ANNALES
SCIENCE AGRONOMIQUE
FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
Comité de rédaction des Annales.
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L, GRANDEAU, directeur de la Station agronomique de l'Est.
U. Gayou, directeur de la Station agro-
nomique de Bordeaux.
Th. Schlæsing, membre de l'Institut.
Th. Schlæsing fils, membre de l’Ins-
titut, directeur de l'Ecole des manu-
factures de l'État.
L. Mangin, docteur ès sciences, profes-
seur au Muséum d'histoire naturelle.
A. Müntz, membre de l'Institut.
Ed. Henry, professeur à l'École na-
tionale forestière.
E. Reuss, inspecteur des forêts à Fon-
tainebleau.
C. Flammarion, directeur de la Station
de climatologie agricole de Juvisy.
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et l'étranger.
COLONIES FRANÇAISES.
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fesseur au lycée Saint-Louis.
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sité de Munich.
J. Kônig, directeur de la Station agro-
nomique de Münster.
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0. Kellner, directeur de la Station de
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ANGLETERRE.
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cole au collège royal d'agriculture
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mique et bactériologique de l'Etat
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cole de Louvain.
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tion agronomique de Wageningen.
SUÈDE ET NORVÈGE.
Dr Al. Atterberg, directeur de la Sta-
tion agronomique et d’essais de se-
mences de Kalmar.
SUISSE.
* E. Schultze, directeur, du laboratoire
agronomique de l'École polytech-
nique de Zurich.
RUSSIE.
M. Ototzky, conservateur du musée
minéralogique de l’Université impé-
riale de Saint-Pétersbourg, rédacteur
en chef de la Pédologie.
Nora.— Tous les ouvrages adressés franco à la Rédaction seront annoncés dans
Le premier fascicule qui paraîtra après leur arrivée. Il sera, en outre, publié,
s'il y a lieu, une analyse des ouvrages dont la spécialité rentre dans le cadre
des Annales (chimie, physique, géologie, minéralogie, physiologie végétale et
animale, agriculture, sylviculture, technologie, etc.).
Tout ce qui concerne la rédaction des Annales de la Science agronomique
francaise et étrangère (manuscrits, épreuves, correspondance, etc.) devra être
adressé franco à M. L. Grandeau, rédacteur en chef, 48, rue de Lille, à Paris.
ANNALES
DE LA
SCIENCE AGRONOMIQUE
FRANÇAISE ET ÉTRANGÈRE
ORGANE
DES STATIONS AGRONOMIQUES ET DES LABORATOIRES AGRICOLES
PUBLIÉES
Sous les auspices du Ministère de l'Agriculture
PAR
Cours. GRANDE AU
DIRECTEUR DE LA STATION AGRONOMIQUE DE L'EST
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'AGRICULTURE DE FRANCE
RÉDACTEUR EN CHEF DU « JOURNAL D'AGRICULTURE PRATIQUE »
PROFESSEUR AU CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET MÉTIERS
INSPECTEUR GÉNÉRAL DES STATIONS AGRONOMIQUES
VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ENCOURAGEMENT À L'AGRICULTURE
MEMBRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'AGRICULTURE
2° SÉRIE - DIXIÈME ANNÉE — 14905
Tome II
Avec figures dans le texte
BERGER-LEVR AULT ET Ci, LIBRAIRES-ÉDITEURS
PARIS | NANCY
5. RUE DES BEAUX-ARTS f 18, RUE DES GLACIS
’
1906
LE PHOSPHATE DE CHAUX
ET
L'ALIMENTATION DU BÉTAIL
1. — Remarques générales
L’addition de phosphate de chaux au fourrage des animaux de la
ferme a pris dans ces dernières années, notamment en Allemagne,
une grande extension. On trouve dans le commerce toutes sortes de
poudres alimentaires, en grande partie formées de phosphate, fré-
quemment mélangé de carbonate de chaux et additionné de plus ou
moins grandes quantités de substances odorantes ou sapides, telles
qu’anis, fenouil, genièvre, réglisse, etc.
La sécheresse extrême de l’année 1904, comme celle de l’année
1893, ont provoqué chez le bétail, en Allemagne, des accidents d’os-
téomalacie, affectant presque, par leur expansion, un caractère épi-
démique. On sait que l’ostéomalacie et l’ingestion de sels minéraux,
particulièrement de phosphate de chaux, présentent des liens étroits.
M. le D' Passon a jugé le moment favorable pour présenter aux cultiva-
teurs (‘) un résumé complet des principales recherches poursuivies
depuis un quart de siècle sur le rôle du phosphate dans l’alimentation
du bétail.
En même temps paraissait dans le n° 6 des Landw. Versuchs-
1. Journal fur Landwirtschaft, 33° vol., fase. 2, 1905.
ANN. SCIENCE AGRON., — 9€ SÉRIE. — 1905. — 11 l
ÿ ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
stalionen une étude expérimentale faite à la station de Môckern, sur
le degré d’assimilabilité de la chaux et des différentes formes de phos-
phates calcaires par les jeunes animaux.
Avant d'exposer les importantes expériences du D' Kübler et de ses
collaborateurs, à Môckern, je passerai rapidement en revue les faits
intéressants relevés dans l'étude du D Max Passon. |
L’attention des physiologistes et des agronomes s’est portée depuis
longtemps déjà sur la valeur alimentaire des phosphates. Les pre-
mières recherches expérimentales remontent à l’année 1873 : Weiske
et de Wild ont soumis, à cette époque, des animaux à une même ali-
mentation, sauf sur un point : dans celle des uns entrait une certaine
quantité de phosphate de chaux, les autres n’en recevant pas. Après
avoir constaté une assimilation à des degrés variables de ce sel, d’un
animal à l’autre, ils ont analysé les os des animaux sacrifiés, et
reconnu qu'ils ne présentaient aucune différence dans leur teneur
en phosphate, malgré ces différences de régime. Hofmeister a confirmé
ce fait. La conclusion des expériences des trois expérimentateurs
a été que laddition de phosphate au fourrage est sans action sur la
formation de la chair et du système osseux, quand les aliments sont
suffisamment riches naturellement en acide phosphorique, ce qui n’a
pas lieu de surprendre. Le rapport entre les quantités d’acide phos-
phorique et de chaux assimilées n’est pas celui où les deux subs-
tances existent en combinaison dans le phosphate. Hofmeister a trouvé
comme coeflicient d’assimilation 37,9 ‘|, pour l’acide phosphorique
et 23,8 °/, seulement pour la chaux. Nous reviendrons plus loin sur
cette question.
Raudnitz (1893) s’est proposé de déterminer dans des expériences
sur le chien, le siège, dans le canal digestif, de l’absorption des sels
terreux (chaux et strontiane). Il a constaté qu’elle s’effectue dans
l'intestin, principalement au commencement du duodénum. Les car-
bonates sont résorbés en ce point, mais seulement lorsqu'ils ont été
préalablement dissous dans le suc gastrique.
Pour vérifier opinion de beaucoup de praticiens qui admettent
que laddition de phosphate aux aliments des jeunes animaux rend
leur squelette plus solide et en accroît la teneur en matières miné-
rales, et sur l'observation de \eiske que le phosphate augmente la
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL D
production osseuse, Graffenberger a recherché l'influence de lenri-
chissement du fourrage en phosphate consommé pendant la gesta-
tion. Le résultat de ses expériences fut que l’addition prolongée de
phosphate neutre de chaux à la ration de la femelle gravide, n’a
pas d’action sur le développement de l’être qu’elle porte dans ses
flancs.
Quelle est l’influence du phosphatage et de l’addition de carbonate
de chaux sur l’organisme dans le cas d’une alimentation avec des
fourrages pauvres en chaux et en acide phosphorique ? Que se passe-
t-il dans le cas d’une alimentation riche en principes acides ? Une
série d'expériences a été entreprise par différents physiologistes pour
élucider ces questions d’un grand intérêt. Nous allons en résumer
brièvement les principaux résultats.
Forster soumet un chien à une alimentation contenant des quan-
tités de substances azotées (viande) et de graisse suffisantes pour
l'entretien de l’animal, mais exempte de matières minérales. Il cons-
tate, d’après les quantités d'acide phosphorique et de chaux éliminées
par l’annnal, qu’il a perdu, pendant l'essai, 435°,57 de chaux et 178,3
d'acide phosphorique provenant de son squelette. Un animal privé
de sels calcaires dans son régime dépérit presque aussi vite que si on
lui supprime toute alimentation. Weiske a constaté que chez les
adultes (chèvres) une alimentation pauvre en chaux ne modifie pas
sensiblement la composition de leurs os.
Nessler, en 1873, proposa de substituer le phosphate précipité,
titrant 36 à 40 °/, d'acide phosphorique, à la poudre d'os alors en
usage, qui renferme seulement 20 à 22°}, d’acide phosphorique com-
biné à de la gélatine facilement putrescible. |
Lunin, en 1881, montra que le soufre qui fait partie constituante
de l’albumine, se transforme, dans l'organisme, en acide sulfurique.
Dans le cas d’une alimentation dépourvue de sels calcaires, cet expé-
rimentateur montre que l'acide sulfurique ainsi produit ne rencon-
trant pas, dans les aliments, les bases nécessaires à sa saturation,
emprunte la chaux aux tissus de l’animal, dont le dépérissement
rapide entraîne bientôt la mort. Les expériences de Lunin sont con-
firmées par Weiske et d’autres observateurs, qui démontrent que
l'acide libre, comme l’acide phosphorique ajouté à un fourrage
4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
(foin), se comportent comme l'acide sulfurique et décalcarisent les
{issus
D'intéressantes expériences sur le pore ont été faites à la station
d'essais du Wisconsin: elles ont montré l'influence considérable que
les cendres phosphatées (cendres de bois) et la poudre d’os exercent
sur l'utilisation de la farine de maïs par cet animal et sur la résistance
de ses os à la fracture.
Un lot de pores était exclusivement nourri avec du maïs et, comme
boisson, recevait de l’eau additionnée d’un peu de sel. Un autre lot
était soumis au même régime, mais on ajoutait au maïs de la farine
d'os ou des cendres de bois. Pour atteindre un accroissement de
poids vif de 50 kilogr., les animaux du premier lot ont consommé
319%,5 de maïs. Dans le deuxième lot, les porcs ont consommé, pour
produire le même croît (50 kilogr.), 255 et 246 kilogr. de maïs, sui-
vant que ce dernier était additionné de poudre d’os ou d'un mélange
de poudre d’os et de cendres. L’addition de phosphate a donc favo-
risé très notablement l’utilisation du maïs.
On a recherché, après abatage, comment se comportaient les os,
au point de vue de leur rigidité et de leur résistance à la rupture.
Les os des porcs nourris sans addition de substance minérale au
maïs étaient très faibles, les fémurs se rompaient déjà sous un poids
de 150 kilogr. Au contraire, il fallait un poids de 295 kilogr. pour
rompre les fémurs des animaux qui avaient consommé l’alimentation
aux cendres de bois, et de 340 kilogr. chez ceux qui avaient reçu de
la poudre d’os. Les os des porcs soumis à la farine d’os et aux cen-
dres ajoutées au maïs laissèrent, par calcination, 50 °/, de cendres de
plus que ceux des animaux alimentés au maïs seul.
La poudre d’os paraît donc avoir exercé une action supérieure à
celle des cendres. Les truies ne doivent pas, d’après les observations
du Wisconsin, être alimentées de maïs seul.
On a fait aussi d’assez nombreuses expériences sur l'influence que
peut exercer le phosphatage du fourrage sur l’enrichissement du lait
en acide phosphorique. Les résultats ont été contradictoires, mais,
dans leur ensemble, ils paraissent établir le peu d’action de l’addition
des phosphates sur la composition du lait, ce qui ne surprendra pas
les physiologistes.
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL D
2. — Les maladies des os et l'alimentation phosphatée
Dans son remarquable Traité des maladies du bétail (*), le profes-
seur Moussu a consacré un intéressant chapitre aux maladies des os,
qu'il range en deux classes : les affections locales, telles que ostéites,
périostites, nécroses, fractures, etc., assez rares chez le bétail de la
ferme, et les affections générales, rachitisme et cachexie osseuse,
beaucoup plus fréquentes et qui causent parfois de grandes pertes
aux cultivateurs. |
Le rachitisme est une affection des jeunes, une affection de crois-
sance ; la cachexie osseuse est une maladie des adultes, mais il y a
un certain degré de parenté entre les deux états morbides, car on
peut les observer dans une même famille.
Le rachitisme et la cachexie osseuse (le professeur Moussu préfère
cette dernière dénomination à celle d’ostéomalacie) ont pour carac-
téristique générale une diminution de la proportion normale des sels
minéraux entrant dans la constitution des os.
La cachexie osseuse est une maladie générale, dont l’évolution
lente et progressive dans le type cachectique, aboutit à des localisa-
tions apparentes prédominantes du système osseux. Elle est connue
de longue date. Déjà signalée par Végèce, cette maladie est obser-
vée vers 1650 en Norvège, où on la combat par l'administration
d’os pilés. Assez fréquente en Allemagne, elle a été étudiée en
France, dès 1825, par Roux, mais c’est Zundel qui, le premier, en
1870, en donna une bonne description. Depuis cette époque, elle a
été successivement signalée : dans l'Yonne, dans la Nièvre, l'Indre, la
Vendée, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Berry, en Sologne et en Beauce.
Nos lecteurs consulteront avec grand profit le chapitre très docu-
menté que M. Moussu lui a consacré.
Sans entrer dans aucun détail au sujet des opinions nombreuses
qui ont été émises sur les causes du rachitisme et de la cachexie
osseuse, je me bornerai à rappeler que la donnée admise à peu près
1. { vol. in-8, avec 189 figures dans le texte et 4 planches en chromotypographie,
chez Asselin et Houzeau. Paris, 1902.
6 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
unanimement aujourd'hui, rattache lPévolution de la maladie à une
alimentation défectueuse, et particulièrement à la consommation par
le bétail de fourrages pauvres en chaux et en acide phosphorique.
Les exemples abondent pour étaver celle opinion émise et soutenue
d'abord en Allemagne, et qui ne rencontre plus que de rares con-
tradicteurs. Les travaux de Cantiget ont démontré que la cachexie
osseuse existe seulement là où les sols sont trop pauvres en acide
phosphorique et en sels calcaires pour donner des fourrages suff-
samment riches en ces substances, et que l’emploi d'engrais phos-
phatés dans ces terrains diminue les pertes de bétail dues à la ca-
chexie qui finit par disparaître avec l’enrichissement du sol en acide
phosphorique.
A côté de la cause déterminante due à l'alimentation, M. Moussu
admet qu’il existe des causes favorisantes dont l’action est indénia-
ble : telles, la lactation abondante, la gestation. La maladie est plus
rare chez les bœufs. La misère physiologique, les mauvaises condi-
tions d'hygiène interviennent aussi, et 1l est à remarquer que c’est
toujours dans les années sèches et dans les années de disette fourra-
ère que la cachexie osseuse fait ses plus grands ravages.
À ce sujet, les recherches de Bongartz (1894), et celles de Seel-
horst (1900) sont particulièrement intéressantes et démonstratives :
je vais les résumer.
Bongartz (‘) a étudié le développement épidémique de la cachexie
osseuse au printemps et dans l’été de 1894. Cette explosion a été,
selon lui, la conséquence de la sécheresse de 1893. L'analyse de
fourrages, faite par Stutzer, a mis en évidence la pauvreté des den-
rées alimentaires du bétail en acide phosphorique comme l’indiquent
les chiffres suivants :
ACIDE PHOSPHORIQUE
NATURE DES FOURRAGES Composition CORP
en 1894 moyenne
0/0 0/0
Betteraves fourragères . . . 0,43 0,80
Pailles: is bu tone et 0,85 2,50
ÉOINS RE PRE Er Se NE, 2,92 4,30
SDS HIDE. ONCE 25,90 26,90
1, Fühling's Landw. Zeitung. 1594,
LÉ PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL Y.
Plus le sol était sec, plus grande fut la production de la cachexie.
Von Seelhorst (‘) fit des observations analogues en 1900. Dans le
trèfle, dit-il, l'assimilation de l’acide phosphorique n’augmente que
par l'enrichissement du sol en eau, celle-ci provoquant la dissolution
d’une quantité beaucoup plus grande des phosphates qui enrichiront
la sève du végétal. Cet axronome à constaté que la teneur en acide
phosphorique de la plante, étant de 08,550 dans le cas d’un terrain
sec, s'élevait à 15,234 dans les parcelles arrosées, fumées comme les
parcelles sèches.
La première coupe du trèfle a présenté, dans sa teneur en acide
phosphorique, les écarts suivants dans les parcelles fumées et sans
fumure, diversement pourvues d’eau :
PAROELLES
A — " —
Fumées - Non fumées
EE — CR
Acide Acide
phospho- o| phospho- o|
rique ÿ rique “
fixé : fixé (2?)
Grammes Grammes
Beaucoupideaute te me 0,550 0,456 0,487 0,428
Quantité d'eau moyenne ... 0,880 0,536 0,844 0,553
1 NE PR MOT RE 1,234 0,540 1,097 0,523
L'influence de la sécheresse sur la composition de la récolte est donc
manifeste. Von Seelhorst a constaté également une augmentation en
acide phosphorique dans la teneur des pailles de céréales, avec une
richesse croissante du sol en eau.
0. Kellner (*) a fait en 1894 l’analyse de foins et de pailles récol-
tés dans différentes exploitations, où l’on a constaté cette année-là
l'apparition à plusieurs reprises de la cachexie osseuse chez le
bétail nourri avec ces fourrages bruts. Dans tous les cas, on va
le voir, il a constaté une insuffisance marquée d’acide phospho-
rique.
. Journal fur Landw. 1900.
. Pour un même poiis de trèfle.
. Fühling's Landw. Zeitschrift. 190%.
CS 129
8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
1 000 parties de cendres contenaient :
FOINS DES EXPLOITATIONS DE : AD AULe
Prairies { Schellerhau . . . . . .. 2547
ons CHE M DreHacn re 2 LTD 2,62
(ASChElLERNAU EAN RENE 2,91
Foin annuel . Drehhath Ni ut nee 2,76
Marienbérg ... - fuiu. © 2,80
FOI, MOYEN. : 5 15200 - 20 LA ESS 4,30
!
PAILLES
PAS das oine Marienberg, 27 RE 0,41
; DRetbach er FETE RTE 1,61
Paille d'avoine moyenne . :..{4. 141% 0-0mme 2,80
Pallerdersérele Len PDTENDACh ERP EE RER ERSEE 0,84
Paille derseisle Moyenne ee UN 2,50
Ces résultats confirment ceux qu'ont constatés antérieurement
Karmrodt, Nessler et d’autres observateurs, qui ont également
attribué la maladie à la trop faible teneur des foins et pailles en
acide phosphorique. |
Dans la plupart des cas une hygiène meilleure et l’addition de 30
à 50 grammes de phosphate de chaux, par jour et par tête, ont
sauvé les animaux. On peut prévenir la maladie par une fumure
phosphatée abondante des prairies et du sol qui portent d’autres
récoltes fourragères. Les scories de déphosphoration produisent à
ce point de vue les meilleurs résultats. Non seulement elles modi-
fient très favorablement la nature de la flore des prairies par le
développement des légumineuses et augmentent les rendements,
mais elles favorisent à un haut degré l’enrichissement des plantes en
principes alimentaires et particulièrement en acide phosphorique.
3. — Le phosphate de chaux et l'alimentation
I n'existe plus aujourd’hui, je viens de le dire, aucun doute sur
l’importance considérable de l’acide phosphorique et de la chaux
pour l’organisme animal. Ces substances se rencontrent dans presque
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL 9
tous les liquides et tissus du corps, en plus ou moins grande propor-
tion. D’après les recherches de Schenke, la partie inorganique des
os des mammifères contient 60 à 70 °/, de combinaisons phosphatées
calciques ; chez les oiseaux on en trouve de 75 à 85 °/, ; chez les
amphibies et les poissons 21 à 25°/, seulement.
La condition de nutrition la plus favorable des jeunes animaux et
des adultes est celle où ils trouvent dans leurs aliments naturels, à
l’état de combinaisons organiques, les quantités d’acide phosphorique
et de chaux qui leur sont indispensables. Dans des cas anormaux où les
rations alimentaires sont constituées par certaines denrées en excès,
telles que pailles, pulpes ou drêches, etc., etc., on peut craindre
que les animaux ne reçoivent de trop faibles quantités d’acide phos-
phorique et surtout de chaux. La faiblesse de la teneur en ces prin-
cipes de semblables aliments peut être compensée par une addition
artificielle de phosphates calciques.
Parmi les substances atteignant ce but qu’on trouve aujourd’hui
dans le commerce, le phosphate dit précipité et certains autres phos-
phates préparés industriellement occupent la première place. Les
phosphates précipités du commerce sont fréquemment composés
d’un mélange de phosphate tricalcique et de phosphate bicalcique,
obtenu en précipitant par un lait de chaux les phosphates des os
dissous dans l’acide chlorhydrique; mais c’est principalement leur
richesse en phosphate bicalcique qui sert à en déterminer la valeur.
Les expériences déjà anciennes et nombreuses de Lehmann, von
Gohren, Hofmeister, Weiske, Wildt, ont montré que l’acide phos-
phorique et la chaux du phosphate précipité sont assimilés par les
animaux, mais elles ne renseignent pas sur la proportion suivant
laquelle l'assimilation a lieu, autrement dit, sur le coefficient d’uti-
lisation de ce sel. On ne sait pas davantage quelles quantités des
diverses substances phosphatées qui sont l’objet de nombreuses
réclames (farine d'os dégélatinés, os calcinés, cendre d’os, etc.),
peuvent être substituées au phosphate précipité.
En l'absence de renseignements résultant d'expériences sur Île
coefficient d’assimilation des divers, phosphates inorganiques, les
collaborateurs de 0. Kellner, l’éminent directeur de la station de
Môckern, se sont proposé d'établir par des essais comparatifs la
10 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
valeur relative de ces différents phosphates ajoutés à l'alimentation
ordinaire (‘). A cet effet, dans une première série d’expériences
(1903), ils ont soumis deux moutons d’un an à un essai complet
d'alimentation (pesées et analyses des fourrages, récolte et analyse
des fèces et de l’urine).
Le plan de l’expérience faite sur les animaux qui n’avaient pas encore
acquis tout leur développement, a consisté à les soumettre à quatre
périodes d’alimentation (IE à V) avec le même fourrage, additionné
des divers phosphates en quantité représentant, dans toute la durée
de chaque essai, une addition de 5 grammes d’acide phosphorique
réel, par Jour et par tête.
Les périodes initiale et finale (I et VI) ont servi de témoins pour
déterminer l’utilisation par les animaux du fourrage fondamental
(sans addition de phosphates).
Dans chaque période, six à dix jours se sont écoulés avant la
récolte quotidienne des fèces et de l’urine. L’eau donnée en boisson,
ad libilum, était pesée chaque jour ; on avait déterminé sa teneur en
chaux.
L’agneau n° 1 pesait 495,4 au début des expériences, 54%,4 à la
fin. Les poids de l’agneau n° 2 furent, respectivement, 48,8 au
début et 52*,1 à la fin. La nourriture donnée a été identique pen-
dant toutes les périodes. Sa teneur en substance sèche et sa compo-
sition ont été déterminées pour chacune des périodes.
Les deux agneaux ont reçu, par jour, les quantités d’aliments
suivantes :
SUBSTANCE SÈOHE
ALIMENTS A —
0/0 Grammes
400 grammes de paille d'avoine: . . . . 85,21 340,84
UE drêches de mais . . . . 89,53 268,59
200 — LÉCHIG A SEE PE EN EEE S0, 52 161,04
100 — SUCTEN LEE CN 99,92 99,92
75 — gLUteR AIRE ENT AREA 89,32 66,99
On ajoutait, par tête, à chaque ration, 10 grammes de sel de cui-
1. « Ueber die Assimilation des Kalkes und der Phosphorsäure aus verschiedenen
Kalkphosphaten durch wachsende Tiere, » Dr Kôbler, Honcamp, Just, J. Volhard. Popp
et Zahn. (Versuchsslalionen, t. LXI, fase. 5 et 6, 1905.)
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL 11
sine. Les moutons ont toujours complètement consommé leurs
rations.
En ce qui regarde la composition de chacun des aliments consom-
més, je me bornerai à indiquer leur teneur centésimale en matière
azotée, en acide phosphorique et en chaux, en la comparant à celle
des phosphates employés dans les expériences :
SOURIS Rs Horn hem des CHAUX
o/o o[0 0/0
Paille d'avoine ti ee 5,13 0,351 0,344
Préches "de mais. "2070 33,94 0.618 0,038
[ELT (ES RREERE E P 695 630)
SUCTO RE MES NE UT » 0,944 0,125
LEA à tot Co hat tte ART 0,36
Phosphate tricalcique . . . . » 40,19 49,05
VO DICAICIQUE 0 à. » 42,23 33,82
Farine d'os dégélatinés . . . 6,50 33,60 45,07
Ps/calimés {st ED fn. » 40,94 53,69
Dans les périodes I et VI (fourrage sans addition de phos-
phates), les pertes du corps en acide phosphorique et en chaux ont
été de 05,543 d’acide phosphorique et de 15,254 de chaux chez
l’agneau n° 4, et de 0,162 d'acide phosphorique et 0s',801 de
chaux pour le n° 2, faits qui confirment les observations de Forster
et de Voit, à savoir, que dans le cas d’une alimentation pauvre en
acide phosphorique et en chaux, les os et le système musculaire de
l’animal s’appauvrissent en ces deux substances.
Cette constatation va rendre d'autant plus sensible l’action des
phosphates ajoutés aux aliments dans les périodes I à V.
Dans ces périodes, les quantités des divers phosphates nécessaires
pour fournir aux moutons un poids égal de 5 grammes d’acide
phosphorique ont été les suivantes.
Les moutons ont consommé dans leur mélange fourrager :
Période Il. — Phosphate tricalcique . . . . . 128,44
— II. — Phosphate bicalcique . . . . . 11047
— IV, — Farine d'os dégélatinés . . . . :4 ,88
D NS OS Cal CMS etes Er- 1272) l
La digestibilité des principes organiques des fourrages a été
12 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
,
élevée et réguliè-e, ce qui accentue les différences d’utilisation de la
chaux et de l’acide phosphorique, suivant leur origine.
Dans la deuxième période, on a additionné la ration fondamentale
de 126,44 de phosphate tricalcique, soit 5 grammes d’acide phos-
phorique et 65,102 de chaux. Le corps des animaux a assimilé
(retenu) les quantités suivantes :
ACIDE
Hophoëie JHACX
Grammes Grammes
NOK MA A AE ARTS 1,731 2,087
92 A RE Re. ES 1,814 1,679
Soit, en moyenne. . . 1,773 1,883
soit 39,0 °/, d'acide phosphorique et 30,8 °/, de chaux des quantités
données.
Dans la troisième période, pendant laquelle les agneaux ont reçu,
en addition à leur fourrage, 118,566 de phosphate bicalcique
(— 5 grammes d’acide phosphorique et 35,912 de chaux), c’est-à-
dire beaucoup moins de chaux que dans la période précédente, le
corps des animaux a retenu (movenne des deux agneaux) les quan-
tités ci-dessous :
Acide phosphorique . . . . . . . . . 18" ,299
Chaux fe eee ter RE 1-20
soit 26 °/, d'acide phosphorique et 33,4°/, de chaux des quantités
données.
Période IV. — 145,881 de farine d'os dégélatinés, ajoutés au
fourrage, ont apporté 5 grammes d’ac:de phosphorique et 65,707
de chaux. — L’assimilation a été de :
Acide phosphorique . . . . . . . . . 057,653
CHAUX Lu ee APR NT RER RSR 125499
soit 13,1 °/, d'acide phosphorique et 21,8 °/, de chaux.
Enfin, dans la cinquième période, l'addition de 195,213 d’os cal-
cinés à la ration lui a fourni à grammes d’acide phosphorique et
6,957 de chaux. Le corps des agneaux a fixé en moyenne 0s,708
d'acide phosphorique et 18,200 de chaux, soit 14,2 et 18,3 °/, de
la chaux, des quantités ingérées.
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL 13
De cette première série d'expériences, il résulte que les os dégé-
latinés et les os calcinés ont été les phosphates les moins bien utilisés
par les animaux. L’assimilation de l’acide phosphorique et de la
chaux a été de beaucoup supérieure dans le cas du phosphate tri-
calcique (35 °/.) et du phosphate bicalcique (26 °/.).
Ces résultats paraissent au premier abord surprenants, disent les
auteurs de ces expériences; mais si on compare entre elles les
périodes IT et IE, on voit que, dans le cas de l’alimentation au phos-
phate bicalcique, les animaux ont reçu 25°,2 de chaux de moins que
dans la période II. L'utilisation moins bonne de l’acide phosphorique
sous forme de composé bicalcique devrait, d’après cela, être attri-
buée à la teneur plus faible en chaux de la ration alimentaire.
Pour vérifier cette hypothèse, Kôhler et ses collaborateurs ont
entrepris, en 1904, une nouvelle série d’expériences dont les résul-
tats sont des plus intéressants au point de vue du choix à faire des
phosphates pour combattre la cachexie osseuse chez les animaux de
la ferme.
= Dans la première série d’expériences comparatives sur l’assimila-
tion des différents phosphates de chaux par le mouton, Kôhler et
ses collaborateurs avaient constaté un fait qui les a surpris, à savoir,
que Pacide phosphorique du phosphate précipité (phosphate bicalci-
que). avait élé beaucoup moins bien utilisé par les animaux que le phos-
pbate tricalcique (26 °/, contre 35 °/.). Ils ont pensé que ce résultat
pouvait être attribué à la teneur trop faible en chaux de la ration au
phosphate précipité. Pour vérifier cette hypothèse, les expériences,
reprises en 1904 sur deux agneaux de six mois, ont été conduites
d’après le plan adopté l’année précédente.
La ration fondamentale n’a pas varié pendant la durée des expé-
riences ; elle se composait, par tête et par jour, des éléments sui-
vants :
Paille td'avomer mme run 1: 400 grammes
DONNTGADIE RE PER RIRE 400 —
GUERRES ET ER 75 _—
Sel deiCuISMe AN NAME 8 ==
Phosphate tricalcique . . . . . 2,5 —(!)
1, 1 gramme d'acide phosphorique et 1,23 de chaux.
14 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La substance sèche des fourrages et les phosphates complémen-
taires de la ration présentaient les teneurs centésimales suivantes en
acide phosphorique et en chaux :
NATURE DES ALIMENTS er CHAUX
0/0 0/0
Paillo;d'AVQMNErS NPA NAS NUE 0,244 0,527
GER EE PEER AT ES 0,922 0,080
SAILRO DID Eee ee UE VE NEN 0,346 0,052
Phosphate tricalcique . . . . . 40,16 49,12
—#[,bicalciquess.s rt 20 41,99 33,99
Lactate de éhanxs, 17 nr » 18,11
Deux périodes d’essai (et VI) ont servi, comme dans les expé-
riences de l’année précédente, à déterminer lPutilisation (la digesti-
bilité) de la ration fondamentale.
Cette ration s’est montrée tout à fait suffisante pour l’entretien
des animaux (").
Le poids vif de l’agneau qui a parcouru toutes les phases de
l’expérience était au début 27*,800, à la fin 55 kilogr.
La ration fondamentale a fourni par jour à cet agneau 36,57
d'acide phosphorique et 35,46 de chaux, c’est-à-dire près de deux
fois plus de ce dernier principe que n’en avaient reçu les deux mou-
tons dans la série d’expériences de 1903. Dans les périodes destinées
à servir de témoins, l’animal a fixé, dans ses tissus, 0*,40 d’acide
phosphorique et 0*,08 de chaux de plus que les moutons soumis en
1903 à la ration fondamentale.
Dans la période IT (1904), on a ajouté à la ration fondamentale
quotidienne 78,5 de phosphate tricalcique (—3 grammes d’acide
phosphorique et 3#,69 de chaux). L'animal à fixé dans son corps :
Acide phosphorique . . . . . . . . . 15,16
Ghaik sh PRES ES SN
soit 38,6 °/, d'acide phosphorique et 35,6 ‘/, de chaux des quantités
données.
1. Un accident surveuu au cours des essais a fait abandonner l'un des agneaux.
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL JD
Dans la période IE, Pagneau a reçu, par jour, une addition de
75,2 de phosphate bicalcique et 25,4 de chaux ; il a fixé :
A'CITCDNOSDRORQUE EEE RE LE 18,05
(EU SRE, LUC ARE RE TEE 125
soit 39 °/, d'acide phosphorique et 50,8 °/, de chaux des quantités
données.
Le phosphate bicalcique est donc encore demeuré en arrière du
phosphate tricalcique, au point de vue de l'assimilation de l’acide
phosphorique : on voit cependant que les quantités d’acide phos-
phorique et de chaux assimilées, qui étaient respectivement de
26 °}, et de 35°], en 1903, se sont élevées, en 1904, à 35 °J, et à
00,8 °/,; ces augmentations de l’utilisation supérieure de ces deux
principes dans les expériences de 1904, semblèrent ne pouvoir s’ex-
pliquer que par la teneür en chaux plus élevée des rations de 1904.
Pour avoir la preuve que le phosphate bicalcique est d'autant mieux
assimilé que la ration qui le renferme est plus riche en chaux, on
ajouta à la ration un sel de chaux soluble, le Jactate de chaux, à
la dose de 7°',06 par jour. La chaux contenue dans ce poids de lac-
tate (15,29 de chaux) correspond à celle que la ration au phosphate
tricalcique renfermait en plus que la ration au phosphate bical-
cique. :
Dans la période IV, l'agneau a reçu par jour :
ACIDE
phosphorique EDR
Grammes Grammes
Ration au phosphate bicalcique. . . . 3,02 2,42
additionné de :
Lactate de chaux . 7 grammes — 15,29 de chaux;
il a assimilé 1#,64 d’acide phosphorique et 25,07 de chaux, soit
54,2 ©}, d'acide phosphorique et 55,9 °/, de chaux des quantités
consommées.
16 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le tableau ci-dessous résume les résultats de toutes les expé-
rlences :
PROPORTION
QUANTITÉS centésimale
£ TENEUR d'acide phos-
DPI ERANT de phosphates de chaux phone
chaux assimilés
des agneaux ajoutées 2 —
à la ration fondamentale : © acide Acide
ed se RNPETNEE
Numéros Grammes
1 et? (1903). 12,44 dephosphatetricalcique. 5,000 6,102 35.5 30,8
4 (1904) . 7,50 = = 3,000 3,690 38,6 35,6
1 et 2 (1903). 11,566 — bicalcique. 5,000 3,912 26,0 33,4
A (1904) . 72 — — 3,020 2,420 35,0 50,8
7{ =
4 (4904) . e 31020083; 70008524 300559
7,06 de lactate de chaux. .
{et 2 (1903). 14,881 d'os dégélatinés .
1 et 2 (1903). 12,213 d'os calcinés .
5,000
5,000
6.707: 1301719108
6.557 1 14,2 04808
Ces résultats montrent que les animaux soumis aux expériences
ont assimilé le minimum d’acide phosphorique et de chaux (en pro-
portions voisines) dans la poudre d’os dégélatinés et dans la cendre
d'os. Ces faits justifient la moindre confiance qu’on accorde dans la
pratique à l'emploi de ces deux phosphates dans l’alimentation du
bétail. Ils montrent, en outre, que l’assimilabilité de l’acide phos-
phorique, de la chaux et du phosphate tribasique est plus grande
qu’on ne l’admettait Jusqu'ici, en l'absence d'expériences directes, il
est vrai. À
L’infériorité du phosphate bicalcique par rapport au phosphate
tricalcique, au point de vue du coefficient d’assimilabilité, dépendait
évidemment de la pauvreté de la ration en chaux, car l'addition d’un
sel soluble de chaux au phosphate bicalcique a considérablement
augmenté la fixation par l’animal de l’acide phosphorique et de la
chaux. Le lactate de chaux ajouté a élevé le coefficient d’assimilabilité
de l’acide phosphorique de 26 °/, et 35 °[, à 54°/,.
Les savants expérimentateurs de Môckern poursuivent leurs essais
sur le rôle des sels de chaux, autres que le lactate, dans la fixation
du biphosphate de chaux. En attendant, ils conseillent d'employer
de préférence aux autres phosphates, le phosphate précipilé, mé-
lange de bi et triphosphate de chaux.
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL 17
On a déterminé, à la station de Môckern, la solubilité au eitrate
(méthode de Petermann) des différents phosphates employés en 1903
et 1904 aux expériences que nous venons de résumer.
Ces analyses ont donné les résultats suivants :
TRNEUR
ACIDE PHOSPHORIQUE en acide
phosphorique
NATURE DES PHOSPHATES CORNE ED CRETE cn soluble o/o
soluble d'acide
total PRO PAE phgeproque
0/0 ofo °/0
Poudre d'os dégélatinés . . . 33.60 3599 10,10
DSICAICMES Na ele 40,94 0,63 1,54
Phosphate tricalcique (1903). 40,19 3.471 8,64
— — (1904). 40,16 3,18 9,40
_— bicalcique (1903). 43,23 39,27 80,84
_ 0 (1904). 41,94 30,86 94,93
Un appendice au mémoire de Kôhler contient tous les documents
et analyses relatifs aux expériences : composition des rations, diges-
übilité, composition des excréments, quantités d’eau consommées,
-paids vifs, etc. J’y renverrai les lecteurs que le détail des recherches
de la station de Môckern imtéresserait particulièrement.
- 4, — Indications pratiques sur l'emploi du phosphate
de chaux dans l'alimentation du bétail
Composition et prix du phosphate précipité. — Ce produit s’ob-
tient, on le sait, en traitant par un lait de chaux (dissolution de
chaux vive dans l’eau), le liquide qui résulte de la décomposition
des os par l’acide chlorhydrique. L'action de cet acide sur les os verts
a pour résultat de séparer les éléments qui les constituent en deux
ordres de substances : les sels calcaires, phosphates, carbonates,
etc., passent en dissolution, et les matières organiques (osséine,
chondrine) qui forment la trame des os, sont ainsi isolées et servent
à la fabrication de la gélatine (colle forte).
On prépare aussi le phosphate précipité en traitant, par un lait de
chaux, une dissolution chlorhydrique d’un phosphate tricalcique mi-
néral.
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1905. — 11 2
18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Quand on verse le lait de chaux dans la solution chlorhydrique,
l’acide phosphorique se précipite à l’état de phosphate bicalcique et
de phosphate tricalcique en proportions variables suivant le mode
d'opérer ; le phosphate bicalcique est presque toujours en grand
excès dans le précipité. Certaines chaux sont préférables à d’autres
pour la préparation du phosphate précipité destiné à l’alimentation
du bétail, telle est du moins l’opinion des cultivateurs belges, à
laquelle la grande usine de Pont-Brülé, à Vievorde (Belgique), donne
satisfaction en employant pour les opérations un calcaire particulier.
Le phosphate précipité renferme de 38 à 40 °/, de son poids
d’acide phosphorique. Le prix de l'unité d’acide phosphorique y est
actuellement de 53 à 54 centimes le kilogramme d’acide phospho-
rique, soit environ 18 fr. les 100 kilogr. de phosphate précipité,
acheté par quantité d’au moins 50 kilogr. (°).
Quantilé de phosphate précipité à introduire dans la ration des
animaux. — Le phosphate précipité, convenablement fabriqué, est
absolument inoffensif, même à des doses journalières très élevées,
ainsi que l’a montré la pratique de certains cultivateurs belges, qui
en ont fait consommer, paraît-il, jusqu’à 2 kilogr. par vingt-quatre
heures, associés à la ration de bœufs adultes.
Il est difficile d'indiquer d’une façon rigoureuse, pour chaque
espèce animale, la quantité de phosphate précipité à ajouter aux
rations normales. Cette quantité dépend avant tout du but qu’on se
propose, du poids vif et des conditions sanitaires du bétail. S’agit-
il d’animaux sains, mais qu’on suppose insuffisamment alimentés en
phosphates à raison de la pauvreté de leur ration (pulpes, paille ou
foin de médiocre qualité), des doses variant de 15 à 25 grammes par
Jour, pour des moutons d’un poids vif de 30 à 45 kilogr., seront dans
la plupart des cas suffisantes. Pour les veaux, on pourra porter la dose
à 50 ou 60 grammes ; pour les porcs, selon leur taille, on donnera de
80 ou 100 grammes ; enfin, pour des bœufs, on pourra employer
100 à 150 grammes ou davantage. L'observation indiquera à l'œil
1. L'usine de Nanterre de MM. Roy et Cie livre ce produit, autant que j'ai pu
savoir, dans les conditions de composition et de prix ci-dessus.
LE PHOSPHATE DE CHAUX ET L'ALIMENTATION DU BÉTAIL 19
attentif de l'éleveur les augmentations en phosphate dont les rations
sont susceptibles ; mais, je le répète, cette substance étant inoffen-
sive, on pourra, sans crainte, donner des doses assez élevées.
S'agit-il d'animaux menacés visiblement de cachexie osseuse, les”
quantités de phosphate à faire consommer devront être plus élevées
que celles administrées aux animaux sains.
Ici encore, une observation attentive et les conseils d’un vétéri-
naire expérimenté devront guider l’éleveur.
Phosphatage des prairies. — Je reviens, en terminant, sur un
point capital : l’enrichissement naturel des fourrages en phosphate
par l’emploi des phosphates calcaires et surtout des scories Thomas,
pour la fumure des terres. Dans une exploitation dont les terres
reçoivent abondamment et régulièrement, comme fumure, des en-
grais phosphatés, on n’aura, pour ainsi dire, jamais besoin de re-
courir à l’addition de phosphates aux rations des animaux. Tout au
plus devra-t-on v faire appel pour l'alimentation des jeunes bêtes,
moutons, porcs ou veaux, pendant leur croissance.
Il va sans dire que les indications qui précèdent n’ont qu’un ca-
ractère général, qui ne saurait dispenser les éleveurs de suivre atten-
tivement le régime alimentaire de leur bétail, afin d’y apporter dans
chaque cas particulier les modifications que l'observation suggérera.
Le proverbe allemand : « L’œil du maître engraisse le bétail »,
trouve toujours son applicalion dans les écuries et les étables.
L. GRANDEAU.
LE TITANE
Propriétés du titane et de ses différents composés. — Études des différentes méthodes
actuellement employées pour la séparation et le dosage de l'acide titanique et
notamment dans certaines substances, fers, fontes, aciers, minerais de fer, bauxites,
argiles, ete. — Études nouvelles sur le dosage de l'acide titanique. — Présence et
dosage de l'acide titanique dans les sols et les végétaux, notamment dans la canne
à sucre et la betterave.
Par H. PELLET et CH. FRIBOURG
PREMIÈRE PARTIE
PROPRIÉTÉS DU TITANE ET DE SES DIFFÉRENTS COMPOSÉS
Généralités. — Le titane fut entrevu dès 4790 par William Mac
Gregor, pasteur de la paroisse de Menachan, village de Cornwall, en
examinant un sable en grains noirs, trouvé dans le ruisseau de Gon-
hilly.
En 1794, Klaproth considéra le schorl rouge de Boirik (Hongrie)
comme l’oxyde d’un métal hypothétique, le titanium ou titane ().
Vauquelin et Hecht en 1795 montrent l’analogie du schorl rouge de
Hongrie avec le rutile de Saint-Yrieix (Haute-Vienne), qui peut con-
tenir jusqu’à 97,60 °/, d’acide titanique (Damour).
On connait aussi, comme minerais du titane, l’anatase, la brookite,
la perouskite, le sphène et divers titanates complexes rares.
On a également trouvé dans des scories de hauts fourneaux un
azotocyanure de titane renfermant 78 °/, de titane.
1. L, Lévy. Thèse, 1891.
LE TITANE 22
M. L. Lévy a obtenu le premier le titane à l’état cristallisé en fai-
sant réagir du chlorure de titane sur les métaux (Thèse, 1891).
” Le poids atomique a beaucoup varié. Il a été de 48,60, 50,35 et
99,60.
Aujourd’hui il a été admis comme étant de 48,1, l'oxygène étant
15,88, et de 47,7, l'hydrogène étant 1 (°).
D’après cela, l’acide titanique, en prenant le poids atomique nou-
veau, contiendrait 60,04 °/, de titane, tandis qu’en prenant l’équiva-
lent de 50, on a le coefficient 60,975 (Carnot).
‘Réactions générales du titane. — Les solutions de titane sont
réduites par le zinc ; il se produit une coloration violette très carac-
téristique. On a également une coloration violette au chalumeau,
par la perle avec le borax ou le sel de phosphore (flamme réduc-
trice). La coloration devient rouge sang en présence du fer.
L’hydrate titanique précipité par l’ammoniaque se dissout dans les
acides, mais moins facilement s’il a été lavé à l’eau bouillante.
Les alcalis précipitent l’oxyde de titane de ses solutions mais le
redissolvent difficilement.
L’acide titanique se colore par l’eau oxygénée (Pisani). Dissoudre
l'acide titanique dans l'acide sulfurique concentré, étendre d’un
volume d’eau; puis, après avoir encore étendu d’eau, ajouter à
froid du bioxyde de baryum et soumettre la solution à une précipi-
tation fractionnée par l’ammoniaque, et on obtient une poudre jaune
foncé.
La coloration produite par le titane avec l’eau oxygénée est très
sensible : avec 1 gramme de titane par litre on a une couleur orange ;
avec 08,100 on a une couleur jaune et avec 08,020 on a une réac-
tion incertaine (?).
M. L. Lévy a signalé divers réactifs nouveaux du titane (°). Ces
nouveaux réactifs sont principalement la morphine, les phénols,
1. Table des poids atomiques internationaux pour 1904. (Bulletin de l'Association
des chimistes de sucrerie et de distillerie, numéro de juin 1904, p. 1255.)
2. D'après Schœn et Hepp et Weller.
3. Comptes rendus de l'Académie des sciences, 23 novembre 1886 et 13 octo-
bre 1886, et Thèse, 1891, p. 73. .
{
22 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’hydroquinone et l’acide salicylique, qui donnent des colorations très
nettes et permettent de différencier l'acide titanique d’autres acides
tels que les acides niobique, tantalique, stannique, molybdique, etc.
Réactions colorées par l’eau oxygénée et par le zinc. — Par
l'eau oxygénée. — D’après nos essais voici ce que nous avons ob-
servé :
On a préparé différentes solutions sulfuriques d’acide titanique.
On a pris 10 centimètres cubes de chaque solution et 5 centimètres
cubes d’eau oxygénée. On a observé : :
Pour les solutions à 20 grammes d’acide titanique par litre : urfe
coloration jaune orangé très forte; pour les solutions à 1 gramme :
jaune orangé fort; pour les solutions à 06,500 : jaune assez fort;
pour les solutions à 0*,200 : jaune clair, et pour les solutions à
05,100 : jaune très clair mais très net, et les colorations subsistent
très longtemps.
Par le zinc. — Relativement aux colorations produites par le zinc
on a observé ce qui suit :
Pris 10 centimètres cubes d’une solution d’acide titanique, plus
2 centimètres cubes d’acide sulfurique, plus un morceau de zinc.
Avec une solution à 20 grammes par litre, on à eu une coloration
violette très Intense ; avec une solution à 1 gramme par litre, on
n'obtient pas la coloration immédiatement mais seulement après
quelques heures, et la coloration violacée est très faible. On n’a plus
de coloration avec les solutions d’acide titanique plus étendues.
La réaction du titane par l’eau oxygénée est donc bien plus sen-
sible que celle fournie par le zinc.
Caractères microchimiques du titane. — M. E. Pozzi-Escot a
indiqué comme suit les caractères microchimiques du titane :
«Les titanates fondus avec du bisulfate de potassium et traités par
de l’eau oxygénée donnent avec la plus faible trace de titane une
coloration rouge due à la formation d’acide pertitanique, très nette
er très caractéristique.
€ On peut également reconnaître le titane dans les solutions en les
additionnant d'acide fluorhydrique, puis. de chlorure de rubidium.
LE TITANE 23
On obtient un fluotitanate de’ rubidium (TiF, 2RbF1, HO) en
lamelles hexagonales oblongues et rectangles souvent tronquées sur
les angles (!). »
DEUXIÈME PARTIE
I. — ÉTUDE DES DIFFÉRENTES MÉTHODES ACTUELLEMENT EM-
PLOYÉES POUR LA SÉPARATION ET LE DOSAGE DE L'ACIDE
TITANIQUE, ET NOTAMMENT DANS CERTAINES SUBSTANCES :
FERS, FONTES, ACIERS, MINERAIS DE FER, BAUXITES, AR-
GILES, ETC.
Nous donnons ci-dessous un résumé de toutes les méthodes que
nous avons pu recueillir sur le dosage de l’acide titanique, soit seul,
soit en présence d’autres corps, dans différents ouvrages scientifiques
ou publications spéciales.
Dosage de l'acide titanique (*). — On le pèse toujours comme
tel en le séparant par l’ébullition ou par l’ammoniaque de ses solu-
tions acides. Pour précipiter les solutions acides étendues, on les
neutralise par un léger excès d’ammoniaque ; on laisse déposer le
précipité qui ressemble à l’alumine, on le lave d’abord par décanta-
tion, puis sur le filtre, puis on le calcine après dessiccation.
Si le précipité renfermait de l’acide sulfurique, 1l faudrait faciliter
le départ de cet acide par l’addition d’un peu de carbonate d’ammo-
maque. L’acide calciné doit être pesé immédiatement, car il est très
hygrométrique.
Il doit être parfaitement blanc après calcination. Si l'acide titanique
est en solution sulfurique ou si cette solution est celle qui provient
du traitement par l’eau froide de la masse obtenue par fusion d’un
composé titanique avec le sulfate acide de potassium, il peut être
1. Annales de chimie analytique. 1899, p. 399.
2. Dictionnaire de Wurtz. t. V, p. 425.
24 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
précipité complètement par une ébullition prolongée de la liqueur
très étendue. Il faut avoir soin de renouveler l’eau évaporée.
Il peut se précipiter plusieurs hydrates d'oxyde de titane ou d’acide
titanique ; mais après calcination on a l’acide titanique correspon-
dant à Ti0°: 100 d’acide titanique — 60,04 de titane.
Dosage de l'acide titanique, d’après FRÉSENIUS. — Dans le traité
de Frésenius (*), on trouve quelques détails qui en général sont d’ac-
cord avec ce qui est extrait du Dictionnaire de Wurtz. Mais 1l y a des
observations importantes que nous signalons pour assurer la préei-
pitation complète de l’acide titanique.
C’est ainsi que, dans le liquide qui a subi une ébullition déjà pro-
longée, il conseille d’ajouter de l’ammoniaque pour le neutraliser et
de faire bouillir à nouveau, et de s’assurer qu’il n’y a plus de préci-
pité.
Il conseille aussi de compléter l'essai en ajoutant de l’ammoniaque
sur le liquide ayant bouilli sans précipiter ou sur le liquide filtré
séparé du deuxième précipité d'acide titanique par filtration, et ce
jusqu’à alcalinié franche. Faire bouillir à nouveau et voir s’il n’y a
pas un précipité.
Naturellement cette addition d’ammoniaque ne peut se faire que
dans une liqueur ne contenant pas d’oxydes précipitables par lam-
moniaque.
Enfin Frésenius recommande d’éviter l'emploi de l’acide chlorhy-
drique, qui gêne les précipitations. Si la liqueur contient de l’acide
chlorhydrique libre, il faut l’éliminer par une évaporation à sec.
Généralités sur le dosage du titane (:). — On dose générale-
ment le titane sous forme d’acide titanique (T10°) qui ressemble à de
la silice, mais dont il se distingue par sa solubilité dans l'acide sul-
furique chaud et concentré et dans les sulfates acides.
a) Une dissolution sulfurique d’acide titanique diluée avec de l'eau
et additionnée d’eau oxygénée fournit une coloration jaune orangé
1. Analyse quantitative, 6° édition française, p. 209.
2. L. Gampredon, p. 786.
LE TITANE 25
d'autant plus intense que la proportion d’acide titanique présente est
plus élevée.
b) Fréquemment on sépare la silice de l'acide titanique par volati-
lisation du premier de ces corps par l’acide fluorhydrique qui est
sans action sur le second. En cette occurrence il ne faut pas oublier
d'ajouter à l’acide fluorhydrique quelques gouttes d’acide sulfu-
rique, sans cela on volatiliserait aussi une partie de l’acide tita-
nique ainsi que cela résulte d'essais suivants effectués par M. M. Be-
ringer.
On a pris de 0,0352 à 0,052 d’acide titanique et on les à traités
par HFI en quantités suffisantes pour volatiliser 1 gramme de silice
sans et avec 50°:
Ti O? retrouvé
TiO* pris après action OBSERVATIONS
de l’acide fluorhydrique
0,0466 0,0340 Sans acide sulfurique
0,0340 0,0340 Avec acide sulfurique
0,0414 0,0413 Id.
0,0520 0,0520 [d.
0,0352 0,0352 Id.
c) On peut aussi doser volumétriquement le titane en réduisant par
le zinc la solution sulfurique d’acide titanique et réoxydant ensuite
par le caméléon jusqu’à coloration rose persistante. Ce procédé est
délicat, car le titane au minimum est très facilement peroxydable à
Pair.
Dosage du titane. Méthode générale de Davin Forges. — La
substance à analyser est d’abord réduite en poudre fine puis placée
dans un creuset de platine et additionnée d’acide sulfurique con-
centré de manière à former une pâte très liquide. On chauffe le
creuset pendant plusieurs heures de façon à ce qu’il y ait un léger
dégagement de vapeurs d’acide sulfurique, mais sans cependant faire
bouillir. L’acide titanique se dissout. On laisse ensuite refroidir
complètement et on verse rapidement le contenu du creuset dans
une capsule contenant une grande quantité d’eau froide. On lave le
creuset à l’eau froide. On filtre pour séparer les matières insolubles
qui peuvent être, outre la silice, des sulfates de chaux, de baryte et
26 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de strontiane (suivant les matières à analyser). On lave le filtre avec
soin.
On neutralise presque la liqueur filtrée par la soude caustique.
On ajoute quelques gouttes d'acide azotique et on fait bouillir pen-
dant quelque temps en remplaçant Peau au fur et à mesure qu’elle
s’évapore afin de déterminer la précipitation de l’acide titanique. On
laisse déposer. On filtre la liqueur. On reçoit l’acide titanique sur le
filtre et on lave. On sèche, on calcine avec un peu de carbonate d’am-
moniaque afin de chasser les traces d'acide sulfurique et on pèse.
L’acide titanique ainsi obtenu ne doit présenter qu’une légère colo-
ration jaunâtre. S'il était coloré en rouge ou en Jaune rougeâtre par
suite de la présence d’un peu d’oxyde de fer, il faudrait le refondre
avec du bisulfate de soude, dissoudre la masse dans un excès d’eau
froide, ajouter quelques gouttes d’acide nitrique, et précipiter
l'acide titanique par une ébullition prolongée (°).
Recherches de M. L. Lévy sur les meilleures conditions à
remplir pour obtenir un dosage exact de l'acide titanique. —
M. Lucien Lévy a beaucoup étudié les méthodes de dosage du titane
et l’examen de la pureté de l’acide titanique.
Il a soutenu une thèse sur ce sujet en 1891 et nous avons eu la
bonne fortune de pouvoir lire en entier ce travail dans lequel se
trouvent une foule de renseignements très intéressants. ;
Au point de vue du dosage du titane, M. L. Lévy a étudié l’in-
fluence de l'acide sulfurique et du sulfate de potasse, ainsi que
d’autres substances sur l'exactitude du dosage du titane, et il a prouvé
que si les sulfates n'avaient pas d'influence, 1l fallait surtout avoir
une acidité régulière de la liqueur correspondant à 05,5 pour 100
centimètres cubes en acide sulfurique.
M. L. Lévy a montré que la précipitation directe de Pacide tita-
nique par ébullition prolongée en présence du fer donnait lieu à des
résultats inexacts, une partie du fer se précipitant plus ou moins
avec l’acide titanique. Mais depuis on a constaté qu’il suffisait de
tenir le fer à l’état minimum pour l'empêcher de se précipiter.
1. Joignaux, E" 1888, p. 362.
LE TITANE 27
M. Lucien Lévy a bien voulu résumer la méthode qu’il préconise
comme la meilleure pour le dosage du titane.
1° Fondre avec précaution au creuset de platine 1 gramme ou
18,500 de bisulfate de potasse légèrement arrosé d’acide pur.
2 Y verser 0°,300 de la matière à analyser finement pulvérisée ;
3° Après fusion, dissoudre dans environ 300 centimètres cubes
d’eau, neutraliser exactement par l’ammoniaque et réaciduler au
moyen de l’acide sulfurique pur de façon à avoir une acidité de
o grammes par litre;
4 Faire bouillir six heures, en remplaçant l’eau évaporée pour
maintenir le volume. Filtrer, laver, sécher, calciner dans un creu-
set de platine, peser : soit P le poids;
5° Si l’on veut avoir l’alumine, évaporer l’eau mère en y ajoutant
de l’hyposulfite de soude ;
6° Le précipité P est redissous par de l'acide sulfurique et du fluo-
rure d’ammonium (+ environ 1 gramme d’acide sulfurique); bien
calciner jusqu’à poids constant. Peser: la perte de poids indique la
silice (p) qui s'était précipitée avec l'acide titanique ;
7° Redissoudre le précipité comme au début, y ramener le fer à
l'état minimum par l'addition de sulfite de soude et en maintenant
la liqueur acide. On renouvelle l’ébullition durant six heures dans
les mêmes conditions et on a cette fois le précipité d’acide titanique
pur (P”) et PpP'— le poids d'oxyde de fer. On peut le doser dans la
liqueur débarrassée d’acide titanique.
Vérification de la pureté de l'acide titanique, d’après L. LÉvy.
— On peut vérifier la pureté de l'acide titanique principalement au
point de vue de la présence du fer.
M. L. Lévy a donné le procédé ci-après :
Dans un verre de montre bien sec placer l'acide titanique à es-
sayer avec quelques gouttes d’acide sulfurique concentré.
Cependant, si l'acide titanique a été fortement calciné, 1l est pré-
férable de le dissoudre à chaud dans l’acide sulfurique concentré
et de prendre quelques gouttes de la solution; faire tomber sur
l'acide des poussières d’un phénol bien sec (le phénol ordinaire par
exemple). |
28 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On a dans ce cas une coloration alizarine très forte; s’il y a du
fer, la teinte tourne au violet.
REMARQUE. — Éviter l’eau et l’acide nitrique.
Cette réaction est la moins sensible au point de vue de lacide
tilanique, mais cela permet mieux de voir la modification de la colo-
ration due au fer.
Dosage de l'acide titanique, d’après Fucas (*). — « Fuchs a pr'o-
posé de doser d’une manière indirecte l’acide titanique contenu dans
une solution en faisant bouillir celle-ci avec une quantité connue de
cuivre métallique, à l’abri de l’air. L’acide titanique est réduit et il
se dissout une quantité de cuivre correspondant à un atome pour
deux molécules d’acide titanique. »
Dosage de l'acide titanique, d’après Pisant (). — Pisani à
indiqué également un procédé de dosage de l’acide titanique par
réduction de l'acide titanique :
« Dans son procédé, on réduit la solution d’acide titanique par le
zinc, à l’abri de l’air ; on l’étend ensuite d’eau bouillie et on titre par
une solution de permanganate la quantité d’acide titanique réduite
par le zinc. »
SÉPARATION DE L’ACIDE TITANIQUE DE DIFFÉRENTES SUBSTANCES
Des différents modes de séparation du îer
et de l’acide titanique
Généralités (?). — 1° Soit en calcinant au rouge, réduisant par
l'hydrogène et traitant par un acide, tel que l’acide azotique faible ;
2 Soit en formant des chlorures sensiblement neutres, ajoutant de
l’acide sulfureux pour réduire le fer au minimum et portant à
l’ébullition un peu prolongée à l'abri de l’air pour précipiter Pacide
titanique seul ;
1. Dictionnaire de Wurtz, t. V, p. 426.
2. À. Carnot, Traité d'analyse des substances minérales, t. If, p. 689.
LE TITANE 29
3° Soit en précipitant par le sulfhydrate l’acide titanique et le sul-
fure de fer et redissolvant ce dernier seul par l'acide sulfureux ;
4 Soit en neutralisant la solution d’une manière imparfaite, ajou-
tant de l’hyposulfite de sodium à froid et, quand la réduction du sel
ferrique est achevée, portant à l’ébullition pour précipiter l’acide
titanique seul.
Séparation du titane et du fer (‘). — « Cette séparation est
difficile à effectuer d’une manière complète par l’ébullition de la
solution acide. L’acide titanique en se précipitant entraîne toujours
du fer dans sa précipitation. Le seul procédé qui permette d’effec-
tuer cette séparation repose sur l'emploi de l’hyposulfite de sodium
qui maintient le fer en dissolution sans empêcher la précipitation de
l'acide titanique lorsqu’on fait bouillir. À cet effet on ajoute ce sel à
la solution provenant de l'attaque par le sulfate acide de potassium
et l’on porte à l’ébullition. L’acide titanique calciné doit être parfai-
tement blanc.
« S'il n’en était pas ainsi, ce qui arrive lorsqu'on a suivi une autre
marche (ou que l'addition de l’hyposulfite de sodium a été insuffi-
sante), on traite la matière colorée par le sulfate acide de potassium
comme il a été dit plus haut et on sépare le fer à l’aide de l’hyposul-
fite. »
On a aussi recommandé de traiter l’acide titanique ferrugineux
par le sulfure ammonique en excès. Par une digestion de quelques
heures avec le réactif tout le fer se transforme en sulfure et l’acide
titanique reste inaltéré. On étend d’eau le mélange, on lave le dépôt
et on traite celui-ci par l’acide sulfureux qui dissout le sulfure de fer.
Séparation du titane et du fer, d’après J. Otis Hanpy (*). — Dans
un mémoire de M. J. Otis Handy nous trouvons quelques indications
utiles pour assurer la précipitation de l'acide tilanique et sa sépara-
tion de l’oxyde de fer. Admettons que l’on ait de l'acide titanique, de
l’oxyde de fer et de la silice.
1. Dictionnaire de Wurtz, t. V, p. 426.
2, Annales de chimie analytique, 1897, p. 91.
30 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On fond la matière avec dix fois son poids de bisulfate de potasse,
dans un creuset de platine.
La fusion est conduite exactement comme suit : on choisit un bon
brûleur Bunsen protégé par une cheminée en tôle. On place sur le
triangle le creuset avec une flamme longue de 4 centimètres. On
augmente la chaleur graduellement de façon qu’en dix minutes le
quart inférieur du creuset soit porté au rouge. On le maintient dix
rainutes à cette température eu enlevant le couvercle toutes les deux
minutes et en faisant tourner le creuset doucement, puis on aug-
mente la flamme jusqu’à atteindre et à envelopper le sommet du
creuset. Cinq minutes de ce traitement font retomber le bisulfate
qui aurait pu s'élever sur les bords. La flamme est baissée et le quart
inférieur du creuset est chauffé pendant dix minutes. On refroidit,
on dissout dans environ 200 centimètres cubes d’eau. On filtre. (Le
résidu retenu sur le filtre contient toute la silice.) Le filtrat contient
tout l’acide titanique et l’oxyde de fer. On ajoute de l’ammoniaque
jusqu’à léger précipité permanent, puis on le redissout avec SO° di-
lué employé en quantité juste suffisante, puis on en ajoute un excès
de À centimètre cube. On dilue à 300 centimètres cubes. Si la solu-
tion paraît riche en fer, on fait passer un courant d'acide sulfureux,
jusqu’à décoloration ; dans le cas contraire, on ajoute seulement un
peu de solution d’acide sulfureux pour la réduction. On fait bouillir
pendant une heure en ajoutant de temps à autre un peu d’acide sul-
fureux. On filtre l’acide titanique à travers un double filtre et on lave
à l’eau chaude. On calcine et on pèse l'acide titanique. Si le préci-
pité est jaune, il faut le refondre avec du bisulfate.
Séparation de l'acide titanique du fer, d’après M. J. Mor-
GAN ('). — Si nous supposons un minerai de fer, on opère de la ma-
nière suivante: prendre À gramme de minerai, ajouter À gramme
de phosphate d’ammoniaque dissous dans une très petite quantité
d’eau, et on effectue la dissolution par digestion avec HCI; quand
celle-ci est complète, on évapore à sec dans une capsule. On redis-
sout le résidu dans HCI dilué et le résidu insoluble est recueilli et
1. Annales de chimie analytique, 1897, p. 272.
LE TITANE 31
lavé sur un filtre. Il renferme tout l'acide titanique à l’état de phos-
photitanate de fer (Arnold). Le lavage doit se faire d’abord avec HCI
dilué et chaud, puis avec de l’eau froide jusqu’à élimination com-
plète des sels de fer.
Le filtre et son contenu sont séchés, puis calcinés dans un creuset
de platine ; on mélange le produit de cette calcination avec environ
dix fois son poids de carbonate de potasse. On fond et après refroi-
dissement on traite par l’eau bouillante ; on recueille le résidu inso-
luble et on le lave complètement à l’eau chaude. Le filtre et son
contenu sont séchés, calcinés, puis le résidu mélangé avec environ
six fois son poids de bisulfate de potassium ; on fond au-dessous du
rouge en maintenant à cette température pendant une demi-heure.
Le produit de la fusion après refroidissement est traité par 10 centi-
mètres cubes de H€I et 50 centimètres cubes d’acide sulfureux. On
_ filtre et on lave à l’eau chaude. Le filtratum est dilué; on y ajoute
20 grammes d’acétate de soude en solution et un sixième de son
volume d'acide acétique cristallisable. On porte à l’ébullition pen-
_ dant quelques minutes. Le précipité obtenu dans ces conditions est
filtré, lavé avec de l’eau contenant quelque peu d'acide acétique.
On le sèche, on calcine et on pèse : c’est de l'acide titanique absolu-
ment pur.
Séparation de l'acide titanique de la silice (‘). — « Il arrive
quelquefois que l’acide titanique précipité est mélangé de silice.
Pour l’en séparer on le traite par l’acide sulfurique concentré et
chaud qui dissout l’acide titanique. Après refroidissement on verse
le tout dans l’eau en empêchant la température de s'élever ; on filtre
pour séparer la silice et on porte la solution à l’ébullition pour pré-
cipiter l’acide titanique.
« On soumet au besoin la silice à un second traitement sem-
blable. »
On peut aussi se débarrasser de la silice en attaquant par l’acide
sulfurique en présence d’acide fluorhydrique. Toute la silice est
transformée en fluorure de silicium qui se volatilise (Scheurer).
1. Dictionnaire de Wurtz, t. V, p. 426.
32 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Séparation de l'acide titanique et de la silice des bases par
l'acide formique, d’après LECLÈRE (‘). — « D’après M. Leclère,
l’acide titanique et l’acide silicique peuvent être facilement isolés des
bases (sesquioxydes et protoxydes) si, après fusion avec du carbonate
de soude (ou de l’oxyde de plomb) en vue de rendre la matière atta-
quable par les acides, on traite la masse par de l’eau chaude et par
une quantité d'acide formique telle que les bases une fois saturées il
reste environ 9 °/, d'acide formique libre. On laisse pendant deux
jours à la température de 100°. »
Séparation de l'acide titanique de l’alumine (*). — « La solution
sulfurique est étendue d’ear: et soumise à une ébullilion prolongée.
L’acide titanique se précipite et l’alumine reste entièrement dissoute.
« Dans quelques cas on peut faciliter la préparation de l'acide tita-
nique par l’addition d’ammoniaque lorsque celle-ci ne précipite pas
l’oxyde métallique, ou qu’elle peut le redissoudre après lavoir pré-
cipité. »
Dosage de l'acide titanique dans les minerais de fer. — De
l’ouvrage de M. L. Campredon (*) nous extrayons les notes ci-après :
Dosage du titane. Principe. — Séparer le titane sous forme de
phosphotitanate de fer qui est fondu avec le carbonate de potasse de
manière à obtenir un trititanate de potasse insoluble lequel est séparé
des phosphates et de lalumine, qui se dissolvent. Le titanale est
désagrégé par le sulfate acide de potasse et finalement on sépare
l’acide titanique par une ébullition prolongée.
Mode opéruloire. — Prendre 6 grammes de minerai que l’on met
dans une capsule de porcelaine. On ajoute 10 centimètres cubes d’une
solution de phosphate d’ammoniaque (*) à 10 °/, et 60 centimètres
1. Trailé d'analyse des substances minérales, par A. Carnot, 1904, p. 687.
t]
. Diclionnaire de Wurtz, t. V, p. 426.
3. Dosage du titane dans le fer, etc., p. 511.
4. L'addition de phosphate d'ammoniaque a pour but de transformer en phosphoti-
tanate de fer insoluble ja totalité du titane de telle sorte que la liqueur ferrique en
est exempte. Gette manière de procéder facilite grandement l'analyse.
LE TITANE 33
cubes d’acide chlorhydrique pur. On évapore à sec et on éhauffe
assez fortement, puis on reprend par acide chlorhydrique et of filtre
pour séparer le résidu siliceux insoluble contenant le phosphotita-
nate de fer. Le résidu est desséché, calciné et fondu dans une cap-
sule de platine avec 10 grammes de carbonate de potasse ; on main-
tient la masse en fusion tranquille pendant dix minutes, puis on
laisse refroidir et on reprend par l’eau chaude qui dissout le phos-
phate et l’aluminate de potassium et laisse du trititanate de potasse et
de l’oxyde de fer insolubles. Ceux-ci sont recueillis sur filtre, lavés,
calcinés et fondus dans un creuset de platine avec 3 grammes de
sulfate acide de potasse qui fournit du sulfate de titane et du sulfate
de fer. S'il restait un peu de silice, elle demeure insoluble. On
reprend avec 10 centimètres cubes d’acide chlorhydrique fort et
50 centimètres cubes d’acide sulfureux en solution saturée ; on
chauffe doucement, on verse dans un ballon de 120 centimètres
cubes, on complète le volume et on filtre sur un papier sec. Tout le
fer doit se trouver au minimum d’oxydation. On prend 100 centi-
mètres cubes de la liqueur filtrée (correspondant à 5 grammes de
minerai), on les verse dans un ballon de 1 litre, on étend avec 500 ou
600 centimètres cubes d’eau bouillante et on chauffe à l’ébullition
de manière à réduire le volume de la liqueur à 250 centimètres
cubes environ. Dans ces conditions l'acide titanique se sépare et on
le recueille sur un filtre sans cendres. On le pèse après calcination.
LEE R UNE à
REMARQUES. — [. L’exactitude de la méthode ci-dessus indiquée
par Arnold n’est pas à l'abri de Lout reproche ; elle présente l’avan-
tage d’être relativement simple et de permettre la concentration du
titane dans le résidu insoluble.
IT. À propos du dosage du titane dans les fontes et aciers, nous
examinerons la méthode préconisée par Ledebur, au cours de
laquelle on sépare la majeure partie du fer de la solution ferrique
au moyen de l’éther, suivant les indications de Rothe.
IT. Si l’on se propose de doser isolément le titane dans un mine-
rai, On pourra suivre la méthode suivante : placer de 1 à 5 grammes
de minerai dans une nacelle de porcelaine que l’on introduit dans
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1905. — 11 3
34 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
un tube de porcelaine chauffé au rouge, et traversé par un courant
d'hydrogène sec. L’oxyde de fer est réduit avec production de fer
métallique ; après réduction, Ja matière est traitée par l'acide sulfu-
rique dilué qui dissout le fer et laisse comme résidu la matière sili-
ceuse et l’acide titanique. Le résidu est filtré, lavé, calciné, fondu
avec un excès de sulfate de potasse acide et on continue comme
dans la méthode ci-dessus décrite.
IV. On peut évaluer colorimétriquement la proportion de titane
en ajoutant quelques gouttes d’eau oxygénée à la solution sulfurique
de l'acide Uüitanique. On obtient de la sorte une coloration jaune
orangé d'autant plus intense que la quantité d’acide titanique est
plus élevée.
Pour divers dosages du titane, M. L. Campredon recommande
aussi l’ébullition prolongée en général durant au moins trois quarts
d'heure, et quand on doit séparer le fer, en le maintenant soluble à
laide d'acide sulfureux, d'ajouter de cet acide de temps en temps
pour bien maintenir en dissolution le fer à l’état de sulfate de pro-
toxyde de fer (pages 241-269).
Dosage du titane dans les fers, aciers, fontes (‘). — Deux
méthodes :
«1° Dosage en présence de La tolalité du fer, d’après ArNoLD. —
A cet effet on opère sur 14,2, 28',4 ou 6 grammes auxquels on ajoute
08,500 de phosphate d’ammoniaque ; on dissout au moyen de 30 à
60 centimètres cubes d’acide nitrique de densité de 1,20 et on éva-
pore à sec. On reprend par HCI et on évapore de nouveau à sec. On
reprend par HCI et de l’eau en excès, puis on filtre pour séparer
S10°, le graphite et le phosphotitanate de fer. Le filtrat est exempt
de titane. On sèche el on calcine le résidu qui est fondu avec
10 grammes de carbonate de potasse, puis on reprend par l’eau et
on filtre. Le résidu est séché, calciné et fondu avec du sulfate acide
de potasse et on reprend par HCI. On ajoute 50 centimètres cubes
{. Extrait de l'ouvrage de M. Campredou intitulé : Guide du chimiste mélalhw--
gique et de l'essayeur, p. 620.
LE TITANE 3)
d'acide sulfureux en dissolution aqueuse, puis on maintient à une
douce chaleur.
« La silice reste insoluble. On fait 120 centimètres cubes dont on
prélève 100 centimètres cubes (— 1, 2 ou 5 grammes de matière)
par filtration partielle. On introduit dans un grand gobelet, on étend
. à À litre et on fait bouillir jusqu’à réduction du volume à 290 cen-
timètres cubes. Il se forme de l'acide métatitanique qu’on laisse
déposer: filtrer, calciner et peser comme acide titanique. Ti0° x
GED Tr:
« 2 Dosage du titane après élimination de la presque totalité
du fer, d'après M. LEDEBUR. — On opère sur 5 à 10 grammes de
métal que l’on dissout dans l'acide nitrique, on évapore à sec et
l’on reprend par l’acide chlorhydrique. Filtrer pour séparer la silice
plus le graphite. Le résidu est exempt d’acide titanique qui passe
entièrement dans la liqueur. Cette dernière es! concentrée et épui-
sée en une ou plusieurs fois avec de l’éther. La solution aqueuse
retient le titane sous forme de chlorure, il suffit d'évaporer à sec
pour insolubiliser l'acide titanique. On humecte avec HCI, on étend
avec de l’eau et on filtre l’acide titanique qui est séché, calcmé et
pesé.
«A titre de précaution on pourra désagréger le résidu siliceux avec
du carbonate de potasse afin de rechercher l'acide titanique en sui-
vant la méthode indiquée par M. Arnold et décrite ci-dessus.
Dosage du titane dans les fers et aciers, d’après M. G. \VATER-
HOUSE. — Cette méthode peut s'appliquer à la séparation du titane
d'avec le fer (°).
Admettons que l’on ait la solution des bisulfates amenée à un vo-
lume de 150 centimètres cubes.
« On ajoute à ce liquide de l’ammoniaque diluée jusqu’à ce qu’on
obtienne un précipité permanent qu’on redissout en ajoutant quel-
ques gouttes d'HCI; on ajoute avec précaution et très lentement
90 centimètres cubes d’une solution de sulfite de soude à 20 °/, et
1. Annales de chimie analytique, 1902. p. 391.
36 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’on porte à l'ébullition. On l’additionne de 50 centimètres cubes
d'acide acétique cristallisable préalablement chauffé et de 20 grammes
d’acétate de soude, et l’on fait bouillir le tout très vivement durant
cinquante minutes (en maintenant le volume par addition d’eau
bouillante). Le précipité est recueilli, lavé et calciné.
« L’oxyde obtenu est fondu pendant quelques minutes avec
10 grammes de carbonate de soude pur. Après refroidissement, le
produit est trailé par 150 centimètres cubes d’eau chaude, lé préei-
pité est bien lavé et redissous dans un peu de HCI. On ajoute 10 cen-
timètres cubes d’acide sulfurique dilué et la solution est évaporée
jusqu’à l'apparition de fumées de SO‘. On laisse refroidir et l’on
dilue à 50 centimètres cubes, puis on filtre. »
Le filtratum est amené à 150 centimètres cubes, rendu légèrement
alcalin par de l’ammoniaque, et rendu très légèrement acide par un
peu d'HCI; ajouter 20 centimètres cubes d’une solution de sulfate de
soude, porter à l’ébullition et ajouter encore de l’acide acétique
cristallisable et de l’acétate de soude comme il a été dit une pre-
mière fois. Porter à l’ébullition, maintenir cinquante minutes. Le
précipité recueilh sur filtre, bien lavé et calciné, est pesé comme
T10°. Cette méthode a donné d’excellents résultats, d’après l’auteur,
sur des mélanges connus.
Dosage du titane dans la bauxite ('). -- Prendre 1#,500 de ma-
üière finement pulvérisée préalablement desséchée à 100° et conservée
à abri de l'humidité.
Dissoudre dans une capsule de porcelaine au moyen de 50 centi-
mètres cubes d’un mélange d’acides composé comme suit :
100 centimètres cubes d'acide azotique pur (densité, 1,42) ;
300 centimètres cubes d’acide chlorhydrique (densité, 1,20) ;
600 centimètres cubes d’acide sulfurique à 25 ?/..
On chaufle doucement jusqu’à formation des fumées blanches
qu’on laisse dégager pendant quinze minutes environ. Après refroi-
dissement, on reprend avec 100 centimètres cubes d’eau et on fait
bouillir dix minutes. On filtre, on lave à l’eau en recevant les liquides
1. L. Campredon, p. 261.
LE TITANE 37
dont le volume ne doit pas dépasser 200 centimètres cubes dans un
gobelet de 300 centimètres cubes.
Le résidu est séché, calciné et pesé. Il consiste principalement en
silice mélangée de traces d’acide titanique, d’oxyde de fer et d’alu-
mine.
On volatilise la silice au moyen de trois gouttes d’acide sulfurique
et de 5 centimètres cubes d’acide fluorhydrique dans une capsule
ou un creuset de platine ; la perte de poids représente la silice.
Le résidu de la volatilisation est fondu avec 1 gramme de bisul-
fate de potasse ; on reprend par l’eau et l’on filtre, s’il y a lieu, pour
séparer un peu de silice que l’on pèse et dont on ajoute le poids au
premier chiffre obtenu. On joint la liqueur filtrée à la première et
cette dissolution contient alors la totalité de l'acide titanique, de
l'oxyde de fer et de l’alumine.
TiO?, Fe’0*, APO*. — On parfait à 300 centimètres cubes le
volume de la liqueur filtrée et on prend 100 centimètres cubes
— (5,500 de bauxite. La prise d’essai est diluée à 300 centimètres
cubes environ et additionnée de quelques centimètres cubes d’acide
chlorhydrique fort et d’un excès d’ammoniaque; on fait bouillir
pendant cinq minutes et on recueille sur un filtre le précipité d'acide
titanique, de peroxyde de fer et d’alumine qui est lavé, séché, cal-
ciné et pesé.
TiO®. — Prendre 100 centimètres cubes de liqueur — 0,500 de
bauxite, diluer à 400 centimètres cubes environ avec de l’eau, neu-
traliser exactement par de l’ammoniaque et acidifier légèrement par
addition de À centimètre cube d’acide sulfurique à 25 °/,. Puis on
réduit le fer au minimum d’oxydation en ajoutant 20 à 30 centimètres
cubes d’une solution aqueuse d’acide sulfureux et on fait bouillir
pendant une heure en remplaçant l’eau au fur et à mesure qu’elle
s’'évapore.
De cette façon l'acide titanique se sépare sous forme de flocons
blancs, qui sont filtrés, lavés, calcinés et pesés.
Fe?0°. + Prendre 100 centimètres cubes de liqueur — 0“,500 de
bauxite et ajouter 10 centimètres cubes d’acide sulfurique à 25 °/,
et 1 gramme de zinc en poudre. Après réduction du fer au minimum,
on titre au permanganate, etc.
38 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dosage du titane dans la bauxite, d’après J. ZamMaRON (!). —- Dans
une étude sur l’analyse des bauxites, M. J. Zamaron indique la méthode
cénérale de dosage du titane, c’est-à-dire :
1° En séparant le titane précipité à l’état d’acide titanique d’avec
la silice, au moyen du fluorure d’ammonium, et l’acide sulfurique.
On a l’acide titanique par résidu ;
2 En fondant la masse avec du sulfate acide d’ammoniaque et en
suivant la marche ordinaire de précipitation de l’acide titanique par
ébullition prolongée.
Mais il y a aussi du titane en solution chlorhydrique avec l’alumine,
le fer, etc.
Si on traite par l’ammoniaque, on a le fer, l’alumine et l’acide
titanique.
Pour la séparation on fait fondre le précipité d’acide titanique, de
fer et d’alumine avec du bisulfate d’ammonium ou de sodium, on
dissout la masse dans l’eau froide, on neutralise par du carbonate
de soude et on étend d’eau de façon à avoir au plus 05,1 des oxydes
dans 90 centimètres cubes. On ajoute alors à froid dans la solution
un léger excès d’hyposulfite de soude; on attend que le liquide,
d’abord violet, soit complètement décoloré et que tout le peroxyde
de fer soit ramené à l’état de protoxyde. Chauffer à l’ébullition jus-
qu'à ce qu'il ne se dégage plus d’acide sulfureux. Filtrer et laver
le précipité à l’eau bouillante. On a ainsi ’alumine et acide tita-
nique ensemble : après calcination on reprend par l’acide sulfurique
ou les bisulfates pour redissoudre le tout et précipiter l’acide tita-
nique par ébullition prolongée dans les conditions ordinaires.
Dosage du titane dans les produits réfractaires. — Pour le
dosage de l’acide titanique dans les produits réfractaires, ce qui à
beaucoup d’analogie avec le dosage du même élément dans la terre,
on retrouve l'acide titanique : 1° en partie avec la silice ; 2° en partie
avec le précipité de fer et d’alumine.
On doit donc:
1° Vérifier la pureté de la silice obtenue en la traitant par du
1, Bullelin de l'Association des chimistes de sucrerie, n° 7, janvier {S98, p. 718,
LE TITANE 39
fluorure d’ammonium en présence d'acide sulfurique, et, s'il y a un
résidu, le conserver ;
2° Recueillir le précipité obtenu avec l’ammoniaque qui contient
le fer, l’alumine et quelques autres substances ainsi que le titane.
Laver et calciner et l’ajouter au résidu laissé par la silice.
Ce mélange est traité par du carbonate de soude et on suit alors
le procédé Arnold d’après les indications de M. J. Morgan pour sépa-
rer l’acide titanique du fer et autres impuretés (°).
En fondant le tout avec le carbonate de soude, on élimine l’alumine
sous forme d’aluminate de sodium, et l'acide titanique resté sous
forme de titanate de sodium insoluble. Ce titanate de sodium est
accompagné de l'oxyde de fer et le mélange traité par le bisulfate de
potasse comme dans toutes les méthodes permet de doser l’acide
titanique en présence du fer dans une liqueur contenant de l’acide
sulfureux.
Dosage du titane dans le minerai de titane. Analyse du rutile
(minerai de titane) [*].— Le minerai en poudre impalpable est faci-
lement attaqué au creuset de platine par du bisulfate d’ammoniaque
ou par un mélange de sulfate d’ammoniaque et d’acide sulfurique.
S1 la désagrégation a été complète, toute la masse fondue se dissout
dans l’eau. Dans le cas où il resterait un résidu, on le soumettrait à
une nouvelle fusion, à moins que le résidu ne soit de la silice ou un
silicate qui ne peut entrer en dissolution.
La solution aqueuse est portée à l’ébullition et on y ajoute de
l’hyposulfite de soude qui précipite l'acide titanique tandis que le fer
reste en dissolution. On recueille le précipité qui est séché, calciné
et pesé. C’est de l’acide titanique, T10?.
Application de l’eau oxygénée au dosage du titane dans quel-
ques composés (niéthode WELLER). — M. le D' von Lippmann a bien
voulu nous signaler la méthode colorimétrique de Weller pour le
dosage du titane dans les résidus du raffinage des salins de sucra-
L. Campredon, p. 232.
L. Campredon, p. 786.
ie
2e
40 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
terie. Voici cette méthode, telle qu’elle a été décrite dans l'ouvrage
de Lunge (°) :
«M. A. Weller a étudié, dans le laboratoire de Bunsen, une mé-
thode simple pour la recherche de lacide titanique par procédé
colorimétrique. Elle repose sur la propriété qu’a l’eau oxygénée de
colorer les solutions d’acide titanique en Jaune orangé, solutions con-
tenant un dixième de milligramme par centimètre cube et très sen-
sible encore lorsque la dose est d’un cinquantième de milligramme.
L’acide vanadique et l’acide molybdique donnant la même réaction
sont à rechercher.
€ On opère dans les meilleures conditions en comparant avec des
solutions contenant pour 100 centimètres cubes 3 à 10 milligrammes,
el pour À centimètre cube O"#,1 à 0"#,05 d’acide titanique. De petites
quantités de fer ne gênent pas, de même que l’acide sulfurique
quand il n’y en a pas plus de 10 °},. Autrement la coloration de la
solution normale disparait avec le temps. »
Pour lPapplication de la méthode, Lunge dit qu’il faut :
1° Préparer la solution de telle sorte qu’elle ne renferme pas plus
de 1 milligramme d’acide titanique par centimètre cube ;
2 On additionne une quantité mesurée de cette solution de son
volume d’eau oxygénée. On a une coloration jaune orange plus ou
moins intense. En préparant une solution type d'acide titanique sur
la base de 1 milligramme par centimètre cube on a le moyen de
doser rapidement de petites quantités d'acide titanique par la mé-
thode colorimétrique.
C’est ce que nos nouveaux essais ont plemement confirmé, comme
on le verra.
Séparation du titane d'avec le fer par l’eau oxygénée, d’après
M. P. H. Wazker (*). — La solution légèrement acide et froide du
mélange des sulfates occupant un volume d'environ 150 centimètres
cubes est mélangée avec 100 centimètres cubes d’eau oxygénée à dix
volumes. On verse très lentement dans ce mélange une solution com-
1. Chemisch-lechnische Untersuchungs-Methoden, Berlin. t. 1, p. 510, et €. IL, p. 56.
2. Annales de chimie analytique, 1900, p. 25.
LE TITANE 41
posée de : eau oxygénée, 100 centimètres cubes ; ammoniaque con-
centrée, 30 centimètres cubes; on agite continuellement. L’oxyde
ferrique se précipite, on le filtre et on le lave avec une solution
diluée d’ammoniaque contenant une petite quantité d’eau oxygénée.
Le précipité est redissous sur le filtre par un mélange d’acide chlor-
hydrique pur et d’eau oxygénée. La solution obtenue est reprécipitée
comme précédemment. On recommencera une troisième fois la
même opération ; après quoi l’hydrate ferrique peut être dissous et
le fer déterminé par la méthode habituelle. Les filtrats contiennent
tout le titane, on les fait bouwullir et l’hydrate d'oxyde de titane
Ti (OH)* qui se précipite est filtré eu lavé avec une solution chaude
de nitrate d’ammoniaque séché, calciné et pesé à l’état de T10°.
Un mélange contenant de l’acide titanique fondu avec du bisulfate
de potasse et additionné d’alun de fer ammonjacal a donné les résul-
tats suivants par la méthode précédente :
Acide titanique : après première séparation . . . . . 05",0872
— après deuxième séparation. . . , . 0 ,0104
= après troisième séparation. . . . . 0 ,0041
Ta Ototalctrouvés Tue 08",1017
TEOeMPIONC MT RSR 0 ,1016
Détermination volumétrique du fer et de l'acide titanique au
moyen du permanganate de potasse (*). — MM. I. L. Wells et
W. L. Mitchell ont indiqué une méthode de dosage du fer et de
l'acide titanique au moyen du permanganate de potasse.
On procède ainsi :
1° La solution sulfurique est évaporée jusqu’à apparition des
fumées blanches et on étend la liqueur à 1 litre.
2° Sur un volume connu, on réduit le fer au minimum par l’hy-
drogène sulfuré, on chasse le gaz en excès par l’ébullition et on dose
le fer par le permanganate.
3° Une autre partie de la liqueur est additionnée d’acide sulfurique
(25 centimètres cubes) plus du zinc pur en morceaux. On chaufle
trois quarts d'heure. Le fer et l’acide titanique sont réduits. On laisse
1. Revue de chimie analytique, 1897, p. 6.
42 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
refroidir dans un courant d’acide carbonique. On titre le fer et le
titane par le permanganate.
La différence entre les deux titres correspond à l’acide titanique.
Séparation des acides titanique et molybdique (). — MM. Rue-
genberg et E. Smith ont indiqué une méthode de séparation de ces
deux acides basée sur ce que c’est l’acide sulfurique ayant une densilé
de 1,378 qui convient le mieux pour dissoudre tout l’acide titanique
sans toucher à l’acide molvhdique.
Pour À gramme de matière on doit employer 25 centimètres cubes
d'acide sulfurique et traiter à chaud durant deux minutes.
Séparation du tungstène de l'acide titanique, d’après M. DE-
FACQZ (?). — On traite la matière par huit fois son poids d’un mélange
de huit parties d’azotate de potasse pur et de deux parties de car-
bonate de potasse pur. Chauffer au rouge sombre en creuset de platine
durant vingt à trente minutes. La masse est reprise par l’eau, on lave
par décantation et on termine les lavages par une solution étendue
d’azotate d’ammoniaque pour avoir les liquides clairs. Le résidu resté
sur le filtre est calciné. Il contient tout l’acide tilanique qu’on traite
ensuite par les méthodes connues pour le doser.
II. —— ESSAIS NOUVEAUX SUR LE DOSAGE DE L'ACIDE TITANIQUE
(De MM. H. Pezcer ET Ca. Frisovurc)
Au point de vue des nouveaux essais de dosage que nous avons
effectués, nous parlerons d’abord de vérification de la séparation de
la silice et de l’acide titanique par l'acide fluorhydrique, puis des
méthodes de dosage proprement dites que nous diviserons en :
1° Méthodes colorimétriques ;
2 Méthodes pondérales.
1. Annales de chimie analytique, 1901, p. 185.
2. Defacqz, Comptes rendus, novembre 1896, p. 823; Annales de chimie analy-
; »P ; y
tique, 1897, p. 10.
LE TITANE 43
Expériences sur la séparation de l'acide titanique et de la silice,
par MM. H. Peccer et C4. FRIBOURG. — A propos de la séparation de
la silice et de l’acide titanique nous avons fait de nouveaux essais.
Voici ce que nous avons trouvé :
Disons d’abord que nous avons employé dans nos essais un acide
ütanique qui contenait 21, 21 °/, d’eau et 78, 79 °/, d'acide tita-
nique Ti0*.
PREMIER ESSAI. — On a pris 1 gramme d’acide titanique qu’on a
traité par 10 centimètres cubes d’acide fluorhydrique. Attaque assez
vive et dissolution complète. Mis à digérer et à évaporer à une douce
chaleur. On a eu un résidu sec cristallin, puis, en chauffant un peu
plus fort, dégagement de fumées blanches (acide fluorhydrique et
fluorure de titane). Enfin transformation en acide litanique.
Nous avons eu une perte de poids de 05,385, ce qui est beaucoup
plus que les 21, 21 °/, d’eau contenue.
DEUXIÈME ESSAI. — On a calculé que le fluorure correspondant à
0,7879 de TiO° réel (TiFE) représente 15,203 de fluorure. On a
refait un essai en évaporant doucement à sec, mais sans avoir les
fumées blanches. (
On a pesé 1,262 de fluorure (ce qui correspond bien à la théorie).
TROISIÈME ESssar. — On a mis 0*,997 d’acide titanique brut,
plus » centimètres cubes d’acide fluorhydrique, plus 5 centimètres
cubes d’eau. Dissolution rapide. Ajouté trente gouttes d'acide sul-
furique concentré. On a évaporé et on a obtenu un produit cristallin
blanc nacré. En chauffant au rouge jusqu’à poids constant, on a
trouvé qu’il restait 79 °/, du poids primitif en acide titanique pur, ce
qui est sensiblement le chiffre calculé d’après le premier essai direct.
Ce résidu se dissout facilement dans lacide sulfurique concentré
chaud. Si l’acide n’est pas assez concentré, il faut chauffer pour con-
centrer, et on arrive ainsi à la dissolution complète.
En résumé, ces essais confirment ce qui est dit dans les traités
d’analyse et aussi dans Wurtz (*) que par simple évaporation avec de
1. T. V, p. 418, 426.
44 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l'acide fluorhydrique il y a perte d'acide litanique; mais d’après
nos essais cette perte n’a lieu qu’à la décomposition du fluorure.
L’addition d’acide sulfurique, au contraire, empêche toute perte
d'acide titanique. C’est également ce qu’ont signalé divers auteurs.
Pour des essais avec mélange de silice et acide titanique, nous
avons employé une silice contenant :
Perte:au eus: 1 PAPE REP TT ERe 0557
Résidu après attaque à l'acide fluorhydrique . 3
Mélangé À gramme de silice plus 1 gramme d’acide titanique plus
o à 8 centimètres cubes d'acide fluorhydrique. Il y a eu un dégage-
ment de chaleur, puis dissolution complète. On a ajouté ensuite
trente-cinq gouttes d’acide sulfurique concentré.
Évaporation, calcination.
ILest resté 0*,800 de résidu (acide titanique + impuretés de la
silice) au lieu de 0*,820 qu’on aurait dù trouver, mais cette différence
est très faible.
MÉTHODES DE DOSAGE PROPREMENT DITES
Méthodes colorimétriques
Généralités. — L'acide titanique en solution sulfurique, ainsi que
nous l’avons déjà dit au commencement de ce mémoire, donne deux
réactions colorées très caractéristiques :
1° Avec l’eau oxygénée ;
2° Avec le zinc métallique,
la première étant de beaucoup plus intense que la seconde.
Nous avons donc pensé à établir une méthode colorimétrique
basée sur la réaction à l’eau oxygénée, et pour pouvoir comparer
les colorations obtenues, nous nous sommes servis du colorimètre
Josse (*), construit en vue de la comparaison des différents produits
que l’on rencontre eu sucrerie, et basé sur une unité colorante dé-
nommée la colorie.
1. Le colorimètre Josse est construit par la maison Jobin, rue de l'Odéon, à Paris.
LE TITANE 45
Il se trouve également que la réaction fournie par l’eau oxygénée,
agissant sur les solutions d’acide titanique, donne une coloration que
l’on peut parfaitement déterminer au colorimètre Josse, vu l’analogie
des teintes.
Notre méthode colorimétrique pour le dosage du titane est donc
analogue à celle de Weller ; mais nous avons étudié en même temps
la meilleure marche à suivre pour obtenir le titane en solution
convenabie, puis les meilleures conditions à remplir pour avoir
une coloration toujours proportionnelle à la dose de titane, et enfin
nous avons indiqué l'emploi d’un colorimètre spécial qui permet
d'exprimer les colorations en unités de couleur, c’est-à-dire en
colories.
Préparation de solutions d'acide titanique pur. — Comme nous
l'avons dit plus haut, la réaction se fait généralement avec une solu-
tion sulfurique d’acide titanique; mais, comme on le verra par la
suite, on peut avoir également une solution d'acide titanique dans le
bisulfate de potassium.
Nous avons donc préparé des solutions sulfuriques et également
des solutions bisulfatées, et nous avons déterminé les quantités d’a-
cide ou de bisulfate nécessaires pour obtenir des solutions qui, éten-
dues, ne laissent pas reprécipiter d'acide titanique.
Pour la solution sulfurique nous avons pris 6#,250 d’acide titanique
à 80 °/,, c’est-à-dire 5 grammes de Ti0° pur que nous avons addi-
tionné de 90 centimètres cube; d’acide sulfurique pur à 66° et
chauffé le tout dans une capsule de porcelaine à dissolution parfaite.
Après refroidissement, verser doucement le mélange sulfurique dans
une fiole de 500 centimètres cubes. contenant de l’eau distillée et
compléter.
Cette solution contient donc environ 200 grammes d’acide sulfu-
rique pour 10 grammes de T10° ou 2 grammes pour 0*,100 de:Ti 0°.
Cette solution étendue au dixième par addition d’eau donne donc
une solution à Î gramme pour cent de Ti0* qui reste parfaitement
claire.
Pour la solution bisulfatée nous avons opéré comme suit pour
faire une solution à 1 gramme par litre. (Pour faire une solution à
46 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
10 grammes par litre, il faudrait une quantité beaucoup trop forte de
bisulfate de potasse.)
Prendre 0#,500 Ti0? réel et le fondre avec 25 grammes de bisul-
fate de potasse (que l’on prépare soi-même comme nous dirons plus
loin) sans trop chauffer pour ne pas décomposer le bisuifate.
Reprendre après refroidissement par 150 centimètres cubes d’eau
distillée chaude (40 à 50° au maximum) dans un verre de Bohème.
La dissolution se fait en une demi-heure. Après refroidissement,
compléter à 200 centimètres cubes.
Il faut surtout avoir soi de ne pas dépasser la température de 60°
quand on fait la dissolution, autrement l'acide tilanique commence à
précipiter.
Préparation du bisulfate de potasse pur. — Nous avons remar-
qué que le bisulfate que l’on trouve dans le commerce, même vendu
comme pur, ne répond pas toujours à la formule théorique et que
souvent il contiént trop peu d'acide libre. C'est-à-dire que c’est un
mélange de sulfate neutre et de bisulfate.
Comme point de départ nous choisissons le carbonate de potasse
que l’on se procure aujourd’hui à un parfait état de pureté el de
siccité.
Voici les formules de préparation :
COSK? + 2S0‘H? — 2S0*KH + C0? + H?0
138 298 272
ou en doublant
276 2 fois 196 544
Faire un essai préliminaire du carbonate de petasse au point de
vue de l’eau qu’il peut contenir (en en fondant 1 gramme environ
au creuset de platine). On trouve 5 à 6 °/, de perte. Prendre 290 à
295 grammes de ce carbonate de potasse et les mettre dans une
capsule de 1300 centimètres cubes avec 300 centimètres cubes
d’eau.
Diluer d’autre part 200 grammes d’acide pur à 66° avec 300 cen-
timêtres cubes d’eau et les verser lentement dans la solution de
LE TITANE 47
carbonate en agitant, et de façon à être neutre au papier de
tournesol, après quelques minutes d’ébullition et une bonne agi-
tation.
Le sulfate neutre se précipite en grande partie, étant peu soluble.
L'eau mère séparée est évaporée à sec, puis on dessèche le tout
complètement par calcination dans du platine.
On obtient ainsi environ 345 à 350 grammes de sulfate de polasse
neutre et sec. (On peut également se procurer du sulfate de potasse
neutre et pur.)
Il faut, pour le transformer en bisulfate, lui ajouter 200 grammes
d'acide pur à 66°. |
On met dans une capsule de platine 70 grammes du sulfate neutre,
puis 40 grammes d’acide à 66° et on chauffe doucement jusqu’à
avoir un liquide blanc et commençant à dégager un peu de vapeurs
sulfuriques. Laisser refroidir, pulvériser et flaconner.
ê
Essais en vue de voir la quantité d'eau oxygénée nécessaire
pour une quantité déterminée de Ti0’. — L’eau oxygénée dont
nous nous sommes servis dans tous nos essais est l’eau oxygénée à
douze volumes.
Nous avons pris 10 centimètres cubes d’une solution sulfurique
de Ti0®° à un millième, c’est-à-dire contenant donc 05,010 de T10”,
et nous avons ajouté goutte à goutte de l’eau oxygénée jusqu’à arri-
ver au maximum de coloration. Il en a fallu 2 centimètres cubes,
c’est-à-dire que 5 centimètres cubes d’eau oxygénée sont suffisants
pour oxyder 0,025 de Ti0*.
Pratique de la méthode colorimétrique. — Nous prenons en
général 10 centimètres cubes de la solution titanique (ces 10 centi-
mètres cubes devant renfermer À centimètre cube d’acide sulfurique
pur) et à centimètres cubes d’eau oxygénée.
La coloration ainsi obtenue est d'environ 600 à 700 colories pour
les solutions à À gramme de Ti 0° par litre et 60 à 70 colories pour
les solutions à 0#,100 de TiO* par litre.
Pour lire au colorimètre Josse dans les meilleures conditions, 1l
est intéressant d’avoir des colorations inférieures à 40 colories.
48 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Donc, avec une solution contenant environ À gramme de Ti0* par
litre, on prendra pour faire la réaction :
Solution titanique . . . . . . 1 centimètre cube
Acide sulfurique pur . . . . . l —
Éauris ee PERRET 8 —
LOfAL PR EMEATERr 10 centimètres cubes
Eau oxygénéer, Tee no. 5 —
et on doublera par addition de 15 centimètres cubes d’eau distillée,
pour avoir environ 30 à 35 colories.
Pour une solution contenant 0*,100 de Ti0*, on prendra 10 cen-
timètres cubes avec à centimètres cubes de H°0° et on doublera le
volume avec de l’eau.
Pour une solution contenant 0,050 de Ti0° on prendra 10 centi-
mètres cubes avec à centimètres cubes de H0° et on pourra exami-
ner directement au colorimèlre.
Essai de la méthode colorimétrique en présence d’autres bases.
— Dans notre étude nous avions en vue la recherche de l'acide tita-
nique dans les sols et cendres de végétaux. Nous avons donc voulu
voir ce que donneraient avec l’eau oxygénée les autres bases con-
tenues dans ces produits et pouvant peut-être influer sur la colo-
ration.
Nos essais ont porté sur l’oxyde de fer et l’alumine, et nous
avons ainsi pu prouver que ces bases n'influent en rien dans la
méthode à l’eau oxygénée, à condition toutefois d’être en solution
sulfurique.
Nous avons préparé les solutions suivantes :
a) Solulion ferrique. — 0,100 de Fe*0* pur fondu avec
o grammes de bisulfate de potasse. Repris par 5 centimètres cubes
de SO*H° pur, fait 100 centimètres cubes.
b) Solution d’alumine. — 0%,500 de sulfate d’alumine (représen-
tant donc environ 05,100 d’alumine) fondu avec 5 grammes de bisul-
fate de potasse. Repris par à centimètres cubes de SO pur, fait
100 centimètres cubes.
LE TITANE 49
En prenant 10 centimètres cubes de ces solutions avec 5 centi-
mètres cubes d’eau oxygénée, on n’obtient aucune coloration.
D'autre part, en additionnant à une solution d'acide titanique un
peu de ces solutions soit fer, soit alumine, on trouve finalement la
coloration due exclusivement à l’acide titanique comme s’il était
seul.
En résumé, la méthode colorimétrique à l'H°0° est une méthode
qui permettra donc, dans le cas général des sols et des cendres
de végétaux, de doser directement le Ti0*, puisque les corps
autres que le Ti0? qui y sont contenus n'influent pas sur l’eau
oxygénée.
Essais sur la réaction colorée fournie par réduction avec le
zinc. — Comme nous l’avons déjà dit, il n’y a que les solutions d’une
certaine concentration qui donnent la réaction violette par réduction
avec le zinc.
Les solutions à 20 grammes, 10 grammes et même 5 grammes
de TiO* par litre donnent une coloration excessivement nette et
belle. Une solution à 1 gramme par litre donne, au bout d’un cer-
tain temps de réduction, une coloration violet faible, il est vrai,
mais très caractéristique, que l'on soit en solution sulfurique ou
bisulfatée.
Nous avons vérifié ainsi que les meilleures conditions pour perce-
voir d’une façon indiscutable la coloration violette étaient d'opérer
sur une solution contenant 5 grammes de Ti0? par litre, c'est-à-dire
0*,0950 dans 10 centimètres cubes.
D'autre part, l'addition de sels de fer, d’alumine ne modifie en
rien la coloration obtenue.
En résumé, prendre done 10 centimètres cubes de solution avec
2 centimètres cubes environ de SO*H pur y contenu; ajouter quel-
ques morceaux de zinc pur en grenaille. Si celui-ci ne s'attaque
pas, favoriser par quelques gouttes d’une solution faible de sulfate
de fer.
La coloration, d’abord d’un violet sale, devient, au bout d’une
heure ou deux, d’un violet très franc et très caractéristique.
ANN. SCIENCE AGRON. — 9° SÉRIE. — 1905. — 11 4
50 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Méthodes pondérales
Nous avons étudié plusieurs des méthodes actuellement décrites
pour la précipitation de l’acide titanique. Il y a lieu de dire qu’en
général nous avons eu de bons résultats lorsqu'il s'agissait de solu-
tions tilaniques pures, mais aussitôt que l’on se trouve en présence
d’autres corps tels que oxyde de fer, et surtout alumine et acide
phosphorique, ce qui nous intéressait notamment pour la recherche
de l’acide titanique dans les sols et cendres de végétaux, ce n’est plus
la même chose. Le fer en général ne gêne pas, mais l’alumine et
l’acide phosphorique sont généralement entraînés dans certaines
méthodes. Enfin l'acide phosphorique l’est toujours en certaine
proportion, et comme on le verra dans un chapitre suivant, nous
avons été obligés de passer par un détour pour arriver, dans certains
cas, à isoler l’acide titanique de l’acide phosphorique.
Donc, disons de suite qu’il y a lieu de préconiser avant tout les
méthodes où l’acide titanique est précipité à l’état d’acide métatita-
nique, précipité grenu et facile à laver, et de rejeter celles où il est
à l’état d’hydrate titanique ressemblant à de l’alumine gélatineuse,
donc difficile à laver.
Nous avons porté notre choix sur la précipitation directe des solu-
tions bisulfatées par simple ébullition, et notre but a été de voir
quelles étaient les conditions d’acidité et de concentration nécessaires
pour une précipitation complète.
En général nous avons opéré sur un volume de solution de
250 centimètres cubes renfermant soit 0*,100, 05,050, 0:,020 ou
05,010 d’acide titanique pur en présence de quantités différentes de
bisulfate de potasse, et nous avons cherché ainsi la quantité maximum
d'acide libre ou de bisulfate libre à avoir pour obteair la précipita-
tion complète dans un temps d’ébullition moindre que celui de six
heures indiqué par certains auteurs, et en particulier par M. L. Lévy
dans sa thèse de 1891. Nous avons ainsi constaté qu’au bout d’une
heure d’ébullition et avec une faible acidité l'acide titanique (en
quantités maximum de 0#,100) était entièrement précipité ; mais
comme, dans certains cas, vu les principes étrangers contenus en
LE TITANE 51
dehors du titane, une faible acidité donnerait des précipités de Ti0°
chargés d’autres corps, nous nous sommes fixé une durée d’ébulli-
tion de deux heures.
Donc, dans tous nos essais nous sommes partis d’une solution
bisulfatée d’acide titanique contenant, pour 100 centimètres cubes,
05,100 de TiO* et 5 grammes de bisulfate de potassium.
Nous avons d’autre part préparé une solution de bisulfate de
potasse à 25 °/, (1 gramme dans 4 centimètres cubes de solution) en
vue d’en rajouter aux solutions titaniques.
Voici maintenant les facteurs calculés pour passer du bisulfate à
l'acide libre y contenu et inversement :
Bisulfate de potassium X 0,36 — SO*H? libre.
Acide sulfurique libre X 2,78 — Bisulfate de potasse.
PREMIÈRE SÉRIE D’ESSAIS. — Pris 150 centimètres cubes de la
solution titanique ; étendu à 250 centimètres cubes avec de l’eau dans
un verre de Bohème de 350 centimètres cubes.
On a done 0,100 de Ti0* et 5 grammes de bisulfate (ou
20 grammes par litre) dans 250 centimètres cubes, c’est-à-dire
75,200 d’acide libre.
Dans un autre verre, pris seulement 50 centimètres cubes de so-
lution titanique ; étendu à 250 centimètres cubes. On a donc 05,050
de TiO® dans les 250 centimètres cubes avec 40 grammes de bisulfate
par litre ou 3,600 d’acide libre.
On fait bouillir pendant deux heures en ajoutant de temps à autre
de l’eau bouillante pour maintenir le volume de 250 centimètres
cubes, puis on filtre bouillant. Si le liquide passe un peu trouble, on
le repasse une deuxième fois, et 1l filtre clair. On lave avec 250 centi-
mètres cubes environ d’eau bouillante, ce qui suffit pour que l’eau de
lavage ne donne plus rien au chlorure de baryum. Calciner et peser.
On a retrouvé ainsi 0*,098 et 05,049 d’acide titanique.
Dans les autres séries d’essais nous avons voulu avoir 5 grammes,
10 grammes et 15 grammes d’acide libre par litre, correspondant
donc à 14, 28 et 42 grammes de bisulfate, et avec des quantités
d'acide titanique de 0#,100, 0,050, 05,020 et 0,010 dans un
volume toujours de 250 centimètres cubes.
52 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Voici le dispositif des essais:
SOLUTION SOLUTION
ISULFATE : TE
de meta à de bisulfate à 25 0/0
Ti O? prélevé déjà contenu à rajouter
cent. eub. gr. gr. gr. cent. cub.
DeuxIÈME SÉRIE : 5 grammes de SO‘H? par litre ou 14 grammes de bisulfate :
100 — 0,100 5,000 Rien
50 — 0,050 2,500 DO
20 — 0,020 1.000 2,5 — 10
10 — 0,010 0,500 3,0 — 12
100 = A0 100 5,000, DA DURS
502—=%0;050 2,500 HAE) = le
2080020 1,000 6,0.—224
100010 0,500 6550220
QUATRIÈME SÉRIE : 15 grammes de SO*H? par litre ou 42 grammes de bisulfate :
2 P
100 — 0,100 5,000 5.5 — 22
50 — 2,050 2,500 8,0 — 32
20 — 0,020 1 ,000 9,5 — 38
10 — 0,010 0,500 10,0 — 40
Tous ces essais ont été faits dans les mêmes conditions que ceux
de la première série, c’est-à-dire : volume total amené à 250 centi-
mètres cubes par addition d’eau distillée ; durée d’ébullition, deux
heures en maintenant le volume à 250 centimètres cubes par addi-
tion d’eau distillée bouillante; filtration et lavage du précipité à
l’eau bouillante ; calcination et pesée de l'acide titanique.
Voici les résultats obtenus :
VOLUME pisuLrATE CORRES-
de FE PONDANT ACIDE JITANIQUE
liquide à ; 9 nôtres
sur lequel Potasse SO HE dans les 250 centimètres cubes
on par libre En
a opéré litre par litre 0:,100 0::,050 0: 020 0::,010
cent. cubes gr. gr. Retrouvé par dosage
250 10 3 , 600 » 0,049 » »
250 1 D 0,098 0,049 0,020 0,010
250 20 7,200 0,098 ) » »
250 28 10 0,098 0,049 0,019 0,009
250 42 15 0,095 0,0465 0,0135 0,006
En résumé, on voit, d’après ces essais, que pour précipiter sur un
LE TITANE 53
volume de 250 centimètres cubes de l’acide titanique en solution
bisulfatée, et en quantités inférieures ou égales à 0*,100 on devra
avoir, dans les 250 centimètres cubes, 5 grammes de bisulfate de
potasse non neutralisé, c’est-à-dire correspondant à 78,200 d’acide
libre par litre, et maintenir l’ébullition pendant deux heures.
Nous avons d’autre part préparé une solution de potasse caustique
pure telle que 10 centimètres cubes neutralisent 5 grammes de bi-
sulfate de K préparé ainsi que nous l’avons décrit.
Pour faire une telle solution, il faut employer théoriquement
205:,700 de KOH par litre.
En pratique, vu la petite quantité d’eau contenue dans la potasse,
on prendra 230 grammes environ.
Nous avons fait également des essais de précipitation de solutions
titaniques contenant pour 250 centimètres cubes les quantités de
0,100, 05,050, 0:,020 et 0*,010 de Ti0*, et également 5 grammes
de bisulfate de potasse ; mais nous avons rajouté en plus du sulfate
neutre de potasse en quantités de 5 à 20 grammes au maximum.
Nous avons retrouvé des résultats identiques à ceux ci-dessus.
Cela a une importance, comme on le verra plus loin à propos du
dosage de l’acide titanique dans les sols ou les cendres où, pour
avoir une certaine quantité de TiO* dans un volume de 290 centi-
mètres cubes, on est obligé d’attaquer une certaine dose de matière
par 15 ou 20 grammes de bisulfate, et alors, pour n'avoir plus que
9 grammes de bisulfate libre, on est dans la nécessité de neutraliser
la solution, c’est-à-dire qu’on forme du sulfate neutre en dehors des
sulfates formés déjà par l’attaque.
Il était donc intéressant de voir si une certaine proportion de sels
et en particulier de sulfate neutre de potasse influerait sur la mé-
thode de dosage ; et, comme on le voit, avec des quantités assez
fortes il n’y a pas d'influence.
Pour nous résumer, nous avons donc établi pour les solutions
d’acide titanique pur :
4° Une méthode colorimétrique au moyen de la réaction à l’eau
oxygénée, méthode de dosage, et également une méthode plutôt
qualitative par coloration due à la réduction des solutions titaniques
par le zinc.
D4 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
% Une méthode pondérale assez rapide, par précipitation des
solutions bisulfatées en deux heures d’ébullition, et avec une acidité
sulfurique déterminée correspondant et due à 5 grammes de bisul-
fate de potasse libre, se trouvant dans 250 centimêtres cubes de
solution, quantité sur laquelle on opère.
TROISIÈME PARTIE
SUR LA PRÉSENCE ET LE DOSAGE DU TITANE DANS LES SOLS
ET LES VÉGÉTAUX, NOTAMMENT DANS LA BETTERAVE ET LA
CANNE A SUCRE
Présence du titane dans le sol. Résultats divers. — M. F. P.
Dumington a démontré que le titane existait en quantités assez sen-
sibles dans toutes les terres végétales. MM. Geschwimd et Sellier
pensent donc que d’après cela il ne serait pas étonnant de rencontrer
le titane dans les végétaux comme élément régulier ().
M. Maxwell a étudié aussi le sol hawaïen et il a constaté que le
terrain sur lequel il avait disposé ses expériences contenait une quan-
tité très notable d’acide titanique. Pour 100 grammes de terre sèche,
ce chimiste a obtenu 2,54 d'acide titanique à côté de 36 grammes
de silice totale (soluble et insoluble).
De notre côté, nous dirons de suite que nous avons trouvé l’acide
titanique dans le sol égyptien dans une proportion d’environ 2 °},,
et également dans des terres françaises pour la culture de la bette-
rave, dans une proportion d'environ 0,50 °},.
Présence de l'acide titanique dans la betterave. — MM. Ge-
schwind et Sellier, dans leur ouvrage intitulé : La Bellerave agricole
el industrielle, 1903, ont rappelé que M. le D° von Lippmann avait
1. Chemical News, 76, 221; Geschwind et Sellier, La Betlerave agricole el
industrielle,
LE TITANE 55
constaté que les résidus de raffinage de salins de sucraterie renfer-
maient environ 0,12 °/, de titane (°).
Sur la présence du titane dans la canne à sucre (travaux de
M. W. MaxweLL). — En 1899, M. Walter Maxwell, directeur de la
station agronomique des planteurs hawaïens, publia un travail très
intéressant sur la composition de deux variétés de cannes à sucre et
dont le compte rendu se trouve dans le Bulletin de l’ Association des
chimistes de sucrerie et de. distillerie de France et des colonies,
n* 5 el 6 de 1900-1901, p. 328.
M. W. Maxwell avait entrepris des expériences pour connaître les
besoins de la canne à sucre au point de vue de l’azote et des subs-
tances minérales diverses.
