanés et ne disparaissent qu’à l’ap- 
proche de la mort; quelquefois ils apparaissent sur le manteau, la tête et les bras selon 
la volonté de l’animal (P. ordinaire et E. musqué). 

Les chromophores sont les points colorifères subcutanées, qui apparaissent et disparais- 
sent, se contractent et se dilactent, et colorent les téguments pendant la vie et longtemps 
après la mort. Ils sont plus marqués sur les décapodes, leur peau étant plus transparente. 
M. Sangiovanni en a donné, dans les annales des sciences naturelles, une déscription très 
détaillée. | 

Les points métalliques sont ces points contractiles et symétriques plus ou moins grands, 
qu’on observe sur la partie inférieure du corps de quelques sèches, le long des bras du 
Calmaret Verany, et sur le globe des yeux de l'Onichoteuthe perlé. 

Les reflets métalliques sont ordinairement argentés, rarèément cuivrés, et souvent d’un 
vert métallique très brillant: il recouvrent quelquefois en entier une partie du corps (l’in- 
férieure du Trémoctope violet), et donnent ordinairement des reflets brillants sur différents 
points du corps, surtout chez les décapodes. 

Le test ou coquille ne se rencontre que chez l’argonaute : il ne tient par aucun ligament 
au corps de l’animal, qui le porte; il est univalve, uniloculaire, d’une consistance pres- 
que cornée, fragile, poli, brillant et un peu transparent. 


? 


CEPHALOPODES. cu 


HP HP EYES EE 4 —— — 


Sepialés, Lamark. Mollusca branchiata, Poli. Dibranchiata, Owen. Anthobrachiophora, 
M. S. Ed. Gray. Cryptodibranches, Blainville, Férussäc. Céphalopodes acétabulifères , 
Férussac et D’Orbigny. 


Animal libre, formé de deux parties distinctes, dont la postérieure se compose d’un sac 
ou corps très variable, rond, allongé, cylindrique ou fusiforme, quelquefois privé, quelque 
fois pourvu de nageoires et d’un appareil constricteur interne. (Appareil de résistance D'Or- 
bigny). (Muscoli Costrittori laterali, de Delle Chiaje). L'animal s’en sert pour fixer la paroi 
du corps à celle de la base de l’entonnoir, de manière que l’ouverture du corps reste 
hermétiquement fermée , et celle de l’entonnoir complètement ouverte: par ce moyen toute 
l’eau, qui a été aspirée, est rejetée par l’entonnoir; et le degré de force qui la chasse, 
imprime plus ou moins de vélocité au mouvement rétrograde du Céphalopode. L’autre partie 
antérieure, céphalique, est garnie latéralement d’yeux plus ou moins saillants, renfermés dans 
une capsule oculaire, qui est en communication avec l’élément ambiant par une ouverture 
plus ou moins grande. Ils présentent à l'extérieur trois structures différentes. La première offre 
la paroi extérieure de la capsule oculaire représentée par deux replis membraneux, dont 
le supérieur s’avance sur l inférieur et a le trou de communication avec lPambiant assez 
long ; c’est le propre des Poulpes. La seconde offre cette même paroi couverte d’une mem- 
brane transparente et bombée, qui est la continuation des téguments et représente la cornée 
des vertébrés ; elle est percée d’un petit trou latéral qui donne à l’eau une entrée libre ; 
c’est le propre des Sèches, Sépioles et de quelques Calmars. La troisième offre la paroi antérieure 
de la capsule oculaire percée d’une grande ouverture, et par conséquent le cristalin tout-à 
fait à découvert est en contact avec l’ambiant; c’est le propre des Onychoteuthes, de 
quelques Calmars (Ommastrèphes D'Orbigny) Hystiotheuthes et Calmarets. Leurs yeux n'ont 
jamais de paupières, et ce qu’on a pris pour cet organe n’est que l’appendice operculaire 
de l'iris, qui est arrondi pendant la vie et devient bilobé après la mort. Cette partie cépha- 
lique est pourvue par dessous d’un tube locomoteur (entonnoir) et, en avant, de huit ou 
dix bras, armés de cupules ou de griffes, et au centre, de leur base, d’un appareil büccal 
composé de deux mandibules cornées , de deux lèvres, et souvent d’une espèce de membrane 
buccale, garnie par fois de cupules. Sexes séparés ; test, quand il existe, Corné ou crétacé. 

I 


9 CEPHALOPODES 
GÉNÉRALITÉS. 


L’utilité des Céphalopodes pour la nourriture des populations maritimes, leur abon- 
dance , leurs formes bizarres et les nuances variées de leur peau, ont attiré l'attention 
sur ces animaux, dès la plus haute antiquité. Les écrivains des temps reculés en ont 
fait mention plutôt en poètes qu’en naturalistes et ont empranté à leurs habitudes réelles 
ou supposées quelques comparaisons ingénieuses. De ce nombre sont Thécphraste, Eupolis, 
Alcée, Phérécrate, Diphile, Hésiode, Plutarque, Oppien, Homère, Athénée etc., dont les exa- 
gérations poétiques ont donné naissance à la fable de l’Argonaute, réputé sacré par les 
anciens grecs. 

Aristote a décrit les formes, l’organisation, les moeurs des Céphalopodes avec tant de 
précision que Cuvier déclare « que ce philosophe avait connu leur histoire et leur anatomie 
» à un dégré étonnant... Les modernes n'ont presque rien ajouté à ce qu’il a dit de la 
» première et l’ont peu trouvé en défaut sur la seconde ». En effet, sur huit espèces de la 
méditérranée qu’il a décrites , six sont bien constatées par les modernes. Pline, Athénée , 
Ælien etc. , ont répété ce q'il en avait dit, en y ajoutant seulement quelques observations 
nouvelles. Depuis lors jusqu’au: seizième siècle, sauf Rondelet qui fit connaitre une espèce 
nouvelle (la Sépiole), Salvianus et Gesner qui ajoutèrent très peu aux découvertes déjà 
faites, la science resta stationnaire jusqu’à nos jours. Linné lui-même n’arriva pas, pour 
cette classe, au niveau du philosophe Grec, et confondit sous le nom de Sepia Octopodia 
tous les Octopodes, erreur partagée par D’Argenville, Ficher, Seba, Kelreuter, Martius, 
Favane et Cubières, qui confondirent en une seule espéce les poulpes et les argonautes. 
Forskald, Muller, Fabricius, Gronovius ne citent qu’une seule espèce, décrite sous le nom 
de Polypus par Schneider. 

C’est au génie de Cuvier et de Lamark qu'était réservé l'honneur de donner Péveil aux 
savants. Frappés de l’organisation de ces animaux, ils s’ent sont occupés avec un tel succès 
que la Faune de la Méditerranée qui, sous Lamark, ne comptait que sept espèces, est 
aujourd'hui riche de quarante bien déterminées, grâce aux observations de Raffinesque, Carus, 
Polli, Delle Chiaie, Wagner, Payredeau, Blainville, Risso, Sangiovanni , Férussac : Rang, 
Philippi, Vanbeneden, Cantraine, Ruppell, Krohn, ainsi qu'aux miennes. Bon nombre d’autres 
espèces sont encore douteuses ou légèrement décrites, plusieurs à peine indiquées par les 
naturalistes ; ce qui ne paraitra point surprenant, si l’on observe que la plus grande partie 
d’entr’eux n’ont fait que de courts séjours sur le bord de la mer, et l’on aurait une plus 
haute idée des richesses qui y sont ensevelies, s’ils en avaient exploité une plus grande étendue. 

Les travaux qui ont le plus enrichi la Faune de la Méditerranée sont ; 

Précis de Sémiologie de Raffinesque:; l’auteur indique beaucoup d’espèces nouvelles ; mais 
le manque de bonnes descriptions et de planches ont presque fait perdre à la science toutes 
ces découvertes. 

Jcones sepiarum in liltore Mediterraneo collectarum, du Prof. Carus, inséré dans le 
tome XII, 1% partie; page 318, pl. XXIX et XXXII Nov. act. aca. Leop. nat. cur. — 
Cette publication est accompagnée de bonnes planches coloriées ; le genre Onychoteuthis n'y 
est qu’indiqué. 


Mollusea utriusque Siciliae, de Poli. L'argonaute y est décrit et figuré. 


GÉNÉRALITÉS 5 


Memorie sulla Storia e notomia degli Animali senza vertebre del regno di Napoli, 
e animali invertebrati della Sicilia citericre, de Delle Chiaje, habile continuateur de Poli. 
On trouve dans ces ouvrages une monographie des Céphalopodes du golfe de Naples, où 
sont décrites, figurées et anatomisées quinze espèces , dont plusieurs nouvelles pour la science, 
et bien constatées. 

Histoire naturelle des principales productions de l’Europe méridionale, de Risso , où sont 
décrits onze Céphalopodes, parmi lesquels trois nouveaux ; mais il y en a deux qui sont 
encore relégués parmi les espèces douteuses. 

Les deux articles et monographies du dictionnaire des sciences naturelles, par M. de Blain- 
ville. Plusieurs espèces nouvelles de la Méditerranée sont décrites dans ces savantes publications. : 

Enumeratio Moll. Sie. de M. le D. Philippi. Cet auteur ne cite que dix espèces dans le 
1. volume ; mais, dans le 2, il en décrit quinze, dont une, la Sepia rubens, qu’il 
donne comme nouvelle. 

Les actes de l’Ac. Roy.° des sciences de Turin, qui contiennent mon mémoire sur six 
espèces nouvelles que j'ai observées à Nice. | 

= Malacologie Méditerranéenne et littorale, de M. le Prof. Cantraine, insérée dans le 13.° 
volume des mémoires de l’Ac. Roy. de Bruxelles. 

La lettre de M. Ruppel à M. le Prof. Cocco, insérée dans le Giornale di Gabinetto di 
Messina, où sont décrites six espèces nouvelles, recueillies dans le détroit de Méssine. 

Archives de Wiegman, 1845. — Le genre Octopodoteuthys y est décrit et figuré par M. 
le Doct. Krohn; cet auteur a publié un autre article sur ce même Céphalopode, sous le nom 
de Verania dans la revue zoologique, avril 1846, et Archives de Zoologie de M. Herichson. 

Mes communications, aux congrès de Milan et de Naples, sur quelques Céphalopodes nou- 
veaux, qui ont été publiées dans le Guide de Gènes, offert par la ville aux membres du 
congrès, ainsi que la planche et la description de six Céphalopodes recueillis à Messine, 
par M. le Doct. Krohn et présentés au même Congrès. 

Je terminerai enfin cet aperçu en faisant mention de la belle monographie des Céphalopodes, 
commencée par M. le Baron de Férussac, malheureusement suspendue par la mort pré- 
maturée de cet auteur. Elle fut puis reprise, mais laissée inachevée par son collaborateur , 
M. Alcide D’Orbigny , à qui des occupations, non moins utiles pour la science, n’ont pas 
permis de continuer ce travail important. Il est bien facheux que tant de belles planches, 
où sont figurés plusieurs genres et espèces nouvelles, restent sans texte; il est également 
bien pénible aux naturalistes de voir perdu, pour eux et pour la science , le fruit de leurs 
veilles; car plusieurs d’entr’eux, convaincus de l'utilité de l'ouvrage et de la haute portée 
de ces auteurs, leur avaient communiqué des observations et des matériaux qu’ils avaient re- 
cueillis avec soin. Les rapports naturels, la circonscription et la division méthodique des 
Céphalopodes, n’entrant point dans le cadre de ce travail, je me contente de citer le savant 
aperçu que M. De Férussac a placé en tête de sa Monographie, et je renvois aussi, pour ce 
qui regarde les considérations Zoologiques, aux généralités publiées dans le même ouvrage 

par M. D’Orbigny. Quant aux mœurs et à l'utilité des Céphalopodes, qui varient beaucoup de 
genre à genre, et même d'espèce à espèce, dont plusieurs sont entièrement ignorées, par- 
‘ cequ’elles sont accidentelles, je me dispense d’entrer dans des généralités, me proposant de 
donner les détails les plus minutieux sur les espèces que j'ai pu étudier. Je remarquerai 


4 CÉPHALOPODES 

seulement que lapparition de plusieurs espèces ne provient pas de leur habitude d’émigrer 
qui est commune à un cerlain nombre; mais qu’elle est aussi subordonnée à la pêche. Dans 
ce nombre je citerai l’£ledon Aldrovandi, la Sepia bisserialis, l'Elegans et la Rossia 
macrosom&, qu'on ne rencontre sur le marché de Gènes que depuis le- mois de septem.° 
jusqu’au mois de mars, parceque c’est l’époque où le Tartanon, Bresin, Ganghi, espèce 
de drague, se livrent à la pêche. A Livourne, au contraire, où la pêche des grandes dragues, 
Balancela, est permise toute l’année, ces Céphalopodes se rencontrent sur le marché en 
toute saison. L’histioteuthis Ruppellit, qui paraît vivre dans les endroits très profonds, ne 
se rencontre qu'en septemb® ou en mai, époque à la quelle les pêcheurs, en cherche du 
Sparus centrodontus, vont jeter la palangre sur des fonds, d'environ 800 mêtres, où ces 
poissons habitent constamment. 

La migration des Céphalopodes semble avoir toujours lieu par ‘bandes; car il est bien 
rare, lorsqu'une espèce se montre, de ne pas en rencontrer d’autres. En effet, en 18926, 
on pêcha à Nice deux Octopus Catenulatus; je n’en revis plus, et, en 1848, dans l’espace 
de dix jours, j'en eus trois, pris dans les environs de Gènes. L’octopus tetracirrhus, que 
je n’avais jamais rencontré, mais que j'avais figuré d’après un dessin que m'avait com- 
muniqué M. Delle Chiaje, parut en abondance dans le printemps de 1849, et il en fut, de 
même, en juin et juillet de la même année, de l'O. Cocco. 

Les Céphalopodes sont très carnassiers, détruisent beaucoup de poissons et de crustacés ; 
ils sont même si voraces que, occupés à dévorer ceux qui sont pris à l’hamecon , ils se lais- 
sent tirer avec eux à fleur d’eau ou ils sont saisis, tombant ainsi victimes de leur voracitè et de 
leur imprudence. M. Cantraine s’est trompé, quand il a attribué aux Céphalopodes le dégât, qu’il a 
observé sur quelques sparides qu’on rencontre entièrement décharnés, n’ayant que le squelette 
et la peau intacts. Ce dégât est fait par des Crustacés Isopodes, connus des pêcheurs sous le 
nom de puces de mer; et, en examinant la forme ainsi que la disposition de la bouche des Cé- 
phalopodes, il est impossible de leur attribuer une pareille faculté. M. D’Orbigny, observant les 
cupules des Décapodes, qui sont pédonculées et munies d’un cercle corné et denté, pense qu'ils 
ne peuvent opérer la succion qui est si bien constatée chez les Octopodes : cette opinion 
est erronée, car la sèche et tous les calmars ont cette faculté surtout dans les cupules des 
bras tentaculaires, à un si haut degré, qu’ils la conservent après la mort, et même long- 
temps après que le jeu des points cromophores a cessé : cette succion se fait sans qu’on 
ressente le contact des dents aiguës qui couronnent le cercle corné. 

M. D'Orbigny croit que les tubercules ou cirrhes de la peau sont des organes du tact, 
observant que les espèces côtières seules en sont pourvues: je ne suis point de cet avis, 
et je pense qu'ils leur servent, quand ils sont fixes à terre, à se masquer pour se sous- 
traire aux regards des ennemis qui errent autour d’eux, et que le Créateur, dans sa divine 
prévision, à voulu, par cette faculté aussi prompte que la pensée, dédommager ces êtres 
marins de leur faiblesse et de leur nudité, de même qu’il a voulu que le lagopède et le lièvre, 
dont la plume et le poil ont à peu-près la couleur de la terre en été, se couvrissent d’un man- 
teau blanc en hiver, pour se soustraire au regard perçant de l'aigle qui plane dans les airs, 
quand les Alpes, qu’ils habitent, sont couvertes de neige. Je me suis assuré que les cir- 
rhes leur servent aussi à tromper les victimes aux quelles ils tendent des piéges; et, quand 
on a observé le Poulpe guettant sa proie, la Sèche vaguant dans les eaux et quelque Octopode 


GÉNÉRALITÉS ÿ 
rampant dans les bas-fonds au milieu des rochers et des obstacles de toute espèce, on a 
pu se convaincre que les cirrhes ne sont pas des organes du tact, mais que l'extrémité 
des bras est chargée de cette fonction. 

M. D’Orbigny dit que l’iris est constamment oblong, chez les Octopodes; j'ai constaté au 
contraire qu'il est rond, et qu'ils le contractent, plus ou moins, selon le degré de lumière 
qu’il reçoit, ou la passion qui les anime, 

Les Céphalopodes font non seulement partie de la nourriture des peuplades sauvages et 
demi-sauvages de toutes les parties du globe, mais encore des peuples civilisés. Les Poulpes, 
les Sèches et les Eledons fournissent au peuple un aliment abondant; le Calmars (totano), 
qui l’est moins, est plus estimé; les jeunes Céphalopodes et les petits Calmars sont re- 
cherchés et considérés comme des friandises: les Calmars flêches, Todarus et Sagittata 
(calamai) sont méprisés par ceux qui savent les distinguer. Le Poulpe à maille, Catenulatus, 
et l’Histioteuthe de Ruppell, bien connus des pêcheurs , ne sont point portés au marché, 
parce que leur chair est coriace, aigre et mal-saine. 

Quoique abondants sur les côtes de la Ligurie, les Céphalopodes n’y deviennent point un 
article de commerce pour l'exportation; les Grecs de tous le peuples riverains de Ja 
Méditérranée, sont ceux qui en font le plus de cas, et en consomment beaucoup à cause 
de la rigueur de leur abstinences religieuses. Cet article est pour eux une branche d’impor- 
tation; et, dans les ports, on reconnait facilement les navires Grecs, en jetant le yeux sur 
leurs cordages toujours pavoisés de Poulpes, artistement étalés, qu'on y suspend pour les 
faire sécher. 

Je ne peux admettre, comme le fait M. D’Orbigny, que la natation rétrograde des Cépha- 
lopodes s’opère entièrement au moyen du refoulement de l’eau par le tube locomoteur, 
(entonnoir). J’ai acquis la certitude que pendant les grandes secousses, ce refoulement est 
aidé par la pression des bras sessiles surtout chez les Octopodes. Quant au mouvement 
progressif des Décapodes , il est opéré presque exclusivement par les bras sessiles munis de 
crête unatatoire, et les nageoires y aident fort peu. La Sèche, par exemple, courbe ses 
bras sessilles perpendiculairement, et avance, autant qu'elle le veut, à l’aide des grandes 
expansions-natatoires de la 4° paire qui lui servent de rames. 


» , 


Quant à la navigation de l’Argonaute, si prônée et si exagérée par les anciens, mais 
niée par les modernes, je suis obligé d’en constater la vérité, en ayant été deux fois 
moi-même témoin oculaire: je m’empresse pourtant d'ajouter que les bras, munis de 
membranes ne font pas l'office de voiles, mais de puissantes rames que le mollusque 


relève et replonge alternativement, en les sortant fort peu de l’eau. 


PREMIER SOUS-ORDRE. 


OCTOPODES. ee OCTOPOD 14. Leacu. 


Octopouda, Leach , Férussac, D'Orbigny. — Octoceres, Blainville. — Octopodia, Raffinesque. 
Octobrachidé , Blainville. — Anastophora, Gray. — Acochlides et Gymbicochlides, 
Latreille. | 


Corps bursiforme, arrondi, conique, rarement conique-allongé, lisse, granulé, verreux 
ou cyrrheux, uni à la tête par un large ligament, sans nageoires, sauf dans le genre 
Cirrhoteuthis d'Echrit; pourvu quelquefois de l'appareil constrieteur ; tête plus petite que 
le corps, yeux petits latéraux ou latéro-supérieurs, saillants, percés dans la peau, et pou- 
vant se couvrir par deux replis membraneux, dont le supérieur s’avance sur linférieur; 
bouche pourvue de deux lèvres charnues, bec très comprimé, fortement recourbé à l’ex- 
trémité des mandibules, l’inférieure recouvrant la supérieure; ouvertures aquifères, quand 
elles existent céphaliques; bras sessiles au nombre de huit, symétriques, presque toujours 
plus ou moins inégaux, libres ou réunis plus ou moins par une membrane ombellifére, 
garnis d’une ou deux rangées de cupules sessiles ou saillantes, (pédiculées); tube locomoteur 
(entonnoir) assez allongé, sans valvule intérieure ; corps sans osselet médian, quelquefois 
une coquille. 

Les Octopodes vivent généralement auprès de la terre et sont organisés pour la marche. 
L'élasticité de leurs membres facilite leurs mouvements er les aide puissamment à s’intro- 
duire dans les trous et crevasses des rochers, où il font leur demeure habituelle ; quelques- 
uns sont bons nageurs et se rencontrent en haute mer. 

Les Octopodes peuvent marcher en tout sens, mais ordinairement ils le font par côté, 
c’est-a-dire à l’aide des bras latéraux; en marchant ils tiennent les bras déployés, la tête 
relevée, le corps toujours un peu penché sur les bras de la 4.° paire, et l'extrémité de l’en- 
tonnoir retournée sur un des côtés (PI. 2. 8. 10). Ils se cramponnent à terre par les ven- 
touses de la partie inférieure des bras; puis, ils allongent la partie flottante des deux la- 
téraux du coté où ils veulent se diriger , et raccourcissant les deux opposés, s’attachent à 
terre au moyen des ventouses de ces parties des bras; ensuite, cessant de se tenir avec 
celles de la rosace, ils relevent le corps et le déplacent par un mouvement de contrac- 
tion; pendant cette manœuvre les bras supérieurs et inférieurs ne font qu’un service 
secondaire , approprié aux exigences du terrain. La marche des Octopodes n’est point 
lente; elle s'opère hors de l’eau, comme dans l’eau, quand ïls s’y trouvent accidentelle. 
ment ; Car jamais ils ne quittent leur élément, quoique certains d’entr'eux puissent vivre 
plusieurs heures à sec. Tous les renseignements que j'ai recueillis me prouvent que l'opi- 
nion contraire, émise par les anciens, est erronée. L'instinct, qui porte ces mollusques à 
regagner la mer lorsqu'ils en ont été éloignés par accident, est vraiment admirable : je me suis 
amusé bien des fois à placer des Poulpes assez loin du rivage, sur des points où l'approche 
de l’eau était difficile et barrée par des rochers escarpés; je les ai vus prendre constam- 
ment la ligne droite et s’acheminer lestement vers leur élément. | 


OCTOPODES 7 

Les Octopodes nagent, le sac en avant, les bras tendus en arrière, les trois premières 
paires sur une ligne horizontale, les deux autres rapprochés en dessous. Ils prennent un 
mouvement saccadé par le refoulement de l’eau de l’entonnoir, qu’ils augmentent bien sou- 
vent en resserrant avec force l’entonnoir formé par les bras garnis d’une membrane 
ombellifère. 

Quant à la vie de ces animaux, elle doit être assez longue, à en juger par les dimen- 
sions de quelques individus. Leur croissance est assez prompte; car on voit un grand 
nombre d'Eledons, de 5 à 10 décimêtres de longueur en juin, dépasser 15 centimètres 
en septembre et 20 en novembre : le plus grand n’arrive Jamais à 50 centimètres. 


PREMIER GENRE, 


ELEDON. — ÆLEDONE. Lecu. 


Bolitoene ou Ozalis. Aristote. Ozaina. Pline. Raffin. Æledona. Belon, Aldrov. Risso, Polypus. 
Rondelet, Gesner. Sepia. Linne. Bosc. Octopus. Lamark, Montfort, Cuvier, Blainville, Carus, 
Payreaudeau, Sangiovanni, Rang. Æledon, Leach. Férussac, Delle Chiaje, Cantraine, Alder. 


Animal ayant le corps ovale, portant sur la tête huit bras presque égaux, garnis d’une 
seule rangée de ventouses sur leur face interne. 


NE E. MSQUÉ. E, MOSCHATUS. Lracu. PI, 4. 5. G. 


Leach, Journ. de phys. t LXXXVL pag. 295. 
Ranzani, Mem. di st. nat. deca. 5. p. 151. 
Delle Chiaje, Mem. sul. st. et notom. degl. anim. sens. vert. del Regn. di Nap. 
tom. 4, pag. 48 a 56. : 
Animali invertebr. della Sic. citer. tom. 1. pag. 5. & V. p. 66. 
Cantraine, Malac. méditerr. Pag. 19. 
Philippi, Enum. molluse. Sie. N° 1, pag. 202. 
Octopus moschatus. Lamark, Mém. de la soc. d'hist. nat. t. 1. p. 22. 
Montlfort , t. 111. p. 54, PL 52. 
O. Moschites. Carus, con. Sep. Nov. act. ac. Leop. nal. eur. tom. XIL 1% pars. pag. 519. 
t. XXXIL. 
Cuvier, Régne animal t. 111. p. 12. | 
Blainville, Dic. des Sc. nat. t. XLIHIE pag. 190. 
Faune franc. pag. 9. N° 7. 
Payr., Catal. desc. et méthod. des Ann. et des mollusq. de l'ile de Corse. pag. 170. 
Saugiovanni , Ann. des sc. nat. t. XVL pag. 517. 
Rang, Mag. de Zoo!. pag. 61. PI, 91. 
Ozaina. Pline, Æist. nat. lib. X. Cap. XXX. 
Ozoena. Raffin, Précis des découv. sémiol. pag. 29. N°0 75. 
Polypü tert. species. Rondelet, de piscibus lib. XVIL Cap. VIE p: 516. 
Polypus femina. Seba, Mus. 5. PI. 2. fig. 4. 
Sepia moschata. Bose. Buffon, de Déterville, vers. t. 1. pag. 48. 


8 CÉPHALOPODES 
E. corpore oblungo glabro, minultissime granulato, vel cirrhoso, moschato : oculis uni 
cirrhatis : brachiis elongatis gracilibus, sub-aequalibus, membrana umbellae caeruleo- 


limbata. 


Corps bursiforme, oblong, ovoïde à extrémité arrondie ou acuminée, lisse, granuleux 
ou cyrrheux selon le caprice de l'animal, ouverture large, pouvant s’apercevoir en dessus. 

Tête médiocre, plus étroite que le corps; globes des yeux, proéminents, munis sur leur 
partie supérieure d’un cyrrhe rétractyle. 

Yeux saillants, assez petits, pouvant se couvrir entièrement des deux replis membraneux 
de la peau, munis d’un iris contractyle argenté, qui peut se resserrer à volonté et donner 
à la pupille une forme plus ou moins oblongue. 

Bouche pourvue d’une double lèvre, dont l’interne ciliée. 

Bras très élastiques, éffilés conico-subules un peu comprimés, presque égaux, munis sur 
leur face interne d’une rangée de cupules, au nombre d’environ 80, toutes visibles, et 
dont la grosseur augmente jusqu’à la sixième pour diminuer ensuite progressivement; mem- 
brane de l’ombrelle ou interbrachiale bien développèe, elle embrasse une partie des bras, se 
continue sur la partie externe jusqu'aux deux tiers; mais est moins dévéloppée sur l’in- 
terne. Tube locomoteur conique. 


Proportions 

Longueur totale. : . 0,440 
Longueur des bras mesurés de la bouche . … . : ; : 2 . 0,300 
Longueur du corps . : : : : : ; : : . : : . 0,090 
Largeur de la tête . : : . 0,045 
Largeur du corps . : : : . 4 ; : : ; : . 0,065 
Hauteur de la membrane ombellifére supèrieure : : ï ; : : «= 0,090 

» » » inférieure : 5 ; : - : 0:06: 


Couleur très variable par l’action des points cromophores qui sont noirâtres, bruns ou 
rouges-jaunâtre, selon la passion qui l'anime; bord de la membrane qui se prolonge jusqu'à 
l'extrémité des bras, constamment bleu-cendré brillant, ou vert-anglais ;: odeur musquée , 
très prononcée, même après la mort. 

Lorsqu'il est dans un état paisible, le dessus est, en général, d’un gris jaunâtre, nuancé 
de vert, parsemé de petites taches blanchâtres qui forment au centre du corps une ligne 
longitudinale, interrompue, très apparente, et l’on remarque sur la tête un V renversé, 
qui vient aboutir à la base des cyrrhes (PI. 6). Le dessous du corps est d’un blane violacé, 
quelquefois rouge-jaunâtre par l'effet des points cromophores de cette couleur. L’entonnoir 
est aussi couvert, surtout à l’extrémité, de points cromophores jaune orpiment. L’iris, qui 
est argenté, en porte également de bruns, très fins, ou d’autres plus gros jaune orpiment 
très brillants. Le globe des yeux est nuancé en dessus d’un bleu éclatant à cause d’une 
légère trasparence de la peau; le bord de la membrane est d’un bleu verdoyant très vif. 
Il devient quelquefois d’un brun-châtain , très clair, nuancé, de blanchâtre et de noirûtre , 
par l'effet des points cromophores, bruns-châtain, plus ou moins rapprochés et contractés : 
les taches blanchâtres se voient toujours. La peau est constamment lisse et sans eyrrhes, 
sauf les deux des orbites des yeux qui disparaissent quelquefois: l'iris est ordinairement 
rond, rarement contracté. 


OCTOPODES ÿ) 


À l'ètat de surprise, il passe du marron jaunâtre-clair au marron violacé sur les parties 
supérieures, et au blanchâtre livide, plus ou moins irisé, nuancé de violet ou de rouge-jau- 
nâtre sur les parties inférieures. On voit alors, sur la tête et sur le corps, les mêmes taches 
blanchâtres que dans létat de tranquillité; mais elles ont entièrement disparu sur les bras 
et sur la membrane de l’ombrelle. Quelquefois il apparait sur toutes les parties du corps 
sans qu’il change de couleur, de grandes taches noirâtres, rondes, de grosseur différente et 
symétriquement disposées, qui proviennent de l’agglomération des points c'omophores (PI. 5). 
L’entonnoir est alors rose-jannâtre, avec ou sans points cromophores; les bras sont, à leur 
face interne, violacés, plus ohseurs vers leur extrémité, et la bordure de la membrane est 
d’un bleu-clair chatoyant: dans cet état, la peau est parfois parfaitement lisse et d’autres 
fois très granuleuse. L’iris toujours ovale. 

A Pétat d'irritation, l'animal prend une teinte jaune-sale, passant au gris jaunâtre, quel- 
quefois au marron obscur. Il se couvre instantanément de cyrrhes coniques, aigus, sur 
toute la partie supérieure et latérale de son corps ainsi qu’à la base des bras. Quelques in- 
stants après ces tubercules disparaissent et font place à des taches verruqueuses blanchâtres. 
On remarque aussi sur le corps six grosses taches, noirâtres, disposées en fer à cheval, 
dont les deux plus petites sont sur les côtés et près de l'ouverture. Les membranes inter- 
brachiales de l’ombrelle portent aussi une série de ces taches sur leur centre et deux la 
térales plus petites; on en observe également sur les bras; mais on n’en trouve aucune 
trace sur la face inférieure. L'intérieur de lombrelle est d’un blanchâtre livide, nuancé de 
tâches rouges-jaunâtre ; le bord, d’un vert anglais trés brillant; liris est trés contracté, cou- 
vert des points jaune orpiment très vifs. 

Hors de l’eau, il est quelquefois très granuleux , d’autres fois très lisse, jamais tuber- 
culeux. Le corps “est d’un gris de souris nuancé de noirâtre par les points cromophores 
plus ou moins rapprochés ou dilatés, passant au vineux vers l’extrémité des bras; la partie 
inférieure est blanchâtre, fortement irisée, nuancée, sur les côtés et sur la base des bras, de 
rouge jaunâtre et vers leur extrémité de rouge vineux. Ces points couvrent les parties la- 
térales et internes des bras jusques aux bords des ventouses. La bordure de la membrane 
ombellifère est toujours garnie de bleu très apparent. 

En perdant de sa vitalité, il devient blanchâtre; les points eromophores ue sont plus 
visibles qu’à la loupe; ils commencent à être remplacés par de petits vides qui forment des 
taches blanchâtres; ensuite la peau de l’animal devient presque toute d’un blane sale; la 
bordure bleue se décolore : mais l’odeur musquée dure encore et l'iris s’arrondit en se 
dilatant. | 

Les sexes ne présentent aucune différence extérieure visible. 


Rapports et différences. 


Cette espèce a pour caractère constant et tranchant sa coloration grisâtre, jamais rose ni 
rouge, les taches noirâtres symétriques, la bordure bleue de sa membrane ombellifère, les 
tubereules qui couvrent quelquefois son corps et l'odeur constante du muse, prononcée même 
chez les jeunes individus. 


2 


10 CÉPHALOPODES 
Habiiation el MmAUurs. 


L’Eledon musqué parait n’exister que dans la méditerranée, où il est abondant sur tous 
les parages. Il vit en général dans les fonds vaseux de 10 à 100 mètres de profondeur. On 
le rencontre aussi dans les fonds sablonneux ou sur les graviers, mais plus rarement au 
millieu des rochers, en toutes saisons. On le vend en masse sur le marché de Gènes depuis 
le mois de septembre jusqu’au mois de mai, parce que les traines font leur pêche, toutes 
les fois que la mer le permet, à cette époque de l’année. Vers la fin de mai, cette pêche 
est suspendue et remplacée par celle des anchoix et des sardines, dont le passage abondant 
offre des chances bien plus heureuses et beaucoup moins de fatigues. S'il arrive, en certaines 
années, que ces poissons manquent totalement, quelques pécheurs, poussés par la misère, 
ont recours à la traine: il prennent alors des masses d’Eledons, ayant seulement de 5 à 10 
centimètres, ainsi que des tas de jeunes poissons, ce qui est très préjudiciable à la pêche 
en général; car on détruit alors, en un jour, ce qui deviendrait plus tard une riche moisson , 
attendu que ces animaux sont sédentaires et n’ont pas même atteint à cette époque le di- 
xième de leur développement. Les Eledons vivent à des profondeurs, où il est impossible de 
les observer; il faut donc se contenter d'étudier ceux qu’on se procure vivants, ce qui est 
très facile, et décrire leurs mœurs d’après les remarques qu’on peut faire pendant leur 
état de captivité. 

Dans l’état de tranquillité, ce Céphalopode se cramponne à terre, à l’aide des ventouses 
dont sont armés ses bras; il se fixe par la partie inférieure , la rosace étalée, il tient ses 
extrémités libres et flottantes; sa tête un peu relevée sur le centre; son sac un peu penché 
sur son ouverture, et l'extrémité de son entonnoir tournée sur un des côtés, de manière 
qu'il puisse renvoyer l’eau, loin de l'ouverture du sac, pour qu’elle ne soit pas nouvelle- 
ment aspirée (PI. 5 et 6). Sa couleur varie alors du jaune-grisâtre au verdàtre, au chà- 
tain-clair ou au marron jaunâtre, plus ou moins violacée. C’est la pose qui lui est la plus 
ordinaire, et celle où il passe les trois-quarts de sa vie. C’est, surtout alors, qu'on peut 
admirer l’étonnante célérité avec laquelle il opère son changement de couleurs : au moindre 
accident, on le voit passer de l’une à l’autre, ou bien se couvrir d’une teinte obscure qui 
glisse sur lui avec la rapidité de l’éclair sans laisser aucune trace de son passage. De cet 
état habituel, il passe dans un autre, que je crois de sommeil, ce qui a lieu aussi bien 
de jour que de nuit: la pose est presque la même ; les extrémités des bras flottent plus 
près du corps et plus relevées; la 4° paire de bras, en avant du corps, est plus allongée 
et placée comme sentinelle avancée; le sac est penché sur eux; la pupille très contractée, 
la respiration plus lente, et le renvoi de Peau par l’entonnoir à peine sensible. Dans cet 
élat, la couleur est presque toujours gris-jaunâtre, ou marron plus ou moins nuancé de 
jaunâtre, mais jamais marquée de grandes taches noires ou marron. Les sens de l’ouïe et 
de la vue paraissent alors engourdis chez cet animal: car, ni l’arrivée subite d’une per- 
sonne près du vase où il est renfermé, ni des cris, ni un bruit quelconque ne l’affectent : 
cependant une secousse donnée au vase, ou l’attouchement le plus délicat à une des ex- 
trémités des bras léveilient en sursaut, et il passe immédiatement à l’état d’irritation. C’est 
alors qu’il est remarquable par le grand changement qui s'opère dans tout son être. Au 
premier abord il relève davantage son corps qu’il tient presque perpendiculaire sur la tête 


OCTOPODES 11 


il rapproche ses bras, et en enveloppe les extrémités autour de son point d'attache; le sac 
forme un espèce de renflement sur la partie supérieure et son extrémité devient accuminée, 
tout son corps, de couleur jaunâtre, parsemé de grandes taches symétriques noirâtres, se 
couvre de nombreux tubercules coniques, qui sont relevés ainsi que ceux des globes des 
yeux ; l'iris se contracte beaucoup et se colore fortement de jaune orpiment, le tube lo- 
comoteur lance l’eau avec plus de force, et les aspirations sont plus irrégulières: de temps 
à autre il en fait de plus abondantes, dont il lance ensuite l’eau à 8 ou 10 pieds de distance, 
hors du bassin, quoiqu'il aît au dessus de lui une colonne d’eau de plus d’un pied, Je 
Pai vu, irrité par une lampe garnie d'un réverbère, répéter ce jet jusqu’à 8 fois de suite; 
mais faisant, entre l'intervalle de chaque jet, de 6 à 8 aspirations ordinaires. Je lai vu 
également aux aguets d’un crustacé vivant, que je lui avais donné pour nourriture, se ra- 
masser comme dans l’état d’irritation, se couvrir de tubercules, et donner à sa peau la teinte 
du vase dans lequel il était renfermé, probablement, pour ne pas inspirer de la défiance 
à Panimal qu’il voulait surprendre. 

Il arrive souvent, et surtout pendant la nuit, que l’Eledon sort du vase où il est placé, 
soit parce que l’eau, déjà dépourvue d’air, ne suffit plus à sa respiration, soit qu’il tende 
peut-être à conquérir sa liberté. Quelques individus, qui étaient restés 4 heures à sec, et 
que j'ai remis dans l’eau, y ont repris leur vitalité. J'en ai conservés pendant dix jours 
sans leur donner la moindre nourriture; quoique reduits à cette extrémité, je ne les ai 
jamais vus dévorer leurs bras, ni lancer leur encre à quel dégré d’irritation qu'ils fus- 
sent poussés. 

Malgré sa forte odeur de muse, l’Eledon musqué est préféré dans quelques pays à l’Aldro- 
vande; les uns l’écorchent pour diminuer cette odeur; d’autres l’assaisonnent tel quel. Sa chair 
est moins coriace que celle des Poulpes de même dimension; cependant elle a moins de 
goût: aussi est-elle moins estimée. Le peuple s’en nourrit et le mange ou bouilli, ou en 
salade, tantôt en friture, tantôt en ragoût. Cet animal porte le nom de Moscariello à Na- 
ples; de Purpu muscareddu, Purpu muscatu, en Sicile; de Hoscardino, Noscarino, à Livourne 
et à Gènes; de Vouscarin, à Nice, et de Purpu muscao en Sardaigne. 


Histoire. 


Aristote a parlé le premier de l’Eledon, sans faire mention de l'odeur du muse. Voici ce 
qu’il en a dit: « Les Polypes se partagent en plusieurs genres; le premier renferme les 
» plus grands Polypes; le second genre est composé des petits Polypes tachetés..…. L’Eledone 
» et le Bolitoene, ou l’Ozolis, car ou lui donne ces deux noms, forment deux antres genres: 
» le premier est reconnaissable soit à la longueur de ses pieds, soit parce que c’est le seul 
» des mollusques qui ait des cellules simples ». Cette phrase a donné lieu à de savantes 
discussions et à bien des rapprochements. Pline est le premier qui ait fait mention de l’o- 
deur du musc des Eledons, qu’il nomme Ozaina. Ne serait-il pas raisonnable de mettre 
d'accord ces deux grands observateurs, puisque nous connaissons à présent deux Eledons, 
l’un sentant le muse et l’autre inodore? Ne convient-il pas de supposer qu’Aristote a connu 
l’'Aldrovandi, et Pline, le Moschatus? et, puisque nous en sommes aux rapprochements , 
en parlant de la première espèce citée par Aristote, « reconnaissable soit à la longueur 


12 CÉPHALOPODES 


des pieds... et des cellules simples ». Ne pourrait-on pas conjecturer que le philosophe 
n'indique pas l’Eledon, dont nous n’en connaissons aueun à long pieds, mais qu’il à connu 
l'O. Macropus, dont les bras sont grèles, les cupules espacées et les deux rangées très 
rapprochées, quand il a cessé de vivre depuis quelque temps? En _eflet lorsqu'il a perdu 
toutes les forces musculaires, il devient flasque, molasse; et les cupules paraissent alors sur 
une seule rangée. Il est très facile de vérifier ces faits et de conelure qu'Aristote, voyant 
ce Poulpe dans cet état, l’a classé dans le genre &e ceux à une seule rangée de cellules. 
Bellon et Aldrovande l'ont décrit sous le nom d’Eledon: c’est le Polypi tertia species de 
Rondelet et Boussuet, ainsi que le P. femelle de Seba; Schneider en a fait le genre Moschites ; 
Lamark l’a rangé parmi les poulpes, et en a fait l'O. Moschatus: cette classification a été 
suivie par Montfort, Carus, Cuvier, Blainville, Payredeau et Rang. Rafinesque, adoptant la 
dénomination donnée par Pline, en a fait son Ozoena Moschata. M. Leach Pa enfin séparé 
des Poulpes et, adoptant le nom employé par Aristote, en a crée le genre Eledone, déno- 
mination consacrée ensuite par Ranzani, Férussae, Risso, Delle Chiaje, Cantraine, Philippi 
et Alder. | 


2. E ALDROVANDE. £. ALDROVANDI. Deus Ca PI. 9. 5. 


Delle Chiaje, mesn. sul. st. et not. degl. anim. sens. vert. del Regn. di Nap. 
tom. 4. pag. 45 à 57. (av. 56. 1. 2. 
Anim. invert. della Sic. citer. tom. 1. pag. 5. & 5. p. 66. 
Cantraine, Malac. méditerr. pag. 20. 
Philippi, Ænum. moll. Sic. vol. 1. vol. 2. pag. 202. 
Poulpe Aldrovandi. Montfort, Buffon, moll. 111. 55. & XXXIL 111. 67. LL XXXHL. 
Ozoena Aldrovandi. Raffin., Prec. de sémiol. pag. 29. n.° 73. 
Octopus Leucoderma. Sangiovanni, Ann. des sc. nat. pag. 515. vol. XVE 


E. Corpore oblungo glabro vel minutissime granulato , oculis unicirrhatis, brachiis 
elongatis gracilibus sub-aequalibus, corpore rubro nebulato, membrana wmbellae non 
limbata ; non moschato. 


Corps bursiforme, oblong ou ovoïde , lisse ou granuleux à volonté, ouverture large s’aper- 
cevant en dessus. 

Tête médiocre, plus étroite que le corps: globes des yeux proéminents, munis sur leur 
partie supérieure d'un ecyrrhe ou petit tubercule. Yeux saillants petits pouvant se recouvrir 
entièrement par les deux replis mémbraneux de la peau, munis d’un iris argenté contractile. 
Bouche pourvue de deux lèvres, dont l’interne eiliée. 

Bras élastiques, eflilés, conico-subulés, un peu comprimés, presqu’égaux et garnis sur leur 
face externe d’une rangée de cupules, au nombre d'environ 100 à 110, visibles, qui aug- 
mentent de grosseur jusqu’à la septième et diminuent ensuite progressivement. Membrane 
de lombrelle bien développée, embrassant environ un einquième des bras, et se continuant 
très visible jusques aux deux tiers de leur longueur. Tube locomoteur conique. 


OCTOPODES 15 


\ 


Proportions. 

Longueur totale . | : | | 0,400 
Longueur des bras ; à ; | 0,290 
Longueur du corps  . 0,090 
Largeur du corps , . é 0,060 
Largeur de la tête | ; CRE : : ; 0,020 
Hauteur de la membrane interbrachiale supérieure ; : j 0.070 

» EL » inférieure , Pa 2 i Ë : 0,050 


a 


Couleur très variable par l’action des points cromophores, qui sont bruns et rouges, 
passant du jaunâtre au laque. Dans létat de tranquillité, il est d’un blanc lilas ou perle 
très irisé, nuagé ordinairement, sur la partie dorsale, de rose jaunâtre-clair, tout couvert 
de petites taches subcutanées et blanchâtres. Tout le contour du corps est fortement irisé 
d’un bleu très brillant; la tête l’est aussi sur les côtés et en dessous; les globes des yeux 
sont, à cause de la transparence de la peau, colorés d’un bleu assez vif sur leur partie supé- 
rieure. Toute la partie supérieure da corps est couverte de points cromophores bruns et très fins ; 
nuagée de rose plus ou moins vif, passant au laque, au violet et voilée quelquefois d’un jaune 
doré, extrêmement brillant. La partie inférieure est d’un blanc bleuâtre irisé, couverte de 
points cromophores bruns et microscopiques, plus clair-semés que sur la partie dorsale: 
quelquefois il est d’un rose rougeâtre général, tout couvert de taches blanchâtres, subcu- 
tanées ; les côtés du corps sont fortement irisés: les globes des veux, bleuûtres, et l'iris 
couvert de points cromophores vermillon (PI. 2). Alors la partie inférieure est nuagée de 
taches rougeâtres et jaunâtres, produites par l’agglomération de points eromophores plus ou 
moins dilatés qui sont toujours ronds, plus gros et plus clair-semés que sur le dos. Ces 
points se voient sur la partie inférieure des bras, près de l'ouverture de l’entonnoir et 
manquent sur la partie médiane inférieure de la tête. 

Dans l’état d’irritation, sa peau est finement granuleuse en dessus et d’un rouge vif, 
passant au brun et au laque, irisé de jaune, également vif. En dessous , elle est d’une teinte 
plus claire et fortement nuagée de taches rouges ou jaunâtres; les reflets bleus des côtés 
du corps brillent toujours; mais ils sont couverts par les points cromophores. 

Hors de l’eau il est ordinairement d’une teinte rose-jaunâtre générale, couvert de taches 
blanchâtres ; irisé de bleu sur les côtés du sac et nuagé de grandes taches de rouge-cinabre, 
passant au laque et au jaunâtre (PI. 3). Quand il commence à perdre de sa vitalité, les 
reflets dorés disparaissent les premiers; puis le rouge perd de son éclat et devient jaunâtre: 
bientôt après on ne voit presque plus que les points cromophores, sauf le bleu du bord de 
l’ombrelle, qui caractèrise l’£. Moschatus; il se confond avec lui. Quand toute vitalité a cessé, 
il est d’un blanchâtre livide et parfaitement semblable au Moschatus. L’encre, qu’il ne lance 
jamais pendant sa captivité, quoique fortement irrité, est d’un noir parfait. 


Rapports et Différences. 


Cette espéce, toujours confondue avec le Moschatus par les naturalistes, qui ne l'ont étudiée 
que morte ou conservée dans l'alcool, diffère de ce dernier par sa peau, qui ne se couvre 
jamais, autant que j'ai pu m'en assurer sur plusieurs individus que j'ai gardés vivants et 


14 CÉPHALOPODES 


que j'ai soumis aux mêmes observations, par Sa coloration plus ou moins rougeàtre, jamais 
brune ou noirâtre, par le manque absolu, en quel état de vie que ce soit, de grandes 
taches noires, de la bordure bleue de l’ombrelle et de l’odeur de muse, qui caractérisent le 
Moschatus ; caractères constants dans les jeunes comme dans les adultes de tous les sexes. 


Habitation et mœurs. 


Cette espèce était très rare à Nice, où je n’en ai eu qu’un seul individu, que des pêcheurs 
m'apportèrent, parcequ’ils avaient reconnu qu'il différait du Moschatus. Depuis quelque 
temps des pêcheurs de Villefranche fréquentent quelques localités, où ‘on la trouve : en fé- 
vrier et en mars de 1850, je l’ai rencontrée plusieurs fois sur le marché. Elle est commune 
dans les parages de Menton; très abondante à Gènes, à Livourne, à Naples et en Sicile : Îles 
pêcheurs savent la distinguer. Elle vit sur les fonds vaseux de 100 à 200 mètres de pro- 
fondeur, toujours plus profondément et plus au large que le NMoschatus. Quand les dragues 
travaillent à 100 mètres de profondeur, elles ramènent les deux espèces; un peu plus au 
large, elles ne prennent que des A/drovandi, et plus près de terre, des HMoschatus. Aussi 
abondant que ce dernier, lA/drovandi lui est préféré en général, parce qu’il n’a pas l'odeur 
du muse. 

IL porte le nom de Nouscarin rous à Menton; de Moscardino rosso à Gènes; de Polpo 
Asinisco à Naples ; de Purpu di scogghiu, Purpu di siceu en Sicile; et de Purpu en Sar- 


daigne. 


Histoire. 


M. Delle Chiaje, et peu après M. Sangiovanni, ont, les premiers, bien déterminé cette 
espèce déjà indiquée par Montfort et Raffinesque. Malgré ces autorités, M. D'Orbigny la nie, 
dans sa monographie des Céphalopodes, appuyé 

{. Sur l'opinion de Ranzani. 

2. Sur les publications de Carus et Risso, qui ne citent qu’une seule espèce d’Eledon. 

3. Sur l'opinion de M. Rang qui n’en admet qu’une. ; 

4. Sur ma correspondance avec M. De Férussac. 

5. Enfin, sur les observations qu’il a faites sur un grand nombre d'individus de chaque 
espèce , dont plusieurs venant des auteurs mêmes qui admettent les deux. 

Quant à l’opinion de M. Ranzani, elle n’est basée que sur l'interprétation d’un texte, 
et non sur la nature; conséquemment de nulle valeur. 

M. Carus n’a fait qu'un court séjour sur le bord de la méditerranée et en grande partie 
à Nice, où l’Aldrovandi n’avait été jamais observé, où je ne l’ai eu que très acciden- 
tellement, et il faut en conclure qu’il ne l’y à point vu; car un observateur, si éclairé, 
l'aurait fort bien distingué. Du reste l’opinion de M. le Prof. Carus et celle de M. Risso , 
n'auraient de poids que s'ils avaient parlé des deux espèces et nié leur différence. 

M. Rang est trop bien connu pour révoquer en doute son opinion, et puisqu'il n’admet 
qu'une espèce, il faut croire que l’£ledon Aldrovandi , très abondant en Italie , commun 
à Menton, rare à Nice, manque entièrement en Provence, en Espagne et en Afrique, pays 
que M. Rang a savamment exploités. Dans le cas où il s’y trouverait, il faut admettre que 
cet habile observateur n’a jamais eu l’occasion de l’étudier vivant. 


OCTOPODES Do 


Quant à ma correspondance avec M. De Férussac, je répondrai que persuadé par les 
pêcheurs qu’on ne rencontrait jamais à Nice d’Eledon sans odeur de muse, j'en fis part 
à cet auteur qui desirait avoir des renseignements sur l’A/drovandi. Mais ensuite j’eus un 
individu , que les pécheurs reconnurent différer du Moschatus par sa couleur et le manque 
d’odeur; ils me lapportèrent vivant, et j'en fis part à M. De Férussac, doutant pourtant 
que ce fut l’Aldrovandi; car l'individu, que j'avais sous les yeux, ne correspondait pas à 
la description que m'en avait donnée M. De Férussac, pour suppléer à l'ouvrage de Délle 
Chiaje que je ne possédais pas. C’est cette même description qui fut cause de l'erreur, que 
je commis en ie publiant plus tard sous le nom d’Æledon Gènéi. Mes doutes ne roulaient pas 
alors sur sa diversité avec le Hoschatus, mais avec l’A/drovandi décrit par M. De Férussac ; 
car la trouvaille, faite à Menton, de plusieurs individus, et la certitude, que j’acquis, qu’il 
était distingué du Moschatus par le nom de Nouscarin rous, nom qui correspond à celui 
qu'il porte à Gènes, ne m’avaient laissé aucun doute. : 

La décision de M. D’Orbigny, provenant d'observations faites sur de nombreux individus, 
conservés dans l’alcool est excusable: car, je l'ai dejà dit, après la mort les deux espèces 
sont, si je peux m'exprimer ainsi, indéchiffrables. Je remarquerai cependant que M. D’Orbigny 
dit, (Pag. 74) « conservé dans l'alcool, il est le plus souvent d’une couleur vineuse et 
» conserve les taches. D’autres fois il est violet, sans taches, ou entièrement rose » ; et je 
doute fort que M. D'Orbigny ait remarqué les A/drovandi, étiquetés par M. Delle Chiaje , 
avec des taches ou des Moschatus entièrement roses. 


Variété. E. GÉNÉ. E£. GENEI. Nerany. PI. 1. 


‘VeranY. Tableau des Céphalopodes, fig. 1. 


J'ai figuré (PI. 1.) comme espèce un Eledon à sac plus arrondi, à bras plus courts, à 
forme plus trapue, sans odeur de muse, sans bordure bleue de la membrane ombellifére, 
couvert de points cromophores rouge-rouille, clair-semés sur la partie supérieure, plus rap- 
prochés sur l’inférieure, portant le long de la partie dorsale des bras une série, décroissante 
du centre aux extrèmités, de gros points de la même couleur. Le peu de reflet de sa peau , 
le manque de taches rouges, de taches brunes, de la bordure bleue et de l’odeur du muse, 
me l'avaient fait regarder comme espèce distincte; mais, plus tard, ayant eu l’occasion 
d'étudier une masse de jeunes Eledons Aldrovande, et ayant constaté que la série de points 
des bras s’y rencontre presque constamment, j’ai cru mieux faire de ne la regarder que 
comme une variété de cette espèce. 


