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brairie Anifricain et Ccloiiial?, 1 ]
Y Oi.ai li ^ Grai! Au^ustiiis, J
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ADRESSE
'fi
à UASSEMBLÉE-NATIONA
>pQUT Us Citoycns-Lihres it Couleur^ des JJles
& Colonies Françoifis^
m
II;
ADRESSE
A L'ASSEMBLÉE-NATÏONALE.
A NOSSEIGNEURS,
Nejjcigncurs ks Repréfemans de la Nation,
OSSEIGNEURS,
Les Citoyens -libres , & Propriétaires de
couleur, des Mes & CoJonies-Francoifes,
ont rhonneur de vous repréfanter
Qu'il exifte encore , dans une des Con-
trées de cet Empire , une efpéce dliommes
avilis & dégradés 3 une claiTe de Citoyen;s
voués au mépris , à toutes le^ hamiiiadons
de l'efclavage j en un mot, des François
qui gémîflent fous le joug de l'oppreffion.
Tel efl: le fort des inforrunés Colons-
Américains , connus , dans les Ifles , fous
le nom de Mulâtres , Quarcerons , ace.
A
.^^
Nés Cîtovens & libres , ils vivent étran-
gers daiis leur propre Patrie. Exclus de
t-outes ks Places, de toutes les Dignités,
de toutes les Profefficns , on l^ur interdit
-jurqu'a rexercice d'une partie des Arts Mé-
chaniques s fournis aux diRinclions les plus
aviliflantes , ils trouvent refclavage , au
fein même de la Liberté.
"Lts Etats-Généraux ont été convoqués.
Dans toute la France, on s'eil empreflé
de féconder les vues bienfaifintes du Mo-
narque : les Citoyens de toutes les Clafles
ont été appelles au grand œuvre de la Ré-
génération publique i tous ont concouru
à la formation des Cahiers , 6c à la no-
mination de Députés , chargés de défendra
leurs droits , &: de ftipuler leurs intérêts.
Le cri de là Liberté a retenti dans l'autre
Hémifpbère.
îl auroic dû , fans doute , étouffer jus-
qu'au iouvenir de ces diflinélions outra-
geantes entre les Citoyens d'une même
contrée \ il n'a fait qu'en développer à
plus odieufes encore.
Pour i'arnbi'clcafe Ariilocraiic ., la Li-
5
berté n'eft que le droîc de dominer, fans
partage , fur les autres hommes.
Les Colons blancs ont agi conformé-
ment à ce principe , & tel eft encore aii-
joiird'huî le naobile confiant de leur con-
duite.
Ils fe font arrogé le droit de s^aiTembler
& d'élire des Repréfentans pour les Calo-
îiies.
Exclus de ces Jlffemblées^, les Citoyens
de Couleur ont été privés de la faculté de
$*occuper de leurs intérêts perfonnels , de
délibérer fur les ciiofes qui leur font com-
munes , &i de porter , à rAffemblée-Na-
tionale , leurs vœux , leurs plaintes &
leurs réclamations.
Dans cet étrange fyftême ,, les Citoyens
de Couleur fe trouveroient repréfentés par
les Députés des Colons blancs , quand îî
efl confiant , d*un côté , qu'ils n'ont point
été appelles à leurs AiTômblées partielles ,&
qu'ils n'ont confié aucun pouvoir a ces
Députés ; & que , d'un autre côté , Foppo-
fition d'intérêts^ malheureufemeiit trop
Aij
.'! ;.
évidente rencîroit une pareille rapréfentâ-
tion abfurde o: contradidoire.
Oeft a vous , Noffeignears , à pefer ces
confidéranons , c'eft à vous à rendre , à d^s
Citoyens opprimés, les droits donc on les
a injaftemenc dépouillés ; c'eft à vous
d'achever glorieulemenr votre ouvrage ^ en
âfluranc la liberté dts Citoyens François
dans l\\n 6c l'autre Flémirphère.
înftriîits par la Déclaration àcs Droits
de THomme &: du Citoyen , les Colons
de Couleur ont fenti ce qu'ils étoienc ;
ils fe font élevés à la dignité que vous leur
aviez aflignée rils ant connu leurs droits,
&c ils en ont uié.
Ils Te font réunis j ils ont rédigé un
Cahier qui contient toutes leurs demandes;
ils v ont conhghé des réclamations , donc
les bâfes font établies d'Ans le Code que
vous avez donné à l'Univers > ils en onc
chargé leurs Députés ^ 6c ils fe bornent ,
en ce moment , à folliciter , dans cette
augufte Aiîemblée , une repréfentation né-
ceffaire , pour erre en étac d'y faire valoir
leurs droits , & fur- tout d'y défendre leurs
înrérêrs, contre les prétenticas tyranniques
des Blancs.
Pour demander cette repréfentation, les
Citoyens de couleur ont évidemment les
mêmes titres que les Blancs.
Comme eu:^, ils font tous Citoyens^
Libres ^ François 3 rÉdit du mois de
Mars 1685 leur en accorde tous les droits,
il leur en aiTure tous les privilèges; il veut(i)
•< que les Affranchis (& â plus forte raifoa
et leurs defcendans ) méritent une liberté
^5 acquife ; que cette liberté produife en eux,
« tant pour leurs perfonnes quç pour leurs
?3 biens, les mêmes. effets que îe bonheur
» de la liberté naturelle à tous les Fran-
■>5 çois ( I ) 53 ; Comm.e eux ^ ils font proprié-
taires ^i cultivateurs 5 comme eux, ils con-
tribuent au foulagementderEtat^ en payant
les fabfides, en'fupportant toutes les charges
qui leur font communes avec les blancs 3 com-
me eux, î!s ont déjà verfé & ils font prêc3 à
vgrfer leur fang pour la défenfe de la Patrie ;
(i) Ait. $y.