Dans ce but il a analysé les cendres de cannes et de feuilles, et a
analysé également la matière sèche. Il donne tous les détails relatifs
aux essais. Ce qui nous a particulièrement intéressé, c’est la quantité
de fitane qui a été trouvée dans les cendres de deux variétés de
cannes, et aussi bien dans les feuilles que dans les tiges. Nous
extrayons du mémoire de M. Maxwell les chiffres ci-après :
Sur 100 grammes de cendres : |
TIGES DE CANNES FEUILLES DE CANNES
CZ
Bambou rose Lahania Bambou rose Lahania
Acide titanique. . . 1,11 1,65 1,12 1,38
C'est, on le voit, une proportion notable de titane que jusqu'ici on
n'avait pas encore signalée.
Seulement, disons de suite que ces quantités de titane sont trop
fortes, en raison d’une circonstance que M. Walter Maxwell a signalée
dans son travail de 1900. Par suite d’un malentendu, les cendres
analysées avaient été lessivées en partie, ce qui explique les quantités
considérables de silice trouvée et la faible teneur en alcalis.
Par conséquent, l'acide titanique, par ce fait même, a subi une
augmentation qu'il est difficile d'évaluer, mais qui a pu être très
sensible,
1. Deuische Zuckerindustrie, 1893, n° 3.
56 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
D’après nous, l'acide tilanique réel n’aurait pas dépassé 0,60 à
0,80 ‘/, de cendres de feuilles ou de cannes.
Disons de suite que dans toutes ces cendres il y a eu une certaine
quantité de terre qui a faussé les résultats généraux de leur compo-
sition et surtout en ce qui concerne la proportion de titane, d’alu-
mine et de silice.
Dans les expériences de M. Maxwell de 1900, on ne trouve plus
les indications de dosage du titane dans les cendres des cannes à
sucre, qui n’a pas été exéculé, mais seulement dans les cendres de
feuilles, de têtes de cannes et de feuilles mortes.
M. Maxwell a dosé le titane dans la liqueur après séparation de la
silice, et il a analysé à part la silice. Il à trouvé:
ACIDE TITANIQUE
pour 100 grammes .
VARIÉTÉ —
des du
des cannes matières minérales résidu
solubles insoluble
L'Ah ana PE ER ER EEE 0,71 0,69
BaMDOUTOSe EN ET ARR 0,60 0,30
Yellow Galedonias 0°... 1- 0,43 0,45
V'ENONADANDOUR RER E 0,58 0,41
MODTSAPECDIC RER RP 0,47 0,31
Démararatireere er vrr 0,25 0,33
— DOS lin pce EI. eee LEE 0,30 0,44
— LDAESE ee AUPR PEUR SE 0,38 0,31
Tibboo Mird (Louisiana). . . . 0,94 0,48
Striped (Louisiana). . . . . . 0,31 0,68
Purple (Louisiana). . . . . . 0,38 0,59
Striped (Singapore) . . . . . 0,52 0,23
PIB RIDER EN MENT ee, 0,26 0,57
Dosage pondéral de l'acide titanique dans les terres, d’après
W. MaxweLL. — Voici la description de la méthode suivie par
M. W. Maxwell pour doser l'acide titanique dans les terres :
Sur une partie de la solution correspondant à 1 gramme de ma-
tière (et renfermant l’acide ütanique, le fer, etc.) on neulralise Paci-
dité au moyen du carbonate de soude, puis on rend le liquide très
légèrement acide par l'acide sulfurique. On réduit le fer par addi-
tion d'acide sulfureux. On dilue à 800 centimètres cubes avec de
l’eau disüllée et on fait bouillir deux heures en maintenant le volume
LE TITANE 54
de 800 centimètres cubes, en ajoutant de temps en temps de l'acide
sulfureux pour assurer la réduction des sels de fer.
L’acide titanique se précipite. On filtre, on lave à l’eau chaude,
on sèche, on calcine et on pèse l'acide titanique.
Remarques et essais de H. Pellet et Ch. Fribourg. — Comme
suite à toutes les publications et aux résultats que nous venons de
résumer précédemment, il ressortait donc que:
1° Le titane se rencontrait ou pouvait se rencontrer dans les sols
où l’on cultive la canne à sucre et la betterave à sucre ;
2° D’après certains auteurs, on pourrait également trouver du
titane dans la betterave et la canne à sucre.
Nous avons donc tenu à faire une étude sérieuse sur ce sujet,
c’est-à-dire à suivre le titane dans les sols, les végétaux (canne et
betterave) et même dans les différents produits de fabrication de
sucrerie et de raffinerie.
Nous avons divisé notre travail en deux parties :
1° Recherche et dosage de lacide titanique dans les sols :
a) Méthodes colorimétriques ;
b) Méthodes pondérales.
2° Recherche et dosage de l’acide titanique dans les cendres de
végétaux et produits de fabrication :
a) Méthodes colorimétriques ;
b) Méthodes pondérales.
RECHERCHE ET DOSAGE DU TITANE DANS LES SOLS
(H. Peczer et CH. FriBourc)
Généralités. — Nous avons commencé nos essais sur les sols qui
contiennent une assez forte proportion de titane.
Comme dans toutes les recherches que nous faisons en vue de
l’adoption d’une méthode analytique, pour nous assurer de la valeur
et de l'exactitude de ladite méthode, nous composons un mélange
synthétique ayant environ la constitution du produit sur lequel doit
se faire l'analyse.
Ainsi, pour les sols nous avons pris comme point de départ la
58 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
composition moyenne du sol égyptien d’après un grand nombre
d'analyses effectuées par lun de nous (°).
LE 7 RP PP Re A UT TL 54,60
ALTO NE RSS PNR eee ee SOA 19,70
PETOXYC UC TER CE RE EN EN TEE 9,20
Garbonate de cllaux > #94 0, 5. 5,70
Garbonate de magnésie . . . . . . . . 4,10
POLASSE RE EES RNR eS PRES 0,27
AMMOMAQUEN Me nec ie CP RRCRE »
Acide phosphorique. . . . . : .. . . . 0,18
ACITe SUIUEIQUES EC FACE NE 0,05
Matiéres O28ADiQues. > 2220 nt 5,90
NOnNFUDSE = ACRIOrTE SOU ER CC ne 0529
Total. \ . 99,99
On voit immédiatement qu'au point de vue de nos recherches on
pourra de suite éliminer tous les corps qui se trouvent en petites
quantités, et s’en tenir seulement aux principaux, c’est-à-dire silice,
alumine, peroxyde de fer, carbonate de chaux êt de magnésie, et on
arrivera ainsi à la composition suivante :
SULCE PAS ST TE RER PA ES De 60
ATUMINE. 528. Re CRE RER 20
Peroxyütite fer LRU SERA EME ER 10
Garponate de chaux PRESENT EE 5
Garbonate de MASnÉSIE nn RE o
Total mas ere 100
Pour tous les essais ultérieurs nous avons donc séparé de chacun
de ces produits, et chaque fois que nous fimes un essai nous pesions
à part chacun des produits, dans les proportions ci-dessus.
Par: exemple, pour 5 grammes ou 3 grammes de mélange, nous
prenions respectivement :
Pour 5 GR. Pour 3 G@&.
SIL COR APE UE EC TR 3.000 1,800
AJUDNNE . cs eue EU Ride 1,000 0,600
PETOXYUe UE (EL ER A RE 0,500 0,300
Carbonate de chaux . . . . . . . 0,250 0,150
Garbonate de magnésie . . . . . 0,250 0,150
Total te 5,000 3,000
{. H. Pellet, Contrôle de la fabrication du sucre de canne, 1895, p. 355.
LE TITANE 59
Les produits que nous avons employés sont :
1° Silice. Silice pure recalcinée laissant très peu de résidu par
l’acide fluorhydrique mais exempte de titane ;
2° Alumine. Nous avons pris du sulfate d’alumine pur ; pour une
partie d’alumine à employer, nous prenons cinq fois plus de sulfate
d’alumine ;
3° Peroxyde de fer. Nous l’avons obtenu par calcination à l'air
d’oxalates de fer pur ;
4° Carbonate de chaux précipité pur desséché à l’étuve ;
5° Carbonate de magnésie pur desséché à l’étuve ;
6° Enfin l'acide titanique que nous avons rajouté en certaines
proportions à tous ces produits était de l’acide titanique précipité
contenant 20 °/, d’eau et 80 °}, d’acide titanique réel.
Essais d'une méthode colorimétrique directe. — Suivant tout
ce que nous avons exposé à propos de la méthode colorimétrique
pour le dosage de l’acide titanique, il nous a été facile de déduire
de suite une méthode colorimétrique directe assez rapide, pour le
dosage de l’acide titanique dans les sols, en nous basant :
4° Sur le départ facile de la silice par l'acide fluorhydrique ;
2 Sur la facilité de dosage de lacide titanique par H 0° même en
présence de fer, alumine, chaux, magnésie.
Voici donc la description de notre méthode vérifiée avec des mé-
langes synthétiques et addition d’acide tilanique dans des propor-
tions déterminées.
Prendre 05,500 de terre desséchée et très finement pulvérisée ;
les introduire dans une capsule ronde de platine de 75 millimètres
de diamètre contenant au préalable 10 grammes d’acide fluorhy-
drique pur. Ajouter ensuite { centimètre cube d’acide sulfurique
pur à 66° Baumé et évaporer rapidement jusqu’à obtenir d’abord le
départ de l’acide sulfurique en excès, puis, en chauffant un peu plus,
jusqu'à siccité et cessation des vapeurs sulfuriques.
À ce moment, mélanger le résidu qui se détache très bien et qu’on
pulvérise à la spatule avec 5 grammes de bisulfate de potasse.
Fondre à basse température jusqu’à avoir le tout bien liquéfié.
Après refroidissement, reprendre par l’eau disullée contenant
60 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
15 centimètres cubes d’acide sulfurique pur pour 100 centimètres
cubes et en chauffant vers 60° au maximum. ‘
Après dissolution et refroidissement amener à 100 centimètres
cubes avec la même eau sulfurique. Toul doit étre dissous.
Prendre 1 à 10 centimètres cubes de cette solution qu’on complète
à 10 centimètres cubes avec de l’eau distillée, ajouter 5 centimètres
cubes d’eau oxygénée, et examiner au colorimètre Josse.
Par comparaison avec une solution d'acide titanique à 0,100 par
litre (et de même acidité sulfurique), on déduit après calculs la quan-
lité d’acide titanique contenue dans la terre.
En opérant de cette façon, nous avons trouvé les résultats suivants
sur trois échantillons de terre provenant de différents endroits
d'Égypte :
ACIDE TITANIQUE
pour 100
de terre sèche
1° Terre d'Ayat (80 kilomètres du Gaire) . . . . . . . 1,93
2’ Terre de Cheick-Fadl (200 kilomètres du Caire). . . , 2,05
3° Terre de Nag-Hamadi (600 kilomètres du Gaire). . . . 22 M |
Par la méthode pondérale que nous avons adoptée et que nous
décrirons plus loin, nous avons trouvé respectivement: 1,89, 1,97
et 2,04 °/,.
On voit donc de suite la concordance des deux méthodes, et éga-
lement ceci: c’est que la terre d'Égypte contient une proportion uni-
forme d’acide titanique quelle que soit la région où l’on a prélevé
l'échantillon.
Nous avons fait un essai sur un échantillon de terre pour culture
de la betterave provenant d’Audruicq (Pas-de-Calais) jen France] et
nous y avons trouvé, pour 100 de terre sèche, 0,47 d’acide tita-
nique (contre 0,44 trouvé par la méthode pondérale).
Essais de méthodes pondérales
Nous devons dire que nous avons essayé sans grand succès diffé-
rentes méthodes, les unes un peu compliquées, les autres un peu plus
simples, en vue du dosage pondéral de l'acide titanique dans les
LE TITANE 61
terres, et que finalement nous sommes parvenus au moyen d’une
méthode assez rapide à obtenir l’acide titanique à l’état pur.
Il y a lieu tout d’abord de faire deux subdivisions dans l’applica-
tion de la méthode :
1° Terres contenant plus de 1 °/, d’acide titanique, ce qui est le
cas de la terre d'Égypte ;
2 Terres contenant moins de 1 °/, d'acide titanique, ce qui est le
cas de la terre du Pas-de-Calais.
1° Terres contenant plus de 1 °/, de Ti0?. — Nous donnerons
d’abord les détails de la méthode essayée avec un mélange synthé-
tique, préparé comme suit :
SITICED RE en Et ee re TOR AE de 157,800
Alumine. . sc 0 ,600 (!)
Carbonate de chaux . 0 ,150
Carbonate de magnésie. . 0 ,150
È SeSTIONYUe Ce er-e N- Re 0 ,300
rajouté
Acide titanique pur . . . . . . . . 0 ,060
c’est-à-dire 2 °/, du poids du mélange synthétique de terre.
Nous avons préparé trois mélanges semblables, puis pris trois
capsules de platine dans lesquelles il a été introduit (dans chaque)
30 grammes d’acide fluorhydrique pur. Puis on a ajouté par petites
portions chaque mélange de 3 grammes dans chaque capsule et en
plus, après attaque, 3 centimètres cubes d’acide sulfurique pur. Éva-
porer doucement au bain-marie bouillant ; puis calciner légèrement
jusqu’à seulement cessation de dégagement des vapeurs d’acide sul-
furique en excès, de façon à ne pas décomposer les sulfates formés.
Le résidu qui reste est très friable. On le pulvérise à la spatule et on
le mélange dans la capsule même avec 15 grammes de bisulfate de
potasse.
Chauffer ensuite doucement avec un bec de gaz jusqu’à fusion
tranquille, puis au chalumeau en maintenant le couvercle de platine
à À centimètre au-dessus de la capsule et légèrement sur le côté,
1. Pris 3 grammes de sulfate d’alumine.
62 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
la flamme du chalumeau presque jaune et rabaltue un peu à linté-
rieur de la capsule par le couvercle de platine. De cette façon il n’y
a pas de mousse, et le bisulfate ne grimpe pas. La masse fondue
devient très transparente, sans aucune matière en suspension, et de
la couleur rouge des sels ferriques.
Mettre à refroidir sur une plaque de métal; le culot fondu se
détache très facilement, le pulvériser très grossièrement dans un
mortier en ayant som de le recouvrir pendant la pulvérisation au
moyen d’un linge fin pour éviter les pertes par projections.
Puis introduire la masse pulvérisée dans un verre de Bohême de
390 à 400 centimètres cubes. Laver le
mortier avec un peu d’eau et également
la capsule et le couvercle de platine.
À ce propos, mentionnons la forme
des couvercles spéciaux que nous avons
adoptée pour les capsules rondes de
platine, forme qui permet un lavage
facile du couvercle soit par l’eau, soit par les acides.
S’arranger de façon à avoir dans chaque verre de 200 à 250 cen-
timètres cubes de solution en ajoutant de l’eau distillée, puis chauf-
fer vers 60° au maximum en se servant d’un thermomètre comme
agitateur pour faciliter la dissolution. Après dissolution complète et
refroidissement, compléter à 300 centimètres cubes.
[l'est resté très peu d'insoluble. Filtrer chaque solution sur un
filtre sans cendres, sec et recevant le liquide dans une fiole sèche.
Une fois tout le liquide passé, retirer les fioles et laver les filtres
d’abord à l’eau froide, puis à l’eau bouillante. Il est à remarquer
que si on commence le lavage avec de l’eau chaude, les sels ferriques
relenus par le papier se décomposent et peuvent augmenter appa-
remment l’insoluble réel.
Nous avons calciné ces insolubles et pesé. Trouvé 0,019, 0*,019,
0,018 ; puis on les a fondus chacun avec 5 grammes de bisulfate de
potasse. Fait une solution aqueuse à 100 centimètres cubes et vérifié
à l’eau oxygénée l’absence de titane.
Donc l’insoluble était une petite quantité de silice non volatilisée.
Sur les trois solutions de 300 centimètres cubes, prélevé d’abord
LE TITANE 63
250 centimètres cubes de chaque solution et mis dans des verres de
Bohême de 350 à 400 centimètres cubes.
Pour le reste, pris 40 centimètres cubes de chaque que l’on a titrés
avec la solution de potasse dont 10 centimètres cubes neutralisent
> grammes de bisulfate de potasse. On a ainsi trouvé :
11 i 0e
Rapporté à 250 centimètres cubes, cela ferait :
RE RTE à V2 15°,6
AE 17 ,5
TH en 175
Comme nous voulons, dans nos essais en vue de précipitation de
l'acide titanique, n'avoir que 9 grammes de bisulfate non neutralisé
dans 250 centimètres cubes, nous devrons donc rajouter respective-
ment dans nos trois prélèvements de 250 centimètres cubes: 5,6,
7°,9 et 7°, de potasse. Ceci étant fait, nous avons pris l’un des
verres et l’avons chauffé jusqu’à l’ébullition. Il y a eu une forte pré-
cipitation d’oxydes ou sous-sels de fer.
Donc, dans ces conditions, la méthode ne marcherait pas et nous
avons pensé à utiliser l’acide sulfurique pour empêcher cette préci-
pitation.
Dans les deux autres verres nous avons ajouté 90 centimètres
cubes d’une solution aqueuse, fraîchement préparée, d'acide sulfu-
reux (à 1 020-1 025 de densité). Puis porté à l’ébullition, en la main-
tenant deux heures. (On rajoute pendant le cours de l’ébullition deux
fois 40 à 50 centimètres cubes de solution sulfureuse, de façon à
maintenir les sels de fer à l’état minimum.)
Filtré et lavé comme il a été dit pour les solutions d’acide tita-
nique pur ; calciné ; trouvé 05,055 et 05',056.
Or les 250 centimètres cubes de solution renferment 08,050 de
TiO? pur. Donc, par la première précipitation, on arrive déjà à un
résultat très voisin de la réalité. Il est très probable que les préci-
pités retiennent mécaniquement un peu des substances primitives et
notamment du fer.
64 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Nous avons refondu chaque précipité avec à grammes de bisul-
fate de potasse, redissous pour faire 250 centimètres cubes de solu-
tion. La dissolution est très limpide. On a fait la précipitation de
l'acide titanique à l’ébullition et en présence d’acide sulfureux comme
il a été dit précédemment.
Les précipités calcinés ont donné 05,050 et 0:,050.
Il y avait lieu de supposer, vu le poids et l'aspect très blanc du
précipité, que nous étions donc arrivés à extraire l'acide titanique
total. Mais pour vérifier sa pureté, nous l'avons refondu au bisulfate,
fait 100 centimètres cubes et titré à l’eau oxygénée. Nous avons eu
ainsi 0,049 et 0,049 d’acide titanique.
En résumé, on peut donc dire qu'avec deux précipitations succes-
sives on arrive à retrouver le poids d’acide titanique introduit et à
l'état pur (ce qui n’était pas le cas avec d’autres méthodes que nous
essayâmes, qui étaient longues et ne donnaient pas du T10° pur).
Nous avons alors songé à appliquer cette méthode aux sols, et en
particulier à la terre d’Ayat, en opérant absolument dans les mêmes
conditions.
Donc, 3 grammes de terre (essai en double). Attaque fluorhy-
drique, sulfurique. Fusion au bisulfate. Reprise par l’eau. Fait
300 centimètres cubes.
Il est resté à peine 0£°,020 d'insolubie qu'on a vérifié ne pas con-
tenir de titane.
On à donc prélevé 250 centimètres cubes et 40 centimètres cubes
comme précédemment. Titré le bisulfate libre sur les 40 centimètres
cubes et rajouté de la potasse sur les 250 centimètres cubes pour
les amener à contenir 5 grammes de bisulfate non neutralisé.
Il y a lieu de remarquer qu'il s’est formé un léger louche, et nous
avons reconnu, comme on le verra plus loin, que c'était du phosphate
de titane qui se précipitait, vu la diminution très probable de Paci-
dité libre.
Néanmoins, nous avons fait la précipitation à l’ébullition, et trouvé
comme poids 0%,0565 et 05,0555, c’est-à-dire un poids un peu supé-
rieur à celui correspondant au chiffre trouvé par la méthode colori-
métrique directe.
Nous avons pensé, avant de refaire la deuxième précipitation, à
LE TITANE 65
faire une fusion au carbonate de potasse pour séparer l’acide phos-
phorique entrainé et peut-être aussi un peu d’alumine qui pourrait
être entraînée à l’état de phospho-aluminate. (Nous rappelons à ce
sujet que dans le mélange synthétique nous n’avions pas mis d’acide
phosphorique, vu la faible quantité que les sols contiennent ; mais,
comme on le voit ici, cette faible quantité vient influer tout de
même.)
Auparavant, suivant la diversité d'opinions formulées par différents
auteurs par rapport à l’action du CO*K° sur le Ti0*, nous avons tenu
à faire quelques essais dans ce sens avec du Ti0? pur. On lit dans le
Dictionnaire de Wurtz (t. IE, p. 422): « Par la fusion d’un mo-
lécule d'acide titanique avec un excès de carbonate potassique, un
molécule d’acide carbonique parait se déplacer. La partie supérieure
de la masse fondue est presque exclusivement formée par l'excès de
carbonate ; la partie inférieure renferme le titanate neutre Ti10*K? (?)
[Rose]. Ce sel forme une masse fibreuse jaunâtre plus fusible que le
carbonate potassique. Traité par l’eau, 1l se dédouble en sel basique
qui reste dissous et en un titanate acide insoluble ; le dernier, lavé
jusqu’à ce que les eaux passent troubles, forme une poudre blanche
ressemblant à l’acide titanique. H. Rose y a trouvé 17,33 à 18,01
d'oxyde de potassium et 82,67 à 81,99 d’anhydride titanique, soit
environ 5 Ti0?,K°0 — TO"'K? (formule correspondant au méta-
stannate de potassium anhydre).
Donc, d’après cette méthode, si on fond avec du carbonate de
potasse et qu’on reprenne par l’eau, 1l y a une partie du titane qui
passe en solution. D'autre part, la méthode de Morgan (‘), basée sur
la précipitation en phospho-tilanate de fer (Arnold), puis fusion de
ce dernier avec dix fois son poids de carbonate de potasse, traitement
par l’eau, fusion au bisulfate et précipitation par l'acide acétique, est
donnée comme une bonne méthode.
La même méthode est citée par Campredon à propos du dosage
du titane dans les minerais de fer. Cet auteur dit qu’elle n’est pas à
l'abri de tout reproche, mais elle est simple.
Nous avons donc fait un premier essai avec 08,047 de Ti0? pur et
{. Annales de chimie analytique, 1897, p. 272.
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905. — 11 6]
66 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
2 grammes de carbonate de potasse pulvérisé. Mélangé intimement
fondu dans la capsule de platine et maintenu trois à quatre minutes
en fusion.
Repris par environ 100 à 150 centimètres cubes d’eau. Maintenu
quinze minutes en ébullition. Filtré. Le liquide passe clair. Puis lavé
à l’eau bouillante. Le liquide passe trouble. Donc l’essai est à rejeter
et nous avons pensé à employer de l’eau contenant du carbonate de
potasse pour le lavage, croyant obtenir ainsi la filtration claire.
Nous avons donc refait deux essais, l’un avec 08,019, l’autre avec
0*,047 de Ti0* pur.
Le lavage du titane a été fait avec environ 100 à 150 centimètres
cubes de solution bouillante de carbonate de potasse à 2 °/,. Les
liquides de lavage sont restés parfaitement clairs. On a calciné en-
suite et fondu avec 55,500 de bisulfate de potasse (on a mis 5€°,500
au lieu de 5 grammes pour compenser le carbonate de potasse
retenu par le filtre). Puis repris par 250 centimètres cubes d’eau et
fait la précipitation de l’acide titanique par ébullition. On a trouvé
0:,0165 et 0,044, c’est-à-dire environ 05,003 de différence avec la
quantité mise. L’essai de 05,047 correspond environ aux quantités
obtenues avec le premier précipité des terres. Donc, si on applique
cette méthode, il y aurait lieu de tenir compte de la petite quantité
de 0,003 que l’on perd, toutes choses semblables, bien entendu.
Done, sur les deux précipités de 05,0565 et 0#,555 que nous avions
obtenus avec la terre, nous avons fait ce traitement et nous avons
remarqué alors que la solution obtenue après traitement au bisul-
fate était absolument limpide.
On à obtenu, comme poids d'acide titanique après précipitation
nouvelle, 0#,0435 et 0,042 ; moyenne, 0#,04275 qui, vérifiés à l’eau
oxygénée, ont donné 05,042 et 0,040 ; moyenne, 0,041, c’est-à-
dire que les précipités étaient pour ainsi dire purs.
Donc, cela fera, en rajoutant 0#,003 perdu par fusion au carbo-
nate : par pesée, 0%,04575 et par colorimétrie, 0#,044, ceci pour
28°,500 de terre, et, pour 100 grammes : 1,82°/, par pesée et 1,76°/,
par colorimétrie; mais la terre sur laquelle ont porté les essais
Lenait encore 5,60 °/, d’eau. Soit, à l’état sec: 1,99 °/, et 1,86 °,. ;
moyenne, 1,89 °/..
LE TITANE 67
Or sur le même échantillon nous avions trouvé, par la méthode
colorimétrique directe, 1,93 °/,. Il y a donc parfaite concordance.
Nous ne nous sommes pas tenus seulement à ce qui précède. Nous
avons voulu encore vérifier qualitativement le titane par réaction au
zinc. En refaisant la même méthode pondérale, et ayant obtenu éga-
lement 0:,043 de précipité final, nous l'avons traité par 1 gramme
de bisulfate de potasse et repris par un mélange de 10 centimètres
cubes d’eau et 2 centimètres cubes de SOH° pur, puis traité par le
zinc. Nous avons eu la coloration violette très franche et très nette,
un peu plus faible qu'avec une solution à à grammes par litre, mais
s’en rapprochant beaucoup.
Nous pouvons donc conclure nettement à la présence de l'acide
Utanique dans le sol égyptien par les différentes réactions susindi-
quées :
Précipitation en solution faiblement acide, le précipité calciné
donnant franchement une coloration jaune à chaud ;
Colorations caractéristiques des solutions : (4) par l’eau oxygénée ;
(b) par réduction par le zinc.
Nous avons appliqué également la méthode pondérale aux terres
de Cheïk-Fadl et Nag-Hamadi avec vérification des précipités finaux
par la colorimétrie à l’eau oxygénée, et qualitativement par le zinc.
Nous avons ainsi obtenu: dans la terre de Cheik-Fadl, 1,97 °/,, et
dans la terre de Nag-Hamadi, 2,04 °/, ; (ces chiffres sont les moyennes
des résultats trouvés par pesée des précipités finaux, et leur véri-
fication par la colorimétrie, les résultats ayant varié entre eux de
0,04 à 0,06 °},, c’est-à-dire d’une quantité très faible).
Finalement, résumons les résultats trouvés par la méthode colori-
métrique directe et la méthode pondérale sur les terres d'Égypte.
On a ainsi : ACIDE TITANIQUE
pour cent
Méthode
TERRES =
na dus pondérale
APE: LE CRROREUETE TEMN EL EE 1,93 1,89
Chot-Fadl PSN ne Mit 2,05 1697
Nag=Hamadi éme: Lee 2,11 2,04
On voit donc que les deux méthodes concordent bien et qu’on
68 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
peul avec avantage se servir de la méthode colorimétrique directe
qui est tout aussi juste, mais plus rapide.
2° Terres contenant moins de 1 °/, d'acide titanique. — Comme
on J’a vu précédemment, nous préconisons une méthode pondérale qui
donne, somme toute, déjà une quantité pondérable d’acide titanique
pur d’environ 06,040 à 08,050 permettant, en en faisant une solution
dans un volume restreint, c’est-à-dire 10 à 15 centimètres cubes, de
vérifier qualitativement la réaction colorée par réduction avec le zinc.
Pour la terre d’Audruicq sur laquelle nous n’avons trouvé colori-
métriquement qu'environ 0,90 °/, d’acide titanique, avec 25,500 de
terre, il est évident que nous n’obtiendrons qu’un très faible précipité,
surtout étant obligé de le purifier avec du carbonate de potasse.
Nous avons donc immédiatement modifié notre méthode comme
suit :
Pris deux capsules de platine dans chacune desquelles on a mis
5 grammes de terre très finement pulvérisée (elle contenait encore
0,82 °/, d’eau). Calciné pour détruire les matières organiques.
Puis dans chaque capsule ajouté le mélange suivant : 10 grammes
de carbonate de soude pur et sec; 10 grammes de carbonate de
potasse pur et sec. Bien mélangé et fondu à fusion tranquille.
Détaché les deux culots après refroidissement, et repris le tout
dans une capsule de 500 centimètres cubes par 100 à 150 centi-
mètres cubes d'acide chlorhydrique pur et 200 centimètres cubes
d’eau. Ajouté un peu de chlorate de potasse pour peroxyder et éva-
poré à sec, avec caleination pour insolubiliser la silice.
Repris par de l’eau contenant 50 centimètres cubes d’acide chlor-
hydrique pur. Filtré.
La silice calcinée pesait 78,255 ou 72,55 °/, de terre. Elle a été
bumectée avec un peu d’eau, puis 90 grammes d’acide fluorhy-
drique et 2 centimètres cubes d’acide sulfurique pur (il est bon
d'ajouter un peu d’eau à la silice pour éviter une attaque trop vio-
lente qui se produirait à l’addition d’acide fluorhydrique sur de la
silice en poudre). Évaporé ensuite à sec, on a eu un résidu sulfaté
pesant 08,557, dont nous reparlerons plus loin.
Les liquides provenant de l'attaque chlorhydrique ont été répartis
LE TITANE 69
dans trois verres de 400 centimètres cubes environ et précipités par
lammoniaque. Les précipités ont été desséchés à l’étuve, détachés
ensuite et on n’a calciné que les filtres. Le tout, pulvérisé assez fine-
ment, a été ajouté au résidu de l’attaque fluorhydrique de la silice
et fondu avec 15 grammes de bisulfate de potasse. (On a lavé le
mortier avec un peu d’eau, mis à évaporer dans une capsule de pla-
tine, puis fondu avec 2 grammes de bisulfate de potasse.)
L'ensemble des deux fusions a été dissous dans 200 centimètres
cubes d’eau. La solution présentait un louche dû à un peu de préci-
pité gélatineux (phosphate de titane). On l’a neutralisé complètement
par un peu de solution de potasse, puis rajouté » grammes de bisul-
fate de potasse et effectué la précipitation du Ti0* par ébullition en
présence d'acide sulfureux.
Le précipité obtenu était gélatineux, c’est-à-dire différent de las-
pect de l'acide métatitanique qui est très fin et grenu.
Calciné il pesait 0*,1115.
On a effectué un traitement au carbonate de potasse. (Nous avons
reconnu dans la solulion carbonatée, acidifiée par l'acide nitrique, la
présence très nette de l’acide phosphorique au moyen du nitro-mo-
lybdate d’'ammoniaque.)
Le titanate insoluble a été refondu avec 5 grammes de bisulfate de
potasse, puis redissous. La solution n’était pas encore claire. On à
précipité néanmoins l'acide titanique et obtenu ainsi 05,053 de
précipité.
Sur ce précipité nous avons refait un traitement au carbonate de
potasse suivi d’une fusion au bisulfate. Nous avons eu alors une dis-
solution sulfatée absolument limpide.
On en a précipité l’acide titanique, et on a obtenu 0*,0375 de pré-
cipité.
Nous avons pensé que le précipité ainsi obtenu était de l’acide
titanique pur.
En en faisant 100 centimètres cubes de solution, nous avons
retrouvé par la colorimétrie à l’eau oxygénée 0,0375 de TiO° pur,
c’est-à-dire précisément le chiffre trouvé plus haut. Ayant pris très
peu de solution pour le titrage à l’eau oxygénée, nous avons évaporé
à douce chaleur le restant de la solution sous un volume faible, et
70 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
nous avons ainsi obtenu en réduisant par le zinc une coloration
violette forte et très caractéristique.
En résumé, nous avons trouvé par pesée 05,0375 de Ti0*. Comme
nous avons fait deux traitements au carbonate de potasse, il y a lieu
de rajouter 08,006 au résultat précédent.
I y aurait donc 0#,0375 + 0,006 — 0,0455 de TiO* dans
les 10 grammes de terre sur lesquels on a opéré, c’est-à-dire
0,435 °}.
La terre contenant encore 0,82 °}, d’eau, cela fera à l’état sec
0,44 °/, d'acide titanique pur. Nous avions trouvé par la colorimétrie
directe 0,47 °J..
Les deux méthodes donnent donc des résultats concordants.
Nous sommes ainsi arrivés à établir deux méthodes pondérales
permettant de séparer sous une forme pure lacide titanique dans
les sols, mème en quantités minimes.
Nous croyons ulile de résumer maintenant les trois méthodes
dont nous avons parlé pour les sols, c’est-à-dire :
1° Méthode colorimétrique directe ;
2° Méthode pondérale dans les sols contenant plus de 1 °/, d'acide
titanique ;
3° Méthode pondérale dansles sols contenant moins de 1 °/, d'acide
titanique.
Note résumée sur les méthodes à employer pour doser
l'acide titanique dans les sols
I. —— Méthode colorimétrique directe. — Prendre 08,500 de
terre séchée, finement pulvérisée. Les introduire dans une capsule
de platine contenant au préalable 15 grammes d’acide fluorhydrique
pur. Ajouter ensuite 1 centimètre cube de SO*FF pur à 66° Baumé.
Évaporer à siccité. Détacher le résidu, ce qui est facile, le pulvériser
à la spatule et le mélanger avec à grammes de bisulfate de potasse
(préparé synthétiquement avec les quantités de sulfate neutre et
acide sulfurique à 66° théoriques). Fondre.
Reprendre par de leau disüllée contenant 15 centimêtres cubes
de SO‘ pur dans 100 centimètres cubes et à une température
LE TITANE { d :
maximum de 60°. Laisser refroidir, compléter à 100 centimètres
cubes. Tout doit être dissous.
Prendre 4 à 10 centimètres cubes qu’on complète à 10 centi-
mètres cubes avec de l’eau distillée, ajouter 5 centimètres cubes
d’eau oxygénée à 12 volumes et examiner au colorimètre Josse.
Par comparaison avec une solution d’acide titanique pur à 0,100
par litre, on déduit la quantité d’acide titanique.
Une solution à 08,100 de Ti0* par litre donne environ 60 à 70
colories.
II. — Méthode pondérale pour les terres contenant plus de
4 °/, d'acide titanique. — Mettre dans une capsule de platine
30 grammes d’acide fluorhydrique pur et y ajouter par petites por-
tions 3 grammes de terre desséchée et finement pulvérisée. Ajouter
ensuite 3 centimètres cubes d’acide sulfurique pur. Évaporer au
bain-marie. Puis calciner légèrement pour aller juste à siccité et ne
pas décomposer les sulfates formés.
Pulvériser le résidu grosso modo dans la capsule avec une spatule
et le mélanger avec 15 grammes de bisulfate de potasse. Fondre le
tout. Après refroidissement, détacher le culot de la capsule et le pul-
vériser grossièrement. Dissoudre ensuite dans 200 à 250 centimètres
cubes d’eau à une température de 60°. Après refroidissement, com-
pléter à 300 centimètres cubes. Filtrer pour séparer des traces de
sable (5 à 10 milligrammes au maximum).
Du liquide prélever 250 centimètres cubes (c’est-à-dire 25,500 de
terre) que l’on met dans un verre de Bohème de 100 centimètres
cubes. Sur le restant prendre 40 centimètres cubes, que l’on titre
avec une solution de potasse telle que 10 centimètres cubes neutra-
lisent exactement 5 grammes de bisulfate de potasse.
Puis, aux 250 centimètres cubes ajouter une quantité de liqueur
de potasse telle qu’ils renferment 5 grammes de bisulfate non neu-
tralisé.
Ajouter ensuite 90 centimètres cubes de solution d'acide sulfureux
(à 1 020-1 095 de densité) fraîchement préparée. Puis porter à lébul-
lition pendant deux heures. (Ajouter deux fois pendant la durée de
l’ébullition 50 centimètres cubes de solution sulfureuse.) Filtrer et
72 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
laver à l’eau bouillante. Calciner le précipité. C’est de l'acide tila-
nique presque pur contenant un peu d’acide phosphorique.
Le refondre avec ? grammes de carbonate de potasse pur et
reprendre par l’eau bouillante. Filtrer, laver avec une solution de
carbonate de potasse à 2 °/,. L’acide titanique reste sous forme de
titanate insoluble. Une très faible partie passe en solution. On en
tient compte par un essai témoin avec les mêmes quantités d’acide
titanique initial.
Le titanate insoluble est calciné puis refondu avec 5 grammes de
bisulfate de potasse.
On le précipite ensuite comme il a été dit plus haut. Le Ti0°
obtenu est calciné et on y ajoute le chiffre trouvé pour la quantité
perdue par la fusion au carbonate de potasse.
On rapporte à 100 grammes de terre sèche. On vérifie sur les
derniers précipités obtenus leur pureté par un titrage à l’eau oxy-
génée, et aussi en faisant une solution assez concentrée [3 à 9 (°/)],
la réaction au zinc.
II. — Méthode pondérale pour les terres contenant moins de
1°/, d'acide titanique. — Prendre deux capsules de platine, et
dans chaque mettre à grammes de terre séchée finement pulvérisée,
puis calciner pour détruire les matières organiques. Dans chaque
capsule, mettre : 10 grammes de carbonate de soude pur et sec et
10 grammes de carbonate de potasse pur et sec. Mélanger et fondre.
Reprendre par l’eau chlorhydrique le résultat des deux fusions.
Évaporer à sec et calciner pour insolubiliser la silice. Reprendre par
Peau chlorhydrique et filtrer. Calciner la silice. On à donc:
4° De la silice ;
2° Une solution chlorhydrique.
La silice est traitée par un mélange d'acide fluorhydrique et sul-
furique et laisse un résidu sulfaté. La solution chlorhydrique est
précipitée par l’ammoniaque, le précipité séché à l’étuve, puis déta-
ché du filtre ; le filtre seul est caleiné.
L'ensemble du résidu de la silice et des précipités par l’ammo-
niaque + cendres des filtres est fondu avec 15 à 20 grammes de
bisulfate de potasse.
LE TITANE 73
Suivre alors la méthode ordinaire pour la précipitation de l’acide
litanique (c’est-à-dire avec à grammes de bisulfate non neutralisé
pour 250 centimètres cubes de solution).
Faire un ou deux traitements intermédiaires au carbonate de
potasse fondu.
Finalement une dernière précipitation donne l'acide titanique
pur.
On le vérifie quantitativement par l’eau oxygénée et qualitative-
ment par le zinc.
RECHERCHE ET DOSAGE DE L’ACIDE TITANIQUE DANS LES CENDRES
DE VÉGÉTAUX (canne et betterave)
(Par MM. H. Percer et CH. Frisourc)
Généralités. — Nos essais ont d’abord porté sur les cendres de
cannes à sucre, en particulier de cannes à sucre de provenance égyp-
tienne.
Nous avons donc eu à préparer des cendres de cannes en nous y
prenant de la façon suivante :
Pendant toute la campagne 1902-1903, on a prélevé des échantil-
lons de cossettes de cannes à la sucrerie de El-Hawamdieh (Égypte)
que l’on a desséchés à l’étuve au fur et à mesure. Cela représentait
70*:,730 de cannes fraîches. Après la fabrication, le tout a été cal-
ciné, et laissa 558 grammes de cendres grises.
Ces cendres ont été soumises à un lessivage : la partie lessivée
évaporée à sec, la partie msoluble recalcinée pour détruire le char-
bon restant. Puis le tout a été de nouveau réuni et a donné un total
de 484 grammes de cendres finales.
Nous avons déjà donné dans un autre mémoire ayant trait à « la
composition minérale de la canne à sucre » la composition de ces
cendres.
Essai de la méthode colorimétrique directe. — Au point de vue
du titane, nous avons tenu à essayer tout de suite la méthode colori-
métrique directe employée pour les terres, pensant qu’elle pourrait
convenir. En effet elle allait bien, mais seulement nous avons dù
74 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
simplement changer la prise d’essai, vu que la quantité d'acide tita-
nique est bien faible.
Done nous prenons 2,500 de cendres que nous attaquons par
10 à 15 grammes de H FI pur, et À centimètre cube d’acide sulfu-
rique pur.
Fusion avec 5 grammes de bisulfate.
Faire ensuite 100 centimètres cubes de solution contenant 15 cen-
timètres cubes de SO*IF pur.
Titrer à l’eau oxygénée.
Nous avons ainsi trouvé dans les cendres de cannes ci-dessus :
0,17 °/, d’acide titanique pur.
Essai d’une méthode pondérale. — Nous avons voulu vérifier le
dosage précédent par un dosage pondéral.
I y a lieu tout d’abord de dire qu'il y a une grande différence
entre la composition des sols et celle des cendres, et que la méthode
applicable aux sols ne s'applique pas aux cendres, d'autant plus que
dans les sols on trouve une plus grande quantité d’acide titanique
en présence de fer, alumine en notables proportions, mais en pré-
sence de très petites quantités d'acide phosphorique.
Dans les cendres au contraire on trouve des traces d’acide tita-
nique en présence de traces de fer et alumine, mais de quantités
notables d’acide phosphorique.'
Les cendres provenant de matières calcinées, il est possible qu’une
parte notable de l’acide titanique y contenu soit devenue insoluble
dans les acides.
Nous avons donc dans ce but employé la méthode suivante en opé-
rant sur o0 grammes de cendres, c’est-à-dire une quantité impor-
tante, méthode consistant en une attaque chlorhydrique donnant :
1° une silice insoluble; 2 une liqueur chlorhydrique, et à doser
séparément sur chaque l'acide titanique.
Nous avons pris deux capsules de 500 centimètres cubes et mis
dans chacune 50 grammes de cendres + 150 centimètres cubes
d’eau et 150 centimètres cubes de HCI pur, avec 1 gramme de chlorate
de potasse. Évaporé à sec. Calciné. Repris par l’eau chlorhydrique.
Filtré et lavé. On a obtenu comme silice insoluble 135,765 et
LE TITANE 15
438,737, c’est-à-dire 27,98 et 27,47 °[, ; les liquides chlorhydriques
ont été mis à part.
Les silices ont été traitées chacune par le mélange fluorhydrique
et sulfurique, puis par 20 grammes de bisulfate de potasse, et enfin
fait 250 centimètres cubes de solution aqueuse. Cette solution était
un peu trouble, et cela est dû à du phosphate ainsi que nous l'avons
constaté plus loin.
Ï nous a suffi d’une première précipitation suivie d’un traitement
au carbonate de potasse et d’une nouvelle fusion au bisulfate, qui
a donné alors une solution parfaitement claire, pour obtenir par une
nouvelle précipitation de l’acide titanique pur.
On a pesé 0*,0557 et 05,057.
Le premier précipité refondu et fait 10 centimètres cubes de solu-
tion sulfurique a donné avec le zine une coloration violette très forte.
Le deuxième précipité refondu et amené à 100 centimètres cubes,
puis titré à l’eau oxygénée, a donné 0,055 contre 0#,057 pesé. En
résumé, on a trouvé par pesée 0,056 et 0%,057 qu'on peut trans-
former d’après le titrage à l’eau oxygénée en 0,055 de TiO0? pur,
auquel il y a lieu d'ajouter 0,003 pour la fusion au carbonate de
potasse.
Cela fait 05,058 pour 50 grammes de cendres, et 0#,116 pour
100 grammes de cendres: en gros 0#,12 contre 08,17 trouvé par
la méthode colorimétrique directe.
Il est à présumer que la différence 0,05 °/, se trouve dans la solu-
tion chlorhydrique.
Pour arriver à isoler l’acide titanique de la solution chlorhydrique,
nous nous sommes inspirés des méthodes de Morgan et d’Arnold,
basées sur la séparation à l’état de phosphotitanate de fer, par addi-
tion de phosphate d’ammoniaque ; il est dit dans cette méthode qu’il
faut calciner assez fortement après l’évaporation à sec.
Nous avons poursuivi le but suivant : ajouter une quantité de
phosphate d’ammoniaque telle que toutes les bases soient converties
en phosphates, et en même temps un peu de perchlorure de fer
pour être sûr de la formation de phosphotitanate.
Le liquide du premier essai de 50 grammes nous a servi comme
essai et étude préliminaire.
76 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le second pour essai final.
Ce liquide a été concentré à 200 centimètres cubes environ et
additionné de 08,500 de perchlorure de fer sublimé et 25 grammes
de phosphate d’ammoniaque.
Évaporé jusqu’à siccité dans du platine, puis calciné jusqu’à dis-
parition du chlorure d’ammonium, la masse devenant pâteuse.
Le tout est repris par l’eau chlorhydrique jusqu’à désagrégation
complète par ébullition.
Filtré pour séparer l’insoluble. Calciné légèrement, et fondu
avec 15 grammes de carbonate de potasse pour décomposer le phos-
phate multiple obtenu.
Repris par l’eau bouillante et lavé avec le carbonate de potasse
a 2°}.
Fait ensuite un traitement au bisulfate, avec précipitation de l'acide
titanique. Une deuxième fusion avec 2? grammes de carbonate de
potasse suivie d’une nouvelle fusion au bisulfate et précipitation qui
nous a donné 0£",020 de précipité contenant par titrage à l’eau oxy-
génée 0#,015 de Ti0° pur. 3
On doit donc rajouter 05,006 pour les deux fusions carbonatées.
Cela fait un total de 0“,021 retrouvé ; et pour 100 grammes de cen-
dres 0,042.
En ajoutant au résultat trouvé sur la silice cela fait 0,12 et 0,04,
soit un total de 0,16 °/, retrouvé par pesée contre 0,17 par colo-
rimétrie directe.
On voit que le précipité final obtenu dans la solution chlorhy-
drique n’était pas encore très pur. Mais néanmoins, vu les difficultés
de séparation, le résultat est déjà assez satisfaisant.
Depuis nous avons expérimenté très longuement la méthode de
dosage de l’alumine par le procédé Carnot: méthode de précipitation
par les phosphates en présence d’hyposulfite de soude et en solution
chlorhydro-acétique, et nous pensons qu'on simplifierait énormé-
ment la méthode précédente en appliquant au liquide chlorhydrique
des cendres. On précipiterait ainsi directement le litane et l’alumine
à l’état de phosphates, et par des traitements au bisulfate et au car-
bonate de potasse on arriverait plus vite à l'acide titanique pur.
Comme on le voit, le dosage pondéral de l'acide titanique dans les
LE TITANE ré
cendres de végétaux, surtout s'il est en petites proportions, et en
présence d’une quantité assez notable d’acide phosphorique, n’est
pas chose très facile, et la méthode colorimétrique directe telle que
nous l’avons exposée est beaucoup plus rapide et tout aussi exacte.
Nous donnerons ci-dessous la méthode résumée pour le dosage
pondéral de l’acide titanique dans les cendres de végétaux conte-
nant cet acide titanique en petites quantités.
Note résumée sur la méthode à employer pour séparer et
doser pondéralement l'acide titanique contenu en petites
quantités dans les cendres de végétaux
Attaquer 50 grammes de cendres par l’acide chlorhydrique dilué.
Évaporer à sec. Calciner. Reprendre par l’eau chlorhydrique. Sépa-
rer la silice par filtration.
On a donc:
1° De la silice ;
2° Une solution chlorhydrique.
La silice est traitée par le mélange d’acides fluorhydrique et
sulfurique. On suit le traitement ordinaire pour y doser l'acide
titanique, c’est-à-dire :
1° Fusion au bisulfate et précipitation ;
2° Fusion au carbonate de potasse ;
3° Seconde fusion au bisulfate et précipitation de l'acide titanique
pur ;
4 Vérification par l’eau oxygénée et le zinc.
Pour la solution chlorhydrique, on précipite l’alumine et le titane
par le phosphate de soude en présence d’hyposulfite de soude, en
solution chlorhydro-acétique (méthode Carnot pour dosage de l’alu-
mine); l’alumine et le titane sont précipités à l’état de phosphates.
Ces phosphates sont traités par le carbonate de potasse suivi d’une
fusion bisulfatée et précipitation, et subissent un deuxième traite-
ment semblable si par le premier on n’arrive pas à l’acide titanique
pur.
Le dernier précipité d’acide titanique est vérifié également par
l’eau oxygénée et le zinc.
18 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Nouvelles déterminations du titane faites sur des cannes,
des jus de cannes et des betteraves
Comme on l’a vu précédemment, les cannes qui nous ont servi à
préparer les cendres étaient des cossettes tout-venant de la fabrica-
tion et, par conséquent, nous ne pouvions affirmer que l’acide tita-
nique y contenu provenait exclusivement des cannes. En effet, dans
l’analyse des cendres nous avons trouvé une petite quantité de sable,
c’est-à-dire que les cossettes contenaient un peu de terre, et Pacide
titanique pouvait donc provenir de la terre.
Nous avons alors repris une certaine quantité de cannes que nous
avons nettoyées nous-mêmes avec grand soin, découpées, desséchées,
puis préparé des cendres comme il a été dit plus haut.
Les cendres ainsi obtenues n’ont donné que des traces absolument
insignifiantes d'acide titanique en opérant par la méthode colorimé-
trique directe.
Il est donc à supposer que l’acide titanique trouvé plus haut pro-
venait exclusivement de la terre renfermée dans les cendres, et qu'il
n'existe pas normalement ou du moins en très petites quantités dans
la canne. Ceci est exact pour les cannes récoltées en Égypte du
moins, mais il est impossible d’affirmer qu'il en soit ainsi pour toutes
les cannes. Il est parfaitement possible que les cannes de Hawaï
renferment normalement du titane même en opérant sur des cendres
absolument pures. Cela peut tenir d'autre part à ce que la canne,
à Hawaï, a une durée de végétation de vingt à vingt-deux mois,
alors que la canne en Égypte ne végète que durant huit à douze
mois.
Nous avons préparé également avec beaucoup de soin des cendres
de betteraves à l'usine de Pont-d’Ardres (France), en suivant toutes
les précautions mentionnées plus haut.
Là aussi nous n’avons pas trouvé d’acide titanique.
Nous avons préparé d'autre part des cendres de jus industriels,
de cannes provenant de deux usines d'Égypte travaillant :
1° L’une par pression ;
2° L'autre par diffusion.
LE TITANE 79
Nous y avons dosé le titane par la méthode colorimétrique directe
et obtenu:
ACIDE TITANIQUE
pour cent de cendres
Dans les cendres de jus de pression. . . . . . . . . . 0,11
— HIS ON ere corner e Le néant
Nous avons aussi dosé l'acide titanique dans sept échantillons de
mélasses de différentes usines d'Egypte et trouvé :
ACIDE TITANIQUE
pour cent de cendres
Mélasses d'usines travaillant par diffusion . . . . 0,01 à 0,02
— DrESSIOTERRERE Se 0,01 à 0,02
MÉRSSES HE PAIMRETIÉ Une ee et ee 0.03
Recherche et dosage de l'acide titanique dans les cendres de
bagasse de Java, d’après H. PeLLET et CH. FRiBouRG. — Sur notre
demande, notre distingué collègue, M. Prinsen-Geerligs, directeur de
la station d’essais de Java, nous a adressé différents échantillons de
cendres de bagasse étiquetés comme suit :
1° Cendres de bagasse de la sucrerie Bædveran ;
2 Cendres de bagasse retirées d’un four à gaz dit de Kersten de
la sucrerie de Mingirran ;
3 Cendres de bagasse incomplètement brûlée (la bagasse initiale
renfermant 53 °/, d’eau) ;
4 Cendres de bagasse de la sucrerie de Tjebongan.
Toutes ces cendres de bagasses proviennent de bagasses de mou-
lins brülées sans bois ni feuilles ;
5° Cendres de feuilles d’un four spécial où on ne brûle que des
feuilles de cannes sèches.
Sur toutes ces cendres finement pulvérisées, et bien calcinées,
certaines même avec un lessivage préalable, nous avons dosé le
titane par la même méthode colorimétrique que celle employée pour
les cendres de cannes et qui s’applique du reste très bien.
Nous avons ainsi dosé :
ACIDE TITANIQUE
pour cent de cendres
NEC EE EN Re 0,176
JE) CRE NES RER 0,074
SR RCE CAN PAT 0,126
PRE RERO DE RRTEC 0,161
GS ERREUR PONT (RSS 0,129
80 ANNALES NE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Mais nous rappelons de suite que dans tous ces produits indus-
triels le titane peut provenir de ce que la canne travaillée à apporté
de la terre, que l’on retrouve partout ensuite dans les ïus, les
écumes, les mélasses et naturellement dans la bagasse. D’autant
plus que les jus de cannes clarifiés ne peuvent être filtrés comme les
jus de betteraves.
Recherche et dosage de l'acide titanique dans les écumes de
sucrerie, d’après H. PELLET et Cu. FriBourG. — Enfin, pour com-
pléter notre étude, nous avons voulu doser l'acide titanique dans des
écumes de sucreries de cannes, soit de carbonatation, soit de défé-
cation. Sa
Nous avons employé la méthode colorimétrique directe avec une
petite variante, vu la quantité de chaux contenue.
Les écumes renfermant 3 à 9 °/, d’eau, c’est-à-dire à peu près
sèches, on en a calciné 5 grammes puis repris par l’eau chlorhy-
drique, avec un peu de chlorate de potasse. Ensuite, sans filtrer,
ajouté de l’'ammoniaque.
Le précipité ainsi obtenu est caleiné puis traité par l'acide fluor-
hydrique (15 à 23 grammes) avec 1 à 2 centimètres cubes d’acide
sulfurique.
On fond alors avec à grammes de bisulfate, et ensuite on fait
100 centimètres cubes de solution, que l’on titre colorimétriquement
à l’eau oxygénée.
Nous avons trouvé : ACIDE TITANIQUE
pour cent d’écumes
Écumes de carbonatation (usine travaillant par diffusion) . 0,014
Écumes de défécation (usine travaillant par pression). . . 0,34
QUATRIÈME PARTIE
CONCLUSIONS
Dans l’étude que nous venons de présenter, notre but à donc été
de faire d’abord une revision rapide des propriétés principales du
LE TITANE 81
titane et de ses dérivés, puis une bibliographie assez complète de
toutes les méthodes de séparation et de dosage de l’acide titanique
actuellement connues.
Enfin nous avons nous-mêmes étudié des méthodes de dosage de
l'acide titanique, soit colorimétriques, soit pondérales.
Ensuite, vu les quantités d’acide titanique trouvées par divers
auteurs dans certains sols, et sur les suppositions faites par d’autres
de la possibilité de rencontrer l’acide titanique dans certains végé-
taux et notamment dans la canne à sucre et la betterave, puis éga-
lement après les résultats de M. Maxwell qui a trouvé des quantités
d’acide titanique assez élevées dans les cendres de cannes (tiges et
feuilles), notre but a été d'étudier cette question. Comme on l’a vu,
nous avons établi des méthodes les unes très simplifiées, les autres
un peu plus complexes pour doser l'acide titanique dans les sols et
les cendres de végétaux.
M. Maxwell a trouvé 25,46 d’acide titanique pour 100 grammes
de terre à 9,50 °/, d'humidité.
De notre côté nous avons trouvé :
1° Terre d'Égypte pour la culture de la canne à sucre: des quan-
tités on peut dire à peu près uniformes, suivant la provenance :
Ti O?
pour 100 grammes
de terre sèche
ARS ON KIOmEtres ASC Aire ENT ANE r 1,89
À 200 = CR TELE Ve 1,79
À 600 == TUE PS TMS PR ER 2,04
c’est-à-dire 2 °/, en moyenne ;
2% Terre d’Audruicq (France) pour la culture de la betterave :
0s°,47 d'acide titanique pour 100 grammes de terre sèche.
Comme on le voit, l’acide titanique existe dans les sols de culture
et en proportions variables.
Pour ce qui est des cendres de végétaux, M. Maxwell avait trouvé :
As 11 et 15,63 d’acide titanique pour 100 grammes de cendres
provenant de deux variétés de cannes, et, pour les cendres de feuilles
des mêmes cannes, 1,12 et 18,38 de Ti0*.
Dans les essais que nous avons faits sur les cendres de cannes, nous
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1905. — II 6
82 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
avons trouvé 06,17 de Ti0°°}/, dans des cendres contenant encore un
peu de terre.
Mais sur des cendres de cannes et de betteraves préparées avec
beaucoup de soins nous n'avons pas trouvé d'acide tilanique.
Nous avons trouvé de l'acide titanique, en très petites quantités,
il est vrai, dans des produits de fabrication, jus, mélasses, écumes,
bagasses.…
Mais ces quantités sont d’autant plus faibles que les procédés d’ex-
traction sont plus soignés, et industriellement il n’est pas possible
d'éliminer la terre qu’apporte toujours la canne par ses radicelles.
Ainsi les jus de pression nous ont donné des cendres contenant 0,11 °/,
d'acide titanique, tandis que les jus de diffusion qui subissent, somme
toute, déjà une épuration physique, sorte de filtration sur la cossette,
ont donné des cendres renfermant à peine de l’acide titanique.
Le même phénomène s’est produit dans une étude analogue que
nous avons faite en vue de la recherche de l’alumine dans la canne
à sucre et la betterave, c’est-à-dire qu’on trouvait de l’alumine si les
cendres étaient préparées avec des produits contenant encore un peu
de terre ; mais on n’en trouvait plus, ou des traces, dans des cendres
préparées avec des produits parfaitement nettoyés et exempts de
terre.
De même les résultats obtenus avec les écumes sont très probants.
L’écume de carbonatation qui résulte d’un jus de cannes par dif-
fusion ne renferme que des traces de titane.
L’écume de défécation d’un jus de cannes obtenu par pression, et
qui contient évidemment et forcément de la terre, renferme 0,34 °/,
d'acide titanique, c’est-à-dire une quantité notable.
La conclusion est donc que l'acide titanique, ainsi que l’alumine
du reste, n’existe pas normalement dans la canne et la betterave, et
que si on en trouve dans les produits industriels, cet acide titanique
provient de la terre apportée par les matières premières. Cela est
exact pour les cannes récoltées en Égypte et pour des betteraves
récoltées dans le nord de la France; mais il nous est impossible de
certifier que nos conclusions s'appliquent à toutes les cannes et à
toutes les betteraves.
C’est dans le but de faciliter les recherches et les dosages du titane
LE TITANE 83
dans les cendres pures de végétaux que nous avons fait cette étude,
et après quelques analyses exécutées par plusieurs de nos collègues
sur des végétaux récoltés en différents pays on pourra conclure défi-
nitivement à l’absence ou à la présence normale du titane dans la
betterave, la canne à sucre, etc.
NOTE ADDITIONNELLE
Notre mémoire était à l'impression lorsque nous avons eu connais-
sance d’une note de M. P. Truchot, intitulée « Dosage du titane
dans les minerais », parue dans les Annales de chimie analytique du
15 octobre 1905.
Le travail de M. P. Truchot est très intéressant et nous sommes
heureux de constater que nous avons observé chacun de notre côté
des faits analogues en ce qui concerne différentes méthodes de pré-
cipitation de l’acide titanique ou de séparation de la silice d’avec
l'acide titanique.
Nous avons égal ment cherché à réduire la durée d’ébullition des
liqueurs pour précipiter tout l’acide titanique et éviter la préci-
pitation du fer lors de l'emploi des méthodes pondérales, M. P. Tru-
chot préfère les méthodes pondérales aux méthodes colorimétriques
pour le dosage du titane, mais nous pensons qu’à la suite des essais
que nous avons répétés à cet égard il reconnaitra que la méthode à
l’eau oxygénée peut être appliquée dans bien des cas.
De plus, nos études ont porté sur le dosage du titane surtout dans
les cendres des végétaux et dans les terres, et on a pu voir que pour
les cas particuliers il faut aussi modifier plus ou moins la marche
à suivre pour obtenir de bons résultats.
À propos des méthodes colorimétriques nous pensons que la réac-
tion de L. Lévy pourrait être appliquée pour le dosage de très petites
quantités de titane, c’est-à-dire là où la sensibilité de la méthode à
l’eau oxygénée pourrait laisser des doutes.
La réaction de Lévy est basée sur la coloration que donne l’hydro-
quinone en présence de l’acide titanique en solution sulfurique. La’
84 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sensibilité de cette réaction permet de déceler 1/100000° de milli-
gramme d'acide titanique.
Du reste, M. P. Truchot dit que l’intensité de la coloration rouge
grenat qui se forme est proportionnelle à la teneur en acide titanique.
On opérerait donc dans ce cas comme pour le dosage du sucre
dans les produits de la sucrerie. Le saccharimètre est suffisant pour
le dosage du sucre jusqu'à 06,2 à 08,3 par litre et en examinant
ensuite les liquides dans des tubes de 0",40 ou de 0",50 de longueur.
Après, les résultats sont incertains et il faut employer la méthode
par décoloration des liqueurs cupriques qui est plus sensible mais
qui ne l’est pas encore suffisamment pour constater des traces de
sucre dans les eaux de condensation, etc. C’est alors qu’on se sert
aussi d’une réaction colorée pour déceler ces traces de sucre, basée
sur la coloration violacée que produit l’alpha-naphtol en présence
du sucre en solution sulfurique chaude.
L’un de nous a décrit une méthode qui permet de doser précisé-
ment le sucre dans les liquides divers et ce à parüir du moment où
cesse la sensibilité du saccharimètre. D’autre part, la réaction colorée
étant trop intense avec des doses élevées de sucre, l'exactitude du
procédé s’en ressent. On a donc ainsi le moyen de doser rapidement
et sûrement le sucre dans des liquides très étendus et ce jusqu’à 2 et
8 milligrammes par litre.
Il est probable qu’il en serait de même avec la réaction de Lévy
donnant la coloration rouge grenat, qui pourrait être employée pour
le dosage de très faibles quantités de titane dans des substances
diverses et ce en suivant Ja méthode décrite par M. Lévy ou en
la modifiant au besoin, comme nous avons modifié la marche géné-
ralement suivie pour la réaction du sucre avec l’alpha-naphtol.
Ordinairement on mettait l’alpha-naphtol dans la solution sucrée
et on ajoutait de l’acide sulfurique avec certaine précaution pour
obtenir l’anneau coloré.
Dans le procédé Pellet et Giesbers on met d’abord l'acide sulfurique,
puis l’eau à essayer et ensuite le réactif. On agite et on a une colora-
tion proportionnelle à la quantité de sucre en opérant toujours dans
des conditions identiques.
NOTE
SUR LE
DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS
PAR LA MÉTHODE DE LEHMANN
MODIFIÉE PAR M. MAQUENNE
Par MM. L. MASSOL et A. GALLEMAND
(TRAVAIL DE L’INSTITUT PASTEUR DE LILLE)
Les méthodes de dosage des sucres réducteurs sont nombreuses.
La méthode de Soxhlet par pesée du cuivre est très précise, mais
longue et délicate. La méthode de Violette, basée sur la décoloration
de la liqueur de Fehling, est plus rapide, mais susceptible de causes
d'erreurs. Elle oblige à opérer toujours sensiblement dans les mêmes
conditions de concentration, et, en outre, elle devient inapplicable
lorsqu'il se produit, pendant la réduction, des teintes verdâtres qui
empêchent de saisir le moment de la décoloration.
La méthode de Lehmann, modifiée par M. Maquenne, évite la len-
teur de la méthode pondérale ou l’appréciation incertaine de la déco-
loration de la liqueur de Fehling. Elle détermine, par la méthode
iodométrique, le poids de cuivre non réduit de la liqueur cupro-
potassique pour obtenir par différence le poids de cuivre réduit. Mais,
puisqu'il n’y a pas proportionnalité entre le poids de cuivre réduit et
le sucre réducteur, on est obligé, comme dans la méthode pondérale,
d'employer des tables établies expérimentalement. Nous allons donner
86 ANNALES .DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
plus loin ces tables et la méthode que nous avons suivie pour les
établir.
Nous avons employé les liqueurs de Soxhlet ainsi composées :
1° 39,639 de sulfate de cuivre, en solution dans la quantité d’eau
suffisante pour faire 500 centimètres cubes ;
2° 173 grammes de sel de Seignette et 21#,6 de NaOH, complétés
à 200 centimètres cubes.
De cette manière, la solution de sulfate de cuivre conserve un titre
constant. On opère le mélange des deux solutions au moment de s’en
servir, en versant la solution n° 2 dans la solution n° 4.
Nous prenons 10 centimètres cubes de chacune d’elles. La réaction
s'effectue dans un Erlenmeyer de 125 centimètres cubes environ,
fermé par un bouchon en caoutchouc à un trou muni d’un tube de
verre pour diminuer l’évaporation et la rendre sensiblement égale
d’un dosage à l’autre. On fait bouillir la liqueur et on ajoute de suite
20 centimètres cubes de la solution sucrée à essayer, contenant au
plus 0,40 °}, de sucre réducteur. L’ébullition est maintenue deux
minutes pour le glucose, le lévulose et le sucre interverti, quatre mi-
nules pour le maltose (ces temps sont comptés à partir de l’instant
où l’ébullition recommence après l'addition des 20 centimètres cubes
de solution sucrée). On refroidit ensuite le matras dans l’eau cou-
rante et on ajoute 10 centimètres cubes d’acide sulfurique à 50 °/, en
volume. On refroidit à nouveau et on ajoute 10 centimètres cubes
d’une solution à 10 °/, d’iodure de potassium. Il se forme de l’iodure
cuivreux avec le cuivre non réduit et il se sépare une quantité d’iode
égale à celle contenue dans l’iodure cuivreux d’après la formule :
2S0: Cu + 4KI— 2S0*K° + Cu? EF + FE.
Il suffit alors de doser l’iode libre par l’hyposulfite de sodium en
présence d’empois d’amidon comme indicateur pour pouvoir remonter
au cuivre.
La solution d’hyposulfite est à 2 °/, environ : on la titre préalable-
ment par rapport à la solution de sulfate de cuivre de titre rigoureu-
sement établi par la méthode électrolytique. Supposons donc ce titre
connu et égal à 398,639 de sulfate de cuivre pour 500 centimètres
cubes, Cette solution renferme 17#,61 de cuivre par litre. En titrant
NOTE SUR LE DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS 87
notre solution d’hyposulfite par rapport à 10 centimêtres cubes de
cette solution cuprique, nous versons, par exemple, N centimètres
0#,1761 de
N
cuivre. Après réduction de la liqueur cupro-potassique ‘par le sucre
considéré, nous ne versons plus que n centimètres cubes d’hyposul-
fite. La quantité de cuivre réduit est donc
cubes d’hyposulfite, 1 centimètre cube équivaut donc à
[N — 1] ——— Se
Nous préférons donner les poids de cuivre correspondant au sucre
pour éviter de passer par la solution d’hyposulfite, qu’il est difficile
de maintenir toujours au même titre.
Aïnsi que l’a fait remarquer M. Maquenne, un dixième de centi-
mètre cube de solution d’hyposulfite à 2 °/, correspond sensiblement
à un tiers de milligramme de glucose. Comme, avec un peu d’habi-
tude, on peut très bien apprécier la fin du dosage à une goutte près,
il en résulte que la méthode permet d'évaluer un sixième de milli-
gramme de glucose ; si on opère sur 05,050, on a une approximation
de 1/300.
Établissement des tables
Nous avons dans ce but employé des solutions de sucres réducteurs
purs vérifiés par le polarimètre et par la réduction. En opérant avec
des solutions sucrées de 0%,05 à 0“,40 pour 100 centimètres cubes,
nous avons pu calculer le cuivre réduit correspondant. Nous étudie-
rons simultanément le glucose, le lévulose et le sucre interverti, pour
lesquels la durée d’ébullition est la même.
Les nombres que nous donnons sont la moyenne de nombreuses
déterminations expérimentales corrigées par l'emploi d’une courbe
construite de la façon suivante. Pour chaque concentration du liquide
sucré, nous avons Calculé le rapport du poids de cuivre réduit déter-
miné expérimentalement au poids de sucre employé. Ce rapport,
multiplié par 100, représente ce que nous appellerons le pouvoir
réducleur absolu du sucre à chaque concentration. On constate que
88 . ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ces nombres varient; en portant en abcisses les concentrations de
sucre et en ordonnées les pouvoirs réducteurs absolus, on obtient
une courbe qui, par sa discontinuité, traduit nettement les plus
faibles imperfections de dosages. Après rectification de cette courbe
des pouvoirs réducteurs absolus, nous avons pu corriger les poids de
cuivre réduit correspondant au poids du sucre essayé. Les corrections
que nous avons faites sur les poids de cuivre varient de 0*,0002 à
05 ,0004 et restent toujours inférieures aux différences des détermi-
nations expérimentales.
Le tableau suivant donne les nombres obtenus par cette méthode.
Les colonnes VIIT et IX représentent les pouvoirs réducteurs relatifs
du lévulose et du sucre interverti. Ce sont les rapports des poids de
cuivre réduit par le lévulose ou le sucre interverti aux poids de cuivre
réduit par le glucose à la même concentration.
Tableau général
POUVOIRS RÉDUCTEURS
absolus relatifs
par le | parle
Inter-
à ivulose
verti Lé
glucose |lévulose Glucose |Lévulose
verti
IL III f VI VII VIII
gr gr
0,147 |0,134810,14141183,751168,5 [176,75] 0,917
0,130210,120 |0,12551186.0 |171,431179,29| 0,922
0,113119,1038/0,1085/188,5 [173,0 |180,83| 0,918
0,0954,0,0873/0,0911/190,8 |174,6 [182,2 | 0,915
0,077110,0708/0,0743/192,751177,0 |185,75] 0,918
0,0583/0,0539/0,056 |194,33/179,63|186,66| 0,924
0,0393/0,0363/0,0378/196,5 |1$1,5 |189,0 | 0,924
0,0198/0,0183/0,019 198,0 |183 |190,0 | 0,924
Nous donnons à part les résultats que nous avons obtenus pour le
maltose, en partant d’un produit préparé par nous-mêmes. Nous
ferons remarquer qu'après des cristallisations très nombreuses dans
l’alcool méthylique combinées avec des purifications par reprises
dans lalcool éthylique absolu, nous sommes parvenus à obtenir un
produit dont la pureté, calculée par les tables de Wein ou par la
formule polarimétrique de Meiss}, différait toujours de 4 °/,. Les
NOTE SUR LE DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS 89
nombres de maltose anhydre que nous donnons sont déduits des
tables de Wein.
Remarquons que, d’après notre définition même, nous ne pouvons
plus calculer le pouvoir réducteur relatif au delà de la concentration
de 0,40°/,, à ce moment le chiffre relatif au glucose étant impossible
à déterminer, puisque la presque totalité du cuivre est précipitée.
POUVOIRS RÉDUCTEURS
MALTOSE ESSAYÉ CUIVRE RÉDUIT A —
Absolu Relatif
ETe gr.
0,0177 0,0217 122,9 0,630
0,0354 0,0431 121,75 0,628
0,053 0 ,0636 120 0,631
0,0707 0,0831 117,5 0,631
0,0883 0,1026 116,25 »
0,106 0,1227 115,75 »
0,1236 0,1498 115,5 »
0,1413 0,1628 115,25 )
Nous nous proposons, dans la suite, de revenir sur l'établissement
d’une table pour le maltose, quand nous aurons levé les incertitudes
que nous avons sur la valeur de notre pr oduit.
Interprétation mathématique des résultats
Nous.nous occuperons d’abord du glucose. Si, dans notre tableau
général, nous considérons la colonne (V) des pouvuirs réducteurs
absolus du glucose, nous constatons que lorsque la concentration du
liquide essayé diminue de 0,05 °/,, le pouvoir réducteur absolu aug-
mente sensiblement de 2. Cette remarque va nous permettre d'établir
la relation qui unit la quantité de glucose à la quantité de cuivre
réduit en adinettant qu'il y ait toujours proportionnalité dans les
différents intervalles de concentration : ceci n’est du reste vérifié que
dans les limites de concentration du tableau.
Pour la concentration de 0,40 °/,, le pouvoir absolu est de. . . . . 183,75
Pour la concentration de 0,05 °/,, le pouvoir absolu est de. . . . . 198,00
Pour une diminution de concentration de 0,35 °/,, le pouvoir réducteur
absolu augmente de. . . . . LES EM ER AOL 14,25
Pour une diminution de Sheet dE 0. 05 A le pouvoir réducteur
ADSONIE AUÉTROLO RTC EU PEER EAN Et STRESS CEE EEE ra 2
90 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
I y a donc sensiblement proportionnalité, puisque cette augmenta-
tion de 2,03 se reproduit pour chaque intervalle du tableau. Étendons
donc cette propriété à l’intérieur de chacun des intervalles, qui sont
d’ailleurs assez rapprochés.
Soit æ le poids de glucose, en grammes, contenu dans 20 centimètres
cubes du liquide essayé el y le poids, en grammes, correspondant de
cuivre réduit : 5 æ représente le glucose de 100 centimètres cubes.
À la concentration de 0,40 °/, le pouvoir réducteur absolu est égal à
183,79 (quantité de cuivre réduit par 100 de sucre). Pour une dimi-
nution de 0,35 dans la concentration, l'augmentation du pouvoir
réducteur absolu est de 14,95 ; donc, pour une diminution de 1 dans
la TI augmentation du pouvoir réducteur absolu est de
14,2
0% ? et pour une concentration 5 æ, comprise entre 0,05 et 0,40,
s*
la diminution de concentration étant 0,40 — 5x, l'augmentation du
14,25 (0,40 —5 x).
0,30
centration 9x, le pouvoir réducteur absolu est de :
pouvoir réducteur absolu est de
Donc, à la con-
25 (0,40 — 5
dans AE
cette expression nous représente, par définition, le cuivre réduit par
100 de sucre à la concentration 5 x. Pour 1 de sucre essayé, le poids
de cuivre réduit est représenté par l’expression
183,75 (0,40 —5z)14,25 PR. A.
100 7 0,35x 100 400
Pour z de sucre le poids de cuivre réduit, que nous avons appelé y,
sera
[183,75 (0,40—52)14,257
12] 300 0,35 x 100
Cette équation nous représente une conique qui est une para-
bole puisque le terme du second degré de l’équation est carré
parfait.
Les calculs effectués, on a la fonction suivante :
y — 2,0003 æ — 2,0357 æ. (1)
NOTE SUR LE DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS 91
Gelte courbe passe par l’origine, son axe est parallèle à l'axe
des y.
La tangente à l’origine est la droite représentée par l'équation
y — 2,0003 z.
Remarquons que pour chaque valeur de y on peut tirer de l’équa-
tion deux valeurs positives de æ. La plus petite racine convient seule
à la portion de la courbe correspondant aux déterminations expéri-
mentales.
Allhn avait exprimé la loi de réduction par la formule sui-
vante :
Yan RTE:
Dans ce cas la parabole ne passe plus par l’origine.
Nous avons déterminé les coefficients &, B, y pour rechercher
l'équation qui nous donnerait les valeurs les plus approchées de
nos déterminations expérimentales. Voici la méthode suivie : sa-
chant, comme nous l’avons démontré, que la loi de réduction est
représentée par une parabole, les huit déterminations de notre
tableau général ci-dessus nous permettent d'écrire huit relations de
la forme :
0,147 —0,0064a + 0,0808 + +.
Ces huit équations associées trois à trois représentent cinquante-
six systèmes d’équation à trois inconnues («, 8, y), nombre des combi-
naisons de huit objets trois à trois. Nous avons cru suffisant de
résoudre quatre de ces systèmes convenablement choisis (c’est-à-dire
formés par des déterminations assez espacées) et nous avons pris
pour &, 6, y, la moyenne arithmétique des quatre valeurs trouvées.
Nous avons alors établi équation suivante :
y = —2,31435 à + 2,04017 x — 0,000734, (2)
équation différente de l’équation (1).
D’après son établissement elle lui est à priori préférable et les
valeurs de y tirées en fonction d’x doivent se rapprocher davantage
92 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de nos données expérimentales, comme on peut s’en convaincre à
l'inspection du tableau ci-dessous.
CUIVRE RÉDUIT DÉTERMINÉ
, A
SUCRE ESSAYE
par par par
expérience équation I équation II
gr. gr. gr. gr.
0,080 0,147 0,147 0,1473
0,070 0,1302 0,130 0,1304
0,060 0,1131 0,1127 0,1131
0,050 0,0954 0,0949 0,0953
0,040 0,0771 0,0768 0,0771
0,030 0,0583 0,0582 0,0583
0,020 0,0393 0,0392 0,0391
0,010 0,0198 0,0198 0,0194
Dans la pratique, pour établir une table, il suffirait donc de faire
trois déterminations expérimentales assez éloignées. On calcule-
rait &, 8, y et, à l’aide de l'équation formée, on aurait les valeurs
intermédiaires du tableau. Plusieurs déterminations expérimentales
permettraient ensuite de contrôler l'exactitude de la formule.
La deuxième équation que nous venons d'établir peut se rappro-
cher de celle d’Allihn. En effet, en prenant le gramme pour unité
cette dernière peut s’écrire :
y = —0,1576 &° + 2,0522x — 0,0025647.
Cette formule a été établie en opérant avec 30 centimètres cubes
de solution blanche, 30 centimètres cubes de solution bleue, 25 cen-
timètres cubes de solution sucrée et 60 centimètres cubes d’eau. Si
nous la comparons à notre équation (2) nous remarquerons que le
coefficient d’x (8) diffère peu du nôtre, « celui d’x° est sensiblement
le tiers du nôtre et y (le terme constant) est à peu près le triple de
celui de notre équation. Nous avons cherché s’il n’y avait pas là une
relation. On peut d’abord remarquer que nous employons, dans nos
déterminations, trois fois moins de réactifs qu'Allihn. Nous avons alors
fait des dosages en doublant, en triplant nos solutions cuprique et
sucrée sans en changer la concentration. Dans ces conditions nous
avons constaté que, pour une concentration donnée de la liqueur
sucrée, le pouvoir réducteur absolu du sucre restait sensiblement
NOTE SUR LE DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS 93
constant quand on doublait ou triplait les volumes de liqueurs cu-
prique et sucrée.
Interprétons ce fait analytiquement :
Dans le premier cas où nous employons 10 centimètres cubes de
liqueur bleue, 10 centimètres cubes de liqueur blanche et 20 centi-
mètres cubes de solution sucrée, la réduction s’opère d’après la for-
mule suivante :
Ya EL ET:
Dans le second et le troisième cas, d’une façon générale, si on
emploie n fois le volume initial de solutions cuprique et sucrée, on
a, puisque le cuivre précipité par næx de glucose essayé est ny (le
pouvoir réducteur absolu restant le même, la loi de réduction étant
toujours représentée par une parabole) :
ny = an +E'nzr+7Y.
Multiplions notre première relation par n, il vient :
ny=anL +£nT+7yn.
D’où
'n'L +Bpnr+y —=ant + Bnr° + yn.
Ceci quel que soit x dans l'intervalle 0 à 08,080. Donc
«'N'—an DRE
n
Bin pr BE
Y y" = YA.
Sin — 3, ce qui est le cas des déterminations d’Allihn, on a l’équa-
tion
y= ga + pt + 37.
Comme nous lavons vu plus haut, notre formule traitée de cette
manière nous redonne la formule d’Allihn aux différences d’expé-
rience près : du reste, sa dilution n’est pas tout à fait la nôtre. Le
volume total de ses liqueurs au lieu d’être égal à 120 centimètres
cubes (comme l’exige notre raisonnement) est de 145 centimètres
cubes. La propriété n’en existe pas moins.
94 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On peut traduire ce qui précède en disant que ces paraboles cou-
pent respectivement l’axe des y aux points y—7, y —387y. En ces
points leurs tangents sont parallèles. De plus leurs paramètres sont
respectivement p — = De La parabole d’Allihn aurait donc
un paramètre triple de la nôtre. On peut remarquer que plus les
quantités de liqueurs augmentent, plus le paramètre augmente. Si
nous supposons que toutes ces paraboles soient transportées à lori-
gine, elles y auront toutes une même tangente eommune, et pour
des quantités de liqueurs infinies la loi de réduction serait repré-
sentée par cette tangente
y—=82.
Dans ce cas seulement le poids de cuivre précipité serait donc
proportionnel au poids du sucre employé. On voit par ce qui pré
cède qu'il est d'autant plus nécessaire de se servir de tables, pour
la détermination quantitative des sucres, qu’on opère sur des volu-
mes plus faibles de liqueurs.
Nous avons tenu à mettre ces propriétés en évidence pour bien
faire saisir la différence qui existe entre la formule d’Allihn et la
nôtre.
Nous avons calculé avec notre équation (2) les poids de cuivre cor-
respondant à des poids connus de glucose, de milligramme en milli-
gramme. Nous donnons cette table avec les calculs d'interpolations
qui permettront de calculer de suite les valeurs intermédiaires.
Lévulose et sucre interverti
Nous avons aussi cherché une expression analytique pour exprimer
la loi de réduction pour le lévulose et le sucre interverti. Nous au-
rions pu procéder comme pour le glucose, mais la méthode était
trop longue. Nous avons préféré utiliser une propriété qui ressort
de notre tableau général. En effet, si nous considéronsles colonnes VIII
et IX qui expriment les pouvoirs réducteurs relatifs du lévulose et
du sucre interverli, nous constatons-que ces nombres sont sensible-
ment indépendants de la concentration du liquide sucré ; la moyenne
NOTE SUR LE DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS 95
est de 0,920 pour le lévulose et de 0,960 pour le sucre interverti.
Nous en concluons que les courbes représentatives des poids de
cuivre réduit en fonction des poids de sucre sont des courbes dont
toutes les ordonnées sont égales aux ordonnées correspondantes de
la parabole du glucose multipliées par 0,920 pour le lévulose et 0,960
pour le sucre interverti; ces courbes qui sont semblables sont donc
des paraboles. Cherchons leurs équations
Pour le glucose nous avons
Yy= a +pr+Y;
pour l’un quelconque de nos sucres considérés :
y =x 2 +$pz+7y,
la quantité x des deux sucres employés étant la même.
Ï \
Or, d’après ce que nous avons fait remarquer, on a, quel que soit x
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(P représentant le pouvoir réducteur relatif du sucre réducteur
considéré).
D'où
d'a —aP]+x(s —8P|+y —;P=0;
d’où
a —«P=0 2 CE
B==pP=0 ME
Tv —YP=0 Tv =YP.
Les coefficients de l’équation de notre nouvelle parabole sont donc
égaux aux coefficients de l’équation de la parabole du glucose multi-
pliés par le pouvoir réducteur relatif du sucre considéré.
Nous avons les formules suivantes :
Pour le lévulose :
y—=—218442 +1,87609x — 0,0006753 ;
Pour le sucre interverti :
y = — 2,21938 x° + 1,9585 x — 0,0007046.
Une quelconque de ces paraboles est telle que son paramètre est
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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NOTE SUR LE DOSAGE DES SUCRES RÉDUCTEURS 99
égal à celui de la parabole du glucose divisé par le pouvoir réducteur
relatif du sucre auquel elle se rapporte.
De plus, les coefficients angulaires des tangentes aux points y=7
où ces courbes coupent l’axe des y sont égaux au coefficient angulaire
de la tangente analogue de la parabole du glucose, multiplié respec-
tivement par les pouvoirs réducteurs relatifs du lévulose et du sucre
interverti.
Nous donnons dans le tableau ci-dessous les nombres calculés par
ces deux nouvelles formules et nous les comparons à ceux trouvés
expérimentalement.
CUIVRE RÉDUIT
ae Ce
SUCRE ESSAYÉ par le lévulose par le sucre interverti
gr. gr. gr. gr. gr
0,080 0,1348 0,1355 0,1414 0,1414
0,070 0,120 0,120 0,1255 0,1250
0,060 0,1038 0,1041 0,1085 0, 1086
0,050 0,0873 0,0877 0,0911 0,0915
0,040 0,0708 0,0709 0,0743 0,0740
0,030. 0,0539 0,0537 0,0560 0,0560
0,020 0,0363 0,036 0,0378 : 0,0376
0,010 0,0183 0,0179 0,0190 0,0187
Nous remarquons que les poids de cuivre calculés par nos deux
formules sont égaux en plusieurs points à ceux déterminés par l’expé-
rience. On peut donc admettre l'exactitude de ces deux formules et
calculer deux tables analogues à celle du glucose. Ce sont d’ailleurs
les nombres de cette dernière qui ont été multipliés par les pouvoirs
réducteurs relatifs. Nous donnons ces deux tables pour éviter tout
calcul.
En résumé, pour rendre plus courant l’emploi de la méthode de
Lehmann, qui est sensible et précise, nous proposons l'usage de nos
tables construites pour le glucose, le lévulose et le sucre interverti.
Nous faisons remarquer, en terminant, qu’elles ne donneront des
renseignements précis qu'autant qu’on se placera dans des conditions
identiques à celles dans lesquelles elles ont été établies.
ALIMENTATION RATIONNELLE
DELA NV A CETTE" MAI TI
CONTROLE DE SON RENDEMENT (:)
I. — A quelles influences la production laitière
est-elle soumise ?
Il n’est pas toujours exact de considérer l’alimentation comme le
principal moyen de perfectionnement dont dispose l’agriculteur pour
exploiter rationnellement le bétail. En ce qui concerne tout spéciale-
ment la vache laitière, on doit, en effet, se préoccuper, tout d'abord,
de l’individualilé, de la race et des varialions de La sécrétion lactée.
Ce sont là, conclut 0. Kellner, avec l’autorité que l’on sait, dans son
dernier et magistral ouvrage sur l’alimentation du bétail, les facteurs
qui influent certainement en premier lieu sur la production laitière.
Quant à l'apport alimentaire, son effet est plutôt secondaire.
Les écarts de production ou de teneur du lait en ses principes
normaux sont dus bien plus aux aptitudes ethnographiques et indi-
viduelles et aux variations normales de la lactation chez le même
individu qu’au régime. Celui-ci modifie non pas le pourcentage
des composants du Jait, mais parfois la composition de certains de
ces principes, des matières grasses, tout particulièrement, dont la
1. Communication lue au congrès de laiterie de 1905, par J. Alquier, ingénieur-
agronome, expert près les tribunaux de la Seine, attaché au laboratoire de recherches
de la Compagnie générale des voitures. |
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 101
valeur au point de vue de Ja fabrication et de la qualité du beurre se
trouve ainsi sujette à de petites variations. On a, par exemple, remar-
qué que le passage du pâturage à la stabulation, de même que cer-
tains changements d’alimentation influent sur le taux des acides gras
volatils et sur le point de fusion du beurre. Mais ce sont là des con-
séquences du changement de régime qui, dans la pratique, ne cons-
tituent pas une amélioration très digne d'intérêt. En présence de ces
faits sans cesse confirmés, il faut logiquement reconnaître que, pour
produire rationnellement du lait, il n’est pas nécessaire de se préoc-
cuper outre mesure du choix des aliments.
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II. — Des progrès à réaliser dans le rationnement
de la vache laitière
Est-ce à dire que, dans ce cas, l’alimentation ne mérite pas toute
l'attention de l’agriculteur ? Non, certes. Son influence cesse en effet
d’être secondaire dès que la ration n’est pas judicieusement établie.
L'alimentation irraisonnée donne lieu aux plus graves mécomptes.
Il importe que la vache reçoive exactement ce dont elle a besour
pour s’entrelenir et satisfaire à la production maxima possible au
moment considéré.
Aussi sa ration doit-elle être calculée bien plus rigoureusement
que celle de n'importe lequel des autres animaux mis en exploi-
tation.
Dans la pratique, en est-il toujours ainsi ? Fort souvent la ration
est en réalilé insuffisante, principalement en matières albuminoïdes
et minérales que le lait exporte par grandes quantités, et cela bien
que l'animal soit «bondamment nourri en appurence. I est malheu-
reusement de règle dans les campagnes que la vache doit se con-
tenter des fourrages les plus grossiers et les moins riches récoltés à
la ferme, alors que l’emploi des aliments concentrés du commerce
s'impose dans la plupart des cas pour parfaire la quantité nécessaire
de principes nutritifs azotés et minéraux. Qu’en résulte-t-il ? L’ani-
mal ne produit pas ce qu'il devrait. La période de lactation active et
régulière diminue de durée. Mais peu importe à celui qui ne com-
prend pas qu’une dépense supplémentaire peut rapporter dans la
102 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
suite, et puis, comme dit le proverbe, « Vache de loin a assez de lait ».
Le mauvais rendement n'est du reste qu’un inconvénient minime à
côlé des conséquences de l’état d’épuisement auquel en arrive l’ani-
mal dont la production n’est plus proportionnée à la recette alimen-
taire. La vache insuffisamment nourrie prend sur sa propre subs-
tance, afin de maintenir au lait sa teneur en azote et en matières
minérales. Le muscle proprement dit fond, le sang s’appauvrit au
détriment de la santé et le terrain se trouve finalement on ne peut
mieux préparé pour les maladies infectieuses. Il est certain qu’on
réaliserail dans la prophylaxie de la tuberculose un progrès consi-
dérable, si l’on songeail à prévenir le mal en signalant aux inlté-
ressés les animaux insuffisamment nourris. Est-ce d’un bon calcul
de n’intervenir que pour enrayer la contagion ?
Que se passe-t-il dans le cas contraire, lorsque la vache recoil
plus qu’il n’est nécessaire pour subvenir au rendement maximum
que comportent son individualité et l’activité de ses mamelles au
moment considéré ? Outre que, d’une façon générale, tout apport ali-
mentaire trop abondant constitue une dépense inutile, le superflu,
dans le cas particulier de la vache laitière, présente de sérieux incon-
vénients. L'animal engraisse ; or, l’on a constaté que l’embonpoint
est défavorable à la production du lait, à la qualité des veaux et, de
plus, que la vache grasse est prédisposée aux accidents lors du part.
Nous sommes suffisamment fixés sur les dangers d’une nourriture
insuffisante ou surabondante. Les conclusions pratiques à tirer de
ces premières notions fondamentales sur l’alimentation de la vache
laitière sont les suivantes :
1° La ration, en théorie, doit être suffisante pour couvrir exacte-
ment les dépenses maximna de l'animal au moment considéré. I est
prudent, dans la pralique, de la donner légèrement copieuse, mais
pas au point cependant de provoquer un engraissement nolable ;
2° En présence du peu d'influence du régime sur la quantité et la
qualilé d’une production normale et nullement exagérée intention-
nellement (régime aqueux intensif), àl suffit de se laisser guider uni-
quement dans le choix des aliments par la valeur nutritive el éco-
nomique de ces derniers, el, à valeur égale, par leurs proprictés
appélentes et condimentaires. Les distinctions que l’on a voulu faire
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 103
entre les terres à fromage et les terres à beurre, de même que les
classifications des fourrages d’après leurs qualités lactogènes, ne
peuvent qu'être artificielles.
Nous basant maintenant sur ce que lapport alimentaire est suffi-
sant, quand on le proportionne à la dépense actuelle de l’animal,
ainsi que nous venons de le dire en d’autres termes, nous allons
établir aisément qu’il est nécessaire de calculer séparément la ration
de chaque animal, Opérer autrement reviendrait à nier les influences
qui, en l’état actuel de nos connaissances raisonnées, agissent cer-
tainement avant toutes les autres sur la production laitière. Les dif-
férences de race et d’individualité, dont les effets aboutissent à
constituer la spécialité de la production particulière à chaque animal,
ne seraient en effet que des mots, contrairement.aux croyances et
aux constatations des praliciens eux-mêmes, si toutes les bêtes lai-
tières transformaient de même les fourrages. Les quantités d’ali-
ments ingérés par deux vaches, fussent-elles du même poids, sont
très rarement entre elles dans le même rapport que les volumes de
lait ou les poids de beurre produits par ces deux vaches. Générale-
ment, l’une d'elles utilise les aliments mieux que l’autre. Aussi estl
logique que le rationnement de la vache soit individuel, d’où cette
conséquence que chaque änimal doit être mis à l’étable dans l’impos-
sibilité de toucher à la ration de ses voisins. |
Si nous faisons maintenant intervenir l’influence des variations
normales de la sécrétion, susceptibles d’agir sur la production autant
que la race et l’individualité, nous nous rendons compte que le
rationnement doit en outre varier comme l'activité fonctionnelle de
la mamelle. L'apport alimentaire cesserait d’être un contrepoids de
la dépense, aussi parfaitement équilibré qu’il est nécessaire, s’il res-
tait le même depuis Le début de la lactation, alors que la sécrétion
est maxima, Jusqu'au moment où le rendement devient par trop
inférieur pour être productif. Ces considérations condamnent le sys-
tème si souvent appliqué de la ration moyenne calculée pour un ren-
dement moyen et distribuée sans distinclion à loutes les laitières
d’une même exploitation. I est impossible que de la sorte on n’ar-
rive pas fatalement aux rationnements insuffisants ou surabondants
précédemment critiqués.
104 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Aux règles générales déjà formulées nous allons donc ajouter les
suivantes dont l'importance n’est pas moindre :
1° Le ralionnement de La vache laitière doit étre individuel ;
2 La valeur nutritive de la ration individuelle doit varier avec
le rendement, chaque période de laclation exigeant pour une vache
donnée un apport alimentaire différent.
Voici par exemple deux rations composées des mêmes aliments et
proportionnées aux quantités de lait produites. Un apport d’au moins
90 grammes d’albuminoïdes digestibles par kilogramme de lait
obtenu étant en général nécessaire, il s’ensuit que la relation nutri-
tive de la ration de la vache laitière doit être d'autant plus large
que le rendement est plus élevé et, de plus, qu’il est impossible d’éla-
blir une ration suffisante pour équilibrer les dépenses d’un grand
rendement sans recourir aux aliments concentrés, riches en matières
LA
azolees.
POUR UNE PRODUOTION DE LAIT
a
A B
de 15 kilogr. de 10 kilogr.
DOUTEAU T6 COIZA MS ee nue Feb done eee 0,500 0,500
— de coton. . OR MINIER 1,500 0,500
sp destoummesol AE se Ron tenne 1,000 0,500
PIOE Sao PRÉ RNA 2e Per es LEE Ce en 1,500 1,000
Betteraves fourragères . . . . . . . . . ... 10,000 10,000
Foin . PSV UMR PURE 3,000 3,000
Paillo est CHR NME lee Ass 5,000 6,000
Teneur de la ration { Matières azotées . , . . 1,514 0,941
en principes nutritifs — grasses , 5, . 0,417 0,238
digestibles — hydrocarbonées . 5,089 5,344
Sommes des principes nutritifs digestibies ({) . . 8,093 6,845
Relation (Matières azotées digestibles. . . . Le ri
nutritive — non azotées digestibles. . 4,3 6,2
Ce ne sont pas là des données quelconques, mais des types de
rations résultant d'expériences faites en Danemark et reconnues suf-
fisantes par une longue pratique. Nous ne discuterons pas hypothéti-
quement en raisonnant sur ce tableau comparatif.
1. Les matières grasses ont été multipliées par 2, 4 pour être transformées en
hydrocarbonés.
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 105
Considérons deux vaches adultes de même taille, de même poids
vif, donnant l’une 15 kilogr. de lait, par transformation de la ration
A, et l’autre 10 kilogr. seulement, en échange de la ration B. Ces
deux rations sont théoriquement et pratiquement suffisantes, nous le
savons, c’est-à-dire que, dans les deux cas, elles permettent à l’ani-
mal de s’entretenir et de produire les poids du lait indiqués. La quan-
tité de principes nutritifs digestibles nécessaires au simple entretien
du corps est la même ou à peu près pour ces deux vaches, du même
poids. Supposons-la de 45,400, afin de fixer les idées. La partie
productive de la ration, celle qui pourra être convertie en lait, sera
alors pour la vache A de (8*,093 — 4%6,4) — 3*,69 et, pour la
seconde, de (6*5,84 — 4%,4) — 946 44, Comme l’utilisation de l’ap-
port alimentaire, en vue d’une production quelconque, est de toute
évidence proportionnelle au rapport de la partie productive de la
ration (ration totale moins la ration d’entretien) à la ration totale (*),
les coefficients d'utilisation seront ici de :
Pour la vache À fournissant 15 kilogr. de lait . —. —10 25:
1
2k8,44
Pour la vache B fournissant 10 kilogr. de lait . & ai 0:35.
7
Le coefficient de la vache A dépasse celui de la vache B et la diffé-
rence serait encore plus grande si la vache A, la meilleure laitière
des deux, produisait plus de lait et recevait, par conséquent, une
ration encore plus forte. Inutile de le démontrer.
Cette discussion n’était pas inutile. Elle nous conduit à formuler
un principe qui semble pouvoir servir de base fondamentale à la
production rémunératrice du lait :
L'utilisation des aliments par la vache lailière, nourrie rahionnel-
lement, c’est-à-dire conformément aux règles précédemment énon-
cées, est d'autant plus élevée que La vache est meilleure laitière, ou,
en d’autres termes, rendue plus apte à la production maxima par sa
race et son individualité.
1. Nous parlons ici de rations digestibles (rations totales ou d'entretien ou de pro-
duction).
106 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
III. — Contrôle rationnel du rendement de la vache
La tactique du producteur de lait doit par conséquent se borner
exclusivement au choix judicieux de son bétail et à l'élimination de
tous les animaux à faible rendement. Comment distinguer la bonne
laitière ou la bonne beurrière? Il n’existe qu’un moyen, enseigne-
t-on communément. C’est l'inspection de l'extérieur de l'animal.
Pour l'œil exercé, l'aptitude à la production serait donc chose appa-
rente. Sans vouloir retirer toute compétence et loute perspicacité
aux partisans convaincus des sélections opérées d’après les carac-
tères extérieurs et sans nier pour cela les relations qui existent cer-
tainement entre la conformation de l'animal, la beauté des pis, le
développement des écussons, l’abondance des sécrétions, la couleur
des muqueuses, la finesse de la peau, etc., etc., et les qualités lai-
tières, il semble difficile d'admettre que tout le monde voit et, sur-
tout, conclut de même sur ces différents points. Les discussions aux-
quelles donne lieu chaque jour la méthode des caractères extérieurs
ne suflisent-elles pas du reste à démontrer qu’elle a des incertitudes ?
Il existe un système qui permet de déceler au contraire avec certi-
tude les bonnes laitières: c’est celui qui consiste à contrôler la pro-
duction du lait comme on doit suivre toute entreprise industrielle,
c’est-à-dire en enregistrant la qualité, la quantité, la valeur écono-
mique d’une part des matières premières à transformer et, d’autre
part, des produits résultant de cette transformation. Le contrôle lai-
lier doit par conséquent porter simullanément sur l’apport alimen-
taire et sur le rendement brut total du lail, avec examen de la qua-
lité de ce dernier. Inutile d’ajouter que l'influence imdéniable de
l’individualité et des variations de la Jactation exige que ce contrôle
soit individuel el continu.
En ce qui concerne l'apport alimentaire, si l’on remarque que la
même somme de principes nutritifs peut être donnée sous des formes
variées, on entrevoit de suite la nécessité de l’exprimer, lors de sa
détermination, en unités de même nature, quelles que soient la qua-
lité et la quantité des composants de la ration. Faute de quoi 1l
deviendrait tout à fait impossible de comparer utilement les divers
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 107
rendements d’une même vache ou d’un troupeau nourris suffisam-
ment, cela va de soi, mais au moyen d'aliments différents et par con-
séquent d’une valeur alimentaire très différente.
Le point délicat n’est pas de choisir l’unité nutritive, car il suffit
de convenir qu’elle est par exemple équivalente à 1 kilogr. de son
de blé. La difficulté consiste à passer des aliments usuels du bétail à
l'aliment étalon, ce qui exige l’élablissement des poids des divers ali-
ments qui, introduits dans la ration de la vache laitière, ont la même
valeur physiologique ou, en termes plus simples, la même aplitude
à se transformer en un même poids delait. Nous n’avons pas à expo-
ser ici les différentes méthodes de comparaison des aliments, 1l nous
suffit de savoir que l’on possède déjà de nombreuses données sur.
l'alimentation de la vache laitière. Le tableau suivant nous le prouve
amplement.
Poids équivalents suivant lesquels les aliments doivent se substituer dans
la ration de la vache laitière, pour ne pas modifier le rendement.
Tourteau de coton décortiqué.. . 8,700
— d'arachides décortiqués. . ,700
— de sésame. ,700
— de palme . ,700
— de lin. . ,150
— de tournesol. . ,750
LI CRRERET AE ,000
Son de blé. . ,000
Seigle 4: ,000
Son de seigle
Maïs . . ,000
Grains mélangés .
Farine de riz.
Tourteau de cocos. .
— de colza. .
Farine de palme mélassée. ,
Radicelles d'orge . . «+ . . .
Drèches de brasserie sèches.
Drèches de distillerie sèches. .
Cossettes sèches de betteraves.
Mélasse. . .
Foin de trèfle .
Lait complet (!). .
V9 19 19 me ét bi bb et bel bel mt pet mé md mi mn me © © © © © ©
F
©
(=)
©
1. Suivant la qualité.
108 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Foin de prairie (1)... 4 ,.. … 2,5 à 4ks, 000
Pommes dé terres, Serre 4 ,000
PAUE (ere UE EE 5 à 6 ,000
Lait écrémé : 2 PSS IR RENE 6 ,000
Carottes (le mere tonte 2 14 20843000
Fourrages verts{(1). . . . « . . S à 19 ,000
Betteraves fourragères . 10 ,000
Navets et turneps. 12 ,000
Petit-lait . ses 12 ,000
Feuilles:de betteraves 24#5,.."2102t 15 ,000
Cossettes de betteraves humides . . 15 .,000
Deux à quatre heures de pâturage (1).
Sans doute il n’a jamais été dans la pensée de ceux qui, grâce à
une longue et patiente collaboration, sont parvenus à dresser de
semblables échelles de comparaison qu'il fallait reconnaître à ces
chiffres une valeur immuable. L’uniformité absolue d'utilisation des
aliments est théoriquement impossible avec lindividualité, nous le
savons, mais enfin de ce qu’une formule n’a pas la généralité d’une
loi, il ne s'ensuit nullement qu’elle ne puisse guider ceux qui l’ap-
pliquent avec intelligence, surtout lorsqu'elle est le résultat moyen
de multiples expériences pratiques et de laboratoire. Cette réserve
faite, nous pouvons, en l’état actuel de nos connaissances, nous con-
sidérer sans arrière-pensée comme suffisamment documentés pour
apprécier avec une approximation suffisante el comparer ulilement
entre elles les valeurs nutritives des rations les plus diverses que
l’on peut donner à la vache laitière.
Passons aux sorties à inscrire vis-à-vis des entrées, exprimées en
bloc suivant la méthode que nous venons d’indiquer. Le contrôle est
ici des plus simples. Il consiste à mesurer ou mieux à peser la totalité
du lait produit et à en déterminer, par l'analyse, la qualité la plus
intéressante au point de vue de la production cherchée. Gelle-c1 étant
sénéralement le beurre, le taux de matières grasses du lait multi-
plié par le rendement brut total en lait donne les renseignements les
plus précis à ce sujet. S'il s'agissait de la production du fromage, on
aurait également à suivre la marche de la coagulation du lait, les
1. Suivant la qualité.
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 109
qualités physiques et le poids du coagulum, etc... Est-il utile d’ajou-
ter qu'il serait irrationnel de déduire la production de beurre de la
quantité de lait produit au moyen d’un coefficient uniforme, puisque
le rendement du lait en beurre dépend, avant tout, de la race et des
qualités individuelles de la vache ?
On comprend maintenant pourquoi nous affirmions précédem-
ment que le contrôle rationnel de la production laitière, c’est-à-dire
la détermination exacte des rendements individuels et annuels en lait
et en beurre, jointe à l'établissement du rapport de ces rendements
à la valeur nutritive des fourrages ingérés, constitue le moyen de
perfectionnement le plus infaillible dont dispose l’agriculteur pour
exploiter avantageusement la vache laitière. Ce contrôle conduit en
effet graduellement, mais sûrement :
1° À la constitution d'élables uniquement composées de vaches
bonnes laitières ou beurrières, d’un bon rapport par conséquent ;
2° A l'amélioration de la race par sélection des reproducteurs,
puisque les aptitudes à la production laitière semblent être transmis-
sibles aux descendants, non seulement par les mères à grands ren-
dements, mais par les taureaux qui les tiennent de leurs ascendants.
IV. — Sociétés de contrôle de la production laitière
Bien que relativement très simple en principe, le contrôle de la
production du lait, dont nous venons de poser les bases, n’est cepen-
dant pas à la portée de toutes les bonnes volontés. La transformation
des aliments en unités nutrilives, même simplifiée par des barèmes,
nécessite toujours quelques calculs. Pour connaitre le rendement total
de lait, d’autres difficultés d'exécution surgissent : on ne peut le
déterminer sans traire chaque vache plusieurs fois dans la journée et
sans peser chaque traite comme du reste tous les composants de la
ration. Or, la balance confiée à des mains inhabiles cesse le plus sou-
vent d’être un enregistreur précis. De plus, s’il n’est pas nécessaire
de renouveler la surveillance tous les jours, il n’en faut pas moins
l'exercer à des intervalles réguliers et assez rapprochés. Le contrôle
est un travail absorbant et tout le monde ne peut lui consacrer ainsi
et aussi souvent des journées entières. La détermination du rende-
110 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ment du lait en beurre n’a enfin de signification que si l’on remet à
l'opérateur qualifié pour opérer les dosages utiles un échantillon
réellement moyen de tout le lait fourni dans la même journée par
chaque vache, d’où nécessité absolue de prélever un échantillon
proportionnel au poids et au volume de chaque traite, tous les
échantillons des traites du mème animal étant finalement réunis et
mélangés.
Ces pesées, ces échantillonnages partiels et, en un mot, tous les
calculs et opérations qu’exige le contrôle laitier constituent de
réelles difficultés bien faites pour effrayer le plus grand nombre des
agriculteurs. Ceux dont l'intelligence et linstruction dépassent la
moyenne peuvent cependant, s’ils ont de la volonté et de la patience,
essayer de concourir eux-mêmes à l'établissement de cette minutieuse
comptabilité de leur exploitation. Il est toutefois prudent qu'ils se
fassent éduquer, guider et aider, en ce qui concerne la partie analy-
tique, par un spécialiste, professeur d’agriculture ou directeur de
laboraloire agricole, et qu’ils exécutent les pesées et prélèvements au
moyen d’un matériel spécial combiné pour simplifier les manipula-
tions et prévenir, autant que possible, les maladresses et les inexacti-
tudes. C’est ainsi que fonctionne, en Allemagne, le contrôle organisé
par la stalion agronomique de Halle. Moyennant un prix relative-
ment faible par tête de bétail, les agriculteurs s’abonnent à ce ser-
vice après s'être munis d’un appareil de mesurage agréé et d’une
caisse réglementaire d’échantillonnage. Le seau à traire les échantil-
lons, qui est en fer-blanc ordinaire, permet de se rendre compte
facilement du volume exact de lait obtenu à chaque traite et surtout
de prélever, au moyen d’un dispositif spécial, un échantillon dont
le volume est bien proportionnel à celui de la traite. Tous les échan-
üillons partiels provenant de la même vache sont versés directement
dans un flacon portant le numéro sous lequel l’animal est inscrit au
contrôle. La station se charge d'envoyer à chaque abonné, et à des
jours déterminés, une caisse contenant des flacons en nombre sufli-
sant pour l’échantillonnage du lait de chaque vache. Les récipients
reçoivent à leur départ du laboratoire ce qu'il faut d’antiseptique
pour assurer la conservation du lait pendant le transport et en atten-
dant l’analyse.
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE INR:
Cette organisation, la chose est facile à prévoir, présente le sérieux
inconvénient de n’offrir aucune garantie d’exactitude. Le plus sou-
vent, les pesées, les prélèvements, c’est-à-dire les bases mêmes sur
lesquelles repose le contrôle laitier, doivent se ressentir de l’imhabi-
leté des cultivateurs. De plus, le côté rationnement de la question se
trouve inévitablement négligé.
L’essai de Halle l’a confirmé. Il est alors permis de se demander s
la surveillance exercée dans ces conditions aboutit à une sélection
très judicieuse des animaux et constitue un précieux moyen de per-
fectionnement pour l'élevage. Les grandes exploitations seules nous
paraissent susceptibles d’avoir une direction assez éclairée et de
pouvoir disposer d’un personnel et de moyens suffisants pour prali-
quer le système allemand. Mais, dans la majorité des cas, celui-ci
semble condamné d'avance à l’insuccès par suite de la confiance
imméritée qu'il accorde à la bonne volonté et aux capacités des pro-
priétaires d’étables. Il est donc de toute nécessité, si l’on veut éviter
les mécomptes et les dépenses inutiles, d’adjoindre à ces derniers un
contrôleur suffisamment instruit et exercé à l'établissement de la
comptabilité de leur production.
Ge principe admis, si l’on considère cependant combien est grande
la dissémination des vaches laitières et combien est relativement
restreint le nombre des exploitations à gros capitaux et possédant un
nombreux bétail, on comprend de suite que la plupart des proprié-
laires, livrés à leurs propres ressources, ne peuvent, pour des rai-
sons économiques, Lirer parti de cette idée, à moins qu’its n’entrent
dans la voie si féconde de l’association coopérative. Celle-ci constitue
en effet un autre système qui mérite toute l'attention des agriculteurs,
car, pour une dépense minime, il assure tous les avantages que nous
avons reconnus sur le papier au contrôle laitier rationnellement et
rigoureusement opéré.
: Qu'est-ce qu'une société de contrôle et comment celle-ci peut-elle
fonctionner ? Nous allons répondre à ces deux questions en nous
basant principalement sur ce qui a été fait dans cet ordre d'idées en
Danemark. C’est là que l’on a entrevu pour la première fois les bien-
faits de l’union de la science et de l’assuciation et compris que cette
dernière était le seul moyen de faire profiter le praticien des idées et
112; ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des faits sans cesse accumulés et contrôlés par les expériences de
laboratoire. Il n’est pas besoin de rappeler le but principal des
sociétés de contrôle. Nous croyons cependant que tout en cherchant
à constituer des étables uniquement composées de vaches à grand
rendement et cela par élimination des parasites dont lexploitation
laisse de trop minimes bénéfices et tout en travaillant ainsi à lamé-
lioration de la race par sélection des reproducteurs, la société de
contrôle pourrait très utilement s'occuper également de l’achat en
commun des aliments concentrés, dont l'introduction dans la ration
de la vache laitière est souvent nécessaire, nous l'avons démontré.
Ceci posé, si l’on réfléchit que les frais de contrôle sont d'autant
moins élevés que la surveillance est exercée par un personnel aussi
réduit que possible et ne se déplaçant que très peu, il semble
lozique de limiter tout d’abord le nombre des adhérents et de n’as-
socier que des propriétaires dont les exploitations sont dans la même
contrée. Les sociétés danoises comprennent au plus de douze à
quinze membres, dont les étables réunies contiennent généralement
de trois cents à quatre cents vaches soumises au contrôle. Celui-ci peut
alors être exercé facilement et soigneusement par la même personne.
Pour suivre individuellement la production d’un plus grand nombre
de laitières, il faudrait s’adjoindre le concours de plusieurs aides et
l’organisation du contrôle perdrait de suite le caractère de simpli-
cité qu’il faut lui conserver comme à toute institution passagère. Les
sociétés en question ne peuvent être, en eflet, des associations de
longue durée, car les exploitations changent de propriétaires et de
direction. Aussi les Danois les constituent-ils pour cinq ans seule-
ment. La direction est confiée à un comité de trois membres, nom-
més au sort la première année et qui sortent tour à tour tous les
trois ans. Le comité choisit le président auquel incombent la direc-
tion générale et le recouvrement des cotisations et qui préside au
choix du contrôleur, débat les conditions de son concours, signe
enfin l'engagement au nom dela société. Au comité revientencore le
soin d'acheter le matériel nécessaire à l’exécution du contrôle. Quant
à la répartition de l’ensemble des dépenses entre les sociétaires, on
ne la fait que deux fois par an. La cotisation dépend naturellement
du nombre des vaches que chacun a soumises au contrôle. Le socié-
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE US
taire prend encore à sa charge les frais de nourriture et de logement
du contrôleur pendant la durée du séjour de ce dernier à sa ferme.
Ïl doit également transporter chez le sociétaire voisin, qui est con-
trôlé après lui, le coffre où se trouvent enfermés les appareils de
contrôle.
Passons à l’exécution du programme par le contrôleur dont le tra-
vail consiste, nous le savons, à déterminer simultanément, pour chaque
vache, la valeur de l'apport nutritif ainsi que le rendement en lait et
en beurre, puis à inscrire sur un livre spécial les résultats de ses
opérations. Les sociétaires sont généralement contrôlés deux fois par
mois, cela suffit, et le président fixe en conséquence, une fois pour
toutes, l’ordre des visites chez les différents membres. Le contrôleur
est tenu de rester au moins vingt-quatre heures de suite dans l’exploi-
tation qu’il inspecte, afin d'assister à trois traites consécutives. S'il
arrive par exemple dans le courant de la journée, il préside à la
traite du soir, puis le lendemain à la traite du matin et enfin à celle
de l'après-midi. Il en profite pour surveiller le personnel pendant
qu’on tire les vaches en sa présence et apprend à ceux qui s’y
prennent mal comment on arrive, en conduisant rationnellement la
traite, à faire produire davantage à l'animal. Le coffre de contrôle
contient naturellement un seau d’échantillonnage permettant de
prendre un échantillon moyen de chaque traite, — nous nous sommes
déjà expliqué à ce sujet, — puis une série de flaconsnumérotés, des-
tinés à recueillir les échantillons, ct enfin un appareil de pesage.
Entre les traites le contrôleur s’occupe du rationnement, examine
l'état des animaux, qu'il pèse si la chose lui est possible, et enfin
détermine la qualité du lait. En ce qui concerne le rationnement, il
obtient le poids des diverses rations consommées en retranchant pour
chaque aliment le poids de ce qui n’a pas été mangé de la pesée du
même aliment mise de côté lors de sa précédente visite. Le contrô-
leur donne en même temps ses instructions pour la période suivante,
car on ne modifie que très rarement les rations entre ses visites.
Beaucoup d'exploitations danoiïses appliquent le rationnement indi-
viduel ; aussi dans les étables sectionne-t-on les auges en compar-
ments distincts au moyen de cloisons solides et assez élevées
pour que chaque vache soit obligée de ne manger qu’à sa place. Ces
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1905. — 11. 8
114 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
cloisons sont mobiles et peuvent être manœuvrées et relevées simul-
tanément afin de permettre le nettoyage de l’auge. Le contrôleur
n’élablit jamais dans la pratique autant de rations spéciales qu’il y a
d'animaux. Il se contente de classer ceux-ci d’après leur âge, leur
poids, la quantité de lait produit. Le rationnement se fait alors par
groupes. On classe généralement les vaches en trois catégories
(vaches à grands: rendements, à rendements moyens et, enfin, à
rendements faibles). Les aliments une fois prélevés, il ne reste plus
alors au contrôleur qu'a exprimer en unités nutritives tout ce que
l'animal a consommé. Nous savons comment le calcul s’effectue.
La détermination de la qualité du lait se fait également sur place
et par les soins du contrôleur. Gelui-ci dispose des appareils néces-
saires au dosage rapide, mais exact du beurre. S'il est, par hasard,
utile de connaître avec plus de détails la composition du lait, rien
n’est plus facile que d'envoyer des échantillons au laboratoire le plus
voisin. Chaque coffre de contrôle contient de petites caisses spéciales
permettant de transporter les flacons d’échantillonnage.
