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Full text of "Amusement microscopique tant pour l'esprit, que pour les yeux : contenant cinquante estampes dessinées d'après nature et enluminées, avec leurs explications"

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Vwl» 


TROIS^IE’ME  CINQ^UANTAINE 


DES 


AMUSEMENS 

MICROSCOPiaUES 

DE 

MONSIEUR 

MARTIN  FROBE’NE  LEDERMULLER 

CONSEILLER  DE  JUSTICE  ET  INSPECTEUR  DU  CABINET  DE 

CURIOSîTE’S  NATUPvELLES  DE  S.  A.  S.  MONSEIGNEUR  LE  MARGGRAVE 
REGNANT  DE  BRANDEBOURG-COULMBAC;  ASSOCIE’  DE  L’ACADEMIE  IMPE- 
RIALE  DES  NATURALISTES,  ET  DE  LA  SOCIETE*  TEIITONIQUE 

D’ALTORF. 

CONTENANT 

EN  MEME  TEMS  UNE  FIDELE  METHODE  DE  FAIRE  UN  USAGE 

ADROIT,  AISE’  ET  FIDELE  DE  TOUTES  SORTES 

MICROSCOPES; 

EN  FORME  DE  LETTRES 

AVEC 

UN  SUPLEMENT 

ET 

UNE  ADDITION 


CHES 


ADAM  WOLFGANG  WINTERSCHMIDT, 

GRAVEUR  ET  MARCHAND  EN  TAILLES  DOUCES  A NUREMBERG,' 

17^8= 


Digitized  by  the  Internet  Archive 
in  2017  with  funding  from  ■ ; 

•'  m -y  ' 

Getty  Research  Institute  ,/ 

, -J-  ■ -a  :■  ^ 


https://archive.org/details/amusementmicrosc31lede 


«ri»  /riüf  .risi  jurn^  furi^  ftr'n^  1^^ 

ftP^joi  kLJd  ^ ^JB^  ^Ja^  ^JOl  ^Jtd  ^joi  ^ 

^Eje  itu^k-jj^  isuB^ kJ9^  iO  te.JB^  k.M  ^ ^ JtJSl^ -8^  ^ ^3“*^ 

« 


PREFACE. 


Le  Public  a honoré  mes  Ouvrages  microfcopiques  d'an  Ac- 
cueil fi  gracieux  & d’une  Approbation  fi  flateufe,  que  ce 
feroit  me  rendre  coupable  de  la  dernière  Ingratitude,  fi  je  venois 
à manquer  de  lui  témoigner  les  Sentimens  de  la  plus  vive  Recon- 
noilTance*  Je  ne  délire  rien  tant,  que  de  voir  que  tous  Ceux  qui 
ont  non  feulement  examiné  & éprouvé  mes  Amufemens;  mais 
qui  fongent  encore  à s’appliquer  à faire  des  Experimsns  & meil- 
leurs & plus  conridé’'ables  avec  les  Inftrumens  microfeopiques,  le 
puilTent  faire  dans  les  mêmes  Difpofitions  & par  les  memes  Prin- 
cipes que  j’ai  eus  en  Vüe:  Ceft  a dire,  de  fonder  les  Oeuvres  du 
Dieu  tout  fage,  pout  les  admirer,  6c  moins  pour  apprendre  à con- 
noître  la  Nature,  que  la  Toute  puilfance  du  Créateur  dans  fes 
Créatures,  autant  que  la  FoiblelTe  humaine  y peut  parvenir.  Je 
fais,  qu’il  eft  aulli  impofîible  de  regarder  Dieu  en.  Face  dans  ce 
Monde,  qu’il  le  fut  à Moïfe;  Mais  il  ne  lailfe  pas  de  nous  être  per- 
mis de  regarder  l’Eternel  comme  par  derrière,  pour  reconnoître 
& adorer  là  Sagefie  & fa  Toute-puiflance  dans  les  Créatnresjpeti- 
tes  & grandes.  C’eft  toujours  une  très  grande  Grâce  pour  la  Créa- 
ture, que  nous  appelions  Homme;  aulli  eft  ce  cette  Grâce  qui 
nous  doit  faire  envifager  les  Avantages,  que  nous  avons  reçus  du 
Seigneur  par  delTus  tout  le  Rcfte  des  Créatures,  & nous  convain- 
cre, que  nous  avons  au  dedans  de  nous  un  Efprit  doué  de  Raifon, 
un  Etre  qui  penfe,  une  AmeaulTi  différente  de  celle  des  Bêtes  que 
la  Lumière  l’eft  des  Ténèbres.  FafTe  le  Ciel  que  nous  l’employions 
tüüjours  à l’Honneur  & à la  Gloire  fon  Principe, 

* 


2 


U 


lîcft  certain  que  Dieu,  étant,  comme  il  cft,  infinimentau  def- 
fus  de  tout  nôtre  Culte  & de  nos  Louanges,  n’a  nullement  befoin 
d’être  glorifié  par  nous;  Mais  il  n’eft  pas  moins  de  notre  Devoir, 
de  Lui  rendre  cette  Efpèce  de  Culte,  par  lequel  nous  témoignons 
& profcflbns  devant  le  Monde,  que  nous  connoiflbns,  aimons  & 
adorons  un  Maître  de  TUnivers  & nôtre  Créateur,  en  faifànt  tout 
ce  qui  tend  à fa  Gloire.  Outre  cela  l’Ame  eft,  fans  contredit,  un 
Talent  que  Dieu  nous  a confié, &que  nous  ne  devons  pas  enfouir; 
mais  faire  valoir.  C’eftavec  ce  Talent  que  nous  pouvons  acqué- 
rir les  Tréfors  les  plusfolides  &que  ni  Vers,  ni  Rouille  ne  fauroient 
ronger  ; que  nous  pouvons  obtenir  des  Biens , que  nulle  Puiflan- 
cc  humaine,  quelque  grande  qu’elle  foit,  ne  peutnous  ravir.  A 
la  Mort  nous  laiflbns  derrière  nous  tous  les  autres  Biens  & Richet 
fes,;  mais  ceux,  que  s’aquiert  nôtre  Ame,  nous  accompagnent 
dans  le  Tombeau  oc  même  dans  TEternité.  • 

Je  m’expoferois  àpafier  pour  vain  & ambitieux  & même  pour 
fanatique , li  je  voulois  me  faire  Auteur  de  l’Opinion , qu’un  Na- 
turalifte  fera  après  fa  Mort  bien  plus  hüreux  qu’un  autre , en  ce 
qu’il  emportera  dans  l’autre  Monde  les  Connoiffances  qu’il  aura 
acquifes  dans  celui  ci.  Mais  par  bonheur,  cette  Penfée  eft  un  peu 
ancienne.  Je  n’en  citerai  pu’un  feul  Témoin,  11  y a ibien  Cent 
& plus  d’Années,  qu’un  Théologien  des  plus  célébrés  & des  plus 
fenfés  de  fon  Siècle,  Monfieur  du  Aloulin,  Chapelain  du  Roi  d’An- 
gleterre, dans  fbn  Traité  de  la  Paix  de  F Ame  ^ du  Contentement 
de  l Efprit^  Liv.  2.  Chap.  17.  défend  cette  Opinion  comme  une 
Vérité.  Apres  avoir  refufé  à l’Ame,  pour  la  Vie  avenir,  plufieurs 
Connoiflances  inutiles  dans  l’autre  Monde;  voici  comment  il  s’ 
exprime. 

„ Mais  pour  les  Sciences  plus  élevées  & purement  intelle- 
ctuelles, il  femble  bien  déraifonnable,  qu’un  efpntqui  s’eft 
5,  poli  & perfectionné  par  une  longue  étude  & qui  a amafle 
„ un  grand  trefibr  de  connoiffance,  la  perde  tout  d’un  coup 
,♦  en  mourant,  & que  l’ame  d’un  grand  naturalifts  fe  trouve 
5,  aiifli  denue'e  de  favolr  & de  capacité,  que  celle  d’un  eu. 

reur 


^ reurdepuis*  ♦ * . La  faime  Paroîc  de  Dieu  nous  îe  corn# 
„ mandcroit-elle  avec  tant  d'inftance:  Acquier  fapkme ^ as» 
35  quier  prudenct  ; fî  c'étoit  un  acquêt  que  Famé  ne  pût  em- 
„ porter  avec  elle?  Je  ne  fai  fi  les  Natiiraliftes  contempla* 
„ teurs  des  Oeuvres  de  Dieu  perdront  leur  4çavoir  en  mou* 
33  rant;  puifque  c’eft  îc  devoir  & la  pcrfcftion  de  la  créature 
33  de  connoître  la  fageffe  & la  puifTancc  de  fon  Créateur  dans 
33  fes  oeuvres  admiral^les,  . . , Je  fuis  perliiadé  quils  ap- 
3,  prendront  cette  grande  (ciencc  quand  ils  feront  glorifies 
33  d'une  fa^on  beaucoup  plus  fobiime  & plus  profonde^ 

Au  refte  les  Ennemis  des  Recherches  naturelles  ont  beau 
regarder  ces  petites  Occupations  avec  un  fier  Mépris,  & jetter 
des  Yeux  d’une  orgueiîleufe  Compaffion  fur  les  Inftrumens  micro- 
feopiques  ; il  nous  (ufiît  d'en  favoir  le  vrai  Mérite , & de  reffentir 
au  dedans  de  nous  le  Plaifir  attirant,  quun  Travail  îî  agréable  peut 
nous  procurer  & dans  le  Préfent  & dans  F Avenir*  Mais  ce  n’eft 
pas  cette  Science  feule,  qui  foit  expofée  au  Mépris  & à la  Criti- 
que; car  où  s’en  trouvera-t-il  une,  qui  ne  ibit  fujette  au  meme 
Sort  avec  aufli  peu  de  Juftice  ? 

Pour  moi  je  ne  connois  Occupation  deftinée  às’amufer  d’une 
Manière  licite  dans  des  Heures  de  Loifir , qui  raffambîc  tant  de 
bonnes  chofes , que  la  Phifique  pratique  & les  Experimens  mkm~ 
feopiques^  C’eft,  pour  ainfi  dire,  une  Oraifon  perpétuelle;  les 
Choies  qu’on  voit  à travers  le  Verre  éiéyant  fens  celîe  FElprit  vers 
leur  Créateur  & leur  Ouvrier  infiniment  fage.  L’on  eft  iuûruitde 
Milliers  d’autres  Chefs  d’Oeuvres  du  Toutpuiffant.  Alors  fe  fiic- 
eédent  les  pieufes  Penlees  accompagnées  d’Âdmiratiou  dans  le  Si- 
lence, de  profond  Relpeâ:  & de  fâint  Saififîèment*  Vivement 
convaincus  des  Paroles  de  David:  Grandes  font  les  Oeunnes  de 
r Eternel;  recherchées  de  ceux  qui  y prennent  plaifir  ; nous  ad- 
mirons k Toute-puiflance  & la  Sageffè  du  Créateur  dans  les  peti- 
tes Créatures  & invifibles»  prèfqüe  plus  que  dans  les  plus  grandes, 
âinfi  qu’en  convient  Mr.  Lionnet  dans  fa  Préface  qui  eft  à la  Tête 
de  fon  Obfer^ation  fur  la  ChemUe  de  Saule.  Que  les  Paroles  de 

* 3 S.  Paul 


S»’ Paul  Rom.  i lo.  nous  {àifîflent  alors  le  Coeur*  quenoijs  les 
trouvons  belles  & claires!  Puis  retournant  fur  nous  mêmes,  nous 
nous  demandons:  Qjiifuisje?  Comment  fuis  je  fait?  Pourquoi  fuis 
je  doué,  préférablement  a toutes  les  autres  Créatures  de  nôtre  Alon- 
de  J de  la  grande  Faculté  de  penfer , étf  de  me  former  des  Idées  des 
Oeuvres  du  Dieu  tatitfage?  Qu'eft  ce  qui  penfcétf  raifonne  en  moi, 
qui  bazarde  de  prendre  PEjfor  depuis  la  Terre  jufques  au  Trône 
de  l'Eternel?  N’y  a t-il  pas  infiniment  plus  de  Félicité',  à s’occu- 
per ainfi  dans  la  Solitude,  qu’à  courir  les  grandes  Compagnies, 
où  la  plupart  du  Tems,  Ton  s’e'gaïe  au  Dépens  de  la  Réputation 
du  Prochain  & où  Ton  s’embaraflè  fort  peu  de  la  Gloire  de  Dieu 
&de  TAvantage  de  nos  femblables?  Je  veux  donc  fuivre  l’Exhor- 
tation d’Elihu,  lob.  36.  v.  24.  25.  Soumen  toi  de  magnifier  fon 
Oeuvre 

Le  merveilleux  Moîeu  que  préfentc  encore  le  Microfcope 
dans  des  heures  d’infirmité  & de  Solitude,  pour  charmer  lesDou. 
leurs,  pour  ranimer  rEiprit  & pour  palfer  agréablement  les  Jour- 
nées les  plus  triftes;  c’eft  ce  que  j'ai  mieux  éprouvé  qu’une  infini- 
té d’auties.  L’on  peut  bien  dire  de  cet  Amufemenc  inùrudif: 

Nihil  tam  actrbum  ejî,  in  quo  non  jcquus  anirnus  folaminis 
quiddam  inueniat^  ' 

Cette  Occupation  nous  introduit  en  même  Tems  dans  la  Com- 
pagnie des  Morts  & dans  la  Communication  avec  les  Savans  & 
Naturalises  anciens  & modernes.  C’eft  par  elle  que  nous  Tom- 
mes ménés,  comme  par  la  Main  dans  les  plus  belles  Bibliothèques 
& dans  les  meilieiirs  Cabinets  de  Curiofités  naturelles.  Nôtre 
Efprit  en  clt  toujours  plus  éclairé,  nos  Expériences  plus  étendues 
& nôtre  Ame  enrichie  de  plus  de  Tréfors.  Nos  Verres  nous  met- 
tent a même  dé  reconnoître  les  Fautes  & les  Erreurs  des  Anciens 
&ces  Infiruniens  nous  rendent  capables  d’entendre  & d’expliquer 
plus  diftinêlement  le  vrai  Sens  de  quantité  de  Pafiages  de  FEcri- 
ture.  Jufqu’où  Ton  peut  aujourd’hui  aller  par  le  Moïen  d’unlbon 
Microlcope  qui  a ‘toutes  les  Lentilles  iufqu’au  plus  haut  degré  de 

GiofiiT- 


Grôfliiïement,  ' & qu’elle  Clarté  il  donne  à la  Vüe,  pour  pénétrer 
dans  les  Secrets  de  la  Nature,*  c’eft.ce  que  montrent  le  plus  au- 
tentiquement  les  Découvertes  ^ites-de  nos  Jours , & furtoiit  cel- 
les des  Animaux  fpermatiques,  Si  le  célébré  Mr.  Buffon  eût  pris  un 
bon  Nro.  o.  ou  oo.  dans  un  Microfcope  manuel  fimple,  pour  exa- 
miner ces  Animalcules,  cet  illuftre  Savent  ne  les  auroit  pas  don- 
nés dans  fon  Hifloire  naturelle  uninjeyfdle  pour  des  Molécules.  Il  au- 
roit reconnu  ces  mêmes  Corplifcules  avec  leurs  petites Qiienes,  & 
leur  Mouvement  libre,  arbitrair.e  ôç-prc^mt  d’un  Endroit  à l’autre; 
ainfi  que  l’ont  dâCQUvert'dijfl:inden^nt/  & adruiré  dans  la  Suite  Iç 
célébré  Mr.  de  Haller , feu  Mr.de  Profélfeur  Potey  de  Weiffenfel?, 
Mr.  Holmann  de  Gœttingue  & plufieurs  autres  Savans  de  Répu- 
tation, encore  pleins  de  Vie;  & dont  il  a été  dit  tout  ce  qu’on 
en  peut  dire  dans  les  Parergis  Gœttingenf.  Tom.  1.  Lib.  2.  OpC 
VI.  comme  auffi  dans  la  Venus  p;&(/?^«e'ded’imcomp arable  Mr.  de 
.Maupertuis,  * 

Les  grandes  Découvertes  & Amplifications,  qu’on  a faites 
dans  le  Rngne  Végétal , par  le  Moïen  de  ces  Inftrumens  & de  la 
Diflédion,  ont  été  déjà  mifes  dans  tout  leur  Jour  dans  (Quantité 
d’excellens  Ecrits  & même  dans  des  Ouvrages  entiers. 

Quelque  perfuadé  que  je  fois  de  tout  ce  que  je  viens  de  di- 
re, je  fuis  bien  éloigné  de  prétendre,  qu’il  faille  faire  fon  unique 
Affaire  des  Amufemens  microfcopiques,  abandonner  des  Occupa- 
tions plus  preffantes , ou  préférer  cet  innocent  Paffe-tems  a d’au- 
tres Vacations  plus  importantes.  Toutes  Chofes  ont  leur  Tems, 
& par  conféquent  aufli  les  Obfervations  â faire  parles  Indrumens 
microfcopiques.  La  feule  Chofe  donc  que  je  fouhaiterois,  ainfi 
que  je  Pai  déjà  infinué  , c’eft  que  ceux  qui  les  Méprifent  euffent 
l’Equité  de  lailfer  jouir  ces  Inftrumens  de  te  Réputation,  que  l’Ex- 
perience  leur  a acquife. 

Je 

* C’eft  dequoi  l’on  peut  avoir  plus  d’Eclairciflemens  dans  la  Défenfe 
que  j’en  ai  faite,  laquelle  a e'té  imprimée  ici  en  1758.  & mife  au 
Jour  fous  le  Titre  d’EjJài  iune  Lèfenfe  folide  des  Animaux  fpermatiques* 


Je  pourrois  encore  infe'rer  ici  une  couple  de  Douzaines  d’Elo- 
ges  ou  de  Flatcries  fur  ce  que  j’ai  mis  jufqu  ici  au  Jour,  qui  me  font 
parvenues  de  la  Part  de  Savans  du  premier  Ordre  qui  m’honorent 
de  leur  Bienveillance;  Ci  les  Critiques  & les  Ccnfures,  qui  en  ont 
été  faites  dans  les  Feuilles  littéraires , Journaux  & autres  bonnes 
Pièces  pe'riodiques,  n’e'toient  les  meilleurs  Juges  ou  Témoins  du 
Prix  & du  Me'rite  de  pareils  Ouvrages* 

Que  fi  d’autres  Yeux  plus  clairvoïans  en  découvrent  davan- 
tage, que  les  miens  n’ont  pû  voir,  je  recevrai  leurs  Avis  avec  bien 
de  la  Keconnoiffance.  U ell  aifé  de  fe  tromper;  mais  pourvu  que 
ce  ne  foit  pas  un  Efprit  de  Critique,  qui  nous  faffe  prendre  des 
Bagatelles,  qui  n'aboutilTent  à rien,  pour  des  Fautes  capitales. 

Le  Prix  que  Mr*  l’Entrepreneur  a mis  à cette  Edition  cft 
outre  cela  fî  modique,  que  tout  Amateur  impartial , qui  voudra 
le  comparer  avec  celui  d’autres  Ouvrages  de  cette  Efpèce,  enfen- 
tira  lui  même  la  Différence. 

Enfin  mon  plus  grand  Déïïr  cft  de  pouvoir  continuer  à 
plaire  aux  Lecteurs  & aux  Amateurs  de  mes  Obfèrvations,  qui  ra* 
ont  non  feulement  honoré  de  leur  Approbation  libre  U impartia- 
le; mais  qui  ont  encore  eu  la  bonté  de  m’exhorter  à diverfes  fois, 
de  pourfuivr e le  Cours  de  mes  Experimens.  Je  finis  donc  par  me 
recommander  très  humblemcntà  leur  BieiweiUance.  Nuremberg 
ce  î.  Novembre  1763* 


Martin  Frobènt  Ledcrmiillcr* 


AMUSE- 


AMUSEMENS 


MICROSCOPIQUES 

Troisième  Cinquantaine, 

EN  FORME  DE  LETFRER 

LETTRE  L 

Manîmens  5c  Obfervations  Microfcopiqucs. 

Alon  cher  Amil 

Je  fuis  mortifié  d’avoir  été  fi  long-tems  à Vous  tenir  Parok , Zc  je 
ferois  au  Défespoit  de  Vous  avoir  fait  languir.  Je  pourrois  Vous 
alléguer  bien  des  Raifons , pour  juftifier  mon  Silence , mais  je  ne  vois 
pas  que  c’en  foit  ici  le  Lieu;  car  puifque  Vous  voulés  que  je  Vous  ap- 
prenne à manier  les  Microfeopes  les  plus  connus;  il  n’eft  pas  à propos 
d’y  mêler  des  Affaires  étrangères,  qui  peuvent  être  renvoïées  à quel- 
que Tems,  où  l’on  foit  plus  de  Loifir» 

, IIL  Tom.^  A Efl- 


% Manîmens  U Obfervations  Microfcopiques* 

Efl  ce  tout  de  bon  que  Vous  n’êtes,  qu’un  fimple  Apprentif ? Ne 
m’en  impofe's-Vous  point  ? Eh  bien  la  Bonte'  de  Caraélère,  que  je  Vous 
connois,  me  fait  ajouter  foi  à Vos  Paroles , & je  m’en  vai,  Mon  ch'er^ 
Vous  inftruire  fur  ce  Pié  là.  Il  faut  donc  d’abord  Vous  mettre  lA. 
B.  C.  en  Main  & puis  Vous  guider  aux  Obfervations  pratiques  , au 
Crayon,  au  Pinceau,  aux  Couleurs,  à la  Plume,  & enfin  aux  Alicrofeopes. 

Je  Vous  indiquerai  ici  tous  les  Microfeopes  ^ que  doit  avoir  un  vrai 
Amateur  de  cet  Art.  Faites  la  Revue  de  Votre  Cabinet,  pour  voir  s’ 
il  ne  Vous  en  manque  pas  quelcun.  Une  longue  Expérience  me 
fait  donner  ici  la  prémière  Place  au  Microfeope  manuel  de  IVilfon'^  parce- 
que  je  puis  m’en  fervir  prefqu’avec  tous  les  autres  Inftrumens;  ainfique 
Vous  le  reconnoître's  plus  parfaitement  par  la  Defeription  que  j’en  vai 
donner.  Le  Microfeope  folaire  p.  c.  ne  peut  fans  lui  re'pre'fenter  le  moin- 
dre Objet,  & quelque  Cas  que  l’on  fasfe  du  Microfeope  composé  de  Mar~ 
fchal  ou  de  Haertel^  je  le  trouve  en  ’mon  particulier  de  beaucoup  infe- 
rieur à Celui  de  IVilfon. 

Je  mets  au  fécond  Lieu  le  Microfeope  compojé  de  Marfchal  ou  deUaer- 
tel  avec  fon  long  Tuïm  cylindrique  et  fes  deux  Miroirs, 

En  troifième  lieu  vient  le  Microfeope  folaire^  trouve  Celui  de  Cuff 

de  Londres  le  meilleur.  Mr.  Burucker  en  fait  à Nuremberg. 

En  quatrième  Lieu  l’on  peut  faire  très  bon  Ufage  du  Microfeope  en 
Forme  de  Compas,  aux  Miroirs  de  Metal^  furtout  pour  les  Corps  opaques  et- 
non  tranfparens. 

En  cinquième  Lieu  le  Ferre  Oecommique  efl  bon  à une  Infinité  de 
Chofes.  ii-y  en  a qui  le  nomment  Loupe,  & ils  n'ont  pas  Tort.  Mais 

com- 

* Depuis  que  ceci  a èîè  écrit,  l’on  a fait  en  France,  à Leipzig,  à Augsbourg,  à Dresde 
à Francfort  Scc.  quantité  d’inventions  nouvelles,  dent  les  Journaux  et  autres  Pa- 
piers publics  ont  fait  fiiffifamment  Mention, 


ManînRens&  Obfervations  Microfcopiques.  3 

comme  j’ai  la  Loupe  à.part,  montée  en  Corne,  & que  mon  Ferre  Oeco- 
nomîque  eft  pofé  fur  un  petit  SoubafTement,  femblable  à une  petite  Ta- 
ble ronde;  je  ne  fais  point  Difficulté  de  fixer  à chaque  Inflrument  fon 
Nom,  fuivant  fa  Valeur  & fon  Ufage»  Vous  ferés  mieux  convaincu  de 
ceci,  lorfque  je  Vous  Les  envoierai  deffinés  & décrits  chacun  en  parti- 
culier. 

En  fixième  Lieu  je  me  fers  de  la  Loupe,  pour  chercher  les  Animal- 
cules dans  l’Eau  p.  e.  pour  découvrir  les  Artifons  du  Fromage,  laPouf- 
fière  des  Fleurs,  les  Polypes  & les  autres  Créatures  aquatiques  &c. 
Il  faut  par  conféquent,  qu’Elle  groffiffê  un  peu  plus  que  le  Verre  Oeco- 
tiomique,  autrement  on  ne  fauroit  diflingwer  dans  l’Eau  croupilfante  les 
petits  Animaux  de  Limon, 

11  faut  en  feptiême  Lieu  des  înftrumens  particuliers,  pour  obfer- 
ver  la  Circulation  du  Sang  des  Créatures  vivantes,  p.  e.  des  GrenouiL 
les,  des  Poifibns,  des  Lézards  d’Eau  &c.  L’on  prend  pour  cela  le  /Wt* 
crofeope  Anatomique,  de  l’Invention  & Defeription  de^r.  le  D,  Lieberkuh^ 
célébré  Naturalifte  de  Berlin. 

Ç'eft  au  refie  une  Régie  générale  en  fait  de  Microfeope,  que  plus 
ils  font  fimples  & moins  corapofés,  meilleurs,  plus  agréables,  &plus 
avantageux  ils  font. 

Jufqu’ïci  je  n’ai  pas  jugé  à propos  de  m’en  procurer  d’avantage. 
Vous  n’avés  maintenant  qu’à  voir;  mais  en  même  Tems  n'oubiiés  pas 
de  parcourir  le  Refie  des  Inftrumens  et  Outils,  requis  pour  cet  Effèt,  dont 
je  Vous  envoierai  une  Lifte  au  premier  Jour.  Cette  Lettre  me  paroif- 
fant  pafTer  les  Bornes  ordinaires,  je  renvoie  le  Refie  à l’Ordinaire  pro- 
chain. 

Adieu,  Mon  Cher,  tâchés  de  Vous  bien  porter, 

A a 


LET- 


4 


Manîiïiens  & Obfervatioris  Microfcopîques, 

LETTRE  IL 


Je  fuis  ravi  d’apprendre  par  Vôtre  agré.able  Reponfe,  que  les  pré- 
miéres  Lettres  de  mon  /Alphabet  ne  Vous  ont  pas  dèplû.  Vous  vbulés 
donc  que  je  continue.  Eh  bienî  pour  Vous  tenir  ce  que  Vous  ai  pro- 
mis; voici  une  légère  Lifle  de  mes  autres  Outils  Microfcopiques  , à 
laquelle  j’ai  Joint  quelques  Régies,  qui  ne  peuvent  que  Vous  être  utiles 
pour  rUfage  du  Microfcope» 

Four  bien  reüfîir  dans  l’Exercice  du  Microfcope,  il  faut 
I,  avoir  la  yûc  bonne  et  faine  y 

^2,  la  Main  dégagée,  délicate  et  ferme,  laquelle  foit  capable  d’en:- 
ehafTer  les  Objets  ^ les  Verres.  Une  Main  tremblante  ne 
vaut  rien  pour  le  Microfeope, 

Une  Addrefjè  aifée,  & pour  ainfi  dire,  une  Incïmation  ^ un Panchant 
naturel  aux  Récherebes  microfcopiques. 

H.y'a  certaines  Gens  qui  regardentla  Microfeope,  comme  une  très 
pitoïable  Badinérie  d’Enfant.  J’en  ai  même  ouï  foupirer  de  ce  qued^s 
Perfonnes,  autrement  de  bon  Sens  & même  d’Erudition,  pouvoient  fi 
mal  emploïer  leurs  Heures  de  Loifir,  Leurs  Doigts  les  décèlent,  dés 
que  les  Egards  ou  la  PolitelTe  les  obligent  à porter  aux  Yeux  feule- 
ment gsn  Microfeope  fimple  de  TVilfon.  Il-y  en  a pour  rire  de  voir  l’Air 
gauche  dont  ils  s’y  prennent;  & au  bout  du  Compte  , ils  conviennent 
©rdinairement,  qu’il  n’efi:  pas  aulfi  aifé  & facile  de  faire  des  EiTais  Mi- 
erofeopiquesj  qu’ils  fe  l’étoient  figuré.  Mais  ceux-là  ne  font  pas  des 
Nôtres-. 

Je  connois  une  antre  forte  de  vrais  Amateurs,  au  Pouvoir  des- 
quels il  n’eft  pas  de  tenir  un  Oeil  fermb  & l’autre  ouvert,  lorfqii’il  veu- 
lent obferver  quelque  Ghofe.  Ceux-ci  nepeuventpas  voir  les  Objets 
auifi  fixement,  que  Ceux  qui  font  les  Maîtres  de  tenir  fermé  ou  ouvert 

rOeil 


Manîmens  & ObrerVations  MicTofcopiques.  f 

FOeil  qii’ils  veulent.  Ca^r,  qu’ils  enferment  l’un  avec  une  Main,  il  leur 
faut  l’autre  pour  porter  le  Mkrofcope  à l’autre  Oeil,  & il  en  faudroit 
une  troisième  pour  diriger  la  Fis  & le  Porte-Objet.  Cependant  comm» 
Fon  peut.ft  faire  à tout,  il  n,efl  pas  impolEble,  en  faifant  quelque  petit 
ElFort,  quand  on  eft  feul  dans  fon  Cabinet,  de  s’exercer  & de  parve- 
nir à tenir  tantôt  l’Oeil  droit,  tantôt  le  gauche  ouvert  ou  fe|me.  Ba- 
gatelle, qui  ne  lailTera  pas  de  procurer  de  l’Avantage  à une  Perfanne, 
qui  voudra  mettre  la  Main  à l’Oeuvre. 

Le  Porte-Objets  font,  fans  Contredit,  apres  les  Mkrofeopes,  les 
Outils  les  plus  nécelTaires.  L’on  n’en  fauroit  trop  avoir.  Il  en  faut 
à-Q  fîmples  & de  doubles  I c’efl  à dire  les  uns  à un  feul  Ferre  et  d’autres  à 
deux  Ferres  en  Forme  de  Plat.  Les  doubles  pour  les  Créatures  vivantes, 
et  les  fimples  pour  les  Sels  &les  autres  Matières  fluides. 

Ces  petits  Ferrer  en  Forme  de  Plat  y qu’il  faut  pour  le  Porte- Objet,  n« 
fe  peuvent  pas  toujours  avoir,  quand  même  l’on  vou droit  les  parer 
bien  chèr.  IIV’ous  fera  donc  très  avantageux.  Mon  Chèr,  d’appreiv 
dre  l’Art  d’en  faire  Vous-  même.  Je  Vous  en  donnerai  le  Secret  an 
premier  Jour.^ 

Je  fais  moi-même  les  petits  Anneaux^  dont  on  fe  fert  pour  affermir  les 
Verres  du  Porte-Objet,  au  Moïend’un  très  vil  Inftrument,  Je  les  fai» 
de  Fil  d’Archal  jaune,  celui  de  Fer  étant  trop  fujèt  à la  Rouille.  Je 
Vous  dirai  aufîî  dans  la  fuite  comment  cela  fe  fait- 

il  faut  de  petites  Pincettes  bien  fines^  pour  prendre  les  LentUles  micro- 
feopiques,  les  petits  Infeôles  ^mtresy  des  Pinceaux  de  PoÜ  pointus  Se  auiû 
des  lüiaux  de  diurne  bien  appointés,  pour  mettre  fur  le  Porte  Objet  les  pe- 
tites Créatures  aquatiques,  les  Anguiles  de  Colle,  et  furtout  les  Sçis. 

Il  faut  referver  à chaque  Sel  & à chaque  Fluide  fon  Pinceau  particulier- 
Je  Vous  dirai  avec  le  Tems  i’Ufage  de  tout  ceci. 


6 Manîmens  & Obfervations  Microfcopiques. 

L’oii  peut  faire  mourir  tout  un  plein  Verre  d’Anguiles  de  Colle  avec 
un  feul  Pinceau,  dont  on  fe  fera  fervi  pour  de  l’Eau  de  Sel  traitée  par 
la  Chimie.  Comment  voudriés  Vous,  p.  e.  tirer  des  Criftaux  purs  du 
Sel  à cuire,  s’il  tenoit  encore  au  Pinceau  quelque  DiâTolution  de  Cor- 
ne de  Cerf  ou  de  Salmiac  ? 

Pour  ôter  la  Poulîiére  & la  CralTe  des  A^icrofcopesh  Lentille  & desser- 
res en  Forme  de  Plat  du  Porte  Objets  il  Vous  faut  un  Bout  de  Peau  velue,  celle 
de  Chamois  efl:  la  meilleure.  Si  l’Eau  fraîche  ne  fufïitpas  pour  les  décraf- 
fer,  on  les  lave  avec  de  l’Elprit  de  Vin. 

Une  Couple  de  petites  Lancettes,  un  Couteau  bien  aîguifé  ^ des  Fpîngles^ 
et  des  Cifeaux  bien  fins,  pour  en  de'couper  les  Anguiles  de  Colle,  'pour 
ouvrir  les  Grenouilles  & autres  petits  Infeéles,  ne  Vous  feront  pas  fu» 
perflus. 

11  Vous  faut  enfin  divers  Utenfi'es  de  Serre,  comme  de  petites  A(fiet- 
fer  ronie;  & des  Glaces  a Montre,  pour  pouvoir  mettre  deffus  ou  dedans 
une  Quantité  d’AuimalcuJes  de  Limon  ou  même  d'individus  qu’on  veut 
examiner  fous  les  Tuïaux  réunis  du  Microfeopede  Marfehaiou  deHar* 
tel.  Il  faut  encore  des  pour  y faire  monter  les  dif- 

ferens  fucs,  qu'on  veut  préfenter  devant  le  Microfeope.  Vous  aurès 
âuffi  Befoin  de  Tuïaux  cylindriques  plus  gros  & plus  larges,  pour  y con- 
ferver  de  petits  PoifTons  ou  de  l’Eau  limonneufe  , afin  de  les  pou- 
voir mettre  entre  le  Microfeope  de  Wilfbn,  en  guife  de  Porte-Objets, 
Que  fl  Vous  voulés  encore  y ajouter  quelques  Bouts  de  Verre  unis  de 
la  Torme  du  Porte-Objet  pour  la  Longueur  & pour  la  Largeur,  afin  de 
pouvoir  enfermer  entre  deux  de  ces  quelques  Créatures  Micro- 

fcopiques, cela  dépendra  de  Vous.  A moi  ils  ont  été  inutiles,  ii’aïant  ja- 
mais pu  m’en  fervir  pour  faire  aucun  Experiment  certain. 


S’il 


Manîm'ens  & Obfervations  Microfcopicjoes,  7 

S’il  me  tombe  encore  entre  les  Mains  quelqu’Inflrument,  qui  ne 
me^ revienne  pas  pour  le  Coup;  j’y  fuppléerai  dans  la  Suite.  Aies- la 
bonté  de  Vous  toujours  bien  porter. 

LETTRE  III. 

ï^atience.  Pas  tout  à la  .Fois,  Vous  voulés  déjà  fortir  de  l’Ordre 
de  l’Ecole,  Nous  fommcs  encore  à i’A,  B,  C,  & Vous  voulés  lire. 

Cependant  je  ne  veux  point  abbattre  la  Joie  que  Vous  donneVd- 
trc  nouveau  Microfcope  folaire.  Vous  allés  tout  de  Suite  favoir  com- 
ment il  s’y  faut  prendre,  pour  en  tirer  des  Experimcns  agréables. 
Vous  allés  trouver  ici  ce  que  Vous  defîrés  Sspeutêtre  au  delà. 

Le  Microfcope  folaire  & la  Chambre  obfcure,  vont  bien  Vous  don- 
ner des  Occupations  plus  intérelTantes,  que  ne  le  font  de  (impies  Grof- 
^(Temens. 

Jettes  les  Yeux  fur  les  Defïeins  ci-joints  & Vous  trouverés  fans 

peine  ce  que  je  veux  d^e, 

*> 

Je  m’cn  vai  cependant  procéder  dans  l’Ordre  & pour  éviter  les  Ré- 
pétitions, Vous  expliquer  chaque  DeiTein  en  particulier.  Vous  trou- 
verés donc  deux  Répréfentations  dans  cette 

^ TABLE  I, 

Le  Microfcope  folaire  de  Cujf^  avec  la  Chambre  obfcure. 

La  Figure  r.  Vous  montre  le  Microfcope  fo' aire  de  Cuff'j  a)  en  efl  le 
Devant,  comme  il  eft  affermi  à/’/îi;  b)  parksT’f;  c).  "Les  Trous  d)  qui 
font  à cet  Ais,  fervent  à pouvoir  l’attacher  à un  P'oîet  de  Pénètre;  ainli 
que  Vous  indique  a)  dans  la  Fig.  2,  de  cette  prémière  Table.  Avant 
que  d’entrer  dans  la  Defcription  des  Parties  de  ce  Microfcope,  je  Vous 
dirai,  que  le  Mien  eH;  de  Mr,  J,  Cuff  de  Londres.  Toute  la  Grandeur 
de  la  Plaque  dorée  a)  effde  5.  Pouces  de  haut  & de  5,  de  large;  et 

i’Epaif. 


§ TAB.  I4  LeMicrofcope  àeCuff,  avec  U Chambre 

J’EpaifTeur  a à peine  de  Pouce,  Le  Miroir  a 7^,  de  Poace  de  long  et 
8.  de  large,  le  Ttiïatî,  avec  le  Morceau  qu’on  met  au  Bout,  en  a 6^. 
i|.  de  Diame'tre,  de  forte  qu’on  le  peut  commodément  porter  fur  Soû 
Cet  ïnflrument  a au  Millieu  une^»e  Roue  dentée,  e)  cachée,  laquel- 
le dirige  le  Miroir  f)  de  droite  à gauche  et  de  gauche  à droite^  par  le 
Moïen  dune  petite  Vis  k Dens  g).  Aies  en  Récomandation  cette  Vis; 
car  Vous  en  aurés  fans  celTe  la  Clef  h)  à manier  de  la  Main  droite* 
Cette  Clef  h)  paiTe  dans  un  Trou  en  Eoiïe  i^  &par  leMoïen  àet  Ecrou 
k)  & du  Tenant  1)  eft  attachée  par  derrière  au  Miroir  du  Côté  lî) , & 
fert  à hauffer  et  hailTerle  Miroir,  fuivant  que  la  Difpofitipn  du  Soleü 
l’exige.  Au  Centre  de  la  Cibe  e)  eft  attaché  un  autre  Verre  optique, 
qui  grofîit  un  peu,  ,ce  que  Vous  montrera  la  Tab.  !!.  J’en  ai  marqué 
IXndroit  d’une  petite  Etoile.  Celui-ci  jette  les  Raïpns  du  Soleil,  qu’ïl 
reçoit  du  Miroir  f)  à travers  m)  & n)  & en  même  Teras  l’Objet  groffi, 
qui  fe  trouve  dans  le  Porte-Qbjet,  jusqu’à  la  Paroi  blanche  , quand  le 
Microfeope  manuel  y a été  prémièrement  affermi. 

Voilà  le  fmemenïhil,  lorsqu’on  veut  groffir  quelque  Chofe;  & pour 
pouvoir.alongex  le  Foier,  il-y-a  au  Haut  du  Tuïam  Cylindrique  un  autre 
Bout  de  Tuïau  o)  lequel  Vous  verrés  mieux  dans  la  Tab  II,  où  je  l’at 
deiîiné  feul,  avec  l’Endroit  p)  , où  il  doit  être  fourré.  Ce  Bout  de  Tuïau 
efl  par  devant  garni  d’une  Vis  q)  Tab.  IL  laquelle  entre  dans  l'Ecrou  qui 
fe  trouve  dans  la  Partie  de  derrière  du  Microfeope  de  Wilfonr)  &par 
où  il  efl  joint  au  Cylindre  m)  & rend  ainfi  le  Microfeope  folaire  com- 
plet. Alois  l’on  paTe  le  Porte-Objet  s')  avec  ce  qu’on  y a mis,  entre  les 
Lames  d':ï’voire  t)  & d’une  Main  u)  l’on  tourne  le  Mic-rofeope  manuel 
en  avant  ou  en  arrière,  & de  l’autre  x)  l’on  dirige  le  Porte-Objet,  jus- 
qu’à ce  que  Vous  aies  attrapé  le  Pourpris  le  plus  exact  de  l’Objet  contre 
la  Paroi  blanche^ 


DelH- 


9 


TAB.  II.  LeMrcrofcope,foUire  par  derrière,’ &c. 

Deffinés  le  tout  de  fuite  ,*  pour  plus  de  Commodité  je  me  fuis 
fait  faire  une  Machine  très  fimple,  dans  laquelle  je  puis  tendrexine  Feuil- 
le de  Papier.  Vous  la  itrouverés  Fig.  2.  de  la  première  Table,  Elle 
confifte  tnnnBUon creux  d)  pofé fur  un  Pié  en  Croix,  Le  Quadre  c)  fe 
plante  dans  ce  Bâton  au  Moïen  d’un  autre  plus  mince  f)  & fe  haulfe  ou  fe 
bailfe  par  la  Cbeviüe  e).  Au  relie  je  n’ai  voulu  par  cette  fécondé  Figure 
Vous  donner  xju’une  légère  Esquilfe  de  ma  o^/care  d’àprefent, 

dans  laquelle  a)  Vous  met  devant  les  Yeux  l’£«droir  où  le  Microfeope 
ell  affermi  vers  le  Couchant,  avec  la  petite  Table  b),  où  fon  peut  met- 
tre les  ©utils  dont  on  a Befoin,  & g)  la  Paroi  blanche  contre  laquelle 
les  Objets  fe  préfentent.  Vous  placerés  les  Sièges  de  Vos  Speélateurs 
à Vôtre  Fantaifie;  pour  moi  jeîesaiarrangés  ^omme^Vousyoïés pour 
ma  Commodité.  Vous  allés  voir 

TABLE  IL 

Le  Microfeope  folaire  par  derrière,  8c  2.  Chambres  Qbfcures 
avec  des  Répréfentations  Optiques, 

La  Figure  a)  Vous  répréfente  le  Microfeope  folaire  par  la  partie  de 
derrière  fans  Ais  ; c’ell  à dire,  la  Plaque  de  Laiton  doré  b)  dans  la  quelle 
font  marqués  les  Trous  des  Fis  c),  la  Cibe  dentée  je),  le  Ferre  optique  indiqué 
par  une  Etoile,  ^comme  je  Vous  ai  déjà  marqué.  Vous  y yoïés  encore 
le  Miroir  f),  le  Bout  de- derrière  de  laHf  4 Dens  g)  qui  dirige  à droite 
et  à gauche  la  Cibe  e)  & le  Miroir  f).  Dans  h)  rfe  voit  l*Anfe  ou  la  Clef, 
qui  fait  hauffer:&  baiffer  ce  Miroir  par  le  Moïen  du  rewanH)  & de  l’Ecrou 
k).  La  Manière  dont  les  Raïons  du  Soleil  opèrent  à traverts  f)  *)  m)  n) 
p)  , fe  trouve  marquée  par  1);  & o)  & q)  défignent  le  Bo«f  avec  fa  Fis 
où  il  faut  mettre-îe  -Microfeope  manuel  de  Wilfon,  quand  il  s’agit  d 
alonger  le  Edier» 


IIJ.  Tom, 


B 


Mais 


10 


TAB.  IL  Le  Microfcope  par  derrière  &c. 

Mais  avant  qU€  de  finir,  il  faut  que  je  Vous  explique  ce  que  veu- 
lent dire  les  deux  Figures  fupérieures  B)  C)  des  Chambres  obfcures  avec 
ces  Couleurs  d'Arc-en-CieU 

Je  Vous  ai  dit  ci-devant,  que  Vous  pouviés  faire  Ufage  de  Vos 
Chambres  obfcures,  pour  d’autres  Répréfentations  optiques , & Vous 
allés  voir  que  je  ne  Vous  ai  rien  annoncé  de  désagréable.  Lors  donc 
que  Vous  aurés  achevé  Vos  Répréfentations  microfcopiques  j Vous  n’ 
avés  quà  ôter  le  Bout  o),  zv ec\t  Microfcope  manuel,  & à lailTertout  leRe- 
fle  avec  Ics  Tuiaux  cylindriques  m)  n)  attachés  au  Volet  p).  Fuis  met- 
tes la  petite  Jable  a)  de  la  Fig.  B)  C)  ou  quelqu’autre  chofe  de^embla- 
ble,  qui  foit  juftement  de  la  Hauteur  du  Cylindre  m),  à peu  près  à deux 
Fiés  de  Difiance  , devant  le  Microfcope  folaire  ou  devant  le  Volet 
b)  où  il  eft  affermi;  prenés  enfuite  Vôtre  Brifme  c),  tenés  le  de  Maniè- 
re que  les  Raïons  du  Soleil  donnent  fur  un  des  trois  Angles  aigus;  & Vous 
verres  aux  deux  Côtés  de  la  Paroi  une  Colomne  de  Figure  ovale  y Couleur 
d’Arc-en  Ciel,  d)  d)  Fig.  C.)  telle  que  je  l’ai  repréfentée  e)  avec  toutes 
fes  Couleurs.  Que  fi  Vous  mettés  encore  un  Ferre  cylindrique  d),  plein 
d’Ëau  derrière  le  Prifme  (voies  Fig.  B.)  il  fe  fomera  tout  de  fuite  dans 
Vôtre  Chambre  deux  magnifiques  Arc  - en-  Ciels  e)  e),  l’im  au  Haut 
de  la  Paroi,  et  l’autre  en  bas  fur  le  Plancher,  Quelque  fois  il  fe  pré- 
fente  encore  la  Figure  ovale  f)  contre  la  Paroi  de  côté.  Je  n’aurois  pas 
placé  ici  cette  Dîgrelfion,  fi  je  n’avois  fû,  qu’elle  Vous  feroit  Plaifir, 
Vous  pourrés  faire  outre  cela  une  Infinité  d’autre  beaux  Experimens, 
comme  par  la  Difperlion  et  la  Répréfentation  de  chaque  Couleur  en  Par- 
ticulier, dès  que  Vous  entendrés  bien  le  Prifme  & que  Vous  aurés  vû 
les  Occupations  du  grand  Neuton  et  de  Mr.  Algarotti. 

je  pourrois  finir  ici;  mais  pour  Vous  punir  d’avoir  déjà  voulu  fai- 
re des  Ob  érvations  pratiques,  j’ai  refolu  de  Vous  ennuier  par  une  . lon- 
gue Lettre,  et  pour  y trouver  Matière,  j’ai  defliné  deux  Obferva- 

tions 


TAB.III.  UnpetitRond  &c.  TAB.  IV.UnMorCeajil'c.  ii 

vatioQS  microfcopiques,  que  je  Vous  envoie.  Examines  l’urne  & J’au- 
tre  pour  voir  fi  je  les  ai  bien  deflinées  & re'préCbnte'es, 

Vous  verre's  donc 

TABLE  HL 

Un  petit  Rond  d*un  Brin  de  Paille. 

Il  a été  coupé  orifontalement  du  Noeud ^ & il  contient  des  Hexago* 
nés  réguliers  et  irréguliers.  Les  irréguliers  viennent  du  defiTêchement; 
<ar  fi  l’on  pouvoit  pofer  bien  jufte  ce  petit  Rond^  fans  qu’il  perdit  rien 
de  fon  Arrangement!  ni  en  le  tendant,  ni  même  en  le  coupant,  l’onver- 
roit  toujours  des  Hexagones  xégulitt^  En  certains  Endroits  îl  font  très 
diftinéls;  mais  ils  le  font  le  plus  dans  le  Microfeope,  ainfi  que  j’en  ai 
delliné  quelques  uns  b).  Lepetit  Rond  non  groffieftmarqué  d’une}»* 

^ TABLE  IV. 

Un  Morceau  coupé  en  travers  d’une  Goufle  de  Semence 
de  Mauve  Sauvage 

Le  quel  fait  aufli  un  très  bel  Effet.  La  Coujfe  coupée  par  le  Mi- 
lieu en  travèrs  confifle  en  une  large  Etoile  a)  compofée  de  14.  Raïons  ou 
Cellules  àOraîne,  Quand  elle  eft  fraîche,  elle  donne  beaucoup  plus  dans 
la  Vue  fur  le  Verd  de  Perroquet;  Mais  comme  j’ai  delîlné  ceci  d’après 
une  Gouffe  déjà  fêche_,  fa  couleur  donne  dans  le  P'ert-Brun,  Alors  les 
Particules  externes  b)  tiennent  auffi  bien  .enfemble,  qu’aux  Bouts  des  Rui- 
ons de  l’Etoile,  Mais  ici,  les  uns  femblent  étreTeparés  des  autres  ; jen’ 
^i  cependant  rien  voulu  changer  a ce  que  j’ai  vu  à l’Aide  du  Microfeo- 
pÆ,  Les  Trous  vuides  défignent  l’Endroit  où  etoient  le  Grains  de  Se- 

B % mence 

* ’Voïès  mon  Tr.ité  Phifico-Microfeopique  de  la  DiJfeSiion  do.  Seigle,  avec  l’Obfcrva- 
tion  de  Ton  Crû  &c.  Grand  Folie. 


J 2 TAB.  V.  LeMicrofcope  dit  manuel  de  Wilfon 

mence.  La  véritable  Groffeur  de  ce  Morceau  eft  marquée  d’un  c)* 
N’êtes-Vous  pas  encore  fatisfait?  Je  penic  qu’oui.  Vous  en  avésafTés 
pour  aujourd’hui.  Une  autre  Fois  davantage.  Mais  dans  mes  Lettres 
fuivantes,  il  faudra  revenir  aux  Manîmensî  ce  dont  je  fuis  bien  aife  de 
Vous  prévenir  ; afin  que  nous  ne  fortions'  pas  de  l’Ordre  que  nous  nous 
fommes  propofé»  J’ai  de  l’Impatience  d’avoir  Votre  Réponfe  &plus 
encore  d’apprendre  que  Vous  êtes  content» 

Je  fuis  &e» 

LETTRE  IV. 

Vous  ne  perdrés  pas  Patience  et  ne  Vous  facherês  pas  de  voir  en- 
core ici  des  Manîmens.  Je  me  le  fuis  expreiféraent  réfervé  dans  ma 
dernière  ; jeme  perfiiade^  que  Vous  Vous  rendrés  Juflice,  que  Vous 
ne  fauriés  faire  des  progrès  à moins  que  de  s’y  prendre  aînfi. 

Le  Microfcope,  que  j’ai  l’honneur  de  Vous  prélcnter  eft  fans  con- 
tredit le  meilleur  de  tous,  étant  le  plus  fimple  dans  fon  Elpéce,  de  T 
Ufage  le  plus  facile,  & très  necelTaire  à plufîeurs  autres»  Voici  donc 

TABLE  V. 

Le  Microfcope  dit  manuel  de  Wilfon  ou  de  Poche 

de  Kulpeper, 

d’après  lequel  Jean  Michel  Horologcr  & Opticien  de  Zurich 
a fait  fon  Microfcope  univerfel. 

Cet  Inflrument  confîfle  en  un  Tuiau  cylindrique  Creux  a)  dans  le- 
quel on  affermit  au  Bout,  où  efl  marquée  l’Etoile,  la  Lentille  grojfijfantt. 

Vous  voies  b)  une  telle  Lentille  dans  fon  Encbajfiere  t dont  il  peut  y 
en  avoir  5.  à 6,  c’efl  à dire  depuis  Numéro  5.  jusqu’à  00. 

D’abord  au  dcffous  de  la  Lentille  efl  un  Rejjort  fpiral  de  Fil  d’archal 
entortillé  c),  lequel  fert  à retenir  le  Porte  - Objet  avec  l’Objet,  de 

peur 


ou  de  Poche  de  Kuîpeper.  r? 

peur  que  la  grolfe-  Vis  ne  le  poulTe  trop  vite  contre  le  Verre 
fiffant. 

Le  liejforf  porte  fur  deux  Plaques  d’ivùirt  d),  qui  ont  au  Millieu  ufî 
Trou  rond  de  la  Grandeur  d’une  Pièce  de  px  Blancs,  C’eft  au  deffous 
de  ce  Trou  qu’on  met  le  Verre  du  Porte-O&jetj  en  prenant  bien  gardé 
que  rGbjetqui  eft  dedans,  vienne  bien  jufte  entre  ces  dcüx  petites  Pla* 
quesr  La-  Figure  D)  E.)  Vous  montrera  diftinélement  ces  petites  pl^- 
quesr  Elles  portent  fur  un  Morceau  de  Corne  échancré  et  pareillement 
creux  e),  lequel  peut  avoir  un  ^art  de  Pouffe  d’épais,  afin  qu’èllck 
ne  branlent  pas,  lorsqu’elles  font  remuées  par  la  Vis  qui  eïl:  immédia- 
tement deffous.  Cette  Vis  f)  eft  deftinée  à mefurc  qü’ôn  l’ouvre  od 
la  ferme,  a approcher  ou  reculer  de  la  Lentille,  l’Objet  qui  doit  être  ex- 
aminé, de  Façon  qu’il  fe  montre  clairement  a POcil,  aînff  que  le  Fôïer 
du  Verre  le  demandé.  Enfin  aü  bas  Bout  du  Microfeope  efl  encore  le 
Ferre  opfiqae  g),  qui  eff  affermi  par  un  Anneau  qui  y tien  par  une  Vis, 
Mais  pour  donner  à l’Objet  tout  lejour  et  toute  îaCIarté  qu’il  lui  faüt, 
J’ai  fait  faire  plufieurs  de  ces  Anneaux  d’une  Lame  très  mince  de  Laitou 
& même  de  Parchemin,  dont  je  me  fers  fort  utilëmenr. 

En  voici  quelques  uns  h)  i)  k)  1)  & je  rt’ai  pas  bcfoln  de  Vous 
avertir,  que  les  plus  grands  Trous  font  pour  les  moindres  Groffiffeméns, 
e’^cfl  à dire  pour  ^,4.  et  3.  & les  plus  petirs  ou  les  plus  étroits  pour 
les  Verres  les  plus  forts,  comme  i,  o,  et  00.  parceqiie  Nro,  ï.  o,  et 
00,  n’ont  pas  befoin  qu’il  y entre  tant  de  Lumière,  lorsqu’on  veut  voîÊ 
PObjet  fixement  & dans  fon  plus  beau  Pourprh, 

L’on  met  ces  Fournitures  ou  Anneaux  entre  le  Verre  optique  & la 
Vis,  & une  Expérience  réitérée  fait  voir  qu’ils  n’y  font  pas  de  trop. 

Or  fi  Vous  voulés  tenir  devant  î’Oeif  cet  ïnffrument  Fig.  i)  pre- 
nds le  de  la  Main-gauche,  par  le  Manche  m)  & de'da  droite  tournés  la- 
Vis  n)  comme  Vous  verrés  qu’il  en  fera  befoin.  L’Etoile  ne  marque 

B J,  que 


î4  TAB.V.  Le  Microfcope  dit  manuel  de  Wilfon 

que  la  Polîtion  de  l’Oeil,  & les  petites  Boules  o)  la  véritable  Groffeu-r 
de  mes  Lentilles  ou  remj  en  Forme  de  Grain  de  Millet , Nro.  5.  4,  3, 
a,  !♦  O.  et  00. 

Mais  comment  s’y  prendre  pour  diriger  le  Porte-Objet  ? N’y  a-t-il 
point  de  Secret  en  cela?  Je  m’en  vai  Vous  donner  dans  la. Figure  2«  en- 
core une  petite  Ebauche,  tîint  pour  m’acquitcr  de  mon  Devoir^  que 
pour  fatisfaire  Vôtre  Defir. 

