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MOLLUSQUES
MÉDITERANÉENS
OBSER VÉS, DÉCRITS, FIGURES ET CHROMOLITHOGRAPHIÉS D'APRÈS LE VIVANT
OUVRAGE
DÉDIÉ À S. M. LE ROI
CHARLES ALBERT
PAR
JEAN BAPTISTE VERANY
Chevalier de l'ordre des SS. Maurice et Lazare , Directeur du Cabinet d'histoire naturelle
de la ville de Nice , Essayeur-chef au bureau de la garantie de la division de Gènes,
Membre correspondant de l'Accademie Royale des sciences de Turin, etc.
a
PREMIÈRE PARTIE.
CÉPHALOPODES DE LA MÉDITERRANÉE.
en |
GÈNES
IMPRIMERIE DES SOURDS-MUETS.
1851
Division of MoïluaEs
Bectional Library
SIRE,
un son beau ciel, ses monuments vainqueurs des siècles el Les grands hommes
qu’elle a enfantés, l'Italie possède des richesses ensevelies dans le sein des flots, qui
baignent ses côtes riantes. Un petit nombré de ces trésors, si précieux pour la science,
ont été déjà signalés : la plus grande partie avait échappé jusqu'ici aux regards des
savants. J’ai voulu sonder, à mon tour, les profondeurs de la Méditerranée, arracher
les Mollusques à l’oubli, au quel ils semblaient condamnés et les offrir à l'étude des
naturalistes tout en leur faisant part de mes observations.
Pour rendre fructueux ce travail long et pénible, il s'agissait, non d’obtenir une
pâle copie typographique des espèces diverses prise sur des corps inanimés, mais de
représenter les Mollusques avec une fidélité exacte, tant sous le rapport de la conformation
et des organes, que sous celui des nuances, variées à l’infini, qui les distinguent, quand
ils ont le mouvement et la vie. C'était un rude labeur, et la tache me paraissait au
VI
dessus de mes forces: cependant, comme la science et les beaux-arts se tiennent, pour
ainsi dire, par la main, et se prétent un mutuel secours, je me suis adressé à la
chromolitographie, qui, grâce à mon application et à ma persévérance, à reproduit les
Mollusques, que je possédais vivants, avec la souplesse des chairs, la grace des contours,
la flexibilité des membranes, le transparent et le coloris que j'ambitionnais avec tant
d’ardeur.
Votre Majesté, qui n’est étrangère à aucun genre de connaissance, pourra s'en
convaincre, en jetant les yeux sur la série de planches, que j'ai l’honneur de lui
soumettre.
Sire, {a reconnaissance des peuples se charge d’éterniser la mémoire d'un bon Roi ;
mais les sciences et les arts, qui fleurissent sous l’égide de son sceptre paternel, forment
le piédestal du monument, qui doit transmettre sa gloire à la postérité, et chacun de
ses sujets s'efforce, par des découvertes plus ou moins importantes, de lui payer un
tribut d'amour et de gratitude.
Si mes travaux sont trop faibles pour contribuer en rien à la splendeur de votre
régne, ils auront un assez bon partage en prouvant que vos fidèles sujets revendiquent
aussi leur part dans le progrès des sciences, et que Votre Majesté encourage leurs efforts,
puisqu'elle me permet de lui dédier cel ouvrage.
Je le dépose à vos pieds, Sire; daignez en agréer l’hommage: ce sera le plux doux
fruit de mes veilles, comme il deviendra le gage impérissable du respectueux dévouement
et de l’éternelle reconnaissance
Du plus fidèle de vos sujets
VERANY.
V0 si dichiara che S. M. si è degnata di gradire la dedica dell opera.
Raconiggi li # luglio 1847.
Il Segretario privato di S. M.
Dr CasTAGneTTo.
PRÉFACE
Pressé de me livrer à la recherche des êtres marins, pour me rendre aux pressantes
sollicitations de feu M. le Prof. Bonelli, qui travaillait à enrichir le musée de Turin des
produits de nos mers; ébloui par l'élégance des formes et des couleurs, qui parent cette
branche de la création ; persuadé, par les ouvrages que je consultai, qu'il y avait encore
beaucoup à faire dans cette partie du règne animal; je me décidai, en 1824, à m'occuper
spécialement des mollusques marins; à cet effet, j’entrepris d’en faire la description et de
les dessiner, autant que possible, sur le vivant, et j'étudiai leurs mœurs. Entré en 1848,
grâce à M. le Doct. Prof. Wagner, en rapport avec M. le Bar. de Férussac ; flatté de l’ac-
cueil qu'il fit à mes premières communications, et surtout à mes dessins, je redoublai d’ac-
tivité, heureux de pouvoir me rendre utile à la science, en secondant de mes faibles ta-
lents la publication de la monographie des céphalopodes, qu’il avait commencée, en commun,
avec M. À. d'Orbigny.
Mon assiduité sur les marchés, mes pêches fréquentes, ma générosité envers les pé-
cheurs gens insouciants et indiscrets , et surtout une prime d'encouragement, que je
donnais à tous ceux qui me portaient quelque nouveauté; tels furent les moyens em-
ployés, qui me réussirent à Nice, et plus tard à Gènes, où mes fonctions d’essayeur
avaient fixé ma résidence. Les rencontres heureuses, que je fis au début de mes recherches,
m'emflammérent du plus vif amour pour cette science; et, sans me laisser séduire par la
gloriole de publier moi-même les espèces remarquables, qui me tombaient sous la main et
recompensaient mes travaux, je m'empressai de les adresser à M. de Férussac. Ma corres-
pondance avec lui cessa à la mort prématurée de cet auteur. Les matériaux, qui servaient
à la compilation de l’ouvrage, furent contestés par M.”° veuve de Férussac, et par M. d’Or-
bigny, qui fut mis en droit de finir ce travail; désireux, de mon côté, de voir compièter
cette monographie, je lui cédai tous les matériaux, que j'avais fournis: quelques-uns furent
publiés, d’autres restèrent inédits, l’ouvrage n’ayant pas été terminé.
Vi PRÉFACE
Possesseur de riches matériaux, nouveaux pour la science ; encouragé par les naturalistes,
qui ont examiné mes cartons ; cédant aux invitations des nombreux amateurs, avides d’un
ouvrage qui puisse les guider dans leur recherches; aiguillonné enfin par la générosité
des savants, qui se sont empressés de me céder toutes leurs découvertes ; je me suis dé-
cidé à publier la monographie des céphalopodes de la Méditerranée, que j'ai vus en grande
partie vivants, et les autres très bien conservés dans l'alcool.
Je remplis ici une tâche bien agréable en témoignant toute ma reconnaissance à l’infati-
gable M. E. Ruppell, qui m’a donné ad hoc toutes les espèces de la Méditerranée, dont il
s'était contenté de fournir une simpie indication, et à M. le Doct. Krohn, qui m’a cédé toutes
les nouveautés, qu’il a recuellies dans le golfe de Messine, pendant qu'il s’occupait de son
travail précieux sur les bifores.
Je me plais à témoigner aussi toute ma gratitude à M. le Prof. Delle Chiaje, si connu
dans le monde savant par ses travaux zoologiques et anatomiques. Il voulut bien, pendant
mon séjour à Naples, m’accorder plusieurs séances, qui m'ont fourni des éclaircissements
d’une utilité immense pour mon ouvrage. Le même sentiment de reconnaissance m'oblige
également à adresser mes bien sincères remerciments, au savant entomologiste, M. le Mar-
quis Maximilien Spinola, qui, tout en me permettant d’user de sa riche bibliothèque, a
facilité mes études par ses conseils et ses vastes connaissances.
Je’ déclare, avant tout, que je possède toutes les espèces-types que je décris, et qu’elles
seront déposées dans le cabinet d'histoire naturelle, que j’ai créé et donné à la ville de
Nice, ma patrie, et que plusieurs de mes nouveautés sont déjà déposées dans le musée de
Francfort et de Turin. |
Pour rendre ce travail aussi complet que possible, j’ai ajouté à la suite de chaque genre
la phrase caractéristique originale des espèces, que je n’ai pu voir, et que j'ai recueillies
dans les ouvrages ; je les ai accompagnées, quand je l’ai pu, de mes observations : si quel-
que publication n’y figure pas, c’est que je n'ai pas eu l’avantage de la connaitre.
J'ai été pendant quelque temps arrêté par l’exécution des planches ; car, possesseur de
dessins, exécutés par moi-même sur le vivant, dessins où, grâce au tâtonnement et à la
patience, j'ai souvent réussi à figurer le moelleux et le trasparent, qui caractérisent ces ani-
maux, je ne pouvais en abandonner l'exécution à la lithographie et au coloriage, encore
dans l'enfance dans ce pays. Pour me tirer de cet embarras j'ai mis à profit quelques
données, que j'avais sur la gravure en couleur à la roulette. J’ai essayé d’en faire l’appli-
cation à la lithographie, et quelques essais sont venus confirmer mon attente. Dès lors,
quoique n’ayant aucune habitude de la lithographie et même aucune connaissance de la
chromolithographie je me suis lancé, avec courage et confiance, dans cette entreprise: les
résultats, que j'ai obtenus, tout en atteignant mon but, m'ont confirmé, dans la pensée
IX
que ce genre, entre les mains d’un artiste habile, pourra arriver à un degré de perfection-
nement, qui rivalisera, non seulement avec les plus belles productions étrangères, mais
les surpassera peut-être,
Pourtant je ne me fais pas illusion; et quoique satisfait de mes planches par le moil-
leux, l’impasto des teintes, et le transparent que j'ai obtenus, grâce à de nombreux tirages,
et à quelques retouches faites au pinceau, je dois avouer qu’elles me laissent beaucoup à
désirer pour le fini et la précision des détails : je n’ai pu vaincre, je le dis à regret, ces
difficultés insurmontables, avec une vue bien usée, et à cause de la nécessité de faire les
tirages à sec ; je me flatte que M." les artistes me le pardonneront; car, j'en fais l’aveu
sincère, ce n’est qu’à la dernière extrémité que je me suis décidé à me mettre moi-même
à l’ouvrage.
Je sens le besoin de m’excuser auprès de mes compatriotes d’avoir employé la langue
française dans la rédaction de cet ouvrage: j’ai préféré cette langue, connue de tous les
naturalistes d'Europe, et familière à tous les Italiens instruits, à la nôtre, afin de rendre
ma publication plus utile à la science. Mes compatriotes me sauront gré de m'être suffi à
moi-même et d’avoir employé un système économique, qui pourra faciliter à l'avenir la
publication d'ouvrages nécessaires, en Italie, pour la propagation des sciences naturelles,
et pour l'instruction élémentaire de la jeunesse.
Il ne me reste qu’une prière à adresser à M." les naturalistes, qui auront l’occasion de
s’occuper de Mollusques ; c’est de m’honorer de leurs remarques, de leurs observations et
de leurs découvertes, pour que je puisse, à la fin de la seconde partie, qui comprendra
les Ptéropodes et Gastéropodes nudibranches, rectifier mes erreurs, et y ajouter les nou-
veautés, qu'on jugera de quelque utilité pour le complément de cette monographie.
Grènes, avril 1851.
VERANY.
x
Bras libres; deux d'entre eux se repliant sur eux-mêmes aux deux
tiers de leur longueur, et pourvus dans ce repli d’une membrane
très extensible ; ouverture du sac munie d’un appareil constricteur :
ouvertures aquifères très petites . .
è k , Nageoires latérales presque circulaires , placées sur le milieu de la longueur au
Corps attaché extérieurement à la À corps; osselet interne corné, très petit, n'occupant que la moilié de la longueur
L
‘4 * Sans aucun autre organe préhenseur on de tact . " ,
a” Une rangée de cupules sessiles sur chaque bras Et deux rangées de tentacules fins, charnus, disposés par paire ;
el sac où corps muni latéralement de deux nageoires . Lu «
E Tête sans ouvertures aquifères ;
© OCTOPODES Bras libres ou réunis entrel ouverture du sac sans appareil
f à / eux par une membrane in-Ÿ constricteur. Poulpe, d'Orbigny.
| ee { terbrachiale plus ou moins Tête fournie d'ouvertures aqui-
| je | Deux rangées de cupules sessiles ou pédiculées sur Ÿ développée. fères ; ouverture du sac munie d'un
— chaque bras, ‘ appareil constricteur charnu, Phi-
a lonexe, d’Orbigny. )
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tête, du sac .
Nageoires terminales, réunies entre elles ‘et échancrées à leur jonction posté-
rieure ; osselct interne corné, occupant toute la longueur du sac , , k .
Latérales, presque circulaires , placées sur le milieu ou sur la moitié postérieure
du sac; osselet interne corné, petit, n an que la moitié de la longueur du
corps . L
; Dépassant l'extrémité du sac, " semi- circulaires, réunies entre elles,
ta j Nageoires n'oc- échancrées à leur jonction postérieure , qui dépasse le sac, Six bras
A | cupant pas toute sessiles, réunis entre eux par de grandes membranes interbrachiales ,
= ) la longueur du les deux autres libres. Bras tentaculaires implantés en dehors de |’ om-
Qu | DÉCAPODE corps. brelle; osselet interne corné, occupant toute la longueur du corps &
re ia par ke
à membrane transparente
< [,. Bras SarniS| Lercée d'une petite ou-
nv de cupules pé- verture: a ï
: ; appareil cons
= na tricteur simple; osselet
SDS tiérement , peu ha Calmars d'Or
‘Fprimlnales 4 point réTaC" | Oil largement ouvert,
iles : osselet inf &t muni d'un sinus : ap-
j. terne, occupant RE À
/ Corps ons A pareil constricteur com-
Corps détaché charnu. de in ONSUEUT posé : osselet muni d’un
extérieurement ; \ godet terminal. Ommas-
\ de la tête. tréphes, d'Orbigny .
Des griffes sur Îles
re ù bras tentaculaires seu-
» . Ne dépassant Bras garnis en! jement. Onychotcuthe.
Jamais le corps totalité ou en Des griffes sur tous les
|et se prolonge- partie de .CTO-4 bras. Enoploteuthe.
ant jusqu’à son chets ou griffes. Des griffes sur les
‘extrémité. bras sessiles seulement,
, Veranie. /
Corps gélatineux ; bras et nageoires trés variables ;
bras tentaculaires, quelquefois très fins et longs, et
munis sur toute leur longueur de cupules sessiles.
Osselet corné
Presque de la même largeur sur toute leur longueur :
osselet crétacé . L ; , , : : k
TETRABRANCHIATA. Owen.
Nageoires occupant toute la longueur
| du corps.
NaurisE et toutes les coquilles 4 Beaucoup plus large à la moitié de leur longueur, osse-
cloisonnées fossiles. let corné
. 0 . . . . , , .
ELEDoN.
Cirrhoteuthe.
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CARACTÈRES ZOOLOGIQUES DES CÉPHALOPODES DIBRANCHES.
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Les céphalopodes étant divisés par M. Richard Owen en dibranchiata et tetrabranchiata,
d’après le nombre des branchies , et cette secende division ne renfermant que le Nautile,
qui est exotique et les coquilles fossiles, qui appartiennent à cet ordre, je m’attache à la
première division et la résume.
Le corps des'céphalopodes dibranches se divise en deux parties bien distinctes ; l’an-
térieur, céte; la postérieure, corps.
Sur la tête proprement dite, on remarque les yeux, les crêtes et ouvertures olfactiques
(auditoires de quelques auteurs), et les ouvertures aquifères.
Sur la tête, les bras; les membranes interbrachiales ; l’ombrelle; les membranes longitu-
dinales dorsales des bras (crêtes natatoires); les membranes protectrices des cupules ; les
cupules, crochets et tentacules charnus; la bouche composée d’une langue, de deux ma-
choires, de deux lèvres et d’une membrane buccale.
Sur le corps ou manteau, l'ouverture ; la cavité branchiale; les branchies; l'appareil
constricteur ; les nageoires latérales; l’entonnoir; les brides, et l’osselet interne.
Sur la peau, la consistance; les granulations; les verrues ; les tubercules; les chromo-
tophores ; les points métalliques, et les reflets métalliques.
Les yeux sont plus ou moins proéminents, toujours enfermés dans une cavité spéciale,
à l’exception toutefois du Calmaret-marteau, qui les a implantés sur une espèce de tuber-
cule (PI. 40. fig. c.); ils sont latéraux, latéro-supérieurs, et quelquefois latéro-antérieurs.
Les uns sont unis aux téguments opaques, qui les entourent: ces téguments forment deux
replis membraneux, dont le supérieur s’avance sur l’inférieur, et peuvent couvrir totale-
ment l’œil; d’autres sont entièrement couverts par les téguments de la peau, qui sont
transparents et percés d’un petit trou latéral, lequel trou donne entrée à l’eau ; d’autres
enfin sont tout-à-fait à découvert, les téguments étant largement percés : cette ouverture
est régulière, ou munie d’un sinus à la partie supérieure.
L’iris est presque toujours argenté ; il est très souvent contractile. Souvent aussi il forme
un repli, qui couvre la pupille; ce repli a l’apparence d’une paupière.
La paupière est constamment ronde. La forme ovale, qu’on observe très souvent chez
les octopodes, est due à la contraction volontaire de l'iris.
Les crêtes auditloires sont des orifices plus ou moins visibles, placés à l’extrémité d’une
légère protubérance, ou au milieu des replis ou crêtes. M. de Siebold les regarde comme
des organes olfactiques, qu’il nomme Cul de sac nasal.
XHI
Les ouvertures aquifères sont les orifices symétriques, qu’on remarque ordinairement
sur la tête; ces orifices communiquent avec des cavités plus ou moins profondes. D’après
leur position on les distingue en céphaliques, quand elles sont sur la partie supérieure de
la tête (Trémoctope); en canales, quand elles sont sur la partie inférieure de la tête (Tré-
moctope); en buccales, quand elles sont aux alentours de la bouche; en brachiales, quand
elles sont à la base des bras (P. à maille, P. Carena); et en oculaires, pour celles qu’on
voit sur les téguments, qui couvrent l’œil.
Les bras sont de deux sortes : les uns sessiles, toujours au nombre de 8, entourant la
bouche ; les autres tentaculaires, au nombre de 2, implantés entre la 3.° et la 4.° paire de
bras sessiles: ces derniers appartiennent exclusivement aux décapodes.
Les bras sessiles sont conico-subulés, cylindracés dans le bas, se terminant progressive-
ment en pointe, On désigne comme 1." paire la supérieure ou dorsale; comme 2.° la la-
téro-dorsaie ; comme 5.° la latéro-inférieure; comme 4. l’inférieure. Ces bras sont en
général plus ou moins comprimés, anguleux et souvent carénés, c’est-à-dire fourni, d’une
crête longitudinale dorsale : ils sont toujours symétriques et de longueur très variable.
Les bras en voile ‘sort ceux qui se replient sur eux-mêmes et sont pourvus dans ce
repli d’une membrane très extensible, qui aide la nage à la surface de l’eau, et embrasse
la coquille pendant la marche rétrograde (Argonaute bras de la 1. paire).
Les bras tentaculaires sont presque tous plus ou moins contractiles et très souvent ré-
tractiles, dans une cavité spéciale sous-oculaire ; ils sont cylindracés, et se terminent presque
toujours en massue plus ou moins large, obtuse ou lancéolée, pourvue en dedans de cu-
pules ou crochets; et en dehors presque toujours d’une crête natatoire ou carène plus ou
moins développée ; quelquefois ils ont sur un de leurs côtés une membrane très large,
qui couvre et dépasse les cupules (membrane protectrice des cupules). Ces bras ne portent
ordinairement des cupules que sur leur massue; ils en portent très rarement sur toute leur
longueur (Calmar todare, Calmaret Verany et marteau ).
Les membranes interbrachiales sont ces membranes minces, élastiques plus ou moins
développées, qui réunissent entre eux soit tous les bras, soit quelques-uns seulement, soit
la totalité de ces mêmes bras, soit une partie seulement, et se prolongent quelquefois jus-
qu'à leur extrémité.
L’ombrelle est la réunion de membranes interbrachiales, presque égales, qui réunissent
la base de tous les bras.
La crête natatoire ou membrane longitudinale dorsale des bras est plus ou moins dé-
veloppée sur la plus grande partie des décapodes, et ne se présente que peu caractérisée
sur quelques octopodes (Argonaute, P. à maille 1." paire de bras).
La membrane protectrice des cupules est cette membrane latérale, qui couvre et dépasse
les cupules : ou la rencontre sur plusieurs décapodes, très rarement sur les octopodes (Poulpe
à maille ).
La membrane, qui lie entre elles les cupules, est cette membrane, qui rattache entre
elles la base pédiculée des cupules de quelques octopodes (Poulpe à maille, Trémoctope et
bras hectocotyliforme du P. Carena).
Les cupules, ventouses ou sucoirs (acetabulum), sont sessiles, pédiculées ou pédoncu-
lées ; toutes font le vuide même après la mort.
XIV
Les cupules sessiles sont des coupes charnues, infondibuliformes, peu profondes, dont
le bord est orné d’un bourrelet ; elles sont très peu saillantes sur les bras ; mais elles peu-
vent, selon la volonté de l’animal, s’allonger beaucoup et diverger.
Les cupules sessiles pédiculées ont leur base excessivement saillante sur les bras. (Argo-
naute, Trémoctope, Poulpe à maille, et P. Carena ).
Les cupules pédonculées sont globuleuses ou déprimées, toujours portées par un pédon-
cule très étroit, filiforme ou pyramidal, attaché très souvent à côté de l’axe, implanté tou-
jours sur une saillie conique plus ou moins allongée (tubercule), appartenant au corps
même du bras (PI. 22. fig. g); leur ouverture est munie d’un cercle corné édenté, ou
partiellement ou entièrement denté.
_Les erochets ow griffes ne se rencontrent que sur quelques décapodes ; ils sont cornés,
fermes, allongés, aigus et erochus à leur extrémité, élargis à leur base, fendus sur toute
leur longueur; ils sont mobiles sur leur axe et enveloppés d’une membrane charnue, fle-
xible, ouverte dans le haut, membrane qui les cache et les laisse plus ou moins à découvert
selon le gré de l’animal. Les crochets ne sont qu’une modification des cupules.
Les tentacules charnus sont ces filets charnus, qu’on a observé disposés sur deux ran-
sées à côté des cupules le long des bras du Chiroteuthe.
La membrane buccale est plus ou moins développée et entoure ou couvre entièrement
la bouche des décapodes : elle est ordinairement conique, anguleuse, et son ouverture est
plus ou moins festonnée ou couronnée de lobes plus ou moins saillants. Ces lobes sont
munis, quelquefois à l’intérieur, de cupules pédonculées.
Les lèvres sont toujours au nombre de deux ; l’intérieure, épaisse, charnue et ciliée,
pouvant se contracter sur le bec; l’extérieure, mince, courte et à bords entiers.
La machoire ow bec est composée de deux mandibules, qui agissent de haut en bas et
ressemblent au bec du perroquet; la supérieure rentre dans linférieure.
La langue est recouverte de plusieurs rangées très rapprochées de crochets cornés
et forts.
Les brides sont des membranes, qui rattachent la membrane buccale aux bras, lenton-
noir à la tête, et quelquefois aux bras de la 4.° paire (Argonaute).
Le corps, sae ou manteau est très variable dans ses formes : il est bursiforme, rond
ou ovale chez les octopodes; il est encore plus varié chez les décapodes, passant du bur-
siforme au campanuliforme, de l’ovale arrondi au fusiforme extrêmement subulé, de lovale
oblong déprimé au cylindracé. Il est, excepté dans le genre Chiroteuthe, toujours sans na-
seoires et toujours extérieurement uni à la tête chez les octopodes, toujours muni de na-
geoires et presque toujours séparé extérieurement de la tête chez les décapodes.
La bride cervicale est, selon M. d’Orbigny, la continuité des téguments destinés à unir
la tête au corps en dessus; elle est très marquée sur tous les octopodes et ne se rencon-
tre parmi les décapodes que sur le genre Sépiole et Cranchie.
L'ouverture de la cavité branchiale est la grande ouverture inférieure et antérieure du
sac ; elle occupe rarement moins de la moitié de la circonférence du sac (O0. tetracir-
rhus), généralement plus de la moitié, y compris même tout le globe des yeux (Argonaute):
elle occupe tonte la circonférence chez presque tous les décapodes. On remarque dans cette
cavité une bride médiane longitudinale, qui unit la paroi interne du sac à la masse viscé-
XV
rale: de chaque côté de cette cavité sont fixées les branchies, et l’on voit en outre du
côté gauche le pénis des mâles chez les octopodes.
Les branchies sont de forme pyramidale allongée ; elles sont composées d’une grande
quantité de petites lames membraneuses, transversales, fixées de deux côtés d’une tige
médiane.
L'appareil constricteur , (de résistance de M. d’Orbigny), est l'organe, au moyen du
quel Panimal fixe à volonté la paroi inférieure de son corps à la base du tube locomoteur,
conséquemment à la tête: par ce moyen il ferme à volonté l'ouverture branchiale, et oblige
l’eau aspirée par cette grande ouverture, à sortir par lentonnoir: dont l'ouverture infé-
rieure se trouve par ce mécanisme entièrement dilatée, Cet appareil est plus ou moins com-
posé ; il consiste en sillons, cavités, crêtes, et mamelons ou tubercules, placés sur les
côtés de la partie interne du sac et sur les bords latéro-inférieurs de lentonnoir: leur dis-
position est telle que les mamelons et crêtes correspondent aux sillons et cavités opposées:
et leur adhérence est si remarquable que même après la mort, on le désunit difficilement.
Ces organes manquent chez presque tous les octopodes; ils sont rudimentaires sur l’argo-
naute et quelques poulpes du genre Philonexe de M. d’Orbigny ; ils sont plus ou moins
compliqués et toujours constants chez les décapodes.
Les nageoires sont toujours musculaires, recouvertes d’une peau plus ou moins épaisse :
elles manquent chez tous les octopodes, excepté chez le chiroteuthe; et existent toujours
sur les décapodes. Elles sont séparées entr’elles et d’après leur position, latéro-dorsales, ou
latérales. Elles n’occupent qu’une partie de la longueur du corps (Sépiole, Rossie ), ou
l’occupent toute (Séche, Sépioteuthe); elles sont réunies entre elles et toujours terminales,
p’atteignant le plus souvent que l'extrémité du corps (Calmars), ou le dépassant (Histioteu-
the). Les nageoires terminales, qui ne dépassent pas le corps, varient beaucoup de forme :
elles sont rhomboïdales, ou en flèche plus ou moins aigüe, et quelquefois extrêmement
subulées. Les nageoires, qui dépassent le corps, sont ordinairement semi-circulaires et échan-
crées en arrière à leur point de réunion.
L’entonnoir ou tube locomoteur , tube anal, est toujours placé à la partie inférieure de
la masse céphalique, presque toujours saillant, quelquefois enchassé en partie dans une
cavité de la tête. L’extrémité antérieure est toujours tronquée , plus ou moins longue et
toujours libre; l’extrémité postérieure est très large, à bords minces, supportant lappareil
constricteur. Il est quelquefois pourvu à l’intérieur, près de son extrémité antérieure, d’une
valvule ou membrane, qui peut en fermer l'ouverture selon la volonté de l’animal. Il tient
en général à la tête par la continuité des téguments ; quelquefois il y est attaché par des
brides. Dans son intérieur vient aboutir l’extrémité anale: et c’est au degré de force que
le céphalopode imprime à l’eau, qu’ii chasse par l’entonnoir, qu’il donne à son corps le
mouvement saccadé rétrograde.
L’osselet interne manque chez tous les octopodes et se trouve constamment chez les
décapodes : il est enfermé dans une gaine spéciale le long de la ligne médiane du corps,
en dedans des muscles ; ordinairement il en occupe toute la longueur, rarement la moitié.
Il est ordinairement corné et flexible, rarement crétacé. L’osselet corné varie beaucoup de
forme ; il est en plume plus ou moins large, en glaive ou filiforme spatulé; quelquefois
son extrémité est terminée par un godet conique plus ou moins aigu.
XVI
La consistance des céphalopodes varie beaucoup; ils sont quelquefois très charnus et
coriaces; d’autrefois leur chair est mollasse et flasque, généralement opaque chez le octo-
podes et transparente chez les décapodes; quelquefois elle est très transparente, quasi gé-
latineuse, et sa structure paraît au premier abord identique à celles des acalèphes.
Les verrues sont de petites taches rondes saillantes, presque régulières, qui couvrent la
peau de quelques octopodes: elles sont inhérentes à la peau de quelques-uns ; chez d’au-
tres cependant elles sont soumises à la volonté de l’animal, et n'apparaissent que pendant
l’état d’irritation.
La granulation est cette infinité de très petits points rélevés, qui se remarquent pendant
’état d’irritation.
Les tubercules sont des protubérances rondes ou ovales plus ou moins saillantes : ils sont
sous-cutanés et relèvent la peau (P. à maille), ou cutanés et ne disparaissent qu’à l’ap-
proche de la mort; quelquefois ils apparaissent sur le manteau, la tête et les bras selon
la volonté de l’animal (P. ordinaire et E. musqué).
Les chromophores sont les points colorifères subcutanées, qui apparaissent et disparais-
sent, se contractent et se dilactent, et colorent les téguments pendant la vie et longtemps
après la mort. Ils sont plus marqués sur les décapodes, leur peau étant plus transparente.
M. Sangiovanni en a donné, dans les annales des sciences naturelles, une déscription très
détaillée. |
Les points métalliques sont ces points contractiles et symétriques plus ou moins grands,
qu’on observe sur la partie inférieure du corps de quelques sèches, le long des bras du
Calmaret Verany, et sur le globe des yeux de l'Onichoteuthe perlé.
Les reflets métalliques sont ordinairement argentés, rarèément cuivrés, et souvent d’un
vert métallique très brillant: il recouvrent quelquefois en entier une partie du corps (l’in-
férieure du Trémoctope violet), et donnent ordinairement des reflets brillants sur différents
points du corps, surtout chez les décapodes.
Le test ou coquille ne se rencontre que chez l’argonaute : il ne tient par aucun ligament
au corps de l’animal, qui le porte; il est univalve, uniloculaire, d’une consistance pres-
que cornée, fragile, poli, brillant et un peu transparent.
?
CEPHALOPODES. cu
HP HP EYES EE 4 —— —
Sepialés, Lamark. Mollusca branchiata, Poli. Dibranchiata, Owen. Anthobrachiophora,
M. S. Ed. Gray. Cryptodibranches, Blainville, Férussäc. Céphalopodes acétabulifères ,
Férussac et D’Orbigny.
Animal libre, formé de deux parties distinctes, dont la postérieure se compose d’un sac
ou corps très variable, rond, allongé, cylindrique ou fusiforme, quelquefois privé, quelque
fois pourvu de nageoires et d’un appareil constricteur interne. (Appareil de résistance D'Or-
bigny). (Muscoli Costrittori laterali, de Delle Chiaje). L'animal s’en sert pour fixer la paroi
du corps à celle de la base de l’entonnoir, de manière que l’ouverture du corps reste
hermétiquement fermée , et celle de l’entonnoir complètement ouverte: par ce moyen toute
l’eau, qui a été aspirée, est rejetée par l’entonnoir; et le degré de force qui la chasse,
imprime plus ou moins de vélocité au mouvement rétrograde du Céphalopode. L’autre partie
antérieure, céphalique, est garnie latéralement d’yeux plus ou moins saillants, renfermés dans
une capsule oculaire, qui est en communication avec l’élément ambiant par une ouverture
plus ou moins grande. Ils présentent à l'extérieur trois structures différentes. La première offre
la paroi extérieure de la capsule oculaire représentée par deux replis membraneux, dont
le supérieur s’avance sur l inférieur et a le trou de communication avec lPambiant assez
long ; c’est le propre des Poulpes. La seconde offre cette même paroi couverte d’une mem-
brane transparente et bombée, qui est la continuation des téguments et représente la cornée
des vertébrés ; elle est percée d’un petit trou latéral qui donne à l’eau une entrée libre ;
c’est le propre des Sèches, Sépioles et de quelques Calmars. La troisième offre la paroi antérieure
de la capsule oculaire percée d’une grande ouverture, et par conséquent le cristalin tout-à
fait à découvert est en contact avec l’ambiant; c’est le propre des Onychoteuthes, de
quelques Calmars (Ommastrèphes D'Orbigny) Hystiotheuthes et Calmarets. Leurs yeux n'ont
jamais de paupières, et ce qu’on a pris pour cet organe n’est que l’appendice operculaire
de l'iris, qui est arrondi pendant la vie et devient bilobé après la mort. Cette partie cépha-
lique est pourvue par dessous d’un tube locomoteur (entonnoir) et, en avant, de huit ou
dix bras, armés de cupules ou de griffes, et au centre, de leur base, d’un appareil büccal
composé de deux mandibules cornées , de deux lèvres, et souvent d’une espèce de membrane
buccale, garnie par fois de cupules. Sexes séparés ; test, quand il existe, Corné ou crétacé.
I
9 CEPHALOPODES
GÉNÉRALITÉS.
L’utilité des Céphalopodes pour la nourriture des populations maritimes, leur abon-
dance , leurs formes bizarres et les nuances variées de leur peau, ont attiré l'attention
sur ces animaux, dès la plus haute antiquité. Les écrivains des temps reculés en ont
fait mention plutôt en poètes qu’en naturalistes et ont empranté à leurs habitudes réelles
ou supposées quelques comparaisons ingénieuses. De ce nombre sont Thécphraste, Eupolis,
Alcée, Phérécrate, Diphile, Hésiode, Plutarque, Oppien, Homère, Athénée etc., dont les exa-
gérations poétiques ont donné naissance à la fable de l’Argonaute, réputé sacré par les
anciens grecs.
Aristote a décrit les formes, l’organisation, les moeurs des Céphalopodes avec tant de
précision que Cuvier déclare « que ce philosophe avait connu leur histoire et leur anatomie
» à un dégré étonnant... Les modernes n'ont presque rien ajouté à ce qu’il a dit de la
» première et l’ont peu trouvé en défaut sur la seconde ». En effet, sur huit espèces de la
méditérranée qu’il a décrites , six sont bien constatées par les modernes. Pline, Athénée ,
Ælien etc. , ont répété ce q'il en avait dit, en y ajoutant seulement quelques observations
nouvelles. Depuis lors jusqu’au: seizième siècle, sauf Rondelet qui fit connaitre une espèce
nouvelle (la Sépiole), Salvianus et Gesner qui ajoutèrent très peu aux découvertes déjà
faites, la science resta stationnaire jusqu’à nos jours. Linné lui-même n’arriva pas, pour
cette classe, au niveau du philosophe Grec, et confondit sous le nom de Sepia Octopodia
tous les Octopodes, erreur partagée par D’Argenville, Ficher, Seba, Kelreuter, Martius,
Favane et Cubières, qui confondirent en une seule espéce les poulpes et les argonautes.
Forskald, Muller, Fabricius, Gronovius ne citent qu’une seule espèce, décrite sous le nom
de Polypus par Schneider.
C’est au génie de Cuvier et de Lamark qu'était réservé l'honneur de donner Péveil aux
savants. Frappés de l’organisation de ces animaux, ils s’ent sont occupés avec un tel succès
que la Faune de la Méditerranée qui, sous Lamark, ne comptait que sept espèces, est
aujourd'hui riche de quarante bien déterminées, grâce aux observations de Raffinesque, Carus,
Polli, Delle Chiaie, Wagner, Payredeau, Blainville, Risso, Sangiovanni , Férussac : Rang,
Philippi, Vanbeneden, Cantraine, Ruppell, Krohn, ainsi qu'aux miennes. Bon nombre d’autres
espèces sont encore douteuses ou légèrement décrites, plusieurs à peine indiquées par les
naturalistes ; ce qui ne paraitra point surprenant, si l’on observe que la plus grande partie
d’entr’eux n’ont fait que de courts séjours sur le bord de la mer, et l’on aurait une plus
haute idée des richesses qui y sont ensevelies, s’ils en avaient exploité une plus grande étendue.
Les travaux qui ont le plus enrichi la Faune de la Méditerranée sont ;
Précis de Sémiologie de Raffinesque:; l’auteur indique beaucoup d’espèces nouvelles ; mais
le manque de bonnes descriptions et de planches ont presque fait perdre à la science toutes
ces découvertes.
Jcones sepiarum in liltore Mediterraneo collectarum, du Prof. Carus, inséré dans le
tome XII, 1% partie; page 318, pl. XXIX et XXXII Nov. act. aca. Leop. nat. cur. —
Cette publication est accompagnée de bonnes planches coloriées ; le genre Onychoteuthis n'y
est qu’indiqué.
Mollusea utriusque Siciliae, de Poli. L'argonaute y est décrit et figuré.
GÉNÉRALITÉS 5
Memorie sulla Storia e notomia degli Animali senza vertebre del regno di Napoli,
e animali invertebrati della Sicilia citericre, de Delle Chiaje, habile continuateur de Poli.
On trouve dans ces ouvrages une monographie des Céphalopodes du golfe de Naples, où
sont décrites, figurées et anatomisées quinze espèces , dont plusieurs nouvelles pour la science,
et bien constatées.
Histoire naturelle des principales productions de l’Europe méridionale, de Risso , où sont
décrits onze Céphalopodes, parmi lesquels trois nouveaux ; mais il y en a deux qui sont
encore relégués parmi les espèces douteuses.
Les deux articles et monographies du dictionnaire des sciences naturelles, par M. de Blain-
ville. Plusieurs espèces nouvelles de la Méditerranée sont décrites dans ces savantes publications. :
Enumeratio Moll. Sie. de M. le D. Philippi. Cet auteur ne cite que dix espèces dans le
1. volume ; mais, dans le 2, il en décrit quinze, dont une, la Sepia rubens, qu’il
donne comme nouvelle.
Les actes de l’Ac. Roy.° des sciences de Turin, qui contiennent mon mémoire sur six
espèces nouvelles que j'ai observées à Nice. |
= Malacologie Méditerranéenne et littorale, de M. le Prof. Cantraine, insérée dans le 13.°
volume des mémoires de l’Ac. Roy. de Bruxelles.
La lettre de M. Ruppel à M. le Prof. Cocco, insérée dans le Giornale di Gabinetto di
Messina, où sont décrites six espèces nouvelles, recueillies dans le détroit de Méssine.
Archives de Wiegman, 1845. — Le genre Octopodoteuthys y est décrit et figuré par M.
le Doct. Krohn; cet auteur a publié un autre article sur ce même Céphalopode, sous le nom
de Verania dans la revue zoologique, avril 1846, et Archives de Zoologie de M. Herichson.
Mes communications, aux congrès de Milan et de Naples, sur quelques Céphalopodes nou-
veaux, qui ont été publiées dans le Guide de Gènes, offert par la ville aux membres du
congrès, ainsi que la planche et la description de six Céphalopodes recueillis à Messine,
par M. le Doct. Krohn et présentés au même Congrès.
Je terminerai enfin cet aperçu en faisant mention de la belle monographie des Céphalopodes,
commencée par M. le Baron de Férussac, malheureusement suspendue par la mort pré-
maturée de cet auteur. Elle fut puis reprise, mais laissée inachevée par son collaborateur ,
M. Alcide D’Orbigny , à qui des occupations, non moins utiles pour la science, n’ont pas
permis de continuer ce travail important. Il est bien facheux que tant de belles planches,
où sont figurés plusieurs genres et espèces nouvelles, restent sans texte; il est également
bien pénible aux naturalistes de voir perdu, pour eux et pour la science , le fruit de leurs
veilles; car plusieurs d’entr’eux, convaincus de l'utilité de l'ouvrage et de la haute portée
de ces auteurs, leur avaient communiqué des observations et des matériaux qu’ils avaient re-
cueillis avec soin. Les rapports naturels, la circonscription et la division méthodique des
Céphalopodes, n’entrant point dans le cadre de ce travail, je me contente de citer le savant
aperçu que M. De Férussac a placé en tête de sa Monographie, et je renvois aussi, pour ce
qui regarde les considérations Zoologiques, aux généralités publiées dans le même ouvrage
par M. D’Orbigny. Quant aux mœurs et à l'utilité des Céphalopodes, qui varient beaucoup de
genre à genre, et même d'espèce à espèce, dont plusieurs sont entièrement ignorées, par-
‘ cequ’elles sont accidentelles, je me dispense d’entrer dans des généralités, me proposant de
donner les détails les plus minutieux sur les espèces que j'ai pu étudier. Je remarquerai
4 CÉPHALOPODES
seulement que lapparition de plusieurs espèces ne provient pas de leur habitude d’émigrer
qui est commune à un cerlain nombre; mais qu’elle est aussi subordonnée à la pêche. Dans
ce nombre je citerai l’£ledon Aldrovandi, la Sepia bisserialis, l'Elegans et la Rossia
macrosom&, qu'on ne rencontre sur le marché de Gènes que depuis le- mois de septem.°
jusqu’au mois de mars, parceque c’est l’époque où le Tartanon, Bresin, Ganghi, espèce
de drague, se livrent à la pêche. A Livourne, au contraire, où la pêche des grandes dragues,
Balancela, est permise toute l’année, ces Céphalopodes se rencontrent sur le marché en
toute saison. L’histioteuthis Ruppellit, qui paraît vivre dans les endroits très profonds, ne
se rencontre qu'en septemb® ou en mai, époque à la quelle les pêcheurs, en cherche du
Sparus centrodontus, vont jeter la palangre sur des fonds, d'environ 800 mêtres, où ces
poissons habitent constamment.
La migration des Céphalopodes semble avoir toujours lieu par ‘bandes; car il est bien
rare, lorsqu'une espèce se montre, de ne pas en rencontrer d’autres. En effet, en 18926,
on pêcha à Nice deux Octopus Catenulatus; je n’en revis plus, et, en 1848, dans l’espace
de dix jours, j'en eus trois, pris dans les environs de Gènes. L’octopus tetracirrhus, que
je n’avais jamais rencontré, mais que j'avais figuré d’après un dessin que m'avait com-
muniqué M. Delle Chiaje, parut en abondance dans le printemps de 1849, et il en fut, de
même, en juin et juillet de la même année, de l'O. Cocco.
Les Céphalopodes sont très carnassiers, détruisent beaucoup de poissons et de crustacés ;
ils sont même si voraces que, occupés à dévorer ceux qui sont pris à l’hamecon , ils se lais-
sent tirer avec eux à fleur d’eau ou ils sont saisis, tombant ainsi victimes de leur voracitè et de
leur imprudence. M. Cantraine s’est trompé, quand il a attribué aux Céphalopodes le dégât, qu’il a
observé sur quelques sparides qu’on rencontre entièrement décharnés, n’ayant que le squelette
et la peau intacts. Ce dégât est fait par des Crustacés Isopodes, connus des pêcheurs sous le
nom de puces de mer; et, en examinant la forme ainsi que la disposition de la bouche des Cé-
phalopodes, il est impossible de leur attribuer une pareille faculté. M. D’Orbigny, observant les
cupules des Décapodes, qui sont pédonculées et munies d’un cercle corné et denté, pense qu'ils
ne peuvent opérer la succion qui est si bien constatée chez les Octopodes : cette opinion
est erronée, car la sèche et tous les calmars ont cette faculté surtout dans les cupules des
bras tentaculaires, à un si haut degré, qu’ils la conservent après la mort, et même long-
temps après que le jeu des points cromophores a cessé : cette succion se fait sans qu’on
ressente le contact des dents aiguës qui couronnent le cercle corné.
M. D'Orbigny croit que les tubercules ou cirrhes de la peau sont des organes du tact,
observant que les espèces côtières seules en sont pourvues: je ne suis point de cet avis,
et je pense qu'ils leur servent, quand ils sont fixes à terre, à se masquer pour se sous-
traire aux regards des ennemis qui errent autour d’eux, et que le Créateur, dans sa divine
prévision, à voulu, par cette faculté aussi prompte que la pensée, dédommager ces êtres
marins de leur faiblesse et de leur nudité, de même qu’il a voulu que le lagopède et le lièvre,
dont la plume et le poil ont à peu-près la couleur de la terre en été, se couvrissent d’un man-
teau blanc en hiver, pour se soustraire au regard perçant de l'aigle qui plane dans les airs,
quand les Alpes, qu’ils habitent, sont couvertes de neige. Je me suis assuré que les cir-
rhes leur servent aussi à tromper les victimes aux quelles ils tendent des piéges; et, quand
on a observé le Poulpe guettant sa proie, la Sèche vaguant dans les eaux et quelque Octopode
GÉNÉRALITÉS ÿ
rampant dans les bas-fonds au milieu des rochers et des obstacles de toute espèce, on a
pu se convaincre que les cirrhes ne sont pas des organes du tact, mais que l'extrémité
des bras est chargée de cette fonction.
M. D’Orbigny dit que l’iris est constamment oblong, chez les Octopodes; j'ai constaté au
contraire qu'il est rond, et qu'ils le contractent, plus ou moins, selon le degré de lumière
qu’il reçoit, ou la passion qui les anime,
Les Céphalopodes font non seulement partie de la nourriture des peuplades sauvages et
demi-sauvages de toutes les parties du globe, mais encore des peuples civilisés. Les Poulpes,
les Sèches et les Eledons fournissent au peuple un aliment abondant; le Calmars (totano),
qui l’est moins, est plus estimé; les jeunes Céphalopodes et les petits Calmars sont re-
cherchés et considérés comme des friandises: les Calmars flêches, Todarus et Sagittata
(calamai) sont méprisés par ceux qui savent les distinguer. Le Poulpe à maille, Catenulatus,
et l’Histioteuthe de Ruppell, bien connus des pêcheurs , ne sont point portés au marché,
parce que leur chair est coriace, aigre et mal-saine.
Quoique abondants sur les côtes de la Ligurie, les Céphalopodes n’y deviennent point un
article de commerce pour l'exportation; les Grecs de tous le peuples riverains de Ja
Méditérranée, sont ceux qui en font le plus de cas, et en consomment beaucoup à cause
de la rigueur de leur abstinences religieuses. Cet article est pour eux une branche d’impor-
tation; et, dans les ports, on reconnait facilement les navires Grecs, en jetant le yeux sur
leurs cordages toujours pavoisés de Poulpes, artistement étalés, qu'on y suspend pour les
faire sécher.
Je ne peux admettre, comme le fait M. D’Orbigny, que la natation rétrograde des Cépha-
lopodes s’opère entièrement au moyen du refoulement de l’eau par le tube locomoteur,
(entonnoir). J’ai acquis la certitude que pendant les grandes secousses, ce refoulement est
aidé par la pression des bras sessiles surtout chez les Octopodes. Quant au mouvement
progressif des Décapodes , il est opéré presque exclusivement par les bras sessiles munis de
crête unatatoire, et les nageoires y aident fort peu. La Sèche, par exemple, courbe ses
bras sessilles perpendiculairement, et avance, autant qu'elle le veut, à l’aide des grandes
expansions-natatoires de la 4° paire qui lui servent de rames.
» ,
Quant à la navigation de l’Argonaute, si prônée et si exagérée par les anciens, mais
niée par les modernes, je suis obligé d’en constater la vérité, en ayant été deux fois
moi-même témoin oculaire: je m’empresse pourtant d'ajouter que les bras, munis de
membranes ne font pas l'office de voiles, mais de puissantes rames que le mollusque
relève et replonge alternativement, en les sortant fort peu de l’eau.
PREMIER SOUS-ORDRE.
OCTOPODES. ee OCTOPOD 14. Leacu.
Octopouda, Leach , Férussac, D'Orbigny. — Octoceres, Blainville. — Octopodia, Raffinesque.
Octobrachidé , Blainville. — Anastophora, Gray. — Acochlides et Gymbicochlides,
Latreille. |
Corps bursiforme, arrondi, conique, rarement conique-allongé, lisse, granulé, verreux
ou cyrrheux, uni à la tête par un large ligament, sans nageoires, sauf dans le genre
Cirrhoteuthis d'Echrit; pourvu quelquefois de l'appareil constrieteur ; tête plus petite que
le corps, yeux petits latéraux ou latéro-supérieurs, saillants, percés dans la peau, et pou-
vant se couvrir par deux replis membraneux, dont le supérieur s’avance sur linférieur;
bouche pourvue de deux lèvres charnues, bec très comprimé, fortement recourbé à l’ex-
trémité des mandibules, l’inférieure recouvrant la supérieure; ouvertures aquifères, quand
elles existent céphaliques; bras sessiles au nombre de huit, symétriques, presque toujours
plus ou moins inégaux, libres ou réunis plus ou moins par une membrane ombellifére,
garnis d’une ou deux rangées de cupules sessiles ou saillantes, (pédiculées); tube locomoteur
(entonnoir) assez allongé, sans valvule intérieure ; corps sans osselet médian, quelquefois
une coquille.
Les Octopodes vivent généralement auprès de la terre et sont organisés pour la marche.
L'élasticité de leurs membres facilite leurs mouvements er les aide puissamment à s’intro-
duire dans les trous et crevasses des rochers, où il font leur demeure habituelle ; quelques-
uns sont bons nageurs et se rencontrent en haute mer.
Les Octopodes peuvent marcher en tout sens, mais ordinairement ils le font par côté,
c’est-a-dire à l’aide des bras latéraux; en marchant ils tiennent les bras déployés, la tête
relevée, le corps toujours un peu penché sur les bras de la 4.° paire, et l'extrémité de l’en-
tonnoir retournée sur un des côtés (PI. 2. 8. 10). Ils se cramponnent à terre par les ven-
touses de la partie inférieure des bras; puis, ils allongent la partie flottante des deux la-
téraux du coté où ils veulent se diriger , et raccourcissant les deux opposés, s’attachent à
terre au moyen des ventouses de ces parties des bras; ensuite, cessant de se tenir avec
celles de la rosace, ils relevent le corps et le déplacent par un mouvement de contrac-
tion; pendant cette manœuvre les bras supérieurs et inférieurs ne font qu’un service
secondaire , approprié aux exigences du terrain. La marche des Octopodes n’est point
lente; elle s'opère hors de l’eau, comme dans l’eau, quand ïls s’y trouvent accidentelle.
ment ; Car jamais ils ne quittent leur élément, quoique certains d’entr'eux puissent vivre
plusieurs heures à sec. Tous les renseignements que j'ai recueillis me prouvent que l'opi-
nion contraire, émise par les anciens, est erronée. L'instinct, qui porte ces mollusques à
regagner la mer lorsqu'ils en ont été éloignés par accident, est vraiment admirable : je me suis
amusé bien des fois à placer des Poulpes assez loin du rivage, sur des points où l'approche
de l’eau était difficile et barrée par des rochers escarpés; je les ai vus prendre constam-
ment la ligne droite et s’acheminer lestement vers leur élément. |
OCTOPODES 7
Les Octopodes nagent, le sac en avant, les bras tendus en arrière, les trois premières
paires sur une ligne horizontale, les deux autres rapprochés en dessous. Ils prennent un
mouvement saccadé par le refoulement de l’eau de l’entonnoir, qu’ils augmentent bien sou-
vent en resserrant avec force l’entonnoir formé par les bras garnis d’une membrane
ombellifère.
Quant à la vie de ces animaux, elle doit être assez longue, à en juger par les dimen-
sions de quelques individus. Leur croissance est assez prompte; car on voit un grand
nombre d'Eledons, de 5 à 10 décimêtres de longueur en juin, dépasser 15 centimètres
en septembre et 20 en novembre : le plus grand n’arrive Jamais à 50 centimètres.
PREMIER GENRE,
ELEDON. — ÆLEDONE. Lecu.
Bolitoene ou Ozalis. Aristote. Ozaina. Pline. Raffin. Æledona. Belon, Aldrov. Risso, Polypus.
Rondelet, Gesner. Sepia. Linne. Bosc. Octopus. Lamark, Montfort, Cuvier, Blainville, Carus,
Payreaudeau, Sangiovanni, Rang. Æledon, Leach. Férussac, Delle Chiaje, Cantraine, Alder.
Animal ayant le corps ovale, portant sur la tête huit bras presque égaux, garnis d’une
seule rangée de ventouses sur leur face interne.
NE E. MSQUÉ. E, MOSCHATUS. Lracu. PI, 4. 5. G.
Leach, Journ. de phys. t LXXXVL pag. 295.
Ranzani, Mem. di st. nat. deca. 5. p. 151.
Delle Chiaje, Mem. sul. st. et notom. degl. anim. sens. vert. del Regn. di Nap.
tom. 4, pag. 48 a 56. :
Animali invertebr. della Sic. citer. tom. 1. pag. 5. & V. p. 66.
Cantraine, Malac. méditerr. Pag. 19.
Philippi, Enum. molluse. Sie. N° 1, pag. 202.
Octopus moschatus. Lamark, Mém. de la soc. d'hist. nat. t. 1. p. 22.
Montlfort , t. 111. p. 54, PL 52.
O. Moschites. Carus, con. Sep. Nov. act. ac. Leop. nal. eur. tom. XIL 1% pars. pag. 519.
t. XXXIL.
Cuvier, Régne animal t. 111. p. 12. |
Blainville, Dic. des Sc. nat. t. XLIHIE pag. 190.
Faune franc. pag. 9. N° 7.
Payr., Catal. desc. et méthod. des Ann. et des mollusq. de l'ile de Corse. pag. 170.
Saugiovanni , Ann. des sc. nat. t. XVL pag. 517.
Rang, Mag. de Zoo!. pag. 61. PI, 91.
Ozaina. Pline, Æist. nat. lib. X. Cap. XXX.
Ozoena. Raffin, Précis des découv. sémiol. pag. 29. N°0 75.
Polypü tert. species. Rondelet, de piscibus lib. XVIL Cap. VIE p: 516.
Polypus femina. Seba, Mus. 5. PI. 2. fig. 4.
Sepia moschata. Bose. Buffon, de Déterville, vers. t. 1. pag. 48.
8 CÉPHALOPODES
E. corpore oblungo glabro, minultissime granulato, vel cirrhoso, moschato : oculis uni
cirrhatis : brachiis elongatis gracilibus, sub-aequalibus, membrana umbellae caeruleo-
limbata.
Corps bursiforme, oblong, ovoïde à extrémité arrondie ou acuminée, lisse, granuleux
ou cyrrheux selon le caprice de l'animal, ouverture large, pouvant s’apercevoir en dessus.
Tête médiocre, plus étroite que le corps; globes des yeux, proéminents, munis sur leur
partie supérieure d’un cyrrhe rétractyle.
Yeux saillants, assez petits, pouvant se couvrir entièrement des deux replis membraneux
de la peau, munis d’un iris contractyle argenté, qui peut se resserrer à volonté et donner
à la pupille une forme plus ou moins oblongue.
Bouche pourvue d’une double lèvre, dont l’interne ciliée.
Bras très élastiques, éffilés conico-subules un peu comprimés, presque égaux, munis sur
leur face interne d’une rangée de cupules, au nombre d’environ 80, toutes visibles, et
dont la grosseur augmente jusqu’à la sixième pour diminuer ensuite progressivement; mem-
brane de l’ombrelle ou interbrachiale bien développèe, elle embrasse une partie des bras, se
continue sur la partie externe jusqu'aux deux tiers; mais est moins dévéloppée sur l’in-
terne. Tube locomoteur conique.
Proportions
Longueur totale. : . 0,440
Longueur des bras mesurés de la bouche . … . : ; : 2 . 0,300
Longueur du corps . : : : : : ; : : . : : . 0,090
Largeur de la tête . : : . 0,045
Largeur du corps . : : : . 4 ; : : ; : . 0,065
Hauteur de la membrane ombellifére supèrieure : : ï ; : : «= 0,090
» » » inférieure : 5 ; : - : 0:06:
Couleur très variable par l’action des points cromophores qui sont noirâtres, bruns ou
rouges-jaunâtre, selon la passion qui l'anime; bord de la membrane qui se prolonge jusqu'à
l'extrémité des bras, constamment bleu-cendré brillant, ou vert-anglais ;: odeur musquée ,
très prononcée, même après la mort.