Pour doser rapidement le beurre, on sépare tout d’abord, au
moyen de la force centrifuge, la crème d’un volume de lait connu,
et cela sur un graud nombre d'échantillons à la fois, puis, cette sé-
paration opérée, on mesure la hauteur de crème dans le tube qui
contenait la prise d’échantillon et l’on en déduit le pourcentage de
matières grasses. Les appareils les plus usités sont le centrifuge-con-
trôleur de Fjord et le butyromètre Gerber. On peut également se
servir de l’appareil de Soxlet, basé sur les différentes densités que
possèdent les solutions de matières grasses dans l’éther. Citons
enfin la méthode réfractométrique de Wolny qui permet de déduire
la teneur du lait en beurre, des variations de l'indice de réfraction
du mélange avec l’éther de la crème, séparée toujours de même, en
centrifugeant le lait. Tous ces procédés sont on ne peut plus ra-
pides. Avec l'appareil Gerber, construit pour vingt-quatre essais
simultanés, le contrôleur peut, par exemple, en huit heures et sans
aucun aide, opérer deux cents dosages de beurre. Si on lui adjoint
quelqu'un, il arrive à quatre cents dosages. Mais nous ne pouvons
entrer ici dans le détail de ces opérations analytiques.
Tous les résultats obtenus sont inscrits dans des livres spéciaux,
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 115
avec en-têtes préparés d’avance, que la société remet au contrôleur.
La comptabilité des sociétés danoises est généralement tenue sur
trois sortes de livres. Sur l’un d’eux, le contrôleur note tous les ren-
seignements qu'il recueille dans chaque exploitation, à chaque con-
trôle. Dans un second, il réunit toutes les observations de l’année
concernant la même vache. Enfin, sur un troisième, il établit sépa-
rément pour chacun des sociétaires le compte récapitulatif de son
troupeau. Il résume même encore quelquefois les données des trois
premiers livres et en déduit le compte général de la société. Les
tableaux I et Il nous permettront de mieux comprendre et apprécier
les détails de cette comptabilité.
Ils ne sont pas en tous points semblables à ceux des livres danois,
mais nous nous sommes efforcé de les simplifier autant que possible,
car les sociétés de contrôle multiplient souvent les écritures bien
inutilement.
Tous les ans, le contrôleur extrait du tableau I les données qui
concernent la même vache et les transcrit sur un livre. Il prend
ensuite la movenne des chiffres comparatifs et établit un tableau ana-
logue au tableau IT.
Quand le compte individuel, le plus important de tous, est établi,
il devient facile d'ouvrir un livret d'ensemble spécial à chaque vache
et d’y indiquer à mesure les résultats de chaque année de contrôle.
Le dossier de l’animal est ainsi complet. Le passage de la comptabi-
lité de chaque exploitation à la comptabilité de toutes les exploitations
de la même société de contrôle ne souffre aucune difficulté. Inutile
d’insister.
Nous savons maintenant ce que l’on demande au service d’inspec-
tion des sociétés de contrôle. Le résultat, on le voit, dépend unique-
ment de linstruction pratique et théorique, de l’habileté, du zèle du
contrôleur, ainsi que de la conscience et de l’assurance avec lesquelles
il remplit la mission qui lui a été confiée. Il n’est donc pas inutile de
se préoccuper du meilleur mode de recrutement des contrôleurs.
Les Danois n’emploient guère pour visiter leurs laiteries que des
jeunes gens, dont les exigences sont en rapport avec le budget res-
treint de leurs sociétés, et comme le travail du contrôle, bien que
très vaste, se trouve néanmoins à la portée de toutes les intelligences
LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ANNALES DE
116
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117
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ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIERE
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118 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
moyennes et n’exige pas une instruction supérieure (‘), ils s’adres-
sent de préférence à des fils de propriétaires d’étables, ayant déjà
acquis une certaine expérience dans leur propre ferme, surtout en
ce qui concerne les soins à donner aux animaux. Mais ces jeunes
gens ne deviennent contrôleurs qu'après avoir reçu un complément
nécessaire d'instruction. Is fréquentent donc les écoles d'agriculture,
et y acquièrent les notions fondamentales de la science agricole,
tout en étant spécialement préparés au travail du contrôle laitier.
On leur enseigne les principes fondamentaux de l'alimentation
rationnelle ; on leur fait connaître les méthodes de sélection des ani-
maux et la raison d’être des sociétés de contrôle ; on leur apprend
comment il faut traire les vaches. Ils exécutent enfin, en outre, jour-
nellement les travaux ordinaires du contrôle avec lesquels ils doivent
être entièrement familiarisés (pesées ; prises d’un échantillon moyen
de chaque traite ; détermination du beurre soit avec l'appareil Fjord,
soit avec le Gerber ; calcul des unités nutritives apportées par les
aliments ; tenue des livres de contrôle ; critique des résultats, etc.).
On conçoit tout l'intérêt de ce mode de recrutement, car Les sociétés
de contrôle constituent ainsi une véritable pépinière de praticiens
éclairés, entièrement rompus à la pratique de lexploitation ration-
nelle de la vache laitière.
Pour terminer ce rapide exposé de la question, il ne nous reste
plus qu’à faire connaître le prix de revient du contrôle et à établir
ensuite le bilan des résultats obtenus par les sociétés qui le prati-
quent.
Le prix d'achat d’un coffre de contrôle et de tous les appareils
nécessaires étant de 300 fr. environ et les appointements du contrô-
leur s’élevant en moyenne avec les faux frais à 560 fr., le contrôle,
pour un troupeau de trois cents à quatre cents vaches, coûte donc,
par tête de bétail contrôlé, 2 fr. 80 au maximum la première année
1. Les sociétés de contrôle sont très souvent fédérées et la fédération a alors à sa
tête un directeur technique général, soit un chef de station agronomique, soit un
directeur d'école d'agriculture, faisant autorité en matière de production laitière et
auquel l'on soumet toutes les questions délicates exigeant des connaissances plus
vastes que celles des contrôleurs.
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 119
et de 1 fr. 30 à 2 fr. les années suivantes. Mais, 1l ne faut pas perdre
de vue que la plupart des sociétés danoises reçoivent de l’État des
subventions variant de 300 à 500 fr., atteignant presque le montant
des appointements du contrôleur. Le ministère de l’agriculture dis-
tribue ainsi par an près de 70 000 fr. aux sociétés de contrôle à titre
d'encouragement.
Quant aux résultats pratiques, ils sont des plus intéressants. On à
constaté au Danemark que, dans la plupart des troupeaux, la moitié
des vaches et même quelquefois plus, étaient mauvaises laitières ou
beurrières. L’élimination de toutes les bêtes improductives, c’est-à-
dire transformant mal leur ration, a fait augmenter de suite dans de
très grandes proportions les bénéfices des exploitations laitières.
Voici par exemple les améliorations d'utilisation de la ration obte-
nues en quatre ans de contrôle par trois sociétés danoises :
UNITÉS NUTRITIVES
nécessaires pour produire une livre de beurre
© —
I II III
Année 1897. . . . . 20,52 16,53 19,37
ISO Te à 18,32 16,80 16,23
En 4 peser A 17,83 14,34 13,45
OO EMA 14,83 11,20 12,16
Les chiffres suivants nous font également ressortir tous les avan-
{ages économiques de l'élimination des mauvaises beurrières ; ils
montrent quelle est l'augmentation des bénéfices du producteur de
3 OU0 litres de lait à mesure que le pourcentage de ce dernier en
beurre s'élève, par suite de la sélection du bétail.
Pour une teneur de lait en matières grasses de :
2,5°/,, le beurre de 3 000 litres a une valeur de 210 fr.
3 00/s, at red Er 244
3, a,2/0 re. RS Te 281
4,0%, — _ _ 315
Le tableau suivant, non moins significatif, met plus complètement
en évidence l’heureuse influence de quatre années de contrôle sur
l'amélioration du bétail et par conséquent sur la production soit en
lait, soit en beurre, de toute l’étable. Ces chiffres sont extraits d’un
registre de contrôle d’une des sociétés danoises.
120 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On remarquera que, dès la seconde année de contrôle, létable en
question produit plus de lait et de beurre avec moins de vaches.
L'élimination des mauvaises laitières, que nous qualifiions précédem-
ment et à juste titre de véritables parasites, aboutit en effet toujours
régulièrement, non seulement à une surproduction, mais à une
meilleure utilisation des fourrages, ainsi que cela ressort encore de
la comparaison des chiffres de ce dernier tableau, plus détaillé et
démonstratif que les précédents.
CLASSEMENT SRÉPREE CLASSEMENT
MENT =
des vaches des vaches Le des vaches 2
Fe d'après d’après £
#æ | d'après la production £ le = ; 5
& © pourcentage Re Ja production D
El du lait QG du lait b Hbeurre à
< FES en graisse 2 s Lo
> 2 à LARTTS Ex à
; a TT —— Z © a Ê = — à Ê
ANNÉES à SUIRE © 8 <£
ARR IE AE EN Rae als e
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5 | + |o | |.= = 3 = ©
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cmepoemcomecsenmnmee s mee | œmme œoene con, es, =. | | me | comme | eme | cms | eue | une
Kilozr. Kilogr.
1894-1895. . .| 111 | 29 | 26 | 27 | 18 | 11 | 3503|| 5 | 47 | 59 | 2,97 || 20 | 40 | 30 | 21 | 124,70
1895-1896. . .| 104 | 37 | 24 | 23 110 |10 | 3765 || 8167129] 3,13 || 36 | 34 | 23 | 11 | 137,85
1896-1897 . . .| 109 | 26 | 23 | 25 | 17 8 | 3398|| 8 | 65 | 56 | 3,14 || 24 | 32 | 30 | 23 | 127,94
1897-1898 . . . 99 | 25 | 34 | 18 | 13 9 | 3602 || 12 | 67 | 20 | 3,21 || 36 | 33 | 16 | 14 | 158,66
Résultats moyens d’un contrôle de cinq années ayant porté sur le
bétail de treize exploitations, pour une vache et pour une année :
TENKRUR 100 UNITÉS NUTRITIVES
: NITÉ -
, du lait en RER 1 ont produit
ANNÉES LAIT PRODUIT Lhatières nutritives
consommées :
grasses SOREE lait beurre
Kilogr. 0/0 Kilogr. Kilogr.
895-1896 >! 2 3 170,5 3,34 4 503 70,5 2,565
1896-1897. . . . 008087 3226 L'INDE PANTIN 00E
1807-1808 ame HULL MAS ST UEMESTI 70,0 ‘9,561
1898-1899. . . . 3054,5 3,39 4139 13,5 2,755
1899-1900 . . . . 3040, 540,3 300 A 108 ER. 2 00
Donc, en résumé, d’une part, augmentation de la production el,
.
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 121
d'autre part, diminution de la dépense alimentaire. Tel est le bilan
des conséquences immédiates de la méthode. Le contrôle présente
également d’autres avantages non moins précieux, car le travail
incessant, ainsi accompli dans les fermes pour arriver à la connais-
sance approfondie de la valeur de chaque bête, permet de choisir
judicieusement les animaux reproducteurs.
Les sociétés de contrôle contribuent par cela même dans une très
large mesure au développement des qualités des races laitières.
Elles ont fait leurs preuves au Danemark, et si ce pays occupe aujour-
d’hui une des premières places parmi les producteurs de lait, cela
provient en grande partie du soin que l’on a toujours pris de choisir
les mères parmi les « bonnes laitières ». Or le contrôle méthodique
est le seul moyen, nous l'avons démontré, qui permette de désigner
avec certitude les animaux à grand rendement et de les distinguer
des béles dont l'exploitation n’est pas rémunératrice et dont il faut
par conséquent se défaire.
Il y a dix ans, lorsque fut fondée en Danemark la première société
de contrôle, bien peu de propriétaires d’étables comprirent de suite
l’importance de cette heureuse tentative. La cause, il faut le croire,
élait cependant bonne, puisqu'elle ne resta pas longtemps sans par-
Usans et ne tarda pas à éveiller l'esprit d'initiative, le goût et l’intel-
ligence de tous les agriculteurs. En 1900, on pouvait déjà compter
186 sociétés danoises, comprenant 4000 membres et exerçant le
contrôle de la production individuelle de 78600 vaches. Aciuelle-
ment, le nombre de ces associations est de 340. On voit avec quelle
rapidité la méthode s’est répandue. Le mouvement ne s’est du reste
pas limité au Danemark, ainsi que le tableau suivant permet de s’en
rendre compte :
SOCIÉTÉS
de contrôle
La Suède possède. . . . 204 (contrôlant 9 000 vaches dans 2 000 étables)
La Norvège — . . . . 120
L'Allemagne — , . . . 90
La Finlande — , . .. 40
La Russie — ,., 8
La Hollande — , , 3
A MAIRE SL PEN ENR 2
L'Autriche — .. ù
12% ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les considérations théoriques qui précèdent, jointes à l'immense
succès obtenu par les sociélés de contrôle, tant en Danemark que
dans les pays voisins, démontrent nettement la valeur indiscutable
du système. Pourquoi ne l’appliquons-nous pas en France, où cepen-
dant les intérêts d2 l’agriculture réclament son extension à bref
délai, ce dont on peut établir facilement et rapidement la preuve ?
Alors que nos exportations dans les pays importateurs de beurre,
comme l'Angleterre, ont diminué en trois ans (de 1898 à 1900) de
20 °/,, celles des pays du Nord, où l'esprit d'association ne cesse de
faire progresser l'exploitation et l'élevage de la vache laitière, ainsi
que la transformation et le commerce des produits de la laiterie, se
sont accrues de 33 °/.. Le Danemark à lui seul entre pour 44°},
dans l’importation du beurre en Angleterre. Faut-il ajouter que sa
production a déjà fait son apparition depuis plus de six ans sur le
marché de Paris. (En 1900, 500 000 kilogr. de beurre ont été ven-
dus aux Halles au prix de 3 fr. 80 à 4 fr.) Ces constatations ne sont-
elles pas de celles qui doivent nous préoccuper ? « Il ne nous semble
pas possible, dit M. Grandeau, dans son rapport général sur Pagri-
culture en 1900, que le mouvement coopératif de la laiterie fran-
çaise, si remarqué à l'exposition, en s’accentuant et en s'étendant à
la plupart de nos régions d’élevage, n’ait pas pour conséquence,
malgré la consommation considérable dans notre pays des produits
de la laiterie, une augmentation sensible de nos exportations. » Nous
avons des pâturages et des races laitières renommés. Il faut savoir
en tirer le meilleur parti, or, au point de vue de l'utilisation de nos
richesses laitières, il nous reste bien des progrès à réaliser. Lorsque
tout est à faire, les desiderata sont nombreux. Tous ne peuvent évi-
demment aboutir de suite et en même temps mais ce n’est pas une
raison pour les laisser dans l'ombre. Nous concluons done qu'il est
de l'intérêt de l’agriculture :
1° D’altirer énergiquement l’altention des pouvoirs publics, de la
représentalion parlementaire des départements producteurs du lait
el des grandes sociélés d'agricullure sur les heureux el incontesla-
bles résultats du contrôle rationnel de la production lailière, sur la
possibilité d'appliquer cette méthode de progrès en entrant dans la
ALIMENTATION RATIONNELLE DE LA VACHE LAITIÈRE 123
voie si féconde de l'association, et, enfin, sur la nécessité d'encou-
rager son extension ;
2 De demander, en attendant que le principe méme du contrôle
soit obligaloirement enseigné dans toutes les écoles d’agricullure,
qu’on fasse de suile connailre son ulilité et ses effels dans les centres
de production laitière, aux directeurs, par exemple, de lanteries el
de beurreries coopératives, et cela par des brochures et des confé-
rences ;
3° Que les laboraloires agricoles entreprennent quelques essais de
contrôle, afin de démontrer aux cultivateurs la simplicilé de la mé-
thode et de provoquer l'entrée en jeu de l'initiative privée el de l’es-
pril d'association.
BIBLIOGRAPHIE
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GRAnDEAU, — L'Agriculture et les instilutions agricoles du monde au commence-
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GRÉGoine. — Contrôle de la production du lait. (Deuxième Congrès international
de l'alimentation rationnelle du bétail, Liège, 1905.)
ESSAIS D'IRRIGATION EN FORET
FAITS PRÈS DE VIENNE (AUTRICHE)
PAR MM.
..
BOHMERLE Dr CIESLAR
ATTACHÉ À LA STATION D'EXPÉRIENCES FORESTIÈRES PROFESSEUR A L'ÉCOLE SUPÉRIEURE L'AGRICULTURE
DE MARIABRUNN DE VIENNE
/
La question de l'irrigation en forêt n’est pas nouvelle, non seule-
ment pour les pépinières et les jeunes plants forestiers, mais même
pour les peuplements constitués. Ainsi, il y a déjà longtemps, on a
proposé de se servir des eaux coulant dans les fossés des routes
forestières pour arroser, à l’aide de tuyaux ou de rigoles, les arbres
avoisinants. Cette idée de l’utilisation des eaux est exprimée dans
plusieurs ouvrages (Leo ANDERLIND, Beschreibung der Bewässerung
der Waldungen der Ebene mitllelst Fächer oder Häller, 1903, Allg.
F. und J.-Z.), et dans une autre brochure du même auteur publiée
auparavant : Ein System von Milleln zur Verhülung schädlicher
Hochwässer.
Notre station de recherches s’est aussi occupée plus particulière-
ment de cette question. Dans l’année 1901 elle a installé des essais
d'irrigation dans la forêt de pins de Grossen appartenant à la com-
mune de Wiener-Neustadt. L’impulsion fut donnée à la suite de
l’excursion, faite en 1894 par l’Associalion des forestiers aultri-
chiens, où l’on put aisément se convaincre du grand contraste de
la végétation sur le terrain arrosé par le Kehrbach et sur les sols
secs de la lisière sud.
Sur la bande relativement étroite qu’arrose le Kehrbach la végé-
ESSAIS D’IRRIGATION EN FORÊT 129
tation est luxuriante. On y rencontre des arbres et des plantes qui,
à quelques centaines de pas plus loin, ne pourraient se développer,
ou, du moins, avoir une aussi belle croissance. Ce fut le chevalier
von BERG qui se prononça pour une irrigation de la forêt et le con-
seiller aulique Friebricx promit d'obtenir de la commune une con-
cession pour des essais de ce genre.
C’est seulement en 1901 que la station de recherches fut en état
de faire au conseil de Wiener-Neustadt des propositions à cet égard,
et le conseil consentit très gracieusement comme d'habitude, si bien
qu'après Pâques de 1901 on put procéder à l'installation des essais.
On les fit dans des plantations et dans des peuplements naturels et,
chaque année, on procéda aux mesurages et aux observations néces-
saires.
Bien que les résultats se fussent montrés en peu de temps, la sta-
tion de recherches n'aurait pas fait une publication hâtive et aurait
attendu la confirmation de nombreuses années si l'extraordinaire
sécheresse de 1904 ne s’était fait remarquer si fortement en certaines
parties du champ d’expériences qu’il a paru désirable de publier
immédiatement les résullats.
Nous allons d’abord donner une description de la disposition des
expériences.
La forêt de pins de Grossen est traversée par un seul ruisseau, le
Kehrbach, qui est artificiel. C'est une dérivation de la Schwarza qui
déverse son eau dans le canal de Wiener-Neustadt, aujourd’hui sans
importance. Un autre filet d’eau d’un faible volume est le ruisseau
Feuerbachel qui se jette dans le Kehrbach. Il sert à irriguer un en-
semble de prairies et, en cas d'incendie, il doit amener l’eau dans la
forêt de pins très exposée à ce danger.
C’est ce Feuerbachel qui fournit l’eau destinée à l'irrigation. Le
croquis montre la disposition des essais.
L’eau du Feuerbachel s’amasse dans l’écluse E et passe de là dans
un canal d'irrigation qui, après avoir tranchi la haute futaie de
l’Altstrasse, atteint la parcelle Grasseln et, au bout de 45 mètres,
traverse la plantation artificielle mise en expérience (n° 29). A
300 mètres plus loin elle atteint le peuplement naturel (parcelle
Saubersdôrferfeld) [n° 50].
126 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans ces deux parcelles on a pris des dispositions pour faciliter
l'irrigation. La pente de la rigole est faible, mais suffisante (en
moyenne 7,7 °/4).
Les surfaces irriguées 29 (1) et 30 (1) ont la pente naturelle du
terrain et les parcelles témoins non arrosées sont situées au-dessus.
Quand il y a pleine eau, le Feuerbachel donne 956 litres par se-
conde et 14 litres dans le canal. Pour une irrigation ôn est donc
obligé de prendre un dix-huitième du débit du Feuerbachel. Cette
irrigation se fait à des intervalles plus ou moins rapprochés, suivant
les besoins, par un surveillant qui s'occupe aussi de l'entretien des
fossés. On tient un registre exact des opérations. Nous allons seule-
N°30
Sud
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Se à
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à
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SR JI2m-=--- à
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Jeune plantation È
Peuplement naturel
êgé de 56 ans
Croquis des places d'essai
ment douner dans ce qui va suivre les résultats obtenus pour le peu-
plement naturel (n° 30). Le D" Cigsrar se charge de faire le rapport
sur la plantation artificielle (n° 29).
Le peuplement est composé de pins noirs qui avaient cinquante-
six ans au moment des essais. [l aurait été mieux de prendre un
peuplement plus jeune ; mais à cause de la nécessité de diminuer les
frais en opérant en connexion avec l'irrigation de la plantation, ce
choix était obligatoire.
D'autre part, ce choix était avantageux, parce que dans celte par-
celle, peuplée d'arbres de même âge et de même origine, on a déjà
fait, depuis 1882, des expériences sur les éclaircies et sur la cou-
verture du sol, circonstance pouvant être utile au but poursuivi.
Fandis que les surfaces d'essai voisines n° 2 et 3 ont été traitées
ESSAIS D’IRRIGATION EN FORÉT 127
depuis 1882 suivant les mêmes principes en vue des expériences, le
peuplement soumis à l'irrigation (surface d’essai n° 30) a été éclairer
par le service local à d’autres moments et pas toujours de la même
façon. Aussi une comparaison directe de ce peuplement avec les
surfaces d'essai n° 2 et 3 n’est pas possible; car tandis que la sur-
face d'essai n° 2 accuse, avec le degré d’éclaircie moyenne, environ
6 100 tiges en 1902 et 3500 dans les parties éclaircies fortement,
avec une surface terrière de 341,6, soit 284,9 par hectare, il restait,
après l’enlèvement des tiges dominées, sur la surface d’essai n° 50,
dans 1 3 720 tiges et dans II 3 600, avec une surface terrière de
27%1,9, soit par hectare 321,8. (Voir les totaux des tableaux A et
B. Comme on a mesuré sur chaque tige deux diamètres perpendicu-
laires, que les surfaces terrières sont par suite doublées et que les
surfaces d’essai sont de 9 ares, 1l n'y a qu’à multiplier les totaux par
dix pour avoir la surtace terrière par hectare.)
Les deux parcelles [et Il ne sont pas semblables, du moins sous
le rapport des surfaces terrières, quoiqu’elles concordent assez par
le nombre des tiges. Cette différence provient du plus grand nombre
de grosses tiges dans I. Comme pourtant il eùt été difficile de trou-
ver un peuplement plus convenable, on s’en tint à ces deux par-
celles.
Cette différence dans la surface terrière n’a pas d'importance ici
puisque l’on observe chaque tige séparément.
Les surfaces d'essai n’embrassèrent que 5 ares. Les circonstances
ne permettaient pas d’en prendre de plus grandes. On en a été em-
pêché parce qu’on aurait trouvé encore de plus fortes irrégularités
dans le rayon d’essai ; la pente eût été trop forte, el par suite les
frais d'irrigation trop élevés.
Enfin l'éloignement de la source et les rapports avec les posses-
seurs de prés co-partageants au droit d'irrigation étaient à consi-
dérer.
Dans l’ensemble l’emplacement était favorable : le sol étant par-
tout homogène et la pente faible favorisant l'irrigation. Les bourre-
Jets établis autour de la surface [ à irriguer n'étaient pas hauts. La
composition du sous-sol était avantageuse. Le sol, formation dilu-
viale, est du sable calcaire et du Schoiter recouvert par une couche
128 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de terre de 15 à 50 centimètres. À une profondeur de 45 à 60 cen-
timètres se trouve une couche de conglomérat de 4 centimètres en-
viron qu’atteignent les racines et sur laquelle elles s’étalent. Cette
couche imperméable retient les eaux d'infiltration et permet à l’ex-
cès de s’écouler suivant la pente naturelle.
M. DE SECKENDORFF a décrit longuement ce sol dans son travail
sur le pin noir (1"° partie, p. 42) et a montré dans plusieurs figures
comment, suivant l’âge, les racines du pin noir s’étalent sur ce con-
glomérat et forment, à sa surface, chez les vieux arbres, dans un
peuplement un peu épais, un feutre inextricable.
En vue de l'irrigation les parcelles I furent munies de deux rigoles
principales sur lesquelles s’embranchaient un certain nombre de
rigoles secondaires de manière à distribuer l’eau partout, autant
que possible. Dans les premiers essais il fallait attendre assez long-
temps avant que l’eau parvint aux arbres; mais dès que le canal
d'irrigation de plus de 300 mètres de long fut colmaté, l'irrigation
fut bien plus rapide.
Le dispositif fut prêt au printemps de 1901 avant la saison de
végétation ; toutes les tiges, soit de la parcelle irriguée, soit de la
parcelle témoin, furent numérotées et mesurées.
A l'automne de 1901, après la période de végétation, on mesura
de nouveau très exactement, jusqu’au millimètre, toutes les tiges et
on répéta cette opération chaque année à la même époque. En 1902
il y eut quelques chablis.
Déjà à l’automne de 1901 la parcelle irriguée accusait une aug-
mentation de surface terrière beaucoup plus grande que la parcelle
témoin et ce résultat se continua dans les années suivantes. Ainsi
cette augmentation fut pour les années
1901 1902 1903 1904
P.100. P, 100. P. 100. P. 100. :
deg ri 2,3 7,5 12,0 45,2 dans la parcelle témoin,
eltrdenee 5,0 42,4 49,5 25,0 dans la parcelle irriguée.
L'accroissement annuel, qui à donc été de 2,8, 5,2, 4,5,
3,2 °/, dans la parcelle témoin, s’est élevé, comme on voit, pour les
années correspondantes, à 5,0, 7,4, 7,1, 5,5 dans la parcelle
ESSAIS D’IRRIGATION EN FORÊT 129
irriguée. Le supplément d’accroissement dù à l’eau n’a varié pour
chaque année qu'entre 2,2 et 2,7 °/,. On peut admettre que c’est le
taux normal qu’on retrouvera dans les années suivantes.
Le supplément d’accroissement de la surface irriguée est donc
évident. On le constate aussi dans le graphique ci-dessous où l’on
voit la courbe exprimant la surface terrière de la parcelle irriguée
se rapprocher toujours plus de la courbe relative à la parcelle
témoin.
470.
3735
Parcelle témoin
370
!
Parcelle irriguée
275 ra
Mai /90/ Octobre /90/ Octobre /902 Octobre /903 Octobre /904
Courbe des surfaces terrières
[L’auteur, dans un long tableau que nous ne reproduisons pas ici,
donne pour chaque tige, à la fin de chaque saison, la longueur de
deux diamètres perpendiculaires et la surface des cercles correspon-
dants.]
Pour les cent quatre-vingt-sept tiges de la parcelle irriguée et
pour les cent quatre-vingt-cinq de la parcelle témoin, la surface ter-
rière (voir la courbe ci-dessus) a été en :
OCTOBRE
MAI
TT ——
1901 1901 1902 1903 1904
Mèt, carrés Mèt. carrés Mèt. carrés Mèt. carrés Mét. carrés
Parcelle irriguée. . 2,7943 2,9344 3. 1412 3,3386 3,4919
Parcelle témoin . . J2022 3,3067 3,9295 3,6704 3,1823
Si l’on distribue les tiges en trois classes d’après leur grosseur et
qu’on trace les courbes d’accroissement de ces trois classes on voit
que :
1° L'irrigation a influé favorablement sur l’accroissement dès la
première année (1901) et surtout sur les tiges les plus faibles ;
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1905, — 11 9
130 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
2 La courbe de 1902 surpasse sensiblement celle de 1904, mon-
trant que l’action de l’eau s’est encore accrue celte année-là ;
3° Eu 1903 les tiges les plus faibles ont encore éprouvé un supplé-
ment d’accroissement notable, les autres un moindre.
Quant à la courbe de 1904, elle atteste sans nul doute la séche-
resse du dernier été.
On doit conclure de ce qui précède que l'irrigation en forêt est
utile, même sur les peuplements forestiers formés d'arbres faits,
et que, au cas particulier, elle est facilement praticable dans la pine-
raie de Grossen.
Ces expériences ne sont pas terminées. On ne se bornera pas à
résoudre la queslion par des cubages ; mais, lorsqu'on mettra fin à
Pessai dans un temps indélerminé, on abattra le peuplement, ce qui
donnera des notions encore plus exactes ; on pourra calculer le pro-
duit en argent de l’excédent de matériel ligneux dù à l'irrigation el
voir si l'opération donne ou non du bénéfice.
KarL BÔHMERLE.
EFFETS DE L'IRRIGATION SUR DE JEUNES PLANTATIONS
D'ÉPICÉA ET DE PIN WEYMOUTH
Parmi les facteurs de la végétation, l’eau joue un rôle prédomi-
nant. Le taux de production du travail végétatif d’une plante n’est
cependant pas proportionnel au taux d'humidité du sol; loin de là.
Ce travail commence avec un certain minimum d’eau dans le ter-
rain ; il devient plus actif à mesure qu’elle augmente jusqu’à un cer-
tain degré qui cest loptimum, pour décroitre avec un nouvel afllux
d’eau et cesser quand cette augmentation dépasse un taux détcer-
miné. Donc pour l’eau, comme pour les autres agents de la végéla-
Uion, il y a trois points importants dans la courbe, le minimum, l’op-
ümum, le maximum.
Ainsi que l’ont montré les recherches approfondies du professeur
ESSAIS D’'IRRIGATION EN FORÊT 131
WoLLny (‘) la production des végétaux et, au point de vue forestier,
la production du bois sont dominées par ce facteur qui agit de la même
façon, quand il est trop faible et insuffisant ou quand il s’approche
du maximum. « Les agents extérieurs de la vie des plantes sont, re-
lativement à leur influence sur la production, dépendants les uns des
autres de telle sorte que les lois constatées pour chacun d’eux s’ap-
pliquent à l’ensemble de leur action. »
Si, par exemple, dans un peuplement forestier, l'humidité du sol
atteint l’optimum, le maximum de production ligneuse ne se réali-
sera cependant point si les matières minérales nutritives ne sont pas
à l’optimum dans le sol.
Inversement cette proporüion oplima d’aliments dans le sol n’abou-
ira pas au maximum de production s’il n’y a pas assez d’eau.
Cette même dépendance se retrouve aussi pour les autres facteurs
de végétation, la température et la lumière.
D’après les recherches faites jusqu'ici, la production des végétaux
semble être influencée par l’apport d’eau d’une façon tout à fait
extraordinaire, bien plus que par n'importe quel autre facteur de
la végétation.
Un manque d’eau dans le sol amène une diminution dans la dé-
composilion des matières organiques, par suile dans le taux des ma-
tières nutritives assimilables et dans le courant de sève de la plante.
Un excès d’eau empêche que l'air arrive aux racines ; au lieu de
l’eremacausis (*), c’est Lx pulréfaction (décomposition forménique)
qui se produit, et alors les éléments azotés et minéraux ne deviennent
pas assimilables comme dans leremacausis, étant enfermés dans
des humus acides. De plus, par ce mème excès d’eau, la respiration
est entravée. |
{. E. Wozzny. Untersuchungen über den Einfluss der Wachstumsfaktoren auf das
Produktionsvermôgen der Kulturpflanzen (Forschungen a. d. Geb. der Agricultur-
physik. Fasc. XX, p. 53 et suiv.).
2, La décomposition par Eremacausis (de npsux, paisiblement, insensiblement, et
de zavsts, combustion) est celle qui se fait en présence de l'oxygène et qui donne lieu
à la formation de l'Aumus neutre où doux, qui, en sylviculture, s'appelle le terreau
forestier. C'est le meilleur mode de décomposition, celui qu'on doit toujours chercher
à réaliser.
152 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Du reste le besoin en eau des plantes est très fortement influencé,
relativement au maximum de production, par la température, par
l'humidité de lair et aussi par la composition physique du sol. Pour
arriver au maximum 1} faut d'autant moins d’eau dans le terrain
qu’elle est moins énergiquement retenue.
Sur des sols à gros éléments et contenant peu de substances col-
loïdales, tels que les gros sables, on peut obtenir le maximum de
production avec une faible quantité d’eau, tandis que des sols argi-
leux et humiques en exigent une bien plus forte proportion.
Dans beaucoup de stalions forestières, diles sèches, le taux du sol
est au-dessous de l’optimum. D’autres stations forestières ont une
teneur en eau qui varie entre l’oplimum et le maximum. Tandis que
pour corriger l'inconvénient résultant de l’excès d’eau le forestier a
l'habitude d'intervenir par des drainages, on parle rarement d’irriga-
lion en forêt sur des sols trop secs. Ce qui est en agriculture, de-
puis des siècles, une mesure utile habituelle, n’a pas été ou à peine
adopté par le forestier. On se tromperailt cependant si l’on croyait
que l'irrigation n’a jamais été essayée en forêt. Sur quelques points,
elle est entrée dans les règles de l'exploitation forestière. Je pourrais
citer, par exemple, le système dernièrement préconisé par MüLLER,
des fossés horizontaux, comme nous le voyons employé dans maints
vieux peuplements de chênés du Palatinat bavaroiïs situés sur des
pentes, et particulièrement dans les peuplements de pin sylvestre
des montagnes du Haardt du Palatinat végétant sur des sols maigres
de grès bigarré épuisé par un soutrage excessif.
Les fossés horizontaux (*) ont surtout pour but d'empêcher l’écou-
1. Il est prob:ble que les premiers essais d'irrigation en forêt sur des peuplements
constitués, Cu moins les premiers essais conçus dans un esprit scientifique, sont
ceux de M. GnevaNDiER DE VaLDRôME, à Girey (Meurthe-et-Moselle). Is remontent à
1840 et les résultäts en ont été publiés dans un recueil qu'il n'est permis à per-
sonne de laisser de côté (*). Beaucoup d'auteurs allemands ont la regrettable habi-
tude de négliger, dans la bibliozraphie, les littératures étrangères, ce qui diminue
considérablement 11 portée de leurs écrits. MM. Bôumerre et GiesLan ignorent les
expériences anciennes de M. CuEvanpier DE VALDRÔME ; ils ignorent également les
beaux résultats obtenus par les Anglais dans les Indes sur des plantations irriguées
* Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 15 juillet 1844,
ESSAIS D'IRRIGATION EN FORÊT 133
lement trop rapide des précipitations atmosphériques sur les pentes,
par ce moyen, une grande partie de l’eau météorique est utilisée par
le sol et la végétation qui le recouvre, et non seulement les inonda-
tions, fréquentes autrefois, sont contenues, mais — MüLLER insiste
particulièrement sur ce point — l’eau est maintenue dans le sol
forestier.
Dans le Palatinat bavaroïis on a partout remarqué que dans les
parcelles pourvues de fossés la végétation élait plus belle. MüLLer
espère non sans raison que l'emploi de ces fossés d’arrêt fera grand
bien aux peuplements rabougris de pins sylvestres du Haardt.
Le D° ANDERLIND, dans sa brochure Ein System von Mitleln zur
Verhütung schädlicher Hochwässer, discute l’emploi des cuvettes
creusées dans les forêts de la ville de Cava, près de Salerne. Pres-
que à chaque souch: de châtaignier dans ces forêts, situées en pentes
raides, on a creusé une cuvelte qui empêche le rapide écoulement
des eaux de pluie et les utilise à la croissance du bois. Aussi les forêts
de Cava se distinguent par leur végétation luxuriante. Nous pouvons
encore dans ce cas parler d’une irrigation en forêt.
À ce même sujet appartient bien encore l’arrosage des planches
de semis et de jeunes plants dans les pépinières. Déjà, depuis 1889,
j'entreprends à Mariabrunn sur une petite échelle des recherches
exactes et j'en ai publié les résultats dans le Centralblalt für das
gesammite Forstwesen, 1893, p. 24-38. Sur un sol nu, non ameubli,
l’arrosage a augmenté Ja production higneuse de 15 °/,.
Lorsque la station forestière autrichienne eut résolu de faire des re-
cherches sur l'irrigation, elle voulut expérimenter non seulement sur
de teck et de Dalbergia dont l'école forestière de Nancy possède de magnifiques spé-
cimens.
Gitons seulement la conclusion du sagace expérimentateur français auquel la science
forestière est redevable de plusieurs travaux d'importance capitale. « Si on représente
par { l'accroissement annuel d'un sapin dans les terrains fangeux du grès vosgien,
cet accroissement correspondra, à très peu de chose près, à 2? dans les terrains secs,
à 4 ou à pour les terrains disposés de manière à recueillir les eaux de pluie qui
s’écoulent des chemins ou des pentes supérieures, et à plus de 6 pour les terrains où
l'infiltration des eaux des ruisseaux entretient une fraîcheur permanente. » Il préco-
nise précisément les fossés horizontaux longtemps avant le forestier allemand (Müzrer)
cité plus haut. Ces fossés, de 75 centimètres à { mètre de largeur et de pro‘ondeur,
coûtaient à établir 7 cent. par mètre couraut, soit en moyenne 40 fr. p:r hectare.
134 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
un peuplement naturel assez âgé, mais encore sur une plantation. La
situation de la pineraie de Grossen Jui parut particulièrement favo-
rable pour ces essais. Le sol formé de Kalkschotter diluvial est très
pierreux et sec. Les analyses mécaniques précédemment faites par le
D: Hoppg dans un peuplement de pin noir voisin de la surface irri-
guée ont montré que le sol jusqu’à une profondeur de 12 à 15 cen-
timètres contenait en moyenne 53 °/, de pierres et seulement 47 °},
de terre fine passant au tamis d’un millimètre. Plus on s’enfonce
dans le sol, plus il y a de pierres et, à une profondeur de 45 à
90 centimètres, on trouve une couche de conglomérat absolument
impénétrable aux racines et très peu perméable. Donc les peuple-
ments forestiers sont installés sur un sol peu profond assez pauvre
en eau, même après une courte période de sécheresse.
Le sol nu de cette pineraie se couvre bien vite après l’exploitation
d’une végétation buissonnante et d’un épais tapis d'herbe qui agit
défavorablement sur l'humidité du terrain. Les faibles pluies mouil-
lent à peine le sol et des pluies plus importantes sont bientôt perdues
pour lui à cause de l’active transpiration du tapis végétal.
La lame d’eau moyenne observée depuis de longues années à Wie-
ner-Neustadt, éloigné seulement de quelques kilomètres, atteint
582 millimètres.
L'hiver est particulièrement pauvre en pluie si bien que le sol ne
peut emmagasiner une humidité hivernale abondante. La somme des
précipitations de mai, juin, juillet, août, atteint en moyenne 304 mil-
limètres.
La parcelle d'expérience est située dans le canton Grasseln, non
loin de Ha parcelle irriguée dont mon collègue BGHMERLE vient de
donner les résultats.
À quelques mètres de cette parcelle, coule vers le nord le ruis-
seau Feuerbachel auquel on emprunte l’eau nécessaire. Une moitié
(D) est irriguée ; l’autre moitié (I) n’a reçu aucune irrigation artifi-
cielle. Chacune de ces deux surfaces porte, sur une moitié, des pins
Weymouth et sur l’autre des épicéas. Dans chacune de ces quatre
divisions il y avait quatre cents plants disposés en quadrillage à
80 centimètres. Cette plantation, extraordinairement serrée, avait
pour but, — abstraction faite du désir d'obtenir rapidement un
ESSAIS D'IRRIGATION EN FORÊT 139
peuplement fermé — d’établir le plus opportunément de nombreux
su:ets d’observalion sur une surface aussi faible que possible.
En prenant le pin Weymouth on voulait étudier une essence qui,
avec une croissance extrêmement rapide, püt améliorer le sol à un
haut degré et permettre d'obtenir bien plus rapidement qu'avec le
pin noir du bois utilisable. Le Pinus Strobus n’a pas répondu jus-
qu’alors à cette attente. Quant à l’épicéa qui, on le comprend, n’est
pas à sa place dans les stations sèches de la pineraie de Neustadt, il
s'agissait de savoir si cette essence ne pourrait pas donner des résul-
tats satisfaisants en l’exploitant à une assez courte révolution et en
lirriguant fortement dans les points nombreux de la forêt qui se
prêtent facilement à l'irrigation artificielle.
Les parcelles en expérience furent entourées d’un treillis en fil de
fer pour les protéger contre les dégâts du gibier. La rigole prinei-
pale avait une profondeur d’environ 30 centimètres et, à 15 ou
20 centimètres plus bas que le fond de cette rigole, on trouvait la
couche de conglomérat absolument impénétrable aux racines et très
peu à l’eau. Il y avait une rigole principale pour les pins Weymouth
et une autre pour les épicéas, toutes deux perpendiculaires au canal
d'irrigation et de ces deux rigoles principales se détachaient, norma-
lement à leur direction, dix paires de rigoles latérales éloignées cha-
cune de 1",60. Pour irriguer on ouvrait d’abord l'écluse de gauche
correspondant aux pins Weymouth ; quand ils étaient suflisamment
imbibés, on levait l’écluse de droite correspondant aux épicéas.
L'irrigation de chacun des deux lots ne se faisait pas en une
seule fois, mais d'ordinaire en trois reprises, de façon que les dix
bandes fussent arrosées progressivement et que l’eau restât dans les
rigoles pendant environ huit à quinze minutes.
Les irrigations avaient lieu de la même façon que dans le peuple-
ment naturel dont M. BüHMERLE vient de parler, et toujours quand
il n'avait pas plu depuis deux ou trois jours. Dans les grandes pé-
riodes de sécheresse, on arrosait tous les trois jours. On commen-
çait à verser l’eau en mai et on continuait jusqu’à fin septembre ; on
aurait parfaitement pu cesser à la mi-septembre.
La plantation des parcelles en expérience eut lieu du 12 au 15 avril
1901 avec des plants d'épicéa de trois ans repiqués et des pins Wey-
156 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mouth de quatre ans également repiqués et qu’on planta dans des
trous faits à la houe. Comme le sol était très enherbé, meuble et
presque dépourvu de pierres, la plantation alla très vite. La hauteur
moyenne des plants était de 17°",7 pour l’épicéa et de 11°",8 pour
le pin Weymouth.
Une série de jours froids et pluvieux suivit la plantation jusque
dans le mois de mai; à partir du 10 mai, la température devint dé-
finitivement plus belle et plus chaude. C’est alors que commencèrent
les irrigations régulières.
Mentionnons que l’état du pin Weymouth était peu satisfaisant, ce
qui peut s'expliquer par ce fait que les racines étaient en partie man-
gées par le ver blanc. Déjà, à la fin de mai de l’année de la planta-
tion, trente plants moururent dans la parcelle irriguée et vingt-cinq
dans l’autre.
Dans la première année (1901) l'irrigation se fit aux jours suivants :
Mai . 13 MD IS 102420278530 7
Juin. 2 H] SITE 23262029 10
Juillet . Se CMD TEL RUN T 27 DNA 10
Août. . JT AGP ETUI MAS ASIA 2 TRIO 10
Septembre . 2HP one gra0f-23F227 6
TOI TEE Ent 43
Et, si l’on retranche de ce total les irrigations du mois de sep-
tembre, pendant lequel il n’y a plus d’accroissement, on arrive à un
tolal de trente-sept fois.
Ces irrigations répétées témoignent d’un été sec, comme le mon-
trent aussi les observations ombrométriques de la station météoro-
logique de Neustadt.
Celles-ci ont donné, pour les mois de mai, juin, juillet et août
1901, une lame d’eau de 217 millimètres seulement, qui est infé-
rieure de 304 millimètres à la moyenne obtenue pendant de nom-
breuses années.
Dans ces conditions on aurait dû s'attendre à trouver dans la par-
tie irriguée une végétation plus active ; mais on ne remarqua pas de
différence à l’automne de 1901 entre la parcelle irriguée et l’autre.
L'influence favorable de l’eau pendant la première année d’essai
ESSAIS D’'IRRIGATION EN FORÈT 194
se traduisit seulement par une moindre proportion de plants morts
dans les parties irriguées. Quant à l’accroissement en hauteur il fut
sensiblement le même dans les deux parcelles pour l’épicéa ; pour le
pin Weymouth il fut même plus fort dans la parcelle témoin.
La première année d'irrigation (1901) fut, pour ainsi dire, sans
résultat.
En 1902, la hauteur des plants dans les deux parcelles —irriguée
et non irriguée— fut encore sensiblement la même qu’en 1901 ainsi
que la proportion de plants morts.
Les épicéas irrigués sont seulement un peu plus beaux à l'œil. Les
grandes précipitations atmosphériques des mois de mai, juin, juillet,
si importants pour le développement de la végétation, semblent avoir
masqué les résultats que l’on attendait de l'irrigation.
En 1903 les épicéas irrigués avaient une belle teinte d’un vert
foncé, tandis que les épicéas non irrigués s'étaient moins bien déve-
loppés. Les années 1903 et 190% ne donnèrent pas non plus de ré-
sultats bien nets au point de vue de la hauteur des plants. L'été de
1904 fut particulièrement sec; on dut pratiquer quarante-quatre
irrigations et commencer dès le mois d'avril. Le taux des plants
morts de soif cette année-là fut énorme dans les parcelles témoins,
tandis que dans les surfaces irriguées la sécheresse exceptionnelle de
1904 ne causa pas de désastre.
On peut dire seulement que l’épicéa, qui demande des sols frais
pour végéter convenablement, peut montrer une belle croissance sur
des sols secs, et même très secs, grâce à une irrigation convenable.
La question se pose aussi de savoir s’il n’y aurait pas avantage à
arroser les stations dites € maigres » où l’on cherche à stimuler, par
l’emploi des engrais verts ou minéraux, des peuplements restant sta-
lionnaires.
Les frais nécessaires pour l'irrigation en forêt ne permettront de
l'y employer que dans les circonstances où on peut l’installer facile-
ment et où l’on espère pouvoir lutter avec succès contre un danger
pressant.
D° CiESLAR.
VINGT ANNÉES D'EXPÉRIENCES
SUR
L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT®
Par L. GRANDEAU et A. ALEKAN
I. — Historique sommaire de la question
Émile Baudement, né à Paris en 1816, peut à bon droit être con-
sidéré comme l’un des fondateurs de la science de alimentation du
bétail. Professeur à l'institut agronomique de Versailles, 1l y créa
l’enseignement de la zootechnie basé sur la physiologie, Lorsque, au
grand détriment de l’agronomie et de l’agricullure, des vues mes-
quines provoquèrent la disparition de celle grande école, Baudement
fut nommé, au Conservatoire des arts et métiers, titulaire d’une chaire
créée pour lui sous le titre « Zoologie appliquée à l’agriculture
et à l’industrie », chaire qu’il occupa brillamment jusqu’à sa mort
prémeturée, survenue en 1863. Il avait quarante-sept ans à peine et
laissait inachevé son grand ouvrage sur les races bovines ; mais il
avait posé les principes des recherches expérimentales qui devaient
conduire, en France et à l’étranger, à formuler les règles scienti-
fiques de l'alimentation des animaux domestiques.
1. Nous avons réuni, mon collaborateur Alekan et moi, dans un Album de format
grand aigle, sous forme de graphiques et de tableaux accompagnés de notices explica-
tives, les résultats de nos Vingt premières années d'expériences sur l'alimentalion
du cheval de trait. On peut se procurer cet Album, édité par la Compagnie générale
des voitures, en s'adressant au laboratoire de 11 Compagnie, 91, rue du Ruisseau. ou à
a Librairie agricole, 26, rue Jacob. — Prix : 40 fr. franco de port et d'emballage.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 139
« L'alimentation du bétail, écrivait-il, est le problème capital de
la zootechnie, le plus important et le plus difficile à résoudre ; c’est,
à vrai dire, la zootechnie tout entière. »
On peut dire, sans courir le risque d’être laxé de chauvinisme,
que la science de l'alimentation, pressentie par Lavoisier, étayée par
les recherches de Baudement et de Boussingault, pour ne parler que
des morts, est d’origine française ; leurs continuateurs, en France
et à l'étranger, ont définitivement assis sur des bases solides les
règles qui doivent présider à la fixation des divers régimes alimen-
taires du bétail, suivant les buts à atteindre dans élevage et dans
l'exploitation des animaux des races chevaline, ovine, bovine et por-
cine. Je m’arrêterai spécialement, dans cet historique, à l’alimen-
taiion du cheval de service.
Il importe, pour permettre au lecteur de saisir l'importance des
progrès réalisés depuis un quart de siècle dans l’ordre des faits que
nous aurons à exposer, de préciser quel était, vers 1870, époque à
laquelle ont commencé nos études, l’état plus ou moins empirique
du régime alimentaire du bétail et particulièrement du cheval.
En ce qui concerne ce dernier, on n’employait guère alors pour
composer sa ration que trois denrées : foin, paille, avoine. Les deux
premières étaient d'ordinaire distribuées dans le râtelier du cheval,
en quantités de 3 à 6 kilogr., suivant la taille de l’animal. La plu-
part du temps, la quantité de paille devait suffire à la nourriture et
au litiérage du cheval, les deux modes d'utilisation étant confondus.
Quant à l’avoine, on la distribuait tantôt au poids, tantôt au volume.
Pour aucune de ces denrées, on ne basait la distribution sur des
analyses préalables, étant admis implicitement partout, que les
termes foin, paille et avoine correspondaient à des produits de va-
leur alimentaire identique, ou tout au moins très voisins, quelle
qu’en fût l’origine.
fl résultait de ces pratiques une inégalité extrême, comme je le
montrerai, plus loin, dans la valeur alimentaire de la ration. Celle-ci
n’élait appréciée que par l’état des animaux.
En 1870, les idées régnantes sur l’origine de la force musculaire
et, par suite, sur les conditions de la production du travail des ani-
maux et sur les moyens d’y satisfaire par l’alimentation, étaient enta-
140 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
chées d'une erreur capitale qu'ont mise en lumière les expériences
des physiologistes. Partant de ce fait que les muscles, essentielle-
ment constitués par des matières azotées, sont les organes du mou-
vement et de la traction, on en avait conclu arbitrairement que dans
les substances azotées réside l’origine de la force, la source du tra-
vail du cheval, par conséquent. De cette conception erronée décou-
lait la conclusion que plus on demande de travail à un cheval, plus
on doit augmenter, dans sa ration, la quantité de matière azotée.
Des trois éléments qui composaient la rations du cheval, l’avoine
étant de beaucoup la plus riche en cette matière, on était amené à
accroître la quantité de grain dans la ration pour ainsi dire propor-
üonnellement à l'augmentation de l'effort musculaire qu’on deman-
dait à l’animal. Nos lecteurs savent que si le muscle est l'instrument
du travail, il n’en est point la source, celle-ci résidant essentiellement
dans la combustion de la matière sucrée (glycogène) que le sang
apporte au muscle et qui s’y renouvelle incessamment par lafilux de
ce liquide.
En résumé, à l’époque déjà lointaine (1871) où M. Maurice Bixio
a fait appel à mon concours pour l’étude des modifications à intro-
duire dans le régime alimentaire de la cavalerie de la Compagnie
générale des voitures, dont il venait de prendre la direction, la situa-
on pouvait se résumer comme suit :
1° Alimentation exclusive en avoine, paille et foin, sans détermi-
nation préalable par l’analyse de la composition de ces denrées ;
- 2 Distribulion de l’avoine au litre et non au poids ;
3° Admission d’une relation plus ou moins étroite entre la matière
azotée de la ration et le travail demandé à l'animal.
L’avoine étant l’élément dominant de la ration, dans laquelle elle
entrait alors pour plus de moitié, le premier point qui devait attirer
notre attention était la composition de ce grain et les variations qui
pouvaient exister dans la valeur alimentaire de la ration, suivant :
1° qu'on y utilisait des avoines de diverses provenances ; 2° qu'on
basait la composition de la ration sur le poids ou sur le volume
du grain qu’on y faisait entrer.
Le rationnement au volume, trop fréquemment usité aujourd’hui
encore daas certaines écuries, repose sur celte idée fausse qu'un
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 141
hectolitre d'avoine pèse en moyenne 90 kilogr. et que, par suite,
16 litres d'avoine par exemple, correspondent à 8 kilogr. de grain.
Étant, de plus, admis que l’avoine présente toujours à peu près la
même composition, on croit distribuer au cheval le même poids de
substances nutritives en lui donnant un volume invariable, 16 litres
par jour dans l’exemple que j'ai choisi, d’une avoine quelconque,
saine et de bonne qualité marchande.
Il suffira de quelques chiffres pour montrer les erreurs dans les-
quelles on tombe soit en donnani l’avoine au litre, soit en la donnant
au poids, sans se préoccuper du poids naturel et de la composition
réelle des grains (*).
Au mois de novembre 4874, M. Bixio envoyait au laboratoire de
la Station agronomique de l'Est huit échantillons d’avoines de pro-
venances très diverses et de poids naturels très différents, en me
priant d’en faire l'analyse. Dans sa lettre d’envoi, M. Bixio me disait :
« Le problème que ces analyses ont pour but de résoudre est
celui-ci: les avoines de qualités inférieures pour nous, avoines
légères, dont le poids naturel est faible, sont-elles aussi nourris-
santes 4 poids égal que les avoines réputées bonnes par nous, c’est-
àa-dire à poids naturel élevé? ou, autrement dit, 1 kilogr. d'avoine
légère contient-il autant de malières azolées qu’un kilogramme
d'avoine lourde ? »
Les huit échantillons se classaient, par ordre de poids naturel, de
la façon suivante :
POIDS NATUREL
PROVENANCE de l’hectolitre
en kilogrammes
NET SAvauRe crise du POHD 22 M et ee, ol,1
NO 0 noire deSnède pus SU 50,5
Né Rrettimes 2. 2 ae 774 0,0
NP Besucesde/Ghartres.: "54 22 45,9
NÉS =Enoire dernier ee en: 44,0
NON noire IL An deMe 2 "eR RRREARr: 44,0
NT RP hlanehe de Russiese LL ete 45,9
NS. 1 =Mmconieuride Boursogné.. 0 2, 41,2
1. Je renverrai le lecteur, pour l'exposé et la discussion de ces questions, aux Rap-
ports sur les travaux du laboratoire de recherches en 1879. In-4°, Librairie agri-
cole.
142 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
D’après la teneur en matière azotée, l’analyse leur a assigné le
classement suivant :
PROVENANCE MATIÈRE AZOTÉE
N° 1. Avoine Beauce de Chartres. .. .! . . . . 10, A0
NO Renoir di Tlainte ere ne 10,38
N°3. — couleur de Bourgogne. . . . . . 10,06
NO de Bretaene: RAT SEE 10,00.
N°5. —. blanche de Russie … : 4154 « . 9h02
NOGS = noire de Brie 0 9,80
NT noire Ted: Me TRE, 9,74
NES RE or QU ROITO LR AR RE PRE 9,45
En comparant ces deux tableaux, on voit qu'il n’exisie aucun rap-
port entre le poids nalurel de ces avoines et leur valeur nutritive,
l’avoine la plus lourde (grise du Poitou, 51 kilogr. à l’hectolitre)
passant au dernier rang pour la richesse en matière azotée, tandis
que l’avoine de Beauce (45,9), la noire d'Irlande (44 kilogr.) et la
couleur de Bourgogne (41 kilogr.) viennent en tête du tableau de la
valeur nutrilive. À
En poursuivant celte étude au laboratoire de recherches de Ja
compagnie (‘), nous avons constaté que des avoines d’un poids natu-
rel variant de 32 à 51 kilogr. par hectolitre, soit 19 kilogr. d'écart,
avaient une teneur égale en matière azotée. En consultant le tableau
dans lequel j’ai réuni (?) les poids naturels et la composition de cin-
quante échantillons d'avoine de provenances diverses, on constate
que 100 kilogr. d'avoine n° 1, dont le poids de lhectolitre est de
92 kilogr., représentent 31215 de grain, tandis que 100 kilogr. de
l’avoine n° 51 ne correspondent qu'à 195',6. On voit, de plus,
d’après les analyses que :
MATIÈRES
azotées
10 litres d'avoine n° 1 renferment . . 354 grammes
10 litres d'avoine n° 26 —- kr 512 —
{0 litres d'avoine n° 40 — sie 230 —
1. Voir Alimentation des chevaux dans les grandes écuries industrielles. Rap-
port adressé au conseil de la Compagnie générale des voitures, par M. Bixio, président,
in-8°, 1878. Librairie agricole de la maison rustique.
2. Travaux, loc. cil.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 143
d’où un écart maximum allant à 180 grammes de matières azotées
par 10 litres d'avoine.
La question dès ce moment nous a paru entièrement résolue : 1l
est impossible, on le voit, de tirer du poids naturel d’une avoine
quelques conclusions concernant sa valeur nutritive ; l'analyse seule
peut nous faire connaître cette dernière, et le rationnement au
volume est absolument condamné.
Cette démonstration péremptoire de la nécessité de l’analyse préa-
lable des denrées devant entrer dans la ration du cheval, a été le
point de départ de la création du laboratoire de recherches, annexe
de la manutention de la Compagnie générale des voitures, qui a per-
mis l'introduction, si favorable à tous égards, du principe des subs-
ütutions dans le régime alimentaire de la cavalerie de cette grande
écurie industrielle.
II. — La manutention et le laboratoire des recherches
de la Compagnie générale des voitures
Je viens de montrer que la connaissance de la composition d’un ali-
ment, de l’avoine que J'ai prise comme exemple, est indispensable
pour déterminer le poids du grain qui devra entrer dans la ration du
cheval ; on en peut dire autant de toutes les denrées appelées à rem-
placer l’avoine ou de tout autre élément d’une ration alimentaire. Ces
remplacements, auxquels on doane le nom de substilulions, sont de-
venus la base de tous les progrès dans l'alimentation du bétail, et
leur introduction dans les écuries industrielles, telies que celles de
la Compagnie générale des voitures et de la Compagnie des omnibus,
a permis à ces grandes sociétés de réaliser des économies considéra-
bles sur la nourriture de leurs cavaleries tout en améliorant l’état
des chevaux et leur rendement en travail.
À la suite de nos longs entretiens au sujet de l'alimentation des
chevaux de service, s'appuyant sur les nombreuses analyses exécutées
de 1871 à 1878 au laboratoire de la Station agronomique de l'Est,
et sur les premières applications très heureuses du rationnement du
cheval, basé sur les résultats de ces analyses, qui avaient permis d’en-
trer dans la voie des substitutions, l’éminent directeur de la Compa-
144 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIiQUE
gnie générale des voitures, M. M. Bixio, a exposé à son conseil (*) la
nécessité absolue d’assurer à la compagnie une direction scientifique,
de créer un laboratoire d’analyses et d'expériences, et d’édifier, en
vue d’une préparation rigoureuse de la ration, la manutention cen-
trale chargée d’assurer l'exacte distribution des quantités fixées pour
l'alimentation de chaque cheval.
Le conseil de la compagnie ratifiant ces propositions, la création
de la manutention et du laboratoire de recherches de la rue du Ruis-
seau a été décidée et mise immédiatement à exécution.
Le laboratoire de recherches a été fondé à Paris en 1879, dans le
but d'appliquer à l'alimentation du cheval de trait les données de la
chimie et de la physiologie, et de tirer de cette application, d’une
part, des déductions scientifiques d'ordre général, de l’autre, des con-
clusions pratiques de nature à intéresser la Compagnie des voitures.
Antérieurement à cette création, ainsi que je viens de le dire, la Com-
pagnie générale avait déjà adopté, pour l'alimentation de sa nom-
breuse cavalerie, la méthode des subslitutions rationnelles. Les
résultats très favorables, obtenus de 1872 à 1878, par l'application
de cette méthode, basée uniquement sur la valeur nutritive des four-
rages, décidèrent le conseil d'administration de la compagnie à
établir, en même temps qu’une manutention générale pour les den-
rées nécessaires à toute sa cavalerie, un laboratoire d’analvyses,
pourvu d’une écurie expérimentale et des appareils nécessaires pour
les recherches sur alimentation des moteurs animés.
En créant ces divers services, la Compagnie générale a voulu faci-
liter l’application rigoureuse, à toute sa cavalerie, de la méthode des
subslitutions rationnelles ; mettre en œuvre, d’une façon industrielle,
un système alimentaire dont l’expérience lui avait permis d'apprécier
les nombreux avantages, et ouvrir largement la voie aux améliora-
tions à apporter dans l’alimentation du cheval de service, en faisant
collaborer à cette œuvre la science et la pratique. +
Le système d’alimentation de la Compagnie générale présente trois
caractères particuliers :
1° Tous les fourrages sont analysés ;
1. Rapport de 1878, déjà cité.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 149
2° Ils ne sont distribués qu'après avoir subi un nettoyage com-
plet ;
3° Ils ne sont consommés qu'après avoir élé mélangés aussi inti-
mement que possible.
Le nettoyage des denrées fourragères a été reconnu indispensable,
par suite de la constatation, faite depuis longtemps, que tous les
fourrages, même ceux que le commerce regarde comme loyaux et
marchands, renferment toujours une notable proportion d’impuretés
diverses, et que l’ingestion de ces substances étrangères présente de
grands dangers pour la santé des animaux, comme l’ont montré de
nombreuses autopsies de chevaux morts de coliques. Aussi le conseil
de la compagnie n’a-t-il pas hésité à installer, à la manutention, des
appareils spéciaux permettant de faire subir aux grains un nettoyage
aussi parfait que possible.
La manutention, qui est chargée de la réalisation pratique du sys-
tème alimentaire de la compagnie, doit donc, en résumé :
1° Recevoir toutes les denrées nécessaires à la cavalerie ;
2° Les nettoyer mécaniquement ;
3° Les préparer en vue de la fabrication des rations (aplatissage,
concassage, hachage) ;
4° Les mélanger à l’aide de moyens mécaniques ;
9° Ensacher le mélange, le répartir entre les divers dépôts de ca-
valerie, et le transporter journellement aux lieux de consommation ;
6° Conserver, en silos, les denrées qui ne sont pas consommées
tout de suite.
Rôle du laboratoire vis-à-vis de la manutention. — Pour que
les rations des dix mille chevaux de la compagnie aient une valeur
nutritive réellement constante, quelles que soient les denrées em-
ployées, 1l est indispensable que la manutention soit renseignée
journellement sur la composition de ces denrées : à cet effet, elle
adresse chaque jour au laboratoire un échantillon de tous les four-
rages reçus, et d’après la composition chimique déterminée par
l’analyse, le laboratoire établit la proportion dans laquelle chaque
fourrage doit entrer dans le mélange. On voit, d’après cela, que
l’analyse chimique et la détermination de la valeur nutritive des ali-
ANN,. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1905. — 1 10
146 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ments sont les bases de l'établissement des rations de la compagnie ;
elles étaient d’ailleurs les seules à adopter, dès l’instant où la compa-
gnie repoussait pour les raisons que j'ai exposées précédemment les
deux modes de rationnement, soit en volume, soit en poids, comme
conduisant à distribuer des rations de richesse trop variable, suivant
les denrées d’abord, et, pour un même fourrage, suivant la prove-
nance et l’année de la récolle.
L’exposé précédent suffit à faire comprendre le rôle de première
importance que joue le laboratoire dans l’organisation créée par la
compagnie.
On peut dire, d’une façon générale, que ce rôle consiste :
1° A vérifier la qualité et à déterminer la valeur nutritive des four-
rages destinés à la cavalerie de la compagnie. A l’heure actuelle, le
laboratoire a exécuté plus de vingt-cinq mille analyses de fourrages
divers pouvant être consommés par le cheval ;
2° A fixer et à modifier les rations suivant le prix des tourrages,
tout en leur conservant la même valeur nutrilive, c’est-à-dire à éta-
blir une ration de valeur alimentaire maximum et de prix de revient
minimum ;
9° A fournir les indications nécessaires à la bonne conservalion
des grains dans les silos de la manutention ;
4 À établir, par des expériences directes sur le cheval, la valeur
alimentaire de chaque fourrage, consommé isolément ou en mélange,
en se plaçant dans des conditions aussi variées que celles des chevaux
du service de place (repos, marche, travail à différentes allures).
Nous disposons au laboratoire d’une écurie expérimentale orga-
nisée pour la récolte intégrale des fèces et de l'urine, et d’un manège
dynamométrique destiné à mesurer le travail du cheval dans diffé-
rentes conditions. Comme le laboratoire, l'écurie d'expériences et le
manège ont été installés d’après mes indications ; j'ai également arrêté
le plan général des expériences et j'en ai dirigé l’exécution depuis
1879 jusqu’à ce jour. Plusieurs collaborateurs ont participé à cette
œuvre de longue haleine, et, parmi eux, Je tiens à rappeler les noms
de À. Leclerc et H. Ballacey, tous deux disparus prématurément, et
qui ont dirigé le laboratoire, le premier de 1879 à 1890, le second
de 1890 à 189%, époque à laquelle M. Alekan a succédé à Ballacey.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 147
En 1868, la ration des chevaux de la compagnie était exclusive-
ment composée d'avoine, de foin et de paille; son prix de revient
était, par jour, de 2 fr. 70. En 1904, le coût de la ration, par suite
des substitutions de denrées auxquelles ont conduit nos expériences
au laboratoire de recherches, n’a été que de 1 fr. 175.
De la comparaison de ces chiffres, résultent pour la dépense an-
nuelle de la ration du cheval les constatations suivantes :
En 1868, la ration de l'année coûtait, par tête. : 967 fr.
EnpEo telle De-COUPAIE.AUE.E OS ARS ER. 429
D'où une économie, par cheval, de. . 538 fr.
Rapportée à une écurie imdustrielle comptant dix mille chevaux,
la dépense par année a été :
ENS OS PAC nn ME M ETES, 9 670 000 fr.
En26902% ellene S'EStélENée QAR Et 4 287 000
L'économie réalisée est de. . . . . 5 382 000 fr.
L'introduction du principe des substitutions et la fixation des ra-
tions, d’après les résultats des expériences du laboratoire de recher-
ches sur l’alimentation du cheval de trait, ont été les principaux fac-
teurs de ce résultat économique, sur l'importance duquel il me parait
inutile d’insister.
Toute proportion gardée, les cultivateurs, les éleveurs et les pro-
priétaires de chevaux trouveront, dans l'adaptation à leur cavalerie
des faits étudiés au laboratoire de recherches de la Compagnie géné-
rale, de sérieux avantages.
III. — But, plan et exécution des expériences
sur l'alimentation du cheval de trait
L'installation du laboratoire de recherches de la Compagnie géné-
rale des voitures a été terminée en 1880. En en prenant la direction
générale, J'ai tracé le programme des recherches expérimentales
qui, commencées immédiatement, ont été poursuivies sans Interrup-
tion jusqu’aujourd’hui. Nous comptons donc actuellement vingt-cinq
148 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
années d'expériences sur l’alimentation rationnelle du cheval de ser-
vice, dans les divers états par lesquels il passe : repos, travail au pas
et travail au trot.
J'ai été assez heureux pour m'associer, depuis vingt-cinq ans, des
collaborateurs aussi distingués que dévoués. Grâce au labeur inces-
sant de Leclerc, de Ballacey et de M. Alekan, très bien secondé par
M. Alquier, le laboratoire a pu faire face aux nécessités de la manu-
tention et mener à bonne fin seize séries d'expériences complètes sur
l’utilisation de rations composées de fourrages variés. C’est à mes
chers collaborateurs que revient la plus grande part des progrès que
nous avons pu réaliser dans l’étude de l'alimentation du cheval.
Avant d'aborder l’exposé sommaire de cette longue série d’ex-
périences et d’en dégager les faits utiles à connaître par les agri-
culteurs, je crois utile d'indiquer brièvement leur but, leur plan
général et leur mode d'exécution :
Le but principal des expériences d’alimentation a été de détermi-
ner la composition que doit avoir la ralion @es chevaux de la compa-
onie, pour leur permettre de s’entretenir dans les meilleures condi-
tions économiques, tout en effectuant leur travail journalier.
Pour remplir ce programme, nous avons d’abord étudié, en bloc,
la valeur alimentaire du mélange que recevaient les chevaux à l’épo=
que où les expériences ont commencé, c’est-à-dire en 1880; puis suc-
cessivement, de 1880 à 1892, chacun des élémenis de ce mélange :
foin, avoine, maïs, féverole et tourteau. À partir de cette époque, la
Compagnie générale ayant été obligée d'utiliser les aliments indus-
triels en plus grande proportion, par suite de laugmentation de prix
des grains et des fourrages, le laboratoire a étudié lalimentalion aux
pommes de terre, celle à la maltine, puis aux granules, pour revenir
en 1897 à une nouvelle étude du mélange distribué, à cette date, à
la cavalerie, ce mélange différant sensiblement, par sa composition,
de celui qu’on utilisait en 1880 (*). Enfin, depuis 1898, les expé-
riences ont porté sur le rôle du sucre dans lPalimentation chevaline.
Tel à été l’enchainement des divers essais effectués de 1880 à 1904.
1. Voir les Annales de la science agronomique francaise el étrangère, 1884,
t. 11; 1885, t. 1; 1886, t. Il; 1888, t. Il; 1592, t. I; 1893, t. I; 1896, t. IL.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 149
Dans chaque expérience, on a étudié, pour les diverses situations
où pouvaient se trouver les chevaux de service de la compagnie :
— repos, marche, travail à différentes allures, — les questions rela-
tives à la composition et à la digestibilité des rations, à la statique de
l’eau et à celle de l'azote; on a mesuré le travail mécanique effectué,
en mettant en parallèle les variations de poids vifs éprouvées LE les
animaux en expérience.
Le mode d’exécution des expériences a consisté, en principe, à
choisir, comme sujets d'expériences et pour chaque mode d’alimenta-
tion, trois chevaux aussi comparables que possible entre eux et avec
l’ensemble de la cavalerie de la compagnie, et à observer ensuite ces
animaux, chacun pendant un mois au minimum, dans les diverses
situations de repos, marche au pas et au trot, travail au manège au
pas et au trot, travail à la voiture vide et chargée.
Ce sont là les conditions typiques dont on a cherché à se rappro-
cher le plus possible ; mais il a fallu parfois s’en écarter plus ou
moins, ce qui s'explique, si l’on songe à la variété des essais, à leur
durée, aux difficultés de toute sorte provenant soit des animaux, soit
des aliments, soit des instruments de mesure employés ou même des
circonstances climatériques. è
En récapitulant l’ensemble des expériences exécutées de 1880 à
4899, on constate qu’elles ont porté sur trente chevaux hongres, pe-
sant de 400 à 500 kilogr. et représentant, par leur origine, leur âge
et leur conformation générale, les pes ne des chevaux de ser-
vice de la compagnie. |
C’est dans ces conditions que, pendant des périodes variant de un
mois à deux ans, pour un même régime alimentaire, on a Journelle-
ment déterminé les éléments ci-dessous :
4° Poids des boissons et des aliments consommés ; 2° composition
chimique des aliments ; 3° quantité et nature des oui éliminés
(urines, fèces, poils, corne, sueur) ; 4° chemin parcouru dans chaque
expérience ; vitesse et quantité de travail effectué ; 9° variations de
poids vif des animaux d’expérience ; 6° observations thermométriques
et hygrométriques. |
Les indications précédentes font ressortir, je pense, assez netle-
ment, la marche générale, à la fois scientifique et pratique, des
150 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
expériences du laboratoire ; quant aux résultats obtenus, je me bor-
nerai pour Pinstant à faire remarquer que l’application journalière
qui en est faite à la Compagnie générale sur plus de dix mille chevaux
est une preuve décisive de la confiance qu’on peut leur accorder.
Un des points les plus importants de nos études est la démonstra-
tion des modifications que l’on peut apporter dans le rapport des
matières azotées aux matières hydrocarbonées dans la constitution
des rations alimentaires des animaux et, en particulier, du cheval.
En 1880, comme je l’ai dit précédemment, au moment où ont été
instituées nos recherches expérimentales, on admettait, presque
comme un axiome, que la ration d'entretien devait être composée
d’une partie en poids de matières azotées et de cinq à six parties de
substances hydrocarbonées (amidon, fécule, sucre, etc.). La ration de
travail devait présenter un rapport plus étroit : un de matières azo-
tées pour quatre ou cinq au plus d’hydrocarbonés. Nos expériences
ont montré, dès le début, que la ration de travail devait, au contraire,
être beaucoup plus riche en éléments hydrocarbonés que la ration
d'entretien. Nous avons pu avec grand avantage, au point de vue du
travail effectué et de l’état du cheval, comme je le montrerai bien-
tôt, étendre la relation nutritive à 1/8, 1/12, 1/15 et même 1/22
(dans l’alimentation au sucre). La conséquence économique de ces
faits est aisée à saisir, le prix vénal du kilogramme de matière azo-
tée dans les fourrages étant toujours beaucoup plus élevé que celui
du même poids d’aliment hydrocarboné.
Je pense que les propriétaires de chevaux peuvent faire grand pro-
fit de cette observation.
IV. — Prix moyens des denrées consommées
de 1880 à 1899
Un des facteurs essentiels du coût de la ration alimentaire est le
prix des denrées qui servent à la constituer. Ce prix entre naturel-
lement au premier chef en ligne de compte dans l'étude des substi-
tutions qu’on peut faire économiquement d’un aliment à un autre.
C’est l'indication des prix moyens pour chacune des années 1880
à 1899 des denrées consommées par la cavalerie de la Compagnie
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 1D1
générale des voitures à Paris, qui servira d'introduction au résumé
des travaux du laboratoire. Nous passerons ensuite en revue, en
partant du prix de revient du fourrage, le coût, dans chacun d’eux,
des principes nutritifs dont ils sont formés : matières azotées, ami-
don et matières grasses.
Prix moyen de consommation des denrées par quintal (1880-1899).
AVOINE
FÉVEROLE
PAILLE
TOURTEAU
MALTINE
GRANULES
francs | francs | francs francs | francs | francs
1880. . . 1120 836| 18 199| 22 702 16 118
LS RS 22 108) |2210722 15 722
DÉS 0 12221%015181629 241093 15 403
1883. . . . .| 20 920] 18 808| 22 955 15 469
1884. . . . .| 20 680] 17 673] 22 367 15 104
SSD ce 2029711076265)211733 14 960
DGA 090 0)191967) 2210116 14 163
HS Sr TS CS TIATISNLSS 2208815 13 694
1888-00, 011757514581) 20 384 13 806
1889. . . . .| 18 203| 14 340| 19 280 13 622
1890. . . . .| 18 410| 13 949| 18 748 13 056
1SJ 0 18-981/17 739) 18 366 14 702
ROC 18226618 600191932 15 007
1893. . . . .| {8 290| 18 091] 20465 15 960
1894... :. .| 17 306| 17208) 18 875 15 S41
1895. . . . .| 16 888| 16 550] 20 025 13 633
RARE RE 16 711| 15 264] 20 092 12 883
160700 |M668 29) M48 240 12 570
1898: . . .| 20376] 15 024 12 882
189900 0119339415 856 13 463
Ces prix, rapportés au quintal, ont été établis en tenant compte de
tous les frais, c’est-à-dire les denrées étant amenées dans la man-
geoire des chevaux ; aussi les a-t-on désignés sous le nom de : Prix
moyens de consommation. Leur groupement permet de juger d’un
coup d'œil les fluctuations du marché, pour une même denrée, pen-
dant vingt ans et de comparer les prix des huit principales denrées
utilisées par la compagnie.
152 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On peut considérer les denrées énumérées dans ce tableau, comme
formant trois catégories :
1° Les grains : avoine, maïs, féverole ;
2 Les fourrages : paille et foin ;
3° Les aliments industriels : tourteaux, maltine, granules.
Grains. — Si l’on range les trois espèces de grains utilisés, par
ordre de prix décroissant, on obtient le classement ci-après : féve-
role, avoine, maïs.
À l'exception des années 1881 et 1891, la féverole a toujours
coûté plus cher que l’avoine et le maïs, pendant la période de 1880
à 1896. Elle ne figure plus dans le tableau à partir de 1897, son em-
ploi ayant été suspendu depuis cette époque. Son prix maximum à
été atteint en 1882 (24 fr. 09) et son prix minimum (18 fr. 37) en
4891 ; le prix moyen de toute la période est de 20 fr. 77. Nous ver-
rons plus tard que la cherté de la féverole n’en fait pas cependant
une denrée désavantageuse ; en effet, pour juger de l'avantage
réel que peut présenter l'emploi d’un aliment, il faut tenir compte
non seulement de son prix sur le marché, mais encore de sa compo-
sition chimique.
L’avoine s’est, en général, maintenue à un prix intermédiaire entre
les prix de la féverole et du maïs, sauf en 1892, où le maïs a été
exceptionnellement cher. C’est, d’ailleurs, dans la période de 1892-
1895 que le maïs s’est élevé à des prix très voisins de ceux de
l’avoine, sous l'influence combinée de quelques mauvaises récoltes
et des droiis nouvellement mis en vigueur. L’avoine a atteint son
prix maximum en 1882 (22 fr. 12), comme la féverole, et elle est
descendue à un minimum de 16 fr. 34 en 1897, pour dépasser de-
puis cette époque le prix de 20 fr.
Quant au maïs, il a été relativement cher de 1880 à 1885 (maxi-
mum 18 fr. 81 en 1883); son prix s’est progressivement abaissé
jasqu’en 1890, où il à été minimum (13 fr. 95) ; considérablement
relevé de 1891 à 1895, il s’est maintenu ensuile aux environs de
15 fr. 50.
Si l’on établit la moyenne des prix annuels de 1880 à 1699, on
trouve : pour l’avoine, 19 fr. 11 ; pour le maïs, 16 fr. 64.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 193
Fourrages. — Les fourrages bruts consommés d’une façon régu-
lière par la cavalerie de la compagnie ont été le foin et les pailles
d'avoine et de blé. La consommation du foin a beaucoup perdu de
son importance à la compagnie depuis que les expériences du labo-
ratoire ont démontré combien cet aliment était mal utilisé par le
cheval ; par contre, celle de la paille a suivi une marche inverse, et
les données numériques réunies à propos de cette denrée ont d’au-
tant plus d'intérêt qu’elles s'appliquent à des quantités considérables
mises en consommation. Les prix moyens établis pour la paille s’ap-
pliquent à des approvisionnements mixtes de paille d'avoine et de
paille de blé, dans lesquels cette dernière a toujours été en moins
grande quantité, la paille d'avoine lui ayant été préférée comme plus
savoureuse et plus recherchée par les chevaux.
,
Les prix maximum, minimum et moyen ont été les suivants :
PRIX
AT —
maximum minimum moyen
Hunt 141,23 81,83 10f,63
PES 9,27 4 ,86 6,83
En dehors des années 1881-1882 d’une part, 1893-1894 d'autre
part, où la sécheresse à fait hausser les prix des fourrages d’une
façon anormale, ces denrées n’ont pas éprouvé de variations consi-
dérables dans leurs prix.
Aliments industriels. — [ls sont au nombre de trois : les tour-
teaux, utilisés depuis 1880, la maltine depuis 4895, et les granules
depuis 1896. Les tourteaux employés sont à base de maïs et d'orge ;
la maltine est un résidu séché provenant du traitement du maïs en
disullerie par le procédé au malt ; les granules sont des agglomérés
fabriqués par la compagnie avec divers sous-produits industriels,
qui sont mélangés dans des proportions réglées sur leur compo-
sition chimique et soumis ensuite à une véritable cuisson. La carac-
téristique de ces trois sortes d’aliments est leur teneur élevée en
matières azotées et grasses ; l'intérêt tout particulier que présentent
les granules provient de la facilité que l’on a d'utiliser seulement
ainsi des sous-produits irréprochables et de faire varier la valeur
154 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
alimentaire du produit fabriqué avec la composition des aliments
employés.
Les prix des trois aliments industriels consommés se sont toujours
maintenus entre ceux des grains et des fourrages, en suivant assez
régulièrement les variations de prix du maïs. Ainsi, en ce qui con-
cerne les tourteaux, les prix ont graduellement diminué de 1880 à
1890, brusquement monté de 1891 à 1894, pour redescendre au
minimum de 12 fr. 57 en 1897. Les prix moyens ont été :
Four te. SAUT PE ANS 141,35
MAUME SE TEE APR EE RME AE 12 ,80
GHAQUIES TEE PRACTICE 13.93
C’est la malline qui a donc été la moins chère et c’est elle aussi
dont les prix ont le moins varié.
Nous verrons, au cours de cette étude, quels aliments se sont mon-
trés les plus économiques.
Voici quelques renseignements sur les aliments industriels.
Nous avons eu, M. Alekan et moi, l’occasion d'analyser beaucoup
de produits industriels soumis par leurs producteurs à l’appréciation
du laboratoire ; plusieurs de ces matières ont même été expérimen-
tées. J’aurai occasion d’en parler plus tard. Mais jusqu'ici il n’est
entré régulièrement dans la nourriture des chevaux de la compagnie
que {rois aliments industriels: la maltine, les tourteaux et les gra-
nules.
C’est précisément au sujet de ces trois produits que m’ont consulté
beaucoup d’éleveurs, désireux d’en connaître la composition exacte,
le prix vénal et le lieu de production ou d’achat. Pour compléter les
indications qui précèdent, j'examinerai successivement chacun de
ces aliments, répondant ainsi, je pense, aux desiderala exprimés par
mes correspondants.
Je rappellerai d’abord que nous désignons sous le nom d’aliments
industriels les substances qui, à l’inverse de la paille, des grains, du
foin, ne se rencontrent pas à l’état naturel et sont des résidus ou
sous-produits du traitement industriel de végétaux, en vue d’en reti-
rer certaines matières, la plupart comestibles : telles qu’amidon et
fécule, huile ou substances grasses, sucre ou alcool.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 195
La maltine et les tourteaux appartiennent à cette catégorie, ce sont
des résidus des industries qui traitent les grains : maïs, orge, seigle,
elc., en vue de l'extraction de l’amidon ou de la transformation de
cette dernière en alcool. Les granules diffèrent essentiellement de la
maltine et des tourteaux par leur origine et leur mode de prépara-
tion, dont je parle plus loin.
Maltine. — On désigne sous ce nom le résidu séché de la 'transfor-
mation du maïs dans son traitement, en distillerie, par le malt (ou
orge sermée). La diastase de l’orge transforme en sucre, destiné à
fournir ensuite de l'alcool par fermentation, l’amidon du grain de
maïs. Ce dernier qui, à l’état naturel, contient une proportion d’a-
midon et congénères voisine de 68 à 70 °/, et 8 à 9°, de matière
azotée (protéine brute), perd dans les traitements qu’on lui fait subir
la plus grande partie de son amidon, et le résidu qui n’en renferme
plus guère que 18 à 19 °/, se trouve enrichi, proportionnellement à
cette perte, en matière azotée que les opérations subies par le maïs
n’ont que très faiblement enlevée. De là, résulte un produit secon-
daire appelé maltine, dont voici la composition moyenne que Je rap-
proche de celle du maïs:
MALTINE MAÏS
0/0 0/0
DÉNRR EESRR TERE EDe 9,18 14,67
Matibres SÔCRES. eue ic. 90,82 86,13
Gelilose"Drute #7 Pie 412 3,03
COM Ne ON ET LE 9,15 4,15
Matières azDtées sur ter ne 25 à 26 9,25
AUCH SNS ner ve de nl 18,4 60,41
On voit, d’après ces chiffres, que la maltine, beaucoup moins
riche en amidon que le maïs qui a servi à l’oblenir, est, en revanche,
beaucoup plus riche que ce grain, en graisse et en protéine ; elle
contient deux fois plus de matières grasses, et près de trois fois
autant de matière azotée que le grain dont elle provient. La maltine
constitue, en somme, un aliment concentré riche en les deux élé-
ments nutritifs du prix le plus élevé (au kilogramme) dans les four-
rages, protéine et graisse.
En ce qui regarde les deux principes minéraux les plus importants
dans le; aliments, l'acide phosphorique et la chaux, voici le résultat
156 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
moyen des analyses nombreuses faites au laboratoire de recherches
depuis que lon à faitentrer la malüine dans le régime alimentaire de
la compagnie :
MALTINE MAÏS
: 0/0 0/0
GETLPES® rimes eee > ,66 a
Aide” phosphorique #5 + LCR PE | 0,51
LH TENTE SR SE RES PR NN 0 De 1,23 0,02
La malune est, des trois aliments industriels que nous examinons,
le meilleur marché. Son prix de revient moyen à la manutention,
depuis que nous lemployons, a été de 12 fr. 80 les 100 kilogr. contre
44 fr. 35 pour les tourteaux et 13 fr. 93 pour les granules.
Les deux autres aliments industriels qui, avec la maltine, figurent
dans les mélanges de fourrages consommés par [a cavalerie de Ja
Compagnie des voitures, sont les tourteaux et les granules.
Tourleaux. — On désigne dans le commerce, sous le nom de
lourteaux, des résidus industriels de provenance, de composition et
de valeur alimentaire très différentes.
Les tourteaux que nous avons introduits, avec grand avantage,
dès la création de la manutention, c’est-à-dire en 1881, dans le
régime des chevaux de la compagnie, ont eu constamment, bien que
fournis par divers fabricants, uné origine identiqué. Cè sont des ré-
sidus du traitement du maïs et parfois de l'orge en vue de l’extrac-
tion de l’amidon de ces graines ou de sa transformation en alcool
(tourteaux d'amidonnerie ou de distillerie). Suivant le mode de trai-
tement des grains, la composition des tourteaux varie dans d’assez
larges limites. Ceux que la cavalerie consomme depuis plusieurs
années présentent la composilion moyenne suivante, que je rappro-
cherai, comme je lai fait pour la malüne, de celle du maïs:
TOURTEAU MAÏS
o[o olo
EAP PNR ES CAPTER NUE VERTE 12,87 14.87
Substances’sèches..L.#.h0 226.08 87,13 85.36
EURO MN ET CRE TO nr 10,87 3.03
GRAS De NS Votes 5,73 4,15
MATIBLES AZO LES "PAM 20,62 945
AMIJON PET AS AM MRLIEUR 20 à 25 61,00
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 197
C’est sur la graisse et sur les matières azotées que porte l’enri-
chissement des résidus en principes nutritifs, comme dans le cas de la
maltine, mais à un degré sensiblement moindre, la diminution du
taux d’amidon suivant à peu près la même marche que dans la mal-
tine.
La teneur en cendres, celle de l’acide phosphorique et de la LT
ont été trouvées, en moyenne, les suivantes :
Gendres . . . ANS MR: 62901
Acide nes TN ere me 1,03
CALE RTS a OR PP ARE PRE REE EE 0,82
Je n’aurais, au sujet des cendres, aucune remarque à faire, si Je
ne croyais devoir mettre les acheteurs de tourteaux, de la catégorie
de ceux que consomme la cavalerie de la compagnie, en garde
contre les agissements répréhensibles de certains fournisseurs. Le
taux de 6 °/, de matières minérales qui, après incinération, consti-
tuent les cendres, peut être regardé comme à peu près normal,
c’est-à-dire correspondant à la teneur en principes minéraux que
renferment naturellement les matières premières dont les tourteaux
- sont les résidus. Or, on constate parfois à analyse une teneur plus
que double, parfois triple, de substances minérales dans certaines
livraisons, le chiffre des cendres montant à 14, 15 et 18 °/, du poids
du tourteau. Lorsqu'on constate une pareille teneur en cendres, il
importe de déterminer leur nature, certain qu’on est d’être con-
duit par l’analyse à découvrir une falsification. Il arrive qu’on dé-
couvre que l'excédent des cendres sur leur poids normal provient
d’une addition accidentelle, mais beaucoup plus probablement vo-
lontaire, de sable, au tourteau. En principes nutritifs la teneur du
produit ainsi adultéré se trouve donc abaissée proportionnellement
à l’addition de sable inerte ; il y a là un dol dont le consommateur
ne saurait trop chercher à s'affranchir ; l'analyse préalable d’un
échantillon du tourteau à livrer et sa composition rapprochée de
Panalyse d’un échantillon prélevé à l’arrivée de la marchandise,
peut mettre à l’abri de cette fraude, ou tout au moins permettre à
l'acheteur d'exercer contre le vendeur une revendication néces-
saire.
158 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ï y a donc lieu, d’après ce qui précède, d'exiger formellement
dans le contrat avec le vendeur la garantie d’une teneur maximum
(6 à 7°}, par exemple) de cendres, comme on doit en exiger une
pour teneur en eau du produit (12 à 14°/, au maximum), en même
temps qu’on aura une garantie deteneur minima en matières azotées
el en matières grasses.
Les tourteaux de maïs bien fabriqués, exempts de toute addition
de substances étrangères, valent, en moyenne, 13 à 14 fr. les
100 kilogr. — Les distilleries et amidonneries du Nord sont les prin-
cipaux centres de production des tourteaux.
Granules. — L’aliment concentré qu’on désigne, sous ce nom, à
la Compagnie générale, est fabriqué à la manutention de la compa-
onie pour l’usage exclusif de sa cavalerie. Il ne se trouve donc
point dans le commerce. Les granules sont le produit d’un mélange
de farine de fèves, de son de blé, d’issues de riz, de drêches de
distillerie, qu'on malaxe avec de l’eau afin d’en faire une pâte ho-
mogène. Cette pâte est divisée mécaniquement en petites masses ou
granules du volume de quelques centimètres cubes, et desséchée
dans des appareils spéciaux. La préparation et le malayage se font
à froid.
Les conditions de prix des denrées, leur abondance plus ou moins
grande, servent de bases à la fixation des proportions de chacune
d'elles entrant dans la préparation des granules. Comme exemple de
la composition moyenne des granules, je citerai les chiffres sui-
vants :
FAURE A tre AE es PO AE de eee 13,18
Substances sèches. , . . . . . UT IAE 86,82
Gellulose sn. #2 RATE 10,84
GPAISSE RAT ER GLEN LE DONNE EE CARE SE NS 5,01
MaUéres A20L0ES LUS ORNE EN 21:13
Amidon (suivant la nature des matières premières). . 20 à 32
Le taux des cendres oscille autour de 6 °/, ; celui de l'acide phos-
phorique est d'environ 1,65 °/, ; celui de la chaux 0,21 °/,. Le prix
de revient à la manutention des 100 kilogr. de granules est d'environ
44 fr.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 1959
V. — Prix du kilogramme de matières azotées
dans les denrées alimentaires du cheval
Nous avons indiqué (p.151) le prix des différentes denrées utilisées
à la Compagnie générale des voitures à Paris pour la nourriture de la
cavalerie. Étant donnés ces prix, nous avons eu à déterminer le coût
du kilogramme des trois grands groupes de principes nutritifs dans
chacune des neuf denrées entrant dans les rations, savoir : matières
azotées, hydrocarbonées (fécule et amidon) et grasses. La matière
azotée étant celle qui coûte de beaucoup le plus cher dans les ali-
ments, je commencerai par elle.
Pour établir les prix réunis dans le tableau ci-après, nous som-
mes partis des prix moyens de consommation et de la composition
chimique moyenne annuelle des denrées, en suivant une méthode
que je vais exposer succinctement.
Pour fixer les idées, prenons comme exemple les avoines livrées à
la compagnie en 1899, au prix de 19 fr. 34, et cherchons comment
a été obtenu le prix de revient de 85 cent. pour le kilogramme de
protéine de ces avoines. Ces avoines ont présenté la teneur moyenne
suivante en principes nutritifs bruts :
Pour les matières non azotées . . . . . . . . DJS 46000
Boureles matières grasses EN CL 4.09
Pour les matières azotées (protéine). . . . . ., 9,60
En désignant par x le prix du kilogramme de matières non azo-
tées, et en appliquant respectivement à la graisse et aux matières
azolées les facteurs 2,35 et 5,22 dont j'explique plus loin l’origine,
on obtient la relation suivante :
99,46æ + (4,09 X 2,33) x + (9,60 X 5,22)x — 19 fr. 34.
D'où l’on déduit :
æ — 0 fr. 1624,
et par suite
H22%— 0117 89:
prix de la protéine dans les avoines de 1899, tel qu'il figure dans le
tableau ci-après.
160 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Voyons maintenant comment on détermine les coefficients 2,35 et
5,22 affectés à la graisse et aux matières azotées :
Parmi les trois cent cinquante analyses d’avoine effectuées en 1899,
choisissons-en trois, ayant donné :
TAUX °/0
Pour les matières non azotées. , . . . . . a, a, «';
PoutlaHB rss. Hi rt isa dan D, 450};
POUTAeS MATIÈRES ALORS Le CN NN C, c} Ce
En désignant respectivement par X, Y, Z les prix du kilogramme
de ces divers principes nutritifs, nous aurons le système d’équations
suivant :
aX+bY+ec7Z— 19,34
a'X + D'NY + c'2 — 19,34
a'X + D'Y + CZ — 19,34
La résolution de ce système nous donnera certaines valeurs pour
XV
Si maintenant nous répétons ce calcul sur plusieurs systèmes de
trois équations formées comme les précédentes, nous obtiendrons
pour X, Y et Z une série de valeurs, dont nous désignerons les
moyennes par X», Ym, Zm. Il est donc facile d’avoir les rapports
Xm 1m
Ym Ÿ Xm
gramme de graisse et d’un kilogramme de matières azotées dans
lavoine, en supposant égal à l’unité de prix du kilogramme de ma-
tières non azotées.
= qui représentent, pour l’année 1899, les prix d’un kilo-
Appliquant ensuite la même élbède aux analyses d’avoines con-
sommées pendant une série d'années (de façon à avoir des résultats
_ et Fu différentes
valeurs, dont les moyennes finales donnent précisément 2,33 et 3,22
pour prix respectifs d’un kilogramme de graisse et d’un kilogramme
de matières azotées, dans l'hypothèse où les matières non azotées
valent 1 fr. Ces coefficients étant déterminés, on peut, ainsi qu’on
vient de le montrer, établir facilement le prix du kilogramme des
différents principes nutritifs bruts, dans une avoine qüelconque,
dont on connait la composition et le prix de revient, en prenant
plus rigoureux), on obtient pour les rapports
,
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 101
comme unique inconnue du problème le prix du kilogramme de ma-
tières non azotées. C’est ainsi qu'on a trouvé plus haut le prix de
16 cent. pour le kilogramme de matières non azotées dans les avoines
de 1899, et qu’on en a déduit le prix de la protéine dans ces mêmes
avoines : 89 cent.
Le même mode de calcul s'applique, bien entendu, aux autres
denrées ; mais pour chaque groupe (grains, fourrages, aliments
industriels), il y a des coefficients différents, qu'il faut déterminer
comme l'ont été les coefficients 2,33 et 5,22, si l’on veut avoir une
base d'évaluation aussi exacte que possible. Mon regretté collabora-
teur A. Leclerc, qui a fait de très nombreuses déterminations à ce
sujet, est arrivé finalement aux résultats suivants :
Le kilogramme de matières non azotées valant 1 fr., le kilogramme
de graisse vaut 2 fr. 33 dans les grains (avoine, maïs, féverole),
2 fr. 04 dans les fourrages (foin, paille), 2 fr. 42 dans les aliments
industriels azotés (tourteaux, maltine, granules) ; et le kilogramme
de matières azotées vaut 5 fr. 22 dans les grains, 2 fr. 97 dans les
fourrages, 5 fr. 90 dans les aliments industriels non azotés.
Tels sont les coefficients qui nous ont servi à établir, année par
année, les prix de revient du kilogramme des différents principes
nutritifs bruts, dans les huit denrées principales de la compagnie,
prix qui figurent dans le tableau ci-après et dans ceux que je repro-
duirai ensuite. Je ne discuterai pas ici les inconvénients de la mé-
thode qui vient d’être exposée, pas plus que de toutes celles qu’on a
employées pour résoudre la question qui nous occupe. Cette méthode
ne donne pas évidemment de résultats exacts en valeur absolue,
mais elle permet d'établir, entre les différentes denrées, des com-
paraisons qui ne manquent pas d'intérêt.
Nous voyons que, de toutes les denrées consommées de 1880 à
1899, c’est l’avoine qui a livré le kilogramme de proléine au prix
le plus élevé pendant toute cette période ; ce résultat n’a rien de
surprenant, si on compare seulement l’avoine et le maïs, ce dernier
ayant une teneur en protéine très voisine de celle de l’avoine et
ayant, d’autre part, un prix de revient moindre ; mais il n’en est
plus de même si on compare l’avoine ou le maïs avec la féverole ;
dans ce cas, on constate que c’est la féverole qui est la plus avanta-
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE. — 1905, — 11 it
162 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
geuse, malgré son prix de revient très élevé, puisqu'elle a fourni, en
moyenne, le kilogramme de protéine à 59 cent. cette même protéine
valant 68 cent, dans le maïs et 85 cent. dans l’avoine.
Prix du kilogramme de protéine.
AVOINE
FÉVEROLE
PAILLE
TOURTEAU
MALTINE
GRANULES
fraucs francs fraucs francs francs | francs francs
0,91 | 0,84 | 0,71 | 0,48 | 0,41 | 0,54
0,99 | 0,77 | 0,58 | 0,54 | 0,48 | 0,52
1,00 | 0,78 | 0,67 | 0,56 | 0,40 | 0,49
0,92 | 0,78 | 0,68 | 0,46 | 0,32 | 0,53
0,90 | 0,70 | 0,63 | 0,45 0,51
0,86 | 0,73 | 0,60 0,52
0,85 | 0,67 | 0,57 0,45
0,81 | 0,61 | 0,57 0,43
0,75 | 0,59 | 0,56
0,81 | 0,60 | 0,54
0,81 | 0,59 | 0,55
0,82 10073106 AS
0,80 | 0,78 | 0,55
0,78 | 0,75 | 0,59
0,73 | 0,71 | 0,59
0,72 | 0,68
0,69 | 0,62
0,67 | 0.61
0,83 | 0,61
0,85 | 0,65
—]
_
(o)
3 _…
9 19 KW
©!
©
—
_
Le]
eo
NN SN NN —
CSS
[2e
_
© 1 12 +2
co
1
Dans les fourrages, on trouve que le foin, considéré au point de
vue de la protéine, est moins avantageux que la paille ; les résultats
moyens obtenus pour ces deux denrées (dans les années où les élé-
ments analytiques ont été reconnus suffisants) sont 49 cent. pour le
foin, 33 cent. pour la paille.
Remarquons, en passant, la hausse anormale des années 1881-
1882 d’une part, 1893-1894 d’autre part; pour ces dernières, la
sécheresse suffit à l'expliquer.
En ce qui concerne les aliments industriels, les variations des prix
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 163
de la protéine sont moindres que dans les autres denrées : ces prix
eux-mêmes ne sont supérieurs qu’à celui trouvé pour la paille.
En moyenne, ils sont de 49 cent. dans les tourteaux ; 46 cent.
dans les granules ; 33 cent. dans la maltine.
La maltine, dont le prix de consommation est inférieur à celui des
grains et des autres résidus d'industrie ('), a donc encore l’avantage
de livrer la protéine au prix minimum. Sa substitution à la féverole
(dont elle se rapproche par sa composition) est donc parfaitement
justifiée au point de vue économique. On voit en même temps que
les substitutions du maïs à l’avoine et de la paille au foin, envisagées
au même point de vue, méritent d'attirer l’attention.
Les chiffres inscrits dans le tableau ci-contre peuvent être d’une
grande utilité, malgré l’absence de valeur absolue, pour les cultiva-
teurs et les propriétaires de chevaux désireux de calculer le coût des
. substitutions dans les rations. Pour ce faire, il leur suffira de les rap-
procher de la composition moyenne des fourrages qu’ils peuvent se
procurer.
VI. — Prix du kilogramme d’amidon
Le tableau ci-après est relatif au prix du kilogramme d’amidon
daus les denrées consommées de 1880 à 1899 à la Compagnie géné-
rale des voitures à Paris.
Je ne reviendrai pas sur la méthode employée pour déterminer ces
prix, ayant donné sur ce sujet, dans le paragraphe précédent, toutes les
explications nécessaires ; mais Je ferai remarquer que le mot amidon
désigne ici l’ensemble des malières non azotées brules, c’est-à-dire
non seulement l’amidon proprement dit, mais encore la cellulose
saccharifiable, les sucres et les indéterminés (gommes, pentosanes,
‘corps pecliques, etc.).
On à vu précédemment que, pour chaque groupe d’aliment
(grains, fourrages, aliments industriels), nous avons trouvé un rap-
port constant, d'environ 1/3, 1/5 où 1/6 suivant le cas, entre le prix
des matières non azotées et celui de la protéine ; il en résulte que
les variations observées dans le prix de la protéine doivent se retrou-
1. Voir page 156,
164 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ver dans ceux de l’amidon; c’est d’ailleurs ce que la lecture du
tableau ci-dessous permet de constater.
Prix du kilogramme d’amidon.
AVOINE
| 2 a
e] & 4 Ë #
© =] A Fe B
# ce] E a] =
a e eA =]
> # 5 2 <
a a © À 5
E al [<]
francs francs francs ÿ S francs francs francs
0,17 | 0,14 | 0,14 0,09
019 DES SIROP 0,09
0,19 | 0.15 | 0,13 0,08
0,18 | 0,15 | 0,13 0,09
0, ATAINO USM INO 1? 0,09
(TN LOI NT 0,09
DSL A0 15212021 0,08
HET 2 2 0,07
OA OP AO PIN ; 0.08
OMS NO ER) NOM 0,08
DL 206 Le O0AL0 0,07
0,16 | 0,14 | 0,09 0,09
0,15 | 0,15 | 0,10 0,09
0,45, 0,14 041 0,10
0/14°|0,14 | 0,10 0,09
0, 14410518 0,08
CASIO 0,07
0,13 à 0,07
0.16 0,08
0,16 91009
On voit ainsi que, parmi toutes les denrées utilisées de 1880 à
1890, lavoine et le foin ont livré le kilogramme d’amidon au prix
moyen le plus élevé; viennent ensuite, par ordre décroissant, le
mais, la féverole, la paille, puis les tourteaux, les granules et en
dernier lieu la maltine. Voici, d’ailleurs, les prix moyens du kilo-
gramme d’amidon dans les trois groupes de denrées.
GRAINS FOURRAGES ALIMENTS INDUSTRIELS
Avoine. . . 0f,16 Foin.®. . «0016 "Tourteaux. . 0!,08
Mas ee UPO!, 219 Pole. 00011 Granules . . 0,08
Féverole. ... : 0,11 Maltine. . . 0,06
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 169
Ces résultats montrent qu’en ce qui concerne l’amidon, la féverole
est un aliment beaucoup plus avantageux que l’avoine et-un peu plus
que le maïs, malgré son prix d’achat élevé ; le même fait a d’ailleurs
élé constaté à propos de la protéine.
Dans les fourrages proprement dits, la paille s’est montrée plus
économique que le foin; enfin, dans les aliments industriels, la
valeur du kilogramme d’amidon consommé a dépassé à peine la
moitié de celle qu'il a atteinte dans les grains et les fourrages, et
c’est la maltine qui l'a livré constamment au prix minimum.
Ces diverses observations s'appliquent, bien entendu, aux moyennes
des prix relevés pour chaque denrée ; on peut constater, 1l est vrai,
dans le tableau, que dans telle année, 1894 par exemple, l’amidon
a été aussi cher dans la paille que dans l’avoine, tandis que dans
telle autre, comme 1891, l’amidon de la paille a été exceptionnelle-
ment bon marché, au-dessous même de celui des tourteaux ; mais
ce sont là des anomalies dues à des conditions spéciales, soit clima-
tériques, soit économiques, et qui n’infirment en rien les remarques
ci-dessus.
Dans la pratique des substitutions de denrées à la ferme on peut
assigner, sans grand inconvénient, une valeur moyenne de 10 cent.
au kilogramme de matières hydrocarbonées (amidon, ete.). La ma-
ère non azotée est, des trois groupes d'éléments nutritifs, celle
qu’on peut se procurer au meilleur marché.
VII. — Prix du kilogramme de graisse
Des trois groupes de principes nutritifs qui constituent les ali-
ments, la matière grasse est celle que l'analyse arrive le moins rigou-
reusement à caractériser. On est convenu de désigner sous le nom
de graisse l’ensemble des matières extraites des aliments par dissolu-
tion dans le sulfure de carbone ou dans l’éther.
Dans la longue série d’études sur les denrées alimentaires faites
au laboratoire de recherches de la Compagnie générale des voitures,
on à trouvé un rapport constant entre le prix des malières non azo-
lées el celui de la graisse pour les aliments d’un même groupe
166
(grains, fourrages et aliments industriels). Il résulte de là que les
prix de la graisse présentent, pour un même groupe, la même allure
sénérale que ceux de l’amidon.
On ne saurait donc s'étonner que l’avoine ait fourni la matière
grasse au prix maximum pendant toute la période envisagée, puisque
lemême fait a été constaté pour l’amidon.
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Prix du kilogramme de la graisse dans les denrées
ANNÉES
AVOINE
FÉVEROLE
PAILLE
TOURTEAU
MALTINE
GRANULES
1880.
1881.
1882.
1583.
1584.
1855.
1886.
1887.
1888.
1889.
1890.
1891.
11892.
1893.
1894, .
1895,
1896.
1897.
1898.
Eu
francs
0,40
0,44
0,44
0,41
0,40
0,38
0,38
0,36
francs
0,33
0,34
0,35
Q C9 LI 19 W
a —
©:
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ce
©O © co
…
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francs
0,32
0,26
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francs
0,31
0,37
0,38
0,31
0,31
francs
0,28
0,33
0,27
0722
SSL S © © © ©
D = ot Pt mt 9 19 1Ù
Ce
francs
0,22
0,21
0,20
0,22
0,21
021
0,18
CS
ne
© A o2
7
francs
Les autres grains se sont montrés, sous ce rapport, plus avanta-
seux, le maïs se classant après l’avoine dans l’ordre décroissant des
prix et la féverole étant, ici encure, le plus économique des trois
grains consommés par la cavalerie.
En ce qui concerne les fourrages bruts, la paille a livré constam-
EXPÉRIENCES SUR I'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 167
ment la graisse à bien meilleur compte que le foin. Quant aux aliments
industriels, ils ont été plus avantageux que toutes autres denrées,
tant sous ce rapport que sous celui de la protéine et de l’amidon. À
remarquer que la maltine a fourni la matière grasse au prix mini-
mum, sensiblement inférieur au prix trouvé dans les tourteaux et
dans les granules.
Si, pour chaque denrée, on établit la moyenne des prix du kilo-
gramme de graisse, On arrive aux résultats suivants :
GRAINS FOURRAGES ALIMENTS INDUSTRIELS
Avanee T0 Foin . … . 0f,34 Tourteau. . . 0,20
MAIS Le CE 0 0) Elle 20072 Granuies el 2.200519
RéVÉrOICe ne O7 Malines 70 On
En rapprochant ces résultats de ceux qu’on à précédemment trou-
vés pour l’amidon et la protéine, on arrive en fin de compte à clas-
ser dans l’ordre suivant les huit denrées consommées, en commen-
çant par celle qui a donné les principes nutritifs bruts aux prix les
plus élevés :
1. Avoine. >. Paille.
2, Foin. 6. Tourteau.
3. Maïs, 7. Granules.
4. Féverole. 8. Maltine.
Cette classification ne correspond pas du tout, on le voit, à échelle
décroissante des prix des mêmes denrées (voir le tableau de la
page 191.
D’après le prix d’achat du quintal des huit aliments, ceux-ci se
trouvent, en effet, classés dans l’ordre suivant :
1. Féverole. 5. Granules.
2, Avoine. 6. Maltine.
3. Mais, 7. Foin.
4. Tourteau. S. Paille.
On voit donc que, surtout pour la féverole, le foin et la paille, le
prix d’achat ne peut pas, à lui seul, servir de base à une estimation
exacte de la valeur économique de la denrée.
168 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
VIII. — Prix de l'unité nutritive dans les aliments
du bétail
Nous avons vu comment on peut établir les prix de revient du kilo-
gramme des différents principes nutritifs du bétail et quelles conclu-
sions nous avons pu en tirer sur la valeur comparative des aliments
du cheval. Nous avons pensé qu'il était intéressant de compléter
cette étude, déduite de calculs assez compliqués, et d’en contrôler
les résultats à l’aide de la méthode imaginée par le professeur
J. Küho, de Halle, que tout cultivateur peul aisément appliquer.
Cette méthode consiste à culculer le nombre d'unités nutrilives que
contiennent 100 kilogr. d’un aliment quelconque, en partant des con-
ventions suivantes :
L'expérience a montré qu'il existe un rapport assez étroit entre la
valeur alimentaire des trois grands groupes de principes nutrilifs :
éléments hydro-carbonés (amidon), graisse, protéine digestible. On
a été conduit à admettre les rapports suivants :
1 kilogr. de matières non azotées digestibles représente une unité
nutritive ;
l kilogr. de graisse digestible est compté pour 2,44 unités nutri-
tives ;
1 kilogr. de matières azotées digestibles est compté pour 6 unités
nulritives.
Partant de cette base, on multiplie respectivement par 6 et par
2,44 les poids des matières digestibles azotées et grasses contenues
dans 100 kilogr. d’aliment et qu’indiquent, en l’absence d'analyses
directes, les tables de composition des fourrages (tables de E. Wolff,
de J. Kühn). À ces deux produits additionnés, on ajoute les hydro-
carbonés digestibles, et le total de ces opérations représente le
nombre d'unités nutrilives contenues dans 100 kilogr. de laliment
en question. Connaissant d'autre part le prix de la denrée, on déduit
aisément, à l’aide du nombre qu’on vient de trouver, la valeur-argent
de l’unilé nutritive dans cette denrée. On peut ainsi comparer les prix
de revient de la somme des principes nutritifs des divers fourrages.
Cette méthode, appliquée aux huit denrées employées dans nos
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 169
expériences sur l’alimentation du cheval, a fourni, pour la Paolo
1880-1899, les résultats inscrits dans le tableau ci-dessous.
Prix moyen de l’unité nutritive (méthode de J. Kühn).
AVOINE
*
PAILLE
MAL'IINE
GRANULES
E
À
©
Es
a
>
‘a
7
francs | francs francs | francs | francs francs | francs francs
TOURTEAU
1880. . . . .10,2490 0,1910,0,1644/0,2767,0,2781|0,1463|
1881. . . . .10,271510,198510,133110,324810,3278|0,1392
1882, . . . .10,274110,201510,154610,347910,2748|0,1313
1883. . . . .10,2512/0,1996/0 1568 /0,2806 0,217710,1423
1884. . . . .10,248410,1082/0,1446,0,2741 0,1417
1885. . . . .10,2343|0,188110,1378 0,1388
l'O CPE 510,171310,1314 0,1270
TC REONET 3410,158010,1325 0,1859/0,1160
EU ee ae 36,0,1530,0,1300 0,228610,1197
1889. : 510,155510,1247 » -|0,1252
1890. . 0,1509/0,1297 0,1866,0,1159
1891. . 10,188710,1115 0,1707,0,1402
1892. . 10,1996/0,1273 10,185110,1386
1973.°° 0,1924,0,1356 0,2864,0,1556
1894. . 0,184110,1279 0,3025/0,1472
1895. . 10,1761 0,1884/0,1216,0,0844
1896. . 0,1654 0,1818/0,1154,0,0820,0,1656
18070 0,1558 0,1952/0,1143/0,0795/0,1113
ÉSDE;T- 0,1575 0,1903/0,1251/0,08335,0,1124
1899. . 0,1674 ° (0,183010,1146:0,087 |0,1244
. + _
…
19 19 = mm mt mm 19 19 19 19 +9
_
D'OMONSI OMAN ONSMNSMENS
Pour établir la composition des différentes denrées en éléments
digestibles, nous nous sommes servi de la composition moyenne
annuelle de ces denrées, calculée d’après les analyses du laboratoire,
et des coefficients de digestibilité déterminés par nos expériences
directes sur le cheval.
J'ajouterai que les matières azotées digestibles ont été comptées
en bloc, c’est-à-dire sans déduction des amides (°).
1. On sait qu'on désigne sous ce nom des substances azotées qui ne sont pas de la
protéine : les amides, abondantes dans les fourrages verts, luzerne, ete., existent en
faible quantité dans les huit denrées expérimentées par nous, ce qui permet de les
négliger dans le calcul de leur valeur nutritive.
170 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans les matières non azotées, on n’a pas tenu compte de la
très faible proportion de cellulose brute digestible utilisée par le
cheval.
Poursuivi dans de telles conditions, le calcul de la valeur-argent
de Punité nutritive dans les différentes denrées donne lieu à des re-
marques intéressantes.
Si l’on embrasse l’ensemble de la période 1880-1899 pour les huit
aliments consommés, on constate des écarts très sensibles dans le
prix de l’unité nutritive dans les différents fourrages, c’est-à-dire dans
le prix du kilogramme d’hydrocarbonés digestibles pris comme point
de départ; on voit, en effet, ce prix, qui était d'environ 33 cent.
dans le foin en 1882, descendre en 1897 à 8 cent. dans la maltine,
éprouvant ainsi une diminution de plus des trois quarts de sa valeur.
Mème en se bornant aux variations de prix dans une même denrée,
on constate encore que l'écart entre les prix extrêmes a atteint
16 cent. dans la paille, 9 cent. dans l’avoine, 7 cent. dans le foin,
pour descendre à 5 cent. dans le maïs, la féverole, les granules, à
4 cent. dans les tourteaux, et à moins de 1 cent. dans la maltine.
C’est donc dans le foin que l'unité nutritive a atteint son prix maxi-
mum, dans la paille qu’elle a subi les plus grandes variations de prix
et dans la maltine qu’elle a eu à la fois la valeur la plus constante et
la plus faible. |
En établissant la moyenne, par denrée, des prix de l'unité nutri-
tive, pour les vingt années, on obtient les valeurs suivantes :
Prix moyen de l'unité nutritive
POESIE ALU 0 Féverole 1 + «10f.14
AVOIR EP TRUE Tourteaux . . . 0,13
Paille we 0:22 Granules. , . . 0 ,13
MOIS=T Eee 0,18 Malte. » 55; °0%08
Ces résultats montrent que, des huit aliments expérimentés, le foin
est le moins avantageux de tous, celui qui livre le kilogramme d’hy-
drocarbonés digestibles au prix le plus élevé, et la maltine, au con-
traire, la denrée la plus économique. Parmi les grains, l’avoine est
moins avantageuse que le maïs et la féverole, et cette dernière,
malgré le bas prix de son unité nutritive, ne peut pas lutter au point
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 111
de vue économique avec la maltine, qui lui à été substituée dans les
rations courantes de la Compagnie.
Le classement des denrées auquel nousavait conduit la méthode em-
ployée précédemment (voir page 167), savoir : avoine, foin, mais,
féverole, paille, tourteaux, granules, maltine, était presque sem-
blable à celui que donne ici l'emploi de la méthode Kühn. On peut
se rendre compte de la façon suivante que les deux systèmes four-
nissent, quand on les interprète convenablement, des indications tout
à fait voisines. Dans le premier système, on détermine, comme l’a
fait A. Leclerc, la valeur du kilogramme des différents principes
nutriufs bruts (protéine, amidon, graisse) à l’aide de coefficients
déduits de nombreuses analyses; dans la méthode J. Kühn, on évalue
le prix du kilogramme des matières non azotées digeshibles, en affec-
tant les autres éléments digestibles de coefficients conventionnels.
Il est donc possible de comparer les résultats trouvés pour le kilo-
gramme de matières non azotées (amidon) brutes par la première
méthode, avec ceux trouvés par la méthode Kühn pour les matières
non azotées digestibles ; il suffit, pour cela, de tenir compte de la
digestibilité des matières non azotées, dans lesquelles on ne fait
entrer ni la graisse ni la cellulose brute, comme on la vu plus haut.
Prenons comme exemples l’avoine et le foin; la première nous à
donné :
Pour 1 kilogr. de matières non azotées brutes: dans lavoine,
0 fr. 156 ; dans le foin, 0 fr. 164.