Vous  trouvés  dans  p)  encore  une  Fois  ce  Microfcope  deWilfon, 
J’ai  marquéla  Portion  de  l’Oeil  par  q)  & la  Partie  de  derrière  ou  d’enbas 
par  r),  ou  l’on  place  le  Verre  optique  ayec  fes  Fournitures  marquées 
ci  deifus  h)  i)  k)  1).  ' 

Mais  pour  bien  diriger  le  Porte-Objet,  prenés  le  Microfcope  de  la 
Main  gauche  & mettés  le  devant  l’Oeil  ; & après  l’avoir  parfaitement 
arrangé  fuivantïa  Fig.Ji.  regardés  avec  foin,  iî  Vous  voïés  l’Objet  ailes 
£xement.  Si  Vous  trouvés,  qu’il  foit  encore  befoin  de  faire  jouer  la 
Vis;  commencés  d’abord  par  l’ouvrir  un  peu  & approchés  enfuite  avec 
la  Main  droite  l’Objet  fi  jufte  devant  la  Lentille,  que,  fi  Vous  ne  lepou- 
vés  voir  très  fixement.  Vous  puilïiés  du  moins  l’apercevoir  d’une  ma- 
nière diftincte  ; alors  ouvrés  & fermés  tout  doucement  la  groife  ViSj 
Jusqu’à  ce  que  Vous  aïés  Votre  Objet  au  point  le  plus  fix€&  au  Centra 
du  Foïer,  pour  pouvoir  l’obferver  à Souhait. 

Le  Jeu  de  la  Vis  de  même  que  celui  du  Porte-Objet  doivent  fe  fai- 
re avec  Précaution,  doucement  et  lentement  par  une  Mainfûre;  autre- 
ment les  Verres  en  Forane  de  Plat  du  Porte-Objet  où  les  Lentillcts 
microfcopiques  fe  caifent  ou  du  moins  prennent  de  Raies.  Dans  s)  j’ai 
placé  un  Porte-Objet,  & t)  marque  l’Endroit  où  font  les  deux  petites 
Plaques,  entre  lesquelles  le  Porte-Objet  doit  palTetJ  ce  quej’ai  défigné 
plus  clairement  par  D)  E)  dans  la  Figure 

u)  eïl 


/ 


Manîmens  & Obférvations  microfcopiques;  if 

aj  eft  un  de  ces  petits  Chapeaux  de  Laiton,  où  j’énchaiTe  mes  Len- 
tilles* Dans  celui-ci  eftun  Nro*  oo.  & les  Lignes  pontuèes  , qui  font 
au  deflbus  marquent  la  diverfeDiftance  qu’il  y a du  Foïer  des  Verres  mfcro- 
ftopiques  aux  Objets,  à Proportion  des  Nro; 

Avant  que  de  finir,  j’aià  Vous  donner  un  petit  Avis  qui  pourra 
Vous  être  utile  dans  rOccafion.  L’on  calïè,  fouvent  même  l’on  perd 
le  Ferre  optique.  Si  cela  vient  à Vous  arriver,  ne  laifTés  pas  de  continuer 
rObfervation  eommence'e.  Prenés  feulement  une'de  Fournitures,  qui' 
conviennent  avec  la  Lentille,  que  Vous  avés  dans  le  Microfcope,  & 
mette's  la  à la  Place  du  Verre  optique,  & Vous  viendras  à bout  de  Vô- 
tre Obfervation»  fans  remarquer  une  Diminution  confide'rable  de 
Clarté. 

Je  fuis  &c; 

LETTRÉ  V. 

Manîmens  & Obférvations  microlcopiquesi 

C^ioi?  Vous  Vous  plaignes  du  Goût  & du  Jugement  que  le  Monde 
porte  des  Vos  Amufemens  rnicrofcopiques  ? Philofophe  pratique,  pou- 
vés-Vous  bien  faire  Attention  à cela  ? Les  Jugemens  du  Gros  des  Hom- 
mes ne  portent  ordinairement  fur  aucun  Fondement  folide. 

Il  ,y  en  a qui  font  fous  de  certaines  Chofes,  que  ni  Vous'  ni  moi 
n’honorerions  d’un  Regard.  Que  ne  peut  pas  la  Force  de  l’Education 
& de  combien  de  Préjugés  n’accable- t-clle  pas  l’Elprît,  furtout  loriqu’ 
il  n’eft  pas  épuré  pas  les  Sciences?  Encore  celles-ci  n’ont- elles  bien  fou- 
vent  pas  afies  de  Vertu  pour  extirper  les  Préventions  enracinées.  A- 
joutons  à cela  les  Temperamens , les  Pallions,  les  Vues,  les  Ufages  & 
Mille  autre  Chofes  de  cette  Nature,  defquelles  comme  d’autant  de 
Sources  impures,  naiifent  des  Jugemens  entièrement  incompatibles 


avec 


iS  Manîmens  & Obfervations  tnicrofcopiques* 

avec  la  faine  Raifon.  L’Inclination  et  rimagination  font  des  Dons  de 
1^.  Nature  propice.  Je  m’en  vai  prouver  par  un  feul  Exemple  ce  que 
j’avance. 

Il  y a quelques  Années  que  je  fus  obligé  d’aller  , pour  affaires, 
dans  une  certaine  Majfon,  coù,  après  avoir  fini  maCommiffion,  le  Maî- 
tre  et  la  Maîtreffe  me  prièrent  de  refier  pour  prendre  un  “^erre  de  Vin. 
Tandifque  nous  étions  à boire,  l’Hôte  appelia  fes  trois  Enfans,  Jefquels 
parurent  .d’abord  J mais  bien  que  le  plus  jeune  eût  fix.Ans,  ils  entrèrent 
dans  la  Chambre  où  nousdtions,  plûtôt  en  rampant  comme  de  Tortues, 
ou  en. canotant  .comme  des  Canards,  qu’en  marchant  d’un  Pas, ordinai- 
re, tant  ils  étoient  Cagneux  et  chargés  d’autres infirmités  corporelles. 
Cependant  le  Père  nelaifibitîpas  de  les  baifer  SrlaMèrede  lesappeller  fes 
beaux  petits  Anges,  d^elle  Félicité  pour  ces  pauvres  Enfans,  que 
leurs  Parens  les  trouvent  beaux!  .Comment  auroient-ils  été  autrement 
élevés  avec  tant  de  Soin? 

Autant  de  Têtes, autant.de  Sentimens.  Que  Mr.  X.  aime  les  Ma- 
rionettes,  Mr«  Y.  fes  Chiens  de  Chalfe  & Mr.  Z,  fa  Partied’Hombre  où 
de  Quadrille;  nous  perfifterons  à nous  faire  un  Amufement  utile  de 
nos  admirables Microfeopes.  Toutes  Chofes  ont  leur  Tems.  Il-y  a 
des  Heures,  où  nous  trouvons  autant  de  Goût  à lire  les  Mosheim , les 
Baumgarten,  les  Leifer,  les  Struv,  les  Boerhave  & les  Haller,  qu’à  li- 
*^eNollet,  Mufchenbroeck,  Reaumur,  .Bonnet,  Lieberkuhn,  .Needam& 
Hillel 

Revenons  au  Fait,  Pour  fatisfaireie  Defir  que  .Vous  avés  defavoir, 
comment  Von  peut  avec.ee  Microfeope  manuel,  defliner  commodément 
des  Objets  hors.de  la  Chambre  obfcure  fans  Raïons,dQ  Soleil;  je  Vous  a 
dclTiné  id  l^Iif^rument  de  la  Façon  que  je  m’en  fers. 


TA- 


TABLE  VI.  Le  Microfcope  manuel  de  Wiifoa.  »7 

TABLE  VL 

a)  eft  le  Microfcope  manuel  de  Wilfon, 

lequel  eft  pofté,  par  le  Moïen  d’un  Tenant,  ’au  deiTus  d’un  Coffre  à Ti- 
roirs de  Noïer  ou  peint' en  noir.  Ce  Microfcope  a au  Dos  un  Écrou  Cou. 
dé  b),  dans  lequel  entre  la  f^s  mince  c)  laquelle  traverfe  le  Tenant  d)  a- 
vant  d’etre  affermi  dans  b).  Le  Tenant  d)  avec  le  Microfcope,  eft  pofé 
fur  ce  Coffre  & y eft  affermi  par  la  Cbeviîle  ou  parla  Vis  e)  qui  eft  au  Pié 
du  Tenant, 

Sur  ce  Coffre  à Tiroirs  f)  eft  encore  ménagé  un  Miroir,  que  doit  ve- 
nir diamétralement  au  deffous  du  Microfcope  a),  pour  éclairer  de  bas 
en  haut  l’Objet  qui  eft  dans  le  Porte-Objet. 

Le  Coffre  f)  lui  même  peut  commodément  fervir  à enfermer  Je  Mi., 
roir  ql,  le  Picot  d'Tvoire  1)  au  bouc  duquel  on  a coutume  d’arrondir  le 
Fjl  de  Laiton  pour  les  Anneaux,  de  même  que  la  Loupe  m),  quand  elle 
eft  démontée  & quantité  d’autres  Outils,  Le  Miroir  y)  peut  être  un 
peu  concave.  On  le  dirige  vers  la  Lumière  de  façon  que  les  Raïons  qui 
y donnent,  fe  réflecbiffent  à travers  le  Verre  optique  & mettent  de  bas 
en  haut  l’Objet,  qui  eft  dans  le  Porte-Objet,  dans  le  Jour  le  plus  clair, 
fupofé  qu’il  foit  tranrparent..  Car  cet  Inftrument  n’eft  point  fait  pour 
les  Corps  opaques;  à quoi  il  en  faut  un  tout  autre,  que  je  Vous  expl-i. 
querai  à la  première  Occafion. 

Les  Chofes  transparentes,  p.  c.  les  Sels  y les  Objets  aqueux  y les  Puces^ 
les  Punaïjesy  les  PouXy  les  PuceronSy  plufieurs  Efpëces  à' Animaux  de  LimoUy 
les  Anguiles  de  Colle,  les  Animalcules  d'Infufiony  le  Sérum  du  Sang  y le  Lait,  1’ 
Urine  &c.  peuvent  de  Jour  comme  de  Nuit  s’obfervér  par  le  Moïen  de 
cet  Inftrument  et  fe  defîiner  à l’Aife.  ■ 

Vous  fentes  bien,  Mon  Cher,  que  touit  dépend  ici  de  la  Patience  & 
de  l’Addreffe  del’Obfervatcur,  Ilfaut,  comme  dans  le  Microfcope  folai- 
Ili  Tom,  C re. 


Ig:  TABLE  VI.  Le  Microfcope  manuel  de  Wilfon. 

re,  que  Vous  aies  fans  Ceffe  l’Oeii  collé  fur  le  Tum,  que  Vous  dirigiés 
de  la  Main  droite  tantôt  le  Porte-Objet,  tantôt  la  grande  Vis,  et  de  la 
gauche  le  Miroir,  jufqu’à  ce  que  Vous  voies  l’Objet  parfaitement  fixe& 
dans  fon  pliis  haut  Points  de  Lumière. 

Alors  Vous  Vous  alfeiés  tranquillement  à Côté  de  Vôtre  Inftrument 
& Vous  deffinés,  à la  Faveur  d’une  bonne  Mémoire  de  Peintre,  fur  le 
Papier  que  Vous  avés  devant  Vous,  ce  que  Vous  voies  conftamment 
dans  Vôtre  Microfcope.  Peut-on  fe  tromper,  tandis  que,  quoique  ce 
foit  ne  peut  échaper  au  Deffinateur?  L’Objet  demeure  tel  qu’il  e/l  des 
Semaines  & des  Mois  entiers  & même  davantage.  L’on  peut  le  regar- 
der Mille  fois  & lui  confronter  fon  Deffein  5 bien  plus  hùreux  en  cela, 
que  le  .ortraitier,  de  qui  l’on  exige,  quil  rencontre  ; bien  qu’il  lui  écha- 
pe  maint  Trait,,  maint  yîir  de  l’Objet  quieft  affis  devant  lui.  Qu’il  faille 
que  Vous  aies  quelque  Connoidanec  du  Dejjèin,  cela  s’en  va  fans  dire. 

Enfin  Vous  allés  voir  fur  cette  tflampe  un  Microfcope  très  ancien, 
mais  qui  a donné  lieu  à bien  des  modernes  et  furtoutà  celuien  Forme  de 
Compas^. 

La  Figure  n)  répréfente  cet  înflrument.  il  a]  un  FejJhrt  d’Jaer  o), 
une  Fis  pour  le  diriger  p),  un  Anneau  ou  une  EnchaJjVere  q)  pour  yaffer 
mir  b Lentille  mkrofcopiqus  avec  Coa  petit  Chapeau,,  telle  qu’on  voit  r)  cet- 
te Lentille  fcparcment  avec  fon  AÜroir  concave  de  Métal, 

s)  cfc  une  Machine  à une  pointe  pour  porter  l’Objet  devant  la  Len- 
tille. Dans  t)  eil  fourré  un  Poinçon,  qui  a en  haut  une  Aiguille  v)  & 
en  bas  il  peut  y avoir  encore  des  Pinces  à.  Fis  x)  pour  y attacher  les  Ob- 
jets ^ & 2,)  en  eil  le  Manche, 

Je  Vous  parlerai  plus  au  long  de  cet  In/lrument,  lorfque  je  Vous 
communiquerai  l’Ufage  que  l’on  fait  du  Microfcope  en  Forme  de  Com- 
pas, Pour  le  Coup  permettés  moi-  de  finir  en  Vous  a/Turant  de  la  plus 
tendre  Confidération  avec  laquelle  je  fuis,. 


LET- 


TABLE  VIL  Puces  d’Eau  noires,  ij> 

LETTRE  VI. 

A 

X aujourd’hui  je  ne  fuis  point  en  Train  d’écrire;  inais  pour  ne  Voiis 
pas  trop  faire  attendre  des  Nouveautés  microfcopiques,  je  Vous  envoie 
en  attendant  une  Couple, d’Obfervations,  que  j’ai  deflinées'd’après  Nro. 
f.  de  mon  Verre  de  Cuff. 

Peut-être  qu’au  prémier  Abord  Vous  ne  connoitrés  pas  cette  Créa- 
ture, bien  que  je  fois  perfuadé  que  Vous  «ii  avés  vu  une  Infinité  de 
fois.  Ce  que  Vous  verr.és 

TABLE  VIL 

font  les  Puces  d’Eau  noires, 

que  Ton  trouve  ordinairement  au  Printems  (furtout  quand  il  a plû)  fur 
la  Surface  des  Eaux  dormantes,  .Les  .Foffés  en  font  quelquefois  tout 
couverts. 

Elles  fautent  et  s’élancent  aufii  légèrement  que  la  véritable  Puce* 
feulement  que  ce  Mouvement  fe  fait  par  le  Moïen  d’autres  Organes, 
dont  je  m’en  vai  Vous  faire  le  Détail. 

Dans  a)  et  b)  Vous  verres  ces  Créatures  de  Grofieur  naturelle, 
Fig.  r.  en  préfente  une  grolTie  par  Nro.  couchée  fur  le  Ventre  &pré- 
fentantle  Dos.  Sa  Couleur  eft  bleu- noir,  et  toute  la  Peau  efi;  comme 
une  fine  Péliceoonverte  d’un  Poil  menu,  qui  ne  prend  ni  Eau  ni  hu- 
midité. Car  cet  Infeéle.eft  fec  même  au  Milieu  de  l’Eau. 

C)  C)  font  fes  Anünes^  dont  chacune  a f.  Jointures  et  qui  font  gar- 
nies de  Poil, 

d)  la  Machaire  en  Forme  de  Pinces,  fi  courte  qu’àpeine  lapeut  on 
diftinguer, 

e)  e)  les  Yeux  qui  donnent  dans  l’Or,  le  Verd  et  le  bleu, 

f)  les  fix  Piés^  dont  chacun  a 4.  Jointures,  g)  efi:  le  Corpi. divilé 
par  li.  Cercles  ou  Anneaux.,  par  lesquels  l’Infeéle  peut  s’alonger  & s’ac- 
courcir extraordinairement, 

C a 


h)  font 


ao  TAB.  V1IÏ«  Le  Bout  d’une  Langue  de  Bouf  bouillie,  &c. 

h)  font  enfin  les  Organes  qui  les  font  fauter  & s’élancer.  Ce 
ne  font  "pas  des  Piés  ; mais  plùtôt  de  petits  Tuïaux  creux,  desquels 
fort  une  Efpèce  de  Liqueur  huikufe  blanc  jaunâtre  toutes  les  Fois  que  b 
Infedle  veut  fauter. 

Je  préfume  que  cette  Liqueur,  qui  forme  dans  FEau  une  petite 
Boule  i),  forme  leSôlfur  lequel. la  Puce  appuie  fes  Organes  à fauter,  & 
qu’en  fuite  elle  s’élance  où  elle  veuf,  pareeque  l’Huile  refifie  à l’Eau. 

La  Figure  2,  préfente  cette  Puce  du  Coté  du  Ventre,  pour  mieux 
faire  diftinguer  l’Affiètte  de  ces  Organes  à fauter.  Depuis  a)  jufqu’à 
h)  Vous  trouverés  ici  toutes  les  Parties  ci-deffus  décrites;  il  n’y  - a que 
les  Organei  à fauter,  qui  fc  préfentent  ici  rétirés  vers  le  Corps.  Mais 
la  Puce  peut  aufii  les  pofer  des  deux  Côtés  à droite  & à gauche,  les 
hauiîer,  les  baiifer,  les  alonger  & raccourcir,  ainfi  que  les  deux  peti- 
tes Figures  k)  & IJ  Vous  le  font  voir- 

TABLE  VÏII. 

Contient  le  Bout  d’une  Langue  de  Bœuf  bouillie , 

, tel  que  je  l’ai  obfervé  par  defibus  par  mon  Numéro  5-. 

a)  eft  la  Partie  la  plus  baffe  du  Bout  de  la  Langue,  groffie,  après  en 
avoir  leve  premièrement  la  Peau  vUqueuje  b);  puis  la  PeUkuk  très  min- 
ce qui  eft  au  delTous  de  celle-ci  c),  laquelle  eft  toute  entrelacée  de  Vei- 
nes très  déliées.  La  première  Cbofe,  qui  fe  préfenta  ici  à ma  Vue,  fut 
an  large  Ruban  d)  compofé  de  Qiiantité  de  petits  Nerfs  qui  defeendoit 
perpendiculairement  tout  le  long  de  la  Langue;  aux  deux  Côtés  du- 
quel  fe  voïok  le  Tijjùle  plus  admirable  en  Forme  de  Refeau  compofé  d’u- 
ne Infinité  de  Filets,  de  Fibres^  de.  Nerfs,  & d’autres  l^aiffeaux , auxquels 
je  n’oferois  donner  de  Nom.  Ces  Répréfentations  font  plus  propres  à 
être  vues,  qu’à  êtres  décrites,  & j’abandonne  de  bon  Coeur  ce  pénible 
Ouvage  aux  Savans  qui  font  plus  experts  que  moi  dans  l’Art  de  la 
DiiTediom  Mais  je  Vous  renvoie  à un  Traité  qui  ne  pourra  manquer  de 

Vous 


! 


Hiftoire  de  l’Arbre  qui  porte  îe  CafFe'e,  jrr 

Vous  faire  plaifir.  Il  a été  publié  par  Monfieur  le  Confeilîer  Trevv, 
nôtre  excellent  Anatomifte  de  Nuremberg;  il  raifonne  fur  les  f^aijjèaux 
falivaux  à San^  de  la  Langue,  & il  ell  accompagné  de  4.  Eflampes 
très  finement  gravées,  * 

Adieiu 

LETTRE  VIL 

Hiftoire  de  l’Arbre  qui  porte  le  Cnffee. 

^ons  favés.  Mon  Chèr^  que  j’aime  à rapprocher  tout  ce  qui  peut  con?- 
fribuer  à la  Perfeélion  de  ÏHiftoire  d’un  Infeéle,  d’une  Plante,  ou  de  tou- 
te autre  Créature, 

Aïant  eu,  depuis  que  j’ai  répréfenté  le  Germe  du  Gaffée  dans  les  Tabi. 
XCVII.  & XCVIII.  de  mes  Amu^emem  microfcopiques,  Occafion  de  voir  & 
même  d’avoir  entre  les  Mains  plufîeurs  Pièces,  qui  peuvent  fervir  de 
Mémoires  pour  VHiftotre  de  cet  Arbre  ; je  n’ai  pas  voulu  manquer  de  Vous 
en  faire  Part. 

L’Eté  pafTé  étant  occupé  au  Cabinet  des  Curiofités  naturelles  du 
Prince,  & à cette  Occafion  aïant  ouvert  l’Armoire  aux  Livres  qui  y ê- 
- toit,  j’apperçus  entre  autres  un  très  beau  Manuferit  de  feu  Mr,  le  Syndic 
Klein  de  Danzig,  où  je  trouvai,  à la  Suite  de  plufîeurs  autres  Obfer- 
vations  botaniques,  la  Défeription  circonftanciée  dw  trd  /irbre  qui  por- 
te le  Cdffee,  lequel  il  avoit  élevé  lui  même,  accompagnée  d’une  peintiir* 
très  fine,  laquelle  Vous  trouverés  gravée  à dixième  tfiampe. 

Monfieur  Klein  s’exprime  ainfi  à la  Fin  de  fon  Obfcrvation  : 

„ îl-y-a  encore  ceci  de  réiiiarquable  au  fujèt  de  l’Arbre  qui  porte  te 
„ Calfé,  c’efl  qu’on  ne  trouve  jamais  ni  fur  lui  ni  autour  de  lui  aucun 

C J Pou 

* Ad  Virum  Nobiliffimum  atque  Exccllentinimum  Dominum  Doflorem  AlbertumHal- 
lerum  8£c.  de  Vafis  Salivalibus  atque  Sanguiferis  Epiflola  Chriftoph.  lac.  Trevv 
Med.  Doâ.  accedunl  Tab.  aen.  IV.  Norimb,  t_ypis  loh,  Ern.  Adclbulneri. 


2î  Hiftoire  de  l’Arbre,  qui  porte  le  CafFée» 

Fou  ni  aucune  autre  Sorte  de  Vermine , à quoi  cependant  les  au- 
,,  très  Plantes  étrangères  font  expofées,  quand  même  il  fe  trouveroit 
,,  au  Milieu  de  ces  Sortes  de  Plantes,  & qui  plus  eft,  on  n’y  voit  ja- 
,,  mais  ni  Araignée  ni  de  fa  Joi/e;  déplus,  ni  Mouche,  ni  Guêpe  ni  Pu. 
„ naife  de  Jardin,  ni  petit  Hanneton , n’attaquent  jamais  fon  Fruit - 
„ & même  lorfqu’une  Mouche  fe  pofepar  Hazard  fur  une  de  fes  Feuil- 
„ les,  elle  ne  s’y  arrête  jamais;  mais  elle  prend  auiîîtôt  la  Fui- 
„ te«  De  Sorte  ^ue  le  Portt-Caff.ée^eft  un  Arbre  pur  ^ chafte. 

Qui  efl:  ce  qui  difconviendra  que  ce  ne  foit  trop  flater  cet  Arbre  ? 
Il  feroità  fouhaiter  que  de  fi  bellesParoles  fulfent  conftatées par  uneExpe- 
rience  quotidienne.  Mais  qui  a vifité  de  grandes  Pépinières  â’  Arbrijfeaux 
à Caffée  DU  d’amples  Serres,  où  l’on  en  conferve  des  50.60,  des  Cent  & 
davantage  , eft  obligé,  en  les  examinant  de  près , .d’en  porter  un  tout 
autre  Jugement  que  Mr.Je  Syndic  JK.leln, 

C’eft  untrifte  Syeèlacle,  juonchés  Ami,  que  de  voir,  en  vifitant 
de  pareilles  Serres,  VingtàTrente  de  ces  Arbres,  qui paroiflTent  périr  tous 
à la  foiSj  & qui  ne  préfentent  que  le  Trône  tout  nud,  avec  quelques  FeuiL 
les  mortes.  Cherche-t-on  la  Caufe  de  ceDéfaftre;  c’eft  un  cre's  petit 
Infeéle,  des  Pous  qui  par  Milliers  obfèdent  l’Arbre,  en  rongent  le  Bois, 
en  fuccent  les  Fleurs  & le  Fruit,  & qu  on  peut  Jiommer  les  Ennemis 
capitaux  de  cette  .illuftre  Plante,  Ceft  à la  Cime  de  l^Arbiifeau  ou  de 
l’Arbre  à CafFée  que  ces  Créatures  aiment  le  mieux  fe  loger,  pareeque 
c’eft  là  que  les  Feuilles  font  Jes  plus  molles  et  les  plus  tendres. 

Monfieur  Klein  a pû  airément  préferver  de  ^ette  Infeéle  ce  Couple 
de  tendres  Arbriffeaux,  qu’il  a eu  le  Bonheur .d’éléver  lui-même. 

11  en  va  tout  autrement,  là  où  il-y-a  de  Vieux  Arbres  à CafFée  & 
en  Quantité,  dont  j’ai  vû  de  mes  propres  Yeux  le  plus  trifte  Etat.  J’ai  même 
emporté  chés  moi  plufieurs  de  ces  nufibles  Infcéles,  quej’ai  pris  dans  les 
Jardins  du  Princepour  les  examiner,  à Loifir,  Je  Vous  envoie  donc  fur  cette 

TA- 


TAB.  IX.  Fidèle  DefiTein  du  Pou  de  l’Arbre  qui  porte  le  Caffee. 

TABLE  IX 

Le  fîdele  Deflein  du  Pou  de  l’Arbre  qui  porte  le  CafFee. 

Vousverrès  dansa)  une  vieille  de  la  plus  gro/Te  E/pèce;  mais; 
cependant  de  GrolTeiir  naturelle;  dans  b),  qui  efl  un  Bout  de  Bois  gâte 
du  Tronc  de  cet  Arbre,  Vous  en  trouverés  de  plus  petites  marquées  c) 
.qui  font  fort  aflidues  auprès  de  leurs  Oeufs  & de  leurs  Petits,  Elles  creu- 
fentmême  en  rongeant  un  Caaa/ dans  le  Bois  b)  où  elles  confervent  leurs 
Oeufs,  qu’elles  couvrent  d’une  Laine  blanche  comme  Ne'ge.  Cette  haine 
fait  paroître  cet  Infeéle  de  deux  Couleurs,  tantôt  blanc,  tantôt  brun. 

La  Figure  i,  répréfente  ce  Tou  couvert  de  fa  Laine.  lia,  fans  com- 
pter la  Tête  , quinze  Anneaux  où  Divifions  y le  Bout  de  chacun  de  ces 
Anneaux  eft  termine'  par  une  Pointe  fufelée  de  Laine  blanche,  qui  fort  ap- 
paremment des  Trachées.  Delà  vient  que  cette  Cre'ature  re/femble  à 
une  petite  Etoile  ou  à un  Flocon  de  Vège  d).  LTnfeéïe  peut  allonger  & 
raccourcir  ces  Pointes  de  Laine  & en  faire  une  Couverture  pour  couvrir 
fes  Oeufs;  ainfi  que  j’en  ai  de'peint  un  Nid un  peu  grofîi,  avec  un 
Filet  qui  y pend  encore,  11  a deux  Antènes  à 4.  jointures,  deux  7eux 
bruns,  un  court  Piquant  au  Mufeau  pour  percer  , fix  Pies  dont  chacun  a 
4.  jointures  & t.  Ongles,  & le  Tuiau  f)  par  où  il  pond  fes  Oeuf.  N’a 
îanî  pas  trouve'  ce  dernier  dans  tous,  je  me  crois  fonde'  à croire,  que 
^elui-ci  eft  la  Femelle.  Mais  toutes  mes  recherches  ne  m ont  pas  en- 
core fait  trouver  le  Membre  dilfindif  du  /v:Me, 

Dépouillé  de  fa  Laine,  il  eft  de  Couleur  brun  jaune;  & alors  on 
lui  voit  auffi  bien  fur  le  Dos,  que  fous  le  Ventre  une  Li^wenfonee'e  qui 
defeend  perpendiculairement  depuis  la  Tête  jusqu’à  l’Extremite'  du 
Corps. 

Le  paroît  extrêmement  gonfle,  large  & gras,  furtout  vers 
la  Poitrine  e)  Fig.  a.  Mais  la  Caufe  n’en  elt  pas  difficile  à trouver» 

dés 


^4  T AB.  IX.  Fidèle  DefTein  du  Pou  deTArlDre  qui  porte  leCafFèe. 

dés  que  l’on  confidèrc  la  Quantité  d’Oeuf  que  porte  une  Créature  fi 
îïléprifable  à nos  Yeux. 

Aïant  par  Hazard  écrafé  un  de  ces  Pous  entre  les  deux  Verres  du 
Porte-Objet,  j’ai  compté  pafle  Cent  Oeufs  dans  ce  Corps  écrafé  & fort 
transparent  h),  au  Milieu  duquel  j’ai  découvert  i)  uncfac^e  ronge-pon- 
ceau,  que  j’ai  prife  pour  le  Coeur  ou.  pour  VEftomac^  parcequ’elle  a été 
long-tems  à fe  retirer  , s’alonger  & à fe  mouvoir  d’un  Mouvement  con^ 
vulfif*  Dans  une  Partie  de  ces  Oeufs , j’ai  vu  diftinélément-l’Embrion 
& les  autres  étoient  clairs»  Quand  il  pond  fes  Oeufs,  c’eft  toujours 
50.  à 60,  à la  Fois,  lesquels  font  dès  les  Lendemain  éclos  &fQurmillent 
au  Tour  delà  Mère.  Jugés,  Mon  cher  ^ par  cette  prodigieufe  Multipli- 
cation , combien  il  faut  peu  de  terns  à cet  Infeéle,  pour  couvrir  & 
abimer  un  Arbre  entier. 

Je  ne  faurois  me  difp enfer  de  remarquer  encore,  que  j’ai  vû  fur 
)es  Pi/7ides  Créatures  de  là  Figure  de  ce  Pou.  J’ai  même  tout  Lieu  de 
préfumer,  que  ce  font  les  Jardiniers  eux-méraes  qui  engrainent  les  Ar- 
bres qui  portent  leCalfée,  de  cette  mauvaife  Engeance^  en  mêlant  la  Ter- 
re avec  de  V Ecorce  £ Arbre  moulue,  pareeque  cette  Ecorce  & fes  Pores 
chent  des  Millions  d’Oeufs  prêfqu’imperceptibles  de  ces  Jnfeéles. 

En  un  Mot,  cette  Ecorce  moulue,  étant  ainfi  pleine  d’Oeufs,  il  eft 
très  nuifibk  de  la  mêler  avec  de  la  Terre;  .car  c’efi:  par  là  qu’on  fait  le 
plus  de  Mal  aux  Arbres  làins.  En  abandonnant  cette  Rémarque  aux 
meilleures  Récherches  des  Jardiniers  les  plus  experts  & les  moins  pré- 
venus; je  me  perfuade  qu’ils  conviendront  que  j’ai  Raifon. 

lUy-a  Apparence  que  cet  Infeéle  eR  une  Elpëce  des  vers  du  Cher- 
mts~Pinus.  Il  fe  tient  aux  Branches  des  Pins*  Le  Ventre  en  eR  uni,  & 
le  Dos  tout  couvert  de  fine  Laine  blanche , fa  Démarche  n’eRpas  des 
plus  vîtes» 


TAB  X.  Réprèfentation  duCrûduCafféeparMr. Klein  &c.  if 
Je  m’en  vai  Vous  donner  encore  dans  cette 

TABLE  X 

La  Peinture  de  Mr.  le  Syndic  Klein,  par  laquelle  il  re'preTente  le 

le  Crû  du  CafFe'e. 

Je  me  fuis  fidèlement  tenu  à l’Original,  fans  changer  la  moindre 
Chofe  ni  aux  Couleurs  ni  au  Defifein.  Comme  il  a tiré  deux  Sortes  d’ 
Experimens  du  Ffuit  du  Calfée  & qu’il  en  a eu  des  Plantes  (impies  & des 
doubles;  il  montre  a)  un  AViaa  de  Ca^èe  entier^  qui  n’a  produit  qu’un  leui 
Germe^  & per  conféquent,  qu’une  feule  Tige.  Il  avertit  enraêmcTems, 
qu’il  a mis  en  Terre  le  double  Noïau  entier  ou  le  Fruit  enveloppé  dans 
fa  Pellicule,  Quelque  Tems  après  il  déterra  un  autre  Noïau,  & il  en 
vit  fortir  deux  Germes,  Fig.  b).  Celui  ci  poufla  dans  la  Suite,  comme 
c)  le  répréfente,  & continua  à prendre  comme  d).  Un  autre,  qui  por- 
toit  aufii  des  Jumeaux,  mais  qui  fortirent  inégalement,  fe  dévélopp-a 
fuivant  la  Fig,  e)  e)  les  tendres  Feuilles  étoient  au  haut,  comme  un 
Monchoir  de  Nés  qu’on  a chifonné  dans  la  Main.  Enfin  il  enfortit  deTer- 
re  encore  un,  dont  les  Germes  poufsèrent  en  même  Tems  en  haut,  com- 
me l’on  verra  f),  lesquels  fe  dév-clopërent  de  la  Coquille  félon  g)  &pro- 
duifirent,  comme  les  Plantes  h)  leurs  tendres  Feuilles,  ou  l’on  peut  voir 
encore  une  Feuille  du  Noïaa  ou  du  Germe  i).  Il  s’enfuit  de  là  que  pour  la 
Génération,  il  ne  faut  pas  prendre  un  demi  Voïaa  tels  que  les  Marchands 
nous  le  vendent  & qu’on  le  brûle  ; mais  un  Noïau  entier  cônfifiant  en  fes 
deux  Moitiés  & encore  enfermé  dans  fa  tendre  Enveloppe,  lequel  ne 
foit  ni  trop  vieux  ni  depuis  tropjlong-tems  forti  de  fa  Cérife.  Nous  en 
concluons  encore,  qu’un  tel  Noïau  porte  d’ordinaire  aufiî-tôt  des  Plan- 
tes Amples,  que  des  doubles. 

Enfin  Vous  verrés  dans  k)  la  Pouffiere  de  la  Fleur  de  Caffée,  qui  efl 
gris  cendré  ou  d’Argent  & qui  reifemble  au  Grain  de  Froment.  Mais 
///.;  Tom.  D dés 


Manîmens  & Obfervations  Microfcopiques. 

dés  qu’elle  efl  humeélée  avec  de  l’Eau  ou  de  TEfprit  de  Vin  elle  prend 
une  Figure  ronde,  & |^end  infenüblement  l2t  Subfiance  buiteufcy  -qu’elle ren- 
ferme, par  uneEfpèce  de  Fumée  ou  de  Vapeur,  Vous  n’avés  qu’à  voir 
dans  i’Eftampe  XCVII.  des  mes  Amufemens  microfcopiques  & Vous  y 
trouverés  la  Fleur  même  avec  les  Anthères , ou  tient  cette  Poujfière  fig. 
e)  f)  g)  Cf.  5. 

Si  j’ai  fait  quelque  Chofe  de  fuperflu,  en  deffinant  & décrivant  le 
Pou,  les  Plantes  & la  Poujfii'ere  de  l’Arbre  qui  porte  leCalfèe,  comme  pou- 
vant fervir  de  Mémoire  pour  THifloire  de  cet  Arbriÿeau  ; c’cft  ce  que  je 
laiffe  à Vôtre  Difcernement.  Je  ne  cefTerai  jamais  d’être  avec  un  véri- 
table Attachement  &c. 

• LETTRE  VIII. 

Manîmens  & Obfervations  microfcopiques.’ 

Son  Excellence  Monfieur  le  Baron  de  Cleîchen  dit  àe  Ruff^  urm,  Con- 
feiller  intime  & Grand -Ecuïer  de  Voiage  du  Sérénilîime  Marggrave  de 
Bayreuth,  m’a  enfin  mis  en  Etat  de  remplir  lesEfperances,  que  je  Vous 
avois  données  il- y- a quelque  Tems,  en m’envoïant  génèreufement  de 
Bonnland  un  Microfcope  univerfel  àç.  Son  Invention,  avec  une  llépréfenta- 
tion  du  Ch aranÇon  blanc,  & celle  d’une  Elpcce  de  produit  par  la  Niel- 
le; \l  m’a  même  permis  d’en  faire  part  par  des  Gravures  fidèles  aux  A- 
mateurs  du  Microfcopc. 

Je  Vous  envoie  ici  la  propre  Lettre  de  ce  Seigneur, 

„ Je  fuis  d’autant  plus  fenfible  à Vôtre  Indifpofition,  que  je  m’at- 
„ tendois  moins  à cette  défagréabie  Nouvelle.  Qii’une  Situation  auf- 
,,  fi  trifce  & doüloureufe  ne  tombe  t-elle,  fur  des  Gens  qui  ne  pa* 
„ roiffent  être  au  Monde,  que  pour  fe  livrer  à la  Vanité  & à la  Fa- 
„ refife;  pendant  qo’ils  portent  une  Haine  niortelle  à laPhilofophie  & 


a 


TAB,  IX.  Defcripfion  des  Pièces  d’un  Microfcope  univerfel  &c,  27 

„ à toutes  les  autres  ConnoifTances  utiles  & agréables!  C’efl:  ce  que 
„ je  (buhaite  aulîi  lîncérement , qu’on  puilTe  jamais  rien  fouhaiter, 
J,  de  même  que  de  Vous  favoir  aéluellement  parfaitement  remis.  Vous 
J,  recevrés  ici  le  Dejfein  enluminé  de  mon  Microfcope  univerfel  zvtc  laDe- 
„ feription,  qui  l’explique.  J’y  joins  une  Répréfentation  & uneDe- 
5,  feription  d'un  Charanfon  blanc,  comme  un  ElTai  de  l’Ufage  qu’on  peut 
5,  faire  de  cette  Machine.  Vous  me  ferés  plaifir,  fi  Vous  voulés  bien 
,,  la  mettre  en  Oeuvre,  Je  Vous  prie  înflamment  de  m’envoïer  un 
J,  ou  deux  Exemplaires  de  la  troi/ièwîe  Cinquantaine  des  Fos  Jmujemensmi- 
„ crofeopiquesy  désqu’eile  fera  parachevée  j car  le  languis  fort  de  voir 
„ cet  Ouvrage.  Depuis  mon  Retour  de  Bayreuth,  je  n’ai  pas  été  à 
,,  rien  faire,  &j’ai  plus  Lieu  d’êtrcfatisfait  de  monTravaild’aujourd’- 
,,  hui,  que  de  celuique  Vous  avésvû  de  maFaçonàErlang  ; Vos  foins 
„ obligeans  m’aïant  largement  fourni  de  tout  ce  qui  me  manquoit&c. 

Je  fuis  avec  &c. 

à Bonniand  le  5,  Dec,  1761,, 

de  Cîeicben  dit  Ruffmrm, 

TABLE  XI. 

Defcripfion  des  Pièces  d’un  Microfcope  univerfel  de  nou- 
velle Invention. 

Le  Compas  ûç,  Laiton  Fig.  2.  confifte  en  une  Branche  longnt  & une 
courte.  Au  Bout  de  la  première  efl  une  Vis  A).  Mais  à B)  eft  atta- 
chée une  autre  Vis  tortue  très  mince,  laquelle  traverfe  la  Branche  courte 
dans  C);  & entre  les  deux  Branches  eR  un  Rejfort  à’dcîerD)  attaché 
par  un  Rivets.  E)  lequel  écarte  les  deux  Branches  l'une  de  îautre,  quand 
on  relâche  VEcrou  F). 

Mais  comme  ce  Reffbrt  feroit  trop  faible  pour  tenir  les  Branches 
écartées , quand  il  eft  Queflion  de  faire  des  Obfervations  d’Anatomie, 

D 2^  & 


2g  T AB.  iXÎ^Defcripfion  des  Pièces  d’un  Microfcope  univerfel 

& que  celapourroit  caufer  du  Dérangement,  pour  obvier  à cela  l’on 
a ménagé  à la  f^is  B)  une  petite  Cibe  G)  laquelle,  lorfque  le  Microfcope 
efi:  dûement  affermi  par  l’Ecrou  F),  ]oint  la  Branche  courte  à.  C)^  pourque 
celle  ci  foit  bien  affermie  entre  la  dite  Cibe  & l’Ecrou. 

La  Branche  courte  a un  Trou  H)  percé  en  Vis  & une  Enfonçure  quar- 
réeï)  comme  dans  les  Compas,  où  l’on  enchaffeiw  Branches iT Acier.  La 
Tête  du  Compas  entre  très  juffe  dans  le  Tenant ’k'),  lequel  eft  traversépar 
la  Vis  d’ Acier  L),  qui  tient  le  Compas  û ferme  qu’il  ne  peut  branler, 
quand  il  çil;  dreffé,  pour  faire  des  Obfervations  d’Anatomie. 

La  Partie  inférieure  de  ce  Tenant  eft  une  groffe  Vis  M)  par  laquel- 
le le  Compas  eft  affermi  à travers  la  Plaque  de  Laiton  & le  Bois  au  Cou- 
vercle, fait  en  pointe,  du  petit  Coffre. 

La  iVoix  N)  fe  met  dans  le  Trou  H),  Idrfqu’on  fe  fert  de  la  Plume 
O)  ou  du  Poinçon  P)  ainfj  qu’on  verra  Tab  XII.  Fig«  3,  Let. 

Maislorfqu’on  a en  Main  des  Objets  liquides  ou  tranfparens  & qu’il 
faut  fe  fervir  du  Porte-Objet  R).  L’on  fourre  V'njirument  S)  par  la  Che- 
ville T)  dans  le  Trou  quarré  I)  & on  l’affermit  dans  B)  par  la  Vis\'). 

Utrifirument  S)  confifte  entrois  P/flgwa  percées  au  Milieu,  dont  la 
plus  baffe  eft  recourbée  dans  W)  pour  y pouvoir  paffer  des  Tuïaux  de 
Verre. 

Le  Porte-Objet  R)  fe  paffe  entre  les  deux  Plaques  droites.  Il 
paffe  au  Travèrs  de  ces  trois  Plaques  aux  quatre  Coins,  des  Chevilles  àl 
Acier  X)  entourées  de  Refforts  Ipiraux  de  Fil  d’Archal,  qui  ferrent  ces 
Plaques  enfemble,  pour  tenir  feime  ce  qui  a été  fourré  entre  deux. 

La  petite  Table  Y)  confifte  en  un  petit  Rond  d’Yvoire,  blanc  d’un 
Côté  & noir  de  l’autre,  tenant  par  deux  petites  Vis  à deux  Bras  de 
Laiton;  de  Sorte  qu’il  eft  facile  à tourner  & à mettre  à faFantafîe  en 
haut  la  Partie  de  deffous. 


Il 


de  nouvelle  invention. 


^9 


Il-y-â  au  bas  une  Goupille  â' Acier  Z)  affermie  laquelle,  lorfqu’on 
veut  s’en  fervir  peut  être  attachée  par  la  Vis  qu’elle  a au  Bout,  z\x  Poin- 
çon P.  P. 

Lorfqu’on  veut  obferver  de  plus  grands  Objets,  l’on  fe  fert  de  la 
petite  Table  a)  qui  efl  plus  grande  que  la  précédente,  & qui  fc  tourne 
de  la  même  Façon  pour  mettre  en  haut  le  Côté  blanc  ou  le  noir. 

Il  faut  que  la  GoâpiUe  b)  de  cette  Table  foit  tortue,  afin  que  quand 
on  s’en  fert,  elle  foit  toûjours  en  Equilibre,  ce  qui  ne  pourroit  fe  faire, 
fi  la  Goupille  étoit  droite. 

Q^and  on  veut  à la  Hâte  examiner  dans  le  Porte-Objet  quelque 
Matière  fluide,  avec  peu  de  Grofiffement  & fans  le  Miroir  d’ôrgent,  ou 
de  Nuit  à la  Clarté  de  la  Lampe  derrière  un  Globe  de  Verre  rempli  d’ 
Eau;  l’on  ajufte  l’Anneau  c)  à la  Vis  de  la  Branche  longue  A)  du  Com- 
pas. Cette  Anneau  étant  tourné  en  Ecrou  par  dedans,  l’on  y affermit 
au  jufle  la  Vis  du  petit  Chapeau  de  \Corne  d),  dont  il  faut  avoir  pour 
un  Microfeope  complet  Cinq  à Six,  c’efl  à dire  depuis  Numéro  5.  juf- 
qu’à  00. 

Pour  les  Corps  opaques,  il  faut  deux  A;îroîrs,  c’efl  à dire  le  com- 
mun de  Ferre  e)  de  la  Tab.  XII,  dont  on  peut  auffi  faire  fort  bon  Ufa- 
ge  pour  les  Corps  fluides,  & celui  d’Argent ^ tel  qu’il  efl  répréfenté  par 
dehors  f).  Ce  Miroir  d’Argent  efl  furmonté  par  un  Anneau  d’Etain, 
dont  le  dedans  efl  tourné  en  Ecrou  g)  pour  y affermir  le  petit  Chapeau 
de  Corne  d).  Au  Côté"  de  cet  Anneau  vers  le  Milieu  paffe  encore  un 
Tro'i  en  Vis  g.  g)  au  X-loïen  duquel  le  Miroir  d’Argent  avec  le  petit 
Chapeau  de  Corne,  où  efl  la  Lentille,  peut  être  ajuflé  à la  Vis  A)  de 
la  Branche  longue  du  Compas;  ainfi  que  la  Figure  2.  de  la  Tab, 
XII.  le  fera  voir  plus  clairement. 

Au  Milieu  du  Miroir  efl  une  Ouverture,  à peu  près  de  la  Capaci- 
té de  la  Lentille  Nro,  f, 

D 3 


Le 


30  TAB.  XI.  Defcripfion  des  Pièces  d’un  Microfcope  univerfel 

Le  Diamètre  du  Miroir  h)  au  deffous  duquel  efl  pofée  la  Lentille 
dans  fon  petit  Chapeau  d)  fera  mieux  comprendre  tout  cela. 

Il  faut  que  la  Partie  ifen  bas  * de  ce  CbapeaUyXau  Couvercle  de  la  Len- 
tille microfcopîque , foit  un  peu  longue  ÿ afinque  le  Foïcr  puilfe  d’ 
autant  mieux  fejeuer  fur  l’Objet;  ce  qui  feroit  impraticable,  fans  a- 
voir  un  autre  plus  petit  Miroir  concave  d’Argent,  fi  cette  Partie  du 
Chapeau  étoit  trop  courte. 

La  Vis  creufe  de  l’Anneau  de  Laiton,  qui  furmonte  le  Miroir[con- 
cave  d’Argent,  doit  s’ajufter  fi  exaélement  avec  la  Vis  de  Corne  du  pe- 
tit Chapeau,  <jue  le  Bout  de  celle-ci  atteignele  Miroir. 

Or  comme  pour  faire  Ufage  du  Miroir  d’Argent , l’on  n’en  peut 
pas  aifés  approcher  l’Objet,  furtout  avec  la  Plume  O/,  il  faut  affermir, 
comme  l’Inflrument  S),  à la  Branche  courte  du  Compas,  le  Bras  courbe 
i)  lequel  a une  Fis  creufe  ou  en  Ecrou  k)  & p^uis  emboiter , dans  k)  la 
Noix  N)  pour  pouvoir  fourrer  enfuite  dans  VEtuiT)  là  Iltime  O)  ou  le 
Manche  P)  ; comme  on  peut  voir  dans  1)  de  la  Figure  3.  de  la  Tab.  XIL 

Mais  ce  Bras  courbe  ri’eft  pas  nécelTaire  pour  les  moindres  Grofîif- 
femens,  où  l’on  fe  contente  d’affermir  la  Noix  î^)  dans  le  Trou  H). 

11  en  eft  de  même  avec  la  petite  Table  Y')  dont  on  ne  fe  fert  d’ordi- 
naire qu’avec  le  Miroir  d’Argent^ 

Pour  obferver  des  Corps  opaques,  il  faut  procéder  de  la  Manière 
fuivante.  i,  La  Yotx  N)  s’affermit  à la  Branche  courte  du  Compas,  foit 
avec  oiî  fans  le  Bras  courbe  1)  & au  prémier  Cas  l’on  prend  l’Objet  avec 
la  Plume  O)  & au  fécond  on  le  pofe  fur  la  Table  X).  2.  le  Miroir  de  Ver- 

re fe  pofe  au  deffous  du  Miroir  d’Argent  f),  affermi  dans  A.  Tab. 
XII,  Puis  l’on  dirige  de  la  Main  gauche  la  Flume  O)  ou  la  Table  Y)  de 
Façon  qu’elles  rencontrent  bien  juflement  fous  l’Ouverture  du  Miroir 
d’Argent,  & enfuite  l’on  arrange  le  Piè  du  Miroir  de  V erre,  jusqu’à  ce  que 
foit  parfaitement  éclairé  par  en  bas  & par  en  haut. 


En- 


de  nouvelle  Invention. 


Enfin  3.  l’on  affermit  la  Lentille  avec  fon  petit  Chapeau,  l’on  por- 
te, lorfqu’on  obferve  de  l’Oeil  gauche,  ainfi  qu’il  efl  neceffaire  de  faire 
pour  pouvoir  deffiner,  la  Main  au  Coffret,  l’on  ouvre  & ferme  l’Ecrou 
F)  jiisq  ï’à  ce  que  l’Objet  excefiiveinent  illuminé,  fe  preTente  clairement 
& dans  tout  fon  Jour,  ce  qui  ne  manque  jamais  d’arriver  dans  le  moin- 
dre Groflîffement,  comme  dans  le  plus  fort. 

11  ne  faut  pour  cela  qu’un  Ciel  clair,  & de  Nuit  qu’une  feule  Lu»- 
mière* 

Dans  toutes  ces  Oblêrvations  le  Compas  porte  en  long  fur  le  Sou- 
tien m)  qui  eff  affermi  à la  Plaque  de  Laiton , dont  le  Coffret  eff  fur* 
monté. 

Lorfqu’il  s’agit  de  faire  quelque  Obfervation  anatomique  p.  e.  du 
Aiéfentère  d’une  Grenouille,  de  la  Circulation  des  Humeurs  danslaQi^eue 
d’un  petit  Poiffon  &c.  L’on  dreffe  le  Compas,  ainfi  qu’il  a été  ditplus 
haut,  & que  le  montre  la  Table  XIII.  l’on  attache  enfuite  la  Grenouille 
au  petit  Aïs  mince  n)  qu’on  tire  de  deffous  le  Couvercle  du  Coffret Tab. 
XII.  auquel  Ais  on  a ménagé  4.  Trous,  pour  y pouvoir  clouer  les  Jam- 
bes de  la  Grenouille.  Qmnt  au  Méfentëre  on  i’étendpar  deffus  le  grand 
Trou  marqué  d’une  Etoile,  & on  l’y‘  attache  tout  au  tour  par  de  groffes 
Epingles. 

Après  cela  l’on  fourre  le  petit  Ais  dans  le  Tenant  o),  lequel  on  y af- 
fermit par  la  Vis  d Acier  p)  \ c’eft  aufli  pour  cela  qu’il  faut  faire  quelques 
Trous  dans  l’Ais,  afin  de  le  pouvoir  hauffer  & baiffer,  & tourner  adroi- 
te & à gauche,  & enfin  l’on  paffe  la  Queue  Fig.  A du  Tenant  o)  dans  lé 
Trou  I)  de  la  Branche  courtje  du  Compas,  & on  l’affermit  dans  H)  avec 
une  s is  Vj. 

A la  Branche  longue  du  Compas  l’on  affermit  encore  l’Anneau  c) 
avec  fa  Lentille,  & à l’Aide  de  l Ecrou  F)  l’on  cherche  le  Foïer  ; maii 
afiiique  rien  ne  fe  dérange,  & qu’on  puiffe  tranfporter  tout  le  Micro. 

feo- 


32  TAB.XU,  Defcripfion  du  Coffret  du  Microfcopenniverfel. 

fcope  là  où  l’on  veut , l’on  ferre  bien  la  Branche  courte  du  Compas  à 
i’£croa  F)  par  le  Mojen  de  la  Cibe.  G) 

L’on  peut  outre  celà  avoir  dans  le  Coffret  une  Méfure,  p.  e.  comme 
j’ai  indique'  ici  le  Pouce  de  Paris  , grave'  fur  une  Plaque  de  Laiton  pour 
pouvoir  méfurer  les  Objets  & leur  Groffiffement.  Vous  allés  voir 

TABLE  XIL 
le  Coffret. 

Il  eff  corapofé  de  cinq  Parties  principales.  D’abord  il  fe  préfente 
un  Couvercle  q)  en  Forme  de  Pyramide,  le  quel  peut  etie  échancré  par 
les  Côtés.  Puis  l’on  trouve  le  petit  Âix  atmtomique  r),  quifert  en  même 
Tems  de  Fond  à la  Cavité  du  Couvercle,  quand  il  y cff  fourré  dedans  ; 
afinque  les  Outils  qui  font  dans  le  Coffret  nepuiffent  paffer  dans  le  Cou- 
vercle, fl  par  hazard  on  vient  à le  renverfer  fans  deffus  deffous.  En- 
fuite  vient  le  Coffret  quarrê  même,  fur  lequel  eft  collé  un  Ais  de  Tilleul  f) 
qui  peut  être  couvert  de  Velours,  ou  de  Cuir  rouge,  après  y avoir  mé- 
nagé les  Cellules  pour  le  Compas  & les  autres  Outils,  afin  qu’ils  y tien- 
nent ferme. 

Au  deffous  de  ceLiï  eff  le  fecondTirozrff  muni  pareillement  deCellu- 
les,  pour  y garder  lesLentilles  avec  leurs  petitsChapeaux,  le  Miroir  d’ Ar- 
gent, lesTenans,  les  Porte-Objets  &c.  Enfin  fuit  le  troifièmefiroirt). 

C’eft  là  dedans  qu’on  peut  garder  le  Miroir  de  Pierre  e)  en 
ôtant  la  Goupille  & le  Pic'.,  de  même  que  les  autres  cbofes  néceffaires, 
telles  que  des  Pinceaux,  un  Verre,  plein  H’Efprit  de  Vin , pour  nétoïer 
les  Verres,  des  Pincettes  à Mire,  de  petits  Couteaux , Lancettes,  Ci- 
feaux,  une  Méfure,  un  Craïon  &c. 

Or  comme  tout  le  Haut  ou  le  Couvercle  q)  fepeut  ôter,  comme  il 
fe  voit  Fig.  2.  l’on  peut  prendre  à la  Fois  toutes  les  Pièces  du  Micro- 
fcope  de  leur  Place,  & y remettre  avec  la  même  facilité  les  Pièces  qu’on 


en 


Manîmens  & Obfervatîons  fnîcrofcopîques,  5? 

en  ôte;  ce  qui  eft  d’une  très  grande  Commodité  pour  les  Obfcrva' 
tiuns, 

L’Amateur  peut  fe  faire  faire  ce  Coffret  de  la  Grandeur  qu’il  juge- 
ra à propos;  mais  les  Pièces  contenues  dans  laTab.  Xï,  font  répréfen- 
tées  de  Grandeur  naturelle.  Je  crois  cependant,  qui  n’y  a point  de 
Microfcope  qui  piiifie  l’emporter  fur  celui-ci,  pour  la^Force  de  l’Illu- 
mination ; ce  qui  eft  très  tiécelTaire  pour  faire  des  Obfervations  utiles 
& exaéles,  C’eft  par  la  Pratique  qu’on  en  fera  le  mieux  conv^aincu, 

LETTRE  IX. 

Manîmens  & Obfervations  microfcopîqucs. 

P 

our  Vous  donner  enfin  une  Idée  complette  du  Microfcope  univer* 
fel,  je  Vous  envoie  encore  trois  Gravûres,  qui  y appartiennent  Par- 
mi lefquelles  la  Tab.  XIIÎ.  Vous  met  devant  les  Yeux  tout  le  Micro- 
fcope anatomique  compofé  en  Forme  de  Compas;  Tab.  XIV.  le  Micro- 
fcope dit  de  Marfchall  ou  compofé  avec  fes  Pièces,  & Tab.  XV.  une 
Lampe  qui  a été  inventée  pour  faire  de  Nuit  des  Obfervations.  Il  n* 
auroit  pas  été  fort  néceflaire  de  joindre  les  Tuïaux  Cylindriques  au  Mi- 
crofcope univerfel,  pareeque  le  Microfcope  en  Forme  de  Compas  y rend 
les  mêmes  Services,  qu’on  attend  du  Compofé;  mais  comme  il  y aplu- 
fieurs  Amateurs,  qui  y font  accoutumés,  on  n’a  pas  voulu  manquer  de 
les  fatisfaire  en  ce  Point,  afin  que  rien  ne  manque  à la  Perfeélion  de  cet 
Infiniment. 