Lorsqu'il est dans un état paisible, le dessus est, en général, d’un gris jaunâtre, nuancé
de vert, parsemé de petites taches blanchâtres qui forment au centre du corps une ligne
longitudinale, interrompue, très apparente, et l’on remarque sur la tête un V renversé,
qui vient aboutir à la base des cyrrhes (PI. 6). Le dessous du corps est d’un blane violacé,
quelquefois rouge-jaunâtre par l'effet des points cromophores de cette couleur. L’entonnoir
est aussi couvert, surtout à l’extrémité, de points cromophores jaune orpiment. L’iris, qui
est argenté, en porte également de bruns, très fins, ou d’autres plus gros jaune orpiment
très brillants. Le globe des yeux est nuancé en dessus d’un bleu éclatant à cause d’une
légère trasparence de la peau; le bord de la membrane est d’un bleu verdoyant très vif.
Il devient quelquefois d’un brun-châtain , très clair, nuancé, de blanchâtre et de noirûtre ,
par l'effet des points cromophores, bruns-châtain, plus ou moins rapprochés et contractés :
les taches blanchâtres se voient toujours. La peau est constamment lisse et sans eyrrhes,
sauf les deux des orbites des yeux qui disparaissent quelquefois: l'iris est ordinairement
rond, rarement contracté.
OCTOPODES ÿ)
À l'ètat de surprise, il passe du marron jaunâtre-clair au marron violacé sur les parties
supérieures, et au blanchâtre livide, plus ou moins irisé, nuancé de violet ou de rouge-jau-
nâtre sur les parties inférieures. On voit alors, sur la tête et sur le corps, les mêmes taches
blanchâtres que dans létat de tranquillité; mais elles ont entièrement disparu sur les bras
et sur la membrane de l’ombrelle. Quelquefois il apparait sur toutes les parties du corps
sans qu’il change de couleur, de grandes taches noirâtres, rondes, de grosseur différente et
symétriquement disposées, qui proviennent de l’agglomération des points c'omophores (PI. 5).
L’entonnoir est alors rose-jannâtre, avec ou sans points cromophores; les bras sont, à leur
face interne, violacés, plus ohseurs vers leur extrémité, et la bordure de la membrane est
d’un bleu-clair chatoyant: dans cet état, la peau est parfois parfaitement lisse et d’autres
fois très granuleuse. L’iris toujours ovale.
A Pétat d'irritation, l'animal prend une teinte jaune-sale, passant au gris jaunâtre, quel-
quefois au marron obscur. Il se couvre instantanément de cyrrhes coniques, aigus, sur
toute la partie supérieure et latérale de son corps ainsi qu’à la base des bras. Quelques in-
stants après ces tubercules disparaissent et font place à des taches verruqueuses blanchâtres.
On remarque aussi sur le corps six grosses taches, noirâtres, disposées en fer à cheval,
dont les deux plus petites sont sur les côtés et près de l'ouverture. Les membranes inter-
brachiales de l’ombrelle portent aussi une série de ces taches sur leur centre et deux la
térales plus petites; on en observe également sur les bras; mais on n’en trouve aucune
trace sur la face inférieure. L'intérieur de lombrelle est d’un blanchâtre livide, nuancé de
tâches rouges-jaunâtre ; le bord, d’un vert anglais trés brillant; liris est trés contracté, cou-
vert des points jaune orpiment très vifs.
Hors de l’eau, il est quelquefois très granuleux , d’autres fois très lisse, jamais tuber-
culeux. Le corps “est d’un gris de souris nuancé de noirâtre par les points cromophores
plus ou moins rapprochés ou dilatés, passant au vineux vers l’extrémité des bras; la partie
inférieure est blanchâtre, fortement irisée, nuancée, sur les côtés et sur la base des bras, de
rouge jaunâtre et vers leur extrémité de rouge vineux. Ces points couvrent les parties la-
térales et internes des bras jusques aux bords des ventouses. La bordure de la membrane
ombellifère est toujours garnie de bleu très apparent.
En perdant de sa vitalité, il devient blanchâtre; les points eromophores ue sont plus
visibles qu’à la loupe; ils commencent à être remplacés par de petits vides qui forment des
taches blanchâtres; ensuite la peau de l’animal devient presque toute d’un blane sale; la
bordure bleue se décolore : mais l’odeur musquée dure encore et l'iris s’arrondit en se
dilatant. |
Les sexes ne présentent aucune différence extérieure visible.
Rapports et différences.
Cette espèce a pour caractère constant et tranchant sa coloration grisâtre, jamais rose ni
rouge, les taches noirâtres symétriques, la bordure bleue de sa membrane ombellifère, les
tubereules qui couvrent quelquefois son corps et l'odeur constante du muse, prononcée même
chez les jeunes individus.
2
10 CÉPHALOPODES
Habiiation el MmAUurs.
L’Eledon musqué parait n’exister que dans la méditerranée, où il est abondant sur tous
les parages. Il vit en général dans les fonds vaseux de 10 à 100 mètres de profondeur. On
le rencontre aussi dans les fonds sablonneux ou sur les graviers, mais plus rarement au
millieu des rochers, en toutes saisons. On le vend en masse sur le marché de Gènes depuis
le mois de septembre jusqu’au mois de mai, parce que les traines font leur pêche, toutes
les fois que la mer le permet, à cette époque de l’année. Vers la fin de mai, cette pêche
est suspendue et remplacée par celle des anchoix et des sardines, dont le passage abondant
offre des chances bien plus heureuses et beaucoup moins de fatigues. S'il arrive, en certaines
années, que ces poissons manquent totalement, quelques pécheurs, poussés par la misère,
ont recours à la traine: il prennent alors des masses d’Eledons, ayant seulement de 5 à 10
centimètres, ainsi que des tas de jeunes poissons, ce qui est très préjudiciable à la pêche
en général; car on détruit alors, en un jour, ce qui deviendrait plus tard une riche moisson ,
attendu que ces animaux sont sédentaires et n’ont pas même atteint à cette époque le di-
xième de leur développement. Les Eledons vivent à des profondeurs, où il est impossible de
les observer; il faut donc se contenter d'étudier ceux qu’on se procure vivants, ce qui est
très facile, et décrire leurs mœurs d’après les remarques qu’on peut faire pendant leur
état de captivité.
Dans l’état de tranquillité, ce Céphalopode se cramponne à terre, à l’aide des ventouses
dont sont armés ses bras; il se fixe par la partie inférieure , la rosace étalée, il tient ses
extrémités libres et flottantes; sa tête un peu relevée sur le centre; son sac un peu penché
sur son ouverture, et l'extrémité de son entonnoir tournée sur un des côtés, de manière
qu'il puisse renvoyer l’eau, loin de l'ouverture du sac, pour qu’elle ne soit pas nouvelle-
ment aspirée (PI. 5 et 6). Sa couleur varie alors du jaune-grisâtre au verdàtre, au chà-
tain-clair ou au marron jaunâtre, plus ou moins violacée. C’est la pose qui lui est la plus
ordinaire, et celle où il passe les trois-quarts de sa vie. C’est, surtout alors, qu'on peut
admirer l’étonnante célérité avec laquelle il opère son changement de couleurs : au moindre
accident, on le voit passer de l’une à l’autre, ou bien se couvrir d’une teinte obscure qui
glisse sur lui avec la rapidité de l’éclair sans laisser aucune trace de son passage. De cet
état habituel, il passe dans un autre, que je crois de sommeil, ce qui a lieu aussi bien
de jour que de nuit: la pose est presque la même ; les extrémités des bras flottent plus
près du corps et plus relevées; la 4° paire de bras, en avant du corps, est plus allongée
et placée comme sentinelle avancée; le sac est penché sur eux; la pupille très contractée,
la respiration plus lente, et le renvoi de Peau par l’entonnoir à peine sensible. Dans cet
élat, la couleur est presque toujours gris-jaunâtre, ou marron plus ou moins nuancé de
jaunâtre, mais jamais marquée de grandes taches noires ou marron. Les sens de l’ouïe et
de la vue paraissent alors engourdis chez cet animal: car, ni l’arrivée subite d’une per-
sonne près du vase où il est renfermé, ni des cris, ni un bruit quelconque ne l’affectent :
cependant une secousse donnée au vase, ou l’attouchement le plus délicat à une des ex-
trémités des bras léveilient en sursaut, et il passe immédiatement à l’état d’irritation. C’est
alors qu’il est remarquable par le grand changement qui s'opère dans tout son être. Au
premier abord il relève davantage son corps qu’il tient presque perpendiculaire sur la tête
OCTOPODES 11
il rapproche ses bras, et en enveloppe les extrémités autour de son point d'attache; le sac
forme un espèce de renflement sur la partie supérieure et son extrémité devient accuminée,
tout son corps, de couleur jaunâtre, parsemé de grandes taches symétriques noirâtres, se
couvre de nombreux tubercules coniques, qui sont relevés ainsi que ceux des globes des
yeux ; l'iris se contracte beaucoup et se colore fortement de jaune orpiment, le tube lo-
comoteur lance l’eau avec plus de force, et les aspirations sont plus irrégulières: de temps
à autre il en fait de plus abondantes, dont il lance ensuite l’eau à 8 ou 10 pieds de distance,
hors du bassin, quoiqu'il aît au dessus de lui une colonne d’eau de plus d’un pied, Je
Pai vu, irrité par une lampe garnie d'un réverbère, répéter ce jet jusqu’à 8 fois de suite;
mais faisant, entre l'intervalle de chaque jet, de 6 à 8 aspirations ordinaires. Je lai vu
également aux aguets d’un crustacé vivant, que je lui avais donné pour nourriture, se ra-
masser comme dans l’état d’irritation, se couvrir de tubercules, et donner à sa peau la teinte
du vase dans lequel il était renfermé, probablement, pour ne pas inspirer de la défiance
à Panimal qu’il voulait surprendre.
Il arrive souvent, et surtout pendant la nuit, que l’Eledon sort du vase où il est placé,
soit parce que l’eau, déjà dépourvue d’air, ne suffit plus à sa respiration, soit qu’il tende
peut-être à conquérir sa liberté. Quelques individus, qui étaient restés 4 heures à sec, et
que j'ai remis dans l’eau, y ont repris leur vitalité. J'en ai conservés pendant dix jours
sans leur donner la moindre nourriture; quoique reduits à cette extrémité, je ne les ai
jamais vus dévorer leurs bras, ni lancer leur encre à quel dégré d’irritation qu'ils fus-
sent poussés.
Malgré sa forte odeur de muse, l’Eledon musqué est préféré dans quelques pays à l’Aldro-
vande; les uns l’écorchent pour diminuer cette odeur; d’autres l’assaisonnent tel quel. Sa chair
est moins coriace que celle des Poulpes de même dimension; cependant elle a moins de
goût: aussi est-elle moins estimée. Le peuple s’en nourrit et le mange ou bouilli, ou en
salade, tantôt en friture, tantôt en ragoût. Cet animal porte le nom de Moscariello à Na-
ples; de Purpu muscareddu, Purpu muscatu, en Sicile; de Hoscardino, Noscarino, à Livourne
et à Gènes; de Vouscarin, à Nice, et de Purpu muscao en Sardaigne.
Histoire.
Aristote a parlé le premier de l’Eledon, sans faire mention de l'odeur du muse. Voici ce
qu’il en a dit: « Les Polypes se partagent en plusieurs genres; le premier renferme les
» plus grands Polypes; le second genre est composé des petits Polypes tachetés..…. L’Eledone
» et le Bolitoene, ou l’Ozolis, car ou lui donne ces deux noms, forment deux antres genres:
» le premier est reconnaissable soit à la longueur de ses pieds, soit parce que c’est le seul
» des mollusques qui ait des cellules simples ». Cette phrase a donné lieu à de savantes
discussions et à bien des rapprochements. Pline est le premier qui ait fait mention de l’o-
deur du musc des Eledons, qu’il nomme Ozaina. Ne serait-il pas raisonnable de mettre
d'accord ces deux grands observateurs, puisque nous connaissons à présent deux Eledons,
l’un sentant le muse et l’autre inodore? Ne convient-il pas de supposer qu’Aristote a connu
l’'Aldrovandi, et Pline, le Moschatus? et, puisque nous en sommes aux rapprochements ,
en parlant de la première espèce citée par Aristote, « reconnaissable soit à la longueur
12 CÉPHALOPODES
des pieds... et des cellules simples ». Ne pourrait-on pas conjecturer que le philosophe
n'indique pas l’Eledon, dont nous n’en connaissons aueun à long pieds, mais qu’il à connu
l'O. Macropus, dont les bras sont grèles, les cupules espacées et les deux rangées très
rapprochées, quand il a cessé de vivre depuis quelque temps? En _eflet lorsqu'il a perdu
toutes les forces musculaires, il devient flasque, molasse; et les cupules paraissent alors sur
une seule rangée. Il est très facile de vérifier ces faits et de conelure qu'Aristote, voyant
ce Poulpe dans cet état, l’a classé dans le genre &e ceux à une seule rangée de cellules.
Bellon et Aldrovande l'ont décrit sous le nom d’Eledon: c’est le Polypi tertia species de
Rondelet et Boussuet, ainsi que le P. femelle de Seba; Schneider en a fait le genre Moschites ;
Lamark l’a rangé parmi les poulpes, et en a fait l'O. Moschatus: cette classification a été
suivie par Montfort, Carus, Cuvier, Blainville, Payredeau et Rang. Rafinesque, adoptant la
dénomination donnée par Pline, en a fait son Ozoena Moschata. M. Leach Pa enfin séparé
des Poulpes et, adoptant le nom employé par Aristote, en a crée le genre Eledone, déno-
mination consacrée ensuite par Ranzani, Férussae, Risso, Delle Chiaje, Cantraine, Philippi
et Alder. |
2. E ALDROVANDE. £. ALDROVANDI. Deus Ca PI. 9. 5.
Delle Chiaje, mesn. sul. st. et not. degl. anim. sens. vert. del Regn. di Nap.
tom. 4. pag. 45 à 57. (av. 56. 1. 2.
Anim. invert. della Sic. citer. tom. 1. pag. 5. & 5. p. 66.
Cantraine, Malac. méditerr. pag. 20.
Philippi, Ænum. moll. Sic. vol. 1. vol. 2. pag. 202.
Poulpe Aldrovandi. Montfort, Buffon, moll. 111. 55. & XXXIL 111. 67. LL XXXHL.
Ozoena Aldrovandi. Raffin., Prec. de sémiol. pag. 29. n.° 73.
Octopus Leucoderma. Sangiovanni, Ann. des sc. nat. pag. 515. vol. XVE
E. Corpore oblungo glabro vel minutissime granulato , oculis unicirrhatis, brachiis
elongatis gracilibus sub-aequalibus, corpore rubro nebulato, membrana wmbellae non
limbata ; non moschato.
Corps bursiforme, oblong ou ovoïde , lisse ou granuleux à volonté, ouverture large s’aper-
cevant en dessus.
Tête médiocre, plus étroite que le corps: globes des yeux proéminents, munis sur leur
partie supérieure d'un ecyrrhe ou petit tubercule. Yeux saillants petits pouvant se recouvrir
entièrement par les deux replis mémbraneux de la peau, munis d’un iris argenté contractile.
Bouche pourvue de deux lèvres, dont l’interne eiliée.
Bras élastiques, eflilés, conico-subulés, un peu comprimés, presqu’égaux et garnis sur leur
face externe d’une rangée de cupules, au nombre d'environ 100 à 110, visibles, qui aug-
mentent de grosseur jusqu’à la septième et diminuent ensuite progressivement. Membrane
de lombrelle bien développée, embrassant environ un einquième des bras, et se continuant
très visible jusques aux deux tiers de leur longueur. Tube locomoteur conique.
OCTOPODES 15
\
Proportions.
Longueur totale . | : | | 0,400
Longueur des bras ; à ; | 0,290
Longueur du corps . 0,090
Largeur du corps , . é 0,060
Largeur de la tête | ; CRE : : ; 0,020
Hauteur de la membrane interbrachiale supérieure ; : j 0.070
» EL » inférieure , Pa 2 i Ë : 0,050
a
Couleur très variable par l’action des points cromophores, qui sont bruns et rouges,
passant du jaunâtre au laque. Dans létat de tranquillité, il est d’un blanc lilas ou perle
très irisé, nuagé ordinairement, sur la partie dorsale, de rose jaunâtre-clair, tout couvert
de petites taches subcutanées et blanchâtres. Tout le contour du corps est fortement irisé
d’un bleu très brillant; la tête l’est aussi sur les côtés et en dessous; les globes des yeux
sont, à cause de la transparence de la peau, colorés d’un bleu assez vif sur leur partie supé-
rieure. Toute la partie supérieure da corps est couverte de points cromophores bruns et très fins ;
nuagée de rose plus ou moins vif, passant au laque, au violet et voilée quelquefois d’un jaune
doré, extrêmement brillant. La partie inférieure est d’un blanc bleuâtre irisé, couverte de
points cromophores bruns et microscopiques, plus clair-semés que sur la partie dorsale:
quelquefois il est d’un rose rougeâtre général, tout couvert de taches blanchâtres, subcu-
tanées ; les côtés du corps sont fortement irisés: les globes des veux, bleuûtres, et l'iris
couvert de points cromophores vermillon (PI. 2). Alors la partie inférieure est nuagée de
taches rougeâtres et jaunâtres, produites par l’agglomération de points eromophores plus ou
moins dilatés qui sont toujours ronds, plus gros et plus clair-semés que sur le dos. Ces
points se voient sur la partie inférieure des bras, près de l'ouverture de l’entonnoir et
manquent sur la partie médiane inférieure de la tête.
Dans l’état d’irritation, sa peau est finement granuleuse en dessus et d’un rouge vif,
passant au brun et au laque, irisé de jaune, également vif. En dessous , elle est d’une teinte
plus claire et fortement nuagée de taches rouges ou jaunâtres; les reflets bleus des côtés
du corps brillent toujours; mais ils sont couverts par les points cromophores.
Hors de l’eau il est ordinairement d’une teinte rose-jaunâtre générale, couvert de taches
blanchâtres ; irisé de bleu sur les côtés du sac et nuagé de grandes taches de rouge-cinabre,
passant au laque et au jaunâtre (PI. 3). Quand il commence à perdre de sa vitalité, les
reflets dorés disparaissent les premiers; puis le rouge perd de son éclat et devient jaunâtre:
bientôt après on ne voit presque plus que les points cromophores, sauf le bleu du bord de
l’ombrelle, qui caractèrise l’£. Moschatus; il se confond avec lui. Quand toute vitalité a cessé,
il est d’un blanchâtre livide et parfaitement semblable au Moschatus. L’encre, qu’il ne lance
jamais pendant sa captivité, quoique fortement irrité, est d’un noir parfait.
Rapports et Différences.
Cette espéce, toujours confondue avec le Moschatus par les naturalistes, qui ne l'ont étudiée
que morte ou conservée dans l'alcool, diffère de ce dernier par sa peau, qui ne se couvre
jamais, autant que j'ai pu m'en assurer sur plusieurs individus que j'ai gardés vivants et
14 CÉPHALOPODES
que j'ai soumis aux mêmes observations, par Sa coloration plus ou moins rougeàtre, jamais
brune ou noirâtre, par le manque absolu, en quel état de vie que ce soit, de grandes
taches noires, de la bordure bleue de l’ombrelle et de l’odeur de muse, qui caractérisent le
Moschatus ; caractères constants dans les jeunes comme dans les adultes de tous les sexes.
Habitation et mœurs.
Cette espèce était très rare à Nice, où je n’en ai eu qu’un seul individu, que des pêcheurs
m'apportèrent, parcequ’ils avaient reconnu qu'il différait du Moschatus. Depuis quelque
temps des pêcheurs de Villefranche fréquentent quelques localités, où ‘on la trouve : en fé-
vrier et en mars de 1850, je l’ai rencontrée plusieurs fois sur le marché. Elle est commune
dans les parages de Menton; très abondante à Gènes, à Livourne, à Naples et en Sicile : Îles
pêcheurs savent la distinguer. Elle vit sur les fonds vaseux de 100 à 200 mètres de pro-
fondeur, toujours plus profondément et plus au large que le NMoschatus. Quand les dragues
travaillent à 100 mètres de profondeur, elles ramènent les deux espèces; un peu plus au
large, elles ne prennent que des A/drovandi, et plus près de terre, des HMoschatus. Aussi
abondant que ce dernier, lA/drovandi lui est préféré en général, parce qu’il n’a pas l'odeur
du muse.
IL porte le nom de Nouscarin rous à Menton; de Moscardino rosso à Gènes; de Polpo
Asinisco à Naples ; de Purpu di scogghiu, Purpu di siceu en Sicile; et de Purpu en Sar-
daigne.
Histoire.
M. Delle Chiaje, et peu après M. Sangiovanni, ont, les premiers, bien déterminé cette
espèce déjà indiquée par Montfort et Raffinesque. Malgré ces autorités, M. D'Orbigny la nie,
dans sa monographie des Céphalopodes, appuyé
{. Sur l'opinion de Ranzani.
2. Sur les publications de Carus et Risso, qui ne citent qu’une seule espèce d’Eledon.
3. Sur l'opinion de M. Rang qui n’en admet qu’une. ;
4. Sur ma correspondance avec M. De Férussac.
5. Enfin, sur les observations qu’il a faites sur un grand nombre d'individus de chaque
espèce , dont plusieurs venant des auteurs mêmes qui admettent les deux.
Quant à l’opinion de M. Ranzani, elle n’est basée que sur l'interprétation d’un texte,
et non sur la nature; conséquemment de nulle valeur.
M. Carus n’a fait qu'un court séjour sur le bord de la méditerranée et en grande partie
à Nice, où l’Aldrovandi n’avait été jamais observé, où je ne l’ai eu que très acciden-
tellement, et il faut en conclure qu’il ne l’y à point vu; car un observateur, si éclairé,
l'aurait fort bien distingué. Du reste l’opinion de M. le Prof. Carus et celle de M. Risso ,
n'auraient de poids que s'ils avaient parlé des deux espèces et nié leur différence.
M. Rang est trop bien connu pour révoquer en doute son opinion, et puisqu'il n’admet
qu'une espèce, il faut croire que l’£ledon Aldrovandi , très abondant en Italie , commun
à Menton, rare à Nice, manque entièrement en Provence, en Espagne et en Afrique, pays
que M. Rang a savamment exploités. Dans le cas où il s’y trouverait, il faut admettre que
cet habile observateur n’a jamais eu l’occasion de l’étudier vivant.
OCTOPODES Do
Quant à ma correspondance avec M. De Férussac, je répondrai que persuadé par les
pêcheurs qu’on ne rencontrait jamais à Nice d’Eledon sans odeur de muse, j'en fis part
à cet auteur qui desirait avoir des renseignements sur l’A/drovandi. Mais ensuite j’eus un
individu , que les pécheurs reconnurent différer du Moschatus par sa couleur et le manque
d’odeur; ils me lapportèrent vivant, et j'en fis part à M. De Férussac, doutant pourtant
que ce fut l’Aldrovandi; car l'individu, que j'avais sous les yeux, ne correspondait pas à
la description que m'en avait donnée M. De Férussac, pour suppléer à l'ouvrage de Délle
Chiaje que je ne possédais pas. C’est cette même description qui fut cause de l'erreur, que
je commis en ie publiant plus tard sous le nom d’Æledon Gènéi. Mes doutes ne roulaient pas
alors sur sa diversité avec le Hoschatus, mais avec l’A/drovandi décrit par M. De Férussac ;
car la trouvaille, faite à Menton, de plusieurs individus, et la certitude, que j’acquis, qu’il
était distingué du Moschatus par le nom de Nouscarin rous, nom qui correspond à celui
qu'il porte à Gènes, ne m’avaient laissé aucun doute. :
La décision de M. D’Orbigny, provenant d'observations faites sur de nombreux individus,
conservés dans l’alcool est excusable: car, je l'ai dejà dit, après la mort les deux espèces
sont, si je peux m'exprimer ainsi, indéchiffrables. Je remarquerai cependant que M. D’Orbigny
dit, (Pag. 74) « conservé dans l'alcool, il est le plus souvent d’une couleur vineuse et
» conserve les taches. D’autres fois il est violet, sans taches, ou entièrement rose » ; et je
doute fort que M. D'Orbigny ait remarqué les A/drovandi, étiquetés par M. Delle Chiaje ,
avec des taches ou des Moschatus entièrement roses.
Variété. E. GÉNÉ. E£. GENEI. Nerany. PI. 1.
‘VeranY. Tableau des Céphalopodes, fig. 1.
J'ai figuré (PI. 1.) comme espèce un Eledon à sac plus arrondi, à bras plus courts, à
forme plus trapue, sans odeur de muse, sans bordure bleue de la membrane ombellifére,
couvert de points cromophores rouge-rouille, clair-semés sur la partie supérieure, plus rap-
prochés sur l’inférieure, portant le long de la partie dorsale des bras une série, décroissante
du centre aux extrèmités, de gros points de la même couleur. Le peu de reflet de sa peau ,
le manque de taches rouges, de taches brunes, de la bordure bleue et de l’odeur du muse,
me l'avaient fait regarder comme espèce distincte; mais, plus tard, ayant eu l’occasion
d'étudier une masse de jeunes Eledons Aldrovande, et ayant constaté que la série de points
des bras s’y rencontre presque constamment, j’ai cru mieux faire de ne la regarder que
comme une variété de cette espèce.
Espèces dont je n'ai pu constater moi-même l'existence dans la méditerranée.
ELEDON (P.) CIRRHEUX. £LEDONE (0.) CIRRHOSUS. Lamark.
M. Peters, de Berlin, qui a fait un assez long séjour à Nice, occupé de rechercher des
objets d'histoire naturelle pour le musée de cette capitale, m'a dit avoir possédé deux in-
dividus, qu'il a reconnus appartenir à cette espèce.
Lee CÉPHALOPOL ES
M. Risso, dans un catalogue qu'il adressa au ; résient.de la section de Zoologie au Congrès
de Lucques, cite l’Eledone Moschatus, Aldrovandi et Ambrosiaea : il est à regretter que ce
dernier n'ait été accompagné d’aucune phrase caractèristique pour nous donner des notions
sur cette nouvelle espèce. Je ne lai point rencontrée dans la collection qu’il a léguée à
son neveu.
J'ai vu sur le marché de Gènes, au milieu d’autres Eledons, un individu, dont la peau
était très verruqueuse comme celle du Poulpe ordinaire. Il en avait toute apparence, mais
avec les caractères des Eledons, et.il était dans un tel état de dégradation que je n’ai pu
e-
en entreprendre la description.
SECOND GENRE.
POULPE. OCTOPUS Lama.
Polypus, Plisius, Belon, Rondelet, Salvianus, Gesner, Aldrovandi, Leach, — Saepia, Linné,
Gmelin, Muller, Bosc, Oken. -— Octnpus, Lamark, Cuvier, Duméril, Blainville, Carus,
Férussac, D’Orbigny, Delle Chiaje, Risso, Cantraine, Philippi.
Animal ayant le corps arrondi, oblong , rarement conique, muni quelquefois d’un appareil
constricteur, portant sur la tête huit bras égaux ou très inégaux, symétriques, garnis de
deux rangées de ventouses sur la face interne, et réunis à leur base par une merñbrane
interbrachiale, ombellifère, plus ou moins développée.
N. 1. P. COMMUN. O. VULGARIS. Lamark. PI. S.
Lamark , Wém. de la soc. d'hist. nat. de Paris. V. 1. p. 18.
Anim. sans. vert. 2.° edit. Vol. 11. pag 161.
Carus , Jcon. sep. loc. cit. t. XI 1." part. tab. XXXL pag. 519.
D'Orbigny , Tableau des Céph. p. 52. n. 1.0
Blainville, Dict. des Sc. nat. t. XLIL. pag. 188.
Risso , ist. nat. des prince. prod. ae l’Europe mérid. 1. IN.
Payr., Cal. desc. et method. pag. 170.
Delle Chiaje, Mem. et Anim. invertebr. etc. vol. 1. pag. 2. & 1.
Rang, Mag. de Zool. p. 62.
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. des Céphal. Genre Poulpe PI. 11. pag. 97.
Polypus. Salvianus, De Aqual. p. 160.
Gesner, De Aqual. 1. IV. p. 870.
Aldrov., De Mol. 14-16.
Polypus octopodia. Leach, Journal de Phys. t. LXXXVL pag. 594.
Savigny, Descript. de l'Egypt. hist. nat. & LL. pl. 1. fig. 1.
Sepia Octopus. Linn. eur. Gmel., Syst. Nat. VE 1149. n. 1.
Brug., Enc. meth. t. LXXVI. 1-4.
OCTOPODES 17
E. Corpore ovali rotundalo, verrucoso et tuberculato, oculis tricirrhatis, pedibus
inaequalibus validis, membrana ampla conjunctis.
Corps ovale, arrondi, petit comparativement au volume de la tête et des bras, tout couvert
de verrues applaties, plus ou moins marquées, et muni, dans l'état d’irritation, sur sa
partie supérieure, de tubercules coniques inégaux, plus ou moins saillants, toujours symé-
triquement disposés; partie inférieure, légèrement granuleuse sur les côtés, et lisse vers le
centre: ouverture fendue sur toute la largeur du corps, un peu baillante et visible en dessus.
Tête assez grosse, moins large que le corps et couverte en dessus des mêmes verrues :
globes des yeux très proéminents et munis de trois cyrrhes coniques, allongés, inégaux ;
dont l’antérieur, plus petit; le postérieur, un peu plus gros, et le médium beaucoup plus
gros que le précédent. Il n’est pas rare de rencontrer des individus sur lesquels ce tubercule
manque. Yeux latéro-supérieurs, percés dans la peau qui peut les recouvrir par les deux
replis membraneux; pupille ronde; iris très contracté, argenté.
Bras élastiques, très épais, conico-subulés, un peu comprimés latéralement, diminuant
graduellement jusqu’à leur extrémité, couverts en dessus de verrues irrégulières comme le
reste du corps, et, dans l’irritation, de tubercules coniques et courts, iñégaux entr’eux et
médioerement longs; les supérieurs, plus courts; les latéraux, plus longs: proportion nor-
male, 3, 2, 4, 1 ; rarement 2, 5, 4, 1, garnis, sur leur face interne, de deux rangées
alternantes de cupules proportionnées à la grosseur des bras.
Cupules grosses, peu saillantes et très élastiques ; rapprochées, dans l’état normal des
bras, mais espacées sur leur longueur, quand les bras sont allongés par le mouvement,
ou, après Ja mort, quand ils ont perdu leur contraction musculaire : celles qui entourent
la bouche, très petites, augmentent brusquement jusques à la 4€ qui est le double de la
première, et insensiblement jusques à la 15.° qui est ordinairement fa plus grosse, et sou-
vent très disproportionnée avec celles qui la touchent, surtout sur les bras de la 5° paire;
puis diminuent insensiblement jusqu’à l’extrémité des bras, où il est très difficile de les
compter ; elles sont au nombre de 230 à 250 sur chacun. |
Membrane de l’ombrelle très développée, un peu irrégulière; celle qui réunit les bras
supérieurs, plus courte: elle embrasse un septième des bras les plus courts, et un huitième,
des plus longs ; se continue sur le côté supérieur des bras, presque jusqu’à moitié de leur
longueur; est plus dévèloppée sur le côté inférieur, et se continue jusqu’à leur extrémité.
Bouche pourvue de deux lèvres, dont l’interne ciliée; tube locomoteur conique, assez court,
arrivant à-peu-près à la hauteur des yeux.
Deux osselets cartilagineux dans la peau en dessus du corps.
Proportions.
Longueur totale . < ; : : ; 5 . : S ; : 0,640
Longueur du corps ; 5 : . : - 0,090
Largeur du corps. ; : À ; : ; , 0,070
Largeur de la tête : : : : Ë ; . * : À : - 0,045
L . 0,370
Longueur des bras mesurés de la bouche . _.
5 À 0,500
4. 0,440
QI
18 CÉPHALOPODES
Couleur. Dans l’eau, il est généralement d’un blanc grisätre, passant du verdâtre au
jaunâtre, entièrement couvert de points cromophores bruns, très fins et très rapprochés,
qui circonscrivent les verrues, et forment plusieurs cercles là où se relèvent, pendant Pir-
ritation , les tubercules : souvent il se nuance de jaunâtre qui passe, par l'effet des points
cromophores, au brun très foncé, au rouge-vineux, au jaune brillant et au rouge-anglais
très vif. Ces taches parcourent toute la surface du Céphalopode, paraissent, disparaissent
et sont constamment plus claires sur les parties inférieures. La partie interne des: bras et
de l’ombrelle est blanchâtre, ordinairement sans taches: on y voit souvent des points cro-
mophores rouges-vineux, très fins; souvent de belles taches rouge-vineux ou rouge-orangé
s’y nuagent, et le bord des cupules èst aussi de la même couleur ; souvent, tout ke mollusque
est d’un bleu livide, nuancé de bleu et de lilas, parsemé, non de verrues, mais de taches
blanchätres qu’on dirait subcutanées; taches, qui sont très visibles sur la membrane ombel-
lifère et sur ses prolongements, le long des bras.
En état d’irritation, sa coloration est en général la même , mais plus vive : toute la partie
supérieure du corps se couvre de longs tubercules coniques, symétriquement disposés. Ceux
du centre sont ordinairement les plus gros ; quelquefois ils sont tous égaux et plus petits (PI. 8) ;
d’autres fois ils sont disposés presque circulairement et onguiculés : des tubercules de cette
forme se voient aussi le long des bras. Ceux du corps sont ordinairement de la même
couleur que le reste de la peau; mais quelquefois, surtout lorsqu'ils sont plus petits, et
onguiculés, on les voit d’un vert-anglais brillant ou d’un jaune-orpiment très vif: ceux
qu'on remarque le long des bras sont constamment de cette couleur.
Au sortir de l’eau, il est toujours très coloré ; les verrues sont très prononcées, et quel-
quefois même visibles sur la partie inférieure et sur la partie latéro-inférieure des bras,
où elles arrivent jusqu’à la base des cupules; elles sont ordinairement d’un brun roux-vineux,
nuagé d’autres teintes plus obscures: la partie interne des bras, la face inférieure du sac
et de la tête sont couvertes de points eromophores, rouge-orangé , très brillants. L’extrémité
des bras est d’un rouge-vineux, très obscur.
On en rencontre, mais assez rarement, qui portent sur leur tête cinq taches blanches,
dont une entre les globes des yeux, un peu en avant; deux, assez rapprochées entr’elles,
un peu en arrière des globes des yeux, et deux autres un peu plus en arrière presque
sur la base de la première paire de bras: la première et les deux dernières sont formées
par l’agglomération de plusieurs points blancs ; les deux autres, par un point blane, cerclé
régulièrement d’autres points semblables. J'ai observé ces taches sur des individus de toute
taille, de tout sexe et sur de très jeunes; j'en ai vus à Nice, à Gènes et sur la marché
de Pozzuolo près de Naples, où les pécheurs les conservent vivants dans des baquets d’eau.
Rapports et différences.
Le poulpe commun se distingue facilement de tous ses congénères de la Méditerranée ,
quand il est en vie, par les trois grands cyrrhes qu’il porte sur chaque globe des Yeux,
caractère qui n'appartient à aucune autre espèce; il se distingue également par sa peau
verruqueuse el par la grosseur de sa taille, qu'aucune autre espèce n’atteint. Les jeunes in-
dividus se distinguent de l'O. Cocco par le manque de verrues et la proportion des bras;
OCTOPODES 19
de l’O. Salutii par l’irrégularité des taches verruqueuses et l’unique tubercule des orbites des
yeux qui le caractérisent ; de l°O. Wacropus et Philippi, par la longueur proportionnée des
bras et la peau lisse de ce dernier.
Habitation et mœurs.
Le Poulpe commun est répandu dans toute la méditerranée, et se trouve sur les côtes
de l'Océan, aux Canaries. D’après les faits recueillis par M. D’Orbigny, on l’a rencontré à
Haïti, à Cuba, à Bahia, à l’île de France, aux Indes et dans la mer rouge: on le pêche
sur les côtes rocailleuses de la Ligurie en toute saison, mais plus abondamment en été.
Ce céphalopode habite presque toujours au milieu des rochers, et se cache ordinairement
dans les trous et dans les crevasses, où il pénètre avec une grande facilité, son corps étant
très souple et fort élastique: c’est dans ces retraites qu’il reste à l’affüt des animaux, dont
il se nourrit. Dés qu'il les apercoit, il sort avec précaution de sa tanière, s’élance comme
un dard sur la victime qu’il enveloppe , l’enlace dans ses bras serpentiformes et la
fixe au moyen de ces cupules. Quand il s’élance sur sa proie, il part le corps en avant;
arrivé près d'elle, il se retourne, ouvre ses bras, se éramponne à elle avec une telle
promptitude qu’à peine a-t-on le temps de l’observer. Quelquefois il s'établit sur des terrains
sablonneux, à peu de distance des rochers, et a soin de se fabriquer une retraite pour se
cacher : à cet effet, il entasse en rond une quantité de cailloux qu’il transporte, en les
fixant dans ses bras au moyen’ des ventouses, puis forme une espèce de cratère, s’y
blottit dedans et y attend patiemment le passage de quelque poisson ou crustacé qu’il
saisit avec adresse. J'ai eu plusieurs fois l’occasion de vérifier ce fait dans la rade de
Villefranche.
En été, les jeunes Poulpes s’approchent aussi des plages de galets, et on les rencontre
quelquefois sur les fonds vaseux, d’où les traînes les ramènent conjointement avec des
masses d'Eledons. On le pêche ordinairement à la ligne, sans hamecon; à la place de ce
dernier on fixe un morceau de squale, un bras de céphalopode, un poisson blanc, un os,
un morceau de suif, enfin un corps voyant, lesté d’une petite pierre. Le batelier tient une
ligne de chaque main, les promène très lentement sur les bas fonds rocailleux; à peiñe le
Poulpe les voit-il, qu’il s’y jette dessus et enveloppe l’appât de ses bras: le pêcheur, sentant
la résistance, retire doucement la ligne tout près de lui, puis le fait entrer dans un petit
filet, emmanché d’un bâton qu'il tient de l’autre main, et le saisit. On le prend aussi avec
un petit rameau d’olivier, fixé à l’extrémité d’un roseau et armé d’un hameçon, qu’on
promène devant l’ouverture des trons et des crevasses des rochers. Les pêcheurs au trident
en prennent quelques uns de très gros. Quand les jeunes Poulpes se répandent, en été,
sur les plages de galets, on les pêche au moyen d’une ligne, lestée d’un plomb et
garnie d’un bouchon de liége, armé de plusieurs hameçons recouverts d'un morceau
de drap écarlate, taillé en lanières , qu’on lance aussi loin que possible et qu’on
retire ensuite très doucement. Le Poulpe s’y jette avidement dessus; le pêcheur, averti
par le mouvement et par la résistance, donne une forte secousse, accroche pres-
que toujours l’animal et le retire précipitamment. Gette pêche fournit, à Nice, un
agréable passe-temps dans les belles soirées d'été. Les Poulpes conservent assez long-temps
20 CÉPHALOPODES
leur vitalité hors de l’eau; aussi les pêcheurs sont-ils obligés, pour ne pas les perdre, de
les tuer sur le champ; ce qu’ils font, en mordant leur tête, ou en y plongeant un
couteau chez ceux qui sont très gros. Le Poulpe commun est bien plus abondant sur
le marché de Nice que sur celui de Gènes. Lorsqu'il est jeune ou petit, c'est un morceau
friand; s’il est de moyenne grandeur et pesant moins d’un demi kilogramme, sa chair ,
encore tendre, est estimée des gens du peuple ; mais, s’il est plus gros, il perd beaucoup
de sa valeur, parce que sa chair est coriace: ceux qui l’achètent ont la précaution, avant
de le faire cuire, de le battre assez long-temps avec un roseau ; d’autres, les grees surtout,
ont soin de le trainer quelque temps sur une pierre, en le tenant par l’ouverture du
corps, et cela probablement pour briser les fibres de leur chair. Cette chair a un goût parti-
culier, assez marqué, ce qui fait qu’on lui préfère celle de la Sèche et surtout du Calmar
commun; mais elle est plus estimée que celle de l’Eledon. À Naples, les marchands de
coquillages de S.* Lucia le vendent cuit; sur les côtes de la Ligurie on l’apprête de diffé-
rentes manières. Le plus grand Poulpe, que j'ai vu, avait environ trois mètres de longueur
et pesait 25 kilogrammes: un vieux pêcheur adroit et très intelligent le rencontra contre
le môle du port de Nice, le saisit de ses propres mains en se baissant sur sa nacelle, lui
retourna le corps et finit par s’en rendre maitre, mais non sans beaucoup de fatigue. Les
Poulpes de 15 kilogrammes ne sont pas rares à Nice, et ceux de 10 kilogrammes yÿ sont
communs. L'action des ventouses du Poulpe sur la peau, quand elles sy appliquent ; le
mouvement serpentiforme de ses bras, sa force musculaire , son aspect hideux, ont fait,
je crois, exagérer les méfaits de ce Céphalopode , qui est stupide et incapable de nuire.
Histoire.
Le Poulpe, déjà connu par Aristote, décrit et figuré très médiocrement par les naturalistes ,
qui se sont sueccedés jusqu’à nos jours, a été bien déterminé par Lamark, qui en a fait son
genre Octopus; Bose et Oken lui ont conservé le nom Linnéen de Sepia Octopodia, et
M. Leach à proposé celui de Polypus; qui, quoique basé sur le nom ancien, n’a pas été
adopté. Cuvier, Blainville, Delle Chiaje, Risso, Payredeau, Cantraine, Férussac et D'Orbigny
ont suivi Lamark. Les figures que nous trouvons dans les anciens ouvrages sont mauvaises;
celle du grand ouvrage de l’expédition d'Egypte, que nous devons à M. Savigny, est parfaite;
et M. De Férussac l’a reproduite très à propos dans sa monographie PI, Z. La Planche 5 bis
d’après Carus est médiocre: la Planche 11, faite sur mon dessin, a été horriblement ren-
due: le caractère des verrues ayant été négligé par le litographe; on a voulu y suppléer
par un coloriage linéaire chargé, qui a fait perdre à ce dessin toute sa vérité.
N. 2. P. DE SALUCES. O0. SALUTII. Verany. PI, 9.
Verany, Mém. de l'Acad. Royal. des se. de Turin. Clas. des se, nat. et Phys. tom. 1. 22 série.
PI. 5. 1856.
O. corpore rotundato glabro, et irregulariler verrucoso, capite mediocri et rotundato ,
brachiis elongatis, sub-aequalibus, umbella mediocri.
OCTOPODES 21
Corps arrondi, lisse, très irrégulièrement verruqueux; ouverture grande, un peu baillante ,
très visible à la partie dorsale. |
Tête arrondie, peu distincte du corps; globes des yeux peu saillants, portant un petit
tubercule, situé sur la partie médiane. Yeux assez grands, ouverts dans l'épaisseur de la
peau qui peut les recouvrir entièrement au moyen de deux replis membraneux.
Bras longs, cinq fois plus que le corps; très peu inégaux ; la 3° paire plus longue, et la
1. plus courte que les autres ; (la 2.° paire étant mutilée, son épaisseur fait supposer qu’elle
était égale à la 3°). Conico-subulés et arrondis, garnis de deux rangées de cupules ses-
siles, alternantes, qui n’occupent pas toute la face interne des bras.
Membrane de l’ombrelle bien développée, embrassant un cinquième de la longueur des
bras, se prolongeant très peu le long de la partie supérieure ; mais jusqu’à l'extrémité le
long de la partie inférieure. Cette membrane est très développée sur la première paire de
bras, et diminue progressivement sur les autres.
Tube locomoteur médiocre, conique et très évasé à sa base.
Proportions.
Longueur totale . : : , : ; 3 : 0,270 mill.
Longueur du sac. : . : : - : - * $ 0,040
Longueur de la tête . ; : : - - : ; ; , ; - 0,030
Longueur des bras, 3. paire : ù : : ‘ : : . ; ; 0,200
EL) ” 4. * . = . , : ; see : : 0,185
Longueur de la membrane interbrachiale . : : : 0,040
Couleur. Dans l’état de langueur, la partie supérieure est d’une couleur lilas, passant
au bleuätre et au jaune-citron, nuagée de rouge-jaunâtre, très vif par la réunion des points
cromophores de cette couleur; toute parsemée de taches ou points verruqueux blanchûtres,
trés irréguliers: ces taches sont plus grandes, plus clair-semées et moins marquées sur les
bras, et disparaissent entièrement sur la partie inférieure. Celle-ci est d’un blance-rose,
couverte de très petits points cromophores d’un rouge-laque. Ces points sont rares sur la
partie inférieure de la tête, et très nombreux sur le bord du tube locomoteur. Les bras,
a insi que l’ombrelle, sont à l’intérieur d’une belle couleur lilas, nuagée de quelques taches
rougeûtres, produites par les points cromophores de cette couleur.
Dans l’état de vie et au sortir de l’eau, d’après ce que n'ont affirmé les pêcheurs, il est
d’une belle couleur citron, tacheté de blanc et nuagé de rougeâtre.
Pi
Rapports et Différences.
Cette espèce reconnaissable au premier abord par ses taches verruqueuses blanches et très
irrégulières , diffère beaucoup de l'O. Vulgaris par la forme de son corps plus arrondi, par la
longueur proportionnée des bras, qui est moindre dans celui-ci; par la bien moindre dispro-
portion des bras entr’eux, par la différence du nombre des tubercules qu’il porte sur les
globes des yeux. Il diffère aussi de l'O. Cocco par la longueur des bras proportionnée au corps,
plus longs dans l’O. Cocco, qui a aussi le corps plus long, tuberculeux ou granuleux.
29 CÉPHALOPODES
Habitation, mœurs et histoire.
Cette espèce a été péchée à l’hamecon, en haute mer, dans la soirée du 22 décembre 1835.
Les pêcheurs, surpris de sa belle couleur, me l’apportèrent : je le coloriai tel que je le vis:
mais ils m’assurèrent que, pendant sa vie, il était d’un jaune plus brillant, que les taches
rouges étaient errantes, et que les verruqueuses blanches étaient trés visibles. Cette espèce
pourrait bien être le petit Polype tacheté d’Aristote, que M. De Férussac dit, dans son hi-
stoire naturelle, générale et particulière des mollusques « n’être pas encore connue ».
Je n'ai plus revu cette espèce qui parait habiter dans les grandes profondeurs du golfe de
Nice. Jen communiquai la découverte à l’Académie Roy.® des sciences de Turin. C’est à
tort que M. D'Orbigny l’a considérée comme une variété de couleur, tantôt de l'O. Vulgaris
(pag. 53), puis de V0. Tetracirrhus (pag. 58). Les observations, que j'avais communiquées
à son collaborateur, sur la variabilité de couleur de ces animaux, auraient dû le rendre
moins défiant à mon égard; car ces observations ont été appréciées et publiées par M.
D'Orbigny dans le cours de l’ouvrage, qu’il a malheureusement laissé inachevé pour la
science.
N. 5. P. DE COCCO. 0. COCCO. Veraxy. PI. 12 et 12 bis.
Verany, Act. du Congr. de Napl. pag. 794.
Guide de Gênes. Vol. 1. Part. 2.° tab. 4. pag. 109.
O. Unicirrhus. Delle Chiaje, Lettre à M. De Féruss.
Férussac, Monogr. Esp. incertaines , pag. 70. N.0 19.
O. corpore ovali, tenuissime granulato et tuberculato, lateribus et membrana caeruleo
marginatis : brachiis sub-acqualibus.
Corps ovale, à extrémité un peu acuminée, finement granulé sur toute la partie supé-
rieure, tuberculé le long de la partie médiane et des quatre bras supérieurs : ouverture
fendue sur la moitié du corps et très visible à la partie supérieure.
Tête peu distincte du corps; globes des yeux, peu saillants, portant chacun un seul tu-
bercule, conique, assez gros, situé un peu en arrière. Yeux médiocres, ouverts dans l'épaisseur
de la peau qui peut les recouvrir au moyen de deux replis membraneux.
Bras médiocres, longs deux fois et demi comme le corps, très légèrement inégaux ; la
seconde paire, la plus longue; la quatrième, la plus courte; conico-subulés , comprimés
latéralement et munis de deux rangées de cupules alternantes : proportions, 2. 3. 1. 4.
cupules à base un peu allongée, subpédiculées , assez grandes , très rapprochées, au nombre
de 150 sur chaque bras, augmentant de grosseur jusqu’à la douzième, qui à ÿ millimétres,
et diminuant ensuite très insensiblement : elles couvrent toute la face interne des bras et
n’alternent que vers la septième.
Membranes de l’ombrelle bien développées presque égales entr’elles, embrassant un cin-
quième des bras, se continuant très visiblement, à la partie supérieure, jusques à moitié
de leur longueur; et à linférieure, jusques à leur extrémité.
OCTOPODES 25
Tube locomoteur court, cylindrique et petit proportionnellement au corps.
Peau assez ferme, peu élastique, un peu transparente à la partie inférieure du corps.
Proportions.
Longueur totale . , : ; : ‘ ; : | ; ; , ; 0,220
Longueur du corps . { : - : : , ; ‘ ; 0,060
Largeur du corps ; : , s ; : î ; k = ; 0,040
Longueur de la tête . | + : 0,030
Distances d’un tubercule à l’autre : : : ; = ë : à r 0,015
1. Paire : ; : - DÉS : ; 0,135
Longueur des bras nes ‘ : : : : ; : H ee
FR ee à : ; ; = ; : ; 0,138
RS RE Ra
Couleur. Dans l’état d’irritation (PI. 12. fig. b. c.), il est finement granulé sur la partie
supérieure du sac, sur la tête, sur la première et la seconde paire de bras et sur les mem-
branes qui les rattachent. Ces granulations sont presque tuberculeuses sur les globes des
yeux. On voit des tubereules oblongs et peu relevés, épars sur la partie médiane du corps
et le long des bras supérieurs : la partie supérieure est d’un gris de souris, passant au
rouge-brun, avec des reflets verdâtres, ou au jaunätre: les granulations sont plus claires et
les tubercules blancs; leurs interstices sont couverts de points cromophores très fins, d’un
rouge-rouille : les granulations disparaissent sur la partie latérale du corps; elles sont rem-
placées par des taches blanches sur le centre des trois membranes ombellifères supérieures
et vers leurs bords: les membranes sont bordées d’un bleu-verdâtre ehatoyant, comme
l'Eledon moschatus; la ligne latérale du corps est marquée par une bordure rélevée, bleu-
brillant, passant au vert anglais qui se fond insensiblement avec le jaunâtre dont est colorée
la partie supérieure. Une ligne semblable, d’un bleu chatoyant, se voit aussi le long de la
partie latéro-inférieure des bras supérieurs, et la même teinte occupe la partie postéro-
inférieure des globes des yeux. Toute la partie inférieure est d’un blanchâtre livide, passant,
sur le corps qui est très finement granulé, au jaune ou au bleuâtre par la semi-transpa-
rence de la peau qui laisse apercevoir les organes intérieurs. Le tube locomoteur, les bras
et les membranes ombellifères qui lient la troisième paire de bras avec la quatrième,
sont couverts de points cromophores rouges-brun, à peine visibles à la loupe; la membrane,
qui lie la quatrième paire avec les autres, est blanche et transparente; les points cromo-
phores sont plus clair-semés, un peu plus gros et rougeätres, sur la partie interne des
bras : l’ombrelle est bianchâtre à l’intérieur sans points cromophores.
Etat de tranquillité (PI. 12 bis). Toute la partie supérieure est d’un jaunâtre, passant au
brun par l’effet des points cromophores rouges-bruns; les granulations disparaissent et font
place à des taches claires, marquées par l'absence des points cromophores bruns; les tuber-
cules oblongs sont très marqués et blancs; la ligne latérale et relevée du sac n’est plus apparente,
mais sa Couleur bleue-verdâtre subsiste toujours, et est aussi très visible sur le bord de la
membrane ombellifère. Toute la partie inférieure conserve, comme dans l’état d’irritation,
sa couleur d’un blanc livide, couverte de points eromophores rouges, passant au jaunâtre ,
les uns très fins, les autres ovales et plus gros; mais il n’y a plus de granulations.
2, CÉPHALOPODES
Dans l’état de langueur (PI. 12. f. a), la couleur jaunâtre a disparu ; les petits points cro-
mophores rougeâtres sont plus visibles et très rapprochés des membranes ombellifères dorsales ;
la place des granulations est toujours marquée par labsence des points cromophores rouges-
bruns; toute trace de tubercules (sauf ceux des globes des yeux), ainsi que la teinte bleue-
verdâtre, chatoyante, des côtés du corps ont également disparu : cette teinte subsiste pourtant
encore sur la bordure des membranes ombellifères. Toute la partie inférieure reste comme
dans l’état de tranquillité à l’exception des points cromophores, qui sont invisibles, même
à la loupe.
Hors de l’eau, la partie dorsale se colore d’un brun rougeâtre; la teinte bleue-verdâtre,
si brillante des côtés du corps, devient verdàtre; toute la partie inférieure est marqué de
taches d’un jaune-vert, passant au rouge-laque. Plongé vivant dans lalcool, l’animal prend
une couleur rouge-brune, quelquefois laque: les granulations subsistent quelquefois; mais
les tubercules disparaissent toujours, et la ligne latérale du corps reparait relevée.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue au premier abord de l'O. Vulgaris par une moindre disproportion
des bras entr'eux, par la forme du corps, qui est plus allongé, et par le nombre constant
des tubercules que portent les orbites des yeux. Ce Poulpe diffère de PO. Tetracirrhus, avec
lequel il a, au premier aspect, une certaine affinité, par les reflets bleus-verdâtres et
brillants de la bordure de sa membrane ombellifère, couleur qu’on voit briller aussi sur
l’ombrelle du Tetracirrhus; par la consistance, la forme et l'ouverture de son corps; par
les granulations et les tuberculosités de sa partie dorsale. I] diffère de l'O. Salutii par la forme
du sac, par la constance de la Lordure bleue-verdâtre; mais surtout par sa peau granulée,
tuberculeuse etc. qui n’est pas irrégulièrement verruqueuse. Il diffère de l'O. Tuberculatus de
Blainville, figuré et décrit dans la monografie des Céphalopodes, par la forme et l’ouverture
du corps, par la disposition et la forme des tubercules, et par la différence de proportion
des bras entr'eux.
Habitation.
J'ai trouvé abondamment, en juillet et aôut 1849, cette espèce, que je n'avais eue au-
paravant que très accidentellement, Elle parait vivre sur les fonds vaseux, à environ 100 mè-
tres de profondeur, en compagnie des Eledons, et on le prend toujours avec la drague. Il
est possible qu’elle ne fréquente ces terrains que dans celte saison ; car les dragues qui y
travaillent constamment depuis le mois de septembre jusqu’au mois de mai n’en rappor-
tent jamais. |
Histoire.
En avril 1850, j'avais chservé et dessiné un petit individu vivant de cette espèce, que
j'avais rencontré sur le marché de Gènes : M. De Blainville, ayant jeté un coup d'œil sur mes
cartons, pendant le congrès de Florence, crut reconnaitre dans ce dessin son 0. tuberculalus ,
OCTOPODES 29
et, d’après cette déclaration, je le figurai (PI. 12. fig. b. c.) en lui donnant cette dénomination.