Espèces dont je n'ai pu constater moi-même l'existence dans la méditerranée. 


ELEDON (P.) CIRRHEUX. £LEDONE (0.) CIRRHOSUS. Lamark. 


M. Peters, de Berlin, qui a fait un assez long séjour à Nice, occupé de rechercher des 
objets d'histoire naturelle pour le musée de cette capitale, m'a dit avoir possédé deux in- 
dividus, qu'il a reconnus appartenir à cette espèce. 


Lee CÉPHALOPOL ES 

M. Risso, dans un catalogue qu'il adressa au ; résient.de la section de Zoologie au Congrès 
de Lucques, cite l’Eledone Moschatus, Aldrovandi et Ambrosiaea : il est à regretter que ce 
dernier n'ait été accompagné d’aucune phrase caractèristique pour nous donner des notions 
sur cette nouvelle espèce. Je ne lai point rencontrée dans la collection qu’il a léguée à 
son neveu. 

J'ai vu sur le marché de Gènes, au milieu d’autres Eledons, un individu, dont la peau 
était très verruqueuse comme celle du Poulpe ordinaire. Il en avait toute apparence, mais 
avec les caractères des Eledons, et.il était dans un tel état de dégradation que je n’ai pu 


e- 


en entreprendre la description. 


SECOND GENRE. 
POULPE. OCTOPUS Lama. 


Polypus, Plisius, Belon, Rondelet, Salvianus, Gesner, Aldrovandi, Leach, — Saepia, Linné, 
Gmelin, Muller, Bosc, Oken. -— Octnpus, Lamark, Cuvier, Duméril, Blainville, Carus, 
Férussac, D’Orbigny, Delle Chiaje, Risso, Cantraine, Philippi. 


Animal ayant le corps arrondi, oblong , rarement conique, muni quelquefois d’un appareil 
constricteur, portant sur la tête huit bras égaux ou très inégaux, symétriques, garnis de 
deux rangées de ventouses sur la face interne, et réunis à leur base par une merñbrane 
interbrachiale, ombellifère, plus ou moins développée. 


N. 1. P. COMMUN. O. VULGARIS. Lamark. PI. S. 


Lamark , Wém. de la soc. d'hist. nat. de Paris. V. 1. p. 18. 
Anim. sans. vert. 2.° edit. Vol. 11. pag 161. 
Carus , Jcon. sep. loc. cit. t. XI 1." part. tab. XXXL pag. 519. 
D'Orbigny , Tableau des Céph. p. 52. n. 1.0 
Blainville, Dict. des Sc. nat. t. XLIL. pag. 188. 
Risso , ist. nat. des prince. prod. ae l’Europe mérid. 1. IN. 
Payr., Cal. desc. et method. pag. 170. 
Delle Chiaje, Mem. et Anim. invertebr. etc. vol. 1. pag. 2. & 1. 
Rang, Mag. de Zool. p. 62. 
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. des Céphal. Genre Poulpe PI. 11. pag. 97. 
Polypus. Salvianus, De Aqual. p. 160. 
Gesner, De Aqual. 1. IV. p. 870. 
Aldrov., De Mol. 14-16. 
Polypus octopodia. Leach, Journal de Phys. t. LXXXVL pag. 594. 
Savigny, Descript. de l'Egypt. hist. nat. & LL. pl. 1. fig. 1. 
Sepia Octopus. Linn. eur. Gmel., Syst. Nat. VE 1149. n. 1. 
Brug., Enc. meth. t. LXXVI. 1-4. 


OCTOPODES 17 


E. Corpore ovali rotundalo, verrucoso et tuberculato, oculis tricirrhatis, pedibus 
inaequalibus validis, membrana ampla conjunctis. 


Corps ovale, arrondi, petit comparativement au volume de la tête et des bras, tout couvert 
de verrues applaties, plus ou moins marquées, et muni, dans l'état d’irritation, sur sa 
partie supérieure, de tubercules coniques inégaux, plus ou moins saillants, toujours symé- 
triquement disposés; partie inférieure, légèrement granuleuse sur les côtés, et lisse vers le 
centre: ouverture fendue sur toute la largeur du corps, un peu baillante et visible en dessus. 

Tête assez grosse, moins large que le corps et couverte en dessus des mêmes verrues : 
globes des yeux très proéminents et munis de trois cyrrhes coniques, allongés, inégaux ; 
dont l’antérieur, plus petit; le postérieur, un peu plus gros, et le médium beaucoup plus 
gros que le précédent. Il n’est pas rare de rencontrer des individus sur lesquels ce tubercule 
manque. Yeux latéro-supérieurs, percés dans la peau qui peut les recouvrir par les deux 
replis membraneux; pupille ronde; iris très contracté, argenté. 

Bras élastiques, très épais, conico-subulés, un peu comprimés latéralement, diminuant 
graduellement jusqu’à leur extrémité, couverts en dessus de verrues irrégulières comme le 
reste du corps, et, dans l’irritation, de tubercules coniques et courts, iñégaux entr’eux et 
médioerement longs; les supérieurs, plus courts; les latéraux, plus longs: proportion nor- 
male, 3, 2, 4, 1 ; rarement 2, 5, 4, 1, garnis, sur leur face interne, de deux rangées 
alternantes de cupules proportionnées à la grosseur des bras. 

Cupules grosses, peu saillantes et très élastiques ; rapprochées, dans l’état normal des 
bras, mais espacées sur leur longueur, quand les bras sont allongés par le mouvement, 
ou, après Ja mort, quand ils ont perdu leur contraction musculaire : celles qui entourent 
la bouche, très petites, augmentent brusquement jusques à la 4€ qui est le double de la 
première, et insensiblement jusques à la 15.° qui est ordinairement fa plus grosse, et sou- 
vent très disproportionnée avec celles qui la touchent, surtout sur les bras de la 5° paire; 
puis diminuent insensiblement jusqu’à l’extrémité des bras, où il est très difficile de les 
compter ; elles sont au nombre de 230 à 250 sur chacun. | 

Membrane de l’ombrelle très développée, un peu irrégulière; celle qui réunit les bras 
supérieurs, plus courte: elle embrasse un septième des bras les plus courts, et un huitième, 
des plus longs ; se continue sur le côté supérieur des bras, presque jusqu’à moitié de leur 
longueur; est plus dévèloppée sur le côté inférieur, et se continue jusqu’à leur extrémité. 

Bouche pourvue de deux lèvres, dont l’interne ciliée; tube locomoteur conique, assez court, 
arrivant à-peu-près à la hauteur des yeux. 

Deux osselets cartilagineux dans la peau en dessus du corps. 


Proportions. 
Longueur totale . < ; : : ; 5 . : S ; : 0,640 
Longueur du corps ; 5 : . : - 0,090 
Largeur du corps. ; : À ; : ; , 0,070 
Largeur de la tête : : : : Ë ; . * : À : - 0,045 
L . 0,370 
Longueur des bras mesurés de la bouche . _. 
5 À 0,500 
4. 0,440 


QI 


18 CÉPHALOPODES 


Couleur. Dans l’eau, il est généralement d’un blanc grisätre, passant du verdâtre au 
jaunâtre, entièrement couvert de points cromophores bruns, très fins et très rapprochés, 
qui circonscrivent les verrues, et forment plusieurs cercles là où se relèvent, pendant Pir- 
ritation , les tubercules : souvent il se nuance de jaunâtre qui passe, par l'effet des points 
cromophores, au brun très foncé, au rouge-vineux, au jaune brillant et au rouge-anglais 
très vif. Ces taches parcourent toute la surface du Céphalopode, paraissent, disparaissent 
et sont constamment plus claires sur les parties inférieures. La partie interne des: bras et 
de l’ombrelle est blanchâtre, ordinairement sans taches: on y voit souvent des points cro- 
mophores rouges-vineux, très fins; souvent de belles taches rouge-vineux ou rouge-orangé 
s’y nuagent, et le bord des cupules èst aussi de la même couleur ; souvent, tout ke mollusque 
est d’un bleu livide, nuancé de bleu et de lilas, parsemé, non de verrues, mais de taches 
blanchätres qu’on dirait subcutanées; taches, qui sont très visibles sur la membrane ombel- 
lifère et sur ses prolongements, le long des bras. 

En état d’irritation, sa coloration est en général la même , mais plus vive : toute la partie 
supérieure du corps se couvre de longs tubercules coniques, symétriquement disposés. Ceux 
du centre sont ordinairement les plus gros ; quelquefois ils sont tous égaux et plus petits (PI. 8) ; 
d’autres fois ils sont disposés presque circulairement et onguiculés : des tubercules de cette 
forme se voient aussi le long des bras. Ceux du corps sont ordinairement de la même 
couleur que le reste de la peau; mais quelquefois, surtout lorsqu'ils sont plus petits, et 
onguiculés, on les voit d’un vert-anglais brillant ou d’un jaune-orpiment très vif: ceux 
qu'on remarque le long des bras sont constamment de cette couleur. 

Au sortir de l’eau, il est toujours très coloré ; les verrues sont très prononcées, et quel- 
quefois même visibles sur la partie inférieure et sur la partie latéro-inférieure des bras, 
où elles arrivent jusqu’à la base des cupules; elles sont ordinairement d’un brun roux-vineux, 
nuagé d’autres teintes plus obscures: la partie interne des bras, la face inférieure du sac 
et de la tête sont couvertes de points eromophores, rouge-orangé , très brillants. L’extrémité 
des bras est d’un rouge-vineux, très obscur. 

On en rencontre, mais assez rarement, qui portent sur leur tête cinq taches blanches, 
dont une entre les globes des yeux, un peu en avant; deux, assez rapprochées entr’elles, 
un peu en arrière des globes des yeux, et deux autres un peu plus en arrière presque 
sur la base de la première paire de bras: la première et les deux dernières sont formées 
par l’agglomération de plusieurs points blancs ; les deux autres, par un point blane, cerclé 
régulièrement d’autres points semblables. J'ai observé ces taches sur des individus de toute 
taille, de tout sexe et sur de très jeunes; j'en ai vus à Nice, à Gènes et sur la marché 
de Pozzuolo près de Naples, où les pécheurs les conservent vivants dans des baquets d’eau. 


Rapports et différences. 


Le poulpe commun se distingue facilement de tous ses congénères de la Méditerranée , 
quand il est en vie, par les trois grands cyrrhes qu’il porte sur chaque globe des Yeux, 
caractère qui n'appartient à aucune autre espèce; il se distingue également par sa peau 
verruqueuse el par la grosseur de sa taille, qu'aucune autre espèce n’atteint. Les jeunes in- 
dividus se distinguent de l'O. Cocco par le manque de verrues et la proportion des bras; 


OCTOPODES 19 


de l’O. Salutii par l’irrégularité des taches verruqueuses et l’unique tubercule des orbites des 
yeux qui le caractérisent ; de l°O. Wacropus et Philippi, par la longueur proportionnée des 
bras et la peau lisse de ce dernier. 


Habitation et mœurs. 


Le Poulpe commun est répandu dans toute la méditerranée, et se trouve sur les côtes 
de l'Océan, aux Canaries. D’après les faits recueillis par M. D’Orbigny, on l’a rencontré à 
Haïti, à Cuba, à Bahia, à l’île de France, aux Indes et dans la mer rouge: on le pêche 
sur les côtes rocailleuses de la Ligurie en toute saison, mais plus abondamment en été. 
Ce céphalopode habite presque toujours au milieu des rochers, et se cache ordinairement 
dans les trous et dans les crevasses, où il pénètre avec une grande facilité, son corps étant 
très souple et fort élastique: c’est dans ces retraites qu’il reste à l’affüt des animaux, dont 
il se nourrit. Dés qu'il les apercoit, il sort avec précaution de sa tanière, s’élance comme 
un dard sur la victime qu’il enveloppe , l’enlace dans ses bras serpentiformes et la 
fixe au moyen de ces cupules. Quand il s’élance sur sa proie, il part le corps en avant; 
arrivé près d'elle, il se retourne, ouvre ses bras, se éramponne à elle avec une telle 
promptitude qu’à peine a-t-on le temps de l’observer. Quelquefois il s'établit sur des terrains 
sablonneux, à peu de distance des rochers, et a soin de se fabriquer une retraite pour se 
cacher : à cet effet, il entasse en rond une quantité de cailloux qu’il transporte, en les 
fixant dans ses bras au moyen’ des ventouses, puis forme une espèce de cratère, s’y 
blottit dedans et y attend patiemment le passage de quelque poisson ou crustacé qu’il 
saisit avec adresse. J'ai eu plusieurs fois l’occasion de vérifier ce fait dans la rade de 
Villefranche. 

En été, les jeunes Poulpes s’approchent aussi des plages de galets, et on les rencontre 
quelquefois sur les fonds vaseux, d’où les traînes les ramènent conjointement avec des 
masses d'Eledons. On le pêche ordinairement à la ligne, sans hamecon; à la place de ce 
dernier on fixe un morceau de squale, un bras de céphalopode, un poisson blanc, un os, 
un morceau de suif, enfin un corps voyant, lesté d’une petite pierre. Le batelier tient une 
ligne de chaque main, les promène très lentement sur les bas fonds rocailleux; à peiñe le 
Poulpe les voit-il, qu’il s’y jette dessus et enveloppe l’appât de ses bras: le pêcheur, sentant 
la résistance, retire doucement la ligne tout près de lui, puis le fait entrer dans un petit 
filet, emmanché d’un bâton qu'il tient de l’autre main, et le saisit. On le prend aussi avec 
un petit rameau d’olivier, fixé à l’extrémité d’un roseau et armé d’un hameçon, qu’on 
promène devant l’ouverture des trons et des crevasses des rochers. Les pêcheurs au trident 
en prennent quelques uns de très gros. Quand les jeunes Poulpes se répandent, en été, 
sur les plages de galets, on les pêche au moyen d’une ligne, lestée d’un plomb et 
garnie d’un bouchon de liége, armé de plusieurs hameçons recouverts d'un morceau 
de drap écarlate, taillé en lanières , qu’on lance aussi loin que possible et qu’on 
retire ensuite très doucement. Le Poulpe s’y jette avidement dessus; le pêcheur, averti 
par le mouvement et par la résistance, donne une forte secousse, accroche pres- 
que toujours l’animal et le retire précipitamment. Gette pêche fournit, à Nice, un 
agréable passe-temps dans les belles soirées d'été. Les Poulpes conservent assez long-temps 


20 CÉPHALOPODES 


leur vitalité hors de l’eau; aussi les pêcheurs sont-ils obligés, pour ne pas les perdre, de 
les tuer sur le champ; ce qu’ils font, en mordant leur tête, ou en y plongeant un 
couteau chez ceux qui sont très gros. Le Poulpe commun est bien plus abondant sur 
le marché de Nice que sur celui de Gènes. Lorsqu'il est jeune ou petit, c'est un morceau 
friand; s’il est de moyenne grandeur et pesant moins d’un demi kilogramme, sa chair , 
encore tendre, est estimée des gens du peuple ; mais, s’il est plus gros, il perd beaucoup 
de sa valeur, parce que sa chair est coriace: ceux qui l’achètent ont la précaution, avant 
de le faire cuire, de le battre assez long-temps avec un roseau ; d’autres, les grees surtout, 
ont soin de le trainer quelque temps sur une pierre, en le tenant par l’ouverture du 
corps, et cela probablement pour briser les fibres de leur chair. Cette chair a un goût parti- 
culier, assez marqué, ce qui fait qu’on lui préfère celle de la Sèche et surtout du Calmar 
commun; mais elle est plus estimée que celle de l’Eledon. À Naples, les marchands de 
coquillages de S.* Lucia le vendent cuit; sur les côtes de la Ligurie on l’apprête de diffé- 
rentes manières. Le plus grand Poulpe, que j'ai vu, avait environ trois mètres de longueur 
et pesait 25 kilogrammes: un vieux pêcheur adroit et très intelligent le rencontra contre 
le môle du port de Nice, le saisit de ses propres mains en se baissant sur sa nacelle, lui 
retourna le corps et finit par s’en rendre maitre, mais non sans beaucoup de fatigue. Les 
Poulpes de 15 kilogrammes ne sont pas rares à Nice, et ceux de 10 kilogrammes yÿ sont 
communs. L'action des ventouses du Poulpe sur la peau, quand elles sy appliquent ; le 
mouvement serpentiforme de ses bras, sa force musculaire , son aspect hideux, ont fait, 
je crois, exagérer les méfaits de ce Céphalopode , qui est stupide et incapable de nuire. 


Histoire. 


Le Poulpe, déjà connu par Aristote, décrit et figuré très médiocrement par les naturalistes , 
qui se sont sueccedés jusqu’à nos jours, a été bien déterminé par Lamark, qui en a fait son 
genre Octopus; Bose et Oken lui ont conservé le nom Linnéen de Sepia Octopodia, et 
M. Leach à proposé celui de Polypus; qui, quoique basé sur le nom ancien, n’a pas été 
adopté. Cuvier, Blainville, Delle Chiaje, Risso, Payredeau, Cantraine, Férussac et D'Orbigny 
ont suivi Lamark. Les figures que nous trouvons dans les anciens ouvrages sont mauvaises; 
celle du grand ouvrage de l’expédition d'Egypte, que nous devons à M. Savigny, est parfaite; 
et M. De Férussac l’a reproduite très à propos dans sa monographie PI, Z. La Planche 5 bis 
d’après Carus est médiocre: la Planche 11, faite sur mon dessin, a été horriblement ren- 
due: le caractère des verrues ayant été négligé par le litographe; on a voulu y suppléer 
par un coloriage linéaire chargé, qui a fait perdre à ce dessin toute sa vérité. 


N. 2. P. DE SALUCES. O0. SALUTII. Verany. PI, 9. 


Verany, Mém. de l'Acad. Royal. des se. de Turin. Clas. des se, nat. et Phys. tom. 1. 22 série. 
PI. 5. 1856. 


O. corpore rotundato glabro, et irregulariler verrucoso, capite mediocri et rotundato , 
brachiis elongatis, sub-aequalibus, umbella mediocri. 


OCTOPODES 21 


Corps arrondi, lisse, très irrégulièrement verruqueux; ouverture grande, un peu baillante , 
très visible à la partie dorsale. | 

Tête arrondie, peu distincte du corps; globes des yeux peu saillants, portant un petit 
tubercule, situé sur la partie médiane. Yeux assez grands, ouverts dans l'épaisseur de la 
peau qui peut les recouvrir entièrement au moyen de deux replis membraneux. 

Bras longs, cinq fois plus que le corps; très peu inégaux ; la 3° paire plus longue, et la 
1. plus courte que les autres ; (la 2.° paire étant mutilée, son épaisseur fait supposer qu’elle 
était égale à la 3°). Conico-subulés et arrondis, garnis de deux rangées de cupules ses- 
siles, alternantes, qui n’occupent pas toute la face interne des bras. 

Membrane de l’ombrelle bien développée, embrassant un cinquième de la longueur des 
bras, se prolongeant très peu le long de la partie supérieure ; mais jusqu’à l'extrémité le 
long de la partie inférieure. Cette membrane est très développée sur la première paire de 
bras, et diminue progressivement sur les autres. 

Tube locomoteur médiocre, conique et très évasé à sa base. 


Proportions. 
Longueur totale . : : , : ; 3 : 0,270 mill. 
Longueur du sac. : . : : - : - * $ 0,040 
Longueur de la tête . ; : : - - : ; ; , ; - 0,030 
Longueur des bras, 3. paire : ù : : ‘ : : . ; ; 0,200 
EL) ” 4. * . = . , : ; see : : 0,185 
Longueur de la membrane interbrachiale . : : : 0,040 


Couleur. Dans l’état de langueur, la partie supérieure est d’une couleur lilas, passant 
au bleuätre et au jaune-citron, nuagée de rouge-jaunâtre, très vif par la réunion des points 
cromophores de cette couleur; toute parsemée de taches ou points verruqueux blanchûtres, 
trés irréguliers: ces taches sont plus grandes, plus clair-semées et moins marquées sur les 
bras, et disparaissent entièrement sur la partie inférieure. Celle-ci est d’un blance-rose, 
couverte de très petits points cromophores d’un rouge-laque. Ces points sont rares sur la 
partie inférieure de la tête, et très nombreux sur le bord du tube locomoteur. Les bras, 
a insi que l’ombrelle, sont à l’intérieur d’une belle couleur lilas, nuagée de quelques taches 
rougeûtres, produites par les points cromophores de cette couleur. 

Dans l’état de vie et au sortir de l’eau, d’après ce que n'ont affirmé les pêcheurs, il est 
d’une belle couleur citron, tacheté de blanc et nuagé de rougeâtre. 


Pi 


Rapports et Différences. 


Cette espèce reconnaissable au premier abord par ses taches verruqueuses blanches et très 
irrégulières , diffère beaucoup de l'O. Vulgaris par la forme de son corps plus arrondi, par la 
longueur proportionnée des bras, qui est moindre dans celui-ci; par la bien moindre dispro- 
portion des bras entr’eux, par la différence du nombre des tubercules qu’il porte sur les 
globes des yeux. Il diffère aussi de l'O. Cocco par la longueur des bras proportionnée au corps, 
plus longs dans l’O. Cocco, qui a aussi le corps plus long, tuberculeux ou granuleux. 


29 CÉPHALOPODES 
Habitation, mœurs et histoire. 


Cette espèce a été péchée à l’hamecon, en haute mer, dans la soirée du 22 décembre 1835. 
Les pêcheurs, surpris de sa belle couleur, me l’apportèrent : je le coloriai tel que je le vis: 
mais ils m’assurèrent que, pendant sa vie, il était d’un jaune plus brillant, que les taches 
rouges étaient errantes, et que les verruqueuses blanches étaient trés visibles. Cette espèce 
pourrait bien être le petit Polype tacheté d’Aristote, que M. De Férussac dit, dans son hi- 
stoire naturelle, générale et particulière des mollusques « n’être pas encore connue ». 
Je n'ai plus revu cette espèce qui parait habiter dans les grandes profondeurs du golfe de 
Nice. Jen communiquai la découverte à l’Académie Roy.® des sciences de Turin. C’est à 
tort que M. D'Orbigny l’a considérée comme une variété de couleur, tantôt de l'O. Vulgaris 
(pag. 53), puis de V0. Tetracirrhus (pag. 58). Les observations, que j'avais communiquées 
à son collaborateur, sur la variabilité de couleur de ces animaux, auraient dû le rendre 
moins défiant à mon égard; car ces observations ont été appréciées et publiées par M. 
D'Orbigny dans le cours de l’ouvrage, qu’il a malheureusement laissé inachevé pour la 
science. 


N. 5. P. DE COCCO. 0. COCCO. Veraxy. PI. 12 et 12 bis. 


Verany, Act. du Congr. de Napl. pag. 794. 
Guide de Gênes. Vol. 1. Part. 2.° tab. 4. pag. 109. 
O. Unicirrhus. Delle Chiaje, Lettre à M. De Féruss. 
Férussac, Monogr. Esp. incertaines , pag. 70. N.0 19. 


O. corpore ovali, tenuissime granulato et tuberculato, lateribus et membrana caeruleo 
marginatis : brachiis sub-acqualibus. 


Corps ovale, à extrémité un peu acuminée, finement granulé sur toute la partie supé- 
rieure, tuberculé le long de la partie médiane et des quatre bras supérieurs : ouverture 
fendue sur la moitié du corps et très visible à la partie supérieure. 

Tête peu distincte du corps; globes des yeux, peu saillants, portant chacun un seul tu- 
bercule, conique, assez gros, situé un peu en arrière. Yeux médiocres, ouverts dans l'épaisseur 
de la peau qui peut les recouvrir au moyen de deux replis membraneux. 

Bras médiocres, longs deux fois et demi comme le corps, très légèrement inégaux ; la 
seconde paire, la plus longue; la quatrième, la plus courte; conico-subulés , comprimés 
latéralement et munis de deux rangées de cupules alternantes : proportions, 2. 3. 1. 4. 
cupules à base un peu allongée, subpédiculées , assez grandes , très rapprochées, au nombre 
de 150 sur chaque bras, augmentant de grosseur jusqu’à la douzième, qui à ÿ millimétres, 
et diminuant ensuite très insensiblement : elles couvrent toute la face interne des bras et 
n’alternent que vers la septième. 

Membranes de l’ombrelle bien développées presque égales entr’elles, embrassant un cin- 
quième des bras, se continuant très visiblement, à la partie supérieure, jusques à moitié 
de leur longueur; et à linférieure, jusques à leur extrémité. 


OCTOPODES 25 
Tube locomoteur court, cylindrique et petit proportionnellement au corps. 
Peau assez ferme, peu élastique, un peu transparente à la partie inférieure du corps. 


Proportions. 
Longueur totale . , : ; : ‘ ; : | ; ; , ; 0,220 
Longueur du corps . { : - : : , ; ‘ ; 0,060 
Largeur du corps ; : , s ; : î ; k = ; 0,040 
Longueur de la tête . | + : 0,030 
Distances d’un tubercule à l’autre : : : ; = ë : à r 0,015 
1. Paire : ; : - DÉS : ; 0,135 
Longueur des bras nes ‘ : : : : ; : H ee 
FR ee à : ; ; = ; : ; 0,138 
RS RE Ra 


Couleur. Dans l’état d’irritation (PI. 12. fig. b. c.), il est finement granulé sur la partie 
supérieure du sac, sur la tête, sur la première et la seconde paire de bras et sur les mem- 
branes qui les rattachent. Ces granulations sont presque tuberculeuses sur les globes des 
yeux. On voit des tubereules oblongs et peu relevés, épars sur la partie médiane du corps 
et le long des bras supérieurs : la partie supérieure est d’un gris de souris, passant au 
rouge-brun, avec des reflets verdâtres, ou au jaunätre: les granulations sont plus claires et 
les tubercules blancs; leurs interstices sont couverts de points cromophores très fins, d’un 
rouge-rouille : les granulations disparaissent sur la partie latérale du corps; elles sont rem- 
placées par des taches blanches sur le centre des trois membranes ombellifères supérieures 
et vers leurs bords: les membranes sont bordées d’un bleu-verdâtre ehatoyant, comme 
l'Eledon moschatus; la ligne latérale du corps est marquée par une bordure rélevée, bleu- 
brillant, passant au vert anglais qui se fond insensiblement avec le jaunâtre dont est colorée 
la partie supérieure. Une ligne semblable, d’un bleu chatoyant, se voit aussi le long de la 
partie latéro-inférieure des bras supérieurs, et la même teinte occupe la partie postéro- 
inférieure des globes des yeux. Toute la partie inférieure est d’un blanchâtre livide, passant, 
sur le corps qui est très finement granulé, au jaune ou au bleuâtre par la semi-transpa- 
rence de la peau qui laisse apercevoir les organes intérieurs. Le tube locomoteur, les bras 
et les membranes ombellifères qui lient la troisième paire de bras avec la quatrième, 
sont couverts de points cromophores rouges-brun, à peine visibles à la loupe; la membrane, 
qui lie la quatrième paire avec les autres, est blanche et transparente; les points cromo- 
phores sont plus clair-semés, un peu plus gros et rougeätres, sur la partie interne des 
bras : l’ombrelle est bianchâtre à l’intérieur sans points cromophores. 

Etat de tranquillité (PI. 12 bis). Toute la partie supérieure est d’un jaunâtre, passant au 
brun par l’effet des points cromophores rouges-bruns; les granulations disparaissent et font 
place à des taches claires, marquées par l'absence des points cromophores bruns; les tuber- 
cules oblongs sont très marqués et blancs; la ligne latérale et relevée du sac n’est plus apparente, 
mais sa Couleur bleue-verdâtre subsiste toujours, et est aussi très visible sur le bord de la 
membrane ombellifère. Toute la partie inférieure conserve, comme dans l’état d’irritation, 
sa couleur d’un blanc livide, couverte de points eromophores rouges, passant au jaunâtre , 
les uns très fins, les autres ovales et plus gros; mais il n’y a plus de granulations. 


2, CÉPHALOPODES 


Dans l’état de langueur (PI. 12. f. a), la couleur jaunâtre a disparu ; les petits points cro- 
mophores rougeâtres sont plus visibles et très rapprochés des membranes ombellifères dorsales ; 
la place des granulations est toujours marquée par labsence des points cromophores rouges- 
bruns; toute trace de tubercules (sauf ceux des globes des yeux), ainsi que la teinte bleue- 
verdâtre, chatoyante, des côtés du corps ont également disparu : cette teinte subsiste pourtant 
encore sur la bordure des membranes ombellifères. Toute la partie inférieure reste comme 
dans l’état de tranquillité à l’exception des points cromophores, qui sont invisibles, même 
à la loupe. 

Hors de l’eau, la partie dorsale se colore d’un brun rougeâtre; la teinte bleue-verdâtre, 
si brillante des côtés du corps, devient verdàtre; toute la partie inférieure est marqué de 
taches d’un jaune-vert, passant au rouge-laque. Plongé vivant dans lalcool, l’animal prend 
une couleur rouge-brune, quelquefois laque: les granulations subsistent quelquefois; mais 
les tubercules disparaissent toujours, et la ligne latérale du corps reparait relevée. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue au premier abord de l'O. Vulgaris par une moindre disproportion 
des bras entr'eux, par la forme du corps, qui est plus allongé, et par le nombre constant 
des tubercules que portent les orbites des yeux. Ce Poulpe diffère de PO. Tetracirrhus, avec 
lequel il a, au premier aspect, une certaine affinité, par les reflets bleus-verdâtres et 
brillants de la bordure de sa membrane ombellifère, couleur qu’on voit briller aussi sur 
l’ombrelle du Tetracirrhus; par la consistance, la forme et l'ouverture de son corps; par 
les granulations et les tuberculosités de sa partie dorsale. I] diffère de l'O. Salutii par la forme 
du sac, par la constance de la Lordure bleue-verdâtre; mais surtout par sa peau granulée, 
tuberculeuse etc. qui n’est pas irrégulièrement verruqueuse. Il diffère de l'O. Tuberculatus de 
Blainville, figuré et décrit dans la monografie des Céphalopodes, par la forme et l’ouverture 
du corps, par la disposition et la forme des tubercules, et par la différence de proportion 
des bras entr'eux. 


Habitation. 


J'ai trouvé abondamment, en juillet et aôut 1849, cette espèce, que je n'avais eue au- 
paravant que très accidentellement, Elle parait vivre sur les fonds vaseux, à environ 100 mè- 
tres de profondeur, en compagnie des Eledons, et on le prend toujours avec la drague. Il 
est possible qu’elle ne fréquente ces terrains que dans celte saison ; car les dragues qui y 
travaillent constamment depuis le mois de septembre jusqu’au mois de mai n’en rappor- 
tent jamais. | 


Histoire. 
En avril 1850, j'avais chservé et dessiné un petit individu vivant de cette espèce, que 


j'avais rencontré sur le marché de Gènes : M. De Blainville, ayant jeté un coup d'œil sur mes 
cartons, pendant le congrès de Florence, crut reconnaitre dans ce dessin son 0. tuberculalus , 


OCTOPODES 29 


et, d’après cette déclaration, je le figurai (PI. 12. fig. b. c.) en lui donnant cette dénomination. 
Plus tard, en avril 1848, j’eus un autre Poulpe mort: la forme ovale de son sac, la 
longueur presqu’égale de ses bras, l’unique tubercule de ses yeux, le manque absolu de 
granulation et de tubercules, tout me persuada que c’était une nouvelle espèce. Je la dé- 
crivis au congrès de Naples, et je la figurai sous le nom d’O. Cocco dans le guide de Gènes 
Vol. 1.% Part. 2.° tab. 4. (PI. 12. fig. a). En juillet et aôut 1849, cette espèce, étant 
plus abondante sur le marché de Gênes, je pus m’en procurer plusieurs individus vivants, 
et je me suis assuré que ces deux Poulpes ne sont qu’une différence d’état du même 
Céphalopode, dont l’un, observé dans l’état d’irritation; et l’autre, dans un état de langueur 
voisin de Ja mort. 

Cependant la découverte de cette espèce remarquable est dûe à M. Delle Chiaje, qui en 
avait communiqué une note à M. De Férussac, en la désignant sous le nom d’0. unicirrhus. 
M. D’Orbigny a cité cette communication dans la monographie, et l’a comprise dans la 
série des Poulpes incertains (Pag. 70). M. Delle Chiaje ne l'ayant pas encore décrit, le carac- 
tère spécifique indiqué par cet auteur étant commun à plusieurs autres espèces, et le nom 
de Tuberculatus, donné par M. de Blainville, étant appliqué par M. D’Orbigny à une autre 
espèce, je conserve à celle-ci le nom que je lui avais donné moi-même, non par droit 
de priorité, mais dans la persuasion que le célèbre anatomiste Napolitain agréera la dédicace 
que je fais, de cette espèce, au savant ictyologue de Messine. 


N. 4. P. À QUATRE CIRRHES. O0. TETRACIRRHUS. Deus Case. PI. 7. et 7 bis. fig. a. 


Delle Chiaje, Anim. invert. V, 1. P. 4. tav. 4. Ç 
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. des Céph. Genr. Poulp. PI. 22. pag. 56. 


O. corpore flacido, ovali rotundaio glabro rubescenti, apertura mediocri, oculis 
bicirrhatis. 


Corps ovale, arrondi, bursiforme, lisse; consistance flasque ; ouverture un peu baillante, 
fendue presque jusqu’à la moitié du corps, ne paraissant pas en dessus; quelquefois à 
l'extrémité du corps une espèce de tubercule conique, produit par Pélasticité de la peau. 

Tête assez large, par rapport aux globes des yeux qui sont assez saillants, et portent 
deux cirrhes coniques dont l’un, en avant, et l’autre, en arrière. Yeux assez grands, ronds, 
ouverts dans l’épaisseur de la peau , qui peut se refermer sur eux, au moyen de deux 
replis membraneux. 

Bras, ayant trois fois la longueur du corps, inégaux ; la seconde paire, la plus longue; 
la première, plus courte que la seconde de bien peu; la troisième, plus courte que la 
seconde, d’un quart; la quatrième, un peu plus courte que la troisième : proportions 
2, 1, 5, 4. Ils sont conico-subulés, un peu comprimés latéralement et munis de deux ran- 
gées, très rapprochées, de cupules sessiles, très petites, assez distantes l’une de l’autre au 
nombre d'environ 150 sur les bras les plus longs. 

Membrane de l’ombrelle, très élastique et très développée, presque égale entre tous les 
bras, sauf celle qui réunit entre eux, ceux de la quatrième paire, laquelle est un peu plus 

4 


26 CÉPHALOPODES 


courte : elle embrasse un quart des bras, s’étend bien visible jusqu’à leur extrémité et est 
très développée sur le côté externe. | 

Tube locomoteur, court, cylindrique et assez gros en proportion du corps. 

Peau flasque, très élastique et un peu transparente. 


Proportions. 
Longueur totale . : à ; : : : ‘ : - ; ; 0,200 mill. 
Longueur du corps . ee ; : ; ; ÿ 0,040 
Largeur du corps ; : ; : : - : : : : ; À 0,036 
Largeur de la tête : : : : : : : ë ‘ 5 ; - 0,032 
Ée: : : : : en ; 0,128 
2 : ; ; ; : : ‘ = 0,130 
Largeur des bras ee 
PE  .. : : : ; : : À 0,102 
&:.: : ; : : 0,096 
Largeur de la membrane ombellifère . : 0,033 


Couleur. Partie supérieure, rose-vineux, sale, avec des taches rondes et blanchûâtres, 
formées par la réunion de points blancs, ou mieux, par l’absence des points cromophores 
rouges. Ces taches sont nombreuses sur le sac, rares sur la tête, disparaissent sur les or- 
bites des yeux, sur la membrane de l’ombrelle et sur les bras. On voit des points bleuâtres, 
très brillants, sur les membranes supérieures de l’ombrelle. Des points cromophores rouges- 
vineux, très petits, couvrent toute la partie supérieure du corps, cerclent les taches blanches, 
au millieu desquelles on en voit.un un peu plus gros. On remarque à travers la peau, qui 
est très transparente, une série de points cromophores plus gros et de couleur rouge-anglais 
qui sont placés en dessous de la peau. Les globes des yeux sont blanchâtres par rapport à 
la transparence de la peau; l'iris est blanc, nuagé de jaune d’ocre. | 

La partie inférieure est d’un rose-clair, irisé de rose et de bleuâtre : elle est couverte de 
points cromophores rouges-carmin, très petits, plus agglomérés vers l'extrémité de l’entonnoir 
et sur le bord de l’ouverture du corps, mais très rares sur le centre de la tête. On voit 
quelquefois sur les parties latéro-inférieures du corps des petites taches, d’un bleu-brillant 
égales à celles qu’on aperçoit sur les membranes supérieures. Les cupules sont bordées d’un 
rouge-bleu ; la partie interne des bras est rose-clair, couverte de points cromophores sem- 
blables à ceux de la partie inférieure du corps; mais un peu plus gros. 

J'ai rencontré parfois, mais très rarement, quelques individus qui avaient la partie 
supérieure nuagée de jaunâtre, comme le décrit M. Delle Chiaje. 


Rapports et différences. 


Cette espèce est caractérisée par sa consistance très flasque ; par sa peau très élastique, 
en partie transparente; par son ouverture invisible en dessus; par deux tubercules sur 
chaque globe des yeux; par la proportion des bras entre eux; par l’ampleur de la membrane 
ombellifère, qui est très développée jusqu’à l'extrémité de tous les bras, et surtout par la 
disposition particulière des points cromophores, que M. Delle Chiaje a si bien caractérisée 
et qui n'appartient à aucune autre espèce connue. | 


OCTOPODES 24 
Habitation et mœurs. 


Cette espèce a été découverte dans le golfe de Naples, où elle porte le nom de Polpo 
tunnale, Polpo incamiciato ; mais y est fort rare. Je l’ai rencontrée assez cammurément 
sur le marché de Gènes, pendant le mois de février 1849 : elle n’y avait jamais été vue 
avant cette époque, et parait vivre dans la vase, en société avec les Eledons: on l’a péchée 
avec la grande drague, que trainent deux barques à voile (balancelle). J'ai lieu de croire 
qu’elle vit enfoncée dans la vase, d’où elle a été déterrée par cette drague pesante ; car les 
plus petites qui, à la même époque, font tous les ans la pêche dans les mêmes localités, 
n’en ont jamais ramené. Peut-être, aussi, l’espèce est-elle voyageuse, et ne s’est-elle pré- 
sentée que par hasard dans cette circonstance. 


Histoire. 


Nous devons la connaissance de cette espèce remarquable à M. Delle Chiaje, qui la 
communiqua à M. De Férussac, la décrivit et la figura plus tard dans son ouvrage : Animali 
invertebrati etc. Vol. 1. pag. 4. PI. 4. La courte description, qu'il en a donnée, est très 
exacte; mais le dessinateur, qui a été chargé de le figurer, n’a pas eu le même mérite : ma 
planche 7. est la fidèle reproduction du dessin coïorié, que M. Delle Chiaje a bien voulu 
me communiquer; Car, d'après l’examen que j'avais fait du type, que M. Delle Chiaje 
possède, il ne me restait aucun doute sur la valeur spécifique de ce Poulpe. Le hasard 
m'ayant offert largement l’occasion d’en faire moi-même un dessin d’après un modèle vivant, 
je l'ai reproduit (PI. 7. bis. fig. a). La description, que donne M. D’Orbigny de cette espèce 
(pag. 57), faite, comme l’avoue l’auteur, sur un individu conservé depuis long-temps dans 
l'alcool, a dû nécessairement être fort incomplète, surtout lorsqu'il s’agit d’une espèce très 
délicate. La planche, figurant ce Poulpe, sous le N.° 22 du même ouvrage qui à été publiée 
sous la direction de M. De Férussac, est encore plus loin du vrai que celle de M. Delle Chiaje. 


_N. 5. P. À LONGS BRAS. O0. MACROPUS. Risso. PI. 9. 


Risso, Hist. nat. des prince. prod. de l’Europe mérid. N° 5. 
Delle Chiaje, Mem. Vol. IV. pag. 40 et 56. Anim. invertebr. PI. 2. fig. 2 pag. 5. 
Q. Macropodus. Sangiovanni , Ann. des sc. nat. t. XVI. Bull. des sc. nat. t. XX. pag. 558. 
O. Ruber. Cantraine, Malacol. Pag. 18. N° 2. 
Philippi, Enum. molluse. pag. 201. N.° 2. 


O. corpore ovali apice acuminato, granulato, tuberculato, verrucoso vel glabro, cirrhis 
sub oculos nullis, accidentaliter unus posticus; brachiis longissimis. 


Corps ovale avec l’extrémité un peu acuminée pendant la vie, arrondie après la mort; 
tuberculeux ou verruqueux dans l’état d’irritation ; granuleux dans l’état de tranquillité, et 
lisse dans l’état de langueur. Ouverture largement fendue, béante et visible à la partie su- 
périeure. 


28 CÉPHALOPODES 


Tête, plus étroite que le corps, séparée en avant et en arrière par un étranglement très 
marqué, couverte comme le corps de verrues et de granulations, jamais de tubercules. 
Globes des yeux saillants; yeux également saillants, latéraux, ouverts dans la peau qui 
peut les recouvrir entièrement par ses repiis membraneux: globes portants plusieurs taches 
verruqueuses, blanchâtres, qui ne se relèvent jamais en tubercule; très rarement cependant un 
tubercule conique et allongé, très prononcé, se remarque sur la partie postérieure du globe. 

Bras très longs et inégaux, arrondis et comprimés latéralement, presque quadrangulaires 
dans l’état d’irritation, diminuant graduellement jusqu’à leur extrémité, qui est filiforme. 
La première paire est la plus longue et la plus grosse; les autres diminuent progressive- 
ment jusqu’à la 4°, qui est la plus petite, la plus courte, et n’arrive ordinairement qu'aux 
deux tiers de la longueur de la première paire; quelquefois pourtant aux trois quarts: j’en 
ai vu très accidentellement quelques-unes, toutes égales en grosseur et en longueur. Les 
bras sont toujours garnis de deux rangées de cupules alternantes et très rapprochées. 

Cupules saillantes, subpédiculées, assez espacées, au nombre de 280 sur les bras les 
plus longs, et de 260 sur les plus courts. Elles commencent à alterner dès la 4.°, augmen- 
tent très sensiblement de grosseur jusques vers la 20, qui est six fois plus grosse que la 
première sur les bras supérieurs et quatre fois sur les inférieurs. Elles diminuent ensuite 
très insensiblement jusqu’à l'extrémité filiforme des bras, où il est très difficile de les 
compter. 

Membrane de l’ombrelle très développée, et plus grande entre les bras supérieurs, em- 
brassant sur les individus ordinaires un quatorzième des bras longs, et un dixième des 
bras courts ; et sur les individus à bras fort longs, embrassant un dix-huitième des bras 
longs et un douzième des courts. Cette membrane se continue en avant le long des bras: 
elle est très étroite dans l’état de tranquillité, se contracte, devient linéaire et forme une 
espèce de bourrelet latéral, le long des bras, dans l’état d’irritation : elle est assez large 
après la mort, lorsque toute la peau du Mollusque est devenue flasque. 

Bouche entourée de lèvres larges et épaisses. R 

Tube locomoteur conique, assez long, dépassant de bien peu les orbites des yeux. 

La peau de ce Poulpe, grêle et très élancé, est un peu élastique pendant la vie, et 
très flasque à l’approche de la mort; c’est à ce caractère qu'est dù l'espèce de tubercule 
qu’on remarque souvent à l'extrémité du sac de quelques individus morts: tubereule qui 
se conserve dans l’alcool. 


Proportions. 

Longueur totale . : , ; à : ‘ : : 0,720 ; 1,140 
Longueur du corps À À : : : à à ; 0,082 : 0,070 
Longueur de la tête . ; : ee * ‘ : ; 0,057 : 0,040 
Largeur de la tête * : ; : ; ; 0,040 j 0,025 
| É. Paire ; : $ 0,610 : 1,000 

Léa di de: 2. .» : : : à É : 0,550 : 0,960 
| D 

4. » - ; ; ; à 0,430 : 0,710 

Hauteur de la membrane supérieure . : : , é : 0,050 ; 0,070 


» » inférieure : : ; ; , : 0,030 : 0,050 


OCTOPODES 29 


Couleur. Dans l’état de tranquillité toute la partie supérieure est granuleuse, d’un rouge 
vineux passant au marron brillant, tantôt irisé de jaunâtre, tantôt rouge-laque, très vif, 
par lPeffet de points cromophores, tellement nombreux et rapprochés, qu’on ne peut les 
distinguer à la loupe. Ces teintes sont plus claires sur les parties inférieures, parce que les 
points cromophores y sont moins abondants: sur la partie interne des bras et de la mem- 
brane ombellifère, ces points étant très fins et clair-semés, cette teinte passe au lilas clair : 
près de la bouche, où ils manquent entièrement, cette partie devient blanchâtre. La partie 
interne des bras est quelquefois nuagée de taches rouges-vineuses vers la partie supérieure. 
Parfois on aperçoit aussi sur le rougeàtre de la partie supérieure des taches blanches, 
irisées de bleu, assez symétriques (PI. 24.° de la Monog. des Céphal. de Férussac et d'Orbigny 
d’après mou dessin) et on en voit d’égales sur la partie latérale des bras, sur la base de 
chaque cupule, et sur le bord des membranes ombellifères. Parfois, encore, ce Poulpe est 
d’une teinte lilas-sale, sur laquelle se nuagent, paraissent, disparaissent de grandes taches 
d’un rose-rougeâtre. Souvent aussi, la peau est lisse ou entièrement couverte de taches 
irrégulières, oblongues, verruqueuses, disposées longitudinalement et comme subcutanées. 

Etat d’irritation. La couleur est constamment rouge-marron, ou rouge-laque, très vif. L'iris, 
qui est argenté, se couvre de points cromophores, vermeils et bruns : on remarque alors 
sur le corps plusieurs séries de taches blanches, formées par la réunion de points blanes, 
saillants ; placées un peu sur les côtés de la partie dorsale; dont quelques-unes sont distri- 
buées un peu irrégulièrement sur les orbites des yeux, plusieurs sur la tête; trois symétri- 
quement sur les membranes ombellifères, une série double sur le premier tiers des bras, 
et simple sur le second tiers. Quelquefois on voit sur le centre de toutes ces taches, sauf sur 
celles des orbites des yeux et de la membrane ombellifère, se relever un petit tubereule 
obtus et blanc. Dans cet état, la bordure étroite de la membrane ombellifère, qui se pro- 
longe le long des bras, se contracte, devient linéaire, forme un rebord arrondi et relevé. 
Elle est très régulièrement annelée par de très petits traits blancs: ces mêmes traits se 
voient aussi sur toute la bordure de la membrane ombellifère (PI. 9.°). 

Etat de langueur. La peau est quelquefois lisse, quelquefois couverte de taches verru- 
queuses: celles-ci disparaissent après la mort; mais souvent subsistent aussi. Peu de 
temps avant de mourir, le rouge général de la peau se réduit en grandes taches errantes, 
qui se fixent peu à peu et perdent de leur intensité : puis, elles disparaissent entièrement, 
lorsque cesse le jeu des points cromophores. Si la mort a lieu dans l’eau, la couleur de- 
vient d'un blanc livide, la peau reste très flasque; et la membrane, qui longe les bras, est 
large. Si ce mollusque est mis à sec, il perd bientôt la vie; mais sa coloration subsiste 
pendant plusieurs heures; il se décolore ensuite peu à peu, et la peau, quoiqu’assez élas- 
tique, ne devient flasque que lorsqu'il commence à se décomposer. 

Conservé dans un grand baquet d’eau de mer, il y vit plusieurs jours sans nourriture. Je ne 
l'ai jamais vu, dans l’intervalle de sa captivité, ni sortir, ni tenter de sortir de l’eau comme le 
font constamment le Poulpe ordinaire et l'Eledon. Je n’ai jamais pu saisir l’occasion de le sur- 
prendre en état de sommeil; mais M. Peters, de Berlin, l’a très bien observé, dans cet état, pen- 
dant son séjour à Nice: il m'a communiqué que dans cet état, bien constaté par la tranquillité 
de l’animal, par la lenteur, et la faiblesse des aspirations, ce Poulpe était d’un gris-vineux, ou lilas 
sàle uniforme, et que sa peau était toute couverte de taches irrégulières, oblongues et verruqueuses. 


tir 


30 ù CÉPHALOPODES _ 
Rapports et différences. 


Ce Poulpe, grêle et très allongé, se distingue au premier abord de tous ses congénères 
par sa forme et par sa couleur rouge-vineuse, qui n’appartient à aucune autre espèce. Il 
se distingue de l’O. Defilippi par sa couleur et par la forme du sac. 


Habitation et mœurs. 


Cette espèce habite toute la Méditerranée, et, d’après les observations de M. D’Orbigny, 
dans l’océan atlantique, dans le grand océan et dans la mer rouge: elle a été notée et 
décrite dans l'Encyclopédie japonnaise. Ce Poulpe vit dans les cavités des rochers un, peu 
profonds, et se rencontre aussi sur les fonds vaseux , mais plus fréquemment sur ceux qui 
avoisinent les rochers. Son apparition sur le marché de Gènes est subordonnée à la pêche 
aux dragues ; car on ne le prend que par ce moyen. Il ne parait pas vivre en société, 
puisqu'on ne le voit jamais qu’en bien petit nombre, ,et qu’on lé prend toujours isolé. Sa 
chair est médiocre, coriace, moins estimée que celle du Poulpe commun.et même que celle 
des Eledons. Les plus grands individus, que j'aie observés, avaient 1200 mil. de longueur; 
leur poids ne dépassait pas un demi kilogr. A Nice, il porte le nom de Poupressa; à Gènes, 
celui de Scorrià; en Sardaigne, celui de Purpu arrabicu, et en Sicile, celui de Fraiddu 
T'USSU. 


Histoire. 


Nous devons à M. Risso la première description de cette espèce, à laquelle il donna le 
nom de Macropus. M. D’Orbigny fit imprimer et distribuer, dans la même année, deax 
planches appartenant à la même espèce, sous le nom de ©. Cuvieri et O. Lechnauldii. 
M. Delle Chiaje, Blainville, Wagner et Rang ont adopté le nom de M. Risso; M. Philippi et 
M. Cantraine le citent sous le nom de O. Ruber de Raffinesque: cet auteur lui a assigné 
pour caractère antenopes égaux environ le double du corps. M. Sangiovanni l’a décrit sous 
celui de O. Macropodus. M. De Férussac voulait, d’aprés des individus à bras plus longs, 
créer une nouvelle espèce sous le nom de Longimanus; mais M. D’Orbigny a rectifié toutes 
les erreurs, reconnu l'identité du Macropus, du Cuvieri, du Lecnauldii et Longimanus, 
et les a réunis sous le nom de O. Cuvieri. Ce nom n’ayant été adopté que par M. Guérin, 
et n'ayant pas une priorité constatée sur celui de M. Risso, j'ai suivi l’exemple de la 
grande majorité en adoptant le nom de HMaeropus. 


N. 6. P. DEFILIPPI, O. DEFILIPPI. Verany. PL 11. fig. deg 
| Rd di 
O. corpore rotundato, glabro ; brachiis longissimis inaequalibus ; oculis unicirrhatis. 


Corps arrondi, lisse, ouverture largement fendue et béante, très visible en dessus; tête 
plus étroite que le corps, un peu oblongue, séparéè antérieurement et postérieurement par 
un a ee Li prononcé. Yeux saillants, ouverts assez largement dans la peau ; 
pupille très dilatée; globes des yeux peu proéminents, portant un petit tubercule conique : 


OCTOPODES 51 


bras très long, diminuant d’un manière graduelle jusqu’à leur extrémité, qui est filiforme, 
comprimés latéralement, inégaux entre eux, et non symétriques dans l'individu que j'ai ob- 
servé : la grosseur correspond à la longueur ; cependant il n’y en a aucun de la paire 
inférieure, qui le cède en grosseur au plus gros de la paire supérieure. Ils sont tous munis 
d'une double rangée de cupules alternantes. 

Cupules saillantes, légèrement allongées ou pediculées, alternantes dès la cinquième, 
augmentant en grosseur jusqu’à la huitième, qui n’arrive pas au double de celle de la 
première, et diminuant ensuite progressivement jusque sur l'extrémité des bras, où il est 
impossible de les compter sur le dernier quart. 

Membrane de l’ombrelle bien développée, embrassant un septième des bras les plus courts; 
et un dixième des plus longs. Les membranes, qui réunissent les paires inférieures, sont 
moins développées que celles des bras supérieurs, et se prolongent sur ces derniers jusqu’à 
moitié de leur longueur. 

Tube locomoteur, conico-allongé, assez gros, dépassant presque le globe des yeux. 


Proportions. 
Longueur totale . : : : 0,524 
Longueur du sac . ; : : 5 à , 0,040 
Longueur de la tête . Ë Ë , à : : 0,034 
Le — : : . : ; 0,300 : 0,390 
Se 2. : : : 0,330 0,450 
 … : : : - 0,370 : 0,500 
ne : ; : 0,390 : 0,410 
Hauteur de la membrane ombellifère supérieure . ; : 0,043 
» » » inférieure : : ; : 0,028 


Couleur. Partie. supérieure d’un blanc-livide, passant au bleuâtre, au jaunâtre, au rose, 
par l'effet de la transparence de la peau et la réunion des points cromophores, très fins, 
qui disparaissent sur les côtés du corps et sur la tête; mais qui sont plus marqués et 
rouges-jaunâtres sur le globe des yeux. Membrane de l’ombrelle, blanche-jaunâtre sur la 
base et passant au lilas sur les bords. Les bras sont nuagés de taches jaunâtres à l'extérieur 
et sont à l'intérieur d’une teinte lilas, couverts de points très fins, teinte neutre. La 
partie inférieure est d’un blanc-livide, passant, sur le corps, au bleuâtre et au jaunètre , 
par rapport à la transparence des organes intérieurs. Les points cromophores sont à peine 
visibles à la loupe. 


