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ANNALES
DE LA
SCIENCES , ARTS ET COMMERCE
DU PUY
TOME XX. —- 1855 - 1856
LE PUY
M.-P. MARCHESSOU , IMPRIMEUR LE LA SOCIÉTÉ
Boulevard Saint-Laurent, 25.
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SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE
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SOCIETÉ D'AGRICULTURE
SCTENCES , ARTS ET COMMERCE
DU PUY
TOME XX. — 1855 - 1856
LE PUY
M.-P. MARCHESSOU , IMPRIMEUR LE LA SOCIÈTÉ
Boulevard Saint-Laurent, 23.
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PROCÈS-VERBAUX
DES
SÉANCES DE L'ANNÉE 1855.
SÉANCE DU 5 JANVIER.
SOMMAIRE.
Lecture du procès - verbal. — Ouvrages reçus; dons de bro-
chures par MM. le docteur Andrieux (de Brioude), l'abbé Mont-
lezun et le P. Nampon. — Abonnement au Moniteur des comices.
— Vote, par le Conseil municipal du Puy, d’une somme de
40,000 francs, pour la reconstruction des Loitures du Musée. —
Don au Musée, par l'Empereur, d'une statue de bacchante en
marbre , exécutée par M. Cubisoles ; vote de vifs remerciments. —
Affectations à donner au crédit de 4200 fr. accordé par M. le
Ministre de l’agriculture pour le drainage ; lettre approbatrice de
M. le Préfet; lettre de remerciments adressée par M. le Président
RÉSUMÉ DES SÉANCES.
du Comice de Brioude. — Lettre de M. le Ministre de l’agriculture
annonçant que, d’après le désir de la Société, le concours régional
agricole n'aura pas lieu au Puy en 1856. — Emploi du granit
pulvérisé comme amendement; analyse d’un mémoire de M. Missoux
par M. le Président; observations de MM. Bertrand de Doue,
Robert et Aymard.— Rapport sur la verse des blés, par M. Robert.
— Rapport sur le lait et la fabrication du bèurre, par M. Gatillon.
— Rapport sur la mission de pisciculture donnée par le Gouverne-
ment à MM. Rémy fils et George; lettre de ces pisciculteurs —
Empoissonnement du lac du Bouchét; lettre de M. de Brive à
M. le Préfet. — Communication par M. Aymard sur le gisement
fossilifère de Coupet ; nouvelle liste de fossiles. —- Délibération pour
oblenir du Gouvernement que la Société soit reconnue comme
établissement d'utilité publique. — Congrès scientifique de France ;
communication par M. le Président.— Rapport de M, Chouvon sur
la candidature de M, Frédéric Fraisse au titre de membre non
résidant. — Rapport de M. de Brive sur la candidature de M. Jour-
dier au même titre. — Admission des récipiendaires. — Nomina-
tion de M. de Chevremont au titre de président honoraire, et de
MM. le marquis de iatour-Maubourg et Badon comme membres
honoraires.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OUVRAGES REÇUS. — M. le Président énumère les pu-
blications qu'il a recues depuis la précédente séance ,
JANVIER. 7
et signale en particulier les mémoires qui intéressent
les travaux de la Société.
M. le docteur Andrieux, maire de Brioude et
membre non résidant, fait hommage d’une brochure
qui à pour titre: Ville de Brioude. — Distribution
des prir de la salle d'asile et inauguration de l'école
communale des filles. Ge compte-rendu contient un
discours prononcé à cette occasion par M. Andrieux.
M. l'abbé Montlezun , membre non résidant, adresse
un exemplaire de son Histoire de l'Eglise angélique de
Notre-Dame du Puy.
Le P. Nampon, jésuite, fait également hommage
d’un discours imprimé qu'il a prononcé lors de la pose
de la première pierre du piédestal destiné à supporter
la statue de la Sainte Vierge sur le rocher de Corneille.
M. le Président exprime les remercîments de la. So-
ciété aux auteurs de ces brochures,
Sur la proposition de M. de Brive , l'Assemblée dé-
cide que le Monitewr des comices sera compris au nom-
bre des abonnements de publications périodiques.
Muske. — M. le Président annonce que, d’après le
vœu exprimé par la Société à sa précédente séance
{ler décembre 1854), le Conseil municipal a généreu-
sement voté une somme de 10,000 francs pour recon-
struire. la toiture de la principale galerie du Musée, la
couvrir en zinc et y établir un système de claires-vues
destinées à remplacer les ouvertures latérales qui,
actuellement, donnent une lumière peu favorable aux
tableaux.
8 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Cetté importante communication est accueillie par
un vote de vifs remerciments.
Il est donné lecture de la lettre suivante, par laquelle
M. le Directeur général des Musées impériaux, inten-
dant des beaux-arts de la Maison de l'Empereur , fait
connaître à M. le Préfet que S. M. à donné au Musée
du Puy une statue de bacchante en marbre, œuvre de
M. Cubisoles : +
Palais du Louvre, 7 décembre 1854.
MONSIEUR LE PRÉFET,
Par votre lettre du 14 novembre dernier, vous m'avez
exprimé, au nom du Musée du Puy, le désir d'obtenir
du Gouvernement la dernière œuvre d’un artiste de votre
département, M. Cubisoles.
J'ai dû, suivant la promesse que je vous en ai faite,
prendre à cet égard les ordres de S. M., à qui cette statue
appartient, et je suis heureux d’avoir à vous annoncer
que l'Empereur se fait un plaisir de satisfaire le vœu
dont vous vous êtes rendu l'interprète.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de
ma considération la plus distinguée.
Le Direcleur général des Musées impériaux , Intendant
des beaux-arts de la Maison de l'Empereur,
Cte DE NIEUWERKERKE.
Cette œuvre d'art, qui a été envoyée immédiatement
JANVIER. 9
au Musée du Puy, et qui est exposée dans la salle des
séances, se fait remarquer par des formes élégantes et
par l’habileté de l'exécution.
L'Assemblée témoigne, par l'organe de M. le Prési-
dent, ses sentiments de reconnaissance pour cet im-
portant témoignage de la sollicitude de l'Empereur en
faveur des beaux-arts, et particulièrement en ee qui
concerne l'accroissement des richesses artistiques de
notre Musée.
Elle exprime aussi ses remerciments à M. de Nieu-
werkerke, et à M. de Chevremont pour avoir bien
voulu provoquer ce précieux don, et à !!. Aymard,
secrétaire de la Société, qui en avait prié M. le Préfet
au nom de la Compagnie.
AGRICULTURE. — M. le Préfet écrit qu'il agrée les vues
de la Société au sujet des affectations qu'elle se
propose de donner au crédit de 1200 fr. alloué par
M. le Ministre de l’agriculture pour le drainage dans la
Haute-Loire.
Il approuve surtout la décision qui a été prise à la
précédente séance, d'employer une partie de cette
somme à l’acquisition d’une machine propre à fabri-
quer les tuyaux de drainage et devant être mise à la
disposition du Comice agricole de Brioude.
M. le Président lit ensuite une lettre par laquelle
M. de Tallobre, président du Comice de Brioude , ré-
pondant à une lettre de M. le Président, remercie la
Société d’avoir eu la pensée de comprendre le Comice
dans la répartition des fonds alloués par M. le Ministre
de l’agriculture pour le drainage. Cette association s’em-
10 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pressera d'autant plus de faire usage de cette machine
que, depuis longtemps, elle avait eu l’intention d'en
doter l’arrondissement de Brioude ; la modicité de ses
ressources financières l'en avait empêché jusqu'à ce
jour. M. de Tallobre exprime, en même temps, le
désir que la somme accordée par la Société soit suffi-
sante pour permettre l'acquisition de la machine.
L'Assemblée, consultée par M. le Président sur le
chiffre de l’allocation destinée au Comice, renvoie la
décision à prendre sur cet objet au Conseil d’admi-
nistration.
À cette occasion, M. le Président annonce qu'il vient
de faire une commande de vingt mille tuyaux de drai-
nage à un fabricant, le sieur Robin, de Brives, à qui
il a confié, à cet effet, la machine appartenant à la
Société.
M. le Ministre de l’agriculture, par une lettre dont
il est donné lecture, informe la Compagnie que, d’après
le désir qu'elle en a manifesté, et les motifs que M. le
Préfet à fait valoir, le concours régional agricole
n'aura pas lieu au Puy en 1856.
M: le Président signale à l'attention de l'Assemblée
un second mémoire sur l'emploi du granit pulvérisé
comme amendement , que M. le docteur Missoux vient
de publier dans le Bulletin agricole du Puy-de-Dôme.
Frappé de la rareté des engrais en certains pays de
montagnes, l’auteur se détermina à faire connaître
tout le parti avantageux que , dans ces circonstances x
on pourrait retirer des poudres granitiques comme
JANVIER. {1
excitant de la végétation, La Société d'agriculture du
Puy-de-Dôme s'associa à ses vues, mais en manifes-
tant toutefois des craintes sur le chiffré trop élevé
auquel pourrait être porté le prix de cette substance,
par le fait du transport ou de la pulvérisation.
M. Missoux s’occupa dès lors d'étudier quel serait le
prix de revient de cette poudre par les divers moyens
qu'on peut mettre en: usage pour son obtention. Un
manœuvre fut employé pour écraser du granit compact
sur une pierre plate, au moyen d’un marteau; la
poudre, rendue impalpable par ce procédé, revenait à
5 fr. l’hectolitre. À ce compte, cette substance ne
coûtait que la moitié du prix du plâtre en Auvergne ;
mais elle était encore trop chère. Aussi M. Missoux
s'adressa-t-il à un meunier qui est pourvu d’un foulon
à chanvre, vulgairement appelé maille. Ce dernier se
chargea de fournir de la poudre de granit, aussi fine
que de la farine, au prix de 5 fr. le mètre cube, ce
qui fait 50 centimes l’hectolitre ; d’où il résulte que
cette substance est la moins chère de toutes celles qu'on
puisse employer. en agriculture.
L'auteur conclut aussi de diverses expériences que
l'effet de la poudre de granit est d'autant plus pro-
noncé , proportion gardée, que le sol qui la reçoit
est de plus mauvaise qualité.
Dans ces expériences, l'épaisseur de la couche de
poudre granitique était de 8/10 de millimètre environ,
ou. bien de 8 mètres cubes à lhectare; ce qui, d’après
le prix de revient, porterait la dépense à 40 fr. Dans
tous les cas, il lui.a paru que 10 mètres cubes à
l’hectare seraient une quantité suffisante pour les prés
12 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
et pâtures, et fourniraient une fumure pour plusieurs
années, car il a fait la remarque, à Marsac principale-
ment, que la seconde année l'effet est plus prononcé
que la première.
A ces extraits du mémoire de M. Missoux, M. de
Brive ajoute que l'emploi de ce nouvel amendement, si
son efficacité était définitivement démontrée, serait
très-profitable dans beaucoup de localités du départe-
ment de la Haute-Loire , où le granit abonde.
MM. Bertrand de Doue, Robert et Aymard citent di-
verses variétés de granit et de gneiss qui existent dans
les vallées de la Loire et de l'Allier. Dans les unes le
quartz, dans d’autres le feldspath prédomine; les
gneiss sont plus abondants en mica, etc. Il serait
utile de savoir quelle est la variété de granit dont
M. Missoux a fait usage, et de s'assurer , par des
expériences comparatives , si la poudre de certains
granits n'aurait pas, comme amendement, une effi-
cacité plus marquée.
L'ordre du jour appelle le rapport suivant, dont
M. Robert donne lecture :
Messieurs,
La verse du blé, dit M. Guichard, arrive de plusieurs
manières :
Tout le monde sait combien, dans un sol très-riche ou
pourvu d’abondants engrais, le blé est exposé à verser.
La paille atteint une grande hauteur, la fane se déve-
loppe outre mesure; cette végétalion luxuriante, chargée
JANVIER. 13
de rosée ou de pluie, courbée sous les vents d'orage , ne
peut être supportée par les racines ; alors le blé tombe
sur les ados, sur les parties les plus fertiles, quelquefois
même sur toute l'étendue du champ.
Comme le dit fort bien M. Guichard, tout le monde a
pu faire les mêmes observations : Quand la verse du blé
tient à celte cause, le remède est très-difficile à trouver ;
dans les années de sécheresse, la récolte éprouve rarement
ces accidents, tandis que, dans les années pluvieuses, le
blé s'élevant à une grande hauteur, le poids de l'épi, à
mesure que le grain grossit, finit par entrainer la paille,
qui est trop faible pour résister.
Pour obvier à ce fâcheux résultat, qui produit dans Ia
quaïité et le rendement du blé une grande différence, on
à fait en Angleterre, et ensuite en France, des essais de
semis de froment en lignes au plantoir, et par suite à
distance et à profondeur égales, qui ont souvent réussi ;
mais ce système devient très-coûteux, à cause de la main-
d'œuvre ; si l’on obtient un rendement plus considérable,
on augmente aussi les frais d'exploitation. Je pense que
l’on aurait le même avantage à semer le blé au sillon; il
ue serait nécessaire alors que d’une seule personne pour
suivre le bouvier. Le grain se trouvant en lignes, il
faudrait moins de semence et il serait aussi plus facile
d'extirper les mauvaises herbes au printemps. Ce qui
contribue surtout à la verse du froment dans notre
pays, c'est que la paille est trop faible pour résister au
climat et à une température aussi variée que la nôtre.
La Société, en introduisant de nouvelles espèces de fro-
ment à paille plus forte, rendrait un grand service au
département.
14 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
L’excès de fertilité est un fait exceptionnel ; c’est à
une autre eause qu'il faut généralement attribuer la verse
du blé. Lorsque l’on voit les blés d’une médiocre hau-
teur épier difficilement, la hampe de l’épi se dégager avec
peine de la fane qui persiste à l’envelopper, les épis
rester à une hauteur inégale, les talles se déchausser, la
paille se couder au milieu du brin, au-dessus du collet,
et les champs de blé tomber brin à brin ou talle par talle,
si l’on tire à soi l’épi de blé ainsi versé, la talle ne tient
pas en terre, la racine vient à la main sans effort ; elle
est, ainsi que l'intérieur du chaume, flétrie et prise
d'une moisissure jaune au brune ; d’autres fois, la paille
ainsi tirée se dégaîne presque d’elle-même à un de ses
nœuds ou se rompt au-dessus du collet ; la cassure est
circulaire, nette comme la taille d’un instrument tran-
chant; on y reconnait la trace d’un ver qui à rengé la
paille intérieurement.
Dans le second cas, la verse du blé provient, le plus
souvent, de la terre qui a été épuisée par plusieurs pailles
successives ; il est à peu près certain que l’on obtient
rarement une bonne réeolte dans ces conditions ; si l’hiver
a été doux et favorable à la taile, le blé prend de belles
apparences qui s’évanouissent au printemps, surtout si le
gel et le dégel se renouvellent souvent; la talle devient
rouge, ne produit qu'un épi et souvent elle avorte.
Pour éviter ce fAcheux résultat, il faut nécessairement
que le fromeut n’arrive que tous les trois ans; toutes les
expériences faites jusqu’à ce jour sont d'accord là-dessus.
Pour les terres fortes, celles qui sont mélangées de
marnes et de détritus volcaniques, l’assolement suivant
pourrait convenir :
JANVIER. 15
{re année. Froment.
2e Orge bien fumé ou avoine.
3e Frèfle mélangé avec l’espareette.
Dans les terres plus légères, le seigle remplace le fro-
ment ; il est bien entendu que l’on doit semer le trèfle
avec l’orge ou l’avoine; le trèfle se coupant en vert,
n'épuise point le sol et sert de fumure au blé. On voit,
par cet assolement, qu'il n’y a pas de Jachère possible ;
cependant il ne faut pas toujours être exclusif, une ex-
périence de deux années m'a prouvé que cette ignoble ja-
chère a bien quelquefois ses avantages : j'ai semé sur un
champ qui avait produit des lentilles, six doubles-décali-
tres de froment qui n’en ont produit que trente , tandis
que, dans un autre champ qui avait été marné et qui
était resté en jachère , six doubles - décalitres en ont
produit soixante.
El faut-employer le marnage pendant l'hiver, et comme
la marne se trouve en grande quantité dans le départe-
ment, il est très-facile de s’en procurer ; il faut la semer
assez abondamment dans les terres volcaniques, graniti-
ques, dans les alluvioi.s sableuses, les argiles, ete. Il est
très-facile de reconnaitre la bonne marne à sa couleur
d’un blanc jaune, à sa cassure conchoïde résistant au
marteau, au dégagement d'acide carbonique qu’elle pro-
duit dans l’eau ou les acides. La marne bleue est sou-
vent trop argileuse, et par conséquent moins bonne. La
rouge n’est souvent propre qu'à faire des briques ; elle est
connue sous le nom d'argile figuline.
Revenons à.la verse du ‘blé, question à laquelle les
considérations ci-dessus se rattachent étroitement. Deux
16 RÉSUMÉ BES SÉANCES.
moyens contribuent efficacement à prévenir la verse et
les différentes maladies qui peuvent se ranger sous cette
dénomination : 4° le choix d’une espèce de blé appropriée
à la fertilité et à la nature de la terre ; 20 l'adoption
d’un assolement judicieux où le blé ne revienne que tous
les trois ans.
MM. de Brive, Chouvon et Ch. de Lafayette font
observer que l’assolement proposé par M. Robert ne
saurait être avantageux qu’accidentellement et dans
des circonstances exceptionnelles. La Société ne peut
donc pas le conseiller; si cet assolement a l’avantage
de supprimer la jachère, il a l'inconvénient de faire
succéder une céréale de printemps à une céréale d’au-
tomne, de placer la fumure sur une céréale au lieu
de la donner à une récolte sarclée, et de faire revenir
le trèfle tous les trois ans.
Les mêmes membres proposent donc de remplacer
l’assolement triennal, pratiqué par M. Robert, par un
assolement alterne de quatre et mème de six années.
Le premier de ces assolements serait :
Première année. — Récolte sarclée avec fumure :
pommes de terre, raves, carottes, etc. ;
Deuxième année. — Céréale de printemps : orge ou
blé de mars , avec semis de trèfle ;
Troisième année. — Trèfle plâtré ;
Quatrième année. — Céréale d'automne : froment,
méteil , seigle.
Pour l’assolement de six années, on ajouterait :
inquième année. — Récolte fourragère ou légumi-
neuse : vesces, mais en vert ou fèves, pois, lentilles.
JANVIER, 17
Sixième année. — Céréale d'automne : froment,
méteil ou seigle.
Ces deux assolements, en plaçant la fumure sur une
récolte sarclée, en évitant la succession immédiate
de deux céréales, et en reportant à quatre ou six ans
le retour du trèfle, doivent être recommandés comme
très-propres à nettoyer le sol des plantes parasites, à
lui conserver sa fécondité, et à procurer une abon-
dante nourriture au bétail, tout en augmentant la pro-
duction céréale.
La Société s'associe à ces vues, conformes aux prin-
cipes adoptés par la science, et considère leur applica-
tion comme un des moyens les plus utiles pour con-
server aux pailles leur rigidité et diminuer la verse,
qui cause de si fréquents et de si grands déficits dans
le produit des récoltes.
M. le Président donne la parole à M. Gatillon pour la
lecture du rapport suivant :
MESSIEURS ,
Vous nous avez chargés, M. Joyeux et moi, d'exami-
ner une analyse faite par M. Villeroy, de Rittershof,
d'un traité de M. Sanner, de Dambitsch, sur le lait et
sur le beurre.
Le travail de ces messieurs pouvant être utile aux agri-
culteurs de notre département , nous en avons fait l’ex-
trait que voici :
Le lait est composé de beurre {butyrine), fromage
{caséine), sucre de lait, sels et eau.
TOME XX. 3
18 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Le sucre de lait, le fromage et les sels sont en solu-
tion dans l’eau, et le beurre y est suspendu.
Si le lait fraîchement tiré est abandonné à lui-même,
les molécules de beurre montent peu à peu à la surface,
par la loi de la pesanteur spécifique, etelles y forment
une couche de crème jusqu’à ce que, devenant aigre, le
fromage se coagule et retient, comme dans un réseau,
les parties butyreuses qui n'ont pas encore fait leur as-
cension.
Pour retirer du lait tout le beurre qu'il contient, on
doit done, avant tout, s'attacher à retarder, le plus
possible, le moment auquel le lait s’aigrit. C'est le point
essentiellement important. Pour cela il faut maintenir le
lait à une température modérée, faire usage de bons
vases à lait et les placer dans un local de laiterie conve-
nable. Nous allons entrer dans quelques détails sur ces
trois points.
19 Maintenir le lait à une température modérée.
Puisque la fluidité des liquides augmente à mesure que
leur température est plus élevée, si on expose le lait à
une température chaude, sa densité deviendra moins
grande et les molécules butyreuses s’élèveront plus facile-
ment à la surface. Mais, d’un autre côté, le lait exposé
à une température chaude s'aigrit promptement; il s'y
forme de l'acide lactique qui coagule le fromage, et, dès
lors , tout mouvement ascensionnel des molécules de
beurre est enrayé.
Pour éviter que le lait ne s’aigrisse, vient-on à le
placer dans un endroit très-frais ? sa densité devient
plus grande, le mouvement ascensionnel des molécules
butyreuses ne s'opère plus que lentement et imparfaite-
JANVIER. 19
ment, et, en définitive, on n'obtient pas plus de crème
qu'en opérant à une température chaude.
On doit donc éviter et une température élevée qui fait
aigrir le lait, et une température basse qui, augmentant
sa densité, rend plus difficile l'ascension de la crême. II
faut donc une température modérée.
L'expérience a démontré que cette température doit
êlre de 120 en été, de 13° au printemps et en automne,
et de 15° en hiver.
Dans toute laiterie, 1l faut un thermomètre.
20 On doit faire usage de bons vases à lait.
Les vases ou pets dans lesquels on met le lait à la lai-
terie, lesquels sont ordinairement en bois, doivent être
tenus dans un état de propreté parfait. Si l’on n’a pas le
soin de les laver complètement tous les jours ävec de
l'eau, et au moyen du sable et d’une brosse , et de les
lessiver de temps en temps , il arrive que le lait qui
pénètre leurs parois s’aigrit peu à peu et rend acide
très-promptement celui dont on remplit ces vases. Le
rendement en crème est conséquemment amoindri.
Que les vases à lait soient larges et peu profonds. Le
lait qu'ils contiennent doit avoir peu dé hauteur (9 à 18
centimètres), afin que les bulles de beurre montent faci-
lement et en peu de temps à la surface; les molécules bu-
tyreuses mettront d'autant plus de temps pour s'élever
que l’espace à parcourir du fond des pots à leur ouverture
sera plus considérable.
Un bon vase à lait doit donc être propre et plat.
On ne se sert pas de vases en cuivre, parce que ce métal
est cher et dangereux; ni de pots en fer, parce q'il faut
les étamer trop souvent; ni de ceux en zinc, parce que le
20 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
contact du lait aigri forme avec ce corps des sels nuisibles
à l'homme et aux animaux.
30 Placer le lait dans une laiterie convenable.
Une laiterie doit être assez grande pour que tous Îles
vases à lait puissent reposer sur le sol. I ne faut point
les placer les uns au-dessus des autres, ear les vases su-
périeurs, enveloppés par la vapeur des inférieurs, res-
teraient chauds vlus longtemps que ces derniers, et le
moment de l’écrémage ne serait pas le même pour tous.
Il est d'ailleurs difficile de tenir proprement un local qui
serait trop petit.
Que la laiterie soit sèche; l'humidité engendrerait la
moisissure à la surface du lait.
Les pots à lait doivent, en hiver, être séparés du sol
par des planches; de cette manière, ils se refroidissent
moins promptement.
Que la laiterie soit aérée; il faut cependant éviter de
produire des courants d'air sur le lait.
En été, on établira des gazes aux fenêtres pour empé-
cher les mouches d'entrer dans la laiterie. On fermera
les fenêtres durant le jour et on les ouvrira durant la
nuit.
En hiver, il est utile de chauffer très-modérément la
pièce; mais on doit veiller à ce qu'il n’y pénètre pas de
fumée.
Tous les ans on blanchira les murs avec de la chaux.
Ainsi, avec une température modérée, avec de bons
vases à lait et une laiterie convenable, le lait ne s’aigrira
point avant le temps, et on en retirera autant de crême
qu'il est possible.
A quel moment doit-on écrémer ?
JANVIER. 21
Beaucoup de personnes attendent , pour écrémer, que
le lait soit caillé : c'est un tort; on doit écrémer lorsque
le lait est encore doux. On obtient ainsi plus de beurre ,
et le beurre est plus délicat et se conserve mieux. Après
de nombreuses expériences, nous avons acquis la convic-
tion que le moment le plus favorable pour l'écrémage a
lieu , en été, 30 heures après que le lait a été tiré, et,
en hiver, #0 ou 50 heures après.
La crème enlevée de la surface du lait encore doux ne
peut pas être battue de suite dans la baratte; il faut la
laisser en repos durant 18 heures , afin que l'acide lac-
tique s'y développe ; car il est bien positif que sans la
présence de cet acide, le beurre ne se sépare pas complè-
tement du lait de beurre. Si l’on veut faire sans retard
du beurre avec la crème douce, on doit ajouter dans la
baratte 12 p. 0/0 de petit lait.
Un mot sur la baratte.
On doit rejeter toute baratte qui ne pourrait pas être
neltoyée dans toutes ses parties.
Il faut, avant de s’en servir, la laver, en été avec de
l'eau froide, en hiver avec de l’eau chaude.
Durant les chaleurs, il est sage de faire son beurre le
matin ou le soir, au moment de la fraicheur, et même
de mettre quelques morceaux de glace dans la baratte.
En hiver, il est bon de mêler de l’eau chaude à la crème;
les molécules de beurre se ramollissent ainsi et contrac-
tent plus facilement adhérence entre elles.
Il reste à dire quelque chose sur la manipulation du
beurre au sortir de la baratte.
On doit le pétrir par petites portions ; afin d’en faire
sortir le lait de beurre; il ne faut point le laver, car
S)
2 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
b
l’eau de lavage enlève son parfum. On le mêle ensuite
avec du sel bien pulvérisé, dans la proportion d’une
poignée de sel pour {0 kil. de beurre, et après quelques
heures de contact, c’est-à-dire après que le sel s’estfo ndu
dans la petite quantité de lait de beurre qui pouvait rester
encore, on malaxe de nouveau et on possède un beurre
aussi parfait que possible.
Si le beurre doit être conservé, on y mélange de nou-
veau une faible quantité de sel pilé, on le renferme dans
des tonneaux, après avoir garni le fond d'une légère
couche de sel, et on recouvre le tout d'une autre couche
semblable.
Le beurre qui doit ètre consommé de suite est plus
agréable au goût lorsqu'il conserve un peu de lait de
beurre.
Pour donner au beurre une coloration jaune, on peut
se servir de jus de carottes ou de soucis, de safran, de
rocou.
Le beurre ne doit jamais, dans un but de conservation,
être malaxé avec de l’eau de chaux. La chaux pourrait
former, en se combinant au beurre, un savon calcaire
qui lui communiquerait une saveur détestable.
Piscicuurure. — M. le Président fait lecture du rap-
port suivant que lui ont adressé MM. Rémy fils et J.
George sur les résultats de la mission que !: :uverne-
ment avait donnée à ces pisciculteurs dans le départe-
ment de la Haute-Loire :
MONSIEUR LE PRÉSIDENT ,
Au moment de quitter le département de la Haute-
JANVIER. 2£;
Loire , nous avons l'honneur de vous soumettre un rap-
port de nos travaux pendant les deux mois que nous avons
employés à enseigner la pisciculture dans ce département.
Vous pourrez juger par là, Monsieur le Président, si
nous avons fait quelques efforts pour répondre à la con-
fiance de M. le Ministre et à la bienveillance des princi-
paux administrateurs et des personnes les plus honorables
du pays, et si nous avons mérité la constante protection
et l'intérêt marqué dont vous avez bien voulu nous
honorer.
Partis de la Bresse, département des Vosges, le 5 no
vembre, nous sommes arrivés au Puy le 10. Après avoir
présenté à la préfecture et à vous, Monsieur le Prési-
dent, les lettres confirmant notre mission > nous
nous sommes transportés, sur l'invitation de M. le
Sous-Inspecteur des forêts, au lac de Saint-Front, pour
y déposer, dans un local approprié à l’avance , les 30,000
œufs de truite fécondés que nous avions apportés, sur la
demande de MM. de Lavallette et de Causans, proprié-
taires du lac.
Nous devons dire ici, Monsieur le Président, que
nulle part nous n'avons rencontré une construction si ha-
bilement disposée pour recevoir le frai de truite et le
conserver, jusqu'à son éclosion, dans les conditions les
plus favorables à son développement. Au premier aspect
de cette usine piscicole, nous jugeñmes que la science
ichtiogénique recevrait là un témoignage éclatant ou le
démenti le plus formel. Les résultats que nous y avon
observés dès cette saison vous montreront, Monsieur le
Président , si nos prévisions étaient fondées.
Nous ajouterons également que le fermier du lac,
24 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. Montès, n'avait plus rien à apprendre de nous quant
à la fécondation des œufs de truite. Guidé par les con-
seils des propriétaires du lac et formé par sa propre ex-
périence, il avait préparé, avant notre arrivée, environ
15,000 œufs de truite, supérieurs, par leur grosseur ,
leur belle couleur saumonée et leur admirable conserva-
tion, à tout ce que nous avons vu de plus parfait en ce
genre.
Nous avons préparé, en sa présence, de # à 5,000
œufs de truite qui, joints à ceux préparés par lui ou ap-
portés par nous, ont donné un total de 50,000 , que nous
avons installés dans le cabinet à éclosion dont nous avons
déjà parlé. i
Ces premiers et importants travaux terminés, nous
avons parcouru successivement diverses localités où nous
avons opéré la fécondation de plusieurs milliers d'œufs ,
en présence de toutes les personnes désireuses de con-
naître nos procédés (*).
Nous avons visité, près de Monistrol, sur le Lignon,
les travaux remarquables entrepris, sur une vaste
échelle, par M. le docteur Rigollot, pour la multipli-
cation de diverses espèces de poissons et en particulier
du saumon.
Nous avons indiqué quelques modifications qui nous
(*) Nous avons préparé une caisse à éclosion, chez M. de Mars,
dans sa propriété située près de Tence, et nous nous sommes mis en
rapport avec des pécheurs à Espaly, à Retournac et sur les bords de
la Loire et de l'Allier. À l'hospice de Brioude, d’autres pécheurs ont
reçu nos instructions. Des œufs de saumon et des boites ont été placés
au lac du Bouchet et dans celui d'Issarlès.
JANVIER. 25
ont paru nécessaires pour le succès de ce bel établisse-
ment.
Nous signalerons encore les constructions piscicoles de
M. Blanc, dans sa propriété du Charrouil. Elles sont dis-
posées avee beaucoup d'art et rappellent très-heureuse-
ment les excellentes méthodes adoptées et pratiquées au
lac de Saint-Front.
Enfin, Monsieur le Président, nous nous permettons
d'appeler votre attention, et, par votre entremise, celle du
Conseil général et de la Société d'agriculture , sur le ma-
gnifique réservoir situé près des rives de l'Allier, et qui
semble placé tout exprès pour fournir à cette rivière les
trésors d’un empoissonnement inépuisable.
Nous voulons parler du lac du Bouchet. D'après l’in-
spection des eaux et de diverses espèces de petits poissons
qui l'habitent, nous ne pouvons conserver le plus léger
doute sur la possibilité de son entier et complet repeuple-
ment. Nous nous engagerions hardiment à multiplier
dans ce lac la truite, le saumon et plusieurs autres es-
pèces de poisson, que l’on pourrait ensuite pêcher en
abondance pour les verser dans l'Allier et assurer ainsi
le repeuplement de cette rivière et de la Loire elle-même,
qui reçoit ses eaux.
Nous offrons, M. le Président, si on nous accorde
des secours suffisants , de nous établir sur les bords du
lac du Bouchet et de consacrer tous n0s soins à son em-
poissonnement, dont le succès nous paraît assuré.
Si on nous demande une preuve de la certityde des
méthodes que nous employons, nous sommes heureux de
pouvoir la fournir dès aujourd'hui. Des 30,000 œufs fé-
condés par nous et que nous avons placés au lac de Saint-
26 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
Front au commencement de novembre, 15,000 environ
présentent, dans ce moment, le germe parfaitement dis-
tinet de l’alevin auquel i's vont donner naissance.
Un millier de ces œufs, placés comme spécimens dans
les eaux de la fontaine de Saint-Laurent, chez M. de La-
valette, ont donné déjà près de 200 éclosions et en pro-
mettent encore davantage.
Nous ferons remarquer que nos 30,000 œufs ont eu à
supporter le transport depuis Epinal jusqu’au Puy et les
secousses qui en sont la conséquence; épreuve de toutes
la plus préjudiciable aux œufs fécondés.
Aussi les œufs préparés par le fermier du lac de Saint-
Front, qui n’ont pas changé de place , annoncent-ils des
éclosions dans une proportion bien plus avantageuse.
Nous nous croyons donc en mesure d'affirmer, Mon-
sieur le Président, que nous pouvons nous charger de
repeupler les bassins et cours d'eau si nombreux et si
propices du département de la Haute-Loire. Il nous eût
été facile d'obtenir, sur plusieurs points du département,
des résultats aussi importants que ceux du lac de Saint-
Front, mais nous avons connu trop tard la mission qui
nous était confiée. Si M. le Président ou le Conseil géné-
ral jugeaient à propos de nous rappeler, l’année pro-
chaine , pour continuer nos premiers travaux, nous de-
manderions à être appelés dans les premiers jours de
septembre,
Nous nous flatterions alors de prendre nos mesures de
manière à assurer des résultats ichtiogéniques qui amè-
neront eux-mêmes l’'empoissonnement des cours d'eau de
la Haute-Loire pour plusieurs années.
Daignez agréer, Monsieur le Président , l'expression
JANVIER. 927
de notre reconnaissance pour toutes les bontés dont nous
avons élé comblés pendant notre séjour dans votre dé-
partement,.
Nous avons l'honneur d’être, Monsieur, avec un pro-
fond respect ,
Vos très-humbles et très-obéissants serviteurs.
M.-J. GEORGE. RÉMY FILS.
M. le Président donne ensuite lecture de la lettre
qu'il a adressée à M. le Préfet, au sujet de l'empoisson-
nement du lac du Bouchet, de conformité au vœu ex-
primé par la Société à sa précédente séance (1er dé-
cembre 1854) :
Le Puy, 10 décembre 1854.
MONSIEUR LE PRÉFET,
La Société d'agriculture, dans sa séance de vendredi,
a entendu avec le plus vif intérêt le rapport que M. de
l’Eguille, l'un de ses membres, lui a présenté sur Îles
démonstrations et les expériences de pisciculture qui
viennent d'être faites dans le département par M. Rémy
fils, envoyé par Son Exe. M. le Ministre de l’agriculture.
Elle pense que les résultats de ce voyage se feront sentir
plus tard et qu'un grand nombre de propriétaires ou de
pêcheurs, initiés par cet habile praticien à l'art de la fé-
condation artificielle et de l'élevage du poisson, se livre-
ront au repeuplement si désirable des lacs et des cours
d'eau de notre pays.
Mais l'attention de la Société s’est particulièrement
28 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
arrêtée à la question si intéressante de l'empoissonnement
du lac du Bouchet. Cet immense réservoir d’eau {ce lac,
à peu près rond, mesure près de 1,000 mètres de dia-
mètre, et 30 mètres de profondeur dans son milieu), s’il
était peuplé de poissons, soumis à une surveillance et à
un aménagement réguliers, pourrait offrir de précieuses
ressources pour l'alimentation de la ville du Puy et des
avantages considérables pour les propriétaires. Le lac
du Bouchet n’a nourri jusqu’à ce jour que quelques petits
poissons d’une mauvaise espèce. On assure cependant
qu'à différentes époques on y a jeté du meilleur poisson,
qui n'a pas paru y avoir réussi. Mais on a su aussi qu'à
des intervalles plus ou moins éloignés, ce lac, n'étant
soumis à aucune surveillince, avait été désempoissonné
à l’aide de substances vénéneuses.
Il n’en reste pas moins acquis par l'existence des pe-
tites espèces signalées dans ses eaux, que le poisson peut
y vivre. L'opinion de MM. Gehin et Rémy, ces habiles
piseiculteurs qui successivement sont venus visiter le lac
du Bouchet, vient à l'appui de ce fait. Ils ont, tous les
deux, cru pouvoir assurer que les eaux du lac étaient
très-propices à l'éducation du poisson.
Mais par quels moyens pourrait-on pourvoir à son em-
poissonnement régulier ? Les communes de Cayres et du
Bouchet-Saint-Nicolas se partagent la jouissance du lac
et des terrains qui descendent jusqu'à ses bords. Une
partie de ces terrains , et peut-être la totalité, est amo-
diée par ces communes, pour être livrée à la dépaissance
ou à la culture du seigle. Nous ne connaissons ni les con-
ditions ni les termes de ces amodiations.
Quelques membres de la Société ont fait observer que
JANVIER. 29
le lac du Bouchet et les terrains qui l’environnent ayant
appartenu à un corps religieux avant la révolution, et
n'ayant probablement pas été aliénés, pourraient bien
appartenir aujourd'hui à l'Etat.
En cet état, la Société d'agriculture a pensé qu'il y
avait lieu : 1° d’ordonner que, par des recherches faites
aux archives départementales, les titres de propriétés du
lac du Bouchet et des terrains qui l’environnent soient
établis ;
20 Que, par des informations, les conditions et les
termes des amodiations des terrains qui environnent le
lac soient constatés ;
3° Qu’indépendamment de la question de propriété de
ces terrains et de leur amodiation, il soit pris des me-
sures pour arriver, dans un très-court délai, à la sou-
mission de tous les terrains qui accostent le lac au régime
forestior, afin que, par l'entretien d’une végétation
continue sur les bords, et la possibilité d’une surveil-
lance régulière, la conservation du poisson y püt être
assurée ;
40 Enfin, que l’'empoissonnement du lac du Bouchet
par la truite, le saumon et d’autres espèces choisies
soit fait sur une grande échelle et par les soins de l'ad-
ministration forestière , aussitôt que la surveillance du
lac pourra être organisée.
La Société d'agriculture est persuadée que, par la réa-
lisation de ces vues, on pourrait, en peu d'années,
créer un établissement de pisciculture important et des-
tiné à rendre de grands services à tout le département.
Elle m'a chargé de les soumettre à votre appréciation et
30 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
de vous prier de prendre les mesures nécessaires pour
leur exécution, dans le cas où vous les spprouveriez.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l'assurance de
ma haute considération.
Le Président,
A. DE BRIVE.
M. le Président annonce que M. le Préfet a accueilli
très-favorablement les propositions énoncées dans sa
lettre, et lui a exprimé l'intention de leur donner
toute la suite désirable.
PALÉONTOLOGIE. — M. Aymard fait la communication
suivante sur une nouvelle liste de fossiles que lui a
fournie le gisement du Coupet, près de Saint-Eble ,
commune de Mazeyrat-Crispinhac :
MESSIEURS,
Les seuls gisements de fossiles appartenant à l’époque
volcanique qui fournirent aux premières investigations
paléontologiques dans notre pays, des éléments d’études,
furent, comme vous le savez, celui de St-Privat-d’Allier,
où quelques débris osseux d'animaux mammifères furent
signalés, en 1823, par M. Bertrand de Doue, dans des
tufs scoriacés , et le vaste ossuaire de Solilhac, fructueu-
sement exploré, et décrit en 1829 par M. Félix Robert.
Depuis lors, j'ai été moi-même assez heureux pour
vous signaler de nouveaux dépôts de fossiles qui, à l’aide
d'un certain nombre de ces médailles de l’ancien monde,
éclairent déjà la chronologie des formations volcaniques
JANVIER. 31
et nous aident à déterminer les faunes successives qui
peuplèrent la contrée aux derniers âges des temps géolo-
giques.
L'un de ces gisements, celui de Coupet, que je décou-
vris en 1849, m'avait déjà fourni quelques pièces inté-
ressantes, lorsqu'il fut l'objet de recherches effectuées
également par M. Bertrand de Lom. On connaît aujour-
d'hui un assez grand nombre de ces débris osseux, pour
qu'il soit possible d'en dresser une première liste dans
laquelle la science pourra puiser des éléments de compa-
raison avec les fossiles observés jusqu'à ce jour dans
d'autres localités.
Avant de vous donner la nomenclature des espèces
animales que j'ai pu déterminer, permettez-moi de vous
présenter un aperçu géologique sur le volcan dont les
déjections recèlent les restes osseux de cette antique
faune; il en résultera probablement quelques données
sur l’époque qu'on peut lui assigner.
Le volcan de Coupet est situé près Saint-Eble, dans la
commune de Mazeyrat-Crispinhac. C’est un vaste cône
de scories avec cratère qui paraît appartenir an système
occidental des montagnes du Velay.
La position géographique du volcan, la nature de ses
déjections, ses brèches, scories et pouzzolanes, les cou-
lées de laves basaltiques qui en dépendent, tous ces
caractères autorisent à classer ce grand foyer d'éruptions
ignées dans le groupe de ceux qui embrasèrent la contrée
au dernier âge de l’époque volcanique. Il offre même,
sous ce rapport, l'un des types les plus intéressants de
ceux qui existent dans le pays.
Aucun autre volcan de nos environs, en effet, ne pré-
32 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
sente dans un ordre de succession peut-être plus régulier
la série des émissions plus ou moins aqueuses, pulvéru-
lentes et laviques qui constituent le système des éruptions
les moins anciennes.
Dans le fond de la vallée au milieu de laquelle
s'élève la montagne de Coupet, s'étendent, en forme
d'alluvions, des brèches composées de détritus volea-
niques et orgileux en couches plus où moins horizontales.
Ce terrain atteste, d'après ses éléments constitutifs ,
l'un des premiers dépôts auxquels certains phénomènes
volcaniques ne furent certainement pas étrangers. Des
brèches boueuses d’éruption occupent aussi, sur quelques
points, le fond du bassin et se déploient sur les flancs de
la montagne en couches qui affectent souvent une incli-
naison très-grande et concordant avec la déclivité des
pentes. Les scories et pouzzolanes, parfois mélangées de
cendres, forment également autour du cône d’éruption
d'immenses amas au milieu desquels on rencontre des
bombes volcaniques de toutes grosseurs. Enfin la lave
basaltique forme des nappes puissantes sur les brèches,
qu’elle recouvre parfois complètement.
Tels sont les principaux caractères de ce curieux
volcan. Il serait trop long d’énumérer les particularités
plus ou moins secondaires qui s’y rattachent : les filons
basaltiques qui se sont fait jour au voisinage du volean,
les substances minéralogiques et surtout les diverses et
belles variétés de gemmes et autres minéraux, tels que
zircons, corindons, titane rutile, sphène, fer titané,
péridot granulaire, amphibole, pyroxène augite, etc.,
que M. Bertrand de Lom a recueillis en abondance soit
dans la brèche, soit parmi les scories, etc.
JANVIER, 39
Les fossiles qui font l'objet spécial de cette communi-
cation se rencontrent principalement dans les brèches
boueuses dont je viens de parler. Ils se rapportent, dans
leur ensemble , à une faune d’un âge antérieur au terrain
qui les recèle, et se caractérisent, à cet égard, surtout
par la présence de dents et d’ossements de mastodontes et
de tapirs. Tout annonce que ces mammifères avaient été
ensevelis dans un dépôt préexistant qui aurait été rema-
nié par l’action volcanique. L'état de fracture des os, leur
position daus la roche et d’autres particularités témoi-
gnent, en effet, que les squelettes entiers de tous ces
animaux avaient été primitivement enfouis dans un ter-
rain plus ancien.
Cette opinion est d’ailleurs justifiée par des exemples
de semblables remaniements. Le célèbre gisement de
Solilhac est très-remarquable sous ce rapport, puisqu'il
offre, dans des brèches d’éruption, une foule de débris
osseux et, dans les couches d’alluvions sous-jacentes, les
squelettes entiers d'espèces animales identiques avec
celles que nous révèlent ces mêmes débris. Seulement,
cette faune fossile de Solilhac signale, à l'égard des
restes ensevelis dans l’une et l’autre formation, une
époque de récente volcanisation, et il y a lieu de croire
qu'il s’est écoulé une très-courte durée de temps entre le
dépôt des alluvions et l'éruption des brèches; tandis qu’à
Coupet, l'intervalle de temps accompli entre l’enfouisse-
ment des animaux dans un ancien dépôt et leur remanie-
ment par une éruption de brèches volcaniques a dû être
beaucoup plus considérable.
Le classement des espèces d'animaux découvertes à
Coupet comporterait des développements qui ne peuvent
TOME XX. 3
34 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
trouver leur place dans ces rapides aperçus. Je me bor-
nerai done provisoirement à la nomenclature de ces
espèces, me réservant de les décrire un jour dans un
travail plus complet.
CLASSE DES MAMMRIIFÈIRES.
ORDRE DES CARNASSIERS.
FAMILLE DES CARNIVORES.
Tribu des félides.
Genre mAcuairoDus. Kaupp.
Machairodus sainzelli (?). Aym.
Machairodus pliocenus. 4 y.
Genre FELIS (?).
Espèce indéterminée.
Tribu des hyénides.
Genre HYENA. Storr.
Hyena brevirostris. Aym.
Fribu des vermiformes (?).
Genre MuSsTELA (?). Cuv.
Espèce indéterminée.
JANVIER. 3)
ORDRE DES RONGEURS.
Tribu des castorins.
Genre ORENOMYS. Aym.
Orenomys elaveris. Aym.
ORDRE DES PROBOSCIDIENS.
Mastodontes.
Genre ANANCUS. Aym.
Ananeus macroplus. Aym.
Genre MASTODON, Cu.
Espèce indéterminée.
ORDRE DES PACHYDERMES.
Kribu des rhinocéroïdes.
Genre RHINOCÉROS.
Rhinoceros mesotropus. Aym.
Tribu des tapyroïdes.
Genre TAPiR.
Tapirus vialetti. Aym.
36 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Æribu des solipèdes.
Genre Equus. Linn.
Equus ligeris. Aym.
Equus. Espèce indéterminée se rapprochant
de celle d'aujourd'hui.
Æribu des suilliens.
Genre sus. Linn.
Espèce indéterminée.
ORDRE DES RUMINANTS.
Eribu des cervides.
Genre cERvUS. Linn.
beauçoup
Cerfs, dont certains se rapprochent de ceux de Vialette
et d’autres de ceux de Sainzelle; espèces indéterminées.
Æribu des autilopides.
Genre ANTILOPE. Linn (?).
Antilope torticornis. Aym.
Antilope. Espèce indéterminée.
Genre B0s. Linn (?).
Espèce indéterminée.
CLASSE DES OISEAUX.
Une grande espèce indéterminée.
JANVIER. 37
OBJETS D'ADMINISTRATION. — L'Assemblée , sur la pro-
position de M. le Président et après en avoir délibéré,
arrête que des démarches seront faites auprès du Gou-
vernement pour obtenir que la Société soit reconnue
comme établissement d'utilité publique.
CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. — M. le Président an-
nonce que les Secrétaires généraux s'occupent des pré-
paratifs de la xxre session du Congrès scientifique de
France, qui doit être tenue au Puy en 1855. Les Secré-
taires des sections ont été nommés, et, dans une pre-
mière réunion, il à été décidé qu'un projet de pro-
grammé serait rédigé par les Secrétaires généraux ,
puis soumis, en Assemblée générale, à l'examen des
Secrétaires de sections.
ADMISSIONS. — M. Chouvon lit, au nom d’une com-
mission, le rapport suivant sur la candidature de
M. Frédéric Fraisse au titre de membre non résidant :
MESSIEURS ,
M. Frédéric Fraisse, pharmacien à Saint-Nicolas, et
originaire de notre département, vous à présenté, comme
titre d'admission au nombre de vos membres correspon-
dants, un ouvrage dont il est l'auteur et qui porte pour
titre : De la nutrition des végétaux.
Ce petit livre est tout d’abord séduisant par son intro-
duction, où l’auteur explique comment viennent les
fleurs. Là se déroule sans fatigue , même pour le lecteur
le plus novice en ces matières, le mouvement de la
38 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
plante depuis son éclosion dans la graine; son dévelop-
pement, son agitation et son irritabilité au temps des
amours, jusqu’au terme de son existence. Le mouvement
est décrit avec une simplicité attachante; mais si vous
vous arrêtez devant l'obscurité de son origine, c’est que
Dieu l’a voulu, car il ne nous en a pas dévoilé le secret.
Dans le chapitre intitulé: De la nutrition des végé-
taux, l’auteur montre pourquoi et comment les végétaux
prennent de l'accroissement. Il initie le lecteur au rôle
que jouent, dans cet acte vital, l’organisation intérieure
de l'individu, la sève, l'air, le sol, les engrais. S'il
admet avec Boussingault que tous les éléments nutritifs
de la plante se trouvent dans l'air, il démontre qu'ils n'y
sont pas assez concentrés pour qu'elle puisse en assimiler
une quantité suffisante à son développement complet. De
là le rôle important du sol et des engrais.
Je ne suivrai pas l’auteur dans les chapitres qu'il a
consacrés aux engrais animaux , végétaux et minéraux.
Qu'il me suffise de dire que, dans ces excellentes pages,
il ne s'est pas donné la mission de proclamer du nouveau,
mais il s’est tenu constamment à la hauteur de la science
actuelle. Je dirai que, dans tous les nombreux détails
théoriques ou pratiques que M. Fraisse nous donne sur
celte matière , il est resté constamment pratique, mérite
que nous devons apprécier, car il arrive à plus d'un
savant théoricien de montrer, à l'encontre de l'applica-
tion, le bout de l'oreille, comme le loup de la fable dé-
guisé en berger.
Je regrette, Messieurs, de donner de ce bon petit
livre un aperçu aussi incomplet, mais le temps m'a
manqué pour le parcourir à loisir , et}je n'ai pas voulu,
JANVIER. 39
par le retard de mon rapport, faire ajourner l'admission ,
au nombre de os membres, de M. Fraisse, que vous
propose, à l'unanimité, la commission que vous avez
chargée de vérifier les titres du récipiendaire.
M. de Brive fait également un rapport favorable sur
la candidature de M. Jourdier , directeur du Moniteur
des comices , au titre de membre non résidant.
Ilest ensuite procédé au scrutin, et à l'unanimité
des voix, MM. Fraisse et Jourdier sont nommés
membres non résidants.
M. le Président propose de conférer le titre de prési-
dent honoraire à M. de Chevremont, préfet de la
Haute-Loire, et celui de membre honoraire à M. le
marquis de la Tour-Maubourg, député’ du départe-
ment, et à M. Badon, maire de la ville du Puy.
IL rappelle les nombreuses marques d'intérêt que
M. de Chevremont a données pour les travaux de la 50-
ciété et, en particulier, le témoignage récent de sa
sollicitude en faveur du Musée, en obtenant de la
bienveillance de l'Empereur, par l'entremise de M. le
comte de Nieuwerkerke , la belle statue due au ciseau
de notre compatriote, M. Gubisoles.
Il expose ensuite les titres de M. le marquis de la
Tour-Maubourg à la reconnaissance de la Société : les
dons précieux d'objets d'art que son illustre famille et
lui-même ont faits au Musée, les dons non moins im-
portants qu'il a obtenus du Gouvernement, enfin les
sympathies qu'il a témoignées dans toutes les circon-
stances pour les efforts de la Compagnie.
40 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La constante et bienveillante sollicitude de M. Badon
a toujours été acquise également à la Société et au
Musée , et la Compagnie acquittera aussi une dette de
reconnaissance en l’inscrivant sur la liste de ses hono-
rables bienfaiteurs.
L'Assemblée, pénétrée de ces sentiments, nomme ,
par acclamations unanimes, M. de Chevremont, pré-
sident honoraire , et MM. le marquis de la Tour-Mau-
bourg et Badon , membres honoraires.
A sept heures , la séance est levée.
AYMARD,
Secrétaire de la Société.
SÉANCE DU 2 FÉURIER.
SOMMAIRE.
Procès-verbal. — Ouvrages reçus; articles du Journal d'agriculture
pratique relatifs à l’alimentation des jeunes poissons, aux prix des
grains, à la race bovine du Mezenc; don de publications par le
ministère de l’agriculture. — Hachette antique en fer douce au
musée par M. Chouvon; observations sur l’ascia, par M. Ay-
mard. — Organisation du service des vétérinaires ; arrété de M. le
Préfet. — Drainage; lettre de M. de Brive; renseignements de-
mandés par M. de Morteuil; prix fixés par la Société pour les
tuyaux. — Maladie de la vigne; cominunication par M. Regim-
beau. — Projet de reconnaissance de la Société comme établisse-
ment d'utilité publique; lettre de M. le Président à M. Je Pré-
fet. Comptes des recettes et des dépenses de la Société; appro-
bation. — Allocations de fonds pour copier les manuserits de
Médicis et les plans du cadastre dans le trajet de la voie romaine
dite Bolena. — Prix de location de la machine à battre le grain.
— Nomination de MM. de Brive et Aymard comme président
et vice-président do la Société. — Ajnurnement de l’élection des
secrétaires: — Demande d'admission par M. l'abbé Alirol. —
Lettres de remerciments de M. le Préfet, au sujet de sa nomi-
nation au titre de président honoraire. — Rapport de M. Bre-
tagne, sur la candidature de M. A. Comarmond (de Lyon) au
titre de membre non résidant ; admission.
42 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Présidence de M. de Brive.
A trois heures, la séance est ouverte.
OUVRAGES REÇUS. — Après la lecture et l'adoption du
procès-verbal, M. le Président énumère les ouvrages
reçus et signale à l'examen de divers membres de la
Société des mémoires qui intéressent leurs études spé-
ciales. Il recommande en particulier à M. de Causans
un article du Journal d'agriculture pratique sur lhy-
oiène et l'alimentation des jeunes poissons.
M. le President cite également trois autres articles
du même journal, lun qui est relatif à l'alimentation
des ouvriers dans les campagnes ; l'autre sur le com-
merce des grains en général, dans lequel l’auteur,
M. Léonce de Lavergne, signale les avantages et les
moyens qu'il y aurait de maintenir les prix des grains
entre des limites de fluetuation peu considérables. Le
troisième article, par M. Auguste de Saint-Prix, qui
a trait à l'élevage des bêtes à cornes , mentionne , en
termes élogieux , les qualités de la race bovine du
Mezenc. À cette occasion , M. de Brive fait remarquer
que cette race, qui, il y a quelques années , était à
peine connue des agrologues, commence à être ap-
préciée et signalée dans les publications qui traitent
de l'élevage des bestiaux.
M. le Président fait ensuite déposer sur le bureau
plusieurs ouvrages qui ont été donnés à la Société par
M. le Ministre de l'agriculture et qu'accompagne une
lettre de M. le Ministre. Ce sont des publications offi-
FÉVRIER. 43
cielles qui concernent surtout différentes études trai-
tées aux conseils généraux de l’agriculture et du
commerce, sur les questions des bestiaux, des sucres,
fers, fils et tissus de coton, fils et tissus de laine, verres
et cristaux, graines oléagineuses et tourteaux, cuirs
et peaux.
Ce don important est accueilli par un vote de vifs et
unanimes remerciments.
Musée. — M. Chouvon fait hommage d’une ha-
chette en fer qui a été trouvée parmi des substructions
gallo-romaines à Saint-Paulien (lantique ARressium).
Sa forme a quelque ressemblance avec celle de l'instru-
ment qu'on désigne, dans le pays, sous le nom d’ais-
sette, et rappelle aussi celle de l’ascia funéraire, telle
que cet objet est figuré sur beaucoup de tombeaux an-
tiques. C’est ainsi qu'on en trouve la représentation
gravée sur un cippe tumulaire qui provient du village
de Polignac et qui est conservé au musée.
Aux explications qui précèdent, M. Aymard ajoute
qu'un instrument presque semblable et qui fait partie
également des collections d’antiquités du musée, fut
découvert dans le sol d’un ancien cimetière, au village
de Saint-Marcel, près le Puy. On sait que l’ascia a été
l'objet de nombreuses et savantes dissertations, et que
les archéologues ne sont pas encore complètement
fixés sur l'usage que les anciens OTHER faire de cet
outil dans les cérémonies funéraires
M. le Président exprime à M. Chouvon les remerci-
ments de l'Assemblée pour ce don intéressant.
hh RÉSUMÉ DES SÉANCES.
AGRICULTURE. — Il est donné lecture d’une lettre par
laquelle M. le Préfet envoie deux exemplaires du n° 27
du Recueil des Actes administratifs de la préfecture,
contenant son arrèté pour l’organisation du service
des vétérinaires.
« J'ai mis largement à profit, ajoute M. le Préfet,
pour la rédaction de cet arrêté, le remarquable travail
que vous avez bien voulu m'adresser au mois de juillet
dernier, et je suis heureux de vous adresser, à cette
occasion, mes remerciments. Je vous prie de vouloir
bien en transmettre l'expression à la Société d’agri-
culture. »
M. le Président rappelle que le rapport dont il est
parlé dans la lettre de M. le Préfet, avait été rédigé par
M. le docteur Martel et lu à la séance du ? juin 1854.
Sur la demande de l’Assemblée, il est fait lecture de
l'arrêté, qui est ainsi conçu :
Nous PRÉFET du département de la Haute-Loire, che-
valier de la Légion-d’Honneur,
Considérant que le service des vétérinaires attachés à
l'administration n’a point été jusqu’à présent organisé et
règlementé d’une manière régulière et précise dans ce
département, et qu'il y a lieu de procéder à cette organi-
sation pour mieux assurer la conservation du bétail et
donner de nouvelles garanties à l'hygiène publique ;
Vu la délibération, en date du 25 août dernier, par la-
quelle le Conseil général, en vue de l’organisation pro-
jetée, a, sur notre proposition, élevé de 800 à 1,200 fr.
ie crédit porté chaque année au budget départemental,
pour les dépenses du service dont il s'agit ;
FÉVRIER. 45
Vu notre arrêté en date de ce jour, sur la police des
animaux atteints de maladies contagieuses (1) ;
Vu le décret du 25 mars 1852 sur la décentralisation
administrative ;
Vu les instructions ministérielles ;
ARRÉTONS :
ARTICLE PREMIER.
Le département de la Haute-Loire est divisé en quatre
arrondissements vétérinaires dont l'étendue et les limites
sont déterminées ainsi qu'il suit :
Le premier arrondissement comprendra les cantons du
Puy Nord-Ouest, d'Allègre, de Craponne, de Loudes, de
Saint-Paulien, de Vorey et de Fay-le-Froiïd, tous situés
dans l'arrondissement du Puy.
Le 2° arrondissement comprendra les cantons du Puy
Sud-Est, de Cayres, de Solignac, de SAINTE
teuil, du Monastier, de Pradelles et de Saugues, tous
également situés dans l'arrondissement du Puy.
Le 3° arrondissement comprendra tous les cantons de
l'arrondissement communal de Brioude,
Le #° arrondissement comprendra tous les cantons de
l'arrondissement communal d’Yssingeaux.
ART 092;
Sont nominés vétérinaires départementaux, savoir :
(1) Voir cet arrété au n° 27 du Recueil des Actes administratfs
de 1854, p. 249.
46 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Pour le 1° arrondissement, M. Gire, vétérinaire au
Puy ;
Pour le 2° arrondissement, M. Pascal, vétérinaire au
Puy ;
Pour le 3° arrondissement, M. Exbrayat, vétérinaire à
Brioude ;
Pour le 4° arrondissement, M. Brun, vétérinaire à
Bas-en-Basset.
ART. 3.
Les vétérinaires départementaux recevront chacun un
traitement annuel de 300 francs, sur les fonds du dépar-
tement, à partir du 1® janvier prochain.
ART. 4.
Ils devront justifier qu’ils possèdent et dirigent eux-
mêmes une maréchalerie modèle, où seront employées les
méthodes perfectionnées de travail.
ART. 5.
Le vétérinaire du département devra, dans la circon-
scription qui lui est assignée, donner gratuitement ses
soins aux bestiaux malades par suite d’épizootie, chez les
eultivateurs qui lui seront désignés comme indigents par
le maire de la commune.
ART. 6.
Il proposera au maire ou au Préfet, suivant les circon-
slances, toutes les mesures nécessaires soit pour arrêter
FÉVRIER. KT
les progrès d'une maladie contagieuse ou d’une épizootie,
soit pour les prévenir.
Ainsi, de concert avec le maire, il ordonnera la sé-
questration des animaux atteints de maladies conta-
gieuses ; il conseillera les moyens prophylactiques, hy-
giéniques et euratifs que fournit la science; il désignera,
pour être abattus, les animaux qui, atteints du charbon,
de la morve, de la clavelée, du farcin, de la péripneu-
monie gangreneuse, de la rage ou de toute autre maladie
contigieuse, seraient par lui reconnus incurables; il re-
commandera que l’enfouissement des cadavres de ces
«nimaux ait lieu, conformément aux dispositions de
notre arrêté de police de ce même jour, dans une fosse
profonde, pour chacun d’eux, de deux mètres soixante
centimètres.
Le vétérinaire fera connaître aux propriétaires tous les
dangers auxquels ils sont exposés dans le contact immé-
diat des animaux atteints de telle ou telle maladie conta-
gieuse, et surtout dans l'usage de leur lait et de leur
chair ; il indiquera les moyens les plus convenables de
désinfection des étables, des écuries et bergeries qui au-
raient renfermé des animaux contagiés.
ART. 7.
Les vétérinaires du département s’attacheront, dans
leurs tournées, à faire connaître aux cultivateurs les vices
de leurs étables et à leur indiquer les améliorations qu'ils
‘jugeront possibles, soit dans l’aération, l'écoulement et
l'emploi des urines, la disposition du sol et l’espacement
de chaque animal.
48 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Ils leur apprendront quelles sont les meilleures ma-
nières de conserver et d'employer les fumiers.
Ils donneront aux agriculteurs des conseils sur les
soins que réclament les animaux, sur la manière la plus
rationnelle de les nourrir, sur la nécessité de les tenir
propres et bien pansés.
Ils expliqueront aux propriétaires les dangers qu ay
a à les faire boire dans des mares ou amas d'eaux dor-
mantes ou corrompues, et leur signaleront les inconvé-
nients qu'il y à à les faire travailler trop jeunes ou à les
excéder de travail, surtout pendant les grandes chaleurs.
Ils donneront également des conseils sur le choix des
races, leur croisement et autres moyens de les améliorer ;
ils vérifieront quel est l’état des pâturages, la tenue des
prairies artificielles, comment se font les irrigations,
quelle est la qualité et la quantité des cultures fourra-
gères ; ils indiqueront les améliorations qui leur parai-
tront possibles et désirables.
ART. 8.
Les vétérinaires du département feront, au moins une
fois par an, la visite de quelques étables de chaque canton
de leur circonscription ; ils étudieront l’état sanitaire de
chaque localité, le compareront avec celui des autres lo-
calités de leur arrondissement. Ils adresseront, de temps
en temps, à l’administration supérieure un rapport fai-
sant connaître les maladies régnantes et les mesures
qu'ils auront prises pour les combattre.
ART. 9.
Lors des principales foires, des réunions et fêtes agri-
FÉVRIER. 49
coles et des concours d'animaux ouverts par les sociétés
d'agrieulture et les comices, ils se rendront sur les lieux,
prendront des notes et se tiendront en mesure de servir
les intérêts généraux par leurs avis, leurs observations et
leurs conseils.
ART. 10.
Au mois de décembre de chaque année, ils rédigeront
un rapport qui résumera ce qu'ils auront observé ou ac-
compli dans leur circonscription, pendant le courant de
l’année. Ce rapport signalera les maladies qui se seront
manifestées, quelles ont été leurs causes connues ou pré-
sumées, quels ont été les traitements employés.
Les pertes survenues par suite d’épizootie y seront rele-
vées et classées suivant l'espèce, le sexe, l’âge et la va-
leur réelle de chaque animal. Cette partie du rapport
pourra être présentée en forme d’un tableau synoptique.
ART. 11.
Les rapports principaux des vétérinaires, et particu-
lièrement les rapports de fin d'année, seront soumis aux
conseils d'hygiène et de salubrité publique de chaque
arrondissement, pour avoir leurs observations et leurs
avis.
ART. 12.
Le présent arrêté sera inséré au Recueil des Actes
administratifs.
Fait au Puy, en l'hôtel de la préfecture, le 26 dé-
cembre 1854.
Le Préfet de la Haute-Loire,
A. CHEVREMONT.
TOME XX. n
50 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. de Brias, ancien député et maire de Bordeaux,
adresse une lettre et un mémoire sur des travaux im-
portants de drainage qu'il a exécutés dans l’une de ses
propriétés du département de la Gironde. L'auteur
sollicite les communications de la Société sur le même
sujet.
Après un débat dans lequel plusieurs Membres sont
entendus, M. le Président est prié d'envoyer à M. de
Brias un apercu sur les essais de drainage qui ont été
faits dans la Haute-Loire.
M. de Morteuil écrit de Laborite, près Paulhaguet,
nour demander des renseignements sur les prix fixés
par la Société, pour les tuyaux de drainage qu'il se
propose d’expérimenter dans ses propriétés.
Il sera fait droit à cette demande.
M. le Président annonce que, d’après une ré-
cente décision du conseil d'administration, les trois
modèles seront livrés désormais aux agriculteurs, par
le fabricant de tuyaux, moyennant 15 fr., 20 fr. et 25
fr. le mille, la Société prenant à sa charge le surplus
du prix de revient.
M. Regimbeau lit une notice historique sur la ma-
ladie de la vigne et annonce qu'il se propose de con-
courir pour le prix de dix mille francs à décerner
par la Société de l’industrie nationale au meilleur mé-
moire sur cette importante question.
1e Membre s’est empressé d'envoyer à cette Société
toutes les pièces qui étaient exigées.
FÉVRIER- 51
OBJETS D’ADMINISTRATION. — M. le Président lit la lettre
suivante, qu'il a adressée à M. le Préfet, conformé-
ment à la délibération relative à la reconnaissance de
la Société comme établissement d'utilité publique.
Le Puy, 10 janvier 4855.
MONSIEUR LE PRÉFET,
La Société d'agriculture, sciences, arts et commerce
du Puy, désireuse d’assurer son existence, en rendant
possible l'exécution d’intentions généreuses manifestées
à son égard par divers habitants honorables de notre
ville, m'a chargé de solliciter auprès du Gouvernement
sa reconnaissance comme établissement d'utilité publi-
que. Elle fonde ses titres à cette faveur sur l'ancienneté
de son existence, les services qu’elle a rendus au pays,
les œuvres qu'elle a accomplies dans le cercle de ses at-
tributions, et le bien qu’elle pourra réaliser d'autant
plus facilement que ses ressources seront plus fixes et
plus considérables.
La fondation de la Société d'agriculture remonte à
l'an vi de la république. Mais ce n’est qu’en 1823, après
la création du musée du Puy, que cette Association, en
recevant le titre de Société d'agriculture, sciences, arts et
commerce, prit de l'importance et devint, sous un autre
nom, une société d'émulation, à laquelle aucun des
grands intérêts du pays ne fut désormais étranger.
Chargée de la direction du musée d'antiques qui venait
d’être ouvert, elle y entreprit immédiatement celte série
d'améliorations et d’accroissements qui ont fait du musée
52 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
du Puy l’un des plus riches et des plus remarquables de
ceux que possède la province.
En même temps commençait la publication de ses
Annales, qui renferment les mémoires des membres de
la Société sur l’agriculture, les sciences, les arts et autres
matières touchant les intérêts du département, et dont le
19e volume est en cours d'impression.
Peu d'années après, elle fondait au Puy des écoles in-
dustrielles gratuites, qui n'ont cessé depuis d’être fré-
quentées par tous les jeunes gens que leurs goûts ou
leurs aptitudes destinent à la carrière de l'industrie.
Vers la même époque elle a créé une bibliothèque his-
torique, dans laquelle elle recueille tous les manuscrits,
tous les titres relatifs à l’histoire locale, qu'elle peut se
procurer.
Chaque année, dans des concours qu’elle à institués,
elle préside à [a distribution de primes qu’elle décerne
aux différentes améliorations agricoles, aux progrès dans
l'industrie et les arts.
Ses attributions, restreintes d’abord à la ville du Puy
et à l'arrondissement, ne tardèrent pas à s'étendre à tout
le département, par la création de correspondants dans
tous les cantons.
Elle est aujourd'hui composée de 50 membres rési-
dants, 20 membres honoraires et 300 membres non rési-
dants ou correspondants.
Elle pourvoit à ses dépenses au moyen d’un budget
dont les dépenses, en 1853, ont dépassé 12,000 franes, et
constitué au moyen de cotisations et de subventions qui
lui sont allouées par l'Etat, le département et la com-
mune du Puy.
FÉVRIER. 53
La Société se réunit en séance ordinaire tous les pre-
miers vendredis de chaque mois, et en séance solennelle
tous les deux ans, à l’époque de la session du Conseil
général.
Telle est la constitution de la Société d'agriculture
sciences, arts et commerce du Puy. Telles sont ses œu-
vres. En sollicitant le privilège d’être reconnue, par le
Gouvernement, comme établissement d'utilité publique,
elle n'a en vue que de se procurer les moyens d'étendre
le bien qu'elle cherche à faire, les améliorations qu’elle
s'efforce d'introduire davs le pays.
Elle espère, Monsieur le Préfet, que vous voudrez bien
appuyer sa réclamation et la faire valoir auprès du Gou-
vernement.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Préfet, la nouvelle
assurance de ma haute considération.
Le Président de la Société académique du Puy,
A. DE BRIVE.
M. Plantade présente, au nom du conseil d’adminis-
tration, les comptes des recettes et des dépenses de la
Société.
Ces pièces reçoivent l'approbation de l’Assemblée.
M. le Président propose, au nom du conseil, d’al-
54 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
louer la somme de 100 fr. pour commencer la copie
de la chronique manuscrite de Médicis {De Podio) et
un secours de 60 fr. pour les calques des plans du
cadastre, dans tout le trajet de la voie romaine dite
via Bolena dans le département.
L'Assemblée approuve ces propositions et nomme
M. Aymard commissaire pour le premier travail, et
M. Bretagne pour le second.
Il est décidé également, sur la demande du conseil,
que la machine à battre le grain, appartenant à la So-
ciété, sera louée, à l'avenir, moyennant 7 francs par
jour au lieu de 5 francs, prix qui avait été établi pré-
cédemment.
NOMINATION DES OFFICIERS DE LA SOCIÉTÉ. — L'ordre du
jour appelle, aux termes du règlement, le renouvelle-
ment des membres du bureau.
Le nombre des membres présents est de 41.
Le scrutin, pour la nomination du président, donne
à M. de Brive l'unanimité des voix, moins une.
On procède ensuite à la même opération pour l’élec-
tion du vice-président.
M. Aymard est nommé à une grande majorité.
En conséquence, MM. de Brive et Aymard sont pro-
clamés président et vice-président de la Société.
FÉVRIER, 5
Sur la demande de l’Assemblée, les élections du se-
crétaire et du vice-secrétaire sont ajournées.
DEMANDE D’ADMISSION. — M. l'abbé Alirol, secrétaire de
l'évêché, écrit pour solliciter le titre de membre rési-
dant, et envoie, à l'appui de sa demande, un mémoire
archéologique sur l'ancienne porte de la cathédrale du
Puy, dite porte papale.
Sont nommés commissaires : MM. Sauzet, Bre-
tagne et Aymard.
Apmissioxs. — M. le Président donne communication
de la lettre qu'il a adressée à M. le Préfet pour l'in-
former que la Société l’a nommé président honoraire,
en reconnaissance des services que son administration
a déjà rendus au pays, et en particulier de l'appui bien-
veillant qu'elle n’a cessé d'accorder aux efforts de la
Compagnie.
M. le Préfet a répondu par deux lettres : l’une, à la
date du 13 janvier, par laquelle il exprime ses remer-
ciments « de cette éclatante marque d'estime de la part
d’une association dont il avait appris, dit-il, dans toutes
les occasions où il avait fait appel à son concours, à
reconnaître le dévoûment pour tout ce qui se rattache
aux intérêts matériels et moraux du département. »
La seconde lettre, du 23 janvier, a pour objet de faire
connaître que M. le Ministre de l’intérieur a autorisé
M. le Préfet à accepter le titre de président honoraire
de la Société.
M. Bretagne lit le rapport suivant, sur la candidature
56 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
de M. le docteur A. Comarmond, conservateur des
musées archéologiques de Lyon, au titre de membre
non résidant.
MESSIEURS,
J'ai l'honneur de vous rendre compte de l'examen au-
quel je me suis livré de l’ouvrage de M. Comarmond,
conservateur des musées archéologiques de Lyon, qui
contient la description non seulement du musée lapidaire
de cette ville, mais encore de toutes les inscriptions qui
existent dans le département du Rhône et de celles qui,
signalées jadis par divers aut:urs, ont depuis disparu.
Cet ouvrage est extrèmement intéressant et très-utile
surtout pour l’histoire des premiers siècles de la ville de
Lyon, en même temps qu'il révèle quelques traits in-
connus relatifs à d’autres villes de la France.
Ainsi, la ville de Soissons ignorait probablement
qu’elle avait donné le jour à un grand fonctionnaire au-
quel les trois provinces de la Gaule avaient élevé un mo-
nument : Cassius Melior était inquisiteur. Ses fonctions
censistaient en un contrôle important sur l'assiette et le
recouvrement de l’impôt. Dans tous les cas, il devait être
un homme bien remarquable, puisque, quoique employé
du fise, les contribuables se cotisaient pour consacrer un
cippe à sa mémoire.
Reims, dont le commerce de tissus est encore considé-
dérable aujourd'hui, ne sait peut-être pas que Reginus
Latinus, né dans ses murs, s'établit à Lyon comme fabri-
cant de sayes vers le deuxième siècle. On pourrait induire
FÉVRIER. 57
de là que l’industrie du tissage des étoffes était alors plus
florissante à Reims qu'à Lyon.
Un grand nombre d'inscriptions, qu'il serait trop long
de mentionner, rappellent des citoyens de diverses villes
de la Gaule qui ont joué un rôle important à Lyon, soit
dans les fonctions de la magistrature, soit dans celles du
sacerdoce ou de l’armée.
Le livre de M. Comarmond, qui décrit un musée si
riche, nous fait pénétrer dans la vie intime de nos pères
et des conquérants de la Gaule dans les premiers siècles
de notre ère.
Les tables, claires et méthodiques, rédigtes par l’au-
teur, facilitent beaucoup les recherches; cependant il est
à regretter qu'il n'en ait pas établi une géographique.
Sans vouloir exprimer formellement l'idée qu'il soit
question, dans le n° 599, de la ville d’Anicium, cepen-
dant, après avoir eu un si grand nombre d'exemples de
villes diverses de la Gaule citées dans les inscriptions du
musée de Lyon, je ne dois pas passer celle-ci sous silence :
M. CVRVELIVS
M. FIL.ANIENS
ROBVSTUS.MIL
COHORTCHEREN VI
SIBI FIERI IVSSIT
H P C
Voici la traduction de M. Comarmond :
« M. Curvelius Robustus, filsde M., de la tribu Ania,
08 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
» soldat de la cohorte urbaine Favia, a ordonné, par
» testament, à C. Herennis de lui faire élever ce mo-
» nument.
» Son héritier a pris soin de le faire construire. »
M. Comarmond a rendu le mot Aniens par tribu Ania,
comme on le fait habituellement; toutefois, les vestiges
si nombreux de l’époque romaine qui se rencontrent au
Puy, et qui démontrent que cette ville a joué un rôle
assez considérable aux temps gallo-romains, pourraient,
sans irop donner au hasard, et en présence de tant de
lieux de la Gaule rappelés dans les inscriptions de
Lyon, autoriser à traduire ce même mot Aniens par ci-
toyen de la ville d'Anis.
L'exiguité des fonds consacrés à l'œuvre de M. Comar-
mond ne lui a pas permis de rendre la forme des carac-
tères des inscriptions, sauf pour quelques-unes qui sont
gravées à la fin du volume. C’est une lacune regrettable,
qu'il eût peut-être été facile au savant conservateur du
musée de combler en partie, en indiquant l’âge probable
des monuments et leur âge véritable même, pour certains
d'entre eux, par les consulats qui y sont rapportés. Le
style des inscriptions avec l’indication de l’âge eussent
toujours été d’un utile secours à l'étude de la paléo-
graphie.
Quoi qu'il en soit, la description épigraphique de
M. Comarmond est le fruit de recherches approfondies,
et les inscriptions sont savamment traduites.
Aussi, je considère comme un grand honneur pour la
Société académique du Puy la demande que M. Comar-
mond lui fait de devenir l’un de ses membres correspon-
dants. Rien ne peut vous donner, Messieurs, plus de
FÉVRIER. 59
confiance en vous-mêémes el une preuve plus sensible que
vos travaux sont appréciés au loin.
Le scrutin donne l'unanimité des voix au récipien-
daire, qui est nommé membre non résidant.
À sept heures, la séance est levée.
AYMARD,
Secrétaire de la Société.
SÉANCE DU 2 MARS.
SOMMAIRE.
Procès-verbal. — Nécrologie de M. Charles Crozatier; vote d'une
adresse de condoléance à madame veuve Crozatier; décision pour
que le portrait de M. Crozatier soit placé au musée. — Lecture
du procès-verbal. — Ouvrages reçus; nouvel envoi de jublica-
tions par M. le Ministre de l’agriculture; énoncés de divers au-
tres ouvrages. — Construction d’une nouvelle galerie au musée ;
mesures prises par la mairie; décision à l'égard de la toiture
de la grande salle. — Modifications apportées par la Société au
programme des prix à décerner au concours des bestiaux. —
Machine à battre le grain; allocation au comice agricole de
Brioude; lettre du président de cette association. — Exposition
universelle; instructions transmises au: Comice par le comité
départemental. Exposition horticole à Paris; lettie de la Société
centrale d’horticulture. — Remboursement par la Société de la
moitié des prix des saillies effectuées dans le département; lettre
du directeur du dépôt d’étalons d’Aurillac. — Allotissement des
terrains communaux; arrété de M. le Préfet. — Sociétés d’as-
surances mutuelles d'incendie; rapport de M. Mandet père,
sur la société d'assurance dite {a Bretagne; approbation des con-
clusions de ce rapport.— Carte de la voie romaine dite la Bolena ;
explications données par M. Bretagne. — Téte de statue antique
trouvée dans la commune de Coubon; notice par M. Balme ;
explication par MM. Bretagne et Aymard. — Candidatures de
MARS. 61
MM. l'abbé Alirol, de Fontpertuiset Bonnet au titre de mem-
bres résidants; rapports par MM. l'abbé Sauzet, docteur Martel
et Marthory ; admissions.
Présidence de M. de Brive.
A défaut de secrétaire, dont la nomination a été
ajournée, M. Aymard, vice-président, est invité à
tenir la plume.
NEÉCROLOGIE. — A l'ouverture de la séance, M. le Pré-
sident exprime les sentiments de profonds regrets qu’a
fait naître dans le pays la perte d’un compatriote illus-
tre et membre très-distingué de la Société, M. Charles
Crozatier, qui est décédé à Paris, le 8 février, à l’âge
de 59 ans.
M. de Brive rappelle les services que notre collègue
avait rendus aux arts dans le cours de sa laborieuse
carrière. Né au Puy et issu d’une famille modeste ,
M. Crozatier était parvenu, grâce à l’activité persévé-
rante de son travail et de son génie , à la célébrité et à
la fortune. Il à fondu en bronze un grand nombre
d'œuvres admirées du publie, et décoré de ses propres
compositions presque tous les palais de l'Europe.
Les principaux ouvrages qui sortirent de ses ateliers
sont, à Paris, le Napoléon de la colonne Vendôme,
le quadrige qui surmonte l'arc de triomphe du Carrou-
sel, à Versailles, la statue équestre de Louis XIV
placée dans la cour d'honneur du palais ; au Père-La-
62 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
chaize, la statue de Casimir Périer; à Grenoble, à
Caen, à Lille, au Vigan et à Valence, celles de Bayard,
de Bisson, de d’Assas et de Championnet.
Il fondit aussi les statues de J.-J. Rousseau, à Ge-
nève; du général de Boigne, à Chambéry; de Gutemberg,
à Mayence; de Thorwaldsen, à Copenhague ; les deux
magnifiques vases de Warwich, et la statue d'Hercule,
au château de Windsor. Récemment encore, M. Cro-
zatier avait été chargé par l'Empereur de décorer les
grands appartements des Tuileries.
M. le Président ajoute qu'aussitôt après avoir eu con-
naissance de la mort de M. Crozatier, il s'est empressé,
au nom de la Compagnie , d'adresser à sa veuve une
lettre de condoléance.
On ignorait alors que par des dispositions testamen-
taires, notre compatriote, donnant une éclatante preuve
de la générosité de son cœur, avait fait à sa ville natale
de somptueuses libéralités. Les legs pour lesquels il l'a
comprise dans son testament s'élèvent à 348,000 fr.,
ainsi répartis : 200,000 fr. pour élever sur la place du
Breuil une fontaine monumentale en pierre, marbre
et bronze; 100,000 fr. pour les constructions du nou-
veau musée; 40,000 fr. dont l'intérèt servira à pen-
sionner tous les ans, à l’école des beaux-arts de Paris,
un élève des écoles du Puy, soit architecte, soit sculp-
teur, soit peintre; enfin, 8,000 fr. destinés à fonder
aux hospices du Puy des lits pour les malades du village
d'Aiguilhe.
Ces témoignages de la constante affection que M. Cro-
zatier avait vouée à son pays sont d'autant plus précieux
aux yeux de la Société qu'ils se rattachent, en très-
MARS. 63
grande partie, à des pensées artistiques que notre col-
lègue avait manifestées, de son vivant, par des dons
d'objets d'art au musée ou à la ville.
Naguère encore , alors qu'il venait de recevoir de la
ville du Puy, conjointement avec d’autres membres
de la Société, l'honorable mandat de porter aux
pieds du trône les vœux du pays pour le chemin de
fer de la Haute-Loire , il encourageait la Compagnie
dans ses efforts en faveur du progrès des arts, en lui
envoyant, par l'entremise de l'un de nos collègues,
un magnifique ouvrage d'architecture ; don précieux
qu'il avait reçu lui-même d’une cour souveraine ,
en reconnaissance de la parfaite exécution de l'un de
ses bronzes.
La Société sera heureuse de conserver ce titre de lil-
lustration de M. Crozatier, et si ses ouvrages doivent
perpétuer sa gloire, son souvenir vivra aussi, parmi
ses compatriotes, par ses bienfaits, et, au sein de la
Compagnie, par ce musée consacré aux arts et aux
sciences, dont nous devrons une grande partie des
constructions à sa générosité.
M. le Président termine cette allocution en proposant
d'envoyer à Mme Crozatier une adresse de reconnais-
sante condoléance que signeront tous les membres de
la Société.
Cette proposition est immédiatement agréée par ac-
clamation unanime.
Sur la demande de M. Aymard, ilest décidé égale-
ment que le portrait de M. Crozatier sera placé dans la
galerie du musée consacrée aux hommes illustres de la
Haute-Loire.
64 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
LECTURE DU PROCÈS-VERBAL. — Il est ensuite procédé à
la lecture et à l'approbation du procès-verbal de la
précédente séance.
Ouvraces REÇUS. — M. le Président fait l'exposé des
ouvrages reçus. Il signale surtout un nouvel envoi de
publications qui a été adressé à la Société par M. le Mi-
nistre de l’agriculture. On remarque, au nombre de ces
ouvrages, un Manuel d'agriculture des propriétaires et
des métayers; Voyage agricole et horticole en Chine ;
Lois et documents relatifs au drainage ; Amvpélographie
universelle, par le comte Odart;, /nstructions pra-
tiques sur la pisciculture, par M. Coste, etc.
M. le Président exprime les remerciments de l’As-
semblée et mentionne d’autres publications qui inté-
ressent les travaux de la Société, telles sont : le Bulle-
tin de la Société centrale d'agriculture, pour deux
articles, l’un sur les vignes oïdiées, et l’autre sur les
vaches bretonnes, leur acclimatation, leur produit,
etc.; une brochure, publiée par M. de Saive, qui a
pour titre: /noculation du bétail; opération destinée
à prévenir la pleuro-pnewmonie exsudative des bêtes
bovines.
Les Mémoires de la Société archéologique de Tou-
raine contiennent une intéressante dissertation sur des
tombeaux de l’époque mérovingienne; monuments
rares et curieux que M. le Président signale en vue
d'une question importante d'archéologie qui pourra
figurer au programme du prochain Congrès scienti-
fique du Puy.
MARS. 65
Musée. — M. le Président annonce que la mairie a
pris des mesures pour que la galerie qui fait symé-
trie à celle de M. Falcon soit complètement terminée
à l'époque du Congrès.
Quant à la toiture de la grande salle, pour laquelle
l'autorité municipale avait alloué 10,000 fr. , il y aura
lieu probablement d'examiner comment cette utile
amélioration pourra se coordonner avec les importants
travaux à exécuter par suite du legs de M. Crozatier.
AGRICULTURE. — M. le Président soumet à l'Assemblée
diverses modifications qui ont été apportées, par la
commission des concours, au programme des prix à
décerner aux expositions de bestiaux en 1855.
Les animaux de basse-cour, qui, jusqu’à ce jour,
n'avaient pas été compris au programme, y figurent
pour toutes les espèces. Entre autres nouvelles disposi-
tions, des prix seront accordés aux plus belles paires
de bœufs , et d'après le vœu du Conseil général, des
primes seront allouées également pour l'introduction
des baudets de la belle race du Poitou.
Ces changements, qui ont pour but d'ajouter, par
des prix plus élevés, plus nombreux et plus variés,
tout l'éclat possible à la solennité projetée pour l'époque
du Congrès, sont unanimement approuvés , et il est
arrêté qu'il sera donné la plus grande publicité
au programme.
IL est fait lecture d’une lettre de M. le Président du
Comice agricole de Brioude et d’une délibération de
cette association en assemblée générale, relatives au
TOME XX. 5
66 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
secours de 400 fr. que la Société a proposé de mettre à
sa disposition pour l'acquisition d’une machine propre
à fabriquer les tuyaux de drainage.
Aux termes de la délibération, le Comice charge son
Président de remercier la Société du Puy de sa bien-
veillante initiative et de la prier de faire des démarches
auprès de M. le Préfet, le Comice s’engageant, s'il ob-
tient la somme de 400 fr., de se procurer, dans le
plus bref délai, une machine perfectionnée.
L'Assemblée accueille avec intérêt cette communica-
tion, qui lui fait espérer que, dans l'arrondissement de
Brioude, les entreprises de drainage d’après la nou-
velle méthode pourront se multiplier sous les auspices
du Comice agricole; elle prie, en conséquence, M. le
Président de donner une prompte suite à cette affaire.
M. le Président annonce qu'il a transmis au Comice
les circulaires et instructions relatives à l’exposition
universelle, et que cette association aussi bien que
M. Rochette, sous-préfet de Brioude, s'occupent avec
activité de stimuler les agriculteurs de cet arrondis-
sement pour qu'ils envoient leurs plus remarqua-
bles produits. De son côté, le comité départemental
continue de ne négliger aucun de ses moyens d'action
pour que le äépartement soit dignement représenté à
cette grande exhibition par le nombre et l'importance
de ses productions en tous genres.
Il est ensuite fait lecture d’une lettre par laquelle la
Société impériale et centrale d’horticulture de Paris
sollicite l'intervention de la Société auprès des horti-
MARS. 67
culteurs de la Haute-Loire, au sujet d'une exposition
permanente et universelle d'horticulture qui aura lieu
aux Champs-Elysées, du fer au 31 octobre.
Cette demande est prise en considération, et la Com-
pagnie veillera à ce que toute publicité désirable soit
donnée, dans la Haute-Loire, aux vues de la Société
impériale et centrale.
M. le Directeur du dépôt d’étalons d'Aurillac écrit
pour demander si la Société a décidé, comme l’année
dernière, qu'elle remboursera la moitié du prix des
saillies effectuées dans le département.
M. le Président dit qu'il a répondu à cette lettre.
ECONOMIE PUBLIQUE. — M. le Président signale à l’inté-
rêt de la Société une circulaire de M. le Préfet, insérée
au dernier numéro du Recueil des actes administratifs
et relative au mode de jouissance des terrains commu-
naux. La question y est l’objet d’une étude très-sérieuse,
et elle est résolue dans le sens de l’allotissement.
M. Mandet lit, au nom d’une commission, le rapport
suivant : :
MESSIEURS,
La société d'assurance mutuelle contre les incendies
la Bretagne sollicite l'adjonction du département de la
Haute - Loire à la circonscription déterminée pour ses
opérations.
M. le Préfet vous demande votre avis sur l'opportunité
68 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
qu'il y aurait à appuyer auprès de M. le Ministre la de-
mande de cette société, et vous adresse, pour éclairer
votre religion, un exemplaire des statuts de cette société.
Nous en avons pris connaissance.
Cette association, fondée depuis plusieurs années, ne
comprend que 15 départements. Son siège est à Nantes.
Elle n’a pas prospéré. Elle eu attribue la cause à ses
statuts et en a formulé de nouveaux dont elle sollicite
l'approbation auprès du Gouvernement. Sans entrer dans
l'examen de toutes les modifications proposées, qui nous
jetterait dans des détails inutiles, nous croyons devoir
vous signaler les deux principales.
Cette société n’assurait que les immeubles; elle se pre-
pose d'assurer, à l'avenir, les valeurs mobilières. Pre-
mière et importante modification.
Elle n’étendait sa circonscription que sur quinze dépar-
tements ; elle demande à l’étendre sur toute la France.—
C’est sans doute à raison de celte intention, manifestée
par les fondateurs de cette société, que l’on demande
l'adhésion de ce département.
Il semble, Messieurs, au nremier aperçu, que les so-
ciétés d'assurances mutuelles doivent être plus avanta-
geuses pour les assurés que les sociétés à primes. En
effet, les assurés, devenus eux-mêmes sociétaires, n’ont à
payer entre eux, et proportionnellement au montant de
leur assurance, qu'une quote-part des indemnités revenant
à ceux d'entre eux qui ont éprouvé des pertes. Les so-
ciétés à primes paient aussi aux assurés une indemnité,
et trouvent dans le montant des assurances, non seule-
ment les moyens d'y faire face, mais encore des bénéfices
considérables. Les primes payées par les assurés dé-
MARS. 69
passent donc les pertes. Dans la mutualité, cet excédant
devrait tourner au profit de l'assuré, devenu sociétaire.
Pourquoi donc les assurances mutuelles, établies sur
plusieurs points, n’ont-elles pas pu se développer, tandis
que les assurances à primes se sont multipliées et ont
offert presque généralement des bénéfices ?
Telle est la question à résoudre.
Nous ne prétendons pas vous développer tous les élé-
ments du problème. La société nantaise a cru devoir at-
tribuer son insuccès aux statuts qu’elle s'était donnés, et
fait connaître les modifications qu’elle entend y apporter.
Les principales sont : étendre l'assurance, qui ne portait
que sur les immeubles, aux valeurs mobilières, et com-
prendre toute la France, au lieu de restreindre son action
aux quinze départements qui forment sa circonscription.
La première de ces modifications fera sans doute cesser
une des causes qui devaient diminuer les assurances mu-
tuelles, puisque l'assuré était obligé de recourir à d’autres
compagnies pour son mobilier, qui est bien souvent pour
lui d’un très-grand intérêt.
Mais ce n’est pas la principale cause : celle-ci tient à
la nature même de l’association mutuelle et affecte toutes
les compagnies mutuelles.
Comparons, en effet, les principes d'organisation des
compagnies à primes et des sociétés d'assurances mu-
tuelles.
Les compagnies à primes sont formées par un certain
nombre d’associés qui avancent, comme fonds social, une
somme présumée suflisante pour couvrir tous les frais
d'administration et payer toutes les indemnités revenant
aux sinistrés, Ce fonds social peut être augmenté ou res-
70 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
treint, selon les besoins. L'intérêt personnel des associés
les porte à rechercher avec soin tous les moyens les plus
propres à diminuer les frais généraux d'administration et
à augmenter les recettes.
Dans l'association mutuelle, par qui doivent être faites
ces avances considérables de frais d'administration,
avances d'autant plus grandes que l'association, s'étendant
sur toute la France, sera obligée d'entretenir et d’as-
surer un traitement ou des remises à un grand nombre
d'agents ? Il est évident que c'est par les associés. Or
tous les assurés, devenant sociétaires, doivent done, en
entrant dans la société, y verser une somme proportion-
nelle à l'indemnité qu'ils auront à recevoir en cas de si-
nistre , non seulement pour couvrir ces frais généraux,
mais encore pour former le fonds de prévoyance, dont le
maximum est déterminé par le conseil d'administration
(art. 36 des nouveaux statuts). Ce qui ne l’empêche pas
d’avoir à payer, pour chaque sinistre constaté, une somme
proportionnelle à son assurance. Telle est la position de
l'assuré sociétaire : verser, en entrant dans Ja société, un
capital plus ou moins considérable, qui reste en dépôt
pendant tout le temps de son assurance, et cependant
être, à des époques indéterminées plus ou moins fré-
quentes, obligé de solder sa part contributive dans tous
les sinistres (art. 39). Sans doute il connaît les cbliga-
tions qu'il contracte, mais il ignore quelles en seront les
conséquences. Il peut être, dans des moments inoppor-
tuns, contraint à des appels de fonds plus ou moins con-
sidérables, plus où moins fréquents.
Aussi préfère-t-il le système des primes, qui n’a rien
pour lui d'incertain.
MARS. ri
Disons que si l'associé nantais y trouve personnelle-
ment quelque avantage, c'est que c’est à peu près lui seul
qui forme l'administration et qui peut surveiller le
directeur.
En vain dira-t-on que le conseil général étant composé
des deux cents plus forts associés, les étrangers s’y trou-
veront en majorité. Il est évident que c’est une illusion.
Croit-on de bonne foi que ces associés étrangers, ceux
de la Haute-Loire, par exemple, membres du conseil gé-
néral, feront à leurs frais le voyage de Nantes pour
assister à ces délibérations? Ils peuvent, il est vrai, se
faire représenter par un mandataire pris parmi les autres
sociétaires, mais qui ne pourra se charger de plus d’un
mandat. Où trouver ce mandataire? A Nantes. Certaine-
ment, s'il était possible qu’une association ainsi consti-
tuée püt se développer sur toute la France, ce conseil
général serait composé uniquement de Nantais, y entrant
ou comme faisant partie des plus forts associés, ou comme
mandataires des associés étrangers à cette ville.
Ce conseil général de deux cents personnes nomme un
conseil d'administration de douze personnes, qui se
réunit au moins une fois par mois. Il est évident que ce
conseil sera pris parmi les associés nantais. Ce conseil
n'administre pas.
Toute l'administration est confiée à un directeur qui
est chargé à forfait de tous les frais de loyers, assurances,
correspondance, éclairage, chauffage, impressions, trai-
tements, jetons de présence, et généralement de tous les
frais.
Fous les fonds versés par les associés passent dans ses
mains, et ils sont garantis par un cautionnement porté à
12 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
la somme de dix mille francs seulement, Son traitement
peut s'élever à des sommes énormes et sa caisse contenir
plus d’un million.
Enfin, c'est à Nantes que se règlent tous les sinistres
(art. 13, 4e $.).
Dans les sociétés à primes, c'est devant le tribunal du
ressort de l'assuré que se décident les difficultés sur les-
quelles la compagnie et l'assuré n'ont pu s’accorder.
L'instruction est prompte ; le paiement ne se fait pas
attendre. Dans l’association mutuelle tout est long, hé-
rissé de formalités, de fins de non recevoir dans la con-
statation du sinistre pour l'associé éloigné, et le mode et
le lieu de paiement sont fort mal déterminés.
D'après cet aperçu, fort incemplet cependant, vous
pensez, Messieurs, que nous devons conclure qu'il n’y a
ni opportunité, ni utilité pour appuyer auprès du Mi-
nistre l’adjonction du département de la Haute-Loire à la
société d'assurances mutuelles /a Bretagne.
L'Assemblée décide que ce rapport, dont elle a en-
tendu la lecture avec intérêt et dont elle approuve
les conclusions, sera transmis à M. le Préfet.
ARCHÉOLOGIE. — M. Bretagne donne des explications
sur la grande carte de la principale voie romaine, la
via Bolena, qu'il s'occupe de dresser au moyen des
tableaux d'assemblage du cadastre. On trouve, en effet,
dans ces tableaux, de précieuses indications sur cette
importante ligne, qui semble même revêtir un carac-
tère stratégique. Sur différents points, la voie sert de
limite à des communes ou à des territoires; sur
MARS. 73
d'autres, elle se révèle par certaines dénominations
qui éclairent sa véritable direction. Là où le cadastre
est complètement muet, on laissera des lacunes qui,
plus tard, pourront être l'objet d’études plus appro-
fondies.
M. Bretagne ajoute que cet intéressant travail est en
bonne voie d'exécution et qu'il sera terminé assez tôt
pour être mis sous les yeux du Congrès, dans la
session qui aura lieu au Puy au mois de septembre
prochain.
M. Balme lit la notice suivante sur une tête de statue
antique qu'il a découverte près du village de là Roche,
commune de Coubon. Ce curieux débris, qui fait partie
de la collection archéologique du musée, est placé sous
les yeux de l’Assemblée.
MESSIEURS,
Il y a quelques années, que, dans un champ que je
possède près du village de la Roche, commune de
Coubon, la charrue amena à la surface de la terre une
pierre ayant l'apparence d'une tête humaine. Cette
forme extraordinaire excila la curiosité du laboureur et
lui donna l’idée de dégager la pierre de la couche ter-
reuse qui la recouvrait. Quel ne fut point l’étonnement
de ce bon cultiva'eur lorsque, cette opération achevée,
il découvrit tous les traits d’un visage humain! Peu de
jours après, il me raconta sa découverte , et aussitôt Je
me fis apporter cette pierre. À la première vue , Je ne
saurais trop pour quels motifs, je crus x reconnaître une
mn RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sculpture antique. Ma première pensée fut ae la destiner
au musée. Peu versé en archéologie, je craignis bientôt
que mn trouvaille ne fût point digne de figurer parmi nos
belles collections d’antiquités. J'abandonnai done cette
idée; cependant je fis part de mes impressions à notre
savant et honorable collègue M: Aymard, qui, dès qu'il
eût vu ce fragment de statue, certain d'y reconnaitre tous
les caractères de l’art antique, me le demanda pour le
musée. Cette demande, entièrement conforme à ma pre-
mière intention , je me suis hâté de l’accueillir favora-
blement.
Vous savez, Messieurs, combien, après de longs siècles
écoulés, il est difficile d'écrire l’histoire d’un peuple, de
déterminer le degré de civilisation auquel il était par-
venu. Souvent l’homme a réuni ses efforts aux ravages du
temps pour faire disparaître les monuments qui pour-
raient faciliter cette étude et jeter quelque lumière
dans ces pénibles recherches. Malgré ces difficultés ,
il est des hommes qui, entièrement voués au culte de la
science, réunissent tous les débris échappés à la destruc-
tion, et avec des fragments de tuiles, des tronçons de
colonnes, des débris de statues, des lambeaux d’inscrip-
tions, ils ont pu reconstruire des édifices, suivre la
marche triomphante des Romains à travers la Gaule,
donner enfin une idée de la civilisation des habitants de
nos contrées après la conquête. Ces pénibles travaux, vous
les avez également entrepris dans notre Velay. Déjà vous
avez réuni plusieurs pages de ce livre hiéroglyphique de
l'ancien temps; je m’estimerai heureux si, par le don que
j'ai fait au musée, j'ai pu ajouter quelques lignes à cet
intéressant livre.
2
MARS. 15
Et maintenant, Messieurs, quelle est l’origine de cette
tôte et que représente-t-elle? Tel est le problème qui est à
résoudre. Sans doute je devrais laisser traiter ces ques-
tions par une plume plus érudite que la mienne en sem-
blable matière; cependant, entrainé, d’une part, par l'idée
que la description du lieu où a été faite cette découverte
pourrait être utile à ceux qui étudieraient cette sculpture ;
de l’autre, par le charme que l’on trouve toujours à péné-
trer dans le champ de l'inconnu, je vous demanderai la
permission de vous soumettre les quelques réflexions qui
m'ont été suggérées par l'étude certainement trop rapide
que j'ai faite de ce fr igment.
Le champ où à été trouvée notre tête s’appelle lou Bé
de Grai (le Bec de Corbeau }. Il est de forme triangu-
laire, et c'est sans doute à cette circonstance qu'il doit
son nom. IT a une certaine déclivité à l'aspect du nord.
[l'est sitné dans un repli de terrain, sur le bord d’un petit
torrent qui le sépare d’un rocher appelé la Roche. Dans ce
rocher sont creusées cinq ou six grottes plus ou moins
vastes, qui durent jadis servir à l'habitation des hommes.
On est d'autant plus porté à le croire que, de nos jours,
ces groltes sont encore habitées par quelques pauvres
familles. Sur le sommet de ce rocher, on voit les restes
d’une ancienne construction de forme ronde: les
paysans l’appellent la Tournelle; ce devait être en
effet une tour. Au nord, on trouve encore un pan
de mur qui parait avoir fait partie d'une enceinte
fortifiée. Ces ruines, on prétend qu’elles sont celles d’un
château dépendant de celui de Bouzols. Il serait toutefois
fort difficile de dire, d’après ce qui reste, quelles furent
la forme et la force de cette place; on comprend pourtant,
76 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
par sa position qui commande le cours de la Loire, que là
il a dû y avoir un établissement militaire de quelque im-
portance.
Passons maintenant à l'étude de notre tête.
Comme vous pouvez le voir, cette tête représente une
figure d'homme plus grande que nature. Le cou, qui est
en partie conservé, fait supposer qu'elle appartenait à
une statue ou tout au moins à un buste. La barbe est en-
tière, la chevelure bouclée; le nez, malheureusement, est
mutilé; la bouche, les yeux sont bien modelés. Bien que
cette figure soit taillée dans un grès d'un grain grossier,
semblable à celui de Blavozy, bien que le temps lui ait
fait subir quelque altération, on reconnait dans ses trails
une expression de grandeur et de force intelligente. Sur le
derrière de la tête se trouve une section qui, si elle a été
faite lors de sa confection {et un examen attentif nous a
porté à le croire), paraîtrait indiquer que la statue devait
être placée dans une espèce de niche.
Après avoir fait connaître, Messieurs, la topographie
du champ où a été trouvée cette tête; après avoir mis
sous vos yeux tous les traits de cette figure, je me de-
mande si ce débris provient soit d’un monument gaulois,
soit d’un monument gallo-romain, ou enfin d’un monu-
ment du moyen àâge ; si c'est l’image d'une divinité ou
celle d’un personnage illustre.
Disons tout d’abord que ce n'est point un débris de
monument du moyen âge. Les arts, à cette époque, furent
entièrement consacrés à la représentation des idées chré-
tiennes. C'étaient des christs, des vierges, des saints qui
scrtaient du ciseau des sculpteurs ; or, nous ne trouvons
ici aveun des caractères qu'ils donnaient à ces œuvres,
MARS. 77
D'un autre côté, dans toutes les sculptures du moyen âge,
il y a un oubli des règles des proportions , une sorte de
naïveté d'exécution, que nous ne retrouvons point dans
la tête qui fait le sujet de notre étude.
Je vous ai dit que, près des champs où a été trouvée
notre tête, il existait des grottes; je dois ajouter que
celles de la Terrasse, que l’on suppose avoir servi de de-
meures aux plus anciens habitants du pays , ne sont pas
fort éloignées. Le concours de ces circonstances jointes à
celle-ci, que l’on ne rencontre près de ce lieu aucun ves-
tige d'établissement gallo - romain, m'a fait croire un
instant que nous pouvions bien avoir là l’image d’une di-
vinité gauloise. Je n’ai pastardé à reconnaître mon erreur.
Ilest certain que les Gaulois étaient un peuple théocra-
lique, soumis à l'autorité sacerdotale des druides. En
théorie, la théocratie, c’est la domination du dogme sur le
libre arbitre; dans les arts, elle se manifeste par la forme
une et invariable comme le dogme. Elle exclut tout ce qui
appartient à l'imagination, à la personnalité de l'artiste.