Plus tard, en avril 1848, j’eus un autre Poulpe mort: la forme ovale de son sac, la
longueur presqu’égale de ses bras, l’unique tubercule de ses yeux, le manque absolu de
granulation et de tubercules, tout me persuada que c’était une nouvelle espèce. Je la dé-
crivis au congrès de Naples, et je la figurai sous le nom d’O. Cocco dans le guide de Gènes
Vol. 1.% Part. 2.° tab. 4. (PI. 12. fig. a). En juillet et aôut 1849, cette espèce, étant
plus abondante sur le marché de Gênes, je pus m’en procurer plusieurs individus vivants,
et je me suis assuré que ces deux Poulpes ne sont qu’une différence d’état du même
Céphalopode, dont l’un, observé dans l’état d’irritation; et l’autre, dans un état de langueur
voisin de Ja mort.
Cependant la découverte de cette espèce remarquable est dûe à M. Delle Chiaje, qui en
avait communiqué une note à M. De Férussac, en la désignant sous le nom d’0. unicirrhus.
M. D’Orbigny a cité cette communication dans la monographie, et l’a comprise dans la
série des Poulpes incertains (Pag. 70). M. Delle Chiaje ne l'ayant pas encore décrit, le carac-
tère spécifique indiqué par cet auteur étant commun à plusieurs autres espèces, et le nom
de Tuberculatus, donné par M. de Blainville, étant appliqué par M. D’Orbigny à une autre
espèce, je conserve à celle-ci le nom que je lui avais donné moi-même, non par droit
de priorité, mais dans la persuasion que le célèbre anatomiste Napolitain agréera la dédicace
que je fais, de cette espèce, au savant ictyologue de Messine.
N. 4. P. À QUATRE CIRRHES. O0. TETRACIRRHUS. Deus Case. PI. 7. et 7 bis. fig. a.
Delle Chiaje, Anim. invert. V, 1. P. 4. tav. 4. Ç
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. des Céph. Genr. Poulp. PI. 22. pag. 56.
O. corpore flacido, ovali rotundaio glabro rubescenti, apertura mediocri, oculis
bicirrhatis.
Corps ovale, arrondi, bursiforme, lisse; consistance flasque ; ouverture un peu baillante,
fendue presque jusqu’à la moitié du corps, ne paraissant pas en dessus; quelquefois à
l'extrémité du corps une espèce de tubercule conique, produit par Pélasticité de la peau.
Tête assez large, par rapport aux globes des yeux qui sont assez saillants, et portent
deux cirrhes coniques dont l’un, en avant, et l’autre, en arrière. Yeux assez grands, ronds,
ouverts dans l’épaisseur de la peau , qui peut se refermer sur eux, au moyen de deux
replis membraneux.
Bras, ayant trois fois la longueur du corps, inégaux ; la seconde paire, la plus longue;
la première, plus courte que la seconde de bien peu; la troisième, plus courte que la
seconde, d’un quart; la quatrième, un peu plus courte que la troisième : proportions
2, 1, 5, 4. Ils sont conico-subulés, un peu comprimés latéralement et munis de deux ran-
gées, très rapprochées, de cupules sessiles, très petites, assez distantes l’une de l’autre au
nombre d'environ 150 sur les bras les plus longs.
Membrane de l’ombrelle, très élastique et très développée, presque égale entre tous les
bras, sauf celle qui réunit entre eux, ceux de la quatrième paire, laquelle est un peu plus
4
26 CÉPHALOPODES
courte : elle embrasse un quart des bras, s’étend bien visible jusqu’à leur extrémité et est
très développée sur le côté externe. |
Tube locomoteur, court, cylindrique et assez gros en proportion du corps.
Peau flasque, très élastique et un peu transparente.
Proportions.
Longueur totale . : à ; : : : ‘ : - ; ; 0,200 mill.
Longueur du corps . ee ; : ; ; ÿ 0,040
Largeur du corps ; : ; : : - : : : : ; À 0,036
Largeur de la tête : : : : : : : ë ‘ 5 ; - 0,032
Ée: : : : : en ; 0,128
2 : ; ; ; : : ‘ = 0,130
Largeur des bras ee
PE .. : : : ; : : À 0,102
&:.: : ; : : 0,096
Largeur de la membrane ombellifère . : 0,033
Couleur. Partie supérieure, rose-vineux, sale, avec des taches rondes et blanchûâtres,
formées par la réunion de points blancs, ou mieux, par l’absence des points cromophores
rouges. Ces taches sont nombreuses sur le sac, rares sur la tête, disparaissent sur les or-
bites des yeux, sur la membrane de l’ombrelle et sur les bras. On voit des points bleuâtres,
très brillants, sur les membranes supérieures de l’ombrelle. Des points cromophores rouges-
vineux, très petits, couvrent toute la partie supérieure du corps, cerclent les taches blanches,
au millieu desquelles on en voit.un un peu plus gros. On remarque à travers la peau, qui
est très transparente, une série de points cromophores plus gros et de couleur rouge-anglais
qui sont placés en dessous de la peau. Les globes des yeux sont blanchâtres par rapport à
la transparence de la peau; l'iris est blanc, nuagé de jaune d’ocre. |
La partie inférieure est d’un rose-clair, irisé de rose et de bleuâtre : elle est couverte de
points cromophores rouges-carmin, très petits, plus agglomérés vers l'extrémité de l’entonnoir
et sur le bord de l’ouverture du corps, mais très rares sur le centre de la tête. On voit
quelquefois sur les parties latéro-inférieures du corps des petites taches, d’un bleu-brillant
égales à celles qu’on aperçoit sur les membranes supérieures. Les cupules sont bordées d’un
rouge-bleu ; la partie interne des bras est rose-clair, couverte de points cromophores sem-
blables à ceux de la partie inférieure du corps; mais un peu plus gros.
J'ai rencontré parfois, mais très rarement, quelques individus qui avaient la partie
supérieure nuagée de jaunâtre, comme le décrit M. Delle Chiaje.
Rapports et différences.
Cette espèce est caractérisée par sa consistance très flasque ; par sa peau très élastique,
en partie transparente; par son ouverture invisible en dessus; par deux tubercules sur
chaque globe des yeux; par la proportion des bras entre eux; par l’ampleur de la membrane
ombellifère, qui est très développée jusqu’à l'extrémité de tous les bras, et surtout par la
disposition particulière des points cromophores, que M. Delle Chiaje a si bien caractérisée
et qui n'appartient à aucune autre espèce connue. |
OCTOPODES 24
Habitation et mœurs.
Cette espèce a été découverte dans le golfe de Naples, où elle porte le nom de Polpo
tunnale, Polpo incamiciato ; mais y est fort rare. Je l’ai rencontrée assez cammurément
sur le marché de Gènes, pendant le mois de février 1849 : elle n’y avait jamais été vue
avant cette époque, et parait vivre dans la vase, en société avec les Eledons: on l’a péchée
avec la grande drague, que trainent deux barques à voile (balancelle). J'ai lieu de croire
qu’elle vit enfoncée dans la vase, d’où elle a été déterrée par cette drague pesante ; car les
plus petites qui, à la même époque, font tous les ans la pêche dans les mêmes localités,
n’en ont jamais ramené. Peut-être, aussi, l’espèce est-elle voyageuse, et ne s’est-elle pré-
sentée que par hasard dans cette circonstance.
Histoire.
Nous devons la connaissance de cette espèce remarquable à M. Delle Chiaje, qui la
communiqua à M. De Férussac, la décrivit et la figura plus tard dans son ouvrage : Animali
invertebrati etc. Vol. 1. pag. 4. PI. 4. La courte description, qu'il en a donnée, est très
exacte; mais le dessinateur, qui a été chargé de le figurer, n’a pas eu le même mérite : ma
planche 7. est la fidèle reproduction du dessin coïorié, que M. Delle Chiaje a bien voulu
me communiquer; Car, d'après l’examen que j'avais fait du type, que M. Delle Chiaje
possède, il ne me restait aucun doute sur la valeur spécifique de ce Poulpe. Le hasard
m'ayant offert largement l’occasion d’en faire moi-même un dessin d’après un modèle vivant,
je l'ai reproduit (PI. 7. bis. fig. a). La description, que donne M. D’Orbigny de cette espèce
(pag. 57), faite, comme l’avoue l’auteur, sur un individu conservé depuis long-temps dans
l'alcool, a dû nécessairement être fort incomplète, surtout lorsqu'il s’agit d’une espèce très
délicate. La planche, figurant ce Poulpe, sous le N.° 22 du même ouvrage qui à été publiée
sous la direction de M. De Férussac, est encore plus loin du vrai que celle de M. Delle Chiaje.
_N. 5. P. À LONGS BRAS. O0. MACROPUS. Risso. PI. 9.
Risso, Hist. nat. des prince. prod. de l’Europe mérid. N° 5.
Delle Chiaje, Mem. Vol. IV. pag. 40 et 56. Anim. invertebr. PI. 2. fig. 2 pag. 5.
Q. Macropodus. Sangiovanni , Ann. des sc. nat. t. XVI. Bull. des sc. nat. t. XX. pag. 558.
O. Ruber. Cantraine, Malacol. Pag. 18. N° 2.
Philippi, Enum. molluse. pag. 201. N.° 2.
O. corpore ovali apice acuminato, granulato, tuberculato, verrucoso vel glabro, cirrhis
sub oculos nullis, accidentaliter unus posticus; brachiis longissimis.
Corps ovale avec l’extrémité un peu acuminée pendant la vie, arrondie après la mort;
tuberculeux ou verruqueux dans l’état d’irritation ; granuleux dans l’état de tranquillité, et
lisse dans l’état de langueur. Ouverture largement fendue, béante et visible à la partie su-
périeure.
28 CÉPHALOPODES
Tête, plus étroite que le corps, séparée en avant et en arrière par un étranglement très
marqué, couverte comme le corps de verrues et de granulations, jamais de tubercules.
Globes des yeux saillants; yeux également saillants, latéraux, ouverts dans la peau qui
peut les recouvrir entièrement par ses repiis membraneux: globes portants plusieurs taches
verruqueuses, blanchâtres, qui ne se relèvent jamais en tubercule; très rarement cependant un
tubercule conique et allongé, très prononcé, se remarque sur la partie postérieure du globe.
Bras très longs et inégaux, arrondis et comprimés latéralement, presque quadrangulaires
dans l’état d’irritation, diminuant graduellement jusqu’à leur extrémité, qui est filiforme.
La première paire est la plus longue et la plus grosse; les autres diminuent progressive-
ment jusqu’à la 4°, qui est la plus petite, la plus courte, et n’arrive ordinairement qu'aux
deux tiers de la longueur de la première paire; quelquefois pourtant aux trois quarts: j’en
ai vu très accidentellement quelques-unes, toutes égales en grosseur et en longueur. Les
bras sont toujours garnis de deux rangées de cupules alternantes et très rapprochées.
Cupules saillantes, subpédiculées, assez espacées, au nombre de 280 sur les bras les
plus longs, et de 260 sur les plus courts. Elles commencent à alterner dès la 4.°, augmen-
tent très sensiblement de grosseur jusques vers la 20, qui est six fois plus grosse que la
première sur les bras supérieurs et quatre fois sur les inférieurs. Elles diminuent ensuite
très insensiblement jusqu’à l'extrémité filiforme des bras, où il est très difficile de les
compter.
Membrane de l’ombrelle très développée, et plus grande entre les bras supérieurs, em-
brassant sur les individus ordinaires un quatorzième des bras longs, et un dixième des
bras courts ; et sur les individus à bras fort longs, embrassant un dix-huitième des bras
longs et un douzième des courts. Cette membrane se continue en avant le long des bras:
elle est très étroite dans l’état de tranquillité, se contracte, devient linéaire et forme une
espèce de bourrelet latéral, le long des bras, dans l’état d’irritation : elle est assez large
après la mort, lorsque toute la peau du Mollusque est devenue flasque.
Bouche entourée de lèvres larges et épaisses. R
Tube locomoteur conique, assez long, dépassant de bien peu les orbites des yeux.
La peau de ce Poulpe, grêle et très élancé, est un peu élastique pendant la vie, et
très flasque à l’approche de la mort; c’est à ce caractère qu'est dù l'espèce de tubercule
qu’on remarque souvent à l'extrémité du sac de quelques individus morts: tubereule qui
se conserve dans l’alcool.
Proportions.
Longueur totale . : , ; à : ‘ : : 0,720 ; 1,140
Longueur du corps À À : : : à à ; 0,082 : 0,070
Longueur de la tête . ; : ee * ‘ : ; 0,057 : 0,040
Largeur de la tête * : ; : ; ; 0,040 j 0,025
| É. Paire ; : $ 0,610 : 1,000
Léa di de: 2. .» : : : à É : 0,550 : 0,960
| D
4. » - ; ; ; à 0,430 : 0,710
Hauteur de la membrane supérieure . : : , é : 0,050 ; 0,070
» » inférieure : : ; ; , : 0,030 : 0,050
OCTOPODES 29
Couleur. Dans l’état de tranquillité toute la partie supérieure est granuleuse, d’un rouge
vineux passant au marron brillant, tantôt irisé de jaunâtre, tantôt rouge-laque, très vif,
par lPeffet de points cromophores, tellement nombreux et rapprochés, qu’on ne peut les
distinguer à la loupe. Ces teintes sont plus claires sur les parties inférieures, parce que les
points cromophores y sont moins abondants: sur la partie interne des bras et de la mem-
brane ombellifère, ces points étant très fins et clair-semés, cette teinte passe au lilas clair :
près de la bouche, où ils manquent entièrement, cette partie devient blanchâtre. La partie
interne des bras est quelquefois nuagée de taches rouges-vineuses vers la partie supérieure.
Parfois on aperçoit aussi sur le rougeàtre de la partie supérieure des taches blanches,
irisées de bleu, assez symétriques (PI. 24.° de la Monog. des Céphal. de Férussac et d'Orbigny
d’après mou dessin) et on en voit d’égales sur la partie latérale des bras, sur la base de
chaque cupule, et sur le bord des membranes ombellifères. Parfois, encore, ce Poulpe est
d’une teinte lilas-sale, sur laquelle se nuagent, paraissent, disparaissent de grandes taches
d’un rose-rougeâtre. Souvent aussi, la peau est lisse ou entièrement couverte de taches
irrégulières, oblongues, verruqueuses, disposées longitudinalement et comme subcutanées.
Etat d’irritation. La couleur est constamment rouge-marron, ou rouge-laque, très vif. L'iris,
qui est argenté, se couvre de points cromophores, vermeils et bruns : on remarque alors
sur le corps plusieurs séries de taches blanches, formées par la réunion de points blanes,
saillants ; placées un peu sur les côtés de la partie dorsale; dont quelques-unes sont distri-
buées un peu irrégulièrement sur les orbites des yeux, plusieurs sur la tête; trois symétri-
quement sur les membranes ombellifères, une série double sur le premier tiers des bras,
et simple sur le second tiers. Quelquefois on voit sur le centre de toutes ces taches, sauf sur
celles des orbites des yeux et de la membrane ombellifère, se relever un petit tubereule
obtus et blanc. Dans cet état, la bordure étroite de la membrane ombellifère, qui se pro-
longe le long des bras, se contracte, devient linéaire, forme un rebord arrondi et relevé.
Elle est très régulièrement annelée par de très petits traits blancs: ces mêmes traits se
voient aussi sur toute la bordure de la membrane ombellifère (PI. 9.°).
Etat de langueur. La peau est quelquefois lisse, quelquefois couverte de taches verru-
queuses: celles-ci disparaissent après la mort; mais souvent subsistent aussi. Peu de
temps avant de mourir, le rouge général de la peau se réduit en grandes taches errantes,
qui se fixent peu à peu et perdent de leur intensité : puis, elles disparaissent entièrement,
lorsque cesse le jeu des points cromophores. Si la mort a lieu dans l’eau, la couleur de-
vient d'un blanc livide, la peau reste très flasque; et la membrane, qui longe les bras, est
large. Si ce mollusque est mis à sec, il perd bientôt la vie; mais sa coloration subsiste
pendant plusieurs heures; il se décolore ensuite peu à peu, et la peau, quoiqu’assez élas-
tique, ne devient flasque que lorsqu'il commence à se décomposer.
Conservé dans un grand baquet d’eau de mer, il y vit plusieurs jours sans nourriture. Je ne
l'ai jamais vu, dans l’intervalle de sa captivité, ni sortir, ni tenter de sortir de l’eau comme le
font constamment le Poulpe ordinaire et l'Eledon. Je n’ai jamais pu saisir l’occasion de le sur-
prendre en état de sommeil; mais M. Peters, de Berlin, l’a très bien observé, dans cet état, pen-
dant son séjour à Nice: il m'a communiqué que dans cet état, bien constaté par la tranquillité
de l’animal, par la lenteur, et la faiblesse des aspirations, ce Poulpe était d’un gris-vineux, ou lilas
sàle uniforme, et que sa peau était toute couverte de taches irrégulières, oblongues et verruqueuses.
tir
30 ù CÉPHALOPODES _
Rapports et différences.
Ce Poulpe, grêle et très allongé, se distingue au premier abord de tous ses congénères
par sa forme et par sa couleur rouge-vineuse, qui n’appartient à aucune autre espèce. Il
se distingue de l’O. Defilippi par sa couleur et par la forme du sac.
Habitation et mœurs.
Cette espèce habite toute la Méditerranée, et, d’après les observations de M. D’Orbigny,
dans l’océan atlantique, dans le grand océan et dans la mer rouge: elle a été notée et
décrite dans l'Encyclopédie japonnaise. Ce Poulpe vit dans les cavités des rochers un, peu
profonds, et se rencontre aussi sur les fonds vaseux , mais plus fréquemment sur ceux qui
avoisinent les rochers. Son apparition sur le marché de Gènes est subordonnée à la pêche
aux dragues ; car on ne le prend que par ce moyen. Il ne parait pas vivre en société,
puisqu'on ne le voit jamais qu’en bien petit nombre, ,et qu’on lé prend toujours isolé. Sa
chair est médiocre, coriace, moins estimée que celle du Poulpe commun.et même que celle
des Eledons. Les plus grands individus, que j'aie observés, avaient 1200 mil. de longueur;
leur poids ne dépassait pas un demi kilogr. A Nice, il porte le nom de Poupressa; à Gènes,
celui de Scorrià; en Sardaigne, celui de Purpu arrabicu, et en Sicile, celui de Fraiddu
T'USSU.
Histoire.
Nous devons à M. Risso la première description de cette espèce, à laquelle il donna le
nom de Macropus. M. D’Orbigny fit imprimer et distribuer, dans la même année, deax
planches appartenant à la même espèce, sous le nom de ©. Cuvieri et O. Lechnauldii.
M. Delle Chiaje, Blainville, Wagner et Rang ont adopté le nom de M. Risso; M. Philippi et
M. Cantraine le citent sous le nom de O. Ruber de Raffinesque: cet auteur lui a assigné
pour caractère antenopes égaux environ le double du corps. M. Sangiovanni l’a décrit sous
celui de O. Macropodus. M. De Férussac voulait, d’aprés des individus à bras plus longs,
créer une nouvelle espèce sous le nom de Longimanus; mais M. D’Orbigny a rectifié toutes
les erreurs, reconnu l'identité du Macropus, du Cuvieri, du Lecnauldii et Longimanus,
et les a réunis sous le nom de O. Cuvieri. Ce nom n’ayant été adopté que par M. Guérin,
et n'ayant pas une priorité constatée sur celui de M. Risso, j'ai suivi l’exemple de la
grande majorité en adoptant le nom de HMaeropus.
N. 6. P. DEFILIPPI, O. DEFILIPPI. Verany. PL 11. fig. deg
| Rd di
O. corpore rotundato, glabro ; brachiis longissimis inaequalibus ; oculis unicirrhatis.
Corps arrondi, lisse, ouverture largement fendue et béante, très visible en dessus; tête
plus étroite que le corps, un peu oblongue, séparéè antérieurement et postérieurement par
un a ee Li prononcé. Yeux saillants, ouverts assez largement dans la peau ;
pupille très dilatée; globes des yeux peu proéminents, portant un petit tubercule conique :
OCTOPODES 51
bras très long, diminuant d’un manière graduelle jusqu’à leur extrémité, qui est filiforme,
comprimés latéralement, inégaux entre eux, et non symétriques dans l'individu que j'ai ob-
servé : la grosseur correspond à la longueur ; cependant il n’y en a aucun de la paire
inférieure, qui le cède en grosseur au plus gros de la paire supérieure. Ils sont tous munis
d'une double rangée de cupules alternantes.
Cupules saillantes, légèrement allongées ou pediculées, alternantes dès la cinquième,
augmentant en grosseur jusqu’à la huitième, qui n’arrive pas au double de celle de la
première, et diminuant ensuite progressivement jusque sur l'extrémité des bras, où il est
impossible de les compter sur le dernier quart.
Membrane de l’ombrelle bien développée, embrassant un septième des bras les plus courts;
et un dixième des plus longs. Les membranes, qui réunissent les paires inférieures, sont
moins développées que celles des bras supérieurs, et se prolongent sur ces derniers jusqu’à
moitié de leur longueur.
Tube locomoteur, conico-allongé, assez gros, dépassant presque le globe des yeux.
Proportions.
Longueur totale . : : : 0,524
Longueur du sac . ; : : 5 à , 0,040
Longueur de la tête . Ë Ë , à : : 0,034
Le — : : . : ; 0,300 : 0,390
Se 2. : : : 0,330 0,450
… : : : - 0,370 : 0,500
ne : ; : 0,390 : 0,410
Hauteur de la membrane ombellifère supérieure . ; : 0,043
» » » inférieure : : ; : 0,028
Couleur. Partie. supérieure d’un blanc-livide, passant au bleuâtre, au jaunâtre, au rose,
par l'effet de la transparence de la peau et la réunion des points cromophores, très fins,
qui disparaissent sur les côtés du corps et sur la tête; mais qui sont plus marqués et
rouges-jaunâtres sur le globe des yeux. Membrane de l’ombrelle, blanche-jaunâtre sur la
base et passant au lilas sur les bords. Les bras sont nuagés de taches jaunâtres à l'extérieur
et sont à l'intérieur d’une teinte lilas, couverts de points très fins, teinte neutre. La
partie inférieure est d’un blanc-livide, passant, sur le corps, au bleuâtre et au jaunètre ,
par rapport à la transparence des organes intérieurs. Les points cromophores sont à peine
visibles à la loupe.
Rapports et Différences.
Cette espèce diffère du Macropus, avec le quel elle peut se confondre par la longueur
des bras, par sa forme grêle et élancée, par la forme bien prononcée de son sac arrondi,
par sa couleur blançchâtre, par sa peau lisse, par un étranglement moindre à la tête; mais
surtout par la régulière proportion des cupules, lesquelles ne présentent pas cette grande
disproportion qui caractérise le Macropus, comme. la très bien observé M. D’Orbigny;
elle se rapproche de l'O. Aranea de M. D'Orbigny ; mais elle s’en distingue par sa tête
plus allongée et par la membrane de son ombrelle plus développée.
32 CÉPHALOPODES
Habitation et mœurs.
Cette espèce paraît habiter les fonds vaseux de 150 à 200 mètres, de profondeur, où
elle a été prise par là drague.
Histoire.
Le seul individu, que je possède de cette espèce, a été pris sur les parages de Pegli en
septemb. et m'a été apporté comme une nouveauté. Je l’ai publiée, malgré l’anomalie qui
existe dans la non-symétrie des bras, parce que je suis persuadé que ce Poulpe est identique
à plusieurs individus recueillis à Livourne par M. Portier marchand, naturaliste français, qui
pendant le congrès de Florence, m’en montra un qu’il venait offrir, avec d’autres produits
marins, pour la collection du Gabinet du Grand-Duc. Je remarquai alors le caractère
frappant de la rotondité du corps, et la couleur blanchätre, que M. Portier m'assura être .
constante dans ces Poulpes, qu’il avait possédés vivants. Je le crus alors l'O. Cuvieri
De Férussac, me réservant de l’étudier plus tard sur les individus, que me promit M. Portier.
Malheureusement il ne m’a pas tenu sa parole; et quand j'ai demandé à examiner l'individu,
que je croyais déposé au Musée de Florence, M. le Directeur m’annonça qu’il ne pouvait
me salisfaire, puisque cette espèce n'existait pas dans la collection. J’invite par conséquent
les naturalistes, qui ont recu des envois de M. Portier, de Livourne, à étudier ce Poulpe
et à suppléer aux lacunes, que j’ai laissées dans la description de cette espèce.
N. 7. P. D’'ALDER. O0. ALDERII. Verany. PI. 7. bis fig. b, c.
O. corpore conico elongato et acuminato, glabro, capite parvo rotundato , brachiis
mediocris, umbella minima.
Corps ovale, allongé, un peu fusiforme, lisse, ouverture ampie et très visible en dessus.
Tête @etite, arrondie: globes des yeux peu saillants, sans tubercules ; yeux petits, latéro-
supérieurs, percés dans la peau et protégés à volonté par deux replis membraneux. Bras
courts proportionnellement au corps, longs une fois et demie comme le corps, gréles,
arrondis, un peu comprimés latéralement, inégaux, dont la paire la plus longue dépasse la
plus courte d’un cinquième; proportions 2, 1, 5,4, munis de deux rangées, très rapprochées,
de cupules sessiles, un peu espacées entr’elles, au nombre de 80 environ sur chaque bras.
Membrane de l’ombrelle rudimentaire, ne rattachant qu’une très petite portion des bras.
Tube locomoteur, assez gros, et se terminant au milieu de la tête.
Proportions.
Longueur totale . : . ; j > : ; : : : : 0,080
Longueur du corps ; ; ; : : ; : : : 2 ; î 0,028
Largeur du corps : ; : : . : : ; à 0,013
Largeur de la tête À : È ; : ; : : : ; , : 0,009
+ ; : : ; : à : : < 0,040
hatlr du ble ; ; , : ; ; 0,044
- : - ; ; ; À 0,038
Po RE SR RS
Hauteur de la membrane ombellifère . - : : 2 : ; : 0,003
OCTOPODES 99
Couleur. Partie supérieure, d’un rose passant au bleuâtre, teinte neutre, par la transparence
des organes intérieurs, et au bleu sur les orbites des yeux ; tout couvert de points chromo-
phores d’un rouge-anglais: ces points sont plus obscurs, plus petits et plus clair-semés le
long des bras. La partie inférieure est de la même couleur ; les points chromophores y sont
plus rares, plus clair-semés, manquent entièrement sur la tête et sur l’ombrelle: on en
voit quelques-uns sur le bord de l’entonnoir.
Rapports et différences.
Cette petite espèce a quelques rapports de forme avec l’O. catenulatus; mais son sac
plus allongé et lisse, ses bras bien plus courts, ses cupules sessiles et le manque d'ouverture
aquifère détruisent tout rapprochement. Il se distingue de toutes les autres espèces par la
forme conique-allongée et pointue de son corps, par le petit volume de sa tête, par Ja
médiocrité de ses bras grêles, mais surtout par l’exiguité des membranes ombellifères et le
manque de tubercules sur les orbites. Son caractère le plus frappant est son facies de
Calmar, avec lequel il a de commun la consistance du corps et la coloration de la peau ;
caractères qui me l'ont fait certainement passer inobservé au milieu d’eux.
Histoire.
J'ai rencontré cette nouvelle espèce au milieu de jeunes sardines, le 23 avril 1849.
Tout me fait supposer qu'elle n’est pas rare, et qu’on la rencontrera, si on la cherche
attentivement dans les masses de jeunes poissons, que l’on prend au printemps.
N. 8. P. DE KOELLIKER. O. KOELLIKERI. Veranv. PI. 11. fig. à. b. c.
Verany , Atti dell’ oltavo congresso dei scienziali ilaliani. Pag. 515.
O. corpôre bursiformi, conico-rotundato et postice acuminato; brachiis inaequalibus,
acetabulis sessilibus, membrana exigua super, nulla subtus conjunctis.
Corps bursiforme conico-arrondi, légèrement acuminé postérieurement , entièrement lisse ;
ouverture grande, visible en dessus, sans trace d’appareil constricteur.
Tête médiocre, peu distincte du corps; globes des yeux, très saillants; yeux médiocres
percés dans la peau.
Bras courts et très inégaux; la 1. paire la plus longue, égale à la longueur du corps,
y Compris la tête ; la 2.° paire, plus courte que la 1." d’un tiers; la 4°, ayant environ
un tiers de la 1." paire ; et la 5°, un peu plus courte que la 4. Les bras sont garnis de
deux rangées de cupules.
Cupules bien distinctes, sub-pédiculces , alternantes dès la troisième, qui est la plus grosse,
et diminuant ensuite: elles sont peu ‘espacées. La première paire de bras en porte 50; la
seconde, 58; la troisième, 12: la quatrième, 16.
[ra
34 CÉPHALOPODES
Membrane de l’ombrelle très peu développée à la base de la première et seconde paire
des bras, nulle sur les bras inférieurs.
Tube locomoteur, petit, arrivant à peine à la moitié de la tête.
Proportions.
Longueur totale 0,022
Longueur du corps . à - 0,008
Largeur du corps 0,007
Largeur de la tête 0,006
Hauteur de la tête È 0,003
if 0,011
2. 0,008
Longueur des bras 9. 0,003
4. 0,004
Couleur. Dans l'alcool, d’un rouge jaunâtre; bleu très prononcé sur les orbites des yeux.
Partie supérieure du sac, couverte de points chromophores rougeàtres, assez gros. On en voit
aussi de disposés en rangées régulières le long des bras, et qui bordent l’ouverture du corps;
mais ils manquent entièrement sur l’entonnoir et sur le centre de la partie inférieure du corps.
Rapports et différences.
Ce Poulpe a quelque ressemblance avec le Philonexis microstoma et atiantica de M.
D'Orbigny , et avec le Poulpe douteux de M. Eydoux et Souleyet: ces trois espèces ap-
partiennent au genre Philonexis de M. D'Orbigny. Je n’ai pu retrouver, dans aucun des
nombreux individus que je possède, les caractères de ce genre; ils en ont cependant le facies:
peut-être des observations, faites sur les individus vivants, arriveront-elles à ce résultat.
Histoire.
La découverte de ce petit Poulpe est dûe à M. le D. Krohn, qui la receuilli dans le golfe
de Messine, où il ne paraît point rare: d’après le vœu de ce savant naturaliste, je le publiai
au congrès de Gènes uniment à toutes les nouveautés qu’il m’a généreusement cédées.
N. 9. P. DE CARENA. O. CARENA. Vera. PI. 14. fig. 2. 3.
Verany. Mém. de l’Acad. Royal. des sc. de Turin. tom. 1. série. 2. PI. 2.
Genre, Philonexis. D'Orbigny.
O. corpore rotundato, postice acuminato , capite brevi ; brachiis inaequalibus, ace-
tabulis Subpediculatis explicatis, membrana umbellifera exigua et incompleta ; ostiis
aquiferis subtus duobus.
Corps bursiforme, presque rond, un peu acuminé en arrière, extrémement lisse : ouverture
large, fendue jusques y compris les orbites des yeux; appareil constricteur, consistant en
?
OCTOPODES 99
un appendice charnu, terminé par une espèce de bouton ou de crochet oblique, situé de
chaque côté à la base du tube locomoteur, et d’une espèce de boutonnière fendue latérale-
ment dans l’épaisseur de la peau, au bord interne du corps.
Tête médiocre, écrasée, peu marquée en dessus, le sac se prolongeant fort en avant sur
la tête, presque entièrement occupée par les globes des yeux, et entièrement couverte en
dessous par le tube locomoteur. Yeux latéraux ; globes gros, saillants et applatis, entière-
ment couverts par ure membrane transparente, qui est la continuation de la peau, et,
comme elle, couverte de points chromophores, percée d’une ouverture oblongue, sans
repli membraneux supérieur.
Bras conico-subulés, très inégaux ; la première paire implantée sur la tête, à moitié de
la hauteur des globes des yeux; la 4. et la 1. paire plus longues que les autres, ayant
environ quatre fois la longueur du corps ; les 2° et la 3° paires, beaucoup plus courtes,
mais deux fois plus longues que le corps: le bras droit de la 53 paire est toujours
anormal ; sur les cinq individus que j'ai examinés, il est représenté par un petit pédicule
garni de quelques cupules ; parfois ce pédicule porte un globe ovale, et le plus souvent
il porte un bras fort gros terminé par ce globe ovale, ayant la forme de l’Hectocothyle de
M. Cuvier. Tous ces bras sont munis de deux rangées de cupules alternantes.
Cupules assez grosses, très saillantes, cylindriques et pédiculées, distantes les unes des
autres, alternantes dès !a troisième, et diminuant progressivement jusqu’à l’extrémité des
bras, où elles sont très visibles, La 4.° paire en porte 50; la 1."°, 40; la 2, 50; la 3.°,
26: ou la 4, 52; la 1.®, 50; la 2, 35; et la 5°, 30.
Membrane de l’ombrelle rudimentaire; elle manque entre les bras inférieurs.
Bouche entourée de deux lèvres, dont l’intérieure ciliée.
Tube locomoteur, gros, long plus que la moitié du corps et Gépassant de beaucoup la
base des bras.
Deux ouvertures aquifères, petites, placées à la base des bras de la quatrième paire, au
point d’attache de la partie latéro-dorsale du tube locomoteur et du globe des yeux; très
difficile à apercevoir quand le mollusque est frais.
Proportions.
Longueur totale compris le bras anormal. . ; : : ; : : 0,170
Longueur totale non compris le bras anormal. . ; ë ; ; : : 0,125
Longueur du corps dessus . ; : : - : : À ë : : 0,030
Longueur du corps dessous : ; ; : : : : ; : 0,024
Largeur du corps ; * ; ; à * - . ; : 0,020
Largeur de la tête : : ; ; ; : ; 3 à $ 0,018
F1. pate : ; : = : ; : : ; 0,072
2 » = - : : ; : : : : 0,050
Longueur des bras 9 : : : ; ; : 0,040
3. anormal. ; ; : : : = : : 0,135
4. NS : ; ; : 5 : : 0.090
Longueur du tube locomoteur . z : : $ , : - = : 0,018
Couleur. Pendant la vie, d’une teinte générale neutre, claire et transparente, qui laisse
apercevoir les organes intérieurs, et le nuagent de bleuâtre et de jaunâtre; tout couvert
36 : CÉPHALOPODES
de points chromophores d’une teinte neutre, qui passe au bleu: le corps, la tête et les
orbites des yeux sont nuagés de taches formées par la réunion de petits points chromophores
rouges-carmin très vifs: ces points sont excessivement fins sur la partie interne des bras,
et sur la base des cupules; sur la partie dorsale, ils sont de beaucoup plus gros et passent
du rouge-carmin au minium. Les orbites des yeux sont d’un bleu très vif, l'iris est argenté,
irisé de rouge et de bleu, et couvert aussi de points chromophores. Des reflets argentés très
brillants se voient sur les côtés du corps et sur la partie dorsale des bras de la 5 et 4°
paire.
Après la mort, tout le corps se couvre de points chromophores d’un rouge-anglais : ces
points sont très rapprochés sur la partie dorsale du corps et de la tête, plus clair-semés
sur les parties latérales et inférieures du corps: elles sont rares sur l’entonnoir et manquent
entièrement vers la base; les bras en sont couverts, ce qui donne à ce céphalopode une
teinte générale rougeâtre; l'ouverture des cupules et la membrane, qui borde la Louche,
sont seules blanches. Les orbites des yeux conservent leur teinte blanchâtre: mais les
reflets métalliques ont disparu.
Rapports et différences.
La taille et la proportion des bras entr’eux et surtout le bras hectocotyliforme font au
premier abord distinguer cette espèce.
Habitation et mœurs.
Ce céphalopode, qu'aucun naturaliste n’a encore signalé, et dont j’ai déjà rencontré cinq
individus sur les parages de Nice et de Gènes, paraît être voyageuse et ne s'approcher de
notre littoral qu’accidentellement; tous ceux que j'ai eus, ont été pris, de septembre à avril,
avec les traines, au milieu des jeunes poissons.
Histoire.
Je rencontrai, en avril 1836, sur le marché de Nice, un individu vivant de cette espèce,
que je publiai dans les actes de l’académie royale des sciences de Turin; je n’aperçus
pas alors les ouvertures aquifères. En septembre 1847, un second individu, parfait et plus
gros, pris à Nice, m’a servi à rectifier mes observations; j'y distinguai clairement les ou-
vertures aquifères et l’appareil constricteur, qui caractérisent le genre Philonexis de M.
D'Orbigny. Un 5.° individu s’est présenté sur le marché de Gènes le 31 décembre 1849.
J'en receuillis un 4.° sur le marché de Nice, le 26 février 1850, et un 5.° à Gènes en avril
de la même année; sur le premier que j'eus, le bras droit de la troisième paire con-
sistait en un globe ovale, porté par un très petit bout de bras, ou pédoncule, qui était
garni de deux cupules. Un des autres individus, que j'ai eus, n'avait que le pédoncule;
tout le reste manquait. Cet individu fait partie de la collection du Musée de Francfort, l'ayant
donné à M. Ruppell. Sur les trois autres, le même bras a pris un développement extraordi-
naire, dépassant d’un tiers les bras les plus longs : la base pédonculaire est de la grosseur
normale et porte deux cupules, puis il se dilate tout-à-coup considérablement et se continue
OCTOPODES 37
en diminuant très progressivement jusqu’à l'extrémité, qui est filiforme, et se termine par
un globe ovale: ce bras convexe à la partie dorsale, aplati à la partie interne, est bordé
par deux rangées de grosses cupules pédiculées, d'environ 44 par rangée : elles sont très rap-
prochées vers la base et espacés vers l'extrémité; elles sont jusqu'aux deux tiers de la
longueur des bras, réunies entr'elles par une petite membrane longitudinale, qui elle-même
se réunit à la base des grandes Cupules en passant sur la partie interne des bras: quelques
cupules très petites se voient aussi sur le globe terminal; et d’après les replis de la peau,
on voit qu'il contient une masse filiforme pélotonnée, enveloppée d’une membrane: tout
ce bras est blanchâtre, sans points chromophores, sauf une tache qu'on voit sur la base
dorsale, qui en est couverte.
En 1829, j’eus le plaisir de voir de passage à Nice M. le Docteur Wagner et Valentin;
ils me montrèrent quelques objets, que leur avait donné M. Risso, et je remarquai parmi
eux un 0. Carena. J'ai lieu de croire que c’est l’O. violaceus du catalogue nominal, qu’il
adressa au congrès de Lucques. En visitant la collection, que M. Risso a laissée, je n’ai rien
trouvé qui se rapporte à cette espèce.
M. D’Orbigny, dans [a monographie des céphalopodes à la suite des espèces qu’il a décrites
et constatées, a donné la phrase descriptive des espèces douteuses, qu’il à ramassées dans
les ouvrages ; il n'a cependant pas parlé de celle-ci.
N. 10. P. À MAILLES. O0. CA TENULATUS. Ferussac. PI. 15.
Féruss., Monogr. des Céphal. Genre Poulpe. PI. 6 bis et ter. 1828.
O. reticularis. Petagna , 1826, Communication faite à l’Acad. des scienc. de Naples.
O. Verany. Wagner, (adut 1828) in Zeisch. sur. die. org. Phys. t. IL.
et bullet. univ. des sc. nat. t. XIX. pag. 588. N° 5.
O. Ferussaci. Delle Chiaje, 1829 Mem. etc. t. IV. pag. 41.
O. tuberculatus. Delle Chiaje, Anim. invert. tav. IV. vol. L pag. 4.
O. pictus. Blainville, Faune Franc. Mollusqg. pag. 8. N° 6.
O. catenulatus. Verany , Tableau des Céph. fig. 9.
Philonexis tuberculutus. D'Orbigny.
O0. corpore ovoidali, magno, superne laevigato, sublus tuberculato et reticulato,
apertura maxima, capile brevissimo, supra parum distincto, ostiis aquiferis subtus
duobus, brachiis brevibus, inaequalibus, pro magnitudine, subaequalibus pro longi-
tudine , superioribus membrana dorsali instructis: (carinatis) acetabulis elongatis
explicatis ; membrana umbellifera minima et incompleta.
Corps coriace, peu élastique, ovoïde, tronqué antérieurement un peu mitriforme pendant
la vie, lisse en dessus, couvert en dessous et latéralement de petits tubercules subcu-
tanés, qui relèvent la peau et forment sur toute cette surface un réseaü irrégulier à mailles
lèches sur le centre et plus serrées sur les côtés, les tubercules y étant plus petits, moins
saillants et plus rapprochés. Ouverture très grande, s'étendant en dessus de chaque côté
de la tête, y compris même les orbites des yeux. Appareil constricteur formé d’un appendice
5e CÉPHALOPODES
charnu de chaque côté à la base du tube locomoteur et une fossette transverse à la partie
interne du corps.
Tête très-courte, nulle à la partie supérieure, puisqu'il n’y existe qu’un faible étrangle-
-ment, qui sépare la base des bras du corps: latéralement elle est très visible; les globes
des yeux en occupent une grande partie. Yeux latéraux, saillants, percés dans la peau,
et protégés par deux replis membraneux très minces. Iris argenté.
Bras courts et grêles, petits proportionnellement au volume du corps, coniques, subulés,
plus disproportionnés entre eux en grosseur qu’en longueur. La 1."% paire, la plus longue
et la plus grosse, très comprimée , s’amineit à la partie latéro-interne et forme une espèce
de carène très prononcée ou membrane protrectrice des cupules , qui les déborde de beaucoup,
elle porte sur sa partie dorsale une membrane natatoire ou carène très prononcée. La 4.°
paire est plus mince, presque ronde, et de la même longueur de la 1." paire; elle porte
aussi une petite membrane natatoire ou carène. La 2.° paire, presque ronde comme la 4°,
est plus courte que la précédente, mais de la même épaisseur. La 5.° paire est plus grêle
et plus courte que la 2°, et manque, comme elle, de membrane natatoire. Cupules assez
grosses, pédiculées, cylindriques, distantes les unes des autres, disposées sur deux liques
alternantes, réunies sur chaque rangée des bras supérieurs par une membrane intermédiaire,
qui va de l’une à l’autre; cette membrane est très-prononcée à la partie externe des bras
de la 1.° paire et à la partie interne de ceux de la 2. paire: elle est faible à la partie
externe et manque sur les autres bras. Les cupules sont au nombe d’environ 99 sur la 1.re
et la 4° paire, et de 80 sur la 2.° et la 5; elles alternent dès la 5.°; les plus grosses ont
0,010 de grosseur, leur hauteur maximum est de 0,015.
Membrane de l’ombrelle très-courte et presque nulle, elle manque entièrement à la base
interne de la 4.° paire de bras.
Bouche entourée d’une double lèvre. Ouvertures aquifères au nombre de deux, placées
au côté extérieur des brides, qui unissent le tube locomoteur à la base des bras inférieurs.
Tube locomoteur cylindrique, très large à la base et dépassant de beaucoup la base
des bras.
Proportions.
Longueur totale . $ : : : : ; : : : ; : 0,840
Longueur du corps . à : : - ï : : : ‘ 0,280
Largeur du corps : : : s ; : : : 0,190
Orbite de l'œil . : : ; ï ; ; : : 4 : : : 0,030 .
is. : ‘ : : : : : ; : à . - 0,010
à : ; : : : ; 0,520
2, 0,460
Longueur des bras mesurés de la bouch
8 he ones à | |
Æ ; : : : : ; 0,520
Poids de cet individu, 3 kill. ; il arrive au poids de 7 kill.
Couleur. Toute la partie dorsale est d’une teinte bleuâtre livide, passant au blanchâtre
sur les côtés; tout couvert de points chromophores , les uns très fins et très serrés , les autres :
plus gros et clair-semés, d’un bleuâtre très foncé ou teinte neutre. Parties latérales et infé-
rieures du corps, de la tête, et des bras inférieurs, d’un rose blanchâtre nuagé de rose vif et
OCTOPODES | 99
de taches rouges formées par des points chromophores disposés comme ceux de la partie
supérieure, d’un rouge passant au jaunâtre. Des reflets argentés brillent sur toute la partie
inférieure et latérale du corps, sur les parties latérales de la tête, sur la base du tube
locomoteur, sur la base dorsale des bras inférieurs, sur toute la partie dorsale des latéro-
supérieurs de la 2.° paire, et sur la partie latéro-dorsale externe de la 1." paire. La mem-
brane, qui lie les bras supérieurs, est, Comme le corps, couverte de points bleuâtres.
L’entonnoir et les faibles membranes, qui lient les bras inférieurs, sont couverts de points
rouge-jaunâtre. Sur la partie interne de tous les bras les points sont rouge-rouille très-fins
et tous égaux, le bord des cupules est de la même couleur. La membrane, qui rattache
les bras de la 1. et de la 2.° paire, la grande membrane protectrice des eupules de la
1 paire, sont, ainsi que la membrane qui lie les bras supérieurs , couvertes à l’intérieur
de points chromophores très-fins, tous égaux et d’une teinte neutre. L’extrémité des bras
inférieurs est très transparente et couverte de points chromophores rouge-laque brillant.
Après la mort, il se décolore très peu; mais il perd le brillant métallique, qui fait son
plus bel ornement. Quoique pris vivant et sans blessures, plongé de suite dans un baquet
d’eau de mer, il y meurt à linstant. Je l’ai eu très frais, et je n’ai observé aucun chan-
gement dans la disposition des tuhercules inférieurs , ni dans la réticulation, qu’ils causent
à la peau. Je n’ai remarqué que l'apparition ou la disparition des points chromophores et
le déplacement des taches rouges et des reflets argentés. Son encre est très noire. Ses
œufs se tiennent tous à un cordon gélatineux par un petit pédoncule : ils ont la grosseur
d’une graine de millet. M. Delle Chiaje les a observés et les représente (PI. LV de ses
mémoires ) attachés en petite grappe à l’extrémité d’un œuf plus gros, lequel est muni d’un
très-long cordon de soutien.
Rapports et différences.
Le volume de son sac, les tubercules de sa partie inférieure, mais surtout le réseau
qu’ils y forment, sont les caractères tranchants, qui le font distinguer au premier abord.
Habitation et mœurs.
Ce céphalopode ne s’est encore rencontré qu’accidentellement et seulement dans la Médi-
terranée : il a été trouvé à Naples par M." Delle Chiaje et Petagna; à Nice par M. Risso et
moi; en Sicile par M. Ruppell, à Gènes par moi: il se trouve aussi en Sardaigne, puisque
des pêcheurs intelligents l’ont reconnu dans mes dessins; en Provence, d’où provenait proba-
blement l'individu mutilé, que j'ai vu en peau au musée de Marseille; et un bel individu,
receuilli à Cette par M. le Prof. Gervais, fait partie du cabinet de la faculté de Montpelier.
Ordinairement on le pêche cramponné aux poissons pris à l’hameçon à de grandes pro-
fondeurs: c'est de cette manière qu’ont été pris les trois individus, que j’ai eu à Gènes du
20 avril au 10 mai. Les deux, que j’eus en 1824 à Nice, furent pris au filet, dit Mugeliera,
qu’on tend près de terre. Leur capture, faite à de grands intervalles, mais toujours de plu-
sieurs individus ensemble, prouve que cette espèce est voyageuse et qu’elle parcourt la
Méditerranée en société.
40 CÉPHALOPODES
La chair de ce céphalopode est aigre, malsaine et très-coriace, ce sont les motifs pour
lesquels on ne le porte pas au marché. Les pêcheurs Gènois le connaissent sous le nom de
Pignata ; quelques-uns lécorchent, et de la peau de son sac se font un bonnet; les tu-
bercules, qui réticulent la peau, en font l’ornement. En Sardaigne on le distingue sous le
nom de Pulpu sepia, à Nice sous celui de Poupressa.
Histoire.
Il est très-difficile d'établir le droit de priorité pour le nom à donner à cette espèce. M.
Delle Chiaje est le premier qui en ait fait mention; il signala un de ses caractères remar-
quables en 1822: cependant il ne le décrivit que plus tard en 1829. M. Petagna, d’après
le rapport de M. le Chev. Monticelli, en a fait le sujet d’une communication à l'académie
des sciences de Naples en 1826. J'en déposai un la même année au musée de Turin. Je
gardai l’autre, il me frappa tellement que j'en fis de mon mieux le dessin et la description.
Je le montrai à M. le Docteur Wagner de Munich, lequel, pendant son court séjour à Nice,
faisait des recherches sur les -Céphalopodes pour M. le Baron De Férussac. M. Wagner m'’en-
gagea à l’offrir à ce savant. En 1855 M. Risso me fit voir, comme une trouvaille à laquelle
il mettait une grande importance, un individu de cette espèce: je le dissuadai aisément de
le publier comme nouveauté, en lui montrant la planche de M. De Férussac publiée
depuis longs-temps. M. Ruppell la recueilli à Messine en 1845, et j’en ai eu trois à Gènes
en 1848.
Quant au nom de éuberculatus de M. Risso, qu’a adopté M. D'Orbigny attendu que
quelque caractère de cette description vague s’y applique, je ne puis l’admettre, puisque
j'ai vu par moi-même que M. Risso n’a connu le catenulatus qu'en 1835. Ce qui a été
confirmé au congrès scientifique de Turin, à la séance du 25 septembre, quand, après la
distribution que j’y fis de mon tableau des céphalopodes et la présentation des planches
coloriées , je déclarai que je n’avais jamais vu le {uberculutus et pilosus. M. Risso répondit
qu'aucune de mes espèces ne leur appartenait, et donna quelques éclaircissements sur elles :
et dans le catalogue nominal, qu’il adressa dans la suite au congrès de Lucques, au mot
O. tubereulatus , 11 ajouta la note suivante « j’ai envoyé les espèces au musée d’hist. nat.
» à Paris pour qu’on s'assure qu’elles vivent dans la Méditerranée ». M. De Férussac et
plus tard M. D’Orbigny, qui ont eu à leur disposition cette riche collection, l’auraient cité
indubitablement; et M. De Férussac, en répondant à M. Delle Chiaje pour le remercier de
l'envoi, qu’il lui avait fait de cette espèce, ne lui aurait pas écrit qu’il le tenait dèjà de
moi : enfin M. Risso, qui, dans cette séance, eut entre ces mains mon dessin du catenulatus
aurait déclaré avec certitude que c'était bien son fuberculatus (Atti della seconda riunione
dei scienziati Italiani, pag. 255). Le nom de reticularis de M. Petagna aurait conséquem-
ment la priorité, si sa communication avait été accompagnée d’une description imprimée
dans les actes de l’académie de Naples ou ailleurs.
En février 1828, M. De Férussac, ayant recu de moi ce us le fit figurer et peu après
distribua deux planches de cette espèce nouvelle, qu’il nomma catenulatus. Dans le même
temps M. le Prof. Wagner, profitant des notes qu'il avait prises, et des observations que
je lui avais fournies sur le Poulpe en question, en ‘fit le sujet d’une publication sous
OCTOPODES 41
le nom de ©. Verany, en août (1828 in Zeitsch, fur. die. org. Phys. t. 11. et Bulletin
univ. des sc. nat. tom. XIX ).
Quant à M. Delle Chiaje, qui l’avait déjà mentionné en 1822 et ne le communiqua à M.
De Férussac qu'après moi, il ne le décrivit et ne le figura dans son ouvrage qu’en 1829
sous le nom de 0. Ferussacii, Sans connaitre la publication de M. De Férussac. Il faut
conclure que la découverte de cette espèce appartient à M. Delle Chiaje, qui, le premier en
. 1899, l’a indiqué; à M. Petagna, qui en 1829 l’a communiqué à l’acad. de Naples; et à
moi-même qui en ai deposé un exemplaire au musée de Turin, et, le premier, en ai donné
communication à M. De Férussac.
Quant au nom, vu qu'il est prouvé que le catenulatus n’est pas le fuberculatus de M.
Risso, ce céphalopode devrait prendre incontestablement celui de reticularis de M. Petagna;
mais comme il est aussi prouvé que cette dénomination n’a pas été suivie d’une description
ou figure publiée, j'ai adopté le nom proposé par M. De Férussac, que je crois, antérieur
ou de même date à celui de M. Wagner, observant aussi, que c’est sous ce nom, que cette
belle espèce figure depuis longtemps dans la monographie des céphalopodes.
N. 11. P. (TREMOCTOPE) VIOLET. O. (TREMOCTOPUS) VIOLACEUS. Deuur Crus.
| Pl. 14. fig. a, 15, 16.
Delle Chiaje, Mem. PI. LXX. Anim. invert. PI. 8. pag. 6.
O. velifer. Féruss., Monogr. Genr. Poulp. PE 18. 19.
O. violaceus. Férussac, Monogr. PI. 20.
Philonexis velifer. D'Orbigny , Monogr. PI. 29.
O. velaitus. Rang, Mag. de Zool. 1855.
O. corpore ovali, anticae truncato, laevigato, supra caeruleo, sublus argenteo,
brachiis inaequalibus, superioribus membrana amplissima, inferioribus minima junclis ;
ostiis aquiferis duo supra, duo infra et sex ad latera capülis.
Corps ovale, tronqué, et très-élargi à sa partie antérieure, lisse, molasse et un peu flasque
en dessus: ouverture fendue sur toute sa partie ventrale et au dessus, y compris même
l'orbite des yeux, très baillante ; appareil constricteur formé par un appendice charnu de
chaque côté à la base du tube locomoteur, et d’une fossette transversale peu profonde sur
la partie interne du corps.
Tête courte, peu distincte du corps, les étranglements étant peu visibles, surtout l’anterieur.
Yeux latéraux assez grands, globes peu saillants, ouverts dans la peau et protégés par deux
replis membraneux de la peau.
Bras très inégaux: la 2, paire trois fois et demi plus longue que le corps; la 1.%, d’un
tiers plus courte que la 2.°; la 4°, plus courte que la 1%; la 5°, un peu plus courte que
la 4°, et environ la moitié de la 2. paire: les bras supérieurs sont gros, aplatis et creusés
en gouttière à l’intérieur; la 1. paire s’amoindrit assez promptement et finit par se con-
fondre avec la membrane, qu’il ne dépasse jamais ; la 2.° paire est comme la 1.® aplatie,
6
49 CÉPHALOPODES
creusée en gouttière à l’intérieur, mais beaucoup plus grosse, et s’amoindrit aussi insensi-
blement jusqu’à son extrémité; la 3.° et la 4.° sont plus petites et plus courtes, elles sont
aussi un peu aplaties à l’intérieur et s’amoindrissent jusqu’à leur extrémité, qui est filiforme.
Les cupules sont très saillantes, pédiculées, cylindriques, un peu espacées et placées sur
deux rangées très-distantes l’une de l’autre et tout-à-fait sur le bord des bras. Sur les bras
supérieurs elles alternent dès la 4°, qui est la plus grosse, diminuent progressivement
jusqu’au premier quart de leur longueur, où elles sont très petites et sessiles, et se conti-
nuent jusqu'à leur extrémité, où elles ne sont visibles qu'à la loupe; la distance, qui les
sépare entr’elles , augmente progressivement à mesure qu’elles diminuent de grosseur. Sur
les bras inférieurs les cupules sont toutes cylindriques, allongées et très-saillantes (pédiculées),
et diminuent progressivement jusqu’à leur extrémité, où elles sont très-visibles. Le long de
ces bras, les cupules sont toutes placées presque à égale distance: mais comme elles di-
minuent progressivement de grosseur, l’espace, qui les sépare, augmente proportionnel-
lement. :
Membrane de l’ombrelle très inégale: les trois membranes, qui réunissent les bras supé-
rieurs , très développées et formant une large voile, dont la forme varie à cause de leur
prolongements, découpures et échancrures : celles qui réunissent les bras latéraux entre
eux, et les latéraux-inférieurs avec les inférieurs, petites et bien développées: celle qui
reunit les inférieurs, plus petite, mais bien marquée: elles se prolongent le long des bras,
jusqu’à la moitié de leur longueur. | |
La membrane vélifère, qui réunit les bras supérieurs, se prolonge sur son centre en
une longue expansion plus ou moins angualeuse, qui est divisée par une fente perpendicu-
laire plus ou moins profonde: alors la voile se termine par quatre angles, dont deux
internes formés par la seule membrane médiane et deux externes plus longs et plus aigus,
formés par les membranes latérales, qui réunissent la 1. paire de bras avec la 2.° et sont
bordées jusques sur leur extrémité par cette 2° paire (PL. 15 e 16). Cette découpure est
la plus normale, ainsi que je l’ai presque toujours observée sur un bon nombre d'individus,
que j'ai receuillis à Gènes depuis deux ans: un individu cependant m’a présenté la même
fenté de la voile médiane: mais les angles de la voile, au lieu de se prolonger en long,
car le bord était coupé horizontalement, s’étendait en large, de manière que les deux angles
de la voile dans le plus grand épanouissement se recouvraient encore: deux autres fentes
parallèles aux bras de la 1."°, paire se voyaient près des bras de la 2.° paire; de manière
que, arrivée aux deux tiers de sa hauteur, la membrane vélifère était partagée carrément
du côté des bras de la 1." paire et-très-étroite le long de La 2. paire. M. Delle Chiaje
parait avoir vu les trois membranes fendues ou fortement échancrées : M. Risso semble
les avoir observées sans fentes ni échancrures.
