Vwl»
TROIS^IE’ME CINQ^UANTAINE
DES
AMUSEMENS
MICROSCOPiaUES
DE
MONSIEUR
MARTIN FROBE’NE LEDERMULLER
CONSEILLER DE JUSTICE ET INSPECTEUR DU CABINET DE
CURIOSîTE’S NATUPvELLES DE S. A. S. MONSEIGNEUR LE MARGGRAVE
REGNANT DE BRANDEBOURG-COULMBAC; ASSOCIE’ DE L’ACADEMIE IMPE-
RIALE DES NATURALISTES, ET DE LA SOCIETE* TEIITONIQUE
D’ALTORF.
CONTENANT
EN MEME TEMS UNE FIDELE METHODE DE FAIRE UN USAGE
ADROIT, AISE’ ET FIDELE DE TOUTES SORTES
MICROSCOPES;
EN FORME DE LETTRES
AVEC
UN SUPLEMENT
ET
UNE ADDITION
CHES
ADAM WOLFGANG WINTERSCHMIDT,
GRAVEUR ET MARCHAND EN TAILLES DOUCES A NUREMBERG,'
17^8=
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in 2017 with funding from ■ ;
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Getty Research Institute ,/
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https://archive.org/details/amusementmicrosc31lede
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«
PREFACE.
Le Public a honoré mes Ouvrages microfcopiques d'an Ac-
cueil fi gracieux & d’une Approbation fi flateufe, que ce
feroit me rendre coupable de la dernière Ingratitude, fi je venois
à manquer de lui témoigner les Sentimens de la plus vive Recon-
noilTance* Je ne délire rien tant, que de voir que tous Ceux qui
ont non feulement examiné & éprouvé mes Amufemens; mais
qui fongent encore à s’appliquer à faire des Experimsns & meil-
leurs & plus conridé’'ables avec les Inftrumens microfeopiques, le
puilTent faire dans les mêmes Difpofitions & par les memes Prin-
cipes que j’ai eus en Vüe: Ceft a dire, de fonder les Oeuvres du
Dieu tout fage, pout les admirer, 6c moins pour apprendre à con-
noître la Nature, que la Toute puilfance du Créateur dans fes
Créatures, autant que la FoiblelTe humaine y peut parvenir. Je
fais, qu’il eft aulli impofîible de regarder Dieu en. Face dans ce
Monde, qu’il le fut à Moïfe; Mais il ne lailfe pas de nous être per-
mis de regarder l’Eternel comme par derrière, pour reconnoître
& adorer là Sagefie & fa Toute-puiflance dans les Créatnresjpeti-
tes & grandes. C’eft toujours une très grande Grâce pour la Créa-
ture, que nous appelions Homme; aulli eft ce cette Grâce qui
nous doit faire envifager les Avantages, que nous avons reçus du
Seigneur par delTus tout le Rcfte des Créatures, & nous convain-
cre, que nous avons au dedans de nous un Efprit doué de Raifon,
un Etre qui penfe, une AmeaulTi différente de celle des Bêtes que
la Lumière l’eft des Ténèbres. FafTe le Ciel que nous l’employions
tüüjours à l’Honneur & à la Gloire fon Principe,
*
2
U
lîcft certain que Dieu, étant, comme il cft, infinimentau def-
fus de tout nôtre Culte & de nos Louanges, n’a nullement befoin
d’être glorifié par nous; Mais il n’eft pas moins de notre Devoir,
de Lui rendre cette Efpèce de Culte, par lequel nous témoignons
& profcflbns devant le Monde, que nous connoiflbns, aimons &
adorons un Maître de TUnivers & nôtre Créateur, en faifànt tout
ce qui tend à fa Gloire. Outre cela l’Ame eft, fans contredit, un
Talent que Dieu nous a confié, &que nous ne devons pas enfouir;
mais faire valoir. C’eftavec ce Talent que nous pouvons acqué-
rir les Tréfors les plusfolides &que ni Vers, ni Rouille ne fauroient
ronger ; que nous pouvons obtenir des Biens , que nulle Puiflan-
cc humaine, quelque grande qu’elle foit, ne peutnous ravir. A
la Mort nous laiflbns derrière nous tous les autres Biens & Richet
fes,; mais ceux, que s’aquiert nôtre Ame, nous accompagnent
dans le Tombeau oc même dans TEternité. •
Je m’expoferois àpafier pour vain & ambitieux & même pour
fanatique , li je voulois me faire Auteur de l’Opinion , qu’un Na-
turalifte fera après fa Mort bien plus hüreux qu’un autre , en ce
qu’il emportera dans l’autre Monde les Connoiffances qu’il aura
acquifes dans celui ci. Mais par bonheur, cette Penfée eft un peu
ancienne. Je n’en citerai pu’un feul Témoin, 11 y a ibien Cent
& plus d’Années, qu’un Théologien des plus célébrés & des plus
fenfés de fon Siècle, Monfieur du Aloulin, Chapelain du Roi d’An-
gleterre, dans fbn Traité de la Paix de F Ame ^ du Contentement
de l Efprit^ Liv. 2. Chap. 17. défend cette Opinion comme une
Vérité. Apres avoir refufé à l’Ame, pour la Vie avenir, plufieurs
Connoiflances inutiles dans l’autre Monde; voici comment il s’
exprime.
„ Mais pour les Sciences plus élevées & purement intelle-
ctuelles, il femble bien déraifonnable, qu’un efpntqui s’eft
5, poli & perfectionné par une longue étude & qui a amafle
„ un grand trefibr de connoiffance, la perde tout d’un coup
,♦ en mourant, & que l’ame d’un grand naturalifts fe trouve
5, aiifli denue'e de favolr & de capacité, que celle d’un eu.
reur
^ reurdepuis* ♦ * . La faime Paroîc de Dieu nous îe corn#
„ mandcroit-elle avec tant d'inftance: Acquier fapkme ^ as»
35 quier prudenct ; fî c'étoit un acquêt que Famé ne pût em-
„ porter avec elle? Je ne fai fi les Natiiraliftes contempla*
„ teurs des Oeuvres de Dieu perdront leur 4çavoir en mou*
33 rant; puifque c’eft îc devoir & la pcrfcftion de la créature
33 de connoître la fageffe & la puifTancc de fon Créateur dans
33 fes oeuvres admiral^les, . . , Je fuis perliiadé quils ap-
3, prendront cette grande (ciencc quand ils feront glorifies
33 d'une fa^on beaucoup plus fobiime & plus profonde^
Au refte les Ennemis des Recherches naturelles ont beau
regarder ces petites Occupations avec un fier Mépris, & jetter
des Yeux d’une orgueiîleufe Compaffion fur les Inftrumens micro-
feopiques ; il nous (ufiît d'en favoir le vrai Mérite , & de reffentir
au dedans de nous le Plaifir attirant, quun Travail îî agréable peut
nous procurer & dans le Préfent & dans F Avenir* Mais ce n’eft
pas cette Science feule, qui foit expofée au Mépris & à la Criti-
que; car où s’en trouvera-t-il une, qui ne ibit fujette au meme
Sort avec aufli peu de Juftice ?
Pour moi je ne connois Occupation deftinée às’amufer d’une
Manière licite dans des Heures de Loifir , qui raffambîc tant de
bonnes chofes , que la Phifique pratique & les Experimens mkm~
feopiques^ C’eft, pour ainfi dire, une Oraifon perpétuelle; les
Choies qu’on voit à travers le Verre éiéyant fens celîe FElprit vers
leur Créateur & leur Ouvrier infiniment fage. L’on eft iuûruitde
Milliers d’autres Chefs d’Oeuvres du Toutpuiffant. Alors fe fiic-
eédent les pieufes Penlees accompagnées d’Âdmiratiou dans le Si-
lence, de profond Relpeâ: & de fâint Saififîèment* Vivement
convaincus des Paroles de David: Grandes font les Oeunnes de
r Eternel; recherchées de ceux qui y prennent plaifir ; nous ad-
mirons k Toute-puiflance & la Sageffè du Créateur dans les peti-
tes Créatures & invifibles» prèfqüe plus que dans les plus grandes,
âinfi qu’en convient Mr. Lionnet dans fa Préface qui eft à la Tête
de fon Obfer^ation fur la ChemUe de Saule. Que les Paroles de
* 3 S. Paul
S»’ Paul Rom. i lo. nous {àifîflent alors le Coeur* quenoijs les
trouvons belles & claires! Puis retournant fur nous mêmes, nous
nous demandons: Qjiifuisje? Comment fuis je fait? Pourquoi fuis
je doué, préférablement a toutes les autres Créatures de nôtre Alon-
de J de la grande Faculté de penfer , étf de me former des Idées des
Oeuvres du Dieu tatitfage? Qu'eft ce qui penfcétf raifonne en moi,
qui bazarde de prendre PEjfor depuis la Terre jufques au Trône
de l'Eternel? N’y a t-il pas infiniment plus de Félicité', à s’occu-
per ainfi dans la Solitude, qu’à courir les grandes Compagnies,
où la plupart du Tems, Ton s’e'gaïe au Dépens de la Réputation
du Prochain & où Ton s’embaraflè fort peu de la Gloire de Dieu
&de TAvantage de nos femblables? Je veux donc fuivre l’Exhor-
tation d’Elihu, lob. 36. v. 24. 25. Soumen toi de magnifier fon
Oeuvre
Le merveilleux Moîeu que préfentc encore le Microfcope
dans des heures d’infirmité & de Solitude, pour charmer lesDou.
leurs, pour ranimer rEiprit & pour palfer agréablement les Jour-
nées les plus triftes; c’eft ce que j'ai mieux éprouvé qu’une infini-
té d’auties. L’on peut bien dire de cet Amufemenc inùrudif:
Nihil tam actrbum ejî, in quo non jcquus anirnus folaminis
quiddam inueniat^ '
Cette Occupation nous introduit en même Tems dans la Com-
pagnie des Morts & dans la Communication avec les Savans &
Naturalises anciens & modernes. C’eft par elle que nous Tom-
mes ménés, comme par la Main dans les plus belles Bibliothèques
& dans les meilieiirs Cabinets de Curiofités naturelles. Nôtre
Efprit en clt toujours plus éclairé, nos Expériences plus étendues
& nôtre Ame enrichie de plus de Tréfors. Nos Verres nous met-
tent a même dé reconnoître les Fautes & les Erreurs des Anciens
&ces Infiruniens nous rendent capables d’entendre & d’expliquer
plus diftinêlement le vrai Sens de quantité de Pafiages de FEcri-
ture. Jufqu’où Ton peut aujourd’hui aller par le Moïen d’unlbon
Microlcope qui a ‘toutes les Lentilles iufqu’au plus haut degré de
GiofiiT-
Grôfliiïement, ' & qu’elle Clarté il donne à la Vüe, pour pénétrer
dans les Secrets de la Nature,* c’eft.ce que montrent le plus au-
tentiquement les Découvertes ^ites-de nos Jours , & furtoiit cel-
les des Animaux fpermatiques, Si le célébré Mr. Buffon eût pris un
bon Nro. o. ou oo. dans un Microfcope manuel fimple, pour exa-
miner ces Animalcules, cet illuftre Savent ne les auroit pas don-
nés dans fon Hifloire naturelle uninjeyfdle pour des Molécules. Il au-
roit reconnu ces mêmes Corplifcules avec leurs petites Qiienes, &
leur Mouvement libre, arbitrair.e ôç-prc^mt d’un Endroit à l’autre;
ainfi que l’ont dâCQUvert'dijfl:inden^nt/ & adruiré dans la Suite Iç
célébré Mr. de Haller , feu Mr.de Profélfeur Potey de Weiffenfel?,
Mr. Holmann de Gœttingue & plufieurs autres Savans de Répu-
tation, encore pleins de Vie; & dont il a été dit tout ce qu’on
en peut dire dans les Parergis Gœttingenf. Tom. 1. Lib. 2. OpC
VI. comme auffi dans la Venus p;&(/?^«e'ded’imcomp arable Mr. de
.Maupertuis, *
Les grandes Découvertes & Amplifications, qu’on a faites
dans le Rngne Végétal , par le Moïen de ces Inftrumens & de la
Diflédion, ont été déjà mifes dans tout leur Jour dans (Quantité
d’excellens Ecrits & même dans des Ouvrages entiers.
Quelque perfuadé que je fois de tout ce que je viens de di-
re, je fuis bien éloigné de prétendre, qu’il faille faire fon unique
Affaire des Amufemens microfcopiques, abandonner des Occupa-
tions plus preffantes , ou préférer cet innocent Paffe-tems a d’au-
tres Vacations plus importantes. Toutes Chofes ont leur Tems,
& par conféquent aufli les Obfervations â faire parles Indrumens
microfcopiques. La feule Chofe donc que je fouhaiterois, ainfi
que je Pai déjà infinué , c’eft que ceux qui les Méprifent euffent
l’Equité de lailfer jouir ces Inftrumens de te Réputation, que l’Ex-
perience leur a acquife.
Je
* C’eft dequoi l’on peut avoir plus d’Eclairciflemens dans la Défenfe
que j’en ai faite, laquelle a e'té imprimée ici en 1758. & mife au
Jour fous le Titre d’EjJài iune Lèfenfe folide des Animaux fpermatiques*
Je pourrois encore infe'rer ici une couple de Douzaines d’Elo-
ges ou de Flatcries fur ce que j’ai mis jufqu ici au Jour, qui me font
parvenues de la Part de Savans du premier Ordre qui m’honorent
de leur Bienveillance; Ci les Critiques & les Ccnfures, qui en ont
été faites dans les Feuilles littéraires , Journaux & autres bonnes
Pièces pe'riodiques, n’e'toient les meilleurs Juges ou Témoins du
Prix & du Me'rite de pareils Ouvrages*
Que fi d’autres Yeux plus clairvoïans en découvrent davan-
tage, que les miens n’ont pû voir, je recevrai leurs Avis avec bien
de la Keconnoiffance. U ell aifé de fe tromper; mais pourvu que
ce ne foit pas un Efprit de Critique, qui nous faffe prendre des
Bagatelles, qui n'aboutilTent à rien, pour des Fautes capitales.
Le Prix que Mr* l’Entrepreneur a mis à cette Edition cft
outre cela fî modique, que tout Amateur impartial , qui voudra
le comparer avec celui d’autres Ouvrages de cette Efpèce, enfen-
tira lui même la Différence.
Enfin mon plus grand Déïïr cft de pouvoir continuer à
plaire aux Lecteurs & aux Amateurs de mes Obfèrvations, qui ra*
ont non feulement honoré de leur Approbation libre U impartia-
le; mais qui ont encore eu la bonté de m’exhorter à diverfes fois,
de pourfuivr e le Cours de mes Experimens. Je finis donc par me
recommander très humblemcntà leur BieiweiUance. Nuremberg
ce î. Novembre 1763*
Martin Frobènt Ledcrmiillcr*
AMUSE-
AMUSEMENS
MICROSCOPIQUES
Troisième Cinquantaine,
EN FORME DE LETFRER
LETTRE L
Manîmens 5c Obfervations Microfcopiqucs.
Alon cher Amil
Je fuis mortifié d’avoir été fi long-tems à Vous tenir Parok , Zc je
ferois au Défespoit de Vous avoir fait languir. Je pourrois Vous
alléguer bien des Raifons , pour juftifier mon Silence , mais je ne vois
pas que c’en foit ici le Lieu; car puifque Vous voulés que je Vous ap-
prenne à manier les Microfeopes les plus connus; il n’eft pas à propos
d’y mêler des Affaires étrangères, qui peuvent être renvoïées à quel-
que Tems, où l’on foit plus de Loifir»
, IIL Tom.^ A Efl-
% Manîmens U Obfervations Microfcopiques*
Efl ce tout de bon que Vous n’êtes, qu’un fimple Apprentif ? Ne
m’en impofe's-Vous point ? Eh bien la Bonte' de Caraélère, que je Vous
connois, me fait ajouter foi à Vos Paroles , & je m’en vai, Mon ch'er^
Vous inftruire fur ce Pié là. Il faut donc d’abord Vous mettre lA.
B. C. en Main & puis Vous guider aux Obfervations pratiques , au
Crayon, au Pinceau, aux Couleurs, à la Plume, & enfin aux Alicrofeopes.
Je Vous indiquerai ici tous les Microfeopes ^ que doit avoir un vrai
Amateur de cet Art. Faites la Revue de Votre Cabinet, pour voir s’
il ne Vous en manque pas quelcun. Une longue Expérience me
fait donner ici la prémière Place au Microfeope manuel de IVilfon'^ parce-
que je puis m’en fervir prefqu’avec tous les autres Inftrumens; ainfique
Vous le reconnoître's plus parfaitement par la Defeription que j’en vai
donner. Le Microfeope folaire p. c. ne peut fans lui re'pre'fenter le moin-
dre Objet, & quelque Cas que l’on fasfe du Microfeope composé de Mar~
fchal ou de Haertel^ je le trouve en ’mon particulier de beaucoup infe-
rieur à Celui de IVilfon.
Je mets au fécond Lieu le Microfeope compojé de Marfchal ou deUaer-
tel avec fon long Tuïm cylindrique et fes deux Miroirs,
En troifième lieu vient le Microfeope folaire^ trouve Celui de Cuff
de Londres le meilleur. Mr. Burucker en fait à Nuremberg.
En quatrième Lieu l’on peut faire très bon Ufage du Microfeope en
Forme de Compas, aux Miroirs de Metal^ furtout pour les Corps opaques et-
non tranfparens.
En cinquième Lieu le Ferre Oecommique efl bon à une Infinité de
Chofes. ii-y en a qui le nomment Loupe, & ils n'ont pas Tort. Mais
com-
* Depuis que ceci a èîè écrit, l’on a fait en France, à Leipzig, à Augsbourg, à Dresde
à Francfort Scc. quantité d’inventions nouvelles, dent les Journaux et autres Pa-
piers publics ont fait fiiffifamment Mention,
ManînRens& Obfervations Microfcopiques. 3
comme j’ai la Loupe à.part, montée en Corne, & que mon Ferre Oeco-
nomîque eft pofé fur un petit SoubafTement, femblable à une petite Ta-
ble ronde; je ne fais point Difficulté de fixer à chaque Inflrument fon
Nom, fuivant fa Valeur & fon Ufage» Vous ferés mieux convaincu de
ceci, lorfque je Vous Les envoierai deffinés & décrits chacun en parti-
culier.
En fixième Lieu je me fers de la Loupe, pour chercher les Animal-
cules dans l’Eau p. e. pour découvrir les Artifons du Fromage, laPouf-
fière des Fleurs, les Polypes & les autres Créatures aquatiques &c.
Il faut par conféquent, qu’Elle groffiffê un peu plus que le Verre Oeco-
tiomique, autrement on ne fauroit diflingwer dans l’Eau croupilfante les
petits Animaux de Limon,
11 faut en feptiême Lieu des înftrumens particuliers, pour obfer-
ver la Circulation du Sang des Créatures vivantes, p. e. des GrenouiL
les, des Poifibns, des Lézards d’Eau &c. L’on prend pour cela le /Wt*
crofeope Anatomique, de l’Invention & Defeription de^r. le D, Lieberkuh^
célébré Naturalifte de Berlin.
Ç'eft au refie une Régie générale en fait de Microfeope, que plus
ils font fimples & moins corapofés, meilleurs, plus agréables, &plus
avantageux ils font.
Jufqu’ïci je n’ai pas jugé à propos de m’en procurer d’avantage.
Vous n’avés maintenant qu’à voir; mais en même Tems n'oubiiés pas
de parcourir le Refie des Inftrumens et Outils, requis pour cet Effèt, dont
je Vous envoierai une Lifte au premier Jour. Cette Lettre me paroif-
fant pafTer les Bornes ordinaires, je renvoie le Refie à l’Ordinaire pro-
chain.
Adieu, Mon Cher, tâchés de Vous bien porter,
A a
LET-
4
Manîiïiens & Obfervatioris Microfcopîques,
LETTRE IL
Je fuis ravi d’apprendre par Vôtre agré.able Reponfe, que les pré-
miéres Lettres de mon /Alphabet ne Vous ont pas dèplû. Vous vbulés
donc que je continue. Eh bienî pour Vous tenir ce que Vous ai pro-
mis; voici une légère Lifle de mes autres Outils Microfcopiques , à
laquelle j’ai Joint quelques Régies, qui ne peuvent que Vous être utiles
pour rUfage du Microfcope»
Four bien reüfîir dans l’Exercice du Microfcope, il faut
I, avoir la yûc bonne et faine y
^2, la Main dégagée, délicate et ferme, laquelle foit capable d’en:-
ehafTer les Objets ^ les Verres. Une Main tremblante ne
vaut rien pour le Microfeope,
Une Addrefjè aifée, & pour ainfi dire, une Incïmation ^ un Panchant
naturel aux Récherebes microfcopiques.
H.y'a certaines Gens qui regardentla Microfeope, comme une très
pitoïable Badinérie d’Enfant. J’en ai même ouï foupirer de ce qued^s
Perfonnes, autrement de bon Sens & même d’Erudition, pouvoient fi
mal emploïer leurs Heures de Loifir, Leurs Doigts les décèlent, dés
que les Egards ou la PolitelTe les obligent à porter aux Yeux feule-
ment gsn Microfeope fimple de TVilfon. Il-y en a pour rire de voir l’Air
gauche dont ils s’y prennent; & au bout du Compte , ils conviennent
©rdinairement, qu’il n’efi: pas aulfi aifé & facile de faire des EiTais Mi-
erofeopiquesj qu’ils fe l’étoient figuré. Mais ceux-là ne font pas des
Nôtres-.
Je connois une antre forte de vrais Amateurs, au Pouvoir des-
quels il n’eft pas de tenir un Oeil fermb & l’autre ouvert, lorfqii’il veu-
lent obferver quelque Ghofe. Ceux-ci nepeuventpas voir les Objets
auifi fixement, que Ceux qui font les Maîtres de tenir fermé ou ouvert
rOeil
Manîmens & ObrerVations MicTofcopiques. f
FOeil qii’ils veulent. Ca^r, qu’ils enferment l’un avec une Main, il leur
faut l’autre pour porter le Mkrofcope à l’autre Oeil, & il en faudroit
une troisième pour diriger la Fis & le Porte-Objet. Cependant comm»
Fon peut.ft faire à tout, il n,efl pas impolEble, en faifant quelque petit
ElFort, quand on eft feul dans fon Cabinet, de s’exercer & de parve-
nir à tenir tantôt l’Oeil droit, tantôt le gauche ouvert ou fe|me. Ba-
gatelle, qui ne lailTera pas de procurer de l’Avantage à une Perfanne,
qui voudra mettre la Main à l’Oeuvre.
Le Porte-Objets font, fans Contredit, apres les Mkrofeopes, les
Outils les plus nécelTaires. L’on n’en fauroit trop avoir. Il en faut
à-Q fîmples & de doubles I c’efl à dire les uns à un feul Ferre et d’autres à
deux Ferres en Forme de Plat. Les doubles pour les Créatures vivantes,
et les fimples pour les Sels &les autres Matières fluides.
Ces petits Ferrer en Forme de Plat y qu’il faut pour le Porte- Objet, n«
fe peuvent pas toujours avoir, quand même l’on vou droit les parer
bien chèr. IIV’ous fera donc très avantageux. Mon Chèr, d’appreiv
dre l’Art d’en faire Vous- même. Je Vous en donnerai le Secret an
premier Jour.^
Je fais moi-même les petits Anneaux^ dont on fe fert pour affermir les
Verres du Porte-Objet, au Moïend’un très vil Inftrument, Je les fai»
de Fil d’Archal jaune, celui de Fer étant trop fujèt à la Rouille. Je
Vous dirai aufîî dans la fuite comment cela fe fait-
il faut de petites Pincettes bien fines^ pour prendre les LentUles micro-
feopiques, les petits Infeôles ^mtresy des Pinceaux de PoÜ pointus Se auiû
des lüiaux de diurne bien appointés, pour mettre fur le Porte Objet les pe-
tites Créatures aquatiques, les Anguiles de Colle, et furtout les Sçis.
Il faut referver à chaque Sel & à chaque Fluide fon Pinceau particulier-
Je Vous dirai avec le Tems i’Ufage de tout ceci.
6 Manîmens & Obfervations Microfcopiques.
L’oii peut faire mourir tout un plein Verre d’Anguiles de Colle avec
un feul Pinceau, dont on fe fera fervi pour de l’Eau de Sel traitée par
la Chimie. Comment voudriés Vous, p. e. tirer des Criftaux purs du
Sel à cuire, s’il tenoit encore au Pinceau quelque DiâTolution de Cor-
ne de Cerf ou de Salmiac ?
Pour ôter la Poulîiére & la CralTe des A^icrofcopesh Lentille & desser-
res en Forme de Plat du Porte Objets il Vous faut un Bout de Peau velue, celle
de Chamois efl: la meilleure. Si l’Eau fraîche ne fufïitpas pour les décraf-
fer, on les lave avec de l’Elprit de Vin.
Une Couple de petites Lancettes, un Couteau bien aîguifé ^ des Fpîngles^
et des Cifeaux bien fins, pour en de'couper les Anguiles de Colle, 'pour
ouvrir les Grenouilles & autres petits Infeéles, ne Vous feront pas fu»
perflus.
11 Vous faut enfin divers Utenfi'es de Serre, comme de petites A(fiet-
fer ronie; & des Glaces a Montre, pour pouvoir mettre deffus ou dedans
une Quantité d’AuimalcuJes de Limon ou même d'individus qu’on veut
examiner fous les Tuïaux réunis du Microfeopede Marfehaiou deHar*
tel. Il faut encore des pour y faire monter les dif-
ferens fucs, qu'on veut préfenter devant le Microfeope. Vous aurès
âuffi Befoin de Tuïaux cylindriques plus gros & plus larges, pour y con-
ferver de petits PoifTons ou de l’Eau limonneufe , afin de les pou-
voir mettre entre le Microfeope de Wilfbn, en guife de Porte-Objets,
Que fl Vous voulés encore y ajouter quelques Bouts de Verre unis de
la Torme du Porte-Objet pour la Longueur & pour la Largeur, afin de
pouvoir enfermer entre deux de ces quelques Créatures Micro-
fcopiques, cela dépendra de Vous. A moi ils ont été inutiles, ii’aïant ja-
mais pu m’en fervir pour faire aucun Experiment certain.
S’il
Manîm'ens & Obfervations Microfcopicjoes, 7
S’il me tombe encore entre les Mains quelqu’Inflrument, qui ne
me^ revienne pas pour le Coup; j’y fuppléerai dans la Suite. Aies- la
bonté de Vous toujours bien porter.
LETTRE III.
ï^atience. Pas tout à la .Fois, Vous voulés déjà fortir de l’Ordre
de l’Ecole, Nous fommcs encore à i’A, B, C, & Vous voulés lire.
Cependant je ne veux point abbattre la Joie que Vous donneVd-
trc nouveau Microfcope folaire. Vous allés tout de Suite favoir com-
ment il s’y faut prendre, pour en tirer des Experimcns agréables.
Vous allés trouver ici ce que Vous defîrés Sspeutêtre au delà.
Le Microfcope folaire & la Chambre obfcure, vont bien Vous don-
ner des Occupations plus intérelTantes, que ne le font de (impies Grof-
^(Temens.
Jettes les Yeux fur les Defïeins ci-joints & Vous trouverés fans
peine ce que je veux d^e,
*>
Je m’cn vai cependant procéder dans l’Ordre & pour éviter les Ré-
pétitions, Vous expliquer chaque DeiTein en particulier. Vous trou-
verés donc deux Répréfentations dans cette
^ TABLE I,
Le Microfcope folaire de Cujf^ avec la Chambre obfcure.
La Figure r. Vous montre le Microfcope fo' aire de Cuff'j a) en efl le
Devant, comme il eft affermi à/’/îi; b) parksT’f; c). "Les Trous d) qui
font à cet Ais, fervent à pouvoir l’attacher à un P'oîet de Pénètre; ainli
que Vous indique a) dans la Fig. 2, de cette prémière Table. Avant
que d’entrer dans la Defcription des Parties de ce Microfcope, je Vous
dirai, que le Mien eH; de Mr, J, Cuff de Londres. Toute la Grandeur
de la Plaque dorée a) effde 5. Pouces de haut & de 5, de large; et
i’Epaif.
§ TAB. I4 LeMicrofcope àeCuff, avec U Chambre
J’EpaifTeur a à peine de Pouce, Le Miroir a 7^, de Poace de long et
8. de large, le Ttiïatî, avec le Morceau qu’on met au Bout, en a 6^.
i|. de Diame'tre, de forte qu’on le peut commodément porter fur Soû
Cet ïnflrument a au Millieu une^»e Roue dentée, e) cachée, laquel-
le dirige le Miroir f) de droite à gauche et de gauche à droite^ par le
Moïen dune petite Vis k Dens g). Aies en Récomandation cette Vis;
car Vous en aurés fans celTe la Clef h) à manier de la Main droite*
Cette Clef h) paiTe dans un Trou en Eoiïe i^ &par leMoïen àet Ecrou
k) & du Tenant 1) eft attachée par derrière au Miroir du Côté lî) , &
fert à hauffer et hailTerle Miroir, fuivant que la Difpofitipn du Soleü
l’exige. Au Centre de la Cibe e) eft attaché un autre Verre optique,
qui grofîit un peu, ,ce que Vous montrera la Tab. !!. J’en ai marqué
IXndroit d’une petite Etoile. Celui-ci jette les Raïpns du Soleil, qu’ïl
reçoit du Miroir f) à travers m) & n) & en même Teras l’Objet groffi,
qui fe trouve dans le Porte-Qbjet, jusqu’à la Paroi blanche , quand le
Microfeope manuel y a été prémièrement affermi.
Voilà le fmemenïhil, lorsqu’on veut groffir quelque Chofe; & pour
pouvoir.alongex le Foier, il-y-a au Haut du Tuïam Cylindrique un autre
Bout de Tuïau o) lequel Vous verrés mieux dans la Tab II, où je l’at
deiîiné feul, avec l’Endroit p) , où il doit être fourré. Ce Bout de Tuïau
efl par devant garni d’une Vis q) Tab. IL laquelle entre dans l'Ecrou qui
fe trouve dans la Partie de derrière du Microfeope de Wilfonr) &par
où il efl joint au Cylindre m) & rend ainfi le Microfeope folaire com-
plet. Alois l’on paTe le Porte-Objet s') avec ce qu’on y a mis, entre les
Lames d':ï’voire t) & d’une Main u) l’on tourne le Mic-rofeope manuel
en avant ou en arrière, & de l’autre x) l’on dirige le Porte-Objet, jus-
qu’à ce que Vous aies attrapé le Pourpris le plus exact de l’Objet contre
la Paroi blanche^
DelH-
9
TAB. II. LeMrcrofcope,foUire par derrière,’ &c.
Deffinés le tout de fuite ,* pour plus de Commodité je me fuis
fait faire une Machine très fimple, dans laquelle je puis tendrexine Feuil-
le de Papier. Vous la itrouverés Fig. 2. de la première Table, Elle
confifte tnnnBUon creux d) pofé fur un Pié en Croix, Le Quadre c) fe
plante dans ce Bâton au Moïen d’un autre plus mince f) & fe haulfe ou fe
bailfe par la Cbeviüe e). Au relie je n’ai voulu par cette fécondé Figure
Vous donner xju’une légère Esquilfe de ma o^/care d’àprefent,
dans laquelle a) Vous met devant les Yeux l’£«droir où le Microfeope
ell affermi vers le Couchant, avec la petite Table b), où fon peut met-
tre les ©utils dont on a Befoin, & g) la Paroi blanche contre laquelle
les Objets fe préfentent. Vous placerés les Sièges de Vos Speélateurs
à Vôtre Fantaifie; pour moi jeîesaiarrangés ^omme^Vousyoïés pour
ma Commodité. Vous allés voir
TABLE IL
Le Microfeope folaire par derrière, 8c 2. Chambres Qbfcures
avec des Répréfentations Optiques,
La Figure a) Vous répréfente le Microfeope folaire par la partie de
derrière fans Ais ; c’ell à dire, la Plaque de Laiton doré b) dans la quelle
font marqués les Trous des Fis c), la Cibe dentée je), le Ferre optique indiqué
par une Etoile, ^comme je Vous ai déjà marqué. Vous y yoïés encore
le Miroir f), le Bout de- derrière de laHf 4 Dens g) qui dirige à droite
et à gauche la Cibe e) & le Miroir f). Dans h) rfe voit l*Anfe ou la Clef,
qui fait hauffer:& baiffer ce Miroir par le Moïen du rewanH) & de l’Ecrou
k). La Manière dont les Raïons du Soleil opèrent à traverts f) *) m) n)
p) , fe trouve marquée par 1); & o) & q) défignent le Bo«f avec fa Fis
où il faut mettre-îe -Microfeope manuel de Wilfon, quand il s’agit d
alonger le Edier»
IIJ. Tom,
B
Mais
10
TAB. IL Le Microfcope par derrière &c.
Mais avant qU€ de finir, il faut que je Vous explique ce que veu-
lent dire les deux Figures fupérieures B) C) des Chambres obfcures avec
ces Couleurs d'Arc-en-CieU
Je Vous ai dit ci-devant, que Vous pouviés faire Ufage de Vos
Chambres obfcures, pour d’autres Répréfentations optiques , & Vous
allés voir que je ne Vous ai rien annoncé de désagréable. Lors donc
que Vous aurés achevé Vos Répréfentations microfcopiques j Vous n’
avés quà ôter le Bout o), zv ec\t Microfcope manuel, & à lailTertout leRe-
fle avec Ics Tuiaux cylindriques m) n) attachés au Volet p). Fuis met-
tes la petite Jable a) de la Fig. B) C) ou quelqu’autre chofe de^embla-
ble, qui foit juftement de la Hauteur du Cylindre m), à peu près à deux
Fiés de Difiance , devant le Microfcope folaire ou devant le Volet
b) où il eft affermi; prenés enfuite Vôtre Brifme c), tenés le de Maniè-
re que les Raïons du Soleil donnent fur un des trois Angles aigus; & Vous
verres aux deux Côtés de la Paroi une Colomne de Figure ovale y Couleur
d’Arc-en Ciel, d) d) Fig. C.) telle que je l’ai repréfentée e) avec toutes
fes Couleurs. Que fi Vous mettés encore un Ferre cylindrique d), plein
d’Ëau derrière le Prifme (voies Fig. B.) il fe fomera tout de fuite dans
Vôtre Chambre deux magnifiques Arc - en- Ciels e) e), l’im au Haut
de la Paroi, et l’autre en bas fur le Plancher, Quelque fois il fe pré-
fente encore la Figure ovale f) contre la Paroi de côté. Je n’aurois pas
placé ici cette Dîgrelfion, fi je n’avois fû, qu’elle Vous feroit Plaifir,
Vous pourrés faire outre cela une Infinité d’autre beaux Experimens,
comme par la Difperlion et la Répréfentation de chaque Couleur en Par-
ticulier, dès que Vous entendrés bien le Prifme & que Vous aurés vû
les Occupations du grand Neuton et de Mr. Algarotti.
je pourrois finir ici; mais pour Vous punir d’avoir déjà voulu fai-
re des Ob érvations pratiques, j’ai refolu de Vous ennuier par une . lon-
gue Lettre, et pour y trouver Matière, j’ai defliné deux Obferva-
tions
TAB.III. UnpetitRond &c. TAB. IV.UnMorCeajil'c. ii
vatioQS microfcopiques, que je Vous envoie. Examines l’urne & J’au-
tre pour voir fi je les ai bien deflinées & re'préCbnte'es,
Vous verre's donc
TABLE HL
Un petit Rond d*un Brin de Paille.
Il a été coupé orifontalement du Noeud ^ & il contient des Hexago*
nés réguliers et irréguliers. Les irréguliers viennent du defiTêchement;
<ar fi l’on pouvoit pofer bien jufte ce petit Rond^ fans qu’il perdit rien
de fon Arrangement! ni en le tendant, ni même en le coupant, l’onver-
roit toujours des Hexagones xégulitt^ En certains Endroits îl font très
diftinéls; mais ils le font le plus dans le Microfeope, ainfi que j’en ai
delliné quelques uns b). Lepetit Rond non groffieftmarqué d’une}»*
^ TABLE IV.
Un Morceau coupé en travers d’une Goufle de Semence
de Mauve Sauvage
Le quel fait aufli un très bel Effet. La Coujfe coupée par le Mi-
lieu en travèrs confifle en une large Etoile a) compofée de 14. Raïons ou
Cellules àOraîne, Quand elle eft fraîche, elle donne beaucoup plus dans
la Vue fur le Verd de Perroquet; Mais comme j’ai delîlné ceci d’après
une Gouffe déjà fêche_, fa couleur donne dans le P'ert-Brun, Alors les
Particules externes b) tiennent auffi bien .enfemble, qu’aux Bouts des Rui-
ons de l’Etoile, Mais ici, les uns femblent étreTeparés des autres ; jen’
^i cependant rien voulu changer a ce que j’ai vu à l’Aide du Microfeo-
pÆ, Les Trous vuides défignent l’Endroit où etoient le Grains de Se-
B % mence
* ’Voïès mon Tr.ité Phifico-Microfeopique de la DiJfeSiion do. Seigle, avec l’Obfcrva-
tion de Ton Crû &c. Grand Folie.
J 2 TAB. V. LeMicrofcope dit manuel de Wilfon
mence. La véritable Groffeur de ce Morceau eft marquée d’un c)*
N’êtes-Vous pas encore fatisfait? Je penic qu’oui. Vous en avésafTés
pour aujourd’hui. Une autre Fois davantage. Mais dans mes Lettres
fuivantes, il faudra revenir aux Manîmensî ce dont je fuis bien aife de
Vous prévenir ; afin que nous ne fortions' pas de l’Ordre que nous nous
fommes propofé» J’ai de l’Impatience d’avoir Votre Réponfe &plus
encore d’apprendre que Vous êtes content»
Je fuis &e»
LETTRE IV.
Vous ne perdrés pas Patience et ne Vous facherês pas de voir en-
core ici des Manîmens. Je me le fuis expreiféraent réfervé dans ma
dernière ; jeme perfiiade^ que Vous Vous rendrés Juflice, que Vous
ne fauriés faire des progrès à moins que de s’y prendre aînfi.
Le Microfcope, que j’ai l’honneur de Vous prélcnter eft fans con-
tredit le meilleur de tous, étant le plus fimple dans fon Elpéce, de T
Ufage le plus facile, & très necelTaire à plufîeurs autres» Voici donc
TABLE V.
Le Microfcope dit manuel de Wilfon ou de Poche
de Kulpeper,
d’après lequel Jean Michel Horologcr & Opticien de Zurich
a fait fon Microfcope univerfel.
Cet Inflrument confîfle en un Tuiau cylindrique Creux a) dans le-
quel on affermit au Bout, où efl marquée l’Etoile, la Lentille grojfijfantt.
Vous voies b) une telle Lentille dans fon Encbajfiere t dont il peut y
en avoir 5. à 6, c’efl à dire depuis Numéro 5. jusqu’à 00.
D’abord au dcffous de la Lentille efl un Rejjort fpiral de Fil d’archal
entortillé c), lequel fert à retenir le Porte - Objet avec l’Objet, de
peur
ou de Poche de Kuîpeper. r?
peur que la grolfe- Vis ne le poulTe trop vite contre le Verre
fiffant.
Le liejforf porte fur deux Plaques d’ivùirt d), qui ont au Millieu ufî
Trou rond de la Grandeur d’une Pièce de px Blancs, C’eft au deffous
de ce Trou qu’on met le Verre du Porte-O&jetj en prenant bien gardé
que rGbjetqui eft dedans, vienne bien jufte entre ces dcüx petites Pla*
quesr La- Figure D) E.) Vous montrera diftinélement ces petites pl^-
quesr Elles portent fur un Morceau de Corne échancré et pareillement
creux e), lequel peut avoir un ^art de Pouffe d’épais, afin qu’èllck
ne branlent pas, lorsqu’elles font remuées par la Vis qui eïl: immédia-
tement deffous. Cette Vis f) eft deftinée à mefurc qü’ôn l’ouvre od
la ferme, a approcher ou reculer de la Lentille, l’Objet qui doit être ex-
aminé, de Façon qu’il fe montre clairement a POcil, aînff que le Fôïer
du Verre le demandé. Enfin aü bas Bout du Microfeope efl encore le
Ferre opfiqae g), qui eff affermi par un Anneau qui y tien par une Vis,
Mais pour donner à l’Objet tout lejour et toute îaCIarté qu’il lui faüt,
J’ai fait faire plufieurs de ces Anneaux d’une Lame très mince de Laitou
& même de Parchemin, dont je me fers fort utilëmenr.
En voici quelques uns h) i) k) 1) & je rt’ai pas bcfoln de Vous
avertir, que les plus grands Trous font pour les moindres Groffiffeméns,
e’^cfl à dire pour ^,4. et 3. & les plus petirs ou les plus étroits pour
les Verres les plus forts, comme i, o, et 00. parceqiie Nro, ï. o, et
00, n’ont pas befoin qu’il y entre tant de Lumière, lorsqu’on veut voîÊ
PObjet fixement & dans fon plus beau Pourprh,
L’on met ces Fournitures ou Anneaux entre le Verre optique & la
Vis, & une Expérience réitérée fait voir qu’ils n’y font pas de trop.
Or fi Vous voulés tenir devant î’Oeif cet ïnffrument Fig. i) pre-
nds le de la Main-gauche, par le Manche m) & de'da droite tournés la-
Vis n) comme Vous verrés qu’il en fera befoin. L’Etoile ne marque
B J, que
î4 TAB.V. Le Microfcope dit manuel de Wilfon
que la Polîtion de l’Oeil, & les petites Boules o) la véritable Groffeu-r
de mes Lentilles ou remj en Forme de Grain de Millet , Nro. 5. 4, 3,
a, !♦ O. et 00.
Mais comment s’y prendre pour diriger le Porte-Objet ? N’y a-t-il
point de Secret en cela? Je m’en vai Vous donner dans la. Figure 2« en-
core une petite Ebauche, tîint pour m’acquitcr de mon Devoir^ que
pour fatisfaire Vôtre Defir.