Voici  les  propres  Termes  de  Son  Excellence: 

Vous  rccevrés  un  fécond  DelTein.  C’efl  l’Ebauche  de  mes  pré- 
,,  mières  Idées  d’Amelioration  de  mon  Microfcope.  Ouoique  tracée 
,,  à la  Légère,  elle  ne  lailTera  pas  de  Vous  faire  mieux  entendre  ce 
„ que  je  veux  dire,  que  ne  le  feroit  la  Defcripfîon  la  plus  détaillée, 
J//.  Tow,  E que 


•4  TAB.  XIII.  Le  Compas  dreffe» 

J,  que  je  pourroîs  Vous  en  donner.  J’en  ai  envoie  un  Deflein  plus 
„ accompli  à Francfort  au  Mechanique  Alilcbmeyer\  fuivant  lequel 
J,  il  doit  faire  le  compofé. 

11  y a plufîeurs  Amateurs,  qui  aiment  i badiner,  il  y en  a aulfiqui 

font  accoutumés  aces  longs  Tuïaux>  C’eft  pour  ceux-ci  & pour 
,,  leur  plus  grande  Commodité  que  j’ai  fait  cette  Amelioration.  Je 
„ penfe  que  c’^eil  ce  que  Mr,  Bulfon  a recommandé,  & avec  quoi  Mr^ 
„ Î4eedham  & lui  ont  II  mal  vû.  Je  fuis  &c.  Bonnland  le  if.  Janv- 
„ 17^2. 

Quelque  perfuadé  que  je  fois,  que  Vous  faurés  bien  deVousmême 
faire  üfage  de  ces  Inftrumcns;  je  m’en  vai  cependant  finir  cette  Lettre 
par  Vous  donner  brièvement  Th-xpiication  de  ces  trois  Gravures. 
Voici 

TABLE  X III. 

Le  Compas  drefie 

aj  lequel  efl  affermi  aude/Tus  du  Ccffrtt  b).  A la  Branche  courte 
du  Compas,.  le  'Tenant  o)  cil  affermi  dans  i)  & enfuite  le  petit  Ab  anato- 
mique n)  qui  elt,  ainfi  que  nous  ffavons  décrit  plus  haut,  fourré  fous 
le  Couvercle  du  Coffret,  fe  voit  emboîté  dans  o) 

II  faut  Vous  figurer  la  Grenouille,  le  Poiffbn  ou  tel  autre  Animal, 
dont  Vous  voudrés  examiner  la  Circulation  des  Humeurs,  comme  cloué 
de  l’autre  Côté.  Je  n’^ai  fait  que  marquer  ici  par  c)  une  particule  de 
Méfentère  qui  fe  préfente  à travers  le  Trou,  & par  d)  les  quatres  Che- 
villes, qui  travèrfent  f \is,  par  le  Moïen  defquclks  la  Grenouille  peut 
être  tendue  fur  le  Côté  de  derrière. 

Le  Mîcrofcope  e)  fe  place  avec  TAnneau  f)  defliné  à cçt  Ufage^ 
au  Bout  de  la  Branche  longue  du  Compas  ; au  Moïen  dequoi  ks  Obfer- 
vation«  fe  peuvent  faire  & les  Objets  fe  voir  d’une  Maniéré  commode, 
fûre  h tranquille  La 


TA- 


TAB,  XIV.  LesPièces  qui  appartiennent  auMicr^fcope  coinpofé. 

TABLE  XIV. 

«* 

Répréfente  par  contre  les  Pièces  qui  appartiennent  an 
Microfcope  compofé* 

Ce  font  celles  qui  fuîvent.  Il  y a donc 

a)  le  Tuïau  cylindrique  à deux  Verres  qui  s’aifermît  par  le  bas  dans 
un  double  Anneau  de  Ldton  b)  & enfuite  par  le  Moïen  de  la  Pièce  c)  à 
une  de  Branches  du  Compas.  Ce  Bras  eft  partagea  d);  & fa  partie 
fupe'rieure  eft  fondée  À T Anneau  d’enbaut  h),  comme  îinferieure  i’ell  àl* 
Anneau  d’en  bas  é). 

C’eft  ce  que  la  Figure  f)  mettra  dans  iun  plus  grand  Jour  en  mon- 
trant comment  les  deux  Anneaux  font  placés  l’un  au  deffus  de  l’autre, 
& ce  qu’ils  relTemblent  par  dedans,,  quand  le  Tuïau  en  eft  féparé. 

ff)  efl  l’Ecrou  dans  lequel  on  affermît  le  tuïau  a),  g)  ^Marque  le  Trou 
Enfoncé  deûiné  pour  la  Lentille  ou  le  Verre microfcopique,  que  l’onpla- 
ce  à.2iïisV  Ameau  S en  bas  e)  dans  TEnfonçure  li).  i)  Montre  TEncodeée  l’An- 
neau d’en  'bas  e)  dans  laquelle  il  faut  fourrer  le  Miroir  d’ Argent  le)  pour 
l’Illumination , "et  auquel  on  attache  une  Plaque  de  Laiton , pour  pou- 
voir plus  aifément  fourrer  le  Miroir* 

m)  & n)  font  les  deux  Anneaux  ouverts  avec  les  Parties  que  nous 
venons  de  décrire  f)  g)  h)4)*  Il  faut  que  ces  Anneau xpuiffent  s’ouvrîr, 
afin  d’y  pouvoir  placer  la  Lentifle. 

L’Anneau  d’en  bas  eft  plutôt  une  Cibe,  munie  de  i’Enfonqure  h) 
& du  Trou  de  la  Lentille  g).  <^and  la  Lentille  efl  à fa  Place,  l’on  met 
cette  Qbe  n)  au  deffous  de  V Anneau  m)  après  avoir  préallablemait  four.» 
ré  le  Miroir  k)  dans  i)  par  le  moïen  de  la  Plaque  Ij. 

La  Figure  o)  marque  la  Forme  de  la  Doublure ât  la  Lentille,  dans 
laquelle  il  faut  la  mettre,  avant  que  de  la  placer  dans  l’Enfonçure  h). 
C’eft  une  Chofe  très  avantageufe  & commode,  pour  changer  avec 

E % prom- 


3^  TAB,  XV.  La  Lampe  pour  les  Obfeivations  no8:urnes. 

promtitude  de  Verres  microfcopiqucs;  parce  qu'on  n’ell:  pas  arreté  dans 
fês  Obfervations  par  l’Embarras,  qu’il-y-a  d’ordinaire  aies  affermir 
par  des  Vis.  Vous  concevés  de  Vous  même,  Mon  cher,  qu’il  faut  dcha- 
que  Lentille  fon  petit  Chapeau  ou  fa  Doublure,  afin  de  pouvoir  avec 
d’autant  plus  de  Promtitude  palTer  cette  Doublure  avec  fa  Lentilledans 
ÏEnfonçure  h).  J’ai  encore  jugé  à propos  de  mettre  le  Diamètre  p)  de 
îa  Cibe  d’enbas  n), 

ïi  Vous  fera  aifé  de  comprendre,  qu’il  faut  travailler  toutes  ces 
Pièces  auili  minces,  qu’il  eft  polîible,  pour  ne  pas  trop,  charger  la  Bran- 
che du  Compas.  Le  mieux  que  Vous  puifTiés  faire,  c’efl  de  faire  fai- 
re de  Carton \z  Tuïau  cylindrique  d’en  haut , & de  le  faire  couvrir  de 
i^eau  ou  de  Parchemin  verdj  Ouvrage  de  Faifeiir  d’Etui  ou  de  Relieur  de 
Livres,  quand  on  ne  le  fait  pas  faire  foi-même.  Vous  pouvés  encore 
faire  Ufage  du  fécond  Miroir,  fi  Vous  voulés  illuminer  davantage  par 
en  bas  TObjet  à obfcrver. 

U me  relie  a Vous  montrer 

TABLE  XV- 

La  Lampe  pour  les  Obferyations  noêfurneSr 

Le  DefTein  en  efi  fi  clair , que  je  trouv'e  inutile  de  Vous  en  faire 
une  longue  Defcripfion,  Vous  voies  que  la  Machine  qui  lafoutient  efl 
compofée  de  deux  Bras  de  Laiton  a)  b)  portés  par  un  Fié  croifé  c),  fur  V 
un  defquels  a)  on  pofe  la  Lampe  d),  fur  l’autre  b}  un  Globe  de  L'erre  e) 
rempli  d’Eau  claire, foutenu  par  deux  Lames  d’Acier  ou  de  Laiton  f)f) 
pliées  en  demi-rond.  Vous  en  trotiverés  de  Vous-même  beaucoup 
mieux  l’Ufage,  que  je  ne  faurois  Vous  l’indiquer  par  écrit.  Je  finis  cet- 
te longue  Lettre  & fuis  &c 


LET- 


37 


’ Manîmen^  & Obfervations  Miçrofcopiques, 

LETTRE  X. 

Manimens  & Obfervations  microfcopiques. 

C^ioi  encore  des  Microfcopes?  Q^e  cela  efi:  dégoûtant!  Non,  Mon 
Cher,  je  n’en  mettrai  point  ici,  pour  ne  pas  abufer  de  Vôtre  Patience, 
Vous  aurés  ici  des  Obfervations,  que  Vousi[ferés  à même  d’imiter,  d’ex- 
aminer & de  rechercher.  Mais  ne  foies  pas  fâché,  que  dans  l’Explica- 
tion de  la  Table  XVI.  je  ne  V^ous  entretienne  pas  de  tout  ce  que  l’on 
peut  dire  touchant  le  Crû  des  Joncs  d’Efpagne  & que  dans  la  Defcri- 
pfion  de  la  Table  XVll,  je  ne  Vous  falTe  pas  uneHiftoire  complette  des 
Lions,  des  Ours,  des  Chenilles  & des  Taupes, 

Ne  riés  pas,  Mon  cher,  de  cette  Exeufe  ! Je  n’en  ai  pas  befoyi  à Vo- 
tre Egard  j mais  bien  à l’Egard  de  ceux,  qui  m’ont  déjà  demandé  des 
Détails  d’une  Longueur  dont  je  ferois  comptable. 

Mes  Amufemens  microfcopiques  trouvent  des  LeéJeurs  de  différens 
Genies.  11  y en  a qui  ont  prétendu  de  moi  tant  de  Chofes,  que  pour 
îes.fatisfaire,  il  m’auroit  fallu  faire  imprimer  pour  le  moins  fix  Feuilles 
d’Expiications,  à chaque  Rèpréfentation,  que  je  leur  donne. 

Je  fais  Vôtre  façon  de  penfer^  Si  elle  Vous  empêche  de  me  rien  de- 
mander que  de  jufte.  Que  tous  les  Leéleurs  ne  font-ils  dans  les  mêmes 
fentimens  ! Alors  tout  le  Monde  conviendroit , que  je  ne  fuis  obligé 
d’annoncer,  que  ce  que  l’Objet  obfervé  à préfenté  à la  Vûe;  quels 
Verres  & quels  Manïmens  j’y  ai  emploiés,  & que  ce  qu’il  y a de  plus 
curieux  dans  les  Créatures,  que  j’ai  dépeintes  en  tous  ou  en  Partie, 

Au  refte  je  ne  répondrai  à çes  Reproches  & à tous  les  autres  non 
mérités,  que  par  le  Jugem.ent  du  digne  & recommandable  Auteur  des 
Contes  familiers*,  en  priant  inflamment  ceux  qui  en  voudront  favoir  davan- 

E 3 tagCj 

• Gefeirfchaftliche  ErZaelungcn  part.  pag  43^  , ' 

Nota  C’eft  Mr,  le  Prof,  Titius  de  Wittemberg,  qui  eh  a la  Direflion. 


3S  TAB.  XVi.  UnpetîtRond,  coupé  d’un  Jonc  d’Efpagne. 

tagc,  ou  4c  m’excuFerà  cauFe  des  étroites  èornes,-oii  je  Fuis  obligé  de 
me  renfermer,  tMi  defe  procurer  un  Livre ils  trouveront  à ki  Fois 
tout  ce  qu’ils  peuvent  défirer  &:  au  delà;  ce  font  les  g.  Parties  du  Spe- 
Bade  de  ia  Nature  par  Mr.  l’Abbé  Hüfohe,  C’eô  là  que  des  Amateurs» 
qui  ne  font  que  commencer,  trouveront  ce  qu’ils  auroient  beau  cher- 
cher chés  moi,  ;&  j’efpère  qu’ils  prendront  en  bonne  Part,  que  je  les 
renvoie  à cet  Ouvrage. 

Maisjcrenviensàîncs  Obfcr.vatlons  du  Jour,  que  Vous  trouverés 
ici, 

TABLE  XV h 

Un  petit  Rond,  coupé  d’un  Jonc  d’Efpagne. 

J’ai  trouvé  cette  ObFervatlon  très  agréable.  Ce  Bois  de  Jonc  a 
divers  Canaux  à Sève  & à Air,  dont  les  uns  font  fort  larges  & les  au- 
tres extrêmement  reiFerrés.  a)  Fait  voir  ce  /Joadde  Graadeur  naturelle; 
mais  b)  le  montre  dans  fon  Grojfiffement !Nro.  é,  du  Verre  anglois, 
■où  c)  marqueles  plus  grands  Pores^  dont  quélques uns  font  traverfés  de 
petites  fibres  de  Boisà)y  d’autres  moindres  & encore  d’autres  fî  petits 
qu’on  d’en  fauroit  voir  rOuvcrtur.e,  .à  moins  d’emploïer  un  plus  haut 
point  de  QroiTiirement.  Il  y a encorebicn  plus  d’ Agrément  à voir  cet- 
te Répréfentation,  fur  la  Paroi  blanche  à travers  Ic  MLcrofcope  folairc, 
qui  découvre  plus  clairement  8c  en  plus  grand,  les  plus  petits  Tuïaux 
à fève  & à Air,  Les  plus  grands  Trous  ou  Ouvertures  fe  trouvent 
dans  un  Enfoncement  e)  compofè  d’une  Infinité  d’autres  plus  petits 
leFquels,ainfi  que  j’ai  dit,  me  Fe  peuvent  voir  diftinélemcnt  à la  Paroi» 
blanche  que  par  Nro, -o.  Pour  avoir  un  pareil  Rond,  Vous  n’avés  qu* 
à couper  un  Bout  de  Vôtre  Canne  de  l’EpailTeur  d'un  Dos  de  Lame  de 
Couteau,  & quà  mettre  ce  Bout  détremper  dans  l’Eau  pendant  environ 
a4r  Heures,  Puis  V^us  en  couperés  avec  un  bon  RaFoir  un  petit  Rond 

aufiî 


TAB.  XVIL  Poil  d’ Animaux  k d’InfeOiet» 


aulîî  mince  qu’une  Feuille  de  Pavot,  & Vous  le  mettrés^  comme  à TOr- 
ëinaire  entre  les  Verres  du  Porte-Objet  avant  qu’il  fe  defleche,  autre» 
ment  il  fe  dejette  comme  le  Parchemin  à la  Chaleur,  ce  qui  le  rendaul^ 
fi  incertain,  qu’incommode  à obferver,  & qu’il  ne  peut  que  produire 
de  Defleins  infidèles.  Vous  allés  enfin  trouver 

TABLE  XVIL 

du  Poil  d’Animaox  & dlefcâet*  ^ 

Peut  être  avés  Vous  crû  jufqu^îci  que  les  Lions  & les  Ours  avoient  ' 
quelque  Chofe  de  fîngulier  dans  leur  Poî7;  mais  Vous  verres  par  leur 
Peinture  fidèle,  qu’il  diffère  bien  peu  du  Nôtre, 

Bienque  dans  le  magnifique  Cabinet  des  Curiofîtés  naturelles  de  S, 

A.  S,  il  fe  trouve  des  Lions  & des  Ours,  dont  3*^11  obfervé  le  Poil,  que 
j'ai  trouvé  conforme  à celui;,  que  Je  préfente  Ici  , je  n'al  pas  laiffé  de 
prendre  celui-ci  d'un  Ours  & d’un  Lion  en  Vie,  qu’on  faifolt  voir  ici 
l’année  paffée. 

, Le  Poil  du  Lion,  furtout  de  la  Crinière,  fê  diflinguc  de  Fautre  par 
la  Force  du  Tui'au  àMoiie,  qui  ie  parcourt,  & qui  paroit  une  Fois 
plus  épais  que  celui  du  Poil  de  FOurs.  Et  ce  gros  Tuïau  à Moile  d’un 
rouge  brunâtre  fe  voit  auflt  dans  le  poil  plus  fin  du  Rcfte  du  Corps 

du  Lion.  • 

Les  autres  Peaux  treffées  eu  Forme  de  Réfèaux,  lesquelles  tntou- 
rent  cette  Moile,  font  auffi  claires  & auïE  tranfparentes  que  dans  le 

Poil  des  Hommes. 

Mais  ce  que  cette  Obfervation  a préfenté  de  plus  merveilleux  à 
ma  Vue,  c’efl  la  force  Tranfpiration,  s’il  m’eil  permis  demefèrvir  de 
ce  Terme,  que  rendit  ce  Poil  de  puis  le  Haut  jufqu'auBas  & des  deux 
Côtés,  quand  je  Feus  mis  dans  ie  Porte-  Objet  entre  les  deux  Ymes  en 

Forme  de  Plat, 

Je 


40 


TAB.  XVÎÏ.  Poil  d’Ammaux 


je  ne  fais,  fi  cela  venoit  de  la  Prefiion  du  Verre,  ou  de  quelque 
autre  Caufe.  Suffit , qu’il  fe  préfenta  à mes  Yeux  Quantité  de  Gout- 
tes blanches  formées  en  Perles,  mais  qui  ne  pouvoient  s’appercevoir, 
que  par  les  Mro.  o & oo.  Dans  le  Microfcop.e  folaire,  on  les  voioit 
par  Nro.  & encore  plus  grofles  contre  la  Paroi  blanche.  L’on  obfer- 
ve  bien  dans  le  Poil  des  Hommes  une  Egrefiionde  Sucs,  mais  ellen’eft 
pas  fi  abondante,  ni  par  de  fi  grofles  gouttes. 

Le  Poil  d’un  Ours  brun-noirâtre  de  Pologne  ne  m’a  pas  fait  voir 
de  femblables  Tranfpirations,  Le  Tuïaii  au  Suc  de  même  que^la  Peau 
en  Forme  de  Réfeau,  étoit  bien  plus  obfcure,  mais  moins  large;  bien 
que  je  les  aïe  obfervés  à travers  le  même  Verre,  c’eft  à dire  î^ro.  i. 

c)  eft  un  Poil  de  Cbenillis  urfwes,  InfcQie,  qui  a atout  Moment  des 
Perfécutions  continuelles  & même  la  Mort  à attendre  de  la  Part  des  Guê- 
pes tripiîes;  car  cette  Efpèce  de  Guêpe  pondfes  Oeufs  dans  la  Peau  êpaif- 
fe  de  cette  Chenille. 

Lors  donc  que  les  Petits  èclofent,  il  faut  que  la  Chaîr  de  la  pauvre 
Chenille  leur  ferve  de  Nourriture,  jufqu’a  ce  qu’ils  foïent  afles  forts, 
pour  aller  chercher  leur  Vie  ailleurs. 

Lorfque  Vous  avés  pris  cette  terrible  Chenille  entre  les  Doîgtsi 
je  crois  que  Vous  y avés  reflenti  une  Douleur  cuifante,  de  même  qu’il 
m’efl;  fi  fouvent  arrivé,  laquelle  j’ai  toùjours  comparé  à la  Piquûre  d’ 
Orties. 

Or  pour  me  mettre  à même  de  Vous  en  dire  la  Caufè,  j’ai  defliné 
un  Poil  de  cette  Chenille,  lequel  j’ai  examiné  par  le  Verre  de  Streicher 
Nro.  oo.  afin  d’en  pouvoir  joindre  le  Deflein  aux  autres  Poils  de  cette 
dix  feptième  Table.  Vous  verrés  donc  fans  Peine,  parla  Quantité 
de  Pointes  en  Forme  d’Epines,  ce  qui  Vous  a fi  fenfibiement  piqué. 

11  s’en  faut  bien  qu’un  Rameau  de  Roficr  n’ait  autant  de  Piquans, 
qu’un  tel  Poil,  & il  efl  aufli  dur  que  de  la  Corne.  Sa  Couleur  cft 

jau- 


fur  une  Feuille  de  Poirier, 


4Î 

„ le  Soleil  avec  d’autres  Vapeurs,  & enfuite  elle  cft  retombée  avec 
5,  la  Nièle,  q,ui  eft  peut-être  la  feule  Caufê  capable  Scneceffaire  pour 
J,  lui  donner  la  Faculté  de  Croître.  Mais  ce  n^efl:  qu’une  Conjuture^ 
„ fur  laquelle  chacun  croira  ce  qu’il  voudra  & dont  je  ferois  bien 
,,  aife  de  favoir  Vôtre  Avis.  &c,  &c. 

ie  Cltkhen  dit  Rojfwurm. 

Quelque  grand  que  fût  le  Defir  de  Son  Excellence  de  favoir  la  Solu* 
tion  de  cette  Queftion,  le  mien  n’etoit  pas  moindre,  il  y a quelques  Se- 
maines, de  favoir  la  Réponfe  a une  Demande  de  la  même  Efpèce.  Pen- 
dant ma  dernière  Fièvre  il  me  vint  plufieurs  Remèdes  del’Apotiquerie, 
parmi  îefquèls  étoient  différentes^  Mixtures,  où  il  entroit  diverfes  Eaux, 
du  Régné  des  Végétaux. 

Avec  quelque  Soin  que  mes  Verres  fufïent  fermés  avec  du  Liège, 
& coiffés  de  Vefïie,  il  nelaiffa  pas  de  fe  trouverau  Bout  de  6,  Jours  fur 
la  furfacc  de  deux  Verres  bien  formés,  une  Peau  de  ByJJuSy  d’abord 
blanche,  laq.uelle  produifit  au  Bout  de  trois  Jours  des  Coujjè  de  Semences 
deMoifi  parfaitement  mûres  & même  des  Crainsde  Pouffihe  antherique,  quj 
de  Verds,  qu’ils  étoient  au  Commencement,  devinrent  enfuite  bruns. 

Or  la  Qiieflion  eft*.  comment  eft  ce  que  la.  Semence  du  Moifî  ou 
du  Byfus  a pu  entrer  dans  un  Verre  bien  bouché,  qui  n’a  pas  été  mis 
en  plein  Air;  mais  qui  cfl  demeuré  dans  une  Chambre? 

Peut-être  que  cette  Semence  efl  entrée  dans  ces  Verres  pendant 
la  Compolition  des  Drogues  dans  l’Apoticairie,  où  l’on  tient  C^ntité 
de  Chofes  fujettes  à porter  du  Moifi,  ou  il  faut  que  cette  Semence  ait 
voltigé  dans  ma  Chambre,  ou  qu’elle  ait  été  déjà  cachée  dans  les  Dro- 
gues mêmes  dont  le  Remède  êtoit  compofé.  ^ Jugés,  Mon  Cher,  de 
tout  cela.  Lires  en  même  Tems  encore  une  Fois  l’Explication  de  ma 
jeconde  Eftampe  de  a première  Soijfantainej  de  même  que  le  bel  Experiment  de 
Mr.  Gleditfch  fur  la  Génération  des  Champignons ^ que  Vous  trouverés  dans 

F 3 la 


TAB.  5CÏX.  Le  Charenfoiî  Liane- 


la  Part.  8^  du  Magazin  de  Hambourg  pag,  405»  & Vous  Vous  écriérés  à 
la  Fin  aulfi  bien  que  moi  : 

O les  furprenantes  PetitefTes  î eh  quelle  Multitude  admirable  de  Cor- 
pufcule  parfaitement  organifés , dont  Cent  Mille  font  à peine  le  Qiiart 
d’un  Grain  de  Sable  ? (^i  cependant  font  parfaitement  dilférens  les 
uns  des  autres!  Ces  petites  Plantes  vivent  dans  les  Airs,  elles  font  im- 
perceptibles à nôtre  Vue,  & elles  s’attachent  partout  aux  Animaux  & 
aux  Plantes,  tant  vives  que  mortes.  Nous  les  humons  avec  l'Air  par 
la  Bouche  & par  le  Nés,  fans  nous  enapperçevoir,  tous  nos  Alimens  Ac 
nos  Brûvages  en  fourmillent,  & nous  les  avalons  avec  le  Boire  & le 
Manger* 

Pour  ne  pas  Vous  diftraire  de  l’Obfejvadon  qu’a  fait  Sos  Exceüençe 
fur  le  Charenfon  blanc*  Voici  fes  propres  termes  avec  la 

TABLE  XIX. 

Le  Charenfon  blanc* 

„ Autant  qu’efl  connu  ce  petit  Voleur  domeflique,  auffi  peu 
5,  Peft  il  fiiivant  iâ  véritable  Figure.  J’ai  moi-même  depuis  quatre 
„ Ans  cet  Hôte  affamé  dans  mon  Grenier,  fans  avoir  pû  acquérir  fa 
s,  parfaite  Connoiffance,  que  le  Microfeope  vient  de  me  procurer. 

„ Mr.  le  ChanibellaM  deCeer  a donné  à la  Vérité  une  Deferip lion 
9,  & une  Empreinte  de  ce  Ver  dans  les  Aéles  de  l’Academie  roïale  des 
„ Sciences  de  Suède;  je  ne  crois  pas  cependant  quela  mienne  foit 
5,  de  trop  pour  la  comparer  avec  l’autre, 

„ !1  fembîe  plutôt,  que  l’Inllruraent  microfcopîque  de  Mr,  de 
J,  n’eft  pas  fait  pour  attraper  dans  ent  Objet,  qui  eft  un  peu 

5,  grand,  cette  lufteffc  qui  lui  eff  propre  dans  les  plus  petits. 

Il 


* Tom.  VIII,  p.  49. 


TAB.  XIX.  Le  Charanfon  bîanc. 


fl 


»5 


„ H a bkn  décrit  le  Nombre  de  toutes  les  Parties  de  ce  Ver,  mais 
„ fa  Gravure  & la  Defcripfion  de  leur  véritable  Figure  n'eft  pas  bien 
If  rencontrée. 

,,  Dans  l’Eftampe  Fig»  i.  la  Grandeur  naturelle  du  Ver  eft  de 
beaucoup  exagérée,  & fes  douze  Divifions  font  répréfentées  Fig. 
„ »,  comme  fi  chacune  commençoit  par  un  Anneau;  la  Tête  même 
,,  nkll  pas  afles  couverte  delà  Peaude  laprémièreDivifion duÇorps; 
,,  laquelle  Peau  ne  tient  pas  de  la  Corne,  ainfi  qu’il  prétend;  mais 
,,  elle  eft  aufii  molle  que  tout  le  Relie  du  Corps.  Enfin  les  deux  Ta- 
,j  ches  brunes  de  derrière  la  Tête  ne  font  pas  fur  la  Peau  de  la  pré- 
,,  mière  Divifion,  comme  Mr.  de  Geer  veut  avoir  vu.  Scies  deux 
„ Parties  de  la  Mâchoire  en  Forme  de  Pinces,  font  faites  de  toute 
„ une  autre  Façon,  qu’il  ne  les  a répréfentées  Fig.  3, 

J,  Je  m’en  vai  donc  donner  de  ce  Ver  une  Defcripfion  fuccinte, 
„ telle  que  je  l’ai  tirée  des  Obfervations  que  j"en  ai  faites  moi-même; 
„ Sc  puis  j’ajoûterai  deux  Mots  des  Moïens  de  Deftruélion,  qui  ont 
„ été  propofés  de  ça  8c  de  là  pour  s’en  défaire,  tels  que  je  les  ai 
„ trouvés  en  en  faifant  l’Expérience. 

,,  La  Forme  naturelle,  la  Couleur  Sc  fa  GrolTeur  de  cet  Infeéle 
„ fe  montre  Fig.  i.  Sc  e’efl  ainfi  qu’on  le  voit  l’Oeil  nud. 

„ Groffi  par  le  Verre  de  Streicher  Nro.  4,  je  l’ai  dépeint  à l’Aide 
J,  de  mon  Microlcope  univerfel  Fig.  2.  Sc  3. 

„ Dans  Fig,  3.  la  Tête  confifle  en  deux  Ecailles  rouge-brunâtres 
„ a)  donnant  dans  la  Nature  de  la  Corne. 

„ Aux  deux  Côtés  de  laquelle  l’on  voit  huit  Yeux  noirs  b),  quatre 
en  deux  Files  Sc  au  defibus  de  chaque  Antène  tout  autant  en  de- 
„ mi  Cercle.  Les  deux /ïwkwei  c)  jaunes  tranfparentes,  font  de  deux 
„ Pièces,  en  Forme  de  Cône  & garnies  au  Bout  de  Poil  très  fin.  Tan- 
j,  tôt  elles  paroilTent  plus,  tantôt  moins  longues^  Sc  tantôt,  quand  cl- 
5,  les  font  bien  retirées,  elles  ne  paroiffênt  point  du- tout, 

M A 


48 


TAB,  XIX.  Le  Charenfon  blanc. 


„ A Côté  de  celles-ci  font  les  deux  grojfes  Dens*d)  dures,  cifelécs 
& donnant  dans  celles  de  la  Tortue,  dont  le  Ver  fe  fert  pour  ron- 
„ ger  le  Grain  & même  le  Bois.  D’abord  au  delTous  eft  la  Bouche 
„ e)  & plus  bas  l’inflrument  à filer,  dont  les  deux  Bras  f)  tels  qu’ils 
3,  fefont  voir  quelque  Fois,  font  répréfentés  ici  (v,fur  tj  ^ f) 

„ avec  deux  Dens  tranlparentes,  dont  apparemment  il  fe  fert  enpla- 
,,  ce  de  Doigts. 

„ La  Peau  du  Corps  eft  une  Elpèce  de  Pelîce,  pu  de  Plûche  de 
g,  Laine  jaune-clair  plus  foncée  fur  le  Dos  que  fous  le  Ventre. 

„ Il  a douce  Divifions.  La  première  & la  plus  haute  couvre  le 
„ Cou  & un  Tiers  de  la  Tête.  Cette  Peau  étant  fort  traniparente, 
,,  l’on  voit  à travers  les  deux  taches  jaunes  du  Cou,  qui  ont  le  me-. 
3,  me  Mouvement  que  la  Tête. 

4,  Les  deux  Filets  blancs,  qui  s’élèvent  par  deffus  les  deux Ecail- 
,,  les  de  la  Tête , jufques  aux  Antènes,  fe  rejoignent  au  defibus  avec 
,,  le  Corps,  & forment  comme  deux  Ligamens,  par  lesquels  les  Ecail- 
„ les  de  la  Tête  font  affermies. 

,,  Pour  m’en  mieux  affûrei,  jeles  ai  découpés.  Le  Ver  mis  fur 
3,  le  Dos  Fig.  3.  l’on  peut  voir  dans  la  Cavité  des  Groffes  Dens,  qui 
3,  donnent  dans  celles  de  la  Tortue. 

„ Les  Antènes  font  tout  auprès  dansleiir  Enfonçure  & au  deffous 
»3  de  chacune  les  quatre  Yeux.  Mais  ce  qu  il  y a de  plus  curieux^ 
c’eft  rinftruraent  à filer,  qu’on  volt  entre  les  deux  Ecailles  de  la 

3,  Tête, 

La  partie  du  Milieu  reffemble  à une  Bourfe  de  Cuir  retirée  q),  le 
3,  haut  de  laquelle  a trois  Pointes  jaunes,  au  Bout  de  chacune  delL 
quelle  eft  un  Poil  très  fin. 

„ Ces  Pointes  ne  font  en  quelque  Façon,  que  les  Bouts  des  Tê- 
,3,"_tines  du  Bétail  à traire» 


Quand 


& d’InfeÊles. 


4* 


jaune  doré,  en  certains  Endroits  jaune- rougeâtre  & en  d’autres  brun- 
clair.  Je  n’y  ai  pas  pû  voir  de  Tuïau  à Suc  non  plus  qu’au  Poil  de  la 
petite  Cbenllïe  a Fergette  d) , lequel  pour  fes  Ornemens  finguliers  mérite 
d’être  deflîné  préférablement  à tous  les  autres  Objets.  Il  cft  des  qua« 
très  Côtés  garni  tout  à l’Entour  de  petits  Piquans  dans  une  jufte  Symé- 
trie, de  forte  que  chaque  Divifîon  reffemble  à une  Couronne  à quatre 
Pointes.  Vous  auriés  dit,  que  c’etoient  Quantité  de  petites  Fleurs  jau- 
nes de  Lilas,  palfées  les  unes  dans  les  autres?  comme  l’on  voit  fouvent 
les  Enfans  faire  de  ces  fortes  de  Guirlandes  de  Fleur  de  Lilas  & de  furôt. 
CeToil  même  eft  beaucoup  plus  fin,  plus  mince,  plus  menu,  & plus 
pointu,  que  celui  delà  Chenille  urfine;  mais  il  fe  fait  moins  fentir  à la 
Main;  pareeque  les  Piquans  n’en  font  ni  fi  grands,  ni  fi  durs,  ni  fi  longs, 
ni  fi  gros.  Sa  Couleur  eft  jaune,  & les  Piquans  en  font  un  peu  plus 
foncés. 

Enfin,  Vous  verrés  dans  e)  un  Poil  de  Taupe,  qui  a aulîi  quelque 
Chofe  de  remarquable.  Sa  Conflruélion  efl:  fort  différente  de  celle  de 
tout  autre  Poil;  car  il  femble  corapofé  d’une  infinité  d’ Anneaux  de  Fil 
d’Archal  dévuidé. 

De  même  que  dans  c)  & d)  l’on  ne  remarque  point  de  Tuïau  à 
Mode,  il  n’en  paroit  ici  non  plus  aucune  Trace.  La  Couleur  en  efl 
plûtôt  blûe,  que  Couleur  de  Cendre.  La  Grofleur  naturelle  de  ces 
cinq  fortes  de  Peiife  voit  dans  f). 

Savés  Vous  bien,  Mon  cher,  que  l’on  fait  tort  aux  Taupes,  de  di- 
re qu’elles  font  aveugles?  Fy  de  cette  Superflition  phifique!  Elle  np 
convient  plus  que  dans  les  Contes  de  Vieilles.  Elles  ont  plûtôt  meil- 
Jeure  Vue,  que  les  autres  Animaux  plus  gros.  Elles  ont  une  Vue  mi- 
crofeopiques.  Leurs  Yeux  font  de  vrais  Nro.  oo.  Ils  ne  fpnt  pas  plus 
gros  que  le  moindre  Grain  de  Sable. 


IIL  îom. 


F 


Leur 


4* 


TAB.  XVÎL  Poil  d’:Ânimaûx  & dlnfeaes. 


Leur  Poil  empêche  de  les  bien  voir.  Mais  quand  on  les  a écor- 
ehe'es,  alors  on  voit  avec  Etonnement  ces  petits  Yeux,  & les  Connoif- 
feiir  du  Microfeope  en  concluent  qu’il  faut  qu’elles  en  voient  très  clair 
dans  les  Ténèbres' au  Centre  de  la  Terre,  Un  Nro.  oo,  de  Streicher 
fera  peu  d’effet  dans,  une  large  Enveloppe;  mais  fi  Vous  en  mettés  de- 
vant le  Verre  microfeopique  , une  autre  dont  l’Ouverture  foit  moins 
grande,  Vous  en  verres  un  plus  grand  Effèt  & un  Pourpris  exaél.  Car 
moins  les  Verres  microfeopiques  prennent  de  Jour  & mieux  fe  préfen- 
îent  les  Objets,  Soit  dit  en  paffant. 

Avant  que  de  finir  cette  Lettre,  il  faut  que  Je  Vous  faffe  remar- 
quer encore  une  Erreur  touchant  le  Poil  en  général^ 

Qiuntité  des  Gens  ont  crû  jufqu’ici,  que  le  Poil  & principalement 
edui  de  l’Homme  avoir  de  Rameaux,  entre  lefquels  les  Pous  avoient 
coutume  de  pondre  leurs  Oeufs  [^Lenàes). 

D’autres  coniredifoient  cette  Opinion.  D’abord  je  ne  pus  fouferi- 
re  à cette  Contradiélion,  qui  n’en  étoit  pas  moins  fondée;  mais  je  te- 
nois  toujours  les  Obfervations  des  Frémiers  pour  plus  jufle;  pareeque 
j’ai  moi-méme  füuvent  vû  des  Rameaux  au  Poil, 

Mais  aujourd’^hui  je  penfe  autrement,  après  avoir  confide'ré  laCho- 
fe  de  plus  près.  Je  paffai  donc  le  Poil  par  un  Papier  propre  & le  net- 
toïai  bien  de  ia  Sueur,  de  la  Graiffe  & de  la  Graffe  qui  y tenoit;  ce 
qui  lui  ht  perdre  tous  fes  Rameaux, 

Si  donc  le  Poil  avoit  eu  des  Rameaux,  qui  enfuffent  effeélivement 
crûs.  Von  ne  les  auroit  pas  fait  tomber  en  les  paffant par  du  Papier, 
Vous  en  trouverés  tout  de  Suite  la  Preuve,  fi  Vous  vouiés  bien  obfer- 
ver  un  Poil  de  i’Ortilie  ou  un  de  deffous  l’Aiffèie.  Vous  ferés  d’ 
abord  effraie  de  ne  voir  ni  trouver  aucunTuïati  eapiîaire  ;•  tant  leTuiau 
Si  la  Racine  du  Poil  font  chargés  de  Peaux  & de  Morceaux  de  Graiffe. 
Mais  torches  les  bien  de  ia  Manière  ci-deffus  indiquée;  & Vous  ne  re- 


con 


Manîmens  & Obfervations  &c.  TAB,  XVHÏ  Ni'èle,  ouMoüfle  &e.  4.^ 

connoîtrés  plus  Vôtre  premier  Poil,  n’y  appercevant  plus  ni  Ramcàiix^  * 
ni  Bofles,  ni  Excreicences,  mais  feulement  un  beau  Tuïau  uni  & Trans- 
parent avec  ces  Racines.  Une  autre  fois  davantage.  Je  fuis  &ç. 

LETTRE  XI. 

Manîmens  8c  Obfervations  microfcopiques. 

Je  Vous  ai  marqué  il  y a quelque  TemS  que  Monfieur  le  Confeiller  de 
Cleicben  m’avoit  fait  la  Grâce  d’accompagner  les  Gravures  de  fon  Mi- 
crofcopeUniverfel,  qu’il  m’avoit  envolées,  de  quelques  autres  DelTeins., 
«n  me  permettant  d’en  faire  part  à mes  Patrons  & à mes  Amis.  Com- 
me Son  Excellence  a bien  voulu  y joindre  une  Defcripfion  détaillée,  je  me 
fais  un  Plaiûr  de  Vous  i’envoïer  avec  un  Deifem  fidèle  & de  fabandon. 
ner  à Vôtre  Examen. 

' TABLE  XVÎII. 

Nièle,  ou  Mouiïe  fur  une  Feuille  de  Poirier, 

„ Pendant  l’Eté  sec'  & fterile  de  1761.  Les  Pluies  pernicieufes 
qui  tombèrent  fréquemment  & qu’on  appelle  Niéie,  gâtèrent  tel- 
lement  ,1c  Feuillage  de  toutes  Sortes-d’Arbres,|qiie  l’on  vit  en  Août 
„ & Septembre  la  plus  part  des  Feuilles  mortes,  flétries  ou  pleines 
5,  deTaches  rouges.  11  n’y  eut  pas  mêmes  jufques  aux  Chênes  dans 
J,  les  Forêts,  qu’on  n’en  trouvât  des  Contrées  entières,  qui  reflem* 

„ bloient  comme  au  Printems,  Jorfque  les  Feuilles  nailTantcs  fe  gèlent, 

,,  Au  Milieu  d’Août,  j’apperçus,  parmi  Quantité  d’autres  Feuil- 
„ les  fort  tâchées  d’un  Poirier,  une  Feuille  qui  avoit  au  Milieu  une 
,,  Bofle  rouge -brunâtre.  En  examinant  cette  Feuille  avec  la  Lou. 

J,  pe,  que  j’avois  juflement  fur  moi,  j’y  vis  encore  quelques  autres 
Excrefeences,  qui  rélcvoicnt  encore  davantage.  Aïant  donc  exa- 

F 1 „ miné 


44 


TAB.  XVIÏÎ.  mêle  ou  Mouffe 


51 

Î5 

55 

55 


5* 


95 

9» 


95 


55 

55 

95 


55 

95 


55 

95 

55 

95 

55 

55 

55 


55 

95 

15 

99 

95 

■95 


miné  dans  mon  Cabinet  tout  cela  par  un  plus  haut  Degré  de  Grof- 
lilTement,  je  ne  tardai  pas  à m’appercevoir,  que  ces  Boffes  étoient 
non  feulement  de  rEfpéce  de  la  MoulTe;  mais  quelles  avoient  en- 
core répandu  beaucoup  de  Semence  fur  toute  la  Feuille.  J’en  tirai 
tout  de  fuite  une  fidèle  Empreinte,  que  je  me  fais  un  Plaifir  de  Vous 
envoier,  Vous  lailTant  le  Maître  d’en  faire  ,Ufage  dans  Vos  Amufc- 
mens  microfcopiques,  fi  Vous  les  trouvés  bon. 

„ La  prémière  Figure  montre  ce  Bout  de  Feuille  de  Grandeur  natu- 
relle; Fig,  2.  la  même  un  peu  groflie.  Au  Travers  de  fa  Peau  ré- 
levée & creufe,  font  crues  ces  Plantes  de  Moiijjè  de  Figure  revenant 
à celle  de  la  Cloche,  dont  il  s’en  préfente  en  haut  vers  la  Queue 
de  la  Feuille,  deux  entières  & qui  n’ont  point  crevé, 

„ La  Fig,  3*  qui  efi;  la  plus  grande,  feft  déjà  détâchée  d'un  Côté  & 
même  les  autres  font  tombées,  & ontlaiflélà  cù  elles  étoient  & où 
elles  ont  fleuri,  des  Creux  ou  des  Entonçures  pleines  de  Semence, 

,,  Chaque  Plante  de  Moujje,  ainfi  que  Vous  verrés  Fig.  3,  efi:  com- 
pofée  de  Quantité  de  petits  Tuiaux  entrelacés,  dont  j’en  ai  defliné 
un  Séparément  Fig.  4.  bien  grolfi.  Ils  fe  réuûniiTenttous  parleur 
haut  Bout,  & forment  aparemment  leur  Ovaire  dans  l’Enveloppe 
du  deffus  de  la  Cloche;  car  c’efl;  là  qu’on  trouve  le  plus  de  Semen- 
ce. La  Semence  avec  fes  Grains  de  Pouflière  efi:  Couleur  de  Noïer, 
avec  quelques  Points  plus  foncés,  dont  Vous  en  verrés  quelques 
unes  très  grofiis  Fig.  5. 

,,  L’on  demande  donc:  d’où  efi  venue  la  prémière  Semence  de 
cette  Plante  fur  cette  Feuille,  puifque  le  Commencement  delà  Vé- 
gétation , qui  s’y  efi  faite,  ne  peut  s’attribuer  qu’à  la  Nièle  qui  efi 
tombée  delTus,  Si  dans  de  femblables  Obfervations , Von  pou- 
voit  conclure  des  Effèts  à la  Caufe,  je  repondrois:  Cette  Semen- 
ce dure,  mais  fi  légère  & fi  menue,  qu’elle  ne  fauroit  être  apperçue 
l’Oeil  nud,  a palTé  i’Hivër  dans  la  Terre;  elle  en  a été  enlevée  par 


TAB.  XIX.  Le  Charenfon  blanc. 


49 


» Q^and  le  Ver  avance  au  delà  des  deux  GrolTes  Dens  cette  Bour- 
„ fe,  qui  eft  ici  dans  fon  Alîiette  retirée  , les  deux  Bras  , qui  tien- 
,,  nentpar  en  bas  à cette  Bourfe,  fortent  en  même  Tems , lefquels 
„ confiftent  en  trois  Jointures  & en  deux  Chofes,  que  je  ne  faurois 
„ nommer  que  des  Doigts  tranfparens,  lefquels  fontentre  deux  Poils 
ünSa 


„ Ces  deux  Bras  preiTent  alors  cette  Bourfe  conique,  & fontfor- 
„ tir  de  l’une  des  Pointes  jaunes  & même  quelquefois  de  toutes  les 
„ trois,  une  Lijwear  blanche  transparente,  laquelle  fe  réunit  au  Bout 
,,  de  Poil  comme  une  Goutte  d'Eau  \i). 

Voilà  donc  la  Quenouille,  ou  le  Ver  file  fa  Soie  par  le  Moïen  des 
„ deux  Membres  traniparens,  que  j’appelle  Doigts* 

„ Les  trois  premiers  Anneaux,  ou  Divifionsdu  Corps,  ont  fix 
,,  Pién)  à trois  Jointures,  tranfparens  jaune-pâles  & mois.  LaFig, 
,,  4.  en  préfente  un  grolïi.  La  Jointure  du  Milieu  efi;  garnie  de  Poils 
„ qui  paroilTent  fortir  d’un  fond  particulier,  garni  de  Veflies, 

,,  A la  troifième  Jointure,  qui  efl  celle  du  Bout,  efi:  une  Griffe 
„ de  la  Nature  de  la  Corne,  qui  peut  fc  replier  à l’Endroit  où  elle 
„ tient. 

„ La  quatrième  & la  cinquième  Dîvifions  font  fans  Piés;  mais  les 
„ fix,  fept,  huit  & neuvième  ont  chacune  deux  Piés  ou  Appuis  k) 
„ rond-plats,  épais,  blanc-jaunâtres  & mois.  Les  Plantes  de  ces 
,,  Piés,  font  Vefiiqueufes,  & armées  chacune  de  dix-fept  Griffes  brun- 
„ rougeâtres,  récourbées  par  dehors,  dont  j’en  ai  répréfentê  une 
„ grofiàe  Fig.  Le  Ver  peut  tellement  rétirer  ces  Piés , que  les 
,,  Griffes  peuvent  fe  joindre  à leurs  Courbûres,  ou  là  où  elles  font 
„ brifées  tout  comme  fi  elles  étoient  lacées  enfemble,  par  où  fe  fou- 
3,  tient  le'Relièf  mol  de  la  Plante  du  Fié,  quand  le  Ver  en  veut  faî- 
„ re  Ufage. 

111.  Tom.  G 


G 


31 


Au 


TAB.  XiX«  Le  Charenfon  blanc. 


fO' 

3,  Au  dernier  Anneau  font  encore  deux  autres  Fiés  Y)  qui  reffera- 
„ blent  à la  Plante  de  Pié  d’Homrae,  mais  qui  ont  dix  Griffes  à l’Ex- 
5,  tremité. 

„ Des  Plis  des  deux  Côtés  des  Anneaux  fortent  quelques  Bouts 
,,  d’un  Poil  fin,  qui  font,  félon  les  Apparences,  aux  Ouvertures  des 
„ Trachées,^  Icfquelles  ne  fauroient  être  apperçues  vûlaMultîplici- 
3,  té  des  Plis, 

„ Je  crois  avoir  fi  bien  dépeint  cet  Ennemi  domefiique,  qu’il 
„ fera  auffi  connoiffable,  que  le  Voleur  le  peut  être  par  un  Signale- 
„ ment  public. 

„ Aufli  eft-ce  la  feule  Vengeance,  que  j’en  puis  prendre  pour 
„ le  préfent  de  tous  les  Dégâts  qu’il  a faits  à mon  Grenier.  Car 
,,  tous  les  autres  Moïens,  dont  je  me  fuis  jufqu’ici  fervi  pour  m’en 
g,,  défaire,  ont  été  inalhûreufement  infruéiueux» 

de  Ckichen  dit  RoJJkurm, 

Note. 

je  n’ai  pas  jugé  à propos  de  mettre  ici  les  Remarques  touchant 
les  Moïens  de  fe  défaire  de  ce  Vers,  comme  d’un  Côté  n’étant  pas  de 
mon  Sujet  & que  de  l’autre,  riUufire  Auteur  a reconnu  ci-déffus  leur 
infüffifancc, 

Ledermuller^ 


Apoftille, 

Lorsque  je  Vous  envoïai  il  y a quelque  Tems  la  huitième  Table, 
ou  la  Répréfentation  du  Bout  d’une  Langue  de  Boeuf  bouillie;  j’ou- 
bliai par  Mégarde  d’y  joindre  une  autre  Pièce,  qui  y affortit,  c’eft  à di- 
re, dans  cette 


TAB  XX.UnePjpilleàCrochetjOUuneVerrue  de  langue  deBceuf  &:c.  f r 

TABLE  XX. 

Une  Papille  à Crochet  bien  groffie,  ou  une  Verrue  de  Langue  de 
de  Bœuf,  auffi  bien  dedans xjue  dehors  la  Gaine. 

Ces  Verrues  fe  tiennent  pour  la  plupart  courbes  ou  en  Faucille, 
Sr  font  rangées  à la  File  aux  deux  Côtés  de  la  Langue  depuis  le  Bout, 
jusques  vers^le  Milieu,  ainfique  je  l’ai  répréfenté  dans  lesTablés  XCIV» 
XCV.  & XCVI.  de  mes  Amufemens  raicrofcopiques,  Fig.  D.  E«F» 
G.  H,  K. 

En  voici  une  Fig.  i.  répréfenîée  dans  fa  Gaine,  & Fig.  2.  la  même 
hors  de  la  dite  Gaîne. 

Dans  la  Gaine  elle  reffemble  à la  Corne  d’un  Bouveau,  lorfqu’elle 
efl:  répréfentée  contre  la  Paroi  blanche. 

L’Enveloppe  extérieure,  qu’on  peut  encore  comparer  à l’Ecaille 
de  la  Corne,  a tout  le  Corps  criblé  d’une  Infinité  de  Fores  pour  laTranfpi- 
ration. 

Quand  la  Langue  efl  bouillie,  l’on  ne  peut  plus  difcerner  les  Suc- 
colrs,  ou  Tuïaux  à SuCy  qui  font  à la  Pointe  de  la  Papille  à Crochet,  les- 
quels fe  préfentent  comnne  des  Taches  Couleur  de  Sang,  qui  font  fé- 
lon les  Apparences  les  Organes  du  Sentiment  & du  Goût,  & que  j’ai 
répréfentês  Table  XCIV.  de  mes  AmufemensFig.  B.  Parceque  dans  cet 
Etat,  ils  font  dclTéchés,  & qu’ils  ne  fe  préfentent,  que  comme  des  Li- 
gnes enfoncées.,  qui  vont  de  haut  en  bas. 

Mais  efl- elle  hors  de  la  Gaine,  ce  qui  fe  fait  aifémenî  en  faifant 
bouillir  la  Langue  &:  en  en  tirant  enfuite  la  première  Peau;  elle  a fan* 
douce  toute  une  autre  Façon, 

Alors  elle  n’effc  plus  en  Faucille  ; mais  elle  fè  tient  toute  roide  ; 
ainfi  qu’il  fe  voit  Fig.  2.  & l’on  en  peut  fans  Difficulté  voir  la  Verrue, 
qui  en  efl  la  Tête,  ouïe  Bout  d’en  haut  avec  fon  Infinité  de  petits  Trous, 

G Z & 


f 2 TAB.XX,  UnePapille  àCrochet  ouuneVerrue  de  langue  deEœuf &c. 

& ie  Tuïau  qui  paroît  compofé  de  Tuïaux  capilaires  les  plus  déliés.  J’ai 
trouvé  cette  Obfervation  fort  relTemblante  au  Eiflile  de  plufieurs  Fleurs 
^ lurtout  de  celles  d’Orange  & de  Citron,  dont  la  Verrue,  ou  le  Poin- 
çon efi:  aulîi  compofé  d’une  Infinité  d’Ouvertures.  &la  Queue  de  Qu^an- 
tité  de  Tuïaux  capilaires  très  fins. 

Jai  tiré  ces  deux  Figures*  par  le  Moi'en  du  Microfcope  folaireNro. 
ç.  & je  n’ai  éloigné  ma  Table  à deffiner,  qu’environ  d’un  Pié  du  Verre 
microfcopique , pour  en  attraper  fur  le  Papier  la  Répréfentation  de  la 
Grandeur  que  je  m’étois  propofé  de  la  deffiner. 

Dans  un  plus  grand  Eloignement,  p.  e.  de  ig.  à 20.  Pies,  il  s’en 
préfentera  contre  la  Paroi  blanche  un  Groffiflement  infiniment  pluscon- 
fidérable,  & de  la  Hauteur  & Epaifficur  du  plus  gros  Homme,  fans 
toutefois  rien  perdre  de  fa  Clarté  & de  la  Juftefie  de  fon  Pourpris. 

Loués  donc  avec  moi, j .1/0/2  l’Architëéletoutfage  & toutincom- 

prehenfible  de  tant  de  Chefs  d’oeuvres  grands  & magnifiques  dans  les 
Objets  qui  tombent  à peine  fous  les  Sens,  & qui  fouvent  même  font  im- 
perceptibles à la  fimple  Vue.  Rendons  lui  les  plus  pures  Aélions  de 
Grâces,  de  ce  qu’il  a mis  en  l’Homme  la  Faculté  d’inventer  des  înflruraens, 
parlefquels  il  découvre  ce  qui  étoit  caché  àfesYeux  & par  lefquelslaTou- 
tepuiffiance  de  notre  Créateur  éternel  fe  manifefte  tous  les  Jours  de 
p’us  en  plus.  Ü me  femblc  que  ce  font  là  les  Obligations  d’un  vrai 
Amateur  de  la  Phifique  & du  Microfcope,  qui  en  examinant  les  Ob- 
jets, s’attache  auffi  à penfer  & à joindre  l’utile  à l’agréable, 

Je  fuis  &c. 

Bayreuth  ce  3.  Mai  1762, 

Ledermuller. 


LET- 


TAB,  XXI.  &:  XXII.  Un  Coffret  exprès  pour  le  Microfcope  folaire. 

LETTRE  XII. 

Manîmens  & Obfervations  microfcopiques. 

Je  me  crois  obligé  de  Vous  communiquer  comme  quelque  Choie  de 
nouveau  dans  les 

TABLES  XXL  & XXII. 

Un  Coffret  exprès,  pour  le  Microfcope  Ibîaire 

lequel  Monfieur le  Confeiller  intime  de  Gleichen  s’eft  fait  faire,  & que 
je  tiens  pour  un  Inflrument  très  commode  pour  defîîner  les  Objets. 
La  première  Figure  de  l’Eflampe  XXI.  Vous  apprendra  comment  il 
faut  le  dreffer  pour  en  faire  Ufage,  Vous  le  verres  donc  dreffé 
dans  une  Chambre  dont  les  Fe'nêtres  font  obfcurcies  en  Partie  par 
une  Couverture  de  loile  cirée  noire  par  derrière  le  Folet  de  Bois  a);  en 
partie  par  des  Tapis  épais  b).  Pour  les  Parties  du  Coffret  Vous  les  ver- 
re's  dans  la  Fig.  i.  de  l’Effatripe  XXlï, , où  a)  en  rëpréfente  le  Corps, 
confiflant  en  4.  Côtés  égaux  le  Fond,  le  Couvercle,  le  Miroir,  & l’A- 
vance, avec  fon  Tuïau,  Le  deffus  doit  avoir  ou  un  Miroir  foiblement 
poli,  ou  un  Papier  rendu  transparent  en  Cimbibant  i'buile  b)  lequel  s’ajuffe 
à un  Quadre  quarré  & fe  paffe  dedans;  Mais  au  dedans  du  Coffret  il 
faut  ménager  un  autre  Miroir  bien  uni,  lequel  aille  tellement  en  efqui- 
vant  qu’il  faffe  un  Angle  demi  droit  i).  Sur  le  devant  du  Coffret  l’on  fait 
une  Coupure  ronde  c)  dans  laquelle  on  affermit  l’Avance  d;.  L’on  met  à 
cette  Avance  un  Tuïau  e';  qui  doit  être  affés  large,  pour  que  le  Micro- 
fcope manuel  avec  les  Objets  fourrés  dans  le  Porte-Obj£t,  y aient  de 
la  Place  & s’y  puiffent  tourner  fans  que  le  Porte-Objet  touche/ nulle 
part  le  dit  Tuïau.  De  cette  Manière  l’Objet  tombera  fur  le  Miroir  i); 
& delà  il  fe  réfléchira  en  haut  fur  le  Miroir  foiblcmént  poli,  ou  fur  le 
Papier  imbibé  d’Huile,  fur  lequel  on  le  peut  voir  clairement  & le  copier. 