Rapports et Différences. 


Cette espèce diffère du Macropus, avec le quel elle peut se confondre par la longueur 
des bras, par sa forme grêle et élancée, par la forme bien prononcée de son sac arrondi, 
par sa couleur blançchâtre, par sa peau lisse, par un étranglement moindre à la tête; mais 
surtout par la régulière proportion des cupules, lesquelles ne présentent pas cette grande 
disproportion qui caractérise le Macropus, comme. la très bien observé M. D’Orbigny; 
elle se rapproche de l'O. Aranea de M. D'Orbigny ; mais elle s’en distingue par sa tête 
plus allongée et par la membrane de son ombrelle plus développée. 


32  CÉPHALOPODES 
Habitation et mœurs. 


Cette espèce paraît habiter les fonds vaseux de 150 à 200 mètres, de profondeur, où 
elle a été prise par là drague. 


Histoire. 


Le seul individu, que je possède de cette espèce, a été pris sur les parages de Pegli en 
septemb. et m'a été apporté comme une nouveauté. Je l’ai publiée, malgré l’anomalie qui 
existe dans la non-symétrie des bras, parce que je suis persuadé que ce Poulpe est identique 
à plusieurs individus recueillis à Livourne par M. Portier marchand, naturaliste français, qui 
pendant le congrès de Florence, m’en montra un qu’il venait offrir, avec d’autres produits 
marins, pour la collection du Gabinet du Grand-Duc. Je remarquai alors le caractère 
frappant de la rotondité du corps, et la couleur blanchätre, que M. Portier m'assura être . 
constante dans ces Poulpes, qu’il avait possédés vivants. Je le crus alors l'O. Cuvieri 
De Férussac, me réservant de l’étudier plus tard sur les individus, que me promit M. Portier. 
Malheureusement il ne m’a pas tenu sa parole; et quand j'ai demandé à examiner l'individu, 
que je croyais déposé au Musée de Florence, M. le Directeur m’annonça qu’il ne pouvait 
me salisfaire, puisque cette espèce n'existait pas dans la collection. J’invite par conséquent 
les naturalistes, qui ont recu des envois de M. Portier, de Livourne, à étudier ce Poulpe 
et à suppléer aux lacunes, que j’ai laissées dans la description de cette espèce. 


N. 7. P. D’'ALDER. O0. ALDERII. Verany. PI. 7. bis fig. b, c. 


O. corpore conico elongato et acuminato, glabro, capite parvo rotundato , brachiis 
mediocris, umbella minima. 


Corps ovale, allongé, un peu fusiforme, lisse, ouverture ampie et très visible en dessus. 
Tête @etite, arrondie: globes des yeux peu saillants, sans tubercules ; yeux petits, latéro- 
supérieurs, percés dans la peau et protégés à volonté par deux replis membraneux. Bras 
courts proportionnellement au corps, longs une fois et demie comme le corps, gréles, 
arrondis, un peu comprimés latéralement, inégaux, dont la paire la plus longue dépasse la 
plus courte d’un cinquième; proportions 2, 1, 5,4, munis de deux rangées, très rapprochées, 
de cupules sessiles, un peu espacées entr’elles, au nombre de 80 environ sur chaque bras. 

Membrane de l’ombrelle rudimentaire, ne rattachant qu’une très petite portion des bras. 

Tube locomoteur, assez gros, et se terminant au milieu de la tête. 


Proportions. 
Longueur totale . : . ; j > : ; : : : : 0,080 
Longueur du corps ; ; ; : : ; : : : 2 ; î 0,028 
Largeur du corps : ; : : . : : ; à 0,013 
Largeur de la tête À : È ; : ; : : : ; , : 0,009 
+ ; : : ; : à : : < 0,040 
hatlr du ble ; ; , : ; ; 0,044 
 - : - ; ; ; À 0,038 
Po RE SR RS 


Hauteur de la membrane ombellifère . - : : 2 : ; : 0,003 


OCTOPODES 99 


Couleur. Partie supérieure, d’un rose passant au bleuâtre, teinte neutre, par la transparence 
des organes intérieurs, et au bleu sur les orbites des yeux ; tout couvert de points chromo- 
phores d’un rouge-anglais: ces points sont plus obscurs, plus petits et plus clair-semés le 
long des bras. La partie inférieure est de la même couleur ; les points chromophores y sont 
plus rares, plus clair-semés, manquent entièrement sur la tête et sur l’ombrelle: on en 
voit quelques-uns sur le bord de l’entonnoir. 


Rapports et différences. 


Cette petite espèce a quelques rapports de forme avec l’O. catenulatus; mais son sac 
plus allongé et lisse, ses bras bien plus courts, ses cupules sessiles et le manque d'ouverture 
aquifère détruisent tout rapprochement. Il se distingue de toutes les autres espèces par la 
forme conique-allongée et pointue de son corps, par le petit volume de sa tête, par Ja 
médiocrité de ses bras grêles, mais surtout par l’exiguité des membranes ombellifères et le 
manque de tubercules sur les orbites. Son caractère le plus frappant est son facies de 
Calmar, avec lequel il a de commun la consistance du corps et la coloration de la peau ; 
caractères qui me l'ont fait certainement passer inobservé au milieu d’eux. 


Histoire. 


J'ai rencontré cette nouvelle espèce au milieu de jeunes sardines, le 23 avril 1849. 
Tout me fait supposer qu'elle n’est pas rare, et qu’on la rencontrera, si on la cherche 
attentivement dans les masses de jeunes poissons, que l’on prend au printemps. 


N. 8. P. DE KOELLIKER. O. KOELLIKERI. Veranv. PI. 11. fig. à. b. c. 
Verany , Atti dell’ oltavo congresso dei scienziali ilaliani. Pag. 515. 


O. corpôre bursiformi, conico-rotundato et postice acuminato; brachiis inaequalibus, 
acetabulis sessilibus, membrana exigua super, nulla subtus conjunctis. 


Corps bursiforme conico-arrondi, légèrement acuminé postérieurement , entièrement lisse ; 
ouverture grande, visible en dessus, sans trace d’appareil constricteur. 

Tête médiocre, peu distincte du corps; globes des yeux, très saillants; yeux médiocres 
percés dans la peau. 

Bras courts et très inégaux; la 1. paire la plus longue, égale à la longueur du corps, 
y Compris la tête ; la 2.° paire, plus courte que la 1." d’un tiers; la 4°, ayant environ 
un tiers de la 1." paire ; et la 5°, un peu plus courte que la 4. Les bras sont garnis de 
deux rangées de cupules. 

Cupules bien distinctes, sub-pédiculces , alternantes dès la troisième, qui est la plus grosse, 
et diminuant ensuite: elles sont peu ‘espacées. La première paire de bras en porte 50; la 
seconde, 58; la troisième, 12: la quatrième, 16. 


[ra 


34 CÉPHALOPODES 


Membrane de l’ombrelle très peu développée à la base de la première et seconde paire 
des bras, nulle sur les bras inférieurs. 
Tube locomoteur, petit, arrivant à peine à la moitié de la tête. 


Proportions. 
Longueur totale 0,022 
Longueur du corps  . à - 0,008 
Largeur du corps 0,007 
Largeur de la tête 0,006 
Hauteur de la tête È 0,003 
if 0,011 
2. 0,008 
Longueur des bras 9. 0,003 
4. 0,004 


Couleur. Dans l'alcool, d’un rouge jaunâtre; bleu très prononcé sur les orbites des yeux. 
Partie supérieure du sac, couverte de points chromophores rougeàtres, assez gros. On en voit 
aussi de disposés en rangées régulières le long des bras, et qui bordent l’ouverture du corps; 
mais ils manquent entièrement sur l’entonnoir et sur le centre de la partie inférieure du corps. 


Rapports et différences. 


Ce Poulpe a quelque ressemblance avec le Philonexis microstoma et atiantica de M. 
D'Orbigny , et avec le Poulpe douteux de M. Eydoux et Souleyet: ces trois espèces ap- 
partiennent au genre Philonexis de M. D'Orbigny. Je n’ai pu retrouver, dans aucun des 
nombreux individus que je possède, les caractères de ce genre; ils en ont cependant le facies: 
peut-être des observations, faites sur les individus vivants, arriveront-elles à ce résultat. 


Histoire. 


La découverte de ce petit Poulpe est dûe à M. le D. Krohn, qui la receuilli dans le golfe 
de Messine, où il ne paraît point rare: d’après le vœu de ce savant naturaliste, je le publiai 
au congrès de Gènes uniment à toutes les nouveautés qu’il m’a généreusement cédées. 


N. 9. P. DE CARENA. O. CARENA. Vera. PI. 14. fig. 2. 3. 


Verany. Mém. de l’Acad. Royal. des sc. de Turin. tom. 1. série. 2. PI. 2. 
Genre, Philonexis. D'Orbigny. 


O. corpore rotundato, postice acuminato , capite brevi ; brachiis inaequalibus, ace- 


tabulis Subpediculatis explicatis, membrana umbellifera exigua et incompleta ; ostiis 
aquiferis subtus duobus. 


Corps bursiforme, presque rond, un peu acuminé en arrière, extrémement lisse : ouverture 
large, fendue jusques y compris les orbites des yeux; appareil constricteur, consistant en 


? 


OCTOPODES 99 


un appendice charnu, terminé par une espèce de bouton ou de crochet oblique, situé de 
chaque côté à la base du tube locomoteur, et d’une espèce de boutonnière fendue latérale- 
ment dans l’épaisseur de la peau, au bord interne du corps. 

Tête médiocre, écrasée, peu marquée en dessus, le sac se prolongeant fort en avant sur 
la tête, presque entièrement occupée par les globes des yeux, et entièrement couverte en 
dessous par le tube locomoteur. Yeux latéraux ; globes gros, saillants et applatis, entière- 
ment couverts par ure membrane transparente, qui est la continuation de la peau, et, 
comme elle, couverte de points chromophores, percée d’une ouverture oblongue, sans 
repli membraneux supérieur. 

Bras conico-subulés, très inégaux ; la première paire implantée sur la tête, à moitié de 
la hauteur des globes des yeux; la 4. et la 1. paire plus longues que les autres, ayant 
environ quatre fois la longueur du corps ; les 2° et la 3° paires, beaucoup plus courtes, 
mais deux fois plus longues que le corps: le bras droit de la 53 paire est toujours 
anormal ; sur les cinq individus que j'ai examinés, il est représenté par un petit pédicule 
garni de quelques cupules ; parfois ce pédicule porte un globe ovale, et le plus souvent 
il porte un bras fort gros terminé par ce globe ovale, ayant la forme de l’Hectocothyle de 
M. Cuvier. Tous ces bras sont munis de deux rangées de cupules alternantes. 

Cupules assez grosses, très saillantes, cylindriques et pédiculées, distantes les unes des 
autres, alternantes dès !a troisième, et diminuant progressivement jusqu’à l’extrémité des 
bras, où elles sont très visibles, La 4.° paire en porte 50; la 1."°, 40; la 2, 50; la 3.°, 
26: ou la 4, 52; la 1.®, 50; la 2, 35; et la 5°, 30. 

Membrane de l’ombrelle rudimentaire; elle manque entre les bras inférieurs. 

Bouche entourée de deux lèvres, dont l’intérieure ciliée. 

Tube locomoteur, gros, long plus que la moitié du corps et Gépassant de beaucoup la 
base des bras. 

Deux ouvertures aquifères, petites, placées à la base des bras de la quatrième paire, au 
point d’attache de la partie latéro-dorsale du tube locomoteur et du globe des yeux; très 
difficile à apercevoir quand le mollusque est frais. 


Proportions. 

Longueur totale compris le bras anormal. . ; : : ; : : 0,170 
Longueur totale non compris le bras anormal. . ; ë ; ; : : 0,125 
Longueur du corps dessus . ; : : - : : À ë : : 0,030 
Longueur du corps dessous : ; ; : : : : ; : 0,024 
Largeur du corps ; * ; ; à * - . ; : 0,020 
Largeur de la tête : : ; ; ; : ; 3 à $ 0,018 
F1. pate : ; : = : ; : : ; 0,072 

2 » = - : : ; : : : : 0,050 

Longueur des bras 9 : : : ; ; : 0,040 
3. anormal. ; ; : : : = : : 0,135 

4. NS : ; ; : 5 : : 0.090 

Longueur du tube locomoteur  . z : : $ , : - = : 0,018 


Couleur. Pendant la vie, d’une teinte générale neutre, claire et transparente, qui laisse 
apercevoir les organes intérieurs, et le nuagent de bleuâtre et de jaunâtre; tout couvert 


36 : CÉPHALOPODES 


de points chromophores d’une teinte neutre, qui passe au bleu: le corps, la tête et les 
orbites des yeux sont nuagés de taches formées par la réunion de petits points chromophores 
rouges-carmin très vifs: ces points sont excessivement fins sur la partie interne des bras, 
et sur la base des cupules; sur la partie dorsale, ils sont de beaucoup plus gros et passent 
du rouge-carmin au minium. Les orbites des yeux sont d’un bleu très vif, l'iris est argenté, 
irisé de rouge et de bleu, et couvert aussi de points chromophores. Des reflets argentés très 
brillants se voient sur les côtés du corps et sur la partie dorsale des bras de la 5 et 4° 
paire. 

Après la mort, tout le corps se couvre de points chromophores d’un rouge-anglais : ces 
points sont très rapprochés sur la partie dorsale du corps et de la tête, plus clair-semés 
sur les parties latérales et inférieures du corps: elles sont rares sur l’entonnoir et manquent 
entièrement vers la base; les bras en sont couverts, ce qui donne à ce céphalopode une 
teinte générale rougeâtre; l'ouverture des cupules et la membrane, qui borde la Louche, 
sont seules blanches. Les orbites des yeux conservent leur teinte blanchâtre: mais les 
reflets métalliques ont disparu. 


Rapports et différences. 


La taille et la proportion des bras entr’eux et surtout le bras hectocotyliforme font au 
premier abord distinguer cette espèce. 


Habitation et mœurs. 


Ce céphalopode, qu'aucun naturaliste n’a encore signalé, et dont j’ai déjà rencontré cinq 
individus sur les parages de Nice et de Gènes, paraît être voyageuse et ne s'approcher de 
notre littoral qu’accidentellement; tous ceux que j'ai eus, ont été pris, de septembre à avril, 
avec les traines, au milieu des jeunes poissons. 


Histoire. 


Je rencontrai, en avril 1836, sur le marché de Nice, un individu vivant de cette espèce, 
que je publiai dans les actes de l’académie royale des sciences de Turin; je n’aperçus 
pas alors les ouvertures aquifères. En septembre 1847, un second individu, parfait et plus 
gros, pris à Nice, m’a servi à rectifier mes observations; j'y distinguai clairement les ou- 
vertures aquifères et l’appareil constricteur, qui caractérisent le genre Philonexis de M. 
D'Orbigny. Un 5.° individu s’est présenté sur le marché de Gènes le 31 décembre 1849. 
J'en receuillis un 4.° sur le marché de Nice, le 26 février 1850, et un 5.° à Gènes en avril 
de la même année; sur le premier que j'eus, le bras droit de la troisième paire con- 
sistait en un globe ovale, porté par un très petit bout de bras, ou pédoncule, qui était 
garni de deux cupules. Un des autres individus, que j'ai eus, n'avait que le pédoncule; 
tout le reste manquait. Cet individu fait partie de la collection du Musée de Francfort, l'ayant 
donné à M. Ruppell. Sur les trois autres, le même bras a pris un développement extraordi- 
naire, dépassant d’un tiers les bras les plus longs : la base pédonculaire est de la grosseur 
normale et porte deux cupules, puis il se dilate tout-à-coup considérablement et se continue 


OCTOPODES 37 


en diminuant très progressivement jusqu’à l'extrémité, qui est filiforme, et se termine par 
un globe ovale: ce bras convexe à la partie dorsale, aplati à la partie interne, est bordé 
par deux rangées de grosses cupules pédiculées, d'environ 44 par rangée : elles sont très rap- 
prochées vers la base et espacés vers l'extrémité; elles sont jusqu'aux deux tiers de la 
longueur des bras, réunies entr'elles par une petite membrane longitudinale, qui elle-même 
se réunit à la base des grandes Cupules en passant sur la partie interne des bras: quelques 
cupules très petites se voient aussi sur le globe terminal; et d’après les replis de la peau, 
on voit qu'il contient une masse filiforme pélotonnée, enveloppée d’une membrane: tout 
ce bras est blanchâtre, sans points chromophores, sauf une tache qu'on voit sur la base 
dorsale, qui en est couverte. 

En 1829, j’eus le plaisir de voir de passage à Nice M. le Docteur Wagner et Valentin; 
ils me montrèrent quelques objets, que leur avait donné M. Risso, et je remarquai parmi 
eux un 0. Carena. J'ai lieu de croire que c’est l’O. violaceus du catalogue nominal, qu’il 
adressa au congrès de Lucques. En visitant la collection, que M. Risso a laissée, je n’ai rien 
trouvé qui se rapporte à cette espèce. 

M. D’Orbigny, dans [a monographie des céphalopodes à la suite des espèces qu’il a décrites 
et constatées, a donné la phrase descriptive des espèces douteuses, qu’il à ramassées dans 
les ouvrages ; il n'a cependant pas parlé de celle-ci. 


N. 10. P. À MAILLES. O0. CA TENULATUS. Ferussac. PI. 15. 


Féruss., Monogr. des Céphal. Genre Poulpe. PI. 6 bis et ter. 1828. 
O. reticularis. Petagna , 1826, Communication faite à l’Acad. des scienc. de Naples. 
O. Verany. Wagner, (adut 1828) in Zeisch. sur. die. org. Phys. t. IL. 
et bullet. univ. des sc. nat. t. XIX. pag. 588. N° 5. 
O. Ferussaci. Delle Chiaje, 1829 Mem. etc. t. IV. pag. 41. 
O. tuberculatus. Delle Chiaje, Anim. invert. tav. IV. vol. L pag. 4. 
O. pictus. Blainville, Faune Franc. Mollusqg. pag. 8. N° 6. 
O. catenulatus. Verany , Tableau des Céph. fig. 9. 
Philonexis tuberculutus. D'Orbigny. 


O0. corpore ovoidali, magno, superne laevigato, sublus tuberculato et reticulato, 
apertura maxima, capile brevissimo, supra parum distincto, ostiis aquiferis subtus 
duobus, brachiis brevibus, inaequalibus, pro magnitudine, subaequalibus pro longi- 
tudine , superioribus membrana dorsali instructis: (carinatis) acetabulis elongatis 
explicatis ; membrana umbellifera minima et incompleta. 


Corps coriace, peu élastique, ovoïde, tronqué antérieurement un peu mitriforme pendant 
la vie, lisse en dessus, couvert en dessous et latéralement de petits tubercules subcu- 
tanés, qui relèvent la peau et forment sur toute cette surface un réseaü irrégulier à mailles 
lèches sur le centre et plus serrées sur les côtés, les tubercules y étant plus petits, moins 
saillants et plus rapprochés. Ouverture très grande, s'étendant en dessus de chaque côté 
de la tête, y compris même les orbites des yeux. Appareil constricteur formé d’un appendice 


5e CÉPHALOPODES 


charnu de chaque côté à la base du tube locomoteur et une fossette transverse à la partie 
interne du corps. 

Tête très-courte, nulle à la partie supérieure, puisqu'il n’y existe qu’un faible étrangle- 
-ment, qui sépare la base des bras du corps: latéralement elle est très visible; les globes 
des yeux en occupent une grande partie. Yeux latéraux, saillants, percés dans la peau, 
et protégés par deux replis membraneux très minces. Iris argenté. 

Bras courts et grêles, petits proportionnellement au volume du corps, coniques, subulés, 
plus disproportionnés entre eux en grosseur qu’en longueur. La 1."% paire, la plus longue 
et la plus grosse, très comprimée , s’amineit à la partie latéro-interne et forme une espèce 
de carène très prononcée ou membrane protrectrice des cupules , qui les déborde de beaucoup, 
elle porte sur sa partie dorsale une membrane natatoire ou carène très prononcée. La 4.° 
paire est plus mince, presque ronde, et de la même longueur de la 1." paire; elle porte 
aussi une petite membrane natatoire ou carène. La 2.° paire, presque ronde comme la 4°, 
est plus courte que la précédente, mais de la même épaisseur. La 5.° paire est plus grêle 
et plus courte que la 2°, et manque, comme elle, de membrane natatoire. Cupules assez 
grosses, pédiculées, cylindriques, distantes les unes des autres, disposées sur deux liques 
alternantes, réunies sur chaque rangée des bras supérieurs par une membrane intermédiaire, 
qui va de l’une à l’autre; cette membrane est très-prononcée à la partie externe des bras 
de la 1.° paire et à la partie interne de ceux de la 2. paire: elle est faible à la partie 
externe et manque sur les autres bras. Les cupules sont au nombe d’environ 99 sur la 1.re 
et la 4° paire, et de 80 sur la 2.° et la 5; elles alternent dès la 5.°; les plus grosses ont 
0,010 de grosseur, leur hauteur maximum est de 0,015. 

Membrane de l’ombrelle très-courte et presque nulle, elle manque entièrement à la base 
interne de la 4.° paire de bras. 

Bouche entourée d’une double lèvre. Ouvertures aquifères au nombre de deux, placées 
au côté extérieur des brides, qui unissent le tube locomoteur à la base des bras inférieurs. 

Tube locomoteur cylindrique, très large à la base et dépassant de beaucoup la base 
des bras. 


Proportions. 

Longueur totale . $ : : : : ; : : : ; : 0,840 

Longueur du corps . à : : - ï : : : ‘ 0,280 

Largeur du corps : : : s ; : : : 0,190 
Orbite de l'œil . : : ; ï ; ; : : 4 : : : 0,030 . 

is. : ‘ : : : : : ; : à . - 0,010 

à : ; : : : ; 0,520 

2, 0,460 

Longueur des bras mesurés de la bouch 
8 he ones à | | 
Æ ; : : : : ; 0,520 


Poids de cet individu, 3 kill. ; il arrive au poids de 7 kill. 


Couleur. Toute la partie dorsale est d’une teinte bleuâtre livide, passant au blanchâtre 
sur les côtés; tout couvert de points chromophores , les uns très fins et très serrés , les autres : 
plus gros et clair-semés, d’un bleuâtre très foncé ou teinte neutre. Parties latérales et infé- 
rieures du corps, de la tête, et des bras inférieurs, d’un rose blanchâtre nuagé de rose vif et 


OCTOPODES | 99 


de taches rouges formées par des points chromophores disposés comme ceux de la partie 
supérieure, d’un rouge passant au jaunâtre. Des reflets argentés brillent sur toute la partie 
inférieure et latérale du corps, sur les parties latérales de la tête, sur la base du tube 
locomoteur, sur la base dorsale des bras inférieurs, sur toute la partie dorsale des latéro- 
supérieurs de la 2.° paire, et sur la partie latéro-dorsale externe de la 1." paire. La mem- 
brane, qui lie les bras supérieurs, est, Comme le corps, couverte de points bleuâtres. 
L’entonnoir et les faibles membranes, qui lient les bras inférieurs, sont couverts de points 
rouge-jaunâtre. Sur la partie interne de tous les bras les points sont rouge-rouille très-fins 
et tous égaux, le bord des cupules est de la même couleur. La membrane, qui rattache 
les bras de la 1. et de la 2.° paire, la grande membrane protectrice des eupules de la 
1 paire, sont, ainsi que la membrane qui lie les bras supérieurs , couvertes à l’intérieur 
de points chromophores très-fins, tous égaux et d’une teinte neutre. L’extrémité des bras 
inférieurs est très transparente et couverte de points chromophores rouge-laque brillant. 

Après la mort, il se décolore très peu; mais il perd le brillant métallique, qui fait son 
plus bel ornement. Quoique pris vivant et sans blessures, plongé de suite dans un baquet 
d’eau de mer, il y meurt à linstant. Je l’ai eu très frais, et je n’ai observé aucun chan- 
gement dans la disposition des tuhercules inférieurs , ni dans la réticulation, qu’ils causent 
à la peau. Je n’ai remarqué que l'apparition ou la disparition des points chromophores et 
le déplacement des taches rouges et des reflets argentés. Son encre est très noire. Ses 
œufs se tiennent tous à un cordon gélatineux par un petit pédoncule : ils ont la grosseur 
d’une graine de millet. M. Delle Chiaje les a observés et les représente (PI. LV de ses 
mémoires ) attachés en petite grappe à l’extrémité d’un œuf plus gros, lequel est muni d’un 
très-long cordon de soutien. 


Rapports et différences. 


Le volume de son sac, les tubercules de sa partie inférieure, mais surtout le réseau 
qu’ils y forment, sont les caractères tranchants, qui le font distinguer au premier abord. 


Habitation et mœurs. 


Ce céphalopode ne s’est encore rencontré qu’accidentellement et seulement dans la Médi- 
terranée : il a été trouvé à Naples par M." Delle Chiaje et Petagna; à Nice par M. Risso et 
moi; en Sicile par M. Ruppell, à Gènes par moi: il se trouve aussi en Sardaigne, puisque 
des pêcheurs intelligents l’ont reconnu dans mes dessins; en Provence, d’où provenait proba- 
blement l'individu mutilé, que j'ai vu en peau au musée de Marseille; et un bel individu, 
receuilli à Cette par M. le Prof. Gervais, fait partie du cabinet de la faculté de Montpelier. 

Ordinairement on le pêche cramponné aux poissons pris à l’hameçon à de grandes pro- 
fondeurs: c'est de cette manière qu’ont été pris les trois individus, que j’ai eu à Gènes du 
20 avril au 10 mai. Les deux, que j’eus en 1824 à Nice, furent pris au filet, dit Mugeliera, 
qu’on tend près de terre. Leur capture, faite à de grands intervalles, mais toujours de plu- 
sieurs individus ensemble, prouve que cette espèce est voyageuse et qu’elle parcourt la 
Méditerranée en société. 


40 CÉPHALOPODES 


La chair de ce céphalopode est aigre, malsaine et très-coriace, ce sont les motifs pour 
lesquels on ne le porte pas au marché. Les pêcheurs Gènois le connaissent sous le nom de 
Pignata ; quelques-uns lécorchent, et de la peau de son sac se font un bonnet; les tu- 
bercules, qui réticulent la peau, en font l’ornement. En Sardaigne on le distingue sous le 
nom de Pulpu sepia, à Nice sous celui de Poupressa. 


Histoire. 


Il est très-difficile d'établir le droit de priorité pour le nom à donner à cette espèce. M. 
Delle Chiaje est le premier qui en ait fait mention; il signala un de ses caractères remar- 
quables en 1822: cependant il ne le décrivit que plus tard en 1829. M. Petagna, d’après 
le rapport de M. le Chev. Monticelli, en a fait le sujet d’une communication à l'académie 
des sciences de Naples en 1826. J'en déposai un la même année au musée de Turin. Je 
gardai l’autre, il me frappa tellement que j'en fis de mon mieux le dessin et la description. 
Je le montrai à M. le Docteur Wagner de Munich, lequel, pendant son court séjour à Nice, 
faisait des recherches sur les -Céphalopodes pour M. le Baron De Férussac. M. Wagner m'’en- 
gagea à l’offrir à ce savant. En 1855 M. Risso me fit voir, comme une trouvaille à laquelle 
il mettait une grande importance, un individu de cette espèce: je le dissuadai aisément de 
le publier comme nouveauté, en lui montrant la planche de M. De Férussac publiée 
depuis longs-temps. M. Ruppell la recueilli à Messine en 1845, et j’en ai eu trois à Gènes 
en 1848. 

Quant au nom de éuberculatus de M. Risso, qu’a adopté M. D'Orbigny attendu que 
quelque caractère de cette description vague s’y applique, je ne puis l’admettre, puisque 
j'ai vu par moi-même que M. Risso n’a connu le catenulatus qu'en 1835. Ce qui a été 
confirmé au congrès scientifique de Turin, à la séance du 25 septembre, quand, après la 
distribution que j’y fis de mon tableau des céphalopodes et la présentation des planches 
coloriées , je déclarai que je n’avais jamais vu le {uberculutus et pilosus. M. Risso répondit 
qu'aucune de mes espèces ne leur appartenait, et donna quelques éclaircissements sur elles : 
et dans le catalogue nominal, qu’il adressa dans la suite au congrès de Lucques, au mot 
O. tubereulatus , 11 ajouta la note suivante « j’ai envoyé les espèces au musée d’hist. nat. 
» à Paris pour qu’on s'assure qu’elles vivent dans la Méditerranée ». M. De Férussac et 
plus tard M. D’Orbigny, qui ont eu à leur disposition cette riche collection, l’auraient cité 
indubitablement; et M. De Férussac, en répondant à M. Delle Chiaje pour le remercier de 
l'envoi, qu’il lui avait fait de cette espèce, ne lui aurait pas écrit qu’il le tenait dèjà de 
moi : enfin M. Risso, qui, dans cette séance, eut entre ces mains mon dessin du catenulatus 
aurait déclaré avec certitude que c'était bien son fuberculatus (Atti della seconda riunione 
dei scienziati Italiani, pag. 255). Le nom de reticularis de M. Petagna aurait conséquem- 
ment la priorité, si sa communication avait été accompagnée d’une description imprimée 
dans les actes de l’académie de Naples ou ailleurs. 

En février 1828, M. De Férussac, ayant recu de moi ce us le fit figurer et peu après 
distribua deux planches de cette espèce nouvelle, qu’il nomma catenulatus. Dans le même 
temps M. le Prof. Wagner, profitant des notes qu'il avait prises, et des observations que 
je lui avais fournies sur le Poulpe en question, en ‘fit le sujet d’une publication sous 


OCTOPODES 41 


le nom de ©. Verany, en août (1828 in Zeitsch, fur. die. org. Phys. t. 11. et Bulletin 
univ. des sc. nat. tom. XIX ). 

Quant à M. Delle Chiaje, qui l’avait déjà mentionné en 1822 et ne le communiqua à M. 
De Férussac qu'après moi, il ne le décrivit et ne le figura dans son ouvrage qu’en 1829 
sous le nom de 0. Ferussacii, Sans connaitre la publication de M. De Férussac. Il faut 
conclure que la découverte de cette espèce appartient à M. Delle Chiaje, qui, le premier en 
. 1899, l’a indiqué; à M. Petagna, qui en 1829 l’a communiqué à l’acad. de Naples; et à 
moi-même qui en ai deposé un exemplaire au musée de Turin, et, le premier, en ai donné 
communication à M. De Férussac. 

Quant au nom, vu qu'il est prouvé que le catenulatus n’est pas le fuberculatus de M. 
Risso, ce céphalopode devrait prendre incontestablement celui de reticularis de M. Petagna; 
mais comme il est aussi prouvé que cette dénomination n’a pas été suivie d’une description 
ou figure publiée, j'ai adopté le nom proposé par M. De Férussac, que je crois, antérieur 
ou de même date à celui de M. Wagner, observant aussi, que c’est sous ce nom, que cette 
belle espèce figure depuis longtemps dans la monographie des céphalopodes. 


N. 11. P. (TREMOCTOPE) VIOLET. O. (TREMOCTOPUS) VIOLACEUS. Deuur Crus. 
| Pl. 14. fig. a, 15, 16. 


Delle Chiaje, Mem. PI. LXX. Anim. invert. PI. 8. pag. 6. 
O. velifer. Féruss., Monogr. Genr. Poulp. PE 18. 19. 
O. violaceus. Férussac, Monogr. PI. 20. 
Philonexis velifer. D'Orbigny , Monogr. PI. 29. 
O. velaitus. Rang, Mag. de Zool. 1855. 


O. corpore ovali, anticae truncato, laevigato, supra caeruleo, sublus argenteo, 
brachiis inaequalibus, superioribus membrana amplissima, inferioribus minima junclis ; 
ostiis aquiferis duo supra, duo infra et sex ad latera capülis. 

Corps ovale, tronqué, et très-élargi à sa partie antérieure, lisse, molasse et un peu flasque 
en dessus: ouverture fendue sur toute sa partie ventrale et au dessus, y compris même 
l'orbite des yeux, très baillante ; appareil constricteur formé par un appendice charnu de 
chaque côté à la base du tube locomoteur, et d’une fossette transversale peu profonde sur 
la partie interne du corps. 

Tête courte, peu distincte du corps, les étranglements étant peu visibles, surtout l’anterieur. 
Yeux latéraux assez grands, globes peu saillants, ouverts dans la peau et protégés par deux 
replis membraneux de la peau. 

Bras très inégaux: la 2, paire trois fois et demi plus longue que le corps; la 1.%, d’un 
tiers plus courte que la 2.°; la 4°, plus courte que la 1%; la 5°, un peu plus courte que 
la 4°, et environ la moitié de la 2. paire: les bras supérieurs sont gros, aplatis et creusés 
en gouttière à l’intérieur; la 1. paire s’amoindrit assez promptement et finit par se con- 
fondre avec la membrane, qu’il ne dépasse jamais ; la 2.° paire est comme la 1.® aplatie, 

6 


49 CÉPHALOPODES 


creusée en gouttière à l’intérieur, mais beaucoup plus grosse, et s’amoindrit aussi insensi- 
blement jusqu’à son extrémité; la 3.° et la 4.° sont plus petites et plus courtes, elles sont 
aussi un peu aplaties à l’intérieur et s’amoindrissent jusqu’à leur extrémité, qui est filiforme. 
Les cupules sont très saillantes, pédiculées, cylindriques, un peu espacées et placées sur 
deux rangées très-distantes l’une de l’autre et tout-à-fait sur le bord des bras. Sur les bras 
supérieurs elles alternent dès la 4°, qui est la plus grosse, diminuent progressivement 
jusqu’au premier quart de leur longueur, où elles sont très petites et sessiles, et se conti- 
nuent jusqu'à leur extrémité, où elles ne sont visibles qu'à la loupe; la distance, qui les 
sépare entr’elles , augmente progressivement à mesure qu’elles diminuent de grosseur. Sur 
les bras inférieurs les cupules sont toutes cylindriques, allongées et très-saillantes (pédiculées), 
et diminuent progressivement jusqu’à leur extrémité, où elles sont très-visibles. Le long de 
ces bras, les cupules sont toutes placées presque à égale distance: mais comme elles di- 
minuent progressivement de grosseur, l’espace, qui les sépare, augmente proportionnel- 
lement. : 

Membrane de l’ombrelle très inégale: les trois membranes, qui réunissent les bras supé- 
rieurs , très développées et formant une large voile, dont la forme varie à cause de leur 
prolongements, découpures et échancrures : celles qui réunissent les bras latéraux entre 
eux, et les latéraux-inférieurs avec les inférieurs, petites et bien développées: celle qui 
reunit les inférieurs, plus petite, mais bien marquée: elles se prolongent le long des bras, 
jusqu’à la moitié de leur longueur. | | 

La membrane vélifère, qui réunit les bras supérieurs, se prolonge sur son centre en 
une longue expansion plus ou moins angualeuse, qui est divisée par une fente perpendicu- 
laire plus ou moins profonde: alors la voile se termine par quatre angles, dont deux 
internes formés par la seule membrane médiane et deux externes plus longs et plus aigus, 
formés par les membranes latérales, qui réunissent la 1. paire de bras avec la 2.° et sont 
bordées jusques sur leur extrémité par cette 2° paire (PL. 15 e 16). Cette découpure est 
la plus normale, ainsi que je l’ai presque toujours observée sur un bon nombre d'individus, 
que j'ai receuillis à Gènes depuis deux ans: un individu cependant m’a présenté la même 
fenté de la voile médiane: mais les angles de la voile, au lieu de se prolonger en long, 
car le bord était coupé horizontalement, s’étendait en large, de manière que les deux angles 
de la voile dans le plus grand épanouissement se recouvraient encore: deux autres fentes 
parallèles aux bras de la 1."°, paire se voyaient près des bras de la 2.° paire; de manière 
que, arrivée aux deux tiers de sa hauteur, la membrane vélifère était partagée carrément 
du côté des bras de la 1." paire et-très-étroite le long de La 2. paire. M. Delle Chiaje 
parait avoir vu les trois membranes fendues ou fortement échancrées : M. Risso semble 
les avoir observées sans fentes ni échancrures. 

Bouche entourée de deux lèvres aplaties , dont l’interne ciliée ; ouvertures aquifères au 
nombre de quatre sur la tête, deux en dessus rondes, placées un peu plus haut que les 
yeux à la base des bras de la 1.° paire; deux en dessous rondes, situées très-près de 
l’extrémité du tube locomoteur. Six autres ouvertures, plus petites et inégales, se trouvent 
au premier pli latéral de la tête, au dessous des orbites des yeux. 

Tube locomoteur court, conique, très large à sa base. 


OCTOPODES 45 


Proportions. 
de taille moyenne. grande. anomalie. 
Longueur totale . : x ; : à : 0,260 : 0,300 
Longueur du corps en dessus ; ë è : 0,060 : 0,070 
Longueur du corps en dessous : È : : 0,050 ; 0,052 
De ee ns 008 0050... . 
[ 1. paire 0,120 0,130 : 0,180 
as. rss 0,200 0,215 : 0,210 
Longueur des bras mésurés de ji bouche | Re 0,095 : 0,100 | 0120 
ne 0,100 0,110 : 0,120 
Hauteur des membranes latéro-inférieures : ; 0,030 : 0,037 
Longueur du tube locomoteur : 0,029 : 0,036 


Couleur. La partie supérieure est d’un blanc très brillant sur le centre du corps, de la 
tête et le long des quatre bras supérieurs, passant au rose-clair sur le côté: le tout nuancé 
de pourpre par l'effet de points chromophores de cette couleur les uns très fins et très rap- 
prochés, les autres plus gros et clair-semés: la peau qui ferme les ouvertures aquifères 
est blanchâtre, couverte des mêmes points: le bleuâtre interne est transparent sur les 
orbites des yeux. La partie inférieure de tout le corps, de la tête, des quatre bras inférieurs 
et des petites membranes ombellifères, est d’un blanc argenté à reflets métalliques très 
brillants, entièrement couvert de points chromophores très fins, pourpres, rouges-anglais, 
ou rouges-orangé; elle est clair-sémée et nuagée de taches produites par les mêmes points 
plus rapprochés, dont quelques-uns sont plus gros. La membrane, qui ferme les trous 
aquifères de cette partie, est blanchâtre sans reflets métalliques. Les bras à l'interieur 
sont d’une teinte lilas, couverts de points chromophores très fins et rouges-pourpre: la voile 
est à l’extérieur d’une teinte rose-jaunâtre, passant au marron vers les extrémités angu- 
leuses, et entièrement couverte de points chromophores rouges-rouille : à l'interieur elle est 
plus jaunâtre, et les points chromophores sont plus petits. Toutes les petites membranes 
ombellifères sont à l’intérieur blanchâtres, et toutes couvertes de points chromophores rouges 
très fins, sauf celle qui lie entr'elle la 4.° paire, qui en est dépourvue. Les lèvres en por- 
tent aussi quelques-uns. Les cupules saillantes, ainsi que leur base, sont d’un blanc 
transparent. : 

Après la mort, le bleu de la partie dorsale perd sont brillant, passe au bleuâtre, puis à 
la teinte neutre claire ; l’argenté de la partie inférieure perd aussi son brillant, et les reflets 
disparaissent; la voile devient plus obscure, passe au rouge-rouille et au marron très foncé. 
M. Delle Chiaje représente toute la partie dorsale bleue, couverte de points bleus plus obscurs, 
la membrane vélifére à l’extérieur d’un bleu-cendré nuagé de taches plus obscures, et 
couverte de points rouges. M. Risso figure la voile à l'extérieur d’une teinte jaunâtre, passant 
qu marron au centre de chaque membrane, et couverte de points chromophores très gros, 
marrons très-obscurs et pourpres ; à l’intérieur jaunâtre , sans points. M. Rang figure la 
membrane d’un rouge-jaunâtreelair et les bras rougeâtres à l'extérieur. 


44 CÉPHALOPODES 
Rapports et différences. 


La grande voile, dont est fourni ce céphalopode; la disposition des bras; les reflets 
argentés, qui parent toute la partie inférieure; le bleu brillant de la partie dorsale, et les 
ouvertures aquifères sont des caractères si tranchants qu’il est impossible de ne pas le 
reconnaître au premier abord. | 


Habitation et mœurs. 


Cette espèce parait habiter toute la Méditerranée: elle a été trouvée une seule fois à 
Naples par M. Delle Chiaje; à Nice, un peu plus tard, par moi-même et puis par M. Risso ; 
par M. Ruppell, Krobhn et Koelliker, en Sicile; par M. Nardo, à Venise; par M. Rang, en 
Espagne et en Algérie; à Gènes, par moi encore et en assez bon nombre; finalement en 
Sardaigne, par M. le Prof. Defilippi. 

On le rencontre dans toutes les saisons ; il s'approche, par des temps calmes , des plages 
de galets, où il est pris à la drague. Il paraît voyager en compagnie, car presque toujours 
j'en ai recueilli plusieurs individus à peu d'intervalle Pun de, Pautre; du 1.” au 9 
septembre 1845, j'en ai eu trois; en mai 1848 j'en eus quatre, et à la même époque un 
autre fut pris à Nice. Il semble que M. le Prof. Koelliker la trouvé plus abondamment 
en Sicile, puisqu'il a fait des études sur ces céphalopodes, qu’il a constatés tous femelles ; 
et il a aussi recueilli sur eux un Hectocotyle différent de celui de l'Argonaute. Dans tous 
les individus, que j’ai rencontrés, il m'a été impossible de trouver cét intéressant parasite. 


Histoire. 


M. le Profess. Bonelli de Turin a vu le premier ce céphalopode, qu’il avait eu parmi 
les objets marins, que, de 1822 à 1825, je recueillais pour lui. Le second fut aussi péché 
à Nice en février 1850; j'en pris le dessin sur le modéle frais, et j’adressai l’un et l’autre 
à M. le Baron De Férussac, qui le figura plus tard dans la monographie sous le nom d’O. 
velifer. Dans la même année M. Delle Chiaje publia dans ses mémoires, ce céphalopode sous 
le nom de Tremoctopus violaceus, PI. LXX. M. De Férussac, dans la continuation de sa 
monographie, regarda le 7. violaceus comme différent de VO. velifer et reproduisit la figure 
de M. Delle Chiaje sous le nom d’O. violaceus. Plus tard en 1855, M. Rang publia ce 
céphalode et le nomma 0. velatus. M. D’Orbigny, dans la continuation du texte de la mo- 
nografie des céphalopodes, a réuni très-à-propos toutes ces espèces et en a fait son Philonexis 
velifer. En 1840 M. Risso présenta au congrès scientifique de Turin la figure d’un cépha- 
lopode , qu’il croyait nouveau, sous le nom d’Ocytoë mezaro. Je fis connaître alors que 
c'était le Tremoctopus de M. Delle Chiaje, ainsi que j'ai pu le constater, M. Risso m’ayant 
permis de prendre la copie de son dessin. 

M. Rang a figuré son O. velatus avec les quatre bras supérieurs égaux, quand il dit 
dans la description : « bras latéraux supérieurs étant les plus longs ». Puis comparant ce 
céphalopode avec le velifer, il ajoute: « Il s’en distingue par l'absence des palmures entre 
» les bras inférieurs ainsi qu’entre ceux des côtés ». Si ce caractère était bien constaté , 


OCTOPODES 45 


il devrait former une nouvelle espèce : mais M. D’Orbigny, qui a verifié l'individu de M. Rang, 
déclare (pag. 95) qu’il a reconnu l'identité de cette espèce avec le velifer de M. De Férussac. 

M. Rang, dans sa description, ne parle pas de la couleur argentée, qui brille sur toute la 
surface inférieure; M. Risso, de même, ne l’a pas observée; et je suis persuadé de ne point 
l'avoir vue sur l'individu, que j'envoyais en 1830 à M. De Férussac. Je n’ai pas vu aussi, 
la belle teinte bleue de la partie dorsale, et je dois même avouer que je n’aperçus pas alors 
les ouvertures aquifères, qui m'avaient tant frappé sur l’O. catenulatus: probablement 
l'individu était jeune ou déjà décoloré. La fig. a. (PI. 1%) est la reproduction du dessin, 
que je fis alors. Cependant si les quatre séries symétriques de taches oscillées et de grosseur 
progressive et inverse, qu’on voit sur les membranes vélifères latérales, se rencontrent de 
nouveau, je crois que le nom de velifer pourrait se conserver à cette espèce. 

La figure de M. De Férussac (PI. 18 et PI. 19. fig. 1), ainsi que le dessin de M. Risso, 
représentent les bras inférieurs, dépassant en longueur les bras supérieurs: sur les nom- 
breux individus, que j'ai examinés, je les ai toujours trouvés plus courts; et j'ai vu 
constamment la première paire se perdre dans la membrane, sans jamais la dépasser, comme 
le pense M. D'Orbigny: cette opinion ne peut s'appuyer que sur le dessin de M. Rang, déjà 
reconnu par M. D’Orbigny peu en harmonie avec la description. 

La figure, que présenta M. Risso, a les trois membranes vélifères entières: j'ai lieu de 
croire que M. Risso a cru la découpure du centre une déchirure accidentelle et l’a corrigée 
dans le dessin: j’ai vainement cherché dans la collection de M. Risso ce mollusque, pour 
pouvoir constater ce fait; je n’ai pu le trouver. - 

La figure de M. Delle Chiaje, faite sur l’unique individu qu'il a eu, nous représente, 
comme il le décrit, la 4.° paire de bras plus courte que la 5.°: quant à moi, sauf un cas 
unique, où je les ai vus égaux, j'ai toujours observé le contraire. La voile est normale, 
sauf les échancrures des membranes latérales; quant aux cupules, qu’on y voit à la base 
des bras inférieurs, dépasser la membrane ombellifère, ainsi que les cupules trop grosses 
des bras supérieurs, c’est une mégarde du dessinateur. Les yeux, que M. Delle Chiaje dit 
inférieurs, et que M. Risso figure à cette place, je les ai toujours constatés latéraux ; ce 
n’est que par la contraction de la peau inférieure, qui est plus coriace que la supérieure, 
que les orbites prennent cette position. 

Le nom générique de Philonexis ne datant que du 1835, comme l’avoue M. D'Orbigny 
page 85 de la monographie, et le nom de Tremoctopus de M. Delle Chiaje portant la date du 
1850, il n’y a plus lieu à contestation; et je crois que si la division générique est défi- 
nitivement acceptée par les naturalistes, le nom générique de M. Delle Chiaje doit ètre 
adopté. ; 


Espèce que je n'ai jamais rencontrée. 
P. TUBERCULÉ. 0. TUBERCULA TUS. BLainviue. 


O. tuberculatus. Blainville, 1826. Dict. des Sc. nat. pag. 6. PI. 1. fig. 5. 
Faune Franc. Moll. p. 8. PI 1. fig. 5. 
Féruss. et D'Orbigny , Monogr. PI. 21. fig. 1 à 7. et PI. 53. fig. 1. pag. 58. 
O. Ruber ? Raïlin., Précis des découv. sémiol. pag. 28. N° 70. 


46 CÉPHALOPODES 


O. corpore curto, rotundato, verrucoso, cirrhis ornato >; capile curlo, cirrhis binis, 
supra oculis ; brachiis granulosis, cirrhosis, curtis, inaequalibus, ordo longitudinis 
parium brachiorum 2, 5, 4, 1, vel 3, 2, 4, 1, acetabulis dilatatis compressis. 


A l’article rapports et différences, M. D’Orbigny dit (monogr. pag. 39) que l'espèce peut ètre 
comparée, avec plus de raison encore, à l'O. vulgaris, parce qu’elle porte à peu près les 
mêmes cirrhes au dessus des yeux et sur le corps, qu’elle a les mêmes proportions réla- 
tives des bras, pour l’ordre de longueur ; mais qu’elle s’en distingue par des bras beaucoup 
plus courts, proportion gardée, par une couronne beaucoup plus large transversalement, 
par des bras toujours repliés sur la tête, par sa membrane fortement colorée et granu- 
leuse entre les bras supérieurs; au surplus, comme nous l’avons déjà dit, ce sont deux 
espèces tellement rapprochées, que, surtout dans les grands individus, il est facile de les 
confondre. 


Espèces douteuses. 
P. TUBERCULÉ. 0. TUBERCULA TUS. Risso. pag. 5. n.° 4. 


O. corpore ovato oblungo, rotundato, tuberculato, supra livido, lateraliter argentato, 
fasciis rubescentibus ornato, infra marginato, punctulato, pedibus brevibus. Long. 0,250. 
De Nice. 


P. POILEUX. O0. PILOSUS. Risso. pag. 4. n° 5. 


O. corpore rotundalo, lolo griseo, cinereo, fusco, pilis ruffescentibus, fasciculatis, 
supra ornato, pedibus brevissimis. Long. 0,310. De Nice. | 


P. GRÉNU. O0. GRANOSUS. BLAINVILLE. Diet. des se. nat. 


Corps très-petit, globuleux, un peu transverse, finement granulé en dessus comme en 
dessous, appendices tentaculaires huit fois aussi longs que le corps, assez peu palmés à 
la base, allant graduellement en décroissant depuis la première paire inférieure jusqu’à la 
42 supérieure; couleur d’un brun-rougeâtre en dessus, et couleur de chair sale en dessous. 
Long. tot. 14 à 15 pouces. De Sicile. 


P. FRAYEDIEN. O0. FRA YEDUS. Rarmin. Prée. des dée. sémiol. Palerme. 1814. 


Appendices tentaculaires égaux, presque six fois aussi longs que le corps, et n’ayant 
pas de suçoirs à l'extrémité; couleur du dos rougeàtre. De Sicile. 


P. DIDYNAME. O0. DIDYNAMUS. Rarrin. 


Appendices tentaculaires inégaux; la paire supérieure , la plus longue et égalant presque 
cinq fois le corps: couleur du dos brunâtre. De Sicile. 


OCTOPODES 47 
P. HÉTÉROPODE. 0. HETEROPODUS. Parnin. 
Appendices tentaculaires inégaux, fort courts, égalant à peine la longueur du corps; la 
paire supérieure , la plus longue: dos rougéatre. De Sicile. 


P. ROUGE. 0. RUBER. Rarmi. 


Appendices tentaculaires environ le double de la longueur du corps, qui est entièrement 
rouge. De Sicile. 


P. TÉTRADYNAME. O. TETRADYNAMUS. Rarrin. 


Appendices tentaculaires égalant cinq fois la longueur du corps, inégaux et alternative- 
ment plus longs. Couleur grisätre. De Sicile. 


P. MUSQUÉ. O0. MOSCHA TUS. Rare. 


Appendices tentaculaires de même grandeur, égaiant quatre fois la longueur du corps. 
Couleur blanchâtre. De Sicile. 


Espèces nominales. 


O. ALBUS. NIGER. MACULA TUS. RarriEsQuE, loco cilato. 
O. TRITENTACULA TUS. RUFUS. NIGER. COCCO. VIOLACEUS. Risso. 


Catalog. nominal présenté au congrés de Lucques. 


Dans la collection, qu’a laissée M. Risso, je n’ai trouvé aucune espèce sous cette dénomination. 


TROISIÈME GENRE. 
ARGONAUTE 4RGONAUT A. Lai. 


Gmel., Montfort, Brug., Cuvier, Lamark, Oken, Leach, Poli, Ranzani, Risso, Sowerby, 
Delle Chiaje, Férussac, Rapp, Philippi, Cantraine. Nautile, Nautique, Nauplie, Pompille ou 
œuf de Poulpe. Aristote, Pline, Athénée, Oppien, Bellon, Gesner, Aldrovande, Rumphius, 
D’Argenville. Genre Cymbium, Gualtieri. Genre Ocythoë, Raffinesque. 


Animal au corps gibeux et acuminé, ouvert jusqu’au dessus des yeux et muni d’un 
appareil constricteur; tête peu distincte et oblique; tube locomoteur très long ; bras insérés 
entre les yeux, et munis de deux rangées de cupules relevées, pédiculées, la 1. paire 
développée en large membrane ou palmure, qui embrasse la coquille, pendant la marche 
rétrograde; membrane ombellifère très-petite; muni d’une coquille externe. 


48 CÉPHALOPODES 
Coquille, univalve, uniloculaire, involute, subnaviculaire, très-mince, à spire bicarinée : 
ou tuberculeuse , rentrante dans l'ouverture, mince, polie, d’un blanc de lait, à spire 
noirâtre. 


N. 1. A. PAPYRACÉE. À. ARGO. Li. PI. 17. 18. 


Linné, Syst. Nat. XII N.° 271. 
Olivi, Zoo!. Adriat. pag. 129. 
Montfort, Buffon de Sonnini. Moll. 111. pag. 119. PI. XXVL. et XXXV. 
Poli, Mem. sul. Nautilo. Test. utriusq. Sicil. t. HE. pag. 1. tab. XL. a XLIIT. 
Delle Chiaje , Payraudeau, Risso, Rang, Guerin, Philippi, Cantr., Oper. cit. 
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. Genre Argon. PI. 1 et 1 bis. PI. 6. fig. 1. 2. 
Nautile ou nautique. Aristote, Hist. Anim. t. IV. Cap. 1. 16. lib. IX. Cap. XX. 12. 
“Pompile et Nauplie. Pline, Æist. nat. lib. IX. Cap. XXIX et XXX. 
Nautilus. Bellon, Rondelet, Aldrovande, D'Argenville. Oper. cut. 
Rumphius, De nautilo velific. et remig. Miscell. cur. Dec. I. an. VI. 1688. 
Poulpe de l’argonaute. Blainville, Journ. de phys. t 86. pag. 366, 454, 447. 
Dict. des Se. nat. t. XLHL. PI. 1 bis. fig. 1. Mulac. PI. 1. 
Ocythoë tuberculata. Raffin., Précis. des découv. sémiol. 1824. pag. 19. 