Vous trouvés dans p) encore une Fois ce Microfcope deWilfon,
J’ai marquéla Portion de l’Oeil par q) & la Partie de derrière ou d’enbas
par r), ou l’on place le Verre optique ayec fes Fournitures marquées
ci deifus h) i) k) 1). '
Mais pour bien diriger le Porte-Objet, prenés le Microfcope de la
Main gauche & mettés le devant l’Oeil ; & après l’avoir parfaitement
arrangé fuivantïa Fig.Ji. regardés avec foin, iî Vous voïés l’Objet ailes
£xement. Si Vous trouvés, qu’il foit encore befoin de faire jouer la
Vis; commencés d’abord par l’ouvrir un peu & approchés enfuite avec
la Main droite l’Objet fi jufte devant la Lentille, que, fi Vous ne lepou-
vés voir très fixement. Vous puilïiés du moins l’apercevoir d’une ma-
nière diftincte ; alors ouvrés & fermés tout doucement la groife ViSj
Jusqu’à ce que Vous aïés Votre Objet au point le plus fix€& au Centra
du Foïer, pour pouvoir l’obferver à Souhait.
Le Jeu de la Vis de même que celui du Porte-Objet doivent fe fai-
re avec Précaution, doucement et lentement par une Mainfûre; autre-
ment les Verres en Forane de Plat du Porte-Objet où les Lentillcts
microfcopiques fe caifent ou du moins prennent de Raies. Dans s) j’ai
placé un Porte-Objet, & t) marque l’Endroit où font les deux petites
Plaques, entre lesquelles le Porte-Objet doit palTetJ ce quej’ai défigné
plus clairement par D) E) dans la Figure
u) eïl
/
Manîmens & Obférvations microfcopiques; if
aj eft un de ces petits Chapeaux de Laiton, où j’énchaiTe mes Len-
tilles* Dans celui-ci eftun Nro* oo. & les Lignes pontuèes , qui font
au deflbus marquent la diverfeDiftance qu’il y a du Foïer des Verres mfcro-
ftopiques aux Objets, à Proportion des Nro;
Avant que de finir, j’aià Vous donner un petit Avis qui pourra
Vous être utile dans rOccafion. L’on calïè, fouvent même l’on perd
le Ferre optique. Si cela vient à Vous arriver, ne laifTés pas de continuer
rObfervation eommence'e. Prenés feulement une'de Fournitures, qui'
conviennent avec la Lentille, que Vous avés dans le Microfcope, &
mette's la à la Place du Verre optique, & Vous viendras à bout de Vô-
tre Obfervation» fans remarquer une Diminution confide'rable de
Clarté.
Je fuis &c;
LETTRÉ V.
Manîmens & Obférvations microlcopiquesi
C^ioi? Vous Vous plaignes du Goût & du Jugement que le Monde
porte des Vos Amufemens rnicrofcopiques ? Philofophe pratique, pou-
vés-Vous bien faire Attention à cela ? Les Jugemens du Gros des Hom-
mes ne portent ordinairement fur aucun Fondement folide.
Il ,y en a qui font fous de certaines Chofes, que ni Vous' ni moi
n’honorerions d’un Regard. Que ne peut pas la Force de l’Education
& de combien de Préjugés n’accable- t-clle pas l’Elprît, furtout loriqu’
il n’eft pas épuré pas les Sciences? Encore celles-ci n’ont- elles bien fou-
vent pas afies de Vertu pour extirper les Préventions enracinées. A-
joutons à cela les Temperamens , les Pallions, les Vues, les Ufages &
Mille autre Chofes de cette Nature, defquelles comme d’autant de
Sources impures, naiifent des Jugemens entièrement incompatibles
avec
iS Manîmens & Obfervations tnicrofcopiques*
avec la faine Raifon. L’Inclination et rimagination font des Dons de
1^. Nature propice. Je m’en vai prouver par un feul Exemple ce que
j’avance.
Il y a quelques Années que je fus obligé d’aller , pour affaires,
dans une certaine Majfon, coù, après avoir fini maCommiffion, le Maî-
tre et la Maîtreffe me prièrent de refier pour prendre un “^erre de Vin.
Tandifque nous étions à boire, l’Hôte appelia fes trois Enfans, Jefquels
parurent .d’abord J mais bien que le plus jeune eût fix.Ans, ils entrèrent
dans la Chambre où nousdtions, plûtôt en rampant comme de Tortues,
ou en. canotant .comme des Canards, qu’en marchant d’un Pas, ordinai-
re, tant ils étoient Cagneux et chargés d’autres infirmités corporelles.
Cependant le Père nelaifibitîpas de les baifer SrlaMèrede lesappeller fes
beaux petits Anges, d^elle Félicité pour ces pauvres Enfans, que
leurs Parens les trouvent beaux! .Comment auroient-ils été autrement
élevés avec tant de Soin?
Autant de Têtes, autant.de Sentimens. Que Mr. X. aime les Ma-
rionettes, Mr« Y. fes Chiens de Chalfe & Mr. Z, fa Partied’Hombre où
de Quadrille; nous perfifterons à nous faire un Amufement utile de
nos admirables Microfeopes. Toutes Chofes ont leur Tems. Il-y a
des Heures, où nous trouvons autant de Goût à lire les Mosheim , les
Baumgarten, les Leifer, les Struv, les Boerhave & les Haller, qu’à li-
*^eNollet, Mufchenbroeck, Reaumur, .Bonnet, Lieberkuhn, .Needam&
Hillel
Revenons au Fait, Pour fatisfaireie Defir que .Vous avés defavoir,
comment Von peut avec.ee Microfeope manuel, defliner commodément
des Objets hors.de la Chambre obfcure fans Raïons,dQ Soleil; je Vous a
dclTiné id l^Iif^rument de la Façon que je m’en fers.
TA-
TABLE VI. Le Microfcope manuel de Wiifoa. »7
TABLE VL
a) eft le Microfcope manuel de Wilfon,
lequel eft pofté, par le Moïen d’un Tenant, ’au deiTus d’un Coffre à Ti-
roirs de Noïer ou peint' en noir. Ce Microfcope a au Dos un Écrou Cou.
dé b), dans lequel entre la f^s mince c) laquelle traverfe le Tenant d) a-
vant d’etre affermi dans b). Le Tenant d) avec le Microfcope, eft pofé
fur ce Coffre & y eft affermi par la Cbeviîle ou parla Vis e) qui eft au Pié
du Tenant,
Sur ce Coffre à Tiroirs f) eft encore ménagé un Miroir, que doit ve-
nir diamétralement au deffous du Microfcope a), pour éclairer de bas
en haut l’Objet qui eft dans le Porte-Objet.
Le Coffre f) lui même peut commodément fervir à enfermer Je Mi.,
roir ql, le Picot d'Tvoire 1) au bouc duquel on a coutume d’arrondir le
Fjl de Laiton pour les Anneaux, de même que la Loupe m), quand elle
eft démontée & quantité d’autres Outils, Le Miroir y) peut être un
peu concave. On le dirige vers la Lumière de façon que les Raïons qui
y donnent, fe réflecbiffent à travers le Verre optique & mettent de bas
en haut l’Objet, qui eft dans le Porte-Objet, dans le Jour le plus clair,
fupofé qu’il foit tranrparent.. Car cet Inftrument n’eft point fait pour
les Corps opaques; à quoi il en faut un tout autre, que je Vous expl-i.
querai à la première Occafion.
Les Chofes transparentes, p. c. les Sels y les Objets aqueux y les Puces^
les Punaïjesy les PouXy les PuceronSy plufieurs Efpëces à' Animaux de LimoUy
les Anguiles de Colle, les Animalcules d'Infufiony le Sérum du Sang y le Lait, 1’
Urine &c. peuvent de Jour comme de Nuit s’obfervér par le Moïen de
cet Inftrument et fe defîiner à l’Aife. ■
Vous fentes bien, Mon Cher, que touit dépend ici de la Patience &
de l’Addreffe del’Obfervatcur, Ilfaut, comme dans le Microfcope folai-
Ili Tom, C re.
Ig: TABLE VI. Le Microfcope manuel de Wilfon.
re, que Vous aies fans Ceffe l’Oeii collé fur le Tum, que Vous dirigiés
de la Main droite tantôt le Porte-Objet, tantôt la grande Vis, et de la
gauche le Miroir, jufqu’à ce que Vous voies l’Objet parfaitement fixe&
dans fon pliis haut Points de Lumière.
Alors Vous Vous alfeiés tranquillement à Côté de Vôtre Inftrument
& Vous deffinés, à la Faveur d’une bonne Mémoire de Peintre, fur le
Papier que Vous avés devant Vous, ce que Vous voies conftamment
dans Vôtre Microfcope. Peut-on fe tromper, tandis que, quoique ce
foit ne peut échaper au Deffinateur? L’Objet demeure tel qu’il e/l des
Semaines & des Mois entiers & même davantage. L’on peut le regar-
der Mille fois & lui confronter fon Deffein 5 bien plus hùreux en cela,
que le .ortraitier, de qui l’on exige, quil rencontre ; bien qu’il lui écha-
pe maint Trait,, maint yîir de l’Objet quieft affis devant lui. Qu’il faille
que Vous aies quelque Connoidanec du Dejjèin, cela s’en va fans dire.
Enfin Vous allés voir fur cette tflampe un Microfcope très ancien,
mais qui a donné lieu à bien des modernes et furtoutà celuien Forme de
Compas^.
La Figure n) répréfente cet înflrument. il a] un FejJhrt d’Jaer o),
une Fis pour le diriger p), un Anneau ou une EnchaJjVere q) pour yaffer
mir b Lentille mkrofcopiqus avec Coa petit Chapeau,, telle qu’on voit r) cet-
te Lentille fcparcment avec fon AÜroir concave de Métal,
s) cfc une Machine à une pointe pour porter l’Objet devant la Len-
tille. Dans t) eil fourré un Poinçon, qui a en haut une Aiguille v) &
en bas il peut y avoir encore des Pinces à. Fis x) pour y attacher les Ob-
jets ^ & 2,) en eil le Manche,
Je Vous parlerai plus au long de cet In/lrument, lorfque je Vous
communiquerai l’Ufage que l’on fait du Microfcope en Forme de Com-
pas, Pour le Coup permettés moi- de finir en Vous a/Turant de la plus
tendre Confidération avec laquelle je fuis,.
LET-
TABLE VIL Puces d’Eau noires, ij>
LETTRE VI.
A
X aujourd’hui je ne fuis point en Train d’écrire; inais pour ne Voiis
pas trop faire attendre des Nouveautés microfcopiques, je Vous envoie
en attendant une Couple, d’Obfervations, que j’ai deflinées'd’après Nro.
f. de mon Verre de Cuff.
Peut-être qu’au prémier Abord Vous ne connoitrés pas cette Créa-
ture, bien que je fois perfuadé que Vous «ii avés vu une Infinité de
fois. Ce que Vous verr.és
TABLE VIL
font les Puces d’Eau noires,
que Ton trouve ordinairement au Printems (furtout quand il a plû) fur
la Surface des Eaux dormantes, .Les .Foffés en font quelquefois tout
couverts.
Elles fautent et s’élancent aufii légèrement que la véritable Puce*
feulement que ce Mouvement fe fait par le Moïen d’autres Organes,
dont je m’en vai Vous faire le Détail.
Dans a) et b) Vous verres ces Créatures de Grofieur naturelle,
Fig. r. en préfente une grolTie par Nro. couchée fur le Ventre &pré-
fentantle Dos. Sa Couleur eft bleu- noir, et toute la Peau efi; comme
une fine Péliceoonverte d’un Poil menu, qui ne prend ni Eau ni hu-
midité. Car cet Infeéle.eft fec même au Milieu de l’Eau.
C) C) font fes Anünes^ dont chacune a f. Jointures et qui font gar-
nies de Poil,
d) la Machaire en Forme de Pinces, fi courte qu’àpeine lapeut on
diftinguer,
e) e) les Yeux qui donnent dans l’Or, le Verd et le bleu,
f) les fix Piés^ dont chacun a 4. Jointures, g) efi: le Corpi. divilé
par li. Cercles ou Anneaux., par lesquels l’Infeéle peut s’alonger & s’ac-
courcir extraordinairement,
C a
h) font
ao TAB. V1IÏ« Le Bout d’une Langue de Bouf bouillie, &c.
h) font enfin les Organes qui les font fauter & s’élancer. Ce
ne font "pas des Piés ; mais plùtôt de petits Tuïaux creux, desquels
fort une Efpèce de Liqueur huikufe blanc jaunâtre toutes les Fois que b
Infedle veut fauter.
Je préfume que cette Liqueur, qui forme dans FEau une petite
Boule i), forme leSôlfur lequel. la Puce appuie fes Organes à fauter, &
qu’en fuite elle s’élance où elle veuf, pareeque l’Huile refifie à l’Eau.
La Figure 2, préfente cette Puce du Coté du Ventre, pour mieux
faire diftinguer l’Affiètte de ces Organes à fauter. Depuis a) jufqu’à
h) Vous trouverés ici toutes les Parties ci-deffus décrites; il n’y - a que
les Organei à fauter, qui fc préfentent ici rétirés vers le Corps. Mais
la Puce peut aufii les pofer des deux Côtés à droite & à gauche, les
hauiîer, les baiifer, les alonger & raccourcir, ainfi que les deux peti-
tes Figures k) & IJ Vous le font voir-
TABLE VÏII.
Contient le Bout d’une Langue de Bœuf bouillie ,
, tel que je l’ai obfervé par defibus par mon Numéro 5-.
a) eft la Partie la plus baffe du Bout de la Langue, groffie, après en
avoir leve premièrement la Peau vUqueuje b); puis la PeUkuk très min-
ce qui eft au delTous de celle-ci c), laquelle eft toute entrelacée de Vei-
nes très déliées. La première Cbofe, qui fe préfenta ici à ma Vue, fut
an large Ruban d) compofé de Qiiantité de petits Nerfs qui defeendoit
perpendiculairement tout le long de la Langue; aux deux Côtés du-
quel fe voïok le Tijjùle plus admirable en Forme de Refeau compofé d’u-
ne Infinité de Filets, de Fibres^ de. Nerfs, & d’autres l^aiffeaux , auxquels
je n’oferois donner de Nom. Ces Répréfentations font plus propres à
être vues, qu’à êtres décrites, & j’abandonne de bon Coeur ce pénible
Ouvage aux Savans qui font plus experts que moi dans l’Art de la
DiiTediom Mais je Vous renvoie à un Traité qui ne pourra manquer de
Vous
!
Hiftoire de l’Arbre qui porte îe CafFe'e, jrr
Vous faire plaifir. Il a été publié par Monfieur le Confeilîer Trevv,
nôtre excellent Anatomifte de Nuremberg; il raifonne fur les f^aijjèaux
falivaux à San^ de la Langue, & il ell accompagné de 4. Eflampes
très finement gravées, *
Adieiu
LETTRE VIL
Hiftoire de l’Arbre qui porte le Cnffee.
^ons favés. Mon Chèr^ que j’aime à rapprocher tout ce qui peut con?-
fribuer à la Perfeélion de ÏHiftoire d’un Infeéle, d’une Plante, ou de tou-
te autre Créature,
Aïant eu, depuis que j’ai répréfenté le Germe du Gaffée dans les Tabi.
XCVII. & XCVIII. de mes Amu^emem microfcopiques, Occafion de voir &
même d’avoir entre les Mains plufîeurs Pièces, qui peuvent fervir de
Mémoires pour VHiftotre de cet Arbre ; je n’ai pas voulu manquer de Vous
en faire Part.
L’Eté pafTé étant occupé au Cabinet des Curiofités naturelles du
Prince, & à cette Occafion aïant ouvert l’Armoire aux Livres qui y ê-
- toit, j’apperçus entre autres un très beau Manuferit de feu Mr, le Syndic
Klein de Danzig, où je trouvai, à la Suite de plufîeurs autres Obfer-
vations botaniques, la Défeription circonftanciée dw trd /irbre qui por-
te le Cdffee, lequel il avoit élevé lui même, accompagnée d’une peintiir*
très fine, laquelle Vous trouverés gravée à dixième tfiampe.
Monfieur Klein s’exprime ainfi à la Fin de fon Obfcrvation :
„ îl-y-a encore ceci de réiiiarquable au fujèt de l’Arbre qui porte te
„ Calfé, c’efl qu’on ne trouve jamais ni fur lui ni autour de lui aucun
C J Pou
* Ad Virum Nobiliffimum atque Exccllentinimum Dominum Doflorem AlbertumHal-
lerum 8£c. de Vafis Salivalibus atque Sanguiferis Epiflola Chriftoph. lac. Trevv
Med. Doâ. accedunl Tab. aen. IV. Norimb, t_ypis loh, Ern. Adclbulneri.
2î Hiftoire de l’Arbre, qui porte le CafFée»
Fou ni aucune autre Sorte de Vermine , à quoi cependant les au-
,, très Plantes étrangères font expofées, quand même il fe trouveroit
,, au Milieu de ces Sortes de Plantes, & qui plus eft, on n’y voit ja-
,, mais ni Araignée ni de fa Joi/e; déplus, ni Mouche, ni Guêpe ni Pu.
„ naife de Jardin, ni petit Hanneton , n’attaquent jamais fon Fruit -
„ & même lorfqu’une Mouche fe pofepar Hazard fur une de fes Feuil-
„ les, elle ne s’y arrête jamais; mais elle prend auiîîtôt la Fui-
„ te« De Sorte ^ue le Portt-Caff.ée^eft un Arbre pur ^ chafte.
Qui efl: ce qui difconviendra que ce ne foit trop flater cet Arbre ?
Il feroità fouhaiter que de fi bellesParoles fulfent conftatées par uneExpe-
rience quotidienne. Mais qui a vifité de grandes Pépinières â’ Arbrijfeaux
à Caffée DU d’amples Serres, où l’on en conferve des 50.60, des Cent &
davantage , eft obligé, en les examinant de près , .d’en porter un tout
autre Jugement que Mr.Je Syndic JK.leln,
C’eft untrifte Syeèlacle, juonchés Ami, que de voir, en vifitant
de pareilles Serres, VingtàTrente de ces Arbres, qui paroiflTent périr tous
à la foiSj & qui ne préfentent que le Trône tout nud, avec quelques FeuiL
les mortes. Cherche-t-on la Caufe de ceDéfaftre; c’eft un cre's petit
Infeéle, des Pous qui par Milliers obfèdent l’Arbre, en rongent le Bois,
en fuccent les Fleurs & le Fruit, & qu on peut Jiommer les Ennemis
capitaux de cette .illuftre Plante, Ceft à la Cime de l^Arbiifeau ou de
l’Arbre à CafFée que ces Créatures aiment le mieux fe loger, pareeque
c’eft là que les Feuilles font Jes plus molles et les plus tendres.
Monfieur Klein a pû airément préferver de ^ette Infeéle ce Couple
de tendres Arbriffeaux, qu’il a eu le Bonheur .d’éléver lui-même.
11 en va tout autrement, là où il-y-a de Vieux Arbres à CafFée &
en Quantité, dont j’ai vû de mes propres Yeux le plus trifte Etat. J’ai même
emporté chés moi plufieurs de ces nufibles Infcéles, quej’ai pris dans les
Jardins du Princepour les examiner, à Loifir, Je Vous envoie donc fur cette
TA-
TAB. IX. Fidèle DefiTein du Pou de l’Arbre qui porte le Caffee.
TABLE IX
Le fîdele Deflein du Pou de l’Arbre qui porte le CafFee.
Vousverrès dansa) une vieille de la plus gro/Te E/pèce; mais;
cependant de GrolTeiir naturelle; dans b), qui efl un Bout de Bois gâte
du Tronc de cet Arbre, Vous en trouverés de plus petites marquées c)
.qui font fort aflidues auprès de leurs Oeufs & de leurs Petits, Elles creu-
fentmême en rongeant un Caaa/ dans le Bois b) où elles confervent leurs
Oeufs, qu’elles couvrent d’une Laine blanche comme Ne'ge. Cette haine
fait paroître cet Infeéle de deux Couleurs, tantôt blanc, tantôt brun.
La Figure i, répréfente ce Tou couvert de fa Laine. lia, fans com-
pter la Tête , quinze Anneaux où Divifions y le Bout de chacun de ces
Anneaux eft termine' par une Pointe fufelée de Laine blanche, qui fort ap-
paremment des Trachées. Delà vient que cette Cre'ature re/femble à
une petite Etoile ou à un Flocon de Vège d). LTnfeéïe peut allonger &
raccourcir ces Pointes de Laine & en faire une Couverture pour couvrir
fes Oeufs; ainfi que j’en ai de'peint un Nid un peu grofîi, avec un
Filet qui y pend encore, 11 a deux Antènes à 4. jointures, deux 7eux
bruns, un court Piquant au Mufeau pour percer , fix Pies dont chacun a
4. jointures & t. Ongles, & le Tuiau f) par où il pond fes Oeuf. N’a
îanî pas trouve' ce dernier dans tous, je me crois fonde' à croire, que
^elui-ci eft la Femelle. Mais toutes mes recherches ne m ont pas en-
core fait trouver le Membre dilfindif du /v:Me,
Dépouillé de fa Laine, il eft de Couleur brun jaune; & alors on
lui voit auffi bien fur le Dos, que fous le Ventre une Li^wenfonee'e qui
defeend perpendiculairement depuis la Tête jusqu’à l’Extremite' du
Corps.
Le paroît extrêmement gonfle, large & gras, furtout vers
la Poitrine e) Fig. a. Mais la Caufe n’en elt pas difficile à trouver»
dés
^4 T AB. IX. Fidèle DefTein du Pou deTArlDre qui porte leCafFèe.
dés que l’on confidèrc la Quantité d’Oeuf que porte une Créature fi
îïléprifable à nos Yeux.
Aïant par Hazard écrafé un de ces Pous entre les deux Verres du
Porte-Objet, j’ai compté pafle Cent Oeufs dans ce Corps écrafé & fort
transparent h), au Milieu duquel j’ai découvert i) uncfac^e ronge-pon-
ceau, que j’ai prife pour le Coeur ou. pour VEftomac^ parcequ’elle a été
long-tems à fe retirer , s’alonger & à fe mouvoir d’un Mouvement con^
vulfif* Dans une Partie de ces Oeufs , j’ai vu diftinélément-l’Embrion
& les autres étoient clairs» Quand il pond fes Oeufs, c’eft toujours
50. à 60, à la Fois, lesquels font dès les Lendemain éclos &fQurmillent
au Tour delà Mère. Jugés, Mon cher ^ par cette prodigieufe Multipli-
cation , combien il faut peu de terns à cet Infeéle, pour couvrir &
abimer un Arbre entier.
Je ne faurois me difp enfer de remarquer encore, que j’ai vû fur
)es Pi/7ides Créatures de là Figure de ce Pou. J’ai même tout Lieu de
préfumer, que ce font les Jardiniers eux-méraes qui engrainent les Ar-
bres qui portent leCalfée, de cette mauvaife Engeance^ en mêlant la Ter-
re avec de V Ecorce £ Arbre moulue, pareeque cette Ecorce & fes Pores
chent des Millions d’Oeufs prêfqu’imperceptibles de ces Jnfeéles.
En un Mot, cette Ecorce moulue, étant ainfi pleine d’Oeufs, il eft
très nuifibk de la mêler avec de la Terre; .car c’efi: par là qu’on fait le
plus de Mal aux Arbres làins. En abandonnant cette Rémarque aux
meilleures Récherches des Jardiniers les plus experts & les moins pré-
venus; je me perfuade qu’ils conviendront que j’ai Raifon.
lUy-a Apparence que cet Infeéle eR une Elpëce des vers du Cher-
mts~Pinus. Il fe tient aux Branches des Pins* Le Ventre en eR uni, &
le Dos tout couvert de fine Laine blanche , fa Démarche n’eRpas des
plus vîtes»
TAB X. Réprèfentation duCrûduCafféeparMr. Klein &c. if
Je m’en vai Vous donner encore dans cette
TABLE X
La Peinture de Mr. le Syndic Klein, par laquelle il re'preTente le
le Crû du CafFe'e.
Je me fuis fidèlement tenu à l’Original, fans changer la moindre
Chofe ni aux Couleurs ni au Defifein. Comme il a tiré deux Sortes d’
Experimens du Ffuit du Calfée & qu’il en a eu des Plantes (impies & des
doubles; il montre a) un AViaa de Ca^èe entier^ qui n’a produit qu’un leui
Germe^ & per conféquent, qu’une feule Tige. Il avertit enraêmcTems,
qu’il a mis en Terre le double Noïau entier ou le Fruit enveloppé dans
fa Pellicule, Quelque Tems après il déterra un autre Noïau, & il en
vit fortir deux Germes, Fig. b). Celui ci poufla dans la Suite, comme
c) le répréfente, & continua à prendre comme d). Un autre, qui por-
toit aufii des Jumeaux, mais qui fortirent inégalement, fe dévélopp-a
fuivant la Fig, e) e) les tendres Feuilles étoient au haut, comme un
Monchoir de Nés qu’on a chifonné dans la Main. Enfin il enfortit deTer-
re encore un, dont les Germes poufsèrent en même Tems en haut, com-
me l’on verra f), lesquels fe dév-clopërent de la Coquille félon g) &pro-
duifirent, comme les Plantes h) leurs tendres Feuilles, ou l’on peut voir
encore une Feuille du Noïaa ou du Germe i). Il s’enfuit de là que pour la
Génération, il ne faut pas prendre un demi Voïaa tels que les Marchands
nous le vendent & qu’on le brûle ; mais un Noïau entier cônfifiant en fes
deux Moitiés & encore enfermé dans fa tendre Enveloppe, lequel ne
foit ni trop vieux ni depuis tropjlong-tems forti de fa Cérife. Nous en
concluons encore, qu’un tel Noïau porte d’ordinaire aufiî-tôt des Plan-
tes Amples, que des doubles.
Enfin Vous verrés dans k) la Pouffiere de la Fleur de Caffée, qui efl
gris cendré ou d’Argent & qui reifemble au Grain de Froment. Mais
///.; Tom. D dés
Manîmens & Obfervations Microfcopiques.
dés qu’elle efl humeélée avec de l’Eau ou de TEfprit de Vin elle prend
une Figure ronde, & |^end infenüblement l2t Subfiance buiteufcy -qu’elle ren-
ferme, par uneEfpèce de Fumée ou de Vapeur, Vous n’avés qu’à voir
dans i’Eftampe XCVII. des mes Amufemens microfcopiques & Vous y
trouverés la Fleur même avec les Anthères , ou tient cette Poujfière fig.
e) f) g) Cf. 5.
Si j’ai fait quelque Chofe de fuperflu, en deffinant & décrivant le
Pou, les Plantes & la Poujfii'ere de l’Arbre qui porte leCalfèe, comme pou-
vant fervir de Mémoire pour THifloire de cet Arbriÿeau ; c’cft ce que je
laiffe à Vôtre Difcernement. Je ne cefTerai jamais d’être avec un véri-
table Attachement &c.
• LETTRE VIII.
Manîmens & Obfervations microfcopiques.’
Son Excellence Monfieur le Baron de Cleîchen dit àe Ruff^ urm, Con-
feiller intime & Grand -Ecuïer de Voiage du Sérénilîime Marggrave de
Bayreuth, m’a enfin mis en Etat de remplir lesEfperances, que je Vous
avois données il- y- a quelque Tems, en m’envoïant génèreufement de
Bonnland un Microfcope univerfel àç. Son Invention, avec une llépréfenta-
tion du Ch aranÇon blanc, & celle d’une Elpcce de produit par la Niel-
le; \l m’a même permis d’en faire part par des Gravures fidèles aux A-
mateurs du Microfcopc.
Je Vous envoie ici la propre Lettre de ce Seigneur,
„ Je fuis d’autant plus fenfible à Vôtre Indifpofition, que je m’at-
„ tendois moins à cette défagréabie Nouvelle. Qii’une Situation auf-
,, fi trifce & doüloureufe ne tombe t-elle, fur des Gens qui ne pa*
„ roiffent être au Monde, que pour fe livrer à la Vanité & à la Fa-
„ refife; pendant qo’ils portent une Haine niortelle à laPhilofophie &
a
TAB, IX. Defcripfion des Pièces d’un Microfcope univerfel &c, 27
„ à toutes les autres ConnoifTances utiles & agréables! C’efl: ce que
„ je (buhaite aulîi lîncérement , qu’on puilTe jamais rien fouhaiter,
J, de même que de Vous favoir aéluellement parfaitement remis. Vous
J, recevrés ici le Dejfein enluminé de mon Microfcope univerfel zvtc laDe-
„ feription, qui l’explique. J’y joins une Répréfentation & uneDe-
5, feription d'un Charanfon blanc, comme un ElTai de l’Ufage qu’on peut
5, faire de cette Machine. Vous me ferés plaifir, fi Vous voulés bien
,, la mettre en Oeuvre, Je Vous prie înflamment de m’envoïer un
J, ou deux Exemplaires de la troi/ièwîe Cinquantaine des Fos Jmujemensmi-
„ crofeopiquesy désqu’eile fera parachevée j car le languis fort de voir
„ cet Ouvrage. Depuis mon Retour de Bayreuth, je n’ai pas été à
,, rien faire, &j’ai plus Lieu d’êtrcfatisfait de monTravaild’aujourd’-
,, hui, que de celuique Vous avésvû de maFaçonàErlang ; Vos foins
„ obligeans m’aïant largement fourni de tout ce qui me manquoit&c.
Je fuis avec &c.
à Bonniand le 5, Dec, 1761,,
de Cîeicben dit Ruffmrm,
TABLE XI.
Defcripfion des Pièces d’un Microfcope univerfel de nou-
velle Invention.
Le Compas ûç, Laiton Fig. 2. confifte en une Branche longnt & une
courte. Au Bout de la première efl une Vis A). Mais à B) eft atta-
chée une autre Vis tortue très mince, laquelle traverfe la Branche courte
dans C); & entre les deux Branches eR un Rejfort à’dcîerD) attaché
par un Rivets. E) lequel écarte les deux Branches l'une de îautre, quand
on relâche VEcrou F).
Mais comme ce Reffbrt feroit trop faible pour tenir les Branches
écartées , quand il eft Queflion de faire des Obfervations d’Anatomie,
D 2^ &
2g T AB. iXÎ^Defcripfion des Pièces d’un Microfcope univerfel
& que celapourroit caufer du Dérangement, pour obvier à cela l’on
a ménagé à la f^is B) une petite Cibe G) laquelle, lorfque le Microfcope
efi: dûement affermi par l’Ecrou F), ]oint la Branche courte à. C)^ pourque
celle ci foit bien affermie entre la dite Cibe & l’Ecrou.
La Branche courte a un Trou H) percé en Vis & une Enfonçure quar-
réeï) comme dans les Compas, où l’on enchaffeiw Branches iT Acier. La
Tête du Compas entre très juffe dans le Tenant ’k'), lequel eft traversépar
la Vis d’ Acier L), qui tient le Compas û ferme qu’il ne peut branler,
quand il çil; dreffé, pour faire des Obfervations d’Anatomie.
La Partie inférieure de ce Tenant eft une groffe Vis M) par laquel-
le le Compas eft affermi à travers la Plaque de Laiton & le Bois au Cou-
vercle, fait en pointe, du petit Coffre.
La iVoix N) fe met dans le Trou H), Idrfqu’on fe fert de la Plume
O) ou du Poinçon P) ainfj qu’on verra Tab XII. Fig« 3, Let.
Maislorfqu’on a en Main des Objets liquides ou tranfparens & qu’il
faut fe fervir du Porte-Objet R). L’on fourre V'njirument S) par la Che-
ville T) dans le Trou quarré I) & on l’affermit dans B) par la Vis\').
Utrifirument S) confifte entrois P/flgwa percées au Milieu, dont la
plus baffe eft recourbée dans W) pour y pouvoir paffer des Tuïaux de
Verre.
Le Porte-Objet R) fe paffe entre les deux Plaques droites. Il
paffe au Travèrs de ces trois Plaques aux quatre Coins, des Chevilles àl
Acier X) entourées de Refforts Ipiraux de Fil d’Archal, qui ferrent ces
Plaques enfemble, pour tenir feime ce qui a été fourré entre deux.
La petite Table Y) confifte en un petit Rond d’Yvoire, blanc d’un
Côté & noir de l’autre, tenant par deux petites Vis à deux Bras de
Laiton; de Sorte qu’il eft facile à tourner & à mettre à faFantafîe en
haut la Partie de deffous.
Il
de nouvelle invention.
^9
Il-y-â au bas une Goupille â' Acier Z) affermie laquelle, lorfqu’on
veut s’en fervir peut être attachée par la Vis qu’elle a au Bout, z\x Poin-
çon P. P.
Lorfqu’on veut obferver de plus grands Objets, l’on fe fert de la
petite Table a) qui efl plus grande que la précédente, & qui fc tourne
de la même Façon pour mettre en haut le Côté blanc ou le noir.
Il faut que la GoâpiUe b) de cette Table foit tortue, afin que quand
on s’en fert, elle foit toûjours en Equilibre, ce qui ne pourroit fe faire,
fi la Goupille étoit droite.
Q^and on veut à la Hâte examiner dans le Porte-Objet quelque
Matière fluide, avec peu de Grofiffement & fans le Miroir d’ôrgent, ou
de Nuit à la Clarté de la Lampe derrière un Globe de Verre rempli d’
Eau; l’on ajufte l’Anneau c) à la Vis de la Branche longue A) du Com-
pas. Cette Anneau étant tourné en Ecrou par dedans, l’on y affermit
au jufle la Vis du petit Chapeau de \Corne d), dont il faut avoir pour
un Microfeope complet Cinq à Six, c’efl à dire depuis Numéro 5. juf-
qu’à 00.
Pour les Corps opaques, il faut deux A;îroîrs, c’efl à dire le com-
mun de Ferre e) de la Tab. XII, dont on peut auffi faire fort bon Ufa-
ge pour les Corps fluides, & celui d’Argent ^ tel qu’il efl répréfenté par
dehors f). Ce Miroir d’Argent efl furmonté par un Anneau d’Etain,
dont le dedans efl tourné en Ecrou g) pour y affermir le petit Chapeau
de Corne d). Au Côté" de cet Anneau vers le Milieu paffe encore un
Tro'i en Vis g. g) au X-loïen duquel le Miroir d’Argent avec le petit
Chapeau de Corne, où efl la Lentille, peut être ajuflé à la Vis A) de
la Branche longue du Compas; ainfi que la Figure 2. de la Tab,
XII. le fera voir plus clairement.
Au Milieu du Miroir efl une Ouverture, à peu près de la Capaci-
té de la Lentille Nro, f,
D 3
Le
30 TAB. XI. Defcripfion des Pièces d’un Microfcope univerfel
Le Diamètre du Miroir h) au deffous duquel efl pofée la Lentille
dans fon petit Chapeau d) fera mieux comprendre tout cela.
Il faut que la Partie ifen bas * de ce CbapeaUyXau Couvercle de la Len-
tille microfcopîque , foit un peu longue ÿ afinque le Foïcr puilfe d’
autant mieux fejeuer fur l’Objet; ce qui feroit impraticable, fans a-
voir un autre plus petit Miroir concave d’Argent, fi cette Partie du
Chapeau étoit trop courte.
La Vis creufe de l’Anneau de Laiton, qui furmonte le Miroir[con-
cave d’Argent, doit s’ajufter fi exaélement avec la Vis de Corne du pe-
tit Chapeau, <jue le Bout de celle-ci atteignele Miroir.
Or comme pour faire Ufage du Miroir d’Argent , l’on n’en peut
pas aifés approcher l’Objet, furtout avec la Plume O/, il faut affermir,
comme l’Inflrument S), à la Branche courte du Compas, le Bras courbe
i) lequel a une Fis creufe ou en Ecrou k) & p^uis emboiter , dans k) la
Noix N) pour pouvoir fourrer enfuite dans VEtuiT) là Iltime O) ou le
Manche P) ; comme on peut voir dans 1) de la Figure 3. de la Tab. XIL
Mais ce Bras courbe ri’eft pas nécelTaire pour les moindres Grofîif-
femens, où l’on fe contente d’affermir la Noix î^) dans le Trou H).
11 en eft de même avec la petite Table Y') dont on ne fe fert d’ordi-
naire qu’avec le Miroir d’Argent^
Pour obferver des Corps opaques, il faut procéder de la Manière
fuivante. i, La Yotx N) s’affermit à la Branche courte du Compas, foit
avec oiî fans le Bras courbe 1) & au prémier Cas l’on prend l’Objet avec
la Plume O) & au fécond on le pofe fur la Table X). 2. le Miroir de Ver-
re fe pofe au deffous du Miroir d’Argent f), affermi dans A. Tab.
XII, Puis l’on dirige de la Main gauche la Flume O) ou la Table Y) de
Façon qu’elles rencontrent bien juflement fous l’Ouverture du Miroir
d’Argent, & enfuite l’on arrange le Piè du Miroir de V erre, jusqu’à ce que
foit parfaitement éclairé par en bas & par en haut.
En-
de nouvelle Invention.
Enfin 3. l’on affermit la Lentille avec fon petit Chapeau, l’on por-
te, lorfqu’on obferve de l’Oeil gauche, ainfi qu’il efl neceffaire de faire
pour pouvoir deffiner, la Main au Coffret, l’on ouvre & ferme l’Ecrou
F) jiisq ï’à ce que l’Objet excefiiveinent illuminé, fe preTente clairement
& dans tout fon Jour, ce qui ne manque jamais d’arriver dans le moin-
dre Groflîffement, comme dans le plus fort.
11 ne faut pour cela qu’un Ciel clair, & de Nuit qu’une feule Lu»-
mière*
Dans toutes ces Oblêrvations le Compas porte en long fur le Sou-
tien m) qui eff affermi à la Plaque de Laiton , dont le Coffret eff fur*
monté.
Lorfqu’il s’agit de faire quelque Obfervation anatomique p. e. du
Aiéfentère d’une Grenouille, de la Circulation des Humeurs danslaQi^eue
d’un petit Poiffon &c. L’on dreffe le Compas, ainfi qu’il a été ditplus
haut, & que le montre la Table XIII. l’on attache enfuite la Grenouille
au petit Aïs mince n) qu’on tire de deffous le Couvercle du Coffret Tab.
XII. auquel Ais on a ménagé 4. Trous, pour y pouvoir clouer les Jam-
bes de la Grenouille. Qmnt au Méfentëre on i’étendpar deffus le grand
Trou marqué d’une Etoile, & on l’y‘ attache tout au tour par de groffes
Epingles.
Après cela l’on fourre le petit Ais dans le Tenant o), lequel on y af-
fermit par la Vis d Acier p) \ c’eft aufli pour cela qu’il faut faire quelques
Trous dans l’Ais, afin de le pouvoir hauffer & baiffer, & tourner adroi-
te & à gauche, & enfin l’on paffe la Queue Fig. A du Tenant o) dans lé
Trou I) de la Branche courtje du Compas, & on l’affermit dans H) avec
une s is Vj.
A la Branche longue du Compas l’on affermit encore l’Anneau c)
avec fa Lentille, & à l’Aide de l Ecrou F) l’on cherche le Foïer ; maii
afiiique rien ne fe dérange, & qu’on puiffe tranfporter tout le Micro.
feo-
32 TAB.XU, Defcripfion du Coffret du Microfcopenniverfel.
fcope là où l’on veut , l’on ferre bien la Branche courte du Compas à
i’£croa F) par le Mojen de la Cibe. G)
L’on peut outre celà avoir dans le Coffret une Méfure, p. e. comme
j’ai indique' ici le Pouce de Paris , grave' fur une Plaque de Laiton pour
pouvoir méfurer les Objets & leur Groffiffement. Vous allés voir
TABLE XIL
le Coffret.
Il eff corapofé de cinq Parties principales. D’abord il fe préfente
un Couvercle q) en Forme de Pyramide, le quel peut etie échancré par
les Côtés. Puis l’on trouve le petit Âix atmtomique r), quifert en même
Tems de Fond à la Cavité du Couvercle, quand il y cff fourré dedans ;
afinque les Outils qui font dans le Coffret nepuiffent paffer dans le Cou-
vercle, fl par hazard on vient à le renverfer fans deffus deffous. En-
fuite vient le Coffret quarrê même, fur lequel eft collé un Ais de Tilleul f)
qui peut être couvert de Velours, ou de Cuir rouge, après y avoir mé-
nagé les Cellules pour le Compas & les autres Outils, afin qu’ils y tien-
nent ferme.
Au deffous de ceLiï eff le fecondTirozrff muni pareillement deCellu-
les, pour y garder lesLentilles avec leurs petitsChapeaux, le Miroir d’ Ar-
gent, lesTenans, les Porte-Objets &c. Enfin fuit le troifièmefiroirt).
C’eft là dedans qu’on peut garder le Miroir de Pierre e) en
ôtant la Goupille & le Pic'., de même que les autres cbofes néceffaires,
telles que des Pinceaux, un Verre, plein H’Efprit de Vin , pour nétoïer
les Verres, des Pincettes à Mire, de petits Couteaux , Lancettes, Ci-
feaux, une Méfure, un Craïon &c.
Or comme tout le Haut ou le Couvercle q) fepeut ôter, comme il
fe voit Fig. 2. l’on peut prendre à la Fois toutes les Pièces du Micro-
fcope de leur Place, & y remettre avec la même facilité les Pièces qu’on
en
Manîmens & Obfervatîons fnîcrofcopîques, 5?
en ôte; ce qui eft d’une très grande Commodité pour les Obfcrva'
tiuns,
L’Amateur peut fe faire faire ce Coffret de la Grandeur qu’il juge-
ra à propos; mais les Pièces contenues dans laTab. Xï, font répréfen-
tées de Grandeur naturelle. Je crois cependant, qui n’y a point de
Microfcope qui piiifie l’emporter fur celui-ci, pour la^Force de l’Illu-
mination ; ce qui eft très tiécelTaire pour faire des Obfervations utiles
& exaéles, C’eft par la Pratique qu’on en fera le mieux conv^aincu,
LETTRE IX.
Manîmens & Obfervations microfcopîqucs.
P
our Vous donner enfin une Idée complette du Microfcope univer*
fel, je Vous envoie encore trois Gravûres, qui y appartiennent Par-
mi lefquelles la Tab. XIIÎ. Vous met devant les Yeux tout le Micro-
fcope anatomique compofé en Forme de Compas; Tab. XIV. le Micro-
fcope dit de Marfchall ou compofé avec fes Pièces, & Tab. XV. une
Lampe qui a été inventée pour faire de Nuit des Obfervations. Il n*
auroit pas été fort néceflaire de joindre les Tuïaux Cylindriques au Mi-
crofcope univerfel, pareeque le Microfcope en Forme de Compas y rend
les mêmes Services, qu’on attend du Compofé; mais comme il y aplu-
fieurs Amateurs, qui y font accoutumés, on n’a pas voulu manquer de
les fatisfaire en ce Point, afin que rien ne manque à la Perfeélion de cet
Infiniment.