G 3 . En 


54 


TABLE  XXL  & XXïî.  Un  Coffrât  exprès 

En  examinant  de  plus  près  ce  Coffret,  j’ai  remarqué  qu’on  pouvoit 
s’en  fervir  même  fans  le  Mb-oirï)  en  paffant  feulement,  ainfi  qu’ f)  le 
fait  voir,  le  Papier  huilé  ou  le  Miroir  brut  dans  le  Côté  de  derrière  h) 
& en  obfcureiffant  la  furface  d’en  haut  par  un  Couvercle  p). 

Par  là  cet  înffrument  rend  le  même  Service,  que  fer  oit  une  grande 
Chambre  obfcure,  qui  n’  a befoin  que  d’ajne  Paroi  blanche,  laquelle  eft 
ici  remplacée  par  h)  j puisqu’il  faut  que  l’Objet  donne  direélement  dans 
h)  en  paffant  par  le  Tuïau  e).  Mais  Vous  ferés  bien  de  faire  mettre 
prémiérement  dans  leQuadre  k)  de  ce  Coffret,  le  Verrefoiblement  poli 
ou  prefque  brut,  & puis  de  placer  deffus  le  Papier  huilé  en  le  paffant 
dans  le  dit  Quadr«,  à peu  près  comme  je  l’ai  répréfenté  dans  1). 

LUfage  qu’on  en  fait  eff  le  même  que  celui  duprêmier.  Plus  le 
Tuïau  e)  efl:  long,  meilleur  Effet  fait-il.  La  Fig.  2.  de  l’Eftampe  XXÎ, 
Vous  fera  mieux  comprendre  tout  cela,  que  je  ne  faurois  Vous  le 
décrire. 

Je  pourrois  finir  ici  ma  Lettre;  mais  ri  y a encore  la  fécondé  Fi- 
gure de  PEffampe  XXII.  dont  Vous  voudrés  auffi  favoir  l’Expli- 
cation. 

La  plupart  des  Amateurs  de  la  Phifique  pratique  favent  fans  dou- 
te que  feu  Mr.  Sturm,  qui  de  fon  Tems  s’aquit  une  Gloire  immortel- 
le parmi  les  Gens  de  Lettres,  avoit  fait  des  Leçons  publiques  à Alcorff, 
oii  il  étoit  Profeffeur  en  Mathématiques,  fur  différensExperimensj&Ef- 
fais  tirés  de  la  Phifique.  Parmi  fes  Inffrumens,  il  s’en  eff  trouvé  un, 
qu’il  a appellé  iui-mêfne  une  Chambre  obfcure  portative,  & dont  il  a décrit 
îaConftruélion  de  la  Manière  fuivante  dans  fon  College  experimental 
ou  Cuiicux,  imprimé  à Nüremberg  en  1676,  Voici  fes  termes  tra- 
duits en  Allemand  & de  là  en  François  ; 

À 

Je 

* Tentameo  XVI.  Phænom«  I.  p.  lôi.  Eig.  LXXIX, 


- pour îeMicrofcope  folaire.  ^5 

5,  Je  pris  le  Vtm  ObjeUif  de  nôtre  fécond  Téiefcope  & je  l’ajurtai 
5,  dans  un  Oei/ ie  Soir,  lequel  fe  peut,  comme  d’ordinaire,  tourner 
„ & diriger  en  tous  Sens.  Je  me  fis  enfuite  un  petit  Colfre  de  Car- 
„ ton  bien  fort,  environ  d’un  Pié  de  haut  & de  deux  de  long,  tou- 
,,  tes-fois  de  Façon  qu’il  étoit  compofe'  de  deuxPièces,  qui  joignoient 
„ parfaitement  enfemble  & qu’on  pouvoir  tirer  l’une  de  l’autre,  afin 
„ d’alonger  ou  d’accourcir  le  Coffret  fuivant  le  Befoin. 

„ Au  Milieu  de  la  Partie  immobile  A.  B.  C*  D,  E,  F,  je  mis  le  dit 
„ Ferre  objeHifR. 

„ Dans  la  Partie  mobile  C.  D*  N.  G.  K,  O.  je  pratiquai  un  P/liroîr 
,,  uni  G.  H.  I.  K.  & je  le  plaçai  fi  bien  en  biaifant,  qu’il  faifoit  un 
5,  Angle  demi  droit, 

,,  Audelfus  de  ce  Miroir,  je  mis  un  Papier  *)  mince  & tran/parent 
3,  imbibé  dans  l’Huile , & je  mis  encore  par  deflus  un  autre  Co- 
„ fret  D,  P.  Q.  L.  M.  G.  K.  afinque  le  Papier  huilé  en  fût  ombragé 
„ & obfcurci,  lorfque  l’Obfervateur  voudroit  pafTcr  la  Tête  dans  T 
„ Ouverture,  G,  K.  L.  M.  pour  obferver  les  Objets,  qui  fe  préfente- 
„ roient  fur  le  dit  Papier. 

„ Cette  Machine  Dioptrique  Catoptrique,  fe  mettoit  enfuite  de- 
„ vant  une  Fenêtre  ouverte,  de  façon  que  le  Côté  du  Verre  objeêlif 
„ étoit  tourné  du  Côte  de  la  Rue.  Tous  les  Objets  quife  trouvoienC 
„ dans  la  Rue  donnoient  d’abord  dans  le  Verre  objeélif , lequel  les 
„ réjettoiten  haut  contre  le  Papier  huilé;  ce  qui  répréfentoit  les 
,,  Peintures  les  mieux  rencontrées  & fi  reffemblantes,  qu’on pouvoic 
„ reconnoître  & parfaitement  difiinguer  les  Vifages  & les  Habits  des 
„ Perfonnes,  qui  pafToient  à plus  de  cent  Pas  de  là. 

Une  Defcripfion  fi  claire  & fi  détaillée  devroit  faire  foupçonner, 
que  nos  deux  Coffrets  ont  eu  la  Chambre  obfcure  de  Sturm  pour 
Mère, 


Mais 


jS  Manîmens  & Obfervations  tnicrofcopiques. 

Mais  l’on  a vû  & emploie  par  ici  bien  d’autres  Efpêces  de  Cham- 
bres obfcures  encore  plus  commodes  que  celle  de  Sturm;  & Perfonne 
n’ignore,  dumoins  pas  Vous,  qu’une  Penfée  & une  Invention  tend  la 
Main  à l’autre,  & qu’il  eft  aifé  de  trouver  dequoi  améliorer  ou  augmen- 
ter une  Chofe  déjà  inventée* 

Vous  avés  cependant  le  Choix,  de  Vous  faire  faire  celui  que  Vous 
jugerés  à propos,  Soïés  feulement  perfuadé  que  je  ferai  toujours  avec 
le  même  Défir  de  Vous  être  utile  &c, 

LETTRE  XIII.. 

■■  /- 

Manîmens  & Obfervations  Microfeopiques. 

V 

V ous  aïant  une  Fois  promis  de  Vous  répréfenter  & de  Vous  envoïer 
les  Gravures  des  meilleurs  Microfeopes  & les  plus  connus  ; je  devrois 
aulîi  faire  Mention  de  \Inftrument  microfeopique  folaire  vertical , venu  der- 
nièrement de  Leipfig,  & Vous  en  envoïer  un  DelTein;  Mais  j’avoue  in- 
génument, que  tout  Amateur  que  je  fuis  du  Microfeope,  je  ne  l’ai 
pas  crû  nécelTaîre, 

11  me  femble  même,  que  pendant  que  Vous  avés  appris  les  dilférens 
Ufages  de  tant  de  Sortes  d’Inflrumens  microfeopiques.  Vous  devés 
Vous  être  convaincu  par  Vous  même  des  incommodités  & des  Défauts 
qui  fe  rencontrent  dans  le  Microfeope  folaire. 

Car  quoi  de  plus  pénible,  que  de  delliner  d’après  le  Microfeope  fo- 
laire , tandifque  le  Soleil  ne  reile  pas  4.  Minutes  en  Place , mais 
qu’il  eft  dans  un  Mouvement  perpétuel?  Et  qui  eft  ce  qui  pour- 
roit  inventer  un  înftrument  , qui  pût  diriger  le  Papier  deftiné 
pour  le  Deffein,  fuivant  le  Cours  du  Soleil  avec  une  JufteïTe  foute- 

nue? 


^7 


Manîmens  & Obfervations  microfcopiques, 

nue?  *)  Il  faut  donc  une  Main  très  faîteau  Métier  feulement  pour  tra- 
cer les  prémières  lignes  d’un  Objet  d’après  le  Microfcopc  folaire;  car 
pour  le  Delîiner  à fonds,  c’eft  abfolument  impolTiblc,  En  Effet,  il  faut 
le  trouver  hùreux  & fe  contenterj  quand  l’on  conferve  affés  de  Soleil, 
pour  finir  l’Ebauche  la  plus  légère  d’un  Objet.  Et  quelle  Patience  ne 
faut  il  pas  même,  pour  remettre  le  Soleil  fur  le  Pourpris  de  l’Objet, 
a force  d’avancer,  de  preffer,  de  fourrer,  de  diriger  & de  tourner  le 
Miroir  & le  Cylindre?  11  n’y  a que  des  Amateurs  & des  ConnoiffeUrs 
pratiques  de  cet  Inftrument , qui  puiffent  juger  de  la  Jufteffe  de  ces 
Plaintes,  & être  de  mon  Avis,  lorsque  je  dis  de  bonne  foi,  que  le  meil- 
leur Ufage  qu’on  purfle  faire  du  Microfcope  folaire,  c’eft  de  répréfenter 
à toute  une  Compagnie  de  fimples  Curieux,  d’agréables  Figures  de  Créa- 
tures animées  & inanimées,  t:ontre  la  Paroi  blanche  dans  un  haut  Point 
de  GroiïiiTeraent;  & furtout  de  mettre  bien  vivement  & clairement 
devant  les  Yeux  la  Coagulation  des  Sels,  leur  Configuration  & leur  Cri- 
ftalifation,  en  un  Mot  de  faire  voir  le  Jeu  le  plus  fecret  de  la  Nature. 
Enfin  le  Microfcope  folaire  fait  pendant  le  Jour,  ce  que  fait  la  Lanterne 
magique  pendant  la  Nuit. 

Pour  des  Objets,  dont  le  DeiTéin  ne  demande  gueres  de  Tems, 
je  m’en  fers  avec  utilité;  bien  qu’il  m en  coûte  toute  ma  Patience. 

Mais  là  où  les  Objets  fe  préfentent  avec  beaucoup  de  Parties  déli- 
cates ; je  n’en  ai  jamais  pu  faire  d’autre  üfage,  que  de  les  regarder  fur 
la  Figure,  qui  demeure  affés  long  tems  fixe  contre  la  Muraille,  de  les 
defïiaer  d’après,  & de  les  réduire  en  Petit  avec  beaucoup  de  Difiiculté. 

Je  fuis  obligé  de  marquer  tout  cela  de  peur  que  Vous  ou  quelque 
autre  Amateur  ne  veniés  à me  taxer  de  ne  pas  connoître  ou  di^ 

ftinguer 

*j  Cet  Indi'jment,  qui  a èiê  il  fouvent  promis  çà  & la,  ne  feroit  propre,  de  même  que 
d’autres  Tvîicrofcopes  de  cette  Efpèoe,  qu’à  faire  pendant  la  Nuit  les  Operations 
d’une  Lanterne  Magique. 

lU.  Tom* 


H 


5-g  TAB.  XXHÏ.  & XXIV.  La  célébré  Machine 

flingiier  faffifamment  les  bons  ou  les  mauvais  côtés  de  cet  Inftru- 
ment.. 

Pour  Vous  s mon  Ami,  Vous  en  conclurés  enfin  que  i'infirument 
Verticd  deLeipfig,  tout  beau  & tout  eftimable  qu’d  puifî’e  être  en  lui- 
même,  efl  d’autant  moins  exemt  de  ces  incommodités,  qu’il  fe  trouve 
moins  d’Avantages  dans  des  Inflrumens  dirigés  vers  le  Haut  ou  en  bhi, 
fantj  & que  le  Soleil  ne  s’arrête  pas  un.  Inilant  de  plus  pour  l’amour  de 
l’un  ou  de  L’autre. 

J’aime  donc  mieux  Vous^  communiquer  un  autre  ïnferument  qui, 
dumoins  félon  moi,  a plus  de  Commodité  & d’Utilité  que  celui  doa^ 
je  viens  de  faire  Mention,  & je  Vous  ie  defline  ci  joint  dans  les 

TABLES  XXÎIL  & XXIV- 
La  célébré  Machine  anatomique,  raicrofeopique  de  Plnvention 
de  rimmortel  Mr.  le  D,  Lieberkuhn  de  Berlin. 

Elle  eft  répréfentée  dans  la  fécondé  Eflampe  de  Vfi.ftoiye  de  V Acaie- 
demïe  des  Sciences  ^belles  Lettres  de  Berlin,  année  1745.  ï,  CbJJè  phifi- 
que  pag.  14. 

Comme  le  Cabinet  des  Curiofités  naturelles  du  Marggrave  contient 
entr’ autres  Quantité  d’inftrumens  de  Phifîque;  j’en  ai  tiré  une  Copie 
fidèle  des  deux  Côtés  de  celui-ci. 

La  Table  XXili,  montre  le  Côté  où  la  Grenouille,  ou  tout  autre  oe- 
tit  Animal  doit  être  attaché;  & la  XXIV.  fait  voir  l’Endroit  où  le  Verre 
microfeopique  doit  être  affermi,  & ou  l’Oeil  doit  fe  pofer.. 

a;  Vous  montre  la  Figure  de  h Table  de  Cuivre  doré , ou  la  Plaque 
même,  qu’a  fait  Jean  George  Mlsice-ffer  de  Berlin. 

b)  font  les  Cinq  gros  Crochets  par  lefquels  les  Pies  & la  Tête  de  la 
Grenouille  font  tendus,  kfquds  on  peut  bander  & relâcher  par  leMo.en 
delà  petite  Vis  c)  laquelle  ell  garnie  de  Rejjhrts  d Acier  d;  Table  XXlll. 


anatorTiique-îrjicrofcopique  de  l’Invention  deMr.  Lieberkuhn 

e)  font  5.  Crochets  plus  petits^  deflinés  à étendre  le  Méfentère,  &: 
lefquels  peuvent  pareillement  fe  bander  & fe  relâcher,  par  de  petites 
ris  f), 

g)  & h)  font  deux  fortes  d’Ouvertures,  hune  g)  ronde  & l’autre 
h)  longue,  fur  le fqu elles , il  faut  tendre  le  Mélèntère,  pour  pouvoir 
placer  par  i)  la  Partie  de  derrière  de  la  Lentille  microfeopique.  Dans 
le  large  Tenant  à ris  k de  la  Table  XXIV,  l’on  affermit  la,  Lentille  micro- 
feopique, dans  1)  laquelle  elle  peut  être  bandée  parles  m)  & o),&  la- 
quelle a encore  un  SoubaJJement  n). 

« 

L’on  peut  tourner  & diriger  ce  Tenant  à Vis  comme  l’on  veut,  pour 
pouvoir  bien  appercevoir  le  Méfentère. 

Toute  la  Plaque  repofe  fur  la  Noix  p.  laquelle  efl  emboîtée 
dans  l’Etui  q);  & toute]la  Machine  efl:  portée  par  une  Bafeà  trois  Piés 
r)  munis  de  Jointures,  afin  de  pouvoir  tourner,  dreffer  & pofer  tout 
rinftrument  à fa  Fantaifie.  Elle  efl  dans  fa  Grandeur  naturelle,  trois 
fois  plus  haute  & plus  large,  qu’elle  n’eft  répréfentée  dans  les  Efiam- 
pes  XXIII.  & XXIV. 

Les  deux  Lettres  f)  & t)  marquent  deux  petits  Chapeaux  avec  les 
Lentilles  microfeopiques,  Mro.  o.  & 00.  que  je  Vous  ai  mifes  ici  félon 
leur  véritable  Forme  & Grandeur. 

Il  en  faut  pour  le  moins  de  Cinq  Qualibres,  pour  pouvoir  faire  paf- 
fer  les  Objets  par  tous  les  Dégrës  de  Grofiiffement,  c’efl  à dire  les  Nro» 
3.  I.  O.  & 00. 

Comme  il  y a certains  Amateurs,  que  la  Cherté, de  la  Machine 
empêchoit  de  fe  procurer  un  Infiniment  auffi  utile;  je  me  fuis  fait  fai- 
re, ainfi  que  Vous  allés  voir  dans  la 


H t 


TA. 


<îo  TAB.  XXV,  Une  pareille  Machine  de  Bois 

TABLE  XXV. 

Une  pareille  Machine  de  Bois  avec  les  Noix  de  Mufchenbrock, 

Laquelle  me  fait  le  même  Ufage,  à la  Satisfaélion  particulière  de 
’pkifieurs  Amateurs  & Connoiüfeurs  confidèrables  des  Amufemens  mi- 
crofcopiques. 

La  Figure  i)  eft  la  Partie  de  devant,  à laquelle  le  Microfcope  eft  lui- 
même  affermi  avec  les  Noix, 

a)  eft  la  Plaque,  la  Table,  ou  le  petit  Ais  percé  même,  quilfaut 
affermir  fur  un  Pié  b)  de  la  Façon  qu’on  veut.  L’on  y fait  d’abord  le 
TroK  rond  c)  Fig.  i.  qui  eft  à peu-prés  delaGroffeur  d’un  Liard^  & enco- 
re 4.  autres  plus  petits.  ' 

Sur  ce  Troue)  l’on  tend  & attache  tout  au  tour  le  Méfentère  de  la 
Grenouille  avec  de  greffes  Epingles  *),  au  Lieu  des  pénibles  Crochets 
qui  même  déchirent  fouvent  le  Méfentère,  après  avoir  prémièrement 
attaché  la  Grenouille  à l’Ais  ; ce  qui  fe  fait  par  4.  g^offes  chevilles 
par  lefquels  les  4.  Piês  de  la  Grenouille  font  tirés  avec  des  Cordons  ou 
de  groffe  Fifeile  dans  les  4.  Trous  d).  Et  pour  pouvoir  aufti  examiner 
un  petit  Poiffon,  j’ai  fait  ménager  deux  Tenans  à demi  pliés  fur  le  der- 
rière de  cette  Table,  pour  les  tendre  fiur  le  Corps  du  Poiffon  & les 
bien  affermir  par  les  Vis  e). 

Désque  la  Grenouille,  le  Poiffon  ou  toute  autre  Créature  eft  prête 
& attachée  pour  l’Obfervation , Vous  tournés  la  Table  voi  Fig.  i)  & 
Vous  dirigés  la  Lentille  microfeopique,  comme  Vous  le  jugés  nécef- 
faire,  par  le  Moïen  de  Noix  de  Mufchenbrock  g) 

Tout  cet  Infiniment  microfeopique  confifte  en  fort  peu  de  Parties, 
favoir,  une  Plaque  ronde  h)  avec  un  Etui  (J  ) qui  eft  affermi  à i’Ais  par 
des  Vis. 


L’on 


avec  les  Noix  de  Mufchenbrock, 


6i 

L’on  fourre  dans  cet  Etui  (J  ) la  Noix  ©)  de  laquelle  fort  un  petit 
Bras  i)  qui  a au  Bout  un  autre  Etui,  dans  lequel  on  fourre  la  féconde 
Noix  k),  à laquelle  eft  encore  le  troifième  Etui,  où  l’on  fourre  la  troi- 
fiême  xVo/jrl)  laquelle  doit  être  afferraice  à un  Anneau  de  Corne  ou  de  Boism), 

C’eft  dans  cet  Anneau  m)  qu’on  met  le  Ferre  mîcrofcopique  o)  dans 
fon  petit  Chapeau  par  le  Moïen  d’un  Anneau  de  Fil  d'Archal  n)  & qu’enfin 
on  le  régie  avec  la  Main  en  haut,  en  bas,  à droite,  à gauche,  proche 
ou  loin,  vis  à vis  de  l’Objet,  jufqu’à  ce  qu’on  l’ait  entièrement  8e  clai- 
rement apperçu.  Operation  qui  fefait  d’une  Manière  douce  Seinfenfible 
mais  très  exafte  par  le  Moïen  de  ces  Noix,. 

Mais  pour  pouvoir  en  faire  auïTiUfage  pour  d’autresObjets,je  fis  fai- 
re encore  le  7rou  f)  -à  cette  Table.  Par  là  je  pouvois  emploïer  d ma 
Fantaifie,  les  Poinçons  p)  & q),  lefquels  étoient  munis  par  derrière  d’une 
Fis  r)  pour  pouvoir  les  affermir  à f)  foit  par  un  Ecrou,  ou  par  une 
Cheville. 

Que  fl  je  voulois  examiner  des  Corps  opaques  , je  me  fervois  du 
Poinçon  p):  que  fi  c’étoient  des  Fluides,  que  je  voulois  voir,  je  tirois 
Avantage  du  Tenant  q)  dans  lequel  j’affermifTois  un  petit  Verre  de  Por- 
te-Objet, fur  lequel  je  mettois  une  petite  Goutte  de  Fluide,  & puis 
je  la  mettois  devant  le  Troue),  comme  j’y  mettois  la  Queue  duPoiïTon 
ou  le  Méfentère  de  la  Grenouille  , & je  i’obfervois  avec  Yînftrument  mi- 
crofeopique  g)  au  travers  de  toutes  les  Lentilles,  Car  dans  V Anneau  m) 
l’on  peut  mettre  toutes  fortes  de  Lentilles  microfeopiques  avec  leurs 
petits  Chapeaux,  ainfi  qu’il  Vous  efl  aifé  de  voir  par  Vous  même. 

J’ajouterai  ici  qn’aûint  eu,  il  y a trois  Ans,  l’Honneur  de  préfenter 
cette  innocente  Machine  à Nôtre  Séréniffime  Marggrave,  S A.  S.  dai- 
gna non  feulement  m’en  témoigner  très  gracieufement  fa  Satisfaélion, 
mais  Elle  eut  encore  la  Bonté.,  de  tendre  tout  de  fuite  une  Grenouil- 
le, de  l’ouvrir,  d'en  attacher  avec  une  Dextérité- imeomparabîe  le  Mé- 

H 3 fen- 


^2  TÂB  XXVÎ.XXVÏLXXVîn.XXïX.Urîe  de  plus  bellesChenilles, 

fentère  & fans  y gâter  la  moindre  Cliofe,  pour  être  à même  d’examiner 
la  Circulation  des  Humeurs.  C-e  Gracieux  Prince  admira  avec  bien  du 
Plaifir  la  Diverfitè  des  Humeurs,  qui  fe  prèfententfi  clairement  dans 
les  VailTeaux  du  Méfentère.  Il  garda  la  Maehine,  en  Thonorant  defon 
/approbation*  Je  fuis  &c.  &c, 

LETTRE  XIV. 

Manîmens  & Obfervations  microfeopiques. 

Je  'Vous  ai  jusqu’ici  alTés  envolé  d’înflrumens  microfeopiques.  11  eft 
donc  Tems,  que  je  me  remette  à Vous  prélènter  les  Experimens  & 
les  Obfervations  que  j'en  ai  faites,  Vous  aurésfans  cela  la  Patience  de 
trouver  dans  cet  Ouvrage  encore  trois  Feuilles  d’inftrumens  microfeopi- 
ques. L’Infirmité  qui  continue  de  m’accabler, m’a  fait  fou  venirjd’unObjet, 
dont  Obfervation  m’avoit  déjà  donné  l’Année  paffée  Matière  à des  Ré- 
flexions & à des  Pe-nfées  auffi  agréables,  qu’importantes.  Jem’étois 
propofé  de  Vous  en  faire  tin  long  Détail  dans  cette  Lettre;  mais  il 
faut  que  j’abrège  fmaîgré  moi-même  & que  je  me  contente  de  Vous  dire 
que  Vous  allés  avoir  dans  ces 

TABLES  XXVL  XXVIL  XXVIIL  XXIX. 

Une  des  plus  belles  Chenilles,  fa  Metamorphofe  & quelques 
Parties  de  fon.  Papillon* 

C’eft,  ainfi  que  Vous  favés,  IzChenille  qui  fè  trouve  fur  la  Plante,  qu* 
on  appelle  Efule  commune^ 

Je  l’ai  tirée  d’après  Nature  dans  a)  de  la  Table  XXVI.  Après 
l’avoir  nourrie  3.  Semaines  dans  unVerre  avec  de  l’Herbe  d’Efule,  je  remar- 
quai à la  Manière  dont  elle  fe  vautroit,  que  k Tems  de  fa  Métamor- 
phofe  n’étoit  pas  loin*  C'efi:  pourquoi  je  jettai  un  peu  de  Terre  fraî- 
che 


fa  Met  air  or  phofe  & quelque  s Parties  de  fon  Papillon,  6^ 

che  au  Fond  du  Verre,  ou  elle  fe  fît  tout  de  fuite  un  Lit,  dans  lequel 
elle  ne  fît  pendant  trois  Jour  que  fe  tourner  & virer.  Le  quatrième 
Jour  elle  fut  déjà  toute  enveloppée  d’une  Toile  très  fine,  fous  laquelle 
elle  devint  au  Bout  de  5>.  Jours  laj  Chryfalide  b;  c).  Il  fe  palTa  un  An 
entier,  c’cfl  à dire  de  Juin  1761.  jurqu’Août,  1762.  avant  que.le  bel 
Oifeau  de  Nuit  dont  Vous  voïe's  le  Dos  répréfenté  Fig.  d)  & le  Ventre 
Fig.  c)  fortic  de  fa  Coque, 

Ce  qu’il  y a de  remarquable  dans  cet  Infecle,  c’efl  que  la  Chenille 
s’en  trouve  fur  VEfulëy  & le  Papillon  (oifeau  de  Nuit)  fur  la  Fleur  d» 
Ckevre feuille  y & qu’il  cherche  ainfî  fa  Vie  fi  diverferoent. 

Feu  Mr.  de  Roefel  a à la  Vérité  répréfenté  cette  Chenille  & ce  Pa- 
pillon, mais  non  pas  du  Côté  du  Ventre.  Or  comme  il  a ici  tout  un 
autre  Air,  & qu’au  Lieu  que  les  Dos  & les  Ailes  en  font  de  tant  de  Cou- 
leurs, & que  le  Ventre  au  Contraire  avec  les  dedans  des  4.  Ailes  n’efl 
qued’une,  qui  efl  une  magnifique  Couleur  deRofe;  j’ai  voulu  fupple'er 
àce  Defaut  en  dellinant  cette  Créature  par  defTus  Stpar  defFous.  , 

'En  examinant  par  la  Loupe  la  Chryfalide  b)  c)  je  découvris  déjà 
pluheurs  Objets  remarquables.  Sa  Tête  fe  préfenta  d’abord  à moi  en- 
tièrement compofée  de  Faijjeaux  d Humeun  ds  Couleur  rouge  brun  f)  Tab. 
XXVÎL  I 'uis  en  examinant  le  devant,  j’y  vis  les  Antènes  & le  Sueçoir 
g)  dans  un  haut  Point  de  Grofiilfement.  Et  la  trouvant  ainfi  que  porte 
Fig,  h),  je  remarquai  qu’un  feul  VaifTeau  à Humeurs,  confidéré  dans  le 
Microf.'ope  manuel  par  Nro.  o:?,  répréfentoit  la  Fig.  i)  avec  une  Mul- 
titude de  Rameaux  déliés. 

D’ailleurs  toute  îa  Coque  externe  de  la  Chryfalide  k)  clf  entrela- 
cée de  femblabies  VaifTeaux  à Humeurs  rameux  & toute  parfemée  de 
Pores. 

Aux  deux  Côtés  fe  voit  le  Poumon,  on  îa  Trachée  artère  1)  par 
ou  la  Cbryfalide  peut  tirer  la  Réfpiration  & fe  conferver  fi  long-tems 

la 


^4  TAB.  XXVI.  XXVII.  XXVIII.  XXÎX  -Une  de  plus  belles  Chenilles, 

la  Vie.  Après  que  le  Papillon  s’en  fut  envolé,  je  coupai  de  la  Coque 
brune  le  petit  Morceau  m)  avec  une  Trachée  &le  Nro.  4.  le  montra  tel, 
qu’il  eft  exprimé  Fig.  n). 

J’ai  encore  deux  Mots  à dire  fur  le  Chapitre  du  Papillon  forti  de  la 
Çoque;  c’eft  que  quand  il  fut  êclos  il  y avoit  fur  ma  Table  un  Bou- 
quet, compofé  de  Rofes,  d’Oeillets  Sc  de  Fleurs  d’Orange,  & qu’aïant 
mis  mon  Hôte  fur  ce  Bouquet,,  à Delfein  de  le  regaler,  il  parcourût 
bien  d’abord  toutes  les  Fleurs,  mai.s  qifil  ne  remua  le  Sueçoir  que  fur 
celle  de  Rofe,  Mais  cette  Nourriture  lui  fut  mortelle;  car  il  ne  s’y 
fut  pas  arrêté  un  Quart  d’Heure,  qu’il  étendit  fon  fuccoir  & s’endor- 
mit, fans  plus  remuer  ni  Pié  ni  Patte, 

Cette  Obfervation  m’a  appris  avec  Certitude,  que  le  Suc  de  la  Ro- 
feluiétoit  contraire;  bien  qu’il  lui  eût  donné  la  Préférence.  Car  quand 
même  il  enfonçoitîe  Piquant  du  Sueçoir  dans. une  Feuille;  il  en  rejet- 
toit  le  Pvue,  qu’il  en  avoit  fuccé  avant  qu’il  fût  parvenu  au  Milieu  du 
Tuîau^;  ce  qu’il  elTaïa  fi  fouvent,  qu’il  en  tomba  dans  le  Sommeil  de  la 
Mort  & qu’il  refia  fans  Mouvement  fur  la  Rofe, 

Or  comme  cette  Partie  remarquable  du  Corps,  je  veux  dire  la 
double  Trompe^  fe  préfentoit  trop  clairement  a ma  Vue,  pour  la  laifTer 
là  fans  rexaminer  plus  particulièrement;  je  commençai  par  examiner 
dans  plufieurs  Pofitions  differentes»  VoiFig.  a)  b)  c)  Tab.  XXVIII.  la 
Tête  qui  fe  préfente  d)  tirée  d’apres  un  bon  Verre  Oeconomique  avec 
l’Oeil  gauche  & la  Trompe  retirée.  Mais  je  vis  bientôt,  qu’il  falloit 
l’examiner  par  les  plus  hauts  Dégrés  du  Groffiffcment.  C’efl  par  là 
que  je  fus  convaincu,  qu’elle  étoit  compofée  de  àewxTuïaux  de  Forme  fpt~ 
raie  e)  lefquels  préfentent  à leurs  Extrémités  f ) deux  petits  Crochets 
g),  mais  qu’on  ne  peut  reconnoître,  que  parNro.  i.  Il  y a apparence, 
que  ce  font  les  petits  Piquansavec  lefquels  ils  ouvrent  les  petites  Vellies 
des  Fleurs  pour  en  tirer  plus  aifément  le  Suc  dans  les  grands  Tuïaux- 

Ces 


fe  Metamorphofe,  &:  quelques  Parties  de  fon  Papillon, 

Ces  deux  petits  Tuiaux  font  d’une  Peau  de  la  Nature  de  la  Corne, 
lefquels,  par  le  Moïcn  d^une  Infinité  de  petits  Cercles,  ou  de  Jointurei 
fpirales,  ont  la  Faculté  de  s’étendre,  de  fe  réplier,  de  fe  retirer,  de 
s’alonger  & de  fe  racourcir  avec  facilité. 

Ils  font  très  elafliques  & quand  on  les  coupe  en  petits  Morceaux,  & que 
les  aïant  mis  entre  deux  Verres,  bn  les  examine  parle  Microfeope  fo- 
laire;  ils  paroifTent  contre  la  Paroi  blanche  fauter  comme  les  Vers  du 
Fromage;  ce  qui  eft  opéré  par  l’Ardeur  du  Soleil, 

Mais  autant  que  ces  deux  Trompes  font  admirables,  auffi  remar- 
quables & fuperbes  font  les  Antènes  de  cet  Oifeau  fous  le  Microfeo- 
pe. Je  Vous  fouhaite  toute  la  Patience,  qu’il  Vous  faut  pour  en  faire 
l’Experîence.  J’ai  été  long  tems  a découvrir  qu’elle  en  étoifla  Partie 
de  derrière  & quelle  celle  de  devant,  La  Tab.  XXIX.  Vous  montre 
dans  a>  une  de  ces  Antènes  de  Grandeur  naturelle,  & b)  la  mêmegrof. 
fie  par  Nro.  3.  avec  les  Bouquets  de  Plume  rétirésu. 

Car  cet  Oifeau  peut,  pour  ainfi  dire  ouvrir  & fermer  comme  un 
Livre,  ces  Bouquets  fins  que  j’ai  marqués  d’une  Etoile.  La  Figure  c) 
répréfente  le  Dos  d’une  Antène,  avec  les  Bouqtiets  ouverts  & fes  Plu- 
mes couleur  d’Arc-en-cîel,  dont  tout  le  Dos  efi:  couvert,  d)  Vous 
fait  voir  un  de  ces  grolfi  par  Nro.  o;  e)  c’efl  la  Poîüe  brune  de 

l’Antène,  avec  fes  ciuq  Poils pvintus  ; f)  en  efi;  le  Manche^  & g)  le  Bas  ou 
le  Fié,  pour  Vous  faire  voir,  qu’il  efi  creux.  Ces  deux  Antènes  font 
tout  contre  les  Yeux,  mais  en  derrière;  les  deux  Trompes  font  au  def- 
fous  des  Yeux  entre  deux  Couffins  épais  de  Plumes  longues  & velues 
Jamais  Vous  ne  verrés  ces  .deux  Parties  ni  mieux  ni  plus  difiinèle- 
ment  que  dans  un  Microfeope  folaire,  par  le  Moïcn  .du  Miroir  conca- 
ve  d’ Argent,  lequel  mettant  les  Objets  dans  le  plus  grand  Jour,  les  met 
à meme  d’être  examinés  par  toutes  les  autres  Lentilles  microfeo- 
piques, 

///.  Tortt. 


I 


Com- 


éô 


TAB.  XXX.  Une  légère  ErqnilTè  d'un  Abricot  frais 

Comme  j^'écois  encore  à faire  cette  Obfervation,,  l’on  m’envoïa  dü 
Fruit;  ee  q;ui  fait  qjuc  Votis  verres  fur  cette 

TABLE  XXX. 

Une  Efquiiïe  d’an  Abricot  frais 

que  je  Vous  préfente  a)  en  Vous  priant  d’honorer  ce  Fruit  de  quelque 
Récherche  plus  détaillée.  Sa  Peau  tendre  &.  velue  me  fit  naître  l’En- 
vie de  l’examiner  d’abord  par  la  Loupe,  puis  par  le  Kro.  f ..  furquoi  je 
remarquai  que  ce  Fruit  délicat  était  revêtu  d’une  Fourrure  d’un  Poil 
argentin  très  fin  b)  & aufii  tranfpareat  que|  le  Verre  filé  de  Venife* 
La  Vûe  en  efl:  fuperbe;  la  Couleur  d’Or  de  la  Peau  de  delTous  étant  re* 
haufée  par  l’Eclat  de  ces  Filets  d’Argent, 

C)  marq.ue  un  de  ces  Poils  d’Argent;  grolfiparNro.o.  que  j’ai  trouvé 
creux;  & il  y a apparence,  qii’iï  en  efl  de  même  de  cenx  de  laPêche, 

Apoftille. 

Comme  je  fuis  perfùadé  que  Voua  manqtierés  chés  Votis^  aufTr  peu 
d’Efprits  forts,  qu’îl  en  manque  ailleurs  y aïés  la  Bonté  de  préfenter  un 
peu  à la  Su-ffifance  de  ces  Mefiieurs-  la  Cbryfalide  d’une  Chenille  & de 
leur  demander  en  même  Tems  ; fi  leur  Raifbn  efi:  capable  de  pénétrer 
& d’expliquer,  comment  la  Chenille  devient  ChryfaVide,.  ou  comment 
le  Papillon  fe  forme  dans  la  Chryfalide  ^ puifque  ni  la  Chenille,  ni  la 
Chryfalîde,  ni  le  Papillon  ne  fé  refièmblent,^  & qu’ils  n'ont  point  les 
Corps  compofés  de  nrrêmes  Parties,^ 

Que  s’ils  font  obligés  d’avouer  leur  Ignorance;  dires  leur  ce  que 
la  Bouche  de  la  Vérité  éternelle  dit  autrefois  à ce  Doéleur:  f^ous  ne  pou- 
vés  expliquer  ce  qui  sfr  des  Gbofes  d'ici  bas  ; Çÿ.  comment  voulét  t ous  décider  fo-u- 
verainement  de  Miféresdimns’iCzx  il  y a en.  effet  de  la  Témeritédansrintei- 
ligencefr  étroitement  bornée  de  l’Homme,  à.  vouloir  tenir  pour  impofii^ 
ble,  tout  ce  qui  eü  au  delfus  de  la  Portée  de  fa  Railon,  & conféquemment 
à nier  U Perpétuité,  parce  qii’ils  n’en  peuvent  concevoir  la  Pofiibilité, 


Apo-ftille. 

J’ajouterai  ici  pouT  Conclufion,  que  les  Anciens,  furtout les  Egi* 
pricns,  les  Grecs  & le^  Ramains,  faifoient  mettre  fur  leurs  Tombeaux 
des  Papillons,  eommc  des  Emblèmes  de  l’Ame  délivrée  de  foa  Corps; 
& Vous  voulés  bien  que  je  finilTe  cette  Lettre  par  les  Réflexions  que 
j’ai  faites  à la  Vue  & à PExamen  des  Chenilles , de  leurChryfalide  & de 
leurs,  Papillons,  comme  auffi  d’autr.es  Infeéles,  deftinés  par  le  Créauur 
à des  Métaraorphofes  ou  plus  précoces  ou  plus  tardives. 

La  Chenille,  ce  Ver  fi  difforme  & fi  dégoûtant,  qui  a tant  dePek» 
ne  à fe  traîner,  jufqu’à  ce  qu’elle  ait  grimpé  le  Tronc  d’un  Cérifier,  dont 
les  Feuilles  lui  doivent  fervir  de  Nourriture;  Cette  Créature  fi  mépri- 
^ble  aux  Yeux  -de  tant  de  Monde,  qui  rre  paroît  faite,  que  pour  fervir 
de  Pâture  aux  Moinaux,  aux  Hirondelles  & aux  autres  Oifeaux,  ainfi 
qu’à  l’Araignée  & à la  Guêepe,  & même  à devenir  un  Nid  & une  Nourri- 
ture vivante  de  fes  Petits;  Créature  qui,  à mon  Avis,  n’a  ni  Raifon  04 
Intelligence,  comme  l’Homme  en  efl  doué.;  après  bien  des  Mouvemeas 
& des  Contorfions , fe  rétire  à prefent  au  dedans  d’une  Toile,  qu’elle 
a filé  elle-même  & dont  elle  s’ell:  fait  un  Tombeau;  EIL  devient  enfin 
Chryfalide  & demeure  une  Année  entière  dans  cette  Situation.  Je  fais 
très  bien  que  cette  Chryfalide  neftpis  tout  à fait  morte,  & qu’affectée 
par  quelque  Choc  un  peu  fort  , elle  fe  remue  ; Mais  enfin  il  en  for^. 
une  troifième  Efpèce  de  Créature  volante,  qui  nerelTemble  ni  à la  Che- 
nille, ni  à la  Chryfalide,  U fe  préfente  un  petit  Oifeau  de  dîverfes  Cou- 
leurs doublement  aîlé,  lequel  avec  fes  quatre  Aîies,  qui  reluifent  com- 
me des  Miroirs,  fend  les  Airs,  fans  rien  garder  de  fon  Etat  de  Chenil- 
le, fans  chercher  davantage  fa  Vie  en  rampant;  volant  plutôt  légère- 
ment de  Fleurs  en  Fleurs,  pour  aller  boire  à longs  Traits  le  doux  Neélar 
renfermé  dans  leurs  tendres  Veines  & JouïfTant  d’une  entièreLiberté  & 
d’un  Etat  infiniment  plus  avantageux,  que  n’étoit  fon  prémier.  Quel 
Artifie  aufli  grand  que  Sage  a travaillé  tout  un  An  à la  Conftruélion  de 

J 2,  cette 


ég  Apoftille. 

cette  Créature  nouvelle  j fous  fon  Enveloppe  & dans  fa  Chryfalide? 
Cette  iniferable  Créature,  cet  Infeéïe,  qui  fuivant  la  foible  idée  que  je 
puis  me  former  de  TUnivers,  n’eft  tout  au  plus  bon,  qu’à  fervir  de  Pâ- 
ture à d’autres  animaux,  ainfi  que  je  viens  de  rinfînuer;  cet  Infecte,  dis- 
je,  auroit  il  été  partagé  dans  la  Création  de  Dons  lî  magnifiques,  par 
deffus  toutes  les  autres  Créatures,  & le  Seigneur  lui  auroit- il  accordé 
de  fi  précieux  Avantages  préférablement  à l’Homme?  N’ai  je  pas  Lieu 
d’efpérer  que  je  reparoitrai  un  Jour  fous  une  plus  belle  Forme  & que 
je  jouirai  de  cette  bienhûreufe  Transformation  ? La  Chenille  vaudroit- 
clle  davantage  aux  Yeux  de  Dieu  que  moi,  qu’il  a créé  à fon  Image? 
Jamais!  mon  Efprit,  mon  Intelligence,  ma  Raifon,  mon  Cœur,  un  cer- 
tain fnftinél:  intime  &,  ftiperieur  à moi-même,  qui  me  fait  fouhaiter  un 
Etat  plus  hûreux,  tout  fe  refufe  à une  Idée  fi  affligeante.’ 

Formé  bien  plus  noble  que  la  Chenille,  je  jouirai  d’une  Transfor- 
mation infiniment  plus  glorieufe,  qu’elle.  Tout  efl  ailé  à la  Toutepuif- 
fance  de  mon  Créateur.  Je  ne  me  mets  pas  en  peine  de  quelle  Façon 
cela  arrivera;  c’efl:  à la  Sagefie  éternelle  & impénétrable,  que  j’aban- 
donne ce  Soin.  J’ignore  même  comment  j’ai  été  formé  dans  le  Sein  de 
ma  Mère,  & je  ne  laiffe  pas  de  favoir  que  je  fuis  au  Monde.  Cela  me 
feroit-il  douter  de  ma  Formation  & de  mon  Exiflenee?  Ma  Raifon  ne 
peut-elle  pas  dés  à prefent  comprendre,  qu’après  mon  entière  Difiblu- 
tion,  toutes  les  Parties  de  mon  Corps  referont  enfermées  dans  les  Va- 
peurs de  nôtre  Globe,  quand  marne  elles  viendroient  à paffer  d Elé- 
ment en  Elément,  de  Créature  en  Créature?  Mais  je  fuis  perfuadé  & 
même  je  crois  fermement,  que  mon  Ame,  en  tant  qu’Efprit,  ou  pour 
parler  d’après  Senéque  , en  tant  que  Pars  ^umirtn  divini,  ne  fauroit  être 
anéantie;  mais  qu’elle  jouira  d’une  Félicité  infiniment  plus  pure,  que 
celle  qu’elle  a reffentie  lorlqu’elle  était  dans  mon  Corps:  Félicité  qui  1’ 
emportera  certainement  fur  la  Métamorphofe  des  Infeéles  & de  tou- 
tes les  Créatures  de  PUnivers,  qui  ne  font  point  Hommes;  que  mon 

Efprit 


, Apoftille.  €9 

Efprit  fera  revêtu  d’un  Corps  que  la  SagclTe  eternelle  a avant  tous  les 
Tems  jugé  lui  convenir,  & quelle  lui  a deftiné.  * 

C’eft  ainfi  qu’un  Naturalifte  raifonnablc  peut  penfer  fans  aucune 
peine  & pour  fa  plus  grande  Tranquillité,  enconfultant  les  {impies  Lu- 
mières de  la  Nature*  Que  fi  en  tant  que  Chrétien^  il  y ajoute  les  Rai- 
fons  que  lui  préfente  la  Révélation  touchant  fes  Efperances  à venir; 
quelle  Joie  à l’Heure  de  la  Mort  ne  reifent-il  pas  en  Comparaifon  du 
Libertin,  & même  deces  Hommes,  qui  fe  difent  Chrétiens,  & qui  croient 
Tout,  fans  favoir  ce  qu’ils  croient!  Car  j’avoue  de  bon  cœur,  que  je 
crois,  qu’un  Chrétien  raifonnable  efl  bien  plus  agréable  à la  SagefTe  & 
à l’intelligence  fupréme,  qu’un  Chrétien  de  Bouche,  qui  aïant  toutes 

» 

les  Occafions  & les  Moïens  imaginables  d’augmenter  les  Facultés  & les 
ConnoilTances  de  fbn  Ame,  aime  mieux  mourir  dans  la  Foi  du  Charbon- 
nier, que  d’en  faire  Ulâge.  Et  pour  finir,  j’avoue  encore,  que  j’ai  ref- 
fenti  une  Joie  inexprimable  toutes  les  fois  que  j’ai  trouvé  dans  les  Oeu- 
vres & dans  les  Phénomènes  de  la  Nature  la  moindre  Etincelle  qui  don- 
nât à ma  Foi  plus  de  Lumière  & de  Force. 

Cependant,  il  me  paroît  que  je  vai  trop  loin,  & je  reconnois 
très  parfaitement,  que,  quoi  qu’il  fuit  confiant  qu’il  fe  falTc  des  Con* 
verfions  philofophiques , elles  ne  laiiTent  pas  d’être  très  dilférentes  de 
celles  qu’opère  la  Religion  révélée. 

Mon  Opinion  ne  doit  donc  que  fuivre  la  Foi  comme  une  iervantc 
car  quelque  connu  que  l’on  foit,  dans  une  Ville,  l’on  n’efi  pas  fâché 

ï î de 

♦ Si  le  Lefleur  veut  lire  davantage  de  Reffexions  de  cette  Nature,  il  en  trouvera  les 
plus  belles  Penfees  dans  pliifîeurs  Parties  de  VcxztWint  Régné  de  la  Nature  & 
des  Moeurs^  particulièrement  dans  les  Chap.  71.  & 77.  de  la  troifième  Partie 
puis  dans  les  Chap.  197.  8c  2i7*  dclalixième;  de  même  que  dans  les  Chap.aip] 
224  232.  8c  237  de  la  feptièmeî  dans  le  Chap.  268.  de  la  Huitième;  dans  le 
Chap.  3cp.de  la  Neuvième  i dans  le  î62.  de  L Dixième;  & enfin  dans  le  Chap* 
403,  de  la  Dernière  Partie» 


*70  TÂB.  XXXÎ.  &XXXIL  Mîcrofcopes  anciens 

âc  fe  faire  conduire  che's  foi  avec  une  Lanterne,  lorfqifil  fait  Nuit,  pour 
être  plus  fur  de  ne  pas  broncher.  Pardonnés  moi,  mon  Cher,  tes  Pen- 
fées  fugitives,  qui  me  relèvent  fouvent  dans  mes  'plus  grandes  infirmi- 
tés; & foïés  perfuadé,  qu’elles  m’accompagneront  jufqü’au  Tombeau^ 
& que  jufques  là  je  ferai  avec  un  attachement  üncère  &e, 

Foiès  Lettre  Xjz 

Martin  Frobène  LcdemuUer^ 

LETTRE  XV. 

P - 

*•  jreparés  Vous  à regarder  comme  un  C^odlibet,  que  jeV^us  envoie 
Les  TAELES  XXXI,  & XXXIL 
for  les  Micrôfcopes  anciens  Sc  modernes. 

Vous  y trouverésties  Bagatelles , telles  que  les  Porteurs  de  Har- 
«iottes&  lesSavoïardSj  avec  leurs  BaromettreSy  ont  contûme  déporter 
à vendre  dans  nos  Contrées.  Jai  trouvé  à propos  de  Vous  préfeater 
CCS  Badinagesj  parcequc  je  fuis  hien-aife  d’accomplir  mon  premier  Def. 
fein,  cnVous  mettant  devant  lesYeux  les  grandes  Ameliorations’qu’ont  re- 
çu les  Infouracns  microfcopiques  depuis  leur  Invention. 

L’on  tire  avec  beaucoup  de  Vraifemblaace  l’Origine  de  toutes  les 
Machines  microfcopiques  d\inc  Goutte  d'Eau  ou  d’un  Verre  rond,  rempli 
«de  cet  Elément,  ainfi  que  Vous  pouvés  aiféinent  éprouver  en  prenant 
un  Urinai  ou  un  autre  Chbe  de  Verre  blanc  rempli  d’Eau. 

Cela  fe  peut  encore  mieux  prouver  par  une  Carte  ; en  y faifant  un 
Trou  avec  une  Aiguille  bien  ronde,  dans  lequel  on  fait  entrer  une  petite 
Coûte  d'Eau  bien  claire;  car  celle-ci  fait  enfuite  l’Effet  d’une  Lentille 
Nro.  a.  ou  3., 

HartÇoecker  & Ctton  Guerkke  ^ en  fondant  du  Verre,  ont  trouvé  par 
Hazard  un  petit  Microfcope  dans  une  Goûte  de  Verre,  Et  de  là  eft 
fans  doute  venu  le  Globe  a)  Tab.  XXXI, 


L’on 


& modernes. 


L’on  a été  obligé  de  k fervir  de  ces  Globes,  jusqu’à  ce  que  dans  la 
Suite  l’on  s’eft  avifé,idc  les  polir  enForme  de  Lentilles  Si  de  les  enchaiï«r 
dans  des  Etuis  j par  où  on  les  a rendu  propres  aux  plus  grands  Grof- 
fiiTemens, 

La  féconde  Fig^  b)  Vous  préfente  une  Copie  que  j,’ai  tirée  du  Col-~ 
le^um  experimentale  de  Sturm*,.  pour  Vous  prouver  y que  ces  Lentilles 
étoient  connues,  il  y a plus  de  90*  Ans, 

Leui^enhoeck  qui  a fait  tant  de  Découvertes  y rendit  eet  Inftrumcnt 
encore  plus  commode,  en  mettant  le  Verres  mierofcopique  dans  une 
petite  Plaque  d’argent;  derrière  laquelle  il  mettoit  une  petite  Table 
avec  un  Poinçon,  pour  y empaler  l’Objet  êl  le  préfenter  devant  le  Ver- 
re. La  Figure  c)  de  cette  Table  Vous  en  inftruira  mieux  Si:  Vous  en; 
irouverès  un  Detail  plus  circonftancié  pag.  38»^Tab.  IV,  de  mon  Ej^i 
d'/jpologie  raifonnée  des  Ammauxrfpermatiquesv 

L*  Fig.  d)  de  cette  Table  a beaucoup  de  Rapporta  celle  de  Leu- 
wenhoeck.  C’eft  de  cette  Maehine  commode  que  fc  fert  Mr,  le  D. 
Koehlreuter,  Médecin  & Naturalifte,  qui.s’eft  de  nos  Jours  fait  une  fi 
grande  Réputation  parmi  les  Savans. 

11  y a deux  Ans  que  revenant  de  Petersbourg,  pour  s’en  retourner 
chés  lui  par  la  Route  de  Leipfig/,  1 Envie  qu’il  eut  de  voir  le  Cabinet 
des  Curiofités  naturelles  du  Prince,  me  procura  l’Occafion  favorable  de 
le  voir  à Bayreuth,  où  il  me  montra  ce  Microfeope.  J’avoue,  que  je 
fus  enchanté  de  la  bonté  de  la  Lentille  en  Forme  de  Grain  de  Millet, 
que  j’y  trouvai  & qui  étoit  un  Nro,  i,  mais  je  remarquai  dans  les  Por* 
te- Objets  certaines  Chofes,  que  je  ne  goûtai  pas,  car  Mr.  le  Doéleurfe 
fert,  au  Lieu  de  Porte-Objet,  de  petites  Lames  de  Ferre  longues  ^ étroites 
e);  dont  il  en  met  deux  l’une  fur  l’autre  & entre  deux,  l’Objet  à ob- 
ferver,  lequel,  félon  moi,  doit  en  être  écrafe'  ou  dumoins  changé  de 
Place,  de  forte  qu’il  faut  qu’il  rende  ou  un  faux  Profil  ou  une  double 
réverbération. 


» Part.  I,  Tentam.  XV,  Phænom;  r,  ' 


Tous 


7^  TAB.  XXXI.  & XXXII.  Microfcopes  anciens  & modernes. 

Tous  ces  Inftrumens  & beaucoup  d’autres,  qui  y ont  du  Rapport, 
font  bons  à obfervcr  les  Objets  contre  le  Jour, 

Mais  comme  il  y a dans  le  Monde  bien  des  Cbofes,  qu’on  ne  fau- 
roit  voir  ni  examiner  de  cette  Façon;  mais  qui  le  doivent  être  perpen- 
diculairement ou  de  haut  en  bas , l’ETprit  humain  y a remédie,  & ç’a 
été  d’abord  par  les  Inftrumcns  les  plus  (impies,  tels  que  font  ces  peti- 
tes Boites  pleines  de  Graines  & d’autres  Chofes  que  les  Savoïards  nous 
portent  tous  les  Jours  à vendre,  & qui  groflilTent  l’Objet  6,  a 8.  Fois. 
Parmi  ces  Elpèces  la  meilleure  e(l  bien  celle  qui  eft  à f^is,  pour  pouvoir 
déchifrer  des  Monoïes  anciennes,  & examiner  d’autres  Corps  opaques  & 
nontransparens,  comme  elle  fe  préfente  Fig.  f ). 

Je  l’ai  mieux  rencontré  dans  la  Tab,  LXX.  Fig.  a)  de  mes  Amufe- 
mens  microfeopiques,  où  il  eft  nommé  Verre  Oeconomique  & Vous  en  trou- 
verés  là  encore  deux  autres  Efpèces  b)  & c).  Celui  de  Alufchenbroeck 
aux  Woix  ^ Etuis  âe  Métal  donna  enfuite  Occafion  à la  Machine  g)  de 
la  Tab.  XXXII,  de  laquelle  Mr.  le  Confeiller  Delius  d’Erlang,  mon  il- 
luftre  Ami,,  form.a  un  petit  Microjcope  univerfel , qui  étoit  attaché  à un 
petit  Ais  fuivant  les  Fig,  g)  & h)  ; ce  qui  me  fît  enfin  naître  lldée  du 
Aîicrofcope  anatomique,  que  je  Vous  ai  dernièrement  décrit  , ou  de  la  Re- 
forme de  l’Inftrument  de  Lieberkuhn,  dont  j’ai  joint  Fig.  i)  une  légère 
Efquiffe.  Vous  aurés  la  Bonté  d’en  chercher  un  Détail  plus  circon- 
ilancié  dans  le  Tom.  IV.  des  Recueils  de  Franconie. 

LETTRE  XVI. 