O. corpore ovoidali, acuminato, pileiformi, glabro: capite minimo , oculis proemi- 
nentibus, brachiis inaequalibus, superioribus in membranam amplam discoideam expansis, 
acetabulis elongatis ; wmbella minima. 


Corps conique, un peu aplati latéralement, ample antérieurement, acuminé en arrière, 
à extrémité obtuse et recourbée en dessus, piléiforme, entièrement lisse. Ouverture large, 
béante , fendue sur toute la partie ventrale et latérale jusqu’au dessus des yeux ; appareil 
constricteur formé de chaque côté par un tubercule conique un peu recourbé en bas et 
placé sur la paroi interne du corps, et par une fossette profonde, qui se trouve à la base 
latérale du tube locomoteur. 

Tête oblique, un peu repliée en dessus, très courte, entièrement lisse, peu distincte à 
la partie dorsale, par la raison qu’il n’y existe aucun étranglement postérieur, moins large 
que le corps. Yeux gros, très saillants, pouvant se recouvrir par les replis membraneux 
de la peau; placés presque à la base des bras latéraux, occupant les deux tiers de la 
hauteur de la tête. 

Bras très-différents entre eux, les uns palmés, les autres libres; les supérieurs très- 
rapprochés à leur base, naissants entre les orbites des yeux à la moitié de leur hauteur ; 
très déprimés latéralement à leur base, comprimés extérieurement, diminuant progressive- 
ment jusqu’à leurs extrémités , se repliant sur eux mêmes et formant une grande 
raquette, qui est occupée par une membrane vélifère, spongieuse, et élastique; laquelle 
prend naissance très près de la base dorsale, arrive en se dilatant jusqu à un tiers de la 
longueur de ces mêmes bras, à l’extrémité desquels elle se réunit en y faisant quelques 
replis. À la base dorsale de chacun de ces bras on voit une bride, qui les rattache au 
corps. La 2.° paire de bras est la moitié moins grosse que la 1°: elle est déprimée 


OCTOPODES 49 


latéralement à la base, très-comprimée à la face interne, se dilate de suite et consi- 
dérablement du côté extérieur, au point où termine la dépression latérale, puis diminue 
progressivement jusqu’à son extrémité, qui est très fine. La 3. paire de bras est plus 
grêle et plus courte que la 2°; de même que la précédente, elle est déprimée à la base 
et ensuite comprimée. 

La 4. paire de bras, presque aussi grosse que la 1.r, et plus longue que la 2, se 
termine en pointe filiforme; elle est déprimée latéralement dans toute sa longueur, et porte 
une membrane natatoire longitudinale dorsale, qui se termine à la base en une bride, 
soutenant la paroi supérieure du tube locomoteur. 

Cupules en godet, très saillantes, pédiculées, espacées et disposées sur deux rangées di- 
stantes l’une de l’autre; sur la 1." paire elles sont quasi perpendiculaires, s’amoindrissent 
progressivement, et à mesure qu’elles diminuent de grosseur, leur base se raccourcit; elles 
sont parfaitement sessiles sur la partie des bras occupée par la membrane, et presque invi- 
sibles vers l’extrémité. Une membrane longitudinale transparente, très prononcée, lie entre 
elles les cupules de la rangée extérieure, et en embrasse toute la base: les cupules de 
cette rangée sont plus grosses que celles de la rangée opposée ; elles vont en augmentant 
de grosseur jusqu’à la 7, diminuent sensiblement après la 13.°, et se perdent à l’extrémité 
des bras. Sur ceux de la 2. et 5. paire elles sont presque couchées latéralement et inclinées 
vers l’extrémité: elles sont réunies par une membrane, qui se confond avec le bras, et en 
rattache toute la base: sur la surface interne ces cupules paraissent presque sessiles ; elles 
augmentent de grosseur jusqu’à la 8.°, et diminuent ensuite progressivement. Sur les bras 
.de la 4° paire, elles sont comme celles de la 2.° et de la 5.°; mais la membrane, qui les 
réunit, est plus prononcée sur la rangée externe que sur linterne: elle n’est visible que 
jusqu’à la moitié des bras. Les cupules sont au nombre d’environ 180 sur la 2.° paire 
de bras, de 160 sur la 3, et de 100 sur la 4. | 

Membrane ombellifère, bien prononcée sur tous les bras, et se prolongeant très peu sur 
leurs côtés. | 

Bouche entourée de deux lèvres, dont l’extérieure est lisse et l’intérieure comme festonnée. 

Ouvertures aquifères, au nombre de deux, à l'angle postérieur de lœil, difficiles à 
apercevoir. 

Tube locomoteur conique, très long. dépassant la tête et même la membrane ombellifére , 
fixé à la tête par deux brides latérales, qui le rattachent à la base des bras inférieurs. 


Proportions du plus grand individu que j'ai eu. 


Longueur totale . < : : à $ : : : : : 0,330 

: Longueur du corps mesuré en dessus . à : : s ; : : : 0,100 
Longueur du corps mesuré-en dessous À re 4e à = 0,080 
Longueur de la tête . 5 - ; À 0,045 : 
Longueur äu tube locomoteur > . ; : - 0,070 

( 4. paire . : TR : 0,210 

] n : , à ; : 0,170 

Longueur des bras mesurés de Ja bouche | n 0,190 

Se ; ; : : : : 0,130 

Première paire mesurée dans toute sa longueur . . : ; 0,260 


50 CÉPHALOPODES 


Couleurs. M. Sangiovanni de Naples à donné; en 1829, dans les ann. des. sc. nat., une 


description si minutieuse et si exacte de ce céphalopode, que je crois ne pouvoir mieux 
faire que de la placer en tête de mes observations. 


« Partie inférieure et latérale du sac. Les parties inférieures et latérales du sac sont 
teintées d’une couleur d'argent bruni, qui, selon les différentes directions et la force des 
rayons {umineux, se couvrent tantôt d’une légère teinte bleue, semblable à celle de la mer, 
tantôt d’une teinte verte, enfin d’une couleur pistache. La nature a encore placé sur cette 
surface changeante une foule de petits globules brillants, les uns jaunes, les autres 
châtains, d’autres d’une couleur rosée; et plus il y a de mouvement, plus ces couleurs 
sont belles. Parmi ces globules les premièrs sont les plus nombreux, les autres sont 
en petit nombre, et les derniers sont très rares. L'ensemble de ces globules colorifères, 
repandu sur un fond argenté, donne à la peau de cette partie du corps une teinte rosée, 
composée de milliers de points colorés, au milieu de laquelle on en remarque quelques- 
uns plus grands, placés symétriquement d’espace en espace, et situés dans le centre 
d’une petite tache de couleur d’argent. 

» Partie supérieure et latérale du corps. La partie de dessus du corps et la partie supé- 
rieure des côtés de l’Argonaute sont teintés d’une belle couleur verte, tirant sur le pistache, 
qui se montre ainsi, surtout sur les dernières heures du jour. La couleur d’argent des 
parties latérales inférieures, envoie ensuite des prolongemens dans le milieu des régions 
latérales supérieures, qui sont d’une couleur verdâtre, de manière qu’elles se pénètrent 
réciproquement; on pourrait comparer cette pénétration de couleurs vives et élégantes à 
un petit plan géographique qui représenterait des états, dont les limites seraient tellement 
voisines , que les couleurs des deux se confondraient. La nature a orné cette partie du 
corps de l’Argonaute de globules chromophores jaunes tirant sur la couleur d’ocre, et de 
globules châtains; ces deux ordres se rencontrent en grand nombre: l’on en voit quel- 
ques-uns d’un bleu couleur de mauve. Les globules des deux premiers-ordres sont en si 
grande abondance, que ces parties en sont presque entièrement couvertes; cependant on 
en voit encore, d'espace en espace, de plus grands, placés dans le centre de petites aires 
circulaires et limités par des globules de différentes couleurs, qui, Comme autant de ro- 
settes, contribuent à orner ces régions. 

» Entonnoir. L’entonnoir est parsemé de globules expansifs de couleur jaune ocre, et de 
couleur châtain; les premiers sont plus abondants que les seconds. 

» Bras: 1." paire. La surface externe de la membrane des bras à voile est couleur d’ar- 
gent brillant, légèrement teintée de couleur de rubis: la surface intérieure est blanche, 
comme tout le fond de la peau de ces animaux, quand d’autres couleurs ne le changent 
point. Les globules colorifères, qui couvrent en abondance la surface extérieure de la voile, 
sont de couleur châtain ; l’effet qu’ils produisent, lorsqu'ils brillent sur le fond argent poli, 
orné d’une teinte de rubis, devient surtout admirable et impossible à décrire, quand la 
voile est exposée à la lumière : la surface interne est pointillée de globules de la même 
couleur, mais de petit volume, qui vont jusqu’à la base des ventouses, qui en sont entourées. 
» 2 et 5 paire. La base de la 2. et 3. paire est couleur d’argent poli; le reste est 


couleur naturelle. Les globules colorifères, qui ornent leur surface, sont de couleur jaune- 
ocre et châtain, en égale quantité. 


OCTOPODES J| 


» 4.e paire. Le côté antérieur des bras de la 4. paire est également de couleur d’argent 
» poli; mais, vers le milieu de la longueur, il est teint d’une couleur cinabre. Les globules 
» expansifs de ces bras, excepté quelques-uns qui sont châtains, sont tous de couleur jaune- 
» ocre; ils sont répandus en grande abondance surtout à la surface antérieure, et ils produisent 
» un très-bel effet, lorsque l’animal est exposé à la lumière, et qu’il est en mouvement. 

» Jris. Enfin la membrane de l'iris de ce mollusque est ornée elle-même de globules 
» colorifères châtains, qui, dans leurs mouvements , alternent et augmentent leurs 
» couleurs ». 

Un individu, très frais, m'a offert tout le corps, la tête, les deux faces des voiles, le bord 
des membranes ombellifères, d’un brillant d’argent, irisé d’une belle teinte rose plus ou 
moins vive, nuagé de bleuâtre, de vert, de jaune et de ronge, par l'effet de poirts chromo- 
phores; les orbites des yeux d’un beau bleu très brillant; l'iris vivement argenté et 
couvert de points chromophores ; la membrane longitudinale, qui réunit les rangées ex- 
ternes des cupules de la 1." paire de bras, transparente et sans points. 

Un autre individu, très petit, était d’une teinte généralement blanchâtre; les reflets 
métalliques argentés ne brillaient que sur les deux côtés des voiles, le long des parties 
latérales des bras, sur le bord externe des membranes ombelliféres, et sur l'iris. Les côtés 
des orbites des yeux, sur le bord supérieur desquels, étincelait une tache dorée, étaient 
d’un beau bleu d’outremer. Vu la transparence, le corps était teinté de rose, de bleu, de 
jaunâtre et de verdâtre; il était couvert de très petits points chromophores ‘clair-semés et 
d’une teinte neutre : près de l’ouverture du corps sur les côtés, on voyait des points bleus 
outre-mer très brillants; toute la partie dorsale du corps et de la tête était couverte de points 
plus gros et plus rapprochés, d’une teinte neutre plus obscure. Sur les parties latérales, 
se nuagaient d’autres points rouge-jaunàtre, gros et clair-semés : sur la partie inférieure de 
de la tête et sur l’entonnoir, les points chromophores étaient comme sur le reste du corps, 
fins, clair-semés; mais plus gros et plus rapprochés sur le bord de lPentonnoir, où ils 
passaient au rougeûtre. 

La surface externe des bras en voile était toute couverte de très petits points chromo- 
phores d’une teinte neutre ; à leur base on en voyait de plus gros, mais rouge-ocreux ; 
et le long de la base de la membrane longitudinale, qui rattache les cupules, brillaient 
des points chromophores bleus outre-mer. La face interne des bras était couverte de points 
d’une teinte neutre et très obscurs, très rapprochés vers la base, et s’étendant jusque sur 
le pédicule des cupules : ces points diminuaient de grosseur, étaient plus elair-semés sur 
la voile et manquaient presque entièrement vers l’extrémité ; cependant cette partie était 
parsemée de taches oscillées, formées par la réunion en cercle de points de la même 
couleur. Les bras latéraux étaient couverts de points d’une teinte neutre, et vers leur 
base de petites taches jaune-ocreux, formées par la réunion de plusieurs points de cette 
couleur : ces bras inférieurs ne différaient point des précédents : sur les parties latérales, 
les taches ocreuses passaient au cinabre très vif. 

Les bras, à l’intérieur, étaient couverts de points très-fins laque ; les lèvres et les mem- 
branes ombellifères , à l’intérieur, blanches et sans points. 

La coquille de l’Argonaute papyracée est si connue et si bien décrite et figurée dans tous 
les ouvrages de malacologie, que je crois superflu d’en parler. 


52 CÉPHALOPODES 
Rapports et différences. 


Le caractère des bras supérieurs, développés en membrane vélifère; ou ‘large palette 
membraneuse, fait au premier coup d’œil trop bien reconnaitre ce mollusque, pour qu'il 
soit nécessaire que j’entre dans d’autres détails comparatifs. | 


Habitation et mœurs. 


L’Argonaute papyracée se rencontre dans toute la Méditerranée, dans l’Adriatique, la Mer 
rouge, au Cap de Bonne Espérance, dans l’Inde, aux Canaries et aux Antilles: elle se pré- 
sente accidentellement, et dans toutes les saisons, sur les parages de la Ligurie, et de la 
Provence ; en Sardaigne, en Algérie et en Sicile elle est plus commune; et très abondante 
dans le golfe de Tarente. Je n’ai jamais surpris l’Argonaute nageant à une certaine profon- 
deur dans l’eau, embrassant sa coquille avec les palmures des bras (PI. 18. fig. b), ainsi 
que la observé M. Rang, et que l'ont vérifié bien d’autres naturalistes: mais je Pai vue 
nager à la surface de l’eau avec les bras ‘palmés, non déployés en voile, mais s’en servant 
comme de puissantes rames, qu’il plongeait et retirait en partie de l’eau alternativement, 
s’aidant aussi des autres bras, qu'il n’en retirait jamais. C’est par un temps très calme et 
au coucher du soleil, que je vis ce mollusque s'approcher de la terre, où je le saisis quand 
il fut à ma portée. Il avait, dans 12 à 15 minutes, parcouru sous mes yeux un espace 
d'environ 20 mètres. 

Une autre fois les pêcheurs m'en apportèrent un petit qui, pendant plus d’une heure 
encore, se joua à la surface de l’eau, dans le baquet où il était déposé puis tout-à-coup; 
il appliqua les palmures des bras supérieurs sur les parois externes de la coquille, refoula 
le reste du corps au dedans, et se laissa couler au fond du vase: là, peu-à-peu il rentra 
entièrement dans la coquille, ne fit plus aucun mouvement , et au bout de deux jours je 
le trouvai mort. Ce genre de navigation a déjà été décrit par Pline, qui cite le récit de 
Mucianus, témoin oculaire de ce spectacle ; par Rumphius ; et M. D’Orbigny, dans ses savantes 
recherches, l’a trouvé confirmé dans l'Encyclopédie Japonaise. 

La navigation à voile de l’Argonaute, décrite par Aristote, répétée par les naturalistes, 
qui le suivirent, «amplifiée et divinisée par les poètes, n’est que la répétition d’une fable 
populaire et le résultat d’une confusion, qui à eu lieu entre l’Argonaute pompile des anciens, 
mollnsque , et le Pompile, poisson sacré. En lisant sans préoceupation la plus grande partie 
des citations, on voit clairement qu'elles appartiennent au poisson Pompile, non au Nautile 
pompile. La citation suivante d’Oppien, que nous trouvons dans la monographie des cépha- 
Jopodes (pag. 111), en fournit une preuve évidente. l 

» On voit aussi le Callichte, ou le poisson sacré, le Pompile, honoré des navigateurs, qui 
» l'ont ainsi nommé, parcequ’il les accompagne dans leurs voyages. Entrainés par la joie 
» la plus vive à la vue des vaisseaux, qui sillonnent les mers, les Pompiles les suivent en 
» foule à l’envi, sautant et se jouant à la poupe, à la proue, sur les flancs, tout autour 
» de ces chars maritimes. Leur passion pour eux est si ardente, qu’on dirait qu’ils cèdent 
» moins à une impulsion libre et volontaire qu’à des liens, qui les enchainent aux bâtiments 
» et qui les forcent d’en suivre ia marche. 


OCTOPODES D9 

» Comme on voit un prince qui vient de prendre une ville, comme on voit un homme 
» vainqueur dans les jeux publics, le front ceint d’une couronne de fleurs nouvelles, 
» autour desquels se presse un peuple immense, enfans, jeunes-gens, vieillards, qui les 
» accompagnent, qui sont toujours après eux, jusques aux portes de leur habitation, et 
» ne se retirent qu'après les avoir vus pénétrer dedans: ainsi les Pompiles vont toujours 
» en foule à la suite des navires, tant qu’ils ne sont pas troublés par la crainte du voi- 
» sinage de la terre; sitot qu'elle’n’est plus éloignée, car elle leur est odieuse, ils se retirent 
» et abandonnent les vaisseaux. Leur retraite est un indice certain pour les nautonniers, 
» qu'ils approchent du continent. O poissons justement chers aux navigateurs! Ta présence 
» annonce les vents doux et amis, tu ramènes le calme et tu en es le signe ». 

Avec toute l’indulgence que peuvent mériter les licences poètiques, il est impossible 
d'admettre qu’un Argonaute puisse suivre un navire, sauter, se jouer à sa proue, à sa poupe, 
sur ses flancs, etc.; et toute personne, qui à fait un voyage daus l'Océan et même dans la 
Méditerranée, et aura rencontré (ce qui est très facile), quelque bande de Pilotes, en lisant 
cette belle description, reconnaitra justement et dès le premier abord, le poisson Pompile, 
Naucrates ductor, de M. Cuvier et Valenciennes, et verra qu’il n’y a rien d’exagéré, Déjà 
dans sa faune Italienne, le Prince de Canino à émis l’opinion que le Pompiie des anciens 
est le Vaucrates ductor, et non le Centrolophus pompilius. Dans la citation ci-dessus 
nous voyons que les Pompilius vont toujours en foule, ce qui est très vrai pour le Vau- 
crates, et faux pour le Centrolophus, poisson qui vit isolé, a de grandes profondeurs, ne 
s’y. prend que rarement, n’approche jamais de la terre et n’a jamais été vu à la suite des 
navires. Dans l’histoire des poissons de M. Cuvier et Valenciennes (vol. 8. pag. 229), cette 
opinion est aussi partagée par ces savants, comme le prouvent les paroles suivantes, « il 
» nous paraît, comme à M. Schneider, que notre pilote était le Pompile des anciens ». Enfin 
dans la description du Pompile, dans Rondelet, ou le Centrolophus est figuré parfaitement, 
quoique d’une manière bien grossière, nous voyons que les anciens confondaient déjà ces 
. deux poissons. Il est désormais impossible de prendre le Pompile poisson pour le Pompile 
inollusque après la citation ci-dessus ; et je crois inutile de chercher d’autres preuves. 

La grande question du parasitisme de l’Argonaute a été très savamment exposée dans 
l’article Argonaute de la monographie des céphalopodes par M. D’Orbigny, et dans le 11 
volume de la seconde édition des animaux sans vertèbres de M. Lamark, par M. Deshayes , 
et enfin dans les ouvrages de M. Delle Chiaje. Leur opinion a été appuyée par des argumens 
si puissants qu’il est impossible de la mettre jamais en doute; tous ceux qui, comme moi, 
ont recueilli beaucoup d’Argonautes, vu la proportion de la coquille avec lanimal et sa 
parfaite conservation, nous n’avons jamais pu en douter, quoique le mode de formation 
de la coquille fut pour nous un mystère. 

Cependant, depuis que j’ai eu l’occasion de vérilier les données de M.* D'Orbigny et 
Deshayes, ayant eu un Argonaute, avec les bords de la palmure des bras engorgés, el 
pleins de granules calcaires blancs, qu’on sentait même sous les doigts, je suis convaincu 
que la coquille est secrétée, comme ces Messieurs l'ont avancé, par le bord de la membrane 
vélifère de la 1.° paire de bras: et je crois que cette savante discussion, malheureuse- 
ment basée plus sur les écrits anciens que sur les faits anatomiques, est aujourd’hui résolue 
irrévocablement. 


n4 CÉPHALOPODES 


Une nouvelle question, celle de la reproduction, s’est présentée : mais comme elle est 
basée sur des faits anatomiques, elle sera bientôt éclaircie et décidée. A l'exception de M. 
Leach, qui assure avoir eu un Argonaute mâle, tous les observateurs et anatomistes n’ont 
rencontré que des Argonautes femelles; et les études anatomiques détruisent l'opinion de 
Mad. Power, qui les croit hermaphrodites. M. Koelliker de Zurig , actuellement professeur 
à Würtzhurg, a fait des recherches anatomiques sur l’hectocotyle, que M. Delle Chiaje avait 
observé sur l’Argonaute, et il l'a reconnu aussi sur le Trémoctope, mollusque qu’on a jusqu’à 
présent toujours trouvé mâle. Il a constaté que l’hectocotyle de l’Argonaute diffère de celui 
du Trémoctope ; qu’ils sont tous mâles ; qu’ils ont des veines, des artères et un cœur; 
que leur organisation correspond à celle des céphalopodes, que les spermatosoaires des 
hectocotyles sont égaux à ceux des autres céphalopodes ; enfin que M. Maravigna et Mad.° 
Power , examinant le développement des œufs de l’Argonaute, ont vu se former et sortir 
des hectocotyles ; et il en a conclu que les hectocotyles sont les mâles des céphalopodes, qui 
les portent. M. le Docteur Krohn, pendant son séjour à Messine, a fait aussi quelques ob- 
servalions anatomiques sur l’hectocotyle et partage l'opinion de M. Koelliker. Attendons 
encore; et nous verrons si se confirmera un fait aussi extraordinaire, et aussi disparate 
entre des genres de céphalopodes, qui diffèrent si peu les uns des autres. 


Histoire. 


L’Argonaute a été connue des anciens, et par eux regardée comme sacrée. Aristote parle 
le premier de ce céphalopode et rapporte les récits populaires de sa navigation à voile. 
Pline, négligeant les fables, rapporte les observations faites par Mucianus, qui l’a vu dans 
la Propontide, nageant sur la surface de l’eau à l’aide du vent, qu’il reçoit dans sa coquille, 
et se servant de ses bras comme gouvernail et conime rames. Athénée, Oelien, Oppien, 
en parlent en poètes. Bellon figura le premier ce céphalopode, mais au lieu d’un Argonaute 
il représenta un Eledon. Rondelet, Gesner, Aldrovande, Scarabelli, Lorenzo Legato , tombè- 
rent dans le même erreur, parce qu’ils étudièrent sur les livres et non sur la nature. 
Rhumphius , témoin oculaire, fournit des renseignemens sur la navigation de l'Argonaute, 
qui coïncident avec ceux de Mucianus, et le figure assez bien. Linné établit le genre 
Argonauta, qui fut adopté par Cuvier et Lamark. Montfort en donna une bonne figure ac- 
compagnée d’une meilleure description. Raffinesque l’indiqua sous le nom générique d’Ocythoë, 
qui a été adopté par Leach, et par Say. Le fondateur de la science malacologique, le 
Prof. Poli dans son ouvrage classique a décrit, anatomisé et figuré l’Argonaute : induit_en 
erreur par les pêcheurs, il l’a placé en sens inverse; dans la coquille. M. Delle Chiaje, son 
digne continuateur, a complété les observations de Poli en y ajoutant bien de faits nouveaux. 
M. Sargiovanni a donné la première description minutieuse et très exacte, faite sur l’animal 
vivant. Pendant son séjour en Algérie, M. Rang fit des observations importantes et trés justes, 
observations, qui ont préparé la solution du grand problème du parasitisme. M. De Férussac 
par ses divers écrits, et M. D’Orbigny, dans la monographie des céphalopodes, ont résumé 
tous les travaux connus, le fruit de leurs recherches et de leurs vastes connaissances n’ont 
laissé à résondre à leur successeurs que le problème de la reproduction. M. Delle Chiaje 


OCTOPODES 35 
dans son grand ouvrage, M. Deshayes dans la seconde édition de Lamark, ont fait aussi un 
savant résumé historique et décidé irrévocablement la question du parasitisme. Enfin M. 
Koelliker offrit au congrès de Gênes le résultat de ses recherches sur l’hectocotyle, qui, si 


elles étaient définitivement constatées, compléteraient la connaissance de ce mollusque 
extraordinaire. | 


——2-0 9-00 0O-0-0-0-2—— 


SECOND  SOUS-ORDRE. 


DÉCAPODES. DECA POD 4. LEacu. 


Decapoda. Leach, Owen, Férussac et D’Orbigny. Décacères, Décabrachidées. Blainville. 
Sepiacphora. Gray. Enterostea. Latreille. 


Corps ovalaire, campanuliforme, allongé, oblong, ou cylindrique, plus ou moins subulé, 
presque toujours détaché de la tête à sa partie externe, et pourvu d'un appareil constricteur 
cartilagineux ; toujours muni de nageoires, plus ou moins développées. 

Tête en général moins volumineuse que le corps, arrondie, rarement fusiforme. Yeux 
libres dans la capsule oculaire , dont la paroi extérieure est couverte par une membrane 
transparente , percée d’un très petit trou, ou largement ouverte. La tête est toujours cou- 
ronnée de dix bras, dont huit sessiles et deux tentaculaires; ces derniers généralement 
rétractiles. Quelques bras sessiles sont ordinairement garnis de crêtes natatoires, quelquefois 
ils sont réunis par des membranes interbrachiales très développées, et toujours armés de 
cupules, ou de crochets. 

Cupules toujours pédonculées et pourvues d’un cercle corné, très souvent denté. Mem- 
brane buccale très développée , rarement munie de cupules. Tube locomoteur souvent pourvu 
d’une valvule interne. Tous portent, le long de la ligne médiane dorsale du corps, un os- 
selet interne corné ou crétacé. : 

Les décapodes vivent la plupart en haute mer et n’approchent des côtes qu’accidentellement : 
ils voyagent par bandes nombreuses ; et quand ils sont poursuivis par les poissons, ils 
s’élancent hors de l’eau et échouent très-souvent sur les navires, ou sur la plage. Quel- 
ques-uns, les Calmarets se rencontrent toujours, presque immobiles à la surface de la mer, 
au milieu des médusaires; d’autres les Histioteuthes paraissent ne jamais abandonner les 
grandes profondeurs. 


Les sèches et les sépioles vivent près de la terre. La marche des décapodes est comme 
celle des octopodes, c’est-à-dire rétrograde, les nageoires leur servent de balancier dans cette 
marche ; et c’est à tort que M. Cantraine les compare à la queue des écrevisses. La marche 
progressive se fait, chez les décapodes, au moyen des bras sessiles, aidés dans quelques- 


56 | CÉPHALOPODES 


uns, par les nageoires. La sèche marche lestement en avant, en s’aidant des bras de la 
4° paire, qui sont largement carénés ; elle les porte. perpendiculaires, quand elle nage 
horizontalement. Les sépioles ne se servent que fort peu des bras, elles vont en avant et 
en arrière à l’aide des nageoires. 
_ Les calmars sont considérés par les pêcheurs, comme les plus voraces des céphalopodes ; 
ils leur détruisent très souvent une partie du produit de leurs pêches: saisissant avec fa- 
cilité le poisson accroché: à l’hamecon, ils s’y cramponnent et le dévorent à leur aise. 
Dans quelques-uns la différence des sexes est remarquable à l’extérieur ; dans d’autres, 
elle ne présente aucune différence apparente. 


QUATRIÈME GENRE. 
SÉPIOLE. S£PIOLA. Lracu. 


Sepiola Rondeletii. Boussuet, Aldrovande, Delle Chiaje, Risso, Cantraine, Philippi, Férussac 
et d'Orbigny. 


Animal au corps ovalaire, court, tronqué en avant, arrondi en arrière, uni à là tête par 
un large ligament et portant de chaque côté une nageoire presque circulâire. Appareil cons- 
tricteur formé par une fossette profonde, bordée d’un bourrelet, placée de chaque ‘côté à la 
base du tube locomoteur. Tête aussi large que le corps, couronnée de dix bras, dont deux 
tentaculaires et rétractiles, dans une cavité orbitraire. Osselet interne , corné, flexible, très 
petit et faible, long de la moitié du corps et en forme de glaive. 


N. 1. S. DE RONDELET. $. RONDELETII. Gesner. PI. 22. 


Gesner , de aquat. lib. IV. pag. 855. 
Delle Chiaje, Mem. tab. LVIIL. fig. 50. Anim. invert. tab. 12. fig. 30. 
Risso, Cantraine, Philippi, Bouchard Chanterau. Oger. cit. 
Gervais et Vanbenneden, Not. sur les malac. du genre Sépiole. Buletin de 
l'Ac. Roy. de Brux. t. V. N° 5. pag. 8. 
Joshua Alder, À cat. th. moll. os. Nortumb. ad Durh. pag. 13. 
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. Genre Sépiole PI. 1, 5. fig. 6, 9. pag. 230. 
De Sepiola. Rondelet, De piscib. libr. XVIL. Cap. X. pag. 519. 
Srpia Sepiola. Linné, Syst. nat. ed. 12. pag. 1096. N.0 5. Cur. Gmel. pag. 3151. 
Loligo Sepiola. Lamark, Mem. et anim. sans. vert. 2.2 édit. t. 11. pag. 568. 
Cuvier, Carus, Payraudeau. Oper. cit. 
Sepiola Grantiana. Féruss., Monogr. Genr. Sép. PI. 2. fig. 5, 4. Mag. de zool. 1855. pag. 66. 
Sepiola Desvignana? Gervais et Vanbenneden. Loc. cit. 
Delle Chiaje, PI. 177. fig. 14. 


Corpore levi, oblungo globoso, antice truncato margine dorsali sacei cotlo adnato, 
alis rotundatis. | 


DÉCAPODES 57 


Corps lisse, bursiforme, légérèment oblong, cylindrique, arrondi postérieurement, tronqué 
en avant; partie inférieure légèrement échancrée sur le milieu; ouverture très grande, 
s'étendant en dessus et comprenant même les globes des yeux. 

Nageoires latéro-dorsales, situées au milieu de la longueur du corps, presque circulaires, 
un peu échancrées et presque pédonculées à leur point d’attache. 

Tête aussi large que l’ouverture du corps, courte, un peu déprimée; globes des yeux 
bombés ; œil saillant, couvert par une membrane transparente formant à la partie supérieure 
une espèce de paupière opaque et découpée en croissant; pupille protégée en outre par 
une espèce de fausse paupière à bord argenté, qui n’est qu’un repli de l'iris. 

Bras sessiles courts, conico-subulés, un peu déprimés. La 2, et la 3° paire sont les 
plus longues; la 1." et 4.°, les plus courtes. Les bras sont presque tous égaux en grosseur, 
sauf la 3.° paire, qui est beaucoup plus grosse à sa base. Ils sont garnis de deux rangées 
régulières de cupules globuleuses, alternantes, percées obliquement, un peu déprimées en 
arrière, et portées par un pédoncule filiforme, implanté sur un tubercule oblong: leur 
ouverture est armée d’un cercle corné, et non denté. Les cupules commencent un peu en 
dessus de la base des bras, augmentent de grosseur jusqu’à un tiers de leur longueur -et 
diminuent ensuite assez régulièrement sur les bras supérieurs, mais très irrégulièrement 
sur les inférieurs: surtout sur ceux de la 5.° paire, sur lesquels on en voit quelquefois de 
très grosses à la moitié des bras, et souvent aussi non symétriques avec celles du bras 
de la même paire. Bras tentaculaires contractiles, ordinairement deux fois plus longs que 
les sessiles, rarement trois fois plus, très grêles, cylindriques et un peu développés en fer 
de lance à leur extrémité; cette partie est légèrement carénée en dessus et pavée en dessous 
d’une masse de très petites cupules globuleuses et pédonculées à peine perceptibles à la 
loupe. 

Membrane de l’ombrelle nulle entre les bras inférieurs, apparente entre les supérieurs , 
très visible entre la 1", la 2.° et la 5. paire, fortement prononcée entre la 3.° et la 4.° 
paire, et se prolongeant très visiblement le long de ces derniers. 

Tube locomoteur gros, très conique, assez long, arrivant presque à la hauteur des globes 
des yeux. : 

Osselet interne linéaire, légèrement lancéolé et n’occupant que la moitié intérieure de la 
longueur du corps. 

Encre d’un noir bistre. 


Proportions. 

variété fig. a, b. c, d, e. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : - 0,180 0,080 
Longueur du corps: . : : À : ; ; - à 0,040 0,027 
Largeur du corps et de la tête . : : : 0,032 * 0,020 
Largeur des nageoires . . : 5 : . à : : 0,020 : 0,012 
Hauteur des nageoires au centre . : ; à 0,022 é 0,012 
Hauteur des nageoires au point d'attache . +. : : 0,015 : 0,009 
1. et #. paire . ; ; ; 0,042 : 0,027 

Depnenr ns bee M M MR 2 De po 008 


58 CÉPHALOPODES 


Couleur. Dans l’eau, vivante et en état de tranquillité, la Sépiole est d’un rose tendre, 
transparente; la partie médiane dorsale du corps est colorée par une grande tache irrégu- 
lière et bleuâtre, produite par les organes intérieurs, qu’on aperçoit à travers Îa peau. 
Les globes des yeux sont vivement nuancés de bleu en dessus; au milieu de cette nuance 
brille un reflet irisé d’or et d’émeraude. Les nageoires sont très transparentes, el sur aucune 
partie du corps on ne voit des points chromophores. (PI. 22. fig. e). 

Ordinairement la Sépiole est d’un rose rougeâtre ; toute la partie dorsale du sac et de la 
tête est d’une teinte rouge-jaunâtre sale, couverte de points chromophores d’une teinte 
neutre foncée, et de grands points rouges-vineux, qui, se répandant sur les parties latérales 
du corps et le long des bras, couvrent presque les nageoires et disparaissent vers leurs 
bords. La partie inférieure du corps, nuagée de bleuâtre, de jaune et de rose, par les or- 
ganes intérieurs, est couverte, ainsi quexla tête, de points chromophores très rapprochés 
rouge-laque brillante: vers l'extrémité du corps, ces points sont inégaux et clair-semés. Le 
bord de l’ouverture du sac présente toujours à l'extérieur une espèce de bourrelet, sans 
aucun point chromophore. La partie inférieure des globes des yeux est fortement irisée, 
par des reflets métalliques; le tube locomoteur ne porte aucun point; les bras tentaculaires 
n'en ont que sur la massue. (PI. 22. fig. a. b). 

On rencontre souvent la Sépiole d’un rose passant au bleuâtre, avec des reflets métalliques 
argentés, qui brillent sur la partie supérieure et inférieure da corps et des globes des yeux, 
sur la tête et le long des bras supérieurs ; ces reflets sont irisés d’un vert métallique et 
d'un rose très vif. Tout le corps est couvert de points chromophores d’une teinte neutre 
très foncée ; l’entonnoir seul en est dépourvu; ces points, les uns très fins, les autres un 
peu plus gros et agglomérés forment, sur la partie dorsale, des petites taches irrégulières. 
Le jeu de ces points n’est pas très actif: ils se contractent peu et disparaissent lentement 
après la mort. 

Cette variété ne dépasse jamais les 0,080. (PI. 2. fig. e. d). 


Rapports et différences. 


La Sépiole ne peut se confondre avec aucun autre genre ; car elle est le seul des Déca- 
podes, sauf le Crangia dont les nageoires sont terminales, et qui ait le corps réuni exté- 
rieurement à la tête. Il a beaucoup de rapports avec la Rossia, dont il a même le facies ; 
mais celle-ci a la tête détachée du corps. 


Habitation et mœurs. 


Les Sépioles vivent sur toutes nos plages. La variété a. b. se rencontre, le plus souvent, 
sur les fonds vaseux de 30 à 100 brasses de profondeur (60 à 200 mètr.), où elle vit, 
dans la société des eledons. La variété e. d. se rencontre plus communément sur les 
fonds sabloneux, auprès des rochers couverts d’algues ; quand la mer est très houleuse, 
on en prend même dans le port de Gènes ; elle parait sédentaire et ne pas voyager par 
bandes, car jamais on n’en pêche des quantités, et on la trouve dans toutes les saisons 
de l’année. Elle vit assez longtemps en captivité; elle nage avec beaucoup de” grâce, à 


DÉCAPODES 59 


l’aide de ses nageoires, qu'elle emploie comme des palettes, leur donnant à volonté le 
mouvement progressif ou rétrograde; mais jamais elle ne se sert de ses bras pour aller 
en avant, comme le fait la sèche. Quand elle nage tranquillement, les bras tentaculaires 
sont entièrement contractés, et la tête est en grande partie refoulée dans le sac, dont elle 
ferme l’ouverture (PI 22. fig. ec). | 

On ne voit jamais une quantité de Sépioles sur les marchés ; leur chair est délicate et 
estimée : elle porte le nom de Sponcia courrenti, et malnascui à Gènes, ceux de Ba- 
buccia en Sardaigne, de Sicciteddi di nunnata en Sicile, de Sepieta en Italie, et de 
Supieta à Nice. 


Histoire. 


Rondelet est le premier, qui ait figuré et décrit la Sépiole ; Boussuet, Aldrovande, Jonston 
et Ruysch. n’ont fait que copier cet auteur. Linné rangea ce mollusque parmi les sèches 
et en fit la Sepia sepiola. Pennant et Schneider suivirent son exemple. Lamark la classa 
parmi les calmars, et en fit son Loligo sepiola. Guvier, Blainville et Carus adoptérent cette 
classification. Leach créa le genre Sepiola et adopta pour nom spécifique celui de l’auteur, 
qui, le premier, avait parlé de ce céphalopode. Depuis lors, presque tous les naturalistes 
ont reconnu cette dernière classification. M. D'Orbigny a malheureusement laissé inachevée 
la monographie des céphalopodes, et il est fort à regretter qu’il n’ait pas définitivement 
établi les caractères des espèces qu’il admet; quant à la note sur le genre Sepiola de M.'S 
Gervais et Vanbenneden, elle ne remplit pas cette lacune. Les descriptions en sont trop peu 
détaillées et manquent de figures. 

Quant aux deux espèces de la Méditerranée, dont ils parlent, je ne saurais les accepter 
que comme des variétés ; car j'ai maintes et maintes fois observé l’analogie, qu’il y a de 
l’une à l’autre. Je dois avouer cependant que je n’ai jamais vu ma variété ce. d. (Desvi- 
gnana) arriver à 0,100: je l’ai trouvée généralement avec les bras tentaculaires propor- 
tionellement plus courts que dans l’autre variété: il n’est pourtant point rare d’en trouver 
avec les bras longs. On rencontre près de la terre le deux variétés; mais les grands individus 
de la variété a. 6. ne se tiennent jamais qu'à une certaine profondeur , et constamment 
sur les fonds vaseux. 

Je dois ajouter qu’à ce sujet M. Peters de Berlin, et M. Milne Edwards, pendant un assez 
long séjour qu’ils ont fait à Nice, se sont occupés de recherches anatomiques très minu- 
tieuses, afin de découvrir quelque caractère spécifique constant: ils m'ont assuré que leurs 
études n’ont eu aucun succès. M. Delle Chiaje, dans sa PI. 177. fig. 14, donne un dessin de la 
Sepiola Desvignana : il est a regretter que ce savant naturaliste n’ait pas encore publié 
ses propres observations ; car je ne saurais supposer qu'il ait admis cette espèce sur la 
foi d'autrui. 

M. Risso, dans son catalogue nominal, en cite trois espèces : la Rondeletii. Lamark, la 
macrosoma. Delle Chiaje, l’elegans. Nobis. N'ayant vu dans la collection de cet auteur, au- 
cune sépiole portant ce dernier nom, il m’est impossible de donner quelques détails sur 
cette nouvelle espèce. 


60 CÉPHALOPODES 


CINQUIÈME GENRE. 


ROSSIE. ROSSIA. Owen. 


Owen, Voyage du Capit. Ross. hist. nat. pag. 93. PI. B. fig. 1. et PI. C. 
Sepiola. Delle Chiaje. 


Animal au corps ovalaire, court, tronqué en avant, arrondi en arrière, détaché de la 
tête, portant de chaque côté une nageoire presque circulaire : appareil constricteur formé 
d’une crête oblongue, surmontée d’un sillon sur le bord interne du corps et d’un sillon 
bordé d’un bourrelet sur la base du tube locomoteur. Tête aussi large que le corps, munie 
d’yeux un peu latéro-supérieurs et couverts d’une membrane transparente, percée d’un 
très petit trou ; couronnée de dix bras, dont deux tentaculaires et rétractiles dans une 
cavité sous orbitaire. Bouche protégée par deux lèvres et par une membrane buccale , 
attachée aux bras par six brides, dont quatre aux bras latéraux, une au point d'union 
des bras supérieurs, et l’autre à celui des inférieurs. Osselet interne corné, flexible, petit 
et légèrement spatulé. 


N. 1. R. MACROSOME. R. MACROSOMA. D'Ormieny. PI. 23. fig. a. b. 


Féruss. et D'Orbigny, Genre sépiole. PI. 4. fig. 12. 24. 

Sepiola macrosoma. Delle Chiaje, Mem. t. LXX. Anim. invert. t. 1. tab. 11. fig. 11. 
Philippi, Enum. moll. Sie. pag. 203. N° 2. 
Gervais et Vanbenneden , bul. de l’ac. des sc. de Brux. (indiquée). 
Verany , fableaux des céphal. fig. 22. 


Corpore laevi, ovali rotundato, antice truncalo, margine dorsali sacci libero et 
angulato , inferiori truncato: alis subrotundis. 


Corps lisse, bursiforme, cylindrique et légèrement oblong, arrondi postérieurement, tronqué 
en avant; partie supérieure, formant un angle peu saillant; nageoires latéro-dorsales, situées 
un peu vers la partie postérieure du corps, presque cylindriques et fortement échancrées , 
à leur point d'attache supérieur. 

Tête presque aussi large que le corps, courte, déprimée; globe des yeux, bombés. La 
membrane transparente, qui couvre ces yeux, forme une espèce de paupière opaque, qui 
est la continuation de la peau; et la pupille est en outre protegée par une paupière en 
croissant, formée par un repli de l'iris, qui se prolonge sur lui. 

Bras sessiles courts, conico-subulés , et comprimés latéralement ; ceux de la 4.re paire, les 
plus courts, sont, à partir de la bouche, de la moitié de la longueur de tout le mollusque, 
non compris les bras tentaculaires ; ceux de la 2. paire sont plus longs que les premiers; 
ceux de la 4. le sont un peu plus que les seconds; et ceux de la 3.° sont les plus longs 
de tous. Ils sont garnis sur la moitié inférieure de leur longueur de deux rangées de 
cupules alternantes, la moitié supérieure en porte quatre rangées. Les Cupules sont globuleuses, 


DÉCAPODES 61 

un peu déprimées en dessous; leur ouverture est oblique, petite et bordée d’un cercle corné; 
ces cupules sont situées sur un pédoncule conique, à extrémité filiforme et courte. Les 
cupules augmentent de grosseur jusqu’à la moitié des bras, puis diminuent insensiblement. 
Celles des rangées internes sont plus petites ; elles sont généralement plus grosses sur les 
bras latéraux que sur les bras inférieurs et supérieurs; à la moitié des rangées externes 
de la 3. paire, elles sont très souvent deux fois plus grosses que sur les autres bras. Bras 
tentaculaires contractiles, deux fois et quelquefois trois fois plus longs que les bras laté- 
raux ; ils sont très grèles et cylindriques ; leur extrémité est développée en fer de lance, la 
quelle extrémité porte sur sa surface inférieure d’innombrables petites cupules globuleuses 
et pédonculées, tandis qne la surface supérieure est garnie d’une crête natatoire. 

Membrane de l’ombrelle, nulle entre les bras de Ia 4.° paire, très visible sur ceux de la 
1.®, un peu plus marquée entre la 1." et la 2°, bien développée entre la 2.° et la 3.°, assez 
large entre la 5.° et 4°; elle se prolonge jusqu’au tiers de la longueur des bras de la 3.° 
paire et jusqu’à la moitié de ceux de la 4.° 

Tube locomoteur petit, n’arrivant pas au tiers de la hauteur des globes des yeux. 

Lame cornée, linéaire, lancéolée, légèrement spatulée longue de la moitié du corps. 

Encre noire, donnant légèrement sur le bistre. 


Proportions. 


Longueur totale . s ; : : 0,150 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . : 0,112 
Longueur du corps partie supérieure . : : : s - ; 0,040 
Longueur du corps partie inférieure . ; | ; : ; : s 0,036 
Largeur du corps et de la tête . - à - : 0,035 
Largeur des nageoires . : 3 : : : 0,015 
Hauteur de la nageoire au centre s + : 0,021 
Hauteur de la nageoire au point d'attache . : ; : : : 0,015 
{ maximum 3. paire . 0,062 
Longueur des bras + 3 = 
| minimum {. paire . : : : : 0,050 
Longueur des bras tentaculaires . à : : : : - À : 0,098 
Longueur de la lame dorsale : ; s : - : ; à : 0,022 


Couleur. Dans l’état de vie, la Rossia est d’une teinte générale rose-vineux, nuagée de 
bleuâtre et de jaunâtre sur la partie supérieure, et d'un rose livide sur linférieure ; les 
yeux sont fortement colorés de bleu et brillent d’un reflet vert très vif ou argenté: elle 
est couverte sur toute la partie supérieure de points chromophores irréguliers, rouge-anglais 
passant au laque: ces points sont plus clair-semés et plus régulieres sur la partie infé- 
rieure, et manquent entièrement sur le bord des nageoires, sur la partie inférieure de la 
tête et sur l’entonnoir. Quelques points de la même couleur, mais très fins, se voient aussi 
sur les côtés des bras sessiles et sur la massue des tentaculaires. L’iris, qui est argenté, 
est couvert de ces mêmes points. 

Après la mort de ce mollusque , les points chromophores deviennent presque tous égaux, 
et se colorent d’un rouge uniforme. 


62 CÉPHALOPODES 


Conservée dans l'alcool, la Rossia est d’un vineux uniforme, sur lequel on distingue 
encore les points chromophores. 


Rapports et différences. 


Ce céphalopode se distingue au premier abord de la sépiole, avec laquelle elle pourrait 
se confondre, par son corps détaché de la tête et par sa taille, qui est toujours beaucoup 
plus grosse : elle se distingue aussi de l’autre espèce de la Méditerranée par Ja taille et la 
forme arrondie de son corps, mais surtout par la face inférieure du corps, qui, dans la 
dispar, se prolonge beaucoup en avant sur la tête. 


Habitation et mœurs. 


Ce mollusque habite sur les fonds vaseux de 200 à 300 mètres de profondeur, d’où il 
est ramené en très petite quantité et en toute saison par les traines, en même temps que 
des masses d’'Eledons Aldrovandi, en société desquels il paraît vivre. Comme sa chair est 
assez flasque, il ärrive presque toujours mourant, parcequ’il est , pour ainsi dire, écrasé 
par le poids des poissons et des Eledons, qui sont pris avec lui: aussi ne m’a-t-il jamais 
été possible de lavoir en assez bon état, pour l’examiner dans toute sa vitalité. M. Delle 
Chiaje le dit très rare dans le Golfe de Naples; M. Philippi est du même avis. Il parait 
que M. Cantraine ne l’a pas vu. M. Risso l’a cité dans son catalogue nominal, et je l'ai 
trouvé dans sa collection. Je l’ai eu en février à Nice, et assez fréquemment sur le marché 
de Gènes pendant tout l'hiver, quand les pêcheurs favorisés par le clair de lune s’é- 
cartent davantage de la terre et vont faire leur pêche sur des points connus. Les pêcheurs 
le confondent avec la sépiole et leur donnent le même nom. 


Histoire. 


M. Delle Chiaje a fait connaitre le premier ce céphalopode intéressant, qu’il ne crut pas 
à propos de rapporter à un genre nouveau; il le figura dans son ouvrage sous le nom 
de Sepiola macrosoma, et en envoya quelques exemplaires à Paris. M. le Prof. Philippi 
la recueilli, et l’a cité dans son Ænum. Molluse. Sicil. MS Gervais et Vanbenneden en 
ont fait mention dans leur note sur le genre Sepiola. M. D'Orbigny, profitant du travail 
de M. Richard Owen, qui avait établi le genre Rossia pour les sépioles à corps détaché 
de la tête, y rapporta cette espèce, qu'il figura genre sépiole PI. 4. fig. 13-14. Me trouvant 
dans l’impossibilité d'établir la priorité du nom générique de Rossia donné à ce mollusque 
par M. Owen en 1854, sur celui de Rossia, donné à un oiseau, de l’ordre des palmipèdes, 


je conserve le nom actuel. 


QU 


 DÉCAPODES | 6 
N. 2. R. DISPARATE. À. DISPAR. Rurreu. PI. 95. fig. d. À. 
Sepiola dispar. Rupp. Lettre à M. le Prof. Cocco. Giorn. di Gabinetto di Messina. 


Corpore laevi, ovalr, antice truncato, margine dorsali sacci libero et laeviter anqu- 
lato, inferiori, valde producto et bilobato ; alis subrotundis, posticis. 


Corps lisse, bursiforme, cylindrique, ovale, tronqué en avant, partie supérieure, détachée 
de la tête et légèrement arrondie; partie inférieure, formant un ovale presque complet, la 
partie antérieure étant très prolongée en avant et légèrement échancrée au centre et presque 
bilobe. Nageoires latéro-dorsales, presque arrondies, fortement échancrées à leur point 
d'insertion supérieur, implantées sur la partie postérieure du corps, dont elles dépassent 

l'extrémité. 

Tête aussi large que le corps, arrondie, un peu comprimée ; globe des yeux proéminents: 
œil légèrement latéro-supérieur , très grand, couvert d’une membrane transparente. Dans 
l’état de vie, la cornée est très convexe: et l'iris, d’un beau brillant argenté, forme une 
espèce d’entonnoir, portant à son extrémité la pupille. 

Bras sessiles conico-subulés et comprimés latéralement; la 1.'e paire la plus courte, la 2.° 
plus longue, la 3° presqu’égale à Ja précédente, et la 4° paire un peu plus courte. Ces 
proportions offrent quelques variétés. Tous ces bras sont munis d’une double rangée de 
cupules alternantes, globuleuses, placées sur un tubercule conique et tronqué, et portées 
par un petit pédoncule filiforme. Ces cupules sont légèrement comprimées du côté de 
l'ouverture, un peu échancrée sur le point d'attache; et l'ouverture est munie d’un cercle 
corné sans dents: elles sont au nombre de 24 à 50 sur chaque bras, très visibles, et 
suivies de quelques-unes très fines et imperceptibles. Sur fa 1.'e et la 2.° paire, elles vont 
en augmentant jusqu’au premier tiers, et diminuent ensuite très régulièrement. Sur la 3. 
paire, elles augmentent jusqu'aux deux tierstde la longueur: sur ces bras, elles sont sou- 
vent moins nombreuses, mais excessivement grosses. Sur la 4.° paire enfin, elles augmentent 
jusqu’à la moitié de leur longueur. Les bras tentaculaires. entièrement rétractiles, plus de 
deux fois plus longs que les bras sessiles, sont creusés en gouttière sur toute leur lon- 
gueur (d’après les individus conservés dans l’alcool) et sont garnis à leur extrémité, qui 
est très légèrement lancéolée d’une infinité de cupules très petites, à peine perceptibles, au 
moyen d’une forte loupe. 

Membrane de l’ombrelle très prononcée entre tous les bras, plus grande entre la 3° et 
la 4° paire, se prolongeant le long de cette dernière, presque jusqu’à son extrémité: cette 
membrane manque entiérement entre les bras de la 4.° paire. 

Tube locomoteur petit, couvert en partie par le lobe du corps, arrivant au point d’at- 
tache des bras de la 4.° paire. | 

Contracté dans l'alcool, le corps devient ovale allongé; les nageoires se retirent et ne 
dépassent plus l'extrémité du corps. 


64 CÉPHALOPODES 


Proportons. 

Longueur totale . : - 0,084 
Longueur totale sans bras tentaculaires . ; ; ; . ; : : 0,060 
Longueur du corps en dessus  . : ; ; : . ; 0,030 
Longueur du corps en dessous . 4 ‘ : ; k * : : ; 0,040 
Largeur du corps : 5 : RS: 0,027 
Largeur. des nageoires . : À . : : : : 5 à ; : 0,021 
Hauteur des nageoires . , . 5 : s 0,024 

f- Æ à S paie. : : 0,015 
Longueur des bras | de ; ; ; ; : : : > 0,023 

| +. : ; - : ; 0,019 
Longueur des bras tentaculaires . . 0,035 


Couleur. Dans l’état de vie, tout le corps est rose, ou blanc livide à reflets argentés, 
irisé d'azur et de vert, couvert de petits points chromophores d’une teinte neutre, lesquels 
points disparaissent sur les nageoires, qui sont très transparentes. (PI. 22. fig. d. e. f.) 

Après la mort de ce mollusque, tout le corps, ainsi que le tube locomoteur, se couvrent 
de points rouge-anglais, dont quelques-uns sont assez gros; les nageoires et la partie in- 
férieure de la tête en manquent seules. | 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue au premier abord de la Sepiola par son caractère générique ; 
de la Rossia macrosoma par sa taille, par le prolongement antérieur du sac à la partie 
inférieure, et par ses grandes cupules: elle ne peut se confondre avec la Rossia Owenii 
et Jacobei de M. Ball, vu que dans ces espèces les cupules sont disposées sur trois rangées, 


et que dans la dispar elles le sont constamment sur deux. 
Habitation et mœurs. 