Voici les propres Termes de Son Excellence:
Vous rccevrés un fécond DelTein. C’efl l’Ebauche de mes pré-
,, mières Idées d’Amelioration de mon Microfcope. Ouoique tracée
,, à la Légère, elle ne lailTera pas de Vous faire mieux entendre ce
„ que je veux dire, que ne le feroit la Defcripfîon la plus détaillée,
J//. Tow, E que
•4 TAB. XIII. Le Compas dreffe»
J, que je pourroîs Vous en donner. J’en ai envoie un Deflein plus
„ accompli à Francfort au Mechanique Alilcbmeyer\ fuivant lequel
J, il doit faire le compofé.
11 y a plufîeurs Amateurs, qui aiment i badiner, il y en a aulfiqui
font accoutumés aces longs Tuïaux> C’eft pour ceux-ci & pour
,, leur plus grande Commodité que j’ai fait cette Amelioration. Je
„ penfe que c’^eil ce que Mr, Bulfon a recommandé, & avec quoi Mr^
„ Î4eedham & lui ont II mal vû. Je fuis &c. Bonnland le if. Janv-
„ 17^2.
Quelque perfuadé que je fois, que Vous faurés bien deVousmême
faire üfage de ces Inftrumcns; je m’en vai cependant finir cette Lettre
par Vous donner brièvement Th-xpiication de ces trois Gravures.
Voici
TABLE X III.
Le Compas drefie
aj lequel efl affermi aude/Tus du Ccffrtt b). A la Branche courte
du Compas,. le 'Tenant o) cil affermi dans i) & enfuite le petit Ab anato-
mique n) qui elt, ainfi que nous ffavons décrit plus haut, fourré fous
le Couvercle du Coffret, fe voit emboîté dans o)
II faut Vous figurer la Grenouille, le Poiffbn ou tel autre Animal,
dont Vous voudrés examiner la Circulation des Humeurs, comme cloué
de l’autre Côté. Je n’^ai fait que marquer ici par c) une particule de
Méfentère qui fe préfente à travers le Trou, & par d) les quatres Che-
villes, qui travèrfent f \is, par le Moïen defquclks la Grenouille peut
être tendue fur le Côté de derrière.
Le Mîcrofcope e) fe place avec TAnneau f) defliné à cçt Ufage^
au Bout de la Branche longue du Compas ; au Moïen dequoi ks Obfer-
vation« fe peuvent faire & les Objets fe voir d’une Maniéré commode,
fûre h tranquille La
TA-
TAB, XIV. LesPièces qui appartiennent auMicr^fcope coinpofé.
TABLE XIV.
«*
Répréfente par contre les Pièces qui appartiennent an
Microfcope compofé*
Ce font celles qui fuîvent. Il y a donc
a) le Tuïau cylindrique à deux Verres qui s’aifermît par le bas dans
un double Anneau de Ldton b) & enfuite par le Moïen de la Pièce c) à
une de Branches du Compas. Ce Bras eft partagea d); & fa partie
fupe'rieure eft fondée À T Anneau d’enbaut h), comme îinferieure i’ell àl*
Anneau d’en bas é).
C’eft ce que la Figure f) mettra dans iun plus grand Jour en mon-
trant comment les deux Anneaux font placés l’un au deffus de l’autre,
& ce qu’ils relTemblent par dedans,, quand le Tuïau en eft féparé.
ff) efl l’Ecrou dans lequel on affermît le tuïau a), g) ^Marque le Trou
Enfoncé deûiné pour la Lentille ou le Verre microfcopique, que l’onpla-
ce à.2iïisV Ameau S en bas e) dans TEnfonçure li). i) Montre TEncodeée l’An-
neau d’en 'bas e) dans laquelle il faut fourrer le Miroir d’ Argent le) pour
l’Illumination , "et auquel on attache une Plaque de Laiton , pour pou-
voir plus aifément fourrer le Miroir*
m) & n) font les deux Anneaux ouverts avec les Parties que nous
venons de décrire f) g) h)4)* Il faut que ces Anneau xpuiffent s’ouvrîr,
afin d’y pouvoir placer la Lentifle.
L’Anneau d’en bas eft plutôt une Cibe, munie de i’Enfonqure h)
& du Trou de la Lentille g). <^and la Lentille efl à fa Place, l’on met
cette Qbe n) au deffous de V Anneau m) après avoir préallablemait four.»
ré le Miroir k) dans i) par le moïen de la Plaque Ij.
La Figure o) marque la Forme de la Doublure ât la Lentille, dans
laquelle il faut la mettre, avant que de la placer dans l’Enfonçure h).
C’eft une Chofe très avantageufe & commode, pour changer avec
E % prom-
3^ TAB, XV. La Lampe pour les Obfeivations no8:urnes.
promtitude de Verres microfcopiqucs; parce qu'on n’ell: pas arreté dans
fês Obfervations par l’Embarras, qu’il-y-a d’ordinaire aies affermir
par des Vis. Vous concevés de Vous même, Mon cher, qu’il faut dcha-
que Lentille fon petit Chapeau ou fa Doublure, afin de pouvoir avec
d’autant plus de Promtitude palTer cette Doublure avec fa Lentilledans
ÏEnfonçure h). J’ai encore jugé à propos de mettre le Diamètre p) de
îa Cibe d’enbas n),
ïi Vous fera aifé de comprendre, qu’il faut travailler toutes ces
Pièces auili minces, qu’il eft polîible, pour ne pas trop, charger la Bran-
che du Compas. Le mieux que Vous puifTiés faire, c’efl de faire fai-
re de Carton \z Tuïau cylindrique d’en haut , & de le faire couvrir de
i^eau ou de Parchemin verdj Ouvrage de Faifeiir d’Etui ou de Relieur de
Livres, quand on ne le fait pas faire foi-même. Vous pouvés encore
faire Ufage du fécond Miroir, fi Vous voulés illuminer davantage par
en bas TObjet à obfcrver.
U me relie a Vous montrer
TABLE XV-
La Lampe pour les Obferyations noêfurneSr
Le DefTein en efi fi clair , que je trouv'e inutile de Vous en faire
une longue Defcripfion, Vous voies que la Machine qui lafoutient efl
compofée de deux Bras de Laiton a) b) portés par un Fié croifé c), fur V
un defquels a) on pofe la Lampe d), fur l’autre b} un Globe de L'erre e)
rempli d’Eau claire, foutenu par deux Lames d’Acier ou de Laiton f)f)
pliées en demi-rond. Vous en trotiverés de Vous-même beaucoup
mieux l’Ufage, que je ne faurois Vous l’indiquer par écrit. Je finis cet-
te longue Lettre & fuis &c
LET-
37
’ Manîmen^ & Obfervations Miçrofcopiques,
LETTRE X.
Manimens & Obfervations microfcopiques.
C^ioi encore des Microfcopes? Q^e cela efi: dégoûtant! Non, Mon
Cher, je n’en mettrai point ici, pour ne pas abufer de Vôtre Patience,
Vous aurés ici des Obfervations, que Vousi[ferés à même d’imiter, d’ex-
aminer & de rechercher. Mais ne foies pas fâché, que dans l’Explica-
tion de la Table XVI. je ne V^ous entretienne pas de tout ce que l’on
peut dire touchant le Crû des Joncs d’Efpagne & que dans la Defcri-
pfion de la Table XVll, je ne Vous falTe pas uneHiftoire complette des
Lions, des Ours, des Chenilles & des Taupes,
Ne riés pas, Mon cher, de cette Exeufe ! Je n’en ai pas befoyi à Vo-
tre Egard j mais bien à l’Egard de ceux, qui m’ont déjà demandé des
Détails d’une Longueur dont je ferois comptable.
Mes Amufemens microfcopiques trouvent des LeéJeurs de différens
Genies. 11 y en a qui ont prétendu de moi tant de Chofes, que pour
îes.fatisfaire, il m’auroit fallu faire imprimer pour le moins fix Feuilles
d’Expiications, à chaque Rèpréfentation, que je leur donne.
Je fais Vôtre façon de penfer^ Si elle Vous empêche de me rien de-
mander que de jufte. Que tous les Leéleurs ne font-ils dans les mêmes
fentimens ! Alors tout le Monde conviendroit , que je ne fuis obligé
d’annoncer, que ce que l’Objet obfervé à préfenté à la Vûe; quels
Verres & quels Manïmens j’y ai emploiés, & que ce qu’il y a de plus
curieux dans les Créatures, que j’ai dépeintes en tous ou en Partie,
Au refte je ne répondrai à çes Reproches & à tous les autres non
mérités, que par le Jugem.ent du digne & recommandable Auteur des
Contes familiers*, en priant inflamment ceux qui en voudront favoir davan-
E 3 tagCj
• Gefeirfchaftliche ErZaelungcn part. pag 43^ , '
Nota C’eft Mr, le Prof, Titius de Wittemberg, qui eh a la Direflion.
3S TAB. XVi. UnpetîtRond, coupé d’un Jonc d’Efpagne.
tagc, ou 4c m’excuFerà cauFe des étroites èornes,-oii je Fuis obligé de
me renfermer, tMi defe procurer un Livre ils trouveront à ki Fois
tout ce qu’ils peuvent défirer &: au delà; ce font les g. Parties du Spe-
Bade de ia Nature par Mr. l’Abbé Hüfohe, C’eô là que des Amateurs»
qui ne font que commencer, trouveront ce qu’ils auroient beau cher-
cher chés moi, ;& j’efpère qu’ils prendront en bonne Part, que je les
renvoie à cet Ouvrage.
Maisjcrenviensàîncs Obfcr.vatlons du Jour, que Vous trouverés
ici,
TABLE XV h
Un petit Rond, coupé d’un Jonc d’Efpagne.
J’ai trouvé cette ObFervatlon très agréable. Ce Bois de Jonc a
divers Canaux à Sève & à Air, dont les uns font fort larges & les au-
tres extrêmement reiFerrés. a) Fait voir ce /Joadde Graadeur naturelle;
mais b) le montre dans fon Grojfiffement !Nro. é, du Verre anglois,
■où c) marqueles plus grands Pores^ dont quélques uns font traverfés de
petites fibres de Boisà)y d’autres moindres & encore d’autres fî petits
qu’on d’en fauroit voir rOuvcrtur.e, .à moins d’emploïer un plus haut
point de QroiTiirement. Il y a encorebicn plus d’ Agrément à voir cet-
te Répréfentation, fur la Paroi blanche à travers Ic MLcrofcope folairc,
qui découvre plus clairement 8c en plus grand, les plus petits Tuïaux
à fève & à Air, Les plus grands Trous ou Ouvertures fe trouvent
dans un Enfoncement e) compofè d’une Infinité d’autres plus petits
leFquels,ainfi que j’ai dit, me Fe peuvent voir diftinélemcnt à la Paroi»
blanche que par Nro, -o. Pour avoir un pareil Rond, Vous n’avés qu*
à couper un Bout de Vôtre Canne de l’EpailTeur d'un Dos de Lame de
Couteau, & quà mettre ce Bout détremper dans l’Eau pendant environ
a4r Heures, Puis V^us en couperés avec un bon RaFoir un petit Rond
aufiî
TAB. XVIL Poil d’ Animaux k d’InfeOiet»
aulîî mince qu’une Feuille de Pavot, & Vous le mettrés^ comme à TOr-
ëinaire entre les Verres du Porte-Objet avant qu’il fe defleche, autre»
ment il fe dejette comme le Parchemin à la Chaleur, ce qui le rendaul^
fi incertain, qu’incommode à obferver, & qu’il ne peut que produire
de Defleins infidèles. Vous allés enfin trouver
TABLE XVIL
du Poil d’Animaox & dlefcâet* ^
Peut être avés Vous crû jufqu^îci que les Lions & les Ours avoient '
quelque Chofe de fîngulier dans leur Poî7; mais Vous verres par leur
Peinture fidèle, qu’il diffère bien peu du Nôtre,
Bienque dans le magnifique Cabinet des Curiofîtés naturelles de S,
A. S, il fe trouve des Lions & des Ours, dont 3*^11 obfervé le Poil, que
j'ai trouvé conforme à celui;, que Je préfente Ici , je n'al pas laiffé de
prendre celui-ci d'un Ours & d’un Lion en Vie, qu’on faifolt voir ici
l’année paffée.
, Le Poil du Lion, furtout de la Crinière, fê diflinguc de Fautre par
la Force du Tui'au àMoiie, qui ie parcourt, & qui paroit une Fois
plus épais que celui du Poil de FOurs. Et ce gros Tuïau à Moile d’un
rouge brunâtre fe voit auflt dans le poil plus fin du Rcfte du Corps
du Lion. •
Les autres Peaux treffées eu Forme de Réfèaux, lesquelles tntou-
rent cette Moile, font auffi claires & auïE tranfparentes que dans le
Poil des Hommes.
Mais ce que cette Obfervation a préfenté de plus merveilleux à
ma Vue, c’efl la force Tranfpiration, s’il m’eil permis demefèrvir de
ce Terme, que rendit ce Poil de puis le Haut jufqu'auBas & des deux
Côtés, quand je Feus mis dans ie Porte- Objet entre les deux Ymes en
Forme de Plat,
Je
40
TAB. XVÎÏ. Poil d’Ammaux
je ne fais, fi cela venoit de la Prefiion du Verre, ou de quelque
autre Caufe. Suffit , qu’il fe préfenta à mes Yeux Quantité de Gout-
tes blanches formées en Perles, mais qui ne pouvoient s’appercevoir,
que par les Mro. o & oo. Dans le Microfcop.e folaire, on les voioit
par Nro. & encore plus grofles contre la Paroi blanche. L’on obfer-
ve bien dans le Poil des Hommes une Egrefiionde Sucs, mais ellen’eft
pas fi abondante, ni par de fi grofles gouttes.
Le Poil d’un Ours brun-noirâtre de Pologne ne m’a pas fait voir
de femblables Tranfpirations, Le Tuïaii au Suc de même que^la Peau
en Forme de Réfeau, étoit bien plus obfcure, mais moins large; bien
que je les aïe obfervés à travers le même Verre, c’eft à dire î^ro. i.
c) eft un Poil de Cbenillis urfwes, InfcQie, qui a atout Moment des
Perfécutions continuelles & même la Mort à attendre de la Part des Guê-
pes tripiîes; car cette Efpèce de Guêpe pondfes Oeufs dans la Peau êpaif-
fe de cette Chenille.
Lors donc que les Petits èclofent, il faut que la Chaîr de la pauvre
Chenille leur ferve de Nourriture, jufqu’a ce qu’ils foïent afles forts,
pour aller chercher leur Vie ailleurs.
Lorfque Vous avés pris cette terrible Chenille entre les Doîgtsi
je crois que Vous y avés reflenti une Douleur cuifante, de même qu’il
m’efl; fi fouvent arrivé, laquelle j’ai toùjours comparé à la Piquûre d’
Orties.
Or pour me mettre à même de Vous en dire la Caufè, j’ai defliné
un Poil de cette Chenille, lequel j’ai examiné par le Verre de Streicher
Nro. oo. afin d’en pouvoir joindre le Deflein aux autres Poils de cette
dix feptième Table. Vous verrés donc fans Peine, parla Quantité
de Pointes en Forme d’Epines, ce qui Vous a fi fenfibiement piqué.
11 s’en faut bien qu’un Rameau de Roficr n’ait autant de Piquans,
qu’un tel Poil, & il efl aufli dur que de la Corne. Sa Couleur cft
jau-
fur une Feuille de Poirier,
4Î
„ le Soleil avec d’autres Vapeurs, & enfuite elle cft retombée avec
5, la Nièle, q,ui eft peut-être la feule Caufê capable Scneceffaire pour
J, lui donner la Faculté de Croître. Mais ce n^efl: qu’une Conjuture^
„ fur laquelle chacun croira ce qu’il voudra & dont je ferois bien
,, aife de favoir Vôtre Avis. &c, &c.
ie Cltkhen dit Rojfwurm.
Quelque grand que fût le Defir de Son Excellence de favoir la Solu*
tion de cette Queftion, le mien n’etoit pas moindre, il y a quelques Se-
maines, de favoir la Réponfe a une Demande de la même Efpèce. Pen-
dant ma dernière Fièvre il me vint plufieurs Remèdes del’Apotiquerie,
parmi îefquèls étoient différentes^ Mixtures, où il entroit diverfes Eaux,
du Régné des Végétaux.
Avec quelque Soin que mes Verres fufïent fermés avec du Liège,
& coiffés de Vefïie, il nelaiffa pas de fe trouverau Bout de 6, Jours fur
la furfacc de deux Verres bien formés, une Peau de ByJJuSy d’abord
blanche, laq.uelle produifit au Bout de trois Jours des Coujjè de Semences
deMoifi parfaitement mûres & même des Crainsde Pouffihe antherique, quj
de Verds, qu’ils étoient au Commencement, devinrent enfuite bruns.
Or la Qiieflion eft*. comment eft ce que la. Semence du Moifî ou
du Byfus a pu entrer dans un Verre bien bouché, qui n’a pas été mis
en plein Air; mais qui cfl demeuré dans une Chambre?
Peut-être que cette Semence efl entrée dans ces Verres pendant
la Compolition des Drogues dans l’Apoticairie, où l’on tient C^ntité
de Chofes fujettes à porter du Moifi, ou il faut que cette Semence ait
voltigé dans ma Chambre, ou qu’elle ait été déjà cachée dans les Dro-
gues mêmes dont le Remède êtoit compofé. ^ Jugés, Mon Cher, de
tout cela. Lires en même Tems encore une Fois l’Explication de ma
jeconde Eftampe de a première Soijfantainej de même que le bel Experiment de
Mr. Gleditfch fur la Génération des Champignons ^ que Vous trouverés dans
F 3 la
TAB. 5CÏX. Le Charenfoiî Liane-
la Part. 8^ du Magazin de Hambourg pag, 405» & Vous Vous écriérés à
la Fin aulfi bien que moi :
O les furprenantes PetitefTes î eh quelle Multitude admirable de Cor-
pufcule parfaitement organifés , dont Cent Mille font à peine le Qiiart
d’un Grain de Sable ? (^i cependant font parfaitement dilférens les
uns des autres! Ces petites Plantes vivent dans les Airs, elles font im-
perceptibles à nôtre Vue, & elles s’attachent partout aux Animaux &
aux Plantes, tant vives que mortes. Nous les humons avec l'Air par
la Bouche & par le Nés, fans nous enapperçevoir, tous nos Alimens Ac
nos Brûvages en fourmillent, & nous les avalons avec le Boire & le
Manger*
Pour ne pas Vous diftraire de l’Obfejvadon qu’a fait Sos Exceüençe
fur le Charenfon blanc* Voici fes propres termes avec la
TABLE XIX.
Le Charenfon blanc*
„ Autant qu’efl connu ce petit Voleur domeflique, auffi peu
5, Peft il fiiivant iâ véritable Figure. J’ai moi-même depuis quatre
„ Ans cet Hôte affamé dans mon Grenier, fans avoir pû acquérir fa
s, parfaite Connoiffance, que le Microfeope vient de me procurer.
„ Mr. le ChanibellaM deCeer a donné à la Vérité une Deferip lion
9, & une Empreinte de ce Ver dans les Aéles de l’Academie roïale des
„ Sciences de Suède; je ne crois pas cependant quela mienne foit
5, de trop pour la comparer avec l’autre,
„ !1 fembîe plutôt, que l’Inllruraent microfcopîque de Mr, de
J, n’eft pas fait pour attraper dans ent Objet, qui eft un peu
5, grand, cette lufteffc qui lui eff propre dans les plus petits.
Il
* Tom. VIII, p. 49.
TAB. XIX. Le Charanfon bîanc.
fl
»5
„ H a bkn décrit le Nombre de toutes les Parties de ce Ver, mais
„ fa Gravure & la Defcripfion de leur véritable Figure n'eft pas bien
If rencontrée.
,, Dans l’Eftampe Fig» i. la Grandeur naturelle du Ver eft de
beaucoup exagérée, & fes douze Divifions font répréfentées Fig.
„ », comme fi chacune commençoit par un Anneau; la Tête même
,, nkll pas afles couverte delà Peaude laprémièreDivifion duÇorps;
,, laquelle Peau ne tient pas de la Corne, ainfi qu’il prétend; mais
,, elle eft aufii molle que tout le Relie du Corps. Enfin les deux Ta-
,j ches brunes de derrière la Tête ne font pas fur la Peau de la pré-
,, mière Divifion, comme Mr. de Geer veut avoir vu. Scies deux
„ Parties de la Mâchoire en Forme de Pinces, font faites de toute
„ une autre Façon, qu’il ne les a répréfentées Fig. 3,
J, Je m’en vai donc donner de ce Ver une Defcripfion fuccinte,
„ telle que je l’ai tirée des Obfervations que j"en ai faites moi-même;
„ Sc puis j’ajoûterai deux Mots des Moïens de Deftruélion, qui ont
„ été propofés de ça 8c de là pour s’en défaire, tels que je les ai
„ trouvés en en faifant l’Expérience.
,, La Forme naturelle, la Couleur Sc fa GrolTeur de cet Infeéle
„ fe montre Fig. i. Sc e’efl ainfi qu’on le voit l’Oeil nud.
„ Groffi par le Verre de Streicher Nro. 4, je l’ai dépeint à l’Aide
J, de mon Microlcope univerfel Fig. 2. Sc 3.
„ Dans Fig, 3. la Tête confifle en deux Ecailles rouge-brunâtres
„ a) donnant dans la Nature de la Corne.
„ Aux deux Côtés de laquelle l’on voit huit Yeux noirs b), quatre
en deux Files Sc au defibus de chaque Antène tout autant en de-
„ mi Cercle. Les deux /ïwkwei c) jaunes tranfparentes, font de deux
„ Pièces, en Forme de Cône & garnies au Bout de Poil très fin. Tan-
j, tôt elles paroilTent plus, tantôt moins longues^ Sc tantôt, quand cl-
5, les font bien retirées, elles ne paroiffênt point du- tout,
M A
48
TAB, XIX. Le Charenfon blanc.
„ A Côté de celles-ci font les deux grojfes Dens*d) dures, cifelécs
& donnant dans celles de la Tortue, dont le Ver fe fert pour ron-
„ ger le Grain & même le Bois. D’abord au delTous eft la Bouche
„ e) & plus bas l’inflrument à filer, dont les deux Bras f) tels qu’ils
3, fefont voir quelque Fois, font répréfentés ici (v,fur tj ^ f)
„ avec deux Dens tranlparentes, dont apparemment il fe fert enpla-
,, ce de Doigts.
„ La Peau du Corps eft une Elpèce de Pelîce, pu de Plûche de
g, Laine jaune-clair plus foncée fur le Dos que fous le Ventre.
„ Il a douce Divifions. La première & la plus haute couvre le
„ Cou & un Tiers de la Tête. Cette Peau étant fort traniparente,
,, l’on voit à travers les deux taches jaunes du Cou, qui ont le me-.
3, me Mouvement que la Tête.
4, Les deux Filets blancs, qui s’élèvent par deffus les deux Ecail-
,, les de la Tête , jufques aux Antènes, fe rejoignent au defibus avec
,, le Corps, & forment comme deux Ligamens, par lesquels les Ecail-
„ les de la Tête font affermies.
,, Pour m’en mieux affûrei, jeles ai découpés. Le Ver mis fur
3, le Dos Fig. 3. l’on peut voir dans la Cavité des Groffes Dens, qui
3, donnent dans celles de la Tortue.
„ Les Antènes font tout auprès dansleiir Enfonçure & au deffous
»3 de chacune les quatre Yeux. Mais ce qu il y a de plus curieux^
c’eft rinftruraent à filer, qu’on volt entre les deux Ecailles de la
3, Tête,
La partie du Milieu reffemble à une Bourfe de Cuir retirée q), le
3, haut de laquelle a trois Pointes jaunes, au Bout de chacune delL
quelle eft un Poil très fin.
„ Ces Pointes ne font en quelque Façon, que les Bouts des Tê-
,3,"_tines du Bétail à traire»
Quand
& d’InfeÊles.
4*
jaune doré, en certains Endroits jaune- rougeâtre & en d’autres brun-
clair. Je n’y ai pas pû voir de Tuïau à Suc non plus qu’au Poil de la
petite Cbenllïe a Fergette d) , lequel pour fes Ornemens finguliers mérite
d’être deflîné préférablement à tous les autres Objets. Il cft des qua«
très Côtés garni tout à l’Entour de petits Piquans dans une jufte Symé-
trie, de forte que chaque Divifîon reffemble à une Couronne à quatre
Pointes. Vous auriés dit, que c’etoient Quantité de petites Fleurs jau-
nes de Lilas, palfées les unes dans les autres? comme l’on voit fouvent
les Enfans faire de ces fortes de Guirlandes de Fleur de Lilas & de furôt.
CeToil même eft beaucoup plus fin, plus mince, plus menu, & plus
pointu, que celui delà Chenille urfine; mais il fe fait moins fentir à la
Main; pareeque les Piquans n’en font ni fi grands, ni fi durs, ni fi longs,
ni fi gros. Sa Couleur eft jaune, & les Piquans en font un peu plus
foncés.
Enfin, Vous verrés dans e) un Poil de Taupe, qui a aulîi quelque
Chofe de remarquable. Sa Conflruélion efl: fort différente de celle de
tout autre Poil; car il femble corapofé d’une infinité d’ Anneaux de Fil
d’Archal dévuidé.
De même que dans c) & d) l’on ne remarque point de Tuïau à
Mode, il n’en paroit ici non plus aucune Trace. La Couleur en efl
plûtôt blûe, que Couleur de Cendre. La Grofleur naturelle de ces
cinq fortes de Peiife voit dans f).
Savés Vous bien, Mon cher, que l’on fait tort aux Taupes, de di-
re qu’elles font aveugles? Fy de cette Superflition phifique! Elle np
convient plus que dans les Contes de Vieilles. Elles ont plûtôt meil-
Jeure Vue, que les autres Animaux plus gros. Elles ont une Vue mi-
crofeopiques. Leurs Yeux font de vrais Nro. oo. Ils ne fpnt pas plus
gros que le moindre Grain de Sable.
IIL îom.
F
Leur
4*
TAB. XVÎL Poil d’:Ânimaûx & dlnfeaes.
Leur Poil empêche de les bien voir. Mais quand on les a écor-
ehe'es, alors on voit avec Etonnement ces petits Yeux, & les Connoif-
feiir du Microfeope en concluent qu’il faut qu’elles en voient très clair
dans les Ténèbres' au Centre de la Terre, Un Nro. oo, de Streicher
fera peu d’effet dans, une large Enveloppe; mais fi Vous en mettés de-
vant le Verre microfeopique , une autre dont l’Ouverture foit moins
grande, Vous en verres un plus grand Effèt & un Pourpris exaél. Car
moins les Verres microfeopiques prennent de Jour & mieux fe préfen-
îent les Objets, Soit dit en paffant.
Avant que de finir cette Lettre, il faut que Je Vous faffe remar-
quer encore une Erreur touchant le Poil en général^
Qiuntité des Gens ont crû jufqu’ici, que le Poil & principalement
edui de l’Homme avoir de Rameaux, entre lefquels les Pous avoient
coutume de pondre leurs Oeufs [^Lenàes).
D’autres coniredifoient cette Opinion. D’abord je ne pus fouferi-
re à cette Contradiélion, qui n’en étoit pas moins fondée; mais je te-
nois toujours les Obfervations des Frémiers pour plus jufle; pareeque
j’ai moi-méme füuvent vû des Rameaux au Poil,
Mais aujourd’^hui je penfe autrement, après avoir confide'ré laCho-
fe de plus près. Je paffai donc le Poil par un Papier propre & le net-
toïai bien de ia Sueur, de la Graiffe & de la Graffe qui y tenoit; ce
qui lui ht perdre tous fes Rameaux,
Si donc le Poil avoit eu des Rameaux, qui enfuffent effeélivement
crûs. Von ne les auroit pas fait tomber en les paffant par du Papier,
Vous en trouverés tout de Suite la Preuve, fi Vous vouiés bien obfer-
ver un Poil de i’Ortilie ou un de deffous l’Aiffèie. Vous ferés d’
abord effraie de ne voir ni trouver aucunTuïati eapiîaire ;• tant leTuiau
Si la Racine du Poil font chargés de Peaux & de Morceaux de Graiffe.
Mais torches les bien de ia Manière ci-deffus indiquée; & Vous ne re-
con
Manîmens & Obfervations &c. TAB, XVHÏ Ni'èle, ouMoüfle &e. 4.^
connoîtrés plus Vôtre premier Poil, n’y appercevant plus ni Ramcàiix^ *
ni Bofles, ni Excreicences, mais feulement un beau Tuïau uni & Trans-
parent avec ces Racines. Une autre fois davantage. Je fuis &ç.
LETTRE XI.
Manîmens 8c Obfervations microfcopiques.
Je Vous ai marqué il y a quelque TemS que Monfieur le Confeiller de
Cleicben m’avoit fait la Grâce d’accompagner les Gravures de fon Mi-
crofcopeUniverfel, qu’il m’avoit envolées, de quelques autres DelTeins.,
«n me permettant d’en faire part à mes Patrons & à mes Amis. Com-
me Son Excellence a bien voulu y joindre une Defcripfion détaillée, je me
fais un Plaiûr de Vous i’envoïer avec un Deifem fidèle & de fabandon.
ner à Vôtre Examen.
' TABLE XVÎII.
Nièle, ou Mouiïe fur une Feuille de Poirier,
„ Pendant l’Eté sec' & fterile de 1761. Les Pluies pernicieufes
qui tombèrent fréquemment & qu’on appelle Niéie, gâtèrent tel-
lement ,1c Feuillage de toutes Sortes-d’Arbres,|qiie l’on vit en Août
„ & Septembre la plus part des Feuilles mortes, flétries ou pleines
5, deTaches rouges. 11 n’y eut pas mêmes jufques aux Chênes dans
J, les Forêts, qu’on n’en trouvât des Contrées entières, qui reflem*
„ bloient comme au Printems, Jorfque les Feuilles nailTantcs fe gèlent,
,, Au Milieu d’Août, j’apperçus, parmi Quantité d’autres Feuil-
„ les fort tâchées d’un Poirier, une Feuille qui avoit au Milieu une
,, Bofle rouge -brunâtre. En examinant cette Feuille avec la Lou.
J, pe, que j’avois juflement fur moi, j’y vis encore quelques autres
Excrefeences, qui rélcvoicnt encore davantage. Aïant donc exa-
F 1 „ miné
44
TAB. XVIÏÎ. mêle ou Mouffe
51
Î5
55
55
5*
95
9»
95
55
55
95
55
95
55
95
55
95
55
55
55
55
95
15
99
95
■95
miné dans mon Cabinet tout cela par un plus haut Degré de Grof-
lilTement, je ne tardai pas à m’appercevoir, que ces Boffes étoient
non feulement de rEfpéce de la MoulTe; mais quelles avoient en-
core répandu beaucoup de Semence fur toute la Feuille. J’en tirai
tout de fuite une fidèle Empreinte, que je me fais un Plaifir de Vous
envoier, Vous lailTant le Maître d’en faire ,Ufage dans Vos Amufc-
mens microfcopiques, fi Vous les trouvés bon.
„ La prémière Figure montre ce Bout de Feuille de Grandeur natu-
relle; Fig, 2. la même un peu groflie. Au Travers de fa Peau ré-
levée & creufe, font crues ces Plantes de Moiijjè de Figure revenant
à celle de la Cloche, dont il s’en préfente en haut vers la Queue
de la Feuille, deux entières & qui n’ont point crevé,
„ La Fig, 3* qui efi; la plus grande, feft déjà détâchée d'un Côté &
même les autres font tombées, & ontlaiflélà cù elles étoient & où
elles ont fleuri, des Creux ou des Entonçures pleines de Semence,
,, Chaque Plante de Moujje, ainfi que Vous verrés Fig. 3, efi: com-
pofée de Quantité de petits Tuiaux entrelacés, dont j’en ai defliné
un Séparément Fig. 4. bien grolfi. Ils fe réuûniiTenttous parleur
haut Bout, & forment aparemment leur Ovaire dans l’Enveloppe
du deffus de la Cloche; car c’efl; là qu’on trouve le plus de Semen-
ce. La Semence avec fes Grains de Pouflière efi: Couleur de Noïer,
avec quelques Points plus foncés, dont Vous en verrés quelques
unes très grofiis Fig. 5.
,, L’on demande donc: d’où efi venue la prémière Semence de
cette Plante fur cette Feuille, puifque le Commencement delà Vé-
gétation , qui s’y efi faite, ne peut s’attribuer qu’à la Nièle qui efi
tombée delTus, Si dans de femblables Obfervations , Von pou-
voit conclure des Effèts à la Caufe, je repondrois: Cette Semen-
ce dure, mais fi légère & fi menue, qu’elle ne fauroit être apperçue
l’Oeil nud, a palTé i’Hivër dans la Terre; elle en a été enlevée par
TAB. XIX. Le Charenfon blanc.
49
» Q^and le Ver avance au delà des deux GrolTes Dens cette Bour-
„ fe, qui eft ici dans fon Alîiette retirée , les deux Bras , qui tien-
,, nentpar en bas à cette Bourfe, fortent en même Tems , lefquels
„ confiftent en trois Jointures & en deux Chofes, que je ne faurois
„ nommer que des Doigts tranfparens, lefquels fontentre deux Poils
ünSa
„ Ces deux Bras preiTent alors cette Bourfe conique, & fontfor-
„ tir de l’une des Pointes jaunes & même quelquefois de toutes les
„ trois, une Lijwear blanche transparente, laquelle fe réunit au Bout
,, de Poil comme une Goutte d'Eau \i).
Voilà donc la Quenouille, ou le Ver file fa Soie par le Moïen des
„ deux Membres traniparens, que j’appelle Doigts*
„ Les trois premiers Anneaux, ou Divifionsdu Corps, ont fix
,, Pién) à trois Jointures, tranfparens jaune-pâles & mois. LaFig,
,, 4. en préfente un grolïi. La Jointure du Milieu efi; garnie de Poils
„ qui paroilTent fortir d’un fond particulier, garni de Veflies,
,, A la troifième Jointure, qui efl celle du Bout, efi: une Griffe
„ de la Nature de la Corne, qui peut fc replier à l’Endroit où elle
„ tient.
„ La quatrième & la cinquième Dîvifions font fans Piés; mais les
„ fix, fept, huit & neuvième ont chacune deux Piés ou Appuis k)
„ rond-plats, épais, blanc-jaunâtres & mois. Les Plantes de ces
,, Piés, font Vefiiqueufes, & armées chacune de dix-fept Griffes brun-
„ rougeâtres, récourbées par dehors, dont j’en ai répréfentê une
„ grofiàe Fig. Le Ver peut tellement rétirer ces Piés , que les
,, Griffes peuvent fe joindre à leurs Courbûres, ou là où elles font
„ brifées tout comme fi elles étoient lacées enfemble, par où fe fou-
3, tient le'Relièf mol de la Plante du Fié, quand le Ver en veut faî-
„ re Ufage.
111. Tom. G
G
31
Au
TAB. XiX« Le Charenfon blanc.
fO'
3, Au dernier Anneau font encore deux autres Fiés Y) qui reffera-
„ blent à la Plante de Pié d’Homrae, mais qui ont dix Griffes à l’Ex-
5, tremité.
„ Des Plis des deux Côtés des Anneaux fortent quelques Bouts
,, d’un Poil fin, qui font, félon les Apparences, aux Ouvertures des
„ Trachées,^ Icfquelles ne fauroient être apperçues vûlaMultîplici-
3, té des Plis,
„ Je crois avoir fi bien dépeint cet Ennemi domefiique, qu’il
„ fera auffi connoiffable, que le Voleur le peut être par un Signale-
„ ment public.
„ Aufli eft-ce la feule Vengeance, que j’en puis prendre pour
„ le préfent de tous les Dégâts qu’il a faits à mon Grenier. Car
,, tous les autres Moïens, dont je me fuis jufqu’ici fervi pour m’en
g,, défaire, ont été inalhûreufement infruéiueux»
de Ckichen dit RoJJkurm,
Note.
je n’ai pas jugé à propos de mettre ici les Remarques touchant
les Moïens de fe défaire de ce Vers, comme d’un Côté n’étant pas de
mon Sujet & que de l’autre, riUufire Auteur a reconnu ci-déffus leur
infüffifancc,
Ledermuller^
Apoftille,
Lorsque je Vous envoïai il y a quelque Tems la huitième Table,
ou la Répréfentation du Bout d’une Langue de Boeuf bouillie; j’ou-
bliai par Mégarde d’y joindre une autre Pièce, qui y affortit, c’eft à di-
re, dans cette
TAB XX.UnePjpilleàCrochetjOUuneVerrue de langue deBceuf &:c. f r
TABLE XX.
Une Papille à Crochet bien groffie, ou une Verrue de Langue de
de Bœuf, auffi bien dedans xjue dehors la Gaine.
Ces Verrues fe tiennent pour la plupart courbes ou en Faucille,
Sr font rangées à la File aux deux Côtés de la Langue depuis le Bout,
jusques vers^le Milieu, ainfique je l’ai répréfenté dans lesTablés XCIV»
XCV. & XCVI. de mes Amufemens raicrofcopiques, Fig. D. E«F»
G. H, K.
En voici une Fig. i. répréfenîée dans fa Gaine, & Fig. 2. la même
hors de la dite Gaîne.
Dans la Gaine elle reffemble à la Corne d’un Bouveau, lorfqu’elle
efl: répréfentée contre la Paroi blanche.
L’Enveloppe extérieure, qu’on peut encore comparer à l’Ecaille
de la Corne, a tout le Corps criblé d’une Infinité de Fores pour laTranfpi-
ration.
Quand la Langue efl bouillie, l’on ne peut plus difcerner les Suc-
colrs, ou Tuïaux à SuCy qui font à la Pointe de la Papille à Crochet, les-
quels fe préfentent comnne des Taches Couleur de Sang, qui font fé-
lon les Apparences les Organes du Sentiment & du Goût, & que j’ai
répréfentês Table XCIV. de mes AmufemensFig. B. Parceque dans cet
Etat, ils font dclTéchés, & qu’ils ne fe préfentent, que comme des Li-
gnes enfoncées., qui vont de haut en bas.
Mais efl- elle hors de la Gaine, ce qui fe fait aifémenî en faifant
bouillir la Langue &: en en tirant enfuite la première Peau; elle a fan*
douce toute une autre Façon,
Alors elle n’effc plus en Faucille ; mais elle fè tient toute roide ;
ainfi qu’il fe voit Fig. 2. & l’on en peut fans Difficulté voir la Verrue,
qui en efl la Tête, ouïe Bout d’en haut avec fon Infinité de petits Trous,
G Z &
f 2 TAB.XX, UnePapille àCrochet ouuneVerrue de langue deEœuf &c.
& ie Tuïau qui paroît compofé de Tuïaux capilaires les plus déliés. J’ai
trouvé cette Obfervation fort relTemblante au Eiflile de plufieurs Fleurs
^ lurtout de celles d’Orange & de Citron, dont la Verrue, ou le Poin-
çon efi: aulîi compofé d’une Infinité d’Ouvertures. &la Queue de Qu^an-
tité de Tuïaux capilaires très fins.
Jai tiré ces deux Figures* par le Moi'en du Microfcope folaireNro.
ç. & je n’ai éloigné ma Table à deffiner, qu’environ d’un Pié du Verre
microfcopique , pour en attraper fur le Papier la Répréfentation de la
Grandeur que je m’étois propofé de la deffiner.
Dans un plus grand Eloignement, p. e. de ig. à 20. Pies, il s’en
préfentera contre la Paroi blanche un Groffiflement infiniment pluscon-
fidérable, & de la Hauteur & Epaifficur du plus gros Homme, fans
toutefois rien perdre de fa Clarté & de la Juftefie de fon Pourpris.
Loués donc avec moi, j .1/0/2 l’Architëéletoutfage & toutincom-
prehenfible de tant de Chefs d’oeuvres grands & magnifiques dans les
Objets qui tombent à peine fous les Sens, & qui fouvent même font im-
perceptibles à la fimple Vue. Rendons lui les plus pures Aélions de
Grâces, de ce qu’il a mis en l’Homme la Faculté d’inventer des înflruraens,
parlefquels il découvre ce qui étoit caché àfesYeux & par lefquelslaTou-
tepuiffiance de notre Créateur éternel fe manifefte tous les Jours de
p’us en plus. Ü me femblc que ce font là les Obligations d’un vrai
Amateur de la Phifique & du Microfcope, qui en examinant les Ob-
jets, s’attache auffi à penfer & à joindre l’utile à l’agréable,
Je fuis &c.
Bayreuth ce 3. Mai 1762,
Ledermuller.
LET-
TAB, XXI. &: XXII. Un Coffret exprès pour le Microfcope folaire.
LETTRE XII.
Manîmens & Obfervations microfcopiques.
Je me crois obligé de Vous communiquer comme quelque Choie de
nouveau dans les
TABLES XXL & XXII.
Un Coffret exprès, pour le Microfcope Ibîaire
lequel Monfieur le Confeiller intime de Gleichen s’eft fait faire, & que
je tiens pour un Inflrument très commode pour defîîner les Objets.
La première Figure de l’Eflampe XXI. Vous apprendra comment il
faut le dreffer pour en faire Ufage, Vous le verres donc dreffé
dans une Chambre dont les Fe'nêtres font obfcurcies en Partie par
une Couverture de loile cirée noire par derrière le Folet de Bois a); en
partie par des Tapis épais b). Pour les Parties du Coffret Vous les ver-
re's dans la Fig. i. de l’Effatripe XXlï, , où a) en rëpréfente le Corps,
confiflant en 4. Côtés égaux le Fond, le Couvercle, le Miroir, & l’A-
vance, avec fon Tuïau, Le deffus doit avoir ou un Miroir foiblement
poli, ou un Papier rendu transparent en Cimbibant i'buile b) lequel s’ajuffe
à un Quadre quarré & fe paffe dedans; Mais au dedans du Coffret il
faut ménager un autre Miroir bien uni, lequel aille tellement en efqui-
vant qu’il faffe un Angle demi droit i). Sur le devant du Coffret l’on fait
une Coupure ronde c) dans laquelle on affermit l’Avance d;. L’on met à
cette Avance un Tuïau e'; qui doit être affés large, pour que le Micro-
fcope manuel avec les Objets fourrés dans le Porte-Obj£t, y aient de
la Place & s’y puiffent tourner fans que le Porte-Objet touche/ nulle
part le dit Tuïau. De cette Manière l’Objet tombera fur le Miroir i);
& delà il fe réfléchira en haut fur le Miroir foiblcmént poli, ou fur le
Papier imbibé d’Huile, fur lequel on le peut voir clairement & le copier.