Jai  l’honneur  de  Vous  faire  ici  part  d’une  Obfervatîon  'hifique  affés  ex- 
traordinaire. Je  me  fuis  donné  la  tréshumble  Hardieffe  de  la  préfenter 
au  Marggrave,  pour  fa  Rareté.  Cela  n’excite- t-il  pas  Votre  Curiofi- 
tè?  Je  crois  que  fi,  & je  Vous  en  envoie  le  Détail  d’un  Bout  à l’autre 
tel  que  j’ai  eu  l’Honneur  del’cnvoïer  au  Prince,  avec  la  Defcripfion  desEx- 
perimens,  que  j’en  aifaits  & du  DefTein  que  j’en  ai  tiré. 


Mr. 


TAB.  XXXIII.  Une  Boule  de  Poil. 


75 


Mr.  le  Pafteur  Vogel  d’ici,  qui  m’honore  de  fon  Amitié,  m’envoîa 
le  g.Oélobre  I7é2>  verü  les  é.  Heures  du  Soir,  ainfi  que  Vous  montre 
cette 

TABLE  XXXIII; 

Une  Boule  légère,  ronde  & d’un  brun  très  obfcur 

en  m’avifant,  qu’on  i'avoit  trouvée  avec  encore  14.  de  la  même  groC. 
feur,  dans  un  Agneau  qu’on  venoic  d’egorger,  me  priant  de  l’examiner 
& d’en  dire  mon  Sentiment.  • 

Après  avoir  demandé  & obtenu  la  Permilîîon  de  la  difféquer,  je 
me  mis  dés  le  même  Soir  en  Devoir  d’en  faire  l’Examen,  & d’y  paffer 
agréablement  cette  Heure  péîdue,  ne  défîrant  rien  tant  que  d’en  avoir 
encore  upe,  pour  la  mettre  dans  le  Cabinet  de  Bayreuth. 

J’eus  la  Bonheur  d’en  recevoir  plus  que  je  n’en  défirois,  car  dans 
la  même  foirée  l’on  m’en  apporta  encore  deux.  En  üïant  donc  trois, 
j’en  cmploïai  une  àl’Ufage,  que  je  viens  d’annoncer;  j’envoïai  l’autre 
à mon  liluflre  Ami  Mr,  le  Confeiller  Trew;  & la  troilième.,  je  la  défti- 
nai  à l’Examen  le  plus  exact. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  Figure  extérieure  de  cette  Boule.,  .elle  étoît 
prefque  totalement  ronde,  plus  unie  que  raboteufe.  Sa  Couleur  brûn- 
obfcur;  fa  Péfanteur  afles  modique  à Peine  d’une  Once;  quoiqu’ 
file  fut  alTés  grande,  ainfi  que  Vous  l’apprend  la  Fig.  i.  de  la  Table 
XXX!  a 

En  examinant  fa  Superficie  avec  une  bonne  Loupe,  je  trouvai  fa 
Couleur  verd-noir,  mêlée  d’un  peu  de  brun.  Je  conjeélurai  de  là,  qu’il 
fallait  que  le  Fiel  eu  le  plus  de  Part  à cette  première  Ecorce,  laquelle 
me  parût  au  refie  compofée  de  Quantité  de  petites  Ecailles  collées  les 
unes  fur  les  autres,  ou  de  Lamelles  couchées  de  la  même  Façon^ 


ni.  Tom. 


K 


74 


TAB.  XXXm,  Une  Boule  de  Poil. 


Je  pafle  ici  fous  Silence,  pour  éviter  la  Prolixité,  tous  les  Juge- 
mens  & tous  lès  Sentimens,  que  portèrent  bien  de  mes  Amis  fur  la 
Nature  de  cette  Boule,  avant  que  je  la  dilféqualTe*  Celui  qui  rencon- 
tra le  mieux,  la  prit  pour  une  Boule  de  Chamois  {/legagropilay^  comme 
moi  même,  de's  que  je  l’eus  en  Main  & que  je  l’eus  pêfée,  je  la  pris 
pour  une  Boule  de  Poil,  telle  qu’on  trouve  fouvent  dans  les  Bœufs,  les 
Vaches,  les  Veaux,  les  Chevaux,  les  Cochons  & les  Chamois, 

Lorfque  je  voulus  la  partager  par  le  Milieu  avec  un  bon  Cou- 
teau, il  m’y  fallut  aller  de  toiîte  ma  Force,  & ilmefembloit  que  c’étoit 
fan  de  cette  Epaifleur , que  j’avois  à partager.  La  Subftancc  in- 

terne reifembloit  en  Effet  à un  Feutre  non  teint,  auffi  parfaitement 
que  deux  Goûtes  d’Eau  puiffent  fe  reffembler. 

j’en  partageai  enfuite  une  Moitié'  en  deux  Parties,  & j’en  mis  ua 
«Quartier  fous  la  Cloche  de  ma  Loupe.  Ceia  me  fit  connoître  dillinète- 
ment  une  Ecorce,  dont  la  Subfiance  étoit  de  beaucoup  plus  ferme  & 
plus  compaéle,  que  celle  du  Milieu,  laquelle  me  préfenta  des  Poils  fort 
courts  & fins.  J’en  pris  du  Milieu , & j’en  examinai  un  Morceau  de  la 
Groffeur  d’une  Lentille,  par  tous  ies  Dcgre's  de  Grofiifiem.ent,  jufqu’a 
ce  qu’enfin  je  fus  convaincu,  que  toute  la  SubTrance  de  cette  Boule 
ctoit  compofée  de  Particules  de  Laine,  courtes  & fortement  preffées 
enfembîe. 

Elles  avoient  en  Partie  des  Tuïaux  à Moüle,  comme  les  Cheveux, 
mais  ils  n’etoient  pas  environnés  de  cette  Pellicule  externe  en  Forme  de 
Réfeau,  que  l’on  voit  d’ordinaire  aux  Cheveux,  ils  fembioient  plutôt 
être  couverts  comme  de  petites  Ecailles. 

Enfin  j’éffaïer  d’amollir  cette  Maffe,  pour  connoître  de  plus  près 
la  Nature  de  cette  Ecorce-  externe;  mais  ce  fut  peine  perdue.  Je  fis 
d’abord  bouillir  un  Quartier  de  cette  Boule  dans  de  l’Eau  douce,  & 
enfuite  dans  de  i’Eau  très  fale'e. 


TAB.  XXXIII,  Une  Boule  de  Poil. 


Je  le  mis  palTè  14.  Heures  dans  un  Vafc  plein  d’Eau;  j’en  mis  un 
autre  Morceau  dans  l’Huile  & puis  dans  le  Vinaigre,  ce  qui  ne  meréüf- 
lit  pas  mieux.  Rien  n’en  pût  di/Toudre  la  Dureté,  & je  confervc  en- 
core cette  Ecorce,  pour  Preuve  de  fa  Solidité,  que  je  crois  même  être, 
par  mes  Expérimens,  devenue  plus  dure,  qu’elle  ne  l’etoit  auparavant. 
Mes  Recherches  finies,  jetâchai  d’avoir  quelques  Lumières  par  le  Bou- 
cher quiavoittué  l’Agneau.  Voici  ce  que  j’en  appris. 

„ N.N.Bu/daw/Bourgeois  & Maître  Boucher  decetteVille  tuale  9. 
„ Oélobre  un  Agneau  de  neuf  Mois , qui  avoit  été  acheté  à Aalfeld 
„ prés  de  la  petite  deYille  fJerrfpruckÂstns  la  Territoire  deKuremberg. 
„ Une  l’avoit  eu  que  huit  Jours  dans  fon  Etable,  où  il  étoit  à la  Vé- 
j,  rité  parmi  d’autres  Brebis,  mais  qui  n’etoient  pas  deftinées  à être 
,,  tuées.  Jufqu’au  dernier  Jour  il  mangea  & bift  bien , fans  donner 
,,  le  moindre  Signe  de’  Maladie.  Loriqu’on  l’eut  ouvèrt  on  trouva 
dans  fa  Panfe  14,  de  ces  Boules  ; mais  la  quinzième,  qui  n’étoit  pas 
,,  ronde  mais  inégale,  étoit  encore  dans  le  Boïau, 

„ Ni  lui  ni  les  autresMaîtres  de  fonCorps,n’avoient  jamais  tuéAgneau 
,,  où  ils  euffent  trouvé,  dans  les  Boïaux,  ou  dans  la  Panfe,  ou  dans 
,,  l’Ellomac  une  feule  de  ces  Boules, bien  loin  d’y  en  trouver  plufieurs. 
Cette  Découverte  m’a  dumoins  informé,  que  cette  grande  Quan- 
tité de  Boules  de  Boil^  qui  ne  JaifToient  pas^c  péfer  près  d’une  Livre, 
n’avoit  pas  fait  du  Mal  à cette  Bête  toute  jeune  qu’elle  étoit. 

Il  y a cependant  apparence,,  que  dans  la  Suite  elles  auroient  fait 
un  Effet  mortel,  furtout  leur  Confiflcnce  étant  d’une  Nature  fi  dure, 
qu’elle  ne  pouvoir  être  amollie. 

Or  la  QuefUon  efl:  d’où  font  venues  ces  Boules  dans  le  Corps  de 
l'Agneau?  Je  m’émancipe  d’en  dire  mon  Sentiment: 

Je  tiens,  qu’elles  ont  la  même  Caufe  & la  même  Origine,  que  la 
Produèlion  de  celles  du  Chamois. 

K Z 


Cel. 


7^ 


TAB.  XXXÜL  Une  Boule  de  Poil. 


Celles- ci  viennent  de  ce  que  les  Chamois  lèchent  leurs  Poils,  quand 
ils  en  changent.  De  la  Langue,  étant  broïés  par  la  Rumination,  ilspaf- 
isnt  dans  les  Boïaux,  où  ils  prennent  une  Figure  ronde,  & delà  ils  vien- 
nent dans  hEftomac, 

Cet  Agneau  peut  de  même  avoir  léché  fa  Laine , Favoir  haclaée 
p-ar  la  Rumination,  & enfuite  l’avoir  fait palTer  dans  lesBoïaux  & dans  la 
Panfe, 

Peut-être  même  a-t-ii  été  parmi  d’autres  Brebis  & même  tondues! 
& qui  eil  ce  qui  ignore,  que  les  Brebis  aimant  toutes  les  Humidités  fa- 
leufes,.  elles  aiment  aufli  à lécher  la  Sueur? 

Or  étant  hors  de  Doute,  que  les  Brébis  nouveriement  tondues 
Rient  & tranfpirent  beaucoup  dans  leurs  Etables  chauds , il  eft  très  ai- 
fé  de  concevoir,  que  cet  Agneau,  couchant  entre  fa  Mère  & d’autres 
Brébis,  en  a léché  les  Peaux  tranfpirantcs,  & en  même  Tems  avalé  cet- 
Bourre  coLirte,  qui  demeure  collée  à la  Peau  après  laToifon;  que  cet- 
te,Bourre  s’eft  peu  à peu  formée  en  Boule  dans  les  Boïaux  ^ qu’elle  y 
a pris  cette  Ecorce  dure,  par  le  Moïen  du  Fiel  & de  la  Pituité,  & qu’ 
enfin  elle  a pafie  dans  l’Endroit,  où  le  Boucher  l’a  trouvée» 

Voilà  ce  que  je  penfc  là  defilis  & que  je  trouve aïTés  vraifemblable. 
Que  fi  Vous  y trouvés  a redire,  ou  que  Vous  réjettiés  abfolument  cet- 
te Opinion,,  à la  bonne  Heure,  Car  je  fuis  prêt  à en  cliangcr  pour  une 
meilleure,  & à facrifier  la  mienne  à la  Vérité» 

Ce  que  je  ne  fauro^is  comprendre,  c’efl  qu’on  veuille  mettre  ces 
Boules  de  Poil  dans  la  Clafie  du  Bezoar,  ainfi  que  plufieurs  on  fait  & 
font  encore,  & qu’on  leur  veuille  attribuer  les  Louanges , que  l’Expe.- 
r.encc  fait  donner  au  Bezoar  par  la  Medicine»  Car  qui  eft  ce  qui  vou- 
droit  avaler  pour  de  la  Poudre  de  Bezoar,  de  la  Laine,  mêlée  avec 
des  Alimens  mâchas  ? La  Subibance  du  véritable  Bezoar  n’a  nul 
Rapport  avec  celle  des  ^egagropilâ^  ou  Boules  de  Poil;  le  premier  étant 


corn- 


TAB.  XXXIH.  .Une  Boule  de  Poil-  77 

iompofé  de  Parties  terreflres  & l’s^utre  de  Poil  & d'AÜmens  ma-- 
chés. 

Ce  qu’il  y a de  plus  rare  dans  cette  Obfervation  , c’eft  prémiërc- 
ment  le  Nombre  des  Boules  dans  une  aulli  jeune  Bête  qu’un  Agneau 
de  neuf  Mois,  fecondement  , qu’elles  aient,  pû  s’y  tenir,  fans 
lui  faire  Mal;  en  troiflème  Lieu,  la  Beauté,  la  Rondeur  & l’Uni 
de  leur  Figure,  & en  quatrième  Lieu,  qu’on  ne  fauroit  produire  que 
peu  ou  point  du  tout  d’Exempîes,  qu’on  ait  jamais  trouvé  de  pareilles 
Boules  dans  aucun  Agneau.  Car  Monficur  k Confeiller  Trew  m’a  lui 
mêmealTuréi  malgré  les  Leélures  immenfes  de  ce  fameux  Naturalise, 
qu’il  n’avoit  jamais  vûunfeul  Exemple  de  Boule  d’Agneau.  Il  eft  auflî 
remarquable,  que  de  Mémoire  d’Homme  le  Cas  n’a  pas  encore  exifté, 
que  dans  tout  le  Corps  des  Bouchers,  il  y en  ait  un  feul  qui  en  eût  eu 
une  entre  les  Mains,  ou  qui  eût  tué  un  feul  Agneau  qui  eût  de  telles 
Boules. 

Explication  de  l’Eftampe  XXXIII. 

La  ^ imière  Figure  répréfente  la  Boule  dans  fa  Figure,  Groireut  & 
Couleur  naturelles. 

La  kconde  en  marque  un  Quartier,  pour  en  faire  voir  l’EpailTcur  de 
l’Ecorce,  & le  Feutre  intèrne,  compofé  de  Laine  courte  mâchée. 

a)  efl  un  petit  Morceau  de  cette  Laine  confidéré  l’Oeil  nud, 

b)  le  même  confidéré  par  la  Loupe, 

La  troifième  Figure  montre  un  petit  Morceau  de  la  même  Laife  tiré 
d’après  le  Verre  microfeopique  Nro.  i)  où  les  petites  Particules 
font  voir  les  Alimens  mâchés. 

La  quatrième  Figure  défigne  un  feul  Brin  de  cette  Laine  |^amîné  & 
delliné  d’après  Nio.  oc.  qui  cû  le  dernier  Degré  de  GroflilTement. 

K 3 


Note. 


78 


TAB.  XXXIÏÎ,  Une  Boule  de  PoiL 
î*îote. 

Pour  rendre  cette  Obfervation  plus  complette,  je  m’en  vai  Vous 
donner  un  Extrait  de  la  dernière  Lettre,  que  j’ai  reçue  de  Monfîeur 
le  Confeiller  intime  Wagner  de  Bayreuth: 

„ Son  Alteffe  Séréniflîme  m’a  fait  remettre  aujourd^’hui  la  Boule 
,,  que  Vous  Lui  ayés  envoïée,  afinqu’elle  foit  mife  dans  le  Cabinet 
J,  des  Curiofités  naturelles.  Elle  eft  très  belle  & fi  fa  Gravûre  n’ 
,,  entre  point  dans  Vos  Amufemens  mîcrofcopîques;  je  Vous  prie  de 
J,  m’en  cnvoïer  une  Copie.  Vous  Voustrompés  de  croire,  qu’il  n’cxifte 
,,  point  de  telles  Boules  d’Agneaux  ; car  il  y en  a une  dans  nôtre 
,,  Cabinet,  fortie  de  l’Eftomac  d’une  de  ces  Bêtes  ; cependant  celles 
„ de  Nuremberg  l’emportent  de  .beaucoup  pour  leur  Qiiantité  & pour 
3,  l’Exaélitude  de  leur  Rondeur 
bayreuth  ce  i6.  Février  176 J. 

D.  P.  C.  Wagntr^ 

Javouc  que  le  peu  de  Tems  que  j’ai  été  dans  le  Cabinet  des  Curio- 
fités naturelles  du  Marggrave  de  Bayreuth,  & que  j’ai  été  obligé  d’em- 
ploier  à d’autres  Affaires,  ne  m’a  pas  permis  de  remarquer  fi  exaéle- 
ment  cette  Boule  parmi  une  Infinité  d’autres  Curiofités,  non  obfiant 
que  j’y  ai  eu  entre  les  Mains  tant  d’autres  Balles  de  Lac  & de  Mèr,  de 
Boules  de  Poil,  à' Aegagropla  & de  Be^oar  de  différens  Animaux. 

Avec  tout  cela,  puifqu’il  n’efi;  fait  mille  part  Mention  de  cette  Bou- 
le  d’Agneau,  & que  même  dans  \q  grand  Tréfor  dê  la  Nature  de  Seba^  ni 
dans  aucun  autre  Ouvrage  de  cette  Nature,  il  ne  s’en  trouve  ni  Delfein 
ni  Indice,  bien  que  d’ailleurs  prefque  toutes  les  autres  Efpèces  cor- 
nues de  Boules,  de  Balles  de  Bczoar  y foient  defiinées  & décrites;  ce- 
ci ne  laiffç^as  d’être  une  Rareté  & un  Cas  étrange  que  d’avoir  trouvé 
quinze  de  ces  Boules  dans  un  Agneau  de  neuf  Mois,  je  fuis  &c. 


LE  T. 


TAB.XXXIV.  LeBoïau  delaPonte  &c.  TAB.XXXV.LaCornée  &c.  79 

lettre  XVII. 

Le  Hazard  m’a  fait  naître  l’Occafion  de  Vous  préfcnter  dans  cette 

TABLE  XXXIV. 

Le  Boïau  de  la  Ponte  d’une  Mouche  femelle. 

Dans  mon  Edition  allemande,  j’ai  fait  une  Méprife  en  donnant  cet 
Organe  pour  le  Aîmbre-viril  delà  Mouche,  puisqu’en  Effet  il  y reffem- 
ble  plutôt  qu’à  un  Bdiau  de  Ponte»  Mais  aïant  bien- tôt  après  reconnu 
mon  Erreur,  je  me  vois  obligé  de  la  faire  remarquer  ici  & de  corriger 
une  Faute  fi  aifée  à faire.  En  Confequence,  il  faut  que  je  dife  que 
rObfervation  de  cette  Table  XXXIV,  eft  celle  d’un  Bdiau  de  la  Ponte  d'une 
Mouche  femelle.  11  eft  de  l’Homme  de  fe  méprendre,  & qui  eft  ce,  à qui 
cela  n’eft  jamais  arrivé’.  Le  premier  Coup  d’Oeil,  jetté  fur  le  dehojs 
de  ce  Membre,  pourra  induire  à Erreur  auffi  bien  que  moi  , tel  autre 
qui  ne  fe  donnera  pas  la  Peine  de  difféquer  toute  la  Mouche  & d’en  exa. 
miner  les  Parties  internes. 

La  Gravure  qui  répréfente  fur  cette 

• 

TABLE  XXXV. 

La  Cornée  d’un  Oeil  de  Mouche, 

a été  vue  par  Nro.  3.  dont  la  Lentille  n’a  pas  fait  diflingucr  les  PJex-go. 

n’aïant  répréfeoté  que  des  Figures  ovales  dans  des  Q^arrés  oblongs 
ou  en  Lofange,  telles  qu’en  ont  effeélivement  les  Cornées  des  Ecrevif- 
fes  dans  les  plus  hauts  Groffilfemens ; ainfi  qu’indique  Fig.  d''.  Mais 
qu’on  prenne  Nro,  o.  ou  00.  alors  les  Hexagones  fe  produifTent  très  ré- 
guliers emboîtés  dans  une  Rame  étroite.  Vous  eu  voïe's,  mon  Cher, 
fur  cette  Table  la  Grandeur  naturelle  dans  a)  & dans  b)  le  Grof/JJèmtnt  ptiï 
Nro.  3.  La  Bordure  brune  efî:  un  peu  de  la  Peau  de  la  Tête;  & ks 
jiexigones  que  j’ai  marqués  d’un  c)  reprefentent,  comme  j ai  dit,  leGr©/- 
fijjement  par  Nro  00. 


Aïant 


$0 


TAB.  XXXV.  La  Cornée  d^^un  Oeil  de  Mouche. 


Aïant  inféré  dans  la  LVl.Table  de  la  adcPartie  prefque  ta)ut  ce  qui  re- 
garde la  Cornée  & ks  Veux  des  hfeües  y Vous  trouverés  bon  que  je  Vous 
y renvoie;  en  y joignant  cet  Avis.  Ne  faites  pas  Attention  quand mê- 
ffiie  Vous  verrés  ces  Hexagones  tantôt  rélevés,  tantôt  enfoncés.  Ce 
Changement  vient  de  ce  que  c’eft  une  Cornée,  qui  ne  peut  pas  toujours 
être  mife  bien  tendue  fur  le  Verre,  & qifelle  y eft  tantôt  plus  haute 
tantôt  plus  balTe,  De  là  vient  que  Vous  voïés  de  petites  Enfonçures 
en  Forme  de  petits  Plats,  lorfqu'on  la  confidëre  par  dedans  du  Côté  de 
Ÿüvée,  Par  contre  il  paroît  de  petits  demi  Globes,  quand  elle  eft  exa- 
minée par  fa  Surface  externe. 

Au  relie  l’on  diroit,  que  la  Nature  dans  la  Produélîon  de  Qu^antité 
de  fes  Ouvrages  ait  choifi  l’Hexagone  préférablement  à d’autres  Figu- 
res de  Géométrie.  Nous  pouvons  nous  en  convaincre  par  la  fimpic 
Vue  non  feulement  en  diverfes  Efpéces  des  Criftaux,  de  Sels  & d’autre 
Minéraux,  kirtoutdans  les  Topafes,  mais  nous  levoïons  encore  à l’Ai- 
de du  Microfeope,  dans  le  Régné  des  Animaux  & des  Plantes,  & de 
leurs  Membres  & Parties.  Car  la  plupart  des  Tuïaiix  à Moiiie  ou  des 
Tiges  des  Fleurs,  des  ArbrilTeaux,  .&  même  de  bien  des  Arbres  p.  e. 
duTournefol,  du  Chardon,  de  l’Ortie,  du  Jonc,  de  la  Bardane,  du 
Blé,  du  Chervi,  de  l’Ecorce  noire,  de  l’Armoife,  du  Chanvre^  & du 
Calmiis  ; comme  auffi  la  M'oille  de  Sarment,  de  jeimes  Rameaux  d’O- 
îivier,  de  Sapin,  de  Chêne  & de  Noïer,  font  compofés  de  Cellules  ou  de 
yejfies  Hexagones. 

La  Cornée  des  Yeux  de  la  Plupart  des  Infeéles,  comme  des  Abeil- 
les, Guêpes,  Bourdons,  Frelons,  Confins,  Moucherons,  DemoifelJes 
& Hannetons,  de  même  que  les  Cellules  S:îesNids  des  Abeilles,  Bour- 
dons & Guêpes  pareillement  les  groflés  Côtes  des  Plumes  ; mais  non 
pas  ks  Tuïaux  des  Plumes  d’Oie  & d’autre  Volaille,  car  je  n’e.&tends 
parler,  que  ée  cette  grolTe  Partk  moiileufe,  à laquelle  tien  le  Duvèt; 

parti- 


TAB  XXXVI.  Une  Tête  entière  de  Mouche. 


«I 

particulièrement  le  Poil  du  Chevreil  & de  la  Chevrette*  efjt  tout  com- 
pofe  de  VailTeaux  & de  particules  Hexagones  très- diflinèles.  Je  pafle 
tant  d’autres  Objets  Tous  Silence,  tels  que  le  Coquillage  & Les  Ecailles 
de  PoifTon  &c.  Mais,  pour  Vous  faire  voir  comment  fe  préfente  la  Corne'e 
de  l’Oeil  même  d’uneMouche  enVie  par  unGroflilTemcnt  médiocre,  ec  que 
Vous  aurésfans  DoutcalTés  fouventobfervé,  je  Yousâidelfinéfur  cette 

TABLE  XXX VT 

Une  Tête  entière  de  Mouche 

Seulement  du  Côté  où  il  n’y  a que  l'Oeil  droit,  qui  parott;  afin  qifon 
puilTe  voir  la  Trompe,  & les  autres  Parties  de  cette  Tête  fi  avantageu- 
sement parée.  Ce  fut  cette  Mouche,  qui  fut  la  prémrère  MeiTagère, 
qui  vint  dans  ma  Chambre  m’annoncer  i’Aproche  du  Printems.  Elle 
bourdonna  au  tour  de  moi  jusques  à la  Nuit,  & à peine  eut-on  allumé 
la  Chandelle,  qu’elle  fê  la ifia  leurrer  par  la  Lumière  , & vint  fe  brûler 
une  de  fes  Aîles^  de  forte  qu’elle  fe  lailTa  tomber  devant  moi  fur  la  Table, 
s’oifrant,  pour  ainfi  dire,  d’elle  même  à une  Obfervation  microfeopi- 
que,  que  j’avois  fi  long-tems  fouhaitée. 

Je  prelTai  fur  le  Champ  deux  de  fes  Pies  dahî  une  de  ces  petites 
Pinces,  qu’on  nomme  Pié  de  Bich;,  & je  la  mis  ainfi  devant  leMicrofco- 
pe -en  forme  de  Compas  avec  le  Miroir  concave  d’Argent  & le  Miroir 
de  dé^ous de 'Réflexion.  Pour  la  première  Obfervation  , je  pris  Nro. 
6.  pout  pouvoir  voir  la  Mouche  entière.  J’apperqus  d’abord  une  Blan- 
cheur toute  particulière,  que  je  n’avois  encore  jamais  vu  qu’en  très  peu 
de  Mouches.  Surtout  le  Collier  & le  Perrière  de  la  Téterdtoient  tout 
blancs  & ornés  de  Taches  noires.  Mais  avant  que  de  Vous  en  dire  davan- 
tage de  cejColIier,  je  m’en  val  Vous  expliquer  cette  Table, trente  fixième. 

A)  ré- 


Vüïés  Tab.  XLIX. 
III.  Tom» 


L 


TAB.  XXXVL  Une  Tête  entière  de  Mouche. 


A.)  répréfente  la  Tête  entière  parNro.  5-,.  où 
a)  dénote  la  llace  de  la  Langue  ou  de  la  Trompe,  b)  le  Nerf,  qui  tient 
au  delFous  de  la  Lairgue,  & avec  lequel  la  Mouche  tient  un  pevi 
de  Sucre,  que  )e  lui  avois  laifTé  tomber  fur  la  Langue,  c)  montre 
la  première  Paire  de  petits  Crochets,  â)  la  Paire  d’en  Haut  plus 
greffe,  qui  font  dans  le  defTous  de  la  Gueule  k)  & qui  feinblent 
embraffer  ou  tenir  la  Langue  e)  e fl: un  ^OMrro/f^,  que  je  tiens  pour 
la  Levre  de  deffus  de  la  Bouche,  f)  & g)  font  une  Paire  de  Par* 
ties,  que  je  ne  connois  point,  & qui  fervent  peut-être  àl’Odorat. 
Sur  les  deux  Couffins  de  devant  f)  g)  qui  fe  terminent  un  peu  en 
Pointe,  font  Plantées  les  deux  Anténes,  & derrière  celles-ci  font 
encore  deux  Parties  plus  rondes,  desquelles  je  vis  fortir  un  Suc 
rouge  de  même  que  de  f)  g),  kj  Eft,  comme  je  viens  de  dire, 
le  dejfous  de  la  Bouche,  & 1)  eflun  Couffin  blanc,  bien  garni  de 
Poil,  lequel  environne  i’Oeil  m). 

B)  répréfente  la  Trompe  de  la  Mouche,  groffie  par  Nro.  4.  qui  cfl 
droit  devant  elle  & fe  préfente  retirée. 

C)  marque  là  même  5 ce  que  reffembient  fes  deux  Lchbes,  dont  celle 
de  deffus  * pend  en  bas,  & a à fon  Extrémité  le  Crochet  avec  le- 
quel elle  tient  quelque  Chofe, 

D)  fait  eonnoître  comment  eette  Langue  partagée , fe  rejoint , & 
comment  cette  Partie  pendante  fe  rétire  enhaut,  où  la  petitf,Etoik 
maroue  encore  le  Crochet,  Enfin 

4 

E)  montre  la  Trompe  entièrement  fermée,  avec  le  Crochet,  qui  eft 
d’ordinaire  fous  cette  Trompe  & qui  ne  fort,  que  lorfqu’il  s’agit  de 
prendre  ou  de  retenir  ce  qui  tombe  fur  le  deffus  de  la  Langue. 

J’ai  va  avec  Plaiffr  le  Mouvement  de  ce  Crochet,  car  à peine  avois 
je  mis,  à l’Aide  d’un  Pinceau  à Poil,  un  peu  de  Sucre  fur  la  Langue  de 
It  Mouche  prife,  qu’elle  fortit  ce  Crochet,  le  pofa  furie  Sucre,  & le 


retint 


TAB.  XXXVII.  La  Tête  emiere  de  la  Mouche  par  derrière,  &c.  Si 

rcdnt,  jufqu'â  ce  qu’il  fût  entièrement  fondu,  & fuccé  par  la  Fente  qui 
traverfe  les  deux:  Lobbes  de  la  Langue.  Mais  pendant  que  la  Mouche 
raangeoit  le  Sucre,  je  voiois  coulera  travées  les  quatre  Partieuks  en 
Forme  de  Coulfins  f)  g)  i)  tantôt  un  SucUanc^  tantôt  unroage,  plu* 
mince  qu’un  Cheveu. 

Là  delTus  Je  tournai  la  Mouche,  J’examinai  la  Tête  du  Côté  du 
Dos,  Vous  trouverés  donc  dans  cette 

TABLE  XXXVIÏ. 

La  Tête  entière  de  la  Mouche  par  derrière,  avec  leCollieL 

Une  autre  Fois  je  Vous  enverrai  la  Mouche  entière^  mais  gra- 
vée plus  en  petit.  Pour  le  Coup  Vous  Vous  contenterés  de  la  Moitié. 

Vous  voïés  dans  a)  le  Collier  blanc  avec  fes  Taches  brun  clair.  Sur 
il  Tête  b)  où  J’ai  ménagé  ie«  deux  Teux  c)  avec  leur  Bordure,  eft  la 
Trompe  au  Langue  d)  un  peu  relevée  & les  deux  Amènes  e);  pofées  fur 
les  deux  Couffins  dont  l’Ufagc  m’eft  inconnu,  mais  qui  peuvent  fc  dilater 
ou  condenfer  par  le  Moïen  de  l’Air,  comme  des  Vedîes.  Ils  étoient  ren- 
fermés dans  une  Bordure  en  Forme  de  Coeur,  compofée  de  Poil  noir, 
c)  Montre  encore  ks  deux  îîwar  avec  leur  Cofiîéc,  tilTue  en  Rézeau  & 
leur  Bordure  de  Foü.  Dans  f)  J’ai  vu  encore  trois  Verrues^  noir-lui- 
fant,  fur  chacune  defquclles  étoit  aulTi  un  Peil  noir,  roide,  droit,  poin- 
tu, Elles  formoient  un  Triangle*  Peut-être  ces  trois  Verrues  ont-elles 
été  prifes  par  certaines  Gens  pour  autant  d’Yeux. 

Mais  à quoi  bon,  que  la  Mouche  eût  encore  3*  Yeux  outre  les 
deux  ordinaires;  puifquc  chaque  Oeil  efi  compofé  depluûeurs  Mille 
autres  petits  Yeux  par  lefquels  elle  peut  voir  par  en  haut,  par  en  bas,  par 
devant,  & par  derrière  & obferver  tout  ce  dont  elle  a befoin  ? Jai  donc 
Sujet  de  douter  de  ces,  trois  Yeux  fupcrflusàla  Mouche,  & de  croire, 
qu’eüe  n’en  a pas  cinq  mais  deux  feulement,  g)  Eû  le  bas  du  Derrière 

L X de 


84 


TAB  XXXVII.  La  Tête  entière 


àt  la  7ête,  au  deffous  de  laquelle  eft  le  Cou  mince  & court  h) , pofé  fur 
la  Toitrine  entre  les  Parties  du  Collier  a).  Ce  bas  de  la  Tête,  de  même 
que  les  Parties  du  Collier  en  Forme  de  Coeur,  font  bien  garnies  de  Poil 
noir  bien  roide;  mais  le  Collier  3.)  eft  de  trois  Pièces  & orné  de  Bandes 
ou  de  Taches  brun-clair,  qui  donnent  un  fort  bel  Air  à la  Mouche, 
mais  feulement  à travèrs  le  Microfcope. 

' Cette  Obfervation  me  rappelle,  que  le  Vulgaire  croit,  qu’il  s’en- 
gendre des  Vers  dans  les  Plaies  pourries  & purulentes  des  Hommes. 
H eft  même  des  Moqueurs  qui  vont,  jufqu’à  les  regarder  comme  un  ju- 
fte  Châtiment  de  Dieu,  & l’Homme  qui  en  eft  affligé,  comme  condam- 
né à être  rongé  tout  vif  par  lés  Vers. 

L’on  nefauroit  difeonvenir,  que  les  Chirurgiens  ne  voient  des  V’ers 
ÇAcarid)  dans  les  Ulcères  purulens,  & queLcuwcnhoeck  n’en  fafte  Men- 
tion dans  fa  première  Partie  !1  ne  s’enfuit  pas  cependant,  qu’ils  naif- 
fent  de  la  Pourriture  & du  Pus  Rien  n’cftplus  certain, qu’ils  viennent  de  la 
Saleté,  de  la  Malpropreté  àpanfer  ces  Plaïes,  en  ce  qu’ou  l’on  nelave  & 
netoïe  pas  bien  rUIcére  nnême,  ouqir’on  fefert  trop  long-tcms  des  mêmes 
Linges  pour  Appareils.  Car  il  n’y  a pas  l'ndroif  où  la  Mouche  aime  mieux 
pondre  fes  çeufs=que  furlesUlcères,oùleurs  Petits, qui  nefont  que  des  Vers, 
trouvent  la  meilleure  Nourriture.  A peine  croïés  • Vous  qu’une  Mouche  fe 
füit  pofée  delTus,  qu’elle  a déjà  pondu  fes  Oeufs,  & avec  quelle  Facfité  ne 
peut-e  le  pas  les  pondre  fur  un  Valade  furtout  qui  n’a  guère  dequoi  fe  faire 
fervir  & foigner  ? j’ai  déclaré,  je  ne  fais  combien  de  Fois,  que  je  ne  faurois 
croire,  que  k Pourriture  puifle  produire  des  Créatures  vivantes  5 &:  forti- 
fié dans  cette  Créance  par  une  Infinité d’Experiences  nouvelles,  j’yper- 
fifterai  le  Pvcfte  de  mes  Jours, 

Mais  pour  revenir  à la  Mouche,  la  Fécondité  prodigieufe  d’un  !n- 
fé<ftc  fi  vil  à nos  Yeux,  mérite  quelque  Attention.  Une  Mouche  fe 
melle  porte  fouvent  plus  de  cent  Oeufs.  J’ai  même  trouvé  dans  fon 

Corps 


de  la  Mouche  par  derrière  avec  le  Coller.  gç 

Corps  des  Vers  éclos  & vivans.  Le  même  Jour,  que  les  Oeufs  étoient 
pondus,  il  en  fortoit  de  petits  VermilTeaux  jaunes,  lefquels  après  être 
parvenus  à la  Longueur  d’un  Ongle  de  Doigt  d’Homme,  & à leur  jufte 
GrolTeur  pour  la  Métamorphofe,  fe  cachoient  enfin  dans  un  Coin,  fe 
rétiroient  & alloient  toujours  en  grofifilTant,  jufqu’à  ce  qu'ils  enflent 
pris  leur  Forme  de  Chryfalide.  Leur  Coque  devient  d’abord  jaune, 
puis  rouge,  & enfin  rouge  foncé,  laquelle  Couleur  annonce  leur  pro- 
chaine Sortie;  ceci  arrive  au  Bout  de  15.  Jours. 

Suppofé  donc  que  de  143.  Oeufs  éclos  la  Moitié  foit  des  Femelles, 
dont  chacune  produife  encore  jqo.  Oeufs,  70.  Mouches  femelles  pro- 
duiront au  fécond  Mois  9800,  Mouches;  au  troifiéme,  de  4900.  Fe- 
melles 690900.  & au  fixièmeMois  cela  fera  2^53945^ 52/.  Mouches.  Ré- 
flechiflés  dont  fur  cette  Infinité  de  Mouches,  & conclues  en  à Celui  qui 
les  a créées  & le  nourrit  avec  l’Univerfalité  des  Habitans  des  Airs,  qui 
échapent  en  Partie  à la  Vûe,  pour  ne  rien  dire  des  autres  Créatures 
grandes  & petites. 

Vous  ne  fauriés  Vous  faire  d’Amufement  plus  agréable,  dans  V’’os 
Diverfions  phiuques,  que  de  faire  apparier  une  Paire  de  Mouches  fous 
Vôtre  Cloche  Oeconomique.  Désque  la  Femelle  aura  fait  fes  Oeufs; 
ôtés  en  le  Père  & la  Mère  , & tenés  de  la  Pâture  prête,  pour  les  En- 
fans  qui  vont  éclore.  La  meilleure  eft  de  la  Chair  fans  Graifle,  qui 
foit  un  peu  vieille  & qui  commence  à fe  corrompre,  11  n en  faut  que 
de  la  Grofleur  d’une  Mollette  2.  Fois  par  Jour  le  Matin  & le  Soir. 
Désqu’ils  feront  trop  gros,  pour  avoir  de  la  Place  fous  le  Verre  Oeco- 
nomique; mettes  en  aut'.nt  que  Vous  voud^és  en  laifler  vivre,  fur  une 
Feuille  de  Papier  & couvrés  les'd’une  plus  grande  Cloche  de  Verre,  qui 
ait  une  petite  Ouverture  par  en  haut.  Ainfi  Vous  pourrés  attendre 
leur  Métamorphofe,  Les  Vers  devenus  grands,  chercheront  pour  fe 
cacher  tous  les  Coins,  ou  plutôt  parcourront  tout  le  Verre,  & enfin  (ê 

tien* 


'g.'S'  TAB.XXXVH.  LaTêteentièretîelaMoucliepar  derrière &c. 

tiendront  en  Repos,  ne  mangeront  plus  & Ct  retireront  pour  devenir 
Chryfalides^  Que  fi  Vous  voulés  fuivre  la  Nattwe  Pas  à Pas,  Vous 
pourrés  ouvrir  une  Cîiryfalide  après,  l’autre.  La  Première  le  huitiènie 
Jour,  la  Seconde  k neuvième;  la  Troifième  k dixiéme;  la  Quatrième 
le  Onzième;  la  Cinquième  k douzième;  la  Sixiénae  le  treizième;  & U 
Septième  k qua-torfième  Jour,  pour  ubferver  k Changement,  qui  «’efl 
fait  chaque  ^our  dans  la  Chryfaâide.  Ce  qui  enreftera,  éclora  k if. 
ou  k i6,  Alors  obfervés  kjs  de  près.  Vous  pouvés  mettre  la  Cloche 
de  côté  jufqu’à  ce  que  les  nouveaux  ■Hôtes  veuillent  commencer  à s’en- 
voler, Ici  s’ouvre  ie  Devant  de  la  Chryfalide,  Il  en  fort  un  Ver  ï fix 
Fiés,  fans  Ailes.  lUéve  la  Tête,  remue-d'ah.ord  la  Trompeou  la  Lan- 
gue, .&  la  tire  en  avant  Puis  il  lève  un  Piè  après  Tautre,  .&  les  palTe 
par  .defTus  la  Tête  & le  Dos.  Les  Anténes  fe  dreffent  enfuite;  & enfin 
l’on  voit  remuer  au  deffous  du  Cou,  fur  le  Dos  deux  petites  Veifies 
enmpncelèes.  Ce  font  les  Ailes,  qui  reffemblent  à un  Mouchoir  chû 
fonné  dans  la  Main.  Elles  vont  en  augmentant  en  Hauteur  Zi  -en  Lar- 
geur, Prends  alors  la  Loupe,  & Vous  verrès  tous  ks  FJForts  que  fait 
la  Mouche  pour  fe  procurer  l’Ufage  de  ces  Parties  , qui  lui  font  fi  né- 
jcelfaires  & fi  précieufes.  Cependant  elle  croifo  fouvent  ksPiès  de  der- 
rière avec  ceux  de  devant,  les  frotte  les  uns  contre  les  autres,  skn 
netoïe,.&  cneft  aus  fi  affairée,  qu^e  l’eft  un  Fier  à bras  avec  fon  Epée.  £q 
attendant  ks  Ailes  fe  développent  ; la  Mouche  les  étend  l’une  après 
l’autre,  tantôt  en  derriérc,tantôteîîhaut,  tantôt  à Côté  pour  ksfécher. 
à l’Air,  Car  tout  le  Corps  eft  mouiUé  au  Sortir  de  là  Cfiryfalide.  Les 
Kerfs  font-ils  en  Etat  & les  Ailes  féches;  elle  hazar.de  fon  prémier  Vol, 
qui  cftà  peine  de  la  Hauteur  d'un  Empan;  ^ufqu’à  ce  qu'au  Bout  d’un 
Qiwrt d’Heurc  tout  le  Corps  flotc  enfin  dans  l’Air, 

Mais  Je  crois  qu’il  eû  tems  de  finir  ma  Lettre,  Portés  Vous 

bien* 


LET- 


TAB.  XXXVIIL  Une  petite  Lame  d’OrfîîT^  ' 87 

LETTRE  XVni 

Voici  de  VOrî  mars  noir  pas  pt)ur  renrplir  Vos  Gofres  de  ce  Dieu  de 
ce  Mondcy  mais  pour  une  Obfervation  miGrofeopique,  Cette  Obfcf* 
ration  m’a  coûté  de  la  Peine  ; & je  préfume  qu’elle  ne  Vous  en  coûte- 
ra pas  moins  jufqu’à  ce  que  Vous  aïés  bien  remarqué  les  Particules  de  la 
Confiftance  de  ce  riche  Méta^l.  Le  DciTein  que  j’ai  l’honneur  de  Vous 
envoïer  , auquel  je  eonfacre  cette  Lettre  & qui  Vous  répréfente 
dans  cette 

TABLE  XXXVIIt 
Une  petite  Lame  d’Or  fin 

n’a  pas  grande  Apparence;  mais  il  contient  un  Fxperiment,  qui  porte 
tant  de  Garaéléres  de  Vraiferablence  ; qu’il  femble  qu’on  en  peut  tirer 
une  Conféquence  générale  pour  tous  les  autres  Métaux. 

■^e  me  tla trois  d’abord  de  Vous  envoïer  tant  de  belles  Ghofes  fur 
îc  Capitre  des  Métaux  & des  Recherches  rakrofeopique  de  même  que 
fur  l’Or,  aulTi  fur  PArgeni,  le  Cuivre,  le  Ter,  i’Etam  & le  Plomb;  mais 
je  me  fuis  trompé  dans  une  Partie  de  mes  Efpérances,  Car  dans  les 
autres  Métaux,  je  n’ai  vû  que  ce  que  j’ai  trouvé  dans  l’Or.  Ils  fe  font 
tous  préfentés  à ma  Vue  fous  le  Microfeope , obfcurs  & oh  noirs  ou 
bruiYSt  Quel  Plaiùr  Vous  aurois-je  fait  de  Vous  envoïér  une  demi-dou- 
2aine  de  Taches  noires,  brunes  ou  pâles,  gravées  fur  une  Feuille  de 
Papier?  j’aime  donc  mieux  Vous  en  envoïer  la  Défcripfion  que  la  Gra- 
vure-, après  avoir  examiné  foigneufent  tous  les  Métaux , qui  peuvent 
être  battus. 

VOrfin^  quand  on  en  tient  une  petite  Lame  contre  le  Jour,  paroît 
Couleur  d’Aeier  ou  verd  bluâcre,  11  confifie  en  petits  Grains  de  Figu- 
re ovale,  lefquels  redembient  à de  la  Poudre  à tirer.  Comme  l’Or 

fin 


n 


TAB.  XXXVIIÏ.  Une  petite  Lame  d’Or  fin. 

fin  s’étend  èc  fe  peut  battre  le  plus  mince;  Ces  Grains  ie  font  plus  di- 
fiiinélement  remarquer  dans  l’Or,  que  dans  quelque  Métal  que  ce  foit; 
quoi  qu’il  y faut  emploïer  le  Nro.  op  qui  efl:  le  plus  hautG/olfilTement. 

U/îrgefity  qui  ne  fc  bat  pas  fi  mince,  ne  préfente  pas  non  plus  fes 
Parties  de  Confiftance  aulli  clairement  que  l’Or.  Cependant  U eft  cer- 
tain, qu’on  peut  à la  fin  aufii  obferver  & remarquer  dans  l’Argent  les 
mêmes  Grains  que  dans  l’Or,  pourvu  qu’on  veuille  fe  donner  les  Peines 
nécefl'aires,  pour  les  chercher. 

Les  Moïens  de  les  trouver,  font  les  fuivans  : II  faut  d’abord,  ainfi 
que  je  l’ai  infinué  fe  fervir  4u  Nro.  oo.  Puis  il  faut  l’examiner  fur  les 
Bords,  ou  là  où  il  efl  le  plus  mince  & le  plus  tranfparent,  principale- 
ment, où  il  a des  Trous  c)u  de  Fentes  ; par  ce  que  ces  Grains  fe  font  le 
mieux  connoître  :yers  la  Périphérie.  Enfuite  il  faut  choifîr  un  Jour 
bien  clair,  ou  faire  ,cette  Obferyation  à ,1a  Clarté  .d’tme  Couple  de 
Bougies. 

De  forte  qu’après  bien  des  Obrervations  reïterées  de  même  que  fur 
le  Cuivre,  ie  Plomb  & l’Etain,  j’ai  .trouvé,  expérimenté  & admis  cornme 
une  Vérité  phifique,  c[ue  les  A^etaux y du  moins  ceux  que  tes  Orfèvres  peu- 
vent battre  ^ étendre,  confifient  en  des  Particules  très  petites,  ^feulement  perce- 
ptibles à l’aide  du  Microfeope  dans  fon  plus  haut  Point',  lefquelles  rejjèmblent  à la 
Poudre  à tirer,  Fÿ  qui  tiennent  extrêmement  fort  en  femble. 

Je  n’ki  pû  examiner  ni  l’Acier  nile  Fèrr;  n’aïant  pii  trouver  le  Moïen 
d’avoir  des  .Lames  de  ces  Métaux,  qui  fulTent  nufii  minces  que  des  La- 
mes d’Or  ou  d’Argent.  Mais  par  l’Analogie,  l’on  en  peut  vraifcmbla- 
blement  croire,  ce  que  j’en  ai  conclu  & dit  touchant  l’Or,  l’Argent,  le 
Cuivre  & l'Etain.  Les  Ouvriers  qui  travaillent  en  Fèr  & en  Acier,  ont 
coutume  de  dire  quand  le  Métal  bon,  que  le  iJraîn  ei:  eft  fin.  Et  lorf- 
qu’on  examine  une  Particule, de  Fér  ou  d’Acier  fous  le  Microfeope  com- 
pofé  ou  fous  le  Microfeope  en  Forme  de  Compas,  par  le  Moïen  du  Mi- 
roir concave  d’Argent,  l’on  peut  voir,  banque  pas  fi  diflinélement  que 

dans 


TAB.XXXÎX.  Deux  Bouts  de  Fils  d'or. 


^9 


dans  l’Or  & l’Argent,  qu’il  eft  compofé  de  petites  Boules  rondes.  Mais 
il  faut  pour  cela  tâcher  d’avoir  du  Fér  bien  fondu  & bien  pur,  ou  en- 
core mieux  du  Fèr  battu,  qui  n’aît  aucune  Particule  terreftre; 
autrement  l’on  peut  prendre  le  Change  & regarder  des  Particules  de 
Terre,  ou  des  Grains  de  Sable,  pour  des  Grains  de  Fèr.  Car  tout  le 
Monde  fait,  que  le  Fèr  porte  Quantité  de  Particules  de  Terre  & de 
Soûifrc,  ce  qui  fe  vérifie  par  ces  Etincelles  qui  en  tombent  comme  des 
Ecailles,  lorfqu’on  bat  le  Fèr  tandis  qu’il  eft  rouge.  La  petite  Lame  d’Or 
que  j’examine  dans  cette  Table  38.  eft  marquée  de  Grandeur  naturel- 
le a)  &groflkb).  Les  Taches  blanches  îoM.  ks  Trous  qu'on  a fait  en  bat- 
tant; pour  les  Veines  noir-bluâtres , je  les  tiens  pour  les  Plis  & ks  Ri- 
des, lefquelles  dans  k Travail  fe  font  pliflées  & poféesies  unes  fus  les 
autres.  Les  Parties  de  Confiftance  ou  ks  Globules  de  l’Or  qui  corapo- 
fent  ce  précieux  Métal,  de  même  que  l’Argent,  ie  Cuivre  &c.  fe  voient 
non  feulement  tout  à l’Entour  & au  Bord  des  Trous;  mais  encore  Vous 
tfouverés  dans  c)  une  Particule,  qui  eft  toute  compofée  de  ces  Grains. 

Enfin  je  pris  aufli  en  Main  un  Bout  de  Fil  d’Or,  que  je  coupai  en 
deux  Parties  égales,  & j«  l’examinai  par  Nro^  3.  oiais  les  Fils  de  Soïe 
par  Nro,  L Je  Vous  donne  fur  cette 

TABLE  XXXrX.! 

Deux  Bouts  de  Fil  d’Or 

de  la  Façon  que  j’en  ai  trouvé  dans  le  Microfeope  ks  particules,  dont 
^)  préfente  la  Grandeur  naturelle^  Obfervation  quife  faitkplus  fûre- 
ment  fous  k Microfeope  compofé,  en  y affermifTant  k Miroir  d’Argent^ 
qui  éclaire  par  le  haut. 

D’abord  je  m’apperçus  que  k Bout  de  Soie  b)  autrement  fi  fin , fe 
préfentoit  comme  une  Ficelle  ou  une  Corde  tordue,  environnée  d’une 
Lame  d'Or  c)  & qu’il  étoit  compofé  de  Quantité  d’autres  Fils  d).  Mais 
lll.  Tom,  M ces 


5)0 


TAB.  XXXIX.  Deux  Bouts  de  Fil  d’Or. 


CCS  Fils  d)  ne  font  que  les  Filets  fimples,  que  file  le  Ver  à Soïe,  & qui 
tordus  enfemble  par  les  Mains  des  Fileufes,  deviennent  ce  que  nous  ap- 
pelions Fil  de  Soïe,  La  Lame  d’Or  dont  cette  Echevette  eft  entourée, 
& qui  relTemblc  à une  jPlaque  d’Or  battu,  n’eft  point  d’Or  pur  ; 
mais  feulement  d’ Argent  couvert  d’Or,  comme  Vous  fave's.  Mais  il 
n’entre  point  dans  cet  Ouvrage  de  i’Or  battu  aufii  fin,  que  celui  de  la 
Lame,  que  j’ai  répréfentee  Table  38.  Car  le  Batteur  d’Or  n’a  Befoin 
que  de  faire  4.  Lames  d’un  Ducat,  pour  d’orer  l’Argent,  & 14.  d’une 
demi-Once  d’Argent,  pour  argenter  le  Cuivre,  au  Lieu  qu’autrerr.ent 
on  en  bat  plus  de  trois  cens  d’un  Ducat.  De  cet  Or  l’on  garnit  par 
un  Secret  particulier  une  Barre  d’Argent  de  l’Epailfeur  de  plus  d un  Pou- 
ce* Et  bien  que  dans  la  Suite  l’on  en  fade  un  Fil  aufli  mince  qu’un 
Cheveu,  à Force  de  le  tirer  par  divers  Trous  l’un  toujours  plus  étroit 
que  l’autre  3 i’Or  demeure  toujours  fur  le  Fil,  comme  l’Argent  fur  le 
Cuivre. 

Qi^e  s’il  s’agit  de  dorer  ou  d’argenter  du  Cuivre,  cela  s’appelle 
faire  de  l'Ouvrage  de  L^o«:  félonies  Apparences,  pareeque  cet  Art  a été 
inventé  à Lyon  & porté  à Nuremberg  par  quelque  Réfugié,  Si  c’efi 
du  Cuivre,  qu’il  faille  dorer,  il  en  faut  argenter  la  Barre  &puis  mettre 
rOr  fur  r.Argenture,  avant  que  de  le  livrer  aux  Tireurs  d’Or  & d’Ar- 
gent à la  Lyonnoife. 

Je  remarque  tout  ceci  pour  Vous  faire  voir  jufqu’oti  Peut  aller 
i’Eîafticité  &.Ia  SouplelTe  de  l’Or.  Car  il  fe  peut  étendre,  jufqu’àpou- 
voir  battre  d’un  Ducat  plus  de  300.  Lames,  que  l’on  peut  tirer  plu- 
fieurs  Centaines  d’Aunes,  de  Sorte  qu’on  en  peut  garnir  & dorer  une 
Surface  de  15*  Pics  de  Long  ou  un  Quarré  de  cinq  Piés. 

Mais,  Mon  Cher,,  pour  Vous  donner  encore  ici  quelque 
Chofe  du  Regnedes  Plantes  & de»  Végétaux,  je  Vous  préfente  fur  la 


TA- 


TAB  XL.  Un  Morceau  de  Sapin  blanc  coupé  perpendiculairement.  9 1 

TABLE  XL. 

Un  Morceau  de  Sapin  bl  me  coupé  perpendiculairement. 

Mais  avant  que  de  Vous  communiquer  cette  Obfcrvation,  il  faut 
que  je  Vous  dife,  ce  qui  m’eft  arrivé  à fon  Occafion.  Il  y a environ 
trois  Ans,  que  l’on  m’envoïa  ce  Coupe^ubien  enfermé  dans  deux  Plateaux 
de  Verre,  & qu’on  me  dit  que  c’étoit  du  7remble  de  Hongrie.  A peine 
eus-je  jetté  les  Yeux  fur  cet  Objet,  que  je  me  misa  douter,  & que  je 
le  montrai  dans  la  Suite  à un  Ami  quim’avoit  procuré  bien  des  Sortes  de 
Lapis  fpecalarU^  de  Selenites  & d’autres  Fociles  àFilamens;  mais  comme 
aucun  ne  reflembloit  à moirObjct,  je  le  delîinai  à la  Vérité,  mais  puis 
je  le  lailTai  là. 

Il  y a quelques  Semaines  qu’étant  obligé  de  feuilleter  les  Oeuvres 
incomparables  de  Malpichius,  j’apperçus  à cette  Occalion  & par  Hazard 
dans  fon  Anatomie  des  Plantes  fur  la  VI.  Eflampe,  la  Figure  25.  qui  avoir 
beaucoup  de  Rapport  avec  mon  DeiTein  de  ci-defius.  Je  Je  cherchai 
fur  le  Champ  & vis  que  la  Gravure  de  Malpichius  lui  relTembloit  beaffl- 
coup.  Et  comme  en  continuant  de  lire , je  vis  qu’il  parloit  du  Bois  de 
Sapin;  je  me  rappellai  avoir  vû  quelque  Chofe  de  tel  dans  Leuwen- 
hoeck,  tiuoique  de  toute  une  autre  Façon,  Je  confultai  auffi  cct  Au- 
teur; mais  fy  trouvai  un  Deffein  tout  dilTembiable,  & qui  n'y  avait  pas 
le  moindre  Rapport, 

Que  faire?  11  ne  me  refloit  naturellement  d’autre  RelTource  , que 
de  mettre  moi-même  la  Main  à rOeuvre,  Je  découpai  bien  vingt  à 
Trente  Coupeaux,  avant  que  d’en  avoir  un  alTés  mince,  pour  en  faire 
l’Ufage  que  je  fouhaitois,  Malpichius  avoit  vû  & dclHné  jufte,  & il 
faut  qu’il  fe  foit  fervir  de  Nro,  o.  à moins  qu’il  n’aît  trop  grolfi  fon 
Delfein. 