Cette espèce, découverte à Messine par M. Ruppell et recueillie en assez bon nombre par 
M. Krohn dans le même port, n’a été encore trouvée sur aucun autre point de la Médi- 
terranée. M. le Baron Pirayno de Mandralisca de Céphalù , conchyliologiste bien connu, fait 
connaitre , dans une note qu’il m'a communiqué, que ce mollusque se pêche aussi dans ce 
port avec le nonnato, Atherina nana, Risso, dans le mois de févriér et mars. et qu’il 
y porte le nom de Tarantulicchi. 


Histoire. 


C'est à M. Ruppell que nous devons la première notice sur cette nouvelle espèce, qu'il fit 
connaitre, dans sa lettre à M. le Prof. Cocco, par la description suivante. « La sépiole dispa- 
» rate se distingue par les quatre ventouses de la paire latérale des tentacules, qui sont 
» dix fois plus grandes que sur les autres. Chaque tubercule a 15 à 20 paire de ventouses. 


DÉCAPODES 65 


» Les deux tentacules allongés sont assez fins et ont à leur extrémité, sur l’espace de 
» deux lignes, beaucoup de ventouses quasi microscopiques. Les membranes natatoires sont 
» rondes, et surpassent la moitié de la longueur du sac viscéral, Sur lanimal moribond. 
» le sac et les huit tentacules se colorent de rouge obscur, tandis que les membranes 
» natatoires et les deux tentacules latéraux restent blancs, avec quelques petites taches 
» rousses. La longueur totale de l’animal est de trois pouces et demi ». 

M. Ruppell, regardant comme caractère spécifique celui des grandes cupules, donna à 
cette espèce le nom de dispar: en examinant plus tard tous les individus, qu'il avait 
rapporté de Sicile, et en observant beaucoup avec les cupules régulières, mais avec tous 
les caractères de la dispar, ce savant naturaliste me communiqua l'idée qu’il avait d’en 
créer une nouvelle espèce, sous le nom de À. affinis, et d'adopter à cet effet le nom gé- 
nérique , établi par M. Owen. M. le D. Krohn, pendant son second voyage à Messine , 
y receuillit pour moi une quantité de À. dispar ; il eut l’obligeance d’accompagner 
l'envoi du dessin, au trait pris sur le modéle vivant de ce céphalopode (PI. 23. 
fig. d.e. f). I me communiqua plus tard que tous les individus de cette espèce, qu'il 
a observés avec des grandes cupules, étaient femelles, et ceux à cupules de grosseur ordi- 
paire, tous mâles. 


SIXIÈME GENRE. 
SÈCHE. SEPIA. Linné, Lamark, Cuvier. 


Animal au corps ovalaire, comprimé, garni sur tout son pourtour de deux nageoires 
uniformément étroites. Appareil constricteur, formé d’une crête oblongue, conique, entourée 
sur la partie supérieure d’une fossette circulaire assez profonde et placée sur la paroi 
interne du corps, et d’une fossette oblongue, profonde, bordée d’un bourrelet très relevé et 
située sur la partie inférieure du tube locomoteur. 

Tête déprimée, munie de deux yeux latéro-supérieurs, entièrement couverts d’une mem- 
brane transparente et percée d’un petit trou; cette membrane forme une espèce de paupière 
opaque semi-circulaire, qui couvre en partie l'iris. La pupille est en outre constamment 
protégée contre les rayons lumineux par une fausse paupière, qui n’est qu’un repli de 
l'iris, et en recouvre une grande partie, comme on l’observe sur les raies (poissons); dans 
l’état de vie du mollusque, elle est arrondie, tandis qu'après la mort, elle présente plus ou 
moins la figure d’un croissant. 

Membrane ombellifère très développée entre tous les bras, dont elle occupe environ le 
cinquième, à l'exception toutefois de la 4° paire, où elle manque entièrement. 


D. 1466 COMMUNE. S. OFFICINALIS. Linné. PI. 24. 95. 


Linné , Syst. nat. VI. pag. 3149. 

Aristote, Pline, Gesner, Bellon, Salviani, Rondelet, Seba, Bruguières, Lamark, Montfort, Blainville, 
Carus, Payraudeau , Risso, Rang, Guérin, Cantraine, Joshua Alder, Bouchard Chanterau. Oger. cit. 

Delle Chiaje, Mem. t. IV. pag. 60. tav. LVIIL fig. 1. Anim. invert. t. 1. pag. 50. 

Féruss., Monogr. Genr. Sèche. PI. 1. 2. 3. 17. 


66 CÉPHALOPODES 


S. Corpore depressiuscolo, dorso laevi vel tuberculato, alis angustis marginato, brachiis 
subaequalibus, tentaculis elongatis; lamina dorsali elliptica, alba cretacea. 


Corps charnu, plus ou moins ovale selon les sexes, lisse ou tuberculeux, déprimé et 
légèrement convexe en dessus ; extrémité postérieure ovoïde ; extrémité antérieure tronquée 
et formant en dessus une pointe arrondie médiane, qui recouvre partie de la tête. I est 
bordé sur toute sa circonférence latérale de deux nageoires étroites, qui naissent au com- 
mencement, très près de l'ouverture du corps et la suivent jusqu’à son extrémité, où elles 
sont séparées l’une de Pautre par un très petit espace. 

Tête déprimée, .plus large que l'ouverture du corps, munie de deux yeux médiocres, à 
globes très gros et saillants; couronnée de dix bras, dont deux tentaculaires , les trois pre- 
mières paires étant placées en dessus et la 4° en dessous. 

Bras sessiles médiocres ; les trois premières paires presque égales en longueur, mais gros- 
sissant progressivement de la 1. à Ja 5.2: les bras en sont coniques, comprimés et comme 
carénés. La 4° paire est un peu plus longue que les autres et de beaucoup plus grosse; 
elle est très comprimée, largement carénée, et développée en crête natatoire ; cette crête se 
prolonge de la base des bras sur la partie inférieure des globes des yeux. Tous ces bras 
présentent, sur leur partie interne, une surface plate, arrondie dans le bas, qui est couverte 
de quatre rangées de cupules. Les cupules sont petites, globuleuses, placées sur un court 
pédoncule conique, et percées d’une petite ouverture ronde , armée d’un cercle corné non 
denté. Bras tentaculaires, plus longs que tout le corps, réctractiles, arrondis sur toute leur 
longueur, développés à leur extrémité en massue, en forme de fer de lance: cette partie est 
couverte en dessous, de plusieurs rangées de cupules globuleuses et pédonculées. Les cu- 
pules de la rangée du centre sont les plus grosses et vont en diminuant sur les extrémités: 
les deux rangées latérales à la précédente sont de beaucoup plus petites et décroissent dans 
les mêmes proportions ; enfin les rangées externes, ainsi que celles qu’on voit en grand 
nombre aux extrémités de cette massue, sont très petites, et protégées par une large 
membrane très développée : la partie dorsale de la massue porte une crête natatoire. La 
membrane buccale est rattachée aux bras par 7 brides. : 

Tabe locomoteur gros, conique, et atteignant le point d’union des bras de la 4. paire. 

Lame dorsale, crétacée, d’un ovale plus ou moins allongé selon les sexes, très régulier 
et symétrique ; l’aiguillon médian de l'extrémité postérieure est conique, un peu courbé en 
dedans, et n’en dépasse jamais le bord. 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : à mâle 0,280 femelle 0,280 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : . , 0,140 =: 0,140 
Longueur du corps en dessus  . ; : : : 0,086 : 0,086 
Longueur du corps en dessous  . : : : 0,078 0,078 
Largeur du corps au centre . : : à : 0,054 : 0,058 
Largeur du corps à l’ouverture . ; : ; ; ; ; 0,043 Ë 0,048 
Largeur de la tête ; 5 : = È : : : 0,038 : 0,038 
Le ne 4. paire . : : : à : 0,042 : 0,042 

4, » ne - 3 : : 0,050 è 0,050 


Longueur des bras tentaculaires . 4 ; : ; : à 0,180 0.180 
« ? L es 


DÉCAPODES 67 


Couleur. Dans l’état de vie et de tranquillité, toute la partie dorsale est d’une teinte rose- 
jaunâtre irisée, couverte sur la partie médiane du corps et de la tête de taches blanches 
tout-à-fait sous-cutanées ; la tête est un peu plus colorée ; les globes des jeux sont bleuâtres, 
et les bras verdâtres. La 1% paire porte une rangée de taches blanches irrégulières ; sur 
la 2° ces taches sont plus nombreuses; sur la 3.° elles sont placées sur deux, et même 
sur trois rangées: sur la 4.° elles sont longitudinales et irrégulières sur leur base et très 
nombreuses sur leur extrémité. Les nageoires, qui sont la continuation de {a peau du dos, 
sont d’une teinte violette transparente, et couvertes de très petits points opaques blancs : tout 
le long du point d'attache ces points sont plus gros, irréguliers et linéaires; ils forment 
presque une ligne interrompue. Les deux tiers inférieurs du bord extérieur des nageoires 
des individas mâles sont marqués d’une ligne continue blanche et opaque. Ce cépha- 
lopode parait quelquefois d’un gris de souris, marbré de blanchâtre; on observe aussi 
pendant sa respiration des ondulations d’une teinte passagère mauve, légèrement irisée 
de rose et de blanc. La teinte rose passe au grenat sur la partie inférieure des globes des 
yeux, et des bras, surtout de ceux de la 4. paire. D’autres fois elle est teintée de jaune- 
verdâtre; toute la partie médio-dorsale est alors finement zébrée d’une teinte blanchâtre et 
les parties latérales le sont aussi, mais par des grandes bandes, qui se subdivisent près des 
bords du corps; les extrémités de ces bandes sont d’un blanc pur près des nageoires : dans 
cet état la partie inférieure est d’un blanc pur à reflets métalliques argentés et fortement 
irisés ; elle est parsemée de points chromophores excessivement fins, à peine visibles à la 
loupe, d’un rouge passant au mauve; le plus souvent elle est nuagée de grandes taches 
formées par la réunion de points chromophores rouge-vineux : ces points se remarquent sur 
toute la surface inférieure du mollusque sauf sur la partie de la tête couverte par l’en- 
tonnoir. 

On voit aussi la Sèche, comme M. Delle Chiaje l’a observée le premier, se recouvrir sur 
toute la surface dorsale, de tubercules coniques très prononcès, placés régulièrement en 
lignes longitudinales et parallèles aux bords latéraux du corps (PI 24. fig. b.); on reconnait 
de ces tubercules sur la partie postérieure des globes des yeux et le long des bras supé- 
rieurs. Dans cet état les bras se couvrent de points chromophores mauves avec reflets 
euivreux très brillants. La partie inférieure se nuage de taches rouges-laque, formées par 
la réunion des points chromophores de cette couleur, les uns assez gros, les autres exces- 
sivement fins et très rapprochés: ces points se répandent aussi sur la nageoire et sur l’en- 
tonnoir; et ils sont très nombreux et rapprochés sur la face inférieure des bras de la 4. 
paire. 

Dans l’état d’irritation, toute la partie dorsale est hérissée de tubercules irréguliers et se 
colore d’un beau châtain très obscur à reflets métalliques cuivreux : sur la tête et le long 
des bras, dont les taches blanches prennent la même teinte, brille un reflet verdâtre. Sur 
les globes des yeux brillent aussi des reflets argentés roses, bleus et verts: la nageoire est 
toujours très transparente et couverte de points blancs opaques : toute la partie inférieure 
est fortement irisée et nuagée de taches plus ou moins vives. 

Quand létat d’irritation semble se calmer, les tubercules du corps disparaissent, ceux 
des globes des yeux persistent, la tête conserve les mêmes taches, mais une grande quan- 
tité de points chromophores se contractent sur le corps, des petites taches blanchâtres 


68 CÉPHALOPODES 

apparaissent sur la partie médiane, et les bords du manteau se couvrent de lignes irrégulières, 
semi-tuberculeuses, blanchâätres, qui sont plus petites sur les angles antérieur et postérieur 
du corps (PI. 24. fig. a). Les points chromophores bruns-châtains, à reflets cuivreux, sont 
très nombreux sur la partie médiane postérieure et sur les latéro-médianes ; ils sont rares 
sur les portions latérales du corps et n’arrivent jamais sur la membrane des nageoires. 
Quelquefois ces lignes tubereuleuses blanchâtres font place à de grandes bandes irrégulié- 
res, obscures, formées par la réunion de points chromophores mauves, qui couvrent tout 
le dos. | 

Au sortir de l’eau, sa partie dorsale est ordinairement zébrée de bandes brunes ; quel- 
quefois ces bandes sont interrompues, et elle parait marbrée ou ligrée de taches obscures 
à reflets violets et cuivreux. Peu-à-peu les points chromophores se contractent; elle passe 
à un ton jauntre, qui se décolore insensiblement ; et la partie inférieure commence par 
perdre les reflets irisés et métalliques, qui la parent; et quand le jeu des points chromo- 
phores a cessé, elle devient d’un blanc livide. 


Rapports et différences. 


La S. officinalis se distingue au premier abord de la S. elegans et de la S. bisserialis 
par sa taille toujours plus forte et sa forme moins ovalaire, par les nageoires qui, dans 
l’officinalis, par leur lobe arrondi dépassent le bord antérieur du corps, et se touchent 
presque à l’extrémité opposée; tandis que dans les deux autres espèces elles ne dépassent 
pas le bord du sac et sont assez distantes l’une de l’autre à l’extrémité opposée. Elle se 
distingue en outre par le manque constant des traits brillants et métalliques, qu’on voit 
sur la face inférieure du corps des deux autres. 


Habitation et mœurs. 


La Sèche commune se trouve dans toute la Méditerranée et sur les côtes de l'Océan ; elle 
vit très près de terre sur les fonds fangeux et sablonneux, et moins abondamment sur les 
fonds de gravier. Elle préfère les localités rocailleuses, on la trouve dans toutes les saisons 
de l’année: on la pêche en grande quantité au moyen de dragues, dites balaneelle, sur les 
fonds vaseux de 30 à 200 mètres de profondeur : on en prend quelques-unes de nuit sur- 
tout avec le trident. Pendant le mois de mars on en fait une pêche abondante soit avec une 
femelle vivante amarrée à une ficelle, soit avec un pièce de bois taillé en forme de sèche 
garnie de quelques petits morceaux de miroir, que les Siciliens appellent Fumedda. 

La pêche se fait en harponnant une Sèche femelle, qu'on distingue au premier abord 
par son corps plus large et le manque de la ligne blanche, qui borde la partie inférieure 
des nageoires. On la harponne avec un petit hameçon à lextrémité du corps; puis on lache 
la corde pour qu’elle puisse nager à son gré, mais de manière à ne la perdre jamais de 
vue: c’est alors qu'il est facile d’examiner les mouvemens de la peau, les changemens de 
couleurs de ce céphalopode, et Ja célérité avec laquelle il les opère. La Sèche, abandonnée 
à elle même, paraît ne pas souffrir, et s'inquiéter fort peu de son amarre, puisqu'elle vit 
plusieurs semaines dans cet état. La Sèche nage entre deux eaux et fait ses mouvemens 


DÉCAPODES 69 


progressifs à l’aide des bras inférieurs, qu'elle penche en avant de la tête et emploie comme 
de puissantes rames, son corps étant horizontal; les nageoires ne sont pour elle qu'un 
balancier, dont le mouvement est continuel et ondulatoire; les six bras supérieurs ne lui 
servent qu'à fendre l’eau, et même qu'à la tenir en équilibre; car elle les porte généra- 
lement très serrés entre eux et sur un plan horizontal. Pendant la marche progressive, la 
tête de ce céphalopode est toujours enchâssée en partie dans l’ouverture du corps, l'appareil 
constricteur tient fortement fixés au tube locomoteur les parois du corps, et l’aspiration 
se fait par les côtés latéro-supérieurs de l'ouverture au point, où le corps est en contact 
avec les orbites: les bras tentaculaires sont constamment contractés dans leur cavité. Quant 
aux mouvemens rétrogrades, elle les fait, comme tous les autres céphalopodes, à l’aide 
du tube locomoteur ; dans cette marche, qui est saccadée et précipitée, les bras sont tous 
réunis en faisceau. Quand la Sèche ainsi amarrée passe près de quelque mâle blotti dans 
quelque coin, ou nageant entre deux eaux, celui-ci se lance sur elle comme un trait 
et l’enlace avec ses bras; le pêcheur alors les tire à lui avec précaution, et quand elles 
sont près de lui, il les saisit au moyen d’un petit filet. Cette pêche est très amusante et 
plus productive de nuit que de jour, surtout au clair de lune ; on ne prend généralement 
que des mâles de cette manière, cependant j'ai pris ainsi moimême quelques femelles, 
mais très rarement. Toutes les observations, que j'ai pu faire dans cette occasion, n’ont pu 
me fournir aucun indice d’accouplement. 

La pêche au miroir se fait avec un morceau de bois garni de quelques fragments de 
miroir, qu’on traine derrière la barque, et sur lequel les Sèches se lancent et se cram- 
ponnent. 

La Sèche commune pèse jusqu’à 2 kil.; elle est souvent de 5 kil., et ordinairement de 
5 à 4 hectogrammes. Alors sa chair est estimée, quoique moins que celle du Calmar; elle 
l’est beaucoup plus que celle des Poulpes et des Eledons: elle est assez tendre et de bon goût. 

La Sèche abonde aux marchés dans toutes les saisons, mais surtout dans le printemps ; 
elle est encore ‘plus abondante pendant l'hiver sur le marché de Génes, les traines-balan- 
celle en retirant de grandes quantités. 

La Sèche meurt assez vite hors de l’eau; quand on la prend, elle fait entendre un cra- 
quement de dents assez fort; et hors de l’eau, elle souffle très violemment en chassant par 
l’entonnoir l’air au lieu de l’eau. L'effet des cupules est très actif, et la succion se fait 
encore bien après la mort, quoique le jeu des points chromophores ait déjà cessé. Retenue 
dans un baquet d’eau, elle vit peu: dès qu’elle se voit emprisonnée, ou quand l’eau ne 
contient plus la quantité d’air qui lui est nécessaire, elle lance son encre en grande abon:- 
dance et meurt peu après, si on ne lui change l’eau. : 

On ne fait aucun cas de l’encre de ce céphalopode: à Rome cependant on prépare avec elle 
la belle teinte connue sous le nom de Sepia. Quant au sépiostaire, il sert à plusieurs usages 
et est très utile pour modeler des petits objets métalliques, qui, coulés avec la moindre 
précaution, ressortent avec une netteté et avec une finesse de détails admirables. 

La Sèche mâle a toujours son corps plus ovalaire et ses nageoires bordées d’une ligne 
blânche très visibles: la femelle est plus arrondie et n’a jamais cette ligne ; ou si elle existe, 
elle n’est que rudimentaire. C’est très à tort que M. Cantraine dit que les mâles seuls 
peuvent recouvrir leur peau de tubercules: les femelles partagent aussi cette faculté et se 


70 CÉPHALOPODES 


colorent en tout sens comme les mâles. Leurs œufs de forme ovale et munis d’un pédon- 
cule äplati se rencontrent communément en été toujours fixes aax fucus, sur lesquels ils 
forment des grappes. 


Histoire. 


La Sèche a été connue par Aristote ; Pline est entré dans beaucoup de détails sur ses 
mœurs, qu’il a assez bien observés; tous les naturalistes, qui se sont suecédés jusqu’au 
commencement de ce siècle, n'ont fait que répéter ce qu’il avait dit. Severinus dans sa 
Zootomia democratica à décrit et figuré le premier les orgares de la Sèche. Swammerdam 
s’en est aussi occupé ; Scarpa et Tilesius ont aussi donné quelques détails sur elle , et ces 
travaux ont été complétés par les savantes observations de M. Delle Chiaje. Schneider et 
Lamark sont les premiers, qui ont subdivisé le genre Sepia de Linné, et ont reservé le nom 
de Sepia aux espèces, dont le corps est bordé d’une nageoire dans toute sa largeur, et 
dont la lame dorsale est calcaire. Lamark en décrivit deux espèces. M. De Blainville, dans 
le Dict. des se. nat., en fit connaître trois de la Méditerranée. M." De Férussac et D’Orbigny, 
dans leur monographie, en figurent 20, dont trois de la Méditerranée. M. Delle Chiaje décrit 
deux des espèces connues, la bisserialis de Montfort avait échappé à ses observations : 
l’ayant rencontrée sur le marché de Naples, je lui en ai fait part. M. Risso n’a décrit que 
l'espèce commune; mais dans son catalogue nominal, il en inscrit une sous le nom d’Jtalica, 
qu'il dit avoir remarquée depuis longtemps et dont il eut plusieurs individus. Je n’ai trouvé 
dans la collection de M. Risso aucun céphalopode de ce nom: je n’ai vu qu’une S$. bisse- 
rialis sans détermination. 


N. 2. S. ÉLÉGANTE. S. ELEGANS. Branv. PI. 26. fig. à. e. 


Blainville, Dict. des se. natur. 
S. orbignana. Féruss. et D'Orbigny, Monogr. Genre Séche. PI. 3. 
Delle Chiaje , Anim. invert. tab. 15. fig. 2. 


S. corpore depressiuscolo glabro, rubenti, alis angustis subaequalibus et brevioribus 
marginalo: sublus argenteo irregulariter seriatim maculato ; lamina dorsali elongato- 
elliplica , stylo lungo extra saceum protracto armata. 

Corps ovale, allongé, lisse, légèrement deprimé, convexe des deux côtés; extrémité pos- 
térieure ovoïde et terminée par un aiguillon médian : extrémité antérieure tronquée ef se 
prolongeant sur la partie médiane supérieure en pointe arrondie: bordé par deux nageoires 
étroites un peu plus larges vers la partie postérieure, lesquelles , n’atteignant pas le bout 
du sac, ont l’extrémité antérieure sans échancrure au point d'attache avec le corps, tan- 
disque l’extrémité postérieure est arrondie. 

Tête déprimée , moins large que l'ouverture du corps, munie de deux yeux latéro-supé- 
rieurs médiocres, dont les orbites sont proéminents: ces yeux sont couverts d’une membrane 


DÉCAPODES 71 
transparente percée à sa partie inférieure d’une ouverture oblongue: elle est couronnée de 
huit bras sessiles inégaux et de deux tentaculaires entièrement rétractiles. 

Bras de la 1.'° paire, conico-subulés, légèrement comprimés, longs de la moitié du corps ; la 
2.° paire égale en longueur mais plus forte et plus comprimée: la 5° paire un peu plus longue 
que la précédente, très comprimée et légèrement carénée: la 4.° paire dépasse la 1.7 et 2. 
d’un quart, est très comprimée et fortement carénée: cette carêne est trés marquée par une 
ligne blanche opaque, légèrement opaline, qui se prolonge à leur base jusques sur les orbites 
de yeux. Tous ces bras sont munis sur la face interne d’une espèce de plaque relevée conique, 
qui commence à une certaine distance de la base des bras et se prolonge jusques sur leur 
extrémité : sur cette plaque sont implantées les cupules. Sur les bras de la 1." paire, il y 
a deux rangées de ces cupules sur la moitié inférieure, et quatre sur la moitié supérieure. 
Sur ceux de la 2.° et de la 5€, il y en a quatre rangées sur toute la surface, excepté 
sur un petit espace de la base: sur ceux de la 4. paire, elles sont sur quatre rangées. 
Les cupules .sont globuleuses, percées d’une petite ouverture ronde, munie d’un cercle 
corné non denté, et portées par un petit pédoncule. Bras tentaculaires rétractiles plus 
longs que le corps, grêles, arrondis jusqu’à leur extrémité, qui se développe en massue ; 
cette massue est formée par une large membrane, couverte sur sa surface inférieure de très 
petites cupules et d’une rangée mediane de cupules très grosses, décroissantes du centre 
aux extrémités, la face opposée porte une légère crête natatoire. 

Tube locomoteur gros, conique, allongé, atteignant presque le bord supérieur des globes 
des Veux. 

Lame dorsale ovale, allongée et terminée par un aïguillon assez long, placé tout-à-fait 
sur le bord médian postérieur. 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : e : : : 0,220 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . , : : 0,133 
Longueur du corps en dessus  . : : : : 0,081 
Longueur du corps en dessous . : : : : : è : 0,071 
Largeur du corps : : : : : 0,040 
Largeur de la tête - : : ; : :  _ : : 0,031 
C1. paire. : - 0,038 

Longueur des bras a : : ; : ; 0,040 
L ; : , : , : 0,049 

Longueur des bras tentaculaires . : : ; : : : : : : 0,110 


Couleur. Dans l’état de vie; la peau est transparente, sur la partie médiane dorsale du 
corps on distingue la lame dorsale, qui la colore d’un blanc jaunâtre; sur les parties la- 
térales transparaissent les organes intérieurs, dont les brillants reflets sont argentés et riche- 
ment irisés de rouge, de jaune, de vert et de bleu très vif au moindre mouvement du cé- 
phalopode. Les mêmes reflets brillent sur la tête et surtout sur les globes des yeux : toutes 
ces parties sont nuagées par des taches formées par la réunion de points chromophores 
rouge-laque, plus ou moins colorés et rapprochés, lesquels se répandent aussi sur la nageoire, 
qui est très transparente. On admire une teinte rubis vers la base des bras supérieurs , 


72 CÉPHALOPODES 


et l'extrémité peut se comparer à une émeraude : leur pointe et la carène des bras infé- 
rieurs est blanchâtre à reflets argentés. La partie inférieure du corps est blanchâtre et très 
transparente: on voit à travers la peau tous les organes intérieurs. Cette partie est aussi 
fortement irisée et sans reflets argentés: on y remarque, d’un éclat eblouissant, deux 
séries, parallèles au bord du sac, de 6 à 7 gros points, qui comme les points chromophores 
se dilatent, s’épanouissent très lentement et disparaissent même: ces deux séries sont 
tantôt ovales, tantôt linéaires, et souvent ‘réduites à de gros points; cette même partie est 
aussi nuagée de très petits points chromophores rouge-laque. L’iris est d’un argent bruni 
très brillant. 

Au sortir de l’eau, elle est d’une couleur générale jaune-rougeàtre sur la partie supé- 
rieure, et blanc-rosé sur inférieure : les gros points métalliques disparaissent assez vite 
après la mort: toute la partie supérieure’ est nuagée de rougeûtre par l'effet des points chro- 
mophores rouge-rouille, dont quelques-uns rouge-laque. Sur la partie inférieure ces points 
sont plus clair-semés, rouge-jaunâtre et forment aussi de grandes taches: les reflets métal- 
liques argentés disparaissent assez rapidement et les belles teintes irisées pâlissent bientôt. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue de la Sèche commune: par sa forme plus allongée; par ses na- 
gcoires, qui n'arrivent jamais jusques sur le bo7d antérieur du corps ; par son aiguillon, 
qui en dépasse l'extrémité postérieure ; enfin par sa taille, qui, non compris les bras ten- 
taculaires, n’est jamais plus de 15 centimètres, et dont le poids ne peut s’élever au dessus 
de 4 hectogrammes. Elle ne peut se confondre avec le S. bisserialis, qui n’arrive jamais à 
un decimètre de longueur et au poids d’un hectogramme, et dont l’extrémité du sac n’est 
jamais dépassée par les nageoires ni par l’aiguillon. 


Habitation et mœurs. 


Cette espèce vit toute l’année sur les fonds vaseux, en compagnie des Eledons Aldrovande 
et de quelques Sèches bissériales. On la pêche à Gènes depuis le mois d'août jusqu’au mois 
d'avril au moyen des dragues : on ne la rencontre jamais près de la terre: elle ne dépasse 
jamais le poids de 4 hectogr.; sa chair est tendre et de bon goût: elle: est aussi estimée 
que celle de la Sèche commune, et se confond avec les jeunes individus de cette dernière 
espèce. Elle porte le nom de Spinoucia à Gènes, de Secia austina en Sicile, parcequ'on 
la prend en grande abondance pendant le mois d’août. 


Histoire. 


M. De Blainville, le premier, à fait connaître cette espèce, qu'il eut des mers de Sicile. 
M. De Férussac la figura d’après un individu conservé dans l'alcool sous le nom de S. Or- 
bigniana (Genre Sep. PI. 5.). M. Delle Chiaje l’a figurée dans son grand ouvrage, PI. 15. 
fig. 2, sous le nom de S. Orbignana; selon toutes probabilités et à en juger par l’analogie 
du nom, la S. mucronata de M. Rafinesque appartient à l'espèce, dont nous nous OCCUpons ; 


DÉCAPODES 75 


mais le manque de figures et de phrase caractéristique nous laisse dans l'incertitude. 
Bien que cette espèce soit très Commune dans beaucoup de localités et peu rare dans 
d’autres, M. Risso, Payraudeau, Cantraine, Philippi et Rang n’en ont pas fait mention. 


N. 5. S. BISSÉRIALE. S. BISSERIALIS. Denis pe Monrrorr. PI. 26. fig. f. k. 


Blainville, Dict. des sc. nat. 
S. Elegans. Féruss. et D'Orbigny , Monogr. Genre sépiole. PI. 8. et 27. 
S. Rubens? Philippi, Moll. utriusq. Sic. pag. 205. 


Corpore depressiuscolo, ovali elongato, subtus punctis vel lineolis argenteo-margari- 
Laceis seriatim et irregulariter maculato; alis angustis marginato: brachiis subaequa- 
libus ; lamina dorsali elongata elliptica, lanceolata, pallidissime rosea. 


Corps ovale, allongé, convexe, légèrement déprimé; extrémité postérieure, ovoïde : extré- 
mité antérieure, tronquée; bord inférieur de l’ouverture, concave; bord supérieur, prolongé 
en pointe médiane arrondie, qui arrive jusqu’à la moitié de la hauteur de la tête; bordé 
de deux nageoires latérales étroites, qui commencent un peu en arrière de l’ouverture et 
n’arrivent pas jusqu’à l’extrémité postérieure. 

Tête légèrement déprimée en dessus, plate en dessous, moins large que l’ouverture du 
corps, munie de deux yeux à orbites assez gros, saillants et latéro-supérieurs, couverts 
d’une membrane transparente: ces yeux sont en outre protégés par une grande fausse 
paupière, qui n’est qu'un repli de liris: cette tête est couronnée de huit bras sessiles et 
de deux tentaculaires entièrement rétractiles. 

Bras sessiles, presqu’égaux en longueur, excepté ceux de la 4.° paire, qui dépassent un 
peu les autres: ils augmentent progressivement de grosseur du 1.” au 4°. Les trois pre- 
mières paires sont conico-subulées, un peu comprimées ; la 4. paire est très comprimée et 
carénée, cette carène se prolongeant sur la base jusques snr les orbites. Ils sont tous munis 
sur leur face interne d’une espèce de plaque, sur laquelle sont implantées les cupules ; 
plaque qui commence à une certaine distance de leur base, est arrondie à la partie infé- 
rieure et se termine en pointe à la partie supérieure. 

Bras de la 1° paire, garnis de deux rangées de très petites cupules. Bras de la 2. et 
de la 5. paire, garnis de deux rangées de cupules sur la moitié inférieure et de quatre 
sur la moitié supérieure. Bras de la 4.° paire, garnis de quatre rangées de cupules sur 
toute la surface, excepté sur la base, où l’on en voit quelques-unes sur deux rangs. Toutes 
ces cupules sont arrondies, percées d’une petite ouverture ronde, munie d’un cercle corné, 
non denté, et portées par un petit pédoncule. Bras tentaculaires, entièrement rétractiles, plus 
longs que le corps, grêles, arrondis jusqu’à leur extrémité, qui se développe en plaque 
ovalaire, formée d’un côté par une espèce de membrane large, couverte sur sa face infé- 
rieure d’une infinité de très petites cupules, dont trois très grosses et portant sur la face 
supérieure une crête natatoire. 

Tube locomoteur, atteignant la base des bras de la 4.° paire. 

10 


74 CÉPHALOPODES 


Lame dorsale crétacée, ovale, lancéolée, plus étroite à la partie inférieure et dont l’aiguil- 
lon est très court: partie supérieure légèrement rose, quand on l'extrait de lanimal très 
frais encore; mais rougeâtre, quand on l'extrait du céphalopode commençant à subir quel- 
que décomposition. 


Proportions. 
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : , : ; ; : 0,124 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . ; ; : ; 0,075 
Longueur du corps mesuré en dessus . ; ; . 5 ; j . ; 0,050 
Longueur du corps mesuré en dessous : : : 0,044 
Largeur du corps . ; : 2 = - ; : < ‘ s ; 0,020 
Largeur de la tête - k : : ; ; : À ; : , 0.018 
- 1. et 2. paire . , ; : : ; 0,020 
 — : ; ; ; 0,021 
de de Aie : : : ’ : ; : ; : 0,028 
tentaculaires  . - à - : : ë _ 0,075 


Couleur. Une teinte générale blanc-lilas, voilé de jaunâtre, couvre toute la partie supérieure; 
sur la ligne médiane du corps on remarque une double série irrégulière de gros points ou 
taches blanchâtres presque tuberculeuses : sur les côtés du corps, sur la tête, ainsi que le 
long des bras supérieurs, brillent des reflets opalins métalliques, tantôt d’un vert éblouis- 
sant, tantôt d’un jaune d’or, tantôt grenat. Une teinte rougeâtre, plus ou moins vive, 
produite par lagglomération de points chromophores rouge-vineux très vif, colore le 
centre du dos, surtout près des taches blanchâtres : sur la tête et sur l'extrémité des bras, 
ces points sont plus fins et plus obscurs. La partie inférieure est transparente et d’un 
blanc perlé, irisé de bleu et de rose; on y voit sur les côtès une série assez régulière 
de traits linéaires blancs-opalins ou argentés, fortement irisés et très brillants; des traits 
semblables, mais plus petits, apparaissent aussi disséminés auprès de ceux dont je viens 
de faire mention, quand il est vivant, et disparaissent avant les autres, quand le cépha 
lopode commence à souffrir : de plus, cette partie est nuagée de taches rouges, produites 
par la réunion de points chromophores rouge-laque vif, quand ils sont contractés, ou jau- 
nâtres, quand ils sont épanouis. Ces points sont très rares sur la partie médiane du Corps , 
sur l’entonnoir et sur la tête ; ils sont très fins sur la partie inférieure des bras de la 4.e 
paire, et disparaissent sur l’angle caréné de lextrémité de tous les bras, lequel angle brille 
d'un reflet argenté très vif. Sur la face latéro-supérieure des bras, les points chromophores 
sont très fins et d’un rouge-vineux très obscur. 

Après la mort, ce mollusque prend une teinte de rouge-rouille presque uniforme ; et les 
taches blanches de la partie supérieure da corps disparaissent peu-à-peu : les reflets métal- 
liques, ainsi que les traits linéaires opalins, perdent de leur éclat et s’effacent entièrement. 


Rapports et différences. 


La Sèche bissériale se distingue au premier abord par sa forme ovale-allongée ; par ses 
nageoires, qui n'arrivent point. à la hauteur de l'ouverture du sac et n’en atteignent 


DÉCAPODES 75 


pas l’extrémité ; par le manque d’aiguillon, qui ne paraît pas à l'extérieur, et la rend bien 
distincte de l’Elégante : puis elle a une forme beaucoup plus ovalaire que la Sèche com- 
mune, et ne peut se confondre avec les jeunes individus de cette espèce. 


Habitation et mœurs. 


La Sèche bissériale, dont l'existence est certaine dans toute la Méditerranée et dans l’A- 
driatique, n’a pas été citée ailleurs: elle vit à peu de distance de la terre, de 20 à 150 
mètres de profondeur. Elle habite de préférence sur les fonds vaseux, où on la prend 
en compagnie des Eledons. On la rencontre quelquefois dans le port de Gènes pendant les 
grosses mers. Elle est très rare à Nice, assez commune sur le marché de Naples, et M. 
Philippi l’a trouvée à Venise. Cette espèce est toujours de petite taille et dépasse rarement 
8 centimètres , non Compris les bras tentaculaires. Sa chair est tendre et de bon goût. Elle 
se confond avec les autres petits céphalopodes et est recherchée comme friandise. 


Histoire. 


Denis de Montfort nous a fait connaître le premier cette nouvelle espèce. M. De Blainville 
l’a citée dans son article Séche, du Dict. des Sc. Nat., M. De Férussac nous en a donné la 
figure sous le nom d’Ælegans de D’Orbigny ; plus tard dans la même ouvrage, M. D’Orbigny 
nous en a donné une meilleure figure et quelques détails. Aucun autre naturaliste n’a parlé 
de cette Sèche, sauf M. le Prof. Philippi, qui l’a décrite, je crois, sous le nom de S. rubens. 
Voici sa phrase. 


S. corpore depressiuscolo, utrinque laeve rubente, brachiis pedunculatis praelongis ; 
lamina dorsali elongato-elliptica rosea. 


SEPTIÈME GENRE. 
SÉPIOTEUTHE. SEPIOTEUTHIS. Bianvite. 


Animal au corps ovalaire, déprimé, pourvu d’une paire de nageoires latérales aussi lon- 
gues que les corps ; appareil constricteur formé par une crête allongée et saillante, placée 
sur la face interne du corps, et d’une fossette bordée d’un bourrelet très saiilant à la base 
du tube locomoteur : tête médiocre portant huit bras sessiles et deux tentaculaires rétractiles, 
tous armés de ventouses ; osselet interne corné, flexible, ovale, lancéolé, attenué antérieu- 
rement, convexe en dessus et médiocrement concave en dessous. 


N. 1. S. DE SICILE. S. SICULA. Rurreu. PI. 27. 


Corpore ovali oblungo, postice rotundaio, antice truncato, super subacuto, subtus 
leviter concavo : alis lateralibus in medio corporis latioribus : corpore cum alis leviter 
ovaio. Lamina dorsali cartilaginea. 

Corps conique, allongé, légèrement déprimé: extrémité postérieure, arrondie; extrémité 
antérieure, tronquée, légèrement échancrée en dessous et formant en dessus une pointe très- 


76 CÉPHALOPODES 
peu saillante. Nageoires latérales, occupant presque toute la longueur du corps; mais com- 
mencant un peu en arrière de l'ouverture et se terminant près de l’extrémité du corps, 
qu’elles ne dépassent jamais ; elles sont plus larges vers le centre et forment avec le Corps, 
quand elles sont étendues, un rond un peu ovale en avant et échancré en arrière : le milieu 
de cette échancrure est occupée par l’extrémité arrondie du corps. 

Tête aussi large que le corps, arrondie, un peu déprimée en dessus, portant en dessous 
un profond sillon médian , occupé par le tube locomoteur: elle est munie de deux yeux 
assez gros, mais à orbites peu saillants ; ils sont couverts d’une membrane transparente, per- 
cée d’un petit trou latéral: sur la partie inférieure: et interne des globes des yeux, jai 
aperçu sur l’unique individu, que je possède conservé dans l’alcool, un tubercule conique 
assez long, qui peut-être est un reste déchiré de la crête, que M. D’Orbigny appelle auri- 
culaire, chez les Calmars. 

Bras sessiles, longs environ de la moitié du corps, conico-subulés; les inférieurs munis 
dans toute leur longueur d’une large membrane natatoire: la 1." paire est la plus courte, 
la 2. est un peu plus longue, la 3.° de très peu plus longue que la 2, et la 4° plus 
longue que la précédente d’un sixième. Elles sont toutes armées de cupules pédonculées si 
petites qu’il est très difficile de les distinguer avec une forte loupe. Bras tentaculaires li- 
néaires, arrondis, un peu dilatés en fer de lance à leur extrémité, garnis de cupules ex- 
cessivement petites : ils sont aussi longs que le corps. 

Membrane ombellifère, nulle. 

Bouche protégée par deux lèvres, dont l’interne ciliée et par une membrane buccale, qui 
est couronnée de sept lobes et rattachée aux bras par sept brides. 

Tube locomoteur, conique court et assez gros. 

Lame dorsale, cornée et flexible comme celle des Calmars. Je n’ai osé l’extraire sur l’u- 
nique individu, que je possède. 


Proportions. 


Le peu d'individus de cette espèce, qui ont été pris, n’ont jamais dépassé trois décimètres 
de longueur, non compris les bras tentaculaires. 


Couleur. D’après M. Krohn, à qui je dois l'individu que je posséde , tout le corps, dans 
l’état de vie, est transparent et d’une teinte rosée générale, couvert sur le dos de grands 
points chromophores, rouge-laque assez vifs, et de points de la même couleur très fins, 
mais plus obscurs. Tous ces points disparaissent sur les nageoires. Il sont plus petits et 
plus clairs sur la partie inférieure du corps et de la tête, et manquent sur les bras et 
l’entonnoir. Après la mort, le corps de ce céphalopode prend une teinte blanchâtre par l’a- 
ction de l’alcool, les fibres musculaires horizontales des nageoires deviennent opaques et 
les nageoires semblent comme rayées horizontalement de blanc. | 


Rapports et différences. 


Les Sépioteuthes, ont un facies qui les fait distinguer au premier abord des Calmars et 
des Sèches, espèces dont ils sont les plus rapprochés : la forme et la position des nageoires 
dispensent d’avoir recours à la lame dorsale, qui est le caractère générique le plus tranchant. 


DÉCAPODES 17 
Habitation et mœurs. 


Ce céphalopode n’a encore été pêché que dans le détroit de Messine, où probablement 
il est entrainé par les grands courants, qui y régnent: l’espèce y parait très rare, puis- 
qu’elle n’a été rencontrée que très accidentellement. 


Histoire. 


A 


Nous devons la découverte de ce genre nouveau pour la Méditerranée à l'infatigable et 
clairvoyant M. Ruppell, qui, l’ayant trouvé le premier à Messine, me montra à son retour 
ce céphalopode intéressant, et m'en donna un dessin au trait avec le nom, que je lui ai 
conservé. M. Krohn, pendant son second séjour dans la même ville, s’étant occupé de re- 
cueillir des céphalopodes pour moi, l’y rencontra de nouveau et me céda l'unique individu 
qu'il eut. 


GENRE HUITIÈME 
ONYCHOTEUTHE. ONFYCHOTEUT HIS. : LaicuTEnsTEN. 


Carus, Férussac et D’Orbigny, Onychia. Lessueur. Calmars à griffes, sec. c. Blainville. 
Loligo, Leach. . 


Corps charnu, cylindrique, plus ou moins acuminé, tronqué en avant; muni en arrière 
de nageoires triangulaires, réunies snr le dos, plus ou moins rhomboïdales. Appareil con- 
stricteur formé d’une fossette oblongue, peu profonde et entourée d’un large bourrelet sur 
la base du tube locomoteur et d’une crète linéaire très longue, placée sur la paroi interne 
du corps. | 

Tête munie d’yeux, dont la paroi extérieure de la capsule oculaire est couverte d’une 
membrane transparente largement percée ; cette ouverture est quelquefois découpée supé- 
rieurement en un sinus profond (improprement sinus lacrimal de M. D’Orbigny): huit bras 
sessiles, dont quelques-uns garnis d’une crête natatoire, et deux tentaculaires rétractiles 
couronnent la tête; tous les bras, soit de l’une , soit de l’autre espèce seulement, sont ar- 
més de griffes ou crochets. 

Bouche entourée de deux lèvres, dont l’interne ciliée, et d’une membrane buccale feston- 
née Sur son ouverture, et rattachée aux bras par huit brides. 

Membrane ombellifère nulle, excepté entre les bras de la 3.° et de la 4° paire. 

Tube locomoteur fourni d’une valvule, et soutenu par deux brides. 

Lame dorsale cornée, flexible, et terminée par un godet plus ou moins allongé. 

Les Onychoteuthes sont de vrais Calmars, dont le caractère générique est marqué par des 
griffes ou crochets sur leur bras: la présence de ces griffes sur tous les bras, ou sur l’une 
ou sur l’autre espèce de bras seulement, a servi à la formation des genres suivants. 

A. Des griffes sur les bras tentaculaires seulement. Onychoteuthe. 

B. Des griffes sur tous les bras. Enoploteuthe. 

C. Des griffes sur les bras sessiles seulement. Veranie. 


78 3 CÉPHALOPODES 


Etant persuadé que cette disposition des cupules et griffes peut encore offrir des modi- 
Q " . ?» e # 
fications secondaires, et que les griffes ne sont que des cupules modifiées, je n’admets ces 
divisions que comme sous-génériques. 


A. SOUS GENRE. ONYCHOTEUTHE. ONYCHOTEUTHIS 


N. 1. O0. DE LICHTENSTEIN. LICHTENSTENII. Féruss. PI. 29. 


Férussac et D'Orbigny. Monogr. Genre Onych. PI. 8. 


O. corpore cylindrico, elongato, apice acuminato, alis rhomboideo-sagittatis, bis 
tertiam sacci longitudinem occupantibus : brachiis tentacularibus unguibus bisseria- 
him armalis. 


Corps cylindrique, plus ou moins allongé selon les sexes, acuminé en arrière, tronqué 
en avant, formant à la partie médiane supérieure un angle peu saillant, portant sur la 
partie postérieure deux nageoires triangulaires à angle postérieur très allongé et réunies sur 
le dos, de manière à dessiner une flêche très aiguë qui occupe les deux tiers de la lon- 
. gueur totale du corps. 

Tête munie d’yeux assez gros, à globes un peu saillants; l’ouverture de la membrane 
transparente, qui les couvre, fournie, d’un sinus médian supérieur; cette tête est couronnée 
de dix bras, dont huit sessiles et deux tentaculaires rétractiles. 

Bras sessiles subulés, presque égaux, longs environ trois cinquièmes du corps: la 1." 
paire, la plus courte ; là 3.°, un peu plus Jongue que la troisième; et la 2.°, la plus longue 
de toutes. La 1.'° paire est presque quadrangulaire ; sa face interne est la plus étroite, 
tandis que l’externe est la plus large. La 2.° paire est très comprimée latéralement, convexe 
sur la partie latérale supérieure, plate sur la partie latérale inférieure, et fortement carénée 
par une légère crête natatoire. La 3° paire est très comprimée, plate sur la partie latérale 
supérieure, convexe sur la partie latérale inférieure, et très largement carénée surtout vers 
le centre de sa longueur (fournie d'une large crête natatoire). La 4° paire est presque 
quadrangulaire, ses faces internes et inférieures sont étroites : les supérieures et externes, très 
larges : celle-ci porte à son angle latéro-supérieur une légère crête natatoire. Tous ces bras 
sont armés de deux rangées très rapprochées de petites cupules pédonculées, à ouverture 
oblique, très large et munie d’un cercle corné, non denté : elles sont implantées sur un 
petit tubercule et attachées par un court pédoncule filiforme: ces cupules ne commencent 
qu'à une certaine distance de la base des bras, et se suivent en diminuant très régulière- 
ment jusqu’à leur extrémité, où elles sont excessivement petites: on en compte 60 par 
rangées. Les bras tentaculaires, cylindriques et rétractiles, sont gros et deux fois plus longs 
que les sessiles, développés à leur extrémité en massue lancéolée, garnie d’une membrane 
latérale et d’une crête natatoire dorso-latérale, qui n’oceupe que la moitié terminale de la 
massue. Cette massue est armée de douze griffes sur chacune de ses deux rangées. Ces 
griffes sont aiguës, articulées sur leur base, mobiles en tout sens, et enveloppées d’une 


4 


membrane élastique, ouverte sur son sommet, de manière à n’en laisser apercevoir que 


DÉCAPODES 79 
l'extrémité ou le crochet. La rangée externe est composée de griffes plus grosses, qui vont 
en augmentant jusques vers le centre et diminuent ensuite jusqu’à l'extrémité ; la rangée 
externe est composée de griffes plus petites presque toutes égales en grosseur: aux deux 
extrémités des rangées de griffes, on remarque une petite plaque ronde , pavée de très pe- 
tites cupules sessiles, que M. D'Orbigny appelle palmaires. 

Membrane buccale conique, festonnée sur son ouverture et attachée aux bras par huit brides. 

Tube locomoteur, enchassé dans un enfoncement de la tête et fixé à celle-ci par deux 
fortes brides. : 

Lame cornée linéaire, spatulée, terminée a sa base par un godet conique long et très 
aigu : elle occupe toute la longueur du corps. 

Les femelles se distinguent au premier abord par leurs corps beaucoup plus long, fine- 
ment subulé et à nageoires plus aiguës. 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . 5 ; 5 ; : ‘ 0,450 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : ; : : 1 ; 0,300 
Longueur du corps . ; ù Sp , 0,174 
(io 
Largeur de la nageoire ; ; : : 2e es : à ; 0,093 
Largeur du corps : : , : ; : : : : ; ; ; 0,031 
Largeur de la tête . nt ds à 4 , 1. 0.094 
4. paire . ; : 3 : : ; ; : 0,093 

Le bia Rs, : : ; - 0,112 
5 Ve ; ; 0,105 

| : FE ; ; : ; : k - 0,097 

Longueur des bras tentaculaires . È 1 x : è : : 0,245 


Couleur. Au sortir de l’eau, ce mollusque est d'une teinte perlée générale, légèrement 
transparente, nuagée de rouge-laque, de minium et de bleuàâtre: l'extrémité du corps est 
constamment d’un vineux très foncé, teinte qui se répand plus tard sur tout le corps en 
perdant de son intensité. Les globes des yeux sont sur leur partie supérieure marqués d’une 
teinte bleue, la membrane buccale est d’une teinte légèrement jaunâtre; dans l’état de vie, 
l'iris est chatoyant. Tout le corps est couvert de points chromophores très fins et d’une 
teinte neutre: des points plus gros de la même couleur, mais plus clairs, se font remar- 
quer sur toute la partie supérieure ; ils passent au laque très vif sur la partie médiane du 
sac; on en voit d’un rouge-minium très brillant sur la nageoire, quelques-uns même sur 
le corps et le long de la partie dorsale des bras tentaculaires. Dès qu’il a perdu sa vita- 
lité, il devient d’une teinte générale livide , et se colore d’un rouge-vineux général; tous 
les points chromophores ont disparu, sauf les petits à teinte neutre. Plongé dans l'alcool, 
il passe au rougeâtre vineux général. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue facilement de la suivante par sa nageoire aiguë, sa grande 
taille et la forme plus sllongée de son corps; par la plus grande longueur proportionnelle 


80 CÉPHALOPODES 


de ses bras tentaculaires et particulièrement par sa double rangée de griffes sur la massue : 
tandisque dans le Xrohnit il n’y a qu’une rangée de griffes, accompagnée de deux rangée 
parallèles de cupules. 


Habitation et mœurs. . 


On trouve ce mollusque sur le marché de Nice depuis Je mois de fevrier jusqu’au mois 
de mai, On le prend dans les filets, que l’on tend de nuit assez près de la côte pour 
la pêche du Sparus boops, ce qui fait croire que ce céphalopode suit les bandes de ce 
poisson, dont il paraît se nourrir. Depuis treize ans que je visite régulièrement le marché 
de Gènes, où le Sparus boops est abondant, je n’ai jamais apercu l’Onychoteuthe, et 
d’après les renseignemens que j'ai pu obtenir des pêcheurs, il serait constaté qu’on ne l’a 
jamais vu dans le golfe de Gènes. M. Rang, observateur très attentif, ne l’a jamais ren- 
contré dans ses recherches. MS Ruppell et Krohn ne l'ont pas rapporté de Messine; M. 
Cantraine et Philippi ne le citent pas dans leur ouvrage; et nous ne le voyons point fi- 
gurer dans la riche monografie des mollusque du golfe de Naples de M. le Pr. Delle Chiaje. 
M. le Prof. Carus, dans son savant mémoire sur les céphalopodes de la Méditerranée ( ta- 
bleau des genres ) parle de l’Onychoteuthe; mais il n’en donne ni la description, ni la figure ; 
ce qui nous fait supposer qu’il ne l’a pas eu. M. le Baron Pyrajno di Mandralisca, con- 
chyliologiste Sicilien très distingué, m’apprend dans une note: sur les céphalopodes, qu'il a 
observés à Céphalu sa patrie, que l’Onychoteuthe y porte le nom de Totanu francunceddu, 
à causes de ses griffes, qui sont égales à celles des faucons appelés francunceddu : à Nice 
il porte le nom générique de Taute sperlevat, quon distingue des Calmars fleches par 
les griffes: sa chair est méprisée et parait aigre et malsaine comme celle des espèces, 


dont il a le facies. 
Histoire. 

Le 16 avril 1835, je vis pour la première fois ce céphalopode sur le marché de Nice. 
Je m’empressai d’en faire part à M. le Baron De Férussac, qui me répondit : « Je m'atten- 
» dais tous les jours à la trouvaille du Calmar à crochets, que Bellon avait cité et que 
» personne après lui n’avait revu ». M. De Férussac publia peu après (Genr. Onychoteuthe 
PI. 8) le dessin, que je lui avais envoyé. Il parait que cette espèce, éminemment voyageuse, 
n’a été encore rencontrée que dans la Méditerranée ; et je n’ai aucune donnée qu’elle ait 


été observée ailleurs. 


N. 2. O. DE KROHN. O. KROHNII. Veranv. PI. 29. fig. d-e. 


Verany , Atti del congresso di Genvva. Pag. 514. 


O. corpore cylindrico, sub-fusiformi, apice acuminato, alis cordato-rhomboideis, 
mediam longitudinem sacci aequantibus : brachiis tentacularibus unguibus uniseriatim , 
armalis. 


Corps cylindrique, conico-fusiforme, acuminé postérieurement, tronqué en avant, for- 
mant à la partie médiane supérieure un angle assez saillant, et à la partie inférieure une 


DÉCAPODES 81 


échancrure convexe médiane; portant sur sa partie postérieure deux nageoires triangulaires, 
réunies sur le dos, de manière à figurer une nageoire rhomboïdale légèrement cordiforme , 
plus large que haute, et occupant la moitié du corps. 

Tête arrondie, munie de deux yeux à globes peu saillants; paroi antérieure de la capsule 
oculaire, couverte d’une membrane transparente largement percée et découpée supérieure- 
ment en sinus: elle est couronnée de dix bras, dont deux tentaculaires courts et rétractiles. 