G 3 . En
54
TABLE XXL & XXïî. Un Coffrât exprès
En examinant de plus près ce Coffret, j’ai remarqué qu’on pouvoit
s’en fervir même fans le Mb-oirï) en paffant feulement, ainfi qu’ f) le
fait voir, le Papier huilé ou le Miroir brut dans le Côté de derrière h)
& en obfcureiffant la furface d’en haut par un Couvercle p).
Par là cet înffrument rend le même Service, que fer oit une grande
Chambre obfcure, qui n’ a befoin que d’ajne Paroi blanche, laquelle eft
ici remplacée par h) j puisqu’il faut que l’Objet donne direélement dans
h) en paffant par le Tuïau e). Mais Vous ferés bien de faire mettre
prémiérement dans leQuadre k) de ce Coffret, le Verrefoiblement poli
ou prefque brut, & puis de placer deffus le Papier huilé en le paffant
dans le dit Quadr«, à peu près comme je l’ai répréfenté dans 1).
LUfage qu’on en fait eff le même que celui duprêmier. Plus le
Tuïau e) efl: long, meilleur Effet fait-il. La Fig. 2. de l’Eftampe XXÎ,
Vous fera mieux comprendre tout cela, que je ne faurois Vous le
décrire.
Je pourrois finir ici ma Lettre; mais ri y a encore la fécondé Fi-
gure de PEffampe XXII. dont Vous voudrés auffi favoir l’Expli-
cation.
La plupart des Amateurs de la Phifique pratique favent fans dou-
te que feu Mr. Sturm, qui de fon Tems s’aquit une Gloire immortel-
le parmi les Gens de Lettres, avoit fait des Leçons publiques à Alcorff,
oii il étoit Profeffeur en Mathématiques, fur différensExperimensj&Ef-
fais tirés de la Phifique. Parmi fes Inffrumens, il s’en eff trouvé un,
qu’il a appellé iui-mêfne une Chambre obfcure portative, & dont il a décrit
îaConftruélion de la Manière fuivante dans fon College experimental
ou Cuiicux, imprimé à Nüremberg en 1676, Voici fes termes tra-
duits en Allemand & de là en François ;
À
Je
* Tentameo XVI. Phænom« I. p. lôi. Eig. LXXIX,
- pour îeMicrofcope folaire. ^5
5, Je pris le Vtm ObjeUif de nôtre fécond Téiefcope & je l’ajurtai
5, dans un Oei/ ie Soir, lequel fe peut, comme d’ordinaire, tourner
„ & diriger en tous Sens. Je me fis enfuite un petit Colfre de Car-
„ ton bien fort, environ d’un Pié de haut & de deux de long, tou-
,, tes-fois de Façon qu’il étoit compofe' de deuxPièces, qui joignoient
„ parfaitement enfemble & qu’on pouvoir tirer l’une de l’autre, afin
„ d’alonger ou d’accourcir le Coffret fuivant le Befoin.
„ Au Milieu de la Partie immobile A. B. C* D, E, F, je mis le dit
„ Ferre objeHifR.
„ Dans la Partie mobile C. D* N. G. K, O. je pratiquai un P/liroîr
,, uni G. H. I. K. & je le plaçai fi bien en biaifant, qu’il faifoit un
5, Angle demi droit,
,, Audelfus de ce Miroir, je mis un Papier *) mince & tran/parent
3, imbibé dans l’Huile , & je mis encore par deflus un autre Co-
„ fret D, P. Q. L. M. G. K. afinque le Papier huilé en fût ombragé
„ & obfcurci, lorfque l’Obfervateur voudroit pafTcr la Tête dans T
„ Ouverture, G, K. L. M. pour obferver les Objets, qui fe préfente-
„ roient fur le dit Papier.
„ Cette Machine Dioptrique Catoptrique, fe mettoit enfuite de-
„ vant une Fenêtre ouverte, de façon que le Côté du Verre objeêlif
„ étoit tourné du Côte de la Rue. Tous les Objets quife trouvoienC
„ dans la Rue donnoient d’abord dans le Verre objeélif , lequel les
„ réjettoiten haut contre le Papier huilé; ce qui répréfentoit les
,, Peintures les mieux rencontrées & fi reffemblantes, qu’on pouvoic
„ reconnoître & parfaitement difiinguer les Vifages & les Habits des
„ Perfonnes, qui pafToient à plus de cent Pas de là.
Une Defcripfion fi claire & fi détaillée devroit faire foupçonner,
que nos deux Coffrets ont eu la Chambre obfcure de Sturm pour
Mère,
Mais
jS Manîmens & Obfervations tnicrofcopiques.
Mais l’on a vû & emploie par ici bien d’autres Efpêces de Cham-
bres obfcures encore plus commodes que celle de Sturm; & Perfonne
n’ignore, dumoins pas Vous, qu’une Penfée & une Invention tend la
Main à l’autre, & qu’il eft aifé de trouver dequoi améliorer ou augmen-
ter une Chofe déjà inventée*
Vous avés cependant le Choix, de Vous faire faire celui que Vous
jugerés à propos, Soïés feulement perfuadé que je ferai toujours avec
le même Défir de Vous être utile &c,
LETTRE XIII..
■■ /-
Manîmens & Obfervations Microfeopiques.
V
V ous aïant une Fois promis de Vous répréfenter & de Vous envoïer
les Gravures des meilleurs Microfeopes & les plus connus ; je devrois
aulîi faire Mention de \Inftrument microfeopique folaire vertical , venu der-
nièrement de Leipfig, & Vous en envoïer un DelTein; Mais j’avoue in-
génument, que tout Amateur que je fuis du Microfeope, je ne l’ai
pas crû nécelTaîre,
11 me femble même, que pendant que Vous avés appris les dilférens
Ufages de tant de Sortes d’Inflrumens microfeopiques. Vous devés
Vous être convaincu par Vous même des incommodités & des Défauts
qui fe rencontrent dans le Microfeope folaire.
Car quoi de plus pénible, que de delliner d’après le Microfeope fo-
laire , tandifque le Soleil ne reile pas 4. Minutes en Place , mais
qu’il eft dans un Mouvement perpétuel? Et qui eft ce qui pour-
roit inventer un înftrument , qui pût diriger le Papier deftiné
pour le Deffein, fuivant le Cours du Soleil avec une JufteïTe foute-
nue?
^7
Manîmens & Obfervations microfcopiques,
nue? *) Il faut donc une Main très faîteau Métier feulement pour tra-
cer les prémières lignes d’un Objet d’après le Microfcopc folaire; car
pour le Delîiner à fonds, c’eft abfolument impolTiblc, En Effet, il faut
le trouver hùreux & fe contenterj quand l’on conferve affés de Soleil,
pour finir l’Ebauche la plus légère d’un Objet. Et quelle Patience ne
faut il pas même, pour remettre le Soleil fur le Pourpris de l’Objet,
a force d’avancer, de preffer, de fourrer, de diriger & de tourner le
Miroir & le Cylindre? 11 n’y a que des Amateurs & des ConnoiffeUrs
pratiques de cet Inftrument , qui puiffent juger de la Jufteffe de ces
Plaintes, & être de mon Avis, lorsque je dis de bonne foi, que le meil-
leur Ufage qu’on purfle faire du Microfcope folaire, c’eft de répréfenter
à toute une Compagnie de fimples Curieux, d’agréables Figures de Créa-
tures animées & inanimées, t:ontre la Paroi blanche dans un haut Point
de GroiïiiTeraent; & furtout de mettre bien vivement & clairement
devant les Yeux la Coagulation des Sels, leur Configuration & leur Cri-
ftalifation, en un Mot de faire voir le Jeu le plus fecret de la Nature.
Enfin le Microfcope folaire fait pendant le Jour, ce que fait la Lanterne
magique pendant la Nuit.
Pour des Objets, dont le DeiTéin ne demande gueres de Tems,
je m’en fers avec utilité; bien qu’il m en coûte toute ma Patience.
Mais là où les Objets fe préfentent avec beaucoup de Parties déli-
cates ; je n’en ai jamais pu faire d’autre üfage, que de les regarder fur
la Figure, qui demeure affés long tems fixe contre la Muraille, de les
defïiaer d’après, & de les réduire en Petit avec beaucoup de Difiiculté.
Je fuis obligé de marquer tout cela de peur que Vous ou quelque
autre Amateur ne veniés à me taxer de ne pas connoître ou di^
ftinguer
*j Cet Indi'jment, qui a èiê il fouvent promis çà & la, ne feroit propre, de même que
d’autres Tvîicrofcopes de cette Efpèoe, qu’à faire pendant la Nuit les Operations
d’une Lanterne Magique.
lU. Tom*
H
5-g TAB. XXHÏ. & XXIV. La célébré Machine
flingiier faffifamment les bons ou les mauvais côtés de cet Inftru-
ment..
Pour Vous s mon Ami, Vous en conclurés enfin que i'infirument
Verticd deLeipfig, tout beau & tout eftimable qu’d puifî’e être en lui-
même, efl d’autant moins exemt de ces incommodités, qu’il fe trouve
moins d’Avantages dans des Inflrumens dirigés vers le Haut ou en bhi,
fantj & que le Soleil ne s’arrête pas un. Inilant de plus pour l’amour de
l’un ou de L’autre.
J’aime donc mieux Vous^ communiquer un autre ïnferument qui,
dumoins félon moi, a plus de Commodité & d’Utilité que celui doa^
je viens de faire Mention, & je Vous ie defline ci joint dans les
TABLES XXÎIL & XXIV-
La célébré Machine anatomique, raicrofeopique de Plnvention
de rimmortel Mr. le D, Lieberkuhn de Berlin.
Elle eft répréfentée dans la fécondé Eflampe de Vfi.ftoiye de V Acaie-
demïe des Sciences ^belles Lettres de Berlin, année 1745. ï, CbJJè phifi-
que pag. 14.
Comme le Cabinet des Curiofités naturelles du Marggrave contient
entr’ autres Quantité d’inftrumens de Phifîque; j’en ai tiré une Copie
fidèle des deux Côtés de celui-ci.
La Table XXili, montre le Côté où la Grenouille, ou tout autre oe-
tit Animal doit être attaché; & la XXIV. fait voir l’Endroit où le Verre
microfeopique doit être affermi, & ou l’Oeil doit fe pofer..
a; Vous montre la Figure de h Table de Cuivre doré , ou la Plaque
même, qu’a fait Jean George Mlsice-ffer de Berlin.
b) font les Cinq gros Crochets par lefquels les Pies & la Tête de la
Grenouille font tendus, kfquds on peut bander & relâcher par leMo.en
delà petite Vis c) laquelle ell garnie de Rejjhrts d Acier d; Table XXlll.
anatorTiique-îrjicrofcopique de l’Invention deMr. Lieberkuhn
e) font 5. Crochets plus petits^ deflinés à étendre le Méfentère, &:
lefquels peuvent pareillement fe bander & fe relâcher, par de petites
ris f),
g) & h) font deux fortes d’Ouvertures, hune g) ronde & l’autre
h) longue, fur le fqu elles , il faut tendre le Mélèntère, pour pouvoir
placer par i) la Partie de derrière de la Lentille microfeopique. Dans
le large Tenant à ris k de la Table XXIV, l’on affermit la, Lentille micro-
feopique, dans 1) laquelle elle peut être bandée parles m) & o),& la-
quelle a encore un SoubaJJement n).
«
L’on peut tourner & diriger ce Tenant à Vis comme l’on veut, pour
pouvoir bien appercevoir le Méfentère.
Toute la Plaque repofe fur la Noix p. laquelle efl emboîtée
dans l’Etui q); & toute]la Machine efl: portée par une Bafeà trois Piés
r) munis de Jointures, afin de pouvoir tourner, dreffer & pofer tout
rinftrument à fa Fantaifie. Elle efl dans fa Grandeur naturelle, trois
fois plus haute & plus large, qu’elle n’eft répréfentée dans les Efiam-
pes XXIII. & XXIV.
Les deux Lettres f) & t) marquent deux petits Chapeaux avec les
Lentilles microfeopiques, Mro. o. & 00. que je Vous ai mifes ici félon
leur véritable Forme & Grandeur.
Il en faut pour le moins de Cinq Qualibres, pour pouvoir faire paf-
fer les Objets par tous les Dégrës de Grofiiffement, c’efl à dire les Nro»
3. I. O. & 00.
Comme il y a certains Amateurs, que la Cherté, de la Machine
empêchoit de fe procurer un Infiniment auffi utile; je me fuis fait fai-
re, ainfi que Vous allés voir dans la
H t
TA.
<îo TAB. XXV, Une pareille Machine de Bois
TABLE XXV.
Une pareille Machine de Bois avec les Noix de Mufchenbrock,
Laquelle me fait le même Ufage, à la Satisfaélion particulière de
’pkifieurs Amateurs & Connoiüfeurs confidèrables des Amufemens mi-
crofcopiques.
La Figure i) eft la Partie de devant, à laquelle le Microfcope eft lui-
même affermi avec les Noix,
a) eft la Plaque, la Table, ou le petit Ais percé même, quilfaut
affermir fur un Pié b) de la Façon qu’on veut. L’on y fait d’abord le
TroK rond c) Fig. i. qui eft à peu-prés delaGroffeur d’un Liard^ & enco-
re 4. autres plus petits. '
Sur ce Troue) l’on tend & attache tout au tour le Méfentère de la
Grenouille avec de greffes Epingles *), au Lieu des pénibles Crochets
qui même déchirent fouvent le Méfentère, après avoir prémièrement
attaché la Grenouille à l’Ais ; ce qui fe fait par 4. g^offes chevilles
par lefquels les 4. Piês de la Grenouille font tirés avec des Cordons ou
de groffe Fifeile dans les 4. Trous d). Et pour pouvoir aufti examiner
un petit Poiffon, j’ai fait ménager deux Tenans à demi pliés fur le der-
rière de cette Table, pour les tendre fiur le Corps du Poiffon & les
bien affermir par les Vis e).
Désque la Grenouille, le Poiffon ou toute autre Créature eft prête
& attachée pour l’Obfervation , Vous tournés la Table voi Fig. i) &
Vous dirigés la Lentille microfeopique, comme Vous le jugés nécef-
faire, par le Moïen de Noix de Mufchenbrock g)
Tout cet Infiniment microfeopique confifte en fort peu de Parties,
favoir, une Plaque ronde h) avec un Etui (J ) qui eft affermi à i’Ais par
des Vis.
L’on
avec les Noix de Mufchenbrock,
6i
L’on fourre dans cet Etui (J ) la Noix ©) de laquelle fort un petit
Bras i) qui a au Bout un autre Etui, dans lequel on fourre la féconde
Noix k), à laquelle eft encore le troifième Etui, où l’on fourre la troi-
fiême xVo/jrl) laquelle doit être afferraice à un Anneau de Corne ou de Boism),
C’eft dans cet Anneau m) qu’on met le Ferre mîcrofcopique o) dans
fon petit Chapeau par le Moïen d’un Anneau de Fil d'Archal n) & qu’enfin
on le régie avec la Main en haut, en bas, à droite, à gauche, proche
ou loin, vis à vis de l’Objet, jufqu’à ce qu’on l’ait entièrement 8e clai-
rement apperçu. Operation qui fefait d’une Manière douce Seinfenfible
mais très exafte par le Moïen de ces Noix,.
Mais pour pouvoir en faire auïTiUfage pour d’autresObjets,je fis fai-
re encore le 7rou f) -à cette Table. Par là je pouvois emploïer d ma
Fantaifie, les Poinçons p) & q), lefquels étoient munis par derrière d’une
Fis r) pour pouvoir les affermir à f) foit par un Ecrou, ou par une
Cheville.
Que fl je voulois examiner des Corps opaques , je me fervois du
Poinçon p): que fi c’étoient des Fluides, que je voulois voir, je tirois
Avantage du Tenant q) dans lequel j’affermifTois un petit Verre de Por-
te-Objet, fur lequel je mettois une petite Goutte de Fluide, & puis
je la mettois devant le Troue), comme j’y mettois la Queue duPoiïTon
ou le Méfentère de la Grenouille , & je i’obfervois avec Yînftrument mi-
crofeopique g) au travers de toutes les Lentilles, Car dans V Anneau m)
l’on peut mettre toutes fortes de Lentilles microfeopiques avec leurs
petits Chapeaux, ainfi qu’il Vous efl aifé de voir par Vous même.
J’ajouterai ici qn’aûint eu, il y a trois Ans, l’Honneur de préfenter
cette innocente Machine à Nôtre Séréniffime Marggrave, S A. S. dai-
gna non feulement m’en témoigner très gracieufement fa Satisfaélion,
mais Elle eut encore la Bonté., de tendre tout de fuite une Grenouil-
le, de l’ouvrir, d'en attacher avec une Dextérité- imeomparabîe le Mé-
H 3 fen-
^2 TÂB XXVÎ.XXVÏLXXVîn.XXïX.Urîe de plus bellesChenilles,
fentère & fans y gâter la moindre Cliofe, pour être à même d’examiner
la Circulation des Humeurs. C-e Gracieux Prince admira avec bien du
Plaifir la Diverfitè des Humeurs, qui fe prèfententfi clairement dans
les VailTeaux du Méfentère. Il garda la Maehine, en Thonorant defon
/approbation* Je fuis &c. &c,
LETTRE XIV.
Manîmens & Obfervations microfeopiques.
Je 'Vous ai jusqu’ici alTés envolé d’înflrumens microfeopiques. 11 eft
donc Tems, que je me remette à Vous prélènter les Experimens &
les Obfervations que j'en ai faites, Vous aurésfans cela la Patience de
trouver dans cet Ouvrage encore trois Feuilles d’inftrumens microfeopi-
ques. L’Infirmité qui continue de m’accabler, m’a fait fou venirjd’unObjet,
dont Obfervation m’avoit déjà donné l’Année paffée Matière à des Ré-
flexions & à des Pe-nfées auffi agréables, qu’importantes. Jem’étois
propofé de Vous en faire tin long Détail dans cette Lettre; mais il
faut que j’abrège fmaîgré moi-même & que je me contente de Vous dire
que Vous allés avoir dans ces
TABLES XXVL XXVIL XXVIIL XXIX.
Une des plus belles Chenilles, fa Metamorphofe & quelques
Parties de fon. Papillon*
C’eft, ainfi que Vous favés, IzChenille qui fè trouve fur la Plante, qu*
on appelle Efule commune^
Je l’ai tirée d’après Nature dans a) de la Table XXVI. Après
l’avoir nourrie 3. Semaines dans unVerre avec de l’Herbe d’Efule, je remar-
quai à la Manière dont elle fe vautroit, que k Tems de fa Métamor-
phofe n’étoit pas loin* C'efi: pourquoi je jettai un peu de Terre fraî-
che
fa Met air or phofe & quelque s Parties de fon Papillon, 6^
che au Fond du Verre, ou elle fe fît tout de fuite un Lit, dans lequel
elle ne fît pendant trois Jour que fe tourner & virer. Le quatrième
Jour elle fut déjà toute enveloppée d’une Toile très fine, fous laquelle
elle devint au Bout de 5>. Jours laj Chryfalide b; c). Il fe palTa un An
entier, c’cfl à dire de Juin 1761. jurqu’Août, 1762. avant que.le bel
Oifeau de Nuit dont Vous voïe's le Dos répréfenté Fig. d) & le Ventre
Fig. c) fortic de fa Coque,
Ce qu’il y a de remarquable dans cet Infecle, c’efl que la Chenille
s’en trouve fur VEfulëy & le Papillon (oifeau de Nuit) fur la Fleur d»
Ckevre feuille y & qu’il cherche ainfî fa Vie fi diverferoent.
Feu Mr. de Roefel a à la Vérité répréfenté cette Chenille & ce Pa-
pillon, mais non pas du Côté du Ventre. Or comme il a ici tout un
autre Air, & qu’au Lieu que les Dos & les Ailes en font de tant de Cou-
leurs, & que le Ventre au Contraire avec les dedans des 4. Ailes n’efl
qued’une, qui efl une magnifique Couleur deRofe; j’ai voulu fupple'er
àce Defaut en dellinant cette Créature par defTus Stpar defFous. ,
'En examinant par la Loupe la Chryfalide b) c) je découvris déjà
pluheurs Objets remarquables. Sa Tête fe préfenta d’abord à moi en-
tièrement compofée de Faijjeaux d Humeun ds Couleur rouge brun f) Tab.
XXVÎL I 'uis en examinant le devant, j’y vis les Antènes & le Sueçoir
g) dans un haut Point de Grofiilfement. Et la trouvant ainfi que porte
Fig, h), je remarquai qu’un feul VaifTeau à Humeurs, confidéré dans le
Microf.'ope manuel par Nro. o:?, répréfentoit la Fig. i) avec une Mul-
titude de Rameaux déliés.
D’ailleurs toute îa Coque externe de la Chryfalide k) clf entrela-
cée de femblabies VaifTeaux à Humeurs rameux & toute parfemée de
Pores.
Aux deux Côtés fe voit le Poumon, on îa Trachée artère 1) par
ou la Cbryfalide peut tirer la Réfpiration & fe conferver fi long-tems
la
^4 TAB. XXVI. XXVII. XXVIII. XXÎX -Une de plus belles Chenilles,
la Vie. Après que le Papillon s’en fut envolé, je coupai de la Coque
brune le petit Morceau m) avec une Trachée &le Nro. 4. le montra tel,
qu’il eft exprimé Fig. n).
J’ai encore deux Mots à dire fur le Chapitre du Papillon forti de la
Çoque; c’eft que quand il fut êclos il y avoit fur ma Table un Bou-
quet, compofé de Rofes, d’Oeillets Sc de Fleurs d’Orange, & qu’aïant
mis mon Hôte fur ce Bouquet,, à Delfein de le regaler, il parcourût
bien d’abord toutes les Fleurs, mai.s qifil ne remua le Sueçoir que fur
celle de Rofe, Mais cette Nourriture lui fut mortelle; car il ne s’y
fut pas arrêté un Quart d’Heure, qu’il étendit fon fuccoir & s’endor-
mit, fans plus remuer ni Pié ni Patte,
Cette Obfervation m’a appris avec Certitude, que le Suc de la Ro-
feluiétoit contraire; bien qu’il lui eût donné la Préférence. Car quand
même il enfonçoitîe Piquant du Sueçoir dans. une Feuille; il en rejet-
toit le Pvue, qu’il en avoit fuccé avant qu’il fût parvenu au Milieu du
Tuîau^; ce qu’il elTaïa fi fouvent, qu’il en tomba dans le Sommeil de la
Mort & qu’il refia fans Mouvement fur la Rofe,
Or comme cette Partie remarquable du Corps, je veux dire la
double Trompe^ fe préfentoit trop clairement a ma Vue, pour la laifTer
là fans rexaminer plus particulièrement; je commençai par examiner
dans plufieurs Pofitions differentes» VoiFig. a) b) c) Tab. XXVIII. la
Tête qui fe préfente d) tirée d’apres un bon Verre Oeconomique avec
l’Oeil gauche & la Trompe retirée. Mais je vis bientôt, qu’il falloit
l’examiner par les plus hauts Dégrés du Groffiffcment. C’efl par là
que je fus convaincu, qu’elle étoit compofée de àewxTuïaux de Forme fpt~
raie e) lefquels préfentent à leurs Extrémités f ) deux petits Crochets
g), mais qu’on ne peut reconnoître, que parNro. i. Il y a apparence,
que ce font les petits Piquansavec lefquels ils ouvrent les petites Vellies
des Fleurs pour en tirer plus aifément le Suc dans les grands Tuïaux-
Ces
fe Metamorphofe, &: quelques Parties de fon Papillon,
Ces deux petits Tuiaux font d’une Peau de la Nature de la Corne,
lefquels, par le Moïcn d^une Infinité de petits Cercles, ou de Jointurei
fpirales, ont la Faculté de s’étendre, de fe réplier, de fe retirer, de
s’alonger & de fe racourcir avec facilité.
Ils font très elafliques & quand on les coupe en petits Morceaux, & que
les aïant mis entre deux Verres, bn les examine parle Microfeope fo-
laire; ils paroifTent contre la Paroi blanche fauter comme les Vers du
Fromage; ce qui eft opéré par l’Ardeur du Soleil,
Mais autant que ces deux Trompes font admirables, auffi remar-
quables & fuperbes font les Antènes de cet Oifeau fous le Microfeo-
pe. Je Vous fouhaite toute la Patience, qu’il Vous faut pour en faire
l’Experîence. J’ai été long tems a découvrir qu’elle en étoifla Partie
de derrière & quelle celle de devant, La Tab. XXIX. Vous montre
dans a> une de ces Antènes de Grandeur naturelle, & b) la mêmegrof.
fie par Nro. 3. avec les Bouquets de Plume rétirésu.
Car cet Oifeau peut, pour ainfi dire ouvrir & fermer comme un
Livre, ces Bouquets fins que j’ai marqués d’une Etoile. La Figure c)
répréfente le Dos d’une Antène, avec les Bouqtiets ouverts & fes Plu-
mes couleur d’Arc-en-cîel, dont tout le Dos efi: couvert, d) Vous
fait voir un de ces grolfi par Nro. o; e) c’efl la Poîüe brune de
l’Antène, avec fes ciuq Poils pvintus ; f) en efi; le Manche^ & g) le Bas ou
le Fié, pour Vous faire voir, qu’il efi creux. Ces deux Antènes font
tout contre les Yeux, mais en derrière; les deux Trompes font au def-
fous des Yeux entre deux Couffins épais de Plumes longues & velues
Jamais Vous ne verrés ces .deux Parties ni mieux ni plus difiinèle-
ment que dans un Microfeope folaire, par le Moïcn .du Miroir conca-
ve d’ Argent, lequel mettant les Objets dans le plus grand Jour, les met
à meme d’être examinés par toutes les autres Lentilles microfeo-
piques,
///. Tortt.
I
Com-
éô
TAB. XXX. Une légère ErqnilTè d'un Abricot frais
Comme j^'écois encore à faire cette Obfervation,, l’on m’envoïa dü
Fruit; ee q;ui fait qjuc Votis verres fur cette
TABLE XXX.
Une Efquiiïe d’an Abricot frais
que je Vous préfente a) en Vous priant d’honorer ce Fruit de quelque
Récherche plus détaillée. Sa Peau tendre &. velue me fit naître l’En-
vie de l’examiner d’abord par la Loupe, puis par le Kro. f .. furquoi je
remarquai que ce Fruit délicat était revêtu d’une Fourrure d’un Poil
argentin très fin b) & aufii tranfpareat que| le Verre filé de Venife*
La Vûe en efl: fuperbe; la Couleur d’Or de la Peau de delTous étant re*
haufée par l’Eclat de ces Filets d’Argent,
C) marq.ue un de ces Poils d’Argent; grolfiparNro.o. que j’ai trouvé
creux; & il y a apparence, qii’iï en efl de même de cenx de laPêche,
Apoftille.
Comme je fuis perfùadé que Voua manqtierés chés Votis^ aufTr peu
d’Efprits forts, qu’îl en manque ailleurs y aïés la Bonté de préfenter un
peu à la Su-ffifance de ces Mefiieurs- la Cbryfalide d’une Chenille & de
leur demander en même Tems ; fi leur Raifbn efi: capable de pénétrer
& d’expliquer, comment la Chenille devient ChryfaVide,. ou comment
le Papillon fe forme dans la Chryfalide ^ puifque ni la Chenille, ni la
Chryfalîde, ni le Papillon ne fé refièmblent,^ & qu’ils n'ont point les
Corps compofés de nrrêmes Parties,^
Que s’ils font obligés d’avouer leur Ignorance; dires leur ce que
la Bouche de la Vérité éternelle dit autrefois à ce Doéleur: f^ous ne pou-
vés expliquer ce qui sfr des Gbofes d'ici bas ; Çÿ. comment voulét t ous décider fo-u-
verainement de Miféresdimns’iCzx il y a en. effet de la Témeritédansrintei-
ligencefr étroitement bornée de l’Homme, à. vouloir tenir pour impofii^
ble, tout ce qui eü au delfus de la Portée de fa Railon, & conféquemment
à nier U Perpétuité, parce qii’ils n’en peuvent concevoir la Pofiibilité,
Apo-ftille.
J’ajouterai ici pouT Conclufion, que les Anciens, furtout les Egi*
pricns, les Grecs & le^ Ramains, faifoient mettre fur leurs Tombeaux
des Papillons, eommc des Emblèmes de l’Ame délivrée de foa Corps;
& Vous voulés bien que je finilTe cette Lettre par les Réflexions que
j’ai faites à la Vue & à PExamen des Chenilles , de leurChryfalide & de
leurs, Papillons, comme auffi d’autr.es Infeéles, deftinés par le Créauur
à des Métaraorphofes ou plus précoces ou plus tardives.
La Chenille, ce Ver fi difforme & fi dégoûtant, qui a tant dePek»
ne à fe traîner, jufqu’à ce qu’elle ait grimpé le Tronc d’un Cérifier, dont
les Feuilles lui doivent fervir de Nourriture; Cette Créature fi mépri-
^ble aux Yeux -de tant de Monde, qui rre paroît faite, que pour fervir
de Pâture aux Moinaux, aux Hirondelles & aux autres Oifeaux, ainfi
qu’à l’Araignée & à la Guêepe, & même à devenir un Nid & une Nourri-
ture vivante de fes Petits; Créature qui, à mon Avis, n’a ni Raifon 04
Intelligence, comme l’Homme en efl doué.; après bien des Mouvemeas
& des Contorfions , fe rétire à prefent au dedans d’une Toile, qu’elle
a filé elle-même & dont elle s’ell: fait un Tombeau; EIL devient enfin
Chryfalide & demeure une Année entière dans cette Situation. Je fais
très bien que cette Chryfalide neftpis tout à fait morte, & qu’affectée
par quelque Choc un peu fort , elle fe remue ; Mais enfin il en for^.
une troifième Efpèce de Créature volante, qui nerelTemble ni à la Che-
nille, ni à la Chryfalide, U fe préfente un petit Oifeau de dîverfes Cou-
leurs doublement aîlé, lequel avec fes quatre Aîies, qui reluifent com-
me des Miroirs, fend les Airs, fans rien garder de fon Etat de Chenil-
le, fans chercher davantage fa Vie en rampant; volant plutôt légère-
ment de Fleurs en Fleurs, pour aller boire à longs Traits le doux Neélar
renfermé dans leurs tendres Veines & JouïfTant d’une entièreLiberté &
d’un Etat infiniment plus avantageux, que n’étoit fon prémier. Quel
Artifie aufli grand que Sage a travaillé tout un An à la Conftruélion de
J 2, cette
ég Apoftille.
cette Créature nouvelle j fous fon Enveloppe & dans fa Chryfalide?
Cette iniferable Créature, cet Infeéïe, qui fuivant la foible idée que je
puis me former de TUnivers, n’eft tout au plus bon, qu’à fervir de Pâ-
ture à d’autres animaux, ainfi que je viens de rinfînuer; cet Infecte, dis-
je, auroit il été partagé dans la Création de Dons lî magnifiques, par
deffus toutes les autres Créatures, & le Seigneur lui auroit- il accordé
de fi précieux Avantages préférablement à l’Homme? N’ai je pas Lieu
d’efpérer que je reparoitrai un Jour fous une plus belle Forme & que
je jouirai de cette bienhûreufe Transformation ? La Chenille vaudroit-
clle davantage aux Yeux de Dieu que moi, qu’il a créé à fon Image?
Jamais! mon Efprit, mon Intelligence, ma Raifon, mon Cœur, un cer-
tain fnftinél: intime &, ftiperieur à moi-même, qui me fait fouhaiter un
Etat plus hûreux, tout fe refufe à une Idée fi affligeante.’
Formé bien plus noble que la Chenille, je jouirai d’une Transfor-
mation infiniment plus glorieufe, qu’elle. Tout efl ailé à la Toutepuif-
fance de mon Créateur. Je ne me mets pas en peine de quelle Façon
cela arrivera; c’efl: à la Sagefie éternelle & impénétrable, que j’aban-
donne ce Soin. J’ignore même comment j’ai été formé dans le Sein de
ma Mère, & je ne laiffe pas de favoir que je fuis au Monde. Cela me
feroit-il douter de ma Formation & de mon Exiflenee? Ma Raifon ne
peut-elle pas dés à prefent comprendre, qu’après mon entière Difiblu-
tion, toutes les Parties de mon Corps referont enfermées dans les Va-
peurs de nôtre Globe, quand marne elles viendroient à paffer d Elé-
ment en Elément, de Créature en Créature? Mais je fuis perfuadé &
même je crois fermement, que mon Ame, en tant qu’Efprit, ou pour
parler d’après Senéque , en tant que Pars ^umirtn divini, ne fauroit être
anéantie; mais qu’elle jouira d’une Félicité infiniment plus pure, que
celle qu’elle a reffentie lorlqu’elle était dans mon Corps: Félicité qui 1’
emportera certainement fur la Métamorphofe des Infeéles & de tou-
tes les Créatures de PUnivers, qui ne font point Hommes; que mon
Efprit
, Apoftille. €9
Efprit fera revêtu d’un Corps que la SagclTe eternelle a avant tous les
Tems jugé lui convenir, & quelle lui a deftiné. *
C’eft ainfi qu’un Naturalifte raifonnablc peut penfer fans aucune
peine & pour fa plus grande Tranquillité, enconfultant les {impies Lu-
mières de la Nature* Que fi en tant que Chrétien^ il y ajoute les Rai-
fons que lui préfente la Révélation touchant fes Efperances à venir;
quelle Joie à l’Heure de la Mort ne reifent-il pas en Comparaifon du
Libertin, & même deces Hommes, qui fe difent Chrétiens, & qui croient
Tout, fans favoir ce qu’ils croient! Car j’avoue de bon cœur, que je
crois, qu’un Chrétien raifonnable efl bien plus agréable à la SagefTe &
à l’intelligence fupréme, qu’un Chrétien de Bouche, qui aïant toutes
»
les Occafions & les Moïens imaginables d’augmenter les Facultés & les
ConnoilTances de fbn Ame, aime mieux mourir dans la Foi du Charbon-
nier, que d’en faire Ulâge. Et pour finir, j’avoue encore, que j’ai ref-
fenti une Joie inexprimable toutes les fois que j’ai trouvé dans les Oeu-
vres & dans les Phénomènes de la Nature la moindre Etincelle qui don-
nât à ma Foi plus de Lumière & de Force.
Cependant, il me paroît que je vai trop loin, & je reconnois
très parfaitement, que, quoi qu’il fuit confiant qu’il fe falTc des Con*
verfions philofophiques , elles ne laiiTent pas d’être très dilférentes de
celles qu’opère la Religion révélée.
Mon Opinion ne doit donc que fuivre la Foi comme une iervantc
car quelque connu que l’on foit, dans une Ville, l’on n’efi pas fâché
ï î de
♦ Si le Lefleur veut lire davantage de Reffexions de cette Nature, il en trouvera les
plus belles Penfees dans pliifîeurs Parties de VcxztWint Régné de la Nature &
des Moeurs^ particulièrement dans les Chap. 71. & 77. de la troifième Partie
puis dans les Chap. 197. 8c 2i7* dclalixième; de même que dans les Chap.aip]
224 232. 8c 237 de la feptièmeî dans le Chap. 268. de la Huitième; dans le
Chap. 3cp.de la Neuvième i dans le î62. de L Dixième; & enfin dans le Chap*
403, de la Dernière Partie»
*70 TÂB. XXXÎ. &XXXIL Mîcrofcopes anciens
âc fe faire conduire che's foi avec une Lanterne, lorfqifil fait Nuit, pour
être plus fur de ne pas broncher. Pardonnés moi, mon Cher, tes Pen-
fées fugitives, qui me relèvent fouvent dans mes 'plus grandes infirmi-
tés; & foïés perfuadé, qu’elles m’accompagneront jufqü’au Tombeau^
& que jufques là je ferai avec un attachement üncère &e,
Foiès Lettre Xjz
Martin Frobène LcdemuUer^
LETTRE XV.
P -
*• jreparés Vous à regarder comme un C^odlibet, que jeV^us envoie
Les TAELES XXXI, & XXXIL
for les Micrôfcopes anciens Sc modernes.
Vous y trouverésties Bagatelles , telles que les Porteurs de Har-
«iottes& lesSavoïardSj avec leurs BaromettreSy ont contûme déporter
à vendre dans nos Contrées. Jai trouvé à propos de Vous préfeater
CCS Badinagesj parcequc je fuis hien-aife d’accomplir mon premier Def.
fein, cnVous mettant devant lesYeux les grandes Ameliorations’qu’ont re-
çu les Infouracns microfcopiques depuis leur Invention.
L’on tire avec beaucoup de Vraifemblaace l’Origine de toutes les
Machines microfcopiques d\inc Goutte d'Eau ou d’un Verre rond, rempli
«de cet Elément, ainfi que Vous pouvés aiféinent éprouver en prenant
un Urinai ou un autre Chbe de Verre blanc rempli d’Eau.
Cela fe peut encore mieux prouver par une Carte ; en y faifant un
Trou avec une Aiguille bien ronde, dans lequel on fait entrer une petite
Coûte d'Eau bien claire; car celle-ci fait enfuite l’Effet d’une Lentille
Nro. a. ou 3.,
HartÇoecker & Ctton Guerkke ^ en fondant du Verre, ont trouvé par
Hazard un petit Microfcope dans une Goûte de Verre, Et de là eft
fans doute venu le Globe a) Tab. XXXI,
L’on
& modernes.
L’on a été obligé de k fervir de ces Globes, jusqu’à ce que dans la
Suite l’on s’eft avifé,idc les polir enForme de Lentilles Si de les enchaiï«r
dans des Etuis j par où on les a rendu propres aux plus grands Grof-
fiiTemens,
La féconde Fig^ b) Vous préfente une Copie que j,’ai tirée du Col-~
le^um experimentale de Sturm*,. pour Vous prouver y que ces Lentilles
étoient connues, il y a plus de 90* Ans,
Leui^enhoeck qui a fait tant de Découvertes y rendit eet Inftrumcnt
encore plus commode, en mettant le Verres mierofcopique dans une
petite Plaque d’argent; derrière laquelle il mettoit une petite Table
avec un Poinçon, pour y empaler l’Objet êl le préfenter devant le Ver-
re. La Figure c) de cette Table Vous en inftruira mieux Si: Vous en;
irouverès un Detail plus circonftancié pag. 38»^Tab. IV, de mon Ej^i
d'/jpologie raifonnée des Ammauxrfpermatiquesv
L* Fig. d) de cette Table a beaucoup de Rapporta celle de Leu-
wenhoeck. C’eft de cette Maehine commode que fc fert Mr, le D.
Koehlreuter, Médecin & Naturalifte, qui.s’eft de nos Jours fait une fi
grande Réputation parmi les Savans.
11 y a deux Ans que revenant de Petersbourg, pour s’en retourner
chés lui par la Route de Leipfig/, 1 Envie qu’il eut de voir le Cabinet
des Curiofités naturelles du Prince, me procura l’Occafion favorable de
le voir à Bayreuth, où il me montra ce Microfeope. J’avoue, que je
fus enchanté de la bonté de la Lentille en Forme de Grain de Millet,
que j’y trouvai & qui étoit un Nro, i, mais je remarquai dans les Por*
te- Objets certaines Chofes, que je ne goûtai pas, car Mr. le Doéleurfe
fert, au Lieu de Porte-Objet, de petites Lames de Ferre longues ^ étroites
e); dont il en met deux l’une fur l’autre & entre deux, l’Objet à ob-
ferver, lequel, félon moi, doit en être écrafe' ou dumoins changé de
Place, de forte qu’il faut qu’il rende ou un faux Profil ou une double
réverbération.
» Part. I, Tentam. XV, Phænom; r, '
Tous
7^ TAB. XXXI. & XXXII. Microfcopes anciens & modernes.
Tous ces Inftrumens & beaucoup d’autres, qui y ont du Rapport,
font bons à obfervcr les Objets contre le Jour,
Mais comme il y a dans le Monde bien des Cbofes, qu’on ne fau-
roit voir ni examiner de cette Façon; mais qui le doivent être perpen-
diculairement ou de haut en bas , l’ETprit humain y a remédie, & ç’a
été d’abord par les Inftrumcns les plus (impies, tels que font ces peti-
tes Boites pleines de Graines & d’autres Chofes que les Savoïards nous
portent tous les Jours à vendre, & qui groflilTent l’Objet 6, a 8. Fois.
Parmi ces Elpèces la meilleure e(l bien celle qui eft à f^is, pour pouvoir
déchifrer des Monoïes anciennes, & examiner d’autres Corps opaques &
nontransparens, comme elle fe préfente Fig. f ).
Je l’ai mieux rencontré dans la Tab, LXX. Fig. a) de mes Amufe-
mens microfeopiques, où il eft nommé Verre Oeconomique & Vous en trou-
verés là encore deux autres Efpèces b) & c). Celui de Alufchenbroeck
aux Woix ^ Etuis âe Métal donna enfuite Occafion à la Machine g) de
la Tab. XXXII, de laquelle Mr. le Confeiller Delius d’Erlang, mon il-
luftre Ami,, form.a un petit Microjcope univerfel , qui étoit attaché à un
petit Ais fuivant les Fig, g) & h) ; ce qui me fît enfin naître lldée du
Aîicrofcope anatomique, que je Vous ai dernièrement décrit , ou de la Re-
forme de l’Inftrument de Lieberkuhn, dont j’ai joint Fig. i) une légère
Efquiffe. Vous aurés la Bonté d’en chercher un Détail plus circon-
ilancié dans le Tom. IV. des Recueils de Franconie.
LETTRE XVI.
Jai l’honneur de Vous faire ici part d’une Obfervatîon 'hifique affés ex-
traordinaire. Je me fuis donné la tréshumble Hardieffe de la préfenter
au Marggrave, pour fa Rareté. Cela n’excite- t-il pas Votre Curiofi-
tè? Je crois que fi, & je Vous en envoie le Détail d’un Bout à l’autre
tel que j’ai eu l’Honneur del’cnvoïer au Prince, avec la Defcripfion desEx-
perimens, que j’en aifaits & du DefTein que j’en ai tiré.
Mr.
TAB. XXXIII. Une Boule de Poil.