Bouche entourée de deux lèvres aplaties , dont l’interne ciliée ; ouvertures aquifères au
nombre de quatre sur la tête, deux en dessus rondes, placées un peu plus haut que les
yeux à la base des bras de la 1.° paire; deux en dessous rondes, situées très-près de
l’extrémité du tube locomoteur. Six autres ouvertures, plus petites et inégales, se trouvent
au premier pli latéral de la tête, au dessous des orbites des yeux.
Tube locomoteur court, conique, très large à sa base.
OCTOPODES 45
Proportions.
de taille moyenne. grande. anomalie.
Longueur totale . : x ; : à : 0,260 : 0,300
Longueur du corps en dessus ; ë è : 0,060 : 0,070
Longueur du corps en dessous : È : : 0,050 ; 0,052
De ee ns 008 0050... .
[ 1. paire 0,120 0,130 : 0,180
as. rss 0,200 0,215 : 0,210
Longueur des bras mésurés de ji bouche | Re 0,095 : 0,100 | 0120
ne 0,100 0,110 : 0,120
Hauteur des membranes latéro-inférieures : ; 0,030 : 0,037
Longueur du tube locomoteur : 0,029 : 0,036
Couleur. La partie supérieure est d’un blanc très brillant sur le centre du corps, de la
tête et le long des quatre bras supérieurs, passant au rose-clair sur le côté: le tout nuancé
de pourpre par l'effet de points chromophores de cette couleur les uns très fins et très rap-
prochés, les autres plus gros et clair-semés: la peau qui ferme les ouvertures aquifères
est blanchâtre, couverte des mêmes points: le bleuâtre interne est transparent sur les
orbites des yeux. La partie inférieure de tout le corps, de la tête, des quatre bras inférieurs
et des petites membranes ombellifères, est d’un blanc argenté à reflets métalliques très
brillants, entièrement couvert de points chromophores très fins, pourpres, rouges-anglais,
ou rouges-orangé; elle est clair-sémée et nuagée de taches produites par les mêmes points
plus rapprochés, dont quelques-uns sont plus gros. La membrane, qui ferme les trous
aquifères de cette partie, est blanchâtre sans reflets métalliques. Les bras à l'interieur
sont d’une teinte lilas, couverts de points chromophores très fins et rouges-pourpre: la voile
est à l’extérieur d’une teinte rose-jaunâtre, passant au marron vers les extrémités angu-
leuses, et entièrement couverte de points chromophores rouges-rouille : à l'interieur elle est
plus jaunâtre, et les points chromophores sont plus petits. Toutes les petites membranes
ombellifères sont à l’intérieur blanchâtres, et toutes couvertes de points chromophores rouges
très fins, sauf celle qui lie entr'elle la 4.° paire, qui en est dépourvue. Les lèvres en por-
tent aussi quelques-uns. Les cupules saillantes, ainsi que leur base, sont d’un blanc
transparent. :
Après la mort, le bleu de la partie dorsale perd sont brillant, passe au bleuâtre, puis à
la teinte neutre claire ; l’argenté de la partie inférieure perd aussi son brillant, et les reflets
disparaissent; la voile devient plus obscure, passe au rouge-rouille et au marron très foncé.
M. Delle Chiaje représente toute la partie dorsale bleue, couverte de points bleus plus obscurs,
la membrane vélifére à l’extérieur d’un bleu-cendré nuagé de taches plus obscures, et
couverte de points rouges. M. Risso figure la voile à l'extérieur d’une teinte jaunâtre, passant
qu marron au centre de chaque membrane, et couverte de points chromophores très gros,
marrons très-obscurs et pourpres ; à l’intérieur jaunâtre , sans points. M. Rang figure la
membrane d’un rouge-jaunâtreelair et les bras rougeâtres à l'extérieur.
44 CÉPHALOPODES
Rapports et différences.
La grande voile, dont est fourni ce céphalopode; la disposition des bras; les reflets
argentés, qui parent toute la partie inférieure; le bleu brillant de la partie dorsale, et les
ouvertures aquifères sont des caractères si tranchants qu’il est impossible de ne pas le
reconnaître au premier abord. |
Habitation et mœurs.
Cette espèce parait habiter toute la Méditerranée: elle a été trouvée une seule fois à
Naples par M. Delle Chiaje; à Nice, un peu plus tard, par moi-même et puis par M. Risso ;
par M. Ruppell, Krobhn et Koelliker, en Sicile; par M. Nardo, à Venise; par M. Rang, en
Espagne et en Algérie; à Gènes, par moi encore et en assez bon nombre; finalement en
Sardaigne, par M. le Prof. Defilippi.
On le rencontre dans toutes les saisons ; il s'approche, par des temps calmes , des plages
de galets, où il est pris à la drague. Il paraît voyager en compagnie, car presque toujours
j'en ai recueilli plusieurs individus à peu d'intervalle Pun de, Pautre; du 1.” au 9
septembre 1845, j'en ai eu trois; en mai 1848 j'en eus quatre, et à la même époque un
autre fut pris à Nice. Il semble que M. le Prof. Koelliker la trouvé plus abondamment
en Sicile, puisqu'il a fait des études sur ces céphalopodes, qu’il a constatés tous femelles ;
et il a aussi recueilli sur eux un Hectocotyle différent de celui de l'Argonaute. Dans tous
les individus, que j’ai rencontrés, il m'a été impossible de trouver cét intéressant parasite.
Histoire.
M. le Profess. Bonelli de Turin a vu le premier ce céphalopode, qu’il avait eu parmi
les objets marins, que, de 1822 à 1825, je recueillais pour lui. Le second fut aussi péché
à Nice en février 1850; j'en pris le dessin sur le modéle frais, et j’adressai l’un et l’autre
à M. le Baron De Férussac, qui le figura plus tard dans la monographie sous le nom d’O.
velifer. Dans la même année M. Delle Chiaje publia dans ses mémoires, ce céphalopode sous
le nom de Tremoctopus violaceus, PI. LXX. M. De Férussac, dans la continuation de sa
monographie, regarda le 7. violaceus comme différent de VO. velifer et reproduisit la figure
de M. Delle Chiaje sous le nom d’O. violaceus. Plus tard en 1855, M. Rang publia ce
céphalode et le nomma 0. velatus. M. D’Orbigny, dans la continuation du texte de la mo-
nografie des céphalopodes, a réuni très-à-propos toutes ces espèces et en a fait son Philonexis
velifer. En 1840 M. Risso présenta au congrès scientifique de Turin la figure d’un cépha-
lopode , qu’il croyait nouveau, sous le nom d’Ocytoë mezaro. Je fis connaître alors que
c'était le Tremoctopus de M. Delle Chiaje, ainsi que j'ai pu le constater, M. Risso m’ayant
permis de prendre la copie de son dessin.
M. Rang a figuré son O. velatus avec les quatre bras supérieurs égaux, quand il dit
dans la description : « bras latéraux supérieurs étant les plus longs ». Puis comparant ce
céphalopode avec le velifer, il ajoute: « Il s’en distingue par l'absence des palmures entre
» les bras inférieurs ainsi qu’entre ceux des côtés ». Si ce caractère était bien constaté ,
OCTOPODES 45
il devrait former une nouvelle espèce : mais M. D’Orbigny, qui a verifié l'individu de M. Rang,
déclare (pag. 95) qu’il a reconnu l'identité de cette espèce avec le velifer de M. De Férussac.
M. Rang, dans sa description, ne parle pas de la couleur argentée, qui brille sur toute la
surface inférieure; M. Risso, de même, ne l’a pas observée; et je suis persuadé de ne point
l'avoir vue sur l'individu, que j'envoyais en 1830 à M. De Férussac. Je n’ai pas vu aussi,
la belle teinte bleue de la partie dorsale, et je dois même avouer que je n’aperçus pas alors
les ouvertures aquifères, qui m'avaient tant frappé sur l’O. catenulatus: probablement
l'individu était jeune ou déjà décoloré. La fig. a. (PI. 1%) est la reproduction du dessin,
que je fis alors. Cependant si les quatre séries symétriques de taches oscillées et de grosseur
progressive et inverse, qu’on voit sur les membranes vélifères latérales, se rencontrent de
nouveau, je crois que le nom de velifer pourrait se conserver à cette espèce.
La figure de M. De Férussac (PI. 18 et PI. 19. fig. 1), ainsi que le dessin de M. Risso,
représentent les bras inférieurs, dépassant en longueur les bras supérieurs: sur les nom-
breux individus, que j'ai examinés, je les ai toujours trouvés plus courts; et j'ai vu
constamment la première paire se perdre dans la membrane, sans jamais la dépasser, comme
le pense M. D'Orbigny: cette opinion ne peut s'appuyer que sur le dessin de M. Rang, déjà
reconnu par M. D’Orbigny peu en harmonie avec la description.
La figure, que présenta M. Risso, a les trois membranes vélifères entières: j'ai lieu de
croire que M. Risso a cru la découpure du centre une déchirure accidentelle et l’a corrigée
dans le dessin: j’ai vainement cherché dans la collection de M. Risso ce mollusque, pour
pouvoir constater ce fait; je n’ai pu le trouver. -
La figure de M. Delle Chiaje, faite sur l’unique individu qu'il a eu, nous représente,
comme il le décrit, la 4.° paire de bras plus courte que la 5.°: quant à moi, sauf un cas
unique, où je les ai vus égaux, j'ai toujours observé le contraire. La voile est normale,
sauf les échancrures des membranes latérales; quant aux cupules, qu’on y voit à la base
des bras inférieurs, dépasser la membrane ombellifère, ainsi que les cupules trop grosses
des bras supérieurs, c’est une mégarde du dessinateur. Les yeux, que M. Delle Chiaje dit
inférieurs, et que M. Risso figure à cette place, je les ai toujours constatés latéraux ; ce
n’est que par la contraction de la peau inférieure, qui est plus coriace que la supérieure,
que les orbites prennent cette position.
Le nom générique de Philonexis ne datant que du 1835, comme l’avoue M. D'Orbigny
page 85 de la monographie, et le nom de Tremoctopus de M. Delle Chiaje portant la date du
1850, il n’y a plus lieu à contestation; et je crois que si la division générique est défi-
nitivement acceptée par les naturalistes, le nom générique de M. Delle Chiaje doit ètre
adopté. ;
Espèce que je n'ai jamais rencontrée.
P. TUBERCULÉ. 0. TUBERCULA TUS. BLainviue.
O. tuberculatus. Blainville, 1826. Dict. des Sc. nat. pag. 6. PI. 1. fig. 5.
Faune Franc. Moll. p. 8. PI 1. fig. 5.
Féruss. et D'Orbigny , Monogr. PI. 21. fig. 1 à 7. et PI. 53. fig. 1. pag. 58.
O. Ruber ? Raïlin., Précis des découv. sémiol. pag. 28. N° 70.
46 CÉPHALOPODES
O. corpore curto, rotundato, verrucoso, cirrhis ornato >; capile curlo, cirrhis binis,
supra oculis ; brachiis granulosis, cirrhosis, curtis, inaequalibus, ordo longitudinis
parium brachiorum 2, 5, 4, 1, vel 3, 2, 4, 1, acetabulis dilatatis compressis.
A l’article rapports et différences, M. D’Orbigny dit (monogr. pag. 39) que l'espèce peut ètre
comparée, avec plus de raison encore, à l'O. vulgaris, parce qu’elle porte à peu près les
mêmes cirrhes au dessus des yeux et sur le corps, qu’elle a les mêmes proportions réla-
tives des bras, pour l’ordre de longueur ; mais qu’elle s’en distingue par des bras beaucoup
plus courts, proportion gardée, par une couronne beaucoup plus large transversalement,
par des bras toujours repliés sur la tête, par sa membrane fortement colorée et granu-
leuse entre les bras supérieurs; au surplus, comme nous l’avons déjà dit, ce sont deux
espèces tellement rapprochées, que, surtout dans les grands individus, il est facile de les
confondre.
Espèces douteuses.
P. TUBERCULÉ. 0. TUBERCULA TUS. Risso. pag. 5. n.° 4.
O. corpore ovato oblungo, rotundato, tuberculato, supra livido, lateraliter argentato,
fasciis rubescentibus ornato, infra marginato, punctulato, pedibus brevibus. Long. 0,250.
De Nice.
P. POILEUX. O0. PILOSUS. Risso. pag. 4. n° 5.
O. corpore rotundalo, lolo griseo, cinereo, fusco, pilis ruffescentibus, fasciculatis,
supra ornato, pedibus brevissimis. Long. 0,310. De Nice. |
P. GRÉNU. O0. GRANOSUS. BLAINVILLE. Diet. des se. nat.
Corps très-petit, globuleux, un peu transverse, finement granulé en dessus comme en
dessous, appendices tentaculaires huit fois aussi longs que le corps, assez peu palmés à
la base, allant graduellement en décroissant depuis la première paire inférieure jusqu’à la
42 supérieure; couleur d’un brun-rougeâtre en dessus, et couleur de chair sale en dessous.
Long. tot. 14 à 15 pouces. De Sicile.
P. FRAYEDIEN. O0. FRA YEDUS. Rarmin. Prée. des dée. sémiol. Palerme. 1814.
Appendices tentaculaires égaux, presque six fois aussi longs que le corps, et n’ayant
pas de suçoirs à l'extrémité; couleur du dos rougeàtre. De Sicile.
P. DIDYNAME. O0. DIDYNAMUS. Rarrin.
Appendices tentaculaires inégaux; la paire supérieure , la plus longue et égalant presque
cinq fois le corps: couleur du dos brunâtre. De Sicile.
OCTOPODES 47
P. HÉTÉROPODE. 0. HETEROPODUS. Parnin.
Appendices tentaculaires inégaux, fort courts, égalant à peine la longueur du corps; la
paire supérieure , la plus longue: dos rougéatre. De Sicile.
P. ROUGE. 0. RUBER. Rarmi.
Appendices tentaculaires environ le double de la longueur du corps, qui est entièrement
rouge. De Sicile.
P. TÉTRADYNAME. O. TETRADYNAMUS. Rarrin.
Appendices tentaculaires égalant cinq fois la longueur du corps, inégaux et alternative-
ment plus longs. Couleur grisätre. De Sicile.
P. MUSQUÉ. O0. MOSCHA TUS. Rare.
Appendices tentaculaires de même grandeur, égaiant quatre fois la longueur du corps.
Couleur blanchâtre. De Sicile.
Espèces nominales.
O. ALBUS. NIGER. MACULA TUS. RarriEsQuE, loco cilato.
O. TRITENTACULA TUS. RUFUS. NIGER. COCCO. VIOLACEUS. Risso.
Catalog. nominal présenté au congrés de Lucques.
Dans la collection, qu’a laissée M. Risso, je n’ai trouvé aucune espèce sous cette dénomination.
TROISIÈME GENRE.
ARGONAUTE 4RGONAUT A. Lai.
Gmel., Montfort, Brug., Cuvier, Lamark, Oken, Leach, Poli, Ranzani, Risso, Sowerby,
Delle Chiaje, Férussac, Rapp, Philippi, Cantraine. Nautile, Nautique, Nauplie, Pompille ou
œuf de Poulpe. Aristote, Pline, Athénée, Oppien, Bellon, Gesner, Aldrovande, Rumphius,
D’Argenville. Genre Cymbium, Gualtieri. Genre Ocythoë, Raffinesque.
Animal au corps gibeux et acuminé, ouvert jusqu’au dessus des yeux et muni d’un
appareil constricteur; tête peu distincte et oblique; tube locomoteur très long ; bras insérés
entre les yeux, et munis de deux rangées de cupules relevées, pédiculées, la 1. paire
développée en large membrane ou palmure, qui embrasse la coquille, pendant la marche
rétrograde; membrane ombellifère très-petite; muni d’une coquille externe.
48 CÉPHALOPODES
Coquille, univalve, uniloculaire, involute, subnaviculaire, très-mince, à spire bicarinée :
ou tuberculeuse , rentrante dans l'ouverture, mince, polie, d’un blanc de lait, à spire
noirâtre.
N. 1. A. PAPYRACÉE. À. ARGO. Li. PI. 17. 18.
Linné, Syst. Nat. XII N.° 271.
Olivi, Zoo!. Adriat. pag. 129.
Montfort, Buffon de Sonnini. Moll. 111. pag. 119. PI. XXVL. et XXXV.
Poli, Mem. sul. Nautilo. Test. utriusq. Sicil. t. HE. pag. 1. tab. XL. a XLIIT.
Delle Chiaje , Payraudeau, Risso, Rang, Guerin, Philippi, Cantr., Oper. cit.
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. Genre Argon. PI. 1 et 1 bis. PI. 6. fig. 1. 2.
Nautile ou nautique. Aristote, Hist. Anim. t. IV. Cap. 1. 16. lib. IX. Cap. XX. 12.
“Pompile et Nauplie. Pline, Æist. nat. lib. IX. Cap. XXIX et XXX.
Nautilus. Bellon, Rondelet, Aldrovande, D'Argenville. Oper. cut.
Rumphius, De nautilo velific. et remig. Miscell. cur. Dec. I. an. VI. 1688.
Poulpe de l’argonaute. Blainville, Journ. de phys. t 86. pag. 366, 454, 447.
Dict. des Se. nat. t. XLHL. PI. 1 bis. fig. 1. Mulac. PI. 1.
Ocythoë tuberculata. Raffin., Précis. des découv. sémiol. 1824. pag. 19.
O. corpore ovoidali, acuminato, pileiformi, glabro: capite minimo , oculis proemi-
nentibus, brachiis inaequalibus, superioribus in membranam amplam discoideam expansis,
acetabulis elongatis ; wmbella minima.
Corps conique, un peu aplati latéralement, ample antérieurement, acuminé en arrière,
à extrémité obtuse et recourbée en dessus, piléiforme, entièrement lisse. Ouverture large,
béante , fendue sur toute la partie ventrale et latérale jusqu’au dessus des yeux ; appareil
constricteur formé de chaque côté par un tubercule conique un peu recourbé en bas et
placé sur la paroi interne du corps, et par une fossette profonde, qui se trouve à la base
latérale du tube locomoteur.
Tête oblique, un peu repliée en dessus, très courte, entièrement lisse, peu distincte à
la partie dorsale, par la raison qu’il n’y existe aucun étranglement postérieur, moins large
que le corps. Yeux gros, très saillants, pouvant se recouvrir par les replis membraneux
de la peau; placés presque à la base des bras latéraux, occupant les deux tiers de la
hauteur de la tête.
Bras très-différents entre eux, les uns palmés, les autres libres; les supérieurs très-
rapprochés à leur base, naissants entre les orbites des yeux à la moitié de leur hauteur ;
très déprimés latéralement à leur base, comprimés extérieurement, diminuant progressive-
ment jusqu’à leurs extrémités , se repliant sur eux mêmes et formant une grande
raquette, qui est occupée par une membrane vélifère, spongieuse, et élastique; laquelle
prend naissance très près de la base dorsale, arrive en se dilatant jusqu à un tiers de la
longueur de ces mêmes bras, à l’extrémité desquels elle se réunit en y faisant quelques
replis. À la base dorsale de chacun de ces bras on voit une bride, qui les rattache au
corps. La 2.° paire de bras est la moitié moins grosse que la 1°: elle est déprimée
OCTOPODES 49
latéralement à la base, très-comprimée à la face interne, se dilate de suite et consi-
dérablement du côté extérieur, au point où termine la dépression latérale, puis diminue
progressivement jusqu’à son extrémité, qui est très fine. La 3. paire de bras est plus
grêle et plus courte que la 2°; de même que la précédente, elle est déprimée à la base
et ensuite comprimée.
La 4. paire de bras, presque aussi grosse que la 1.r, et plus longue que la 2, se
termine en pointe filiforme; elle est déprimée latéralement dans toute sa longueur, et porte
une membrane natatoire longitudinale dorsale, qui se termine à la base en une bride,
soutenant la paroi supérieure du tube locomoteur.
Cupules en godet, très saillantes, pédiculées, espacées et disposées sur deux rangées di-
stantes l’une de l’autre; sur la 1." paire elles sont quasi perpendiculaires, s’amoindrissent
progressivement, et à mesure qu’elles diminuent de grosseur, leur base se raccourcit; elles
sont parfaitement sessiles sur la partie des bras occupée par la membrane, et presque invi-
sibles vers l’extrémité. Une membrane longitudinale transparente, très prononcée, lie entre
elles les cupules de la rangée extérieure, et en embrasse toute la base: les cupules de
cette rangée sont plus grosses que celles de la rangée opposée ; elles vont en augmentant
de grosseur jusqu’à la 7, diminuent sensiblement après la 13.°, et se perdent à l’extrémité
des bras. Sur ceux de la 2. et 5. paire elles sont presque couchées latéralement et inclinées
vers l’extrémité: elles sont réunies par une membrane, qui se confond avec le bras, et en
rattache toute la base: sur la surface interne ces cupules paraissent presque sessiles ; elles
augmentent de grosseur jusqu’à la 8.°, et diminuent ensuite progressivement. Sur les bras
.de la 4° paire, elles sont comme celles de la 2.° et de la 5.°; mais la membrane, qui les
réunit, est plus prononcée sur la rangée externe que sur linterne: elle n’est visible que
jusqu’à la moitié des bras. Les cupules sont au nombre d’environ 180 sur la 2.° paire
de bras, de 160 sur la 3, et de 100 sur la 4. |
Membrane ombellifère, bien prononcée sur tous les bras, et se prolongeant très peu sur
leurs côtés. |
Bouche entourée de deux lèvres, dont l’extérieure est lisse et l’intérieure comme festonnée.
Ouvertures aquifères, au nombre de deux, à l'angle postérieur de lœil, difficiles à
apercevoir.
Tube locomoteur conique, très long. dépassant la tête et même la membrane ombellifére ,
fixé à la tête par deux brides latérales, qui le rattachent à la base des bras inférieurs.
Proportions du plus grand individu que j'ai eu.
Longueur totale . < : : à $ : : : : : 0,330
: Longueur du corps mesuré en dessus . à : : s ; : : : 0,100
Longueur du corps mesuré-en dessous À re 4e à = 0,080
Longueur de la tête . 5 - ; À 0,045 :
Longueur äu tube locomoteur > . ; : - 0,070
( 4. paire . : TR : 0,210
] n : , à ; : 0,170
Longueur des bras mesurés de Ja bouche | n 0,190
Se ; ; : : : : 0,130
Première paire mesurée dans toute sa longueur . . : ; 0,260
50 CÉPHALOPODES
Couleurs. M. Sangiovanni de Naples à donné; en 1829, dans les ann. des. sc. nat., une
description si minutieuse et si exacte de ce céphalopode, que je crois ne pouvoir mieux
faire que de la placer en tête de mes observations.
« Partie inférieure et latérale du sac. Les parties inférieures et latérales du sac sont
teintées d’une couleur d'argent bruni, qui, selon les différentes directions et la force des
rayons {umineux, se couvrent tantôt d’une légère teinte bleue, semblable à celle de la mer,
tantôt d’une teinte verte, enfin d’une couleur pistache. La nature a encore placé sur cette
surface changeante une foule de petits globules brillants, les uns jaunes, les autres
châtains, d’autres d’une couleur rosée; et plus il y a de mouvement, plus ces couleurs
sont belles. Parmi ces globules les premièrs sont les plus nombreux, les autres sont
en petit nombre, et les derniers sont très rares. L'ensemble de ces globules colorifères,
repandu sur un fond argenté, donne à la peau de cette partie du corps une teinte rosée,
composée de milliers de points colorés, au milieu de laquelle on en remarque quelques-
uns plus grands, placés symétriquement d’espace en espace, et situés dans le centre
d’une petite tache de couleur d’argent.
» Partie supérieure et latérale du corps. La partie de dessus du corps et la partie supé-
rieure des côtés de l’Argonaute sont teintés d’une belle couleur verte, tirant sur le pistache,
qui se montre ainsi, surtout sur les dernières heures du jour. La couleur d’argent des
parties latérales inférieures, envoie ensuite des prolongemens dans le milieu des régions
latérales supérieures, qui sont d’une couleur verdâtre, de manière qu’elles se pénètrent
réciproquement; on pourrait comparer cette pénétration de couleurs vives et élégantes à
un petit plan géographique qui représenterait des états, dont les limites seraient tellement
voisines , que les couleurs des deux se confondraient. La nature a orné cette partie du
corps de l’Argonaute de globules chromophores jaunes tirant sur la couleur d’ocre, et de
globules châtains; ces deux ordres se rencontrent en grand nombre: l’on en voit quel-
ques-uns d’un bleu couleur de mauve. Les globules des deux premiers-ordres sont en si
grande abondance, que ces parties en sont presque entièrement couvertes; cependant on
en voit encore, d'espace en espace, de plus grands, placés dans le centre de petites aires
circulaires et limités par des globules de différentes couleurs, qui, Comme autant de ro-
settes, contribuent à orner ces régions.
» Entonnoir. L’entonnoir est parsemé de globules expansifs de couleur jaune ocre, et de
couleur châtain; les premiers sont plus abondants que les seconds.
» Bras: 1." paire. La surface externe de la membrane des bras à voile est couleur d’ar-
gent brillant, légèrement teintée de couleur de rubis: la surface intérieure est blanche,
comme tout le fond de la peau de ces animaux, quand d’autres couleurs ne le changent
point. Les globules colorifères, qui couvrent en abondance la surface extérieure de la voile,
sont de couleur châtain ; l’effet qu’ils produisent, lorsqu'ils brillent sur le fond argent poli,
orné d’une teinte de rubis, devient surtout admirable et impossible à décrire, quand la
voile est exposée à la lumière : la surface interne est pointillée de globules de la même
couleur, mais de petit volume, qui vont jusqu’à la base des ventouses, qui en sont entourées.
» 2 et 5 paire. La base de la 2. et 3. paire est couleur d’argent poli; le reste est
couleur naturelle. Les globules colorifères, qui ornent leur surface, sont de couleur jaune-
ocre et châtain, en égale quantité.
OCTOPODES J|
» 4.e paire. Le côté antérieur des bras de la 4. paire est également de couleur d’argent
» poli; mais, vers le milieu de la longueur, il est teint d’une couleur cinabre. Les globules
» expansifs de ces bras, excepté quelques-uns qui sont châtains, sont tous de couleur jaune-
» ocre; ils sont répandus en grande abondance surtout à la surface antérieure, et ils produisent
» un très-bel effet, lorsque l’animal est exposé à la lumière, et qu’il est en mouvement.
» Jris. Enfin la membrane de l'iris de ce mollusque est ornée elle-même de globules
» colorifères châtains, qui, dans leurs mouvements , alternent et augmentent leurs
» couleurs ».
Un individu, très frais, m'a offert tout le corps, la tête, les deux faces des voiles, le bord
des membranes ombellifères, d’un brillant d’argent, irisé d’une belle teinte rose plus ou
moins vive, nuagé de bleuâtre, de vert, de jaune et de ronge, par l'effet de poirts chromo-
phores; les orbites des yeux d’un beau bleu très brillant; l'iris vivement argenté et
couvert de points chromophores ; la membrane longitudinale, qui réunit les rangées ex-
ternes des cupules de la 1." paire de bras, transparente et sans points.
Un autre individu, très petit, était d’une teinte généralement blanchâtre; les reflets
métalliques argentés ne brillaient que sur les deux côtés des voiles, le long des parties
latérales des bras, sur le bord externe des membranes ombelliféres, et sur l'iris. Les côtés
des orbites des yeux, sur le bord supérieur desquels, étincelait une tache dorée, étaient
d’un beau bleu d’outremer. Vu la transparence, le corps était teinté de rose, de bleu, de
jaunâtre et de verdâtre; il était couvert de très petits points chromophores ‘clair-semés et
d’une teinte neutre : près de l’ouverture du corps sur les côtés, on voyait des points bleus
outre-mer très brillants; toute la partie dorsale du corps et de la tête était couverte de points
plus gros et plus rapprochés, d’une teinte neutre plus obscure. Sur les parties latérales,
se nuagaient d’autres points rouge-jaunàtre, gros et clair-semés : sur la partie inférieure de
de la tête et sur l’entonnoir, les points chromophores étaient comme sur le reste du corps,
fins, clair-semés; mais plus gros et plus rapprochés sur le bord de lPentonnoir, où ils
passaient au rougeûtre.
La surface externe des bras en voile était toute couverte de très petits points chromo-
phores d’une teinte neutre ; à leur base on en voyait de plus gros, mais rouge-ocreux ;
et le long de la base de la membrane longitudinale, qui rattache les cupules, brillaient
des points chromophores bleus outre-mer. La face interne des bras était couverte de points
d’une teinte neutre et très obscurs, très rapprochés vers la base, et s’étendant jusque sur
le pédicule des cupules : ces points diminuaient de grosseur, étaient plus elair-semés sur
la voile et manquaient presque entièrement vers l’extrémité ; cependant cette partie était
parsemée de taches oscillées, formées par la réunion en cercle de points de la même
couleur. Les bras latéraux étaient couverts de points d’une teinte neutre, et vers leur
base de petites taches jaune-ocreux, formées par la réunion de plusieurs points de cette
couleur : ces bras inférieurs ne différaient point des précédents : sur les parties latérales,
les taches ocreuses passaient au cinabre très vif.
Les bras, à l’intérieur, étaient couverts de points très-fins laque ; les lèvres et les mem-
branes ombellifères , à l’intérieur, blanches et sans points.
La coquille de l’Argonaute papyracée est si connue et si bien décrite et figurée dans tous
les ouvrages de malacologie, que je crois superflu d’en parler.
52 CÉPHALOPODES
Rapports et différences.
Le caractère des bras supérieurs, développés en membrane vélifère; ou ‘large palette
membraneuse, fait au premier coup d’œil trop bien reconnaitre ce mollusque, pour qu'il
soit nécessaire que j’entre dans d’autres détails comparatifs. |
Habitation et mœurs.
L’Argonaute papyracée se rencontre dans toute la Méditerranée, dans l’Adriatique, la Mer
rouge, au Cap de Bonne Espérance, dans l’Inde, aux Canaries et aux Antilles: elle se pré-
sente accidentellement, et dans toutes les saisons, sur les parages de la Ligurie, et de la
Provence ; en Sardaigne, en Algérie et en Sicile elle est plus commune; et très abondante
dans le golfe de Tarente. Je n’ai jamais surpris l’Argonaute nageant à une certaine profon-
deur dans l’eau, embrassant sa coquille avec les palmures des bras (PI. 18. fig. b), ainsi
que la observé M. Rang, et que l'ont vérifié bien d’autres naturalistes: mais je Pai vue
nager à la surface de l’eau avec les bras ‘palmés, non déployés en voile, mais s’en servant
comme de puissantes rames, qu’il plongeait et retirait en partie de l’eau alternativement,
s’aidant aussi des autres bras, qu'il n’en retirait jamais. C’est par un temps très calme et
au coucher du soleil, que je vis ce mollusque s'approcher de la terre, où je le saisis quand
il fut à ma portée. Il avait, dans 12 à 15 minutes, parcouru sous mes yeux un espace
d'environ 20 mètres.
Une autre fois les pêcheurs m'en apportèrent un petit qui, pendant plus d’une heure
encore, se joua à la surface de l’eau, dans le baquet où il était déposé puis tout-à-coup;
il appliqua les palmures des bras supérieurs sur les parois externes de la coquille, refoula
le reste du corps au dedans, et se laissa couler au fond du vase: là, peu-à-peu il rentra
entièrement dans la coquille, ne fit plus aucun mouvement , et au bout de deux jours je
le trouvai mort. Ce genre de navigation a déjà été décrit par Pline, qui cite le récit de
Mucianus, témoin oculaire de ce spectacle ; par Rumphius ; et M. D’Orbigny, dans ses savantes
recherches, l’a trouvé confirmé dans l'Encyclopédie Japonaise.
La navigation à voile de l’Argonaute, décrite par Aristote, répétée par les naturalistes,
qui le suivirent, «amplifiée et divinisée par les poètes, n’est que la répétition d’une fable
populaire et le résultat d’une confusion, qui à eu lieu entre l’Argonaute pompile des anciens,
mollnsque , et le Pompile, poisson sacré. En lisant sans préoceupation la plus grande partie
des citations, on voit clairement qu'elles appartiennent au poisson Pompile, non au Nautile
pompile. La citation suivante d’Oppien, que nous trouvons dans la monographie des cépha-
Jopodes (pag. 111), en fournit une preuve évidente. l
» On voit aussi le Callichte, ou le poisson sacré, le Pompile, honoré des navigateurs, qui
» l'ont ainsi nommé, parcequ’il les accompagne dans leurs voyages. Entrainés par la joie
» la plus vive à la vue des vaisseaux, qui sillonnent les mers, les Pompiles les suivent en
» foule à l’envi, sautant et se jouant à la poupe, à la proue, sur les flancs, tout autour
» de ces chars maritimes. Leur passion pour eux est si ardente, qu’on dirait qu’ils cèdent
» moins à une impulsion libre et volontaire qu’à des liens, qui les enchainent aux bâtiments
» et qui les forcent d’en suivre ia marche.
OCTOPODES D9
» Comme on voit un prince qui vient de prendre une ville, comme on voit un homme
» vainqueur dans les jeux publics, le front ceint d’une couronne de fleurs nouvelles,
» autour desquels se presse un peuple immense, enfans, jeunes-gens, vieillards, qui les
» accompagnent, qui sont toujours après eux, jusques aux portes de leur habitation, et
» ne se retirent qu'après les avoir vus pénétrer dedans: ainsi les Pompiles vont toujours
» en foule à la suite des navires, tant qu’ils ne sont pas troublés par la crainte du voi-
» sinage de la terre; sitot qu'elle’n’est plus éloignée, car elle leur est odieuse, ils se retirent
» et abandonnent les vaisseaux. Leur retraite est un indice certain pour les nautonniers,
» qu'ils approchent du continent. O poissons justement chers aux navigateurs! Ta présence
» annonce les vents doux et amis, tu ramènes le calme et tu en es le signe ».
Avec toute l’indulgence que peuvent mériter les licences poètiques, il est impossible
d'admettre qu’un Argonaute puisse suivre un navire, sauter, se jouer à sa proue, à sa poupe,
sur ses flancs, etc.; et toute personne, qui à fait un voyage daus l'Océan et même dans la
Méditerranée, et aura rencontré (ce qui est très facile), quelque bande de Pilotes, en lisant
cette belle description, reconnaitra justement et dès le premier abord, le poisson Pompile,
Naucrates ductor, de M. Cuvier et Valenciennes, et verra qu’il n’y a rien d’exagéré, Déjà
dans sa faune Italienne, le Prince de Canino à émis l’opinion que le Pompiie des anciens
est le Vaucrates ductor, et non le Centrolophus pompilius. Dans la citation ci-dessus
nous voyons que les Pompilius vont toujours en foule, ce qui est très vrai pour le Vau-
crates, et faux pour le Centrolophus, poisson qui vit isolé, a de grandes profondeurs, ne
s’y. prend que rarement, n’approche jamais de la terre et n’a jamais été vu à la suite des
navires. Dans l’histoire des poissons de M. Cuvier et Valenciennes (vol. 8. pag. 229), cette
opinion est aussi partagée par ces savants, comme le prouvent les paroles suivantes, « il
» nous paraît, comme à M. Schneider, que notre pilote était le Pompile des anciens ». Enfin
dans la description du Pompile, dans Rondelet, ou le Centrolophus est figuré parfaitement,
quoique d’une manière bien grossière, nous voyons que les anciens confondaient déjà ces
. deux poissons. Il est désormais impossible de prendre le Pompile poisson pour le Pompile
inollusque après la citation ci-dessus ; et je crois inutile de chercher d’autres preuves.
La grande question du parasitisme de l’Argonaute a été très savamment exposée dans
l’article Argonaute de la monographie des céphalopodes par M. D’Orbigny, et dans le 11
volume de la seconde édition des animaux sans vertèbres de M. Lamark, par M. Deshayes ,
et enfin dans les ouvrages de M. Delle Chiaje. Leur opinion a été appuyée par des argumens
si puissants qu’il est impossible de la mettre jamais en doute; tous ceux qui, comme moi,
ont recueilli beaucoup d’Argonautes, vu la proportion de la coquille avec lanimal et sa
parfaite conservation, nous n’avons jamais pu en douter, quoique le mode de formation
de la coquille fut pour nous un mystère.
Cependant, depuis que j’ai eu l’occasion de vérilier les données de M.* D'Orbigny et
Deshayes, ayant eu un Argonaute, avec les bords de la palmure des bras engorgés, el
pleins de granules calcaires blancs, qu’on sentait même sous les doigts, je suis convaincu
que la coquille est secrétée, comme ces Messieurs l'ont avancé, par le bord de la membrane
vélifère de la 1.° paire de bras: et je crois que cette savante discussion, malheureuse-
ment basée plus sur les écrits anciens que sur les faits anatomiques, est aujourd’hui résolue
irrévocablement.
n4 CÉPHALOPODES
Une nouvelle question, celle de la reproduction, s’est présentée : mais comme elle est
basée sur des faits anatomiques, elle sera bientôt éclaircie et décidée. A l'exception de M.
Leach, qui assure avoir eu un Argonaute mâle, tous les observateurs et anatomistes n’ont
rencontré que des Argonautes femelles; et les études anatomiques détruisent l'opinion de
Mad. Power, qui les croit hermaphrodites. M. Koelliker de Zurig , actuellement professeur
à Würtzhurg, a fait des recherches anatomiques sur l’hectocotyle, que M. Delle Chiaje avait
observé sur l’Argonaute, et il l'a reconnu aussi sur le Trémoctope, mollusque qu’on a jusqu’à
présent toujours trouvé mâle. Il a constaté que l’hectocotyle de l’Argonaute diffère de celui
du Trémoctope ; qu’ils sont tous mâles ; qu’ils ont des veines, des artères et un cœur;
que leur organisation correspond à celle des céphalopodes, que les spermatosoaires des
hectocotyles sont égaux à ceux des autres céphalopodes ; enfin que M. Maravigna et Mad.°
Power , examinant le développement des œufs de l’Argonaute, ont vu se former et sortir
des hectocotyles ; et il en a conclu que les hectocotyles sont les mâles des céphalopodes, qui
les portent. M. le Docteur Krohn, pendant son séjour à Messine, a fait aussi quelques ob-
servalions anatomiques sur l’hectocotyle et partage l'opinion de M. Koelliker. Attendons
encore; et nous verrons si se confirmera un fait aussi extraordinaire, et aussi disparate
entre des genres de céphalopodes, qui diffèrent si peu les uns des autres.
Histoire.
L’Argonaute a été connue des anciens, et par eux regardée comme sacrée. Aristote parle
le premier de ce céphalopode et rapporte les récits populaires de sa navigation à voile.
Pline, négligeant les fables, rapporte les observations faites par Mucianus, qui l’a vu dans
la Propontide, nageant sur la surface de l’eau à l’aide du vent, qu’il reçoit dans sa coquille,
et se servant de ses bras comme gouvernail et conime rames. Athénée, Oelien, Oppien,
en parlent en poètes. Bellon figura le premier ce céphalopode, mais au lieu d’un Argonaute
il représenta un Eledon. Rondelet, Gesner, Aldrovande, Scarabelli, Lorenzo Legato , tombè-
rent dans le même erreur, parce qu’ils étudièrent sur les livres et non sur la nature.
Rhumphius , témoin oculaire, fournit des renseignemens sur la navigation de l'Argonaute,
qui coïncident avec ceux de Mucianus, et le figure assez bien. Linné établit le genre
Argonauta, qui fut adopté par Cuvier et Lamark. Montfort en donna une bonne figure ac-
compagnée d’une meilleure description. Raffinesque l’indiqua sous le nom générique d’Ocythoë,
qui a été adopté par Leach, et par Say. Le fondateur de la science malacologique, le
Prof. Poli dans son ouvrage classique a décrit, anatomisé et figuré l’Argonaute : induit_en
erreur par les pêcheurs, il l’a placé en sens inverse; dans la coquille. M. Delle Chiaje, son
digne continuateur, a complété les observations de Poli en y ajoutant bien de faits nouveaux.
M. Sargiovanni a donné la première description minutieuse et très exacte, faite sur l’animal
vivant. Pendant son séjour en Algérie, M. Rang fit des observations importantes et trés justes,
observations, qui ont préparé la solution du grand problème du parasitisme. M. De Férussac
par ses divers écrits, et M. D’Orbigny, dans la monographie des céphalopodes, ont résumé
tous les travaux connus, le fruit de leurs recherches et de leurs vastes connaissances n’ont
laissé à résondre à leur successeurs que le problème de la reproduction. M. Delle Chiaje
OCTOPODES 35
dans son grand ouvrage, M. Deshayes dans la seconde édition de Lamark, ont fait aussi un
savant résumé historique et décidé irrévocablement la question du parasitisme. Enfin M.
Koelliker offrit au congrès de Gênes le résultat de ses recherches sur l’hectocotyle, qui, si
elles étaient définitivement constatées, compléteraient la connaissance de ce mollusque
extraordinaire. |
——2-0 9-00 0O-0-0-0-2——
SECOND SOUS-ORDRE.
DÉCAPODES. DECA POD 4. LEacu.
Decapoda. Leach, Owen, Férussac et D’Orbigny. Décacères, Décabrachidées. Blainville.
Sepiacphora. Gray. Enterostea. Latreille.
Corps ovalaire, campanuliforme, allongé, oblong, ou cylindrique, plus ou moins subulé,
presque toujours détaché de la tête à sa partie externe, et pourvu d'un appareil constricteur
cartilagineux ; toujours muni de nageoires, plus ou moins développées.
Tête en général moins volumineuse que le corps, arrondie, rarement fusiforme. Yeux
libres dans la capsule oculaire , dont la paroi extérieure est couverte par une membrane
transparente , percée d’un très petit trou, ou largement ouverte. La tête est toujours cou-
ronnée de dix bras, dont huit sessiles et deux tentaculaires; ces derniers généralement
rétractiles. Quelques bras sessiles sont ordinairement garnis de crêtes natatoires, quelquefois
ils sont réunis par des membranes interbrachiales très développées, et toujours armés de
cupules, ou de crochets.
Cupules toujours pédonculées et pourvues d’un cercle corné, très souvent denté. Mem-
brane buccale très développée , rarement munie de cupules. Tube locomoteur souvent pourvu
d’une valvule interne. Tous portent, le long de la ligne médiane dorsale du corps, un os-
selet interne corné ou crétacé. :
Les décapodes vivent la plupart en haute mer et n’approchent des côtes qu’accidentellement :
ils voyagent par bandes nombreuses ; et quand ils sont poursuivis par les poissons, ils
s’élancent hors de l’eau et échouent très-souvent sur les navires, ou sur la plage. Quel-
ques-uns, les Calmarets se rencontrent toujours, presque immobiles à la surface de la mer,
au milieu des médusaires; d’autres les Histioteuthes paraissent ne jamais abandonner les
grandes profondeurs.
Les sèches et les sépioles vivent près de la terre. La marche des décapodes est comme
celle des octopodes, c’est-à-dire rétrograde, les nageoires leur servent de balancier dans cette
marche ; et c’est à tort que M. Cantraine les compare à la queue des écrevisses. La marche
progressive se fait, chez les décapodes, au moyen des bras sessiles, aidés dans quelques-
56 | CÉPHALOPODES
uns, par les nageoires. La sèche marche lestement en avant, en s’aidant des bras de la
4° paire, qui sont largement carénés ; elle les porte. perpendiculaires, quand elle nage
horizontalement. Les sépioles ne se servent que fort peu des bras, elles vont en avant et
en arrière à l’aide des nageoires.
_ Les calmars sont considérés par les pêcheurs, comme les plus voraces des céphalopodes ;
ils leur détruisent très souvent une partie du produit de leurs pêches: saisissant avec fa-
cilité le poisson accroché: à l’hamecon, ils s’y cramponnent et le dévorent à leur aise.
Dans quelques-uns la différence des sexes est remarquable à l’extérieur ; dans d’autres,
elle ne présente aucune différence apparente.
QUATRIÈME GENRE.
SÉPIOLE. S£PIOLA. Lracu.
Sepiola Rondeletii. Boussuet, Aldrovande, Delle Chiaje, Risso, Cantraine, Philippi, Férussac
et d'Orbigny.
Animal au corps ovalaire, court, tronqué en avant, arrondi en arrière, uni à là tête par
un large ligament et portant de chaque côté une nageoire presque circulâire. Appareil cons-
tricteur formé par une fossette profonde, bordée d’un bourrelet, placée de chaque ‘côté à la
base du tube locomoteur. Tête aussi large que le corps, couronnée de dix bras, dont deux
tentaculaires et rétractiles, dans une cavité orbitraire. Osselet interne , corné, flexible, très
petit et faible, long de la moitié du corps et en forme de glaive.
N. 1. S. DE RONDELET. $. RONDELETII. Gesner. PI. 22.
Gesner , de aquat. lib. IV. pag. 855.
Delle Chiaje, Mem. tab. LVIIL. fig. 50. Anim. invert. tab. 12. fig. 30.
Risso, Cantraine, Philippi, Bouchard Chanterau. Oger. cit.
Gervais et Vanbenneden, Not. sur les malac. du genre Sépiole. Buletin de
l'Ac. Roy. de Brux. t. V. N° 5. pag. 8.
Joshua Alder, À cat. th. moll. os. Nortumb. ad Durh. pag. 13.
Féruss. et D'Orbigny, Monogr. Genre Sépiole PI. 1, 5. fig. 6, 9. pag. 230.
De Sepiola. Rondelet, De piscib. libr. XVIL. Cap. X. pag. 519.
Srpia Sepiola. Linné, Syst. nat. ed. 12. pag. 1096. N.0 5. Cur. Gmel. pag. 3151.
Loligo Sepiola. Lamark, Mem. et anim. sans. vert. 2.2 édit. t. 11. pag. 568.
Cuvier, Carus, Payraudeau. Oper. cit.
Sepiola Grantiana. Féruss., Monogr. Genr. Sép. PI. 2. fig. 5, 4. Mag. de zool. 1855. pag. 66.
Sepiola Desvignana? Gervais et Vanbenneden. Loc. cit.
Delle Chiaje, PI. 177. fig. 14.
Corpore levi, oblungo globoso, antice truncato margine dorsali sacei cotlo adnato,
alis rotundatis. |
DÉCAPODES 57
Corps lisse, bursiforme, légérèment oblong, cylindrique, arrondi postérieurement, tronqué
en avant; partie inférieure légèrement échancrée sur le milieu; ouverture très grande,
s'étendant en dessus et comprenant même les globes des yeux.
Nageoires latéro-dorsales, situées au milieu de la longueur du corps, presque circulaires,
un peu échancrées et presque pédonculées à leur point d’attache.
Tête aussi large que l’ouverture du corps, courte, un peu déprimée; globes des yeux
bombés ; œil saillant, couvert par une membrane transparente formant à la partie supérieure
une espèce de paupière opaque et découpée en croissant; pupille protégée en outre par
une espèce de fausse paupière à bord argenté, qui n’est qu’un repli de l'iris.
Bras sessiles courts, conico-subulés, un peu déprimés. La 2, et la 3° paire sont les
plus longues; la 1." et 4.°, les plus courtes. Les bras sont presque tous égaux en grosseur,
sauf la 3.° paire, qui est beaucoup plus grosse à sa base. Ils sont garnis de deux rangées
régulières de cupules globuleuses, alternantes, percées obliquement, un peu déprimées en
arrière, et portées par un pédoncule filiforme, implanté sur un tubercule oblong: leur
ouverture est armée d’un cercle corné, et non denté. Les cupules commencent un peu en
dessus de la base des bras, augmentent de grosseur jusqu’à un tiers de leur longueur -et
diminuent ensuite assez régulièrement sur les bras supérieurs, mais très irrégulièrement
sur les inférieurs: surtout sur ceux de la 5.° paire, sur lesquels on en voit quelquefois de
très grosses à la moitié des bras, et souvent aussi non symétriques avec celles du bras
de la même paire. Bras tentaculaires contractiles, ordinairement deux fois plus longs que
les sessiles, rarement trois fois plus, très grêles, cylindriques et un peu développés en fer
de lance à leur extrémité; cette partie est légèrement carénée en dessus et pavée en dessous
d’une masse de très petites cupules globuleuses et pédonculées à peine perceptibles à la
loupe.
Membrane de l’ombrelle nulle entre les bras inférieurs, apparente entre les supérieurs ,
très visible entre la 1", la 2.° et la 5. paire, fortement prononcée entre la 3.° et la 4.°
paire, et se prolongeant très visiblement le long de ces derniers.
Tube locomoteur gros, très conique, assez long, arrivant presque à la hauteur des globes
des yeux. :
Osselet interne linéaire, légèrement lancéolé et n’occupant que la moitié intérieure de la
longueur du corps.
Encre d’un noir bistre.
Proportions.
variété fig. a, b. c, d, e.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : - 0,180 0,080
Longueur du corps: . : : À : ; ; - à 0,040 0,027
Largeur du corps et de la tête . : : : 0,032 * 0,020
Largeur des nageoires . . : 5 : . à : : 0,020 : 0,012
Hauteur des nageoires au centre . : ; à 0,022 é 0,012
Hauteur des nageoires au point d'attache . +. : : 0,015 : 0,009
1. et #. paire . ; ; ; 0,042 : 0,027
Depnenr ns bee M M MR 2 De po 008
58 CÉPHALOPODES
Couleur. Dans l’eau, vivante et en état de tranquillité, la Sépiole est d’un rose tendre,
transparente; la partie médiane dorsale du corps est colorée par une grande tache irrégu-
lière et bleuâtre, produite par les organes intérieurs, qu’on aperçoit à travers Îa peau.
Les globes des yeux sont vivement nuancés de bleu en dessus; au milieu de cette nuance
brille un reflet irisé d’or et d’émeraude. Les nageoires sont très transparentes, el sur aucune
partie du corps on ne voit des points chromophores. (PI. 22. fig. e).
Ordinairement la Sépiole est d’un rose rougeâtre ; toute la partie dorsale du sac et de la
tête est d’une teinte rouge-jaunâtre sale, couverte de points chromophores d’une teinte
neutre foncée, et de grands points rouges-vineux, qui, se répandant sur les parties latérales
du corps et le long des bras, couvrent presque les nageoires et disparaissent vers leurs
bords. La partie inférieure du corps, nuagée de bleuâtre, de jaune et de rose, par les or-
ganes intérieurs, est couverte, ainsi quexla tête, de points chromophores très rapprochés
rouge-laque brillante: vers l'extrémité du corps, ces points sont inégaux et clair-semés. Le
bord de l’ouverture du sac présente toujours à l'extérieur une espèce de bourrelet, sans
aucun point chromophore. La partie inférieure des globes des yeux est fortement irisée,
par des reflets métalliques; le tube locomoteur ne porte aucun point; les bras tentaculaires
n'en ont que sur la massue. (PI. 22. fig. a. b).
On rencontre souvent la Sépiole d’un rose passant au bleuâtre, avec des reflets métalliques
argentés, qui brillent sur la partie supérieure et inférieure da corps et des globes des yeux,
sur la tête et le long des bras supérieurs ; ces reflets sont irisés d’un vert métallique et
d'un rose très vif. Tout le corps est couvert de points chromophores d’une teinte neutre
très foncée ; l’entonnoir seul en est dépourvu; ces points, les uns très fins, les autres un
peu plus gros et agglomérés forment, sur la partie dorsale, des petites taches irrégulières.
Le jeu de ces points n’est pas très actif: ils se contractent peu et disparaissent lentement
après la mort.
Cette variété ne dépasse jamais les 0,080. (PI. 2. fig. e. d).
Rapports et différences.
La Sépiole ne peut se confondre avec aucun autre genre ; car elle est le seul des Déca-
podes, sauf le Crangia dont les nageoires sont terminales, et qui ait le corps réuni exté-
rieurement à la tête. Il a beaucoup de rapports avec la Rossia, dont il a même le facies ;
mais celle-ci a la tête détachée du corps.
Habitation et mœurs.
Les Sépioles vivent sur toutes nos plages. La variété a. b. se rencontre, le plus souvent,
sur les fonds vaseux de 30 à 100 brasses de profondeur (60 à 200 mètr.), où elle vit,
dans la société des eledons. La variété e. d. se rencontre plus communément sur les
fonds sabloneux, auprès des rochers couverts d’algues ; quand la mer est très houleuse,
on en prend même dans le port de Gènes ; elle parait sédentaire et ne pas voyager par
bandes, car jamais on n’en pêche des quantités, et on la trouve dans toutes les saisons
de l’année. Elle vit assez longtemps en captivité; elle nage avec beaucoup de” grâce, à
DÉCAPODES 59
l’aide de ses nageoires, qu'elle emploie comme des palettes, leur donnant à volonté le
mouvement progressif ou rétrograde; mais jamais elle ne se sert de ses bras pour aller
en avant, comme le fait la sèche. Quand elle nage tranquillement, les bras tentaculaires
sont entièrement contractés, et la tête est en grande partie refoulée dans le sac, dont elle
ferme l’ouverture (PI 22. fig. ec). |
On ne voit jamais une quantité de Sépioles sur les marchés ; leur chair est délicate et
estimée : elle porte le nom de Sponcia courrenti, et malnascui à Gènes, ceux de Ba-
buccia en Sardaigne, de Sicciteddi di nunnata en Sicile, de Sepieta en Italie, et de
Supieta à Nice.
Histoire.
Rondelet est le premier, qui ait figuré et décrit la Sépiole ; Boussuet, Aldrovande, Jonston
et Ruysch. n’ont fait que copier cet auteur. Linné rangea ce mollusque parmi les sèches
et en fit la Sepia sepiola. Pennant et Schneider suivirent son exemple. Lamark la classa
parmi les calmars, et en fit son Loligo sepiola. Guvier, Blainville et Carus adoptérent cette
classification. Leach créa le genre Sepiola et adopta pour nom spécifique celui de l’auteur,
qui, le premier, avait parlé de ce céphalopode. Depuis lors, presque tous les naturalistes
ont reconnu cette dernière classification. M. D'Orbigny a malheureusement laissé inachevée
la monographie des céphalopodes, et il est fort à regretter qu’il n’ait pas définitivement
établi les caractères des espèces qu’il admet; quant à la note sur le genre Sepiola de M.'S
Gervais et Vanbenneden, elle ne remplit pas cette lacune. Les descriptions en sont trop peu
détaillées et manquent de figures.