Bras sessiles inégaux : la 1." paire est la plus mince et la plus courte; la 2.° est plus 
forte et plus longue ; la 5.° et la 4.° sont plus longues que la précédente, offrant un quart 
de plus en longueur que les premières; ces bras sont tous comprimés latéralement. La 2.° 
et la 4.° paires sont munies d’une légère crête natatoire; la 3.° en porte une beaucoup plus 
forte. Tous ces bras sont armés de deux rangées assez rapprochées de cupules arrondies, 
placées sur un court pédoncule : elles sont au nombre d'environ 50 par rangée. Les bras 
tentaculaires, un peu plus longs que ceux de la 4.° paire, et presque le double de la 1°, 
se développent en massue assez grosse vers leur extrémité; cette massue porte une rangée 
médiane de griffes au nombre de 7 à 8, et deux rangées latérales de très petites cupules 
sessiles : elle est fournie d’une crête natatoire dorsale, 

Lèvre intérieure, qui entoure la bouche, très élevée; membrane buccale, peu relevée et 
rattachée aux bras par 8 brides. 

Tube locomoteur, petit et garni d’une valvule. 

Lame cornée, linéaire, lancéolée, terminée par un godet conique. 


Proportions. 


- Le plus grand individu, que j'ai eu de cette espèce, ne dépasse pas les 0,040. 


Couleur. D’après M. Krohn, ce mollusque est pendant sa vie d’un blanc bleuâtre, légè- 
rement transparent, couvert de points chromophores rouge-laque, assez gros, mais plus foncés 
sur la ligne médiane dorsale, qui elle même est rougeâtre par la présence de points chro- 
mophores de cette couleur très fins. Les points sont plus pâles sur la face inférieure, di- 
minuent de grosseur, et disparaissent sur les bords latéraux de la nageoire; ils manquent 
entièrement sur l’extrémité du corps, sur la face inférieure de la nageoire et sur l’entonnoir. 
Conservé dans l’alcool, on y distingue encore la ligne médiane dorsale rougeûtre ; et les gros 
points chromophores, d’une teinte rose très claire, sont encore visibles. 


Rapports et différences. 


La taille, le peu de longueur des bras tentaculaires, et la double rangée de cupules, qui 
longent la série de griffes des bras tentaculaires, font au premier abord reconnaitre cette 
nouvelle espèce. 


Habitation et mœurs. 


Ce céphalopode se rencontre dans le golfe de Messine, où il a été recueilli par M. le 
Doct. Krohn, qui m’a cédé généreusement toutes les nouveautés, qu’il possédait, désirant 


que j'en enrichisse ma monographie. 
11 


82 CÉPHALOPODES 
Histoire. 


Je mentionnai cette nouvelle espèce à la séance du 26 sept. 1846 du congrès de Gènes, 
et je distribuai une planche, où ce céphalopode était figuré: cette communication a été 
insérée dans les actes de ce congrès, pag. 514. 


B. SOUS GENRE. ENOPLOTEUTHE. ENOPLOTEUTHIS. 


N. 5. O. (ENOPLOT.) PERLÉ. 0. (ENOPL.) MARGARITIFERA. Rurreus. PL. 50. fig. a. 
Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Giornale di Messina fig. 1. 


Corpore conico acuminato, alla rhomboideo-depressa, ad apicem incavata et ab ex- 
tremitate corporis superata : dimidiam sacci longitudinem non aequanti; capite magno : 
brachiis tentacularibus acetabulorum duplici serie et unguium unica serie armatis. 

Corps cylindrique, conico-allongé, acuminé, tronqué en avant, formant à la partie supé- 
rieure médiane un angle peu saillant, et à la partie inférieure un sinus concave rentrant; 
portant sur la partie postérieure deux nageoires réunies sur le dos, de manière à donner 
la configuration d’un rhomboïde déprimé, à angles latéraux aigus, à extrémité légèrement 
échancrée, et dépassée par l'extrémité aiguë du corps: cette nageoire occupe un peu moins 
de la moitié du corps. 

Tête arrondie, plus grosse que le corps (dans l’alcool), munie de deux yeux, dont les 
orbites sont très proéminents : ouverture de la membrane transparente, qui couvre les yeux, 
petite, transversale, avec trace de sinus supérieur : couronnée de huit bras sessiles égaux 
et de deux tentaculaires assez longs. 

Bras sessiles coniques et terminés en pointe filiforme: la 1." paire, un peu comprimée 
latéralement: la 2.°, presque triangulaire, est munie d’une petite crête natatoire sur le tiers 
terminal: la 5°, fournie d’une large crête natatoire, qui commence à la moitié des bras 
et va jusqu'à leur éxtrémité: la 4.° paire, conico-quadrangulaire, à face interne plus 
étroite. Tous ces bras sont armés d’une double rangée de tubereules charnus, enveloppant 
une griffe: on en compte 15 à 16 par rangée sur les bras de la 1e, de la 2.° et de la 3. 
paires, et 25 sur ceux de la 4. paire. Les crochets sont alternants et très rapprochés sur 
les deux tiers inférieurs, puis toujours plus clair-semés à mesure qu’ils tendent vers l’ex- 
trémité des bras, où ils deviennent invisibles. Bras tentaculaires minces, un peu coniques, 
comprimés à leur base, puis arrondis, aussi longs que le corps, et terminés par une massue 
lancéolée, armée d’une double rangée de très petites cupules sessiles, dont les plus grosses 
sont celles de la base, et d’une rangée latérale de quatre griffes. 

Membrane buccale très développée: elle parait (dans l'alcool), former une espèce d’om- 
brelle interne, fixée par ses angles à la base des bras de la 1°, de la 2. et de la 3.° 
paires, et attachée par une bride externe aux bras de la 4.° paire. 

Lame cornée, d’après M. Ruppell : le haut de la lame cartilagineuse dorsale est retourné 
un peu en dessus et saillit au-delà du bord de la nageoire. 


DÉCAPODES 85 
Proportions. 


La longueur totale de ce céphalopode, non compris les bras tentaculaires, ne dépasse 
jamais d’après, M. Ruppell, deux pouces et trois quarts. 


Couleur. Dans l’état de vie, ce mollusque est d’une couleur de chair un peu décolorée ; 
il porte un demi-cercle de taches perlées, bordées de noir, sur la face inférieure des globes 
des yeux. Au moment de perdre sa vitalité, les points chromophores répandent sur toute la 
surface du corps un réseau de taches rouges ; tandis que les taches brillantes perlées qui 
contournent les yeux disparaissent. 

Dans l'alcool, le corps est très conique ; la tête beaucoup plus grosse que le corps; les 
globes des yeux, très gros, et les taches métalliques sont remplacées par des verrues blan- 
châtres : la teinte générale est alors rose jaunâtre: le bleuâtre se voit encore sur les globes 
des yeux; et tonte la partie dorsale conserve des grands points chromophores rouge-laque , 
qui manquent sur toute la partie inférieure, et sur les nageoires. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue au premier abord de l’£. Veranyi et Owenii, par l'extrémité du 
corps, qui dépasse les nageoires, et par les bras sessiles, qui portent à leur extrémité deux 
séries de cupules d’un même côté et une rangée latérale de griffes. 


Habitation et mœurs. 


Pendant le mois de fèvrier de l’année 1844, M. Ruppell a rencontré assez fréquemment 
ce céphalopode dans le golfe de Messine; M. le Doct. Krohn ne l’a point trouvé pendant 
les deux séjours qu’il y a fait: ce qui nous laisse supposer que l'espèce est voyageuse et 
accidentelle. M. Ruppell m’ayant cédé un des exemplaires, qu’il possédait, c’est avec cet 
aide que j'en ai fait la description. 


Histoire. 


Ce céphalopode, que M. Ruppell nous a fait connaitre en 1844 dans sa lettre à M. le 
Prof. Cocco, n’a point encore été rencontré ailleurs et n’a été mentionné par aucun autre 
naturaliste. 


N. 4. O. (ENOPL.) DE VERANY. O0. (ENOPL.) VERANYI. Rurreus. PI. 50. fig. b. 


Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Loc. cirat. 


Corpore conico, alla rhomboideo-sagittata depressa, ultra dimidiam corporis lon- 
giiudinem producta: brachiis unguium duplici serie, et ad extremitatem acetabulorum 
armatis ; tentaculis acetabulatis, unguibus tribus armatis. 


Corps conique, tronqué en avant, formant à la partie médiane supérieure un angle un 
peu saillant; portant deux nageoires presque triangulaires réunies sur le dos, de manière 


84: CÉPHALOPODES 


à donner une forme rhomboïdale plus large que longue, son extrémité étant un peu obtuse; 
cette nageoire occupe un peu plus de la moitié du corps et se prolonge jusqu'à son ex- 
trémité. | 

Tête plus petite que le corps, munie de deux yeux petits et à orbites peu saillants; 
couronnée de huit bras sessiles égaux, armés sur les deux tiers de leur longueur d’une 
double rangée de 12 à 15 griffes chacune, et sur le tiers terminal d’une vingtaine de 
très petites cupules; ainsi que de deux bras tentaculaires aussi longs que le corps, déve- 
loppés en massue lancéolée vers leur extrémité, laquelle est armée de trois griffes et de 
cupules : ces dernières sont plus grosses vers le bord et décroissent sensiblement du centre 
aux extrémités. 

Ce céphalopode est le seul de tous ceux qui figurent dans cet ouvrage, que je n'’aie 
pas vu. La description laisse encore beaucoup à désirer. Je joins ici le texte des observa- 
tions de M. Ruppell sur ce mollusque: ce texte et le dessin, qu’il a publié, ont seuls servi 
à la compilation de cet article. | 

E, Veranyi, Rupp. « Il se distingue du précédent par la plus grande dimension de la na- 
» geoire, le diamètre vertical de laquelle est plus grand de la moitié de la longueur du 
» sac. Elle s'étend en outre jusqu’à l'extrémité de la lame cartilagineuse dorsale. La pro- 
» portion de la longueur des tentacules est comme dans l'espèce précédente. Les ventouses 
» des deux tentacules allongés sont beaucoup plus grandes, ainsi que leurs crochets, qui 
» ne sont qu’au nombre de trois. Les autres huit tentacules de la bouche sont, les deux 
» tiers de leur longueur, armés d’une double série de crochets, au nombre de douze à 
» quinze paires par tentacule, et vers leur extrémité il y a une vingtaine de petites 
» ventouses. 

» Les chromophores font paraître sur la surface de l’animal moribond beaucoup de points 
» bleus sur un fond de couleur de chair fortement prononcée. Pendant la vie, l'animal est 
» diaphane et on ne découvre sur la région orbitale aucune petite tache. 

» La longueur totale, depuis l'extrémité des tentacules de la bouche jusqu’à l’opposée de 
» la lame cornée dorsale est de trois pouces, dont la moitié appartient au sac viscéral. 

» Gette espèce est assez rare dans la mer de Messine, et je n’en ai trouvé jusqu’à prè- 
» sent que trois individus ». 


N. 5. O0. (ENOPL.) D'OWEN. O0. (ENOPL.) OWENII. Verany. PI. 30. fig. ç. d. 


Verany, Actes du congrès scientif. de Naples. Pag. 794. 
Guide de Gênes, vol. 1. pag. 109 tab. IV. fig. 2-3. 


Corpore conico acuminato, alla rhomboideo-sagittata, ter quintam sacci longitu- 
dinem occupant. 


Corps cylindrique, conico-subulé, tronqué en avant, formant à la partie dorso-médiane 
un angle saillant, et à la partie inférieure une légère échancrure concave, portant deux 
nageoires triangulaires réunies sur le dos, de manière à préciser une flèche rhomhoïdale à 
extrémité aiguë, plus large que haute; cette nageoire réunie, dont les angles latéraux 


DÉCAPODES 85 


sont arrondis, occupe trois cinquièmes de la longueur du corps, et se prolonge jusque 
sur son extrémité. 

Tête médiocre, munie d’yeux assez gros, à globes peu saillants: la membrane trans- 
parente, qui en couvre la paroi extérieure, est largement percée d’une ouverture très 
légèrement cordiforme, dont l’angle est supérieur. 

Bras sessiles conico-subulés, presque aussi longs que le corps et presqu’égaux entre 
eux ; la 5.° paire est munie d’une légère crête natatoire. Ces bras sont tous armés d’une 
double rangée de griffes alternantes, qui en occupent les deux quarts médians: le quart 
de la base est nu, et le quart terminal est couvert de cupules. Les griffes sont enveloppées 
d’une membrane tuberculeuse ; elles sont au nombre de 15 à 17 par bras et vont en dé- 
croissant depuis la première. Les cupules décroissent et alternent de la même manière ; 
elles ont leur ouverture oblique, large et bordée d’un cercle corné, non denté: elles sont 
placées sur un long pédoncule filiforme. Les bras tentaculaires sont minces, ronds et deux 
fois plus longs que les sessiles ; ils sont un peu coniques et terminés par une massue en 
fer de lance comprimée, qui est armée de trois griffes beaucoup plus grosses que celles 
des bras sessiles ; à côté de ces griffes on voit des cupules pédonculées assez grosses. Cette 
massue porte aux deux extrémités des cupules très petites et très nombreuses, elle est en 
outre garnie d’une crête natatoire dorsale, qui n’en occupe que la moitié terminale. 

Lame dorsale, cornée, ovale-lancéolée, atténuée ou pédonculée antérieurement , et terminée 
inférieurement par un petit capuchon ou large godet conique, peu profond. 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; : : : 0,115 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . - ; : ; : 0,080 
Longueur du corps en dessus  . : : : , : : 0,038 
Longueur du corps en dessous . : ‘ : = - : : : : 0,033 
Largeur du corps - - ; ‘ - : : : : : - : 0,018 
Largeur de la tête . : : : : ; . : : : : : 0,014 
Largeur des nageoires . ‘ - - : : ; : : ; ; j 0,038 
Longueur des nageoires - ; . : 0,034 

1. paire . : : : : à : : ; 0,029 

:. : . : ; : - 0,031 
eh re | ou 

4. ; ; 0,035 
Longueur des bras tentaculaires . : : , : ; : : à S 0,070 


Couleur. Ce céphalopode est d’un rose clair ; la ligne médiane dorsale, rouge-lic de vin; 
les globes des yeux, bleus. Il est généralement couvert de points chromophores rouge-rouille 
très vif sur le corps, sur la tête, le long des bras, et sur la membrane buccaie ; ils sont 
fins et clairs sur les parties inférieures : ces mêmes points abondent sur la face dorsale des 
bras tentaculaires, sur le tube locomoteur, et manquent sur les nageoires. 

Conservé dans l'alcool, il devient d’un rose-jaunâtre ; la ligne médiane dorsale est d’un 


rouge-bleuâtre très vif; les points chromophores, quoique décolorés, sont encore très 
visibles. 


86 CÉPHALOPODES 
Rapports et différences. 


Cette espèce est très rapprochée de l’£. Veranyi, de M. Ruppell. Peut-être cette dernière 
étant minutieusement étudiée et décrite, nous la trouverons identique à celle dont nous 
nous occupons: à en juger par le dessin et la description, l'Owenit ne diffère du Veranyi 
que par les bras plus longs et plus grêles, par le plus petit nombre de cupules, par la 
forme de l'extrémité de la nageoire, qui est assez aiguë, et finalement par le grand nombre 


de cupules, qui couvrent la massue des bras tentaculaires. 
Habitation et mœurs. 


Les deux seuls individus, que je posséde de cette espèce, ont été recueillis par mon frère 


sur le marché de Nice, au milieu des jeunes poissons, qu’on prend à la traîne sur les 
fonds de galets : l’une fut trouvée en novemb.. 1845 , l’autre en octobr. 1849. 


Histoire. 


Je citai ce nouveau céphalopode dans la séance du 3 octobr. du congrès de Naples. Jen 
publiai la description et la figure dans le guide de Gènes, pag. 109. PI. 4. fig. 2-3. Je 
montrai je premier individu à M. Ruppell, qui n’y reconnut point son Æ. Veranyi; mais il 
est vrai de dire qu’un jugement valable ne peut se prononcer que les deux espèces diffé- 
rentes sous les yeux. Le second individu, que j’ai eu en parfait état de conservation, m’a 
permis de rectifier ma première description et quelques détails ‘de la figure. 


€. SOUS GENRE. VERANIE. VERANIA. Kaoun. 
N. 6. O. (VERAN.) SICILIENNE. O0. (VERAN.) SICULA. Kronn. PI. 98. 


Octopodoteuthis Sicula. Krohn, Arch. de Zool. de Wiegm. 1845 pag. 47. Rev. Zool. Avril 1846. 
Octopoteuthis Sicula. Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Loco cit. 1844. 


Corpore cylindrico, conico, apice rotundato, ala rhomboideo-cordiformi ; quatuor 
quintam sacci longitudinem occupanti: brachiis inaequalibus, tentaculis acetabulatis 
brevissimis. 


Corps cylindrique, ovale-allongé, légèrement déprimé, tronqué en avant; décrivant à la 
partie médiane supérieure un angle très peu saillant, dont l’extrémité postérieure est ar- 
rondie ; portant une nagcoire rhomboïdale cordiforme, qui en occupe les quatre cinquièmes. 
Appareil constricteur formé d’abord par une crête oblongue, un peu relevée inférieurement 
en tubercule comprimé, placée sur la partie interne du corps, puis d’une fossete conique, 
plus large inférieurement, et entourée d’un large bourrelet sur la base du tube locomoteur. 

Tête aussi large que le corps, yeux petits; dans l’état de vie, globes très saillants et 
d’après M. Krohn, très latéro-antérieurs ; le bord inférieur du globe oculaire est très saillant 
et comme tuberculiforme. 


DÉCAPODES 87 

Bras sessiles inégaux ; les latéraux beaucoup plus forts, et plus longs que les supérieurs 
et les inférieurs. Ceux de la 1." paire sont arrondis, coniques, longs des deux tiers du 
corps et fournis d’une légère crête natatoire. Ceux de la 2. sont beaucoup plus gros que 
les précédents, larges comme le corps, comprimés et munis d’une crête natatoire bien dé- 
veloppée. Ceux dela 3.° sont de la même grosseur et de la même longueur que ceux de 
la 2, mais munis d’une crête natatoire très large. Ceux de la 4.° sont semblables à ceux 
de la 1. en grosseur et en longueur, mais arrondis et sans crête natatoire apparente. Tous 
ces bras sont armés d’une double rangée de crochets ou de griffes articulées, tournantes 
sur elles mêmes, enveloppées d’une membrane conique très élastique ou d’une gaine char- 
nue, dont l'extrémité est légèrement fendue, de manière à ne laisser sortir que le bout du 
crochet. Bras tentaculaires filiformes, non rétractiles, plus courts que le bras de la 1." et 
2 paires, et terminés par une petite massue en fer de lance, armée de six à sept cupules. 
. Membrane ombellifère nulle. 

Bouche entourée de deux lèvres charnues, dont l’interne assez forte et ciliée, ainsi que 
d’une petite membrane buccale, qui (dans l’alcool) ne dépasse pas la lèvre, et se trouve 
rattachée aux bras par huit brides. 

Tube locomoteur sans valvule et soutenu par deux brides. 

Lame cornée, occupant toute la longueur du corps, ovale, lancéolée, attenuée en avant, 
parfaitement identique à celle du Calmar ordinaire. 


Proportions. 
Leur taille varie de trois à cinq décimètres. 


Couleur. Vivant, ce céphalopode est d’un blanc-hyalin; l’extrémité des bras sessiles, d’un 
rouge-lie de vin très vif, par l’agglomération des points chromophores ; tout le corps est 
couvert de points chromophores très fins, obscurs, quand ils sont contractés, et roussâtres, 
quand, aux approches de la mort, ils se dilatent. 

Conservé dans l’alcoo!, il est d’un blanc-rosé jaunâtre, un peu transparent: on y remarque 
encore, sur le dos et le long des bras, les points chromophores, quoiqne très décolorés. 


Rapports et différences. 


La forme ovale de son corps presque entièrement occupé par la nageoire, la proportion 
des bras entre eux, les latéraux étant de beaucoup plus développés que les supérieurs et 
les inférieurs ; la petitesse des bras tentaculaires jointe au caractère des cupules, qu’ils 
portent, quand les sessiles sont armés de grifles ; enfin la forme trapue de ce céphalopode 
le font distinguer au premier abord de tous ces congénères. 


Habitation et mœurs.. 


Ce céphalopode ne parait point rare dans le golfe de Messine, où il a été recueilli pour 
la première fois par M. Krohn et presque à la même époque par M. Ruppell. Les courants 
de la haute mer l'y entrainent probablement. La petitesse et la transparence semblent l’avoir 
soustrait jusqu'alors aux observations des naturalistes. 


88 CÉPHALOPODES 


Histoire. 


M. le Doct. Krohn, si connu par ses travaux anatomiques, est le premier naturaliste, qui, 
en 184%, pendant son séjour à Messine, observa ce céphalopode, que M. Ruppel eut à peu 
près à la même époque et dans la même ville. M. Ruppell cependant en donna le premier 
une Courte notice dans sa lettre à M. le Prof. Cocco, tout en déclarant que la découverte 
en appartenait à M. Krohn, et il le nomma, ainsi qu’ils en étaient convenus, Octopoteuthis 
Sicula. À son retour de Sicile, M. Krohn passa par Gènes, et me montra ce mollusque in- 
téressant ; je lui en fis le dessin, et je reconnus dans cette espèce nouvelle un vrai déca- 
pode, qui par le manque des bras tentaculaires, devait servir de point de transition entre les 
Octopodes et les Décapodes, si le caractère venait à être définitivement constaté, ainsi que 
je l'avais déjà énoncé dans le mémoire sur le Loligopsis Bomplandii de l'Océan, présenté à 
l’Ac. Roy. des Sc. de Turin. De retour chez lui, M. Krohn publia, dans les Archives de Zoo- 
logie de M. Wiegmann, la description et la figure de ce céphalopode, qu'il nomma Octopo- 
doteuthis Sicula ; il l'accompagna de quelques observations sur la place, qu’il devait occuper 
dans la série, observations basées sur les connaissances actuelles de la science. Un extrait 
de cette publication fut insérée dans la Revue Zoologique (avril 1846). 

L'année suivante, M. Krohn, s'étant rendu de nouveau à Messine pour y terminer son 
grand travail sur la propagation des Bifores, recueillit encore quelques exemplaires de ce 
céphalopode. Le hazard lui en procura deux très petits et jeunes: sur l’un il observa les 
traces des bras tentaculaires, qu’il trouva parfaits sur l’autre. Cette découverte importante , 
qui explique l’énigme du manque des bras tentaculaires sur plusieurs céphalopodes très 
bien observés, nous prouve que ces bras sont caducs à un certain âge et ne laissent au- 
cune trace de leur existence. M. Krohn, ayant constaté que ces bras portent des cupules 
au lieu de griffes, établit d’en former un genre nouveau. À son retour de Messine, il me 
communiqua sa découverte et me céda les deux individus-types de cette espèce avec l’auc- 
torisation de corriger l’erreur inévitable, dans lequel il était tombé. Je m'y refusai formel- 
lement: j’acceptai le don et priai M. Krohn de faire connaître lui-même sa découverture ; 
ce qu'il fit d’abord par une petite phrase insérée dans la revue Zoologique, puis par une 
publication accompagnée d’une figure rectifiée -et insérée dans les Archives de Zoologie de 
Wiegman , continués par M. Erichson , en avril 1846, sous le nom de Verania Sicula. 


NEUVIÈME GENRE. 
CALMAR. LOLIGO. Lama. 


Corps charnu, cylindrique, allongé ou fortement subulé; nageoires réunies sur le dos, 
n’occupant au maximum que les cinq septièmes du corps, plus souvent beaucoup moins. 
Appareil constricteur formé d’une fossette oblongue, entourée d’un bourrelet, placée sur la 
base du tube locomoteur, et d’une crête linéaire saillante, sur le bord interne du corps 
(appareil simple : Loligo de M. D’Orbigny) ou bien formé d’abord d’une fossette perpendi- 
culaire, conique, communiquant par un étranglement avec une petite fossette horizontale , 


DÉCAPODES 39 


entourée d’un bourrelet saillant, le tout dessinant un triangle assez relevé, placé sur la 
base du tube locomoteur; et puis d’un tubercule se prolongeant dans sa partie supérieure 
en crête décroissante, ayant la forme d’un nez; et enfin d’une petite crête horizontale in- 
férieure sise sur le bord interne du corps. (Appareil compliqué : Ommastrephes de M. 
D’Orbigny ). 

Yeux couverts par les téguments de la peau, à petite ouverture (Loligo): ou à grande 
ouverture (Ommastrephes). 

Membrane ombellifère nulle, sauf entre les bras de la 5.° et de la 4. paires ; où elle est 
bien prononcée, et se prolonge le long de ces derniers. 

Bouche entourée de deux lèvres charnues, dont l’intérieure grosse et ciliée, et d’une 
membrane buccale octogone, conique, couronnée de lobes plus ou moins aigus, garnis 
quelquefois en dedans d’une double rangée de cupuies, et attachée aux bras par huit 
brides. 

Lame dorsale cornée, flexible, en plume ovale, plus ou moins lancéolée, ou linéaire, plus 
ou moins spatulée, terminée souvent en godet. 

Les vrais Calmars de M. Lamark, ont été subdivisés en Calmars plumes, et en C. flêches 
par M. De Blainville. M. D’Orbigny les a ensuite subdivisés d’une manière plus tranchante, 
renvoyant les uns à sa division des Oigopsidés, aux yeux largement ouverts en dehors en 
contact immédiat avec l’eau, les autres à celle des Myopsidés, aux yeux recouverts en 
dessus par une continuité des tégumens sans contact immédiat avec l’eau. Dans la première 
division, il comprend la famille des ZLoligopsidae et celle des Teuthidae, dont le caractère 
est la présence d’un sinus lacrimal ete. Il crée dans cette famille le genre Ommastrephes 
pour les Calmars flêches de M. De Blainville et leur assigne pour caractère un appareil de 
résistance très compliqué, des membranes protectrices des cupules, un osselet en flèche 
corné, pourvu d’un godet inférieur. Dans la seconde division, il comprend la famille Sepidae 
et Loligidae, qu’il caractèrise par le manque de paupière ; et le genre Loligo a pour ca- 
ractère générique un appareil de résistance simple et un osselet en plume cartilagineuse et 
sans godet. Je regrette vivement que le travail de M. D’Orbigny n’ait point été achevé et 
que cette classification n’ait point eu un entier développement. Embarrassé par mon Calmar 
Bianconi, qui a tout le facies et le godet de la lame cornée del Calmars flêches, ainsi 
que les yeux, l’appareil de résistance, et la lame cornée des C. plumes, j'ai cru faire au 
mieux d'attendre de nouveaux éclaircissemens, avant de l’adopter. 


À. Appareil constricteur simple ; yeux couverts par les tégquments de la peau. 


N. 1. C. COMMUN. L. VULGARIS. Lamark. PI. 54. 


Lamark , Carus, Blainville, Payraudeau, Risso , Delle Chiaje, Cantraine, Phihppi, 
Féruss. et D'Orbigny. Oper. cilat. 
Sepia loligo. Linn., Gmel. 3130. N° 4. 
Loligo magna. Rondelet, Bellon, Pennant. Oger. citat. 


Corpore carneo, pellucido, cilindrico, apice attenuato et obtuso , alis subromboïdeis, bis 
tertiam sacei longitudinem occupantibus: lamina dorsali ovali-lanceolata, antice attenuata. 
12 


90 G CÉPHALOPODES 


Corps charnu, transparent, cylindrique, allongé, tronqué en avant, formant à la partie 
médiane supérieure un angle saillant et sur la partie latérale inférieure deux petits angles 
très proéminents, de sorte que le bord de l’ouverture est sinueux, et donne la configuration 
de trois enfoncemens concaves, dont l’inférieur est le plus petit: acuminé postérieurement 
et portant deux nageoires réunies supérieurement, dont la forme est un rhomboïde, qui 
occupe plus des deux tiers du sac; appareil constricteur simple. | 

Tête plus petite que le sac, arrondie, un peu comprimée; orbites des yeux peu saillants, 
gros et aplatis: yeux couverts par les tégumens de la peau, qui sont transparents, et pro- 
iégés en outre par une fausse paupière arrondie, produit d'un repli de l'iris. 

Crête auriculaire (de M. D’Orbigny) sur la partie postéro-inférieure des globes des yeux, 
très visible dans létat de vie, peu visible quelquefois après la mort: elle est couronnée de 
huit bras sessiles inégaux et de deux tentaculaires rétractiles. 

Bras de la 1.° paire, coniques et très comprimés latéralement; de la 2.° paire, presque 
triangulaires ; de la 5.° paire, très comprimés et munis sur toute leur longueur d’une 
membrane natatoire dorsale ; de la 4. paire enfin, carénés à la partie latérale inférieure, 
quasi quadrangulaires, la face interne étant la plus étroite. La 1." paire est la plus courte, 
la 4° plus longue d’un cinquième ; la 2.° dépassant la 4°; et la 3.°, un peu plus longue que 
la 2°, égale en longueur la moitié du corps. Ces bras sont tous armés d’une double rangée, 
très raprochée, de cupules globuleuses alternantes, décroissantes dès la base, et se conti- 
nuant jusqu à l'extrémité, au nombre de 70 par rangées : ces cupules sont portées par un 
court pédicule conique, ont l’ouverture oblique, large et munie d’un cerele corné, fine- 
ment denté en scie, sur environ la moitié de sa circonférence. Bras tentaculaires une fois 
et demi longs comme le corps, cylindriques et développés en grosse massue lancéo- 
lée, garnie de quatre rangées de cupules pédonculées très inégales: les rangées internes 
sont composées de 6 à 7 cupules très grosses sur le centre et décroissantes vers les deux 
extrémités : leur ouverture est horizontale et pourvue d’un cercle corné, dont la moitié 
supérieure est armée de très petites dents coniques et espacées, et la moitié inférieure est 
édentée, quoique quelquefois armée au centre inférieur de trois à quatre dents, égales aux 
autres. Les petites cupules des rangées latérales alternent avec les grosses , et couvrent 
l'extrémité de la smassue; elles sont fournies aussi de cercle corné denté. 

Membrane buccale, garnie, sur la paroi interne des lobes couronnant son ouverture 
d’une double rangée de très petites cupules alternantes. 

Tube locomoteur, en partie enchässé dans la tête, et soutenu par Les fortes brides. 

Lame dorsale cornée, ovale, plus ou moins lancéolée selon les sexes, à extrémité lé- 
sérement aiguë, pédonculée ou atténuée antérieurement, 

Les femelles ont toujours le corps plus allongé. 


Proportions. 
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; : mâle 0,340 femelle 0,350 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires = : : 0,022 : 0,230 
Longueur du corps . : : : : : : : : 0,137 : 0,140 
Diamètre du corps : ; : à : : : ; 0,034 : 0,033 


Largeur de la tête . : : : i é 0,029 ; 0,028 


DÉCAPODES 91 


Largeur de la nageoire " ; 4 : 3 0,090 0,089 
Hauteur de la nageoire é ’ , , . k * : 0,100 , 0,102 
1. paire . : : : ET 0,050 ; 0,050 

ne bn ne , : : ; ; 0,065 | 0,065 
| | ON 00 
es 000: . “UOUU 

Longueur des bras tentaculaires . ; : 0,190 0,190 


Couleur. Vivant et dans un état de parfaite tranquillité, tont le corps de ce céphalopode 
est d’un blanc-hyalin transparent, fortement irisé, sur lequel se détachent brillamment l’ar- 
gent bruni des yeux, ainsi que quelques reflets argentés le long des bras et à travers le 
corps, où l’on distingue tous les organes qu’il contient, et surtout l’argent mât, qui 
couvre la vessie du noir. Une belle teinte bleue, passant au vert anglais irisé d’argent, et 
quelquefois nuancé de jaune, colore la partie supérieure des globes des yeux; la pupille 
est presque constamment couverte d’une fausse paupière bordée aussi d’argent. La partie 
inférieure de la tête refléchit les couleurs de l’opale la plus brillante; mais au moindre 
mouvement, ces réflexions adoptent les diverses teintes de jaune, d’orangé, de rouge, de 
violet et de bleu. Dans cet état, les points chromophores sont tellement contractés qu’on 
n’en aperçoit aucune trace: cependant au moindre mouvement qui linquiète, les points 
chromophores apparaissent sur toute la surface du corps: ils sont au premier abord très 
petits et d’une teinte rouge-violet très obscur ou teinte neutre; puis ils se dilatent, et 
se colorent d’un rouge-laque carminée. Le jeu de ces points n’est jamais uniforme : dans 
certains endroits, ils s’épanouissent complétement, quelquefois même ne se resserrent pas 
et restent immobiles pendant assez longtemps ; dans d’autres, le jeu est continu et très pré- 
cipité ; dans d’autres enfin, les points chromophores apparaissent sur la peau sans s'épanouir, 
puis se retirent et disparaissent de nouveau; c’est alors une apparition et une disparition 
de points à teinte neutre. Il arrive quelquefois que les points ne semblent point arriver 
jusqu’à Ja surface de la peau ; et le jeu étant plus profond, ils sont d’une teinte plus pâle. 
On remarque enfin que ce céphalopode se nuage en tout sens de laque-carminée très bril- 
lante , qui se voile, selon la volonté de l'animal, de violet ou de jaune doré très brillant. 
On voit souvent ces grandes taches, à fond rosé assez vif, couvertes de points ovales, d’une 
teinte laque plus obscure, et de plus gros points clair-sémés et blanchâtres, portant sur 
leur centre un point plus obscur; souvent aussi ces derniers manquent entièrement, et la 
peau de ce céphalopode est d’une teinte rouge laque-vineux clair uniforme, parsemé de 
points ovales rouge-vineux, les uns plus clairs, les autres plus obscurs. La partie inférieure 
est. nuagée de taches produites par la réunion des points chromophores irréguliers, les uns, 
très dilatés, rouge passant au Jaque-clair, d’autres, contractés, laque passant au violet. Elle 
est généralement couverte de points chromophores épars, très fins, rose-laque et teinte 
neutre. On observe encore sur cette partie, de grandes stigmates ou taches oblongues, for- 
mées par la réunion de points chromophores rouge-rouille : les taches caractéristiques de 
cette espèce , plus remarquables sur les grands individus , ne disparaissent que bien longtemps 
après la mort. Les points chromophores ne se montrent jamais sur les côtés latéro-inférieurs 
des bras inférieurs, sur la surface inférieure de la tête et de la nageoire; ceux qu’on re- 
marque sur cette dernière partie, appartiennent à la surface opposée; et c’est par l'effet 


92 CÉPHALOPODES 


seul de la transparence de la membrane qu’on les aperçoit. Il arrive souvent que le corps 

. A , x 
de ce céphalopode est tout couvert de points chromophores, quand la tête n'en a aucun; 
d’autres fois c’est le contraire. 


Rapports et différences. 


Ce céphalopode se distingue au premier abord de tous ces congénères de la Méditerranée 
par sa nageoire, qui occupe plus des deux tiers de son corps; par la grosseur de la massue, 
qui termine les bras tentaculaires, et la grande disproportion des cupules, qu’elles portent; 
enfin par son coloris rouge-carminé très brillant. D’après les communications, que j'eus dans 
le temps de feu M. le Baron De Férussac, il paraît que le Vulgaris de la Méditerranée, 
n’est pas identique avec celui de l'Océan ; car ce dernier est toujours d’un rouge-brique , 
sa massue est plus petite et la disproportion des cupules , qu’elle porte, est bien moindre. 


Habitation et mœurs. 


Cette espèce très commune dans la Méditerranée et dans l'Océan, se rencontre sur les 
parages de l'Italie dans toutes les saisons, mais plus abondamment en automne; époque 
où a lieu son passage par grandes bandes. On en prend quelquefois de grandes quantités 
dans les Mandragues, qu’on tend pour le retour des Thons ; on la pêche aussi avec le filet 
appelé Mugeliera, mais seulement pendant la nuit. Les traines en retirent toute l'année 
des fonds vaseux ou sablonneux, abbondamment cependant pendant les pleines lunes. Ces 
céphalopodes sont généralement à la suite des petits poissons, dont ils se nourissent: on 
en prend aussi au trident et très rarement à l’hamecçon. Ce céphalopode arrive au poids 
de 10 kilogrammes: des pêcheurs de Nice m'ont assuré en avoir vu de plus gros : j’en ai 
examiné un qui dépassait un mêtre, non compris les bras tentaculaires; et j’ai eu une lame 
dorsale de 65 centimètres. Ordinairement ces grands individus échouent sur la plage, où 
on les trouve morts. Sur le marché de Gènes on n’en a jamais vu pesant 3 kil. 

Le Calmar commun est de tous les céphalopodes, sauf les petites espèces, le plus estimé; 
quand il n'arrive pas à une très grande taille, il est plus tendre que la Sèche et a un 
goût moins marqué. Il a l’honneur d’être servi sur les bonnes tables et ne figure jamais sur 
celle du bas peuple. On le nomme Calamaru en Sicile; Calamari en Sardaigne; Totano 
à Gènes; Calamaro en général en Italie; et Taute à Nice. 


Histoire. 


Le Calmar commun est un des céphalopodes connus par Aristote, qui l’appelait Teuthus 
ou Teuthis. Rondelet, Bellon, Salviani, Aldrovande etc. le figurérent et le décrivirent sous 
le nom de Loligo magna où major. Linné lui donna le nom de Sepia loligo. M. Lamark, 
dans son mémoire à la Soc. d’hist. naturelle, le changea en celui de L,. vulgaris, qui fut 
adopté par tous les naturalistes. 


DÉCAPODES 93 
Variété. 


J'ai observé et dessiné une variété de cette espèce, assez remarquable; variété dont les 
nageoires n’occupaient pas même les deux tiers du corps, et les bras tentaculaires dans 
leur entier développement n'avaient que le double de la longueur des bras sessiles les plus 
longs : leur massue était très grande et armée de cupules moins disproportionnées. Tout le 
corps était d’un blanc-rosé transparent, couvert de points chromophores teinte neutre, ex- 
cessivement fins, et quelques-uns dilatés, plus gros et plus obscurs; et nuagé de rose et 
de jaunâtre par des points chromophores de ces mêmes couleurs et très fins: on ne di- 
stinguait aucun reflet argenté sur le corps, excepté sur l'iris, qui était très brillant. Ce 
céphalopode avait deux décimètres de longueur. 


N. 2. C. BERTHELOT,. ZL. BERTHELOTII. Verany. PI. 56. fig. h-k. 


Verany, Act. de l'Ac Roy. des se. de Turin. Loc. citat. 


Corpore carneo, pellucido, cilindrico, ellongato, apice rotundato ; alis rhomboïdeo- 
rotundatis, dimidiam sacci longitudinem occupantibus, lamina dorsali ovali-lanceolata 
antice attenuata. 


Corps charnu, transparent, cylindrique, allongé, tronqué en avant, formant sur la 
partie médiane supérieure un angle arrondi peu saillant, et sur la partie médiane inférieure 
une petite échancrure concave ; extrémité postérieure arrondie, portant deux nageoires réu- 
nies, de manière à dessiner un rhomboïde régulier à angles arrondis, qui occupe la moitié 
du corps. 

Tête ronde, plus petite que le corps, munie de deux yeux médiocres, dont les orbites 
sont peu saillants, et de crêtes auriculaires postéro-inférieures peu marquées; couronnée de 
huit bras sessiles conico-comprimés et inégaux. 

Bras de la 1." paire, la plus courte; 2.° et 4.°, égales entre elles, et un peu plus longues 
que la 1.*; 3.° paire, la plus longue de toutes et le double de la 1.", La 2. et la 4.° 
paires sont munies d’une légère crête natatoire; cette crête est plus développée sur la 3.°. 
Tous ces bras sont pourvus d’une double rangée de très petites cupules globuleuses, por- 
tées par un petit pédoncule pyramidal et percées obliquement d’une ouverture, dont le cercle 
corné est très finement denté. Bras tentaculaires rétractiles, doublant en longueur les bras 
de la 3° paire, et aussi longs que le corps, terminés par une massue lancéolée, chargée 
de quatre rangées de cupules, dont les deux rangées médianes, composées de cupules très 
grosses au centre et décroissantes aux deux côtés; et les deux rangées externes , très pe- 
ttes et presque égales en grosseur : ces cupules sont placées sur un pédoncule pyramidal, 
dont l’ouverture est horizontale, et sont armées d’un cercle corné finement denté: les 
dents en sont coniques et espacées. La massue porte sur son extrémité dorsale une crête 
patatoire bien développée. On ne voit aucune trace de cupules sur la membrane buccale: 
les deux lobes inférieurs, qui la couronnent, sont très rapprochés. 

Lame dorsale, cornée, ovale-lancéolée, à extrémité obtuse, et pédonculée antérieurement, 


94. CÉPHALOPODES 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : : : 0,065 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . 0,052 
Longueur du corps . $ ; : : : à ; : : : , 0,030 
Diamètre du corps  . : Fr 0,011 
Largeur de la tête - - : ; : : - ; - : : à 0.009 
Largeur de la nageoire ; à : ; : - ; ‘ : : . 0,017 
Hauteur de la nageoire : : ; ; : : - = : à 0,014 
4. paire . Ë : : : ; ; , : 0,011 

OT. : : : 0,013 

Longueur des bras  — ; ; 0,017 
tentaculaires  . , ; : : É + - 0,030 


Couleur. Vivant, ce céphalopode est d’un bianc-hyalin peu transparent. Les globes des yeux 
portent sur la partie supérieure une belle tache bleue, irisée au centre par un reflet doré. 
Il est entièrement couvert de gros points chromophores réguliers, rapprochés, d’une teinte 
neutre, très obscurs sur la partie médiane supérieure du corps et de la tête, rouge-laque 
sur les côtés du corps et le long des bras, jaune-clair sur la partie médiane inférieure du 
corps. Ces gros points manquent sur l’entonnoir et la nageoire. 

On remarque des points rouge-laque, très fins sur la nageoire, sur l’entonnoir, sur les 
côtés du corps et le long des bras, surtout vers les extrémités de ceux-ci où ils sont très 
rapprochés. D’autres points égaux, d’un jaune très vif, couvrent la partie médiane dorsale 
du corps, de la tête et l’entonnoir. | | 

Tous les individus de cette espèce, que j'ai eu vivants, ont offert les mêmes résultats à 
mes observations ; et pendant tout le temps qu’à duré le jeu des points chromophores, 
je les ai vus constamment comme je viens de les décrire. 

Dans l'alcool les points chromophores se conservent assez bien ; les jaunes seuls dispa- 
raissent. 


Rapports et différences. 


Cette espèce, que M. D’Orbigny croit être les jeunes individus du C. commun, me parait 
en différer par l’extrémité de son corps arrondie, par ses nageoires rhomboïdales à angles 
très arrondis, et n’occupant que la moitié du corps, et enfin par ses points chromophores. 
Les jeunes C. communs , que j’ai cru devoir observer, ont le corps conique, à extrémité 
un peu arrondie, mais légèrement acuminée ; les deux nageoires, de forme semi-lunaire 
et réunis à leur base; ils ne sont colorés que par quelques points chromophores épars, 
d’un rouge-laque .clair. | 


Habitation et mœurs. 
J'ai rencontré assez rarement ce petit Calmar au milieu des poissons, qu’on prend de 


sept. à nov.; et il est très facile de le distinguer au premier abord des vrais C. communs 
jeunes, et de mon C. Lamarmora, qui se trouvent plus fréquemment à cette époque. 


DÉCAPODES 95 
Histoire. 


Je décrivis cet espèce dans mon mémoire présenté à l’Ac. Roy. des scienc. de Turin, 
qui fait partie du Vol. 1., 2.° série de l’année 1836. M. D'Orbigny, dans une de ses lettres, 
me déclara que ce céphalopode n’était qu’un jeune âge du C. commun, et dans la mono- 
graphie, genre Galmar PI. 22. fig. b. c., il le représente sous ce nom. Je regrette vivement 
de n’avoir point le texte de cet ouvrage, car il m'aurait aidé à rectifier mon erreur. Je 
dois ajouter cependant que depuis cet avis j’ai eu encore plusieurs exemplaires de ce cé- 
phalopode ; que les ayant ouverts , j'ai trouvé dans des individus, qui dépassaient à peine 
5. décimètres de longueur, leur ovaire rempli de grappes d’œufs très visibles, et presque 
de la grosseur de ceux qu’on observe dans le C. Lamarmora. Je n’ai point obtenu de sem- 
blables résultats dans mes recherches sur les jeunes C. communs que j’ai pourtant observés 
d’une taille plus forte. 


N. 5. C. LAMARMORA. L. MARMORAE., Nerany. PL. 37. 


Verany, Mém. de l’Ac. Roy. des sc. de Turin. 
L. Subulata? Lamark. Cuvier, Delle Chiaje, Cantraine, Philippi. Oper. cit. 
Sepia media? Linn, Rondelet. Oper. cit. Encyclop. méthod. PI. 76. fig. g. 


Corpore carneo pellucido, cylindrico, elonyato, apice subulato, alis cordato-subulatis 
vel cordato-acuminatis, lamina dorsali, ovali-lanceclata, apice plus minusve stiliformi, 
antice atlenuata. 


Corps charnu, cylindrique, allongé, tronqué en avant, formant à la partie médiane su- 
périeure un angle saillant arrondi, et sur la partie médiane inférieure une petite échancrure 
légèrement concave ; extrémité postérieure fusiforme , plus ou moins subulée, portant 
deux nageoires réunies de manicre à donner la configuration d’un cœur plus ou moins 
aigu et subulé, et occupant au maximum les deux tiers du corps et au minimum moins de 
la moitié. 

Tête petite, arrondie, un peu déprimée; munie de deux yeux mèdiocres, à orbites peu 
saillants et à crête auriculaire postéro-inférieure assez marquée; couronnée de huit bras 
sessiles coniques, inégaux entre eux soit en grosseur, soit en longueur. 

Bras de la 1. paire, les plus courts et les plus minces ; ceux de la 2e, plus longs d’un 
tiers que les précédents ; ceux de la 4.°, plus longs que ceux de la 2.°; ceux de la 3.°, plus 
longs que ceux de la 4, et doublant la longueur de ceux de la 1%. La 2. et la 4€ paires, 
munis d’une légère crête natatoire; la 5.° paire pourvue d’une crête natatoire très déve- 
loppée. Tous ces bras sont armés d’une double rangée de cupules pédonculées alternantes, 
dont l’ouverture est oblique, petite et munie d’un cercle corné et trés finement denté 
sur la moitié de son contour (PI. 57. fig. 2). Bras tentaculaires rétractiles, donnant deux 
fois la longueur des bras sessiles les plus longs , développés à leur extrémité en massue 
lancéolée, garnie de quatre rangées de cupules. Les deux rangées internes décroissent du 
centre aux extrémités, celles du centre étant très grosses, celles des extrémités très petites. 


06 CÉPHALOPODES 


Les cupules des rangées latérales sont presque toutes de la même grosseur; leur ouverture 
est horizontale et armée d’un cercle corné ; les dents en sont trés fines et coniques. (PI. 57. 
fig. g). 

Membrane buccale sans cupules. 

Tube locomoteur sans valvules. Encre d’un noir parfait. 

Lame dorsale cornée, flexible, ovale, lancéolée, plus ou moins stiliforme, à partie anté- 
rieure attenuée. (PI. 37. fig. e. f). 


Proportions. 

. Longueur totale y compris les bras tentaculaires . 0,320 0.200 0,185 0,124 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires. 0,200 0,145 0,130 0,095 
Longueur du corps : : . : : : 0,120 0,096 0,078 0,066 
Diamètre du corps. : ; ; : : : 0,025 0,018 | 0,018 0,015 
Longueur de la nageoire ; : : : : 0,072 0,065 0,046 0,030 
Largeur de la nageoire . 0,042 0,031 0,031 0,021 
Largeur de la tête. ee 0000 606 0 0 

d. paire: -. : 0,040-:.:0,094 = 0.891 0.016 

| de, 0,050 0,032 ‘0,032 0.022 

He | de 2 A à O0 CG 
+ : ; . 0,052 0,038 0,038 0,024 

Longueur ües bras tentaculaires . ‘ - ; 0,180 0,090 0,090 0,055 


Couleur. Vivant et dans l’état de tranquillité, ce céphalopode est d’un blanc-hyalin trans- 
parent; les globes des yeux sont colorés d’un bleu brillant et irisés d’un reflet doré. Tout 
le corps est clair-semé de points chromophores très fins et d’une teinte neutre; en se di- 
latant, ces points passent au rouge-vineux, les uns extrèmement fins, les autres assez 
gros : ils sont très visibles sur la tête et le long des bras supérieurs : quelques-uns le sont 
aussi sur la partie dorsale du corps. (PI. 57. fig. c). Au moindre mouvement, il se couvre 
en dessus d’une teinte jaunâtre, produite par des points chromophores à peine perceptibles 
à la loupe, et d’autres points chromophores ovales assez rapprochés, les uns d’un rouge vif, 
les autres rougeätres, d’autres encore roses. Sur les globes des yeux, ces points sont plus 
petits, d’un brun très obscur et disparaissent sur les nageoires. Hors de l’eau, ce cépha- 
lopode est d’un blanc-rosé opaque: toute la partie supérieure, la partie latérale, la partie 
latérale inférieure du sac, la partie supérieure de la tête, tous les bras, la massue-des bras 
tentaculaires et Pextrémité de l’entonnoir sont couverts de points chromophores ovales, 
clair-semés, rose-laque assez vif; qnelques points de la même couleur, très fins et dissé- 
minés avec les autres, couvrent toute la face médiane inférieure du corps, où ils sont 
très clairs. Les points manquent sur le bord de la nageoire, le long des bras tentaculaires, 
et sur la partie inférieure de la tête. (PI. 57. fig. a. b). Ce céphalopode se décolore assez 
vite et devient d’un blanc-jaunâtre opaque: conservé dans l'alcool, si toutefois il y a été 
plongé encore très frais, les points se conservent assez bien. 


Rapports el différences. 


à] 


Cette espèce, que je me décidai à publier comme nouvelle, vu que M. De Blainville lui 
donne pour caractère. « Corps terminé en arrière par une assez longue pointe caudale, que 


DÉCAPODES 97 


. » n’accompagnent pas les nageoires ». Ce qui n’est pas dans celle-ci, diffère en outre du 
subulata de M. Delle Chiaje par la pointe médiane dorsale antérieure du sac, qui est ar- 
rondie et que M. Delle Chiaje décrit et figure aiguë, et par le cercle corné des cupules 
denté ou semi-denté, que M. Delle Chiaje décrit sans dents. Elle diffère aussi du subulata , 
figuré par M. De Férussac (PI. 17) d’après le dessin de M. D'Orbigny, qui a les bras sessiles 
égaux entre eux, et le corps très subulé, ne les ayant jamais vérifiés ainsi dans mon 
espèce. Mes études postérieures m'ont mis à même de me persuader que mon C. Lamarmora 
n’est que le C. subulé: de M. Delle Chiaje; je F'ai figuré pourtant sous ce nom parceque 
d’après la nouvelle planche (genre Calmar PI. 25) donnée par M. D'Orbigny dans la con- 
tinuation du travail de M. De Férussac, le subulé de POcéan a son corps fortement subulé ; 
les nageoires à la partie supérieure, quasi rhomboïdales, à angles latéraux bien marqués ; 
puis les bras tentaculaires très courts et tous les bras proportionellement plus courts que 
dans celui de la Méditerranée. M. De Férussac dans sa correspondance m'avait déjà participé 
quelques doutes sur l’identité de l'espèce de l'Océan avec celle de la Méditerranée. 


Habitation et mœurs. 


Ce céphalopode vit dans toute la Méditerranée et se rencontre toute l’année à peu de 
profondeur ; on le prend abondamment au printemps et en automne, époque où, au moyen 
des dragues, l’on fait la pêche aux jeunes sardines et anchoix, qu’il suit dans leurs migra- 
tions et dont il parait se nourrir. Sa chair est très tendre, légère et délicate, aussi est- 
il recherché comme friandise. Les pêcheurs le distinguent fort bien ; ils l’appellent à Génes 
 Totaneto, et ne le confondent jamais avec le jeune C. sagittata, qu’ils nomment Calamareto, 
diminutif de Calamario: en Sardaigne, il porte le nom de Calamareddu; dans le reste de 


l'Italie, celui de Calamareto. 
Histoire. 


Ce céphalopode est du nombre de ceux qu’Aristote connaissait. Rondelet, Aldrovande, 
Gesner etc. l'ont décrit et figuré sous le nom de ZL. parva, et Linné le classa sous celui 
de Sepia media. M. Lamark, dans son mémoire, lui donna celui de L. subulata, géné- 
ralement adopté par tous les naturalistes, qui l’ont suivi. M. Delle Chiaje la décrit et figuré 
en émettant le doute que ce püt être une variété du C. commun. M. Cantraine, dans sa 
malacologie, n’approuve pas ce doute; puis il ajoute « que ses nageoires ne s’étendent pas 
» jusqu’à l’extrémité du sac, qui est libre et terminé en pointe subulée ». Ce que je n’ai 
jamais vérifié. M. Philippi, dans son Enumeratio molluscorum Siciliae, le cite aussi; mais 
il dit dans sa phrase, alis angustis caudae subulatue adnatis et distinctis. I reste donc 
à confronter cette espèce avec celle de l'Océan; si leur différence est constatée comme il y 
a toute apparence, d’après la belle planche donnée par M. D’Orbigny, le nom, que j'ai im- 
posé à celui-ci, pourra se conserver ; car celui de subulata appartient à l'espèce de l'Océan, 
sur laquelle M. Lamark a fait sa description : en cas contraire, ils devront se réunir tous 
les deux sous le nom primitifs de Lamark. 

15 


# 


98 CÉPHALOPODES 


N. 4. C. MENEGHINI. L. MENEGHINII, Verany. PI. 55. fig. c. d. 


Verany, Congrès scienlif. de Gênes. séance du 26 sept. 
Actes du congrès de Gênes, pag. 513. 