Mais  pourquoi  eR  ce  que  Leuwenhoeck  a vu  autrement  ? Ne  le 
condamnés  pas  encore.  J’ai  trouvé  Moïen  de  le  juftifier.  il  avoit  del^ 

M 2 fine 


pi  TAB.  XL.  Un  Morceau  de  Sapin  blanc  coupe  perpendiculairement. 

fine  un  Coupeau  pris  de  travèrs  ou  horizontalement^  mais  Malpichius 
avoir  pris  & delTiné  le  Sien  en  Ligne  perpendiculaire. 

Mais  pour  venir  à la  Défcription  de  cette  quatrième  Table; 

a)  marque  la  Grandeur  naturelle  du  Coupeau; 

b)  fon  GroflilTement  par  Nro.  4.  du  Verre  anglois.  L’on  y voit  divers 
f'aijjeâux^  c’eft  à dire 

c)  ceux  qui  palTant  horizontalement,  entrelacent  les  perpendiculai- 
res, appelle's  Utriculiy  par  Malpighius,  & remplis  de  Globules  de 

Seve  ; 

d)  les  Perpendiculaires,  qui  font  de  deux  Sortes,  favoir  les  Trachées 
& les  Fiftules  ou  Tuïaux  à Sève,  qu’j  on  prétend  être  les  véritables 
Parties  du  Bois.  Les  Trachées  font  en  dedans  des  Globules,  qui 
refîemblent  à des  Ampoules  d’Air,  que  Malpighius  nomme  Tumeurs; 
mais  les  Fiftules  font  au  deffus  & au  delTous  des  Trachées,  Pour 
rendre  cela  plus  fenfible,  j’ai  defîîné  un  ou  deux  de  ces  VailTeaux 
par  Nro,  00, 

h)  font  les  Trachées  avec  leurs  VailTeaux  en  Ampoules  i) 

k)  font  les  Fifiules  ou  Tuïaux  à Sève  ou  de  Bois,  qui  prelTent  par  def- 
fus & delTous  les  Trachées,  & forment  les  Angles  m); 

l)  eft  une  de  ces  Trachées  fans  Ampoule  ^ pour  Vous  bien  mettre  de- 
vant les  Yeux  combien  elle  eft  mince  & tranfparente.  Malpighius 
en  dit  : Hat  argenteis  lamînulis  contextae  a lateribus  fubrotundos  emittunt 
tumores^  Je  fuis  ravi  que  ce  Savant  ait  lui- même  fait  Mention  de 
cet  Eclat  argentin,  que  j’ai  remarqué  dans  ce  Bois  avec  tant  de 
Surprife, 

ai)  dénote  les  Angles^  que  Malpighius  a auftî  remarqués  au  Jufte,  & 
qui  font  formés  par  les  Fiftules  k).  Pour 

St)  ce  font  les  grandes  Ouvertures,  qu’on  voit  ça  & là  dans  les  Tra- 
chées & qui  peuvent  bien  être  des  Pores; 


o)  font 


Réponfe  ’à  qûelques  Objections.  5^ 

o)  font  une  Couple  de  raijjèaux,  Tuïaux,  ou  ütricules  qui  palfent  Orf- 
zontalement*,  qu’on  a marqués  c)  dans  la  Figure  b;  & qui  con- 
tiennent une  Infinité  de  Globules; 

p)  cfl:  une  Figure,  que  j’ai  ajoutée,  pour  Vous  faire  comprendre 
comme  je  m’y  prends  pour  avoir  un  Coupeau  en  Ligne  perpendiculaire^ 
Gar  je  ne  le  coupe  pas  de  la  Surface  rabbotteufe  d’une  Bûche;  mais 
je  le  prends  dé  Tes  Angles  le  plus  aigus,  après  en  avoir  coupe 
une  Pièce  groflière,  laquelle  je  rejette,  pour  en  avoir  enfuite  une 
plus  fine.  Le  préfent  Morceau  de  Bois  étoit  traverfé  par  le  Milieu, 
d’unTuîau  à Moille,  que  je  fortis  Sc  duquel,  aufli  bien  que  du 
Sillon  où  il  étoit  renfermé,  qui  était  très  uni  & d’une  Peau  très 
tendre,  je  tirai  les  Morceaux  les  plus  fins , des  Endroits  marques 
ici  par  des  Etoiles.  Malpighius  tient  ce  Bois  pour  le  plus  difficile 
à obfcrver.  Pag.  27.  Loc.  cit,  Oè  fuarum  particularum  exiguitatem  ^ 
luciditatem  Ahietis  ^ Cuprejfus  ligntm  difflciüimae  eft  indagms  Ç^c.  Au 
prémier  Jour  Vous  aurés  un  Morceau  de  ce  Bois  coupé  en  Tra- 
vers, * lequel  Vous  accommodera  peut  être  mieux.  Je  fuis  &c, 

LETTRE  XIX. 

qui  eft  une  Re'ponfe  à quelques  Objedionr. 

Je  Vous  fuis  infiniment  obligé,  de  m’avoir  communiqué  dans  Vôtre 
dernière  les  Objeélions  qu’a  fait  Vôtre  Ami  fur  mesPenfées  fugitives  de 
l’Immortalité  de  l’Ame,  lefquelles  cependant  n’entrent' que  caufuelle- 
mens  dans  mon  Sujet. 

Je  m’en  vai  l’expedier  en  peu  de  Mots,  fans  m’engager  à répondre 
à l’Avenir  à de  pareilles  Objeélions. 

La  Prémiére  qui  eft,  qu’on  ne  peut  point  prendre  de^ la  Alétamorpbofe 
des  InfeBes  pour  une  Preuve  de  la  RelureUion;  pareeque  la  benille  ne  meurt  point 
fendant  ce  Changement,  cû  auffiufée  quefuperflue.  Swammerdamenadit  au- 

M 5 tant 


• Voies  Tab.  XLIII. 


^4  Réponfe 

tant  dans  fa  Bible  de  la  Nature;  & je  n’ai  pas  pre'tendu  Vous  obliger 
à recevoir  cette  Opinion  comme  une  Preuve  fans  Réplique.  Autant  que 
ceia  eR  vrai,  autant  l’eft-il  que  cette  Métamorphofe  admirable  fert  de 
Preuve  de  i’infuüifance  de  nôtre  Entendement,  quand  il  s’agit  d’expli. 
quer,  comment  il  arrive,  qu’il  y ait  déjà  dans  la  Chenille  les  Parties, 
qui  doivent  entrer  dans  la  Formation  future  du  Papillon  ; com- 
ment ces  Parties  ne  naiflent  fous  la  Peau  de  la  Chenille,  que  lorfqu’ 
elle  eft  mûre  pour  la  Métamorphofe;  & de  quelle  façon  la  nouvelle 
Créature  fe  forme  ou  le  développe  dans  la  Chryfalide. 

Mais  ce  n’eû:  pas  dans  la  Nature  le  feul  Objet,  qq^^^oppofe  à nos 
ConnoifTancc  fon  non  plus  ultra,  11  y en  a Quantité  d'autres,  qui  m’ont 
fait  conclure  , quj  diant  .tant  de  Cèofes  natuuües  y qui  demeurent  cachées  à 
rEfprit  ^ à la  Raifan^  ^ que  ni  l’un  mtautre  ne  fauroit  comprendre^  iifalloit 
qu’il  leur  fut  encore  bien  plus  obfcar  ^ p’us  di^cüe  de  pénétrer  k Miftère  ou  mê- 
me la  Pojrihiliti  de  la  RefarreBim  ou  de  t Immortalité, 

Auffi  peu  donc,  que  celui-là  raifonne  jufte,  qui  nie  le  Mouvement 
delà  Terre;  par  ce  qu’il  ne  peut  ni  le  voir  ni  le  fentir;  auffi  foiblement 
& avec  moins  de  lufteffie  agiffient,  félon  moi,  ceux  qui  nient  abfoiument 
l’Immortalité  de  fAme  humaiae  ou  fa  future  Recomparution,  faute  de 
la  pouvoir  comprendre. 

’Pitoïable  .Raifonnement!  Telle  & telle  Ch ofe  eR tellement  audeffiis 
de  nu  Poïfée,  que  je  n’y  comprends  rien;  donc  elle  n’c fl  ni  vraie  ni 
poffible.* 

La  Sageffe  éternelle  ne  peut  elle  pas  s^étre  refervé  des  Voies  & des 
Moïens,  qui  doivent  nous  demeurer  inconnus  ? Ou  le  Créateur  cfl-il 
obligé  & tenu  de  nous  communiquer  fa  Toute. SageiTe  ? Sommes-nous 
les  plus  parfaits  Ouvrages  de  fes  Mains  ? & ne  favons-nous  pas 

par  la  Dodrine  des  Efprits,  qu’il  a créé  des  Etres  de  beaucoup  plus 
purs,  qui  défirent  pouvoir  jetter  un  feul  Coup  d’Geîl  dans  le  Miflère  de 
rEternité? 


Cet 


à quelques.  Objeftïons.  ■ 95* 

C’eft  un  grand  Orgueil  à une  Intelligence  G bornée,  que  de  vouloir 
s’ériger  en  MiniAre  intime  dans  le  Confcil  du  Créateur,  au  Lieu  de  lui 
rendre  les  plus  humbles  Hommages  des  ConnoilTances,  qu’il  a bien  vou- 
lu lui  départir  & qu’il  lui  a deftinées,  de  toute  Eternité,  fuivantfes  fages 
Vues. 

Cependant  Swammerdara  ne  regarde  pas  cette  Métamorphore  na- 
turelle aulîi  légèrement,  que  fe  le  figure  Vôtre  Ami.  Vous  n’avés  qu’à 
lire  fes  propres  Termes  à la  Fin  de  §»  Vi.  pag.  9.  où  il  s’exprime  ainfi 
loc*  cit, 

„ Cependant  cela  fe  fait  d’une  Manière  fi  admirable  , que  Fon 
„ feroit  tenté  de  croire,  qu’un  nouvel  Animal  feroit  né  & provenu 
■ „ de  l’Ancien. 

Et  Page  azS.  A va  encore  plus  loin  : 

„ Que  fi  l’on  veut  appliquer  cette  admirable  Vifeiffitude  de  Di- 
„ fette  & d’Abbndance;  d’une  Vie  baffe  àune  gloricufe;  d’unepéni- 
„ ble  à une  heureufe,  à la  Mort  & à la  Relureélion  de  l’Homme; 
„ cette  Hifioire,  outre  qu’elle  eft  merveilleufe , pourra  s’appliquer 
,,  très  utilement  à glorifier  Je  Créateur. 

,,  Ici  l’on  verra  une  Créature  mifèrable  perdre  fucceffivement  tout 

,,  le  Mouvement  de  fes  Membres,  & pour  ainfi  dire,  s’approcher  de 
„ la  Mort  & du  Sépulcre;  & dans  cet  Etat  tous  fes  Membres  par- 
„ venir  à une  bien  plus  grande  Perfeélion,  & reffulfiter  beaucoup 

plus  beaux  d’entre  les  Morts, 

Q^’eft  ce  à dire?  Ne  font  ce  pas  les  mêmes  Penfées  que  je  Vous 
ai  communiquées? 

Je  ne  fuis  pas  fi  neuf  dans  l’Hifloirc  des  Infeéles,  que  je  ne  fâche 
où  il  faut  chercher  même  dans  la  Chenille,  les  Parties  du  Papillon.  Je 
veux  même  fuppofer,  que  la  Chenille  depuis  le  prémier  Inüant  de  fa 
Métamorphofe,  jufqu’à  la  Naiffance  du  Papillon,  a confervé  fa  Vie  ; ce 
que  jufqu’ici  Perfonne  n’a  pû  formellement  foutenir  ni  nier,  fondé  en 

Expe- 


^6 


RépOîîfe 

Expérience.  Q.u^en Revanche,  l’on  me  rende  la  Juflice  de  convenir, 
,qu’il  fe  préfente  bien  des  Merverlles  à eonfidérer  dans  cette  Métaraor- 
phofc.  Car  quand  même  certaines  Parties  du  Papillon  telles,  que  les 
Pies,  quelque  Chofè  de  la  Tête  & la  Poitrine  font  déjà  dans  la  Chenil- 
le; les  nouveaux  Yeux,  les  Antènes,  la  Trompe,  les  4.  Ailes,  le  Plu- 
mage magnifique  & fi  varié  des  Aîles  & de  tout  le  Corps  du  Papillon, 
même  le  Changement  arrivé  aux  Piés , comme  aulfi  l’Ovaire  & les  Par- 
ties génitales  ne  lailTeront  pas  d’être  des  Membres  nouveaux  & propres 
au  Papillon,  De  plus,  les  Parties  folides  de  la  Chenille  fe  fondent  Si 
deviennent  dans  la  Chryfalide  une  Efpèce  de  Lait,  moitié  épais,  moitié 
fluide,  ou  plutôt  une  Efpécc  de  P^te  comme  de  la  Gélée,  qu’on  peut  ap- 
percevoir  par  la  fimpleVûe,  en  ouvrant  feulement  la  Chryfalide  autrpi- 
fième,  quatrième  ou  cinquième  Jour.  Cette  Liqueur  fc  rechange  peu 
à peu, dans  les  nouvelles  Parties  folides,  que  nous  venons  de  nommer> 
& même  fuivant  les  Obfervations  les  plus  modernes  de  Mr.  Lyonnet, 
les  Parties  internes  du  Papillon,  i’Eftomac  & les  Boïaux,  prennent  une 
nouvelle  Forme,  En  un  Mot  le  Papillon  , furtout  le  Papillon  de  Nuit, 
n’a  aucune  Partie  qui  tienne  de  la  Chenille,  & il  ferable  plutôt,  quec’eft 
une  Créature  toute  nouvelle,  qui  fort  de  la  Chryfalide. 

Un  bon  Efprit,  pour roitd^l^trou ver  à redire,  que  je  tire  de  tout 
cela  des  Idées  agréables  touchant  mon  Etat  avenir?  Fut-ce  même  une 
Erreur,  elle  me  fait  autant  de  Plaifir,  qu’en  faifoit  à ce  RomaînPImage 
qu’il  fe  formoit  de  fon  Immortalité.  Mais  je  finis  & Vous  promets, 
auflî-tôt  qu’il  fe  pourra,  de  renouveller  une  Obfervation,  que  j’ai  faite 
il  y a trois  Ans  d’après  Swammerdam,  & de  Vous  envoïer  une  Chenille 
& une  Chryfalide  ainfi  ouvertes,  pour  Vous.faire  voir  clairement  fous  la 
Peau  de  la  Prémière  déjà  des  Traces  des  Aîles,  des  Antènes,  & de  là 
Fourchette,  & fous  la  Coque  de  la  Nymphe  ou  de  la  Chryfalide  les  autres 
Parties,  les  Antènes,  la  Trompe,  les  Piés  nouveaux,  les  Aîles  &c.  Vous 
eûtes  deraîèrement  de  moi,  une  Chenille  d’Efule  ; mais  il  me  fut  im- 

pofiible 


à quelques  Objeûîons.  ^7 

poflîble  de  voir  & de  deflîner  parfaitement  toutes  ces  Parties  par  de- 
hors, fur  fa  Peau  qui  efl  aifés  dure.  Mais  à la  première  Occafion  Vous 
Paurés  d’une  Façon  plus  eomplette^ 

J’efpêre  donc  avoir  alTés  réfuté  cette  première  Objeèlioru 
La  fécondé  fera  encore  plus  facile  à mettre  dans  toute  fa  Nonva» 
leur.  Celui  qui  a voulu  me  charger  de  cette  Aceufation,  n’a  qu^à  re- 
lire mes  Paroles;  qu’il  a fans  doute  oraifes  par  Prévention,  & il  fera 
clairement  convaincu,  que  j’ai  accordé  à la  Railbn  tous  les  Avantages 
qu'elle  a fur  la  Foi  du  Cbarbomier,  & que  j’ai  trouvé  celui-là  hûreux,  qui 
éprouve  toutes  Chofes , .&  retient  ce  qui  eft  bon.  Je  fais  fort  bien. 
Dieu  merci,  les  grandes  Obligations,  qu’ont  & l’Antiquité  & les  Ages 
modernes  à ces  Grands  Hommes,  que  Seneque  appelle!  P'iri  alti  [pmius* 
Gens  d’un  Efprit  foblime  & éclairé^ 

L’Antiquité  peut  fe  vanter  d’avoir  eu  de  Grands  Hommes,  des  Ar- 
chimedes,  des  Archites,  des  Euclides,  des  Plincs  & bien  d’autres^  nous 
avons  auflinos  Bacons,  Décartes,  Ncutons,  Leibniz,  Wolf,  & incom- 
parablement plus  qu’elle,  dont  les  Découvertes  font  trop  importantes, 
pour  n’être  pas  révérées  comme  des  Emanations  de  Grands  Efprits, 
des  Enfans  de  l'Entendement  & des  Produéiions  de  la  Raifon. 

Nous  parcourons  à l’Aide  de  l’Entendement  & des  lnfi:ru«^ions  dé 
ces  Hommes  célébrés,  les  Abimes  inépuilàbles  de  l’elFraïante  Mér  avec 
autant  de  Sûreté  & d’intrepidité  , que  nous  parcourons  lia  Terre  fer- 
me. Nous  méfurons  les  Cieux  & les  Mërs;  cous  comptons  les  Etoiles 
& nous  fondons  les  Fondemens  les  plus  profonds  de  la  Terre,  Par  la 
Force  de  nôtre  Entendement  & les  Facultés  de  nôtre  Raifon,  nous  fa- 
vons  fixer,  décrire  &enfeigner  aux  autres  la  Nature  de  l’Air,  des  Vents, 
du  Feu,  de  tous  les  Elemens  & Météores,  avec  cent  autres  Arts  & 
Sciences.  L’on  nous  prédit  plus  d’un  Siècle  d’avance  les  Changemens, 
qui  fe  feront  au  Firmament,  le  Retour  de  certaines  Comètes,  & les 
III.  Tom^  N EcH- 


58 


Reponfe 


Edipres  de  Soleil  & de  Lune  qui  arriveront;  & ces  Prédirions  pref- 
que  magiques  rencontrent  à Point  nommé,  Y a t-il  bien  encore  une 
Herbe,  une  Plante,  une  Fleur,  un  ArbrilTeau  ou  un  Arbre,  un  Aninial 
ou  un  Infede,  qui  foit  à l’Abri  des  Recherches , des  Découvèrtes  & 
de  la  Diffedion  du  Naturalise  zélé?  L’Entendement  peu  fatisfait  de 
ce  que  fa  fimple  Vûe  lui  préfentoit,  s’eft  fait  des  Yeux  plus  perçans 
par  le  Moïen  du  Microfeope  & a découvert  des  Mondes  nouveaux, 
Qcielie  Félicité,  que  ces  Dons  céleSes,  la  Raifon  & l’Entendement!  Ce 
font  comme  des  Emanations  de  la  Sageife  éternelle,  qui  nous  diSin- 
guent  eiTenciellemcnt  d’avec  les  Créatures  dépourvues  de  Raifon.  Et 
qui  eS  ce  qui  en  voudroit  douter  ? 

Toutefois  quelque  grands  que  foient  ces  Dons,  ils  ont  leurs  Bor- 
nes & leur  Auteur  incomprehenfibie,  ne  leur  a accordé  qu’une  certaine 
Méfure  de  Grandeur.  L’Tîomme  eS  encore  à naître,  qui  ait  une  Con- 
noilïance  univerfelle  des  Chofes  naturelles,  & la  Plupart  a enfin  été  ob- 
ligé d’avouer,  qu’ils  en  laifToient  après  eux  une  Infinité  qu’ils  n’avoient 
pû  concevoir. 

L’on  n’a  qu’à  voir  le  Régitre  des  Arts  & des  Sciences,  qui  fe  font 
perdues,  & qui  d’abord  avoient  été,  dumoins  en  Partie,  trouvées  par 
un  hûreux  Hazard;  & l’on  avouera,  qu’il-y  a de  la  Honte,  à ne  pou- 
voir pas  même  nous  remettre  dans  rEfprit  ou  dans  la  Mémoire  ce  qtf 
on  a perdu  ou  oublié. 

Et  combien  y a-t-il  encore  de  Chofes  dans  le  fieul  Régné  de  la  Na- 
ture, qui  font  ou  encore  cachées  ou  impénétrables? 

Je  ne  veux  pas  meme  faire  Mention  des  ConîradiiTrions,  dans  lef- 
quelles  tombent  ces  prétendus  Grands  Efprics  les  uns  envers  les  autres; 
rien  n’étant  plus  connu,  qu’il  y,  a tant  de  Siftèmes  qui,  s’ils  font  approu- 
vés de  Cent,  font  contredits,  de  Mille. 


Pour 


93 


à quelques  Obje8:ions. 

Pour  n’en  donner  qu’un  feul  Exemple:  Le  '^îftèmede  la  Nature  du 
grand  Linnaeus  ^ le  Pline  de  nôtre  Siècle,  effc  entre  les  Main  de  la  plu- 
part, fi  non  de  tous  les  bons  Naturaliftes,  & fort  au  delTus  de  tous  nos 
Eloges.  11  ne  lailTe  pas  pourtant  d’y  avoir  des  Savans,  & furtoiit  en 
France,  qui  ne  font  pas  contens  de  tel  ou  tel  Ordre  de  fes  ClalTcs. 
Principalement,  ils  ne  peuvent  digérer,  qu’il  mette  à la  Tête  des  Bê- 
tes & des  Brutes,  l'Homme,  cet  Homme  ü fage,  û prudent,  fi  raifon- 
nable,  fi  puilTant,  & qu’il  ne  veuille  regarder  ni  fes  Mains,  ni  fa  Parole 
encore  moins  fon  Entendement,  comme  des  Marques  qui  l’en  diftin- 
guent.  L’Auteur  des  Penfées  fur  f Interprétation  de  la  Nature,  après  avoir 
bien  déclamé  contre  les  Mèthodifles  & les  Faifeurs  de  Siftème,  s’expri- 
me ainfi  pag 

§.  48. 

Aufii  tôt  qu’un  methodifte  a mis  dans  Ibn  Syfteme  l’homme  à 
la  tête  des  quatrupedes,  ii  ne  l’apperçoit  plus  dans  la  Nature,  que 
comme  un  animal  a quatre  piedts.  C’eft-envain , que  la  raifon 
lublime,  dont  il  eft  doué,  fe  recrie  contre  la  dénomination  d'animal, 
& que  fon  organifation  contredit  celle  de  quatrupeds,  c’efi;  envain, 
que  la  Nature  a tourné  fes  regardts  vers  le  Ciel;  la  prévention  ly- 
ftematique  lui  courbe  le  corps  vers  la  terre,  La  raifon  n’efi,  fui- 
vant  elle,  qu’un  infiinél  plus  parfait;  elle  croit  ferieufement,  que 
ce  n’effc  que  par  defaut  d’habitude,  que  l’homme  perd  l’ufage  de 
fes  jambes,  quand  il  f’  avife  de  trans-former  fes  mains  en  deux 
piedts. 

§-  49* 

Mais  c’efl  une  chofe  trop  finguliere,  que  la  dialeélique  de  quel- 
ques methodiftes,  pour  n’en  pas  donner  un  echantillcMi.  L’homme 
dit  Linnæus,  ÇFauna  Suecia,pref:')  n’efl;  ni  une  pierre,  ni  une  plante; 
c’efi  donc  un  animal.  Il  n’a  pas  un  feul  pied,  ce  n’efi  donc  pas 

N 2 


un 


JO© 


Reponfe 

un  ver.  Ce  n’efl  pas  un  rnfeéte,  puis  qu'il  n’a  point  d’antennes* 
11  n’a  point  de  nag.coireSj’ce  n’efl:  donc  pas  un  poilTon.  Ce  n’eft  pas 
un  oifeau  , puirqu^^il  n’a  point  de  plumes.  Qu^cft-cc  donc  que 
l’homme?  il  a la  bouche  du  quatrupede  ; il  a quatre  pieds  j les 
deux  de  devant  lui  fervent  a l’attouGhement,  les  deux  de  derriè- 
re au  marcher.  C’eftdoncun  quadrupède.  Ileftvrai,  continue  le  me- 
îhoifle, qu’en  confequençe  demes  principes  d’Hifloire  natuielle,je n’ 
ai  jamais  feu  diflinguer  l’homme  du  finge;  car  il’y  a certains  finges, 
qui  ont  moins  de  poils  que  certains  hommes;  ces  finges  marchent 
fur  deux  pieds,  & ils  fe  fervent  de  leurs  pieds  & de  leurs  mains, 
comme  les  hommes.  D’ailleurs  la  parole  point  pour  moi  un  cara^ 
&ére  di^inüifl  je  n’admets  félon  ma  méthode,  que  des  caraéleresj  qui 
dépendent  du  nombre,  de  la  figure,  de  la  proportion,  & delà  fi- 
tuation.  Donc  votre  méthode  cfi:  mauvaife,  dit  la  Logique.  Donc 
l’homme  efl  un  animal  a quatre  pieds,  dit  le  naturalise  &:c. 

Que  diront  donc  nos  Grands  Efprits,  de  ne  trouver  pas  qu’on  falTc 
même  Mention  ici  de  la  Raifon,  comme  d’un  .Caractère  efienciellemcnt 
diftinétif  de  l’Homme? 

Mais  avant  que  de  finir  cette  Apologie,  Je  Vous  prie,  mon  Cher, 
de  Vous  rappeller  à cette  Occafion  ces  Hommes  illufires,  dont  les  Mé- 
thodes, Sîftëmes.  Doctrine  & Ecrits  ont  fi  mal  répondu  à leur  Genre 
de  Vie,  qui  en  étoit  tout  le  Contrepié;  ainfi  p.  c.  que  l’on  fait  d’Hob- 
bes, qui  nioit  tout,  & qui  cependant  étoit  aufiî  peureux  qu’un  Enfant. 
Tout  de  même  Tucho  de  Brahé  fe  moquok  de  ceux  qui  avoient  peur 
des  Eclipfesfolaires;  mais  qui,lorsque Te  Matin  il  rencontroitune  Vieille 
Femme,  la  prénoit  pour  un  mauvais  Préfage  & s’en  retournoit  tout  de 
fuite  chés  lui. 

L’on  Tait  que  Dèmofiène  sUi  àla  Vérité  en  Bataille,  pour  raflTurer  par 
Ion  Eloquence  le  Soldat  contre  la  Fraïeur  de  la  Mort;  mais  qu’avec  toute 

fa 


101 


à quelques  Obje£lîons. 

fa  Phnofophre,  il  fut  le  premier  à prendre  la  Fuite,  & qu’il  prioftpour 
f Amour  des  Dieux  un  vieux  BuïlTon  ou  un  Tronc  d’Arbre,  auquel  il 
s'étoit  accroché  par  fa  longue  Robe  de  lui  faire  Quartier. 

Blondel  ce  célébré  Médecin  Francis,  n’avôit  pas  Honte  de  foutenirj 
que  le  Quinquina  étoit  rédevablc  de  fa  Vertu  à un  Paélc  que  les  Améri- 
quains  av oient  fait  avec  le  Diable,  Quel  Sentiment  pour  un  Médecin 
autrement  bon  naturalise  1 à ce  qu’en  juge  très  fenfemcnt  l’Auteur  du 
Pyrronisme  raifonnabte. 

Il  en  va  de  même  avec  le  SiSème  de  nos  prétendus  Efprits  forts; 
Dans  quelle  triftc  Pofture  ne  paroilTcnt-ils  pas  à l’Afpeélde  quelque  fu- 
nefte  Accident,  de  quelque  Maladie,  dans  l’Infortune,  dans  les  Orages, 
& furtout  à TApproche  de  la  Mort?  Quelle  foiblelTe  d’Efprit  ne  font- 
ils  pas  paroître  l Si  donc  la  Raifon  ou  l’Entendement  porte  des  Fruits  fî 
différeiis,  & qu'elle  foit  obligée  de  voi^  encore  tant  de  Chofes  qui  lui 
font  incompréhenfibles  V Qir’il  me  foit  permis  de  dire  encore  une  Fois 
& de  croire,  que  ce  n’eft  pas  à Elle  à rejetter  ou  à tenir  pour  impolfi- 
bles  des  Miftères,  dont  elle  ne  fauroit  fonder  les  Profondeurs.  Bien 
moins  lui  convient  il  de  nier  l’Immortalité,  parcequ’elle  ne  la  peut  com- 
prendre. En  voilà  alTés  pour  me  juflifier  touchant  la  fécondé  Obje- 
élion.  Je  Vous  prie  de  pardonner  la  Prolixité  de  ma  Lettre  & de  lire 
le  Pbtlofopbe  Chrétien  de  Mr.  le  Profefleur  Formai,  furtout  le  Chap.  iVy 
de  la  deuxième  Partie,  de  l’Extravagance  de  l’Incrédulité, 

LETTRE  XX. 

P 

A our  le  Coup  Vous  n’aorés  plus  de  DelTeins  d’Inflrirmens  microfeopi- 
ques.  Tout  ce  qui  m’en  refte  ne  font  que  des  Variations  dont  je  ne 
veux  pas  Vous  ennuïer.  Vous  eonnoilTés  le  Compofé  par  d autres  Gra- 
vures. il  eft  Teins  que,  pour  renir  Parole,  je  Vous  envoie  les  autres 
Parties  dtls.  /Idoucbe^quifc  tient  dans  lesCbambres.  Vous  trouverés  donc  ici 

N J TA- 


Î02  TAB«  XLï.  Le  Bas  du  Corps  delaMoucheconfideréparleDos. 

TABLE  XLL 

Le  bas  da  Corps  de  la  Mouche,  confidéré  par  le  Dos. 

Je  ne  l’ai  deffiné  que  d’après  un  foible  GroflîfTement  par  Nro^  7. 
parceque  l’Efpace  du  Papier  ne  comportoit  pas  une  plus  grande  Répré- 
fentation*  a)  Marque  encore  un  peu  de  la  ioitrine^  par  deiTous  laquel- 
le tiennent  les  fix  Pies. 

D’abord  au  deflbus  l’on  voit  aux  deux  Côtés  les  Pellicules  tendues, 
^ui  caufent  le  Bourdonnement  b).  Par  Nro.  00.  l’on  reconnoît,  qu’elles 
font  compofées  de  Quantité  de  Particules  rondes,  comme  des  Grains  de 
Poulïière,  & qu’elles  ont  tout  à l’entour  une  Efpéce  de  Bordure.  Elles 
font  de  Couleur  blanc-jaunâtre  & reflemblent  au  Parchemin  ; maistoû- 
jours  tendues  & un  peu  repliées  vers  le  Ventre. 

c)  Sont  les  deux  Ailes,  qui  tiennent  à la  Poitrine  d)  & que  j’ai 
plus  exaèlement  deflinées  dans  la  Tab.  LUI.  de  la  fécondé  Partie  de 
ces  Amufemens. 

e)  dénote  enfin  le  bas  du  Corps ^ pris  de  haut  en  bas,  avec  fon  Poil 
& fes  Taches  brunes.  Sa  Couleur  n’efi;  ni  brune  ni  grife,  mais  chan- 
geante entre  le  Verd  d’Acier  & la  Couleur  de  Souris.  Il  ell:  depuis  le 
haut  jufqu’au  bas  garni  de  Poil  crochu  & pointu  ou  de  Plumes;  aïant 
Quantité  de  Jointures  ouDivifions,  fur  chacune  defquelles  une  Paire 
de  Taches  brunes,  en  tout  huit. 

La  Fi  pure  & les  Couleurs  de  ces  Créatures  difiFèrent  autant  que 
leurs  Claffes.  Sivammerdam  a ramafie  Quatorze  ; Hufnagel  Vingt-cinq 
communes  & Trente  rares;  & Gaedart  Quarante  huit  Efpèces  de  Mou- 
ches, fans  les  Petites,  qui  font  aux  Saules,  aux  Orties,  aux  Feuil- 
les de  Chêne,  de  Fulain,  & celles  qui  font  leurs  Nids  de  Flo- 
cons de  Cotton,  & qui  ne  font  guere  plus  grolfes  qu’un  Grain  de 

Millet 


TAB.  XLII.  Toute  la  Mouche  duCôté  de  laPoitrine  & du  Ventre,  j»'} 

Millet  De  même  que  la  Tipula,  les  Moucherons  de  Terre,  ou  la  Gref- 
fe Mouche,  comme  audî  les  Mouches,  qui  piquent  les  Chevaux,  cel, 
les  qui  piquent  les  Vaches , ont  chacunes  leurs  Efpëces  différentes. 
Enfin  Voici  encore 

TABLE  XLII. 

Toute  la  Mouche  du  Côté  de  la  Poitrine  & du  Ventre. 

J’ai  dernièrement  décrit  la  7éte  a)  & je  Vous  y renvoie;  mais  le 
Bout  du  Dos  b)  fait  ici  la  Poitrine  brun-obfcure,  couverte  d’une  Peau 
dure  comme  Corne  & velue;  c’eft  là  que  tiennent  les  6 Fiés  c)  & aux 
deux  Côtés  près  du  Dos,  les  deux  Ailes  d).  Audeffous  de  la  Poitrine, 
là  ou  le  Ventre  commence , l’on  voit  les  Pellicules  du  Bourdonnement  e)  & 
enfin  vient  le  Bas  du  Corps  f)  avec  fes  quatre  Divifions,  lefquelles  font 
à peine  connoiflTables  à caufe  que  le  Ventre  cfl  fi  plein  d’Oeufs.  Cha- 
cun des  Pies  a 7.  Jointures  à compter  depuis  la  Cuiffe  g).  Que  fi  j’y 
ajoute  V Emboitement  qui  fort  de  la  Poitrine,  & dans  lequel  joue  la  Partie 
la  plus  groffe  ou  la  i aijje  2)  comme  dans  une  Noix,  il  y a huit  Join- 
tures, chacune  garnie  d’un  Poil  roide  & crochu.  Au  Bout  de  la  feptiè- 
me  Jointure,  font  deux  Ongles  recourbés  en  dedans,  entre  Icfquels  ell 
une  Paire  de  Balles  en  Forme  d’ Ampoules  h),.  Il  y en  a qui  croient,  que  la 
Mouche  peut  faire  fortir  des  Pores  de  ces  Balles,  une  certaine  Liqueur 
gluante,  qui  lui  fert  à fe  tenir  ferme  dans  lesT^as  les  plus  gliffans,  com- 

. me 

* Tai  vu  moi-même  un  de  ces  petits  Nids,  il  y a deux  Ans,  dont  la  Beauté  ne  fe 
peut  dépeindre.  11  pefoit  à peine  4.  Grains  avec  les  Mouches.  Il  était  Mans 
comme  Neige  &£  de  la  GrofTcur  d’un  Les  Mouche  qui  y etoient,  font  à 

Peine  comme  un  Grain  de  Millet,  mais  leur  Couleur  eft  un  fuperbé  Mélange, 
de  Verd,  de  Bleu,  de  Rofe  & d Email  dose  Je  Vous  donnerai  peut  etre  quel- 
que Idée  de  cette  Beauté  de  la  Nature,,  dans  une  Pièce  feparée» 


TAB  XLIl.  Toute  U'IfÆouc'he  du  Côté 


î©4 

me  aux  Vitres  & aux  Miroirs»  L’on  peut  à l’Aide  du  Nro,  oo*  voir  les 
Pares  de  ces  Balles,  quoi  qu’extrémement  fins. 

J’ai  eneoxe  uu  Mot  à dire  des  trois  Points  noir-Luifans,  que  Swam- 
merdam  & tant  d’autres  ont  pris  pour  des  Yeux  poftiches. 

Je  laiffe  volontiers  à chacun  la  Liberté  de  fes  Sentimens  & je  ne 
fuis  point  vétilleux  fur  des  Minucics  ; mais  je  me  referve  auiîi  celle  de 
dire  le  Mien.  Le  voici:  Je  ne  faurois  prendre  ces  Points  noirs^  luifans 
& relevés  pour  des  Yeux  j car  je  ne  faiirois  en  concevoir  ni  laDeflina- 
îion  ni  TUfage. 

ïîs  font  placés  entre  & tout  contre  les  deux  Yeux  ttien  au  Milieu- 
La  Mouche  peut  parfaitement  voir  en  tous  Sens  par  fes  deux  grands 
Yeux,  en  Vertu  de  la  Quantité  de  Facettes  dont  ils  font  pourvus. 

Outre  cela  ces  Points  ne  reifemblent  à rien  moins  qu’à  des  Yeux- 
Car  en  examinant  plus  d’une  Mouche  & en  fè  fervant  à propos  du  Mi- 
crofepe , l’on  verra  très  clairement  , que  dans  pkifieurs  Mouches 
l’on  apperçoit  diftinél-ement  nn  Poil  d’un  noir  iuilant  au  Milieu 
■de  ce  Point  ou  de  cette  Eminence,  Cela  peut  donc  n’êîre  que  trois 
Jubercuiî  Qu  Hauteurs  nok-luifant,  uniquement  deilinées  à la  Parure  ou 
â quelque  autre  üfage  ; ce  que  j’aime  mieux  préfumer,  que  de  croire 
que  la  Nature  ait  mis  à Piaifîr  des  Parties  .fi  précieufes  fur  la  Tête  de 
la  Mouche- 

Je  Vous  dirai  pour  Concîufion  de  rExpHcation  de  cette  Table  42, 
que  j’ai  pris  pour  cela  la  plus  petite  Mouche  de  Chambre  que  j’ai  pu 
avoir,  & que  je  l’ai  obfervée  defiinèe  d’après  un  très  foible  Grofi 
filfement, 

j)  en  réprefente  la  GrofTeur  natureîk  8t  k)  en  eft  la  Ghryfalide  j le 
V-cr,  qui  fort  de  l’Oeuf  de  Mouche  m),  fè  transforme  en  Chryfalidc 
& fort  enfin  de  fa  Coque  devenant  la  Mouche 


de  la  Poitrine  & da  Ventre. 


ÏCJ 

SiS'.vammerdania  bicnou  mal  jugé, en  avançant  quelaMouche  parg:!; 
deux  Fois  en  Chryfalide;  la  première  dans  l’Oeuf  pondu  par  la  Mouche 
femelle,  & d’où  elle  fort  comme  un  Ver,  & la  Seconde  dans  la  Chryfa- 
lide où  la  Mouche  fe  renferme?  c’eftee  que  j’abandonne  à Vôtre  Di- 
feernement.  11  me  femble  pourtant,  qu’il  -y  a une  grande  Différince à 
faire  entre  l’Oeuf  & la  Chryfalide^  fur  quoi  je  m’expliquerai  plus  en 
De'tail  dans  une  autre  Occaûon. 

Je  finis  en  Vous  faifant  Part  d’un  Billet  que  m’a  écrit  Mr.  mon 
Entreprenneur^  & qui  cû  fans  doute  digne  d’Attention,  Le  voici  en 
propres  Termes. 

Monfisur^ 

Samedi  palTé  après  avoir  ddfiné  la  Mouche  entière  , & l’avoir 
„ raife  en  Taille  douce,  j’examinai  aufli  par  le  Microfeope  le  Delfein 
que  Vous  aviés  bien  voulu  m’envoïer.  Comme  je  m’amufe  très 
agréablement  à confidérer  d’après  Nature  les  DelTeins  & les  Ob- 
fervations  que  je  reçois  de  Vous^  je  me  fuis  aufil  occupé  de  la 
3,  Mouche,  Infeéle,  dont  je  ne  manque  pas  dans  ma  Chambre,  J’en- 
,,  trepris  donc  fur  elle  unejcrueile  DilTeclion*,  mais  fes  Douleurs  me 
firent  un  fenfiblc  PlaiSr  ; car  je  vis  non  feulement  ce  qu’on  nomme 
„ le  Martelèt  du  Bourdonnement;  mais  j’en  découvris  encore  un 
,5  Effet  particulier,  qui  avoit  été  caché  jufqu’ici.  Le  Leéleur  trou- 
„ roit-il  fuperfilu  , que  je  tâche  de  le  ménager  ici  fur  Vôtre  Table 
„ XLIl?  je  ne  faurois  le  croire,  furtout  puifque  l’Efpace  de  l’Eflara- 
„ le  permet,  ainfi  que  Vous  voies,  fans  gêner  Vôtre  DefTein  le  moins 
,,  du  Monde.  Nuremberg  ce  29.  Août  1763. 

Cette  Obfervâtion  confille  en  une  très  petite  Figure,  à peine 
,,  perceptible  à la  fimple  VCie;  fifon  ne  nous  marque  prémièrement  là 
,,  où  elle  efl:.  Car  il  n’y  a pas  Cheveu  aufil  fin,  que  le  font  ces  Par- 
„ lies,  au  Bout  defqudles  il  y a de  petites  Veiîies  un  peu  plus  grof- 
JJ/.  7bîK«  O fes 


io6 


TAB.  XLII«  Toute  la  Mouche  du  Côté 


„ fes.  Toute  la  Figure  eft  d’une  feule  Pièce  & n’eft  pas  plus  longue, 
,,  que  de  la  Largeur  d’un  Dos  de  Couteau  alTés  raince,  La  Mouche 
„ ne  peut  ni  alonger  ni  raccourcir  ces  Particules.  Aufli  fe  trouvent- 
,,  elles  dans  toutes  les  Mouches  à deux  Ailes  ; & elles  font  attâcr  ces 
,,  au  Collier  b)  au  Deflbus  des  Pellicules  du  Bourdonnement,  ainfi 
,,  que  je  l’ai  marqué  fur  cette  Table  XLII.  Fig,  A.  La  Couleur  en 
,,  eil  plus  foncée  que  n’efl  celle  de  là  Pellicule.  Que  fi  elles  font 
,»  arrachées  de  la  Mouche  avec  des  Pincettes  bien  fubtiles,  (^oi  F/g. 
„ 5?;)  ou  h')  du  Commencement  de  la  Tab,  1.)  & remifes  fous  le  même  Mi- 
,,  crofeope  elles  paroïtront  à la  Vue  beaucoup  plus  foncées  dans  le 
,,  même  Groflilfement , & l’on  y verra  du  Poilj  bien  que  je  n’en  ai 
„ pas  vu  fur  toute  la  Figure,  mais  feulement  en  certains  Endroits, 
îî  Quelquefois  l’on  voit  aiilTi  dans  ces  Velïies  diverfes  Veines  ouCa- 
„ naux  à Liqueur,  furtout  quând  cette  Particule  efl  _jécrafée  entre 
„ les  Verres  du  Porte-Objet,  & elles  font  pleines  d’une  Liqueur,  plus 
„ blanche  que  jaune.  Elle  fe  préfente  dans  le  Microfeope  comme  un 
,,  Tifili  de  Verre  filé.  Le  Mouvement  de  ces  Particules  ( Martelèt  du 
„ Son)  ell  admirable  pour  fon  étonnante  ViteiTe;  V'oïés  en  la  Gran- 
„ deur  Raturelle  B).  La  Fig.  C)  en  marque  le  GrofiifiTement  par  mon 
„ Microfeope  cornpofé  Nro.  5.  comme  elle  fe  prélente  tenant  a la 
„ Mouche,  & D)  la  préfente  d’après  Nro,  2.  détachée  de  la  Mou- 
„ che  J’ai  marqué  la  Veflie  par  i.  & la  Queue  par  laquelle  elle  tient 
„ à la  Poitrine  par  2.  11  faut  y aller  bien  délicatement  pour  l’arra- 

„ cher,  afin  de  ne  pas  lui  donner  un  autre  Forme,  que  celle  de  Fig. 
„ D).  La  Mouche  garantit  très  foigneufement  ces  deux  Membres  de 
„ l’Eau:  ce  qu’on  ne  peut  mieux  voir,  qu’en  lui  ôtant  les  Ailes  & 
les  Pellicules  du  Bourdonnement,  & en  la  mettant  ainfi  dans  l’Eau, 
elle  tire  ces  Particules  aulfi  haut  qu’elle  peut,  comme  les  Enfans 
qui  commencent  à nager  fur  l’Eau,  aïant  deux  Vefiies  pour  les 

Sou- 


de  la  Poitrine  & du  Ventre. 


„ fbutenir.  Ce  qu’il-y  a de  plus  remarquable,  c’eft  que  ce  font  ces 
„ deux  Particules , que  je  nommerai  déformais  les  Alartelèts  pour  le 
,,  Vol^  qui  tiennent  en  i'Air  les  Mouches  qui  ont  deux  Ailes. 

,,  Cet  Experiment,  qui  mérité  d’être  imité,  eft  très  facile,  puifque 
„ quand’on  a la  Vue  bonne,  on  peut  le  voir  fans  Microfcope.  Lorf- 
„ qu'on  arrache  à une  Mouche  ces  deux  Particules,  fans  olfenfer  le 
„ moins  du  Monde  ni  les  Ailes,  ni  la  Mouche  même  5 celle-ci  ell  hors 
„ d’Etat  de  voler  ou  de  fe tenir  en  l'air.  Mais  il  faut  bien  prendre  gar- 
„ de,  d’arracher  ces  petites  Velîies  avec  la  Racine;  car  autrement 
„ elle  conferve  encore  quelque  Faculté  pour  prendre  l’ElTor;  ce  qui 
,,  dans  plus  de  aoo.  Epreuves,  que  j’en  ai  faites,  ne  m’eft  à la  Vé- 
„ rité  pas  arrivé  une  feule  Fois.  Or  il  ny-a  pas  Apparence,  que  dans 
„ cette  Opération  , la  Douleur  de  l’Arrachement  de  ces  Mar- 
„ telëts  pour  le  Son  ôte  à la  Mouche  les  Forces.  Car  ôtés  à 
„ la  Mouche  les  6,  Piés  , les  deux  Pellicules  du  Bourdonne- 
„ ment,  & même  tout  le  Ventre;  elle  vole  encore,  comme 
„ fl  de  rien  n’étoit  , & félon  moi , cela  lui  devroit  bien 

,,  caufer  de  plus  grandes  Douleurs  , furtout  les  Pellicules  étant 
„ fi  contiguës  aux  Ailes,  & ces  Particules  en  étant  de  beaucoup  plus 
éloignées,  celles-ci  peuvent  ôter  aux  Ailes  fort  peu  de  leur  Force 
„ & de  leur  Vertu.  Même  pour  plus  de  Certitude,  j’ai  conferve  deux 
„ de  ces  Mouches  jufqu’à  huit  Jours  fous  un  Verre  , où  elles  étoient 
„ bien  nourries;  ce  qui  fait  croire  que  pendant  ce  Tems  là  la  Dou- 
„ leur  ou  la  Plaie  feroit  paflee  ; Mais  j’ai  trouvé,  que  la  Mouche 
„ pouvoit  aufli  peu  voler  qu’au  Moment  d’après  l Operation.  Je 
„ fuis  avec  une  véritable  Confidération  &c.  Nuremberg  le  30, 
„ Août  1753. 

/idam  fTolf^ang  IVinterfchmiit. 

O 2 


Note, 


îcg  TAB.  XLIIÎ,  Un  Morceau  de  Bois  de  Sapin,  coupé  &c. 

Note. 

Si  Vous  Vous  donnés  la  Peine  d’examiner  i’Experiment  de  Mr. 
U^inîerfchmidt^  Vous  conviendrés,  qu’il  eftjuftc  & que  ees  deux  Particules 
ne  font  pas  les  deux  Martelèts,  indiqués  par  Swammerdam  & prefque 
tous  les  autres  Naturaliftes , par  lefqueîs  tous  les  autres  Infeéles  à.  a. 
Ailes  font  leur  Son  ou  leur  Bourdonnement;  mais  qu’ils  fervent  auffi  à 
toutes  ces  Créatures,  à fe  foutenir  dans  l’Air  & à garder  l’Equilibre. 
Car  il  ell  conflatté-qu’aulîitôt  qu’on  a ôté  ces  deux  Martelées  aux  Mou- 
ches, elles  ne  fauroient  voler  de  la  Hauteur  d’un  Empan;  mais  qu’elles 
ne  font  que  fauter  comme  les  Puces  & les  autres  Infedes  bcndilfans; 
Expérience  que  j’ai  faite  fur  je  ne  fais  combien  de  Mouches.  J’ai  mê* 
me  donné  ces  Martelèts  dans  laTab.  LXXXV.  de  ces  Amufemens  àl’Oc- 
cafion  du  Moucheron  dit  le  Coulin. 

M.  F.  Ledermuîler. 

Pour  Vous  tenir  la  Parole  que  Je  Vous  ai  donnée  ily  a'qiielque  Teaijis 
& pour  faire  Diverfîon,  Voini  du  Pvcgne  des  Plantes 

TABLE  XLIIL 

Un  Marceau  de  Bois  de  Sapin,  coupé  d’une  Brar.che  en  travers. 

Celui-ci  a tout  un  autre  Air,  que  le  Coupeau  perpendicuiaire,  que 
Je  V'ous  ai  envolé  Tab.  XL.  & H *yenauroit  pour  croire  que  ce  feroit 
un  Evantaü  treiTé  d’Ecorce  d’Arbre  ou  de  Jonc  d’Efpagne.  J’ai  defiiné 
Fig.  I.  tout  îe  Ccüpeau  coupé  en  travers  de  Grandeur  naturelle,  par 
où  Vous  reeonncîtrés  la  Groffeur  & l’Age  de  la  Branche  ; les  zé.  An- 
neaux ou  Ci-rcîes  marquant  îe  même  Nombre  d’Anèes. 

La  Eig.  2.  groÆtla  Moitié  de  ce  Rond  par  la  Lentille  Nra.  i la- 
quelle fai  dcfîinée  très  cxaCÎcment.  11  n y a que  trois  Ans  ou  Trois 
Cercles  depuis  la  Moille  ouïe  Centre  jufqu’à  la  Superiieiej^ 


T AB.  XLÏV.  Un  Brin  d’Herbe  ou  Je  Feuille  de  Ség^fe.  jo«> 

Je  foiihaiterois,  que  Vous  y confrontallîés  la  Figure  de  Leuvven- 
hoek  pour  reconnoître  la  Différence,  qui  fe  rencontre  entre  ces  deux 
Delfeins.  Le  Sien  n’a  répréfenté  que  des  Cercles  ou  des  Trous  en  Rond, 
bien  que  la  Nature  de  ce  Bois  conlifte  plutôt  ca  des  Ouvertures  d’un 
Quarré-oblong  ou  en  des  VaifTcaux  qui  Te  croifent,  & qui  font  plus  fa- 
ciles à voir  qua  décrire.  Chaque  Année  ou  chaque  Cercle  a une  Sépa- 
ration fenfîble  compofée  de  plufîeurs  autres  Fikmens  étroitement  en- 
trelacés & refTemblant  au  Grillage  d’une  Haïe  a)  lefquels  tiennent  les 
autres  petits  Tuïaux  rejoints.  J’y  ai  remarqué  4.  Sortes  de  VailTeaux. 

y 

au  Centre  la^bloille,  comme  toute  compofée  de  Veflies,  ou  le  Centre 
b)  ; puis  les  Canaux  , qui  vont  perpendiculairement  e)  ; enfuite  les 
VaifTeaux  à Air  ou  Trachées  qui  palfent  audi  du  Centre  ou  de  la  Moille 
à la  Périférie,  lefquels  forment  des  Segmens  d),  & enfin  les  Tuïaux, 
qui  vont  orizontalement  J en  efquivant  ou  en  Cercle;  ce  font  les  Fi- 
la mens  e). 

Voici  un  autre  Experiment  duRegne  des  Plantes,  que  je  Vous  pré- 
fente danscette 

TABLE  XLIV, 

C^'eft  iinBria  d’Herbe  ou  de  Feuille  de  Ségle 

H y a long-tems  que  j’ai  envie  de  Vous  errvoïer  la  Difiedion  com- 
plette  du  Ségk;  mais  il  m'eft  venu  tant  de  Doutes , qu’enfin  j’ai  pris  le 
Parti  de  faire  un  Traité  particulier  de  ce  pénible  Ouvrage  & de  Vons 
le  communiquer.  J’en  ai  déjà  paiTé  foifiante  Figures  de  delfinécs  *. 
Jufque  là  Vous  aurés  la  Bonté  de  Vous  contenter  de  la  Rèpréfentation 

O a que 

♦ V.  DifTeflion  Phlfiqüe-anatomique  du  Ségle  avec  les  Obfcrvafions  de  for  Cru, 

avec  CCS  Tailles-douces , exaifleir.ent  répiéfcntées  d’après  Nature,  gr.  Fol.  par 

M,  F.  U 


ïio  TAB.  XLIV.  Un  Brin  d’Herbe  ou  de  Feuille  de  Sègle. 

que  je  Vous  donne  dans  cette  Table  XLIV»  qui  Vous  met  devant  les 
Yeux  la  Struélure  admirable  de  la  Feuille  y ou  comme  on  la  nomme  or- 
dinairement de  F Herbe  de  la  Semence  du  Ségle^  La  Particule  que  j’ai  prife 
de  cette  Feuille  fe  voit  de  Grandeur  naturelle  A),  groflie  par  la  Loupe 
B)  & examinée  par  le  Nro.  oo.  D).  Je  l’ai  prife  d’un  Tuïau  de  Paille, 
qui  commençoit  à fe  deüTécher,  où  j’ai  trouvé  deux  Pellicules  couchées 
l’une  fur  l’autre,  dont  celle  de  delTous  a)  eft  très  mince,  fine  Sctranfpa- 
rente  & garnie  de  Quantité  de  Tuïaux  Capilaires  en  Ligne  perpendicu- 
laire»  La  Peau  de  delTus  C)  qui  eft  plus  épailTe,  eft  compofée  de  plu- 
fieurs  Côtes  ou  Tuïaux  b)  en  Ligne  droite  ou  perpendiculaire,  rem- 
plies de  Milliers  de  Particules  ovales  c),  aiant  encore  des  Filariiens  fpi- 
raux  d)  quife  préfentent  comme  de  la  Raze  cordée  ou  du  Fil  d’argent, 
& entrelacées  de  Valvuks  toutes  finguliéres,  que  j’ai  prifespour  les  Po, 
res  de  la  Feuille.  Cette  Feuille  eft  en  Effet  bien  plus  agréable  à voir 
fous  le  Microfeope,  qu’à  defliner;  d’ailleurs  on  peut  voir  à divérs  Tems 
les  Changemens  qui  arrivent  à cette  Feuille,  à Mélùre  qu’elle  vieillit. 
Car  quand  elle  eft  jeune,  elle  a aux  deux  Côtés  & fur  toute  la  Super- 
ficie une  Efpéce  de  Poil  piquant  & comme  crochu,  très  fin,  reffemblent 
à de  l’Argent  ou  à du  Verre  tranfparent,  & les  Tuïaux  à Suc,  à Air,  & 
à Séparations  qui  les  parcourent  y font  tout  autres,  que  quand  elle  a 
fait  fon  crû  & autres  quand  elle  eft  deffêchée.  C’eft  dans  fon  Enfance, 
qu’elle  fe  préfente  avec  le  plus  d’Eclat  à l’Oeil  armé  & attentif,  lorfque 
la  prémière  petite  Feuille  fort  du  Germe,  & qu’elle  paroît  plutôt  rou- 
ge que  Verte.  Car  alors  cette  petite  Feuille  fait  à travèrs  le  Microfeo- 
pe en  Forme  de  Compas,  -à  deux  Miroirs,  le  même  Effét  que  fi  c’étoit 
unTiffu  d’Argent  & d’Or.  La  Laine  fine  montre  un  Poil  très  clair  d’Ar- 
gent,  & les  Particules  de  Suc,  dont  elle  eft  remplie  fe  préfentent  comme 
autant  de  Globules  d’Or  qui  parcourent  les  Tuïaux  Couleur  de  Pourpre, 
Je  Vous  en  donnerai  ailleurs,  comme  je  Vous  ai  dit,  des  Détails  plus  précis, 

TA- 


TAB.  XLV.  Les  Crochets  &c.  TAB.  XVI,  Moille  de  l’Acorus.  ’iii 

TABLE  XLV, 

les  Crochets  & quelques  autres  Parties  de  la  Bardane, 

La  Plante,  que  j'ai  l’honneur  de  Vous  envoïer  ici  & qui  cflauffi 
connue  dans  les  Apotiqueries,  qu’elle  eft  commune,  Vousl’eft  fans  doute 
trop  à Vous  mênae,  pour  que  je  Vous  enfalTe  laDefcription.  De  tant 
d’Efpèccs  qu’il  y en  a & dont  les  Principales  font  la  Bardant  pointue , de 
ïoïe,  de  cheval^  d'EriJfon,  à Trognon^  la  grande  & la  petite  j ceci  eft  pris  de 
la  dernière  ou  petite,  ainfî  que  je  Vous  l’ai  répréfenté  d’après  Nature 
a).  J’en  ai  pris  un  feul  Crochet ^ dont  toute  l’Ecorfe  eft  garnie  par  de- 
hors, & je  l’ai  répréfenté  b)  grolîi  par  Nro.  3.  ce  qui  Vous  fait  voir 
afles  clairement,  que  ce  Crochet  quand  il  eft  mûr  ou  fec  a bien  alTés  de 
Force  pour  fe  prendre  lî  fort  à nos  Habits,  à la  Laine  des  Moutons  & 
des  autres  Animaux,  Que  fi  l’on  partage  un  tel  Glatteron  par  le  Mi- 
lieu c)  ; l'on  y trouve  de  petit  Poil  ou  de  la  Laine  jaunâtre  d)  qui  couvre 
la  Graine;  un  Brin  duquel,  par  le  Moïen  du  Grofliflement  de  ci-delTus, 
Vous  répre'fente  un  Ratr.eau  garni  de  Piqiians  aux  deux  Côtés,  ainfi  que 
le  fait  voir  la  Fig.  e).  J’ai  mis  ici  par  Surerrogation  quelques  Crains 
de  Semence  les  uns  aïant  encore  le  Papus  à la  Tête,  & d’autres  n’en 
aïant  point,  f ) En  eft  la  Grandeur  naturelle  & g)  en  préfente  le  Grofi. 
fuTement.  Il  feroit  hors  de  Saifon  de  Vous  defliner  ici  la  Moille  de 
la  Tige  de  la  Bardane:  car  dans  tous  les  GrofiUlTemens , je  l’ai  trouvé 
en  tout  femblable  à celle  du  Chardon,  que  j’ai  deffinec  dans  la  Table 
ga.  de  ces  Amufemens. 