La digestibilité de ces matières, d’après les expériences du labora-
toire, est de 76,76 °/, dans l’avoine et 45,84 °/, dans le foin. Avec
ces données, on trouve alors que :
1 kilogr. de matières non digestibles vaut : dans l’avoine, 20 cent. ;
dans le foin, 56 cent.
Ces résultats se rapprochent beaucoup de ceux que fournit la mé-
thode Kübn et qui sont: pour l’avoime, 23 cent. ; pour le foin,
30 cent.
On peut conclure, en résumé :
4° Que le prix des denrées ne permet pas, sans le concours de
leur composition chimique, de les apprécier à leur valeur réelle ;
2 Que les aliments classiques du cheval; foin, avoine, paille,
172 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sont moins avantageux, au point de vue économique, que le maïs
et la féverole, et surtout que les aliments dits industriels.
Ces conclusions présentent, suivant nous, un très réel intérêt pour
les cultivateurs, en leur permettant de se rendre compte de la valeur
des différents fourrages dont ils disposent pour l'alimentation de
leur écurie.
IX. — Teneur en principes nutritifs bruts de la ration
journalière du cheval de place
Dans les chapitres précédents, nous avons envisagé, séparément et
au seul point de vue économique, chacune des denrées entrant dans
les rations des chevaux de la Compagnie générale des voitures. Nous
nous proposons d'examiner maintenant les résultats que la compagnie
a obtenus, au point de vue alimentaire, en mélangeant ces mêmes
denrées et en les substituant les unes aux autres, dans des propor-
tions déterminées par leur composition chimique. Le tableau ci-
après indique, pour chacune des années 1882 à 1899, la teneur de la
ration moyenne journalière en principes nutritifs bruts ; avant de le
commenter, nous croyons indispensable d'indiquer les caractères
essentiels du système d'alimentation de la Compagnie générale.
Dans ce système, les chevaux ne consomment que des aliments
mélangés, parfaitement nelloyés au préalable, et dont les uns (grains
et tourteaux) sont concassés, tandis que les autres sont hachés : la
paille par exemple. Ainsi préparé, ce mélange de fourrages et d’ali-
ments concentrés permet au cheval une mastication plus parfaite et,
par suite, une assimilation plus régulière et plus complète.
En outre, grâce aux analyses de son laboratoire, la compagnie est
toujours à même de donner à ses chevaux des rations en rapport
avec leurs besoins et de valeur nutrilive rigoureusement constante,
malgré la variété des denrées employées et des substitutions prati-
quées pour des raisons économiques.
Les chevaux de la compagnie {ravaillant, en général, un jour sur
deux, il à été reconnu indispensable de leur donner des rations diffé-
rentes, le jour de repos et le jour de travail. On sait, en effet, que l’a-
nimal s’entretient presque exclusivement à l’aide des réserves accumu-
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 113
lées dans son organisme, les aliments venant chaque jour reconstituer
ces réserves, au fur el à mesure de leur utilisation. Il résulte de là que
l'alimentation du jour de repos doit être plus forte que celle du jour
de travail.
Le Jour de repos, les chevaux reçoivent, en quatre repas, le
mélange dont il est question plus haut, composé de 5/10 de grains,
3/10 de paille et 2/10 d'aliments industriels azotés.
Le jour de travail, ils reçoivent:
1° Avant leur départ de l'écurie : 1/4 du mélange précédent ;
2° Au cours du travail : une ration de grain (4 kilogr. d'avoine par
exemple) ;
9° A leur rentrée à l'écurie : une ralion contenant 4/5 de grains et
1/5 de paille.
Le poids total de ces diverses rations, destinées à entretenir le
cheval pendant deux jours, tout en lui permettant de fournir un tra-
vail d'environ 1 million de kilogrammètres, a toujours été d’au
moins 18 kilogr. ; la ration journalière moyenne a donc constam-
ment dépassé le poids de 9 kilogr. C’est précisément la composition
en principes nutrilifs bruts de cette ration journalière moyenne (pour
la période de 1882 à 1899) qui fait l’objet du tableau ci-après.
Les denrées utilisées pendant cette période ont été assez nom-
breuses; outre les aliments classiques du cheval (avoine, foin,
paille), on a employé le mais, le seigle, l'orge, le blé et le sarrasin,
les tourteaux, la maltine et les granules. Cependant, malgré la diver-
sité de ces éléments, on a toujours conservé à la ration moyenne la
même valeur alimentaire.
Le tableau ci-après donne la composition de la ration journalière
en principes nutritifs, savoir : 1° matière sèche ; 2° cendres ; 3° hydro-
carbonés (cellulose et matières non azotées) ; 4 graisse; 5° matières
azotées totales; 6° eau ; 7° acide phosphorique et chaux contenus
dans la ration.
Comme on le voit, la quantité de chacun des principes nutritifs a
peu varié dans cette longue période d’expériences; il en est de même
de l’eau: on peut fixer à 1“,3550 la quantité moyenne d’eau con-
sommée par le cheval de place dans sa ration journalière.
L'année 1889 appelle une remarque spéciale ; elle doit être envi-
174 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sagée à part, la ration avant été augmentée en raison du surcroit de
travail de la cavalerie pendant l’exposition universelle. I] n’y à donc
pas lieu de s'étonner que les poids de presque tous les éléments
nutrilifs atteignent, pendant cette année-là, leur valeur maxima.
Teneur en principes nutritifs bruts de la ration moyenne journalière
du cheval de place.
:
MATIÈRES
ANNÉES
MATIÈRE
CENDRES
CELLULOSE
GRAISSE
azotées
MATIÈRES
non azotées
phosphorique
1882. .
1883. .
1584. .
1885. .
1886. .
1887. .
1888..
1889. .
1890. .
HSOIE
lS02 2%
1893. .
1894. .
|| 1895. .
| 1896. .
STE
1898. .
169970
CARLA
.
12 OO —1
SOS & 1
re
_
ms 9 19 9 O2 OT OT mé à O7
or © Or 7
O2 1]
€
.…
Exception faite pour 1889, on constate à l’aide de ce tableau les
variations suivantes dans le taux journalier des différents principes
nutritifs :
Moins de 300 grammes pour la matière sèche et la cellulose ;
Environ 50 grammes pour la graisse et les matières azolées ;
Plus de 500 grammes pour les matières non azotées.
Ces variations équivalent aux fractions ci-après :
1/25 du poids de la matière sèche ;
1/4 de celui de la cellulose ;
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 179
1/7 de celui de la graisse ;
1/20 de celui des matières azotées ;
1/10 de celui des matières non azotées.
Sauf pour la cellulose brute (ligneux), dont le rôle est d’ailleurs
assez restreint dans l’alimentation du cheval, ces variations ont donc
été minimes, etce résultat mérite d’autant plus d’attirer l'attention
que la ralion du cheval de la compagnie à subi dans la nature des
denrées qui la composent de fréquentes modifications dont les prin-
cipales ont été :
1° L’admission simultanée du maïs et del’avoine, dans des propor-
tions variables avec les années, suivant les cours du marché ;
2 La diminution progressive du foin au protit de la paille et sa
suppression complète depuis 1889 ; nous reviendrons plus tard sur
ce point très important ;
3° La substitution de la maltine à la féverole depuis 1895 ;
4° La distribution, en quantités variables, de tourteaux depuis
1889 ;
2° L'introduction des granules fabriqués par la compagnie depuis
1896.
En résumé, on constate que tous ces changements n’ont pas influé
sur la ration journalière qui, pendant la période 1882-1899, ne s’est
pas écartée sensiblement de la teneur moyenne suivante en principes
nutritifs bruts :
MEMErE Steele CR 7 EE 8k8,037
Cendres . SAR des Me 0622
Acide phosphorique. . . . . . . . ù 0 ,063
CHAUX NRA ES ST PE UN 0027
Gellulose. .. . : . 1 ,138
Graisse . 0295
Matières azotées. 0 ,907
NON AZO ECS NE: EU. 0e > ,398
Cette ration concorde exactement avec les résultats constatés dans
les expériences faites dès l’origine au laboratoire, en 1881-1882.
Tout ce qui précède se rapporte aux quantités de principes nutri-
tifs bruls contenus dans les denrées qui ont constitué les rations. Or
nos lecteurs savent qu’une partie seulement des matières azotées,
170 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
grasses et amylacées des aliments est utilisée par l'animal : il faut
donc examiner la composition des rations en principes digestibles,
les seuls que l’animal utilise pour son entretien. C’est ce que nous
ferons, après avoir indiqué la composition centésimale de chacune
des denrées expérimentées au laboratoire de recherches de 4880 à
1899 et introduites dans le régime alimentaire de la cavalerie de
la compagnie.
X. — Teneur en principes digestibles de la ration
journalière du cheval de place
Nous venons de faire connaître la teneur en principes nutritifs
bruts de la ration journalière du cheval de place pendant la période
1882-1889. C’est de la teneur de la même ration en principes
nutritifs digestibles, représentée dans le tableau ci-contre, qui va
nous occuper. |
La disposition générale de ce tableau est la même que celle du
précédent, exception faite pour les cendres, qui n’y figurent pas,
faute de données précises sur leur digestibilité : les quantités des
autres principes (matière sèche, cellulose, matières non azotées,
graisse et matières azotées) sont inscrites dans le même ordre que
dans letableau précédent.
La teneur de la ration en principes digestibles a été déduite de la
teneur en principes bruts, à l’aide de l'application des coefficients
de digestibilité déterminés, pour chacun de ces principes, dans les
expériences sur le mélange faites au laboratoire en 1881 et 1897
avec les rations consommées, dans ces années, par le cheval de
place.
Ces expériences ont porté, en 1881, sur une ration dans laquelle
entrait du foin et, en 1897, sur une ration d’où ce fourrage était
exclu et qui contenait une plus grande quantité d’aliments industriels
que la précédente.
On à donc appliqué les coefficients de digestibilité déterminés en
1881 à toutes les rations de la période de 1882 à 1888, ces rations
ayant contenu du foin, et ceux fournis par les expériences de 1897
aux rations de 1889 à 1899, dans lesquelles le foin a été supprimé
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 1%7
el les aliments industriels ont été employés en plus grande quan-
üté.
Teneur en principes nutritifs digestibles de la ration moyenne journalière
du cheval de place.
MATIÈRE | CELLULOSE MérAREs
ANNÉES GRAINS | ee ete QUE à
2e PENSE azotées non azotées |
1882 5945010482 0,174 0,643 3,692
1883 22420 0,478 O8? 0,660 3,872
1884 5,321 0,462 0,184 0,640 3,812
1855 c 5,334 0,472 0,184 0,640 3,805
1886 5,345 0,485 0,184 0,641 3,838
1887 5,481 0,456 0,189 0,643 4,001
1888 5,471 0,457 0,189 0,645 3,989
HS RER mA ET ET 0,564 0,209 0,721 4,686
OO PAREIL STE 0,514 0,124 0,664 4,552
Mon int ln: 862 0,548 | 0,198 0,673 4,463
RCE SAN EMEA RER 0,636 0,199 0,689 4,260
RARE eue «|. 00: 000 0,531 | 0,188 0,661 4,522
RSUANIR OM ARE UTRE" 380 0,506 0,196 0,667 4,583
DOME EE re EN SEE 876 0,566 0,195 0,681 4,424
EUR ENE Te REA à 0,567 0,211 0,658 4,372
RU er re 8766 0,563 0,217 0,654 4,306
MSNM nl DaTÉT 0,551 0,217 0,664 4,297
1899 . . . . . . .| 5,647 | 0,537 0,216 0,660 4,216
Nous indiquerons bientôt la valeur de ces coefficients et nous
entrerons à leur sujet dans les détails nécessaires. Ici, nous ferons
seulement remarquer que les coefficients de digestibilité trouvés
pour les principes nutritifs des rations qui ne contenaient pas de
foin se sont montrés supérieurs à ceux des rations dans lesquelles
entrait cette denrée. [l n’y a donc pas lieu de s’étonner si l’examen
du tableau ci-dessus fait ressortir, depuis 1890, une augmentation
dans la teneur en principes digestibles. (L'année 1889 doit être
regardée comme exceptionnelle et mise à part pour les raisons indi-
quées précédemment.)
Comme la teneur en principes nutritifs bruts n’a pas sensiblement
ANN. SCIENCE AGRON, — 2° SÉRIE, — 1905. — 11 12
178 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
varié depuis 1890, ainsi que le montre le tableau (p. 17#), l’aug-
mentation constatée pour les éléments digestibles est donc entière-
ment due à la digestibilité plus grande des rations distribuées depuis
cette époque. Cette augmentation porte d’ailleurs sur tous les prin-
cipes nutritifs : azotés, gras ou hydrocarbonés, mais principalement
sur ces derniers, ainsi que le montre le tableau. En faisant la
moyenne des résultats de ce tableau, on trouve que, de 1882 à 1899,
la ration journalière du cheval de place a renfermé les quantités
suivantes de principes digeslibles :
MAUBTE SBCRÈ ER PAEEUR | 77 5k3,637
Cellulose. à . 0 ,518
Graisse . 0 ,195
Matières azotées. LE 0 ,658
0 none AZOUES LUE MEME ES 177
Ces quantités se sont montrées amplement suflisantes pour per-
mettre à un cheval de 400 à 450 kilogr. de s’entretenir, en effectuant
tous les deux Jours un travail minimum de 1 million de kilogram-
mètres. (Les chevaux de la Compagnie des voitures font, dans leur
jour de sortie, jusqu’à 50, 60 kilomètres et davantage quelquefois.)
On remarquera que le rapportdes matières azotées digestibles aux
matières non azotées digestbles (la graisse étant calculée en amidon
à l’aide du coefficient 2,44) est exprimé, dans cette ration moyenne,
par la fraction : 1/7,1, soit 1 kilogr. de matière azotée pour 7*4,100
de matières hydrocarbonées.
Telle est la relation nutritive que la Compagnie générale des voi-
tures à Paris a été conduite à adopter pourses rations, à la suite des
essais de l’année 1882. La valeur de ce rapport a été constamment
confirmée depuis cette époque, par les expériences poursuivies au
laboratoire de recherches. Le passage à 1/7 de la relation nutritive,
fixée autrefois à 1/4,5, est un fait d’une importance économique
considérable, sur lequel on ne saurait trop insister auprès des agri-
culteurs et des éleveurs. Il constitue un des points les plus intéres-
sants et des mieux établis par une pratique de vingt années, à savoir :
la démonstration des modifications économiques que l’on peut appor-
ter dans le rapport des matières azotées aux matières hydrocar-
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 119
bonées, dans la constitution des rations alimentaires des animaux et,
en particulier, du cheval.
= En 1880, au moment où ont été instituées nos recherches expéri-
mentales, on admettait, presque comme un axiome, que la ration
d'entretien du cheval devait être composée d’une partie en poids de
matières azotées et de cinq à six parties de substances hydrocarbo-
nées (amidon, fécule, sucre, etc.). La ration de travail devait pré-
senter un rapport plus étroit encore : Î de matières azotées pour
4 ou 5, au plus, d’hydrocarbonées. Nos expériences ont montré,
dès le début, et le fait s’est constamment vérifié, que la ration de
travail doit, au contraire, être beaucoup plus riche en éléments
hydrocarbonés que la ration d’entretien. Nous avons pu, avec grand
avantage, au point de vue du travail effectué et de l’état du cheval,
étendre la ration nutritive à 1/8, 1/12, 1/5 et même à 1/22 (dans
l'alimentation au sucre, comme nous le montrerons plus loin.
La conséquence économique de ces faits est aisée à saisir, le prix
vénal du kilogramme de matière azotée dans les fourrages étant,
nous lPavons vu, toujours beaucoup plus élevé que celui du même
poids d’aliment hydrocarboné.
XI. — Composition d2s denrées consommées de 1889
à 1899
Les vingt premières années d'expériences que j'ai poursuivies au
laboratoire de recherches de la Compagnie générale des voitures,
avec la collaboration successive d'A. Leclerc, Ballacey et Alekan, ont
porté sur seize rations différentes par la nature des denrées qui les
composaient, mais identiques, comme on l’a vu, sous le rapport de
leur teneur en principes nutritifs (voir le tableau page 177).
En 1881, nos chevaux d'expériences ont reçu la ration adoptée
cette année-là, sur les indications du laboratoire, pour toute la cava-
lerie de la compagnie. En 1897, il en a été de même, la ration distri-
buée aux chevaux d’expériences étant celle que la cavalerie recevait.
Outre ces deux études des rations-mélange, nous avons expéri-
menté la valeur alimentaire des divers éléments de ces mélanges,
fourragés soit isolément, soit associés en nombre restreint, pou
180 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
constituer une ration de valeur nutritive équivalente à celle de Ja
ration-mélange. C’est ainsi que nous avons expérimenté successive-
ment les rations suivantes :
{. Foin seul. S. Pomme de terre et paille.
2. Avoine seule. 9. Pomme de terre, maïs, féverole et paille.
3. Avoine et paille. 10. Maltine.
4. Maïs et paille d'avoine. 11. Granules cuits.
5. Maïs et paille de blé. 12. Sucre et foin.
6. Féverole. 13. Sucre et granules.
7. Tourteau. 14. Sucre et maïs.
ILimporte, pour pouvoir suivre utilement les résultats des expé-
riences d'alimentation à l'aide de ces denrées, résultats que nous
exposerons plus loin, de connaître leur composition centésimale ; elle |
nous à servi à établir la composition des rations. Le tableau suivant
fournit, à ce sujet, des indications complètes que les cultivateurs
pourront utiliser pour calculer les substitutions à introduire dans le
rationnement de leur bétail. |
La contexture de ce tableau ne demande pas d'explications ; elle
n’appelle qu’une seule remarque relative à la dernière colonne inti-
tulée Indélerminés. Nous désignons sous ce nom les matières autres
que celles qui figurent dans les premières colonnes et que leur com-
plexité rend difficiles à caractériser (corps pectiques, pentosanes, etc.),
substances dont le rôle dans l’alimentation est jusqu'ici imparfaite-
ment connu.
Douze denrées différentes font l’objet des seize expériences d’ali-
mentation : on peut les ranger en trois catégories :
1° Les grains et analogues : avoine, maïs, féverole, seigle et pom-
mes de terre ;
2° Les fourrages : paille d'avoine, paille de blé et foin ;
3° Les aliments industriels : tourteau, maltine, granules et sucre.
Ces denrées, de qualité irréprochable, ont toujours été tirées des
approvisionnements destinés à la cavalerie de la compagnie ; au cours
de chaque essai, on a prélevé, à de fréquents intervalles, des échan-
tillons dans les lots consommés par les chevaux d'expériences, et ce
sont ces nombreux échantillons qui ont servi aux analyses. Ces ana-
lyses représentent donc, aussi exactement que possible, la composi-
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 181
tion moyenne des aliments dont il s’agit. Parmi ces aliments, nous
ne mentionnerons en particulier que les pommes de terre et le sucre,
les autres ayant déjà donné lieu, dans les paragraphes précédents, à
des commentaires suffisants : les pommes de terre provenaient de
tubercules découpés en cossettes et séchés dans le vide à basse tem-
pérature ; quant au sucre, employé dans trois des expériences, c'était
du sucre cristallisé, dil sucre roux de premier jet.
Composition moyenne centésimale des denrées
d'expériences.
Ë
5 > |42
DENRÉES < SE
a E ©
< PA
0/0 0/0
VOIRON 13,57|86,4}
MAIS NE 0 - 13,31|86,69
Féverole. . . . .|-9,95/190,05
Tourteau . . 12,10 187,90
TOME MEME TATSES 13,96 |86,04
Paille 0.022026 15,09 !84,91
Foin. . . .. . .|13,38186,82
Avoine . . - 14,34185,66
AVOINC EU Lee. 13,60 | 86,40
ECS OUT 12,01)87,99
Maïs. . . ‘. .[13,38|86,62
Paille d'avoine. .|13,66186,31
LEE Sn. MAPS 15,49!81,51
Païlle de blé. . . 15,17|31,83
l
Féverole, . . .[12,41187,59
Paille d'avoine. .|14,57|85,43
Avoine seule
Comprise |
3,01 |11,28| 9,35€ avecles 1,40
indeterminés |
Avoine et paille
| x \ nca Î
Me ; ; 56
3,12 10,53 7:44) RE ,93
5,15 | 2,93 Li) be Ne
Maïs et paille d'avoine
1,52 | 9,861-2,95 3,09 |1,90
5,52 | 2,62/31,09| 16,37 |1,62
Maïs et paille de blé
0,84 9,32] 2,15 2,82 |2,57
7,21 | 5,02 25,19] 13,30 |2,87
Féverole
4,05 [24,93] 5,58 5,01 |3,91
5,55 | 3,49127,07| 14,06 |2,30
SACCHAROSE
0 Jo
= CELLULOSE a
am à =
rl Era —- a a
e £ ©
A 2 '£ D ©
7 2 £ = a © 2
= 4 & = < £ =
SNIIRE £ 5 2
0/0 | oJo | o: 0/0 0/0
Mélange 1881
3,54 | 9,61] 8,22 1,00
5,66 54 1,43
DAT us 199 | Comprise À ? .
4,48 [23,54] 5,92 141,66
} avec : :
1,58 |18,41| 2,71 = 0,35
l’amidon €
7,41 | 8,23|20,44 198
5,40 | 2,97,29,43 ‘0,58
Foin
7,22 | 6,59 18586) 15,58 | 3,10 | »
AMIDON
GRAISSE
pi 3,68
12,59 3,73
dl 1,71
:62,69
| 2,69
1,96
ÿ 2,05
4,02 |
INDÉTER-
MINÉS
13,10
4,88 |
2,59
4,86
26,42
26,06
|
4,71
28,36
182 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
|
Î
|
|
ce a
ol m | © ELLULOSR - 2 - r F |
D'hee |S les ME le | 0 le ten
DENRÉES < A D a | su D < A = £
f a [gel x |E2| £ 2 D = E < | #£
= ol <s 5 er) El 2 æ À
À D s = D - œ [] 2 < Le :
= 2 = LA
s L/]
Tourteaux
Mourteau "111,06 »
88,94] 6,76 |18,72
86,27| 5,71| 3,81
6,67
29,51
5,96
13,74
2,12
Paille d'avoine. .113,73 1,50 »
4,98! 1,55 | 25,94
28,45 4,91 | 15,05
Pomme de terre et paille
Pomme de terre .112,93187,07| 3,81 | 7,85 x) 2,73 [1,85| » 163,47] 0,36 | 4,30
Paille d'avoine. .|12,70/87,30| 5,53 | 3,90/32,06) 16,94 [0,93] » | 2,20! 1,86 | 23,88
Mélange de pomme de terre, maïs et féverole avec paille
Mélange. . . . .
Paille d'avoine. .
13,36
17,16
+6,64
82,84
2,95
5,50
10,08
3,85
4,11| 2,82
re »
29,27| 16,56 5
61,58] 1,72 | 1,99
0,75 | »
2,51! 1,96 | 29,94
LL
|
Maltine
Maltine . . . . .| 9,18190,82| 5,66 [25,55] 4,13 5,88 15,07] » [18,40] 9,15 | 16,98
Maïs. . . . . . .|12,28187,72| 1,24 | 9,60] 1,28 6,25 |2,56| » |60,41|2,56 | 2,80
Paille d'avoine. .|12,88/87,12| 5,06 | 2,66/80,27| 16,38 |1,27| » | 2,84] 1,65 | 26,97
Granules cuits
Granules. . . . .| 7,53192,47| 4,10 |23,39110,49 6,56 12,051 » [132,491 5,96! 7,43
Paille d'avoine. .110,32 89,68] 4,89 | 2,40136,01| 27,28 |2,04! » Lie 1,72 | 13,62
| | |
Mélange 1897
Avoine . . - . .|12,23!87,77| 3,84 |12,68|11.39 11,63 1,32 » 34,52 5,89 7,00
Maïs. . .. . . .|12,37|87,63| 1,18 |10,01| 3,47 7,32 |2,22| » |53,19/4,16| 5,48
Seigle. . . . . .112,89|87,11| 1,85 | 8,83| 3,68 8,15 12,80! » 51,18) 1,79 | 8,23
Maltine . . , . .| 9,62190,3$]| 5,53 128,20! 7,65 9,28 |5,49| » |13,31 PTE 10,94
Tourteaux. . . .|12,57|87,13| 6,29 |20,62]10,87 11,46 1,72 » [19,02] 5,73 | 11,42
Faille d'avoine, .114,08185,92| 5,81 | 3,07132,67 16,47 1,08| » 3,22| 1,90 | 21,80
Sucre et foin
Sucre . . . . . .| 0,80/99,20[ 0,45[ » » » 1,36197,39| » » »
On 0 118762)86,58 1519 | 6,52|25,30 12,46 |2,19| » 4,11| 1,38 | 25,23
| l
Sucre et granules
Suere , . . . . .| 0,86|199,14! 0,3$ » » | » 1,69 [97,07 » | » »
Granules . . . .113,00[87,00| 5,52 [22,29] 10,88 4,40 |2,43| » 120,02 6,20 | 15,26|
Maïs. . . .. . .|12,37|87,63| 1,31 | 9,55) 3,29 2,00 |0,93| » 159,14 4,14 | 7,27
Paille d'avoine. .|12,62|87,38| 5,46 | 2,39/35,18| 13,69 |O,48| » | 2,42 1,59 | 28,22
Sucre et maïs
Sucre. . . : . - | 1,07198,93/ 0,42 » » » 1,48 97,03 » » »
Maïs. . . . . . .|13,66186,34| 1,29 | 9,42] 3,94 2,74 1,41 » 57,06 3,48 6,80
Paille d'avoine. .|16,15183,89| 6,04 | 2,36 35,61 13,90 0,63 » 2,47| 1,387 |'28,47
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 133
. La composition générale de ces denrées donne lieu aux remarques
suivantes :
1° La teneur en matière sèche a pour valeurs extrêmes : 83 °},
dans la paille et 99 °/, dans le sucre ; elle est plus constante dans les
grains et les aliments industriels que dans la paille et plus élevée,
en général, dans les aliments industriels que dans les grains et la
paille.
9 La teneur en cendres totales varie de 0,38 °/, dans le sucre à
7,41 °}, dans le foin ; les fourrages bruts (paille et foin) sont plus
riches en cendres que toutes les autres denrées, mais il faut tenir
compte de la part importante de la silice dans leur teneur élevée en
matières minérales. D’après leur richesse en cendres, les denrées
expérimentées se classent comme suit :
Foin, paille, maltine, tourteau, granules, féverole, pommes de
terre, avoine, seigle, maïs et sucre ; c’est-à-dire : fourrages, aliments
industriels et grains en dernier Heu ;
3° Au point de vue des matières azotées, les aliments industriels
(sauf le sucre, bien entendu) viennent en tête avec des teneurs allant
de 18 à 20 °/, ; la féverole peut être placée sur le même rang que la
maltine, puis viennent les autres grains : avoine, mais, seigle et,
enfin, la pomme de terre et les fourrages (foin et paille). Les teneurs
extrèmes étant de 2,36 °/, dans la paille d'avoine et de 28,54 °/, dans
la féverole, on voit que l'écart est bien supérieur à celui que lon
trouve pour la matière sèche et les cendres. La même denrée pré-
sente d’ailleurs, suivant l’année et la provenance, des différences
sensibles dans le taux des matières azotées ; ces différences se sont
élevées à 4 °/, dans la féverole et à 3 °/, dans lavoine, mais n’ont
jamais atteint 4 °/, dans le maïs. Il est vrai de dire que les prove-
nances ont été beaucoup plus variées pour les deux premières den-
rées que pour le maïs, et que, pour l’avoine en particulier, on à
toujours constaté une richesse plus grande dans l’avoine d'Amérique
que dans celles de France ou de Russie, à qualité égale.
Dans la plupart des analyses, la cellulose saccharifiable a été dis-
tinguée de la cellulose brute. La cellulose saccharifiable, comme
nous le verrons, à un coeflicient de digestibilité plus élevé que la
cellulose brute.
184 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On voit, en jetant un coup d'œil sur le tableau précédent, toute
l'importance de la cellulose saccharifiable dans les aliments du
cheval ; dans les fourrages, il y en a environ moitié autant que de
cellulose brute ; dans les grains et les résidus industriels, autant et
quelquefois davantage. Il semble donc intéressant de doser à part
cet élément, dont nous verrons ultérieurement le degré de diges-
übilité.
Le glucose est en faible proportion dans loutes les denrées expé-
rimentées ; les aliments industriels, comme la maltine, en contien-
nent pourtant plus que les autres. Quant au saccharose (sucre de
canne), il constitue plus des 97 °/, du sucre brut employé ; on voit
par là combien est grande la pureté de cet aliment.
L’amidon se présente en quantités beaucoup plus variables que le
glucose, d'une denrée à l’autre ; le maïs et le seigle viennent au pre-
mier rang avec la pomme de terre ; la féverole et l'avoine se clas-
sent ensuite, puis les aliments industriels, dont la teneur en amidon
varie beaucoup avec les traitements subis ; enfin, en dernier lieu, les
fourrages.
En ce qui concerne la graisse, on n’en trouve de quantités un peu
notables que dans les tourteaux et surtout dans la maltine ; on
remarquera, à ce propos, la richesse relative en graisse des avoines
d'Amérique (expériences du mélange de 1897), dont j'ai signalé plus
haut la teneur élevée en azote.
XII. — Composition minérale des aliments du cheval
On sait de quelle importance sont, pour la nutrition des animaux,
les matières minérales, notamment l'acide phosphorique et les bases
(chaux, magnésie, etc.) qui forment la trame osseuse et entrent dans
la constitution de tous les tissus et liquides de l'organisme. Pour
compléter le tableau de la composition des denrées d’expériences, il
a été fait au laboratoire de recherches de la Compagnie générale des
voitures de très nombreuses analyses de cendres des aliments con-
sommés par la cavalerie. Je me bornerai à reproduire ici, à titre
d'exemple, les résultats relatifs à la ration-mélange de 1897 (vor
le tableau de la page 182).
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 189
Les denrées analysées sont : l’avoine, le maïs, le seigle, la paille,
les tourteaux, la maltine et les granules fabriqués par la com-
pagnie.
Composition moyenne minérale des denrées d'expériences (1897-1898).
DENRÉES
SILICE
MAGNÉSIE
POTASSE
ALUMINE
: | OXYDE DE FER
Avoine. ,
Maïs
Seigle .
Paille .
Tourteau. .
Maltine. .
Granules . .
En parcourant les chiffres de ce tableau, on constate les faits
suivants :
La paille, l’avoine et les tourteaux contiennent bien plus de silice
que les autres aliments expérimentés, c’est-à-dire que la maltine, le
seigle et surtout le maïs. Les denrées les plus riches en acide phos-
phorique sont les résidus industriels : maltine, granules et tourteaux.
Parmi les grains, l’avoine et le seigle en contiennent davantage que
le maïs, mais l'écart est moins grand pour la silice ; quant à la paille,
elle vient au dernier rang. En désignant par 1 la quantité moyenne
d'acide phosphorique des résidus industriels sur lesquels nous avons
opéré, celle de l’avoine et du seigle équivaut à 1/2, celle du maïs à
1/3 et celle de la paille à 1/10.
En ce qui concerne le soufre et le chlore, les tourteaux et la mal-
tine sont plus riches que les autres aliments. De même pour la chaux
et la magnésie ; mais il est bon de noter que les teneurs en magnésie
des différentes denrées, sauf la maltine, sont très voisines les unes
des autres.
D'autre part, c’est la paille qui renferme le plus de potasse et de
186 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
soude, et ce sont les aliments industriels qui ont la plus forte teneur
en fer et en alumine.
On peut résumer ainsi ces divers résultats :
1° Les résidus d'industrie employés aux expériences sont plus
minéralisés, d’une façon générale, que la paille et les grains, surtout
sous le rapport de Pacide phosphorique, de la chaux, de la magnésie
et de l’oxyde de fer.
2° La paille renferme surtout de la silice et des bases alcalines.
3° Parmi les grains utilisés, l’avoine est plus riche que le seigle,
surtout en silice et en chaux, et celui-ci plus que le maïs ; mais les
différences de teneurs sont moindres pour l'acide phosphorique et la
magnésie que pour les autres éléments.
La composition minérale des denrées de quelques-unes de nos
rations expérimentales n’a été déterminée que dans le but d'établir
le degré d'utilisation des principes minéraux ingérés par le cheval
dans les diverses situations de repos, marche ou travail. Aussi avons-
nous, outre les aliments, analysé encore la boisson, les fèces et les
urines de nos trois chevaux d'expériences, pour dresser ensuite le
bilan journalier de chaque principe minéral.
Ce travail délicat, poursuivi pendant plusieurs mois, ne nous à
donné des résultats bien nets qu’en ce qui concerne l’acide phospho-
rique ; les moyennes de ces résultats sont résumées dans le tableau
ci-dessous :
Statique journalière de l'acide phosphorique
PÉRIODES ENTRÉE SORTIE BALANCE
Mélanges 18970: grammes grammes grammes
REDDS EE Ca 32,898 32,025 + 0,873
MATCDE SAME 28,037 25,707 + 2,330
NEA CN PMR D TEL EU PAL SE VA LE 45,489 39,981 + 5,508
Moyennes . . . 35.478 32,571 2,907
Sucre el mais : :
MATOS PRNN RS An TURN 20,918 23,850 + 2,033
ravi MONTE M0 eve Me 25,137- 31,133 — 5,096
Travailmtensen svt. 9 34,666 30,494 + 4,172
Moyennes . . . 28,574 28,00 + 0,070
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 187
* La différence entre les entrées et les sorties correspond aux quan-
tités d'acide phosphorique retenues dans le corps de l’animal ou
perdues par lui dans les vingt-quatre heures. |
Il est bon de noter que l’acide phosphorique, représenté iei comme
sorti, comprend à la fois celui des fèces et celui des urines, qu’on
n’a pas distingués dans le tableau pour éviter des complications.
Cest par les fèces que se fait la majeure partie de l'élimination de
l'acide phosphorique (22 à 34 grammes par jour) ; mais l’élimina-
tion de ce corps par l'urine n’est cependant pas négligeable, car on
peut lévaluer à environ 3 grammes par jour. On voit sur le tableau
que, sauf dans un cas (travail modéré avec régime sucre et mais),
l'entrée a été, en général, supérieure à la sortie et qu’il y a eu en
moyenne :
Avec la ration de la compagnie, un gain journalier de 3 grammes
d'acide phosphorique ;
Avec la ration sucre et maïs, un équilibre journalier d'acide phos-
phorique.
Il est vrai que cette dernière ration ne comprenait en moyenne
que 28 grammes par jour d'acide phosphorique, tandis que l’autre
en contenait plus de 35 grammes.
Il semble résulter de ces essais que 25 grammes d’acide phospho-
rique ingérés par jour ont été suffisants pour des chevaux de 400
à 450 kilogr. n’effectuant d'autre travail mécanique que le trans-
port de leur propre poids sur une longueur de 20 kilomètres (mar-
che), mais que cette qüantité s’est montrée insuffisante dès qu’on
leur a demandé un travail supplémentaire, si modéré qu’il fût. Avec
39 grammes d'acide phosphorique dans leur ration, ils en ont fixé
davantage, tout en effectuant un travail double du précédent, et,
avec 45 grammes (mélange, période de travail), la fixation a été
encore supérieure, bien que la quantité de travail produit ait été
deux fois et demie celle de la période dite de travail modéré avec
alimentation sucre-mais.
Nous n’avons pas pu établir jusqu'ici, par nos expériences, de re-
lation (au moins chez l’animal adulte en bon état) entre les variations
des poids vifs et la fixation d'acide phosphorique.
188 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
XIII. — Composition des rations moyennes
(Ralions d'entretien — Rations de marche — Ralions de travail)
Les deux points dont la connaissance est indispensable pour éta-
b'ir les quantités journalières de principes nutritifs ingérées dans les
expériences d'alimentation sont :
1° La composition chimique des aliments composant les rations ;
2° Le poids des aliments consommés chaque jour.
J'ai exposé précédemment le premier point (voir le tableau de la
page 181) ; il me reste à faire connaître le second.
Le tableau ci-contre indique les poids d’aliments consommés, en
moyenne, par cheval et par jour dans chaque expérience, au repos, à
la marche et au travail. Les douze aliments sont ceux dont nous
avons donné la composition chimique (p. 181). L'examen du tableau
montre combien, d’un régime à l’autre, ont varié le nombre, la
nature et le poids des aliments. Les rations ont comporté tantôt
un seul aliment (avoine ou foin), tantôt deux (grain ou résidu indus-
triel, avec paille), lantôt davantage (trois, quatre et même six dans
les mélanges de 1881 et 1897); les aliments qui les constituaient
ont été parfois très riches en matières azotées (féverole, tourteau,
granules, maltine) et parfois très pauvres en ces substances (pommes
de terre, sucre et foin, sucre et maïs). De toutes ces différences est
résultée une très grande variation dans le poids consommé de
chaque aliment; aussi n’est-il pas étonnant que, dans les rations
de repos, l’avoine consommée par jour ait varié de 900 grammes
à plus de 5 kilogr.; le maïs, de 1*8,400 à 4,500; la féverole, de
400 grammes à 4 kilogr.; la paille, de 500 grammes à 4 kilogr. ;
le foin, de 1 à 8 kilogr. ; les aliments industriels, de 200 grammes à
4 kilogr. ; et le sucre, de 600 grammes à 2,400 dans les rations
moyennes.
Quant au poids total de la ration, il atteint son minimum avec le
régime à lavoine seule (moins de 4 kilogr.) ; c’est là, d’ailleurs,
une quantité absolument insuffisante, mais il nous a été impossible
d’en faire consommer davantage aux chevaux en expérience. Avec
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 189
Composition moyenne des
EXPÉRIENCES
Mélange 1881.
Foin.
Avoine seule, . .
Avoine et paille .
Mais et paille d'avoine.
Mais et paille de blé.
Féverole . .
Tourteau. .
Pomme de terre et paille. .
rations consommées par cheval et par jour.
ÉLÉMENTS
des rations
:
.
Foin.
|
|
.
———- —
Avoine .
Mais.
Féverole.
Tour an
Total.
Avoîne .
Avoine .
Panlese
Total.
Mais. .
Paille d'avoine.
Total.
Mais. .
Paille de blé.
Total.
Féverole .
Paille. .
| Total. .
| Tourteau .
‘| Paille. .
Total.
Pomme de terre .
ÿ
| Paille, .
Total,
RATIONS
———
de de de
repos | marche | travail HE
kilogr kilogr. | kilogr. | kilogr.
1,91212,164| 2,952] 2,400
1,4111 1,600 | 2,180! 1,775
0,408 | 0,464 | 0.632) 0,510
0,280 | 0,316 | 0,432| 0,350
1,014 |1,148| 1,568| 1,275
0,548 | 0,620 | 0.848! 0,690
5,573 | 6.312 | 8,612| :.000
8,000 | 9,400 |14,250/10,490
3,971 13,838 | 4,310] 3,875
5,331 | 5,500 | 6,600! 5,845
2,267 | 2,500 | 2,492| 2,390
7,598 | 8,000 | 9,092] 8,235
4,513 | 5,549 | 5,443| 4.980
2,562 | 2,638 | 2,563| 2,590
71,105 | 8,080 | 8,006| 7,570
4,481 |4,725 | 5,029] 4,747
2,403 | 2,419! 9,443| 2,347
6,884|7,144| 7,272] 7,094
4,052 | 5,000 | 7,059| 5,212
3,885 | 3,972 | 3,214| 3,676
7,937 | 8,972 |10,273| 8,888
4,000 | 5,000 | 6,564! 5,192
3,995 | 4,481 | 3,812) 4,011
7,995 | 9,481.110,376| 9,203
4,150 | 5,032 | 5,637| 4,870
1,801 |2,062| 1,877| 1,884
5,951 17,094 | 7,514] 6,754
190
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
EXPÉRIENCES
paille .
Maltine. . .
Granules cuits. .
Mélange 1897. .
Sucre et foin. .
| Sucre et granules. .
Sucre et mais. .
;
|
ÉLÉMENTS
des rations
Pomme de terre .
Pomme de terre, grains et}! Maïs. .
Féverole. . .
Paille. .
Total.”
Maltine. .
MOMAIS RE
| Paille 2"
Dofale
Granules .
Paille...
Avoine. .
Maïs. .
Seigle . .
Malline. .
Tourteau . .
Paille. . .
Total.
Sucre...
Foin. .
Total.
f Sucre. . .
Granules .
{
| Mais.
Paille. .-.
Total
sucre, .
.{ Mais. .
| Paille. .
| Total.
Notalee
de
repos
kilogr.
2,000
1,500
0,500
2,193
6,193
1,259
4,104
2,190
RATIONS
RÉ GT ce
de de
marche | travail aise c
kilogr. | kilogr. | kilogr.
» 3,056| 2,528]
) 2,292| 1,896
» 0,764, 0,632
» 1,951182%072
» 8,063| 7,128
1,592 | 1,964! 1,545
4,541 | 4,679) 4,470
2,339 | 2,244| 2,240
8,472 | 8,887) 8,155)
» | 4,000! 4,000
» 4,000! 4,000
» 8,000! 8,000
1,210 419693110278
2,100 | 2,940! 2,476
0,190 | 0,257| 0,234
0,200 | 0,262| 0,228
0,410 | 0,614!) 0,511!
1,360 | 1,904! 1,613
5,500 | 7,670, 6,340
» 0,600! 0,600
» 10,267110,267
» _|10,867/10,867
» | 2,200! 2,200
» 1,500! 1,500
» 2,000! 2,000
» 2,500! 2,500
» 8,200! 8,200
2,400 | 2,375| 2,381
2,800 | 3,600! 3,400
2,500 | 2,500, 2,500
7,700 | 8,475] 8,281
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 191
le foin et le sucre, nous trouvons, au contraire, une ration de poids
maximum (10%,867), et si nous considérons l’ensemble des expé-
riences, en mettant de côté les cas exceptionnels, nous voyons que le
poids moyen d’une ralion de repos, composée de grains, de four-
rages et d’aliménts industriels, a été d’environ 6 kilogr. par jour.
C’est, du reste, à ce résultat qu’aboutissent les essais de 1881 et
1897 sur les mélanges utilisés par la Compagnie générale des voi-
tures, puisque, dans les deux cas, la ration de repos, reconnue d’ail-
leurs suffisante, comme nous le verrons plus loin, a été voisine de
98,900 par jour. On remarquera, cependant, que les deux rations
dont il s’agit étaient composées différemment : celle de 1897, ren-
fermant moins d'avoine, pas de féverole ni de foin, mais plus de
mais, de paille et de tourteau, ainsi que du seigle et de la maltine.
C’est même la grande différence existant entre les éléments de ces
rations qui nous a Conduits à les étudier comparativement. Nous
verrons plus loin comment se sont comportés les chevaux soumis à
des régimes aussi variés.
Les rations de travail et même celles de transport s'étant montrées
un peu faibles, comme nous le constaterons plus loin, il convient de
ne pas considérer comme définitifs les résultats moyens ainsi obtenus,
mais de les regarder plutôt comme de simples points de départ d’ex-
périences nouvelles.
Les essais du laboratoire, exécutés de 1880 à 1882, m'’avaient
conduit à fixer, entre le poids des rations de repos, de transport et
de travail, les relations suivantes : 4 étant le poids de la ration de
repos, les poids respectifs des deux autres étaient 1,1 et 1,5 dans
les conditions où les essais avaient eu lieu. Il semble résulter de l’en-
semble des expériences effectuées depuis cette époque que ces rap-
ports doivent être considérés comme des minima. Il faut se souvenir
d’ailleurs que ces résultats s'appliquent à des chevaux de 400 à
450 kilogr., transportant journellement leur propre poids sur une
longueur de 20 kilomètres (marche) ou produisant chaque jour
900 000 à 600 000 kilogrammètres de travail extérieur mesurable
(travail).
Nous reviendrons à cette importante question des relations de la
ration avec'le travail des animaux.
192 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
XIV. — Coefficients de digestibilité des principes nutritifs
(Substance sèche, matière azotée, graisse, glucose, amidon, celluloses)
Jusqu'ici nous avons examiné les résultats de nos études concer-
nant :
1° La composition chimique des fourrages d'expérience ;
2° La consommation journalière des mêmes fourrages.
Nous avons ainsi établi, pour chaque régime étudié, les quantités
journellement ingérées des différents principes nutritifs. Pour con-
naître les quantités de principes nutritifs réellement utilisées par
l'animal, il faut déterminer les quantilés non digérées de ces mêmes
principes. Elles se déduisent de la composition chimique et du poids
des fèces rendues. Par différence avec les quantités ingérées, on
connaît les quantités digérées de chaque élément nutritif, quantités
qui, rapportées à 100 parties en poids d’élément ingéré, représentent
ce qu'on nomme les coefjicients de digestibilité de chacun des élé-
ments de la ration.
Le tableau ci-contre indique les coefficients moyens de digesti-
bilité trouvés pour les principes nutriufs les plus importants au cours
de seize expériences différentes. Ces coefficients moyens ont été éta-
blis, dans chaque essai, à l’aide des coefficients obtenus pour un
même principe nutritif sur les différents chevaux observés au repos,
à la marche et au travail à différentes allures ; en procédant ainsi,
on atténue l'influence de l’individualité et celle de la situation de
l'animal en expérience, et l’on obtient des résultats pouvant être gé-
néralisés avec une plus grande certitude. Comme il est toujours
facile de se reporter aux mémoires originaux (V: ces Annales), si
l’on désire connaître le détail des coefficients de chaque expérience,
nous nous bornerons ici à donner le résumé des résultats obtenus.
On remarquera que la digestibilité de la substance organique est
toujours supérieure à celle de la substance sèche, d’environ 1,50 à
2,90 °/,. Les coefficients de digestibilité des cendres ont été cmis
pour insuffisance de précision, par suite de la difficulté de récolter
les fèces sans entrainement de matières minérales étrangères. Quant
DU CHEVAL DE TRAIT 193
? ENTATION
EXPÉRIENCES SUR L ALIM
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SCIENGE
ANN.
194 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
aux 2ndélerminés, ces substances étant dosées par différence et sup-
portant toutes les erreurs d'analyse, leurs coefficients de digestibilité
nous ont paru présenter un intérêt secondaire.
Les résultats que ce tableau contient permettent de se faire une
idée d’autant plus exacte de la valeur comparative des seize rations
étudiées, que chaque expérience a duré, en général, de six mois à
un an. Ces résultats, qui sont enregistrés, comme précédemment, par
ordre chronologique, donnent lieu à un certain nombre de remarques:
La digestibilité de la matière sèche d’une ration peut être regar-
dée comme résumant à elle seule la digestibilité de cette ration tout
entière ; la variation du coefficient de digestibilité de la matière
sèche indique alors, d’un régime à l’autre, la différence de digestibi-
lité de ces régimes. Nous constatons ainsi que la matière sèche est
digérée au maximum avec le sucre et le mais (78,40 °/.), et au mini-
mum avec le foin donné seul(41,72 °/,), et qu’en moyenne le cheval
digère 65 à 70 °/, d’une ration normale. Les rations les mieux digé-
rées sont celles qui contiennent surtout des aliments Lydrocarbo-
nés : sucre, pommes de terre, graines de céréales, ou encore les
rations mixtes contenant à la fois des grains, des résidus industriels
et une faible proportion de fourrages bruts (mélanges de 1881 et
de 1897).
Les fourrages bruls, comme le foin et la paille, sont mal digérés
par le cheval et dépriment la digestibilité des aliments auxquels on
les associe ; ce fait ressort très netlement des essais à l’avoine seule
et à l’avoine additionnée de paille : l'addition de paille à une ration
d'avoine a abaissé a digestibilité de cette dernière de 71 à 58 °/..
Les résultats trouvés avec les rations diles mélanges en sont encore
une nouvelle preuve ; le mélange de 1897, dans lequel il n’y avait
pas de foin, et où la proportion de fourrage brut était un peu
moindre que dans le mélange de 1881, a été plus complètement di-
géré que ce dernier. Dans le même ordre d'idées, on remarquera
que si les rations de féverole, de tourteau et de granules ont été mé-
diocrement digérées dans leur ensemble, peut-être doit-on l’attribuer
à la forte proportion de paille ajoutée à ces divers aliments. Au con-
traire, l'introduction du sucre dans une ration en augmente la diges-
tibilité : le mais avec paille d'avoine a pour coefficient de digestibilité
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 1995
70 °/,, tandis que ce coefficient dépasse 78 °/, avec le mais et la paille
d'avoine additionnés de sucre.
En ce qui concerne les matières azotées, nous remarquerons qu'il
s’agit ici des malières azolces lotales, calculées d’après l’azote total
à l’aide du coefficient 6,25. Les matières azotées les mieux digérées
sont celles des rations suivantes : avoine seule, féverole et paille, mé-
langes de 1897 et 1881, maïs et paille de blé : dans ces différents
cas, la digestibilité de l’azote a dépassé 70 °/,. Entre 70 et 60 °/, de
digestibilité, viennent se ranger les rations de tourteau, de sucre,
(sauf avec foin), d’avome et paille, de maïs et paille d’avoine, de
maltine et de granules. Enfin, les pommes de terre et le foin vien-
nent en dernier lieu avec 43 à 55 °/, seulement de leur azote digérés.
Dernière remarque : la fermentation ne paraît pas modifier la diges-
tibilité de la matière azotée du maïs ; la maltine, donnée avec mais et
paille d'avoine, a exactement le même coefficient de digestibilité que
le maïs et la paille d’avoine donnés seuls (61 °/,).
Quant à la graisse, nous rappellerons qu’on désigne ainsi l’ensemble
des substances extraites des aliments et des fèces par des dissolvants
comme le sulfure de carbone et l’éther ; cette dénomination englobe
donc des corps de nature très différente (graisse, chlorophylle, ré-
sines, cire, produits biliaires et produits de sécrétion intestinale). Il
en résulte que, pour la graisse, on ne peut réellement compter sur
des coefficients comparables que s’il s’agit d’alimentations très voi-
sines. Getle réserve se justifie quand on constate que, pour trois de
nos rations : pommes de terre, féverole, foin et sucre, on n’a pas pu
établir les coefficients de digestibilité de la graisse, la sortie de cette
matière par les fèces ayant été supérieure à l'entrée par la ration ;
ce fait est dù à ce que, dans les fêces, on dose parfois comme graisse
des corps tout différents de ceux qu’on dose dans les aliments (pro-
duits de la bile, ete.), et que, dans certains cas, la ration contenant
très peu de graisse, les fèces renferment pourtant une quantité notable
de principes d'origines biliare ou intestinale.
Ces anomalies mises à part, on voit sur le tableau que la digestibi-
lité de la graisse, minima avec le foin seul (9 °/), est maxima avec
l’avoine seule (75 °}), qu’elle subit une dépression de-75 à 67 °/,
quand on ajoute de la paille à la ration d'avoine, qu’elle se maintient
196 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
entre 66 et 60 °/, avec le maïs, fermenté ou non, qu’elle est de 60 °/,
dans nos mélanges, qu’elle n’est pas influencée par l'introduction du
sucre, mais qu'elle tombe à 44 °/, puis à 39 °/, avec les granules et
les tourteaux, quand ces fourrages sont associés à une forte propor-
tion de paille.
Les détails qui précèdent nous permettent d’être très bref en ce qui
concerne les principes hydrocarbonés. Le tableau (p. 193) ne ren-
ferme que les coefficients moyens de digestibilité des principes hydro-
carbonés les plus importants, coefficients obtenus comme nous Pavons
indiqué plus haut. Ces principes ont été rapportés à quatre groupes :
glucose, amidon, cellulose brute et cellulose saccharifiable, pour cha-
cun desquels nous allons examiner les résultats de nos expériences.
Remarquons d’abord que le terme glucose désigne ici l’ensemble
des matières sucrées de nos fourrages ; il faut done lui donner le
sens général de sucres. On constate à première vue que les sucres
ont été intégralement digérés, avec les alimentationsles plus diverses
et quelle que soit leur proportion dans la ration. Que la ration:
journalière en contienne 60 grammes, comme dans l’essai à l’avoine,
ou 2 400 grammes comme avec le sucre et le mais, 1l est impossible
d'en retrouver la moindre trace, pas plus dans les fèces que dans
les urines : les sucres sont donc lotalement digérés et utilisés.
La digestibilité de lamidon s’est montrée en général très élevée,
mais plus variable toutefois que celle du glucose ; les limites extrêmes
ont été de 76°/,, au minimum, avec le foin et le sucre, et de 100°/, avec
les granules cuits. L’amidon du foin ayant un coefficient de digestibi-
lité de 85 °/,, c’est donc avec les rations de foin que l’amidon est le
moins bien digéré, et, dans ce cas, la présence du sucre ne modifie pas
la digestibihté de Pamidon. Le maximum trouvé pour les granules
indique que la cuisson exerce une influence favorable et, d’autre part,
la comparaison entre l’avoine seule et l’avoine avec paille montre que
la dépression constatée pour la matière sèche totale ne porte pas sur
l’amidon. Les aliments amylacés (avoine, maïs, pommes de terre)
présentent des coefficients identiques (98 à 99 °/,), tandis que la f6-
verole (comme d’ailleurs le tourteau) a donné des résultats un peu
faibles, la-méthode d'analyse employée ayant fait compter comme
amidon une partie de la cellulose des fèces. Enfin, dans le mélange
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 197
de 1881, l’amidon accuse une digestibilité bien inférieure à celle du
mélange de 1897 ; nous devons ohserver que ces deux cas ne sont
pas comparables, l’amidon et la cellulose saccharifiable n'ayant pas
été séparés lun de l’autre dans les analyses de 1881.
En ce qui concerne les celluloses, le tableau montre qu'elles sont
beaucoup moins bien digérées que les autres principes hydrocarbo-
nés et que la cellulose saccharifiable est généralement mieux assi-
milée que la cellulose brute. Avec la ration de pommes de terre el
grains, on constate un maximum de plus de 57 °/, de cellulose brute
digérée ; mais, par contre, on trouve un minimum de 31 °/, avec
l’avoine el la paille. On peut également noter la fable digestibilité
de la cellulose brute dans les deux essais au foin et dans ceux où la
ration contenait beaucoup de paille (féverole, tourteau); seuls, les
granules semblent faire exception à ce fait, mais alors on peut se de-
mander s’il ne faut pas y voir l'influence de la cuisson. La comparai-
son des expériences à l’avoine et au maïs montre encore que la cel-
lulose brute, moins digestible dans l’avoine que dans le maïs, lest
davantage dans la paille d'avoine que dans la paille de blé. Quant au
sucre, son influence parait nulle ou peu sensible sur l'assimilation de
la cellulose brute.
Ce sont les rations sucrées (granules et sucre, maïs et sucre) qui
ont donné les coefficients les plus faibles pour la cellulose sacchari-
fiable ; ces deux cas mis à part, ce dernier élément accuse presque
toujours une digestibilité meilleure et variant dans le même sens que
celle de la cellulose brute.
XV. — Principes nutritifs ingérés par jour
Nous avons indiqué précédemment (*) comment, à l’aide des coeffi-
cients de digestibilité de chacun des principes nutritifs constituant les
éléments des rations alimentaires, on arrive à évaluer les quantités de
chacun de ces principes qui ont été digérées, chaque jour, par les
chevaux dans les diverses séries d'expériences exécutées de 1881 à
1900 au laboratoire de recherches de la Compagnie générale des voi-
1. Voir pages 192 et 203.
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202 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tures. Le lecteur se rappelle que, dans l’expérimentation des seize
rations différentes consommées par nos chevaux, ces derniers ont été
parallèlement placés dans les trois situations suivantes : repos; mar-
che sans travail de traction ; marche avec travail exécuté tantôt au
manège dynamométrique, tantôt à la voiture. Chacun des chevaux
passant successivement par ces trois situations pendant le temps con-
sacré à l’étude de chaque ration, — trois mois au minimum, — on
voit quelle quantité considérable de données numériques nous avons
été à même de réunir sur les rations de repos, de marche et de tra-
vail du cheval de service. Nous avons pu dresser, en quelque sorte,
le bilan de la digestion chez le cheval.
Afin de permettre aux personnes qu’intéresse particulièrement la
question du régime alimentaire du cheval de trait d’embrasser d’un
coup d'œil les résultats consignés dans nos registres d’expériences,
nous avons, M. Alekan et moi, réuni dans deuxtableaux les quantités
de principes nutritifs ingérés (tableau i) et celles des mêmes principes
digérés par nos chevaux (tableau ID) qu’on trouve aux pages 198 el 200.
La reproduction intégrale de ces deux tableaux, empruntés à notre
publication Vingt années d'expériences sur l'alimentation du che-
val, nous a semblé indispensable à l’intelligence de la discussion à
laquelle nous nous livrerons plus tard sur l’utilisation des rations,
tant au point de vue de l'entretien physiologique du cheval qu’à celui
de la production du travail qu’on lui demande.
La comparaison des chiffres de ces deux tableaux, qui peut gui-
der très utilement les cultivateurs dans la détermination des rations
de leur cavalerie, nous permettra, comme on le verra, de fixer les
idées sur les rapports que doivent présenter les rations, soit qu'il
s'agisse seulement de subvenir aux besoins de l'animal pour maintenir
son poids vif à peu prèsinvariable dans les périodes de repos (ration
d'entretien), soit qu’on ait en vue d'obtenir de lui un travail déter-
miné.
Nous indiquerons ultérieurement les quantités de travail fournies
par nos chevaux, la valeur calorifique des rations consommées et la
relation nutritive de chacune d’elles. Le lecteur aura ainsi sous les
yeux un ensemble de documents dont la pratique peut, croyons-nous,
ürer des enseignements précieux. Nos tableaux F'et I appellent un
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 203
commentaire et un certain nombre de remarques. Les chiffres qu'ils
résument nous permettront de passer successivement en revue les con-
ditions si différentes d’alimentation du cheval, suivant les situations
au’il occupe, conditions dont on néglige beaucoup trop générale-
ment de tenir compte dans l’exploitation de ce précieux auxiliaire.
XVI. — Principes nutritifs digérés par jour
Le tableau [ indique pour chacune de nos seize séries d’expé-
riences les quantités de chacun des principes des aliments ingérés
par nos chevaux dans les trois situations qu'ils ont successivement
occupées : repos, marche sans travail, marche au travail. Le ta-
bleau IT contient, pour chacune de ces séries, les indications corres-
pondantes sur les quantités des mêmes principes digérés.
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler à ce sujet, bien que nous
l’ayons indiqué antérieurement, comment les nombresinscrits sur ce
tableau ont été déterminés, et l'importance qu'ils ont pour l’appré-
ciation de la valeur alimentaire de chacune des rations expérimentées.
Dans la pratique ordinaire, on se borne à noter, le plus souvent
approximativement, le poids des aliments donnés aux animaux. Or,
on sait que la valeur et l'efficacité d'une ration alimentaire dépendent
beaucoup moins du poids brut des éléments qui la composent que de
leur composition et de leur utilisation par l’animal. C’est en vue
d'établir, pour chacune des denrées entrant dans la ration de nos
chevaux, l’utilisation respective de chacun des principes nutritifs
fournis par les fourrages, que nous avons déterminé directement par
l'analyse la digestibilité de chaque principe chez l’animal au repos, à
la marche et au travail. Pour ce faire, la ration journalière est pesée
avant sa distribution ; si l’animal ne consomme pas la totalité des
aliments qu’on lui a donnés, on recueille les restes et on défalque
leur poids de la ration distribuée. On connaît ainsi exactement la
quantité, en poids, de la ration-mélange ou des aliments fournis iso-
lément et des principes ingérés.
D'autre part, on réunit avec grand soin les excréments solides, on
les soumet à une analyse complète, en appliquant aux dosages exé-
cutés, dans les fêces, les méthodes employées pour analyser les ali-
204 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ments. On obtient ainsi les résultats dont l’ensemble est inscrit dans
le tableau IE. On connaît alors la consommation réelle d’aliments du
cheval dans les différents états de repos et de mouvement. Si, d'autre
part, on a déterminé aussi exactement que possible, comme nous le
faisons depuis vingt-cinq ans, le chemin parcouru par l’animal et le
travail utile qu’il a produit, on est en possession de tous les rensei-
gnements nécessaires pour fixer rationnellement Ice régime du cheval
suivant ce qu’on exige de lui.
XVII. — La ration d'entretien du cheval au repos
Les tableaux [ et Il fournissent des indications précises sur les
quantités de principes nutritifs consommés par nos chevaux (tableau D)
et digérés par eux (tableau IP), par jour moyen de repos, de marche
et de travail, pendant la durée d’expérimentation de seize régimes
différents.
Cet ensemble de documents représente en quelque sorte le bilan
de la digestion chez le cheval dans les trois conditions que nous
avons étudiées et qu’il nous fant examiner de plus près.
Le graphique ei-contre (fig. 1) a trait aux rations d'entretien au
repos. Sous forme de courbes, il représente les variations de poids
vifs, les valeurs calorifiques et les relations nutritives des rations
digérées. Avant de passer en revue les résultats ainsi obtenus, il est
utile d'indiquer comment ont été calculées les relations nutritives et
les valeurs calorifiques de la partie digérée des rations, entrant seule
ici en ligne de compte.
Relation nutritive. — Pour l’établir, on a classé en deux groupes
les principes nutritifs digérés, savoir : 1° matières azotées ; 2° matières
non azotées : ces dernières comprenant l’amidon, les sucres, les cel-
luloses, les indéterminés, et la graisse transformée à l’aide du coefli-
cient 2,4 ('). Le rapport entre les poids des matières azotées ainsi
trouvés et ceux des matières non azotées indique la relation nutri-
tive inscrite dans la deuxième colonne de gauche du graphique.
1. Rappelons que 1 gramme de matière grasse correspond à 2°°,4 d'amidon.
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des principes correspondants. En additionnant les deux produits ainsi
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206 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
qu'elle figure dans le présent graphique et dans ceux que nous re-
produisons plus loin. Aucun cheval au repos n’ayant été soumis au
régime du sucre, les courbes s'arrêtent dans ce graphique à la
treizième colonne.
De l'examen du graphique ressort ce fait dominant que, sur
treize rations expérimentées, deux seulement se sont montrées insuf-
fisantes pour l'entretien au repos: la ration d'avoine, donnée seule
(C), et celle des pommes de terre avec paille (1). Les onze autres
ont, non seulement suffi, mais elles ont même été quelquefois trop
fortes; ainsi se vérifie de nouveau la possibilité d'assurer l’entre-
tien du cheval au repos avec les régimes les plus variés. Cette diver-
sité est bien mise en évidence par la courbe des relations nutri-
tives, qu’on voit passer, de 1/4,4 avec la féverole (G), à 1/18 avec
les pommes de terre (1); les quantités relatives de principes azotés
et hydrocarbonés digérés ont donc varié dans des limites très larges.
Il en est de même, d’ailleurs, de leurs quantités absolues, comme le
montrent les chiffres suivants :
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Cie | saccharifiable. AYOINe SE AlIAS Granules. 159
EMBERLSS CRE AVoine tem T000 Granules. S54
Les minimums constatés pour la ration d’avoine seule, joints à la
très faible quantité de matière sèche totale digérée (2,457) [voir
tableau [1], montrent que cette ration a été nettement insuffisante,
les animaux ayant refusé d’en consommer davantage.
Le cas n’est pas le même avec la ration de pommes de terre et
paille : là, il »’y a pas eu insuffisance générale, puisque les chevaux
ont eu à leur disposition 5*£,2 de matière sèche, sur lesquels 3,9 ont
été digérés, et que, dans d’autres essais (mélanges de 1881 et 1897),
ils n’ont reçu que 4%,8 de matière sèche, en ont digéré seulement
38,4 et se sont entretenus en bon étai. La caractéristique de l'essai
à la pomme de terre, c’est plutôt l'insuffisance de matières azotées
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 207
digérées, qui devaient être au-dessous, peut-êlre avec très peu d’é-
cart, mais certainement au-dessous du minimum nécessaire à l’entre-
tien. Dès que la ration, par la substitution de mais et de féverole à
une fraction de pommes de terre, a fourni aux mêmes animaux un
supplément journalier de 40 grammes de matières azotées diges-
tibles, les taux des matières hydrocarbonées restant sensiblement les
mêmes, ils ont pu se maintenir en équilibre de poids vif; la relation
nutritive n’a pourtant varié que de 1/18 à 114,7, c’est-à-dire dans
des limites assez étroites. Nous verrons cependant ailleurs que, dans
certains cas, on a entretenu des chevaux avec des rations encore
moins azotées que la ration de pommes de terre dont il s’agit, mais.
alors ces animaux recevaient un grand excès de matières hydrocar-
bonées et surtout des hydrocarbonés totalement digestibles (sucre) :
d’une façon générale, on peut admettre que 200 grammes par jour de
matières azolées digestibles dans une ration d'entretien constituent un
muimum au-dessus duquel il est préférable de se maintenir. Est-il
nécessaire, par contre, de dépasser beaucoup ce minimum quand il
s’agit de chevaux adultes? Nous voyons sur le graphique qu'avec des
rations très azotées, comme celles avec féverole ou tourteau (rela-
tions nutritives: 1/4,4 et 1/5,3), on n’a pas obtenu de meilleurs
résultats qu'avec des rations moins riches et de relation nutritive
plus large (avoine et paille : 1/8,3 ; maltine : 1/9,5 ; maïs: 1/11 et
1/13,3). I semble donc inutile de donner des rations contenant par
jour 500 à 700 grammes de matières azotées digestibles comme on
l’a fréquemment admis, et l’on peut dire que : la quantité moyenne
de matières azolées digestibles largement suffisante pour l'entretien
au repos d'un cheval de 450 kilogr. est “e 350 grammes, d'après
nos expériences, soit, pour 1 000 kilogr. de poids vif, 780 grammes
par jour.
Si, maintenant, on groupe les matières non azotées comme il a été
expliqué précédemment, on constate que l'entretien au repos à été
entièrement assuré chaque fois que les rations contenaient, àvec le
taux précédent de matières azotées, 8,5 à 4 kilogr. de matières
hydrocarbonées digestibles. H en résulte, pour la relation nutritive,
une valeur oscillant de 1/10 à 1/14,4 pour lentretien au repos.
Quant à la valeur calorifique, elle a varié de 11 000 à 21 000 calories
208 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pour la ration digérée journellement, mais l’ensemble de nos expé-
riences montre que, chaque fois qu’une ration a fourni, après diges-
tion, 15 000 à 16000 calories, l'entretien au repos de nos animaux
a été largement assuré.
De ce qui précède découlent quelques conséquences importantes,
dont les cultivateurs et les propriétaires de chevaux peuvent, ce nous
semble, tirer grand profit. Nos vingt années d'expériences conduisent
à la confirmation, sans conteste possible, de la valeur du principe
des substitutions d’aliments dans la ration des animaux ; elles mettent
de plus en évidence un fait d’un intérêt économique considérable, à
‘savoir que dans la ration d'entretien du cheval, on peut réduire dans
une très large limite la quantité d’aliments azotés, les plus chers de
tous, en élevant proportionnellement le poids des principes nutritifs
non azotés, d’un prix vénal beaucoup moins élevé.
Nous allons voir que ces conclusions conservent toute leur valeur
dans l’alimentation du cheval à la marche ou au travail.
XVIII. — La ration de transport du cheval à la marche
Si le lecteur veut bien se reporter aux tableaux Let IT (pages 198 et
200), il y trouvera pour chacune des seize séries d'expériences les quan-
üités de principes nutritifs ingérés et digérés par nos chevaux à la mar-
che, c’est-à-dire parcourant en deux fois, le matin et le soir, le même
chemin que les chevaux au travail. Attachés à la longe derrière les
chevaux attelés au manège dynamométrique, les chevaux à la ration
de marche n’avaient à transporter que leur propre poids, sans effec-
tuer aucun effort de traction, sur une longueur de 20 kilomètres.
Le graphique ci-contre (fig. 2) résume, comme dans le cas du
repos, les variations de poids vifs journaliers, les relations nutritives
et les valeurs calorifiques ; les pesées avant et après la marche fai-
saient connaître les variations de poids ; nous avons expliqué dans le
chapitre précédent comment on détermine la relation nutrilive et la
valeur calorifique des rations ; nous n’y reviendrons pas.
Avant d'examiner les résultats groupés ci-dessus, nous ferons ob-
server que quatre expériences, pommes de terre et grains (K),
oranules (M), sucre et foin (0), sucres et granules (P), n’y figurent
209
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sont
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Sur les douze rations de transport expérimentées, tro
montrées plus que suffisantes, maïs el paille de blé (F), féverole (G),
ANN. SCIENCE AGRON. —
14
Il
Ds —
Fr
E. — 190
SÉRI
2e
210 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sucre el muis (Q); deux ont simplement assuré l’équilibre de poids
vif, ais el paille d'avoine (E), maltine (L), et les sept autres ont
été insuffisantes, mais à des degrés divers. Nous constatons à nouveau
la grande variété des régimes à l’aide desquels on à pu parer aux
besoins de chevaux de 450 kilogr. transportant chaque jour leur
propre poids sur une longueur de 20 kilomètres : les valeurs extrêmes
de la courbe des relations nutritives (1/26, 1,56 et 1/13,48) en
sont la meilleure preuve, et nous confirment dans cette opinion que
nous avons émise déjà plusieurs fois, qu’il convient de ne pas exa-
gérer l’importance de la relation nutritive pour les animaux de tra-
vail adultes. Nous constatons, en effet, si nous envisageons les
régimes ayant assuré, les uns largement, les autres strictement, l’en-
tretien de nos sujets d'expériences, que les deux régimes correspon-
dant aux relations nutritives extrêmes (sucre et maïs; féverole) se
sont montrés également favorable ; l’un deux (sucre-mais) n’appor-
tail pourtant chaque jour que 182 grammes de matières azolées
digestibles, c’est-à-dire moins que le régime à la pomme de terre,
reconnu insuffisant, n’en avait fourni pour l’entretien au repos;
mais, à côté de cette très faible quantité de matières azotées, il con-
tenait plus de 5 kilogr. de matières non azolées digestibles, ces ma-
tières étant groupées comme il a été dit nrécédemment. L'apport
d’une aussi forte quantité d'hydrocarbonés digestibles a donc ample-
ment racheté l’insuffisance de la ration en principes azotés. D'autre
part, avec la ration de féverole, dont la relation nutritive a été la
plus étroite de toutes, nos chevaux ont augmenté de poids, comme
avec le sucre et le maïs, en recevant journellement six fois plus de
matières azotées digestibles (1063 grammes), et seulement 8*4,7 de
malières non azolées digestibles. Quand au troisième régime qui a
produit une augmentalion de poids, on peut le considérer comme un
moyen terme entre les deux précédents, puisqu'il a fourni chaque
jour plus de 360 grammes de matières azotées, soit le double de la
ration sucre et maïs, et près de # kiogr. de matières hydrocarbo-
nées, sa relation nutritive étant de 1/11 environ.
Les deux rations qui ont simplement assuré l’équilibre de poids
vif présentent également des diflérences, mais beaucoup plus atté-
nuées; elles nous montrent, en tous cas, qu’on n’a pas obtenu de
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 211
meilleur résultat avec la ration de malline contenant plus de 300
grammes de matières azotées digestibles et près de à kilogr. de ma-
tières hydrocarbonées, qu’avec le maïs et la paille d'avoine qui ne
renfermaient pas même 400 grammes des premières et 45,7 des se-
condes.
Parmi les rations insuffisantes pour le transport, nous en trouvons
de très riches en matières azotées, comme le tourteau, avec 1/5,2
pour relation nutritive, et de très pauvres, comme la pomme de terre,
dont la relation nutritive est de 1/16,4; la quantité de matière sèche
totale digestible fournie dans ces deux cas particuliers n’a pourtant
pas été sensiblement inférieure à celle qu’avaient apportée les ré-
oimes reconnus favorables. Ces deux cas mis à part, on constate
aisément sur le tableau [ (voir p. 198), que les rations insuffisantes
contenaient wne trop faible somme d'éléments digestibles.
Comme nous l’avons fait pour le repos, nous réunissons ici les
quantités minima et maxima des principes Journellement digérés à la
marche :
MAXIMA MINIMA
> grammes #4 grammes
Matière sèche totale . . Avoine... .0,2 610 Sucre et mais. . 5 345
Matières azotées. . . . Sucre et maïs. 182 Féverole. . .… . 1 063
UPS RTE EEE FOR PUR 8 Maltine . . . . 198
SULTO MNT NIMES. Avoine . . . 62 Sucre et mais, . 2435
AMIdONS ER Hat EU. Fons e 437 Maïs et paille d'avoine, 3 306
clioss brute Avoine seule. 166 Avoine et paille. 759
saccharifiable. Avoine seule. 201 Fo "LAREU UT 621
En ce qui concerne les résultats moyens, et bien qu'il soit difficile,
d’après ce qui précède, de conclure d’une façon définitive, on peut
dire en considérant l’ensemble de nos essais que la ration de trans-
port, pour remplir les conditions qui ont été rappelées plus haut,
doit renfermer en général 450 grammes de mutières azotées digesti-
bles et 4,5 de matières hydrocarbonées digestlibles, groupées comme
il a été précédemment expliqué. Cette conclusion, rapprochée de ce
qui a été dit pour le cheval au repos, montre que dans les conditions
de nos expériences, il faut augmenter d'au moins 2/10 la leneur de
la ration d'entretien en principes digestibles pour obtenir celle de La
ration de transport. Les essais de 1881-1882 avaient conduit à ad-
212 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
mettre comme suffisante une augmentation de 1/10, mais toutes les
expériences faites depuis cette époque démontrent que cette der-
nière augmentation était trop faible. Quant aux valeurs calorifiques
des rations digérées, elles ont, bien entendu, éprouvé d’assez grandes
variations, puis qu’on les voit passer d’un minimum de {1500 calories
avec l’avoine donnée seule à un maximun de 23 000 calories avec
la malline ; on peut admettre, dans le cas qui nous occupe; une va-
leur d'au moins 18000 calories, pour que l'animal à la ration du
transport se trouve dans de bonnes conditions. |
XIX. — Les rations du cheval au travail
Variations des poids vifs
Nous venons de passer en revue l’utilisation des rations d'entretien
et de marche de nos chevaux d'expérience. Examinons maintenant
la ration de travail.
Le tableau If réunit les quantités de principes digérés dans les trois
situations occupées par les chevaux ; mais il est plus explicite que
les travaux précédents en ce qui concerne le travail. Il indique, en
même temps que la répartition en deux groupes des principes di-
gérés, leur valeur calorifique et la relation nutritive, les divers modes
de travail (manège et voiture), et les différentes allures (pas et trot).
Le graphique (fig. 3) [voir p. 216] ne comporte que deux obser-
valions préliminaires :
1° Il renferme les résultats de quinze expériences seulement : l’essai
d'alimentation aux granules cuits n°y figure pas, parce qu'il n’a pas
comporté de chevaux au travail.
2° Comme dans les tableaux précédents, on a compté la cellulose
saccharifiable tantôt avec l’amidon, tantôt avec des indéterminés, par
suite des changements apportés aux méthodes d'analyses.
La première constatation à faire sur l’ensemble des résultats re-
présentés dans le graphique est l'augmentation du poids vif dans deux
expériences seulement : sucre et foin (0), sucre el granule (P). Avec
tous les autres régimes, il y a -eu perte de poids au travail, de sorte
que toutes nos rations de travail semblent avoir été insuflisantes à
couvrir les dépenses de l’organisme de nos sujets d’expériences. Ces
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 213
III. — Rations digérées : Groupement des principes nutritifs,
valeurs calorifiques et relations nutritives.
GROUPEMENT
des principes digérés | VALEUR
» RE
EXPÉRIENCES SITUATIONS |-Matièrés en
Matières | 7 ë nutritive
non :
Es E calories
azotees azotées
| RELATION
Gram mes | Grammes | Calories
REPOS TE PIRE 3014,5114327,8| 1/7,01
MATCHES RE ; 3.303.,2 115 640,7] 1/7,24
Mélange 1881 . .{ Travail au pas . . . COTON IAE re
—NAUNMTOL ES. 4225,2|19980.0| 1/7,31
— (moyenne). .| 592, 4298,1 120 348,2] 1/7,25
LUE AE EN OCT 3 583,1 116987,0| 1/7,18
12
19 = te + 19: ©
2 551,511 513,8|1/11,32
2 866,0 [13 049,1| 1/10,46
3 908,9 [17 780,8 1/10,25
4 889,4 [22 091,2! 1/11,00
4 491,4 [20 307,6) 1/10. 01
4 354,6 [19 750,5) 1/10,56
Repos. .
Marche .
Travail au pas .
— “au trot:
— à la voiture .
— (moyenne).
2
Ca
D 9 O7 UT à 2
+! 12 19
—… OR
|
_
Moyenne. . 14771,6)1/10,58
10 759,2| 1/6,31
11565,6| 1/6,36
11412,4
Repos.
Avoine seule. . .{ Marche .
Travail au pas .
19 12
LA]
Moyenne. . 112279:,3
Repos. .
Marthe Hase.
Travail au pas .
+ AUNLTOU-
— à la voiture .
— (moyenne).
Avoine et paille.
Moyenne, .
{ Repos.
| Marche . Le
Maïs et paille Travail au pas . . .| 4 2 1/12,03
«
d'avoine. | — autrot. . .| 353 5 3 [22 290,3|1/14,18
— à la voiture . Ê 17 884,5] 1/13,30
— (moyenne). .| 3: 1 73: 21 048,3| 1/13,25
MOYENNE PAPER IE l 19 695,6| 1/12,09
214
EXPÉRIENCES
Repos
Mais et paille Travail
de blé. | s
Moyenne. .
! Travail
Féverole. .
Moyenne. .
. Travail
Tourteau .
Repos. .
Marche .
SITUATIONS
Marche .
au pas .
au trot.
à la voiture .
(moyenne).
Repos. .
Marche .
au pas .
au trot.
à la voiture .
(moyenne).
au pas .
au trot.
à la voiture .
(moyenne).
au pas .
Moyenne. .
! Repos. .
Marche .
Pomme de terre | Travail
paille. D
ie
Moyenne. .
au trot.
à la voiture .
(moyenne).
Moyenne. .
Pomme de terre, | Repos. Se
grains et paille. | Travail à la voiture .
Moyenne. .
/ Repos. .
| Marche .
Mans het, Travail au pas .
au trot.
à la voiture .
(moyenne).
GROUPEMENT
des principes digérés
EE
Matières
azotées
Grammes
336,4
362.0
372,0
123,9
330.0
375,5
307,4
766,9
1 062.6
1 335,4
1 352,8
1 449,9
(397,2
[1026,1
577.0
710,1
753,0
910,9
1 037,6
943,8
745,7
197,1
257,9
304,1
244,0
118,5
211,9
915,4
238.0
494,8
331,4
474,0
533,2
577,2
590,2
657,1
613,0
539,2
Matières
non
azotées
Grammes
3 739,7
3 962,5
3 869,6
4 500,0
3 862,5
4071,7
SOLE
3 386,5
3 692,6
4101,.7
4 531,3
4 638,4
4 470,5
3 626,9
3 042 ,2
HOT
3 873,0
3 877,8
4 073,6
3 989,9
3 553,2
3 581,8
4 228,6
4 952,4
4 460,8
4 116,0
4 470,3
4 037,7
3 502,3
5 034,1
4 329,9
4 500,4
4 973,9
5 216,5
5 317,2
5 445,4
5 338,4
4 874,5
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
VALEUR
en
calories
Calories
16 880,2
1791105
17 578,9
20 399,9!
17 354,3
18421,3
Nr EE
17410,6|
20102757
22 959,8
24 805,8
25 686,9
24 756.2
19 590,4
ONE
18 427,1
19347,2
20 089,1
21474,8
20 700,1
17 998,3
NES
18 523,6
21 703,6
1941157
17 420,7
19 302,9
17 545,4
15 454,2
22139309
UT
20 652,0!
29 645,7
24 042,7
24 515,4
25 348,8
24 707,2
22 433.6
RELATION
nutritive
1/11,12
1/10,94
1/10.,39
1/10,62
1/11,70
1/10,84
1/10,97
1/4,49
1/3.48
1/5,07
1/2,35
1/3,20
1/3.20
1/3,53
1/3,27
1/5,21
1/5, 14
1/4,26
1/3,93
1/4,23
1/4,76
1/18,12
1/16,40
1/10,29
1/18,28
1/34 ,73
1/21 10
1/18 75
1/14,71
1/11,85
1/13,06
1/9,49
1/9,33
1/9,04
1/9,01
1/8,28
1/8,71
1/9,16
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 219
GROUPEMENT
des principes digérés | VALEUR
— —
EXPÉRIENCES SITUATIONS ; en
Matières | Matières
| RELATION
| nutriive
PRESENT SE 7 RSR TRE ESP SRSERS DT
Grammes | Grammes | Calories
Granules cuits . .| Repos. . . . . . .| 621,4 | 3 530,8 [17 334,7| 1/5,68
Repos: . . . . . -! 402.8 | 3 230,5 |15097.,9}: 1/8,02
Marche ee 319521151099 0117/7335
Travail au pas . . .| 6: | 4 264,3 [20 361,8| 1/6,82
au (rot. ol 04 4 335,9 [20 099,7| 1/8,59
— à la voiture .| 5 4 543,5 121:251,8| 1/7,97
— (moyenne). .| 56 4 410,7 [20 690,3] 1/7,78
Moyenne. DU re LES 3 612,2 |16962,8| 1/7,72
non
£ calories
azotées
azotées
Mélange 1897 .
Sucre et foin. . .{ Travail à la voiture .| : 4 363,1 336,8! 1/13,86
Sucre et granules. | Travail à la voiture .| 395 23 467,8 1/13,34
PMATCNERS MR EE IT ‘a 210,5 [99 202,6! 1/28,55
Travail au trot. . . ,* .0| 1/21 ,48
— à la voiture . 2 2,3 |23 306.4| 1/22.,31
— (moyenne). . £ 4 6 1/21,56
Sucre et mais .
Moyenne eee Rare / ,0 12 | 1/23,12
pertes de poids ont varié de 800 gramines par jour comme maximum,
avec l’avoine seule (C), à un peu plus de 100 grammes comme mini-
mum, avec les pommes de lerre additionnées de grains (K); dans la
plupart des cas, elles se sont maintenues entre 200 et 400 grammes
par jour. Il sera plus facile de comparer les différents régimes quand
nous aurons exposé loutes les données concernant le travail ; pour le
moment, nous ferons simplement remarquer que le travail journalier
a varié dans d’assez larges limites (230 000 à 650 000 kilogrammètres)
et que ces variations sont loin d’avoir été en rapports directs avec
celles des poids vifs. Dans les deux expériences (sucre et foin, sucre
et granules) où le poids vif a augmenté, on a demandé aux animaux
un travail intense, mais de durée beaucoup plus courte que dans tous
les autres essais ; même avec le régime sucre et maïs, les conditions
moyennes dans lesquelles s’est effectué le travail n’ont pas encore été
les mêmes : les comparaisons portant sur l’ensemble des expériences
sont plutôt malaisées à établir.
En nous limitant aux essais dans lesquels les conditions du travail
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
216
es différents, com-
,
égim
é semblables, il nous reste encore huit r
prenant la suite des expériences effectuées depuis l’avoine jusqu’au
ont (
. ‘saonomodxe uo xnB4Aouo sop srorpeuanof sprod op soiod no suiua so{ sotueiSOTtA 9 on bIpuI aUUHO0109 A19TIOP Ur
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000%1
000'8T
0002
00097
e-
(mais, féverole, tourteau, pommes de terre, maltine et m
lange 1897). Dans cette série, le travail journalier minimum a été
effectué avec le régime des pommes de terre seules et le travail maxi-
sucre
EXPÉRIENCES SUR L ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 217
_mum avec le mélange ; on voit sur le graphique que dans chacun de
ces cas, il n’y a pas eu de relations directes entre le travail et les va-
riations de poids. D’autre part, la perte maximum de poids s’est pro-
duite avec le maïs et la paille d’avoine (E), la perte minimum avec
les pommes de terre et grains (K); or, dans le premier cas, le travail
a été inférieur de près de 70000 kilogramimnèlres à celui du second
cas. Si, toujours dans la même série, nous comparons des rations {rés
azolées comme celles de la féverole et du tourteau (relations nutri-
tives : 1/3,2 et1/4,2) avec des régimes trois à quatre fois plus riches
en hydrocarbonés (pommes de lerre et grains, ayant une relation nu-
tritive de 1/11,8), nous voyons que pour un travail sensiblement égal,
les rations azotées ont entretenu les animaux en moins bon élat que
les rations hydrocarbonées. Avec la féverole, nos sujets d'expérience
recevaient près de {400 grammes par jour de matières azotées diges-
tibles pour 4,5 de matières non azotées, tandis que le régime de
pommes de terre et grains ne leur apportait que 425 grammes des
premières et un peu plus de 5 kilogr. des secondes, dont 34,8 d’ami-
don : la supériorilé des matières hydrocarbonées pour La production
du travail ressort donc nettement de cetle comparaison. Le régime
de la malline, avec lequel le travail produit a été tout à fait analogue
à celui de la féverole, à donné lieu à une moindre perte de poids ; ce
régime ne fournissait cependant, chaque jour, que 600 grammes de
matières azotées, mais, par contre, 8,8 de matières hydrocarbonées
digestibles (relation nutritive 1/8,7). Le maïs avec paille de blé et le
mélange de 1897 (relations nutritives : 1/10,8 et 1/7,8) peuvent en-
core fournir de nouveaux exemples à l’appui de ce que nous avançons.
Nous donnons ci-après, comme nous Pavons fait pour le repos et
la marche, les minima et maxima journaliers des principes nutritifs
digérés :
MAXIMAS MINIMAS
% grammes ES grammes
Matière sèche totale Avoine seule. . 2 650 PÉveroe ee 57007
Matières azotées. . . Pommes de terre. 212 Révervie nr m103 97
GTMISSRAE TE re FOI RER 21 Matin e PPT 235
SUCER Le 1 MAvoinéet-paile, 62 Sucre et mais . . 2403
Amidonss-.. .:. | Sucré ef foin - 344 Pommes de terre et grains. 3 785
sacchariliable . Avoine seule, . 136 ROME EE et 872
Gellulose :
LS brute. . . Avoine seule. . 212 Sucre et foin. . . 1 020
218 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Qu:nt «aux données moyennes, bien que toutes nos rations se soient
montrées un peu faibles, on peut, en tablant sur celles dont le résul-
tat a été le plus satisfaisant, admettre que, dans les conditions de nos
expériences, 1l faut donner chaque jour un minimum de 600 gram-
mes de matières azolées digestibles avec 6 kilogr. environ de matières
hydrocarbonées digestibles pour un travail de 50 000 kilogrammètres
en moyenne. Ce résultat, comparé à celui que nous avons admis
pour l'entretien au repos, nous montre que le facteur 3/2 adopté,
dans les premières expériences, comme représentant le rapport de
la ration de travail à celle de repos, doit être regardé comme un mi-
nimum ; si l’on désigne par 1 la ration d’entretien au repos, celle de
travail devra plutôt être représentée par 1,7 que par 1,5.
Une dernière remarque concerne la variation des valeurs calori-
fiques des rations digérées : ces valeurs passent, en effet, de 11 400,
pour l’avoine seule, à près de 25 000 pour la féverole, la maltine, le
sucre et le maïs; notoirement insuffisante dans le premier cas, elle
n’à pas même atteint la valeur nécessaire dans le dernier cas, malgré
sa variation de À à 2,5; il était d’ailleurs difficile de s’attendre à un
autre résultat d’après ce que nous avons constaté au sujet des prin-
cipes digérés.
XX. — Résumé des expériences sur l'alimentation du cheval.
Principes nutritifs ingérés et digérés par jour moyen.
Variations moyennes des poids vifs.
Après avoir envisagé isolément les conditions d’alimentation de
nos chevaux d'expérience, dans les trois états de repos, de marche et
de travail, je crois utile de résumer, comme nous l'avons fait M. Ale-
kan et moi dans notre album Vingt années d'expériences, l'ensemble
de toutes les données concernant le rationnement et les variations de
poids de nos animaux. Le graphique (fig. 4) et les tableaux qui le
suivent présentent les résullats moyens ; leur examen donne une
idée complète de la valeur des divers régimes alimentaires que nous
avons expérimentés. |
Ce graphique et les tableaux qui l’accompagnent comprennent les
seize séries d'essais. Le tableau V indique les variations journalières
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 219
de poids vifs pour chaque situation, et les poids moyens des chevaux
dans les principales de ces situations. Le tableau IV fournit les don-
spodopaaqnmbx 0
“Soouorxodxe wo xnwAouo sep sorpeuanof sprod.ep sej1od no sute$ so] somuEASOITA 0e on biput OUTO]O0 E1ITI0P ET
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j souroqe)
les valeurs calorifiques et
r
érés,
les principes dig
les relations nutritives reproduites par le graphique ci-dessus ;
“
2
nées moyennes sur
Si l’on envisage la série des expériences, non plus au point de vue
220
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de telle ou telle situation, mais dans l’ensemble de leurs diverses
phases, et en se souvenant que chaque régime a souvent comporté
une durée d’un an, on voit de suite que les rations adoptées ont lar-
TABLEAU IV
EXPÉRIENCES
Granules .
Avoine et paille. .
Sucre et foin. . .
Sucre et granules.
Féverole. . .
Maltine (!). . .
PRINCIPES
digérés par jour
EE — © —
Matières Matières
azotées |non azotées
Grammes Grammes
VALEUR
calorifique
Calories
1. — Rations suffisantes.
621.4
447,8
314,8
395,7
1 026,1
F 0]
532,2
3 530,8
3 873,7
4 363,1
5 279,9
3 626,9
4 874,5
17 334,7
77 949,0
19 336,8
23 467,8
19 590,4
29 433.6
II. — Rations presque saffisantes.
Maïs et paille de blé. .
Mais et paille d'avoine. .
Mélange 1881 .
Pommes de terre et grains.
Foin. .
Sucre et mais . .
Mélange 1897 .
Tourteau. . —
Pommes de terre. .
Avoine seule. . .
357,4
337,9
499 ,2
331,4
307,9
3 919,9
4 424.7
3 583,1
4 399,2
8257,4
17 715,6
19 695,6
16 987,0
19 274.1
14 771,6
III. — Rations insuffisantes.
5 599,0
3 612,9
3 553,2
4 037,7
2 341,3
1. Moyenne (sans février): 461,55.
24 070,0
16 962,8
17 998,3
17 545,4
11 272,3
RELATION
nutritive
113,53
1/9,16
1/10,97
1/13,09
1/7,18
1/13.06
1/10,58
1/23,12
1/7,72
1/4,76
1/18,75
1/6,44
VARIATION
moyenne
journalière
de
poids vif
a
Grammes
Équilibre.
Équilibre.
gement couvert les besoins de nos animaux dans les six cas suivants :
avoine el paille, féverole, malline, granules, sucre et foin, sucre et
granules ; dans quelques autres, les pertes de poids moyennes ont
été légères (mélange de 1881, foin, maïs, pommes de terre el grains) ;
enfin, la ration a été insuffisante dans cinq expériences (avoine seule,
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 221
V. — Variations moyennes journalières de poids vif et poids moyens
EXPÉRIENCES
Mélange 1881. .
Avoine seule .
Avoine et paille.
Mais et paille d'avoine .
des chevaux.
SITUATION
Repos .
| Marche. .
Travail au pas. .
{
=
Moyenne.
aunirot.
à la voiture.
(moyenne) .
: Repos .
| Marche. .
Travail au pas. .
— al irot..
— à la voiture. .
— (moyenne) .
Moyenne .
{ Repos.
il Marche. .
Travail à la voiture. .
Moyenne .
Repos .
Marche. .
| Travail au pas. .
— au trot. .
— à la voiture.
(moyenne) .
\ =
Moyenne .
Marche er
Travail au pas.
— au trot. .
— à la voiture. .
— (moyenne) .
| Repos .
Moyenne .
VARIATIONS
journalières
de poids
Grammes
TT
— : 20
200
113U7/
320
189
04
|
POIDS
moyens.
222 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
VARIATIONS
EXPÉRIENCES SITUATION journalières
POIDS
de poids moyen
Grammes
RAR ODOS EN Sn ra tite Le ont ter Dre LES
james sisi) 4
Mel naile 0 lee MTAVAIMAUSPDAS NES PIlE 765
AUTO RS EE. LOT
— à la voiture. . . . , .| — 703
— (moyenne) .,. . .: . .| — 320
MOYENNE 2 0 IT ER er es
Repos . SA SN er | EE AOPA D
Marche An Rene RS CES GS
Travail au pas. — 127
Féverole.
Qi 2 anratt Ge NN tone
— à la voiture. .: +. : ,|. —— 468
— (moyenne) . . . . . .| — 319
MOYEQRE SE EE DECO PAR E Équilibre
REPOS rer Re EN QE QT
Marche AR ES nets EN 000
Ten Lt ravail au pas + o
= AUMÉTOLS ENS SET DT — 255
TA Id AVOlUTe REP ENGIN
— (moyenne) . +. : . .| — 379
MOYENNE ARE EE Ma RER RTS
REPOS RL ue ds Pine re 208
Mare he ENS ER AIN ES
Pomme de terre et paille) Travail au pas. . . . . . . .| — S7
d'avoine ni. © — au trot... HSE ae) 72291
— à la voiture. . . .: . .| — 350
— (moyenne) . . . . . .| — 234
Moyenne. EN MS MAR ENTER CE RE ILE
Pomme de: terre, grains( Repos, 2 UPS CT
étipaille, #52 1 04. Travail aa voliare.. : 2 213
MOYENNE MEME ES TR ER?
REDOS LUE TR Eee NIMES Ti]
Marche En ra EI ESS
; Pravail AUpAs MSI TE IE
Haltme” — y) au (TOt. 2 bte ne AE
— à la NONUr0. until 981
—+ (moyenne) ner 718
Movenne:;r.2 7 RSR NRC Équilibre 454,2
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 223
VARIATIONS
POIDS
EXPÉRIENCES SITUATION journalières
£ pu
de poids 9 enE
Grammes Kilogr.
Granules euits . . . .| Repos. à + 227 441,5
RÉDUSRNE ME- eun een 02 notre PO 432,4
Marche. . EE HU 410,4
Travail au PAS. tr ne 137
ae AUTO PNA TER LE 492
7, AIX VOIURES on 528
—* (moyenne) . ... .-:. 390
Mélange 1897. .
Movente PAR UE SÉTIPNE GER 140
Sucre et foin. . .-. | Travail MAUvoitUre. A 5 A 120
Sucre et granules. . .} Travail à la voiture. .
! Marche. .
Travail au trot. .
‘l — à la voiture. .
| — (moyenne) .
Sucre et mais. .
Moyenne .
tourteau, pommes de terre seules, mélange 1897, sucre el mais).
Pour faciliter l'examen des résultats obtenus avec ces différents ré-
gimes, nous les avons groupés, ci-dessus, en trois catégories, suivant
que les rations ont été suffisantes, presque suffisantes (pertes de poids
inférieures à 100 grammes par jour), ou insuffisantes, et dans chaque
catégorie nous avons classé les expériences, non par ordre chrono-
logique comme ci-dessus, mais en commençant par celles dont le
résultat a été le plus favorable.
Cet ensemble de données permet de faire quelques remarques in-
téressantes : ainsi on peut constater que, dans chaque catégorie, se
trouvent certaines rations à relation nutritive étroite, et d’autres à
relation beaucoup plus large ; nous voyons, par exemple, la féverole
produire, avec une relation de 1/3,53, le même effet que la malline
avec 1/9,16, pour an travail d’ailleurs équivalent.
Dans la deuxième catégorie, le mélange de 1881 se signale par
une perte de poids sensiblement égale à celle du mais avec paille
d'avoine et de la pomme de lerre associée aux grains, dont la relation
224 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
nutriüve est d'environ deux fois plus large ; mais il convient d’ajouter
que le travail à la voiture (le seul dont nous avons la valeur exacte
pour les expériences antérieures à 1887) a été, dans l’essai au mélange,
notablement supérieur au travail produit avec le mais ou la pomme
de terre. Enfin, parmi les rations insuffisantes, nous voyons figurer,
avec des pertes de poids très voisines, le mélange de 1897 et le tour-
teau, dont les relations nutritives sont de 1/7,72 et 1/4,76, le travail
moyen ayant été plus considérable avec le mélange qu'avec le tour-
teau. C’est encore dans la même catégorie que sont rangées les rations
de sucre el maïs (relation nutritive : 1/25,12) et d'avoine seule (rela-
tion 1/6,44) qui ont, du reste, produit des résultats bien différents.
On peut conclure de là que La valeur alimentaire d'une ration dé-
pend beaucoup moins de sa relation nutritive que de la quantité
totale de principes digeshibles qu'elle renferme.
Examinons maintenant les diverses expériences, dans l’ordre où
elles ont été classées dans le tableau IV. Le régime des granules a
produit, comme on le voit, le maximum d’augmentation de poids vif
avec une faible teneur en éléments digestibles : nous ferons observer
que ce régime n’a servi qu’à des chevaux au repos et qu’il est seul dans
ce cas, toutes les autres expériences ayant porté sur des animaux au
travail. En ce qui concerne l’avoine avec paille, il ne peut pas être
question de comparer cette ration avec celle d'avoine seule, qui a été
manifestement insuffisante ; si, d'autre part, le résultat moyen du
régime avoine et paille a été meilleur que celui des essais au maïs,
cela tient, surtout pour le mais avec paille d'avoine, à l'excédent de
travail à la voiture fourni dans ce dernier essai. La ration de sucre
el foin semble, au premier abord, avoir constitué un régime préfé-
rable au foin seul, grâce au supplément de matières hydrocarbonées
fourni aux chevaux, les matières azotées restant d’ailleurs les mêmes,
mais nous devons remarquer qu'avec le foin seul, le travail à la voi-
ture a été plus du double de celui du foin avec sucre. Quant aux ra-
tions de féverole et de malline, elles démontrent que, dans les mêmes
conditions de travail, on peut obtenir le même entretien de poids vif,
en diminuant les matières azotées digestibles de plus de 500 grammes
par Jour et en augmentant, par contre, les hydrocarbonés digestibles
de 1 250 grammes.
EXPÉRIENCES SUR L'ALIMENTATION DU CHEVAL DE TRAIT 229
La-différence des résultats constatés avec les mélanges de 1881 et
1897 ne peut être attribuée au travail, qui aurait plutôt agi en sens
inverse, mais il est possible que la ration de 1881 étant déjà insuffi-
sante, la plus faible diminution des matières azotées digeslibles, non
compensée d’ailleurs par une augmentation de matières hydrocar-
bonées, soient venue causer en 1897 une perte de poids deux fois et
demie plus grande.
Le régime des pommes de lerre avec grains, succédant à celui des
pommes de terre seules, a apporté un supplément appréciable de
principes azolés et non azotés digestibles ; aussi, tout en produisant
plus de travail, les chevaux se sont-ils mieux comportés pendant la
deuxième expérience.
Avec le lourleau, l'excès de matières azotées de la ration ne paraît
pas avoir équilibré l’apport plutôt modeste en principes non azotés.
Enfin, pour terminer cette sorte de revision, nous ferons observer
qu'à première vue on pourrait être surpris du résultat final produit
par le régime sucre el maïs, qui, malgré ses 5,6 d’hydrocarbonés
digestibles, a causé une perte de poids assez sensible; en remar-
quant toutefois que cette ration n’a livré que 0*,262 par jour de
matières azotées digestibles à des animaux en plein travail (voir le
tableau IF, p. 200), on sera beaucoup moins étonné : 1l s’est produit
ici le phénomène inverse de celui qui a été signalé pour le tourteau,
c’est-à-dire que l’excédent de matières hydrocarbonées digérées n’a
pas compensé la faiblesse de l’apport en matières azotées, apport
qui s’est trouvé inférieur au minimum indispensable à l’entretien
des muscles ; tant qu’il ne s’est agi que de simple transport, la ra-
tion, même avec moins d’azole, s’est montrée plus que suffisante,
mais dès qu’on a voulu faire exécuter un travail mécanique supplé-
mentaire, son insuffisance s’est manifestée aussitôt par la diminution
des poids vifs.
Nous résumerons dans un autre article les résultats concernant la
statique de l’azote, celle de Peau et le travail produit par des che-
vaux d'expérience dans les diverses conditions par lesquelles ils ont
passé.
ANN. SCIENCE AGRON. — 9° SÉRIE — I — 1905 15
EXPÉRIENCES
SUR
L'ENSILAGE DES BETTERAVES
ET DES PULPES
PAR MM.
L. MALPEAUX G. LEFORT
DIRECTEUR l'ROFESSEUR DE CHIMIE
A L'ÉCOLE PRATIQUE D'AGRICULTURE DU PAS-DE-CALAIS
Pendant la saison d'hiver, on est heureux de disposer des belte-
raves et des pulpes pour l'alimentation du bétail, car ces substances,
très riches en eau, viennent se substituer avantageusement aux four-
rages verts que les animaux ont pris l'habitude de consommer pen-
dant la belle saison.
L’agriculteur trouve dans ces produits une précieuse ressource
pour la nourriture des bovidés et particulièrement pour l’alimenta-
tion des vaches laitières ; 1l dispose ainsi de aliment aqueux que
réclament leurs aptitudes physiologiques et leur exploitation écono-
mique pour la production du lait.
Malheureusement, les betteraves, comme les pulpes, sont alté-
rables et subissent des pertes plus ou moins importantes pendant la
conservation. Il est vrai que certains cultivateurs prétendent qu’elles
s’'améliorent en silo, qu'elles ont plus de valeur pour la nourriture
si elles v ont séjourné au moins deux mois; mais c’est là une afir-
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 221
mation sans preuves formelles, sur le compte de laquelle il serait
intéressant d’être fixé. On ne sait pas en réalité si ces produits sont
plus nutritifs, et, en admettant même qu'il y eût amélioration de
la substance, il resterait à déterminer si le bénéfice ainsi obtenu
suffirait pour compenser les pertes qui résultent de la conservation
prolongée.
Depuis deux ans, nous poursuivons des recherches à Berthonval
pour étudier les changements de composition des betteraves et des
pulpes pendant leur conservation, et pour évaluer les pertes qui se
produisent dans les diverses conditions d’ensilage.
I —— CONSERVATION DES BETTERAVES
Généralités sur la conservation
On doit rechercher, pour la conservation des racines en général et
des betteraves en particulier, à restreindre les pertes au minimum,
tout en se plaçant dans des conditions telles que leur enlèvement
ultérieur et leur utilisation aient lieu au meilleur prix de revient
possible.
On sait déjà que, selon les variétés, cette conservation peut réussir
plus ou moins bien et se poursuivre plus ou moins longtemps. Il est
reconnu notamment que les grosses racines, riches en eau, s’altèrent
plus vite que les racines de grosseur moyenne, dont le taux de ma-
tière sèche est plus élevé. |
Pour cette raison, la disette mammouth se conserve moins bien
que l’ovoide des Barres et, toutes choses égales, celle-ci s’altère
avant la collet rose.
Au point de vue pratique, cela permet de suivre un ordre déter-
miné pour en régler la consommation. Il est logique d'utiliser en
premier lieu les racmes susceptibles de se détériorer plus vite, tandis
qu’on conservera jusqu'à l’arrière-saison celles qui peuvent aller
jusque-là sans perdre sensiblement de leur qualité.
Les racines sont entassées de façon à n’avoir à souffrir ni de la
gelée, qui les ferait gâter promptement, ni d’une trop forte élévation
228 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de température, qui favoriserait leur germination et le développe-
ment des fermentations putrides.
Dans le cours de ses travaux sur les fermentations, l’illustre Pas-
teur a parfaitement établi que les betteraves placées dans nne atmos-
phère privée d’oxygène, dans un milieu uniquement pourvu de gaz
carbonique et d’azote, sont rapidement détruites par les fermenta-
tions qui se développent aux dépens du sucre contenu dans les ra-
cines.
En examinant le jus altéré contenu dans ces betteraves, on y trouve
les levures organisées des fermentations lactique et visqueuse, ainsi
que les vibrions de là fermentation butyrique et de la putréfaction.
Il est par conséquent rationnel d'établir un courant d'air au sein des
racines emmagasinées, de façon à chasser le gaz carbonique formé
et à maintenir dans la masse une température constante se rappro-
chant de zéro. Ce résultat est facilement obtenu dans les hivers froids,
mais il n’en est plus de même quand le temps reste doux. Il devient
difficile en pareil cas d'éviter l’échauffement ; aussi est-il prudent de
ne jamais accumuler les racines en trop grandes masses.
On ne doit mettre à conserver que des betteraves saines. Celles
qui sont gâtées ou blessées apportent les germes de laltération et
contribuent à la décomposition des autres. Les betteraves sont placées
en caves ou en silos; ces derniers sont préférables, à la condition
d’être exécutés avec beaucoup de soins. Généralement, on utilise les
deux modes de conservation, en donnant les betteraves ensilées au
bétail à la fin de la saison.
On a parfois recommandé de diviser les racines en cosseltes avant
Fensilage. Cette pratique présenterait différents avantages :
1° Elle permetirait notamment de prolonger la conservation au
delà des limites ordinaires, c’est-à-dire à une époque où la pousse et
les fermentations, par suite d’une température extérieure plus élevée,
redoublent d'activité et favorisent la pourriture ;
2 Elle diminuerait la main-d'œuvre nécessitée par la préparation
des racines au fur et à mesure des besoins de lalimentation : les
betteraves, étant divisées avec le coupe-racines aussitôt la récolte,
pourraient être distribuées aux animaux dans les mêmes conditions
que les pulpes ;
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 229
3° Elle rendrait possible l’utilisation des sous-produits du battage,
qui n’ont aucune valeur commerciale, des vieux foins et des pailles
hachées ; elle augmenterait leur valeur alimentaire. On sait, d’ail-
leurs, qu'on recommande depuis longtemps d'ajouter aux pulpes
des matières absorbantes, pour diminuer les pertes en silo.
€ Dans la pratique de l’ensilage, dit Cornevin, le grand avantage
du mélange d’un fourrage, pailles, balles, etc., avec les pulpes est *
d'empêcher le suc de celles-ci de s’écouler dans le bott-tout et de les
appauvrir eu entraînant les principes nutritifs. Nous avons déjà fait
remarquer que de leur côté les fourrages sont ramollis et sont plus
facilement attaquables par les sucs digestifs. Ceci amène à préco-
niser l’utilisation des foins provenant des prairies basses, maréca-
geuses, dans les mélanges en question. Ces foins renferment tou-
jours une forte proportion de cypéracées et de typhacées qui les
déprécient. Or, s’il est incontestable que ces plantes, distribuées à
l’état de foin au bétail, sont peu nourrissantes et peu appétlées ; ce
n’est pas parce qu’elles sont pauvres en éléments albiles, notamment
en protéine : les analyses de Mayer ont prouvé le contraire, mais
parce que ces éléments sont emprisonnés dans une gangue qui les
rend difficilement assimiiables. Ce que nous disons iei du foin com-
posé de jones, de masseftes, de souchets s'applique à beaucoup
d’autres aliments durs, grossiers, ligneux, tels que les siliques, les
tiges de crucifères, les tiges de polygonées et quelques grami-
nées, etc. »
Les fermentations qui se déclarent dans l’ensilage des betteraves
hachées doivent produire des effets analogues à ceux qui se produi-
sent dans les silos de pulpes, et c’est en se basant sur l'opinion de
Cornevin ou sur celle des agronomes en vue qu’on à recommandé
l’incorporation de menues pailles aux betteraves, préalablement ré-
_duites en cosseltes, et aux pulpes, comme un excellent moyen de
diminuer les pertes pendant la conservation, tout en favorisant la
consommation de résidus qui autrement resteraient inutilisés.
M. de Lapparent, inspecteur général de l'agriculture, à pratiqué
l’ensilage des betteraves hachées pendant plusieurs années et s’en est
bien trouvé. M. E. Mir, sénateur de l’Aude, président de la Société
de l'alimentation rationnelle du bétail, Pa essayé également en mé-
230 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
langeant la betterave dépulpée avec de la menue paille. Ses premiers
essais remontent à 1897. L’ensilage s’est très bien compoité, mais
la menue paille n'avait pas été employée en quantité suffisante, par
crainte d’une fermentation anormale, et le silo a coulé, donnant plu-
sieurs hectolitres de jus par jour.
L'expérience a élé reprise en 1899 avec des betteraves qui avaient
fermenté par suite de l’accumulation sous des hangars voûtés et
mal aérés. La quantité de menues pailles fut considérablement
augmentée et l’écoulement ne dura que quelques jours. Au point
de vue de la qualité de conservation, cet ensilage donna de bons
résultats.
M. E. Mir est porté à croire que la betterave hachée et ensilée a
une plus grande valeur alimentaire, soit qu’elle emprunte à elle-
même ou à la transformation qu'elle subit, soit qu'elle emprunte
aux matières étrangères auxquelles on l’incorpore, comme la menue
paille, les mauvais foins, qui, ayant fermenté, deviennent assimi-
lables et pour cela mieux utilisables. |
M. E. Mir ensile chaque année de cette façon la récolte de 10 à
12 hectares de racines et obtient, sans autre manipulation ultérieure,
de quoi nourrir un troupeau de quatre-vingts têtes bovines pendant
six Ou sept mois.
Ce mode de conservation des racines a séduit quelques agricul-
teurs parce qu’il évite de faire fonctionner chaque jour le coupe-
racines pour préparer la ration des animaux et prolonge la conser-
vation.
Il existe donc trois modes de conservation de la betterave :
1° Conservation des betteraves entières ;
2 Conservation des betteraves réduites en cossettes ensilées
seules ; |
3° Conservation des betteraves réduites en cossettes ensilées avec
de menues pailles.
Il était intéressant de déterminer les pertes auxquelles donnent
lieu ces différents systèmes, pour savoir celui qu’on doit préférer.
C’est une question sur laquelle nous sommes encore peu docu-
mentés, et nous pensons que les essais que nous avons entrepris à ce
sujet intéresseront les agriculteurs.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 23
a) CONSERVATION DES BETTERAVES ENTIÈRES
Travaux sur la question
Que savons-nous actuellement sur la conservation des betteraves
en silo ? On admet généralement qu’elles perdent du poids et, comme
la diminution de la richesse saccharine est un fait toujours constaté,
on considère que cette perte est corrélative de la disparition du
sucre, Les hydrates de carbone et le sucre en particulier se détrui-
sent par la respiration.
En ce qui concerne la betterave à sucre, M. Pagnoul à montré
que les racines ensilées perdent, d'avril à juin, 29 °/, de leur sucre
par combustion lente. Mais, à part la constatation de la diminution
du sucre, on est très peu renseigné sur l'importance de ces pertes ;
on les a d’ailleurs déduites plutôt par raisonnement que par déter-
mination expérimentale.
Parmi les travaux originaux qui ont été publiés sur les change-
ments de composition des betteraves ensilées, nous pouvons citer
ceux du D° Miller, à Rothamsted, et du D° Wood, à l’université de
Cambridge.
Les premières expériences du D° Miller remontent à 1898-1899.
Elles ont porté sur des betteraves échantillonnées, aussi semblables
que possible sous le rapport du poids et du volume, et conservées
dans un endroit très frais. Deux sortes de racines étaient mises en
comparaison : les unes différant des autres en ce qu’elles avaient
reçu une fumure complémentaire d'environ 600 kilogr. de nitrate à
l’hectare. L'expérience commença le 20 octobre 1898 et des échan-
tillons furent prélevés le 31 octobre, le 6 janvier, le 28 mar, le
20 juin et le 41 juillet. Nous donnons ci-après en résumé les résul-
tats des analyses.
On remarque que la perte en matière sèche dépasse la perte en
poids total, ce qui s’accorde avec une augmentation de la teneur en
eau des racines.
Les résultats obtenus pour l'analyse des betteraves avec nitrate
sont très réguliers ; les pertes constalées, bien que plus élevées, n’en
252 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
sont que plus certaines. Cela tient à ce que ces betteraves, ayant reçu
des nitrates, sont plus grosses et surtout plus aqueuses et s’altèrent
rapidement. ‘
SANS NITRATE AVEC NITRATE
mn —
Quantité retrouvée Perte Quantité retrouvée Perte
Perte pour cent ie AU Perte pour e-nt ROSE
chaque partie | de j4u Poids des racines ‘claque partie
à l'origine constitutive à l'origine constitutive
du poids des racines
“ poids r'
poids are a ee OS ATOUT nd Re EE RER
1898-1899 pour Sucre Me pour Sucre Ma-
D : A .
tiere | Sucre Azote | lière
cent :
s inter-
sèche total
cent 9
inter-
total L
verti
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| SR Se mes me | ne
31 octobre . . . 0,21 lo,185 » » | 2,65 8,22 |0,37 [0,215 »
6 janvier. . . . 0,92 |0,168| 8,82 4,96) 5,11: 7,53 | 0,54 10,250] 4,22
28 mars - . « « 0,69 10156 3,33|+ 1,30, 8,39 6,87 | 2,06 |0,224 14,61
PDU Le 4,29 0,190 18,47| 14,17| 7,08 6,53 | 2,18 0,207 16,03
Auot et » » She a 3,78 ne
——
Le D' Miller fait remarquer que jusqu'ici on a rarement déterminé
les pentosanes dans la betterave; cependant, leur valeur comme
nourriture est encore incertaine. Il serait utile de savoir jusqu’à
quel point ils sont digestibles. Les changements dans les quantités
de pentosanes conservées sont analogues à ceux qui se produisent
pour les hydrates de carbone du type C°H°0, leur proportion res-
tant en rapport avec les quantités de sucre et se trouvant être
moindre dans les betteraves ayant poussé avec du nitrate. De Chal-
mont a déjà fait remarquer d’ailleurs que les pentosanes diminuent
dans les plantes, en même temps que les malières azotées aug-
mentent.
Comme conclusion de ces premiers essais, le D° Miller fait remar-
quer que les pertes augmentent avec la durée de conservation el
qu’il ne lui parait pas rémunérateur de la prolonger au delà du mois
d'avril. En admettant même que la digestibilité de la cellulose en
particulier soil augmentée, une amélioration de celte nature serait
de bien maigre importance, parce que la quantité de cellulose con-
tenue dans les betteraves est très faible.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 233
En résumé, le D’ Miller a montré que les betteraves conservées
dans une cave bien fraîche s’appauvrissent en matière sèche, surtout
à cause de la destruction du sucre. Dans deux silos différents, dont
les racines pesaient respectivement 1 250 et 1 500 grammes de poids
moyen, il a constaté, de novembre 1898 à juin 1899, une perte de
sucre de 14°}, dans le premier cas et de 19,9 °/, de sucre dans le
second, par comparaison avec leur composition au moment de l’en-
silage.
En 1900-1901, Miller fit encore de nouvelles recherches sur les
changements dans la composition des betteraves, qui, ayant poussé
dans les conditions habituelles, furent conservées en silo dans la
ferme de Rothamsted.
Le tableau de la page suivante donne :
1° La composition de la matière sèche des racines ;
2° La composition des racines fraiches ;
3° Les quantités des différentes parties constitutives retrouvées
pour cent du poids primitif des racines ;
4 La répartition des pertes.
La perte Lotale en poids au 26 juillet s'élevait à 14 °/,, apparem-
ment répartie en 11,5 °/, d’eau et 2,5 °/, de matières organiques.
D’après la proportion pour cent de chaque partie constitutive, les
pertes réelles élaient : pour le sucre, de 21,7°/,, ; pour les pento-
sanes, de 18,6; pour la cellulose, de 8,7; pour l’azote total, de
29,5 °/,. Cette dernière perte avait porté presque exclusivement sur
l'azote non alimentaire.