Corpore carneo , conico, apice acuminato, alis rotundalis non dimidiam saccr longi- 
tudinem occupantibus, lamina dorsali cornea . . . . . 


Corps charnu, conique, tronqué en avant; ouverture grande et décrivant sur la partie 
médiane supérieure un angle trés peu saillant et à la partie médiane inférieure un très 
petit sinus concave; extrémité postérieure acuminée, portant deux nageoires semi-circulaires, 
réunies sur la partie supérieure, et formant une nageoire presque bilobée et échancrée sur 
l'extrémité du corps, dont elle occupe un peu moins de la moitié. 

Tête légèrement comprimée, grande, munie de deux yeux médiocres, dont les orbites 
sont assez saillants, et la crête auriculaire peu marquée; couronnée de huit bras sessiles 
très irréguliers, et proportionellement très longs ; ceux de la 1." et de la 2.° paires, de même 
longueur: ceux de la 5. et de la 4°, plus longs que les précédents de plus d’un tiers, 
plus longs aussi que le corps, et égaux entre eux. On ne remarque sur aucun d’eux de 
membrane natatoire. Tous ces bras sont armés d’une double rangée de très petites cupules 
alternantes, portées sur un pédoncule très court. Bras tentaculaires une fois et demi plus 
longs que le corps, à extrémité très peu développée en massue: cette massue est armée de 
deux rangées de cupules microscopiques. 

Tube locomoteur assez gros, pourvu d’une petite valvule et soutenu par deux brides. 

Lame cornée... inobservée. 


Proportions. 


Cette espèce ne dépasse pas deux décimètres de longueur. 


Couleur. Dans lalcool, ce céphalopode est d'un blanc-rougeñtre opaque. Toute la partie 
dorsale du corps, la tête et les bras sont couverts de points chromophores rouge-laque , les 
uns contractés et très petits, les autres dilatés et gros: ces mêmes points, gros, se montrent 
aussi sur la partie inférieure du corps et de la tête, où les petits points ont presque en- 
tièérement disparu. Ils sont très nombreux sur l'extrémité de tous les bras. La ligne médiane 


orsale est marquée de bleuâtre; et le globe des yeux est aussi fortement coloré de cette 
même teinte. 


Rapports et différences. 


Cette espèce, qui a beaucoup de rapport par la proportion de ces bras avec le C. Ales- 
sandrini, se distingue par son corps très conique à large ouverture, et ses bras tenta- 


culaires , dont l’extrémité n’est pas développée en large massue et qui ne porte que deux 
rangées de très petites cupules. 


DÉCAPODES 99 
Habitation et mœurs. 


C’est encore une des espèces recueillies à Messine par M. Krohn, qui se trouvait parmi les 
nouveautés, qu’il avait remarquées, et qu’il me céda afin d'en enrichir ma monographie. 


Histoire.\ 


C’est à la séance du 26 sept. du congrès scientifique de Gênes, que je publiai cette nou- 
velle espèce : j’en distribuai le même jour la figure au trait; et ma communication est 
insérée dans les actes de ce congrès, page 515. 


N. 5. C. ALESSANDRINI. Z. ALESSANDRINII. Verany. PI. 55. fig. f-h. 


v 


Verany, Congrès de Gëênes, et actes du congrès. Loc. citat. 


Corpore carneo, cilindrico, elongato, leviter conico, apice rotundato, alis rotundatis, 
ter quintam sacci longitudinem occupantibus, non sacci extremilalem superantibus. 


Corps charnu, cylindrique, allongé, légèrement conique, tronqué en avant; décrivant 
sur la partie médiane supérieure un angle très saillant, et sur la partie médiane inférieure 
un petit sinus concave ; extrémité postérieure arrondie, portant deux nageoires circulaires, 
réunies supérieurement en forme de nageoire bilobée, un peu dépassée par l'extrémité du 
corps, dont elle en occupe les trois cinquièmes. 

Tête assez large, un peu déprimée : munie de deux yeux, dont les orbites sont saillants, 
et la crête postéro-inférieure très peu visible; couronnée de huit bras sessiles longs, minces 
et très inégaux entre eux. Ceux de la 1. et de la 2.° paires, égaux, et de la longueur des 
deux tiers du corps; ceux de la 5.° et de la 4°, égaux, et plus longs d’un tiers que les 
précédents. On ne distingue sur ces bras aucune trace de crête natatoire. Ils sont tous armés 
de deux rangées de très petites cupules alternantes, portées par un pédoncule conique assez 
long. Bras tentaculaires rétractiles, deux fois plus longs que les bras de la 1." paire, dé- 
veloppés sur leur extrémité en large massue ovale, garnie de quatre rangées de cupules 
décroissantes en grosseur du centre aux extrémités ; les rangées externes sont les plus 
grosses; et les internes, très petites et toutes presque égales en grosseur. 

Tube locomoteur médiocre, soutenu par deux petites brides et pourvu d’une petite valvule. 

Lame cornée... inobservée. 


Proportions. 


Cette petite espèce a environ deux décimètres de longueur. 


Couleur. Dans l'alcool, ce céphalopode est d’un blanc-jaunâtre opaque. On voit tout 
le corps nuagé de gros points chromophores, dilatés, rouge-laque; ces mêmes points se re- 
marquent sur la tête et le long des bras. La ligne médiane dorsale est marquée par une 
teinte bleuâtre, ainsi que le globe des yeux. 


100 CÉPHALOPODES 
Rapports et différences. 


Cette espèce est bien caractérisée par son sac long, légèrement conique , à extrémité ar- 
rondie, qui dépasse la nageoire, et le distingue au premier abord du C. Meneghini, avec 
lequel il a beaucoup de rapport. La distinction en est encore plus nette et plus précise par 


le caractère de la massue des bras, armés de grosses cupules dans celui-ci, et à cupules 
à peine visibles sur l’autre. 


Habitations et mœurs. 


à] 


Cette espèce à été trouvée par M. le Doct. Krohn, dans le port de Messine: elle faisait 
partie des objects remarquables, qu’il avait recueillis pour moi. 


Histoire. 


C’est au congrès de Gènes que je fis connaitre cette espèce par une phrase caracteristi- 
que publiée dans les actes de ce congrès (pag. 513). 


N. 6. GC. BIANCONT. L. BIANCONI. Verany. PI. 35. fig. 2-L. 
Verany, Congrès de Gènes, séance du 26 sept. Actes du congrès , pag 513. 


Corpore carneo, cylindrico, conico elongato, apice acuminato, alis cordato depres- 
sis: dimidiam corporis longitudinem occupantibus, lamina dorsali, cornea flexibili, 
lineari-lanceolata, infundibulo terminali praedita. 


Corps charnu, cylindrique, conico-allongé, tronqué en avant; et décrivant à la partie 
médiane supérieure un angle peu saillant, et à la partie médiane inférieure un petit sinus 
concave ; extrémité postérieure très conique et légèrement subulée , portant deux nageoires 
réunies supérieurement en forme de cœur évasé un peu en fléche, et occupant la moitié 
du corps. 

Tête médiocre, munie de deux yeux petits, couverts par les téguments de la peau, percée 
d’une très petite ouverture ; les orbites en sont peu saillants. Elle est couronnée de huit 
bras sessiles courts et presque d'égale longueur entre eux ; ceux de la 1." paire et de la 
4, longs comme les trois cinquièmes du corps; ceux de la 2°, un peu plus longs, et ceux 
de la 5.° encore un peu plus longs et dépassant de peu la moitié du corps : ceux de cette 
dernière , sont pourvus d’une crête natatoire. Tous ces bras sont armés d’une double ran- 
gée, assez distante l’une de l’autre, de cupules alternantes, globuleuses, portées par un 
pédoncule si court qu’elles paraissent sessiles. Bras tentaculaires rétractiles, longs des deux 
tiers du corps, à extrémité développée en massue lancéolée; les rangées du centre, un peu 
plus grosses que les latérales. Comme dans les cupules des bras sessiles, le pédoneule est 
imperceptible. L’extrémité dorsale de la massue porte une crête natatoire. 

Tube locomoteur pourvu d’une très petite valvule, et soutenu par deux petites brides. 

Lame dorsale cornée, flexible, linéaire, lancéolée, à base très étroite et terminée par un 
petit godet conique, très aigu. 


DÉCAPODES | 101 
Proportions. 


Pas un des nombreux individus, que je possède de cette espèce, ne dépasse deux déci- 
mètres de longueur. 


Couleur. Dans l'alcool, il est d’un blanc-rosé opaque. On remarque sur le globe des yeux 
des taches bleues, et le long de la ligne dorsale, qui est rougeâtre, quelques séries de 
points chromophores rougeâtres, et assez gros, qui disparaissent sur les côtés du corps et 
manquent sur la nageoire et sur la partie inférieure. On voit les mêmes points, mais plus 
petits, sur la tête et le long des bras. 


Rapports et différences. 


Cette petite espèce a le facies des Calmars flèches et s’en distingue au premier abord 
par les yeux entièrement recouverts par la peau, par l'appareil constricteur simple et la 
lame cornée lancéolée, qui est cependant terminée par un petit godet très conique. 


Habitation et mœurs. 
C’est encore une espèce , que M. Krohn a recueillie abondamment à Messine. 
Histoire. 


Comme toutes les nouveautés, que me donna M. Krohn, j'ai publié cette espèce au con- 
grès de Gènes ; et sa description fut insérée dans les actes dn congrès de cette ville. 


B. Appareil constricteur composé; yeux largement percés dans la peau. 
N. 7. C. TODARE. Z. TODARUS. Dee Cnase. Pl. 33. 


Delle Chiaje, Anim. invert. Raffinesque, Philippi. Oper. cit. 
L. Var. Todariptera. Delle Chiaje , Mémoires. Tab. XCV. 
L. Maxima. Seba, Musc. IT. t. IV. fig. 1-2. 
Bruguière, ÆEnc. méth. PI. LXXVIL fig. 1. 
C. härpagon. Denis de Montf., Buffon, Moll. IT. 65. t. XIV. 
L. Sagittata. Lamark, Cuvier, Carus, Cantraine (adulte), Férussac. Oper. cit. 


Corpore carneo, cilindrico elongato, postice acuminato, alis triangularibus conjunetis, 
alam rhomboïdeam plus minus-ve sagittatam eformantibus, et dimidiam sacci longitu- 
dinem occupantibus : tentaculis non retractilibus ; lamina dorsali cornea, lineari, antice 
dilatata, postice ovali concava in infundibulum conicum desinenti. 


Corps charnu, cylindrique, tronqué en avant, décrivant à la partie médiane supérieure 
un angle peu saillant, et à la partie médiane inférieure une fossette concave:; extrémité 


102 CÉPHALOPODES 


postérieure acuminée, portant deux nageoires triangulaires réunies sur le dos en forme de 
nageoire rhomboïdale, en fer de lance plus ou moins aiguë, et occupant la moitié du 
Corps. | 

Tête grosse, arrondie, légèrement déprimée, portant deux yeux mobiles, gros et percés 
largement dans la peau, qui n’est pas transparente : cette ouverture présente un sinus médian 
supérieur, les orbites en sont peu proéminents: cette tête est munie à sa partie postérieure 
de 6 brides ou crêtes, qui la rattachent avec le cou; sa surface inférieure est creusée en 
espèce de niche, où se loge le tube locomoteur; elle est en outre couronnée de huit bras 
sessiles et de deux tentaculaires non rétractiles. | 

Bras de la 1." paire, conico-subulés, les plus gréles de tous ; ceux de la 4°, un peu plus 
forts et légèrement comprimés latéralement; ceux de la 2.° et 5°, plus forts que les autres, 
très comprimés latéralement, tous, à l'exception de ceux de la 1." paire, pourvus d’une 
crêle natatoire, très prononcée surtout sur la 5°. Ils sont à peu près de la même grosseur 
et ne dépassent point la moitié du corps: ils portent deux rangées de cupules alternantes, 
globuleuses, dont louverture, latérale est large et munie d’un cercle corné oblique, garni 
de 7 grosses dents coniques et crochues (PI 55. fig. 2); ces cupules sont placées sur un 
pédoneule pyramidal (PI. 53. fig. 1). Bras tentaculaires arrondis, lègèrement carénés sur le 
dos, longs un peu moins du double des bras sessiles, peu élargis en massue sur leur moitié 
postérieure, très comprimés latéralement vers leur extrémité et munis d’une crête natatoire 
terminale. Ils sont armés sur toute leur longueur de quatre rangées de cupules; celles des 
rangées externes, portées sur de très- longs pédoncules, sont presque égales et petites, sauf 
vers l’extrémité des bras, où elles sont microscopiques; les deux rangées internes vont en 
augmentant de grosseur d’une manière assez progressive jusqu'au troisième quart, où elles 
sont très grosses, puis diminuent tout-à-coup sur le dernier quart, et deviennent sur cet 
espace microscopiques comme les latérales. Le cercle corné des grandes cupules est hori- 
zontal, et leur contour est armé de petites dents coniques et cerochues, alternantes avec 
d’autres presque carrées (PI. 53. fig. 4); quelquefois ces dernières dents manquent sur la 
moitié inférieure du cercle (PI. 35. fig. 5). Le cercle corné des petites cupules latérales est 
globuleux, percé de deux ouvertures; celle de la base est horizontale et plus petite, celle 
de l’ouverture, latérale et dentée en scie. 

La membrane buccale conique est couronnée de 7 lobes pyramidaux, qui ne portent 
aucune cupule. 

Tube locomoteur logé dans un nine de la tête, soutenu par deux petites brides 
médianes, et deux grosses latérales, et pourvu d’une valvule. 

Osselet interne corné, flexible, linéaire, plus large dans sa partie supérieure, diminuant 
progressivement, très étroit dans sa partie inférieure , et terminé par une plaque ovale- 
lancéolée, légèrement concave, dont l’extrémité est creusée en godet conique et aigu. 


Proportions. 
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : : : 0,315 ; 0,315 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : : ‘ 0,245 : 0,250 
Longueur du corps  . 0,145 : 0,145 


Diamètre du corps : : 1 : : 0,031 ë 0,034 


DÉCAPODES 103 


Largeur de la tête : ; à $ ; : 0,032 0,035 
Largeur de la nageoire : - ; : : 0,080 ; 0,100 
Longueur de la nageoire : : s À 5 0,073 ; 0,080 

4. et 4. paires . rer ; 0,073 ; 0,080 
+ perds bras ER (el vu 
Longueur des bras tentaculaires . , 0,140 0,140 


Couleur. Dans l’état de vie, ce céphalopode est d’un blanc-livide peu transparent, se 
nuançant de bleu, de verdâtre et de rose irisé par des reflets argentés, qui brillent sur 
le corps, sur la tête et sur les bras supérieurs ; il est aussi nuagé par de grandes taches, 
qui passent du jaune-indien brillant à la terre de Sienne brülée, au rouge-vineux et au 
violet plus ou moins obscur : cette dernière teinte ne colore ordinairement que la partie 
médiane dorsale du corps et de la tête. Il est presque entièrement couvert de points chro- 
mophores, les uns ovales et clair-semés, les autres entièrement fins et très rapprochés: ces 
points d’un rouge-ferrugineux, plus ou moins obscur, se changent en rouge-rouille et en 
teinte neutre. Le bord de l’ouverture de la peau, qui laisse lœil à nu, est couvert quelque- 
fois de points de cette même teinte, si rapprochés qu’elle parait bordée de noirâtre; ce 
qui ajoute beaucoup d'éclat à l'iris, qui est d’un argent bruni très brillant. Hors de l’eau, 
il est en général d’une teinte vineuse uniforme plus obscure sur la partie médiane dorsale, 
un peu plus claire sur toute la partie inférieure. Il est alors entièrement couvert de points 
chromophores, tous d’une couleur neutre très obscure, disposés comme dans l’état de vie ; 
mais souvent on observe les points ovales cerclés d’un espace blanchâtre ‘sans points. La 
face interne des bras et la membrane buccale n’en portent aucuns. Hors de l’eau, le jeu des 
points chromophores se conserve pendant quelque heures. 

Quand il a perdu toute vitalité, et que le jeu des points chromophores a cessé, sa cou- 
leur est rouge-brique uniforme; les points sont très visibles et plus obscurs : mais peu à 
peu il se décolore, et toute la peau de ce céphalopode devient d’un rouge-jaunâtre sale. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue au premier abord du L. sagittata par ses formes moins élé- 
gantes ; par son Corps plus acuminé; par ses nageoires à lobes latéraux plus aigus; surtout 
par ses bras tentaculaires plus gros non rétractiles, garnis de cupules sur toute leur lon- 
gueur, un peu dilatés, mais non terminés en massue: enfin par son corps qui n’est jamais 
transparent. : 


Habitation et mœurs. 


Le C. todare se pêche accidentellement toute l’année dans la Méditerranée : on le prend 
quelquefois à l’hamecon à de médiocres profondeurs ; mais plus souvent encore il est ra- 
mené à fleur d’eau attaché aux poissons pris à la ligne, qu’il dévore; on le saisit alors 
avec un petit filet emmanché. Souvent aussi il échoue sur la plage. Je ne l’ai jamais ren- 
contré d’une taille inférieure à deux décimètres, et j’en ai mesuré un de 1,655 décimètres 
y compris les bras tentaculaires ; il pesait 12 kilogr. On en a pris à Nice de 15 kilogr. : 
et les pêcheurs m'ont assuré en avoir vu d’échoués dépassant ce poids. Sa chair est 
dure, coriace, aigre et malsaine ; aussi le porte-t-on peu sur le marché. Les individus de 


104 | CÉPHALOPODES 


moyenne grandeur se vendent au gens du peuple, qui le connaissent peu; sur le marché 
de Nice la vente en est prohibée. Cette espèce ne paraît par voyager par bandes ; car jamais, 
que je sache, on n’en a pêché une certaine quantité en même temps, ce qui arrive très 
souvent du sagütata et du vulgaris. Il porte à Gènes le nom de Caamà; à Nice celui 
de Taute sperlevat ; en Sardaigne celui de Calamari ou Todari; en Sicile celui de Todaru 
et à Messine celui de Totanu. 


Histoire. 


M. Delle Chiaje est le premier qui ait séparé très à propos le todarus du sagittata, 
espèce bien distincte par le facies et par le caractère des bras tentaculaires. M. Raffinesque 
(pag. 29 de son précis des découvertes sémiologiques), cite un Z. todarus sans aucune 
description. M. Lamark avait déjà indiqué deux variétés du sagittata, qu’il avait eu l'idée 
de séparer spécifiquement : il est cependant très difficile d'établir, si parmi ces deux variétés 
doit s'inscrire le todarus; car dans aucune des deux il ne parle des cupules, qui garnis- 
sent toute la longueur des bras, caractére trop tranchant pour être échappé à ce profond 
observateur : c’est pour cette raison , je crois, que M. Delle Chiaje n’a rappelé dans sa sy- 
nonimie aucune des variétés de Lamark. Toutefois la syronimie de cet auteur n’est pas 
plus claire, puisque pour la variété à il cite la fig. 1, et 2, de la PI. 4. de Seba. La 
figure première est un mauvais dessin du éodarus fait sur un individu contracté par Pal- 
cool ; aussi ne voit-on plus la crête natatoire des bras, et la nageoire est trés raccourcie. 
La fig. 2. puis, est sans aucun doute un sagittata. Pour la variété b, il cite le fig. 5 et 6 
de la PI. 5. du même auteur et les fig. 3-5. PI. 4. Les figures 5 et 6. PI. 5. ont beaucoup 
de rapport avec le sagittata jeune, la fig. 5. PI. 4. représente passablement un todarus, 
et les fig. 4 et 5 se rapprochent beaucoup de la même espèce; mais elle est plus petite. 

M. Cantraine dans sa malacologie n’admet pas les deux espèces ; il commet un erreur en 
regardant comme aduite le {odarus, et comme jeune le sagittata. Ayant observé et bien 
examiné une quantité de fodarus depuis la taille de deux décimètres jusques à celle de 
plus d’un mêtre et demi, ainsi qu’un grand nombre de sagittata, dont la taille variait de 
2 à 5 décimètres, je n’ai jamais révoqué en doute la différence spécifique de ces deux cé- 
phalopodes , et j’ai pu me convaincre que ce n’est point une différence d'âge, comme 
le pense M. Cantraine. De même que M. Lamark, ce savant regarde comme identiques les 
fig. 1 et 2. PI. 4 de Seba, figures qui, à mon avis, représentent les deux espèces; puis pour 
le sagiltata jeune âge, il cite les figures 1 et 2. PI. 77 de l'Encyclopédie méthodique, fi- 
gures dont les bras tentaculaires courts et garnis de ventouses sur toute leur longueur, bien 
indiquées sur cette mauvaise planche, ne laissent planer aucun doute sur son identité avec 
le todarus. Cependant il rapporte très à propos au sagittata la figure de Blainville (Malac. 
PL 1:06. 3), 

M. Cantraine n’a point cru admettre, comme caractères spécifiques valables, ni la gros- 
seur des bras sessiles proportionellement plus forts sur le {odarus que sur le sagittata, ni 
la différence des bras tentaculaires grêles, cylindriques, comme pédonculés et largement 
développés en massue terminale sur le sagittata; tandisqu’ils sont beaucoup plus courts, 
très développés en massue, garnis de cupules sur toute leur longueur et ne sont pas 
rétractiles sur le {odarus. Enfin si M. Cantraine, dans son court voyage, n’avait pas été 


DÉCAPODES 105 


absorbé par des observations plus importantes pour le progrès de la science, il aurait con- 
staté que les bras tentaculaires de presque tous les décapodes sont contractiles, et se cachent 
entièrement dans la cavité de leur tête. M. Philippi reconnait les deux espèces, basant 
leur différence sur les bras tentaculaires. M. le Prof. Carus, loco cit., a, sous le nom de 
sagiltata, passablement figuré un {odarus (PI. XXX); il ajoute dans sa phrase: fentaculis 
duobus reliquis octo longitudine superantibus. M. Risso décrit aussi sous ce nom le {odarus, 
puisqu'il dit: pinna triangulum acutangulum efformantibus, pour la quatrième paire (ten- 
culaires) « un peu moins longue que le corps, presque toute couverte de cupules ». 


N. 8. C. À PIEDS ÉGAUX. L. AEQUIPODA. Rurreus. PI. 53. fig. a. b. 


Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Giornale di gabinetio di Messina. 


Corpore carneo cilindrico, elongato, apice conico, ala cordato-rhomboïdea leviter 
compressa, quartam sacci longitudinem occupanti, tentaculis brevibus non rectractilibus. 


Corps charnu, cylindrique, très allongé, un peu conique, tronqué en avant; dessinant 
sur la partie médiane supérieure un angle peu saillant, et sur la partie médiane inférieure 
une échancrure concave médiane ; extrémité postérieure, conique et portant deux nageoires 
réunies sur la partie supérieure en forme de rhomboïde cordiforme, un peu plus large que 
haut, et dont les angles latéraux sont arrondis, cette nageoire occupe un peu plus d’un 
quart de la longueur du corps. 

Tête petite, fermant parfaitement l’ouverture du corps, un peu déprimée, munie de deux 
yeux médiocres, largement percés dans la peau, son ouverture décrit un sinus supérieur; elle 
est couronnée de huit bras sessiles courts et presque égaux. La 4.° paire en est la plus courte; 
la 1."*, de très peu plus longue que la précédente; la 2, un peu plus longue que la 4°; 
et la 5.°, encore un peu plus longue et égale aux deux cinquièmes du corps. La 1."° paire 
est conique, comprimée latéralement, quasi quadrilatère, à face interne, portant les cupu- 
les, très étroite. La 3.° est très comprimée et possède une forte crête natatoire, très large 
sur la moitié de sa longueur. Enfin la 4.° paire est quasi triangulaire à angle interne, 
portant les cupules, légèrement aplati. Tous ces bras sont armés d’une double rangée très 
rapprochée de cupules orbiculaires, à ouverture oblique, implantée sur un tubercule coni- 
que , et placées sur un petit pédoncule filiforme. Bras tentaculaires non rétractiles, dé- 
passant de fort peu la 3.° paire, un peu comprimés latéralement, presque triangulaires; 
l’angle latéro-dorsal est muni d’une petite crête natatoire, et l’angle interne porte 
sur les cinq sixièmes de sa longueur quatre rangées de petites cupules, dont les rangées 
internes sont plus grosses que celles des rangées latérales, tandisque celles du centre sont 
bien plus grosses que celles des extrémités. Toutes ces cupules se trouvent sises sur des 
pédicules si courts qu'on les croirait sessiles. 

Tube locomoteur enchässé dans une échancrure ovale de la tête, soutenu par deux pé- 
tites brides médianes, et deux fortes brides latérales. 

Lame cornée... Je n’ai pu me décider à sacrifier l’unique individu, que je possède de 
cette espéce. 

14 


106 | CÉPHALOPODES 
Proportions. 


M. Ruppell, qui a recueilli trois individus de cette nouvelle espèce, nous dit qu’elle arrive 
à la longueur de trois pouces; l’exemplaire, que m’a donné M. le Doct. Krohn, a 0,055. 


Couleur. Vivant, ce céphalopode est, d’après le rapport de M. Krohn, d’une teinte blan- 
châtre, tout couvert de petits points chromophores rouge-obseur ; le globe des yeux brille 
d’un bleu très foncé avec des reflets dorés. Moribond, les points chromophores se dilatent et 
sont d’une teinte rougeûtre très vif, qui colore tout le corps. 

Dans l'alcool, le bleu des globes des yeux est encore visible : la ligne médiane dorsale 
du corps est marquée par la réunion de points bleuâtres très fins; tout le corps est cou- 
vert de points chromophores dilatés et rougeâtres, et d’une infinité de plus petits de même 
teinte. Ces mêmes points couvrent toute la partie inférieure du corps et tous les bras; 
ils ne manquent que sur le bord supérieur des nageoires et sur toute leur surface infé- 
rieure. L’iris est argenté. | | 


Rapports et différences. 


Cette espèce a beaucoup de rapports avec le L. cylindracea de M. D’Orbigny, figuré dans 
la monographie (genr. Calmar PI. 21. fig. 5). D’après cette figure, Pespèce de M. Ruppell 
diffère de celle de M. D'Orbigny par son corps un peu conique et ses bras tentaculaires 
non développés en massue et pourvus sur presque toute leur longueur de quatre rangées 
de cupules; plus encore par les angles latéraux des nageoires arrondis sur l’aequipoda, 
tandis qu’ils sont anguleux sur le cylindracea. 


Habitation et mœurs. 


Cette espèce n’a été jusque’à présent rencontrée qu’accidentellement dans le détroit de 
Messine, où elle paraît être entrainée par les grands courants, qui y règnent. 


Histoire. 


Nous devons la connaissance de cette nouvelle espèce à M. Ruppell, qui en recueillit trois 
exemplaires à Messine, et prit date de cette découverte par sa lettre à M. le Prof. Cocco. 
M. Krohn en ayant eu un exemplaire pendant son second séjour dans cette même ville, 


l’unit aux nombreuses nouveautés, qu’il me céda à son retour: c’est sur cet individu con- 
servé dans l'alcool, que j'ai fait ma description. 


N. 9. C. SAGITTÉ. L. SAGITTATA. Lamank. PI. 31 et 32. 


Lamark, Cuvier, Blainville, Payraudeau, Cantraine ( jeune), Philippi, Delle Chiaje, 
Seba. Oper. cilat. 
Sepia sagitlata. Bosch, hist. nat. des vers 46. 
L. Bartramii? Féruss. et D'Orbigny , Monogr. Genr. Calm. PI. 2. 


DÉCAPODES 107 


Corpore carneo, pellueido, cilindrico, plus minusve elongato, postice acuminato, alis 
conjunctis, alam cordato-rhomboïdeam, vel sagittato-rhomboïdeam efformantibus, dimi- 
diam vel bis quintam sacci partem occupantibus : tentaculis pedonculatis retractilibus ; 
lamina dorsali cornea, lineari antice, dilatata postice, in infundibulum. conicum desinenti. 


Corps cylindrique, plus ou moins allongé, selon les sexes, tronqué en avant, donnant 
sur sa partie médiane supérieure un angle très peu.saillant, et sur la partie médiane in- 
férieure une échancrure concave: partie postérieure, acuminée et portant deux nageoires 
semi-rhomboïdales réunies sur le dos en forme de nageoire rhomboïde légèrement cordiforme, 
à angles latéraux anguleux, qui occupe au maximum la moitié, et au minimum les deux 
cinquièmes du corps. 

Tête arrondie, presque aussi grosse que le corps; munie de deux yeux largement ouverts 
dans la peau, qui est très transparente; l’ouverture décrit un sinus supérieur: les globes 
des yeux sont gros , aplatis et peu proéminents. Elle porte à sa partie latérale postérieure 
trois brides, qui la rattachent au cou, et à sa partie inférieure un enfoncement conique, 
où se loge le tube locomoteur: elle est couronnée de huit bras sessiles inégaux et de deux 
tentaculaires longs et rétractiles. | 

Bras de la 1."° paire, grêles, conico-subulés et légèrement comprimés; ceux de la 4, 
un peu plus longs d'environ un cinquième, légèrement triangulaires, et un peu plus gros 
que les précédents; ceux de la 2.° et de la 3.°, égaux entre eux et plus longs d’un quart 
que ceux de la {.* paire. La 2° paire est en outre comprimée latéralement et fournie 
d’une crête natatoire, dont la plus grande largeur ést marquée plus bas que la moitié des 
bras. La 2.° paire, fortement déprimée sur les côtés, est carénée par une crête natatoire. 
Tous ces bras sont garnis d’une double rangée de cupules alternantes, qui commencent à 
une sixième de la base: sur la 1." paire, elles augmentent de grosseur jusqu’à la cin- 
quième, qui est la plus grosse, diminuent insensiblement jusqu’à la onzième, puis décrois- 
sent tout-à-coup, la douzième étant de beaucoup plus petite que la précédente. Elles se 
rapetissent ensuite peu à peu jusques sur l’extrémité des bras, où elles deviennent micro- 
scopiques. Sur la 2° et la 5.° paire, la décroissance des cupules est la même; mais elles 
augmentent jusqu’à la onzième, puis diminuent insensiblement jusqu’à la quinzième, et la 
seizième est la moitié de la précédente. Sur la 4.° paire, elles augmentent jusqu’à la hui- 
tième, décroissent progressivement jusqu’à la douzième. Les cupules sont globuleuses, 
percées obliquement et portées par un pédoncule pyramidal élastique ; leur ouverture est 
garnie d’un cercle corné et denté ; les dents sont plus grosses sur la partie supérieure et 
diminuent vers l’inférieure; elles sont arrondies, excepté celle du centre supérieur et dans 
quelques individus celles des centres latéraux, qui sont coniques et aiguës. Les cupules des 
bras de la 2° et de la 3.° paire doublent en grosseur celles des autres bras; on peut en 
compter environ 40 par bras. | 

Bras tentaculaires, rétractiles, cylindriques, comme pédonculés, grêles, deux fois plus 
longs que les bras de la 2.° et de la 5.° paire, et développés sur leur extrémité en massue 
ovale-lancéolée et munie sur la moitié terminale d’une crête natatoire dorsale. Sur l’infé- 
rieure elle est garnie de quatre rangées de cupules, qui commencent à la moitié des bras, 
sont très irrégulières en grosseur et alternantes. Celles des rangées médianes sont très petites 


108 CÉPHALOPODES 


et augmentent peu-à-peu de grosseur sur le premier tiers ; elles sont grosses et décroissent 
du centre aux extrémités sur le tiers médian. Celles des rangées latérales sont petites, 
augmentent peu de grosseur sur le tiers médian: sur le tiers terminal toutes les cupules 
sont égales et très petites, et cette partie en est couverte. Ces cupules sont, comme celles 
des bras sessiles, globuleuses et portées par un pédoncule pyramidal: l’ouverture des grandes 
cupules médianes est bordée d’un cercle corné non denté : l'ouverture des petites cupules 
des séries latérales est oblique et munie de dents en scie. 

Membrane buccale sans cupules. 

Tube locomoteur, petit, pourvu d’une valvule, logé dans le creux de la tête, rattaché à 
elle par deux petites brides médianes, et deux plus fortes latérales. 

Lame cornée, flexible, linéaire, large dans le haut, étroite dans le bas, terminée par un 
capuchon ovale très concave, dont l'extrémité est creusée en godet conique terminal. 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . 2e mâle 0,320 femelle 0,322 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : : k 0,210 : 0,228 
Longueur du corps : ; , , : : L : : 0,090 - 0,136 
Diamètre du corps ; : : : = : : : 0,031 : 0,028 
Largeur de la tête : ; : : < : , : - 0,030 È 0,027 
Hauteur de la nageoire S ; : L ; 0,045 - 0,053 
Largeur de la nageoire : : 5 : : : ; : 0,070 ‘ 0,068 
4. paire . : : : à : 0,072... 0,056 

Logis. def a. | D ; : : - ‘ : 0,098 ; 0,080 
a à : : ; : : 0,100 : 0,081 

| Re : : : : : 0,080 0,070 

Longueur des bras tentaculaires . 3 : : - à 0,210 : 0,134 


Couleur. Dans l’état de vie, le corps est charnu, d’un blanc-hyalin très transparent, 
irisé de bleu, de rose, de jaune, de verdâtre, avec des reflets argentés très brillants sur 
le dos, sur la tête, le long des bras et principalement sur l'iris, qui est très grand et 
couvert en partie par la peau transparente. On voit aussi briller à travers le corps l'argent 
mât, qui couvre la vessie de l’encre. Le cercle des globes des yeux est marqué d’une teinte 
bleue, très brillante, qui passe au laque et se confond avec la teinte générale. Le mâle 
est ordinairement nuagé d’une teinte jaune-orangé brillant, produite par les points chromo- 
phores, les uns très fins, les autres plus gros: ces points sont très rares sur la nageoire 
et forment des taches le long des bras et sur la tête. La ligne médiane du corps est con- 
stamment nuagée de points les uns très fins, les autres plus gros, d’un beau rouge-laque 
carminé; on les remarque ,aussi sur les bras et sur la tête. Sur la partie dorsale des globes 
des yeux, on aperçoit une tache en demi-lune formée par des points d’un bleu très foncé, 
qui passent au laque très vif: la peau transparente, qui voile une partie de l'œil, est aussi 
couverte de points chromophores, très fins laque et bleu. Les bords de la nageoire sont 
de même nuagés de taches produites par la réunion de points très fins, rouges laque, orangés 
ou jaunes. La partie postérieure de la tête, les brides et le cou sont pointillés de la même 
couleur : il en est de même de la massue et de la ligne dorsale des bras tentaculaires. Sur 


DÉCAPODES 109 


les parties inférieures du corps , les points sont tous d’un rouge-orangé, plus ou moins vif: 
sur la partie inférieure de la tête, sur le bord de l’entonnoir, sur la face inférieure des bras, 
ils sont très fins, laque et jaune-orangé; ils manquent entièrement sur la fossette, où se 
loge l’entonnoir, sur la base de celui-ci et sur la face inférieure de la nageoire, où transpa- 
raissent ceux de la partie supérieure. 

La femelle, qui se reconnait à la longueur de son corps, et dont les bras sont moins longs, 
brille, comme le mâle, de reflets argentés: mais elle est nuagée d’une teinte jaune-rougeñtre 
et couverte de points clair-semés, plus gros, rouge-rouille ; lesquels points, sur la ligne mé- 
diane du corps, passent au violet obscur. L’œil est fortement irisé ; les bras se nuagent de 
taches jaunâtres comme le corps, et sur les nageoires on voit des taches produites par les 
points chromophores très fins, laque très vif. 

Quand il a perdu sa première fraicheur, et avant même que le jeu des points chromo- 
phores cesse, les reflets argentés, qui brillent sur les parties latérales du corps et le long 
des bras, disparaissent ; la peau perd sa transparence; el ce mollusque devient d’une teinte 
jaune-orangé générale. Les points chromophores laque du mâle pâlissent entièrement; les oran- 
gés, de brillants qu'ils étaient, passent au jaunètre; la ligne médiane dorsale du sac de la 
femelle devient d’un violet sale général; les points violets obscurs restent ouverts et déco- 
lorés. Dans quelque état qu'il soit, jamais ce céphalopode ne se couvre de la teinte vineuse 
du {odarus. 


Rapports et différences. 


Comme je l’ai déjà observé pour le todarus, cette espèce, qui n'arrive point à 5 déci- 
mètres, y compris les bras tentaculaires, et n’atteint jamais le poids de 4 hectogrammes, 
se distingue au premier abord par sa chair moins coriace, par sa transparence, et ses bras 
tentaculaires grêles, peu rétractiles, comme pédonculés, développés en large massue, et 
munis de cupules sur une seule partie de leur longueur. 


Habitation et mœurs. 


_ Ce céphalopode vit dans l'Océan Atlantique et la Méditerranée, on le rencontre dans 
toutes les saisons à peu de profondeur, sur les terrains vaseux et en compagnie des Eledons. 
Les dragues en ramènent assez souvent; mais cependant toujours isolés. Il parait que cette 
espèce est sujette à des migrations; car il arrive quelquefois qu'on en prend des quantités : 
les marchands de poissons le distinguent fort bien et le nomment Calamaio: ils le tiennent 
à l'écart; car sa chair, quoique tendre, est aigrelette et de mauvais goût; et ils ne le 
vendent qu'aux gens du peuple, qui ne le connaissent pas. 


Histoire. 


Cette espèce a toujours été confondue avec le fodarus. M. Delle Chiaje l’en a séparé le 
premier, et il suffit d’avoir eu sous les yeux quelques individus des deux espèces, pour 
être convaincu de la justesse des observations du savänt anatomiste Napolitain. Son histoire 
se confond avec celle du éodarus; il est donc inutile de la répéter. 


ae 


110 CÉPHALOPODES 


M. D'Orbigny, dans son tableau comparatif de la répartition géographique des céphalopodes, 
assigne à la Méditerranée une troisième espèce le Bartramii de Lesueur, que M. Cantraine 
avec quelques doutes rapporte comme synonime de l’adulte. D’après la figure (Monogr. des 
céph. Genr. Calm. PI. 2), il est facile de reconnaître que cette espèce a beaucoup de rap- 
ports avec le {odarus; mais qu’elle s’en éloigne par la longueur de son corps, par l’ampleur 
des membranes protectrices des cupules, que portent tous les bras, par le manque de cupules 
sur toule la longueur des bras tentaculaires et par la différence de dentilion des cercles 
cornés des cupules. L'autorité de M. Lesueur est trop respectable pour mettre en doute 
l’exactitude de son observation ; il faut croire conséquemment que cette espèce n’a été revue 
d'aucun autre naturaliste, et que peut-être, avec l’aide de figares un peu plus exactes, et 
leur description plus répandue, l’étude de ces animaux pourra faire de nouveaux progrès : 
et peut-être encore retrouvera-t-on cette espèce et bien d’autres jusqu’à présent inconGues. 


N. 9. C. DE COINDET. L. COINDETII. Veray. PI. 56. fig. a. b. c. 
Verany, Mém. de l'Ac. Roy. des sc. de Turin. Loc. cital. 


Corpore carneo, pellucido, cilindrico, leviter fusiformi, postice acuminato, als 
coniunctis alam cordiformem, depressam efformantibus, tentaculis pedonculatis retra- 
ctilibus: lamina .cornea lineari, antice dilatata, postice infundibulo conico praedita. 


Corps cylindrique, légèrement fusiforme, tronqué en avant, donnant à sa partie médiane 
supérieure un angle saillant et à l’inférieure un sinus concave assez large : partie postérieure 
acuminée, portant deux nageoires réunies sur le dos en forme de nageoire en cœur évasé 
et aigu , nageoire qui occupe un quart de la longueur du corps. 3 

Tête plus petite que l’ouverture du corps, munie de deux yeux légèrement latéro-supé- 
rieurs, à orbites peu saillants et aplatis; et couronnée de huit bras sessiles conico-subulés, 
presque égaux entre eux. La 1." et la 4° paires, d’égale longueur; la 2°, un peu plus 
longue; la 5.°, de très peu plus longue et munie d’une petite crête natatoire. Tous ces bras 
sont armés d’une double rangée de cupules globuleuses, percées un peu obliquement et 
portées par un pédoncule pyramidal: leur ouverture est bordée d’un cercle corné, très fi- 
nement denté sur la partie supérieure. Bras tentaculaires grêles, rétractiles, doublant en 
longueur les sessiles les plus longs, et développés sur un gros tiers de leur longueur en 
massue linéaire, lancéolée , garnie de quatre rangées de cupules pédonculées comme celles 
des bras sessiles. Les cupules des rangées internes sont toutes très petites et presque 
égales en grosseur; les rangées internes en ont une douzaine d’assez grosses, qui décrois- 
sent du centre aux extrémités. Elles n'arrivent pas jusqu’à l'extrémité des bras, une espace 
d'environ un sixième de la longueur terminale en étant dépourvue. 

Tube locomoteur, petit, logé dans la cavité de la tête, soutenu par deux petites brides 
médianes, et deux fortes brides latérales. 

Lame dorsale cornée, linéaire, plus large dans le haut que dans le bas, et terminée par 
un petit godet conique. 


DÉCAPODES 111 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; ‘ 5 ‘ ; À 0,127 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . ; < ; : 0,100 
Longueur du corps . . : . : : : 5 : : É 0,063 
Diamètre du corps  . : : : : é : ; ; ; 0,017 
Largeur de la nageoire : : ; : ‘ : : : - 0,026 
Hauteur de la nageoire : . ‘ ï ; : : - : 0,020 

4. et 4. paire . : : ; : : : : 0,021 

à : - : ; : é : ; : 0,024 
Re me Le 5 ; : : ; e : ‘ , 0,025 


tentaculaires  . ; ‘ : ; 5 : ‘ 0,055 


Couleur. Vivant, ce céphalopode est. d’un blanc-rosé-jaunâtre transparent. On distingue à 
travers le corps les organes intérieurs. Les yeux seuls sont argentés ; une belle teinte bleue 
trés vive cercle la partie supérieure des globes; sur cette tache se refléchit un reflet argenté 
souvent doré. Tout le corps est couvert de points chromophores très fins, teinte neutre et 
laque, et de gros points rouges-jaunâtres, les uns très clairs, les autres plus vifs, et cer- 
clés de brun-rougeâtre : sur la partie postérieure dorsale de la tête ces points sont noirâtres, 
Sur la partie antérieure ils sont jaunâtres ; sur les globes des yeux il sont, ainsi que le 
long des bras, d’un laque très vif: sur la partie inférieure de la tête, où brillent quelques 
légers reflets argentés, on ne voit que des points très fins teinte neutre; quelques-uns 
laque se voient le long des bras et sur le bord de l’entonnoir. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue au premier abord du sagittata par la forme très régulière en 
cœur de sa nageoire, par les bras sessiles qui sont presque égaux, par les bras ten- 
taculaires dont l’extrémité n’est point garnie de cupules, et surtout par la lame cornée 
terminée par un godet sans expansions. 


Habitation et mœurs. 
\ À 
J'ai rencontré quelques individus de cette espèce sur le marché de Nice, pris sur les 
plages de galets en même temps que le C. Lamarmora, dont il est facile de le distinguer 
par la teinte générale, par sa forme plus allongée, et par ses bras plus grêles. Ainsi que 
les jeunes Calmars communs, et les autres petites espèces congénères, il est recherché 
comme friandise et connu sous le nom de Totaneto où Calamareto. 


Histoire. 
J'ai publié cette espèce dans les actes de l’académie Royale des sciences de Turin. Les 


caractères me parurent assez tranchants pour en créer une espèce: M. De Férussac, à 
qui j'en avais envoyé plusieurs exemplaires, partageait cet avis. N'ayant jamais rencontré 


112 CÉPHALOPODES 


d'individus, qui servissent de point de transition entre cette espèce et le sagiltata, qui 
serait l’espèce-type, à laquelle il pourrait appartenir, je la recommande aux observateurs. 


N. 10. C. DE PILLA. L. PILLAE, Verany. PI. 56. fig. d. e. f. g. 


Corpore carneo, conico-fusiformi, postice acuminato, alis triangularibus , conjunctis 
alam rhomboïdeam efformantibus, tentaculis pedonculatis, retractilibus, lamina dorsali 
cornea, lineari, antice dilatata, postice infundibulo conico praedita. 


Corps cylindrique, conico-fusiforme, tronqué en avant, donnant à sa partie médiane 
supérieure un angle saillant, et à l’inférieure un petit sinus concave; partie postérieure 
conique, acuminée, occupée par deux nageoires triangulaires réunies sur le dos en forme 
de nageoire rhomboïdale, deux fois plus large que haute. 

Tête petite, arrondie, un peu conique, munie de deux yeux largement percés dans la 
peau et un peu latéro-antérieurs, couronnée de huit bras sessiles conico-subulés, assez 
grêles. La 1." et la 4.° paires, d’égale longueur; la 2.° et la 5°, plus longue d’un cinquième: 
cette dernière est en outre pourvue d’une crête natatoire. Tous ces bras sont armés d’une 
double rangée de 20 cupules alternantes, globuleuses, à ouverture un peu oblique et munie 
d’un cercle corné, très finement denté sur tout son pourtour, et portées par un pédon- 
cule fin et pyramidal. Bras tentaculaires grêles, le double plus longs que les bras de la 
1. paire, développés à leur extrémité en massue linéaire et lancéolée, et garnis sur plus 
de la moitié de leur longueur de cupules alternantes ; ces cupules sont petites et très espa- 
cées sur le premier tiers de la moitié terminale des bras, assez grosses, presque égales et 
plus rapprochées sur le tiers médian, très petites et très rapprochées sur le dernier tiers ; 
elles sont, comme celles des bras sessiles, portées par un long pédicule; mais elles sont 
percées horizontalement. | | 

Lame cornée, linéaire, plus large dans le haut, très étroite dans le bas, terminée par 
une très petite expansion, dont l’extrémité est un petit capuchon aigu. 


Proportions. 


Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : É : : : : 0,137 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires - : : ; : È 0,105 
Longueur du corps . : : : ; : à : j 0,058 
Diamètre du corps : ; : : : : : ; : : À ; 0,019 
Largeur de la nageoire ‘ : - : : : : : 0,030 
Longueur de la nageoire : : : : : : : : 0,016 
a 
Longueur des bras tentaculaires . ; i ë : : : ; : ; 0,053 


Couleur. Corps d’un blanc-rosé très peu transparent, sans reflets argentés: globes des 
yeux, marqués en dessus d’une belle teinte bleue, irisée par un reflet argenté : iris d’un 


DÉCAPODES 115 


argent bruni. Tout le corps est couvert de points chromophores très fins rose-laque clair, 
et de quelques-uns très fins teinte neutre. Le long de la partie médiane du dos, il est 
clair-semé de gros points rougeätres. Les mêmes points se voient sur la tête, le long des 
bras, et sur la partie latéro-inférieure du sac; ils manquent entièrement sur la face infé- 
rieure de la tête, sur la partie médiane-inférieure du corps et sur les nageoires: sur le 
bord de l’entonnoir on n’aperçoit que quelques points roses. 


Rapports et différences. 


Cette espèce a le facies du L. Coindetii, dont il diffère par sa nageoire rhomboïdale, par 
ses yeux latéro-antérieurs, par son corps un peu plus fusiforme: et surtout par les cupules 
des bras tentaculaires, qui en occupent toute la moitié terminale ; enfin par la lame cornée, 
munie d’une petite expansion à son extrémité terminée en godet. Elle a quelques rapports 
avec le L. vitreus de M. Rang par la forme de la nageoire et la position antérieure des 
yeux. | 


Histoire. 


J’ai rencontré deux individus de cette espèce, que je crois nouvelle, sur le marché de 
Gènes, le 10 mars 1848 : elle était au milieu d'une masse de Brachiochyrhus. Nardo , 
Atherina nana. Risso. La position de ces yeux, la forme de ces nageoires m’a engagé à 
la publier pour appeler sur lui l’attention des naturalistes. 


Espèces nominales. 


LOLIGO LANCEOLATA. L. ODAGADIUM. RAFFINESQUE. Op. cit. 
LOLIGO FUSUS, L. PARVUS. Ronoezr. 
LOLIGO URCEOLATUS, L. ZOZETI, SAGITTATUS MA XIMUS, Risso. Cat. nom. 


Dans la collection, qu'a laissée M. Risso, je n’ai rencontré aucune de ces espèces. 


DIXIÈME GENRE 
HISTIOTEUTHE. HISTIOTEUTHIS. D'Onmenv. 


Corps court, bursiforme, plus ou moins campanuliforme, portant une paire de nageoires 
terminales cylindracées, réunies entre elles, échancrées à leur jonction postérieure qui dé- 
passe le corps : appareil constricteur formé d’une crête longitudinale peu relevée, et placée sur 
la paroi interne du sac, et d’un sillon accompagné d’un bourrelet sur la base du tube : 
locomoteur. + 

Tête grosse, cylindrique, allongée ou déprimée, munie de deux yeux três gros, large- 
ment percés dans la peau, sans sinus; elle est couronnée de dix bras sessiles, dont six 

| 15 


114 CÉPHALOPODES 


réunis entre eux par des membranes interbrachiales très développées, et deux presque libres; 
et de deux bras tentaculaires rétractiles. Bouche protégée par deux lèvres charnues et par 
une membrane buccale conique, à ouverture festonnée et rattachée aux bras par six ou 
sept brides. 

Tube locomoteur sans valvule. 


Lame dorsale cornée. 


N. 1. H. DE BONELLI. Z. BONELLIANA. D'Ormeny. PI. 19. 


Chranchia Bonelliana. Féruss., Monogr. Genr. Chranch. PI. 2. Séance de l'Instit. du 17 sept. 1854. 
Mag. de Zool. 1835. PI. 66. 
Verany, Tableau ds cèphal. 


Corpore bursiformi, antice truncato, postice ovoideo, alis rotundatis conjunctis, alam 
bilobatam efformantibus, dimidiam sacci longitudinem occupantibus. Brachiis aequalibus, 
sex membrana ampla conjunctis, duo liberis, tentacularibus retractilibus : lamina . dor- 
sali cornea ovali lanceolata antice attenuata, postice acuminata. 


Corps bursiforme, conique, tronqué en avant , ovoïde en arrière ; portant sur sa partie 
postérieure latéro-dorsale deux nageoires demi circulaires réunies, qui forment une nageoire 
bilobée, à bords antérieurs arrondis, et fortement échancrés au point d'attache. 

Tête, très grosse, cylindrique et oblongue, munie de deux yeux très gros, à orbites peu 
proéminents; dont l'iris est marron et la pupille ronde et dépourvue de fausse paupière : 
elle est couronnée de huit bras sessiles, et de deux tentaculaires rétractiles. 

Bras sessiles égaux en longueur; les trois premières paires, réunies par une membrane 
ombellifère très large, qui en embrasse trois cinquièmes et se continue jusque vers leur 
extrémité : le bras de la 3.° paire sont bordés sur leur partie latéro-inférieure par une 
membrane étroite, qui augmente progressivement en s’approchant de leur base; là ces deux 
membranes se réunissent entr’elles, et sur ce point même se rattachent deux petites mem- 
branes triangulaires, ou brides, qui sont fixées sur la base interne des bras de la 4.° paire. 
En conséquence, l’ombrelle est formée de cinq grandes membranes, et d’une petite, qui va 
de l’un à l’autre bras de la 3.° paire, et laisse en dehors de lombrelle même la %4.° paire 
de bras sessiles et les bras tentaculaires. Tous les bras sessiles sont épais, conico-subulés, 
munis de deux rangées alternantes de petites cupules espacées, au nombre de douze par 
rangée sur les trois premières paires, mais plus petites et nombreuses sur la 4.°. Les cupules 
sont convexes en dessus, plates en dessous, percées d’une petite ouverture un peu oblique, 
pourvue d’un cercle corné à demi denté: elles sont portées par un petit pédoncule pyra- 
midal. Les cupules commencent un peu en dessus de la base des bras et n'arrivent pas 
jusqu’à leur extrémité; elles vont en décroissant de grosseur dès les premières. Les bras 
tentaculaires sont cylindriques, deux fois plus longs que les sessiles, plus gros à la base 
que vers l'extrémité, où ils se développent en massue à fer de lance. Cette massue a la 
partie inférieure armée de cupules irréguliéres, arrondies, à ouverture large, horizontale et 
munie d’un cercle corné, entiérement denté, tandisque la partie supérieure est fournie d’une 
crête natatoire. 


DÉCAPODES 115 


Tube Jocomoteur conique et sans valvule. 
Lame dorsale, cornée, ovale-lancéolée, largement cannelée au centre, munie sur la partie 
interne d’une seconde lame plus petite, ovalaire et comme pédonculée. 


LL 


; Proportions. 
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : : , : ; 0,440 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires  . à À Ro h 0,285 
Longueur du corps . = ‘ , ; : - ' ; : 0,069 
Diamètre du corps ; - : : 3 3 : ; 5 ; : à 0,043 
Hauteur des nageoires au point d’attach è ; ; : : : ë j 0,035 
Hauteur des nageoires au centre . 3 : : ‘ , - , ' : 0,048 
Largeur de chaque nageoire : : : ; É ; : : 0,025 
Largeur des nageoires réunies  . : : 0,068 
Hauteur de la tête . : : : ; - Ë 0,045 
Largeur de la tête ; : - : : : : , : 0,043 
Ouverture de lœil : | - - : ; : : à 0,021 
Longueur des bras sessiles . : : ‘ : - : : 0,165 
Longueur des bras tentaculaires . ; . ; ° : : : 0,270 
Hauteur de la membrane interbrachiale ° £ : ë 2 . : à 0,095 


Couleur pendant la vie. Une teinte générale rose-clair passant au violet, couverte de 
points chromophores rouge-carmin très vif, les uns plus gros, les autres très petits, le 
colorent d'un rouge laque très brillant; la membrane ombellifère est d’un très beau cramoisi 
velouté ; les bras sur la face interne sont de la même couleur, mais leur extrémité est 
d’un bleu d’outremer. La surface inférieure du corps est régulièrement clair-semée de dou- 
bles points réunis, disposés en quinconce, dont les inférieurs sont jaunes-opalin, les supé- 
rieurs plus petits et bleus, qu’on dirait être, ceux-ci des saphirs très brillants et ceux-là des 
topazes enchassés dans la peau. Ces mêmes points cerclent très régulièrement l'ouverture 
de l'œil, sont régulièrement disséminés sur les parties inférieures et latérales de la tête, 
et disparaissent sur la partie dorsale du corps et sur la médio-dorsale de la tête: ils sont 
très régulièrement disposées en trois rangées sur les bras des trois premières paires, et 
en cinq sur ceux de la quatrième: ceux des rangées latérales sont les plus gros et les plus 
brillants, et diminuent très progressivement vers l’extrémité des bras. Sur le point d’attache, 
la nageoire est jaunâtre, le reste en est blanc-rosé livide; elle est marquée de points chro- 
mophores très fins, rouge-laque carminée. 