Suivant cet ordre d'idées, je pensais que si nous avions
des images de divinités gauloises, nousretrouverions bien-
tôt le type de notre figure et lui donnerions un nom. J'ai
fait alors des recherches dans le célèbre ouvrage de Mont-
faucon. Elles ont été infructueuses.
Examinons maintenant, Messieurs, si nous ne trouvons
point dans cette figure quelques signes auxquels nous
puissions reconnaitre son origine gallo-romaine. Pour
moi, ces caractères je crois les trouver dans l'harmonie
des proportions, dans le modelé des traits du visage,
dans l'expression de la physionomie. On voit que celui
qui a taillé ce bloc a étudié sous des maîtres, et ces mai-
78 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
tres durent être les Romains. Après avoir conquis la
Gaule, ils initièrent les vaincus au culte des beaux-arts;
ils éveillèrent en eux l'esprit d'indépendance en matière
religieuse. Cette transformation dans les mœurs des po-
pulations soumises à la domination romaine ne tarda pas
à se manifester dans les arts. Voyez les débris des statues
de cette époque que vous avez réunies, les proportions y
sont toujours exactement conservées, l'artiste y apporte
toujours le contingent de sa personnalité. Comparez-les
avec notre tête, et dites-moi si vous n’y trouvez pas des
caractères qui dénotent infailliblement qu’elle appartient
à cette école. N’est-il pas facile de saisir sur cette physio-
nomie la pensée de l'artiste, qui a été de reproduire la
force protectrice ayant conscience de sa puissance ? Exa-
minez attentivement cette attitude, et bientôt vous créerez
la statue d'un Jupiter protecteur du foyer domestique.
On peut se demander comment il se fait que celte tête
gallo-romaine se trouve ainsi jetée loin de toute trace de
monument de cette époque. Certainement il est assez dif-
ficile de répondre d'une manière catégorique à celle ques-
tion. Qui peut savoir si le sol ne renferme pas dans son
sein quelque reste de ces monuments? Jamais aucune
fouille n'a été faite dans la vallée de Coubon; et
cependant il est probable que ces sites riants et fertiles
arrosés par la Loire, qui, au moyen äge, se cou-
vrirent de castels, qui de nos jours sont couverts de belles
villas, durent attirer l'attention des Romains, eux qui
savaient si bien choisir le siège de leurs établissements.
Cette supposition vous paraît-elle inadmissible ? N'’est-1l
pas possible que des maraudeurs aient enlevé cette tête
à quelque monument de l'antique Vellavie ? qu'elle ait
MARS. 79
été apportée là par le possesseur du manoir de la Roche,
comme trophée d’une victoire sur quelque voisin ? Sans
doute nous entrons ici dans le champ de l'hypothèse et de
l'incertitude. Le temps seul peut donner le mot de cette
énigme; s'il détruit tout, il rend à tout l'existence.
Après cette lecture, M. Bretagne dit que cette tète
doit avoir appartenu à une statue de Jupiter ; opinion
que confirme M. Aymard, en faisant remarquer une
certaine ressemblance dans les traits entre cette figure
et celle d’un Jupiter-Sérapis, en belalbâtre oriental, qui
a été trouvée à Saint-Paulien (Ruessium) et qui appar-
tient au musée.
ADMISSIONS. — M. l'abbé Sauzet lit, au nom d'une
commission, le rapport suivant sur la candidature de
M. l'abbé Alirol au titre de membre résidant.
MESStEURS,
Dans l’une de vos dernières séances, vous reçûtes au
nombre de nos confrères un membre du clergé; aujour-
d'hui, un nouveau candidat appartenant au même
corps , M. l'abbé Alirol, secrétaire de Mgr l'Evèque,
se présente et sollicite le même honneur. Je m'en ré-
jouis. Quel plus bel hommage, Messieurs, à l’heureuse
pensée qui a présidé à la fondation de cette Société,
à l'esprit qui la dirige, à ses efforts incessants pour
améliorer le pays sous le double rapport moral et maté-
riel, que cet empressement, que cette émulation qui se
80 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
manifestent de tous côtés pour prendre part à vos travaux!
Certes, il serait bien obstiné dans ses préventions, celui
qui, d’après ce fait, n’apprécierait pas les résnltats que
vous avez obtenus.
Le mémoire présenté par M. l’abbé Alirol, comme
litre d'admission, se circonscrit dans une seule question
et offre, par cela même , une étude plus intéressante.
M. Alirol à choisi un point de notre histoire locale, ou
plutôt de nos monuments historiques, qu'il examine à
fond. Qu'était-ce que cette petite porte de l’église cathé-
drale qu'on appelait porte papale? quelle fut son ori-
gine ? à quelle destination fut-elle employée ? quel en est
le style ? quelles sont les particularités qui la caracté-
risent ? Ecrit avec conscience, fruit de patientes recher-
ches, ce travail mérite une place dans vos Annales, et si
jamais quelqu'un voulait entreprendre, ce que nous espé-
rons de notre savant vice-président, de notre très-regretté
secrétaire, la monographie de notre église cathédrale, il
pourrait y trouver des renseignements fort utiles.
M. Alirol, s'appuyant sur la tradition ct sur les témoi-
gnages d'Oddo de Gissey et du frère Théodore, surtout
du premier de ces écrivains, qui avait été plus à portée
de consulter d'anciens mémoires, fait remonter lo con-
struction de cette porte, dont le nom désigne le motif et la
destination, à l'année 1095, lors de la réception du pape
Urbain IT. Ce pape, le premier dont nos annales men-
tionnent la présence au Puy, y avait convoqué le célèbre
concile qui devait décider la grande entreprise des croi-
sades ; là, sans doute, aurait été levé le fameux étendard
de Dieu le veut, si nos églises et nos places publiques
eussent été assez grandes pour contenir la multitude qui
MARS. 8i
devait s'y rendre. Alors siégeait sur le trône épiscopal de
la eité d’Anis une des gloires de l'Eglise gallicane, un
des plus illustres prélats qui aient jamais existé, le légat
du pape, Adhémar de Monteil, dont je regrette tous les
jours qu'un écrivain du pays n’entreprenne pas de nous
tracer la glorieuse histoire.
M. Alirol nous donne d'abord la description de cette
porte, qui à été étudiée et décrite également par nos
collègues M. Aymard et M. Mandet, dans les Annales de
la Société et dans l'Ancien Velay : deux pieds-droits,
chacun d’un seul bloc, avee bases, cannelures et chapi-
teaux, portent un linteau en forme de fronton triangulaire
dont le sommet se dessine sur un tympan demi-cireulaire
entouré d’une voussure et d’une archivolte à rinceaux très-
anciens et semblables à ceux qu'on trouve engagés dans la
maçonnerie extérieure des absides de la cathédrale et de la
chapelle Saint-Jean. L'auteur cherche ensuite à établir
comment a été établie cette porte. Mais comme ses appré-
ciations sont très-curieuses et parfaitement raisonnées, 1l
vaut mieux le laisser parler, et voici comme il s’ex-
prime : « En jetant les yeux sur le vieux mur, on voit
» de suite que la porte a été faite après coup; il y a plus,
» elle a été faite à la hâte, elle a été improvisée. On l’a
» construite avec des matériaux ayant déjà servi ailleurs,
» taillés à des époques et pour des destinations diffé-
» rentes. Les pieds-droits n’ont rien de commun avec le
» linteau, ni celui-ci avec la voussure et l’archivolte.
» Tout a été emprunté d'ici et de là à d’autres construc-
» tions en ruine pour improviser une porte dans une cir-
» constance urgente. On conçoit cette manière d’ho-
.» norer un éminent personnage. C'est ainsi, en effet,
TOME XX. 6
RÉSUMÉ DES SÉANCES.
qu'on improvise des ares, des portes, des portiques à
la réception des rois et des empereurs. Et voyez avec
quel soin on a essayé d'orner cette porte. On remarque
surtout l’archivolte qui couronne le tympan. Cette re-
cherche démontre à elle seule qu'on n’a pas voulu seule-
ment faire une ouverture quelconque, mais qu’il s’agis-
sait réellement d'ouvrir à la hâte une vraie porte
d'honneur. Ce qui le prouve, ce sont les marques cer-
taines d'une destination momentanée que présente la
porte en question. Elle était sans févures ; on n'y
frouve aucune trace d'anciennes ferrures pour la
fermer ; il fallait la murer. Lorsque M. Mallay a voulu
en faire une entrée ordinaire, il a été obligé de créer
une féyure artificielle en clouant une large bande de
fer autour d’un cadre en bois de chêne qu'il a fixée
contre les pieds-droits et le linteau. Si l’on tient
compte de l’état de la cathédrale, laquelle est située
sur une montagne escsrpée, obstruée au nord par le
cloître, au midi par l'évêché, on verra bien qu'il était
difficile de mieux placer la porte papale. Les évêques
faisaient leur entrée solennelle par la porte doree ; les
rois, qui avaient précédé au Puy les souverains pon-
tifes, faisaient la leur par la porte Saint-Jean. Nous
en avous la preuve dans nos aunales et dans les anciens
Cérémoniaux de la cathédrale. Il était done tout na-
ture] que la troisième porte, celle du For, fût destinée
à la réception des papes. Et comme il convenait qu'il y
eût pour la personne de ceux-ci une entrée à part, elle
ne pouvait être précisément que là où la tradition et
l'histoire nous la font retrouver. »
Quoique se bornant à une seule question, M. l'abbé
MARS. 83
Alirol n'a pas laissé que de jeter en passant quelques
appréciations sur d’autres points qui se rattachaient à son
sujet et qui méritent que nous nous y arrêtions quelques
instants. Ainsi, en combattant l’origine erronée que quel-
ques auteurs et d’autres personnes ont donnée à la place
qui se trouve près de l'évêché et qui porte le nom du
For, il prouve très-bien, par des remarques inédites
jusqu'ici, d'où vient l'erreur qui a été primitivement
commise. « La grande place de Notre-Dame, ditil, est
> appelée dans Gissey, le père Caillaa et autres, et dans
» plusieurs manuscrits, le For toloné (Forum toloneum),
» pourquoi? Parce que les chartes dans lesquelles les rois
S
» de France ont accordé ou renouvelé à nos évêques cer-
» tains privilèges, portent ces mots : Forum teloneum,
» monetam et justitiam, le droit de place, de douane, de
» monnaie et de justice. Or, au lieu de dire teloneum,
» on à lu par mégarde toloneum, dont on fait le For
» toloné, Al est à présumer qu'il n’y aurait pas eu erreur
» si le mot teloneum eût été lu comme il convenait et s’il
» se fût trouvé en toute autre place. »
Messieurs, il n’est pas indifférent pour notre histoire
locale de savoir si le nom de cette place du For provient
de fortifications qui peuvent y avoir existé, fortalitia,
ou du mot forum, marché. Cette question, n'en doutez
pas, sera élucidée dans son temps. Il y a bien des raisons
qui donnent à penser que le Puy, la cité d’Anis, Ani-
cium, est plus ancien qu'on ne l’a généralement cru, et
surtout que ne l’a supposé l'abbé Lebeuf; que ce brevet üe
cité vellavienne, de capitale de la Vellavie donné à Rues-
stum ou Saint-Paulien, est contestable ; que si Ruessium,
la cité gallo-romaine, devint après la conquête romaine la
84 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
cité principale de la Vellavie, par la grande importance
que lui donna la voie militaire qui la traversait, le Puy,
Anicium, n’en fut pas moins, avant elle, la capitale cel-
tique de la Vellavie.
M. l'abbé Alirol aurait désiré qu’on n’eût jamais eu
l’idée de toucher à la porte papale. « Il est regrettable,
» dit-il, qu'on l'ait récemment dénaturée en la conver-
» tissant en entrée ordinaire ; on aurait dû respecter les
» souvenirs de la tradition. » Qui, Messieurs, cette porte
ainsi rurée, ce mur qui en bouchait l’entrée constataient
un fait historique d'une certaine importance pour notre
église, un fait qui n'avait nulle part son pareil, excepté à
Saint-Pierre de Rome , où l’on ouvre et ferme ainsi la
porte jubilaire. Elle disait en quelle renommée était au-
trefois la dévotion à ia Vierge du Puy, les voyages des
papes pour la visiter, les honneurs qu'on leur rendait. II
eût été intéressant de tout respecter; tout dans ce monu-
ment aurait dû être sacré pour qui aurait eu la fibre reli-
gieuse et le sentiment artistique, que n’a pas surabon-
damment, il fant bien le dire, la bande noire des maçons
et des démolisseurs. Je pense, avec M. l’abbé Alirol, qu’il
serait avantageux que celte porte fût remise dans son
état primitif; pour cela, on n'aurait qu'à ouvrir à côté
une entrée usuelle. Cette restauration bien peu coûteuse
donnerait occasion d'étudier toutes les faces des grosses
pierres monumentales qui sont dans la maçonnerie à côté
de la porte papale et qui ont un cachet d’antiquité gallo-
romaine, comme les bas-reliefs qui ont été retirés du
même mur et qui sont au musée,
Votre commission vous propose à l'unanimité l'ad-
mission de M. l'abbé Alirol au titre de membre résidant.
MARS. 85
Organe d’une commission spéciale, M. le docteur
Martel fait le rapport suivant sur un mémoire présenté,
comme titre d'admission, par M. de Fontpertuis.
MESSIEURS,
M. Adalbert Frout de Fontpertuis, chef du cabinet du
préfet de notre département, sollicite l'honneur de faire
partie, comme membre résidant, de votre Société acadé-
mique.
IL présente pour titre d'admission un mémoire intitulé :
Considérations sur la propriété communale et les biens
dits communaux.
Nous avons été nommés, MM. Aymard, de l’Eguille
et moi, pour vous faire un rapport sur ce long et remar-
quable travail. Voici comment nous avons rempli cette
tâche.
L'auteur, dans un court préambule, prévient qu'il
n'examinera pas la question des biens communaux sous
le point de vue historique, juridique et administratif,
MM. Troplong, Proudhon, Henrion de Pansey et Gui-
chard ayant, dit-il, épuisé pour ainsi dire la matière; il
se bornera à l'examen des questions que soulève le régime
de jouissance auquel les terrains communaux ont été jus-
qu'ici presque tous soumis en France; il appréciera les
inconvénients qui lui paraissent en être sortis; il diseu-
tera les moyens proposés ou expérimentés pour remédier
à ces mêmes inconvénients. Ce cadre, vous le voyez,
Messieurs, est encore assez vaste et très-intéressant.
M. de Fontpertuis donne d’abord la définition des
biens communauæ tout en les distinguant des biens pa-
86 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
trimoniaux ; puis il rappelle qu’en 1849 l'étendue de ces
biens était évaluée, d’après les documents les plus exacts,
à 2,792,803 hectares, lesquels, à peu de chose près, sont
soumis au régime de la jouissance en commun.
« Ce régime, dit-il, est plus fécond en inconvénients
qu’en avantages.» On adopte facilement l'opinion de l’an-
teur en suivant l’enchainement des nombreuses et solides
raisons qu'il donne pour appuyer son assertion, et l’on
est facilement amené à reconnaitre que la jouissance par
éndivis donne lieu à l'épuisement progressif des forces
productives du sol communal et à la diminution croissante
de son étendue.
En vain dirait-on que la jouissance en commun des
terres communales estune question d'assistance publique;
c'est, avant tout, une question de droit; les communaux
profitent bien moins aux pauvres qu'aux riches, qui pos-
sèdent le plus de bétail.
« La France, nous dit M. de Fontpertuis, ne produit
pas une quantité de céréales suffisante à la consommation
de sa population ; » pour cet article, elle paye annuelle-
ment un tribut à l'étranger, et pourtant ce n’est pas le
sol qui manque à la culture, mais bien la culture qui
manque au sol. La contenance des terres labourables
n'est, en effet, que de 25,559,151 hectares, tandis que la
contenance totale des terres imposables est de 49,863,609
hectares; c'est-à-dire que les terres labourables sont à
la masse totale des propriétés dans le rapport d'environ
1N4,2;
Cependant, pour que la France suffit à sa consomma-
tion annuelle de céréales, ce serait assez d'augmenter de
MARS. | 87
8 millièmes, soit de 200,000 hectares, la masse des terres
emblavées.
Il importe donc beaucoup aux intérêts des communes
et à la richesse agricole et publique d'apporter une modi-
fication à la jouissance actuelle des biens communaux et
de les soumettre à une culture productive ; la France
trouverait dans cette mesure les céréales qui lui manquent,
et les communes y puiseraient des ressources pour cou-
vrir leurs dépenses légales et obligatoires, telles que
celles de l'instruction primaire et des chemins vicinaux ;
elles y trouveraient peut-être encore les moyens de se
créer des salles d'asile, des crèches, des hôpitaux, des
ouvroirs, des bains publics, des lavoirs, toutes les in-
slitutions, en un mot, que la charité, la prévoyance et
l'hygiène réclament, et cela sans recourir à des em-
prunts, ou à des impositions extraordinaires qui, trop pro-
Jongées, entraînent après elles de notables inconvénients.
Pour résoudre cet important problème, on a proposé
d'assez nombreux moyens qui peuvent, d’après le réci-
piendaire, se rapporter à six systèmes :
La vente générale,
Le partage gratuit,
Le partage usufruitier,
L'exploitation directe par les communes,
L'amodiation proprement dite,
L'allotissement des communaux.
L'auteur examine avec soin et discute avec une grande
logique chaque système en particulier: il écarte les qua-
tre premiers comme spoliateurs et anti-économiques. Il
ss RÉSUMÉ DES SÉANCES.
trouve dans l'amodiation proprement dite et dans l’amo-
diation par voie d’allotissement les moyens que la raison
pratique et que les principes du droit recommaudent pour
faire sortir la propriété communale de la fàcheuse situa-
tion où elle se trouve; en effet, par l'application de ces
deux moyens, on conserverait aux communes la propriété
de leur domaine, tout en rendant les fonds qui le com-
posent productifs pour les caisses municipales, tout en
leur donnant une valeur nouvelle susceptible de s’aug-
menter encore. Il cite pour exemple la ville de Bourg,
dans le département de l’Ain : elle amodia, en 1831,
pour neuf années, et moyennant 1,151 fr., soit 31 fr.
en moyenne par hectare, 37 hectares de terres vaines ;
un deuxième bail des mêmes terres, passé en 1840, en
a porté le prix à 3,525 fr., soit, en moyenne, 95 fr.
par hectare.
Permettez-nous, Messieurs, d'ajouter que notre pre-
mier magistrat, M. de Chevremont, dont vous connais-
sez tous la haute capacité administrative, a récemment
recommandé d'une manière spéciale à l'attention de
MM. les Maires et des conseils municipaux l'amodiation
et l’allotissement de leurs biens communaux. Il espère
trouver dans ces deux moyens des ressources qui aide-
ront puissamment les communes à créer des salles d'asile,
des caisses d'épargne, des ouvroirs, et assurer aux pau-
vres malades des secours médicaux; à remplir, en un
mot, le vœu de l'Empereur, en améliorant m ‘.ielle-
ment et moralement le sort des classes laborieuses et
souffrantes.
Messieurs, dans le rapport que nous venons d’avoir
l'honneur de vous lire, nous n'avons analysé que les
MARS. 89
points principaux du mémoire présenté par le candidat ;
ce travail contient des détails et des questions incidentes
du plus haut intérêt; il est écrit avec méthode et facilité ;
il décèle un penseur, un érudit, un homme laborieux.
Ce mémoire enrichirait vos Annales ; aussi votre com-
mission vous propose-t-elle l'admission de M. Adalbert
Frout de Fontpertuis, qui serait pour votre Compagnie
une précieuse acquisition.
M. Marthory lit aussi, au nom d’une commission,
le rapport suivant sur la candidature de M. Bonnet
comme membre résidant :
Messieurs ,
L'un de nos concitoyens, M. Oscar Bonnet, avocat,
sollicite l'honneur de faire partie de votre Société, et,
comme titre d'aamission, il vous a présenté un écrit in-
ütulé : Des monographies historiques. Ce mémoire à été
renvoyé à une commission qui a bieu voulu me choisir
pour vous faire connaitre le résultat de son examen.
Si, par l'ouvrage qu'il vous à adressé, M. Oscar
Bonnet avait eu pour unique but de vous prouver qu'il
pouvait soutenir avec talent une intéressante thèse d'his-
toire, votre commission se plait à le reconnaître, Mes-
sieurs, M. Oscar Bonnet aurait parfaitement réussi. En
effet, écrit d’un style élégant et facile, son ouvrage est
rempli de vues fines et ingénieuses , et les idées qu'il
renferme sont aussi justes que vraies. Assurément, ce n’est
point à une époque qui a vu faire tant de précieuses dé-
couvertes dans le domaine de l'érudition et de l'histoire,
90 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
à une époque où tous les débris du passé sont interrogés
avec respect et étudiés avec amour, où chaque provinee,
chaque ville et presque chaque bourg recueille avidement
les chroniques et les légendes, où l'histoire de toutes les
institutions municipales, religieuses, politiques a été,
sinon complètement faite, du moins courageusement en-
treprise, ce n'est point à cette époque que l'utilité des
monographies peut être sérieusement contestée. Toutes
les personnes qui se sont occupées d'études historiques
sont d'accord pour reconnaître avec M. Bonnet combien
sont indispensables pour l'intelligence complète des siè-
cles écoulés ces travaux modestes et patients dans les-
quels un homme dévoué emploie de longues veilles et
une érudition scrupuleuse à fixer une date, à éclairer un
fait, à peindre avec vérité la physionomie morale ou
l’état politique des nombreuses générations qui nous ont
précédés.
Mais tel n’est point l'unique but que nous parait avoir
poursuivi M. Bonnet dans l’intéressant écrit qu'il vous à
présenté, Il n’a point voulu, en traitant de l'utilité des
monographies pour l'étude de l'histoire générale, se
donner le faible plaisir de soutenir une thèse qui ne trou-
vait pas, qui ne pouvait pas trouver de contradicteurs.
Ce qu'a voulu M. Bonnet, chaque mot, chaque pensée
de son écrit le démontre, c’est, Messieurs, s'associer à
vos idées et exprimer , lui aussi, le vœu que vous avez
tous formé de voir reporter sur notre passé historique et
sur nos vieilles annales cette curiosité ardente et ce vif
désir de tout savoir et de lout comprendre qui est un des
signes les plus caractéristiques de l’époque actuelle. Il à
voulu préparer pour l'avenir, à l’aide de patientes re-
MARS. 91
cherches, et aussi, comme il l'espère, par d'immenses
découvertes, une histoire générale et complète du Velay.
En effet, Messieurs, l’histoire, telle que nous la con-
cevons aujourd'hui, ou plutôt telle que nos mœurs nous
l'ont faite, a des racines plus profondes et offre des ho-
rizons bien plus vastes que ceux qu’elle ouvrait jadis. TI
ne s’agit pas seulement de raconter des évènements, de
décrire des batailles, de peindre des intrigues de cour.
Comme toutes les choses de ce monde, l’histoire, elle
aussi, permettez-moi de le dire, s'est démocratisée, et
l'intérêt qui se concentrait tout entier autrefois sur les
faits et les actions de quelques hommes , se porte actuel-
lement sur les institutions , les mœurs et les croyances
des différentes classes qui formaient le tableau mouvant
de l’ancienne société. De là des recherches difficiles , des
efforts laborieux pour animer et faire revivre ces généra-
tions éteintes, pour expliquer le mécanisme et le jeu
de ces institutions que le temps a détruites, pour réveil-
ler des intérêts ou des passions qui n'existent plus. Il
faut aujourd'hui, pour écrire l’histoire , ne rien ignorer
de la vie intime et sociale du peuple que l’on veut faire
connaître, et le peindre tel qu’il a paru successivement
dans les différentes phases de son développement poli-
tique et moral.
Avons-nous une histoire du Velay telle que la deman-
deraient les exigences de la science moderne ? C’est là
une question que se pose M. Bonnet, et à laquelle, tout
en rendant justice aux travaux si recommandables que
l'amour du pays à inspirés, il r‘pond négativement.
L'histoire du Velay est encore à faire, nous dit
M. Bonnet, et cette histoire ne se fera complète et en-
92 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
tière que lorsque, par une série complète et successive
de monographies bien conçues, chaque fait aura été mis
en lumière, chaque point obscur aura été éclairé, el que
lorsque châteaux, abbayes, bourgs, cités, familles puis-
santes, classes diverses, institutions politiques et reli-
gieuses, en un mot tous les éléments de l'antique société
vellavienne auront été étudiés en détail et envisagés
sous toutes leurs faces dans des travaux séparés. Alors,
mais seulement alors, quand toutes les pierres auront été
taillées par des mains patientes, viendra l’homme de
génie qui construira l'édifice et formera un tout harmo-
nieux avec ces matériaux lentement amassés. Alors enfin
s’écrira celte histoire de notre Velay, que nous espérons
tous, histoire qui ne sera ni une froide compilation , ni
une sèche chronologie; histoire où tous les faits seront
racontés, toutes les causes expliquées, et où, grâce aux
nombreux travaux qui l’auront préparée, le Velay revi-
vra out entier avec ses croyances, ses MœŒurs, Ses pas-
sions ; avec son organisation municipale, administrative,
religieuse, judiciaire, dont il sera possible de suivre les
transformations diverses et les curieuses révolutions
C'est à ces travaux et à ces recherches préliminaires
que M. Bonnet nous convie ; et il nous en peint, avec
un grand bonheur d'expression, l'utilité certaine, ou
pour mieux dire , l’impérieuse nécessité.
Telest, Messieurs, l'ouvrage de M. Bonnet, rapide-
ment esquissé ; el vous voyez combien est généreux et
patriotique l'esprit qui l’a inspiré. Cet esprit est celui
qui vous anime tous , Messieurs ; aussi M. Bonnet est-il
sûr de réveiller parmi vous un écho sympathique lorsque,
rappelant les travaux si justement appréciés de plusieurs
MARS. 93
de nos confrères, et faisant un chaleureux appel à tous
les hommes qui aiment leur pays, il demande que chaque
anton, chaque localité fasse paraître sa monographie
complète et détaillée.
Mais je me reprocherais, Messieurs, d’affaiblir, par
une froide analyse, les paroles de M. Bonnet; je veux
vous laisser le plaisir de l'entendre lui-même :
»
»
« Quelques-uns à l'avance ont compris cette vaste et
glorieuse entreprise, et, à l’instigation de la Société
académique , cet incessant , énergique et laborieux
moteur de toute idée progressive, nous ont ouvert la
route en faisant des monographies sur leurs localités.
M. Labretoigne nous a donné sur l’origine de Saugues
quelques éclaireissements qui auront une grande im-
portance dans une histoire générale de ce département.
M. l'abbé Maitrias a développé avec talent les faits
qu'il a pu recueillir sur la ville de Craponne. Son tra-
ail, intéressant sous différents rapports, trouvera,
par ses détails très-curieux, une large place dans une
monographie complète du Velay. Un autre encore ,
nous le savons, travaille, qu'il nous permette de le
dire, avec un zèle qu'il a montré bien souvent, à
diverses monographies, parmi lesquelles on à remar-
qué récemment celle de Fay-le-Froid. Pourquoi, dans
chaque canton au moins, un homme studieux et jaloux
de la gloire de son pays, ne chercherait-il pas aussi à
sortir du chaos ce qui trop longtemps y est resté ou-
blié? Quant à moi, enfant d'Yssingeaux , j'espère
faire connaître ce qui s’est passé de saillant dans ces
montagnes abruptes, mais si pilloresques, dans ces
94 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
» gorges où tour-à-tour se sont cachés également et li-
» gueurs et religionnaires, où se cache presque aujour-
» d'hui une population ignorante et retardée qui, plus
» que toute autre, a besoin , pour sortir de son vieux
» monde de préjugés et de superstition, de se mettre en
» contact avec nos masses industrieuses aux idées larges
» et civilisatrices. Plusieurs, j'aime à le présager, en
» feront autant pour leur localité. Mais ne nous laissons
» pas effrayer par la crainte d'être médiocres et par le
» talent de nos devanciers. Ce qu'on nous demande, ce
» n’est pas le génie d’un écrivain; ce n’est pas une œu-
» vre d'art qui plaise par sa forme, Ce qu'on exige de
» nous, ce n'est pas un ouvrage dont le mérite nous soit
» une gloire. Non: ce qu'on demande, ce sont des dé-
» tails que d’autres n’auront pas cherchés et que nous
» aurons trouvés ; Ce qu'on exige, c'est que nous appor-
» tions chacun notre page de ce livre qu'un homme plus
» habile se chargera d'écrire , lorsque tous les matériaux
» seront réunis. »
Vous le voyez, Messieurs, dans les lignes que je viens
de vous lire, et qui résument parfaitement l'ouvrage que
J'étais chargé de vous faire connaitre, M. Bonnet ne
fait point preuve seulement d’un esprit ingénieux et d’un
style élégant, mais il fait preuve encore d’un amour
bien senti pour le pays auquel il appartient , et surtout
pour la ville qui tui a donné le jour. Cette ville, il nous
TRE . . , N
en promet l'histoire fidèle, et c'est là une promesse que
votre Société n’oubliera point. La monographie de la ville
d'Yssingeaux viendra donc bientôt, nous l’espérons
6) Ù b ?
enrichir nos Annales et se placer auprès de ces deux
belles monographies de Craponne et de Saugues dont
MARS. 95
votre Société est si justement fière, et auxquelles
M. Bonnet s’est plu à rendre un hommage si mérité.
En conséquence, votre commission vous propose, à
l'unanimité, de nommer M. Oscar Bonnet membre rési-
dant.
Il est ensuite procédé au scrutin, et les récipien-
daires ayant obtenu l'unanimité des voix, MM. l'abbé
Alirol, de Fontpertuis et Bonnet sont proclamés mem-
bres résidants.
A sept heures, la séance est levée.
Le Vice-président,
AYMARD.
SÉANCE DU 6 AVRIL.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus; article du Journal
d'agriculture pratique relatif aux vues de M. de Chevremont sur
l’allotissement des terrains communaux; notice de M, Doniol père
sur le sorgho sucré dans le Bulletin agricole du Puy-de-Dôme; article
de M. Didron, dans les Annales archéologiques , mentionnant la ca-
thédrale du Puy, les tapisseries de la Chaise-Dieu , ete.; discours
imprimé de M. Challe, l’un des présidents du Congrès des sociétés
savantes, annonçant le Congrès scientifique du Puy. — Don, par
M. Bretagne, d’une brochure sur un triens mérovingien. — Pu-
blication du xvine volume des Annales de la Société. — Dons au
Musée, par M. le général Couston, d'armes russes; par M Schaffner,
d’une balle russe à tige; par M. Louis Balme, d’un ancien sceau
de la cour de Bouzols. — Vue ancienne de la ville du Puy ; copie
d’un dessia conservé à la bibliothèque impériale de Paris. — Sub-
vention de 5,000 fr. accordée à la Sociéte par le ministère de l’agri-
culture. — Emploi du crédit départemental pour l'industrie mu-
lassière ; lettre de M. le Préfet. — Semailles du printemps, lettre
de M. le Préfet. — Récompenses aux instituteurs au sujet de l’en-
seignement agricole ; lettre de M. l’Inspecteur de l’académie. —
Demande de renseignements par la Société protectrice des animaux.
— Essai de drainage par M. C. de Lafayette père. — Ergot du
sigle; communication par M. Dugaray aîné. — Pisciculture ;
lecture d’un rapport par M. de Causans. — Produits agricoles et
industriels du département envoyés à l'Exposition universelle; lec-
ture d’un sapport par M, Avmard — Congres des sociétés savantes
PI P ÿ
AVRIL. 97
de 4855; lecture d’un compte-rendu par M. Ch. C. de Lefayette.
— Chemin de fer de la Haute-Loire; communication par M. de
Brive. — Renseignements lexicologiques demandés par M Platt. —
Elections de MM. Oscar Bonnet et Louis Balme comme secrétaire
et vice-secrélaire de la Société.
Présidence de M. de Brive.
OuvracEs REÇUS. — Après la lecture et l'approbation
du procès-verbal, M. le Président fait connaître les ou-
vrages reçus depuis la dernière séance, et signale en
particulier divers mémoires dans lesquels sont men-
tionnés des faits nouveaux en agriculture et dans les
sciences.
D'autres publications intéressent à différents points
de vue notre département. Tels sont : la dernière li-
vraison du Journal d'agriculture pratique, dont un
article de M. Barral a pour objet l'examen des vues de
M. de Chevremont, préfet de la Haute-Loire, sur lallo-
tissement des terrains communaux ; le Bulletin agri-
cole du Puy-de-Dôme, qui contient une notice de notre
collègue M. Doniol père sur le sorgho sucré ou la
plante à sucre de l'Orient ; les Annales archéologiques,
dans lesquelles M. Didron aîné, rendant compte d'un
voyage en Jtalie et décrivant des monuments du moyen
âge que possède ce pays, cite, comme sujets de com-
TOME XX. 7
98 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
paraison en France, l'égjise cathédrale du Puy, les
tapisseries de la Chaise-Dieu, etc.
Dans un discours imprimé qui a été prononcé à la
clôture de la septième session du Congrès des délégués
des Sociétés savantes, le 27 mars 1855, M. Challe, l'un
des présidents, a vivement appelé l'attention des assis-
tants sur le prochain Congrès du Puy, « qui, a-t-il
ajouté, offrira tant d'intérêt aux naturalistes pour vi-
siter cette contrée si curieuse, aux archéologues et aux
artistes pour étudier ses monuments et ses paysages si
remarquables, à tous les savants pour resserrer leurs
communications avec cette Société scientifique dont
M. Charles C. de Lafayette est parmi nous un si digne
représentant. »
M. Bretagne, membre résidant, fait hommage d’une
brochure sur un triens d’or au nom du roi Clotaire IT.
Cette notice, dont il est l’auteur, a été publiée dans la
Revue numismatique de Belgique.
PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ. — M. le Président annonce
que le XIXe volume des Annales vient d’être édité, et
que la distribution en sera faite aux membres de la
Société.
Musée. — M. le général Couston a recueilli et envoyé
au musée, pendant les opérations du siège de Sébasto-
pol, un boulet ramé russe, un sabre et un bâton en
forme d’assommoir qu'emploient, dit-on, les offi-
ammales de Ca Scnete Geademmaue D Bun, Ame XX.
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Lith. et Æulog. E.Champarhac, au Fu .
AVRIL. 99
ciers russes pour obliger leurs soldats à marcher plus
résolûment.
Ces objets curieux sont l’objet des remerciments de
la Société.
L'Assemblée accueille aussi avec gratitude les dons
suivants qui sont offerts pour le musée :
Par M. Schaffner, maréchal-des-logis de gendarmerie
au Puy, une balle russe à tige ;
Par M. Louis Balme, un sceau en bronze de la cour
de Bouzols, aux armes des seigneurs de cette baronie
et avec la légende en caractères du XIVe siècle : Sfigil-
lum) GURIE CASTRI DE BouzoL10.
M. Aymard met sous les yeux de l’Assemblée une
belle copie d'un dessin conservé à la bibliothèque im-
périale et représentant une vue de la ville du Puy
en 1607. Cette reproduction, qu'il a fait exécuter par
M. Chaudet, architecte à Paris, d’après le vœu de la
Société, fait voir, outre la plupart des anciens édifices
de la ville, l'enceinte de ses murailles, munie de tout
leur système de défense : tours, portes, boulevards,
etc. Ce document, dont la planche ci-contre offre
la réduction, est très-intéressant par sa date, qui rap-
pelle l’époque où les fortifications de la ville étaient
parvenues, après bien du temps et des sacrifices pécu-
niaires, à l’état d'achèvement le plus complet.
AGRICULTURE. — M. le Président lit une lettre de M. le
Ministre de l’agriculture annonçant qu'il alloue à la
100 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Société une subvention de 3,000 francs sur l’exer-
cice 1855.
Cette communication est accueillie par un vote re-
connaissant.
M. le Préfet, dans une lettre dont il est donné lec-
ture, informe la Société que le Conseil général à ou-
vert, Sur sa proposition, un crédit de 400 francs au
budget départemental de 1855 pour encourager l'in-
dustrie mulassière. En conséquence, il désirerait avoir
l'avis de la Société sur le meilleur emploi qu'il y aurait
à faire de la somme précitée pour répondre aux inten-
tions du Conseil général.
M. le Président dit qu'après avoir consulté la com-
mission des primes, il a répondu à M. le Préfet que
cette somme distribuée en primes de 100 à 200 fr.
aux plus beaux baudets de la race du Poitou destinés à
la reproduction, paraissait devoir être le meilleur
moyen d'améliorer la race mulassière du pays.
Il est fait lecture d’une autre lettre par laquelle
M. le Préfet demande des renseignements sur les con-
ditions dans lesquelles se sont accomplies les semailles
du printemps dans l'arrondissement du Puy, et sur
l'état de la végétation en général.
Divers membres s’'empressent de fournir des indica-
tions qui seront transmises à M. le Préfet.
M. l’Inspecteur de l’académie, répondant à une com-
munication qui lui avait été faite par M. le Président sur
des récompenses à décerner aux instituteurs qui auront
AVRIL. 401
donné le meilleur enseignement agricole, annonce, par
une lettre, qu'il s'empressera de seconder la Société
dans la réalisation de ses vues à ce sujet.
M. le Préfet à transmis à l’Assemblée une lettre cir-
culaire de la Société protectrice des animaux :
€ Voulant encourager la douceur et la compassion,
cette Société décerne des médailles aux cochers, pale-
freniers, charretiers, bergers, garçons et servantes de
fermes, conducteurs de bestiaux, à toute personne,
enfin, qui à fait preuve, à un haut degré, de bien-
veillance, de bons traitements et de soins assidus
envers les animaux. Elle accorde également des récom-
penses pour tout ce qui tend au développement de son
œuvre. »
En conséquence, elle. invite M. le Préfet et, par son
entremise, la Société, à lui proposer des candidats pour
l'obtention de ces récompenses.
L'Assemblée accueille avec intérêt cette communica-
tion, et décide que des renseignements seront pris dans
le département dans le but de satisfaire aux généreuses
intentions de la Société protectrice des animaux.
M. Calemard de Lafayette père entretient l'Assemblée
d’un essai de drainage qu'il effectue en ce moment
dans une propriété située dans la commune de Saint-
Germain-Laprade, et annonce qu'il en fera connaître
les résultats.
M. Dugaray aîné présente un spécimen de l’ergot de
seigle (secale cornutum, sclerotium clavatumi, et lit
une lettre adressée à M, le Préfet par M. le Sous-Préfet
102 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
d’Yssingeaux sur des cas assez nombreux d’ergotisme
qui se sont produits dans cet arrondissement.
A la demande du même membre, appuyée par M. le
Président, une commission est nommée pour l'étude
de cette importante question dans la Haute-Loire. Elle
est composée de MM. Dugaray aîné, Ch. C. de Lafayette
et du Villars.
Piscicurure. — M. de Causans lit le rapport suivant
au nom d’une commission spéciale :
MESSIEURS,
Vous avez reçu plusieurs publications relatives à la
pisciculture et dont la connaissance doit puissamment
contribuer à éclairer cette découverte, encore bien impar-
faite dans son application.
Le mémoire le plus important au point de vue pratique
et vraiment utile me paraît être celui de l'Association
normande, dont M. le vicomte de Caumont a fait hom-
mage à la Société académique du Puy. On y trouve
d'abord d’utiles conseils de M. Sivard de Beaulieu pour
la construction des étangs destinés à la conservation et à
la reproduction de la truite. Le même auteur signale un
fait assez curieux, celui de l’empoisonnement de la truite
par le mouron ou salamandre de terre.
M. Sivard de Beaulieu nie la possibilité d'obtenir des
métis par le croisement de la truite avec le saumon, par
la raison que le saumon ne fraie qu’au printemps et la
truite à la fin de l'automne. J’ignore, Messieurs, si le
saumon continue à frayer ailleurs plus tard que dans nos
AVRIL. 103
pays; mais nous savons tous que, dans la Haute-Loire,
le saumon fraie en mime temps que la truite. J'ai essayé
moi-même des croisements qui n’ont eu, à la vérité,
aueun succès, mais la cause en est dans la décomposition
des œufs de saumon avant d'avoir présenté aucun indice
de fécondation.
Dans la même publication de l'Association normande,
nous remarquons une lettre de M. le marquis de Vibray
qui raconte ses efforts longtemps inutiles pour le repeu-
plement des eaux de la Sologne, au moyen de la féconda-
tion artificielle des œufs de truite.
C'est en 1854 seulement que M. de Vibray annonce
la construction d'un pavillon fermé, destiné à recevoir
300 mille œufs de truite fécondés et placés dans des appa-
reils alimentés par une source abondante. C’est exacte-
ment ce qui à été pratiqué au lac de Saint-Front, où
50,000 œufs de truite avaient donné environ 10,000
éclosions à la fin de février. Je me propose d'écrire à
M. de Vibray pour qu'il veuille bien nous faire connaitre
le résultat de ses expériences.
Je remarquerai, en passant, que la plus grande difi-
culté qu'ait rencontrée M. de Vibray n'est pas l’incerti-
tude de la fécondation elle-même, mais bien la rareté des
œufs de truite au moment de la fraie. La rigueur de la
saison rend la pêche pénible et même dangereuse. Il est
aussi très-difficile de saisir vivantes des truites d’une cer-
taine grosseur. Les sujets ne sont pas toujours au point
voulu pour l'opération... 11 résulte de ces diverses cir :
constances que les pêcheurs ne se livreront à la pratique
de la pisciculture que moyennant de fortes rémunérations.
Et encore, dans un pareil commerce, jusqu’à quel point
104 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pourra-t-on compter sur la bonne foi des fournisseurs ?
M. de Vibray nous apprend que, pour sa part, il a été
dégoûté d'acheter des œufs fécondés à divers pisciculteurs,
par les fraudes dont il a été victime.
Je me plais ici, Messieurs, à rendre justice au pisci-
culteur Rémy fils et à son compagnon Jean George, aux-
quels M. le Ministre avait confié, l’année passée, une
mission piscicole dans la Haute-Loire.
Ces deux habiles pisciculteurs m'ont apporté des
Vosges 30,000 œufs de truite fécondés, dont un cin-
quième environ est venu à bien. Le reste à donné des
marques certaines de fécondation, mais a péri par di-
verses causes. Les secousses d’un long voyage en ont dé-
truit un grand nombre. L'avortement d’un nombre pres-
que aussi grand, au moment même de l'éclosion, nous a
prouvé que les œufs de jeunes truites sont moins robustes
que ceux de truites plus âgées. Rémy et Jean George ont
confirmé cette observation et n'ont pas dissimulé qu'ils
avaient été obligés, pour se procurer les 30,000 œufs
qu'ils avaient promis, d'opérer sur des sujets encore
très-jeunes.
Parmi les autres communications qui ont été faites à la
Société, je dois signaler les savants traités de M. Coste,
membre de l'Institut, et de M. Haxo, secrétaire perpé-
tuel de la Société d’émulation des Vosges. Ces ouvrages
remarquables sont connus de tous les amateurs de pisci-
culture et n’ont pas besoin d’être recommandés.
Les Recherches si curieuses de M. Fournet, professeur
à la Faculté des sciences de Lyon, sur quelques animaux
aquatiques du bassin du Rhône, m'ont paru plus impor-
AVRIL. 105
tantes au point de vue de la science, qu'utiles dans la
pratique.
Vous voyez, Messieurs, que les renseignements abon-
dent sur la méthode de fécondation artificielle du frai.
Mais ce n’est malheureusement pas là que réside la prin-
cipale difficulté de la multiplication du poisson, surtout
du genre salmone, par les nouveaux procédés.
C'est dans la conservation des jeunes sujets obtenus
par des éclosions qu'ont échoué ia plupart des expéri-
mentateurs.
Ainsi, vous trouvez dans le Bulletin de la Société
zoologique d’acclimatation (numéro de décembre 185%),
un mémoire de M. Fouchet, membre correspondant de
l'Institut et directeur du musée de Rouen, sur l’étude de
l'hygiène des jeunes poissons. Il résulte de ses observa-
tions, qu'à l’âge de deux mois, les truites et les saumons
sont doués d'une voracité qui les porte à se précipiter
indistinctement sur tous les corps que l'eau tient en
suspension. Or, il arrive fréquemment que cette proie
avalée d'une manière inconsidérée étouffe les jeunes sau-
mons et cause parmi eux une granite mortalité.
En faisant leur autopsie, M. Fouchet a reconnu qu'ils
avaient les branchies obstruées par des détritus floconneux
qu'ils n'auraient pas absorbés s'ils eussent habité dans
une eau parfaitement pure. [l faudrait done, d'après ce
savant naturaliste, recourir à de nombreuses précautions
pour entretenir une rigoureuse propreté dans l'habitat
des alevins de truite ou de saumon. M. Fouchet conseille
l'usage de claies en verre et l'introduction de l’eau goutte
à goutte dans ces appareils.
Je ne discuterai pas, Messieurs, la possibilité de l’ap-
106 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
plication en grand de procédés aussi délicats; je me bor-
nerai à citer mes propres expériences accomplies dans un
bassin alimenté par l'eau de la fontaine de Saint-Laurent.
Sur 1500 œufs de truite, j'ai obtenu environ 300 éclo-
sions. Je conserve les alevins ainsi éclos, depuis trois
mois, dans une caisse en bois de 2 mètres de long sur
30 centimètres de large et autant de profondeur. Ces
jeunes truites n'ont reçu absolument aucune nourriture
depuis leur naissance, et je n’en ai pas encore perdu une
seule. Elles rencontrent une telle quantité de matières
floconneuses en suspension que lorsqu'on enlève le cou-
vercle de leur habitation, elles s'agitent au point de
troubler l'eau et se cachent dans la vase qu'elles ont sou-
levée. L'eau est introduite avec abondance dans la caisse
et s’y renouvelle constamment. Ces alevins ont aujour-
d'hui de # à 5 centimètres de longueur. Les mêmes faits
ont lieu dans les appareils du lac de Saint-Front, avec
cette seule différence que les œufs ont éclos un mois plus
tard qu'au Puy. Il est donc à présumer que la nature a
donné à “es jeunes poissons tout l'instinct nécessaire
pour discerner les aliments les plus propres à leur con-
servalion. Je suis convaineu que, dès l’âge de trois mois,
on peut donner aux alevins du genre salmone la liberté
dans les eaux qu'ils sont destinés à repeupler.
Je conclus en disant que la fécondation artificielle du
frai de la truite me parait une méthode certaine d’em-
poissonnement. Une seule difficulté sérieuse se présente,
celle de se procurer des œufs de truite en quantité suffi-
sante ; néanmoins cet obstacle ne doit pas, à mon avis, être
regardé comme insurmontable.
Après cette intéressante lecture, M. le Président ex-
AVRIL. 107
prime l'opinion conforme à celle de l'honorable rap-
porteur, qu'avec des soins intelligents, et surtout de
la persévérance , on parviendra à rendre parfaitement
pratiques les procédés de pisciculture, et il rappelle
les vœux émis par la Société, que le Gouvernement
vienne puissamment en aide aux efforts si méritants
des pisciculteurs par une règlementation efficace des
cours d’eau, au point de vue de la pèche.
INDUSTRIE. — M. Aymard, secrétaire du comité dé-
partemental pour l'Exposition universelle, fait la com-
munication suivante :
MESSIEURS,
Le comité départemental de la Haute-Loire à tenu sa
dernière rénnion le 2 de ce mois, et, après un examen
aperofondi des nombreux envois qui lui avaient été faits
de tous les points du département, il a admis à l'Exposi-
tion universelle les produits présentés par soixante-qua-
torze exposants.
Il n'est pas sans intérêt de faire ressortir l'importance
de ce chiffre dans un département qui, avec de puissants
éléments de richesse et de prospérité, a dû nécessaire-
ment, par les difficultés de ses communications, marcher
avec quelque lenteur dans la voie du progrès industriel.
Le nombre des exposants dont les envois ont été jugés
dignes de figurer à l'Exposition, n’en est pas moins re-
marquable ; on peut ajouter que les produits qui ont été
admis se recommandent par leur diversité autant que
par leur perfection.
108 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Il faut citer au premier rang la fabrique de dentelles
de la Haute-Loire, qu'on regarde comme la plus ancienne
et la plus considérable de l'Europe. Les principaux fabri-
cants tenaient à honneur de justifier l'opinion très-favo-
rable que cette belle industrie de notre pays a conquise
dans le commerce depuis quelques années. Ils ont lutté
de généreux efforts, et, nous pouvons le dire d'après la
magnifique collection de leurs produits qu'ils ont voulu
exposer aux appréciations du publie, ils ont fait preuve
d'intelligence et de goût.
Tous les articles de cette riche fabrication seront repré-
sentés à l'Exposition, tels que dentelles de soie, de fil, de
coton, de laine, de crin, de paille, d’or et d'argent; file-
ches, guipures, point d'Alençon et de Chantilly; châles,
voilettes, volants, coiffures en dentelles de perles, ete.
On y remarquera surtout une très-belle dentelle en point
de Venise qui a été fabriquée au couvent de Sainte-
Marie, au Puy, et qui prouve tout le parti qu'on peut
tirer de nos habiles ouvrières pour l'exécution des
ouvrages en dentelles du travail le plus fin et le plus
délicat. Il faut donner aussi une mention à la robe
de la sainte Vierge , dont le dessin , de style roman , ap-
pellera l'attention du publie et des archéologues. Dans
celte grande diversité de genres, se révèle une véritable
supériorité de dessin et d'exéention.
Des carreaux de dentelles, des dessins et des cartes
complètent tout ce qui concerne ce genre d'industrie.
Auprès de ces importants produits, viennent se placer
les articles de rubannerie de Saint-Didier-la-Séauve, de
Saint-Just-Malmont, ete , industrie qui tend à se déve-
lopper dans la Haute-Loire, et à laquelle est réservé, dans
AVRIL. 109
notre pays, un brillant avenir. Plusieurs fabricants ont
dignement répondu à l'appel du comité par l'envoi d’ex-
cellents articles.
L'arrondissement d'Yssingeaux a fourni également des
articles de taillanderie perfectionnés, des faucilles, des
limes, serrures, articles de corderie, de elouterie, ete. ;
des machines de divers genres, et surtout de beaux car-
tons Jacquart non hygrométriques, qui conservent leurs
dimensions à toutes les variations de température ; ils
sortent de l’une des plus importantes fabriques de notre
département.
L'arrondissement de Brioude s’est aussi distingué par
un contingent de ses plus précieux produits.
Ses tissus sont des articles de toilerie, représentés par
de beaux linges damassés. Quelques fabricants ont en-
voyé des lainages filés d’une grande finesse ; mais ce qu'il
faut surtout remarquer, c'est la collection de ses produits
minéraux, parmi lesquels se trouvent des spécimens des
principales richesses de notre pays, tels que houille,
coke, fer, antimoine, plomb argentifère, baryte, amiante,
etc., ete.; ainsi que des articles de poterie, tels que creu-
sets, briques en terre réfractaire, et plusieurs autres qu'il
serait trop long d'énumérer.
L'arrondissement du Puy, outre ses dentelles, à fourni
également des spécimens de quelques-uns des articles qui
précèdent et, de plus, ses platres, ses chaux hydrauli-
ques, pouzzolanes ; la série complète de ses légumes secs
et céréales si réputés; ses fromages de montagne ; ses
articles de minoterie, tels que orges perlés, avoine mon-
dée, pois et fèves décortiqués; des cocons de soie écrue ;
un échantillon de terre de bruyère ; des arucles de con-
110 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
fiserie perfectionnée, des conserves d’après le procédé
Apyert. Des œuvres de sculpture religieuse et autres ; des
articles d'horlogerie, de coutellerie, des machines agri-
coles et industrielles de divers genres ; des articles d’ébé-
nisterie, de pelletterie, de sabotterie de luxe et usuels;
des ouvrages imprimés, des épreuves photographiques.
Ajoutons aussi une collection des principaux bois
d'œuvres du département, qui sera certainement l’une des
plus complètes parmi celles de ce genre qui figureront à
l'Exposition.
Ces brillants résultats, auxquels quelques-uns de nos
industriels avaient préludé depuis plusieurs années par de
nombreux succès aux Expositions nationales, à l'Exposi-
tion universelle de Londres, et surtout aux concours
bisannuels du musée, prouvent, encore une fois, combien
notre pays peut offrir d'éléments de prospérité indus-
trielle, et félicitons-nous qu'à l'appel de notre premier
magistrat et du comité départemental, tant d'exposants se
soient empressés de mettre en lumière quelques-unes des
richesses industrielles du département.
Après cette communication, l’Assemblée vote des
félicitations au comité pour le zèle et l’activité qu'il a
déployés dans le but honorable que le département fût
dignement représenté dans cette grande et solennelle
exhibition des produits de l’industrie.
M. le Président annonce ensuite qu’à la demande du
comité, M. Aymard est appelé, par M. le Préfet, à rem-
plir la mission de délégué départemental à l'Exposition
universelle.
AVRIL 111
CoNGRÈS DES SOCIÉTÉS SAVANTES. — Sur l'invitation de
M. le Président, M. Ch. C. de Lafayette rend compte
de la dernière session du Congrès des Sociétés sa-
vantes, dans laquelle ce membre a rempli avec dis-
tinction la mission de délégué de la Société (1).
CHEMIN DE FER DE LA HAUTE-LOIRE. — M. le Président
lit, par extraits, le rapport fait par M. le baron de Jou-
venel au Corps législatif, au sujet du chemin de fer
Grand-Central, et fait ressortir tout l'intérêt qu'a le dé-
partement à la solution prochaine de cette importante
question.
LEXICOLOGIE. — M. Platt, ancien rédacteur en chef du
Journal de la lanque francaise, écrit pour demander
à la Société, pour un grand travail lexicologique dont
il s'occupe, les appellations (gentiles, sobriquets ou
dictons populaires) qu'on emploie pour désigner les
habitants de quelques-unes des principales localités du
département de la Haute-Loire.
Cette demande est prise en considération, et M. l'abbé
Sauzet est prié de vouloir bien fournir à M. Platt les
renseignements qu'il sollicite.
ELECTIONS DES OFFICIERS DE LA SOCIÉTÉ. — Îl est procédé
au scrutin pour l'élection d’un secrétaire et d’un vice-
(4) Le rapport de M. Ch. C, de Lafayette sera inséré dans la deuxième
partie du présent volume.
112 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
4
secrétaire en remplacement de M. Aymard, qui a été
appelé à la vice-présidence, et de M. Louis de Vinols.
Pour la première de ces fonctions, M. Oscar Bonnet,
et pour la seconde, M. Louis Balme, obtiennent la majo-
rité des suffrages et sont nommés secrétaire et vice-
secrétaire de la Société.
A sept heures, la séance est levée.
Le Vice-Président,
AYMARD.
SÉANCE DU 4 MAI.
SOMMAIRE.
Ouvraces Reçus: mémoire sur les eaux thermales de Néris, par M. le
docteur Richond des Brus. — AGRICULTURE : de la découverte des
eaux souterraines; M Roux, hydroscope; un mot sur Pabbé Pa-
ramel ; somme mise à la disposition de M. le Sous-Inspecteur des
eaux et forêts pour les travaux de reboisement pendant l’année
4855; circulaire de M. le Préfet aux instituteurs communaux à
l’occasion des primes accordées à l’enseignement agricole; autre
circulaire sur les primes accordées à la production mulassière —
Usaces Locaux : rapport de M. Lobeyrac; observations de M. le
docteur GC. de Lafayette père; nomination d’une cominission. —
Mépecixe : de l’ergot et de l’ergotisme, par M. le docteur Mouret,
de Monistrol; rapport sur le méme sujet, par M. le docteur Du-
garay — Beaux-arts : vente aux encheres des œuvres d’art laissées
par Crozalier dans sa succession ; produit 250,000 fr.; biographie
de Crozatier, par M. Francisque Mandet. — Proposition faite par
M Oscar Bonnet d’ériger Le buste du sculpteur Julien sur la place
publique de Saint-Paulien ; offre, par un anonyme, d’une somme
de 200 fr ; observations par M. le docteur Borie; décision de la
Société. — CONSERVATION DES MONUMENTS : Mutilation des stalles
de l’église de Langeac; observations présentées par divers mem-
bres. — Ogscrs pivens: La Société ayant atteint le nombre règle-
mentaire de cinquante membres résidants, ne peut plus se re-
cruter que par suite de vacances.
TOME XX. 8
11# RÉSUMÉ DES SÉANCES,
A trois heures, la séance est ouverte par M. de Brive,
président.
M. Oscar Bonnet, nommé secrétaire à la précédente
séance, prend place au bureau.
OuvrAGEs REÇUS. — M. le Président énumère les ou-
vrages envoyés à la Société pendant le mois d'avril.
Parmi ces publica‘ons, on remarque un travail sur les
eaux thermales de Néris, par M. le docteur Richond
des Brus, membre résidant. M. le Président, au nom
de la Société, remercie M. Richond de cet envoi.
AGRICULTURE. — M. le Président fait part à la Société
d’un article du Bulletin de la Société industrielle d'An-
gers, sur l’hydroscopie. « Pendant longtemps, dit
M. de Brive, l’hydroscopie n'avait pas été considérée
comme une science sérieuse, mais aujourd'hui elle
a conquis son rang parmi les plus utiles et elle
commande l'attention à toutes les personnes intéres-
sées dans les graves questions d'applications locales
qu'elle soulève. M. Roux, qui s'occupe d’hydroscopie,
vient d'arriver au Puy, pensant peut-être que le besoin
de sa présence s’y faisait sentir au moment de l'érection
de la fontaine monumentale dont notre immortel bien-
faiteur et concitoyen Crozatier vient de gratifier la
ville. M. Roux se recommande des sociétés d’agricul-
ture du Puy-de-Dôme et de la Nièvre qui, dit-il, ont
encouragé ses travaux. Il ne faudrait pas, ajoute
M. de Brive, juger M. Roux d'après une première vi-
site qu'il a faite, l’année dernière, à la Société. Il n’a
pu alors donner aucune explication satisfaisante de son
MAI. 115
système ; mais beaucoup d’explorateurs qui se livrent
à la même spécialité sont, comme lui, dans limpos-
sibilité absolue d'expliquer scientifiquement leur ma-
nière de procéder et semblent avoir obtenu néanmoins
d'excellents résultats. L'abbé Paramel est peut-être le
seul qui soit parvenu, par l'étude de la géologie, à
baser sa méthode sur une série d'observations rai-
sonnées, parfaitement déduites au point de vue de la
science. » M. de Brive promet de voir M. Roux et de
l'interroger sérieusement, afin de pouvoir donner à
tous ceux qui voudraient recourir à l’hydroscopie des
renseignements clairs et positifs.
M. le Président donne ensuite connaissance d'une
lettre par laquelle M. de l'Eguille, sous-inspecteur des
forêts, demande quelle est la somme qui pourra être
affectée, en 1855, aux travaux de reboisement des
communaux, afin de régler les dépenses sur le chiffre
de l'allocation. M. de Brive a répondu qu'une somme
de 1,300 francs, prise tant sur l'allocation faite par le
Conseil général que sur les ressources ordinaires de la
Société, serait mise à la disposition de M. le Sous-
Inspecteur pour cet objet.
Sur le désir exprimé par plusieurs membres de la
Société, il est décidé que M. Louis de Vinols fera
partie de la commission qui a été charg'e, dans l’une
des dernières séances, de constater l’état des reboise-
ments nouvellement opérés.
M. le Préfet, par une lettre qui prouve de plus en
plus sa sollicitude pour les travaux de la compagnie,
prévient M. le Président qu'il a adressé à tous les insti-
116 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
tuteurs du département une circulaire les informant
que le Conseil général a mis à la disposition de la So-
ciété des sommes destinées à être données en primes à
ceux d’entre eux qui donneraient à leurs élèves le
meilleur enseignement des éléments de l’agriculture.
Dans le Recueil des actes administratifs de la préfec-
ture de la Haute-Loire se trouve aussi une circulaire
de M. le Préfet à MM. les Maires du département, au
sujet des primes qui seront décernées, dans le pro-
chain concours de là Société d'agriculture, à la race
mulassière.
UsacEs Locaux. — M. Lobeyrac, membre résidant,
communique à l’Assemblée le résultat de ses recherches
sur les usages locaux dans le département.
« En 1847, dit-il, M. le Ministre de l’intérieur
adressa à tous les préfets une circulaire pour provo-
quer des recherches sur les usages locaux dans leurs
rapports avec la législation. Il s'agissait de venir en
aide à la justice et aux justiciables, et c'était en modi-
fiant la loi, en faisant disparaître certains usages lo-
caux ou en les généralisant qu’on pouvait atteindre ce
but. Le Conseil général de la Haute-Loire s’occupa de
cette question pendant les années 1847, 1848, 1849 et
1850. Mais comme elle embrassait une foule de détails,
on divisa le travail, et MM. les Sous-Préfets et les chefs
de parquet des trois arrondissements furent chargés
d'en préparer les éléments. M. Enjubault, alors pro-
cureur du roi au Puy et l’un de nos collègues, fit un
rapport sur les usages locaux de son arrondissement,
MAI. 117
également remarquable au point de vue du droit et au
point de vue des faits; mais ce rapport, il le déclare
lui-même, était encore insuffisant (1).
» M. le Sous-Préfet d'Yssingeaux envoya quelques
renseignements qu'il avait recueillis auprès des maires
de son arrondissement, et M. le procureur du roi de
Brioude quelques notes remises par les juges de paix
de son ressort.
» Ces premières recherches furent loin d'atteindre
le résultat demandé. Les renseignements devaient être
complets, exacts, et, soit négligence, soit incurie de la
part de ceux à qui l’on s'était adressé, sur une foule
de questions les réponses étaient nulles, sur d’autres,
elles fourmillaient d'erreurs. Souvent même il arrivait
à un juge de paix ou à un maire de répondre à la
question par la question elle-même, ou de la résoudre
en disant qu’on suivait l’usage lorsque la loi n'avait tracé
aucune prescription. Le Conseil général crut alors plus
convenable de s'adresser à la Société, et M. le Préfet
envoya à M. le Président les documents déjà recueillis.
J'eus lhonneur d'être chargé par la Société de les
examiner et d'indiquer les moyens à prendre pour les
compléter.
» Il résulte de l'examen que j'en ai fait, ajoute
M. Lobeyrac, que la rédaction du recueil des usages
locaux du département est un travail très-compliqué
et qui exige des recherches méthodiques faites dans
chaque canton, souvent mème dans chaque commune,
(1) Voir dans le XIIIe volume des Annales de la Société, p. 517,
le rapport de M. Enjubault, qui y a été publié,
118 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
si l’on veut arriver à quelque chose de sérieux et sur-
tout de complet. Neuf questions ont été posées par le
Ministre, neuf questions qu'il s’agit de résoudre et
parmi lesquelles il s’en trouve une qui se subdivise en
vingt-huit autres. De son côté aussi, le Conseil général
a cru devoir ajouter trois questions principales. Afin
de remplir les vues du Ministre et du Conseil général,
comment procéder pour arriver à une solution prompte
et exacte? S'adresser de nouveau aux juges de paix et
aux maires ? Mais pourquoi répondraient-ils mieux
qu'ils ne l'ont déjà fait? Ne serait-il pas plus simple,
plus expéditif et plus sûr de nommer une commission
choisie dans le sein de la Société, composée de mem-
bres ayant des rapports dans les arrondissements d’'Ys-
singeaux et de Brioude, ou dont la spécialité d’études
serait le droit et l’agriculture, commission qui procè-
derait d'abord à un premier travail préparatoire que
deux ou trois des commissaires refondraient ensuite ?
Cest à peu près ainsi qu'on a procédé dans le départe-
ment de l'Eure, et il paraît que le résultat obtenu a été
des plus satisfaisants. »
M. Calemard de Lafayette père reconnaît l'utilité de
la méthode suivie dans le département de l'Eure, mais
il fait observer que si le travail des juges de paix et des
maires de notre département a été si imparfait, cela
tenait sans doute au peu d’insistance qu’on avait mis
pour obtenir mieux. Aujourd’hui, l'influence adminis-
trative s'exerce d’une manière plus directe sur ces
fonctionnaires, et l’on pourrait peut-être arriver, par
une demande officielle de M. le Préfet, à des réponses
plus satisfaisantes.
MAI. 119
M. le Président cherche à concilier les opinions de
MM. Lobeyrac et Calemard de Lafayette, en représen-
tant la commission demandée par M. Lobeyrac comme
une commission d'enquête qui s’adresserait elle-même
aux juges de paix par l'intermédiaire de M. le Préfet ou
de tout autre fonctionnaire, tout en facilitant aux juges
de paix, par un travail préparatoire, les réponses à
faire aux questions posées.
La Société consultée se range à l'opinion de M. de
Brive et nomme membres de la commission : MM. Lo-
beyrac, Louis Balme, Oscar Bonnet, Chouvon, Du-
montat, de Fontpertuis, Giron-Pistre, Ch. Calemard
de Lafayette, Marthory et Mandet.
SCIENCES MÉDICALES. — De l’ergot et de l'ergotisme. —
M. le docteur Mouret, de Monistrol, frappé des nom-
breux cas d’ergotisme qu'il a rencontrés dans son
exercice médical en sa qualité de membre du conseil
hygiénique de l'arrondissement d’Yssingeaux et de
médecin chargé du service des épidémies, a adressé à
M. le Préfet un rapport détaillé sur les cas d’ergotisme
observés et traités par lui et sur leur cause probable.
Ce rapport, remarquable à tous les titres, a été envoyé
par M. de Chevremont à la Société, et M. le docteur
Dugaray, chargé de l’examiner, communique en ces
termes le résultat de ses observations :
MESSIEURS,
Dans une de vos dernières séances, j'ai eu l’hon-
neur de vous faire une communication sur l'épidémie
120 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
d’ergotisme et sur l’épiphytie de l'ergot qui ont été
remarquées sur quelques points de l'arrondissement
d'Yssingeaux, depuis le mois de septembre 1854 jus-
qu'au mois de mars 1855. J'ai eu soin de vous dire que
l'affection dont je parle avait éte occasionnée par l'usage
de blés ergotés provenant, soit des récoltes locales, soit
de l'importation étrangère.
M. le docteur Mouret, médecin des épidémies pour
l'arrondissement d'Yssingeaux, a énoncé ces mêmes faits
dans le mémoire par lui adressé à l'administration.
M. le Préfet a bien voulu renvoyer ce mémoire à votre
examen, et je vais avoir l'honneur de vous en entretenir
en quelques mots, qui complèteront ainsi ma première
communication sur le même sujet.
Pour ne pas avoir à répéler ce que J'ai signalé anté-
rieurement, je ne vous dirai pas comment M. Mouret a
été amené à reconnaitre qu'il fallait attribner à l’ergo-
tisme les accidents graves qui se produisaient surtout
dans les campegnes et qu'il lui a été donné d'observer. Je
ne relracerai pas non plus, après lui, la deseription géné-
rale des faits, et, sans aborder tous les points de doctrine
qu'il discute, je me bornerai à résumer ici les rensei-
gnements précieux recueillis par l'administration, après
qu'elle eut sollicité et obtenu la solution des trois ques-
lions suivantes :
1° Quelle a été la proportion de l’ergot dans les seigles
de la récolte de 1854 ?
20 Est-ce la première fois que l’on observe l’ergot dans
les seigles de cet arrondissement ?
3o Quelles sont les circonstances atmosphériques qui
MAI. 121
ont semblé favoriser le développement de cette altération
du grain ?
Avant de répondre à la première question, M. Mouret
rappelle qu'à l'invitation de M. le Préfet, il a provoqué
des communications de la part de quatorze communes, Il
résulte des renseignements divers une très-grande varia-
ion dans les appréciations. Ainsi M. le Maire de Bas
n'admettrait qu'à peine l’existence de l’ergot, tandis que
celui de Saint-Romain porterait à un huitième la quantité
de grains altérés; un autre «lève cette évaluation à un
dixième, Les mêmes différenc:s se retrouvent dans l’ap-
préciation concernant les grains étrangers. Quoi qu'il en
soit, il semble généralement admis que les grains récoltés
dans l'arrondissement contiennent toujours une certaine
proportion d'ergot, plus minime, il est vrai, dans les an-
nées ordinaires ; et ce fait, à peu près constant, avait
porté à regarder jusqu'ici l’ergot comme inoffensif.
Cette opinion erronée aurait dû, pourtant, paraître
peu compatible avec le souvenir que l’on conserve encore
d'une première épidémie d’ergotisme qui aurait sévi en
1816, et, en outre, de certains cas moins généraux obser-
vés, en 1828, dans le canton de Saint-Didier. Ce qui
précède répond sans doute, d’une façon plus ou moins
satisfaisante, aux deux premières questions.
En ce qui concerne la troisième, dont l'importance, au
point de vue agricole, est si sensible, il a été répondu d'une
manière plus uniforme, que le développement de l’ergot
paraissait provenir soit de l'humidité excessive du sol,
soit de celle de l'atmosphère aux époques des semailles,
de la floraison et de la maturation. M. le Maire de la
122 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Chapelle ajoute que les seigles semés en automne sem-
blent moins sujets à l’altération que ceux semés au prin-
lemps.
Et maintenant y a-t-il entre l’ergot et l’ergotisme une
relation directe de cause à effet ?
Selon M. Mouret, le fait suivant, dont il à été témoin,
permet de répondre sans hésitation par l’affirmative.
Un enfant de douze ans, de la commune de Saint-
Romain, lui est présenté ayant le pied gauche atteint de
la gangrène, et néanmoins les parents afhirment qu'il n’a
pu manger du pain fabriqué avec des grains de la récolte
de 185%. Mais, après une enquête approfondie des cir-
constances, M. Mouret acquiert la certitude que cet en-
fant, pour qui la saveur des grains ergotés, qu'il appelait
le blé noir, avait un attrait particulier, avait pu en re-
chercher dans un grenier et en manger ainsi de notables
quantités, aidé qu'il était, dans son choix, par un petit
frère qui n'avait pas le même goût pour cette singulière
nourriture .
M. Mouret termine son travail par une série de propo-
sitions d’où j'extrais les suivantes, qui me semblent plus
particulièrement mériter votre attention et sur lesquelles,
d’ailleurs, l'administration supérieure peut vouloir con-
naître l'avis de la Société.
« Il serait désirable que les questions formulées pour
» l'arrondissement d'Yssingeaux fussent également ré-
» solues pour les autres arrondissements, de manière à
» ce qu'on püt recueillir ainsi les éléments d’un rapport
» général sur cette importante matière.
» IT serait également d’un grand intérêt scientifique
MAI, 193
que les mêmes renseignements fussent demandés aux
départements de la Loire et de l'Ardèche, atteints, dans
des proportions diverses, du même fléau. On pourrait
de la sorte faire de la question de l’ergot et de l’ergo-
tisme l'objet d'un travail spécial à sonmettre au Con-
grès scientifique de France, dont la 22° session doit
se tenir prochainement au Puy.
» N'y aurait-il pas lieu de saisir la Société d’agri-
culture de l'étude des causes qui favorisent le dévelop-
pement de l’ergot, et de charger une commission spé-
ciale de centraliser les observations et les expériences
9
pour celte étude ?
» Il est de la plus haute utilité que des règlements
permanents imposent l'obligation du nettoyage des
seigles, surtout dans les localités où ce grain contient
presque toujours une proportion quelconque d’'ergot.
Une sanction sévère devrait donner toutes les garanties
possibles d'exécution aux prescriptions qui émane-
raient, en ce point, de l’autorité.
» Il y aurait lieu d'informer au plus tôt M. le Ministre
de l’agriculture et du commerce, que des grains de
provenance étrangère contiennent quelquefois l’ergot
dans d'énormes et dangereuses proportions. M. le Mi-
nistre serait invité de la sorte à aviser au plus tôt, en
prenant telles mesures de précaution et de surveillance
qui pourraient lui sembler convenables, »
Telles sont, Messieurs, en résumé, les points qui
m'ont paru les plus importants à signaler dans le travail
de M. le docteur Mouret. Vous les trouverez sans doute,
comme moi, dignes du plus sérieux examen,
124 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
L'Assembtée, vivement intéressée par cette commu-
nication, prie M. le Président d'écrire à M. le Préfet
pour lui demander les renseignements désirés par
M. le docteur Mouret sur l’état de l’ergot et de l’ergo-
tisme dans les autres arrondissements et dans les dé-
partements voisins. Il s’agit là d’une véritable question
de salubrité publique, et il serait à souhaiter que les
instructions publiées à cet égard par M. le Préfet
fussent plus répandues, afin qu'étant connues des ha-
bitants de nos campagnes, leur attention fût spéciale-
ment tenue en éveil.
Beaux-Arts. — M. le Président signale à l'attention
de l’Assemblée un article de la Revue des Beaux-Arts
dans lequel l’auteur, M. Audiffred, énumère quelques-
uns des prix auxquels se sont élevés les bronzes d'art,
d'ornement et de haut ameublement, tous si justement
appréciés, que la mort de Crozatier a livrés au hasard
des enchères, vente qui a produit plus de 250,000 fr.
« Ce résultat ne nous étonne pas, dit M. Audiffred, car
on retrouve dans les œuvres créées ou arrangées par
Crozatier un cachet de sagesse et de grâce, heureux
reflet des grands maîtres dont il avait su s'inspirer. »
Parmi les objets vendus on remarque :
Une grande cheminée en marbre griotte
d'ialie ET AeRE ee Le eress en MOUULE,
Une grande cheminée, style Louis XIV.. 2120
Une paire de grands vases de jardin. .... 4000
Une cheminée en marbre blanc statuaire. 2550
Une paire de grands vases avec anses for-
mées d’enfants....... TS Ut 3450
Deux grands vases en bronze, à têtes de
SALVT OS et iriseinalels se 0 M ee eee ; 9900
Deux lions de grandeur naturelle. ...... 2800
M. le docteur Calemard de Lafayette, après la lecture
de l’article de M. Auditfred, offre à la Société, de la
part de l’auteur, M. Francisque Mandet, conseiller à
la cour impériale de Riom et membre non résidant, la
Biographie de Crozatier. Un extrait de ce travail très-
remarquable est lu immédiatement, et la Société décide
par acclamation que l'ouvrage entier sera imprimé
dans le prochain volume des Annales (1).
M. Oscar Bonnet demande à faire une communica-
tion au sujet du sculpteur Julien. Il s'exprime en ces
termes :
« Julien a été, sans aucun doute, le plus grand sculp-
teur auquel la Haute-Loire ait donné le jour. Né à
Saint-Paulien dans une chaumière, il mourut en 1804
dans le palais du Louvre, où l'Empereur l'avait attiré
par une bienveillance toute particulière. Mais, quoique
au faite des honneurs, il mourut pauvre, et, moins
heureux que son illustre émule Crozatier, malgré
l'immense désir qu'il en avait et qu’il a manifesté bien
(1) Cest afin de satisfaire à ce vif désir exprimé par la Société et
pour livrer plus promptement au public la vie artistique de Croza-
tier, que celte intéressante biograghie a été publiée dans le compte-
rendu de la 22e session du Congrès scientifique de France, tenue au
Puy en septembre 1855.
126 RÉSUMÉ DES SÉANCE®.
souvent dans des lettres qui existent encore, il ne put
léguer à son pays, avec l’immortalité de son nom, un
simple souvenir de son art et de son génie. Le pays ne
l'a pas oublié pour cela, et, si nous regrettons de ne
pas posséder un de ses chefs-d’œuvre, nous conser-
vons précieusement sa mémoire et nous nous glori-
fions de l'avoir vu naître dans nos montagnes. Mais
n'était-il pas nécessaire pour la manifestation de notre
admiration qu'un monument füt élevé pour léter-
niser et pour apprendre une fois de plus à tous que,
quoique sorti d'un rang infime, on peut arriver par
le talent et le génie aux honneurs et à la gloire?
» C'est cette idée, Messieurs, permettez -moi de
vous le dire, qui m'avait frappé maintes fois en par-
courant la modeste galerie de nos hommes illustres
dans notre musée, et c’est en la communiquant à l’un
de nos compatriotes, qui, lui aussi, est l’un de ces
enfants de la Haute-Loire au cœur généreux, que cette
idée a pris un corps, c’est-à-dire est devenue presque
une réalité. De tous côtés, les villes qui peuvent s'enor-
gueillir de la gloire de leurs citoyens, élèvent sur leurs
places publiques des bustes, des statues qui perpétuent
leur mémoire. Je pensai donc qu'il serait digne de
consacrer, dans la Haute-Loire, un premier monu-
ment de ce genre à Julien, à celui qui, parti obscur
de nos montagnes, s’est élevé, sans autre appui que
son talent, au sommet des grandeurs artistiques. Le
confident de cette pensée , Messieurs, s'en est emparé
par son côté matériel, et c’est en son nom que je ne
puis vous faire connaître, parce qu’il m'est interdit de
le divulguer, que je viens vous faire part du projet.
MAI. 197
» Il s’agit d'élever un buste à Julien sur la place
publique de Saint-Paulien, sa ville natale. Le modeste
anonyme, dont la générosité grandit par le silence
dans lequel il veut laisser son nom enseveli, offre
200 francs pour faciliter l'érection de ce monument.
Il a pensé en même temps qu'il ne pouvait être exé-
cuté convenablement que sous la direction spéciale de
la Société académique, la protectrice naturelle de tout
ce qui se fait de beau, de grand et de noble dans le
pays. Je viens donc vous prier, Messieurs, de vous
associer à cette heureuse idée, en acceptant la direc-
tion de l’entreprise, et de nommer une commission
qui aurait pour mandat de prendre toutes les me-
sures nécessaires pour que le monument soit digne
tout à la fois et de Julien et du pays qu'il a illustré.
» Cette commission aurait d’abord à s'occuper de
l'emplacement et des frais d’érection. Quant au prix
du buste, d’après des renseignements que nous nous
sommes procurés , il serait de 300 fr. pour un buste
de grandeur naturelle, en fonte de fer, et de 500 fr.
en bronze. Si l'on veut un buste plus grandiose et
plus monumental, il faudrait alors renoncer à em-
ployer comme modèle celui en marbre, sculpté par
Experton, que nous avons au Musée, et s'adresser à
un artiste qui se chargerait d'en créer un autre; mais
ce serait, sans aucun doute, se jeter dans une entreprise
trop dispendieuse, qui, il est permis de le prévoir,
dépasserait les ressources sur lesquelles nous pouvons
compter. Dans tous les cas, quelle que soit votre
décision à cet égard, Messieurs, il est évident que la
somme de 200 fr. offerte par l’anonyme est insuffi-
128 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sante. Mais pourquoi ne s’adresserait-on pas à l’Em-
pereur ? Julien est mort au Louvre, où il habitait
comme favori de Napoléon Ier, et M. le Préfet, auquel
ce projet a été communiqué, a pensé qu'une pétition
serait accueillie favorablement. La Société, si ses
ressources le lui permettait, ne voudrait-elle pas aussi
contribuer à cette œuvre nationale ? Cette année, ilest
vrai, elle a besoin de tous ses fonds pour le Congrès,
mais peut-elle laisser ériger un monument à une illus-
tration du pays sans prouver en même temps, par une
allocation si faible qu'elle soit, que s’il est dans ses
attributions de protéger les arts, ses efforts à cet égard
sont constants, et qu'elle regrette même de n’avoir pas
à sa disposition des moyens plus puissants pour que sa
protection soit plus efficace ? »
Après cette communication de M. Bonnet, M. le Pré-
sident, au nom de la Compagnie, remercie l’anonyme
de son offre généreuse : « La Société, dit-il, doit, il est
vrai, ménager toutes ses ressources pendant le cours
de cette année, à cause des nombreuses dépenses que
nécessite la tenue du Congrès; mais elle ne voudrait
pas néanmoins qu'un buste fût érigé à Julien, sans
donner un témoignage matériel de l'admiration qu’elle
professe pour cet illustre statuaire. »
L'assemblée consultée est complètement de l'avis de
M. le Président.
M. le docteur Borie approuve aussi l'érection d’un
buste à la mémoire de Julien, mais il pense que l’ano-
nyme , dont il regrette, comme tous, de ne pas connaïi-
tre le nom, n'aurait pas dû s'adresser à la Société. « Il
MAI. 129
s’agit, dit-il, d’un monument à élever dans la ville de
Saint-Paulien. Il aurait donc été plus naturel d'en
charger le conseil municipal de cette commune, qui
seul est compétent et sans le consentement duquel on
ne pourra rien faire. »
M. Bonnet répond que l’anonyme n’a pas soumis le
projet au conseil municipal de Saint-Paulien, parce
qu'il lui a semblé au contraire plus rationnel, lorsqu'il
s'agissait d’une œuvre d'art, que la direction en fût
confiée à la Société académique ; et que, si la Com-
pignie ne pouvait pas ou ne voulait pas s’en charger,
il ne donnerait vraisemblablement aucune suite à son
projet et retirerait la somme de 200 fr. qu'il offre à la
Société seule. Du reste, M. le Maire de Saint-Paulien
a été consulté verbalement, et il a chaleureusement
approuvé cette proposition, en exprimant à M. Bonnet
combien il serait heureux si la Société académique du
Puy acceptait la mission qu'on veut bien lui confier.
M. Borie demande qu'on n’entreprenne rien sans
avoir par écrit l'assentiment du maire et du conseil
municipal de Saint-Paulien.
La Société considère cette opinion comme très-pru-
dente, et il est arrêté que le Secrétaire en écrira à
M. le Maire de Saint-Paulien.
CONSERVATION DES MONUMENTS. — M. le Président
rappelle que l'église de Langeac possède des stalles
sculptées extrèmement remarquables et qui mé-
ritent d’être placées au premier rang de nos boiseries
artistiques. « On m'a rapporté, dit M. de Brive, que
TOME XX. 9
130 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ces stalles viennent d’être mutilées par M. le Curé de
Langeac, sous le prétexte que, placées trop en avant
des murs de clôture du chœur , elles gènaient la circu-
lation. Get acte regrettable ne peut ainsi passer ina-
perçu , et c’est avec raison que la Société doit s’en
alarmer. Il serait donc nécessaire d’en prévenir Mgr de
Morlhon, évèque du Puy, et de solliciter son inter-
vention, sinon pour réparer ce qui est probablement
irréparable, au moins pour empêcher qu'un si re-
grettable abus ne se renouvelle. »
M. Aymard dit que ces belles stalles appartiennent,
par le style du décor , à l’époque de la Renaissance.
Outre le mérite remarquable de la sculpture, elles sont
très-intéressantes, parce qu'on y observe une curieuse
association des formes gothiques à leur déclin et celles
qu'avait introduites dans notre pays, déjà depuis plu-
sieurs années, la Renaissance italienne. Du reste, uné
inscription sculptée en relief sur l’un des panneaux et
que M. Aymard a publiée dans les Annales de la So-
ciété, assigne la date de ces boiseries à l’an 1526.
C'est donc un type d'art et d'époque à conserver avec
les plus grands soins.
M. Hippolyte de Vinols ajoute que cet acte de muti-
lation est d'autant plus à déplorer que, derrière ces
stalles, étaient appliqués de curieux pamphlets re-
montant sans doute au temps de la Ligue, et qui, par
suite du déplacement des stalles, doivent avoir dis-
paru.
La Société décide qu'il en sera écrit à Mgr l’Evêque.
OBJETS DIVERS. — En terminant la séance , M. le Pré-
MAI. 131
sident fait remarquer que, par la nomination de
M. l'abbé Alirol, la Société académique se compose de
cinquante membres résidants, nombre qu'elle ne
peut dépasser aux termes de son règlement. Il en
résulte qu'à l'avenir, il ne pourra y avoir de candida-
tures à discuter que par suite du décès, du départ ou
de la démission d’un des membres actuels.
La séance est levée à six heures et demie.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 4° JUIN.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvraces neçus: lettre de M. de Brive
sur le Congrès, insérée dans la Revue des Beaux-Arts ; eloge des
Annales de la Société académique du Puy, par la Société de Vau-
eluse; article de M. Martha-Becker sur le concile de Clermont;
observations de M. Aymard au sujet de l’un des membres de cette
assembl'e, Adhémar de Monteil, évéque du Puy; des insecles co-
léoptères du département, par M. Jules Pradier; don, par
M. l'abbé Marmeisse, d’un livre intitulé: Disquisilionum ma-
gicarum libri sex ; remerciments; demande, par M. Aymard, à
M. le Ministre d'Etat, de la Rome souterraine. — AGRICULTURE :
emploi du sorgho comme plante fourragere ; de la poire de
Saint-Germain; rapports sur les épizooties, par MM. Gire et
Pascal, vétérinaires ; nomination d’une commission pour examiner
ces rapports. — EcoXomiE PUBLIQUE : empoissonnement du lac du
Bouchet, réponse de M. le Préfet sur la question de propriété du
lac; rapport sur le crédit agricole, par M. Ernest Richond : rap-
port sur la caisse d'épargne, par M. Souteyran. — MérTéonoLoGIE :
observations météorologiques, par M. Azéma ; destruction des hi-
rondelles, explications données par M. Martel; de la théorie des
vents, par M Azéma.— Musée : démarches de M. de Brive au-
près de Mme Crozatier, au sujet de la reconstruction du Musée;
plan du Musée-Crozatier, études de ce projet par M. Pradier, vifs
remerciments de la Société; remerciments à M. Aymard et à
M. de Nicuwerkerke pour le don de moulagrs de statues d’après
l'antique ct do la Bacchante de Cubizolles ; hommage par M. Ay-
JUIN. 133
mard, au nom de M. Barbedienne, de deux réductions de bas-
reliefs du Parthénon ; de la part du Musée d'histoire naturelle de
Paris, d’une reproduction de mâchoire inférieure de monacrum
Velaunum, et don, par M. Aymard, d'un fragment d’antéfixe gallo-
romain trouvé au Puy. — Beaux-ants: erreur commise par la
Revue des Beaux-Aris au sujet de la statue de la sainte Vierge
du Puy; rectification d’après la demande de M. de Brive; buste
du statuaire Julien, lettre du maire de Saint-Paulien , délibéra-
tion du conseil municipal de la même commune ; allocation d'une
somme de 400 fr. par la Société; nomination d’une commission
pour l’érection du monument. — DEMANDE D’aDuission : envoi
d’un ouvrage ayant pour titre : la Muse ottémane, par M. Servan
de Sugny; demande d’adinission comme membre non résidant,
nomination d’une commission.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OUVRAGES REÇUS. — Parmi les ouvrages envoyés à la
Société, M. le Président signale : 1e la Revue des Beaur-
Arts, qui contient une lettre dans laquelle M. de Brive,
notre honorable président et secrétaire général de la
prochaine session du Congrès, appelle l’intérèt des ar-
tistes et des savants sur l’importance de notre pays au
double point de vue archéologique et géologique, im-
portance qui doit donner à la solennité du Congrès un
attrait incontestable ; 2° un Bulletin de la Société aca-
134 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
démique de Vaucluse, dans lequel il est parlé, en
termes élogieux, des Annales de la Société académique
du Puy; 3 les Annales scientifiques de l'Auvergne,
qui renferment un intéressant article de M. Martha-
Becker, sur le concile de Clermont, en 1095.
M. Aymard fait observer que ce concile intéresse
l'histoire du Velay, par le rôle éminent qui y fut at-
tribué à l’évêque du Puy, Adhémar de Monteil. On sait
que ce prélat fut nommé chef des Croisés, avec le titre
de légat du pape. C’est avec les insignes dus à ce haut
rang qu'il est représenté dans la salle des Croisades,
au palais de Versailles.
Dans la mème livraison des Annales de l’Auvergne,
se trouve un mémoire sur les insectes coléoptères du
département du Puy-de-Dôme. « M. Pradier, un de
nos compatriotes qui habite Paris, s'occupe beaucoup,
dit M. le Président, de cette partie des sciences natu-
relles, et a promis de nous adresser incessamment le
catalogue des coléoptères de la Haute-Loire (1). »
M. l'abbé Marmeisse, de Langeac, fait don à la So-
ciété d’un livre intitulé : Disquisitionum magicarum
libri sex, imprimé en 1612.
La Société, par l'organe de M. le Président, remercie
M. Marmeisse de cet envoi et décide que l'ouvrage sera
placé dans la bibliothèque du musée.
M. le Président présente ensuite deux belles livrai-
sons de la Statistique monumentale de Paris, données
(4) M. Jules Pradier a été reçu membre non résidant de la Société
sur la présentation du catalogue des especes de coléoptères de la
Haute-Loire, travail qui a été inséré dans les Annales, vol. xix.
JUIN. 435
par M. le Ministre de l'instruction publique et que
M. Aymard a bien voulu apporter de Paris.
A cette occasion, ce membre annonce que, pendant
son séjour à Paris, il a écrit à M. le Ministre d'Etat pour
solliciter, en faveur de la bibliothèque de la Société,
l'obtention d’un magnifique ouvrage publié par le Gou-
vernement et qui a pour objet les monuments de Rome
souterraine. Cette demande a été accueillie avec fa-
veur dans les bureaux du ministère, et il y a lieu
d'espérer une solution favorable.
AGRICULTURE. — Le Bulletin agricole du Var renferme
un article sur le sorgho, plante nouvellement intro-
duite en Europe et qui paraît destinée, par ses pro-
priétés, à remplacer la betterave dans le midi et une
partie du centre de la France, soit comme plante su-
crière, soit comme plante fourragère. Par cette double
spécialité, le sorgho se recommande aux agriculteurs
de notre département, où son importation rendrait
peut-être de grands services.
Le Journal de la Société centrale et impériale
d'horticulture contient un article sur la poire dite de
Saint-Germain, qui, au dire de l’auteur, n’aurait pas
dégénéré, mais exigerait, pour être constamment
bonne, des conditions de sol, de climat et de taille qui
manquent souvent à la culture de l'arbre.
M. le Préfet a adressé à M. le Président deux rap-
ports de MM. Gire et Pascal, vétérinaires, concernant
les épizooties, en le priant de lui faire connaître l'opi-
136 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
nion de la Société sur ces mémoires, avant la session
du Conseil général.
Une commission, composée de MM. les docteurs
Cal. de Lafayette, Martel, Dugaray et Borie, est chargée
de les examiner et de faire un rapport à la prochaine
séance.
ECONOMIE PUBLIQUE. — Le 10 décembre 1854, M. le
Président avait écrit à M. le Préfet afin d'appeler son
attention sur les avantages que présenterait l'empois-
sonnement du lac du Bouchet, et lui signaler la néces-
sité, pour atteindre ce but, de rechercher d’abord les
véritables propriétaires du lac (1). M. le Préfet, désireux
de faciliter des expériences qui, si elles réussissaient,
offriraient pour le département de précieuses res-
sources d'approvisionnement, informe la Société qu’il
a ordonné une enquête, de laquelle il semble résulter
que le lac du Bouchet et ses rivages appartiennent aux
communes de Cayres et du Bouchet-Saint-Nicolas.
Ces renseignements seront transmis à M. le Sous-
Inspecteur des eaux et forèts du département, avec
prière de prendre les mesures les plus propres pour
obtenir la soumission au régime forestier des terrains
qui bordent le lac, afin d'assurer la surveillance simul-
tanée des bois et des eaux lorsque l’empoissonnement
aura été opéré.
M. Ernest Richond avait été chargé, dans une séance
précédente, d'examiner un mémoire sur le crédit agri-
(1) Voyez p. 27 du présent volume, séance de janvier.
JUIN. 137
cole, par M. Constant, de Thiers. M. Richond adresse
à cette occasion le rapport suivant :
MESSIEURS,
Dans l’une de vos dernières séances, vous avez chargé
une commission, prise dans votre sein, d'étudier un
projet relatif à l'établissement de banques agricoles, pré-
senté par M. Constant, avocat à Clermont.
Rapporteur de cette commission, je viens vous faire
connaître, en quelques mots, le résultat de son travail.
Vous le savez, Messieurs, l'organisation du crédit
agricole est réclamée depuis longtemps comme une né-
cessité. L'infériorité de l’agriculture de la France tient
en effet, en grande partie, à l'absence des capitaux et
aux conditions onéreuses imposées aux propriétaires em-
prunteurs.
On se plaint, avec raison, de l'usure qui dévore Îles
campagnes ; mais cette plaie de l’agriculture, que des
lois sévères sont impuissantes à diiruire, ne disparaîtra
que du jour où le crédit agricole sera complètement
organisé.
L'organisation du crédit agricole sera le complément
indispensable des instituts agronomiques ; car pour fé-
conder le sol, il ne faut pas seulement de l'intelligence,
il faut aussi des capitaux, et des capitaux à des conditions
favorables.
Déjà le crédit foncier a pu rendre des services incon-
testables, nonobstant les obstacles qu'une institution
nouvelle a toujours à surmonter à sa naissance, et les
138 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
suites inévitables d'une guerre européenne qui sont ve-
nues la surprendre à son berceau.
Bien qu'il ne fonctionne que depuis deux ans, on com-
mence à entrevoir le moment où il pourra rendre de plus
grands services.
L'avenir de cet utile établissement n’est pas douteux :
soixante millions ont été prêtés par cette institution.
C’est peu sans doute pour éteindre une dette de plus de
huit milliards, mais s’il n’a pas fait davantage, s’il n’a
pas tenu tout ce qu'il promettait, pouvait-il faire mieux
dans les circonstances où il s’est trouvé, je vous le
demande ?
Une lutte énergique existe entre d'anciens et de nou-
veaux usages. Le capitaliste aime toujours mieux le prêt
hypothécaire, malgré ses formes gônantes, parce qu'il lui
procure l’hypothèque spéciale, c'est-à-dire une hypo-
thèque qui n'appartient qu'à lui seul, dont il connaît la
q ,
force et le rang; en un mot, il préfère toujours un
gage particulier à un gage général et commun à un grand
uombre.
Cette opinion sera l'obstacle le plus fort pour les prêts
du crédit foncier, car il ne peut prêter lui-même s’il n’est
as emprunteur et si, à ce litre, il n'obtient pas l'argent
P P ane , NASPRIS
du public.
Pour vaincre cet obstacle, il n’y aurait qu'un seul
moyen, el ce moyen serait, à mon avis, que l’état voulût
bien accorder, peadant dix ans, une garantie de # p. 0/0
d'intérêt aux obligations foncières, à l’imitation de celle
qu'il accorde à certaines entreprises de chemin de fer;
l'état n'aurait point à courir de risques réels, puisque les
JUIN. 139
propriétés hypothéquées pour moitié seulement offrent
sans contredit le gage le plus soli le et le plus certain.
Ces obligations vaudraient alors au moins autant, pour
ne pas dire pius, que ce que valent les bons du Trésor,
les billets de la banque de France, et elles seraient re-
cherchées avec la même faveur après quelques années de
circulation.
Eufin il en sera de cette tutélaire institution comme
de tout progrès, c'est-à-dire qu'elle procèdera lentement
en réalisant des résultats certains, et le temps seul pourra
assurer son développement.
Le crédit, qui n’est autre chose que la confiance, ne
s'obtient pas en un seul jour; ce n’est que peu à peu qu’il
prend racine, grandit, et pousse au loin des rameaux
vigoureux.
Il en sera de même, Messieurs, de la nouvelle banque
agricole dont j'ai à vous entretenir. Le crédit foncier,
par sa nature et les formalités dont ses prêts sont en-
tourés, ne peut venir en aide qu'à la grande propriété,
à celle qui n'est point obérée. Il n'en rendra pas moins
de grands services à l’agriculture en procurant à cette
propriété les ressources qui lui manquent souvent pour
féconder son sol et améliorer sa culture.
Le crédit agricole doit être la providence de la moyenne
et de la petite culture, qui représentent en France l'im-
mense majorité des propriétaires, des fermiers et des
cultivateurs. Ces agents si nombreux de l’agriculture
sont en général dans la détresse et demandent à l'usure
le capital nécessaire à leur exploitation. Aussi leur situa-
tion empire-t-elle d'année en année et le progrès agricole
140 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
est-il complètement enrayé dans leurs mains. M. Constant
poursuit done un but vraiment utile en cherchant à ra-
mener vers cette partie du sol, par tous les moyens pos-
sibles et par les plus ingénieuses combinaisons, les capi-
taux, sans lesquels le cultivateur le plus intelligent et le
plus laborieux serait souvent arrêté dans le développe-
ment de son industrie, et l'agriculture éternellement
condamnée à l'impuissance.
Ainsi, il est incontestable qu'une des premières causes
de l’état arriéré de l’agriculture en France est dans l’in-
suffisance du capital roulant dans les mains de la plupart
des agriculteurs. On peut signaler l’état improductif où
reste telle propriété faute d’être mise en œuvre convena-
blement par une industrie active, c’est-à-dire par des ca-
pitaux. Sur cette propriété, 1,000 fr. dépensés en bétail
eten fourrages ou travaux d'amélioration, par exemple,
rapporteraient bien plus que l'intérêt normal de cette
somme ; ils ajouteraient directement à la puissance pro-
ductive de la terre elle-même. Si ces 1,000 fr. manquent,
on peut dire avec raison que le cultivateur perd tout ce
qu'il ne gagne pas; car dans les affaires on perd tout ce
qu'on manque de gagner d’une manière aussi sûre.
Le projet d’une banque agricole doit donc réjouir les
amis de l'agriculture, puisque au moyen de cette institu-
tion on pourra venir en aide à la petite propriété et au
crédit agricole mobilier.
Cette institution est appelée à rendre d'immenses ser-
vices aux fermiers, à la partie la plus intéressante des
petits propriétaires cultivateurs qui ne peuvent pas ac-
tuellement recourir au crédit foncier. Au moyen de cet
étab'issement, ils pourront agrandir leur pelit trafic et
JUIN. 141
acheter des bestiaux en suffisante quantité pour garnir
leurs domaines et faire consommer tous leurs fourrages,
seule manière de faire de la bonne agriculture.
Le crédit mobilier agricole n'existe pas encore. Il se-
rait pour les campagnes ce que sont pour les villes les
monts-de-piété.
Il empécherait l’avilissement des récoltes dans les an-
nées de fertilité, puisque le propriétaire, en s'adressant
à lui, pourrait attendre le moment favorable à la vente,
et il constituerait une réserve considérable, sans frais,
chez tout propriétaire qui emprunterait sur ses récoltes
ameublies, pour les temps de crise et de disette. On
établirait, par ce moyen, de véritables greniers d’abon-
dance, et le pays n'aurait pas à se repentir d’avoir livré
ses produits à l'exportation, dans les années d’abon-
dance, pour les redemander à l'importation avec des frais
constituant une perte considérable dans les années de
disette.
Le crédit mobilier agricole offrira aux prêteurs plus
de solidité que le crédit industriel et commercial, puis-
qu'il opère sur nantissement ; ce n'est plus une con-
fiance illusoire qu’on demande aux prêteurs, et qu'un
emprunteur obtient souvent par des manœuvres habiles,
par l’étalage d’un grand luxe ou par l'éclat d’une haute
intelligence, présage souvent trompeur d'un avenir
séduisant.
Pourra-t-on appréhender que le gage soit détourné ?
mais doit-on plutôt supposer le dol ou la fraude de la
part du propriétaire rural, sobre en général dans ses
goûts comme dans ses dépenses, que de la part de l'habi-
tant des villes? Et ne voyons-nous pas chaque jour, chez
149 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
nous, constituer à la garde des objets saisis la partie au
préjudice de laquelle la saisie a été opérée, et cela même
dans un moment bien défavorable pour elle, puisque
déjà elle se trouve en état de suspicion, chose qui n’exis-
tera pas au moment du prêt et qui, par cela même, évitera
bien des chances défavorables.
La banque agricole, outre les prêts sur nantissement,
a pour but de prêter sur les immeubles liquidés par ses
soins.
Le minimum des prêts sur mobilier est de 50 francs.
Le prêt sera fait à un an de terme, l'intérêt et les frais
de commission ne devront point excéder 5 fr. 50 c. p. 0/0,
retenus d'avance sur les sommes prêtées.
La banque agricole prêtera des sommes qui ne dépas-
seront pas Les deux tiers de leur valeur sur les immeubles
liquidés; le prêt sera réduit à moitié de cette valeur sur
les maisons.
Le prêt sera stipulé remboursable en 24 annuités de
7 p. 0/0 chacune, comprenant 4 p. 0/0 d'intérêt, 50 cen-
times pour frais d'administration, et 2 francs 50 centimes
pour l’amortissement capitalisé à 4 p. 0/0.
Pour arriver à l’organisation et à l'établissement de la
banque agricole, M. Constant propose plusieurs moyens :
1° De mobiliser le plus possible les sommes prêtées,
en les rendant réalisables au moyen de certificats de li-
quidation et d'obligations à ordre, essentiellement négo-
ciables, créés sur les biens liquidés, et donnant droit à
un intérêt de 4 p. 0/0. Il sera facile à l’agriculteur de
payer cet intérêt, parce qu'il est plus en rapport avec ses
revenus.
20 De faire procéder, devant le juge de paix, aux or-
JUIN. 143
dres, avant la vente, de manière à la voir s'effectuer à de
meilleures conditions, parce qu'alors les créanciers ayant
la faculté de faire liquider leur débiteur à une époque où
la situation est bonne, ils’ n'auraient rien à perdre et
qu'ils seraient sûrs de rentrer dans leurs fonds, au plus
tard dans quatre ou cinq mois, temps plus que suflisant
pour faire l’ordre et opérer la vente.
M. Constant s’est appliqué à démontrer, et cela est
facile à comprendre, dans le projet de liquidation de la
dette hypothécaire, combien il serait avantageux de la
soustraire à l’action énervante et ruineuse de la justice
contentieuse, pour la déférer particulièrement à son ac-
tion administrative, qui est moins coûteuse, plus prompte
et plus efficace.
« L'ordre provisoire, dit-il, n'ayant rien de litigieux,
il n'y a aucune nécessité d’en attribner la confection à un
juge du tribunal de première instance, qui se trouvera
dans une fausse position pour en juger les contredits,
ayant pu arrêter une opinion sans connaître les débats. »
Les contestations qui pourraient surgir pendant qu’on
procèderait à l’ordre devront être jugées par les tribu-
naux de première instance, en dernier ressort, pour
éviter les frais considérables de l'appel de ces décisions
devant les cours impériales.
Ces jugements des tribunaux de première instance ne
seront pas sans contrôle, ils pourront être déférés à la
cour de cassation. L'article 88 du décret projeté les sou-
met à une amende de 50 francs, au lieu de 150 francs
qu'il faut consigner. M. Constant abrège également les
formalités à suivre devant le tribunal suprême.
3° Enfin, pour compléter les moyens propres à l’orga-
144 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
nisation de cette banque, M. Constant propose de substi-
tuer au moyen odieux de dépouiller un débiteur malheu-
reux par l’expropriation, le projet de faire procéder,
devant le juge de paix du cañton, à la vente volontaire,
consentie ou reconnue nécessaire par la majorité des
créanciers intéressés à enchérir concurremment avec tous
les propriétaires voisins.
Le travail consciencieux de M. Constant méritera l’ap-
probation de tous les hommes désireux de voir l'agricul-
ture sortir de ce dédale obscur de nos lois hypothécaires,
afin de rendre à la propriété immobilière la puissance de
crédit qu’elle doit avoir.
Le morcellement de la propriété commença à s’opérer
en 1789 sur les ruines de la féodalité; il n'était pas
encore accompli lors de la rédaction du code Napoléon,
en 1803 et 1806. Le législateur ne pouvait le prévoir au
moment de la publication de nos codes.
Il eu est résulté que ces lois, faites pour être appli-
quées à des propriétés d’une grande étendue, ou au moins
d'une étendue moyenne, ont prescrit des formalités
longues et coûteuses qui ne peuvent plus équitable-
ment être appliquées à des propriétés beaucoup moins
considérables.
Depuis ces dernières années, ces inconvénients ont
frappé le législateur ; des changements avantageux ont
été introduits dans nos codes; chaque jour le conseil
d'Etat et les assemblées législatives sont saisis de nou-
veaux projets et apportent à notre législation de nouvelles
modifications compatibles avec les usages établis et en
rapport avec l’état actuel de la société.