\
comme eux, enfin , ëc toujours avec moins
d'encouragement^^ de moyens, ils ont mul-
tiplié ÏQs preuves de leur patriotifme.
Tout récemment: encore , malgré Toppref^
iîon fous laquelle ils gémiifent, malgré les
cfforts-^orntinés de leurs Adverfaires, les
Citoyens de Couleur ont eu la générofité
de députer auprès des Blancs, de leur pro-
pofer le pade qu'ils viennent fcumettie à
votre juftice; & ils ont eu la douleur de
fe voir rèpouiîer , avec le mépris dont on
les a toujours accablés.
Par un dernier effort, & nous devons
le publier, c'efl: de tous ceux qu'ils ont
faitSj celui qui coûte le moins à leur cœur,
parce qu'ils brûlent du defir de travailler
pour la caufe *:ommunej les Citoyens de
Couleur ont voté, ê^ilsdépofentici, parnos
mains j la foumijjion JoUmnelle de fubvenir
aux charges de l'Etat , pour le quart de
leurs revenus j ils déclarent avec vérité que
ce quart forme un objet de fix millions.
Ils ont encore voté un cautionnement de
Ja cinquantième partie de leurs biens pour
?^icquit des dettes de l'Etat. Ils vous fup-
plîenc d'en agréer l'hommage, & de îear
indiquer încelïammenc les moyens de le
réalifer.
Loin de nous cependant toute idée,
tout efpric d'intérêt perfonneh les Citovens
de Couleur n'entendent point faire ces
offres pour entraîner votre Jugement.
Ils vous fupplient, Noffeigneurs, de les
oublier, pour ne vous attacher qu'à la rigueur
des principes.
Ils ne. demandent aucune faveur.
. Ils réclament les droits de l'Homme ôc
du Citoyen , ces droits împrefcriptîbles ,
fondés fur la Nature & le contrat focial ,
ces droits que vous avez fî folemnellemens
reconnus, & fi authentiquement confacrés,
lorfque vous avez établi pour bafe de la
Conflitution, « que tous les hommes naif-
M fenc & demeurent libres & égaux en
w droits 53 j
» Que ta Loi eft l'expreflîon de la volonté
53 générale > que tous les Citoyens ont le droit
M de concourir perfonnellément, ou par leurs
?> Repréfentans , à fa formation,
« Que chaque Citoyen a le droit, par
*^"^^
8
33 lui OU par {qs Repréfentans , de confta-
w ter la néceffité de la contribution publique ,
53 ôt delà confentîr librement ".
Prétendroit - on repoufler ces maximes
fondamentales , en oppofant Tintérêt des
Blancs 6c celui des Colonies ? Seroit-cc donc
par les calculs d'un intérêt foldide , qu'on
voudroit étouffer la voix de la Nature ?
NVreconnoît-onpas leiangage de l'Am*
bîtîon &: de la Cupidité , qui n'eftiment la
profpérité de PEtat, qu'à raifon de leurs
jouiffances perfonnelles ?
Mais ce n'eit pas encore ici le lieu de fe
livrer à des difcuflions férieufes , fur le fonds
des droits des Citoyens de Couleur.
Lorfque vous aurez admis leurs Récla ma-
tions préliminaires j lorfqu'ils feront defcen-
dus dans l'arène^ pour combattre leurs adver-
faires5 ils démiOntreVont facilement que l'in-
térêt Légitim.e desBlancs eux-mêmes^ fe réunie
à celui dts Colonies , pour affurer l'état Se
la liberté des Citoyens de Couleur, parce
que le bonheur d'un Etat confifte dans
la paix 6i l'harmonie des Membres qui le
compoTent 5 de qu'il ne peut y avoir de
véritable pâîx & de bonne union entre la
force qui opprime ^ &: la foibîefTe qui
cède; entre le Maître qui commande, &c
TEfcIave qui obéît.
Encore une fois , Noiïeîgneurs, les Cî-*^
toyens de Couleur fe bornent , dans ce mo-
ment, à réclamer un droit de R.€préfenta-
tîon 3 ils le tiennent également de la Nature
& de la Loi 5 & ils efpèrent , avec une
entière confiance, recevoir, dans votre Dé*
cifion, la confirmation de Titres , auffi in-
riolâbles.
Signé , DE JoLY , Avbcât aux Confeils ;
CoramîfTaire Député nomm.é à cet effet, avec
MM. Raymond, Fleury, Audïger,
JLafourcade, du SoycHET rainé,OGé
jeune. De Vaureal , le Ciievalier de
La VIT , Lanon , Hellot , Honoke^
Poî;?jat & I.A Source , Commijfaircs.
5i.-
S U C C I N T E
DES DÉPUTÉS DE S. DOMINGUE
A U M É M O I Pl E
DES COMMERÇAJSrS DES PORTS DE MER ,
Dijlribuc dans les Bureaux de l'JsSEMBLÉl
Nationale , h g Oâobre ij8g.
A VERSAILLES,-
Chez Baudouin , Imprimeur de l' ASSEMBLÉ!
•NATIONALE, Avenue de Paris N".
61.,
7^9
'^1
iT^-i^
\