Parcontre  Vous  alle's  voir 

TABLE  XLVI. 

La  Moille  de  l’Acorus. 

qui  Vous  preTentera  de  tout  autres  Objets.  Il  ne  fe  peut  rien  voir  de 
plus  beau.  Car  il  Vous  paroît  ici  une  grande  Place  ronde  bordée  de 

Per- 


1 12  TÂB.  XLV"II»&  XLVIÎÎ.  La  Tulipe  & quelquesParticularités  &c. 

de  Perles  de  Couleur  Rofepale  au  tour  de  CsUules  Hexagones.  En  cou- 
pant de  la  Tige  de  l’Acorus  un  petit  Rondeau  en  Trâvéxs -aulîi  mince 
qu’il  fe  puilTe,  Vous  verres  la  même  Chofci  V'ous  n’étes  fans  doute 
pas  à favoir  ce  que  j’entends  par  Acorus;  c’en;  à dire  V /îcorus  vnus  ou 
le  Caîamus  aromaticusy  Racine  fibreufe  très  connue  , qui  croît  dans 
les  petits  Etangs  & dans  les  FolTés,  &,qui  efl  eflomacale.  La  Couleur 
eft  de  Rofes,  ce  qu’on  remarque  aifément  par  le  Microfcope,  par 
où  Ton  peut  auiîi  voir  que  cette  Moille  cil  compofée  de  Cellules 
hexagones.  Vous  trouverés  dans  a)  la  Particulej  que  j’en  ai  defEnée 
d apres  nature  ; fon  GroflilTement  par  Nro.  2.  dans  b)  , & le  plus  haut 
point  de  GrofïîfTement  des  Hexagones  & des  Fèrrues  efl  marqué  c)  d). 
Dans  l’Ecorce  ou  dans  la  dernière  Superficie  c)  ces  Hexagones  font 
beaucoup  plus  petits  & plus  ferrés  les  uns  contre  les  autres.  Les  Par- 
ticules eq  Forme  de  Perles,  ne  font  que  de  petits  Tuïaux,  qui  font  ar- 
rangés un  peu  au  large  en  Figure  hexagone;  les  autree  quirépréfentent 
des  Verrues  & qui  font  des  Vaiffeaux,  font  plus  compares,  & mis  en 
Rond;  ainfi  que  je  l’ai  mis  dans  un  plus  grand  jour  par  les  d^ux  Fi* 
gures  f)  & g).  Enfin  h)  ne  font  que  des  Ouvertures  ou  des  Trous 
déchirés  qu’a  fait  le  Couteau  en  coupant,  & qui  ne  font  rien  à la 
Subfiance  de T/^cem.  La  fimple  Vue  fufiit  pour  s’en  convaincre. 

Voici  encore  fur  Ces 

TABES  XLVIL  & XLVIH. 

La  Tulipe  & quelques  Particularités  de  fa  Poulîière, 

ce  qui  efl  aulTi  du  Régné  des  Plantes.  Malgré  tant  de  Fleurs  Sc  d« 
leurs  Parties,  que  j’ai  dilTequies  & que  j’ai, repréfentées  avec  leur  Ma. 
niére  de  fe  féconder,  dans  les  i,  & 2.  Parties  de  cet  Ouvrage  3 je  ne  me 
fuis  pas  encore  avifé  d’examiner  la  Pouflîére  de  la  Fleur  de  Tulipe; 

En  aïant  donc  reçu  bonne  Quantité  des  plus  belles,  du  Tems 
qu’elles  étoieat  en  Fleury  je  me  faifois  un  Paile-tcms  d'en  prendre 

l’une 


I 


TAB.  XL VII  & XLVIIl.  Une  Tulipe  rouge  r i ? 

l’une  après  l’autre  , k d’en  examiner  la  Pouflière , d’abord  l’Oeil 
nud,  puis  avec  la  Loupe  & enfin  par  de  plus  hauts  Points  de  Grof- 
fifiement.  Cela  me  fit  découvrir,  que  plufieurs  avoient  dans  leurs 
Etamines  deux  Sortes  de  Poulfière,  Mais  ce  qui  me  récréoit  le  plus» 
c’e'toit  lorfque  je  mettois  fur  le  Porte-Objet  une  Goûte  d’Eau,  où  il 
y avoit  quelque  peu  de  cette  Pouflière.  Ce  que  j’ai  vû  dans 
d'autres  Pouflîères  avec  Plaifir , je  l’ai  vû  dans  celle-ci  avec  Eton- 
nement; c’eft  à dire  qu’elle  donnoit  fa  Couleur  à l’Eau,  Et  com- 
me j’ai  vû  en  Effet  dans  une  Tulipe  des  Grains  de  Poufljere  de  deu^ 
Couleurs  différentes  , qui  donnoient  auffi  deux  Couleurs  à l’Eau  ; 
j’ai  crû  Vous  faire  une  Efpèce  de  Pliifir  en  Vous  faifant  Part  de  cette 
Obfervation,  Vous  verres  donc  ici  deffinée  fur  çette  Tab,  XLVll, 
une  Tulipe  rouge  à Raies  jaunes. 

Ces  Fleurs,  comme  Vous  fayés,  font  du  Genre  des  Herma- 
phrodites. Leurs  fîx  Feuilles  en  forment  le  Calice  & au  Bas  de 
chaque  Feuille  eft  un  Filament  a)  avec  fon  ttamïne  b)  tout  au  Tour  du 
Piftile  e).  Ce  Pifiilc  a d’abord  une  triple  Verrue  d)  qui  reflemblc  à 
une  triple  Crète  de  Coq  ; mais  qui  après  la  Fécondation  fc  déplie 
en  fix  Parties  rcffemblantes  à des  Cretes,  ainfî  qu’il  eft  montré 
dans  la  Table  XLVHI,  Figure  a).  |’)r  ai  aulïi  montré,  que  les 

rtamincs  font  à quatre  Feuilles,  & je  les  ai  dépeintes  fuivant 
diverfes  Attitudes  Fig.  b)  c)  ; parmi  lefquelles  dans  c)  il  faut 
principalement  remarquer  , comment  ces  quatre  Feuilles  i.  2.  j. 
4.  tiennent  au  Bout  délié  & élaftique  du  Filament,  & quelles  pcii^. 
vent  y tourner  à l’Entour,  Les  Feuilles  ouvertes  en  dehors  font 

marquées  3.  4.  celles  qui  font  en  devant  i.  2, 

1 

I 


///.  fom. 


P 


Lorf* 


114  & quelques  Particularités  de  fa  PoulTière. 

Lorfqiie  ces  Etamines  ont  fait  leurs  Fonflions,  elles  fe  flêtrifTent 
& fe  delfêchent.  Parcontre  \Ovaire  d)  s’enfle  de  plus  en  plus,  grolTit 
& s’alonge.  L’ouvrc-t-on  une  couple  de  Jours  après  la  Fccondaticn^ 
l’on  y voit  trois  doubles  Rangs  d’Embrions  fe'condés;  comme  une  Tran- 
che prife  orizontalemcnt,  répréfentera  lesfix  Ovaires  Que  fi  onle 

coupe  perpendiculairement  par  g),  on  en  pcutaulîi  voir  tout  diftinèle- 
ment  les  Canaux  de  Fécondation,  qui  defcendent  de- chaque  Ferrue  h) 
i)  k)  & qui,  paflant  tout  contre  les  Embrions,  vont  joindre  la  Queue 
de  la  Tulipe.  Vous  Vous  répréfenterés  de  Vous  même  la  troifiéme Pai- 
re à’Ovaires  k);  car  il  m’a  été  impoflible  de  les  rendre  en  même  Tems 
vifibles  3 n’aïant  pâ  ménager  ici  que  le  haut  de  la  troifième  Verrue.  La 
Figure  1)  répréfente  un  Eout partagé  de  la  Oucue,  pour  montrer  jufqu’ou 
defcendent  les  Ovaires;  mais  m)  dénote  les  Embrions,  tels  que  les  mon- 
tre la  Loupe,  par  où  l’on  peut  déjà  voir  clairement,  que  chaque  Em- 
brion  tient  à un  Filet  très  délié,  & qu’ils  font  fort  ferrés  enfcmble  comme 
de  petites  Affiettes,  ou  comme  des  Fromages.  LaFigure  n)  dcfigneiin 
de  ces  Canaux  ou  Tuiaux  de  J^corJation  lequel  defeend  depuis  la  Crète  de 
Coq  jufqu’à  la  Queue,  en  paflant  tout  contre  l’Ovaire, 

La  double  Couleur  de  cette  Pouffiére  dont  certains  Grains  font 
jaunes,  d’autres  Couleur  de  Pourpre,  font  defifinés  d’après  nature  o)  & 
groflis  par  Nro.  a.  p)«  Ils  font  pris  de  Tulipes  de  différentes  Couleurs. 
La  Pouffière  de  celle  que  j’ai  en  Main  efl  marquée  q)  & r),  dont  la  plu- 
part des  Grains  reflemblent  à des  Bijous  terminés  en  Pointe.  Dés  qu, 
elle  cfl  humeélée , elle  perd  fa  Figure  pointue  & devient  ronde  f)  t), 
cependant  avec  cette  Circonflance  remarquable,  que  quoiqu’alors  ces 
Globules  paroiflent  jaune-pâles,  la  Subflance  qui  en  fort,  ne  iaiffe  pas 
de  faire  prendre  à la  Goûte  d’Eau  la  Couleur  des  Grains  de  Pouffière, 
& ainfi  de  la  rendre  rouge,  bleue,  jaune,  verte,  pourpre  & de  bien 
d’autres  fupèrbes  Couleurs. 

C’efl 

/ 


TAB.  XLIX.  Un  Poîl  de  Chevreil. 


ïif 


Ceft  ainfî  par  Exemple  que  la  Fig.  u)  montre  les  Grains  de  laPouf- 
fière  de  la  préfente  7«/ipe  humeélés;  La  Fig  x)  parcontre  laPouflière  hu- 
meélée  d’une  autreTw/ipr  ordinaire. La  prémière  avoit  desLiqueurs  de  deux 
Couleurs,  pourpre  & jaune  doré  ; mais  l’autre  n’a  rendu  qu’un  Suc  jaune» 
Jepourrois  VoUi  communiquer  encore  beaucoup  d’Expérimens  quc 
J’ai  faits  fur  cette  Pouffière  : Mais  pour  abbreger,  je  m’en  vaiVous  appren- 
dre un  Secret,  qui  n’eft  pas  déplus  communs,  pour  pouvoir  changer  ces 
Couleurs  en  je  ne  fais  combien  de  Façons. 

Prénés  une  Poignée  de  Coiipeaux  de  Bois  de  Brefil,  & verfés  deffus  au' 
tant  d’Eau  qu’il  en  faut.  Quand  l’Eau  fera  d’un  beau  rouge.  Vous  la  cou- 
ierés  pourVous  en  lèrvir.  Vous  mettrés  enfuite  devant  Vous  un  petit 
Verre  plein  de  cette  Eau;  eny  jettant  dedans  quelques  Goûtes  de  Finaigre 
dvftilé,  Vousverrés  cette  Couleur  rouge  fe  changer  fur  le  Champ  en  jau. 
ne.  Que  fi  Vous  jettés  quelques  Goûtes  d' Huile  di  Tartre  dans  cette  Eau  de- 
venue jaune,  elle  reprendra  fa  Rougeur.  Ftenfinyverfant  encore  quel- 
ques Goûtes  d'EJprit  deFitrioU  elle  prendra  un  jaune  doré,  comme  le  Vin  d’ 
Efpagne.  Vous  pouvés  faire  tout  ces  Efiais  fur  l’Eau  des  Tulipes, 

il  efb  bien  teras  que  je  finilfe  cette  longueLettre.  Portés  Vous  toujours 
bien.  Je  fuis  &c. 

LETTRE  DERNIE'RE, 


Quoique  je  Vous  aïe  déjà  envoïé  tant  d’Elpèces  de  Poil,  queVous  devriés 
Vous  dégoûter  d’en  avoir  davantage  ; je  ne  laifie  pas  de  me  perfuader,  que 
celui  que  jeVous  ai  déftiné  ici, Vous  fera  autant  de  Plaifîr,que  m’a  été  agréa, 
blele  Préfent  que  m’en  afait  mon  digne  Ami  Mr.StrajPiircher  Provifeur  de  U 
Pharmacie  de  la  Cour  deBayreuth.  C’eft  donc  dans  cette 

TABLE  XLIX. 

Un  Poil  de  Chevreil 


dont  la  Strufture  & le  Point  de  Vue  diffère  entièrement  de  toutes  les  au. 
très  Efpécc  de  Poil»  Pour  ne  me  pas  charger  de  l’injuR e Réproche,  qu’on 

Pi  m‘a 


iig  ' TAB,L- Fig. î.  Sel compofé bleu. 

m’a  fait,  demcfervir  desYeux&des  DelTeinsd’autrui;  ce  qui  ne  m’eft  ar- 
rivé qu'une  feule  Fois  j j’ai  moi-même  réitéré  cette  Obfer  vation,  je  Vai  def- 
finée&  fidèlement  mife  dans  cette  Kfquifie,  àlaquelle  j’ai  ajouté  la  Pointe 
finguiièrea),  quimanquoit  au  Deffein  de  Mr.Strafskirchcr.  Apres  ctla 
vient  la  Partie  du  Milieu  ou  la  plus  groficb);  & celle  de  la  Racine  c)  fur  la- 
quelle OB  peut  voir  la  Racine  elle-même,  d)  Efi;  le  Poil  de  Chevreil  de 
Grandeur  naturelle.  ToiitleRéfeau  extérieur,  ou  la  Conftitution  de  ce 
Cheveu,  efi;  compofé  d’unBout  àPautre  d’HexagoneS  régulièrement  tref* 
fés  &ces  Hexagones  font  encore  entrelacés  de  Nerfs  ou  de  Veines  très  fi- 
nes, mais  qu’on  ne  peut  difiingucr,  que  par  Nro,  oo.  Je  fais  que  Vous 
cxaminerés.cet  Objet  avec  autant  de  Plaifir,  que  Vous  en  feront  les  fuivans 
quim’ont-  été  envoïés  par  le  même  Ami. 

Vous  allés  donc  les  voir  dans  deux  Fig.  ou  DelTcins 

TABLE  L.. 

Fig.  !♦  Le  Sel  compofé  bleu  & 

Fig.  2.  Le  Sel  du  Trefle  acide. 

J’avoue  de-bonne  Foi  que  j’ai  douté  avec  bien  d’autres  Gens,  qu'il  fût 
poffibie  defaire,par  I’Art,du  Selbleu^  qui,  à caufe  de  fa  Tranfparencc,  mon. 
trât  & confervât  la  Couleur  fous  le  Microfeope  : M’étant  découvèrt  la  def- 
fus  à mon  Ami,  il  m’écrivit  la  Lettre  füivante,  que  je  me  fais  un  Plaifir  de 
Vous  communiquer; 

Monfieiir^ 

„ Vo-'.  m’avés  marqué  dans  Vôtre  chère  Lettre,  que  Vous  dou- 
„ tiés,  qu’il  pût  exifter  du  Sel  bleu^  je  prends  la  Liberté  de  Vous  en 
envoïer  une  Epreuve.  C’eft  une  ^olut-o  f^eneris  in  alcali  urinofo^  & 
,,  je  crois  que  les  Amateurs  du  Microfeope  y trouveront  autant  de- 
,,  quoi  admirer,  que  dans  ks  autres  Sels,  qu’on  fait  avec  des  Métaux 
,,  & un  Acide  falé.  je  Vous  dirai  ingénument,  que  je  me  fuis  trou- 
,,  vé  fort  trompé  dans  la  Penféc  où  j’etois  d’abord,  que  ce  fût  qucl- 
„ que  Chofe  de  très  facile.  Je  fis  je  ne  fais  combien  d’Eflais,  dont 

la 


>3 


TAB.  L.  Fig.  I.  Sel  coirpofé  bleu.  117 

,,  la  Plupart  me  manquèrent.  D’autres  femontroient  bien  bleus  dans 
„ la  Solution;  mais  point  de  Cridaux;  de  Sorte  que  je  commençai 
moi-même  à douter,  qu’il  fût  poflible  de  réüflir  à porter  un  tel  Sel 
„ fous  le  Microfeope.  J’y  réüffis  cependant  à la  Fin;  & j’aurai  bien 
I,  de  la  Joie,  fi  cela  donne  quelque  Satisfaction  & à Vous  & aux  au- 
„ très  Amateurs  de  ces  Obfervations.  Dumoinscela  c on  flatte- 1- il, 
„ que  \cSal  alcali  volatile  Ce  Criîlalife.  En  voici  l’Operation  elle  même: 

„ Je  pris  du  Sel  volatile  cornu  cervi  bien  pur,  un  demi  Qj^art  d’OneCt 
,,  & I ç.  Grains  de  Lame  bien  mince  de  Cuivre,  que  je  coupai  bien  petit 
,,  avec  des  Cifeaux,  je  mêlai  le  tout  enfemble  dans  une  Fiole,  que 
„ je  bouchai  bien  avec  du  Liège.  Enfuite  j’y  mis  7.  à 8.  Goûtes  de 
,,  bon  Spiritus  falis  armoniaci  vinofi,  pour  en  avancer  d’autant  mieux  U 
,,  Solution.  Je  mis  ce  Mélange  un  peu  au  Chaud;  furquoi  il  faut 
„ obferver  de  ne  le  pas  laiffer  trop  chauifer;  autrement  le  Sal  volatile 
„ s’envole.  Si  Vous  voulés,  Monfieur,  en  faire  l’Experiencc,  Voua 
n’avés  qu’aie  faire  tant  foitpeu  chauffer,  mais  bien  bouché  &à  en 
„ mettre  avec  un  Bout  de  Bois  une  groffe  Goûte  fur  le  Porte-Ob- 
,,  jet.  Que  fi,  contre  Attente,  les  Criflaux  ne  font  par  affés  forts, 
„ Vous  n’rtvés  qu’à  mettre  une  fécondé  Goûte  fur  la  première,  & 
pour  humeéler  le  Sel,  prendre,  comme  j’ai  dit , 6.  à Goûtes  de 
„ Spir.  jaK  arm.  vineji,  plus  ou  moins,  fuivant  que  Vous  le  trouverés 
„ convenable.  Prénés  feulement  garde  que  le  Sel  ne  fe  difibude  en- 
„ tiérement;  autrement  il  n’aura  pas  un  Succès  à Souhait.  Peut- 
„ être  Vous  fournirai -je  dans  peu  encore  du  Sel  rouge.  En  atten- 
„ dai\t  &c.  Bayreuth  le  ly.  Avril  1763, 

Strafskircher. 

Je  n’ai  donc,  Mon  Chèr,  rien  à ajouter,  qu’à  Vous  renvoïer  à mon 
propre  Deffcin,  qne  Vous  admirerés'à  Coup  fur.  La  Couleur  bleue 
Fig.  I.  ne  peut  être  portée  plus  loin.  Elle  fe  foutient  & efl  auffi  belle 
& tranfpaiente  que  le  plus  beau  Saphir,  11  y-a  par  delTus  & par  deifous 

de 


îîS  TAB.  L.  Fig.  1.  Configuration  du  Sel  du  Trèfle  acide. 

de  petits  OBogones  pointus,  qui  fe  préfentent  tantôt  en  plein,  tantôt 
de  Côté,  Je  n’ai  pu  y remarquer  aucune  Configuration. 

La  Figure  z. 

La  Configuration  & les  Criftaux  du  Sel  du  Tre'fîe  acide. 
/icedofeüa,  ou  AÜeluja^  Lujula  ^ Juliola,  ^ Trifolium  acetofum  feu  addum 
fore  albo  ^ purpurefcente,  Oxis  filveftrisfiore  albo,  panis  Cucuii,  Trifolium  cor- 
datum  ^ cordiale;  ce  font  tout  des  Noms  , que  Ton  donne  à l’Herbe  of- 
ficinale, dont/e  fait  ce  Sel,  Si  Vous  le  voulés  imiter.  Vous  n’avesqu* 
à la  diftingucr  de  la  grande  Ofcüle  commune,  ou  fauvage , Acetofa 
vülgaris  feumajor',  & nous  ferons  apparemment  les  mêmes  Obfervations, 
Vous  en  trouverés  ici  en  même  Tems  la  Configuration  & la  Cri_ 
fialifation.  La  prémière  répréfente  des  ArbrilTeaux  a)  garnis  de  jolies 
Branches,  les  unes  avec,  les  autres  fans  feuillage.  Pour  les  Chriftaux 
ce  font  des  Bâtons  longs,  quarrés,  comme  des  Réglés  b)  ou  des  Quanés  en 
Forme  de  Lofanges  c)  terminés  par  des  Angles  extremément  aigus; 
parmi  lefquels  il  y en  a qui  relTemblent  à des  Selenites  d).  11  y a iong- 
tems  que  je  ne  Vous  ai  envoïé  de  Sels  ; & comme  cette  Table  com- 
plette  la  troifième  Partie,  j’ai  voulu  finir  par  cette  Obfervation,  qui 
n’eftpas  des  plus  communes,  & ajouter  par  Surabondance  le  Sel  deTréfie 
au  Sel  bleu,  lequel  fait  aufii  un  très  bel  Effet  fous  le  Microfeope. 

Vous  aurés  la  Bonté  d’agréer  le  tout,  comme  autant  de  Marques 
de  mon  fincère  Attachement,  de  m’honorer  toujours  de  Vôtre  bienveil- 
lance , ,&  d’être  perfuadé  que  rien  n’égale  la  Confidération  avec  laquelle 
je  fuis  &c. 

Martin  Frobène  LedermUÜer^ 

Au  Commencement  la  Fin  de  toutes  Cbofes,  f Eternel  Notre  DIEU  ^ CreA^ 
ÎEUR  d Lui  feui  foit  Louange,  Gloire.,  ABion  de  Grâces  d' Eternité  en  Eter» 
mtè.  Amen  ! 


LET.  I. 
— IL 


TABLE  DES  MATIERES. 


Manîmens  & Obfervations  microfcopïques 


4* 


pp.  f. 4.  If. 2^.33.37. 

— . m.  - - - . - 7. 

TAB.I.LeMicrofcopefolairedeCuff,aveclaCîiambreobfcure  , îb. 
— II.  Le  Microfcope  folaire  par  derrière  & 2.  Chambres  obfcures 
avec  des  Répréfentations  optiques  - - 

— IIL  Un  petit  Rond  d’un  Brin  de  Paille  - - ii. 

— IV.  Un  Morceau  coupé  en  travers  d’une  Goufife  de  Semence  de 

Mauve  fauvage  - - - ib. 

— IV.  ‘ . " ■ . ” " “ 

— V.  Le  Microfeope  manuel  de  Wilfon  ou  de  Poche  de  Kulpcper.  ib. 

— V.  • - - - - -15. 

VI.  Le  Microfeope  manuel  de  Wilfon 


— VI. 


— VIL 


VII.  Puces  d’Eau  noires  -, 

VIII.  Le  Bout  d’une  Langue  de  Boeuf  bouillie 


VUL 


Hiftoire  de  l’Arbre  qui  porte  le  CafFée 

IX.  Fidèle  Deffein  du  Pou  de  l’Arbre  qui  porte  le  CafFée 

X.  Peinture  de Mr.  le  Syndic  Klein,par  laquelle  il  répréfente  le 

CrûduCaftee  - - • 2f 


!?• 

19. 
ib. 

20. 

21. 
îb. 


— IX. 


— XL  Defcripfion  desPiéces  d’unMicrofeope  univerfel  de  nouvel- 

le Invention  _ • - 

— XII.  Le  Coffret  - « _ _ 

XIII.  Le  Compas  drefîe  - - - _ 

XIV.  Les  Pièces  qui  appartiennent  au  Microfeope  corapufé 

XV.  Lampe  pour  les  Obfervations  noÊturncs 

XVI.  Un  petîtRond,  coupé  d’un  Jonc  d’Elpagne 

XVII.  Du  Poil  d’Animaux  & d'Infeûes 


XL 


l6. 

»7. 

32. 

33- 

34- 
35' 
36. 

37- 

3S> 

39- 

43. 

îb. 

4<^. 


XVIII.  Islîéle,  ouMoulTe  fur  une  Feuille  de  Poirier 

XIX.  Le  Charenfon  blanc  > - _ 

XX.  Une  Papille  à Crochet  bien  g-roflle,  ou  une  Verrue  de  Lan- 
gue de  Boeuf,  aulïi  bien  dedans  que  dehors  la  Guéae  - y i. 

LET. 


^ Sk 


LET.  XII  - - - - - f?. 

TAB.  XXI.  & XXII.  Un  Coffret  exprès  pour  le  Microfeope  folaire  - ib. 

— XIII.  - ' ‘ ■ - 56. 

— 1CXIII.&  XXIV.Machine  anatomique  microfeopique  de  l’Inven- 
tion de  Mr.  Lieberkuhn  de  Berlin  - 59. 

— - XXV.  Une  pareille  Machine  avec  les  Noix  de  Mufehenbrock  - 60. 

— XIV,  - -----  62. 

--  XXVI.  XXVII.  xxvm.  XXIX.  Une  de  plus  belles  Chenilles,  fa 

Métamorphofe  & quelques  Parties  de  fon  Papillon.ib. 
— XXX.  Efquifle  d'un  Abricot  frais  - - 66. 

Apoffille  - . - - - - ib. 

— XV.  - - - - - 70- 

— XXXI.  & XXXII.  Sur  les  Microfeopes  anciens  & modernes  - ib. 

— XVI.  - . . - 72. 

— XXXIÏI.  Une  Boule  de  Poil  - - 71. 


— XVII.  - - - - - 79- 

— XXXIV.  Le  Boïau  de  la  Ponte  d’une  Mouche  femelle  - ib. 
— XXXV.  La  Corneéc  d'une  Mouche  - - ib. 

— XXXVI.  Une  Tête  entière  de  Mouche  - - 81. 

— XXX VU.  La  Tête  entière  de  la  Mouche  par  derrière  avec  le 

Collier  - • - 83* 

XVIII.  -----  87* 

— XXXVIII.  Une  petite  Lame  d’Or  fin  - ' - ib. 

— XXXIX.  Deux  Bouts  de  Fil  d’Or  • - 89. 

— XL.  Un  Morceau  de  Sapin  blanc  coupé  perpendiculairement.  91. 

— XIX.  Qui  eft  une  Rèponfc  à quelques  Objections  - - 9 

— XX.  - - - - - lor. 

— XLL  Le  bas  du  Corps  de  laMouche,  confîdéré  parle  Dos  , joz. 
— XLII.  Toute  la  Mouche  du  Côté  de  la  Poitrines.;  du  Ventre  - 103. 
— XLIII.  Un  Morceau  de  Bois  de  Sapin,  coupé  d’une  Branche  en 

travérs  - - - - log. 

— XLIV.  Un  Brin  d’Herbe  ou  de  Feuille  de  Ség;le  ^ 109. 

— • XLV.  Les  Crochets  &l  quelques  autres  Parties  de  la  Bardane  1 1 r. 
— XLVI.  LaMoilledcl’Acorus  - - ib. 

— - XL VII.  Ô;XLVHI.  La  Tulipe  & quelques  Particularités  de  fa 

Poufliére  - - 112. 

— dernière  - p - - - 1 1 f . 


— XLIX.UnPoil  deUhevreil  ...  jb. 

— L.  Fig.  r. Sel compofé bleu  - - ii^. 

Fig.  1.  La  Configuration  & les  Chrillaux  du  Sel  acide  - 1 1 g* 


FIN. 


REPONSE 

DE 

MARTIN  FROBE’NE  LEDERMULLER 

A 

QUELQUES  OBÎECTIONS  ET  DOUTES 

A LUI  FAITS 

PAR  ^ 

ÆO  NSIEUR 

LE  BARON  DE  GLEICHEN; 

LAQUELLE  SERVIRA  DE 

SUPLEM EN T 

AUX 

AMUSEMENS 

MICROSCOPIQUES;  / 

AVEC  UNE  ADDITION 
DE  l’ENTREPRENEUR  DE  L’OUVRAGE 

/ 

ADAM  WOLFGANG  WINTERSCHMIDT, 

Accompagnée 

d’une  Obfervation  exafte  de  fa  Façon  d’une  Mouche  de  Cham. 
bre,  quiavoitplufleLirs  petits  Infedes  fur  elle,  trèsfoigneufementdel- 
fmée  d’après  Nature,  par  la  Lentille  microfcopiquc  Nro. 


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3 


SUPLEMENT 

AUX  . 

AMUSEMENS  MICROSCOPIQUES. 


I ’allois  fuccomber  fous  les  Poids  de  mon  Sort  de'plorable,  fi  mes 
longues  infirmités  n’euffent  rendu  ma  Patience  à toute  Epreuve., 
Car  dans  ie  Tems,  que  je  me  croïoîs  à deux  Doigts  de  la  Mort  & que 
dans  mon  extrême  Foiblefie,  je m’occupois  entièrement  de  Penfées  con- 
formes à mon  Etat;  je  reçus  deux  Ouvrages , où  l’Auteur  faifoit  dp 
moi  une  Mention,  qui  m’obligeai  même  me  nécelfita,  en  partie  demc 
jufiifier  publiquement  des  Accufations,  que  l’on  me  faifoit  ainfi  en  Pu- 
blic, & en  Partie  d"’y  répondre  , l’un  Sc  l’autre  avec  toute  la  Concifîon 
polliblc. 

Je  reçus  de  mon  Entreprenneur  le  St,  Winterfchmidt ^ le  premier 
Ouvrage  imprimé,  intitulé.;  Hiftore  de  la  Alouche  de  Chambre,  En  le  par- 
courant, je  m’y  trouvai  cité  deux  Fois.  Et  je  m’envai  rapporter  les 
propres  Termes  <le  Mr.  le  Baron  de  Gleichen.  Voici  donc  comme  s’ 
exprime  ee  Seigneur  dés  la  première  Page: 

,,  L’on  ne  fauroit  préfque  faire  Ufage  du  Microfcope  de  Wilfon 
„ pour  ces  Recherches.  Comment  pourroit  ou  pafier  dans  l’Etui  de 
,,  la  Vis  une  Mouche  entière  fans  l’ecrafer?  Le  Microfcope  en  For- 
„ me  de  Compas  feul  ne  fait  pas  bon  Eifèt  , ce  que  je  vérifie  par 
,,  les  Obfervations  de  In  Mouche  de  Mr.  le  Confeillér  de  Juftice  Ledermuller^ 
„ dans  la  troifième  Cinquantaine  de  fes  Amuferacns,  comparées  avec 
„ les  miennes.  Je  fuis  trop  perfuadé  de  la  Ponclualité  de  Mr.  Leder- 
,,  muîler  à examiner  les  Objets,  pour  attribuer  les  Erreurs  qui  fe  reii- 
,,  contrent  dans  fes  Figures  à autre  Chofe,  qu’au  peu  d’Uiage,  qu’il 
„ y a à faire  du  Microfcope  en  Forme  de  Compas,  dont  il  s’eflfervi 
„ dans  la  troifième  Partie  de  fes  Amufemens,  & principalementpour 
examiner  la  Mouche. 

& Page  i6. 

„ Je  ne  fais  par  quel  Hazard  Mr.  Ledermuller  s’eft  laifféaller  à def* 
,,  fincr  & à décrire  ce  Tuïau  (il  sKigit  ici  du  Bdiau  de  la  Ponte  d'une  Âlou- 

a 2 cbe 


4 Supptement 

3,  che  femelle)  comnne  écant  le  Membre  viril  de  la  Mouche,  tuais  écrafé. 
„ l’avoue,  qu’il  a manqué  tne  faire  prendre  le  Change  à moi- même, 
„ furtout  lorfque  j’ai  lû,  qu’il  prétendoit  avoir  vû,  jufqu’à  des  Ani* 
„ maux  fpermatiquç.s. 

Monfîeur  le  Confeiller  intime  a jugé  à propos  de  fe  de  déclarer  contre 
moi  dans  t’Hiftoire  delà  Mouche  de  Chamhe.  Mats  comme  je  i’avois  re- 
çue quelque  Jours  avant  que  d’avoir  fes  noavelki  Objervaiions  fur  le  Régné 
végétal  mon  Indifpofition , qui  alloit  toujours  en  augmentant,  me  fit 
hâter  d’ébaucher  en  Képonfe  ce  qui  fuit; 

Puifque  Monfîeur  le  Confeiller  intime  a fait  mention  du  Microfeope 
manuel  de  Wilfon,  que  j’ai  defiiné  dans  les  Effampes  V.  & VI.  qu’il  me 
fûit  permis  d’yripofier  deux  Mots  comme  en  pafTant. 

Rien  n’efi  plus  certain,  qu’on  ne  fauroit  mettre  dans  i’Etui  de  la 
Vis  une  Mouche  entière  pour  l’examiner,  fans  l’écrafer  j & peut-être  n’y 
auroit-il  que  des  Enfans,  qui  s’en  avifafient. 

Mais  il  n’en  cftjpas  moins  fondé  en  Expérience,  qu’on  ne  laiffe  pas 
d’en  pouvoir  confidérer  non  feulement  la  Mouche,  mais  aufii  de  plus 
gros  Objets,  quand  l’on  fait  bien  s’en  fervir,  comme  p.  e.  Monfîeur  le 
Confeiller  de  Cour  Scbmïedel  & autres,  faits  à de  tels  Experimens,  & qui 
s’entendent  parfaitement  à manier  ces  Sortes  d’inftrumens  fuuples. 

Les  Amateurs  de  la  Pratique,  n’en  demanderont  pas  d’autres  Preu- 
ves, un  Exercice  bien  dirigé  devant  les  mieux  convaincre  de  cette  Vé- 
rité, que  ce  que  j'en  pourrois  dire. 

Je  viens  donc  au  Fait,  qui  porte  fur  deux  Objeélions?  t)  que  Ton 
prétend  que  rinfiriiracnt  donjt  je  me  fuis  fervi  dans  la  troifième  Cin- 
quantaine, Sr  par  lequel  l’avais  auflî  examiné  la  Mouche,  cfl  un  Micro- 
feope en  Forme  de  Compas,.  Infirument  dont  l’on  ne  fauroit  faire 
„ bon  Ufage,  & auquel  il  faut  attribuer  les  Erreurs,  qui  fe  rencomirent 
„ dans  la  Defcripfion  de  la  Mouche.  “ 

La  fécondé,  que  ,,  j’ai  pris  le  Tuïau  de  la  Ponte  d’une  femelle, 
J,  par  la  même  Caufe,  pour  le  Membre  viril  d’une  Mouche  mile,  “ 

Je  ferois  peut  être  tort  à moi- même,  fi  je  voulois  être  mé- 
content de  la  Manière,  dont  Monfîeur  le  Baron  de  Ckichen  a fait  ces 
Remarques;  & comme  il  a la  Bonté  de  me  flatter  d’une  ponéiualité 
connue  dans  mes  Obfervations  5 j’en  puis  aifément  conclure,  que  c’efl 
ou  quelque  pauvre  ConnoîiTeur  en  Jnfirumiens  microfeepiques  , ou 
quelque  Kfprit  in.terelTé  qui  m'en  veut,  qui  a fait  à MonGcur  ic  Confeil- 
1er  intime  un  Portrait  fi  défavantageux  de  la  ISature  du  M.-crofeope, 
dont  j-s  me  fuis  fervi  û utilement  jufqu’ici , & que  je  ne  rve  difeonti- 

niicrai 


aux  AmufemeuB  microfcopîques.  î 

nuerai  pas  d’cmploïer,  tant  que  Dieu  me  donnera  les  Forces  de  travail- 
ler à de  pareilles  Obfervations. 

tl  ne  me  faudroit  peut-être  pas  aller  bien  loin,  pour  trouver  &pour 
nommer  ce  pitoïable  Décriveur  de  Microfeopes.  Peut-être  même  pour- 
rois-je  découvrir  les  Raifons,  qui  lui  ont  fait  faire  un  Rapport  fi  faux 
à Monfieur  le  Confciller  intime. 

Mais  en  paffant  équitablement  là  defius,  je  m’en  vai  tâcher  de  mon- 
trer avec  Evidence  & à ce  Seigneur  & au  Public,  qui  a été  mal  informé 
à cette  Occafion  , que  je  ne  me  fuis  nuilement  fervi  du  Microfeope  en 
Forme  de  Compas,  & que  ce  n’efV  point  du  tout  à i’inftrument  que  j'ai 
emploie  dant  la  Défcripfion  de  Cinquantaine^  qu’il  faut  impu- 

ter. l’Erreur  qui  s’y  peut-être  giifTée  touchant  la  I>èfcripfion  de  la  Mou- 
che, fi  toutes  fois  il  s’y  en  effc  glilTé  queicune. 

Ne  pouvant  donc  en  venir  plus  facilement  à Bout,  qifen  deffinant 
exaélement  les  Inftrumens  avec  iefquels  ce  Seigneur  & moi  avons  exami- 
minèla  Mouche,  je  n’ai  pas* manqué  d’en  faire  graver  une  Eftampe  & 
de  la  foLimettre  modeftement  tant  au  Jugement  & à la  Décifion  de  Mon- 
fieur le  Confeiller  intime,  que  de  to'ut  ConnoilTeur  & Amateur  im- 
partial. 

La  ConnoilTancc  que  j’ai  de  leur  Equité, |me  perfiiade  fans  peine,  qu’ 
ils  prendrontrinRrument  microfeopiquede  Mr.  lé  Confeiller  intime,porté 
dans  la  Tab.  XII.  de  ma  troifième  Partie, ^ & dans  la  fécondé  Table  de 
fes  nouvelle  Obfervations  fur  le  Kegne  végétal,  plutôt  pour  un  Micro- 
feope en  Forme  de  Compas,  que  celui  de  Alikbmeyer  dont  je  me  fers,  & 
qui  fe  trouve  ici  Table  i. 

Que  fi  l’on  vouioit  m’objeéler,  que  le  premier  peut  être  arrangé 
dans  fes  Parties  d’une  Manière  plus  avantageufe  pour  la  Pratique,  que 
ne  l’eft  le  mien;  il  faudroit  que  le  fimple  Examen  de  ces  Parties  levât 
tout  de  Suite  ce  Doute;  puilque  l’on  trouve  dans  le  mien  tout  ce  que 
contient  i’Univerfel  de  Mr.  le  Confeiller  intime. 

Les  Z.  Mro  rq  les  f^is^  les  R jfrrs,  la  Direlion,  les  Ecrous^  lesLentiües  mkrofeo- 
piques,  leur  Enckr.jjure commode^  &.toutle  Refie  qui  fe  trouve  dans  la  Tab., 
XI.  de  la  troifième  Partie  de  mes  Amufemens  & dans  la  1 ab.  I.  des  nouvelles 
Obfervatvm  Te  verra  auiTi  dans  lapréfente,  ^ de  là  il  s’enfuivra  nécelTai- 
rement  que  l’un  vaut  l’autre  pour  la  Pratique;  que  celui  de  Mlcbmeyer 
n’ell  pas  fans  Utilité  pour  les  Obfervations,  & enfin  que  les  Fautes  qui 
ont  été  faites,  ne  tombent  point  fur  le  Compte  du  Microfeope. 

Comme  je  crois  avoir  fuffifamment  répondu  à la  première  Obje- 
élioiij  il  ne  me  refie  qu’à  dire  deux  Mots  fur  la  Seconde. 

a i Celle 


6 Supplément 

Celle  ci  coafifte,  ainfî  qu’on  a dit,  dans  l’Erreur  où  j’ai  donné  en 
répréfcntant  les  Parties  de  la  Mouche  & priricipalement,  fon  Boùiu  de 
tonte^  ^ Us  Animalcules  fpermatiques  ^c. 

Je  fuppofe  donc  ici,  que  celui  qui  veut  écrire  d’une  Créa- 

ture (je  dis  exprès  l’Hijîoire)  doit  faire  beaucoup  plus  d’Obfervations, 
qu’un  autre , qui  ne  fait  qu’en  examiner  quelques  Parties  détachées 
dans  un  Mè'ange^  fujèt  à des  Bornes  allés  étroites. 

Monfîeurle  Confeiller  intime  a donc  voulu  & dû  voir  d’avantage; 
& par  confequent,  il  aplus  vû&plus  répréfenté  quemoi,  Sansparlcr  que 
Mr.Winterfchmidtn’a  vendu  que  36.  Kr.  les  6.  Ellampes,  qui  rèpréfentent 
les  Parties  détachées  de  la  Mouche  de  mon  Ouvrage  * au  Lieu  quel’Hif» 
toire  de  la  Mouche  de  Chambre  avec  fes  4,  Eftampes  fe  vend  a,  fl.  1 
Kreuzer. 

D'ailleurs  le  Proverbe  dit,  que  fi  deux  font  même  Chofe,  elle  n’eu 
fera  pourtant  pas  la  même.  Les  Objets  de  la  Mouche  de  Mr^  Iç  Con- 
feiller intime  ne  mériteront  pas  d’autres  ISems,  que  ceux  de  la  mienne. 
Nous  avons  tous  les  deux  examiné  chacun  une  Mouche  ; maisec  n’eft 
pas  à dire,  que  c’ait  été  la  même  Mouche. 

Mônfieur  THiflorien  de  cetinfeéle,  décrit  la  Mouche  de  Chambre  ^ 
convient  lui-même , que  le  Nombre  que  Goedard  feul  détermine,  ne 
comprend  pas  à beaucoup  près  toutes  les  Efpèces  de  Mouches,  qui  lè 
découvrent  tous  les  Jours  & qui  font  déjà  connues. 

Or  que  la  Mouche  que  j’ai  dépeinte  dans  les  Eflampes  XLÎ,  &XLI(. 
de  matroifième  Partie , ait  été  de  tout  une  autre  Efpèce,  que  ne  font 
les  Mouches  ordinaires  de  Chambre  ^ c’eft  céqui  fe  confiatte,  tant  par  fes 
Couleurs  & fa  Figure,  que  par  d’autres  Parties  de  fon  Corps^ 

L’on  n’a  qu’à  en  confronter  les  deux  Rêpréfentations  l’iinc  contre 
l’autre,  pour  s’en  convaincre.  Entre  autres  elles  fe  didinguent  beau- 
coup par  la  Couleur;  & ce  qui  dans  la  Mouche  de  Mr.  le  Confeiller  in- 
time ed  brun^  fe  voit  dans  celle  que  j’ai  deffinèe  blanc  Çÿ  verd  d' Acier, 

Mais  pour  ne  me  pas  faire  taxer  de  Confufion,  je  m’en  vai  parcou- 
rir une  Table  après  l’autre  celles,  où  il  s’agit  de  Mouches  dans  ma  3. 
Partie;  pour  voir  là  où  l’on  a remarqué  quelque  Méprife, 

LA  TAB  XXXIV. 

répréfenîe  une  Figure,  que  j’ai  nommé  le  Membre  viril  de  la  Mouche. 

Cette  De'nomination  efî:  abfolurrrent  fauffe,  & je  me  vois  obligé 
de  prier  mes  Leüeurs  de  me  pafTer  cette  Méprife.  Errcre  buménum  ^ fed  in 
errore  perfsverare  diabolicum.  Je  ne  voudrois  pas  que  ce  dernier  me  fut 
reproché. 


L’aveu- 


7 


aux  Amufemens  microfcopiqoes. 

L’aveugle  Hazard  dont  Monfieur  le  Boron  voudroît  être  informé, 
vient  en  Partie  de  toute  la  Figure  de  cet  Organe,  lequel  refTemble  plus 
à un  Membre  viril,  qu’à  ce  qu’il  eft;  en  Partie  du  peu  d’Expérience, 
que  j’âvois  dans  de  telles  Diffeélions  ; car,  je  l’avoue,  je  n’avois  encore 
jamais  examiné  aucun  Organe  de  Génération  en  particulier  & avec 
tant  de  Soin.  ^ 

Mais  il  n’efl  perfonne  de  bonne  Foi , je  penfe , qui  ne  convienne, 
qu’ileft  fort  aifé,  qu’il  fe  glilTe  de  telles  Fautes. 

La  feule  Chofe  que  je  fouhaiterois,  c’eft  que  Mr.  le  Baron  deGleî- 
chen,  eût  bien  voulu  régarder  de  plus  près  les  Termes  de  mon  Expli- 
cation, qui  difent  formellement  dans  l’Édition  allemande  p 62.  de  fa  3. 
Partie,  que  ,,  cette  Partie  étant  devenue  tranfparcnte  pour  avoir  été 
,,  écrafée,  j’avôis  été  obligé  de  me  fervir  pour  Pobferver  du  Micro- 
„ feope  de  Wiifon,  au  Lieu  de  celui  de  Milchmeyer. 

L t Monfieur  le  Confeiller  intime  eft  bien  lui-même  encore 
à découvrir  la  huitième  Paire  d’Ouvertures  des  trachées  des  Papillons,  lefquel- 
Ics  cependant  Reaumur  & Bafin  ont  vues,  & qu’on  peut  voir  encore  tous 
les  jours,  l’Oeil  nud,  dans  les  Chryfaiides  de  Papillons. 

Je  ne  laifle  pas  de  réitérer  ma  Prière  & de  convenir  que  Mr.  le  Ba- 
ron de  Gleichen  a défini  & fixé  ce  Membre  bien  plus  aujufte  que  je  n’ai 
fait , & qu’il  a eu  raifon  de  le  nommer  le  Boïau  de  la  tonte  de  la  Aloucbe 
femelle. 

Je  m’apperçus  moi-raeme  de  mon  Errreur,  avant  que  VH’fto're  de^a 
Mouche  fût  fous  la  Prefie  ; & dés  le  Mois  d’Août  1-754.  j’avertis  mon  En- 
trepreneur , qu’il  faloit  changer  l’Explication  delaTab.34.de  las.Cinquan* 
tainc  de  la  'I  raduélion  françoife  Voies  p.  79,  Tab,  XXXlV. 

Car  au  Printems  aiant  eu  Occafion  d’examiner  divèrs  Infcéles  volans, 
je  ne  tardai  pas  à découvrir  la  Méprife,  par  ceque  les  Femelles,  pour 
la  plûpart  ont  de  femblabîes  Bnùux  de  Ponte,  quoique  plus  gros,  & qu’ 
elles  font  leurs  Oeufs  de  la  même  Manière  , par  une  Ouverture  parti- 
culière, mais  un  peu  plus  haute. 

Les  Particules  ovales  de  la  Subjlance  fluide,  que  l’Ecrafcment  de  ce 
Boïau  de  Ponte  en  avoitfait  fortir,  & que  la  Vraifemblence  me  fit  pren- 
dre pour  des  /Animaux  fpermatiqiits  morts,  je  les  ai  prifes  pour  telles  par- 
eeque  non  feulement  elles  refiTembloient  beaucoup  aux  Animalcules  fper- 
matiques  du  Lait  de  Carpe,  mais  encore  par  ce  que  la  Refiemblencc  du 
Tuïau  de  la  Ponte  & du  Membre  viril  , que  j'ai  déjà  indiquée  fait  aifé- 
ment  prendre  l’un  pour  l’autre.  Les  Termes  dont  je  me  fuis  lervi  dans 
l’Explication  allemande,  font  encore  foi,  que  je  n’en  ai  parlé,  que  par 
Conjeélure. 

jî 


En- 


s Supplément 

„ Enfin  fi  les  Corpufcules  de  Figure  ovale,  qui  fortoîcnt  parrOu- 
,,  verture  d’enhaut,  étoient  des  Animalaules  fpermatiques?  c’eft  ce 
,,  que  je  ne  puis  dire  avec  Certitude,  ne  les  aïant  vûs  ni  en  Vie  ni 
,,  en  Mouvement  “ 

Combien  de  Naturaüfles  infiniment  plus  grands  ne  s’expriment  ils 
pas  de  la  même  Façon?  Mr,  Lyonet,  l’iminitablc  Lyonet  ne  s’explique  pas 
a^utrement  dans  fa  DiiTeiStion  de  la  Chenille  de  Saule:  fâi  cru  voir,  il  rna 
fembléy  U m’a  paru. 

LA  TABLE  XXXV. 

fans  Contredit  la  Coruêe  des  Teux  de  la  Mouche^  laquelle  fuivant  les  di- 
vers GroffifTemens , fait  voir  des  Images  diffe'rentes,  & des  Cibes  tan* 
tôt  quarrées,  tantôt  hexagones. 

LES  TABLES  XXXVI.  & XXXVII. 

Une  Tête  entière  de  Mouche,  prife  de  Côté  & par  derrière  &c. 

Celle  • ci  ne  refTemble,  fans  doute,  pas  entièrement  à celle  de  la 
Mouche  de  Chambre  de  Mr,  le  Confeiller  intime  de  Gleichen.  Le  f oU 
en  eft  blanc  & toutes  les  Parties  en  font  tout  autremenifaçonnées  C’cll 
auili  ce  que  difent  les  Termes  de  mon  Explication. 

,,  J’apperçus  d’abord  une  Blancheur  toute  particulière,  que  je 
,,  n’avois  encore  jamais  vû  qu’en  très  peu  de  Mouches;  furtout  le 
3,  Collier  & le  dcrrie're  de  la  Tête  étoient  tout  blancs  & orne's  de 
3.  Taches  noires. 

Si  Monfîeur  le  Confeiller  intime  cft  bien  perfuadé  de  ma  Ponèlualité, 
il  aura  bien  la  Bonté  de  croire,  que  je  fais  du  moins  diûinguçr  le  Blanc 
d’avec  le  Brun  ou  le  Jaune. 

Que  fi  l’on  veut  foutenir  quelque  Différence  dans  les  autres  Parties, 
que  j’ai  toutes  fort  exaélement  defTinées,  il  faudra  la  prendre  dans  la 
Diverfité totale  des  Mouches  qui  ont  été  examinées,  & qui  paroit  ici 
dans  tout  fon  Jour,  & non  point  dans  des  Membres  particuliers  & 
*noins  encore  dans  le  Microfcopc. 

LA  TAB.  XLI. 

Le  Dos  de  la  Mouche 

Etoit  de  même  que  le  Collier  fort  différent  en  Couleur  à celui  de 
la  Mouche,  que  Mr.  le  Confeiller  intime  avoit  examinée.  Rien  de  plus 
juûe  que  cette  Gravure,  & j’ai  l’honneur  d’affurer  le  Leéleur,  que  je 
n’ai  pas  vû  à faux.  La  Couleur  n’étoit  ni  bleue  , ni  verre,  bien  moins 
encore  jaune;  mais  elle  changeoit  en  donnant  dans  le  f erd^Acier.  A 

Côté 


9 


aux  Amufemens  Microfcopiques. 

Côté  de  chaque  Divifion,  je  vis  une  Tache  brune,  & il  y en  avoit  en 
tout  g.  à la  Partie  d’enbas  ou  au  Dos  & 13.  à la  Partie  d’enhaut  ou  au 
Collier. 

La  Table  XLII. 
le  Ventre  de  la  Mouche. 

Perfonne  ne  peut  & ne  doit  exiger,  que  je  puilTe  voir  dans  une 
Mouche,  que  je  n’examine  que  par  la  Loupe,  le  GroflîlTemcnt  de  tou- 
tes fes  Parties,  ou  que  je  voie  parle  Microfeope  manuel  ce  qui  ne  peut 
fe  voir  que  par  Nro.  i.  ou  o.  Je  n’ai  voulu  répréfenter  ici  que  le  Fen- 
tre  de  la  Mouche  comme  tout  uni  & fans  Poil-,  avec  un  Pié  groffi,  auquel 
je  n’ai  point  vû  de  Plantes^  mais  feulement  des  Feffies  rondes  ; pareeque 
j’en  avois  donné  dans  la  'Table  36.  la  Tête  en  particulier  avec  fon  Grof. 
filfement.  Alors  je  dellinai  ce  que  je  vis.  Le  Pié  en  étoit  arraché,  par 
confèquent  mort,  & les  Veflîes  rétirées.  Mr,  le  Confeiller  intime  les 
nomme  Plantes  des  Piésy  & les  rêpréfertte  longues;  à la  bonne  Heure  î 
Ce  qu’il- y-a  d«  certain,  c’eft  que  ces  Parties  en  Forme  de  Veilles,  fc 
rétirent,  & que  la  Mouche  peut  les  alonger  fuivant  l’Ufage  qu’elle  en 
veut  faire. 

Je  n’ai  pas  trouvé  noirs  ni  la  Poitrine  ni  les  Pies,  mais  brun  foncés. 

Et  le  Marteau  A.  B.  C.  D.  eft  une  Addition  de  Mr.  Winterfehmidt, 
à laquelle  je  n’ai  aucune  Part;  On  ne  laiiTe  pas  cependant  de  lui  devoir 
la  première  Découverte,  que,  lorfqu’on  a oté  à la  Mouche  ces  deux  Marte- 
lets,  elle  7ie  peut  plus  prendre^  cjjor. Woïés  pag,io5  &106. 3. Partie. Pour  lesPelli- 
cules  du  Bourdonnement,  je  les  ai  marquées  très  ponéluellement  dans 
la 'Table  41. 

Ce  font  tous  les  DeiTeins  que  j’ai  donnés  fur  la  Mouche  dans  cette 
troifième  Partie.  Si  l’on  peut  en  ufer  de  meilleure  Foi,  que  je  ne  fais, 
en  répondant  à cette  fécondé  ObjcèJion,  c’eA  furquoi  je  m’en  rapporte 
encore  un  Jugement  impartial  du  Leéleur,  que  je  prie  en  même  Tems 
d’avoir  la  Bonté  de  faire  Attention,  s’il  eft  bien  poflîblc  d’exiger  tout 
ce  que  l’on  peut  inférer  dans  deux  Hifloires  particulières,  dans  un  Ou- 
vrage tel  que  mes  Amufemens , dont  les  Bornes  m’avoient  été  préferi- 
tes,  pour  pouvoir  en  demeurer  a la  Modicité  du  i rix  qu'il  coûte. 

Monfieur  le  Confeiller  intime  voudra  bien  cependant  fe  perfuader, 
que  j’aurois  encore  bien  des  Chofes  à alléguer  dans  mes  Réporifes,  fi 
je  n’en  étois  retenu  par  le  Refpect  que  je  Lui  porte. 