Cependant, dans les réformes proposées par M. Constant,
JUIN. 145
il existe, selon moi, un inconvénient extrêmement fà-
cheux, c’est de procéder par des voies d'exception et de
privilège; la loi peut utilement intervenir en donnant à
la propriété une base plus solide et une procédure plus
simplifiée pour sa liquidation. La banque agricole ne
doit pas seule profiter de ces avantages. Les lois doivent
toujours constituer le droit commun du pays.
La direction nouvelle que semblent prendre de plus en
plus les capitaux vers l’industrie et le commerce, me font
proclamer plus que jamais, comme j'ai eu l'honneur de
vous le dire plus haut, la nécessité des nouvelles institu-
tions de crédit, qui ont pour but de ramener les capitaux
vers le sol et surtout vers la petite culture.
Permettez-moi de citer ici l'opinion d’un écrivain et
d'un économiste distingué, sur cette importante et déli-
cate question du crédit agricole, M. Wolowski : « Ce
» n'est pas le numéraire, l’agent de la circulation, dit
» ce célèbre publiciste, qui manque en France, il est
» seulement mal réparti, mal distribué. Le défaut d’insti-
» tution de crédit convenablement organisée empêche la
» demande de se rencontrer avec l'offre, il yaen même
» lemps engorgement et insuflisance des moyens d’é-
» change. Un vaste système de banques de circulation
» fondées sur les points principaux du territoire et re-
» liées à un centre commun, à une banque mère, peut
» seul y porter remède.
» On pourra établir, à côté des institutions de crédit
» foncier, des banques agricoles consacrées à vivifier les
» diverses industries accessoires de l'exploitation du sol,
» et surtout l'élève du bétail. Il existe en Allemagne, et
» surtout en Wurtemberg, en Bavière et dans le grand
TOME XX. 10
146 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
» duché de Bade, des embryons d'institutions analogues,
» sous le nom de Caisses de prêt pour l'élève du bétail.
» Celles-ci avancent les fonds nécessaires pour l'achat
» des bestiaux. Mais il ne faut jamais perdre de vue une
» condition essentielle : les banques agricoles ne devront
pas avancer les fonds destinés à s'immobiliser dans la
» propriété, mais seulement les fonds de roulement des-
tinés à se renouveler fréquemment. »
Mais le crédit agricole doit-il se borner à prêter sur le
mobilier et les récoltes des agriculteurs, comme le pré-
tend l’ancien directeur du crédit foncier ? Non; car, or-
ganisé ainsi, il ne pourrait profiter suffisamment à la
petite propriété, pour laquelle il aurait été fondé. Le
cultivateur peu fortuné consomme généralement tous ses
produits et ne peut les mettre en réserve pour les enga-
ger ; en restreignant ainsi les opérations de la banque
agricole, la petite propriété ne pourrait profiter ni du
crédit foncier, ni de la banque du crédit agricole.
En élargissant la base des opérations de la banque
ü
ÿ
agricole, on ne créera pas une concurrence au crédit
foncier, qui ne vient encore en aïde qu'à la grande et à
la moyenne propriété, et cette concurrence pourrait-elle
exister un jour, qu'il n’y aurait rien de fàcheux pour ces
deux institutions; « elles ne parviendront jamais, comme
dit Josseau, dans son Traité sur le crédit foncier, à sou-
lager tous les maux de l’agriculture et à procurer aux
cultivateurs toutes les sommes qu'ils demandent à l'usure
dans les temps de crise ou de disette. »
M. le Président donne ensuite la parole à M. Sou-
teyran pour faire connaître à la Société les opérations
JUIN. 147
de la caisse d'épargne pendant le cours de l'année 1854,
et expliquer les causes de la diminution dans le chiffre
des placements. M. Souteyran s'exprime en ces termes :
MESSIEURS,
Pour obéir à l’article 20 des statuts de la caisse
d'épargne, je viens vous soumettre le tableau de ses
opéralions durant 1854.
Depuis 1849, la eaisse d'épargne avait suivi une
marche constamment ascendante; aujourd'hui la scène
change, et je me vois obligé de vous annoncer un mou-
vement rétrograde assez important.
La caisse à reçu, en 993 versements, dont 272 nou-
veaux , la somme de...... ... 179306 58
Elle a payé en 808 rembour-
sements, dont 278 pour solde. 235767 96
Ce qui donne un excédant des rembourse-
ments sur les versements de..,......... . 56461 38
Le capital dû aux déposants, qui, au 31 décembre
1853, s'élevait à 400,343 fr. 91 c., se trouve donc ré-
(TITRE SRE As MAR ne ES À jetant PAS UE 313882 53
Mais il faut ajouter à cette somme le
montant des intérêts bonifiés aux déposants. 13205 03
Ce qui porte le capital dà au 31 décem-
Bree rRIen A Re ne en Men Dr RAS 357087 56
1145 déposants se partagent cette somme.
Ainsi, le capital a diminué, en 1854, de 43,256 fr. 35,
148 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ou 11 p. 0/0, tandis que le nombre des déposants n’a
baissé que de 6 sur 1,151.
Cette situation présente une différence sensible avec
celle de 1853, qui donnait en livrets une augmentation
de 181, soit 20 p. 0/0, et en capital une augmentation
de 70,652 fr. 82 c., soit 22 p. 0/0.
En supposant que l’année 1854 eût suivi le même
progrès, si des circonstances particulières ne fussent
venues lui imprimer une direction opposée, la perte
réelle éprouvée par la caisse d'épargne, en tenant
compte de la diminution existante et de l’augmentation
qu'elle aurait pu atteindre, peul être évaluée en livrets
à 187, et en capital à 114,000 fr. Cette appréciation n'a
rien d'exagéré, car le mouvement de 1853, qui est pris
ici pour type, est inférieur à celui des années précé-
dentes.
On se rend facilement compte des causes de ce déficit
en analysant le crédit des différentes classes de déposants
et le comparant à ce qu'il était au 31 décembre 1853.
Permettez-moi, bien que les caleuls soient quelquefois
fastidieux, de vous introduire dans ce détait de chiffres,
je serais fâché de dérober à votre curiosité le spectacle le
plus intéressant peut-être de la caisse d'épargne, l’acti-
vité et l'importance du mouvement des fonds versés et
retirés par chaque classe de déposants.
Je suis, pour l'ordre, celui des tableaux fournis au
Gouvernement.
Les ouvriers avaient, au 31
décembre 1853...... dr Rte 89126 06
AMREPOTÉET SE MUR 89126 06
JUIN,
Reports... 89126
Ils ont versé dans le courant de
Pannéemistiann, Hier. RCD UE 37545
Total... ...."126671
IIsiontirelirén eee. . 47885
Reste ....... 781785
À quoi il faut ajouter leur part
ARINTÉRCIS PE Re CL coecce ... 2853
Ce qui porte leur crédit, au 1
décembre 185%, après un mouve-
ment en entrée et sortie de
85,430 fr., 3... 22. ER 81638
Différence en moins sur 1853.
Soit 9 p. 0/0. Les livrets, de
244 sont montés à 252 et pré-
sentent une augmentation de 8.
Les domestiques avaient, au 31
DÉCEMPDTEMISD PAPE ee less 76812
Ils ont versé dans le courant de
lannée. Cie le sien is else 26175
Total. ...... 102987
Iistontretire..#:..... Fee 1128809
Reste....... 741923
En ajoutant leur part d'intérêts. 2704
leur crédit s'élève à........... 76827
Différence en plus
À reporter...., 76827
06
02
94
03
69
72
83
89
01
90
90
119
7487 12
7487 12
150 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
SUR 18D3. 1...
Après un mouve-
ment de 55,039 fr.
52 c., les livrets ont
accru d'un sur 293;
la situation des do-
mestiques a donc été
stationnaire.
Les employés a-
vaient, au 31 décem-
bre 4853: Mr0ece
Ils ont versé... ..,
Ils ont retiré.....
Reste...
Ajoutons leur part
d'intérêts .........
Et après un mouve-
ment de 7670 fr.,
leur crédit se trouve
fixé, au 31 décembre
c'est-à-dire à 2,829
fr. 45 c. de moins
qu'au 31 décembre
Soit environ 26 p.
À reporter...
15 87
76827 90
7487 12
8055 50
2295 »
10350 50
5315 95
4974 55
251 50
5226 06
2829 45
5226 06 10316 57
0/0 de perte. Les li-
vrels ont: diminué de
3 sur 25 ou de 1/82...
Les militaires et
marins avaient, au 31
décembre 1853.....
et fait monter leur
crédit, au 31 décembre
Après un mouve-
ment de 69596 fr. 40
c., il s’est accru de.
Soit 78 p. 0/0.
Le nombre des li-
vrets a augmenté de
16 sur 27, soit 58 p.
0/0.
Les professions di-
verses avaient, au 31
décembre 1853.....
Elles ont versé dans
À reporter... .
JUIN. 151
15 87 5226 06 10316 57
13516 59
39726 19
53242 73
29870 2%
23372 54
666 82
24039 36
10522 77
161152 79
10538 64 161152 79 10316 57
152 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Le montant de leur
part d'intérêts. .....
porte leur crédit, au
31 décembre 1554,
après un mouvernent
de 142194 fr. 97 c., à.
Diminution sur 1853,
Cl... Mnsirémocenmss
Soit 19 p. 0/0.
Les livrets offrent
une baisse dont la
proportion est bien
moindre, 24 sur 401,
soit 6 p. 0/0.
Lesmineurs avaient,
au 31 décembre 1853.
Ils ont versé .....
Total ET e
Ils ont retiré .....
Restérssumt.
Leur part d'intérêts
élève leur crédit ,
À reporter...
10538 64
10538 64%
161152 79
53046 56
214199 35
89148 41
125050 94
5144 »
130195 05
k8579 66
18238 14
66817 80
29923 49
36894 31
1545 14
38439 45
10316 57
30957 74
41274 31
au 31 décembre 1854,
après un mouvement
de 48161 fr. 63 c., à.
IT a baissé de
10,140 fr. 23 c.; ci.
Soit près de 21 p.
0/0.
Les sont
restés au même chif-
fre de 154, 39 nou-
veaux ayant compensé
39 soldés.
Les sociétés de se-
cours mutuels ouvrent
livrets
Elles ont retiré...
Restes ef. 2:
Les intérêts à leur
profit montent à....
et portent leur cré-
dit, au 31 décembre
1854, après un mou-
vement de 6,980 fr.,
c'est-à-dire qu'il a
À reporter. .…
JUIN.
10538 64 38439 45
38439 45
3101 28
2980 »
5381 28
4700 90
680 38
40 45
720 83
10538 64
153
41274 31
10140 23
51414 54
154 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Report LRERRE 10538 64 51414 54
HER LA EE 2380 45
Les livrets, de 7,
sont descendus à 3.
Total des différen-
ces en MOINS....... 53794 99
En déduisant de
cette somme le mon-
tant des différences en
plus fournies par les
domestiques etles mi-
NtAres ere RL LOIS GA ICI... 22 . 10538 64
nous obtenons pour diminution du capital
dû aux déposants au 31 décembre 1854, le
chiffre ci-dessus énoncé de.......... Eee ie 13256 35
Résumons, en les rangeant par ordre décroissant , les
diminutions que je viens d'éliminer suecessivement , et
qui, perdues au milieu d'une suite d'opérations néces-
saires pour vous donner une idée de l'étendue des res-
sources dont disposent les clients de la caisse d'épargne,
peuvent ne plus être présentes à votre mémoire.
Les professions diverses ont perdu...... 30957 74
Les mineurs. 0e. MAR LEP EC EDS .. 10140 23
Les/’ouyriers..:.:.. 2-4 ec0tRe sas 7487 12
Lestemplovés tee PE EC PPREEREER 2829 45
Les sociétés de secours mutuels........ 2380 45
Ensemble Free 53794 99
JUIN. 155
Maintenant à quelle cause attribuer une baisse aussi
considérable dans ces différents crédits ?
Evidemment il y en a de plus d'une sorte, mais les
plus palpables sont l'emprunt de 250 millions effectué
dans les premiers mois de 1854 et la cherté des subsis-
tances.
Nul doute que l'emprunt n'ait frappé sur les profes-
sions diverses et les mineurs, en attirant à lui, par l’appât
d'un intérêt plus fort, la plupart des capitaux de place-
ment que contiennent les dépôts de ces deux classes.
L'importance de la somme retirée, les retraits les plus
nombreux opérés précisément aux époques fixées pour le
paiement des termes de l'emprunt, le prouvent d’une
manière surabondante.
Le déficit des ouvriers et des employés provient de la
cherté des subsistances. Les uns et les autres ont dû de-
mander à l'épargne le supplément nécessaire à la vie que
ne pouvait donner un prix de journée ou un traitement
invariables.
La cherté des subsistances a dû exercer aussi quel-
que action sur certains déposants d: ; rofessions diverses,
et je ne la crois pas étrangère à l’immobilité du fonds des
domestiques.
Les domestiques n'aiment guère les placements défini-
tifs ; ils préfèrent conserver la disponibilité de leur pécule
pour l’époque où ils prendront une position plus fixe. La
rente n'a donc pu les séduire. S'ils n’ont pas versé à la
caisse d'épargne, c’est que les maitres, génés par l’aug-
mentation de leurs dépenses de ménage , ont été moins
exacts à payer les gages, et ils n’ont pu apporter à la
caisse ce qu'ils n'avaient pas reçu
156 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Quant aux sociétés de secours mutuels, elles tendent à
liquider, par suite d'une nouvelle organisation, sur une
plus vaste échelle.
Les militaires seuls présentent une situation en pro-
grès, et cela s'explique facilement par le nombre et le
prix actuellement plus élevés des remplacements.
A quelque point de vue que l’on se place dans l'étude
des opérations de la caisse, on constate partout le même
pas en arrière.
Ainsi , les premiers versements sur nouveaux livrets,
d'après lesquels le Gouvernement dresse ordinairement
ses statistiques, établissent une supériorité de 1853 sur
1854 :
Pour les ouvriers, de 38 en livrets ou 60 p. 0/0, et de
6,800 fr. en somme, environ 50 p. 0/0 ;
Pour les domestiques, de 39 en livrets ou 60 p. 0/0, et
de 6,800 fr. en somme, environ 50 p. 0/0;
Pour les employés, nulle en livrets, et de 1,840 fr. en
somme , ou 220 p. 0/0 ;
Pour les professions diverses, de 64 en livrets, un peu
plus de 5C p. 0/0, et de 17,693 fr, en somme, ou 128
p- 0/0 ;
Pour les mineurs, de 7 en livrets ou 20 p. 0/0, et de
2,555 fr. en somme ou 58 p. 0/0.
Le compte des militaires, par le motif déjà donné, fait
seul contraste à cet abaissement général ; il dépasse celui
de 1853 en livrets de 25 ou 285 p. 0/0 (près du triple), et
en somme de 21,896 fr. ou 800 p. 0/0 (8 fois la somme).
Ces faits confirment ce que nous avons dit relativement
aux causes de la décroissance qu’a subie le capital de la
caisse d'épargne, surtout à l’égard des domestiques, dont
JUIN. 187
le concours à faibli d’une manière notable, et ne peut
s'expliquer que par le défaut d'argent, suite du non-paie-
ment de tout ou partie de leurs gages.
Il ne faudrait pas, en présence de cette situation tout
à fait contraire aux précédents de la caisse depuis 1849,
en induire que l'institution a fait son temps et qu'elle
commence à décliner. Si l'évènement fût arrivé sans cause
apparente, on pourrait le craindre; mais des circonstan-
ces aussi puissantes que celles de l'emprunt et du haut
prix des denrées devaient nécessairement réagir sur
elle.
Du reste, Messieurs, la brèche tend à se réparer : les
cinq mois qui viennent de s'écouler présentent, sur les
mois correspondants de 1854, une grande amélioration.
En 1854 , la caisse perdait dans cet intervalle
56,811 fr. 35 cent , tandis qu'elle gagne en 1855, sur
les remboursements, 16,716 fr., sans aucun préjudice
pour le mouvement des fonds, car il a été de 191,560 fr.
16 cent., tandis qu'il n'avait été précédemment que de
101,939 fr. 87 cent., soit un boni de 89,620 fr. 29 c.
ou 89 p. 0/0.
D'un autre côté, grâce à la salutaire impulsion de
M. le Préfet, elle est sur le point d'étendre ses bien-
faits dans tout l'arrondissement. La ville de Craponne
jouit d’une succursale depuis le # mars dernier. Plusieurs
autres chefs-lieux de canton sollicitent la même faveur.
Mais il a paru sage de ne pas précipiter les choses et
d'attendre le résultat de celle de Craponne avant d’en
fonder de nouvelles. Mise ainsi à la portée des popula-
tions environnantes, la caisse d'épargne va prendre un
nouvel essor et féconder un plus grand nombre de
158 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sueurs. Quelle transformation un aussi grand avantage
ne peut-il pas produire dans les mœurs de nos monta-
gnes ?... A l'irrégularité des dépenses et aux entraine-
ment du cabaret, succèderont les habitudes d'ordre et
d'économie, uniques sources de l’aisance et du bonheur
domestiques, et nous ne verrons plus la gène et la dé-
tresse exercer aussi souvent leurs tristes ravages chez nos
agriculteurs.
N'entonnons cependant pas trop tôt le chant de triom-
phe; la caisse d'épargne n’est pas assez connue , et les
ronces pousseront encore quelque temps sur la route qui
y conduit avant que les gens de la campagne s’y précipi-
tent en foule. On ne peut se le dissimuler, avec les habi-
tudes routinières qui les caractérisent, leur peu de sym-
pathie pour tout ce qui porte le cachet de la nouveauté,
les commencements des succursales seront lents et péni-
bles. Ce n'est que lorsque l'expérience leur aura appris
combien est précieuse une institution qui, recevant en
dépôt jusqu’à une pièce de { fr. pour la féconder, leur
facilite l'accumulation de la somme que réclament le
paiement d’un prix de ferme, les améliorations à faire
dans leur mode de culture , le perfectionnement de leur
outillage ou l'achat de leur bestiaux, qu'ils la fréquente-
ronl avec empressement.
Ainsi la succursale de Craponne, qui semblait placée
dans les meilleures conditions de succès , paie son tribut
d'acclimatation. Ouverte depuis le # mars, elle ne pos-
sède encore {au 2% juin 1855) qu'un modeste actif de
1,800 fr. réparti entre 31 livrets, dont 20 de 1 fr. ont
été donnés en cadeau par M. Falcon à ses ouvrières, le
jour même de son inauguration.
JUIN. 159
Peut-être les circonstances ne sont-elles pas favorables,
et devons-nous espérer qu'aussitôt que la vie sera devenue
moins difficile et que la fabrique de dentelles aura repris
sa prospérité, elle marchera avec plus de vitesse dans la
voie du progrès.
Telle est, Messieurs , la situation actuelle de la caisse
d'épargne , et si je voulais la résumer en deux mots , je
dirais : il y a baisse passagère dans le présent, mais il y
a dans l'avenir toute une ère nouvelle de prospérité.
Qu'il me soit permis , en terminant ma tâche, de vous
demander encore une fois grâce pour quelques détails un
peu ennuyeux , que je me suis fait scrupule de suppri-
mer. Îlest difficile, dans un compte-rendu d'opérations de
caisse d'épargne, de se rendre toujours intéressant. Cepen-
dant ici les chiffres ont une valeur morale qui en rachète
l'aridité. Chacun d'eux récèle et proclame un bienfait ;
et lorsque précédemment je vous énumérais le nombre
des recettes et des remboursements opérés, vous pouviez
constater autant de services rendus. En effet, une re-
cette représente une économie qui sera conservée et
fécondée par la caisse ; un retrait, la possibilité donnée de
subvenir à un besoin: ne sont-ce pas là de véritables
services ?.… Eh bien , il en a été rendu , dans le courant
de 185% , 1801 de ce genre.
Maintenant, Messieurs, le mérite, ou, si vous le
voulez, l'honneur de cette bienfaisance, à qui revient-il ?
Evidemment à votre Société... car la caisse d'épargne est
son œuvre , et personne ne peut lui contester ses titres
de paternité : ils sont inscrits dans l’acte fondamental de
l'existence de l'institution, dans ses statuts... C’est
donc vers vous que doivent se porter les élans de recon-
160 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
naissance des populations dont le sort aura été amélioré
par la caisse d'épargne, c’est votre mémoire que la
postérité , usufruitière de ses avantages, devra bénir.
Ainsi l'on voit la génération qui vient chercher sous
l'ormeau séculaire un abri contre les rayons ardents du
soleil, bénir l’homme bienfaisant qui le planta, et le
remercier d’avoir bien voulu ménager à ses loisirs un
aussi délicieux ombrage.
La Société, après avoir écouté avec la plus grande
attention cet intéressant travail, remercie M. Souteyran
de cette communication et du zèle actif et éclairé qu'il
apporte dans la direction de la caisse d'épargne.
MÉTÉOROLOGIE. — M. Azéma expose à l’Assemblée le
résultat de ses observations météorologiques pendant
le mois de mai, qui s’est signalé par un abaissement de
température anormal. « J'ai eu occasion, dit-il, de
constater en même temps, comme un fait très-curieux,
celui de la destruction des hirondelles : on les trouvait
mortes dans les champs et sur les routes. En quelques
jours, elles eurent complètement disparu. »
M. le docteur Martel attribue cette mortalité au froid
et à la privation de nourriture. La température conti-
nuellement pluvieuse avait fait disparaître les insectes,
et les hirondelles ne les rencontrant plus dans l'air,
tombaient d’inanition, ou, d’un autre côté, transies par
le froid, ne tardaient pas à périr.
L'ordre du jour appelle ensuite un rapport de
M. Azéma sur la Théorie des vents, de M. Magnan, ren-
JUIN. 161
fermée dans un numéro des Actes de la re session des
Assises scientifiques tenue à Aix.
« Le travail de M. Magnan, dit M. Azéma, est très-
remarquable et fait avec beaucoup de soin ; cependant
les causes des vents ne lui paraissent pas indiquées,
explicitement du moins, d’une manière complète.
Ainsi, d’après M. Magnan, tous les vents doivent leur
origine aux inégalités de température qui existent
entre les différentes zônes ou entre deux contrées voi-
sines; certainement cette cause est la plus générale et
la plus importante ; elle suffit ordinairement à l’expli-
cation des vents si nombreux et si variés qu'on observe
à la surface de la terre. Mais cette cause est-elle bien
la seule qui agisse d’une manière efficace sur les dé-
placements de notre atmosphère? Ne pourrait-on pas
trouver dans l'inégalité de vitesse de rotation des
masses aériennes qui affluent des pôles vers les régions
intertropicales plus chaudes et partant plus dilatées,
une autre composante dont l’action combinée avec la
précédente, exerce une influence marquée sur la
direction des vents réguliers où périodiques, qu’on
désigne sous le nom de vents alisés, de vents mous-
sons, elc.? Le vide qui se forme dans l'atmosphère à la
suite des grandes pluies, ne doit-il pas aussi amener
l'air de tous les points de l’horizon pour que l'équilibre
se rétablisse entre les divers points de la masse atmo-
sphérique ? Alors les différents rumbs de vents conver-
geant vers un centre commun avec des vitesses pro-
portionnées à leurs densités, peuvent occasionner des
tourbillons, des trombes, ou des courants de directions
variables, tels qu'on les observe principalement aux
TOME XX. 44
162 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
environs des tropiques, où leurs effets acquièrent une
intensité inconnue dans les zônes tempérées.
» À ces causes secondaires on peut aussi ajouter l’in-
fluence des courants marins, qui, en ébranlant d’une
manière permanente les bases de notre atmosphère,
peuvent contribuer à prévenir ou à modifier les dépla-
cements observés au dessous d'eux dans l’intérieur des
couches aériennes. »
Sauf cette différence, M. Azéma est tout à fait de
l'opinion de M. Magnan; il en apprécie hautement le
travail, et dit qu'il sera lu avec le plus grand intérêt
par toutes les personnes qui s'occupent de météo-
rologie.
Musée. — M. le Président communique à la Société
le résultat des démarches que, pendant son dernier sé-
jour à Paris, il a fait, conjointement avec M. Aymard,
auprès des exécuteurs testamentaires de la succession
Crozatier, au sujet de la reconstruction du musée.
« Nous avions, dit-il, trois intérêts légitimes à con-
cilier : celui de la ville, celui de la Société et les der-
nières volontés de M. Crozatier. Nous croyons être
arrivés à une solution qui satisfaira toutes les exi-
gences. La ville devait tenir à ce que le nouveau musée
füt construit à contiguité de l’ancien, afin que les bâti-
ments pour lesquels elle avait fait, pendant plusieurs
années, tant de sacrifices, fussent utilisés. Nous com-
prenions, d’ailleurs, que la somme léguée par notre
illustre compatriote ne pouvait suffire à l'érection d’un
musée complet et que, dès lors, il était indispensable
de mettre à profit tout ou partie de l’ancien musée.
JUIN. 16:
Le nouveau musée serait donc édifié auprès du musée
actuel, mais de manière à devenir la partie principale
et la plus apparente; il porterait le nom de Musée Cro-
ZATIER. (est une condition à laquelle tiennent MM. les
exécuteurs testamentaires et que notre reconnaissance
doit nous disposer à accueillir. La Société, en acceptant
le local actuel pour la nouvelle construction, avec les
inconvénients qu'elle à pu signaler, devait proposer un
plan qui les atténuerait beaucoup, si toutefois il ne les
faisait complètement disparaître.
» Après bien des entrevues et de müres réflexions,
nous nous sommes arrètés au projet suivant que nous
venons soumettre à votre appréciation.
» Le péristyle du musée actuel et la partie la plus
extrême des deux salles d'histoire naturelle et dar-
chéologie seraient démolies. À leur place, et en avant
du bâtiment, serait élevée une grande facade à deux
étages, avec ornementation architecturale dans le style
de la renaissance. Le rez-de-chaussée prendrait jour
sur la promenade. Il serait divisé, par un large vesti-
bule, en deux parties : d’un côté seraient le logement
du concierge et diverses pièces de service, et de l'au-
tre d’autres pièces de service pouvant devenir un
jour l'habitation d’unf conservateur, dont la présence
continue deviendra nécessaire lorsque vos collections
auront pris une grande importance. À la suite du vesti-
bule, et entre les bâtiments neufs et le musée actuel,
serait placé un double escalier qui conduirait au pre-
mier étage, consacré exclusivement à celles de vos
collections qui ont le plus à souffrir de l'humidité et
réclament le plus de lumière. Cet étage serait, en effet,
164 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
entièrement éclairé par des claires-vues ouvertes dans
les combles, de simples niches devant remplacer les
baies des fenêtres à la partie de la façade correspon-
dant à cet étage supérieur. Il pourrait être divisé en
deux grandes salles dont l’une deviendrait votre ga-
lerie de tableaux et l’autre celle d'histoire naturelle,
d'ethnologie, etc. En face de la porte d'entrée au rez-
de-chaussée et entre les deux escaliers, s’ouvrirait la
porte de la grande salle actuelle, qui deviendrait la
galerie des antiquités et servirait en même temps à
vos séances générales et publiques. A droite et à
gauche seraient, comme aujourd'hui, d’un côté la
salle Falcon , destinée, suivant les intentions de son
généreux bienfaiteur, au musée de dentelles, et de
l'autre, la salle nouvellement construite, qui devien-
drait celle d'agriculture et de vos séances ordinaires.
Un jour, lorsque les richesses du musée et les res-
sources de la ville le permettraient, on pourrait élever
les bâtiments de l’ancien musée à la hauteur du musée
Crozatier, et établir au premier étage de nouvelles
galeries destinées à recevoir les accroissements des
collections, où même à l'installation de la bibliothèque
publique, afin qu'on trouvât réunis dans un même
édifice les divers établissements scientifiques de la
ville.
» M. Pradier, notre concitoyen, que l'administration
municipale, d'accord avec madame Crozatier et MM. les
exécuteurs testamentaires, ont choisi comme architecte
des constructions qui vont s'élever dans notre ville,
en exécution des dernières volontés de notre illustre
compatriote, s’est déjà occupé de la confection de ce
ue
JUIN. 165
plan. Les études consciencieuses auxquelles il s’est
livré, lui font croire que l'exécution du projet avec la
somme léguée est possible, et il n'attend plus que les
ordres nécessaires pour se livrer aux travaux impor-
tants qui sont confiés à son talent et à son dévoüment,
» Tout doit donc vous faire espérer qu'avant peu
d'années les collections de notre musée, si remarquées
par tous les étrangers qui viennent nous visiter, auront
un abri digne d'elles et de vous. »
La Société remercie unanimement MM. de Brive et
Aymard des efforts qu'ils ont faits pour hâter la solu-
tion de la question relative à la reconstruction du
musée, et donne son approbation aux plans qui ont été
proposés par eux et acceptés par MM. les exécuteurs
testamentaires et la veuve de M. Crozatier.
M. Aymard dit que, dans une audience dont l'a
honoré M. de Nicuwerkerke, directeur général des
musées impériaux, il l'a remercié, au nom de la So-
ciélé, pour la parfaite et généreuse bienveillance avec
laquelle l'administration du Louvre à enrichi, en 1854,
notre musée d’une belle série de moulages d’après l’an-
tique. Il a aussi exprimé notre gratitude pour le beau
marbre de M. Cubizolles, représentant une bacchante,
que l'Empereur avait acquis à l’une des dernières
expositions et que Sa Majesté à bien voulu donner au
musée à la demande de M. le Préfet et par l'entremise
de M. de Nieuwerkerke. M. le directeur général des
musées à témoigné qu'il serait toujours heureux
d'avoir des occasions d'encourager le zèle et les efforts
si persévérants de la Société pour le développement
des arts et la prospérité du musée. |
166 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. Aymard fait ensuite hommage de deux char-
imantes réductions de bas-reliefs du Parthénon, que
lui a données M. Barbedienne, éditeur de bronzes d'art
à Paris.
Il offre aussi un moulage d’une pièce fossile de la
collection paléontologique du musée d'histoire natu-
relle de Paris. C’est une reproduction très-habilement
faite d’une pièce unique jusqu’à ce jour : une mâchoire
inférieure de Palæotheriwum velaunum (Monacrum
velaunum Av.) qui avait été donnée à M. Guvier par
M. Bertrand de Doue et provenant des marnes gyp-
seuses du Puy. M. Serres, l'honorable professeur du
Jardin des Plantes, qui est appelé à remplacer M. Du-
vernoy, de si regrettable mémoire, a promis avec le
plus généreux empressement de continuer l'envoi de
ces intéressants moulages.
Enfin M. Aymard donne un curieux fragment d’'an-
tétixe gallo-romain en terre cuite, qui offre des des-
sins en relief. Ce débris a été trouvé récemment avec
beaucoup de fragments de briques et de tuiles à rebords
lors des travaux d'amélioration de la prairie du Breuil,
au Puy. ils fournissent une nouvelle preuve de l’an-
tique existence sur l'emplacement actuel de la ville
du Puy, tant dans la région inférieure que dans les
parties hautes de la ville, de nombreuses habitations
pendant l’époque gallo-romaine. Î
BEAUX-ARTS. — Un numéro de la Revue des Beauwr-
trs, reçu depuis la dernière séance, renferme un ar-
JUIN. 167
ticle sur le projet d'érection de la statue de la Vierge
au sommet du mont Corneille. L'auteur de cet article
annonçait que le statuaire et l'architecte chargés de
l'exécution de ce projet n'avaient pas été choisis. M. le
Président à écrit pour dire que M. Bonnassieux avait
été désigné comme sculpteur à la suite d’un nom-
breux concours, et que seuls l'architecte et le fondeur
n'étaient pas encore nommés.
La rectification a été faite dans le numéro suivant de
la Revue des Beaux-Arts.
M. Oscar Bonnet rappelle à la Société la proposition
faite par lui d'ériger le buste de Julien sur la place
publique de Saint-Paulien, et communique la lettre
qu'il a reçue de M. le maire de cette commune en ré-
ponse à celle qu'il avait été chargé de lui écrire à la
précédente séance :
« Monsieur le Secrétaire,
» J'ai l'honneur de vous envoyer copie d'une délibé-
ration prise par le conseil municipal de Saint-Paulien
relativement au projet d'érection d’un buste de Julien
sur notre place publique. Vous voudrez bien avoir
l'obligeance d’en donner communication à MM. les
membres de la Société académique du Puy.
» Je ne saurais trop vous remercier, Monsieur le
Secrétaire, de l'initiative que vous avez prise dans cette
circonstance, et je réclame toute votre complaisance
pour mener à bonne fin le projet en question. Je vous
charge aussi de témoigner à vos honorables confrères
168 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ma bien vive reconnaissance pour le bon accueil qu'ils
ont accordé à la proposition que vous leur avez faite.
J'ai déjà eu au surplus, dans maintes circonstances,
l'occasion de me convaincre que la Société acadé-
mique est toujours disposée à aider de son concours
tous les projets qui touchent par quelques points à son
programme d'encouragement.
» Veuillez agréer, etc.
» Le Maire de Saint-Paulien .
» Prosper PHILIP. »
M. Oscar Bonnet donne ensuite lecture de la délibé-
ration du conseil municipal :
Session du mois de mai 1855.
L'an 1855 et le 13 mai, à dix heures du matin, le
conseil municipal de la commune de Saint-Paulien, réuni
au lieu ordinaire de ses séances, sous la présidence de
M. Philip, maire, pour la tenue de la session du mois
de mai, par suite de la convocation faite en vertu de
l'autorisation de M. le Préfet; présents : MM. Armand,
Broc, Delaigue, Bertrand, Chouvon, Richard, Jouvhomme,
Ouillion (Jacques), Ouillion [Claude), Chautard, Bon-
giraud, Merle, Danthony et Gardès, lesquels forment la
majorité des membres en exercice, a procédé, conformé-
ment à la loi, à la nomination d’un secrétaire. M. Chou-
von ayant réuni la majorité des suffrages a été appelé à
remplir ces fonctions qu'il a acceptées.
M. le Maire fait lecture au conseil d’une lettre de
M. Oscar Bonnet, secrétaire de la Société d'agriculture,
JUIN. 169
sciences, arts et commerce du Puy, par laquelle celui-ci
l'informe qu il a communiqué à MM. les membres de la
Société le projet qu'avait un anonyme de donner une
somme de deux cents francs pour ériger le buste de Ju-
lien sur la place publique de Saint-Paulien, et que la
Société, tout en paraissant disposée à accueillir cette pro-
position et même à l'appuyer par une allocation parti-
culière, n'a pourtant rien voulu décider sans avoir pris
au préalable l'avis de l'autorité municipale de Saint-
Paulien.
M. le Maire demande donc au conseil son opinion sur
cette question.
Le conseil se fait un devoir, à l'unanimité, de remer-
cier la Société d'agriculture de son extrême déférence
pour les prérogatives municipales, approuve le projet
d'érection d’un buste à la mémoire de l'illustre artiste
qui honore non seulement la cité de Saint Paulien, mais
encore le département de la Haute-Loire, et confie toute
l'exécution de ce projet à la Société d'agriculture, sans
aucune réserve, bien persuadé que celle Société sera
toujours à la hauteur de l’entreprise.
En même temps le Conseil exprime ses regrets de
ne pouvoir mieux adresser ses remerciments à la per-
sonne anonyme qui, par un don généreux, a fait décider
l'érection du monument.
Fait et délibéré à Saint-Paulien, en mairie, ayant tous
les membres présents signé après lecture. Suivent loutes
les signatures.
Pour extrait conforme :
Le Maire,
Prosper PHILIP
170 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
L'Assemblée accueille très-sympathiquement cette
communication et, appréciant l'importance de la mis-
sion qui lui est confiée, elle décide qu'afin de donner,
dans les limites de ses ressources financières, un té-
moignage de sa vénération pour la mémoire illustre
de Julien, elle contribuera à l'exécution du projet pour
une somme de cent francs. La Société regrette que les
dépenses nécessitées par le Congrès scientifique ne lui
permettent pas d’allouer un crédit plus considérable.
Elle nomme en même temps une commission qui se
transportera sur les lieux et avisera aux moyens Îles
plus convenables pour que le monument réponde au
but qu'on se propose. Cette commission est composée
de MM. Vibert, Louis de Vinols, Chouvon, Emile
Giraud et Oscar Bonnet.
DEMANDE D'ADMISSION. — M. Servan de Sugny, poète
distingué, membre de l'Académie impériale et de la
Société littéraire de Lyon, fait hommage à la Société
académique du Puy d’un ouvrage intitulé : La Muse
ottomane. I demande en même temps à être admis au
nombre des membres non résidants. Une commission,
composée de MM. Louis de Vinols, Louis Balme et
Oscar Bonnet, est nommée pour examiner cet ouvrage
et faire un rapport à la prochaine séance.
La séance est levée à sept heures et demie.
Le Secrétaire,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 6 JUILLET.
SOMMAIRE.
Ouvrages reçus. — Remerciments de l’Académie des sciences de
Paris pour l’envoi des Annales de la Société. — Exploitation agricole
de M. Charles C. de Lafayette; nomination d’une cowumission pour
la visiter. — Rapports sur les épizooties dans la Haute-Loire, par
MA. Gire ct Pascal, médecins vétérinaires; commission nommée pour
les examiner. — Relations à établir avec la Société zoologique d’accli-
malation; proposition de M. le Président; nomination d'une com-
mission. — Rapport sur la situation du service forestier dans le
département, par M. Froger de l’Eguille. — Résultats de la mission
du délégué du département à l'exposition universelle; compte-rendu
par M. Aymard. — Exploration du grand puits de Polignac; lettre de
M.F. Robert; explications données par M. le Président. — OEuvres
d'art exposées au Palais universel des beaux-arts par MM. Emile
Badiov et Anatole Dauvergne. — Présentation de dessins et gravures
concernant le département, par M. Aymard; proposition de consacrer
à cette collection une galerie dans le nouveau musée; adhésion de la
Société. — Promesse par M. Mandet d'envoyer au Congrès sa Notice
nécrologique sur M. Crozatier. — Subvention de 400 fr. accordée à
la Société par M. le Ministre de l'instruction publique. — Demandes
d'admission par MM. l'abbé Bernard et Martial Lamothe, — Démission
de M. Jandriac comme membre résidant. — Rapport de M. Bonnet
sur la candidature de M. Servan de Sugny ; admission du récipien-
daire.
172 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
approuvé.
PuBLicATIONS. — M. le Président énumère les ouvrages
reçus , et signale les publications et mémoires qui
intéressent plus particulièrement les travaux de la
Société.
M. le Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences
adresse des remerciments au nom de cette Académie,
pour l’envoi du dernier volume des Annales.
AGRICULTURE. — M. le Président donne lecture de la
lettre suivante, qui lui à été adressée par notre con-
frère M. Ch. C. de Lafayette :
MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
J'ai, dans mon exploitation agricole, tenté quelques
essais et opéré quelques travaux dont je serais heureux
d'avoir la Société pour témoin et pour juge.
Il se pourrait aussi que je voalusse concourir ultérieu-
rement pour quelques-uns des prix proposés par la Société
impériale et centrale d'agriculture.
Je désirerais done, Monsieur le Président, que la
Société voulût bien nommer une commission qui vien-
drait visiter l'exploitation de Senilhac.
JUILLET.
Ceux de MM. nos collègues qui consentiraient à s’ad-
joindre à la commission me feraient un honneur dont je
leur serais également reconnaissant. Je les prierais, en
ce cas, de vouloir bien s'inscrire, à la prochaine séance,
sur une liste placée sur le bureau.
Après cette lecture, M. de Brive dit que personne
n'ignore, dans le sein de la Société d'agriculture, les
importants travaux opérés par M. Ch. C. de Lafayette,
avec cette haute intelligence qui le distingue, dans sa
terre de Senilhac. Il propose, en conséquence , d’accé-
der à la demande de cet honorable confrère.
L'Assemblée, entrant dans ces vues, désigne MM. de
Brive, Aymard, Chouvon et Plantade pour répondre à
la demande de M. Ch. C. de Lafayette.
Il est donné lecture d’une lettre par laquelle M. le
Préfet soumet à l'examen de la Société deux rapports
sur les épizooties, qui lui ont été adressés, l’un par
M. Gire et l’autre par M. Pascal, médecins vétérinaires.
M. le Préfet exprime le désir que la Compagnie lui
fasse connaître son opinion avant la session prochaine
du Conseil général.
M. le Président, après avoir consulté l'Assemblée,
nomme une commission, composée de MM. les docteurs
Calemard de Lafayette, Martel, Dugaray et Borie, avec
invitation de faire un rapport à la prochaine séance.
M. le Président appelle l'attention de la Société sur
une question qui peut intéresser à un certain degré le
progrès de l’agriculture : il s’agit de l’acclimatation
des animaux et végétaux étrangers. M. de Brive com-
174 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
munique à ce sujet un bulletin de la Société impériale
zoologique d’acelimatation, qui contient le règlement
de cette association. On y voit qu’en outre des membres
titulaires et correspondants dont elle se compose, di-
verses Sociétés agricoles et scientifiques sont admises
à correspondre avec elle à titre d'agrégées.
Il y aurait donc à examiner si nous ne devrions pas
entrer en rapport avec cette Société, afin que le dépar-
tement pût participer aux avantages qui résulteront
de ces relations pour l'introduction de certaines espèces
d'animaux dans notre pays. D’heureux essais ont été
faits sous les auspices de cette association, qui s'occupe,
par exemple, de déterminer en ce moment les régions
de la France où les yacks seraient susceptibles de
prospérer. S'il était démontré que nos contrées mon-
tagneuses, comme il est possible, convinssent à ces
animaux, dont le travail, la chair et la toison sont
utilisés ailleurs, ne pourrait-on pas obtenir quelques
sujets qu’on placerait, à titre d'essai, soit à la ferme-
école, soit chez quelques-uns de nos éleveurs les plus
distingués ? Mais, pour avoir le droit de faire une
semblable demande avec chances de succès, il faut
d’abord que notre Société soit agrégée à celle de Paris,
et une commission pourrait être nommée pour exami-
ner ce projet et pour étudier en même temps la ques-
tion de l’acclimatation dans ses rapports avec notre
pays.
L'Assemblée, consultée à ce sujet, adhère à la pro-
position de M. le Président, et MM. Ch. C. de Lafayette,
Plantade et Chouvon sont nommés membres de la
commission.
JUILLET. 175
M. de l'Eguille fait un rapport sur la situation du
service forestier dans le département, au double point
de vue du reboisement et de la pisciculture. Ce travail
contient les principaux éléments de celui que l’auteur,
en sa qualité de sous-inspecteur des eaux-et-forèts, se
propose d'adresser à M. le Préfet pour la prochaine
session du Conseil général.
Les conclusions sont les suivantes :
« Depuis la dernière session du Conseil général, 407
hectares de bois ou de terrains communaux suscepti-
bles de rehoisement ont été soumis au régime forestier.
IL en résulte que l'étendue totale des bois régis par
l'administration forestière, dans le département de la
Haute-Loire, est aujourd’hui de 6,359 hectares 60 ares,
en y compresant la forêt domaniale du Breuil, dont la
contenance est de 68 hectares 50 ares.
» Il a été employé, en 1854, 1,650 francs en semis ,
plantations, assainissements et clôture des parties re-
boisées. Ce chiffre comprend un crédit de 1,000 francs
voté par le Conseil général, l'allocation de 500 francs
qui est faite par la Société, et celle de 150 francs que
le comice agricole d'Yssingeaux a voulu aussi affecter à
cet emploi.
» Ilexiste une très-grande étendue de terrains qu’il
serait très-avantageux de réunir au domaine forestier ,
autant dans l'intérêt des communes que pour l’accrois-
sement de la richesse publique.
» Les contenances productives des forèts commu-
nales et d'établissements de bienfaisance placés sous le
régime forestier se sont accrues d’une manière notable
depuis la dernière session du Conseil général. Il à été
176 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
adressé à la préfecture un assez grand nombre de
propositions pour soumettre à des exploitations régu-
lières des bois de cette catégorie devenus maintenant
susceptibles d’un rapport annuel.
» Les produits des coupes et du parcours de ces bois
viendront dédommager largement les communes pro-
priétaires des sacrifices qu’elles ont dû s'imposer, pen-
dant les premières années, pour donner à leurs bois le
temps de se régénérer. Il y a lieu de constater, en
outre, que le rendement des bois déjà exploités depuis
un certain laps de temps augmente de plus en plus, et
que, dans quelques localités, les habitants peuvent
vendre déjà une partie de l’affouage, qui dépasse leurs
besoins.
» Une diminution très-marquée dans le nombre des
bois défrichés par les particuliers, et leur appartenant,
a été constatée en 1854. Cette contenance s'élevait en
1853 à 129 hectares; elle n’a été, en 1854, que de
8o"-hectares.
» En ce qui concerne la pêche et la pisciculture, la
surveillance de la pèche est, comme par le passé, fort
négligée sur les parties des cours d’eau qui ne sont
point affermés au profit de l'Etat. Malheureusement les
moyens d'action dont l’administratien forestière dis-
pose sont insuffisants pour y mettre fin.
» La mission du sieur Rémy fils, envoyé l’année
dernière dans la Haute-Loire pour y diriger les expé-
riences de pisciculture, a eu des résultats satisfaisants.
Quelques particuliers ainsi que des pècheurs de pro-
fession se trouvent aujourd’hui assez bien initiés aux
nouvelles méthodes pour pouvoir entreprendre avec
succès des travaux piscicoles.
JUILLET. AU
» Sur les 200 francs votés par le Conseil général en
1854, 45 francs ont été employés seulement à l'achat
d'une certaine quantité d’alevins d’anguille pour le
repeuplement des rivières. L'expédition en a été faite
dans des conditions peu favorables, et on n’a pu sauver
qu'un petit nombre de ces alevins, qui avaient été
envoyés par la préfecture de l'Hérault.
» L’empoissonnement du lac du Bouchet par le pro-
cédé Rémy, qui intéresse vivement notre Société, est
une mesure parfaitement réalisable. M. le Préfet en a
accueilli le projet avec beaucoup de faveur, et il sera
possible de concourir au même but par le reboisement
des terrains qui entourent ce vaste et beau réservoir
d’eau. »
M. le Sous-Inspecteur termine sa communication en
ajoutant que l'essai infruetueux qui a été fait, en 1854,
pour le transport des alevins d’anguille ne saurait
décourager la Société. L'intérêt qu'il y aurait de mul-
tiplier cet excellent poisson, devenu aujourd'hui trop
rare dans le département de la Haute-Loire, doit nous
engager à renouveler la même tentative en 1856; mais,
alin de préserver le frai de toute atteinte pendant le
trajet, il sera nécessaire de faire prendre les alevins,
sur les lieux mèmes, par un commissionnaire qui sera
chargé d'accompagner l'envoi jusqu'à sa destination.
On connaît d’ailleurs des moyens très-propres à assurer
la conservation des jeunes anguilles et dont il y aura
lieu de faire usage.
M. le Président exprime à M. le Sous-Inspecteur les
remerciments de la Société, pour les progrès que le
reboisement et la pisciculture ont faits dans la Haute-
TOME XX. 12
17S RÉSUMÉ DES SÉANCES,
Loire, grâce à l'intelligente activité de notre honorable
confrère. Il dit que M. le Préfet et le Conseil général
sont très-sympathiques aux vues de la Compagnie, et
ne doute pas que les propositions de crédits qui seront
présentées à la prochaine session du Conseil général
ne soient, comme les précédentes, favorablement ac-
cueillies. En conséquence , il émet l'avis, qui est
unanimement approuvé par l’Assemblée, de solliciter
pour 1856 les mêmes subventions qui ont été allouées
pour 1855.
INDUSTRIE. — M. Aymard rend compte des premiers
résultats de sa mission de délégué du département à
l'exposition universelle , mission dont il avait été
chargé par M. le Préfet. Tous les produits, en assez
grand nombre, qui avaient été envoyés à Paris, ont
été convenablement disposés dans les différents locaux
du Palais de l’industrie auxquels ils devaient être attri-
bués. MM. les exposants de la Haute-Loire ont, en
général, tenu à honneur que leurs produits fussent
étalés dans des vitrines ou sur des étagères établies
avec goût et qui, d'après les prescriptions du comité
impérial , étaient aux frais de ces industriels. Les
fabricants de dentelles se sont particulièrement dis-
tingués par de magnifiques vitrines qui, placées sous
un très-beau jour près du salon de lImpératrice,
doivent appeler l'attention sur les produits de plus en
plus perfectionnés de notre principale industrie.
Outre les articles qui avaient été envoyés à l’exposi-
tion par la commission départementale, et dont lénu-
JUILLET. 179
mération avait été donnée à la Société dans sa séance du
6 avril dernier, deux de nos principales maisons, dont
le siège commercial est à Paris, avaient présenté direc-
tement au comité impérial de riches dentelles prove-
nant, pour la plupart, des fabriques de la Haute-Loire.
Ces maisons, qui ont imprimé un essor très-remarqua-
ble à la fabrication des articles de nouveautés dans
notre pays, avaient à cœur de montrer que nos ou-
vrières étaient aptes à surmonter les plus grandes
difficultés de cette fabrication , et à lutter avec celles
des autres contrées de l'Europe pour la production des
dentelles les plus habilement exécutées. L'un d'eux,
M. Charles Robert-Faure, est mème parvenu à faire
confectionner au Puy un mouchoir et des garnitures
diverses faits en dentelles à l'aiguille qui imitent avec
une grande perfection le point de Venise. La vitrine
du même exposant offre de belles guipures noires avec
médaillons, genre Alençon; des pointes et des volants
qui ont été faits d'après des dessins et sous la direction
de notre honorable compatriote M. Falcon.
Un autre de nos habiles industriels, M. Seguin, s’est
distingué surtout par un couvre-pieds en guipure de
fil de ? mètres 50 centim. sur ? mètres 30 centim.,
d’une valeur de 5,000 francs, et dans lequel on trouve
toutes les variétés de fonds que peut comporter la den-
telle. Cette belle pièce ainsi que des volants et pointes
en chàles dits Alençon ont été fabriqués à Craponne, et
luttent avec avantage, dans la même vitrine, avec d’au-
tes dentelles semi-laine qui ont été faites à Chantilly,
sous la direction du mème fabricant.
Auprès des dentelles et dans la même galerie, figurent
180 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
aussi avec distinction des spécimens intéressants de nos
naissantes manufactures de rubans. Les efforts qui ont
été faits dans la Haute-Loire pour que le département fût
représenté avec honneur dans cette grande exposition
ont été déjà remarqués, et les ordonnateurs du palais ont
compris la ville du Puy parmi celles dont les écussons ar-
moriés décorent les frises intérieures du Palais ; enfin,
M. le président de la commission départementale ainsi
que M. le délégué ont été invités à la cérémonie d’inau-
guration de l’exposition, à laquelle assistaient l'Empe-
reur et l’Impératrice et tous les grands corps de l'Etat.
Toutes les mesures ont été prises pour que nos
produits, de natures très-variées, soient mis sous les
yeux des différentes sections du jury qui seront appe-
lées à les examiner, et déjà, par des rapports etdes
explications verbales, leur attention sérieuse et très-
approfondie a été provoquée sur l'intérêt que peuvent
offrir ces produits.
Du reste, l'attention du publie et des connaisseurs à
été appelée par divers journaux de la localité et de
Paris. Le Moniteur a donné un aperçu général des pro-
duits de la Haute-Loire. Un remarquable article de
Paul d’Ivoy, inséré dans le journal lEstafette, a rendu
un éclatant hommage à la fabrique de dentelles du
Puy, et un écrivain distingué, M. Leymarie, dans le
Mémorial de la Loire, a résumé en ces termes son
opinion sur le mème sujet :
« Je ne saurais quitter les dentelles sans dire un mot
des dentelles du Puy, que j'appellerais volontiers nos
dentelles raisonnables. Elles ont atteint ces limites du
luxe qui indiquent la civilisation, et elles ne les ont
JUILLET. 181
pas franchies jusqu'à renouveler ce luxe romain, signe
de décadence ; elles sont solides, fines, bien et simple-
ment dessinées. On remarque particulièrement une
belle voilette blanche, dans laquelle se trouvent mèlés
le travail de la dentelle et le travail de la blonde; des
volants noirs à bouquets, de belles pointes équivalant
à celles de Chantilly, et des châles de laine, dont l'un,
de 120 francs, peut bien ètre confondu avec un châle
de Chantilly de 1,000 francs. »
M. Aymard est done porté à croire, d'après les
sympathies qui lui ont été manifestées, que notre pays,
trop souvent oublié sous le rapport industriel, prendra
un certain rang dans cette grande exhibition de pro-
ductions universelles et recevra probablement des
récompenses dignes des généreux efforts de nos expo-
sants.
L'Assemblée , intéressée par cette communication ,
exprime à M. Aymard, par l'organe de M. le Président,
ses félicitations pour les soins actifs et dévoués qu'il
a apportés dans sa mission.
ArcHéoLociEe. — M. le Président lit une lettre que lui
a adressée à Paris M. Félix Robert, en sa double qua-
lité de maire de Polignac et de membre de la Société.
M. Robert le priait de faire des démarches auprès de
M. le duc de Polignac pour ètre autorisé à réunir
dans un local du château de Polignac, approprié à cet
usage , tous les débris d'antiquités gallo-romaines ou
du moyen âge qui sont épars parmi les ruines, ainsi
que le masque antique d'Apollon, l'inscription de
182 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
l'empereur Claude et d’autres débris qui ont déjà été
recueillis avec soin.
Après cette lecture, M. le Président dit que ce projet
lui a paru conforme aux vues de la science, d'après
lesquelles il est bon de conserver en place, autant que
possible, les morceaux d’antiquités qui attestent la
présence de monuments importants. La réalisation de
cette intelligente pensée ajouterait un nouvel intérêt
aux ruines imposantes du château et frapperait vive-
ment l'attention des antiquaires et des touristes. Tou-
tefois, il a eu aussi l’idée que le moment pourrait être
venu de réaliser un autre projet souvent manifesté
par les archéologues et auquel sympathise le public,
d'explorer le grand puits ou abime de Polignac, dont
la véritable destination, dans les temps antiques, n’est
pas encore connue, malgré les ingénieuses hypothèses
auxquelles a donné lieu ce curieux monument.
M. de Brive s’est donc assuré, à Paris, que ces
recherches aussi bien que la proposition de M. Robert
intéressent M. le duc de Polignac; mais, avant de
solliciter son généreux concours, il a cru devoir con-
sulter la Société.
Après diverses explications données par quelques
membres, l'Assemblée adhère aux deux propositions
qui viennent de lui être soumises, et prie M. le Prési-
dent d’en écrire à M. le duc de Polignac.
Beaux-Arts. — M. Aymard annonce que M. Emile
Badiou, ancien pehsionnaire du département à Paris,
a été admis à exposer au Palais universel des beaux-
JUILLET. 183
arts trois ouvrages de sculpture : le premier est un
groupe de statues qui avait été déjà remarqué à une
précédente exposition et qui représente deux jeunes
captives; le second offre, sculpté en bas-relief sur un
grand médaillon de marbre, un charmant portrait de
Mme Badiou ; le troisième est le modèle en plâtre d’une
statue représentant Hauy, Pillustre fondateur de la
maison des Jeunes-\veugles.
L'Assemblée juge de cette dernière composition par
une épreuve photographique qui est placée sur le bu-
reau et qui donne lieu d'adresser des félicitations à
notre compatriote sur le mérite de son œuvre.
M. Anatole Dauvergne , membre non résidant, a
exposé également au Palais universel des beaux-arts
une belle série de dessins et aquarelles, représentant
les anciennes peintures de là chapelle Saint-Michel
d’Aiguille, près le Puy.
L'Assemblée lui en exprime ses félicitations.
Musée. — M. Ayimard expose sur le bureau un certain
nombres de gravures anciennes, de lithographies,
photographies, etc., qui concernent, toutes, le dépar-
tement de la Haute-Loire.
Il présente à ce sujet les observations suivantes :
« La commission du Musée, d'après les vues de la
Société, s'est proposé, dans l'organisation de cet inté-
ressant établissement, deux résultats également im-
portants : inspirer ou perfectionner le goût des arts
dans notre pays par des galeries de peinture et de
184 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sculpture, renfermant des œuvres d’habiles artistes ,
et contribuer à la connaissance aussi parfaite que
possible et à l'illustration du département par des col-
lections artistiques et scientifiques de tout ce que le
pays peut offrir de plus utile à étudier. Le Musée, tel
qu'il est déjà organisé , satisfait en grande partie à cette
double condition : la galerie des peintures et des sculp-
tures s'enrichit chaque année par des ouvrages d'art,
et les collections départementales acquièrent chaque
jour de nouveaux accroissements ; telles sont la galerie
d'histoire naturelle, la salle archéologique , et enfin la
galerie des dentelles, qui est due aux généreuses sym-
pathies de l’un de nos honorables confrères.
» Aujourd'hui que, par un acte de munificence éga-
lement digne de notre gratitude , un autre de nos
illustres compatriotes a voulu que de nouvelles con-
structions vinssent donner à cet établissement toute
l'importance désirable , il peut ètre opportan de se
préoccuper des collections qui, dans l'avenir, complè-
teront celles que nous possédons.
» A cet égard, celle dont j'ai réuni quelques-uns des
éléments m'a paru devoir entrer dans les convenances
du Musée, d’après le plan d'organisation qui à été
adopté.
» Dans l'espoir que la Société partagerait cette opi-
nion, j'ai mis à profit'le voyage que j'ai fait à Paris,
en recueillant des gravures plus où moins anciennes
et qui, sous un rapport quelconque, peuvent intéres-
ser notre pays. Dans le nombre , se trouvent des
paysages où lon voit des monuments, des édifices
religieux, des châteaux qui n'existent plus où qui ont
JUILLET. 185
été détruits en partie. La Société peut en juger par le
château de Lavoüte-Polignac, aujourd’hui démantelé
et ruiné et dont l’une de ces gravures offre la repré-
sentation complète. L'intérieur du cloître de notre
cathédrale, restauré depuis quelques années, la tour
Saint-Mayol, aujourd'hui détruite, sont intacts dans un
autre dessin avec leurs détails architectoniques ; ailleurs,
c’est la place du For, près la cathédrale, où lon voit
la façade de l'évêché telle que l'avait édifiée l'évêque
Antoine de Sennectère, et le gracieux monument
qu'avait élevé, au milieu de cette place, un savant offi-
cial de l’église du Puy, Pierre Odin, à son retour de
Rome , où le roi Louis XI l'avait envoyé en ambassade.
» Une autre de ces gravures représente la salle des
états du Languedoc, où figurent, parmi les envoyés de
la province, les personnats qui représentaient le Velay
dans ces assemblées.
» Cettè collection fournit aussi des portraits de
quelques personnages qui ont illustré notre pays dans
les lettres, la magistrature, l'art militaire , lépiscopat,
etc., ou qui lont honoré par un séjour plus ou moins
prolongé ou par des pèlerinages historiques.
» On y trouve également des armoiries de quelques
familles anciennes.
» À cette collection déjà nombreuse , j'ai ajouté
d’autres pièces trouvées au Puy et qui ne sont pas
moins intéressantes. Voici quelques-unes de ces belles
thèses que nos aïeux dédiaient aux consuls de la ville
du Puy et qu'ils illustraient de gravures exécutées
souvent par des maîtres habiles, des cartes qui nous
font connaitre la géographie de notre province et ses
[86 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
délimitations à diverses époques, enfin des photogra-
phies dues au talent déjà exercé de l’un de nos jeunes
compatriotes.
» On peut donc entrevoir déjà, d’après ces spéci-
mens, l'intérêt qu'offrira, à différents points de vue,
cette diversité de sujets, et combien un salon spéciale-
ment consacré à cette collection serait utile à visiter, soit
pour ceux de nos compatriotes qui s'occupent de l'his-
toire du pays ou de biographie et de la chronologie des
arts et des monuments, ete., soit pour les touristes et
les curieux.
» Je me propose de compléter cette collection et de
la céder un jour à la Société, en lui demandant une
place pour ce nouveau musée, probablement le pre-
mier de ce genre qu'on aura organisé en France. Du
reste, les collections générales de gravures qui existent
au Louvre, dans le palais de nos souverains, attestent
qu'à un autre point de vue, les nôtres auraient aussi
une importance artistique et contribueraient, comme
les œuvres de sculpture et de peinture, à l'améliora-
lion du goût. »
L'Assemblée, intéressée par cette communication,
en remercie M. Aymard , et exprime l'avis qu'un local
puisse être réservé dans le nouveau Musée pour la ga-
lerie des gravures et autres dessins intéressant le dé-
partement à un titre quelconque.
OBJETS DIVERS — M. Francisque Mandet, conseiller à la
cour impériale de Riom et membre non résidant, dans
une lettre qu'il à adressée à M. le Président, annonce
JUILLET. 187
qu'avec l'autorisation de Madame veuve Crozatier, il
s'empressera de mettre à la disposition de la Société
sa Notice nécrologique sur M. Crozatier, dont des
extraits ont été communiqués à la séance du 4 mai et
qui, d'après le désir de la Compagnie, pourra être lue
en entier dans la prochaine session du Congrès.
OBJETS D'ADMINISTRATION. -— [ est donné lecture d’une
lettre par laquelle M. le Ministre de l'instruction pu-
blique informe M. le Président qu'il a alloué à la
Société, pour l'exercice 1855, une subvention de 400
francs, au lieu de 300 francs qu'il avait accordés, les
années précédentes, à la Compagnie.
L'Assemblée prie M. le Président d'exprimer à M. le
Ministre ses vifs remerciments.
DEMANDES D'ADMISSION, — M. l'abbé Bernard, aumônicr
au lycée impérial du Puy, écrit pour solliciter le ütre
de membre résidant et adresse, à l'appui de sa de-
mande, un mémoire historique sur lapostolat de
saint Georges dans le Velay.
Sont nommés commissaires , MM. l'abbé Sauzet,
l'abbé Alirol et ie docteur Latourette.
M. Martial Lamothe, pharmacien à Riom (Puy-de-
Dôme), à l'appui d’une demande d'admission au titre
de membre non résidant, envoie trois mémoires de
science botanique.
Sont chargés de faire un rapport, MM. Duvillars.
Bertrand de Doue et Robert,
188 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Démission. — M. Jandriac, membre résidant, a adressé
à M. le Président une lettre par laquelle il témoigne
ses regrets que des infirmités et son âge avancé ne lui
permettent plus de prendre une part active aux travaux
de la Société, et la prie d’agréer sa démission.
L'Assemblée regrette d'être privée du concours d'un
membre qui lui avait donné des témoignages de zélée
collaboration, et accepte la démission de M. Jandriac.
ADMISSION. — Organe de la commission chargée de
faire un rapport sur la candidature de M. Servan de
Sugny, M. Oscar Bonnet s'exprime ainsi :
MESSIEURS,
Lorsqu'un critique se charge complaisamment de favo-
riser la médiocrité, il s'efforce de trouver, éparses dans
quelques pages ignorées du livre qui est soumis à son
examen, des apparences de beautés, et, faible consolation
pour l'auteur, mais consolation qui sauvegarde son
amour-propre, il les fait ressortir avec ampleur, en voi-
lant ainsi les défauts saillants et nombreux du livre. A
l’égard de l’écrivain dont le mérite est incontestable, on
est heureux d'employer un autre système : on ne doit plus
soulever et écarter les ronces pour découvrir la timide
fleur qu'elles cachent; il faut, au contraire, malgré cette
belle mousse si fine, si verte et si fleurie qui revêt son
œuvre, ne la contempler qu'avec précaution et suivre de
l'œil les mille insectes plus ou moins nuisibles qui vien-
nent déparer cette couche si attrayante qu'on serait
tenté d'admirer avec enthousiasme et sans réflexion.
JUILLET. 189
C'est là, Messieurs, la méthode que je vais suivre pour
vous faire connaître M. Servan de Sugny, qui sollicite Le
titre de membre non résidant de notre Société.
M. Servan de Sugny est un ancien magistrat, membre
titulaire de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts
de Lyon, membre correspondant de plusieurs autres
Sociétés, mais, avant tout, poète. Si nous en jugeons
par les ouvrages dont nous avons eu communication,
ce fut à peu près vers 1840 que M. Servan de Sugny
commença à livrer au public les brillants produits d’une
imagination ardente et réellement inspirée. Il publia
successivement la @&erbe littéraire; la Confession d'un
malheureux , une Résurrection, le Baptéme civil, trois
œuvres relatives à la vie de Romand, forçat libéré, et à
sa réhabilitation; Souvenirs, réflexions et vœux d'un
Français ; les Plaisirs d'un solitaire; ces derniers ou-
vrages sont plus politiques que littéraires : laissons-les
done bien vite. Je l'ai lu quelque part, dans M. Servan
de Sugny lui-même : Les poètes ne doivent pas être des
hommes politiques.
En 1852, M. de Sugny se fit connaître sous un point
de vue nouveau. Il commença à faire paraître une Étude
orientale, ou trois odes de Hafiz et une élégie de Jaadi,
poètes persans traduits en vers français, avec le texte
et la traduction interlinéaire en regard, suivis de notes
et éclaircissements.
Cette publication était un essai, ou plutôt le prélude
d'une autre plus importante, par laquelle M. de Sugny
allait nous initier aux rêveries extatiques de l'Orient et,
pour me servir de ses expressions, aux beautés poétiques
écloses dans cette brillante partie du monde. M. de Sugny
190 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
entreprit de traduire les principales pièces de vers de
quarante-quatre poètes lures, et nous mit à même de les
lire et surtout de les apprécier sous le titre de : La Muse
ottomane.
C’est de cette traduction en vers français, qui parut
en 1853 et qui, en 1855, avait déjà reçu les honneurs
d'une seconde édition, que je vais plus spécialement
vous entrelenir.
« En ouvrant un livre, a dit Pascal, je cherche un
homme, et bien souvent je ne trouve qu'un auteur. » En
ouvrant une traduction, on cherche plus qu'un homme :
on veut un pays inconnu, des mœurs nouveiles, un parler
étrange, pittoresque , et l’on ne trouve bien souvent qu'un
traducteur, et le plus souvent encore qu'un imitateur.
La traduction est chose à peu près impossible. Quel
traducteur est devenu populaire? Pas un, si ce n’est Ga-
land, qui n’a pas traduit les Mille et une Nuits.
Peut-être certaines ressemblances dans le génie pour-
raient amener une ressemblance dans le poème. Ainsi on
a souhaité que Racine eût traduit Virgile; V. Hugo, le
Dante; Alf. de Musset, Horace. Mais quel esprit vrai-
ment original, vraiment lui-même, saurait se résoudre à
n'être que le tailleur de la pensée d'autrui? Cependant
Byron et les plus sublimes intelligences se sont exercés
à cette lutte souvent héroïque; mais, comme dit le cri-
tique latin : « Il est plus facile de prendre à Hercule sa
massue qu'un vers à Homère. »
Le traducteur ne doit plus être lui, mais une sorte de
machine à réfraction, un miroir, un daguervéotype ; et il
faut plus que de l’abnégation, il faut de la puissance pour
se métamorphoser ainsi.
JUILLET. 491
La théorie de Delille sur la traduction est fausse en
tous points ({). Il ne s’agit pas, en effet, d'un à peu près,
d’un équivalent; de compenser l'image par le son, l’éner-
gie par la richesse; de payer sa dette avec deux pièces
d'argent, faute d’une pièce d'or. Un tel système peut
convenir au rhéteur qui paraphrasa rigoureusement un
hexamètre de l'Énéide par deux alexandrins de sa facon,
mais ne saurait plaire à ceux qui, en lisant Virgile, ne
tiennent point du tout à saluer au passage les banales
réminiscences du collège.
La Muse ottomane, ce litre joli et gracieux, mais
dont les deux termes s’assemblent peut-être un peu bizar-
rement à eause de l'opposition de leur origine, est celui,
je vous l’ai dit, Messieurs, d’une traduction en vers
français des chefs-d’œuvre de la poésie turque. L'auteur,
M. de Sugny, écrivain d'un talent véritable, qu'il nous
permette de le répéter, a trop suivi, selon nous, le pré-
cepte de l'abbé Delille. Dans cette œuvre, ce vulgaire et
plat système de compensation devenait d'autant plus fà-
cheux que, sous peine de rester bien au-dessous de la
tâche entreprise, il fallait reproduire dans leurs inspira-
tions et leurs styles divers, dans leurs formes tranchées,
(1) Voici cette théorie : « Le traducteur doit représenter autant
» qu’il lui est possible, sinon les mêmes beautés, au moins le méme
» nombre de beautés. Quiconque se charge de traduire contracte une
» dette : il faut, pour l’acquitter, qu'il paie, non avec la même
» monnaie, mais la même somine : quand il ne peut rendre une
» image, qu'il y supplée par une pensée; s’il ne peut peindre à
» l'oreille, qu'il peigne à l'esprit; s'il est moins énergique, qu'il
» soit plus harmonieux ; sil est moins précis, qu'il soit plus riche. »
DELILLE, Préliminaires de La traduction en vers francais des Gcorgi
ques de Virgile.
192 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
avec leurs caractères particuliers, quarante-quatre poètes
différents; et quels poètes, bon Dieu! des Orientaux !
Le caprice et la grâce, le calme, les graves conseils et la
fanatique illumination ; le mètre concis, le rhythme har-
monieux ; des fleurs partout, partout des prières, toujours
de l'amour; le printemps, la beauté, le cyprès qui gémit,
les tulipes qui chantent, les rossignols époux des roses :
telle est, en deux mots, la poésie turque. Ce n'est pas
tout-à-fait celle de M. de Sugny. Au lieu du pinceau
hardi, incorrect des grands peintres, au lieu de la cou-
leur lumineuse, de la variété, de l'opposition frappante
des sujets et des genres, la poésie de M. de Sugny a une
teinte égale et nous montre le crayon laborieux du copiste
exercé, habile, ingénieux , mais restant toujours le
méme , restant toujours lui, en changeant de modèle.
La Muse ottomane est, nous venons de le dire, une
œuvre consciencieuse où le savant écrivain n’a épargné
ni temps, ni labeur. Les éclaircissements explicatifs qui
accompagnent chaque pièce de vers dénotent chez M. de
Sugny, outre un imagination essentiellement poétique,
une profonde érudition et une grande connaissance de la
langue des auteurs et des usages orientaux. Çà et là
brillent dans son œuvre des strophes qui exhalent le
parfum etont la sève de l'original. On dirait de ces flacons
venus du sérail qui répandent avec une larme d'essence
toute une moisson de roses. Mais, malgré des beautés
incontestables, nous eussions préféré une simple traduc-
tion en prose , une traduction littérale, la seule possible,
à notre avis; une traduction qui ne s’effraie point des
détails de mœurs, des formes un peu lascives (1), ou des
(4) Inx. La Muse oltemane, page 58.
JUILLET. 193
conseils vraiment tures d’un vieux musulman {1}, non plus
que des hiéroglyphes magiques dont chacun , à sa ma-
nière, s'explique le sens intime (2). Je voudrais aussi un
traducteur qui, avec le prétexte de compléter la pensée
de l’auteur original, n’intercalât pas, sous le titre d'idées
intermédiaires, ses pensées propres au milieu de celles du
poète qu'il traduit{3). I est possible, en effet, que les
poètes asiatiques négligent de lier leurs pensées les unes
aux autres, mais est-ce au traducteur, quelle que soit la
différence du génie des deux langues, à suppléer à cette
absence par une idée personnelle? Un traducteur ne doit
rien changer; il est copiste, qu'il soit fidèle, même dans
les défauts, sous peine d’être inexact. Si je fais exécuter
un moulage de la vierge de Milo, je tiendrai aussi à ce que
les bras manquent, parce que si le mouleur, sous le prétexte
de compléter l’œuvre du statuaire, y ajoute deux Fras de
sa façon, qui me ditqu'ils auront bien la pose et le modelé
que nul n’a trouvés et que tant d'artistes ont cherchés?
(1) Naëi. Idem , page 182.
(2) Manouer 11. Idem, page 80 (voir la note 7). Traduction littérale
du turc: Veux-lu voir les deux mondes représentés par une urne ? Il te
suffit de jeter Les yeux sur le miroir d'Alexandre el sur la coupe de Djem.
Ce qui veut dire peut-être : Veux-tu voir les deux mondes représentés
par un tombeau ? Ete. C'est-à-dire, veux-tu comprendre le néant de
toute grandeur? Etc. Que cette explication soit bonne ou erronée,
et quelle que soit la pensée du poète ture, elle n’est pas rendue par
M. de Sugny, qui traduit ainsi :
« Malbeur surtout au prince épris d’un vil repos,
» Qui de son rang sublime ose à ce point descendre,
» Que la coupe de Djem, le miroir d'Alexandre
» Remplacent dans ses mains les armes des héros! »
(3) Hariz. Étude orientale, page 24, note 5.
TOME XX. 13
194 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Telle est l'appréciation, Messieurs, que j'ai cru devoir
vous soumettre sur la Muse ottomane de M. de Sugny.
Faible, je me suis attaqué au fort. Mais je n'aurais pas
pris la peine de scruter si scrupuleusement sa traducuon,
si je n’yeusse trouvé en même temps le plaisir de
vivre pendant quelques heures dans une atmosphère
riante et embaumée de poésie. Je n’ai qu'un regret, que
je vous exprime en finissant, c'est de n'avoir pas eu le
loisir d'examiner plus attentivement les autres œuvres de
ec poète. Un autre plus habile que moi le fera peut-être
un jour. En attendant, Messieurs, recevez-le au nombre
de vos membres, pour les ouvrages qu'il vous à soumis
et dans lesquelles j'aurais eu à puiser de nombreuses et
belles citations, si je n’eusse craint de prolonger outre
mesure ce rapport déjà trop long. L’admission de M. Ser-
van de Sugny sera pour lui un témoignage de votre estime
et un honneur pour notre Société.
Après cette lecture, il est procédé au scrutin , et
M. Servan de Sugny ayant obtenu l'unanimité des
suffrages, est proclamé membre non résidant.
A sept heures, la séance est levée (1).
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
(4) Cest à la séance de juillet, et non à la séance de juin (page 160),
où elle a été placée par erreur, que devait étre mentionnée Ja
communication météorologique de M. Azéma. Elle avait pour objet
des observations concernant le mois de juin, et non le mois de mai.
SÉANCE DU 3 AOUT.
SORIRIAURE.
Ouvrages reçus. — Sonde œsophagienne pour la démétéorisation
des bestiaux; castration des vaches laitières; la saumure , poison
violent pour les animaux; questions {raitées dans diverses publica-
tions ; observations de M. Chouvon. — Rapports de MM. Gire et
Pascal sur les épizooties dans la Haute-Loire ; examen de ces rapports
par M. le docteur Borie, au nom d’une cosnmission spéciale. — Usages
locaux ; lettre de M. le Préfet. — Empoissonnement du lie du Bou-
ehet; lettres de M. Ie Préfet ct de M. le Président. — Phénomène
de végétation dans une prairie de Vabres; lettre de M. le euré de
Vabres. — Instrument à l'usage des géomètres, inventé par M. Bardy,
d'Auzon. — Exposition d'objets d'art celigieux à Ja cathédrale, pen-
dant la session du Congrès scientifique; proposition par M. Pabbé
Sauzet.— Déplac ment et restauration regrettables d'anciennes stalles
sculptées dans l’église de Langeac; lettres de M. le curé de Langcac
et de Mgr l'Evéque. — Monument à ériger au statuaire Julien, dans
la ville de Saint-Paulien; communication des vues de la commission
spéciale. — Admission à Pexposition universelle de Paris d’une statue
exécutée par M. Cubizolles. — Legs au musée du Puy, par Madame
la marquise de Latour-Maubourg, de deux vases antiques et d’un
riche collier d’or et d'ivoire :
; lettre de M. le marquis de Latour-
Maubourg; vifs remerciments de Ja Société. — Dons par M. Aymard,
au nom de MM. Pablé Marmeisse et le maire de Borne, d’une sta-
tuette en albâtre et d’une ancienne eroix en bronze; remereiments.
— Projet de reconnaissance de la Société comme établissement d’uti-
126 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
lité publique; vote défavorable du conseil municipal; lettre de M. le
Préfet; ajournement de la question à une prochaine séance. — Pémis-
sion de M. Rivier comme agent-comptable. — Rapports sur les eandi-
daturcs de MM. l'abbé Bernard et Martial Lamothe, par MM. l'abbé
Sauzet et du Villard; admission des récipiendaires
A trois heures, la séance est ouverte sous la prési-
denee de M. de Brive.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et
adopté.
OuvRAGES REÇUS. — Au nombre des ouvrages envoyés
depuis la dernière séance et dont M. le Président fait
l'énumération, on remarque une notice biographique
sur M. Alleman, ancien avocat et président à la cour
impériale de Riom, originaire du département de la
Haute-Loire, notice qui a été publiée par M. Félix
Grellet, avocat à la mème cour et membre non rési-
dant de la Société.
Un numéro du Bulletin médical renferme un mé-
moire important sur les maladies chroniques et leur
guérison dans létablissement hydrothérapique de
Brioude, par M. le docteur Andrieux, membre non
résidant.
AGRICULTURE. — M. le Président signale à l'attention
de l’Assemblée diverses questions agricoles qui ont été
TT
AOÛT. 197
traitées dans quelques-unes des publications déposées
sur le bureau, entre autres, 1° l'emploi de la sonde
œsophagienne , applicable à la démétéorisation des
bestiaux, d'après un article du Bulletin agricole de la
Haute-Saône ; 2 la castration des vaches laitières , opé-
ration qui, suivant l’auteur d’un article inséré dans le
Journal d'agriculture pratique, a pour effet de con-
server aux vaches leur lait pendant environ dix-huit
mois et d'en augmenter la quantité, et, de plus,
de les disposer à l’engraissement, 3° l’usage de la
saumure, qui est signalée par M. Reynal, de l’école
vétérinaire d'Alfort, dans un article du Moniteur des
Comices, comme étant un poison violent pour toutes
les bêtes et Les animaux de fermes.
M. Chouvon fait observer qu'il s’est servi fréquem-
ment de la sonde œsophagienne depuis qu’elle est
connue et que son emploi lui a souvent réussi; toute-
fois il dit que cet instrument n’est applicable qu'à la
météorisation proprement dite et non aux accidents
produits par des excès d'aliments. Dans ce cas, il n’y a
que l'extraction, à la main, de l’excédant de nourriture
qui peut sauver l’animal.
L'ordre du jour appelle ensuite Le rapport de la com-
mission chargée de donner son avis sur deux mémoires
concernant les épizooties, par MM. Gire et Pascal, mé-
decins vétérinaires, et que M. le Préfet avait envoyés
pour être soumis à l'examen de la Société. Organe
de cette commission, M. le docteur Borie s'exprime
ainsi :
198 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
MESSIEURS,
_
La commission que vous avez nommée pour examiner
les mémoires de MM. Pascal et Gire, réunie sous la pré-
sidence de M. le docteur GC. de Lafayetic, en a pris la
connaissance la plus attentive et m'a chargé de vons en
rendre un compte sommaire dans le rapport suivant :
M. Pascal mentionne tout d'abord les cantons et com-
munes qui sont dans sa circonscription; il examine en-
suite le système général de stabulation, qu'it trouve géné-
ralement mauvais par différents motifs exposés dans son
travail. Des faits qu'il a observés, il tire les conséquences
suivantes ; nous allons ie laisser parler : « En présence,
dit-il, de ce triste spectacle, je ne m'étonne plus que nos
chevaux soient faibles, étiques, d’une repoussante saleté,
surtout qu'ils aient les yeux si souvent malades ; que nos
bêtes à cornes soient atteintes d’une manière aussi désas-
treuse par la péripneumonie ; que nos bêtes à laine soient
descendues au niveau d’une ruineuse infériorité. »
Du mauvais état hygiénique des écuries de sa circon-
seription, il passe à l'alimentation des bestiaux. Les
fourrages sont plus ou moins bons, suivant les localités,
et 1l regrette que les propriétaires qui emploient des
fourrages de qualité inférieure, ne fassent pas usage du
sel, qui modifierait avantageusement cette infériorité en
donnant à ces fourrages le montant et la saveur qui leur
manquent, ou en corrigeant la mauvaise odeur qu'ils
peuvent avoir contractée.
Dans ses courses officielles, M. Pascal s’est appliqué à
donner des conseils hygiéniques qu'il nientionne dans son
AOUT. 199
rapport; ils sont au nombre de dix. Les maladies dont
les bestiaux de son cantonnement ont été atteints sont le
charbon, la elavelée, la péripneumonie. I fait succinete-
ment la nosologie de ces deux dernières. Quant à la ma-
ladie charbonneuse, qui n’a existé qu'à Grèzes, dans le
canton de Saugues , il n'a pu la constater, « parce que,
dit-il, je me suis arrivé qu'après la disparition complète
de la maladie, » En ce qui concerne les traitements
qu'il a eu à employer, voici ce qu'il en dit : « Ces trai-
tements, rarement heureux sans doute, mais consacrés
par la pratique des maitres, qui sont d'accord pour recon-
naître qu'en général le remède souverain de toutes les
épizooties, c'est l'emploi des mesures hygiéniques et pré-
servatrices. »
A ce rapport est joint un tableau où nous relevons les
résultats suivants : Dans les six mois précédents, l’affec-
tion charbonneuse ne s’est montrée que dans la commune
de Grèzes et a fait périr vingt et une bêtes, qu'il estime
au prix de 2,210 fr. Dans trois communes, quinze bêtes
sont mortes de péripneumonie ; il en porte le prix à 2,055
fr. La clavelée, qu’il a constatée dans deux communes,
à fait périr dix-septhètes, dont il évalue le prix d’estima-
tion à 232 fr.
Telest, en abrégé, le travail présenté par M. Pascal.
On voit qu'il s'est préoccupé de l’article 7 de l’arrêté pris
en 1855, par M. le Préfet, sur l’organisation du service
des vétérinaires attachés à l'administration. Nous oublions
(et c’est un tort que nous aurions en parlant à une So-
ciété qui à pour principale mission de s'occuper des
intérêts agricoles) de ne pas vous dire qu’en terminant
son rapport, M, Pascal appelle d’une manière toute spé-
200 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ciale l'attention de M. le Préfet sur le mauvais état de la
population ovine,
M. Gire commence son rapport par quelques considé-
rations sur la statistique, et fournit un tableau où sont
indiquées les maladies qu’il a observées dans sa circon-
scription. De l'examen de ce tableau il résulte que, dans
dix communes, treize bêtes sont mortes du charbon, deux
de péripneumonie et quarante-sept de clavelée, En sutre,
et ce qui étonne, c’est qu'à Séneujols, dans une écurie où
il y avait trente vaches, seize se sont avortées. Quelle
peut en être la cause? M. Gire l’attribue à l'usage de
fourrages avariés.
De ces généralités sur la statistique, M. Gire passe à
ce qu'il y a de plus important dans la médecine vétéri-
naire, à l'étude des maladies épizootiques. Ce sont en
effet là les maladies les plus cruelles pour les habitants
de nos campagnes. Puisant dans son propre fond ou dans
les faits acquis à la science, il examine les causes de ces
maladies à tort ou à raison réputées contagieuses; il in-
dique les mesures préservatrices qu'il y a à prendre, et
que l’on ne pourra que très-imparfaitement faire adopter
par les paysans de nos campagnes, en supposant même,
ce qui n'est pas très-probable, qu'ils se prêtent aux con-
seils qu'on leur donnera. Il y a chez eux beaucoup de pré-
jugés, d'ignorance, d’aveuglement, de routine; ils ont
du mauvais vouloir pour tout ce qui est nouveau et modifie
leur laisser-aller, leurs habitudes; volontiers ils eroient
aux sorlilèges, aux amulettes, aux charlatans qui les
trompent, et sont peu sympathiques aux conseils du bon
sens, de la science et de la raison.
Relativement à la thérapeutique de la clavelée , de la
\
AOÛT. 201
péripneumonie, il énumère les divers moyens curatifs
que conseillent les auteurs, Suivant lui, il n’y a réelle-
ment d’utile que l’inoculation pour les bêtes ovines. C’est
un remède souverain, surtout lorsqu'on inocule le claveau
au moment où la elavelée apparaît dans un troupeau. Il
ne parle pas du traitement du charbon. Quant à celui de
la péripneumonie, beaucoup de remèdes-ont été employés,
mais avec bien peu de succès. Il en est un dont on à sou-
vent parlé, et qui a de nombreux partisans, notamment
en Belgique et en Allemagne, c’est l'inoculation de la
maladie. Cette méthode a (té expérimentée dans notre
département par M. le docteur en médecine Olivier, qui
en a obtenu des résultats fort remarquables. M. Gire n’a
pu jusqu'à ce jour l’employer, et cela pour diverses rai-
sons : les paysans y répugnent, parce que des empiriques
ont empleyé ce moyen, qui, entre leurs mains, a produit
des phénomènes morbides très-fâcheux et pires que le
mal. D'autre part, le vétérinaire n’est pas sur les lieux le
jour même où une bête a süccombé, et les paysans se hà-
tent de l’enfouir. Pour avoir du virus, il faut alors le
prendre dans les poumons d'une bête malade; pour cela
il faut la sacrifier, et les propriétaires s’y refusent, car
ils savent par expérience que les bôtes les plus séricuse-
ment atteintes de péripneumonie guérissent quelquefois
et reviennent à une santé forte et robuste.
M. Gire entre ensuite dans l’examen des mesures de
police relatives aux épizooties et aux autres maladies
contagieuses; il s'élève contre certaines de ces mesures,
el nommément l'enfouissement. On sait que les lois veu-
lent en effet que toutes les bêtes mortes du charbon, de
la clavelée, de la péripneumonie, de la morve, du farcin,
202 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
de la rage soient enfouies dans une fosse, et que préala-
blement leur peau ait été tailladée en plusieurs endroits,
afin d'en empêcher la vente. M, Gire demande que
l’enfouissement n'ait pas lieu pour tous les cas.
Permettez-moi, Messieurs, de vous entretenir, et le
plus brièvement possible, de ce qui s’est passé à ce sujet
dans le conseil hygiénique de notre arrondissement, dès
les premiers temps de sa création.
Ce conseil croyait que, dans bien des cas, les prescrip-
tions de la loi sont exorbitantes, Il savait que la pénalité
encourue par ceux qui les éludent est sévère à ce point
que MM. les maires répugnent à dresser des procès-ver-
baux contre les délinquants. Enfin il n’ignorait pas que
les paysans de nos contrées sont généralement peu à
l'aise, pour ne pas dire pauvres, et qu’ils sont assez mal-
heureux de perdre leurs bêtes sans être obligés d’en
perdre la peau.
Ces réflexions, et bien d’autres sans doute que nous
oublions, détermirèrent le conseil d'hygiène à s'occuper
d'épizooties, et si nos souvenirs sont exacts, voici les
questions qui furent posées et examinées :
Doit-on permettre ou doit-on continuer de prohiber la
consommation des chairs et du lait des animaux affectés
d'épizootie ?
Un animal est atteint de charbon gangréneux ou de pé-
ripneumonie; on le tue : sa chair sera-t-elle malfaisante
et doit-elle être proscrite ?
La péripneumonie est-elle une affection que l’on doive
considérer comme gangréneuse, où plutôt n'est-elle pas
une affection inflammatoire du poumon avec hépatisation ?
Est-il démontré que la cuisson, les assaisonnements,
AOUT. c0G
le mélange d'aliments divers s'opposent aux mauvais
effets que les viandes mangées , et provenant d'animaux
morts d’épizoolie, pourraient entrainer. Bien plus, cite-
t-on beaucoup de faits avérés et authentiques où les
viandes mangées dans des conditions convenables aient
produit des résultats fâcheux bien constatés?
Evidemment ce sont là des questions de la plus haute
importance au point de vue de l’hygiène et de la vie des
hommes, comme aussi elles sont d’un grand intérêt au
point de vue des agriculteurs et du commerce. Pour les
résoudre d’une manière certaine et par conséquent satis-
faisante , ces questions présentent des difficultés innom-
brables. Mais en est-il de même pour ce qui a trait à la
peau des animaux morts d'épizootie ? Ici, la question est
dans son entier dominée par un fait, et ce fait le voici :
Il est certain que les équarrisseurs vendent partout, en
France , la peau des bêtes mortes de maladies réputées
contagieuses; ils n’exceptent de la vente pas même, as-
sure-t-on , celles qui proviennent dé bêtes mortes du
charbon gangréneux. La police parait done, sous ce rap-.
port, avoir laissé tomber en désuétude les prescriptions
de l'arrêt ayant force de loi du 16 juillet 1784. Toutefois,
pour enlever la peau du corps de l’animal, il ya quelques
soins à prendre. De même, pour détruire les moindres
causes qui peuvent concourir à propager la contagion, il
y a à employer des moyens bien connus de tout le monde,
et par lesquels on annihile les propriétés délétères que la
peau dont on dépouille l'animal pourrait retenir. En
examinant et en cherchant à s’éclairer sur les questions
dont nous venons de parler, le conseil d'hygiène n'avait
certes pas pour but ‘d'engager à éluder la loi. Elle
204 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
existe , il faut s’y soumettre. Seulement ce conseil
pensait que certaines de ses prescriplions nuisaient,
dans des cas donnés, aux intérêts de nos agriculteurs , si
peu favorisés déjà et du côté du climat et du côté de Ia
fortune. Il croyait aussi qu'il y avait quelque chose à
faire pour mettre ces lois de police, rendues sous le coup
d'évènements calamiteux, plus en harmonie avec l’état
actuel de la civilisation et de la science. Pour cela, il dé-
sirait que toutes ces questions fussent portées devant le
pouvoir central, qui seul pourrait avoir à sa disposition
les moyens de s’instruire et de connaître, afin qu'il intro-
duisit dans les lois en vigueur toutes les modifications
compatibles avec les besoins du temps et de la sécurité
publique.
Il n'ya pas un quart de siècle qu'au sujet de la fièvre
jaune et même de la peste d'Orient, le gouvernement
était chligé de prendre des mesures de toutes sortes,
même les plus vexatoires et les plus ridicules ; actuelle-
ment toutes ces mesures sont abandonnées. Le gouverne-
mient à lui-même détruit naguère le vaste et fameux
lazaret de Marseille, dont 1l a cédé le terrain à cette
ville. Ce qui s’est passé de notre temps pour les maladies
de lhomme que l'on avait si longtemps considérées
conime contagieuses, ne semble-t-il pas indiquer que lon
peut, sans inconvénient, apporter quelques modifications
dans les prescriplions si sévères des lois en vigueur sur
les maladies contagieuses, ou réputées telles, des animaux?
Et maintenant, Messieurs, il nous reste, conformé-
ment à l’article 11 de l'arrêté de M. le Préfet, sur l’or-
ganisation du service des vétérinaires, à vous faire con-
naître nos observations et notre avis sur les deux rapports
AOÛT. 205
dont nous venons de vous entretenir. Î1 y a dans ces deux
rapports un fait contreversé; an dire de l’un, la péri-
pneumonie atteint indistinetement les bôtes à cornes,
n'importe leur âge; l’autre admet que ceite maladie
n'atteint jamais les bêtes qui sont dans l’âge de 2 à 3 ans.
Ce fait à de l'importance; n'est-il pas à désirer que l’on
sache parfaitement à quoi s’en tenir?
MM. Gire et Pascal ont mis dans leur rapport un ta-
bleau où ils ont relaté, par communes, le nombre de bêtes
qu'ils ont eu à visiter. Ne serait-il pas aussi à désirer que
ces tableaux fussent établis sur les mêmes bases, au
moyen d'un cadre uniforme que MM. les vétérinaires
auraient seulement à remplir ?
Quoique pensés et écrits à des points de vue différents,
ces rapports dénotent que l'institution de médecins vété-
rinaires attachés à l'administration, pour la seconder
dans ses efforts de progrès et d'améliorations, est une
institution qui peut être fort utile à notre pays agricole,
où il y a tant à faire pour qu'il arrive au niveau d’autres
contrées, pour que surtout il abandonne certaines roulines
dans lesquelles il semble se complaire. Avec cet esprit
organisateur qui le distingue, M. le Préfet ne s’est pas
borné à nommer des vétérinaires ; il leur a donné des in-
structions et leur à indiqué les voies qu'ils avaient à
suivre. C'est un vaste cadre dans lequel MM. les vétéri-
naires peuvent se mouvoir à l'aise et, sans en sortir,
rendre à l’agriculture des services signalés. Aussi tout
porte à penser que s'ils comprennent {et l’on ne saurait
en douter) l'importance et l'honorabilité de la mission
dont ils ont été investis par l'administration supérieure ,
notre pays ressentira, sous peu d'années, les avantages
de cette nouvelle institution.
206 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Après diverses observations présentées par plusieurs
membres, l'assemblée décide l'envoi du rapport à
M. le Préfet.
USAGES LocAUX. — M. le Préfet écrit pour demander
que la Société lui fasse connaître les résultats de ses
recherches sur les usages locaux, afin de les consigner
dans son rapport au Conseil général.
Les données qui ont été recueillies jusqu’à ce jour
seront transmises à M. le Préfet.
ECONOMIE PUBLIQUE. — M. le Préfet, par une lettre
dont il est donné lecture , annonce que, d’après ses
ordres, une enquête a été faite, dans les communes
de Cayres et du Bouchet, sur la question de savoir po-
sitivement quels sont les véritables propriétaires du
lac du Bouchet. Il en résulte que le lac appartient à
ces deux communes par indivis, « circonstance, ajoute
M. le Préfet, qui ne saurait empècher la réalisation des
projets d'empoissonnement. »
M. le Président s'est empressé de répondre aux gé-
néreuses intentions de M. le Préfet par la lettre sui-
vante :
40 juillet 1855.
MONSIEUR LE PRÉFET,
Les documents que vous m'avez fait l'honneur de m'a-
dresser établissent que les communes de Cayres et du
AOUT. 207
Bouchet sont propriétaires du lac et des vastes terrains
qui l'entourent. La Société d'agriculture, qui a témoigné
déjà tout l'intérêt qu’elle attaehe à la création d’un éta-
blissement piscicole au lac du Bouchet, à toujours pensé,
par les considérations d'utilité publique que j'ai eu l'hon-
neur de vous exposer dans mes précédentes lettres, qu’il
y à lieu de s'occuper de l'empoissonnement de ce grand
réservoir d’eau, et je ne suppose pas qu'elle trouve dans
la question de propriété telle que l'enquête vient de la
résoudre, un obstacle à la réalisation de ce projet. Seule-
ment cette solution servira à déterminer aux frais et au
profit de qui cette utile amélioration devra être exécutée.
Le succès de l’empoissonnement du lac dépend, avant
tout, du reboisement des parties de terrain qui l’avoisi-
nent et qui sont aujourd'hui complètement dénudées de
,
toute végétation. Il n'est pas douteux, en effet, que des
arbres, des végétaux de tous genres sont indispensables
aux abords du lac pour assurer l’alimentation et la con-
servalion du poisson, La surveillance que nécessitera le
boisement de ces terrains s’étendra aussi avec efficacité à
l'établissement piscicole.
© {serait donc utile à l’accomplissement de ce projet que
les deux communes de Cayres et du Bouchet fussent in-
vitées, le plus tôt possible, à demander la soumission au
régime forestier des terrains communaux qui s'étendent
autour du lac, et dans le cas où ces deux communes set
aient assez peu clairvoyantes sur leurs véritables intérêts
pour se refuser à cette démarche, que l'autorité départe-
mentale voulût bien d'office confier la gestion de ces ter-
rains à l'administration forestière.
La prise de possession des communaux de Cayres qui
208 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sont disponibles pourrait avoir lieu immédiatement; celle
des terrains appartenant à la commune du Bouchet et qui
sont amodiés serait différée jusqu’à l’expiration des baux.
Le reboisement des bords du lac serait ainsi commencé
sans retard et continué successivement à mesure des
ressources disponibles et de l'étendue du sol forestier.
La surveillance, qui en serait le complément, s’exerçant
aussi sur le lac, permettrait d'entreprendre bientôt l’em-
poissonnement, avec la certitude qu’il ne serait plus con-
trarié par la malveillance ou par le maraudage.
La Société d'agriculture est persuadée que les sacrifices
que les deux communes propriétaires et même le dépar-
tement, au besoin, pourront s'imposer dans ce but, seront
largement compensés, dans l'avenir, par les produits et
les avantages qui résulteront de cette importante opéra-
tion.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, ete.
La communication de ces pièces donne occasion à
l'Assemblée de réitérer ses vœux pour la réalisation
prochaine de l’intéressant projet auquel est acquise la
sollicitude de l'administration.
SCIENCES PHYSIQUES. — M. l'abbé Frugère, curé de
Vabres, signale, dans une lettre, un phénomène de
végétation qui se reproduit périodiquement dans une
prairie des environs de Vabres.
L'apparition de ce phénomène daté, dit-on, d’une
soixantaine d'années et n’a pas cessé depuis lors de se
manifester , tous les ans, de la manière suivante : La
AOÛT. 209
prairie forme deux parties distinctes, l’une plane au-
dessus de l’autre qui est déclive. A l'est et sur la
limite de la surface plane, on voyait primitivement un
espace circulaire d’un mètre de diamètre dont le gazon
restait constamment desséché et comme brûlé. Des
vieillards dignes de foi attestent le fait. On observa
ensuite que cette surface de gazon qui était desséchée
l'année précédente, reverdit et se couvrit même d’un
berbage plus vigoureux qu'au surplus de la prairie.
Mais à côté de cette partie de pré remarquable par ce
luxe de végétation, se dessina, en gagnant vers l’ouest,
et toujours sur la surface plane de la prairie, un demi-
cercle dont le gazon, à son tour, fut desséché tout
d’abord, et puis se couvrit d’un herbage épais l’année
d’après, et à la suite de ce demi-cercle, en apparut un
autre plus grand qui suivit la même succession de
dessèchement et d’active végétation. Ge phénomène
s’est invarlablement continué d'année en année jusqu'à
ce jour, en poursuivant le cours de ses envahissements
vers l’ouest de la prairie.
Une commission est nommée pour étudier sur les
lieux les faits qui viennent d'être signalés par M. l'abbé
Frugère. Elle est composée de MM. Azéma, Regimbeau,
Plantade et l'abbé Alirol.
M. le Président fait placer sous les yeux de l’Assem-
blée un instrument que M. Bardy, membre correspon-
dant à Auzon, a inventé et dont il a voulu donner
communication à la Société. « Cet instrument, écrit
notre confrère, peut servir de graphomètre, d'équerre
d'arpenteur, de niveau d’eau et de boussole pour orien-
TOME XX. 14
210 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ter les plans, avantages qu'aucun instrument de g60-
métrie n’a offerts jusqu’à ce jour. MM. les ingénieurs ,
qui souvent sont obligés de porter à des distances éloi-
enées ces différents instruments, trouveraient plus
commode d'employer celui-ci, qui, sous un volume
comparativement moindre, les comprend tous. »
Plusieurs membres examinent avec intérêt ce nouvel
instrument, dont ils expliquent le mécanisme, et sur
leur proposition, il est arrèté qu'un dessin en sera
demandé à M. Bardy, pour être joint, s’il y a lieu, au
compte-rendu de la séance.
ARCHÉOLOGIE. — M. l'abbé Sauzet expose, dans une
lettre, l'importance archéologique et artistique qu'offri-
rait, pendant la session du Congrès, une exposition
des objets d'art religieux qui existent dans beaucoup
d’églises du département ou dans des maisons particu-
lières. Les investigations qui seraient faites à cette
occasion mettraient. en lumière non seulement les
objets qui sont déjà connus, mais bien d’autres encore
qui, jusqu'à ce jour , sont restés ignorés. Ces ri-
chesses ainsi réunies au Puy dans un local convenable
et sous les yeux des savants qu'amènera le Congrès,
fourniraient de précieux éléments d’études et de com-
paraisons pour l’histoire des arts dans notre pays; on
apprendrait à les apprécier à leur véritable valeur
scientifique , et l’on préviendrait ainsi des pertes et des
mutilations qu'on a eu trop souvent à regretter. Nul
doute, d'ailleurs , que cette importante exhibition, si
elle était faite avec l'intelligence et les soins qu’elle
AOÛT. 211
exige, n'ajoutàt un certain éclat à la solennité du
Congrès.
M. l'abbé Sauzet dit aussi qu'il existe, attenante à la
cathédrale, une vaste et belle galerie, d’un véritable
intérèt historique. Elle est aujourd’hui formée de toutes
les pièces comprenant autrefois la salle des états du
Velay, la bibliothèque du chapitre et la chapelle dite
des Saintes Reliques. Dans cette galerie subsistent en-
core des souvenirs artistiques vraiment précieux, entre
autres la belle peinture murale de la fin du XVe siècle,
représentant quatre arts libéraux, peinture qu'a décrite
dans nos Annales l'un de nos confrères. Le bâtiment
est lui-même compris dans une ancienne et imposante
forteresse qui, au moyen âge, défendait l'accès de la
cathédrale, et la salle s'ouvre sur le cloître, dont les
galeries, richement ornées de colonnettes et de chapi-
teaux historiés, offrent les différents styles d’architee-
ture romane usités à l’époque carlovingienne et aux
XF et XILe siècles.
C'est donc dans cette salle que pourrait être placée
l'exposition religieuse. Si elle produisait l'effet qu'on
peut en attendre, elle ferait naître la pensée d'y con-
server ensuite le trésor religieux de la cathédrale, que
Mer de Bonald avait commencé à reconstituer et qui,
depuis lors, à tendu à se développer, principalement
sous les auspices de Mgr de Morlhon.
Enfin un catalogue savamment rédigé de cette inté-
ressante exposition pourrait être annexé aux publica-
tions du Congrès.
La proposition de M. l'abbé Sauzet est appuyée par di-
vers membres et l’Assemblée l'approuve unanimement,
212 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Elle nomme, à cet effet, une commission composée
de MM. les abhés Sauzet et Alirol pour en conférer avec
Mgr l’Evèque et le prier, s’il veut bien y consentir, de
désigner une commission définitive d’ecclésiastiques
qui serait chargée d'organiser l'exposition et d'en
dresser ensuite le catalogue.
Dans une lettre dont il est fait lecture, Mgr l'Evêque
transmet les explications que lui a adressées, sur sa
demande, M. le curé de Langeac, au sujet du dépla-
cement et de la restauration des anciennes stalles
sculptées de l’église paroissiale de cette ville, actes
fâcheux à l'égard desquels la Société avait exprimé des
regrets dans l’une de ses précédentes séances. M. le
curé s'excuse en disant que si l'harmonie des stalles a
pu souffrir de leur déplacement, l’harmonie de l'en-
semble de l'église y aurait gagné; en ce qui a trait aux
restaurations, elles auraient eu pour but, d'après M. le
curé, de compléter la décoration des boiseries.
Mer l’'Evèque a bien voulu terminer sa lettre dans les
termes suivants, qui sont accueillis très-favorablement
par l’Assemblée : « Dans l'intérêt de l’art, Monsieur
le Président, et pour éviter à MM. les curés la respon-
sabilité qui leur incomberait relativement à des travaux
de réparations ou autres exécutés avec plus ou moins
d'intelligence, j'ai renouvelé, dans le Bref de 1848, la
défense faite par un de mes illustres prédécesseurs à
MM. les ecclésiastiques d'entreprendre des réparations
considérables, soit à l’église, soit au presbytère, sans
m'avoir communiqué leurs projets avec les plans.
M. Mercier, qui avait perdu de vue cette défense,
AOUT. 213
\
m'assure qu'il se conformera par la suite à ma volonté.
» Je suis heureux d'avoir prévenu par cette mesure
les désirs des honorables membres de la Société que
vous présidez. »
BEAUX-ARts. — M. le Président rend compte des vues
et des premières opérations de la commission instituée
par la Société pour l'érection du monument à la mé-
moire du statuaire Julien, dans la ville de St-Paulien.
L'Assemblée s'empresse de donner à la commission
ses pleins pouvoirs pour arrêter les plans et projets et
en activer l'exécution.
M. Cubizolles , artiste sculpteur originaire de la
Haute-Loire , et ancien pensionnaire du département à
Rome, écrit à M. le Président pour lui annoncer que
sa statue en marbre représentant une baigneuse, qui
n'avait pas été admise au Palais de l'exposition univer-
selle des beaux-arts, vient d'être reçue au Palais de
l'industrie, grace à l'intervention de M. Alfred Arago,
inspecteur général des beaux-arts. M. Cubizolles a
joint à sa lettre celle de M. Arago, qui confirme cette
admission.