Le D° Miller cite quelques travaux sur la question. Il rapporte que
les ensilages faits au Danemark ont donné des pertes beaucoup
moindres en sucre et en matières sèches, et il attribue ce fait d’une
meilleure conservation au climat beaucoup plus froid. Il cite aussi
un rapport de F. T. Shutt, au sujet des betteraves conservées à la
ferme d’expériences de l’État du Canada, en 19014, d’après lequel,
sur les trois variétés de betteraves ensilées et examinées à trois dates
différentes : 27 octobre, 15 janvier et 16 mars, on a pu constater
des pertes en matière sèche pendant la conservation. L’azote total
augmentait dans la matière sèche de deux variétés, à cause de la
destruction plus rapide de certaines autres matières organiques non
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
234
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ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 229
,
azotées ; l'azote total diminuait au contraire dans une autre variété
et la perte affectait surtout l'azote protéique. Pour les trois variétés,
on à constaté une perte en azole alimentaire au profit de l’azote non
alimentaire.
Au sujet des transformations de la matière azotée dans les bet-
teraves ensilées, nous devons signaler une étude très intéressante
faite par le D° T. B. Wood, directeur de l’université de Cam-
bridge. |
Déjà, en 1896-1897, à la suite d'analyses de betteraves effectuées
une fois par mois, d'octobre à avril, ce savant avait remarqué que
la quantité d’azote nitrique, qui était très grande au mois d'octobre,
décroissait rapidement et qu’à la Noël la proportion se trouvait ré-
duite au tiers de la quantité primitive.
Les analyses furent répétées pendant l'hiver de 1897-1898 sur une
plus vaste échelle ; des échantillons de six betteraves d’un poids uni-
forme furent pris pour chacune d'elles.
Voici les résultats qui ont été constatés par l'analyse du jus :
DATES ALBU- AZOTE
NITRATES AMIDE = EPTONES
des analyses A ONERAEPATRRS RTE MINOIDES ED total
{°T janvier. . 0,021 0,045 0,014 0,036 0,01: 0,159
15 janvier. . 0,019 0,020 0,062 0,036 0,019 0,156
HÉMATS LONE 0,023 0,025 0,089 0,044 0,022 0,203
lomai 0 0,017 0,024 0,081 0,046 0,021 0,189
On peut voir que l’azote nitrique va en diminuant pendant que
l'azote albuminoïde et surtout l'azote amidé augmentent. Le tableau
suivant montre plus clairement cette transformation :
Répartition pour cent d'azote total trouvé dans le jus
DATES AMMO- ALBU- £ 4 AZOVE
des analyses NIQUE NS SO EM OiDnB à NES total
LÉIANVIET! ere 13 21 28 22 10 100
15-janvier . . 12 13 40 23 12 100
HAMATS M0. 11 15 43 22 11 100
LOT E Peee A 9 13 43 24 11 100
Dès le 15 janvier, les nitrates ont diminué de moilié et en même
236 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
temps la quantité d’amides s’est élevée en proportion. On ne sait pas
bien si ces derniers sont utiles dans la ralion ; mais, ce qui est cer-
tain, c’est qu'ils ne sont pas nuisibles. I n’en est pas de même des
nitrates, qui sont souvent la cause -de dérangements dans la diges-
tion. Il y a aussi une légère augmentation dans les albuminoïdes et
les peptones, qui sont certainement de la plus haute valeur nutri-
tive.
. Ces constatations permettent d'expliquer, dans une certaine me-
sure, pourquoi les cultivateurs considèrent les betteraves ensilées
comme ayant une plus grande valeur alimentaire.
Il est très intéressant de savoir ce que deviennent les racines con-
servées pendant un temps très long. Le D° Miller a eu l’occasion
d'étudier une betterave après un an d’ensilage ; sur cent racines
ensilées en novembre 1899, une seule fut retrouvée tout à fait saine
en novembre 1900; elle fut analysée et Les résultats obtenus per-
mirent de constater des changements très remarquables :
COMPOSITION
a
ÉLÉ IENYS DOSÉS A l’ensilage Après
e un an d’ensilage
30 novembre 189) le 13 novembre 1900
Bal ST el ne. 88,66 94,07
Matièretsèche En 77 11,34 2,93
Matière organique. . . . 10,38 4,82
SAGCHATOSE AT EEE 6,80 - 0,20
Sucre réducteur -. . . 0,34 0,88
Sucre lotal en saccharose. Ben Lil 1,03
CONIOSENMAMMNPEMENE 0.69 056378
A7OLELOLALEARER ARE 0,216 0,259
Azote non protéique. . . 0,131 0,198
Azote protéique. . . . . 0,085 0,061
Comme on peut s’en rendre comple, la racine ensilée ren‘ermait
3,93 °/, de matière sèche au lieu de 11,34 lors de son ensilage. Le
sucre total était tombé de 7,11 à 1,03 °/, et le sucre restant était
totalement interverti. L'azote total n'avait pas diminué, mais l’azote
alimentaire avait, par contre, disparu en partie pour passer à l'état
d’amides, les matières azotées non protéiques ayant augmenté dans
une forte proportion.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 231
Expériences de Berthonval. But et disposition
des recherches
Dans les expériences que nous poursuivons depuis deux ans à
Berthonval, nous avons déterminé :
1° La perte brute ainsi que la perte de matière sèche pendant la
conservation ;
2 La composition des pr >duits avant et après l’ensilage, pour con-
naître les transformations des principes immédiats et les pertes inhé-
rentes à chacun d’eux.
Ces déterminations présentent de séricuses difficultés et l’échan-
tillonnage n’en est pas une des moindres. Nous avons établi, en
octobre 1905, différents silos en mettant dans chacun d’eux la même
quantité de betteraves entières.
Ils furent défaits en février, quatre mois après. Le poids des ra-
cmes retrouvées fut déterminé avec soin.
En 1904, nous avons complété ces expériences en disposant à
nouveau différents silos semblables de betteraves entières. Nous
avons pu ainsi déterminer les pertes et les changements de compo-
sition de la substance au bout de deux, quatre, six, huit et onze
moIs.
Dans tous ces essais, les betteraves furent analysées au début et à
la fin des expériences.
Les échantillons étaient de vingt betteraves, comprenant chaque
fois le même nombre de grosses, de moyennes et de petites racines,
choisies de manière à donner toujours un poids moyen convenable,
en rapport avec les variations de poids constatées.
Pour chaque échantillon, les betteraves furent ràpées intégrale-
ment ; la pulpe, recueillie dans une terrine bien étanche, fut mélan-
gée intimement et débarrassée de semelles provenant de la râpe. Un
échantillon de plusieurs kilogrammes fut desséché à l’étuve pour
-obtenir la matière sèche ; cette dernière fut déterminée à part par la
dessiccation de 300 grammes de pulpe et le reste de la ràpure fut
pressé pour permettre l’analvse du jus. Les premières détermina-
tions effectuées sont résumées dans le tableau suivant.
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SCIENCE AGRONOMIQUE
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ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 239
Pertes de poids brut et de matière sèche
On est surpris, au premier abord, de constater que la perte de
poids après quatre et même six mois d’ensilage est à peu près nulle,
et nous avouerons que lorsque nous avons retrouvé 1 036 kilogr.
pour les betteraves Ovoïde des Barres, conservées pendant quatre
mois, nous avons fait recommencer le pesage pour nous assurer qu’il
n’y avait pas eu d'erreur.
Il est d'opinion courante en effet que les betteraves diminuent de
poids pendant la conservation. Nous estimons qu’il y a lieu de faire
une distinction entre la conservation en cave et la conservation dans
les silos en terre.
Dans le premier cas, la verte de poids se conçoit facilement, car
par évaporation les racines perdent de l’eau; d’ailleurs, on remar-
que souvent que les betteraves conservées de cette manière devien-
nent molles et se flétrissent au bout d’un certain temps.
Dans les silos en terre, au contraire, les betteraves sont toujours
bien fraîches et présentent un aspect tout à fait semblable à celui
qu’elles avaient à l’origine. Les variations de poids qu’elles subissent
sont très faibles, étant donné qu'elles se trouvent dans un espace sa-
turé de vapeur d’eau. Grâce à leur hygroscopicité, elles maintiennent
non seulement leur teneur en eau, mais l’absorption de lhumidité
vient compenser assez régulièrement la perte en matière sèche.
M. Georges Dureau, dans son Trailé sur lux betterave à sucre,
rappelle à ce sujet que Marek avait constaté en 1883, sur des bette-
raves à sucre mises en silo, une augmentation de poids de :
Après un mois. 2
Après deux mois . 4.5
ADLÉSMITOISAIMOIS M7 0e Merle 6,6
Après quatre mois. . 7
Comme M. Dureau, nous pensons que la variation du poids brut
des betteraves est en rapport avec les conditions météorologiques
observées durant la conservation et ne permet pas d'apprécier les
pertes véritables. Faut-il rappeler à cette occasion que D° Miller a
240 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
constaté qu'une betterave restée saine après un an d’ensilage, encore
bien fraiche, bien dure, absolument semblable aux racines de la
dernière récolte, sans aucune apparence extérieure de modification,
ne renferme plus que 6 °/, de matière sèche sur plus de 11 °/, qu’elle
contenait au début.
Après huit mois, les pertes s’accentuent; après onze mois, elles
sont énormes, mais elles résultent uniquement de l’altéralion des ra-
cines mortes, qui entrent en putréfaction. Les beiteraves restées
saines ne perdent pas de poids pour leur propre compte.
En juillet, nous avons retrouvé en effet 910 kilogr. de betteraves
saines et J1 kilogr. de betteraves gâtées mutilisables. Soit 1 001 kilogr..
retrouvés sur 1000 kilogr. ensilés à l’origine. Ce sont donc seu-
lement les betteraves gâtées qui forment le déchet. Il est important
de le constater pour la recherche des transformations des éléments
consülulifs de la betterave. On sait ainsi qu'une racine retrouvée
saine a conservé sensiblement le poids qu’elle avait lors de la mise
en silo.
Après onze mois, plus de la moitié des betteraves élaient gâlées,
en décomposition putride tellement avancée qu'il n’était plus possible
de les peser séparément, Cependant, il était toujours facile de voir à
l'apparence que les betteraves restées indemnes avaient dû encore
conserver leur poids primitif. Nous trouvons d’ailleurs la confir-
mation de cette supposition en considérant le pourcentage des
cendres. Celui-ci n’a guère varié, ainsi qu’on pourra le constater
dans les tableaux qui suivent.
L’allération rapide des racines pendant ces derniers mois de con-
servation prolongée s'explique assez aisément.
Jusqu'au mois de mars, et surtout dans le début de l’année, la
conservation est excellente ; on constate que toutes les racines conti-
nuent à vivre, elles développent de jeunes pousses autour du collet.
Deux mois plus tard, les jeunes pousses ont disparu, elles se sont flé-
tries, noircies el desséchées. A partir de cette époque, beaucoup de
racines meurent. Avec la température plus élevée, la respiration de-
vient plus active, les racines, peu à peu privées d'oxygène, sont dans
une atmosphère d’azote et d'acide carbonique qui les asphyxie. Ces
causes d’altération s’exagèrent pendant les grandes cha‘eurs de l'été,
ENSILAGE - DES BETI'ERAVES ET DES PULPES 241
en même temps que les fermentations, également favorisées, désor-
ganisent les tissus des racines qui ont cessé de vivre.
La conservation des racines entières après le mois de mai, et sur-
tout durant tout l’été, est donc grosse de difficultés ; fort heureuse-
ment, à cette date, elle n’est plus que d’une utilité très discutable.
Une condition indispensable de réussite, c’est que les racines res-
tent vivantes, et, pour cela, il faudrait faire des silos présentant une
section d'autant plus petite que l’on voudrait avoir une conservation
plus longue ; ces silos devraient être pourvus de nombreuses che-
minées d'aération qui permettraient le renouvellement de l'air et
l'évacuation de l’acide carbonique. Nous croyons même qu'il serait
nécessaire de défaire le silo et de le refaire aussitôt, pour arriver à
une aération suffisante. Cette opération devrait être recommencée
tous les mois d’été ; elle permettrait le triage des betteraves gâtées,
ce qui éviterait la contamination des racines en bon état. Une telle
besogne exigerait une main-d'œuvre assez importante. Il serait sans
doute préférable de transporter, à partir du mois d’avril ou du mois
de mai, les betteraves des silos dans des caves, où elles se conserve-
raient mieux pendant la saison chaude, en raison d’une température
à la fois plus basse et plus régulière, et d’une aération plus conve-
nable. Enfin, on pourrait aussi prolonger la conservation en les ensi-
lant après les avoir débitées en cossettes.
Nous constatons également que les perles en matière sèche aug-
mentent avec la durée de la conservation. Dans les quatre premiers
mois, la proportion de matière sèche ne diminue pas trop, tout au
moins en ce qui concerne les ovoides des Barres, qui se sont mieux
conservées que les autres variétés (probablement parce qu’elles
étaient exceptionnellement petites, ayant beaucoup souffert de Ja
sécheresse pendant leur végétation). Il y a tout lieu de croire que,
- si elles avaient été plus grosses, elles auraient été aussi plus aqueuses
et auraient perdu davantage.
Passé le mois de mai, les pertes en éléments nutrilifs s'élèvent
rapidement. Après huit mois, il en manque 29,5 °/, et après onze
mois 74,8, c’est-à-dire que les trois quarts de la matière sèche ont
disparu ou ne peuvent plus être utilisés, en raison de la pourri-
ture. |
ANN. SCIENCE AGRON. — 2® SÉRIE — 1905 — 11 16
242 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Si nous nous bornons à considérer les racines retrouvées en par-
fait état dans le silo, nous trouvons que, bien qu'ayant toujours à
peu près le même poids qu'au moment de l’ensilage, elles ont perdu
pour leur propre compte, 22,5 °/, de leur matière sèche en huit mois
et 45,3 °/, en onze mois. Il en résulte qu’en admettant même la
possibilité de retrouver toutes les betteraves bien saines après onze
mois de conservation, il n’en resterait pas moins à constater que, du
sixième au huitième mois, la perte de matière sèche s’est élevée de
20 °/,, et que, du huitième au onzième mois, celle perte s’est encore
accrue de la même quantité.
Pour la clarté de l’exposé qui va suivre, nous appellerons conser-
valion normale celle qui doit se terminer au plus tard vers la fin de
mai; c'est d’ailleurs celle que l’on cherche à réaliser couramment
dans la pratique ; elle ne donne lieu qu’à des pertes de matière sèche
relativement peu importantes. Nous réserverons la dénomination de
conservalion anormale ou prolongée à celle qui, par le fait même
qu'elle est continuée plus longtemps, se traduit par des pertes excep-
tionnelles,
Composition comparée des betteraves avant et après
l’ensilage
Le tableau suivant, donnant la composition des betteraves avant
et après l’ensilage, permet de se rendre compte des transformations
que subissent les différents principes immédiats. Nous rappelons que
les échantillons ont été prélevés avec le plus grand soin possible,
qu’ils étaient toujours recherchés de manière à présenter un poids
moyen bien proportionné à la variation du poids total des matières
ensilées, qu’ils se composaient toujours de vingt betterave: réparties
en un même nombre de grosses, de petites et de moyennes racines,
de façon à éliminer des essais, autant qu'il était possible de le faire,
l'influence individuelle des racines choisies pour les analyses.
On remarque que, par suite de la diminution plus rapide du sucre,
la proportion du non-sucre va en augmentant.
On pourrait discuter longuement sur ces résultats, mais il est plus
facile de tirer les déductions de l'analyse par la comparaison des
243
DES BETTERAVES ET DES PULPES
ENSILAGE
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LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 245
racines à l’état normal, c’est-à-dire telles qu’elles sont distribuées
aux animaux.
Connaissant la composition de la matière sèche et la proportion
de celle-ci dans les betteraves retrouvées, il nous était facile de réta-
blir, par le calcul, cette composition des racines fraiches.
Pendant la conservation normale, à part la transformalion d'une
partie des nitrates en azote non alimentaire, il est difficile, en raison
de la petite quantité de cellulose et de matières azotées que les bette-
raves renferment, de conclure que les racines éprouvent une amélio-
ration matérielle. Nous remarquons cependant que la diminution des
nitrates pour la betterave ovoïde des Barres n’avait pas encore eu
lieu après deux mois et qu'il en restait encore au moins les deux
tiers après quatre et six mois et même vers la fin des expériences.
Le passage des nitrates à l’état d’amides ne s’est effectué qu’en
partie et bien plus lentement que dans les expériences du D° Wood.
La formation des composés amidés aux dépens des nitrates est un
phénomène régulièrement constaté dans la nutrition des végétaux.
On admet maintenant que l'utilisation de lazote nitrique, que les
plantes puisent dans le sol pour former les principes immédiats, se
fait par deux étapes successives : réduction et formation d’ammonia-
que ou de composés amidés qui se produit même à l'obscurité, trans-
formation de cette ammoniaque en matière albuminoïde qui exige
l'intervention de la lumière comme l’assimilation du carbone.
M. Demoussy a montré que si les mitrates s’accumulent dans les
betteraves, c’est parce qu'ils acquièrent dans les cellules une insolu-
bilité relative. Le protoplasma exerce sur ces sels une sorte de pou-
voir rétentif qui équivaut à une véritable précipitation.
Dans les silos, la lumière faisant défaut, la modification subie par
les nitrates se borne à la première étape, c’est-à-dire à la réduction.
Leur transformation en amides doit surtout avoir lieu à l’époque où
les racines commencent à pousser. Il y a là une sorte de germination
qui met en jeu les diastases. Ce seraient celles-ci qui, pour donner
aux matières azolées de réserve une forme de voyage, détermine-
raient l'apparition des amides aux dépens des nitrates comme des
albuminoïides.
I est probable que la betterave s'améliore un peu au point de vue
246 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de ses qualités digestives, mais cette amélioration ne peul pas être
bien grande, car les betteraves fraîches ont déjà des coefficients de
digestibilité très élevés. D’après des déterminations récentes de
M. Garola, sur la betterave fourragère corne d: bœuf et la bette-
rave sucrière Klein Wanzleben, effectuées peu de temps après la ré-
colte, ces coefficients sont les suivants :
MATIÈRES CORNE DE BŒUF KLEIN WANZLEBEN
Albuminoïdes. . . . . 81,8 65,8
ATOS En den 9158 93,4
SNOLES MR TUE. 99,6 99,5
Pentosanes . . . . . 89,7 94,2
Celmlose ses Tente 82,4 752
Donc, si nous négligeons les considérations sur le coefficient de
digestibilité des éléments, coefficient que l’analyse ne permet pas
d'évaluer sans avoir recours à l’expérience directe sur les animaux,
nous sommes plutôt amenés à constater, en raison de la disparition
progressive des matières sucrées, que la betterave diminue de qua-
lité pendant l’ensilage.
D'autre part, il est facile de remarquer que, si toute la matière
azotée persiste dans la conservation, elle n’en subit pas moins une
transformation défavorable à sa valeur uutrilive. Les albuminoïdes
vont en diminuant tandis que le taux de l’azote non alimentaire,
surtout représenté par les amides, s’accroit progressivement.
Ces amides possèdent un coefficient de digestibilité tel qu’on peut
admettre qu’elles sont digérées en totalité, mais on doute encore
beaucoup de leur valeur nutritive, car il semble qu’elles sont rapi-
dement éliminées de l'organisme sans avoir produit d’effel utile.
Il y a, en définitive, transformation de l'azote alimentaire des bette-
raves en azote non alimentaire.
Répartition des pertes de matière sèche
Puisque nous connaissons la variation du poids des racines pen-
dant l'ensiluge et leur composition humide au moment de l'ouverture
des silos, nous pouvons calculer le poids des matières retrouvées
241
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES
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U'TY ar HA VAILLHH TAVAULLUHAH
248 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pour cent de la betterave ensilée et déterminer ainsi la perte pour
cent subie par chacun de leurs éléments constitutifs.
Les résultats figurent dans le tableau ci-dessus.
Après l’ensilage, même dans une conservation prolongée, on re-
trouve sensiblement la totalité de l’azote contenu dans les betteraves.
Il est même assez curieux de constater une augmentation de ma-
tières azotées dans les racines après quatre mois d’ensilage. Nous
avons attribué cette différence à l'influence individuelle des bette-
raves constituant le lot analysé, mais n'est-il pas bizarre qu’au bout
de six mois le même fait se soit encore présenté?
I nous parait invraisemblable que les betteraves ensilées soient
capables de fixer de l’azote, mais ces résultats nous conduisent à aflir-
mer que la matière azotée se conserve en totalité dans les betteraves
entières. Les analyses de Miller et de Wood, que nous avors citées
précédemment, permettent d’ailleurs de faire la même constatation.
Pendant la conservation prolongée au delà de six mois, surtout
après onze mois, nous avons à constater sur tous les éléments dosés
des pertes énormes. Cela n’est pas étonnant, puisque plus de la moi-
tié des matières ensilées étaient pourries, au point d’être tout à fait
inutilisables. |
Composition et pertes subies par les betteraves saines
pendant une conservation prolongée
BETTERAVE
BETTERAVE OVOIDE DES BARRES DU Dr MILLEK
ÉLÉMENTS DOSÉS A l’ensi-| Après huit mois | Après onze mois |A l’ensi-| Après un an
lage - d’ensilage d’ensilage lage d'ensilage
TT RE CE 2 Lx
Pertes |Compo- | Pertes
°/o sition oo
a _ Pertes
omposition |
o
Composition
mm °c | memes | commence | cmemennens
Matière sèche 9,3 6,8 43,3
Azote organique total. . .| 0,238| 0,239 | 0,209 12,1
Azote alimentaire . . . . 0,124| 0,078 ‘ 0,088 29,0
Azote non alimentaire . .| 0,114| 0,161 2] 0,121 | + 6,1
Saccharose. .- 40. 107,54 1N0;80 41 0,39 91,8
Sucre total en glucose . .| 8,041 | 3,82 5] 2,34 70,9
Célinloses 0-1 0:508110795 36,7] 0,38 1,1
NoTA — Le signe + indique un gain au lieu d’une perte.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 249
Abstraction faite de la pourriture dans le silo, en supposant, comme
nous l’avons déjà fait pour l'évaluation des pertes de malières sèches,
qu'on retrouve toutes les betteraves saines avec leur poids initial, on
arrive, pour la conservation prolongée, aux résultats indiqués dans
le tableau de la page précédente.
Nous rapprochons les chiffres que nous avons trouvés de ceux que
le D' Miller a donnés comme représentant la composition de la bette-
rave qu’il avait analysée après un an d’ensilage. Comme il est facile
d'en juger, ils s'accordent assez bien. Il se confirme que toutes les
matières azotées organiques restent dans la racine, seulement l’azote
alimentaire diminue au profit de l’azote non alimentaire et en défini-
tive la valeur nutritive des matières azotées et, partant, la qualité va
. en diminuant.
La perte principale subie par les principes immédiats concerne le
sucre. Elle est pour le sucre cristallisable :
ITR ET L'ART CASE ARRETE dent =50)
ADTéS qUALTENMOIS Te 280
ADTES SIRAMOIS 0 tes FE Tue 44,6
Aprés huit MOIS ET AG LU LE 90,3
APrÉS.ONZ6- MOIS. tree em É-ieine ST
On voit qu’elle est à la fois très rapide et très régulière. Si, dans
la conservation prolongée, nous nous bornons à considérer les pertes
subies seulement par les belteraves saines, nous trouvons encore que
le sucre cristallisable disparu représente :
Après huit mois. . . : . . . .. 89,4 °/o
Nprésionre MOIS 01re LL TEA 94,8
tandis que les analyses du D° Miller donnent :
APLCSUOUZE MOIS. ne Me us de 10
De sorte que les betteraves qui, lors de leur mise en silo, contenaient
7,94 de sucre cristallisable pour 100, n’en contenaient plus que
0,80 après huit mois et 0,39 après onze mois. Le D' Miller, de son
côté, n’avait plus trouvé que 0,20 ‘/, de sucre sur 6,8 existant à
l'origine.
250 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Que devient tout ce sucre perdu ?
D'après les analyses qui précèdent, il est facile de voir qu’une
partie du saccharose passe à l’état de sucre interverti, tandis que
l’autre partie est détruite plus ou moins complètement par combus-
tion lente; 11 y a oxydation de la matière sucrée avec dégagement
d'acide carbonique. |
En réalité, la destruction des sucres ne va pas tou'ours jusqu’à
disparition complète de la substance organique en gaz carbonique et
en eau: une partie peut subir des fermentations qui modifient sa
molécule, mais y laissent encore du carbone combiné à l’oxvgène et
à l'hydrogène. (
On trouve plus de matières grasses dans les betteraves ensilées
qu’elles n’en contenaient au début. Cette augmentation doit provenir
de la transformation des matières sucrées. La respiration elle-même
peut n’oxyder qu’une partie seulement du carbone du sucre. Enlin,
le sucre a dû servir aussi à élaborer de la cellulose, puisque nous
trouvons, lout au moins pour ce qui concerne la conservation nor-
male, que la proportion de cette substance est devenue plus grande.
Ce qui prouve que la disparition des sucres n’est pas due à une
simple oxydation par la respiration donnant lieu à leur destruction
complète sous forme d’acide carbonique et d’eau, c’est que nous
avons trouvé d’une manière générale que la perte en sucre était plus
grande que la perte totale de matière sèche; nécessairement, une
certaine quanlité du sucre disparu avait laissé des résidus orga-
niques.
Les glucoses retrouvés sont aussi nutritifs que le sucre lui-même.
I faut dès lors, pour apprécier exactement la dépréciation subie par
les racines à cause de la destruction du sucre, calculer la perte réelle
en considérant la totalité des matières sucrées.
Nous avons constaté de cette manière que la proportion de ces
matières disparues élait :
Après (deux mois, ft PSE de 6,3°%
Aprés quatre MOIS ee NES RE 15,0
ADTÉSLSIX MOIS PT ANSE RSS 26,6
ADrES QUIL MOIS PAR RE ERA 56,7
ADTÉS ONZE MOIS NN 87.1
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 251
Les betteraves restées saines avaient perdu pour leur propre
compte :
Après Huit MOIS EE AN 2 52,5 °/o
Anrès ONZE MOIS Cr nec à 70,9
ADTÉS OU MOIS. Le L:. — » 85,9 (!)
Si nous calculons le poids de sucre ainsi perdu sur une récolte de
60000 kilogr. de racines à l’hectare, nous trouvons, pour les diffé-
rentes variétés, aux diverses époques de la conservation, les chiffres
suivants :
Poids des matières sucrées perdues (calculées en glucose) pendant l’ensilage
sur la récolte d'un hectare
Betteraves kirsch (quatre mois) . 0,61 XX 600 — . 366 kg
— collet rose (quatre mois) GO = HME22
— ovoide des Barres (deux mois) . 0,51 XX 600 — 306
— — (quatre mois). LES 60D — 1720
— — (six mois) . . DAA CFO 284
— — (huit mois). . 4,22 X 600 — 2 532
— — (onze mois) . 5,10 XX 600 — 3420
— du D' Miller (douze mois) . . . 6,41 X 600 — 3 846
De tels résultats suffisent pour prouver que la conservation des
betteraves se fait aux dépens de leurs éléments nutritifs, principale-
ment au détriment des sucres, et qu’on ne gagne rien à prolonger la
durée de l’ensilage, puisque la valeur alimentaire des produits con-
servés décroit progressivement.
b) CONSERVATION DES BETTERAVES HACHÉES
De quelle manière se conservent les betteraves hachées ? Quelles
sont les diverses transformations des principes immédiats des racines
ensilées de cette manière ? Peu de travaux ont été faits, croyons-
nous, sur ces importantes questions.
1. Analyses du D' Miller.
2952 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pour ce qui concerne la betterave à sucre, M. Pagnoul a montré,
par des expériences qu’il fit en 1889, que les racines coupées per-
dent tout leur sucre par fermentation, dans l’espace de quatre mois
(novembre à mars).
« Les betteraves coupées, dit M. Pagnoul en rendant compte de
ses essais, paraissent subir une altération continue qui commence
immédiatement après la section. Une petite portion de sucre doit se
transformer d’abord en glucose, puis en alcool, puis en acide acé-
tique et le passage à l’état de glucose doit durer plus ou moins de
temps, suivant que les circonstances extérieures entravent ou favo-
risent la fermentation alcoolique. »
Expériences de Berthonval
Il y a lieu de rapporter ici les premières expériences faites à Ber-
thonval.
Nous avons en effet expérimenté ce moyen de conservation sur les
betteraves gelées provenant de la récolte de 1902, Les racines appar-
tenant à la variété ovoïde des Barres avaient la composition suivante
au moment de l’ensilage :
FE SR ER TE e 86,50
Matiéreisèche mme 13,50
La matière sèche se décomposait ainsi :
Matières azotées totales . , . DS
Sucre . PT le ED 8,7
CelMose ss tes 0,8
Cendres . 1,3
Matières diverses. 1,8
Les betteraves, divisées en cossettes, furent accumulées dans deux
silos en mélange avec de menues pailles ; la conservation se pour-
suivit sans altération depuis le commencement de décembre jusqu’au
15 mars; la matière ensilée fut employée à l’alimentation des vaches
laitières.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 253
Voici les résultats de lensilage :
Premier silo
Poids des betteraves ensilées. . . . . . . . . 34 000 kilogr.
Poids des menues pailles ensilées. . . . . . . 1200 —
JA ee 35200 —
Poids du mélange utilisé après trois semaines . . 28000 —
d’où une perte de 7 200 kilogr., soit 20 °/..
Deuxième silo
Poids des betteraves ensilées. . . . . . . . . 27 500 kilogr.
Poids des menues pailles ensilées . . . . . . . 1000 —
Motalee 28500 —
Poids du mélange utilisé après deux mois et demi. 14930 —
d’où une perte de 13 570 kilogr., soit #7 °/..
Pour ce dernier silo, l’analyse d’un échantillon, après deux mois
et demi d’ensilage, a donné :
Matières azotées . ; Î
SUCLENS ONE DAFT LUS 0,
Matière sèche totale. . . à: . 22
© ©
dont il faut déduire 8 °}, de cendres terreuses, soit :
Matière sèche organique. . . 14,0
contre 12,2 à l’origine.
On voit que les pertes sont énormes : la matière azotée se retrouve
à peu près, mais le sucre a disparu dans une très forte proportion.
Le produit conservé est peut-être un peu meilleur parce qu’il ren-
ferme plus d’azote, mais les pertes de poids brut indiquent qu’il ne
faut recourir à ce mode de conservation que dans le cas d’absolue
nécessité. En trois semaines, en effet, la perte aatteint 20 °/, et au
delà de deux mois elle s’est élevée à 47 °J..
En 1903-1904, nous avons repris ces expériences sur une plus
254 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
orande échelle. Nous avons expérimenté les betteraves idéale de
kirsch et les betteraves collet rose dans plusieurs silos, en disposant,
dans chacun d’eux, la même quantité &e betteraves divisées en cos-
settes.
Nous avons fait entrer en comparaison les différentes conditions
d’ensilage énumérées dans le tableau ci-après.
Ce tableau représente les variations du poids brut et les pertes de
matière sèche que nous avons conslatées après quatre mois d’en-
silage.
Pertes de poids brut et de matière sèche
Afin de contrôler exactement les pertes et pour assurer un échan-
tillon d’analyse aussi moyen et aussi homogène que possible, nous
avions placé au milieu de chacun des silos un sac contenant 20 ki-
logr. de la matière ensilée. |
Un échantillon conforme au contenu de ce sac fut prélevé au
moment de l’analyse.
En raison du grand nombre de cas envisagés dans ces essais,
nous avons été conduits à n’établir que des silos de petites dimen-
sions, contenant seulement 4 000 kilogr. de betteraves.
Is furent défaits en février 1904. Le sac échantillon pesé à nou-
veau permit d'évaluer les pertes de poids brut dans le cœur même
de la masse, sans tenir compte des déchets existant sur les parois,
déchets ordinairement d’autant plus importants que les silos sont
plus petits.
La matière retrouvée dans ce sac servit aux analyses effectuées
pour étudier les effets de la conservation.
Comme vérification, la perte subie par la masse totale ensilée fut
également recherchée, elle fut dans tous les cas un peu supérieure
à celle constatée par la pesée du sac échantillon, parce que sur les
bords il y a toujours une altération plus marquée.
Comme toutes les déterminations qui sont rapportées ici furent
opérées sur l’échantillon conservé au milieu du silo, et comme dans
les parties environnant le sac, ainsi que dans le sac lui-même, les
produits retrouvés présentaient partout les caractères normaux d’une
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256 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
conservation régulière, on peut être assuré que les pertes que nous
avons constatées, bien que considérables, ne sont nullement exa-
gérées. à
I ne faut pas croire par exemple que si les silos avaient été plus
volumineux, les pertes eussent été moindres, bien au contraire. Nous
le prouverons pour ce qui concerne les pulpes, lesquelles nous ont
donné dans le grand silo de la ferme des pertes plus élevées que dans
nos petits silos d'expériences.
Les résultats du tableau précédent montrent que la matière sèche
el par conséquent les substances nutritives des betteraves divisées en
cosseltes, subissent une perte très grande. Celle-ci augmente avec le
degré d'humidité, elle est plus forte avec l’idéale de kirsch qu'avec
la collet rose. Cela tient à ce que la première renferme un jus plus
aqueux et plus abondant qui, en s’infiltrant à travers le silo, va se
perdre dans le sol.
Emploi des menues pailles
Pour retenir ce jus, on est conduit à additionner les cossettes de
menues pailles. On peut penser que ces résidus absorbent le liquide
qui tend à s'échapper du silo, cela a lieu, en effet, puisque les pertes
de poids se restreignent : 36 kilogr. de menue paille, ajoutés à la
betterave kirsch, très juteuse, ont réduit la perte à 45 °/, au lieu de
92,50 °/.. Pour la collet rose, beaucoup plus riche en matière sèche,
les menues pailles étaient moins nécessaires puisqu'elles ont donné
lieu à une diminution du poids un peu plus grande (25°/, au lieu
de 18°/,). En tout cas, la perte ne paraissait pas encore très élevée ;
nous disons : ne paraît pas, car, en réalité, la perte de poids brut
cache la perte en matière sèche, la seule qui soit importante au
point de vue pratique; lorsqu'on détermine celle-ci, on est mieux
renseigné sur le rôle des menues pailles introduites dans la masse
ensilée.
Les chiffres du tableau précédent montrent que, dans n'importe
quelle condition, la conservation s’est traduite par une perte, après
quatre mois, de plus du tiers de la matière sèche pour les betteraves
hachées. Que faut-il penser de cette idée que le hachage des bette-
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 297
raves permet d’en faire durer la conservation jusqu'aux premiers
mois de l’été ? Si l'on admet que l’on ajoute aux betteraves assez de
menues pailles pour absorber tout le jus, la perte de matière sèche
doit surtout avoir lieu sous forme de composés gazeux que toutes les
menues pailles ne sauraient retenir. Ces gaz sont le résultat des fer-
mentations.
Or les silos ont été défaits en février; combien de matière sèche
aurions-nous retrouvée si on avait prolongé l’ensilage jusqu’en mai
ou juin, la fermentation se trouvant alors favorisée par une tempé-
rature plus élevée ?
Quelle que soit par conséquent la supériorité de la betterave
ensilée en cossettes (supériorité qu’il s’agit de déterminer), elle ne
peut suffire ;} our compenser les pertes qui se produisent pendant la
conservation, et il est bien préférable d’ensiler les racines entières.
Il est vraisemblable, et d’ailleurs nous le montrerons plus loin
pour les silos de pulpe, que la menue paille ne subit pas de modifi-
cation sensible dans le mélange où on l’incorpore ; sa matière sèche
ne s’altère pas visiblement ; on la retrouve intacte, sans transforma-
tion apparente.
Ceci étant admis, la betterave seule s’est modifiée par la fermen-
tation, et c’est elle qui a dû supporter toutes les pertes en matière
sèche. Ayant analysé au début de l’expérience la menue paille qui
devait être incorporée aux betteraves, il nous était facile de calculer,
dans la matière sèche de l’ensilage, la proportion pour cent de celle
fournie seulement par la betterave et dès lors d’en déduire la portion
véritable que les betteraves avaient perdue.
Les résultats figurent dans le tableau ci-après ; ils démontrent que
les menues pailles, au lieu de diminuer la perte en matière sèche,
augmentent. Elle est même d’autant plus élevée que l’on a incor-
poré plus de ces résidus dans le mélange.
L'influence nuisible des matières absorbantes ajoutées aux bette-
raves ne j.eut s'expliquer que par la porosité qu’elles donnent à la
masse ensilée, ce qui a pour effet d'activer son oxydation et sa dé-
composition.
On comprend facilement pourquoi le cultivateur est amené à addi-
tionner de menues pailles ses pulpes ou ses cossettes ; la perte Lotale
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ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 259
se trouve ainsi fortement diminuée. La masse ensilée, par suite de
l'emploi de menues pailles ou de débris analogues, est plus grande.
Comme le cultivateur ne fait pas de dosages, il s’en rapporte à l’ob-
servation directe. Il ne se rend pas compte que la matière retirée du
silo est beaucoup moins riche en matière sèche. Jusqu'ici, presque
tout le monde s’y est trompé, et nous-mêmes, nous n’avons pas été
peu surpris de voir que, loin d’être utiles à la conservation, les me-
nues pailles lui étaient défavorables.
Composition comparée des produits avant et après
l’ensilage
Tous les échantillons de betteraves hachées, mélangées ou non de
menue paille, ont été analysés. Nous avons dosé l’acidité sur la
matière humide naturelle et toutes les autres déterminations ont été
faites sur la matière sèche préparée par dessiccation à l’étuve.
Connaissant la matière sèche trouvée pour chacun des cas, nous
avons rétabli par le calcul la composition de la substance naturelle
non desséchée. Le tableau ci-après résume les résultats.
Pendant leur séjour au silo, les cossettes de betteraves kirsch n’ont
pas gagné beaucoup en qualité ; la proportion plus élevée de matière
sèche renfermée dans la substance retrouvée concerne surtout les
matières indéterminées, la faible augmentation de l'azote total étant
contre-balancée par la diminution de la protéine.
Au contraire et quoique la digestibilité des éléments nutritifs ait
pu augmenter, il y a plutôt une diminution dans la qualité de Pali-
ment en raison de la perte des sucres.
Nous avons déjà dit d’ailleurs que la digestibilité des betteraves
fraiches étant elle-même très élevée, toute amélioration à ce point
de vue doit être considérée comme de faible importance.
Rien n'indique non plus que les cossettes de betteraves roses
ensilées seules se soient améliorées ; il y a bien comme pour les bet-
teraves de kirsch disparition de la moitié des nitrates et une légère
augmentation de l'azote alimentaire ; mais la teneur en matière
sèche est fortement diminuée et une grande partie des sucres à
disparu.
260 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE.
échanges nutritifs de l’économie animale, sont enchaînés les uns aux
autres. De l'obtention des uns dépend l'obtention des autres. Si un
aliment fournit en fin de compte beaucoup d’énergie sensible (cha-
leur, travail mécanique), cette énergie ne pouvant être libérée que
par des réactions intra-organiques, il en résulte que lon verra appa-
raître en grande quantité les résidus excrémentiels, auxquels aboutit
la destruction ou la transformation de la matière qui provoque la
libération de lénergie. Par contre, les produits matériels utiles
(viande, graisse, lait) seront fort minimes. Ces relations étroites entre
les échanges matériels ou dynamiques de l’organisme étant admises,
puisque le sucre, de même que tous les hydrocarbonés en général,
se révèle surtout comme un agent producteur d'énergie, cherchons
à nous rendre compte de la valeur exacte du potentiel contenu dans
cet aliment. C’est cette valeur que nous ferons figurer dans le pre-
mier membre de notre équation. Nous évaluerons ensuite successi-
vement et en prenant la même unité de mesure dynamique les diffé-
rents termes du second membre, dont la somme évidemment sera
égale au potentiel total trouvé dans cet aliment.
Lorsque l’on reconnut l'utilité de comparer entre elles les quan-
tités d'énergie contenues dans les divers composés organiques, il
fallut recourir aux conventions. Malgré son existence et son indes-
tructibilité indéniables, l'énergie n’était guère susceptible, en effet,
d’être exprimée numériquement. Ce qui parut alors le plus simple,
ce fut de prendre comme mesure du potentiel d’une substance, celle-
ci étant naturellement d’une pureté chimique absolue, la chaleur dé-
gagée par sa combustion intégrale. La méthode était rationnelle. Si
l’on brûle totalement et instantanément du sucre, par exemple, en
présence d’un grand excès d’oxygène dans un de ces calorimêtres
spéciaux que l’on appelle une bombe calorimétrique, les produits
ultimes de cette oxydation, rendue aussi complète que possible, sont
forcément saturés d'oxygène ; et l’on ne retrouve dans l’appareil que
des corps inertes, sans affinités, réfractaires par conséquent à toute
réaction et incapables de fournir dans la suite de l'énergie. Le prin-
cipe de l’équivalence des transformations dynamiques permet de
supposer que tout le potentiel du sucre s’est alors converti en cha-
leur. I ne reste plus qu’à déterminer directement cette dernière au
GLYCOGÉNIE ET ALIMENTATION RATIONNELLE AU SUCRE. 261
moyen des méthodes propres à la calorimétrie. C’est ainsi que l’on
a trouvé les valeurs suivantes aux chaleurs de combustion des prin-
cipes fondamentaux dont se composent les aliments et les animaux.
Le pouvoir calorifique y est rapporté, par le calcul, à Î gramme des
principes eux-mêmes, l’unité de mesure étant la calorie, c’est-à-
dire la quantité de chaleur nécessaire pour élever de 1 degré un
kilogramme d’eau : RE
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Calories Calories
Moyenne pour les corps gras SL dE
— hydrocarbonés. 4,2 4.1
— albuminoïdes . 5,1 4,1
Les chiffres de Berthelot et de Rubner concordent, on le voit,
sauf pour les albuminoïdes, ce qui provient non pas de la détermi-
nation calorimétrique elle-même, mais des différents modes de calcul
adoptés par ces auteurs. Rubner fixe à 4,1 au lieu de 5,7, chiffre
proposé par Berthelot, la valeur calorimétrique de 1 gramme d’albu-
mine, afin de se rapprocher autant que possible de ce qui se passe
dans l’organisme. La combustion de la matière albuminoïde n’y est
en effet jamais complète ; elle laisse comme résidus, en plus de Peau
et de l’acide carbonique, une foule de produits azotés, non saturés
d'oxygène, dont l’urée est le plus important. Le chiffre de Rubner,
plus conforme à la réalité des faits, est égal en somme à la valeur
calorifique totale de la matière albuminoïde diminuée de celle des
produits de transformation physiologique de cette albumine suscep-
tibles, par une oxydation plus avancée, de fournir encore de la cha-
leur. Le chiffre 5,7 de Berthelot suppose au contraire que l’oxydation
est totale et qu’elle ne laisse aucun résidu analogue, par exemple, à
l’urée. Si l’on voulait modifier, comme l’a fait Rubner, les données
de Berthelot relatives à l’albumine, il faudrait les diminuer de plus
d’un sixième. Quant aux matières grasses et hydrocarbonées, elles
s’oxydent au maximum dans l’organisme comme dans le calorimètre
et ne donnent uniquement, dans l’un comme dans l’autre, que de Peau
1. Les chiffres de Berthelot supposent que les principes, avant d'être brûlés, ont
été privés d'eau par une dessiccation à 120°, que la combustion en est totale et que
l'acide carbonique qui en résulte reste à l’état gazeux.
LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 263
Dans les cossettes ensilées seules, les pertes sont moindres, mais
elles sont encore bien supérieures à celles qui se produisent dans
l’ensilage des betteraves entières.
Nous ne pensons donc pas que l’ensilage des betteraves hachées
soit appelé à une grande extension. À moins qu’on ne veuille réa-
liser une conservation très prolongée, ce dont on ne voit pas bien
l'utilité, il est bien préférable de s’en tenir à la méthode ordinaire
d’ensilage des racines entières.
Il y a lieu également de faire une exception pour le cas où la ré-
colte est compromise par les gelées. La mise en silo des racines,
préalablement divisées en cossettes, est alors le seul moyen de con-
servation auquel on puisse avoir recours, car, lorsqu'elles sont ainsi
altérées, elles pourrissent dans les silos et déterminent la putréfac-
tion de celles qui sont saines. La matière ensilée dans ces conditions
doit être consommée aussi rapidement que possible, puisque plus
on attend, plus les pertes de sucre et de matière sèche sont consi-
dérables.
IL. , —— CONSERVATION DES PULPES
La conservation des pulpes présente une réelle importance, en
raison de la grande quantité de ces résidus industriels que la sucre-
rie livre chaque année à l’agriculture.
Les pulpes proviennent du traitement des cossettes de betterave
dans. les diffuseurs en vue de l’extraclion du sucre. Étant donné
que la diffusion se fait à la température d’au moins 75°, beaucoup
de matières organiques se trouvent coagulées, de sorle que ces rési-
dus d’épuisement renferment encore, à part le sucre, à peu près
tous les éléments nutritifs de la betterave elle-même.
Mais les cossettes sortant des diffuseurs sont gorgées d’eau : elles
en renferment environ 94 à 95 °/,. Sous cette forme, elles ne seraient
pas transportables, et elles constitueraient, d’ailleurs, un aliment de
bien médiocre qualité si on n’en n’exprimait pas par pression une
grande quantité du liquide qui les imprègne ; la pulpe ainsi pressée
contient encore environ 90 °/, d'humidité.
264 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Composition de la pulpe
M. Pagnoul a publié, en 1883, une étude très documentée sur les
pulpes de betterave obtenues par pression ou par diffusion. Ce
savant conslatait, alors, que la matière azotée que l’on trouve dans
la pulpe de diffusion est beaucoup plus nutritive que celle des pulpes
de presse hydraulique, attendu que dans les premières les traite-
ments par l’eau chaude ont dù coaguler les matières albumineuses
et enlever la plus grande partie de lazote soluble existant sous
forme nitrique ou ammoniacale.
Déjà, à cette époque, M. Pagnoul faisait remarquer que, pour
déterminer exactement la valeur nutritive, et par suite la valeur
commerciale des pulpes, il était nécessaire de bien connaître leur
richesse en matières alimentaires et de tenir compte, en outre, de la
proportion d’eau qui affaiblit les propriétés nutritives et augmente
les frais de transport. Pour éviter la complication d’une analyse dé-
tillée, il proposait de prendre pour base le poids de matière sèche
totale.
Au moment de l’ensilage, les pulpes renferment encore une petite
quantité de sucre. Ce sucre est susceptible de jouer un rôle comme
substance alimentaire, il serait juste d’en tenir compte si la pulpe
n'était employée qu’à l’état frais, mais on n’utilise la pulpe généra-
lement qu'après un séjour plus ou moins prolongé en silo, alors que
le sucre à entièrement disparu. L'alcool qui résulte de la fermenta-
lion du sucre se perd lui-même ou se transforme en acide acétique,
lequel d’ailleurs ne paraît pas provenir seulement de la fermentation
du sucre, car il existe en quantité à peu près égale dans les pulpes
de presse hydraulique et dans celle de diffusion.
La composition des pulpes est assez variable, surtoul en ce qui
concerne la matière .sèche. Les fabricants de sucre auraient tout
intérêt à vendre des pulpes très aqueuses si la culture voulait les
accepter. On a parlé de fixer une limite de 12 °/, de matière sèche,
au-dessous de laquelle les pulpes ne seraient plus considérées comme
marchandes ; ce chiffre est trop fort, il faut envisager que dans cer-
taines fabriques, à cause des défectuosilés d’installation, on est obligé
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 265
d'élever la température de la diffusion jusqu’à 85°, quelquefois 88’,
pour arriver à un épuisement convenable des cossettes. Or, celles-ci,
étant très cuites, se pressent mal et renferment toujours une pro-
portion d’eau relativement considérable.
Méthodes d’ensilage
Ordinairement, c’est au fur et à mesure des livraisons de bette-
raves que les cultivateurs enlèvent les pulpes de la fabrique. Celles-ci
sont alors mises en silo pour y être conservées, afin de servir à l’ali-
mentation du bétail pendant l’hiver ; une faible quantité seulement
est consommée au début de la campagne sucrière.
Les silos se présentent soit sous forme de tranchées plus ou moins
profondes creusées directement dans le sol, soit sous forme de cons-
tructions en maçonnerie entourées de murs de hauteur variable,
D’autres silos, beaucoup plus simples, sont confectionnés en accu-
mulant en tas, sur la terre nue, la pulpe, qui est alors piétinée et
disposée en dos d’âne. Dans tous les cas, un «silo doit être recou-
vert de terre bien tassée, pour éviter l’accès de l'air, et présenter
une pente suffisante pour assurer l’écoulement de l’eau que la
pression chasse de la pulpe. Cette dernière entre en fermentation
très active, au bout de quelques jours son volume diminue, les cel-
lules des cossettes se désagrègent peu à peu, toute la masse se trans-
forme en une pâte homogène et très blanche, si la conservation s’est
faite dans de bonnes conditions.
Expériences de Gay à Grignon
Les pulpes ensilées subissent des pertes plus ou moins grandes.
On les évalue approximativement :
POIDS BRUT
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— deux MOIS ce En 20: à 25
— trois MOIS FR. 25 à 30
— quatre mois. . . . . . 30 à 35
== WCINq. MOIS 21m 00 35 à 40
266 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ces pertes paraissent s'expliquer à première vue par la quantité
d’eau considérable qui sort des silos, et l’on est amené à supposer
que, si l’eau disparait ainsi de la pulpe, celle-ci doit s'enrichir pro-
portionnellement en matière sèche, et son prix de revient final ne
doit que fort peu varier. Ce serait une erreur de penser ainsi, car
l’analyse montre que, pendant l’ensilage, les pulpes subissent des
pertes en principes immédiats qui sont loin d’être négligeables. Voici
les résultats constatés par Gay, à Grignon, il y a quelques années :
MATIÈRE
EXTRAIT
EXTRACTIFS
non azotés
OELLULOSE
CENDRES
PROTÉINE
Pulpe fraîche.
Pulpe ensilée.
Tandis que la pulpe fraiche accusait 8,88 °/, de matière sèche, la
pulpe ensilée, bien qu'ayant déjà perdu une grande partie de son
eau, n’en renfermait plus que 8,08.
« Voilà assurément, dit Gay, un résultat auquel on était bien loin
de s'attendre et qui semblerait bizarre si on ne réfléchissait pas aux
modifications profondes subies par la pulpe pendant la fermentation.
Cette fermentation transforme en effet les hydrates de carbone en
acide carbonique et en alcool, elle rend soluble en outre une grande
partie des extraclifs et des matières albuminoïdes ; si on songe enfin
aux dégagements d’acides organiques volatils et de gaz qui accom-
pagnent toujours toute fermentation, on ne sera plus étonné de voir
dans quelle proportion la matière sèche, et par conséquent les prin-
cipes immédials qui la constituent, diminuent dans la pulpe ensilée.
Il était intéressant de déterminer la quantité de ces principes ainsi
disparus ; les résultats sont consignés dans le tableau ci-après.
« Comme on le voit, tous les principes immédiats n'ont pas eu à
subir la même influence de la fermentation, ce sont les matières mi-
nérales pour lesquelles la perte a été la plus élevée : 64°/, de leur
poids lotal; puis viennent, par ordre, les extractifs non azotés avec
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 267
42 °/,, la protéine avec 28 °/,, puis la cellulose avec 17°}, enfin
l'extractif éthéré avec 9 °/, seulement. »
MATIÈRE
PROTÉINE
EXTRAIT
EXTRACTIFS
non azotés
CELLULOSE
CENDRES
11710 kilogr. de pulpe fraîche!
Fenterment 0... Ke) 1101670)
7 80» kilogr. de pulpe ensilée
contiennent 7-,: ko: o7174
Pertes dues à l'ensilage: kg.| 3 496
ÉÉRLES TR PAR ENTRE SN ONE ESS
Et Gay ajoute : |
«C’est pour agriculteur une grande perte, à laquelle, étant donnée
la connaissance de ces faits, il y aurait peut-être lieu de remédier
dans la mesure du possible. Par quel moyen pourrait-on arriver à ce
résultat? Nous venons de voir qu’une partie des principes immédiats,
après leur transformation pendant la fermentation, s'étaient dégagés
dans Patmosphère sous forme de produits gazeux. C’est là une perte
contre laquelle nous ne pouvons absolument rien et qu’il est impos-
sible d’éviter ; mais peut-être n'est-ce pas la plus considérable.
L’écoulement constant de l’eau qui s'échappe de la pulpe constitue,
eroyons-nous, la principale cause de la déperdition, or il existe un
moyen fort simple de l’éviter.
«On sait qu'il existe dans les fermes des sous-produits fournis par
le battage des céréales, que l’on nomme plus communément menues
pailles, ghunelles, balles, ete. Ces sous-produits n’ont aucune valeur
commerciale et sont employés dans l’alimentation du bétail, qui peut
les utiliser mêlés à d’autres aliments.
«€ Si on mélait une quantité suffisante à la pulpe encore fraiche,
aussilôt son arrivée à la ferme et lors de la mise en silo, ces menues
pailles s’empareraient d’une grande quantité de l’eau mise en liberté,
ce qui diminuerait dans une large mesure la perte que nous avons
constatée. On peut procéder, dans ce cas, en disposant la pulpe et les
268 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
balles par lits alternatifs et en ayant soin de commencer par ces der-
nières et d’en élaler sur le sol une couche assez épaisse.
« C'est là une méthode que nous avons vu employer dans quelques
cas et qui a l’avantage de n’exiger aucun frais supplémentaire ; aussi
ne saurions-nous trop la recommander, parce que l’agriculteur y
trouvera un très grand profit. Ce mélange fait dans des proportions
convenables, environ 10 kilogr. de menue paille pour 90 kilogr. de
pulpes, présente en outre un avantage considérable sur lequel nous
voulons appeler l'attention .
« Les balles, en effet, le foin grossier ou la paille hachée, ne pos-
sèdent qu'une valeur nutrilive très faible à leur état normal, non pas
par suite d’une grande pauvreté en principes immédiats, mais parce
que ces principes immédiats sont englobés dans une matière dure,
coriace, riche en cellulose, qui se laisse très difficilement attaquer
par les sucs digestifs.
« Sous l’action physique du mélange avec la pulpe et de la fermen-
tation qui se produit dans la masse, la cellulose se ramollit, laisse
plus facilement attaquer les principes immédiats nutritifs par l’appa-
reil digestif des animaux, si bien que le coefficient de digestibilité
de ces matières, de valeur primitive faible, augmente du simple au
double. C’est là un résultat appréciable, qui ne doit pas être dé-
daigné, et qui ne peut qu'encourager lagriculteur de mettre doré-
navant en pratique la méthode que nous venons de lui conseiller. »
Le travail de Gay est extrêmement intéressant et, si nous en avons
reproduit textuellement les conclusions, c’est parce qu’elles sont con-
formes à l'opinion généralement admise par les agriculteurs pour la
conservation des pulpes; c’est celle que nous professions avant d’en-
treprendre nos essais. On verra, par les résultats que nous avons
trouvés, que nous avons dû à ce sujet modifier cette manière de voir.
Expériences de Berthonval. Disposition des recherches
Parallèlement à l'étude de la conservation des betteraves, nous
avions en vue en effet celle de la conservation des pulpes, el les expé-
riences ont été menées de front avec les premières.
Nos premières recherches, faites en 1903-1904, ont porté sur de
ET DES PULPES 269
DES BETTERAVES
ENSILAGE
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270 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
la pulpe contenue dans quatre silos différents. Le premier, d’assez
grandes dimensions, contenait toute la pulpe achetée pour l’alimen-
tation du bétail de la ferme de Berthonval. Nous avions disposé au
milieu de la masse un sac-échantillon de 50 kilogr.; toute cette
pulpe était stratifiée avec de la menue paille. Les trois autres étaient
de plus faibles dimensions et renfermaient : le premier de la pulpe
seule, le second de la pulpe en mélange intime avec 61 °/,, de menue
paille, le troisième de la pulpe mélangée à des débris de foin dont la
proportion en poids était de 115%.
* Au moment de l’ensilage, toute la pulpe fut tassée et piétinée aussi
fortement que possible. Pendant le remplissage des sacs d’échantillon,
nous avons prélevé la quantité suffisante de matière pour effectuer
les analyses, afin d’en connaître la composition à l’origine.
Cet ensilage dura quatre mois. En fin février, les silos furent défaits
et les sacs, pesés à nouveau pour en déduire la perte de poids brut,
fournirent des échantillons destinés à une seconde analyse.
De nouveaux essais, dont les résultats étaient destinés à compléter
nos premières observations, furent entrepris en 1904-1905, sur cinq
silos semblables séparés. Les quatre premiers renfermaient de la
pulpe seule qui devait être enlevée après deux, quatre, six et huit
mois de conservation, le cinquième de la pulpe mélangée de menue
paille dans la proportion de 10°}, en poids.
Les échantillons furent toujours obtenus de la même manière, en
disposant un sac contenant 20 kilogr. de substance parmi la masse
ensilée. Tous les silos après un tassement régulier furent recouverts
d’une couche de terre de 30 centimètres d'épaisseur environ.
Des analyses furent également faites au début pour connaître la
composition de la pulpe à Porigine ainsi que celle de la menue paille.
üen d’anormal ne s’est produit pendant la conservation.
Nous indiquons dans le tableau ci-dessus les résultats obtenus en
déterminant les pertes de poids brut et la perte en matière sèche.
Pertes de poids brut et de matière sèche
On peut constater que la perte de poids brut n’est pas loujours en
q F
rapport avec la perte réelle des substances nutritives portant sur la
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 271
matière sèche. Ces pertes sont très variables, elles doivent dépendre
d’un certain nombre de causes différentes, comme le degré d’humi-
dité de la pulpe, la température à laquelle elle a été traitée dans la
batterie de diffusion, le temps depuis lequel elle est sortie des diffu-
seurs, la température extérieure, la fréquence et l'abondance des
pluies. La nature des fermentations spontanées doit aussi avoir une
influence prépondérante.
Pour les silos défaits cette année, par exemple, nous trouvons, au
bout de deux mois, une perte brute de 25 °/,, tandis qu’elle n’est
plus que de 17 °}, après quatre mois. Cela tient peut-être à cette
coïncidence que pendant les deux premiers mois qui ont suivi l’ensi-
lage, le temps est resté relativement sec, tandis que dans la première
quinzaine de mars, il s’est produit quelques pluies assez fortes, par-
ticulièrement deux ou trois jours avant l'ouverture du silo. Les
pulpes ont pu reprendre ainsi une certaine quantité d’eau, la pluie
s'étant infiltrée jusqu’à elles, à travers la couche de terre qui les
recouvrait. Leur faible teneur en matière sèche rend vraisemblable
cette manière de voir.
Au bout de deux mois, la perte brute est déjà de 20 °/, du poids
total de l’ensilage ; elle peut rester voisine de ce chiffre jusqu’au
quatrième mois, mais, pour une durée plus longue, après une pé-
riode de temps sans pluie bien importante, nous avons trouvé une
diminution beaucoup plus grande dans le silo. Elle atteignait 57,9 °/,
du poids brut après six mois et 42,5 après huit mois.
Si on envisage les pertes de matière sèche, qui sont du reste beau-
coup plus importantes à considérer que la perte de poids brut, on
constate qu’elles n’ont pas varié énormément. Après deux mois,
comme après quatre et six mois, elles sont voisines de 20 °/,. Pen-
dant les mois d'été, les fermentations sont favorisées par la tempé-
rature et les pertes s'élèvent. Nous avons constaté après huit mois
une perte de 31 °/, de matière sèche; elle s’est donc accrue de plus
de 10 °/; dans les deux derniers mois. Ces chiffres sont inférieurs à
ceux de Gay, qui à constaté 38 °/, de perte en matière sèche dans un
silo contenant plus de 10 000 kilogr. de pulpes.
Dans le grand silo de la ferme, où la masse ensilée était impor-
tante (62 000 kilogr.), nous n’avons plus retrouvé, sur un échan-
272 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
üllon de 50 kilogr., que 19 kilogr., ce qui fait une diminution de
poids brut de 62 °/, dans l’espace de quatre mois.
Cette pulpe y était stratifiée avec de menues pailles : on comprend
qu’une partie de l’eau gorgeant la pulpe a dû la quitter pour passer
dans la menue paille. La meilleure preuve est fournie par ce fait que
la pulpe retrouvée accusait une richesse en matière sèche de 14,9°/,,
chiffre très élevé.
Rôle des menues pailles
Lorsqu'on adopte ce système de conservation, la menue paille
draine pour ainsi dire la masse, la pulpe tassée el pressée par son
propre poids subit une sorte d’égouttage continue], elle perd de l’eau
et celle-ci passe dans la menue paille. Y reste-t-elle ? et, si elle est
retenue, que deviennent les éléments nutritifs de la pulpe qu’elle a
entrainés avec elle? C’est ce que nous discuterons un peu plus loin.
Dans tous les cas, ce système d’ensilage appauvrit la pulpe de
31,7 °/, de matière sèche en quatre mois.
Pour le silo suivant, malgré l’addition de 115%#,5 de déchets de fe-
nil par 4 000 kilogr. de pulpe, la perte brute est encore plus élevée
que celle des pulpes conservées seules pendant le même temps; elle
atteint 37 °/,.
Il en est de même avec 61 kilogr. de menues pailles pour 1 000
kilogr. de pulpe, mais la différence est moins marquée; les pertes de
poids brut s’élevaient à 20,5 °/, au lieu de 19,5 °/, pour la pulpe
ensilée seule. La proportion de menues pailles représente à peu près
la dose qu’on à l'habitude d'employer dans la région du Nord.
On a lu plus haut que Gay recommandait d’incorporer à la pulpe
10 kilogr. de menues pailles pour 90 kilogr. de pulpes. Nous avons
voulu nous rendre compte, si, en employant une aussi forte propor-
tion de déchets, nous réussirions à diminuer les pertes. Nous avons
pu comparer d’une part 1 000 kilogr. de pulpe conservée seule, et,
d'autre part, un mélange de 1 000 kilogr. de pulpe avec 100 kilogr.
de menue paille. Après six mois de conservation, nous avons défait
les silos et nous sommes arrivés à des résultats absolument sur-
prenants.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPE:
273
Tandis que la pulpe ensilée seule accusait une perte brute de
97,9 °|,, la pulpe avec menues pailles, malgré la forte quantité d’eau
qui devait être retenue, avait perdu 42,5 °/, de son poids.
Si nous calculons la perte de matière sèche supportée par le mé-
lange de la pulpe avec diverses matières absorbantes, nous trouvons
les chiffres suivants :
Pulpes seules . LE co OO
1903-1904 Pulpe et 61 kilogr. de menues
Après 4 mois (octobre - février) pailles °/o . RARE DB. ot6 6
Pulpeet 115K8,5 de fleurs defoin °/. 16,8
1904-1905 Pulpes seules . | ve ‘y 0 0
ES pci Euipes avec 100 kilogr. de menues :
pailles °/oo . 39,3
H semble d’abord qu’en ne dépassant pas une certaine limite, les
matières ajoutées à la pulpe n’augmentent pas sensiblement la perte
de matière sèche.
Ce n’est pourtant qu’une apparence, car le pourcentage de la ma-
tière sèche dans les différents silos est donné pour l’ensemble de la
substance.
Dans le mélange, la matière des déchets incorporés à la pulpe ne
se détruit pas d’une manière sensible, et pour évaluer la perte réelle
d’une façon exacte, il faut la calculer comme il est indiqué dans le
tableau ci-dessous.
Pourcentage des pertes de substance ensilée au début
PERTE
Pulpes et 61 kilogr. de me-
nues pailles pour mille. .
Pulpes et fleur de foin :
115K6,5 9/00 - .
Pulpes et menues pailles :
100 kilogr. 2/60.
QUAN-
TITÉ
de
matière
sèche
ensilée
MATIÈRE
sèche
restante
de
matière
sèche
MATIÈRE SÈCHE
fournie
— mm — ———
par les
menues
pailles
par les
pulpes
pour cent
de
matière
sèche
répartie
en totalité
sur Ja
pulpe
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — It
274 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ces chiffres établissent les pertes véritables que la pulpe a dû
subir. On arrive ainsi à constater que les menues pailles, loin de
diminuer les pertes de matières sèches de la masse ensilée, les aug-
mentent, et cela, d'autant plus qu’on les emploie en quantité plus
considérable. 11 faut remarquer toutefois que les déchets de fenils
nous ont donné une perte moins élevée que les menues pailles.
On a donc grand tort de recommander d'ajouter des menues
pailles à la pulpe pour favoriser sa conservation. En apportant dans
le mélange une proportion de ces déchets aussi élevée que le recom-
mandait Gay, nous avons constaté qu’au bout de six mois environ
70 °/, de la matière sèche de la pulpe avait été détruite.
Ainsi, tandis que les pulpes ensilées seules n’ont perdu que 20 °/,
de matière sèche, nous avons eu à constater, en incorporant à la
pulpe 10°/, de menue paille en poids, une perte presque trois fois
et demie plus élevée dans le même temps.
Étant donné que la perte de poids brut n’est que de 49,5 °/,, cette
diminution de matière sèche est surprenante; elle s'explique pour-
tant assez facilement, car la menue paille qu’on retrouve est gorgée
d’eau.
Elle s’est emparée des liquides provenant de la pulpe, de sorte que
le produit brut conservé est beaucoup pi aqueux que le mélange
ne l’était lors de l’ensilage.
Nous avons cherché à nous rendre compte de la quantité d’eau que
la menue paille est capable d’absorber.
Par l'expérience directe, en faisant couler de l’eau sur un tamis ou
était emprisonné À kilogr. de menue paille semblable à celle qui avait
servie dans nos expériences, nous avons constaté, après un simple
égouttage, que 2 kilogr. d’eau avaient été retenus. L'expérience,
ayant duré encore pendant une heure, a été suivie d’une nouvelle
pesée qui nous a donné sensiblement le même chiffre.
Pour avoir confirmation de ce premier résultat, nous avons, d’au-
tre part, fait retirer, sur un échantillon pris dans le sac sortant du
silo, les menues pailles mélées à la pulpe.
Elles paraissaient n’avoir été nullement attaquées par les fermen-
tations. 100 grammes aussitôt séparés ont été mis à l’étuve, pour
servir à l’analyse.
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 279
Voici les résultats constalés :
OMR NES CARRE A RENE 122
Matière Seche ET 27,8
ROSE 100,0
Nous avions aussi la composition de la menue paille à l’origine;
elle contenait :
NE Er Ne 16,3
Matière sèche. . . . . . . 83,7
j 17 OSETT 100,0
Puisque 83,7 de matière sèche sont contenus dans 100 de menue
paille, 27,8 de matière sèche retrouvée correspondaient à :
27,8 X 100
— 9
83,7 2
de menue paille telle qu’elle avait été ensilée.
Pour cette quantité la proportion d’eau retenue est donc de
100=233,2— 668
Ce qui fait, pour les 100 kilogr. de menue paille ensilée, une
absorption d’eau de
66,80 X 100
— 200 kilogr.
33,0 200 kilogr
comme dans l'expérience précédente.
Nous avons retrouvé 630 kilogr. de matière brute à l’ensilage, la
menue paille et l’eau qu’elle a absorbée représentant 300 kilogr.
environ, les 100 kilogr. de pulpes se trouvent réduits à
630 — 300 — 330 kilogr.
soit pour elle une perte de poids brut de 67 °/,. La perte de matière
sèche étant de 68,8 °/, ; la pulpe restante, considérée seule, est
encore aussi aqueuse qu’elle l'était à l’origine.
Pour nous rendre compte de la quantité d'éléments nutritifs que
276 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE À
la menue paille peut retenir par les liquides qu’elle absorbe, nous
avons analysé la matière sèche de l'échantillon séparée de la pulpe.
COMPOSITION
de la matière sèche
de la menue paille
ÉLÉMENTS DOSÉS A
avant après
l’ensilage l’eusilag e
Matières azotées organiques totales. . , . . . 6,1 6,7
Matières grasses . D CURE 1,4 20
Matières hydrocarbonées ou saccharifiables . 36,2 38,9
Autres extractifs non azotés 15,3 16,2
Fibres ou cellulose . 25,8 25,5
Matières minérales . 1252 10,9
PO Ai En ARE, es 100,0 100,0
Ce tableau indique une augmentation de matières utiles dans la
menue paille mélangée à la pulpe, mais Je gain est relativement
faible.
Composition comparée des produits avant et après
l'ensilage
Les échantillons provenant des différents ensilages ont été ana-
lysés. Les résultats ci-après vont nous permettre de voir quelles sont
les transformations des différents principes immédiats.
Les hydrates de carbone sont toujours les plus attaqués pendant
la conservation, ils se perdent beaucoup plus vite que les autres élé-
ments constitutifs, ce qui explique pourquoi ces derniers s’y trouvent
toujours en proportion plus grande que dans la matière sèche de la
pulpe fraiche.
Nous ferons remarquer que la pulpe stratifiée avec des menues
pailles conserve une matière sèche plus riche que celle des silos de
pulpe seule.
Pour les silos de pulpe avec menues pailles, la diminution d’hydrates
de carbone par rapport à la matière restante est évidemment moin-
dre, la menue paille en renfermant une proportion relativement
élevée et d’une nature moins attaquable.
- Pour juger de la qualité véritable des produits ensilés, il est néces-
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ENSILAGE DES BEITERAVES ET DES PULPES 279
saire d’ailleurs de faire la comparaison sur les matières humides,
telles qu’on a l'habitude de les distribuer aux animaux.
Dans les expériences de 1904-1905, la pulpe après deux mois
d’ensilage se trouve un peu meilleure comme qualité; elle est
moins aqueuse et plus riche en azote, en matières grasses, en
cendres et en cellulose. Après quatre mois, la pulpe renferme plus
d’eau ; elle se rapproche davantage de la composition de la pulpe
fraiche.
Après six mois, la pulpe contient 11 °/, de matière sèche ; à part
les hydrates de carbone qui sont en diminution assez forte, on
trouve une augmentation importante de la somme des autres prin-
cipes immédiats. Cela résulte évidemment de la substance, par suite
des pertes en eau et de la disparition de certains principes ter-
paires détruits plus rapidement que les autres par la fermen-
tation.
Après huil mois, la pulpe retrouvée est moins nutritive qu’après
six mois; elle est redevenue plus aqueuse, la proportion d’amides
est toujours en augmentation au détriment de l’azote alimentaire
et, par l’eflet des fermentations devenues plus actives, les principes
hydrocarbonés el même la cellulose sont en diminution.
La pulpe stratifiée avec des menues pailles est beaucoup plus
nutritive après ensilage, parce que la concentration est encore plus
forte : 62 °{, de matière ayant disparu. La matière sèche pour cent a
augmenté de plus de moitié dans la partie restante et nous trouvons
dans cent de matière humide que l'azote, la cellulose et les cendres
sont plus que doublés.
Dans les pulpes additionnées de fleur de foin ou de menues
pailles, on voit moins ce qui se passe pour la pulpe, parce que les
matières ajoutées contribuent à modifier la. composition du mé-
lange.
Certainement enco:e, le produit retrouvé est plus riche et plus
nutritif que celui qu’on avait ensilé, mais l'amélioration n’est obte-
nue que par suite de la fuite plus rapide de certains éléments orga-
niques.
Le tableau suivant permet de iuger plus facilement des pertes qui
ont pu se produire pendant l’ensilage.
230 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Détermination des pertes pour c
PULPES SEULES
Après P«
a]
buit
h
mois
5,92 | 81
0,79 | 1
0,085| 3
0,040
0,21
0,61 {
1,00 | &
1,52 |2
1903-1904 1904-1905
MR NE A | Après | Pertes A Après et Apres | pese Après ge
après | après après
l’ensi- | quatre | pour || l’ensi- | deux quatre | |. 2e It
deux quatre | Six
lage mo:s cent lage mois Le mois na mois UE
. | |
Matière sèche . . . . . 10,2 7,89 | 22,5 || 8,60 | 7,07 | 17,8| 7,06 | 17,9 | 6,91 | 19,3
Matières azotées totales | 0,94 | 0,81 | 14 0,95 | 0,382 | 15,7| 0,78 | 17,9 | 0,89 | 6,3
Azote alimentaire , . .| 0,140| 0,118| 15,7 || 0,136| 0,099! 27,2 0,105! 22,8 | 0,108) 20,6
Azote non alimentaire .| 0,010! O,011 11] 0,017! 0,033 » | 0,020! » 0,035) »
Matières grasses. . . .| 0,05 | 0,07 » 0,04 | 0,10 » | 0,07 » 0,18 »
Matières minérales. . .| 0,95 | 0,84 | 11,6 || 0,65 | 0,69 9} 0,571" 19,3 [0,68 20%
Hydrates de carbone en
PIRCOSE PE PARTS 4,06 | 1,98 | 51,2 || 2,76 | 2,20 | 20,3| 1,80 | 34,8 | 1,25, | 54,7
Collnlosn-: eee 1,96 | 1,71 | 12,8 | 2,00 | 1,68 | 16 | 1,54 | 23,0 | 1,84 | 8,0
Répartition des pertes de matière sèche
Nous avons déjà envisagé la perte en matière sèche et elle nous a
permis de constater qu’il était préférable d’ensiler les pulpes seules
plutôt que de leur incorporer des menues pailles ; nous pouvons voir
ici sur quels éléments cette perte se répartit.
Pour la pulpe ensilée seule, nous avons à enregistrer des pertes en
matères azotées totales variant de 6,3 à 47,9 °/,, les variations indi-
quent que les pertes peuvent être plus ou moins élevées, selon l’état
des silos et la nature des fermentations spontanées qui agissent pour
transformer la pulpe. Mais, en définitive, ces pertes ne sont pas
excessives et on peut voir que dans certains cas, même après six
mois, on retrouve à peu près toute la matière azotée.
Dans la pulpe fraiche, la presque totalité de la protéine se trouve
sous forme alimentaire, mais il n’en est plus de même dans les
pulpes ensilées ; on constate pour celles-ci une perte d’azote alimen-
taire qui varie, selon les cas, de 15,7 à 36,7 °/, et un gain d’azote
non alimentaire. |
ENSILAGE PES BETTERAVES ET DES PULPES 281
chaque partie constitutive de la pulpe
(y
k . »
LPES STRATIFIEES 1 000 KILOGR. DE PULPES ADDITIONNES DE
avec
115ke6,5 de fleur defoin |
—
|
; :
des menues pailles GL kilogr. de menue paille | 100 kilogr. de menue paille
Pres | —
A | Après
Perte répartie |
sur |
Perte répartie ||
sur |
Perte répartie
Perle A Après A | Après HUE Après SE
après mm * _— || à m— |
nsi- | quatre l’ensi- | quatre Ja | l'ensi- | quatre 1 la | l’ensi- six la pulpe
| quatre ; pulpe || à pulpe || ; seu
mois age | mois 1 u- || lag dis ..:| seu | age ois” 2 5
à mois lage | mois Roi] seu lage | mois lue) seu- | 126 MOIS ltotalité Re
|
lement || lement |!
| Il
La matière est donc l’objet, pendant l’ensilage, d’une transfor-
| mation préjudiciable à la valeur nutritive du produit. Les hydrates
de carbone sont fortement attaqués pendant la conservation ; 1ls su-
bissent, entre autres transformations, la fermentation alcoolique et
peuvent donner par oxydation de l'acide acétique.
Si les transformations réductrices entrent en jeu, il se fait au con-
traire de l’acide butyrique et mème des corps gras, c’est ce qui
explique l'augmentation des extractifs éthérés dans la pulpe ensilée.
I y a lieu de faire remarquer que pour les pulpes de 1903-1904
nous n’avons pas constalé d’acidité dans la matière retirée des silos ;
il n’y avait pas non plus une augmentation bien marquée des ma-
tières grasses et la perte des hydrates de carbone s'élevait à plus
de 50 °}..
Faut-il faire un rapprochement entre ces résultats ? Il est certain,
en tous cas, que les fermentations qui ont dù se produire dans ces
silos étaient absolument différentes de celles qui nous ont laissé une
acidité de 1,5 à 2 °}. après quatre mois, en 1903-1904. Pour les
| silos de année dernière, la perte s’élève d'autant plus que la con-
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Less
282 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
servation à été plus longue : de 20,3 elle devient 34,8 après quatre
mois, 4,7 après six mois et 65,8 après huit mois. Quant aux ma-
tières minérales disparues, elles ont dû être dissoutes pendant la
fermentation et entrainées ensuite dans les eaux d’égouttement. Leur
solubilisalion doit également varier avec les différents ferments qui
vivent dans la pulpe.
Les pertes de cendres n° sont pas apparentes, les chiffres que nous
donnons à ce sujet présentent de faibles écarts, elles peuvent être
dues à des différences toutes naturelles dans la composition. Au bout
de deux mois, par exemple, les pulpes de 1904-1905 accusaient une
quantité de cendres retrouvées plus grande que celle existant au
début, lors de l’ensilage. Il est évident qu’elles n’ont pas pu aug-
menter et qu'il faut attribuer les différences aux écarts possibles dans
toute analyse.
La cellulose elle-même est attaquée en partie, les pertes varient
de 8 à 24°/,. Comparons maintenant ces résultats à ceux que nous
avons obtenus par l’ensilage avec stratification dans la menue paille.
La perte de matière sèche montre suffisamment que ce mode de
conservalion est inférieur à celui qui consiste à ensiler la pulpe
seule. Pour l’azote total comme pour l’azote alimentaire, la perte
est aussi élevée, tandis que pour les hydrates de carbone plus de la
moitié a disparu au bout de quatre mois.
Lorsque la conservation est faite en mélangeant les pulpes aux
menues pailles, il y a lieu de distinguer la perte apparente, calculée
sur l’ensemble des produits, et la perte réelle obtenue, en supposant
(ce qui doit avoir lieu pour la grande partie des principes immné-
diats) que la différence entre le total des substances ensilées et le
total des matières retrouvées est attribuable en entier aux modifica-
tions subies par la pulpe.
Nous admettons pour cela que les déchets de fenils (fleur de foin)
ou les menues pailles ont conservé tous les éléments qu’ils renfer-
maient au début.
Cette perte réelle est très intéressante à étudier.
Dans les pulpes stratifiées avec des menues pailles, la proportion
d'azote alimentaire disparu n’est pas plus élevée que dans la pulpe
ensilée seule. Avec une dose modérée de menues pailles (61 kilogr. °/,,
ENSILAGE DES HETTERAVES ET DES PULPES 283
de pulpes), nous retrouvons à peu près autant d'azote qu'il en existait
au début ; la perte de matière sèche porte presque exclusivement
sur les autres éléments immédiats ; les hydrates de carbone dispa-
raissent dans la proportion de 73,6 °/, et la cellulose dans la pro-
portion de 32,3 °/,.
Quand on incorpore aux pulpes une quantité plus grande de ma-
tières absorbantes, les perles deviennent à leur tour plus considé-
rables. Nous trouvons avec les déchets de fenil ou fleur de foin une
perte de 32,1 sur l'azote total, portant sur plus de 50 °/, de Pazote
alimentaire. Il y a lieu de se demander, cependant, si les déchets de
fenil ne s’altèrent pas un peu pour leur compte; il y avait dans les
fleurs de foin une proportion assez grande de petites feuilles déta-
chées de luzerne ou de trèfle; celles-ci, contrairement aux tiges,
ne présentent pas une résistance bien grande et il est logique d’ad-
mettre qu’elles ont pu contribuer en partie à la perte. De toute ma-
nière, celle-ci reportée sur l’ensemble dépasse 20 °/,. C’est là un
chiffre minimum, car on doit bien supposer que la pulpe perd pour
son compte davantage que les déchets qu’on lui incorpore. Les hy-
drates de carbone ont disparu dans la proportion de 57,6 ‘|, sur
l’ensemble, et de 98,6°/,, en calculant sur la pulpe seulement. Pour
la cellulose, nous trouvons respectivement les chiffres de 18,3 sur
l’ensemble, et de 53,1 sur la pulpe.
Les déchets de fenil, employés à doses élevées, déterminent moins
de perte que les menues pailles. Avec celles-ci, en effet, utilisées à la
dose de 10 °/,, les pertes deviennent excessives; elles atteignent
68,8 °/, de la matière sèche. La matière azotée totale, calculée sur
la pulpe seule, perd 63,2 °/, de son poids; l’azote alimentaire dispa-
rait dans une proportion encore plus élevée (79,7 °/,). Tous les hy-
drates de carbone saecharifiables sont détruits par la fermentation,
on ne constate guère qu’une augmentation, assez faible d’ailleurs, de
la matière grasse. Il n’y a pas lieu de s’en étonner, parce qu’on sail
que celle-ci peut provenir de la décomposition des matières hydro-
carbonées. Dans les trois séries de silos nous constatons aussi que là
proportion d'acide est relativement forte.
La matière humide renfermait :
2,04 d'acide exprimé en acide acétique dans le silo avec fleur de foin ;
234 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
9,06 d’acide exprimé en acide acétique dans le silo avec 61 °/,, de
menues pailles ;
1,60 d'acide exprimé en acide acétique dans le silo avec 100 ‘/,
de menues pailles.
La perte de matières minérales est trop élevée pour r’être pas
réelle. Il est certain qu’elles n’ont pas pu disparaître autrement que
par dissolution dans l’eau qui a coulé des silos, malgré la menue
paille incorporée pour absorber.
Dans le cas où la pulpe était ensilée seule, les pertes de matières
minérales sont restreintes. Gay avait constaté une perte de plus de
moitié dans ses expériences. Comme ses déterminations ont été faites
sur une grande masse de pulpes, on peut admettre que les écarts
constatés proviennent surtout de la non-homogénéité de la substance,
dans les échantillons prélevés au début et à la fin de l’ensilage.
CONCLUSIONS
Des expériences que nous avons poursuivies à Berthonval pendant
deux années consécutives, sur la conservation des betteraves et des
pulpes, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
1° Les betteraves entières, récoltées dans de bonnes conditions,
peuvent se conserver pendant plusieurs mois sans altération ; mais
elles perdent, par leur séjour prolongé dans les silos, une partie de
leurs principes immédiats : matières azotées, hydrates de carbone et
cellulose. Seules, les matières solubles dans l’éther (graisse) subis-
sent une augmentation, par suite de la transformation des matières
sucrées.
2° La cause de ces pertes réside, d’une part, dans la fermentation
des hydrates de carbone, et, d'autre part, dans l'oxydation de la ma-
tière organique, qui se transforme en acide carbonique et se volati-
lise sous cette forme. La cellulose elle-même n’échappe point à ces
transformations. La malière azotée se retrouve à peu près dans la
betterave entière, mais, si elle persiste pendant la conservalion, elle
n’en subit pas moins une transformation défavorable à sa valeur nu-
tritive. Les albuminoïdes diminuent pendant que les amides augmen-
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 285
tent progressivement. Îl y a donc, en réalité, transformation de l'azote
alimentaire en azote non alimentaire,
3° Les pertes sont d'autant plus accentuées que la conservation se
prolonge plus longtemps. Après le mois de mai, il est difficile d'éviter
la pourriture en tas. Celle-ci rend la conservation désastreuse
lorsqu’on veut la prolonger tout été.
4 Les betteraves, divisées en cossettes avant l’ensilage, subissent
des pertes d’autant plus grandes que les racines sont plus aqueuses.
5° L’addition des matières absorbantes aux cossettes : balles, fleur
de foin, menues pailles, etce., exerce une influence défavorable en
_accentuant la déperdition des principes nutritifs.
6° L’ensilage des betteraves hachées n’est pas recommandable ;
on ne doit y recourir que lorsqu'il s’agit de conserver les racines
atteintes par les gelées ou de prolonger la conservation. Mais, dans
ce dernier cas, la dessiccation est préférable, car elle permet de
conserver la totalité du sucre qui disparaîtrait en grande partie par
l’ensilage, en même temps qu’une forte proportion de principes
nutritifs.
7° Les pulpes de sucreries ensilées subissent une perte de poids
assez importante qui porte non seulement sur l’eau qu’elles renfer-
ment en proportion considérable, mais encore, et surtout, sur la
matière sèche.
Tous les principes immédiats n’ont pas à supporter au même degré
les influences de la fermentation en silo. Les hydrates de carbone
sont fortement attaqués, ils subissent la fermentation alcoolique et
peuvent donner par oxydation de l'acide acétique. Si les fermentations
réductrices entrent en jeu, il se fait au contraire de l’acide butyrique
et même des corps gras, c’est ce qui explique l’augmentation de la
matière grasse dans la pulpe ensilée. Les matières azotées dispa-
raissent en faible proportion, mais tandis que dans la pulpe fraiche
elles sont représentées presque en totalité par des albuminoïdes, dans
la pulpe conservée la proportion d’azote alimentaire va en diminuant
par suite de sa transformation en composés amidés.
8° La teneur en eau est aussi grande dans la pulpe ensilée que dans
la pulpe fraiche.
9 Il n’y à pas de pertes considérables de matières nutritives par
286 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l’écoulement des eaux à travers les parois des silos. La malière miné-
rale peut être entraînée en partie, elle se solubilise évidemment du
fait de l'acidité qui se développe pendant la conservation. Il serait
nécessaire de connaître, dans chaque cas, la composition primitive
et le degré d’acidité du produit fermenté, pour établir la corrélation
probable qu’il y a entre la disparition de la matière minérale et la
marche de la fermentalion.
10° L’ensilage des cossettes avec des matières absorbantes : balles,
menues pailles, résidus de fenils, etc., ne met point à l'abri des pertes.
La proportion de ces résidus qu’on emploie généralement est insuffi-
sante pour retenir toute l’eau qui s’écoule des fosses à pulpes. Pour
arriver à ce résultat, il faudrait en employer des quantités impor-
tantes, mais on constate alors une perte en matière sèche bien supé-
rieure à celle qui se produit dans la pulpe ensilée seule. La paille
hachée et les menues pailles, en augmentant la porosité de la masse,
aclivent son oxydation et sa décomposition, et ont pour effet de faire
dégager, sous forme de produits gazeux, une partie des principes im-
médiats transformés par les fermentations.
41° Pour éviter les pertes subies pendant l’ensilage, il est préféra-
ble de conserver les pulpes seules et d’en faire consommer une partie
à l’état frais; il est évident, en effet, que l’énorme perte de substances
nutritives, inhérente à la conservation des pulpes humides, n’est pas
compensée par une valeur alimentaire plus élevée du produit qui
reste.
12° Il y aurait avantage à soumettre à la dessiccation la portion des
pulpes qu’il est impossible de faire consommer fraiche pendant la
campagne ; si on considère que les pulpes, indépendamment des pertes
qu’elles subissent pendant l’ensilage, sont d’un transport coûleux,
qu’elles ne sont jamais à l’abri des fermentations et peuvent devenir
une cause sérieuse d’inconvénients hygiéniques, que les vaches lai-
üères nourries avec les cossettes fermentées donnent un lait très faci-
lement altérable, on voit que la dessiccation est recommandable. Elle
fait de la cossette un aliment de conservation facile, ayant une valeur
plus grande sous un plus faible volume et pouvant, par suite, sup-
porter des frais de transport. Les pulpes sont peu modifiées par la
dessiccation, elles conservent la totalité de leur principes immédiats,
ENSILAGE DES BETTERAVES ET DES PULPES 287
et leur matière azotée reste sous la forme albuminoïde. Mises en con-
tact avec l’eau, elles reprennent l’état humide et peuvent satisfaire
aux exigences de l’alimentation. On a prétendu que l’eau ajoutée de
cette façon n'avait pas la qualité de l’eau naturelle de l'aliment,
comme celle qui se trouve dans la pulpe humide : mais il ne faut pas
perdre de vue que l’eau contenue dans la pulpe ne provient pas de la
betterave, mais bien de celle qui a été employée à l'épuisement des
cossettes. Au lieu de cette soi-disant eau naturelle, qui contient fré-
quemment des toxines en abondance, mieux vaut assurément admi-
nistrer aux animaux l’eau potable habituelle.
L'emploi économique des pulpes desséchées est surtout possible
dans les régions éloignées des sucreries et pour l'alimentation des
vaches dont le lait est employé à la consommation directe.
LE
CHAMP D'EXPÉRIENCES
DU PARC DES PRINCES
(1892-1897)
SIX ANNÉES D'EXPÉRIENCES DE CULTURE
DEUXIÈME SÉRIE : 1895 A 1897 (:)
QUATRIÈME ANNÉE — 1895
Nature des fumures et récoltes en 1895
Fumure : Parcelles IT à VI et IX à XV. — 100 kilogr. de nitrate à
l’hectare, à la semaille.
Récolte : Parcelles I à XVI. — Avoine de Pologne, semée en ligne
le 23 mars 1895, à raison de 189 litres à l’hectare (117 kïlogr.).
Après le déchaumage de l’avoine, semis de lupin et de pois : lu-
pin jaune, lupin blanc, 120 kilogr. ; pois, 60 kilogr., à l’hectare.
En 1895, l’avoine a succédé au blé, au Parc des Princes. Les ré-
sultats de cette culture ne sont pas moins intéressants que ceux des
précédentes récoltes. Nous allons les résumer dans leurs traits
essentiels.
Depuis la récolte du blé qui a eu lieu le 19 juillet 1894, les éteules
1. Voir la première série dans le fascicule 2 du tome I, 1905.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 289
de cette céréile sont restées en terre. Étant donnée la légèreté du
sol, qui ne rendait pas nécessaire un labour d'hiver, le déchaumage
n’a été effectué qu'en mars, quelques jours avant la semaille de
l’avoine. La variété choisie élait l’avoine blanche de Pologne, variété
hâtive qui nous avait paru devoir réussir sous le climat humide et
un peu froid du bois de Boulogne. La semence pesait 61,850 à
l’hectolitre, poids très élevé, rarement atteint par cette céréale, La
semaille a été faite en ligne avec l'excellent semoir à six rangs que
la maison Smith et fils avait, comme l’année précédente, mis obli-
geamment à notre disposition. La quantité de semence employée a
été de 117 kilogr., soit 189 litres à l’hectare. Conformément aux
plans d’essais adoptés depuis 18992, le seul engrais à ajouter au sol
pour la récolte d’avoine était l'azote. D'ordinaire, c’est en couver-
ture, c’est-à-dire à la volée à l’époque du tallage qu’on a coutume
de répandre le nitrate de soude sur les céréales. Ayant eu connais-
sance des bons résullats de l’emploi du nitrate au moment de la
semaille des céréales d’été, nous avons voulu en faire l'expérience.
Le champ a donc reçu, quelques Jours avant la semaille en ligne,
une dose de nitrate de soude correspondant à 100 kilogr. de ce
sel à lhectare, soit 15 kilogr. d’azote. On se réservait de com-
pléter cette fumure au moment convenable, par l’épandage à la
volée d’une nouvelle quantité de nitrate, si l'aspect de la végétation
rendait cette addition d’azote nécessaire. Il n’en a rien été : l’avome
était si vigoureuse, et de couleur verte si intense vers le milieu de
mai, qu’on à jugé inutile un nouveau nitratage. On peut inférer de
là que le nitrate de soude introduit dans le sol au labour qui a
précédé la semaille, a suffi à l’alimentation azotée de l’avoine. Déjà,
l’année dermière, la même dose de nitrate (100 kilogr. à l’hectare)
avait fourni au blé une quantité suffisante d’azote pour une produc-
tion de grain qui à atteint jusqu'a 38 et 43 quintaux métriques
dans certaines parcelles.
L'avoine a parcouru toutes les phases de la végétation dans l’es-
pace de cent dix-neuf jours. Semée le 23 mars, elle était complète-
ment arrivée à maturité le 18 juillet 1895. La hauteur des tiges
variait de 80 centimètres, dans les parcelles témoins, à 1,50 et 1 m,60
dans les autres.
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 1 19
290 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le battage a été fait dans le champ même avec la batteuse Lanz,
excellent outil que nous avait prêté M. Faul. Cette batteuse, que
deux hommes suffisent à actionner, donne de très bons résultats.
Comme nous avions déjà eu l’occasion de le constater l’an dernier à
propos de la récolte du blé, cette batteuse ne casse pas le grain ; elle
rend de grands services à la petite culture, son prix étant peu élevé
et son travail assez rapide,
Pour l'évaluation de la récolte, on a procédé de la manière sui-
vante : l’avoine coupée à la faux, à 6 centimètres au-dessus du sol,
a été mise en gerbe immédiatement. Les gerbes de chaque parcelle
réunies sous la tente qui abritait la machine à battre ont été pesées,
puis battues. Le grain passé au tarare à été pesé, et le poids de la
paille déterminé par différence entre celui des gerbes el celui des
grains. Les chiffres que l’on trouvera plus loin, sous la rubrique
« paille », représentent donc à la fois le poids de la paille et celui des
balles. Le poids naturel, c’est-à-dire le poids apparent de l’hectolitre
d’avoine, a été obtenu par la pesée d’un décalitre de grains tassé et
arasé comme on a habitude de le faire dans la pratique. La densité
réelle de l’avoine à été déterminée au laboratoire, quand on a pro-
cédé à l’analyse des produits des différentes parcelles.
Geux de nos lecteurs qui ont suivi les expériences du Parc des
Princes savent que l’un des ob'ectifs principaux que nous avons en
vue est l’étude de la valeur agricole comparative des divers phos-
phates. Dans les douze parcelles qui ont été fumées au nitrate de
soude, il n'existe d'autre différence, dans la quantité et la nature de
la fumure, que la forme sous laquelle l’acide phosphorique leur a été
donné; en eflet, toutes ont reçu, en 1892, 200 kilogr. de potasse
sous le même état (kaïnite) et 500 kilogr. d'acide phosphorique, sous
forme de phosphates minéraux bruts à l’état de poudre fine, de sco-
ries de déphosphoration, de superphosphate et de phosphate précipité.
Le sol étant de composition suffisamment homogène dans toute l'éten-
due du champ, les différences constatées dans les rendements ne
sont attribuables qu’à l'assimilation plus ou moms complète, suivant
les conditions climatériques et la nature des récoltes, des divers phos-
phates. Les déductions à tirer des résultats observés chaque année
acquièrent par la continuité des expériences une valeur croissante,
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 291
la succession des récoltes, dans des conditions de fumure identique
pour chaque parcelle, rendant de moins en moins sensibles les varia-
tions accidentelles. Dans un champ d’expériences où l’on ne fait varier
qu'une seule condition à la fois, comme c’est le cas au Parc des
Princes, et dont le plan comporte une série d'années d’essais dans la
même direction, on peut espérer arriver à des conclusions appli-
cables à la pratique culturale qu’une seule année d’expériences, si
bien conduites soient-elles, ne saurait donner.
Dans les tableaux suivants, on a inscrit à côté du numéro de la
parcelle le nom de l’engrais phosphaté qu’elle a reçu. Nous com
mençons par rapporter les chiffres relatifs aux douze parcelles ni-
tratées ; nous donnerons plus loin ceux qui permettent la comparai-
son des récoltes obtenues avec les trois engrais azotés.
TABLEAU I
porps [NOMBRE | MULTI-
RÉCOLTE d’hecto-| PpLr-
de x de
la paille ’ =
par- des phosphates cn totale Phecie à de la
sebee des balles Hire
litres CATION
l’hectare |semence
g. m.
Somme 75/80. . . . 72,00
ETIENNE) 67,60
OEIL AIS EN EIOe 65,86
Scories de l'Est , . . > | 63,20
AIdenneSs br RE 211M6024
CAO MENMMENE 77,87
Boulonnais . 57,61
Scories anglaises. . 24,70
Superphosphate . . 22,80
Somme 45/50. . 63,91
Indre . se 60,31
Phosphate précipité. 38,50
[SA]
2
NW ® © D J © = 9 OO CO À
_
=
Er)
or
©
©
_
(=
2
NN WW @ ©
_
NW 1 LW © 1
Ù] ©:
= 4 ei M 1m 19 9 WI LD ©) D ©
STARS 1 CD EE te D NO OST
_
Q © à à ©
-
Le]
[CA
_
Moyenne des témoins.
2,88
SE
Le tableau [ indique, pour chaque parcelle, classés d’après les
poids décroissants d’avoine récoltée : 1° les rendements en grain :
2° en paille, 3° le poids total de la récolte, 4° le poids de l’hectolitre,
292 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
9° le nombre d’hectolitres à l’hectare et 6° la multiplication de la se-
mence ; tous les chiffres sont rapportés à l’hectare.
Le poids naturel de la semence était extraordinairement élevé,
comme nous l'avons dit précédemment (51,85 à l’hectolitre).
Il n’a été atteint par l’avoine d'aucune des parcelles. Comme on le
verra en jetant un coup d'œil sur le tableau [, il a été supérieur,
une seule fois, à 994,70 et il est tombé à 474,20 dans la parcelle V
et à 46,70 dans les parcelles témoins [ et XVI. L'analyse de l’avoine
de semence et du grain récolté dans les diverses parcelles pourra-
t-elle nous donner lexplication de ces divergences? C’est ce que
nous cherchcrons à élucider.
De la discussion des chiffres contenus dans le tableau I et de leur
comparaison avec les résultats des années précédentes, nous aurons
à-tirer d’intéressantes déductions. Bornons-nous pour le moment à
constater que, d’une manière générale et en ce qu’elles ont de fon-
damental, les conclusions que nous avons tirées les années précé-
dentes des rendements obtenus au Parc des Princes trouvent, dans
la récolte de 1895, une complète confirmation. Cette récolte montre
de nouveau à l’évidence deux faits importants pour les cultivateurs
des sols siliceux pauvres, très abondants en France, savoir : 4° la
possibilité d'obtenir dans ces terrains, pourvu que leurs qualités
physiques s’y prêtent, des rendements en céréales comparables à
ceux des sols de longue date en culture et justement réputés fer-
tiles; 2° l’assimilabilité du phosphate de chaux naturel d'origines les
plus diverses : comme le blé, l’avoine a utilisé les sables phosphatés
de la Somme, la phosphorite du Portugal, les phosphates du gault,
du grès vert, de l’élage crétacé, etc. Il en est de même des scories
de déphosphoration. Les hauts rendements en avoine du champ d’ex-
périences, de 20 à 30 quintaux de grains à l’hectare, sont d’autant
plus intéressants à constater, qu'en général cette année n’a pas été
favorable au développement de cette céréale.
La valeur d’une récolte de céréales dépend principalement de la
quantité du grain produit, mais elle ne peut s’établir rationnelle-
ment qu'en tenant compte de la paille, dont il y a lieu d’ajouter le
prix à celui du grain, soit que le cultivateur l'utilise pour l’alimenta-
tion de son bétail, soit qu’il la vende.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 293
La proportion de la paille au grain varie, on le sait, très notable-
ment d’une céréale à une autre et même d’une variété de céréale à
une autre variété ; elle varie également avec les conditions météoro-
logiques et même avec la nature du sol et des engrais que celui-ci a
reçus. Les écarts entre la proportion du grain et de la paille récol-
tés dans le même terrain, la même année, sont mis en évidence par
les résultats des essais culturaux du champ d'expériences du Pare des
Princes, sans qu’il nous soit possible, quant à présent du moins, d’en
donner une explication satisfaisante. Nous les enregistrons à titre
de renseignements et pour en déduire, comme on ile verra plus loin,
la part qui revient à la fumure dans le coût du grain obtenu en excé-
dent sur les parcelles non fumées.
Eu partant des rendements inscrits dans le tableau E, il est aisé de
calculer pour la récolte de chacune des parcelles : 1° la quantité de
paille correspondant à 100 kilogr. de grain, et ®, réciproquement, le
poids du grain correspondant à 100 kilogr. de paille. Le tableau IE
résume les résultats de ces calculs :
TABLEAU II
POIDS
NUMÉROS —— —
de paille de grain
des NATURE DES PHOSPHATES correspon- correspon-
dant dant
parcelles à 100 kilogr. à 100 kilogr.
de grain de paille
X. SOMME 70/80, 0... 240 » 41,66
XL Floride. 227,6 43,92
IX. Portugal . 252.0 36,69
XIE. Scories de l'Est . 248 ,4 40 ,26
ILE. Ardennes. 249,8 41,20
VI Cambrésis . 314,8 AESTE
IV. Boulonnais . 234,2 42,69
XHE. Scories anglaises. 234,8 42,59
XY. Superphosphate . 233,0 42,82
EL. Somme 45/50 . 285,0 30,03
Vie Indre . UE 292, 0 34,19
XIN. Phosphate précipité. . 190,0 52,50
let XVI. Sans engrais (1). 330,1 30,28
Avant la moisson, il était facile de constater, au simple aspect de
1. Moyenne des deux parcelles témoins.
294
la récolte, un écart considérable entre certaines parcelles, mais on
ne se serait Jamais douté que la balance accuserait, entre les par-
celles VEet XIV, par exemple, une différence dans les rapports de la
paille au grain de près de 64°/, en faveur de la parcelle VI (Cambré-
sis). Ces écarts, difficiles à expliquer, doivent être notés, car ils in-
fluent très sensiblement sur la valeur totale de la récolte et sur le
coût du grain. Nous le montrerons dans un instant.
Si l’on prend la moyenne des rapports de la paille au grain pour
toute la récolte du champ, on trouve que lPavoine de Pologne donne
250 kilogr. de paille pour un quintal de grain et 40%,34 de grain
pour un quintal de paille. Cette avoine fournit donc une plus grande
. quantité de paille que la plupart des autres variétés, le chiffre moyen
indiqué par les agronomes les plus autorisés étant de 295 kilo-
grammes de paille pour 100 de grain. La paille d'avoine, beaucoup
plus riche en matière azotée que celle du blé et du seigle, convient
particulièrement à l’alimentation du cheval.
Pour donner une idée de la valeur brute de la récolte de chacune
des parcelles, nous prendrons, comme base des calculs, le prix actuel
de l’avoine("), soit 16 fr. les 100 kilogr., et 25 fr. pour 1 000 kilogr.
de paille. Les chiffres du tableau III sont établis d’après ces valeurs
et rapportés à une surface d’un hectare :
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
TABLEAU III. — Estimation de la récolte
NUMÉROS
des NATURE DES PHOSPHATES A — ——
parcelles du grain de la paille de la récolte
VALEUR
X. - Somme 75/80. . 480,00 + 180,00 — 660,00
XL Floride . 475,23 + 169,00 — 644,20
VE. Cambrésis . 395,68 + 194,75 — 590,43
IXS Portugal. 418,24 + 164,65 — 582,89
XIL. Scories de l'Est. 407,20 + 158,00 — 565,20
II. Ardennes 397,12 + 150,60 — 547,72
IV. Boulonnais. 393,44 ÆL 144,02 — 537,46
XHIL. Scories anglaises . 372,80 + 136,75 — 509,55
XV: Superphosphate . 361,60 + 132,00 — 493,60
Il. Somme 45/50. . 356,00 + 132.00 — 488,00
Ve: Indre . 2 329,92 + 150,77 = 480,69
XIV. Phosphate précipité 324,00 + 96,25 — 420,25
let XVI. Sans engrais . 206,24 + 106,45 — 312,69
1. Cours de l'époque.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 295
Le coût moyen de la fumure, pour l’année 1895, peut s'établir
approximativement, en admettant qu’il se compose du cinquième
des prix du fumier, des phosphates et de la kaïnite enfouis dans Île
sol la première année, et du prix des 100 kilogr. de nitrate em-
ployés au printemps dernier. Nous avons fait connaître précédem-
ment(’}, avec tous les détails désirables, les éléments de l’évaluation
de la dépense faite, dans chaque parcelle, suivant le prix des phos-
phates employés, mais, pour plus de simplicité, nous attribuerons ici
une valeur unique à l'acide phosphorique (30 cent. le kilogramme
chiffre supérieur à la dépense réelle).
La part de la dépense de fumure, afférente à l’avoine de 1895, res-
sort à un chiffre inférieur à 100 fr. à l’hectare et qui s’établit ainsi
qu'il suit :
1/5 de 180 fr., prix des 30 000 kilogr. de fumier = 36.
1/5 de 90fr., prix des 300 kilogr. d'acide Ro iques — 18
1/5 de 580 fr., prix des 200 kilogr. de potasse = IE
100 kilogr. de nitrate de soude. = 1.71
94 fr.
En comptant 100 fr. pour le prix de la fumure de Pavoine, nous
sommes donc certain de rester au-dessus de la vérité.
Mise en regard des chiffres qui, dans le tableau INT, représentent la
valeur totale de la récolte de chaque parcelle, ra pportée à l’hectare,
cette dépense de 100 fr. laisserait, pour couvrir les dépenses de toute
sorte, loyer, culture, récolte, impôts et bénéfice, des sommes variant
de 320 à 560 fr., suivant la nature des phosphates employés.
On remarquera, en comparant les chiffres des tableaux Let IT, Pin-
fluence que le rendement en paille peut exercer sur la valeur d’une
récolte de céréales : c’est ainsi, par exemple, que le Cambrésis, qui
ne vient qu’au sixième rang, d’après la quantité de grain récolté (ta-
bleau 1), figure au troisième, d’après la valeur totale de la récolte
(tableau HI), la quantité extraordinaire de paille fournie par la par-
celle VE rachetant et au delà l’infériorité relative de la production du
grain. Tandis que dans l’estimation de la récolte de la parcelle Il la
1. Voir tome [, 2° fascicule, 1905.
296 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
paille ne figure que pour le tiers environ de la valeur totale, elle
entre dans celle de la parcelle VE à peu près pour moitié. Il nous a
paru utile de noter ces différences pour insister sur la nécessité de
tenir compte des quantités de paille produites, dans tous les calculs
relatifs à l'évaluation de la valeur des récoltes de céréales.
Nous avons trop de fois eu l’occasion, depuis de longues années,
de nous prononcer à l’endroit de la fixation de ce que l’on est con-
venu d'appeler le prix de revient des denrées agricoles pour y
revenir longuement. Il n'existe pas, à proprement parler, de prix
de revient du blé, de l’avoine, etc., ou, plutôt, il y a autant de
prix de revient de ces denrées que d’exploitations où on les pro-
duit. Le prix de revient est le résultat d’un ensemble de facteurs
éminemment variables d’un point à un autre, d’une exploitation à
une autre, si voisines ou si comparables qu’elles puissent paraître
au premier abord. Nous nous sommes louJours élevés à Juste litre,
nous en avons du moins la convichion, contre laffirmation d’un
prix de revient unique du quintal de blé, 25 fr. par exemple, quels
que soient le lieu et les conditions de produetion de cette quantité
de froment. La seule évaluation qui nous ait toujours paru non seu-
lement possible, mais presque absolument exacte, est celle du
rapport existant entre la dépense en engrais et le coût du quintal de
blé, d'avoine, de pommes de terre, etc., obtenu, grâce à cette dé-
pense, dans un sol et pour une année donnés. Depuis plus de vingt-
cinq ans que nous étudions expérimentalement la production des
diverses plantes de la grande cullure, nous nous sommes toujours
altachés à établir le prix de revient du quintal obtenu en excédent
sous l'influence des engrais, sans chercher à établir le prix de revient
moyen du quintal de la récolte, ce dernier étant tellement variable,
suivant les conditions où l’on est placé, qu'il ne saurait être défini
par un chiffre unique, pour chaque végétal.
Appliquant à la récolte d'avoine du Pare des Princes, en 1895, la
méthode que nous avons toujours suivie pour ce genre de calcul,
nous allons chercher à montrer combien est prépondérante l'in-
fluence de la fumure sur les rendements du sol et sur le coût des
produits obtenus.
Les parcelles F et XVI demeurées sans aucune fumure depuis l’o-
LE CHAMP D'EXPERIENCES DU PARC DES PRINCES 297
rigine, mais très profondément défoncées en 1891-1892, condition
qui a sensiblement amélioré la fertilité naturelle du sol, ont donné
les rendements suivants, rapportés à l’hectare :
Avoine: (mains hs. der et à {21m , 89
AvoinehaHe) ee 20740: 4210 ,88
En retranchant ces quantités du produit de chacune des parcelles,
on a, pour différence, le poids des récoltes de grain et de paille vrai-
semblablement attribuables à l’engrais, puisque toutes les autres
conditions, sauf celle de la fumure, sont identiques à celles des té-
moins. Le tableau IV nous indique les excédents en grain et paille
(rapportés à l’hectare) fournis par chacune des parcelles :
TABLEAU IV
EXCÉDENTS SUR LES TÉMOINS
Anse NATURE DES PHOSPHATES 2 8 HE
parcelles Grain Paille
‘ quint. mét. quint. mèt.
X. SOMMENTD CURE AE 0e Dale 2?
XI. MORE RS Rue 16,81 DAT
IX. ROTIDC AL ER pere eo. LR 22,98
XII. Scoriestde L'EST nue 12,56 20.32
ILE, ArdeMnes Re ht rer 11,93 17,36
VL. CABTÉSISS AE el 11,84 34,99
AE BOUIOnNAIS RE me 11,70 14,73
XIE, Scories anglaises . . . . . . 10,41 11,52
XV Superphosphate. | . . . . . MA 9:92
IL. SOMMERT A DOME D CUS 9,36 20,63
Va RATE RER RUE ALT re + TETE) 17,43
XIN. Phosphate précipité . , . . . 7,36 4,38 (!)
Il est évident, « priori, que l’excédent d’avoine récolté, pour une
même dépense en engrais, évaluée à 100 fr. par hectare (maximum),
étant dans la parcelle X de 17%",11 et de 7°,36 dans la parcelle XIV,
le prix de revient de chaque quintal (excédent) sera essentiellement
différent. Cette différence s’accentuera encore bien davantage si,
1. La parcelle XIV a produit 4,38 de paille de moins que les parcelles témoins,
bien qu'ayant donné 7,36 de grain de plus que ces dernières.
298 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
comme on a coutume de le faire dans la comptabilité agricole, on re-
tranche du prix du quintal de grain celui de la paille correspondante.
Le tableau V met en lumière cette double différence et montre de la
manière la plus frappante l’influence de la fumure sur le coût d’un
quintal d'avoine, dans les conditions où nous avons opéré au Pare
des Princes. Deux mots sur là manière dont a été établi le tableau V.
La première colonne donne le quotient de 100 par le nombre de
quintaux de grain obtenus, en excédent, sur les parcelles non fumées :
les chiffres qu’elle renferme expriment le coût (en fumure) du quin-
tal de grain avec la paille correspondante; la deuxième colonne
donne le prix de la paille correspondant à la récolte en grain, calculé
à raison de 2 fr. les 1 000 kilogr. Dans la troisième colonne, sont
inscrits les prix du quintal d'avoine (première colonne), défalcation
faite de la valeur vénale de la paille correspondante.
TABLEAU Vf
UML RS CODE VALEUR cour
des e NATURE DES PHOSPHATES É dual ie Son case
parcelles Se a rondante (en engrais)
francs francs francs |
X. Somme 75/80. . : : - : 5,84 — 4,19 — 1,65
XI. FIUU & 1 CS) ER ANIME EL RUES 5,983; 570— 2,37
IX: POrLUS AE RE SET 1,41 — 4,33 — 3,14
XIL Scories de l'Est ... . . . 7,964 040 053,97
HT, ATUONNES EE M ner 8,38 — 3,64 — 4,74
VI. CGambrés IS Es ee. 5 5e 8,45 — 7,38 — 1,07
VE Boulonnais” 2225 "50 8,540—13;011—= 15,53
XIIT. Scories anglaises. . . . . 9,60: —2;841=, 6,76
XV. Superphosphate . . . . . 10,292; 517, 74
DE Somme 45/90 . . . + : : 10,68 — 5,50 = 5,18
Ve INALE ERP NUE 12,935; 63 =—=007,30
XIV. Phosphate précipité. . . . 13,57 + 1,45 = 15,02
CINQUIÈME ANNÉE
Nature des fumures et récolte en 1896
Le champ d’expériences du Parc des Princes a fourni cette année
sa cinquième récolte.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 299
Les fumures ont été les suivantes :
Parcelles I et XVI : Moitié de chaque parcelle seulement a été
semée en lupins le 2 août 1895.
Parceiles IE à XV : Entièrement semées en légumineuses, pois et
lupins enfouis au commencement d’avril 1896.
En 1896, pas plus que dans les années précédentes, les parcelles
IL à XV n'ont recu aucune fumure minérale. Les pommes de terre
ont été plantées sur lupin enfoui au moment de la plantation.
Dans les parcelles [ et XVI qui servent de témoins, moitié seule-
ment avait été semée en lupin après le déchaumage de l’avoine en
1895. La récolte moyenne des deux parties des témoins Let XVI a été
la suivante :
POMMES DE TERRE
à l’hectare
Paruiesplantée ADréS IUDIN =. 0. 10,818 kilogr.
ÉATLePDIANTÉS SANS IUDIN. ee Eee 7,066 —
Mihérence rs d,1928—
soit 34,7 °,.
Lors de sa création, au printemps de 1892, on s’est proposé comme
objectif principal, dans les seize parcelles de 1 are et demi chacune,
soumises à un assolement, l'étude comparative de l'influence des di-
verses formes d'acide phosphorique sur les végétaux de la grande cul-
ture. A cet effet, nous l'avons dit, chaque parcelle fumée a reçu, au
printemps de 1899, 4 kilogr. et demi (correspondant à 300 kilogr.
à l’hectare) d'acide phosphorique à divers états de combinaison : la
potasse a été fournie au sol, sous une forme unique (kaïnite), à la
dose de 3 kilogr. par parcelle (soit 200 kilogr. de potasse à l’hec-
tare). L'azote a été donné à doses égales à l’état de nitrate de soude,
de sulfate d’ammoniaque et de sang desséché : 45 kilogr. d'azote
pour les plantes sarclées, 15 kilogr. pour les céréales. Jetons un
coup d'œil d'ensemble sur les conditions actuelles de fertilité du
champ, en rapprochant les prélèvements en éléments nutritifs que
cinq récolles successives ont exercés, des quantités de chacun d'eux
introduites par la fumure ou existant dans le sol vierge mis en cul-
ture en 18992.
Comme nous l’avons vu, le sol du bois de Boulogne est très pauvre
300 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
en aliments des plantes; rappelons que son analyse montre que sa
teneur naturelle en acide phosphorique, potasse et azote est loin
d'atteindre celle que beaucoup d’agronomes indiquent comme ri-
chesse minima d’une terre fertile, soit 0,1 °/, (1/1 000 du poids de
la terre fine).
,
POUR À L HECTARE
dans
80L DU PARC DES PRINCES cent parties une couche
de terre de 0,50
d'épaisseur
Acide phosphorique} = 4... 22/2102: 0,045 2,092
Potasse Re ne NERO NME En ARe ME 0,019 883
NZD: à AMP MURAL EU RAR TRS 0,068 3,162
Chine tamis herbe nee 0.920 42,780
Ce sol, qui appartient à la catégorie des terrains siliceux non
calcaires, renferme cependant assez de chaux pour assurer la nitri-
fication des matières organiques et pour fournir aux récoltes l’ali-
mentation calcaire nécessaire à leur développement : 1l paraît très
probable, en outre, que l’action si manifeste des phosphates constatée
depuis l’origine de nos essais doit être entièrement attribuée à
l'acide phosphorique, l’approvisionnement des végétaux en chaux
étant largement assuré par la présence de plus de 1 1/2°/, de cal-
caire dans le sol.
Sans revenir sur l'influence ‘particulière des différentes formes
d’acide phosphorique sur les récoltes des cinq années, bornons-nous
à rappeler les rendements moyens rapportés à l’hectare, des végé-
taux qui se sont succédé au Pare des Princes :
ANNÉES RÉCOLTES nétidia
1892. l'ommes de terre Richter's Imperator. . . . . 248,8
sos Pommes de terre jaune de Hollande. . . . . . 216,4
"| Pommes de terre Marjolin Tétard. . . . . . 179,8
CAIDE EN en Re 33,9
1814. Blé d'Alsace . , à Le
EE as bite et balles. . . . | 106,7
Grimes ser hear 24,5
9" roine )
1895. Avoine de Pologne. . ST TN at 61,1
1896. Pommes de terre jaunes de Hollande . . . . . 138,1
Tous ces rendements sont élevés et montrent la grande efficacité
des engrais expérimentés : notons quelques particularités intéres-
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 301
santes. Le tableau suivant donne la récolte de pommes de terre de
1896 comparée à celle de 1893.