Quant aux deux espèces de la Méditerranée, dont ils parlent, je ne saurais les accepter
que comme des variétés ; car j'ai maintes et maintes fois observé l’analogie, qu’il y a de
l’une à l’autre. Je dois avouer cependant que je n’ai jamais vu ma variété ce. d. (Desvi-
gnana) arriver à 0,100: je l’ai trouvée généralement avec les bras tentaculaires propor-
tionellement plus courts que dans l’autre variété: il n’est pourtant point rare d’en trouver
avec les bras longs. On rencontre près de la terre le deux variétés; mais les grands individus
de la variété a. 6. ne se tiennent jamais qu'à une certaine profondeur , et constamment
sur les fonds vaseux.
Je dois ajouter qu’à ce sujet M. Peters de Berlin, et M. Milne Edwards, pendant un assez
long séjour qu’ils ont fait à Nice, se sont occupés de recherches anatomiques très minu-
tieuses, afin de découvrir quelque caractère spécifique constant: ils m'ont assuré que leurs
études n’ont eu aucun succès. M. Delle Chiaje, dans sa PI. 177. fig. 14, donne un dessin de la
Sepiola Desvignana : il est a regretter que ce savant naturaliste n’ait pas encore publié
ses propres observations ; car je ne saurais supposer qu'il ait admis cette espèce sur la
foi d'autrui.
M. Risso, dans son catalogue nominal, en cite trois espèces : la Rondeletii. Lamark, la
macrosoma. Delle Chiaje, l’elegans. Nobis. N'ayant vu dans la collection de cet auteur, au-
cune sépiole portant ce dernier nom, il m’est impossible de donner quelques détails sur
cette nouvelle espèce.
60 CÉPHALOPODES
CINQUIÈME GENRE.
ROSSIE. ROSSIA. Owen.
Owen, Voyage du Capit. Ross. hist. nat. pag. 93. PI. B. fig. 1. et PI. C.
Sepiola. Delle Chiaje.
Animal au corps ovalaire, court, tronqué en avant, arrondi en arrière, détaché de la
tête, portant de chaque côté une nageoire presque circulaire : appareil constricteur formé
d’une crête oblongue, surmontée d’un sillon sur le bord interne du corps et d’un sillon
bordé d’un bourrelet sur la base du tube locomoteur. Tête aussi large que le corps, munie
d’yeux un peu latéro-supérieurs et couverts d’une membrane transparente, percée d’un
très petit trou ; couronnée de dix bras, dont deux tentaculaires et rétractiles dans une
cavité sous orbitaire. Bouche protégée par deux lèvres et par une membrane buccale ,
attachée aux bras par six brides, dont quatre aux bras latéraux, une au point d'union
des bras supérieurs, et l’autre à celui des inférieurs. Osselet interne corné, flexible, petit
et légèrement spatulé.
N. 1. R. MACROSOME. R. MACROSOMA. D'Ormieny. PI. 23. fig. a. b.
Féruss. et D'Orbigny, Genre sépiole. PI. 4. fig. 12. 24.
Sepiola macrosoma. Delle Chiaje, Mem. t. LXX. Anim. invert. t. 1. tab. 11. fig. 11.
Philippi, Enum. moll. Sie. pag. 203. N° 2.
Gervais et Vanbenneden , bul. de l’ac. des sc. de Brux. (indiquée).
Verany , fableaux des céphal. fig. 22.
Corpore laevi, ovali rotundato, antice truncalo, margine dorsali sacci libero et
angulato , inferiori truncato: alis subrotundis.
Corps lisse, bursiforme, cylindrique et légèrement oblong, arrondi postérieurement, tronqué
en avant; partie supérieure, formant un angle peu saillant; nageoires latéro-dorsales, situées
un peu vers la partie postérieure du corps, presque cylindriques et fortement échancrées ,
à leur point d'attache supérieur.
Tête presque aussi large que le corps, courte, déprimée; globe des yeux, bombés. La
membrane transparente, qui couvre ces yeux, forme une espèce de paupière opaque, qui
est la continuation de la peau; et la pupille est en outre protegée par une paupière en
croissant, formée par un repli de l'iris, qui se prolonge sur lui.
Bras sessiles courts, conico-subulés , et comprimés latéralement ; ceux de la 4.re paire, les
plus courts, sont, à partir de la bouche, de la moitié de la longueur de tout le mollusque,
non compris les bras tentaculaires ; ceux de la 2. paire sont plus longs que les premiers;
ceux de la 4. le sont un peu plus que les seconds; et ceux de la 3.° sont les plus longs
de tous. Ils sont garnis sur la moitié inférieure de leur longueur de deux rangées de
cupules alternantes, la moitié supérieure en porte quatre rangées. Les Cupules sont globuleuses,
DÉCAPODES 61
un peu déprimées en dessous; leur ouverture est oblique, petite et bordée d’un cercle corné;
ces cupules sont situées sur un pédoncule conique, à extrémité filiforme et courte. Les
cupules augmentent de grosseur jusqu’à la moitié des bras, puis diminuent insensiblement.
Celles des rangées internes sont plus petites ; elles sont généralement plus grosses sur les
bras latéraux que sur les bras inférieurs et supérieurs; à la moitié des rangées externes
de la 3. paire, elles sont très souvent deux fois plus grosses que sur les autres bras. Bras
tentaculaires contractiles, deux fois et quelquefois trois fois plus longs que les bras laté-
raux ; ils sont très grèles et cylindriques ; leur extrémité est développée en fer de lance, la
quelle extrémité porte sur sa surface inférieure d’innombrables petites cupules globuleuses
et pédonculées, tandis qne la surface supérieure est garnie d’une crête natatoire.
Membrane de l’ombrelle, nulle entre les bras de Ia 4.° paire, très visible sur ceux de la
1.®, un peu plus marquée entre la 1." et la 2°, bien développée entre la 2.° et la 3.°, assez
large entre la 5.° et 4°; elle se prolonge jusqu’au tiers de la longueur des bras de la 3.°
paire et jusqu’à la moitié de ceux de la 4.°
Tube locomoteur petit, n’arrivant pas au tiers de la hauteur des globes des yeux.
Lame cornée, linéaire, lancéolée, légèrement spatulée longue de la moitié du corps.
Encre noire, donnant légèrement sur le bistre.
Proportions.
Longueur totale . s ; : : 0,150
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . : 0,112
Longueur du corps partie supérieure . : : : s - ; 0,040
Longueur du corps partie inférieure . ; | ; : ; : s 0,036
Largeur du corps et de la tête . - à - : 0,035
Largeur des nageoires . : 3 : : : 0,015
Hauteur de la nageoire au centre s + : 0,021
Hauteur de la nageoire au point d'attache . : ; : : : 0,015
{ maximum 3. paire . 0,062
Longueur des bras + 3 =
| minimum {. paire . : : : : 0,050
Longueur des bras tentaculaires . à : : : : - À : 0,098
Longueur de la lame dorsale : ; s : - : ; à : 0,022
Couleur. Dans l’état de vie, la Rossia est d’une teinte générale rose-vineux, nuagée de
bleuâtre et de jaunâtre sur la partie supérieure, et d'un rose livide sur linférieure ; les
yeux sont fortement colorés de bleu et brillent d’un reflet vert très vif ou argenté: elle
est couverte sur toute la partie supérieure de points chromophores irréguliers, rouge-anglais
passant au laque: ces points sont plus clair-semés et plus régulieres sur la partie infé-
rieure, et manquent entièrement sur le bord des nageoires, sur la partie inférieure de la
tête et sur l’entonnoir. Quelques points de la même couleur, mais très fins, se voient aussi
sur les côtés des bras sessiles et sur la massue des tentaculaires. L’iris, qui est argenté,
est couvert de ces mêmes points.
Après la mort de ce mollusque , les points chromophores deviennent presque tous égaux,
et se colorent d’un rouge uniforme.
62 CÉPHALOPODES
Conservée dans l'alcool, la Rossia est d’un vineux uniforme, sur lequel on distingue
encore les points chromophores.
Rapports et différences.
Ce céphalopode se distingue au premier abord de la sépiole, avec laquelle elle pourrait
se confondre, par son corps détaché de la tête et par sa taille, qui est toujours beaucoup
plus grosse : elle se distingue aussi de l’autre espèce de la Méditerranée par Ja taille et la
forme arrondie de son corps, mais surtout par la face inférieure du corps, qui, dans la
dispar, se prolonge beaucoup en avant sur la tête.
Habitation et mœurs.
Ce mollusque habite sur les fonds vaseux de 200 à 300 mètres de profondeur, d’où il
est ramené en très petite quantité et en toute saison par les traines, en même temps que
des masses d’'Eledons Aldrovandi, en société desquels il paraît vivre. Comme sa chair est
assez flasque, il ärrive presque toujours mourant, parcequ’il est , pour ainsi dire, écrasé
par le poids des poissons et des Eledons, qui sont pris avec lui: aussi ne m’a-t-il jamais
été possible de lavoir en assez bon état, pour l’examiner dans toute sa vitalité. M. Delle
Chiaje le dit très rare dans le Golfe de Naples; M. Philippi est du même avis. Il parait
que M. Cantraine ne l’a pas vu. M. Risso l’a cité dans son catalogue nominal, et je l'ai
trouvé dans sa collection. Je l’ai eu en février à Nice, et assez fréquemment sur le marché
de Gènes pendant tout l'hiver, quand les pêcheurs favorisés par le clair de lune s’é-
cartent davantage de la terre et vont faire leur pêche sur des points connus. Les pêcheurs
le confondent avec la sépiole et leur donnent le même nom.
Histoire.
M. Delle Chiaje a fait connaitre le premier ce céphalopode intéressant, qu’il ne crut pas
à propos de rapporter à un genre nouveau; il le figura dans son ouvrage sous le nom
de Sepiola macrosoma, et en envoya quelques exemplaires à Paris. M. le Prof. Philippi
la recueilli, et l’a cité dans son Ænum. Molluse. Sicil. MS Gervais et Vanbenneden en
ont fait mention dans leur note sur le genre Sepiola. M. D'Orbigny, profitant du travail
de M. Richard Owen, qui avait établi le genre Rossia pour les sépioles à corps détaché
de la tête, y rapporta cette espèce, qu'il figura genre sépiole PI. 4. fig. 13-14. Me trouvant
dans l’impossibilité d'établir la priorité du nom générique de Rossia donné à ce mollusque
par M. Owen en 1854, sur celui de Rossia, donné à un oiseau, de l’ordre des palmipèdes,
je conserve le nom actuel.
QU
DÉCAPODES | 6
N. 2. R. DISPARATE. À. DISPAR. Rurreu. PI. 95. fig. d. À.
Sepiola dispar. Rupp. Lettre à M. le Prof. Cocco. Giorn. di Gabinetto di Messina.
Corpore laevi, ovalr, antice truncato, margine dorsali sacci libero et laeviter anqu-
lato, inferiori, valde producto et bilobato ; alis subrotundis, posticis.
Corps lisse, bursiforme, cylindrique, ovale, tronqué en avant, partie supérieure, détachée
de la tête et légèrement arrondie; partie inférieure, formant un ovale presque complet, la
partie antérieure étant très prolongée en avant et légèrement échancrée au centre et presque
bilobe. Nageoires latéro-dorsales, presque arrondies, fortement échancrées à leur point
d'insertion supérieur, implantées sur la partie postérieure du corps, dont elles dépassent
l'extrémité.
Tête aussi large que le corps, arrondie, un peu comprimée ; globe des yeux proéminents:
œil légèrement latéro-supérieur , très grand, couvert d’une membrane transparente. Dans
l’état de vie, la cornée est très convexe: et l'iris, d’un beau brillant argenté, forme une
espèce d’entonnoir, portant à son extrémité la pupille.
Bras sessiles conico-subulés et comprimés latéralement; la 1.'e paire la plus courte, la 2.°
plus longue, la 3° presqu’égale à Ja précédente, et la 4° paire un peu plus courte. Ces
proportions offrent quelques variétés. Tous ces bras sont munis d’une double rangée de
cupules alternantes, globuleuses, placées sur un tubercule conique et tronqué, et portées
par un petit pédoncule filiforme. Ces cupules sont légèrement comprimées du côté de
l'ouverture, un peu échancrée sur le point d'attache; et l'ouverture est munie d’un cercle
corné sans dents: elles sont au nombre de 24 à 50 sur chaque bras, très visibles, et
suivies de quelques-unes très fines et imperceptibles. Sur fa 1.'e et la 2.° paire, elles vont
en augmentant jusqu’au premier tiers, et diminuent ensuite très régulièrement. Sur la 3.
paire, elles augmentent jusqu'aux deux tierstde la longueur: sur ces bras, elles sont sou-
vent moins nombreuses, mais excessivement grosses. Sur la 4.° paire enfin, elles augmentent
jusqu’à la moitié de leur longueur. Les bras tentaculaires. entièrement rétractiles, plus de
deux fois plus longs que les bras sessiles, sont creusés en gouttière sur toute leur lon-
gueur (d’après les individus conservés dans l’alcool) et sont garnis à leur extrémité, qui
est très légèrement lancéolée d’une infinité de cupules très petites, à peine perceptibles, au
moyen d’une forte loupe.
Membrane de l’ombrelle très prononcée entre tous les bras, plus grande entre la 3° et
la 4° paire, se prolongeant le long de cette dernière, presque jusqu’à son extrémité: cette
membrane manque entiérement entre les bras de la 4.° paire.
Tube locomoteur petit, couvert en partie par le lobe du corps, arrivant au point d’at-
tache des bras de la 4.° paire. |
Contracté dans l'alcool, le corps devient ovale allongé; les nageoires se retirent et ne
dépassent plus l'extrémité du corps.
64 CÉPHALOPODES
Proportons.
Longueur totale . : - 0,084
Longueur totale sans bras tentaculaires . ; ; ; . ; : : 0,060
Longueur du corps en dessus . : ; ; : . ; 0,030
Longueur du corps en dessous . 4 ‘ : ; k * : : ; 0,040
Largeur du corps : 5 : RS: 0,027
Largeur. des nageoires . : À . : : : : 5 à ; : 0,021
Hauteur des nageoires . , . 5 : s 0,024
f- Æ à S paie. : : 0,015
Longueur des bras | de ; ; ; ; : : : > 0,023
| +. : ; - : ; 0,019
Longueur des bras tentaculaires . . 0,035
Couleur. Dans l’état de vie, tout le corps est rose, ou blanc livide à reflets argentés,
irisé d'azur et de vert, couvert de petits points chromophores d’une teinte neutre, lesquels
points disparaissent sur les nageoires, qui sont très transparentes. (PI. 22. fig. d. e. f.)
Après la mort de ce mollusque, tout le corps, ainsi que le tube locomoteur, se couvrent
de points rouge-anglais, dont quelques-uns sont assez gros; les nageoires et la partie in-
férieure de la tête en manquent seules. |
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue au premier abord de la Sepiola par son caractère générique ;
de la Rossia macrosoma par sa taille, par le prolongement antérieur du sac à la partie
inférieure, et par ses grandes cupules: elle ne peut se confondre avec la Rossia Owenii
et Jacobei de M. Ball, vu que dans ces espèces les cupules sont disposées sur trois rangées,
et que dans la dispar elles le sont constamment sur deux.
Habitation et mœurs.
Cette espèce, découverte à Messine par M. Ruppell et recueillie en assez bon nombre par
M. Krohn dans le même port, n’a été encore trouvée sur aucun autre point de la Médi-
terranée. M. le Baron Pirayno de Mandralisca de Céphalù , conchyliologiste bien connu, fait
connaitre , dans une note qu’il m'a communiqué, que ce mollusque se pêche aussi dans ce
port avec le nonnato, Atherina nana, Risso, dans le mois de févriér et mars. et qu’il
y porte le nom de Tarantulicchi.
Histoire.
C'est à M. Ruppell que nous devons la première notice sur cette nouvelle espèce, qu'il fit
connaitre, dans sa lettre à M. le Prof. Cocco, par la description suivante. « La sépiole dispa-
» rate se distingue par les quatre ventouses de la paire latérale des tentacules, qui sont
» dix fois plus grandes que sur les autres. Chaque tubercule a 15 à 20 paire de ventouses.
DÉCAPODES 65
» Les deux tentacules allongés sont assez fins et ont à leur extrémité, sur l’espace de
» deux lignes, beaucoup de ventouses quasi microscopiques. Les membranes natatoires sont
» rondes, et surpassent la moitié de la longueur du sac viscéral, Sur lanimal moribond.
» le sac et les huit tentacules se colorent de rouge obscur, tandis que les membranes
» natatoires et les deux tentacules latéraux restent blancs, avec quelques petites taches
» rousses. La longueur totale de l’animal est de trois pouces et demi ».
M. Ruppell, regardant comme caractère spécifique celui des grandes cupules, donna à
cette espèce le nom de dispar: en examinant plus tard tous les individus, qu'il avait
rapporté de Sicile, et en observant beaucoup avec les cupules régulières, mais avec tous
les caractères de la dispar, ce savant naturaliste me communiqua l'idée qu’il avait d’en
créer une nouvelle espèce, sous le nom de À. affinis, et d'adopter à cet effet le nom gé-
nérique , établi par M. Owen. M. le D. Krohn, pendant son second voyage à Messine ,
y receuillit pour moi une quantité de À. dispar ; il eut l’obligeance d’accompagner
l'envoi du dessin, au trait pris sur le modéle vivant de ce céphalopode (PI. 23.
fig. d.e. f). I me communiqua plus tard que tous les individus de cette espèce, qu'il
a observés avec des grandes cupules, étaient femelles, et ceux à cupules de grosseur ordi-
paire, tous mâles.
SIXIÈME GENRE.
SÈCHE. SEPIA. Linné, Lamark, Cuvier.
Animal au corps ovalaire, comprimé, garni sur tout son pourtour de deux nageoires
uniformément étroites. Appareil constricteur, formé d’une crête oblongue, conique, entourée
sur la partie supérieure d’une fossette circulaire assez profonde et placée sur la paroi
interne du corps, et d’une fossette oblongue, profonde, bordée d’un bourrelet très relevé et
située sur la partie inférieure du tube locomoteur.
Tête déprimée, munie de deux yeux latéro-supérieurs, entièrement couverts d’une mem-
brane transparente et percée d’un petit trou; cette membrane forme une espèce de paupière
opaque semi-circulaire, qui couvre en partie l'iris. La pupille est en outre constamment
protégée contre les rayons lumineux par une fausse paupière, qui n’est qu’un repli de
l'iris, et en recouvre une grande partie, comme on l’observe sur les raies (poissons); dans
l’état de vie du mollusque, elle est arrondie, tandis qu'après la mort, elle présente plus ou
moins la figure d’un croissant.
Membrane ombellifère très développée entre tous les bras, dont elle occupe environ le
cinquième, à l'exception toutefois de la 4° paire, où elle manque entièrement.
D. 1466 COMMUNE. S. OFFICINALIS. Linné. PI. 24. 95.
Linné , Syst. nat. VI. pag. 3149.
Aristote, Pline, Gesner, Bellon, Salviani, Rondelet, Seba, Bruguières, Lamark, Montfort, Blainville,
Carus, Payraudeau , Risso, Rang, Guérin, Cantraine, Joshua Alder, Bouchard Chanterau. Oger. cit.
Delle Chiaje, Mem. t. IV. pag. 60. tav. LVIIL fig. 1. Anim. invert. t. 1. pag. 50.
Féruss., Monogr. Genr. Sèche. PI. 1. 2. 3. 17.
66 CÉPHALOPODES
S. Corpore depressiuscolo, dorso laevi vel tuberculato, alis angustis marginato, brachiis
subaequalibus, tentaculis elongatis; lamina dorsali elliptica, alba cretacea.
Corps charnu, plus ou moins ovale selon les sexes, lisse ou tuberculeux, déprimé et
légèrement convexe en dessus ; extrémité postérieure ovoïde ; extrémité antérieure tronquée
et formant en dessus une pointe arrondie médiane, qui recouvre partie de la tête. I est
bordé sur toute sa circonférence latérale de deux nageoires étroites, qui naissent au com-
mencement, très près de l'ouverture du corps et la suivent jusqu’à son extrémité, où elles
sont séparées l’une de Pautre par un très petit espace.
Tête déprimée, .plus large que l'ouverture du corps, munie de deux yeux médiocres, à
globes très gros et saillants; couronnée de dix bras, dont deux tentaculaires , les trois pre-
mières paires étant placées en dessus et la 4° en dessous.
Bras sessiles médiocres ; les trois premières paires presque égales en longueur, mais gros-
sissant progressivement de la 1. à Ja 5.2: les bras en sont coniques, comprimés et comme
carénés. La 4° paire est un peu plus longue que les autres et de beaucoup plus grosse;
elle est très comprimée, largement carénée, et développée en crête natatoire ; cette crête se
prolonge de la base des bras sur la partie inférieure des globes des yeux. Tous ces bras
présentent, sur leur partie interne, une surface plate, arrondie dans le bas, qui est couverte
de quatre rangées de cupules. Les cupules sont petites, globuleuses, placées sur un court
pédoncule conique, et percées d’une petite ouverture ronde , armée d’un cercle corné non
denté. Bras tentaculaires, plus longs que tout le corps, réctractiles, arrondis sur toute leur
longueur, développés à leur extrémité en massue, en forme de fer de lance: cette partie est
couverte en dessous, de plusieurs rangées de cupules globuleuses et pédonculées. Les cu-
pules de la rangée du centre sont les plus grosses et vont en diminuant sur les extrémités:
les deux rangées latérales à la précédente sont de beaucoup plus petites et décroissent dans
les mêmes proportions ; enfin les rangées externes, ainsi que celles qu’on voit en grand
nombre aux extrémités de cette massue, sont très petites, et protégées par une large
membrane très développée : la partie dorsale de la massue porte une crête natatoire. La
membrane buccale est rattachée aux bras par 7 brides. :
Tabe locomoteur gros, conique, et atteignant le point d’union des bras de la 4. paire.
Lame dorsale, crétacée, d’un ovale plus ou moins allongé selon les sexes, très régulier
et symétrique ; l’aiguillon médian de l'extrémité postérieure est conique, un peu courbé en
dedans, et n’en dépasse jamais le bord.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : à mâle 0,280 femelle 0,280
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : . , 0,140 =: 0,140
Longueur du corps en dessus . ; : : : 0,086 : 0,086
Longueur du corps en dessous . : : : 0,078 0,078
Largeur du corps au centre . : : à : 0,054 : 0,058
Largeur du corps à l’ouverture . ; : ; ; ; ; 0,043 Ë 0,048
Largeur de la tête ; 5 : = È : : : 0,038 : 0,038
Le ne 4. paire . : : : à : 0,042 : 0,042
4, » ne - 3 : : 0,050 è 0,050
Longueur des bras tentaculaires . 4 ; : ; : à 0,180 0.180
« ? L es
DÉCAPODES 67
Couleur. Dans l’état de vie et de tranquillité, toute la partie dorsale est d’une teinte rose-
jaunâtre irisée, couverte sur la partie médiane du corps et de la tête de taches blanches
tout-à-fait sous-cutanées ; la tête est un peu plus colorée ; les globes des jeux sont bleuâtres,
et les bras verdâtres. La 1% paire porte une rangée de taches blanches irrégulières ; sur
la 2° ces taches sont plus nombreuses; sur la 3.° elles sont placées sur deux, et même
sur trois rangées: sur la 4.° elles sont longitudinales et irrégulières sur leur base et très
nombreuses sur leur extrémité. Les nageoires, qui sont la continuation de {a peau du dos,
sont d’une teinte violette transparente, et couvertes de très petits points opaques blancs : tout
le long du point d'attache ces points sont plus gros, irréguliers et linéaires; ils forment
presque une ligne interrompue. Les deux tiers inférieurs du bord extérieur des nageoires
des individas mâles sont marqués d’une ligne continue blanche et opaque. Ce cépha-
lopode parait quelquefois d’un gris de souris, marbré de blanchâtre; on observe aussi
pendant sa respiration des ondulations d’une teinte passagère mauve, légèrement irisée
de rose et de blanc. La teinte rose passe au grenat sur la partie inférieure des globes des
yeux, et des bras, surtout de ceux de la 4. paire. D’autres fois elle est teintée de jaune-
verdâtre; toute la partie médio-dorsale est alors finement zébrée d’une teinte blanchâtre et
les parties latérales le sont aussi, mais par des grandes bandes, qui se subdivisent près des
bords du corps; les extrémités de ces bandes sont d’un blanc pur près des nageoires : dans
cet état la partie inférieure est d’un blanc pur à reflets métalliques argentés et fortement
irisés ; elle est parsemée de points chromophores excessivement fins, à peine visibles à la
loupe, d’un rouge passant au mauve; le plus souvent elle est nuagée de grandes taches
formées par la réunion de points chromophores rouge-vineux : ces points se remarquent sur
toute la surface inférieure du mollusque sauf sur la partie de la tête couverte par l’en-
tonnoir.
On voit aussi la Sèche, comme M. Delle Chiaje l’a observée le premier, se recouvrir sur
toute la surface dorsale, de tubercules coniques très prononcès, placés régulièrement en
lignes longitudinales et parallèles aux bords latéraux du corps (PI 24. fig. b.); on reconnait
de ces tubercules sur la partie postérieure des globes des yeux et le long des bras supé-
rieurs. Dans cet état les bras se couvrent de points chromophores mauves avec reflets
euivreux très brillants. La partie inférieure se nuage de taches rouges-laque, formées par
la réunion des points chromophores de cette couleur, les uns assez gros, les autres exces-
sivement fins et très rapprochés: ces points se répandent aussi sur la nageoire et sur l’en-
tonnoir; et ils sont très nombreux et rapprochés sur la face inférieure des bras de la 4.
paire.
Dans l’état d’irritation, toute la partie dorsale est hérissée de tubercules irréguliers et se
colore d’un beau châtain très obscur à reflets métalliques cuivreux : sur la tête et le long
des bras, dont les taches blanches prennent la même teinte, brille un reflet verdâtre. Sur
les globes des yeux brillent aussi des reflets argentés roses, bleus et verts: la nageoire est
toujours très transparente et couverte de points blancs opaques : toute la partie inférieure
est fortement irisée et nuagée de taches plus ou moins vives.
Quand létat d’irritation semble se calmer, les tubercules du corps disparaissent, ceux
des globes des yeux persistent, la tête conserve les mêmes taches, mais une grande quan-
tité de points chromophores se contractent sur le corps, des petites taches blanchâtres
68 CÉPHALOPODES
apparaissent sur la partie médiane, et les bords du manteau se couvrent de lignes irrégulières,
semi-tuberculeuses, blanchâätres, qui sont plus petites sur les angles antérieur et postérieur
du corps (PI. 24. fig. a). Les points chromophores bruns-châtains, à reflets cuivreux, sont
très nombreux sur la partie médiane postérieure et sur les latéro-médianes ; ils sont rares
sur les portions latérales du corps et n’arrivent jamais sur la membrane des nageoires.
Quelquefois ces lignes tubereuleuses blanchâtres font place à de grandes bandes irrégulié-
res, obscures, formées par la réunion de points chromophores mauves, qui couvrent tout
le dos. |
Au sortir de l’eau, sa partie dorsale est ordinairement zébrée de bandes brunes ; quel-
quefois ces bandes sont interrompues, et elle parait marbrée ou ligrée de taches obscures
à reflets violets et cuivreux. Peu-à-peu les points chromophores se contractent; elle passe
à un ton jauntre, qui se décolore insensiblement ; et la partie inférieure commence par
perdre les reflets irisés et métalliques, qui la parent; et quand le jeu des points chromo-
phores a cessé, elle devient d’un blanc livide.
Rapports et différences.
La S. officinalis se distingue au premier abord de la S. elegans et de la S. bisserialis
par sa taille toujours plus forte et sa forme moins ovalaire, par les nageoires qui, dans
l’officinalis, par leur lobe arrondi dépassent le bord antérieur du corps, et se touchent
presque à l’extrémité opposée; tandis que dans les deux autres espèces elles ne dépassent
pas le bord du sac et sont assez distantes l’une de l’autre à l’extrémité opposée. Elle se
distingue en outre par le manque constant des traits brillants et métalliques, qu’on voit
sur la face inférieure du corps des deux autres.
Habitation et mœurs.
La Sèche commune se trouve dans toute la Méditerranée et sur les côtes de l'Océan ; elle
vit très près de terre sur les fonds fangeux et sablonneux, et moins abondamment sur les
fonds de gravier. Elle préfère les localités rocailleuses, on la trouve dans toutes les saisons
de l’année: on la pêche en grande quantité au moyen de dragues, dites balaneelle, sur les
fonds vaseux de 30 à 200 mètres de profondeur : on en prend quelques-unes de nuit sur-
tout avec le trident. Pendant le mois de mars on en fait une pêche abondante soit avec une
femelle vivante amarrée à une ficelle, soit avec un pièce de bois taillé en forme de sèche
garnie de quelques petits morceaux de miroir, que les Siciliens appellent Fumedda.
La pêche se fait en harponnant une Sèche femelle, qu'on distingue au premier abord
par son corps plus large et le manque de la ligne blanche, qui borde la partie inférieure
des nageoires. On la harponne avec un petit hameçon à lextrémité du corps; puis on lache
la corde pour qu’elle puisse nager à son gré, mais de manière à ne la perdre jamais de
vue: c’est alors qu'il est facile d’examiner les mouvemens de la peau, les changemens de
couleurs de ce céphalopode, et Ja célérité avec laquelle il les opère. La Sèche, abandonnée
à elle même, paraît ne pas souffrir, et s'inquiéter fort peu de son amarre, puisqu'elle vit
plusieurs semaines dans cet état. La Sèche nage entre deux eaux et fait ses mouvemens
DÉCAPODES 69
progressifs à l’aide des bras inférieurs, qu'elle penche en avant de la tête et emploie comme
de puissantes rames, son corps étant horizontal; les nageoires ne sont pour elle qu'un
balancier, dont le mouvement est continuel et ondulatoire; les six bras supérieurs ne lui
servent qu'à fendre l’eau, et même qu'à la tenir en équilibre; car elle les porte généra-
lement très serrés entre eux et sur un plan horizontal. Pendant la marche progressive, la
tête de ce céphalopode est toujours enchâssée en partie dans l’ouverture du corps, l'appareil
constricteur tient fortement fixés au tube locomoteur les parois du corps, et l’aspiration
se fait par les côtés latéro-supérieurs de l'ouverture au point, où le corps est en contact
avec les orbites: les bras tentaculaires sont constamment contractés dans leur cavité. Quant
aux mouvemens rétrogrades, elle les fait, comme tous les autres céphalopodes, à l’aide
du tube locomoteur ; dans cette marche, qui est saccadée et précipitée, les bras sont tous
réunis en faisceau. Quand la Sèche ainsi amarrée passe près de quelque mâle blotti dans
quelque coin, ou nageant entre deux eaux, celui-ci se lance sur elle comme un trait
et l’enlace avec ses bras; le pêcheur alors les tire à lui avec précaution, et quand elles
sont près de lui, il les saisit au moyen d’un petit filet. Cette pêche est très amusante et
plus productive de nuit que de jour, surtout au clair de lune ; on ne prend généralement
que des mâles de cette manière, cependant j'ai pris ainsi moimême quelques femelles,
mais très rarement. Toutes les observations, que j'ai pu faire dans cette occasion, n’ont pu
me fournir aucun indice d’accouplement.
La pêche au miroir se fait avec un morceau de bois garni de quelques fragments de
miroir, qu’on traine derrière la barque, et sur lequel les Sèches se lancent et se cram-
ponnent.
La Sèche commune pèse jusqu’à 2 kil.; elle est souvent de 5 kil., et ordinairement de
5 à 4 hectogrammes. Alors sa chair est estimée, quoique moins que celle du Calmar; elle
l’est beaucoup plus que celle des Poulpes et des Eledons: elle est assez tendre et de bon goût.
La Sèche abonde aux marchés dans toutes les saisons, mais surtout dans le printemps ;
elle est encore ‘plus abondante pendant l'hiver sur le marché de Génes, les traines-balan-
celle en retirant de grandes quantités.
La Sèche meurt assez vite hors de l’eau; quand on la prend, elle fait entendre un cra-
quement de dents assez fort; et hors de l’eau, elle souffle très violemment en chassant par
l’entonnoir l’air au lieu de l’eau. L'effet des cupules est très actif, et la succion se fait
encore bien après la mort, quoique le jeu des points chromophores ait déjà cessé. Retenue
dans un baquet d’eau, elle vit peu: dès qu’elle se voit emprisonnée, ou quand l’eau ne
contient plus la quantité d’air qui lui est nécessaire, elle lance son encre en grande abon:-
dance et meurt peu après, si on ne lui change l’eau. :
On ne fait aucun cas de l’encre de ce céphalopode: à Rome cependant on prépare avec elle
la belle teinte connue sous le nom de Sepia. Quant au sépiostaire, il sert à plusieurs usages
et est très utile pour modeler des petits objets métalliques, qui, coulés avec la moindre
précaution, ressortent avec une netteté et avec une finesse de détails admirables.
La Sèche mâle a toujours son corps plus ovalaire et ses nageoires bordées d’une ligne
blânche très visibles: la femelle est plus arrondie et n’a jamais cette ligne ; ou si elle existe,
elle n’est que rudimentaire. C’est très à tort que M. Cantraine dit que les mâles seuls
peuvent recouvrir leur peau de tubercules: les femelles partagent aussi cette faculté et se
70 CÉPHALOPODES
colorent en tout sens comme les mâles. Leurs œufs de forme ovale et munis d’un pédon-
cule äplati se rencontrent communément en été toujours fixes aax fucus, sur lesquels ils
forment des grappes.
Histoire.
La Sèche a été connue par Aristote ; Pline est entré dans beaucoup de détails sur ses
mœurs, qu’il a assez bien observés; tous les naturalistes, qui se sont suecédés jusqu’au
commencement de ce siècle, n'ont fait que répéter ce qu’il avait dit. Severinus dans sa
Zootomia democratica à décrit et figuré le premier les orgares de la Sèche. Swammerdam
s’en est aussi occupé ; Scarpa et Tilesius ont aussi donné quelques détails sur elle , et ces
travaux ont été complétés par les savantes observations de M. Delle Chiaje. Schneider et
Lamark sont les premiers, qui ont subdivisé le genre Sepia de Linné, et ont reservé le nom
de Sepia aux espèces, dont le corps est bordé d’une nageoire dans toute sa largeur, et
dont la lame dorsale est calcaire. Lamark en décrivit deux espèces. M. De Blainville, dans
le Dict. des se. nat., en fit connaître trois de la Méditerranée. M." De Férussac et D’Orbigny,
dans leur monographie, en figurent 20, dont trois de la Méditerranée. M. Delle Chiaje décrit
deux des espèces connues, la bisserialis de Montfort avait échappé à ses observations :
l’ayant rencontrée sur le marché de Naples, je lui en ai fait part. M. Risso n’a décrit que
l'espèce commune; mais dans son catalogue nominal, il en inscrit une sous le nom d’Jtalica,
qu'il dit avoir remarquée depuis longtemps et dont il eut plusieurs individus. Je n’ai trouvé
dans la collection de M. Risso aucun céphalopode de ce nom: je n’ai vu qu’une S$. bisse-
rialis sans détermination.
N. 2. S. ÉLÉGANTE. S. ELEGANS. Branv. PI. 26. fig. à. e.
Blainville, Dict. des se. natur.
S. orbignana. Féruss. et D'Orbigny, Monogr. Genre Séche. PI. 3.
Delle Chiaje , Anim. invert. tab. 15. fig. 2.
S. corpore depressiuscolo glabro, rubenti, alis angustis subaequalibus et brevioribus
marginalo: sublus argenteo irregulariter seriatim maculato ; lamina dorsali elongato-
elliplica , stylo lungo extra saceum protracto armata.
Corps ovale, allongé, lisse, légèrement deprimé, convexe des deux côtés; extrémité pos-
térieure ovoïde et terminée par un aiguillon médian : extrémité antérieure tronquée ef se
prolongeant sur la partie médiane supérieure en pointe arrondie: bordé par deux nageoires
étroites un peu plus larges vers la partie postérieure, lesquelles , n’atteignant pas le bout
du sac, ont l’extrémité antérieure sans échancrure au point d'attache avec le corps, tan-
disque l’extrémité postérieure est arrondie.
Tête déprimée , moins large que l'ouverture du corps, munie de deux yeux latéro-supé-
rieurs médiocres, dont les orbites sont proéminents: ces yeux sont couverts d’une membrane
DÉCAPODES 71
transparente percée à sa partie inférieure d’une ouverture oblongue: elle est couronnée de
huit bras sessiles inégaux et de deux tentaculaires entièrement rétractiles.
Bras de la 1.'° paire, conico-subulés, légèrement comprimés, longs de la moitié du corps ; la
2.° paire égale en longueur mais plus forte et plus comprimée: la 5° paire un peu plus longue
que la précédente, très comprimée et légèrement carénée: la 4.° paire dépasse la 1.7 et 2.
d’un quart, est très comprimée et fortement carénée: cette carêne est trés marquée par une
ligne blanche opaque, légèrement opaline, qui se prolonge à leur base jusques sur les orbites
de yeux. Tous ces bras sont munis sur la face interne d’une espèce de plaque relevée conique,
qui commence à une certaine distance de la base des bras et se prolonge jusques sur leur
extrémité : sur cette plaque sont implantées les cupules. Sur les bras de la 1." paire, il y
a deux rangées de ces cupules sur la moitié inférieure, et quatre sur la moitié supérieure.
Sur ceux de la 2.° et de la 5€, il y en a quatre rangées sur toute la surface, excepté
sur un petit espace de la base: sur ceux de la 4. paire, elles sont sur quatre rangées.
Les cupules .sont globuleuses, percées d’une petite ouverture ronde, munie d’un cercle
corné non denté, et portées par un petit pédoncule. Bras tentaculaires rétractiles plus
longs que le corps, grêles, arrondis jusqu’à leur extrémité, qui se développe en massue ;
cette massue est formée par une large membrane, couverte sur sa surface inférieure de très
petites cupules et d’une rangée mediane de cupules très grosses, décroissantes du centre
aux extrémités, la face opposée porte une légère crête natatoire.
Tube locomoteur gros, conique, allongé, atteignant presque le bord supérieur des globes
des Veux.
Lame dorsale ovale, allongée et terminée par un aïguillon assez long, placé tout-à-fait
sur le bord médian postérieur.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : e : : : 0,220
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . , : : 0,133
Longueur du corps en dessus . : : : : 0,081
Longueur du corps en dessous . : : : : : è : 0,071
Largeur du corps : : : : : 0,040
Largeur de la tête - : : ; : : _ : : 0,031
C1. paire. : - 0,038
Longueur des bras a : : ; : ; 0,040
L ; : , : , : 0,049
Longueur des bras tentaculaires . : : ; : : : : : : 0,110
Couleur. Dans l’état de vie; la peau est transparente, sur la partie médiane dorsale du
corps on distingue la lame dorsale, qui la colore d’un blanc jaunâtre; sur les parties la-
térales transparaissent les organes intérieurs, dont les brillants reflets sont argentés et riche-
ment irisés de rouge, de jaune, de vert et de bleu très vif au moindre mouvement du cé-
phalopode. Les mêmes reflets brillent sur la tête et surtout sur les globes des yeux : toutes
ces parties sont nuagées par des taches formées par la réunion de points chromophores
rouge-laque, plus ou moins colorés et rapprochés, lesquels se répandent aussi sur la nageoire,
qui est très transparente. On admire une teinte rubis vers la base des bras supérieurs ,
72 CÉPHALOPODES
et l'extrémité peut se comparer à une émeraude : leur pointe et la carène des bras infé-
rieurs est blanchâtre à reflets argentés. La partie inférieure du corps est blanchâtre et très
transparente: on voit à travers la peau tous les organes intérieurs. Cette partie est aussi
fortement irisée et sans reflets argentés: on y remarque, d’un éclat eblouissant, deux
séries, parallèles au bord du sac, de 6 à 7 gros points, qui comme les points chromophores
se dilatent, s’épanouissent très lentement et disparaissent même: ces deux séries sont
tantôt ovales, tantôt linéaires, et souvent ‘réduites à de gros points; cette même partie est
aussi nuagée de très petits points chromophores rouge-laque. L’iris est d’un argent bruni
très brillant.
Au sortir de l’eau, elle est d’une couleur générale jaune-rougeàtre sur la partie supé-
rieure, et blanc-rosé sur inférieure : les gros points métalliques disparaissent assez vite
après la mort: toute la partie supérieure’ est nuagée de rougeûtre par l'effet des points chro-
mophores rouge-rouille, dont quelques-uns rouge-laque. Sur la partie inférieure ces points
sont plus clair-semés, rouge-jaunâtre et forment aussi de grandes taches: les reflets métal-
liques argentés disparaissent assez rapidement et les belles teintes irisées pâlissent bientôt.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue de la Sèche commune: par sa forme plus allongée; par ses na-
gcoires, qui n'arrivent jamais jusques sur le bo7d antérieur du corps ; par son aiguillon,
qui en dépasse l'extrémité postérieure ; enfin par sa taille, qui, non compris les bras ten-
taculaires, n’est jamais plus de 15 centimètres, et dont le poids ne peut s’élever au dessus
de 4 hectogrammes. Elle ne peut se confondre avec le S. bisserialis, qui n’arrive jamais à
un decimètre de longueur et au poids d’un hectogramme, et dont l’extrémité du sac n’est
jamais dépassée par les nageoires ni par l’aiguillon.
Habitation et mœurs.
Cette espèce vit toute l’année sur les fonds vaseux, en compagnie des Eledons Aldrovande
et de quelques Sèches bissériales. On la pêche à Gènes depuis le mois d'août jusqu’au mois
d'avril au moyen des dragues : on ne la rencontre jamais près de la terre: elle ne dépasse
jamais le poids de 4 hectogr.; sa chair est tendre et de bon goût: elle: est aussi estimée
que celle de la Sèche commune, et se confond avec les jeunes individus de cette dernière
espèce. Elle porte le nom de Spinoucia à Gènes, de Secia austina en Sicile, parcequ'on
la prend en grande abondance pendant le mois d’août.
Histoire.
M. De Blainville, le premier, à fait connaître cette espèce, qu'il eut des mers de Sicile.
M. De Férussac la figura d’après un individu conservé dans l'alcool sous le nom de S. Or-
bigniana (Genre Sep. PI. 5.). M. Delle Chiaje l’a figurée dans son grand ouvrage, PI. 15.
fig. 2, sous le nom de S. Orbignana; selon toutes probabilités et à en juger par l’analogie
du nom, la S. mucronata de M. Rafinesque appartient à l'espèce, dont nous nous OCCUpons ;
DÉCAPODES 75
mais le manque de figures et de phrase caractéristique nous laisse dans l'incertitude.
Bien que cette espèce soit très Commune dans beaucoup de localités et peu rare dans
d’autres, M. Risso, Payraudeau, Cantraine, Philippi et Rang n’en ont pas fait mention.
N. 5. S. BISSÉRIALE. S. BISSERIALIS. Denis pe Monrrorr. PI. 26. fig. f. k.
Blainville, Dict. des sc. nat.
S. Elegans. Féruss. et D'Orbigny , Monogr. Genre sépiole. PI. 8. et 27.
S. Rubens? Philippi, Moll. utriusq. Sic. pag. 205.
Corpore depressiuscolo, ovali elongato, subtus punctis vel lineolis argenteo-margari-
Laceis seriatim et irregulariter maculato; alis angustis marginato: brachiis subaequa-
libus ; lamina dorsali elongata elliptica, lanceolata, pallidissime rosea.
Corps ovale, allongé, convexe, légèrement déprimé; extrémité postérieure, ovoïde : extré-
mité antérieure, tronquée; bord inférieur de l’ouverture, concave; bord supérieur, prolongé
en pointe médiane arrondie, qui arrive jusqu’à la moitié de la hauteur de la tête; bordé
de deux nageoires latérales étroites, qui commencent un peu en arrière de l’ouverture et
n’arrivent pas jusqu’à l’extrémité postérieure.
Tête légèrement déprimée en dessus, plate en dessous, moins large que l’ouverture du
corps, munie de deux yeux à orbites assez gros, saillants et latéro-supérieurs, couverts
d’une membrane transparente: ces yeux sont en outre protégés par une grande fausse
paupière, qui n’est qu'un repli de liris: cette tête est couronnée de huit bras sessiles et
de deux tentaculaires entièrement rétractiles.
Bras sessiles, presqu’égaux en longueur, excepté ceux de la 4.° paire, qui dépassent un
peu les autres: ils augmentent progressivement de grosseur du 1.” au 4°. Les trois pre-
mières paires sont conico-subulées, un peu comprimées ; la 4. paire est très comprimée et
carénée, cette carène se prolongeant sur la base jusques snr les orbites. Ils sont tous munis
sur leur face interne d’une espèce de plaque, sur laquelle sont implantées les cupules ;
plaque qui commence à une certaine distance de leur base, est arrondie à la partie infé-
rieure et se termine en pointe à la partie supérieure.
Bras de la 1° paire, garnis de deux rangées de très petites cupules. Bras de la 2. et
de la 5. paire, garnis de deux rangées de cupules sur la moitié inférieure et de quatre
sur la moitié supérieure. Bras de la 4.° paire, garnis de quatre rangées de cupules sur
toute la surface, excepté sur la base, où l’on en voit quelques-unes sur deux rangs. Toutes
ces cupules sont arrondies, percées d’une petite ouverture ronde, munie d’un cercle corné,
non denté, et portées par un petit pédoncule. Bras tentaculaires, entièrement rétractiles, plus
longs que le corps, grêles, arrondis jusqu’à leur extrémité, qui se développe en plaque
ovalaire, formée d’un côté par une espèce de membrane large, couverte sur sa face infé-
rieure d’une infinité de très petites cupules, dont trois très grosses et portant sur la face
supérieure une crête natatoire.
Tube locomoteur, atteignant la base des bras de la 4.° paire.
10
74 CÉPHALOPODES
Lame dorsale crétacée, ovale, lancéolée, plus étroite à la partie inférieure et dont l’aiguil-
lon est très court: partie supérieure légèrement rose, quand on l'extrait de lanimal très
frais encore; mais rougeâtre, quand on l'extrait du céphalopode commençant à subir quel-
que décomposition.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : , : ; ; : 0,124
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . ; ; : ; 0,075
Longueur du corps mesuré en dessus . ; ; . 5 ; j . ; 0,050
Longueur du corps mesuré en dessous : : : 0,044
Largeur du corps . ; : 2 = - ; : < ‘ s ; 0,020
Largeur de la tête - k : : ; ; : À ; : , 0.018
- 1. et 2. paire . , ; : : ; 0,020
— : ; ; ; 0,021
de de Aie : : : ’ : ; : ; : 0,028
tentaculaires . - à - : : ë _ 0,075
Couleur. Une teinte générale blanc-lilas, voilé de jaunâtre, couvre toute la partie supérieure;
sur la ligne médiane du corps on remarque une double série irrégulière de gros points ou
taches blanchâtres presque tuberculeuses : sur les côtés du corps, sur la tête, ainsi que le
long des bras supérieurs, brillent des reflets opalins métalliques, tantôt d’un vert éblouis-
sant, tantôt d’un jaune d’or, tantôt grenat. Une teinte rougeâtre, plus ou moins vive,
produite par lagglomération de points chromophores rouge-vineux très vif, colore le
centre du dos, surtout près des taches blanchâtres : sur la tête et sur l'extrémité des bras,
ces points sont plus fins et plus obscurs. La partie inférieure est transparente et d’un
blanc perlé, irisé de bleu et de rose; on y voit sur les côtès une série assez régulière
de traits linéaires blancs-opalins ou argentés, fortement irisés et très brillants; des traits
semblables, mais plus petits, apparaissent aussi disséminés auprès de ceux dont je viens
de faire mention, quand il est vivant, et disparaissent avant les autres, quand le cépha
lopode commence à souffrir : de plus, cette partie est nuagée de taches rouges, produites
par la réunion de points chromophores rouge-laque vif, quand ils sont contractés, ou jau-
nâtres, quand ils sont épanouis. Ces points sont très rares sur la partie médiane du Corps ,
sur l’entonnoir et sur la tête ; ils sont très fins sur la partie inférieure des bras de la 4.e
paire, et disparaissent sur l’angle caréné de lextrémité de tous les bras, lequel angle brille
d'un reflet argenté très vif. Sur la face latéro-supérieure des bras, les points chromophores
sont très fins et d’un rouge-vineux très obscur.
Après la mort, ce mollusque prend une teinte de rouge-rouille presque uniforme ; et les
taches blanches de la partie supérieure da corps disparaissent peu-à-peu : les reflets métal-
liques, ainsi que les traits linéaires opalins, perdent de leur éclat et s’effacent entièrement.
Rapports et différences.
La Sèche bissériale se distingue au premier abord par sa forme ovale-allongée ; par ses
nageoires, qui n'arrivent point. à la hauteur de l'ouverture du sac et n’en atteignent
DÉCAPODES 75
pas l’extrémité ; par le manque d’aiguillon, qui ne paraît pas à l'extérieur, et la rend bien
distincte de l’Elégante : puis elle a une forme beaucoup plus ovalaire que la Sèche com-
mune, et ne peut se confondre avec les jeunes individus de cette espèce.
Habitation et mœurs.
La Sèche bissériale, dont l'existence est certaine dans toute la Méditerranée et dans l’A-
driatique, n’a pas été citée ailleurs: elle vit à peu de distance de la terre, de 20 à 150
mètres de profondeur. Elle habite de préférence sur les fonds vaseux, où on la prend
en compagnie des Eledons. On la rencontre quelquefois dans le port de Gènes pendant les
grosses mers. Elle est très rare à Nice, assez commune sur le marché de Naples, et M.
Philippi l’a trouvée à Venise. Cette espèce est toujours de petite taille et dépasse rarement
8 centimètres , non Compris les bras tentaculaires. Sa chair est tendre et de bon goût. Elle
se confond avec les autres petits céphalopodes et est recherchée comme friandise.
Histoire.
Denis de Montfort nous a fait connaître le premier cette nouvelle espèce. M. De Blainville
l’a citée dans son article Séche, du Dict. des Sc. Nat., M. De Férussac nous en a donné la
figure sous le nom d’Ælegans de D’Orbigny ; plus tard dans la même ouvrage, M. D’Orbigny
nous en a donné une meilleure figure et quelques détails. Aucun autre naturaliste n’a parlé
de cette Sèche, sauf M. le Prof. Philippi, qui l’a décrite, je crois, sous le nom de S. rubens.
Voici sa phrase.
S. corpore depressiuscolo, utrinque laeve rubente, brachiis pedunculatis praelongis ;
lamina dorsali elongato-elliptica rosea.
SEPTIÈME GENRE.
SÉPIOTEUTHE. SEPIOTEUTHIS. Bianvite.
Animal au corps ovalaire, déprimé, pourvu d’une paire de nageoires latérales aussi lon-
gues que les corps ; appareil constricteur formé par une crête allongée et saillante, placée
sur la face interne du corps, et d’une fossette bordée d’un bourrelet très saiilant à la base
du tube locomoteur : tête médiocre portant huit bras sessiles et deux tentaculaires rétractiles,
tous armés de ventouses ; osselet interne corné, flexible, ovale, lancéolé, attenué antérieu-
rement, convexe en dessus et médiocrement concave en dessous.
N. 1. S. DE SICILE. S. SICULA. Rurreu. PI. 27.
Corpore ovali oblungo, postice rotundaio, antice truncato, super subacuto, subtus
leviter concavo : alis lateralibus in medio corporis latioribus : corpore cum alis leviter
ovaio. Lamina dorsali cartilaginea.
Corps conique, allongé, légèrement déprimé: extrémité postérieure, arrondie; extrémité
antérieure, tronquée, légèrement échancrée en dessous et formant en dessus une pointe très-
76 CÉPHALOPODES
peu saillante. Nageoires latérales, occupant presque toute la longueur du corps; mais com-
mencant un peu en arrière de l'ouverture et se terminant près de l’extrémité du corps,
qu’elles ne dépassent jamais ; elles sont plus larges vers le centre et forment avec le Corps,
quand elles sont étendues, un rond un peu ovale en avant et échancré en arrière : le milieu
de cette échancrure est occupée par l’extrémité arrondie du corps.
Tête aussi large que le corps, arrondie, un peu déprimée en dessus, portant en dessous
un profond sillon médian , occupé par le tube locomoteur: elle est munie de deux yeux
assez gros, mais à orbites peu saillants ; ils sont couverts d’une membrane transparente, per-
cée d’un petit trou latéral: sur la partie inférieure: et interne des globes des yeux, jai
aperçu sur l’unique individu, que je possède conservé dans l’alcool, un tubercule conique
assez long, qui peut-être est un reste déchiré de la crête, que M. D’Orbigny appelle auri-
culaire, chez les Calmars.
Bras sessiles, longs environ de la moitié du corps, conico-subulés; les inférieurs munis
dans toute leur longueur d’une large membrane natatoire: la 1." paire est la plus courte,
la 2. est un peu plus longue, la 3.° de très peu plus longue que la 2, et la 4° plus
longue que la précédente d’un sixième. Elles sont toutes armées de cupules pédonculées si
petites qu’il est très difficile de les distinguer avec une forte loupe. Bras tentaculaires li-
néaires, arrondis, un peu dilatés en fer de lance à leur extrémité, garnis de cupules ex-
cessivement petites : ils sont aussi longs que le corps.
Membrane ombellifère, nulle.
Bouche protégée par deux lèvres, dont l’interne ciliée et par une membrane buccale, qui
est couronnée de sept lobes et rattachée aux bras par sept brides.
Tube locomoteur, conique court et assez gros.
Lame dorsale, cornée et flexible comme celle des Calmars. Je n’ai osé l’extraire sur l’u-
nique individu, que je possède.
Proportions.
Le peu d'individus de cette espèce, qui ont été pris, n’ont jamais dépassé trois décimètres
de longueur, non compris les bras tentaculaires.
Couleur. D’après M. Krohn, à qui je dois l'individu que je posséde , tout le corps, dans
l’état de vie, est transparent et d’une teinte rosée générale, couvert sur le dos de grands
points chromophores, rouge-laque assez vifs, et de points de la même couleur très fins,
mais plus obscurs. Tous ces points disparaissent sur les nageoires. Il sont plus petits et
plus clairs sur la partie inférieure du corps et de la tête, et manquent sur les bras et
l’entonnoir. Après la mort, le corps de ce céphalopode prend une teinte blanchâtre par l’a-
ction de l’alcool, les fibres musculaires horizontales des nageoires deviennent opaques et
les nageoires semblent comme rayées horizontalement de blanc. |
Rapports et différences.
Les Sépioteuthes, ont un facies qui les fait distinguer au premier abord des Calmars et
des Sèches, espèces dont ils sont les plus rapprochés : la forme et la position des nageoires
dispensent d’avoir recours à la lame dorsale, qui est le caractère générique le plus tranchant.
DÉCAPODES 17
Habitation et mœurs.
Ce céphalopode n’a encore été pêché que dans le détroit de Messine, où probablement
il est entrainé par les grands courants, qui y régnent: l’espèce y parait très rare, puis-
qu’elle n’a été rencontrée que très accidentellement.
Histoire.
A
Nous devons la découverte de ce genre nouveau pour la Méditerranée à l'infatigable et
clairvoyant M. Ruppell, qui, l’ayant trouvé le premier à Messine, me montra à son retour
ce céphalopode intéressant, et m'en donna un dessin au trait avec le nom, que je lui ai
conservé. M. Krohn, pendant son second séjour dans la même ville, s’étant occupé de re-
cueillir des céphalopodes pour moi, l’y rencontra de nouveau et me céda l'unique individu
qu'il eut.
GENRE HUITIÈME
ONYCHOTEUTHE. ONFYCHOTEUT HIS. : LaicuTEnsTEN.
Carus, Férussac et D’Orbigny, Onychia. Lessueur. Calmars à griffes, sec. c. Blainville.
Loligo, Leach. .