Musée. — M. le marquis de Latour-Maubourg, dé-
puté de la Haute-Loire, dans une lettre très-sympathi-
que aux travaux de la Société, informe M. le Président
que Madame la marquise, sa mère, qui vient de décé-
der , a légué au musée : 1° deux vases étrusques; 2e un
collier en or et ivoire, ouvrage moderne d’un artiste
214 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
italien. Le passage du testament relatif à ce legs est
ainsi CONÇU :
« Je donne et lègne au musée du Puy (Haute-Loire)
mon collier en ivoire sculpté, imitatif des camées anti-
ques, et fait par un artiste de Turin s’appelant Borra-
nigo; plus deux vases étrusques qui sont dans mon
salon. »
Ces pièces précieuses sont placées sur le bureau. Les
deux vases, qui sont d'une parfaite conservation,
appartiennent à l’une des belles époques de l’art an-
tique. Sur le fond noir qui couvre les parois exté-
rieures, se détachent, en jaune monochrome, des
sujets représentant des scènes de danse et autres et
des rinceaux de feuillages.
Le collier, dont la chaîne d’or est délicatement ou-
vragée, offre vingt chatons sur lesquels sont habilement
sculptées en ivoire, dans un sentiment de dessin très-
remarquable , des figures et scènes empruntées à la
mythologie.
L'Assemblée exprime, avec ses profonds sentiments.
de condoléance, sa vive gratitude pour les dons pré-
cieux dont Madame la marquise de Latour-Maubourg
a voulu enrichir le musée par la généreuse entremise
de M. le marquis de Latour-Maubourg.
M. Aymard fait hommage au musée, au nom de
M. l'abbé Marmeisse, de Langeac, d’une statuette en
albâtre représentant une jeune femme, et de la part
de M. le maire de Rorne, d’une ancienne croix en
bronze.
M. le Président exprime les remerciments de la So-
ciété pour ces divers dons.
AOUT, 215
OBJETS D'ADMINISTRATION. — M. le Président lit une
lettre par laquelle M. le Préfet annonce que, pour se
conformer aux formalités prescrites par la loi dans les
circonstances où une Société demande à être reconnue
comme établissement d'utilité publique, il a soumis au
conseil municipal de la ville du Puy la question de
savoir si cet avantage devrait être accordé à la Société.
Le conseil à émis un avis défavorable à ce projet, et il
y a lieu, dès lors, de demander à l'Assemblée si elle
persiste dans la décision qu’elle à prise à Fune de ses
précédentes séances.
Après cette lecture, MM. de Brive et Aymard déve-
loppent de nouveau les considérations importantes et
nombreuses qui ont motivé la première délibération de
la Société, et qui ne leur paraissent nullement affai-
blies par l'opposition du conseil municipal.
M. Ch. C. de Lafayette fait observer que la séance est
trop avancée pour qu'on puisse discuter pleinement
cette importante question ; avant qu'il en ait été
donné communication , divers membres sont sortis de
la salle. I serait donc à propos d’ajourner le débat à la
prochaine séance.
M. le Président, adhérant à cette proposition, dé-
clare, avec l’assentiment de lAssemblée, qu’à raison
de lurgence, la question sera traitée dans une séance
extraordinaire et très-prochaine.
Il est ensuite donné connaissance d'une lettre par
laquelle M. Rivier offre sa démission d’agent-comptable.
Elle est motivée sur Félat de santé qui ne permet plus
à cet employé de s'occuper activement de l'agence.
216 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
L'Assemblée accepte la démission de M. Rivier, en
l'invitant toutefois à conserver ses fonctions jusque
après la tenue du Congrès.
ADMISSION DE NOUVEAUX MEMBRES. — M. l'abbé Sauzet
fait un rapport sur la candidature de M. l'abbé Bernard,
aumônier du lycée impérial, au titre de membre rési-
dant. Le mémoire présenté par le récipiendaire est un
travail historique sur l’époque où saint Georges aurait
été envoyé dans le Velay pour y introduire le christia-
nisme. L'auteur y a exposé toutes les opinions qui ont
été émises jusqu’à ce jour sur cette question, qui, il y a
trois ans, avait été soumise comme sujet d'étude aux
conférences ecclésiastiques du diocèse, et sur laquelle
ces conférences proposèrent différentes solutions.
M. l'abbé Bernard a fait preuve, dans ce mémoire»
d'une grande connaissance de son sujet, qu’il a traité
avec érudition et talent.
En conséquence, M. le rapporteur conclut à l’admis-
sion du récipiendaire.
M. du Villard, au nom d’une commission spéciale,
fait le rapport suivant sur la candidature de M. Martial
Lamothe au titre de membre non résidant :
MESSIEURS,
M. Martial Lamothe, pharmacien à Riom (Puy-de-
Dême), désirant être admis au nombre des membres non
résidants de votre Sociélé, vous a adressé trois brochures
AOUT. 27.
comme litre d'admission; c’est sur ces trois opuscules
que j'ai été chargé de vous faire un rapport suceinet.
M. Lamothe, membre de la Société académique de
Clermont et de plusieurs autres Sociétés savantes, est
connu depuis longtemps par ses travaux botaniques. Dès
1847, il a publié, conjointement avec M. Henri Lecoq, le
Catalogue raisonné des plantes vasculaires du plateau
central dela France, ouvrage justement apprécié; depuis
il à continué de s'occuper de botanique, et à été assez
heureux pour découvrir plusieurs espèces nouvelles,
comme vous allez le voir par l'analyse de deux de ses
brochures.
La première est relative au papaver dubium de Linné.
M. Lamothe s’est convaincu que les auteurs postérieurs à
Linné ont confondu sous ce nom deux espèces bien dis-
üncetes, quihabitent des terrains et des régions différents.
La phrase caractéristique que donne Linné du paparer
dubium, dans son espèce, peut convenir à l’une ou à
l’autre des deux espèces ; mais c'est dans la flore de Suède
que Linné à donné la première description du papaver
dubium, qu'il indique : inter segetes Europæ septen-
trionalis. Or la Suède est entièrement formée de ter-
rains siliceux ; le pavot des calcaires, qui d’ailleurs ne
s'élève pas au-dessus de la région de la vigne, ne saurait
y croître. La première espèce, qui doit conserver le nom
de papaver dubium, habite les terrains granitiques et vol-
caniques, et, outre les divers caractères que signale
M. Lamothe, il se distingue surtout par le sue de la tige,
d’abord incolore, puis légèrement laiteux.
Lä deuxième et nouvelle espèce de papaver à été
bien décrite par M. Lamothe, et habite la région de
218 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
la vigne, parmi les moissons et sur les vieux murs des
terrains caleaires. Le suc de la tige est jaune.
La deuxième brochure, datée de 1855, a pour objet :
10 les sempervivum de l'Auvergne , au nombre de cinq.
Déjà, dans leur catalogue, MM. Lecogq et Lamothe avaient
distingué du sempervivum tectorum le sempervivum au-
quel ils ont donné le nom de sempervivum arvernense.
Dans sa nouvelle brochure, M. Lamothe déerit encore Île
sempervivum pomelii, qu'il nomme ainsi parce que
M. Pomel est le premier qui l’ait observé. Ce sempervi-
vu est très-voisin du sempervivum arvernense, il l’est
encore du sempervivum arachnoideum, mais il se distin-
gue des deux par des caractères que fait connaître M. La-
mothe. Voilà encore une espèce nouvelle qui croît sur
les rochers de Saint-Yvoine, de Champeix et de Saint-
Neetaire. Enfin M. Lamothe fait connaître le sempervi-
vum faukii de Braun, roch. syn., qu'il cultive dans son
jardin et qui se trouve sur le mur d'un jardin à Châäteau-
gay, à Aigueperse et dans le département de l'Allier.
M. Lamothe se demande d’où vient cette espèce : est-elle
spontanée, ou a-t-elle été apportée des montagnes d’Au-
triche ?
Je vous ai nommé les cinq espèces, dont deux entière-
ment nouvelles, le sempervivum arvernense et le sem-
pervivum pomelii. Une troisième n'avait été signalée
que dans la flore germanique, le sempervivum faukii.
Les deux autres, sempervivum tectorum et arachnoi-
deum, étaient connues, quoique, sans doute, bien moins
caractérisées.
2° Cette même brochure contient la description d'un
nouveau thlaspic, auquel M. Lamothe donne le nom de
AOUT, 219
t. vulcanorum, parce qu'il n’a été trouvé que sur les
terrains volcaniques. Dans leur catalogue, MM, Lecoq et
Lamothe avaient pris ce thlaspic pour le {. virgatum de
Gren. et God., brachypetalum de Jordan, avec lequel il
a beaucoup de rapport; il en a aussi avec le #. sylvestre
de Jordan ; mais il se distingue de l’un et de Pautr2 par
des caractères qui lui sont propres.
3° Enfin M. Lamothe décrit une hybride des cirsium
lanceolatum et c. eriophorum, à laquelle il donne le nom
de c. lanceolato-eriophorum , plante très-rare qu'il a
trouvée, près de Fassemeunier, au milicu des c. lanceo-
latum et eriophorum. 3
Dons sa troisième et dernière brochure, M. Lamothe
signale l'existence de l’arsenie dans les dépôts des caux
minérales d'Auvergne. La présence de ce métalloïde avant
été constatée dans les dépôts formés par les eaux miné-
rales ferrugineuses d'Allemagne et de France, M. Lefort,
pharmacien à Gannat, l'ayant découvert dans la rouvelle
source Lardy, à Vichy, M. Walchner ayant constaté que
tous les minerais de fer renfermaient de l’arsenie, M, La-
mothe à été amené à penser que les sources minérales du
département du Puy-de-Dôrie, contenant toutes du fer,
devaient aussi contenir de larsenie, et il en a constaté,
en effet, la présence par le mode d'analyse indiqué par
M. Orfila, pour rechercher l’arsenic dans les terrains
des cimetières.
Les dépôts formés par les sources de Saint-Allyre, de
Châtel-Guyon, d'Euval, de Saint-Neard, Saint-Nectaire
et de Royat, traités par l'acide sulfurique et soumis à
l'appareil de Marsh, ont tous fourni, sur des assiettes de
porcelaine, une quantité plus ou moins grande de taches
220 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
arsenicales. Dix grammes du dépôt ferrugineux de la
source Lardy, à Vichy, dont la dissolution à été intro-
duite dans un appareil de Marsh, ont littéralement cou-
vert d’arsenic deux assiettes de porcelaine, des deux
côtes.
« Néanmoins, ajoute M. Lamothe, la présence de l’ar-
senie dans les eaux minérales les plus riches ne peut être
décelée que par l'appareil de Marsh, au moyen duquel
on découvre un millionième de ce métalloide. En agissant
directement sur l’eau, toutes les expériences ont été com-
plètement négatives. » Mais M. Lamothe demande si ce
prinape, qui, dans les eaux minérales, n’a aucune action
toxique, ne doit pas en avoir une comme agent théra-
peulique.
Les savantes recherches de M. Lamothe, tant comme
botaniste que comme chimiste, ses découvertes intéres-
santes ne seront pas infructueuses pour notre Société.
Nous re doutons pas que vous vous empressiez de ic re-
cevoir au nombre de vos membres non résidants.
Il est ensuite procédé au scrutin, et, à l'unanimité,
sont nommés : membre résidant, M. l'abbé Bernard,
aumônier au lycée impérial, et membre non résidant,
M. Martial Lamothe, pharmacien à Riom.
A sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 46 AOÛT.
SOMMAIRE.
Projet de reconnaissance de la Société comme établissement d’uti-
lité publique; communication de la délibération du conseil muni:
cipal; débat sur cette question; vote de rejet. — Fixation du jour de
ouverture du Congres scientifique au Fuy ; lettre de M. de Caumont.
— Mission donnée à M. Henri Doniol de représenter la Soriété aux
expériences agricoles de Trappes. — Projet d’annexion d’une section
d'horticulture au sein de la Société; commission nommée.
A trois heures, la séance est ouverte sous la prési-
dence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la précédence séance est lu et
adopté.
M. le Président expose les motifs qui l'ont déterminé
à convoquer la Société en séance extraordinaire : cette
réunion avait été décidée à la précédente séance, au
sujet d'une question importante qui sera soumise à
l’Assemblée ; il est urgent aussi d'arrêter certaines
dispositions que nécessite l’organisation du Congrès
scientifique.
222 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
OBJETS D'ADMINISTRATION. — L'ordre du jour appelle
l'examen de la première question, qui est relative au
projet de reconnaissance de la Société comme établis-
sement d'utilité publique.
M. le Président fait l'historique de la question; il
rappelle que M. le Préfet, voulant donner à la Société
plus d'importance et de relief encore qu’elle n’avait eu
jusqu'à ce jour, avait manifesté les plus bienveillantes
intentions sur le projet qu'il avait conçu de solliciter
auprès du gouvernement pour qu'elle fût reconnue
comme établissement d'utilité publique, et qu'après
l'approbation donnée à ce projet par la Société, le
conseil municipal à dû être consulté par l'autorité
départementale. Le conseil n’a pas émis un vœu favo-
rable, et, par suite, M. le Préfet a cru devoir deman-
der à la Compagnie si elle persistait dans sa première
décision.
Il est ensuite donné lecture d’une copie de la délibé-
ration du conseil municipal, laquelle est ainsi conçue :
Extrait du registre des délibérations du Conseil muni-
cipal de la ville du Puy ( Haute-Loire |, séance
extraordinaire du 20 juillet 1855.
Le Conseil municipal réuni en séance extraordinaire,
en vertu de l'autorisation spéciale de M. le Préfet, en
date du 11 de ce mois, sous la présidence de M. Badon,
maire. Présents : MM. Meynier et Souteyran , adjoints ;
Baldit, Gouy, de Brive, Bertrand de Doue, Thomas-
Philippe, Morand-Trintinhac, Giron-Reynier, Cal. de
Lafayette, Balme, Giron-Pistre, André Courtial, Borie
AOÛT. 293
et Dugaray, conseillers. M. le maire rappelle au Conseil
que la question relative à la reconnaissance de la Société
d'agriculture comme établissement d'utilité publique avait
été ajournée, dans un intérêt de convenance qui se com-
prend, jusqu'à l’arrivée de certains membres plus officiel-
lement intéressés à sa solution. Il rappelle en peu de mots
les motifs honorables et les excellentes intentions qui ont
déterminé cette demande , et, après avoir exposé l'état
de la question, il déclare la discussion ouverte.
Un membre combat la proposition ; il la trouve grave,
au double point de vue de la convenance et de la Société
d'agriculture elle-même ; il croit done remplir un devoir
rigoureux en signalant quelques-unes de ses consé-
quences possibles. Voici en résumé les observations qu’il
a présentées , dépouillées des considérations élevées qui
les accompagnent : la mesure sollicitée émane des inten-
üons les plus pures et poursuit le but le plas honorable ;
mais à son point de vue de membre du Conseil municipal,
elle ne saurait être accueillie, car elle ne lui fait entre-
voir que des inconvénients graves et nombreux, sans
avantages réels. Quel avantage peut conférer à la Société
d'agriculture le titre d'établissement d'utilité publique ?
Le droit de posséder et d'acquérir? Elle l’a sous le
couvert de là commune, Tout don, toute libéralité, tout
legs affecté à la Société d'agriculture n’a jamais manqué
etne manquera Jamais sa destination; la preuve , elle en
est dans tout ce qu'elle possède actuellement, dans tout
ce qu'elle va posséder bientôt. Sous ce rapport, le droit
et le fait sont d'accord , et le passé répond suffisamment
de l’avenir. L'’étre moral et abstrait excitera-t-il à un
plus haut degré les générosités et les sympathies publi-
224 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ques et privées ? Il est permis tout au moins de l'ignorer,
et tout le monde sait au contraire ce qu'a produit sur Île
cœur de Crozatier le souvenir de la ville natale à l'heure
de son testament... Voilà pour les avantages.
Quant aux inconvénients, ils sont nombreux et de diver-
ses natures. Jusqu'ici l'harmonie la plus complète a régné
entre la commune et la Société d'agriculture ; pourquoi? A
cause de l'unité des intérêts. Or qui peut répondre que la
scission des intérêts n'amènera point celle des personnes;
que l'esprit d’antagonisme ou de rivalité ne se glissera
point à la suite ? Si les personnes restaient toujours les
mêmes, il n’y aurait point de danger : l’honorabilité bien
connue de leur caractère nous serait une suffisante ga-
rantie. Mais les personnes changent, et les institutions
restent ; il est prudent de placer dans les institutions les
gages de l'union et de l'entente. « Admettez , continue
l'honorable membre, que la division des personnes ne
soit que possible; mais la division des choses est inévi-
table : car du jour où la Société d'agriculinre possèdera
en son nom personnel et exclusif, des mesures devien-
nent nécessaires pour distinguer, séparer et conserver ce
qu’elle possède au nom de la ville. En effet, y aura-t-il
deux musées dans un ? On ne saurait l’admettre. Toutes
les valeurs artistiques appartenant à la ville seront-elles
confondues avec celles de la Société dans l’ordre rationnel
et scientifique? C'est indispensable. Mais alors nous re-
tombons dans les embarras et les difficultés d'inventaire
plus ou moins compliqués, plus ou moins périodiques ,
embarras et difficultés qui viennent se compliquer en
outre de droits à conserver, de prescriptions à surveiller
el à prévenir : complications nouvelles qui, au milieu de
AOÛT. 225
toutes celles dont l'administration municipale est déjà
grevée ; doivent bien être prises en quelque considéra-
tion. Mais l'objection la plus grave de toutes, qui im-
plique les véritables intérêts de la ville, et surtout touche
aux devoirs les plus sacrés du Conseil, institué pour les
conserver, est celle-ci : la richesse d’une ville ne se
compose pas uniquement el exclusivement des produits de
ses revenus matériels, elle comprend aussi ceux qui ré-
sultent de la satisfaction donnée aux intérèts moraux.
» C'est la culture etle développement simultané de ces
deux ordres d'intérêts qui constituent son importance ,
son reliefet son rang. Or que faisons-nous en émancipant la
Société d'agriculture ? Nous frappons d'immobilité com-
plète le musée et la commune; nous ne la dépouillons pas
de ce qu'elle possède, mais nous l'empèchons de posséder
davantage ; nous la déshéritons de tout ce qui pourra lui
échoir à l'avenir dans cet ordre de valeur ; nous lui en-
levons un des plus beaux fleurons de sa couronne. Or
que sommes-nous ici ? Les représentants de la commune,
les gardiens de ses intérêts. Quelle est notre mission
spéciale? C’est non pas seulement de les conserver
intacts et de les transmettre de même à nos SUCCESSCUrS ,
mais encore de les développer, de les étendre et de les
agrandir. En souscrivant à la mesure dont il s’agit, nous
renfermons-nous dans l'esprit de notre institution ? Je
suis convaincu du contraire, et il ne m'a pas falln moins
que celte conviction profonde pour me déterminer à
combattre la proposition faite par la Société d’agricul-
ture, »
Un autre membre demande et obtient la parole pour
répondre au préopinant; il expose que si celte proposition
TOME XX. 15
226 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
devait entrainer les conséquences signalées par le préopi-
nant , il serait le premer à la combattre ; mais il n'en
est point ainsi. Il cite plusieurs villes, en France, qui
sont dans les mêmes conditions de la ville du Puy,
et dont les Sociétés d'agriculture ont été élevées au
rang d'établissement d'utilité publique. El fait ressortir
les avantages qui en résultent pour elles au point de vue
de la faveur plus spéciale dont elles sont l'objet de la
part du gouvernement, des allocations de fonds plus
considérables qui leur sont faites, et établit que cet ac-
eroissement de prospérité profitera à la ville comme par
le passé; car le musée n’en sera pas moins toujours Île
musée de la ville du Puy, comme il l'était auparavant. I
rend le plus complet hommage à la bienveillance con-
stante de toutes les administrations qui se sont succédé
envers la Société d'agriculture. Il indique que ce n’est
point par un vain amour d'indépendance qu'il appuie la
proposition, mais dans un sentiment bien profond de ses
véritables intérêts ; c’est dans le but de son plus grand
développement et pour l'accroissement de sa prospérité ,
intérêts qui, dans sa pensée , se confondent entièrement
et n’en font qu'un ; il démontre que les difficultés tirées
de l'inventaire ou des mesures conservatoires à preudre
ne sont point de nature à faire rejeter la proposition, si
en définitive elle a un caractère marqué d'utilité et si
elle doit tourner si puissamment au profit de la Société ;
car tout cela ne constitue , en définitive , qu'une question
de temps et de travail d’employé. Ces considérations et
bien d’autres, qui sont écoutées avec la plus grande atten-
tion , déterminent l'honorable membre à appuyer la pro-
position.
AOUT. 297
Divers membres échangent encore quelques obser-
valions toutes empreintes d’un véritable esprit d’in-
térêt et de dévoueent pour la Société d’agriculture,
indiquant toutes que la proposition envisagée d’un point
de vue élevé, a sa raison d'être, qu'elle procède d’un
esprit de haute administration très-préoccupé du déve-
loppement de l’industrie et des arts, des moyens de le
réaliser sur une plus grande échelle. Mais la majorité
du Conseil, croyant ne pouvoir et ne devoir l’envisager
qu'au point de vue des intérêts communaux , et du milieu
dans lequel elle se trouve placée, parait suffisamment
instruite , convaincue, et demande à voter. En consé-
quence, M. le maire, après avoir résumé la discussion,
met aux voix la proposition, et le Conseil la repousse à
l'unanimité moins une voix.
Pour extrait conforme :
Signé : BADON, maire.
Après cette lecture, M. le Président ouvre la discus-
sion et donne la parole à M. Giron.
Ce membre dit qu'au conseil municipal, dont il fait
partie , il a manifesté une opinion contraire à la pro-
position, au double point de vue des intérèts de la
commune et de ceux de la Société. Mais qu’en n’envi-
sageant même que l'intérêt de la Société, il ne pense
pas qu'elle doive persister dans sa première décision.
À son avis, la discussion approfondie dont elle a été
l’objet au sein du conseil a fait ressortir les inconvé-
nients que présenterait la réalisation du projet. À cet
égard, M. Giron développe les considérations qui ont
298 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
motivé la délibération du conseil, et insiste, en finis-
sant, sur la situation difficile qu'en présence de cette
décision municipale se créerait la Société, qui, jusqu'à
ce jour, n’a reçu de la commune que les encourage-
ments et le concours les plus bienveillants.
M. de Fontpertuis discute et combat les arguments
que vient de produire M. Giron. Il explique les raisons
qui ont porté le premier magistrat du département à
vouloir doter la Société d’un bienfait qu'envient toutes
les associations scientifiques. Au point de vue élevé où
s'est placé M. le Préfet dans la question qui nous
occupe, avec le sentiment profond de progrès et de
bien publie dont tous ses actes portent l'empreinte, il
ne pouvait mieux faire pour assurer à la Compagnie un
degré de prospérité auquel la convient un passé déjà
glorieux et des travaux qui lui ont valu l'estime du
monde savant. La Société embrasse dans sa circon-
scription tout le département; ses études s'étendent à
toutes les connaissances scientifiques aussi bien qu’à
l’industrie, aux arts et aux lettres. Quelle est donc
l'institution qui, plus qu'elle, soit digne de participer
aux bienfaits des établissements reconnus d'utilité pu-
blique ? La Société pourrait-elle, sans renier son passé,
refuser un titre que tous ses actes ont déjà proclamé ?
Si elle le refusait, elle ne serait plus qu'un établisse-
ment communal, elle s’'exposerait à n'avoir d’encou-
ragements à attendre que de la commune, et le gou-
vernement et le Conseil général, qui lui ont toujours
accordé le plus généreux concours, s’habituant à ne
considérer la Société d'agriculture que comme un
simple comice agricole ou bien comme une commission
AOÛT. 229
de musée municipal, pourraient ètre amenés un jour
à lui retirer leurs subventions.
M. Bertrand de Doue expose en peu de mots l’histo-
rique des débuts et des phases successives de la Société.
Il croit que sa prospérité a dépendu en partie du patro-
nage municipal. Si le concours de la commune vient
à lui manquer, comme il est permis de le supposer
dans le cas où la Compagnie serait reconnue d'utilité
publique, elle pourrait perdre, par suite de ce conflit,
non seulement les subventions de la ville et un appui
sur lequel elle peut compter, mais encore la direction
du musée, qui est Fun de ses puissants éléments de
prospérité ; car, il ne faut pas l'oublier, le musée appar-
tient à la ville, et celle-ci s’alarmerait peut-être de le
voir administré par une Société qui, à un moment
aonné, pourrait former un second musée dans le pre-
mier. Par ces motifs, M. Bertrand de Doue n’est pas
d'avis de donner suite au projet.
Quant à la crainte manifestée par M. de Fontpertuis
que le Conseil général pourrait cesser de subventionner
la Société comme institution départementale, ce qui la
réduirait en quelque sorte à fonctionner seulement
comme comice agricole, cette crainte n'est pas fondée.
Le Conseil général n'oubliera certainement jamais tout
ce que la Société à fait pour le pays; les antécédents de
la Compagnie seront une garantie pour l'avenir. Et
M. le Préfet lui-même, dont on connaît les généreuses
dispositions en sa faveur, ne lui refusera pas un con-
cours dont elle n’a démérité dans aucune circonstance.
M. Aymard s'attache à défendre le projet, non seule-
ment au point de vue de l'intérèt de la Société, mais
230 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
encore sous le double rapport de lutilité départemen-
tale et de l'utilité communale.
L'intérêt de la Société est incontestable. Il a été
reconnu au conseil municipal, lorsqu'on a dit que « la
mesure sollicitée émane des intentions les plus pures
et que la Compagnie poursuit un but honorable; » ïl
faut ajouter le plus utile. L'avantage que peut lui con-
férer cette mesure est surtout le droit de posséder et
d'acquérir , et dans un pays où les sentiments de géné-
rosité se révèlent chaque jour par de nombreux dons
et legs faits à des établissements utiles, il n’est pas
douteux que l'exercice de ce droit ne tarderait pas à
lui créer des ressources suffisantes pour réaliser large-
ment la plupart de ses vues éclairées pour les progrès
de l’agriculture, des sciences et des arts. C’est ainsi
qu'elle serait amenée à fonder des prix agricoles assez
importants pour atteindre le but auquel satisfont très-
imparfaitement les concours actuels, par suite de lin-
suffisance des fonds et de la minimité bien reconnue
des primes et récompenses ; elle aurait des collections
de tous les instruments perfectionnés, dont elle ferait
l'acquisition à mesure que leur mérite serait constaté,
et qui serviraient de modèles à nos agriculteurs ; au
besoin elle en ferait mème des distributions à titre de
prames ; des prix seraient fondés pour des questions de
science, de littérature et d'art; le musée s’accroîtrait
par des acquisitions périodiques d'œuvres de maîtres,
qui initieraient les artistes de notre pays aux progrès
des arts; nos jeunes artistes seraient encouragés par
des cominandes, sans lesquelles il leur est impossible
de donner tout l’essor désirable à leur talent ; on
AOÛT, 231
organiserait des expositions départementales, régio-
nales, et pourquoi ne pas ajouter nationales, puisque
d’autres villes ont eu cette pensée; enfin notre Société
et avec elle le pays prendraient ainsi un rang distingué
dans le mouvement de progrès de notre siècle.
Certainement la Société, depuis sa fondation, a tou-
jours été entourée de toutes les sympathies du gouver-
nement, de l'administration départementale, du con-
seil général et de l'autorité municipale. Mais n'est-il pas
évident que leur concours est désormais très-insuffisant
et que la Société ne pourrait, sans de grands inconvé-
nients, en solliciter l'extension?
En vain objecterait-on que, « sous le couvert de la
. commune, foute libéralité n'a jamais manqué et ne
manquera jamais sa destination. » Cet énoncé est
inexact : aucune libéralité importante de la part des
particuliers n’a été faite Jusqu'à ce jour à la Société
proprement dite; il n'y en à eu que pour le musée,
qui est un établissement communal; et, si l’on en juge
par le passé, le couvert de la commune n'engagera pas
davantage les donataires, dans l'avenir, à venir en aide
à la Société.
Si, au contraire, la Compagnie prend le caractère
d’un établissement d'utilité publique, si elle est re-
connue ainsi comme une institution départementale,
elle éveillera en sa faveur, dans tout le département,
les sentiments d'un patriotique concours, et recevra
de tous les points du pays de généreux témoignages de
sympathie.
Ainsi, nul doute, la Société a le plus grand intérêt à
la réalisation de limportante mesure qu'elle à solli-
citée.
239 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
M. Aymard examine ensuite la question au point de
vue de l'utilité départementale. Ici l’orateur expose le
système d'organisation de la Société, qui a été parfai-
tement établi en dehors de tout esprit étroit de localité.
Ses attributions s'étendent à tout le département; la
patrie, pour elle, ce n’est pas seulement la ville du
Puy, c’est la Haute-Loire. En agriculture, elle rayonne
par ses membres non résidants et correspondants sur
tous les points du territoire et correspond activement
avec les comices; par ses concours et ses expositions
périodiques, elle fait appel à toutes les intelligences,
encourage tous les progrès, provoque partout les amé-
liorations réalisables. On lui doit l’origine de la ferme-
école. C’est dans le sein de la Société que l’administra-
tion a toujours trouvé les hommes les plus dévoués
aux intérêts départementaux, et c’est à eux qu'elle a
fait l'appel le plus fructueux, lorsqu'il s’est agi de de-
mander au gouvernement qu'il dotàt la Haute-Loire
de chemins de fer; c’est encore par les soins des mêmes
hommes que, dans le département, a été si heureuse-
ment organisée la collection de tous les produits agri-
coles et industriels qui, à cette heure, figure avec
honneur à l'exposition internationale de Paris. Dans les
sciences, dans les recherches historiques, dans la
culture des lettres et des arts, c’est le même sentiment
élevé du bien publie, de l'utilité départementale, qui
inspire tous ses actes, tous ses écrits. Par la plume de
ses géologues, elle décrit les terrains qui constituent
le sous-sol dans le département; par "ses historiens,
hommes de lettres et archéologues, elle compuise les
fastes de tout le pays, provoque des monographies
|
AOUT. 233
historiques sur ses principales villes, écrit les biogra-
phies de ses personnages illustres, dresse la statistique
de ses monuments, et fouille partout, dans les archives
locales et départementales comme dans les entrailles
du sol, pour y découvrir les souvenirs du passé. Elle
étend partout sa protection vigilante peur les beaux-
arts, en tendant une main amie aux jeunes gens qui,
sur différents points de la patrie départementale, don-
nent des espérances d'avenir. C'est là le secret des
sympathies généreuses qu’elle à constamment trouvées
près de l'autorité supérieure et au sein du Conseil
général.
Les vues de la Société aussi bien que ses actes témoi-
gnent donc qu'ils ont surtout pour but l'utilité dépar-
tementale, ef le pays tout entier aurait le plus grand
profit à ce que la Compagnie prit tous les développe-
ments importants que lui assurerait la mesure de-
mandée. j
Passant à l'exposé des considérations qui doivent
intéresser la ville du Puy à la réalisation de la mème
mesure, l’orateur s'empresse d’abord de rendre hom-
circonstances, à manifesté en faveur des vues de la
Société un concours très-bienveillant eten a même aidé
la réalisation par des subventions; on voudra bien aussi
reconnaître qu'en retour, la gratitude de li Compagnie
s’est très-largement traduite par des créations utiles,
telles que les écoles industrielles, la caisse d'épargne,
le musée, institutions dont la ville a le droit d’être
glorieuse et dont les importants résultats lui sont
acquis. (est au Puy également que la Société tient ses
234 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
concours et ses expositions périodiques, et que la ville
y est surtout représentée par de nombreux produits
agricoles, industriels et artistiques. Les avantages qui
en résultent pour les habitants de la commune ne sont
certainement pas compensés par les allocations qu’en
reçoit la Société et qui profitent exclusivement à la
ville. Quant au musée, qui, dans cette question, parait
avoir préoccupé presque exclusivement lattention du
conseil municipal au préjudice de la Société, qui seule
était en cause, la ville n’en doit-elle pas à la Compa-
gnie la création, les développements, toutes les richesses
patiemment accumulées avec tant de persévérance, et
serait-ce avec les allocations municipales qu’elle serait
parvenue à former cet établissement qu'envient bien
des villes plus populeuses et plus riches? La Société
a-t-elle jamais eu, aura-t-elle jamais l'intention de for-
mer un nouveau musée, lui appartenant, dans celui-ci
dont elle a voulu librement doter la ville et auquel la
commune à consacré libéralement un spacieux local ?
Les libéralités consacrées au musée ne seront-elles pas
toujours faites à la ville, et qui aura jamais la pensée
de donner à la Société ce qu'il destinera au musée ?
Est-ce à la Société que Crozatier a légué, entre autres
dons magnifiques, les fonds nécessaires à de nouvelles
et importantes constructions; à la Société que notre
regretté et généreux ami Falcon a donné, de son vivant,
un large secours affecté à l'édification de la galerie des
dentelles; à la Société que Madame la marquise de
Latour-Maubourg vient de léguer des dons artistiques
précieux ? Non, c’est à la ville, et la Société saura bien,
comme par le passé, indiquer aux donataires la voie la
AOUT. 259
plus profitable à l'accroissement d'une institution dont
elle sera toujours jalouse d'assurer la prospérité.
Ainsi, il n'existe aucune crainte sérieuse à l'égard du
musée. Il n'en est pas de même des libéralités qui
aurait la Société mème pour objet. En effet, n’y aurait-
il pas tels donataires qui, voulant doter la Compagnie
et ne le pouvant que par l'intermédiaire de la ville,
hésiteront à suivre cette voie indirecte, dans la pensée
que leurs dons n'iront pas à leur destination véritable,
et ces personnes ne se trouveront-elles pas dans l'im-
possibilité de suivre les généreuses inspirations de
leurs cœurs ? En donnant à la Société, établissement
d'utilité pablique, c’est tout le département que lon
fait bénéficier à l'importance du legs ou de la donation.
En donnant à la ville, on ne peut que très-difficilement
lui imposer telles conditions, et l'obliger à exécuter
telles dispositions qui sont en dehors de ses attribu-
ions; on neutralise les bons vouloirs, on prive le dé-
partement, la véritable patrie, des libéralités qui pour-
raient contribuer à sa prospérité, il faut ajouter qui
contribueraient à la prospérité même de la ville, puis-
qu'il est établi par ce qui précède que la ville bénéficie
très-largement à la réalisation des vues de la Société.
Ainsi, la commune, comme la Société, comme le
département, à le plus grand intérèt à ce que la
Compagnie reçoive le titre d'établissement d'utilité
publique.
M. Louis de Vinols exprime en quelques mots une
opinion contraire à celle du préopinant.
M. Ch. C. de Lafayette pense que ce qui a frappé les
esprits dans cette discussion et qui peut jeter de l'indé-
236 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
cision sur l'avis à émettre, est l’objection présentée
par MM. Giron et Bertrand de Doue que la Société, de-
venant établissement d'utilité publique et ayant capa-
cité d'acquérir, se laissàt entraîner à abandonner le
musée de la ville pour en créer un autre. « La Société
ne pourrait-elle pas, dit-il, trouver un moyen de con-
ciliation, en prenant l'engagement de ne jamais se
créer de collections particulières en dehors de celles
de la ville? »
M. Giron répond que la Compagnie, comme établis-
sement d'utilité publique, serait mineure et n’aliène-
rait pas sans autorisation spéciale ; par suite, les dons
faits à la Société ne pourraient être transmis à la ville.
M. le Président résume le débat et met ensuite aux
voix la proposition.
Nombre de votants : 23; centre la proposition, 12;
pour, 11. En conséquence de ce vote, la Société re-
nonce à poursuivre la demande tendant à ètre déclarée
établissement d'utilité publique.
CONGRES SCIENTIFIQUE. — M. le Président donne lecture
d'une lettre par laquelle M.‘de Caumont, directeur de
l’Institut des provinces, demande que M. le secrétaire
général du Congrès veuille bien faire connaître au
plus tôt le jour de l'ouverture de cette solennité.
M. le Président explique que les sessions des Conseils
généraux auront lieu, dans toute la France, à la fin
du mois d'août, et qu’elles se prolongeront tout au plus
jusqu'aux premiers jours de septembre. D'un autre
côté, les lycées, collèges et séminaires, les cours et
AOUT.. 237
tribunaux sont en vacances pendant tout ce même
mois. On pourrait done, sans inconvénient, fixer l’ou-
verture du Congrès au 10 septembre.
Après une courte discussion, il est arrêté que le jour
fixé sera maintenu au 10 septembre.
AGRICULTURE. — M. Henri Doniol écrit pour deman-
der l'autorisation de représenter la Société aux expé-
riences agricoles qui doivent être effectuées à Trappes,
le 24 août 1855, en présence du prince Napoléon, pré-
sident de la commission impériale de Exposition
universelle, du jury international et des délégués des
sociétés et des comices agricoles.
M. de Brive à pensé que la Société ne pouvait être
que très-dignement représentée par M. Henri Doniol,
et il s'est empressé de lui envoyer d'urgence une lettre
d'autorisation .
L'Assemblée approuve cette détermination &e M. le
Président.
HorricuzTurEe.— M. de Brive expose que plusieurs
personnes «le la ville qui s'occupent avec zèle et succès
de la culture des jardins, désireraient qu’une section
d'horticulture fût organisée dans le sein de la Société,
avec adjonction de plusieurs membres étrangers à la
Compagnie. Comme ce projet doit concorder avec les
statuts qui la régissent et avec le but utile qu'on à eu
en vue, il serait nécessaire de ne pas prendre un en-
gagement immédiat et d'étudier la question à tous ses
238 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
points de vue. Les horticulteurs, par exemple, seraient-
ils admis au mème titre que les autres membres? Dans
ce cas, le règlement, limitant à cinquante le nombre
des membres résidants, devrait être modifié, ce qui
nécessiterait une autorisation du gouvernenient. Dun
autre côté, les horticulteurs n’apportant à la Société
leur concours qu’en ce qui concerne leur spécialité,
ne lui seraient pas d’une grande utihté pour les autres
travaux plus importants auxquels elle se livre. Par
suite de ces considérations et d’une foule d’autres, il
convient de nommer une commission qui sera chargée
de donner son avis sur cette question.
L'Assemblée, la prenant en considération, nomme
membres de la commission MM. Ch. C. de Lafayette,
Borie et Lobeyrac.
A six heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
SÉANCE PUBLIQUE DU 10 SEPTEMBRE.
Présidence de M. DE CHEVREMOXT,
Préfet de la Haute-Loire.
SONENLANERE.
Expositions agricoles, industrielles et artistiques. — Chœur de
Sarah chanté par l'Orphéon du Velay. — Discours de M. de Chevre-
mont. — Chœur, la Marche du Soir, chanté par l'Orphéon. — Compte-
rendu des travaux de la Société, par M. de Brive. — Strophes à la
Vierge du mont Corneille, lues par M. F. Bernard. — Les Fastes du
Velay, aperçu historique u par M. Ch. C. de Lafayette. — Le Velay,
premier prix de poésie décerné à M. Blanchot de Brenas; lecture de
cette pièce de vers. — Chœur des Buveurs du comte Ory, chanté par
l'Orphéon. — Biographie de Crozatier, par M. Francisque Mandet. —
Chants finaux, par l'Orphéon.
Le procès-verbal de cette séance serait incomplet
s'il ne mentionnait en quelle circonstance mémorable
a eu lieu la séance générale et publique de la Société.
Le 10 septembre 1855 était le jour fixé pour l'ouverture
de la XXITe session du Congrès scientifique de France
dans la ville du Puy.
210 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Cette solennité avait été ouverte le mème jour, à
midi, dans la grande salle du musée, sous la présidence
provisoire de M. de Brive, secrétaire général du Con-
grès, auprès duquel siégeaient au bureau M. de Cau-
mont, directeur de l'institut des provinces, et MM. Ay-
mard et Ch. C. de Lafayette, secrétaires généraux
adjoints , ainsi que M. le docteur Martel, trésorier-
archiviste. F
L'assistance était très-nombreuse, et dans le nombre
des membres du Congrès étrangers, on remarquaîit :
MM. Legall, conseiller à la cour impériale de Rennes; le
docteur Roux, de Marseille, sous-directeur de l'Institut
des provinces; l’abbé Croizet, de Nechers (Puy-de-
Dôme) ; Bouillet, secrétaire général de la vi* session du
Congrès scientifique; le vicomte de Genouillac, délégué
du Comice agricole de l'arrondissement de Dinan; le
docteur Pailloux , de Saône-et-Loire, et Mme Pailloux ;
Mme la comtesse de Macheco, membre de la Société
française pour la conservation des monuments ; le comte
de Soultrait, inspecteur des monuments historiques de
la Nièvre; l'abbé Montlezun, inspecteur du Gers ; le
baron de Chapelain, président honoraire de la Société
d'agriculture de la Lozère; le marquis de Miramon,
membre du Conseil général du Cantal; le baron G. de
Croze, de Paris; Gaubert, délégué du Comice de Brioude ;
le comte de Gourcy, membre de la Société d'agriculture
de la Seine ; Bailly de Merlieux, ancien secrétaire géné-
ral de la Société d’horticulture de Paris; Lefèvre, délé-
gué de la Société d'agriculture de l'Aveyron; Ricard,
délégué de la Société archéologique de Montpellier ; le
vicomte de Sédaiges-l’Oradou, de Clermont-Ferrand ;
SEPTEMBRE. 241
d’Albigny de Villeneuve, de Saint-Etienne; Morin-Pons,
de Lyon, etc., ete. (1)
L'ouverture de cette solennité s'était faite au bruit des
fanfares et des salves d'artillerie; la ville s'était parée
comme pour une fête : la place du Breuil et les abords
du musée étaient ornés de mâts surmontés d’oriflam-
mes; la population se portait avec empressement sur
les promenades, dans les allées du Fer-à-Cheval, et
témoignait, par son aspect animé, combien elle était
jalouse d'offrir à ses hôtes distingués un accueil digne
de cette importante solennité.
Des dispositions heureuses avaient groupé autour
et dans l’intérieur du musée les diverses expositions
agricoles, industrielles et artistiques qui devaient résu-
mer, aux yeux du Congrès, les progrès de tous genres
accomplis dans la Haute-Loire depuis quelques années.
De belles collections de fleurs et d’arbustes artiste-
ment étalés en forme de jardins paysagers, occupaient
une double enceinte de chaque côté de la façade du
musée, sous les allées du Fer-à-Cheval.
On avait annexé aux galeries du musée dans les-
quelles devaient siéger les diverses sections du Congrès,
une vaste salle provisoire qui était consacrée aux expo-
sitions agricoles, horticoles et industrielles. Elle était
décorée d’élégantes tentures, d’oriflammes et de dra-
peaux disposés en faisceaux qui entouraient le buste de
l'Empereur. On y remarquait toutes les espèces de
plantes qui entrent dans l'économie rurale da dépar-
(4) Voyez pour les détails de cette séance et des snivantes les deux
volumes des publieations da Congrès, publiés par les secrétaires
généraux. — Au Puy, Marchessou, imprimeur. 1856.
TOME XX. 16
[Le
242 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
,
tement , une riche collection d'échantillons de bois
d'œuvre , toutes les variétes de céréales et de plantes
légumineuses, fourragères et oléagineuses, des cocons
et des soies, des instruments agricoles usités dans le
pays et ceux qu'une culture progressive y a nouvelle-
ment introduits.
Les divers produits de la culture maraïchère, des
fruits et autres objets horticoles complétaient cette
partie de l'exposition.
Une très-vaste enceinte avait été disposée, en outre,
dans les prairies qui avoisinent le musée, pour le con-
cours de bestiaux. Les données qu'avait recueillies la
Société d'agriculture faisaient présager que cette solen-
nité ne serait pas moins brillante.
Les différentes industries de la Haute-Loire étaient
représentées par une foule de produits de tous genres,
qu'une féconde émulation, stimulée par la Société, tend
chaque jour à perfectionner. Mais ce qu’on admirait
surtout, c'était une collection aussi complète que pos-
sible des dentelles que les fabricants du Puy livrent
journellement à la vente, et qui attestaient, dans leur
ensemble, le niveau élevé que cette belle industrie a
atteint dans le département. Une galerie spéciale lui
avait été affectée; c'était celle qu'un généreux et émi-
nent industriel du Puy, M. Théodore Falcon, venait de
faire construire à ses frais pour un musée de dentelles
et que la fabrique de la Haute-Loire tenait à honneur
d’inaugurer sous les yeux du Congrès. L'élégante déco-
ration de la salle répondait à cette heureuse pensée :
on y voyait des faisceaux de drapeaux, et les vitrines
étaient surmontées d’un grand nombre d’oriflammes
SEPTEMBRE. 243
sur lesquelles on avait inscrit, en lettres d'or et d'ar-
sent , le chiffre des 70,000 ouvrières en dentelles de la
Haute-Loire, les noms des localités du département où
se confectionnent les plus belles dentelles, et d’autres
mentions relatives à ce curieux et utile musée.
L'exposition artistique occupait une autre galerie ;
elle offrait également des ouvrages remarquables en
peinture , aquarelles, dessins, gravures et sculptures.
La plupart des artistes du département y avaient pris
part. Leurs œuvres dénotaient chez les uns une con-
naissance élevée des arts du dessin, et chez d’autres
d'heureuses espérances pour l'avenir. Dans la même
pièce , et en regard de cette heureuse exhibition, se
déployait l’histoire des arts anciens dans un ensemble
d'objets artistiques presque exclusivement civils, tels
que vieux meubles, bahuts et dressoirs richement
sculptés, tableaux, miniatures, bas-reliefs, statues, figu-
rines, ivoires, émaux, porcelaines, objets d’orfèvrerie,
manuscrits, armures, etc., etc., collection précieuse
qui, à l'appel éclairé de la Société académique, avait
été formée, avec un zèle très-empressé, par un grand
nombre d'amateurs de la ville et du département.
Une exposition du même genre, composée d'objets
d'art religieux anciens et modernes, avait été organisée
à la cathédrale, sur la demande de la Société acadé-
mique, par la haute impulsion de Mer l'Evèque et par
les soins très-intelligents d’une commission ecclésias-
tique. On y voyait de magnifiques ornements pontili-
caux, de riches étoffes, d'anciennes tapisseries, des
tableaux anciens et modernes , des sculptures, des sta-
tues et bas-reliefs, de nombreux émaux de diverses épo-
244 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ques, des ivoires, des reliquaires, croix processionnelles
et autres œuvres d'orfèvrerie, plusieurs manuscrits
fort anciens, etc., etc.
Ces deux riches exhibitions présentaient ensemble à
l'examen des archéologues et des amis des arts environ
mille pièces, la plupart très-intéressantes pour l’histoire
des arts dans ce pays.
Chacune des autres salles du musée, suivant la spécia-
lité des collections qu’elles renferment, offrait encore
aux studieuses appréciations des membres du Congrès
des séries déjà fort nombreuses de peintures, de statues
en marbre eten bronze; des moulages des chefs-d’œuvre
de l'art grec, quelques-uns des portraits des hommes
célèbres de la Haute-Loire ; une curieuse et instructive
suite d’antiquités lapidaires, classée chronologiquement
depuis l’ère gallo-romaine jusqu’à nos jours, que la
Société académique avait complétée récemment, en vue
du Congrès, par un grand nombre de moulages des
principaux bas-reliefs, chapiteaux et inscriptions pro-
venant des monuments de la Haute-Loire; des collec-
tions de meubles, d’armures, bronzes, émaux, ivoires
et médailles de diverses époques ; des suites départe-
mentales d'objets d'histoire naturelle, pièces de géolo-
gie et de minéralogie, fossiles, séries zoologiques,
plantes, etc.; et enfin un cabinet ethnographique que
de généreux enfants de la Haute-Loire ont formé, en
apportant de diverses contrées du monde des objets de
curiosité de tous genres.
C’est dans ce sanctuaire des arts et de la science, et
entouré de tous ces nombreux éléments de savantes
investigations, que le Congrès a tenu sa xx1Ie session ,
et la Société sa séance publique.
SEPTEMBRE, 245
A trois heures, M. de Chevremont, préfet de la Haute-
Loire, président honoraire de la Société académique,
qui vient d’être nommé président général du Congrès,
prend place au fauteuil de la présidence. À ses côtés
siègent MM. de Caumont, Badon, maire de la ville du
Puy, les vice-présidents du Congrès, MM. de Brive cet
Aymard, président et vice-président de la Société , et
M. Oscar Bonnet, secrétaire.
En face du bureau, des places ont été réservées pour
les autorités civiles et militaires de la ville et du dépar-
tement, pour les membres du Conseil général et du
Conseil municipal du Puy. Une enceinte d'honneur a été
affectée aux membres du Congrès et de la Société. Un
public très-nombreux d'invités afflue dans les autres
parties de la salle, témoignant ainsi qu'ils tiennent à
honneur d'assister à cette séance bisannuelle de la
Société, qui, dans cette circonstance, emprunte un
nouvel éclat à la présence des savants distingués venus
de toutes les contrées de la France pour l'ouverture
du Congrès. On remarque , aux premiers rangs, une
brillante réunion de dames, empressées d'apporter à
cette solennité le concours de leur flatteuse et bien-
veillante sympathie.
Cest au milieu d’un profond silence que M. de Che-
vremont déclare la séance ouverte. Aussitôt l'Orphéon
du Velay (1), institution jeune encore, mais brillante
(1) Cette institution, qui a été créée au Puy dans le mois de
mai 4855, a pour but de répandre le solfège et la musique dans
toutes les classes et spécialement parmi les enfants du peuple; elle se
propose aussi d'organiser des sociétés semblables dans toutes les com-
246 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
d'avenir, qui fait aujourd’hui ses débuts dans les céré-
monies publiques, chante un chœur de Sarah, dont
l'habile exécution est suivie des applaudissements una-
nimes de l’Assemblée.
M. de Chevremont prend alors la parole et prononce
un discours dans lequel il expose la situation écono-
mique et intellectuelle du département de la Haute-
Loire, au moment où le Congrès scientifique vient
l'honorer de ses laborieuses et importantes investiga-
tions. Comme toutes les autres régions de l’Empire , le
département ne s'est ému des guerres glorieuses que
la France soutient en Crimée et dans les mers du Nord
que pour admirer l’héroïsme et les succès de nos ar-
mées; « une exposition universelle de l’industrie et
des arts de tous les peuples s’est ouverte à Paris, et ce
Congrès pacifique du travail, représentation fidèle et
vivante des tendances et des aspirations fraternelles de
la société moderne, n’a point été troublé par l'écho
lointain des combats. »
Dans la Haute-Loire, la Société académique a pour-
suivi laborieusement le cours de ses travaux; elle a
nréparé avec un grand zèle la solennité scientifique du
Congrès, et organisé des expositions et des concours.
Grâce à la persévérance de son premier pasteur , le
pays va s’honorer par l’une des œuvres d'art et de
munes du département, et d'arriver plus sûrement au résultat qu’elle
espère, par une sorte de solidarité et de centralisation entre toutes
ces sociétés. Il est facile de comprendre quelle influence pourra
exercer sur les mœurs et sur la civilisation de nos campagnes une
institution ainsi généralisée.
SEPTEMBRE. 247
piété les plus grandioses du siècle, l'érection de la
statue de la Vierge sur le gigantesque piédestal du
mont Corneille. La filiale affection de l'un de nos plus
illustres compatriotes, de M. Crozatier, vient de nous
léguer les moyens d'ajouter aux beautés naturelles du
pays , dont il s'enorgueillit à si juste titre, toutes les
magnificences de l’art; le Conseil général, vivement
préoccupé de ses intérêts moraux et de ses intérêts
matériels, à voulu organiser le recrutement normal
pour les pieuses filles chargées des écoles-ouvroirs, et
en même temps contracter sur une large échelle un
emprunt pour le perfectionnement de la viabilité
départementale; et, grâce au chemin de fer que la
haute sollicitude du gouvernement de l'Empereur
nous promet, des destinées nouvelles, une heureuse
transformation se préparent pourle département.
Après avoir rendu hommage « à l'exemple qu'a su
donner la Société, depuis trente années, dans une con-
trée séparée des sources d'informations et surtout de
ces contacts d'où jaillit lémulation non moins que la
lumière, » M. le Préfet appelle l'attention de son audi-
toire sur les problèmes variés que recèle le programme
du Congrès scientifique, et dont beaucoup touchent
aux questions les plus vitales et les plus saisissantes de
la Haute-Loire. Il remercie ensuite le Congrès de l'avoir
appelé à la présidence générale de cette grande réunion,
et termine en ces termes son éloquente allocution :
« La session du Congrès commence au bruit des
fanfares qui annoncent un nouveau triomphe pour les
armées alliées de la France, de l'Angleterre, de la
Sardaigne et de la Turquie. La tour Malakoff était hier,
248 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
à cette heure même, abordée en plein soleil par nos
valeureux soldats, et rien, cette fois, n’a pu résister à
leur invincible élan. De pareils auspices vont bien à
l'ouverture de nos travaux, et un juste orgueil national
doublera, j'en suis sûr, nos forces (1). »
Après ce discours, empreint des sentiments élevés
et des idées larges qui inspirent tous les actes de notre
premier magistrat, M. le Préfet invite M. de Brive,
président de la Société académique, à présenter le
compte-rendu des travaux de la Société depuis la pré-
cédente séance publique.
Cet exposé, qui justifie à tant de titres les honorables
félicitations que les Congrès antérieurs ont adressées à
la Société, pour son active et persévérante initiative
dans la voie des améliorations, a été écouté avec une
grande faveur et, à plusieurs reprises, très-vivement
applaudi (2).
ILest suivi immédiatement d'un chœur intitulé : la
Marche du Soir, par André Bouéry, dont la mélodie
simple et naïve et l’exécntion remarquable provoquent
de vives marques de sympathie.
M. F. Bernard, membre de la Société, est ensuite
appelé à réciter des strophes à la Vierge du mont Cor-
neille ; cette élégante poésie a pour objet la statue co-
(4) Voyez ce discours dans les comptes-rendus du Congrès, tome I,
page 80.
(2) Voyez le discours de M. de Brive dans les comptes-rendus du
Congrès, tome 1, page 87.
SEPTEMBRE. 249
lossale qu'on se propose d'ériger sur le rocher qui
couronne la ville du Puy; elle est accueillie par des
applaudissements.
M. Ch. C. de Lafayette, à l'invitation de M. le Prési-
dent, lit un aperçu historique intitulé : les Kastes du
Velay.
L'Assemblée a témoigné par des applaudissements
réitérés l'intérêt soutenu qu’elle a pris à cette lec-
ture (1).
M. de Brive annonce à l’Assemblée que la Société
académique, dans le concours de littérature qu’elle a
ouvert cette année, a décerné le premier prix de poésie
à une pièce de vers intitulé : le Velay, portant l'épi-
graphe suivante, tirée d’un ouvrage de M. Francisque
Mandet : 7! n'est pas au monde un coin de terre où
Jj'eusse préféré naître. M. Oscar Bonnet, secrétaire de
la Société, est prié d’en faire lecture avant de briser
l'enveloppe qui cache le nom de l’auteur, encore
inconnu.
Après cette lecture, M. le Secrétaire rompt le pli
cacheté sous lequel était inscrit le nom de l’auteur, et
proclame, au milieu des appaudissements plusieurs fois
répétés, comme lauréat du concours, M. Auguste
Blanchot de Brenas , d’Yssingeaux (Haute-Loire) (2).
(1) Voyez ce discours dans les comptes-rendus du Congrès, tome f,
page 99.
(2) Voyez cette pièce de vers dans les comptes-rendus du Congrès,
tome [, page 119.
250 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Un troisième chœur, celui des Buveurs du comte Ory,
est entonné par l’Orphéon.
M. le Préfet, président, prend ensuite la parole et
explique à l’Assemblée que M. Mandet, conseiller à la
cour impériale de Riom et membre de la Société, devait
lire une notice biographique, écrite par lui, sur Croza-
tier, le célèbre statuaire et fondeur, mais qu'un évène-
ment bien douloureux (1) l'empêche de faire lui-même
cette lecture; il va être remplacé par M. Félix Grellet ,
membre de la Société académique et du Congrès.
Dans un style élégant, l'auteur retrace les diverses
phases de l'existence glorieuse d’un enfant du Puy, qui,
obscure à son début, pleine de vicissitudes et souvent
dramatique pendant de longues années, acquiert
bientôt, malgré des obstacles de tous genres, une
illustration qui élève Crozatier à la fortune et au pre-
mier rang dans les arts.
M. Mandet cite les œuvres les plus remarquables qu’a
produites notre compatriote, celles qui embellissent les
principales places de Paris, celles qui décorent plusieurs
villes de l'Europe ou les palais des souverains , comme
cette multitude d'ouvrages que se disputaient les plus
riches amateurs.
Il rappelle les divers dons qu'il a faits à la ville du Puy
dans le cours de sa laborieuse carrière, et les legs si
(4) La mort de son père. M. Mandet père était le doyen des avocats
du Puy, dont il avait été longtemps le bätonnicr. I était, de plus,
membre de la Société académique, où il apportait le concours de sa
profonde érudition et d'un zèle qui, malgré son grand âge, ne
faisait jamais défaut.
SEPTEMBRE. 251
généreux et si considérables qu'à l'heure d’une mort
trop prématurée, le souvenir de la patrie, toujours pré-
sent à la pensée de cette âme d'élite, a dictés à Croza-
tier en faveur de sa ville natale.
L'Assemblée, à plusieurs reprises, témoigne par de
nombreuses marques d'approbation combien elle est
vivement intéressée par cet émouvant récit, confondant
dans les mêmes sentiments de sympathie, et l’'éminent
artiste qui en était le sujet, et son éloquent biographe.
M. Gaubert, membre du Congrès et de la Société
académique, lit ensuite un charmant apologue en vers,
intitulé : les deux Ecureuils et le Renard.
Après cette lecture, qui a été vivement applaudie et
qui a souvent provoqué l’hilarité de l’Assemblée, la
séance est terminée, à six heures, par un dernier
chœur que lOrphéon exécute avec beaucoup de verve
et d'ensemble.
La foule se répand ensuite dans les galeries du
musée et dans les salles accessoires qui y ont été
annexées, pour examiner les différentes expositions de
produits agricoles, industriels et artistiques, organisées
à l’occasion du Congrès.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET,.
SÉANCE DU 9 NOVEMBRE.
SOMMAIRE.
Nécrologie de MM. Mandet père et le vicomte de Becdelièvre —
Ouvrages reçus, entre autres vingt-huit ouvrages de science et d'art
donnés par M. le Ministre d'Etat. — Demande des Annales de la
Société, par M. ie Préfet, pour le comice d’Yssingeaux. — Regrets
exprimés par M. le Ministre de l’agriculture de n'avoir pu envoyer
l'un de MM. les inspecteurs généraux de l’agriculture au concours
des bestiaux, ete. — Concours universels agricoles; circulaire de M. le
Ministre de l’agriculture ; observations par MM. Aymard et Ch. C. de
Lafayette. — Demande que le concours régional se tienne au Puy en
1857, et que la race bovine du Mezenc y soit comprise comme
catégorie spéciale. — Rapport de M. Doniol sur les expériences agri-
coles de Trappes. — Etat des semailles; rapport à M. le Préfet —
Rapport de M. Ch. C. de Lafayette sur des défrichements communaux
effectués par M. Philip, maire de Saint-Paulien. — Assurances contre
la gréle; commission nommée. — Phénomène de végétation observé
à Vabres; renseignements. — Rapport de M. le docteur Borie sur les
pétrins mécaniques. — Lettre de M. le Président à M. le duc de Po-
ligeac sur l'exploration de l'abime de Polignac. — Ouvrages d’édu-
cation présentés par Mile Besqueut, institutrice ; rapport de M. Mont-
lezun ; approbation de la Société. —Don, par M. Emile Giraud, d’un
portrait du maréchal de Vaux. — Décision concernant le portrait de
M. Crozatier, pour étre placé au musée. — Gravure qui a valu à
M. Soumy, du Puy, le premier grand prix à l’école des Beaux-Arts de
Paris; don de cette gravure au musée. — Gravures par M. Camille
254 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Robert; don de ces gravures par cet artiste. — Don, par M. le doc-
teur Arnaud, de pépites d’or. — Don, par Mme Caroline Robert, de
morceaux de dentellis anciennes. — Prix décernés par la Société aux
expositions et concours. — Demande d'admission par M. le docteur
Roux, de Marseille.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. de Brive.
NÉCROLOGIE. — Après la iecture et l'adoption du
procès-verbal, M. le Président exprime les regrets de
la Compagnie pour la perte qu’elle a faite de deux de
ses plus anciens et honorables membres, MM. Mandet
père et le vicomte de Becdelièvre.
« M. Mandet père, dont la mort survenue le 10 sep-
tembre, jour de l’ouverture du Congrès, attrista les
débuts de cette solennité, avait longtemps occupé un
rang éminent au barreau du Puy, dont il avait été le
bâtonnier. On ne saurait oublier les services qu'il ren-
dait depuis longtemps à l’administration des hospices
et dans diverses commissions administratives , où
l'avaient appelé ses lumières et son amour du bien
public. Assidu aux séances de la Société, il y apportait
aussi dans bien des questions, principalement celles
qui avait pour objet l’économie publique, le tribut de
ses connaissances variées. Son dévoüment à la Compa-
gnie et son intelligence supérieure lui avaient valu,
NOVEMBRE. ‘ 255
pendant plusieurs années, les titres de vice-président
de la Société et de membre du conseil d'administration.
A son fils M. Francisque Mandet, qui est aussi l’un de
nos dignes confrères, 1l a légué l'héritage de ses sen-
timents élevés et d’un esprit non moins distingué,
comme une consolation d’une perte que la Société a
vivement ressentie.
» Au nom de M. le vicomte de Becdelièvre, dit encore
M. le Président, se rattache surtout l’une des plus
intéressantes créations qui honorent la Société et la
ville du Puy. C'est en effet principalement à son ardente
initiative qu'est due la fondation de notre musée. Il
était conseiller de préfecture sous la Restauration,
lorsque, puissamment encouragé par une administra-
tion amie des arts et du progrès scientifique, secondé
par le généreux concours de personnes très-éclairées,
il sut vaincre les préventions et les mauvais vouloits
que rencontrent toujours les idées neuves et fécondes.
Cette heureuse pensée effectivement fut féconde en
résultats, et le musée était à peine créé, que l’adminis-
tration départementale y ajoutait, comme complément,
l'organisation de notre Société académique, Société
qui, depuis lors, n’a pas cessé de tenir ses séances dans
ce sanctuaire des arts et des sciences.
» M. de Becdelièvre aimait et cultivait les arts avec
passion et talent. Il entretenait des relations avec les
peintres et sculpteurs les plus renommés et des per-
sonnages haut placés, et mettait à profit ces rapports
d'amitié et d'estime pour doter d'œuvres précieuses ce
musée, dont il ne cessa d’être le directeur que lorsqu'il
jugea convenable d'en remettre la conservation et les
256 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
développements à une plus jeune génération, élevée à
l’école de ses nobles sentiments et digne à tous égards
de continuer son œuvre.
» La création de nos écoles industrielles du Puy, à
laquelle il prit la part la plus active, fut aussi une con-
séquence de l’organisation du musée et de la Société.
La prospérité de cette institution , comme des précé-
dentes, est aussi un précieux hommage rendu à la
mémoire de notre généreux confrère.
» Les communications que M. de Becdelièvre faisait
à la Société étaient presque exclusivement artistiques.
Cependant il avait été amené à s'occuper aussi de science
archéologique : les renseignements instructifs qu’il
avait fournis à son ami et savant confrère M. Mangon
de la Lande, contribuèrent à la rédaction des Æssais
historiques sur les antiquités de la Haute-Loire, ouvrage
intéressant qui, dans notre pays, a ouvert la voie à des
recherches devenues, depuis lors, de plus en plus
importantes.
» Ces études, qui se rapportent à des temps reculés
et dont ne surnage presque aucun souvenir historique,
l’'engagèrent à effectuer des fouilles, et, conjointement
avec M. Mangon de la Lande , il exhuma à Espaly, près
le Puy, les substructions d’une partie de cette grande
villa romaine dont un autre de nos savants con-
frères a fait la restauration graphique. Des fouilles
effectuées, sous sa direction, à Saint-Paulien et à
Margeaix ne furent pas moins productives, en particu-
lier dans cette dernière localité, où il découvrit des
statues antiques et d’autres morceaux curieux d’anti-
quités gallo-romaines. Ils ont été décrits par lui dans
NOVEMBRE. 257
nos Annales. Nous devons aussi à M. de Becdelièvre,
entre autres communications, un intéressant mémoire
sur les antiquités de Polignac.
» M. le vicomte de Becdeliévre est décédé le fer
octobre, à l’âge de 79 ans, dans son château de
Bigny (Loire), nous laissant, avec le souvenir de ses
vertus civiques et privées, un successeur dans un
autre de nos honorables confrères, M. de Longevialle,
son gendre. »
OUVRAGES REÇUS. — M. le Président communique la
liste d’une importante collection de vingt-huit ouvrages
d'histoire, de science et d'art, qui, d’après une lettre
de M. le Préfet, sont donnés à la Société par M. le Mi-
nistre d'Etat, au nom de l'Empereur.
L'Assemblée, très-reconnaissante de ces dons pré-
cieux, prie M. le Président de faire retirer ces ouvrages
au ministère , et d'exprimer à M. le Ministre ses vifs
remerciments.
Mgr l'Evèque a fait hommage à la Société, de la col-
lection de ses Mandements, et M. l'abbé Urbe, d’un
discours qu'il a prononcé à la distribution des prix au
petit séminaire de la Chartreuse, dons qui sont agréés
avec remerciment.
M. le Président signale ensuite, dans les autres pu-
blications reçues depuis la précédente séance, les mé-
moires et articles qui intéressent les travaux de la
Société.
Les Annales archéologiques, publiées par M. Didron,
TOME XX, lèrrT
258 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
mentionnent très-favorablement le Congrès scientifique
de France dont la dernière session vient d'être tenue
au Puy, et annoncent que, dans d’autres articles, il
sera rendu plus amplement compte de cette importante
solennité.
On lit dans le Journal d'agriculture pratique un
article intéressant dû à la plume de notre confrère
M. Henri Doniol ; il a pour titre : Concours annuel de
la Société d'agriculture de la Haute-Loire, et séances de
la section agricole du Congrès scientifique de France.
Les progrès de l’agriculture dans notre département
y sont exposés avec un talent remarquable.
Le Bulletin agricole du Puy-de-Dime contient un
excellent article sur la péripneumonie et l’inoculation.
On lira aussi avec intérêt un rapport sur le drainage,
par M. Mille, ingénieur-draineur, dans le Bulletin de
la Société académique d'Indre-et-Loire, et un article
du Bulletin de la Société académique de la Lozère, sur
les signes qui permettent de reconnaître les poules
pondeuses, ainsi qu'une note du même recueil, relative
à la destruction des courtilières au moyen de l’eau de
savon.
Le Bulletin du Comice agricole d'Alais mentionne
l'introduction, dans le département du Gard, des vaches
de race bretonne, race éminemment laitière et très-
sobre. Nos éleveurs qui se préoccupent de l’importa-
tion de ce genre de bétail dans notre pays, pourront
profiter de l'expérience qui déjà en a été faite dans le
Gard.
Dans les Bulletins de la Société d'agriculture de
l'Aveyron se trouvent trois articles qui, par leur uti-
NOVEMBRE: 259
lité, se recommandent à l'attention des agriculteurs.
M. le Président pense qu'ils devraient être reproduits
dans l’Almanach agricole de la Haute-Loire, proposi-
tion qui est agréée par l’Assemblée. Ces articles ont
pour titres : Avantages que présentent les mélanges de
céréales ; De la race d'Aubrac; Des avantages de la
culture alterne pour remplacer les anciens assole-
inents.
Mme veuve Arthus-Bertrand, libraire, annonce, par
nne lettre, qu'elle vient de mettre en vente le 25e fasci-
cule de POstéographie comparée, par M. de Blainville,
ouvrage auquel à souscrit la Société. Cette livraison
contient, outre un texte explicatif, 41 planches qui ont
été dessinées et gravées sous la direction de l'auteur.
IL est arrêté que des mesures seront prises pour faire
retirer cette livraison.
M. le Préfet écrit pour demander la collection des
Annales de la Société, dont il se propose de doter la
bibliothèque du comice agricole d’Yssingeaux.
L'Assemblée s’empresse de mettre à la disposition de
M. le Préfet tous les volumes dont elle possède encore
des exemplaires.
AGRICULTURE. — Il est donné lecture d'une lettre par
laquelle M. le Ministre de lagriculture, du commerce
et des travaux publics exprime le regret de n'avoir pu
satisfaire à la demande, que lui avait adressée M. le
Président, d'envoyer l’un de MM. les inspecteurs géné-
raux d'agriculture au concours départemental des bes-
260 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
aux, tenu au Puy pendant la session du Congrès
scientifique. Son Excellence regrette également de
n'avoir pu acccrder des médailles pour être distribuées
dans cette solennité.
M. le Ministre de l’agriculture, par sa circulaire du
25 août, transmet le programme des concours univer-
sels agricoles de 1856 et 1857. « Indépendamment des
agriculteurs, qui peuvent exposer isolément, dit M. le
Ministre, les associations agricoles elles-mêmes serent
admises à présenter des collections de produits. »
M. Aymard fait observer que le département a été
représenté cette année à l'exposition universelle par un
assez grand nombre de ses produits, et que dans
l'exposition départementale qui à eu lieu au mois de
septembre, au musée du Puy, à l’occasion du Congrès,
MM. les agriculteurs se sont empressés également de
répondre aux bienveillants appels de la Société. Il ne
doute donc pas qu'ils ne satisfassent encore, en 1856,
aux intentions éclairées du gouvernement. Il s'agira
seulement de désigner une commission active, zélée et
qui n’épargne pas ses démarches réitérées, pour arriver
encore une fois aux mêmes résultats.
M. Ch. C. de Lafayette propose de demander à M. le
Ministre que l’envoi des animaux soit fait gratuitement.
Il serait extrèmement difficile que le concours aboutit
à un résultat sérieux, si cette mesure n'était pas
adoptée : les agriculteurs appartenant à des régions
éloignées de Paris ne s’exposeront pas à des frais
en vue de récompenses éventuelles. Toutefois, afin
d'éviter l'encombrement et surtout l'envoi de produits
NOVEMBRE. 261
peu dignes de figurer dans un concours, il y aurait lieu,
avant l'envoi, de procéder à un examen et à un triage,
qui seraient faits par des commissions départementales
ou d'arrondissement. C’est ainsi, d’ailleurs, qu'on à
procédé pour les envois destinés à l’exposition interna-
tionale de 1855.
I serait juste que les produits agricoles ne fussent
pas traités plus défavorablement que ne l'ont été ceux
de l'industrie dans cette mémorable circonstance. A un
autre point de vue, la concurrence ne serait pas égale
entre les départements voisins de Paris et les départe-
ments plus ou moins éloignés, les premiers ayant plus
de facilités et moins de dépenses à faire pour se pré-
senter dans la lice ouverte à tout le pays.
L'Assemblée adhère à ces observations, qu'elle prie
M. le Président de transmettre à M. le Ministre de
l'agriculture.
Il est décidé ensuite que M. le Président voudra bien
faire des démarches pour que le concours régional qui
doit avoir lieu en 1856 à Tulles, se tienne au Puy en
1857, et que la race bovine du Mezenc soit mentionnée
dans le programme du concours comme formant une
catégorie spéciale.
M. Henri Doniol, membre de la Société, qui avait
reçu le mandat de la représenter aux expériences agri-
coles effectuées à Trappes, le 14 août 1855, en présence
du prince Napoléon, a envoyé un intéressant rapport
sur cette solennité.
M. le Président ayant jugé que l'importance de ce
travail le rendait digne d'être communiqué au Congres,
2692 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
a invité l’auteur à en donner lecture dans la séance
générale du 12 septembre. Ce rapport a été accueilli
par le Congrès avec le plus vif intérêt, et il sera publié
dans le recueil des comptes-rendus et mémoires (1).
M. le Président ayant un rapport à transmettre à
M. le Préfet, sur l’état des semailles dans le départe-
ment, demande à ce sujet des renseignements, qui
lui sont fournis par plusieurs membres.
M. Ch. C. de Lafayette a la parole pour une commu
nication concernant des travaux importants de défri-
chement que M. Prosper Philip, maire de St-Paulien,
a fait exécuter dans un terrain communal.
Ce membre s'exprime ainsi :
MESSIEURS,
Il y a peu de jours, dans une solennité communale qui
eut de Péclat, M. le Préfet prononcait les paroles sui-
vantes : « Saint-Paulien a eu, depuis quelques années,
un rare bonheur. Un maire, homme jeune et sans enga-
gements avec le passé, élevé dans les enseignements sé-
vères du temps où sa première jeunesse s’est écoulée, à
pris les rênes de lPadministration communale. S’inspi-
rant des intentions du gouvernement de l'Empereur,
s’échauffant au contact de tout ce qu'il voyait accomplir,
par ce gouvernement, de noble et de grand, il a voulu
faire descendre dans la sphère modeste d’une commune
de 2,700 âmes ce qu'il y avait de réalisable pour elle dans
4) Voyez le tone I, p. 145.
NOVEMBRE. 263
tout le bien qui se faisait ailleurs. I fallait avant tout
accroître les forces de budget. Devançant une réforme
que j'ai cherché depuis à introduire dans le département,
il a employé sa persévérance à faire réduire en étendue
la jouissance indivise des terrains communaux et à mettre
une forte partie de ces terrains en valeur. Son point
d'appui trouvé dans les finances restaurées, il a pu, par
des combinaisons ingénieuses, entreprendre à Ja fois
l'établissement d’un vaste système d’eaux et de fontaines,
l’organisation sur une grande échelle d’un service contre
l'incendie, l'établissement d’une salle d'asile et le nivelle-
ment de la grande place ; l’hospice a été reconstitué et,
grâce à une importante donation de l'un des membres de
notre clergé, il va être pourvu d’une pharmacie et d’un
dispensaire. Une suceursale de la caisse d'épargne du
Puy a été demandée, et une société de secours mutuels
viendra mettre le dernier chainon à toutes ces œuvres de
bonne administration et d’intelligente prévoyance.
» Quand je rappelle tous ces titres qu’a su déjà s’ac-
quérir l'administration de l'honorable M. Philip, ne
croyez pas, Messieurs, que je cède à une vaine complai-
sance pour un collaborateur que j'aime. Ce n’est pas son
amour-propre personnel que je veux gratifier en lui ;
c'est un exemple que je donne à limitation, c'est nn dé-
voûment que j'honore. »
J'ai supposé, Messieurs, qu'il ne vous paraîtrait pas
sans intérêt de connaître plus complètement l'opération
rurale par laquelle M. Je maire de Saint-Paulien à pu
réaliser les ressources financières dont parle M, le Préfet;
vous me permettrez donc de vous en dire ici quelques
mots.
264 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Sur le plateau situé à gauche en entrant à Saint-Pau-
lien, existaient deux petits bois sans produit et par con-
séquent sans valeur, qui avaient en outre le fiächeux et
naturel inconvénient d'exercer une influence fiévreuse
sur les populations. Pe ces deux bois la superficie était
pour l’un de huit hectares, pour l’autre d’un hectare en-
viron. Depuis longues années, tous les prédécesseurs de
M. Philip avaient rêvé d'accomplir l'œuvre d’un dessè-
chement visiblement nécessaire ; un homme considérable
dons le pays et servi par les utiles influences d’une haute
position, M. de Solilhac, s'en était vivement préoccupé
Ini-même ; mais tous avaient dû échouer devant l’aveugle
opposition des habitants de Saint-Paulien, que séduisait,
au profil du statu quo, la chance, pourtant très-incer-
taine, de quelques jours de pacage à prendre tous les
ans, dans les temps de sécheresse, sur le fonds et le plus
souvent sur les bords seulement de cette superficie tou-
jours rilsaine.
Dès son entrée en fonction, malgré les menaces et
l'espèce d’intimidation dont la tradition se perpétuait
toujours contre toute tentative de mise en culture de ces
terrains, M. Philip résolut de monter avec patience,
mais avec fermeté, au but qu'on s'était si vainement pro-
posé jusque-là. Il devait s'attendre à rencontrer, et il
rencontra comme ses prédécesseurs, la plus vive résis-
tance, ant de la part du conseil municipal que de ceile
de la plus grande majorité de ses administrés, et néan-
moins Île jour où il put trouver dans l'administration
supérieure un concours persistant et éclairé, au bout de
deux ans il avait triomphé de tous les obstacles.
Le dessèchement est déjà depuis trois ans accompli. Il
NOVEMBRE. 265
a coûté à la commune une somme de douze cents francs,
et voici les résultats acquis à l'heure qu’il est, résultats
dont l'importance ne saurait échapper à personne. Les
deux étangs ont été affermés en dix-huit lots pour quatre
ans. Le prix de ferme pour chaque année est de huit
cents francs, et chacun des colons a trouvé dans sa par-
celle les éléments d’une petite aisance. On s'accorde à
dire qu'il s'est récolté en moyenne, pendant ces trois
années, trois mille doubles-décalitres de grains, bien que
l'assolement laisse beaucoup à désirer. Plusieurs mem-
bres de la Société et M. le Préfet lui-même ont pu,
comme celui qui écrit ces lignes, admirer eette année
des moissons d'une beauté incomparable et dont le seul
inconvénient était une indicible vigueur.
Dans six mois le bail expire. On se prépare à pousser
les enchères avec une ardeur sans pareille, il a déjà été
offert en bloc un prix de 1,400 francs de ferme ; le détail
permettra de dépasser de beaucoup ce chiffre.
En attendant, par l'addition de cette ressource nou-
velle aux anciennes et à d’autres produits communaux
récemment obtenus, l'administration habile à laquelle
préside M. Philip, a pu donner à la commune la gratuité
de l'éducation. La salle d'asile, également gratuite, a pu
être fondée dans des conditions de confortable et de salu-
brité enviables pour les plus riches municipalités elles-
mêmes ; une compagnie de pompiers a été organisée,
et le remboursement d’un emprunt de 8,000 francs, con-
tracté par la commune pour se donner des fontaines, est
désormais assuré.
Telle est l’œuvre de M. Philip comme maire ; cette
œuvre, dont nous signalerons sommairement plus tard
266 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
quelques autres conséquences, nous a semblé mériter
d’être recommandée à votre attention et à vos sympathies.
Nous y reviendrons tout à l'heure. Comme particulier,
M. Philip a encore réalisé d’autres améliorations agri-
coles d’une haute et bienfaisante portée ; nous tenons à
en dire de même ici quelques mots. Aux abords des
grands marais communaux dont il vient d’être parlé,
M. Philip possédait personnellement un tènement de
cinq hectares : deux hectares en mauvaise et difficile cul-
ture, trois hectares en bois taillis de pins d’une pitoyable
venue et donnant annuellement un produit de quarante-
cinq francs environ. M. Philip eut l'idée de défricher la
partie boisée et d'améliorer, par une intelligente et fé-
conde main-d'œuvre, les deux hectares en culture. Dans
l'hiver de 1853, au moment où le travail manquait dans
la commune, et où il était d'un grand intérêt public de
ne pas laisser tous les bras s'éloigner du pays, où ils
auraient certainement fait défaut après l'hiver, M. Philip
fit appel à trente ouvriers de la localité, et il se mit à
l'œuvre. Au début, la tâche apparut très-difficile, et peut-
être ingrate. La terre était rare, un sous-sol de rocher
régnait sur la plus grande portion du tènement. Heu-
reusement quelques endroits offraient des bassins de
terre profonde et de bonne qualité. M. Philip, qui vou-
lait fermement ce qu'il avait entrepris, n'hésita pas à
faire creuser dans les parties privilégiées de vastes fosses
de vingt à vingt-cinq pieds ; la terre extraite, et rem-
placée par des pierres, fut répandue sur toute la surface
de manière à donner partout une profondeur de trente à
quarante centimètres de terre arable. Un vaste réseau de
drainage en pierrées à complété cet important travail et
NOVEMBRE. 267
débarrassé le sol d'une quantité de pierres mouvantes et
de pierres arrachées pour le défoncement, qui eût effrayé
une volonté moins ferme et moins résolue. Une telle en-
treprise, qu'on n'oserait certes pas conseiller dans toutes
les positions, et dans laquelle M. Philip était soutenu
par quelque chose de plus élevé que l'espoir d’un profit
matériel immédiat, c'est-à-dire par le désir d’un grand
service à rendre à la population cuvrière et aussi d’un
premier exemple à donner, cette entreprise, disons-nous,
donnera cependant des résultats suffisamment rémunéra-
teurs et dont il est possible dès à présent de se faire une
idée au moins approximative. Le défoncement a coûté en
chiffres ronds une somme de 3,000 francs ; il a pu donner
à trente ouvriers de quatre-vingts à cent journées de tra-
vail, c’est-à-dire du pain pendant tout un hiver. La pre-
mière année la récolte fut presque nulle, eu égard à la
erudité des terres. Cette année, le produit parait devoir
désintéresser largement M. Philip de la première perte,
el payer en outre bien au delà du revenu de l’arg'nt dé-
pensé, lequel peut être évidemment considéré comme une
véritable et durable capitalisation. On évaluait sur place
les produits probables des trois hectares défrichés à cent
quarante on cent cinquante doubles-décalitres de froment,
et à cent doubles-décalitres de lentilles. Un assolement
convenable peut maintenir la production à cette hauteur.
L'opération, malgré ce qu'elle avait en apparence de
hasardeux en raison des difhicultés, sera donc lucrative.
Elle aura eu de plus, comme nous l'avons indiqué, une
valeur morale et une puissance de bon conseil qu'il est
bon de signaler hautement, Si nous résumons mainte-
vaut quelques brèves conclusions sur Les deux entreprises
268 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
de différente nature dont nous venons de parler, il nous
sera facile de montrer combien elles restent dans les
conditions variées de nos programmes ; on sentira facile-
ment qu'elles viennent opportunément et comme une
heureuse démonstration de la possibilité qu'il y a de ré-
soudre dans notre économie rurale les plus vastes et les
plus intéressants problèmes. Mise en valeur de terrains
incultes, large accroissement apporté à la production au
moment même où la consommation a de si impérieux
besoins, travail et salaire utilement improvisés, précieux
temps d'arrêt aux tendances toujours croissantes vers
l’émigration des travailleurs agricoles : voilà les consé-
quences qu'il suffit d'indiquer devant vous, et qu'il est
inutile ici de développer davantage. M. Philip a certai-
nement accompli, dans la mesure de l’horizon où peut
s'exercer son influence, une œuvre de haute économie
agricole et publique. Supposez un instant la même tâche,
ou une lâche analogue entreprise sur tous les points trop
délaissés et susceptibles d'améliorations de notre terri-
toire, que chaque municipalité réalise, ne fût-ce que dans
des proportions bien moindres, quelque chose de sem-
blable, quelles vastes perspectives sont ouvertes, quelle
alténuation subiront les misères du chômage et les déficits
de la production qui préoccupe à si juste titre, au mo-
ment où je parle, tous les esprits sérieux !.. Je n'arrête,
Messieurs; vous suppléerez facilement à tout ce qu'il y
aurait encore à dire el que je puis taire sans inconvé-
nient avec vous, el vous penserez cerlainement, comme
moi, que le jeune, actif et intelligent magistrat que la
commune de Saint-Paulien est heureuse d’avoir à sa tête
a tous les droits les mieux justifiés à lune de vos plus
honorables récompenses.
NOVEMBRE. 269
Après cette lecture, M. le Président rappelle que le
rapport! de M. Ch. C. de Lafayette a été soumis, à raison
de l'urgence, à la commission des prix pendant la
session du Congrès, et que M. Prosper Philip, maire
de Saint-Paulien, a été compris au nombre des lauréats
des concours et a obtenu une médaille d’or.
L'Assemblée applaudit à cette décision du jury.
Deux Compagnies, l’une dite Société Toulousaine et
l'autre Société Rouennaise, pour les assurances contre
la grêle, ont demandé à étendre leurs circonscriptions
dans le département de la Haute-Loire. M. le Préfet, à
qui cette requète a été adressée, l'a communiquée à la
Société, en Iti demandant son avis.
M. Bretagne, sur l'invitation de M. le Président, se
charge de faire un rapport sur ce sujet à l’une des
prochaines séances.
SCIENCES PHYSIQUES. — Il résulte d’une lettre de M. le
curé de Vabres, adressée à M. Alirol, membre de la
Société, que le phénomène de végétation observé par
cet ecclésiastique dans une prairie, et signalé à la
séance du 3 août, ne peut être examiné avec succès
qu'un peu avant la fauchaison des prés.
L'Assemblée décide, en conséquence, que la com-
mission nommée à cet effet ajournera sa visite des lieux
au mois de juin 1856.
INDUSTRIE. — M. le docteur Borie fait un rapport sur
la question des pétrins mécaniques (1).
(4) Ce rapport a été publié dans le tome xix des Annales de la So-
ciété, p. 587.
270 / RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ARCHÉOLOGIE. — M. le Président lit une lettre qu'il a
adressée à M. le duc de Polignac, au sujet de l’explora-
tion du grand puits ou abime de Polignac, conformé-
ment à la décision qu'avait prise la Société dans sa
séance du 6 juillet. M. de Brive, en sollicitant l'aytori-
sation de faire les fouilles et, dans ce but, le généreux
concours de M. de Polignac, a fait valoir aussi que les
fonds qui seraient accordés fourniraient des moyens
de travail, dans la saison rigoureuse de l’année, à une
population habituée depuis longtemps à compter sur
le patronage de l’une de nos plus anciennes et plus
illustres familles.
« La commune de Polignae, ajoute-t-il, est adminis-
trée par un maire intelligent, zélé et probe, membre
de notre Société, M. Félix Robert, qui se chargerait
volontiers de la direction des travaux.
» Enfin il serait bien entendu que les produits éven-
tuels des recherches resteraient au château et pour-
raient y être déposés dans un local spécial, où seraient
réunies avec soin toutes les antiquités lapidaires et
autres, auxquelles se rattachent les plus anciens sou-
venirs de la localité. »
ENSEIGNEMENT. — Mlle Besqueut, institutrice au Puy,
a adressé à M. le Président, pour ètre soumis aux
appréciations de la Société, les manuscrits de trois
ouvrages relatifs à l'éducation des jeunes personnes, et
que l’auteur se propose de présenter au concours
ouvert par l'Institut de Paris pour le prix Monthyon.
M. le Président, à raison de l'urgence qu'il y avait
NOVEMBRE. 271
de faire l'envoi de ces ouvrages à Paris, a prié notre
confrère M. l'abbé Montlezun d'en rendre compte dans
la présente séance.
Ce membre s'excuse de n'avoir pu examiner en
détail qu'un seul de ces manuscrits, intitulé : Guide
moral et social de la femme. « Chose rare, dit-il, dans
ces sortes d'ouvrages, il justifie, à notre avis, le titre
assez ambitieux inscrit à son frontispice. La division
de ce traité est aussi simple que naturelle : il comprend
les devoirs de la jeune demoiselle envers Dien, envers
la société, envers elle-même, enfin le choix d’un état
de vie.
» Les principes que l’auteur développe dans chaque
partie de son traité méritent à tous égards d'appeler
l'attention des mères de famille, qui ne sauraient
placer entre les mains de leurs enfants un ouvrage
plus capable de compléter leur éducation morale,
» Nous croyons donc, ajoute M. Montlezun , que
Mlle Besqueut peut recevoir l’encouragement de la So-
ciété, et quand nous pensons qu’à la valeur de ces
ouvrages se joint l'intérêt que leur auteur inspire à
tant de titres, nous ne croyons pas que vous refusiez
cet encouragement. »
L'Assemblée, après avoir entendu d’autres observa-
tions faites par divers membres, et toutes favorables
à Mile Besqueut, décide qu'il lui sera délivré, pour
s’aider à obtenir le prix Monthyon, l'extrait du procès-
verbal qui la concerne.
MUSÉE. — M, Emile Giraud, membre de la Société,
offre au musée la copie d'un portrait peint du maréchal
972 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
de Vaux, qu'il a exécutée pour la galerie des hommes
illustres du département.
Ce don est agréé avec remerciment.
M. Aymard, à cette occasion, exprime le désir que le
musée possède le portrait de M. Crozatier, et que
M. Giraud en soit chargé. Il croit inutile d'exposer les
raisons qui sont dans la pensée de tous les membres
de la Société, et qui motivent la proposition de placer
au musée l’image de l’un de ses plus généreux bien-
faiteurs et d’un artiste qui honore la ville du Puy.
L'Assemblée accueille unanimement cette demande,
et il est décidé que l'attention de M. le maire du Puy
sera appelée à ce sujet, pour qu’il veuille bien proposer
au conseil municipal un vote de fonds.
M. Soumy, artiste graveur né au Puy, qui a obtenu
en 1854, à l’école des Beaux-Arts de Paris, le premier
erand prix de gravure, et actuellement pensionnaire
de l'Etat à Rome, a envoyé à M. Aymard, qui en fait
hommage au musée, la planche gravée, représentant
une figure académique, qui lui a valu ce prix.
M. Camille Robert, du Puy, artiste graveur, fait don
également au musée, par l'entremise de M. Aymard,
d’un certain nombre de gravures dont il est l’auteur
et qu’il a exécutées à Paris et à Londres. On y remar-
que surtout une belle planche représentant la Vierge
au saint Jean, d'après Raphaël; une charmante vue
de la cascade de la Roche, près le Puy ; des monuments,
antiquités, objets d'histoire naturelle; des scènes de
mœurs en Angleterre; un paysage, d’après Claude
NOVEMBRE, 213
Lorrain; un Départ de la sainte Famille pour l'Egypte,
d'après Guilbert, peintre anglais, et d’autres reproduc-
tions de tableaux qui sont conservés dans les musées
ou qui ont figuré aux expositions d'Angleterre.
M. Aymard signale, à cette occasion, les différents
genres de gravures sur bois, sur cuivre, etc., et les
sujets très-divers auxquels M. Camille Roberta consacré
son talent, soit comme dessinateur, soit seulement
comme graveur, depuis 1849 jusqu’en 1854, époque
où des affaires de famille l'ont rappelé au Puy.
Obligé, pour satisfaire aux devoirs de sa profession ,
de produire rapidement, cet habile artiste, ancien élève
des écoles de dessin du Puy, a fourni une foule de
eravures, dont le mérite a été souvent apprécié, dans
des ouvrages illustrés et dans les publications périodi-
ques. Ses planches se ressentent parfois d’une certaine
précipitation, mais elles n’en révèlent pas moins une
science de dessin et une sûreté de burin qui se sont
manifestées plus amplement lorsqu'il a été donné à
leur auteur d'exécuter à loisir des œuvres sérieuses et
plus mürement étudiées.
M. Arnaud, docteur en médecine au Puy, a envoyé
à M. le Président un flacon renfermant des pépites
d'or recueillies par M. Marcellin Arnaud, son frère,
dans les placers de la Californie.
L'Assemblée vote des remerciments aux auteurs de
ces dons intéressants.
Il est donné lecture de la lettre suivante de madame
Caroline Robert:
TOME XX. 18
274 RÉSUMÉ DES SÉANCE!.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
J'ai l'honneur de vous envoyer un petit carton renfer-
mant 106 morceaux de dentelles, presque toutes anciennes,
que j'offre au musée du Puy, pour les collections de la
galerie des dentelles. Parmi ces morceaux, il y en a de
très-courts et d’autres en assez mauvais état; j'aurais
hésité à les joindre à ceux qui sont peut-être plus inté-
ressants, si je n'eusse pensé que l'intention du fondateur
de cette galerie était que tout dessin pouvait servir de
sujet d'étude et de comparaison ‘pour la fabrication ac-
tuelle. A ce titre, j'ose vous prier de recevoir ces 106
dessins de dentelles. Il en est même un qui a probable-
ment quelque importance pour l’histoire de cette indus-
trie, s'il est vrai, comme je serais portée à le croire,
qu'il serait d’une époque antérieure à celle qu'on assigne
généralement à l’origine de la dentelle.
Veuillez agréer, etc.
CaroziNe ROBERT.
L'Assemblée, vivement intéressée par ce don, adresse
ses remerciments à madame Robert, et il est arrèté
qu'en attendant l’organisation définitive de la galerie
des dentelles, ce carton sera déposé dans une des
vitrines de la salle des séances.
Concours ET Prix. — M. le Président rappelle les
expositions et concours agricoles, industriels et artis-
tiqnes qui ont eu lieu au musée, à l’occasion et pendant
NOVEMBRE. 2719
la session du Congrès. Les prix nombreux qui ont été
décernés ont répondu à l'importance de ces brillants
concours ; ils viennent d'être publiés dans l'Alinanach
historique et agricole de la Haute-Loire pour 1856.
On trouvera dans la mème publication les prix dé-
cernés au concours des bestiaux, solennité qui a eu
lieu également sous les yeux du Congrès et qui, par le
nombre et la beauté des animaux présentés, a répondu
aussi parfaitement à l'attente de la Société.
DEMANDE D’ADMISSION. — M. le docteur Roux, secrétaire
perpétuel de la Société de statistique de Marseille ,
sous-directeur de l’Institut des provinces, ete., sollicite
le titre de membre non résidant, et atresse à l'appui de
sa demande divers ouvrages scientifiques dont il fait
hommage à la Société.
Sont nommés commissaires, MM. les docteurs Cale-
mard de Lafayette, Martel et Dugaray.
À sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus; pièce de théâtre
jouée à Paris, paroles de M. Achille Eyraud, membre de la Société ;
ouvrages divers d'agriculture. — Lettre de M. le Président à M. le
Ministre de l’agriculture, concernant la fixation du concours régional
au Puy, en 1857, et la race du Mezene, — Relations à établir avec
la Société d’apiculture de Paris. — Renscignement sur le prix de Ja
graine de chanvre géant du Piémont; lettre de M. Rey. — Don à
la Société de diverses variétés de nouveaux grains par M. Manoury.
— Péripneumonie des bêtes bovines; expériences faites à Valenciennes
par M. Huard; observations de MM. Chouvon et l'abbé Bernard.
— Rapport de M. Bretagne sur les sociétés d’assurances contre la
grêle; observations de divers membres; décision pour l'envoi du
rapport à M. le Préfet. — Récompenses accordées aux industriels
de la Haute-Loire, à l’occasion de l'exposition universelle de Paris ;
lettre de M. Aubry, secrétaire de la 23e classe du jury international,
— Echantillon d’une variété de sulfate de chaux, ressemblant à
l’albätre, trouvé près du Puy et présenté par M. Crouzet ; commission
nommée. — Décès de M. Guénon, auteur du Traité des vaches laitières ;
regrets exprimés par la Société. — Demandes d'admission au litre de
membre non résidant, par MM. Justin Dorlhac et le vicomte de
Meaux ; commissions nommées. — Rapport de M. Cal. de Lafayette
père sur la candidature de M. le docteur Roux, de Marseille, au titre
de membre non résidant ; admission.
278 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OuvrAGES REÇUS. — Au nombre des publications qui
ont été envoyées à la Société , M. le Président signale
une pièce de théâtre qui a pour titre : Jean et Jeanne ;
c’est un petit opéra-comique dont les paroles sont de
M. Achille Eyraud, membre non résidant de la Société,
et qui est joué à Paris, au théâtre des Folies-Nouvelles,
où, d’après les comptes-rendus des journaux, cette
pièce a beaucoup de succès.
Les publications périodiques qui contiennent des
mémoires et articles concernant des questions d’un
intérêt plus immédiat, sont le journal le Pays, au
sujet des boulangeries mécaniques , d’où il résulte
qu'on serait arrivé, par les nouveaux procédés, à livrer
le pain à dix centimes le kilog. au dessous du prix de
la fabrication ordinaire ; le Journal de l'Oise , pour un
article concernant la création d’une éccle Normale
d'agriculture, établissement dû à M. de Tocqueville ;
la Revue agricole, ete., de Valenciennes, pour d’utiles
renseignements sur le drainage ; le Bulletin agricole
du Puy-de-Dôme, pour une lettre du docteur Misson,
sur les poudres de granite employées comme engrais,
et dont le prix de vente n’est que de cinq francs le
mètre cube ; les Annales archéologiques de M. Didron,
au sujet d’un excellent article sur l'ecclésiologie à l’ex-
position universelle,
.
DÉCEMBRE. 279
AGRICULTURE. -— M. le Président donne communica-
tion de la lettre suivante, qu'il a adressée à M. le Mi-
nistre de l’agriculture , ete., conformément au désir
exprimé par la Société à sa précédente séance :
Le Puy, 12 novembre 1856.
Monsieur LE MINISTRE,
La Société d'agriculture de la Haute-Loire m'a chargé
de soumettre à Votre Excellence les demandes et obser-
valions suivantes.
Par un arrêté de 485%, vous aviez bien voulu accorder à
la ville du Pay le concours régional d'animaux reprodut-
teurs pour l’année 1856. Le Congrès scientifique de France
devant s'ouvrir dans notre ville au mois de septembre
1855 , la Société d’agricalture et les autorités du dépar-
tement sollicitèrent et obtinrent de votre bienveillance
que le concours du Puy fût ajourné à une autre année.
Le Congrès scientifique a eu lieu, et, malgré les cir-
constances défavorables au milieu desquelles il s'est tenu,
plus de 400 souscripteurs, venus de tous les points de la
France, se sont réunis au Puy et ont donné à cette
Assemblée un grand éclat. Aujourd'hui la Société d’a-
griculture, libre des soins que cette importante solennité
lui a imposés, vient demander à Votre Excellence de
rendre à la ville du Puy, pour 1857, le concours auquel
elle avait droit pour 1856 et qu'elle n’a pu recevoir à
cette époque. Tout nous fait espérer que nos éleveurs
seront en mesure d'y faire figurer avec avantage leur
race du Mezenc, race en général peu connue, malgré ses
précieuses qualités.
289 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Cette race, si bien approprite à notre pays de moyenne
el même, en beaucoup de localités, de petite culture,
est à la fois travailleuse et laitière dans d’assez bonnes
proportions, pour laisser au propriétaire une suffisante
rémunération, Dès l'âge de 6 à 8 ans, elle prend la
graisse facilement , et sa chair reçoit des plantes
que fournissent nos montagnes, des qualités qui la font
rechercher par tous les bouchers des grandes villes cir-
convoisines, et notamment de Lyon, Saint-Etienne et
Grenoble.
Mais cette race est d’une taille moyenne ; très-peu de
bœufs gras atteignent le poids de 700 kilog. , et si, dans
le concours régional du Puy, cette race restait classée
parmi les races de montagne et avait à lutter contre les
grands animaux des races de Salers et d’Aubrac, la race
du Mezenc courrait encore le risque d’être méconnue.
Je suis done chargé, M. le Ministre , de vous prier de
vouloir bien, dans vos prochains arrêtés , el notamment
dans celui relatif au concours du Puy, établir une caté-
gorie spéciale pour les animaux de la race du Mezxenc.
Nos producteurs, peu riches en général, peu confiants
dans la valeur comparative de leurs animaux , ont négligé
d’exhiber cette race propre à leur pays. L’encouragement
que la Société d'agriculture sollicite pour eux les ferait
sortir de leurs habitudes sédentaires, les initierait aux
concours, leur apprendrait le mérite d’une race pleine
de qualités, et les déterminerait à la présenter à l'avenir
dans les concours régionaux et généraux où elle n’a encore
fait que de très-rares apparitions.
J'ai la conviction que la mesure que je sollicite ser-
virait à la fois et les intérêts généraux de l'agriculture ,
__
DÉCEMBRE. 281
et plus particulièrement ceux de notre département, J'ai
dès lors lieu d'espérer que vous voudrez bien accueillir
ma demande.
Je suis avec respect, ete.
Le Président de la Société académique du Puy,
De BRIvE.
Par une lettre dont il est fait lecture, M. le Préfet
adresse à la Société le règlement d’une Société d’api-
culture établie à Paris.
L'Assemblée, après en avoir délibéré, désireuse de
recueillir toutes les données qui peuvent concourir au
perfectionnement de la culture des abeilles dans le dé-
partement, décide qu'elle entrera en relations de cor-
respondance avec cette Société.
La Société d'agriculture et sciences de la Lozère, dans
une lettre de son président, exprime l'intention de
faire des expériences de drainage et prie la Compagnie
de lui céder un certain nombre de drains.
L'Assemblée s'empresse de donner pleins pouvoirs à
cet égard à M. le Président.
M. Rey, pharmacien au Pont-de-Beauvoisin (Isère),
offre à la Société et aux agriculteurs du département
de la graine de chanvre géant , au prix de 16 francs le
double-décalitre.
Il est donné acte à M. Rey de sa lettre et du rensei-
enement qu’elle renferme.
M. Manoury, de Lebizey (près Caen), offre gratuite-
ment à la Société une collection de différentes variétés
282 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
de blés créées ou améliorées par lui, et qui ont été
l'objet de médailles et autres récompenses publiques.
L'Assemblée prie M. le Président de remercier
M. Manoury, et de lui demander l’envoi de spécimens
de ces grains.
M. le Président appelle l'attention de la Société sur
la péripneumonie des bêtes bovines et l’inoculation,
à l’occasion d'expériences qui paraîtraient concluantes,
et qui, d'après la Revue agricole, ete., de Valenciennes,
auraient été faites par M. Huart, auteur d’un article
sur ce sujet.
M. Chouvon dit que dans les étables de la ferme-
école, plusieurs de ses bêtes avaient été gravement
atteintes d’une maladie qu'il ne fut pas possible de
préciser avec une entière évidence. Un de ces animaux
fat abattu, et M. Gire, médecin-vét(rinaire, crut y
reconnaître les signes de la péripneum nie, tandis que
M. le docteur Martel n'aurait pas trouvé :es signes suffi-
samment caractérisés. En présence de cette incertitude,
M. Chouvon fit inoculer trois bêtes des plus malades, qui
furent séparées des autres animaux et placées dans une
autre écurie. Depuis lors la maladie disparut. Était-ce
un effet de l’inoculation ? L’opération n'avait occasionné
aucun symptôme apparent dans la blessure , et dès lors
peut-on admettre l’inoculation de la péripneumonie ?
M. Chouvon l’ignore, mais il croit devoir communiquer
à la Société ce fait tel qu'il s’est produit.
M. l'abbé Bernard, à l'appui des bons effets résul-
tant de l’inoculation, rapporte qu'un propriétaire de
Billac, ayant eu cinq bêtes mortes sur douze, fit
DÉCEMBRE. 283
inoculer les autres et qu'elles furent préservées des
atteintes du mal.
M. Bretagne a la parole pour la lecture d’un rapport
relatif aux Sociétés d'assurances contre la grèle.
MESSIEURS, -
J'ai l'honneur de vous rendre compte des statuts de la
Société Toulousaine d'assurances contre la grêle, que vous
mi’aviez chargé d'examiner, et de vous donner mon avis
sur la demande faite par le directeur de cette société de
réunir le département de la Haute-Loire à la circonscrip-
tion dans laquelle elle opère.
Personne ne peut contester que généralement les so-
ciétés d'assurances formées en vue de réparer les dom-
mages causés par les divers sinistres qui peuvent affecter
la fortune des citoyens, ne soient une institution d’une
réelle utilité.
L'effet des assurances, en ce qui concerne les propriétés
bâties et les valeurs mobilières, est très-connu aujour-
d'hui, et il est même tellement vulgaire qu'il n’a besoin
d'aucune explication. Ce genre d'assurances est entré
dans les habitudes de toute la population, et ses résultats,
quelles que soient les combinaisons adoptées par telle ou
telle société, ont toujours été efficaces.
Cependant les assurances mutuelles seraient préfé-
rables, puisqu'elles évitent aux propriétaires de payer
des primes qui n’atteignent un haut chiffre que parce que
l'industrie privée, faisant de cette institution un objet
de spéculation, s'efforce d’en retirer le plus grand pro-
duit possible.
284 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
Sous ce rapport, la société de Toulouse parait pré-
senter une garantie contre ces exigences. Cependant on
peut lui reprocher d’avoir élevé outre mesure les frais
de direction, qui montent à 30 centimes p. 0/0 des valeurs
assurées, C'est-à-dire à peu près au cinquième de la
cotisation. Ainsi, pour 1854, la société avait assuré
14,748,713 francs de récoltes ; les frais de direction
applicables à ces valeurs se sont élevés à la somme de
44,246 francs. Il me semble que ce chiffre devrait subir
une réduction.