75
Mr. le Pafteur Vogel d’ici, qui m’honore de fon Amitié, m’envoîa
le g.Oélobre I7é2> verü les é. Heures du Soir, ainfi que Vous montre
cette
TABLE XXXIII;
Une Boule légère, ronde & d’un brun très obfcur
en m’avifant, qu’on i'avoit trouvée avec encore 14. de la même groC.
feur, dans un Agneau qu’on venoic d’egorger, me priant de l’examiner
& d’en dire mon Sentiment. •
Après avoir demandé & obtenu la Permilîîon de la difféquer, je
me mis dés le même Soir en Devoir d’en faire l’Examen, & d’y paffer
agréablement cette Heure péîdue, ne défîrant rien tant que d’en avoir
encore upe, pour la mettre dans le Cabinet de Bayreuth.
J’eus la Bonheur d’en recevoir plus que je n’en défirois, car dans
la même foirée l’on m’en apporta encore deux. En üïant donc trois,
j’en cmploïai une àl’Ufage, que je viens d’annoncer; j’envoïai l’autre
à mon liluflre Ami Mr, le Confeiller Trew; & la troilième., je la défti-
nai à l’Examen le plus exact.
Pour ce qui eft de la Figure extérieure de cette Boule., .elle étoît
prefque totalement ronde, plus unie que raboteufe. Sa Couleur brûn-
obfcur; fa Péfanteur afles modique à Peine d’une Once; quoiqu’
file fut alTés grande, ainfi que Vous l’apprend la Fig. i. de la Table
XXX! a
En examinant fa Superficie avec une bonne Loupe, je trouvai fa
Couleur verd-noir, mêlée d’un peu de brun. Je conjeélurai de là, qu’il
fallait que le Fiel eu le plus de Part à cette première Ecorce, laquelle
me parût au refie compofée de Quantité de petites Ecailles collées les
unes fur les autres, ou de Lamelles couchées de la même Façon^
ni. Tom.
K
74
TAB. XXXm, Une Boule de Poil.
Je pafle ici fous Silence, pour éviter la Prolixité, tous les Juge-
mens & tous lès Sentimens, que portèrent bien de mes Amis fur la
Nature de cette Boule, avant que je la dilféqualTe* Celui qui rencon-
tra le mieux, la prit pour une Boule de Chamois {/legagropilay^ comme
moi même, de's que je l’eus en Main & que je l’eus pêfée, je la pris
pour une Boule de Poil, telle qu’on trouve fouvent dans les Bœufs, les
Vaches, les Veaux, les Chevaux, les Cochons & les Chamois,
Lorfque je voulus la partager par le Milieu avec un bon Cou-
teau, il m’y fallut aller de toiîte ma Force, & ilmefembloit que c’étoit
fan de cette Epaifleur , que j’avois à partager. La Subftancc in-
terne reifembloit en Effet à un Feutre non teint, auffi parfaitement
que deux Goûtes d’Eau puiffent fe reffembler.
j’en partageai enfuite une Moitié' en deux Parties, & j’en mis ua
«Quartier fous la Cloche de ma Loupe. Ceia me fit connoître dillinète-
ment une Ecorce, dont la Subfiance étoit de beaucoup plus ferme &
plus compaéle, que celle du Milieu, laquelle me préfenta des Poils fort
courts & fins. J’en pris du Milieu , & j’en examinai un Morceau de la
Groffeur d’une Lentille, par tous ies Dcgre's de Grofiifiem.ent, jufqu’a
ce qu’enfin je fus convaincu, que toute la SubTrance de cette Boule
ctoit compofée de Particules de Laine, courtes & fortement preffées
enfembîe.
Elles avoient en Partie des Tuïaux à Moüle, comme les Cheveux,
mais ils n’etoient pas environnés de cette Pellicule externe en Forme de
Réfeau, que l’on voit d’ordinaire aux Cheveux, ils fembioient plutôt
être couverts comme de petites Ecailles.
Enfin j’éffaïer d’amollir cette Maffe, pour connoître de plus près
la Nature de cette Ecorce- externe; mais ce fut peine perdue. Je fis
d’abord bouillir un Quartier de cette Boule dans de l’Eau douce, &
enfuite dans de i’Eau très fale'e.
TAB. XXXIII, Une Boule de Poil.
Je le mis palTè 14. Heures dans un Vafc plein d’Eau; j’en mis un
autre Morceau dans l’Huile & puis dans le Vinaigre, ce qui ne meréüf-
lit pas mieux. Rien n’en pût di/Toudre la Dureté, & je confervc en-
core cette Ecorce, pour Preuve de fa Solidité, que je crois même être,
par mes Expérimens, devenue plus dure, qu’elle ne l’etoit auparavant.
Mes Recherches finies, jetâchai d’avoir quelques Lumières par le Bou-
cher quiavoittué l’Agneau. Voici ce que j’en appris.
„ N.N.Bu/daw/Bourgeois & Maître Boucher decetteVille tuale 9.
„ Oélobre un Agneau de neuf Mois , qui avoit été acheté à Aalfeld
„ prés de la petite deYille fJerrfpruckÂstns la Territoire deKuremberg.
„ Une l’avoit eu que huit Jours dans fon Etable, où il étoit à la Vé-
j, rité parmi d’autres Brebis, mais qui n’etoient pas deftinées à être
,, tuées. Jufqu’au dernier Jour il mangea & bift bien , fans donner
,, le moindre Signe de’ Maladie. Loriqu’on l’eut ouvèrt on trouva
dans fa Panfe 14, de ces Boules ; mais la quinzième, qui n’étoit pas
,, ronde mais inégale, étoit encore dans le Boïau,
„ Ni lui ni les autresMaîtres de fonCorps,n’avoient jamais tuéAgneau
,, où ils euffent trouvé, dans les Boïaux, ou dans la Panfe, ou dans
,, l’Ellomac une feule de ces Boules, bien loin d’y en trouver plufieurs.
Cette Découverte m’a dumoins informé, que cette grande Quan-
tité de Boules de Boil^ qui ne JaifToient pas^c péfer près d’une Livre,
n’avoit pas fait du Mal à cette Bête toute jeune qu’elle étoit.
Il y a cependant apparence,, que dans la Suite elles auroient fait
un Effet mortel, furtout leur Confiflcnce étant d’une Nature fi dure,
qu’elle ne pouvoir être amollie.
Or la QuefUon efl: d’où font venues ces Boules dans le Corps de
l'Agneau? Je m’émancipe d’en dire mon Sentiment:
Je tiens, qu’elles ont la même Caufe & la même Origine, que la
Produèlion de celles du Chamois.
K Z
Cel.
7^
TAB. XXXÜL Une Boule de Poil.
Celles- ci viennent de ce que les Chamois lèchent leurs Poils, quand
ils en changent. De la Langue, étant broïés par la Rumination, ilspaf-
isnt dans les Boïaux, où ils prennent une Figure ronde, & delà ils vien-
nent dans hEftomac,
Cet Agneau peut de même avoir léché fa Laine , Favoir haclaée
p-ar la Rumination, & enfuite l’avoir fait palTer dans lesBoïaux & dans la
Panfe,
Peut-être même a-t-ii été parmi d’autres Brebis & même tondues!
& qui eil ce qui ignore, que les Brebis aimant toutes les Humidités fa-
leufes,. elles aiment aufli à lécher la Sueur?
Or étant hors de Doute, que les Brébis nouveriement tondues
Rient & tranfpirent beaucoup dans leurs Etables chauds , il eft très ai-
fé de concevoir, que cet Agneau, couchant entre fa Mère & d’autres
Brébis, en a léché les Peaux tranfpirantcs, & en même Tems avalé cet-
Bourre coLirte, qui demeure collée à la Peau après laToifon; que cet-
te,Bourre s’eft peu à peu formée en Boule dans les Boïaux ^ qu’elle y
a pris cette Ecorce dure, par le Moïen du Fiel & de la Pituité, & qu’
enfin elle a pafie dans l’Endroit, où le Boucher l’a trouvée»
Voilà ce que je penfc là defilis & que je trouve aïTés vraifemblable.
Que fi Vous y trouvés a redire, ou que Vous réjettiés abfolument cet-
te Opinion,, à la bonne Heure, Car je fuis prêt à en cliangcr pour une
meilleure, & à facrifier la mienne à la Vérité»
Ce que je ne fauro^is comprendre, c’efl qu’on veuille mettre ces
Boules de Poil dans la Clafie du Bezoar, ainfi que plufieurs on fait &
font encore, & qu’on leur veuille attribuer les Louanges , que l’Expe.-
r.encc fait donner au Bezoar par la Medicine» Car qui eft ce qui vou-
droit avaler pour de la Poudre de Bezoar, de la Laine, mêlée avec
des Alimens mâchas ? La Subibance du véritable Bezoar n’a nul
Rapport avec celle des ^egagropilâ^ ou Boules de Poil; le premier étant
corn-
TAB. XXXIH. .Une Boule de Poil- 77
iompofé de Parties terreflres & l’s^utre de Poil & d'AÜmens ma--
chés.
Ce qu’il y a de plus rare dans cette Obfervation , c’eft prémiërc-
ment le Nombre des Boules dans une aulli jeune Bête qu’un Agneau
de neuf Mois, fecondement , qu’elles aient, pû s’y tenir, fans
lui faire Mal; en troiflème Lieu, la Beauté, la Rondeur & l’Uni
de leur Figure, & en quatrième Lieu, qu’on ne fauroit produire que
peu ou point du tout d’Exempîes, qu’on ait jamais trouvé de pareilles
Boules dans aucun Agneau. Car Monficur k Confeiller Trew m’a lui
mêmealTuréi malgré les Leélures immenfes de ce fameux Naturalise,
qu’il n’avoit jamais vûunfeul Exemple de Boule d’Agneau. Il eft auflî
remarquable, que de Mémoire d’Homme le Cas n’a pas encore exifté,
que dans tout le Corps des Bouchers, il y en ait un feul qui en eût eu
une entre les Mains, ou qui eût tué un feul Agneau qui eût de telles
Boules.
Explication de l’Eftampe XXXIII.
La ^ imière Figure répréfente la Boule dans fa Figure, Groireut &
Couleur naturelles.
La kconde en marque un Quartier, pour en faire voir l’EpailTcur de
l’Ecorce, & le Feutre intèrne, compofé de Laine courte mâchée.
a) efl un petit Morceau de cette Laine confidéré l’Oeil nud,
b) le même confidéré par la Loupe,
La troifième Figure montre un petit Morceau de la même Laife tiré
d’après le Verre microfeopique Nro. i) où les petites Particules
font voir les Alimens mâchés.
La quatrième Figure défigne un feul Brin de cette Laine |^amîné &
delliné d’après Nio. oc. qui cû le dernier Degré de GroflilTement.
K 3
Note.
78
TAB. XXXIÏÎ, Une Boule de PoiL
î*îote.
Pour rendre cette Obfervation plus complette, je m’en vai Vous
donner un Extrait de la dernière Lettre, que j’ai reçue de Monfîeur
le Confeiller intime Wagner de Bayreuth:
„ Son Alteffe Séréniflîme m’a fait remettre aujourd^’hui la Boule
,, que Vous Lui ayés envoïée, afinqu’elle foit mife dans le Cabinet
J, des Curiofités naturelles. Elle eft très belle & fi fa Gravûre n’
,, entre point dans Vos Amufemens mîcrofcopîques; je Vous prie de
J, m’en cnvoïer une Copie. Vous Voustrompés de croire, qu’il n’cxifte
,, point de telles Boules d’Agneaux ; car il y en a une dans nôtre
,, Cabinet, fortie de l’Eftomac d’une de ces Bêtes ; cependant celles
„ de Nuremberg l’emportent de .beaucoup pour leur Qiiantité & pour
3, l’Exaélitude de leur Rondeur
bayreuth ce i6. Février 176 J.
D. P. C. Wagntr^
Javouc que le peu de Tems que j’ai été dans le Cabinet des Curio-
fités naturelles du Marggrave de Bayreuth, & que j’ai été obligé d’em-
ploier à d’autres Affaires, ne m’a pas permis de remarquer fi exaéle-
ment cette Boule parmi une Infinité d’autres Curiofités, non obfiant
que j’y ai eu entre les Mains tant d’autres Balles de Lac & de Mèr, de
Boules de Poil, à' Aegagropla & de Be^oar de différens Animaux.
Avec tout cela, puifqu’il n’efi; fait mille part Mention de cette Bou-
le d’Agneau, & que même dans \q grand Tréfor dê la Nature de Seba^ ni
dans aucun autre Ouvrage de cette Nature, il ne s’en trouve ni Delfein
ni Indice, bien que d’ailleurs prefque toutes les autres Efpèces cor-
nues de Boules, de Balles de Bczoar y foient defiinées & décrites; ce-
ci ne laiffç^as d’être une Rareté & un Cas étrange que d’avoir trouvé
quinze de ces Boules dans un Agneau de neuf Mois, je fuis &c.
LE T.
TAB.XXXIV. LeBoïau delaPonte &c. TAB.XXXV.LaCornée &c. 79
lettre XVII.
Le Hazard m’a fait naître l’Occafion de Vous préfcnter dans cette
TABLE XXXIV.
Le Boïau de la Ponte d’une Mouche femelle.
Dans mon Edition allemande, j’ai fait une Méprife en donnant cet
Organe pour le Aîmbre-viril delà Mouche, puisqu’en Effet il y reffem-
ble plutôt qu’à un Bdiau de Ponte» Mais aïant bien- tôt après reconnu
mon Erreur, je me vois obligé de la faire remarquer ici & de corriger
une Faute fi aifée à faire. En Confequence, il faut que je dife que
rObfervation de cette Table XXXIV, eft celle d’un Bdiau de la Ponte d'une
Mouche femelle. 11 eft de l’Homme de fe méprendre, & qui eft ce, à qui
cela n’eft jamais arrivé’. Le premier Coup d’Oeil, jetté fur le dehojs
de ce Membre, pourra induire à Erreur auffi bien que moi , tel autre
qui ne fe donnera pas la Peine de difféquer toute la Mouche & d’en exa.
miner les Parties internes.
La Gravure qui répréfente fur cette
•
TABLE XXXV.
La Cornée d’un Oeil de Mouche,
a été vue par Nro. 3. dont la Lentille n’a pas fait diflingucr les PJex-go.
n’aïant répréfeoté que des Figures ovales dans des Q^arrés oblongs
ou en Lofange, telles qu’en ont effeélivement les Cornées des Ecrevif-
fes dans les plus hauts Groffilfemens ; ainfi qu’indique Fig. d''. Mais
qu’on prenne Nro, o. ou 00. alors les Hexagones fe produifTent très ré-
guliers emboîtés dans une Rame étroite. Vous eu voïe's, mon Cher,
fur cette Table la Grandeur naturelle dans a) & dans b) le Grof/JJèmtnt ptiï
Nro. 3. La Bordure brune efî: un peu de la Peau de la Tête; & ks
jiexigones que j’ai marqués d’un c) reprefentent, comme j ai dit, leGr©/-
fijjement par Nro 00.
Aïant
$0
TAB. XXXV. La Cornée d^^un Oeil de Mouche.
Aïant inféré dans la LVl.Table de la adcPartie prefque ta)ut ce qui re-
garde la Cornée & ks Veux des hfeües y Vous trouverés bon que je Vous
y renvoie; en y joignant cet Avis. Ne faites pas Attention quand mê-
ffiie Vous verrés ces Hexagones tantôt rélevés, tantôt enfoncés. Ce
Changement vient de ce que c’eft une Cornée, qui ne peut pas toujours
être mife bien tendue fur le Verre, & qifelle y eft tantôt plus haute
tantôt plus balTe, De là vient que Vous voïés de petites Enfonçures
en Forme de petits Plats, lorfqu'on la confidëre par dedans du Côté de
Ÿüvée, Par contre il paroît de petits demi Globes, quand elle eft exa-
minée par fa Surface externe.
Au relie l’on diroit, que la Nature dans la Produélîon de Qu^antité
de fes Ouvrages ait choifi l’Hexagone préférablement à d’autres Figu-
res de Géométrie. Nous pouvons nous en convaincre par la fimpic
Vue non feulement en diverfes Efpéces des Criftaux, de Sels & d’autre
Minéraux, kirtoutdans les Topafes, mais nous levoïons encore à l’Ai-
de du Microfeope, dans le Régné des Animaux & des Plantes, & de
leurs Membres & Parties. Car la plupart des Tuïaiix à Moiiie ou des
Tiges des Fleurs, des ArbrilTeaux, .& même de bien des Arbres p. e.
duTournefol, du Chardon, de l’Ortie, du Jonc, de la Bardane, du
Blé, du Chervi, de l’Ecorce noire, de l’Armoife, du Chanvre^ & du
Calmiis ; comme auffi la M'oille de Sarment, de jeimes Rameaux d’O-
îivier, de Sapin, de Chêne & de Noïer, font compofés de Cellules ou de
yejfies Hexagones.
La Cornée des Yeux de la Plupart des Infeéles, comme des Abeil-
les, Guêpes, Bourdons, Frelons, Confins, Moucherons, DemoifelJes
& Hannetons, de même que les Cellules S:îesNids des Abeilles, Bour-
dons & Guêpes pareillement les groflés Côtes des Plumes ; mais non
pas ks Tuïaux des Plumes d’Oie & d’autre Volaille, car je n’e.&tends
parler, que ée cette grolTe Partk moiileufe, à laquelle tien le Duvèt;
parti-
TAB XXXVI. Une Tête entière de Mouche.
«I
particulièrement le Poil du Chevreil & de la Chevrette* efjt tout com-
pofe de VailTeaux & de particules Hexagones très- diflinèles. Je pafle
tant d’autres Objets Tous Silence, tels que le Coquillage & Les Ecailles
de PoifTon &c. Mais, pour Vous faire voir comment fe préfente la Corne'e
de l’Oeil même d’uneMouche enVie par unGroflilTemcnt médiocre, ec que
Vous aurésfans DoutcalTés fouventobfervé, je Yousâidelfinéfur cette
TABLE XXX VT
Une Tête entière de Mouche
Seulement du Côté où il n’y a que l'Oeil droit, qui parott; afin qifon
puilTe voir la Trompe, & les autres Parties de cette Tête fi avantageu-
sement parée. Ce fut cette Mouche, qui fut la prémrère MeiTagère,
qui vint dans ma Chambre m’annoncer i’Aproche du Printems. Elle
bourdonna au tour de moi jusques à la Nuit, & à peine eut-on allumé
la Chandelle, qu’elle fê la ifia leurrer par la Lumière , & vint fe brûler
une de fes Aîles^ de forte qu’elle fe lailTa tomber devant moi fur la Table,
s’oifrant, pour ainfi dire, d’elle même à une Obfervation microfeopi-
que, que j’avois fi long-tems fouhaitée.
Je prelTai fur le Champ deux de fes Pies dahî une de ces petites
Pinces, qu’on nomme Pié de Bich;, & je la mis ainfi devant leMicrofco-
pe -en forme de Compas avec le Miroir concave d’Argent & le Miroir
de dé^ous de 'Réflexion. Pour la première Obfervation , je pris Nro.
6. pout pouvoir voir la Mouche entière. J’apperqus d’abord une Blan-
cheur toute particulière, que je n’avois encore jamais vu qu’en très peu
de Mouches. Surtout le Collier & le Perrière de la Téterdtoient tout
blancs & ornés de Taches noires. Mais avant que de Vous en dire davan-
tage de cejColIier, je m’en val Vous expliquer cette Table, trente fixième.
A) ré-
Vüïés Tab. XLIX.
III. Tom»
L
TAB. XXXVL Une Tête entière de Mouche.
A.) répréfente la Tête entière parNro. 5-,. où
a) dénote la llace de la Langue ou de la Trompe, b) le Nerf, qui tient
au delFous de la Lairgue, & avec lequel la Mouche tient un pevi
de Sucre, que )e lui avois laifTé tomber fur la Langue, c) montre
la première Paire de petits Crochets, â) la Paire d’en Haut plus
greffe, qui font dans le defTous de la Gueule k) & qui feinblent
embraffer ou tenir la Langue e) e fl: un ^OMrro/f^, que je tiens pour
la Levre de deffus de la Bouche, f) & g) font une Paire de Par*
ties, que je ne connois point, & qui fervent peut-être àl’Odorat.
Sur les deux Couffins de devant f) g) qui fe terminent un peu en
Pointe, font Plantées les deux Anténes, & derrière celles-ci font
encore deux Parties plus rondes, desquelles je vis fortir un Suc
rouge de même que de f) g), kj Eft, comme je viens de dire,
le dejfous de la Bouche, & 1) eflun Couffin blanc, bien garni de
Poil, lequel environne i’Oeil m).
B) répréfente la Trompe de la Mouche, groffie par Nro. 4. qui cfl
droit devant elle & fe préfente retirée.
C) marque là même 5 ce que reffembient fes deux Lchbes, dont celle
de deffus * pend en bas, & a à fon Extrémité le Crochet avec le-
quel elle tient quelque Chofe,
D) fait eonnoître comment eette Langue partagée , fe rejoint , &
comment cette Partie pendante fe rétire enhaut, où la petitf,Etoik
maroue encore le Crochet, Enfin
4
E) montre la Trompe entièrement fermée, avec le Crochet, qui eft
d’ordinaire fous cette Trompe & qui ne fort, que lorfqu’il s’agit de
prendre ou de retenir ce qui tombe fur le deffus de la Langue.
J’ai va avec Plaiffr le Mouvement de ce Crochet, car à peine avois
je mis, à l’Aide d’un Pinceau à Poil, un peu de Sucre fur la Langue de
It Mouche prife, qu’elle fortit ce Crochet, le pofa furie Sucre, & le
retint
TAB. XXXVII. La Tête emiere de la Mouche par derrière, &c. Si
rcdnt, jufqu'â ce qu’il fût entièrement fondu, & fuccé par la Fente qui
traverfe les deux: Lobbes de la Langue. Mais pendant que la Mouche
raangeoit le Sucre, je voiois coulera travées les quatre Partieuks en
Forme de Coulfins f) g) i) tantôt un SucUanc^ tantôt unroage, plu*
mince qu’un Cheveu.
Là delTus Je tournai la Mouche, J’examinai la Tête du Côté du
Dos, Vous trouverés donc dans cette
TABLE XXXVIÏ.
La Tête entière de la Mouche par derrière, avec leCollieL
Une autre Fois je Vous enverrai la Mouche entière^ mais gra-
vée plus en petit. Pour le Coup Vous Vous contenterés de la Moitié.
Vous voïés dans a) le Collier blanc avec fes Taches brun clair. Sur
il Tête b) où J’ai ménagé ie« deux Teux c) avec leur Bordure, eft la
Trompe au Langue d) un peu relevée & les deux Amènes e); pofées fur
les deux Couffins dont l’Ufagc m’eft inconnu, mais qui peuvent fc dilater
ou condenfer par le Moïen de l’Air, comme des Vedîes. Ils étoient ren-
fermés dans une Bordure en Forme de Coeur, compofée de Poil noir,
c) Montre encore ks deux îîwar avec leur Cofiîéc, tilTue en Rézeau &
leur Bordure de Foü. Dans f) J’ai vu encore trois Verrues^ noir-lui-
fant, fur chacune defquclles étoit aulTi un Peil noir, roide, droit, poin-
tu, Elles formoient un Triangle* Peut-être ces trois Verrues ont-elles
été prifes par certaines Gens pour autant d’Yeux.
Mais à quoi bon, que la Mouche eût encore 3* Yeux outre les
deux ordinaires; puifquc chaque Oeil efi compofé depluûeurs Mille
autres petits Yeux par lefquels elle peut voir par en haut, par en bas, par
devant, & par derrière & obferver tout ce dont elle a befoin ? Jai donc
Sujet de douter de ces, trois Yeux fupcrflusàla Mouche, & de croire,
qu’eüe n’en a pas cinq mais deux feulement, g) Eû le bas du Derrière
L X de
84
TAB XXXVII. La Tête entière
àt la 7ête, au deffous de laquelle eft le Cou mince & court h) , pofé fur
la Toitrine entre les Parties du Collier a). Ce bas de la Tête, de même
que les Parties du Collier en Forme de Coeur, font bien garnies de Poil
noir bien roide; mais le Collier 3.) eft de trois Pièces & orné de Bandes
ou de Taches brun-clair, qui donnent un fort bel Air à la Mouche,
mais feulement à travèrs le Microfcope.
' Cette Obfervation me rappelle, que le Vulgaire croit, qu’il s’en-
gendre des Vers dans les Plaies pourries & purulentes des Hommes.
H eft même des Moqueurs qui vont, jufqu’à les regarder comme un ju-
fte Châtiment de Dieu, & l’Homme qui en eft affligé, comme condam-
né à être rongé tout vif par lés Vers.
L’on nefauroit difeonvenir, que les Chirurgiens ne voient des V’ers
ÇAcarid) dans les Ulcères purulens, & queLcuwcnhoeck n’en fafte Men-
tion dans fa première Partie !1 ne s’enfuit pas cependant, qu’ils naif-
fent de la Pourriture & du Pus Rien n’cftplus certain, qu’ils viennent de la
Saleté, de la Malpropreté àpanfer ces Plaïes, en ce qu’ou l’on nelave &
netoïe pas bien rUIcére nnême, ouqir’on fefert trop long-tcms des mêmes
Linges pour Appareils. Car il n’y a pas l'ndroif où la Mouche aime mieux
pondre fes çeufs=que furlesUlcères,oùleurs Petits, qui nefont que des Vers,
trouvent la meilleure Nourriture. A peine croïés • Vous qu’une Mouche fe
füit pofée delTus, qu’elle a déjà pondu fes Oeufs, & avec quelle Facfité ne
peut-e le pas les pondre fur un Valade furtout qui n’a guère dequoi fe faire
fervir & foigner ? j’ai déclaré, je ne fais combien de Fois, que je ne faurois
croire, que k Pourriture puifle produire des Créatures vivantes 5 &: forti-
fié dans cette Créance par une Infinité d’Experiences nouvelles, j’yper-
fifterai le Pvcfte de mes Jours,
Mais pour revenir à la Mouche, la Fécondité prodigieufe d’un !n-
fé<ftc fi vil à nos Yeux, mérite quelque Attention. Une Mouche fe
melle porte fouvent plus de cent Oeufs. J’ai même trouvé dans fon
Corps
de la Mouche par derrière avec le Coller. gç
Corps des Vers éclos & vivans. Le même Jour, que les Oeufs étoient
pondus, il en fortoit de petits VermilTeaux jaunes, lefquels après être
parvenus à la Longueur d’un Ongle de Doigt d’Homme, & à leur jufte
GrolTeur pour la Métamorphofe, fe cachoient enfin dans un Coin, fe
rétiroient & alloient toujours en grofifilTant, jufqu’à ce qu'ils enflent
pris leur Forme de Chryfalide. Leur Coque devient d’abord jaune,
puis rouge, & enfin rouge foncé, laquelle Couleur annonce leur pro-
chaine Sortie; ceci arrive au Bout de 15. Jours.
Suppofé donc que de 143. Oeufs éclos la Moitié foit des Femelles,
dont chacune produife encore jqo. Oeufs, 70. Mouches femelles pro-
duiront au fécond Mois 9800, Mouches; au troifiéme, de 4900. Fe-
melles 690900. & au fixièmeMois cela fera 2^53945^ 52/. Mouches. Ré-
flechiflés dont fur cette Infinité de Mouches, & conclues en à Celui qui
les a créées & le nourrit avec l’Univerfalité des Habitans des Airs, qui
échapent en Partie à la Vûe, pour ne rien dire des autres Créatures
grandes & petites.
Vous ne fauriés Vous faire d’Amufement plus agréable, dans V’’os
Diverfions phiuques, que de faire apparier une Paire de Mouches fous
Vôtre Cloche Oeconomique. Désque la Femelle aura fait fes Oeufs;
ôtés en le Père & la Mère , & tenés de la Pâture prête, pour les En-
fans qui vont éclore. La meilleure eft de la Chair fans Graifle, qui
foit un peu vieille & qui commence à fe corrompre, 11 n en faut que
de la Grofleur d’une Mollette 2. Fois par Jour le Matin & le Soir.
Désqu’ils feront trop gros, pour avoir de la Place fous le Verre Oeco-
nomique; mettes en aut'.nt que Vous voud^és en laifler vivre, fur une
Feuille de Papier & couvrés les'd’une plus grande Cloche de Verre, qui
ait une petite Ouverture par en haut. Ainfi Vous pourrés attendre
leur Métamorphofe, Les Vers devenus grands, chercheront pour fe
cacher tous les Coins, ou plutôt parcourront tout le Verre, & enfin (ê
tien*
'g.'S' TAB.XXXVH. LaTêteentièretîelaMoucliepar derrière &c.
tiendront en Repos, ne mangeront plus & Ct retireront pour devenir
Chryfalides^ Que fi Vous voulés fuivre la Nattwe Pas à Pas, Vous
pourrés ouvrir une Cîiryfalide après, l’autre. La Première le huitiènie
Jour, la Seconde k neuvième; la Troifième k dixiéme; la Quatrième
le Onzième; la Cinquième k douzième; la Sixiénae le treizième; & U
Septième k qua-torfième Jour, pour ubferver k Changement, qui «’efl
fait chaque ^our dans la Chryfaâide. Ce qui enreftera, éclora k if.
ou k i6, Alors obfervés kjs de près. Vous pouvés mettre la Cloche
de côté jufqu’à ce que les nouveaux ■Hôtes veuillent commencer à s’en-
voler, Ici s’ouvre ie Devant de la Chryfalide, Il en fort un Ver ï fix
Fiés, fans Ailes. lUéve la Tête, remue-d'ah.ord la Trompeou la Lan-
gue, .& la tire en avant Puis il lève un Piè après Tautre, .& les palTe
par .defTus la Tête & le Dos. Les Anténes fe dreffent enfuite; & enfin
l’on voit remuer au deffous du Cou, fur le Dos deux petites Veifies
enmpncelèes. Ce font les Ailes, qui reffemblent à un Mouchoir chû
fonné dans la Main. Elles vont en augmentant en Hauteur Zi -en Lar-
geur, Prends alors la Loupe, & Vous verrès tous ks FJForts que fait
la Mouche pour fe procurer l’Ufage de ces Parties , qui lui font fi né-
jcelfaires & fi précieufes. Cependant elle croifo fouvent ksPiès de der-
rière avec ceux de devant, les frotte les uns contre les autres, skn
netoïe,.& cneft aus fi affairée, qu^e l’eft un Fier à bras avec fon Epée. £q
attendant ks Ailes fe développent ; la Mouche les étend l’une après
l’autre, tantôt en derriérc,tantôteîîhaut, tantôt à Côté pour ksfécher.
à l’Air, Car tout le Corps eft mouiUé au Sortir de là Cfiryfalide. Les
Kerfs font-ils en Etat & les Ailes féches; elle hazar.de fon prémier Vol,
qui cftà peine de la Hauteur d'un Empan; ^ufqu’à ce qu'au Bout d’un
Qiwrt d’Heurc tout le Corps flotc enfin dans l’Air,
Mais Je crois qu’il eû tems de finir ma Lettre, Portés Vous
bien*
LET-
TAB. XXXVIIL Une petite Lame d’OrfîîT^ ' 87
LETTRE XVni
Voici de VOrî mars noir pas pt)ur renrplir Vos Gofres de ce Dieu de
ce Mondcy mais pour une Obfervation miGrofeopique, Cette Obfcf*
ration m’a coûté de la Peine ; & je préfume qu’elle ne Vous en coûte-
ra pas moins jufqu’à ce que Vous aïés bien remarqué les Particules de la
Confiftance de ce riche Méta^l. Le DciTein que j’ai l’honneur de Vous
envoïer , auquel je eonfacre cette Lettre & qui Vous répréfente
dans cette
TABLE XXXVIIt
Une petite Lame d’Or fin
n’a pas grande Apparence; mais il contient un Fxperiment, qui porte
tant de Garaéléres de Vraiferablence ; qu’il femble qu’on en peut tirer
une Conféquence générale pour tous les autres Métaux.
■^e me tla trois d’abord de Vous envoïer tant de belles Ghofes fur
îc Capitre des Métaux & des Recherches rakrofeopique de même que
fur l’Or, aulTi fur PArgeni, le Cuivre, le Ter, i’Etam & le Plomb; mais
je me fuis trompé dans une Partie de mes Efpérances, Car dans les
autres Métaux, je n’ai vû que ce que j’ai trouvé dans l’Or. Ils fe font
tous préfentés à ma Vue fous le Microfeope , obfcurs & oh noirs ou
bruiYSt Quel Plaiùr Vous aurois-je fait de Vous envoïér une demi-dou-
2aine de Taches noires, brunes ou pâles, gravées fur une Feuille de
Papier? j’aime donc mieux Vous en envoïer la Défcripfion que la Gra-
vure-, après avoir examiné foigneufent tous les Métaux , qui peuvent
être battus.
VOrfin^ quand on en tient une petite Lame contre le Jour, paroît
Couleur d’Aeier ou verd bluâcre, 11 confifie en petits Grains de Figu-
re ovale, lefquels redembient à de la Poudre à tirer. Comme l’Or
fin
n
TAB. XXXVIIÏ. Une petite Lame d’Or fin.
fin s’étend èc fe peut battre le plus mince; Ces Grains ie font plus di-
fiiinélement remarquer dans l’Or, que dans quelque Métal que ce foit;
quoi qu’il y faut emploïer le Nro. op qui efl: le plus hautG/olfilTement.
U/îrgefity qui ne fc bat pas fi mince, ne préfente pas non plus fes
Parties de Confiftance aulli clairement que l’Or. Cependant U eft cer-
tain, qu’on peut à la fin aufii obferver & remarquer dans l’Argent les
mêmes Grains que dans l’Or, pourvu qu’on veuille fe donner les Peines
nécefl'aires, pour les chercher.
Les Moïens de les trouver, font les fuivans : II faut d’abord, ainfi
que je l’ai infinué fe fervir 4u Nro. oo. Puis il faut l’examiner fur les
Bords, ou là où il efl le plus mince & le plus tranfparent, principale-
ment, où il a des Trous c)u de Fentes ; par ce que ces Grains fe font le
mieux connoître :yers la Périphérie. Enfuite il faut choifîr un Jour
bien clair, ou faire ,cette Obferyation à ,1a Clarté .d’tme Couple de
Bougies.
De forte qu’après bien des Obrervations reïterées de même que fur
le Cuivre, ie Plomb & l’Etain, j’ai .trouvé, expérimenté & admis cornme
une Vérité phifique, c[ue les A^etaux y du moins ceux que tes Orfèvres peu-
vent battre ^ étendre, confifient en des Particules très petites, ^feulement perce-
ptibles à l’aide du Microfeope dans fon plus haut Point', lefquelles rejjèmblent à la
Poudre à tirer, Fÿ qui tiennent extrêmement fort en femble.
Je n’ki pû examiner ni l’Acier nile Fèrr; n’aïant pii trouver le Moïen
d’avoir des .Lames de ces Métaux, qui fulTent nufii minces que des La-
mes d’Or ou d’Argent. Mais par l’Analogie, l’on en peut vraifcmbla-
blement croire, ce que j’en ai conclu & dit touchant l’Or, l’Argent, le
Cuivre & l'Etain. Les Ouvriers qui travaillent en Fèr & en Acier, ont
coutume de dire quand le Métal bon, que le iJraîn ei: eft fin. Et lorf-
qu’on examine une Particule, de Fér ou d’Acier fous le Microfeope com-
pofé ou fous le Microfeope en Forme de Compas, par le Moïen du Mi-
roir concave d’Argent, l’on peut voir, banque pas fi diflinélement que
dans
TAB.XXXÎX. Deux Bouts de Fils d'or.
^9
dans l’Or & l’Argent, qu’il eft compofé de petites Boules rondes. Mais
il faut pour cela tâcher d’avoir du Fér bien fondu & bien pur, ou en-
core mieux du Fèr battu, qui n’aît aucune Particule terreftre;
autrement l’on peut prendre le Change & regarder des Particules de
Terre, ou des Grains de Sable, pour des Grains de Fèr. Car tout le
Monde fait, que le Fèr porte Quantité de Particules de Terre & de
Soûifrc, ce qui fe vérifie par ces Etincelles qui en tombent comme des
Ecailles, lorfqu’on bat le Fèr tandis qu’il eft rouge. La petite Lame d’Or
que j’examine dans cette Table 38. eft marquée de Grandeur naturel-
le a) &groflkb). Les Taches blanches îoM. ks Trous qu'on a fait en bat-
tant; pour les Veines noir-bluâtres , je les tiens pour les Plis & ks Ri-
des, lefquelles dans k Travail fe font pliflées & poféesies unes fus les
autres. Les Parties de Confiftance ou ks Globules de l’Or qui corapo-
fent ce précieux Métal, de même que l’Argent, ie Cuivre &c. fe voient
non feulement tout à l’Entour & au Bord des Trous; mais encore Vous
tfouverés dans c) une Particule, qui eft toute compofée de ces Grains.
Enfin je pris aufli en Main un Bout de Fil d’Or, que je coupai en
deux Parties égales, & j« l’examinai par Nro^ 3. oiais les Fils de Soïe
par Nro, L Je Vous donne fur cette
TABLE XXXrX.!
Deux Bouts de Fil d’Or
de la Façon que j’en ai trouvé dans le Microfeope ks particules, dont
^) préfente la Grandeur naturelle^ Obfervation quife faitkplus fûre-
ment fous k Microfeope compofé, en y affermifTant k Miroir d’Argent^
qui éclaire par le haut.
D’abord je m’apperçus que k Bout de Soie b) autrement fi fin , fe
préfentoit comme une Ficelle ou une Corde tordue, environnée d’une
Lame d'Or c) & qu’il étoit compofé de Quantité d’autres Fils d). Mais
lll. Tom, M ces
5)0
TAB. XXXIX. Deux Bouts de Fil d’Or.
CCS Fils d) ne font que les Filets fimples, que file le Ver à Soïe, & qui
tordus enfemble par les Mains des Fileufes, deviennent ce que nous ap-
pelions Fil de Soïe, La Lame d’Or dont cette Echevette eft entourée,
& qui relTemblc à une jPlaque d’Or battu, n’eft point d’Or pur ;
mais feulement d’ Argent couvert d’Or, comme Vous fave's. Mais il
n’entre point dans cet Ouvrage de i’Or battu aufii fin, que celui de la
Lame, que j’ai répréfentee Table 38. Car le Batteur d’Or n’a Befoin
que de faire 4. Lames d’un Ducat, pour d’orer l’Argent, & 14. d’une
demi-Once d’Argent, pour argenter le Cuivre, au Lieu qu’autrerr.ent
on en bat plus de trois cens d’un Ducat. De cet Or l’on garnit par
un Secret particulier une Barre d’Argent de l’Epailfeur de plus d un Pou-
ce* Et bien que dans la Suite l’on en fade un Fil aufli mince qu’un
Cheveu, à Force de le tirer par divers Trous l’un toujours plus étroit
que l’autre 3 i’Or demeure toujours fur le Fil, comme l’Argent fur le
Cuivre.
Qi^e s’il s’agit de dorer ou d’argenter du Cuivre, cela s’appelle
faire de l'Ouvrage de L^o«: félonies Apparences, pareeque cet Art a été
inventé à Lyon & porté à Nuremberg par quelque Réfugié, Si c’efi
du Cuivre, qu’il faille dorer, il en faut argenter la Barre &puis mettre
rOr fur r.Argenture, avant que de le livrer aux Tireurs d’Or & d’Ar-
gent à la Lyonnoife.
Je remarque tout ceci pour Vous faire voir jufqu’oti Peut aller
i’Eîafticité &.Ia SouplelTe de l’Or. Car il fe peut étendre, jufqu’àpou-
voir battre d’un Ducat plus de 300. Lames, que l’on peut tirer plu-
fieurs Centaines d’Aunes, de Sorte qu’on en peut garnir & dorer une
Surface de 15* Pics de Long ou un Quarré de cinq Piés.
Mais, Mon Cher,, pour Vous donner encore ici quelque
Chofe du Regnedes Plantes & de» Végétaux, je Vous préfente fur la
TA-
TAB XL. Un Morceau de Sapin blanc coupé perpendiculairement. 9 1
TABLE XL.
Un Morceau de Sapin bl me coupé perpendiculairement.
Mais avant que de Vous communiquer cette Obfcrvation, il faut
que je Vous dife, ce qui m’eft arrivé à fon Occafion. Il y a environ
trois Ans, que l’on m’envoïa ce Coupe^ubien enfermé dans deux Plateaux
de Verre, & qu’on me dit que c’étoit du 7remble de Hongrie. A peine
eus-je jetté les Yeux fur cet Objet, que je me misa douter, & que je
le montrai dans la Suite à un Ami quim’avoit procuré bien des Sortes de
Lapis fpecalarU^ de Selenites & d’autres Fociles àFilamens; mais comme
aucun ne reflembloit à moirObjct, je le delîinai à la Vérité, mais puis
je le lailTai là.
Il y a quelques Semaines qu’étant obligé de feuilleter les Oeuvres
incomparables de Malpichius, j’apperçus à cette Occalion & par Hazard
dans fon Anatomie des Plantes fur la VI. Eflampe, la Figure 25. qui avoir
beaucoup de Rapport avec mon DeiTein de ci-defius. Je Je cherchai
fur le Champ & vis que la Gravure de Malpichius lui relTembloit beaffl-
coup. Et comme en continuant de lire , je vis qu’il parloit du Bois de
Sapin; je me rappellai avoir vû quelque Chofe de tel dans Leuwen-
hoeck, tiuoique de toute une autre Façon, Je confultai auffi cct Au-
teur; mais fy trouvai un Deffein tout dilTembiable, & qui n'y avait pas
le moindre Rapport,
Que faire? 11 ne me refloit naturellement d’autre RelTource , que
de mettre moi-même la Main à rOeuvre, Je découpai bien vingt à
Trente Coupeaux, avant que d’en avoir un alTés mince, pour en faire
l’Ufage que je fouhaitois, Malpichius avoit vû & dclHné jufte, & il
faut qu’il fe foit fervir de Nro, o. à moins qu’il n’aît trop grolfi fon
Delfein.
Mais pourquoi eR ce que Leuwenhoeck a vu autrement ? Ne le
condamnés pas encore. J’ai trouvé Moïen de le juftifier. il avoit del^
M 2 fine
pi TAB. XL. Un Morceau de Sapin blanc coupe perpendiculairement.
fine un Coupeau pris de travèrs ou horizontalement^ mais Malpichius
avoir pris & delTiné le Sien en Ligne perpendiculaire.