Corps charnu, cylindrique, plus ou moins acuminé, tronqué en avant; muni en arrière
de nageoires triangulaires, réunies snr le dos, plus ou moins rhomboïdales. Appareil con-
stricteur formé d’une fossette oblongue, peu profonde et entourée d’un large bourrelet sur
la base du tube locomoteur et d’une crète linéaire très longue, placée sur la paroi interne
du corps. |
Tête munie d’yeux, dont la paroi extérieure de la capsule oculaire est couverte d’une
membrane transparente largement percée ; cette ouverture est quelquefois découpée supé-
rieurement en un sinus profond (improprement sinus lacrimal de M. D’Orbigny): huit bras
sessiles, dont quelques-uns garnis d’une crête natatoire, et deux tentaculaires rétractiles
couronnent la tête; tous les bras, soit de l’une , soit de l’autre espèce seulement, sont ar-
més de griffes ou crochets.
Bouche entourée de deux lèvres, dont l’interne ciliée, et d’une membrane buccale feston-
née Sur son ouverture, et rattachée aux bras par huit brides.
Membrane ombellifère nulle, excepté entre les bras de la 3.° et de la 4° paire.
Tube locomoteur fourni d’une valvule, et soutenu par deux brides.
Lame dorsale cornée, flexible, et terminée par un godet plus ou moins allongé.
Les Onychoteuthes sont de vrais Calmars, dont le caractère générique est marqué par des
griffes ou crochets sur leur bras: la présence de ces griffes sur tous les bras, ou sur l’une
ou sur l’autre espèce de bras seulement, a servi à la formation des genres suivants.
A. Des griffes sur les bras tentaculaires seulement. Onychoteuthe.
B. Des griffes sur tous les bras. Enoploteuthe.
C. Des griffes sur les bras sessiles seulement. Veranie.
78 3 CÉPHALOPODES
Etant persuadé que cette disposition des cupules et griffes peut encore offrir des modi-
Q " . ?» e #
fications secondaires, et que les griffes ne sont que des cupules modifiées, je n’admets ces
divisions que comme sous-génériques.
A. SOUS GENRE. ONYCHOTEUTHE. ONYCHOTEUTHIS
N. 1. O0. DE LICHTENSTEIN. LICHTENSTENII. Féruss. PI. 29.
Férussac et D'Orbigny. Monogr. Genre Onych. PI. 8.
O. corpore cylindrico, elongato, apice acuminato, alis rhomboideo-sagittatis, bis
tertiam sacci longitudinem occupantibus : brachiis tentacularibus unguibus bisseria-
him armalis.
Corps cylindrique, plus ou moins allongé selon les sexes, acuminé en arrière, tronqué
en avant, formant à la partie médiane supérieure un angle peu saillant, portant sur la
partie postérieure deux nageoires triangulaires à angle postérieur très allongé et réunies sur
le dos, de manière à dessiner une flêche très aiguë qui occupe les deux tiers de la lon-
. gueur totale du corps.
Tête munie d’yeux assez gros, à globes un peu saillants; l’ouverture de la membrane
transparente, qui les couvre, fournie, d’un sinus médian supérieur; cette tête est couronnée
de dix bras, dont huit sessiles et deux tentaculaires rétractiles.
Bras sessiles subulés, presque égaux, longs environ trois cinquièmes du corps: la 1."
paire, la plus courte ; là 3.°, un peu plus Jongue que la troisième; et la 2.°, la plus longue
de toutes. La 1.'° paire est presque quadrangulaire ; sa face interne est la plus étroite,
tandis que l’externe est la plus large. La 2.° paire est très comprimée latéralement, convexe
sur la partie latérale supérieure, plate sur la partie latérale inférieure, et fortement carénée
par une légère crête natatoire. La 3° paire est très comprimée, plate sur la partie latérale
supérieure, convexe sur la partie latérale inférieure, et très largement carénée surtout vers
le centre de sa longueur (fournie d'une large crête natatoire). La 4° paire est presque
quadrangulaire, ses faces internes et inférieures sont étroites : les supérieures et externes, très
larges : celle-ci porte à son angle latéro-supérieur une légère crête natatoire. Tous ces bras
sont armés de deux rangées très rapprochées de petites cupules pédonculées, à ouverture
oblique, très large et munie d’un cercle corné, non denté : elles sont implantées sur un
petit tubercule et attachées par un court pédoncule filiforme: ces cupules ne commencent
qu'à une certaine distance de la base des bras, et se suivent en diminuant très régulière-
ment jusqu’à leur extrémité, où elles sont excessivement petites: on en compte 60 par
rangées. Les bras tentaculaires, cylindriques et rétractiles, sont gros et deux fois plus longs
que les sessiles, développés à leur extrémité en massue lancéolée, garnie d’une membrane
latérale et d’une crête natatoire dorso-latérale, qui n’oceupe que la moitié terminale de la
massue. Cette massue est armée de douze griffes sur chacune de ses deux rangées. Ces
griffes sont aiguës, articulées sur leur base, mobiles en tout sens, et enveloppées d’une
4
membrane élastique, ouverte sur son sommet, de manière à n’en laisser apercevoir que
DÉCAPODES 79
l'extrémité ou le crochet. La rangée externe est composée de griffes plus grosses, qui vont
en augmentant jusques vers le centre et diminuent ensuite jusqu’à l'extrémité ; la rangée
externe est composée de griffes plus petites presque toutes égales en grosseur: aux deux
extrémités des rangées de griffes, on remarque une petite plaque ronde , pavée de très pe-
tites cupules sessiles, que M. D'Orbigny appelle palmaires.
Membrane buccale conique, festonnée sur son ouverture et attachée aux bras par huit brides.
Tube locomoteur, enchassé dans un enfoncement de la tête et fixé à celle-ci par deux
fortes brides. :
Lame cornée linéaire, spatulée, terminée a sa base par un godet conique long et très
aigu : elle occupe toute la longueur du corps.
Les femelles se distinguent au premier abord par leurs corps beaucoup plus long, fine-
ment subulé et à nageoires plus aiguës.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . 5 ; 5 ; : ‘ 0,450
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : ; : : 1 ; 0,300
Longueur du corps . ; ù Sp , 0,174
(io
Largeur de la nageoire ; ; : : 2e es : à ; 0,093
Largeur du corps : : , : ; : : : : ; ; ; 0,031
Largeur de la tête . nt ds à 4 , 1. 0.094
4. paire . ; : 3 : : ; ; : 0,093
Le bia Rs, : : ; - 0,112
5 Ve ; ; 0,105
| : FE ; ; : ; : k - 0,097
Longueur des bras tentaculaires . È 1 x : è : : 0,245
Couleur. Au sortir de l’eau, ce mollusque est d'une teinte perlée générale, légèrement
transparente, nuagée de rouge-laque, de minium et de bleuàâtre: l'extrémité du corps est
constamment d’un vineux très foncé, teinte qui se répand plus tard sur tout le corps en
perdant de son intensité. Les globes des yeux sont sur leur partie supérieure marqués d’une
teinte bleue, la membrane buccale est d’une teinte légèrement jaunâtre; dans l’état de vie,
l'iris est chatoyant. Tout le corps est couvert de points chromophores très fins et d’une
teinte neutre: des points plus gros de la même couleur, mais plus clairs, se font remar-
quer sur toute la partie supérieure ; ils passent au laque très vif sur la partie médiane du
sac; on en voit d’un rouge-minium très brillant sur la nageoire, quelques-uns même sur
le corps et le long de la partie dorsale des bras tentaculaires. Dès qu’il a perdu sa vita-
lité, il devient d’une teinte générale livide , et se colore d’un rouge-vineux général; tous
les points chromophores ont disparu, sauf les petits à teinte neutre. Plongé dans l'alcool,
il passe au rougeâtre vineux général.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue facilement de la suivante par sa nageoire aiguë, sa grande
taille et la forme plus sllongée de son corps; par la plus grande longueur proportionnelle
80 CÉPHALOPODES
de ses bras tentaculaires et particulièrement par sa double rangée de griffes sur la massue :
tandisque dans le Xrohnit il n’y a qu’une rangée de griffes, accompagnée de deux rangée
parallèles de cupules.
Habitation et mœurs. .
On trouve ce mollusque sur le marché de Nice depuis Je mois de fevrier jusqu’au mois
de mai, On le prend dans les filets, que l’on tend de nuit assez près de la côte pour
la pêche du Sparus boops, ce qui fait croire que ce céphalopode suit les bandes de ce
poisson, dont il paraît se nourrir. Depuis treize ans que je visite régulièrement le marché
de Gènes, où le Sparus boops est abondant, je n’ai jamais apercu l’Onychoteuthe, et
d’après les renseignemens que j'ai pu obtenir des pêcheurs, il serait constaté qu’on ne l’a
jamais vu dans le golfe de Gènes. M. Rang, observateur très attentif, ne l’a jamais ren-
contré dans ses recherches. MS Ruppell et Krohn ne l'ont pas rapporté de Messine; M.
Cantraine et Philippi ne le citent pas dans leur ouvrage; et nous ne le voyons point fi-
gurer dans la riche monografie des mollusque du golfe de Naples de M. le Pr. Delle Chiaje.
M. le Prof. Carus, dans son savant mémoire sur les céphalopodes de la Méditerranée ( ta-
bleau des genres ) parle de l’Onychoteuthe; mais il n’en donne ni la description, ni la figure ;
ce qui nous fait supposer qu’il ne l’a pas eu. M. le Baron Pyrajno di Mandralisca, con-
chyliologiste Sicilien très distingué, m’apprend dans une note: sur les céphalopodes, qu'il a
observés à Céphalu sa patrie, que l’Onychoteuthe y porte le nom de Totanu francunceddu,
à causes de ses griffes, qui sont égales à celles des faucons appelés francunceddu : à Nice
il porte le nom générique de Taute sperlevat, quon distingue des Calmars fleches par
les griffes: sa chair est méprisée et parait aigre et malsaine comme celle des espèces,
dont il a le facies.
Histoire.
Le 16 avril 1835, je vis pour la première fois ce céphalopode sur le marché de Nice.
Je m’empressai d’en faire part à M. le Baron De Férussac, qui me répondit : « Je m'atten-
» dais tous les jours à la trouvaille du Calmar à crochets, que Bellon avait cité et que
» personne après lui n’avait revu ». M. De Férussac publia peu après (Genr. Onychoteuthe
PI. 8) le dessin, que je lui avais envoyé. Il parait que cette espèce, éminemment voyageuse,
n’a été encore rencontrée que dans la Méditerranée ; et je n’ai aucune donnée qu’elle ait
été observée ailleurs.
N. 2. O. DE KROHN. O. KROHNII. Veranv. PI. 29. fig. d-e.
Verany , Atti del congresso di Genvva. Pag. 514.
O. corpore cylindrico, sub-fusiformi, apice acuminato, alis cordato-rhomboideis,
mediam longitudinem sacci aequantibus : brachiis tentacularibus unguibus uniseriatim ,
armalis.
Corps cylindrique, conico-fusiforme, acuminé postérieurement, tronqué en avant, for-
mant à la partie médiane supérieure un angle assez saillant, et à la partie inférieure une
DÉCAPODES 81
échancrure convexe médiane; portant sur sa partie postérieure deux nageoires triangulaires,
réunies sur le dos, de manière à figurer une nageoire rhomboïdale légèrement cordiforme ,
plus large que haute, et occupant la moitié du corps.
Tête arrondie, munie de deux yeux à globes peu saillants; paroi antérieure de la capsule
oculaire, couverte d’une membrane transparente largement percée et découpée supérieure-
ment en sinus: elle est couronnée de dix bras, dont deux tentaculaires courts et rétractiles.
Bras sessiles inégaux : la 1." paire est la plus mince et la plus courte; la 2.° est plus
forte et plus longue ; la 5.° et la 4.° sont plus longues que la précédente, offrant un quart
de plus en longueur que les premières; ces bras sont tous comprimés latéralement. La 2.°
et la 4.° paires sont munies d’une légère crête natatoire; la 3.° en porte une beaucoup plus
forte. Tous ces bras sont armés de deux rangées assez rapprochées de cupules arrondies,
placées sur un court pédoncule : elles sont au nombre d'environ 50 par rangée. Les bras
tentaculaires, un peu plus longs que ceux de la 4.° paire, et presque le double de la 1°,
se développent en massue assez grosse vers leur extrémité; cette massue porte une rangée
médiane de griffes au nombre de 7 à 8, et deux rangées latérales de très petites cupules
sessiles : elle est fournie d’une crête natatoire dorsale,
Lèvre intérieure, qui entoure la bouche, très élevée; membrane buccale, peu relevée et
rattachée aux bras par 8 brides.
Tube locomoteur, petit et garni d’une valvule.
Lame cornée, linéaire, lancéolée, terminée par un godet conique.
Proportions.
- Le plus grand individu, que j'ai eu de cette espèce, ne dépasse pas les 0,040.
Couleur. D’après M. Krohn, ce mollusque est pendant sa vie d’un blanc bleuâtre, légè-
rement transparent, couvert de points chromophores rouge-laque, assez gros, mais plus foncés
sur la ligne médiane dorsale, qui elle même est rougeâtre par la présence de points chro-
mophores de cette couleur très fins. Les points sont plus pâles sur la face inférieure, di-
minuent de grosseur, et disparaissent sur les bords latéraux de la nageoire; ils manquent
entièrement sur l’extrémité du corps, sur la face inférieure de la nageoire et sur l’entonnoir.
Conservé dans l’alcool, on y distingue encore la ligne médiane dorsale rougeûtre ; et les gros
points chromophores, d’une teinte rose très claire, sont encore visibles.
Rapports et différences.
La taille, le peu de longueur des bras tentaculaires, et la double rangée de cupules, qui
longent la série de griffes des bras tentaculaires, font au premier abord reconnaitre cette
nouvelle espèce.
Habitation et mœurs.
Ce céphalopode se rencontre dans le golfe de Messine, où il a été recueilli par M. le
Doct. Krohn, qui m’a cédé généreusement toutes les nouveautés, qu’il possédait, désirant
que j'en enrichisse ma monographie.
11
82 CÉPHALOPODES
Histoire.
Je mentionnai cette nouvelle espèce à la séance du 26 sept. 1846 du congrès de Gènes,
et je distribuai une planche, où ce céphalopode était figuré: cette communication a été
insérée dans les actes de ce congrès, pag. 514.
B. SOUS GENRE. ENOPLOTEUTHE. ENOPLOTEUTHIS.
N. 5. O. (ENOPLOT.) PERLÉ. 0. (ENOPL.) MARGARITIFERA. Rurreus. PL. 50. fig. a.
Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Giornale di Messina fig. 1.
Corpore conico acuminato, alla rhomboideo-depressa, ad apicem incavata et ab ex-
tremitate corporis superata : dimidiam sacci longitudinem non aequanti; capite magno :
brachiis tentacularibus acetabulorum duplici serie et unguium unica serie armatis.
Corps cylindrique, conico-allongé, acuminé, tronqué en avant, formant à la partie supé-
rieure médiane un angle peu saillant, et à la partie inférieure un sinus concave rentrant;
portant sur la partie postérieure deux nageoires réunies sur le dos, de manière à donner
la configuration d’un rhomboïde déprimé, à angles latéraux aigus, à extrémité légèrement
échancrée, et dépassée par l'extrémité aiguë du corps: cette nageoire occupe un peu moins
de la moitié du corps.
Tête arrondie, plus grosse que le corps (dans l’alcool), munie de deux yeux, dont les
orbites sont très proéminents : ouverture de la membrane transparente, qui couvre les yeux,
petite, transversale, avec trace de sinus supérieur : couronnée de huit bras sessiles égaux
et de deux tentaculaires assez longs.
Bras sessiles coniques et terminés en pointe filiforme: la 1." paire, un peu comprimée
latéralement: la 2.°, presque triangulaire, est munie d’une petite crête natatoire sur le tiers
terminal: la 5°, fournie d’une large crête natatoire, qui commence à la moitié des bras
et va jusqu'à leur éxtrémité: la 4.° paire, conico-quadrangulaire, à face interne plus
étroite. Tous ces bras sont armés d’une double rangée de tubereules charnus, enveloppant
une griffe: on en compte 15 à 16 par rangée sur les bras de la 1e, de la 2.° et de la 3.
paires, et 25 sur ceux de la 4. paire. Les crochets sont alternants et très rapprochés sur
les deux tiers inférieurs, puis toujours plus clair-semés à mesure qu’ils tendent vers l’ex-
trémité des bras, où ils deviennent invisibles. Bras tentaculaires minces, un peu coniques,
comprimés à leur base, puis arrondis, aussi longs que le corps, et terminés par une massue
lancéolée, armée d’une double rangée de très petites cupules sessiles, dont les plus grosses
sont celles de la base, et d’une rangée latérale de quatre griffes.
Membrane buccale très développée: elle parait (dans l'alcool), former une espèce d’om-
brelle interne, fixée par ses angles à la base des bras de la 1°, de la 2. et de la 3.°
paires, et attachée par une bride externe aux bras de la 4.° paire.
Lame cornée, d’après M. Ruppell : le haut de la lame cartilagineuse dorsale est retourné
un peu en dessus et saillit au-delà du bord de la nageoire.
DÉCAPODES 85
Proportions.
La longueur totale de ce céphalopode, non compris les bras tentaculaires, ne dépasse
jamais d’après, M. Ruppell, deux pouces et trois quarts.
Couleur. Dans l’état de vie, ce mollusque est d’une couleur de chair un peu décolorée ;
il porte un demi-cercle de taches perlées, bordées de noir, sur la face inférieure des globes
des yeux. Au moment de perdre sa vitalité, les points chromophores répandent sur toute la
surface du corps un réseau de taches rouges ; tandis que les taches brillantes perlées qui
contournent les yeux disparaissent.
Dans l'alcool, le corps est très conique ; la tête beaucoup plus grosse que le corps; les
globes des yeux, très gros, et les taches métalliques sont remplacées par des verrues blan-
châtres : la teinte générale est alors rose jaunâtre: le bleuâtre se voit encore sur les globes
des yeux; et tonte la partie dorsale conserve des grands points chromophores rouge-laque ,
qui manquent sur toute la partie inférieure, et sur les nageoires.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue au premier abord de l’£. Veranyi et Owenii, par l'extrémité du
corps, qui dépasse les nageoires, et par les bras sessiles, qui portent à leur extrémité deux
séries de cupules d’un même côté et une rangée latérale de griffes.
Habitation et mœurs.
Pendant le mois de fèvrier de l’année 1844, M. Ruppell a rencontré assez fréquemment
ce céphalopode dans le golfe de Messine; M. le Doct. Krohn ne l’a point trouvé pendant
les deux séjours qu’il y a fait: ce qui nous laisse supposer que l'espèce est voyageuse et
accidentelle. M. Ruppell m’ayant cédé un des exemplaires, qu’il possédait, c’est avec cet
aide que j'en ai fait la description.
Histoire.
Ce céphalopode, que M. Ruppell nous a fait connaitre en 1844 dans sa lettre à M. le
Prof. Cocco, n’a point encore été rencontré ailleurs et n’a été mentionné par aucun autre
naturaliste.
N. 4. O. (ENOPL.) DE VERANY. O0. (ENOPL.) VERANYI. Rurreus. PI. 50. fig. b.
Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Loc. cirat.
Corpore conico, alla rhomboideo-sagittata depressa, ultra dimidiam corporis lon-
giiudinem producta: brachiis unguium duplici serie, et ad extremitatem acetabulorum
armatis ; tentaculis acetabulatis, unguibus tribus armatis.
Corps conique, tronqué en avant, formant à la partie médiane supérieure un angle un
peu saillant; portant deux nageoires presque triangulaires réunies sur le dos, de manière
84: CÉPHALOPODES
à donner une forme rhomboïdale plus large que longue, son extrémité étant un peu obtuse;
cette nageoire occupe un peu plus de la moitié du corps et se prolonge jusqu'à son ex-
trémité. |
Tête plus petite que le corps, munie de deux yeux petits et à orbites peu saillants;
couronnée de huit bras sessiles égaux, armés sur les deux tiers de leur longueur d’une
double rangée de 12 à 15 griffes chacune, et sur le tiers terminal d’une vingtaine de
très petites cupules; ainsi que de deux bras tentaculaires aussi longs que le corps, déve-
loppés en massue lancéolée vers leur extrémité, laquelle est armée de trois griffes et de
cupules : ces dernières sont plus grosses vers le bord et décroissent sensiblement du centre
aux extrémités.
Ce céphalopode est le seul de tous ceux qui figurent dans cet ouvrage, que je n'’aie
pas vu. La description laisse encore beaucoup à désirer. Je joins ici le texte des observa-
tions de M. Ruppell sur ce mollusque: ce texte et le dessin, qu’il a publié, ont seuls servi
à la compilation de cet article. |
E, Veranyi, Rupp. « Il se distingue du précédent par la plus grande dimension de la na-
» geoire, le diamètre vertical de laquelle est plus grand de la moitié de la longueur du
» sac. Elle s'étend en outre jusqu’à l'extrémité de la lame cartilagineuse dorsale. La pro-
» portion de la longueur des tentacules est comme dans l'espèce précédente. Les ventouses
» des deux tentacules allongés sont beaucoup plus grandes, ainsi que leurs crochets, qui
» ne sont qu’au nombre de trois. Les autres huit tentacules de la bouche sont, les deux
» tiers de leur longueur, armés d’une double série de crochets, au nombre de douze à
» quinze paires par tentacule, et vers leur extrémité il y a une vingtaine de petites
» ventouses.
» Les chromophores font paraître sur la surface de l’animal moribond beaucoup de points
» bleus sur un fond de couleur de chair fortement prononcée. Pendant la vie, l'animal est
» diaphane et on ne découvre sur la région orbitale aucune petite tache.
» La longueur totale, depuis l'extrémité des tentacules de la bouche jusqu’à l’opposée de
» la lame cornée dorsale est de trois pouces, dont la moitié appartient au sac viscéral.
» Gette espèce est assez rare dans la mer de Messine, et je n’en ai trouvé jusqu’à prè-
» sent que trois individus ».
N. 5. O0. (ENOPL.) D'OWEN. O0. (ENOPL.) OWENII. Verany. PI. 30. fig. ç. d.
Verany, Actes du congrès scientif. de Naples. Pag. 794.
Guide de Gênes, vol. 1. pag. 109 tab. IV. fig. 2-3.
Corpore conico acuminato, alla rhomboideo-sagittata, ter quintam sacci longitu-
dinem occupant.
Corps cylindrique, conico-subulé, tronqué en avant, formant à la partie dorso-médiane
un angle saillant, et à la partie inférieure une légère échancrure concave, portant deux
nageoires triangulaires réunies sur le dos, de manière à préciser une flèche rhomhoïdale à
extrémité aiguë, plus large que haute; cette nageoire réunie, dont les angles latéraux
DÉCAPODES 85
sont arrondis, occupe trois cinquièmes de la longueur du corps, et se prolonge jusque
sur son extrémité.
Tête médiocre, munie d’yeux assez gros, à globes peu saillants: la membrane trans-
parente, qui en couvre la paroi extérieure, est largement percée d’une ouverture très
légèrement cordiforme, dont l’angle est supérieur.
Bras sessiles conico-subulés, presque aussi longs que le corps et presqu’égaux entre
eux ; la 5.° paire est munie d’une légère crête natatoire. Ces bras sont tous armés d’une
double rangée de griffes alternantes, qui en occupent les deux quarts médians: le quart
de la base est nu, et le quart terminal est couvert de cupules. Les griffes sont enveloppées
d’une membrane tuberculeuse ; elles sont au nombre de 15 à 17 par bras et vont en dé-
croissant depuis la première. Les cupules décroissent et alternent de la même manière ;
elles ont leur ouverture oblique, large et bordée d’un cercle corné, non denté: elles sont
placées sur un long pédoncule filiforme. Les bras tentaculaires sont minces, ronds et deux
fois plus longs que les sessiles ; ils sont un peu coniques et terminés par une massue en
fer de lance comprimée, qui est armée de trois griffes beaucoup plus grosses que celles
des bras sessiles ; à côté de ces griffes on voit des cupules pédonculées assez grosses. Cette
massue porte aux deux extrémités des cupules très petites et très nombreuses, elle est en
outre garnie d’une crête natatoire dorsale, qui n’en occupe que la moitié terminale.
Lame dorsale, cornée, ovale-lancéolée, atténuée ou pédonculée antérieurement , et terminée
inférieurement par un petit capuchon ou large godet conique, peu profond.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; : : : 0,115
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . - ; : ; : 0,080
Longueur du corps en dessus . : : : , : : 0,038
Longueur du corps en dessous . : ‘ : = - : : : : 0,033
Largeur du corps - - ; ‘ - : : : : : - : 0,018
Largeur de la tête . : : : : ; . : : : : : 0,014
Largeur des nageoires . ‘ - - : : ; : : ; ; j 0,038
Longueur des nageoires - ; . : 0,034
1. paire . : : : : à : : ; 0,029
:. : . : ; : - 0,031
eh re | ou
4. ; ; 0,035
Longueur des bras tentaculaires . : : , : ; : : à S 0,070
Couleur. Ce céphalopode est d’un rose clair ; la ligne médiane dorsale, rouge-lic de vin;
les globes des yeux, bleus. Il est généralement couvert de points chromophores rouge-rouille
très vif sur le corps, sur la tête, le long des bras, et sur la membrane buccaie ; ils sont
fins et clairs sur les parties inférieures : ces mêmes points abondent sur la face dorsale des
bras tentaculaires, sur le tube locomoteur, et manquent sur les nageoires.
Conservé dans l'alcool, il devient d’un rose-jaunâtre ; la ligne médiane dorsale est d’un
rouge-bleuâtre très vif; les points chromophores, quoique décolorés, sont encore très
visibles.
86 CÉPHALOPODES
Rapports et différences.
Cette espèce est très rapprochée de l’£. Veranyi, de M. Ruppell. Peut-être cette dernière
étant minutieusement étudiée et décrite, nous la trouverons identique à celle dont nous
nous occupons: à en juger par le dessin et la description, l'Owenit ne diffère du Veranyi
que par les bras plus longs et plus grêles, par le plus petit nombre de cupules, par la
forme de l'extrémité de la nageoire, qui est assez aiguë, et finalement par le grand nombre
de cupules, qui couvrent la massue des bras tentaculaires.
Habitation et mœurs.
Les deux seuls individus, que je posséde de cette espèce, ont été recueillis par mon frère
sur le marché de Nice, au milieu des jeunes poissons, qu’on prend à la traîne sur les
fonds de galets : l’une fut trouvée en novemb.. 1845 , l’autre en octobr. 1849.
Histoire.
Je citai ce nouveau céphalopode dans la séance du 3 octobr. du congrès de Naples. Jen
publiai la description et la figure dans le guide de Gènes, pag. 109. PI. 4. fig. 2-3. Je
montrai je premier individu à M. Ruppell, qui n’y reconnut point son Æ. Veranyi; mais il
est vrai de dire qu’un jugement valable ne peut se prononcer que les deux espèces diffé-
rentes sous les yeux. Le second individu, que j’ai eu en parfait état de conservation, m’a
permis de rectifier ma première description et quelques détails ‘de la figure.
€. SOUS GENRE. VERANIE. VERANIA. Kaoun.
N. 6. O. (VERAN.) SICILIENNE. O0. (VERAN.) SICULA. Kronn. PI. 98.
Octopodoteuthis Sicula. Krohn, Arch. de Zool. de Wiegm. 1845 pag. 47. Rev. Zool. Avril 1846.
Octopoteuthis Sicula. Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Loco cit. 1844.
Corpore cylindrico, conico, apice rotundato, ala rhomboideo-cordiformi ; quatuor
quintam sacci longitudinem occupanti: brachiis inaequalibus, tentaculis acetabulatis
brevissimis.
Corps cylindrique, ovale-allongé, légèrement déprimé, tronqué en avant; décrivant à la
partie médiane supérieure un angle très peu saillant, dont l’extrémité postérieure est ar-
rondie ; portant une nagcoire rhomboïdale cordiforme, qui en occupe les quatre cinquièmes.
Appareil constricteur formé d’abord par une crête oblongue, un peu relevée inférieurement
en tubercule comprimé, placée sur la partie interne du corps, puis d’une fossete conique,
plus large inférieurement, et entourée d’un large bourrelet sur la base du tube locomoteur.
Tête aussi large que le corps, yeux petits; dans l’état de vie, globes très saillants et
d’après M. Krohn, très latéro-antérieurs ; le bord inférieur du globe oculaire est très saillant
et comme tuberculiforme.
DÉCAPODES 87
Bras sessiles inégaux ; les latéraux beaucoup plus forts, et plus longs que les supérieurs
et les inférieurs. Ceux de la 1." paire sont arrondis, coniques, longs des deux tiers du
corps et fournis d’une légère crête natatoire. Ceux de la 2. sont beaucoup plus gros que
les précédents, larges comme le corps, comprimés et munis d’une crête natatoire bien dé-
veloppée. Ceux dela 3.° sont de la même grosseur et de la même longueur que ceux de
la 2, mais munis d’une crête natatoire très large. Ceux de la 4.° sont semblables à ceux
de la 1. en grosseur et en longueur, mais arrondis et sans crête natatoire apparente. Tous
ces bras sont armés d’une double rangée de crochets ou de griffes articulées, tournantes
sur elles mêmes, enveloppées d’une membrane conique très élastique ou d’une gaine char-
nue, dont l'extrémité est légèrement fendue, de manière à ne laisser sortir que le bout du
crochet. Bras tentaculaires filiformes, non rétractiles, plus courts que le bras de la 1." et
2 paires, et terminés par une petite massue en fer de lance, armée de six à sept cupules.
. Membrane ombellifère nulle.
Bouche entourée de deux lèvres charnues, dont l’interne assez forte et ciliée, ainsi que
d’une petite membrane buccale, qui (dans l’alcool) ne dépasse pas la lèvre, et se trouve
rattachée aux bras par huit brides.
Tube locomoteur sans valvule et soutenu par deux brides.
Lame cornée, occupant toute la longueur du corps, ovale, lancéolée, attenuée en avant,
parfaitement identique à celle du Calmar ordinaire.
Proportions.
Leur taille varie de trois à cinq décimètres.
Couleur. Vivant, ce céphalopode est d’un blanc-hyalin; l’extrémité des bras sessiles, d’un
rouge-lie de vin très vif, par l’agglomération des points chromophores ; tout le corps est
couvert de points chromophores très fins, obscurs, quand ils sont contractés, et roussâtres,
quand, aux approches de la mort, ils se dilatent.
Conservé dans l’alcoo!, il est d’un blanc-rosé jaunâtre, un peu transparent: on y remarque
encore, sur le dos et le long des bras, les points chromophores, quoiqne très décolorés.
Rapports et différences.
La forme ovale de son corps presque entièrement occupé par la nageoire, la proportion
des bras entre eux, les latéraux étant de beaucoup plus développés que les supérieurs et
les inférieurs ; la petitesse des bras tentaculaires jointe au caractère des cupules, qu’ils
portent, quand les sessiles sont armés de grifles ; enfin la forme trapue de ce céphalopode
le font distinguer au premier abord de tous ces congénères.
Habitation et mœurs..
Ce céphalopode ne parait point rare dans le golfe de Messine, où il a été recueilli pour
la première fois par M. Krohn et presque à la même époque par M. Ruppell. Les courants
de la haute mer l'y entrainent probablement. La petitesse et la transparence semblent l’avoir
soustrait jusqu'alors aux observations des naturalistes.
88 CÉPHALOPODES
Histoire.
M. le Doct. Krohn, si connu par ses travaux anatomiques, est le premier naturaliste, qui,
en 184%, pendant son séjour à Messine, observa ce céphalopode, que M. Ruppel eut à peu
près à la même époque et dans la même ville. M. Ruppell cependant en donna le premier
une Courte notice dans sa lettre à M. le Prof. Cocco, tout en déclarant que la découverte
en appartenait à M. Krohn, et il le nomma, ainsi qu’ils en étaient convenus, Octopoteuthis
Sicula. À son retour de Sicile, M. Krohn passa par Gènes, et me montra ce mollusque in-
téressant ; je lui en fis le dessin, et je reconnus dans cette espèce nouvelle un vrai déca-
pode, qui par le manque des bras tentaculaires, devait servir de point de transition entre les
Octopodes et les Décapodes, si le caractère venait à être définitivement constaté, ainsi que
je l'avais déjà énoncé dans le mémoire sur le Loligopsis Bomplandii de l'Océan, présenté à
l’Ac. Roy. des Sc. de Turin. De retour chez lui, M. Krohn publia, dans les Archives de Zoo-
logie de M. Wiegmann, la description et la figure de ce céphalopode, qu'il nomma Octopo-
doteuthis Sicula ; il l'accompagna de quelques observations sur la place, qu’il devait occuper
dans la série, observations basées sur les connaissances actuelles de la science. Un extrait
de cette publication fut insérée dans la Revue Zoologique (avril 1846).
L'année suivante, M. Krohn, s'étant rendu de nouveau à Messine pour y terminer son
grand travail sur la propagation des Bifores, recueillit encore quelques exemplaires de ce
céphalopode. Le hazard lui en procura deux très petits et jeunes: sur l’un il observa les
traces des bras tentaculaires, qu’il trouva parfaits sur l’autre. Cette découverte importante ,
qui explique l’énigme du manque des bras tentaculaires sur plusieurs céphalopodes très
bien observés, nous prouve que ces bras sont caducs à un certain âge et ne laissent au-
cune trace de leur existence. M. Krohn, ayant constaté que ces bras portent des cupules
au lieu de griffes, établit d’en former un genre nouveau. À son retour de Messine, il me
communiqua sa découverte et me céda les deux individus-types de cette espèce avec l’auc-
torisation de corriger l’erreur inévitable, dans lequel il était tombé. Je m'y refusai formel-
lement: j’acceptai le don et priai M. Krohn de faire connaître lui-même sa découverture ;
ce qu'il fit d’abord par une petite phrase insérée dans la revue Zoologique, puis par une
publication accompagnée d’une figure rectifiée -et insérée dans les Archives de Zoologie de
Wiegman , continués par M. Erichson , en avril 1846, sous le nom de Verania Sicula.
NEUVIÈME GENRE.
CALMAR. LOLIGO. Lama.
Corps charnu, cylindrique, allongé ou fortement subulé; nageoires réunies sur le dos,
n’occupant au maximum que les cinq septièmes du corps, plus souvent beaucoup moins.
Appareil constricteur formé d’une fossette oblongue, entourée d’un bourrelet, placée sur la
base du tube locomoteur, et d’une crête linéaire saillante, sur le bord interne du corps
(appareil simple : Loligo de M. D’Orbigny) ou bien formé d’abord d’une fossette perpendi-
culaire, conique, communiquant par un étranglement avec une petite fossette horizontale ,
DÉCAPODES 39
entourée d’un bourrelet saillant, le tout dessinant un triangle assez relevé, placé sur la
base du tube locomoteur; et puis d’un tubercule se prolongeant dans sa partie supérieure
en crête décroissante, ayant la forme d’un nez; et enfin d’une petite crête horizontale in-
férieure sise sur le bord interne du corps. (Appareil compliqué : Ommastrephes de M.
D’Orbigny ).
Yeux couverts par les téguments de la peau, à petite ouverture (Loligo): ou à grande
ouverture (Ommastrephes).
Membrane ombellifère nulle, sauf entre les bras de la 5.° et de la 4. paires ; où elle est
bien prononcée, et se prolonge le long de ces derniers.
Bouche entourée de deux lèvres charnues, dont l’intérieure grosse et ciliée, et d’une
membrane buccale octogone, conique, couronnée de lobes plus ou moins aigus, garnis
quelquefois en dedans d’une double rangée de cupuies, et attachée aux bras par huit
brides.
Lame dorsale cornée, flexible, en plume ovale, plus ou moins lancéolée, ou linéaire, plus
ou moins spatulée, terminée souvent en godet.
Les vrais Calmars de M. Lamark, ont été subdivisés en Calmars plumes, et en C. flêches
par M. De Blainville. M. D’Orbigny les a ensuite subdivisés d’une manière plus tranchante,
renvoyant les uns à sa division des Oigopsidés, aux yeux largement ouverts en dehors en
contact immédiat avec l’eau, les autres à celle des Myopsidés, aux yeux recouverts en
dessus par une continuité des tégumens sans contact immédiat avec l’eau. Dans la première
division, il comprend la famille des ZLoligopsidae et celle des Teuthidae, dont le caractère
est la présence d’un sinus lacrimal ete. Il crée dans cette famille le genre Ommastrephes
pour les Calmars flêches de M. De Blainville et leur assigne pour caractère un appareil de
résistance très compliqué, des membranes protectrices des cupules, un osselet en flèche
corné, pourvu d’un godet inférieur. Dans la seconde division, il comprend la famille Sepidae
et Loligidae, qu’il caractèrise par le manque de paupière ; et le genre Loligo a pour ca-
ractère générique un appareil de résistance simple et un osselet en plume cartilagineuse et
sans godet. Je regrette vivement que le travail de M. D’Orbigny n’ait point été achevé et
que cette classification n’ait point eu un entier développement. Embarrassé par mon Calmar
Bianconi, qui a tout le facies et le godet de la lame cornée del Calmars flêches, ainsi
que les yeux, l’appareil de résistance, et la lame cornée des C. plumes, j'ai cru faire au
mieux d'attendre de nouveaux éclaircissemens, avant de l’adopter.
À. Appareil constricteur simple ; yeux couverts par les tégquments de la peau.
N. 1. C. COMMUN. L. VULGARIS. Lamark. PI. 54.
Lamark , Carus, Blainville, Payraudeau, Risso , Delle Chiaje, Cantraine, Phihppi,
Féruss. et D'Orbigny. Oper. cilat.
Sepia loligo. Linn., Gmel. 3130. N° 4.
Loligo magna. Rondelet, Bellon, Pennant. Oger. citat.
Corpore carneo, pellucido, cilindrico, apice attenuato et obtuso , alis subromboïdeis, bis
tertiam sacei longitudinem occupantibus: lamina dorsali ovali-lanceolata, antice attenuata.
12
90 G CÉPHALOPODES
Corps charnu, transparent, cylindrique, allongé, tronqué en avant, formant à la partie
médiane supérieure un angle saillant et sur la partie latérale inférieure deux petits angles
très proéminents, de sorte que le bord de l’ouverture est sinueux, et donne la configuration
de trois enfoncemens concaves, dont l’inférieur est le plus petit: acuminé postérieurement
et portant deux nageoires réunies supérieurement, dont la forme est un rhomboïde, qui
occupe plus des deux tiers du sac; appareil constricteur simple. |
Tête plus petite que le sac, arrondie, un peu comprimée; orbites des yeux peu saillants,
gros et aplatis: yeux couverts par les tégumens de la peau, qui sont transparents, et pro-
iégés en outre par une fausse paupière arrondie, produit d'un repli de l'iris.
Crête auriculaire (de M. D’Orbigny) sur la partie postéro-inférieure des globes des yeux,
très visible dans létat de vie, peu visible quelquefois après la mort: elle est couronnée de
huit bras sessiles inégaux et de deux tentaculaires rétractiles.
Bras de la 1.° paire, coniques et très comprimés latéralement; de la 2.° paire, presque
triangulaires ; de la 5.° paire, très comprimés et munis sur toute leur longueur d’une
membrane natatoire dorsale ; de la 4. paire enfin, carénés à la partie latérale inférieure,
quasi quadrangulaires, la face interne étant la plus étroite. La 1." paire est la plus courte,
la 4° plus longue d’un cinquième ; la 2.° dépassant la 4°; et la 3.°, un peu plus longue que
la 2°, égale en longueur la moitié du corps. Ces bras sont tous armés d’une double rangée,
très raprochée, de cupules globuleuses alternantes, décroissantes dès la base, et se conti-
nuant jusqu à l'extrémité, au nombre de 70 par rangées : ces cupules sont portées par un
court pédicule conique, ont l’ouverture oblique, large et munie d’un cerele corné, fine-
ment denté en scie, sur environ la moitié de sa circonférence. Bras tentaculaires une fois
et demi longs comme le corps, cylindriques et développés en grosse massue lancéo-
lée, garnie de quatre rangées de cupules pédonculées très inégales: les rangées internes
sont composées de 6 à 7 cupules très grosses sur le centre et décroissantes vers les deux
extrémités : leur ouverture est horizontale et pourvue d’un cercle corné, dont la moitié
supérieure est armée de très petites dents coniques et espacées, et la moitié inférieure est
édentée, quoique quelquefois armée au centre inférieur de trois à quatre dents, égales aux
autres. Les petites cupules des rangées latérales alternent avec les grosses , et couvrent
l'extrémité de la smassue; elles sont fournies aussi de cercle corné denté.
Membrane buccale, garnie, sur la paroi interne des lobes couronnant son ouverture
d’une double rangée de très petites cupules alternantes.
Tube locomoteur, en partie enchässé dans la tête, et soutenu par Les fortes brides.
Lame dorsale cornée, ovale, plus ou moins lancéolée selon les sexes, à extrémité lé-
sérement aiguë, pédonculée ou atténuée antérieurement,
Les femelles ont toujours le corps plus allongé.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; : mâle 0,340 femelle 0,350
Longueur totale non compris les bras tentaculaires = : : 0,022 : 0,230
Longueur du corps . : : : : : : : : 0,137 : 0,140
Diamètre du corps : ; : à : : : ; 0,034 : 0,033
Largeur de la tête . : : : i é 0,029 ; 0,028
DÉCAPODES 91
Largeur de la nageoire " ; 4 : 3 0,090 0,089
Hauteur de la nageoire é ’ , , . k * : 0,100 , 0,102
1. paire . : : : ET 0,050 ; 0,050
ne bn ne , : : ; ; 0,065 | 0,065
| | ON 00
es 000: . “UOUU
Longueur des bras tentaculaires . ; : 0,190 0,190
Couleur. Vivant et dans un état de parfaite tranquillité, tont le corps de ce céphalopode
est d’un blanc-hyalin transparent, fortement irisé, sur lequel se détachent brillamment l’ar-
gent bruni des yeux, ainsi que quelques reflets argentés le long des bras et à travers le
corps, où l’on distingue tous les organes qu’il contient, et surtout l’argent mât, qui
couvre la vessie du noir. Une belle teinte bleue, passant au vert anglais irisé d’argent, et
quelquefois nuancé de jaune, colore la partie supérieure des globes des yeux; la pupille
est presque constamment couverte d’une fausse paupière bordée aussi d’argent. La partie
inférieure de la tête refléchit les couleurs de l’opale la plus brillante; mais au moindre
mouvement, ces réflexions adoptent les diverses teintes de jaune, d’orangé, de rouge, de
violet et de bleu. Dans cet état, les points chromophores sont tellement contractés qu’on
n’en aperçoit aucune trace: cependant au moindre mouvement qui linquiète, les points
chromophores apparaissent sur toute la surface du corps: ils sont au premier abord très
petits et d’une teinte rouge-violet très obscur ou teinte neutre; puis ils se dilatent, et
se colorent d’un rouge-laque carminée. Le jeu de ces points n’est jamais uniforme : dans
certains endroits, ils s’épanouissent complétement, quelquefois même ne se resserrent pas
et restent immobiles pendant assez longtemps ; dans d’autres, le jeu est continu et très pré-
cipité ; dans d’autres enfin, les points chromophores apparaissent sur la peau sans s'épanouir,
puis se retirent et disparaissent de nouveau; c’est alors une apparition et une disparition
de points à teinte neutre. Il arrive quelquefois que les points ne semblent point arriver
jusqu’à Ja surface de la peau ; et le jeu étant plus profond, ils sont d’une teinte plus pâle.
On remarque enfin que ce céphalopode se nuage en tout sens de laque-carminée très bril-
lante , qui se voile, selon la volonté de l'animal, de violet ou de jaune doré très brillant.
On voit souvent ces grandes taches, à fond rosé assez vif, couvertes de points ovales, d’une
teinte laque plus obscure, et de plus gros points clair-sémés et blanchâtres, portant sur
leur centre un point plus obscur; souvent aussi ces derniers manquent entièrement, et la
peau de ce céphalopode est d’une teinte rouge laque-vineux clair uniforme, parsemé de
points ovales rouge-vineux, les uns plus clairs, les autres plus obscurs. La partie inférieure
est. nuagée de taches produites par la réunion des points chromophores irréguliers, les uns,
très dilatés, rouge passant au Jaque-clair, d’autres, contractés, laque passant au violet. Elle
est généralement couverte de points chromophores épars, très fins, rose-laque et teinte
neutre. On observe encore sur cette partie, de grandes stigmates ou taches oblongues, for-
mées par la réunion de points chromophores rouge-rouille : les taches caractéristiques de
cette espèce , plus remarquables sur les grands individus , ne disparaissent que bien longtemps
après la mort. Les points chromophores ne se montrent jamais sur les côtés latéro-inférieurs
des bras inférieurs, sur la surface inférieure de la tête et de la nageoire; ceux qu’on re-
marque sur cette dernière partie, appartiennent à la surface opposée; et c’est par l'effet
92 CÉPHALOPODES
seul de la transparence de la membrane qu’on les aperçoit. Il arrive souvent que le corps
. A , x
de ce céphalopode est tout couvert de points chromophores, quand la tête n'en a aucun;
d’autres fois c’est le contraire.
Rapports et différences.
Ce céphalopode se distingue au premier abord de tous ces congénères de la Méditerranée
par sa nageoire, qui occupe plus des deux tiers de son corps; par la grosseur de la massue,
qui termine les bras tentaculaires, et la grande disproportion des cupules, qu’elles portent;
enfin par son coloris rouge-carminé très brillant. D’après les communications, que j'eus dans
le temps de feu M. le Baron De Férussac, il paraît que le Vulgaris de la Méditerranée,
n’est pas identique avec celui de l'Océan ; car ce dernier est toujours d’un rouge-brique ,
sa massue est plus petite et la disproportion des cupules , qu’elle porte, est bien moindre.
Habitation et mœurs.
Cette espèce très commune dans la Méditerranée et dans l'Océan, se rencontre sur les
parages de l'Italie dans toutes les saisons, mais plus abondamment en automne; époque
où a lieu son passage par grandes bandes. On en prend quelquefois de grandes quantités
dans les Mandragues, qu’on tend pour le retour des Thons ; on la pêche aussi avec le filet
appelé Mugeliera, mais seulement pendant la nuit. Les traines en retirent toute l'année
des fonds vaseux ou sablonneux, abbondamment cependant pendant les pleines lunes. Ces
céphalopodes sont généralement à la suite des petits poissons, dont ils se nourissent: on
en prend aussi au trident et très rarement à l’hamecçon. Ce céphalopode arrive au poids
de 10 kilogrammes: des pêcheurs de Nice m'ont assuré en avoir vu de plus gros : j’en ai
examiné un qui dépassait un mêtre, non compris les bras tentaculaires; et j’ai eu une lame
dorsale de 65 centimètres. Ordinairement ces grands individus échouent sur la plage, où
on les trouve morts. Sur le marché de Gènes on n’en a jamais vu pesant 3 kil.
Le Calmar commun est de tous les céphalopodes, sauf les petites espèces, le plus estimé;
quand il n'arrive pas à une très grande taille, il est plus tendre que la Sèche et a un
goût moins marqué. Il a l’honneur d’être servi sur les bonnes tables et ne figure jamais sur
celle du bas peuple. On le nomme Calamaru en Sicile; Calamari en Sardaigne; Totano
à Gènes; Calamaro en général en Italie; et Taute à Nice.
Histoire.
Le Calmar commun est un des céphalopodes connus par Aristote, qui l’appelait Teuthus
ou Teuthis. Rondelet, Bellon, Salviani, Aldrovande etc. le figurérent et le décrivirent sous
le nom de Loligo magna où major. Linné lui donna le nom de Sepia loligo. M. Lamark,
dans son mémoire à la Soc. d’hist. naturelle, le changea en celui de L,. vulgaris, qui fut
adopté par tous les naturalistes.
DÉCAPODES 93
Variété.
J'ai observé et dessiné une variété de cette espèce, assez remarquable; variété dont les
nageoires n’occupaient pas même les deux tiers du corps, et les bras tentaculaires dans
leur entier développement n'avaient que le double de la longueur des bras sessiles les plus
longs : leur massue était très grande et armée de cupules moins disproportionnées. Tout le
corps était d’un blanc-rosé transparent, couvert de points chromophores teinte neutre, ex-
cessivement fins, et quelques-uns dilatés, plus gros et plus obscurs; et nuagé de rose et
de jaunâtre par des points chromophores de ces mêmes couleurs et très fins: on ne di-
stinguait aucun reflet argenté sur le corps, excepté sur l'iris, qui était très brillant. Ce
céphalopode avait deux décimètres de longueur.
N. 2. C. BERTHELOT,. ZL. BERTHELOTII. Verany. PI. 56. fig. h-k.
Verany, Act. de l'Ac Roy. des se. de Turin. Loc. citat.
Corpore carneo, pellucido, cilindrico, ellongato, apice rotundato ; alis rhomboïdeo-
rotundatis, dimidiam sacci longitudinem occupantibus, lamina dorsali ovali-lanceolata
antice attenuata.
Corps charnu, transparent, cylindrique, allongé, tronqué en avant, formant sur la
partie médiane supérieure un angle arrondi peu saillant, et sur la partie médiane inférieure
une petite échancrure concave ; extrémité postérieure arrondie, portant deux nageoires réu-
nies, de manière à dessiner un rhomboïde régulier à angles arrondis, qui occupe la moitié
du corps.
Tête ronde, plus petite que le corps, munie de deux yeux médiocres, dont les orbites
sont peu saillants, et de crêtes auriculaires postéro-inférieures peu marquées; couronnée de
huit bras sessiles conico-comprimés et inégaux.
Bras de la 1." paire, la plus courte; 2.° et 4.°, égales entre elles, et un peu plus longues
que la 1.*; 3.° paire, la plus longue de toutes et le double de la 1.", La 2. et la 4.°
paires sont munies d’une légère crête natatoire; cette crête est plus développée sur la 3.°.
Tous ces bras sont pourvus d’une double rangée de très petites cupules globuleuses, por-
tées par un petit pédoncule pyramidal et percées obliquement d’une ouverture, dont le cercle
corné est très finement denté. Bras tentaculaires rétractiles, doublant en longueur les bras
de la 3° paire, et aussi longs que le corps, terminés par une massue lancéolée, chargée
de quatre rangées de cupules, dont les deux rangées médianes, composées de cupules très
grosses au centre et décroissantes aux deux côtés; et les deux rangées externes , très pe-
ttes et presque égales en grosseur : ces cupules sont placées sur un pédoncule pyramidal,
dont l’ouverture est horizontale, et sont armées d’un cercle corné finement denté: les
dents en sont coniques et espacées. La massue porte sur son extrémité dorsale une crête
patatoire bien développée. On ne voit aucune trace de cupules sur la membrane buccale:
les deux lobes inférieurs, qui la couronnent, sont très rapprochés.
Lame dorsale, cornée, ovale-lancéolée, à extrémité obtuse, et pédonculée antérieurement,
94. CÉPHALOPODES
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : : : 0,065
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . 0,052
Longueur du corps . $ ; : : : à ; : : : , 0,030
Diamètre du corps . : Fr 0,011
Largeur de la tête - - : ; : : - ; - : : à 0.009
Largeur de la nageoire ; à : ; : - ; ‘ : : . 0,017
Hauteur de la nageoire : : ; ; : : - = : à 0,014
4. paire . Ë : : : ; ; , : 0,011
OT. : : : 0,013
Longueur des bras — ; ; 0,017
tentaculaires . , ; : : É + - 0,030
Couleur. Vivant, ce céphalopode est d’un bianc-hyalin peu transparent. Les globes des yeux
portent sur la partie supérieure une belle tache bleue, irisée au centre par un reflet doré.
Il est entièrement couvert de gros points chromophores réguliers, rapprochés, d’une teinte
neutre, très obscurs sur la partie médiane supérieure du corps et de la tête, rouge-laque
sur les côtés du corps et le long des bras, jaune-clair sur la partie médiane inférieure du
corps. Ces gros points manquent sur l’entonnoir et la nageoire.
On remarque des points rouge-laque, très fins sur la nageoire, sur l’entonnoir, sur les
côtés du corps et le long des bras, surtout vers les extrémités de ceux-ci où ils sont très
rapprochés. D’autres points égaux, d’un jaune très vif, couvrent la partie médiane dorsale
du corps, de la tête et l’entonnoir. | |
Tous les individus de cette espèce, que j'ai eu vivants, ont offert les mêmes résultats à
mes observations ; et pendant tout le temps qu’à duré le jeu des points chromophores,
je les ai vus constamment comme je viens de les décrire.
Dans l'alcool les points chromophores se conservent assez bien ; les jaunes seuls dispa-
raissent.
Rapports et différences.
Cette espèce, que M. D’Orbigny croit être les jeunes individus du C. commun, me parait
en différer par l’extrémité de son corps arrondie, par ses nageoires rhomboïdales à angles
très arrondis, et n’occupant que la moitié du corps, et enfin par ses points chromophores.
Les jeunes C. communs , que j’ai cru devoir observer, ont le corps conique, à extrémité
un peu arrondie, mais légèrement acuminée ; les deux nageoires, de forme semi-lunaire
et réunis à leur base; ils ne sont colorés que par quelques points chromophores épars,
d’un rouge-laque .clair. |
Habitation et mœurs.
J'ai rencontré assez rarement ce petit Calmar au milieu des poissons, qu’on prend de
sept. à nov.; et il est très facile de le distinguer au premier abord des vrais C. communs
jeunes, et de mon C. Lamarmora, qui se trouvent plus fréquemment à cette époque.
DÉCAPODES 95
Histoire.
Je décrivis cet espèce dans mon mémoire présenté à l’Ac. Roy. des scienc. de Turin,
qui fait partie du Vol. 1., 2.° série de l’année 1836. M. D'Orbigny, dans une de ses lettres,
me déclara que ce céphalopode n’était qu’un jeune âge du C. commun, et dans la mono-
graphie, genre Galmar PI. 22. fig. b. c., il le représente sous ce nom. Je regrette vivement
de n’avoir point le texte de cet ouvrage, car il m'aurait aidé à rectifier mon erreur. Je
dois ajouter cependant que depuis cet avis j’ai eu encore plusieurs exemplaires de ce cé-
phalopode ; que les ayant ouverts , j'ai trouvé dans des individus, qui dépassaient à peine
5. décimètres de longueur, leur ovaire rempli de grappes d’œufs très visibles, et presque
de la grosseur de ceux qu’on observe dans le C. Lamarmora. Je n’ai point obtenu de sem-
blables résultats dans mes recherches sur les jeunes C. communs que j’ai pourtant observés
d’une taille plus forte.
N. 5. C. LAMARMORA. L. MARMORAE., Nerany. PL. 37.
Verany, Mém. de l’Ac. Roy. des sc. de Turin.
L. Subulata? Lamark. Cuvier, Delle Chiaje, Cantraine, Philippi. Oper. cit.
Sepia media? Linn, Rondelet. Oper. cit. Encyclop. méthod. PI. 76. fig. g.
Corpore carneo pellucido, cylindrico, elonyato, apice subulato, alis cordato-subulatis
vel cordato-acuminatis, lamina dorsali, ovali-lanceclata, apice plus minusve stiliformi,
antice atlenuata.
Corps charnu, cylindrique, allongé, tronqué en avant, formant à la partie médiane su-
périeure un angle saillant arrondi, et sur la partie médiane inférieure une petite échancrure
légèrement concave ; extrémité postérieure fusiforme , plus ou moins subulée, portant
deux nageoires réunies de manicre à donner la configuration d’un cœur plus ou moins
aigu et subulé, et occupant au maximum les deux tiers du corps et au minimum moins de
la moitié.
Tête petite, arrondie, un peu déprimée; munie de deux yeux mèdiocres, à orbites peu
saillants et à crête auriculaire postéro-inférieure assez marquée; couronnée de huit bras
sessiles coniques, inégaux entre eux soit en grosseur, soit en longueur.