La division en classes des récoltes et des risques est
sage; chaque classe devant recevoir pour les pertes
éprouvées la part de prime qui y est afférente, ne peut,
en cas de désastres trop grands, enlever aux propriétaires
des récoltes rangées dans une autre classe la plus grande
partie des ressources qui y sont affectées. En d’autres
termes, une contrée qui aurait la spéc'alité de certaines
cultures ne pourrait, en cas de sin stres, dépouiller
celles où d’autres cultures sont le jlus généralement
répandues.
Pour me rendre un compte plus exact de la manière
d'opérer de la Société Toulousaine, et des avantages
qu'elle peut présenter, j'ai fait l'application de son sys-
tème et de ses conditions à une partie des propriétés du
département de la Haute-Loire ; je crois utile de sou-
meltre à votre appréciation les résultats de ce travail.
D'après la statistique quinquennale, la valeur moyenne
des récoltes s'élèverait annuellement à 13,095,978 fr.
50 e. pour l'arrondissement du Puy ; mais ce chiffre me
paraissant atlénué de moitié environ, je le porte à
19,643,967 fr. 75 e. pour être dans la vérité.
DÉCEMBRE. 285
Les pertes causées par la grèle s'élèvent annuellement,
d’après une moyenne de cinq ans résultant de documents
qui existent dans nos bureaux, à la somme de 261,916 fr.,
soit 1 fr. 33 c. p. 0/0 de la valeur totale des produits de
cet arrondissement.
D'après le compte-rendu de la Société Toulousaine,
pour l’année 1854, la moyenne des primes serait de
1 fr. 4f c. p. 0/0, à quoi il faut ajouter les 30 centimes
p. 0/0 pour frais de direction, soit en tout 1 fr. 71 c.
p. 0/0 qui produirait, appliqué à toutes les recettes de
l'arrondissement, le chiffre de 335,912 fr. 75 c.
La contribution foncière du même arrondissement,
déduetion faite des propriétés bâties et des bois, monte à
610,5%6 francs, y compris les centimes additionnels.
Les primes pour l’assurance contre la grêle s’élève-
raient donc à plus de la moitié de la contribution foncière
(55 p. 0/0). Ce chiffre est considérable, et la nouvelle
charge que devraient s’imposer les propriétaires de ces
contrées me semble peu proportionnée à leurs ressour-
ces. Aussi, pour la rendre moins lourde, je proposerais,
si le département de la Haute-Loire devait être réuni à
la Société Toulousaine, de changer l’article 10 des sta-
luts, qui exige le paiement de la prime en une seule fois,
le 31 août.
Cette époque n’est pas, à mon avis, choisie d’une ma-
nière convenable, surtout pour ce pays-ci. Le cultivateur
ne s’est encore défait d'aucun produit, les moissons sont
à peine terminées, et la vente des bestiaux n’est pas
commencée. Îl conviendrait de fixer deux termes pour le
paiement de la cotisation : la moitié au mois de juin,
après la tonte des moutons, et la seconde moitié au
286 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
15 novembre, après la foire de la Toussaint, alors qu'une
bonne partie des produits ageicoles ont déjà été convertis
en argent.
Les statuts contiennent encore une disposition qui me
parait bien préjudiciable aux intérêts des assurés, sur-
tout dans un pays où, comme dans la Haute-Loire,
l'instruction est encore si peu répandue ; c’est l’article 22
qui prescrit aux propriétaires dont les récoltes ont été
frappées par la grèle d'adresser au directeur, sous peine
de déchéance, la déclaration de leurs pertes dans le délai
de dix jours, si le sinistre a eu lieu avant le 1°* juillet,
et dans le délai de cinq jours seulement après cette date.
Les cultivateurs, pour la plupart, ne sachant pas écrire,
laisseront souvent, par ignorance et impossibilité, passer
le délai pour produire leur demande, et seront ainsi
frustrés de leurs droits après avoir régulièrement soldé
leur cotisation.
Cet article, à mes yeux, re peut-être qu'une source
permanente de conflits et de récriminations entre la so-
ciété et les assurés ; je voudrais qu’il fût rédigé dans un
sens plus lorge en faveur des propriétaires; une légère
réduction dans le secours accordé devrait être la seule
peine disciplinaire qui pût atteindre les perdants trop
lents à faire connaître l’étendue de leurs dommages.
Autrement l'assurance deviendrait une institution illu-
soire et exclusivement profitable aux agents de la société.
J'ai voulu, avant de vous rien proposer, connaître la
valeur morale de la Société Toulousaine contre la grèle ;
voiei ce que m’a répondu une personne digne de con-
fiance : La Société Toulousaine, assurance contre la
grèle, autorisée par le Gouvernement, existe depuis 1827.
DÉCEMBRE. 287
Elle a toujours figuré et figure encore au premier rang
des sociétés de cette nature qui se sont créées dans le
Midi. Elle est sérieusement administrée par les hommes
les plus recommandables de la cité, tous membres de la
Société d'agriculture, Elle a toujours fait honneur, avec
la plus grande loyauté, à ses engagements dans la limite
de ses statnts, et n’a jamais suscité la moindre plainte de
la part des sociétaires.
Depuis vingt-huit ans qu’elle existe, elle a presque
toujours remboursé intégralement les sinistres, ou dis-
tribué des dividendes assez élevés ; par suite, elle est
toujours en voie de prospérité ; cette année elle a réalisé
une réserve de 200,000 francs.
Après l’exposé que je viens d’avoir l'honneur de vous
soumettre, et m'appuyant sur cetle vérile connue, que
plus le rayon de la société embrasse de pays, plus le sys-
tème de mutualité offre d'avantages et de garantie aux
intéressés, ma conclusion ne peut être autre que d’ac-
cepter la proposition de réunir le département de la
Haute-Loire à la circonscription de la Société Toulousaine,
surtout si l’on obtient d’elle les deux légères modifications
que je réclame : le paiement des primes en deux termes au
lieu d’un, et seulement une faible réduction sur le secours
accordé, au lieu d'une suppression totale, si la déclaration
du sinistre n’est pas faite dans les cinq jours.
Les habitudes de prévoyance sont un grand progrès de
civilisation, et l’on ne saurait trop insister pour leur
faire prendre racine dans le pays. Plus tard, on pourra
peut-être former une autre association mutuelle dont les
frais de gestion seront beaucoup moindres, et alors les
précédents que vous aurez créés permettront d'obtenir
plus facilement un succès complet.
288 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Une discussion s'engage sur les conclusions du
rapport. MM. le docteur de Lafayette, de Brive,
Aymard, Souteyran, Charles Calemard de Lafayette,
de Surrel, Plantade y prennent part. Tous se plaisent
à reconnaître qu'il y aurait un grand avantage à intro-
duire dans le pays des sociétés d'assurances contre la
grêle ; mais quelques-uns, et M. le docteur de La-
fayette en particulier, trouvent que les conditions en
quelque sorte imposées par la Société Toulousaine
pourraient être très-onéreuses. En effet, si l'on s’en
rapporte aux chiffres indiqués par M. Bretagne, ce
serait environ 300 mille francs qui sortiraient chaque
année du département pour entrer dans la caisse de la
Société Toulousaine, tandis que la moyenne des si-
nistres réparés ne s’élèverait, également par année,
qu’à 270 mille francs. La prime exigée est donc trop
forte; et quelques propriétaires des plus riches se
mettraient seuls, par conséquent , sous la sauvegarde
de l'assurance. La Toulousaine, il est vrai, paraît pré-
senter toutes les garanties de moralité et de sécurité
désirables ; mais, à cause du prix élevé de la prime, la
Société et l'administration ne doivent pas lui donner
leur patronage. Pourquoi, d’ailleurs , le faire au détri-
ment de sociétés semblables qui pourraient offrir des
conditions plus avantageuses ?
A ces objections il est répondu que, dans tous les
cas , la protection qui serait accordée à la Société Tou-
jousaine ne serait qu’une simple autorisation d'étendre
ses opérations dans le département , sans exclure pour
cela les autres sociétés, et surtout sans engager l’avenir.
«ILexiste, dit M. Aymard , un projet plus vaste dont la
DÉCEMBRE. 289
réalisation serait surtout avantageuse au pays. Il est
question de créer des sociétés à primes fixes qui éten-
draient leurs ramifisations dans toute la France. Les
primes seraient arrètées et combinées d'avance, d’après
un relevé officiel, et fixées dans toutes les localités sui-
vant que chacune d'elles serait plus ou moins sujette à
être atteinte par la grèle.» « Il serait donc sage et
prévoyant , ajoute M. Charles de Lafayette, de faciliter
à la Société Toulousaine son introduction dans le dé-
partement. Elle n’est pas la seule, d’ailleurs, qui ait
demandé cette autorisation ; d’autres l'ont devancée et
ont déjà le droit de fonctionner dans le pays; mais si
les effets de ces assurances ne se sont pas encore fait
sentir, c’est que presque tous les cultivateurs ignorent
leur existence, et en autorisant la Société Toulousaine,
on arriverait à établir une concurrence qui tournerait
nécessairement à l’avantage du pays. » « Ne pourrait-
on pas , dans tous les cas, dit M. de Brive, demander
à la Société Toulousaine de réduire le chiffre des frais
d'administration, qui parait effectivement exagéré, ainsi
que celui des primes? »
La Société, après un mür examen, est d'avis d’ac-
corder à la Toulousaine l'autorisation de faire des
assurances dans la Haute-Loire, tout en manifestant le
désir que les primes et les frais d'administration
soient réduits, et surtout en ne prenant pas, à l'égard
de la Toulousaine, des engagements qui pourraient
nuire plus tard à l'introduction d’autres sociétés sem-
blables. C’est dans ce sens que M. le Président voudra
bien répondre à M. le Préfet.
TOME XX. 19
290 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
EXPOSITION UNIVERSELLE. — M. le Président annonce
que M. le Secrétaire de la 23° classe du jury interna-
tional pour l'Exposition universelle, vient de commu-
niquer au comité départemental la liste des fabricants
et coopérateurs pour l’industrie de la dentelle, dans la
région dont la ville du Puy est le centre, auxquels
sont accordées des récompenses. Cette liste comprend
soixante et onze noms. Dans ce nombre sont sept
exposants, dont deux reçoivent la médaille de fre classe,
quatre la médaille de 2e classe, et un la mention hono-
rable.
Mais la plus importante distinction, qui honore au
plus haut point la fabrique de dentelles du Puy, est la
décoration de la Légion-d'Honneur, qui a été donnée
par l'Empereur, sur la demande du jury international,
à M. Théodore Falcon, à titre d’ancien contre-maître
et de chef de fabrique, « pour l'impulsion qu'il a
donnée à la fabrication de la dentelle en France. »
Les autres coopérateurs qui sont mentionnés dans le
même document sont au nombre de soixante-quatre.
Le jury a décerné à tous la médaille de 2e classe. On y
remarque des chefs de fabrique, contre-maitres et
contre-maitresses, des directrices d'atelier (religieuses,
béates et autres dames), des dessinateurs, un fabri-
cant de plaques métalliques (de son invention), pour le
piquage des fonds de dentelles , des échantillonneuses,
piqueuses en chef, crocheteuses et ouvrières.
La Haute-Loire a obtenu cinquante-sept médailles ;
les autres départements qui sont compris dans la cir-
conscription du comité du Puy, comme appartenant
à la grande région dentellière dont cette ville est le
DÉCEMBRE. 291
centre , sont le Puy-de-Dôme pour une médaille, la
Loire une, l'Ardèche une, la Lozère trois, et l'Aveyron
une.
M. le Président lit ensuite l'extrait suivant d’une
lettre de M. Aubry, secrétaire de la 23e classe du jury,
à M. Aymard , secrétaire du comité de la Haute-Loire.
Elle est relative à l'envoi de la liste des récompensés et
atteste les efforts et le zèle que le comité départemental,
et en particulier son digne secrétaire, ont apportés dans
l'accomplissement de leur importante mission.
« J'ai à vous remercier, dit M. Aubry, au nom de la
23e classe du jury, du travail complet et consciencieux
que vous avez bien voulu m'adresser pour les coopé-
rateurs de l'industrie dentellière. C'était un travail
aussi délicat. que difficile , et tous les récompensés vous
devront leurs médailles.
» Quand je songe, cher Monsieur, au dévouement
que vous apportez à la chose publique , et notamment
à la belle industrie de votre contrée, quand j'ai vu
l'ardeur et le désintéressement que vous avezapportés,
comme membre du comité local, lorsque vous êtes
venu à Paris soigner les intérêts des exposants du Puy,
quand surtout je connais par votre correspondance
tout votre zèle et votre intelligence quand il s’agit
d'être utile, je ne puis m'empêcher de regreiter que
vous n'ayez pas reçu, comme M. Falcon, la distinction
honorifique que vous méritez à tant de titres. »
M. le Président informe aussi l’Assemblée que d’au-
tres exposants de la Haute-Loire ont obtenu diverses
récompenses. Ont été décernées : une médaille de {re
classe à l’un de nos agriculteurs les plus distingués ,
292 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. Doniol père; trois mentions honorables pour les
mines et houillères; une médaille de 2? classe à un
fabricant de papiers et cartons, MM. Véron frères, à
Saint-Didier; une mention honorable pour des con-
serves de légumes du Puy; une mention honorable
pour des articles de minoterie; trois mentions honora-
bles pour les plâtres, chaux et pouzzolanes; une men-
tion honorable pour la fabrication des métaux en
travail ordinaire; deux médailles, l’une de fre classe,
à MM. Colcombet frères, à la Séauve, l’autre de 2e,
pour des articles de rubannerie, à M. Sarda aîné, à
Saint-Didier; unemention honorable pour la saboterie ;
enfin une médaille de ?e classe pour un ouvrage de
plastique artistique.
M le Président signale également deux industriels
distingués de notre pays, résidant à Lyon et à Paris,
qui ont obtenu des récompenses : la maison Bertrand,
Gayet et Dumontat (du Puy) (1), exposant, fabricant de
soieries à Lyon, a obtenu une médaille d'honneur ;
et M. Borie (du Puy), exposant, fabricant d'articles de
briquetterie à Paris , a reçu une médaille de 2e classe.
L'Assemblée remercie M. le Président de cette inté-
ressante communication, et félicite les industriels de
la Haute-Loire des généreux et intelligents efforts qui
leur ont valu ces importants succès.
IxpusTRiE. — M. Crouzet, artiste sculpteur au Puy, a
envoyé à la Société un bloc d’une substance minérale
qu'il croit être de l’albâtre, et qu'il aurait découvert
(4)M. Albert Dumontat est lefils de l’un des membres de notre Société.
pr
DÉCEMBRE. 293
dans un gisement gypseux, à Cormail, commune
d’Espaly.
Ce morceau est placé sur le bureau, et, sur la pro-
position de M. le Président, une commission composée
de MM. Azéma, Joyeux et Gatillon est chargée de déter-
miner la nature de cette substance et de visiter le
gisement.
OBJETS DIVERS. — Mme veuve Guénon écrit pour in-
former la Société que M. François Guénon, son mari,
auteur du Traité des vaches laitières, est décédé aux
Dœguays, commune de Livourne (Gironde), le 13 no-
vembre 1855.
L'Assemblée décide qu'il sera fait mention de ses
regrets au procès-verbal de la séance.
DEMANDE D'ADMISSION. — M. Justin Dorlhac, ingénieur
des mines et membre de la Société géologique de
France, envoie un mémoire sur le volcan de Coupet,
près Saint-Eble (Haute-Loire), et sur un gisement de
gemmes et d'ossements fossiles, et sollicite le titre de
membre non résidant.
Sont nommés membres de la commission, MM. Ay-
mard, Robert et Azéma.
M. le vicomte de Meaux sollicite également le titre
de membre non résidant, et adresse un mémoire à
l'appui de sa demande.
Les membres composant la commission sont MM. Ch.
G. de Lafayette, Marthory et Giron.
294 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Apmissiox. — Organe d’une commission spéciale, M. le
docteur Cal. de Lafayette fait un rapport sur la candi-
dature de M. le docteur Roux, de Marseille, au titre de
membre non résidant.
« M. le docteur Roux, dit M. le rapporteur, a siégé
dans cette enceinte comme vice-président du Congrès
scientifique de France. Dans les diverses séances aux-
quelles il a pris une part très-zélée, nous avons tous pu
apprécier sa profonde érudition aussi bien que la par-
faite urbanité qu’il apportait dans les débats scienti-
fiques. C’est un médecin et un savant d'un mérite
incontestable, qui a rendu de véritables services, non
seulement à Marseille, sa ville natale, mais encore en
France. Depuis vingt-cinq ans il remplit les fonctions
de secrétaire perpétuel de la Société de statistique de
Marseille, et il en est aujourd’hui le doyen. Il n’a pas
cessé de consacrer toute son activité au développement
de cette utile association, et a dirigé personnellement
la rédaction et la publication de ses travaux.
» M. le docteur Roux a été, en outre, président de la
Société de médecine de Marseille et secrétaire général
du Congrès scientifique dans sa session tenue dans cette
ville. Il est encore aujourd'hui le fondateur-directeur
et le secrétaire perpétuel du comité médical des Bou-
ches-du-Rhône, et président des assises scientifiques
du sud-est de la France.
» Ces nombreux titres caractérisent suffisamment les
mérites de M. le docteur Roux. Cependant il n’est pas
inutile d'y ajouter lénumération de quelques-uns de
ses ouvrages; il faut citer surtout : fo un discours sur
la médecine morale ; 2e discours sur les passions, sui-
DÉCEMBRE, 295
vant les âges; 3e le courage considéré sous le rapport
médical ; 4 la statistique appliquée à l'hygiène publique ;
5° la régénération des corps savants; 6° quatre notices
biographiques sur divers naturalistes et médecins.
» M. Roux a envoyé à notre Société ces différentes
publications, et c’est aussi dans notre bibliothèque
qu'ont été déposés les deux volumes des actes du Con-
grès scientifique tenu à Marseille, qu’il avait bien voulu
nous apporter. M. Roux promet encore de nous trans-
mettre le recueil complet des travaux de la*Société de
statistique de Marseille, ainsi que la collection des
mémoires du comité médical de la mème ville.
» La candidature du récipiendaire se recommande
donc à tous égards aux sympathies de la Société, et la
commission propose unanimement son admission. »
Après ce rapport il est procédé au scrutin, et M. le
docteur Roux ayant obtenu l'unanimité des suffrages,
est nommé membre non résidant.
À six heures, la séance est levée. ;
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
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PROCÈS-VERBAUX
DES
SÉANCES DE L'ANNÉE 1856.
SÉACE DU 4 JANVIER.
SOMMAIR A,
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus : article du Bulletin
monumental sur le Congrès tena au Puy ; compte-rendu du même
congrès dans le Bulletin de la Société académique de Mende ; article sur
le monument de Lanuéjols et inscription expliquée par M. Bretagne,
et autres publications. — Concours réyional : lettre du Ministre de
l’agriculture, relative à l'époque où le concours sera tenu au Puy et
à la rate bovine du Mezene.— S:mailles d'automne : demande de ren-
seignements par M. Le Préfet. — Situation du drainage dans la Haute-
Loire : lettre de M. l'ingénieur en chef; rapport de M. le Président.
— Remerciments de la Société d'agriculture de Mende pour l'envoi
de tuyaux de drainage. — Remède contre la péripneumonie des betes
à cornes ; lettre du sieur Ferret ; renvoi à une commission ; observa-
tions de M. le docteur Martel au sujet de la péripneumonie. — De-
mande de prime pour une charrue perfectionnée. — Rapport de
M. de Brive sur une machine à battre qui fonctionne chez M. Gar-
nier, à Lamarade, — Rapport de M. Ch. Gil. de Lafayette sur la
Société zoologique d’acclimatation ; la Société décide qu’elle deman-
298 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
dera à étre agrègée à celte association. — Empoissonnement du lac
du Bouchet ; communication de M. de l'Eguille. — Rapport de
M. Joyeux sur un échantillon d’ilbâtre présenté par M. Crouzet. —
Exploration de l'abime de Polignac: lettre de M, le duc de Polignas
mentionnant un don de 500 francs pour cet objet; vote de 500 francs
par la Société; demande d’un secours à M. le Préfet. — Demande
des Annales par M. le Président du Gercle du Puy. — Démission de
M. le Président de la Société ; allocution de M. le Président. — De-
mandes d'admission aux titres de membre résidant par M. Béliben ct
de non résidant par M. Blanchot de Brenas. — Rapport de M. Aymard
sur la candidature de M. Dorlhac au titre de membre non résidant.
— À mission.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OUVRAGES REÇUS. — M. le Président énumère les
ouvrages reçus depuis la précédente séance, et signale
en particulier les publications qui intéressent plus
spécialement les travaux de la Société.
Le Bulletin monumental, dirigé par M. de Caumont,
contient un article sur la xxne session du Congrès
scientifique , tenue au Puy. L'auteur fait ressortir
l'importance de cette réunion, qu'il range parmi les
plus remarquables congrès qui ont eu lieu en France.
JANVIER. 299
La dernière livraison des Bulletins de la Société
académique de Mende renferme également un compte-
rendu du Congrès, auquel l’aüteur , M. le baron de
Chapelain, a rendu le même hommage de félicitations.
Seulement il est regrettable que l’auteur ait cru devoir,
en vue d'idées religieuses mal comprises, dénaturer le
débat qu'a soulevé une intéressante question scienti-
fique dans la section des sciences naturelles.
La même publication donne une communication
de M. Roussel, président de celte Société, sur le
monument antique de Lanuéjols (Lozère), qui offre une
inscription curieuse. Elle a été relevée et expliquée par
notre savant confrère M. Bretagne.
Dans le Bulletin du Comité de l'histoire, de la lanque
et des arts du ministère de l'instruction publique est
déerite et figurée une pièce d’orfèvrerie ancienne, une
croix du même genre que celles qu'on voyait à l'expo-
sition religieuse de la cathédrale, pendant la session
du Congrès.
On trouve dans le Bulletin de la Société archéolo-
gique de Soissons un intéressant article sur les lépro-
series au moyen âge, question qui était comprise dans
le programme des séances du Congrès.
Un article du Bulletin agricole du Puy-de-Dôme
signale la valeur des fourrages secs de prairies artifi-
cielles. La luzerne, par exemple, serait surtout avan-
tageuse pour les chevaux, chez lesquels elle produirait
en partie le même effet que l’avoine.
Le même ouvrage contient un bon article sur les
veutouses d'aération dans les vacheries et écuries, et
sur les cheminées d'appel.
300 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Dans le Moniteur des Comices est inséré un article
très-important sur la péripneumonie. L'auteur, M. Wi-
Ihem, déclare qu’au moyen de l’inoculation, il a dimi-
nué les cas de maladie dans la proportion de 31 p. 0/0.
Il recommande cette opération non seulement pour les
bestiaux placés sous l'influence contagieuse, mais mème
pour ceux qui sont déjà atteints par le mal.
Un article publié dans son Bulletin, par la Société
industrielle de Mulhouse, traite des engrais et amen-
dements employés en Alsace, ainsi que des éléments
chimiques propres aux différentes espèces de terrains.
A ce sujet, M. le Président exprime l'avis qu'il y
aurait une grande utilité pour le choix des amende-
ments à employer et des ensemencements à faire, à
connaître la composition chimique des diverses natures
de terrains qui composent le sol arable dans le départe-
ment. Il appelle particulièrement l'attention de M. Re-
gimbeau sur l'importance de l'analyse de nos divers
terrains. Il le prie, au nom de la Soci: té, de consacrer
à ce travail les loisirs dont il pourra disposer et d'en
communiquer les résultats à l’une des prochaines
séances.
AGRICULTURE.—M. le Ministre de l’agriculture exprime,
par une lettre en date du 18 décembre 1855, le regret
qu'il éprouve de ne pouvoir fixer dans la ville du Puy,
pour 1857, le siège du concours régional, comme
l'avait demandé M. le Président de la Société par sa
lettre du 12 novembre ; déjà, depuis le 24 mai dernier,
les villes où se tiendront ces concours en 1857 ont été
désignées.
JANVIER. 301
M. le Ministre remercie en même temps M. le Pré-
sident des renseignements qu'il lui a donnés sur la race
bovine du Mezenc. « Lorsqu'il s'agira, dit M. le Mi-
nistre, de remanier l’arrèté relatif à cette exhibition,
je me ferai rendre un compte tout spécial de votre
proposition , et je l’examinerai alors avec tout l'intérêt
qu'elle comporte. »
Il est donné lecture, 1° d’une lettre par laquelle
M. le Préfet demande d'urgence des renseignements
sur les semailles d'automne, en ce qui concerne l’ar-
rondissement du Puy; 2° du rapport détaillé que M. le
Président à transmis immédiatement à M. le Préfet,
d’après le désir qui lui en avait été exprimé.
M. l'ingénieur en chef du département, conformé-
ment à la demande qui lui en a été faite par M. le Mi-
nistre des travaux publics, à écrit à M. le Président
pour le prier de lui indiquer la quantité approximative
de tuyaux qui ont été fabriqués, sous la direction de la
Société , en 1854 et 1855, la superficie approximative
des terrains drainés et les résultats obtenus.
M. le Président s’est empressé de dresser un état dé-
taillé, dont il est fait lecture.
Il résulte de ce document que le nombre total des
drains fabriqués au moyen de la machine que possède
la Société s’est élevé à 39,175, dont 27,430 ont été
employés ou vendus à prix réduits, par la Société, à
différents propriétaires, la plupart membres de la Com-
pagnie, entre autres MM. de Brive, Aymard , Calemard
de Lafayette père et Oscar Bonnet ; des tuyaux de drai-
nage ont été employés également par M. le comte de
302 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Morteuil, à Brioude, et M. Alirol, au Puy. Il en a été
envoyé aussi, sur sa demande, à M. le président de la
Société d'agriculture de Mende.
La superficie totale des terrains déjà drainés peut
ètre évaluée approximativement à 16 hectares. Quant
aux résultats obtenus, ils ont été partout très-satisfai-
sants et ont tous donné lieu à des rapports favorables,
au sein de la Société. Un des propriétaires étrangers à
la Société, M. Alirol, a mème reçu une médaille d’ar-
gent pour le succès extraordinaire qu'il a obtenu dans
une prairie où, par suite d’un intelligent drainage,
les jones qui l’infestaient ont fait place, en moins d’un
an, à un herbage très-épais.
L'Assemblée remercie M. le Président des soins qu'il
a donnés à cet intéressant rapport, qui sera transmis à
M. l'ingénieur en chef.
M. le président de la Société d'agriculture de Mende
exprime, dans une lettre dont il est fait lecture, ses
remerciments pour lenvoi de tuyaux qu'il avait de-
mandés au nom de cette Société, à l'effet d'opérer
dans la Lozère un premier essai de drainage avec des
drains proprement dits.
3,800 de ces tuyaux lui ont été adressés et seront
employés sur un terrain placé dans les conditions les
plus favorables.
Un agriculteur nommé Ferret écrit pour informer la
Société qu'il croit avoir trouvé un moyen infaillible
de guérir la péripneumonie des bêtes à cornes, et solli-
cite la nomination d’une commission pour vérifier
l'efficacité de ce mode de traitement.
JANVIER. 303
Cette demande est renvoyée à la commission spéciale
nommée par M. le Préfet, et qui est composée de
MM. Martel, Chouvon, Dugaray, Gire et Pascal.
A cette occasion, M. le docteur Martel appelle l’atten-
tion de l’Assemblée sur un passage du procès-verbal
de la précédente séance, lu à l'ouverture de celle-ci, et
relatif à la péripneumonie. Ge membre désirerait savoir
quels sont les signes auxquels M. Gire à reconnu dans
les bêtes malades de la ferme-école l'existence de cette
maladie.
M. Gire, après en avoir énuméré quelques-uns,
promet d'adresser prochainement à la Société le résul-
tat de ses observations.
M. Bertrand, propriétaire à Nolhac, écrit qu’il a fait
l'acquisition de deux charrues de la fabrique de M. Max-
moron-Dombasle.
Renvoi à la commission des primes.
M. Garnier , propriétaire à Lamarade, avait informé
M. le Président qu’il avait acquis une machine à battre.
Avant de soumettre sa lettre à la commission des
primes, M. de Brive, désirant constater les avantages
de cette machine, s’est rendu, en compagnie de M. Ch.
C. de Lafayette, au lieu de Montagnac, où elle est
employée.
« Cette machine, dit M. de Brive, a l'avantage de
fonctionner à l’intérieur de la ferme , le batteur étant
dans la grange et le manège dans l’étable au - dessous.
Elle n’exige qu’une place assez restreinte. Bien pré-
férable à celle de Lotz, elle brise moins la paille et
30% RÉSUMÉ DES SÉANCES.
égraine parfaitement. Elle est peu fragile et d’un facile
entretien : les hommes les moins experts en méca-
nique peuvent la remettre en état lorsqu'elle se dé-
range. I y manque un vannoir, mais il serait possible
de l’y adapter. Quant à son prix, il est de 360 francs
seulement.
» Plusieurs propriétaires, qui l’ont vue, ont l’in-
tention d'en acquérir une semblable. H y a dans ce fait
un progrès incontestable qui est dû à l'impulsion de la
Société. D’autres agriculteurs distingués ont suivi éga-
lement les conseils de la Société. Ainsi M. Blanc, de
Brioude, possède une machine qui est mue par la va-
peur; MM. de Ruolz et de Flagheac ont acheté celle
de Lotz modifiée; M. le docteur Olivier, au Chassagnon,
emploie la machine de Pinet, et, d’après d’autres
données, il est à croire que ces intelligents exemples
trouveront bien d’autres imitateurs. »
M. Ch. C. de Lafayette a la parole pour la lecture du
rapport suivant :
Mussreurs,
Vous avez bien voulu me charger d'étudier, d’après
les publications qui vous ont été adressées, le but et les
travaux de la société zoologique d’acclimatation, et de
vous faire nn rapport sur l'utilité ou la convenance qu’il
pourrait y avoir pour noire association à se faire affilier
comme société correspondante à ce nouveau corps savant.
Par une heureuse rencontre , l’année dernière, dans
une des séances du Congrès des délégués des sociétés
2
savantes, j'ai eu l'avantage d'entendre M. Isidore
JANVIER, 305
Geoffroy StHilaire exposer, devant une trés-nombreuse
assistance , les efforts tentés et les résultats déjà obtenus
dans la question si importante de l’acclimatation et de la
domestication de nouvelles espèces de végétaux ou
d'animoux utiles à l'homme.
Or, Messieurs, je crois aujourd’hui pouvoir me borner,
pour l’aécomplissement de la tâche que vous m'avez im-
posée, à vous présenter un résumé rapide de l’importante
séance vers laquelle se sont naturellement reportés mes
souvenirs; ce sera vous dire par les faits mêmes quelle
est, quelle doit être désormais l’œuvre de la société
zoologique, et quels grands intérêts de progrès elle est
appelée à desservir.
M. Geoffroy Saint-Hilaire n’est pas seulement un sa-
vant éminent qui porte dignement l'illustration de son
nom , c'est encore un esprit philosophique distingué, et
de plus un orateur éloquent, ce qui ne saurait jamais
nuire, Aussi, le savant naturaliste cherche-t-1l dans la
science non seulement des découvertes scientifiques à
consigner dans les livres ou à produire dans lenceinte
étroite d’une académie, mais encore des réalisaiions
pratiques, des applications bienfaisantes qui puissent
constituer un progrès véritable et concourir an bien-être
du plus grand nombre. C'est cette inspiration élevée qui
semble dominer toutes ses investigations zoologiques et
lui dieter le programme de ses belles études ; c’est elle
encure qui donne à sa parole toujours brillante l'attrait
de sympathie et, si on peut le dire, de sentiment qui
caplüivera toujours un auditoire. La création de la Société
zoologique d'acelimatation , dont M. Geoffroy Saint-
Hilaire est le président, a été, pour ainsi dire, le ma-
TOME XX. 20
306 RÉSUMÉ GES SÉANCES.
nifeste des hommes qu'animent les mêmes honorables
tendances. Cette Société, comme on le sait, a voulu
grouper dans un centre commun tous les efforts indivi-
duels qui pouvaient converger vers le but de haute
utilité indiqué par son titre ; c’est donc particulièrement
ses 1ravaux , ses projels, ses vues et ses espérances que
M. Geoffroy Saint-Hilaire avait à résumer devant le
Congrès, pour faire connaitre les récentes conquêtes et
les tentatives en cours d'exécution de la science zoolo-
gique appliquée à l’acclimatation et à la domestication
des animaux. Ceux qui_ont eu connaissance de l'allocu-
tion si remarquable déployée par M. Geoffroy Saint-
Hilaire à la première séance de la Société zoologique,
ne peuvent se méprendre sur la haute valeur de l’œuvre
que cette Société a entreprise.
I ne s’agit de rien moins , disait le savant président
de l'association nouvelle, il ne s’agit de rien moirs qne
de peupler nos champs, nos forêts, nos rivières d'hôtes
nouveaux; d'augmenter le nombre de nos animaux do-
mesliques, cette richesse première du cultivateur ; d'ac-
croître et de varier les ressources alimentaires , si
insuffisantes, dont nous jouissons aujourd’hui ; de créer
d’autres produits économiques ou industriels, et par là
même de doter notre agriculture si longtemps languis-
sante, notre industrie, notre commerce, et la société
tout entière, de biens jusqu’à présent inconnus ou né-
gligés, non moins précieux un jour que ceux dont les
générations nous ont légué le bienfait. Telle est l'œuvre,
Messieurs, que vous n'avez pas craint d'entreprendre ;
et, je n'hésiterai pas à le dire, s’il en est de plus difii-
ciles , il n’en saurait être du moins de plus grande , de
JANVIER. 307
plus digne de l’époque où nous vivons, et qui est par
excellence celle des grandes applications des sciences au
bien-être des peuples... « Nous, hommes du xix° siècle ,
nous jouissons du fruit de travaux accomplis loin de
notre pays, à une époque reculée, pour la plupart même
dans les temps anté-historiques, travaux dont les au-
teurs inconnus, après avoir été les bienfaiteurs de nos
pères , doivent l'être de nos descendants jusque dans le
plus lointain avenir. Admirable exemple donné à l’ori-
gine même de la civilisation, mais exemple trop peu
suivi ! Par une exception qui reste unique dans l’his-
toire des progrès sociaux, celle de la domestication des
animaux nous montre l'homme restreignant de plus en
plus ces magnifiques conquêtes à mesure qu'il a plus de
moyens de les étendre. Tout ce qu'ent fait pour les
hommes de tous les temps et de tous les pays civilisés ,
ces antiques bienfaiteurs auxquels nous devons tous nos
animaux les plus précieux, le chien , le cheval, l'âne,
le bœuf, le mouton , la chèvre, le pore, la poule, le
pigeon, le ver à soie, ete. , ils l'ont fait alors que les
sciences n’exislaient pas encore ; ils l'ont fait alors que,
du globe encore désert à demi, chaque peuple, chaqne
famille peut-être, isolée de tous les autres hommes, ne
connaissait que sa patrie et ne pouvait compter que sur
lui-même ; ils l'ont fait quand tout leur faisait défaut,
hors le sentiment religieux qui fut alors leur puissant
mobile. Et nous, peuples modernes, éclairés de toutes
les lumières, forts de toutes les ressources de la science,
en possession d’une navigation perfeclionnée et de com-
munications internationales merveilleusement organisées
el rapides, si bien que la mer ne sépare plus, mais
308 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
réunit tous les peuples , et que tous les mondes semblent
se toucher; nous qui n'avons, pour airsi dire, qu'à
vouloir pour pouvoir, qu'avons-nous fait pour étendre,
pour achever une œuvre si admirablement, si utilement
commencée ?.., »
Et M. Geoffroy Saint-Hilaire, après avoir exposé
largement le but, terminait éloquemment en indi-
quant les moyens. « Nous aurons, disait-il à ces
nouveaux collègues, nous aurons ce qui a manqué jus-
qu'à ce jour, l'esprit d'initiative uni à l'esprit de suite;
l'effort individuel, l’action passagère de chacun unis à
l’action collective et durable de tous. Hommes d’études,
de professions, de situations, de devoirs divers, nous
nous complétons par celte diversité même; si bien que
là où l’on ne verrait peut-être que l'association de quel-
ques amis du bien publie, il faut voir aussi celle des
ressources scientifiques , pratiques, matérielles, que
nulle part encore on n'avait songé à réaliser. Voilà,
Messieurs, où en est notre force. Que peut chacun de
nous ? Presque rien. Tous ensemble nous pouvons, et
nous ferons.» Ce qui a été déjà fait, ce qu'en s'efforce de
faire dans cet ordre d'idées dont on voit la portée
sérieuse et bienfaisante , tel était l'objet de l’intéressante
communication que M. Geoffroy Saint-Hilaire avait bien
voulu se charger de présenter au Congrès.
L'illustre professeur à commencé par signaler ce fait si
frappant : l’ensemble des espèces animales est évalué par
les naturalistes modernesau nombre de cent quarante mille,
et le nombre des espèces jusqu’à ce jour conquises par
l’'homine sur la nature est de quarante-trois. Le règne
animal se compose de vingt-quatre classes : quatre seu-
JANVIER, 309
lement ont leurs représentants en domestieité. Est-ce là
qu'il faut s'en tenir, et la science n’a-t-elle pas, à ce
point de vue, de grandes choses à accomplir ? De nos
espèces domestiques actuelles, vingt-neuf nous viennent
de l'Asie, de l'Europe, de l'Afrique septentrionale.
Pour un tiers de l’ancien monde, pour le nouveau monde
tout entier, pour les terres australes, où nous trouvons
le kanguroo , le phascolome, les phalangers, une foule
d'oiseaux partout ailleurs inconnus, nous ne possédons
rien ou presque rien. l y avait donc à tenter quelque
chose de scientifique et de suivi. Le musée d'histoire
naturelle d’une part, à une date déjà plus ancienne, et
d'autre part la Société d’acelimatation , par des tentatives
plus récentes, se sont mis en mesure de réaliser en cette
question des progrès dont quelques-uns sont déjà com-
plètement acquis.
M. Geoffroy Saint- Hilaire laissera en dehors de
ses communications ce qui concerne la pisciculture,
que M. Millet à promis de traiter devant le Congrès.
Il laissera de même à M. Guérin-Menneville le soin de
faire connaitre tout ce qui a trait à l'introduction de nou-
velles variétés de vers à soie et d’autres insectes utiles.
Il lui parait surtout important d'appeler }'attention du
Congrès sur quelques animaux déjà suffisamment étudiés,
elaussi sur quelques végétaux dont il est permis d'espérer
de précieux avantages. Déjà depuis plusieurs années,
au Jardin-des-Plantes , l'hémione à été l’objet des soins
de M. Geoffroy Saint-Hilaire. Un succès complet a cou-
ronné celte tentative. L’acelimatation et la domestication
de cet intéressant animal sont des faits accomplis. Si
l’hémione est resté jusqu’à présent en dehors des con-
310 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
quêtes de l’homme, il faut en accuser une incurie dé-
plorable et profonde en matière de naturalisation d'espèces
nouvelles. L’hémione a tous les caractères de force , de
vigueur, de résistance, de sobriété, de rusticité qui
distinguent l'âne, et il a de plus que lui toutes les
conditions de la rapidité. Il a multiplié au Jardin-des-
Plantes, et on a mème obtenu par le croisement , des
mulets qui auraient à un haut degré l'élégance, l’énergie,
la vitesse. Enfin , les opérations de dressage expérimen-
tées par quelques membres de la Société zoologique ont
prouvé qu'il n'y aurait, pour la domesticstion complète
et pour l'emploi usuel de l’hémione, aucune difficulté.
Le lama, l’alpaga, la vigogne sont aussi des animaux
dont la chair et la laine peuvent rendre d'immenses
services. Lors de la découverte de l'Amérique, les Euro-
péens y trouvèrent seulement trois espèces d'animaux
domestiques : le chien, qui s’est rencontré partout, le
lama et le cochon d'Inde. Peu d'années après, ce
dernier, malgré son inutilité, était naturalisé en Europe,
el près de quatre siècles se sont écoulés sans que nous
ayons vu s’acclimater le lama, qui cumule le mérite rare
d’être à fa fois bète de somme , bête laitière, excellent
animal de boucherie, couvert, en outre, d’une laine
dont l'extrême abondance ou l'extrême finesse, suivant
les races, sont incomparablement précieuses. Si l’éduea-
tion des lamas n’a pas réussi à Versailles, on a été plus
heureux au Jardin-des-Plantes , où les trois variétés ont
multiplié avee un plein succès. Originaire du Pérou, où
il habite les hautes régions des Cordilières, le lama vit
dans les pays froids jusqu'à plus de 3,000 mètres au-
dessus du niveau de la mer. C’est donc sur les cimes
JANVIER, 311
élevées que sa toison aurait le plus de valeur comme
finesse et comme quantité. Nos pays du Norü et nos plus
hautes montagnes du centre lui conviendraient sans
doute parfaitement, et sa naturalisation au Jardin-des-
Plantes prouve la flexibilité de sa nature.
Un animal dont l'introduction sera peut-être plus avan-
tageuse encore, est le yack ou vache grognante, vache à
queue de cheval, qu'un récent envoi fait par M. de Mon-
igny a permis d'étudier de même au Jardin-des-Plantes.
L’yack est un animal qui a tousles caractères du genre bœuf,
mais qui s’en distingue surtout par une Loison très-lon-
gue, très-fournie, très-fine, qui pourra être utilisée dans
l'industrie, et par une queue en crin absolument sem-
blable à une queue de cheval. Il habite le revers sud de
l'Himalaya, et s'étend de là dans le petit Thibet, dans
le grand Thibet et le nord de la Chine. Il y vit à Pétat
sauvage ou en domesticité. Les yacks sont utilisés comme
bêtes de trait ou de somme , comme monture et en même
temps pour leur lait, leur laine et leur chair, qui est
d'excellente qualité. Les yacks paraissent parfaitement
acclimatés au Jardin-des-Plantes. Une femelle y a mis
bas récemment un jeune sujet très-bien venu. Le climat
tempéré de Paris semblerait cependant devoir contrarier
la production de la laine. La toison soyeuse qui pendait
Jusqu'à terre s’est beaucoup dégarnie. Sous ce rapport,
les montagnes élevées devraient mieux convenir à cet in-
téressant animal. Aussi la Société zoologique a-t-elle
placé les yacks que le Gouvernement avait mis à sa dis-
position, chez deux de ses membres, MM. Quenot el
Jobez , qui habitent le Doubs et le Jura. La laine récoltée
par eux à été essayée par les soins de la Société indus-
312 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
trielle de Mulhouse. Elle sera utilement employée dans
la fabrication des tissus. Une des femelles du lroupeau a
également donné un produit chez M. Jobez.
M. Gooffroy Saint - Hilaire décrit ensuite quelques
espèces de rongeurs, le kanguroo notamment, ct aussi
plusieurs espèces d'oiseaux , tels que le casoar, ete.,
qu'il lui semblerait désirable de voir conquérir à la do-
mestication.
Nous passerons de même rapidement sur l'introduction
de plusieurs plantes alimentaires; mais nous ne pouvons
nous dispenser d’en signaler ici au moins une qui, eu
égard aux circonstances et notamment à la maladie de la
pomme de terre, peut être appelée à rendre d'immenses
services. L'igname-patate, dioscorea Japonica, importée en
France par M. de Montigny, notre consul à Shang-Hai,
est cultivée en Chine et très-recherchée pour la nourri-
ture de l’homme. Ses racines charnues, suceulentes,
contiennent une grande quantité de féenle. Elle aurait,
sous ce rapport, les mérites de la pomme de terre; mais
elle serait préférable encore par d'autres qualités. Ainsi,
elle se mange erue tout aussi bien que euite à l’eau ou
sous la cendre, ou accommodée d’une foule de manières.
L'igname, cultivée dans le midi de Ia France d’abord,
et ensuite plus au centre, et jusqu'à Paris , a prospéré à
peu près partout. On ne saurait donc trop la recom-
mander à létude de tous les expérimentateurs éclairés.
Une autre plante, enfin, le sorgho, cultivée quelquefois,
ou du moins recommandée comme plante fourragère,
parait aussi , par le fait des circonstances, appelée à une
destination plus importante. Ce sera peut-être un jour la
canne à sucre indigène. Le principe sucré qu'elle con-
J!NVIER. 313
lient en grance abondance fournira tout au moins à
la fabrication de l'alccol un précieux élément.
Tels sont les plus importants objets des études poursui-
vies avee zèle par la Société d’acclimatation. En les résu-
mant devant le Congrès d’une manière aussi claire qu'inté-
ressante, M. Geoffroy Saint-Hilaire a continué, comme il
Va fait dans les deux chaires du collège de France et du
musée d'histoire naturelle , cette bienfaisante propa-
gande de la science qui, aux veux de l'Europe, fut
toujours pour la France un de ses plus beaux titres de
gloire. Le Congrès, par d’unanimes applaudissements,
a su exprimer à M. Geoffroy Saint-Hilaire combien il Jui
était reconnaissant de son bienveillant concours, combien
il était charmé de son rare talent d'exposition, combien
il admirait à la fois et le professeur illustre et l’orateur
plein d’attrait.
Après la lecture de ce rapport, qui a captivé l'intérêt
de l’Assemblée , M. le Président est prié, conformément
aux conclusions qui y sont énoncées, de vouloir bien
écrire à M. Geoffroy Saint-Hilaire pour demander, en
faveur de la Compagnie, le titre d’agrégée à la Société
zoologique d’acclimatation.
M. de l’Eguille lit un rapport qu’en sa qualité de
sous-inspecteur des forêts il a adressé à M. le Préfet,
sur l’empoissonnement du lac du Bouchet. Il conclut
en disant que les premiers essais de pisciculture pour-
raient être faits à l'automne prochain.
L'Assemblée, par l'organe de son Président, exprime
son adhésion aux vues utiles qui sont émises dans ce
rapport.
314 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
INDUSTRIE. — M. Joyeux , au nom de la commission
nommée à l’une des précédentes séances, dit que la
substance minérale qui avait été présentée par M. Crou-
zet à la Société, a été analysée et que le gisement dont
elle provient a été visité par la commission.
La commission a constaté que ce morceau est du
sulfate de chaux, pareil à celui qui constitue une
couche exploitable au lieu de Cormail, commune
d'Espaly. Gette substance pourrait être utilisée pour
la sculpture, ou tout au moins pour des ornements
d'intérieur.
ARCHÉOLOGIE. — M. le duc de Poligrac, répondant à
une demande que lui avait adressée M. le Président,
au nom de la Société, pour les fouillcs archéologiques
à effectuer dans l’abime de Polignac, lui a écrit la
lettre suivante :
MonsiEUR LE PRÉSIDENT,
Un assez long voyage et mon éloignt ment de Paris ne
m'ont pas permis de répondre plus tôt à votre lettre, qui
m'a été remise à mon retour; mon absence justifie, je
l'espère, à vos yeux, mon retard à vous adresser ma ré-
ponse, et je m'empresse aujourd’hui de vous en exprimer
ici tous mes regrels.
J'ai déjà eu la satisfaction de témoigner aux habitants
de la commune de Polignac, l'intérêt traditionnel que ma
famille lui portait, je vais aussi saisir celle que vous
m'offrez de lui en donner une nouvelle preuve. Je suis
charmé, Monsieur, d’être agréable en cette circonstance
JANVIER, 315
à MM. les membres composant la Société académique du
Puy ; j'écris par ce courrier à M. Harent en lui envoyant
600 fr. : 500 fr. seront employés conformémentau vœu de
la Société académique, et 100 fr. seront remis au bureau
de bienfaisance de Polignac. Les malheureux infirmes et
les pauvres ouvriers trouveront là quelques ressources
pendant cet hiver.
Il est bien entendu , ainsi que vous le dites dans votre
lettre , que, si les fouilles produisent un résultat, les
objets trouvés resteront ma propriété el seront provisoi-
rement confiés à la garde du concierge, fermier de
Polignac. Je donne au surplus mes instructions à cet
égard à M. Harent, le priant de s'entendre avec M. le
maire de Polignac et de veiller à leur exécution. Je prie
également M. Harent de se charger, au besoin , du dépôt
des objets qu'on pourrait retrouver et qu'il jugerait ne
pas pouvoir rester à Polignac, et aussi de n’autoriser les
travaux que jusqu'à la concurrence de la somme de
500 fr., et à prendre en mon nom les mesures utiles et
nécessaires en celte occasion.
Je vous remercie personnellement, Monsieur, d’avoir
bien voulu être l'interprète des vœux et des sentiments
des membres de votre Société. J'ai regretté cette année
de n'avoir pu assister à quelques-unes des séances du
Congrès, j'aurais été charmé de me retrouver au milieu
de compatriotes qui conservent à ma famille un souvenir
et un dévouement auxquels j’attache moi-même un grand
prix.
Agréez, je vous prie, Monsieur le Président , l’assu-
rance de mon sincère attachement.
POLIGNAC.
310 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Après cette lecture, qui provoque les vifs remerci-
ments de l’Assemblée, M. de Brive dit que la somme
de 500 francs si généreusement offerte par M. le duc de
Polignac sera très-utilement employée pour entre-
prendre et poursuivre les premiers travaux. Mais, dans
la prévision probable que l'exploration de l'abîme né-
cessitera une plus forte dépense, il convient d'y pour-
voir par une allocation votée par la Société et de solli-
citer aussi un secours auprès de M. le Préfet.
M. F. Robert expose qu'en sa qualité de maire de
Polignac, il se met entièrement à la disposition de la
Société pour surveiller et diriger les travaux. Il a déjà
pris des renseignements auprès de certains entrepre-
neurs et a obtenu , en outre , de M. J. Dorlhac, ingé-
nieur des mines, la promesse de lui fournir les engins
nécessaires pour l'extraction des matériaux. Enfin
M. Robert espère qu'une somme ce 1,200 francs
environ pourrait ètre suffisante pour mener à bien
l'entreprise.
L'Assemblée remercie également M. Robert de ses
offres bienveillantes ; elle vote un crédit de 300 francs,
et prie M. le Président, pour le surplus de la dépense,
de vouloir bien faire appel à la généreuse et constante
sollicitude de M. le Préfet pour les études archéo-
logiques.
M. Bretagne fait observer que dans les murs de
l'église Saint-Jean-des-Fonts-Baptismaux , l’une des
plus anciennes de la ville du Puy, existent des in-
scriptions, des fragments de sculpture et autres maté-
riaux gallo-romains qui ont été signalés par divers
JANVIER. 317
archéologues, et qu'il pourrait être utile pour la
science d'explorer ces murailles.
L'Assemblée accueille cette communication avec
intérêt , et nomme une commission composée de
MM. Bretagne, Alirol et Aymard, qui est chargée
d'effectuer ces recherches aux frais de la Société.
OBJETS DIVERS. — M. Jules Richond, président du
Cercle de la ville du Puy, écrit pour informer la Société
que cette association, sur la proposition de son prési-
dent, est en voie de créer une bibliothèque littéraire.
Elle serait heureuse d'y comprendre la collection des
Annales de la Société et, par l'obtention de cet ou-
vrage, d'inscrire le nom de la Compagnie sur la liste
des généreux fondateurs de cette bibliothèque.
Aussitôt cette lettre reçue, M. de Brive a cru devoir
envoyer immédiatement à M. Richond les volumes des
Annales dont il pouvait disposer, et il en a reçu une
lettre de remerciments, dont il est également donné
lecture.
L'Assemblée félicite M. le Président de l'empresse-
ment qu'il a mis à répondre à la demande de M. le
président du Cercle. |
DÉMission DE M. LE PRÉSIDENT. — M. de Brive fait la
communication suivante :
« Le moment est venu, Messieurs, où je dois vous
faire part d’une résolution que j'ai arrêtée avec regret,
mais que m'imposent l’état et le soin de ma santé.
318 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
» Je viens vous prier, Messieurs, d’agréer ma démis-
sion des fonctions de la présidence, que j'ai occupées
pendant près de dix années consécutives, et dont l’exer-
cice m'a été rendu si facile et si agréable par le con-
cours et la bienveillance dont vous n'avez cessé de
m'entourer.
» C’est à cet appui moral et matériel de tous, et en
particulier à celui que m'a constamment donné mon
honorable collaborateur M. Aymard, que devra être
rapporté le bien qui a pu être fait, sous ma direction,
pendant ce long espace de temps. Quel que soit le suc-
cesseur qui me sera donné, je ne doute pas qu'il ne
maintienne notre Société dans le haut rang qu’elle a
su conquérir.
» Je laisse pendantes plusieurs questions du plus
haut intérêt. Dans leur nombre se trouvent celles qui
concernent :
» fo La reconstruction et l’organisation du nouveau
musée ;
» 20 La recherche des antiquités de Polignac ;
» 30 La pisciculture et l'empoissonnement du lac du
Bouchet ;
» 4o L'introduction de certaines machines dans la
pratique agricole, et en particulier des machines à
battre ;
» oo L’inoculation de la péripneumonie contagieuse
des bètes à cornes ;
» 6o L'amélioration du service de la boulangerie et
de la bouclierie ;
» 70 L'établissement d’un mont-de-piété au Puy,
JANVIER. 319
» 80 La direction du chemin de fer d’Alais par le
Puy et la vallée de la Loire.
» Ces questions, et beaucoup d’autres que les cir-
constances soulèveront, recevront du temps, de vos
efforts et du zèle qu'apportera certainement mon sue-
cesseur dans l’accomplissement de sa haute mission,
les solutions que j'aurais été heureux de pouvoir leur
donner.
» Il me reste, en finissant, à vous exprimer le sen-
timent de peine que j'éprouve en quittant l'honorable
position que vous m'avez faite pendant si longtemps
au milieu de vous, à vous remercier du dévouement
que vous n'avez cessé de me témoigner, et à vous
assurer que la pensée de ma présidence et de votre
concours toujours si bienveillant sera, pendant tout le
reste de mes jours, le plus doux et le plus précieux de
mes souvenirs. »
M. Cal. de Lafayette père prie M. le Président de lui
permettre de présenter quelques observations sur
l'opportunité de cette démission. Le motif qui en-
gage M. de Brive à se retirer de la présidence est
principalement l’état maladif dans lequel il se trouve
depuis quelques mois. On pourrait donc dire que c’est
un état tout à fait éventuel, et il est permis d'espérer
que la santé de M. de Brive pourra s'améliorer. En
présence d’une considération de cette nature, ne serait-
il pas plus rationnel et plus avantageux pour la Société
que M. de Brive consentit seulement à se reposer, par
exemple, pendant un an? Il serait remplacé momenta-
nément par M. le Vice-Président, et dès que sa santé
320 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
je lui permettrait, M. de Brive reprendrait ses fonctions.
Toute l'Assemblée joint ses instances les plus vives à
celles de M. Cal. de Lafayette.
M. de Brive répond qu'il est très-flatté des sentiments
d’affectueuse confraternité que la Société veut bien
encore lui manifester dans cette nouvelle circonstance,
mais qu'il lui est impossible de revenir sur sa déter-
mination.
En conséquence, il est arrêté qu'à la prochaine
séancé il sera ouvert un scrutin pour l'élection d’un
nouveau Président.
DEMANDES D’ADMISSION. — M. Béliben, professeur de
philosophie au lycée, écrit pour solliciter le titre de
membre résidant, et envoie à l'appui de sa demande
une dissertation sur la Beauté et ses divers caractères.
Sont nommés commissaires, MM. O0. Bonnet, Plan-
tade et Hippolyte de Vinols.
M. Auguste Blanchot de Brenas, d’Yssingeaux, de-
mande à être admis au nombre des membres non rési-
dants, et exprime le désir que son livre, les Vellaviennes,
puisse être considéré comme un titre suffisant.
La commission nommée est composée de MM. Giron,
François Bernard et Bonnet.
ADMISSION. — M. Aymard fait le rapport suivant sur
la candidature de M. Justin Dorlhac, ingénieur des
mines et membre de la Société géologique de France ,
au titre de membre non résidant :
JANVIER. 321
MESSIEURS,
La géologie, vous le savez, est une des sciences qui ont
donné lieu, dans notre pays, aux plus nombreuses et aux
plus importantes observations. Des naturalistes éminents,
Faujas et Desmarest dans le dernier siècle, et de nos
jours, MM. Bertrand de Doue, Poulett Scrope, Ruelle,
Félix Robert, Hyell et Murchison, Elie de Beaumont,
Dufresnoy, Amédée Burat, Jourdan et nous-même, ont
successivement exploré les profondes vallées de nos mon-
tagnes ; ils en ont fait connaitre la constitution géologique,
soit dans son ensemble, soit à différents points de vue
plus ou moins étendus. Les publications qui sont dues à
tant d’observateurs ont marqué, pour notre contrée, des
phases progressives dans la marche d’une science qui ne
comple pas encore un siècle d'existence et qui ne Haisse
cependant que peu de place à de nouvelles investi-
galions.
Les naturalistes que la spécialité de leurs études porte
à l'examen des phénomènes qui ont présidé aux révolu-
tions géogéniques de ce pays, guidés par les travaux de
leurs devanciers, peuvent donc en faire désormais d’utiles
applications à certaines localités peu connues. Ils peu-
vent aussi, par de savaates monographies, enrichir Ja
science de quelques faits nouveaux qui complètent la
synthèse géognostique.
Le mémoire dont j'ai à vous rendre compte, et qui vous
a été adressé par notre compatriote M. Dorlhac, est sur-
tout important à ce dernier point de vue. La pensée qui
parail avoir inspiré son auteur est de montrer réuni dans
un mème lieu un curieux ensemble de phénomènes qui
TOME XX, 21
322 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
emprunte à la géologie volcanique, à la minéralogie et à
l'histoire des fossiles un intérèt que les géologues n'a-
vaient signalé que partiellement dans d’autres localités
de la Haute-Loire.
Ce travail a pour titre : Notice géologique sur le cra-
tère de Coupet et sur son gisement de gemmes et d'osse-
ments fossiles.
Le volcan dont M. Dorlhac s’est proposé de faire la
description, et qu'il a exploré avec soin en compagnie de
notre honorable confrère M. Félix Robert, est situé près
de Saint-Eble, dans la commune de Mazeyrat-Crispinhac.
C’est un cône de scories avec cratère qui appartient au
système occidental des montagnes du Velay.
La position géographique du volean, la nature de ses
déjections, ses brèches, ses scories et pouzzolanes, les
coulées de laves basaltiques qui en dépendent, tous ses
caractères permettent de classer ce grand foyer d’érup-
tions iguées dans le groupe de ceux qui embrasèrent la
contrée au dernier âge de l’époque volcanique. Il offre
même, sous ce rapport, l’un des types les plus intéres-
sants de ceux qui existent dans ce pays.
Aucun autre volcan de nos environs, en effet, ne pré-
sente, dans un ordre de succession peul-être plus régu-
lier, la série des émissions plus ou moins aqueuses,
boueuses, pulvérulentes et laviques qui constituent le
système des éruptions les moins anciennes : dans le fond
de la vallée au milieu de laquelle s'élève la montagne de
Coupet, s'étendent, comme des alluvions, des brèches
composées de détritus volcaniques et argileux en couches
plus ou moins horizontales. Ce terrain auquel l’auteur
assigne une origine sédimentaire, atteste, d'après ses
JANVIER. 323
éléments constitutifs, l’un des premiers dépôts auxquels
certains phénomènes volcaniques ne furent probablement
pas étrangers. Des Lrèches boucuses d'éruption occupent
aussi, sur quelques points, le fond du bassin et se dé-
ploient sur les flanes de la montagne en couches qui
affectent souvent une inclinaison très-grande et con-
cordant avec la déclivité des pentes. Les scories et les
pouzzolanes parfois mélangées de cendres forment éga-
lement autour du cône d’éruption d'immenses amas au
milieu desquels on rencontre des bombes volcaniques de
toutes grosseurs. Enfin la lave basaltique forme des
nappes puissantes sur les brèches qu’elle recouvre quel-
quefois complètement. Un fait important qui apparait
ici avec une grande évidence, c’est que l’éruption de ces
laves ne s’est pas fait jour seulement par la bouche volea-
nique. Leur émission se rattache probablement à celle
d’un filon basaltique qui, passant par le centre du cône,
se voit à l’est et à l’ouest du volean et se prolonge sui-
vant une directien à peu près rectiligne jusqu'à, une
assez grande distance. L'auteur serait même porté à
croire qu'il irait passer par les cratères’à scories de La-
voûte-Chilhac, de Saint-Just-près-Brioude, de Briançon,
Siaugues-Saint-Romain et Vernet, cratères ou cônes à
scories qui, d’après M. Dorlhac, sont tous placés sur la
même ligne droite. Si cette intéressante donnée était un
jour confirmée par l'exploration complète des lieux, elle
ne serait pas sans importance pour la détermination de
l'âge géologique de tous ces volcans. Cette longue frac-
ture du sol par laquelle lebasalte se serait épanché en
masses plus on moins puissantes, relierait ainsi entre
eux comme dans un seul système, tous ces grands foyers
d'éruptions et prouverait leur contemporanéité.
324 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
L'auteur ne s'est pas borné à ces aperçus généraux. fl
décrit en détail les divers terrains qui ont été formés par
le volcan de Coupet ; il en indique les dispositions, les
allures et les éléments minéralogiques qui entrent dans
leur composition. Il signale surtout différentes espèces
de gemmes et d’autres minéraux qu'on n'avait rencontrées
jusqu’à ce jour que dans de rares gisements de la Haute-
Loire, tels que ceux du Croustet et du Riou-Pezzoulioux,
et qui ont été recueillies en abondance, soit dans la
brèche, soit parmi les scories de ce eurieux voican.
M. Dorlhac rappelle à ee sujet les recherches persévé-
rantes de M. Bertrand de Lom, qui lui ont fait découvrir
plusieurs belles variétés de zircons et de corindons en
cristaux plus ou moins parfaits, et d’autres minéraux,
tels que titane rutile, sphène, fer titané, péridot granu-
laire, amphibole et pyroxène augite. Les particularités
de coloration et de cristallisation de ces diverses sub-
slances sont aussi l’objet d’un examen détaillé.
Enfin l’auteur énumère un certain nombre de débris
organiques fossiles qui proviennent des brèches du même
volcan et qui se rapportent à une faune d’un âge anté-
rieur au terrain qui les recèle. L’explication qu’il donne
de ce fait est conforme aux données de la science. J'avais
moi-même constaté celte particularité curieuse en 1849,
époque où je découvris le gisement de ces fossiles. Les
ossements de mastodontes et de tapirs, associés dans le
même terrain avec une foule de restes osseux d’autres
animaux mammifères, caractérisent la faune du premier
âge de la longue période volcanique. Leur présence dans
des brèches de formation postérieure fait supposer qu'ils
svaient été ensevelis dans un dépôt préexistant qui aurait
JANVIER, 325
été remanié par l’action volcanique. L'état de fracture
des os, leur posilion dans la roche et d’autres particula-
rités témoignent en effet que les squelettes entiers de tous
ces animaux avaient été primitivement enfouis dans un
terrain plus ancien.
Cette hypothèse est d’ailleurs justifiée par des exemples
de semblables remaniements. Le célèbre gisement de
Solilhac, qui a été exploré par notre estimable confrère
M. Félix Robert, est très-remarquable sous ce rapport,
puisqu'il offre dans les brèches d’éruption une foule de
débris osseux, et dans les couches d’alluvions sous-
jacentes les squelettes entiers d'espèces animales iden-
tiques avec celles que nous révèlent ces mêmes débris.
Seulement cette faune fossile de Solilhac signale à
l'égard des restes ensevelis dans l’une et l’autre forma-
tion une époque de récente volcanisation, et il y a lieu
de croire qu'il s’est écoulé une très-courte durée de temps
entre le dépôt des alluvions et l’éruption des brèches.
A Coupet, l'intervalle de temps entre l’enfouissement
des squelettes et leur remaniement par une action volca-
nique postérieure a dû être beaucoup plus considérable ;
eclte circonstance soulève une question importante, celle
de savoir à quel ordre de phénomènes autres que ceux
qui se rapportent à la volcanisation, il faudrait attribuer
l'accumulation d'une quantité de squelettes qui, d’après
les restes recueillis jusqu’à ce jour, ont appartenu à plus
de vingt espèces d'animaux ; accumulation d'autant plus
extraordinaire qu'elle comprend des espèces qui avaient
des habitudes de vie complètement différentes et, pour la
plupart, des instincts antipathiques et même fort hos-
iles. Tels étaient, par exemple, de grands carnassiers,
326 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
hyènes, félides, ete., qui p'rirent en compagnie des ru-
minants etdes pachydermes, dont ils faisaient habituelle-
ment leur proie ; des vermiformes voisins des fouines,
dont les cadavres gisaient dans le même lieu, à côté de
ceux de timides rongeurs, etc.
Si les os étaient usés et roulés, on pourrait supposer
qu'ils ont été entrainés dans un dépôt liquide par l'in-
vasion des eanx. Mais leurs arêtes sont vives, et l’on
juge par les débris des squelettes que les pièces de la
charpente osseuse ont dû être articulées ensemble dans
le terrain duquel ils ont été arrachés par l’action volea-
nique. Cette hypothèse n’est donc pas admissible.
Aucun des nombreux ossements qui ont été recueillis
ne porte l'empreinte de la morsure des carnassiers, et
rien ne dénote qu'ils aient pu provenir d'un ancien re-
paire d'hyènes ou de félides, comme à Sainzelle, où j'ai
signalé un amoncellement considérable des restes osseux
de cadavres plus ou moins entiers et plus ou moins la-
ccrés et rongés qui avaient appartenu à des ruminants,
des pachydermes et des carnassiers.
On serait done amené à supposer un évènement phy-
sique, une catastrophe qui aura pu effrayer et mettre en
fuite les animaux de la contrée. Is auront péri dans des
eaux marécageuses et sur un point de la contrée où ils
cherchaient un refuge en commun. Cette catastrophe
attesterait-elle quelque convulsion subite de l’un de nos
plus anciens volcans, une éruption aqueuse ou boueuse,
ou tout autre phénomène local ? Question que de nouvelles
explorations dans le bassin de l'Allier permettront peut-
êlre un jour de résoudre, mais sur laquelle, dans l'état
actuel de nos connaissances à l'égard des produits volea-
JANVIER, 327
niques de cette partie de la contrée, il ne nous est pas
encore possible de nous prononcer.
Quoi qu'il en soit, le mémoire de M. Dorlhac se re-
commande à l'attention de la Société par des recherches
sérieuses et approfondies. Il est écrit avec la méthode
et la lucidité de style que doivent comporter les études
scientifiques.
Votre commission vous propose done unanimement
d'admettre M. Dorlhac au nombre de vos membres non
résidants.
Après cette lecture, il est procédé au scrutin, et
M. Justin Dorlhac ayant obtenu l'unanimité des suffra-
ges, est nommé membre non résidant.
A sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
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SÉANCE DU 4 FÉURIER.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus ; article des Annales
archéologiques sur le Congres; envoi du Journal de la Sainte-Enfance
par MM. les abbés James ct Maitrias (de la Haute-Loire); mandement
de Mgr l'Evêque; mémoire sur des colonnes milliaires, par M. le
docteur Peghoux (du Puy); article des Ephémérides de la Société
d'agriculture de Châteauroux sur les chemins de fer. — Concours de
moissonnage avec Ja faucille, la sape ct la faulx, par la méme So-
ciété. — Avantages des fosses à purin, article du Monileur des Co-
mices; situation de l'enseignement agricole en France, article du
Journal d'agriculture pratique. — Trieur de grains, instrament acquis
par la Société. — Demande de drains par M. le marquis de Ruolz. —
Remerciments, pour un envoi de drains, par la Société d'agriculture
de Mende. — Péripneumonie des bêtes à cornes ; rapport par M. Gire.
— Gratification accordés à M. Jacques Raymond, pêcheur, pour des
opérations piscicoles; rapport de M. de PEguille. — Projet de chemin
de fer de Paris à Alais ; communication de M. de Brive; vœu de la So-
- ciété en faveur d’un tracé par la vallée de la Loire. —Médailles décernées
aux concours départementaux ; elles scront distribuées en même temps
que celles accordécs aux industriels de la Haute-Loire , à l’occasion de
l'exposition universelle de Paris, — Secours accordé par M. le Préfet
pour l'exploration de Pabime de Polignac. — Découverte d'antiquités
au village de Polignac; notice par M. Aymard. — Don d’un morceau
de stalactite par M. Chevalier-Lobeyrac. — 1,300 exemplaires d’une
gravure représentant le portrait de M. Crozatier dounés par madame
veuve Crozalier, gravuve qui a été faite d’après un portrait peint par
» à | Ï P
330 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. Giraud père (du Puy). — Approbation des comptes de la Société.
— Proposition par M. Azéma de fixer au premier jeudi de chaque
mois le jour des séances de la Société ; proposition de M. le docteur
Martel pour que la Société se fasse représenter aux obsèques de se3
membres: renvoi de ces ; ropositions au conseil d'administration. —
Nomination de M. Ch. C. de Lafayette aux fonctions de Président de
la Société; allorution de M. le Président. — Rapports de MM. Bon-
net, Marthory et Giron sur les candidatures de MM. Bcliben, de
Meaux et Blanchot de Brenas aux titres de membres résidant et non
résidant — Admissions.
A trois heures, la séance est ouverte sous la prési-
dence de M. de Brive.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OuvRAGES RECUS. — M. le Président fait l’'énumération
des ouvrages qui sont parvenus à la Société, et appelle
l'attention de l’Assemblée sur quelques-unes de ces
publications.
La dernière livraison des Annales archéologiques
contient un deuxième article sur le Congrès scienti-
fique tenu au Puy.
MM. les abbés James et Maitrias, l’un et l’autre de la
Haute-Loire et rédacteurs de la Sainte-Enfance , ont
envoyé les dernières livraisons de cet ouvrage.
Mer l’'Evêque a fait hommage également à la Société
d'un exemplaire de son dernier mandement.
FÉVRIER. 331
M. le docteur Peghoux, du Puy, membre non rési-
dant de la Société, à Clermont, a adressé un mémoire
sur trois colonnes milliaires découvertes dans les dé-
partements de l’Allier et du Puy-de-Dôme.
Un article des Éphémérides de la Société d'agri-
culture de Châteauroux est relatif aux chemins de fer
du département de l'Indre. « Cette Société, dit M. le
Président, se préoccupe vivement de cette importante
question d'économie publique, et, comme nous, elle
a pris une initiative qui ne peut être que très-favorable
à la réalisation des vœux de ce département. »
AGRICULTURE. — Un article des mêmes Æ£phémérides
est un compte-rendu d’un concours de moissonnage
avec la faucille , la sape et la faulx, qui permit de pré-
ciser les avantages et les inconvénients de ces trois
instruments. Il en est résulté la constatation que « la
sape a sur la faucille une avance de 30 pour 100 , et
la faulx une avance de 12 pour 100 sur la sape et de
42 pour 100 sur la faucille. 11 ne reste à la faucille
qu'un avantage : celui de permettre au moissonneur
de faire des javelles dont les brins sont mieux alignés,
ce qui facilite le battage au fléau.
» L'expérience a prouvé que l'ouvrage de la sape est
un peu inférieur à celui de la faulx. Il faut cependant
lui reconnaître des avantages constatés par l'expérience
des contrées du Nord : la sape est incomparable pour
recueillir les récoltes irrégulièrement versées. Les
femmes, les enfants de douze à quinze ans manient
très-bien la sape et ne sauraient faire usage de la faulx,
332 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
qui exige un homme vigoureux; pendant la moisson,
nulle force n’est à dédaigner. »
M. Ch. C. de Lafayette fait observer que la faulx
égraine les blés.
M. de Brive répond que cet inconvénient ne se ma-
nifeste que pour les moissons où les épis, après la
complète maturation du grain, sont trop desséchés.
Le Moniteur des Comices contient trois articles éga-
lement importants sur les avantages des fosses à purin,
sur le manège Pinet, le plus simple et le plus perfec-
tionné qui ait paru à l'exposition universelle, et sur
une machine à vapeur pour le bêchage des terres.
Enfin on trouve dans le Journal d'agriculture pra-
tique des détails très-intéressants sur la situation de
l'enseignement agricole en France.
M. le Président fait placer sous les yeux de l’Assem-
blée le trieur des grains, de Pernollet, instrument
propre à trier et séparer de tout alliage les grains de
semence , et dont ie conseil d'administration avait
décidé l’acquisition.
Cet instrument est essayé ,-et les résultats obtenus
satisfont pleinement au but qu’on se propose.
M. le marquis de Ruolz écrit pour demander que
la Société mette à sa disposition des tuyaux de drai-
nage, aux conditions de prix qui ont été fixées.
Cette demande est accueillie avec empressement.
M. le Président de la Société d'agriculture de Mende
FÉYRIER. 333
réitère ses remeérciments pour l'envoi de drains, et
prie la Société de lui envoyer un ouvrier expérimenté
pour diriger la pose de ces tuyaux.
M. de Brive s’est empressé de répondre que la ferme-
école, dont tous Les élèves de troisième année connais-
sent parfaitement la pratique du drainage, pourra
fournir à la Lozère d'excellents conducteurs de ces
sortes de travaux, et que son directeur, M. Chouvon,
se ferait un plaisir de satisfaire au désir qui lui en serait
exprimé.
M. Gire a la parole pour la lecture du rapport sui-
vant, sur la péripneumonie des bêtes à cornes :
MESSIEURS ,
Vous avez bien voulu m'inviter à vous faire un rapport
sur les cas de péripneumonie qui ont affecté les bôtes
bovines dans la circonscription qui m'est confiée par
l'administration.
Pour répondre à votre désir, j'exposerai dans ce rap-
port quelques-unes des conditions agricoles des localités
que j'ai explorées, l'époque de l'invasion de la maladie e4
les phases principales de son développement. Finsisterai
sur l’inoculation comme moyen préventif de la péripneu-
monie.
Dans l’année qui vient de s’écouler, la péripneumonie
bovine s’est manifestée à l’état sporadique. Les cas de ce
genre de maladie que j'ai eu occasion d'observer sont
assez nombreux ; je me bornerai à en signaler trois qui
permettront d’être suffisamment fixé sur la nature du mal
et les particularités qui l’accompagnent.
334 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
41 par. — Le premier fait de péripneumonie s'est
présenté dans la commune de Vazeilles-Limandres.
M. Boyer, adjoint à la mairie et propriétaire à Nini-
role, possède un grand et bel établissement de ferme
contenant quarante bêtes bovines entretenues dans d’ex-
cellentes conditions d'hygiène. Les pâturages sont excel-
lents, les races choisies parmi les meilleurs types de
Salers et d’Aubrac.
Il ÿ a dix ans environ, ce propriétaire perdait douze
bêtes sur trente du mal des poumons. Depuis cette épo-
que, il n'avait vu aucun cas de ce genre, lorsque le
16 août 1855, la maladie débuta par atteindre trois bêtes.
Il eut d’abord recours à des moyens prophylactiques, tels
que saignées, cautères, purgatifs salins, etc. Mais ces
indications furent impuissantes pour arrêter les progrès
du fféau. Cinq jours après, trois autres bôtes tom-
baient malades et l’état des premières empirait. Envoyé
sur les lieux par M. le Préfet, et familiarisé avec ce genre
d'affection, il me fut facile de reconnaitre la péripneu-
monie contagieuse.
En présence d’une maladie qui menaçait de prendre
de larges proportions, avec les caractères d’une véritable
calamité persistante, j'amenai le propriétaire à tenter
l'inoculation, le seul moyen de conjurer beaucoup d’éven-
tualités ruineuses. L'une des bêtes malades, jugée ineu-
rable, fut abattue, et je me mis en devoir d’inoculer.
L'opération fut pratiquée au moyen d’une aiguille can-
nelée et recourbée, faite de manière à contenir et à intro-
duire le virus que sa pointe à grain d'orge déliée dépose
aisément sous les tissus sans les lacérer. Deux piqûres
furent faites à trois travers de doigt l’une de l’autre et
FÉVRIER. 399
de l'extrémité caudale, à la face postérieure, la peau
y étant plus fine et plus pourvue de vaisseaux absorbants.
Je me servis de préférence du virus au deuxième ou au
troisième degré, pris deux jours au plus tôt, quatre ou
cinq jours au plus tard, selon l’état de la température, à
un poumon malade au deuxième degré au moins, sur
l’hépatisation noire, et autant que possible au centre des
divisions bronchiques. Vingt-deux bêtes furent ainsi
opérées, à savoir : six bœufs de labour de Salers, deux
bœufs d’Aubrac à l’engrais, dix vaches laitières, quatre
veaux d'élève. Douze restaient.
Soit que je voulusse constater un fail important, à
savoir que les bêtes de deux ans ne contractent pas la ma-
ladie, que les malades revenues à la santé sont à l'avenir
préservées, soit qu'il importät, pour la validité du succès
de l'opération, d'établir un point de comparaison entre
des animaux inoculés et d’autres non inoculés, huit bôtes
de deux ans, ainsi que quatre vaches éprouvées légère-
ment par la maladie de 1854, ne subirent pas l'opération.
Le propriétaire dut, sur ma recommandation, tenir
les bestiaux au séquestre, d’abord pour se conformer aux
mesures sanitaires, ensuile pour favoriser le succès de
l'inoculation et pouvoir surveiller à domicile les phéno-
mènes locaux ou généraux qui pouvaient se produire.
M. Boyer ne Lint pas compte de ces avis. Les bestiaux
sains et malades continuèrent à pacager, à travailler
même. Aucun effet local ne fut observé et rien dans
l'allure, la physionomie de ces animaux ne décela un
malaise, un groupe de symptômes assimilables à ce qu'of-
frent en général les affections pulmonaires. Sur les cinq
bêtes primitivement malades, une succomba et fut con-
3360 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sonmée sans inconyénient, Les quatre autres revinrent
à la santé. De douze bêtes inoculées, aucune ne contracta
le mal; il en fut de même des vingt-deux inoculées.
Somme toute, le mal, contrairement aux prévisions du
propriétaire, qui s'attendait à une perte de 75 p. 0/0
comme en 1845, le mal, dis-je, disparut comme par en-
chantement, à la grande satisfaetion de tous les habitants
de la commune, qui m'en témoignèrent la plus vive re-
connaissance.
2e Fair. — Appelé le 20 août 1855 au lieu de Tallode,
commune de Saint-Christophe-sur-Dolaison, à l'effet de
prendre les mesures propres à arrêter les effets du mal
des poumons contagieux, je n’ai eu encore là qu’à me
louer des heureux effets préventifs de l’inoculation.
Jean-Pierre Leyton a perdu dans l’espace de deux mois
quatre de ses plus belles vaches et deux veaux d'élève.
Le mal lui serait venu du contact de ses bêtes avec celles
de son voisin Pouderoux, affligées depuis longtemps de
celte maladie, lequel, soit ignorance, soit négligence, en
aurait méconnu le caractère contagieux ou aurait cherché
à se soustraire aux exigences d’un séquestre onéreux.
Au moment de ma visite, on ouvrait un cadavre mort
de la veille. Le commémoratif sur les symptômes de
l'affection me fait appréhender l'invasion de la péripneu-
monie contagieuse. L’autopsie cadavérique confirme plei-
nement cette prévision. Dix-huit bêtes sont dans l’étable
et bien qu’elles aient les apparences de la santé, elles
n’en sont pas moins sous le coup de l’épizootie. Trois
bêtes mangeraient un peu moins que d'habitude, seraient
tristes et tousseraient beaucoup. L’inoculation étant dé-
cidée, les dix-huit bêtes sont opérées séance tenante,
FÉVRIER. 337
comme ci-dessus, avec du virus pris sur l’onimal mort
de la veille.
Dix jours après l'opération, un bœuf et trois vaches
présentent à la queue une tumeur phlegmoneuse, comme
une noisette, circonscrite, rouge, douloureuse, couverte
d’une croûte grisätre que le doigt détache facilement. La
cicatrisation est prompte, et là se borne l'effet local. Chez
les autres animaux, on n'’observe ni effet local, ni effet
général. A la même époque, cependant, on s'étonne de
trouver la queue d’une vache couverte d’une humidité
noirâtre, fétide ; la base de l'organe est tuméfiée, ainsi
que les organes génitaux. Appelé sur les lieux pour re-
connaître ce phénomène insolite, je constate une gan-
grène de la presque totalité de Ja queue : la partie est
froide, légèrement gonflée indolore, Un bourrelet inflam-
maloire sépare, au niveau de l'anus, les parties saines
des parties sphacélées. J’ampute immédiatement tout ce
que la gangrène a atteint ; de larges scarifications sont
faites sur l'œdématie des organes génitaux ; les plaies
sont lavées au chlerite de soude, et la guérison ne se fait
pas attendre. À part cet incident, l'inoculation a été cou-
ronnée d’un plein succès.
3e rar. — L'observation la plus importante est sans
contredit celle que vient de consigner, dans le compte-
rendu des travaux de son établissement, M. le Directeur
de la ferme école de Nolhac.
Dans cet établissement modèle, où une intelligente
direction a su réunir, par des efforts incessants, les élé-
meuts d'une prospérité agricole sans cesse croissante,
apparut tout à coup, le 15 septembre 1855, la péripneu-
monie. L'affection fut précédée de la maladie aphteuse
TOME XX. 29
338 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
qui, en septembre et octobre, n’épargna aucune bête du
pays. Les bœufs furent gravement atteints; moins souf-
frantes, les vaches purent être employées aux travaux de
la ferme. Elle travaillèrent beaucoup par un temps froid
et pluvieux, à peine convalescentes de la maladie qu’elles
venaient d'essuyer. Nul doute que le dérangement de
leurs habitudes ordinairement sédentaires ne fût pour
beaucoup dans le développement spontané de la périp-
neumonie.
En homme éclairé, désireux de faire tourner au profit
de la science une expérience personnelle, dût-elle com-
promettre ses propres intérêts, M. Chouvon à donné
l’ordre d’inoculer immédiatement. Trois vaches jugées
incurables avaient été isolées dans une étable à part, Une
d’elle fut abattue et servit à inoculer les autres. Tel était
l'effectif du bétail de la ferme au 18 novembre 1855, jour
de l’inoculation :
3 vaches qui n’ont pas été
3 inoculées et qui ont
1° Gravement malades : h :
péri. L'une d'elles
abattue par occision.
bœuf | inoculés et
20 Légèrement atteints : :
vaches
guéris.
= D
bœufs inoculés et
n'ayant pas eu
6 vaches } la maladie.
6 veaux d'élève.
Comme complément de la mesure préventive, l’étable,
bien que réunissant toutes les conditions de salubrité
désirables, est nettoyée et désinfectée par une forte fu-
migation de chlore. Les animaux restent quinze jours
3° En parfaite santé :
FÉVRIER, 339
dedans, nourris avec les meilleurs aliments de la ferme,
abreuvés avec de l’eau tiède blanchie, tenus sur une li-
tière toujours fraiche, étrillés, brossés tous les Jours, et
sans cesse sous l'œil du maresire chargé de constater
l'évolution des moindres effets locaux ou généraux. Sur
trois bœufs on a cru reconnaître un léger gonflement de
l'extrémité caudale, avec chaleur et douleur. A cela s’est
bornée, comme effet matériel saisissable, l'inoculation, qui
d'ailleurs a été pratiquée avec la plus scrupuleuse atten-
tion. Les animaux signalés malades grièvement sont
morts; ceux qui l'étaient moins ont recouvré la santé;
aucun de ceux qui étaient sains n'a traduit du côté des
organes respiratoires le moindre dérangement fonelion-
nel, et quinze jours après l'opération, tout rentrait dans
le rhythme normal; les bœufs reprenaient Île joug et les
vaches rendaient autant de lait qu'auparavant.
ke pair. — À Bonnefond, commune de Saint-Front,
au domaine des Sœurs de Saint-Joseph, 16 bêtes sont
sous le coup de l’épizootie; quatre sont mortes et ont
offert, pendant leur vivant, tous les signes caractéris-
tiques de la péripneumonie. Le 18 novembre 1855, je
suis sur les lieux. Je fais déterrer la dernière bête, en-
fouie d'il y a deux jours : tout me démontre, à l'ouverture
du cadavre, qu'il s’agit du mal en question. Il n’y a pas
pour le moment de malades. J’inocule néanmoins. On
n'observe rien de particulier, soit à la queue, soit dans
l'exercice des fonctions. Un mois après, j'apprends qu'il
n'y a pas eu de mortalité, tandis que certaines localités
voisines, qui tiennent le mal secret, sont entièrement
dévastées, malgré les efforts des guérisseurs de la mon-
tagne.
340 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Ces observations ont été communiquées aux personnes
que la méthode Willem intéresse,
Il m'a été objecté que je pouvais bien m'être trompé
sur la nature du mal et avoir inoculé une pneumonie
franche non contagieuse à des animaux qui dès lors ne
devaient pas la contracter ; que dans l'hypothèse où j’au-
rais reconnu le vrai mal contagieux, division que pour
mon comple je n'admets pas, une heureuse coïncidence
m'aurait donné un résultat favorable, le mal pouvant être
à son déclin et prêt à s’éteindre de lui-même.
Pour conserver à mes observations toute leur valeur
pratique, il importe donc que je démontre deux choses :
10 que je n'ai pas erré en diagnostiquant le mal; 2e que
la prétendue coïncidence n'existe pas et ne peut exister.
Le diagnostic repose sur deux ordres de faits : sur les
symptômes et sur les lésions nécroscopiques. À part quel-
ques variantes, suivant la corstitution, l’âge de l'animal
ou de la maladie elle-même, la coexistence d’autres affec-
tions , symptômes e1 lésions sort identiquement les mé-
mes, quelles que soient les races, les contrées où l’on
observe, l'altitude, la constitution géologique du sol, ete.
Omeltant tous ces détails de symptômologie et d’£na-
tomie pathologique qui ne sont guère compris que par
les personnes versées dans l'étude des sciences médicales,
je me bornerai à rappeler un fait qui ressort de mes
observations et qui vient à l'appui de ce que j'ai avancé;
c'est le peu de succès qu'eurent les méthodes de traite-
ment mises en usage : saignées, Cautères, diaphorétiques,
sudorifiques, sternutatoires, antiputrides, etc. Les sai-
gnées surtout, ce remède héroïque dans les phlegmasies
pulmonaires, les sétons à suppuration forcée, ne firent
que précipiter le cours de la maladie en affaiblissant les
FÉVRIER. 341
animaux et en établissant antour d'eux uu foyer d'infec-
tion. Or, que pouvait avoir de commun avec un inflam-
mation franche une maladie qui ne put être guérie
par les saïgnées, qui fut commune à la mère et au fœtus
et qui se communiqua d'un animal à d’autres animaux de
la même espèce; qui se développa sans causes appré-
ciables; qui fut quelquefois si bénigne que le propric-
taire s'en aperçut à peine, où qui, après avoir réduit au
marasme certains sujets, s’éclipsa pour faire place à une
santé florissante ?
La péripneumonie se retrouve done ici avec tous ses
caractères, et les faits invoqués en faveur de l’inocula-
Lion restent avec toute leur autorité.
Quant à la question de coincidence, j'avoue que je ne
la comprends guère, quand je vois, d’un côté, le bétail
périr partout où l'inoculation est incomprise ou mal pra-
tiquée, comme à Ours, au Brignon, ete., où l’on a perdu
jusqu'au 75 p. 0/0 alors que, d’un autre côté, dans des
conditions géologiques et agriculturales à peu près sem-
blables, on n’a pas eu à regretter la perte d’un seul ani-
mal inoculé.
Dans un pays comme le nôtre, où l’agriculture est
appelée à un si grand rôle, il est important de consigner
tous les faits pratiques tendant à sauvegarder les intérêts
du cultivateur. Et les observations dont je viens de vous
donner communication , n’eussent-elles pas le mérite
de la nouveauté, n’eussent-elles pas dit le dernier mot
Sur la grave question de l’inoculation , auront au
moins l'avantage d'appeler sur ce point l’attention des
cultivateurs, de provoquer de nouvelles inoculations et
de hâter le moment si ardemment désiré où il sera pos-
Sible de s’y livrer sans crainte,
342 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
PrscicuLtTurE. — M. de l'Eguille signale à la bien-
veillance de la Société un pêcheur , le sieur Jacques
Raymond, d'Espaly, qui s'occupe avec zèle d'opérations
piscicoles.
M. de l'Eguille ajoute que ce pècheur se livre depuis
deux ou trois ans à ces sortes de travaux, et qu’il est
arrivé à des résultats dignes de fixer l'attention de la
Société.
Des certificats de MM. les maires de Vorey et de Cha-
malières établissent qu'il est parvenu à faire éclore un
nombre considérable d'œufs de truites et que les pro-
duits de ces éclosions pourront être employés à l’em-
poissonnement de pièces d’eau.
Les courses multipliées que le sieur Raymond a été
obligé de faire, tant pour se procurer le frai que pour
en assurer la conservation, lui ont occasionné des dé-
penses dont il paraît juste de l’indemniser , et il serait
satisfait si la Société lui allouait, à titre d’encourage-
ment, une modeste gratification de 50 francs.
L'Assemblée adhère unanimement à cette propo-
sition.
M. de l'Eguille dit ensuite qu’il s'occupe de faire
établir un petit réservoir pour recevoir les jeunes
truites, qui, en attendant, ont été placées dans une
caisse près de Chamalières, d’où l’on pourra les trans-
porter au lac du Bouchet lorsqu'on sera en mesure
d'en assurer la surveillance.
CHEMINS DE FER. — M. le Président appelle l'attention
de la Société sur le projet de ‘chemin de fer de
FÉVRIER. 343
Paris à Alais. Cette nouvelle et importante voie
intéresse éminemment notre pays, puisqu'elle passera,
sans aucun doute, dans le département. Mais sur quel
point fera-t-elle sa jonction avec la ligne du Grand-
Central de Lyon à Bordeaux, dans sa traversée de la
Haute-Loire? C’est là une question qu’il nous importe
d'examiner au point de vue des intérêts du département
combinés avec les nécessités de direction du chemin
et les considérations d'intérêt général.
Des études et investigations qui seront faites au sein
de la Société résulteraient probablement les principaux
éléments de l'enquête à laquelle le département sera
appelé un jour à prendre part; et, si l'on se rappelle
que les démarches de la Société dans la question non
moins vitale de la ligne transversale de Lyon à Bor-
deaux par la Haute-Loire n’ont pas été sans résultats,
il ya lieu d'espérer que, dans cette nouvelle et grave
circonstance, l’action de la Société pourrait avoir aussi
quelque influence pour la solution la plus favorable
aux intérèts bien compris de la Haute-Loire.
On pressent déjà combien il serait utile au départe-
ment tout entier que la jonction des deux lignes eût
lieu au chef-lieu, en donnant pour direction à celle
d’Alais la vallée de la Loire et de là, après avoir franchi
par un tunnel la ligne de faîte de nos montagnes, la
vallée de l'Ardèche.
Les mèmes avantages n'existent pas par la vallée de
l'Allier, direction tout à fait excentrique pour la Haute-
Loire, qu’elle ne dessert que vers ses limites occiden-
tales, en s’éloignant complètement du chef-lieu, pour
faire profiter le département du Puy-de-Dôme, et la
344 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ville de Clermont en particulier, des avantages que
perdrait la ville du Puy et, avec elle, le département.
Il est bien évident aussi que ce dernier tracé serait
beaucoup moins profitable à la Compagnie, à raison
des pays à desservir, et que l'exécution en serait très-
dispendieuse.
Malgré ces importantes considérations, la question,
dès le principe, avait été engagée contre nous. Le
Gouvernement, désireux que cette ligne fût prochai-
nement mise à l'étude, invita M. le Préfet à demander
au conseil général le vote d’un crédit de dix mille fr.
pour être employés à cette opération. M. le Préfet,
comprenant que le conseil général n’allouerait pas
cette somme pour une seule étude par l'Allier, provo-
qua l'attention du Gouvernement sur la possibilité d’un
autre tracé par la Loire, et le conseil, appelé à en dé-
libérer, vota les dix mille francs pour les études pré-
paratoires des deux tracés.
Aujourd'hui l'administration des ponts et chaussées
s'occupe activement de ce travail; dans peu de temps
il sera probablement terminé, et le moment est peut-
être venu pour la Société de se préoccuper de la préfé-
rence qui pourrait être donnée à l’une ou l’autre
direction.
Après cette allocution de M. le Président, plusieurs
membres, entre autres MM. Bertrand de Doue, Aymard,
Ch. C. de Lafayette, Borie et Ernest Richond, font
valoir de nombreuses considérations en faveur du tracé
par la Loire et l'Ardèche, et l’Assemblée est unanime
pour reconnaitre combien il serait préférable dans
l'intérêt du département que cette direction fût adoptée
FÉVRIER + 345
Il est en outre décidé que les pouvoirs de la commis-
sion qui avait été nommée au sein de la Société, dans
la question de la ligne dn Grand-Central, seront étendus
à la question de la ligne d’Alais, et de plus M. le Prési-
dent voudra bien solliciter l'administration municipale
pour qu'elle joigne ses efforts à ceux de la Société.
Concours ET PRIX. — M. le Président annonce qu'il a
reçu de Paris les médailles destinées aux lauréats des
concours départementaux, et après avoir pris l’avis de
l'Assemblée , il est arrêté qu’elles seront distribuées
publiquement en même temps que les médailles accor-
dées aux industriels de la Haute-Loire à l'exposition
universelle de Paris.
ARCHÉOLOGIE. — Il est donné lecture d’une lettre par
laquelle M. le Préfet annonce-que , d’après la demande
de la Société, il vient d'accorder un secours de 400 fr.
pour concourir au déblai de l'abime de Polignac.
Cette communication est accueillie avec un vif inté-
rèt par l’Assemblée.
M. Aymard a la parole pour la lecture de la notice
suivante, qui est relative à des découvertes d’i inscrip-
tions Etomaines au village de Polignac :
Les intelligentes libéralités de M. le duc de Fe
de la Société académique du Puy, et de M. le Préfet,
l’aide desquelles des fouilles vont être exécutées dans .
346 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
mystérieuses profondeurs de l’abfme de Polignac, ont
vivement appelé l'attention des archéologues et du publie
sur une localité qui n’est pas moins intéressante par son
site pittoresque que par ses antiquités gallo-romaines et
du moyen âge.
Les révélations archéologiques que ces fouilles nous
promettent sont, aujourd'hui surtout, un puissant motif
pour qu'on recueille avec soin toutes les données histori-
ques qui se rattachent à cette curieuse localité.
C'est dans ce but que je m'empresse de signaler trois
inscriptions lapidaires provenant du même lieu : l’ancien
cimetière du village de Polignac.
L'une d’elles est inédite, Elle a été trouvée récemment
à l’occasion d'un déblai du sol qui avait pour objet
l'assainissement de l’élégante église romane contiguë au
cimetière. On en doit la conservation aux soins éclairés
du digne maire de la commune, M. F. Robert, membre
de la Société. |
A la vérité, ce reste d’antiquité romaine n’est qu'une
modeste pierre tumulaire en grès, qui porte le nom,
ignoré depuis environ dix-huit siècles, d’un obseur
Vellavien. Mais si l’on considère que le même emplace-
ment à fourni d’autres monuments analogues et de nom-
breuses pierres d'appareil antique , on est amené à croire
que celte localité avait acquis quelque importance pendant
l'époque romaine.
La pierre présente la forme d’un petit cippe quadrila-
tère, haut de 0,90 sur 0,#1 de large à la face principale,
et 0,35 pour les côtés.
À la face antérieure on lit l'inscription suivante :
1
FÉVRIER, 34
Dliis) M{anibus)
MARITAN(i)
CARA
CONIVX P{osuit)
(monumentum)
Aux dieux mdnes. L'épouse chérie de Mareanus
lui a érigé ce monument (1).
Sur la face latérale gauche de la pierre (en 4) est
gravée en creux, par un simple trait qui en dessine la
silhouette, l'image d’un instrument ovoide et verti- |
cal, à deux pointes, et muni d’un manche horizontal, ——
Cet outil ressemble à l’un de ceux qu’on emploie |
dans le pays pour la taille des pierres, et l'on peut sup-
poser que, dans les temps antiques, il était affecté au
même usage.
(1) Nous lisons Mareanus et non Mariianus. Les deux L représentent
sur les médailles et les inscriptions lapidaires la lettre E, comne l’a
fort bien démontré M. de Longpérier (Revue numismatique, 1856,
t. 1, p. 78). Cette curieuse forme de l'E rappelle l'H{nrz) grec et
date de l'époque gauloise, où , par suite des mélanges de lettres grec-
ques et latines, elle figura souvent sur les médaillés de la Gaule;
par exemple, celles sar lesquelles on lit les noms de deux chefs gau-
lois, rascuTios, Tasgelius, et LuxTITP10S, Lucterius, mentionnés, un demi-
siècle avant notre ère, par Jules César dans ses Commentaires.
On continua longtemps d'employer la même lettre, puisqu'on la
348 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Mais un fait qui n'est pas sans intérêt, c'est que sa
représentation occupe ici la même place que celle de
l’ascia funèbre sur une autre stèle que j'ai fait déposer
au musée du Puy, et qui avait été trouvée dans les fonda-
tions d’un autel absidal de l’église.
C’est encore un petit monument quadrilatère, en grès,
dont la partie supérieure est terminée en fronton. Sa
hauteur totale est de 0,62 sur 0,35 de largeur et sur 0,29
de côté. L'inscription est ainsi conçue :
D{iis) M{anibus)
MEMO
RIAE P
AVE(ajE
Aux dieux mänes. À ia mémoire de Pavea.
L'ascia qui est figurée sur la face latérale gau-
che de la pierre est à peu près semblable au
même in- steument symbolique représenté sur ane
foule de tombes des départements de l'Est et du Sud,
tels que ceux de Saône-et-Loire, de l'Ain, de la Loire, du
Rhône, de l'Isère, de la Drôme, du Gard, ete. Comme
rencontre encore dans des noms de fabricants de poteries dites samien-
nes, découvertes dans le département de PAllier par M. Tudot , et sur
uue inscription de colonne milliaire dédiée à l’empereur Deaius,
vers l'an 250, et qui a élé lrouvée au château de Poncins, près
Feurs (Loire).
FÉYRIER. 349
l'outil gravé sur la pierre sépulerale de Mareanus ,
celui-ci est représenté par des traits qui en figurent aussi
les contours; l'instrument comporte une sorte de lame
verticale tranchante qui se coude du haut, presque à
angle droit, et dont la partie supérieure horizontale
s'épaissit suffisamment pour former marteau; le tout est
adapté à un manche assez court. Dans une notice sur
ces outils, M. Janniard, architecte du gouvernement,
a démontré qu'en général la lame était vue en perspec-
tive et qu'elle était transversale au manche. Il a pensé
que l'instrument donnait l’idée plutôt d’une herminette
que d’une houe.
Quelle était la signification de ce curieux symbole ?
Se ratlachait-il, dans la pensée des anciens, à certaines
cérémonies dédicatoires, commie le ferait supposer la for-
mule sub ascia dedicavit qui est inscrite sur beaucoup
de monuments tumulaires? De nombreuses et très-di-
verses explications ont été proposées à ce sujet, mais
aucune d'elles, il faut le dire, n’est complètement satis-
faisante. Suivant l'observation de M. Janniard, il est
sage, avant de se prononcer, d'attendre que des décou-
vertes de bas-reliefs ou d'inscriptions plus explicites
viennent lever tous les doutes.
Je me bornerai à faire remarquer la singulière coïnci-
dence qui résulte de la présence de ces deux instruments
différents sur la même face latérale de la pierre sépul-
crale de Mareanus et de celle de Pavea. Devra-t-on en
conclure que ces outils ont servi, chacun suivant son
emploi spécial, aux mêmes usages funèbres, ou bien
faut-il supposer qu'ils offraient deux variétés du même
instrument ? Dans cette dernière hypothèse, nous aurions
350 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
à soumettre à l'examen des archéologues une nouvelle et
curieuse forme de l’ascia.
Un troisième cippe non moins intéressant se voit à la
paroi extérieure d’un mur de l’église du même village,
au-dessus de l’une des chapelles absidales ; il a été publié
par M. Mangon de Lalande /Essais historiques sur les
antiquités de la Haute-Loire), et per M. Mérimée dans
ses savantes Notes d'un voyage en Auvergne, dans le
Velay, etc. (1).
Ce monument a 0,78 de haut sur 0,41 de large, et 0,32
d'épaisseur, Sa face antérieure offre, dans le haut, une
petite niche avec bas-relief représentant le buste du dé-
funt. L'inscription est gravée au-dessous.
On remarquera entre les let-
tres D M une lettre ou un signe
qui aurait la forme d’un Q si la
queue n'était pas tournée en
sens inverse. En supposant la
présence de cette lettre, l’in-
seription devrait être lue ainsi :
Diisque manibus, Julii Ma-
rullini memorie.
Mais, ne connaissant pas
d'exemple d’une formule dont le sens, peu respectueux à
l'égard des dieux mânes , rejetterait à la fin de la phrase
l'invocation à ces divins génies, je serais porté à croire
que nous avons ici une variété d’un symbole ou d’un signe
de ponctuation qu’on trouve souvent figuré, sous la forme
IHMARVÈN
ALIM
(1) M. Mandet en a donné aussi un dessin dans sa belle publica-
tion sur l’Anoïen Velay.
FÉVRIER. 351
d'une feuille de lierre ou de toute autre plante, sur les
textes tumulaires, et en particulier sur ceux qu'on a si-
gnalés dans quelques départements mérdionaux, tels que
l'Ardèche, le Gard, ete. Dans cette hypothèse, l’inserip-
üon se traduirait ainsi :
Dliis) Mianibus). J{ulii) MARULLIN{i) Miemoriæ)
(ou Monumentum).
Aux Dieux mânes. A la mémoire de Julius Marul-
linus.
Une particularité qui est commune à ces trois inscrip-
tions, c’est leur laconique simplicité : une seule, celle de
Marullinus, offre le prénom Julius, désigné par l’initiale
Ï, et le nom du défunt. Aucune ne porte l’agnomen, qui
estcependantusité dans l’épigraphie sépulcrale de la Vella-
vie. La brièveté de ces formules funéraires et les rapports de
dimensions de ces petits monuments qui, dans notre pays,
semblent caractériser des pratiques funèbres propres à la
localité de Polignac, exeluent l'hypothèse que ces pierres
auraient été transportées de divers lieux plus ou moins
éloignés. Tout dénote d’ailleurs, soit dans les nombreuses
pierres d’appareil antiques qui sont encastrées aux murs
de l’église et de quelques maisons du village, soit dans
celte curieuse réunion de cippes tumulaires, que des ha-
bitations gallo-romaines, peut-être même des édifices pu-
blics ont précédé sur le même emplacement l’ancien
village de Polignac.
Ces déductions, sans aucun doute, ne sauraient préjuger
les questions importantes auxquelles se rattachent les
fouilles qui s’effectueront bientôt sur le haut rocher de
Polignae, siège d’une antique acropole, d’après quelques
antiquaires, et seulement d’une forteresse féodale, suivant
352 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
l'opinion de plusieurs autres. Espérons cependant que
les données qui précèdent ne seront pas sans utilité pour
éclairer les intéressants problèmes d'archéologie qui
comprennent et la destination de l’abtme et la présence,
parmi les ruines du château, du masque colossal dit
d'Apollon, d'une inscription commémorative de l’empe-
reur Claude et d’autres débris de sculptures antiques.
Musée. — M. Bonnet offre au musée, de la part de
M. Chevalier-Lobeyrac, un beau fragment de stalactite
provenant des grottes de Campan, près Bagnères-de-
Bigorre.
Ce don est l'objet d’un vote de remerciments.
Pugricarioxs. — M. le Président ayant été informé
que madame veuve Crozatier à fait graver le portrait
de notre généreux compatriote et confrère M. Croza-
tier, lui a écrit pour la prier de vouloir bien donner à
la Société 1,300 exemplaires de ces planches pour ètre
insérés dans les publications du Congrès et dans les
Annales de la Société.
Madame Crozatier, dans une lettre dont il est fait
lecture, répond qu'elle est heureuse de pouvoir satis-
faire au désir de la Société et qu'elle s’empressera
d'envoyer prochainement les exemplaires demandés.