Mais pour venir à la Défcription de cette quatrième Table;
a) marque la Grandeur naturelle du Coupeau;
b) fon GroflilTement par Nro. 4. du Verre anglois. L’on y voit divers
f'aijjeâux^ c’eft à dire
c) ceux qui palTant horizontalement, entrelacent les perpendiculai-
res, appelle's Utriculiy par Malpighius, & remplis de Globules de
Seve ;
d) les Perpendiculaires, qui font de deux Sortes, favoir les Trachées
& les Fiftules ou Tuïaux à Sève, qu’j on prétend être les véritables
Parties du Bois. Les Trachées font en dedans des Globules, qui
refîemblent à des Ampoules d’Air, que Malpighius nomme Tumeurs;
mais les Fiftules font au deffus & au delTous des Trachées, Pour
rendre cela plus fenfible, j’ai defîîné un ou deux de ces VailTeaux
par Nro, 00,
h) font les Trachées avec leurs VailTeaux en Ampoules i)
k) font les Fifiules ou Tuïaux à Sève ou de Bois, qui prelTent par def-
fus & delTous les Trachées, & forment les Angles m);
l) eft une de ces Trachées fans Ampoule ^ pour Vous bien mettre de-
vant les Yeux combien elle eft mince & tranfparente. Malpighius
en dit : Hat argenteis lamînulis contextae a lateribus fubrotundos emittunt
tumores^ Je fuis ravi que ce Savant ait lui- même fait Mention de
cet Eclat argentin, que j’ai remarqué dans ce Bois avec tant de
Surprife,
ai) dénote les Angles^ que Malpighius a auftî remarqués au Jufte, &
qui font formés par les Fiftules k). Pour
St) ce font les grandes Ouvertures, qu’on voit ça & là dans les Tra-
chées & qui peuvent bien être des Pores;
o) font
Réponfe ’à qûelques Objections. 5^
o) font une Couple de raijjèaux, Tuïaux, ou ütricules qui palfent Orf-
zontalement*, qu’on a marqués c) dans la Figure b; & qui con-
tiennent une Infinité de Globules;
p) cfl: une Figure, que j’ai ajoutée, pour Vous faire comprendre
comme je m’y prends pour avoir un Coupeau en Ligne perpendiculaire^
Gar je ne le coupe pas de la Surface rabbotteufe d’une Bûche; mais
je le prends dé Tes Angles le plus aigus, après en avoir coupe
une Pièce groflière, laquelle je rejette, pour en avoir enfuite une
plus fine. Le préfent Morceau de Bois étoit traverfé par le Milieu,
d’unTuîau à Moille, que je fortis Sc duquel, aufli bien que du
Sillon où il étoit renfermé, qui était très uni & d’une Peau très
tendre, je tirai les Morceaux les plus fins , des Endroits marques
ici par des Etoiles. Malpighius tient ce Bois pour le plus difficile
à obfcrver. Pag. 27. Loc. cit, Oè fuarum particularum exiguitatem ^
luciditatem Ahietis ^ Cuprejfus ligntm difflciüimae eft indagms Ç^c. Au
prémier Jour Vous aurés un Morceau de ce Bois coupé en Tra-
vers, * lequel Vous accommodera peut être mieux. Je fuis &c,
LETTRE XIX.
qui eft une Re'ponfe à quelques Objedionr.
Je Vous fuis infiniment obligé, de m’avoir communiqué dans Vôtre
dernière les Objeélions qu’a fait Vôtre Ami fur mesPenfées fugitives de
l’Immortalité de l’Ame, lefquelles cependant n’entrent' que caufuelle-
mens dans mon Sujet.
Je m’en vai l’expedier en peu de Mots, fans m’engager à répondre
à l’Avenir à de pareilles Objeélions.
La Prémiére qui eft, qu’on ne peut point prendre de^ la Alétamorpbofe
des InfeBes pour une Preuve de la RelureUion; pareeque la benille ne meurt point
fendant ce Changement, cû auffiufée quefuperflue. Swammerdamenadit au-
M 5 tant
• Voies Tab. XLIII.
^4 Réponfe
tant dans fa Bible de la Nature; & je n’ai pas pre'tendu Vous obliger
à recevoir cette Opinion comme une Preuve fans Réplique. Autant que
ceia eR vrai, autant l’eft-il que cette Métamorphofe admirable fert de
Preuve de i’infuüifance de nôtre Entendement, quand il s’agit d’expli.
quer, comment il arrive, qu’il y ait déjà dans la Chenille les Parties,
qui doivent entrer dans la Formation future du Papillon ; com-
ment ces Parties ne naiflent fous la Peau de la Chenille, que lorfqu’
elle eft mûre pour la Métamorphofe; & de quelle façon la nouvelle
Créature fe forme ou le développe dans la Chryfalide.
Mais ce n’eû: pas dans la Nature le feul Objet, qq^^^oppofe à nos
ConnoifTancc fon non plus ultra, 11 y en a Quantité d'autres, qui m’ont
fait conclure , quj diant .tant de Cèofes natuuües y qui demeurent cachées à
rEfprit ^ à la Raifan^ ^ que ni l’un mtautre ne fauroit comprendre^ iifalloit
qu’il leur fut encore bien plus obfcar ^ p’us di^cüe de pénétrer k Miftère ou mê-
me la Pojrihiliti de la RefarreBim ou de t Immortalité,
Auffi peu donc, que celui-là raifonne jufte, qui nie le Mouvement
delà Terre; par ce qu’il ne peut ni le voir ni le fentir; auffi foiblement
& avec moins de lufteffie agiffient, félon moi, ceux qui nient abfoiument
l’Immortalité de fAme humaiae ou fa future Recomparution, faute de
la pouvoir comprendre.
’Pitoïable .Raifonnement! Telle & telle Ch ofe eR tellement audeffiis
de nu Poïfée, que je n’y comprends rien; donc elle n’c fl ni vraie ni
poffible.*
La Sageffe éternelle ne peut elle pas s^étre refervé des Voies & des
Moïens, qui doivent nous demeurer inconnus ? Ou le Créateur cfl-il
obligé & tenu de nous communiquer fa Toute. SageiTe ? Sommes-nous
les plus parfaits Ouvrages de fes Mains ? & ne favons-nous pas
par la Dodrine des Efprits, qu’il a créé des Etres de beaucoup plus
purs, qui défirent pouvoir jetter un feul Coup d’Geîl dans le Miflère de
rEternité?
Cet
à quelques. Objeftïons. ■ 95*
C’eft un grand Orgueil à une Intelligence G bornée, que de vouloir
s’ériger en MiniAre intime dans le Confcil du Créateur, au Lieu de lui
rendre les plus humbles Hommages des ConnoilTances, qu’il a bien vou-
lu lui départir & qu’il lui a deftinées, de toute Eternité, fuivantfes fages
Vues.
Cependant Swammerdara ne regarde pas cette Métamorphore na-
turelle aulîi légèrement, que fe le figure Vôtre Ami. Vous n’avés qu’à
lire fes propres Termes à la Fin de §» Vi. pag. 9. où il s’exprime ainfi
loc* cit,
„ Cependant cela fe fait d’une Manière fi admirable , que Fon
„ feroit tenté de croire, qu’un nouvel Animal feroit né & provenu
■ „ de l’Ancien.
Et Page azS. A va encore plus loin :
„ Que fi l’on veut appliquer cette admirable Vifeiffitude de Di-
„ fette & d’Abbndance; d’une Vie baffe àune gloricufe; d’unepéni-
„ ble à une heureufe, à la Mort & à la Relureélion de l’Homme;
„ cette Hifioire, outre qu’elle eft merveilleufe , pourra s’appliquer
,, très utilement à glorifier Je Créateur.
,, Ici l’on verra une Créature mifèrable perdre fucceffivement tout
,, le Mouvement de fes Membres, & pour ainfi dire, s’approcher de
„ la Mort & du Sépulcre; & dans cet Etat tous fes Membres par-
„ venir à une bien plus grande Perfeélion, & reffulfiter beaucoup
plus beaux d’entre les Morts,
Q^’eft ce à dire? Ne font ce pas les mêmes Penfées que je Vous
ai communiquées?
Je ne fuis pas fi neuf dans l’Hifloirc des Infeéles, que je ne fâche
où il faut chercher même dans la Chenille, les Parties du Papillon. Je
veux même fuppofer, que la Chenille depuis le prémier Inüant de fa
Métamorphofe, jufqu’à la Naiffance du Papillon, a confervé fa Vie ; ce
que jufqu’ici Perfonne n’a pû formellement foutenir ni nier, fondé en
Expe-
^6
RépOîîfe
Expérience. Q.u^en Revanche, l’on me rende la Juflice de convenir,
,qu’il fe préfente bien des Merverlles à eonfidérer dans cette Métaraor-
phofc. Car quand même certaines Parties du Papillon telles, que les
Pies, quelque Chofè de la Tête & la Poitrine font déjà dans la Chenil-
le; les nouveaux Yeux, les Antènes, la Trompe, les 4. Ailes, le Plu-
mage magnifique & fi varié des Aîles & de tout le Corps du Papillon,
même le Changement arrivé aux Piés , comme aulfi l’Ovaire & les Par-
ties génitales ne lailTeront pas d’être des Membres nouveaux & propres
au Papillon, De plus, les Parties folides de la Chenille fe fondent Si
deviennent dans la Chryfalide une Efpèce de Lait, moitié épais, moitié
fluide, ou plutôt une Efpécc de P^te comme de la Gélée, qu’on peut ap-
percevoir par la fimpleVûe, en ouvrant feulement la Chryfalide autrpi-
fième, quatrième ou cinquième Jour. Cette Liqueur fc rechange peu
à peu, dans les nouvelles Parties folides, que nous venons de nommer>
& même fuivant les Obfervations les plus modernes de Mr. Lyonnet,
les Parties internes du Papillon, i’Eftomac & les Boïaux, prennent une
nouvelle Forme, En un Mot le Papillon , furtout le Papillon de Nuit,
n’a aucune Partie qui tienne de la Chenille, & il ferable plutôt, quec’eft
une Créature toute nouvelle, qui fort de la Chryfalide.
Un bon Efprit, pour roitd^l^trou ver à redire, que je tire de tout
cela des Idées agréables touchant mon Etat avenir? Fut-ce même une
Erreur, elle me fait autant de Plaifir, qu’en faifoit à ce RomaînPImage
qu’il fe formoit de fon Immortalité. Mais je finis & Vous promets,
auflî-tôt qu’il fe pourra, de renouveller une Obfervation, que j’ai faite
il y a trois Ans d’après Swammerdam, & de Vous envoïer une Chenille
& une Chryfalide ainfi ouvertes, pour Vous.faire voir clairement fous la
Peau de la Prémière déjà des Traces des Aîles, des Antènes, & de là
Fourchette, & fous la Coque de la Nymphe ou de la Chryfalide les autres
Parties, les Antènes, la Trompe, les Piés nouveaux, les Aîles &c. Vous
eûtes deraîèrement de moi, une Chenille d’Efule ; mais il me fut im-
pofiible
à quelques Objeûîons. ^7
poflîble de voir & de deflîner parfaitement toutes ces Parties par de-
hors, fur fa Peau qui efl aifés dure. Mais à la première Occafion Vous
Paurés d’une Façon plus eomplette^
J’efpêre donc avoir alTés réfuté cette première Objeèlioru
La fécondé fera encore plus facile à mettre dans toute fa Nonva»
leur. Celui qui a voulu me charger de cette Aceufation, n’a qu^à re-
lire mes Paroles; qu’il a fans doute oraifes par Prévention, & il fera
clairement convaincu, que j’ai accordé à la Railbn tous les Avantages
qu'elle a fur la Foi du Cbarbomier, & que j’ai trouvé celui-là hûreux, qui
éprouve toutes Chofes , .& retient ce qui eft bon. Je fais fort bien.
Dieu merci, les grandes Obligations, qu’ont & l’Antiquité & les Ages
modernes à ces Grands Hommes, que Seneque appelle! P'iri alti [pmius*
Gens d’un Efprit foblime & éclairé^
L’Antiquité peut fe vanter d’avoir eu de Grands Hommes, des Ar-
chimedes, des Archites, des Euclides, des Plincs & bien d’autres^ nous
avons auflinos Bacons, Décartes, Ncutons, Leibniz, Wolf, & incom-
parablement plus qu’elle, dont les Découvertes font trop importantes,
pour n’être pas révérées comme des Emanations de Grands Efprits,
des Enfans de l'Entendement & des Produéiions de la Raifon.
Nous parcourons à l’Aide de l’Entendement & des lnfi:ru«^ions dé
ces Hommes célébrés, les Abimes inépuilàbles de l’elFraïante Mér avec
autant de Sûreté & d’intrepidité , que nous parcourons lia Terre fer-
me. Nous méfurons les Cieux & les Mërs; cous comptons les Etoiles
& nous fondons les Fondemens les plus profonds de la Terre, Par la
Force de nôtre Entendement & les Facultés de nôtre Raifon, nous fa-
vons fixer, décrire &enfeigner aux autres la Nature de l’Air, des Vents,
du Feu, de tous les Elemens & Météores, avec cent autres Arts &
Sciences. L’on nous prédit plus d’un Siècle d’avance les Changemens,
qui fe feront au Firmament, le Retour de certaines Comètes, & les
III. Tom^ N EcH-
58
Reponfe
Edipres de Soleil & de Lune qui arriveront; & ces Prédirions pref-
que magiques rencontrent à Point nommé, Y a t-il bien encore une
Herbe, une Plante, une Fleur, un ArbrilTeau ou un Arbre, un Aninial
ou un Infede, qui foit à l’Abri des Recherches , des Découvèrtes &
de la Diffedion du Naturalise zélé? L’Entendement peu fatisfait de
ce que fa fimple Vûe lui préfentoit, s’eft fait des Yeux plus perçans
par le Moïen du Microfeope & a découvert des Mondes nouveaux,
Qcielie Félicité, que ces Dons céleSes, la Raifon & l’Entendement! Ce
font comme des Emanations de la Sageife éternelle, qui nous diSin-
guent eiTenciellemcnt d’avec les Créatures dépourvues de Raifon. Et
qui eS ce qui en voudroit douter ?
Toutefois quelque grands que foient ces Dons, ils ont leurs Bor-
nes & leur Auteur incomprehenfibie, ne leur a accordé qu’une certaine
Méfure de Grandeur. L’Tîomme eS encore à naître, qui ait une Con-
noilïance univerfelle des Chofes naturelles, & la Plupart a enfin été ob-
ligé d’avouer, qu’ils en laifToient après eux une Infinité qu’ils n’avoient
pû concevoir.
L’on n’a qu’à voir le Régitre des Arts & des Sciences, qui fe font
perdues, & qui d’abord avoient été, dumoins en Partie, trouvées par
un hûreux Hazard; & l’on avouera, qu’il-y a de la Honte, à ne pou-
voir pas même nous remettre dans rEfprit ou dans la Mémoire ce qtf
on a perdu ou oublié.
Et combien y a-t-il encore de Chofes dans le fieul Régné de la Na-
ture, qui font ou encore cachées ou impénétrables?
Je ne veux pas meme faire Mention des ConîradiiTrions, dans lef-
quelles tombent ces prétendus Grands Efprics les uns envers les autres;
rien n’étant plus connu, qu’il y, a tant de Siftèmes qui, s’ils font approu-
vés de Cent, font contredits, de Mille.
Pour
93
à quelques Obje8:ions.
Pour n’en donner qu’un feul Exemple: Le '^îftèmede la Nature du
grand Linnaeus ^ le Pline de nôtre Siècle, effc entre les Main de la plu-
part, fi non de tous les bons Naturaliftes, & fort au delTus de tous nos
Eloges. 11 ne lailTe pas pourtant d’y avoir des Savans, & furtoiit en
France, qui ne font pas contens de tel ou tel Ordre de fes ClalTcs.
Principalement, ils ne peuvent digérer, qu’il mette à la Tête des Bê-
tes & des Brutes, l'Homme, cet Homme ü fage, û prudent, fi raifon-
nable, fi puilTant, & qu’il ne veuille regarder ni fes Mains, ni fa Parole
encore moins fon Entendement, comme des Marques qui l’en diftin-
guent. L’Auteur des Penfées fur f Interprétation de la Nature, après avoir
bien déclamé contre les Mèthodifles & les Faifeurs de Siftème, s’expri-
me ainfi pag
§. 48.
Aufii tôt qu’un methodifte a mis dans Ibn Syfteme l’homme à
la tête des quatrupedes, ii ne l’apperçoit plus dans la Nature, que
comme un animal a quatre piedts. C’eft-envain , que la raifon
lublime, dont il eft doué, fe recrie contre la dénomination d'animal,
& que fon organifation contredit celle de quatrupeds, c’efi; envain,
que la Nature a tourné fes regardts vers le Ciel; la prévention ly-
ftematique lui courbe le corps vers la terre, La raifon n’efi, fui-
vant elle, qu’un infiinél plus parfait; elle croit ferieufement, que
ce n’effc que par defaut d’habitude, que l’homme perd l’ufage de
fes jambes, quand il f’ avife de trans-former fes mains en deux
piedts.
§- 49*
Mais c’efl une chofe trop finguliere, que la dialeélique de quel-
ques methodiftes, pour n’en pas donner un echantillcMi. L’homme
dit Linnæus, ÇFauna Suecia,pref:') n’efl; ni une pierre, ni une plante;
c’efi donc un animal. Il n’a pas un feul pied, ce n’efi donc pas
N 2
un
JO©
Reponfe
un ver. Ce n’efl pas un rnfeéte, puis qu'il n’a point d’antennes*
11 n’a point de nag.coireSj’ce n’efl: donc pas un poilTon. Ce n’eft pas
un oifeau , puirqu^^il n’a point de plumes. Qu^cft-cc donc que
l’homme? il a la bouche du quatrupede ; il a quatre pieds j les
deux de devant lui fervent a l’attouGhement, les deux de derriè-
re au marcher. C’eftdoncun quadrupède. Ileftvrai, continue le me-
îhoifle, qu’en confequençe demes principes d’Hifloire natuielle,je n’
ai jamais feu diflinguer l’homme du finge; car il’y a certains finges,
qui ont moins de poils que certains hommes; ces finges marchent
fur deux pieds, & ils fe fervent de leurs pieds & de leurs mains,
comme les hommes. D’ailleurs la parole point pour moi un cara^
&ére di^inüifl je n’admets félon ma méthode, que des caraéleresj qui
dépendent du nombre, de la figure, de la proportion, & delà fi-
tuation. Donc votre méthode cfi: mauvaife, dit la Logique. Donc
l’homme efl un animal a quatre pieds, dit le naturalise &:c.
Que diront donc nos Grands Efprits, de ne trouver pas qu’on falTc
même Mention ici de la Raifon, comme d’un .Caractère efienciellemcnt
diftinétif de l’Homme?
Mais avant que de finir cette Apologie, Je Vous prie, mon Cher,
de Vous rappeller à cette Occafion ces Hommes illufires, dont les Mé-
thodes, Sîftëmes. Doctrine & Ecrits ont fi mal répondu à leur Genre
de Vie, qui en étoit tout le Contrepié; ainfi p. c. que l’on fait d’Hob-
bes, qui nioit tout, & qui cependant étoit aufiî peureux qu’un Enfant.
Tout de même Tucho de Brahé fe moquok de ceux qui avoient peur
des Eclipfesfolaires; mais qui,lorsque Te Matin il rencontroitune Vieille
Femme, la prénoit pour un mauvais Préfage & s’en retournoit tout de
fuite chés lui.
L’on Tait que Dèmofiène sUi àla Vérité en Bataille, pour raflTurer par
Ion Eloquence le Soldat contre la Fraïeur de la Mort; mais qu’avec toute
fa
101
à quelques Obje£lîons.
fa Phnofophre, il fut le premier à prendre la Fuite, & qu’il prioftpour
f Amour des Dieux un vieux BuïlTon ou un Tronc d’Arbre, auquel il
s'étoit accroché par fa longue Robe de lui faire Quartier.
Blondel ce célébré Médecin Francis, n’avôit pas Honte de foutenirj
que le Quinquina étoit rédevablc de fa Vertu à un Paélc que les Améri-
quains av oient fait avec le Diable, Quel Sentiment pour un Médecin
autrement bon naturalise 1 à ce qu’en juge très fenfemcnt l’Auteur du
Pyrronisme raifonnabte.
Il en va de même avec le SiSème de nos prétendus Efprits forts;
Dans quelle triftc Pofture ne paroilTcnt-ils pas à l’Afpeélde quelque fu-
nefte Accident, de quelque Maladie, dans l’Infortune, dans les Orages,
& furtout à TApproche de la Mort? Quelle foiblelTe d’Efprit ne font-
ils pas paroître l Si donc la Raifon ou l’Entendement porte des Fruits fî
différeiis, & qu'elle foit obligée de voi^ encore tant de Chofes qui lui
font incompréhenfibles V Qir’il me foit permis de dire encore une Fois
& de croire, que ce n’eft pas à Elle à rejetter ou à tenir pour impolfi-
bles des Miftères, dont elle ne fauroit fonder les Profondeurs. Bien
moins lui convient il de nier l’Immortalité, parcequ’elle ne la peut com-
prendre. En voilà alTés pour me juflifier touchant la fécondé Obje-
élion. Je Vous prie de pardonner la Prolixité de ma Lettre & de lire
le Pbtlofopbe Chrétien de Mr. le Profefleur Formai, furtout le Chap. iVy
de la deuxième Partie, de l’Extravagance de l’Incrédulité,
LETTRE XX.
P
A our le Coup Vous n’aorés plus de DelTeins d’Inflrirmens microfeopi-
ques. Tout ce qui m’en refte ne font que des Variations dont je ne
veux pas Vous ennuïer. Vous eonnoilTés le Compofé par d autres Gra-
vures. il eft Teins que, pour renir Parole, je Vous envoie les autres
Parties dtls. /Idoucbe^quifc tient dans lesCbambres. Vous trouverés donc ici
N J TA-
Î02 TAB« XLï. Le Bas du Corps delaMoucheconfideréparleDos.
TABLE XLL
Le bas da Corps de la Mouche, confidéré par le Dos.
Je ne l’ai deffiné que d’après un foible GroflîfTement par Nro^ 7.
parceque l’Efpace du Papier ne comportoit pas une plus grande Répré-
fentation* a) Marque encore un peu de la ioitrine^ par deiTous laquel-
le tiennent les fix Pies.
D’abord au deflbus l’on voit aux deux Côtés les Pellicules tendues,
^ui caufent le Bourdonnement b). Par Nro. 00. l’on reconnoît, qu’elles
font compofées de Quantité de Particules rondes, comme des Grains de
Poulïière, & qu’elles ont tout à l’entour une Efpéce de Bordure. Elles
font de Couleur blanc-jaunâtre & reflemblent au Parchemin ; maistoû-
jours tendues & un peu repliées vers le Ventre.
c) Sont les deux Ailes, qui tiennent à la Poitrine d) & que j’ai
plus exaèlement deflinées dans la Tab. LUI. de la fécondé Partie de
ces Amufemens.
e) dénote enfin le bas du Corps ^ pris de haut en bas, avec fon Poil
& fes Taches brunes. Sa Couleur n’efi; ni brune ni grife, mais chan-
geante entre le Verd d’Acier & la Couleur de Souris. Il ell: depuis le
haut jufqu’au bas garni de Poil crochu & pointu ou de Plumes; aïant
Quantité de Jointures ouDivifions, fur chacune defquelles une Paire
de Taches brunes, en tout huit.
La Fi pure & les Couleurs de ces Créatures difiFèrent autant que
leurs Claffes. Sivammerdam a ramafie Quatorze ; Hufnagel Vingt-cinq
communes & Trente rares; & Gaedart Quarante huit Efpèces de Mou-
ches, fans les Petites, qui font aux Saules, aux Orties, aux Feuil-
les de Chêne, de Fulain, & celles qui font leurs Nids de Flo-
cons de Cotton, & qui ne font guere plus grolfes qu’un Grain de
Millet
TAB. XLII. Toute la Mouche duCôté de laPoitrine & du Ventre, j»'}
Millet De même que la Tipula, les Moucherons de Terre, ou la Gref-
fe Mouche, comme audî les Mouches, qui piquent les Chevaux, cel,
les qui piquent les Vaches , ont chacunes leurs Efpëces différentes.
Enfin Voici encore
TABLE XLII.
Toute la Mouche du Côté de la Poitrine & du Ventre.
J’ai dernièrement décrit la 7éte a) & je Vous y renvoie; mais le
Bout du Dos b) fait ici la Poitrine brun-obfcure, couverte d’une Peau
dure comme Corne & velue; c’eft là que tiennent les 6 Fiés c) & aux
deux Côtés près du Dos, les deux Ailes d). Audeffous de la Poitrine,
là ou le Ventre commence , l’on voit les Pellicules du Bourdonnement e) &
enfin vient le Bas du Corps f) avec fes quatre Divifions, lefquelles font
à peine connoiflTables à caufe que le Ventre cfl fi plein d’Oeufs. Cha-
cun des Pies a 7. Jointures à compter depuis la Cuiffe g). Que fi j’y
ajoute V Emboitement qui fort de la Poitrine, & dans lequel joue la Partie
la plus groffe ou la i aijje 2) comme dans une Noix, il y a huit Join-
tures, chacune garnie d’un Poil roide & crochu. Au Bout de la feptiè-
me Jointure, font deux Ongles recourbés en dedans, entre Icfquels ell
une Paire de Balles en Forme d’ Ampoules h),. Il y en a qui croient, que la
Mouche peut faire fortir des Pores de ces Balles, une certaine Liqueur
gluante, qui lui fert à fe tenir ferme dans lesT^as les plus gliffans, com-
. me
* Tai vu moi-même un de ces petits Nids, il y a deux Ans, dont la Beauté ne fe
peut dépeindre. 11 pefoit à peine 4. Grains avec les Mouches. Il était Mans
comme Neige &£ de la GrofTcur d’un Les Mouche qui y etoient, font à
Peine comme un Grain de Millet, mais leur Couleur eft un fuperbé Mélange,
de Verd, de Bleu, de Rofe & d Email dose Je Vous donnerai peut etre quel-
que Idée de cette Beauté de la Nature,, dans une Pièce feparée»
TAB XLIl. Toute U'IfÆouc'he du Côté
î©4
me aux Vitres & aux Miroirs» L’on peut à l’Aide du Nro, oo* voir les
Pares de ces Balles, quoi qu’extrémement fins.
J’ai eneoxe uu Mot à dire des trois Points noir-Luifans, que Swam-
merdam & tant d’autres ont pris pour des Yeux poftiches.
Je laiffe volontiers à chacun la Liberté de fes Sentimens & je ne
fuis point vétilleux fur des Minucics ; mais je me referve auiîi celle de
dire le Mien. Le voici: Je ne faurois prendre ces Points noirs^ luifans
& relevés pour des Yeux j car je ne faiirois en concevoir ni laDeflina-
îion ni TUfage.
ïîs font placés entre & tout contre les deux Yeux ttien au Milieu-
La Mouche peut parfaitement voir en tous Sens par fes deux grands
Yeux, en Vertu de la Quantité de Facettes dont ils font pourvus.
Outre cela ces Points ne reifemblent à rien moins qu’à des Yeux-
Car en examinant plus d’une Mouche & en fè fervant à propos du Mi-
crofepe , l’on verra très clairement , que dans pkifieurs Mouches
l’on apperçoit diftinél-ement nn Poil d’un noir iuilant au Milieu
■de ce Point ou de cette Eminence, Cela peut donc n’êîre que trois
Jubercuiî Qu Hauteurs nok-luifant, uniquement deilinées à la Parure ou
â quelque autre üfage ; ce que j’aime mieux préfumer, que de croire
que la Nature ait mis à Piaifîr des Parties .fi précieufes fur la Tête de
la Mouche-
Je Vous dirai pour Concîufion de rExpHcation de cette Table 42,
que j’ai pris pour cela la plus petite Mouche de Chambre que j’ai pu
avoir, & que je l’ai obfervée defiinèe d’après un très foible Grofi
filfement,
j) en réprefente la GrofTeur natureîk 8t k) en eft la Ghryfalide j le
V-cr, qui fort de l’Oeuf de Mouche m), fè transforme en Chryfalidc
& fort enfin de fa Coque devenant la Mouche
de la Poitrine & da Ventre.
ÏCJ
SiS'.vammerdania bicnou mal jugé, en avançant quelaMouche parg:!;
deux Fois en Chryfalide; la première dans l’Oeuf pondu par la Mouche
femelle, & d’où elle fort comme un Ver, & la Seconde dans la Chryfa-
lide où la Mouche fe renferme? c’eftee que j’abandonne à Vôtre Di-
feernement. 11 me femble pourtant, qu’il -y a une grande Différince à
faire entre l’Oeuf & la Chryfalide^ fur quoi je m’expliquerai plus en
De'tail dans une autre Occaûon.
Je finis en Vous faifant Part d’un Billet que m’a écrit Mr. mon
Entreprenneur^ & qui cû fans doute digne d’Attention, Le voici en
propres Termes.
Monfisur^
Samedi palTé après avoir ddfiné la Mouche entière , & l’avoir
„ raife en Taille douce, j’examinai aufli par le Microfeope le Delfein
que Vous aviés bien voulu m’envoïer. Comme je m’amufe très
agréablement à confidérer d’après Nature les DelTeins & les Ob-
fervations que je reçois de Vous^ je me fuis aufil occupé de la
3, Mouche, Infeéle, dont je ne manque pas dans ma Chambre, J’en-
,, trepris donc fur elle unejcrueile DilTeclion*, mais fes Douleurs me
firent un fenfiblc PlaiSr ; car je vis non feulement ce qu’on nomme
„ le Martelèt du Bourdonnement; mais j’en découvris encore un
,5 Effet particulier, qui avoit été caché jufqu’ici. Le Leéleur trou-
„ roit-il fuperfilu , que je tâche de le ménager ici fur Vôtre Table
„ XLIl? je ne faurois le croire, furtout puifque l’Efpace de l’Eflara-
„ le permet, ainfi que Vous voies, fans gêner Vôtre DefTein le moins
,, du Monde. Nuremberg ce 29. Août 1763.
Cette Obfervâtion confille en une très petite Figure, à peine
,, perceptible à la fimple VCie; fifon ne nous marque prémièrement là
,, où elle efl:. Car il n’y a pas Cheveu aufil fin, que le font ces Par-
„ lies, au Bout defqudles il y a de petites Veiîies un peu plus grof-
JJ/. 7bîK« O fes
io6
TAB. XLII« Toute la Mouche du Côté
„ fes. Toute la Figure eft d’une feule Pièce & n’eft pas plus longue,
,, que de la Largeur d’un Dos de Couteau alTés raince, La Mouche
„ ne peut ni alonger ni raccourcir ces Particules. Aufli fe trouvent-
,, elles dans toutes les Mouches à deux Ailes ; & elles font attâcr ces
,, au Collier b) au Deflbus des Pellicules du Bourdonnement, ainfi
,, que je l’ai marqué fur cette Table XLII. Fig, A. La Couleur en
,, eil plus foncée que n’efl celle de là Pellicule. Que fi elles font
,» arrachées de la Mouche avec des Pincettes bien fubtiles, (^oi F/g.
„ 5?;) ou h') du Commencement de la Tab, 1.) & remifes fous le même Mi-
,, crofeope elles paroïtront à la Vue beaucoup plus foncées dans le
,, même Groflilfement , & l’on y verra du Poilj bien que je n’en ai
„ pas vu fur toute la Figure, mais feulement en certains Endroits,
îî Quelquefois l’on voit aiilTi dans ces Velïies diverfes Veines ouCa-
„ naux à Liqueur, furtout quând cette Particule efl _jécrafée entre
„ les Verres du Porte-Objet, & elles font pleines d’une Liqueur, plus
„ blanche que jaune. Elle fe préfente dans le Microfeope comme un
,, Tifili de Verre filé. Le Mouvement de ces Particules ( Martelèt du
„ Son) ell admirable pour fon étonnante ViteiTe; V'oïés en la Gran-
„ deur Raturelle B). La Fig. C) en marque le GrofiifiTement par mon
„ Microfeope cornpofé Nro. 5. comme elle fe prélente tenant a la
„ Mouche, & D) la préfente d’après Nro, 2. détachée de la Mou-
„ che J’ai marqué la Veflie par i. & la Queue par laquelle elle tient
„ à la Poitrine par 2. 11 faut y aller bien délicatement pour l’arra-
„ cher, afin de ne pas lui donner un autre Forme, que celle de Fig.
„ D). La Mouche garantit très foigneufement ces deux Membres de
„ l’Eau: ce qu’on ne peut mieux voir, qu’en lui ôtant les Ailes &
les Pellicules du Bourdonnement, & en la mettant ainfi dans l’Eau,
elle tire ces Particules aulfi haut qu’elle peut, comme les Enfans
qui commencent à nager fur l’Eau, aïant deux Vefiies pour les
Sou-
de la Poitrine & du Ventre.
„ fbutenir. Ce qu’il-y a de plus remarquable, c’eft que ce font ces
„ deux Particules , que je nommerai déformais les Alartelèts pour le
,, Vol^ qui tiennent en i'Air les Mouches qui ont deux Ailes.
,, Cet Experiment, qui mérité d’être imité, eft très facile, puifque
„ quand’on a la Vue bonne, on peut le voir fans Microfcope. Lorf-
„ qu'on arrache à une Mouche ces deux Particules, fans olfenfer le
„ moins du Monde ni les Ailes, ni la Mouche même 5 celle-ci ell hors
„ d’Etat de voler ou de fe tenir en l'air. Mais il faut bien prendre gar-
„ de, d’arracher ces petites Velîies avec la Racine; car autrement
„ elle conferve encore quelque Faculté pour prendre l’ElTor; ce qui
,, dans plus de aoo. Epreuves, que j’en ai faites, ne m’eft à la Vé-
„ rité pas arrivé une feule Fois. Or il ny-a pas Apparence, que dans
„ cette Opération , la Douleur de l’Arrachement de ces Mar-
„ telëts pour le Son ôte à la Mouche les Forces. Car ôtés à
„ la Mouche les 6, Piés , les deux Pellicules du Bourdonne-
„ ment, & même tout le Ventre; elle vole encore, comme
„ fl de rien n’étoit , & félon moi , cela lui devroit bien
,, caufer de plus grandes Douleurs , furtout les Pellicules étant
„ fi contiguës aux Ailes, & ces Particules en étant de beaucoup plus
éloignées, celles-ci peuvent ôter aux Ailes fort peu de leur Force
„ & de leur Vertu. Même pour plus de Certitude, j’ai conferve deux
„ de ces Mouches jufqu’à huit Jours fous un Verre , où elles étoient
„ bien nourries; ce qui fait croire que pendant ce Tems là la Dou-
„ leur ou la Plaie feroit paflee ; Mais j’ai trouvé, que la Mouche
„ pouvoit aufli peu voler qu’au Moment d’après l Operation. Je
„ fuis avec une véritable Confidération &c. Nuremberg le 30,
„ Août 1753.
/idam fTolf^ang IVinterfchmiit.
O 2
Note,
îcg TAB. XLIIÎ, Un Morceau de Bois de Sapin, coupé &c.
Note.
Si Vous Vous donnés la Peine d’examiner i’Experiment de Mr.
U^inîerfchmidt^ Vous conviendrés, qu’il eftjuftc & que ees deux Particules
ne font pas les deux Martelèts, indiqués par Swammerdam & prefque
tous les autres Naturaliftes , par lefqueîs tous les autres Infeéles à. a.
Ailes font leur Son ou leur Bourdonnement; mais qu’ils fervent auffi à
toutes ces Créatures, à fe foutenir dans l’Air & à garder l’Equilibre.
Car il ell conflatté-qu’aulîitôt qu’on a ôté ces deux Martelées aux Mou-
ches, elles ne fauroient voler de la Hauteur d’un Empan; mais qu’elles
ne font que fauter comme les Puces & les autres Infedes bcndilfans;
Expérience que j’ai faite fur je ne fais combien de Mouches. J’ai mê*
me donné ces Martelèts dans laTab. LXXXV. de ces Amufemens àl’Oc-
cafion du Moucheron dit le Coulin.
M. F. Ledermuîler.
Pour Vous tenir la Parole que Je Vous ai donnée ily a'qiielque Teaijis
& pour faire Diverfîon, Voini du Pvcgne des Plantes
TABLE XLIIL
Un Marceau de Bois de Sapin, coupé d’une Brar.che en travers.
Celui-ci a tout un autre Air, que le Coupeau perpendicuiaire, que
Je V'ous ai envolé Tab. XL. & H *yenauroit pour croire que ce feroit
un Evantaü treiTé d’Ecorce d’Arbre ou de Jonc d’Efpagne. J’ai defiiné
Fig. I. tout îe Ccüpeau coupé en travers de Grandeur naturelle, par
où Vous reeonncîtrés la Groffeur & l’Age de la Branche ; les zé. An-
neaux ou Ci-rcîes marquant îe même Nombre d’Anèes.
La Eig. 2. groÆtla Moitié de ce Rond par la Lentille Nra. i la-
quelle fai dcfîinée très cxaCÎcment. 11 n y a que trois Ans ou Trois
Cercles depuis la Moille ouïe Centre jufqu’à la Superiieiej^
T AB. XLÏV. Un Brin d’Herbe ou Je Feuille de Ség^fe. jo«>
Je foiihaiterois, que Vous y confrontallîés la Figure de Leuvven-
hoek pour reconnoître la Différence, qui fe rencontre entre ces deux
Delfeins. Le Sien n’a répréfenté que des Cercles ou des Trous en Rond,
bien que la Nature de ce Bois conlifte plutôt ca des Ouvertures d’un
Quarré-oblong ou en des VaifTcaux qui Te croifent, & qui font plus fa-
ciles à voir qua décrire. Chaque Année ou chaque Cercle a une Sépa-
ration fenfîble compofée de plufîeurs autres Fikmens étroitement en-
trelacés & refTemblant au Grillage d’une Haïe a) lefquels tiennent les
autres petits Tuïaux rejoints. J’y ai remarqué 4. Sortes de VailTeaux.
y
au Centre la^bloille, comme toute compofée de Veflies, ou le Centre
b) ; puis les Canaux , qui vont perpendiculairement e) ; enfuite les
VaifTeaux à Air ou Trachées qui palfent audi du Centre ou de la Moille
à la Périférie, lefquels forment des Segmens d), & enfin les Tuïaux,
qui vont orizontalement J en efquivant ou en Cercle; ce font les Fi-
la mens e).
Voici un autre Experiment duRegne des Plantes, que je Vous pré-
fente danscette
TABLE XLIV,
C^'eft iinBria d’Herbe ou de Feuille de Ségle
H y a long-tems que j’ai envie de Vous errvoïer la Difiedion com-
plette du Ségk; mais il m'eft venu tant de Doutes , qu’enfin j’ai pris le
Parti de faire un Traité particulier de ce pénible Ouvrage & de Vons
le communiquer. J’en ai déjà paiTé foifiante Figures de delfinécs *.
Jufque là Vous aurés la Bonté de Vous contenter de la Rèpréfentation
O a que
♦ V. DifTeflion Phlfiqüe-anatomique du Ségle avec les Obfcrvafions de for Cru,
avec CCS Tailles-douces , exaifleir.ent répiéfcntées d’après Nature, gr. Fol. par
M, F. U
ïio TAB. XLIV. Un Brin d’Herbe ou de Feuille de Sègle.
que je Vous donne dans cette Table XLIV» qui Vous met devant les
Yeux la Struélure admirable de la Feuille y ou comme on la nomme or-
dinairement de F Herbe de la Semence du Ségle^ La Particule que j’ai prife
de cette Feuille fe voit de Grandeur naturelle A), groflie par la Loupe
B) & examinée par le Nro. oo. D). Je l’ai prife d’un Tuïau de Paille,
qui commençoit à fe deüTécher, où j’ai trouvé deux Pellicules couchées
l’une fur l’autre, dont celle de delTous a) eft très mince, fine Sctranfpa-
rente & garnie de Quantité de Tuïaux Capilaires en Ligne perpendicu-
laire» La Peau de delTus C) qui eft plus épailTe, eft compofée de plu-
fieurs Côtes ou Tuïaux b) en Ligne droite ou perpendiculaire, rem-
plies de Milliers de Particules ovales c), aiant encore des Filariiens fpi-
raux d) quife préfentent comme de la Raze cordée ou du Fil d’argent,
& entrelacées de Valvuks toutes finguliéres, que j’ai prifespour les Po,
res de la Feuille. Cette Feuille eft en Effet bien plus agréable à voir
fous le Microfeope, qu’à defliner; d’ailleurs on peut voir à divérs Tems
les Changemens qui arrivent à cette Feuille, à Mélùre qu’elle vieillit.
Car quand elle eft jeune, elle a aux deux Côtés & fur toute la Super-
ficie une Efpéce de Poil piquant & comme crochu, très fin, reffemblent
à de l’Argent ou à du Verre tranfparent, & les Tuïaux à Suc, à Air, &
à Séparations qui les parcourent y font tout autres, que quand elle a
fait fon crû & autres quand elle eft deffêchée. C’eft dans fon Enfance,
qu’elle fe préfente avec le plus d’Eclat à l’Oeil armé & attentif, lorfque
la prémière petite Feuille fort du Germe, & qu’elle paroît plutôt rou-
ge que Verte. Car alors cette petite Feuille fait à travèrs le Microfeo-
pe en Forme de Compas, -à deux Miroirs, le même Effét que fi c’étoit
unTiffu d’Argent & d’Or. La Laine fine montre un Poil très clair d’Ar-
gent, & les Particules de Suc, dont elle eft remplie fe préfentent comme
autant de Globules d’Or qui parcourent les Tuïaux Couleur de Pourpre,
Je Vous en donnerai ailleurs, comme je Vous ai dit, des Détails plus précis,
TA-
TAB. XLV. Les Crochets &c. TAB. XVI, Moille de l’Acorus. ’iii
TABLE XLV,
les Crochets & quelques autres Parties de la Bardane,
La Plante, que j'ai l’honneur de Vous envoïer ici & qui cflauffi
connue dans les Apotiqueries, qu’elle eft commune, Vousl’eft fans doute
trop à Vous mênae, pour que je Vous enfalTe laDefcription. De tant
d’Efpèccs qu’il y en a & dont les Principales font la Bardant pointue , de
ïoïe, de cheval^ d'EriJfon, à Trognon^ la grande & la petite j ceci eft pris de
la dernière ou petite, ainfî que je Vous l’ai répréfenté d’après Nature
a). J’en ai pris un feul Crochet ^ dont toute l’Ecorfe eft garnie par de-
hors, & je l’ai répréfenté b) grolîi par Nro. 3. ce qui Vous fait voir
afles clairement, que ce Crochet quand il eft mûr ou fec a bien alTés de
Force pour fe prendre lî fort à nos Habits, à la Laine des Moutons &
des autres Animaux, Que fi l’on partage un tel Glatteron par le Mi-
lieu c) ; l'on y trouve de petit Poil ou de la Laine jaunâtre d) qui couvre
la Graine; un Brin duquel, par le Moïen du Grofliflement de ci-delTus,
Vous répre'fente un Ratr.eau garni de Piqiians aux deux Côtés, ainfi que
le fait voir la Fig. e). J’ai mis ici par Surerrogation quelques Crains
de Semence les uns aïant encore le Papus à la Tête, & d’autres n’en
aïant point, f ) En eft la Grandeur naturelle & g) en préfente le Grofi.
fuTement. Il feroit hors de Saifon de Vous defliner ici la Moille de
la Tige de la Bardane: car dans tous les GrofiUlTemens , je l’ai trouvé
en tout femblable à celle du Chardon, que j’ai deffinec dans la Table
ga. de ces Amufemens.