Pommes de terre (jaune de Hollande) [18961.
Comparaison avec la récolte de la même variété en 1893
NUMÉROS
des NATURE DES PHOSPHATES 1896 1893
parcelles
kilogr. kilogr.
j Témoin sans fumure . . , . . 6 666 9 884
x Soie 7/80 Lee. us er, LT 24 516
XI. FIOFITES TERRE ET AREAS 16 572 21 314
Ill. AUS RMENR SR PACE NT UE RER DO 16 328 7) LOT
IX. ÉOLÉAR AN ER ARE pr 15 232 20 4758
Il. SOMME) ID One 13 812 19 940
XIL. DEDRIPSEST Se RQ 2 ne 13 028 29721
\ IE CAMPDTÉSIS RS Et us 12.798 25 809
NII. Scories anglaises. . . . . . . 12 773 23 383
Ve Indre seen Pre ni Ln. 12 472 21 726
V2 BOUlONAAIS AURA Pre 1. 11 922 21 428
XIV. Phosphate précipité. . . . . . 11673 19 709
XY. SUPEFHRoSphate A, on 2 11 126 15 739
XVI. Témoin sans fumure . . . . . 7 466 8 204
La différence énorme entre les rendements de la même variété de
pommes de terre en 1893 et 1896 parait devoir s'expliquer par
l’épuisement des parcelles en potasse, la fumure verte (lupins et
_ pois) ayant apporté au moins 80 kilogr. d’azote à l’hectare, et la
quantité d'acide phosphorique contenu dans le sol étant encore
considérable. C’est ce qui nous a engagés à donner, en 1897, les
quantités de 200 et 400 kilogr. de potasse à l’hectare aux parcelles II
à XV pour la culture de maïs.
Comparaison de la valeur fertilisante des engrais azotés
Les parcelles VIE, VIIL et XI ont porté, depuis la création du
champ d’expériences, les récoltes suivantes :
1892 EPA Fe. Pommes de terre.
ES ee it Re ae Pommes de terre.
JS JAN EN ae rt Blé d'Alsace.
LRO UMPICNTES A ere Avoine de Pologne.
DIS Ge Re AUTRES Pommes de terre.
302 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les fumures phosphatée (scories) et potassique (kaïnite) ont été les
mêmes pour les trois parcelles.
Les parcelles VIT et VITE ont reçu l’azote sous forme de sulfate d’am-
moniaque et de sang desséché (45 kilogr. d’azote à l’hectare en
1892 et 45 kilogr. en 1893).
La diflérence entre les rendements moyens de ces parcelles et celui
de la parcelle XIT (nitrate de soude) ne dépend donc que de l’état sous
lequel l’azote a été donné. La comparaison des récoltes permet d’ap-
précier la supériorité du nitrate sur le sulfate d’ammoniaque et sur
le sang desséché, dans les conditions où les expériences ont été faites.
Les rendements, rapportés à l’hectare, ont été les suivants :
PARCEBLLES
——————— —
XII VIL VIII
Nitrate Sulfate Sang
de soude d’ammoniaque desséché
se ET jé
Pommesiienterre (D) PR 0 628,90 33,40 431,02
plé GTA EAN ENS 34,22 30,73 28,53
FE ares) Paie abus 76,35 64,37 57,28
\ GTA 25,45 15,04 17e Ur
Avoine. . ; ; !
Paille PRE 63,20 42,88 56,23
Substance végétale totale produite. 828,12 686,42 591,03
Si l’on égale à 100 la récolte totale en substance végétale obtenue
avec le nitrate, le poids de la récolte produite par le sulfate d’ammo-
niaque est représenté par 82,9 et celui de la récolte avec le sang des-
séché par 71,5.
Cest sans nul doute au labour très profond qu'il faut attribuer
les rendements élevés des parcelles Let XVE, qui n’ont reçu aucune
fumure, le terrain du champ d’expériences, défriché pendant l'hiver
de 1891-1892, ayant été défoncé à la profondeur moyenne de 60 à
75 centimètres dans toute son étendue.
Le blé d'Alsace, qui a donné un haut rendement en grain, a fourni
une proportion de paille et balles extrêmement élevée ; les éléments
de comparaison nous manquent pour expliquer ce fait, bornons-nous
1. Ge chifire exprime le poids des reudements et tubercules récoltés daus les trois
années 1892, 1893 et 1896.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 303
à rappeler que la récolte, le battage et les pesées ont été faits avec
un soin minutieux.
La variété de pommes de terre Richter, cultivée en 1899, prove-
nait de semences qui nous ont été fournies par un cultivateur du
canton de Vaud ; hybride du Richter’s Imperator et de la Gloire-du-
Chili (?), cette variété a mal müri sous le climat froid et humide du
bois de Boulogne ; elle n’a pas donné un rendement aussi élevé qu’on
aurait pu l’attendre. En 1893, la jaune de Hollande ayant donné,
dans des conditions absolument identiques, un rendement sensible-
ment inférieur à celui de la Mar,olin, nous avons renoncé à la plan-
tation de cette dernière variété en 1896 pour nous en tenir à la
jaune de Hollande dont les plantons nous ont été fournis par l’habile
maraîcher de Groslay, M. Joseph Rigault.
Le fait le plus important qui résulte de la comparaison des récoltes
de pommes de terre de 1893 et 1896 est la diminution très considé-
rable dans le rendement de la jaune de Hollande (56 °/, en moyenne
pour les quatorze parcelles). L’explication de cette diminution résul-
tera très clairement de la discussion à laquelle nous allons soumettre
les conditions relatives à la fumure du sol, comparée aux prélève-
ments des récoltes.
En appliquant aux chiffres qui représentent les rendements obtenus
à l’hectare, de 1892 à 1896, on peut se faire une idée approchée
des conditions dans lesquelles se trouvait la culture de la pomme de
terre en 1896 et de celle où serait placée la récolte de 1897, si l’on
ne lui fournissait pas de nouveaux éléments nutritifs. Examinons
successivement à ce point de vue les diverses récoltes de pommes de
terre et de céréales, en ce qui regarde la consommation d’azote,
d’acide phosphorique et de potasse.
Pommes de terre
Quantilés enlevées par la récolte (à l'heclare).
Année 1892. — Variété Richter’s-Eiffel :
. ACIDE
AZOTE phosphorique POTASSE
kilogr. kilogr. kilogr.
Huberenles =: JS EL 84,6 39,8 144,3
MAD. de eo due Re 24,4 8,0 21,4
Totaux SE 109,0 47,8 165,7
304 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ACIDE
AZOTE phosphorique POTASSE
kilogr. kilogr. kilogr.
Année 1893. — Jaune de Hollande :
Tuberchiege es me 73,6 34,6 125,5
Fanes 5 SOU SRE ne RE 212 6,9 18,6
TOILE SEPT RUN JÉ8 QUR ls 144,1
Année 1896. — Jaune de Hollande :
Tupercinessr Sat TT RS ue 47,0 22#1 80,0
ane: pop ee ER Eee 9,4 4,4 ER
Tofanear ss re 56,4 26,5 91,9
Au total, pour les trois récoltes, les quantités d’azote, d'acide
phosphorique et de potasse s’élèvent aux chiffres suivants, en obser-
vant qu’il n'y a pas lieu de tenir compte des quantités de ces prin-
cipes contenus dans les fanes, ces dernières n’ayant point été enlevées,
mais enfouies dans le sol, auquel elles ont restitué, en se décompo-
sant, leurs matières utiles à la végétation.
Bilan de la culture des pommes de terre
ACIDE
AZOTE phosphorique POTASSE
kilogr. Libre Koec.
Exportés par les récoltes 1892 et 1893. 205,2 96,5 349,8
Apportés par les fumures . . . . . . 90 » 300 » 200 »
Différences. . . . . . —115,2 <+203,5 — 149,8
Il résulte de cette comparaison que seul l'acide phosphorique de
nos trois récoltes de pommes de terre à pu leur être fourni par la
fumure ; plus de la moitié de l’azote et de la potasse qu’elles ren-
ferment ont été directement empruntés par elles aux matériaux azotés
et potassiques du sol lui-même qui, malgré sa pauvreté relative, a pu
suffire à l’abondante récolte des deux premières, provoquée sans nul
doute par le large approvisionnement de la terre en acide phospho-
rique assimilable.
Pour la récolte de 1896, la potasse utilisable pour la pomme de
terre a certainement fait défaut et c’est là qu'il faut chercher la
cause de l’abaissement dans le rendement de la même variété, de
21 600 kilogr. à 13 800 kilogr. Nous avions déjà constaté, dans deux
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 305
parcelles du champ spécialement affectées aux essais sur l’action de
la potasse, un résultat identique.
Au début (1892), l’une des parcelles avait reçu 200 kilogr. de
potasse à l’hectare; l’autre, 100 kilogr. seulement ; la première année,
les rendements furent sensiblement égaux; à la deuxième récolle, 1ls
étaient déjà notablement différents ; la troisième année, dans la par-
celle qui n'avait reçu que 100 kilogr. de potasse, la récoite en tuber-
cules a été de 40 °/, inférieure à celle de la parcelle à 200 kilogr.
Examinons maintenant les emprunts faits au sol par nos deux
récoltes de céréales. Voici les quantités de chacun des trois principes
fondamentaux enlevés par le blé, en 1894, et par l’avoine qui lui a
succédé en 1895.
ACIDE
AZOTE phosphorique POTASSE
kilogr. kilogr. kilogr.
plé | UNS SEE 70,49 26-77 115,62
j ÉTÉ mn 2e 5,12 4,27 8,96
TOP TRe 75,61 31,04 26,58
TE TERRE TE 43,17 16,68 TT
| EE sé dt heat 3,42 tr 9,95
Totale PF 46,59 18,39 21,72
L’approvisionnement du sol en acide phosphorique a été plus que
suffisant pour permettre au blé et à l’avoine de donner les récoltes
élevées de 34 quintaux et 24%,5 que nous avons constatées. L’avoine
a été suivie d’une culture intercalaire de légumineuses, lupin et pois,
qu’on a enfouie en vert et qui a apporté environ 100 kilogr. d’azote
emprunté à l'atmosphère.
Si nous récapitulons les fumures et les exigences minérales des cinq
récoltes du Parc des Princes, nous arrivons aux résultats suivants :
De 1892 à 1896. AZOTE one POTASSE
kilogr. kilogr. ÉHoe
Hours "au SO RARE Te Re DTESTE 265 (!) 300 » 200 »
Enlevéstpariles récoltes 1" HE. 327,4 145,9 379,2
Enrichissement ou appauvyrissement du sol. —62,4 154,1 — 179,2
1. 45 kilogr. sous forme de nitrate en 1892, 1893 et 1896; 15 kilogr. id.
au blé et à l’avoine; 100 kilogr. d'azote fixé par les légumineuses. Soit, au total :
45 X 3 + 30 + 100 — 265 kilogr. d'azote.
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 11 20
306 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les éléments du sol auraient donc dû fournir, en supposant que
la totalité de l’azote et de la potasse introduits par la fumure aient
été utilisés par les plantes, ce qui ne saurait être, 62 kilogr. du
premier de ces éléments et 179 kilogr. du second, tandis que les
récoltes auraient laissé disponibles, pour l'avenir, 154 kilogr. d’acide
phosphorique, c’est-à-dire près de la moilié de la quantité apportée
à Ja terre par la fumure de tête, en 1892.
Quelques conclusions générales se dégagent de ce calcul de sta-
tique chimique ; on peut les formuler comme suit :
1° La fumure phosphatée, donnée au début, peut suffire encore à
plusieurs récoltes ;
2° Par contre, il est indispensable de recourir dès aujourd’hui à
un apport de potasse, si Pon veut ramener la fertilité du champ à ce
qu’elle était il y à quatre ans; |
9° En ce qui concerne l'azote, l'emploi du nitrate de soude doit
être continué, bien que, suivant toute apparence, la nitrificalion ait
joué un rôle notable dans la production des céréales qui ont reçu
100 kilogr. seulement de nitrate de soude à l’hectare, soit la dose
faible de 15 kilogr. d’azote ;
4° L'avantage qu'il y a à employer d’un coup une dose massive
d'acide phosphorique ressort clairement de la comparaison des ren-
dements en pommes de terre et en céréales du Parc des Princes avec
ceux de terres réputées beaucoup plus fertiles.
C’est à l’introduction, dès le début, d’une quantité considérable
d'acide phosphorique sous forme de scories ou de phosphate miné-
ral que sont dus les hauts rendements constatés. On peut admettre,
surtout en ce qui regarde l'acide phosphorique des phosphates
minéraux, généralement considéré comme peu assimilable, que le
cultivateur qui y a recours à tout intérêt à procéder par doses
massives, afin d’assurer aux végétaux, dès la première année, une
large alimentation en acide phosphorique leur permettant d'utiliser
au maximum les autres éléments minéraux du sol. L’insuccès des
phosphates minéraux peut, dans certains cas, dépendre de la trop
faible quantité mise à la disposition des plantes. Comme on n’a rien
à redouter du lavage des terres par les pluies au point de vue de
l’entraîinement de l’acide phosphorique, il est préférable d'appliquer
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 307
=
en une fois des quantités de scories ou de phosphate en poudre pour
suffire à cinq ou six récoltes successives.
Nous nous proposons d’ailleurs d’instituer des expériences com-
paratives sur linfluence de quantités d'acide phosphorique à dose
massive et à doses successives, devant atteindre la dose massive don-
née la première année.
Le même raisonnement s’appliquerait à la polasse que le pouvoir
absorbant du sol soustrait également à l’entraîinement par la pluie.
Si nous n'avons pas, en 1892, porté la dose de potasse à un chiffre
supérieur à 200 kilogr. à l’hectare, c’est que nous voulions préci-
sément éludier expérimentalement l'influence de l’appauvrissement
successif du sol en ce principe, sur la production des pommes de
terre. La dose convenable de potasse donnée en fumure de tête
pour un assolement comprenant trois récoltes de pommes de terre
en cinq ans, serait, à notre avis, pour un sol analogue à celui du
Parc des Princes, de 500 kilogr. à l’hectare. Même avec cette quan-
tité de potasse, la dépense de la fumure complète, répartie sur les
einq années, demeurerait inférieure à 100 fr. à l’hectare.
En 1897, les seize parcelles affectées aux essais permanents por-
teront du maiïs-fourrage : elles auront reçu auparavant un complé-
ment de fumure potassique et du nitrate de soude. {l n’y sera pas
introduit de nouvelle quantité d’acide phosphorique, les quantités
de ce principe que renferme encore le sol étant largement suffisantes
pour alimenter une nouvelle récolte.
La parcelle XXIX sera consacrée, en 1897, à l’étude expérimentale
d’une question vivement débattue à l'étranger dans ces dernières
années : celle de Vinfluence, sur leur valeur fertilisante, du degré
de solubilité des scories dans le citrate d’ammoniaque acide préco-
nisé par M. P. Wagner. Jusqu'à présent, nous demeurons absolument
convaincus que la valeur vénale des scories doit être exclusivement
établie sur leur teneur en acide phosphorique total et sur la finesse
de la mouture. Le nombre des partisans de cette opinion va chaque
jour en augmentant, et la vente des scories demeurc basée, en
France et en Belgique tout au moins, sur ces deux éléments d’appré-
ciation et non sur leur solubilité dans le citrate.
C’est sur des expériences de laboratoire que repose jusqu'ici
308 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l'affirmation contraire : nous avons pensé qu'il était utile de deman-
der à des essais de pleine terre, sur une certaine échelle, une ré-
ponse décisive à cette question d’un intérêt très réel, tant pour
l'agriculture que pour le commerce des engrais phosphatés.
SIXIÈME ANNÉE
Nature des fumures et récoltes en 1897.
Culture de maïis-fourrage. — En 1897, les parcelles J à XVI ont
porté du maïs-fourrage (dent de cheval).
La parcelle XXIX a été consacrée à des essais sur les scories de
déphosphoration de solubilité variable dans le citrate acide d’ammo-
niaque (réactif Wagner).
La diminution très marquée dans le rendement des pommes de
terre, en 1896, comparativement à la production de la même variété
(jaune de Hollande) en 1893, a paru devoir être attribuée en très
orande partie à l’insuffisance de la fumure potassique qui n’a pas
été renouvelée depuis la création du champ d’expériences (1892),
et qui avait été de 1 571 kilogr. de kaïnite, correspondant à 200 ki-
logr. de potasse à l’hectare. On a décidé, en conséquence, de donner
aux parcelles IE à XV, en 1897, une nouvelle fumure potassique,
sous la même forme qu’en 1892 (kaïnite), avant la semaille du maïs.
Chacune des parcelles IT à XV a été divisée en deux parties égales,
dans le sens de la hauteur : la moitié de droite a reçu 400 kilogr.
de potasse (à l’hectare), celle de gauche, moitié seulement (200 ki-
logr.). %
Les parcelles IT à VE et IX à XV ont reçu en même temps 45 kilogr.
d'azote nitrique (300 kïlogr. de nitrate à l’hectare).
Les parcelles VIT et VIIT, même dose d’azote, sous forme de sul-
fate d’ammoniaque et de sang desséché, comme les années précé-
dentes.
L’épandage des engrais a été fait quelques Jours seulement avant
la semaille. Des pluies abondantes, survenues dans la huitaine qui
a suivi Ja semaille, ont entravé la levée.
Le mais à été semé le 4 mai au semoir Smith, à 40 centimètres
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 309
d’écartement entre les lignes. On a employé 95 kilogr. de semence
(à l’hectare).
Les 13 et 14 août on a fauché la récolte qui a été immédiatement
pesée avant tout fanage des tiges. Le tableau suivant indique le
rendement de chacune des moitiés des parcelles IT et XV et celui des
parcelles témoins [et XVI, sans fumure depuis l’origine. Les ren-
demenis sont rapportés à l’hectare.
Mais-fourrages 1897
POIDS DE LA RÉCOLTE | DIFFÉRENCE
NUMÉROS en kilogrammes en faveur
de la
partie fumée
parcelles A 200 kilogr. | A 400 kilogr.| à 200 kilogr. |
de potasse | de potasse de potasse
des NATURE DES PIIOSPHATES 0 — —
kilogr.
Témoin (sans fumure) . :
SOHATES ADD UNE RNMEETRE PES / j 1,400
LA Se 1 OCT HS TERTÉREN RENE Een UE 3 | 45, 9,033
Boulénnais ttes tree 22, 48.066
HOT RER NE D Nr SE A SOC
MATHS SR LES. 0) Ts DO
Scories et sulfate d'ammoniaque .| 47,000
Scories et sang desséché . . . .| 40,400
ARTE ER ER SE EU AU UD
SUNRE 1000 sr et |:200: 188
BLUE MAN EN ARTS PANIER RENE
Scories eb nitrate. . . . . . .| 53,200
LScories-anglaises . . . . . . .| 49,270
Phosphate précipité . . . . . .| 46,533
SUDEFDHOSHNALE RU AL SS
Témoin (sans fumure) .
Le rendement moyen à l’hectare des parcelles qui ont reçu 200
Rilowr ide pobaserepde” "met..." 2482405 kilosr.
Celui des parcelles à 400 kilogr. de potasse est de. 45208 —
Piléreneer eue sn 3987 kilogr:
en faveur des parcelles qui n’ont reçu que 200 kilogr. de potasse.
Ces résultats confirment l'influence fàcheuse, déjà signalée, de
l’épandage de sels potassiques à haute dose peu de temps avant la
310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
semaille, influence que nous voulions vérifier par une expérience
directe.
Le rendement moyen des témoins est de 23 200 kilogr. à l’hectare,
en diminution de 25 295 kilogr. sur les parcelles à 200 kilogr. de
potasse et de 22008 kilogr. sur celui des parcelles à 400 kilogr.
- L'excédent moyen des quatorze parcelles fumées, sur les témoins,
est de 23 692 kilogr. ; le rendement du sol à la fin de cette période
de six années a donc un peu plus que doublé sous l'influence des
engrais MINÉlAUX.
Influence des engrais azotés. — Comme les années précédentes,
les parcelles VIT et VIIT ont été consacrées à comparer l'influence de
la forme de l'azote de la fumure sur les rendements. Ces trois par-
celles avaient reçu, en 1892, 300 kilogr. d’acide phosphorique à
l’hectare, sous forme de scories de déphosphoration, et 200 kilogr.
de potasse ; en 1897, on leur à donné, ainsi que nous venons de le
dire, 200 et 400 kilogr. de potasse à l’état de kaïnite. L’azote a été
fourni au sol, comme précédemment, à la dose de 45 kilogr. à
l’hectare, sous forme de nitrate, de sulfate d’ammoniaque et de
sang desséché (azote organique).
Les meilleurs résultats ont été obtenus, comme dans les cinq
cultures précédentes, par emploi du nitrate de soude, ainsi que le
montrent les comparaisons suivantes :
NITRATE
EE —
200 kilogr. 400 kilogr.
de potasse de potasse
kilogr. kilogr.
Parcelle XAÉRe PE nee 53,200 48.533
Parcelle VIT (sulfate d'ammoniaque). . . 47,000 42,193
Différence en faveur du nitrate. . 6,200 6,040
SOIT D LOUER ER 11,65 12,44
Parce XIE Lo 20 MNT AMEN 53,200 48,533
Parcelle NI {SAnES) MERE MP E 40,400 33,300
Différence en faveur du nitrate. . 12,500 15,233
SOILND-N TOURMENTE 24,06 31,4
Dans le sol du Parc des Princes, l'avantage est tou,ours resté au
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 311
nitrate dans la culture des céréales ct des plantes sarclées, ainsi
qu'on le constate en comparant la quantité totale de substance végé-
tale produite dans les six années 1892-1897 (rendements à l’hec-
tare) :
PARCELLES
Te — I — —
XIL VII VIIL
Nitrate Sulfate Sang
de soude d'ammoniaque desséché
quint. mét. quint. mét, quint. mét.
Pommes de terre (!}. . . . . 628,90 533,40 431,02
be FTP ORNE EE 34,22 30,73 28,53
€. Dé . à =
Fe re 76,35 64,37 57,28
PR A 25,45 15,04 17,97
Avoine . : É JE oi
HPañlé #5: 63,20 12,88 56,23
Movetant here Lana 508,60 447,00 368,50
1 336,72 1 133,42 959,53
Si l’on égale à 100 la production totale dans la parcelle XIE nitra-
tée, la production de la parcelle VIF au sulfate d’ammoniaque est de
84,79 et celle de la parcelle VII, au sang desséché, de 71,79 seu-
lement.
Le nitrate a donc produit : par rapport au sulfate, un excédent de
récolte de 15,21 °/, ; par rapport au sang desséché, 28,21 °/,.
Les essais de culture de 1897 ont eu pour ob'et de chercher à dé-
terminer la valeur agricole de l’acide phosphorique des scories de
déphosphoration et du mode de fixation du prix de cette matière qui
-occupe, à côté des autres engrais phosphatés, une place importante
dans la fumure du sol, car la consommation de l’agriculture française
s’élève annuellement à environ 150 000 tonnes de scories. La question
qui se pose, et sur laquelle les avis des agronomes sont encore par-
tagés, est celle-ci : les scories de déphosphoration doivent-elles conti-
-nuer à être vendues, ainsi que cela a lieu aujourd'hui à peu près par-
-tout (sauf dans certaines régions de l'Allemagne) d’après leur richesse
en acide phosphorique total, ou bien, comme l’a proposé M. P. Wagner,
faut-1] en baser le prix sur leur teneur en acide phosphorique soluble
1. Poids des tubercules récoltés dans les trois années 1892, 1893 et 1896.
2. Moyenne des récoltes sur les parcelles de 200 et de 400 kilogr. de potasse.
312 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans un réactif particulier, le citrate d’ammoniaque acide ? Pour
faire saisir l’importance de cette question aux personnes qui ne font
pas des applications de la chimie à l’agriculture leur étude spéciale,
quelques indications précises sur les conséquences de la solution
auw’on lui donnera ne seront sans doute pas inutiles.
__ La teneur en acide phosphorique des scories varie dans des limites
comprises assez généralement entre 15 et 20 °/, de leur poids: c’est
la teneur réelle de cet engrais en acide phosphorique, teneur déter-
minée par l'analyse et garantie sur facture par le vendeur, confor-
mément à la loi du 4 février 1888, qui doit servir de base à la fixation
du prix des 100 kilogr. de scories. Une partie seulement de cet acide
phosphorique est soluble dans le citrate acide, au contact duquel on
l’agite pendant une demi-heure : c’est d’après la teneur centésimale
d’une scorie en cet acide soluble que MM. Wagner et Mærcket ont
proposé de fixer le prix de l’engrais, la solubilité dans le eitrate
étant regardée par eux comme devant donner la mesure du degré
d’assimilabilité et, partant, d'efficacité de lacide phosphorique des
scories. |
S'il était démontré que la valeur agricole d’une scorie est propor-
tionnelle à sa teneur en phosphate soluble dans le citrate acide, 1l est
clair qu'on pourrait trouver dans le dosage de ce dernier une base
équitable pour les transactions; encore faudrait-il tenir compte, dans
la fixation du prix, de la quantité d’acide phosphorique insoluble dont
la proportion atteint et dépasse même souvent le quart ou la moitié
de l’acide soluble. Ce mode de vente entraïnerait des difficultés pra-
tiques, mais on arriverait à les vaincre, si l’équité exigeait qu’on
l’adoptât pour sauvegarder à la fois les intérêts du vendeur et ceux
de l’acheteur. |
Le point capital c’est d'établir d’une façon précise si, oui ou non,
la solubilité dans le citrate donne la mesure de Putilisation du phos-
phate des scories pour les récoltes. Avant qu’on se décide à modifier
la base des contrats, il faut trancher la question par des expériences
culturales assez nombreuses, méthodiquement suivies et suffisamment
prolongées. Ces expériences doivent être nombreuses, parce que
l’action exercée par le sol sur ces matières fertilisantes est variable
d’un terrain à un autre ; il faut qu’elles soient méthodiquement sui-
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 313
vies pour écarter, autant que possible, les causes d’erreurs; enfin il
est nécessaire de les prolonger pendant un temps assez long pour
qu’on puisse constater si, une proportion plus ou moins grande, la
totalité peut-être, de l'acide phosphorique, insoluble au début de
Pessai dans le citrate acide, ne se montrera pas aussi assimilable, au
bout d’un certain temps, que l'aura été l’acide soluble.
Les essais physiologiques de culture que MM. Petermann et Graf-
liau poursuivent depuis deux ans à la station de Gembloux ont
abouti à des conclusions opposées à celles que MM. Wagner et Mærcker
ont déduites d'expériences faites par eux à Darmstadt ef à Halle dans
des conditions analogues('). Les résultats des expériences instituées
par les soins de Meiss directeur de la station de Vienne, sur un grand
nombre de points du territoire autrichien, indiquent que la moitié
environ de ces résultats ont accusé une égalité dans les rendements
obtenus avec les scories riches ou pauvres en acide soluble au citrate.
La question n’est done point résolue et de nouvelles observations
sont nécessaires.
Au printemps de 1897, nous avons institué au Parc des Princes
des expériences qui devront êlre poursuivies pendant plusieurs années
avant d’en tirer des conclusions fermes. Mais, dans la pensée de pro-
voquer sur d’autres points du pays des essais du même genre, nous
allons indiquer les conditions dans lesquelles nous nous sommes
placés et les résultats de la première année d’expériences qui prou-
vent combien il est prudent d’attendre avant de modifier le régime
d’achat des scories,.
La parcelle XXIX du champ du Parce des Princes a été consacrée à
des essais comparatifs de scories de titres très différents en acide
phosphorique total et en acide phosphorique soluble. Cette parcelle
‘n'avait pas reçu de fumure phosphatée depuis six ans. En 1896, on
ne lui avait donné aucun engrais ; elle se trouvait donc dans des
conditions favorables à l'étude de l'influence de l’acide phosphorique
sur la récolle.
Dans les dermiers jours d’avril 1897, on a délimité, dans la srande
1. Voir les expériences de Wagner, décrites, pp. 36 et suiv., t. 1, 1897, et p. 432,
t. Il, 1897, des Annales de la Science agronomique.
314 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
parcelle XXIX("), quatre parcelles de superficie égale. Nous les dési-
gnerons pour simplification par les lettres À, B, C, D. Chacune d’elles
a reçu avant le labour les quantités suivantes, rapportées à l’hectare,
d'acide phosphorique, d’azote et de potasse :
Acide Phosphorique "un 150 kilogr.
PORASSC NP IT. AE RON S E RENCe 200 —
AZOLE S} Rte PR NRA NET ARE ES 45 —
Les scories qui ont servi à donner l'acide phosphorique à ces quatre
parcelles ont été choisies, à dessein, de teneurs très différentes en
acide phosphorique soluble au citrate ; le tableau ci-dessous indique
la richesse centésimale en acide phosphorique total et la teneur en
acide phosphorique soluble au citrate ; la troisième colonne fait con-
naître la proportion centésimale d’acide soluble rapportée au taux
d’acide Lotal :
AC:DE PHOSPHORIQUE RAPPORT
APE LS 13 de l'acide
soluble
ot soluble si
au citrate acide total
PAPCOHE AT ER ET eee 7 DEN 7,93 37,90
— B'ARPNRER RE r ES MRUR 13,44 7,95 26,17
MG: HAE à OR US LE 18,69 12,41 66,39
— Dies AG ere 18,30 16,91 90,20
On à choisi, pour la plantation de ces parcelles, trois plantes appar-
tenant à des familles végétales différentes : une graminée, maïs-cara-
gua; une légumineuse, haricots d'Alger ; une solanée, une pomme
de terre (prince-de-Galles). Un tiers de chaque parcelle a été con-
sacré à chacune de ces plantes. Le principe essentiel à tout essai de
ce genre, à savoir qu'il ne faut faire varier qu’une seule des condi-
üons de l’expérience, a été appliqué. Chacune des parcelles ayant
reçu même quantité d'acide phosphorique total, d’azote et de po-
tasse, la seule condition variable à été la proportion d’acide phos-
phorique soluble apporté par la scorie. L'écart entre les teneurs
extrèmes des scories el ce composé était très grand : 22,7 °/,
1. Voir le plan du champ dans le tome [ (2° fascicule) 1905 de ces Annales.
2. Sous forme de kaïnite.
3. À l'état de nitrate de soude.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES LS
[90,2 °/, —- 37,5 °/,]; on pouvait donc s'attendre, si la relation éta-
blie par MM. Wagner et Mærcker entre la solubilité et l’assimilabilité
du phosphate est réelle, à trouver des différences considérables dans
les récoltes des trois plantes.
Le tableau ci-dessous indique les résultats des pesées faites immé-
diatement après l’enlèvement de la récolte de chaque plante (les ré-
colles sont calculées à l’are) :
RECOLTES
A
Pommes Maïs-
HAIEnES de terre fourrage
kilogr. kilogr. kilogr.
Parcelle À. . . . . 37,50 °/, soluble. 70 » 158,2 514
nt DR SOON ET — 68,4 184,3 555
HEC HT LT 14066239 — 65,6 203,6 647
nr Tee 0 or 20 — 104,2 246,3 672
Témoins sans engrais. ? . . ..: -. . . 27,8 78,3 361
Le premier fait qui ressort de la comparaison de ces chiffres, c’est
la diversité des écarts que présentent les poid; des récoltes suivant
la. nature de la plante cultivée. Examinons-les rapidement.
Haricols : la parcelle A a fourni, malgré le titre peu élevé de la
scorie en acide phosphorique soluble, une récolte supérieure à celles
de chacune des parcelles B et C : l'influence du taux d’acide soluble
ne s’est manifestée, pour cette légumineuse, que dans la parcelle D,
fumée avec une scorie à 90 °/, de soluble.
Pour la pomme de lerre et pour le #ais géant, les choses se sont
passées différemment : les rendements des parcelles ont été plus
élevés à mesure que le taux de la scorie en acide soluble dans le
citrale l’était lui-même, résultat qui semblerait favorable à l'opinion
de P. Wagner. Mais si la présence d’acide soluble a coïncidé pour le
mais et pour la pomme de terre avec l’élévalion des rendements,
contrairement à ce qui s’est produit pour les haricots, il s’en faut
que Paccroïssement des récoltes ait été proportionnel à l’augmenta-
tion du titre en acide soluble des scories employées ; c’est ce que
montre nettement le tableau suivant, dans lequel, prenant pour unité
(égale à 100), les récoltes de haricots, de pommes de terre et de maïs
obtenues dans la parcelle D, qui a reçu la scorie la plus riche en
phosphate soluble (90,2 °/,), se trouve indiqué le rapport centésimal
316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
des teneurs des autres scories en acide soluble et celui des récoltes
correspondantes :
KÉCOLTES
——— —
Pommes
Haricots Or Mais
Parcelle D. . . Scories à 90,20 °L 100 » 100 ». 100 »
TNT — à 66,39 62,9 82,6 96,2
Er Ut —- à 56,17 65,6 74,8 82,6
ET e- PRRe — à 37,50 67,2 64,2 76,4
On est autorisé d’après cela à conclure que, même dans la pre-
mière année de fumure, il n’y a entre la composition des scories et
les récoltes qu’elles fournissent, aucune corrélation étroite à établir
entre la solubilité de l'acide phosphorique au citrate acide et son
assimilation par la plante.
Pour les haricots, la scorie à 37,50 °/, de soluble a donné une
récolte plus élevée que la scorie à 66,4°/,. Pour le maïs, un écart de
23,8 °,, soit près du quart dans la teneur des scories des parcelles
D et C, n’a produit qu'un excédent de récolte de 5,8 °/..
On est donc en droit de conclure qu'il n’y a pas lieu de modifier
la base adoptée jusqu'ici pour l'achat des scories, et qu'il est prudent
de s’en tenir à la fixation du prix d’après la teneur en acide phospho-
rique, en exigeant une garantie de finesse de mouture. Il ne faut pas
d’ailleurs oublier que les scories à faible teneur en acide phospho-
rique soluble au citrate sont de beaucoup les moins nombreuses, au
moins dans les produits des aciéries qui alimentent l’agriculture
française. Les analyses accusent presque toujours 60 à 65 °/, d'acide
phosphorique soluble, et très souvent 70 à 80 °/, et au-dessus.
Il n’y a donc, pour l'instant, rien de mieux à faire que de pour-
suivre expérimentalement l’étude de la question.
Comparaison des engrais phosphatés.
Quand on se trouve en présence de divergence dans les résultats
culturaux observés par des expérimentateurs également habiles et
consciencieux, il faut se garder, pour expliquer ces différences,
d'invoquer, dans l'ignorance où nous sommes de leurs causes, la
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 17
possibilité d'exceptions qui, suivant le vieil adage, confirmeraient la
règle : il n’y a pas d’exceptions, à proprement parler, dans les phé-
nomènes naturels; iln’y a que des différences dans les conditions qui
accompagnent la production des phénomènes. C’est à définir ces
conditions qu'il faut s'attacher, afin d’en déduire les règles sur les-
quelles le praticien devra s'appuyer. L'expérience seule peut con-
duire à la solution.
Dans son admirable Introduction à la médecine expérimentale,
Claude Bernard, auquel on doit la démonstration éclatante de cette
vérité, a posé le principe scientifique du délerminisme, dans des
termes dont ne sauraient trop se pénétrer les expérimentateurs et
en particulier les agronomes : |
« Il faut admettre, dit-il, comme un axiome expérimental que
chez les étres vivants aussi bien que dans les corps bruts, les condi-
tions d'existence de tout phénomène sont déterminées d'une mamère
absolue. Ge qui veut dire, en d’autres termes, que la condition d’un
phénomène une fois connue et remplie, le phénomène doit se repro-
duire toujours et à la volonté de l’expérimentateur. La négation de
cette proposition ne serait rien autre chose que la négation de la
science même. En effet, la science n'étant que le déterminé et le dé-
terminable, on doit forcément admettre comme axiome que, dans
des conditions identiques, tout phénomène est identique et qu’aussi-
tôt que les conditions ne sont plus les mêmes, le phénomène cesse
d’être identique. Ge principe est absolu, aussi bien dans les phéno-
mênes des corps bruts que dans ceux des corps vivants et l'influence
de la vie, quelle que soit l’idée qu’on s’en fasse, ne saurait rien. y
changer. »
Les divergences d'opinion touchant la valeur alimentaire pour la
plante de telle ou telle matière fertilisante, la difficulté de prévoir
et d'évaluer à l’avance l’action des engrais sur les récoltes n’ont pas
d’autre cause que l'ignorance, où nous sommes presque louJours, du
déterminisme des conditions naturelles en face desquelles se trouve
placé l’agriculteur.
Les facteurs de la production végétale, de même que ceux de la
fertilité d’une terre, sont nombreux et variables d’une plante et d’un
sol aux autres. L'expérience directe fondée, d’une part, sur la con-
318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
naissance expérimentale aussi complète que nous pouvons l’acquérir
des propriétés physiques et chimiques de la terre arable, de l'autre
eur les exigences en principes nutritifs de la plante qu’on y veut cul-
tiver. Voilà les éléments qui nous permettront, en tenant compte de
la composition et de l’état des matières fertilisantes, de décider de
la meilleure application à faire de ces dernières.
En ce qui touche les exigences minérales des plantes, nous sommes
asséz avancés pour prévoir les quantités de chacun des aliments que
nous devons leur fournir pour obtenir des récoltes maxima. Si
toutes les terres en culture avaient une constitution et une composi-
tion chimique identiques, le problème des hauts rendements serait
singulièrement simplifié. Malheureusement, il n’en est point ainsi, el
les cultivateurs sont en présence des sols les plus variés et dans les-
quels les mêmes substances fertilisantes ne sont pas mises de la même
manière à la disposition du végétal, d’où résultent des divergences
parfois très considérables dans les rendements. Ces divergences ne
sont point imputables au hasard ; elles tiennent à l’absence de déter-
minisme des conditions de la végétalion dans des sols différents et
diversement fumés.
Ces réflexions s’appliquent tout particulièrement à l'étude du rôle
de l’acide phosphorique dans la végétation ; des expériences multi-
pliées dans des conditions bien définies et suffisamment prolongées
pourront seules nous éclairer. On ne saurait trop encourager Îles
agriculteurs à les tenter.
Jetons maintenant un coup d’œil sur les poids bruts de substance
végétale récoltés en six ans, sous l'influence des divers engrais phos-
phatés.
La seule condition variable des essais dans les cultures à été la
nature ou l’origine de l'acide phosphorique donné au sol en quantités
égales. Nous aurons, d’après cela, une vue d'ensemble sur les résul-
tats obtenus, en les groupant sous quatre chefs : 1° phosphates miné- -
raux ; ® scories de déphosphoration ; 3° superphosphate ; 4° phos-
phate précipité.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 319
Si l’on additionne les poids des six récoltes successives du Parc
des Princes, en les rapportant à l’hectare, c’est-à-dire le nombre
moyen de quintaux de pommes de terre (tubercules) ['], de grains,
de paille (blé et avoine) et de maïs vert produits, de 1892 à 1897,
et que l’on compare la somme trouvée à celle des récoltes fournies
par les parcelles sans fumure durant la même période prise pour
unité, voici les chiffres auxquels on arrive :
, POIDS RAPPORTÉES
des récoltes à
NATURE DES FUMURES par année la récolte
moyenne des témoins
à l’hectare égale à 100
quint. mét.
SAS AURUTE PE DIU PAT 61,3 100
Phosphates minéraux . . . . 326 216
Scories de déphosphoration . . 1815 214
Phosphate précipité . . . . . 116,6 190
Superphosphate. à: -: 1"... 114,0 186
Moyennes: 204. “ie 123,7 201
De la comparaison de ces chiffres résulte la constatation de deux
faits importants par les conséquences qu’ils peuvent avoir pour la
mise en valeur et la culture des sols pauvres. On voit d’abord qu’une
fumure dont le coût, par année moyenne, est inférieur à 100 fr. par
hectare, ainsi que nous l’établissons plus loin, a plus que doublé, dans
l’ensemble des cultures, les rendements du sol. En second lieu, dans
le sol du Parc des Princes, tous les engrais phosphatés ont très large-
ment contribué, quelle que soit leur nature, à l’accroissement des
rendements, bien que les phosphates minéraux et les scories, dans
cette terre siliceuse, pauvre en chaux, l’aient emporté sur les super-
phosphates et sur le phosphate précipité, résultat concordant avec
les faits observés jusqu'ici dans des conditions analogues. Tous ies
engrais phosphatés se sont montrés très rémunéraleurs.
Quelles ont été, dans cette période de six années, les quantités
d’acide phosphorique, de potasse et d’azote consommées par les
récoltes des parcelles fumées et par celles des cultures sans fumu-
res? D’après les différences constatées dans celte comparaison,
1. Fanes non comprises qui ont fait retour au sol,
320 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
quelles quantités de principes minéraux ont servi à constituer les
excédents de récolte dus à la fumure ? Il suffit, pour obtenir des
indications générales à ce sujet, de comparer les quantités d’acidé
phosphorique, de potasse et d'azote introduites dans le sol à celles
des mêmes principes décelées par l’analyse dans les récoltes. Pour
l'acide phosphorique et la potasse, les comparaisons peuvent être
considérées comme rigoureuses, le sol étant la source unique de ces
substances pour la végétation. En ce qui regarde l'azote : d’une
part, la faculté qu'ont les végétaux d’en puiser dans Pair, soit direc-
tement, soit indirectement par l’apport des eaux météoriques, une
quantité indéterminée, de l’autre, l’entraînement partiel de l’azote
nitrique dans le sous-sol, par les pluies, ne permettent pas l’établis-
sement d’un bilan aussi exact.
De 1892 à 1897, les poids d’acide phosphorique de potasse et
d'azote contenus dans l’ensemble des récoltes ont été, en nombres
ronds, les suivants (rapportés à l’hectare) :
ACIDE
phospho- POTASSE AZOTE
rique
kilogr. kilogr. kilogr.
Récoltes fumées. . ...… . .. 212 677 460
Récoltes sans fumure. . . . . (ati 351 246
Dans les excédents de récolte. {01 326 214
Suivant toute apparence, les excédents d’acide phosphorique, de
potasse et d’azote des récoltes fumées ont dû être empruntés aux
engrais. Si l’on admet cette hypothèse très vraisemblable, la diffé-
rence entre les quantités des trois principes fertilisants qu’a reçus le
sol et celle que les excédents de récolte renfermaient, indiquerait les
poids de chacun d’eux restant à la disposition des récoltes antérieures :
ACIDE
phospho- POTASSE AZOTE
rique
kilogr. kilogr. kilogr,
Fumures données ‘tee; 300 400 (!) 210
Enlevés par les excédents de récolte. . 101 326 214
Différences. . . . . . +199 + 74 — 4
1. 200 kilogr. en 1892 et 200 kilogr. en 1897.
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 321
Il résulte de cette comparaison que le sol du parc des Princes
contenait encore, à la fin de l’année dernière, un approvisionnement
notable en acide phosphorique importé en 1892 et une réserve beau-
coup moindre en potasse ; les quantités d’azote exportées ont été
sensiblement égales à celles que la terre a reçues, sous forme de
nitrate de soude, pendant les six années de culture, la part due au
rôle de l’azote atmosphérique n'étant pas susceptible d'évaluation.
On a donc, d’après cela, plus que doublé, de 1892 à 1897, les
rendements du champ et accru notablement la teneur du sol en
principes minéraux. Avec quelle dépense ces résultats ont-ils été
obtenus et quelle a été, sur le prix de revient des récoltes, l'influence
de la fumure ? Ces deux points ont une importance capitale pour les
cultivateurs désireux d'améliorer un sol pauvre à l’aide des fumures
minérales.
Établissons d’abord la dépense par année moyenne et par hectare,
occasionnée par les fumures : nous ferons ensuite le compte des
engrais pour chacune des cultures.
Le prix d’achat du kilogramme d'acide phosphorique a varié de
93 cent., dans les phosphates minéraux, à 25 cent. dans les scories,
à 39 cent. dans le phosphate précipité et à 45 cent. dans le super-
phosphate.
Les 300 kilogr. d'acide phosphorique répandus en 1899 ont donc
coûté, suivant qu'ils étaient fournis par l’une ou l’autre de ces me-
tières phosphatées : 69 fr. 75, 105 fr. et 150 fr., ce qui correspond,
par année moyenne, à 11 fr. 90, 12 fr. 50, 17 fr. 50 et 95 fr. à
l’hectare, mais, pour simplifier l’exposé du résultat général de nos
essais, n'admettons que deux prix pour les engrais phosphatés :
95 cent. et 50 cent. l’unité, soit une dépense initiale de 75 fr. et de
150 fr. à l’hectare pour la famure phosphatée. Bien que les récoltes
n'aient enlevé de 1892 à 1897, nous venons de le voir, que le tiers
de l’approvisionnement donné au Sol en acide phosphorique, nous
affecterons entièrement la dépense à ces six années, ce qui, en aug-
mentant notablement le prix de revient des excédents de récolte,
donnera d'autant plus de force aux déductions économiques que
nous ürerons des résultats obtenus.
Répartie sur les six années, la dépense en acide phosphorique à
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 11 21
322 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
donc varié de 12 fr. 50 à 25 fr. à l’hectare. La potasse, dans la kaï-
nite, est revenue à 45 cent. le kilogramme ; soit, pour 200 kilogr.,
90 fr., ou 19 fr. par année moyenne (pour chacune des six récol-
tes) (*). Enfin les 210 kilogr. d’azote nitrique, consommés en six ans,
représentent au prix de 1 fr. 60 le kilogramme (*) une dépense de
336 fr., soit par hectare et par année moyenne, 56 fr. En récapi-
tulant ces données, on arrive à l'évaluation suivante pour la dépense
moyenne annuelle, par hectare :
CAS
des scories Cas
et des des super-
phosphates
ÉRRRE phosphates
Acide phosphorique. . . . . . 12,50 25
POPABSOP EL NN ns. 15 » 15
2 VAT) AAA AT AE Pr RQ 26 » 6
LOCAUX: 780 Ce die 83,50 96
Quelle a été la rémunération de cette dépense de moins de 100 fr.
à l’hectare ? C’est ce que va nous montrer l'évaluation du prix vénal
des excédents de rendement qu’elle a produits, dans chacune des
années écoulées de 1892 à 1897. Commençons par la pomme de
terre.
1892. — Pomme de terre industrielle Richter. — La récolte a
varié de 24950 kilogr. à 25 210 kilogr. à l'hectare, valant 4 fr. 50
les 100 kilogr. Les excédents de rendement, par rapport aux récoltes
des parcelles non fumées, ont été les suivants :
POIDS VALEUR
de l’excédent en argent
kilogr. francs
{. Phosphates minéraux. . . . . . . 14 432 649,50
2, Scories de déphosphoration . . . . 13 320 599,40
3-7 ISUDETDIOSDRALE RENE RE 14 470 651,15
4 21PhosSpDhate DrÉCIDIÉ ee Se cer 13 120 290,04
1. Gette quantité de potasse s'est montrée trop faible pour la troisième récolte de
pommes de terre ; nous y reviendrons en étudiant la récolte de 1896.
2. Ce qui suppose les 100 kilogr. de nitrate de soude à 24 fr., prix très supérieur
aux cours actuels (1897).
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 323
Le coût exact de la fumure, qui comportait 300 kilogr. de nitrate,
était de 98 fr. 50 pour la parcelle n° 1, de 99 fr. 50 pour le n° 2, de
112 fr. pour le n° 5 et de 104 fr. 50 pour le n° 4. Le bénéfice et le
prix de revient des excédents, dus à la fumure, ressortent donc aux
chiffres suivants :
PRIX
NALEUR de revient
des FUMURE BÉNÉFICES du
excédents quintal
d’excédent
francs francs francs francs
1. Phosphates minéraux . 649,50 — 98,50 — 551 » 0,682
ZARIACOTIES = ect re td) AU NE 0900 49% 90 0,747
3. Superphosphate . . . 651,15 — 112 » — 539,15 0,774
4, Phosphate précipité. . 590,04 — 104,50 — 485,54 0,796
1893. — Pommes de terre culinaires (Jaune de Hollande). —
Un calcul identique conduit, pour la deuxième récolte de pommes de
terre, estimée au prix très modique de 6 fr. les 100 kilogr., aux
résultats suivants :
ke ca de secte
ESBEL ENS 100 Frot
francs francs
1. Phosphates minéraux . . . . 727,10 0,716
de DCOTICS ASS Made etre 735,10 0,715
SA ISUDETDROSDN AE EN 2 524,76 1,057
4. Phosphate précipité. . . . . 608,90 0,878
On voit donc que, dans le cas qui s’est montré le moins favorable
(superphosphate en 1893), le bénéfice résultant de la fumure, c’est-
à-dire la valeur des excédents, a été encore de 468 °/, de la dé-
pense en engrais, et que le prix de revient du quintal, vendu 6 fr.,
a excédé à peine À fr., soit le sixième de la valeur du produit. Ces
exemples, que nous compléterons par l'appui des résultats tout aussi
favorables obtenus dans la culture du blé, de l’avoine et du mais-
fourrage, sont la justification manifeste des conseils que nous avons
toujours donnés aux cultivateurs, en les engageant à ne pas s'arrêter
à la hausse des engrais phosphatés pour en ajourner l'emploi. Il res-
sort, en effet, clairement de ces exemples qu’une différence dans le
coût de la fumure, de 12 à 15 fr. à l’hectare, écart maximum pou-
vant résulter de la hausse des phosphates sur les prix des dernières
324 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
années, ne correspond pas, dans le cas de la fumure la plus chère
(superphosphate), à 3 °/, de la valeur de l’excédent de rendement
(15 fr. pour un produit net de 595 fr. — 9 fr. 85 °/,).
On né saurait donc trop répéter aux cultivateurs qu’il est de leur
intérêt le mieux entendu de faire au sol l'avance la plus large possible
en matières fertiisantes ; ijs trouveront dans les excédents de rende-
ment qui en résulteront une rémunération dont ils n’auront qu’à
s’applaudir. |
Le bénéfice sur un produit quelconque résulte, en agriculture
comme dans toute industrie, de lécart entre la valeur vénale et le
prix de revient de ce produit.
Les éléments du prix de revient sont extrêmement complexes ; ils
varient d’un lieu à l’autre avec la valeur de la matière première, les
salaires, etc., etc. [l n’est pas possible d'établir, avec quelque chance
d’être dans le vrai, un prix de revient moyen d’une denrée quel-
conque, applicable à un pays tout entier.
Le loyer de la terre, les charges qui pèsent sur elle, sa fertilité
naturelle où acquise au moment où l’on en entreprend l’exploitation,,
le capital à engager pour loutillage, le bétail, la culture et la furmure
présentent, suivant les régions et, souvent, d’une exploitation à une
autre dans le même département, quand ce n’est pas dans la même
commune, des différences considérables. Il suit de là qu’on ne sau-
rait déduire du rapprochement et de la combinaison de ces divers
éléments un chiffre qui représente pour le pays entier le coût de
production du quintal de blé ou de viande, du litre de lait, de la
tonne de fourrage ou de fumier.
Les affirmations relatives à un prix de revient moyen du blé, si
souvent apportées à la tribune du Parlement, au cours des discus-
sions sur les droits protecteurs, ne peuvent avoir la valeur qu’on
voulait leur attribuer. Fixer à 25 fr., comme beaucoup d'orateurs
l’ont fait, le prix de revient moyen du quintal de froment en France,
ce qui amène logiquement à conclure que tous les cultivateurs sont
en perte lorsque le cours du marché est inférieur à ce chiffre, c’est
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 329
à coup sûr une erreur. Une pareille généralisation est fautive. N’est-il
pas évident, en effet, pour n’en donner qu’un exemple, que les culti-
vateurs qui, en 1896, ont obtenu, les uns, dans le Nord, 25 quintaux
en moyenne, les autres, dans le Var et le Gard, 4 à 5 quintaux seu-
‘ lement, n’ont pas produit au même prix les 100 kilogr. de froment,
quelque différents qu’aient été les frais de production? On ne se
tromperait pas moins lorsque, partant de ce prix de revient hypothé-
tique de 25 fr., on chercherait dans l'établissement des droits de
douane une compensation aux charges, différentes d’un pays à l’autre,
que supporte l’agriculteur, Qui d’ailleurs pourrait établir la quotité
de ces charges et, par suite, la compensation à leur donner ?
D'autre part, s’il était vrai que le prix de revient moyen du quintal
de blé est, en France, de 95 fr., on devrait en conclure qu’en 1896,
avec une récolte de 95 millions de quintaux qui nous a permis d’être,
pour la première fois, exportateurs, le prix moyen général du quintal
sur le marché français n’ayant atteint que 18 fr. 53, l’agriculture
s’est trouvée en perte de 600 millions de francs, rien que sur sa pro-
duction en froment !
Nous ne pensons pas qu’il se trouve personne pour soutenir qu’il
en à été ainsi. La seule conclusion à retenir de ces remarques, c'est
l'impossibilité de fixer, même dans des limites étendues, un prix de
revient unique du quintal de blé. Cette fixation n’aurait d’ailleurs,
à supposer qu’elle fût possible, qu’un intérêt de curiosité, chaque
cultivateur devant, par la force des choses, en raison des variations
considérables des situations, arriver à produire 100 kilogr. de blé
— comme des autres denrées agricoles — à des prix de revient
essentiellement différents. Ce qui importe, c’est de rechercher les
moyens d’abaisser le prix de revient des produits du sol et d’en vul-
gariser la connaissance par des indications précises, à la portée des
plus modestes cultivateurs. C’est la tâche que nous poursuivons
depuis trente ans.
L'augmentation économique des rendements d’une surface donnée
est la condition fondamentale de la diminution du prix de revient des
produits du sol. Cette augmentation économique, réalisable à divers
degrés, partout où les conditions physiques de la terre et le climat
n'y mettent pas obstacle, dépend de divers facteurs que l’on peut
326 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ramener à trois principaux : les opérations culturales, labours, mode
de semailles, bersages, etc. ; le choix des semences et la fumure. Le
rendement maximum est obtenu par le concours simultané de ces
facteurs. Continuons l’exposé et la discussion des résultats de six
années de culture expérimentale au parc des Princes.
Nous avons examiné l'influence des diverses fumures phosphatées
sur le rendement et sur le prix de revient de la pomme de terre
industrielle et culinaire (essais des années 1892 et 1893). Arrivons à
l’année 1894, où le champ d’expériences a porté du blé roux hâtif
d'Alsace, semé en ligne le 12 octobre 1893, à raison de 133 kilogr.
à l’hectare et récolté le 18 juillet 1894. A la fumure fondamentale
en phosphate et potasse, donnée en 1892, on a ajouté un nitratage à
la volée, le 28 mars 1894, à la dose de 15 kilogr. d’azote (100 kilogr.
de nitrate de soude à l’hectare). Le sol avait été débarrassé par deux
cultures successives de pommes de terre (en 1892 et 1893) de toutes
les mauvaises herbes : il était parfaitement propre. Les rendements
en blé et en paille ont été très élevés, allant, pour le grain, de
27 à 43 quintaux à l’hectare ; pour la paille, de 89 à 148 quintaux.
Comme nous l’avons fait à propos des pommes de terre, nous
orouperons les rendements en blé en quatre catégories, suivant la
nature des engrais phosphatés, seule condition variable d’une par-
celle à l’autre, tout le champ ayant reçu même quantité de potasse
et de nitrate et même dose d’acide phosphorique d'origines diffé-
rentes. Le coût des fumures pour chacune des catégories d’essais a
été le suivant (°) :
A L'HEOTARM
—
Phosphates-minéraux;. 4.4 4er «13 120 51,50
Scories de déphosphoration. . . . . . . 51,50
SUPÉEPROSDNALENEL EAN ets tester 64,00
Phosphate précipité. ue. un: 903 EU, 28,50
N’envisageons ici que les excédents de récoltes obtenus par l'in-
1. Les prix s'établissent sur les bases suivantes : pour les quatre séries d'expé-
riences : 100 kilogr. de nitrate à 24 fr. et 335,3 de potasse à 45 cent. (15 fr.) ; pour
les deux premières séries, 50 kilogr. acide phosphorique à 25 cent., soit 12 fr. 50;
pour le superphosphate, 50 kilogr. acide phosphorique à 50 cent., soit 25 fr.; pour
le phosphate précipité, 50 kilogr. acide phosphorique à 39 cent,, soit 19 fr. 50,
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES DC
fluence de la fumure (différences avec le rendement des parcelles
témoins).
Ces excédents ont été les suivants pour chacune des catégories
d'engrais phosphatés :
EXCÉDENTS A L'HECTARE
NATURE DE LA FUMURE EEE
> grain paille
quint. métr., quint. métr.
Phosphates minéraux. . . . 14,71 42,34
Scories de déphosphoration. . 13,58 38,07
Superphosphate . . . . . . 14,97 30,22
Phosphate précipité. . . . . 8,06 24,20
Comme dans les cultures de pommes de terre des années précé-
dentes, les phosphates minéraux, les scories et le superphosphate ont
produit des excédents de rendement, sur le sol sans fumure, à la fois
très élevés et presque égaux. Le phosphate précipité s’est montré
sensiblement inférieur aux autres formes d’acide phosphorique, bien
que son action ait encore été marquée par une production supplé-
mentaire de 8 quintaux de grain et de 24 quintaux de paille.
Il est aisé, en rapprochant du coût des engrais le nombre et la
valeur vénale des quintaux de grain et de paille, d'évaluer le béné-
fice résultant de la fumure et le prix de revient, réel celte fois, des
100 kilogr. de blé fournis en excédent sur la récolte du sol naturel
non fumé. Admettant pour le quintal de grains le prix de vente de
20 fr., et pour la paille celui de 3 fr., la valeur des quatre récoltes
s'établit comme suit :
PHOSPHATES UPER- HOSPHATE
enr EL ads Ri en à prétinité
Pau fines Hauts francs
RET no ere PE: 294,20 271,60 291,40 161,20
Paille . 127,02 114,21 90,66 72,60
TOO 421,22 385,81 382,06 233,80
À retrancher (!). . 51,90 51,50 64 » 58,50
Restant . . . 369,72 334,31 318.06 175,30
qui représentent le bénéfice net résultant de l’action des engrais.
1, Coût des fumures,
328 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La relation entre la dépense de fumure et la valeur vénale des
excédents de récolte qui en a été la conséquence, montre combien
est avantageux le placement que fait le cultivateur en donnant à ses
terres un approvisionnement rationnel en substances fertilisantes.
Les excédents de rendement ont produit pour une avance de 100 fr.
en engrais : phosphates minéraux, 737 fr.; scories, 649 fr. ; super-
phosphates, 530 fr. ; phosphates précipités, 299 fr. Dans ce dernier
cas, de beaucoup le moins favorable, c’est encore un placement à
300 °/, que représente la fumure.
Envisageons maintenant le prix de revient des excédents. Des très
nombreuses expériences que nous poursuivons depuis plus de vingt-
cinq ans, tant dans nos champs d’essais que dans un domaine de
crande étendue, nous avons tiré la conclusion que l’on peut couram-
ment produire un quintal de blé avec sa paille, en excédent sur la
récolle du méme sol non fumé, avec une dépense de 4 à 8 fr., en
engrais convenablement choisis. Cette affirmation, maintes fois reve-
nue sous notre plume dans notre longue campagne de propagande,
nous a valu parfois, de la part de certains publicistes, des critiques
aussi acerbes que mal fondées. Dénaturant, volontairement ou non,
la lettre et le sens de notre assertion, on nous à fait dire que nous
prétendions produire du blé au prix moyen de 5 fr. le quintal; il
s’est même trouvé des associations agricoles et des commissions dé-
partementales pour nous sommer de réaliser cette utopie sur des
exploitations mises gratuitement à notre disposition. En leur temps,
nous avons répondu à ces attaques lorsqu'elles n’étaient pas trop
discourtoises, mais nous avons repoussé les sommations qui nous
étaient faites, nos détracteurs confondant, à plaisir, le prix de revient
d’une récolte de blé prise dans son ensemble en un point quelconque
du territoire et celui des quintaux de froment que l’on peut obtenir
en excédent sur le rendement d’un sol sans fumure ou insuffisam-
ment fumé. Nous verrons, tout à l'heure, quelle peut être la dimi-
nution du prix de revient de toute une récolte de blé et non plus
seulement de l'excédent, sous l'influence de la fumure.
C'est du prix de revient des excédents seuls que nous avons jamais
parlé, et nous allons montrer, par les résultats de notre culture de
1894 au pare des Princes, combien est fondée l’assertion relative à
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 329
la production d’un quintal de blé avec sa paille à un prix inférieur
à 6 fr. C’est là le point essentiel dont nous voudrions que nos culti-
vateurs pussent se convaincre par des expériences inslituées par eux
dans leurs propres champs.
Dans les quatre conditions de fumures rapportées plus haut, le
prix de revient du quintal de blé, en excédent, s’obtiendra en divi-
sant respectivement le coût de la fumure par le nombre de quintaux
qui dépasse le rendement des parcelles témoins sans engrais; on
aura ainsi : ,
51",50
s ès minéraux . 3400
Pour les phosphates minéraux 14,71 2
EY LT Les
Ï aiane ner A
Pour les scories. 13,58 SA TIE)
64 s
Pour le superphosphate. . . . . — 41,39
14,957
de 581,50
Pour le phosphate précipité . nn HET
C’est donc au-dessous de 5 fr. que, du fait de la fumure seul, peut
s’abaisser le prix de revient des quintaux de grain (avec leur paille)
obtenus en excédent. C’est là tout ce que nous avons voulu prouver.
Quelle influence un semblable résultat peut-il exercer sur le pro-
duit net d’un hectare de blé? Pour les raisons que nous avons
données, la question ainsi posée n’est pas susceptible d'une réponse
applicable aux emblavures de tout un pays, mais on peut cependant
s'en faire une idée à l’aide d’un exemple choisi dans des conditions
bien déterminées.
La comptabilité de l’école Mathieu-de-Dombasle nous a permis,
il y a quelques années, d'établir le coût de la culture du blé à Tom-
blaine (*). Nous étions arrivés, M. Thiry et nous, à en fixer le montant
(fumure non comprise) à 268 fr. par hectare. Ce chiffre comprend
le loyer de la terre, les frais de culture et de récolte et les frais
généraux ; 1l est plutôt supérieur à la dépense moyenne dans une
exploitation de Lorraine bien tenue. La production du blé dans des
terres analogues à celle à laquelle se rapporte cette évaluation, et
1. Voir Études agronomiques, t. Il, p. 138 et suivantes.
330 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
demeurées sans fumure depuis quelques années, atteint à peine 10 à
11 quintaux à l’hectare. Dans ces conditions, le prix de revient du
quintal se rapproche du chiffre de 25 fr. cité à la tribune comme re-
présentant le coût moyen des 100 kilogr. de froment en France.
I serait, en effet, de 24 fr. 40. Prenons-le comme point de départ
arbitraire de la discussion. Si nous ajoutons à cette dépense de
268 fr. la somme de 51 fr. 50 pour engrais, la dépense totale à
l’hectare montera à 319 fr. 50, soit, en nombre rond, 320 fr. Si,
comme M. Thiry l’a obtenu à Tomblaine et nous, en 1894, au pare
des Princes, la récolte atteint 25 quintaux à lhectare, le prix de
revient du quintal (paille comprise) se trouvera abaissé à 12 fr. 30
environ, laissant plus de 7 fr. de bénéfice sur le cours de 20 fr., et
chacun des quintaux en excédent sur le rendement de 11 quintaux
reviendra à 3 fr. 64 seulement.
Est-il besoin de dire que nous ne donnons à ces chiffres aucun
caractère absolu ? Ils ont seulément pour but de mettre hors de
discussion deux faits de nature à encourager puissamment les culli-
vateurs dans l'emploi des engrais minéraux, à savoir : l'influence
tout à fait prépondérante de l'élément fumure sur le rendement,
toules choses égales d’ailleurs, et l'erreur profonde dans laquelle on
tomberait en renonçant, sous prétexte de la hausse des engrais phos-
phatés, à les appliquer sur une large échelle aux emblavures d’au-
tomne. Nous avons vu que l'acide phosphorique, en revenant aux
prix de 1890, à subi, par rapport aux cours des années 1896
et 1897, une augmentation de 20 °/, environ, le kilogramme ayant
passé de 40 centimes à 50 ; mais si l’on rapproche cette hausse du
bénéfice réalisable par les excédents de récolte, bénéfice qui varie
entre trois et sept fois la dépense en engrais, on conclura qu'elle est
de peu d'importance au point de vue du résultat final et qu’elle ne
doit en rien engager le cultivateur à restreindre ses fumures d’au-
tomne.
En accord avec les faits les mieux constatés dans la pratique, les
expériences du parc des Princes prouvent, une fois de plus, que
300 kilogr. de scories ou de superphosphate titrant 15 à 16 °/,
d'acide phosphorique, associés, si le sol le réclame, à 30 ou 40 ki-
logr, de potasse et complétés, dans leur action, par l’épandage de
\
LE CHAMP D'EXPÉRIENCES DU PARC DES PRINCES 331
100 à 150 kilogr. de nitrate de soude au printemps, constituent une
fumure pour blé économique et tout à fait rémunératrice, Si les sols
qu'on destine aux emblavures d'automne sont très pauvres en azote,
il y à une pratique assez répandue déjà et dont nous nous trouvons
très bien depuis plusieurs années dans un grand domaine de Lor-
raine : elle consiste à ajouter, avant la semaille, aux engrais phos-
phatés et potassiques, 60 à 80 kilogr. de sulfate d’ammoniaque à
l’hectare. On assure par là une vigueur assez grande aux jeunes
céréales pour que leur développement les prépare à supporter les
rigueurs de l'hiver.
Une alimentation suffisante est, pour les plantes comme pour les
animaux, la première et la plus essentielle des conditions à remplir
si l’on veut obtenir du sol des rendements capables de laisser entre
le prix de revient des produits et leurs cours sur le marché un écart
vraiment rémunérateur. C’est la conclusion que les propriétaires
par leur esemple, les publicistes par leurs conseils, doivent s’effor-
cer de faire pénétrer dans la petite et la moyenne culture, trop dis-
posées encore à méconnaître les importantes vérités que l'expérience
a mises en évidence.
Station agronomique de l'Est.
Paris, juillet 1906.
L. GRANDEAU, L. BARTMANN.
ANALYSE ET CONTRÔLE
DES SEMENCES FORESTIÈRES
DES STATIONS D'ANALYSE ET DE CONTRÔLE
DES SEMENCES FORESTIÈRES
PRESCRIPTIONS TECHNIQUES — MÉTHODES D’ANALYSE — RÈGLEMENTS
FAR: M A; -ERON
Les graines forestières, aussi bien que les graines agricoles, sont
l’objet d’un commerce important, tant en France qu’à l'étranger, et
ce commerce a besoin d’un contrôle. D'autre part, la qualité d’une
semence saine et d’aspect extérieur normal peut être extrèmement
variable, suivant l’époque et l'ancienneté plus où moins grande de la
récolte, les conditions et procédés de conservation employés, et
aussi suivant une foule de causes qui dépendent du lieu d’origine de
la graine, du sujet qui a fourni cette graine, des procédés de récolte
et de désarticulation, etc.
Nous ne pouvons, dans l'étude qui va suivre, nous étendre sur les
causes qui sont susceptibles de faire varier depuis la qualité zéro
jusqu’à la qualité parfaite une graine d'apparence non suspecte.
Nous renverrons à ce sujet à la publication de M. Thil () sur les
graines résineuses, aux nombreux articles publiés par M. Schribaux
1. À. Thil, « Achat, récolte et préparation des graines résineuses employées par l'ad-
ministration des forêts » (Revue des Eaux et Foréts, 1S84)..
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 339
dans les revues agricoles (‘), aux nombreux travaux du professeur
D' Nobbe, particulièrement à son important ouvrage sur les semen-
ces (*) et aux intéressantes observations du D° Karl von Tubeuf sur
les semences forestières (°).
De même, en ce qui concerne la haute importance économique de
l'essai des graines, nous ne pouvons que renvoyer au remarquable
rapport sur le commerce des graines forestières, présenté par le
conseiller intime D° Nobbe au congrès de la Société de dendrologie
forestière tenu à Dresde en 1899 (*); aux publications allemandes du
professeur D° Schwappach d’Eberswalde (*) et du D° Rodewald à
Kiel (*); aux publications de M. Johannes Rafn de Copenhague (°) ;
au rapport de M. Pierret sur la station d’expériences du domaine
forestier des Barres-Vilmorin (*).
Nous négligerons complètement, ou tout au moins nous ne parle-
rons que d’une façon accessoire des essais de graines agricoles. Nous
nous bornerons, après une description rapide des plus importantes
stations d'essai de semences forestières existant actuellement en
France et à l'étranger, et après un aperçu comparatif des résultats
acquis, à déduire de cette étude les prescriptions techniques qui
nous paraissent devoir être appliquées aux essais de germination
des graines forestières exécutés en France.
1. Botanique agricole, par E. Schribaux et J. Nanot. Paris, 1903 (chapitre con-
sacré aux semences).
2, Handbuch der Samenkunde, von D° Friedrich Nobbe. Berlin, 1876.
3. Samen, Früchte und Keimlinge der in Deutschland heimischen oder einge-
fährlen forstlichen Culturpflanzsen. Berlin, 1591.
4. « Ueber den forstlichen Samenhandel » von geheimen Hofrath. Professor D' Nobbe
(Tharander forstliches Jahrbuch, 49 Band, 3 Heft. Dresden, 1899).
5. « La Station d'essai de graines forestières d'Eberswalde », par le professeur
Dr Schwappach (Revue dendrologique de Beissner, janvier 1903).
6. « Zur Methodik der Keimprüfungen, von DH. Rodewa!ld » aus den land-
wirtschaftlichen Versuchs-Stationen, 1889.
7. « Etwas über Samenuntersuchungen und die forstlichen Samenhandel », von
Johannes Rafn (Mälteilungen der deutschen dendrologischen Gesellschaft, n° 9,
1900, et n° 10, 1901, et Die Gehôl:-Samenunlersuchungen der Saison 1902-
1903, von Johannes Rafn. Kjôbenhavn, 1903.
S. Bulletin du Ministère de l’agriculture, 9° année, n° 6. Paris, 1890.
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Nous pensons en effet que, soit qu’il s'agisse d'expériences exécu-
tées dans un but de contrôle, soit qu’il s’agisse de recherches scien-
tifiques, les essais de germination doivent toujours être exécutés
d'une manière méthodique nettement définie ; c’est, à notre avis, le
seul moyen d'obtenir en la matière des résultats susceptibles d’être
comparés les uns aux autres, et susceptibles aussi d’être mis en
parallèle avec ceux qui sont obtenus à l'étranger.
Généralités
Les essais de semences reposent sur trois principes :
1° Avant de mettre une semence en terre, il est indispensable de
savoir si elle est susceptible de germer ; autrement dit, il faut con-
naître combien il y a de sujets susceptibles de se développer dans
un lot de graines qu’on veut utiliser. Le nombre rapporté à cent de
craines susceptibles de germer est ce qu’on appelle le coefficient de
facullé germinative.
9 Les semences livrées par le commerce sont toujours mélangées
d’une quantité plus ou moins grande d’impuretés (débris d’écailles,
pierrailles, fragments de terre, graines cassées ou notoirement
détériorées, graines étrangères et débris de toute nature) que les
procédés les plus parfaits ne permettent pas d'éliminer ou qu'on ne
s’est pas donné la peine de séparer. Pour se rendre compte de la
valeur d’une fourniture (généralement vendue au poids), 1l est
nécessaire de connaitre la proportion d’impuretés contenues dans la
livraison. Si dans un poids P de la semence livrée 1l existe un poids I
TT étre qu’on appelle le coefficient
d'impuretés, la proportion p
de pureté.
temarquons que la vérilable valeur marchande d’une fourniture
est liée à deux facteurs indépendants l’un de l'autre, la pureté
d’une part et la faculté germinative d'autre part. Le produit de
ces deux coefficients est ce qu'on appelle la vateur cullurale d'une
semence.
3° Une graine mise en terre peut germer dans des conditions nor-
males, variables il est vrai suivant les espèces et les situations, mais
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 339
telles que le jeune végétal né de la graine est susceptible de prendre
pendant une saison de végétation son développement normal. Dans
nos climats, pour la majorité des plantes agricoles, ce développe-
ment normal va jusqu’à la maturité et la dissémination de la semence ;
pour les graines forestières, ce développement normal est atteint
lorsque le jeune végétal est suffisamment lignifié pour supporter les
rigueurs de l’hiver et lorsqu'il a en outre emmagasiné dans ses
tissus une provision suffisante d'éléments de réserve pour repartir,
c’est-à-dire développer ses premiers organes verts au début de la
saison de végétation suivante.
Une graine qui manque de vitalité, dont la jeune plantule com-
mence à se développer trop tard, peut n'être plus susceptible de
prendre pendant le restant de la saison de végétation son déve-
loppement normal; le végétal issu de cette graine est alors sans
avenir.
On appelle énergie germinative la caractéristique des semences à
cet égard.
Ces principes ont été posés par le professeur D' Nobbe, qui, dès
4869, faisait créer à Tharandt (Saxe) la première station d'essai de
semences, et, de l’avis même du professeur D° Schwappach (°),
«c’est l'administration forestière française qui, la première, est
entrée dans la voie de l’essai systématique des graines forestières,
en créant, en 1872, au domaine national des Barres, une station
d'expériences pour soumettre à des essais minutieux aussi bien les
graines achetées au commerce que les graines provenant des séche-
ries domaniales ».
Depuis, les établissements de ce genre se sont multipliés ; il a été
fondé dans presque tous les États d'Europe, ainsi que dans l’Amé-
rique du Nord, des stations d’essai de semences dont le nombre ne
cesse de s’accroître. Il est à remarquer, toutefois, que si les agricul-
teurs ont donné à ces essais, avec beaucoup de succès d’ailleurs,
une extension de plus en plus grande, « les forestiers, de leur côté,
n'ont en général apporté dans les débuts à cette question capitale
qu’une attention bien moins sérieuse (‘) ». Aussi est-ce seulement
1. Revue dendrologique de Beissner, janvier 1903.
336 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
dans le cours de ces dernières années, au vu des résultats acquis
pour les semences agricoles (*), qu’on a senti la nécessité de réformer
le marché des graines forestières, afin d'obtenir des produits meil-
leurs et moins chers ; comme conséquence, nous voyons l’établisse-
ment suisse de Zurich prendre une immense extension (?); nous
voyons l'Autriche créer en 1889, à Mariabrünn, un laboratoire
spécial d’essai de graines forestières ; un peu plus tard, en 1899,
c’est l'Allemagne qui crée à Eberswalde une station spéciale d’essai
de graines forestières. Ainsi peu à peu s'organisent et se généralisent
les essais de graines forestières, et il n’y a pas de raison pour que le
propriétaire forestier qui récolte ou qui achète des semences fores-
tières ne vienne pas, comme le fait déjà l’agriculteur, s'adresser
aux stations d’analyse et de contrôle des semences. Il le fera lorsqu'il
sentira ces établissements suffisamment outillés pour lui fournir
rapidement des résultats exacts (°).
1. M. Schribaux constate que c'est gräce à l'influence et au contrôle des stations
d'essai de semences que la qualité des semences fourragères s'est grandement amé-
liorée dans l’espace d'une quinzaine d'années, et qu'en même temps les prix ont nota-
blement diminué (E. Schribaux et J. Nanot, Botanique agricole, p. 101).
2. Du 1°* juillet 1902 au 30 juin 1903, l'établissement suisse de Zurich a essayé
10 274 échantillons, dont 2? 184, soit 21,3 °/, de graines forestières, et on lit dans
le compte rendu annuel de cette station que la plus grande partie de la récolte de
graines des pins de l’Europe, récolte dont la valeur est de plusieurs millions de francs,
est essayée dans cet établissement,
3. Nous relevons au bulletin de la Société forestière française des amis des arbres
(1° trimestre 1906) la phrase suivante dans une lettre adressée par le directeur
d'une section forestière scolaire du Gantal au président de la société :
« .….Les graines (pin sylvestre sans doute) que vous avez bien voulu m'adresser,
il y a deux ans écoulés, n'ont pas levé ; je n'ai pas trop su pourquoi... » Rien ne
prouve que la graine semée n'était pas vieille, et par suite incapable de germer. —
Rien ne serait plus facile que de mentionner sur toute étiquette, outre le nom de la
graine, le pour-cent de germination avec la date de l'essai; ces deux renseignements
sont, à notre avis, aussi indispensables l'un que l'autre.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES JO
PREMIÈRE PARTIE
STATIONS D'ANALYSE ET DE CONTRÔLE
DES SEMENCES FORESTIÈRES
I. — STATIONS ALLEMANDES
L'idée dominante en Allemagne a toujours été de protéger l’agri-
culteur contre les fraudes, en instituant dans le domaine d’action
des stations agronomiques un service de contrôle ; aussi existe-t-il
dans ce pays un très grand nombre d'établissements qui ont pour
mission de contrôler les engrais, les fourrages, les semences et
d'effectuer les recherches utiles à l’agriculture.
En 1900, d’après le professeur Nobbe (‘), ce service était assuré
par soixante-neuf stations agronomiques en activité ; trente-cinq de
ces stations mentionnaient dans le programme de leurs travaux le
contrôle des semences, et parmi elles un certain nombre seulement
s’occupalient des semences forestières.
Pour atteindre leur but de contrôle d’une façon pratique, il fallait
à ces nombreuses stations des méthodes uniformes ; il fallait tout
d’abord, dit le professeur Nobbe, « établir des méthodes spéciales
d'analyses dans les diverses directions et les rendre très précises
en répélant toujours la même épreuve avec un matériel identique ».
Aussi, dès l’année 1875, a eu lieu à Gratz la première assemblée des
directeurs des stations d’essai de graines, où l’on a pris des disposi-
tions pour arriver à l'identité des méthodes et des principes. Ce
groupement, nécessaire aussi dans les autres branches du contrôle
agricole, a été définitivement établi par la fondation à Weimar, en
1898, du Verband der landwirtschafllicher Versuchs-Stulionen im
deutschen Reiche.
1. L'Agricullure allemande à l'exposition universelle de Paris, Bonn-s.-Rh.,
1900. Rapport présenté par le conseiller intime professeur Nobbe sur le « Développe-
ment et l'état actuel du service des expériences agricoles de l'empire d'Allemagne ».
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 11 22
338 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
in matière d’essais de semences, le Verband a établi pour toute
l'Allemagne un véritable code (‘), composé d’une série de prescrip-
tions techniques ayant pour but de rendre les expériences précises
et absolument comparables les unes aux autres.
Les deux stations les plus importantes au point de vue de l'essai
des graines forestières en Allemagne sont :
La station de Tharandt (Saxe) ;
La station d'Eberswalde (Prusse).
Station d'essai de semences de Tharandt (*)
La station royale de physiologie végétale et de contrôle de semen-
ces de Tharandt a été fondée en 1869 par le syndicat agricole du
cercle de Dresde ; elle a été reprise par l’État en 1875 et augmentée
en 1886 d’une section jardinière. Elle s’occupe de recherches de
physiologie végétale, de l’étude et du contrôle des semences, tant
agricoles que forestières, et des questions de bactériologie.
La station est annexée à l’académie forestière de Tharandt, dans
les bâtiments de laquelle elle est installée ; elle possède un labora-
toire de chimie et de physiologie, une serre chaude pour les expé-
riences de physiologie végétale, une installation complète pour
l’étude et le contrôle des semences et enfin un jardin botanique
important.
En ce qui concerne le contrôle des semences, les essais sont
effectués sous la direction du directeur de la station et sous la sur-
veillance d’un des assistants ; la préparation des lots de semences à
mettre en germination, la détermination du coefficient de pureté et
les différentes manipulations relatives à la mise en expérience des
échantillons sont effectuées par des Jeunes filles dressées à ce travail
1, Technische Vorschriflen des Verbandes landwirtschaftlicher Versuchs-Sta-
tionen im deutschen Reiche fur die Samenprüufungen. Paul Parey, Berlin, 1903.
2, D'après le Rapport sur le développement et l'état actuel du service des expé-
riences agricoles dans l'empire d'Allemagne, présenté à l'exposition de 1900 par
le conseiller intime professeur D'° Nobbe, et les renseignements qu'a bien voulu nous
fournir le D° Nobbe en nous faisant visiter la station de Tharandt.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 339
spécial et payées par la station ; les comptages sont confiés à un
préparateur chargé de les effectuer tous les jours à des heures déter-
minées.
La moyenne annuelle du nombre des analyses effectuées dans cet
établissement s'élève à environ huit cents, dont seulement trente à
quarante par an concernent les graines forestières.
Le matériel de la station comprend comme parties essentielles :
1° Une collection complète de graines, y compris les graines fores-
tières ; cette collection, richement installée dans une des salles de la
station, compte environ trois mille échantillons, classés par genres
et par espèces d’après le système d’Endlicher ; chaque genre est
numéroté et catalogué. A cette collection est jointe une collection
de fruits, de semences et de cônes, généralement conservés dans des
bocaux en verre ;
2° Une balance de précision au milligramme et une balance
au centigramme, ainsi que les appareils de pesées ordinaires ; la
balance au centigramme est employée pour les expériences cou-
rantes dans lesquelles on se contente de pesées faites au déci-
gramme ;
9° Deux étuves à température constante et à régulateur de tempé-
rature ;
4° Tous les appareils et accessoires nécessaires pour la manipula-
tion des semences, parmi lesquels nous noterons : des cuvettes en
porcelaine pour la mise en expérience des buvards de germination ;
du papier buvard spécial pour germinateurs ; un jeu complet de
tamis (système Nobbe) ; une sonde pour le prélèvement des échantil-
lons et divers instruments nécessaires pour faciliter les opérations
du nettoyage, du pesage, du séchage et pour maintenir le degré
d'humidité voulu sur les germoirs pendant la durée des expériences ;
enfin les registres, armoires à échantillons et tables de manipula-
Lions ;
o° Des terrines remplies de sable, pour la mise en germination
des grosses graines telles que glands, faines, etc., qu’on place pen-
dant la durée de l'expérience dans la serre chaude destinée aux
expériences de physiologie végétale.
Les essais de germination sont exécutés conformément aux pres-
340 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
cripuons techniques de l’Union des stations agricoles de l'empire
allemand. Nous n'avons donc à nous occuper ici que de la détermi-
nation de la faculté germinative, afin de décrire le procédé utilisé à
Tharandt.
L'appareil employé est Pétuve à température constante du D'Nobbe,
modifiée par lPannexion des tubes à air chaud système Schribaux ;
les graines de chaque échantillon d'expérience sont disposées dans
un germoir en papier buvard spécial ; deux germoirs sont placés
dans une cuvelte en porcelaine dont le fond est garni d’un double
papier buvard, et les cuveltes sont alignées sur les plateaux de
l’étuve. À Tharandt, l’une des étuves est généralement réglée à
20° centigrades et l’autre à 30° centigrades.
Pour lPusage, l’étuve est entourée d’une enveloppe en bois qui
diminue la déperdition de chaleur ; enfin, de temps en temps et selon
les besoins, tout l’appareil est désinfecté au formol.
Notons ici que le papier buvard employé, préalablement stérilisé,
doit être humecté de telle sorte qu'il renferme environ 60 °/, de
l’eau totale qu’il pourrait absorber à saturation. Dans la pratique, on
obtient ce résultat en mouillant à saturation le germoir avec de l’eau
stérilisée et en le laissant reposer ensuite quelques instants sur un
coussin de buvard sec. Lorsque les semences sont ainsi disposées
dans l’étuve, il suffit de maintenir le degré d'humidité constant
pendant toute la durée de l’expérience ; pour cela, l'opérateur qui
fait les comptages arrose légèrement toutes les vingt-quatre ou les
quarante-huit heures les buvards à l’aide d’une pipette ; une cer-
laine pratique lui apprend à juger à peu près exactement de l’humi-
dité du germoir au simple toucher.
La surveillance des échantillons mis en expérience se fait tous les
jours, ainsi que les comptages. Quant à l’aération, nécessaire aussi à
une bonne germination, elle est réglée dans l’étuve à l’aide de deux
ventilateurs disposés sur les parois latérales.
Les prescriptions techniques indiquent de prendre pour la con-
duite d’une expérience quatre lots de cent graines ; le professeur
Nobbe place deux à deux ces lots dans deux cuvettes distinctes, au
lieu de placer ses quatre échantillons dans une même cuvette, parce
qu'il peut y avoir accidentellement excès ou insuffisance d'humidité
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 341
dans une des cuvettes d'expérience (‘) et qu’en opérant comme nous
venons de l'indiquer il est plus sûr d’obtenir une moyenne d’expé-
rience exacte.
Ïl nous reste à expliquer comment le professeur Nobbe a été con-
duit à adopter le chiffre de 60 °}, d'humidité que nous avons donné
précédemment.
Ce chiffre de 60 °/,, qui représente à son avis le degré d'humidité
le plus favorable, a été déterminé d’après les résultats d’une longue
série d'expériences dans lesquelles, toutes choses égales d’ailleurs,
on a fait varier le degré d'humidité. Dans ces expériences, la quan-
lité d’eau contenue dans le papier buvard, autrement dit l'humidité
du germoir, a été mesurée à l’aide de pesées ; ces pesées, faites
dans l’étuve elle-même, ont permis de constater la déperdition en
eau des germoirs au cours de l’expérience et par suite de déterminer
la quantité d’eau qu'il était nécessaire de leur rendre pour maintenir
constant le degré d’humidié. Actuellement, l’expérimentateur sait
que, dans les conditions où il opère, 1l doit, toutes les vingt-quatre ou
les quarante-huit heures, ajouter sur son papier buvard un nombre
donné de centimètres cubes d’eau ; un appareil très simple à siphon,
composé d’un long tube gradué rempli d’eau mis en communication
avec une pipette, lui permet d’arroser périodiquement ses germoirs
dans les conditions voulues. Cette manière de régler l'humidité du
germoir, très exacte, mais trop longue, n’est plus employée à Tha-
randt, en raison de l'expérience des opérateurs, sauf pour les recher-
ches scientifiques.
Le professeur Nobbe, qui depuis 1869 s'occupe à Tharandt des
essais de semences, a depuis longtemps créé ou utilisé d’autres
types de germoirs; nous citerons par exemple le godet en terre
poreuse dit germinateur Nobbe ; nous citerons aussi un germinateur
rempli de sable stérilisé qui est arrosé comme le papier à filtre et
sur lequel on place les graines d'expérience. Aujourd’hui, à Tha-
randt, il emploie de préférence, notamment pour la mise en germi-
nation des graines forestières, le papicr buvard, et il en préconise
1. Un excès d'humidité est très à redouter dans les exp‘riences de ce genre, ct
tend à diminuer le pour-cent de germination.
342 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l'emploi, considérant © que le papier buvard, si on a soin de le
manier d’après les règles des prescriptions techniques, est d’une
manipulation facile, propre et très nette, et qu’il permet de se ren-
dre compte plus rapidement et sans hésitation du résultat d’une
épreuve » (°).
Station d'essai de semences forestières d'Eberswalde (°)
La station d’essai de semences forestières d’Eberswalde a été créée
en 1899 comme section de la station centrale de l'académie forestière
d'Eberswalde, pour s’occuper des essais demandés par les proprié-
taires particuliers et les commerçants ; elle est provisoirement ins-
tallée dans les locaux affectés aux bureaux forestiers du D' Schwap-
nach, forstmeistler attaché comme professeur à l’académie forestière,
et un brigadier de bureau est spécialement chargé du contrôle des
semences ; elle ne dispose d'aucun crédit permanent; des crédits
spéciaux Jui sont affectés lorsque les besoins l’exigent et les recettes
(produit des analyses) sont versées dans la caisse du Trésor.
Les essais sont exécutés conformément aux « prescriptions techni-
ques de l’Union des stations agricoles de lempire allemand ».
L'appareil employé est la caisse à germination du D' Gieslar, modi-
fiée par le professeur Schwappach.
L'appareil du professeur Cieslar, actuellement utilisé à la station
autrichienne d’essai de semences de Mariabrünn, se compose d’une
solide caisse de zinc à section horizontale carrée dont le fond est
formé d’une seule feuille de zinc fort, et dont les parois latérales S
sont doubles ; l’espace compris entre les parois est rempli par un
corps mauvais conducteur de la chaleur, des cendres par exemple.
La paroi antérieure de la caisse est plus basse que la postérieure,
afin que le couvercle soit incliné ; ce couvercle est mobile et peut
1. Anträage des Ausschusses für Samenprüfungen, aus den landwirtschafilichen
Versuchs-Stationen-Organ von Nobbe, 54° vol., 1900, p. 53-56.
2. D'après le compte rendu da professeur D° Schwappach sur la station (Revue
dendrologique de Brissner, janvier 1903) et les renseignements qu'a bien voulu nous
donner à Eberswalde le professeur Schwappach, directeur de la station.
[2]
ANALYSE ET CONFRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 343
être relevé ; il est formé de deux glaces enchâssées dans un châssis
de tôle et séparées par une couche d’air qui Joue le rôle de corps
isolant.
Le fond de la caisse est couvert d’une couche de sable fin, lavé et
calciné, d'environ 5 centimètres d'épaisseur, couche sur laquelle on
place des plateaux d’argile ; l’humidification du sable est obtenue
au moyen d’un canal à eau couvert K qui entoure extérieurement la
base de la caisse; ce canal est alimenté par l'extérieur et quatre
tubes À conduisent l’eau du canal dans l’intérieur de la caisse. Pour
mouiller le sable, on n’a qu’à verser de l’eau dans une des ouver-
tures d'alimentation ; veut-on au contraire le laisser se dessécher ?
il suffit d'ouvrir un tube de vidange et de laisser couler l’eau autant
qu'on le désire. L’aération intérieure est assurée par deux ouvertures
situées sur les parois latérales ; enfin, un thermomètre permet de
connaître la température intérieure de la caisse sans qu’il soit néces-
saire de l'ouvrir.
La germination s'effectue sur des plats d'argile qu’on place dans
l'appareil sur la couche de sable, et dans lesquels on met les graines
d'expérience.
Un simple support soulève l'appareil et permet de le chauffer en
dessous soit avec une petite rampe à gaz, soit simplement à laide de
veilleuses.
Les dimensions de lappareil en usage à Mariabrünn permettent
d'y mettre en expérience simultanément trente-six plateaux, qui
peuvent contenir chacun cent graines d’essences résineuses ordi-
naires telles que celles des pins, épicéas et mélèzes.
À Eberswalde, l'appareil employé lors de la fondation de la station
a été celui que nous venons de décrire, et l’établissement en possède
deux qui sont installés dans les bureaux forestiers, c’est-à-dire dans
des pièces habitées et chauffées normalement ; la température des
caisses à germination est maintenue entre 20° et 25° centigrades à
l’aide de petites lampes à alcool qu’on place par intermittence sous
les appareils. Afin de grouper plusieurs de ces appareils dans des
conditions identiques, le professeur Schwappach à fait construire
une étuve dont la disposition générale est la suivante : l’étuve est
identique à celle du professeur Nobbe, mais chacun des plateaux
344 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
l'étuve Nobbe a été remplacé par un petit appareil Cieslar aplati et
simplifié ; chacun de ces petits appareils, d’une hauteur totale de 20
à 25 centimètres, s’introduit dans l’étuve comme on y introduisait
les anciens plateaux, et chacun d’eux renferme un grand nombre de
petits plats d'argile qui reposent sur du sable humide, comme dans
l’appareil Cieslar.
Cette étuve, placée dans une salle habitée et par suite régulière-
ment chauffée, conserve très longtemps la même température, et il
suffit d'allumer de temps en temps une petite lampe à alcool placée
à Ja partie inférieure de l'appareil pour élever ou maintenir la tem-
pérature de l’étuve au degré voulu ; un cône renversé en métal,
échauffé par la lampe, dirige Pair chaud vers les tubes Schribaux
qui garnissent les parois latérales de l’étuve, afin d'assurer l’unifor-
milé de la température dans toutes les parties de l’appareil.
Avec celte étuve, le professeur Schwappach obtient des résultats
rapides et très comparables les uns aux autres. Nous insisterons tou-
tefois sur un point qui à notre avis est essentiel : pour que des appa-
reils de ce genre puissent fonctionner, 1l est nécessaire que les plats
d'argile sur lesquels reposent les graines soient préparés avec le plus
grand soin et offrent un degré de porosité identique dans toutes leurs
parties, pour cela 1ls ne doivent être faits qu'avec une argile très
pure, soigneusement triée et susceptible de donner à la cuisson une
matière très homogène et suffisamment poreuse ; autrement dit, la
préparation de ces plateaux doit être, dans le commerce, une spécia-
lité en quelque sorte garantie par la maison qui les livre. À Ebers-
walde, lors de linstallation de la station en 1889, le professeur
Schwappach a fait exécuter ses plats d'argile en Allemagne ; dès le
début, il n’a obtenu avec ses appareils que de très mauvais résultats :
la porosité des germoirs était tellement différente que, toutes choses
égales d'ailleurs, deux échantillons de la même graine placés côte à
côte donnaient des écarts inadmissibles. Après de patientes recherches,
M. Schwappach a dù admettre le procédé suivant : avant de se servir
des germoirs qui lui sont fournis, il les plonge pendant dix jours
dans une solution acide, puis il les lave avec grand soin et les
laisse sécher; c’est seulement après avoir fait subir à ses germoirs
une {elle préparation qu’il peut obtenir des résultats comparables
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 345
entre eux. Avec des terres poreuses d’origine française que nous
avons eu l’occasion d'essayer, nous avons éprouvé les mêmes diffi-
cultés, et nous pensons qu'il est de toute nécessité de S'assurer d’une
façon très minutieuse de la qualité des plats d’argile qu’on achète
au commerce, et de vérifier avec le plus grand soin leur parfaite
porosité, avant de les employer dans des expériences de germi-
nalion.
Il nous reste à dire quelques mots du fonctionnement et de la clien-
tèle de la station. |
Le fonctionnement de la station d'essai est défini par un règlement
qui a été revisé le 9 février 1904 et dont le texte a été publié dans
le Deutsche Forslzeitung, n° 23 du 5 juin 1904 ; dans ce règlement,
les instructions relatives aux essais sont conformes aux prescriptions
techniques. Îl est intéressant de constater qu’à Eberswalde, comme
dans tous les établissements similaires, le nombre des échantillons de
sraines forestières mis en expérience a été en progression rapide au
fur et à mesure que la station était plus connue ; le tableau suivant
donne un relevé de ces chiffres :
ANALYSEKS
A —
complètes payantes gratuites
Pendant l'exercice 1900 il a été exécuté . . . 44 dont 31 13
— 1901 — DE De 39 13
— 1902 == ste 109 61 48
-- 1903 TT site 174 1185 59
Quant à la clientèle de la station, elle comprend aujourd'hui
d’une part les propriétaires forestiers et les négociants en semences
forestières et d'autre part les services forestiers de l’État.
Les propriétaires forestiers en Prusse, de même d’ailleurs que les
agriculteurs, ont reconnu avec raison qu’ils sont mieux servis et à meil-
leur marché lorsqu'ils s'adressent au commerce par commandes grou-
pées que lorsqu'ils agissent isolément ; aussi ont-ils pris l'habitude de
se grouper en syndicats agricoles, en Landwirtschaftskammern, et de
centraliser leurs commandes de graines forestières (?) ; c’est alors le
1. Nous lisons dans le compte rendu de la station suisse d'essai de semences de
Zurich (1903, p. 4) les lignes suivantes : « Nous devons reconnaître que l'activité de
346 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
syndicat qui achète en bloc les semences forestières demandées; ces
achats sont faits à la condition que les graines livrées seront soumises
aux essais de germination à Eberswalde, aux frais du fournisseur,
dans les conditions prévues par un contrat passé entre le syndicat
d’une part et les principaux fournisseurs de semences d’autre part.
En vertu de ce contrat, les commandes particulières, transmises par
le syndicat au marchand de graines, sont exécutées par ce dernier,
qui doit adresser directement dans un délai convenu chaque fourni-
ture de graines au propriétaire qui l’a demandée ; une fois les livrai-
sons faites, le syndicat désigne à son choix, sans l'intervention du
fournisseur, parmi les acheteurs qu’il a représentés, 12 à 20 °/, de
ceux-ci, et il leur fait envoyer à la station d'Eberswalde un échan-
tillon des fournitures qu'ils ont reçues, afin de faire contrôler les ga-
ranties données par le vendeur. Nous avons trouvé dans le n° 23 du
Deulsche Forslzeilung, 5 juin 1904, les conditions du contrat passé
entre le syndicat forestier de la chambre agricole de Poméranie et
les maisons de commerce de graines forestières pour les livraisons de
semences du printemps 190% (") ; les contrats de ce genre, rédigés
sous forme d'avis sur feuilles isolées, servent en même temps de
catalogue et de prix courant, et sont adressés à tous les membres
du syndicat.
Le service forestier de l’État prussien a tout d’abord considéré que
l’essai des graines provenant de l’administration était suffisamment
assuré par les organisations existantes; aussi, d’après le professeur
Schwappach, la station d'Eberswalde ne s’occupait-elle, dans la pé-
riode de ses débuts, qu’à titre tout à fait exceptionnel des graines
destinées aux forêts de l’État; peu après, le développement effectif
notre station n'aurait pas pris un si grand essor si nous n'avions pu nous appuyer
sur l'esprit d'association, très développé dans la Suisse allemande. Les associations
agricoles sont la condition nécessaire pour le développement et l'activité d'une station
d'essai de semences, » — Ces associations syndicales existent en France pour l'achat
des engrais, de certaines semences agricoles, quelquefois même de semences forestières
(syndicat agricole du Loiret), mais on ne les voit pas se généraliser et prendre l'ex-
tension qu'ils ont en Allemagne et dans la Suisse allemande. Une plus grande activité
de ces syndicats serait désirable à tous égards dans notre pays.
1. « Bekanntmachung betreffend den Bezug von Waldsamen ». Deutsche Forslzei-
lung, n° ?3, 5 juin 1904,
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 347
de la station a naturellement amené le service forestier à la prendre
de plus en plus en considération, et lon s’est vite décidé à y avoir
recours toutes les fois que les essais exécutés par les agents eux-
mêmes révélaient une qualité germinative inférieure à celle qui
avait été garantie. L'expérience n’a pas tardé à prouver que les ré-
sullats obtenus par des expérimentateurs isolés, souvent mal outillés
pour assurer l’invariabilité indispensable de la température et de
l'humidité, étaient presque toujours trop faibles ; aussi Pextension
du service de Ja station a-t-elle été reconnue nécessaire ; par une
circulaire en date du 20 avril 1904 (*), le ministre de l’agriculture,
des domaines et des forêts du gouvernement royal de Prusse à pres-
crit au service forestier d’effectuer les acquisitions de graines de pin
et d’épicéa d’après les règles adoptées par la station d'Eberswalde
et de faire contrôler à cette station les garanties données par les
fournisseurs.
Si nous nous reportons aux dix années d’hésitalion qui ont pré-
cédé la création de la station d’essai de semences forestières d'Ebers-
walde, puis aux progrès rapides effectués et à l'extension donnée
à cet établissement en l’espace de quatre années, extension cou-
ronnée en 1904 par la mesure que nous venons de signaler, nous
pouvons dire qu’une création de ce genre a répondu en Prusse à
un besoin réel, et que l'établissement d'Eberswalde est appelé à
centraliser d'ici peu tous les essais de semences foressières exé-
cutés dans le royaume de Prusse, tant dans l'intérêt de l'État que
dans celui des propriétaires particuliers et des négociants en se-
mences forestières.
II. — STATIONS SUISSES
Il existe en Suisse deux stations d'essai de semences, la station de
Lausanne, de création récente, qui s’occupe plus spécialement des
{. « Verfügungen des Ministeriums für die Landwirtschaft, Domänen und Forsten
an die kôniglichen Regierungen. — Keimproben des aus Samenhandlungen bezo-
genen Samens, Runderlass, n° 18, 1904 » (Deutsche Forstseilung, n° 23, 5 juin
1904). À
348 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
graines agricoles, et la station de Zurich dont la fondation remonte
à 1878, qui s'occupe aussi bien des graines agricoles que des graines
forestières. Ces deux stations dépendent directement du départe-
ment fédéral de l’agriculture ; elles ont pour but de mettre à la
portée du commerce et du propriétaire foncier le moyen d’arriver
à un contrôle sûr et officiel des diverses semences récoltées ou uti-
lisées.
Nous devons signaler ici le souci qu’a pris le ministre d’agricullure
suisse de donner de plus en plus d'extension au service de la station
de Zurich au fur et à mesure de ses besoins ; ce développement, qui
a porté pendant des années aussi bien sur le local et l'outillage de
la station que sur le personnel, était une conséquence logique de
l’augmentation du nombre des analyses ; mais il a eu aussi pour
effet de donner une vigueur incontestable à cet établissement et de
ne pas enrayer sa marche en avant, si bien qu'aujourd'hui on peut
lire dans le compte rendu ofliciel de la station que la plus grande
partie de la récolte des graines de pins de l’Europe, récolte dont la
valeur est de plusieurs millions de francs, est essayée à Zurich. I
est intéressant de noter ce fait, aujourd’hui où l’on semble disposé
dans divers pays à donner plus d’attention que par le passé à l'essai
des graines forestières.
Station d'essai de semences de Zurich (:)
La station d'essais de semences de Zurich fonctionne d’une façon
officielle depuis 1878 ; elle a été fondée sur l’iniliative du professeur
D° Stebler, d’après les principes posés dès 1869 en Allemagne par le
professeur D° Nobbe.
Elle s'occupe de l'essai de toutes les graines, aussi bien des
graines agricoles que des semences forestières et, depuis sa fondation,
c’est-à-dire en l’espace de vingt-cinq ans, elle a plus que décuplé le
nombre de ses analyses annuelles ; le fait est intéressant à remarquer ;
1. D'après les comptes rendus officiels annuels de la station de Zurich et les ren-
seignements qu'ont bien voulu uous fournir sur place M. le D' Stebler, directeur de
l'établissement et M, le D' Volkart.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 349
il résulte des chiffres suivants que nous extrayons du vingt-cinquième
compte rendu de cet établissement ().
ANNÉES d'analyses ANNÉES d FE alvhes
HOTELS TS TEE EEE 885 (SOCÉFSIMEMENEENRAE. 4 849
ÉCRIS PEER 1 056 LSOASIS92 EN CAELS D 543
OU ISO TES 1 358 1802189322 RE » 958
1SSO ISSN EEE 1465 1898-1894 7er 6 049
PSM ESS 2 es 1.797 (SANS EE 6 857
1882-1883. . . . . . 1 809 RS95-1896 € LT: 6 937
1883-1884... . , … 1 883 SIG LOT NE ES 7 268
SSL LB 5e Cure 1 877 IST BIS ET Pr 8 462
1885-1886... + 2 247 1399821899 00-100 8 440
LES 1887: iv: 2 740 LSYISEIUO EME ET 9231
1SST IS SSSR TE UNE 3 190 1900-1901. . ; 10257
1888-1889. :.. . . . 4 009 (RES IEEE RETRO E 9 686
SSI OU EE ere 4 601
Enfin, pour 1902-1903, le nombre d'analyses a été de 10 274.
Notons ici que les essais de la station comportent soit des analyses
directes, soit des contre-analyses (analyses de contrôle); le nombre
des premières est toujours plus élevé que celui des dernières; pen-
dant les deux derniers exercices, les essais effectués à Zurich se dé-
composent ainsi :
1901-1902 1902-1903
Analyses directes. . . . . . + 7 208 7977
Contre-analyses . . .. !. . . . 2437 D TI
Expériences personnelles. . . . 41 40
10 RUES AU ES 9 686 10 274
Sur ces essais, plus de 20 °/, concernent les graines forestières ;
nous relevons en effet les chiffres suivants :
1. Die Schweiz-Samenuntersuchungs- und Versuchsanstalt in Zürich. Technischer
Bericht vom 1 Juli 1901 bis 30 Juni 1902, von F. G. Stebler, Eugène Thiélé, A. Vol-
kart und À. Grisch (aus dem Zandwirtschaftlichen Jahrbuch der Schweiz, Lurich
1902).
390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pendant l’année 1901-1902, les 9 686 essais ont porté sur 154 es-
pèces de graines différentes dans les proportions suivantes :
ESPÈCES ESSAIS
Graines agricoles. . . . . . , 111 7 536
Graines forestières . , . . . . 43 2 150
soit 22,2 */, du nombre des essais portant sur les graines fores-
tières. |
Pendant l’année 1902-1903, les 10 274 essais ont porté sur 164 es-
pèces de graines différentes dans la proportion suivante :
ESPÈCES ESSAIS
Graines agricoles. . . . . . . 116 8 090
Graines forestières . . , . . . 48 2 184
soit 21,3 °/, du nombre des essais portant sur les graines fores-
tières.
Il est intéressant de relever pour l’année 1902-1903 le nombre
détaillé des envois faits à la station de Zurich ainsi que celui des ex-
péditeurs ; ce détail nous est fourni par le tableau suivant :
ENVOIS DE : EXPÉDITEURS :
ET
CANTON OU PAYS
= Mar- Con- En-
somma-
chands | {ours semble
Suisse (chiffres groupés pour les
divers cantons). . . ,
Étranger (chiffres groupés pour
les divers pays) . .
Totale
Expériences personnelles. .
Il résulte du tableau précédent que pendant l’exercice 1909-1905
la station d'essai de semences de Zurich a exécuté 10 274 essais dont
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 391
3724 pour la Suisse et 6150 pour l'étranger et que le nombre des
personnes qui ont adressé des échantillons à analyser à Zurich est de
275 pour la Suisse et de 302 pour l'étranger.
La décomposition des chiffres précédents en ce qui concerne les
expériences faites pour l'étranger est la suivante :
NOMBRE DE PERSONNES
: : ;
ç . 3 )
NOMBRE D'ENVOIS EXÉCUTÉS ayant envoyé
RES des échantillons
HAE des des = à
AE Ne CT
REUSSO ETAT Et 1 617 p1 1 668 90 13 103
ESSOR TE Te Pas 1 528 10 1538 10 2 12
Anvleterré see 821 » 821 31 » 31
PAVIÈTES sr The diet 485 21 506 15 2 17
RPANCO NP MR UE LUE 427 10 437 2 2 28
AULrIChe NA ET 422 13 435 28 2 30
Écosse Corse Men 2er 403 52 205 4 1 5
HONTE AE Me Le 150 5 159 9 2 11
Hollande ere 116 » 116 D » D
BIS EME 114 » 114 7 » 7
Inlande em 107 » 107 2 » 9
Wurtembherse.en"2"07 98 6 104 15 2 17
RUSSIE RS MU APE LUE 98 » 98 11 » 11
Amérique du Nord. . . 75 » 75 9 » 9
Danemark ec 29 » 29 9 » 9
tale Een n n 38 » 38 5 » 5
Ba ere 24 » 24 > » 5
Mecklembourg. . .”. 14 » 14 2 » 2
Totale eu 710847 168 6 510 276 26 302
Les maisons de commerce, qui ont ur très grand nombre d'essais à
faire exécuter pour se rendre compte chaque année de la valeur de
leurs marchandises et pour pouvoir livrer avec garantie leurs four-
nitures, passent généralement avec les stations d’essai des contrats
spéciaux, afin de bénéficier d’un tarif réduit. Sur cent quarante-cinq
maisons de toute nationalité qui ont passé un contrat de ce genre
avec l'établissement de Zurich pour l'exercice 1902-1903, nous avons
relevé les noms de dix-huit maisons françaises.
Pour terminer ces considérations générales, nous empruntons à
392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
M. le D° Stebler l’appréciation suivante () : € Les expéditions de
marchands et dé producteurs ont augmenté pendant ces vingt-cinq
années de partout et spécialement de l’étranger, et les comparaisons
annuelles faites à ce sujet suffisent à montrer dans quelle large mc-
sure la station de Zurich est prise en considération par l'Allemagne,
l’Angieterre, l’Autriche-Hongrie, la France, etc., et eombien elle a
su mériter la confiance des producteurs et des marchands de ces
pays.
« En ce qui concerne le pays lui-même, le nombre des essais di-
rects et des contre-analyses s’est élevé aussi dans une très grande
proportion; agriculteurs et syndicats nous envoient de plus en plus
des échantillons à examiner pour savoir si la pureté, la faculté ger-
minative, etc. de leurs fournitures sont bien conformes aux garan-
ties qui leur sont données par le marchand. Les relevés faits à ce su-
jet à Zurich pendant les vingt-cinq années de fonctionnement de cette
station sont significatifs ; 1l résulte en effet de leur comparaison que
dans la première période de cinq années, 22,2 °/, des contre-vérifi-
cations donnaient un résultat ne s’accordant pas avec la garantie;
dans la deuxième période de cinq années, il n’y en avait plus que
15,3 ; dans la troisième 13,7 ; dans la quatrième 10,7 et enfin dans
la cinquième période de cinq années 9,7 °/, seulement. Ces chiffres
montrent combien le contrôle exercé par les stations d’essai a amé-
lioré les conditions générales du commerce des graines ; il montre
aussi qu'aujourd'hui l'acheteur est bien plus sûr d’être servi cons-
ciencieusement que jadis, parce que grâce à l’activité de la station,
la qualité moyenne des semences soumises aux essais s’est consi-
dérablement améliorée. »
Le règlement en vigueur à la station de Zurich a été élaboré par
la commission de surveillance des établissements fédéraux d’essais et
d'analyses agricoles dans sa séance du 29 mai 1903; il à été ap-
prouvé et publié à Berne le 10 juin 1903 par le département fédéral
de l’agriculture. Il concerne la surveillance du commerce des engrais,
des fourrages, des semences et des autres produits utilisés par l’agri-
culture et les industries qui s’y rattachent. Nous y signalerons en ce
{. Compte rendu officiel, 1901-1902.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 299
qui concerne les essais de semences, les prescriptions du titre I rela-
tives à la surveillance du commerce des semences et aux analyses de
contrôle, prescriptions qui sont contenues dans les paragraphes sui-
vants :
$ 11. — Maisons contrôlées et contrats de contrôle ;
$ 12. — Garanties à fournir par les maisons contrôlées en vertu
du contrat de contrôle ;
$ 15. — Analyses gratuites et certificats de contrôle ;
$ 14. — Prélèvement et envoi des échantillons ;
Fig, 1
15. — Résultats d'analyses ;
16. — Réclamations ;
$ 17. — Indemnités.
Nous y signalerons en second lieu les prescriptions du titre IT re-
lalives aux analyses directes, sur envoi d'échantillons.
I nous reste maintenant à décrire l'installation de la station et à
parler sommairement des méthodes d'analyse employées.
La station d'essai de semences de Zurich est très confortablement
installée dans l’aile gauche du bâtiment de l’Institut chimique, an-
nexe du Polytechnicum de Zurich (fig. 1); des locaux spéciaux sont
affectés aux bureaux, aux collections, à la-préparation et à la mani-
CA CA
ANN, SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 11 23
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pulation des échantillons, à l'installation des appareils de germi-
nation et à toutes les opérations nécessaires pour le bon fonction-
R erger LevrailléCse
nement ues appareils. Nous noterons dans une visite rapide : le
bureau de la comptabilité, situé à côté de celui du directeur de la
station, dans lequel se trouve classée une très importante collection
de graines de toute espèce, tant agricoles que forestières ; une grande
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 309
salle très éclairée, où s’opérent le triage et le comptage des échan-
tillons, ainsi que les différents pesages (fig. 2 et 3); un certain
nombre de petites salles où les ouvrières ne travaillent que deux
à deux et sont affectées aux travaux spéciaux (détermination du
coefficient de pureté, mise en germoirs, etc.) ; une salle affectée
au nettoyage et à la stérilisation, au séchage des germoirs, usten-
siles et objets employés pour les expériences ; une salle à étuves,
une serre chaude pour les expériences de germination et enfin une
bibliothèque.
Le matériel de la station comporte les appareils à germination,
balances, thermomètres, pinces, spatules, plateaux, plaques et cap-
sules en verre, etc., outils et accessoires de tout ordre en nombre
suffisant pour la manipulation et la mise en expérience de tous les
échantillons.
Le personnel attaché à cette station se compose d’un directeur
chef du service, auquel sont adjoints trois assistants pour diriger
et surveiller les opérations, et d’un nombreux personnel auxiliaire
composé de jeunes filles qui effectuent sous la direction des assistants
toutes les manipulations des échantillons, des appareils à germina-
tion ainsi que les comptages.
La marche des expériences est à peu près conforme à celle qui est
indiquée par les prescriptions techniques pour les stations allemandes.
Nous noterons toutefois que le nombre de graines employées pour
un essai est de 400 ; l'échantillon d'expérience est divisé en deux lots
de 200 graines et, si à la fin de expérience les comptages accusent
une différence de plus de 5 °/, entre les deux résultats, l’essai est re-
commencé.
La durée de l’expérience de germination est de trente jours au
maximum pour l’épicéa, le pm sylvestre et les graines analogues ;
pour le pin Weymonth elle est 1llinutée.
Avant la mise en expérience, on procède pour un certain nombre
de graines à un trempage préalable, mais nous n'avons pas connais-
sance d’un règlement fixe établi à ce sujet; toutefois, il est d’usage
à Zurich d’agir de la façon suivante :
Pour le pin sylvestre on ne procède pas à un trempage préa-
lable ;
3906 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pour l’épicéa on procède à un trempage de vingt-quatre heures
dans de l’eau à la température de la salle ;
Pour le mélèze on procède à un trempage de quarante-huit heures
dans de l’eau à la température de la salle ;
La durée du trempage est comptée dans le temps affecté à l'essai
de germination.
Nous n'avons pas ici à entrer dans les détails accessoires des di-
verses manipulations et nous devons nous contenter de décrire les
appareils employés.
Nous avons dit précédemment que la station procédait à l'essai
des graines agricoles aussi bien qu’à celui des graines forestières. A
Zurich, des appareils spéciaux sont employés pour ces deux catégo-
ries d'expériences.
Pour l'essai de germination des graines agricoles, on se sert de
J'étuve à température constante du professeur D' Nobbe modifite
par l'addition des tubes Schribaux.
Dans cette étuve, que nous avons déjà vue à Tharandt et à Ebers-
walde, se trouvent des plateaux remplis d’eau sur une épaisseur
de 1 centimètre environ sur lesquels on place les godets Nobbe en
terre poreuse très homogène ; c’est dans ces godets qu'on dépose
avec soin les graines à mettre en expérience ; grâce à la porosité
des godets, les graines se trouvent naturellement maintenues au
degré d'humidité jugé nécessaire. Notons ici que la stérilisation des
godets est assurée de la façon la plus sérieuse ; après chaque expé-
rience le godet contaminé est transporté dans la salle des net-
toyages ; là 1l est fixé sur une plate-forme susceptible de tourner
horizontalement autour de l’axe vertical qui la supporte; ce mou-
vement de rotalion est donné par un petit moteur à eau. Lorsque le
godet est en mouvement, Pouvrière préposée au nettoyage le gratte
avec une pierre ponce de façon à l’user également dans toutes ses
parties et à lui donner ainsi une surface absolument neuve. Après
celte première préparation, le godet est passé dans un autoclave
et stérilisé à la vapeur d’eau sous pression ; enfin il est séché dans
une grande étuve. Ces précautions, sur lesquelles nous insistons à
dessein, montrent avec quel soin doivent être faites les diverses
manipulations dans les stations d'essai de semences, si l’on ne
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 391
veut pas être exposé à avoir des résultats entachés d'erreurs acci-
dentelles (1)...