L'Assemblée exprime ses vifs remerciments pour ce
nouveau témoignage des sympathies de la veuve de
notre éminent compatriote.
FÉVRIER. 353
M. Aymard fait observer à cette occasion que le
portrait qui est habilement gravé, l'a été d’après une
excellente peinture faite par M. Giraud père (du Puy)
et sur laquelle la ressemblance est parfaite.
OBJETS D’ADMINISTRATION. — M. le Président soumet à
l'Assemblée les budgets et comptes de la Société, qui
sont unanimement approuvés.
M. Azéma demande que le jour fixé pour les séances
de la Société soit, à l'avenir, le premier jeudi de
chaque mois. Outre que sa profession de professeur au
lycée le met dans l'impossibilité d'assister aux réunions
mensuelles qui ont lieu le vendredi, on en éloignerait
également d'autres professeurs qui ont l'intention de
solliciter leur admission.
Cette proposition, qui est appuyée par deux autres
membres, aux termes du règlement, est renvoyée à
l'examen du conseil d'administration.
M. le docteur Martel demande que la Société se fasse
représenter par une députation aux obsèques de ses
membres.
Gette proposition, qui est signée aussi par deux
autres membres, sera soumise également au conseil
d'administration.
Notation pu PRrésibeNT. — L'ordre du jour appelle
ensuite le scrutin pour la nomination du président de
la Société.
TOME XX. 23
351 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Avant qu’il soit procédé à cette opération, M. Aymard
dit que plusieurs de ses honorables confrères lui ont
exprimé l'intention de lui donner leurs voix en sa
qualité de vice-président, mais que l’état de sa santé
ne lui permettrait pas d'accepter ces fonctions. II les
prie, en conséquence, d'agréer ses remerciments.
Il est ensuite procédé au vote, et M. Ch. C. de La-
favette est nommé à l'unanimité moins deux voix.
M. de Brive proclame M. Ch. C. de Lafayette Prési-
dent de la Société.
M. Ch. C. de Lafayette remercie l'Assemblée en ces
termes : « Au moment, dit-il, où la Société m'honore
d'une façon toute particulière en m’appelant à remplir
une fonction que mes prédécesseurs ont si dignement
exercée, vous comprendrez, Messieurs, que je sois
ému et pénétré plus que je ne puis le dire, mais autant
que je le dois, de cette marque de confiance qu'elle
veut bien m'accorder. Je ne me dissimule pas toutes
les difficultés qui existent pour conduire à bien les tra-
vaux de la Société et leur imprimer une direction sage
et utile. Je ne veux pas décliner le fardeau ; mais'd'un
autre côté pourtant, vous avez dû prévoir que ma po-
sition de famille m'obligeait à des absences fréquentes,
que d’autres travaux très-nombreux pouvaient ab-
sorber uue grande partie de mon temps, et, sans faire
de fausse modestie, que plus que personne j'avais be-
soin d’indulgence. De mes prédécesseurs j'ai recu la
tradition du bien, et dans une tâche aussi ardue ne
dois-je pas aborder avec méfiance de moi-même l'œuvre
à laquelle vous me conviez? Je vous promets toute ma
bonne volonté et mes efforts incessants; mais, à votre
FÉVRIER, 355
tour, accordez-moi tous votre concours zélé et assidu.
Nous avons besuin de nous grouper pour agir vite el
bien. Dans ce moment-ei surtout, où des questions vi-
tales agitent la France entière, notre Société ne doit-
elle pas, comme les autres, se préoccuper vivement de
la question des subsistances? Pour cette question,
comme pour toutes, nous pouvons compter sur la
haute protection de ladministration, représentée, dans
le département, par un clef dont nous avous tous pu
apprécier la capacité et les bonnes intentions; nous
pouvons compter sur le concours de notre éminent
évêque et aussi sur cette jeunesse qui nous pousse, si
apte aux bonnes choses et dont nous avons tous vu les
heureux débuts pendant le Congrès. Avec de tels
appuis, l’on peut marcher : j’essaierai donc. Mais per-
mettez-moi, en votre nom à tous, avant de clore cette
séance et de monter à la place que vous m'avez offerte,
de remercier l'honorable Président que je remplace si
incomplètement, de tout le zèle et de toute l'intelli-
gence qu'il à apportés dans l'exercice de ses fonctions,
en même temps que des progrès et des améliorations
incontestables qui, grâce à ‘on initiative si éclairée,
sont dus à la Société. »
ADMISSIONS. — Organe d'une commission spéciale,
M. Bonnet fait le rapport suivant sur la candidature de
M. Béliben au titre de membre résidant :
MESSIEURS,
M. Béliben est un de ces philosophes qui ont adopté
et qui suivent ce précepte posé par M. Jules Simon, an-
356 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
cien professeur de philosophie à la faculté des lettres de
Paris : « Une morale pure est une des plus certaines
conditions de succès pour une doctrine philosophique. »
M. Béliben, en effet, n'appartient pas à cette philosophie
scholastique tonte nourrie d’érudition et plus occupée de
s'accorder avec Aristote qu'avec le bon sens. I affec-
tionne de préférence les doctrines de Platon, de Des-
cartes, de Malebranche et de Leibnitz, qui n’ont pour
point de départ que l'observation et pour règle que l'évi-
dence. Depuis près de vingt ans, il professe ces principes
au Lycée du Puy, et parmi cette foule de jeunes gens dont
il a développé le cœur, agrandi l'intelligence, en leur
apprenant à se connaître et à analyser les facultés de leur
âme, un grand nombre se plaisent aujourd'hui à pro-
clamer hautement tout ce qu'ils doivent à l’érudition de
leur ancien professeur et à sa profonde connaissance du
cœur humain. Quant à moi, j'ai toujours regretté qu'une
autre direction dans mes études ne m'ait pas encore
permis de mettre à profit, par un travail consciencieux
et accompli dans un âge plus mûr, les enseignements
que j'ai recueillis à son école. Vous devez done vous
attendre de ma part, Messieurs, à une appréciation bien
imparfaite du mémoire qui vous est adressé par M. Bé-
liben. A défaut de science, je m’efforcerai pourtant d'ac-
complir en partie ma tâche avec ce simple bon sens que
M. Béliben essayait de nous inculquer et qui était, comme
je vous l'ai déjà dit, une des bases de sa doctrine.
Le mémoire présenté par M. Béliben est intitulé : De
la Beauté et des éléments qui la constituent. Certes, un
philosophe ne pourrait choisir un sujet plus vaste et qui
offrit plus d'intérêt, La beauté se retrouve partout d’une
FÉVRIER. 357
manière si diverse, dans les objets matériels comme dans
les créations de l'intelligence, que cette discussion devait
tenter un ami des arts et de la nature. Dans l'antiquité,
Platon, saint Augustin; à notre époque, le Père André,
Kant, Schelling, Hégel, se sont complu à analyser la
beauté sous toutes ses formes et à faire ressortir les ca-
ractères qui la font reconnaitre. De nos jours, l’éloquent
M. Cousin s’est étendu presque exclusivement, pendant
une année de son cours au collège de France, sur cette
importante question. Mais, il faut l'ajouter, ces savants
philosophes n'ont guère considéré la beauté qu'au point
de vue des arts. M. Béliben a cru devoir l'envisager aussi
sous une autre face, 1l s’est attaché à nous faire connaitre
la beauté prise dans la nature ct dans l'homme.
La première partie de la thèse qu'il présente comme
titre d'admission dans notre Société appartient à une des
parties de la philosophie les moins explorées etles moins
connues, et c’est sur l’idée fondamentale de l'esthétique
qu'il a porté ses investigations. D'après lui, le Leau,
intimement uni au vrai et au bien sous certains rapports,
en est indépendant si on le considère dans son essence.
Certainement il y a de la beauté dans la science, et la
vertu sera toujours le spectacle le plus digne de Dieu et
des hommes; mais la beauté a son caractère à part, que
M. Béliben a cherché à mettre en lumière. Dans cette
difficile recherche, il a fait usage de toutes les ressources
de l'observation. Les beaux sites que notre pays offre avec
tant de prodigalité, les remarquables sculptures de notre
musée lui ont fourni bon nombre d'observations dort il à
su tirer parti; jusqu'au terrible phénomène de la tour-
mente dans nos montagnes, dans lequel il a signalé le
353 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
caractère du beau sublime, qui est celui que présentent
toutes les grandes violences de la nature. C’est dans cet
écrit qu'il faut lire les développenrents à l'aide des-
quels M. Félibea établit le caractère essentiel de la
beauté, que les théories esthétiques les plus aceréditées
ont jusqu'ici laissé dans l'ombre. La solution proposée
dans le mémoire dont je vous entretiens, est-elle un pas
de plus dans le domaine de la pensée scientifique? De-
vrons-nous au programme d>: notre Congrès, qui a sou-
levé cette intéressante question, une de ces observations
psychologiques dignes, par la nouveauté, de fixer l’atten-
tion des philosophes? C'est là une espérance dont l'ave-
pir peut seul faire une réalité.
Après avoir étudié le caractère essentiel de la beauté
dans les productions de la nature, M. Béliben la pour-
suit dans les beaux-arts. Parmi les théories esthétiques
qu'il soulève dans cette seconde partie de son travail, il
en est une pour laquelle nous penchons et qui nous parait
être tout à fait dans les sympathies de l'Assemblée; c’est
la théorie de l'Idéal, dirigée surtout contre les tendances
grossières et décevantes de l’école réaliste. Avec une
netteté remarquable, l’auteur s'élève contre ce qu'on est
converu d'appeler limitation de la belle nature. Je
distingue, d'après les grands maîtres de là philosophie
moderne, le Vrai du Réel, l'Idéal de la Copie pure, dé-
montrant que si la nature, avec ses réalités, doit être la
matière de l’ariiste, elle ne fournira une œuvre d’art
que lorsque l'imagination, sur ses ailes fécondes, l'aura
transportée dans les régions de l'idée. Sur cette ques-
tion, comme il l'a toujours fait dans sa longue carrière
de professeur de philosophie à notre Lycée, M. Béliben
FÉVRIER. 359
a pris parti pour les doctrines du spiritualisme le plus
pur et le plus élevé.
Je conclus done à son admission dans notre Société, Ce
sera remplacer dignement notre ancien collègue M. Man-
det, qui représentait ici la science des lois, en nommant
à sa place un homme qui représente la science de la rai-
sen et de la nature.
M. Marthory lit le rapport qui suit sur la candida-
ture de M. de Meaux au titre de membre non résidant :
Messreuns,
Dans l’une des séances publiques du Congrès, M. de
Meaux lut un mémoire intitulé : Les Etats et l'adminis-
tration du Languedoc, spécialement sous Louis XIV.
La lecture de ce mémoire, vous vous le rappelez,
Messieurs, captiva puissamment l'attention de l’as-
semblée, et le bureau décida que le travail de M. de
Meaux serait imprimé dans le compte-rendu du Congrès.
Aujourd'hui M. de Meaux sollicite l'honneur de faire
partie de votre Société en qualité de membre correspon-
dant, et il présente, comme titre d'admission, l’excel-
lent mémoire sur l'administration provinciale du Lan-
guedoc, dont vous avez déjà apprécié le mérite, et que les
suffrages du bureau du Congrès ont jugé digne de l’im-
pression. Cette candidature, vous le comprenez, Mes-
sieurs, ne peut être que favorablement accueillie dans
cette enceinte; elle réalise le désir que nous avions tous
formé de nous rattacher , en la personne de M.de Meaux,
le jeune écrivain qui, en dirigeant vers l’étude de notre
vieille province les patientes recherches d’un esprit bril-
360 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
lant et solide, s'était en quelque sorte naturalisé parmi
nous.
Chargée de vous faire un rapport sur celte candida-
ture, la commission, dont je suis heureux d’être l’or-
gane en celle occasion, n'a donc plus à juger un travail
que vous connaissez (ous, et qui certainement a laissé
dans vos esprits des souvenirs qui ne sont point effacés.
Aussi se bornera-t-elle à faire un appel à votre mémoire,
et à vous associer au plaisir qu'elle à éprouvé, en reli-
sant ces Jours-ci, dans le silence du cabinet, la belle
étude de M.de Meaux sur les états du Languedoc.
Certes, Messieurs , si jamais sujet historique fàt
digne d’éveiller votre curiosité et d'arrêter vos regards,
c'est celui qu'a choisi M. de Meaux, et qu'il a traité
d'une manière si remarquable. Sans remonter aux ori-
gines incertaines el ecntestées des états du Languedoc,
ces états, qui, comme il le dit si bien, étaient regardés
par toute la France comme le type et le modèle des as-
semblées provinciales, M. de Meaux s'attache à en si-
gualer l'importance, à en constater les heureux résultats.
D'un œil perçant et curieux, il en étudie le mécanisme,
ilen observe le jeu principalement sous le règne de
Louis XIV, à l'époque où la royauté absolue parut «b-
sorber dans un pouvoir unique l'Etat tout entier. Cons-
ment s’administrait [a province du Languedoc, au sor-
ür di moyen âge, après les lultes sanglantes qui,
du XIIIe au XVile siècle, des croisades contre les
Albiceois aux guerres de religion, avaient désolé
ses riches campagnes? Quelles étaient les franchises
traditionnelles de cette province ? Comment ces fran-
chises étaient-elles attaquées ? Comment furent-elles dé-
FÉVRIER. 361
fendues ? De quels éléments divers se composait le corps
à la fois politique et administratif qui, sous le nom des
états du Languedoc, était chargé de veiller à la conser-
vation des libertés provinciales, à la fixation et la répar-
tition des impôts, enfin à l'administration des intérêts
si nombreux de cette province? Tels sont, Messieurs,
les grands problèmes historiques dont M. de Meaux a
cherché la solution dans le mémoire qu’il vous à soumis.
Ces problèmes, Messieurs, bien des esprits s’en sont
occupés, depuis les publicistes du XVI siècle que cite
M. de Meaux, jusques à M. de Meaux lui-même; et ce-
pendant l'on ne peut pas dire encore que le sujet soit
épuisé, où du moins que tous les détails en soient telle-
ment connus qu'il ne reste plus qu'à glaner après les
nombreux travaux qui ont déjà paru. Chaque jour voit
éclore de nouvelles publications; mais ces nouvelles pu-
blications ouvrent à la science des horizons nouveaux ;
chaque découverte amène une découverte nouvelle; et il
sufit de citer l'heureux parti qu'a su tirer M, de Meaux
de la correspondance administrative de Louis XIV, pu-
bliée par M. Depping dans la collecticn des documents
inédits de l'histoire de France, pour être convaincu
que le champ des études historiques, quoique foaillé par
de puissantes mains, est loin d'être complètement dé-
friché.
Nous devons donc savoir gré à M. de Meaux du sujet
qu'il a choisi, et nous devons l'en féliciter également.
En effet, ce n’est pas sans une utilité réelle que l’on con-
sacre les belles années de sa jeunesse à l'étude des vieux
monuments de notre histoire provinciale; ce n’est pas
non plus sans profit que l'on secoue la poussière qui
362 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
couvre et cache aux regards les fortes et libres institu-
tions du passé. Indépendamment de ce qu'elles ont de
flatteur pour le patriotisme local, de pareilles études,
par les travaux qu'elles exigent et surtout par les leçons
qu’elles donnent, mürissent l'intelligence, fortifient les
convictions, et apprennent à connaître, par ses antiques
franchises, le pays que, dans ses espérances, lon a la
légitime ambition de servir un jour.
Mais ce n'est point seulement par le choix du sujet
que le travail de M. de Meaux mérite nos éloges; il les
mérile encore par la manière dont le sujet lui-même est
traité. Pour nous donner une idée de ce que furent les
étots du Languedoc, principalement au XVII siècle,
M. de Meaux n'a rien omis. Il a puisé aux meilleures
sources. Aussi, ce qui, dans ce mémoire, nous a sur-
tout frappé, ce n’est pas tant la manière élégante dont
ilest écrit que les nombreuses recherches dont chaque
ligne porte l'empreinte. On devine aux citations multi-
pliées qui accompagnent chacun des faits racontés par
M. de Meaux, que l'auteur a étudié son sujet sous tou-
tes ses faces; qu'il n’a rien négligé pour l’éclairer d’une
vive lumière ; et ses cilations, toujours heureuses et bien
choisies, dénotent une érudition aussi étendue que va-
riée. C'est ainsi qu'après avoir emprunté à Bodin les
pages où le profond publiciste signale la supériorité
des pays d'états sur les pays d'élections, et fait sentir les
avantages qui résultent de ce mode d'administration
pour les peuples et pour le prince, il nous décrit mali-
cieusement avec Racine ces magistrats consulaires, vi-
vante expression du pouvoir municipal d'autrefois,
dont la profession bourgeoise contrastait d'une si plai-
FÉVRIER. 263
sante manière avec l'appareil sénatorial qui les environ-
nait dans l'exercice de leurs fonctions : « C’est une belle
» chose, disail avec une douce ironie le poète eourtisan
» de Versailles, c'est une belle chose de voir le compère
» cardeur et le menuisier Gaillard, avec la robe rouge
» comme un président, donner des arrèts et aller les
LS
> premiers à l'offrande : vous ne voyez pas cela à
» Paris. » C'est ainsi encore que, rappelant l'usage
généralement suivi de réunir les états provireiaux non
au chef-lieu, mais dans une ville secondaire de la province,
M. de Meaux nous apprend que, dans une de ces villes,
à Béziers, je crois, au milieu des fêtes qu’entrainait la
tenue des états, Molière, poète alors inconnu, fit jouer
ses premières pièces.
Ces rapprochements, aussi instructifs que piquants,
donnent au sujet qu'a traité M, de Meaux un charme
qui plait à l'esprit, en même temps que les apprécia-
tions politiques de l’auteur et ses judicieux aperçus ou-
vrent à la pensée un vaste champ de réflexions. A quel-
que opinion politique que l’on appartienne, quels que
soient nos regrets où nos espérances, il est impossible,
Messieurs, de ne pas s'intéresser vivement à cette lutte
longue, persévérante, d'une province qui veut conser-
ver ses franchises traditionnelles et ses libertés antiques
contre l’ascendant victorieux du monarque qui veut les
absorber dans la puissante unité du pouvoir absolu. Cette
lutte, M. de Meaux nous la décrit avec une attachante
fidélité; il nous fait connattre les hommes qui la pro-
Yoquérent et ceux qui la soutinrent ; les grandes figures
de Colbert, du eardinal de Bonsv, des interdants
Besons, d'Aguesseau et Lamoignon de Bäville passent
sous nos yeux : puis, quand la lutte va cesser, quand le
364 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pouvoir monarchique l'emporte, et que, gagnés par la
faveur on intimidés par l'isolement et le silence qui se
fait autour deux, les états de la province du Languedoc
ne sont plus, au XVIII siècle, que le bureau d’enre-
gistrement des volontés royales, il est impossible , Mes-
sieurs, de ne pas se prendre à regretter, comme M. de
Meaux, ces nobles institutions que Île temps avait con-
sacrées, qui étaient en même temps un abri pour les
peuples et un frein pour les rois, et qui, réunissant
dans une harmonieuse unité les volontés et les vœux des
trois ordres qui composaient la France de cette époque,
noblesse, clergé et tiers-état, sauvegardaient tous les
droits, donnaient satisfaction à tous les intérêts, et sa-
vaient réunir à Ja fois les garanties de l’ordre et les
bienfaits de la liberté.
Votre commission vous propose, à l’unanimité, d’accor-
der à M. de Meaux le titre de membre correspondant de
la Société.
M. Giron fait un rapport très-favorable sur le recueil
de poésies ayant pour titre : Les Vellaviennes, et qui a
été présenté par M. Blanchot de Brenas comme titre
d'admission sur la liste des membres non résidants.
IL est ensuite procédé au scrutin et, à l'unanimité,
sont nommés : M. Béliben membre résidant, et MM. de
Meaux et Blanchot de Brenas membres non résidants.
A sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 7 MARS.
5 @ NE VE A HER H°.
Lecture du procès-verbal. — Nécrologies : MM. Richond des
Brus et Lobeyrac. — Ouvrages recus ; article de M. de Bastard sur
une statue de saint Robert attribuée au fondateur de la Chaïse-Dicu ;
article du Bulletin monumental sur la séance publique de la Société, cte.
— Envoi de douze exemplaires d'un atlas sur la géologie de la France
centrale par M. Poulett Scrope; lettre de ce savant anglais. — Si-
tation du drainage en France; lettre de M. Boulard-Moreau. — De-
mande de prime. — Pomme de terre Chardon ; allocation pour des
essais de culture. — Analyse des terres; commission nommée. —
Reboisement ; lettre de M. de l'Eguille ; prix des graines fsrestières.
— Article de la Revue des Deux-Mondes sur le groupe du lapitne et du
centaure, par M. Barye. — Offre par M. Jules Richond de donner au
musée le portrait de M. Jules Richond des Brus. — Relations à éta-
blir entre le Conité historique et les Sociétés savantes ; circulaire de
M. le Ministre de l'instruction publique. — Rapports à établir avec
la Société archéologique de l'Orléanais; lettre de M. le Président de
celte Socicté. — Lettre de M. le Préfet, relative à la comptabilité
des Sociétés agricoles. — Autre lettre de M. le Préfet au sujet des
fonds alloués à la Société par le Conseil général. — Nominalion des
membres du conssil d'administration. — Election du Directeur du
musée.
366 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
A trois heures, la séance est ouverte sous la prési-
dence de M. Ch. Cal. de Lafayette.
Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la
précédente séance, M. le Président rappelle la double
perte que vient de faire la Société dans la personne de
deux de ses membres résidants, MM. Richond des
Brus et Eugène Lobeyrac.
M. Richond des Brus, ancien député de la Haute-
Loire, docteur en médecine, inspecteur des eaux de
Néris, officier de l'ordre impérial de la Légion-d'Hon-
ueur, chevalier de l’ordre distingué de Charles INT (Es-
pagne), membre correspondant de l’Académie impé-
riale de médecine de Paris, de la société d'hydrologie
médicale, des sociétés de médecine de Bordeaux, Tou-
louse, Strasbourg, Metz, Marseille, de l'académie du
Gard, de l'académie des sciences et belles-lettres de
Dijon, des sociétés de Nantes, Mâcon, Agen, Aurillac,
Mende, de la société libre de Rouen (1), M. Richond des
Brus est décédé le 6 février 1856, à l’âge de 57 ans.
Durant le cours d’une carrièr: laborieuse et tour à
tour occupée par de hautes fonctions, M. Richond, l'un
des plus anciens membres de la Compagnie, lui avait
toujours gardé une part considérable de ses sollici-
tudes et de ses travaux. Après avoir longtemps rempli
(1) Ancien membre de la haute commission des études médicales,
ex-chirurgien aide-major de l'hôpital militaire d'instruction de
Strasbourg, ancien membre du Conseil général, ancien président de
la commnisson municipale provisoire et maire de la ville du Puy,
ancien secrétaire général de la préfecture de Ja Haute-Loire.
MARS, 307
dans son sein les fonctions de secrétaire, il n'avait ja-
mais cessé de donner à nos publications une collabora-
tion assidue. Les Annales de la Société contiennent
bon nombre de mémoires et notices où se révèlent,
tant au point de vue littéraire que scientifique, les
hautes aptitudes de son esprit.
En outre des écrits spécialement destinés à la So-
ciété, M. Richond des Brus avait également enrichi la
science médicale d'importants ouvrages qui ne sont
certainement pas oubliés.
Dans l’une et l’autre de ces catégories nous men-
tionnerons les suivants :
1o Mémoire médico-légal, approuvé par les médecins-
légistes des trois Facultés de médecine, qui démontra lin-
nocence de trois malheureux qui gémissaient depuis
trois ans au bagne comme coupables d’un prétendu as-
sassinat, et amena leur réhabilitation et leur mise en
liberté ; in-40; 1821; — 20 Mémoire sur les lurations
de la colonne vertébrale, considérées sous le point de
vue médico-légal :4822 : — 30 Mémoire sur l'efficacité
de l'iode dans le traitement de l’'uréthrite et des maux
vénériens; 1823; — 40 Mémoire sur les inaur véné-
riens et les avantages d'un traitement rationnel;
1824; — 50 De l'influence de l'estomac sur la produc-
tion de l'apoplexrie , ouvrage in-8e, couronné par la
Société de médecine de Bordeaux; 1824; — Go De la
non existence du virus vénérien, prouvée par l’obser-
vation, le raisonnement et lexpérience, avec un traité
pratique des maux vénériens ; 3 volumes in-8° ; 1826;
— To De l'influence de l'estomac sur la production des
affections cérébrales ; 1825 ; — 80 Olservations diverses
:68 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
sur l'utilité de l'iode; 1826; — 9 Mémoire sur les
combustions spontanées ; — 10° Histoire de trois cas
rares (arch. de méd.);, — 11e Listoire de divers cas de
gastro-entérites, colites , pneumonies, ete. (Journal
de la médecine physiologique); — 12e Observations
d'apoplexies dépendant de gastriteschreniques(ibidem) ;
— 130 Observations de maladies cancéreuses de la
langue et des lèvres (ibidem) ; — 14° Analyse du traité
des maladies rhumatoïdes, par L. Goss: (ibidem) ; —
150 Mémoire sur le choléra-morbus de l'Inde, ete. ; —
16° Biographie des médecins de la Haute-Loire ; 1833 ; —
1% Rapport fait à la chambre des députés sur la né-
cessité d'établir un hôpital militaire à Vichy; 1847; —
18° Mémoire sur l'influence du plaisir dans le traite-
ment des maladies ; 1828, 1840 et 1853.
Après avoir, comme il à été dit plus haut, occupé
des positions élevées dans l'administration départe-
mentale, M. Richond des Brus eut l'honneur de repré-
senter le département de la Haute-Loire à la Chambre
des députés, et il consacra dès lors une bonne part de
ses influences et de ses sollicitudes à protéger en toute
circonstance les intérêts de la Société. Ses démarches
actives nous valurent plus d'une fois de la générosité
du gouvernement des dons importants d'ouvrages et
objets d'art, et notamment le beau groupe en marbre
de la Charité, par M. Oudiné.
Tout récemment encore, tandis qu’il était inspecteur
des eaux de Néris, il nous adressait en manuscrit son
ouvrage historique et scientifique sur ces eaux ther-
males, lequel fut plus tard couronné par l’Académie
impériale de médecine de Paris et valut à son auteur
une grande médaille d'honneur.
MARS. 369
Le jour mème où mourait M. Richond des Brus,
M. Eugène Lobeyrac, juge au tribunal civil du Puy,
lui aussi un de nos collaborateurs assidus, trouvait à
l'âge de 50 ans une mort encore plus prématurée.
Comme pour M. Richond, il semblerait presque
inutile d'énumérer en détail les travaux par lesquels
cet honorable membre avait constamment contribué à
alimenter fructueusement nos séances et nos publica-
tions.
Jurisconsulte appliqué, également doué d’ardeur et
d'intelligence, M. Lobeyrac, prenant une part active
dans la discussion des questions générales, avait sur-
tout apporté d'utiles lumières dans l'étude de celles
qui rattachent plus particulièrement l’agriculture à la
législation. Sa perte sera surtout bien sensible dans le
sein de la commission chargée d'étudier et de recueillir
tous les documents concernant les usages locaux.
La Société n'avait pas besoin de ces rapides ré-
flexions sur la vie et les travaux de deux hommes con-
sidérables à des titres divers, pour sentir quel vide la
mort avait fait en un seul jour au milieu de ses rangs;
mais il importait que l'expression de ses très-vifs re-
grets fut succinctement consignée dans ses procès-
verbaux.
L'Assemblée unanime remercie M. le Président de
s'être fait de la sorte l'interprète de la pensée de tous.
OuvRAGES REÇUS. — M. le Président énumère les ou-
vrages reçus et signale en particulier ceux qui intéres-
sent les études de la Société.
TOME XX. 2%
370 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Le Bulleiin du Comité de l'histoire, de la langue et
des arts au ministère de l'instruction publique ren-
ferme un intéressantarticle par M. de Bastard, frère de
l'ancien préfet de la Haute-Loire; il à trait à une
image de saint Robert, sculptée en pierre et récem-
ment découverte. Les archéologues avaient fait d'in-
fructueuses recherches pour déterminer la véritable
attribution de ce saint. M. de Bastard est d'avis qu'il
s'agit de saint Robert, fondateur de l'abbaye de la
Chaise-Dieu (Haute-Loire).
Le Bulletin monumental, publié par M. de Gaumont,
contient un compte-rendu élogieux de la séance pu-
blique de la Société qui a eu lieu, en 1855, pendant la
tenue du Congrès scientifique.
Un excellent article du Moniteur des Comices si-
gnale l'influence de l'élément calcaire dans les en-
grais.
A l’occasion d’un autre article de la même publica-
tion, qui est relatif au moyen d'enlever l'odeur ce
certaines huiles, M. le Président dit que l’inconvé-
nient de cette odeur pourrait ètre la cause indirecte
du peu de progrès des cultures de colza dans nos con-
trées. Si la recette indiquée était réellement efficace,
on améliorerait ainsi une récolte qui, sous tant
de rapports, convient parfaitement aux besoins du
pays.
__ On trouve dans le Journal d'agriculture pratique
un article sur la culture du sorgho et sur le parti
v
MARS. ; 371
qu'il est possible d'en tirer au point de vue de
l'alcool.
M. de Brive donne communication d’une lettre
qu’en sa qualité de secrétaire général du Congrès il a
reçue d'un savant très-distingué d'Angleterre, M. Pou-
lett Scrope, membre du Parlement.
Par suite de diverses circonstances, cette lettre, datée
du 10 août 1855 et qui était destinée au Congrès scien-
tifique, n’est parvenue à M. de Brive que depuis quel-
ques jours.
M. Poulett Scrope lui annonce l'envoi de douze
exemplaires du grand et bel atlas qui accompagne son
ouvrage eur la géologie de la France centrale, avec des
explications sur cet atlas, que l’auteur à traduites en
français et fait imprimer exprès pour le Congrès.
À ce précieux envol est joint un Mémoire inédit sur
les phénomènes volcaniques et sur quelques-unes des
conséquences que l'on peut en déduire, destiné égale-
ment par l’auteur à être communiqué à la section des
sciences naturelles du Congrès. M. Poulett Scrope
adresse aussi une série de questions relatives aux phé-
nomènes volcaniques dont les effets se sont manifestés
dans les régions centrales de la France et en particu-
lier dans notre pays.
M. de Brive exprime ses regrets que l’arrivée tardive
de ces documents ne lui ait pas permis de satisfaire au
désir exprimé par leur illustre auteur, et il informe
la Société qu'il s'empressera de les insérer dans les pu-
blications du Congrès. Quant aux douze exemplaires
de l'Atlas géologique, dès qu'il les aura reçus, il priera
3172 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
la Société de désigner elle-mème les personnes aux-
quelles en pourra être faite la distribution.
L'Assemblée, très-reconnaissante et de ce don géné-
reux et du précieux témoignage d'adhésion que M. Pou-
lett Scrope a voulu donner au Congrès, approuve una-
nimement les intentions de M. de Brive.
AGRICULTURE. — M. le Préfet a envoyé en communica-
tion une lettre que lui a adressée M. Boulard-Moreau,
propriétaire-draineur et maire de Fontenoy ( Yonne),
pour lui demander des renseignements destinés à un
rapport sur la situation générale du drainage en
France. Ces données, concernant le département de la
Haute-Loire, sont énoncées dans une série de ques-
tions. M. Boulard-Moreau termine sa lettre en disant
que dans le département de l'Yonne, les opérations de
drainage marchent avec succès; il y a déjà 200 hec-
tares de terres drainées, six fabriques de tuyaux par-
faitement organisées et pouvant à peine suffire à
toutes les demandes.
« L'année 1856, ajoute-t-il, verra au moins doubler
l'étendue de nos terres drainées, parce que le public
agricole est convaincu que les terres drainées ont pro-
duit en sus de celles non drainées un minimum de 4 à
5 hectolitres de blé par hectare. »
Enfin le drainage revient dans l'Yonne à une
moyenne dépense de 190 à 200 francs l'hectare.
Conformément au désir exprimé dans cette lettre,
M. le Président est prié de transmettre à M. le Préfet
les réponses demandées, et qui ont été consignées dans
D
— —————
MARS. 373
le rapport de M. de Brive à M. l'Ingénieur en chef, lu à
la séance de janvier.
M. Adolphe Brotte, propriétaire au lieu d'Ourbe,
commune de Champclause, ayant fait acquisition
d’une charrue à double versoir, adresse une demande
de prime.
Renvoi à la commission des prix.
M. le Président signale une variété de pomme de
terre, dite pomme de terre Chardon, du nom de l'a-
griculteur qui l’a obtenue à la suite de plusieurs tenta-
tives de semis, et dont la culture paraîtrait devoir
être particulièrement avantageuse. Cette pomme de
terre est vivement recommandée par la Société d'a-
ericulture du Mans, d’après les communications de
M. Dugrip, l'un de ses membres. Il résulterait de quel-
ques essais que dans certains cas, il est vrai exception-
nels, son rendement aurait atteint le chiffre énorme
de 90 pour 1, tandis qu’en des conditions identiques
les variétés ordinaires n'auraient produit que 32 fois
la semence. Un tel résultat pourrait avoir une si haute
importance dans la grave question de l'alimentation
publique, que M. le Président pense qu'il y a lieu sans
doute de ne pas reculer devant quelques essais par-
tiels, lors même qu'on pourrait conserver quelque
méfiance sur la parfaite exactitude des chiffres énon-
cés. Il demande en conséquence à la Société si elle ne
serait pas d'avis de consacrer quelques fonds à l'ac-
quisition d’une certaine quantité de pommes de terre
Chardon.
314 RÉSUMÉ DES SÉANCE®£.
M. de Brive est d'avis que la Société fera bien de fa-
voriser l'essai de cette variété de pomme de terre dans
le pays, et il propose d’allouer à cet effet une somme
de cinquante francs. Cette proposition est adoptée.
La question de l'analyse des terres, qui, dans une
précédente séance, avait été recommandée aux études
de M. Regimbeau, est ensuite l’objet d'un débat au-
quel prennent part plusieurs membres. On émet l'o-
pinion qu’il conviendrait tout d’abord €’étudier à ce
point de vue les terres de première qualité, qui servi-
raient de types ; il y aurait lieu aussi d'analyser les di-
verses espèces de marnes qui, sur certains points de
notre pays, forment le sous-sol, et qui, par les tra-
vaux de culture, arrivent à constituer un des éléments
principaux des terres. Il résulterait peut-être aussi de
cet examen la certitude des avantages à retirer de nos
marnes en les employant comme amendement.
Ces considérations motivent la nomination d'une
commission, qui est composée de MM. de Brive, Chou-
von, Regimbeau , Joyeux ,Gatillon et Azéma.
Il est donné lecture d’une lettre par laquelle M. de
l'Eguille appelle l'attention de la Société sur l’exten-
sion progressive, dans la Haute-Loire, de la soumission
au régime forestier.
« Get accroissement, dit M. le Sous-Inspecteur des
forèts, de plus en plus considérable du sol forestier
exigerait l'emploi d’une somme plus forte que celle
qui a été affectée jusqu'à présent aux semis et
plantations, et il serait dès lors possible d'étendre en-
core les reboisements sur une plus grande superficie, »
4
>
MARS. 9319
Le conseil général affecte 1,000 francs à cet emploi
et la Société 500; l'insuffisance de cette somme totale
de 1,500 francs pourrait être signalée à M. le Ministre,
en lui demandant qu'il voulût bien, de son côté, porter
son allocation annuelle à un chiffre plus élevé qu’en
1855.
Gette proposition est prise en considération, et il sera
écrit dans ce sens à M. le Ministre.
Dans une autre lettre, M. le Sous-Inspecteur fait con-
naitre les prix de la sècherie de Haguenau pour les
graines forestières, d'après les renseignements qui vien-
nent de lui être fournis par M. le gérant de cette sè-
cherie.
Musée. — M. Souteyran signale à l'attention de
l'Assemblée un article de M. Gustave Planche,
inséré dans la Revue des Deux-Mondes, et qui peut
donner une idée du haut prix de l’une des œuvres
d'art que possède le musée. Il s’agit du groupe repré-
sentant un lapithe combattant un centaure, par
M. Barye. Il faut regretter seulement qu'entrainé par
son admiration pour un talent hors ligne, l'auteur de
l'article ait exprimé le regret que le chef-d'œuvre de
Barye ait été donné par le gouvernement au musée du
Puy, au préjudice du palais des Tuileries où, à son avis,
il aurait été plus dignement placé.
Voici en quels termes s'exprime M. Gustave Planche
dans cet article qu'il a écrit à l'occasion de la statue de
François Ier, destinée à décorer la cour du Louvre et
dont l'exécution a été confiée à M. Clésinger :
376 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
... Toutes les cenditions que je viens d'énumérer,
qui semblent au premier aspect si difficiles à réaliser, se
trouvent pourtant réunies dans un homme dont le nom
commence à devenir populaire, mais qui n’a pas encore
été encouragé selon la mesure de son mérite. C'est à
peine si quelques travaux lui ont été confiés, et ses débuts
remontent à l’année 1831. Après une lutte soutenue sans
relâche pencant 25 ans, le nom de Barye se fait enfin
jour; on s'aperçoit qu’il possède un savoir profond, un
talent souple et varié. C’est un peu tard sans doute, mais
l'heure est venue de réparer les injustices du passé. Les
hommes du métier savent ce que vaut Barye, le publie
ne le sait pas encore complètement. Bien des occasions
ont été négligées dont cet artiste émirent aurait digne-
ment profité. Quand il s'agissait de l'achèvement de
l'Arc-de-l'Etoile, les promesses ne lui ont pas manqué;
on lui a demandé des esquisses, et les promesses sont
demeurées sans résultat. On a confié la bataille de
Jemmapes à M. Marochetti, la bataille d’Austerlitz à
M. Gechter, et Barye n’a rien obtenu dans la décora-
lion de cet immense monument. Ceux qui connaissent
l'histoire anecdotique des artistes contemporains se rap-
pellent avee amertume toutes les intrigues ourdies pour
l’ensevelir dans l'obscurité. Des hommes d’une habileté
réelle, mais d’un caractère envieux, dont je veux taire Île
nom, ont abusé longtemps l'administration sur la va-
leur et la portée de ce talent, qui est dès à présent et
qui sera pour la postérité un des plus grands et des
plus purs de l’école française. Pendant toute la durée du
règne de Louis-Philippe, Barye a été considéré comme
un sculpteur de genre, C'est à peine si quelques esprits
MARS. AT
clairvoyants et désintéressés se permettaient de le recom-
mander à l’administration : on prenait leur réclamation
pour un engouement paradoxal. Aujourd’hui la vérité
frappe les yeux les mieux exercés, mais ce talent de pre-
mier ordre n'a pas encore trouvé son emploi. Le duc
d'Orléans avait eu l’heureuse pensée de demander à
Barye des groupes d'animaux qui sont aujourd’hui dis-
persés et qui devraient figurer au musée du Luxem-
bourg. Ces groupes ont appris aux plus ignorants, aux
plus incrédules que le prétendu sculpteur de genre est
capable des plus hardies conceptions, et que sa main
obéit docilement à sa volonté, Les chasses au tigre, les
chasses au lion, destinées à récréer les yeux des convives
du prince, auraient été pour les jeunes sculpteurs un su-
jet d'étude profitable, et je regrette pour ma part qu’elles
soient dispersées.
Paisqu'on ne peut effacer le passé, qu'on se hâte du
moins d'employer pour la décoration de nos monuments
ce talent si fin et si vrai qui ne s’est pas encore révélé
avec une entière liberté. Qu'on lui demande desstatues
et des bas-reliefs; qu'on lui permette d'exprimer sa
pensée par le bronze et par le marbre, sans lui assigner
les limites étroites qu'il n'a pu franchir jusqu'ici. Les
statues équestres de Louis XIV et de Napoléon sont une
excellente occasion; personne mieux que lui ne pourr:
satisfaire aux conditions de ce double programme. Si ces
deux figures sont déjà commandées, dans une ville
comme Paris il ne sera pas difficile de trouver une oc-
casion équivalente. Les Tuileries, les Champs-Elysées,
le Luxembourg offrent un vaste champ, et nous n'avons
de lui que deux lions dans nos promenades publiques,
378 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
C'est aux Tuileries que devrait ètre placé le groupe
du lapithe et du centaure enfoui dans le musée du Puy.
Pourquoi ne demanderait-on pas à l’auteur de cet ad-
mirable ouvrage un groupe de Nessus et Déjanire qu'on
placerait dans le jardin des ETuileries ? Ce serait une ré-
paralion équitable, éclatante, à laquelle tous les bons es-
prits applaudiraient.
Après cette lecture, M. le Président rappelle qu’en
la qualité qu'il avait alors de directeur du musée du
Puy, il a cru devoir, par une réponse immédiate
adressée dans le journal /« Haute-Loire à M. Gus-
tave Planche, protester contre le système en vertu
duquel les chefs-d'œuvre ne pourraient être convena-
blement placés qu'à Paris, et les musées de province,
par conséquent, n'auraient d'autre destination que d’a-
briter les médiocrités sans valeur dont Paris n'aurait
pas voulu.
Le musée äu Puy n'avait pas attendu le manifeste de
M. Planche pour apprécier comme il était convenable le
beau groupe dû à la générosité du gouvernement par
l'heureuse et intelligente initiative de M. le marquis
de Latour-Maubourg ; et les remerciments adressés à
l'honorable député de la Haute-Loire, après la réception
du centaure, témoignent que la Société avait juste-
ment proportionné l'expression de sa gratitude au
mérite du chef-d'œuvre d’un grand maître.
M. Aymard complète ces observations en rappelant
encore que c'est au goût éclairé pour les beaux-arts
de M. le marquis de Latour-Maubourg qu'il faut faire
honneur du choix d’un si remarquable ouvrage. Il est
permis de voir aussi dans un don d'une valeur artis-
ue - Te een
MARS, 379
tique exceptionnelle les intentions si intelligemment
décentralisatrices qu'a voulu manifester, dans cette
circonstance , le ministère d'Etat.
Le gouvernement ne se méprenait certainement pas
sur le haut mérite du groupe de M. Rarye; mais il a
très-sagement pensé que la province méritait aussi
d'être puissamment encouragée dans les efforts géné-
reux qu'elle fait pour s'initier à la culture des arts et
aux progrès de la civilisation.
Certes, M. le Ministre ne pouvait, pour donner un
témoignage de sa munificence, choisir un musée dé-
partemental ni plus intéressant par le choix des œuvres
artistiques et la riche diversité des collections , ni plus
entouré de la sollicitude de l'administration et des
sympathies du public. Sachons donc apprécier le sen-
timent élevé qui a inspiré au gouvernement la pensée
de doter notre musée d'un nouveau chef-d'œuvre, et
protestons avec M. le Président contre les tendances
des écrivains d’ailleurs très-distingués pour lesquels
la France ne s'étend pas au delà de l’étroite enceinte de
Paris.
L'Assemblée adhère unanimement aux vues expri-
mées par les préopinants.
ILest donné lecture d’une lettre par laquelle M. Jules
Richond , rendant hommage à l'intention manifestée
par la Société de consacrer une des salles du Musée à
recevoir les portraits des hommes qui ont rendu des
services au pays, offre de faire exécuter et de donner
au musée le portrait de M. Richond des Brus, si toute-
fois la Société pense que cet ancien député de la Haute-
Loire ait droit à cet honneur.
380 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Cette proposition est appuyée par plusieurs mem-
bres, qui rappellent les actes par lesquels M. Richond
des Brus avait manifesté son dévouement actif et intel-
ligent aux intérêts du pays, et en particulier sa sollici-
tude pour le musée et la Société, dont il avait été l’un
des officiers. Comme M. le marquis de Latour-Mau-
bourg, il avait porté dans les ministères les justes do-
léances de la province trop souvent délaissée, et il était
rare que le gouvernement ne leur donnât pas les
satisfactions demandées.
En conséquence de ces observations, l’Assemblée
agrée avec reconnaissance l'offre généreuse qui lui est
faite par M. Jules Richond.
Ogsers nivers. — M. le Président donne communica-
tion d’une circulaire de M. le Ministre de l'instruc-
tion publique, qui est relative aux rapports à établir
entre les Sociétés savantes et le Comité de l’histoire,
de la langue et des arts institué près-de son ministère.
_ M.le Ministre a décidé que les publications de ces
Compagnies, qui se rattachent à la philologie, à lhis-
toire ou à l'archéologie nationales, seront examinées
par une commission choisie dans le comité, qui en
rendra compte chaque mois en assemblée générale.
Entre autres avantages, les Sociétés savantes trouve-
ront dans ces rapports d’utiles éléments de publicité
ajoutés à ceux que M. le Ministre a bien voulu leur
offrir en fondant la Revue des Sociétés savantes.
Par la même circulaire, M. le Ministre réclame
l'envoi régulier de deux exemplaires des publications
des Sociétés.
MARS. 381
L'Assemblée accueille avec empressement les offres
de M. le Ministre , et, conformément à ses instructions,
des relations suivies seront entretenues avec le comité
historique.
Il est, en outre, décidé que la Revue des Sociétés
savantes sera demandée à M. le Ministre.
M. le Président de la Société archéologique de l'Or-
léanais écrit que cette Compagnie tiendrait à honneur
d'entrer en relation avec la Société académique du
Puy, etiloffre, si cette proposition est agréée, d’é-
changer les publications.
À cette lettre est joint un bon pour retirer le deuxième
et le troisième volume des mémoires de cette Société,
le premier étant épuisé.
Cette proposition est accueillie très-favorablement.
OBJETS D’ADMINISTRATION. — Il est donné lecture de
deux lettres de M. le Préfet. L'une contient des instruc-
tions relatives aux justifications déterminées par les
règlements de la comptabilité publique pour l'emploi
des fonds mis par avance à la disposition des Sociétés
et comices agricoles.
L'autre lettre concerne les allocations votées par le
Conseil général en faveur de la Société, et dont M. le
Président avait demandé les mandatements.
Ces crédits ont été ordonnancés, à l'exception de
celui qui à trait aux chemins vicinaux, qui a bien été
alloué par le Conseil général, mais que l'insuffisance
de ressources n’a pas permis d'inscrire au budget.
382 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
M. Aymard signale à cette occasion les chemins ru-
raux, qui ne reçoivent aucun secours ni des communes,
ni du département et qui sont entièrement à la charge
des propriétaires. L'entretien et l'amélioration de ces
chemins sont très-importants au point de vue des pro-
grès de l’agriculture, et il serait peut-être à propos,
dans les prochains budgets de la Société et dans les
demandes à soumettre au Conseil général, de se préoc-
cuper des encouragements à accorder aux propriétaires
pour ces sortes de chemins.
ÉLECTIONS. — Il est ensuite procédé à l'élection de
deux membres du conseil d'administration.
Sont unanimement réélus, MM. Joyeux et Plantade.
L'ordre du jour appelle également la nomination du
Directeur du Musée, en remplacement de M. Ch. Cal, de
Lafayette, nommé Président de la Société.
L'opération du scrutin donne l’unanimité des voix,
moins une, à M. Vibert, qui est nommé Directeur du
musée.
L'élection des conservateurs est ajournée à la pro-
chaine séance.
À 7 heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscan BONNET.
SÉANCE DU 3 AVRIL.
SORINIAERE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus ; mémoires envoyés
par M. Ph. Hedde. — Mention de la statue de la sainte Vierge du
Puy dans le Bulletin montwmental; mémoire sur les anciennes juridic-
tions; rapport sur la pomme de terre Chardon; sociétés d'assurances
contre la gréle; études sur le marnage; procédé pour activer la ger-
mination des graines; œuvres de M. le baron de Stassart données par
le gouvernement. — Demande d'échange de publications par la So-
ciété d'agriculture de la Haute-Garonne. — Décision pour acquérir
l'Art de découvrir Les sources, par M. l'abbé Paramel. — Subvention
de 5,000 francs accordée par M. le Ministre de l’agriculture. — Com-
mission nommée pour l'envoi de produits agricoles au concours uni-
versel, — Demande de prime pour défrichement. — Rapport de
M. Regimbeau sur l'analyse d’une terre arable (sol médiocre). —
Rapport de M. Borie sur l'hip; ophagie. — Prix décernés par la So-
ciélé protectrice des animaux ; lettre de cette Société et de M. le Pré-
fet. — Vœu de la Société pour la suppression du marché de Poissy ;
lettre du Comice agricole Se Saint-Quentin. — Commencement d’ex-
ploration de l’abime de Polignac ; communication de M. Robert. —
Discours par M. Béliben sur la philosophie cartésienne et sur l’Anti-
Lucrèce du cardinal de Polignac. — Remerciments du Comice agricole
d'Yssingeaux pour l'envoi des Annales, et nomination par le Comice,
comme membres d'honneur, des Présidents de la Société. — Avis du
conseil d'administration sur les propositions faites à l’une des précé-
dentes séances ; changement du jour des séances; assistance de la So-
384 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ciété aux obsèques de ses membres ; admission au musée des portraits
des hommes illustres du pays; votes de la Société. — Demande d'ad-
mission par M. Louis Paul au titre de membre résidant.
Atrois heures, la séance est ouverte sous la prési-
dence de M. Ch. C. de Lafayette.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
Ouvraces REÇUS. — M. le Président énumère les
ouvrages reçus depuis la dernière séance. Au nombre
de ces publications, on remarque trois mémoires pu-
bliés à Nîmes, par M. Philippe Hedde, membre non-
résidant de la Société : fe Rapport sur les eaux de
Grezan ; 2° Notice sur les dentelles et tissus à maille ;
30 Parallèle de Vaucanson et Jacquard.
L'envoi de ces mémoires estaccompagné d’une lettre
de M. Hedde, dans laquelle ce membre, après avoir
exprimé le regret que ses occupations le tiennent
éloigné de la Société, aux travaux de laquelle il s’inté-
resse vivement, appelle spécialement l'attention de la
Compagnie sur son travail relatif à la conduite des eaux
de Grezan. Il pense qu'au moment où la ville du
Puy se préoccupe de l'érection de la fontaine monu-
mentale qu’elle devra à la munificence de Crozatier,
|
|
|
|
AVRIL. 385
l’'administralion pourrait mettre à profit les rensei-
gnements consignés dans ce mémoire.
Le Bulletin monumental, publié par M. de Caumont,
mentionne la souscription ouverte pour l'érection, sur
le mont Corneille, de la statüe de Notre-Dame du
Puy, à laquelle il accorde, conformément aux vieilles
traditions, le titre de Notre-Dame de France ; il ex-
prime en même temps les plus vives sympathies pour
le succès de cette grande œuvre, qui intéresse à la fois
la religion et l’art.
Les Mémoires de la Société des Antiquaires de
l'Ouest contiennent un travail important sur les an-
ciennes juridictions des provinces, et notamment sur
l'établissement et les attributions à la fois judiciaires et
politiques des présidiaux. M. le Président recommande
ce travail à l'attention de ceux de nos collègues qui
voudraient bien s'occuper , au point de vue de notre
histoire locale, d’études du même genre. Il fait ob-
server que, dans les pays d'états, sous l'influence de
constitutions plus libérales et grâce à la représenta-
tion des trois ordres dans les ass: s (2 la pro-
vince, les grandes existences féodales ont dû , plutôt
qu'ailleurs, se soumettre à l’empire de la loi. L’arbi-
traire et les tyrannies de la force brutale ont, plutôt
qu'ailleurs, trouvé dans les diverses juridictions une
répression efficace. Il en est résulté de bonne heure,
au profit de la magistrature, un rôle plus considérable,
plus indépendant, une action plus régulière, et aussi
des droits et des privilèges sérieux consacrés par le
respect et la confiance des populations.
TOME XX. 25
386 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Un trouve, de ces faits, une preuve manifeste qui
devient en mème temps un sujet de légitime fierté
pour notre ancien Velay, dans l'effort que font à plu-
sieurs reprises les habitants de diverses localités,
placées aux confins du Velay et de l'Auvergne ou du
Forez, pour être agrégés à la province du Languedoc,
dont ils prétendent avoir été indüment distraits par
des démembrements non justifiés, ou des empiète-
ments arbitraires des provinces voisines.
Ces aperçus indiquent suffisamment la haute im-
portance d’un examen approfondi des aneiennes in-
stitutions du pays; et il est à désirer que les documents
concernant un sujet si intéressant, recueillis avec
soin par le concours de tous les hommes d'étude que
la Société a l'avantage de grouper dans son sein, per-
mettent prochainement à l’un d'eux de produire au
moins une monographie suffisante de nos magistra-
tures locales ; monographie qui ne serait certainement
pas sans valeur pour l'histoire générale elle-même.
Un rapport de M. Rendu, inspecteur général d'’a-
griculture, envoyé à la Société par M. le Ministre d’a-
griculture, traite de la pomme de terre Chardon.
Le Bon Cultivateur de Nancy recommande les éta-
blissements d’assurancescontre la grèle et, entre autres,
la Providence agricole, qui procède par le système de
la mutualité.
Le dernier numéro du Sud-Est, journal agricole
de lisère, signale des études très-sérieuses sur le
marnage, qui ont lieu dans ce département , sous les
auspices du Conseil général.
AVRIL, 387
Un procédé nouveau pour favoriser la germination
des graines est indiqué dans le Bulletin de la Société
impériale d'Agriculture. Ce moyen serait d'autant
plus précieux, qu'au dire du rapporteur il réussirait
mème pour les graines avariées.
M. le Ministre de l'instruction publique a écrit à
M. le Président pour l’informer qu'il met à la dispo-
sition de la Société un exemplaire des œuvres de M. le
baron de Stassart.
Ce don est accueilli avec reconnaissance par la
Société.
La Société d'agriculture du département de la Haute-
Garonne, par une lettre de son secrétaire général dont
il est fait lecture, demande l'échange des publica-
tions.
Cette proposition est agréée.
M. de Brive propose de faire l'acquisition de lou-
vrage publié par M. l'abbé Paramel et ayant pour
titre : l'Art de découvrir les sources.
L'Assemblée adhère également à cett: co En.
AGRICULTURE. — M. le Ministre de l’agriculture,
dans une lettre adressée à M. le Président, lui fait
connaître qu'il accorde à la Société une subvention
de 3,000 francs à employer dans l'exercice courant.
A l’occasion de la réception du programme du con-
cours universel d'animaux reproducteurs, d’'instru-
388 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ments et de produits agricoles, qui doit avoir lieu à
Paris du 23 mai au 7 juin, M. le Président appelle
l'attention de la Société sur les avantages qu'il v aurait
à ce que le département fût représenté dans cette im-
portante exposition au moins par des céréales et lé-
gumes secs. Il propose, en conséquence, de nommer
une commission qui serait chargée de réunir des spé-
cimens de tous les produits du pays qui lui parai-
traient les plus dignes de figurer au concours, et de
les envoyer à Paris au nom de la Société.
L'Assemblée, s'associant à cette utile pensée, nomme
membres de la commission MM. Ch. C. de Lafayette,
de Brive, Chouvon , Dumontat et Robert.
Divers membres s’'empressent de fournir à la com-
mission d’intéressants renseignements sur divers pro-
duits nouvellement introduits dans le département.
M. le marquis de Ruolz, en particulier, propose d’en-
voyer au concours des spécimens d'orge-chevalier,
dont le grain est plus blanc et plus beau et le rende-
ment plus considérable que pour la plupart des au-
tres orges du pays. Il signale aussi une nouvelle va-
riété de pommes de terre dites roscovites, qui sont très-
peu sujettes à la maladie.
Il est donné communication d'une demande de pri-
me par M. Brustel Marv, propriétaire à Varennes,
commune de Ferrussac, pour défrichements.
Renvoi à la commission des prix.
CHIMIE AGRICOLE. — Il est donné lecture de la notice
suivante que M. Regimbeau a adressée à M. le Pré-
sident :
DO 2 RE à Le
AVRIL. 389
MESSIEURS,
Avant de nous livrer à l'analyse de la terre que
nous avons eu à examiner, pour en déduire plus tard
des conséquences théoriques et pratiques par la con-
naissance exacte de sa composition propre, en la
comparant à la composition d’autres terres ou sols
arables réputés riches ou fertiles, nous avons dû lui
faire subir quelques opérations préalables; une des-
sication convenable, par exemple, afin de Ia débarrasser
de toute son humidité, et un lavage aussi fait avec
soin, pour lui enlever ou en séparer le sable siliceux
assez fin qu'elle contient dans la proportion d'un
1/3 de la silice y existant et qui ne fait point partie
constituante de l'argile qui entre dans la composition
de la terre (1). Cela fait, nous avons jeté sur un
filtre, et la terre recueillie et desséchée une seconde
fois, nous avons procédé à son traitement par l'acide
chlorhydrique bouillant, après avoir calciné préalable:
ment la terre dans un creuset jusqu'au ronge, pour
la débarrasser entièrement de Ia matière organique,
qui fournit des dissolutions colorées avec cet acide (2).
(1) L’argile peut contenir jusqu’à 75 p. 010 de silice; mais
cest là la plus forte proportion qu'on y a trouvée. La compo-
silion peut varier ainsi à l'infini dans les terres.
(2) La terre avait perdu par la caleination trois parties de son
poids primitif, soit une partie de matière organique et deux
parties d'acide carbonique, lun des composants du carbonate de
chaux, qui entre aussi dans sa composition, et dont nous avons
déterminé, sauf erreur, la proportion par une opération préliminaire,
en traitant la terre tout d'abord par l'acide nitrique, ete. Plus loin,
nous dirons pour quelle rasou. Un mot suffit pour le moment.
390 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La dissolution chlorhydrique un peu étendue, et qui
nous a donné aussi avant, et incidemment, un précipité
de sulfate de chaux par sa concentration, l'acide chlor-
hydrique du commerce contenant loujours un peu
d'acide sulfurique, et a été décomposée par le bicar-
bonate de potasse, suivant le procédé de Lassaigne,
afin de précipiter tous les oxydes dissous par l'acide,
et que la terre ou sol arable peut contenir et qu'il
contient ordinairement, tels que la chaux, l'alumine
et l’oxyde de fer, tandis que la magnésie (oxyde de
magnésie) reste dans la dissolution filtrée, lorsqu'il
s'en trouve dans la terre; et s'en sépare en faisant
bouillir la liqueur (1).
Inutile de dire que le résidu du traitement par
l'acide chlorhydrique représente la silice contenue dans
la terre, après l'avoir lavée et séchée, et qui était com-
binée avec l’alumine.
Le précipité formé par le bicarbonate de potasse , re-
cueilli sur un filtre et lavé, a été traité encore hu-
mide par la potasse caustique qui a dissous l’alumine
‘oxyde d'aluminium), laquelle a été ensuite éliminée
par l’hydrochlorate de potassium ; il y a dégagement
d’ammoniaque , et l’alumine, qui était dissoute à Ja
faveur de la potasse pure, se précipite à l’état gé-
latineux. On a lavé à l’eau distillée et on a fait des-
sécher l’alumine, obtenue aussi sur un filtre. La
portion insoluble du précipité, qui ne contient que
le péroxyde de fer et du carbonate de chaux, a été
redissoute par l’acide chlorhydrique; on a séparé Île
(4) La terre examinée ne contenait point de magnésie.
— —-
AVRIL, 391
premier oxyde par l’ammoniaque, après avoir étendu
la dissolution avec l’eau distillée, et il est resté dans
la liqueur surnageante la chaux {oxyde de ealcium),
qui à été précipitée à son tour par le carbonate de
potasse, formant un carbonate de chaux, qui a été
lavé et desséché (1).
Nous nous bornons, aujourd'hui, à donner les ré-
sultats de notre analyse et à décrire d'abord le pro-
cédé que nous avons suivi pour analyser la terre en
question , en indiquant ou en mieux précisant certains
détails d'une opération qui demande les plus grands
soins, comme toutes les analyses chimiques en général,
et en mentionnant aussi les modifications que nous
avons cru devoir apporter au procédé de Lassaigne.
On doit éprouver nécessairement, en suivant ce pro-
cédé, une perte sur la quantité de chaux carbonatée
contenue dans la terre et par les différentes mani-
pulations qui en sont la suite, le carbonate de chaux
n'étant pas un composé absolument insoluble à l’eau
dans certaines circonstances qui peuvent favoriser sa
dissolution , et lorsqu'il y a surtout une série de trai-
tements ct de lavages à faire.
(4) Nous n’avons pas retrouvé les huit parties pour 0j0 de
chaux carbonatée , qui doivent entrer probablement dans la
composition de la terre, d'après un premier essai que nous avons
fait. Voilà pourquoi, nous le répétons, on doit déterminer à
l’avance, et par une opération préliminaire, la proportion de
carbonate de chaux existante dans la terre, en la traitant par
l'acide nitrique concentré, filtrant et lavant le résidu à Peau
distillée, qui doit étre pesé apres avoir été desséché, pour constater
la perte ou la différence en poids apres opération , le nitrat?
de chaux formé restant dans Ja liqueur.
392 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Résultat de l'analyse de 25 grammes de terre
desséchée (Brive).
Sur 25 grammes , on a lrouvé :
Sable siliceux fin obtenu par le lavage..... 58 »
Silice faisant partie constituante de l'argile
contenue dans latente... etc. lo
Alumine pure {oxyde d’aluminium)....... 2 »
Carbonate et sulfate de chaux. ........... 1 (p.2.)
Oxyde de fer carbonaté................. 1 À
Humus ou matière organique, et perte en
carbonate calcaire probablement........ » 6
Sur 100 grammes :
Sable SICEUXS Se 2 sperme Ne AUD
SUITE 26 = as ee in sercct muni ce Et EE 0 D ARE
ATUINE DUTE Lee st SD ER ARONE
Carbonate et sulfate de chaux........... #4 (p.8.)
Obyderde fErICATDONAIES ee. ere CERN
LE ONU ERRONÉE QT
100 »
Cette analyse ne ressemble à aucune de celles que
nous connaissions, étant d’ailleurs pour la plupart
incomplètes, et ne mentionnant dans la composition des
terres que trois substances : le sable siiiceux, le car-
bonate de chaux, l'argile ou l’alumine indifféremment,
qui en font cependant la base. Cette dernière sub-
stance, l’alumine , a été obtenu: par Bergmann, Davy,
Chaptal; du mo’ns c'est ainsi qu'ils le rapportent
AVRIL. 393
dans leurs analyses; ce que n'ont pas fait MM. Tillier,
Drappier et autres, qui parlent d'argile, ce qui est
bien différent.
Quant à nous, Messieurs, nous avons cru devoir
vous présenter le résultat ou les produits de l'analyse
que nous avons eu à faire, où que l’on a bien voulu
nous confier, en décrivant le procédé que nous avons
suivi, qui n'est autre que celui de Lassaigne, rap-
porté dans le tome Ier de l’onvrage intitulé : Maison
rustique du XIXe siècle, et qui a été modifié er
partie par nous; en entrant aussi dans les détails les
plus minutieux de manipulation, que l'auteur à né-
gligé d'indiquer, surtout pour les lavages des divers
précipités, et j'espère les obtenir constamment purs,
ainsi que les produits, les réactifs devant servir de
guide à cet effet et toujours.
Comme on le voit par les chiffres inscrits de l'analyse
ci-contre, aucune terre analysée n’a présenté, comme
nous allons le voir, une aussi forte proportion de
silice, en ne tenant pas compte même du sable si-
liceux , la composition des terres pouvant du reste
varier aussi à l'infini.
Bergmann à obtenu de 100 grammes de terre :
SiNCe 2... O6EL
J'EN AE ASE ne EU loce ne Its eee ete e D De 0)
MB Poire ne. 00 Mégil, 9 PUMA
ana {Pouraine)... 0.44... 46 1»
DER RAR QAUIN, Eur CLÉS
Ppnier silice étsable 220% 10e dy
Jiegimbeau, silice combinée avec l’alumine
préalablement, (20 gr. sablesiliceux). 60 »
394 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Joyeux, sable siliceux.................. 80 »
Bergmann........ alumine. .......... 1% »
Davy............. id. (Etait-elle pure?) 39 »
Chaptal (Loire)... id...,............ 21 0»
Chaptal (Touraine)... id................ 10
Dilliersi se. sx argile. 4:45 crc0 ar
Drappier, cité par Girardin, argile........ 35 »
Regimbeau , alumine pure (oxyde d'alu-
minium). — (Barr. 14, Chap. 10,..... 8 »
Joyeux , argile ou alumine...... RASE TS
Bergmann, calcaire (carbonate de chaux). 30 »
Davy... AA. dit nome Dee S IE
Chaptal (Loire)........ id... 19
Chaptal (Touraine)... id..….,.......... 25 »
Tillienase escorte. losméthe re. sec OI
Drappier......s...….. TRE US D ste T0)
Regimbeau, carbonate et sulfate de chaux. 4 (p.8.)
Joyeux , carbonate de chaux..............…. 3
TERRE (Brive).
Regimbeau , oxyde de fer carbonaté..…...…. 5 6
— HUMUS EL PET Lee racreeoussce MANQUE
Joyeux, RUSSES
— oxyde de fer et perte... 2 »
M. Désauvillers, dans un travail sur les engrais et
les amendements, qui a élé couronné par la Société
industrielle de Mulhouse, donne les proportions sui-
vantes pour la qualité des terres ou sols arables.
Est-ce bien exact ? Il serait permis d'en douter, en
comparant entre eux les rapports des quantités et des
proportions relatives, indiqués par M. Désauvillers
— —-
AVRIL. 395
pour chaque nature de terre. Aussi ce travail nous
a-t-il donné l'idée d'étudier les terres au point de
vue de leur composition chimique , afin d’avoir des
types ou termes de comparaison pour chaque nature
de terre : sol sablonneux ou siliceux, sol argileux,
sol calcaire, sol volcanique, sûl d’alluvion; et pour
pouvoir aussi amender convenablement , le cas échéant,
les terres ou sols qui en seraient susceptibles. D'où le
titre que nous avons adopté pour l'étude que nous
nous proposons de faire, el qui estgainsi conçu : De
la richesse relative des sols ou terres arables, sui-
vant les proportions des divers éléments ou bases
chimiques qui les constituent.
M. Désauvillers donne les proportions suivantes pour
les différentes qualités de terre :
Sol riche, sur 100 parties.
É RR lidle s braln senennele egee cire 0e 20
Alumine. — Argile pluiôt.............. 60
Calcaire (carbonate de chaux). — Opposé
à la terre Brive (60 silice). ......... 10
EEE UN St que core dotasrgpe vmeleislesfe 10
100
Sol bon, sur 100 parties.
MR ht jeta due ae jets ejeneie 15 30
LUTTE VOS RP 30
Caleaire. — Meilleure proportion, d'après
A nr Mio bases or 25
RP Se uma aiqur obres 15
396 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Sol médiocre , sur 100 parties.
LE RO A DE LE nn A RES 40
Alumines tite tee eme relie 10
Caleaire- te: PES arte sen nee at en AU 50
Humus (quelques atomes).
100
Que conclure maintenant d’après le résultat de l’a-
nalyse que nous avons faite de la terre qui nous avait
été remise par M. de Brive, el qui, soit dit en
finissant, présentait une si grande compacité que nous
avons eru tout d'abord devoir l’attribuer à l'argile
qu'elle contenait? C’est que celte terre renferme une
trop grande proportion de silice combinée et de fer,
eu égard à la quantité de calcaire qui en fait partie,
ce qui la rend très-compacte par ecla même, par sa
ténuité aussi, et peu propre à se laisser pénétrer par
l’eau et par l'air atmosphérique, principes vivifiants
des terres. Cette terre serait done susceptible d’être
amendée par la chaux ou bien par la marne calcaire,
pour la rendre plus poreuse, et en lui faisant subir,
au besoin, l'opération de l’écobuage, si toutefois il y
avait possibilité de le faire par la nature du terrain.
Il y à des moyens pour cela, quand bien même la
terre ne serait pas gazonnée ou couverte d'herbe.
Economie PugLique. — M, le docteur Borie, dans un
rapport plein de savantes rechcrehes, expose les avan-
tages que pourraient trouver les populations dans l’u-
sage de la viande de eneval.
AVRIL. 397
Ce travail comportant des développements histori-
ques et des considérations nombreuses, est renvoyé au
conseil d'administration pour être inséré aux An-
nales.
M. le Préfet écrit pour soumettre à la Société une
lettre qu'il a reçue de M. Je Secrétaire général de la
Société protectrice des animaux.
Elle est relative aux prix que la Société décerne
chaque année aux cochers, palefreniers, charretiers,
bergers, garcons et servantes de fermes, conducteurs
de bestiaux, garcons bouchers, à toute personne enfin
qui a fait preuve, à un haut degré, de bienveillance,
de bons traitements et de soins assidus envers les ani-
maux.
Cette Société accorde aussi des récompenses aux
inventeurs d'appareils destinés à diminuer les souf-
frances des animaux ef aux auteurs de publications
utiles au développement de son œnvre.
L'Assemblée, désireuse de s'associer aux vues géné-
reuses de cette association, décide qu'il leur sera
donné de la publicité dans les journaux du dépar-
tement.
Le Comice agricole de Saint-Quentin, dans une let-
tre de son ?résident, exprime l'intention @e solliciter
la suppression du marché de Poissy, suppression qui
lui paraît être motivée par des considérations d'utilité
générale, principalement au point de vue des intérêts
de l’agriculture. Le Comice espère que les associations
agricoles joindront leur concours à ses efforts pour la
réalisation de cette mesure.
398 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
L'Assemblée, après en avoir délibéré, considérant
que par suite de l'établissement de chemins de fer
desservant la Haute-Loire, notre département aura
un jour intérêt à la suppression du marché de Poissy,
émet un vœu favorable à la proposition du Comice de
Saint-Quentin.
ARCHÉOLOGIE,. — M. Robert, qui a bien voulu se
charger, en sa qualité de membre de la Société et de
maire de la commune de Polignac, de diriger les tra-
vaux de déblai de l'abîime de Polignac, annonce que
ces travaux ont été commencés lundi dernier 31 mars.
Dix ouvriers y sont employés et toutes les mesures
sont prises pour que cette intéressante opération soit
conduite activement.
LirTÉRATURE. — M. le Président donne la parole à
M. Béliben, qui a été admis au titre de membre rési-
dant dans la précédente séance.
Ce membre prononce le discours suivant, dont la
pensée lui a été inspirée par la publication récente
d’un ouvrage sur la philosophie cartésienne, par
M. Bouillier, professeur à la Faculté des lettres de
Lyon, à l’occasion duquel M. Béliben s’est proposé
l'examen des doctrines de la philosophie cartésienne
et une appréciation philosophique sur le cardinal de
Polignac et sur son poème de l’Anti-Lucrèce :
MESSIEURS,
Le premicr mot que je prononcerai ici, sera pour
vous remercier de l'honneur que vous m'avez fait de
ne
AVRIL. 399
m'admettre dans votre Compagnie; je me félicite d'au-
tant plus d’avoir recherché ce lien de confraternité qui
m'unit à vous, que, par une récente modification ap-
portée à vos anciens usages (f), vous m'avez donné,
ainsi qu'à mes collègues les professeurs du Lycée im-
périal, le moyen de pouvoir assister à vos séances.
Veuillez maintenant m'excuser si, ayant à payer ma bien-
venue parmi vous, je reconnais si mal vos bonnes dis-
positions à mon égard, et si j'ose vous prendre un de
vos précieux moments pour une communicalion un
peu longue qui concerne Descartes et le cardinal de
Polignac, à qui M. Francisque Bcuillier à consacré
quelques pages de critique dans un récent ouvrage qu'il
vient de m'adresser.
M. Bouillier, vous le savez, est le doyen d’une Fa-
culté des lettres qui, après celle de Paris, ne le cède à
aucune autre Faculté de l’Empire par le talent de ses
professeurs. Quand on est à la tête d'une réunion de
professeurs qui possède un poète aussi célèbre que
M. Victor de Laprade, un historien comme M. Dareste,
couronné par l'institut pour son beau travail sur l'his-
toire des classes agricoles, on n'a pas une médiocre
position dans le monde des lettres. Or, par ses titres,
M. Francisque Bouillier est à la hauteur des fonctions
de doyen et de professeur de philosophie qu'il remplit
avec autant de talent que d'éclat à la Faculté des lettres
de Lyon. Déjà depuis longtemps membre correspondant
de l’Institut, lauréat de l'Académie des sciences morales
(1) Les séances de la Société académique de notre ville, qui avaient
lieu le vendredi, à deux heures de l'après-midi, se tiennent le jeudi,
à la même heure,
400 RÉSUMÉ DES SÉANCES
et politiques, il vient d’être élu président de la Société
impériale des sciences et arts de Lyon; poste éminent
où l’a porté l'ouvrage qu'il a publié il ÿ a quelques mois,
et qui a pour titre : Histoire de la philosophie car-
tésienne.
M. Bouillier a saisi avec un rare bonheur locea-
sion la meilleure pour écrire l’histoire du cartésianisme.
Cette grande philosophie, qui a exercé une influence in-
contestable sur tout le développement intellectuel des
temps modernes, était pour ainsi dire arrivée à son état
de maturité. Elle a eu des commentateurs et des criti-
ques sans nombre dans tous les pays. Des hommes à
jamais célèbres, parmi lesquels nous citerons Male-
branche, Leibnitz, Bossuet et Fénelon, nous ont laissé
d’'admirables commentaires de la pensée cartésienne ;
mais elle attendait encore celui qui, réunissant dans
une synthèse lumineuse tous les jugements épars que le
nom de Descartes a suscités, devait nous dire le dernier
mot de cette doctrine.
Grâce aux travaux de M. Bouillier, auxquels out été
consacrées dix années de veilles et de laborieuses re-
cherches, nous avons maintenant dans tout leur jour les
théories fécondes, qui ont laissé de telles empreintes
dans là pensée moderne qu'on peut dire sans exagéra-
tion que le mouvement de progrès et de civilisation qui
entraine l'Europe date de Descartes. Sciences physi-
ques, naturelles et physiologiques, médecine, mathé-
matiques, élude de l’homme, métaphysique, morale,
religion, tout s’est développé, tout s’est épanoui sous le
souffle de l'inspiration cartésienne. Désormais l’homme
a trouvé son point d'appui, son aliquid inconcussum
AVRIL. L01
qu’Archimède demandait avec tant d’ardeur? Qui pour-
rait dire tout ce que peut porter dans l'avenir cette base
qui n'est,il est vrai, qu'un point, mais inébranlable? C’est
le roc contre lequel viennent se briser les désolantes
doctrines du scepticisme. Jamais le doute ne s'était
montré plus ingénieux, plus pressant dans ses attaques
contre la raison. Descartes lui-même, avec une puissance
de génie qui est la marque distinctive de son esprit,
s'attaque à toutes nos connaissances. El va même jusqu’à
supposer que l’homme pourrait bien n'être que le jouet
d'un Dieu malin, qui se plaît à lui montrer les choses
-tout autrement qu’elles ne sont: mais, ajoute-t-il, qu'il
me trompe tant qu'il voudra, il ne pourra jamais faire
que je ne sois pas; s’il me trompe : je pense, donc je
suis. Dans ce fait si simple il y a non-seulement tout
un criterium de certitude, mais encore le point de départ
de nos méthodes modernes, qu'on peut encore résumer
dans ces quelques mots de la premiêre et de la plus im-
portante des quatre règles du discours de la méthode:
« Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, qu'on ne
la connaisse évidemment être telle. » Où Descartes a-
t-il puisé un précepte à la fois si simple et si fécond ? Dans
cette aperception de l'esprit par lui-même, dans cette
affirmation imperturbable de l'existence et de l'évidence
du moi réel et vivant. Une fois parvenu jusqu’à cette
hauteur, à ce point culminant où le moi se saisit dans
toute la pureté de sa nature, où l’homme possède, avec
la pleine conscience de soi, le sentiment de sa dignité et
de sa valeur, où la réflexionne parvient qu'après une
montée pénible , après avoir foulé tous les obstacles que
lui suscitent les préjugés, les vains désirs et les pas-
* TOME XX 26
402 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
sions, quel horizon immense se découvre ! De ce lieu où
l’on domine, on aperçoit tous les sommets de la pensée.
Mais, à cette hauteur, il est vrai qu'on peut prendre le
vertige, et il faut un regard bien ferme pour soutenir
tant de lumière. Descartes Ini-mème n’a pas su se garan-
tir de l'illusion; s’il a admirablement earactérisé l’âme
en l'appelant une substance pensante, il n’a pas vu que
sa nature essentielle, celle qui la constitue à l’état de
personne, c'est-à-dire d'existence responsable et libre,
consiste dans la force et l’activité; de sorte que l'âme
n’est pas uniquement une substance, mais encore une
cause, une, libre, active, vivante. Aurons-nous encore
le courage de lui reprocher de n'avoir pas été fidèle à sa
méthode, en méconnaissant le caractère d’évidence qui
s'attache aux choses du monde physique, lorsqu'il re-
connait si bien que si l'âme s’aflirme avec tant d'assu-
rance, elle s'affirme aussi comme un être dont la nature
n’est pas de voir toutes choses d’une manière aussi claire
et aussi distincte que sa propre existence ? « Je suis,
» dit-il, un être qui pense, qui doute, qui affirme, qui
» nie, quiconnaît peu de choses, qui en ignore beaucoup ,
» qui aime, qui haïit, qui veut, ne veut pas, qui imagine
» aussietquisent. Ensuite de quoi je fais réflexion que mon
» être n’est pas tout parfait, voyant clairement que c’est
» une plus grande perfection de connaitre que de douter. »
Descartes est ici sur la trace d'une grande décou-
verte; de l’idée de l’imperfection de la créature, il
s'élève, à l'aide du procédé le plus simple et le plus solide
que la raison puisse nous fournir, jusqu’à la source même
de toute perfection. Dites-moi si la créature bornée,
finie, ne suppose pas irrésistiblement l'Etre infini; car
vs
AVRIL, 403
enfin l’imparfait n’est autre chose que le non parfait et
ne se conçoit que sous la raison du parfait; de même que
le fini serait mieux nommé le noninfini. L'homme porte
done en lui ce qui, par le contraste, lui donne le secret
de sa propre nature, si variable, si changeante, si im-
parfaite, et ce qui l'explique à lui-même, c’est-à-dire
l'idée de l’Etre absolu, infini, parfait, immuable. Descar-
tes donne done sa forme véritable et définitive à cette
méthode que Platon a décrite sous le nom de Dialectique,
que Socrate, au rapport de Xénophon, avait déjà pratiquée
avec tant de grandeur et de succès contre Aristodème ,
qui, sans être athée, ne sacrifiait cependant pas, ne re-
courait pas à la divination. « Bon Aristodème , lui
disait-il, quoi! votre vue peut s'étendre jusqu'à plu-
sieurs stades et l’œil de Dieu ne pourra tout embrasser ?
Votre esprit peut en même temps s'occuper des évèrre-
ments d'Athènes, de l'Egypte et de la Sicile, et l'esprit
de Dieu ne pourra songer à tout en même temps? » Tel
est le procédé à la fois si ferme et si simple dont Des-
cartes se sert pour démontrer l'existence de Dieu et ses
divins attributs ; de sorte qu’on peut dire que s’il a pour
jamais ruiné le scepticisme en l’enfcrmant dans une
contradiction {qu'on peut formuler ainsi : Je suis certain
qu'il n’y a rien de certain), par un nouveau progrès de
la méthode il a rendu l’athéisme impossible; il a mis
l’idée de l'infini en une telle lumière que plusieurs de
ses disciples, éblouis de tant de clarté, ont anéanti
l’homme dans le seinde l’Etre infini. C’est, en effet, la
tendance éminemment religieuse qui caractérise toute la
philosophie du grond siècle. Pendant que Malebranche,
dans ses Méditations chrétiennes, dialogue plein d'élo-
104 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
quence et de poésie entre la créature et le Créateur, se
réduit presque à rien, s’isole entitrement du monde ex-
térieur pour voir tout en Dieu, Spinoza ne fait de la
personne humaine qu'un mode de la substance, absor-
bant l’homme et la nature entière dans l'Etre infini.
On ne saurait donc accuser la philosophie cartésienne
de n’être pas favorable à l’idée religieuse; il est vrai que,
sans le secours de la foi, Descartes a démontré avec
une rigueur, une exactitude mathématique l'existence
de Dieu et la spiritualité de l’âme, qu'il a définitive-
ment établi par là la légitimité de nos moyens de con-
naîlre ; mais il est bien temps de proclamer que tous les
services que la raison rend à la science, elle les rend du
mème coup à la foi chrétienne, puisque aussi bien la vérité
est une, La glorieuse mission de notre époque est de
mettre fin à ce malentendu , à ce déplorable antagonisme
qui anime depuis trop longtemps, l’une contre l’autre,
deux sœurs célestes, si bien faites pour s'entendre, la
religion et la philosophie. Or, qui a mieux mérité de la
morale et de la religion chrétienne que le grand philoso-
phe qui a su si bien établir la distinction de l’âme et du
corps, lorsqu’à tant de raisons de croireque la matière
ne saurait penser, il a ajouté la persuasion intime qu'a
notre âme de son indépendance de Ia matière,en disant :
a qu’elle peut très-bien feiudre qu'elle n’a aucun corps,
et qu'il n'existe aucun monde ni aucun lieu où elle soit,
tandis qu’elle ne peut feindre qu'elle n'existe pas. »
Notre intention n’est pas d'exalter outre mesure Île
mérite de tous les points de la doctrine de Descartes.
Mais si elle renferme des erreurs capitales, les consé-
quences que des esprits rigoureux en ont tirées avec une
AVRIL. 405
inflexible logique ont mis en relief des théories repous-
sées, ilest vrai, par le sens commun, mais où l’on trouve
des aperçus pleins d'originalité et de grandeur et qui
se soutiennent par la part de vérité qui est en eux. C'est
ainsi que les erreurs des grands génies ont encore leur
utilité.
Ce qu'il y a d’éternellement vrai dans les théories de
Descartes, ce que l'expérience de plus de deux siècles a
consacré, c'est la méthode ayant pour fondement l'évi-
dence, ou plutôt la raison fondée sur l'irrésistible témoi-
gnage de la conscience. En métaphysique, une démon-
stration rigoureuse de l'existence de Dieu, le dogme de la
spiritualité de l’âme, voilà deux vérités fondamentales
contre lesquelles se sont en vain liguées toutes les doc-
trines matérialistes du XVIIe siècle. La patrie de Des-
cartes, la France du XIXe siècle, a renoué avec éclat la
chaine un moment rompue de la tradition cartésienne.
De nos jours, parmi les livres classiques brillent les plus
grands monuments de la philosophie cartésienne : le
Discours de la Méthode, de Descartes; la Logique de
Port-Royal ; le traité de la Connaissance de Dieu et de
soi-même, de Bossuet; celui de lExistence de Dieu, de
Fénelon ; la Recherche de la Vérité, de Malebranche ; le
livre des Pensées, de Leibnitz, d’après l'abbé Emery. De
nos jours, nul n’est reçu bachelier ès-lettres sans avoir
une connaissance sufisante de ces immortels ouvrages;
tandis que des philosophes éminents, telsque les Royer-
Collard, MM. Cousin, Jouffroy, de Rémusat, Simon, Sais-
set, l'abbé Beautain et une foule de jeunes hommes, pleins
d'avenir et de talent, développent sur les pas du maitre, et
sans rien abandonner des droits de la raison, les doc-
406 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
trines éminemment spiritualistes et religieuses qui carac-
térisent la philosophie française au XIX°® siècle.
C'est dans le livre de M. Bouillier qu'il faut suivre
tout ce développement de la philosophie cartésienne. Le
plan en est bien entendu. Après un rapide coup-d'œil
jeté sur l’état de la philosophie antérieure à Descartes,
qui est plutôt un tableau vivant de l’état intellectuel et
moral du XVI® siècle, de ce siècle qui voit périr le
moyen âge au bruit des guerres de religion, au milieu
du travail des esprits et de la confusion des doctrines,
l'auteur nous montre Descartes apparaissant armé d'un
génie capable de faire obstacle au matérialisme et au
scepticisme, qui de son temps menaçaient d’envahir les
esprits el les poussaient, selon l'expression d'Amard,
sur la pente de l'irreligion et du libertinage. M. Bouil-
lier nous montre le philosophe Descartes tel qu'il s’est
peint lui-même, et de main de maitre encore, dans le Dis-
cours de la Méthode. Dans un chapitre plein d'intérêt, au
milieu de détails biographiques qui ont leur importance,
nous suivons les premiers pas de ce jeune gentilhomme qui,
après s'être avisé de faire une revue sur les diverses occu-
pations qu'ont les hommes en cette vie, pour tâcher à
faire choix de la meilleure, pense qu'il ne pourrait
mieux faire que d'employer toute sa vie à cultiver sa
raison et à s’avancer, autant qu'il le pourrait, en la con-
naissance de la vérité. Puis viennent ses résolutions
pleines d’audace, relatives à une réforme radicale de la
philosophie dont il osera faire une exposition dans la
langue populaire.
Nous pouvons aborder, sous la direction de M. Bouil-
lier, l'étude de tous les points de ce vaste système, qui
AVRIL, 407
est une des productions les plus glorieuses de l'esprit hu-
main. Aucune des nombreuses questions qu'il soulève
n'est laissée dans l'ombre : questions de méthode,
théories métaphysiques, principes de physique, mathé-
matiques , hypothèses scientifiques, tout est développé
avec une clarté rare, tout est soumis au contrôle d’une
discussion large et approfondie, et on y trouve partout
ce qui caractérise aujourd'hui au plus haut degré notre
philosophie française, la lumière du sens commun.
On sent bien, en lisant cette expüsition si complète,
si bien écrite, que l’auteur se passionne pour les idées
cartésiennes; mais son ardeur ne l'emporte pas au-delà
des bornes d’une saine crilique; s’il défend Descartes,
avec celte fermeté qui distingue son talent, contre les
attaques d’injustes adversaires; s’il sait faire ressortir
tout ce qu'il y à de grand, de moral , de religieux et de
pratique dans les tendances de Descartes ; s’il n'oublie
aucun des services qu'a rendus à l'humanité ce grand
philosophe, qui avait résolu, selon son expression, de
n'employer le temps qui lui restait à vivre à autre chose
qu'à tâcher d'acquérir quelque connaissance de la nature
qui soit telle qu'on en puisse tirer. des règles pour la
médecine plus assurées que celles qu’elle a eues jusqu'à
Présent; si, dis-je, M. Bouillier se montre un partisan
déclaré de la philosophie cartésienne, il ne faut pas croire
qu'il en adopte toutes les doctrines sans contrôle: il en
signale aussi les contradictions et les erreurs, dont il nous
dit même les causes. Ainsi Descartes a penché pour ce
qu'on à appelé la chimère des idées innées ; il n'a admis
la certitude de ce qui frappe nos yeux, du monde extérieur,
que sur la foi de la véracité de Dieu, qui, disait-il, ne
408 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
saurait nous tromper en nous montrant des choses qui
n'existent pas; il a confondu le jugement et le désir avec
la volonté, et penché pour la théorie des causes occasion-
nelles; il a encore prétendu que pour conserver les êtres,
il fallait que Dieu répétât, pour ainsi dire, l’acte créateur,
etil n’a pas craint de faire des animaux de purs automa-
tes. Toutes ces erreurs, ces démentis donnés aux règles
de la méthode n’ont d'autre cause, comme M. Bouillier
nous le fait voir avec tant de logique, que l’oubli d’un
caractère essentiel qui convient éminemment à l'âme hu-
maine, celui d'activité et de force. L’âme n’est pas seu-
lement une substance pensante, recevant passivement
des idées comme la cire reçoit des empreintes ; elle
est une force agissante, productrice, qui se possède à un
certain degré, avec l'initiative d’une puissance , bornée il
est vrai, mais qui à en elle-même le principe de ses mou-
vements. C’est Leibnitz, ce génie au regard si limpide et
si vaste, à qui revient l'honneur d’avoir restilué aux sub-
stances créées celte activité, cette force d'expansion dont
Descartes les avait dépouillées, et d’avoir ainsi corrigé
d'un mot tout ce qu'il y avait de défectueux dans ces
belles doctrines.
Dans les hautes questions de la métaphysique de
la nature, après avoir exposé tout ce que les sciences
doivent à Descartes, qui en a créé un grand nombre, animé
par le souffle divin des grandes découvertes ; après avoir
mis hors de toute contestation qu'à ce grand génie revient
l'honneur d’avoir le premier soupçonné les lois d’après les-
quelles le mouvement se communique, ouvrant ainsi les
voies au calcul infinitésimal et ramenant par un procédé
fécond la physique à la géométrie, la géométrie à l'algèbre,
AVRIL. 409
M. Bouillier aborde la fameuse hypothèse des tourbillons ;
il l'expose avec une clarté qu'on ne trouve dans aucun
autre ouvrage; si elle est abandonnée aujourd'hui, elle
n'en fait pas moins d'honneur à l'esprit d'invention de
son auteur, puisqu'elle a mis Newton sur la route de la
vérité. Des observations astronomiques plus récentes ont
établi, il est vrai, que Descartes s'était trompé sur les
lois du mouvement ; mais toujours est-il qu’il a été le
premier à deviner qu’il devait y avoir de ces lois, qu’il a
ramené, le premier, les phénomènes de la nature à un
simple développement de la mécanique, et ainsi exelu
de la science tont ce qui en obstruait les abords : les
entités, les formes subsiantielles, les horreurs physi-
ques, elc.
Telle est la manière dont M. Bouillier discute, juge et
apprécie la philosophie de Descartes; il le fait avec une
méthode si sûre et si ingénieuse, en si bon français qu'il
n'est plus maintenant permis d'ignorer les doctrines du
père de la science et de Ja civilisation modernes.
Nous ne suivrons pas l’historien de la philosophie
cartésienne dans les luttes si émouvantes au milieu des-
quelles il met en scène Descartes et les innombrables
adversaires que lui suscitent ses théories nouvelles et
hardies, et où nous le voyons aux prises avec les théolo-
giens, les philosophes, les physiciens de son temps; il
fait face à tous, répondant avec succès aux objections qui
lui viennent de tous les côtés, à celles de Gassendi contre
qui il a le tort de s'impatienter, à l'ironie grossière du
père Bourdin, aux attaques plus modérées de Morus.
La partie vraiment neuve de cet ouvrage est dans les
chapitres que M. Bouillier consacre à l’histoire du ear-
410 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
tésianisme dans les divers pays où cette doctrine s’est
produite suivant l’ordre chronologique ; d’abord dans les
Pays-Bas, où Descartes avait établi sa résidence et où il
finit par triompher, malgré les fureurs et les intrigues de
Voetius, son implacable ennemi, Plusieurs chapitres sont
consacrés aux modifications apportées à la pensée du
maitre par ses disciples: Clauberg, Geulinx et surtout
Spinosa sont l’objet d’un examen attentif et lumineux.
Le tableau général du cartésianisme en France est traité
avec tout le soin que ce beau et vaste sujet réclame. Les
nombreux partisans de la philosophie nouvelle sont aux
prises avec des adversaires redoutables, dont l'influence
est à craindre. Aceusations politiques et religieuses, pro-
testations, intrigues, censures, défenses, ordres du roi,
disgrâces , arrêts iniques, condamnations, persécutions,
rien ne manque de ce qui est capable de consacrer la
gloire d’une doctrine qui, certes, en vaut la peine; et
M. Bouillier, avec le calme et la modération dignes d’un
vrai philosophe, nous expose tout ce bruit qui se fait
autour du nom de Descartes et qui a rempli d’agitations
le XVIIe siècle.
Le deuxième volume comprend la deuxième période du
cartésianisme français, où brillent le nom et les doctrines
d'un grand écrivain, le plus profond penseur dont la
France s’honore, du méditatif Malebranche ; Leibnitz y
occupe ensuite toute la place qu'il mérite. Aucun nom
célèbre dans le cartésianisme, soit en France, en Alle-
magne, soit en Suisse et en Italie, soit en Angleterre, si
ce n'est peut-être celui de Berkeley et peut-être encore
celui de Hume, ne se trouve oublié dans cet immense
ouvrage de plus de 1200 pages, et qui est le plus beau
_
AVRIL. 11
monument qui ait encore été élevé à la mémoire de
Descartes.
Un des chapitres traités avec le plus de verve et d’es-
prit est celui où Montaigne, Charron, Gassendi, madame
de Sévigné, Lafontaine, Fontenelle et Voltaire se sont
donné rendez-vous pour protester contre Descartes et
contre Malebranche en faveur des bêtes, auxquelles on
avait Ôté le sentiment.
Au milieu de tant de noms, il en est un que M. Bouil-
lier n’a eu garde de passer sous silence, qu’il a plusieurs
fois cité; c'est celui d’un homme illustre à qui notre ville
a donné Île jour : Melchior de Polignac, cardinal-prêtre
de l'Eglise romaine, au titre de Sainte-Marie-des-Anges,
second fils de Louis-Armand viromte de Polignac, cheva-
lier des ordres du roi, gouverneur du Puy, et de Jacque-
line du Roure.
Ainsi voilà le cartésianisme recevant chez nous le droit
de cité dans la personne d’un de nos plus éminents com-
patriotes. Vous connaissez tous, Messieurs, l'Anti-L u
crèce, cet admirable ouvrage en vers latins, malheureu-
sement inachevé et qui ne peut être sorti que de la main
d’un homme à la fois philosophe et poète. Vous savez
que le but du cardinal était de combattre, à l’aide des
principes de Descartes, les doctrines d'Epicure dont Gas-
sendi avait tenté une restauration assez habile, de lutter
corps à corps avec Lucrèce, qui a immortalisé la déce-
vante doctrine du plaisir dans le De natura rerum, le
plus fortement conçu de tous les poèmes didactiques.
Lucrèce est un peintre d'une puissance incomparable,
reproduisant dans ses vers les grands spectacles de la
nature, l'ordre immuable de l'univers. Il a étendu le
412 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
domaine de la poésie jusqu'au-delà des limites des mondes,
dont il pressent la pluralité. Dans un essor sublime,
s’élevant jusqu'aux plus hautes conceptions, il embrasse
les grandes lois des phénomènes physiques et, sous le
souffle puissant de l'inspiration, à deux mille ans de
distance, il soupçonne les grandes découvertes de la
science moderne. Sa vive imagination anime la nature,
et tout chez le poète est paré des plus vives couleurs, tout
vit, tout respire, et jamais n’a été plus vrai le précepte :
Poesis ut pictura sil; aussi a-t-1l inspiré l’immortel
auteur des Géorgiques, qui le désigne dans ces beaux
vers :
Felix qui potuit rerum cognoscere causas.
Atque metus omnes et inexorabile fatum
Subjecit pedibus. ...
C’est contre un pareil adversaire que le cardinal en-
gage la lutte. Sur le terrain des «escriptions, il n’espère
pas vaincre un si redoutable rival :
Nou mihi....
Nec tam dulce melos, nec par est gratia cantus. …
OIli suppeditat dives natura leporis
Quidquid habet, lætos summitens prodiga flores.
Mais il est fort contre le partisan d’Epicure. Au monde
des atomes et du vide il oppose celui autrement vrai de
Descartes et de Newton, et cela dans un style d'une pu-
reté parfaite, avee un ordre qui porte la clarté dans la
foule des détails techniques, des raisonnements abstraits
dont se compose une théorie scientifique. Nourri de la
lecture des meilleurs poètes, dans des vers faciles, élé-
gants, ne manquant pas de force, il emprunte la poésie
de Virgile pour décrire l’admirable système de l'univers
— 2 ——
AVRIL. 113
conçu d'après le plan de Copernic et de Descartes, Plu-
sieurs passages rappellent avec bonheur les couleurs
brillantes qu’il n’a pas dédaigné d'emprunter à la palette
de son rival et de son modèle.
Mais où il est réellement supérieur à Lucrèce, c’est
lorsqu’à la lumière des principes de la philosophie carté-
sienne, armé de l'évidence, il proclame la spiritualité de
l'âme, son unité qui la rend immortelle, et l'existence de
l’Etre infini, auteur et souverain modérateur de toutes
choses. Quelle admirable poésie dans le portrait de
l'homme, soutenu dans les épreuves de la vie par les
grands principes de la religion; dans la description des
ravages des passions et des suites affreuses de l’athéisme !
lei la vérité éclate dans toute sa grandeur, tandis que
quand Lucrèce parle de l’homme et de ses destinées, Le
poète sceptique, selon l’expression énergique de M. Vil-
lemain, est abandonné de son génie, seul Dieu qui lui
restét.
Je ne prétends pas vous donner une analyse et une
appréciation étendue de l’Anti-Lucrèce ; ce travail a été
fait avec succès par de Bougainville, qui en a donné
une traduction estimée ; et, pour revenir au sujet qui
m'occupe , je citerai quelques jugements qui se trouvent
dans l’histoire de M. Bouillier, à propos du carté-
sianisme de notre illustre cardinal.
« Autour de la duchesse du Maine, zélée cartésienne ,
nous trouvons, dit M. Bouillier, des cartésiens
T
malebranchistes qui linstruisent dans la philosophie
nouvelle et l’eutretiennent assidûment de Descartes
COCT EE
et de Malebranche ; et par-dessus tous, le cardinal
NA
» de Polignac, qui, par son esprit et par sa beauté,
114 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
» était les délices, le Dieu et l’oracle de cette petite
D Cour. »
Au 25e chapitre du ÏI° volume, M. Bouillier nous
entretient longuement du cardinal de Polignac, « non
» moins célèbre comme l’auteur de l’Anti-Lucrèce, que
» comme le négociateur de la paix d'Utrech, qui vivait
» familièrement avec Malebranche, et qui, dans le
» poème inspiré par Descuries, a su trouver le vrai
» remède contre l’athéisme. »
On ne saurait croire, dit-il, quelle fut la vogue
de l’Anti-Lucrèce, encore manuscrit ‘n'ayant été im-
primé qu'après la mort de l’auteur, el connu seule-
ment par quelques fragments dérobés par les gazettes
de Rome et de Hollande, ou récités par le cardinal
lui-même à la cour de France et à la cour de Rome),
où le pape admirait quel parti contre Lucrèce le car-
dinal avait su tirer du cartésianisme.
M. Bouillier nous fait encore remarquer que, dans
la question de l’âme des bêtes, le cardinal-poète ne
pouvait se résoudre à les priver de sentiment ; aussi
expose-t-il l’une et l’autre hypothèse, enrichissant sa
matière, sous forme d'objection , de tout ce que l’his-
toire naturelle nous apprend de plus curieux sur les
mœurs, sur les ruses et l'industrie des animaux.
Mais il s’en est tenu, dit-il, à cette conclusion, qui
est celle de Fénelon, dans le traité de l’Existence de
Dieu, que l’un et l’autre système fait également éclater
la grandeur et la sagesse de Dieu.
Quæ sive carentia sensu
Sive instructa putes, mirare et”numen adora.
M. Bouillier n’a pas hésité à associer aux grands
AVRIL : 415
hommes du siècle de Louis XIV, et au nom du plus
grand des philosophes, celui de l'illustre prélat, qui
est si populaire dans nos montagnes ; et c'était justice ,
car son admirable poésie n'a pas peu servi à étendre et
à généraliser le goût des saines doctrines cartésiennes ;
et sans doute, M. Bouillier lui-même, on le recon-
nait à la grâce et à l'élégance de quelques passages
de son livre, a dû plus d’une fois s'inspirer de PAnti-
Lucrèce et y trouver quelques-unes de ces expressions
poétiques qui répandent tant de netteté et de charmes
dans les matières si ardues de la métaphysique.
Sous l'égide d’une doctrine la plus religieuse et
d’une morale la plus sévère, qui a fait l'occupation
de toute sa vie, le noble cardinal peut braver les
insultes que Saint-Simon, forcé de rendre hommage
à sa vertu et à son génie, adresse à son cœur et à
son caractère. Nous savons de quelle haine vigoureuse
cet historien d'humeur peu commode poursuivait tous
les partisans de la duchesse du Maine. Il était, il est
vrai, quelque peu cartésien; mais l’ardeur qui lui fai-
sait tout sacrifier à ses vengeances et qui le portait
vers la satire, le rendait souvent injusk.
Maintenant je vous demande grâce pour de telles
longueurs; mais comment ne pas se laisser entrainer
par une aussi belle philosophie qui, se résume dans
deux choses qui nous sont si chères : science et foi!
OBsers Divers. — M. le Président du Comice agri-
cole d’Yssingeaux écrit pour remercier la Société de
l'envoi des Annales. Cette lettre est accompagnée d’une
416 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
délibération par laquelle le Comice, désireux d’expri-
mer à la Compagnie ses vives sympathies, a nom-
mé membres d'honneur les Présidents anciens et ac-
tuels de la Société.
OBJETS D’ADMINISTRATION. — M. le Président commu-
nique à l’Assemblée les avis qui ont été émis par le
conseil d'administration sur diverses propositions
faites à la précédente séance, et tendant à apporter
quelques modifications au règlement.
La proposition de changer le jour des séances de la
Société, basée principalement sur l'impossibilité où se
trouvent MM. les professeurs du Lycée de disposer de
tout autre jour que le jeudi, a été adoptée sans discus-
sion. "
La proposition signée de MM. Martel, Richond (Ernest)
et Marthory a été admise en principe : c’est-à-dire qu’il
a été convenu que la Société devait, par une manifes-
tation officielle et collective , s’associer aux honneurs
funèbres rendus à chacun de ses meibres décédés; et
qu’en conséquence, l'acquisition d’un poêle suffisam-
ment riche et orné d’emblèmes spéciaux devrait être
faite en temps opportun. Mais le conseil pense que,
sans nommer une commission permanente destinée à
représenter la Société dans toutes les solennités funé-
raires, on peut laisser au bureau le soin de faire con-
voquer dans ces circonstances, aussi complètement
que possible, les membres présents en ville; et qu’en
tout cas, la présence du bureau, le poêle, porté par
des collègues, la présence-de l'huissier de la Société,
AVRIL. AT
en costume, suffiront toujours à former la manifesta-
tion désirable.
Enfin, le conseil avait encore à examiner à quelles
formalités il convient de soumettre l'admission dans
les galeries du musée, des bustes ou portraits d'anciens
membres décédés.
IL à paru qu'il convenait de ne statuer sur des pro-
positions de cette nature qu'après trois ans au moins
écoulés depuis le décès du membre dont il s'agirait. De
plus,ilne pourrait être procédé qu'au scrutin secret, et
le vote en faveur de Faffirmative devrait ètre exprimé
à la majorité des trois quarts des membres présents,
dans une séance où se trouverait au moins la moitié
des membres résidants de la Société.
L'Assemblée adhère à l’ensemble des décisions pro-
posées par le conseil. Toutefois, sur la demande de
M. Louis de Vinols, et s’en référant aux sentiments déjà
exprimés par elle en ce qui concerne M. de Becdelièvre,
la Société décide qu'il sera fait exception pour lui aux
dernières dispositions adoptées, et c’est par acclamation
unanime qu’elle vote l'admission dans les galeries du
musée, de l’image, buste ou portrait du collègue émi-
nent dont elle ne saurait avec trop de gratitude honorer
la mémoire.
Le conseil d'administration aura à s'occuper des
moyens de faire exécuter, dans le plus prochain délai
et dans les conditions les plus convenables, le buste
ou portrait de M. de Becdelièvre, destiné à prendre
place dans les collections du musée, parmi les illustra-
tions de la Haute-Loire.
TOME XX. 27
418 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
DEMANDE D'ADMISSION. — M. Louis Paul, avocat, sol-
licite le titre de membre résidant et adresse, à l'appui
de sa demande, une étude de philosophie.
Ce travail sera soumis à une commission composée
de MM. Béliben, l'abbé Bernard et Plantade.
Avant de clore la séance, M. le Président dépose sur
le bureau plusieurs exemplaires du journal {a Haute-
Lorre, contenant le compte-rendu de la séance extra-
ordinaire qui à eu lieu le lundi 24 mars, sous la
présidence de M. le Préfet et en présence d’une nom-
breuse et brillante assemblée, pour la remise solennelle
des récompenses décernées par le jury international
et par la Société d'agriculture à l’industrie de la Haute-
Loire, après l’exposition universelle de 1855 et l’expo-
sition départementale de la mème année.