Parcontre Vous alle's voir
TABLE XLVI.
La Moille de l’Acorus.
qui Vous preTentera de tout autres Objets. Il ne fe peut rien voir de
plus beau. Car il Vous paroît ici une grande Place ronde bordée de
Per-
1 12 TÂB. XLV"II»& XLVIÎÎ. La Tulipe & quelquesParticularités &c.
de Perles de Couleur Rofepale au tour de CsUules Hexagones. En cou-
pant de la Tige de l’Acorus un petit Rondeau en Trâvéxs -aulîi mince
qu’il fe puilTe, Vous verres la même Chofci V'ous n’étes fans doute
pas à favoir ce que j’entends par Acorus; c’en; à dire V /îcorus vnus ou
le Caîamus aromaticusy Racine fibreufe très connue , qui croît dans
les petits Etangs & dans les FolTés, &,qui efl eflomacale. La Couleur
eft de Rofes, ce qu’on remarque aifément par le Microfcope, par
où Ton peut auiîi voir que cette Moille cil compofée de Cellules
hexagones. Vous trouverés dans a) la Particulej que j’en ai defEnée
d apres nature ; fon GroflilTement par Nro. 2. dans b) , & le plus haut
point de GrofïîfTement des Hexagones & des Fèrrues efl marqué c) d).
Dans l’Ecorce ou dans la dernière Superficie c) ces Hexagones font
beaucoup plus petits & plus ferrés les uns contre les autres. Les Par-
ticules eq Forme de Perles, ne font que de petits Tuïaux, qui font ar-
rangés un peu au large en Figure hexagone; les autree quirépréfentent
des Verrues & qui font des Vaiffeaux, font plus compares, & mis en
Rond; ainfi que je l’ai mis dans un plus grand jour par les d^ux Fi*
gures f) & g). Enfin h) ne font que des Ouvertures ou des Trous
déchirés qu’a fait le Couteau en coupant, & qui ne font rien à la
Subfiance de T/^cem. La fimple Vue fufiit pour s’en convaincre.
Voici encore fur Ces
TABES XLVIL & XLVIH.
La Tulipe & quelques Particularités de fa Poulîière,
ce qui efl aulTi du Régné des Plantes. Malgré tant de Fleurs Sc d«
leurs Parties, que j’ai dilTequies & que j’ai, repréfentées avec leur Ma.
niére de fe féconder, dans les i, & 2. Parties de cet Ouvrage 3 je ne me
fuis pas encore avifé d’examiner la Pouflîére de la Fleur de Tulipe;
En aïant donc reçu bonne Quantité des plus belles, du Tems
qu’elles étoieat en Fleury je me faifois un Paile-tcms d'en prendre
l’une
I
TAB. XL VII & XLVIIl. Une Tulipe rouge r i ?
l’une après l’autre , k d’en examiner la Pouflière , d’abord l’Oeil
nud, puis avec la Loupe & enfin par de plus hauts Points de Grof-
fifiement. Cela me fit découvrir, que plufieurs avoient dans leurs
Etamines deux Sortes de Poulfière, Mais ce qui me récréoit le plus»
c’e'toit lorfque je mettois fur le Porte-Objet une Goûte d’Eau, où il
y avoit quelque peu de cette Pouflière. Ce que j’ai vû dans
d'autres Pouflîères avec Plaifir , je l’ai vû dans celle-ci avec Eton-
nement; c’eft à dire qu’elle donnoit fa Couleur à l’Eau, Et com-
me j’ai vû en Effet dans une Tulipe des Grains de Poufljere de deu^
Couleurs différentes , qui donnoient auffi deux Couleurs à l’Eau ;
j’ai crû Vous faire une Efpèce de Pliifir en Vous faifant Part de cette
Obfervation, Vous verres donc ici deffinée fur çette Tab, XLVll,
une Tulipe rouge à Raies jaunes.
Ces Fleurs, comme Vous fayés, font du Genre des Herma-
phrodites. Leurs fîx Feuilles en forment le Calice & au Bas de
chaque Feuille eft un Filament a) avec fon ttamïne b) tout au Tour du
Piftile e). Ce Pifiilc a d’abord une triple Verrue d) qui reflemblc à
une triple Crète de Coq ; mais qui après la Fécondation fc déplie
en fix Parties rcffemblantes à des Cretes, ainfî qu’il eft montré
dans la Table XLVHI, Figure a). |’)r ai aulïi montré, que les
rtamincs font à quatre Feuilles, & je les ai dépeintes fuivant
diverfes Attitudes Fig. b) c) ; parmi lefquelles dans c) il faut
principalement remarquer , comment ces quatre Feuilles i. 2. j.
4. tiennent au Bout délié & élaftique du Filament, & quelles pcii^.
vent y tourner à l’Entour, Les Feuilles ouvertes en dehors font
marquées 3. 4. celles qui font en devant i. 2,
1
I
///. fom.
P
Lorf*
114 & quelques Particularités de fa PoulTière.
Lorfqiie ces Etamines ont fait leurs Fonflions, elles fe flêtrifTent
& fe delfêchent. Parcontre \Ovaire d) s’enfle de plus en plus, grolTit
& s’alonge. L’ouvrc-t-on une couple de Jours après la Fccondaticn^
l’on y voit trois doubles Rangs d’Embrions fe'condés; comme une Tran-
che prife orizontalemcnt, répréfentera lesfix Ovaires Que fi onle
coupe perpendiculairement par g), on en pcutaulîi voir tout diftinèle-
ment les Canaux de Fécondation, qui defcendent de- chaque Ferrue h)
i) k) & qui, paflant tout contre les Embrions, vont joindre la Queue
de la Tulipe. Vous Vous répréfenterés de Vous même la troifiéme Pai-
re à’Ovaires k); car il m’a été impoflible de les rendre en même Tems
vifibles 3 n’aïant pâ ménager ici que le haut de la troifième Verrue. La
Figure 1) répréfente un Eout partagé de la Oucue, pour montrer jufqu’ou
defcendent les Ovaires; mais m) dénote les Embrions, tels que les mon-
tre la Loupe, par où l’on peut déjà voir clairement, que chaque Em-
brion tient à un Filet très délié, & qu’ils font fort ferrés enfcmble comme
de petites Affiettes, ou comme des Fromages. LaFigure n) dcfigneiin
de ces Canaux ou Tuiaux de J^corJation lequel defeend depuis la Crète de
Coq jufqu’à la Queue, en paflant tout contre l’Ovaire,
La double Couleur de cette Pouffiére dont certains Grains font
jaunes, d’autres Couleur de Pourpre, font defifinés d’après nature o) &
groflis par Nro. a. p)« Ils font pris de Tulipes de différentes Couleurs.
La Pouffière de celle que j’ai en Main efl marquée q) & r), dont la plu-
part des Grains reflemblent à des Bijous terminés en Pointe. Dés qu,
elle cfl humeélée , elle perd fa Figure pointue & devient ronde f) t),
cependant avec cette Circonflance remarquable, que quoiqu’alors ces
Globules paroiflent jaune-pâles, la Subflance qui en fort, ne iaiffe pas
de faire prendre à la Goûte d’Eau la Couleur des Grains de Pouffière,
& ainfi de la rendre rouge, bleue, jaune, verte, pourpre & de bien
d’autres fupèrbes Couleurs.
C’efl
/
TAB. XLIX. Un Poîl de Chevreil.
ïif
Ceft ainfî par Exemple que la Fig. u) montre les Grains de laPouf-
fière de la préfente 7«/ipe humeélés; La Fig x) parcontre laPouflière hu-
meélée d’une autreTw/ipr ordinaire. La prémière avoit desLiqueurs de deux
Couleurs, pourpre & jaune doré ; mais l’autre n’a rendu qu’un Suc jaune»
Jepourrois VoUi communiquer encore beaucoup d’Expérimens quc
J’ai faits fur cette Pouffière : Mais pour abbreger, je m’en vaiVous appren-
dre un Secret, qui n’eft pas déplus communs, pour pouvoir changer ces
Couleurs en je ne fais combien de Façons.
Prénés une Poignée de Coiipeaux de Bois de Brefil, & verfés deffus au'
tant d’Eau qu’il en faut. Quand l’Eau fera d’un beau rouge. Vous la cou-
ierés pourVous en lèrvir. Vous mettrés enfuite devant Vous un petit
Verre plein de cette Eau; eny jettant dedans quelques Goûtes de Finaigre
dvftilé, Vousverrés cette Couleur rouge fe changer fur le Champ en jau.
ne. Que fi Vous jettés quelques Goûtes d' Huile di Tartre dans cette Eau de-
venue jaune, elle reprendra fa Rougeur. Ftenfinyverfant encore quel-
ques Goûtes d'EJprit deFitrioU elle prendra un jaune doré, comme le Vin d’
Efpagne. Vous pouvés faire tout ces Efiais fur l’Eau des Tulipes,
il efb bien teras que je finilfe cette longueLettre. Portés Vous toujours
bien. Je fuis &c.
LETTRE DERNIE'RE,
Quoique je Vous aïe déjà envoïé tant d’Elpèces de Poil, queVous devriés
Vous dégoûter d’en avoir davantage ; je ne laifie pas de me perfuader, que
celui que jeVous ai déftiné ici, Vous fera autant de Plaifîr,que m’a été agréa,
blele Préfent que m’en afait mon digne Ami Mr.StrajPiircher Provifeur de U
Pharmacie de la Cour deBayreuth. C’eft donc dans cette
TABLE XLIX.
Un Poil de Chevreil
dont la Strufture & le Point de Vue diffère entièrement de toutes les au.
très Efpécc de Poil» Pour ne me pas charger de l’injuR e Réproche, qu’on
Pi m‘a
iig ' TAB,L- Fig. î. Sel compofé bleu.
m’a fait, demcfervir desYeux&des DelTeinsd’autrui; ce qui ne m’eft ar-
rivé qu'une feule Fois j j’ai moi-même réitéré cette Obfer vation, je Vai def-
finée& fidèlement mife dans cette Kfquifie, àlaquelle j’ai ajouté la Pointe
finguiièrea), quimanquoit au Deffein de Mr.Strafskirchcr. Apres ctla
vient la Partie du Milieu ou la plus groficb); & celle de la Racine c) fur la-
quelle OB peut voir la Racine elle-même, d) Efi; le Poil de Chevreil de
Grandeur naturelle. ToiitleRéfeau extérieur, ou la Conftitution de ce
Cheveu, efi; compofé d’unBout àPautre d’HexagoneS régulièrement tref*
fés &ces Hexagones font encore entrelacés de Nerfs ou de Veines très fi-
nes, mais qu’on ne peut difiingucr, que par Nro, oo. Je fais que Vous
cxaminerés.cet Objet avec autant de Plaifir, que Vous en feront les fuivans
quim’ont- été envoïés par le même Ami.
Vous allés donc les voir dans deux Fig. ou DelTcins
TABLE L..
Fig. !♦ Le Sel compofé bleu &
Fig. 2. Le Sel du Trefle acide.
J’avoue de-bonne Foi que j’ai douté avec bien d’autres Gens, qu'il fût
poffibie defaire,par I’Art,du Selbleu^ qui, à caufe de fa Tranfparencc, mon.
trât & confervât la Couleur fous le Microfeope : M’étant découvèrt la def-
fus à mon Ami, il m’écrivit la Lettre füivante, que je me fais un Plaifir de
Vous communiquer;
Monfieiir^
„ Vo-'. m’avés marqué dans Vôtre chère Lettre, que Vous dou-
„ tiés, qu’il pût exifter du Sel bleu^ je prends la Liberté de Vous en
envoïer une Epreuve. C’eft une ^olut-o f^eneris in alcali urinofo^ &
,, je crois que les Amateurs du Microfeope y trouveront autant de-
,, quoi admirer, que dans ks autres Sels, qu’on fait avec des Métaux
,, & un Acide falé. je Vous dirai ingénument, que je me fuis trou-
,, vé fort trompé dans la Penféc où j’etois d’abord, que ce fût qucl-
„ que Chofe de très facile. Je fis je ne fais combien d’Eflais, dont
la
>3
TAB. L. Fig. I. Sel coirpofé bleu. 117
,, la Plupart me manquèrent. D’autres femontroient bien bleus dans
„ la Solution; mais point de Cridaux; de Sorte que je commençai
moi-même à douter, qu’il fût poflible de réüflir à porter un tel Sel
„ fous le Microfeope. J’y réüffis cependant à la Fin; & j’aurai bien
I, de la Joie, fi cela donne quelque Satisfaction & à Vous & aux au-
„ très Amateurs de ces Obfervations. Dumoinscela c on flatte- 1- il,
„ que \cSal alcali volatile Ce Criîlalife. En voici l’Operation elle même:
„ Je pris du Sel volatile cornu cervi bien pur, un demi Qj^art d’OneCt
,, & I ç. Grains de Lame bien mince de Cuivre, que je coupai bien petit
,, avec des Cifeaux, je mêlai le tout enfemble dans une Fiole, que
„ je bouchai bien avec du Liège. Enfuite j’y mis 7. à 8. Goûtes de
,, bon Spiritus falis armoniaci vinofi, pour en avancer d’autant mieux U
,, Solution. Je mis ce Mélange un peu au Chaud; furquoi il faut
„ obferver de ne le pas laiffer trop chauifer; autrement le Sal volatile
„ s’envole. Si Vous voulés, Monfieur, en faire l’Experiencc, Voua
n’avés qu’aie faire tant foitpeu chauffer, mais bien bouché &à en
„ mettre avec un Bout de Bois une groffe Goûte fur le Porte-Ob-
,, jet. Que fi, contre Attente, les Criflaux ne font par affés forts,
„ Vous n’rtvés qu’à mettre une fécondé Goûte fur la première, &
pour humeéler le Sel, prendre, comme j’ai dit , 6. à Goûtes de
„ Spir. jaK arm. vineji, plus ou moins, fuivant que Vous le trouverés
„ convenable. Prénés feulement garde que le Sel ne fe difibude en-
„ tiérement; autrement il n’aura pas un Succès à Souhait. Peut-
„ être Vous fournirai -je dans peu encore du Sel rouge. En atten-
„ dai\t &c. Bayreuth le ly. Avril 1763,
Strafskircher.
Je n’ai donc, Mon Chèr, rien à ajouter, qu’à Vous renvoïer à mon
propre Deffcin, qne Vous admirerés'à Coup fur. La Couleur bleue
Fig. I. ne peut être portée plus loin. Elle fe foutient & efl auffi belle
& tranfpaiente que le plus beau Saphir, 11 y-a par delTus & par deifous
de
îîS TAB. L. Fig. 1. Configuration du Sel du Trèfle acide.
de petits OBogones pointus, qui fe préfentent tantôt en plein, tantôt
de Côté, Je n’ai pu y remarquer aucune Configuration.
La Figure z.
La Configuration & les Criftaux du Sel du Tre'fîe acide.
/icedofeüa, ou AÜeluja^ Lujula ^ Juliola, ^ Trifolium acetofum feu addum
fore albo ^ purpurefcente, Oxis filveftrisfiore albo, panis Cucuii, Trifolium cor-
datum ^ cordiale; ce font tout des Noms , que Ton donne à l’Herbe of-
ficinale, dont/e fait ce Sel, Si Vous le voulés imiter. Vous n’avesqu*
à la diftingucr de la grande Ofcüle commune, ou fauvage , Acetofa
vülgaris feumajor', & nous ferons apparemment les mêmes Obfervations,
Vous en trouverés ici en même Tems la Configuration & la Cri_
fialifation. La prémière répréfente des ArbrilTeaux a) garnis de jolies
Branches, les unes avec, les autres fans feuillage. Pour les Chriftaux
ce font des Bâtons longs, quarrés, comme des Réglés b) ou des Quanés en
Forme de Lofanges c) terminés par des Angles extremément aigus;
parmi lefquels il y en a qui relTemblent à des Selenites d). 11 y a iong-
tems que je ne Vous ai envoïé de Sels ; & comme cette Table com-
plette la troifième Partie, j’ai voulu finir par cette Obfervation, qui
n’eftpas des plus communes, & ajouter par Surabondance le Sel deTréfie
au Sel bleu, lequel fait aufii un très bel Effet fous le Microfeope.
Vous aurés la Bonté d’agréer le tout, comme autant de Marques
de mon fincère Attachement, de m’honorer toujours de Vôtre bienveil-
lance , ,& d’être perfuadé que rien n’égale la Confidération avec laquelle
je fuis &c.
Martin Frobène LedermUÜer^
Au Commencement la Fin de toutes Cbofes, f Eternel Notre DIEU ^ CreA^
ÎEUR d Lui feui foit Louange, Gloire., ABion de Grâces d' Eternité en Eter»
mtè. Amen !
LET. I.
— IL
TABLE DES MATIERES.
Manîmens & Obfervations microfcopïques
4*
pp. f. 4. If. 2^.33.37.
— . m. - - - . - 7.
TAB.I.LeMicrofcopefolairedeCuff,aveclaCîiambreobfcure , îb.
— II. Le Microfcope folaire par derrière & 2. Chambres obfcures
avec des Répréfentations optiques - -
— IIL Un petit Rond d’un Brin de Paille - - ii.
— IV. Un Morceau coupé en travers d’une Goufife de Semence de
Mauve fauvage - - - ib.
— IV. ‘ . " ■ . ” " “
— V. Le Microfeope manuel de Wilfon ou de Poche de Kulpcper. ib.
— V. • - - - - -15.
VI. Le Microfeope manuel de Wilfon
— VI.
— VIL
VII. Puces d’Eau noires -,
VIII. Le Bout d’une Langue de Boeuf bouillie
VUL
Hiftoire de l’Arbre qui porte le CafFée
IX. Fidèle Deffein du Pou de l’Arbre qui porte le CafFée
X. Peinture de Mr. le Syndic Klein,par laquelle il répréfente le
CrûduCaftee - - • 2f
!?•
19.
ib.
20.
21.
îb.
— IX.
— XL Defcripfion desPiéces d’unMicrofeope univerfel de nouvel-
le Invention _ • -
— XII. Le Coffret - « _ _
XIII. Le Compas drefîe - - - _
XIV. Les Pièces qui appartiennent au Microfeope corapufé
XV. Lampe pour les Obfervations noÊturncs
XVI. Un petîtRond, coupé d’un Jonc d’Elpagne
XVII. Du Poil d’Animaux & d'Infeûes
XL
l6.
»7.
32.
33-
34-
35'
36.
37-
3S>
39-
43.
îb.
4<^.
XVIII. Islîéle, ouMoulTe fur une Feuille de Poirier
XIX. Le Charenfon blanc > - _
XX. Une Papille à Crochet bien g-roflle, ou une Verrue de Lan-
gue de Boeuf, aulïi bien dedans que dehors la Guéae - y i.
LET.
^ Sk
LET. XII - - - - - f?.
TAB. XXI. & XXII. Un Coffret exprès pour le Microfeope folaire - ib.
— XIII. - ' ‘ ■ - 56.
— 1CXIII.& XXIV.Machine anatomique microfeopique de l’Inven-
tion de Mr. Lieberkuhn de Berlin - 59.
— - XXV. Une pareille Machine avec les Noix de Mufehenbrock - 60.
— XIV, - ----- 62.
-- XXVI. XXVII. xxvm. XXIX. Une de plus belles Chenilles, fa
Métamorphofe & quelques Parties de fon Papillon.ib.
— XXX. Efquifle d'un Abricot frais - - 66.
Apoffille - . - - - - ib.
— XV. - - - - - 70-
— XXXI. & XXXII. Sur les Microfeopes anciens & modernes - ib.
— XVI. - . . - 72.
— XXXIÏI. Une Boule de Poil - - 71.
— XVII. - - - - - 79-
— XXXIV. Le Boïau de la Ponte d’une Mouche femelle - ib.
— XXXV. La Corneéc d'une Mouche - - ib.
— XXXVI. Une Tête entière de Mouche - - 81.
— XXX VU. La Tête entière de la Mouche par derrière avec le
Collier - • - 83*
XVIII. ----- 87*
— XXXVIII. Une petite Lame d’Or fin - ' - ib.
— XXXIX. Deux Bouts de Fil d’Or • - 89.
— XL. Un Morceau de Sapin blanc coupé perpendiculairement. 91.
— XIX. Qui eft une Rèponfc à quelques Objections - - 9
— XX. - - - - - lor.
— XLL Le bas du Corps de laMouche, confîdéré parle Dos , joz.
— XLII. Toute la Mouche du Côté de la Poitrines.; du Ventre - 103.
— XLIII. Un Morceau de Bois de Sapin, coupé d’une Branche en
travérs - - - - log.
— XLIV. Un Brin d’Herbe ou de Feuille de Ség;le ^ 109.
— • XLV. Les Crochets &l quelques autres Parties de la Bardane 1 1 r.
— XLVI. LaMoilledcl’Acorus - - ib.
— - XL VII. Ô;XLVHI. La Tulipe & quelques Particularités de fa
Poufliére - - 112.
— dernière - p - - - 1 1 f .
— XLIX.UnPoil deUhevreil ... jb.
— L. Fig. r. Sel compofé bleu - - ii^.
Fig. 1. La Configuration & les Chrillaux du Sel acide - 1 1 g*
FIN.
REPONSE
DE
MARTIN FROBE’NE LEDERMULLER
A
QUELQUES OBÎECTIONS ET DOUTES
A LUI FAITS
PAR ^
ÆO NSIEUR
LE BARON DE GLEICHEN;
LAQUELLE SERVIRA DE
SUPLEM EN T
AUX
AMUSEMENS
MICROSCOPIQUES; /
AVEC UNE ADDITION
DE l’ENTREPRENEUR DE L’OUVRAGE
/
ADAM WOLFGANG WINTERSCHMIDT,
Accompagnée
d’une Obfervation exafte de fa Façon d’une Mouche de Cham.
bre, quiavoitplufleLirs petits Infedes fur elle, trèsfoigneufementdel-
fmée d’après Nature, par la Lentille microfcopiquc Nro.
I 7 8-
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Vff
3
SUPLEMENT
AUX .
AMUSEMENS MICROSCOPIQUES.
I ’allois fuccomber fous les Poids de mon Sort de'plorable, fi mes
longues infirmités n’euffent rendu ma Patience à toute Epreuve.,
Car dans ie Tems, que je me croïoîs à deux Doigts de la Mort & que
dans mon extrême Foiblefie, je m’occupois entièrement de Penfées con-
formes à mon Etat; je reçus deux Ouvrages , où l’Auteur faifoit dp
moi une Mention, qui m’obligeai même me nécelfita, en partie demc
jufiifier publiquement des Accufations, que l’on me faifoit ainfi en Pu-
blic, & en Partie d"’y répondre , l’un Sc l’autre avec toute la Concifîon
polliblc.
Je reçus de mon Entreprenneur le St, Winterfchmidt ^ le premier
Ouvrage imprimé, intitulé.; Hiftore de la Alouche de Chambre, En le par-
courant, je m’y trouvai cité deux Fois. Et je m’envai rapporter les
propres Termes <le Mr. le Baron de Gleichen. Voici donc comme s’
exprime ee Seigneur dés la première Page:
,, L’on ne fauroit préfque faire Ufage du Microfcope de Wilfon
„ pour ces Recherches. Comment pourroit ou pafier dans l’Etui de
,, la Vis une Mouche entière fans l’ecrafer? Le Microfcope en For-
„ me de Compas feul ne fait pas bon Eifèt , ce que je vérifie par
,, les Obfervations de In Mouche de Mr. le Confeillér de Juftice Ledermuller^
„ dans la troifième Cinquantaine de fes Amuferacns, comparées avec
„ les miennes. Je fuis trop perfuadé de la Ponclualité de Mr. Leder-
,, muîler à examiner les Objets, pour attribuer les Erreurs qui fe reii-
,, contrent dans fes Figures à autre Chofe, qu’au peu d’Uiage, qu’il
„ y a à faire du Microfcope en Forme de Compas, dont il s’eflfervi
„ dans la troifième Partie de fes Amufemens, & principalementpour
examiner la Mouche.
& Page i6.
„ Je ne fais par quel Hazard Mr. Ledermuller s’eft laifféaller à def*
,, fincr & à décrire ce Tuïau (il sKigit ici du Bdiau de la Ponte d'une Âlou-
a 2 cbe
4 Supptement
3, che femelle) comnne écant le Membre viril de la Mouche, tuais écrafé.
„ l’avoue, qu’il a manqué tne faire prendre le Change à moi- même,
„ furtout lorfque j’ai lû, qu’il prétendoit avoir vû, jufqu’à des Ani*
„ maux fpermatiquç.s.
Monfîeur le Confeiller intime a jugé à propos de fe de déclarer contre
moi dans t’Hiftoire delà Mouche de Chamhe. Mats comme je i’avois re-
çue quelque Jours avant que d’avoir fes noavelki Objervaiions fur le Régné
végétal mon Indifpofition , qui alloit toujours en augmentant, me fit
hâter d’ébaucher en Képonfe ce qui fuit;
Puifque Monfîeur le Confeiller intime a fait mention du Microfeope
manuel de Wilfon, que j’ai defiiné dans les Effampes V. & VI. qu’il me
fûit permis d’yripofier deux Mots comme en pafTant.
Rien n’efi plus certain, qu’on ne fauroit mettre dans i’Etui de la
Vis une Mouche entière pour l’examiner, fans l’écrafer j & peut-être n’y
auroit-il que des Enfans, qui s’en avifafient.
Mais il n’en cftjpas moins fondé en Expérience, qu’on ne laiffe pas
d’en pouvoir confidérer non feulement la Mouche, mais aufii de plus
gros Objets, quand l’on fait bien s’en fervir, comme p. e. Monfîeur le
Confeiller de Cour Scbmïedel & autres, faits à de tels Experimens, & qui
s’entendent parfaitement à manier ces Sortes d’inftrumens fuuples.
Les Amateurs de la Pratique, n’en demanderont pas d’autres Preu-
ves, un Exercice bien dirigé devant les mieux convaincre de cette Vé-
rité, que ce que j'en pourrois dire.
Je viens donc au Fait, qui porte fur deux Objeélions? t) que Ton
prétend que rinfiriiracnt donjt je me fuis fervi dans la troifième Cin-
quantaine, Sr par lequel l’avais auflî examiné la Mouche, cfl un Micro-
feope en Forme de Compas,. Infirument dont l’on ne fauroit faire
„ bon Ufage, & auquel il faut attribuer les Erreurs, qui fe rencomirent
„ dans la Defcripfion de la Mouche. “
La fécondé, que ,, j’ai pris le Tuïau de la Ponte d’une femelle,
J, par la même Caufe, pour le Membre viril d’une Mouche mile, “
Je ferois peut être tort à moi- même, fi je voulois être mé-
content de la Manière, dont Monfîeur le Baron de Ckichen a fait ces
Remarques; & comme il a la Bonté de me flatter d’une ponéiualité
connue dans mes Obfervations 5 j’en puis aifément conclure, que c’efl
ou quelque pauvre ConnoîiTeur en Jnfirumiens microfeepiques , ou
quelque Kfprit in.terelTé qui m'en veut, qui a fait à MonGcur ic Confeil-
1er intime un Portrait fi défavantageux de la ISature du M.-crofeope,
dont j-s me fuis fervi û utilement jufqu’ici , & que je ne rve difeonti-
niicrai
aux AmufemeuB microfcopîques. î
nuerai pas d’cmploïer, tant que Dieu me donnera les Forces de travail-
ler à de pareilles Obfervations.
tl ne me faudroit peut-être pas aller bien loin, pour trouver &pour
nommer ce pitoïable Décriveur de Microfeopes. Peut-être même pour-
rois-je découvrir les Raifons, qui lui ont fait faire un Rapport fi faux
à Monfieur le Confciller intime.
Mais en paffant équitablement là defius, je m’en vai tâcher de mon-
trer avec Evidence & à ce Seigneur & au Public, qui a été mal informé
à cette Occafion , que je ne me fuis nuilement fervi du Microfeope en
Forme de Compas, & que ce n’efV point du tout à i’inftrument que j'ai
emploie dant la Défcripfion de Cinquantaine^ qu’il faut impu-
ter. l’Erreur qui s’y peut-être giifTée touchant la I>èfcripfion de la Mou-
che, fi toutes fois il s’y en effc glilTé queicune.
Ne pouvant donc en venir plus facilement à Bout, qifen deffinant
exaélement les Inftrumens avec iefquels ce Seigneur & moi avons exami-
minèla Mouche, je n’ai pas* manqué d’en faire graver une Eftampe &
de la foLimettre modeftement tant au Jugement & à la Décifion de Mon-
fieur le Confeiller intime, que de to'ut ConnoilTeur & Amateur im-
partial.
La ConnoilTancc que j’ai de leur Equité, |me perfiiade fans peine, qu’
ils prendrontrinRrument microfeopiquede Mr. lé Confeiller intime,porté
dans la Tab. XII. de ma troifième Partie, ^ & dans la fécondé Table de
fes nouvelle Obfervations fur le Kegne végétal, plutôt pour un Micro-
feope en Forme de Compas, que celui de Alikbmeyer dont je me fers, &
qui fe trouve ici Table i.
Que fi l’on vouioit m’objeéler, que le premier peut être arrangé
dans fes Parties d’une Manière plus avantageufe pour la Pratique, que
ne l’eft le mien; il faudroit que le fimple Examen de ces Parties levât
tout de Suite ce Doute; puilque l’on trouve dans le mien tout ce que
contient i’Univerfel de Mr. le Confeiller intime.
Les Z. Mro rq les f^is^ les R jfrrs, la Direlion, les Ecrous^ lesLentiües mkrofeo-
piques, leur Enckr.jjure commode^ &.toutle Refie qui fe trouve dans la Tab.,
XI. de la troifième Partie de mes Amufemens & dans la 1 ab. I. des nouvelles
Obfervatvm Te verra auiTi dans lapréfente, ^ de là il s’enfuivra nécelTai-
rement que l’un vaut l’autre pour la Pratique; que celui de Mlcbmeyer
n’ell pas fans Utilité pour les Obfervations, & enfin que les Fautes qui
ont été faites, ne tombent point fur le Compte du Microfeope.
Comme je crois avoir fuffifamment répondu à la première Obje-
élioiij il ne me refie qu’à dire deux Mots fur la Seconde.
a i Celle
6 Supplément
Celle ci coafifte, ainfî qu’on a dit, dans l’Erreur où j’ai donné en
répréfcntant les Parties de la Mouche & priricipalement, fon Boùiu de
tonte^ ^ Us Animalcules fpermatiques ^c.
Je fuppofe donc ici, que celui qui veut écrire d’une Créa-
ture (je dis exprès l’Hijîoire) doit faire beaucoup plus d’Obfervations,
qu’un autre , qui ne fait qu’en examiner quelques Parties détachées
dans un Mè'ange^ fujèt à des Bornes allés étroites.
Monfîeurle Confeiller intime a donc voulu & dû voir d’avantage;
& par confequent, il aplus vû&plus répréfenté quemoi, Sansparlcr que
Mr.Winterfchmidtn’a vendu que 36. Kr. les 6. Ellampes, qui rèpréfentent
les Parties détachées de la Mouche de mon Ouvrage * au Lieu quel’Hif»
toire de la Mouche de Chambre avec fes 4, Eftampes fe vend a, fl. 1
Kreuzer.
D'ailleurs le Proverbe dit, que fi deux font même Chofe, elle n’eu
fera pourtant pas la même. Les Objets de la Mouche de Mr^ Iç Con-
feiller intime ne mériteront pas d’autres ISems, que ceux de la mienne.
Nous avons tous les deux examiné chacun une Mouche ; maisec n’eft
pas à dire, que c’ait été la même Mouche.
Mônfieur THiflorien de cetinfeéle, décrit la Mouche de Chambre ^
convient lui-même , que le Nombre que Goedard feul détermine, ne
comprend pas à beaucoup près toutes les Efpèces de Mouches, qui lè
découvrent tous les Jours & qui font déjà connues.
Or que la Mouche que j’ai dépeinte dans les Eflampes XLÎ, &XLI(.
de matroifième Partie , ait été de tout une autre Efpèce, que ne font
les Mouches ordinaires de Chambre ^ c’eft céqui fe confiatte, tant par fes
Couleurs & fa Figure, que par d’autres Parties de fon Corps^
L’on n’a qu’à en confronter les deux Rêpréfentations l’iinc contre
l’autre, pour s’en convaincre. Entre autres elles fe didinguent beau-
coup par la Couleur; & ce qui dans la Mouche de Mr. le Confeiller in-
time ed brun^ fe voit dans celle que j’ai deffinèe blanc Çÿ verd d' Acier,
Mais pour ne me pas faire taxer de Confufion, je m’en vai parcou-
rir une Table après l’autre celles, où il s’agit de Mouches dans ma 3.
Partie; pour voir là où l’on a remarqué quelque Méprife,
LA TAB XXXIV.
répréfenîe une Figure, que j’ai nommé le Membre viril de la Mouche.
Cette De'nomination efî: abfolurrrent fauffe, & je me vois obligé
de prier mes Leüeurs de me pafTer cette Méprife. Errcre buménum ^ fed in
errore perfsverare diabolicum. Je ne voudrois pas que ce dernier me fut
reproché.
L’aveu-
7
aux Amufemens microfcopiqoes.
L’aveugle Hazard dont Monfieur le Boron voudroît être informé,
vient en Partie de toute la Figure de cet Organe, lequel refTemble plus
à un Membre viril, qu’à ce qu’il eft; en Partie du peu d’Expérience,
que j’âvois dans de telles Diffeélions ; car, je l’avoue, je n’avois encore
jamais examiné aucun Organe de Génération en particulier & avec
tant de Soin. ^
Mais il n’efl perfonne de bonne Foi , je penfe , qui ne convienne,
qu’ileft fort aifé, qu’il fe glilTe de telles Fautes.
La feule Chofe que je fouhaiterois, c’eft que Mr. le Baron deGleî-
chen, eût bien voulu régarder de plus près les Termes de mon Expli-
cation, qui difent formellement dans l’Édition allemande p 62. de fa 3.
Partie, que ,, cette Partie étant devenue tranfparcnte pour avoir été
,, écrafée, j’avôis été obligé de me fervir pour Pobferver du Micro-
„ feope de Wiifon, au Lieu de celui de Milchmeyer.
L t Monfieur le Confeiller intime eft bien lui-même encore
à découvrir la huitième Paire d’Ouvertures des trachées des Papillons, lefquel-
Ics cependant Reaumur & Bafin ont vues, & qu’on peut voir encore tous
les jours, l’Oeil nud, dans les Chryfaiides de Papillons.
Je ne laifle pas de réitérer ma Prière & de convenir que Mr. le Ba-
ron de Gleichen a défini & fixé ce Membre bien plus aujufte que je n’ai
fait , & qu’il a eu raifon de le nommer le Boïau de la tonte de la Aloucbe
femelle.
Je m’apperçus moi-raeme de mon Errreur, avant que VH’fto're de^a
Mouche fût fous la Prefie ; & dés le Mois d’Août 1-754. j’avertis mon En-
trepreneur , qu’il faloit changer l’Explication delaTab.34.de las.Cinquan*
tainc de la 'I raduélion françoife Voies p. 79, Tab, XXXlV.
Car au Printems aiant eu Occafion d’examiner divèrs Infcéles volans,
je ne tardai pas à découvrir la Méprife, par ceque les Femelles, pour
la plûpart ont de femblabîes Bnùux de Ponte, quoique plus gros, & qu’
elles font leurs Oeufs de la même Manière , par une Ouverture parti-
culière, mais un peu plus haute.
Les Particules ovales de la Subjlance fluide, que l’Ecrafcment de ce
Boïau de Ponte en avoitfait fortir, & que la Vraifemblence me fit pren-
dre pour des /Animaux fpermatiqiits morts, je les ai prifes pour telles par-
eeque non feulement elles refiTembloient beaucoup aux Animalcules fper-
matiques du Lait de Carpe, mais encore par ce que la Refiemblencc du
Tuïau de la Ponte & du Membre viril , que j'ai déjà indiquée fait aifé-
ment prendre l’un pour l’autre. Les Termes dont je me fuis lervi dans
l’Explication allemande, font encore foi, que je n’en ai parlé, que par
Conjeélure.
jî
En-
s Supplément
„ Enfin fi les Corpufcules de Figure ovale, qui fortoîcnt parrOu-
,, verture d’enhaut, étoient des Animalaules fpermatiques? c’eft ce
,, que je ne puis dire avec Certitude, ne les aïant vûs ni en Vie ni
,, en Mouvement “
Combien de Naturaüfles infiniment plus grands ne s’expriment ils
pas de la même Façon? Mr, Lyonet, l’iminitablc Lyonet ne s’explique pas
a^utrement dans fa DiiTeiStion de la Chenille de Saule: fâi cru voir, il rna
fembléy U m’a paru.
LA TABLE XXXV.
fans Contredit la Coruêe des Teux de la Mouche^ laquelle fuivant les di-
vers GroffifTemens , fait voir des Images diffe'rentes, & des Cibes tan*
tôt quarrées, tantôt hexagones.
LES TABLES XXXVI. & XXXVII.
Une Tête entière de Mouche, prife de Côté & par derrière &c.
Celle • ci ne refTemble, fans doute, pas entièrement à celle de la
Mouche de Chambre de Mr, le Confeiller intime de Gleichen. Le f oU
en eft blanc & toutes les Parties en font tout autremenifaçonnées C’cll
auili ce que difent les Termes de mon Explication.
,, J’apperçus d’abord une Blancheur toute particulière, que je
,, n’avois encore jamais vû qu’en très peu de Mouches; furtout le
3, Collier & le dcrrie're de la Tête étoient tout blancs & orne's de
3. Taches noires.
Si Monfîeur le Confeiller intime cft bien perfuadé de ma Ponèlualité,
il aura bien la Bonté de croire, que je fais du moins diûinguçr le Blanc
d’avec le Brun ou le Jaune.
Que fi l’on veut foutenir quelque Différence dans les autres Parties,
que j’ai toutes fort exaélement defTinées, il faudra la prendre dans la
Diverfité totale des Mouches qui ont été examinées, & qui paroit ici
dans tout fon Jour, & non point dans des Membres particuliers &
*noins encore dans le Microfcopc.
LA TAB. XLI.
Le Dos de la Mouche
Etoit de même que le Collier fort différent en Couleur à celui de
la Mouche, que Mr. le Confeiller intime avoit examinée. Rien de plus
juûe que cette Gravure, & j’ai l’honneur d’affurer le Leéleur, que je
n’ai pas vû à faux. La Couleur n’étoit ni bleue , ni verre, bien moins
encore jaune; mais elle changeoit en donnant dans le f erd^Acier. A
Côté
9
aux Amufemens Microfcopiques.
Côté de chaque Divifion, je vis une Tache brune, & il y en avoit en
tout g. à la Partie d’enbas ou au Dos & 13. à la Partie d’enhaut ou au
Collier.
La Table XLII.
le Ventre de la Mouche.
Perfonne ne peut & ne doit exiger, que je puilTe voir dans une
Mouche, que je n’examine que par la Loupe, le GroflîlTemcnt de tou-
tes fes Parties, ou que je voie parle Microfeope manuel ce qui ne peut
fe voir que par Nro. i. ou o. Je n’ai voulu répréfenter ici que le Fen-
tre de la Mouche comme tout uni & fans Poil-, avec un Pié groffi, auquel
je n’ai point vû de Plantes^ mais feulement des Feffies rondes ; pareeque
j’en avois donné dans la 'Table 36. la Tête en particulier avec fon Grof.
filfement. Alors je dellinai ce que je vis. Le Pié en étoit arraché, par
confèquent mort, & les Veflîes rétirées. Mr, le Confeiller intime les
nomme Plantes des Piésy & les rêpréfertte longues; à la bonne Heure î
Ce qu’il- y-a d« certain, c’eft que ces Parties en Forme de Veilles, fc
rétirent, & que la Mouche peut les alonger fuivant l’Ufage qu’elle en
veut faire.
Je n’ai pas trouvé noirs ni la Poitrine ni les Pies, mais brun foncés.
Et le Marteau A. B. C. D. eft une Addition de Mr. Winterfehmidt,
à laquelle je n’ai aucune Part; On ne laiiTe pas cependant de lui devoir
la première Découverte, que, lorfqu’on a oté à la Mouche ces deux Marte-
lets, elle 7ie peut plus prendre^ cjjor. Woïés pag,io5 &106. 3. Partie. Pour lesPelli-
cules du Bourdonnement, je les ai marquées très ponéluellement dans
la 'Table 41.
Ce font tous les DeiTeins que j’ai donnés fur la Mouche dans cette
troifième Partie. Si l’on peut en ufer de meilleure Foi, que je ne fais,
en répondant à cette fécondé ObjcèJion, c’eA furquoi je m’en rapporte
encore un Jugement impartial du Leéleur, que je prie en même Tems
d’avoir la Bonté de faire Attention, s’il eft bien poflîblc d’exiger tout
ce que l’on peut inférer dans deux Hifloires particulières, dans un Ou-
vrage tel que mes Amufemens , dont les Bornes m’avoient été préferi-
tes, pour pouvoir en demeurer a la Modicité du i rix qu'il coûte.
Monfieur le Confeiller intime voudra bien cependant fe perfuader,
que j’aurois encore bien des Chofes à alléguer dans mes Réporifes, fi
je n’en étois retenu par le Refpect que je Lui porte.
Je n’ai voulu que juftificr le Microfeope de Milchmeyer , de peur
que les Amateurs de mes Obfervations, induits pai les Suppofitions de
ce Seigneur ; ne viennent à croire, que toutes lesRccherches faites jufqu’ici
b avec
I
J 9 SuppîetTjent
avec ce Mîcrofcopc , bon en lui même, & qui pourront encore fe fai-
re, font fauffes & mal rencontrées; ce qui feroit un Tort irréparable
à l’Entreprcnneur. Je laifle au refie au Leéleur, à juger & à décider,
ti fai reüfli dans mon Delfetn & pour cela je préfente fiiflampe ci-join-
te à fon Examen.