Bras de la 1. paire, les plus courts et les plus minces ; ceux de la 2e, plus longs d’un
tiers que les précédents ; ceux de la 4.°, plus longs que ceux de la 2.°; ceux de la 3.°, plus
longs que ceux de la 4, et doublant la longueur de ceux de la 1%. La 2. et la 4€ paires,
munis d’une légère crête natatoire; la 5.° paire pourvue d’une crête natatoire très déve-
loppée. Tous ces bras sont armés d’une double rangée de cupules pédonculées alternantes,
dont l’ouverture est oblique, petite et munie d’un cercle corné et trés finement denté
sur la moitié de son contour (PI. 57. fig. 2). Bras tentaculaires rétractiles, donnant deux
fois la longueur des bras sessiles les plus longs , développés à leur extrémité en massue
lancéolée, garnie de quatre rangées de cupules. Les deux rangées internes décroissent du
centre aux extrémités, celles du centre étant très grosses, celles des extrémités très petites.
06 CÉPHALOPODES
Les cupules des rangées latérales sont presque toutes de la même grosseur; leur ouverture
est horizontale et armée d’un cercle corné ; les dents en sont trés fines et coniques. (PI. 57.
fig. g).
Membrane buccale sans cupules.
Tube locomoteur sans valvules. Encre d’un noir parfait.
Lame dorsale cornée, flexible, ovale, lancéolée, plus ou moins stiliforme, à partie anté-
rieure attenuée. (PI. 37. fig. e. f).
Proportions.
. Longueur totale y compris les bras tentaculaires . 0,320 0.200 0,185 0,124
Longueur totale non compris les bras tentaculaires. 0,200 0,145 0,130 0,095
Longueur du corps : : . : : : 0,120 0,096 0,078 0,066
Diamètre du corps. : ; ; : : : 0,025 0,018 | 0,018 0,015
Longueur de la nageoire ; : : : : 0,072 0,065 0,046 0,030
Largeur de la nageoire . 0,042 0,031 0,031 0,021
Largeur de la tête. ee 0000 606 0 0
d. paire: -. : 0,040-:.:0,094 = 0.891 0.016
| de, 0,050 0,032 ‘0,032 0.022
He | de 2 A à O0 CG
+ : ; . 0,052 0,038 0,038 0,024
Longueur ües bras tentaculaires . ‘ - ; 0,180 0,090 0,090 0,055
Couleur. Vivant et dans l’état de tranquillité, ce céphalopode est d’un blanc-hyalin trans-
parent; les globes des yeux sont colorés d’un bleu brillant et irisés d’un reflet doré. Tout
le corps est clair-semé de points chromophores très fins et d’une teinte neutre; en se di-
latant, ces points passent au rouge-vineux, les uns extrèmement fins, les autres assez
gros : ils sont très visibles sur la tête et le long des bras supérieurs : quelques-uns le sont
aussi sur la partie dorsale du corps. (PI. 57. fig. c). Au moindre mouvement, il se couvre
en dessus d’une teinte jaunâtre, produite par des points chromophores à peine perceptibles
à la loupe, et d’autres points chromophores ovales assez rapprochés, les uns d’un rouge vif,
les autres rougeätres, d’autres encore roses. Sur les globes des yeux, ces points sont plus
petits, d’un brun très obscur et disparaissent sur les nageoires. Hors de l’eau, ce cépha-
lopode est d’un blanc-rosé opaque: toute la partie supérieure, la partie latérale, la partie
latérale inférieure du sac, la partie supérieure de la tête, tous les bras, la massue-des bras
tentaculaires et Pextrémité de l’entonnoir sont couverts de points chromophores ovales,
clair-semés, rose-laque assez vif; qnelques points de la même couleur, très fins et dissé-
minés avec les autres, couvrent toute la face médiane inférieure du corps, où ils sont
très clairs. Les points manquent sur le bord de la nageoire, le long des bras tentaculaires,
et sur la partie inférieure de la tête. (PI. 57. fig. a. b). Ce céphalopode se décolore assez
vite et devient d’un blanc-jaunâtre opaque: conservé dans l'alcool, si toutefois il y a été
plongé encore très frais, les points se conservent assez bien.
Rapports el différences.
à]
Cette espèce, que je me décidai à publier comme nouvelle, vu que M. De Blainville lui
donne pour caractère. « Corps terminé en arrière par une assez longue pointe caudale, que
DÉCAPODES 97
. » n’accompagnent pas les nageoires ». Ce qui n’est pas dans celle-ci, diffère en outre du
subulata de M. Delle Chiaje par la pointe médiane dorsale antérieure du sac, qui est ar-
rondie et que M. Delle Chiaje décrit et figure aiguë, et par le cercle corné des cupules
denté ou semi-denté, que M. Delle Chiaje décrit sans dents. Elle diffère aussi du subulata ,
figuré par M. De Férussac (PI. 17) d’après le dessin de M. D'Orbigny, qui a les bras sessiles
égaux entre eux, et le corps très subulé, ne les ayant jamais vérifiés ainsi dans mon
espèce. Mes études postérieures m'ont mis à même de me persuader que mon C. Lamarmora
n’est que le C. subulé: de M. Delle Chiaje; je F'ai figuré pourtant sous ce nom parceque
d’après la nouvelle planche (genre Calmar PI. 25) donnée par M. D'Orbigny dans la con-
tinuation du travail de M. De Férussac, le subulé de POcéan a son corps fortement subulé ;
les nageoires à la partie supérieure, quasi rhomboïdales, à angles latéraux bien marqués ;
puis les bras tentaculaires très courts et tous les bras proportionellement plus courts que
dans celui de la Méditerranée. M. De Férussac dans sa correspondance m'avait déjà participé
quelques doutes sur l’identité de l'espèce de l'Océan avec celle de la Méditerranée.
Habitation et mœurs.
Ce céphalopode vit dans toute la Méditerranée et se rencontre toute l’année à peu de
profondeur ; on le prend abondamment au printemps et en automne, époque où, au moyen
des dragues, l’on fait la pêche aux jeunes sardines et anchoix, qu’il suit dans leurs migra-
tions et dont il parait se nourrir. Sa chair est très tendre, légère et délicate, aussi est-
il recherché comme friandise. Les pêcheurs le distinguent fort bien ; ils l’appellent à Génes
Totaneto, et ne le confondent jamais avec le jeune C. sagittata, qu’ils nomment Calamareto,
diminutif de Calamario: en Sardaigne, il porte le nom de Calamareddu; dans le reste de
l'Italie, celui de Calamareto.
Histoire.
Ce céphalopode est du nombre de ceux qu’Aristote connaissait. Rondelet, Aldrovande,
Gesner etc. l'ont décrit et figuré sous le nom de ZL. parva, et Linné le classa sous celui
de Sepia media. M. Lamark, dans son mémoire, lui donna celui de L. subulata, géné-
ralement adopté par tous les naturalistes, qui l’ont suivi. M. Delle Chiaje la décrit et figuré
en émettant le doute que ce püt être une variété du C. commun. M. Cantraine, dans sa
malacologie, n’approuve pas ce doute; puis il ajoute « que ses nageoires ne s’étendent pas
» jusqu’à l’extrémité du sac, qui est libre et terminé en pointe subulée ». Ce que je n’ai
jamais vérifié. M. Philippi, dans son Enumeratio molluscorum Siciliae, le cite aussi; mais
il dit dans sa phrase, alis angustis caudae subulatue adnatis et distinctis. I reste donc
à confronter cette espèce avec celle de l'Océan; si leur différence est constatée comme il y
a toute apparence, d’après la belle planche donnée par M. D’Orbigny, le nom, que j'ai im-
posé à celui-ci, pourra se conserver ; car celui de subulata appartient à l'espèce de l'Océan,
sur laquelle M. Lamark a fait sa description : en cas contraire, ils devront se réunir tous
les deux sous le nom primitifs de Lamark.
15
#
98 CÉPHALOPODES
N. 4. C. MENEGHINI. L. MENEGHINII, Verany. PI. 55. fig. c. d.
Verany, Congrès scienlif. de Gênes. séance du 26 sept.
Actes du congrès de Gênes, pag. 513.
Corpore carneo , conico, apice acuminato, alis rotundalis non dimidiam saccr longi-
tudinem occupantibus, lamina dorsali cornea . . . . .
Corps charnu, conique, tronqué en avant; ouverture grande et décrivant sur la partie
médiane supérieure un angle trés peu saillant et à la partie médiane inférieure un très
petit sinus concave; extrémité postérieure acuminée, portant deux nageoires semi-circulaires,
réunies sur la partie supérieure, et formant une nageoire presque bilobée et échancrée sur
l'extrémité du corps, dont elle occupe un peu moins de la moitié.
Tête légèrement comprimée, grande, munie de deux yeux médiocres, dont les orbites
sont assez saillants, et la crête auriculaire peu marquée; couronnée de huit bras sessiles
très irréguliers, et proportionellement très longs ; ceux de la 1." et de la 2.° paires, de même
longueur: ceux de la 5. et de la 4°, plus longs que les précédents de plus d’un tiers,
plus longs aussi que le corps, et égaux entre eux. On ne remarque sur aucun d’eux de
membrane natatoire. Tous ces bras sont armés d’une double rangée de très petites cupules
alternantes, portées sur un pédoncule très court. Bras tentaculaires une fois et demi plus
longs que le corps, à extrémité très peu développée en massue: cette massue est armée de
deux rangées de cupules microscopiques.
Tube locomoteur assez gros, pourvu d’une petite valvule et soutenu par deux brides.
Lame cornée... inobservée.
Proportions.
Cette espèce ne dépasse pas deux décimètres de longueur.
Couleur. Dans lalcool, ce céphalopode est d'un blanc-rougeñtre opaque. Toute la partie
dorsale du corps, la tête et les bras sont couverts de points chromophores rouge-laque , les
uns contractés et très petits, les autres dilatés et gros: ces mêmes points, gros, se montrent
aussi sur la partie inférieure du corps et de la tête, où les petits points ont presque en-
tièérement disparu. Ils sont très nombreux sur l'extrémité de tous les bras. La ligne médiane
orsale est marquée de bleuâtre; et le globe des yeux est aussi fortement coloré de cette
même teinte.
Rapports et différences.
Cette espèce, qui a beaucoup de rapport par la proportion de ces bras avec le C. Ales-
sandrini, se distingue par son corps très conique à large ouverture, et ses bras tenta-
culaires , dont l’extrémité n’est pas développée en large massue et qui ne porte que deux
rangées de très petites cupules.
DÉCAPODES 99
Habitation et mœurs.
C’est encore une des espèces recueillies à Messine par M. Krohn, qui se trouvait parmi les
nouveautés, qu’il avait remarquées, et qu’il me céda afin d'en enrichir ma monographie.
Histoire.\
C’est à la séance du 26 sept. du congrès scientifique de Gênes, que je publiai cette nou-
velle espèce : j’en distribuai le même jour la figure au trait; et ma communication est
insérée dans les actes de ce congrès, page 515.
N. 5. C. ALESSANDRINI. Z. ALESSANDRINII. Verany. PI. 55. fig. f-h.
v
Verany, Congrès de Gëênes, et actes du congrès. Loc. citat.
Corpore carneo, cilindrico, elongato, leviter conico, apice rotundato, alis rotundatis,
ter quintam sacci longitudinem occupantibus, non sacci extremilalem superantibus.
Corps charnu, cylindrique, allongé, légèrement conique, tronqué en avant; décrivant
sur la partie médiane supérieure un angle très saillant, et sur la partie médiane inférieure
un petit sinus concave ; extrémité postérieure arrondie, portant deux nageoires circulaires,
réunies supérieurement en forme de nageoire bilobée, un peu dépassée par l'extrémité du
corps, dont elle en occupe les trois cinquièmes.
Tête assez large, un peu déprimée : munie de deux yeux, dont les orbites sont saillants,
et la crête postéro-inférieure très peu visible; couronnée de huit bras sessiles longs, minces
et très inégaux entre eux. Ceux de la 1. et de la 2.° paires, égaux, et de la longueur des
deux tiers du corps; ceux de la 5.° et de la 4°, égaux, et plus longs d’un tiers que les
précédents. On ne distingue sur ces bras aucune trace de crête natatoire. Ils sont tous armés
de deux rangées de très petites cupules alternantes, portées par un pédoncule conique assez
long. Bras tentaculaires rétractiles, deux fois plus longs que les bras de la 1." paire, dé-
veloppés sur leur extrémité en large massue ovale, garnie de quatre rangées de cupules
décroissantes en grosseur du centre aux extrémités ; les rangées externes sont les plus
grosses; et les internes, très petites et toutes presque égales en grosseur.
Tube locomoteur médiocre, soutenu par deux petites brides et pourvu d’une petite valvule.
Lame cornée... inobservée.
Proportions.
Cette petite espèce a environ deux décimètres de longueur.
Couleur. Dans l'alcool, ce céphalopode est d’un blanc-jaunâtre opaque. On voit tout
le corps nuagé de gros points chromophores, dilatés, rouge-laque; ces mêmes points se re-
marquent sur la tête et le long des bras. La ligne médiane dorsale est marquée par une
teinte bleuâtre, ainsi que le globe des yeux.
100 CÉPHALOPODES
Rapports et différences.
Cette espèce est bien caractérisée par son sac long, légèrement conique , à extrémité ar-
rondie, qui dépasse la nageoire, et le distingue au premier abord du C. Meneghini, avec
lequel il a beaucoup de rapport. La distinction en est encore plus nette et plus précise par
le caractère de la massue des bras, armés de grosses cupules dans celui-ci, et à cupules
à peine visibles sur l’autre.
Habitations et mœurs.
à]
Cette espèce à été trouvée par M. le Doct. Krohn, dans le port de Messine: elle faisait
partie des objects remarquables, qu’il avait recueillis pour moi.
Histoire.
C’est au congrès de Gènes que je fis connaitre cette espèce par une phrase caracteristi-
que publiée dans les actes de ce congrès (pag. 513).
N. 6. GC. BIANCONT. L. BIANCONI. Verany. PI. 35. fig. 2-L.
Verany, Congrès de Gènes, séance du 26 sept. Actes du congrès , pag 513.
Corpore carneo, cylindrico, conico elongato, apice acuminato, alis cordato depres-
sis: dimidiam corporis longitudinem occupantibus, lamina dorsali, cornea flexibili,
lineari-lanceolata, infundibulo terminali praedita.
Corps charnu, cylindrique, conico-allongé, tronqué en avant; et décrivant à la partie
médiane supérieure un angle peu saillant, et à la partie médiane inférieure un petit sinus
concave ; extrémité postérieure très conique et légèrement subulée , portant deux nageoires
réunies supérieurement en forme de cœur évasé un peu en fléche, et occupant la moitié
du corps.
Tête médiocre, munie de deux yeux petits, couverts par les téguments de la peau, percée
d’une très petite ouverture ; les orbites en sont peu saillants. Elle est couronnée de huit
bras sessiles courts et presque d'égale longueur entre eux ; ceux de la 1." paire et de la
4, longs comme les trois cinquièmes du corps; ceux de la 2°, un peu plus longs, et ceux
de la 5.° encore un peu plus longs et dépassant de peu la moitié du corps : ceux de cette
dernière , sont pourvus d’une crête natatoire. Tous ces bras sont armés d’une double ran-
gée, assez distante l’une de l’autre, de cupules alternantes, globuleuses, portées par un
pédoncule si court qu’elles paraissent sessiles. Bras tentaculaires rétractiles, longs des deux
tiers du corps, à extrémité développée en massue lancéolée; les rangées du centre, un peu
plus grosses que les latérales. Comme dans les cupules des bras sessiles, le pédoneule est
imperceptible. L’extrémité dorsale de la massue porte une crête natatoire.
Tube locomoteur pourvu d’une très petite valvule, et soutenu par deux petites brides.
Lame dorsale cornée, flexible, linéaire, lancéolée, à base très étroite et terminée par un
petit godet conique, très aigu.
DÉCAPODES | 101
Proportions.
Pas un des nombreux individus, que je possède de cette espèce, ne dépasse deux déci-
mètres de longueur.
Couleur. Dans l'alcool, il est d’un blanc-rosé opaque. On remarque sur le globe des yeux
des taches bleues, et le long de la ligne dorsale, qui est rougeâtre, quelques séries de
points chromophores rougeâtres, et assez gros, qui disparaissent sur les côtés du corps et
manquent sur la nageoire et sur la partie inférieure. On voit les mêmes points, mais plus
petits, sur la tête et le long des bras.
Rapports et différences.
Cette petite espèce a le facies des Calmars flèches et s’en distingue au premier abord
par les yeux entièrement recouverts par la peau, par l'appareil constricteur simple et la
lame cornée lancéolée, qui est cependant terminée par un petit godet très conique.
Habitation et mœurs.
C’est encore une espèce , que M. Krohn a recueillie abondamment à Messine.
Histoire.
Comme toutes les nouveautés, que me donna M. Krohn, j'ai publié cette espèce au con-
grès de Gènes ; et sa description fut insérée dans les actes dn congrès de cette ville.
B. Appareil constricteur composé; yeux largement percés dans la peau.
N. 7. C. TODARE. Z. TODARUS. Dee Cnase. Pl. 33.
Delle Chiaje, Anim. invert. Raffinesque, Philippi. Oper. cit.
L. Var. Todariptera. Delle Chiaje , Mémoires. Tab. XCV.
L. Maxima. Seba, Musc. IT. t. IV. fig. 1-2.
Bruguière, ÆEnc. méth. PI. LXXVIL fig. 1.
C. härpagon. Denis de Montf., Buffon, Moll. IT. 65. t. XIV.
L. Sagittata. Lamark, Cuvier, Carus, Cantraine (adulte), Férussac. Oper. cit.
Corpore carneo, cilindrico elongato, postice acuminato, alis triangularibus conjunetis,
alam rhomboïdeam plus minus-ve sagittatam eformantibus, et dimidiam sacci longitu-
dinem occupantibus : tentaculis non retractilibus ; lamina dorsali cornea, lineari, antice
dilatata, postice ovali concava in infundibulum conicum desinenti.
Corps charnu, cylindrique, tronqué en avant, décrivant à la partie médiane supérieure
un angle peu saillant, et à la partie médiane inférieure une fossette concave:; extrémité
102 CÉPHALOPODES
postérieure acuminée, portant deux nageoires triangulaires réunies sur le dos en forme de
nageoire rhomboïdale, en fer de lance plus ou moins aiguë, et occupant la moitié du
Corps. |
Tête grosse, arrondie, légèrement déprimée, portant deux yeux mobiles, gros et percés
largement dans la peau, qui n’est pas transparente : cette ouverture présente un sinus médian
supérieur, les orbites en sont peu proéminents: cette tête est munie à sa partie postérieure
de 6 brides ou crêtes, qui la rattachent avec le cou; sa surface inférieure est creusée en
espèce de niche, où se loge le tube locomoteur; elle est en outre couronnée de huit bras
sessiles et de deux tentaculaires non rétractiles. |
Bras de la 1." paire, conico-subulés, les plus gréles de tous ; ceux de la 4°, un peu plus
forts et légèrement comprimés latéralement; ceux de la 2.° et 5°, plus forts que les autres,
très comprimés latéralement, tous, à l'exception de ceux de la 1." paire, pourvus d’une
crêle natatoire, très prononcée surtout sur la 5°. Ils sont à peu près de la même grosseur
et ne dépassent point la moitié du corps: ils portent deux rangées de cupules alternantes,
globuleuses, dont louverture, latérale est large et munie d’un cercle corné oblique, garni
de 7 grosses dents coniques et crochues (PI 55. fig. 2); ces cupules sont placées sur un
pédoneule pyramidal (PI. 53. fig. 1). Bras tentaculaires arrondis, lègèrement carénés sur le
dos, longs un peu moins du double des bras sessiles, peu élargis en massue sur leur moitié
postérieure, très comprimés latéralement vers leur extrémité et munis d’une crête natatoire
terminale. Ils sont armés sur toute leur longueur de quatre rangées de cupules; celles des
rangées externes, portées sur de très- longs pédoncules, sont presque égales et petites, sauf
vers l’extrémité des bras, où elles sont microscopiques; les deux rangées internes vont en
augmentant de grosseur d’une manière assez progressive jusqu'au troisième quart, où elles
sont très grosses, puis diminuent tout-à-coup sur le dernier quart, et deviennent sur cet
espace microscopiques comme les latérales. Le cercle corné des grandes cupules est hori-
zontal, et leur contour est armé de petites dents coniques et cerochues, alternantes avec
d’autres presque carrées (PI. 53. fig. 4); quelquefois ces dernières dents manquent sur la
moitié inférieure du cercle (PI. 35. fig. 5). Le cercle corné des petites cupules latérales est
globuleux, percé de deux ouvertures; celle de la base est horizontale et plus petite, celle
de l’ouverture, latérale et dentée en scie.
La membrane buccale conique est couronnée de 7 lobes pyramidaux, qui ne portent
aucune cupule.
Tube locomoteur logé dans un nine de la tête, soutenu par deux petites brides
médianes, et deux grosses latérales, et pourvu d’une valvule.
Osselet interne corné, flexible, linéaire, plus large dans sa partie supérieure, diminuant
progressivement, très étroit dans sa partie inférieure , et terminé par une plaque ovale-
lancéolée, légèrement concave, dont l’extrémité est creusée en godet conique et aigu.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : : : 0,315 ; 0,315
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : : ‘ 0,245 : 0,250
Longueur du corps . 0,145 : 0,145
Diamètre du corps : : 1 : : 0,031 ë 0,034
DÉCAPODES 103
Largeur de la tête : ; à $ ; : 0,032 0,035
Largeur de la nageoire : - ; : : 0,080 ; 0,100
Longueur de la nageoire : : s À 5 0,073 ; 0,080
4. et 4. paires . rer ; 0,073 ; 0,080
+ perds bras ER (el vu
Longueur des bras tentaculaires . , 0,140 0,140
Couleur. Dans l’état de vie, ce céphalopode est d’un blanc-livide peu transparent, se
nuançant de bleu, de verdâtre et de rose irisé par des reflets argentés, qui brillent sur
le corps, sur la tête et sur les bras supérieurs ; il est aussi nuagé par de grandes taches,
qui passent du jaune-indien brillant à la terre de Sienne brülée, au rouge-vineux et au
violet plus ou moins obscur : cette dernière teinte ne colore ordinairement que la partie
médiane dorsale du corps et de la tête. Il est presque entièrement couvert de points chro-
mophores, les uns ovales et clair-semés, les autres entièrement fins et très rapprochés: ces
points d’un rouge-ferrugineux, plus ou moins obscur, se changent en rouge-rouille et en
teinte neutre. Le bord de l’ouverture de la peau, qui laisse lœil à nu, est couvert quelque-
fois de points de cette même teinte, si rapprochés qu’elle parait bordée de noirâtre; ce
qui ajoute beaucoup d'éclat à l'iris, qui est d’un argent bruni très brillant. Hors de l’eau,
il est en général d’une teinte vineuse uniforme plus obscure sur la partie médiane dorsale,
un peu plus claire sur toute la partie inférieure. Il est alors entièrement couvert de points
chromophores, tous d’une couleur neutre très obscure, disposés comme dans l’état de vie ;
mais souvent on observe les points ovales cerclés d’un espace blanchâtre ‘sans points. La
face interne des bras et la membrane buccale n’en portent aucuns. Hors de l’eau, le jeu des
points chromophores se conserve pendant quelque heures.
Quand il a perdu toute vitalité, et que le jeu des points chromophores a cessé, sa cou-
leur est rouge-brique uniforme; les points sont très visibles et plus obscurs : mais peu à
peu il se décolore, et toute la peau de ce céphalopode devient d’un rouge-jaunâtre sale.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue au premier abord du L. sagittata par ses formes moins élé-
gantes ; par son Corps plus acuminé; par ses nageoires à lobes latéraux plus aigus; surtout
par ses bras tentaculaires plus gros non rétractiles, garnis de cupules sur toute leur lon-
gueur, un peu dilatés, mais non terminés en massue: enfin par son corps qui n’est jamais
transparent. :
Habitation et mœurs.
Le C. todare se pêche accidentellement toute l’année dans la Méditerranée : on le prend
quelquefois à l’hamecon à de médiocres profondeurs ; mais plus souvent encore il est ra-
mené à fleur d’eau attaché aux poissons pris à la ligne, qu’il dévore; on le saisit alors
avec un petit filet emmanché. Souvent aussi il échoue sur la plage. Je ne l’ai jamais ren-
contré d’une taille inférieure à deux décimètres, et j’en ai mesuré un de 1,655 décimètres
y compris les bras tentaculaires ; il pesait 12 kilogr. On en a pris à Nice de 15 kilogr. :
et les pêcheurs m'ont assuré en avoir vu d’échoués dépassant ce poids. Sa chair est
dure, coriace, aigre et malsaine ; aussi le porte-t-on peu sur le marché. Les individus de
104 | CÉPHALOPODES
moyenne grandeur se vendent au gens du peuple, qui le connaissent peu; sur le marché
de Nice la vente en est prohibée. Cette espèce ne paraît par voyager par bandes ; car jamais,
que je sache, on n’en a pêché une certaine quantité en même temps, ce qui arrive très
souvent du sagütata et du vulgaris. Il porte à Gènes le nom de Caamà; à Nice celui
de Taute sperlevat ; en Sardaigne celui de Calamari ou Todari; en Sicile celui de Todaru
et à Messine celui de Totanu.
Histoire.
M. Delle Chiaje est le premier qui ait séparé très à propos le todarus du sagittata,
espèce bien distincte par le facies et par le caractère des bras tentaculaires. M. Raffinesque
(pag. 29 de son précis des découvertes sémiologiques), cite un Z. todarus sans aucune
description. M. Lamark avait déjà indiqué deux variétés du sagittata, qu’il avait eu l'idée
de séparer spécifiquement : il est cependant très difficile d'établir, si parmi ces deux variétés
doit s'inscrire le todarus; car dans aucune des deux il ne parle des cupules, qui garnis-
sent toute la longueur des bras, caractére trop tranchant pour être échappé à ce profond
observateur : c’est pour cette raison , je crois, que M. Delle Chiaje n’a rappelé dans sa sy-
nonimie aucune des variétés de Lamark. Toutefois la syronimie de cet auteur n’est pas
plus claire, puisque pour la variété à il cite la fig. 1, et 2, de la PI. 4. de Seba. La
figure première est un mauvais dessin du éodarus fait sur un individu contracté par Pal-
cool ; aussi ne voit-on plus la crête natatoire des bras, et la nageoire est trés raccourcie.
La fig. 2. puis, est sans aucun doute un sagittata. Pour la variété b, il cite le fig. 5 et 6
de la PI. 5. du même auteur et les fig. 3-5. PI. 4. Les figures 5 et 6. PI. 5. ont beaucoup
de rapport avec le sagittata jeune, la fig. 5. PI. 4. représente passablement un todarus,
et les fig. 4 et 5 se rapprochent beaucoup de la même espèce; mais elle est plus petite.
M. Cantraine dans sa malacologie n’admet pas les deux espèces ; il commet un erreur en
regardant comme aduite le {odarus, et comme jeune le sagittata. Ayant observé et bien
examiné une quantité de fodarus depuis la taille de deux décimètres jusques à celle de
plus d’un mêtre et demi, ainsi qu’un grand nombre de sagittata, dont la taille variait de
2 à 5 décimètres, je n’ai jamais révoqué en doute la différence spécifique de ces deux cé-
phalopodes , et j’ai pu me convaincre que ce n’est point une différence d'âge, comme
le pense M. Cantraine. De même que M. Lamark, ce savant regarde comme identiques les
fig. 1 et 2. PI. 4 de Seba, figures qui, à mon avis, représentent les deux espèces; puis pour
le sagiltata jeune âge, il cite les figures 1 et 2. PI. 77 de l'Encyclopédie méthodique, fi-
gures dont les bras tentaculaires courts et garnis de ventouses sur toute leur longueur, bien
indiquées sur cette mauvaise planche, ne laissent planer aucun doute sur son identité avec
le todarus. Cependant il rapporte très à propos au sagittata la figure de Blainville (Malac.
PL 1:06. 3),
M. Cantraine n’a point cru admettre, comme caractères spécifiques valables, ni la gros-
seur des bras sessiles proportionellement plus forts sur le {odarus que sur le sagittata, ni
la différence des bras tentaculaires grêles, cylindriques, comme pédonculés et largement
développés en massue terminale sur le sagittata; tandisqu’ils sont beaucoup plus courts,
très développés en massue, garnis de cupules sur toute leur longueur et ne sont pas
rétractiles sur le {odarus. Enfin si M. Cantraine, dans son court voyage, n’avait pas été
DÉCAPODES 105
absorbé par des observations plus importantes pour le progrès de la science, il aurait con-
staté que les bras tentaculaires de presque tous les décapodes sont contractiles, et se cachent
entièrement dans la cavité de leur tête. M. Philippi reconnait les deux espèces, basant
leur différence sur les bras tentaculaires. M. le Prof. Carus, loco cit., a, sous le nom de
sagiltata, passablement figuré un {odarus (PI. XXX); il ajoute dans sa phrase: fentaculis
duobus reliquis octo longitudine superantibus. M. Risso décrit aussi sous ce nom le {odarus,
puisqu'il dit: pinna triangulum acutangulum efformantibus, pour la quatrième paire (ten-
culaires) « un peu moins longue que le corps, presque toute couverte de cupules ».
N. 8. C. À PIEDS ÉGAUX. L. AEQUIPODA. Rurreus. PI. 53. fig. a. b.
Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Giornale di gabinetio di Messina.
Corpore carneo cilindrico, elongato, apice conico, ala cordato-rhomboïdea leviter
compressa, quartam sacci longitudinem occupanti, tentaculis brevibus non rectractilibus.
Corps charnu, cylindrique, très allongé, un peu conique, tronqué en avant; dessinant
sur la partie médiane supérieure un angle peu saillant, et sur la partie médiane inférieure
une échancrure concave médiane ; extrémité postérieure, conique et portant deux nageoires
réunies sur la partie supérieure en forme de rhomboïde cordiforme, un peu plus large que
haut, et dont les angles latéraux sont arrondis, cette nageoire occupe un peu plus d’un
quart de la longueur du corps.
Tête petite, fermant parfaitement l’ouverture du corps, un peu déprimée, munie de deux
yeux médiocres, largement percés dans la peau, son ouverture décrit un sinus supérieur; elle
est couronnée de huit bras sessiles courts et presque égaux. La 4.° paire en est la plus courte;
la 1."*, de très peu plus longue que la précédente; la 2, un peu plus longue que la 4°;
et la 5.°, encore un peu plus longue et égale aux deux cinquièmes du corps. La 1."° paire
est conique, comprimée latéralement, quasi quadrilatère, à face interne, portant les cupu-
les, très étroite. La 3.° est très comprimée et possède une forte crête natatoire, très large
sur la moitié de sa longueur. Enfin la 4.° paire est quasi triangulaire à angle interne,
portant les cupules, légèrement aplati. Tous ces bras sont armés d’une double rangée très
rapprochée de cupules orbiculaires, à ouverture oblique, implantée sur un tubercule coni-
que , et placées sur un petit pédoncule filiforme. Bras tentaculaires non rétractiles, dé-
passant de fort peu la 3.° paire, un peu comprimés latéralement, presque triangulaires;
l’angle latéro-dorsal est muni d’une petite crête natatoire, et l’angle interne porte
sur les cinq sixièmes de sa longueur quatre rangées de petites cupules, dont les rangées
internes sont plus grosses que celles des rangées latérales, tandisque celles du centre sont
bien plus grosses que celles des extrémités. Toutes ces cupules se trouvent sises sur des
pédicules si courts qu'on les croirait sessiles.
Tube locomoteur enchässé dans une échancrure ovale de la tête, soutenu par deux pé-
tites brides médianes, et deux fortes brides latérales.
Lame cornée... Je n’ai pu me décider à sacrifier l’unique individu, que je possède de
cette espéce.
14
106 | CÉPHALOPODES
Proportions.
M. Ruppell, qui a recueilli trois individus de cette nouvelle espèce, nous dit qu’elle arrive
à la longueur de trois pouces; l’exemplaire, que m’a donné M. le Doct. Krohn, a 0,055.
Couleur. Vivant, ce céphalopode est, d’après le rapport de M. Krohn, d’une teinte blan-
châtre, tout couvert de petits points chromophores rouge-obseur ; le globe des yeux brille
d’un bleu très foncé avec des reflets dorés. Moribond, les points chromophores se dilatent et
sont d’une teinte rougeûtre très vif, qui colore tout le corps.
Dans l'alcool, le bleu des globes des yeux est encore visible : la ligne médiane dorsale
du corps est marquée par la réunion de points bleuâtres très fins; tout le corps est cou-
vert de points chromophores dilatés et rougeâtres, et d’une infinité de plus petits de même
teinte. Ces mêmes points couvrent toute la partie inférieure du corps et tous les bras;
ils ne manquent que sur le bord supérieur des nageoires et sur toute leur surface infé-
rieure. L’iris est argenté. | |
Rapports et différences.
Cette espèce a beaucoup de rapports avec le L. cylindracea de M. D’Orbigny, figuré dans
la monographie (genr. Calmar PI. 21. fig. 5). D’après cette figure, Pespèce de M. Ruppell
diffère de celle de M. D'Orbigny par son corps un peu conique et ses bras tentaculaires
non développés en massue et pourvus sur presque toute leur longueur de quatre rangées
de cupules; plus encore par les angles latéraux des nageoires arrondis sur l’aequipoda,
tandis qu’ils sont anguleux sur le cylindracea.
Habitation et mœurs.
Cette espèce n’a été jusque’à présent rencontrée qu’accidentellement dans le détroit de
Messine, où elle paraît être entrainée par les grands courants, qui y règnent.
Histoire.
Nous devons la connaissance de cette nouvelle espèce à M. Ruppell, qui en recueillit trois
exemplaires à Messine, et prit date de cette découverte par sa lettre à M. le Prof. Cocco.
M. Krohn en ayant eu un exemplaire pendant son second séjour dans cette même ville,
l’unit aux nombreuses nouveautés, qu’il me céda à son retour: c’est sur cet individu con-
servé dans l'alcool, que j'ai fait ma description.
N. 9. C. SAGITTÉ. L. SAGITTATA. Lamank. PI. 31 et 32.
Lamark, Cuvier, Blainville, Payraudeau, Cantraine ( jeune), Philippi, Delle Chiaje,
Seba. Oper. cilat.
Sepia sagitlata. Bosch, hist. nat. des vers 46.
L. Bartramii? Féruss. et D'Orbigny , Monogr. Genr. Calm. PI. 2.
DÉCAPODES 107
Corpore carneo, pellueido, cilindrico, plus minusve elongato, postice acuminato, alis
conjunctis, alam cordato-rhomboïdeam, vel sagittato-rhomboïdeam efformantibus, dimi-
diam vel bis quintam sacci partem occupantibus : tentaculis pedonculatis retractilibus ;
lamina dorsali cornea, lineari antice, dilatata postice, in infundibulum. conicum desinenti.
Corps cylindrique, plus ou moins allongé, selon les sexes, tronqué en avant, donnant
sur sa partie médiane supérieure un angle très peu.saillant, et sur la partie médiane in-
férieure une échancrure concave: partie postérieure, acuminée et portant deux nageoires
semi-rhomboïdales réunies sur le dos en forme de nageoire rhomboïde légèrement cordiforme,
à angles latéraux anguleux, qui occupe au maximum la moitié, et au minimum les deux
cinquièmes du corps.
Tête arrondie, presque aussi grosse que le corps; munie de deux yeux largement ouverts
dans la peau, qui est très transparente; l’ouverture décrit un sinus supérieur: les globes
des yeux sont gros , aplatis et peu proéminents. Elle porte à sa partie latérale postérieure
trois brides, qui la rattachent au cou, et à sa partie inférieure un enfoncement conique,
où se loge le tube locomoteur: elle est couronnée de huit bras sessiles inégaux et de deux
tentaculaires longs et rétractiles. |
Bras de la 1."° paire, grêles, conico-subulés et légèrement comprimés; ceux de la 4,
un peu plus longs d'environ un cinquième, légèrement triangulaires, et un peu plus gros
que les précédents; ceux de la 2.° et de la 3.°, égaux entre eux et plus longs d’un quart
que ceux de la {.* paire. La 2° paire est en outre comprimée latéralement et fournie
d’une crête natatoire, dont la plus grande largeur ést marquée plus bas que la moitié des
bras. La 2.° paire, fortement déprimée sur les côtés, est carénée par une crête natatoire.
Tous ces bras sont garnis d’une double rangée de cupules alternantes, qui commencent à
une sixième de la base: sur la 1." paire, elles augmentent de grosseur jusqu’à la cin-
quième, qui est la plus grosse, diminuent insensiblement jusqu’à la onzième, puis décrois-
sent tout-à-coup, la douzième étant de beaucoup plus petite que la précédente. Elles se
rapetissent ensuite peu à peu jusques sur l’extrémité des bras, où elles deviennent micro-
scopiques. Sur la 2° et la 5.° paire, la décroissance des cupules est la même; mais elles
augmentent jusqu’à la onzième, puis diminuent insensiblement jusqu’à la quinzième, et la
seizième est la moitié de la précédente. Sur la 4.° paire, elles augmentent jusqu’à la hui-
tième, décroissent progressivement jusqu’à la douzième. Les cupules sont globuleuses,
percées obliquement et portées par un pédoncule pyramidal élastique ; leur ouverture est
garnie d’un cercle corné et denté ; les dents sont plus grosses sur la partie supérieure et
diminuent vers l’inférieure; elles sont arrondies, excepté celle du centre supérieur et dans
quelques individus celles des centres latéraux, qui sont coniques et aiguës. Les cupules des
bras de la 2° et de la 3.° paire doublent en grosseur celles des autres bras; on peut en
compter environ 40 par bras. |
Bras tentaculaires, rétractiles, cylindriques, comme pédonculés, grêles, deux fois plus
longs que les bras de la 2.° et de la 5.° paire, et développés sur leur extrémité en massue
ovale-lancéolée et munie sur la moitié terminale d’une crête natatoire dorsale. Sur l’infé-
rieure elle est garnie de quatre rangées de cupules, qui commencent à la moitié des bras,
sont très irrégulières en grosseur et alternantes. Celles des rangées médianes sont très petites
108 CÉPHALOPODES
et augmentent peu-à-peu de grosseur sur le premier tiers ; elles sont grosses et décroissent
du centre aux extrémités sur le tiers médian. Celles des rangées latérales sont petites,
augmentent peu de grosseur sur le tiers médian: sur le tiers terminal toutes les cupules
sont égales et très petites, et cette partie en est couverte. Ces cupules sont, comme celles
des bras sessiles, globuleuses et portées par un pédoncule pyramidal: l’ouverture des grandes
cupules médianes est bordée d’un cercle corné non denté : l'ouverture des petites cupules
des séries latérales est oblique et munie de dents en scie.
Membrane buccale sans cupules.
Tube locomoteur, petit, pourvu d’une valvule, logé dans le creux de la tête, rattaché à
elle par deux petites brides médianes, et deux plus fortes latérales.
Lame cornée, flexible, linéaire, large dans le haut, étroite dans le bas, terminée par un
capuchon ovale très concave, dont l'extrémité est creusée en godet conique terminal.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . 2e mâle 0,320 femelle 0,322
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : : k 0,210 : 0,228
Longueur du corps : ; , , : : L : : 0,090 - 0,136
Diamètre du corps ; : : : = : : : 0,031 : 0,028
Largeur de la tête : ; : : < : , : - 0,030 È 0,027
Hauteur de la nageoire S ; : L ; 0,045 - 0,053
Largeur de la nageoire : : 5 : : : ; : 0,070 ‘ 0,068
4. paire . : : : à : 0,072... 0,056
Logis. def a. | D ; : : - ‘ : 0,098 ; 0,080
a à : : ; : : 0,100 : 0,081
| Re : : : : : 0,080 0,070
Longueur des bras tentaculaires . 3 : : - à 0,210 : 0,134
Couleur. Dans l’état de vie, le corps est charnu, d’un blanc-hyalin très transparent,
irisé de bleu, de rose, de jaune, de verdâtre, avec des reflets argentés très brillants sur
le dos, sur la tête, le long des bras et principalement sur l'iris, qui est très grand et
couvert en partie par la peau transparente. On voit aussi briller à travers le corps l'argent
mât, qui couvre la vessie de l’encre. Le cercle des globes des yeux est marqué d’une teinte
bleue, très brillante, qui passe au laque et se confond avec la teinte générale. Le mâle
est ordinairement nuagé d’une teinte jaune-orangé brillant, produite par les points chromo-
phores, les uns très fins, les autres plus gros: ces points sont très rares sur la nageoire
et forment des taches le long des bras et sur la tête. La ligne médiane du corps est con-
stamment nuagée de points les uns très fins, les autres plus gros, d’un beau rouge-laque
carminé; on les remarque ,aussi sur les bras et sur la tête. Sur la partie dorsale des globes
des yeux, on aperçoit une tache en demi-lune formée par des points d’un bleu très foncé,
qui passent au laque très vif: la peau transparente, qui voile une partie de l'œil, est aussi
couverte de points chromophores, très fins laque et bleu. Les bords de la nageoire sont
de même nuagés de taches produites par la réunion de points très fins, rouges laque, orangés
ou jaunes. La partie postérieure de la tête, les brides et le cou sont pointillés de la même
couleur : il en est de même de la massue et de la ligne dorsale des bras tentaculaires. Sur
DÉCAPODES 109
les parties inférieures du corps , les points sont tous d’un rouge-orangé, plus ou moins vif:
sur la partie inférieure de la tête, sur le bord de l’entonnoir, sur la face inférieure des bras,
ils sont très fins, laque et jaune-orangé; ils manquent entièrement sur la fossette, où se
loge l’entonnoir, sur la base de celui-ci et sur la face inférieure de la nageoire, où transpa-
raissent ceux de la partie supérieure.
La femelle, qui se reconnait à la longueur de son corps, et dont les bras sont moins longs,
brille, comme le mâle, de reflets argentés: mais elle est nuagée d’une teinte jaune-rougeñtre
et couverte de points clair-semés, plus gros, rouge-rouille ; lesquels points, sur la ligne mé-
diane du corps, passent au violet obscur. L’œil est fortement irisé ; les bras se nuagent de
taches jaunâtres comme le corps, et sur les nageoires on voit des taches produites par les
points chromophores très fins, laque très vif.
Quand il a perdu sa première fraicheur, et avant même que le jeu des points chromo-
phores cesse, les reflets argentés, qui brillent sur les parties latérales du corps et le long
des bras, disparaissent ; la peau perd sa transparence; el ce mollusque devient d’une teinte
jaune-orangé générale. Les points chromophores laque du mâle pâlissent entièrement; les oran-
gés, de brillants qu'ils étaient, passent au jaunètre; la ligne médiane dorsale du sac de la
femelle devient d’un violet sale général; les points violets obscurs restent ouverts et déco-
lorés. Dans quelque état qu'il soit, jamais ce céphalopode ne se couvre de la teinte vineuse
du {odarus.
Rapports et différences.
Comme je l’ai déjà observé pour le todarus, cette espèce, qui n'arrive point à 5 déci-
mètres, y compris les bras tentaculaires, et n’atteint jamais le poids de 4 hectogrammes,
se distingue au premier abord par sa chair moins coriace, par sa transparence, et ses bras
tentaculaires grêles, peu rétractiles, comme pédonculés, développés en large massue, et
munis de cupules sur une seule partie de leur longueur.
Habitation et mœurs.
_ Ce céphalopode vit dans l'Océan Atlantique et la Méditerranée, on le rencontre dans
toutes les saisons à peu de profondeur, sur les terrains vaseux et en compagnie des Eledons.
Les dragues en ramènent assez souvent; mais cependant toujours isolés. Il parait que cette
espèce est sujette à des migrations; car il arrive quelquefois qu'on en prend des quantités :
les marchands de poissons le distinguent fort bien et le nomment Calamaio: ils le tiennent
à l'écart; car sa chair, quoique tendre, est aigrelette et de mauvais goût; et ils ne le
vendent qu'aux gens du peuple, qui ne le connaissent pas.
Histoire.
Cette espèce a toujours été confondue avec le fodarus. M. Delle Chiaje l’en a séparé le
premier, et il suffit d’avoir eu sous les yeux quelques individus des deux espèces, pour
être convaincu de la justesse des observations du savänt anatomiste Napolitain. Son histoire
se confond avec celle du éodarus; il est donc inutile de la répéter.
ae
110 CÉPHALOPODES
M. D'Orbigny, dans son tableau comparatif de la répartition géographique des céphalopodes,
assigne à la Méditerranée une troisième espèce le Bartramii de Lesueur, que M. Cantraine
avec quelques doutes rapporte comme synonime de l’adulte. D’après la figure (Monogr. des
céph. Genr. Calm. PI. 2), il est facile de reconnaître que cette espèce a beaucoup de rap-
ports avec le {odarus; mais qu’elle s’en éloigne par la longueur de son corps, par l’ampleur
des membranes protectrices des cupules, que portent tous les bras, par le manque de cupules
sur toule la longueur des bras tentaculaires et par la différence de dentilion des cercles
cornés des cupules. L'autorité de M. Lesueur est trop respectable pour mettre en doute
l’exactitude de son observation ; il faut croire conséquemment que cette espèce n’a été revue
d'aucun autre naturaliste, et que peut-être, avec l’aide de figares un peu plus exactes, et
leur description plus répandue, l’étude de ces animaux pourra faire de nouveaux progrès :
et peut-être encore retrouvera-t-on cette espèce et bien d’autres jusqu’à présent inconGues.
N. 9. C. DE COINDET. L. COINDETII. Veray. PI. 56. fig. a. b. c.
Verany, Mém. de l'Ac. Roy. des sc. de Turin. Loc. cital.
Corpore carneo, pellucido, cilindrico, leviter fusiformi, postice acuminato, als
coniunctis alam cordiformem, depressam efformantibus, tentaculis pedonculatis retra-
ctilibus: lamina .cornea lineari, antice dilatata, postice infundibulo conico praedita.
Corps cylindrique, légèrement fusiforme, tronqué en avant, donnant à sa partie médiane
supérieure un angle saillant et à l’inférieure un sinus concave assez large : partie postérieure
acuminée, portant deux nageoires réunies sur le dos en forme de nageoire en cœur évasé
et aigu , nageoire qui occupe un quart de la longueur du corps. 3
Tête plus petite que l’ouverture du corps, munie de deux yeux légèrement latéro-supé-
rieurs, à orbites peu saillants et aplatis; et couronnée de huit bras sessiles conico-subulés,
presque égaux entre eux. La 1." et la 4° paires, d’égale longueur; la 2°, un peu plus
longue; la 5.°, de très peu plus longue et munie d’une petite crête natatoire. Tous ces bras
sont armés d’une double rangée de cupules globuleuses, percées un peu obliquement et
portées par un pédoncule pyramidal: leur ouverture est bordée d’un cercle corné, très fi-
nement denté sur la partie supérieure. Bras tentaculaires grêles, rétractiles, doublant en
longueur les sessiles les plus longs, et développés sur un gros tiers de leur longueur en
massue linéaire, lancéolée , garnie de quatre rangées de cupules pédonculées comme celles
des bras sessiles. Les cupules des rangées internes sont toutes très petites et presque
égales en grosseur; les rangées internes en ont une douzaine d’assez grosses, qui décrois-
sent du centre aux extrémités. Elles n'arrivent pas jusqu’à l'extrémité des bras, une espace
d'environ un sixième de la longueur terminale en étant dépourvue.
Tube locomoteur, petit, logé dans la cavité de la tête, soutenu par deux petites brides
médianes, et deux fortes brides latérales.
Lame dorsale cornée, linéaire, plus large dans le haut que dans le bas, et terminée par
un petit godet conique.
DÉCAPODES 111
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; ‘ 5 ‘ ; À 0,127
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . ; < ; : 0,100
Longueur du corps . . : . : : : 5 : : É 0,063
Diamètre du corps . : : : : é : ; ; ; 0,017
Largeur de la nageoire : : ; : ‘ : : : - 0,026
Hauteur de la nageoire : . ‘ ï ; : : - : 0,020
4. et 4. paire . : : ; : : : : 0,021
à : - : ; : é : ; : 0,024
Re me Le 5 ; : : ; e : ‘ , 0,025
tentaculaires . ; ‘ : ; 5 : ‘ 0,055
Couleur. Vivant, ce céphalopode est. d’un blanc-rosé-jaunâtre transparent. On distingue à
travers le corps les organes intérieurs. Les yeux seuls sont argentés ; une belle teinte bleue
trés vive cercle la partie supérieure des globes; sur cette tache se refléchit un reflet argenté
souvent doré. Tout le corps est couvert de points chromophores très fins, teinte neutre et
laque, et de gros points rouges-jaunâtres, les uns très clairs, les autres plus vifs, et cer-
clés de brun-rougeâtre : sur la partie postérieure dorsale de la tête ces points sont noirâtres,
Sur la partie antérieure ils sont jaunâtres ; sur les globes des yeux il sont, ainsi que le
long des bras, d’un laque très vif: sur la partie inférieure de la tête, où brillent quelques
légers reflets argentés, on ne voit que des points très fins teinte neutre; quelques-uns
laque se voient le long des bras et sur le bord de l’entonnoir.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue au premier abord du sagittata par la forme très régulière en
cœur de sa nageoire, par les bras sessiles qui sont presque égaux, par les bras ten-
taculaires dont l’extrémité n’est point garnie de cupules, et surtout par la lame cornée
terminée par un godet sans expansions.
Habitation et mœurs.
\ À
J'ai rencontré quelques individus de cette espèce sur le marché de Nice, pris sur les
plages de galets en même temps que le C. Lamarmora, dont il est facile de le distinguer
par la teinte générale, par sa forme plus allongée, et par ses bras plus grêles. Ainsi que
les jeunes Calmars communs, et les autres petites espèces congénères, il est recherché
comme friandise et connu sous le nom de Totaneto où Calamareto.
Histoire.
J'ai publié cette espèce dans les actes de l’académie Royale des sciences de Turin. Les
caractères me parurent assez tranchants pour en créer une espèce: M. De Férussac, à
qui j'en avais envoyé plusieurs exemplaires, partageait cet avis. N'ayant jamais rencontré
112 CÉPHALOPODES
d'individus, qui servissent de point de transition entre cette espèce et le sagiltata, qui
serait l’espèce-type, à laquelle il pourrait appartenir, je la recommande aux observateurs.
N. 10. C. DE PILLA. L. PILLAE, Verany. PI. 56. fig. d. e. f. g.
Corpore carneo, conico-fusiformi, postice acuminato, alis triangularibus , conjunctis
alam rhomboïdeam efformantibus, tentaculis pedonculatis, retractilibus, lamina dorsali
cornea, lineari, antice dilatata, postice infundibulo conico praedita.
Corps cylindrique, conico-fusiforme, tronqué en avant, donnant à sa partie médiane
supérieure un angle saillant, et à l’inférieure un petit sinus concave; partie postérieure
conique, acuminée, occupée par deux nageoires triangulaires réunies sur le dos en forme
de nageoire rhomboïdale, deux fois plus large que haute.
Tête petite, arrondie, un peu conique, munie de deux yeux largement percés dans la
peau et un peu latéro-antérieurs, couronnée de huit bras sessiles conico-subulés, assez
grêles. La 1." et la 4.° paires, d’égale longueur; la 2.° et la 5°, plus longue d’un cinquième:
cette dernière est en outre pourvue d’une crête natatoire. Tous ces bras sont armés d’une
double rangée de 20 cupules alternantes, globuleuses, à ouverture un peu oblique et munie
d’un cercle corné, très finement denté sur tout son pourtour, et portées par un pédon-
cule fin et pyramidal. Bras tentaculaires grêles, le double plus longs que les bras de la
1. paire, développés à leur extrémité en massue linéaire et lancéolée, et garnis sur plus
de la moitié de leur longueur de cupules alternantes ; ces cupules sont petites et très espa-
cées sur le premier tiers de la moitié terminale des bras, assez grosses, presque égales et
plus rapprochées sur le tiers médian, très petites et très rapprochées sur le dernier tiers ;
elles sont, comme celles des bras sessiles, portées par un long pédicule; mais elles sont
percées horizontalement. | |
Lame cornée, linéaire, plus large dans le haut, très étroite dans le bas, terminée par
une très petite expansion, dont l’extrémité est un petit capuchon aigu.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : É : : : : 0,137
Longueur totale non compris les bras tentaculaires - : : ; : È 0,105
Longueur du corps . : : : ; : à : j 0,058
Diamètre du corps : ; : : : : : ; : : À ; 0,019
Largeur de la nageoire ‘ : - : : : : : 0,030
Longueur de la nageoire : : : : : : : : 0,016
a
Longueur des bras tentaculaires . ; i ë : : : ; : ; 0,053
Couleur. Corps d’un blanc-rosé très peu transparent, sans reflets argentés: globes des
yeux, marqués en dessus d’une belle teinte bleue, irisée par un reflet argenté : iris d’un
DÉCAPODES 115
argent bruni. Tout le corps est couvert de points chromophores très fins rose-laque clair,
et de quelques-uns très fins teinte neutre. Le long de la partie médiane du dos, il est
clair-semé de gros points rougeätres. Les mêmes points se voient sur la tête, le long des
bras, et sur la partie latéro-inférieure du sac; ils manquent entièrement sur la face infé-
rieure de la tête, sur la partie médiane-inférieure du corps et sur les nageoires: sur le
bord de l’entonnoir on n’aperçoit que quelques points roses.
Rapports et différences.
Cette espèce a le facies du L. Coindetii, dont il diffère par sa nageoire rhomboïdale, par
ses yeux latéro-antérieurs, par son corps un peu plus fusiforme: et surtout par les cupules
des bras tentaculaires, qui en occupent toute la moitié terminale ; enfin par la lame cornée,
munie d’une petite expansion à son extrémité terminée en godet. Elle a quelques rapports
avec le L. vitreus de M. Rang par la forme de la nageoire et la position antérieure des
yeux. |
Histoire.
J’ai rencontré deux individus de cette espèce, que je crois nouvelle, sur le marché de
Gènes, le 10 mars 1848 : elle était au milieu d'une masse de Brachiochyrhus. Nardo ,
Atherina nana. Risso. La position de ces yeux, la forme de ces nageoires m’a engagé à
la publier pour appeler sur lui l’attention des naturalistes.
Espèces nominales.
LOLIGO LANCEOLATA. L. ODAGADIUM. RAFFINESQUE. Op. cit.
LOLIGO FUSUS, L. PARVUS. Ronoezr.
LOLIGO URCEOLATUS, L. ZOZETI, SAGITTATUS MA XIMUS, Risso. Cat. nom.
Dans la collection, qu'a laissée M. Risso, je n’ai rencontré aucune de ces espèces.
DIXIÈME GENRE
HISTIOTEUTHE. HISTIOTEUTHIS. D'Onmenv.
Corps court, bursiforme, plus ou moins campanuliforme, portant une paire de nageoires
terminales cylindracées, réunies entre elles, échancrées à leur jonction postérieure qui dé-
passe le corps : appareil constricteur formé d’une crête longitudinale peu relevée, et placée sur
la paroi interne du sac, et d’un sillon accompagné d’un bourrelet sur la base du tube :
locomoteur. +
Tête grosse, cylindrique, allongée ou déprimée, munie de deux yeux três gros, large-
ment percés dans la peau, sans sinus; elle est couronnée de dix bras sessiles, dont six
| 15
114 CÉPHALOPODES
réunis entre eux par des membranes interbrachiales très développées, et deux presque libres;
et de deux bras tentaculaires rétractiles. Bouche protégée par deux lèvres charnues et par
une membrane buccale conique, à ouverture festonnée et rattachée aux bras par six ou
sept brides.