Cette solennité, ajoute M. le Président, qui laissera
dans le pays de grands et féconds souvenirs, est encore
présente, dans cette enceinte, à la pensée de tous ;
mais, pour l'honneur du pays, pour la glorification de
nos lauréats, il sera bon sans doute que nos Annales
en reproduisent sommairement quelques détails (1).
Puisque noblesse oblige, puisque les progrès accomplis
sont le gage et le stimulant pour de ncuveaux progrès,
notre industrie est noblement engagée désormais ; et
le devoir de tous est de l’inciter toujours à se surpasser
enicore pour rester digne t’elle-même.
En ce qui la concerne, la Société, se rappelant à
propos quelle part ses efforts peuvent légitimement
(1) Voir à la fin du volume le compte-rendu de la séance extra-
ordinaire du 24 mars.
AVRIL, 119
revendiquer dans les succès qu'elle aime à couronner,
ne peut que sentir redoubler son zèle en voyant quels
fruits heureux donne, pour le bien du pays, le pré-
cieux concours de toutes les volontés dévouées.
L'Assemblée accorde un plein assentiment à la pen-
sée exprimée par M. le Président.
A sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 8 MAI.
SOMMAIRE.
Lecture du procés-verbal. — Publications reçues. — Dons im-
portants d'ouvrages par M. le Ministre d'Etat. — Flore de l'ancien
Velay, don de M. de Latour tte. — Abonnement au Cabinet histo-
rique. — Chaulage par l’arsenic. — Croisement de la race bretonne
et de la race d’Ayr.— Pomme de terre Chardon ; rapportde M. Rendu ;
communication de M. Dugrip. — Communication de M. de Brive
sur l'émigralion des ouvriers ruraux; observations diverses sur ce
sujet. — Lettre de M. le Sous-Prefet de Brioude, et envoi d’échan-
tillons de produits réfractaires de la fabrique créée par lui à Brioude.
Envoi par le méme du pitit medèle d’un clocher destiné à la ville d:
Craponne, exécuté par le sieur Sicard. — Circulaire de M. le Mi-
nistre de l'instruction pnblique, relative au recucil des inscriptions
antiques, du moyen âge et de la renaissance. — Communication de
M. Bretagne sur l'emploi d’une allocation faite par l'Institut des
Provinces pour des fouilles à exécuter à Saint-Paulien; découverte
d’une galerie souterraine à la suite de ces fouilles ; observations sur
le méme sujet par MM. Aymard, Sauzet et Bernard. — Communica-
tion de M. Félix Robert sur les fouilles entreprises à Polignac. —
Ouverture d’une souscription pour compléter les ressources nécessaires.
— Communication de M. Oscar Bonnet au nom de la commission du
monument de Julien. — Rapport de M. Béhiben sur le travail pré-
senté par M. Louis Paul, avocat, comme titre d'admission ; élection
de M. Paul comme membre résidant de la Société, — Renouvelle-
ment de la commission des consorvateurs du musée.
122 RÉSUMÉ DES SÉANCE®£.
A trois heures, la séance est ouverte sous la prési-
dence de M. Ch. C. de Lafayette.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OUVRAGES REÇUS. — M. le Président s'empresse de
signaler l'important envoi d’un grand nombre d’ou-
vrages, dont quelques-uns sont du plus haut prix,
adressé à la Société par M. le Ministre d'Etat. Il con-
vient de mentionner , entre tous, la magnifique publi-
cation de M. Perret, intitulée : Catacombes de Rome.
M. le Président est chargé d'exprimer à Son Exc.
M. le Ministre le vif sentiment de gratitude qu'ir-
spire à la Société un don si précieux.
M. de Brive rappelle que c’est surtout aux sollicita-
tions de M. Aymard que la Société est redevable de
ce don. M. Aymard reçoit les remerciments de la Com-
pagnie pour son heureuse initiative.
M. Mahul, ancien préfet de la Haute-Loire, fait
hommage de l'éloge historique d’Armand Bazin de
Besons, soixante et unième évèque de Carcassonne.
M. le Président mentionne également un numéro
des publications de la Société des Antiquaires de
l'Ouest, renfermant un mémoire sur lorthographe de
certains noms d'hommes où de lieux. Ce mémoire est
recommandé à l'attention de M. le chanoine Sauzet,
qui veut bien se charger de faire un essai analogue
sur quelques noms de la Haute-Loire ;
MAI, 423
Un numéro du Journal d'Agriculture pratique, qui
rend compte du récent concours d'animaux de bou-
cherie qui à eu lieu à Lyon, et dans lequel M. Des-
cours, maire des Estables, à obtenu une mention ho-
norable et une prime de trois cents francs, pour une
bande de bœufs gras, race du Mezenc.
Enfin, M. le docteur Hilaire de Latourette, membre
résidant de la Société, auteur d'nne Flore de l'ancien
Velay, s'étant aperçu que cet ouvrage, probablement
égaré, ne se trouvait plus dans les collections de la
Société , en offre aujourd'hui un nouvel exemplaire.
M. le Président rappelle à ce sujet que l'ouvrage
de notre collègue, fruit d’une longue et patiente étude,
a le double mérite de donner, pour toutes les plantes
utiles, la mention des services médicaux ou hygiéni-
ques qu'elles peuvent rendre , et d'indiquer en outre,
assez généralement avec leur appellation vulgaire,
leur dénomination dans le patois du pays.
M. de Latourette recoit, par l'organe de M. le Prési-
dent, les remerciments de la Société.
M. Bretagne appelle l'attention de la Société sur une
publication mensuelle de M. Louis Paris, intitulée :
Le Cabinet historique. Get ouvrage a pour objet prin-
cinal d'inventorier et souvent de faire connaître, par
voie d'analyse où par extrait, les pièces et titres histo-
riques qui peuvent se trouver dans diverses collections
concernant chaque ancienne province. Cette publica-
tion est à sa deuxième année. La première contient
les documents qui ont rapport à la Champagne ; et
depuis deux mois on a commencé à publier les titres
424 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
qui intéressent le Languedoc, dans lequel se trouve
compris le Velay. M. Bretagne propose done de pren-
dre un abonnement à cet ouvrage.
La Société adhère à cette proposition.
AGRICULTURE. — Dans son compte-rendu du mois
précédent, la Société impériale d'agriculture de Paris
donne son approbation aux divers travaux présentés
par M. Boussingault, un de ses membres, sur le chau-
lage des semences par l’arsenic; et elle recommande
particulièrement cette préparation, pour le cas, fré-
quent dans certains pays, où les grains en terre subis-
sent les atteintes désastreuses de divers rongeurs.
M. de Lafayette père fait observer que ce moyen,
malgré les avantages considérables qui lui sont attri-
bués, ne saurait être vulgarisé, dès lors que le gouver-
nement proscrit sévèrement la vente et l’usage de
l'arsenic pour des procédés de ce genre.
M. Bodin, directeur de la ferme-école de Rennes,
publie dans les Annales de la Société agricole et in-
dustrielle d'Angers, des observations dignes d’être
signalées, en raison de la haute autorité dont jouit
cet honorable agronome, sur les avantages marqués
du croisement de la race bretonne avec la race
d'Ayr. On obtient par ce croisement des sujets doués
de mérites exceptionnels, tant au point de vue de
la production de la viande que de la production
laitière.
M. le Président signale en même temps un rapport
MAT. 495
imprimé, de M. Rendu, inspecteur général d’agricul-
ture, sur les qualités, la culture et les rendements ex-
traordinaires de la pomme de terre Chardon ; et une
lettre de M. Dugrip, dont les renseignements sur le
mème sujet tendent àsimplifier les indications de culture
fournies par M. Rendu. MM. les membres de la Société
ont tous participé à la distribution d’une certaine
quantité de tubercules de cette variété. M. le Prési-
dent invite ses collègues à faire l'expérimentation de
cette culture dans les conditions les plus convenables ,
et à se mettre en mesure d'en rendre un compte exact
à la Société.
ECONOMIE PUBLIQUE. — M. de Brive appelle l'attention
de la Société sur les inconvénients toujours croissants
de l’émigration des ouvriers ruraux. Il développe ra-
pidement les hautes considérations d'utilité publique
et de sérieux intérêt social que soulève cette ques-
tion, l’une des plus capitales dont on ait en ce mo-
ment à se préoccuper pour l'avenir de notre agricul-
ture. L'honorable membre signale diverses communes
rurales où il est absolument impossible de trouver
des manœuvres pour les plus indispensables travaux.
À Conches, dans la commune de Lavoüte, et sur beau-
coup d’autres points encore, les plus urgentes opéra-
tions de la culture restent forcément en souffrance.
Cet état de choses appelle d’une manière impérieuse
les actives sollicitudes du gouvernement.
Divers membres confirment pleinement les indica-
tions de M. de Brive, et s'associent aux préoccupations
126 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
graves qu'il vient d'exprimer. M. Aymard, en sa qua-
lité de maire de Vals-près-le-Puy, fait connaître qu'il a
délivré, dépuis le commencement de l’année, plus de
trente passeports.
M. de Brive dit qu'il en est de même à Coubon.
M. Plantade fournit des renseignements analogues
pour les communes de Saint-Germain-Laprade et de
Lantriac. On ne peut avoir aujourd'hui qu'à 2? fr. et
2 fr. 25 c. les ouvriers dont la journée se payait autre-
fois 1! fr. 25 c. Les ouvriers employés à l'extraction
de la chaux, qu’on payait autrefois à raison de 1 fr.
75*c., gagnent maintenant 3 fr. et 3 fr. 50 c., et leur
nombre est insuffisant.
Un membre propose de demander au gouvernement
que des injonctions soient adressées aux maires des
communes rurales pour qu'ils apportent la plus
extrème réserve dans la délivrance des passeports,
particulièrement en ce qui concerne les jeunes gens
mineurs.
M. le Président, tout en reconnaissant que Îles faits
signalés sont de la plus haute gravité, pense que la
mesure proposée serait attentatoire au légitime exercice
de la liberté individuelle.
La généralisation de l'emploi des machines agricoles
est peut-être, à son sens, l’un des remèdes qui atté-
nueraient, avec le plus d'efficacité, quelques-uns des
grands inconvénients signalés. Il voudrait voir les en-
couragements de l'administration supérieure venir en
aide à [a création d’une ou plusieurs Compagnies qui
se proposeraient pour objet la fabrication en grand et
à bas prix d’intruments et machines perfectionnés, Si
MAI. #27
de grandes manufactures existaient dans ce but, ne
pourrait-on pas leur recommander surtout de se met-
tre à la portée des cultures moyennes en fabriquant des
instruments vraiment pratiques et usuels, qui pussent
s'adapter aux conditions les plus générales; et, d'au-
tre part, ne serait-il pas possible de trouver une com-
binaison de crédit qui leur permettrait de livrer cer-
tains assortiments de machinerie agricole plus ou
moins complets, sous la condition de paiements par-
tiels, par annuités plus ou moins nombreuses ?
M. de Brive pense qu'un tel moyen, qui, du reste,
peut avoir ses avantages, manque cependant de promp-
titude dans ses effets ; et il fait observer que la néces-
sité de parer aux inconvénients signalés est de la plus
immédiate urgence. Gomme palliatif momentané, aux
approches de la moisson, on pourrait peugêtre de-
mander l'autorisation d'employer les troupes aux tra-
vaux de la campagne. Mais, dans tous les cas, il con-
vient certainement d'écrire à M. le Ministre de l’agri-
culture pour lui exposer l’état des choses et appeler
toutes ses sollicitudes sur cette grave question.
M. de Brive est invité par M. le Président à rédiger,
sous forme de rapport, les considérations qu'il vient
de développer, et ce rapport sera transmis immédia-
dement, au nom de la Société, à M, le Ministre de l’a-
griculture.
InoustRiE. — M. le Président a recu de M. le Sous-
Préfet de Brioude la lettre suivante :
re
D
RÉSUMÉ DES SÉANCES.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT,
Le vœu souvent exprimé par la Société dont vous diri-
gez les travaux, de pouvoir constater les progrès de
chaque industrie dans notre département par l'exposition
de ses produits à toutes les époques, m’a suggéré une
idée exorbitante peut-être, mais dont je ferai d’ailleurs
bon marché sur votre première observation.
Cette prétention serait de vous adresser, pour le
musée du Puy, quelques échantillons de produits réfrac-
taires sortant de la fabrique que j'ai créée à Brioude,
mais qui va disparaitre sous peu de jours pour faire place
à la gare du chemin de fer Grand-Central.
L'exposition serait-elle justifiée par les divers avan-
tages de faire prendre date au pays, d'encourager quel-
ques ouvriers à s'occuper d’une branche très-lucrative de
l’art céramique, de prouver que les produits de la Haute-
Loire peuvent rivaliser avee ceux de la Loire, de la
Bourgogne, du Puy-de-Dôme, de l'Angleterre même?
C'est à vous, Monsieur le Président, de prononcer.
Je serais heureux que cet intérêt vous parût suffisant
pour autoriser mon envoi et surtout le dépôt dans un coin
obseur de vos belles galeries. Ces échantillons n'exigent
d'ailleurs qu'un très-petit espace , un mètre carré en-
viron.
Veuillez agréer, ete.
ROCHETTE.
L'intérêt que la Société attache à ne laisser passer
inaperçu aucun des progrès accomplis, aussi bien par
industrie que par l'agriculture, lui fait aceucillir
avec empressement la proposition de M, Rochette,
MAI. 429
Plusieurs membres signalent la qualité des produits
obtenus dans l'usine, qui n'aura fait, comme on le voit,
qu'apparaître un instant, mais dont l'existence aura
suffi néanmoins à faire connaître toute la valeur des
matières premières que le pays peut fournir aux divers
établissements que ne manquerait pas d'y multiplier
la création des voies ferrées. Il sera écrit à M. Rochette
pour lui faire connaître que la Société accepte avec
empressement sa proposition.
Dans une seccnde lettre, M. le Sous-Préfet de
Brioude offre également d'envoyer au musée le petit
modèle d’un clocher destiné à la ville de Craponne, et
exécuté par le sieur Sicard. Il est décidé que M. le
Directeur du musée aura préalablement à donner un
avis sur la convenance de l'admission au musée de
l'ouvrage offert.
ARCHÉOLOGIE. — M. le Ministre de l'instruction pu-
plique à adressé à la Société une circulaire relative au
recueil des inscriptions antiques, du moyen àge et de
la renaissance, qui existent en France; il appelle les
Sociétés savantes à prèter leur concours dans cette
vaste et importante entreprise, confiée par lui à la
direction du Comité de l’histoire, de la langue et des
arts établi près de son ministère.
M. Aymard fait observer qu'il s’est déjà empressé
d'envoyer toutes les inscriptions connues du départe-
ment, antérieurement publiées par la Société dans ses
Annales. M. Aymara a également signalé à M. le Ministre
l'initiative prise par la Société pour le moulage des
#30 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
inscriptions trouvées dans la Haute-Loire, et dont
les originaux n’ont pu être acquis aux collections du
musée. Il demande en même temps que la Société
continue cette œuvre, et veuille bien consacrer quelques
allocations à cet objet. La Société est d'avis de compléter
cette collection ; mais il lui semble important de con-
naître le chiffre éventuel de la dépense qu'il faudrait
faire, et elle invite M. Aymard à préciser ultérieurement
ce chiffre.
M. Bretagne rappelle que l’Institut des Provinces,
dans une séance tenue au Puy, à l’époque du Con-
grès, avait alloué une somme de cent francs pour faire
exécuter des fouilles à Saint-Paulien, sur un point
indiqué par M. de Caumont. Ces fouilles, dit-il, ont eu
lieu , et l’on a découvert une galerie souterraine, voü-
tée de 4 m. 50 c. de haut, sur 0, 80 c. de large.
Cette galerie a été mise au jour sur une longueur d’en-
viron 4 mètres. On a également trouvé une excava-
tion circulaire ayant environ 8 mètres de diamètre et
4 de profondeur. C'était peut-être une piscine ; mais il
est jusqu'à présent impossible de se rendre compte
de la destination de la galerie qui, par intervalle’, était
interrompue par des murs avec arceaux s'appuyant
des deux côtés contre les parois. Il faudrait sans
doute, pour arriver à résoudre cette question, pousser
beaucoup plus loin les recherches.
L'appareil de la construction appartient au système
qu'on appelle Opus isodomum. C'est à probablement
une œuvre d’origine romaine, mais il est difficile de se
faire à ce sujet une opinion absolue. Aucune espèce
de ciment n’y à été employée; et toutefois M. Bretagne
MAI. 431
a trouvé sur les lieux un fragment de vase, évidemment
romain, portant ces mots écrits en deux lignes :
VEIU
SOPE
l'estampille du fabricant, à coup sûr, et qu'il faut sans
doute lire ainsi : VEIUS OPERAVIT.
M. Bretagne fait passer sous les yeux de la Société
le plan de la partie des constructions découvertes, et il
propose d'écrire à M. de Caumont pour lui faire £on-
naître les résultats acquis, et lui demander une al-
location nouvelle pour le cas où il semblerait bon de
continuer les fouilles.
La Société prie M. Bretagne de vouloir bien se
charger de ce soin.
M. le chanoine Sauzet et M. labbé Bernard font
observer que les constructions étudiées à Saint-Pau-
lien avaient déjà été découvertes, il y a environ vingt-
cinq ans, et observées par eux. Elles durent être com-
blées pour opérer un nivellement.
M. Aymard dit qu'il est très-porté à considérer ces
constructions comme se rapportant à l’époque gallo-
romaine. Ce membre ajoute qu'il a aussi, lui, re-
levé le plan de cette singulière construction, dont il ne
connait pas d'autres exemples. L'appareil, assez régu-
lier, est formé d'assises dont les pierres volcaniques
ont de 10 à 20 centimètres de long sur 10 de haut en
moyenne, ct sont séparées par une couche de mortier ;
les murs offrent à l’intérieur un léger talus. Lorsque
M. Aymard a visité cette galerie souterraine, elle était
en partie encombrée de matériaux, et, dès lors, il n’a
432 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pu constater si le sol était recouvert d’un pavé ou d’un
enduit en ciment, ce qui aurait peut-être éclairé sur la
destination de cette œuvre.
M. Félix Robert expose l’état des fouilles entreprises
dans le puits ou abîme de Polignac. Il fait connaître
les ressources que la générosité de M. le duc de Poli-
gnac, l'allocation accordée avec tant de bienveillance
par M. le Préfet, et l'intervention de la Société elle-
mème, permettent de consacrer à ce travail. Il fait
observer que ces ressources ne peuvent être suffisantes
pour conduire à son achèvement; insistant sur la
convenance qu'il y a à ne pas laisser l’entreprise ina-
chevée, sur l'intérêt scientifique et archéologique que
peuvent inspirer ces fouilles, et sur l'avantage d’obte-
nir enfin une solution définitive de tous les doutes
émis sur la destination de l’abime, il pense que, dans
le cas mème où l’on ne trouverait au fond rien de ce
qu'on ya si longtemps supposé, ce serait encore beau-
coup que d'être parfaitement fixé. La constatation
de ce fait qu'il n’y aurait rien d’extraordinaire au
fond du puits , serait encore une solution. En consé-
quence, M. Robert propose à la Société d'accepter
l'initiative d’une souscription particulière, à laquelle il
ne doute pas que beaucoup de nos concitoyens pren-
nent part, et qui permettra de mener ce travail à
sa fin.
La Société adhère à eette proposition, et charge
MM. Bretagne, Borie, Giron-Pistre, l'abbé Bernard, le
chanoine Sauzet et Oscar Bonnet, qui pourront s’ad-
joindre d’autres personnes en dehors de la Société,
d'organiser la souscription proposée par M. Robert.
MAI. 433
M. Oscar Bonnet, au nom dela commission du mo-
nument de Julien, fait connaître les diverses alloca-
tions déjà accordées pour cet objet, à savoir : 200 fr.
offerts par l’auteur anonyme de la première proposi-
tion, 200 fr. alloués par le Conseil général, 100 fr.
votés par la Société. Le conseil municipal de Saint-
Paulien à ajouté à ces premières ressources une somme
de 100 fr.,et divers habitants de la mème ville ont
déjà promis pour leur part éventuelle de souscription
une somme de 60 fr. La Commission proposerait à1 la
Société de compléter également les ressources qui
restent encore nécessaires, à l’aide d’une nouvelle sous-
cription.
M. le Président pense que la Société, tout en adhé-
rant en principe aux conclusions de M. Oscar Bonnet,
ne trouvera sans doute pas opportun d'ouvrir immé-
diatement la nouvelle souscription demandée. Cette
souscription se produira plus utilement, à coup sûr,
lorsque celle qui vient d'être décidée pour les fouilles
de Polignac sera close. En conséquence, l’ajournement
est décidé sur cette question.
ADMISSION. — M. Béliben, chargé d'examiner une
étude sur la philosophie de Pythagore, présentée par
M. Louis Paul, comme titre d'admission en qualité
de membre résidant, donne lecture de son rapport :
MESSIEURS,
Il ya à peine quelques mois que j'ai l'honneur de
prendre part à vos occupations, et voilà qu’il m'arrive
TOME XX. 28
434 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
la bonne fortune de pouvoir vous entretenir pendant
quelques instants d’un travail qui roule sur un point
de philosophie.
Je regarde comme un très-heureux symptôme le choix
d'un pareil sujet, Qu'un jeune homme du monde,
plein de cœur et de vivacité, veuille bien faire trève
aux distractions de son âge et, se livrant aux médita-
tions du sage, se mette à occuper les loisirs que lui
laisse l’étude du droit et des affaires, en écrivant sur
des matières difhciles et sévères, et cela de son propre
mouvement, ne faut-il pas voir dans de telles disposi-
tions une tendance louable et digne d'attention, au-
jourd'hui surtout où l'équilibre dans les éléments de
la civilisation semble se rompre, au grand détriment
des lettres et des sciences morales ?
En effet, le culte des intérêts matériels reçoit cha-
que jour des proportions formidables. Le mouvement
de l’industrie , l'essor que prend en ce moment le
commerce, l'immense développement du crédit empor-
tent les populations vers le bien-être physique. Que
devient la pensée au milieu de tous ces bruits étran-
ges, inouis qui se font parmi les hommes ? Le fracas
des machines, les sifflements de la vapeur, la criée des
actions ont couvert Ja voix du philosophe. Loin de
moi toute intention de dénigrement. J'aime à voir
l’homme augmenter tous les jours sa puissance, décu-
pler ses moyens d'action ; mais il ne doit pas ou-
blier qu'après être parvenu à vaincre la matière, îl
doit garder son rang et ne pas se rabaisser au-dessous
d'elle jusqu'à en devenir le vil esclave. Avec vous,
Messieurs, j'applaudis de grand cœur à tous les pro-
RE, à
MAI. 435
grès qui ont pour but de diminuer la misère et de
répandre aisance qui intéresse si fort notre bon-
heur et notre dignité... Et ce n'est pas ici, dans
celle enceinte, que pourra naître en moi le moindre
regret de tout ce qui se fait de bien sous ce rapport.
Je sais toute la part qui revient à la Société acadé-
mique de notre cité, à sa puissante iniliative dans la
résurrection industrielle de ce pays. Sous l'impulsion
donnée par vos soins assidus, par des expositions,
des encouragements, des expériences, l’agriculture com-
mence à sortir de l'état d’atonie où a maintenait la
routine. La fabrication de la dentelle reçoit sous nos
yeux, dans des conditions toutes nouvelles , un dévelop-
pement dont on ne saurait, quant à présent, mesurer
la portée, mais qui, à coup sûr, à déjà fait disparai-
tre la tache indigne qui couvrait notre département.
Honneur done au travail de l'ouvrier qui enrichit tont
un pays sans appauvrir personne ! Mais se reléguer
dans l’arrière-magasin, auprès du coffre-fort et, délais-
sant toute culture intellectuelle et morale, ne chercher
dans le commerce et l’industrie que la fortune, ce
n’est pas là ce qui maintiendra la France au premier
rang. [l yaura pour elle déchéance, le jour où elle
se laissera ravir sa gloire scientifique et littéraire au
profit de l'esprit mercantile et de la spéculition. N’est-
ce pas d’ailleurs à la science, qui sait arracher à
la nature ses secrets, que nous devons les découver-
tes les plus utiles? Et même, ce goût exquis, qui
décore d’une grâce inimitable tout ce qui sort de la
main d'un ouvrier français ct que nos rivaux n'ont pu
alleindre , peut-être pourrait-on en trouver la source
436 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
dans ces études classiques dont il est de mode de
médire un peu de nos jours, mais qui n’en sont pas
moins un besoin constant de notre pays et un élément
essentiel de notre civilisation.
Ainsi done vous accucillerez avec faveur tout ce qui
a rapport au développement intellectuel, moral et re-
ligieux de notre époque. Sans rien perdre de cette
activité salutaire qui a fait surgir au milieu de vous
des gardiens vigilants et des promoteurs habiles des
améliorations qui ont trait au bien-être et à la prospé-
rité, ne vous lassez pas d'entretenir ce feu sacré de
la pensée où s’allument l'inspiration et l'enthousiasme
qui produisent dans l’art des chefs-d'œuvre, et dans
la vie les beaux dévouements et les actions généreu-
ses. Continuez, autant qu'il vous est donné de le
faire, vos encouragements aux lettres et aux beaux-
arts. Vous avez vaillamment conquis le droit d’ajouter
à votre titre de Société d'agriculture et du commerce
celui de Société des sciences et des arts ; et certes, on
n'aurait pas beaucoup à chercher pour découvrir dans
les membres de la Société, à côté d’habiles agronomes,
des hommes distingués dans les sciences naturelles et
médicales, dans l'archéologie et le droit, de charmants
poètes, des écrivains de talent et des artistes d’un vrai
mérite.
Aujourd'hui, c'est un jeune philosophe qui frappe
à votre porte; il se présente à vos suffrages sous
les auspices de Pythagore. On ne pouvait certes s’au-
toriser d’un nom plus vénérable. Pythagore nous appa-
rait comme une des plus imposantes figures de l’an-
tiquité grecque. Né à Samos, dans une de ces colonies
MAI, 137
florissantes que les Grecs d'autrefois savaient fonder,
il quitta l’Asie-Mineure, où dominait le sensualisme
de l'école d'Ionie , pour venir créer à l’extrémité
opposée, dans l'Italie méridionale, autrement dite la
Grande-Grèce, une doctrine rivale et toute nouvelle.
Tandis que Thalès, Héraclite, Anaximène et d’autres
hommes dont l’histoire a gardé le nom , ont arrété
leurs regards sur la nature et s'efforcent d'expliquer
le principe de ce que les sens peuvent saisir, Pythagore
et ses disciples, par une voie toute opposée, veulent
pénétrer non la matière, mais la forme même des
objets, et cela au moyen de l’étude des rapports que
ces objets ont entre eux, rapports que la pensée seule
peut embrasser : tels sont les rapports de nombre,
d'harmonie; de sorte que si les sages d’Ionie peu-
vent être regardés comme Îles pères de la physique
et de la chimie, à l'école italique et idéaliste appar-
tient l'honneur d’avoir créé les sciences mathémati-
ques ct d'avoir eu le sentiment de la vraie philoso-
phie, dont le mot d’ailleurs appartient à Pythagore.
C'est à exposer la vie et les doctrines de cet illus-
tre savant que M. Louis Paul a consacré son travail,
sous le titre modeste d'Étude de Philosophie ; et
l'on peut dire qu'il l’a faitavee succès. Cet écrit, que
J'aurais désiré plus étendu, est plein d'intérêt. Les
détails de la vie de Pythagore , ses voyages, la fon-
dation de son institut, les épreuves d'initiation subies
par les adeptes y sont présentés avec ordre et clarté.
Dans l'exposé des doctrines pythagoriciennes, M. Paul
a su écarter tout ce qu'elles ont de symbolique, de
mystique et d’obscur, pour s'attacher à ce qu’elles ren-
438 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ferment d’éternellement vrai. Une courte citation vous
fera juger du talent et de la manière avec laquelle
notre jeune candidat sait rendre la théorie aride des
nombres.
« Pythagore se représentait l'univers comme une
immense harmonie dont Dieu est le musicien, le ré-
gulateur suprême. Cette immense harmonie répandue
partout dans la création avait surtout frappé Pythagore,
comme elle avait frappé le sage Salomon, qui disait
que Dieu a tout créé en nombre, poids et mesure.
Les lois qui régissent les phénomènes du monde phy-
sique lui semblèrent d’une telle régularité qu'il pensa
qu’elles pouvaient être exprimées par des nombres ;
de là la grande théorie de Pythagore, d’après laquelle
les nombres sont le premier principe des choses. Cette
parole de Salomon, que Dieu a tout créé en nombre,
poids et mesure, nous montre que ce roi si sage avait
compris que Dieu a soumis tout l’univers aux grandes
lois mathématiques, qui se divisent en trois parties
essentielles : arithmétique , géométrie , mécanique.
Les lois physiques, qui régissent les fluides et les
attractions de la matière, depuis l’astre errant jusqu'à
la molécule, s'expriment par des nombres : en admi-
rant les proportions du monde, ne reconnaît-on pas
partout l'application des lois géométriques , et le mouve-
ment des astres ne s’exprime-t-il pas encore chaque jour
par un mot si plein de sens : la mécanique céleste ? »
Plus loin, par une ingénieuse explication, qui est
tout-à-fait dans le sens de la philosophie pythagori-
cienne, M. Paul ramène la théorie des nombres à la
recherche des lois de l'harmonie,
hic
MAI, 439
En effet, c'est par l'harmonie, synonyme du nombre,
disent les pythagoriciens, que se pénètrent et s'unissent
les dissemblables. L'amour de ces philosophes pour la
musique était tel qu'ils pensaient avoir trouvé l'unité
de mesure dans les rapports de l’octave, se sonciant
trop peu de concilier l’octave avec le culte qu'ils pro-
fessaient pour la décade ou le nombre diæ. Ils allaient
même, sans aucune retenue, jusqu'à prétendre que toute
essence des choses est fondée sur des rapports har-
moniques, assignant un nombre à chaque chose : ainsi,
par exemple, le nombre huit à la vertu humaine, le
nombre neuf à la sagesse des sphères, etc.
Quant à la métempsychose, que Pythagore tenait de
Phérécide et qui, à cette époque, était populaire, M. Paul
a raison de ne la regarder, dans la philosophie de
Pythagore, que comme le signe de dogmes plus vrais
et plus élevés ; tels que la croyance à l’immortalité
de l’âme , celui de l’éternelle responsabilité de nos
actes et du perfectionnement continu de l'humanité, qui
est en germe dans cette règle absolue : Que l’homme doit
s'efforcer de ressembler à Dieu : onokoyix #pôs rù Oeioy;
admirable définition du devoir que nous trouvons en-
core dans la bouche du Sauveur, lorsqu'il disait : Soyez
parfaits comme mon Père céleste est parfait.
Ce qui parait surtout avoir attiré M. Paul et l'avoir
déterminé dans le choix d’un sujet aussi sévère, c’est
autant la vertu que la science du fondateur de l’in-
stitut de Crotone.
Dans les légendes, au milieu desquelles la tradition
a enfermé Pythagore, nous le voyons représenté comme
un homme saint, qui enseignait une science divine,
440 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
et dont la parole était l’infaillible vérité. [1 enten-
dait l'harmonie des sphères et, doué d’une mémoire
prodigieuse, il avait le don de se rappeler la succes -
sion des divers états de vie par lesquels il avait passé,
pouvant même exciter dans autrui celle merveilleuse
faculté,
Parmi toutes ces fables, ce qu'il y a de certain, c’est
que les membres de la société célèbre qu’il avait fondée
étaicat parfaitement honorables. Entre eux régnait la
plus grande confraternité et (ous aspiraient à une con-
duite parfaite , mettant leur manière de vivre en rapport
avec leurs discours, appliquant le précepte que Cicéron
a puisé dans leur doctrine et qu'il exprime si bien
au livre des Devoirs
Videndum est in vita , ne forte quid discrepet, vel
multo etiam magis, quo major et melior actionum,
quam sonorum concentus est : Ne faisons pas de fausse
note dans la vie, d'autant plus que le concert qui
résulte des actions est plus beau que celui des sons.
Les pythagoriciens eurent une influence marquée sur
les mœurs publiques et sur les affaires de leur pays.
Sous leur direction, les colonies de la Grande-Grèce
devinrent très-florissantes ; c’est d'elles que sortaient
les athlètes, les plus souvent couronnés aux jeux olympi-
ques : témoin Milon de Crotone, dont nous avons au
musée une si tragique représentation (1).
(1) Le musée, où se tiennent les séances de la Société académique
du Pay, possede une belle réduction en bronze du groupe de Puget,
représentant Patblète Milon de Crotone attaqué par un lion , tandis
que ses mains sont prises dans la fente d’un chéne.
MAI, 441
Plutarque, avec beaucoup d’autres biographes, nous
donne des détails pleins d'intérêt sur un pythagori-
cien de Tarente, Archytas le mathématicien, qui fut
sept fois stratège, qui n’essuya jamais de défaite, obtint
toute la confiance de ses concitoyens par l'empire qu'il
exerça sur lui-même et par 11 pureté de ses mœurs,
joignant à la prudence que lui éounail ia connaissance
des hommes , la candeur affectueuse d’un enfant.
Qui ne connaît toute l’ardeur que les pythagoriciens
apportaient dans leurs amitiés, par l'exemple de Damon
et Pythias ?
Ils considéraient en général la vie matérielle comme
un état d'infériorité et de souffrance , mais nécessaire et
comme une explalion ; de sorte qu'ils pensaient qu'il n°v
avait rien à diminuer du fardeau, qu'il fallait le porter
avec courage et s’efforcer de triompher des appétits, de
la colère, des passions, «fin de devenir meilleur sous
l'influence du sentiment religieux, qui était le lien
commun de tous les dogmes de cette noble et belle
philosophie.
C'est ce edté moral d’une doctrine qui, dès la plus
haute antiquité, a fait éclore tant de vertus, qui à
séduit l’âme de notre jeune candidat, ouverte à toutes
les généreuses inspirations. On respire dans son œuvre
un parfum d'honnêteté qui vous attire. Dans une forme
vive, Saisissante, dépouillée de toute affectation , sa pen-
sée se fait jour avec netteté.
Ce qu'il demande , c’est l’union de la science et
de la religion, comme au temps de Pythagore, et qui
de nos jours pourrait bien mieux s’accomplir, sous
le souffle si puissamment civilisateur du christianisme.
412 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Voici le point de vue si juste et si élevé sous le-
quel lui apparaît le progrès : « Le progrès pour
l'individu, comme pour les peuples, nous dit-il,
c'est l’acheminement vers la sagesse, c'est la réalisa-
tion, dans le domaine de l'esprit et dans celui de la
matière, des enseignements de la philosophie. Nous
dirons donc qu'un peuple est en progrès, lorsque nous
le verrons, s'appuyant sur une religion forte, des mœurs
pures, une industrie brillante, s’efforcer encore de faire
chaque jour un pas dans la connaissance des sciences
théologiques pour devenir plus religieux, des sciences
morales pour s’affermir dans la vertu, des sciences
physiques pour accroître davantage son bien-être ma-
tériel. »
Qui ne souscrira à des vues si vraies et si bien
exprimées ? Pour moi, je ne conçois pas le progrès
d’une autre manière, et j'ose dire que c'est aussi la
manière dont le conçoit la philosophie moderne. M. Paul
peut trouver que la philosophie moderne n'est pas
assez prononcée dans ce sens, sans doute par compa-
raison avec le pythagorisme ; mais, à mon avis, elle
ne mérite pas le trait qu’il a lancé contre elle.
Avec M. Paul, je suis parfaitement convaincu que
la philosophie ne doit pas étre une simple affaire
d'érudition, sans application au perfectionnement de
l’homme, à l'amélioration de la raison , de la volonté,
des sens et du cœur. Avec lui, je réprouve toutes
les mauvaises doctrines. Mais je craindrais d’être plus
que sévère, si je disais « que la philosophie n’est plus
» qu'une science aride et raisonneuse, qui se soucie
» peu de conduire l’homme à sa juste fin, pourvu
ed
MAI. 443
» qu'elle lui proclame l'indépendance de sa raison. »
S'il en était ainsi, il n’y aurait plus qu'à fermer tous
nos livres de philosophie moderne, à lacérer Descartes,
Leibnitz, Malebranche, le traité de la Connaissance
de Dieu et de soi-même, de Bossuet, celui de Fénelon ;
à mettre au feu une foule d'ouvrages, d’une valeur
morale incontestable, qui se pretuisent fous les jours
sous nos yeux, et à revenir aux théories symboliques et
mystiques de Pythagore. Ce sacrifice ne nous parait
nullement nécessaire pour que nous puissions apprécier
à sa valeur l'essai dont je viens de vous rendre compte
et qui promet à notre Société un écrivain et un penseur.
On procède au vote sur l'admission de M. Paul;
le dépouillement du serutin donne l'unanimité en
faveur de l’admission. En conséquence, M. Louis
Paul est proclamé membre résidant de la Société.
Il est ensuite procédé au renouvellement de la com-
mission des divers conservateurs du Musée, Sont
nommés :
Conservateur des tableaux et statues, M. Vibert,
Directeur du musée, et, à ce titre, président de la Com-
mission ;
Conservateur des médailles, antiquités, sculptures et
curiosités, M. Aymard ;
Conservateur de la bibliothèque, M. l'abbé Ber-
nard ;
Conservateur des machines et instruments d'arts et
métiers, M. Chouvon ;
144 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Conservateur des collections géologiques, paléonto-
logiques et minéralogiques, M. Félix Robert ;
Conservateur des collections zoologiques, M. le doc- |
teur Dugaray; |
Conservateur des collections botaniques, M. du
Villars.
La séance est levée à 7 heures.
Le Secrétaire,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 5 JUIN.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Correspondance;
Lettre de S. Exec. M. le Ministre de l’agriculture, qui accorde une
somme de huit cents francs pour encouragements au drainage; fa-
brication des tuyaux; observation de M. de Brive sur la nécessité
d'acquérir une nouvelle machine. — Rapport de M. Chouvon sur le
concours régional de Tulle. — Communication de M. le docteur
Martel, concernant la péripneuinonie des bétes à cornes. — Acquisi-
tion d’un bahut sculpté du XVe siècle. — Don, au nom de M Gal-
lien, d’un fraginent d'une colonne romane du XHIe siècle, — Indica-
tions fournies par M. le docteur Martel, au sujet d’une tombe gothique
par lui découverte dans la nouvelle salle d'asile du Puy ; M. Souteyran
veut bien se charger de transmettre à M le Maire le vœu de la Société
pour que cette Lombe soit donnée au musée. — Don au musée, par
M. Pascal Jourde, de différents objets pris à Sébastopol. — Réparti-
lion, par les soins de M. Bertrand de Douc et d’après le vœu du
conseil d'administration , des douze exemplaires de l'ouvrage de
M. Poulett Serope, qui sont attribuées aux collections publiques et
à divers membres résidants ou honoraires de la Société; remerciments
a M. Bertrand de Doue.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. Uh. C. de Lafayette.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
446 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
OUVRAGES REÇUS. — Parmi les ouvrages envoyés à la
Société, M. le Président mentionne plusieurs publica-
tions où se trouvent des renseignements, utiles à con-
sulter, sur les avantages du battage mécanique des
céréales, et notamment un compte-rendu inséré dans
la Revue agricole de Valenciennes ; d’où il résulterait
que le battage mécanique, même à l’aide de machines
imparfaites, mérite encore la préférence, au point de
vue du bon marché, sur le battage au fléau.
La même Revue contient un article intitulé : Recher-
ches géogéniques, où les travaux de notre honorable
collègue M. Bertrand de Doue sont cités avec honneur.
Dans une livraison du bulletin intitulé : Le Cabinet
historique, M. le Président fait remarquer la mention
de plusieurs documents ayant trait à l’histoire du Ve-
lay, et notamment une lettre de M. de Bains, adressée
à dom Vaissette, relativement aux renseignements
fournis à ce dernier pour l’histoire du Languedoc.
AGRICULTURE. — M. le Ministre de l’agriculture fait
connaître qu’il accorde une somme de 800 francs,
qui sera mise à la disposition de la Société par l’inter-
médiaire de M. l'Ingénieur en chef du département,
pour encouragements au drainage. De son côté, M. l'In-
génieur demande, au nom de Son Excellence, qu'il
soit dressé un tableau des terrains déjà drainés, avec
indication de leur nature, de leur production avant et
après le drainage, et des dépenses approximatives né-
cessitées par chacune des opérations de ce genre.
JUIN. 447
M. de Brive fait observer que jusqu'à ce jour une
assez grande quantité de tuyaux fabriqués par les soins
de la Société ont été livrés à des propriétaires de
l'arrondissement, et qu’en général leur fabrication
avait semblé satisfaisante ; tandis que M. le marquis de
Ruolz en aurait reçu un certain nombre de qualité
inférieure, et dont la cuisson notamment aurait laissé
beaucoup à désirer. M. de Brive demande si, pour ob-
vier à cet inconvénient, il ne serait pas convenable et
possible d'établir entre les fabricants une certaine con-
currence. Il a été parlé d’une nouvelle machine à très-
bas prix, dite la machine à 40 francs. W y aurait lieu
sans doute de prendre des informations sur sa valeur.
En tout cas, le sieur Sauzon , auquel la machine Calla
avait été primitivement confiée, se trouverait aujour-
d'hui en mesure, par l'acquisition qu’il a faite d’un
malaxeur pour la préparation des terres, et par les
perfectionnements qu'il apporte avec zèle dans sa fa-
brication, de répondre convenablement aux exigences
de la Société. IL serait sans doute désirable qu'une
seconde machine fût de nouveau mise à la disposition
du sieur Sauzon, ce qui permettrait à la Société et
aux consommateurs de bénéficier de l’émulation qui ne
manquerait pas de se produire entre les fabricants.
En conséquence, la Société émet le vœu que l’atten-
tion du conseil d'administration soit appelée sur l’u-
tilité qu’il y aurait à se procurer une nouvelle machine,
et sur le choix à faire entre les divers systèmes.
M. Chouvon, directeur de la ferme-école de la Haute-
Loire, membre du jury du concours régional de la
148 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
circonscription, tenu dans le courant du mois de mai,
donne lecture du rapport suivant sur ce concours :
MESSIEURS,
:,
Dans les premiers jours du mois de mai, j'ai eu
l'honneur d'assister, comme membre du jury, au concours
régional de Tulle, et je viens aujourd’hui vous rendre
compte de cette solennité.
Au temps du célèbre procès de madame Lafarge, Tulle,
encombré d'étrangers qu'il avait peine à contenir, était
loin de se douter qu’une fête agricole lui vaudrait un jour
la même affluence. L'agriculture, éternellement proclamée
le plus utile des arts, n'avait pas encore, en effet, l'hon-
neur d’exciter à un si haut degré les sympathies ou la
curiosité du publie. Oui, cette ville était de nouveau
pleine d'étrangers se serrant les uns à côté des autres
dans les chambres d'hôtels, pendant que descendaient de
voiture les beaux et nombreux animaux qui venaient
disputer pour leurs maîtres les grandes médailles d’or et
les primes d'argent. Il est vrai que ce mouvement avait
été secondé avee le plus grand zèle etle plus grand entrain
par les autorités locales. La ville, par les soins de son
maire, M. Favart, avait pris l'air de fête qui lui conve-
paiten pareille circonstance ; l’éloquent Mgr Berthaut,
du haut de la chaire apostolique, témoignait de ses affec-
tueuses sympathies pour les chefs et les soldats de l’agri-
culture; et les étrangers, en particulier les délégués du
gouvernement, conserveront un bon souvenir du préfet,
M. le baron Michel, pour les excellentes dispositions
qu'il avait ordonnées et pour l’aimable aceueil qu'ils en
ont reçu.
JUIN. 449
L'espèce bovine, dont on avait éliminé toutes les bêtes
indignes du concours, était représentée par 115 individus,
mâles et femelles. On distinguait tout d’abord la célèbre
race de Salers, qui est restée le type du bœuf de travail ,
tout en perdant, sous l'influence des exhibilions régio-
nales, ses longues jambes et l’exagération du système
osseux.
La race d’Aubrac, au tempérament plus lymphatique
et partant plus propre à l'engraissement, figurait digne-
ment, quoique légèrement encore entachée du défaut
originel, l’enselure du dos.
On aceuse dans la race limousine le peu de développe-
ment de l'épaule; mais, à part ce défaut assez souvent
constaté, c'est un animal coulé d’un jet, qui ne laisse
rien à désirer sous le rapport des lignes et qui se distin-
gue tout d'abord par l'ampleur de ses formes.
La race charolaise, et je n’enteuds parler ici que de
celle qui est façonnée pour les concours, est justement
dénommée le durham français. Elle a, en effet, comme
ce type si célébre pour la boucherie, une grande sou-
plesse de peau, des extrémités fines, des os qui fuient
sous la main qui les sonde, des chairs potelées. Comme
bête de boucherie, c’est un animal qui marche vers la
perfection ; mais, quoi qu'on en dise, il perd ses qualités
pour le travail, car ses os menus se fondraient dans un
rude labour.
Il y avait bien encore des bêtes agenaises, garonnaises,
lypes assez confus, au moins pour la région, et dont les
différences sont diflicilement saisies par un étranger.
Les durham étaient, comme sont en général les ani-
maux de celte catégorie, des boules de chair avec de petits
TOME XX. 29
450 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
os, de petites jambes, une petite tête. Ceux-là, au moins,
n'ayant pas de la prétention au travail, laissent à l’exa-
minateur toutes ses aises pour les admirer comme bôtes
de boucherie.
Tous ces animaux, en général, malgré les quelqnes
imperfections qu'on pouvait reprocher çà et là, et dont
étaient en général exempts les premiers choix, présen-
taient un ensemble admirable de développement et de
formes. Ils témoignaient hautement de l'utilité des con-
cours régionaux, qui font céder devant des ïuges de tout
pays et des comparaisons avec des animaux de provenances
diverses, les petites vanités et quelquefois les routines
locales.
Dans cette lutte où les prix étaient vivement disputés,
il y avait honneur à obtenir une distinction, de quelque
rang qu'elle fût; et nous devons féliciter sincèrement
notre compatriote M. le baron de Flaghac, propriétaire
à Aurac, pour le premier prix que lui a valu un magni-
fique taureau de la race de Salers. Il ne pouvait exister
pour ce lauréat de concurrent envieux, car ce bel animal
était complètement hors ligne.
L'exposition possédait des échantillons de toutes les
races ovines renommées d'Angleterre et de France.
Comme le programme ne comportait que des animaux
nés en France, M. de Flaghac, possesseur d’un bélier
et de quelques brebis Southdown, provenant du célèbre
troupeau de Jonas Web, a dû renoncer à les exposer, et
les réserver pour le concours universel de Paris. En ce
que nous connaissons, je n'ai vu que le causse, race
superbe pour le public, mais trop haute sur jambes, trop
osseuse pour le connaisseur. Beaucoup se rapprochaient
w
JUIN. 491
de ce que nous appelons les fins, et il y avait dans cette
catégorie quelques bons individus. Dans le nombre, j'en
ai remarqué un qui pouvait aller de pair avec ses con-
frères anglais, car il représentait, suivant l'expression du
célèbre éleveur Malingié Nouel, un œuf monté sur quatre
épingles. Le rava , une autre de nos connaissances,
n'était pas descendu des montagnes du Mont-Dore. Ce
tout petit animal, qui s’engraisse là où un causse mour-
fait de faim, est trop modeste pour lutter contre Îles
produits de riches pâturages.
On me pardonnera de passer aujourd’hui sur les races
anglaises, notre agriculture locale n'étant pas encore
trop pressée de faire un choix. Cependant nous touchons
à ce moment, car communaux et parcours disparais-
sent pour Îles races antiques , et le développement
des prairies artificielles et des racines fourragères nous
prépare et nous convie à l'adoption des animaux perfec-
uonnés.
Dans l'espèce porcine, composée de types anglais de
toutes sortes et français, M. de Flaghac à obtenu un
troisième prix pour un verrat new-leicester. Ce proprié-
laire avait également exposé une truie de même espèce.
On à longtemps pensé que le premier prix serait dévolu à
ces remarquables bêtes; mais le hampshire a eu les hon-
neurs, préférence qu'il a due peut-être à ce qu’il a été
jugé plus propre à améliorer la race du Limousin, qui
parvient dans nos foires sous le nom d’aglon.
L'exposition des instruments ne présentait rien de
bien remarquable. Les exposants étaient, en général, des
fabricants de province, qui trouvent toujours quelque
changement à faire aux beaux types qu’ils ont pris pour
452 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
modèles, et qui ont toujours à leur portée des acheteurs
prêts à les encourager dans la déviation des bons prin-
cipes. Cependant il y avait bien des exceptions à faire, et
on pourrait citer, entre autres, de bonnes charrues-Dom-
basle, dont quelques-unes étaient munies de socs à
pointe. Cette modification doit faciliter le travail dans les
terrains pierreux, où les socs américains ne fonctionnent
qu'à la condition qu’on leur donne beaucoup d’entrure.
Cette pointe est une tige de fer, de dix centimètres environ
de long, assez semblable à l'extrémité du soc de nos
araires. Elle fait suite au soc américain des charrues-
Dombasle. Dans cette catégorie, on distinguait particu-
lièrement la charrue-Armelin, dont la pointe est poussée
à mesure qu'elle s’use.
J'ai revu le rouleau d’un de nos collègues, le comte
d'Ussel, primé l’année dernière à Clermont. Rien, bien
cerlainement, n'équivaut au rouleau-Croskil; mais ce
dernier est très-cher, el quand on hésite à faire de grands
frais, on ne peut le remplacer pius avantageusement, à
mon avis, que par celui de M. d'Ussel. Pour se faire une
idée de ce rouleau, qu'on suppose trois rones donnant en
tout une longueur de { mètre 30 et relices dans toute
leur circonférence par des barres carrées de fer qui se
présentent sur le sol par un de leurs angles. Cet instru
ment fonctionne parfaitement, ne s'engorge pas, etila
de plus le mérite de conserver sa valeur intrinsèque, car
le fer brut ne perd de prix que par son usure.
M. de Flaghac figurait encore dans les produits agri-
coles par divers grains, et surtout par du chanvre monstre,
qui lui ont valu une médaille d'or.
I y avait beaucoup de conserves alimentaires qui,
JUIN. 453
malgré leur grand âge, ont été trouvées parfaites à la
dégustation. J'ai, en outre, pour mon compte, admiré
avec plaisir des toisons de chèvres d’Angora blanches
comme la neige, sonples et fines comme la plus belle des
soies .
Notre pays, trop éloigné jusqu'à ce jour des lieux de
concours, y a été rarement représenté. Il faut espérer
que nos éleveurs commenceront à se produire l’année
prochaine, à Mende, dont la distance n’est pas assez
grande pour être une excuse dans une pareille solennité.
Ils auront encore à se préparer pour 1860, où le Puy
sera le siège de ces assises agricoles. Que nos éleveurs
ne perdent pas de vue qu'une bête de choix se distingue
par la rectitude de la ligne dorsale, la largeur des han-
ches , l’aplomb et l'écartement des fesses, la finesse d’at-
tache de la queue. Qu'ils prennent garde au développe-
ment trop prononcé du garrot, qui correspond trop sou-
vent à une dépression au défaut de l'épaule; ce qui rend,
comme on dit, l'animal sanglé. Aucune de ces défectuo-
sités ne constitue une qualité pour le travail où pour le
lait, eton peut sans arrière-crainte s’attacher à les faire
disparaître. Le principal moyen d'arriver à ce but est
une sélection sévère et surtout une bonne alimentation
d'hiver. S'il m'était permis de rappeler que j'ai posé
pour la race du Mezenc le premier jalon dans les exposi-
tions régionales, je dirais que c’est à cette dernière con-
dition que j'ai dû un succès rappelé celte année encore
par un des juges du concours, reconnu sans conteste
comme l’un des plus compétents. J'ai peut-être tort de
m'arrèter à celle circonstance, mais elle m'a dédem-
magé, par l'appréciation sérieuse des qualités de l'animal
454 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
que j'ai produit, du dédain d’un certain écrivain qui,
dans son compte-rendu du concours de Tulle, n’a pas su
placer un mot qui témoignàt de ses connaissances z00-
techniques.
M. de Brive se joint à M. Chouvon pour demander
que M. le Ministre soit instamment prié d'établir
en faveur de notre race indigène, et pour les prochains
concours, une classification spéciale. Sans doute, la
race du Mezenc, jugée sur un premier coup-d’æil, ne
supportera qu'imparfaitement la comparaison avec
d’autres races de plus belle apparence; et néanmoins
elle semble répondre très-convenablement aux multi-
ples besoins de notre agriculture, par une triple et suf-
fisante aptitude à la production laitière, au travail et
à l’engraissement.
La Société donne une pleine adhésion à la pensée
exprimée par les préopinants, et il devra être écrit
dans ce sens à M. le Ministre de l’agriculture.
M. le docteur Martel, comme président de la com-
mission chargée d'étudier la question de la péripneu-
monie des bêtes à cornes, et de l’inoculation par les
procédés du docteur Wilhem, fait connaître incidem-
ment l'amélioration sensible qui s’est produite, en
dehors de toute action curative, dans l’état sanitaire
des bestiaux du pays. Il rappelle la demande et les
prétentions de certains guérisseurs qui se disent en
possession de médications secrètes dont le succès serait
infaillible, et qui demandent effrontément à concourir,
sous le patronage de la Société, pour le prix de 10,000
fr. proposé par le gouvernement, M. Martel croit devoir
JUIN. 455
engager la Société à se tenir en garde contre les assu-
rances de ces empiriques, dont tout le savoir consiste
à se ménager des cures infaillibles, en faisant accroire
aux trop crédules propriétaires que leurs bestiaux sont
atteints de la maladie en question , alors qu'ils n’éprou-
vent qu'une indisposition passagère.
Celui de ces médicastres dont le nom faisait le plus
de bruit et qui a fait parvenir à la Société de nombreux
certificats, signés par des maires et des agriculteurs
trop complaisants ou trop peu clairvoyants, pour éta-
blir qu’il avait obtenu par sa méthode {mystérieuse)
plusieurs guérisons merveilleuses, a été soumis à une
épreuve décisive par MM. Martel et de Brive. Le 5 mars
dernier , ces deux messieurs se rendirent au village de
Billac , où plusieurs bêtes à cornes étaient affectées
soit de péripneumonie interlobulaire, soit de péri-
pneumonie simplement inflammatoire; rendez-vous y
avait été donné à F°”, empirique, et à M. Pascal,
médecin vétérinaire de l'Administration; chacun d’eux
devait traiter à sa manière et séparément les bêtes
malades qui seraient mises à leur disposition. M. Martel
et M. de Brive devaient plus tard juger comparative-
ment des effets obtenus. Quatre bêtes malades au
mème degré et dans les mêmes conditions furent dési-
gnées pour le traitement, deux dans une maison et
deux dans une autre; le choix fut laissé à F°*, empi-
rique, M. Pascal acceptant les deux bètes qu'il refuse-
rait. F°”*, le faux guérisseur, a reculé devant cette
épreuve, qu'il avait demandée plusieurs fois, disant
d'un air béat et inspiré : « Dieu seul peut les guérir. »
À dater de cet aveu d'impuissance, la Société a été
délivrée des certificats et des réclames de ce charlatan.
456 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Musée. — M. le Président annonce que, de concert
avec M. Aymard, il a fait l'acquisition d’un coffre ou
bahut du xve siècle, et d’une ancienne pierre sculptée.
Le coffre est orné d’une serrure remarquable. M. le
curé des Carmes, possesseur de ces deux objets inté-
ressants, a bien voulu les céder à la Société, et M. le
Président a cru devoir profiter de ses bonnes disposi-
tions.
M. le docteur Martel, au nom de M. Gallien, fait
offre à la Société d’un curieux fragment de colonne
romane {xue siècle) présentant des chevrons en relief
et en creux, et ayant de plus cette particularité que le
chapiteau ne forme qu'une pièce avec le tronçon de la
colonne. Ce morceau a été trouvé dans la cour de la
maison Gallien, située au pied du grand escalier de la
cathédrale.
Des remerciments sont adressés à M. Gallien au nom
de la Société.
M. Martel informe également l’Assemblée qu'il a
découvert dans la maison destinée à la nouvelle salle
d'asile du Puy, une tombe gothique, en pierre, sur
laquelle il a appelé l'examen de M. Aymard. M. Ay-
mard a trouvé, comme M. Martel, que ce monument
était très-intéressant, et il en a attribué lexécution à
la fin du xure siècle. M. Martel propose de faire des dé-
marches auprès de M. le Maire pour que cette tombe
soit placée au musée.
M. Souteyran, adjoint à M. le Maire, est prié de
vouloir bien servir d’intermédiaire pour cette de-
mande.
JUIN. 457
Au nom du sieur Jourde (Pascal), du Puy, ancien
franc-tireur et caporal médaillé sur le champ de ba-
taille, entré un des premiers à Sébastopol, M. Aymard
offre à la Société, pour faire partie des collections
ethnologiques du musée :
1° Deux dentelles détachées de l'autel de Sébastopol,
d’un travail grossier, mais ayant néanmoins un cachet
particulier ;
2° Le bonnet d’un grec volontaire ;
3° Les épaulettes Jun officier russe ;
40 Un fragment de galon doré pris dans une cha-
pelle de Sébastopol.
M. le Président prie M. Aymard de transmettre à
M. Jourde les remerciments de la Société, qui voit
avec une vive satisfaction les enfants du Puy garder,
à de si lointaine distance et au milieu des plus pé-
rilleuses fatigues, le souvenir affectueux de la ville
natale.
OBJETS D'ADMINISTRATION. — Ainsi que cela résultait
d'une communication faite par M. de Brive, dans l’une
des précédentes séances, douze exemplaires du ma-
gnifique atlas annexé au mémoire de M. Poulett Serope
avaient été destinés par l’auteur à être offerts aux
membres du Congrès scientifique de France, tenu au
Puy en 1855.
L'envoi étant arrivé tardivement, l’auteur, par une
lettre du 24 mai dernier, en a confié la distribution à
M. Bertrand de Doue, qui a proposé au conseil d’admi-
nistration de la Société de la faire ainsi qu'il suit :
458 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
1o Un exemplaire à M. de Chevremont, préfet du
département et président du Congrès ;
20 À Mer de Morlhon, évèque du Puy, pour l'éclat
qu'il a donné, ainsi que le clergé, à cette solennité ;
3o À M. de Brive, secrétaire général du Congrès;
4o À M. Ch. CG. de Lafayette, secrétaire général
adjoint.
50 À M. Aymard, secrétaire général adjoint;
Go À la bibliothèque historique de la Société;
Te A celle de la ville;
8 A celle du grand séminaire du Puy;
9 A celle du cercle Saint-Hubert, au Puy.
100 Enfin, un exemplaire avait été nominativement
destiné par M. Poulett Scrope à M. Bertrand de Doue
par ses différentes lettres.
Restaient deux exemplaires.
Le conseil d'administration, d'accord avec M. Ber-
trand de Doué, à cru ne pouvoir en faire un meilleur
usage qu'en proposant à la Société de les offrir, au
nom de M. Poulett Scrope :
lo AM. le marquis de Latour-Maubourg, comme
témoignage de reconnaissance pour les nombreux et
magnifiques présents offerts par notre généreux com-
patriote et par sa famille au musée ;
20 À M. Félix Robert, pour la riche collection de
fossiles dont il s’est si généreusement dépouillé en fa-
veur des collections de cet établissement.
Enfin M. Poulett Scrope a également envoyé six
exemplaires de son ouvrage sur les volcans. M. Ber-
trand de Doue propose de leur donner les destinations
suivantes: un exemplaire à la bibliothèque de la So-
JUIN. 459
ciété, à celle de la ville, à celle du grand séminaire, à
celle du cercle et à M. Aymard.
La Société, en remerciant M. Bertrand de Doue,
auquel elle est redevable, comme elle le sait depuis
longtemps, de ses plus précieuses relations dans le
monde savant, et de la notoriété scientifique acquise
à notre pays, prie l'honorable membre de faire agréer
à M. Poulett Scrope l'expression de la plus vive gra-
titude.
La séance est levée à six heures.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 3 JUILLET.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal, — Ouvrages reçus; documents men-
tionnés dans le Cabinet historique sur l’église du Puy, sur les baillis
du Velay ; Relation du couronnement de Notre-Dame du Puy; Man-
dement de Mgr de Morlhon à ce sujet ; Discours du R. P. Nampon.
— Remerciments de M Ie Préfet et de M. Je Secrétaire de la com-
mission du Cercle, pour le don de l’ouvrige de M. Poulett Scrope.
— Monileur des Comices; destruction de la cuscute par l'emploi du
sulfate de fer. — Bulletin de la Société d'agriculture de l'Hérault ;
étude de loïdium; le soufrage des vignes; état actuel des cultures
viticoles; observation de M. Regimbeau. — Demande de renscigne-
ments sur la situation des récoltes, par M. de Brive; réponses de
MM. Chouvon, C. de Lafayette, ete. — Bulletin agricole du Puy-de-
Dôme; rapport de M. Jusseraud sur le concours régional de Cler-
mont ; observations de M le Président et de M. de Brive sur ce rap-
port. — Journal d'agriculture pratique; article sur les irondations ;
nomination d’une commission pour l'étude du même sujet — Con:-
munication de M. Plantade au nom du conseil d'administration;
adoption de deux propositions soumises à ec conseil : 1° sur l’admis-
sion de droit dans son sein de: anciens Présidents de la Société; 2° sur
la réimpression des règlements. — Industrie; demande de renseigne-
ments par M. le Préfet, au nom de S. Exc. M. le Ministre du com-
merce; Ja Société décide qu'il sera créé une catégorie de correspon-
dants industriels. — Don, par M. le Maire, d'un. tombe gothique
trouvée dans la nouvelle salle d’asile du Puy. — Communication de
M. Aÿmard sur de nouvelles antiquités romaines découvertes au Puy.
———_—__—_—
462 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. Ch. C. de Lafayette.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
OuvraGes REÇUS. — M. le Président appelle l'attention
de la Société sur l'importance que ne peut manquer
d’avoir, aux yeux de tous ceux que préoccupe l'étude
des annales de notre pays, la publication éditée par
M. Louis Paris, sous ce titre : Le Cabinet historique. Le
savant directeur de ce recueil continue en ce moment
le dépouillement des papiers qui ont servi à dom Vais-
sette pour la composition de l’histoire du Languedoc.
Accessoirement, M. Louis Paris signale et inventorie
tous les vieux documents de toute autre provenance
qui peuvent avoir trait au même sujet. Le numéro de
mai contient, entre autres documents dont il est pré-
cieux pour nous de connaître l'existence, une lettre
sur l’église du Puy et l'indication de plusieurs pièces
concernant les baïllis du Velay.
M. de Brive propose d'enregistrer dans un livre
spécial le titre de toutes les pièces intéressant l’histoire
locale, ce qui faciliterait plus tard les recherches de
tous les hommes d'étude.
MM. le Président et le Secrétaire se chargent provi-
soirement de faire, dans la publication de M. Louis
Paris, le relevé qui est demandé.
Parmi les autres ouvrages reçus, M. le Président
mentionne :
JUIN. 163
La Relation du Couronnement de Notre-Dame du
Puy, le Mandement de Mgr de Morlhon à ce sujet, et
le Discours prononcé, durant la cérémonie, par le
R. P. Nampon.
M. le Président signale encore :
Une note du Moniteur des Comices, sur la destruc-
tion de la cuscute par l'emploi du sulfate de fer ;
Un article du Bulletin de la Société d'Agriculture
de la Lozère, sur les chemins de fer dont ce départe-
ment sollicite la création, article duquel il est permis
de conclure que les intérêts de la Lozère, dans cette.
question, n’ont rien de contradictoire avec ceux de la
Haute-Loire ;
Une circulaire émanant de la Société impériale et
centrale d'agriculture, et contenant l'indication de
moyens faciles et économiques pour suppléer partielle-
ment aux récoltes détruites par les inondations.
M. le Préfet adresse à la Société des remerciments
au sujet de l'ouvrage de M. Poulett Scrope qu'elle a
bien voulu lui offrir.
M. le Secrétaire de la commission du Cercle transmet
également des remerciments pour le mème objet.
AGRICULTURE. — Le Bulletin de la Société d’'Agricul-
ture de l'Hérault contient une étude approfondie sur
la question de l’oïdium, des moyens curatifs proposés
pour combattre ses ravages, et notamment de l'emploi
du soufre dans le traitement des vignes infectées.
M. Regimbeau énonce qu'il vient de faire un voyage
46% RÉSUMÉ DES SÉANCES
dans le département de l'Hérault, et que, pendant son
séjour à Montpellier, une commission à laquelle on
lui a fait l'honneur de l’adjoindre a été nommée par
la Société d'agriculture de cette ville, à l'effet de sui-
vre avec soin une expérimentation complète sur le
soufrage de la vigne.
Du reste, jusqu'à ce moment, les expériences ne
semblent pas pouvoir amener à aucune conclusion; la
maladie ne s’est encore manifestée nulle part, les vi-
gnes ont le meilleur aspect, et l'on ne peut consé-
quemment, et très-heureusement, remarquer aucune
différence entre les vignes qui n’ont été l’objet d'aucun
soin et celles qui ont été traitées par le soufre.
M. le Président demande, à ce propos, des rensei-
gnements sur la situation des divers vignobles de la
Haute-Loire.
Il est répondu, en conformité avec ce que M. Regim-
beau a pu constater dans l'Hérault, que nos vignes
sont dans un état de prospérité satisfaisant; qu'en gé-
néral elles promettent beaucoup, et que les symptô-
mes d’oidium sont très-rares, même sur les treilles.
M. de Brive, en qualité de correspondant du Journal
d'agriculture pratique, désirerait recevoir de ses col-
lègues des renseignements détaillés sur la situation des
récoltes dans leurs régions respectives.
M. Chouvon dit que les céréales, malgré les longues
pluies, ont généralement de belles apparences; les
orges seules pourront avoir à souffrir du développe-
ment inusité de la maladie du noir ou charbon. Quant
aux légumes, les lentilles ont souffert, et l’on remarque
JUILLET. 465
en beaucoup d'endroits que les gousses des fèves
tombent avant maturité.
M. de Brive fait observer que beaucoup d'arbres, et
principalement d'arbres fruitiers, semblent atteints
dans leur vigueur et mème menacés dans leur exis-
tence.
M Ch. GC. de Lafayette ajoute qu’on a été obligé de
replanter en plusieurs lieux les pommes de terre dont
la semence avait pourri, et que généralement partout
elles sont d’une végétation languissante.
Dans un rapport sur le concours régional de Cler-
mont, inséré au Bulletin agricole du Puy-de-Dôme,
M. Jusseraud exprime le regret de ne pas avoir va fi-
gurer dans ce concours la race du Mezenc.
M. le Président rappelle qu'on peut trouver une
explication bien naturelle de l'absence de nos éleveurs,
dans le vœu plusieurs fois exprimé par la Société
d'obtenir enfin, au profit de notre race indigène, une
classification qui ne la mette pas en contact avec le
voisinage si fâcheux pour elle, surtout au premier
aspect, des races d’Aubrac et de Salers.
Du reste, ajoute M. le Président, lorsque la race du
Mezenc ne se trouve pas menacée de comparaisons
par trop défavorables, lorsque surtout les frais de
voyage ne sont pas hors de toute proportion avec ses
chances de succès, nous voyons nos éleveurs préten-
dre etarriver justement à voir couronner leurs efforts.
Au concours de Privas, par exemple, tous les ani-
maux primés, moins un, appartenaient à la race du
Mezenc.
TOME XX. 30
466 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. de Brive fait observer que l'ensemble des faits
qui précèdent permet de signaler combien il serait
juste et désirable que les exposants fassent dédomma-
gés de tout ou partie de leurs frais de transport.
A propos d’un article du Journal d'Agriculture pra-
tique, intitulé : Moyens préventifs contre les inonda-
tions, M. le Président appelle l'attention de la Société
sur cette grave question, qui préoccupe en même
temps les hommes d'Etat ‘et les agronomes. La ques-
tion des inondations emprunte dans notre pays une
importance capitale à ce fait que, placé comme il est
à l’origine de la Loire et de VAllier, aucun des phéno-
mènes qui s’accomplissent sur ses versants rapides ne
peut être indifférent et sans effets sérieux pour les ré-
gions inférieures.
M. le Président propose, en conséquence, de nom-
mer une commission qui serait chargée d'étudier les
faits locaux dans leurs rapports tant avec le déborde-
ment particulier de nos cours d’eau qu'avec les désas-
tres généraux causés par les grandes crües subites.
La question du reboisement a, comme on le sait, une
connexité manifeste avec celle des inondations; et
peut-être trouverait-on dans les graves inconvénients
qui résultent aujourd’hui de la dénudation de nos
montagnes, une Occasion très-opportune de solli-
citer du gouvernement un concours efficace pour
l'œuvre du reboisement de la Haute-Loire, conduite
avec tant de zèle par l’administration forestière, sous
les auspices du Conseil général et de la Société.
Sont nommés membres de cette commission MM. de
JUILLET. h67
Brive, de l'Eguilhe, sous-inspecteur des forêts, Chouvon,
Souteyran et Félix Robert.
OBJETS D'ADMINISTRATION. -— M. Plantade, secrétaire du
conseil, fait connaître les décisions de ce comité sur
diverses questions antérieurement renvoyées à son
examen.
Est adoptée la proposition qui a été faite par M. le
Président d'admettre dans le conseil d’adininistra-
tion, comme membres de droit, les anciens Présidents
de la Société.
Est également approuvée la proposition faite par
M. de Brive de réimprimer les règlements de la So-
ciété, avec toutes les modifications qui ont été ap-
portées à ces règlements depuis la dernière impres-
sion.
INousrrie. — M. le Préfet, d’après une demande de
M. le Ministre du commerce, tendant à obtenir des
renseignements périodiques sur l'état de l’industrie
dans la Haute-Loire, prie la Société de lui transmettre
régulièrement désormais les indications qu'elle peut
recueillir à ce sujet.
M. de Brive pense qu'il serait bon, pour être en me-
sure de faire convenablement ce travail, que la So-
ciété, ainsi qu'elle l’a fait pour les correspondants
agricoles, nommäât des correspondants industriels ,
surtout dans les localités plus spécialement manufac-
turières.
Gette proposition est adoptée.
468 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ARCHÉOLOGIE. — M. Aymard fait à la Société la com-
munication suivante, qui est relative à une importante
découverte d’antiquités romaines au Puy :
Vous connaissez, Messieurs, notre opinion sur les an-
tiques origines de la ville du Puy, origines trop long-
temps méconnues, mais auxquelles des découvertes suc-
cessives de monuments, d'inscriptions publiques et pri-
vées ajoutent, chaque jour, une sanction nouvelle.
Avant nous il avait été constaté par les savantes inves-
tigations de M1. Mangon de Lalande, de Becdelièvre, De-
ribier, l'abbé Sauzet, Mérimée et Mandet, qu'un temple
gallo-romain avait précédé sur le même emplacement
notre première cathédrale (1).
Ce temple avait lui-même succédé à un monument cel-
tique, un dolmen, dont la destination religieuse dans une
localité célèbre par ses pèlerinages ou romanages,
comme les appellent nos chroniqueurs, est extrêmement
probable (2).
(4) D'autresantiquaires, en particulier MM. Bretagne, Januiard,
de Soultrait, Ricard et l'abbé Cornut, ont reconnu, dans la session
du Congrès scientifique de France tenue au Puy, toute l'importance
des curieux débris qui proviennent du méme temple
(2) Voyez la chronique de Médicis, De Podio, tome 2, feuillets
cc el ccl. Au moyen âge, on appelait aussi romyous les pelerins qui,
pour la plupart, venaient au Puy, soit du Vivarais, soit des autres
contrées du Midi. Il nous parait très-vraisemblable de supposer
que ces appellations curieuses remontent traditionnellement à
l'époque où les pèlerinages druidiques du mont Anis amenaient
dans cette localité les Romains du Midi, c'est-à-dire les habitants
romanisés de cette région (la province), que les armes de Rome
JUILLET, 469
A ce dolmen nous avons rattaché, d'après diverses
données, l'existence d'un oppidum gaulois, probablement
ville capitale du pays des Vellaves avant la domination
romaine , et l’une de ces 809 villes de la Gaule, la plupart
ignorées aujourd'hui, qui, au dire de Plutarque, avaient
été conquises par César ou par ses lieutenants, un demi-
siècle avant notre ère (1).
Au temple gallo-romain, qui, dans notre opinion, fut
consacré, dès le premier sièele de notre ère, à trois di-
vinités parièdres: Auguste, Adidon et Diane ou fsis,
nous avons rattaché également une ville de quelque im-
portance, bien qu’elle eût cessé d’être la capitale du pays,
les conquérants ayant dû, par des raisons politiques,
transférer le chef-lieu à la principale station de notre
grande voie romaine, ville que les documents historiques
appellent Revession, aujourd'hui Saint-Paulicn.
Vraisemblablement encore notre cité était une de ces
1,200 villes, la plupart inconnues dans l'histoire, qui,
suivant l'historien Josephe, existaient au premier siècle
dans la Gaule romaine (2).
Cette thèse, Messieurs, a été l'objet d’un mémoire lu
au Congrès scientifique de France , dans sa session tenue
au Puy en 1855. Elle fut accueillie sympathiquement par
nos savants collègues, et dès lors nous ne pouvions
avaient soumis avant la conquéte de notre pays. Les peuple: de la
province n’acceptèrent pas tout d’abord le culte dé leurs dominateure,
ct durent continuer pendant longtemps leurs pérégrinations reli-
gieuses au mont druidique d’Anis.
(1) Plutarch. in Cæs.
(2) De Bel. Jud., lib. 11, e. 16.
470 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
mieux leur en témoigner notre gratitude qu’en poursui-
vant ces investigations évidemment utiles à la science.
Mais, pour être dignes de ces témoignages d'adhésion,
il était important que les recherches amenassent des ré-
sultats vraiment intéressants, Vous jugerez, Messieurs,
par notre rapport, s'il nous a été donné d’atteindre ce
but,
Permettez-moi d'abord, pour l'instruction des per-
sonnes qui, après nous, voudraient continuer les mêmes
explorations, de vous exposer les données principales à
l'aide desquelles nous avons entrepris nos recherches et
qui nous guideront encore dans des investigations ulté-
rieures, Vous y verrez à quoi se réduit une prétendue
intuilion qu'on veut bien nous supposer, et qui n’est au-
tre chose qu'une simple application des règles de la
science : l'observation et les méthodes comparatives et
déductives.
Un ensemble d'indications nous désignaient un point
principal où les recherches pourraient être fructueuses.
Nous l'avons dit, il était acquis à la science que la ca-
thédrale avait succédé sur le même emplacement à un
temple paien. En différentes fois, de nombreux morceaux
d'architecture antique avaient été trouvés dans les murs de
cette église. Nous avions constaté nous-mème, lors des
restaurations de cet édifice, que beaucoup de débris gallo-
romains avaientélé employés comme moellons dans les plus
anciennes constructions de l’église. Parmi tous ces restes,
dont un certain nombre étaient à l’état de petits fragments,
parfois associés avec des morceaux de briques et de tuiles
romaines, on remarquait des débris de monuments divers,
quelques-uns avant un caractère sépüleral, On pouvait
JUILLET, 471
en conclure un ensemble d'édifices publics, et sans doute
aussi un lien de sépultures.
Les inscriptions publiques et privées que nous avons
publiées mentionnaient également un forum, un con-
seil des décurions, éveillaient la pensée d’une enceinte
fortifiée, ou rappelaient des personnages et de plus hum-
bles citoyens qui avaient véen dans la localité et y avaient
été ensevelis.
Enfin les substructions de murailles antiques sur les-
quelles sont bâtis les murs de l'église Saint-Jean-
des-Fonts-Baptismaux, près de la cathédrale et'des tuiles
romaines qui y on! été employées comme moellons, dé-
terminent aussi l'emplacement de l’un de nos plus an-
ciens édifices.
À ces témoignages se joignaient ceux de la tradition et
d'autres notions pour attester la présence d’une ville
ou colonie dont là partie supérieure, sorte d’acropole
défendue par une enceinte fortifiée, renfermait, comme
pour la plupart des cités romaines, les principaux éta-
blissements.
La conséquence logique de ces données était donc d’ex-
plorer encore les murailles et les abords de la cathédrale.
Parune circonstance qui, sansaucundoute, n’est pas for-
tuite, on remarque au mur oriental de l’abside une série de
grands bas-reliefs provenant de la frise da temple prin-
cipal, disposés dans un ordre symétrique, et comme at-
testant l'intention qu'auraient eue lesconstructeurs de l’é-
glise de conserver à la postérité les monuments de nos
origines locales. Le tout est supporté par une longue
série de pierres qui, si l’on en juge par le profil des
moulures, ont appartenu à la base d'un antique stylobate.
Une autre particularité digne de remarque est qu'en
472 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
général les murs des parties les plus anciennes de
l'église, et en particulier le mur absidal est, dont les
parois nues laissent voir les assises de pierres, mon-
trent des restes d'antiquités lapidaires, et c'est aussi ce
qu'on observe dans d’autres églises de notre pays, où des
dispositions plus ou moins analogues semblent avoir été
adoptées, notamment vers les x1 et xri° siècles, sans
doute à l’imitation de la cathédrale.
Toutefois nous en étions réduit aux conjectures pour
certaines parties du mur absidal, lesquelles sont ou en-
duites de mortier ou cachées par des constructions pos-
térieures, telles que le clocher qui, vers le xrn siècle,
fut appliqué contre celte muraille.
Mais ces conjectures prenaient un caractère de déduc-
tions logiques si l'on considérait : fo que les restes du
stylobate antique dont nous avons parlé, règnent à la base
du mur absidal, aussi bien dans la partie visible que
dans celle cachée par un revêtement de mortier; 20 que
les constructeurs de la cathédrale, sous l'inspiration
d’une pensée conservatrice et dans un but de décoration,
avaient probablement enchâssé des antiquités romaines
dans toutes les parties du même mur absidal,
Ce qui confirmait, à nos yeux, cette supposition, c’est
que les plus anciennes parties de l'édifice semblent ré-
véler, par leur système architectural, la fin du virie siècle,
époque où Charlemagne tentait une renaissance des arts
de l'antiquité. On pouvait dès lors retrouver dans l'ar-
rangement régulier de nos bas-reliefs, dans ce respect
évident de leur conservation, une intelligente réalisation
des vues du grand empereur.
El s'agissait donc de mettre à découvert la paroi du
mur oriental dans les parties cachées par deux grands
JUILLET, 173
piliers du clocher, et dans celle comprise entre ces pi-
liers, que recouvrait une couche de mortier.
La première opération n'était pas possible en ce mo-
ment, et nous dûmes nous borner à la deuxième. Le 10
juin dernier, on effectua sous nos veux, et avec tous les
soins désirables, le grattage de la muraille, et le succès
vint dépasser même nos espérances.
Après quelques heures de travail, nous avions mis au
jour, sur une surface d'environ huit mètres carrés, cinq
assises de fortes pierres en grès, très-régulièrement dis-
posées, les unes sculptées en bas-reliefs et d’autres ornées
decannelures ; plus la majeure partie d’une très-grande et
belle inscription.
Les sculptures sont remarquables par la variété des
scènes qu'elles représentent, el quelques-unes par le
mérite du dessin, En général, les sujets paraissent avoir
une signification funéraire.
On y voit des scènes empruntées à la mythologie et à
la vie civile et domestique des Gallo-Romains.
Certaines différences de style et de proportions déno-
tent trois ou quatre monuments et se rapportent à deux
époques distinctes.
Voici du haut en bas l’ordre de superposition des as-
sises, et de gauche à droite l’ordre des pierres :
1° Pierre d'appareil; inscription gravée sur trois
grandes pierres parfaitement juxtaposées;
20 (Génie ailé, bas-relief ; Hercule ivre et amoureux ,
bas-relief; Coureur et attelage de chevaux, bas relief;
pierre d'appareil ;
3° Picrre d'appareil ; Scènes de repas, bas-relief;
Scènes d'intérieur et pilastre, bas-relief; pilastre avec
retour sculpté en bas-relief;
474 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
4° Grande pierre d'appareil et deux pierres ornées de
cannelures ;
5° Grandes pierres d'appareil;
Le tout reposant sur la base du stylobate antique dont
nous avons parlé.
L'inscription et les deux bas-reliefs qui représentent
un génie ailé et la scène d'Hercule peuvent provenir d’un
mème monument sépuleral. Ces restes, comme les autres
sujets sculptés, appartiennent à l'antiquité romaine, mais
il yalieu de croire qu'ils sont de l’époque la moins an-
cienne.
Il serait sans doute rationnel de décrire d’abord les
pierres qui datent des premiers temps; mais l'importance
monumentale de l'inscription sollicite plus immédiate-
ment notre attention.
I. Cette épigraphe se déploie, comme nous l'avons
dit, sur trois grandes pierres. Toutefois on ne la connait
pas encore toutentière, la dernière pierre étant cachée,
en partie, derrière un pilier du grand clocher. Nous at-
tendons l’arrivée au Puy de M. l'architecte diocésain
pour opérer dans ce pilier une ouverture qui permette
d'effectuer complètement la découverte.
La portion du texte que nous voyons actuellement,
offre déjà la longueur peu ordinaire de 5 m. 12 c. sur
une hauteur de 0,65 ec. ; les lettres, qui sont bien for-
mées et parfaitement intactes, ont une hauteur de 0,14 c.
On y lit ce qui suit :
FERRARIARGVTVATERPRAEFECTV...
QVIANTEQVAMHICQVIESCOLIBER.
VTROSQVIDINONNFEROCEMFLAM...
=
JUILLET. 475
À défaut des dernières lettres des trois lignes, il se-
rail téméraire d'interpréter eette inscription. Nous fe-
rons remarquer seulement les mots HIC QVIESCO, qui
indiquent sa destination sépulcrale (f), et le titre PRAE-
FECTV{s) préfet, inten lant de..., qui semble indiquer
la qualification du personnage en l'honneur duquel le
monument aurait élé érigé. Ce mot seul donne d'jà une
idée de l'importance historique que peut révéler ce do-
eument lapidaire dans la portion terminale du texte.
Nous remarquons aussi que ces pierres pénètrent pro-
fondément dans la muraille, et accusent ainsi une épais-
seur qui devait être en rapport avec le monument, plus
ou moins considérable, dont elles font partie. Cette cir-
constance motive déjà un rapprochement entre les deux
pierres, également très-épaisses, dont nous allons parler
et sur lesquelles le faire de la sculpture, indiquant une
certaine décadence de l’art, eoncorde assez bien avec le
texte de l'inseriplion pour caractériser une même
époque.
IE. La plus intéressante des pierres sculptées offre en
bas-relief un sujetempruntéau mythe d'Hereule Le héros,
(4) L'épigraphie tumulaire fournit des exemples d'inscriptions
dans lesquel'es le défunt prononce lui-même sa nécrologie ; témoin
celte épigraphe trouvée à Nimes et publiée par M. Auguste l’elet
(Essai sur le Nymphée de Nimes; Mémoire de l’Académie du Gard;
1852) :
SAR ES"
SISTE VIATOR ET PERLEGE
DEFVNOTUS LOQVATVR
OPIBVS EXVTVS NASCEBAR
476 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
nu, nonchalamment assis sur des rochers et dans une
pose d'ivresse, vient d’être désarmé par des génies ailés et
nus, des amours qui, groupés à sa droite, emportent sa
massue. Le sujet'qui faisait symétrie à gauche a été dé-
truit en partie par la cassure de la pierre. Ce qui en
reste permet cependant de le restituer : on y voit un au-
tre génie soulevant avec effort un vase que, des deux
mains, il a saisi par une anse. Ce vase, que lesmonuments
assignent à Hercule comme un de ses attributs, lui était
enlevé aussi par un groupe de petits amours.
On peut voir dans cette représentation les amours
d'Hercule et d'Omphale et le triomphe de cctte reine sur
le héros, si l’on en croit le P. Montfaucon qui a décrit
des sujets analogues dans son Antiquité expliquée.
La destination et le sens de ce curieux bas-relief sont
encore mieux indiqués par des tombes antiques qui of-
frent des scènes amoureuses de la vie d'Hercule. L'un
des exemples de semblables représentations se voit
sur un beau sarcophage en marbre du musée de Lyon.
« Près de Bacchus, qui est figuré en vainqneur aa mi-
lieu d’un cortège triomphal, l'artiste a placé Hercule
ivre et amoureux qui se penche vers Hébé, et i Amour qui
semble la solliciter pour qu’elle accorde ses faveurs au
vainqueur du lion de Némée. »
El faut croire, avec M.Comarmond, que ces scènes my-
thologiques n’avaiert pas été choisies comme des motifs
de simples décorations. « Cette sculpture, dit ce savant
antiquaire, n'avait pas seulement pour but de peindre
Bacchus dans toute sa gloire ; c'était plutôt celui d’im-
plorer sa puissance chez les morts, dans les enfers. La
seène bachique et amoureuse d’Hercule est ici un com-
JUILLET. 477
plément de l'invocation. Tous deux frères, tous deux
fils de Jupiter, on a voulu rendre hommage à la famille
divine pour implorer ses faveurs. En Argolide, où l’on
adorait un Dyonisius (Bacchus) descendu aux enfers, l’on
célébrait en son honneur des cérémonies funèbres. A
Delphes pareillement, Bacchus était regardé comme un
pouvoir tellurique, comme un prophète divin, pro-
ducteur des émanations souterraines du gouffre sa-
cré (1). »
En traduisant par la sculpture une scène de la vie
d'Hercule, l'un des artistes vellaves s'était donc proposé
de lui donner une signification funèbre, et il est possible
aussi que, dans le même but, il eût orné le même tom-
beau de sujets bachiques qui formaient, comme au sar-
cophage de Lyon, le complément de la pensée mytholo-
gique.
Nous avons signalé, d'ailleurs, dans notre précédent
mémoire, un bas-relief représentant desscènes bachiques
et exécutées dans un pareil sentiment de sculpture. F ne
serait pas impossible que ce morceau provint du même
monument.
EE. Un autre bas-relief, que nous attribuons aussi à ce
monument, représente un génie aux ailes déployées et
placé derrière une ample draperie dont une extrémité est
attachée vers la partie supérieure d’un pilastre par un
crampon. À! pose la main droite sur cette tenture, lève
le bras droit vers le ciel et s’élance pour s'envoler. L’ar-
liste aurait-il voulu figurer l’un des génies du jour,
celui du matin, s'échappant des voiles de la nuit, et se
(4) Comarmond, catalogue du musée de Lyon, p.28.
478 RÉSUMÉ DES SÉANCEC.
rattachant à quelque épisode plus o1 moins amoureux
de la vie d'Hercule? On serait porté à le supposer d’a-
près le style et les proportions du génie, semblables à ce
qu'on voit dans le tableau précédent, Ajoutons que, dans
ces deux bas-reliefs , les figures font à peu près les deux
tiers de la grandeur naturelle.
Décrivons maintenant les bas-reliefs dont le dessin et
l'exécution plus soignés accusent une époque plus an-
cienne. Ici les seules différences appréciables seront dans
les proportions des personnages d’un tiers de grandeur
naturelle pour deux de ces bas-reliefs, et de moitié pour
un troisième, particularités qui pourraient indiquer soit
des parements distinets de murailles, soit d‘ux monu-
ments différents.
IV. Scene de repas, bas-relief. -- Cette belle et cu-
rieuse pièce de sculpture semble se rattacher à certains
morceaux tumulaires que nous avons décrits dans notre
mémoire lu au Congrès. Le sujet principal qui y est
figuré rappelle un des motifs ordinaires des représenta-
tions sépulcrales.
C'est le repas de deux époax, à peu près tel qu'on le
voit sur beauccup de bas-reliefs grecs et romains. On y
retrouve tous les détails des usages antiques : la draperie
qui, dans la plupart des triclinia, décore le fond du ta-
bleau ; le Lit, accessoire indispensable de la scène ; la ct-
billa ou table ronde à trois pied, chargée de mets ; enfin
le chien qui, placé en avant, dans une attitude très-ex-
pressive, semble demander sa part du festin.
Ce sujet de sculpture, dans lequel des auteurs ont cru
voir le repas des funérailles, cœna ferialis, se complète,
à droite, par un épisode d'autant plus intéressant que,
JUILLET. 479
n'ayant pas encore été signalé sur d’autres monuments,
il peut in liquer un trait des habitudes de nos ancétres.
La scène se passe au dehors de la maison, dans une
cour attenante : un homme, peut-être un serviteur, est
représenté debout et donne à manger à un cerf apprivoisé
et qui, autant que permet d'en juger l'état un peu fruste
de la pierre, paraît être haruaché ; curieux exemple de
domestication d'animaux sauvages, que nous avait déjà
révélé un autre bas-relief trouvé à Saint-Marcel, près le
Pay. On croit voir sur le devant un instrument aratoire,
mais malheureusement un peu fruste, et qu’il pourrait être
utile d'étudier au point de vue de l’art agricultural dans
l'antiquité.
Les vêtements des personnages, notamment de l'époux,
indiquent aussi les habitudes confortables d’une civilisa-
tion très-avancée. Appropriés ici à la vie domestique, ils
différent, par leurs formes, des costumes divers que
nous avons signalés sur plusieurs de nos bas-reliefs rela-
lifs à des scènes de la vie extérieure, à des cérémonies
publiques, ou bien à l'exercice de la chasse.
V. Coureur et attelage de chevaux, bas-relief. —
Voici encore un sujet qui nous retrace Le faste des hautes
classes dans la société romaine, et spécialement d’un ri-
che citoyen de notre ville. Un coureur, vêtu avec une
certaine élégance, précède deux robustes chevaux qui
sont lancés au galop. Ils sont attelés au moyen de col-
liers presque semblables à ceux de nos chevaux de
poste. Au second plan, un arbre complète la scène. Nous
n'avons ici que la moitié antérieure des coursiers. Le
surplus de leurs corps et le char (birota ou rheda) étaient
figurés sur nne autre pierre faisant suite à celle-ci. Les
480 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
personnages placés dans le char donnaient l'explication
de la scène qui, par le style de la sculpture et la taille du
coureur, semble se relier au bis-relief précédent et indi-
quer un édicule funéraire auquel l’un et l’autre morceau
auraient appartenu,
VE. Scènes d'intérieur et pilastre, bas-relief. — Les
relations de formes qu'on remarque entre ce beau mor-
ceau de sculpture et les deux précédents, permettent en-
core de l'attribuer à un monument tumulaire. Le style
élégant de la sculpture signale également une œuvre de
la meilleure époque de l’art dans notre pays. Toutefois
les personnages étant ici plus gronds, indiquentune série
particulière de sujets qui décorait soit un parement
distinet de murailles, soit une autre chambre sépulerale
ayant reçu les restes d’une personne notable de notre
ville.
Une portion de pilastre, richement décor ‘e de rinceaux
et d'oiseaux, sépare, sur celte pierre, deux parties de
tableaux qui, de chaque côté, font symétrie, charmantes
compositions ornées de draperies sous lesquelles sont re-
présentés de jeunes femmes etun homme; nous assistons
ici à des scènes d'intérieur.
Le sujet de gauche ne montre que trois figures; deux
femmes sont assises près d’une table; l’une pose les deux
mains sur un objet diflicile à préciser; l’autre tient aussi
un objet de forme carrée, tandis qu'un homme à figure
barbue, vêtu d’une tunique à grandes manches, est de-
bout devant elles, et déploie des deux mains une draperie
ou étoife qu'il semble leur présenter, Les femmes occu-
pent dans Le tableau une position plus élevée que
l’homme, et indiquant peut être, en signe de supériorité,
qu'elles étaient placées sur une estrade.
JUILLET. :81
Nous n'avons là qu’une partie de la scène qui se com-
plétait à gauche et au-dessous par des sculptures exécu-
tées sur d’autres pierres; à défaut de ces portions du
sujet, il sera peut-être téméraire d'en essayer l'explica-
tion. Les poses des femmes, les objets ou instruments
qu'elles tienuent dans leurs mains éveillent l’idée d’une
scène musicale. Mais quel rôle assigner à l'homme barbu
ainsi qu’à sa draperie ? Puisque nous en sommes réduit
aux conjectures, on nous excusera d'en présenter une au-
tre, qui s'appuie du moins sur une représentation plus
ou moins approchante que nous offre une des peintures
d'Herculanum (1). lei nous assistons à un marché où se
vendent des poteries, des étoffes, chaussures, pains,
toutes sortes d'objets usuels, et parmi les marchands on
en voit un offrant à une femme une draperie exactement
déployée comme sur notre bas-relief. L’attitude persua-
sive du vendeur est également analogue à celle de notre
personnage, sauf peut-être, chez celui-ci, plus d'humilité
dans la pose et dans l'expression de la tête.
Si l’on admet done la possibilité d’un rapprochement
entre celte peinture et notre bas-relief, la scène aurait
représenté un marchand offrant en vente à de jeunes
femmes une étoffe et d’autres objets à leur usage,
Moins heureux pour le bas-relief seulpté sur la même
pierre à droite du pilastre, nous n’avons pas encore
trouvé sur les monuments une représentation qu’on
puisse lui comparer.
On croirait y voir une scène de lecture ou peut-ître
un concert vocal : une jeune femme, assise, tient des
deux mains un manuscrit ouvert et disposé comme un
(1) Le Anlichita di Ercolano, tome 11, (ab. xru.
TOME XX. 31
482 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
livre, sur lequel ses regards se portent avec attention (1).
Devant elle est une table, et au-dessus est étendue une
sorte de carte ou un grand feuillet. Un peu plus haut on
distingue le bras et la main d’une autre personne. Un des
doigts est dirigé en avant et semble indiquer la carte ou
marquer peut-être un mouvement de cadence. La pierre
finissant là, nous laisse ignorer le reste du tableau. Deux
autres femmes également assises, mais sur un plan un
peu inférieur, ont la tête et les yeux tournés vers cette
main, dont elles paraissent observer les mouvements. Au
fond de la scène est tendue une draperie derrière la-
quelle apparaît à mi-corps une suivante qui écoute.
On remarquera les élégantes coiffures des femmes et
leurs tuniques à manches très-larges et semblables à ce
que nous avions déjà signalé sur d’autres bas-reliefs trou-
vés au Puy. A voir également les rôles principaux qui
sont ici attribués à des femmes, on peut supposer que le
monument dont provient cette pierre avait élé consacré
à la mémoire d’une jeune dame.
Si l’on ne peut pas rattacher directement les deux ta-
bleaux que nous venons de décrire à ceux qui l'ont été
précédemment, il y a lieu, du moins, d'établir un rappro-
chement intéressant entre le pilastre qui les sépare et
celui que nous avons signalé ailleurs sur une pierre en-
castrée au mur est de la grande sacristie (2).
(1) On remarque un livre de méme forme aux mains d’un per-
sonnage qui est figuré sur l’un des bas-reliefs antiques trouvés
à Sens. Voyezla planche représentant l’une de ces sculptures dans le
Bulletin monnmental publié par M. de Caumont, 22e vol., n°6,
page d13.
(2) Nous l'avons décrite sous le numéro 255, dans notre mémoire
lu au Congres.
JUILLET. 483
L'un et l’autre de ces pilastres offrent un enroulement
de tiges, feuilles et fleurs au milieu desquelles se jouent
des oiseaux. C’est absolument le même relief du rinceau,
le même sentiment de sculpture, la même saillie des pi-
lastres. Leur largeur seule varie, étant ici de 0,%4 c. au
lieu de 0,56 c. que nous donne le bas-relief de la sacris-
ie, On remarquera, de plus, que dans ce dernier, la
pierre est lisse de chaque côté du pilastre, au lieu des
sculptures qui ornent les mêmes parties du parement dans
l'autre morceau.
Mais ces deux détails trouvent une explication très-
plausible dans l'hypothèse d'un édicule quadrilatère où
les faces latérales, plus longues et plus simplement déco-
rées , d’une part auraient nécessité des pilastres plus lar-
ges, el d'autre part n'auraient reçu aucun autre orne-
ment que ces pilastres.
C'est à l’imitation des murailles, plus ou moins ornées,
de ces sortes de chambres sépulcrales, que leurs murs de
clôture offraient parfois des différences analogues dans le
système de la décoration. Nous en avons trouvé un exem-
ple au tombeau de famille trouvé à l’Arbouisset,
commune d'Espaly, où les pierres de couronnement
étaient plus ou moins ornées de moulures, suivant la
place qu’elles occupaient aux murs d'enceinte de cette
sépulture (1).
Ces données nous amènent à conclure que l'édicule
funéraire auquel ces deux pierres ont appartenu n'avait
des bas-reliefs qu’à la façade antérieure ou, si l’on veut,
qu’au parement intérieur de l’un des quatre murs, les
(1) Voyez notre mémoire lu au Congrès, après le n° 261.
184 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
autres parements internes ou externes n'étant décorés que
de pilastres avec rinceaux.
VII. Autre pilastre. — Nous rapportons au même
monument une autre pierre qui, dans le mur absidal de
la cathédrale, se trouve cachée, en grande partie, par le
contre-fort du clocher ; cependant on voit très-bien que
le loc est sculpté, au moins sur deux faces, l’une et
l’autre faisant pilastre : l’antérieure, dont la portion est
visible, montre un enroulement de feuillages, et la face
de retour ou d'intrados, qui, un peu apparente dans le
mur entre les joints des pierres, laisse voir des sculptures
difficiles à déterminer.
Nous supposons que cette pierre formait assise de
pied-droit à l’une des entrées de l’édicule.
La face d’intrados était celle dont les ornements avaient
la plus forte saillie, comme sur une pierre du même
genre que nous avions fait connaître dans notre mémoire
lu au Congrès (no 254).
Quant à la face antérieure, qui est cachée aux trois-
quarts par le contre-fort du clocher, il faut croire qu’à
la suite du pilastre, la pierre offre un prolongement
sculpté en bas-relief ou seulement lisse, suivant qu’elle
aurait appartenu à la façade ou bien à l’un des trois au-
tres mursdu monument. Ces déductions font désirer qu'il
soit possible de mettre à découvert la totalité de cet inté-
ressant morceau.
Ajoulons, au risque qu’on appelle intuition une don-
née simplement déductive, que si le prolongement de la
pierre est sculpté, on y trouvera encore une autre révé-
lation curieuse de la vie des dames romaines dans notre
ville.
JUILLET. 485
VIII. Pierres avec cannelures. — Nous regardons
comme provenant soit d’autels, soit de piédestaux isolés
ou continus, deux grandes pierres, hautes de 0,60 centi-
mètres, dont l'une, entièrement visible, présente six canne-
lures évidées. La première de ces concavités offre, dans
le haut, un petit buste en demi-ronde-bosse, et sur la
marge de la pierre, à la suite de la dernière cannelure,
on lit le mot :
JOVI
NVS
Que signifie ce buste ainsi figuré insolitement dans
une cannelure ? C’est une énigme que nous n’essaierons
pas d'expliquer. Quant au mot JOVINVS, dont une
partie rappelle le nom du dieu principal de lOlympe
romain, il n'a rien de monumental, et n’est autre, à
notre avis, qu'une signature soil d'un citoyen de la ville,
soit le l’un des pèlerins ou des touristes qu'appelaient
chez nous, comme aujourd'hui, le renom du culte local,
les monuments ou les beautés naturelles du site.
La seconde de ces pierres, qui, en partie, est cachée par
le contre-fort du clocher, ne laisse voir, après un cer-
tain espace lisse, que cinq cannelures et le tiers d'une
sixième.
Il serait possible que ces morceaux fussent contempo-
rains de nos plus anciens monuments, L'un des bas-re-
liefs décrits dans notre précédent mémoire sous le n° 255
offre, en effet, dans une cérémonie religieuse, un autel
qui est décoré de cannelures analogues. Il est même cu-
rieux de remarquer que la hauteur de cet autel, calculée
d'après les proportions des personnages qui l'accompa-
gnent, concorde très-bien avec celle de nos pierres.
486 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Ce genre d’ornementation, qu’avaient inspiré, dès le
premier siècle, les colonnes corynthiennes à fûts can-
nelés, du temple principal, dut être d'ailleurs très-
usité dans notre ville, comme on en juge par d’autres
pierres, et en particulier par les pilastres d’une niche de
statue, qui, après avoir appartenu au même temple, fu-
rent employés à la cathédrale, dans la construction de
la porte dite Papale.
IX. Pierres d'appareil. — Les mêmes assises du
mur absidal qui renferment tous les morceaux précédents
laissent voir six gros blocs cubiques qui paraissent pro-
venir de monuments antiques. La plupart de ces maté-
riaux indiquent, par la coupe des pierres et leurs propor-
tions, le même appareil du grand édifice auquel nous
avons rapporté une série de blocs décrits dans notre mé-
moire sous les numéros 58 à 73.
Ils nous ramènent ainsi à la pensée du monument
principal de l’acropole, autour duquel nous croyons avoir
retrouvé tant de souvenirs archéologiques de l’oppidum
gaulois et de la ville romaine.
Si vous voulez bien vous rappeler, Messieurs, qu’en
dressant dans notre mémoire lu au Congrès l'inventaire
des documents que l'archéologie locale avait fournis jus-
qu’alors aux études sur les origines de notre ville, il
avait été possible d’en enregistrer 334, vous aurez vu avec
quelque intérêt, nous n’en doutons pas, que cette mine de
fructueuses investigations était loin d’être épuisée. La
découverte que nous venons de vous signaler, et qui en
promet bien d’autres, nous met en possession de dix-
huit pièces inédites qui peuvent ajouter une autorité
nouvelle aux vues exposées dans notre mémoire.
JUILLET. 487
Elles révèlent, en effet, trois édifices tumulaires
dont les décorations artistiques donnent l’idée d’une
population urbaine qui comptait des familles riches
et puissantes. L'une d'elles, comme nous l’apprend
l'inscription , avait même pour chef un personnage
décoré du titre de préfet de.... Des scènes mytho-
logiques y rappellent une époque où les pompes du
paganisme n'avaient pas encore fait place à la foi évan-
gélique; d’autres sujets de sculpture nous font connaitre
des habitudes et usages de la vie civile dans les hautes
classes de la société romaine ; enfin les restes probable-
ment d’un autel et de grandes pierres d'appareil se ratta-
chent à l’un des monuments les plus importants de la
cité.
À un autre point de vue, — l'histoire de l’art pendant
l’époque romaine , — ces pierres signalent deux phases
artistiques bien caractérisées : la première et la plus an-
cienne, quetrahit un sentiment élevé de la sculpture dans
trois des plus belles pièces; la seconde , qu’atteste une
sorte de décadence, principalement dans la scène d'Her-
cule amoureux.
Nous avons essayé d'établir, au début de ce rapport,
quelles sont les règles qui doivent guider dans les re-
cherches archéologiques. L'application de ces principes,
permettez-nous de le dire en finissant, autorise à signa-
ler d'avance de beaux morceaux de frise qui très-proba-
blement existent derrière le pilier sud-ouest du clocher.
Il faut croire aussi qu’une exploration effectuée au
revers de la muraille absidale mettrait au jour des bas-
reliefs sculptés à la face postérieure des plus anciennes
488 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pierres. Espérons qu’il sera possible d'opérer ces re-
cherches et bien d’autres qui ne seront pas moins in-
téressantes.
M. le Président exprime à M. Aymard les félicitations
de la Société pour les importantes découvertes qu’il
vient de lui signaler, et le prie de poursuivre ses
fructueuses explorations.
La séance est levée à 7 heures.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
SÉANCE DU 8 AOUT.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Ouvrages reçus. — Dépouillement
de la correspondance. — Envoi, par M. le chanoine NMontlezun,
d’études historiques sur les villes d’Auch et de Mirande. — Annales
de la Gironde : pralinage et chaulage des céréales. — Bulletin de la
Socièlé d'agriculture de Toulouse : péripneumonie des bêtes à cornes.
— Don, par M. Souteyran, de plusieurs pièces manuscrites concer-
nant le peintre François. — Communication par M. Vibert au sujet
de deux tableaux de prix donnés au musée par M. Joseph Seguin.
— Don par M. Louis Balme, au nom de M. Boyer, entrepreneur,
de deux pièces de monnaie romaines. -- Mention dans le Bulletin de
la Société académique de Poitiers de la formation , dans cette ville, d’un
musée spécial destiné aux collections agricoles; vœu émis par M. le
Président en faveur de la création de collections analogues dans le
musée du Puy; adhésion et observations de MM. Chouvon et de Brive.