Nous retrouverons l’emploi de ces germoirs en terre poreuse pour
l'essai de germination de quelques graines forestières très légères,
comme l’aune et le bouleau.
Essai des graines forestières
L’essai de germination des graines forestières est fait sur papier
buvard dans une serre chaude où la température est maintenue d’une
façon constante à 25 degrés centigrades environ. Les appareils em-
ployés varient suivant qu’il s’agit des graines du pin sylvestre, des
graines de la plupart des autres conifères communes, des graines ou
semences d’aune et de bouleau, et enfin des semences d’un certain
nombre d’arbres feuillus tels que le chêne et le hêtre.
1° Essai de la graine de pin sylvestre. — L'appareil employé
pour les essais de germination de la graine de pin sylvestre dont,
d’après le D" Stebler, la germination se produirait mieux à la lumière,
est celui du D° Jacobsen, de Copenhague (*). Les graines à essayer
reposent sur une rondelle de papier buvard de 8 centimètres de dia-
mètre environ; cette rondelle est placée elle-même sur deux autres
rondelles de même diamètre en laine faites au crochet (”) ; l’ensemble
repose sur une petite assiette en aluminium perforée en son centre
d’une ouverture circulaire correspondant à celles des rondelles. L’hu-
midité est transmise à l'appareil par une mèche en coton qui est
fixée d’une ptrt aux rondelles de laine, et qui plonge d'autre part
dans une cuve à eau. Enfin, une petite cloche en verre, percée d’une
1. Des moisissures de toute espèce sont susceptibles de se développer dans un lot
de graines mis en germination. Si ces moisissures proviennent de causes indépen-
dantes des graines mises en expérience, elles moditient de suite, d'une façon très
fâcheuse, la marche normale de l'essai.
2. L'appareil de Jacobsen a été inventé et construit en Danemark par un Danois,
Chr.-P. Jacobsen : il est utilisé à la station d'essais de semences de Copenhague pour
les espèces de graines qui germent vite, comme par exemple le pin sylvestre.
3. Ces rondelles sont découpées ou faites à Zurich per les jeunes filles de la station.
3D8 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ouverture à sa partie supérieure pour assurer l’aération des graines,
recouvre le tout et repose par sa base sur l’assiette d'aluminium,
Fig. 4
b) Germoirs en papier buvard pour la germination de la majorité des graines de conifères,
Disons pour complèter cette description qu’un grand nombre de
ces appareils sont disposés sur des plaques de verre formant en
(4
Fig. 5
a) Appareils danois de Chr,-P. Jacobsen pour la germination des graines de pin sylvestre.
quelque sorte le couvercle d’une grande caisse en zinc remplie d’eau,
el que ces plaques de verre ne sont pas complètement Juxtaposées,
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 399
de façon à permettre le passage des mèches de coton qui vont puiser
dans l’eau de la cuve l'humidité nécessaire à chaque série de ron-
delles.
Cet ensemble, qui constitue l'appareil à germination de Jacobsen
(fig. 4et 5), est placé dans la serre chaude à température constante.
La cuve à eau repose elle-même sur quatre pieds, de telle sorte que
si la température de la serre s’abaisse au-dessous de 25 degrés cen-
tigrades, il suffit de placer sous celte cuve une petite flamme d’al-
cool pour maintenir la température de l’eau et par suite de l’en-
semble du système au degré voulu.
Notons enfin qu’au début de l’expérience on stérilise dans l’eau
bouillante les rondelles de laine et de papier buvard ; dans le cours
de l’expérience on compte les graines germées environ tous les deux
jours et on profite de ces opérations pour repasser les rondelles de
laine à l’eau bouillante et même pour les changer, ainsi que le papier
buvard, s’il y a lieu.
Avec les soins minutieux qui sont facilement donnés à Zurich, cet
appareil donne d'excellents résultats.
2° Essai des graines de la plupart des autres conifères. — Pour
les sapins, un grand nombre de pins, l’épicéa, le mélèze, etc., l’ap-
pareil employé est un simple germoir en papier buvard maintenu
humide dans la serre à température constante: A cet effet, une feuille
de papier buvard spécial est pliée en deux et repliée ensuite sur les
trois bords libres de façon à former un germoir fermé dans lequel on
place un des échantillons d'expérience.
Plusieurs de ces germoirs ainsi préparés et numérotés sont super-
posés dans un vase en verre rempli d’eau et maintenus sous l’eau à
l’aide d’une petite presse en verre ; on les laisse ainsi tremper le
temps nécessaire, soit peu de temps (une heure environ) soit deux
ou plusieurs jours, suivant les graines. Après ce trempage, les ger-
moirs sont retirés de l’eau et déposés sur des feuilles épaisses de
papier buvard sec afin de leur faire perdre leur excès d'humidité.
Dès que les buvards ne renferment plus que 60 °/, environ de l’eau
qu'ils avaient à saturalion, ce dont l'opérateur juge au toucher, on les
dispose par quatre dans des vases en verre dans lesquels on ne met
360 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
plus d’eau et dont on obture la partie supérieure avec du coton. Ces
vases sont groupés dans des caisses en bois (fig. 4 et 6), ce qui per-
met de les transporter et de les classer facilement. On laisse les lots
d'expérience ainsi disposés dans la serre chaude ; tous les deux jours,
on compte les graines germées et on en profite pour redonner à
l’aide d’une pipette quelques gouttes d’eau aux buvards afin d’en-
tretenir l'humidité nécessaire ; on change, s’il y a lieu, les buvards
qui se tachent de moisissures.
3° Essai des graines d’aune et de bouleau. — Les graines d’aune
et de bouleau ont besoin, d’après le D° Stebler, de lumière pour
Fig. 6 — Serre chaude peur les essais de germination
leur germination. Pour les essais de ces graines, on se sert à Zurich
des godets en terre poreuse de Nobbe ; ces godets sont disposés sur
des plateaux en zinc, à bords assez relevés pour qu’on puisse v main-
tenir une nappe d’eau de 4 centimètre d’épaisseur dans laquelle plon-
gent les godets; enfin les plateaux sont suspendus à 5 ou 10 centi-
mètres en dessous des verres de la serre chaude. Les comptages
s’opérent tous les deux jours comme précédemment et l'opérateur
doit veiller à ce que le niveau d’eau dans la cuve reste toujours à peu
près constant, c’est-à-dire à la hauteur voulue pour que les graines
placées dans les godets aient toujours le degré optimum d'humidité.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 361
4° Essai des semences d'un certain nombre d'arbres feuillus. —
Les semences d'érable, de frêne, de charme, etc., ainsi que les
grosses semences lelles que les glands et les faines, sont mises en
germination dans des plats ou des terrines remplies de terre (fig. 6,
salle du fond); ces pots sont disposés dans une petite salle de la
serre chaude qui est moins chauffée et ils reposent sur de la braise
de coke ou des débris de scories afin d’éviter les attaques des souris.
L’humidité autour des semences est maintenue par des arrosages
prudents.
Ces derniers essais de germination sont plus longs à exécuter et
par suite moins fréquents à Zurich que ceux des graines de conifè-
res ; souvent aussi, à la demande des parties intéressées, on se con-
tente d’exéculer un essai au couteau pour un grand nombre de gros-
ses semences dont la germination est trop longuc à suivre.
III. — NOTES SUR QUELQUES AUTRES STATIONS ÉTRANGÈRES
Stations royales hongroises d'essais de semences
Toutes les stations d'essai de semences hongroises (stations de
Budapest, de Kassa, de Debreczen, de Keszthely et de Kolozsvar)
sont établies par l'État et, sauf la station indépendante de Budapest,
elles sont rattachées aux instituts agronomiques.
La station de Budapest a commencé à fonctionner en 1884 dans
un laboratoire rattaché à la chaire de botanique de l’école vétérinaire
supérieure. En 1891, elle a été séparée de cet institut el rendue com-
plètement indépendante. Les autres stations sont de fondation plus
récente.
Ces stations ont pour mission le contrôle sur le trafic des semences
et d’autres produits végétaux ; elles ont pour devoir de défendre les
intérêts des agriculteurs, horticulteurs et sylviculteurs contre les
fraudes et les falsifications auxquelles ils sont exposés ; elles sont des-
tinées à faire des essais sur le développement des plantes agri-
coles, sur la formation, la maturité, la germination et la faculté
werminalive des graines ; elles ont encore comme rôle d’appeler Pat-
362 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
tention du public sur les falsifications et la manière de les recon-
naître.
Dans ce but, les stations se chargent des travaux suivants : elles
examinent l'identité, la provenance (autant que cela peut se faire par
l'examen des graines), la pureté, la faculté germinative, le poids
absolu, le poids par unité de volume superficiel et, enfin, le degré
d'humidité des graines qui leur sont envoyées ; une de leurs attribu-
tions les plus importantes consiste à certifier, par l’adjonction d'un
bulletin et par le plombage des sacs, une propriété quelconque cons-
tatée dans les graines examinées.
L'activité de ces stations a augmenté dans une très forte proportion
depuis Ja mise en vigueur de la loi XIT de 1892, sur la police rurale,
et de la loi XLVI de 1895, sur la répression des falsifications de den-
rées, produits et articles agricoles. Il n’entre pas dans le cadre de
notre travail d’exposer cette législation spéciale qui réglemente d’une
façon très sévère le commerce des semences et rend obligatoires pour
tous, d’une part les garanties à fournir sur les semences du commerce,
d'autre part les analyses de contrôle. Nous renverrons à ce sujet à
l’intéressant article du D" Arpag-Degen sur les stations royales hon-
oroises d’essai de semences (”).
De même, en ce qui concerne l’organisation et les méthodes d’ana-
lyse absolument uniformes de ces stations, nous nous bornerons à
constater que, en ce qui concerne les essais de semences forestières,
les expériences sont dirigées suivant des prescriptions qui reprodui-
sent d’une façon générale celles que nous avons signalées en Allema-
one et en Suisse.
A la station de Budapest, la germination des graines de conifères
est obtenue à l’aide de l'appareil de Jacobsen ; l'essai de la faculté
cerminative porte sur trois séries de 200 graines ; le pour-cent de
germination est donné par le pour-cent moyen des graines qui ont
germé dans chacune des séries, à la condition qu'il n'existe pas un
écart de plus de 10 °/, entre les résultats oblenus dans chaque série.
1. Service des slations agronomiques hongroises, ouvrage publié à l'occasion de
l'Exposition universelle de 1900 par la commission centrale du Service des stations
agronomiques au ministère royal hongrois de l'agriculture. Budapest, 1900.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 363
Le pour-cent des graines encore fraîches en apparence à la fin des
essais est porté dans une rubrique à par! avec la mention qu’une cer-
taine partie de ces graines, impossible à déterminer dans le cas par-
ticulier, germera encore plus tard.
Le nombre total des analyses effectuées à la station de Budapest a
été de 764 en 1881, à l’époque de ses débuts; il s’est progressivement
élevé jusqu’à 3 783 en 1891, 8 006 en 1892, 19 427 en 1893 et enfin
28 389 en 1898.
La station, installée depuis 1901 dans un bâtiment spécial qui ré-
pond en tous points aux exigences du service, dispose d’un personnel,
de crédits et d’un matériel en rapport avec son activité ; elle est à cet
égard largement dotée.
Stations autrichiennes
En Autriche nous avons à signaler la station d’analyse et de con-
trôle de semences forestières de Mariabrünn, créée en 1889 et annexée
à la station impériale-royale de recherches forestières de l'académie
forestière de Mariabrünn. Nous avons décrit au sujet de la station
d’Eberswalde l'appareil employé pour les essais de germination dans
celte station. ;
Nous devons mentionner aussi l’importante station d'essai de se-
mences de Vienne.
Stations danoises
En Danemark, il existe à Copenhague une importante station d’ana-
lyse et de contrôle de semences, qui s’occupe aussi bien des graines
agricoles que des semences forestières. L'appareil de Jacobsen y est
employé pour toutes les graines foreslières qui germent vite, comme
par exemple le pin sylvestre ; pour les autres semences de conifères
dont la germination est plus lente, comme par exemple les Ares
magnifica, Abies nobilis, Abies concolor, Larix, pinus marilima,
pinus strobus, pseudotsuga Douglasii, ete., on emploie de simples
sermoirs en papier buvard, comme nous l’avons déjà vu faire sous
deux formes diflérentes à Tharandt et à Zurich.
364 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
IV. — STATIONS FRANCAISES
Le contrôle des semences forestières est très peu appliqué en
France, sauf en ce qui concerne les acquisitions ou les récoltes effec-
tuées par l'État, et il suffit, pour s’en rendre compte, de jeter un
coup d'œil sur l’organisation des services compétents. Ces services
comprennent la station officielle d’essai de semences du ministère
de l’agriculture et la station d'expériences du domaine forestier des
Barres.
Station d'essai de semences du ministère de l’agriculture (')
La station officielle d’essai de semences du ministère de l’agri-
culture a été créée à Paris en 1884 sur la proposition de M. Risler,
alors directeur de l{nstitut national agronomique ; l’organisation et
la direction de celte station furent confiées à M. Schribaux, au retour
d'une mission de plusieurs mois en Allemagne, en Autriche, en Da-
nemark et en Suisse. Comme les établissements similaires de ces di-
vers pays, la station de Paris eut un double but :
1° S'occuper de tout ce qui touche à l’analyse et au contrôle des
semences et de leurs produits dérivés, à l’amélioration de ces se-
mences, à leur production et à leur conservation ; à ce titre, la
station effectue pour le compte des agriculteurs et des négociants des
analyses de semences, de farines et de tourteaux ;
2 Contribuer au progrès de l’agriculture par des recherches de
physiologie végétale visant l'amélioration et la sélection des plantes
cultivées ; à ce titre, elle cherche à déterminer, par des expériences
poursuivies à la fois à la ferme expérimentale de l’Institut national
agronomique et sur divers points du territoire français, quelles sont
les variétés de plantes cultivées qui méritent surtout d’être propagées
en France.
1. D'après les comptes rendus officiels annuels de la station d'essai de semences de
Paris et les reuseignements qu'ont bien voulu nous donner M. Schribaux, directeur et
uotre camarade Bussard, sous directeur de la station d'essai.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 369
En ce qui concerne les analyses agricoles, le développement de la
station s’est accentué d’une façon très marquée depuis sa fondation ;
le chiffre annuel des analyses est monté progressivement de 117 au
début, en 1885, jusqu’à 2 201 pour lexercice 1902-1903, et le produit
annuel de ces analyses atteint aujourd’hui une moyenne de 4000 à
9 000 fr.
L'examen des chiffres qui précèdent démontre que l'établissement
de Paris est en pleine prospérité et qu’il rend au monde agricole de
réels services ; nous ajouterons, comme le mentionne d’ailleurs le
compte rendu officiel de 1901, qu’on jugerait mal de l'influence exer-
cée par la station sur les transactions relatives aux semences en se
basant seulement sur le nombre des analyses qu’elle exécute; ecs
analyses portent en effet, pour la plupart, sur des livraisons considé-
rables ; elles sont demandées surtout par le commerce de gros et les
syndicats agricoles, et il n’est pas rare qu'un échantillon représente
quarante ou cinquante balles de trèfle ou de luzerne, 10000 à
15 000 kilogr. de graines de betteraves ; chacune d’elles a donc une
portée très étendue ct se répercute sur un très grand nombre de
livraisons de détail. Quant aux analyses demandées par les agricul-
teurs ou le pelit commerce à titre de vérifications, elles constituent
de beaucoup la partie la moins importante du travail actuel de la
station ; nombre de cullivateurs et de commerçants achètent des
graines comme ils achèteraient du sucre et des épices, sur la simple
apparence de la marchandise qui ne leur indique nullement la qualité
et ils font preuve à cet égard encore aujourd’hui d’une très grande
insouciance, au détriment de leurs intérêts.
Pour changer cette situation, il suffirait que l’établissement fasse
un peu de propagande dans les campagnes par l'intermédiaire des
professeurs d'agriculture et par la voie de la presse ; il suffirait qu’on
apprenne aux petits cultivateurs, à ceux précisément qui ont le plus
besoin du concours de la station, l'utilité de cet établissement dont
ils ignorent à peu près l’existence ; cette considération nous con-
duit à préciser la situation de la station de Paris, qui d’après un
des derniers rapports officiels en était encore réduite à restreindre
dans une très large mesure sa publicité, à garder le silence sur des
travaux qu’elle aurait eu grand intérêt à publier, et cela dans la crainte
366 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
d'avoir un surcroît d'analyses qu’elle savait ne pouvoir exécuter en
temps utile.
Cette déplorable situation, portée à la connaissance du ministre
par M. Schribaux, dans ses rapports officiels, n’a pas duré ; par un
arrêté récent, M. le ministre de l’agriculture a donné à la station de
Paris une nouvelle organisation en rapport avec sa prospérité crois-
sante. L'établissement est désormais entré dans une nouvelle phase
de développement ; mais, et nous reproduisons en cela l'avis auto-
risé du directeur de la station, ce développement portera encore au-
Jourd’hui sur les essais et les expériences utiles au monde agricole ;
il y a encore trop à faire dans cette branche pour que la station de
Paris puisse songer à s'occuper des intérêts forestiers, à moins
qu'on n'arrive à lui donner dans ce but une tout autre extension.
Nombre par années d'analyses effectuées à la station de Paris
NOMBRE D’ANALYSES
de semences forestières NOMBRE
Dean total
ANNÉES EE — des analyses
de RE mer (Quise
pureté germi- cul- semences)
native turale
1884-1885 NE » » » 117
188-1886 EE » » , 384
1SGC ISSN ER RE CE » » » 428
1887-1888 Neue. » » ) 536
1BSS SSI PMENEMNERNES Î Î Î 660
1889-1890 re » 2 » 476
1SO0 TSI INT EE » 2 n 02
1SV1SISI2S NC Eee » Il » 266
1892-1893 SPAS D a Pre se » » » 286
1899189446 4 Aus x Î il l 1 184
1SOASTSOISR ENTRE » » » 1 294
RS ENS AMAR 2 3 2 1 256
LOC LS ERP NES » » » 1 558
LATE SERRE NN CM 4 À 4 1 747
1598-1899. » » » 1 852
NSJS=LOUDANE RP SUCRES 2 4 2 1 Soi
TOUO OO EE 3 » » 2 206
1901-1902 40m: 8 9 20 9 1788
1902-1903... 9 10 9 2.227
LOtal. EEE 31 48 28 21218
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 367
En ce qui concerne ces intérêts forestiers, la station de Paris a eu
accidentellement à s’en occuper ; les relevés que nous avons faits à
cet égard sont concluants, et il résulte des chiffres que nous donnons
ci-dessus que le nombre des essais de semences forestières exécutés
à Paris a toujours été très infime ou nul.
S’il était nécessaire cependant de démontrer l'utilité de l'essai des
semences forestières, nous voudrions prendre comme exemple la
graine de pin laricio soumise au contrôle de la station de Paris pen-
dant l’exercice 1897-1898, qui a donné comme résultat 0 à l’essai de
germinalion, ou encore la graine de pin sylvestre, qui avait une va-
leur culturale de 20 °/,. Est-il permis de semer de pareilles semen-
ces ? Est-1l permis à un propriétaire de les acheter et surtout de les
payer dans de telles conditions sans en connaître la valeur ? Enfin,
n'est-il pas triste de songer que si quelque vieux stock de semences
forestières reste en magasin, un revendeur peu scrupuleux pourra
les écouler dans les campagnes, chez les petits propriétaires, chez
ceux qui précisément sont le plus souvent trompés ? Quelques se-
mis effectués dans de pareilles conditions sont susceptibles de décou-
rager pour Jamais linitiative privée en matière de reboisement.
Nous n’entrerons pas dans le détail du règlement que s’est imposé
la station de Paris ; disons seulement qu’elle a introduit en France la
vente des semences sur garantie et qu’elle passe à cet effet avec les
principales maisons de semences des conventions, dites contrats de
contrôle, en vertu desquelles des analyses de contrôle peuvent être
faites gratuitement pour l’acheteur dès que le montant de la fcur-
niture dépasse 5 kilogr. de chaque espèce de semence; le fournis-
seur s'engage à reprendre toute marchandise qui ne satisferait pas,
après examen à la slation, aux garanties données.
Nous nous étendrons un peu plus sur installation de cette stalion,
en raison de l’autorilé qu'a su acquérir, en matière d’essai de se-
mences, M. Schribaux, directeur de la station.
L'établissement de Paris dispose d’une riche collection de graines
exactement déterminées, d’une bibliothèque où sont réunis un grand
nombre d'ouvrages spéciaux, de balances d’analyse, des instruments
d'optique et du matériel accessoire nécessaires pour l’examen, la pré-
paration et la mise en expérience des échantillons à étudier, d’une
368 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
étuve sèche pour la dessiccalion des semences, d’une série de tamis
système Nobbe mis automatiquement en mouvement à l’aide d’un
moteur à eau pour le triage des graines de grosseurs diverses, et
d’un grand nombre d'appareils ou d'instruments d'utilité plus spé-
ciale ; elle dispose enfin de trois grandes étuves Schribaux, auto-
régulatrices, à tempéralure uniforme, pour la mise en germination
des semences.
L’étuve Schribaux à température uniforme permet, comme l’étuve
du D° Nobbe employée à Tharandt, de placer un grand nombre
d'échantillons d'expérience dans des conditions identiques toujours
connues. Cette étuve, construite en bois, renferme dix plateaux mo-
biles en cuivre rouge nickelé, un brûleur à gaz et deux régulateurs
à alcool permettant de porter la température de l’étuve au degré
voulu et de l'y maintenir d’une façon constante ; elle est chauffée par
des gaz chauds qui circulent dans des tubes disposés tout autour
des parois dans l'intérieur de l’étuve ; ces gaz se réunissent à la par-
tie supérieure dans une boîte à fumée ct de là ils s’échappent à
l’extéricur. Ce dispositif, créé par M. Schribaux et adopté ensuite
dans tous les systèmes d’étuve, rend la température absolument
uniforme dans toutes les parties de appareil ; il est complété par
la présence, entre le brüleur et le fond de létuve, d’une plaque mo-
bile qu’on peut monter ou descendre à volonté afin de diriger des
gaz plus ou moins chauds dans les tubes latéraux. Le réglage des
températures est obtenu à l’aide des régulateurs à alcool et à mer-
cure de M. Étienne, qui agissent automatiquement sur le débit des
rampes à gaz.
Nous devons signaler ici un nouveau régulateur de température
dont on trouve la description dans les comptes rendus de l’Académie
des sciences (*) ; ce régulateur, adapté à l’étuve Schribaux, peut rendre
de grands services lorsqu'on ne dispose pas du gaz d'éclairage et qu'on
se propose d’utiliser un autre mode de chauffage, particulièrement le
gaz acétylène.
1. « Application du gaz acétylène au chauffage des étuves à germination au moyen
d'un régulateur automatique de température », par M. H. Jorrrin (C. R. 4. S., 28 mars
1904).
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 3569
La conduite des analyses pour les graines de conifères ne diffère
Fig. 7. — Station d'essais de semences de Paris
&
pas sensiblement de celle que nous avons précédemment exposée ;
nous noterons toutefois les observations suivantes :
1° Triage des graines. — Pour déterminer la faculté germinative
d’un échantillon de graines, l'essai se fait sur au moins trois fois cent
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 11 24
310 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
graines ; le triage de ces graines doit être pratiqué avec le plus grand
soin ; les grandes, les moyennes et les petites graines doivent être
toutes également représentées dans la quantité triée, et doivent être
en des proportions telles que les lots choisis représentent chacun, au-
tant que possible, la moyenne de léchantillon original.
Chacune de ces séries de cent graines est soumise séparément à
l’essai de germination dans des germoirs en papier buvard numéro-
tés, et si les résultats obtenus de série à série accusent une différence
de plus de 5°}, il y a lieu de soumettre à un nouvel essai d’autres
oraines de l’échantillon ; en cas contraire, le pour-cent de la faculté
germinative est donné par le pour-cent moyen des graines qui ont
germé dans chacune des séries. Pour les graines de conifères, à l’is-
sue des essais, le pour-cent des graines qui n’ont pas germé, mais
qui sont encore fraiches d’aspect, est porté dans une rubrique à part
avec la mention qu'une partie de ces graines, impossible à détermi-
ner dans le cas particulier, est susceptible de germer plus tard.
2° Trempage. — Avant d’être soumises aux essais de germination,
les graines de conifères sont trempées dans de l’eau propre et tem-
La
L4 L L
pérée où elles restent de six à quinze heures ; la durée du trem-
page est complée dans le temps fixé pour l'essai de la faculté germi-
native.
3° Germination. — Le choix des couches ou germoirs employés
aux essais de Ja faculté germinative est, en supposant que la tempé-
rature, l’humidité et le changement d'air puissent être bien réglés,
d’une importance moindre que celui des graines mises en expérience,
dont l’ensemble doit bien reproduire la qualité moyenne de l’échan-
tillon. La station de Paris emploie uniquement des germoirs faits
suivant la méthode du professeur Nobbe, en papier à filtre très épais,
dans lesquels cent graines se trouvent enfermées entre deux épais-
seurs de papier ; ces germoirs sont disposés directement sur les pla-
teaux de l’étuve Schribaux et même superposés plus ou moins irré-
gulièrement les uns sur les autres si le manque de place l’exige ;
M. Schribaux considère que le papier buvard est d’une manipulation
facile, propre, qu’il permet à tout moment l'examen facile de Fé-
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES ST
preuve et qu’enfin, mieux que toute autre matière, 1l permet de se
rendre facilement compte du degré d'humidité de la semence ;
M. Schribaux considère en outre qu'avec son étuve à régulateur de
température telle qu’elle est installée à la station de Paris et avec
le papier buvard, il arrive à régler d’une façon très sûre la tem-
pérature, l'humidité et l’aération et, par suite, à placer ses échan-
tillons dans les conditions les plus favorables pour la germination.
4° Humidité nécessaire à la germination. — Un excès d’humi-
dité est toujours nuisible à la germination et provoque la formation
de moisissures ; à la station de Paris, Phumidité des germoirs est
réglée à environ 50 °/, du poids d’eau que le papier buvard peut
contenir à saturation, et elle est approximativement maintenue à ce
degré moyen, bien que les variations d'humidité relativement faibles
en plus ou en moins ne soient pas nuisibles à la marche normale
de l'expérience.
5° Température. — Pour les essais de germination des graines de
conifères, la température de l’étuve est réglée alternativement à
20° centigrades pendant dix-huit heures et à 28° centigrades nendant
six heures ; M. Schribaux admet que, pour les semences forestières,
les variations de température dans une limite donnée ne sont Jamais
nuisibles et que par contre elles semblent souvent utiles et tendent à
rendre plus rapide la germination.
6° Durée réglementaire des essais. — L’essai de germination est
arrêté normalement à vingt-huit jours ; pour le pin Weymouth elle
peut être prolongée sur la demande des intéressés ; à la fin de l'essai,
il est toujours procédé à l’essai au couteau des graines qui n’ont pas
germé ; on note dans une colonne à part les grains frais constatés,
c’est-à-dire ceux dont la section a été reconnue fraiche et saine ; une
partie de ces graines est susceptible de germer ultérieurement ; ce-
pendant on ne les fait pas entrer en compte lorsqu'on établit à la fin
de l’essai le pour-cent de germination.
7° Hygroscopicité des semences. — Une analyse faite aujourd’hui
d’une façon courante à la station consiste à doser l'humidité moyenne
312 ANNALES DE LA SCIENCE : AGRONOMIQUE
que renferment les graines et notamment les glomérules de betterave.
Cette intéressante question se présente dans les conditions suivantes :
les fabricants de sucre ont l'habitude, justifiée d'ailleurs par les néces-
sités de leur industrie, d'acheter eux-mêmes la semence de betterave
afin de la fournir à leurs cullivateurs; c’est alors souvent pour des
fournitures de 50 000 à 100 000 kilogr. qu’ils passent des contrats avec
les négociants. Or les glomérules de belteraves se trouvent être très
hygroscopiques ; c’est une semence relativement chère (en moyenne
1 fr. le kilogramme) et certains fournisseurs peuvent avoir intérêt à
exagérer au moment de la vente la proportion d'humidité que ren-
ferme la semence. Cette fraude, accidentelle ou volontaire, présente
un double inconvéuient : 1° celui de faire payer au prix de la semence
un poids d’eau inutile ; 2° celui de mettre la semence dans des con-
ditions très défavorables à sa bonne conservation, car un excès d’hu-
midité favorise l'échauffement des graines mises en tas et entraine
rapidement une diminution importante de la faculté germinalive.
Le syndicat des fabricants de sucre s’est ému de celte situation el,
sur l'initiative de la station de Paris, il a fait insérer dans les condi-
tions des marchés de graines de betteraves une clause en vertu de la-
quelle l'humidité des glomérules ne devra pas dépasser 19 ?/, du
poids total brut. Celle elause garantie au moment de la vente donne
lieu à une analyse de contrôle pour vérifier la teneur en eau que
renferme la fourniture. À cet effet, dès que la semence arrive à des-
nation, un échantillon prélevé immédiatement est adressé à la sta-
tion de Paris dans un flacon de verre bien bouché. Dès la réception
de cet échantillon, la station prélève 10 grammes de graines pures et
place pendant trois Jours ce lot d'expérience dans une étuve sèche
où la température est portée à 105° centigrades. A la fin de l'essai,
on pèse l’échantillon desséché et on constate la perte de poids.
L’étuve employée à Paris est une étuve Wiesneg à régulateur de
température ; elle est munie d’un thermomètre ; il est facile, à l’aide
d’une rampe à gaz, d'amener la température au degré indiqué et de
la maintenir constante pendant toute la durée de lexpérience.
Une étude sur l’hygroscopicité des semences forestières, qui se
vendent au poids et souvent à raison de plus de 5 à 7 fr. le kilo-
gramme, permeltrait de dire s'il n’y aurait pas lieu d'adopter une
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 313
clause de même genre lorsqu'il s’agit de passer des contrats au sujet
de fournitures importantes, notamment en ce qui concerne le mélèze,
graine dans laquelle la proportion d'impuretés est tou'ours considé-
1able.
Station d'expériences du domaine forestier des Barres
La création par l'administration des forêts d’une station d’essai de
semences forestières au domaine national des Barres (Loiret) date
de l’année 1872, époque à laquelle l'administration forestière fran-
çaise a centralisé aux Barres le service des graines résineuses.
En organisant celte station, le ministre d’alors a voulu qu’elle s’oc-
cupât exclusivement des graines achetées au commerce par ladmi-
nistration forestière ainsique des graines récoltées par l’État dans les
sécheries domaniales pour être réparties dans les cantonnements
foresliers. Cette spécialisation, regrettable à tous points de vue, a eu
comme conséquence que l'établissement des Barres, malgré son ori-
gine ancienne (°), n’a été appelé à prendre dans la suite des années
aucune extension.
Depuis l’année 1872, l'administration forestière française n’achète
au commerce des fournitures de graines résineuses qu'après avoir
passé avec ses marchands des contrats relatifs à chaque achat. Dans
ces contrats, le vendeur garantit la pureté et la faculté germinative
de la marchandise ; il s'engage à accepter, en ce qui concerne les dé-
lais de livraison ainsi que les vérifications des garanties données et la
détermination du prix définitif d'acquisition, toutes les clauses d’un
cahier des charges dressé spécialement à cet effet (?).
1. La date de création de l'établissement d'essai de semencegs des Barres (1872)
correspond à la période d'installation de la première station d'essais de semences, à
Tharandt (Saxe) en 1869 ; elle est antérieure de six années à la date de création de
l'établissement de Zurich, établissement qui aujourd'hui effectue annuellement plus de
dix mille analyses de semences, parmi lesquelles une proportion de 20 à 22°}, con-
cerne les semences forestières, et nous avons dit précédemment que ces semences
forestières envoyées pour analyse à Zurich proviennent de tous les pays, y compris la
France.
2. Cahier des charges relatif aux fournitures des graines résineuses à faire à
l'administration des eaux et forêts. Paris, 1904,
374 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
En dehors des graines achetées au commerce, les divers maga-
sins et sécheries de l’administration forestière où sont préparées les
graines résineuses récoltées dans les massifs forestiers français en-
voient chaque année à la station d’essai des Barres des échantillons
de leurs récoltes. Ces graines sont soumises à des épreuves de ger-
mination dans des conditions analogues à celles subies par les graines
du commerce, et les agents forestiers chefs des magasins ou séche-
ries sont avisés des résultats des essais.
Nous trouvons des détails intéressants sur cet établissement en
Autriche dès 1879 dans un travail du professeur Seckendorf('); en
France en 1890 dans un rapport de M. Pierret(?) sur l'installation
de la station et les résultats acquis pendant la période de 1872 à 1890 ;
en Autriche en 1893 dans une notice publiée par le professeur Cies-
lar (*) et enfin en Allemagne en 1903 dans un article du professeur
Schwappach(*).
En raison de l’origine ancienne de Ja station des Barres, divers
appareils ont été successivement employés, soit isolément, soit com-
parativement à ceux qui étaient alors adoptés dans les stations étran-
gères. Nous signalerons notamment le germinateur à gaz de M. Du-
breuil, où la germination avait lieu sur flanelle ; le germinateur de
M. Pierret, dans lequel la germination pouvait être effectuée com-
parativement sur sable et sur flanelle et dans lequel une combi-
naison ingénieuse de tubes-syphons permettait de régler l’humidité
donnée aux semences en germination ; enfin, les cages grillées pour
la germination sur. sable installées par M. Pierret dans la serre
1. Die forstlichen Verhältnisse Frankreichs, von prof. D' A. Freïherr von Secken-
dorff, K. K. Regierungsrath, Leiter des forstlichen Versuchswesens in OËsterreich,
Wien, 1879.
2. « Rapport sur la station d'expériences du domaine forestier des Barres-Vilmorin »,
par Pierret, inspecteur des forêts. professeur à l'école forestière des Barres (Bulletin
du ministère de l'agriculture, 9° année, n° 6. Paris, 1890).
3. Aphorismen aus dem Gebiele der forstlichen Samenltunde : die forslliche
Versuchs- und Samencontrolslalion in Barres-Vilmorin in Frankreich, ihre
Thätigkeit und Erfolge, von D Adolf Cieslar, K. K. Adjunet der forstlichen Ver-
suchsanstalt in Mariabrüan, aus dem forstlichen Versuchswesen OEsterreichs, 1593.
4. « La Station d'essai de semences forestières d'Eberswalde », par le professeur
D' Schwappach (Revue dendrologique de Beissner, Janvier 1903),
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 319
chaude d'expériences, cages dans lesquelles l'humidité nécessaire
était maintenue par des arrosages fréquents effectués à l’aide de
pulvérisateurs.
L'expérience et la pratique des essais exécutés aux Barres a sem-
blé mettre en infériorité la flanelle dont le maniement est délicat et
l'emploi relativement coûteux ; elle a montré que la germination sur
sable pouvait donner pour un grand nombre de semences forestières
de bons résultats, et que ce procédé pouvait spécialement être utile
pour les graines germant lentement et irrégulièrement, mais à la
condition de suivre de très près les expériences et d’avoir le soin,
d’une part d'assurer une stérilisation parfaite de la couche de sable,
d'autre part de maintenir d’une façon méthodique les semences
placées sur le sable à un degré de chaleur et d’humidité favorables
à une germination rapide, et enfin de veiller à ce que les graines dé-
posées sur les germoirs restent bien adhérentes avec la couche de
sable.
Quant à la germination sur papier buvard, elle a été essayée avec
succès en suivant la méthode de M. Schribaux ; l’appareil provisoire-
ment utilisé à cet effet est une simple étuve à plateaux placée dans
la serre chaude des germinations; sur chacun des plateaux, dont le
fond est en verre, on étend une feuille de papier buvard humide, feuille
sur laquelle reposent directement les germoirs en papier buvard ren-
fermant les graines d’éxpérience ; une nouvelle feuille de papier bu-
vard recouvre le tout; enfin, l'humidité générale des germoirs est
maintenue à un degré moyen par des pulvérisations périodiques d’eau
à la température de la serre d'expériences.
C’est à ce dernier procédé que nous donnons actuellement la pré-
férence pour la majorité des graines résineuses que nous avons à
essayer, en nous basant sur les mêmes motifs que les professeurs
Nobbe en Allemagne, Stebler à Zürich et Schribaux en France.
316 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
DEUXIÈME PARTIE
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX ET NOTES SUR LES GRAINES
RÉSINEUSES
Pin sylvestre
(Pinus sylvestris Lin.)
Le pin sylvestre. est aujourd’hui l’essence la plus employée dans les
travaux de reboisement en France. Sa graine est très chère dans le
commerce, et les fournitures faites peuvent être de mauvaise qualité
lorsqu'on ne s’entoure pas de toutes les garanties possibles.
Nous mettrons en parallèle, au sujet de cette semence, quelques
résultats déjà acquis.
Pureté. — Des échantillons de provenances très diverses ont
donné comme coefficient de pureté les chiffres suivants :
-
MOYENNE MAXIMUM MINIMUM
: 1876 (1): Expériences sur la qua- c/o eo ofo
, | lité des semences du com-
Nobbe MNMINEE
| merce. . . . 97,42 100 90, 89
1889-1898 : Station de Tharandt. 97,78 98, 59005 "0!
| 1900 : (Station d'Eberswalde), 98 » »
Schwappach. 1901 : — LORS » »
[1902 : 3 — JET » »
Station de Zurich. 1902-1903 : D'après 365 essais. 95,9 99 ,4 1959
Station de Paris. 1888-1903 . . . . . 96,71 9$,49 92,36
1903-1904 : Graine ee au
Lt rE commerce avec garantie . . 99 99,6 98.5
Station des Barres. à : |
Graine provenant des sécheries
de l'administration forestière. 95,43 99 90
Rafn (*), à Copenhague. 1900-1903. . . . . . . 96,29 99,40 SS
Dans ces divers essais de graines de toutes provenances, le coefli-
cient de pureté a varié de 75,9 (minimum) à 100 (maximum), c’est-
1. Handbuch der Samenkunde, von D' Nobbe. Berlin, 1876.
9
2. « Etwas über Samenuntersuchungen », von Johannes Rafn (Millcilungen der
deutschen dendrologischen Gesellschaft, 1900-1903).
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 311
à-dire que la proportion d'impuretés renfermée dans 100 kilogr. de
fourniture a varié de 0 à 24 kilogr.
Cette proportion d’impurelés qui, pour une semence d’un prix re-
lativement élevé (5 à 7 fr. le kilogramme en moyenne), es! intéressante
à considérer au moment des transactions, doit être réduite au mini-
mum par les négociants. Avec les instruments perfectionnés dont dis-
pose le commerce aujourd’hui, elle ne doit pas dépasser 0 à 5°/,; on
peul admettre que le coefficient de purelé d'une bonne semence de pin
sylvestre doit, dans les condilions normales, étre supérieur à 95 °/,.
Nous sommes d'avis qu'on ne doit pas consentir de transactions
avec une garantie de pureté inférieure, et cela pour deux raisons :
1° La graine désailée de pin sylvestre est une semence de grosseur
moyenne ; elle est f'cile à séparer mécaniquement de la plus grande
partie des impuretés (débris d’écailles, pierrailles, etc.) qui y sont
mélangées et qui n’ont généralement pas les dimensions, la forme
et le poids des graines saines. Cette opération de nettoyage incombe
au négociant et l’acheteur doit se refuser à payer au prix de la
graine, sur une fourniture de 100 kilogr., un poids brut de matières
inertes supérieur à 9 kilogr.
2° Bien que le degré d’hygroscopicité des semences forestières soit
peu connu, il paraît certain que les milières incrtes telles que débris
d'ailes et d’écailles, brindilles, etc., sont essentiellement plus hygros-
copiques que les graines saines; par suite, si les impuretés sont
en excès, l'acheteur est exposé à perdre de ce chef sur la four-
niture qu’il achète un poids d’eau absolument inutile.
Faculté germinative. — Des échantillons de provenances très
diverses ont donné comme coefficient de faculté germinative les
chiffres suivants :
MOYENNE MAXIMUM MINIMUM
u/o 0/0 2/0
Nobbe PÉSAGREL ON MER EE Ir A0 S8 0,0
DRELE 0) FRE NO SERIE SO DIU ARE EURE BOB 7 OT SORTENT
Schwappach. . . 1902 (Station d'Eberswalde). , 77,7 94 26
Aniohis 6 VrteroOO 1908. 2 sn 198 5
Harissremer 274708 RSS OO D oui 4 lg 2102694 8 83 3
AE \ 1903-1904 : Commerce. . . . 86,2 92,3 80,3
Slation des AS er Sécheries … : .. 69,3 87,3 93
Gopenbaguesre 2,1 -1000-10081408. 18 21m 66 ADO ‘QE, É0 rat
318 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans ces divers essais de graines de toutes provenances, le coef-
ficient de faculté germin:tive a varié de 0 (minimum) à 98 °/,
(max'mum), c’est-à-dire que la proportion de graines incapables
de germer dans les fournitures que représentent ces échantillons
a varié de 2°}, à 100 °/..
Cette proportion de graines incapables de germer, qui, en toutes
circonstances, doit être connue, si l’on veut pouvoir régler d’une
façon méthodique la densité d’un semis, doit être réduite au mi-
nimum par les négociants et il appartient à ces derniers de se préoc-
cuper des conditions de récolte, de manipulation et de conservation
des graines qu'ils achètent directement aux producteurs.
Rappelons à cet égard que la semence doit être récollée à matu-
rité, et qu'une récolte trop hâtive (cônes insuffisamment mûrs)
abaisse dans une forte proportion le coefficient de faculté germina-
tive (*). D'autre part, la maturité de la semence ou du cône ne corres-
pond pas toujours à la maturité de la graine, et il en résulte que le
coefficient de faculté germinative d’une graine a souvent une ten-
dance à s'élever pendant quelques mois, et même pour certaines
graines (pin maritime) pendant quelques années, pour décroitre
ensuite plus ou moins rapidement.
Décroissance de la faculté germinative. — La faculté germinative
de toutes les graines décroit souvent très rapidement avec le temps.
Nous n'avons pas cru devoir reproduire ici les tracés graphiques
relalifs aux décroissances annuelles et mensuelles du taux de ger-
mination de nos diverses essences forestières qui ont été établis par
M. Pierret pour la série d'expériences exécutées aux Barres de 1875
à 1889 (°).
1. La faculté germinative varie aussi avec l'âge des sujets sur lesquels on récolte
les cônes, tout au moins lorsqu'il s'agit d'arbres trop jeunes ou trop vieux ; il serait
du plus haut intérêt d'exécuter un grand nombre d'expériences précises à ce sujet.
2, Ces tracés graphiques figuraient à l'exposition universelle de 1889 avec les
tableaux et renseignements complémentaires. — Les expériences conduites pendant de
longues années par M. Pierret à la station d'expériences des Barres comprenaient :
1° Les essais annuels, tendant à établir la loi de la décroissance de la faculté germina-
tive pour chacune des essences résineuses les plus importantes ; à cet effet, des échan-
tillons prélevés sur les diverses fournitures du commerce et sur les graines provenant
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 949
Ces tracés, qui représentaient des moyennes déduites d’un grand
nombre d’expériences, présentaient encore, d’après M. Pierret, des
irrégularités qui, sans doute, sont appelées à disparaitre au fur et à
mesure que de nouvelles expériences viendront ajouter leurs résul-
tats aux anciens. Mais, si, laissant de côté pour le moment la marche
exacte des variations de la faculté germinative, nous voulons établir
une moyenne générale approchée, pouvant servir à titre d'indication
comparative, 1] nous suffil de simplifier les graphiques en réunissant
pour chaque lot de graines mis en expérience les deux points ex-
trèmes (première expérience donnant au début le pour-cent de
germination, et dernière expérience lorsque le coefficient de faculté
germinative est devenu nul ou très faible). Les allures de ces lignes
de décroissance sont assez régulières pour nous permeltre de re-
présenter d’une façon schématique par une seule ligne la décrois-
sance probable de nos principales essences résineuses (fig. À et B).
Nous reproduisons pour le pin sylvestre les deux graphiques qui
nous ont permis d'établir, à l'aide des expériences de M. Pierret, la
ligne de décroissance moyenne de la faculté germinative du pin
sylvestre.
Dans le graphique A, les abscisses représentent les années succes-
sives d'expériences (divisées pour l'établissement du graphique ‘en
mois) et les ordonnées représentent le coeflicient de faculté germi-
nalive de l’échantillon d'expérience à la date indiquée. Chaque ligne
du tableau A, qui se rapporte à un seul échantillon suivi pendant
plusieurs années, est déterminée par ses deux points extrêmes.
des sécheries domaniales étaient conservés en magasin et soumis d'année en année à
des épreuves régulières de germination ; 2° les essais mensuels ; à cet effet, un cer-
tain nombre d'échantillons, choisis parmi les meilleurs pour chacune des principales
essences résineuses, étaient soumis chaque mois à des expériences de germination, de
manière à déterminer d'une façon plus suivie et plus rigoureuse les lois de décrois-
sance.
Ces essais ont dû malheureusement être abandonnés faute de personnel et de temps
et nous avons dù nous contenter de reprendre annuellement, pour les terminer, quel-
ques-uns des essais en cours.
I y a aujourl'hui dans cet ordre d'idées une intéressante série d'expériences à
reprendre, en ayant soin de choisir comme échantillons d'expériences des lots de
graines d'origine certaine, envoyés à la station pour être mis en essai aussitôt après
la récolle,
380 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
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Pin sylvestre (A).
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Les abscisses représentent les années du départ et de la fin de chaque expérience.
Les ordonnées représentent le pour-cent de faculté germinative au commencement et à la fin
de l’expérience,
FÊR
F Re . =
Pin sylvestre (B).
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Décroissance moyenne de la faculté germinative des semences avec les années.
a) Durée en années de la conservation des semences en magasin.
o) Chiffre dont il faut diminuer la faculté germinative init:ale pour avoir celle des semences après conservation en magasio.
382 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Relevé des résultats obtenus à la station d'expériences des Barres dans la
période 4875-1895 avec des échantillons de graine de « Pinus sylvestris »
Lin conservés en un local sec, aéré, et à l'abri du froid.
(Le premier essai est celui qui suit l'extraction des graines, soit l’année même de cette extraction,
soit le printemps suivant, quelle que soit la date de la récolte des cônes.)
; CHIFFRE
NUMÉRO
dont a diminué la faculté germinative initiale
d PREMIER ESSAI i à
u année par année, pendant la durée de l’expérience
registre (D’après les résultats des essais)
—02 © PC — —
de la faculté
ger-
station dates Re dl 2 3 4 5 6 7 8
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34 [Janvier 1878. .| 50,9 | 44 | 47 | 49 » » | » »
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47 |Décembre 1878.| 66,9 | 3 62 » 65 » » » »
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ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 383
CHIFFRE
iminué la faculté germinative initis
HR TOUS dont a dimi au é a facu ge din tive initiale
1 année par année, pendant la durée de l'expérience.
(D’après les résultats des essais)
NUMÉRO
registre] mm
della faculté
station
Janvier 1883.
Idem .
Idem .
Mars 1583.
Avril 1883.
Idem .
Idem .
Janvier 1884.
Avril 1884.
Idem .
Mai 1884 .
Février 1855.
Janvier 1586.
Avril 1886.
Idem .
Idem ,
Février 188$.
Mars 1888.
Mai 1888 .
Février 1889.
Idem . . .
Avril 1889.
Février 1890.
Mars 1890.
Décembre 1891.
Février 1892.
Avril 1892.
Mars 1893.
Idem .
Idem .
Avril 1893.
Janvier 1894.
Idem .
Idem .
Février 1894,
Mars 1894.
Avril 1894.
Décembre 1894.
505 DEL 1895 .
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MOYENNE. : . . 42 40 10:6 111742
384 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans le graphique B, nous avons reporté au même point d’origine
toutes les lignes du tableau A afin d’avoir un faisceau de droites di-
vergentes ; la ligne moyenne de ce faisceau représente la décroissance
probable de la faculté germinative avec les années ou encore, ce qui
est plus exact, un point quelconque de cette ligne nous indique d’une
façon approchée le chiffre dont il faut diminuer le coefficient initial
de facullé germinative de la semence pour avoir le véritable coelli-
cient de faculté germinative au moment considéré (°).
Enfin, nous avons reproduit dans un graphique d'ensemble
(p. 381) les résultats obtenus à cet égard pour nos principales sc-
mences de conifères.
Nous ne pouvons surcharger nolre travail de chiffres ; toutefois,
pour meltre en évidence ce que représente le graphique d'ensemble
figurant la décroissance moyenne des diverses semences avec lus
années, et pour préciser l’intérêt qu’il y a à déterminer d’une façon
beaucoup plus précise, à laide de nombreuses expériences répétées
sur des échanlillons d’origine certaine, les véritables courbes moven-
nes de décroissance de la facullé germinative des graines avec le
temps, nous reproduisons dans le tableau ci-dessus (p. 382, 383) les
résultats obtenus aux Barres, sur un grand nombre d'échantillons
de graines de pin sylvestre d'origines très diverses.
Avec les moyennes établies d’après les chiffres de ce tableau, nous
pouvons dresser une courbe déjà plus approchée de la réalité, et
qu’il est intéressant de comparer à la ligne droite que nous avons
adoptée dans le tracé de nos graphiques (fig. C).
Nous nous abstiendrons actuellement d’en déduire des conclusions
trop précises, notre but, en publiant ici quelques-uns des chiffres
obtenus par M. Pierret, étant de faire ressortir la nécessité de grouper
aujourd’hui un très grand nombre de résultats du même genre pour
permettre d’en déduire, si cela est possible, la loi de décroissance
moyenne de la faculté germinative des principales graines utilisées
dans les repeuplements forestiers.
1. I1 semble particulièrement intéressant, pour le commerce des semences forestières,
de poursuivre les expériences déjà si avancées de M. Pierret, pour arriver au tracé
exact des courbes de décroissance de la faculté germinative avec le temps.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 389
Ces expériences, à notre avis, doivent porter aussi sur des échan-
tillons conservés avec des procédés différents (dans un grenier ou
magasin bien aménagé à cet effet, — dans le sable, — en silos, etc),
et les résultats comparatifs ainsi obtenus seront du plus haut inté-
rêt pour le commerce des semences forestières. Il appartient aux
A A A =
Ses
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nus ‘ hi
ii Hs PA
de Hi
JHTRRE Li = ie si _.
an SNS RUE HU _ ee
pi do. É. Ji Hi .
Fi Sd . ss. Ki
LRU sprl ce SRE
Lupin no : me j
1 ne
pie
+ eme
Pin sylvestre (C)
Décroissance moyenne de la faculté germinative des graines de Pin*sylvestre avec les années.
o) Chiffre dont il faut diminuer la faculté germinative initiale pour avoir celle des graines
après conservation,
a) Durée en années de la conservation des semences en magasin.
stations d’essai de semences de se lance» hardiment dans cette
vole.
L'analyse des résultats que représente ce graphique démontre que
la faculté germinative de la graine de pin sylvestre décroit assez
rapidement avec les années ; au bout de cinq à six ans, le chiffre
qui exprime le coefficient de faculté germinative a diminué de 60
à 70 unités; c’est dire qu'une semence de pin sylvestre qui n’est
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE — 1905 — 11 25
386 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
pas de toute première qualilé ne peul élre conservée en magasin
quelques années sans perdre loule sa valeur marchande (*).
Cette décroissance de la faculté germinative a été observée sur
des échantillons conservés avec soin dans un magasin sec, aéré et à
l'abri du froid et des gelées. Avec des méthodes de conservation
insuffisantes, avec des graines trop humides ou des graines qu’on a
laissé s’échauffer en tas, la décroissance du taux pour cent de ger-
mination est beaucoup plus rapide ; aussi, en général, n’emploie-
t-on pas volontiers des graines de pin sylvestre âgées de plus de
deux ans.
Les résultals précédents démontrent combien il est nécessaire que
les négociants en semences mettent de côté, sans le mélanger au
nouvel approvisionnement, le reliquat de leurs semences qui n’ont pas
été vendues dans l’année, afin de vendre toujours à part ces vieilles
semences avec une notable diminution de prix ; ils démontrent aussi
combien en cette matière la fraude serait facile pour des maisons
non consciencieuses, et combien, alors, il est dangereux d’acheter au
hasard des semences, comme on achèterait du sucre ou du coton, et
d'utiliser ces semences sans aucun contrôle.
Le contrôle établi par les stations d’essai de semences pour les
oraines de la culture agricole a eu comme double résultat d’amé-
liorer la qualité des semences et d’en abaisser d’une façon sensible le
prix moyen. Dans le commerce des graines forestières ce n’est qu'avec
une sorte d’hésitation et comme à regret qu’on s’accoutume peu à
peu à en contrôler la qualité.
Pour le pin sylvestre, d’après Nobbe, plusieurs négociants de
graines forestières ont demandé qu'on considère comme normale
une faculté germinative de 60 à 65 °/,. D’après les chiffres que nous
avons cités, cette faible proportion de bonnes graines, qu’on ne peut
1. M. Pierret donne les chiffres suivants : en général, pour le pin sylvestre, la
proportion de bonnes graines varie de 74 à 79 °/, la première année, c’est-à-dire lors
de l'essai fait à l'arrivée aux Barres, soit le plus souvent à peu près un an après la
récolte des cônes ; la deuxième année, le taux de germination n'est plus que de 49 à
28 °/o, puis, la troisième année, de 28 à 45 à ete. ; le rendement est inférieur à
o °/, dès la sixième année. On peut donc dire que, quand on achète des graines au
commerce, on est en droit d'exiger des graines contenant de 74 à 79 °/, de bonnes
semences, Le D' R. v. Tubeuf donne, d'après Gayer et Hess, les chiffres de 70 à 75 °/o.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 387
admettre que pour des années de récolle particulièrement défavo-
rable est en général insuffisante. Avec les connaissances sur les pro-
cédés de récolte et de conservation qu’on possède aujourd’hui et en
présence des chiffres supérieurs à 90 °/, qu'ont donnés de nombreux
essais de faculté germinative, on doit admettre que dans une bonne
semence de pin sylvestre le nombre des graines mcapables de germer
ne doit pas dépasser 20 à 25 °/,, c’est-à-dire que le coefficient de
facullé germinative d'une bonne semence de pin sylvestre doit, dans
les conditions normales, étre supérieur à 75 ou 80 °},.
Nous noterons ici une intéressante observation de M. Pierret au
sujet de l'influence que peut avoir le mode de désarticulation des
cônes sur la qualité moyenne des semences ; dans les sècheries, les
cônes, généralement très bien ouverts à la chaleur artificielle, laissent
échapper toutes les graines, aussi bien celles du centre que celles de
la base et du sommet du cône; la désarticulation à la chaleur solaire
serait moins complète et, par suite, la proportion des bonnes graines
du centre plus forte. M. Pierret en conclut qu'il est permis de sup-
poser que les sècheries à étuve arrivent à une production plus consi-
dérable de graines par kilogramme de cônes, mais que ces graines
doivent fournir un coefficient de germination inférieur aux graines
obtenues par simple désarticulation à la chaleur solaire.
Toutefois, cette considération n’est pas la seule à envisager et, pour
préciser notre pensée, nous citerons un exemple que nous emprun-
tons à M. Thil :
« Les préparations solaires de la graine de pin sylvestre sont con-
damnées à Mende (Lozère) pour trois causes :
« 4° Échauffement des grandes agglomérations des cônes ;
« 2 Humidité des aires à l'air libre ;
€ 3° Diminution de la faculté germinative par suite du retard dans
Pemploi. »
Il appartient aux négociants en semences forestières d'adopter, à
l’aide du concours des stations d’essai de semences, les procédés qui
leur permettent de satisfaire dans une juste mesure aux exigences
de l’acheteur.
Ainsi, pour les deux raisons énoncées précédemment, perte de la
faculté germinative en un temps relativement court, qualité des
388 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
semences très variable avec les modes de récolte, de désarticula-
tion, elc., la prise en considération de la faculté germinative
s’impose aussi bien au producteur ou négociant en semences qu’au
consommateur.
Cette prise en considération de la faculté germinative des semences
présente un autre intérêt; elle permet à l’acheteur de se rendre
compte d’une façon précise du prix réel des graines qui lui sont
vendues : si un lot de semences est vendu à 80 °/, de faculté germi-
nalive, il est facile d'établir, en se basant sur le prix d’acquisition,
quelle est pour cette fourniture la valeur d’un kilogramme de
semences susceptibles de germer (présentant 100 °/, de faculté ger-
minative), — Un calcul de ce genre effectué à l’occasion de semences
de même espèce, ayant des qualités et des valeurs différentes, dé-
montre fréquemment qu’on paye souvent plus cher la graine utile
lorsqu'on achète à vil prix, chez n'importe qui, une semence de
qualité inférieure, au lieu de prendre dans une maison de confiance
et à un prix relativement élevé, une très bonne semence, garantie à
un taux de germination satisfaisant.
L'intérêt de l’acheteur se trouve, en somme, d’accord avec l'intérêt
des fournisseurs sérieux de graines forestières, et nous en concluons
que lutilité d’avoir recours aux stations d’essai de semences se ma-
nifeste aussi bien pour le propriétaire qui utilise les graines que
pour le négociant qui vend la semence.
Le professeur Nobbe, dans une communication à la Société dendro-
logique allemande, disait, en 1899, à cette occasion, que le marchand
de graines est toujours très antipathique à la station de contrôle, et
qu'il chérche par tous les moyens possibles à la rendre suspecte à
l’acheteur ; nous avons trouvé une opinion contraire dans les publi-
cations d’une des plus importantes maisons de commerce de semences
en Danemark, et nous partageons plus volontiers cette manière de
voir. À notre avis, toutes les maisons sérieuses de semences paraissent
avoir aujourd’hui intérêt à travailler d'accord avec les stations de
contrôle.
Valeur culturale. — La valeur culturale est le véritable critérium
par lequel on doit juger de la valeur marchande d’une fourniture.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 389
Des échantillons de provenances très diverses ont donné, comme
coefficient de valeur culturale, les chiffres suivants :
MOYENNE MAXIMUM MINIMUM
°/o 5/0 ofo
Nobbe . . . . . 1889-1898: Station de Tharandt. 59,81 66,05 44,87
| 1900 : Station d'Eberswalde . . 80,8 » »
Schwappach. . . «1901 : — 60 » »
| 1909 : = RIT 0 FI » »
pion deZürieh. 1902-1903 ..:..:. 3. .2412p1€ 69 97,4 3 ,8
Station de Paris. ‘1888-1903. ;...:.:2%. Mt 60 11;11%% 20,04
» LEE 1902-1904 : Commerce. . . . 85,6 91,4 79,5
Station des Barres. À Le DURS NT RER GOT BA ay T1 100
D’après ces divers essais de graines de toute provenance, le chiffre
de la valeur culturale a varié de 3,8 °/, (minimum) à 97,4 °/, (maxi-
mum).
En présence de ces chiffres qui démontrent combien encore aujour-
d’hui peut être mauvaise une semence de pin sylvestre livrée dans
le commerce, nous pensons qu’on peut admettre que le coefficient
de valeur cullurale d’une bonne semence de pin sylvestre doit, dans
les conditions normales, étre supérieur à 70 et même 75 °|,.
La prise en considération de la valeur culturale permet à l'acheteur
de se rendre compte de la valeur relative des diverses fournitures d’une
même espèce de graines livrée dans le commerce. C’est à 100 ‘/, de
valeur culturale qu’il faut rapporter les prix du marché pour les
comparer. En opérant ce calcul, l'acheteur arrivera vite à se con-
vaincre que la graine la moins chère est, en réalité, celle qu’on
achète dans les maisons de confiance, en la payant un prix élevé,
et non celle qu’on se procure à vil prix et qui provient, en général,
de récoltes anciennes ou avariées. |
Pour démontrer l’utilité de ces comparaisons, nous citerons un
exemple résultant d'expériences faites par M. Johannes “Rafn de
Copenhague (°), sur la semence de Picea silchensis.
Trois échantillons de cette semence provenant de graines achetées
1. Die Gehôlz-Samenuntersuchungen der Saison 1902-1903, von Johannes Rafn,
Kjübenhawn (aus Métleilungen der deutschen dendrologischen Gesellschaft, pro
1903).
390 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
en Allemagne, en France et en Amérique, dans trois maisons de com-
merce des plus anciennes et des plus estimées, ont été soumis au
contrôle de la station d’essai ; ils ont donné les résultats suivants :
ÉROS
Se FAOULTÉ
de contrôle VALEUR
du registre germina-
la ne tive pie
0/0 0/0
20 736 Graine d'Allemagne . . . . . . 68 61
20.737 de Erance a Re 66 62
20788 ANTAMETIQUE PME 37 19
En appliquant à ces résultats le prix de la semence, d’après le
catalogue de chaque maison, et en déterminant le prix du kilogramme
de semence utile, on obtient les résultats suivants :
1° En ne tenant compte que de la faculté germinative :
PRIX
FACULTÉ par kilogramme de semence
— —
germinative gants 2 De
catalogue 100 [0
0/0 marcs mares
N° 20 736. . . 68 35 51,48
DD HAT. 66 37 56,06
ET 37 30,8 81,89
2 En tenant compte de la pureté et de la faculté germinative,
autrement dit de la valeur culturale :
PRIX PAR KILOGRAMME
VALEUR Rom ie
d’après de
le fourniture utile
culturale (valeur culturale
catalogue 100 0/0)
0/0 mares marcs
N° 20 736 . 61 35 57,37
2018714. 62 37 59,87
DOTÉ 19 30,3 159,47
Ces chiffres, qui se passent de commentaires, confirment pleine-
ment ce que nous avons dit précédemment.
Marche de la germination. Énergie germinative. — Placée
dans les germoirs de la station d’essai de semences, à une tempéra-
Ë 391
DES SEMENCES FORESTIERES
ANALYSE ET CONTROLE
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392 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ture de 20 à 25° centigrades, une bonne graine de pin sylvestre
germe d’une façon régulière et assez rapide.
Nous avons relevé à titre d'exemple dans le tableau précédent la
marche de la germination de quelques essais.
Il résulte de ces chiffres que les graines de pin sylvestre commen-
cent à germer le plus souvent pendant le troisième ou le quatrième
jour qui suit la mise en expérience, et que la durée totale de l'épreuve
ne dépasse pas vingt-huit jours. Les prescriptions techniques de
l'union des stations de recherches agricoles allemandes prescrivent
d'étendre à quarante-deux Jours la durée de l'épreuve de germina-
tion du pin sylvestre ; cette mesure ne nous parait pas nécessaire, et
la durée totale de l'épreuve peut étre fixée à trente jours.
Comme, toutes conditions égales d’ailleurs, la graine germe d’au-
tant plus vite qu’elle est meilleure, ce qu’on appelle son « énergie
germinative » se trouve mesuré par le nombre de graines germées
après un délai déterminé à partir du commencement de l’épreuve.
D’après la formule de M. Schribaux, qui considère l'énergie ger-
minative comme satisfaisante quand la moitié au moins des bonnes
graines ont germé pendant le tiers de la durée qu’on regarde comme
nécessaire à la germination, nous. adopterons comme mesure de
l'énergie germinalive du pin sylvestre le pour cent de graines ger-
mées pendant les dix premiers jours de l'essai ().
Renseignements généraux. — Les données relatives au poids
volumétrique des semences (*) et au nombre des semences par hec-
tolitre paraissent être d’un intérêt secondaire, en raison des résul-
tats très divergents qui sont cités par les divers auteurs. Pour la
détermination du poids volumétrique des semences (poids moyen
d’un litre), il est presque impossible d'obtenir avec différents opéra-
{. Les prescriptions techniques de l'Union des Stations de recherches agricoles
allemandes fixent ce délai à quatorze jours pour les pins ; d'après ses expériences
personnelles, le professeur Schwappach est d'avis que dix jours sont parfaitement
suffisants.
2. Dans les stations allemandes ainsi qu'à Zurich, on se sert, pour déterminer le
poids volumétrique des semences, de l'appareil de la Commission allemande des poids
el mesures,
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 393
teurs un égal tassement de la graine, de même qu’il est difficile de
remplir de la même manière le récipient, la diversité des résultats
obtenus tient aussi au degré de dessiccation de la semence, degré qui
varie suivant l’hygroscopicilé des semences et l’état hygrométrique
de l'air. Nous avons relevé quelques-uns des résultats obtenus :
a) D’après M. Pierret (1889) à la station d'expériences des Barres :
POIDS MOYEN NOMBRE
du litre ee 8
: kilogr,
Pin sylvestre de toutes provenances (graines désailées). 0,496 75 098
= acheté au commerce = : 0,11 84 341
— de la région des Alpes françaises (graines
désailées) . . SNA VAT AOL 0,476 66 300
— de la région de Fontainebleau (graines
désailées) . . NE OMR CET 0,487 66 327
== d'Auvergne (Murat, Mende, Clermont-
FRET AR) an Ps LL ne en mp ÉEe 0,461 71 861
b) D’après le docteur Karl von Tubeuf (1891).
CHIFFRES
EE —
de Hess de Gayer
1 hectolitre de graine désailée de pin sylvestre pèse en kilogr. 42 à 50 45 à 55
— ailée = .. 13rà 146
La détermination du poids absolu (poids des graines au mille)
paraît beaucoup plus intéressante parce qu’elle présente beaucoup
plus d’exactitude. Nous citerons les chiffres suivants :
a) D’après M. Pierret (1899) à la station des Barres :
POIDS MOYEN
de
1 000 graines
grammes
Pin sylvestre de toutes provenances (graines désailées). 6,602
= acheté au commerce —= : 6,062
— de la région des Alpes françaises (graines
DÉS RA ER N ES Ya 7S
— de la région de Fontainebleau (graines
désailées) . . . l 7,339
— d'Auvergne (Murat, Mende, Clermont-
— ERRADUNE Ter PALAU 6,420
NOMBRE
de graines
au kilogr.
136 266
155 757
394 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
b) Du professeur Nobbe (1876) à la station de Tharandt :
POIDS MOYEN NOMBRE
de de graines
1 CCO graines au kilogr.
grammes
RINÉSYIVES REC ER 6,189 111571
Maximum . . . . . .. 7,660 187 688
MIMRUNT EU TERME 5,328 130 548
c) D’après le docteur Gayer : 6*,800.
d) D’après Johannes Rafn (1900) :
POIDS
de 1000 graines fraîches
A
moyen maximum minimum
grammes grammes grammes
Pin sylvestre d'Écosse . . . . RARE 6,83 » »
— de l'Europe centrale es Dates
Autriche) . 42 : ? 5,82 6,63 »
— graines the anses. 4,47 2,38 3.96
Ces différences, qui s’accusent sur des chiffres moyens résultant
d'un grand nombre d'expériences, ne peuvent tenir uniquement
à des circonstances accidentelles de maturité, d’hygroscopicité, de
conservation, etc. ; il y a là une question de provenance, qui influe
sur la grosseur et sur le poids des graines, et cette question de pro-
venance parait être un sujet d’études des plus intéressants pour les
stations d’essai de semences, car il y a à connaître d’après des expé-
riences nombreuses et précises :
L'influence de latitude et d’altitude, de sol et de climat dans les
différentes régions ;
L'influence d'altitude et de sol dans une même région ;
L'influence dans une même région et dans un même sol, de l’âge
et de l’état de végétation des sujets sur lesquels sont récoltés les
cônes, etc. =
En présence des nombreuses variétés ou races de pin sylvestre,
et du degré d'adaptation de ces races dans des conditions détermi-
nées de sol et de climat, il y a lieu de se demander si celte question
de provenance de la semence n’est pas une des plus capitales
pour le commerce des graines de pin sylvestre, et si les stations
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 999
d’essai de semences ne pourraient, à cet égard, rendre les plus
grands services.
D'une façon beaucoup plus générale, les semences de végétaux,
dont l'aire d’habitalion est très étendue, paraissent susceptibles
de transmettre aux sujets auxquels elles donnent naissance certaines
qualités ou certaines propriétés spéciales de leurs parents. Depuis
longtemps l’agriculteur n’a pas craint d’entrer résolument dans la
voie de la sélection des semences, et les résultats acquis ont prouvé
qu’il a eu raison. |
En matière foreslière, la question, beaucoup moins étudiée et
plus difficile à étudier, est moins connue. Il n'existe à notre connais-
sance, en France, que deux essais ayant été exécutés dans cet esprit
d'étude : l’un entrepris en 1821, par M. de Vilmorin, dans son do-
maine des Barres, avec plusieurs variétés de pins, dont les graines
élaient d’origine certaine (‘) ; l’autre, entrepris dans le courant du
dernier siècle, à la pépinière de l’École forestière de Nancy.
À l'étranger on paraît, depuis un certain nombre d’années, s'at-
lacher de beaucoup plus près à la question. Nous n’avons pas à nous
y élendre ici, mais nous citerons, pour montrer l’importance du
sujet, les Lravaux exécutés à la Station autrichienne de recherches
de Mariabrünn, par le professeur Cieslar (*, et ceux qui viennent
d’être publiés par le professeur Enger, en une brochure qui forme
le deuxième fascicule du huitième volume des Communications de
la Station forestière de Zurich (°).
Dans un autre ordre d’idées, mais à un point de vue très voisin,
les belles collections d’arbres exotiques introduits en France au
cours du siècle dernier ont créé des centres d'étude des plus inté-
1. Catalogue des végétaux ligneux indigènes et exotiques existant sur le
domaine forestier des Barres-Vilmorin. Imprimerie nationale, Paris, 1878.
2. Die Erblichkeït des Zuwachsvermügens bei den Waldbäumen, von D A. Cieslar,
Wien, 1895 (Revue des Eaux et Foréts, 10 avril 1895).
Neues aus dem Gebiete der forstlichen Zuchtwahl. — Ein Wissenschaftlicher
Beilrag zum Waldbau und zum Forsteulturwesen insbesondere, von D'À. Cieslar.
Wien, 1899.
3. Mitteilungen: der Schweïzerisehen Central-Anstalt für das forstliche Versuchs-
wesen, Band VIIL, Heft ?, Zürich, 1905 (Revue des Eaux et Foréts, 15 décembre
1905).
396 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
ressants ; nous pouvons citer parmi eux le domaine national des
Barres qui, aujourd’hui, appartient à l’État, le domaine d’Harcourt
à la Société nationale d’agriculture, les belles collections de Segrez
créées par M. Alphonse Lavallée, celles de M. Allard, à Angers, et
celles du Muséum d'histoire naturelle à Paris. Les semences qu’on
peut récolter en abondance dans ces collections offrent un vaste
champ d’études de physiologie végétale encore inexploré, et les sta-
lions d'essai de semences ont dans ce travail, dans les essais compa-
ratifs à entreprendre avec les semences d’origine, ainsi que dans les
recherches expérimentales de végétation qui peuvent suivre la ger-
mination, un rôle très important à jouer.
Pin à crochets
(Finus montana Nill.)
La graine de pin à crochets se récolte dans les Alpes, où les prin-
cipaux centres de production sont, en France : dans les Alpes, le
Queyras, le Briançonnais et la vallée de Barcelonnette, et, dans les
Pyrénées, les environs de Montlouis (sècherie de la Llagonne). —
Cette graine revient à un prix élevé en raison des difficultés de la
récolte.
Nous mettrons en parallèle, au sujet de cette semence, quelques-
uns des résultats dé‘à acquis :
Pureté. — Les impuretés sont faciles à éliminer par des triages
mécaniques de la graine du pin à crochets ; nous relevons comme
coefficients de pureté movens les chiffres suivants:
COEFFICIENT DE PURETÉ
a —""—"—— —
Moyenne Maximum Minimum
Station des Barres : Semences envoyées par FF FE cu
(1902-1904) les sècheries. . . . 94,5 97 92
Chiffres de M. Rafn, | Semence française de
à Copenhague : BrANCONA RE ES 96,1 » »
(1900-1903). | Semence danoise . . 99 99,7 98,5
On peut admettre que le coefficient de purelé d'une bonne semence
de pin à crochets doit, dans les conditions normales, élre supérieur
«à 95 Sie
0°
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FOkKESTIÈRES 397
_ Faculté germinative. — Les résultats relevés aux Barres et à
Copenhague donnent les chiffres moyens suivants :
COEFFICIENT
de faculté germinative
———
Moyenne Maximum Minimum
Station des Barres : Semences récoltées par + Ta =
(1902-1901). l'administration. . . 69,6 80 57,3
Chiffres de M. Rafn, | Semence française de
à Copenhague : BrIANCON ECM 58,7 » »
(1900-1903) | Semence danoise. . . . 89 98 69,5
M. Pierret, d’après les nombreux essais effectués aux Barres de
1872 à 1889, considère que la puissance germinative du pin à cro-
chets est en moyenne de 72 °/, la première année.
On peut donc admetlre que le coefficient de facullé germinative
d'une bonne semence de pins à crochets-doit, dans les conditions
normales, élre supérieur à 70 °[,.
La faculté germinative des semences de pins à crochets conser-
vées en magasin décroit assez rapidement avec les années; cette
décroissance est moins rapide que pour le pin sylvestre. D’après
M. Pierret, de 72 °/, la première année, elle passe à 57 °|, la
deuxième année, puis successivement d'année en année à 50 °/,, à
42°], etc., et le rendement ne serail inférieur à 5 °/, que la dixième
année.
Nous avons tracé pour le pin à crochets le graphique qui nous a
permis d'établir d’une façon approchée, à l'aide des expériences de
M. Pierret, la ligne de décroissance moyenne du pin à crochets (voir
tableau général).
Valeur culturale. — Les résultats relevés aux barres et à
Copenhague sont les suivants :
MOYENNE MAXIMUM MINIMUM
Station des Barres , . . . . 65,97 75 55,5
Copenhagen ms à 86,5 96,8 04,49
On peut admettre que le coefficient de valeur culturale d’une
bonne semence de pins à crochets doit, dans les conditions normales,
étre supérieur à 66 °|..
398 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Marche de la germination. Énergie germinative. — Placée
dans les germoirs de la station d’essais de semences à une lempéra-
ture de 20 à 25° centigrades, une bonne graine de pin à crochets
germe d'une façon régulière, mais bien moins rapidement que la
semence du pin sylvestre. Les nombreuses expériences exécutées par
M. Pierret lui ont permis de dire qu'un essai sur le pin à crochets se
prolonge souvent plus de quarante-cinq jours ; que, par suile, il est
difficile d’être fixé rapidement sur la valeur d’un échantillon de pin
à crochets.
COMPTAGES SUOCESSIFS
NUMÉRO (Durée de l'expérience en jours)
du
registre 112131415161 7|18|91)10)11.)12)13|14)15|16} 17/18
°/0o ofo 0/0|°/0|°/0 oo 0/0 lo 0/0 |°/0 |2/o |0/o1°/0 0/0 0/0 0]o 0/0 oo
( a » » » » » 38! » » 20! » » 5 » » » » » 1
1738 b | Sable. ] » » » » » 40! » » 19! » » 6 » » » » » 4
| € » » » » » 43| » » 19! » » 4 » » » » » 2
au a » » » » » 21| » » 50! » » » » » 1 » » »
b | Sable, » » » » » ,7| » » 40| » » » ) » 5 » » )
su € | » » » » » 42! » » 19! » » » » » 5 » » »
678 | Sable.lMsl [1m] HAE 221 802594 2/52 appel En 00e
; jy « f :
Éyie , | Buvard.] » » » » » » 47] » 7| » » 5 » » » 2 » 2
ü
: OCOMPTAGES SUCOESSIFS HAN
NUMÉRO É SRE AS: ENS Te DJ
(Durée de l'expérience en jours) sRrx FN
du = 3 «
: | | : AU touts frais
registre 19 | 20 | 21 | 22 | 23 |-24 | 25 | 26 | 27 | 28 | 29 |30 à 40 jours
»Jo|°/o|0/0o|0/o[°/0 0/o|[v/o[0/0|0/o|o/0|0/ol 0/0 0/0 OP
a | | » » » » » » » » » » » 4
138 { b } Sable. » » » » » » » » » 1 » 1
c | 1 » » » » » » » » » 1 » 3
| a » > » » » » » » » » » »
143) 5! Sable. |
le) |
678 | Sable. :
674 pe RC
Nous pensons qu'il suflit de prolonger l'expérience jusqu'à qua-
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 399
rante-deux jours, à la condition qu’on ne considérera le résultat que
comme exprimant le nombre de graines germées à quarante -deux
jours. Il est dès lors absolument indispensable de procéder à l’essai
au couteau des graines qui restent sur le germoir à la fin de
l'essai, et de mentionner à côté du résultat de germination le nom-
bre des graines dont la section a été reconnue fraiche et saine d’as-
pect ; une partie de ces graines, dont le nombre est impossible à
déterminer dans la circonstance, est encore susceplible de germer
plus tard. La valeur culturale, dans ce cas, est calculée en prenant
pour base le pour-cent de germination effectif à quarante-deux
jours, sans tenir compte des grains frais, et nous pensons qu'il est
bon de le mentionner.
Nous adoptons, d’après ce qui précède, comme mesure de l'éner-
gie germinalive «du pin à crochets, le pour-cent des yraines germées
pendant les qualorie premiers jours de l'essai.
Nous avons relevé, à titre d'exemple, dans le tableau précédent,
la marche de la germination de quelques essais effectués en 1903-
4904 à la station des Barres.
Renseignements généraux. — Les résullats suivants ont été
obtenus par M. Pierret à la station des Barres pour les graines désai-
lées de pin à crochets :
PIN A CROCHETS
— —
des à
Te SR sècheries es
P forestières p
venances fr. = lecCommerce
rançaises
Poids du litre de graines. . . . . 0k5,182 0k5,476 0k5,526
Boïdstde SOON Craines 7 757,845 887,025 ©‘ 65,654
Nombre de graines dans un litre. . 61,542 59,274 719,152
Nombre de graines au kilogramme . 127,471 124,611 150,285
Pin Laricio noir d'Autriche
(Pinus Laricio austriaca Endl.)
Nous devons citer dans les pins Laricio trois races distinctes par
leur origine, par leur différence d’aspect et leurs aptitudes dont les
graines sont adressées aux Barres.
400 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Le pin Laricio noir d'Autriche, dont les graines sont achetées à
l'étranger.
Le pin Laricio de Corse, dont les graines sont fournies par le
commerce local.
Le pin Laricio des Cévennes, dont les graines sont récollées par les
soins des agents forestiers dans la forêt de Saint-Guilhem-le-Désert,
D’après M. Pierret, ces trois essences fournissent des graines très
voisines les unes des autres par leurs caractères essentiels ; en parti-
culier les tracés graphiques relatifs à la décroissance de la vitalité de
ces graines forment trois courbes extrêmement rapprochées. Toute-
fois, le pin noir se sépare un peu nettement des deux autres par le
poids sensiblement plus élevé de la graine.
Le plus employé des trois est le pin Laricio noir d'Autriche ; c’est
celui dont la graine a été le plus étudiée.
Pureté. — Les impuretés de la graine du pin Laricio noir d’Au-
triche sont faciles à éliminer par des triages mécaniques, ct les
moyennes relevées aux Barres sur les échantillons d'expérience sont
données dans le tableau suivant :
COEFFIOIENT DE PURETÉ
A"
Moyenne Maximum Minimum
Station des Barres (1902-1901). . . . 97.5 98 97 ,4
Zurich}(1902-1903) x en ra eee 96,7 98,7 90,3
Copenhague (1900-1903). . . . . . . 95,25 98.24 91,50
On peul admeltre que le coeficient de pureté d'une bonne
semence de pin Laricio noir d'Autriche doit, dans les conditions
normales, élre supérieur à 95 °|,.
Faculté germinative. — Les résultats relevés donnent les chiffres
moyens suivants :
J COEFFICIENT
de faculté germinative
A" —— =
Station des Barres, d'après M. Pierret nds TS Ne UN
(1872-1889) 0 TERME, 716à 81 » »
(LODEL PTT ARE 81,47 83,33 81,4
Zuvichi(190221908) PTE 63 96 16
Copenhague (1900-1903) . . . , . 74,94 85 62
Chiffres donnés par le D' Karl von
Tubeuf, d'après Hess et Gayer , . 6 à 75 » ”
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 401
On peut donc admettre que le coefficient de facullé germinative
d’une bonne semence de pin Laricio noir d'Autriche doit, dans les
conditions normales, étre supérieur à 75 et même 80 °},.
La vitalité des semences de pin Laricio noir d’Autriche décroit
rapidement avec les années, et la décroissance est plus rapide que
celle du pin sylvestre.
D’après M. Pierret, la faculté germinative d’un échantillon, étant
la première année après la récolte de 76 à 81 °/,, tombe entre 90 et
98 °/, l’année suivante et passe au-dessous de 5 °/, dès la sixième
année après la récolte. :
Nous avons tracé, pour le pin Laricio noir d'Autriche, le graphique
qui nous a permis d'établir d’une façon approchée, à l’aide des
expériences de M. Pierret, la ligne de décroissance moyenne de la
faculté germinative (voir tableau général).
Valeur culturale. — D'après les expériences précédentes, la
valeur culturale des divers échantillons de pin Laricio noir d’Au-
triche a été de :
VALEUR CULTURALE
I
Moyenne Maximum Minimum
Station des Barres. . . . . . 19,73 80,99 78,6
Copenhague. 7251500 pe 71,93 86,90 06,73
On peut admettre que le coefficient de valeur cullurale d’une bonne
semence de pin Laricio noir d'Autriche doit, dans les conditions
normales, étre supérieur à 70 et même 75 °|,.
Marche de la germination. Énergie germinative. — Placée
dans les germoirs de la station d’essai de semences, à une tempéra-
ture de 20 à 25° centigrades, une bonne semence de pin Laricio noir
d'Autriche germe rapidement et pour ainsi dire en masse. Les
nombreux essais exécutés aux Barres par M. Pierret lui ont permis
de dire que le pin noir commence à germer vers le quatrième ou le
cinquième Jour, et que le premier comptage exécuté cinq jours après
le commencement de la germination a toujours fourni plus des huit-
dixièmes du taux définitif, de sorte que l’on est rapidement fixé sur
ANN. SCIENCE AGRON. — %° SÉRIE, — 1905 — It 26
402 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
le rendement probable d’une épreuve. D’après M. Pierret, la durée
totale d’une expérience est d'environ vingt-neuf jours.
En fixant à trente jours la durée de l'essai de germination, nous
sommes conduits à adopter, comme mesure de l'énergie germi-
native de la semence du pin Laricio noir d'Autriche, le pour-cent
des graines qui ont germé pendant les dix premiers jours de
l'essai.
COMPTAGES SUCOESSIFS
(Durée de l'expérience en jours)
COMPTAGHS SUCCESSIFS
(Durée de l'expérience en jours) FACULTÉ
ger-
20 | 21 22 | 23 minative
Nous avons relevé à titre d'indication dans le tableau ci-dessus la
marche de la germination de quelques essais eflectués en 1903-
4904 à la station des Barres.
Renseignements généraux. — Les résultats suivants ont été obte-
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 403
nus par M. Pierret sur les échantillons des Barres pour des graines
‘désailées de pin Laricio :
PIN LARICIO
TT — "" ——
noir d'Autriche de Corse des Cévennes
Poids du litre de graines. . . , Ok5,528 0k5,500 0K,475
Nombre de graines au litre. . . 28 045 33 684 31 649
Poids de 1 000 graines . . . . 185,857 145,856 145,996
Nombre de graines au kilogr. . o3 086 67 313 66 686
Pin maritime
(Pinus pinaster Soland)
Le pin maritime est acheté dans trois régions en France, qui peu-
vent se classer ainsi suivant l’importance des offres et de la produc-
tion :
1° Le littoral de l’océan Atlantique (pin des Landes) ;
2° Le département de la Sarthe (pin du centre) ;
3° La Corse.
M. Thil signalait, dès 1884, que les marchands du littoral de
l’Atlantique admettent difficilement le cahier des charges adopté par
les étrangers, qu’ils comprennent mal; que ces marchands se mé-
fient des méthodes employées pour les essais et qu’une amélioration
du commerce des semences dans cette région était très à désirer,
En ce qui concerne la région du Mans, l'administration forestière
française a rapidement reconnu l’infériorité de cette graine; bien
avant l'hiver de 1879-1880, qui a détruit presque complètement le
pin marilime dans ce pays, elle avait pris des mesures pour s’appro-
visionner autant que possible sur le littoral de l'Océan, dans les
départements de la Gironde et des Landes. La distinction de la graine
qui provient du centre de la France est-elle possible à établir ? Cela
serait à désirer, car nous nous sommes laissé dire qu'aujourd'hui
certains revendeurs peu serupuleux vendent, sous le nom de « Pin
des Landes », une semence qu'ils se procurent à meilleur compte
dans le centre de la France.
En Corse, d’après M. Thil, le principe de la vente avec garantie
peut être considéré comme admis ; les acquisitions faites dans cette
404 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
région ont pour but d'introduire dans les massifs du midi de la
France la belle variété de pin maritime qui eroît dans les forêts de:
Corse, et en particulier dans celle de Corte. Toutefois, nous nous
demandons où est exécuté le contrôle de ces garanties !
D'après M. Pierret, il paraît y avoir entre le pin des Landes et le
pin de Corse des différences assez sensibles au point de vue de la
germination ; mais le nombre des expériences exécutées aux Barres
sur le pin maritime de Corse a été trop faible pour qu'il soit possible
de donner des indications précises à ce sujet.
Les chiffres obtenus par M. Pierret, d’après ses expériences sur
les graines désailées reçues aux Barres, sont les suivants :
PIN MARITIME DE BORDEAUX
a PIN
de PEAR ES maritime
nr par le sècheries de
: Ÿ et magasius orte
venances commerce Srettiors
Potds du litre de graines. . . Oks,587 0K,593 OkE,585 05,570
Nombre de graines au litre. . 11 131 11 363 11 090 9 771
Poids moyen de { 000 graines, 525°,697 5287,149 025,781 58,335
Nombre de: graines au kilogr. 18 977 19 176 18 946 17 142
Germination. — Il n’a été exécuté depuis 1900 aucun essai sur le
pin maritime à la station des Barres, qui n’a fait à cet égard que
poursuivre quelques-unes des expériences commencées par M. Pier-
ret sur la persistance de la faculté germinative des graines de cette
essence.
Nous relevons dans les chiffres obtenus à Copenhague par M. Rafn
les résultats suivants :
GERMIN R| POIDS
ATION A GRAINS VALEU À
PIN N ER PU É -
NUS PINAST PURETÉ cul: 1 000
10 15 k
: £ ale ;raines
jours | jours turale 6 “
| Semence italienne. . 5 | 74,18] 62,10
— française . ) : 5 39, 51,40 | 50
D’après M. Pierret, pour les graines placées dans les germoirs de
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 405
la station d’essai à une température de 20-25° centigrades, la germi-
nation commence vers le cinquième ou sixième jour pour les graines
du pin des Landes, mais la durée de l’expérience est assez variable ;
elle n’est pas, en général, inférieure à trente-cinq jours; elle peut
atteindre et dépasser soixante-quinze à quatre-vingts Jours.
On ne peut donc préjuger de la valeur d’un échantillon de pin
maritime par la levée qui se produit dans les premiers Jours, comme
on le fait presque à coup sûr pour le pin sylvestre et surtout pour le
pin Larieio. |
D’autre part, M. Pierret constate que pour les essais de germina-
tion de cette essence, la température peut être élevée sans aucun
inconvénient, pourvu que le degré d'humidité soit suffisant ; avec le
germinateur à gaz de M. Dubreuil, il a pu soumettre des graines de
pin maritime à une température de 38 à 42° centigrades sans que le
taux de germination ait été altéré, la germination ayant été seule-
ment accélérée ; il est bien entendu qu’il ne faut pas dépasser cer-
taines limites de température (*) au delà desquelles une sensible
élévation de température serait d'autant plus nuisible aux graines
qu’elles seraient dans une atmosphère plus humide.
Il résulte de ces expériences que, pour le pin maritime, les tem-
pératures utiles en ce qui concerne la germination embrassent
un champ sensiblement plus étendu que pour les autres essences
étudiées.
D’après ce qui précède, nous pensons qu’on peut admettre pour le
pin maritime les données suivantes :
Pureté. — Les semences de pin maritime sont facilement sé-
parées par des procédés mécaniques des impuretés qu’elles renfer-
ment. Le coefficient de pureté d'une bonne semence de pin marilime
doit, dans les conditions normales, étre supérieur à 95 °/,.
Durée normale de l'essai de germination. Valeur culturale.
Énergie germinative. — Nous pensons qu'il suffit de prolonger
l'expérience jusqu'à quarante-deux jours, à la condition que l'essai
1. La température la plus favorable à la germination serait d'autant plus élevée
que la graine est d'origine plus méridionale.
406 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
de germination sera exécuté à des températures suffisamment éle-
vées, atteignant au moins, pendant une partie de la durée de l’expé-
rience, 90 à 39° centigrades.
Il est, dès lors, absolument indispensable de procéder à l'essai au
couteau des graines qui restent sur le germoir à la fin de l'essai, et
de mentionner, à côté du résultat de germination, le nombre des
graines dont la section à été reconnue fraiche et saine d’aspect ;
une partie de ces graines, dont le nombre est impossible à déter-
miner dans la circonstance, est encore susceptible de germer plus
tard.
La valeur culturale dans ce cas est calculée en prenant pour base
le pour-cent de germination effectif à quarante-deux jours, sans
tenir compte des grains frais, et nous pensons qu’il y a lieu de le
mentionner.
Nous adoptons, d’après ce qui précède, comme indicalion sur l’é-
nergie germinalive «le la semence du pin maritime, le pour-cent des
gruines germées pendant les qualorze premuers jours de l'essai (on
pourrait ici adopter trente jours au lieu de quatorze).
Persistance de la faculté germinative avec les années. — Les
essais exécutés par M. Pierret sur les graines du pin maritime con-
servées au magasin des Barres, ont donné en moyenne les résultats
suivants :
4e ANNÉE
5t ANNÉE
6e ANNÉE
7e ANNÉE
8e ANNÉE
Je ANNÉE
10° ANNÉE
A
‘à
Z
LA
<
®
Lr]
o]o
70
Graines de toutes provenances . .
Graines du commerce, . shaE
— de l'administration fores-
tière. . . HR
Pin maritime de Corse. . .
M. Pierret déduit de ces expériences que la vitalité des graines de
pin marilime est puissante ; c’est ainsi que le plus ancien échantillon
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES . 407
de cette essence arrivé aux Barres le 28 décembre 1875, étiqueté
sous le n° 4 au registre d'expériences et donnant à cette époque
76 °/, de bonnes graines, a encore fourni, le 24 avril 1886, une
germination de 52 °/,, et qu’un échantillon inscrit au registre de
la station sous le n° 171, qui en octobre 1881 accusait 87,9 ‘|, de
germination, a encore fourni en janvier 1902 une germination de
34,1°/,.:
Les moyennes déduites des épreuves faites sur cette essence, et
traduites par M. Pierret en tracés graphiques, présentent des irrégu-
larités qui doivent évidemment disparaître plus tard, au fur et à me-
sure que de nouvelles expériences viendront ajouter leurs résultats
aux anciennes; mais, toutefois, elles ont permis de constater une
tendance générale au relèvement du taux de germination des se-
mences de pin maritime vers la troisième année, relèvement qui
persiste pendant quelques années.
La semence du pin maritime est donc une marchandise qui peut
être conservée, en magasin, pendant deux ou trois années sans in-
convénient.
Nous avons tracé pour le pin maritime des Landes le graphique
qui nous a permis d'établir, d’une façon approchée, à l’aide des essais
de M. Pierret, et en supprimant les écarts intermédiaires, une ligne
de décroissance moyenne de la faculté germinative avec les années
(voir tableau général).
Pin d'Alep
(Pinus halepensis Mill)
Tous les échantillons de graines de pin d’Alep reçus aux Barres
proviennent de cônes récoltés et préparés par les soins des agents
forestiers à Aubagne (Bouches-du-Rhône) et dans la forêt de Luberon
(Vaucluse).
D’après M. Pierret, les graines de pin d’Alep commencent à ger-
mer le septième jour qui suit leur mise en expérience ; la marche
de la germination est assez rapide, à condition toutefois que la
graine essayée soit de bonne qualité, et dans ce cas le premier
408 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
comptage effectué cinq jours après le commencement de la ger-
mination fournit très souvent les neuf dixièmes de la levée totale ;
la durée complète de l'expérience serait de trente-sept jours en-
viron.
Les expériences exécutées aux Barres depuis 1900 sont trop peu
nombreuses pour être bien concluantes ; nous relevons toutefois à
tre d'indication, en ce qui concerne la marche de la germination,
les résultats de quelques essais :
NOMBRE COMPTAGES BSUCCESSIFS
NUMÉRO de (Durée de l'expérience en jours)
graines
du mises
en
registre |germina- 131141151617
tion
638 {
CT
673
NOMBRE
NUMÉRO de
graines (Durée de l'expérience en jours)
du © —————_—_—————————— ; ger-
en graines
registre |germina-
n f  : L . à Fi
tion
100,110
OOMPTAGES SUCCESSIFS FACULTÉ
; minative
germées
0/0
89,67
91,07
76,66
76,67
Grain
frais
Il résulte de ces expériences que la germination serait à peu près
terminée au bout de quarante à soixante jours, mais qu’il continue à
germer jusqu'à quatre-vingt-dix jours environ une proportion de
semences qui est loin d’être négligeable.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 409
D’après ce qui précède, nous pensons qu’on peut admettre pour
le pin d’Alep les données suivantes :
Pureté. — Les semences de pin d’Alep sont facilement sépa-
rées par des procédés mécaniques des impuretés qu’elles renferment.
Le coefficient de purelé d'une bonne semence de pin d'Alep dou,
dans les conditions normales, étre supérieur à 95 °|,.
Durée normale de l'essai de germination. Valeur culturale.
Énergie germinative. — Nous pensons qu'il suffit de prolonger
l'expérience jusqu’à quarante-deux jours, à la condition qu’on aura
soin de procéder à l’essai au couteau des graines qui restent sur le
germoir à la fin de l'essai, et de mentionner à côté du résultat de
sermination le nombre des graines dont la section a été reconnue
fraiche et saine d’aspect ; une partie de ces graines, dont le sombre
est impossible à déterminer dans la circonstance, est encore suscep-
tible de germer plus tard.
La valeur culturale, dans ce cas, est calculée en prenant pour
base le pour-cent de germination effectif à quarante-deux jours,
sans tenir compte des grains frais, et nous pensons qu'il y a lieu de
le mentionner.
Nous adoptons, d’après ce qui précède, camme indication sur
l'énergie germinative de la semence du pin d'Alep, le pour-cent des
graines germées pendant les quatorze premiers jours de l’essai (on
pourrait ici adopter trente jours au lieu de quatorze).
Persistance de la faculté germinative avec les années. — [La
faculté germinative des semences de pin d’Alep conservées en maga-
sin décroît avec les années, mais d’une façon beaucoup plus lente
que celle du pin sylvestre ; si, d’après M. Pierret, la faculté germi-
native de la semence est, la première année, comprise entre 74 à
91 °/,, elle est encore comprise entre 68 et 87 ‘/, la deuxième année,
entre 69 et 82 °/, la troisième année, etc.
Nous avons tracé pour le pin d’Alep le graphique qui nous a per-
mis d'établir d’une façon approchée, à l’aide des essais de M. Pierret,
la ligne de décroissance moyenne de la faculté germinative de la
semence du pin d'Alep avec les années (voir tableau général).
410 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pin cembro
(Pinus cembra Lin.)
La graine de pin cembro est récoltée en France dans les Basses-
Alpes principalement et aussi dans les Hautes-Alpes et l'Isère. La
récolte de cette graine est toujours incertaine, en raison des hautes
régions qu'habite celte essence, où les premières neiges rendent
fréquemment la forêt inaccessible.
Les quantités de semence nécessaires aux travaux sont souvent
achetées soit aux paysans, soit aux épiciers et aux grainetiers, qui la
vendent comme comestible; pour des quantités aussi petites, dit
M. Thil, il est difficile d'exiger une garantie germinative contrôlée
par des essais de germinälion ; ce contrôle dé la germination est
d’ailleurs moins nécessaire ici que pour les autres semences, par
suite de la facilité avec laquelle on peut reconnaitre la fraicheur de
amande en brisant le péricarpe, et de la possibilité qu’il y a de
trier les graines saines des autres en plongeant les semences dans
l’eau. |
D'autre part, les graines d’un an sont rances et invendables en
général, de sorte que les détenteurs de la marchandise ne la conser-
vent pas aussi longtemps.
Marche de la germination. — D’après M. Pierret, la marche de
la germination de la semence du pin cembro est très lente; les
graines, placées dans les germoirs de la station d’essai et maintenues
à une température de 20° à 25° centigrades, germent une à une,
tantôt au bout d’une dizaine de jours, tantôt au bout de trois semai-
nes seulement ; il n’est pas une seule épreuve où les graines n’aient
dû être maintenues au moins trois mois en expérience ; bien plus,
des échantillons conservés plus de deux ans en expérience à force de
surveillance et de soins de propreté donnaient encore quelques
graines qui germaient (!).
1. Il y aurait lieu d'examiner si, en modifiant les conditions d'expérimentation, on
pourrait arriver à des résultats plus rapides, et si, notamment, en usant ou perforant
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 411
Nous relevons dans le tableau suivant quelques exemples :
NOMBRE j COMPTAGES SUCCESSIFS
NUMÉRO Fe
du Era (Durée de l'expérience en mois)
registre Siren
61e mises
à en
station .
essai g 10!
10
27
12
25
36
GERMI-
NUMÉRO ROSERE COMPTAGES SUCCESSIFS HAS SAROE
de ? '
du (Durée de l'expérience en mois) des GRAINES}, probable
registre BrAIDeE L déterminée!
de la PRISES graines | gcrmées Te 4
: essai
station o germées a
essai 20 22 2425 au couteau
23
Nous extrayons des résultats publiés par M. Rafn à Copenhague
les chiffres suivants :
1° Pinus cembra siberica. — Dans une étuve à germination main-
tenue à la température de 25°-28° centigrades, la semence a germé
dans les proportions suivantes :
Enidwrourestuis 41104 1 hi. HatuPe ls 40/0
En vingt-cinq jours. . . . . . . . 28°)
Entente jours reel al EE, 46 °o
Dans une véranda froide et non chauffée, la même semence a
donné 82 °/, de graines ayant germé.
une partie du péricarpe sans endommager l'amande, on n'obtiendrait pas une germi-
nation plus rapide et plus régulière. Des essais de ce genre ont déjà réussi pour les
graines agricoles à enveloppe dure ou imperméable à l'eau.
412 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
2° Pinus cembra L. (#60)
Germination à ?4 jours. . . . RTE CT 6.92 0},
Grains frais non germés à la fin d fat A LAELS 23-401,
Pureté: : ar ee Mt LR CL IT EC TE 99,20
Minimum Ses omsret 126 010IE
one A es AN AT PE A RU QE Re) ls 90,00 °/o
Des résultats qui précèdent, nous concluons : que la semence de
pin cembro, en raison de sa grosseur, est facilement livrée presque
totalement pure ; que, dans l’état des connaissances actuelles, l'essai
de germination au laboratoire est beaucoup trop long pour pouvoir
être utilisé dans un but de contrôle, et qu’en tout cas, un essai
qu'on arrête au bout de deux à quatre mois doit être complété par
l'examen au couteau des graines qui n’ont pas germé à la fin de
l'essai. Il parait difficile, dans les conditions que nous venons d’indi-
quer, de se prononcer sur l’énergie germinative de la semence.
Une macération préalable dans de l’eau pure, maintenue à la tem-
pérature ordinaire, peut accélérer la germination ; dans la pratique
des semis, cette opéralion est d’ailleurs à conseiller pour toutes les
semences à germination lente, surtout pour celles qui, comme le pin
cembro, sont exposées à être rapidement la proie des rongeurs ().
Cette préparation en vue de l’exécution d’un semis peut être pra-
tiquée de la façon suivante : Les semences sont mises à tremper
dans de l’eau propre pendant le temps qui est nécessaire à l’eau
pour pénétrer jusqu’au centre de l’amande (en général douze à
vingt-quatre heures pour un grand nombre de semences ; beaucoup
plus longtemps pour le pin cembro ; en coupant quelques graines
de temps à autre pendant le trempage, il est d’ailleurs facile -de
constater le degré de pénétration de l’eau dans l’amande). On aban-
1. Pour exécuter les semis dans les pépinières de montagne avec du pin cembro,
on commence par éliminer en plongeant la semence dans l'eau toutes les graines
vaines qui surnagent ; puis on fait macérer la semence pendant quinze jours avant de
la semer ; afin de la protéger contre l'attaque des rongeurs on l'enduit de minium,
on laisse sécher cette couche protectrice avant de mettre en terre. On sème très
serré, car on sait qu'une partie des semences ne lèseront pas dans l'année. Il n'est
pas rare de voir apparaitre dans les bandes des graines qui germent au bout d'une ou
de plusieurs années
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 413
donne ensuite les graines disposées en tas dans un local où la tempé-
rature est maintenue à 15°-20° centigrades, et pour que les semences
ne s’échauffent pas et respirent convenablement, on prend soin de
déplacer le tas matin et soir et de l’asperger légèrement quand la
masse parait se dessécher.
On exécute le semis deux ou trois jours avant la sortie de la
radicule, c’est-à-dire au moment où les graines se gonflent.
Ce procédé est conseillé par M. Schribaux pour un grand nombre
de semences agricoles, pour les graines de conifères et pour toutes
les semences qui, en raison de leur volume ou de la dureté de leur
enveloppe, mettent plusieurs jours pour absorber l’eau nécessaire à
la germination.
Avec des données précises sur les moyens d’exécution pour chaque
catégorie de semences (étude qui peut être faite par les stations
d'essai de semences), et avec des renseignements sur 1e temps néces-
saire pour arriver à une bonne préparation de la semence en vue du
semis, il semble que ce procédé pourrait donner d'excellents résul-
tats et qu’il permettrait de faire une économie notable sur le nombre
des semences à employer.
Ï ne faut pas confondre celte opération, destinée à accélérer la
germination et à préparer la graine à être semée aussitôt qu’elle
commence à germer, avec la stratification, conseillée elle aussi pour
conserver des semences en bon état et pour les préparer à germer
dans le printemps qui suit leur récolte.
La stratification des graines, dit M. Pierret, est une pratique
excellente qui devrait être d’un usage beaucoup plus répandu ; elle
peut servir non seulement à hâter la germination des semences à
péricarpe dur ou épais (frêne, charme, pin maritime, elc.), mais
encore à conserver fraiches jusqu’à l’époque favorable pour le semis
les graines à péricarpe mince ou riches en essences volatiles (orme,
bouleau, sapin pectiné, etc.). On stratifie ordinairement dans le
sable, que l’on maintient sec si l’on veut retarder la germination,
humide si on veut l’activer (°).
1. Pour le pin cembro, on peut conseiller un procédé de stratification analogue à
celui que nous indiquons pour le pin Weymouth.
414 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ces deux procédés, stralification d'une part et, d’autre part, pré-
paralion à la germinalion en temps voulu avant le semis, de-
vraient à notre avis être employés plus fréquemment pour con-
server en bon état nos semences d’essences forestières et pour les
faire germer, qu'il s’agisse des semences de nos résineux (notam-
ment du sapin) ou des semences d’arbres feuillus (glands, etc.) ; ils
s'imposent à tout prix lorsqu'il s’agit de semences exotiques d’un
prix relativement élevé (Abies amabilis, etc.) qu’on vend dans le
commerce jusqu'à 990 fr. et plus le kilogramme. Pour de telles
semences on doit arriver à employer des procédés de conservation
tels qu'un fournisseur ne soit pas exposé à ce qu’on lui démontre
que la semence qu'il a vendue si cher ne valait pas quelques cail-
loux. (Une semence d’Abies amabilis venue directement d'Amérique
et payée à raison de 390 fr. le kilogramme a donné à peine quel-
ques graines fertiles : 2 à 5 °/,. C’est trop peu pour une semence si
chère.)
Nous pensons qu’on doit agir dans ce sens, auprès du produc-
teur d’une part, et auprès des fournisseurs de graines, intermé-
diaires naturels entre le producteur et le consommateur, d'autre
part, pour obtenir ce résultat. C’est, à notre avis, une des parties
les plus utiles de l’œuvre des stations d'analyse et de contrôle des
semences.
Essai de la graine au couteau. — La qualité approchée d’une
semence de pin cembro peut facilement être déterminée en étudiant
sur un échantillon moyen d'expérience l’état de l’amande renfermée
dans chacune des graines.
A la station des Barres, il est prélevé sur l’échantillon moyen reçu
quatre lots de cent graines, chaque lot devant représenter autant
que possible comme grosseur de graines, aspect, couleur, etc., la
moyenne exacte de Péchantillon envoyé. Dans chaque lot ces graines
sont coupées au couteau, Pétat de la section de amande est examiné
avec soin et les graines sont classées en quatre catégories : graines
bonnes, douteuses, rances, vides ou sans germe.
La moyenne du chiffre des graines reconnues bonnes donne le
pour-cent probable de germination.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 415
Nous avons obtenu, dans les essais les plus récents, les résultats
suivants :
GRAINES
___ GERMIKA-
vides : TION
bonnes douteuses rances ou probable
sans germe
[0 lo oo fo oo
Numéro 679. . . . 61 LOUE 3 19 6i
Numéro 661... : 49 15 15 21 49
Si, d'autre part, nous comparons la germination probable ainsi
calculée avec les résultats des essais de germination effectués à la
station sur les mêmes échantillons, nous obtenons les résultats sui-
vants :
GERMINATION
NUMÉRO ———— —
probable obtenu après un essai
du registre d’après l’essai ayant duré
au couteau 18 à 25 mois
293 52 67
594 39 26
997 Al 24
208 49 Do
067 60 82
74 57 88
575 55 76,2
Il est intéressant de constater qu’en poursuivant assez longtemps
: l'essai de germination, on est toujours arrivé à un pour-cent de
germination supérieur au chiffre de germination probable trouvé
d’après l’essai au couteau. Peut-être y a-t-il lieu de se mon-
trer moins sévère au sujet des graines douteuses, une partie de
celles que nous qualifions ainsi pouvant être encore susceptibles de
germer.
Ceite constatation, qui n’a été faite d’ailleurs que sur un petit
nombre d'expériences, en raison de la lenteur de germination du
pin cembro, nous porte à croire que l'essai au couteau n’est suscep-
üible de donner qu’un simple renseignement approché sur la qualité
de la semence.
Renseignements généraux. — Les semences de pin cembro
essayées aux Barres provenaient toutes de la région des Alpes
416 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
françaises. M. Pierret donne à leur sujet les renseignements sui-
vants :
Poids du litre de graines . . . . . . . . 0K:,520
Nombre de graines au litre . . . . . . . D
Poids moyen de 1 000 graines . . . . . . 2938,113
Nombre de graines au kilogramme. , . . . 3 412
Pin Weymouth
(Pinus strobus Lin.)
Les échantillons de graines de pin Weymouth reçus aux Barres ont
été très rares; les expériences faites ont donné les résultats suivants :
Poids du litre de graines . . . . . . . . 0k5,485
Nombre de:graïnes”aulitre # … 24 427
Poids moyen de 1 000 graines . . . . . . 195,855
Nombré de graines au kilogramme. . . . . 00 369
Marche de la germination. — La graine de pin Weymouth, pla-
cée dans une étuve à la température de 20° à 25° centigrades, germe
fort lentement ; d’après M. Pierret, ce n’est qu’au bout de quinze
Jours environ que la radicule commence à pointer, et en réalité les
graines ne se trouvent en pleine germination qu'après trois semaines ;
l'expérience complète peut exiger plus de trois mois.
Nous reproduisons à cet égard les chiffres obtenus sur cette
essence à Eberswalde par le professeur Schwappach :
NOMBRE POUR CENT DES GRAINES GERMÉES
d’après les comptages successifs (jours)
11:20 | 21-30 | 31-40 | 41-50 | 51-60 | 61-70 | 71-80
culturale
VALEUR
2 Ë a
= =
EEE
bp À Le]
EE F4
FACULTÉ
germinative
1900
1901
39,6 |36,74
66,6 |63,76
1902 5 9 »
45,3 |41,3
Du tableau qui précède, on peut déduire que la germination est à
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 417
peu près terminée au bout de quarante jours, mais qu’il continue à
germer jusqu’au soixante-dixième jour environ une proportion de
semences qui est loin d’être négligeable.
Enfin M. Rafn, de Copenhague, donne les chiffres suivants (1900
et 1905) :
DURÉE ES VALEUR
_ FFE es culturale
germés
à la fin
de l'essai
RE — + — A —
l'essai NATION
en jours Maximum| Minimum!
P. strobus. Tiroler Prov 86,41 | 63,80
— Deutscher Prov 2 86,40 | 52,40
— Americauischer Prov.. , F 93,70 | 62,78
Expériences 1902-1903 : : Valeur culturale
P. strobus 5 5 57,60
60,80
La marche de la germination ainsi constatée est fort lente chez le
pin Weymouth.
Tenant compte de ce fait que dans la série d’essais la semence se
trouve placée dans des conditions très favorables de température et
d'humidité, M. Pierret en conclut qu’il est presque inutile de semer
en pépimère au mois d'avril des graines de cette essence, sans leur
avoir fait subir une préparation préalable ; il conseille à cet égard le
procédé suivant : « Aussitôt que l’on est en possession des graines
de pin Weymouth (en décembre au plus tard, car la dissémination a
lieu de bonne heure, en automne), on les humecte et on les mélange
par moilié avec du sable légèrement humide très pur, c’est-à-dire
exempt de terreau et de substances organiques (le sable de rivière
est excellent pour cet usage). On brasse le tout et on dépose le mé-
lange dans une caisse en bois ou dans un pot à fleurs, suivant le
volume. Le récipient de stratification est laissé à l'air libre près d’un
mur lui offrant une légère protection. Les graines restent ainsi pen-
dant {rois mois, subissant une préparation lente et continue. On les
visite souvent et au besoin on entretient l'humidité par des arrosages.
Aussitôt qu'après les premières chaleurs quelques indices de germi-
nation se manifestent, on exécute le semis, et dès lors la levée se pro-
ANN. SCIENCE AGRON, — 2° SÉRIE — 1905 — 11° 27
418 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
duit régulièrement et rapidement. » On voit, ajoute M. Pierret, que
celte préparation antérieure au semis ne fait que rétablir en quelque
sorte ce qui se passe dans la nature, puisque les graines de pin Wey-
mouth se disséminent de très bonne heure et restent par conséquent
sur le sol, soumises pendant tout l'hiver à l'influence de l’humidité (").
Il serait intéressant de pouvoir citer des essais de germination
effectués à l’étuve sur des semences (pin Weymouth, sapin, etc.)
ayant subi cette préparation préalable et de comparer ces résultats
avec ceux que donneraient les mêmes semences conservées dans les
conditions ordinaires el non préparées au semis. Malheureusement
le temps et le personnel dont nous disposons ne nous ont pas permis
d'entreprendre des essais de ce genre.
D’après ce qui précède nous pensons qu’on peut admettre pour
le pin Weymouth les données suivantes :
Pureté. — Les semences de pin Weymouth sont facilement sépa-
rées par des procédés mécaniques des impuretés qu’elles renferment.
Le coefficient de pureté d’une bonne semence de pin Weymouth doit,
dans les conditions normales, être supérieur à 90 et même 95 °/,.
Durée normale de l'essai de germination. Valeur culturale.
Énergie germinative. — Nous pensons qu’on peut se contenter de
prolonger l'expérience jusqu’à quarante-deux jours, à la condition
qu'on aura soin de procéder à l’essai au couteau des graines qui
restent sur le germoir à la fin de l’essai, et de mentionner à côté du
résultat de germination le nombre des graines dont la section a été
reconnue fraiche et saine d'aspect ; une partie de ces graines, dont
le nombre est impossible à déterminer dans la circonstance, est
encore susceptible de germer plus tard.
La valeur culturale, dans ce cas, est calculée en prenant pour base
1. MM. Transon frères, pépiniéristes à Orléans, stratifient ainsi, non seulement la
graine de pin Weymouth, mais encore, aussitôt que possible après la récolte, les
semences du charme et du frêne pour obtenir la levée complète dès le premier prin-
temps qui suit la dissémination ; les semences d'orme, d'aune, de bouleau pour leur
conserver toute leur fraîcheur jusqu'au moment du semis ; enfiu, les semences de
toutes les graines résineuses exotiques, particulièrement celles des sapins ; ils obtien-
nent constamment d'excellents résultats, des semis aussi complets que possible en
employant le minimum de semence nécessaire (Pierret).
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 419
le pour-cent de germination effeclif à quarante-deux jours, sans tenir
compte des grains frais, et nous pensons qu'il y a lieu de le men-
tionner,
Nous adoptons, d’après ce qui précède, comme indication sur
l'énergie germinative de la semence de pin Weymouth, le pour-cent
des graines germées pendant les quatorze premiers jours de l’essai
(on pourrait ici adopter trente Jours au lieu de quatorze).
Persistance de la faculté germinative. — Les expériences trop
peu nombreuses exécutées Jusqu'à ce Jour ne nous permettent pas
de nous rendre compte de la loi de décroissance dans la vitalité des
graines de pin Weymouth avec les années. D’après M. Pierret, le
taux de germination des graines essayées a été en moyenne, la pre-
mière année, de 66 °/, ; il descend la seconde année à 33 °/,, puis à
10 °/, la troisième année.
Il est donc probable que la puissance germinative de ces graines
décroit assez vite avec les années.
Épicéa
(Picea excelsa Link)
Toutes les semences d’épicéa mises en expérience aux Barres ont
élé prélevées sur des fournitures du commerce. Nous mettrons en
parallèle, au sujet de cette semence, quelques résultats déjà acquis.
Pureté. — Des échantillons de provenances très diverses ont
donné comme coefficient de pureté les chiffres suivants :
MOYENNE MAXIMUM MINIMUM
oo °/o 0/0
QC LE
Nobbe : station de Tharandt. . . nt Eh ren co
HIDE 220 07.2 » ;
Schwappach : station d'Eberswalde { 1901 . . . 96,7 » »
HJOPIEE M AIMEN CT 2 » »
Station de Zurich . . . . . : .- 1902-1903 : 96,1 99,5 79,1
Station. de Paris 14 Lure 1888-1908 97,97 99,71 96,03
SAONE bare ee 03) 0 AR OTES 100 94
Rafn, à Copenhague . . . . . . 1900-1903 . 98,41 99 ,40 97 ,45
420 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On peut admettre que le coefficient de pureté d'une bonne semence
d'épicéa doit, dans les conditions normales, étre supérieur à 95 °},.
Faculté germinative. — Des échantillons de provenances très
diverses ont donné comme coeflicient de faculté germinative les
chiffres suivants :
MOYENNE MAXIMUM MINIMUM
ofo o[o olo
Nobbe: station de nn FRA EES à 4 : po % :
; en 7 jours. 60,45 711,24 28,20
Ms RARES 188-1506} 28 jours 72,76 80,41 60,85
Sehwappach : station | . AN dor s £
nn "Vaso APP Mes ; À
Be LINE ARR NEVERS » »
Stationtde Zurich 204119021908 0er 98 0
StaHoOn de PATIS A ISSS 1005 ER 86 90 82
Station deseBarres 903-1001 RTS TNT 93 85
(openhaguC MP OEM EMI OO NES EPP 90 91 45,93
On peut admettre que le coefficient de fucullé g:rminative d’une
bonne semence d'épicéa doit, dans les conditions normales, élre
supérieur à 75 et méme 80°|,.
Valeur culturale. — Des chiffres qui précident 1l résulte que
La valeur cullurale d’une bonne semence d’épicéa doit, dans les con-
dilions normales, étre supérieure à 70 el même 75 °}.