Le globe des yeux est blanc, irisé de bleu; la paupière, marron. 

Les bras tentaculaires rose päle, couverts de points chromophores rouge-laque : la massue, 
d’une teinte jaune-verdâtre bordée de rouge carmin. Les cupules des bras sessiles sont toutes 
d’un bleu outremer très brillant. La membrane buccale, blanche sans points chromophores. 

Après la mort, les points brillants perdent Jeur éclat: alors ce mollusque se décolore un 
peu ; mais il conserve très longtemps sa teinte rouge. 


Rapports et différences. 


Les caractères génériques de ce céphalopode sont si tranchants qu’il est impossible de 
ne pas le reconnaitre au premier abord: cette espèce se distingue du Ruppell par l'égalité 


116 CÉPHALOPODES 
de ses bras sessiles, et des membranes interbrachiales ; par son corps et sa tête allongés, 
par la couleur pourprée et léclat dé ses points, par ses cupules constamment d’un bleu 
très brillant, et enfin par sa taille toujours de beaucoup plus petite. 


Habitation et mœurs. 


Les deux espèces connues jusqu’à ce jour, qui constituent ce nouveau genre, sont de 
la Méditerranée , où je les ai découvertes. | 

Aussi souvent que mes occupations me le permettaient, j’assistais aux pêches, qu’on fait 
à la drague sur les plages de galets, qui s’étendent de la ville de Nice à embouchure du 
Var. Dans laprès-midi du 7 sept. 1854, j'arrivai sur les bords de la mer, quand déjà une 
drague avait été retirée; et j'apercus entre les mains d’un enfant ce céphalopode malheu- 
reusement très mutilé. Je fus surpris au premier abord de ses formes extraordinai- 
res et du brillant de ses couleurs; j’en fis l’acquisition sur le champ et le montrai aux 
pêcheurs pour savoir s’ils connaissaient ce mollusque. Sur leur négative je le leur fis 
observer attentivement, et je promis une bonne prime à celui qui m’en apporterait un 
semblable, vivant ou en bon état. M’étant porté vers d’autres pêcheurs, qui tirait une 
autre drague , je réitérai mes promesses. Peu après, je fus rappelé par lun d’eux 
qui m'en montra un cramponné au filet; je le fis saisir et plonger dans un baquet d’eau. 
C’est dans ce moment que je jouis du spectacle étonnant des points brillants, qui parent 
la peau de ce céphalopode déjà si extraordinaire par ses formes; tantot c'était l’éclat du 
saphir, qui m'éblouissait: tantôt c'était l’opalin des topazes, qui le rendaient plus remarqua- 
ble ;: d’autres fois ces deux riches couleurs confondaient leurs magnifiques rayons. Pendant 
la nuit les points opalins projetaient un éclat phosphorescent: ce qui fait de ce mollusque 
une des plus brillantes productions de la nature. Son existence fut de courte durée, quoiqu'il 
fut conservé dans un grand baquet d’eau; il doit vivre probablement à de grandes profon- 
deurs. Peut-être nous arrive-t-il de la haute mer ; les larges membranes, qui garnissent ses 
bras, doivent en faire un puissant nageur. M. Peters de Berlin, pendant le séjour qu’il 
fit à Nice, en a recueilli deux ; et M. Sasso, Prof. d’hist. nat., en possède un, pris sur les 
parages de Gènes. J’ignore si on l’a rencontré ailleurs; quant à moi, n'ayant jamais pu 
ravoir l'individu , que j'avais prété à M. De Férussac, je ne possède que lexemplaire 
très mutilé , dont j’ai parlé. 


Histoire. 


Le 16 sept. 1834, ayant reçu une lettre de M. le Baron De Férussac, en reponse à la 
communication, que je venais de lui faire sur la trouvaille d’un Calmaret parfait, et vu 
l’empressement, qu’il me témoignait de lui envoyer ce mollusque nouveau, voulant, comme 
il me l’écrivait, confondre à la première réunion de l'institut, les membres, qui avaient 
accueilli si défavorablement la présentation de la première livraison de sa monographie des 
céphalopodes, je joignis, à l'envoi du Calmaret, ce céphalopode et le dessin pris sur le 
modèle vivant de deux espèces, avec la condition d’en dédier un à feu M. le Profess. Bonelli 
comme preuve de mon affection. M. De Férussac les présenta à l'institut dans la séance du 
27 oct. et donna à cette espèce le nom de Cranchia Bonelliana. M. D’Orbigny rectifia plus 


DÉCAPODES 117 


tard l’erreur de M. De Férussac, qui avait rapporté au genre Cranchie ce céphalopode, et 
créa pour lui le genre Histioteuthe: malheureusement il n’en a pas publié la description, 


A 


et j’ai dû la faire sur celle que j'avais adressée à M. De Férussac, n'ayant plus revu ce 
céphalopode. 


N. 2 H. DE RUPPELL. 7. RUPPELLI. Verany. PI. 20. 21. 


e 


Verany, Guide de Gènes, tom. 1. Part. 2. pag. 28. fig. 5. 


Corpore campanuliformi, antice truncato, postice attenuato; alis semicircularibus, co- 
niunctis alam rotundatam postice bilobatam efformantibus, dimidiam sacei longitudinem 
occupantibus : brachiis inaequalibus sex membrana ampla conjunctis,. duo liberis, ten - 
tacularibus’ retractilibus. Lamina dorsali cornea, ovali-lanceolata , antice attenuata 


postice acuminala. 


Corps campanuliforme; extrémité postérieure acuminée ; extrémité antérieure très large ; 
décrivant en dessus un angle médian peu marqué; portant sur son extrémité postérieure 
deux nageoires semi-circulaires réunies à leur base et dépassant le corps, formant ensemble 
une nageoire arrondie et echancrée sur le centre médian postérieur. 

Tête grosse, courte, moins large que l’ouverture du corps, un peu déprimée, rattachée 
au corps par un cou mince ; munie de deux yeux très gros, à globes peu saillants, latéro- 
antérieurs, et couronnée de huit bras sessiles et de deux tentaculaires rétractiles. 

Bras sesciles inégaux, gros, conico-subulés : la 1." paire, la plus courte; la 4°, un peu 
plus longue; la 5e, plus longue que la 1." d’un cinquième ; la 2.°, plus longue que la 3.° 
et munie sur toute sa longueur d’une petite crête natatoire. Les premières paires, réunies 
entre elles par une grande membrane ombellifère très élastique; celle qui lie la 1.7 paire, 
occupe presque la moitié de l’espace interbrachial, et se prolonge jusques vers l'extrémité 
de ses bras; celle qui lie la 4."° à la 2.°, en occupe les deux tiers, si on la mesure sur 
les bras de la 1° paire, et un peu moins de la moitié, si on la mesure sur ceux de la 
2e. Celle qui lie la 2. paire à la 3.°, est la plus large, et en embrasse deux cinquièmes, 
si on la mesure sur la 2. paire; une membrane étroite, qui part de l’extrémité des bras 
de la 3 paire, et va en augmentant progressivement, en borde tout le côté latéro-inférieur ; 
ces deux membranes se réunissent entre elles à la base des bras: sur ce point même se 
rattachent aussi deux petites membranes triangulaires, qui sont fixées sur la base interne 
des bras de la 4.° paire. Ces bras portent deux rangées alternantes et très régulières de 
petites cupules, qui commencent un peu en dessus de la base des bras et se terminent à 
cinquante cinq millimètres de leur extrémité: les cupules sont arrondies, légèrement com- 
primées du côté de leur ouverture, qui est oblique, petite et munie d’un cercle corné, denté 
seulement sur la moitié supérieure ; elles sont sises sur un fort pédicule pyramidal. Sur 
les trois premières paires de bras, chaque rangée est composée de 50 cupules environ ; sur 
la 4.°, les cupules sont généralement plus petites que sur les autres bras, et sur chaque rangée 
on en compte environ 50. Bras tentaculaires rétractiles, implantés en dehors de la mem- 
brane ombellifère, deux fois plus longs que la 1. paire, arrondis, un peu plus épais vers 


118 CÉPHALOPODES 


leur base; fortement développés en fer de lance très aiguë à leur extrémité; cette massue 
est pourvue d’une large membrane protectrice des cupules; elle est couverte en dessous 
de plusieurs rangées de cupules irrégulières, et en dessus d’une crête natatoire très pro- 
noncée. Les cupules des rangées médianes sont très grosses et irrégulières, les latérales et 
celles des extrémités sont très petites; une rangée de cupules très petites se voit tout le 
long de la moitié terminale de ces bras, elles diminuent de grosseur et sont de plus en 
plus espacées de haut en bas. Ces cupules sont globuleuses, pédonculées largement, couvertes 
horizontalement, et pourvues d’un cercle corné, finement denté. 

Membrane buccale, rattachée aux bras par sept brides, dont une à chacun des 6 bras 
réunis par la membrane ombellifère; la 7.° est rattachée à la membrane, qui unit entre eux 
les bras de la 3.° paire. 

Tube locomôteur petit, très conique, et sans valvule. 

Lame dorsale, cornée, lancéolée, à extrémité aiguë, largement cannelée et munie sur la 
face interne d’une seconde lame plus petite, ovalaire, et légèrement pédonculée. 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; : : é ; : 1,060 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : ; ; ‘ ë 0,780 
Longueur du corps. . ; < : : à 0,140 
Largeur de l'ouverture du corps . : ; - : ; ; ; ; ë 0,120 
Largueur des nageoires : : : - : ; - - : 0,122 
Hauteur des nageoires . ‘ é : : : : : 0,074 
Largeur de la tête . : : : = : : 0,116 
Hauteur de la tête : : 3 ; . : : ; : : ; : 0,080 
Ouverture de l'œil  . Ê - ; : à 0,040 
f::Æs-pare:; à ; ; as i 0,400 

de - 3 —___ : 0,540 
ANR | A 
us : - : : : : 0,430 

Longueur des bras tentaculaires . : : : : s : : à 0,806 
Longueur de la lame dorsale à : ; = s : : à 0,120 
Largeur de la lame dorsale. . : > : 0,040 


Couleur. D’un blanchâtre lilas livide, avec reflets bleuâtres; tout couvert de points chro- 
mophores rouge-rouille très fins, sauf quelques-urs clair-semés et plus gros : nageoires pas- 
sant au jaunâtre et couvertes des mêmes points, qui disparaissent vers le bord : membranes 
ombellifères, tant à lextérieur qu’à l’intérieur, d’un rouge-vineux sale, produit par la teinte 
bleuâtre générale du fond et des innombrables petits points rouge-rouille. Les bras tentacu- 
laires sont blanchâtres et couverts de petits points chromophores rouge-laque ; la crête na- 
tatoire de leur massue est d’un jaune-verdâtre. Toute la surface de ce céphalopode est assez 
régulièrement espacée de gros points bleuätres brillants; ces points sont surmontés d’un 
gros point opalin, qui est circonscrit par les points chromophores rouge-rouille très 
rapprochés : ces points opalins sont moins réguliers et moins constants sur la partie dor- 
sale du corps : ils sont très rapprochés et bordent l'ouverture de l'œil; ils forment trois 


DÉCAPODES 119 


séries sur les trois premières paires de bras et cinq sur les bras de la 4.° paire. Ces points 
sont loin d’avoir le brillant et l'éclat de ceux de lHistioteuthe Bonelli ; et quoique mort, 
ils étaient encore très phosphorescents. Le globe des yeux est blanchâtre : le cristalin ver- 
dâtre chatoyant ; le col et le tube locomoteur blanchâtre : ce dernier couvert de quelques 
points chromophores rouge-jaunâtre. Les cupules sont toutes blanches. Conservé dans l'alcool, 
il devient d’un vineux sale obscur: quelques points bleus paraissent encore ; mais les jau- 
pâtres n’ont plus laissé aucune trace de leur présence. 


Rapports et différences. 


Cette espèce se distingue de prime abord du Ruppellii par l’irrégalarité de la longueur 
des bras et des membranes ombellifères, par la forme campanulée du corps, par sa cou- 
leur terne et ses Cupules blanches, et surtout par sa taille beaucoup plus forte. 


Habitation et mœurs. 


Ce céphalopode nouveau, qu’à ma connaissance aucun naturaliste n’a encore rencontré, 
vit dans les profondeurs d'environ 800 mètres; on le prend en mai et sept., quand les 
pêcheurs de palangre vont faire à cette profondeur la pêche des Sparus centrodontus. Cuv. 
Les six individus, que j'ai déjà vus, ont toujours été pris à la suite de cette pêche. Pro- 
bablement l’espèce est voyageuse et suit ces poissons ; car si elle était stationnaire dans cette 
grande profondeur, on en prendrait plus souvent. Sa peau est très élastique : sa chair est 
flasque et selon toutes les probabilités aigre et malsaine; les pêcheurs, qui ne l'avaient ja- 
mais observé, l’appellent Pignata. 


Histoire. 


J'ai vu pour la première fois ce céphalopode à mon départ pour l’Amérique, quand de 
Nice je me rendais à Gènes sur la frégate royale le Charles-Félix. Nous étions à la hauteur 
des parages de S. Remo, à deux heures de laprès midi le 15 juillet 1836 : des matelots aper- 
çurent cet animal sur l’eau, l’un deux se lança à la mer et le saisit. L’officier de quart 
eut la complaisance de m'en faire prévenir. Bien que ce céphalopode fut très mutilé, je 
pris mes notes et je constatai, par l'inégalité de ses bras, la couleur vineuse de son COTpPS, 
et la teinte blanchâtre de ses. cupules, que c’était une espèce nouvelle: mes observations 
étant incomplètes par le manque de la nageoire et de massue sur les bras tentaculaires, je 
ne pus les publier. En sept. 184%, les pêcheurs, auxquels depuis longtemps je recommandais 
de m'apporter toutes les nouveautés de ce genre, surtout le Poulpe à mailles qu’ils con- 
naissent, m’apportèrent un individu de cette espèce nouvelle, espèce qui reparut en mai 
1845 et 46, toujours pendant la pêche du Sparus centrodontus. Cu. 

Je citai ce céphalopode au congrès scientifique de Milan (Act. de ce congrès pag. 560), et 
je l’ai décrit et figuré dans le guide de Gènes, offert par cette ville aux savants, qui se 
réunirent au huitième congrès scientifique italien (tom. 1. pag. 28. PI. 3) 


120 CÉPHALOPODES 


ONZIÈME GENRE. 
CALMARET. ZOLIGOPSIS. Lamark. 
Leachia. Lessueur. Chiroteuthys. D’Orbigny. 


Corps gélatineux, très transparent; nageoires réunies et placées sur l'extrémité du sac: 
appareil constricteur, formé par une fossette conique perpendiculaire, communiquant par 
un étranglement avec une petite fossette horizontale, entourée d’un rebord ovalaire assez 
large ; placé sur la base du tube locomoteur et d’un tubercule très conique, terminé dans 
le haut en crête décroissante, accompagnée de deux fossettes latérales sises sur la paroi 
interne du corps. 

Tête et bras très variables selon les espèces; membrane ombellifère nulle; membrane 
buccale très conique, octogone, rattachée aux bras par 8 brides, et dont l’ouverture est 
petite et légèrement festonnée. 

Tube locomoteur, conique sans valvule. 

Lame dorsale cornée, linéaire sur le centre, linéaire-lancéolé sur les deux extrémités. 


N. 1. C. DE VERANY. Z. VERANYI. Férussac. PI. 38 et 39. 


Féruss., Séance de l'Inst. du 17 oct. 1834. Magaz. de Zool. 1835. 
Monogr. des céph. Génr. Calmaret. PI. 2. 
Chiroteuthys Veranyi. D'Orbigny , Monogr. Genr. Calm. PI. 4. fig. 17-23. 
Loligops Mediterranea. Risso, Communication facte au congrès scientif. de Turin, et catal. nom. 


Corpore gelatinoso, hyalino, conico ellongato, antice truncato, postice fusiformi; alis 
conjunctis cordato-rotundatis, dimidiam fere sacci longitudinem occupantibus et apicem 
sacci non superantibus ; brachiis valde inaequalibus , tentaculis longissimis per totam lon- 
gitudinem acetabulatis : lamina dorsali cornea, lineari et utraque extremitate lineari- 
lanceolata. 


Corps gélatineux, très transparent, conique allongé; extrémité antérieure tronquée et 
décrivant sur la partie médiane supérieure un angle peu saillant; extrémité postérieure fusi- 
forme et portant deux nageoires réunies, qui en forment une seule circulaire, légèrement 
cordiforme, qui ne dépasse pas le sac et en occupe presque la moitié. 

Tête arrondie, plus grosse que le corps, munie de deux yeux gros, largement ouverts 
dans la peau, dépourvus de sinus, à orbites peu proéminents; elle est couronnée de huit 
bras sessiles très inégaux en longueur et en grosseur, et de deux bras tentaculaires fili- 
formes excessivement longs. 

La 1. paire de bras est un peu plus longue que le corps ; elle est conico-subulée, lé- 
gèrement comprimée latéralement et à l’intérieur ; la 2.° paire, plus grosse et plus longue 


DÉCAPODES 121 


que la 1, est arrondie vers la base, fortement comprimée du côté latéro-inférieur, con- 
vexe du côté rie. opter + carénée en dessus; la 3€ paire, presque le double en 
longueur de 5 1° paire, deux fois plus grosse de la 2, est fortement carénée, et comprimée 
du côté inférieur, et convexe du côté supérieur; la 4. paire, d’un tiers plus longue que 
la 3°, est plus grosse du double, et munie d’une grande membrane longitudinale ou carène 
plus large que Île bras, sur le côté latéral supérieur. Ces bras sont convexes en dehors et 
en gouttière en dedans; cette gouttière est épaisse d’un côté, étant bordée par le bras: elle 
est très mince et carénée de l’autre. La 1."%, la 2.° et la 5° paires de bras portent deux 
rangées rapprochées de petites cupules très serrées, qui diminuent progressivement de 
grosseur jusques vers l’extrémité des bras, où elles ne sont plus déchiffrables ; on en compte 
de 70 à 80 par rangée. Sur les bras de la 4*° paire, les rangées sont plus distantes l’une 
de l’autre; les cupules sont plus petites et plus espacées et au nombre de 20 environ par 
rangée. Toutes ces cupules sont rondes, un peu comprimées en dessous, percées d’une ou- 
verture ronde un peu latérale, munie d’un cercle corné, finement denté: elles sont implan- 
tées sur un tubercule pyramidal et fixeés par un court pédicule filiforme , qui se rattache à 
la cupule dans une fossette un peu latérale (PI. 59. fig. f). Bras tentaculaires, filiformes, 
trois fois plus longs que tout le corps, terminés par une massue lancéolée, formée par une 
expansion membraneuse, large et finement festonnée, qui protège les cupules ; cétte massue 
est munie en dessous de quatre rangées de cupules placées horizontalement, deux à deux 
de chaque côté, et terminée par un bouton oblong, percé en dessus d’une ouverture 
ovale, très étroite, que M. D’Orbigny regarde comme une cupule charnue (fig. 2). Tout 
long de la partie filiforme de ce bras, qui est un peu plus épaisse vers la base, on voit, 
à petits intervalles, des cupules sessiles charnues, bien distinctes. Les cupules de la massue 
sont portées par un pédoncule réctractile, implanté sur une espèce de bouton aplati et 
rond, qui forme l'extrémité d’un pédoncule plus long (PI. 39. fig. g). L'ouverture des cu- 
pules est latérale, oblongue et pourvue d’un cercle corné en partie denté (fig. 2): les dents 
en sont coniques et crochues; la dent supérieure médiane est la plus longue: cette ouver- 
ture peut étre, dans l’état de vie, entièrement couverte par la membrane de la cupule. 
Tube locomoteur conique, médiocre, sans valvule. 
Lame dorsale cornée, linéaire-lancéolée et spatulée aux deux extrémites. 


Proportions. 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : : - - ; 0,325 
Longueur du corps . L : : - : ; : : : SE 0,087 
Diamètre du corps à l’ouverture . : : ; ; - : : : : 0,027 
Largeur de la tête .. . - - - - - - - 0,033 
Longueur de la nageoire . : : à : À : : ù > = 0,040 
Largeur de la nageoire Ar. : . 0,039 
( paire: . ; - ; à ; , = 0,112 
ES 2 ; : : | - à : 5 : 0,138 
| 00% 
ee en : : : ; : ; ; 2. 0,210 
Longueur des bras tentaculaires . ; ; : : : ; ; ; > 1,030 
Massue des bras tentaculaires ; : : : : à ; 0,075 


16 


122 CÉPHALOPODES 


Couleur. Tout le corps de ce céphalopode est d’un blanc-hyalin transparent, couvert de 
points chromophores très fins, teinte neutre: on voit sur le globe des yeux une tache 
bleuâtre vive. Le corps à cause de la transparence de la peau, est sur la partie supé- 
rieure coloré de jaune et de rose : sur la partie inférieure, qui est aussi colorée de rose et 
de jaune, on remarque sur la ligne médiane une tache, en forme de cœur renversé, bleue 
très prononcée; sur chaque lobe de ce cœur brille un gros point à reflet métallique argenté, 
Deux taches oblongues, placées sur la partie inférieure de chaque globe des yeux, et une série 
très régulière de points, qui décroissent en grosseur vers lPextrémité, et forment une ran- 
gée longitudinale sur la partie dorsale des bras inférieurs, brillent aussi de l’éclat de l'argent 
le plus pur ; à la partie interne des bras ces points, qui forment une ligne parallèle très 
rapprochée de la série interne des cupules, sont d’un brun-noiràtre : sur tous les bras on 
voit des grandes taches irrégulières jaunes et rouges-pale. L’extrémité de la massue est 
rose. La membrane, qui enveloppe les cupules, est jaunâtre; et le bouton, qui termine le 
pédoncule, sur lequel est implanté le pédoncule portant la cupule, est rayé perpendiculai- 
rement de bleu noirâtre sur toute sa circonférence. 

Dans l'alcool, ce mollusque devient incolore; les points chromophores à teinte neutre 
persistent; la série des points, qui brillaient d’un reflet argenté sur la partie dorsale des 
bras inférieurs, est toujours perceptible ; mais les points ont perdu leur éclat métallique. 


Rapports et différences. 


Les caractères génériques font de prime abord, reconnaître ce céphalopode extraordinaire. 
La rotondité de sa tête, la bien moindre longueur de son corps, la forme presque arrondie 
de sa nageoire, l’énorme longueur de ses bras tentaculaires, la superposition des cupules 
des bras tentaculaires, et sa taille le font distinguer du L. vermicularis, avec lequel il 
a beaucoup de rapports. 


Habitation et mœurs. 


Ce Calmaret paraît ne vivre que dans la Méditerranée. Je l’ai recueilli pour la première 
fois, le 14 avril 1834, je l’eus une seconde fois en sept. 1836. M. Risso m'en montra plus 
tard un individu comme nouveauté. En juillet 1849 fut pris à Nice l’exemplaire parfait, que 
je possède. La première fois que M. Ruppell visita mes cartons, il reconnut dans mon 
Loligopsis Veranyi un céphalopode, qu’il avait eu à son premier voyage à Livourne : novice 
alors dans cette science, qu’il à tant enrichie, il perdit cet object précieux. 

Ce Calmaret se rencontre à fleur d’eau pendant les calmes des belles saisons, au milieu 
des médusaires, qui peuplent notre mer; sa blancheur et sa consistance le font toujours 
confondre avec ces animaux. Un pêcheur intelligent, qui l’a aperçu à fleur d’eau, m'a 
assuré qu'il nageait très lentement et faisait mouvoir en tout sens et avec assez de vivacité 
ses longs bras tentaculaires. C’est aussi à la surface de l’eau, que je rencontrai dans l'Océan 
le L. Bomplandii. | 


DÉCAPODES 195 
Histoire. 


Frappé par la forme bizarre de ce céphalopode, je m’empressai d’en communiquer une 
esquisse à M. De Férussac le 15 août 1831: cédant à l’empressement qu’il me marqua, 
d’avoir ce céphalopode nouveau, lequel fixait définitivement le caractère et la place du 
genre Loligopsis, je le lui envoyai accompagné de la description et du dessin, que j'en 
avais fait. M. De Férussac le présenta à la séance de l'institut du 27 sept. 1854, puis le 
figura dans sa monographie genre Calmaret PI. 11; à laquelle il ajouta quelques détails. 
Plus tard M. D’Orbigny crut à propos d'établir pour cette espèce un genre nouveau sous 
le nom de Chiroteuthe, basant son caractère surtout sur la ventouse charnue, qu’on voit 
à l'extrémité de la massue des bras tentaculaires ; il donna quelques détails de ce mollusque 
intéressant dans la planche IV du genre Calmaret de la Monografie des céphalopodes. Il est 
à regretter que ce savant n'ait pas publié le texte de ce précieux ouvrage; car il nous au- 
rait fait connaitre tous les caractères secondaires, qui l’ant engagé à établir ce nouveau 
senre. Il est fâcheux cependant qu’il ait proposé un nom si consonnant avec celui de Cir- 
rhoteuthis, imposé par M. Eschericht à un céphalopode très extraordinaire des mers du 
Nord, que M. D’Orbigny paraît n'avoir pas connu. 


Re 


N. 2. C. VERMICULAIRE. ZL. VERMICULARIS. Rurreu. PI. 40. fig. a. b. 


Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Loc. citat. 


Corpore gelatinoso, hyalino, cilindrico, antice truncato, postice subulaio, alis con- 
iunctis, alam cordiformam acuminatam, vel subulatam efformantibus, dimidiam vel 
bis tertiam, sacci longitudinem occupantibus ; capite ellongato-fusiformi: brachiis valde 
inaequalibus, tentaculis filiformibus longis. Lamina dorsali.……… 


Corps gélatineux, très transparent, cylindrique, long ; extrémité antérieure, tronquée et 
décrivant à la partie supérieure un angle peu saillant ; extrémité postérieure, plus ou moins 
atténuée et très allongée, portant deux nageoires réunies en forme de cœur à pointe très 
aiguë et souvent très subulée; nageoires plus longues que la partie libre du corps. 

Tête fusiforme, plus longue que la partie sans nageoire du corps, munie de deux yeux 
largement percés dans la peau, mais dépourvus de sinus; orbites peu proéminents : elle est 
couronnée de huit bras sessiles très inégaux en longueur et en grosseur, et de deux ten- 
taculaires filiformes, moins longs que tout le reste du corps. 

Bras sessiles de la 1." paire, conico-arrondis, très petits, atteignant à peine un quart de 
la longueur de la tête: ceux de la 2, un peu plus longs, légèrement carénés; ceux de 
la 5.°, un peu plus longs que ceux de la 2.° fortement carénés et comprimés latéralement; 
ceux de la 4, presque trois fois plus longs que ceux de la 1."°, et doublant en grosseur 
ceux de la 5, dilatés latéralement du côté externe en large carène, creusés en gouttière 
intérieurement et convexes en dessus. Tous ces bras portent deux rangées rapprochées de 
très petites cupules rondes, portées par un petit pédonceule filiforme, implanté sur un 


124 CÉPHALOPODES . 


tubercule conique saillant: sur la 1", la 2.° et la 5.° paires , elles sont rapprochées et très 
nombreuses ; sur la 4, elles sont très espacées, et malgré leur plus grande longueur en 
bien moindre quantité. Bras tentaculaires filiformes plus longs que la tête, y compris les 
bras: dans les individus, dont l’extrémité subulée du corps est excessivement allongée, la 
massue terminale occupe un huitième de leur longueur; dans ceux où elle est médiocre, la 
massue en occupe un quart: cette massue est pavée de cupules microscopiques, qui pa- 
raissent sessiles. La cupule terminale et les cupules sessiles le long de la partie filiforme, 
qu'on voit sur le C. Verany, manquent dans cette espèce. 

Tube locomoteur petit et conique. 

Lame cornée... 


Proportions. 

Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; " ‘ 0,265 ; 0,258 
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : ï - 0,200 ; 0,165 
Longueur du corps . : : ï ; à à - 0,115 à 0,083 
Largeur du corps : : : : : ; , ; 0,010 : 0,010 
Longueur de la nageoire  . : ; : : : 5 0,074 : 0,045 
Largeur de la nageoire : $ ; : ; : : : 0,027 ‘ 0,025 
Longueur de la tête . : - : : : 0,043 ; 0,043 
Largeur de la tête . Re. à : : : : ; 0,011 : 0,011 

1. paire . à : : : 0,013 0,013 

Re : : ; : : : 0,017 : 0,017 
D ee 0 

Rs : : : ee 0,036 : 0,036 
Longueur des bras tentaculaires . * ; - : : ; 0,110 ‘ 0,035 
Massue des bras tentaculaires = ; 2 : 5 à ; 0,015 : 0,040 


Couleur. Dans l’état de vie, d’un hyalin très transparent, sans aucuns points chromophores, 
et sans taches; on ne remarque sur lui que le point noir des yeux. Dans l’eau, on dirait 
ce céphalopode un médusaire ou un morceau de glace. Plongé dans l'alcool, il devient blan- 
châtre , conserve encore sa transparence; et on voit à travers son corps les organes intérieurs. 


Rapports et différences. 


La longueur de sa tête et l’excessive longueur de lPextrémité de son corps font distinguer 
au premier abord cette espèce. 


Habitations et mœurs. 


Cette espèce se rencontre dans le détroit de Messine, où les courants paraissent l’entrai- 
ner; elle y a été découverte par M. Ruppell, qui me communiqua le dessin, qu’il en 
avait et que j'ai reproduit planche 40, fig. a. La figure b de la même planche, à extré- 
mité du corps beaucoup plus longue, a été faite sur deux individus, recueillis dans le même 
golfe, que M. le Doct. Krohn m’a donnés. 


DÉCAPODES 125 
Histoire. 


M. Ruppell a observé le premier cette espèce remarquable, qu'il fit connaître par la 
description suivante insérée dans le journal du cabinet de Messine: « La longueur du 
» col, c’est-à-dire celle placée entre le bord antérieur du sac viscéral et l'orbite, est 
» égale à celle qu’il y a entre ce bord et le commencement de la nageoire, laquelle 
» est cordiforme, et terminée avec une pointe allongée. La nageoire mesure la moitié 
» du sac viscéral. La lame cartilagineuse dorsale est très fine. Les huit tentacules buccaux 
» sont armés d’une double série de très petites ventouses: elles sont distantes entre 
» elles, et alternent dans leur séries parallèles. Les deux tentacules cylindriques rétrac- 
» tiles sont assez longs et ont leur quart terminal avec beaucoup de ventouses micros- 
» copiques. La longueur du corps et des tentacules buccaux est de six pouces, celle de 
» la longueur du sac viscéral le tiers d’un pouce. C’est une propriété de ce céphalopode 
» de rester diaphane après la mort, plongé même dans l'esprit de vin ». Dans l'intérêt de 
la science, il est à désirer que M. Krohn publie les observations, qu'il à faites sur ce 
céphalopode, et nous fasse connaitre si la longueur du corps est due à la différence des 
sexes. M. le Prof. Koelliker nous en donnera probablement l’anatomie, lui ayant cédé un 
des deux individus, que M. Krohn m'avait donné. 


N. 3. GC. MARTEAU. Z. ZIGAENA. Verany. PI. 40. fig. c. 


Corpore gelatinoso, hyalino, cilindrico-fusiformi, antice truncato, postice subulato, 
alis conjunclis, alam postice trilobatam, antice bilobatam efformantibus, sextam sacci 
partem occeupantibus ; capite minimo, oculis pedonculatis; brachiis aequalibus minimis, 
tentaculis longis, filiformibus, et per totam longitudinem acetabulatis. Lamina..……… 


Corps gélatineux, transparent, fusiforme ; extrémité antérieure, tronquée et décrivant à sa 
partie médiane supérieure un angle peu saillant; extrémité postérieure, acuminée et portant deux 
nageoires réunies en forme de nageoire bilobée dans le haut et trilobée dans le bas, extrémité 
du sac donnant le lohé médian : cette nageoire occupe un sixième de la lorgueur du corps. 

Tête très petite, munie de deux yeux latéraux percés dans la peau, et placés à l’extré- 
mité de deux tubercules longs, cylindriques et inclinés un peu en avant; elle est couronnée 
de huit petits bras sessiles presque égaux, et de deux tentaculaires filiformes , aussi longs 
que le corps. Ceux de la 1." paire, un peu plus courts que tous les autres; il sont tous 
conico-subulés et munis de deux rangées alternantes de très petites cupules globuleuses, 
fixées a un petit tubereule conique par un pédoncule très fin. Bras tentaculaires, filiformes, 
plus gros à leur base que les bras sessiles, développés en massue lancéolée vers leur ex- 
trémité, garnis depuis leur base de deux rangées de petites cupules pédonculées et paral- 
léles, lesquelles sont un peu plus espacées et plus petites à la moitié des bras: on en voit 
quatre rangées sur la massue: ceiles des rangées internes , sont toutes proportionellement 
décroissantes du centre aux extrémités. 

Tube locomoteur, conique et dépassant les pédoncules oculaires. 


1926 CÉPHALOPODES 


Proportions. 
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : 5 : : à - 0,042 
Longueur du corps . $ - ; : - : : : - é 0,022 
Diamètre du corps ‘ : : : ë 0,007 
Largeur de la nageoire ; ‘ ; : ; : : : À ; ; 0,005 
Hauteur de la nageoire : ‘ ; : 5 : 0,004 
Longueur des bras sessiles mesurés de la bouche. : ; 0,005 
Longueur des bras tentaculaires . . : 0,024 


Couleur. D’un hyalin transparent sans points chromophores; on voit à travers le corps 
tous ses organes. Une tache jaunâtre colore le centre de la tête; on en remarque une plus 
petite en arrière des yeux. Dans l'alcool, ce céphalopode devient blanchâtre et conserve un 
peu de sa transparence. 


Rapports et différences. 


Les yeux pédonculés caractèrisent nettement cette espèce ; la forme et la petitesse de sa 
nageoire, et la régularité de ses bras sessiles la font distinguer parfaitement de ses congénères. 


Habitation et mœurs. 


L’unique individu, que je possède de cette espèce, a été trouvé dans le port de Messine 
par M. le Doct. Krohn. 


Histoire. 


La science doit à M. le Doct. Krohn la découverte de cette espèce extraordinaire: quoi- 
que absorbé par ses études anatomiques sur les Bifores, ce savant recueillit pour moi tous 
les céphalopodes, qui se pêchent dans le golfe de Messine, et me les donna à son retour. 
Cette espèce m’ayant été désignée par lui sous le nom spécifique de Zigaena, vu la con- 
formation de sa tête, qui rappelle celle du poisson de ce nom, j’ai scrupuleusement conservé 
cette dénomination. 


HECTOCOTYLE. HECTOCOTYLUS. Cuir. PI. 41. 


Dee CiaAiE. DusakDin. KOELLIKER. SIEBOLD. 


Tricocephalus acetabularis. Delle Chiaje, Anim. invert. Vol. IT. pag. 137. 


La publication de M. le Prof. Koelliker sur lhectocotyle du .trémoctope violet et de lar- 
gonaute, rapports de l’inst. Zoot. royal de Würzburg 1847-48 ; les communications qu'il 
fit au congrès scientifique de Gènes; et la place, que leur assigne M. le Prof. de Siebold 
dans son manuel d'anatomie comparée, m’obligent à terminer cette monographie par l’his- 
toire de cet animal extraordinaire, suivie de mes observations zoologiques. 


DÉCAPODES 127 


M. Delle Chiaje décrivit cet animal sous le nom de fricocephalus acetabularis et le ran- 
gea dans ses Pseudo-anellosi epi-entozoici. M. Cuvier, en décrivant ce ver rapporté de 
Nice par M. Laureillard, qui l'avait trouvé sur l'O. granulatus Lamark (1), dit: « voilà le 
» corps d’un poulpe, qui a pour parasite un ver tellement semblable à un bras de poulpe, 
» que l'illusion ne peut être plus grande. Parmi les deux poulpes il en est un, où l’hecto- 
» Cotyle s'est attaché à un des bras, qu’il a même à-peu-près détruit, et qu'il semble tel- 
» lement remplacer qu’au premier corps d’œil on le prendrait pour ce bras lui-même... … 
» Il se détache aisément de l’animal, sur lequel il vit, et se met aussitôt à pager dans 
» l’eau de la mer (2), où à ramper sur toute sa surface solide sans paraître beaucoup souf- 
» frir de ce changement de position ». 

M. le Prof. Dujardin, dans l’histoire des helminthes, nouvelle suite à Buffon, dit: « j'ai 
» vu les préparations anatomiques, ainsi qu’un exemplaire entier; mais j'avoue qu’il m’est 
» impossible de comprendre ce que ce peut être; je suis seulement bien convaincu que ce 
» n’est pas un helminte trématode: on dirait un bras arraché de quelque autre céphalo- 
» pode, tant la double série de ventouses, occupant la face centrale de l’hectocotyle, res- 
» semble aux ventouses plus grandes du poulpe. On voit dans la partie dorsale un long 
» filet blanc, sinueux et replié, que Cuvier n’a pu voir qu'après l’action de l’alcool , et 
» qui par conséquent doit provenir de la coagulation de quelque substance liquide (sper- 
» matique ?)... Ce sera seulement en étudiant ces objets vivants, qu’on pourra décider de 
» leur vraie nature et constater si ce ne serait pas des parties détachées de quelque cépha- 
» Jopode dans le but de servir à la fécondation. Ce que je puis affirmer dès à présent, c’est 
» que le long fil blanc, décrit par Cuvier et dont la longueur est de plus d’un mètre, est 
» tout simplement un faisceau de filaments très longs et très fins, indépendants, et res- 
» semblant complétement aux spermatozoïdes des céphalopodes ». 
= M. le Prof. Koelliker, observant que les hectocotyles ont des branchies (3), un cœur (4), 
des artères et des veines, déclare qu'ils ne peuvent par conséquent être des helminthes, 
vu qu’ils ont en commun avec les céphalopodes les chromotophores contractiles de la peau, 
la forme des spermatozoïdes et des ventouses ; et que la masse musculaire de leur corps 
se contracte à la manière des bras des céphalopodes, qui les portent et sont tous femelles, 
et que les hectocotyles sont tous mâles; enfin que certains œufs d’octopodiens, d’après M. 


(1) Désireux de connaître l'O granulalus rapporté de Nice per M. Laureillard, j'ai demandé en communication un des 
nombreux exemplaires, qui existent dans la collection du musée de Paris: Mrs les employes, qui n'igncrent pas cer- 
tainement tout ce qui j'ai donné à cet établissement et à Mrs les Professeurs et aides, m'ont allégué la sevérilé des 
réglements , qui s'y opposent. Je puis cependant affirmer d’après M. D'Orbigny , que l'O. granulalus n'est pas le lu- 
berculalus Risso, Delle Chiaje. catenulatus. Férussac et de cet ouvrage. 

(2) Je respecte trop les observations de M. Laureillard pour mettre en doute la nage de lheclocotyle du poulpe 
qu'il a vue ; la faculté de ramper appartient aussi aux papilles branchiales des Eolidiens, J'ai vu les papilles de la Cal- 
liope Souleyet se détacher, et par une contraction musculaire se traîner lestement pendant plusieurs heures au fond 
du vase, où vivait le gastéropode. 

(3) M. Cuvier, Dujardin et Delle Chiaje ne parlent pas de branchies ; il serait très possible que M.rsS Koelliker el de 
Siebold eussent pris pour branchies la membrane longitudinale, qui réunit entre elles les cupules sur les deux tiers 
inférieurs ; membrane certainement déchirée sur les individus examinés. 

(4) L'existence du cœur dans les hectocotyles est bien moins que prouvée , et M. de Siebold ne l’a pas constatée. 


128 | CÉPHALOPODES ; 


Maravigna, contiennent des embrions, qui ressemblent aux hectocotyles (1); il en a conclu 
que les hectocotyles sont les mâles des céphalopodes, qui les portent. 

M. C. Th. de Siebold déclare, dans son manuel d'anatomie comparée, qu’il s’est con- : 
vaincu de la justesse de plusieurs détails donnés par M. Koelliker et qu’il s’est éclairé sur 
la véritable nature des hectocotyles ; puis il’en: décrit les organes sexuels. « Ils occupent, 
» dit-il, une partie très considérable, en raison du corps si singulièrement rapétissé. Le 
» renflement lisse, dépourvu de ventouses (2) en forme de massue qui forme l'extrémité 
» postérieure de ces animaux n’est qu’une capsule génitale, à parois très minces, dans la- 
» quelle sont enfermés les spermatozoïdes avec l’organe copulateur. Leur masse spermati- 
» que forme un cordon long, en forme de chapelet, pelote ou boule, qui est composé de 
» faisceaux épais et ovales de spermatozoïdes réunis ensemble d’une manière régulière 
» par des faisceaux plus minces et plus courts des spermatozoïdes en forme de cheveux. 
» Entre cette massue pelotonnée du cordon spermatozoïde, on trouve encore le cordon 
» éjaculateur avec le pénis, qui est extrêmement long et roulé en spirale ». 

Quoique très attentif à visiter avec soin tous les argonautes, trémoctopes et poulpes à 
mailles, qui se sont présentés, je n’ai jamais eu le bonheur de trouver lPhectocotyle de ces 
animaux. J’ai été plus heureux pour celui du poulpe, et je crois pouvoir établir que l’hec- 
tocolyle du poulpe doit, comme l'avaient très bien prévu M. Cuvier et Dujardin, être 
rayé de la série animale, n'étant qu’une partie très extraordinaire et encore énigmatique 
de céphalopode. 

Je rencontrai en 1836 un poulpe, que je publiai sous le nom d’O. Carena: je remar- 
quai dans ce mémoire, et figurai comme anomalie extraordinaire une vessicule implantée 
sur un petit pédicule, garni de quelques cupules, représentant le bras droit de la 5.° paire. 
J'ai recueilli plus tard quatre individus de cette espèce de poulpe: trois d’entre eux avai- 
ent ce même bras hectocctyliforme : le quatrième l’avait peräu. Ce fait constant et sur le 
même bras m'avait frappé. 

Le faisant remarquer à M. le Doct. Defilippi, Prof. de zoologie à l’université de Turin, à 
qui j'en offris un exemplaire pour le musée, qu’il a sous sa direction, il m'observa de 
suite, que ce bras était l’hectocotyle de Cuvier. À son passage par Gènes, se rendant avec 
M. le Doct. Laydig en Sardaigne, nous revinmes sur la question de l’hectocotyle, dési- 
reux d’avoir l’avis d’un des élèves de M. Koelliker; je soumis à leur examen un des in- 
dividus parfait, que je possédais. Au premier contact, le bras hectocotyliforme se détacha, 
comme s’il tenait par une articulation : on rompit alors un autre bras, qui céda à la force, 
mais laissa les traces d’une déchirure. La vessicule terminale ouverte, on vit se développer 
le long cordon blanc, sinueux, décrit par M. Dujardin. On crut inutile de passer à des 
observations microscopiques, ces observations devant être faites sur le modèle frais ; ce qu’ont 
offert de faire M. Defilippi et Vogt, qui attendent avec impatience la trouvaille d’un de 


ces poulpes. 
* 


(1) Le fait annoncé par M. Maravigna n’a pas été constaté par les observations récentes de M. Koelliker lui-même : 
ce savant observateur n’a vu se développer que des embrions ordinaires, 

(2) J'ai vu quelques ventouses sur la vessicule terminale; mais elles appartenaient à l'extrémité du bras envahie 
par la vessicule. 


s 


DÉCAPODES 129 


CONCLUSION. 


L’hectocotyle du poulpe n’est qu'un bras caduc du céphalopode : ce bras porte des 
organes mâles ; et probablement ces organes ont un développement périodique. 

Les hectocotyles de l’argonaute et du trémoctope diffèrent de celui du poulpe. 

Les hectocotyles de l’argonaute et du trémoctope ne peuvent être des bras du cépha- 
lopode, qui les porte, puisqu'ils sont infiniment plus petits, et que jamais que je sache, 
on n’a remarqué que quelque bras manqua sur ce céphalopode. 


Explication des figures des hectocotyles. PI. 41. 


Fig. 1. Poulpe Carena avec le bras hectocotyliforme. 

Fig. 2. Poulpe Carena avec la vessicule terminale sans bras hectocotyliforme. 

Fig. 3. Bras hectocotyliforme du Poulpe Carena avec la vessicule terminale ouverte, et 
le filet blanc sinueux déroulé. 

Fig. 4. Hectocotyle du Poulpe figuré par M. Cuvier vu de coté. 

Fig. 5. Hectocotyle du Poulpe id. id. id, vu de face. 

Fig. 6. Hectocotyle de l’Argonaute, Tricocephalus acetabularis, Delle Chiaje, figuré par 
cet auteur, grossi plus du double ; «, orifice de la bouche; b. b. canal des aliments: c. ovaire: 
d. membrane tachetée; e. e. f. f. double série de ventouses. 

Fig. 7. Hectocotyle de l’Argonaute, figuré par M. Costa, de grandeur naturelle. 

Fig. 8. Hectocotyle de l’Argonaute, grandi de presque vingt fois, a. b. tronc; €. c. ap- 
pendice terminal ; e. f. les deux cirrhes tentaculaires; /. tubercules acetabulaires ; 2. £. à. 
poche divisée en 8 ou # divisions; e. cirrhe ou espèce de fanon; f. appendices tentaculai- 
res ; d. membrane traversée par deux cordons, x. x.; g. points chromophores. 

Fig. 9. Proportion de lhectocotyle de l’Argonaute par M. Koelliker. 

Fig. 10. Hectocotyle de l’Argonaute grossi, a. face ventrale avec les cupules et une 
partie médiane qui renferme les téguments musculaires ; d. face dorsale: c. bord antérieur 
du corps; d. bord postérieur du corps: e. appendices du bord postérieur dans sa position 
naturelle; f. appendice membraneux à l’origine de ce bout; g. crète dorsale: A. fente de 
extrémité de cette crète ; i. capsule spermatique avec les chromotophores qu’on voit à travers. 

Fig. 11. Le même avec l’appendice détaché de la capsule spermatique: les lettres comme 
dans la figure précédente; X. une partie du penis qu'on voit à travers de la crète dorsale; 
l. partie médiane du corps contenant le canal musculaire. | 

Fig. 12. Proportion de l’ Hectotyle du Trémoctope violet par M. Koëelliker. 

Fig. 15. Hectocotyle du trèmoctope grossi; a. cupules anterieures ; b. cupules postérieures: 
c. branchies; d. partie postérieure du corps; e. conducteur du sperme; f. masse spermati- 
que; g. penis; À. gaine; e. partie médiane du corps antérieure contenant le canal musculaire. 

Fig. 14. Le même du côté dorsal : les lettres signifient les mêmes choses: À. chromotophores. 


FIN 


17 


130 


ERRATA CORRIGE 
Page VE. ligne 3. Chromolitographie, Lisez cromolithographie, 
»  VIL ligne 10 etc. recuellies » recueillies 
» IX. ligne 4 moilleux, » moelleux, 
» XVI. ligne 20 et se dilactent, » et se dilatent, 
» 1 et suivantes. D'Orbigny » d'Orbigny 
» { ligne 29. par fois » parfois 
» “€ » 27. Payredeau » Payraudeau 
F3 » 20. Archives de Wiegman, » Les mêmes Archives, continués après la mort 
de M. Wiegmann par M. Erichson en avril 1846. 
» 6 et suivantes ligne 5. Cyrrheux, » : (Cirrheux 
» 6 ligne 6. Echrit; » Eschricht 
» 8 » 7. d’un cyrrhe rétractyle » d’un cirrhe rétractile 
» 8 » 26 et suivantes, cromophores » coromophores 
D || » 2. de l’O. Macropus et Philippi » de l'O. macropus et Defilippi 
» 38 » 16. sur deux liques D) sur deux lignes 
» 38 » 20. au nombe » au nombre 
» 39 _» 33. Montpelier ; » Montpellier 
D». 54 » 16. si se confirmera . » s’il se confirmera 
» 56 » 18. orbitraire é » orbitaire 
» 61 » 37. et plus regulieres » et plus réguliers 
» 3 » 8.  bilobe » bilobée 
» 68 » 5. les portions latérales » les parties latérale 
» 74 » 1. plus étroite la à partie » , plus étroite à la partie 
» 79 » 16. dans la même ouvrage : » dans le même ouvrage 
» 18 » 19. un peu plus longues que la troi- » un peu plus longue que la 4. et un peu plus 
sieme longue que la troisième 
» 80 » 1%. Monografie des mollusque » monographie des mollusques 
» 86 » 30. d’une fossete » d'une fossette 
RE © OR 14. sur cette tache se refléchit un re- » sur cette tache brille un reflet argenté 
flet argenté | 
D {245 » 11. de la monografie » de la monographie 
De 126 ) 7. qu’au premier corps d'œil » qu’au premier coup d'œil 
CE |: 14. un bhelminte En ‘un helminthe. 


151 


TABLE 
Page Planche 
Dédicace . ee. Y. 
PrOACE. > ; SN 
Tableaux synoptiques . : Lx 
Caractéres zoologiques. : ‘ XII. 
Généralités . :  … : 1. 
Octopodes . ss : : 6. 
Décapodes . : 55. 
Argonauta. Linné . - : 47. 
| argo. Linné . : 48, 17: 16. 
Eledon. Leach : : : : : F: 
. Aldrovandi. Delle Chiaje . 12. Ed 
Genei. Verany. : . 15. _- 
moschatus. Leach . z. 4. 5. 6. 
Histioteuthis d’Orbigny . : $ 115. 
Bonelliana. d'Orbigny  . 114, Mr 
: Ruppellii. Verany . a 117 20. 21. 
Loligo. Lamark D 88. 
Alessandrinii. Verany  . . .. 9541 56. fig. f-9. 
Heipode. Hapuell à 0 , 410%. 35 fo a+. 
Berthelotii. Verany . 93. 56. fig. h-k. 
Bianconii. Verany . : ; = 100. 35. fig. 1-l. 
Coindetii. Verany . : 100. 36. fig. a-c. 
Marmorae. Verany .  .  . 95. 327. | 
Meneghinii. Verany . : : 98. 35. fig. c-d. 
Pillae. Verany ; 112 36. fig. d-g. 
sagittata. Lamark : è ; .: On. 31. 52. 
todarus. Delle Chiaje  . 107 33. 
vulgaris. Lamark . : 89. 34. 
Loligopsis. Lamark.  _- à -  - ee 
Veranyi. Férussac . . : 12h, 29. 09. 
vermicularis. Ruppell :. : - —… 124 AO. fig. a. b. 
zigaena. Verany  . _ 125. AO. fig. c. 
Octopus. Lamark = : : : ; 16. 
Alderii. Verany  . : 32. 7 Dis 46 bc : 
catenulatus. Férussac - : 7: 15. 
Corne de eh. : dk fie.» +. 


AL Ha, 12. 


132 


Tremoctopus. 


Onichoteuthis. Lichtenstein 


Enoploteuthis. Ruppell. 


Verania. Krohn. 
Rossia. Owen. 


Sepia. Linné . 


Sepiola. Leach 


Sepioteuthis. Blainville 


Hectocotylus. Cuvier 


Cocco. Verany 
Defilippii. Verany . 
Koellikerti. Verany . 
macropus. Asso 
Salutii. Verany 


tetracirrhus. Delle Chiaje 


violaceus. Delle Chiaje 
velifer. Férussac. 
vulgaris. Lamark 


tuberculatus. Blainville . 


tuberculatus. Risso . 
pilosus. ARisso . 
granosus. Blainville 
frayedus. Rafinesque 
didynamus. td. 
heteropodus id. 


ruber. id. 
tetradynamus ‘d. 
moschatus id. 


Krobnii. Verany 
Lichtenstenii. Férussac 
margaritifera. Ruppell 
Owenii. Verany 
Veranyi. Ruppell 
Sicula. Krohn . 


dispar. Ruppell 
macrosoma. d’'Orbigny 


bisserialis. Denis de Montfort . 


elegans. Blainville . 
oflicinalis. Linné 


Rondeletii. Gesner . 


Sicula. Ruppell 


octopodis 
argonaulae 
tremoctopodis . 


Page 
22. 
90. 
99. 
27. 
20. 
25. 
41. 
41. 
16. 
45. 
46. 
AG. 
AG. 
46. 
46. 
47. 
47. 
47. 


47. 


72. 
80. 
78. 
82. 
84. 
89. 
86. 
60. 
65. 
60. 
65. 
F4. 
70. 
65. 
36. 
96. 
75. 
75. 
126. 


Planche 
12. 12 bte. 
11. fig. d-f. 
11. fig. a-c. 
10. , 

9. 

7. 7 bis. fig. a. 
14. F6. 
14. fig. 1. 


30. fig. a. 


30. fig. b. 


41, fig. 1:5. 
41. fig. 6-11. 
A. fig. 12-14. 


1h . 


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Eledon Aldrovandi, A, | | 


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