Après avoir achevé, ce que l’on vient de lire, & fur le Point de
le faire imprimer, -je reçus un ou deux Jours après d’un Ami, que j’ho-
rïorc infiniment, la Comunication du fécond Ouvrage de Mr* le Baron
de Gleiehen.
Autant que j’eus de Satisfaélion à en voir le Contenu, comme une
Produélion, à bquelte j’avois aidé à Bonnland & à Nuremberg, autant
fus je frappé de la longue que Mr. le Confciller intime avoit an-
nexée à l’I^xplication de fa Table ai. touchant f Herbe de Lin,
Jiifqu’où, difois-je, après en avoir fini la Lecture, un Grand Efprit
peut fc laifler entraîner à la Palîion, & fc prêter à de pitoïables lUu-
fions, que lui font des Perfonnes rampantes & interefféesl
Car à rie confidérer cette Note qu’avec des Yeux nets & dégagés
de Prévention, il eft d’abord palpable, & l’on n’a nulle Peine à deviner,
que Mr le Baron de Gleichèn a facrifié & le brave Milchmeyer & moi
à fon Fntreprenneur & à deux Artiftes qui travaillent pour lui, les Srs.
Mann & Burucker.
Quelque odieufe que foit cette longue je ne balance pas de
la mettre ici Mot à Mot, comme j’y ai mis celles qui font dans l’Hiftoi-
re de li Mouche de Chambre,, h pour l’Edification du Leéleur, de joindre
d’abord à Côté mes Réponfes; de Sorte que les imputations de Mr. le
Confciller intime & mes Défenfes foient fur deux Colonnes contiguës.
Note
DcMonfieurk Conlèiller
intime de Gleiehen &c, qui fe
trouve au bas de la pag. 13. de fes
Nouveiles Obfervntions ^c. dans l’Ex-
plication de î’Eftampe 2 1 .laquelle
dépeirvt de Lfwobfervée
par le Microfeope,
Mr. Ledermulîer nous dit pag.
79. de fon Edition allemande de la
5, Cinquantaine de fet Amufemens
mi-
Réponfe de Ledermulîer
à cette Note.
I.) C’efl ce que montrera TEflam-
pe ci- jointe.
2O Mr. Maim vend le Sien à
RouH'
aux Amufeœens
microfcopigues tant pour l'Efprit que pour
les reuXy qu’il a reçu de Mr. Mtlch-
meyer de Francfort un Microfeope
univerfelt qui diffère très peu du mien
i) ^ à très bon Marché 2). Je fou-
haiterois qu’il ne l’eût pas empê-
ché 3.) de remplir quelques Feuil>
les de fes Amufemens , des Deffeius
de cet excellent Inftrument 4.)
La Répréfentation de la Mouche
Se de fes Parties donnée dans cette
Cinquantaine 5.) furtout THifloire
des prétendus Martelets^ ou Branches
de Balance de la Mouche 6) décou-
verts après Coup par fon Entrc-
prenneur Winterfehmidt 7) m’y
autorifent d’autant plus, que je ne
làurois concevoir que Mr. Ledcr-
muller avec fon prétendu Miroir
concave d'/1rgent, dont il fait tant de
Cas 8) & avec fon autre Miroir
éclairant par deffous, ait pù ne pas
voir ces Parties, qu’il y-a bel Age
que S^ammerdam ^zReaumur ont vues
^décrites, aidés delà fîmpleVûe;
& qu'il ait laifle à fon Entréprenneurï
en faire la Découverte, fans que ce-
lui.ci ait peut-être le Bonheur d’avoir
le Microfeope en Forme de Com-
pas de Milchmeycr 9.)
11 a encore mis à la Page d’après
c’eft à dire pag. go. fur fa Corre-
fpoodcnce avec Milchmeyer 10.)
les Mots fuivants : ,, li c’eft nou-
„ velle Invention, que d’ameliorer
,, un Inftrument déjà connu, en y
,, ajoutant ou ôtant quelque Cbo-
„ fe ; je me fais fort d’inventer dans
„ un ou deux Jours une Cinquan-
taine de Microfeopes Etcelauni-
que>
iTiicrofcopîqU€S. 1 1
Bonnland fo. fl. & j’ai donné du
mien 10. fl. à Mr. Milchmeyer.
3) Si Mr. Milchmeyer m’a em-
pêché d’inférer fon Microfeope dans
mon Ouvrage, c'eft qu’il m’avoit
offèrt de m’en envoïer un plus fin;
mais il n’en a plus eu le Tems.
\oici l’Extrait de fa Lettre.
„ Je Vous prie de me faire lePlaî-
„ fir de ne pas mettre dans Vôtre
,, bel Ouvrage, le Microfeope, que
„ Vous âvés reçu de moi; parcc-
„ qu’ici à Francfort on eft accou-
„ tumé à quelque Chofe de plus
,, fin. Je n’en ai fait que quelques
,, uns de cette Elpéce, qui vû la
„ Modicité de leur Prix ne pou-
,, voient fe travailler plus finement.
J» J' les ai toujours rendus 30, fl.;
„ mais à Vous je les iailferaipour
10. Vers la Pentecôte f. p. àD.
„ je Vous en enverrai un autre d*
,, une Invention toute nouvelle,
,, qui nous fera plus d’Honneur à
„ inférer dans Vos beaux Ecrits &ç,
Francfort
k i.Mars 176}.
J, Af. Milchmeyer,
• 4) Si celui de Mann eft exceU
lent, celui-ci ne luicéde en rien ; mais
ni Mr. Milchmeyer ni moi ne nous
fommes jamais iervis de ce Terme.
5) Cela a été fuffifamment ré-
pondu plus haut & le Microfeope
a été juftifié.
6) Si une Branche de Balance eft
un Balancier J eh bien, qu’on nom-
me ainfi ces Baguettes de la Mouche ;
SwammerdamSe d'autres les appel-
lent MarteletSj Mr. de Glcichen, des
b Z Ba-
IX Supplément
quementpareeque cettePenfée luiplait^
J I .) Je ne fuis point furpris de la
Saillie de Milchmeyer , mais j’ad-
mire d’autant plus, quelle put p'aire
d Mr, LeàermuUer la.) Comme je
eomois perfomeUement le Premier 13.)
je pafle fur tout Eclaircilfement
touchant ù Propofition. On ne
peut trouver cependant |à dire de
ce qu’il témoigné fi peu de Joïe
fur les Inventions d’autrui, puifqu'’
i' faut qu'il vive des Siennes. Je ne lui
dénie pas non plus fa Dextérité à
compofer des Microfeopes; Mais
Mr. Burucker de Nuremberg, Com-
patriote & Côneitoïen de Mr. Le-
dermuller, que celui-ci zohmis, je
ne fais pourquoi 14) en annonçant les
deuxArtiftes deLeipzig & de Franc-
fort, eft un A'lêchan:(îe de Profejfiony
&, n’en déplaifeà Mr. Milchmeyer,
71 polit mieux le t'erre que lui 15.) Mr.
Burucker m’a fourni depuis quel-
ques Années tous les Inflrumens
microfeopiques, que lui ai deman-
dés, très Heu travaillés; ce que je ne
puis dire à la Louange de l'Art d'inven*
ter de Milchmeyer ^ ainfi que je vai
le montrer. Mr. Milchmeyer fut
un de ceux à qui j’écrivis, ainfi que
j’ai dit § 14. de mon Jntrodu-
iJîon , de me faire un Microfeo-
pe , qui fût bien propre à exami-
ner les Corps opaques. Je
lui propofai pour cela le Alicrofco^
pe manue de Ua.ker, que Mr. Leder-
mulier a fait graver dans la fable
VI.
Baguettes de Tambour; tout cclam'eft
indifférent.
’ 7) Ce n’etost peint un Devoir^
mais une Obfervation volontaire
de Mr. Winterfehmidt, que je ne
voulus pas désobliger , par-
ce que je croïois avoir fuffifam-
ment détaillé tout cela , dans la
TableXXXXV. des mesAmufemens
en répréfentant le Moucheron^ dit le
Coufin, Qi^i de plus facile à un
Malade alité, comme j’étois , que
d’oublier une fi petite Particule. ♦
8) Si c’eft un Miroir concave pré-
tendu ou réel? C’efl ce que mon-
tre f) de la Table I. Quand je le
reçus il étoit fi bien argenté, que
je lé pris en Effet pour tout d’Ar-
gent. Mais il étoit de A'iét&i blanCy
aulli clair, aulli fin & aufii blanc que
l’Argent, & qui rend le même Ser-
vice que s’il en étoit.
ÿj A ce que je fais Mr. JVinter-
febmidt eft pourvu du Mkrofeope en
Forme de Compas de Milchmeyer, ou-
tre les Microfeopes folâtre ^ compofé
de Burucker , & qu’il n’en tire pas
des Avantages médiocres, fuivant
ce qu’il m’en a dit lui-même; & s’il
le juge à propos , il fe pourvoira
encore de celui de Mr. Mann de
Bonnland, fans que je m’en emba-
raffe.
10) Elle confîfie à peuprés en 3.
Lettres, telles que les Artifies, qui
ne font 'pas obligés d’être dés Sa-
vans, peuvent écrire.
I')
Svvammerdam a heaucoup vû, difféqué Sc découvert, Mr. Lionct efl allé encore
plus loin ; lens que celui là ait loudéit pour ne rien dire de tant d’autres
Exemples.
aux Annuremens microfcopiques.
15
VI, Fig. n. de fa troifiètne cinquan-
taine, défirant qu’il y ménageât auf-
fî adroitement qù’il fe pourroit, un
Aliroir coveavé de Aîétàl. Mais rÈfpe-
rance que j’avois conçue, d’avoir
un Microfeope de très bon Ufage
de la Façon de Mr. Milchmeyer, fut
aufli vaine, que la Peine que je me
donnai de lui écrire. Car après une
longue Attente , je reçus enfin de
lui une Lettre, dans laquelle il s’
exprimoit de la Manière fuivante,
à laquelle je n’ai pas changé un Jo-
ta, & dont je ne puis pas dire avoir
été fort content: „ Daiis Vôtre
,, dernière Vous me demandés le
„ Microfeope de Backer; mais je Vous
„ dirai de bonne Foi, que Vous n y
,, trouverés guère Vôtre compte;
„ car j’ai fait tous les Microfeopes
„ qui font connus & j’en connois
,, le fort & le foible. La plupart
de Mefiieurs les Savâns ont la
„ Coutume, que quand ils ont in-
,, venté la moindre Chofe, ilsfon-
„ nent le Toxin & la faventfibien
„ étaler & enjoliver; qu’on croi-
„ roit, que ce font des Merveilles;
„ ils rnont quelquefois bien attrapé moi'
„ même, ^ c’a été C Expérience qui m’
„ défabufê. Si cependant Vous vou-
„ lés que je Vous en fafle, j’attends
„ Vos Ordres'*. 16.) Non! ce
n’étoit plus mon Fait ; car com-
bien facilement eût-il pu fe faire,
que Mr. Milchmeyer m’eût envoïé
un Pc; pourri microfeopique , dont
le Principal auroit confifté en ürwr
viem inutiles 17.) Il ne me refioit
donc d’autrcRelTourcc, que de m’en
aller
i«) & 12) Parccque j’ai vû que
cet Homme avoit delaConnoiflan-
cc & du bon Sens, ainfi que la Let-
tre ci- jointe va le faire voir; pour
ne rien dire des autres bonnes In-
tentions de Mr. Milchmeyer.
Second Extrait d’une Lettre
de Milchmeyer,
,, Entre autres j’ai inventé un
„ Microfeope, qui renferme tous
„ les autres , qui aient jamais été
„ faits. L’on s’en fert en toutes
„ Façons comme d’un y/wp/r, étant
,, pourtant compofé en différentes
„ Manières. Je le mets comme ua
„ Microfeope folaire à la Cham-
,, bre obfcurc de Mr. Abbé Nollct
„ de Paris & je n’ai pas befoin
„ d’une plus grande Chambre ob-
„ feure, le Miroir étant dirigé par
,, une Efpèce de Rouage , qui me
,, tient pendant quelques Heures
„ l’Objet immuable, comme il a
„ été réglé, & bien d’autres avan-
„ tages. Francfort le 13. Fevr.
^7^3. J. M. Milchmeyer k
NB. A qui cft ce que de tcl-
lesLettres & desinventions auP
fi riches, ne plairoient pas au-
tant qu’à moi?
»3) Je ne le connois pas per-
fonncllement, mais feulement d’un
Côté par fes Lettres & fes Micro-
feopes, d’un autre, par les tloges
diftingués que dui ont donné ou
des Perfonnes de Qualité, ou d’au-
tres Perfones difiinguées , qui s’y
entendent, & qui font allées jufqu’
à faire imprimer des Vers à l’Hon-
neur de fon Habilité,
•> } 14)
14 Supplément
aller à la Ville la plus proche , &
d’y demeurer auprès d’un Ouvrier
tn Laiton ^ jufqu’à ce qu’il eût fait
en ma Préfence & fuivantmes Idées,
le Microfcope qui étoit déjà tracé
en Dedein. Cependant un habile
Horologer, nommé feasËrbardMann,
natif du Pais de Meinung vint par
Hazard me voir, par l’Aide duquel,
comme je ne favois pas travailler
en Laiton, je vins à Bout de fabri-
quer leMicrofcope univerfel anno»'
cé dans cet Ouvrage , qui ebvioU
AU peu ^Ufage ^ à Clncmmodité de
tant i autres Infirumens microfcopiques
Ig.) fans en excepter les deux de
Nlilckmeyer, que j’ai aulîi achetés.
L’Ouvrier qui a fait mon Microfco
p.c univerfel, cft encore ici, & il a
été obligé d’en faire à Quantité d’
Amateurs, ce qui efl une Suite na-
turelle del’Approbatioa qu’il a eue;
Bien quil y^ait des Gens , qui ne favent
pas faire Ufage de m<m Microfcope uni’
verfel^ ni ajufter la Compofition de tou-
tes fes Parties, fans mes Infiruilions, quand
même ils les ont imprimées, ip) mais
pour cela , ils ne doivent s'en prendre ni
à moi ni . à finftrument. Car qui cft
ce qui m’a inftruit moi? J’ai enco-
re à, averdr que ceux là fe trom-
pent fort, qui croient, avec leur
Miroir concave de Métal & celui de
Verre, qui n’a pas befoin d’être.con-
cave, mais feulement uni, pou voir
fuffiî^ment éclairer un Objet,
par tous les Numéro de leurs Len-
tilles, pourvû.quc celui de Verre
foit au deifous de celui de Métal.
Il faut, outre le Mouvement & la
Di.
14) J*ai cru pouvoir me difpcn*
fer de parler davantage de Mr. Bu-
rucker. Maître Falfeur de Compas
& Mechanique de cette Ville, en
axant depuis long - tems fait une
Mention honorable, tant dans mes
Lettres 1 des Amis étrangers, que
même dans ma troiûéme Partie pag,
a. faudroit-il, quefbn Nom iè trou-
vât dans toutes mes Feuilles? U y
auroit bien de Plngratitude de Â
Part, à n’être pas fatisfait de la Ma-
nière, dont Je l’ai traité fervL
Je m^en rapporte hardiment à lui
même; car c’eft moi qui lui ai fait
faire Connoiifancc avec Monheur
le Confeilier intime* Je brife là
deifus de peur d’être taxé de vou-
loir me donner des Louanges..
1 5) C’eft par un Exercice fou-
tenu & par une longue Expérien-
ce, qucî’OH parvient à la Perfeélion
ûe polir le Verre, Ceft une V’érité
dont Mr. Burucker ne diftonvien-
dra certainement point, &il fe fou-
viendra, que ce lot moi, qui lui
indiquai les Livres les plus propres
à lui montrer l’Art de le bien po-
lir , qui ai fait mon pof>
fible pourfairc connoître & recher-
cher Con Ouvrage. 11 ne manque
à Mr. Miichmeyer , que de mieux
polir le Verre, qu’il ne rend pas
aifés net, & qu’il laiife un peu trou-
ble; mais il y en a de fort bien po-
lis, & H excelle Surtout pour ce
qui concerne le foier,
1 6) Ce que Monficur leConfcH-
1er intime dit ici du Stile de Mr,
Milch-
aux Aitjufemens microfcopiqoes.
if
Direâion ordinaire du Miroir de Milchmeycr ne me regarde point.
Verre fuivant le Soleil, encore un Peut être pourroit-on lui appliquer
autre Manîment, Tans lequel tous ce qu’on débite d’un certain habile
les Soins qu’on prend dans les Armurier d’ici, fort aimé d’un Sei-
GroiHâemens les plus forts , pour gneur, qui lui donnoit beaucoup
jetter fur l’Objèt la Lumière du d’-Ouvrage à faire.
Soleil, font autant que peine per- Gracieux Seigneur! L’Arque-
duc. Il confifle - - - Mais l’O^a/ bufe eft faite. Si Vous m'en en-
dt ithmlf 20.) voïés l’Argent, je Vous cnverrM
l’Arquebufc, mais point d’Argent point d’Arquebufe. Adieu Gra-
cieux Seigneur.
Je connois encore ici un célèbre Artifle, qui a bien rencontré le
StiU de 1 Armurier, & qui s'en fert dans fes Lettres envers le Grand com-
me envers le petit. Y a-t- il là deqooi indilpofer de telles Gens contre
lui? Chacun à fa Façon.
17 Mr. Milchmeyer ne met pas des Ornemens mutiles dans fet*
Microfeopes. Ils font même un peu plus forts que ceux de Mann;
auffi font- ils plus durables, & fupportent plutôt la Prelïion de la Main.
Ig) Cet Arragcment 'dépend uniquement de la Volonté & de la
Coutume de jehaque Amateur, favoir, s’il veut fe défaire de tous les
autres Microfeopes ou les garder. Des Inflrumcns qui ne font bons à
rien, font & demeurent inutiies êz ne méritent pas d’être placés parmi
les bons. Mais il ne s’en fuit pas , que chaque Machine prife feparé-
jnent, & que tout Inftrument microfeopique ne (bit bon à rien.
Je peux, par Exemple, avoir TUniverfel de Monfîcur le Confeillcr
intime de Gleiehen, & ne laifTcr pas de faire très bon Ufage d’un bon
Microfeope anatomique, ou du Manuel fimple de Wilfon.
Le prémier eflpius durable & tient plus ferme, que TUniverlel avec
fc petit Ais minces, qui fe détruit bientôt, &
L’autre fe porte bien plus commodément dans la Poche, & on lè
peut bien plus aifément tenir contre la Lumière ; pour obferver des
Objets tranfparcns.
Y a-t-il vrai ConnoilTeur de ces InArumens, qui difeonvienne de
cette Vérité.
19) Moniîeurlc Confeiller intime avoue lui-même, qu’il connoît des
Gens, qui ne faurotent comment s’y prendre à l’Arrangement de tant de
Parties dont ce Microfeope univcrfel cil compofê. C’eil; toutes-fois un
excellent Inftrument, pour ceux qui faventen faire Ufage
20) Ce n’étoit certainement pas mon Intention ; lorfqu’en pu-
bliant ma troifième Partie^ je donnai une Idée des Initrumens micro-
feo-
t6 Supplément
fcopiques & de leurs Manîmens; mais je tâchois feulement à rendre
plus aifé, plus connu & plus utile un Art, que je regardois, comme un
Amufement pour les Yeux & pour l’Efprit dans des Heures perdues,
& nullement comme un Monopole, à tous les Admirateurs des Oeuvres
du Créateur, & qui ne défirent, que de reconnoître & de glorifier fa
Toutepuifiance &: fa SagelTe dans les moindres de fes Créatures.
Au refte j’ai toûjours crû qu’une trop grande Illumination des Ob-
jéts faifoit plus de Mal, que de Bien. Elle trompe l’Oeil, fait des Cou-
leurs faulTes, & fouvent une tout autre Superficie que n’a l’Objèt elfe,
élivement.
Pour moi, j’ai été jufqu’ici content de ma Méthode d’illuminer mo-
diquement les Objets; & un Oeil fait à la Pratique, peut toujours fe
confulter & s’aider foi-méme fur le Degré de Lumière que demandent
les Objets. Des Obfervateurs experts feront, fans doute, démon Avis.
Je fuppofe que Monfieur le Confciller intime a fait les autres Avertifie-
mens pour des Novices & non pas pour moi. J’ai eu pendant 4. Se-
maines à Bonnland l’Honneur & la Permiflion de voir ce Seigneur fai-
re fes Obfervations préfque journellement avec ce Miçrofcope univer
fcl ; & un An au-paravant U eut la Bonté, accompagné de plufieurs au-
tres Perfonnes de la prémière Qualité, de venir examiner les Miennes à
Erlang, tant de la Chambre obfQure avec le Microfeope folaire, qu’avec
d’autres Microfeopes, & puis de fe faire envoïer de mes Lentille à Bonn-
land; furquoi je m en rapporte à fes propres Termes. Fo'ïés art. Let-
tre f>'I IL pa^. 26. Il y-a long-tems que je fais le Secret de Colomb, &
me rapporte là delTus aux Exprefiions gracieufes dont ce Seigneur m’a
honore dés le Commencement de fes Nouvelles Ohjervatiom^ Icfquelles me
juflifient en plein, C’eft par où je finis, mon peu de Sonté me faifant
palTer fous Silence, ce qui pourroit encore fe dire fur ce Chapitre &
que j’abandonne au Jugement & à la Décifion impartiale du Public.
* Note. Extrait de Nouveila Obfervations pag, 8.
„ Entre autres Mr. le Confeillcr de Jufeicc Ledermuüer y Ohfervateur
„ attentif^ exaHy connu par fes /tmüfemens microfeopiques tant pourl'Efprit que
„ pour les ïeuxy a prouvé dans fa Lettre phificale fur les Animalcules
,, fpermatiques , imprimée à Nuremberg en 17^6. TExiftence réelle
de ces Animalcules.
Pour ne pas doner dans l’Oftentation, je prie qu’on life le relie
dans l’Original.
Ex-
aux Atuufemens luicrofcopiques, i?
Explication de TEftampe.
Tab. I.
L’Inftrumcnt microfcopîque deîlnvention & Fabri-
que de Mr. Afilcbmeyer^ Opticien & Méchanique de la Ville de
Francfort fur le Main, dont je me fers journellement avec
beaucoup d’Utilité.
Fig. a) fait connoître tout i’Inllrument en Petit, tel qu’il eft drelTé &
compofé. Les autres Parties fe préfentent de Grandeur naturelle;
c’eft à dire :
b) cft un Bout de Laiton affermi par une Vis dans c) lequel a 3. Par-
ties, & dans
d) celle du Milieu, où eft la Lentille microfcopîque ;
«) la Couverture au Moïen d’une Lame de Laiton;
f) le Miroir concave d’Argent.
Ce Miroir concave, qui eft ici de Métal blanc, efi: deifous, la Pièce
du Milieu d) qui eft la Plaque enfonçe'e dans laquelle on metlespe-
tits Chapeaux g) auMoïen des Pincettes courbes h) eft au Milieu, &
la Couverture eftpar deflus; le tout airuré& affermi par c).
Ces Psèees n’ont donc pas befoin d’être , affermies par des Vis, comme
dans le Microfeope univerfel, car il n’y a qu’à retirer la Plaque e) &
mettre dans d) tel Groffiffement qu’on veut d’i) puis le récouvtir
avec c) & tout eft fait,
k) une Pièce dans laquelle , l’on peut fourrer les Inftrumens 1) m) .n) o)
& les y affermir parp) eft chés Monfieur le Baron dc Gleichenla
fécondé Branche du Compas^ Par la Vis q) il fe peut éloigner &
rapprocher; fuivant le Befoin, l’on peut aufli y adapter, fi l’on
veut, les deux Pièces courbes de l’Invention de Monfieur le Con-
feiller intime, avec la Noix,
r) marque la principale Vis, à l’Aide de laquelle la Pièce f. peut être
éloignée ou rapprochée de l’Objèt. Cette feule Vis manque ici,
laquelle je pourrois faire faire -chaque Jour, iî je la trouvois abfo-
lument néceffaire. Par contre dans
t) le Reffor d’Acier qui eft tout franc & ouvert dans r’Univerfcl, eft
ici bien mieux gardé , & mis à l’Abri du Manîment par des
c Doigts
jg Supplerrient
Dorgts fouvent hu^nides- de Sueur , & même de î’Humidité de
l’Air.
b) efl la Boule ronde^ qui au Moïen d’aune Cheville v) fe fourre dans
w) & s’y affermit par la Vis x) & alors l’on peut diriger toute la Ma-
chine comme l’on veut, ou droite pour obferver les Objets contre
le Jour y ou la coucher orifontakment, en mettant au deffous le
Miroir de Clarté y) pour obferver un Objet de haut en bas, ainfi que je
l’ai répréfenté dans îatroifièmeCinquantaine demes nmufemensTab.
Xli. Fig. 3. AcetteFinlePiéw)
a un.Ecroîf2:')par l'aDiredlion duquel tout rinflrument b),c')d)e)f)k)p)q)
r) f) t) 11) x)fepeutaifément baiffer, dreffer, diriger, pofer & coucher
comme l’on veut, aufïi bien & peut-être même avec plus de Commo-
dité que ne le permet le Pié du Microfeope univerfel
a) fait enfin connoître le Coff> èt où l’on peut ferrer toutes ces Pièces. H n’a
que 5. Pouces de long rj. de haut & 4. de large, il eflpar conféquent très
commode à porter dans laPoche partout où l’on veut.li aunePlaque de
Laiton fort propreBj) où l’on affermit par uneVis le Pilkr ou iePiéC) &
D) dénote un petitTiroir bien fourré, où font toutes ksPiéces qui font
couvertes d’un petit Couffin rouge. •
Le Coffret deMonfieurle Confeiller Intime peut avoir un Pie de Haut & d.
Pouces de large. Auffi faut-il qu’iifoit plus grand, pour pouvoir conte-
nir plus de Parties, fans compter celles que fon Titre de Microfeope uni-
annoncent, & qui ne font bonnes ni utiles à l’Obfervation de la
Mouche tels'p.e. que la petite/^ji' anatointque,\c. longTuïau,& laLampe.
Aïantdonc moi même tous ceslnfirumens, que j’ai même deffinès dans
mon Ouvrage, je n’ai pas cru devoir déroger à la grande Commodité
de moaMicrofeope deMilchmeyer par tant d’Addi dons.
La Table LXX,.
De ia fécondé Cinquantaine de mesAmufemens mi-
Giolcopiques fait voir.
Fig. e) le vrai Microfeope cnFormede Compas de l’Invention de Mr. May
deDrefde, &nTarqae
f) l'un des Bras, où l’on metle Miroir concave d’ Argent avec la Lentille mi-
erofeopique,.
b) l’àu-
^ aux Amufemenc micr^ofcopîques^
b) t*autre Branche ou l’on peut mettre les Pinces, un Manche & autres In-
ftrumens.
Le RélTort de celui de Gleichen y manque ; mais il fe trouve de même que
celui de Backer dans ma
3. Partie Tab. VI. Fig. o. '
laquelle montre n) un ancien Microfcope, le Grand-père de tous les autres
Microfcopes en Forme de Compas ^ toutefois muni de prefque tou-
tes les Pièces elfencielles de celui de Monfieur le Confeiller intime,
comme
de l’Anneau q) où le Miroir concave d’Argent peut être affermi avec le
Chapeau de la Lentille, de même que d) dans celui de Glcichen (Tab»
XIl. de ma Part. 3.)
Fig. p) a la principale yis marquée B. de même que
Fig. O, le Re'ffort d’Acier re'pre'fente D &
t) marque l’Endroit, où l’on peut mettre le plus commodément , les
Mouches, les Pinces & les Porte-Objets.
Tig. X & V, eft un Inftrumenî commode, qui a par derrière une Aiguille
& par devant des Pinces à la Façon de celles des Tonneiliers, & qui
fe peut changer par un fîmple Mouvement. Et avec quelle Facili-
té ne peut-on pas y adapter de petites Pinces à Porte-Objets,^
Les deux derniers Inftrumens, dont je viens de faire Mention, pour-
ront donner aux Connoilïeurs & aux Amateurs affés de Matière à
leurs Reflexions.
Ecrit à Nurembe^ le 5. Mars 376s.
Martin Frobène Ledermuller.
ADDI-
2»
ADDITION
AVEC
L’OBSERVATION D'UNE MOUCHE
DE CHAMBRE.
j^^onïieiir le Confeiller de Juflice Ledermulicr n’aïant pas jugé à pro-
pos de faire Mentioa dans fon Apologie à la Note contenue p. lo. des
téouvclles Objervations dans l’Explication de la Moujjè de la Feuille de Poi-
rier; je ne puis me difpenfer de faifir cette Occafion , d’y répondre,
comme y étant preTque feul intereflTé* En voici les Expreffions:
„ Il y a à la Vérité quelque Tems, .que cette Obfervation a été
„ donnée dans la troifième Cinquantaine des Amufemens microfeo-
„ piques de Ledermuller, & qu’ainfi il paroît fuperfîu de vouloir ven-
„ dre une fécondé fois cette Pièce, Mais la Répréfentation & l’II-
,, lumination y aiant très mal reüffi, l’Auteur s’eft crû obligé d’en
,, donner un Deffein plus exaèl, & de déclarer par là, que la pré-
fente Obfervation eû la feule qu’il avoue. Les ConnoiïTeurs du
Fin difeerneront aifément la Différence qu’il y a de l’une à l’autre
„ & ne trouveront pas fuperfîu, mais plutôt très néceffaire d’inférer
J, cette Table.,
Je m’en vai donc d’abord faire voir au Leéleur i) que cette Ob-
fervation a été inférée dans la Cinquantaine des Amufemens micio-
feopiques à ta Requifition de Monfieur le Confeiller intime’ qu’on
l’a livrée de nôtre Part parfairement d’après le DefTein; 3) que toutes
les Eflampes ont été approuvées de ce Seigneur; & 4) qu’il feroic à la
Vérité du Devoir de livrer au Public des Eflampes plus lines à Pro-
portion de la Différence du Prix, en Comparaifon de celui des AmuCarcr.s
microp:np'ique‘. ; mais que cette Différence eff bien petite, bien que l’Eftam.
pe en coûte Cinq fois autant; c’eff ce que les ConncrlTeurs trouveront
lans Peine,
Les Extraits Nro. r. 2. &: 3. yuflifieront mes trois prémiers Points,
& fai outre cela encore entre les Mains le Deffein que m’a envoïé Mr.
le Confeiller de JulLce Ledermuller. Je l’ai gravé très foigneufement,
& Mr Ledermuller m’a alTurè l’avoir très ponéliiellement tiré en Cou-
leurs d après le Deffein de la Xiain île Mr. le Confeiller intime.
Les
Addition.
ti
Les Extraits fuivans de quelques Lettres de Monfieur le Confeillcr
intime m’ont été communiqués dans le Billet quifuit, par Monfieur
Ledermuller à qui%lles étoient écrites.
,, Je Vous envoie en attendant quelques Extraits de Lettres, que
„ j’ai reçues à Bayreuth de Mr, leConfeiller intime de Gleichen, écrites
,, de Bonnland. Je ne faurois comprendre, comment ce Seigneur a
„ tout d’un Coup pris mes Occupations en Avcrfîon , jufqu’à les dé.
3, crier dans des Ecrits publics, ne l’aïant jamais olFenîe, que je fâche,
,, pas même en Penfée, & aïant en toute Occafion fait la Mention la
,, plus honorable de fes Obfcrvations. Et quelle Injuftice ne me fait-
,, il pas en me réprochant fans Raifon, que je n’ai point fait Mention
„ de mon Concitoïen le Sr. Bimicker? 11 gît ici fans Doute quelque
„ Serpent fous l’Herbe ; car quel Intérêt prend le Public à de telles Mi-
„ nucies? Le Tems nous l’apprendra. A la Hâte & d’une Main mala-
3, de &c. &c.
„ à Nuremberg cc i8* Mars 17^ J*
AI. F. LedermuUeK
Nro. j:
>5
yy
15
yy
y>
r>
de Bonnland le i. Décembre I7dr.
„ Je joins ici le Delfein & la Defeription du Charanfon blanc,
comme un Elfai de l’Ufage qu’on peut faire de mon Microfeopç^ Si
Vous en voulés tirer Parti dans Vôtre troifiéme Partie & y inférer cet
Elfai, Vous me ferés Plaifir.
fT. F. de Gleichen dit RuJJvvurm»
Nro. 2.
de Ponnland le 28. janvier 1762.
,, Vous recevrés par bonne & iïïre Occafion, quelques uns de
mes Ouvrages dans la Boite ci-jointe,
celles de ces Tables, auxquelles Vous
dans Vos Amufemens microfeopiques.
avec leurs Explications;
1. l.e Hanneton, 5. Le Melon.
2. Un très bel Infcfte allé 6. La Bette.
3. La Tigne. 7. Qnatre Tables de Germes, &
4. LaMoulTe delà Feuille de Poirier. 8, encore un Paflage de Piflillc & de la
Pouffîère des Fleurs &c.
Je Vous laiife le Choix de
voudrés accorder une Place
Ces font les Pièces fuivantes
Nro. 3.
Extrait de lui même.
„ Vôtre troifiéme Cinquantaine, va renouveller parmi les Savans
5, l’ Approbation, que Vous ont procuré les Précédentes, LesTaillesdou-
ces
>1
tu Addition.
,, ces ont très bien rêUJJî^ plus Remportent même de bçaucQup fur celle de f^ujf-
,, èiegle.
W'. F. de Cleichen dit Rujfvvurm.
Mais pour revenir à la Moujfe,\ je laiiTe au Leéleur à décider, ficet-
'tt Table étoit fort de SâifTondans les nouvelles Obfervations^ liirtout
aïantété long-tenas auparavant gravée & décrite de la même Façon dans
Ja troifième Partie des Amufemens mkrofcopiques.
Comme depuis quelques Années, je me fuis aulH occupé avec des
Inftrumens microfcopiques & que leur Ufage ne m’ell point inconnu,
j’ai rcfolu de refaire au Prêmier Jour cette Obfervation. Mais en atten-
dant, je m’en vai joindre ici, pour les ConnoilTeurs.dM Fin, la Gravure d’une
Mouche, afinque le Lecteur puilTe juger par lui même fi cette Table ne
jencontrepasexaétement rOriginal &laNature» Cette Table annexée
Figure
Répréfente donc une Mouche de Chambre d’après fa véritable Fi-
gure &fes Couleurs, avec plufieurs petits Infeéles, grolîis parhlro
Si je n’ai pas peint les deux Allés entières Couleur d’Arc en-Ciel
(comme p. e, le peu des deux Ailes qui porte fur le Dos de la Mouche)
je l’ai fait exprès, par ce qu’il ell aifé d’éviter cette Couleur éblouïfiante,
là où il n’y a pas un autre Corps immédiatement par delfcms, & que d*
ailleurs c’efl rarement la vraie Couleur naturelle.
Dans rEfpace de trois Ans & demi, je n’ai pü avoir que deux Mou-
ches avec de tels Infeétes. J’en eus une en Août 1761, & l’autre le ^ou
Septembre 17A3, (*) dont la Grandeur naturelle fe voit Fig, a, un defes
petits Polis ell; dépeint Fig. 3, grclîi par Nro. 4.
Il ell: plus aifé d’avoir de tels Infeélcs de delTus les Chenilles; mais ils
font rouges au Lieu de Brun-clairs, qui fontfur la Mouche. J’ai trou-
vé l’Automne palfée dans mon petit Jardin Quantité de ces Chenilles
ainfi mal traitées , & j’en ai fouvent 'examiné. Q.uand j’en détâchois
quelcun de ces Infeéles avec une Epingle, il y tenoit fi ferme, qu’il me
le falloit, pour ainfi dire, faire tomber de Force de l’Aiguille fur la pe^
titc Table ou fur le Porte-Objet, furquoi j’obfervois ordinairement, qu‘
en tombant ils tiroient après eux un Efpèce de Fil de deux 2 trois Pou-
ces
* Note, Il faut fa voir, qu’entre autres, cette Table eH compofée depuis long tems. Car de-
puis 1761 je recueille toutes fortes d’Qbfcryations & que je les delîîne moi-même, ou
que je les fais peindre d’après Nature devant moi par quelque habile Peintre. J ai même
Envie de les faire imprimer. Je me fuis pourvu pourcer Ouvrage de l’Inflrument micro-
►fcopiquedcMilchmeyer, d'unbonMicrofcopecompofédcMr Burucker, d’ühlVlicrofco-
pe manuel,d’un Solaire, & de Loupes ; je n’épargne ni Soins ni Dépenfes ; &Ia préfente
Table pourra enattendant faire juger au Leèleur, fi je fais mes Obfervations à lâ Légère &
farrf y apyorter toute l’E-xaélitude requife.
Addition. *
CCS, & qu’ils s’y pendoicnt comme l’Araignée. Peut-être m’étendVaf-
je plus au long là dellus, lorfqu’entre autres DefTeins, je répréfenterai
une telle Chenille avec ces Infedes, dans un certain Point de GroflilTement.
Mais en attendant,, voici Fig. 4. un feu! de ces Infèdes grolfi, qui
fe trouvent à Fpifon fur la Mouche, que j’ai deffinée; auquel je n’ai pu
compter que 6. Pies, n’aïant pû prendre pour des Pies les deux longues
Ssïes de l’Extrémité 11 faut encore remarquer ,/ que cette Figure n’à
pas été obfervée fur la Mouche; mais qu’elle a été mife feparémentfous
le Microfeope. Car quand ces înfedes font examinés fur la Mouche
.par la Lentille microfeopique, ils paroilTent tout pâles, comme on le
peut voir Fig.- i, à la Tête, an r>os, de même que fous les deux Ailes
vers le Haut de la Partie de deffous. Or ce ne font pas tous ceux qui
étoient fur la Mouche; car avant que de la peindre, j’en fis bien tom-.
ber avec un Pinceau trois fois autant, qu’on en voit ici, & c’etoit preA
que une Pitié de voir, comme ces Animalcules créufoient autour d’Eux'
aulïi lui relièrent ils fidèles jufqu’à la Mort, & pas un ne la quitta; ce
que je trouvai après fa Mort, car i’aïant confervée fous la Loupe, &
Taiant regardée chaque Jour, je vis qu’ils mouroient les uns après les
autres, & qu’ils relloient toujours enPkc®.
Nn. Les deux Martelets dits du êTo?! Fig s ne pouroient pasHien fe ménager dans le
DelTein de lai^jg, I. Voiés làdeJfits3,CinquantameT3ih\&\h\\,k B. C D. 8cpag. \o6.
Lc Lcfleuraurala Bonté pour le Détail de l’Anatomie de la Mouche de Chambre d’en
confulterl’Hifteire dans la troifième Partie des Amufemens nticrofeopiquesTab. 34.3 5.3g,
37.4I-SC4Î*
Mais pourdirc encore unMot desMouches de Chambre, tout îeMondc fait que ne
pouvant fuppoi ter le Froid, elles cherchent quelque Retraite oùcllcs foientau Chaud, pour
conferver leur Vie. H n’cfî pas moins connu, qu’elles fe multiplient extrêmement.^ Car
lorfqu’une MoUihede Chambre s’apparie, elle pond le neuvième jour pour le plus tard 80,
à tco. Oeufs dan^ un Endroit qui ne foh pas trop fèc,i NB. li elle a le Choix) afinqiic Je Ver*
qui efl d’une Couleur blanche fàle, dès qu’ibeft éclos trouve d’abord fa Nourriture; & cela
arrive quelque Fois par Eté. Je puis foutcniravec Certitude cette Quantité d'Oeufs ; car
aiant compté l’Eté palTéexaflement ceux de deux Mouches, l’une en pondit en (4 Minutes
86. Sc l’autre en 4. Minutes de moins Si5, dclTousle Verre, fur un petit MorceaadcCseuf.
L’une 5r Tes Oeufs entre 6. & 7 Heures du Soir ; de laquelle tous les Oeufs furent éclos
d^és leLende.r.ain à 9 HeuresduMatin,8£ les Vers fnurmilloient déjà. Ils ne vécurent que 12
Jours en cetEtat,& jufqu’au t4.ils devinrent tous desChryfalides dures, Couleur dePourpre*.
Ils demeurèrent 1 y. Jours dans cetteMétamorphofe; api es quoi depuis une Heure juf-
qu’à cinq à près Midi, ils fortirent Mo :cbes de leurs Prifons; otdcs îeshuitHeurcs on pou-
voir a peine les dîftingucrd’avec leurs Mères. Au fortir delà Chryfàljdc les Mâles fediftini
guoient déjà des Femelles; car eux là étoient délicats, mais celles-ci étoient de beaucoup
plus groffes par le Ventre ^
^ Une telle Mouche femelle aiant 233. Semaines, cil cnEtat de ftaire autant d'Oeufsque
fcMére; qu’onjugedelà deleurprodigieufcMultiplication. ^
Ecrit à Nuremberg le 1 9. Mars 1765. Adam IFolfgang irinterfchmidt.
AVER-
AVERTISSEMENT.
L’Entrepreneur de <et Ouvrage fait favoir au Public , que
s’etant chargé des deux Ouvrages fuivans, auxquels on travaille aélucl-
lement, pour l’Edition allemande, il en donnera avec le Teins une Tra-
du^ion françoife :
i) Arbres, ArbriiTeaux & BuilTons fauvages^ tirés d’après nature &
peints en Couleurs j avec une Defcription .concife &folide de leurs
Qualités, de rétat de leur Feuillage, de leur Fleur mâle & femel-
le, de leur Fruit de leur Semence, de même que de leur Crue,
de l’Age qu’ils peuvent atteindre, des Soins & delà Culture qu’ils
exigent, par Monfieur Charles ChrijioffJe Oelhafen de Scboelletibach y In-
tendant des Forêts de la Ville impériale de Nuremberg, -gr. qto.
a.) Colleélion des Plantes les plus utiles, les plus belles & les plus
rares, gravées très exaélement en Tailles douces illuminées fur
les Defleins qu’en a tirés d’après nature Monfieur Pbihpe Aîiller^ Jar-
dinier de la louable Academie de Pharmacie dans le jardin deÇheU
fea, & Membre de la Société des Sciences du Roi d’Angleterre;
expliquées par des Deferiptions détaillées & par une Notice des
différentes ClafTes, oublies appartiennent, fuivant les ClalLfica-
îions de Raïus, Tournefort Linnacus &c, gr. Folio.
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