Je  n’ai  voulu  que  juftificr  le  Microfeope  de  Milchmeyer , de  peur 
que  les  Amateurs  de  mes  Obfervations,  induits  pai  les  Suppofitions  de 
ce  Seigneur  ; ne  viennent  à croire, que  toutes  lesRccherches  faites  jufqu’ici 

b avec 


I 


J 9 SuppîetTjent 

avec  ce  Mîcrofcopc , bon  en  lui  même,  & qui  pourront  encore  fe  fai- 
re, font  fauffes  & mal  rencontrées;  ce  qui  feroit  un  Tort  irréparable 
à l’Entreprcnneur.  Je  laifle  au  refie  au  Leéleur,  à juger  & à décider, 
ti  fai  reüfli  dans  mon  Delfetn  & pour  cela  je  préfente  fiiflampe  ci-join- 
te à fon  Examen. 

Après  avoir  achevé,  ce  que  l’on  vient  de  lire,  & fur  le  Point  de 
le  faire  imprimer,  -je  reçus  un  ou  deux  Jours  après  d’un  Ami,  que  j’ho- 
rïorc  infiniment,  la  Comunication  du  fécond  Ouvrage  de  Mr*  le  Baron 
de  Gleiehen. 

Autant  que  j’eus  de  Satisfaélion  à en  voir  le  Contenu,  comme  une 
Produélion,  à bquelte  j’avois  aidé  à Bonnland  & à Nuremberg,  autant 
fus  je  frappé  de  la  longue  que  Mr.  le  Confciller  intime  avoit  an- 

nexée à l’I^xplication  de  fa  Table  ai.  touchant  f Herbe  de  Lin, 

Jiifqu’où,  difois-je,  après  en  avoir  fini  la  Lecture,  un  Grand  Efprit 
peut  fc  laifler  entraîner  à la  Palîion,  & fc  prêter  à de  pitoïables  lUu- 
fions,  que  lui  font  des  Perfonnes  rampantes  & interefféesl 

Car  à rie  confidérer  cette  Note  qu’avec  des  Yeux  nets  & dégagés 
de  Prévention,  il  eft  d’abord  palpable,  & l’on  n’a  nulle  Peine  à deviner, 
que  Mr  le  Baron  de  Gleichèn  a facrifié  & le  brave  Milchmeyer  & moi 
à fon  Fntreprenneur  & à deux  Artiftes  qui  travaillent  pour  lui,  les  Srs. 
Mann  & Burucker. 

Quelque  odieufe  que  foit  cette  longue  je  ne  balance  pas  de 

la  mettre  ici  Mot  à Mot,  comme  j’y  ai  mis  celles  qui  font  dans  l’Hiftoi- 
re  de  li  Mouche  de  Chambre,,  h pour  l’Edification  du  Leéleur,  de  joindre 
d’abord  à Côté  mes  Réponfes;  de  Sorte  que  les  imputations  de  Mr.  le 
Confciller  intime  & mes  Défenfes  foient  fur  deux  Colonnes  contiguës. 


Note 

DcMonfieurk  Conlèiller 

intime  de  Gleiehen  &c,  qui  fe 
trouve  au  bas  de  la  pag.  13.  de  fes 
Nouveiles  Obfervntions  ^c.  dans  l’Ex- 
plication de  î’Eftampe  2 1 .laquelle 
dépeirvt de  Lfwobfervée 
par  le  Microfeope, 

Mr.  Ledermulîer  nous  dit  pag. 
79.  de  fon  Edition  allemande  de  la 
5,  Cinquantaine  de  fet  Amufemens 

mi- 


Réponfe  de  Ledermulîer 
à cette  Note. 


I.)  C’efl  ce  que  montrera  TEflam- 
pe  ci- jointe. 

2O  Mr.  Maim  vend  le  Sien  à 

RouH' 


aux  Amufeœens 

microfcopigues  tant  pour  l'Efprit  que  pour 
les  reuXy  qu’il  a reçu  de  Mr.  Mtlch- 
meyer  de  Francfort  un  Microfeope 
univerfelt  qui  diffère  très  peu  du  mien 
i)  ^ à très  bon  Marché  2).  Je  fou- 
haiterois  qu’il  ne  l’eût  pas  empê- 
ché 3.)  de  remplir  quelques  Feuil> 
les  de  fes  Amufemens , des  Deffeius 
de  cet  excellent  Inftrument  4.) 

La  Répréfentation  de  la  Mouche 
Se  de  fes  Parties  donnée  dans  cette 
Cinquantaine  5.)  furtout  THifloire 
des  prétendus  Martelets^  ou  Branches 
de  Balance  de  la  Mouche  6)  décou- 
verts après  Coup  par  fon  Entrc- 
prenneur  Winterfehmidt  7)  m’y 
autorifent  d’autant  plus,  que  je  ne 
làurois  concevoir  que  Mr.  Ledcr- 
muller  avec  fon  prétendu  Miroir 
concave  d'/1rgent,  dont  il  fait  tant  de 
Cas  8)  & avec  fon  autre  Miroir 
éclairant  par  deffous,  ait  pù  ne  pas 
voir  ces  Parties,  qu’il  y-a  bel  Age 
que  S^ammerdam  ^zReaumur  ont  vues 
^décrites,  aidés  delà  fîmpleVûe; 
& qu'il  ait  laifle  à fon  Entréprenneurï 
en  faire  la  Découverte,  fans  que  ce- 
lui.ci  ait  peut-être  le  Bonheur  d’avoir 
le  Microfeope  en  Forme  de  Com- 
pas de  Milchmeycr  9.) 

11  a encore  mis  à la  Page  d’après 
c’eft  à dire  pag.  go.  fur  fa  Corre- 
fpoodcnce  avec  Milchmeyer  10.) 
les  Mots  fuivants  : ,,  li  c’eft  nou- 
„ velle  Invention,  que  d’ameliorer 
,,  un  Inftrument  déjà  connu,  en  y 
,,  ajoutant  ou  ôtant  quelque  Cbo- 
„ fe  ; je  me  fais  fort  d’inventer  dans 
„ un  ou  deux  Jours  une  Cinquan- 
taine de  Microfeopes  Etcelauni- 

que> 


iTiicrofcopîqU€S.  1 1 

Bonnland  fo.  fl.  & j’ai  donné  du 
mien  10.  fl.  à Mr.  Milchmeyer. 

3)  Si  Mr.  Milchmeyer  m’a  em- 
pêché d’inférer  fon  Microfeope  dans 
mon  Ouvrage,  c'eft  qu’il  m’avoit 
offèrt  de  m’en  envoïer  un  plus  fin; 
mais  il  n’en  a plus  eu  le  Tems. 
\oici  l’Extrait  de  fa  Lettre. 

„ Je  Vous  prie  de  me  faire  lePlaî- 
„ fir  de  ne  pas  mettre  dans  Vôtre 
,,  bel  Ouvrage,  le  Microfeope,  que 
„ Vous  âvés  reçu  de  moi;  parcc- 
„ qu’ici  à Francfort  on  eft  accou- 
„ tumé  à quelque  Chofe  de  plus 
,,  fin.  Je  n’en  ai  fait  que  quelques 
,,  uns  de  cette  Elpéce,  qui  vû  la 
„ Modicité  de  leur  Prix  ne  pou- 
,,  voient  fe  travailler  plus  finement. 
J»  J'  les  ai  toujours  rendus  30,  fl.; 
„ mais  à Vous  je  les  iailferaipour 

10.  Vers  la  Pentecôte  f.  p.  àD. 
„ je  Vous  en  enverrai  un  autre  d* 
,,  une  Invention  toute  nouvelle, 
,,  qui  nous  fera  plus  d’Honneur  à 
„ inférer  dans  Vos  beaux  Ecrits  &ç, 

Francfort 
k i.Mars  176}. 

J,  Af.  Milchmeyer, 
• 4)  Si  celui  de  Mann  eft  exceU 
lent, celui-ci  ne  luicéde  en  rien  ; mais 
ni  Mr.  Milchmeyer  ni  moi  ne  nous 
fommes  jamais  iervis  de  ce  Terme. 

5)  Cela  a été  fuffifamment  ré- 
pondu plus  haut  & le  Microfeope 
a été  juftifié. 

6)  Si  une  Branche  de  Balance  eft 
un  Balancier  J eh  bien,  qu’on  nom- 
me ainfi  ces  Baguettes  de  la  Mouche  ; 
SwammerdamSe  d'autres  les  appel- 
lent MarteletSj  Mr.  de  Glcichen,  des 

b Z Ba- 


IX  Supplément 


quementpareeque  cettePenfée  luiplait^ 
J I .)  Je  ne  fuis  point  furpris  de  la 
Saillie  de  Milchmeyer , mais  j’ad- 
mire d’autant  plus,  quelle  put  p'aire 
d Mr,  LeàermuUer  la.)  Comme  je 
eomois  perfomeUement  le  Premier  13.) 
je  pafle  fur  tout  Eclaircilfement 
touchant  ù Propofition.  On  ne 
peut  trouver  cependant  |à  dire  de 
ce  qu’il  témoigné  fi  peu  de  Joïe 
fur  les  Inventions  d’autrui,  puifqu'’ 
i'  faut  qu'il  vive  des  Siennes.  Je  ne  lui 
dénie  pas  non  plus  fa  Dextérité  à 
compofer  des  Microfeopes;  Mais 
Mr.  Burucker  de  Nuremberg,  Com- 
patriote & Côneitoïen  de  Mr.  Le- 
dermuller,  que  celui-ci  zohmis,  je 
ne  fais  pourquoi  14)  en  annonçant  les 
deuxArtiftes  deLeipzig  & de  Franc- 
fort, eft  un  A'lêchan:(îe  de  Profejfiony 
&,  n’en  déplaifeà  Mr.  Milchmeyer, 
71  polit  mieux  le  t'erre  que  lui  15.)  Mr. 
Burucker  m’a  fourni  depuis  quel- 
ques Années  tous  les  Inflrumens 
microfeopiques,  que  lui  ai  deman- 
dés, très  Heu  travaillés;  ce  que  je  ne 
puis  dire  à la  Louange  de  l'Art  d'inven* 
ter  de  Milchmeyer  ^ ainfi  que  je  vai 
le  montrer.  Mr.  Milchmeyer  fut 
un  de  ceux  à qui  j’écrivis,  ainfi  que 
j’ai  dit  § 14.  de  mon  Jntrodu- 
iJîon  , de  me  faire  un  Microfeo- 
pe  , qui  fût  bien  propre  à exami- 
ner les  Corps  opaques.  Je 
lui  propofai  pour  cela  le  Alicrofco^ 
pe  manue  de  Ua.ker,  que  Mr.  Leder- 
mulier  a fait  graver  dans  la  fable 

VI. 


Baguettes  de  Tambour;  tout  cclam'eft 
indifférent. 

’ 7)  Ce  n’etost  peint  un  Devoir^ 
mais  une  Obfervation  volontaire 
de  Mr.  Winterfehmidt,  que  je  ne 
voulus  pas  désobliger  , par- 
ce que  je  croïois  avoir  fuffifam- 
ment  détaillé  tout  cela  , dans  la 
TableXXXXV.  des  mesAmufemens 
en  répréfentant  le  Moucheron^  dit  le 
Coufin,  Qi^i  de  plus  facile  à un 
Malade  alité,  comme  j’étois , que 
d’oublier  une  fi  petite  Particule.  ♦ 

8)  Si  c’eft  un  Miroir  concave  pré- 
tendu  ou  réel?  C’efl  ce  que  mon- 
tre f)  de  la  Table  I.  Quand  je  le 
reçus  il  étoit  fi  bien  argenté,  que 
je  lé  pris  en  Effet  pour  tout  d’Ar- 
gent.  Mais  il  étoit  de  A'iét&i  blanCy 
aulli  clair,  aulli  fin  & aufii  blanc  que 
l’Argent,  & qui  rend  le  même  Ser- 
vice que  s’il  en  étoit. 

ÿj  A ce  que  je  fais  Mr.  JVinter- 
febmidt  eft  pourvu  du  Mkrofeope  en 
Forme  de  Compas  de  Milchmeyer,  ou- 
tre les  Microfeopes  folâtre  ^ compofé 
de  Burucker , & qu’il  n’en  tire  pas 
des  Avantages  médiocres,  fuivant 
ce  qu’il  m’en  a dit  lui-même;  & s’il 
le  juge  à propos  , il  fe  pourvoira 
encore  de  celui  de  Mr.  Mann  de 
Bonnland,  fans  que  je  m’en  emba- 
raffe. 

10)  Elle  confîfie  à peuprés  en  3. 
Lettres,  telles  que  les  Artifies,  qui 
ne  font  'pas  obligés  d’être  dés  Sa- 
vans,  peuvent  écrire. 

I') 


Svvammerdam  a heaucoup  vû,  difféqué  Sc  découvert,  Mr.  Lionct  efl  allé  encore 
plus  loin  ; lens  que  celui  là  ait  loudéit  pour  ne  rien  dire  de  tant  d’autres 
Exemples. 


aux  Annuremens  microfcopiques. 


15 


VI,  Fig.  n.  de  fa  troifiètne  cinquan- 
taine, défirant  qu’il  y ménageât  auf- 
fî  adroitement  qù’il  fe  pourroit,  un 
Aliroir  coveavé  de  Aîétàl.  Mais  rÈfpe- 
rance  que  j’avois  conçue,  d’avoir 
un  Microfeope  de  très  bon  Ufage 
de  la  Façon  de  Mr.  Milchmeyer,  fut 
aufli  vaine,  que  la  Peine  que  je  me 
donnai  de  lui  écrire.  Car  après  une 
longue  Attente , je  reçus  enfin  de 
lui  une  Lettre,  dans  laquelle  il  s’ 
exprimoit  de  la  Manière  fuivante, 
à laquelle  je  n’ai  pas  changé  un  Jo- 
ta, & dont  je  ne  puis  pas  dire  avoir 
été  fort  content:  „ Daiis  Vôtre 
,,  dernière  Vous  me  demandés  le 
„ Microfeope  de  Backer;  mais  je  Vous 
„ dirai  de  bonne  Foi,  que  Vous  n y 
,,  trouverés  guère  Vôtre  compte; 
„ car  j’ai  fait  tous  les  Microfeopes 
„ qui  font  connus  & j’en  connois 
,,  le  fort  & le  foible.  La  plupart 
de  Mefiieurs  les  Savâns  ont  la 
„ Coutume,  que  quand  ils  ont  in- 
,,  venté  la  moindre  Chofe,  ilsfon- 
„ nent  le  Toxin  & la  faventfibien 
„ étaler  & enjoliver;  qu’on  croi- 
„ roit,  que  ce  font  des  Merveilles; 
„ ils  rnont  quelquefois  bien  attrapé  moi' 
„ même,  ^ c’a  été  C Expérience  qui  m’ 
„ défabufê.  Si  cependant  Vous  vou- 
„ lés  que  je  Vous  en  fafle,  j’attends 
„ Vos  Ordres'*.  16.)  Non!  ce 
n’étoit  plus  mon  Fait  ; car  com- 
bien facilement  eût-il  pu  fe  faire, 
que  Mr.  Milchmeyer  m’eût  envoïé 
un  Pc;  pourri  microfeopique  , dont 
le  Principal  auroit  confifté  en  ürwr 
viem  inutiles  17.)  Il  ne  me  refioit 
donc  d’autrcRelTourcc,  que  de  m’en 

aller 


i«)  & 12)  Parccque  j’ai  vû que 
cet  Homme  avoit  delaConnoiflan- 
cc  & du  bon  Sens,  ainfi  que  la  Let- 
tre ci- jointe  va  le  faire  voir;  pour 
ne  rien  dire  des  autres  bonnes  In- 
tentions de  Mr.  Milchmeyer. 

Second  Extrait  d’une  Lettre 
de  Milchmeyer, 

,,  Entre  autres  j’ai  inventé  un 
„ Microfeope,  qui  renferme  tous 
„ les  autres , qui  aient  jamais  été 
„ faits.  L’on  s’en  fert  en  toutes 
„ Façons  comme  d’un  y/wp/r,  étant 
,,  pourtant  compofé  en  différentes 
„ Manières.  Je  le  mets  comme  ua 
„ Microfeope  folaire  à la  Cham- 
,,  bre  obfcurc  de  Mr.  Abbé  Nollct 
„ de  Paris  & je  n’ai  pas  befoin 
„ d’une  plus  grande  Chambre  ob- 
„ feure,  le  Miroir  étant  dirigé  par 
,,  une  Efpèce  de  Rouage , qui  me 
,,  tient  pendant  quelques  Heures 
„ l’Objet  immuable,  comme  il  a 
„ été  réglé,  & bien  d’autres  avan- 
„ tages.  Francfort  le  13.  Fevr. 
^7^3.  J.  M.  Milchmeyer k 

NB.  A qui  cft  ce  que  de  tcl- 
lesLettres  & desinventions  auP 
fi  riches,  ne  plairoient  pas  au- 
tant qu’à  moi? 

»3)  Je  ne  le  connois  pas  per- 
fonncllement,  mais  feulement  d’un 
Côté  par  fes  Lettres  & fes  Micro- 
feopes, d’un  autre,  par  les  tloges 
diftingués  que  dui  ont  donné  ou 
des  Perfonnes  de  Qualité,  ou  d’au- 
tres Perfones  difiinguées , qui  s’y 
entendent,  & qui  font  allées  jufqu’ 
à faire  imprimer  des  Vers  à l’Hon- 
neur de  fon  Habilité, 

•> } 14) 


14  Supplément 


aller  à la  Ville  la  plus  proche  , & 
d’y  demeurer  auprès  d’un  Ouvrier 
tn  Laiton ^ jufqu’à  ce  qu’il  eût  fait 
en  ma  Préfence  & fuivantmes  Idées, 
le  Microfcope  qui  étoit  déjà  tracé 
en  Dedein.  Cependant  un  habile 
Horologer, nommé  feasËrbardMann, 
natif  du  Pais  de  Meinung  vint  par 
Hazard  me  voir,  par  l’Aide  duquel, 
comme  je  ne  favois  pas  travailler 
en  Laiton,  je  vins  à Bout  de  fabri- 
quer leMicrofcope  univerfel  anno»' 
cé  dans  cet  Ouvrage  , qui  ebvioU 
AU  peu  ^Ufage  ^ à Clncmmodité  de 
tant  i autres  Infirumens  microfcopiques 
Ig.)  fans  en  excepter  les  deux  de 
Nlilckmeyer,  que  j’ai  aulîi  achetés. 
L’Ouvrier  qui  a fait  mon  Microfco 
p.c  univerfel,  cft  encore  ici,  & il  a 
été  obligé  d’en  faire  à Quantité  d’ 
Amateurs,  ce  qui  efl  une  Suite  na- 
turelle del’Approbatioa  qu’il  a eue; 
Bien  quil  y^ait  des  Gens , qui  ne  favent 
pas  faire  Ufage  de  m<m  Microfcope  uni’ 
verfel^  ni  ajufter  la  Compofition  de  tou- 
tes  fes  Parties,  fans  mes  Infiruilions,  quand 
même  ils  les  ont  imprimées,  ip)  mais 
pour  cela , ils  ne  doivent  s'en  prendre  ni 
à moi  ni  . à finftrument.  Car  qui  cft 
ce  qui  m’a  inftruit  moi?  J’ai  enco- 
re à,  averdr  que  ceux  là  fe  trom- 
pent fort,  qui  croient,  avec  leur 
Miroir  concave  de  Métal  & celui  de 
Verre,  qui  n’a  pas  befoin  d’être.con- 
cave,  mais  feulement  uni,  pou  voir 
fuffiî^ment  éclairer  un  Objet, 
par  tous  les  Numéro  de  leurs  Len- 
tilles, pourvû.quc  celui  de  Verre 
foit  au  deifous  de  celui  de  Métal. 
Il  faut,  outre  le  Mouvement  & la 

Di. 


14)  J*ai  cru  pouvoir  me  difpcn* 
fer  de  parler  davantage  de  Mr.  Bu- 
rucker.  Maître  Falfeur  de  Compas 
& Mechanique  de  cette  Ville,  en 
axant  depuis  long  - tems  fait  une 
Mention  honorable,  tant  dans  mes 
Lettres  1 des  Amis  étrangers,  que 
même  dans  ma troiûéme  Partie  pag, 
a.  faudroit-il,  quefbn  Nom  iè  trou- 
vât dans  toutes  mes  Feuilles?  U y 
auroit  bien  de  Plngratitude  de  Â 
Part,  à n’être  pas  fatisfait  de  la  Ma- 
nière, dont  Je  l’ai  traité  fervL 
Je  m^en  rapporte  hardiment  à lui 
même;  car  c’eft  moi  qui  lui  ai  fait 
faire  Connoiifancc  avec  Monheur 
le  Confeilier  intime*  Je  brife  là 
deifus  de  peur  d’être  taxé  de  vou- 
loir me  donner  des  Louanges.. 

1 5)  C’eft  par  un  Exercice  fou- 
tenu  & par  une  longue  Expérien- 
ce, qucî’OH  parvient  à la  Perfeélion 
ûe  polir  le  Verre,  Ceft  une  V’érité 
dont  Mr.  Burucker  ne  diftonvien- 
dra  certainement  point,  &il  fe  fou- 
viendra,  que  ce  lot  moi,  qui  lui 
indiquai  les  Livres  les  plus  propres 
à lui  montrer  l’Art  de  le  bien  po- 
lir , qui  ai  fait  mon  pof> 
fible  pourfairc  connoître  & recher- 
cher Con  Ouvrage.  11  ne  manque 
à Mr.  Miichmeyer , que  de  mieux 
polir  le  Verre,  qu’il  ne  rend  pas 
aifés  net,  & qu’il  laiife  un  peu  trou- 
ble; mais  il  y en  a de  fort  bien  po- 
lis, & H excelle  Surtout  pour  ce 
qui  concerne  le  foier, 

1 6)  Ce  que  Monficur  leConfcH- 
1er  intime  dit  ici  du  Stile  de  Mr, 

Milch- 


aux  Aitjufemens  microfcopiqoes. 


if 

Direâion  ordinaire  du  Miroir  de  Milchmeycr  ne  me  regarde  point. 
Verre  fuivant  le  Soleil,  encore  un  Peut  être  pourroit-on  lui  appliquer 
autre  Manîment,  Tans  lequel  tous  ce  qu’on  débite  d’un  certain  habile 
les  Soins  qu’on  prend  dans  les  Armurier  d’ici,  fort  aimé  d’un  Sei- 
GroiHâemens  les  plus  forts , pour  gneur,  qui  lui  donnoit  beaucoup 
jetter  fur  l’Objèt  la  Lumière  du  d’-Ouvrage  à faire. 

Soleil,  font  autant  que  peine  per-  Gracieux  Seigneur!  L’Arque- 
duc.  Il  confifle  - - - Mais  l’O^a/  bufe  eft  faite.  Si  Vous  m'en  en- 
dt  ithmlf  20.)  voïés  l’Argent,  je  Vous  cnverrM 

l’Arquebufc,  mais  point  d’Argent  point  d’Arquebufe.  Adieu  Gra- 
cieux Seigneur. 

Je  connois  encore  ici  un  célèbre  Artifle,  qui  a bien  rencontré  le 
StiU  de  1 Armurier,  & qui  s'en  fert  dans  fes  Lettres  envers  le  Grand  com- 
me envers  le  petit.  Y a-t-  il  là  deqooi  indilpofer  de  telles  Gens  contre 
lui?  Chacun  à fa  Façon. 

17  Mr.  Milchmeyer  ne  met  pas  des  Ornemens  mutiles  dans  fet* 
Microfeopes.  Ils  font  même  un  peu  plus  forts  que  ceux  de  Mann; 
auffi  font- ils  plus  durables,  & fupportent  plutôt  la  Prelïion  de  la  Main. 

Ig)  Cet  Arragcment 'dépend  uniquement  de  la  Volonté  & de  la 
Coutume  de jehaque  Amateur,  favoir,  s’il  veut  fe  défaire  de  tous  les 
autres  Microfeopes  ou  les  garder.  Des  Inflrumcns  qui  ne  font  bons  à 
rien,  font  & demeurent  inutiies  êz  ne  méritent  pas  d’être  placés  parmi 
les  bons.  Mais  il  ne  s’en  fuit  pas  , que  chaque  Machine  prife  feparé- 
jnent,  & que  tout  Inftrument  microfeopique  ne  (bit  bon  à rien. 

Je  peux,  par  Exemple,  avoir  TUniverfel  de  Monfîcur  le  Confeillcr 
intime  de  Gleiehen,  & ne  laifTcr  pas  de  faire  très  bon  Ufage  d’un  bon 
Microfeope  anatomique,  ou  du  Manuel  fimple  de  Wilfon. 

Le  prémier  eflpius  durable  & tient  plus  ferme,  que  TUniverlel  avec 
fc  petit  Ais  minces,  qui  fe  détruit  bientôt,  & 

L’autre  fe  porte  bien  plus  commodément  dans  la  Poche,  & on  lè 
peut  bien  plus  aifément  tenir  contre  la  Lumière  ; pour  obferver  des 
Objets  tranfparcns. 

Y a-t-il  vrai  ConnoilTeur  de  ces  InArumens,  qui  difeonvienne  de 
cette  Vérité. 

19)  Moniîeurlc  Confeiller  intime  avoue  lui-même,  qu’il  connoît des 
Gens,  qui  ne  faurotent  comment  s’y  prendre  à l’Arrangement  de  tant  de 
Parties  dont  ce  Microfeope  univcrfel  cil  compofê.  C’eil;  toutes-fois  un 
excellent  Inftrument,  pour  ceux  qui  faventen  faire  Ufage 

20)  Ce  n’étoit  certainement  pas  mon  Intention  ; lorfqu’en  pu- 
bliant ma  troifième  Partie^  je  donnai  une  Idée  des  Initrumens  micro- 

feo- 


t6  Supplément 

fcopiques  & de  leurs  Manîmens;  mais  je  tâchois  feulement  à rendre 
plus  aifé,  plus  connu  & plus  utile  un  Art,  que  je  regardois,  comme  un 
Amufement  pour  les  Yeux  & pour  l’Efprit  dans  des  Heures  perdues, 
& nullement  comme  un  Monopole,  à tous  les  Admirateurs  des  Oeuvres 
du  Créateur,  & qui  ne  défirent,  que  de  reconnoître  & de  glorifier  fa 
Toutepuifiance  &:  fa  SagelTe  dans  les  moindres  de  fes  Créatures. 

Au  refte  j’ai  toûjours  crû  qu’une  trop  grande  Illumination  des  Ob- 
jéts  faifoit  plus  de  Mal,  que  de  Bien.  Elle  trompe  l’Oeil,  fait  des  Cou- 
leurs faulTes,  & fouvent  une  tout  autre  Superficie  que  n’a  l’Objèt  elfe, 
élivement. 

Pour  moi,  j’ai  été  jufqu’ici  content  de  ma  Méthode  d’illuminer  mo- 
diquement les  Objets;  & un  Oeil  fait  à la  Pratique,  peut  toujours  fe 
confulter  & s’aider  foi-méme  fur  le  Degré  de  Lumière  que  demandent 
les  Objets.  Des  Obfervateurs  experts  feront,  fans  doute,  démon  Avis. 
Je  fuppofe  que  Monfieur  le  Confciller  intime  a fait  les  autres  Avertifie- 
mens  pour  des  Novices  & non  pas  pour  moi.  J’ai  eu  pendant  4.  Se- 
maines à Bonnland  l’Honneur  & la  Permiflion  de  voir  ce  Seigneur  fai- 
re fes  Obfervations  préfque  journellement  avec  ce  Miçrofcope  univer 
fcl  ; & un  An  au-paravant  U eut  la  Bonté,  accompagné  de  plufieurs  au- 
tres Perfonnes  de  la  prémière  Qualité,  de  venir  examiner  les  Miennes  à 
Erlang,  tant  de  la  Chambre  obfQure  avec  le  Microfeope  folaire,  qu’avec 
d’autres  Microfeopes,  & puis  de  fe  faire  envoïer  de  mes  Lentille  à Bonn- 
land; furquoi  je  m en  rapporte  à fes  propres  Termes.  Fo'ïés  art.  Let- 
tre f>'I  IL  pa^.  26.  Il  y-a  long-tems  que  je  fais  le  Secret  de  Colomb,  & 
me  rapporte  là  delTus  aux  Exprefiions  gracieufes  dont  ce  Seigneur  m’a 
honore  dés  le  Commencement  de  fes  Nouvelles  Ohjervatiom^  Icfquelles  me 
juflifient  en  plein,  C’eft  par  où  je  finis,  mon  peu  de  Sonté  me  faifant 
palTer  fous  Silence,  ce  qui  pourroit  encore  fe  dire  fur  ce  Chapitre  & 
que  j’abandonne  au  Jugement  & à la  Décifion  impartiale  du  Public. 

* Note.  Extrait  de  Nouveila  Obfervations  pag,  8. 

„ Entre  autres  Mr.  le  Confeillcr  de  Jufeicc  Ledermuüer y Ohfervateur 
„ attentif^  exaHy  connu  par  fes  /tmüfemens  microfeopiques  tant  pourl'Efprit  que 
„ pour  les  ïeuxy  a prouvé  dans  fa  Lettre  phificale  fur  les  Animalcules 
,,  fpermatiques , imprimée  à Nuremberg  en  17^6.  TExiftence  réelle 
de  ces  Animalcules. 

Pour  ne  pas  doner  dans  l’Oftentation,  je  prie  qu’on  life  le  relie 
dans  l’Original. 


Ex- 


aux  Atuufemens  luicrofcopiques,  i? 

Explication  de  TEftampe. 

Tab.  I. 

L’Inftrumcnt  microfcopîque  deîlnvention  & Fabri- 
que de  Mr.  Afilcbmeyer^  Opticien  & Méchanique  de  la  Ville  de 
Francfort  fur  le  Main,  dont  je  me  fers  journellement  avec 
beaucoup  d’Utilité. 

Fig.  a)  fait  connoître  tout  i’Inllrument  en  Petit,  tel  qu’il  eft  drelTé  & 
compofé.  Les  autres  Parties  fe  préfentent  de  Grandeur  naturelle; 
c’eft  à dire  : 

b)  cft  un  Bout  de  Laiton  affermi  par  une  Vis  dans  c)  lequel  a 3.  Par- 
ties, & dans 

d)  celle  du  Milieu,  où  eft  la  Lentille  microfcopîque  ; 

«)  la  Couverture  au  Moïen  d’une  Lame  de  Laiton; 

f)  le  Miroir  concave  d’Argent. 

Ce  Miroir  concave,  qui  eft  ici  de  Métal  blanc,  efi:  deifous,  la  Pièce 
du  Milieu  d)  qui  eft  la  Plaque  enfonçe'e  dans  laquelle  on  metlespe- 
tits  Chapeaux  g)  auMoïen  des  Pincettes  courbes  h)  eft  au  Milieu,  & 
la  Couverture  eftpar  deflus;  le  tout  airuré&  affermi  par  c). 

Ces  Psèees  n’ont  donc  pas  befoin  d’être  , affermies  par  des  Vis,  comme 
dans  le  Microfeope  univerfel,  car  il  n’y  a qu’à  retirer  la  Plaque  e)  & 
mettre  dans  d)  tel  Groffiffement  qu’on  veut  d’i)  puis  le  récouvtir 
avec  c)  & tout  eft  fait, 

k)  une  Pièce  dans  laquelle , l’on  peut  fourrer  les  Inftrumens  1)  m)  .n)  o) 
& les  y affermir  parp)  eft  chés  Monfieur  le  Baron  dc  Gleichenla 
fécondé  Branche  du  Compas^  Par  la  Vis  q)  il  fe  peut  éloigner  & 
rapprocher;  fuivant  le  Befoin,  l’on  peut  aufli  y adapter,  fi  l’on 
veut,  les  deux  Pièces  courbes  de  l’Invention  de  Monfieur  le  Con- 
feiller  intime,  avec  la  Noix, 

r)  marque  la  principale  Vis,  à l’Aide  de  laquelle  la  Pièce  f.  peut  être 
éloignée  ou  rapprochée  de  l’Objèt.  Cette  feule  Vis  manque  ici, 
laquelle  je  pourrois  faire  faire -chaque  Jour,  iî  je  la  trouvois  abfo- 
lument  néceffaire.  Par  contre  dans 

t)  le  Reffor  d’Acier  qui  eft  tout  franc  & ouvert  dans  r’Univerfcl,  eft 
ici  bien  mieux  gardé , & mis  à l’Abri  du  Manîment  par  des 

c Doigts 


jg  Supplerrient 

Dorgts  fouvent  hu^nides-  de  Sueur  , & même  de  î’Humidité  de 
l’Air. 

b)  efl  la  Boule  ronde^  qui  au  Moïen  d’aune  Cheville  v)  fe  fourre  dans 

w)  & s’y  affermit  par  la  Vis  x)  & alors  l’on  peut  diriger  toute  la  Ma- 
chine comme  l’on  veut,  ou  droite  pour  obferver  les  Objets  contre 
le  Jour  y ou  la  coucher  orifontakment,  en  mettant  au  deffous  le 
Miroir  de  Clarté  y)  pour  obferver  un  Objet  de  haut  en  bas,  ainfi  que  je 
l’ai  répréfenté  dans  îatroifièmeCinquantaine  demes  nmufemensTab. 
Xli.  Fig.  3.  AcetteFinlePiéw) 

a un.Ecroîf2:')par  l'aDiredlion  duquel  tout  rinflrument  b),c')d)e)f)k)p)q) 
r)  f)  t)  11)  x)fepeutaifément  baiffer,  dreffer,  diriger,  pofer  & coucher 
comme  l’on  veut,  aufïi bien  & peut-être  même  avec  plus  de  Commo- 
dité que  ne  le  permet  le  Pié  du  Microfeope  univerfel 

a)  fait  enfin  connoître  le  Coff>  èt  où  l’on  peut  ferrer  toutes  ces  Pièces.  H n’a 
que  5.  Pouces  de  long  rj.  de  haut  & 4.  de  large,  il  eflpar  conféquent  très 
commode  à porter  dans  laPoche  partout  où  l’on  veut.li  aunePlaque  de 
Laiton  fort  propreBj)  où  l’on  affermit  par  uneVis  le  Pilkr  ou  iePiéC)  & 

D)  dénote  un  petitTiroir  bien  fourré,  où  font  toutes  ksPiéces  qui  font 
couvertes  d’un  petit  Couffin  rouge.  • 

Le  Coffret  deMonfieurle  Confeiller  Intime  peut  avoir  un  Pie  de  Haut  & d. 
Pouces  de  large.  Auffi  faut-il  qu’iifoit  plus  grand, pour  pouvoir  conte- 
nir plus  de  Parties, fans  compter  celles  que  fon  Titre  de  Microfeope  uni- 
annoncent,  & qui  ne  font  bonnes  ni  utiles  à l’Obfervation  de  la 
Mouche  tels'p.e.  que  la  petite/^ji'  anatointque,\c.  longTuïau,&  laLampe. 

Aïantdonc  moi  même  tous  ceslnfirumens,  que  j’ai  même  deffinès  dans 
mon  Ouvrage, je  n’ai  pas  cru  devoir  déroger  à la  grande  Commodité 
de  moaMicrofeope  deMilchmeyer  par  tant  d’Addi dons. 

La  Table  LXX,. 

De  ia  fécondé  Cinquantaine  de  mesAmufemens  mi- 

Giolcopiques  fait  voir. 

Fig.  e)  le  vrai  Microfeope  cnFormede  Compas  de  l’Invention  de  Mr.  May 
deDrefde,  &nTarqae 

f)  l'un  des  Bras, où  l’on  metle  Miroir  concave  d’ Argent  avec  la  Lentille  mi- 
erofeopique,. 


b)  l’àu- 


^ aux  Amufemenc  micr^ofcopîques^ 

b)  t*autre  Branche  ou  l’on  peut  mettre  les  Pinces,  un  Manche  & autres  In- 
ftrumens. 

Le  RélTort  de  celui  de  Gleichen  y manque  ; mais  il  fe  trouve  de  même  que 
celui  de Backer  dans  ma 

3.  Partie  Tab.  VI.  Fig.  o.  ' 

laquelle  montre  n)  un  ancien  Microfcope,  le  Grand-père  de  tous  les  autres 
Microfcopes  en  Forme  de  Compas  ^ toutefois  muni  de  prefque  tou- 
tes les  Pièces  elfencielles  de  celui  de  Monfieur  le  Confeiller  intime, 
comme 

de  l’Anneau  q)  où  le  Miroir  concave  d’Argent  peut  être  affermi  avec  le 
Chapeau  de  la  Lentille, de  même  que  d)  dans  celui  de  Glcichen  (Tab» 
XIl.  de  ma  Part.  3.) 

Fig.  p)  a la  principale  yis  marquée  B.  de  même  que 

Fig.  O,  le  Re'ffort  d’Acier  re'pre'fente  D & 

t)  marque  l’Endroit,  où  l’on  peut  mettre  le  plus  commodément , les 
Mouches,  les  Pinces  & les  Porte-Objets. 

Tig.  X & V,  eft  un  Inftrumenî  commode,  qui  a par  derrière  une  Aiguille 
& par  devant  des  Pinces  à la  Façon  de  celles  des  Tonneiliers,  & qui 
fe  peut  changer  par  un  fîmple  Mouvement.  Et  avec  quelle  Facili- 
té ne  peut-on  pas  y adapter  de  petites  Pinces  à Porte-Objets,^ 

Les  deux  derniers  Inftrumens,  dont  je  viens  de  faire  Mention,  pour- 
ront donner  aux  Connoilïeurs  & aux  Amateurs  affés  de  Matière  à 
leurs  Reflexions. 

Ecrit  à Nurembe^  le  5.  Mars  376s. 

Martin  Frobène  Ledermuller. 


ADDI- 


2» 


ADDITION 

AVEC 

L’OBSERVATION  D'UNE  MOUCHE 

DE  CHAMBRE. 


j^^onïieiir  le  Confeiller  de  Juflice  Ledermulicr  n’aïant  pas  jugé  à pro- 
pos de  faire  Mentioa  dans  fon  Apologie  à la  Note  contenue  p.  lo.  des 
téouvclles  Objervations  dans  l’Explication  de  la  Moujjè  de  la  Feuille  de  Poi- 
rier; je  ne  puis  me  difpenfer  de  faifir  cette  Occafion  , d’y  répondre, 
comme  y étant  preTque  feul  intereflTé*  En  voici  les  Expreffions: 

„ Il  y a à la  Vérité  quelque  Tems,  .que  cette  Obfervation  a été 
„ donnée  dans  la  troifième  Cinquantaine  des  Amufemens  microfeo- 
„ piques  de  Ledermuller,  & qu’ainfi  il  paroît  fuperfîu  de  vouloir  ven- 
„ dre  une  fécondé  fois  cette  Pièce,  Mais  la  Répréfentation  & l’II- 
,,  lumination  y aiant  très  mal  reüffi,  l’Auteur  s’eft  crû  obligé  d’en 
,,  donner  un  Deffein  plus  exaèl,  & de  déclarer  par  là,  que  la  pré- 
fente  Obfervation  eû  la  feule  qu’il  avoue.  Les  ConnoiïTeurs  du 
Fin  difeerneront  aifément  la  Différence  qu’il  y a de  l’une  à l’autre 
„ & ne  trouveront  pas  fuperfîu,  mais  plutôt  très  néceffaire  d’inférer 
J,  cette  Table., 

Je  m’en  vai  donc  d’abord  faire  voir  au  Leéleur  i)  que  cette  Ob- 
fervation a été  inférée  dans  la  Cinquantaine  des  Amufemens  micio- 
feopiques  à ta  Requifition  de  Monfieur  le  Confeiller  intime’  qu’on 
l’a  livrée  de  nôtre  Part  parfairement  d’après  le  DefTein;  3)  que  toutes 
les  Eflampes  ont  été  approuvées  de  ce  Seigneur;  & 4)  qu’il  feroic  à la 
Vérité  du  Devoir  de  livrer  au  Public  des  Eflampes  plus  lines  à Pro- 
portion de  la  Différence  du  Prix,  en  Comparaifon  de  celui  des  AmuCarcr.s 
microp:np'ique‘.  ; mais  que  cette  Différence  eff  bien  petite,  bien  que  l’Eftam. 
pe  en  coûte  Cinq  fois  autant;  c’eff  ce  que  les  ConncrlTeurs  trouveront 
lans  Peine, 

Les  Extraits  Nro.  r.  2.  &:  3.  yuflifieront  mes  trois  prémiers  Points, 
& fai  outre  cela  encore  entre  les  Mains  le  Deffein  que  m’a  envoïé  Mr. 
le  Confeiller  de  JulLce  Ledermuller.  Je  l’ai  gravé  très  foigneufement, 
& Mr  Ledermuller  m’a  alTurè  l’avoir  très  ponéliiellement  tiré  en  Cou- 
leurs d après  le  Deffein  de  la  Xiain  île  Mr.  le  Confeiller  intime. 


Les 


Addition. 


ti 


Les  Extraits  fuivans  de  quelques  Lettres  de  Monfieur  le  Confeillcr 
intime  m’ont  été  communiqués  dans  le  Billet  quifuit,  par  Monfieur 
Ledermuller  à qui%lles  étoient  écrites. 

,,  Je  Vous  envoie  en  attendant  quelques  Extraits  de  Lettres,  que 
„ j’ai  reçues  à Bayreuth  de  Mr,  leConfeiller  intime  de  Gleichen,  écrites 
,,  de  Bonnland.  Je  ne  faurois  comprendre,  comment  ce  Seigneur  a 
„ tout  d’un  Coup  pris  mes  Occupations  en  Avcrfîon , jufqu’à  les  dé. 
3,  crier  dans  des  Ecrits  publics,  ne  l’aïant  jamais  olFenîe,  que  je  fâche, 
,,  pas  même  en  Penfée,  & aïant  en  toute  Occafion  fait  la  Mention  la 
,,  plus  honorable  de  fes  Obfcrvations.  Et  quelle  Injuftice  ne  me  fait- 
,,  il  pas  en  me  réprochant  fans  Raifon,  que  je  n’ai  point  fait  Mention 
„ de  mon  Concitoïen  le  Sr.  Bimicker?  11  gît  ici  fans  Doute  quelque 
„ Serpent  fous  l’Herbe  ; car  quel  Intérêt  prend  le  Public  à de  telles  Mi- 
„ nucies?  Le  Tems  nous  l’apprendra.  A la  Hâte  & d’une  Main  mala- 
3,  de  &c.  &c. 

„ à Nuremberg  cc  i8*  Mars  17^  J* 

AI.  F.  LedermuUeK 

Nro.  j: 


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de  Bonnland  le  i.  Décembre  I7dr. 

„ Je  joins  ici  le  Delfein  & la  Defeription  du  Charanfon  blanc, 
comme  un  Elfai  de  l’Ufage  qu’on  peut  faire  de  mon  Microfeopç^  Si 
Vous  en  voulés  tirer  Parti  dans  Vôtre  troifiéme  Partie  & y inférer  cet 
Elfai,  Vous  me  ferés  Plaifir. 

fT.  F.  de  Gleichen  dit  RuJJvvurm» 


Nro.  2. 

de  Ponnland  le  28.  janvier  1762. 

,,  Vous  recevrés  par  bonne  & iïïre  Occafion,  quelques  uns  de 
mes  Ouvrages  dans  la  Boite  ci-jointe, 
celles  de  ces  Tables,  auxquelles  Vous 
dans  Vos  Amufemens  microfeopiques. 
avec  leurs  Explications; 

1.  l.e  Hanneton,  5.  Le  Melon. 

2.  Un  très  bel  Infcfte  allé  6.  La  Bette. 

3.  La  Tigne.  7.  Qnatre  Tables  de  Germes,  & 

4.  LaMoulTe  delà  Feuille  de  Poirier.  8,  encore  un  Paflage  de  Piflillc  & de  la 

Pouffîère  des  Fleurs  &c. 


Je  Vous  laiife  le  Choix  de 
voudrés  accorder  une  Place 
Ces  font  les  Pièces  fuivantes 


Nro.  3. 


Extrait  de  lui  même. 

„ Vôtre  troifiéme  Cinquantaine,  va  renouveller  parmi  les  Savans 
5,  l’  Approbation,  que  Vous  ont  procuré  les  Précédentes,  LesTaillesdou- 

ces 


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tu  Addition. 

,,  ces  ont  très  bien  rêUJJî^  plus  Remportent  même  de  bçaucQup  fur  celle  de  f^ujf- 
,,  èiegle. 

W'.  F.  de  Cleichen  dit  Rujfvvurm. 

Mais  pour  revenir  à la  Moujfe,\  je  laiiTe  au  Leéleur  à décider,  ficet- 
'tt  Table  étoit  fort  de  SâifTondans  les  nouvelles  Obfervations^  liirtout 
aïantété  long-tenas  auparavant  gravée  & décrite  de  la  même  Façon  dans 
Ja  troifième  Partie  des  Amufemens  mkrofcopiques. 

Comme  depuis  quelques  Années,  je  me  fuis  aulH  occupé  avec  des 
Inftrumens  microfcopiques  & que  leur  Ufage  ne  m’ell  point  inconnu, 
j’ai  rcfolu  de  refaire  au  Prêmier  Jour  cette  Obfervation.  Mais  en  atten- 
dant, je  m’en  vai  joindre  ici,  pour  les  ConnoilTeurs.dM  Fin,  la  Gravure  d’une 
Mouche,  afinque  le  Lecteur  puilTe  juger  par  lui  même  fi  cette  Table  ne 
jencontrepasexaétement  rOriginal  &laNature»  Cette  Table  annexée 

Figure 

Répréfente  donc  une  Mouche  de  Chambre  d’après  fa  véritable  Fi- 
gure &fes  Couleurs,  avec  plufieurs  petits  Infeéles,  grolîis  parhlro 

Si  je  n’ai  pas  peint  les  deux  Allés  entières  Couleur  d’Arc  en-Ciel 
(comme  p.  e,  le  peu  des  deux  Ailes  qui  porte  fur  le  Dos  de  la  Mouche) 
je  l’ai  fait  exprès,  par  ce  qu’il  ell  aifé  d’éviter  cette  Couleur  éblouïfiante, 
là  où  il  n’y  a pas  un  autre  Corps  immédiatement  par  delfcms,  & que  d* 
ailleurs  c’efl  rarement  la  vraie  Couleur  naturelle. 

Dans  rEfpace  de  trois  Ans  & demi,  je  n’ai  pü  avoir  que  deux  Mou- 
ches avec  de  tels  Infeétes.  J’en  eus  une  en  Août  1761,  & l’autre  le  ^ou 
Septembre  17A3,  (*)  dont  la  Grandeur  naturelle  fe  voit  Fig,  a,  un  defes 
petits  Polis  ell;  dépeint  Fig.  3,  grclîi  par  Nro.  4. 

Il  ell:  plus  aifé  d’avoir  de  tels  Infeélcs  de  delTus  les  Chenilles;  mais  ils 
font  rouges  au  Lieu  de  Brun-clairs,  qui  fontfur  la  Mouche.  J’ai  trou- 
vé l’Automne  palfée  dans  mon  petit  Jardin  Quantité  de  ces  Chenilles 
ainfi  mal  traitées , & j’en  ai  fouvent  'examiné.  Q.uand  j’en  détâchois 
quelcun  de  ces  Infeéles  avec  une  Epingle,  il  y tenoit  fi  ferme,  qu’il  me 
le  falloit,  pour  ainfi  dire,  faire  tomber  de  Force  de  l’Aiguille  fur  la  pe^ 
titc  Table  ou  fur  le  Porte-Objet,  furquoi  j’obfervois  ordinairement,  qu‘ 
en  tombant  ils  tiroient  après  eux  un  Efpèce  de  Fil  de  deux  2 trois  Pou- 
ces 

* Note,  Il  faut  fa  voir,  qu’entre  autres,  cette  Table  eH  compofée  depuis  long  tems.  Car  de- 
puis 1761  je  recueille  toutes  fortes  d’Qbfcryations  & que  je  les  delîîne  moi-même,  ou 
que  je  les  fais  peindre  d’après  Nature  devant  moi  par  quelque  habile  Peintre.  J ai  même 
Envie  de  les  faire  imprimer.  Je  me  fuis  pourvu  pourcer  Ouvrage  de  l’Inflrument  micro- 
►fcopiquedcMilchmeyer,  d'unbonMicrofcopecompofédcMr  Burucker,  d’ühlVlicrofco- 
pe  manuel,d’un  Solaire,  & de  Loupes  ; je  n’épargne  ni  Soins  ni  Dépenfes  ; &Ia  préfente 
Table  pourra  enattendant  faire  juger  au  Leèleur,  fi  je  fais  mes  Obfervations  à lâ  Légère  & 
farrf  y apyorter  toute  l’E-xaélitude  requife. 


Addition.  * 


CCS,  & qu’ils  s’y  pendoicnt  comme  l’Araignée.  Peut-être  m’étendVaf- 
je  plus  au  long  là  dellus,  lorfqu’entre  autres  DefTeins,  je  répréfenterai 
une  telle  Chenille  avec  ces  Infedes,  dans  un  certain  Point  de  GroflilTement. 

Mais  en  attendant,,  voici  Fig.  4.  un  feu!  de  ces  Infèdes  grolfi,  qui 
fe  trouvent  à Fpifon  fur  la  Mouche,  que  j’ai  deffinée;  auquel  je  n’ai  pu 
compter  que  6.  Pies,  n’aïant  pû  prendre  pour  des  Pies  les  deux  longues 
Ssïes  de  l’Extrémité  11  faut  encore  remarquer ,/ que  cette  Figure  n’à 
pas  été  obfervée  fur  la  Mouche;  mais  qu’elle  a été  mife  feparémentfous 
le  Microfeope.  Car  quand  ces  înfedes  font  examinés  fur  la  Mouche 
.par  la  Lentille  microfeopique,  ils  paroilTent  tout  pâles,  comme  on  le 
peut  voir  Fig.-  i,  à la  Tête,  an  r>os,  de  même  que  fous  les  deux  Ailes 
vers  le  Haut  de  la  Partie  de  deffous.  Or  ce  ne  font  pas  tous  ceux  qui 
étoient  fur  la  Mouche;  car  avant  que  de  la  peindre,  j’en  fis  bien  tom-. 
ber  avec  un  Pinceau  trois  fois  autant,  qu’on  en  voit  ici,  & c’etoit  preA 
que  une  Pitié  de  voir,  comme  ces  Animalcules  créufoient  autour  d’Eux' 
aulïi  lui  relièrent  ils  fidèles  jufqu’à  la  Mort,  & pas  un  ne  la  quitta;  ce 
que  je  trouvai  après  fa  Mort,  car  i’aïant  confervée  fous  la  Loupe,  & 
Taiant  regardée  chaque  Jour,  je  vis  qu’ils  mouroient  les  uns  après  les 
autres,  & qu’ils  relloient  toujours  enPkc®. 

Nn.  Les  deux  Martelets  dits  du  êTo?!  Fig  s ne  pouroient  pasHien  fe  ménager  dans  le 
DelTein  de  lai^jg,  I.  Voiés làdeJfits3,CinquantameT3ih\&\h\\,k  B.  C D.  8cpag.  \o6. 

Lc  Lcfleuraurala  Bonté  pour  le  Détail  de  l’Anatomie  de  la  Mouche  de  Chambre  d’en 
confulterl’Hifteire  dans  la  troifième  Partie  des  Amufemens  nticrofeopiquesTab.  34.3  5.3g, 
37.4I-SC4Î* 

Mais  pourdirc  encore  unMot  desMouches  de  Chambre,  tout  îeMondc  fait  que  ne 
pouvant  fuppoi  ter  le  Froid,  elles  cherchent  quelque  Retraite  oùcllcs  foientau  Chaud,  pour 
conferver  leur  Vie.  H n’cfî  pas  moins  connu,  qu’elles  fe  multiplient  extrêmement.^  Car 
lorfqu’une  MoUihede  Chambre  s’apparie,  elle  pond  le  neuvième  jour  pour  le  plus  tard  80, 
à tco.  Oeufs  dan^  un  Endroit  qui  ne  foh  pas  trop  fèc,i  NB.  li  elle  a le  Choix)  afinqiic  Je  Ver* 
qui  efl  d’une  Couleur  blanche  fàle,  dès  qu’ibeft  éclos  trouve  d’abord  fa  Nourriture;  & cela 
arrive  quelque  Fois  par  Eté.  Je  puis  foutcniravec  Certitude  cette  Quantité  d'Oeufs  ; car 
aiant  compté  l’Eté  palTéexaflement  ceux  de  deux  Mouches,  l’une  en  pondit  en  (4  Minutes 
86.  Sc  l’autre  en  4.  Minutes  de  moins  Si5,  dclTousle  Verre,  fur  un  petit  MorceaadcCseuf. 

L’une  5r  Tes  Oeufs  entre  6.  & 7 Heures  du  Soir  ; de  laquelle  tous  les  Oeufs  furent  éclos 
d^és  leLende.r.ain  à 9 HeuresduMatin,8£  les  Vers  fnurmilloient  déjà. Ils  ne  vécurent  que  12 
Jours  en  cetEtat,&  jufqu’au  t4.ils  devinrent  tous  desChryfalides  dures, Couleur  dePourpre*. 

Ils  demeurèrent  1 y.  Jours  dans  cetteMétamorphofe;  api  es  quoi  depuis  une  Heure  juf- 
qu’à cinq  à près  Midi,  ils  fortirent  Mo  :cbes  de  leurs  Prifons;  otdcs  îeshuitHeurcs  on  pou- 
voir a peine  les  dîftingucrd’avec  leurs  Mères.  Au  fortir  delà  Chryfàljdc  les  Mâles  fediftini 
guoient  déjà  des  Femelles;  car  eux  là  étoient  délicats,  mais  celles-ci  étoient  de  beaucoup 
plus  groffes  par  le  Ventre  ^ 

^ Une  telle  Mouche  femelle  aiant  233.  Semaines,  cil  cnEtat  de  ftaire  autant  d'Oeufsque 
fcMére;  qu’onjugedelà  deleurprodigieufcMultiplication.  ^ 

Ecrit  à Nuremberg  le  1 9.  Mars  1765.  Adam  IFolfgang  irinterfchmidt. 

AVER- 


AVERTISSEMENT. 

L’Entrepreneur  de  <et  Ouvrage  fait  favoir  au  Public  , que 
s’etant  chargé  des  deux  Ouvrages  fuivans,  auxquels  on  travaille  aélucl- 
lement,  pour  l’Edition  allemande,  il  en  donnera  avec  le  Teins  une  Tra- 
du^ion  françoife  : 

i)  Arbres,  ArbriiTeaux  & BuilTons  fauvages^  tirés  d’après  nature  & 
peints  en  Couleurs  j avec  une  Defcription  .concife  &folide  de  leurs 
Qualités,  de  rétat  de  leur  Feuillage,  de  leur  Fleur  mâle  & femel- 
le, de  leur  Fruit  de  leur  Semence,  de  même  que  de  leur  Crue, 
de  l’Age  qu’ils  peuvent  atteindre,  des  Soins  & delà  Culture  qu’ils 
exigent,  par  Monfieur  Charles  ChrijioffJe  Oelhafen  de  Scboelletibach y In- 
tendant des  Forêts  de  la  Ville  impériale  de  Nuremberg,  -gr.  qto. 

a.)  Colleélion  des  Plantes  les  plus  utiles,  les  plus  belles  & les  plus 
rares,  gravées  très  exaélement  en  Tailles  douces  illuminées  fur 
les  Defleins  qu’en  a tirés  d’après  nature  Monfieur  Pbihpe  Aîiller^  Jar- 
dinier  de  la  louable  Academie  de  Pharmacie  dans  le  jardin  deÇheU 
fea,  & Membre  de  la  Société  des  Sciences  du  Roi  d’Angleterre; 
expliquées  par  des  Deferiptions  détaillées  & par  une  Notice  des 
différentes  ClafTes,  oublies  appartiennent,  fuivant  les ClalLfica- 
îions  de  Raïus,  Tournefort  Linnacus  &c,  gr.  Folio. 


TAB  : 1 . 


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