Marche de la germination. Énergie germinative. — Placte
dans les germoirs de la station d’essai de semences à une tempéra-
ture de 20° à 25° centigrades, une bonne semence d’épicéa germe
d’une façon régulière et rapide.
D’après M. Pierret, la germination commence à se manifester le
quatrième jour qui suit la mise en expérience; pendant les six Jours
suivants il germe environ les neuf dixièmes du résultat final, et la
durée complète de l'expérience est de vingt-cinq jours environ.
Nous avons relevé, à titre d'indication, dans le tableau suivant la
marche de la germination de quelques essais.
De ces données il résulte que la durée totale de l'épreuve peul
élre fixée à trente jours; et nous adopterons comme mesure de
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES
421
l'énergie germinative de la semence d'épicéa le pour-cent de graines
germées pendant les dix premiers jours de l'essai.
NUMÉRO
du
registre
nateur
Cieslar
685 LS
723 de
742 le
| Buvard «
De iéese Use
NUMÉRO
du
registre
Germi-
723
b
712 de
[orclerofe
nateur «
Cieslar |
»
Buvard :
»
L(
|
»
»
COMPTAGES SUCCESSIFS
(Durée de l'expérience en jours)
lo °/o 0/0 0/0 olo of ° Jo ofo|:
Station d'Eberswalde
66| » | 8 | » »
71| » 6
10! » | 8
Station des
64 13
66
15
12
»
COMPTAGES SUCCESSIFS
(Durée de l'expérience en jours) FACULTÉ
germinative
24 | 25 | 26 | 27 | 28
»
»
»
GRAINS
frais
Décroissance de la faculté germinative. — La facullé germina-
tive des semences d’épicéa conservées en magasin décroît rapidement
avec les années.
La courbe de décroissance annuelle, d’après M. Pierret, se rap-
492 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
proche beaucoup de celles relatives aux graines de pin sylvestre, de
pin Laricio noir d'Autriche, ete. Avec des graines germant entre 73
à 77 °/, la première année, on trouve une germination de 53 à 62°/,
la deuxième année, de 26 à 44 °/, la troisième année, etc.
Nous avons tracé pour l’épicéa le graphique qui nous à permis
d'établir d’une façon approchée, à l’aide des expériences de M. Pier-
ret, la ligne de décroissance moyenne de la faculté germinative de
cette semence. (Voir tableau général.)
Renseignements généraux. — D'après les essais effectués sur les
échantillons reçus aux Barres, un litre de graines désailées d'épicéa
pèse en moyenne 0%,534 et il renferme 65 312 graines.
Poids absolu ; nombre de graines au kilogramme :
POIDS MOYEN NOMBRE
e de graines
1 000 graines au kilogr.
grammes
D'après-M-Pierpets: sans 8,171 122 386
D'après M. Nobbe (1876). Æ2:0,2.00,.2, 6,883 145 255
— — maximum. . . 8,684 218.588
— — minimum, . . 4,575 115 154
D'ANrÉSAGAYEL EME PME ENTIER 8,000 »
M. Rafn donne les résultats suivants (1900) : 53
het
désailées
Picea ercelsa Link PBiroler Prôv.s.- HNee Lie 85r, 11
— DOUISCHET PIONEER. 7 lee eue eat
— DanischerePeope AUUER, rnI 8 ,00
— Schwedischer Prov. . . 5 ,92
— Norvegischer Prov. 5 ,50
— Finnischer Prov. . DE
D’après ces chiffres, relevés sur des expériences faites avec des
échantillons de provenances très diverses, le poids de 1 000 graines
d’épicéa a varié de 56°,22 à 8,171, et les semences les plus légères
proviennent des régions les plus septentrionales de l’Europe ; ailleurs
elles proviennent sans doute aussi des régions les plus élevées, ou
encore, comme nous l’avons dé,à constaté chez le pin sylvestre, des
régions où la race s’est abâtardie en présence de sonditions défavo-
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 423
rables de végétation et de sol. Nous pensons qu'il serait intéressant
et sans doute fort utile d’étudier de très près la caractéristique des
semences à cet égard.
Mélèze
(Larix Europæa D. CG.)
Pureté. — Le nettoyage mécanique de la semence de mélèze est
difficile, ce qui tient à la nature des impuretés qui se trouvent mélan-
gées naturellement à la graine. Il est en effet d’un usage courant de dé-
sarticuler les cônes de mélèze à l’aide de machines qui brisent l’écaille
et en détachent l’onglet ; cet onglet fortement lignifié se trouve réduit
par la manipulation mécanique aux mêmes dimensions qu’une graine ;
il en a presque la même densité, de sorte que ni le passage aux cribles,
ni des vannages effectués en présence de ventilateurs, ne peuvent arri-
ver à séparer mécaniquement la véritable graine de ses impuretés.
Seules les semences récoltées par des procédés spéciaux (à l’aide
d’un gaulage des branches de mélèze pour faire tomber les semences
sans détacher les cônes, ou encore la récolte directe des semences de
mélèze accumulées sur la neige dans des couloirs où elles sont trans-
portées par le vent) peuvent présenter une faible quantité d’impuretés.
Le coefficient de pureté normal de la semence de mélèze se ressent
de cet état de choses ; jamais il n’atteint dans les fournitures du com-
merce le chiffre de 99 que nous avons constaté en 1904 dans un échan-
tillon de mélèze envoyé par la sécherie forestière d’Embrun, et il est
rare qu'il atteigne même le chiffre de 93,6 constaté en 1904 dans une
fourniture du commerce faite à l'administration des eaux êt forêts.
Nous avons relevé à cet égard quelques résullats obtenus sur des
échantillons de provenances très diverses :
COEFFICIENT DE PURETÉ
a
Moyenne Maximum Minimum
0/0 0/0 0/0
Station de Tharandt, d'après Nobbe , 1876. . . 83,22 93,50 72,17
: Sr a ER ; LO00E PERS » »
Se d'Eberswalde, d'après Schwap- oo Se L ;
eh Vi Cros À ES » »
SIALIDDIe AUTICO eee 1902-1903 583,3 91,5 67,4
Station des Barres . . . HE NE 1903-1904 88,22 99 79
Station de Copenhague, d'après Rafn. 1900-1903 82,56 92 71,6
424 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
On peut admettre que le coefficient de purelé d'une bonne semence
de méléze doit, dans les conditions normales, élre supérieur à 80 et
méme 85 °|,.
Faculté germinative. — Les semences de mélèze renferment
en grande proportion des semences vaines qu'il est trés difficile de
séparer des bonnes graines par un passage au tarare ou à l’aide de
vannages mécaniques ; on peut expliquer la proportion excessive des
graines vaines qui existent dans cette semence par le mode d’extrac-
tion qui se fait en désarticulant mécaniquement les cônes, et aussi
par la petitesse des cônes de mélèze; cette dernière circonstance
modifie en effet singulièrement et dans un sens défavorable la pro-
portion entre les semences de bonne qualité de la partie moyenne
du cône et les graines mal conformées et généralement vaines qui
proviennent de la base et de l’extrémité de ces cônes.
Nous avons relevé à cet égard quelques résultats obtenus sur des
échantillons de provenances très diverses :
FACULTÉ GERMINATIVE
Moyenne Maximum Minimum
0/0 0/0 0/0
Station de Tharandt, d'après Nobbe . 1876. . . 11 22 0 (:)
Station d'Eberswalde, d'après Schwap- | 1
pACH ME ENERRT EE RSR 42,16 ;51 33
Station le ZUTICHS MAS UE 1902-1903 34 56
Station des Barres . . . . . . . . 1903-1904 46,8 64,5 31
Station de Copenhague, d'après Ra: . 1900-1903 54,09 ‘60 46,55
On peul admettre que le coefficient de facullé germinative d’une
bonne semence de méléze doit, dans Les conditions normales, étre
supérieur à 45 el même à 50 °|..
Valeur culturale. — D’après les chiffres précédents nous admet-
tons que le coefficient de valeur cullurale d'une bonne semence
1. C'est sur de pareils chiffres obtenus en contrôlant des échantillons prélevés sur
des semences livrées par le commerce d'alors, que M. le professeur Nobbe a basé sa
longue campagne en faveur de la création des stations d'analyse et de contrôle des
semences Les autres pays n'ont fait ensuite qu'imiter cet exemple.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 425
de mélèze peut, dans les conditions normales, élre supérieur à
40°}.
Nous remarquerons qu’en ce qui concerne la semence de mélèze, la
prise en considération de la pureté et de la faculté germinative,
autrement dit la prise en considération de la valeur culturale,
devient d’une très grande importance, en raison même de la propor-
tion très forte d'impuretés d’une part et de semences incapables
de germer, d'autre part, que renferme normelement une bonne
semence.
La Connaissance de la qualité exacte de la semence de mélèze,
connaissance qui ne peut être établie que par les stations de contrôle,
est indispensable :
1° Pour déterminer la véritable valeur marchande de la se-
mence ;
2° Pour pouvoir régler en connaissance de cause la densité d’un
semis.
Marche de la germination. Énergie germinative. — Placée
dans les germoirs de la station d'essai de semences, à une tempéra-
ture de 20° à 25° centigrades, une bonne semence de mélèze germe
d’une façon régulière et assez rapide.
D’après M. Pierret, la germination commence environ vers le cin-
quième jour après la mise en essai et il est nécessaire d’attendre
encore au moins dix Jours avant de se prononcer sur la valeur finale
de l'échantillon. La somme des comntages effectués ainsi jusqu’au
quinzième jour après la mise en expérience donne environ les 85 cen-
tièmes de la levée totale. La durée complète de l’expérience ne se
prolonge pas beaucoup et le plus souvent elle est de vingt-neuf à
trente-deux jours.
Nous avons relevé, à titre d'indication, dans le tableau de la page
suivante, la marche de la germination de quelques essais.
Nous sommes d’avis, d’après ces chiffres, que l'essai de germina-
lion de la semence de méléze peut étre arrété à trente jours, et nous
admeltons comme mesure de l'énergie germinative des graines de
mélèze le pour-cent des graines germées pendant les dix premiers
jours de l'essai.
426 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
COMPTAGES SUOCESSIFS
NUMÉRO : PS -
(Durée de l'expérience en jours)
du
registre 213141516|17|81|91|10|11|12|13
o]o 0/0|0/0o|0/o[0/0[°/0 ofo ofo o/o ofo 0/0 ofo|0/o|0/o
Station d'Eberswalde
Germi- 20) EE M OO CEE 1
nateur » » 4 »
Cieslar 4 » 10
»
Station des Barres
8
Buvard
COMPTAGES SUCCESSIFS
NUMÉRO , EE “
(Durée de l'expérience en jours), FACULTÉ GRAINS
du ;
registre 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | 25 | 26
germinalive frais
o/o o/o c/o olo oo [0 o/o o/o
Station d'Eberswalde
Germi-
nateur
Cieslar
Buvyard
Décroissance de la faculté germinative. — La ficulté germi-
native des semences de mélèze conservées en magasin décroit très
rapidement avec les années. |
D’après M. Pierret, la semence qui germe entre 39 et 44°,, la
première année ne germe plus qu’à environ 16 ou 18°}, la deuxième
année, puis à à ou 8 °/, la troisième année.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 427
Nous avons tracé pour le mélèze le graphique qui nous a permis
d'établir d’une façon approchée, à l’aide des essais de M. Pierret, la
ligne de décroissance moyenne de la facullé germinative des
semences de celte essence (voir tableau général).
Renseignements généraux. — Suivant les provenances et les
diverses causes qui ont influé sur le développement des semences, le
poids de 1 000 graines de mélèze a varié de 8 grammes (maximum)
à 45,77 (minimum). Le poids maximum de 8 grammes a été donné
_ par le mélèze envoyé à la station des Barres en 1904 par la sécheric
d’Embrun (Hautes-Alpes); cette semence a donné aux essais 99 °/,
de pureté et 50,3 °/, de faculté germinative.
Les chiffres du poids absolu donné par les différents auteurs sont
les suivants :
Poids de 4 000 graines de méléze
Moyenne Maximum Minimum
D'après Pierret. . 1873-1889 (échantillons reçus aux — Sc =
Barres) 5,898 » »
Station des Barres. 1903-1904 . 6,29 8 5
D'après Nobbe . . Tharandt, 1876. 5,27 0,79 4,77
DÉTOUR NERO RER EEE ere SARL 5,9 » »
D'après Rafn. . . Copenhague, 1900-1904. . 5,81 6,06 5,37
Notons enfin que d’après les échantillons reçus aux Barres, un
kilogramme de semences renferme 169 539 graines.
Sapin pectiné
(Abies pectinala D. C.)
Toutes les semences du genre sapin sont très délicates, sans doute
à cause de la grande quantité d’essence de térébenthine qu’elles ren-
ferment ; elles se conservent très difficilement en magasin, même jus-
qu'au printemps qui suit leur récolte, et supportent difficilement les
emballages et les transports.
M. Pierret conseille, dans le cas où les graines de sapin doivent
ètre transportées et être conservées Lout l’hiver, de retarder la récolte
428 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
le plus possible, de façon à n’avoir que des cônes bien formés et
bien mûrs ; de retarder le plus possible la désarticulation des
cônes, et enfin de stratifier les graines nues dans du sable frais
ou dans de la balle d'avoine, comme nous lavons indiqué précé-
demment.
L'expérience, en eflet, prrait prouver que les semences de sapin
pour lesquelles on n’a pas pris ces précautions indispensables ont
perdu dès la fin de l'hiver sinon toute, tout au moins la plus grande
partie de leur valeur.
Nous n'avons pas eu l’occasion de mettre en germination, aux
Barres, de la semence de sapin pectiné; une seule fourniture du
commerce entrée dans les magasins des Barres a dû être refusée.
La moyenne d’environ quatre-vingts essais de graine de sapin
envoyée à Zurich est la suivante :
RUPOLÉ SR SANT NE RE aUE m ir ee 87,9
Faculté germinative . . . . . 20
Valeur culturale . 16,6
A Eberswalde, la moyenne de quelques essais donne pour la
faculté germinative trouvée 23,8 avec maximum de 51,7 et mini-
mum de 9°}. |
Des considérations qui précèdent il résulte que lorsqu'on achète
au commerce une semence de sapin, il est fort utile, avant de l’uti-
liser, d'en contrôler la qualité.
D'après M. Picrret, la durée de l'essai de germination de la graine
de sapin pecliné serait d’un mois et demi à deux mois, et la germi-
nation co nmencerait au bout de douze à vingt jours.
Nous pensons que pour les services de contrôle, 4 suffit de pro-
longer l'expérience de germinulion jusqu'à quarante-deux jours,
à la condition qu’on aura soin de procéder à l'essai au couteau
des graines qui restent dans le germoir à la fin de l'essai et de
mentionner à côté du résultat de germination le nombre des grai-
nes dont la section a été reconnue fraiche et saine d’aspecl ; une
partie de ces graines, dont le nombre est impossible à déter-
miner dans la circonstance, est encore susceplible de germer plus
tard.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 429
M. Pierret donne au sujet de la semence du sapin pectiné les
renseignements Suivants :
Poids du litre de graines ailées . . . . . . . 0K5,256
Nombre de graines au litre. . = . 4. à 611
Poiis moyen de 1 000 graines ailées . . . . . 0K,256
Nombre de graines au kilogramme . . . . . . 29 013
ESSENCES LIGNEUSES EXOTIQUES
Un vaste champ d’expérimentation s'offre en France à l’activité des
reboiseurs en matière d'introduction d’essences exotiques, et notre
pays parait privilégié à cet égard en raison de la variété de climat,
d'altitude et de sol qu’il présente dans les diverses régions.
Des arboretums nationaux ou privés, ainsi que des places d’essai
disséminées sur divers points de notre territoire commencent à four-
nir des résullats intéressants, et l’époque parait proche où nous
pourrons dresser en France, comme on l’a déjà fait en Allemagne,
un plan général de culture, précisant par régions les espèces ligneuses
exotiques aptes à être introduites dans nos boisements et méritant de
l'être.
Il résulte de cette situation que le commerce des semences d’arbres
forestiers exotiques, déjà créé en France, est appelé à v prendre une
certaine extension.
Pour effectuer avec ces essences des essais ou des travaux de
rchoisement, il parait important de pouvoir se procurer un premier
maiériel de semences de confiance et de germination énergique.
€ Muint essai d’acclimatation, dit le professeur Nobbe (') s'effectue
d’une façon pénible ou échoue complètement pour la seule raison
qu'on à employé des graines de mauvaise qualité qui n’ont rien
donné, ou qui n’ont fourni que des plants fubles et sans résistance,
alors même que l'espèce était en elle-même bien appropriée au climat
allemand. C’est par des erreurs de ce genre que l'opinion s’égare,
que le progrès s'arrête, et qu’on attribue l’échec obtenu à une mau-
1. « Ueber den forstlichen Samenhandel », vom Pro’. D' Nobbe (Tharander forstliches
Jahrbuch, 1899).
430 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
vaise faculté d’acclimatation, alors qu'il ne provient exclusivement
que d’un lot de graines défectueuses. »
De telles erreurs, évidemment fréquentes aussi en France, provien-
nent des conditions défectueuses dans lesquelles se fait actuellement
le commerce des semences exotiques. La plupart des négociants, même
les plus sérieux, se bornent à vérifier que la graine paraît satisfai-
sante à l’aspect extérieur ; ils refusent de donner à leur clientèle,
même en majorant leurs prix, une garantie quelconque sur la se-
mence qu'ils livrent. Le professeur Nobbe s'élève avec force en Alle-
magne contre de tels procédés qui consistent à livrer à l’acheteur à
des prix élevés une semence souvent absolument inerte, et cela sans
accepter aucun contrôle.
La question, sans aucun doute, est délicate, car le négociant lui-
même a généralement les plus grandes difficultés pour se procurer
les semences dans leur pays d’origine ; les acceptant telles qu’on les
lui envoie, il veut trouver auprès de sa clientèle la rémunération des
sacrifices d'argent qu’il a consentis pour se procurer la semence. De
là la répugnance qu’il manifeste d’instinet contre tout contrôle.
Mais, d'autre part, la semence doit être un être vivant susceptible de
se développer ; l'acheteur, qui paye souvent fort cher cet être vivant
catalogué dans les prix-courants des meilleures maisons, n’a-t-1l pas
aussi le droit d'exiger une garantie de vie pour la graine qu'il
achète? — Une semence incapable de germer est une marchandise
qui n'a plus aucune valeur, quelles que soient les dépenses qu'a pu
faire l'intermédiaire pour se la procurer, et il paraît impossible que
l'acheteur consente longtemps à l’acquérir dans ces conditions.
« Il est indispensable, dit encore le professeur Nobbe, qu’une ma-
nière de procéder plus logique s’introduise dans le commerce allemand
de semences exotiques, et cela le devient d’autant plus qu'à la suite
des longs essais qui ont été exécutés en Allemagne, un certain nombre
de ces semences deviennent l’objet de transactions importantes. »
Cette situation que nous venons d'exposer tient à ce que la qualité
des semences exotiques a été très peu étudiée jusqu’à ce jour, qu'on
ne connait qu'imparfaitement les conditions de vitalité de ces se-
mences, et que faute d'expériences précises, il est presque impossible
de pouvoir dire aujourd'hui à un négociant quelles sont, pour une
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 431
espèce déterminée d’origine définie, les conditions de pureté, de fa-
culté germinative et par suite de valeur culturale auxquelles doit
satisfaire la semence rendue et vendue en France.
Il semble que c’est aux stations d'analyse et de contrôle des se-
mences qu'il appartient tout d’abord de définir ces premières condi-
tions : « Nous demandons à ces stations, dit un des négociants en
semences forestières les plus importants de Danemark, de nous défi-
nir dans les conditions où nous pouvons les livrer, ce qui est bonne
et ce qui est mauvaise semence (‘). » — Telle est la première
question à résoudre.
Ce travail fait, il sera possible à l’acheteur de se montrer plus
exigeant, et le commerce, grâce à la concurrence que se font les
principales maisons sérieuses, trouvera sûrement le moyen de satis-
faire à ces exigences.
Déjà d’ailleurs nous voyons un des fournisseurs de graines les
plus influents de Danemark chercher à s'affranchir de cette routine,
et à donner au marché des graines exotiques des bases plus précises.
Ayant constaté que l’organisation actuelle et les moyens d’expérimen-
tation des stations d’essai de semence leur permettent de faire des
recherches sûres et précises dans un temps relativement court, il a
demandé à ces stations (notamment à la station de Copenhague et à
celle de Zürich) d’être l’auxiliaire de son commerce. Depuis 1888
il analyse ou fait analyser les graines de diverses provenances qu'il
reçoit.
Ces expériences lui ont prouvé par exemple qu’en toute saison ar-
rivent du Japon des quantités considérables de semences de mélèze
(Larix leplolepis) qui, bien qu’elles soient payées à un. prix très
élevé, se montrent dès leur arrivée, à l'essai de germination, complé-
tement sans valeur. « C’est une plaisanterie aussi bien pour nous que
pour notre clientèle, dit en propres termes M. Rafn (”), que de payer
à raison de 20 marks au kilogramme des sacs de semences unique-
ment bonnes à être jetées au Las de compost. »
1. « Weiteres über Samenuntersuchungen und den forstlichen Samenhandel », von
Johannes Rafn (Métleilungen der deutschen dendrologischen Gesellschaft, n° 10,
1901).
432 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
D'après les cssais qu'a fait effectuer en 1900-1901 ce négociant à
la station de Zurich, huit échantillons de mélèze japonais ont donné
19, 9, 9, 9,1, 2, 27 et 11 ©}, de faculté germinative. Une seule de
ces fournitures, celle qui donnait 27 °/, de faculté germinative, pou-
vait être mise en vente par un commerçant sérieux.
La même année, le Chamwcyparis oblusa reçu à Copenhague
s’est montré absolument sans valeur et n’a atteint en trente jours que
L°}, de germination tandis qu’une semence reçue l’année précédente
et donnant à ce moment 19,35 °/, germait encore à 7 °/, au bout
d’un an et était par suite encore meilleure que la prétendue « nou-
velle semence » envoyée par le Japon.
Pour le Chamæcyparis pisifera, une semence arrivée directe-
ment du Japon à Copenhague pendant l'automne 1899 germait à ce
moment à 10,67 °/,; mise de nouveau à l’essai au printemps suivant
elle donnait 0 à l'essai de germination.
M. Rafn déduit d’un grand nombre d'expériences du même genre
que si les semences qu'il reçoit directement du Japon germent seule-
meut à 1 °},, c’est que son fournisseur japonais lui expédie une se-
mence restée en magasin depuis plusieurs années avant d’être envoyée
en Europe, et encore que cette semence, ayant été expéciée dans de
mauvaises conditions, est restée longtemps en souffrance dans quel-
que port chinois. M. Rafn en conclut que le commerce ne peut se
prêter à de tels procédés parce que l'acheteur ne peut accepter de
payer une semence aussi inutilisable.
Si nous ne considérons plus des semences défectueuses, de valeur
nulle, qu'une maison sérieuse de commerce ne doit présenter à
aucun prix, mais si nous nous occupons des semences récoltées
dans des conditions normales et expédiées avec les soins qu’elles
exigent pour être conservées en bon état, le contrôle des stations
d'essai de semences présente un autre intérêt. Il permet, comme
nous l'avons précédemment démontré, de donner à la semence sa
véritable valeur marchande ; il permet par suite à l’acheteur de
comparer la valeur argent de la marchandise au degré d'utilité qu'il
peut en tirer et de donner la préférence à la maison qui a su trou-
ver le moyen de lui procurer dans les meilleures conditions une se-
mence utile.
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 433
Cette considération, aussi intéressante pour le négociant en se-
mences forestières que pour l’acheteur, nous porte à croire qu’un
grand nombre de maisons sérieuses sauront se conformer aux exi-
gences bien fondées de la situation actuelle, et qu’elles sauront trou-
ver le moyen de se procurer, de faire voyager, de nettoyer et de pré-
senter la semence brute quelle qu’elle soit, en vue de son utilisation
pratique ; de lui donner par conséquent avec intelligence et habileté
une valeur marchande aussi élevée que possible.
Une telle transformation du commerce des semences exotiques est
nécessaire puisqu'elle a pour but d'arriver à consentir à la meilleure
marchandise le prix (quel qu’il soit [*]) qui correspond à sa valeur ;
cette transformation ne pourra se produire qu'avec le concours et
le contrôle des stations d’essai de semences.
Nous donnons dans le tableau suivant quelques chiffres, obtenus
d’une part à Copenhague par M. J. Rafn, et d’autre part dans nos
essais effectués à la station d’expériences des Barres (les essais mar-
qués d’un astérisque ont été exécutés aux Barres). Les résultats ac-
quis jusqu'à ce Jour sont trop peu nombreux pour que nous en
déduisions autre chose qu’une simple indication sur la qualité des
échantillons essayés.
Nous ne commenterons pas ces chiffres, les essais ayant besoin
d’être entrepris sur un bien plus grand nombre d'échantillons, et
nous nous contenterons d’y prendre deux exemples :
1° La semence d’Abies nobilis achetée à raison de 37 fr. le kilo-
gramme valait autant que du sable et celle d’Abies amabilis achetée
à raison de 390 fr. le kilogramme ne valait pas beaucoup plus que
la précédente ;
2° Sur deux fournitures de graine de Pseudotsuga Douglasii
faites par le commerce, la plus chère des deux (31 fr. le kilo-
gramme) valait à peu près moitié moins que l’autre, payée seule-
ment à raison de 29 fr. le kilogramme.
1. On peut consentir volontiers à payer même fort cher une semence récoltée et
transportée dans des conditions très onéreuses, si elle est susceptible de germer.
Mais personne ne consentira longtemps à acheter en la payant un prix élevé une
matière inerte, dès qu'on sera certain qu'il existe un moyen facile de vérifier qu'elle
est sans valeur,
ANN. SCIENCE AGRON. — 2° SÉRIE, — 1905 — 11 28
ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
434
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435
MENCES FORESTIERES
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436 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Dans ces conditions les transactions relatives aux semences exo-
tiques doivent être établies sur d’autres bases plus sérieuses.
Le professeur Nobbe a demandé à la Société dendrologique alle-
mande, en 1899, s’il ne serait pas possible d'établir par son intermé-
diaire des relations directes dans les pays d’origine d'espèces exotiques
déjà connues, afin d’assurer la livraison de bonnes semences, laissant
entendre qu’une telle manière de procéder serait susceptible de
prendre dans lavenir des proportions avec lesquelles le commerce
des graines aurait à compter.
Nous pensons que de telles mesures ne deviendront pas nécessaires,
parce qu’un honorable marchand de graines est un intermédiaire
désigné entre l’acheteur et le producteur; qu'il a le moyen, mieux
que tout autre, d'établir ces relations avec les pays d’origine, et qu'il
est obligé, s’il veut conserver de bonnes relations avec sa clientèle,
de ne pas livrer des semences qu’on trouvera stériles au premier essai
de germination. Par le fait de son commerce, c’est à lui qu’il appar-
ent de prendre les mesures nécessaires pour apporter sur le marché
des produits ayant une valeur marchande aussi élevée que possible, et
par suite de justifier, dans son propre intérêt, la véritable valeur de
cette marchandise.
Un petit nombre de maisons de commerce qui disposent de corres-
pondants et de relations dans toutes les parties du monde, se décident
aujourd’hui à présenter dans leurs catalogues les principales essences
forestières exotiques ; quelques-unes cherchent à régler leurs achats
dans les pays d’origine sur la valeur culturale des semences elles-
mêmes. Si les autres maisons sérieuses veulent suivre ce bon exemple
(et nous pensons qu’elles ne peuvent déjà plus faire autrement pour
toutes les semences recommandées dont l’usage se répand de plus
en plus), le commerce des semences forestières exotiques sera vite
profondément modifié, car les correspondants étrangers seront obli-
gés de n’envoyer que des graines de bonne qualité et de trouver le
moyen de faire voyager ces semences dans les conditions les plus
favorables.
Il y a environ vingt-cinq ans, les choses se sont passées ainsi pour
les semenes agricoles. Malgré une opposition systématique, les four-
nisseurs de graines n'ont pu résister à cette loi du progrès parce que
ANALYSE ET CONTRÔLE DES SEMENCES FORESTIÈRES 437
les stations d’essai de semences leur ont opposé des résultats d’expé-
riences précises exécutées sur des fournitures de qualité déplorable.
La conséquence de cet effort a été d’am2ner et une amélioration
sensible de la valeur réelle des graines agricoles, et un abaissement
du prix de ces graines. Il appartient aux stations d’analyse et de con-
trôle de semences forestières d’obtenir, par leur influence auprès des
intéressés, le même résultat en ce qui concerne le commerce des
graines forestières.
(A suivre.)
Le Directeur-Gérant : L. GRANDEAU.
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TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Dh PS DEUXIEME SÉRIE
(1894-1905)
Années, Tomes, Pages.
Action du sulfure de carbone sur quelques champi-
gnons et ferments et en particulier sur la fermen-
tation nitrique, par J. PERRAUD. . . . 2° I 291
Agriculture coloniale : Les textiles végétaux des ‘colo-
nies, par H. LECOMTE . . . . ge IE 1
Alimentation rationnelle de la vache Hilière, Contrôle
de son rendement, par J. ALQUIER . . . . 10° IT 100
Amélioration de la culture de la pomme de terre, par
À. GIRARD. . . . CE 2° I 453
Analyse et contrôle des semences forestières, par
AMÉROMAS EE 1: 10e H 332
Antoine Ronna, 1830- 1902, par L. CAN onAU {avec un
POTRrAL) 52 | 8° I 423
Application de la pomme de terre à \ V'alimentation ‘du
bétail. Production de la viande (avec 5 UN
par Aimé GIRARD . . . . 17 Il 330
Application des levures sélectionnées en ‘vinification,
par E. KAYSER . . . . : 5° Il 130
Arthur Petermann, 1845-1902, a Fe EE {avec
nom eat) eue USE Uhr 8e l 433
Calcul de l'indemnité à laquelle a droit l’acheteur des
aliments concentrés du commerce en cas de man-
quant de graisse, d’albumine, etc., par D. Crispo. . IL 294
Champ dexpériences de la Station agronomique de la
Loire-Inférieure, par A. ANDOUARD . . . . 5° IT 456
Composition des betteraves sucrières très riches ‘de
la campagne 1898, par J. GRAFTIAU. . . . . . . . 5° Il 173
Congrès international d'agriculture de Bruxelles SCC 1e IT 271 à 483
Congrès international des directeurs des stations agro-
DOME TRS DO) SNS Ur AS 7 Fe Il 38 à 99
440 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Années, Tomes, Pages.
Considérations générales sur l’état de l’agronomie, par
le C'° DE SAN BERNARDO. Traduit de pre par
Ge WOLFROM:L ES + 10° IT 402
Contribution à la biologie des levures, par El CKAvéén
et Fr. DIENERT RASE RES A M PAUSE TRES Je I 99
Le même (2° mémoire) . . . 7° I 399
Contribution à l'étude de l'assimilation des matières
minérales du sol par les plantes, par J. CROCHETELLE. 8° Il 33
Contribution à l'étude du vanillier, par L. GRANDEAU. 3° I 295
Coup d'œil général sur les progrès de la meunerie,
par E. FEEURENT 2 SAR 10° Il 419
Croissance, alimentation et prix de revient des jeunes
animaux de l’espèce bovine (avec 5 planches), par
FOMDEREBMRE Se 2 En se 7 nee SR RE M 17e Il 1
Dangers que peut offrir l'emploi des boues de ville
comme fumure des He par F. CLaes et
B, Mons . . . à 4F° II 337
De la valeur agricole des scories ‘de Oo nren.
par L. GRANDEAU . . . . 3° I 432
De l'effet des arrosages tardifs : sur la production de la
vendange, par A. Müvrz et Ed. ALBy. . . . . 5° I 296
De lPutilisation, pour la consommation publique, des
viandes provenant d'animaux Rat par H. Ra-
Me ES à 5 dpe Il 340
Détermination du degré alcoolique des vins, par I. Du-
GAS ne SELHÈSE à 10° Il 325
Dix années d'expériences agricoles à Cloches {avec
10 diagrammes), par GC. V. GAROLA . . . . 3° Il 58
Dosage de l'acide phosphorique dans les matières
organiques par le procédé de A. Neumann, par
EXPORER C2 8° l 441
Dosage de lacide phosphorique par titration du phos-
phomolybdate d'ammoniaque, par P. Nyssexs . . 14 Il 91
Douze années de culture de topinambours dans un
même champ, par G. LECHARTIER. . . . - 4° Il 121
Du rôle de la lécithine dans les plantes, par F. ScRLAG-
DENHAUFFEN @t E. REEB . . . . . . . ptah: 7° IL... 458
Du rôle de la porosité des poteries usitées. en horti-
culture; par A2 PETITE) 56 2m. Me el: 72 Il 138
Échantillonnage des terrains salants. Façon de pré-
senter les résultats de l'analyse ; suite des Études
sur les terrains salants de la Californie, par Hi-
GARD €t LouGaripGe. Résumé par J. VILBOUCHEVITCH
(avec 7 diagrammes) , 3° IT 394
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Emploi du nitrate de soude et des engrais chimiques
en agriculture et en viticulture. Résultats des
champs de démonstration, expériences et concours,
obtenus, en 1898, dans vingt- Are départements .
Le même (suite) Exec une planche]. :
Emploi du nitrate de soude et des engrais chimiques
en agriculture et en viticulture. Résultats des
champs de démonstration, expériences et concours,
obtenus, en 1903, en France, en Suisse, en Algérie
et en Tunisie. . . . . LA sa E J
Encore un salt-bush, par I. VILBOUCHEVITCR s
Essai d'introduction d’essences exotiques dans les
forêts de Prusse et d'Autriche, par R. HickeL .
Essais d'irrigation en forêt faits près de Vienne (Au-
triche), par BÔHMERLE et D' CiEsLar.
État statistique des stations agronomiques et des 1abo-
ratoires agricoles en 1902 . RE ou ir EE LE
. de quelques vins malades, par E. Kayser et
. BARBA .
+ des qualités industrielles du cocon du Bombyx
mori en 1895, par J. RAULIN. . . .
Étude des terres de colonisation de la commune de
Cavaignac (Algérie), par J. DuGasr (avec 3 planches).
Étude sur l'absorption des dissolutions nutritives par
le grain de blé et son influence sur la RAS
par ViNcENT (avec 2 diagrammes) . CARE
Étude sur l’acide phosphorique dissous par les eaux
du sol, par Th. SCHLOESING fils. E
Étude sur la composition des terres de la Camargue, la
composition des sables du cordon littoral rhodanien,
la nature du salant de la Camargue, par G. GASTINE.
Étude sur la situation agricole et industrielle de
l'Égypte (avec une planche). par Ch. PExSA .
Étude sur la valeur agricole des terres de Madagascar,
par À. Müwrz et E. RoussEaux .
Le même (suite) . . .
Le même (/in) [avec une carte]. ni
Étude sur la vesce velue, par G. eo os
Étude sur l'emploi des engrais phosphatés sur les
terres de linfracrétacé de la Puisaye, par M. Porter.
Étude sur les conditions de la production du beurre
dans les Pays-Bas (suite), par H. Coupon et E. Rous-
SEAUX (avec une planche de deux cartes). Le
Étude sur les kirschs, par E. Kayser et Fr. DIENERT .
Étude sur le Soja hispida. Culture et composition,
par G. LECHARTIER
Années.
5°
54
7°
4
5e
3°
7e
10°
8°
Tomes.
Il
Il
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441
Pages.
360
442 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Étude sur le vignoble de Chablis. Les conditions de la
production du vin et les exigences de la vigne en
principes fertilisants, par E. RoussEeaux et G. Cnap-
PAz (avec une carte). ;
Étude sur quelques stations agronomiques allemandes.
— Deuxième partie : Station agronomique de
Halle (suite), par E. SatzLaro
Études expérimentales sur l'alimentation du chesal de
trait :
1° mémoire, par L. GRANDEAU, H. BALLACEY et
ALL ALERAN SN: Lg
8° mémoire, par L. Gina et " ATEN
Le même (suite) [avec 2 planches] .
Études sur la canne à sucre; dosage du suc re, compo-
sition de la canne, échantillonnage, par H: PELLET .
Le même (suite et Pa à
Études sur la ponime de terre. Essais de nouvelles Va-
riétés; composition et valeur culinaire, par À. P&-
TERMANN.
Études sur la végétation dans ses rapports avec | Vaéra-
tion du sol. — Recherches sur les plantations des
promenades de Paris (avec une planche), par
L. ManGin .
Études sur la vinification dans le canton de Neuchä-
tel, faites aux vendanges de 1897, par E. RoussEaux.
Études sur la vinification et sur la réfrigération des
moûts, par A. Münrz et E. RoussEat x.
Études sur les vers à soie, par J. RAULIN SPAER
Études sur les vignobles à hauts rendements, par
AE -MUNEZ ee .
Existe-t-il une relation constante entre la solubilité des
scories de déphosphoration dans le citrate d’ammo-
niaque acide et le poids de la récolte produite ? par
À. PETERMANN et J. GRAFTIAU: . .
Expériences d’alimentation à la pomme de terre. par
CoRMOULS-HOULES. . . . . ue UE
Expériences d'alimentation au sucre, par ALERAN :
Expériences d’ensilage des betteraves et des pulpes,
par L. MarPEAUX et G. LEFORT . . . RU
Expériences préliminaires pour déterminer , dans Ja
terre végétale, la partie dite assimilable de l'acide
phosphorique, par le D' ALExIUS DE SIGMOND.
Expériences sur l'amélioration de la culture des racines
fourragères, par C. V. GAROLA. . . . £
Expériences sur l’espacement des cultures, par E Rau-
MIN KE TP SR TE
Années.
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7°
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7°
Je
6°
4°
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Il
Il
Il
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70
113
197
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Expériences sur l'influence de la variation des climats
sur la végétation, par J. RAULIN .
Falsifications des graisses industrielles et comestibles.
— Procédés à employer pour les reconnaitre, par
A. Münrz, Ch. Duran» et E. Miczrau .
Fixation de l'azote atmosphérique par les feuilles
mortes en forêt, par E. HENRY.
Glycogénie et alimentation rationnelle au sucre, par
J. Aiquier et D" A. DROUINEAU.
Le même (suête) .
Le même (suite) .
Le même (suite) RE €
Le même (suite et fin) [avec 2 planches].
Influence de la couverture morte sur l'humidité du sol
forestier, par Ed. HENRY. : À
Influence de la nature du terrain sur des dixerses 1 ré-
coltes, par J. RAULIN .
Influence de l’espacement sur le rendement des bette-
raves, par À. COURAUD et À. ANDOUARD .
Influence des dégagements d'anhydride sulfureux sur
les terres et sur la PrOBMCILAR agricole, par A. Dam-
SEAUX .
Influence des forêts sur Îes eaux ‘souterraines. Excur-
sion hydrologique de 1895 dans les forêts des
steppes, par P. OrTorzxy.
Influence des forêts sur les eaux souterraines (Excur-
sion hydrologique de 1897 dans les forêts septen-
trionales), par P. Ororzky.
Influence des proportions d'éléments fertilisants! sur
les récoltes, par J. RauLin.
J. Raulin, directeur de la Station agronomique du
Rhône, par L. GRANDEAU
La chlorose des plantes et les moyens de la combattre,
par ARKADIJ DMENTIEw, de Tiflis . ;
L’acide nitrique dans les eaux de rivière et de source,
par Th. SCHLOESING .
L’acide phosphorique dissous par este eaux du sol : son
utilisation par les plantes, par Th. ne fils.
La couverture morte des forêts et lazote, par le
D' HORNBERGER. ,
Années.
928
4°
8e
3e
5°
10:
Tomes.
IT
IT
IT
IL
IL
445
Pages.
311
113
313
246
45 et 226
334
124 et 358
455
300
404
387
63
444 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
La culture des céréales en France à dix ans de dis-
tance (1889 à 1898), par L. GRANDEAU.
La décomposition des matières organiques et les for-
mes d’humus dans leurs rapports avec l'agriculture,
par le D WoLEny .
Le même (suite) .
Le même (suite) .
Le même (suite) .
Le même (suite) .
Le même (suite) .
Le même (fin) . ‘
La désinfection des engrais iquides, par le D: Van Er-
MENGEM . : Je
La formation de l'ammoniaque dans des vins, par
A. Münrz et E. ROUSSEAUXx .
La fumure du cotonnier, par L. GRANDEAU
L'agriculture à Malte, par E. FaLLOT .
L'alimentation sucrée par les betteraves desséchées,
par À. Münrz et À. Ch. GIRARD. . . . Le
La lutte contre les campagnols, par G. Mansars À
La lutte contre l'Ocneria dispar aux États-Unis (avec
une planche color.), par E. Henry .
_ La maturation des raisins en Algérie Fo 7 planches),
par J. Ducasr et J. Poussar .
L'amélioration de la betterave à sucre au début du
vinglième siècle, par A. BruNo .
La nutrition minérale des arbres des snets, par EnER-
MAYER.
La production des orges de malterie, par je DAMSEAUT.
La question sucrière en 1903. Valeur et rôle alimen-
taires du sucre chez l'homme et chez les animaux,
par L. GRANDEAU . à ;
La sécheresse en 1893, par L. GRANDEAU .
La sidération par les lupins et la restauration écono-
mique du sol épuisé des pinières, par le D' VErs-
TAPPEN.
La station de climatologie agricole de uvisy: Première
année (1894), par C. FLAMMarION (avec 16 dia-
grammes) . :
La station de Valouyskaya, par B. BOGDAN. Sr.
La température des fermentations en Algérie (avec
9 planches), par J. Ducasr. k
La Tunisie. Histoire de la colonisation, par Ch. RIBAN.
La ville de Paris et l’eau. Lettres au directeur du Temps
(décembre 1904 à mai 1905), par L. GRANDEAU .
L'azote et la végétation forestière, par E. HENRY. .
Années,
L]
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Tomes,
IT
Il
Pages.
440
339
208
4 et 260
362
349
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Le champ d'expériences du Parc des Princes (1892-
1897). Six années d'expériences de culture. Première
série : 1892 à 1894, par L. GRanDEAU et E. BARTMANN
(avec un plan) .
Le même. Deuxième série : | 1895-1897.
Le commerce des Mr rte agricoles aux États-Unis,
par L. GRANDEAU. J
Le fumier de ferme et les engrais minéraux se la
culture maraichère. Expériences faites, en 1894, à
Golden Green, Tumbridge, par M. Bernard Dyer,
par L. GRANDEAU .
Le laboratoire de biologie végétale de Fontainebleau,
par H. MAMELLE . .
Le monde des infiniment petits et l’agriculture, par
L. GRANDEAU.
Le nitrate de soude et le perchlorate de potasse. Re-
marques à propos de quelques insuccès dans la cul-
ture du seigle, par L. GRANDEAU.
Le nitrate de soude perchloraté. Ses effets sur la végé-
tation, par H. PELLET et G. FriBourG. ;
L'origine du nitrate de soude au Chili, par W. NEwWroN.
Le phosphate de chaux et l’alimentation du bétail, par
L. GRANDEAU. s
Le pin sylvestre est il calcifuge ? “Étude. comparée des
conditions de végétation du pin dans les sols sili-
ceux et dans les sols calcaires, par Dmitri Morosoy.
Le privilège du propriétaire, par A. Lonay . :
Le prolongement, chez le sujet alimenté, du ere
de dépense énergétique de l’état d'inanition d’après
les échanges respiratoires pendant le travail, par
A. CHAUVEAU. . é
Le rôle des plantes dans la ‘dissolution des principes
nutritifs du sol qui se trouvent à l’état non dissous,
par le professeur Kossowirscu. Traduit par Bresson.
Les produits chimiques employés à la stérilisation des
excréments humains sont-ils nuisibles aux plantes
agricoles et aux microbes bienfaisants du sol? par
A. PETERMANN . ï
Les progrès de la vinification dans l'Aude, par ni
SEMICHON RU RU AI ENTER
Les scories de déphosphoration : origine, production
_ européenne, composition, emploi, application aux
diverses cultures, par L. GRANDEAU. .
Le même (suite et Jin) .
Les bases du prix de vente des scories 8 de déphospho-
ration. par J. GRAFTIAU. .
Années,
10°
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10°
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3e
3°
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2°
5°
Tomes.
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Il
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445
Pages.
100
450
191
446 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Les cartes agronomiques de l’arrondissement de Meaux
(Seine-et-Marne), France, par J. Bénarn.
Les forêts de plaine et les eaux souterraines :
I. Expériences faites en Russie, de novembre
1901 à octobre 1902, par A. Torsky (avec une
planche). HXQ ER 230
IL. Éspérlénees faites en France, 1900-1909.
par E. Henry (avec 2 planches). 7.3
Les forêts et les eaux souterraines dans les régions de
plaines, par E. HENRY.
Les gisements de phosphates de nee d'Algérie, e
L. GRANDEAU .
Les irrigations, par Th. Les NS.
Les laboratoires d'analyses de l’État. Rapport présenté
à l'assemblée générale extraordinaire du 18 décem-
bre 1898, par J. GRAFTIAU.
Les maladies de la vigne en Portugal pendant l'année
1894, par Verissimo D’ALME1DA et Joào pa Morra PREGO.
Les microbes du sol. Conférence faite à l'assemblée
générale de la Société nationale d'encouragement à
l’agriculture. Séance du 23 mars 1905, par E. KaysEr.
Le Solanum Commersoni et ses He à Ver-
rières (Vienne), par J. LABERGERIE . . . . :
Le sucre et AE de l’homme et des animaux,
par L. GRANDEAU . ;
Le sulla ou sainfoin d'Espagne et d'Algérie. Sa valeur
comme plante fourragère ct comme engrais vert,
par L. GRANDEAU.
Le titane, par H. PELLe® et Ch. Frinoëre:
Les stations agronomiques aux États-Unis, en Alle-
magne et en France : leurs ressources et leur déve-
loppement, par L. GRANDEAU. 3
Les vins d'Algérie au point de vue de leur constitution
chimique, par J. Ducasr.
L'humidité du sol et du sous-sol dans les Sd epede russes
boisées ou nues (Véliko-Anadol), par G. WyssoTzky.
L'hylobe et l’hylésine du pin dans la Haute-Marne, par
E. Henry (avec une planche). n CL
Lois spéciales pour combattre la falsification des « en-
grais, des substances alimentaires pour bétail et des
semences, par À. PETERMANN.
Marche de la température et de la fermentation dans
l’ensilage des fourrages verts, par Albert VAUCHEZ
et feu Pol MarcuaL. En collaboration avec MM. FLec-
KINGER et BonxéraT (avec 9 planches).
Années,
2e
…
8°
10e
10°
4°
1re
10°
7e
10c
are
6°
Tomes.
Il
IT
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II
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Pages,
LES
—
1
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Méthodes conventionnelles adoptées par les labora-
toires belges, les stations agricoles hollandaises et
la station agricole du grand-duché de Luxembourg
pour l’analyse des matières fertilisantes et des
substances alimentaires du bétail.
Note sur le dosage des sucres réducteurs par la mé-
thode de Lehmann, modifiée par M. Maquenne, par
L. Massor et A. GATLLEMAND. er
Note sur l'organisation de la Ligue des (paysans ou
Boërenbond, par A. THEUNIS. . . . ses
Notes sur le champ d’expériences du Parc des Princes,
par L. GRANDEAU . . . à
Nouvelle méthode pour la recherche de ET falsification
du beurre par l'huile de coco et ses diverses formes
commerciales, par A. Münrz et H. Coupon. . . .
Nouvelles études sur la vinification et sur la réfrigé-
ration des moûts faites aux vendanges de 1896, par
A. Münrz et E. RoussEaux.
Nouvelles observations sur la composition des beurres,
par A. PaGNouL .
Nouvelles observations sur la fragmentation des tuber-
cules de plant de pomme de terre, par À. GIRARD.
Nouvelles recherches au sujet de l'influence attribuée
à la richesse en fécule des plants de pomme de terre
sur l'abondance et la richesse des récoltes, par
A. GIRARD .
Observation relative au dosage des matières vrganiques
dans les eaux, par PAGNOUL .
Observations sur le mémoire du D° Hornberger inti-
tulé + « La couverture morte des forêts et l’azote »,
par LE. HENRY.
Observations sur le rendement cultural ets sur la ere
en fécule de plusieurs variétés de pommes de terre
industrielles et fourragères, par À GIRARD. ;
Origine de Parsenic contenu dans certaines bières, par
APETERMANNES EE 22% 2
Procédés pour reconnaitre la fraude des beurres par les
matières grasses animales et végétales, par A. Münrz.
Prophylaxie de la tuberculose bovine, par E. Nocarn .
Quelques données statistiques sur la production et la
consommation des céréales alimentaires dans Île
monde, par L. GRANDEAU
Années.
5e
ge
3°
7e
4°
10°
4c
4°
Tomes.
Il
Il
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Il
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Il
447
Pages,
428
440
95
231
392
303
139
187
448 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Quelques observations sur la production du blé en
France, par L. GRANDEAU . . . . PAEUTE
Quelques recherches relatives aux matières azotées du
sol, par PacnouL .
Rapport sur la composition des beurres des RM à
par I. Coupon et E. RoussEAux.
Rapport sur la conservation du fumier, par à Müwrz.
Rapport sur les accidents provoqués. par l'emploi du
nitrate de soude au printemps 1896, par M. Crispo.
Rapport sur les procédés à employer pour reconnaitre
les falsifications des huiles d’olive comestibles et
industrielles, par A. Münrz, Ch. Duran et E. Mir-
LIAU. !
Rapport sur les stations agronomiques et les labora-
toires agricoles, par L. GRANDEAU. à
Rapport sur le travail de M. E. Fleurent intitulé :
« Recherches sur la composition immédiate et élé-
mentaire des matières albuminoïdes extraites du
grain des céréales et des graines des légumineuses ;
conséquences He de cette étude », par A. Li
VACHE .
Rapport sur les vins ‘des terrains salés ‘de PAlgérie, par
L. Roos, E. Rousseaux et J. Ducasr.
Rapports entre le propriétaire et l'exploitant du sol, par
OSCHMTEZ EI : A
Recherches annee sur quelques progédés de désin-
fection à employer dans les industries de fermenta-
tion et dans la lutte contre le Merulius lacrymans,
par GJIWESENBERG 1: fois
Recherches de M. Bernard Dyer sur l? approvisionnement
probable du sol en principes fertilisants, par L. GRAN-
DEAU Ë EN
Recherches expérimentales sur Vassimilation de ’azote
ammoniacal et de lPazote nitrique par les plantes
supérieures, par M. LAURENT. . . . "E
Recherches expérimentales sur la culture de la fraise
dans les environs de Paris, par H. Coupon.
Recherches expérimentales sur la culture et 1 ‘exploita-
tion des vignes (suite), par À. Münrz .
Recherches sur la composition de terres de la Crau et
des eaux et limons de la Durance, par G. GASTINE .
Recherches sur la composition immédiate et élémentaire
des matières albuminoïdes extraites du grain des
céréales et des graines des légumineuses ; consé-
quences pratiques de cette étude, par E. FLEURENT .
Années.
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°
6°
jre
ge
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4°
4°
Tomes.
Il
Il
Il
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II
Pages.
271
433
371
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES
Recherches sur l’action exercée par différents agents
physiques et chimiques sur le gluten des farines de
blé. Conditions du dosage de cet élément, par E. FLEU-
RENT :
Recherches sur he consommation ‘d'aliments et ‘d'éner-
gie des bœufs adultes à l’engrais, par KELLNER et
KouLer. Traduit de l'allemand par M. A. COUTURIER.
Recherches sur la fumure minérale de la betterave à
sucre en 1895, par À. Vivier. à
Recherches sur la pomme de terre alimentaire, par
Henri Coupon et Léon Bussarp. s
Recherches sur le développement progressif de la grappe
de raisin, par À. GiRarD et L. LiNDEr.
Eeches sur l'intervention de l’ammoniaque atmos:
phérique dans la nutrition végétale, par A. Münrz.
Recherches sur les échanges d'énergie et leurs rapports
avec les échanges nutritifs chez le bœuf adulte à la
ration d'entretien, par le D' Kezrner. Traduit de
allemand par M. A. COUTURIER L
Recherches sur les exigences du tabac en principes fer-
tilisants, par A. Ch. GiraRp et E. ROUSSEAUX.
Le même (suite) . À
Le même (2° partie) [avec une eplanchel/:
Le même (2° partie) [suite et fin].
Recherches sur les quantités de matières fertilisantes
nécessaires à la culture intensive de la pomme de
terre, par A. GIRARD .
Résistance au salant et autres sujets. suite des Études
sur les terrains salants de la Californie, par
E. W. HizçarD, R. H. LoucRipGer, J. BurtT Davy,
E. J. Wicxsow, À. B. LeckenBy et Ch. Six. Résumé
par J. VILBOUCHEVITCH .
Résumé des travaux de la Station agronomique ‘du Pas-
de-Calais, par A. PacnouL .
Rothamsted. Un demi-siècle d'expériences agronomi-
ques de MM. Lawes et Gilbert, par A. RonNa (avec
2 portraits) . M Re ME NN ER
Lerméeme/(suiteserin): ROUE 164 IFR
Station agronomique de l’État à Gembloux : Rapport
sur les travaux de 1895, par A. PETERMANN :
Station agronomique de l’ile Maurice : UE sur les
travaux de 1895, par P. BONAME :
— Rapport sur (es travaux de 1896, par le même.
Sur la décomposition des feuilles mortes en forêt, par
SALE AT OR EE RENE EU PE EE
ANN. SCIENCE AGRON, — 2° SÉRIE — 1905 — 1
Années.
ge
3°
4
4e
Tomes.
IT
IT
IT
449
Pages.
450
303
374
250
261
401
104
450 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Sur la décomposition des matières albuminoïdes pen-
dant la germination, par Dm. Morosow.
Sur la formation et la conservation du fumier de ferme,
par H. Joue.
Sur la possibilité d’une culture avantageuse de la bette-
rave à sucre dans certains terrains salants, par Hir-
GARD et LouGuRinGEe. Résumé par J. ViLBOUCHEVITCH.
Sur le dosage de la chaux dans les terres, par J. La-
BORDE . 4 0.
Sur le dosage de la quantité de beurre contenu dans la
margarine, par À. Münrz et H. Coupox . . . .
Sur le rôle des forêts au point de vue des services indi-
rects, par Henry Larosse
Sur le rôle hydrogéologique des forêts dans les régions
montagneuses, par M. OTorzxky. . . . . . .
Sur les relations des dissolutions contenues dans les
sols avec les phosphates employés comme engrais,
par M. Th. SCHLOESING. . . . :
Sur l’utilisation agricole d’un résidu industriel (pous-
sières des hauts fourneaux), par COLOMB-PRADEL .
Terres de marais septentrional de la Vendée : leur com-
position et leur épuisement par une culture sans
engrais, par M. ARTUS . k
Tourteaux de graines oléagineuses. Examen macros co-
Pique et microscopique. Diagnose, par L. Bussarp
EL AG FRONT MAR D Le
‘ourteaux de graines oléagineuses : origine, composi-
tion, utilisation, caractères macroscopiques et micros-
copiques, diagnose, par les mêmes (suite).
Travaux de la commission chargée de l’unification in-
ternationale des méthodes d'analyse.
Unification internationale des méthodes d’analyse dans
les stations agronomiques et les laboratoires agri-
coles, par A. MAYER. : ,.24 al
Valeur agricole des scories Martin, par A. PETERMANN .
Vingt années d'expériences sur l'alimentation du cheval
de trait, par L. GRANDEAU et A. ALEKAN .
Années,
3e
7°
3°
8e
ge
7e
7e
se
10°
Tomes.
Il
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Pages,
425
288
Il 417 et 138
397
138
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS
NE EN D'A CIEUNTE" SÉRIE
(1894-1905)
Alby (Ed.). — Foir Münrz (A.).
Alekan (A.). — Expériences d'alimentation au sucre.
— Voir GRANDEAU (L.).
Alexius de Sigmond (Dr). — Expériences prélimi-
naires pour déterminer, dans la terre végétale, la
partie dite assimilable de l’acide phosphorique .
Almeida (Verissimo d') et Motta Prego (Joao da).
— Les maladies de la vigne en ae pendant
Pannée 1894. Ë
Alquier (J.) et Dr A. Due — ‘Glycogénie et
alimentation rationnelle au sucre.
— Le même (suite).
— Le même (suite).
— Le même (suite). è 4 AE ARR DEUX
— Le même (suite et fin) [avec 2 planches]. . ‘
— Alimentation rationnelle de la vache laitière. Con-
trôle de son rendement.
Andouard (A.). — Champ Ex périeniees de ‘ta Sta-
tion agronomique de la Loire-Inférieure.
— Voir Couraup (A.).
Arkadij Dmentjew, de Tiflis. — La chlorose des
plantes et les moyens de la combattre .
Artus. — Terres du marais septentrional de Ja Ven-
dée; leur composition et leur épuisement par une
culture sans engrais .
Ballacey (H.). — Voir GRANDEAU (L.).
Barba (G.). — Voir KAYser (E.).
Bartmann (E.). — Voir GRANDEAU (L.).
Bénard (J.). — Les cartes agronomiques de larron-
dissement de Meaux (Seine-et-Marne), France. .
Années,
7e
6e
5e
9e
7e
Tomes.
Il
IL
II
IL
Pages.
38
140
246
45 et 226
334
124 el 358
98
100
456
63
264
452 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Bôhmerle el D' Cieslar. — Essais d'irrigation en
forêt faits près de Vienne (Autriche).
Bogdan (B.). — La station de Valouyskaya. À
Bonâme (P.). — Station agronomique de l'ile Mau-
rice : Rapport sur les travaux de 1895 .
— — Rapport sur les travaux de 1896
Bonnétat. — Voir Vaucuez (Albert).
Bresson. — [Le rôle des plantes dans la dissolution
des principes nutritifs du sol qui se trouvent à
Pétat non dissous, par le professeur KossowirscH.
Traduction . :
Bruno (A.). — L'amélioration de Ia betterave à sucre
au début du vingtième siècle. "re
Burtt Davy (J.). — Voir Hircarp (E. W.).
Bussard (L.) et G. Fron. — Tourteaux de graines
= oléagineuses. Examen macroscopique et micros-
copique. Diagnose . . Ë
— Tourteaux de graines oléagineuses : Onieines, com-
position, utilisation, caractères macroscopiques
et microscopiques, diagnose (suite)
— Voir Counox (H.).
Chappaz (G.). — Voir Rousseaux (E.).
Chauveau (A.). — Le prolongement, chez le sujet
alimenté, du processus de dépense énergétique
de l’état d’inanition d’après les échanges respira-
toires pendant le travail .
Cieslar (D'). — Voir BÜHMERLE.
Claes (F.; ct B. Moens. — Dangers que peut offrir
l'emploi des boues de ville comme fumure des
pâturages . NN ROMENE HOME SEA
Colomb-Pradel. — Sur l'utilisation agricole d'un
résidu industriel Au des hauts four-
neaux) .
Cormouls- HOUR — Expériences d'alimentation à
la: pomme TeTERE RNA CRT
Coudon (H.). — Recherches expérimentales sur Ja
culture de la fraise dans les environs de Paris.
Coudon (Henri) et Léon Bussard. — Recherches
sur la pomme de terre alimentaire. 3
Coudon ([H.) et E. Rousseaux. — Rapport sur ja
composition des beurres des Pays-Bas .
— Étude sur les conditions de la production du
beurre dans les Pays-Bas (suife) [avec une planche
de deux cartes] .
— Voir Münrz (A.).
Années.
ge
gc
10€
10€
Tomes,
II
I
I
Il
Il
Il
Pages.
17 et 238
191
426
211
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 493
Années. Tomes. Pazes.
Couraud (A.) et A. Andouard. — Influence de l’es-
pacement sur le rendement des betteraves . . . 5° Il 469
Couturier (A.). — Recherches sur les échanges
d'énergie et leurs rapports avec les échanges nu-
tritifs chez le bœuf adulte à la ration d'entretien,
par le D° Kezrner. Traduit de l'allemand. . . . eue tr 229
— Recherches sur la consommation d'aliments et d'é-
nergie des bœufs adultes à l'engrais, par KELLNER
et Kourer. Traduction de l'allemand. . . . 4° IT 303
Crispo (D.). — Calcul de l'indemnité à laquelle 2 a
droit l'acheteur des aliments concentrés du com-
merce en cas de manquants de graisse, d'albu-
mineitetc. "SU 47° Il 294
— Rapport sur les accidents provoqués “ee l'emploi
du nitrate de soude au printemps 1896. . . . . 4e [ 92
Crochetelle (J.). — Contribution à l’étude de Passi-
milation des matières minérales du sol par les
DANSE MERE AIM EC A CAT TE M EIDURITNE 8° Il 33
Damseaux (A.). — Influence des dégagements d’an-
hydride sulfureux sur les terres et sur la produc-
tion agricole. 2e I il
— La production des orges de malterie. 9e Il 2
Dienert (Fr.). — J'oir Kayser (E.).
Drouineau (D' A.). — Voir ALQuIER (J.).
Dugast (J.). — La température des fermentations en
Algérie (avec 9 planches) . É La Il 273
— Étude des terres de colonisation de- la € commune de
Cavaignae (Algérie) [avec 3 planches]. . .. . . . 4e I 425
— Les vins d'Algérie au point de vue de leur consti-
tution chimique . . . . . Eh PAIDE Il 309
— Détermination du degré Ho oombe des VINS AR ER METOT [ 325
Dugast (J.) et J. Poussat. — [a maturation des
raisins en Algérie (avec 7 planches). . . . . . . qre [ 260
— Voir Roos (L.).
Durand (Gh.). — Voir Münrz (A.).
Dyer (Bernard). — Voir GRANDEAU (L.).
Ebermayer. — La nutrition minérale des arbres des
1ONOS- PL Rap NET A EUNE ERTO lee 17 Il 234
Fallot (E.). — L'agriculture à Malte. . . . 7e IT 378
Flammarion (G.).— La station de dinatologtés agri-
cole de Juvisy. Première année (1894) [avec
16diagrammes] tt PMMPATIUR CA TSMEUAIS, 5e Ï 1
Fleckinger. — Poir Naucnezl| (Albert).
454 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Fleurent (E.). — Recherches sur la composition
immédiate et élémentaire des matières albumi-
noides extraites du grain des céréales et des
graines des légumineuses ; conséquences prati-
ques de cette étude. ;
— Recherches sur l’action exercée par différents agents
physiques et chimiques sur le gluten des farines
de blé. Conditions du dosage de cet élément .
— Coup d'œil général sur les progrès de la meunerie.
Fribourg (Gh.). — Voir PELLET (H.).
Fribourg (G.). — Voir PELLET (H.).
Fron (A.). — Analyse et contrôle des semences
FOFESHÈTES MAR HP PANNE SRE
Fron (G.). — Voir BUSSARD (L.
Gallemand (A.). — Voir MassoL (L.).
Garola (G. V.). — Dix années d'expériences agricoles
à Cloches (avec 10 diagrammes) . . PIRE
— Expériences sur l'amélioration de la culture des
racines fourragères.
Gastine (G.). — Recherches sur la composition des
terres de la Crau et des eaux et limons de la Du-
rance.
— Étude sur Ja composition des terres de la Camargue,
la composition des sables du cordon littoral rho-
danien, la nature du salant de la Camargue. .
Girard (Aimé). — Application de la pomme de terre
à l'alimentation du bétail. Production de la viande
(avec 5 diagrammes) .
— Nouvelles observations sur la une 0in des tu-
bercules de plant de pomme de terre.
— Nouvelles recherches au sujet de l'influence attri-
buée à la richesse en fécule des plants de pomme de
terre sur l'abondance et la richesse des récoltes.
— Amélioration de la culture de la pomme de terre.
— Recherches sur les quantités de matières fertili-
santes nécessaires à la culture intensive de la
pomme de terre. À
— Observations sur Île rendement cultural et sur Ja
teneur en fécule de plusieurs variétés de pommes
de terre industrielles et fourragères .
Girard (Aimé) et L. Lindet. — Recherches sur le
développement progressif de la grappe de raisin.
Girard (A. Ch.). — J'oir Münrz (A.).
Girard (A. Ch.) et E. Rousseaux. — Recherches
sur les exigences du tabac en principes fertilisants.
Années.
AR
9e
1 0€
3e
4°
4e
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Tomes,
IT
Pages,
371
450
155
240
46
179
12
Le]
eu
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 455
Années, Tomes. Pages.
— Le même (suite). En REP 8° I 329
— Le même (2e partie) [avec une planche]. RS ge I 376
— Le même (2e partie) [suite et Jin] . . . SE IT 16
Graftiau (J.). — Les bases du prix de vente des SCO-
ries de déphosphoration . . . . 5° IT 117
— Les laboratoires d'analyses de L'État. RAR UrÉ pré
senté à l'assemblée re extraordinaire du
148 décembre 1898 . : ... . 5e IT 122
— Composition des betteraves sucrières trés riches. de
ÉNCARARNOS ESS FE ANAL D tre et. 5e Il 173
— Voir PETERMANN (A.).
Grandeau (L.). — Recherches de M. Bernard Dyer
sur l'approvisionnement ERore du sol en prin-
Étpes fertilisants. 2 7: 17° [ 433
— Le fumier de ferme et les engrais minéraux ne nl
culture maraichère. Expériences faites, en 1894,
à Golden Green, Tumbridge, par M. BERNARD DyER. 1° If 25
— La sécheresse en 1893. . . . . AFe Il 249
— Rapport sur les stations agronomiques et lés labo:
rafoires a8ricoles 421 0% re IT 271
— Le sulla ou sainfoin d'Espagne et d Neuries Sa valeur
comme plante fourragère et comme engrais vert. 1°° Il AT4
— J. Raulin, directeur de la Station agronomique du
Rhône. Cu a ge l 387
— La fumure du cotonnier. Le RE LR NA Ann Il 253
— Les scories de déphosphoration; origine, produc-
tion européenne, composition, emploi, applica-
ON AHX AIVETSES CHILUCES 2/0 Le 2° LE 410
= Le memes (suwe er Jen =. 3° il 1
— Les gisements de phosphates de chaux dAléehie, 3e Il 213
— Contribution à l'étude du vanillier . . . .. 39 IT 295
— De la valeur agricole des scories de déphosphoration. 3e IT 432
— Le nitrate de soude et le perchlorate de potasse.
Remarques à propos de RULs insuccès dans
la culture du seigle. . . . . 4e I 84
— Quelques données statistiques sur la “production et
la consommation des céréales alimentaires dans
le monde . RAR Ge 4e IL 187
— Le sucre et oontaton dé ne ë Le ani-
MAUR ARTE 4e IL 439
— La culture des lee en rent à he ans Ge ir
tance (1889 à 1898). . . . . 5° IT 440
— Quelques observations sur la production du blé en
Erances 20 7e [ 117
— Notes sur le champ d'expériences du Parc des
ÉÉMAP ES R te ORCe Mg ele ee As 7° l 254
456 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Années. ‘Tomeés, Pages.
agronomiques aux États-Unis, en Alle-
magne et en France : leurs ressources et leur
développement. . . . . . 7e Il 453
— Le commerce des produits agric oles aux É tats-Ur nis. 7e I 461
— La question sucrière en 1903. Valeur et rôle ali-
mentaires du sucre chez l’homme et chez les ani-
MDAUXE SE ARE 8e I l
— Antoine Ronna, 1830- 1902 (vec un | portrait) SAAGE 8° Il 493
— Arthur Petermann, 1845-1902 (avec un portrait) . . 8° [ 433
— La ville de Paris et l’eau. Lettres au directeur du
Temps (décembre 1904 à mai 1905). . . . . . 10° [ 342
— Le monde des infiniment petits et Pagriculture . . 10° I 450
sta a dOÉ Il 1
Grandeau (L.), H. Ballacey el A. Alekan. —
Études expérimentales sur l'alimentation du che-
val devrait (7e mémoire) 10". 2e IT 113
Grandeau (L.) et A. Alekan. — Étudés expérimen-
tales sur l'alimentation du cheval de trait (8° mé-
Moire) «+ #7: UE UPS NES EE 98 Il 30
— Le même (suite) [avec 2 2 > planches] . Li A PE NC LE JE Il 330
— Vingt années d'expériences sur Palimentation du
chevalide trait 40" Die 0% PSE ME EU DS IT 138
Grandeau (L.) et E. Barman — Le champ
d'expériences du Parc des Princes (1892-1897).
Six années d'expériences de culture. Première
série : 1892-4894 (avéc un pla): 2. 1,10 I 237
— Le même. Deuxième série : 1895-1897. . . . . . 10° I 288
Henry (E.). — La lutte contre l'Ocneria dispar aux
États-Unis (avec une planche coloriée). . . . . 2e I 276
— L'azote et la végétation forestière. . . . 3° Il 309
— Les forêts et les eaux souterraines dans les régions
de plames- 4° Il il
— Jnfluence de la couverture morte sur one ‘du
SOL APS TIER 7 LME DES De s 1e Il 182
— Fixation de lPazote atmosphérique par les feuilles
mortes en forêt . . . . . 8e IT 313
— Sur la décomposition des feuilles mortes en forêt. ge LL 328
— L'hylobe et l'hylésine du pin dans la Haute-Marne
(avec UnE DIARCHÉ) A ET COR LS UT ee REUS Il 140
— Observations sur le mémoire du Dr Hornberger
intitulé : « La couverture morte des forêts et
L'AZOLER DE NENNE Dr NE ARE PORT GER PE CE CR RES DE Il 231
— Voir ToLsky (A.).
Hickel (R.). — Essais d'introduction d’essences exo-
tiques dans les forêts de Prusse et d'Autriche. . 8° Il 142
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 457
Années. Tomes. Pages,
Hilgard et Loughridge. — Sur la possibilité d’une
culture avantageuse de la betterave à sucre dans
certains terrains salants. Résumé par J. Vilbou-
chevItOR FPT EE 3° [T 382
— Échantillonnage des Te AT Façon de
présenter les résultats de l’analyse ; suite des
Études sur les terrains salants de la Californie.
Résumé par J. Vilbouchevitch (avec 7 diagrammes) 9e Il 394
Hilgard (E. W.), R. H. Loughridge, J. Burtt
Davy, E. J. Wickson, À. B. Leckenby cl
Ch. Sinn. — Résistance au salant et autres
sujets. Suite des Études sur les terrains salants
de la Californie. Résumé par J. Vilbouchevitch . 4e Il 401
Hornberger (D'). — la couverture morte des forêts
CHMAZULE RL AT ARS TU CUS Ur 11e I 220
Joulie (H.). — Sur la formation et la conservation
AUAUMIER TUE ÉCRIRE EE PA AT NT RS EL 3e Il 193
Kayser (E.). — Application des levures sélection-
nées en vinification. . : . 5° II 130
— Les microbes du sol. Conférence faite à | l'assem-
blée générale de la Société nationale d’encoura-
gement à l’agriculture. Séance du 23 mars 1905 . 10° I 432
Kayser (E.) et Fr. Dienert. — Contribution à la
DIOIUBIP ALES MINES TPE UC dE Il 99
PE memes (2e MOMOIrE). See Lu El de TS l 399
— Étude sur les kirschs. . . . 10e Il 209
Kayser (E). ct G. Barba. — Étude de quelques vi vins
HARAURS TS PS SPRL RC RUE ANT 4° [ 25
Kellner (D'). — Recherches sur les échanges d’éner-
gie et leurs rapports avec les échanges nutritifs
chez le bœuf adulte à la ration d'entretien. Tra-
duit de l'allemand par M. A. COUTURIER. . . . . 4e Il 299
Kellner ct Kohler. — Recherches sur la consomma-
tion d’aliments et d'énergie des bœufs adultes à
Pengrais. Traduit de l’allemand par M. À. Cou-
FUMER LCL RTE NT MCE IN PART ARNO 4e Il 303
Kohler. — Voir Knns
Kossowitsch (P'). —— Le rôle des plantes dans la
dissolution des principes nutritifs du sol qui se
trouvent à l'état non dissous. Traduit par
DEN BRES SUN Em ee DAS dut ne eur Let 8e [ 220
Labergerie (J.). — Le Solanum Commersoni et
ses variations, à Verrières (Vienne) . . . . . . 10° Il 57
458 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Laborde (J.). — Sur le dosage de la chaux dans les
terres ARE US PEL ARE FE RTE As AN?
Lafosse (Henry). — Sur le rôle des forêts au EE
de vue des services indirects . :
Laurent (M.). — Recherches expérimentales s sur Lee
similation de l'azote ammoniacal et de lazote
nitrique par les plantes supérieures .
Lebens (Th.). Les irrigations . k
Lechartier (G.).— Étude sur la vesce velue ,
— Douze années de culture de topinambours dans un
même champ.
— Étude sur le Soja hésite. Culture et composition.
Leckenby (A. B.). — Voir Hircarp (E. W.), etc.
Lecomte (H.). — Agriculture coloniale : Les textiles
végétaux des colonies. :
Lefebvre (F.).— Croissance, alimentation et prix ‘de
revient des jeunes animaux de lespèce bovine
(avec 5 planches) . : :
Lefort (G.). — J'oir MaLPEAUx (L. ).
Lindet (L.). — Voir GIRARD (A.).
Livache (A.). — Rapport sur le travail de M. E. Fleu-
rent intitulé : Recherches sur la composition
immédiate et élémentaire des matières albumi-
noïdes extraites du grain des céréales et des
graines des légumineuses ; conséquences pra-
tiques de cette étude . : ;
Lonay (A.). — Le privilège du propriétaire
Loughridge. — Voir HILGARD.
Malpeaux (L.) et G. Lefort. — Expériences d'en-
silage des betteraves et des pulpes. L
Mamelle (H.). — Laboratoire de biologie végétale de
Fontainebleau . L
Mangin (L.). — Études sur la végétation dans : ses
rapports avec laération du sol. — Recherches
sur les plantations des promenades de Paris
(avec une planche). Be ;
Marchal {feu Pol). — Voir Vacenxe (Albert).
Marsais (G.). — La lutte contre les campagnols .
Massol (L.) et A. Gallemand. — Notes sur le do-
sage des sucres réducteurs par la méthode Leh-
mann, modifiée par M. Maquenne.
Mayer (A..). — Unification internationale des mé-
thodes d'analyse dans les stations agronomiques
et les laboratoires agricoles. … .... 2...
Milliau (E.). — J'oir Munrz (A.).
Années.
7e
8°
10°
4e
1re
10€
ge
10°
Tomes,
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Pages.
82
288
418
379
48
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS
Moens (B.). — J'oir CLaes (F.).
Morosov (Dmitri), — Le pin sylvestre est-il calci-
fuge ? Étude comparée des conditions de végé-
tation du pin dans les sols siliceux et dans les
sols calcaires .
—Sur la décomposition des matières noie
pendant la germination. À
Motta Prego (Joao da). — J’oùr Are (V. d.
Müntz (A.). — Recherches expérimentales sur la cul-
ture et l'exploitation des vignes (suile).
— Procédés pour reconnaitre la fraude des beurres
par les matières grasses animales et végétales .
— Rapport sur la conservation du fumier.
— Recherches sur l'intervention de l’ammoniaque at-
mosphérique dans la nutrition végétale.
— Études sur les vignobles à hauts rendements.
Müntz (A.) et Ed. Alby. — De l'effet des arrosages
tardifs sur la production de la vendange .
Müntz (A.) et H. Coudon. — Sur le dosage de la
quantité de beurre contenu dans la margarine.
— Nouvelle méthode pour la recherche de la falsifica-
tion du beurre par l'huile de coco et ses diverses
formes commerciales.
Müntz (A.), Ch. Durand et E. Milliau. — Rap
port sur les procédés à employer pour recon-
naître les falsifications des huiles d’olive comes-
tibles et industrielles .
— Falsifications des graisses industrielles et comesti-
bles. — Procédés à employer pour les reconnaitre.
Müntz (A.) et A..Ch. Girard. — L'alimentation su-
crée par les betteraves desséchées
Müntz (A.) et E. Rousseaux. — Études sur la vini-
fication et sur la réfrigération des moûts.
— Nouvelles études sur la vinification et sur la réfri-
gération des moûts faites aux vendanges de 1896.
— La formation de Pammoniaque dans les vins .
— Étude sur la valeur agricole des terres de Mada-
gascar .
— Le même (suite). À :
— Le même (/in) [avec ec une carte]
Newton (W.). — L'origine du nitrate de soude au
Chili .
Nocard (E.).— Prophylaxie de la tuberculose bovine.
Nyssens (P.). — Dosage de l’acide phosphorique par
titration du phosphomolybdate d’ammoniaque .
Années.
9e
Tomes,.
Il
459
Pages.
289
296
460 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Ototzky (P.). — Influence des forèts sur les eaux
souterraines. Excursion hydrologique de 1895
dans les forêts des steppes .
— Influence des forêts sur les eaux souterraines. (Ex-
cursion hydrologique de 1897 dans les forêts sep-
tentrionales). à
— Sur le rôle hydrogéologique des forê êis dans les. ré-
gions montagneuses .
Pagnoul (A.). — Résumé des travaux de la Station
agronomique du Pas-de-Calais.
— Observation relative au dosage des matières orga-
niques dans les eaux .
— Quelques recherches relatives aux matières azotées
du sal. HAE
— Nouvelles observations sur da composition des
beurres . : MROTE
Pellet (H.). — Es sur æ canne à: sucre ; ‘dosage
du sucre, composition de la canne, échantillon-
nage .
— Le même (suite et Hu) : RATE
Pellet (H.) et G. Fribourg. — Le nitrate de soude
perchloraté. Ses effets sur la végétation.
Pellet (H.) et Ch. Fribourg. — Le titane.
Pensa (Ch.). — Étude sur la situation agricole et
industrielle de Egypte (avec une planche) .
Perraud (J.). — Action du sulfure de carbone sur
quelques champignons et ferments et en particu-
lier sur la fermentation nitrique . ;
Petermann (A.). — Lois spéciales pour combattre la
falsification des engrais, des substances alimen-
taires pour bétail et des semences .
— Station agronomique de l'État à Gembloux : Rapport
sur les travaux de 1895.
— Les produits chimiques employés à la stérilisation
des excréments humains sont-ils nuisibles aux
plantes agricoles et aux microbes bienfaisants du
sol? . k See APE MEET A
— Études sur la pomme de terre. Essais de nouvelles
variétés; composition et valeur culinaire .
— Origine de l’arsenic contenu dans certaines bières.
— Valeur agricole des scories Martin. :
Petermann (A.) et J. Graftiau. — Existe-t-il une
relation constante entre la solubilité des scories
de déphosphoration dans le citrate d’ammoniaque
acide et le poids de la récolte produite ? .
Années.
3e
3°
Tomes,
JL
Il
Il
I
Pages.
291.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 461
Années. ‘Tomes. Pages.
Petit (A.). — Du rôle de la porosité des poteries usi-
tées en horticulture . . . . FE SOÆIBT 138
Poher (E.). — Dosage de l'acide phosphorique ‘dans
les matières organiques par le procédé de A. Neu-
MR. 8° Il 441
Potier. — Étude sur l'emploi des engrais) phosphatés
sur les terres de l’infracrétacé de la Puisaye. . . 3° IT 136
Poussat (J.).— Voir Ducasr (J.). :
Raquet (H.). — De l’utilisation, pour la consomma-
tion publique, des viandes provenant d'animaux
tuberculeux 2.7. "27 CPAS ME: 4e Il 340
Raulin (J.). — Études sur les vers a SUR Are, IL 45
— Étude des qualités industrielles du cocon du Bombe
mort en 18958 … - . MO a Il 301
— Expériences sur lespacement des cultures ITA 2e [ 394
— Influence @és proportions d'éléments fertilisants
sur les récoltes . . . . 2e Il 404
— Influence de la nature du terrain. sur les diverses
PÉCOES LC EN LT BASANT TE ER NE 20 I 410
Reeb (E.). — Voir net ees (F:):
Riban (Ch.). — La Tunisie. Histoire de la coloni-
SAONE MRGOMNNEUT BAUER, E ME ROFE 47° IL 390
Ronna (A.). — Rothamsted. Un demi-siècle d’expé-
riences agronomiques, de MM. Lawes et Gilbert
(AVEC DONS): 2 Le 2 AMIE 6e I 30
— Le méme (Ja): 2". .7. | 6e IL 139
Roos (L.), E. Rousseaux et J. Haycet — _ Rapport
sur les vins des terrains salés de PAlgérie. . . . 6° IL 276
Rousseaux (E.). — Études sur la vinification dans le
canton de Neuchâtel, faites aux vendanges de 1897. 4° Il 1
Rousseaux (E.) et G. Chappaz. — Élude sur le vi-
gnoble de Chablis. Les conditions de la production
du vin et les exigences de la vigne en principes
fertisants-(avec unécarte)l. 29% 7108 HOMME ES -06 l 71
— Voir Coupon (H.).
— Voir Girarp (A. Ch.).
— Voir Münrz (A.).
— Voir Roos (L.).
Saillard (E.). — Étude sur quelques stations agrono-
miques allemandes. — Deuxième partie : Station
agronomique de Halle (suile) . . . . . 2e Ï 10
San Bernardo (C!° de). — Considérations cneralés
sur Pétat de l’agronomie. Traduit de lespagnol
DAMON OL PRO PNEU de mania us 1 10€ l 402
462 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Schlagdenhaufñffen (F.) et E. Reeb. — Du rôle de
la lécithine dans les plantes. ;
Schlœæsing (Th.). — L’acide nitrique dans les. eaux
de rivière et de source .
— Sur les relations des ASSIS, contenues ‘dans
les sols avec les na ie comme en-
grais .
Schlæsing fils (Th. k — Étude sur Pâcide phospho-
rique dissous par les eaux du sol te
— L'acide phosphorique dissous par les eaux du sol :
son utilisation par les plantes .
Schmitz (O.). — Rapports entre le propriétaire et
l'exploitant du sol . Ju
Semichon (Lucien). — Les progrès de la vinification
dans l’Aude . É
Sinn (Ch.). — Voir HiLGARD (E. W. ), etc.
Theunis (A.). — Note sur l’organisation de la Ligue
des paysans ou Boerenbond.
Tolsky (A.) et Ed. Henry. — Les forêts ‘de plaine
et les eaux souterraines :
I. Expériences faites en Russie, de novembre
1901 à octobre 1902, par A. Torsky (avec une
planche) à
If. Expériences faites en France, 1900- 1902, par
E. Henry (avec 2 planches).
Van Ermengem (D'E.). — La désinfection des en-
grais liquides .
Vauchez (Albert) et feu Pol Marchal. — Marche
de la température et de la fermentation dans
l'ensilage des fourrages verts. En collaboration
avec MM. FLECKINGER et BoNNÉrAT (avec 9 plan-
ches) .
Versian pere D.). - — de Sidération par les. lupins. et
la restauration économique du sol épuisé des
pinières.
Vilbouchevitch (J. . — Encore ! un salt- bush,
— Sur la possibilité d’une culture avantageuse de la
betterave à sucre dans certains terrains salants,
par Hiccarp et LouGaRipGe. Résumé . À 414
— Échantillonnage des terrains salants. Façon de pré-
senter les résultats de l'analyse ; suite des Études
sur les terrains salants de la Californie, par Hir-
caro et LoucuripGe, Résumé (avec 7 diagrari-
mes) .
*
Années.
7e
3°
7e
2e
8°
8e
6°
1°
4e
3°
Tomes.
À Pi
Il
I
JI
IL
II
Pages.
458
75
148
397
403
382
394
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS 463
Années, Tomes, Pages.
— Résistance au salant et autres sujets. Suite des
Études sur les terrains salants de la Californie,
par E. W. Hiccarp, R. H. LouGuRipGe, J. Burrr
Davy, E. J. Wicxson, A. B. LECKENBY et Ch. Sins.
Résumé. 27070: 4e Il 401
Vincent. — Étude sur absorption des dissolution
nutritives par le grain de blé et son influence sur
la germination (avec 2 diagrammes) . 22 4c Il 972
Vivier (A.). — Recherches sur la fumure minérale de
la betterave à sucre en 1895. . . . . . . . . . 29 Il 374
Wesenberg (G.). — Recherches comparées sur quel-
ques procédés de désinfection à employer dans les
industries de fermentation et dans la lutte contre
le Merulius lacrymans. . . . UE ge | PROPRES
Wickson (E. J.). — Voir HiLGaRD (E. W. L etc.
Wolfrom (G.). — Considérations générales sur l’état
de l’agronomie, par le C‘° be San BERNARDO. Tra-
duit de FespAgnol PURE 10e Il 402
Wollny (D').— La décomposition des matières ( orga-
niques et les formes d’humus dans leurs rapports
AVECRR AS RICHIQUEE SU EEE Ce NL 4° Il 339
ee DE UEMON Se) AN ne AN EVER er Sur. 5° Il 208
A NOTE ETS PRIOR MR GA RENTE enr 5° IL 1 et 260
— Le même (suite). en Een VAE 5e IT 362
ne da con ile 6° Il 1
ME ANCESUTÉC) TENSION RE 6e Il 33
— Le même (fin) . . . 6° IT 338
Wyssotzky (G.). — L’ one du sol " du SOus- “sol
dans les steppes russes boisées ou nues (Véliko-
2 TOUT y A A Ra ee PO ME NL ARS EE 6° Il 120
sas ü FAR F4
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TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
Bb C A DÉUXTEMER:SEÈRTLE
(1894-1905)
I" ANNÉE (1894-1895)
TOME I°°
Pages.
A. Müntz. — Recherches expérimentales sur la culture et l’exploita-
tion des vignes (suite). . . . . sa DAY 1
Ebermayer. — La nutrition minérale des arbres des forêts EN Rene AR AL:
J. Dugast et J. Poussat. — La maturation des raisins en Algérie
(avec sept planches) . . . . 260
J. Dugast. — La température des ‘fermentations en ‘Algérie avec neuf
planches) . . . . . 213
Dmitri dr — Le pin sy Ivestre est-il calcifuge ? Étude comparée
des conditions de végétation du pin dans les sols siliceux et dans les
sols calcaires . . . . 289
A. Müntz. — Procédés Re reconnaître la fraude des beurres par les
matières grasses animales et végétales. . . . . 303
Aimé Girard. — Application de la pomme de terre à D ientation du
bétail. Production de la viande (avec cinq diagrammes). . . . 330
Cormouls-Houlès. — Expériences d'alimentation à la pomme de Lerre. 426
L. Grandeau. — Recherches de M. Bernard Dyer sur lPapprovisionne-
ment probable du sol en principes fertilisants. . «+ 433
TOME II
M. F, Lefebvre. — Croissance, alimentation et prix de revient des
jeunes animaux de l'espèce Bovine (avec cinq planches). . . . . [l
L. Grandeau. — Le fumier de ferme et les engrais minéraux dans la
culture maraichère. Expériences faites, en 1894, à Golden Green,
Hombndée par Ma BERNARD DYER Et er und eus dt 24 NN) PUI2
(71
ANN. SCIENCE AGRON. —— 2° SÉRIE — 1905 — 1 30
466 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
J. Raulin. — Études sur les vers à soie. . . . . . . . .
A. Pagnoul. — Résumé des travaux de Ja Station agronomique du Pas-
de Calais 0 INR :
Verissimo d'Almeida dt Todd da Motta BEbEE > — ELes ads de
la vigne en Portugal pendant l’année 1894. . . . . me
A. Müntz, Ch. Durand et E. Milliau. — Rapport s sur : les procédés
à employer pour reconnaître les falsifications des huiles d'olive comes-
tibles et industrielles. . . . . . PRE ST RAT
L. Grandeau. — La sécheresse en 1893. ARE TES tive
CONGRÈS INTERNATIONAL D’AGRICULTURE DE BRUXELLES
L. Grandeau. — Rapport sur les stations agronomiques et les labora-
toires agricoles . . . .
A. Petermann. — Lois spéciales pour ‘combattre Ja falsification des
engrais, des substances alimentaires pour bétail et des semences.
D. Crispo. — Calcul de l’indemnité à laquelle a droit l’acheteur des
aliments concentrés âu commerce en cas de manquant de graisse,
d'albunnne sel nr NT Her RRRe
A. Müntz. — Rapport sur la COSSEaNION du fumier. HN ne SE
F. Claes et B. Moens. — Dangers que peut offrir l’emploi des boues
de ville comme fumure des pâturages . . . . L
H. Raquet. — De l'utilisation, pour la consommation publique, des
viandes provenant d'animaux tuberculeux.
D. Verstappen. — La sidération par les lupins et la nn éco-
nomique du sol épuisé des pinières. :
O. Schmitz. — Rapports entre le propriétaire el l'exploitant du sol.
A. Lonay. — Le privilège du propriétaire . . . . sénat
Ch. Riban. — La Tunisie. Histoire de la colonisation. :
L. Grandeau. — Le sulla ou sainfoin d'Espagne et d'Algérie. Sa: va-
leur comme plante fourragère et comme engrais vert. . . . . . . .
0° ANNÉE (1896)
TOME 1e
L. Mangin. — Études sur la végétation dans ses rapports avec l’aéra-
tion du sol. — Recherches sur les plantations des promenades de
Paris (avec une planche). SR EU AE
E. Saillard. — Étude sur quelques stations agronomiques ‘allemandes:
- Deuxième partie : Station agronomique de Halle (suite) .
G. Lechartier. — Etude sur la vesce velue .
A. Damseaux. — Influence des dégagements d’anhydride sulfureux : sur
les terres et sur la production agricole.
Pages.
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
E. Nocard. — Prophylaxie de la tuberculose bovine. .
A. Theunis. — Note sur Heu de la Ligue des paysans ou
Boerenbond : RIRE RIRES APCE ENTER
A. Müntz. — Recherches sur Pintervention de l’ammoniaque atmos-
phérique dans la nutrition végétale. ; :
A. Damseaux. — La production des orges de malterie
Th. Lebens. — Les irrigalions.
J. Bénard. — Les cartes agronomiques de den de Meaux
(Seine-et-Marne), France . :
D' E. Van Ermengem. — [a désinfection des engrais Sites :
E. Henry. — La lutte contre l’Ocneria ne aux Élats- Unis (avec
une planche coloriée).
J. Perraud. — Action du ‘sulfure de carbone sur haie champi-
gnons et ferments et en particulier sur la fermentation nitrique .
J. Raulin. — Étude des qualités industrielles du cocon du RARE
PHOTOS OS IESERES RS -
— Expériences sur l'influence de la variation ‘des ‘climats s sur Ja végé-
TALIOTE Sue RUES
A. Müntz et E. ces — Rues sur É Nicaton et sur : Ja
réfrigération des moûts.
A. Vivier. — Recherches sur la fumure minérale de la ‘Letteraye à
sucre en 1895 . MON TE A LE EN TE RE TP OL PR
L. Grandeau. — J. Raulin, directeur de la Station agronomique du
RhÔRE HE. EAU
J. Raulin. — Expériences sur r l’espacement des Cultures. ue
— Influence des proportions d'éléments fertilisants sur les récoltes .
— Influence de la nature du terrain sur les diverses récoltes .
Dm. Morosow. — Sur la décomposition des matières albuminoïdes
pendant la germination. . . . . . .
A. Girard. — Nouvelles observations sur la fragmentation des tuber-
cules de plant de pomme de terre . . . . <o
— Nouvelles recherches au sujet de l'influence AtériBuèe à Ma richesse
en fécule des plants de pomme de terre sur l'abondance et la richesse
des récoltes . ;
— Amélioration de la culture de la pomme de terre ;
TOME II
H. Lecomte. — Agriculture coloniale : Les textiles végétaux des colo-
nies
L. Érandede H. Ballacég sta Alekan Études expérimen-
tales sur l’alimentation du cheval de trait (7° mémoire). ;
M. A. Petermann. — Station agronomique de l'État à Gembloux : =
Rapport sur les travaux de 1895.
L. Grandeau. — La fumure du cotonnier .
440
453
468 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
M. P. Bonâme. — Station agronomique de l'ile Maurice : Rapport sur
les travaux de 1895. :
Ch. Pensa. — Étude sur la situation ile et odtiele de VÉ gypte
(avec une planche). ë br
L. Grandeau. — Les scories de déphosphotätion.: origine, brbBuotioh
européenne, composition, emploi, application aux diverses cultures.
3° ANNÉE (1897)
TOME Ie
L. Grandeau. — Les scories de déphosphoration ; origine, production
européenne, composition, He application aux diverses cultures
(suile et Jin) . MELON EL .
C. V. Garola. — Dix années | d'expériences agricoles à ‘Cloches (avec
dix diagrammes) LAES
H. Joulie. — Sur la formation et a conservation du fumier de ferme.
Henri Coudon et Léon Bussard. — Recherches sur la pomme de
terre alimentaire.
Lucien Semichon. — Les progrès de la Vinification Pb l Aude.
A. Müntz et E. Rousseaux.— Nouvelles études sur la vinification et
sur la réfrigération des moûts faites aux vendanges de 1896. . .
— La formation de l’ammoniaque dans les vins . sales LT
H. Pellet. — Études sur la canne à sucre; dosage du sucre, composi-
tion de la canne, échantillonnage .
TOME II
H. Pellet. — Études sur la canne à sucre ; dosage du sucre, compo-
sition de la canne, échantillonnage (suite et Jin). Ve
Th. Schlæsing. — L’acide nitrique dans les eaux de rivière et de
SOUL CR Pare FO :
A. Petermann. — : Les produits chimiques employés à la stérilisation
des excréments humains sont-ils nuisibles aux plantes ru et
aux microbes bienfaisants du sol? . à
M. Potier. — Étude sur l'emploi des engrais phosphatés sur les terres
de l’infracrétacé de la Puisaye. : A PER En TT
M. Laurent. — Recherches expérimentales sur lassimilation de
l'azote ammoniacal et de l'azote nitrique par les plantes supérieures.
L. Grandeau. — Les gisements de phosphates de chaux d'Algérie .
A. Girard. — Recherches sur les quantités de matières fertilisantes
nécessaires à la culture intensive de la pomme de terre.
A. Müntz et H. Coudon. — Sur le dosage de la quantité de beurre
contenu dans la margarine.
Pages.
265
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES 469
Pages
L. Grandeau. — Contribution à Pétude du vanillier. . . . . . . . . 295
M. P. Bonâme. — Station agronomique de l’île Maurice : Rapport sur
les travaux de 1896. . . . . . BAS vs Ar rene 07
E. Henry. — L’azotc et la végétation Fin she RTE 399
Hilga-d et Loughridge. — Sur la possibilité d’une tte ue
geuse de la betterave à sucre dans certains terrains salants. Résumé
par J VILBOUCHEVITCH. . . . : 382
— Échantillonnage des terrains Un Façon de présenter les résultats
de l'analyse ; suite des Études sur les terrains salants de la Californie.
Résumé par J. VizBoucHEviTCH (avec sept diagrammes) . . . . . . . 394
L. Grandeau. — De la valeur ne des scories de déphospho-
raloness ve NE 432
A. Petermann ct z. Érattiats — | Existe- til une ‘relation constante
entre la solubilité des scories de déphosphoration dans le citrate
d'ammoniaque acide et le poids de la récolte produite ?. . . . 445
P. Ototzky. — Influence des forêts sur les eaux souterraines. Excur-
sion hydrologique de 1895 dans les forêts des steppes. . . . . . . . 455
4° ANNÉE (1898)
TOME Ie:
E. Henry. — Les forêts et les eaux souterraines dans les régions de
HEURE ATEN, A: ; : RER AEES 1
E. Kayser et G. Dar — Étude de quelques vins malades : L'AIDER 25
W. Newton. — L'origine du nitrate de soude au Chili . . . . . . . 40
A. Girard. —— Observations sur le rendement cultural et sur la teneur
en fécule de plusieurs variétés de pommes de terre industrielles et
fourragères - . .:’. 46
L. Grandeau. — Le nitrate ‘de soude et de perchlorate de DotaSSe.
Remarques à propos de quelques insuccès dans la culture du seigle. . 84
M. Crispo. — Rapport sur les accidents provoqués par l'emploi du
nitrate de soude au printemps 1896. . . . . s 92
M. G. Lechartier. — Douze années de culture de iopinambour te
un même champ . . . . = 121
G. Gastine. — er or sur 5 composition des > res F£ là Cr 1
des eaux et limons de la Durance. . . . USER PRE Tan
— Étude sur la composition des terres de la Camargue, la composition
des sables du cordon littoral rhodanien, la nature du salant de la
Cnargiet- vu 7,44 Tee 240
E. Fleurent. — Recherches sur la composition immé édiate ‘et élé-
mentaire des matières albuminoïdes extraites du grain des céréales
et des graines des légumineuses ; conséquences pratiques de cette
CO CRRN NE TR PRE RON IT dijon ot LU AE SIM OT
470 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pages.
A. Livache. — Rapport sur le travail de M. E. Fleurent intitulé :
Recherches sur la composition immédiate et élémentaire des ma-
tières albuminoides extraites du grain des céréales et des graines
des légumineuses ; conséquences pratiques de cette étude. . . . . A18
C. V. Garola. — Expériences sur l'amélioration de la culture des
racines fourragères rh TONI ROUE ET VIS MST MANN
TOME IT
E. Rousseaux. — Études sur Ja vinification dans le canton de Neu-
châtel, faites aux vendanges de 1897 . .:. . : 1
Pagnoul. — Observation relative au dosage des’ Matières organiqués
dans les eaux . . :. PU ei CODES
— Quelques recherches EU LE aux matières azotées du sol FT Ne RE
A. Müntz, Ch. Durand et E. Milliau. — Falsifications des graisses
industrielles et comestibles. — Procédés à As pour les recon-
LES NUS RER ar 113
L. Grandeau. — Quelques données statistiques sur & produc tion et
la consommation des céréales alimentaires dans le monde. . . . . . 187
D' Kellner. — Recherches sur les échanges d'énergie et leurs rapports
avec les échanges nutritifs chez le bœuf adulte à la ration d'entretien.
Tradutide l'allemand par iM A" COUTURIER SPC E 22
J. Vilbouchevitch. — Encore un salt-bush . . . . . 268
Vincent. — Étude sur Pabsorption des dissolutions nutritives par le
grain de blé et son influence sur la germination (avec deux dia-
grammes) 70e 272
Kellner et Kohler. — Recherches sur la ‘consommation d aliments et
d'énergie des bœufs adultes à l’engrais. Traduit de l'allemand par
M. À. COUTURIER. . . . 303
D' Wollny.— La none des matières Grganiques et les formes
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture. . . . 339
E. W. Hilgard, R. H. Loughridge, J. Burtt Das E. . Wick-
son, A. B. Leckenby et Ch. Sinn. — Résistance au salant et
autres sujets. Suite des Études sur les terrains salants de la Californie.
Résumé par J. VILBOUCHEVITCH . . . . 401
L. Grandeau. — Le sucre et Palinentation, dé Pomme tt ds ani-
mas 20,7 CLR AE Fete ARRET TOUT PR EN RESTRE
5 ANNÉE (1899)
TOME 1°
GC. Flammarion. — La Station de climatologie agricole de Juvisy. Pre-
mière année (1894) [avec seize diagrammes] . . . . . . . . : . . + 1
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
— Emploi du nitrate de soude et des engrais chimiques en agriculture
et en viticulture. Résultats des champs de démonstration, expériences
et concours, obtenus, en 1898, dans vingt-cinq départements .
D' Wollny. — La décomposition des matières organiques et les formes
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture (suite).
Colomb-Pradel.— Sur l’utilisation agricole d’un résidu industriel (pous-
sières des hauts fourneaux) .
A. Müntz et Ed. Alby. — De Leffet des arrosages ‘tardifs sur Ja pro-
duction de la vendange .
Th. Schlæsing fils. — Étude sur acide ® phosphorique issous par les
eaux du sol. d
— Emploi du nitrate de soude et ‘des engrais chimiques € en agriculture
et en viticulture. Résultats des champs de démonstration, expériences
et concours, obtenus, en 1898, dans vingt-cinq départements (suite)
[avec une planche] .
TOME II
D' Wollny.— La décomposition des matières organiques et les formes
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture (suite). antifrs
J. Graftiau.— Les bases du prix de vente des scories de déphosphoration.
— Les laboratoires d'analyses de PÉtat. Rapport présenté à l'assemblée
générale extraordinaire du 18 décembre 1895 Ë
E. Kayser. — Application des levures sélectionnées en At e Ê
— Méthodes conventionnelles adoptées par les laboratoires belges, les
stations agricoles hollandaises et la Station agricole du grand-duché
de Luxembourg pour l’analyse des matières fertilisantes et des subs-
tances alimentaires du bétail. Eu
J. Graîftiau. — Composition des betteraves s sucrières très riches ie la
campagne 1898. ;
A. Girard et L. Lindet. — Recherches sur es développement pro-
gressif de la grappe de raisin ; hits SES ET TERRE
D' Wollny. — La décomposition des matières org rganiques et les formes
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture (suite).
P. Ototzky. — Influence des forêts sur les eaux tonnes (Excur-
sion hydrologique de 1897 dans les forêts septentrionales). ë
H. Coudon. — fecherches expérimentales sur la culture de la fraise
dans les environs de Paris.
D: Woliny.— La décomposition des matières orga: niques et les formes
d’humus dans leurs rapports avec l’agriculture (suite). Mar
L. Grandeau. — La culture des céréales en France à dix ans de dis-
tance (1889 à 1898).
A. Andouard. — Champ d’ ne de la Station agronomique ‘de la
Loire-Inférieure 4
A. Couraud et A. aa — ‘Influence de l'espacement sur le
rendement des betteraves
471
Pages.
38
208
287
296
316
360
472 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
6° ANNÉE (1900)
TOME Ier
Pages.
D' Wollny. La décomposition des matières organiques et les formes
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture (suwëfe). . . . . . . . - 1
A. Ronna. — Rothamsted. Un demi-siècle d'expériences ag#0homiques
de MM. Lawes et Gilbert (avec deux portraits)... 22.1, nb
TOME IT
Albert Vauchez et feu Pol Marchal. — Marche de la température
et de la fermentation dans l’ensilage des fourrages verts. En collaba-
ration avec MM. FrEckiNGER et BonNÉraT (avec neuf planches) . . . . 1
Dr Wollny. — La décomposition des matières organiques et les formes
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture (suéfe). . . . . . . . 33
G. Wyssotzky. — L'humidité du sol et du sous-sol dans les steppes
russes boisées ou nues (Véliko-Anadol) . . . . . 120
A. Ronna. — Rothamsted. Un demi-siècle d'expériences agronomique
de MM. Lawes et Gilbert (fin). . . …: . . et 139
L. Roos, E. Rousseaux et J. Dugast. — Rapport sur 18 vins des
terrains salés de l'Algérie . . . . 276
D' Wollny. — La décomposition des matières organiques el les fories
d'humus dans leurs rapports avec l’agriculture (fin) . . . . . . . . 33$
D' Alexius de Sigmond. — Expériences préliminaires pour déter-
miner, dans la terre végétale, la partie dite assimilable de l'acide phos-
phorique . . : . RE de ue Re dbrhe NT RS PR RAT
7° ANNÉE (1901)
TOME Ie
A. Müntz et E. Rousseaux. — Étude sur la valeur agricole des
terres de Madagascar . . . . 1
E. Kayser et Fr. Diénert. — Contribution : à É biologie des re 99
L. Grandeau. -— Quelques observations sur la RERAIPE du blé en
ÉPANCE 20, 117
A. Petit. — Du rôle de la porosité des poteries usitées en à horticulture. 138
A. Müntz et E. Rousseaux. — [itude sur la valeur agricole des terres
de Madagascar (suite). . . . A 108
L. Grandeau. — Notes sur le champ d'expériences du Pare des Princes. 254
M. Artus. — Terres du marais septentrional de la Vendée : leur com-
position et leur épuisement par une culture sans engrais . . . . . . 288
QU TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
A. Müntz et E. Rousseaux. — Étude sur la valeur agricole des terres
de Madagascar (fin) [avec une carte] .
E. Kayser et Fr. Diénert. — Contribution à la biologie ‘des levures
{2° mémoire). ë
M. Th. Schlæniner — Sur les nn des dissolutions contenues dans
les sols avec les phosphates employés comme engrais.
J. Dugast. — ltude des terres de colonisation de la commune de Cavai-
gnac (Algérie) [avec trois planches]. à
L. Grandeau. — Les stations agronomiques aux Ha. Unis, en Alle-
magne et en France : leurs ressources et leur développement .
— Le commerce des produits agricoles aux États-Unis . . . . . . .
TOME II
H. Coudon et E. Rousseaux. — Rapport sur la composition des
DEUFECS des PAYS-BAS 20 ur VE me
Congrès international des directeurs des stations rite
(1900) :
M. Alekan. — Expériences d'alimentation au sucre.
M. A. Mayer. — Unification internationale des méthodes d’analyse
dans les stations agronomiques et les laboratoires agricoles.
M. B. Bogdan. — [La Station de Valouyskaya.
M. A. Pagnoul. — Nouvelles observations sur la composition des
beurres.
M. Th. 0 fils. — acide, phosphorique dissous par les
eaux du sol ; son utilisation par les plantes . ge
J. Laborde. — Sur le dosage de la chaux dans les terres ee
M. P. Nyssens. — Dosage de l’acide phosphorique par titration
du phosphomolybdate d’ammoniaque. .
H. Mamelle. — Le laboratoire de biologie végétale de Fontainebleau.
L. Bussard et G. Fron. — Tourteaux de graines oléagineuses. Examen
macroscopique et microscopique. Diagnose .
Ed. Henry. — Influence de la couverture morte sur ie du sol
forestier. ;
A. Petermann. — f des sur las pomme de terre. Essais “a nouvelles
variétés ; composition et valeur culinaire 2
H. Éoudon et E. Rousseaux. — Etude sur les one d la Dre
duction du beurre dans les Pays-Bas aps [avec une planche de deux
caries rates :
L. ET et G. — un de graines Hlacineuses: Examen
macroscopique et microscopique. Diagnose (suite) .
A. Ch. Girard et E. Rousseaux. — Recherches sur les exigences ‘du
tabac en principes fertilisants .
475
Pages.
296
399
52
474 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
E. Fallot. — L'agriculture à Malte
A. Petermann. — Origine de l’arsenic coitent dans Certaines ETES
— Valeur agricole des scories Martin. :
M. A. Müntz. — Études sur les vignobles à hauts rendementsi
F. Schlagdenhaufñffen et E. Reeb.— Ju rôle Ge la lécithine dans les
DAntes 1000:
8° ANNÉE (1902-1903)
TOME [er
L. Grandeau. — [a question sucrière en 1903. Valeur et rôle alimen-
taires du sucre chez l’homme et chez les animaux À
R. Hickel. — Essais d'introduction d’essences exotiques dans les forêts
de Prusse et d'Autriche . :
Pr Kossowitsch. — Le rôle des Dlanies re di issojutions dés Din
cipes nutritifs du sol qui se trouvent à l'état non dissous. Traduit par
M. BRESSON . s
J. Alquier et D' A. Dons —— .G lycogénie " Alimentation ratofté
nelle au sucre. :
A. Ch. Girard et E. Rod tnuEl — Hohentee sur LES exigences sh
tabac en principes fertilisants (suite) . À :
G. Lechartier. — llude sur le Soja hispida. Culture et COMPÉSION.
A. Tolsky et Ed. Henry. — Les forêts de plaine et les eaux souter-
raines :
L. Expériences faites en Russie, de novembre 1901 à octobre 1909,
par À. Torsxy (avec une planche) . LATTES IN LC ANE
IT. Expériences faites en France, 1900-1902, par E. HENRY (avec deux
DANChES) SENS AN PERS CR ERA R EE
L. Grandeau. — Antoine Ronna, 1830-1902 (avec-un portrait) .
— Arthur Petermann, 4845-1902 {avec un portrait). . . . . . . . .
E. Poher. — Dosage de l'acide phosphorique dans les matières orga-
niques par le procédé de A. Neumann. ;
État statistique des Stations agronomiques et des laboratüires agricoles
ENMOIUZESS
TOME II
Travaux de la commission chargée de l'unification internationale des
méthodes d'analyse. . . . . .
J. Crochetelle. — Contribution à l'étudé de lésstitation des matières
minérales du sol par les plantes . :
J. Alquier et D' A. Drouineau. — Glycogénie et alimentation ration:
helle-au sucre (Sin) NS ME ON REP ENERPRREtE
. Pages.
378
392
423
433
A4!
448
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
H. Pellet et G. Fribourg. — Le nitrate de soude perchloraté. Ses
effets sur la végétation .
J. Alquier et D' A. Donne — Glcognie et alimentation ration
nelle au sucre (suite).
Henry Lafosse. — Sur le rôle ‘des forêts 2 au non de vue des « services
indirects
E. Henry. — Fixation de azote tunosphérique par les feuilles AUree
en forêt. aps
— Sur la décomposition des feuilles mortes en “forêt :
J. Alquier et D' A. Drouineau. — Glycogénie ct etation PU
nelle au sucre (suile).
9° ANNÉE (1904)
TOME I:
A. Müntz et H. Coudon. — Nouvelle méthode pour la recherche de
la falsification du beurre par l'huile de coco et ses diverses formes
commerciales .
L. Grandeau e: A. Aa — Études expérimentales 5 sur l'alimen-
tation du cheval de trait (8° mémoire).
E. Rousseaux et G. Canappaz. — Étu le sur le Ni BnoHlE) de Chablis,
Les conditions de la production du vin et les exigences de la vigne en
principes fertilisants (avec une carte).
J. Alquier et D' A. Drouineau. — Glycogénie et nent Hé
nelle au sucre (suile).
A. Bruno. — L'améloration He h Nr à sucre au début ne ving-
tième siecle vraie $
L. Grandeau et A. Alan. — Études anétMOnAles.s sur | l'alimen-
tation du cheval de trait (8° mémoire) [suite] (avec deux planches).
J. Alquier et D’ A. Drouineau. — Glycogénie et alimentation ration-
nelle au sucre (suite). sf pi êca
A. Ch. Girard et E. Re tee —- les sur les e exigences du
tabac en principes fertilisants (2° partie) [avec une planche].
TOME II
G. Marsais. — La lutte contre les campagnols .
A. Ch. Girard et E. Rousseaux. — Recherches sur les e exigences ‘du
tabac en principes fertilisants (2° partie) [suite et fin] . ads
M. Ototzky. — Sur le rôle RAR des forêts dans les régions
montagneuses .
Arkadij Dmentjew, de “if. -— ‘LA Coran des (plantes * les moyens
delai combattre: De ANRT LU
475
Pages.
199
30
48
63
476 ANNALES DE LA SCIENCE AGRONOMIQUE
Pages.
G. Wesenberg. — Recherches comparées sur quelques procédés de
désinfection à employer dans les industries de fermentation et dans la
lutte contre le Merulius lacrymans . . . . Sue ATOE
J. Alquier et D' A. Drouineau. — Glycogénie et ARR ration-
nelle au sucre (suite et fin) [avec deux planches]. . DAT TS 98
Emploi du nitrate de soude et des engrais nues en agriculture et
en viticulture. Résultats des champs de démonstration, expériences et
concours, obtenus, en 1903, en AS en Suisse, en Algérie et en
dUNnISIe te. re jus de 110240
E. Fleurent. — Recherches : sur r l'action exercée par différents nas
physiques et chimiques sur le gluten des farines de blé. Conditions du
dosare de:cet-élément: re 2 EE SEEN PE ETES
10° ANNÉE (1905)
TOME Ier
L. Bussard et G. Fron. — Tourteaux de graines oléagineuses : ori-
gine, composition, utilisation, caractères A DEN LA et micros-
copiques, diagnose (suite). . . . . . . . . 1
J. Labergerie. — [ec So/anum Commersoni et ses Mans à Vers
rières (Vienne). J Le 57
E. Henry. — | hylobe et l'hylésine du pin Hire la Hadte far aie
une planche). J - L 140
A. Müntz et F Ch. Clara — L' menton sucrée Fe les éftes
raves desséchées. . . . Es A 54
A. Chauveau. — [e prolongement, chez 1e sujet alimenté. du DrOcésens
de dépense énergétique de l'état d’inanition d'après les échanges res-
piratoires pendant le travail. . . . . . ACCAR ANE N EN OA
E. Kayser et Fr. Dienert. — Étude : sur les CES SRE ba Mad et, 6 rit
D' Hornberger. — La couverture morte des forêts et l'azote. . . . . 220
E. Henry. — Observations sur le mémoire précédent . . . . . Sn:
L. Grandeau et E. Bartmann. — [Le champ d'expériences di Pare
des Princes (1892-1897). Six années RER de culture. Première
série : 1892 à 1894 (avec un plan) . . . 237
J. Dugast. — Les vins d'Algérie au point de vue de leur constitution
CHIMIQUE LS SAR NUE SLUELE 7 RSS
— Détermination du degré alcoolique des. ViDS.sbat te. 4 x B'TSNSAE
L. Grandeau. — La ville de Paris et l’eau. Lettres au directeur du
Temps (décembre 1904 à mai 1905) . . . . . . «848
C'° de San Bernardo. — Considérations ÉENerSles sur D état de l'agro-
nomie. Traduit de l’espagnol par G. WoLFROoM. . . . ACT és 1408
E. Fleurent. — Coup d'œil général sur les progrès de la meunerie. . 419
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES
E. Kayser. — Les microbes du sol. Conférence faite à l'assemblée
générale de la Société nationale d'encouragement à l’agriculture. Séance
du 23 mars 1905. Ù -
L. Grandeau. — Le monde des nent De et D nenlnne :
TOME II
L. Grandeau. — Le phosphate de chaux et l'alimentation du bétail.
H. Pellet et Ch. Fribourg. — Le titane .
L. Massol et A. Gallemand. — Note sur le dose des sucres Le
teurs par la méthode de Lehmann, modifiée par M. Maquenne.
J. Alquier. — Alimentation rationnelle de la vache laitière. Contrôle
de son rendement. me
Bôohmerle et D' Cieslar. — is d'irrigation en | forêt faits ne ‘de
Vienne (Autriche). ;
L. Grandeau et A. Aiekan. — Vinet années d expériences sur ar
mentation du cheval de trait.
L. Malpeaux et G. Lefort. — Expériences d ee des betteraves
et des pulpes 2-2
L. Grandeau et E. Bancs _ Le np d tes du Parc
des Princes (1892-1897). Six années d'expériences de culture. Deuxième
série : 1895-1897.
A. Fron. — Analyse et OAtrÔE des semences ArRAe Rns
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. . .
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS. .
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÉRES . .
471
Pages.
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TABLE DES MATIÈRES
DIDÉPONE DEUXIÈME (1905)
L. Grandeau. — Le His de chaux et l'alimentation du bé-
tail . ne
H. Pellet et Ch. Ftbétr y. A titane . RES
L. Massol et A. Gallemand. — Note sur le dosage des sucres
réducteurs par la méthode Lehmann, modifiée par M. Maquenne.
J. Alquier. — Alimentation rationnelle de la vache laitière. Contrôle
de son rendement . PANNE 2e MOD af TAN LE AUTRE 2
Bohmerle et D' Cieslar. — Essais d'irrigation en forai faits près
de Vienne (Autriche). . LS NRA SE LOT
L. Grandeau et A. Alekan. — Vingt années d’expériences sur
l'alimentation du cheval de trait .
L. Malpeaux et G. Lefort. — Expériences oe de Due
raves et des pulpes
L. Grandeau et E. Bartmann. — Le champ Peipénonces du :
Parc des Princes (1892-1897). Six années d’expériences de cul-
ture. Deuxième série : 1895-1897
M. À. Fron. — Analyse et contrôle des semences forestières.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES DE LA DEUXIÈME SÉRIE
(ANNÉES XI A XX).
TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS .
TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES DE LA DEUXIÈME SÉRIE .
Nancy. — Impr. Berger-Levrault et Cie
Pages.