Tube locomoteur sans valvule.
Lame dorsale cornée.
N. 1. H. DE BONELLI. Z. BONELLIANA. D'Ormeny. PI. 19.
Chranchia Bonelliana. Féruss., Monogr. Genr. Chranch. PI. 2. Séance de l'Instit. du 17 sept. 1854.
Mag. de Zool. 1835. PI. 66.
Verany, Tableau ds cèphal.
Corpore bursiformi, antice truncato, postice ovoideo, alis rotundatis conjunctis, alam
bilobatam efformantibus, dimidiam sacci longitudinem occupantibus. Brachiis aequalibus,
sex membrana ampla conjunctis, duo liberis, tentacularibus retractilibus : lamina . dor-
sali cornea ovali lanceolata antice attenuata, postice acuminata.
Corps bursiforme, conique, tronqué en avant , ovoïde en arrière ; portant sur sa partie
postérieure latéro-dorsale deux nageoires demi circulaires réunies, qui forment une nageoire
bilobée, à bords antérieurs arrondis, et fortement échancrés au point d'attache.
Tête, très grosse, cylindrique et oblongue, munie de deux yeux très gros, à orbites peu
proéminents; dont l'iris est marron et la pupille ronde et dépourvue de fausse paupière :
elle est couronnée de huit bras sessiles, et de deux tentaculaires rétractiles.
Bras sessiles égaux en longueur; les trois premières paires, réunies par une membrane
ombellifère très large, qui en embrasse trois cinquièmes et se continue jusque vers leur
extrémité : le bras de la 3.° paire sont bordés sur leur partie latéro-inférieure par une
membrane étroite, qui augmente progressivement en s’approchant de leur base; là ces deux
membranes se réunissent entr’elles, et sur ce point même se rattachent deux petites mem-
branes triangulaires, ou brides, qui sont fixées sur la base interne des bras de la 4.° paire.
En conséquence, l’ombrelle est formée de cinq grandes membranes, et d’une petite, qui va
de l’un à l’autre bras de la 3.° paire, et laisse en dehors de lombrelle même la %4.° paire
de bras sessiles et les bras tentaculaires. Tous les bras sessiles sont épais, conico-subulés,
munis de deux rangées alternantes de petites cupules espacées, au nombre de douze par
rangée sur les trois premières paires, mais plus petites et nombreuses sur la 4.°. Les cupules
sont convexes en dessus, plates en dessous, percées d’une petite ouverture un peu oblique,
pourvue d’un cercle corné à demi denté: elles sont portées par un petit pédoncule pyra-
midal. Les cupules commencent un peu en dessus de la base des bras et n'arrivent pas
jusqu’à leur extrémité; elles vont en décroissant de grosseur dès les premières. Les bras
tentaculaires sont cylindriques, deux fois plus longs que les sessiles, plus gros à la base
que vers l'extrémité, où ils se développent en massue à fer de lance. Cette massue a la
partie inférieure armée de cupules irréguliéres, arrondies, à ouverture large, horizontale et
munie d’un cercle corné, entiérement denté, tandisque la partie supérieure est fournie d’une
crête natatoire.
DÉCAPODES 115
Tube Jocomoteur conique et sans valvule.
Lame dorsale, cornée, ovale-lancéolée, largement cannelée au centre, munie sur la partie
interne d’une seconde lame plus petite, ovalaire et comme pédonculée.
LL
; Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : : , : ; 0,440
Longueur totale non compris les bras tentaculaires . à À Ro h 0,285
Longueur du corps . = ‘ , ; : - ' ; : 0,069
Diamètre du corps ; - : : 3 3 : ; 5 ; : à 0,043
Hauteur des nageoires au point d’attach è ; ; : : : ë j 0,035
Hauteur des nageoires au centre . 3 : : ‘ , - , ' : 0,048
Largeur de chaque nageoire : : : ; É ; : : 0,025
Largeur des nageoires réunies . : : 0,068
Hauteur de la tête . : : : ; - Ë 0,045
Largeur de la tête ; : - : : : : , : 0,043
Ouverture de lœil : | - - : ; : : à 0,021
Longueur des bras sessiles . : : ‘ : - : : 0,165
Longueur des bras tentaculaires . ; . ; ° : : : 0,270
Hauteur de la membrane interbrachiale ° £ : ë 2 . : à 0,095
Couleur pendant la vie. Une teinte générale rose-clair passant au violet, couverte de
points chromophores rouge-carmin très vif, les uns plus gros, les autres très petits, le
colorent d'un rouge laque très brillant; la membrane ombellifère est d’un très beau cramoisi
velouté ; les bras sur la face interne sont de la même couleur, mais leur extrémité est
d’un bleu d’outremer. La surface inférieure du corps est régulièrement clair-semée de dou-
bles points réunis, disposés en quinconce, dont les inférieurs sont jaunes-opalin, les supé-
rieurs plus petits et bleus, qu’on dirait être, ceux-ci des saphirs très brillants et ceux-là des
topazes enchassés dans la peau. Ces mêmes points cerclent très régulièrement l'ouverture
de l'œil, sont régulièrement disséminés sur les parties inférieures et latérales de la tête,
et disparaissent sur la partie dorsale du corps et sur la médio-dorsale de la tête: ils sont
très régulièrement disposées en trois rangées sur les bras des trois premières paires, et
en cinq sur ceux de la quatrième: ceux des rangées latérales sont les plus gros et les plus
brillants, et diminuent très progressivement vers l’extrémité des bras. Sur le point d’attache,
la nageoire est jaunâtre, le reste en est blanc-rosé livide; elle est marquée de points chro-
mophores très fins, rouge-laque carminée.
Le globe des yeux est blanc, irisé de bleu; la paupière, marron.
Les bras tentaculaires rose päle, couverts de points chromophores rouge-laque : la massue,
d’une teinte jaune-verdâtre bordée de rouge carmin. Les cupules des bras sessiles sont toutes
d’un bleu outremer très brillant. La membrane buccale, blanche sans points chromophores.
Après la mort, les points brillants perdent Jeur éclat: alors ce mollusque se décolore un
peu ; mais il conserve très longtemps sa teinte rouge.
Rapports et différences.
Les caractères génériques de ce céphalopode sont si tranchants qu’il est impossible de
ne pas le reconnaitre au premier abord: cette espèce se distingue du Ruppell par l'égalité
116 CÉPHALOPODES
de ses bras sessiles, et des membranes interbrachiales ; par son corps et sa tête allongés,
par la couleur pourprée et léclat dé ses points, par ses cupules constamment d’un bleu
très brillant, et enfin par sa taille toujours de beaucoup plus petite.
Habitation et mœurs.
Les deux espèces connues jusqu’à ce jour, qui constituent ce nouveau genre, sont de
la Méditerranée , où je les ai découvertes. |
Aussi souvent que mes occupations me le permettaient, j’assistais aux pêches, qu’on fait
à la drague sur les plages de galets, qui s’étendent de la ville de Nice à embouchure du
Var. Dans laprès-midi du 7 sept. 1854, j'arrivai sur les bords de la mer, quand déjà une
drague avait été retirée; et j'apercus entre les mains d’un enfant ce céphalopode malheu-
reusement très mutilé. Je fus surpris au premier abord de ses formes extraordinai-
res et du brillant de ses couleurs; j’en fis l’acquisition sur le champ et le montrai aux
pêcheurs pour savoir s’ils connaissaient ce mollusque. Sur leur négative je le leur fis
observer attentivement, et je promis une bonne prime à celui qui m’en apporterait un
semblable, vivant ou en bon état. M’étant porté vers d’autres pêcheurs, qui tirait une
autre drague , je réitérai mes promesses. Peu après, je fus rappelé par lun d’eux
qui m'en montra un cramponné au filet; je le fis saisir et plonger dans un baquet d’eau.
C’est dans ce moment que je jouis du spectacle étonnant des points brillants, qui parent
la peau de ce céphalopode déjà si extraordinaire par ses formes; tantot c'était l’éclat du
saphir, qui m'éblouissait: tantôt c'était l’opalin des topazes, qui le rendaient plus remarqua-
ble ;: d’autres fois ces deux riches couleurs confondaient leurs magnifiques rayons. Pendant
la nuit les points opalins projetaient un éclat phosphorescent: ce qui fait de ce mollusque
une des plus brillantes productions de la nature. Son existence fut de courte durée, quoiqu'il
fut conservé dans un grand baquet d’eau; il doit vivre probablement à de grandes profon-
deurs. Peut-être nous arrive-t-il de la haute mer ; les larges membranes, qui garnissent ses
bras, doivent en faire un puissant nageur. M. Peters de Berlin, pendant le séjour qu’il
fit à Nice, en a recueilli deux ; et M. Sasso, Prof. d’hist. nat., en possède un, pris sur les
parages de Gènes. J’ignore si on l’a rencontré ailleurs; quant à moi, n'ayant jamais pu
ravoir l'individu , que j'avais prété à M. De Férussac, je ne possède que lexemplaire
très mutilé , dont j’ai parlé.
Histoire.
Le 16 sept. 1834, ayant reçu une lettre de M. le Baron De Férussac, en reponse à la
communication, que je venais de lui faire sur la trouvaille d’un Calmaret parfait, et vu
l’empressement, qu’il me témoignait de lui envoyer ce mollusque nouveau, voulant, comme
il me l’écrivait, confondre à la première réunion de l'institut, les membres, qui avaient
accueilli si défavorablement la présentation de la première livraison de sa monographie des
céphalopodes, je joignis, à l'envoi du Calmaret, ce céphalopode et le dessin pris sur le
modèle vivant de deux espèces, avec la condition d’en dédier un à feu M. le Profess. Bonelli
comme preuve de mon affection. M. De Férussac les présenta à l'institut dans la séance du
27 oct. et donna à cette espèce le nom de Cranchia Bonelliana. M. D’Orbigny rectifia plus
DÉCAPODES 117
tard l’erreur de M. De Férussac, qui avait rapporté au genre Cranchie ce céphalopode, et
créa pour lui le genre Histioteuthe: malheureusement il n’en a pas publié la description,
A
et j’ai dû la faire sur celle que j'avais adressée à M. De Férussac, n'ayant plus revu ce
céphalopode.
N. 2 H. DE RUPPELL. 7. RUPPELLI. Verany. PI. 20. 21.
e
Verany, Guide de Gènes, tom. 1. Part. 2. pag. 28. fig. 5.
Corpore campanuliformi, antice truncato, postice attenuato; alis semicircularibus, co-
niunctis alam rotundatam postice bilobatam efformantibus, dimidiam sacei longitudinem
occupantibus : brachiis inaequalibus sex membrana ampla conjunctis,. duo liberis, ten -
tacularibus’ retractilibus. Lamina dorsali cornea, ovali-lanceolata , antice attenuata
postice acuminala.
Corps campanuliforme; extrémité postérieure acuminée ; extrémité antérieure très large ;
décrivant en dessus un angle médian peu marqué; portant sur son extrémité postérieure
deux nageoires semi-circulaires réunies à leur base et dépassant le corps, formant ensemble
une nageoire arrondie et echancrée sur le centre médian postérieur.
Tête grosse, courte, moins large que l’ouverture du corps, un peu déprimée, rattachée
au corps par un cou mince ; munie de deux yeux très gros, à globes peu saillants, latéro-
antérieurs, et couronnée de huit bras sessiles et de deux tentaculaires rétractiles.
Bras sesciles inégaux, gros, conico-subulés : la 1." paire, la plus courte; la 4°, un peu
plus longue; la 5e, plus longue que la 1." d’un cinquième ; la 2.°, plus longue que la 3.°
et munie sur toute sa longueur d’une petite crête natatoire. Les premières paires, réunies
entre elles par une grande membrane ombellifère très élastique; celle qui lie la 1.7 paire,
occupe presque la moitié de l’espace interbrachial, et se prolonge jusques vers l'extrémité
de ses bras; celle qui lie la 4."° à la 2.°, en occupe les deux tiers, si on la mesure sur
les bras de la 1° paire, et un peu moins de la moitié, si on la mesure sur ceux de la
2e. Celle qui lie la 2. paire à la 3.°, est la plus large, et en embrasse deux cinquièmes,
si on la mesure sur la 2. paire; une membrane étroite, qui part de l’extrémité des bras
de la 3 paire, et va en augmentant progressivement, en borde tout le côté latéro-inférieur ;
ces deux membranes se réunissent entre elles à la base des bras: sur ce point même se
rattachent aussi deux petites membranes triangulaires, qui sont fixées sur la base interne
des bras de la 4.° paire. Ces bras portent deux rangées alternantes et très régulières de
petites cupules, qui commencent un peu en dessus de la base des bras et se terminent à
cinquante cinq millimètres de leur extrémité: les cupules sont arrondies, légèrement com-
primées du côté de leur ouverture, qui est oblique, petite et munie d’un cercle corné, denté
seulement sur la moitié supérieure ; elles sont sises sur un fort pédicule pyramidal. Sur
les trois premières paires de bras, chaque rangée est composée de 50 cupules environ ; sur
la 4.°, les cupules sont généralement plus petites que sur les autres bras, et sur chaque rangée
on en compte environ 50. Bras tentaculaires rétractiles, implantés en dehors de la mem-
brane ombellifère, deux fois plus longs que la 1. paire, arrondis, un peu plus épais vers
118 CÉPHALOPODES
leur base; fortement développés en fer de lance très aiguë à leur extrémité; cette massue
est pourvue d’une large membrane protectrice des cupules; elle est couverte en dessous
de plusieurs rangées de cupules irrégulières, et en dessus d’une crête natatoire très pro-
noncée. Les cupules des rangées médianes sont très grosses et irrégulières, les latérales et
celles des extrémités sont très petites; une rangée de cupules très petites se voit tout le
long de la moitié terminale de ces bras, elles diminuent de grosseur et sont de plus en
plus espacées de haut en bas. Ces cupules sont globuleuses, pédonculées largement, couvertes
horizontalement, et pourvues d’un cercle corné, finement denté.
Membrane buccale, rattachée aux bras par sept brides, dont une à chacun des 6 bras
réunis par la membrane ombellifère; la 7.° est rattachée à la membrane, qui unit entre eux
les bras de la 3.° paire.
Tube locomôteur petit, très conique, et sans valvule.
Lame dorsale, cornée, lancéolée, à extrémité aiguë, largement cannelée et munie sur la
face interne d’une seconde lame plus petite, ovalaire, et légèrement pédonculée.
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; : : é ; : 1,060
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : ; ; ‘ ë 0,780
Longueur du corps. . ; < : : à 0,140
Largeur de l'ouverture du corps . : ; - : ; ; ; ; ë 0,120
Largueur des nageoires : : : - : ; - - : 0,122
Hauteur des nageoires . ‘ é : : : : : 0,074
Largeur de la tête . : : : = : : 0,116
Hauteur de la tête : : 3 ; . : : ; : : ; : 0,080
Ouverture de l'œil . Ê - ; : à 0,040
f::Æs-pare:; à ; ; as i 0,400
de - 3 —___ : 0,540
ANR | A
us : - : : : : 0,430
Longueur des bras tentaculaires . : : : : s : : à 0,806
Longueur de la lame dorsale à : ; = s : : à 0,120
Largeur de la lame dorsale. . : > : 0,040
Couleur. D’un blanchâtre lilas livide, avec reflets bleuâtres; tout couvert de points chro-
mophores rouge-rouille très fins, sauf quelques-urs clair-semés et plus gros : nageoires pas-
sant au jaunâtre et couvertes des mêmes points, qui disparaissent vers le bord : membranes
ombellifères, tant à lextérieur qu’à l’intérieur, d’un rouge-vineux sale, produit par la teinte
bleuâtre générale du fond et des innombrables petits points rouge-rouille. Les bras tentacu-
laires sont blanchâtres et couverts de petits points chromophores rouge-laque ; la crête na-
tatoire de leur massue est d’un jaune-verdâtre. Toute la surface de ce céphalopode est assez
régulièrement espacée de gros points bleuätres brillants; ces points sont surmontés d’un
gros point opalin, qui est circonscrit par les points chromophores rouge-rouille très
rapprochés : ces points opalins sont moins réguliers et moins constants sur la partie dor-
sale du corps : ils sont très rapprochés et bordent l'ouverture de l'œil; ils forment trois
DÉCAPODES 119
séries sur les trois premières paires de bras et cinq sur les bras de la 4.° paire. Ces points
sont loin d’avoir le brillant et l'éclat de ceux de lHistioteuthe Bonelli ; et quoique mort,
ils étaient encore très phosphorescents. Le globe des yeux est blanchâtre : le cristalin ver-
dâtre chatoyant ; le col et le tube locomoteur blanchâtre : ce dernier couvert de quelques
points chromophores rouge-jaunâtre. Les cupules sont toutes blanches. Conservé dans l'alcool,
il devient d’un vineux sale obscur: quelques points bleus paraissent encore ; mais les jau-
pâtres n’ont plus laissé aucune trace de leur présence.
Rapports et différences.
Cette espèce se distingue de prime abord du Ruppellii par l’irrégalarité de la longueur
des bras et des membranes ombellifères, par la forme campanulée du corps, par sa cou-
leur terne et ses Cupules blanches, et surtout par sa taille beaucoup plus forte.
Habitation et mœurs.
Ce céphalopode nouveau, qu’à ma connaissance aucun naturaliste n’a encore rencontré,
vit dans les profondeurs d'environ 800 mètres; on le prend en mai et sept., quand les
pêcheurs de palangre vont faire à cette profondeur la pêche des Sparus centrodontus. Cuv.
Les six individus, que j'ai déjà vus, ont toujours été pris à la suite de cette pêche. Pro-
bablement l’espèce est voyageuse et suit ces poissons ; car si elle était stationnaire dans cette
grande profondeur, on en prendrait plus souvent. Sa peau est très élastique : sa chair est
flasque et selon toutes les probabilités aigre et malsaine; les pêcheurs, qui ne l'avaient ja-
mais observé, l’appellent Pignata.
Histoire.
J'ai vu pour la première fois ce céphalopode à mon départ pour l’Amérique, quand de
Nice je me rendais à Gènes sur la frégate royale le Charles-Félix. Nous étions à la hauteur
des parages de S. Remo, à deux heures de laprès midi le 15 juillet 1836 : des matelots aper-
çurent cet animal sur l’eau, l’un deux se lança à la mer et le saisit. L’officier de quart
eut la complaisance de m'en faire prévenir. Bien que ce céphalopode fut très mutilé, je
pris mes notes et je constatai, par l'inégalité de ses bras, la couleur vineuse de son COTpPS,
et la teinte blanchâtre de ses. cupules, que c’était une espèce nouvelle: mes observations
étant incomplètes par le manque de la nageoire et de massue sur les bras tentaculaires, je
ne pus les publier. En sept. 184%, les pêcheurs, auxquels depuis longtemps je recommandais
de m'apporter toutes les nouveautés de ce genre, surtout le Poulpe à mailles qu’ils con-
naissent, m’apportèrent un individu de cette espèce nouvelle, espèce qui reparut en mai
1845 et 46, toujours pendant la pêche du Sparus centrodontus. Cu.
Je citai ce céphalopode au congrès scientifique de Milan (Act. de ce congrès pag. 560), et
je l’ai décrit et figuré dans le guide de Gènes, offert par cette ville aux savants, qui se
réunirent au huitième congrès scientifique italien (tom. 1. pag. 28. PI. 3)
120 CÉPHALOPODES
ONZIÈME GENRE.
CALMARET. ZOLIGOPSIS. Lamark.
Leachia. Lessueur. Chiroteuthys. D’Orbigny.
Corps gélatineux, très transparent; nageoires réunies et placées sur l'extrémité du sac:
appareil constricteur, formé par une fossette conique perpendiculaire, communiquant par
un étranglement avec une petite fossette horizontale, entourée d’un rebord ovalaire assez
large ; placé sur la base du tube locomoteur et d’un tubercule très conique, terminé dans
le haut en crête décroissante, accompagnée de deux fossettes latérales sises sur la paroi
interne du corps.
Tête et bras très variables selon les espèces; membrane ombellifère nulle; membrane
buccale très conique, octogone, rattachée aux bras par 8 brides, et dont l’ouverture est
petite et légèrement festonnée.
Tube locomoteur, conique sans valvule.
Lame dorsale cornée, linéaire sur le centre, linéaire-lancéolé sur les deux extrémités.
N. 1. C. DE VERANY. Z. VERANYI. Férussac. PI. 38 et 39.
Féruss., Séance de l'Inst. du 17 oct. 1834. Magaz. de Zool. 1835.
Monogr. des céph. Génr. Calmaret. PI. 2.
Chiroteuthys Veranyi. D'Orbigny , Monogr. Genr. Calm. PI. 4. fig. 17-23.
Loligops Mediterranea. Risso, Communication facte au congrès scientif. de Turin, et catal. nom.
Corpore gelatinoso, hyalino, conico ellongato, antice truncato, postice fusiformi; alis
conjunctis cordato-rotundatis, dimidiam fere sacci longitudinem occupantibus et apicem
sacci non superantibus ; brachiis valde inaequalibus , tentaculis longissimis per totam lon-
gitudinem acetabulatis : lamina dorsali cornea, lineari et utraque extremitate lineari-
lanceolata.
Corps gélatineux, très transparent, conique allongé; extrémité antérieure tronquée et
décrivant sur la partie médiane supérieure un angle peu saillant; extrémité postérieure fusi-
forme et portant deux nageoires réunies, qui en forment une seule circulaire, légèrement
cordiforme, qui ne dépasse pas le sac et en occupe presque la moitié.
Tête arrondie, plus grosse que le corps, munie de deux yeux gros, largement ouverts
dans la peau, dépourvus de sinus, à orbites peu proéminents; elle est couronnée de huit
bras sessiles très inégaux en longueur et en grosseur, et de deux bras tentaculaires fili-
formes excessivement longs.
La 1. paire de bras est un peu plus longue que le corps ; elle est conico-subulée, lé-
gèrement comprimée latéralement et à l’intérieur ; la 2.° paire, plus grosse et plus longue
DÉCAPODES 121
que la 1, est arrondie vers la base, fortement comprimée du côté latéro-inférieur, con-
vexe du côté rie. opter + carénée en dessus; la 3€ paire, presque le double en
longueur de 5 1° paire, deux fois plus grosse de la 2, est fortement carénée, et comprimée
du côté inférieur, et convexe du côté supérieur; la 4. paire, d’un tiers plus longue que
la 3°, est plus grosse du double, et munie d’une grande membrane longitudinale ou carène
plus large que Île bras, sur le côté latéral supérieur. Ces bras sont convexes en dehors et
en gouttière en dedans; cette gouttière est épaisse d’un côté, étant bordée par le bras: elle
est très mince et carénée de l’autre. La 1."%, la 2.° et la 5° paires de bras portent deux
rangées rapprochées de petites cupules très serrées, qui diminuent progressivement de
grosseur jusques vers l’extrémité des bras, où elles ne sont plus déchiffrables ; on en compte
de 70 à 80 par rangée. Sur les bras de la 4*° paire, les rangées sont plus distantes l’une
de l’autre; les cupules sont plus petites et plus espacées et au nombre de 20 environ par
rangée. Toutes ces cupules sont rondes, un peu comprimées en dessous, percées d’une ou-
verture ronde un peu latérale, munie d’un cercle corné, finement denté: elles sont implan-
tées sur un tubercule pyramidal et fixeés par un court pédicule filiforme , qui se rattache à
la cupule dans une fossette un peu latérale (PI. 59. fig. f). Bras tentaculaires, filiformes,
trois fois plus longs que tout le corps, terminés par une massue lancéolée, formée par une
expansion membraneuse, large et finement festonnée, qui protège les cupules ; cétte massue
est munie en dessous de quatre rangées de cupules placées horizontalement, deux à deux
de chaque côté, et terminée par un bouton oblong, percé en dessus d’une ouverture
ovale, très étroite, que M. D’Orbigny regarde comme une cupule charnue (fig. 2). Tout
long de la partie filiforme de ce bras, qui est un peu plus épaisse vers la base, on voit,
à petits intervalles, des cupules sessiles charnues, bien distinctes. Les cupules de la massue
sont portées par un pédoncule réctractile, implanté sur une espèce de bouton aplati et
rond, qui forme l'extrémité d’un pédoncule plus long (PI. 39. fig. g). L'ouverture des cu-
pules est latérale, oblongue et pourvue d’un cercle corné en partie denté (fig. 2): les dents
en sont coniques et crochues; la dent supérieure médiane est la plus longue: cette ouver-
ture peut étre, dans l’état de vie, entièrement couverte par la membrane de la cupule.
Tube locomoteur conique, médiocre, sans valvule.
Lame dorsale cornée, linéaire-lancéolée et spatulée aux deux extrémites.
Proportions.
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : : - - ; 0,325
Longueur du corps . L : : - : ; : : : SE 0,087
Diamètre du corps à l’ouverture . : : ; ; - : : : : 0,027
Largeur de la tête .. . - - - - - - - 0,033
Longueur de la nageoire . : : à : À : : ù > = 0,040
Largeur de la nageoire Ar. : . 0,039
( paire: . ; - ; à ; , = 0,112
ES 2 ; : : | - à : 5 : 0,138
| 00%
ee en : : : ; : ; ; 2. 0,210
Longueur des bras tentaculaires . ; ; : : : ; ; ; > 1,030
Massue des bras tentaculaires ; : : : : à ; 0,075
16
122 CÉPHALOPODES
Couleur. Tout le corps de ce céphalopode est d’un blanc-hyalin transparent, couvert de
points chromophores très fins, teinte neutre: on voit sur le globe des yeux une tache
bleuâtre vive. Le corps à cause de la transparence de la peau, est sur la partie supé-
rieure coloré de jaune et de rose : sur la partie inférieure, qui est aussi colorée de rose et
de jaune, on remarque sur la ligne médiane une tache, en forme de cœur renversé, bleue
très prononcée; sur chaque lobe de ce cœur brille un gros point à reflet métallique argenté,
Deux taches oblongues, placées sur la partie inférieure de chaque globe des yeux, et une série
très régulière de points, qui décroissent en grosseur vers lPextrémité, et forment une ran-
gée longitudinale sur la partie dorsale des bras inférieurs, brillent aussi de l’éclat de l'argent
le plus pur ; à la partie interne des bras ces points, qui forment une ligne parallèle très
rapprochée de la série interne des cupules, sont d’un brun-noiràtre : sur tous les bras on
voit des grandes taches irrégulières jaunes et rouges-pale. L’extrémité de la massue est
rose. La membrane, qui enveloppe les cupules, est jaunâtre; et le bouton, qui termine le
pédoncule, sur lequel est implanté le pédoncule portant la cupule, est rayé perpendiculai-
rement de bleu noirâtre sur toute sa circonférence.
Dans l'alcool, ce mollusque devient incolore; les points chromophores à teinte neutre
persistent; la série des points, qui brillaient d’un reflet argenté sur la partie dorsale des
bras inférieurs, est toujours perceptible ; mais les points ont perdu leur éclat métallique.
Rapports et différences.
Les caractères génériques font de prime abord, reconnaître ce céphalopode extraordinaire.
La rotondité de sa tête, la bien moindre longueur de son corps, la forme presque arrondie
de sa nageoire, l’énorme longueur de ses bras tentaculaires, la superposition des cupules
des bras tentaculaires, et sa taille le font distinguer du L. vermicularis, avec lequel il
a beaucoup de rapports.
Habitation et mœurs.
Ce Calmaret paraît ne vivre que dans la Méditerranée. Je l’ai recueilli pour la première
fois, le 14 avril 1834, je l’eus une seconde fois en sept. 1836. M. Risso m'en montra plus
tard un individu comme nouveauté. En juillet 1849 fut pris à Nice l’exemplaire parfait, que
je possède. La première fois que M. Ruppell visita mes cartons, il reconnut dans mon
Loligopsis Veranyi un céphalopode, qu’il avait eu à son premier voyage à Livourne : novice
alors dans cette science, qu’il à tant enrichie, il perdit cet object précieux.
Ce Calmaret se rencontre à fleur d’eau pendant les calmes des belles saisons, au milieu
des médusaires, qui peuplent notre mer; sa blancheur et sa consistance le font toujours
confondre avec ces animaux. Un pêcheur intelligent, qui l’a aperçu à fleur d’eau, m'a
assuré qu'il nageait très lentement et faisait mouvoir en tout sens et avec assez de vivacité
ses longs bras tentaculaires. C’est aussi à la surface de l’eau, que je rencontrai dans l'Océan
le L. Bomplandii. |
DÉCAPODES 195
Histoire.
Frappé par la forme bizarre de ce céphalopode, je m’empressai d’en communiquer une
esquisse à M. De Férussac le 15 août 1831: cédant à l’empressement qu’il me marqua,
d’avoir ce céphalopode nouveau, lequel fixait définitivement le caractère et la place du
genre Loligopsis, je le lui envoyai accompagné de la description et du dessin, que j'en
avais fait. M. De Férussac le présenta à la séance de l'institut du 27 sept. 1854, puis le
figura dans sa monographie genre Calmaret PI. 11; à laquelle il ajouta quelques détails.
Plus tard M. D’Orbigny crut à propos d'établir pour cette espèce un genre nouveau sous
le nom de Chiroteuthe, basant son caractère surtout sur la ventouse charnue, qu’on voit
à l'extrémité de la massue des bras tentaculaires ; il donna quelques détails de ce mollusque
intéressant dans la planche IV du genre Calmaret de la Monografie des céphalopodes. Il est
à regretter que ce savant n'ait pas publié le texte de ce précieux ouvrage; car il nous au-
rait fait connaitre tous les caractères secondaires, qui l’ant engagé à établir ce nouveau
senre. Il est fâcheux cependant qu’il ait proposé un nom si consonnant avec celui de Cir-
rhoteuthis, imposé par M. Eschericht à un céphalopode très extraordinaire des mers du
Nord, que M. D’Orbigny paraît n'avoir pas connu.
Re
N. 2. C. VERMICULAIRE. ZL. VERMICULARIS. Rurreu. PI. 40. fig. a. b.
Ruppell, Lettre à M. le Prof. Cocco. Loc. citat.
Corpore gelatinoso, hyalino, cilindrico, antice truncato, postice subulaio, alis con-
iunctis, alam cordiformam acuminatam, vel subulatam efformantibus, dimidiam vel
bis tertiam, sacci longitudinem occupantibus ; capite ellongato-fusiformi: brachiis valde
inaequalibus, tentaculis filiformibus longis. Lamina dorsali.………
Corps gélatineux, très transparent, cylindrique, long ; extrémité antérieure, tronquée et
décrivant à la partie supérieure un angle peu saillant ; extrémité postérieure, plus ou moins
atténuée et très allongée, portant deux nageoires réunies en forme de cœur à pointe très
aiguë et souvent très subulée; nageoires plus longues que la partie libre du corps.
Tête fusiforme, plus longue que la partie sans nageoire du corps, munie de deux yeux
largement percés dans la peau, mais dépourvus de sinus; orbites peu proéminents : elle est
couronnée de huit bras sessiles très inégaux en longueur et en grosseur, et de deux ten-
taculaires filiformes, moins longs que tout le reste du corps.
Bras sessiles de la 1." paire, conico-arrondis, très petits, atteignant à peine un quart de
la longueur de la tête: ceux de la 2, un peu plus longs, légèrement carénés; ceux de
la 5.°, un peu plus longs que ceux de la 2.° fortement carénés et comprimés latéralement;
ceux de la 4, presque trois fois plus longs que ceux de la 1."°, et doublant en grosseur
ceux de la 5, dilatés latéralement du côté externe en large carène, creusés en gouttière
intérieurement et convexes en dessus. Tous ces bras portent deux rangées rapprochées de
très petites cupules rondes, portées par un petit pédonceule filiforme, implanté sur un
124 CÉPHALOPODES .
tubercule conique saillant: sur la 1", la 2.° et la 5.° paires , elles sont rapprochées et très
nombreuses ; sur la 4, elles sont très espacées, et malgré leur plus grande longueur en
bien moindre quantité. Bras tentaculaires filiformes plus longs que la tête, y compris les
bras: dans les individus, dont l’extrémité subulée du corps est excessivement allongée, la
massue terminale occupe un huitième de leur longueur; dans ceux où elle est médiocre, la
massue en occupe un quart: cette massue est pavée de cupules microscopiques, qui pa-
raissent sessiles. La cupule terminale et les cupules sessiles le long de la partie filiforme,
qu'on voit sur le C. Verany, manquent dans cette espèce.
Tube locomoteur petit et conique.
Lame cornée...
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . ; " ‘ 0,265 ; 0,258
Longueur totale non compris les bras tentaculaires : ï - 0,200 ; 0,165
Longueur du corps . : : ï ; à à - 0,115 à 0,083
Largeur du corps : : : : : ; , ; 0,010 : 0,010
Longueur de la nageoire . : ; : : : 5 0,074 : 0,045
Largeur de la nageoire : $ ; : ; : : : 0,027 ‘ 0,025
Longueur de la tête . : - : : : 0,043 ; 0,043
Largeur de la tête . Re. à : : : : ; 0,011 : 0,011
1. paire . à : : : 0,013 0,013
Re : : ; : : : 0,017 : 0,017
D ee 0
Rs : : : ee 0,036 : 0,036
Longueur des bras tentaculaires . * ; - : : ; 0,110 ‘ 0,035
Massue des bras tentaculaires = ; 2 : 5 à ; 0,015 : 0,040
Couleur. Dans l’état de vie, d’un hyalin très transparent, sans aucuns points chromophores,
et sans taches; on ne remarque sur lui que le point noir des yeux. Dans l’eau, on dirait
ce céphalopode un médusaire ou un morceau de glace. Plongé dans l'alcool, il devient blan-
châtre , conserve encore sa transparence; et on voit à travers son corps les organes intérieurs.
Rapports et différences.
La longueur de sa tête et l’excessive longueur de lPextrémité de son corps font distinguer
au premier abord cette espèce.
Habitations et mœurs.
Cette espèce se rencontre dans le détroit de Messine, où les courants paraissent l’entrai-
ner; elle y a été découverte par M. Ruppell, qui me communiqua le dessin, qu’il en
avait et que j'ai reproduit planche 40, fig. a. La figure b de la même planche, à extré-
mité du corps beaucoup plus longue, a été faite sur deux individus, recueillis dans le même
golfe, que M. le Doct. Krohn m’a donnés.
DÉCAPODES 125
Histoire.
M. Ruppell a observé le premier cette espèce remarquable, qu'il fit connaître par la
description suivante insérée dans le journal du cabinet de Messine: « La longueur du
» col, c’est-à-dire celle placée entre le bord antérieur du sac viscéral et l'orbite, est
» égale à celle qu’il y a entre ce bord et le commencement de la nageoire, laquelle
» est cordiforme, et terminée avec une pointe allongée. La nageoire mesure la moitié
» du sac viscéral. La lame cartilagineuse dorsale est très fine. Les huit tentacules buccaux
» sont armés d’une double série de très petites ventouses: elles sont distantes entre
» elles, et alternent dans leur séries parallèles. Les deux tentacules cylindriques rétrac-
» tiles sont assez longs et ont leur quart terminal avec beaucoup de ventouses micros-
» copiques. La longueur du corps et des tentacules buccaux est de six pouces, celle de
» la longueur du sac viscéral le tiers d’un pouce. C’est une propriété de ce céphalopode
» de rester diaphane après la mort, plongé même dans l'esprit de vin ». Dans l'intérêt de
la science, il est à désirer que M. Krohn publie les observations, qu'il à faites sur ce
céphalopode, et nous fasse connaitre si la longueur du corps est due à la différence des
sexes. M. le Prof. Koelliker nous en donnera probablement l’anatomie, lui ayant cédé un
des deux individus, que M. Krohn m'avait donné.
N. 3. GC. MARTEAU. Z. ZIGAENA. Verany. PI. 40. fig. c.
Corpore gelatinoso, hyalino, cilindrico-fusiformi, antice truncato, postice subulato,
alis conjunclis, alam postice trilobatam, antice bilobatam efformantibus, sextam sacci
partem occeupantibus ; capite minimo, oculis pedonculatis; brachiis aequalibus minimis,
tentaculis longis, filiformibus, et per totam longitudinem acetabulatis. Lamina..………
Corps gélatineux, transparent, fusiforme ; extrémité antérieure, tronquée et décrivant à sa
partie médiane supérieure un angle peu saillant; extrémité postérieure, acuminée et portant deux
nageoires réunies en forme de nageoire bilobée dans le haut et trilobée dans le bas, extrémité
du sac donnant le lohé médian : cette nageoire occupe un sixième de la lorgueur du corps.
Tête très petite, munie de deux yeux latéraux percés dans la peau, et placés à l’extré-
mité de deux tubercules longs, cylindriques et inclinés un peu en avant; elle est couronnée
de huit petits bras sessiles presque égaux, et de deux tentaculaires filiformes , aussi longs
que le corps. Ceux de la 1." paire, un peu plus courts que tous les autres; il sont tous
conico-subulés et munis de deux rangées alternantes de très petites cupules globuleuses,
fixées a un petit tubereule conique par un pédoncule très fin. Bras tentaculaires, filiformes,
plus gros à leur base que les bras sessiles, développés en massue lancéolée vers leur ex-
trémité, garnis depuis leur base de deux rangées de petites cupules pédonculées et paral-
léles, lesquelles sont un peu plus espacées et plus petites à la moitié des bras: on en voit
quatre rangées sur la massue: ceiles des rangées internes , sont toutes proportionellement
décroissantes du centre aux extrémités.
Tube locomoteur, conique et dépassant les pédoncules oculaires.
1926 CÉPHALOPODES
Proportions.
Longueur totale y compris les bras tentaculaires . : 5 : : à - 0,042
Longueur du corps . $ - ; : - : : : - é 0,022
Diamètre du corps ‘ : : : ë 0,007
Largeur de la nageoire ; ‘ ; : ; : : : À ; ; 0,005
Hauteur de la nageoire : ‘ ; : 5 : 0,004
Longueur des bras sessiles mesurés de la bouche. : ; 0,005
Longueur des bras tentaculaires . . : 0,024
Couleur. D’un hyalin transparent sans points chromophores; on voit à travers le corps
tous ses organes. Une tache jaunâtre colore le centre de la tête; on en remarque une plus
petite en arrière des yeux. Dans l'alcool, ce céphalopode devient blanchâtre et conserve un
peu de sa transparence.
Rapports et différences.
Les yeux pédonculés caractèrisent nettement cette espèce ; la forme et la petitesse de sa
nageoire, et la régularité de ses bras sessiles la font distinguer parfaitement de ses congénères.
Habitation et mœurs.
L’unique individu, que je possède de cette espèce, a été trouvé dans le port de Messine
par M. le Doct. Krohn.
Histoire.
La science doit à M. le Doct. Krohn la découverte de cette espèce extraordinaire: quoi-
que absorbé par ses études anatomiques sur les Bifores, ce savant recueillit pour moi tous
les céphalopodes, qui se pêchent dans le golfe de Messine, et me les donna à son retour.
Cette espèce m’ayant été désignée par lui sous le nom spécifique de Zigaena, vu la con-
formation de sa tête, qui rappelle celle du poisson de ce nom, j’ai scrupuleusement conservé
cette dénomination.
HECTOCOTYLE. HECTOCOTYLUS. Cuir. PI. 41.
Dee CiaAiE. DusakDin. KOELLIKER. SIEBOLD.
Tricocephalus acetabularis. Delle Chiaje, Anim. invert. Vol. IT. pag. 137.
La publication de M. le Prof. Koelliker sur lhectocotyle du .trémoctope violet et de lar-
gonaute, rapports de l’inst. Zoot. royal de Würzburg 1847-48 ; les communications qu'il
fit au congrès scientifique de Gènes; et la place, que leur assigne M. le Prof. de Siebold
dans son manuel d'anatomie comparée, m’obligent à terminer cette monographie par l’his-
toire de cet animal extraordinaire, suivie de mes observations zoologiques.
DÉCAPODES 127
M. Delle Chiaje décrivit cet animal sous le nom de fricocephalus acetabularis et le ran-
gea dans ses Pseudo-anellosi epi-entozoici. M. Cuvier, en décrivant ce ver rapporté de
Nice par M. Laureillard, qui l'avait trouvé sur l'O. granulatus Lamark (1), dit: « voilà le
» corps d’un poulpe, qui a pour parasite un ver tellement semblable à un bras de poulpe,
» que l'illusion ne peut être plus grande. Parmi les deux poulpes il en est un, où l’hecto-
» Cotyle s'est attaché à un des bras, qu’il a même à-peu-près détruit, et qu'il semble tel-
» lement remplacer qu’au premier corps d’œil on le prendrait pour ce bras lui-même... …
» Il se détache aisément de l’animal, sur lequel il vit, et se met aussitôt à pager dans
» l’eau de la mer (2), où à ramper sur toute sa surface solide sans paraître beaucoup souf-
» frir de ce changement de position ».
M. le Prof. Dujardin, dans l’histoire des helminthes, nouvelle suite à Buffon, dit: « j'ai
» vu les préparations anatomiques, ainsi qu’un exemplaire entier; mais j'avoue qu’il m’est
» impossible de comprendre ce que ce peut être; je suis seulement bien convaincu que ce
» n’est pas un helminte trématode: on dirait un bras arraché de quelque autre céphalo-
» pode, tant la double série de ventouses, occupant la face centrale de l’hectocotyle, res-
» semble aux ventouses plus grandes du poulpe. On voit dans la partie dorsale un long
» filet blanc, sinueux et replié, que Cuvier n’a pu voir qu'après l’action de l’alcool , et
» qui par conséquent doit provenir de la coagulation de quelque substance liquide (sper-
» matique ?)... Ce sera seulement en étudiant ces objets vivants, qu’on pourra décider de
» leur vraie nature et constater si ce ne serait pas des parties détachées de quelque cépha-
» Jopode dans le but de servir à la fécondation. Ce que je puis affirmer dès à présent, c’est
» que le long fil blanc, décrit par Cuvier et dont la longueur est de plus d’un mètre, est
» tout simplement un faisceau de filaments très longs et très fins, indépendants, et res-
» semblant complétement aux spermatozoïdes des céphalopodes ».
= M. le Prof. Koelliker, observant que les hectocotyles ont des branchies (3), un cœur (4),
des artères et des veines, déclare qu'ils ne peuvent par conséquent être des helminthes,
vu qu’ils ont en commun avec les céphalopodes les chromotophores contractiles de la peau,
la forme des spermatozoïdes et des ventouses ; et que la masse musculaire de leur corps
se contracte à la manière des bras des céphalopodes, qui les portent et sont tous femelles,
et que les hectocotyles sont tous mâles; enfin que certains œufs d’octopodiens, d’après M.
(1) Désireux de connaître l'O granulalus rapporté de Nice per M. Laureillard, j'ai demandé en communication un des
nombreux exemplaires, qui existent dans la collection du musée de Paris: Mrs les employes, qui n'igncrent pas cer-
tainement tout ce qui j'ai donné à cet établissement et à Mrs les Professeurs et aides, m'ont allégué la sevérilé des
réglements , qui s'y opposent. Je puis cependant affirmer d’après M. D'Orbigny , que l'O. granulalus n'est pas le lu-
berculalus Risso, Delle Chiaje. catenulatus. Férussac et de cet ouvrage.
(2) Je respecte trop les observations de M. Laureillard pour mettre en doute la nage de lheclocotyle du poulpe
qu'il a vue ; la faculté de ramper appartient aussi aux papilles branchiales des Eolidiens, J'ai vu les papilles de la Cal-
liope Souleyet se détacher, et par une contraction musculaire se traîner lestement pendant plusieurs heures au fond
du vase, où vivait le gastéropode.
(3) M. Cuvier, Dujardin et Delle Chiaje ne parlent pas de branchies ; il serait très possible que M.rsS Koelliker el de
Siebold eussent pris pour branchies la membrane longitudinale, qui réunit entre elles les cupules sur les deux tiers
inférieurs ; membrane certainement déchirée sur les individus examinés.
(4) L'existence du cœur dans les hectocotyles est bien moins que prouvée , et M. de Siebold ne l’a pas constatée.
128 | CÉPHALOPODES ;
Maravigna, contiennent des embrions, qui ressemblent aux hectocotyles (1); il en a conclu
que les hectocotyles sont les mâles des céphalopodes, qui les portent.
M. C. Th. de Siebold déclare, dans son manuel d'anatomie comparée, qu’il s’est con- :
vaincu de la justesse de plusieurs détails donnés par M. Koelliker et qu’il s’est éclairé sur
la véritable nature des hectocotyles ; puis il’en: décrit les organes sexuels. « Ils occupent,
» dit-il, une partie très considérable, en raison du corps si singulièrement rapétissé. Le
» renflement lisse, dépourvu de ventouses (2) en forme de massue qui forme l'extrémité
» postérieure de ces animaux n’est qu’une capsule génitale, à parois très minces, dans la-
» quelle sont enfermés les spermatozoïdes avec l’organe copulateur. Leur masse spermati-
» que forme un cordon long, en forme de chapelet, pelote ou boule, qui est composé de
» faisceaux épais et ovales de spermatozoïdes réunis ensemble d’une manière régulière
» par des faisceaux plus minces et plus courts des spermatozoïdes en forme de cheveux.
» Entre cette massue pelotonnée du cordon spermatozoïde, on trouve encore le cordon
» éjaculateur avec le pénis, qui est extrêmement long et roulé en spirale ».
Quoique très attentif à visiter avec soin tous les argonautes, trémoctopes et poulpes à
mailles, qui se sont présentés, je n’ai jamais eu le bonheur de trouver lPhectocotyle de ces
animaux. J’ai été plus heureux pour celui du poulpe, et je crois pouvoir établir que l’hec-
tocolyle du poulpe doit, comme l'avaient très bien prévu M. Cuvier et Dujardin, être
rayé de la série animale, n'étant qu’une partie très extraordinaire et encore énigmatique
de céphalopode.
Je rencontrai en 1836 un poulpe, que je publiai sous le nom d’O. Carena: je remar-
quai dans ce mémoire, et figurai comme anomalie extraordinaire une vessicule implantée
sur un petit pédicule, garni de quelques cupules, représentant le bras droit de la 5.° paire.
J'ai recueilli plus tard quatre individus de cette espèce de poulpe: trois d’entre eux avai-
ent ce même bras hectocctyliforme : le quatrième l’avait peräu. Ce fait constant et sur le
même bras m'avait frappé.
Le faisant remarquer à M. le Doct. Defilippi, Prof. de zoologie à l’université de Turin, à
qui j'en offris un exemplaire pour le musée, qu’il a sous sa direction, il m'observa de
suite, que ce bras était l’hectocotyle de Cuvier. À son passage par Gènes, se rendant avec
M. le Doct. Laydig en Sardaigne, nous revinmes sur la question de l’hectocotyle, dési-
reux d’avoir l’avis d’un des élèves de M. Koelliker; je soumis à leur examen un des in-
dividus parfait, que je possédais. Au premier contact, le bras hectocotyliforme se détacha,
comme s’il tenait par une articulation : on rompit alors un autre bras, qui céda à la force,
mais laissa les traces d’une déchirure. La vessicule terminale ouverte, on vit se développer
le long cordon blanc, sinueux, décrit par M. Dujardin. On crut inutile de passer à des
observations microscopiques, ces observations devant être faites sur le modèle frais ; ce qu’ont
offert de faire M. Defilippi et Vogt, qui attendent avec impatience la trouvaille d’un de
ces poulpes.
*
(1) Le fait annoncé par M. Maravigna n’a pas été constaté par les observations récentes de M. Koelliker lui-même :
ce savant observateur n’a vu se développer que des embrions ordinaires,
(2) J'ai vu quelques ventouses sur la vessicule terminale; mais elles appartenaient à l'extrémité du bras envahie
par la vessicule.
s
DÉCAPODES 129
CONCLUSION.
L’hectocotyle du poulpe n’est qu'un bras caduc du céphalopode : ce bras porte des
organes mâles ; et probablement ces organes ont un développement périodique.
Les hectocotyles de l’argonaute et du trémoctope diffèrent de celui du poulpe.
Les hectocotyles de l’argonaute et du trémoctope ne peuvent être des bras du cépha-
lopode, qui les porte, puisqu'ils sont infiniment plus petits, et que jamais que je sache,
on n’a remarqué que quelque bras manqua sur ce céphalopode.
Explication des figures des hectocotyles. PI. 41.
Fig. 1. Poulpe Carena avec le bras hectocotyliforme.
Fig. 2. Poulpe Carena avec la vessicule terminale sans bras hectocotyliforme.
Fig. 3. Bras hectocotyliforme du Poulpe Carena avec la vessicule terminale ouverte, et
le filet blanc sinueux déroulé.
Fig. 4. Hectocotyle du Poulpe figuré par M. Cuvier vu de coté.
Fig. 5. Hectocotyle du Poulpe id. id. id, vu de face.
Fig. 6. Hectocotyle de l’Argonaute, Tricocephalus acetabularis, Delle Chiaje, figuré par
cet auteur, grossi plus du double ; «, orifice de la bouche; b. b. canal des aliments: c. ovaire:
d. membrane tachetée; e. e. f. f. double série de ventouses.
Fig. 7. Hectocotyle de l’Argonaute, figuré par M. Costa, de grandeur naturelle.
Fig. 8. Hectocotyle de l’Argonaute, grandi de presque vingt fois, a. b. tronc; €. c. ap-
pendice terminal ; e. f. les deux cirrhes tentaculaires; /. tubercules acetabulaires ; 2. £. à.
poche divisée en 8 ou # divisions; e. cirrhe ou espèce de fanon; f. appendices tentaculai-
res ; d. membrane traversée par deux cordons, x. x.; g. points chromophores.
Fig. 9. Proportion de lhectocotyle de l’Argonaute par M. Koelliker.
Fig. 10. Hectocotyle de l’Argonaute grossi, a. face ventrale avec les cupules et une
partie médiane qui renferme les téguments musculaires ; d. face dorsale: c. bord antérieur
du corps; d. bord postérieur du corps: e. appendices du bord postérieur dans sa position
naturelle; f. appendice membraneux à l’origine de ce bout; g. crète dorsale: A. fente de
extrémité de cette crète ; i. capsule spermatique avec les chromotophores qu’on voit à travers.
Fig. 11. Le même avec l’appendice détaché de la capsule spermatique: les lettres comme
dans la figure précédente; X. une partie du penis qu'on voit à travers de la crète dorsale;
l. partie médiane du corps contenant le canal musculaire. |
Fig. 12. Proportion de l’ Hectotyle du Trémoctope violet par M. Koëelliker.
Fig. 15. Hectocotyle du trèmoctope grossi; a. cupules anterieures ; b. cupules postérieures:
c. branchies; d. partie postérieure du corps; e. conducteur du sperme; f. masse spermati-
que; g. penis; À. gaine; e. partie médiane du corps antérieure contenant le canal musculaire.
Fig. 14. Le même du côté dorsal : les lettres signifient les mêmes choses: À. chromotophores.
FIN
17
130
ERRATA CORRIGE
Page VE. ligne 3. Chromolitographie, Lisez cromolithographie,
» VIL ligne 10 etc. recuellies » recueillies
» IX. ligne 4 moilleux, » moelleux,
» XVI. ligne 20 et se dilactent, » et se dilatent,
» 1 et suivantes. D'Orbigny » d'Orbigny
» { ligne 29. par fois » parfois
» “€ » 27. Payredeau » Payraudeau
F3 » 20. Archives de Wiegman, » Les mêmes Archives, continués après la mort
de M. Wiegmann par M. Erichson en avril 1846.
» 6 et suivantes ligne 5. Cyrrheux, » : (Cirrheux
» 6 ligne 6. Echrit; » Eschricht
» 8 » 7. d’un cyrrhe rétractyle » d’un cirrhe rétractile
» 8 » 26 et suivantes, cromophores » coromophores
D || » 2. de l’O. Macropus et Philippi » de l'O. macropus et Defilippi
» 38 » 16. sur deux liques D) sur deux lignes
» 38 » 20. au nombe » au nombre
» 39 _» 33. Montpelier ; » Montpellier
D». 54 » 16. si se confirmera . » s’il se confirmera
» 56 » 18. orbitraire é » orbitaire
» 61 » 37. et plus regulieres » et plus réguliers
» 3 » 8. bilobe » bilobée
» 68 » 5. les portions latérales » les parties latérale
» 74 » 1. plus étroite la à partie » , plus étroite à la partie
» 79 » 16. dans la même ouvrage : » dans le même ouvrage
» 18 » 19. un peu plus longues que la troi- » un peu plus longue que la 4. et un peu plus
sieme longue que la troisième
» 80 » 1%. Monografie des mollusque » monographie des mollusques
» 86 » 30. d’une fossete » d'une fossette
RE © OR 14. sur cette tache se refléchit un re- » sur cette tache brille un reflet argenté
flet argenté |
D {245 » 11. de la monografie » de la monographie
De 126 ) 7. qu’au premier corps d'œil » qu’au premier coup d'œil
CE |: 14. un bhelminte En ‘un helminthe.
151
TABLE
Page Planche
Dédicace . ee. Y.
PrOACE. > ; SN
Tableaux synoptiques . : Lx
Caractéres zoologiques. : ‘ XII.
Généralités . : … : 1.
Octopodes . ss : : 6.
Décapodes . : 55.
Argonauta. Linné . - : 47.
| argo. Linné . : 48, 17: 16.
Eledon. Leach : : : : : F:
. Aldrovandi. Delle Chiaje . 12. Ed
Genei. Verany. : . 15. _-
moschatus. Leach . z. 4. 5. 6.
Histioteuthis d’Orbigny . : $ 115.
Bonelliana. d'Orbigny . 114, Mr
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Alessandrinii. Verany . . .. 9541 56. fig. f-9.
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Berthelotii. Verany . 93. 56. fig. h-k.
Bianconii. Verany . : ; = 100. 35. fig. 1-l.
Coindetii. Verany . : 100. 36. fig. a-c.
Marmorae. Verany . . . 95. 327. |
Meneghinii. Verany . : : 98. 35. fig. c-d.
Pillae. Verany ; 112 36. fig. d-g.
sagittata. Lamark : è ; .: On. 31. 52.
todarus. Delle Chiaje . 107 33.
vulgaris. Lamark . : 89. 34.
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Veranyi. Férussac . . : 12h, 29. 09.
vermicularis. Ruppell :. : - —… 124 AO. fig. a. b.
zigaena. Verany . _ 125. AO. fig. c.
Octopus. Lamark = : : : ; 16.
Alderii. Verany . : 32. 7 Dis 46 bc :
catenulatus. Férussac - : 7: 15.
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Enoploteuthis. Ruppell.
Verania. Krohn.
Rossia. Owen.
Sepia. Linné .
Sepiola. Leach
Sepioteuthis. Blainville
Hectocotylus. Cuvier
Cocco. Verany
Defilippii. Verany .
Koellikerti. Verany .
macropus. Asso
Salutii. Verany
tetracirrhus. Delle Chiaje
violaceus. Delle Chiaje
velifer. Férussac.
vulgaris. Lamark
tuberculatus. Blainville .
tuberculatus. Risso .
pilosus. ARisso .
granosus. Blainville
frayedus. Rafinesque
didynamus. td.
heteropodus id.
ruber. id.
tetradynamus ‘d.
moschatus id.
Krobnii. Verany
Lichtenstenii. Férussac
margaritifera. Ruppell
Owenii. Verany
Veranyi. Ruppell
Sicula. Krohn .
dispar. Ruppell
macrosoma. d’'Orbigny
bisserialis. Denis de Montfort .
elegans. Blainville .
oflicinalis. Linné
Rondeletii. Gesner .
Sicula. Ruppell
octopodis
argonaulae
tremoctopodis .
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14. fig. 1.
30. fig. a.
30. fig. b.
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