— Rapport de M. Souteyran sur la situation de la caisse d'épargne
du Puy. — Rapport de M. de Brive sur la question des inondations.
— Communication des conclusions de la commission des primes au
sujet de quelques modifications à apporter au programme des con-
cours, en ce qui concerne : 1° la périodicité trop fréquente des expo-
sitions et des séinces publiques ; 2° les encouragements à donner à la
production chevaline ; discussion relative à cette dernière question
et renvoi à une commission composée de MM. de Brive, Chouvon,
Gire, Dugaray ainé, Dumontat ct Plantade. — Commurication de
M. Oscar Bonnet sur le camp romain de Montmilau et sur le village
de Condres.
490 RÉSUMÉ DES SÉANCES
La séance est ouverte à trois heures, sous la prési-
dence de M. Ch, GC. de Lafayette.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et
adopté.
Ouvraces REÇUS. — M. le Président signale à la So-
ciété, parmi les ouvrages reçus, ceux qui se rattachent
plus spécialement aux travaux de la Société ou aux
études de ses membres.
Le Bulletin monumental, publié par M. de Caumont,
rend compte, d’après les renseignements fournis par
notre honorable confrère M. Bretagne, des fouilles
exécutées sous sa direction à Saint-Paulien.
Le Cabinet historique continue à publier les docu-
ments utiles pour l'histoire de l’ancien Velay.
M. le chanoine Montlezun, membre non résidant de
la Société, adresse de nouvelles études historiques
qu'il vient de publier sur la ville de Mirande et sur la
ville d’Auch.
Des remerciments seront adressés à M. Montlezun.
Les Annales de la Gironde contiennent un article de
M. Baudrimont, sur le pralinage et le chaulage des
céréales, qui peut être consulté utilement par les agri-
culteurs.
Le Bulletin de la Société d'Agriculture de Toulouse
renferme un article sur la péripneumonie des bêtes à
AOUT. 491
cornes, qui est renvoyé à l'examen de la commission
spéciale chargée de l'étude de cette question.
DocumENTs mANuscRiTs. — M. Souteyran offre à la
Société une quittance signée du peintre François, sur-
nommé le Grand , intéressante comme document auto-
biographique de ce peintre célèbre, natif du Puy, et
comme renseignement sur la valeur, relativement
élevée pour le temps, attribuée à ses œuvres.
Cette quittance est ainsi conçue :
Je soussigné confesse avoir receu la somme de sep-
tante cinq livres pour un tableau que j'ay faict pour
mettre à la chappelle de St Michel pour les filles du
tiers ordre St Francois. où elles font leurs dévotion par
la permission du R. Père Bernard Lobeyrac docteur en
théologie et gardien du dévoct couvent des frères mi-
neurs. ou est représenté Nre Seigneur portant sa croix et
la St Vierge à son costé et en bas est représenté aussi
St Francois accompagné de quatre Stes scavoir deux Stes
Elisabeth l’une rayne de France et l’autre rayne de Por-
tugal Ste Francoise romaine avec son ange gardien et
Ste Claire de Montfalcon. — Le dict tableau ont faict
faire Catherine Eyraud supérieure Francoise Astier pre-
miere adsistante Jeanne Recours seconde Francoise Ey-
raud, Anne Polignac de laquelle dicte somme les quicte
ce 29e juillet 1676
FRANCOIS.
Je soussigné confesse avoir receu la somme de vin
livres pour avoir fay le quadre du tablaus de la chapele
192 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
de St Michel de Catherine Eyraud supérieure Franeoise
Astier premiere adsistante Jeane Recours seconde Fran-
coise Eyraud Anne Polignac de laquelle les titte faict ce
premier dans 1676
CROUZET.
Je soussigné confesse d’avoir receu de seur Janne Re-
cours superieure dutiers ordre et de Francoise Astier
première dierette Marguerite Sesnel seconde dierette et
de Anthoinete Besson et de Margeurite Roche la somme
de vingt cinq sol et ce pour avoir faict quatre pate pour
tenir le tableau quel on faict metre à la chapelle de
St Michel le second octobre 1676
MoGier.
Doxs Au MUSÉE. — M. Vibert, directeur du musée,
demande la parole pour présenter à la Société une gra-
vure d’un grand intérêt, offerte au musée par M. Jo-
seph Seguin, de Paris.
M. Vibeït s'exprime en ces termes :
Parmi les hommes dont les généreuses sympathies en-
richissent notre musée, M. Joseph Seguin acquiert cha-
que jour de nouveaux droits à la reconnaissance de son
pays. Après le don, fait en 1853, de deux tableaux de
prix, notre compatriote vient de fournir la preuve d’une
sollicitude aussi constante qu’éclairée, en offrant au
musée une gravure que d’intelligentes recherches lui ont
fait découvrir et acheter récemment à Paris. Abstraction
faite de toute autre valeur, celte acquisition a pour nous
AOUT.. 493
un intérêt archéologique : elle reproduit la figure du
prineipal tableau donné par M. Seguin, et contient, en
langue italienne, une courte légende ainsi conçue :
Idea d'un mostro chiamato Mandricardo, che finge si
essere stato nano di Costantino imperatore, come viene
rappresentato da Rafaëllo nel palazzo Vaticano.
Nous traduisons mot à mot :
Vue d’un monstre appelé Mandricardo, qu’on sup-
pose avoir été nain de l’empereur Constantin, tel qu'il
est représenté par Raphaël dans le palais du Va-
tican.
Quoiqu'il n’atteste pas la filiation du tableau précité,
ce document a pour nous un double mérite : d’une part,
il précise le sujet de la composition, c’est-à-dire la pen-
sée de Raphaël, traduite et exécutée au Vatican, d’après
les cartons du divin maitre, par son disciple et ami
Jules Romain; de l'autre, il arrive au moment fort op-
portun où la commission du musée s'occupe à réviser et
compléter le catalogue destiné à une prochaine réim-
pression.
Tel est le don nouveau que le zèle et la libé-
ralité de M. Joseph Seguin viennent de faire à son
pays.
La publication d’actes pareils est un devoir que nous
accomplirons toujours avec empressement.
M. le Président prie M. Vibert de vouloir bien
transmettre à M. Seguin les remerciments empressés
de la Société.
M. Louis Balme, vice-secrétaire de la Société, au
nom de M. Boyer, entrepreneur de travaux publics,
49% RÉSUMÉ DES SÉANCES,
offre pour les collections numismatiques du musée
deux pièces de monnaie romaines trouvées à Feurs
(Forus Segusiavorum).
MM. Souteyran et Balme reçoivent les remerciments
de la Société.
AGRICULTURE. — Le Bulletin de la Société académique
de Poitiers mentionne la formation dans cette ville
d'un nouveau musée, destiné à recueillir une collection
complète de spécimens et d'échantillons agricoles.
M. le Président pense que des collections de cette na-
ture, permettant aux agriculteurs d'étudier notamment
les spécimens de tous les terrains de leurs régions,
auraient d’incontestables avantages, particulièrement
dans notre pays, où la nature des terres varie
à chaque pas et où l’agriculteur ignore en général
les ressources que lui offrirait un terrain pour en
amender un autre. Renseigner les cultivateurs sur la
qualité et la nature exacte du sol qu'ils doivent ex-
ploiter, en joignant à l'échantillon une courte analyse
de sa composition, ce serait aider puissamment à la
pratique si utile et si peu connue parmi nous de la-
mendement et du mélange des terres.
M. Chouvon pense que de telles collections, formées
dans les conditions qu'indique M. le Président, pour-
raient en effet contribuer efficacement aux progrès
agricoles ; mais si on se bornait, comme il semble que
cela a été fait à Poitiers, à une simple exhibition de
l'échantillon des terres, l'œil ne suffisant pas à faire re-
connaître exactement la nature et l'identité des sols,
AOÛT. 495
la plupart de nos cultivateurs ne retireraient aucun
fruit de l'examen le plus attentif.
La marne, par exemple, est souvent très-difficile à
reconnaître au premier aspect. Beaucoup de proprié-
taires qui ont cru pendant longtemps en posséder sur
leurs propriétés, ne se sont aperçus de leur erreur
qu'après la vérification et sur les indications d'hommes
capables d’expérimenter par l'analyse. L'analyse des ter-
res et l'indication de leur provenance seraient donc l’'in-
dispensable complément des collections d'échantillons.
M. de Brive pense qu'une galerie de cette nature,
annexée à la salle des machines et instruments agri-
coles, présenterait en effet le plus grand intérèt, et la
question se représentera très-opportunément pour qu'il
en soit tenu un compte sérieux lors de la construction
prochaine du nouveau musée.
ÉCONOMIE PUBLIQUE ET AGRICULTURE. — M. Souteyran
lecture du rapport suivant, sur les opérations de la
donne Caisse d'épargne pendant le cours de l’année
1855 :
MESSIEURS ,
Membre de cette Société, je m'honore trop des services
qu'elle a rendus au pays, pour lui en refuser l’hom-
mage et laisser tomber dans l'oubli les titres qui,
en rappelant la part considérable qu'elle a prise à la
fondation de tout ce qui est bon et utile, constatent
ses plus beaux droits à la reconnaissance publique.
Loin donc de me soustraire à l'obligation qui m'est
imposée par les statuts de la Caisse d'épargne, je re-
mercie mes collègues directeurs de cet établissement,
496 RÉSUMÉ DES SÉANCES
d’avoir bien voulu me faire l'honneur de me maintenir
à leur tête, et me conserver ainsi l’heureux privilège de
venir vous présenter encore celte année le compte-rendu
de ses opérations.
L'année dernière, en vous annonçant un pas rétro-
grade assez prononcé dans le mouvement de la Caisse
d'épargne, nous constations que cel évènement tout
à fait nouveau, fruit de circonstances impérieuses el
connues, telles que l'emprunt et le renchérissement des
subsistances, ne dénotait aucun mauvais symptôme. Nous
aimions à penser que la confiance des populations ne
s'était pas amoindrie et que le progrès reviendrait à
mesure que l’action des causes qui lui faisaient obstacle
tendrait à s’affaiblir. Nous ne nous sommes pas trompés,
Messieurs, et vous verrez avec plaisir, par les détails
dans lesquels je vais entrer, que la Caisse à repris Sa
marche ascendante.
Elle a recu durant 1855, en 1,256 versements, dont
BB NOUVEAUX coco dent seb ecee Je NAT ADO
En intérêts capitalisés au profit des dé-
posants...:....#.. "cc: cure 13525 91
TOTAL es. UE. 2927119)000
Elle a payé, en 805 remboursements,
dont 238 pour solde................... 199651 T3
qui, déduits, donnent pour excédant..... 28127 84
En ajoutant à cet excédant le solde dû
aux déposants au 31 décembre 185#..... 357109 33
nous obtenons pour capital, se répartis-
sant, au 34 décembre dernier, entre 1,242
livrets, la somme de..............,.... 385237 17
AOUT. 497
Ainsi, bien que la Caisse n’ait pis encore atteint le
chiffre de son capital au 31 décembre 1853, qui était de
400,243 fr. 91 c., en s’élevant à 385,237 fr. 17 c.,
c’est-à-dire à 28,127 fr 8% c. de plus qu'en 1854, elle
nous montre qu'elle est en voie de réparer ses brèches,
et qu'à moivs d'accidents nouveaux, le déficit laissé par
l'exercice précédent sera bientôt comblé.
Le capital er les livrets s'étant accrus dans une égale
proportion, de 8 p. 00 environ, la moyenne générale,
qui est de 310 fr. 17 c., se trouve , à quelques centimes
près en moins, être la même que lan passé.
Le nombre des versements a dépassé celui de 1854 de
263 sur 993, c’est-à-dire de plus de 26 p. 0,0 ; le nombre
des remboursements n’est inférieur que de 3; il y a done
amélioration dans le mouvement général.
Voyons maintenant d'où vient l'augmentation et quelles
sont les classes qui l'ont produite.
Lei, Messieurs, étant obligé de passer en revue tous les
crédits, je crois ntile de. vous exposer, dans un tableau
rapide, l’ensemble des opérations de chaque catégorie de
déposants comparées à celles de 1854. Vous comprendrez
mieux quelle est l'importance et l’activité de leurs rap-
ports avec la Caisse d'épargne. ‘La différence provient
d’une rectification de ce classement; le total général
reste toujours le même.
En 185%, les ouvriers, après un mouvement en entrée
et sortie de 85,430 fr., laissaient à leur crédit, au 31
décembre, un capital de 81,699 fr. 67 c., constituant une
diminution sur 1853 de 7,426 fr. 39 e., ou 9 p. 010. En
1855, les livrets augmentent de 10, et, après un mouve-
ment en entrée et sorlie de 63,793 fr. 69 c. , inférieur,
TOME XX. 32
498 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
par conséquent, de 21,637 fr. à celui de 185%, leur
crédit accuse, au 31 décembre, une faible augmentation
de 1,742 fr. 26 c., un peu plus de 2 p. 0/0,
Er ER Re PRET EL
Les domestiques, après un mouvement
de fonds de 55,039 fr., avaient à leur ceré-
dit, au 31 décembre 1854, 76,767 f. 17 €.,
offrant un léger boni de 44 f.86 c. sur 1853.
En 1855, les livrets se sont accrus de 13 et
forment, au 31 décembre, un capital de
18,401 fr. plus lorede 2e RE Se CRE
c’est-à-dire de plus de 2 p. 00, après un
mouvement de 67,7%3 fr. 52 c., supérieur à
celui de 1854 de 12,704 fr.
Le compte des militaires présente, en
1855, une différence en plus, sur les livrets,
de 16, et sur le capital, de... :... ER
après un mouvement de 61,666 fr. 22 c.,
inférieur à celui de 1854 de 7,930 fr. 18 c.,
en sorte que le capital leur appartenant,
qui, au 31 décembre 1854, étaitde2#,039f.
36c., s’est élevé, en suivant une proportion
d’accroissement d’enxiron 45 p. O0, à
34,639 fr. 49 c.
Les professions diverses, après ‘:n mou-
vement de 161,363 fr. , supérieur de
10,169 fr. à celui de 1854, élèvent leur
crédit, au 31 décembre 1855, à 147,790 fr.
Of c., donnant, sur l'exercice précédent,
une augmentation en livrets de 43, et en
ATEDOT ET Er ne den
1749f 26°
1633 83
10600 13
13976 22
Reports ee
LOI ORALE ER EEE
soit 13 fr. 72 c. p. 00 environ.
Les sociétés de secours mutuels, après
un mouvement de 1,267 fr. 98 c., inférieur
à celui de 185% de 5,712 fr. 02 c., à
raison de la liquidation de la plupart
d’entre elles, ont diminué de 1 livret sur 3,
et augmenté leur capital de 71 fr. 77 €., ci.
soit de 10 p. 00; ce qui le porte, au 31
décembre 1855, à 752 fr. 60 c., au lieu de
720 fr. 83 c.
Toraz des augmentations...
Les employés ont gagné 1 livret sur 22,
mais leur crédit, après un mouvement de
9,355 fr., dépassant celui de 185% de
1,685 fr., perd, au 31 décembre 1855, 386
fr. 03 e., un peu plus de 7 p.010, et pré-
sente un solde de #,840 fr. 82 c. au lieu
de 5,226 fr. 08 c., ci.......... 386103 |
Les mineurs ont gagné 15
livrets sur 156, et leur capital,
après un mouvement de 48,715
fr., à peu près égal à celui de
1854, baisse de 3,128 fr. 08 c.,
20e du 4 0 MER D io dore 3128 08
et tombe, au 31 décembre 1855,
de 38,460 fr. 80 c. qu'il était, à
39,932 fr. 19 c.
499
13976 22
17593 96
31641
t(rÉ
95
351% 11
500 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
En déduisant, il reste, pour augmenta-
tion générale, le chiffre énoncé plus haut
OR RAR ED lol ic: FO 6 LES TETE 28127 84
Ce sont done, dans une très-faible proportion, à peu
près 18e, les ouvriers, les domestiques el les sociétés de
secours mutuels, et dans une proportion beaucoup plus
forte, à peu près 78m, les militaires et les professions
diverses qui ont fourni les éléments de cette augmentation.
Les employés et les mineurs ont, au contraire, continué
leur marche rétrograde de lan passé, bien que, dans
l'ensemble de leurs rapports avec la Caisse, on remar-
que pour les premiers quelques progrès, et pour Îles
seconds une différence imperceptible.
Après avoir constaté ces faits, est-il facile de Îles
expliquer? Pouvons-nous, sans témérité, leur chercher
une origine en dehors de ce que j'appellerai la constitu-
tion intime de la Caisse, la loi de sa nature et de son
existence, lorsque nous la voyons dans le, milieu où elle
a été placée, faire toujours halte entre 300 à 400,000 fr.,
comme si c'était là ses colonnes d'Hercule.
Qui nous dit, après l'avoir vu arriver, au bout de onze
années de labeur, en 1846, à 337,000 fr., descendre en
1847 et s’affaisser en 1848, remonter par une marche
d'abord lourde, puis tout-à-coup rapide et prospère, en
1853, jusqu’à 400,000 fr., revenir en {85% à 357,000 fr.,
et reprendre en 1855, mais lentement, sa voie d’ascen-
sion; qui nous dit qu’elle n'est pas parvenue, la part
des besoins de l’industrie et du commerce de notre pays
étant faite, et notre population restant stalionnaire, au
plus haut degré de prospérité qu’il Ini soit donné d’at-
teindre ?
me,
AOUT. 01
S'il en était ainsi, ros conjectures sur l’action d’autres
influences seraient bien vaines..., bien 1llusoires..….
Essayons pourtant de les déduire... Nos preuves sur
l'immobilité future de notre Caisse n'ont pas encore
acquis ce degré de solidité qui engendre l'évidence et
ferme toute discussion.... En attendant que l'expé-
rience vienne imprimer son cachet de certitude à une
opinion encore douteuse, il nous est permis, dans l’ap-
préciation des phases que suit la Caisse, de tenir compte
de toutes les circonstances qui semblent avoir eu le
pouvoir de les déterminer.
Trois causes paraissent avoir concouru à composer la
situation actuelle :
La modicité du taux de l'intérêt alloué aux dépôts,
3 75 p. 0(0;
La continuation de la cherté des subsistances ;
Et l’émigration des ouvriers.
Il est facile de comprendre que, dans un temps où les
besoins, par suite du renchérissement de toutes les choses
nécessaires à la vie, deviennent plus grands, les capitaux
qui venaient s’abriter sous l'aile de la Caisse d'épargne
se laissent séduire par lattrait d’un bénéfice et aillent
chercher, dans les valeurs mobilières, la rente ou autres
placements, une fécondation plus avantageuse et plus
prompte.
De là le peu de progrès du crédit des domestiques et
le mouvement rétrograde àe celui des mineurs. L’un et
l’autre à été profondément atteint par les retraits, qui,
chez les domestiques comme chez les mineurs, à dépassé
le chiffre des versements. Et si celui des premiers offre
502 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
un léger boni de 2 p.010, c’est au montant de l'intérêt
produit par les dépôts qu’il faut l’attribuer ; encore se
trouve-t-il ébréché de plus de moitié.
La cherté des subsistances a pesé probablement sur
l'épargne de toutes les classes, mais principalement sur
celle des employés, où l’on suit en quelque sorte sa
trace à travers les variations de leur crédit, qui, tour à
tour en baisse et en hausse, finit par se solder définiti-
vement en baisse, malgré l'augmentation du nombre des
déposants.
A cette cause déjà si puissante, il faut en ajouter une
autre, pour expliquer complètement la situation du crédit
de la classe ouvrière. Je veux parler de l'émigration, qui
a pris cette année un développement tout-à-fait extraor-
dinaire, et s’est manifestée précisément parmi les clients
les plus habituels de la Caisse d'épargne, les ouvriers
du bâtiment, maçons, charpentiers et serruriers, etc.
Ici, comme chez les domestiques, les retraits ont dé-
passé le montant des versements, et, n'étaient le produit
des intérêts qui s'élèvent à 2,929 fr. 17 c., somme plus
forte que l'augmentation constatée, et le classement dans
celte catégorie d'ouvriers agriculteurs de la campagne,
qui jusqu'à présent avaient été rangés dans les profes-
sions diverses, leur compte se serait balancé en perte
sensible sur 185%.
Il est indubitable qu'outre ceux commandés par la du-
reté des circonstances, beaucoup de retraits ont été faits
en vue de parer aux dépenses et aux chômages qu’en-
traine le déplacement, et que beaucoup de dépôts ont été
effectués loin de nous là où le salaire à été reçu, et
permettait, par son importance, la réalisation d’une
AOÛT. 503
économie. Ce fait ressort encore plus clair et plus évident
du tableau des versements faits sur nouveaux livrets.
Leur mouvement, en 1855, comparé à celui de 185%,
présente :
Pour les ouvriers, en livrets, un déficit de 15 p. 010 ;
en somme, de 6,178 fr. ou de 42 p. 0j0.
Pour les domestiques, une augmentation en livrets de
60 p. 010, et en somme, de 65 p. 0/0.
Pour les employés, une augmentation en livrets de
33 p. 010, et en somme, de 65 p. 010.
Pour les professions diverses, une augmentation en
livrets de 100 pour 010, et en somme, de 134 p. 010.
Pour les mineurs, une augmentation en livrets de près
de 50 p. 00, et en somme, de 60 p. 00.
Pour les militaires, pas de différence.
Ainsi, pendant que toutes les classes, dominant les
influences délètères de 1854, se meuvent et avancent, les
ouvriers seuls font défaut à cette virile unanimité et
reculent... Or cette retraite, à côté d’un concours aussi
prononcé de la part des autres déposants, n’est pas
ordinaire... Jamais on n'a vu, depuis l'existence de la
Caisse d'épargne, un aussi grand écart s'établir dans la
manière d'opérer de ses différents tributaires. D’où ilsuit
que, pour en avoir l'explication, il faut nécessairement
admettre l'intervention subite d’un accident nouveau …
Cet accident, je l’ai déjà signalé, c’est l’éclaircissement
des rangs de la classe ouvrière par l’émigration.
La moyenne d'augmentation entre les autres classes
est en livrets d'environ 60 p. 0[0, et en somme, de 83
p: 0/0. Si donc les causes indiquées ci-dessus avaient pu
ètre conjurées , le progrès final de la Caisse aurait peut-
504 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
être atteint les mêmes proportions, tandis que, battu en
brèche par leur action, ils'est considérablement amoindri
et ne s’est élevé qu’à 8 p. 010.
Dans tous les cas, nous n’avons pas à regretter le
départ des sommes versées à la Caisse. Le mouvement
rapide d'entrée et de sortie des fonds est le plus beau
spectacle qu’elle puisse donner... Il répond parfaitement
au but de sa création, qui est d'assurer aux populations
le bénéfice de la prévoyance, en leur donnant le moyen
d’accumuler des économies jusqu’à ce qu'elles en aient
trouvé la destination. Je trouve une nouvelle preuve de
sa fidélité au rôle qu’elle est appelée à remplir dans la
quotité de ses livrets. Sur 1,22, ily en a 943, c'est-à-
dire plus des trois quarts, de 500 fr. et au-dessous,
donnant une moyenne de 148 fr. 79 c.; évidemment ils
ne peuvent représenter que l'épargne.
Faut-il maintenant vous entretenir de la succursale de
Craponne. Hélas! je n'ai rien à en dire... sinon qu'elle
se débat toujours contre la double difficulté des temps et
d'un commencement d'existence. Elle est donc encore à
attendre le succès ; vous allez en juger par son bilan.
Elle avait reçu au 31 décembre , en #5 versements,
D SO fr: ae a es - ser yhode 2850 »
Aucun remboursement n’a été opéré.
En ajoutant à cette somme l'intérêt
qu'elle a produit,.................... 56 57
son capital s'est élevé, après dix mois
d'ÉRISICNCE Aer eee ee reta 2906 37
ETES
Depuis le 31 décembre, à part quelques remboursements
effectués, les opérations ont conservé la même inertie.
AOUT. 505
Espérons encore que le temps, l’espérience et des cir-
constances plus favorables ranimeront la confiance des
habitants du rayon de Craponne en la Caisse d'épargne,
et que cette succursale, qu'on avait cru planter sur un
sol propice, donnera les fruits qu'on en attendait.
Inutile de vous dire que cet insuccès a suspendu tous
les projets d’érection sur d’autres points, c’eût été mul-
tiplier des frais pour ne recueillir que des déceptions.
Pour la première fois, nous nous sommes vus forcés;
après divers avis préalaoles , de faire application,
au 31 mars dernier, de la loi du 30 juin 1851,
pour réduire au maximam de 1,000 fr. les livrets qui
dépassaient cette somme. Trois livrets se sont trouvés
dans ce cas. Nous avons donc dû acheter 10 fr. de rente
pour chacun. Ces rentes, formant ensemble une somme
de 30 fr., ont coûté en capital 622 fr. 80 c., soit 207 fr.
60 c. l’une. Le montant de ces rentes, tant que les pro-
priétaires n'en auront pas retiré les titres, sera perçu
directement par le caissier, et porté au crédit de leur
compte respectif.
Notre dotation, sur laquelle nous avions prélevé la
somme nécessaire pour combler le déficit provenant des
erreurs commises par M. Pellissier, a été couverte de ses
avances par une retenue faite sur le cautionnement de ce
comptable; son capital, que nous fixions, au 31 dé-
cembre 185%, à 14,695 fr. 16 c., est donc remonté à son
RATE EME BIO. 2: 20 cr 0e ec ee s0 e cesse 1 1041849310
Le produit des intérêts et de la retenue
À reporter..... 16478 31
506 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Report..... 16478 31
du 74 p. 0j0 a donné un total de 1923! 83°
duquel il faut déduire, pour
(On VS Era Dei a ct pes LE à 1 27
ResTe pour bénéfice net..... 609 36 609 36
qui, ajoutés au capital ci-dessus , élè-
vent le fonds de dotation, au 31 décembre
SSSR Ci rc ue ae 17087 67
Je crois, Messieurs, devoir ne pas terminer ce compte-
rendu sans rendre hommage à l'intelligence de notre
nouveau eaissier, et à l’exactitude avec laquelle il tient
ses écritures. Loin de les simplifier pour épargner son
temps et sa peine, il ne se préoccupe que du soin de
prévenir toute erreur, et de multiplier dans ce but
tous les moyens de contrôle.
MM. les Inspecteurs des finances ont rendu justice
à sa capacité et à son zèle ; et nous pouvons nous flatter
que nous n'avons rien à envier, sous le rapport de la
comptabilité, aux Caïsses d'épargne les plus importantes
de France.
Tel est, Messieurs, le résumé des opérations de la Caisse
d'épargne pendant l’année 1855 ; leur importance vous
prouve qu’elle ne demeure pas oisive, et qu’elle continue,
en développant autour d'elle l'esprit d'ordre et d'écono-
mie, à rendre de grands services à nos populations.
M. de Brive, au nom de la commission chargée
d'examiner quels sont les moyens les plus propres à
prévenir les inondations, présente le rapport suivant :
AOUT. 507
Une question qui touche à la fois aux intérêts de
l’agriculture, de l’économie politique et de l'humanité
préoccupe depuis deux mois tous les esprits, émeut
tous les cœurs. L'inondation de 1856, par sa géné-
ralité, son intensité, sa durée, et par les désastres
qu’elle a occasionnés, sera citée comme le furent
avant elle celles de 1849 et de 1846. De même qu'a-
près ces dernières inondations on s’occupa des moyens
de conjurer le fléau pour l'avenir, on recherche au-
jourd'hui les causes de ces terribles météores, les
moyens de les prévenir ou du moins d’en affaiblir les
résultats. Mais, plus heureux que nos devanciers ,
nous avons lieu d'espérer la réalisation des savantes
théories que les hommes de science et d'art s’empres-
sent de porter de toutes parts pour la solution de
cette grave et importante question. Une volonté sou-
veraine, qui fait tout plier sous l'autorité de son in-
telligence et de son pouvoir, a résolu de traduire en
fait les études et les efforts qui, dans d’autres temps,
auraient été remplir les cartons et grossir les archives.
Malgré la hauteur de la question et l’importance des
opinions qui ont déjà été produites, vous avez cru,
pour suivre l'exemple de la Société centrale d’agricul-
ture et de plusieurs Sociétés de province, devoir in-
tervenir et charger une commission spéciale de se
livrer à l'étude de ce grand problème. Organe de votre
commission, je viens vous soumettre le fruit de ses
recherches et de ses travaux.
Et d’abord, pour expliquer les inondations si fré-
quentes et si désastreuses dont notre pays est victime,
faut-il admettre, ainsi que l'ont fait quelques auteurs,
508 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
que la température de notre climat a été gravement
modifiée ; qu'il a été apporté, par des circonstances
atmosphériques, une perturbation dans les lois mé-
téorologiques ? Les faits que révèlent nos Annales et
ceux qui existent encore dans les souvenirs de nos
vieillards semblent pronver que, pour notre région,
les inondations ont été aussi calamiteuses dans les temps
anciens qu'elles le sont de nos jours. Il suffira de
rappeler celle de la Loire, qui, en 1559 , d'après
Arnaud, détruisit le pont de Coubon, couvrit d’eau
toute la plaine de Brives, emporta une partie de sa
maladrerie, plusieurs maisons du village et quelques-
uns de ses habitants; celle de la Borne, qui, en 1767,
causa de tels ravages que les états du Velay se cru-
rent obligés de dédommager l’Hôtel-Dieu du Puy, les
religieuses de Ste-Catherine et les Jacobins des pertes
qu'ils avaient éprouvées; celles de 1789 et de 1796,
dont les traces étaient encore visibles au village de Cha-
rensac dans mon enfance, et qui avaient touché à
des limites que n’a atteint aucun de ncs derniers
débordements. L'établissement du barrage de Pinay,
dans le Forez, qui va servir de modèle à un grand
nombre de travaux semblables, prouverait à lui seul
que le fléau sévissait autrefois comme il sévit de nos
jours, puisqu'on avait pris alors contre lui des mesures
semblables à celles que la sagesse et la science con-
seillent aujourd’hui.
La cause première des inondations est encore in-
connue de la science. Elle est un de ces mystères
devant lesquels l’homme est obligé de reconnaitre son
impuissance, Mais s’il ne peut atteindre le fléau dans
AOUT,, 509
sa cause, il lui est permis d'en prévenir les effets
par des moyens que son génie, ses efforts et le sen.
timent de sa conservation peuvent lui suggérer.
Les inondations sont évidemment produites par les
pluies qui, tombant dans des proportions à peu près
égales dans chaque contrée pendant le cours de l’année,
ne se répartissent pas également dans toutes les sai-
sons. [l arrive de longues sècheresses, qui sont suivies
de pluies abondantes, Ces eaux, après avoir saturé
les couches superficielles de la terre, descendent dans
les thalwegs, et, par leur réunion, y occasionnent ces
agglomérations énormes d’eau qui entraînent les ruis-
seaux, les rivières et les fleuves hors àäe leurs limites,
et, augmentant leur courant par le poids de leur volume,
détruisent tout ce qu’elles rencontrent sur leur passage
et vont portier au loin la dévastation et la mort. Quel-
quefois une trombe de quelques heures ou une pluie
torrentielle de quelques jours suffisent pour produire
les mêmes effets.
Le danger des inondations résultant tout entier de
la simultanéité dans l'arrivée des eaux pluviales aux
thalwegs, il est évident que tous les moyens qui
pourront être employés pour retenir momentanément
les eaux et retarder leur descente seront les plus
capables de mettre un frein aux inondations.
Parmi ces moyens, l’un des plus efficaces nous a
paru être celui du reboisement des montagnes. On sait
que les eaux provenant des pentes sont les plus dan-
gereuses, soit à cause de la force d'impulsion qu’elles
acquièrent , soit à cause des débris de terre, de sable,
de graviers ou de roches qu’elles détachent et entrai-
510 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
nent avec elles. Eh bien ! les semis ou les plantations
d'arbres, qui paraissent destinés par la Providence à
conserver une végétation utile sur les points où toute
culture est impossible, ont également la propriété de
s'emparer, par leurs racines, leurs tiges et leurs feuilles
essentiellement poreuses et avides, de quantités con-
sidérables d'eau, qu'ils absorbent plus tard dans Île
travail de la végétation, ou transmettent lentement à
la terre pour l'entretien des sources. Ces végétations
ligneuses agissent encore sur le sol en le reliant par
leurs racines et en favorisant son gazonnement par
leur ombrage, et protégeant ainsi la terre végétale que
les pluies tendent toujours à entrainer dans les bas-
fonds, où elles concourent à la surélévation des eaux.
Le reboisement n’est point un moyen aussi lent
qu'on le croit généralement. Le sol et le climat des
montagnes lui conviennent particulièrement, et quel-
ques années y suffisent pour que les semis ou les plan-
tations couvrent de leur verdure ces points élevés et
acquièrent cette faculté d'absorption qui donne aux forêts
une action si utile contre les inondations. En entre-
prenant en France le reboisement sur une vaste échelle,
non-seulement on prendrait l’un des moyens les plus
efficaces contre les inondations, mais on ferait en même
temps pour l’agriculture , l’économie publique et l'in-
térêt des communes et des particuliers une œuvre in-
finiment avantageuse et qué réclament avec instance
toutes les associations agricoles. « Les forêts , a dit
M. P. D'Aspremont, sont des réservoirs remplissant
à l'égard des pays tempérés, l'office des glaciers dans
les régions hyperboréennes, » Elles retiennent les eaux
AOÛT. 511
pour les distiller en quelque sorte pour l'entretien
habituel des sources et des cours d’eau.
Mais , pour atteindre ce but, qui est, depuis un grand
nombre d'années , l’objet de vos plus constants et plus
énergiques efforts, la question du reboisement doit de-
venir une question agricole et non une question de
finances. Dans l'intérêt seul de la propriété forestière,
vous avez émis le vœu que l'administration des eaux
et forêts passät du ministère des finances dans celui
de l’agrieulture; aujourd'hui, Messieurs, vous pouvez
ajouter à cette considération celle d’un intérêt plus
actuel, celui qu'ont eu le privilège d'inspirer les malheurs
produits par les inondations de mai et de juin der-
niers.
Le drainage est pour les plaines ce que le reboise-
ment est pour les montagnes, le moyen le plus sûr
contre les inondations. Le but du drainage est en effet
de soutirer les eaux surabondantes de la surface des
terres, qui restent stagnantes ou courent en dégra-
dant sur la plus faible pente, et de les attirer à la
profondeur des tuyaux, qui varie de 4 m. à { m. 50.
En d’autres termes, le drainage multiplie la largeur
de la couche perméable par celle de la profondeur des
drains. On peut estimer celle couche, qui n’est autre
que la couche arable dans une terre argileuse ou celle
à sous-sol imperméable, à 20 centimètres. En plaçant
les drains à { m. de profondeur, on multiplie cette
couche par 5; en les plaçant à { m. 50, on la mul-
tiplie par 7 1/2.
En pays de plaine ou de pente modérée, les eaux
de pluie ne coulent à la surface qu'après la saturation
512 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
complète de tout le terrain perméable. En augmentant
la quantité de ce terrain dans la proportion indiquée,
on constitue done le réservoir le plus vaste que
l'imagination puisse concevoir, réservoir formé de tout
l’espace compris dans les terres susceptibles de drai-
nage, depuis leur surface jusqu'à une profondeur de
1/01: 4 LH O0:
Mais, dit-on, le drainage ne conserve point les eaux
dans celte couche devenue artificiellement perméable,
et les drains sont destinés à les attirer constamment
pour les rendre aux thalwegs. Sans doute, répondrons-
nous, le drainage rend les eaux à leur cours naturel,
mais après un délai qui, suivant la profondeur des
drains, suivant la nature du terrain, varie de 2% à
50 heures. Ce sont des faits que tous ceux d'entre
nous qui se sont livrés à cette fructueuse opération du
drainage moderne ont pu observer. Or les inonda-
tions ne se maintiennent Jamais longtemps dans leur
maximum d'élévation. Quelquefois on les voit se re-
nouveler dans un court intervalle de temps, mais tou-
jours avec des intermittences. Le drainage, en sus-
pendant l’écoulement d’une grande masse d'eau pendant
2% heures au moins, pourra prolonger la durée de
l’inondation, mais en affaiblira certainenient l’inten-
sulé.
Du reste, l'expérience des bons effets du drainage
est déjà faite. « Les contrées affligées du fléau cette
» année, dit M. l'ingénieur L. Marchal, sont celles
» où il s’est fait jusqu'ici le moins de drainage. »
« On a remarqué, dit également M. l'ingénieur Bel-
» grand, que les contrées inondées ont été celles dont
AOUT. 513
» les eaux coulent sur des terrains imperméables. »
Mais nous ne voulons point exagérer les mérites
du drainage, et nous conviendrons que, dans certains cas
qui ne forment que des exceptions, le drainage ramène
à la surface des eaux de source et augmente la quan-
tité des eaux sur certains points. Nous doutons
encore que cet effet soit autre chose qu’un détourne-
ment dans la circulation ordinaire des eaux générales
destinées à porter la vie sur toutes les parties du globe
par des issues plus ou moinsapparentes, Mais enfin, en
supposant même que le drainage augmente dans les thal-
wegs le volume des eaux, cette abondance continue
ne serait-elle pas un bien plutôt qu'un mal, en procu-
rant à l’agriculture, à l’industrie et au commerce de
nouvelles ressources utilisables ? Ce serait seulement
un motif de plus, ainsi que le conseille si judicieu-
sement M. Barral, de ne pas se borner au drainage
ordinaire et d'entreprendre en même temps le grand
drainage, comme il a été fait en Angleterre, en ré-
glémentant convenablement le régime de toutes les
eaux. C'est une grande entreprise; mais la lettre de
l'Empereur à son Ministre des travaux publics laisse
entrevoir ce projet comme un de eeux qui doivent
concourir avec les autres grandes mesures que Sa
Majesté indique pour atténuer à l'avenir l'effet des
- inondations,
Après ce qui a été dit avec tant d'autorité de la
construction des barrages pour retenir momentanément
les eaux dans les grands bassins naturels que traver-
sent la plupart de nos fleuves au sein des montagnes
près desquelles ils prennent leur source, il y aurait
TOME XX. 33
514 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
x
de la témérité à vouloir aborder la même question.
Qu'il nous suflise de dire que ces travaux de l’art ne
feront que reproduire généralement les grands réser-
voirs, les lacs qui, après les divers cataclysmes qu'a
subis le globe dans les temps antiques, s'étaient formés
sur tant de points, dont nous avons tant d'exemples
sous nos jeux, et qui n'ont cessé d'exister qu'après
que les cours d’eau qui les avaient remplis ont pu
se frayer un passage en détruisant par érosion, dans
la suite des temps, les barrages naturels qui s'étaient
formés. La place des grands travaux d'art que l’homme
va entreprendre pour se défendre contre les inondà-
tions, se trouve ainsi indiquée par la main même de
la nature.
Avec ces diverses mesures d’une haute importance,
il en est beaucoup d'autres secondaires, mais qni,
appliquées sur un grand nombre de points à la fois,
peuvent produire des effets très-utiles.
L'établissement de rigoles horizontales sur les ter-
rains en pente, conseillé par l'ingénieur Polonceau ,
de canaux pour l'irrigation; dans les villes, la créa-
tion de nombreux réservoirs pour parer aux incendies,
entretenir la propreté des rues, de citernes pour les
besoins particuliers ; dans les campagnes, le creusement
de bassins pour l'entretien des prairies, sont autant de
moyens qui viendraient concourir au but général.
Toutes ces mesures, que l’on peut considérer comme
des moyens préventifs, doivent être préférées à celles
qui constituent ceux que l’on pourrait appeler ré-
pressifs.
L'établissement des digues parallèles au cours des
AOÛT. 545
eaux est aujourd'hui condamné pour la plupart des cas.
« Le système des digues n’est qu'un palliatif ruineux,
» imparfait pour les intérêts à protéger, » a dit l’'Em-
pereur. En resserrant le lit des rivières, elles ne font
qu’augmenter leur courant; en protégeant certaines pro-
priétés, elles ne font qu’en menacer d’autres. Réservées
pour la protection de quelques villes, ou de quelques
riches contrées situées en contre-bas du lit des fleuves,
elles ne devraient point l'être dans un intérêt particulier
sans l'approbation de l'autorité. Le propriétaire riverain,
tout entier préoccupé de ses propres intérêts, ne songe
ni à ceux de son voisin, ni à ceux de la communauté.
Dans notre opinion, l'une des causes les plus sé-
rieuses des funestes effets des inondations est dans le
droit indéfiui que s’arrogent les propriétaires riverains
sur tous les cours d'ean non navigables ou flottables.
Non-seulement ils se protègent par des digues plus ou
moins avancées dans le lit des cours d’eau , mais cha-
que année , ils empiètent par des plantations sur l’espace
nécessaire au passage des eaux, de sorte qu'à la moin-
dre crûe, le courant, obligé de se frayer une issue,
reflue sur lui-même et, acquérant d'autant plus de force
qu'il trouve plus d'obstacles, déracine les arbres, dé-
molit les digues, ravine les terres et entraine avec
lui tous ces débris jusqu'aux rivières, jusqu'aux fleuves,
qui en sont démesurément grossis. C’est le spectacle
dont nous sommes surtout les témoins lors de ces inon-
dations exceptionnelles qui ont lieu à des intervalles
plus ou moins irréguliers et que le propriétaire ri-
verain croit toujours ne plus revoir. Nous ne doutons
pas que ces empiètements sur le lit de tous les cours
516 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
d'eau, qu'aucune surveillance ne protège, ne consti-
tuent une des circonstances les plus aggravantes du
fléau si terrible des inondations.
Nous pensons, en conséquence, qu’il y aurait lieu
de faire dresser des cartes géodésiques de tous les cours
d'eau par des agents de l'Etat. On indiquerait sur ces
cartes bien collationnées, et à la suite d'enquêtes, la
largeur nécessaire de tous les cours d’eau, et, après
avoir placé des limites sur les deux rives, à de petites
distances, on interdirait tout travail d’art, toute plan-
tation en-delà de ces limites. En un mot, l’aborne-
ment des rivières nous paraît présenter plus d’avan-
tages encore que celui des chemins, et nous croyons
devoir le proposer comme l'un des moyens les plus
propres à atténuer les ravages causés par les inonda-
tions. Ces limites devraient laisser un large passage
non-seulement aux eaux ordinaires, mais aux plus
grandes eaux. Sans doute, le droit du propriétaire
pourrait être amoindri par ces mesures, sa propriété
quelquefois entamée. Mais il des mesures que l'in-
térêt général réclame et auxquelles tout membre de la
communauté doit se soumettre, quelque onéreuses qu'elles
soient pour lui. Toutes celles qui tendent à arrêter,
à diminuer les désastres des inondations sont de ce
nombre. « Ii faut, a dit encore l'Empereur dans sa
» lettre remarquable à tant de titres, faire la part de l’eau
» comme on fait la part du feu dans un incendie. »
Tel est le résumé des moyens que l'expérience, l'étude
et la réflexion ont suggéré à votre commission pour
prévenir ou arrêter les inondations. Sans attacher à
une de ces mesures isolées une efficacité complète, elle
AOUT. 517
pense que de leur emploi simultané il peut, il doit
résulter une atténuation dans les effets désastreux du
terrible fléau.
La commission serait heureuse si elle pouvait penser
avoir satisfait par ce mémoire aux intentions généreuses
qui vous avaient engagés à lui soumettre l’étude d’une
si grave question. Elle serait heureuse surtout d’avoir
pu, par son concours, aider au travail d'ensemble qui
se prépare et qui doit rendre la sécurité à une partie
si considérable de la population française.
Sur la proposition de M. le Président, la Société
décide à l'unanimité que l'important travail de M. de
Brive, qui résume d’une façon si exacte et si pratique
tout ce que l'étude des faits locaux peut apporter
d’utiles enseignements dans l'examen de la question
générale, sera adressé, au nom de la Société, à M. le
Ministre de l’agriculture et des travaux publics ainsi
qu'au Journal d'agriculture pratique.
OBJETS D’ADMINISTRATION. — La commission des pri-
mes, dit M. le Président, à l’occasion du prochain
concours départemental des bestiaux, a dû s'occu-
per, suivant l’usage, de la révision du programme;
et elle y a apporté quelques modifications de dé-
tail qui ne peuvent manquer de recevoir l’assenti-
ment de la Société. Ainsi des primes seront accordées
pour le traitement rationnel des fumiers et l’importa-
tion d'engrais nouveaux, pour le drainage et les irri-
gations pratiquées avec les eaux recueillies à l’aide du
drainage «
518 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Mais, en outre de ces additions au programme des
années précédentes, la commission a eu à se préoccu-
per de deux questions importantes sur lesquelles elle
n'a pas cru pouvoir statuer en dernier ressort, et
qu’elle défère à la décision définitive de la Société.
La première a été soulevée par M. de Brive, qui
craint que le renouvellement trop fréquent des séances
publiques et des concours industriels n’atténne l'effet
général qu'il est permis d'en attendre. Les rémunéra-
tions décernées par la Société se multipliant de la sorte
indéfiniment, il est à craindre qu’elles ne perdent de
leur valeur. Les fabricants attachant jusqu'ici une haute
et légitime importance aux médailles qui leur ont été
accordées, les font reproduire avec empressement sur
les enseignes de leurs magasins. Ces signes exté-
rieurs, en se généralisant, cesseraient d’avoir la portée
d’une distinction exceptionnelle. M. de Brive pense
donc qu'il serait nécessaire, tout en maintenant pour
les bestiaux et l’agriculture le concours annuel, de
donner aux concours industriels une périodicité moins
fréquente.
La Société consultée décide, sous l'empire de ces
considérations, qu’elle ne s’astreindra à aucune règle
de périodicité fixée d'avance, et que l'époque des
séances publiques et des concours industriels sera
déterminée parune décision spéciale, suivant l’'opportu-
nité des circonstances.
La seconde question à examiner a trait aux encou-
ragements dont la production chevaline est l’objet.
M. le Directeur du haras d’Aurillac, en indiquant que le
chiffre des saillies est supérieur à celui, de 1854 et
AOUT. 519
inférieur à celui de 1855, proposerait d'introduire des
modifications importantes dans le programme des
primes. Il pense que lexpérience accomplie depuis
longues années démontre surabondamment ce fait,
que le département, très-propre à la production du
cheval, ne peut que bien rarement réussir à l’élever
complètement, et que, par suite, c’est aux poulinières, à
l'exclusion des poulains et pouliches, qu'il convient
d'accorder toutes les récompenses. En d’autres termes,
l'éleveur aurait tout avantage à vendre le produit à six
mois, et à ne pas courir les chances bien douteuses
d’une éducation contrariée par une foule de circon-
stances défavorables.
Mais s'il en était ainsi, dit M. le Président, si le
pays ne pouvait voir améliorer sa population chevaline
par une production de plus en plus satisfaisante ; si,
en un mot, il ne pouvait y avoir aucun progrès à ac-
complir par la substitution graduelle des pouliches
améliorées aux mères plus défectueuses, ne serions-
nous pas conduits, comme on l’a indiqué dans le sein
de la commission, à revenir sans hésitation à l’an-
cienne spéculation, qui a pour objet soit la produc-
tion locale, soit surtout l'éducation de l'espèce mulas-
sière ?
M. de Brive rappelle que le Conseil général a aug-
menté les allocations accordées à la Société pour l’a-
mélioration de la race chevaline. Mais il y a toujours
ce fait capital à étudier : l’industrie chevaline sera-t-
elle jamais aussi lucrative pour le pays que l’industrie
mulassière? L'expérience est désormais concluante :
le jeune mulet se vend toujours plus cher, plus
520 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
facilement surtout, plus'couramment enfin que le jeune
poulain. Si donc, conformément à l'opinion de M, le
Directeur du haras, il convient de renoncer à former
des chevaux faits, la préférence à donner à la produc-
tion du mulet sur celle du poulain ne saurait être dé-
sormais douteuse.
M, Chouvon soutientque l’expérimentation faite jus-
qu'à ce jour ne peut être encore regardée ‘comme
décisive. Tous les progrès se tiennent en agriculture;
des soins plus intelligents, une nourriture plus ration-
nelle peuvent faire un jour de l’élève du cheval une
spéculation avantageuse. À voir d’ailleurs les produits
devenir plus nombreux d'année en année, il faut
bien admettre que l’agriculture n’est pas sans y trouver
ses profits.
M. le Président fait observer que les espérances
exprimées par M. Chouvon sont trop souvent démen-
ties par le résultat. Et d’abord le chiffre des saillies
ne permet pas de croire que dans la production che-
valine il se soit manifesté, dans ces dernières années,
une véritable augmentation continue. Le chiffre de
1856, par exemple, est inférieur à celui de 1855. De
plus, le fait signalé par M. de Brive est d’une véritable
exactitude. Il est clair que sur nos marchés le mulet
a toujours un cours assuré, qu'il rencontre une de--
mande plus ou moins empressée, mais toujours per-
sistante; tandis que le propriétaire du meilleur pou-
lain est réellement à la merci de quelques acheteurs
qui font constamment la loi. Pour ma part, ajoute
M. le Président, je trouve pour le moment trop ab-
solue l’opinion de M. le Directeur du haras. Je pense
AOUT. 521
que, dans une certaine mesure, on peut tenter encore,
surtout en vue d'améliorer la population chevaline
du pays, et par conséquent d'ajouter à la valeur des
mères, on peut tenter encore d'élever quelques pro-
duits, surtout des pouliches, et de les faire entrer dans
le service usuel de notre agriculture. Mais il faudrait,
dans ce but, introduire une race plus rustique, mieux
adaptée à nos divers besoins, qui se rapprocherait,
par exemple, des conditions indiquées par M. de
Gasparin pour le cheval d'agriculture. Ce serait
surtout par l'achat au dehors d’un certain nombre de
poulinières bien choisies, destinées à être revendues,
sous la condition que l'acquéreur devrait les garder
pour un temps déterminé et les affecter à la repro-
duction, qu'on atteindrait efficacement, quoique len-
tement, le résultat désirable. Du moins cette tentative
faite, l'expérimentation pourrait être tenue pour déci-
sive, etil serait facile de conclure en toute connais-
sance de cause et d'opter enfin entre le cheval et
le mulet. Mais, qu'on le remarque bien, dans le sys-
tème proposé, deux conditions sont indispensables :
la première, c’est qu’il faudrait que les haras missent
à la disposition de nos éleveurs des étalons appro-
priés à nos besoins, en harmonie surtout comme taille,
comme conformation et comme rusticité, avec les
poulinières qui auraient été choisies; la seconde
condition, c’est que le chiffre des allocations destinées
à cette tentative fût momentanément considérable-
ment accru. Les départements où l'élève du cheval a
fait de grands et sérieux progrès, où cette industrie
constitue désormais l’un des premiers éléments de la
522 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
richesse agricole, ces départements, l'Orne, par
exemple, et la Côte-d'Or, n’ont pas reculé devant des
sacrifices qui sembleraient exorbitants dans la Haute-
Loire. Des allocations de douze, quinze et même
trente mille francs ont été votées pour encourager
l'élève et l'amélioration du cheval.
M. de Brive rappelle que la Société a souvent de-
mandé des étalons mieux en harmonie avec nos be-
soins. Mais il faut conclure de l’inutilité de ces de-
mandes que l'administration supérieure se place à un
point de vue différent du nôtre. Il importe cependant,
ajoute M. de Brive, d'arriver à des conclusions for-
melles sur la question; car, enfin, si l'opinion de M. le
Directeur des haras est fondée, et si elle nous conduit
logiquement à patroner la production mulassière, il
convient de le faire efficacement et d'examiner s'il n’y
aurait pas lieu de faire venir du Poitou des baudets de
qualité supérieure.
Un membre fait observer que partout où il y a des
baudets de quelque valeur, les poulinières leur sont
amenées et les étalons délaissés.
Ce fait, suivant un autre membre, dénoterait mani-
festement la préférence de nos paysans en faveur de
la race mulassière. Et, dans ce cas, ne serait-il pas
convenable de partager les encouragements entre les
deux industries ?
M. le Président fait observer qu'admettre ce partage,
c’est supprimer à peu près complètement l'élève du
cheval, puisque l'allocation entière est déjà bien insuf-
fisante.
M. Chouvon insiste encore pour qu'on ne compro-
mette pas d’un seul coup le résultat de tous les efforts
—_. ”
AOUT. 523
accomplis depuis vingt-cinq ans, au moment peut-être
où ils vont aboutir à un succès réel. L'ensemble des
progrès agricoles dans le département frappe néces-
sairement tous les yeux; les bestiaux sont plus assi-
dûment et plus intelligemment soignés; ils sont sur-
tout mieux nourris. Nos poulinières ne peuvent pas
ne point participer au bénéfice de ce progrès, elles
auront nécessairement leur tour; elles seront aussi
mieux traitées, mieux nourries, et comme elles sont,
pour la plupart, d'une qualité bien supérieure à celles
qu’elles ont remplacées, du jour où elles seront sou-
mises à un régime mieux entendu, n'est-il pas évident
qu’elles nous donneront des produits sensiblement
améliorés,? Loin donc qu'il faille détruire imprudem-
ment l'œuvre des vingt-cinq dernières années, dût-on
continuer vingt-cinq ans encore, il faut marcher réso-
lüment au but qu’on s’est proposé tout d’abord; et
l’on atteindra ainsi, M. Chouvon l'espère, un résultat
productif pour l’agriculture, utile pour Le pays et hono-
rable pour la Société.
M. le Président, résumant le débat, explique que le
Conseil général est à la veille de se réunir; que le
rapport qui lui sera adressé au nom de la Société
doit exprimer une opinion précise sur la question qui
vient d’être discutée, et comme il n’y aura pas avant la
session du Conseil de nouvelle séance, M. le Président
propose qu’une commission soit chargée de formuler
les conclusions qui devront être transmises au Conseil
général.
En conséquence, MM. de Brive, Chouvon, Gire,
Dugaray aîné, Dumontat et Plantade sont nommés
membres de cette commission.
524 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
ARCHÉOLOGIE. — M. Oscar Bonnet, secrétaire de la
Société, fait la communication suivante sur le camp
romain de Mont-Milau, près Langogne, et sur le village
de Condres :
MESSIEURS,
À quatre kilomètres environ de Langogne, l’on arrive,
en suivant la rive gauche de l'Allier, vers un monticule
appelé le Mont-Milau. Pour le gravir, la pente est rude;
elle s’étend d'un côté jusque sur les bords de l’Allier, de
l’autre elle domine presque à pic un petit ruisseau qui
vient mêler ses eaux à celles de la rivière. En l’abordant
par la route de Saugues, le Mont-Milau est cependant
plus accessible, et l’on peut le contourner facilement.
M. le chanoine Sauzet, un de nos érudits archéologues,
au moment de mon départ pour Langogne , m'avait
signalé, comme existant aux environs de la ville, les
restes d’un camp romain. Je l’avoue, il me fut impossible
d'obtenir à Langogne aucun renseignement à cet égard.
Cependant, sur quelques indications de M. de Belviallat,
je choisis d’abord le Mont-Milau pour le lieu de mes
explorations. Arrivé au sommet de la montagne, j'aperçus
quelques amas de pierres qui m'avaient été annoncés.
Mais comment constater l’origine des amas qui recouvrent
son sommet? Evidemment la nature ne les a pas placés
là elle-même ; le sol de la montagne, tout entier en terre
arable et sans le moindre roc, donnerait au besoin un
démenti formel à une semblable explication. Les hommes
les y ont donc transportés. Mais à quelle époque et
dans quel but? Combien il est à regretter que d’impitoya-
bles propriétaires, sous le prétexte de voler à la jachère
AOUT. 525
quelques mètres de terrain, aïent fait disparaitre les
traces qui auraient pu guider les recherches. Telles
étaient mes réflexions quand tout à coup, en m'approchant
du côté ouest de la plate-forme, j'aperçus des vestiges
qui, selon moi, ont une signification réelle. La plate-
forme du Mont-Milau, qui domine le pays dans une grande
étendue, a l'apparence d’une circonférence irrégulière ;
pendant un tiers de cette circonférence, sur l’arête même
formée par la plate-forme et la pente de la montagne, il
existe une espèce de boursoufllure plus élevée que le
sommet du mont et qui lui sert de rempart naturel. Cette
longue éminence est tout entière en pierres mobiles et en
terre aujourd'hui gazonnée en grande partie. Mais, sans
aucun doute, elle a été façonnée par la main des hommes
et probablement comme moyen de défense, comme dernier
rempart contre un ennemi assiégéant. Elle protège le
sommet de la montagne du côté où elle est le plus facile-
ment accessible; elle a trois à quatre mètres d’élévation
au-dessus du sol plat, et au-dessous de cet énorme para-
pet, à huit mètres environ, l’on aperçoit de nouveaux
amas de pierres qui semblent former des lignes de cir-
convallation. Plus d’hésitation possible par conséquent;
le Mont-Milau a bien réellement servi de fortifications, à
une époque reculée, et je me permettrai même de dire à
l’époque de l'invasion romaine; car au moyen âge, la
défense était organisée d’une manière en quelque sorte
plus définitive, avec tout l’attirail des murs, des contre-
murs, des tours, des fossés; tandis que les Romains
n'élevaient le plus souvent que des obstacles provisoires.
Vous me pardonnerez celte petite digression, Messieurs,
sur un pays qui, quoique limitrophe, est étranger au
526 RÉSUMÉ DES SÉANCES
Velay. Mais j'ai eru qu'il ne fallait pas négliger ces
derniers vestiges d’un autre temps, parce qu'ils peuvent
aider à reconstruire un plan général de la domination
romaine dans nos contrées, el à déterminer les emplace-
ments occupés dans nos montagnes par ces anciens vain-
queurs du monde; ils peuvent aussi nous guider dans les
recherches de la voie romaine à travers le Velay, travail
entrepris avec tant de persévérance et de succès par
MM. Avmard, Sauzet et Bretagne, membres de notre
Société.
Du Mont-Milau au village de Condres, il n’y a en effet
que quelques kilomètres de distance, et c’est à, vous le
savez, au village de Condres, que ces messieurs placent
l’ancien Condate indiqué sur la carte de Peutinger.
Ce village est situé dans la Lozère, sur une montagne
escarpée dont l'Allier baigne les pieds. En face, sur Ja
rive droite de la rivière, l’on aperçoit le village vellave
de Saint-Haond. Condres se compose d’une quinzaine de
maisons dominées par un château dont la construction
doit remonter tout au plus au xvie sièele. Quant au
village, rien ne démontre l'antiquité de sen origine.
Cependant j'ai tout lieu de croire qu'il existait au xrre
siècle. Nous avons en effet, dans les papiers trouvés à
Cussac, domaine de M. Félix Robert, mon beau-père, des
titres qui établissent que des Chateauneuf étaient à cette
époque seigneurs de Sondres; mais ils habitaient alors
un autre château sur l'emplacement duquel on aurait
construit, ainsi que cela m'a été expliqué, le château
actuel.
A deux kilomètres du village, le torrent du Chapeau-
roux se verse dans l'Allier. C’est là le point qui doit
a
AOÛT. 927
attirer plus spécialement l'attention des archéologues et
sur lequel ïls peuvent porter une investigation qui, j'en
suis convaineu, ne sera pas sans résultat. L’Allier, dans
cet endroit, forme un coude : c’est au sommet de ce coude
que se jette le Chapeauroux. Au-dessous, dans le dépar-
tement de la Haute-Loire, et toujours sur la rive gauche,
près d'une ferme appelée Lestang, l’on rencontre les ves-
tiges de deux anciens ponts assez rapprochés l’un de
l’antre. Etaient-ils de construction romaine ? Il est diffi-
cile de le dire, d’après le peu de matériaux qui sont en-
core sur place: pas une pierre taillée, pas le moindre
fragment d'un angle ou d’un parapet, Quant au ciment,
il est blanc, légèrement rosé; il est tellement dur qu'il
résiste au marteau, tandis que la pierre se brise. Tous
ces caractères indiquent d’une manière suffisante l’ori-
gine romaine de ce ciment. Ces deux ponts n’ont proba-
blement pas existé simultanément, et pourtant il est dif-
ficile de déterminer quel a pu être le plus ancien, car les
matériaux que la rivière n’a pu emporter sont de même
nature, et rien ne dénote la moindre différence entre ces
deux constructions.
À 200 mètres à peu près au-dessus des ponts dont je
viens de parler, au-dessus également de l'embouchure du
Chapeauroux, et sur un rocher qui sert de base indes-
tructible, l’on découvre les traces d’un troisième pont.
Celui-là devait faire communiquer le village de Condres
avec Saint-Haond, tandis que les deux premiers met-
taient en rapport Saint-Haond avec Saint-Christophe-
d’Allier. Dans la pointe formée par la jonction des deux
rivières, à l’éndroit même où venait ahoutir le troisième
pont, il existe des débris considérables, de vastes amas de
528 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pierres amoncelées eà et là, et liées aujourd’hui avec le
sol par la mousse, l’herbe et la fougère, Ce terrain s’ap-
pelle le communal des Salles ; il appartient au village de
Condres, et, si nous en croyons la tradition locale, il
y avait là autrefois une ville dont les matériaux auraient
servi à construire Condres. On n'aurait laissé sur place
que ce qui ne présentait pas une utilité réelle. Cepen-
dant il est facile d’apercevoir quelques pierres taillées,
une entre autres isolée et presque enterrée dans la terre,
dont la surface visible a 52 centimètres de large et ayant
au milieu de cette surface le trou rectangulaire que les
Romains pratiquaient dans les plus grosses pierres, afin
de les élever plus facilement au point où elles devaient
être placées. Au milieu de ces décombres, l'on apereoit
aussi l’entrée d’une petite grotte creusée dans le roc par
la main des hommes.
Avec cet ensemble de faits, 1l serait facile d’échafauder
tout un système historique qui ne manquerait ni de vrai-
semblance ni d'intérêt. Cependant j'ai cru convenable de
m'en lenir jusqu'ici à un simple exposé, espérant plus
tard, par des recherches plus approfondies et par des
fouilles plus complètes, pouvoir pénétrer le secret de
ces antiques débris et soulever d’une main sûre un coin
du voile qui couvre notre histoire locale.
Tout semble indiquer que ces décombres appelés ville
dans le langage légendaire des habitants de la localité,
ont dû être autrefois le point fortifié que Peutinger porte
sur sa carte sous le nom de Condat. L’étymologie du
mot, qui se rapporte parfaitement à la position du lieu
entre deux rivières et à l'embouchure de l’une d’elles,
les débris de ces trois ponts qui, quoique détruits totale-
EX re
AOÛT. 529
ment, portent avec eux un cachet bien caractéristique,
la quantité et la forme des matériaux, les traces de voies
romaines que l’on découvre non loin de là, près de Saint-
Haond et du Thord, de vieilles pièces d'argent trouvées
dans un ehamp voisin, tout, en un mot, concorde jusqu'ici
pour donner raison à cette hypothèse.
M. le Président remercie M. Bonnet de cette intéres-
sante communication.
À sept heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET.
TOME XX. 34
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Le)
‘41
Co
SÉANCE DU 5 NOVEMBRE.
SOMMAIRE.
Lecture du procès-verbal. — Communication des ouvrages recus.
— M. Enjubault fait hommage à la Société d’un discours de récep-
tion à l’académie de Clermont. — Dépouillement de la correspon-
dance; M. le Ministre d'Etat annonce l'envoi d'ouvrages importants,
accordés à l'occasion de la fête de l'Empereur ; demande d'indication
sur les machines à battre, par le Comice d'Yssingeaux; lettre de
M. l'ingénieur en chef et annonce de l'envoi d’une somme de S00 fr.
pour encouragement au drainage. Dons au musée : envoi par M. Jules
Richond àu portrait de M. Richond des Brus; don par le même de
projectiles recueillis sous les murs de Sébastopol; don par M. Victor
Parron de deux peintures prises en Crimée; fragments paléontolo-
giques acquis pour le musée, présentés par M. Aymard. — Prospectus
de l’Album photographique d'archéologie religieuse , par MM. Ma-
lègue et Aymard. — Communication de M. le Président sur le der-
nier concours des bestiaux ; sur l'examen des élèves de la ferme-école
de Nolhac. — Communication par divers membres sur la pomme de
terre Chardon. — Rapport de M. Aymard sur une grande inseription
gallo-romaine.
À trois heures, la séance est ouverte sous la prési-
dence de M. Ch. C. de Lafayette.
Le procès-verbal de la précédente séance est In et
adopté.
532 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Ouvraces REÇUS. — M. le Président indique, dans les
publications parvenues à la Société depuis la dernière
séance, les articles qui peuvent avoir un intérêt parti-
culier pour la Société.
Le Bulletin de la Société d'agriculture de la Lozère
fait connaître quelques procédés d'économie domesti-
que et rurile qui peuvent être utilement reproduits
par l'Annuaire départemental.
Le Journal d'agriculture pratique contient un arti-
cle important sur la valeur relative des variétés an-
glaises de la race ovine qu'il peut être utile d'intro-
duire en France.
La Société impériale d’acclimatation fournit d’utiles
enseignements sur les soins à donner aux ruches, et
notamment sur les précautions à prendre pour leur
conservation pendant l'hiver.
Le Moniteur des Comices reproduit le rapport de
M. de Brive sur les inondations.
Le Bulletin monumental de M. de Caumont paie
à la mémoire de M. le marquis de Miramon, l'un des
vice-présidents du Congrès tenu en 1855 au Puy, un
juste tribut de regrets, auquel les membres de la
Société ne peuvent manquer de s'associer.
M. le Président recommande à l'attention de ses
collègues un numéro du journal /4 Haute-Loire, con-
tenant : {o un compte-rendu de l'inauguration de
l'ouvroir de la dentelle, sous les auspices de M. de
NOVEMBRE, 533
Chevremont, préfet; 2 le discours, prononcé égale-
ment par M. le Préfet, pour l'ouverture de la salle
d'asile du Monastier.
Le Bulletin de la Société météorologique de France
publie le troisième mémoire de notre savant collègue
M. Bertrand de Doue, sur la fréquence comparée des
vents supérieurs et inférieurs.
La Société ne peut que se sentir honorée de la vive
attention que le monde savant prête aux nouveaux
travaux de son vénérable doyen, l’un de ses anciens
présidents.
M. Enjubault, conseiller à la Cour impériale de
Riom, membre non résidant de la Société, adresse le
discours de réception prononcé par lui à l'académie
de Clermont.
Ces pages, dans lesquelles M. Enjubault prend pour
texte le développement de la civilisation, écrites avec
l'élévation de style et de pensée, surtout avec la séré-
nité d'intelligence qui laissent leur remarquable em-
_preinte sur tout ce qui sort de la plume de notre hono-
rable collègue, contiennent en faveur de la Société
académique du Puy une manifestation de bon souvenir
et de sympathie dont notre Compagnie peut être à bon
droit reconnaissante et fière.
CORRESPONDANCE. — $S. Exc. M. le Ministre d'Etat veut
bien adresser à la Société, par l'intermédiaire de M. le
Préfet, une liste d'ouvrages importants qui nous sont
534 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
accordés à l’occasion de la fète de Sa Majesté l’Em-
pereur.
M. le Président du Comice d’Yssingeaux demande à
la Société de lui fournir des indications sur le mérite
de diverses machines à battre, le Comice se proposant
de faire l’acquisition d’une batteuse locomobile qui
puisse être livrée successivement à plusieurs proprié-
taires.
M. le Président se charge de transmettre au Comice
d’Yssingeaux les renseignements qu'il réclame.
M. Coumes, ingénieur en chef du département, an-
nonce qu'une somme de 800 fr. a été mise à sa dispo-
sition par M. le Ministre des travaux publics, pour être
employée en encouragements au drainage par l’inter-
médiaire de la Société; M. l'Ingénieur demande en
même temps quelle marche la Société compte suivre
à ce sujet. Il exprime aussi le désir d'être renseigné
exactement sur les travaux de drainage déjà accom-
plis, et sur ceux qui sont encore en projet ou en voie
d'exécution.
M. le Président invite ses collègues à se mettre en
mesure de fournir à la prochaine séance toutes les
indications dontil a besoin pour répondre à la demande
de M. l'Ingénieur.
Dons AU MUSÉE. — M. Jules Richond, membre du
Conseil général, renouvelant ses remercîiments au
sujet de l’accueil qu'a reçu sa proposition de faire
exécuter, pour la galerie des hommes utiles, le portrait
NOVEMBRE. 535
de son frère M. Richond des Brus, ancien député, an-
cien membre de la Société, etc., écrit que ce portrait,
confié à l’habile pinceau de M. Giraud fils, est aujour-
d'hui terminé, et qu'il le fait transporter au musée.
M. Jules Richond fait en même temps hommage à la
Société de quelques projectiles recueillis par un de ses
amis, capitaine d'artillerie, presque sous les murs de
Sébastopol.
Get envoi comprend :
lo Une grenade; 2 un petit boulet-mitraille ; 3° une
balle ; 4° enfin un morceau de granit provenant des
docks de Sébastopol. A ces divers objets, dignes d’in-
térêt par leur provenance, M. Richond veut bien join-
dre une poire pétrifiée, enclavée dans du silex, qu'il
possédait depuis assez longtemps.
Des remerciments sont adressés à M. Richond.
M. Aymard fait hommage au musée, de la part de
M. Victor Parron (du Puy), capitaine adjudant-major
au % de ligne :
1° D'une ancienne peinture sur panneau, représen-
tant l’image de Jésus-Christ, prise dans l’église de
lénikalé, près de Kertch (Crimée),
2° D'une peinture à l'huile sur panneau, représen-
tant unarchange, prise dans une maison de Sébastopol
(Crimée).
M. Aymard présente à la Société deux fragments de
dents molaires de mastodonte, avec ossements fossiles,
qui ont été trouvés dans le gisement des brèches
alluvio-volcaniques de Coupet, près de Saint-Eble, et
qui ont été acquis pour le musée.
536 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
M. Hippolyte Malègue, conducteur des ponts et
chaussées, adresse le prospectus d’un ouvrage intitulé :
Album photographique d'archéologie religieuse, publié
sous le patronage de Mgr de Morlhon, évèque du Puy,
et d’après le vœu émis par le Congrès scientifique de
France.
Le prospectus de M. Malègue rappelle qu'une propo-
sition tendant à ce qu'il fût fait, sous le patronage du
Congrès, un album de l'exposition religieuse dont
Mgr de Morlhon avait pris l’heureuse initiative, fut
accueillie par un assentiment général et qu'un vœu
formel à cet égard fut exprimé en ces termes : « MM. les
secrétaires généraux sont priés de faire tous leurs
efforts pour conserver, soit par la gravure, soit par la
photographie, le meilleursouvenir de cetteexhibition. »
Dans le sein même du Congrès, M. Malègue avait trouvé
l'occasion de dire que s’il s'était adonné à la photo-
graphie, s’il travaillait àen suivre les perfectionnements
successifs, c'était en vue de créer pour la Haute Loire
un album archéologique, pittoresque et monumental
qui lui manque jusqu’à ce jour. L'album d'archéologie
religieuse est le commencement de la réalisation donnée
à cette pensée.
« Voilà, dit le prospectus, l’origine de cette publica-
» tion archéologique, dont l'idée appartient tout
entière soit à la commission ecclésiastique qui a
» présidé à l'exposition religieuse, soit aux membres
» du Congrès, sous le patronage desquels nous pren-
drons la liberté de placer l’ouvrage, en le dédiant à
» Mgr de Morlhon et à M. de Chevremont, préfet de la
» Haute-Loire, président général du Congrès.
vw
>
y
NOVEMBRE. 594
» Surles conseils judicieux d'hommes compétents,
» trente etun sujets ont été choisis parmi les plus
» remarquables de la riche collection organiséc par les
» soins de Mgr l’Evèque, et fidèlement reproduits par
» la photographie.
» L'archiviste du département, M. Aymard, l’un
» des secrétaires généraux du Congrès, dont les pro-
» fondes connaissances en archéologie sont si juste-
» ment appréciées, a bien voulu nous prêter son con-
» cours etse charger de la rédaction d’un texte ex-
» plicatif; c’est donner la meilleure et la plus sûre
» garantie que ce texte, sous une forme concise, réu-
» nira néanmoins sur les dates, le style d’ornemen-
» tation, etc., toutes les indications nécessaires à l’intel-
» ligence de chaque dessin. Il sera complété par un
» aperçu général sur l’ensemble de l'exposition.
» Pour plus de perfection, le tirage en photographie
» sera exécuté sur des clichés fournis par nous dans
» l'imprimerie photographique de M. Blanquart-Evrard
» (de Lille), si avantageusement connu dans le monde
» artistique par la beauté et l’inaltérable durée de ses
» épreuves.
M. Malègue termine en résumant ainsi les senti-
ments élevés et patriotiques qui l'ont guidé dans cette
entreprise :
« Heureux si, tentant le premier, dans une localité
» secondaire, l'application large et utile des ressources
» merveilleuses de la photographie, nous avons pu
» contribuer pour no re part au mouvement intellec-
» fuel et artistique dans la Haute-Loire ; laisser pour
» l'exposition religieuse et le Congrès un document de
538 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
» quelque importance; produire enfin une œuvre di-
» gne des encouragements flatteurs qu’elle a reçus,
» digne des esprits distingués auxquels elle s'adresse,
» et du patronage éminent sous lequel nous l’avons
» placée. »
La Société, par l'organe de son président, exprime
toute sa sympathie pour l'œuvre de M. Malègue, et
ilest décidé qu’elle souscrira pour deux exemplaires à
cette intéressante publication.
AGRICULTURF. — M. le Président entretient la Société
de quelques faits agricoles importants qui se sont pro-
duits depuis la dernière séance.
« Le concours des bestiaux, dit M. C. Ch. de La-
fayette, qui a eu lieu, suivant l’usage, à la fête de la
Saint-Michel , a présenté, comme ont pu le constater
la plupart de nos collègues, un ensemble satisfaisant
eten quelques points très-remarquable.
» Le poulain provenant d’un étalon du gouverne-
ment et d'une jument percheronne, présenté par
M. Lacombe, a été unanimement admiré, et M. le Di-
recteur du haras d’Aurillac a loué ce produit sans res-
triction. Il y a là peut-être une utile leçon sur les ré-
sultats auxquels il serait permis d'atteindre par lintro-
duction dans le pays de bonnes poulinières.
» En ce qui concerne la race bovine, deux sujets
hors ligné, envoyés par M. le baron de Flaghac, ont
excité l'admiration de tous; ce qui se comprendra faci-
lement, puisque l’un de ces animaux, appartenant tous
deux à la race de Salers, a obtenu successivement le
NOVEMBRE. 539
_premier prix de sa catégorie, d’abord au concours ré-
gional de Tulle et ensuite au concours universel agri-
cole de Paris.
» La race du Mezenc était, elle aussi, convenablement
représentée dans le concours. Il est seulement à re-
gretter que la maladie aphtheuse des bestiaux (vulgaire-
ment le mal de pied) ait empêché un grand nombre
d’éleveurs de la montagne de venir, comme ils en
avaient manifesté l’intention.
» Les vaches laitières et les génisses étaient en grand
nombre et d’un très-bon choix.
» En présence de cette exhibition, les personnes
même étrangères à notre région se plaisaient à re-
connaître tout ce qu'on peut attendre d’une améliora-
tion intelligente et suivie, pratiquée par sélection, dans
notre race indigène.
» À ce propos, la Société apprendra avec plaisir la
création d’une vacherie modèle dans la ferme de
Chadenac, dépendante de l'Orphelinatde Saint-François-
Régis.
» M. de Chevremont, préfet de la Haute - Loire,
depuis longtemps préoccupé de l'idée de former
un établissement où la race du Mezenc devint
l'objetde soins spéciaux et fût soumise à une tentative
raisonnée d'améliorations progressives, n’a Cru pou-
Voir mieux faire que de confier cette œuvre à la
direction aussi dévouée que stable des Frères de
l'Orphelinat.
» Une commission , dont plusieurs membres de la
Société font partie, a donc été nommée par M. le
»
540 RÉSUMÉ DES SÉANCE£.
Préfet. Cette commission a été appelée à étudier les
conditions de constructions rurales, d’acquisitions et
d'entretien d'animaux qui seront imposées à l'Orphe-
linat.
» M. le Préfet ne doute pas quele Conseil général,
déjà consulté et animé pour cette création des disposi-
tions les plus favorables, ne proportionne ultérieure-
ment ses encouragements et sa subvention aux sacri-
fices qu'aura pu faire l'Orphelinat et aux résultats qu’il
ne peut manquer d'obtenir.
» Un autre grand intérêt agricole, entièrement con-
forme aux indications et aux vœux réitérés de la
Société, a trouvé satisfaction, toujours grâce à l’initiar
tive éclairée de M. de Chevremont, par l’établisse-
ment d’un cours d'agriculture pratique annexé à
l'école normale.
» La petite ferme de Malaval a été louée à cet effet
près du Puy.
,
» Là, les jeunes gens del'école trouveront, sous la di-
rection dévouée d’un jeune et habile professeur, M. Ni-
colas, ancien élève de la ferme régionale de la Saulsaie,
l'instruction à la fois théorique et pratique désirable
pour eux, et c’est ainsi qu'ils seront mis à même de
contribuer efficacement, plus tard, à l’utile propagande
des bonnes notions agronomiques, si heureusement
compatible avec les premières leçons de l’enseigne-
ment primaire.
» M. le Préfet a bien voulu réclamer pour cette nou-
velle institution le patronage de la Société, et se faire
assister par notre bureau, auquel s'étaient adjoints
NOVEMBRE. 541
plusieurs de nos collègues, dans l'inauguration et la
prise de possession par l’école normale de la ferme de
Malaval.
» Enfin, Messieurs, il reste à vous entretenirencore
de la visite et des opérations du jury d'examen de la
ferme-école de Nolhac. Cest toujours une bonne for-
tune pour quelques-uns d’entre nous que de voir de
près et d'étudier dans ses détails l'exploitation si intel-
ligente et si sagement progressive de notre honorable
collègue M. Chouvon.
» L'examen des élèves sortants est un juste sujet de
satisfaction, et prouve puissamment en faveur de
l’école, pour ceux des membres du jury surtout qui,
se rappelant ce qu'étaient les élèves à leur entrée,
peuvent se rendre compte de l'étendue de leur trans-
formation. Une autre preuve des mérites de l’école et
de la manière dont elle est justement appréciée par
nos populations rurales, c’est l’empressement et le
nombre toujours croissant des jeunes gens qui se pré-
sentent à l'examen d'admission.
» Enfin il est également permis de constater autour
de la ferme-école de Nolhac la persistante influence
exercée par les conseils et les exemples de M. Chouvon
dans tout son voisinage. Là , presque partout, la char-
rue est en train de se substituer à l'araire ; les fourra-
ges artificiels conquièrent chaque année plus d'espace
et la loi des assolements rationnels est moins fréquem-
ment outragée.
» À tous ces titres, ceux de vos collègues qui vous
représentaient à Nolhac n'ont exprimé certainement
542 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
que votre propre pensée en renouvelant à M. Chou-
von les félicitations qu'il est du reste si habitué
recevoir. »
Conformément à l'engagement qui avait été pris par
plusieurs membres de la Société de faire connaître les
résultats par eux obtenus dans la culture de la pomme
de terre Chardon, M. le Président sollicite les commu-
nications à ce sujet.
M. Oscar Bonnet, secrétaire de la Société, a obtenu
16 fois la semence dans l'arrondissement d’Yssin-
geaux. :
M. Dugaray, à Durianne, près le Puy, 15 fois la
semence.
M. Joyeux, au Puy, 36 fois la semence.
M. de Brive, à Coubon, 25 fois la semence.
M. Dumontat, au Puy, 40 fois la semence, etc., etc.
M. Chouvon s’est bien trouvé d’un procédé qu'ilavait
déjà mis en usage depuis longtemps. Ce procédé con-
siste à séparer diverses tiges d’une même plante de
pomme de terre et à les repiquer à distance. Par ce
moyen, M. Chouvon a pu multiplier ses plants de pom-
mes de terre Chardon, et il n’a trouvé aucune différence
entre les pommes de terre repiquées et les autres.
De tout ce qui précède, la Société conclut que la
pomme de terre Chardon est une acquisition précieuse
et qu’il convient de la propager autant que possible.
ARCHÉOLOGIE. — M. Aymard lit le rapport suivant sur
une grande inscription gallo-romaine , dont il avait
découvert la majeure partie dans un mur absidal de
NOVEMBRE. 543
la cathédrale et qui vient d'être complétée par une
nouvelle exploration :
MESSIEURS,
A la séance du 3 juillet dernier, nous eûmes l'honneur
de vous entretenir des antiquités lapidaires que nous
avions eu l’heureuse chance de trouver sous le revêtement
d’un ancien mur de la cathédrale. A l’aide de ces précieux
restes de la civilisation romaine, joints à beaucoup
d’autres témoignages archéologiques d'une époque plus
reeulée , j'essayai d'établir encore une fois que notre ville
peut aussi bien se glorifier de ses lointaines origines que
les plus anciennes cités de la France. Cette considération
faisait désirer qu'il fût possible de mettre complètement
au jour la grande inscription qui couronne, sur cette
muraille, environ huit mètres carrés de bas-reliefs ou de
pierres antiques, et dont une partie élait cachée derrière
un contre-fort du clocher.
Nous avons mis à profit le séjour que vient de faire au
Puy M. Janniard, architecte des édifices diocésains, pour
obtenir le dégagement de cette intéressante portion du
texte, et, nous sommes heureux de vous l’annoncer, les
derniers mots des trois lignes, bien plus instructifs que
le reste de l'épigraphe, ont confirmé, par une nouvelle
et précieuse révélation, toutes nos prévisions sur l'im-
portance de la ville dans l’antiquité romaine,
Ainsi complétée, l'inscription se déploie sur trois
grandes et fortes pierres, ayant ensemble la longueur
peu ordinaire de 3" 80° sur une hauteur de Om 65°.
544 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
La planche ci-contre, qui en offre la réduction au
vingtième, est due au crayon et au burin consciencieux
de notre ami M. Camille Robert. Elle fait voir la hauteur
exacte des lettres, de 0" 12 à Om 1%, la profondeur et la
petteté monumentales de l'écriture, et les formes graphi-
ques d’où l’on pourra déduire, conjointement avec le
contexte, la date du monument.
Cette inscription, qui avait eu, sans aucun doute,
une destination tumulaire, consacre le souvenir d’un
personnage qui avait rempli lune des principales ma-
gistratures de la colonie (PRAEFECTUS COLONiae).
Ainsi se trouve établie, par l'énoncé officiel de son titre,
cette colonie ou ville romaine-dont le temple principal, le
forum , le conseil des décurions, un lieu de sépultures
et probablement l'enceinte fortifiée nous avaient été
dévoilés déjà par d’autres monuments {1}.
Notre épigraphe ajoute encore à l’organisation reli-
giense et administrative dela cité, les dignités de fla-
mine (FLAMinem) et de duumoir (IVIRVM).
Ces données, qui sont les plus importantes du texte,
(4) Les titres præfectus col, colon où coloniæ, flamen, duumuir,
œdilis, questor, ele., lorsqu'ils ne sont suivis d'aucune désignation
de lieu , s'appliquent toujours à la localité où le défunt avait reçu la
sépulture, c’est-à-dire au lieu même où le monument a été conservé
jusqu'à nos jours; c'est comme aujourd’hui lorsqu'on dit : Le préfet
du département :
Les exernples de semblables abréviations, pour Les temps antiques,
abondent à Rome, Lyon, Narbonne, Nimes, ete. Voyez Muratori
(pages 455, 455, 461, 2023) et les savants catalogues de musées pu-
bliés par MM. Comarmond (numéros 555, 419), Tournal (numéros
194, 295, 224), Pelet (numéros 52, 75), ete.
2e —
NOVEMBRE, 545
étant désormais acquises à l’histoire, essayons de déter-
miner le s2ns général de l'inscription.
Frois mots bien connus commencent la première ligne :
FERRARIus, ARGVTVs, ATER. Doit-on les considé-
rer comme qualificatifs, et lire : fabricant d'ouvrages de
fer, ingénieux et sérieux ? Mais celte supposition néces-
siterait une deuxième conjecture : l'inscription serait
incomplète et le monument dont elle proviendrait aurait
comporté une autre épigraphe renfermant les noms du
défunt. Dans ce cas, on aurait voulu exgrimer que ce
personnage s'était élevé, par son mérite, du rang d’in-
dustriel à l’une des premières dignités de la colonie.
Une autre hypothèse, peut-être plus admissible,
donnerait, suivant l'usage, les prénom, nom et surnom
du défunt : Ferrarius, employé aussi dans un sens
nominal sur une inscription du musée de Florence (1);
Argutus, que portent un affranchi sur une épigraphe
trouvée à Modène (2), et un Gaulois éduen sur un autel
consacré à la déesse Victoire, à Alise (Côte-d'Or) (3°; et
enfin After, qu'on retrouve dans le nom Ateria, d'une
jeune femme, inserit sur un monument de la ville
d'Arles (4).
La lecture de la troisième ligne peut se prêter aussi à
deux interprétations : LIBEROS MEOS UTROSQVE
(1) Monaront, page 1342, numéro 44.
(2) Monaroni, page 1501, numéro 5.
(5) M. RossiGNors. — Alesia. Etudes sur les campagnes de Jules
César, p. 100.
(4) Muraront, p. 4456, numéro 1.
TOME XX. 35
546 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
VIDI NONNullum FEROCEM FLAMinem DVVM-
VIRVM BIS, ou bien : Liberos meos utrosque vidi,
nonnium ferocem flaminem duumvirum bis...
Traduction :
Ferrarius Argutus Ater, préfet de la colonie. Avant
de reposer ici, j'ai vu tous mes enfants, l’un d'eux
magnanime flamine, deux fois duumvir (1).
Ou bien :
Éerrarius Argutus Ater, préfet de la colonie. Avant
de reposer ici, j'ai vu mes enfants, les uns et les autres
(dans la prospérité, savoir :) Nonnius Ferox flamine,
deux fois duumvir... (2). Quant aux autres enfants, on
supposerail qu'ils auraicnt été mentionnés avec leurs
qualifications dans des lignes inscrites sur d’autres
pierres.
Il serait à désirer que cette dernière explication,
d’ailleurs très-plausible , fût la véritable : elle ferait
naître l'espoir de compléter un jour nos données sur la
colonie, par la connaissance de fonctions publiques ou de
professions plus ou moins recommandables qu'aurait
pu y exercer toute la famille du préfet. On comprend dès
lors combien de nouvelles recherches pourraient être
fructueuses. En attendant, abstenons-rous d'opter défini-
tivement entre les solutions qui viennent d’être proposées.
(1) Les mots liberos meos utrosque vidi rappellent un inscription du
musée de Lyon , sur laquelle il est dit que le défunt a vu ses enfants
avant de mourir et qu'ils lui ont survécu. L’expression nonnullum est
usitée, et l'adjectif ferocem, pris dans une acception laudative, se
trouve dans Horace et Virgile.
(2) Les noms Nonnius (ou plutôt Nonius) ct Ferox sont employés
dans les inscriptions.
2",
NOVEMBRE. 547
Nous avons également à déterminer les attributions du
préfet de la colonie , du flamine et des duumvirs, dignités
qui nous éclaireront sur l’importanee de la ville.
Un premier point qui est hors de doute, c’est qu’en
général le rang hiérarchique de ces fonctions ne peut être
préjugé par l’ordre de position dans lequel elles sont
mentionnées sur les épigraphes. Ainsi, deux titres, fla-
men et _duumvir, sont donnés ici à la même persoune,
et le premier de ces titres n’est pas pour cela supérieur
au second. Nous en avons la preuve par une inscription
du musée de Narbonne, où la dignité de flamine vient
après celle de duumvir {1}. Tout ce qu'il est permis de
conclure de notre inscription, c'est qu'un des fils de Fer-
rarius avait été nommé d'abord flamine et puis duumvir.
Il n’en est pas de même des fonctions de préfet de
lu colonie, qui, étant assignées au père, auraient
pu être supérieures à celles qui sont données au fils.
M. de Savigny (2) pense que, dans des circonstances
exceptionnelles , certaines cités étaient régies par le
préfet, en remplacement des duumoirs. Ce magistrat
était nomme à Rome et renouvelé tous les ans, « Hors
ce seul point, ajoute notre savant auteur, une préfecture
ressemblait entièrement aux autres cités. Ainsi, elle
avail un sénat (le conseil des décurions) et des magistrats
de son choix, excepté les duumuirs, remplacés par le
præfectus. Les préfectures étaient tantôt des municipes
et des colonies... »
(1) M. Tocnxar. Catalogue du musée de Narbonne , numéro 250.
(2) Histoire du Droit romain, traduite de l'allemand par M. Gue-
noux ; Paris, 1850 ,t 1, p. 46.
548 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Sans nous arrêter à celte curieuse particularité d’un
préfet nommé à Rome pour régir notre localité, dans
quelque circonstance probablement extraordinaire, nous
voyons, d'après les textes cités par M. de Savigny,
que les duumvoirs ou magistrats (1), et, à leur défaut,
le préfet, avaient l'administration directe des affaires de
la cité, Or cette magistrature, au moins en Italie, em-
brassait l’intendance suprême de toutes les parties du
gouvernement, la présidence du sénat et l'administration
de la justice. Ceux qui en étaient investis s’appelaient
duumviri ou quatuorviri, selon qu’ils étaient au nombre
de deux ou de quatre. Ils étaient élus pour un an, et
devaient être pris exclusivement parmi les déeurions et
nommés, sur la présentation du magistrat en exercice,
par les déeurions eux-mêmes, avec lesquels ils parta-
geaient l'administration intérieure de la cité.
Un régime administratif plus ou moins analogue, sauf
les changements que le temps dut y apporter, existait
aussi dans certaines villes des Gaules, qui avaient reçu,
outre le décurionat, le privilège d’être régies par des
duumvirs.
Cette dernière institution avait même une telle impor-
tance qu'elle pouvait conférer la faveur insigne du jus
italicum. « Quand dans les inscriptions d’une ville
provinciale, dit encore M. de Savigny, on trouve le titre
d'une magistrature italique, du duumvirat, par exemple,
je regarde celte cireonstance comme une trace certaine du
jus italicum.
(1) Ces magistrats sont quelquefois appelés consuls, principalement
dans les inscriptions, soit par vanité, soit par un reste d’ancienne
indépendance. » Saviëny, t. 1, p. 27.
NOVEMBRE, 5#9
» Pline nomme quelques villes d'Espagne et d'Illyrie
qui jouissaient de ce privilège; les Constitutions perlent
de Constantinople, et les Pandectes, d'un grand nombre
d'autres. L'Occident était sans intérêt pour les compila-
teurs, et c'est par hasard que nous cennaissons trois
cités, dans la Gaule, investies du jus italicum : Lyon,
Vienne et Cologne. Mais beaucoup d'autres peuvent
avoir partagé le jus italicum. »
Ajoutons que ce droit avait trois objets : « le domaine
quiritaire des immeubles {1}, l’exemption de l'impôt
direct et l’organisation indépendante de la cité, c’est-à-
dire des duumvirs, des quinquennales, des édiles et sur-
tout une juridiction. »
Nous n'insisterons pas autrement sur ces utiles don-
nées, que viendront confirmer, sans nul doute , d’autres
découvertes d’antiquités épigraphiques, et que nous
avions entrevues dans notre précédent mémoire, lorsque
nous signalions , sous le numéro 6, une inscription men-
lionnant un décret des décurions.
Le titre de flumen, qu'énonce également l’épigraphe
de Ferrarius, éveille le souvenir d'un chef du sacerdoce,
du flamine , nommé, suivant l'usage, par le peuple et
installé par le grand-pontife ou son subrogé.
Quant aux colonies, tous les historiens sont d'accord
sur ce point, que c'élaient « des villes soit fondées par
la mère-patrie pour y verser l'exubérance de sa popula-
tion, soit des villes déjà existantes où elle envoyait un
(1) Et par conséquent la capacité de la mancipation , de l’usuca-
pion et de la vindication, toutes choses qui n’avaient pas lieu dans
les provinces non privilégiées, quoique les possesseurs y eussent une
sorte de propriété. Sayicar, p. 48.
550 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
certain nombre de citoyens pour concourir à l'agrandisse-
ment et à la sûreté de l'empire (1). »
Le géographe Ptolémée (vers l'an 175 de notre ère) ne
cite en Gaule que onze villes avec le titre de colonie;
mais d'autres textes historiques et les inscriptions nous
apprennent qu'il y en avait bien d’autres, nolamment
celle de Lyon, la plus considérable de toutes, qui devint
même la métropole des Gaules.
Par un rapprochement qui n’est pas sans intérêt, nous
voyons que celle florissante colonie de Lyon avait été
instituée comme une enclave de Rome, dans le pays de
nos voisins, les Ségusiaves, et non loin de leur capitale
Forus Segusiavorum (Feurs), dont elle éelipsa l’impor-
tance politique. Ainsi notre ville, avec la différence qu’elle
avait été précédemment capitale du pays des Vellaves , au
lieu de perdre sa prééminence par le transfert de cette
capitale à Revession (Saint-Paulien) {2}, dut acquérir,
sans aucun doute, une plus grande importance politique,
religieuse et artistique. Tout, en effet, la favorisait :
son litre de colonie, sa position dans la plus fertile
vallée, les beautés naturelles du site, la vénération reli-
gieuse et immémoriale que le druidisme lui avait léguée
et que les Romains avaient à cœur d'effacer par Îles
prestiges ce l’art joints aux pompes du paganisme.
IL.
Il n'est pas moins certain, à nos yeux, qu? l'institution
de cette colonie et le transfert de la capitale doivent être
(1) Comanmoxp. Catalogue du musée de Lyon, p. 28.
(2) Voyez notre précédent mémoire sur les origines du Puy, au
sujet de cette translation du chef-lieu,
NOVEMBRE, 051
rapportés à une époque plus ou moins voisine de celle où
fut fondée , ## ans avant notre ère , la colonie lyonnaise.
C’est surtout alors que la politique de Rome lui conseillait,
pour affermir sa puissance dans la Celtique, nouvellement
conquise, d’y installer des colonies et d'en réorganiser,
par divers moyens, le régime politique. Précédemment,
César avait appliqué la colonisation à la Gaule, afin de la
discipliner à la domination romaine. Six années avant sa
campagne contre Vercingétorix , il créait la Gergovia des
Boïcs, et de #9 à 46 ans avant J.-C., Agde, Antibes,
Arles, Narbonne , Béziers recevaient le titre de colonie,
ces deux dernières villes avec le nom Julia qu’elles ajou-
tèrent aux leurs, comme la colonie maritime de Fréjus,
Forum Julii, qu'avait fondée Cé:ar en lui donnant son
nem.
Sous Auguste, même système d’assimilation des
vaineus aux Romains, et à dater de l’an 27 avant J.-C.,
les colonies se multiplièrent d’abord avec le surnom de
Julia, telles que Apte (Apta Julia), Valence (Julia
Valentia), Carpentras (Carpentoracte Julia), ete., et
ensuite avec ceux de Cæsar et d'Augusta; ear il faut
croire que la plupart des villes qui prirent alors ces noms
impériaux, les devaient à la faveur de leur érection en
colonies : telles furent Cæsaromaqgus (Beauvais), Cesa-
rodunum {Augst, près Bale), Augustodunum (Autun),
qui avait déjà pris la qualification de Julia sous César ,
Augustonemetum (Clermont), Augustoritum (Limoges),
Nemausus Augusta (Nimes), Alba Augusta (Aps, près
Viviers), etc., etc. Alors rien ne fut négligé pour déna-
tionaliser la Gaule. « Les vieilles fédérations, Îles
clientèles de peuple à peuple furent brisées et morcelées ;
D? RÉSUMÉ DES SÉANCES
des divisions administratives , purement arbitraires ,
remplacèrent les divisions naturelles de sang, de race et
de topographie. On transféra des chefs - lieux. ...
L'illustre Gergovie des Arvernes vil une ville nouvelle,
Augustonemetum, s'élever à quelque distance ; Bratus-
pans fut remplacée par Cæœsaromaqus, Noviodun per
Augusta des Suessons (Soissons), qui descendit dans la
vallée de l'Aisne ; la capitale des Véromandues (Vermand)
fut transférée sur la Somme, où s'éleva Augusta des
Vérémandues (Saint-Quentin) {1). »
« Auguste savait le druidisme irréconciable avee la
domination étrangère ; il ne le proscrivit pas, mais il en
interdit l'usage à tout « ciloyen romain, » tandis qu'il
s'efforcait de faire souhaiter aux Gaulois le titre de
citoyen comme la plus haute récompense. »
C'est donc probablement vers le même temps où Rome,
preuant possession de la Celtique, y organisait un nou-
veau système politique par des mesures diversement
appropriées aux lieux el aux circonstances, que durent
s'effectuer l'établissement de la colonie et la translation
de la capitale à Revession.
Essayons d'appuyer cette induction par quelques té-
moignages qui ajoutent de nouvelles données à celles que
nous avions émises à ce sujet dans notre précédent mé-
moire.
A défaut de renseignements plus positifs, une lueur
apparaît dans un précieux document pour éclairer tout
d'abord la double question du transfert et de sa date pos-
sible. On sait que le nom de Revession figure sur la
(1) Henri Mantix. Histoire de France; 1855 ,t. 1, p. 195 à 197.
t
NOVEMBRE. 553
carte itinéraire dite de Peutinger. Toutefois, par une
particularité digne de remarque, ce nom n’y est pas
accompagné du signe des capitales : deux tours accolées,
bien qu'on ne puisse pas refuser à cette ville, pendant
l'époque romaine, le titre de chef-lieu qu'attestent le
géographe Ptolémée et les monuments découverts à Saint-
Paulien. Voyons s’il n'est pas possible de trouver l’expli-
cation de cette énigme. L'examen critique qu'on a fait de
la carte de Peutinger laisse supposer que ce document
peut remonter à Agrippa , gendre de l'empereur Auguste,
qui, le premier, dressa une carte de l’univers (1). Des
villes y figurent qui cessèrent d'exister dès le premier
siècle : Herculanum, Pompeïa, Stabia, ensevelies par
une éruption du Vésuve l’an 79 de notre ère, aussi bien
que le royaume de Cottius, qui fut réduit en province
romaine par Néron (2).
Ne peut-on pas admettre, dès lors, qu'à l’époque de la
rédaction primitive du texte, Revession n’était pas encore
la capitale du pays, et que cette ville n'aurait figuré
d'abord sur la carte qu’à titre de station sur une des voies
ouvertes en Gaule par le gendre d’Auguste (21 à 12 avant
J.-C.)? On effectua ensuite le transfert du chef-lieu, et,
dans les additions successives que reçut le document, on
(4) Puis. Hist. nat., liv. 11, ch. 11.
(2) Suérone in Neron, cap. xvIL.
On croit aussi que celte carte a reçu des additions sous le règn
d'Alexandre Sévère, vers l'an 250. « Quant à la copie subsistante,
elle paraît étre du x1e siècle, et est entremelce d'indications chré-
tiennes qui ne s'accordent guère avec l’ensemble du travail. » Voyez
à ce sujet le savant mémoire de M, Bernard sur le pays des Ségu-
slaves, ; |
554 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
omit d'ajouter à cette ville son signe distinctif. La trans-
lation de la capitale à Revession postérieure à la rédaction
de la carte, aurait encore pu avoir lieu plusieurs années
avant la fin du règne d’Auguste, survenue l’an 14 de
J.-C.
Cet évènement, comme on l’a dit, fut sans conséquence
pour notre ville. Placée dans des conditions favorables de
prospérité, elle ne pouvait pas s’éteindre, comme firent
la Gergovia des Arvernes, comme Alesia et d’autres
capitales moins bien situées. Il était d’ailleurs difficile d'y
effacer les traces trop vives du passé. Le druidisme en
avait fait un lieu de vénération et de pèlerinage, et,
comme nous avons essayé de l’établir dans notre précédent
mémoire, les Romains respectèrent le grand dolmen qui
couronnait la ville, et, pour assimiler à leur culte les
rites nationaux, ils enfermèrent le monument dans un
temple remarquable par sa riche architecture, tandis
qu'ils s’efforçaient aussi, par l'institution d’une colonie,
de contenir les habitants dans leur dépendance et d’y
faire apprécier le titre de citoyen romain.
Ces faits ne sont pas seulement démontrés par un
curieux reste du dolmen et par une suite de preuves his-
toriques établissant que l’autel druidique existait encore
à sa place primitive, à l'intérieur de la première basilique
chrétienne, élevée elle-même sur l’empiacement du tem-
ple (1); nous en trouvons aussi la confirmation dans des
(4) Ce curieux exemple de sage transaction entre des religions succes-
sives serait, au besoin, confirmée par bien d'autres. Bornons-nous à
rappeler le peulvan gaulois que « le clergé du Mans avait ménagé
dans la construction de la cathédrale, disposée de façon à ce qu'il figurât
sur le portail, et layait surmonté d’une croix, comme cela s’est
NOVEMBRE, 555
monum?nts romains des premiers temps de la conquête,
notamment dans l’épitaphe d’un personnage officiel, inten-
dant (?) des ouvriers, qui mentionne la nation celtique(),
el qui, par conséquent, ne peut être de beaucoup posté-
rieure à l'an 24 avant J.-C., époque où l’empereur
Auguste démembra celte ancienne division de la Gaule et
en fit la Lyonnaise et une partie de l’Aquitaine (2).
Nous avons également l'inscription qui associe dans un
culte commun la divinité d'AUGUSTE et le dieu topique
et gaulois ADIDON (3), monument qui est certainement
caractéristique de l’époque, où les provinces prodiguaient
pratiqué en d’autres lieux. » L’éminent archéologue, M. de Long-
périer, à qui nous empruntons celte citalion, a retrouvé aussi, sur
un denier mérovingien, « ce peulvan christianisé {monument tellement
important aux yeux du peuple qu'à aucune époque on n’a osé le détruire)
figuré entre les deux saints auxquels l’église était dédiée. » DE Loxc-
réRIER. Nolice des monnaies françaises composant la collection de M. J.
Rousseau, p. 48. Paris, 1848.
(1) Cette inscription est décrite sous le numéro 285 de notre mé-
moire.
(2) Le changement de nom imposé par Augusle à une partie de la
Celtique ne fat pas sans doute accepté immédiatement dans le langage
ordinaire. Mais 11 faut remarquer qu'il s’agit, dans notre inscription,
d’un fonctionnaire — Prefeclus ? fabrorum, — et que sur son épita-
phe on aurait pu employer & : préférence le langage officiel. De plus,
si ce personnage était vellave, —ce que l'inscription ne fait pas con-
naître, — et s’11 fût mort après le changement des divisions de la Gaule
effectué par Auguste, on aurait appelé sa nation Aquilanica el non
Celica, car c’est avant ce nouveau partage de la Gaule que le pays
des Vellaves était compris dans la Celtique,
(3%) Numéro 2 du mémoire.
556 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
à Auguste des hommages adulateurs, où soixante peuples
de la Gaule lui érigeaient un temple près de Lyon, et où
des flamines augustales étaient institués pour desservir
les autels qu’on dressait partout à la divinité impériale.
(12 ans avant J.-C.)
Rappelons enfin les restes du temple principal de la
ville et du palais colonial, qui attestent une belle époque
de l’art dans les Gaules (1).
Logiquement, toutes ces données concordent entre
elles : 1° pour justifier le transfert de la capitale sous
Auguste; 2° paur assigner l'établissement de notre
colonie à une Cpoque plus ou moins rapprochée de
cet évènement, et qu'il nous resterait maintenant à
préciser.
Ce dernier point a plus d'intérêt qu'il ne semble au
premier aspect. Les Vellaves avaient joué un rôle de
quelque importarce pendant les luttes héroïques de Ia
Gaule contre César, alors qu'ils étaient confédérés aux
Arvernes; leur pays ou cité, situé à l'extrême limite de
la Celtique, dans une région montagneuse et dominante,
commandait, sur une assez longue ligne, les frontières
de l’ancienne province romaine. C’est aussi chez eux que
César, après avoir appris le soulèvement de la Gaule,
avait fait sa première apparition, franchissont nos Cé-
vennes dans la plus rude saison, essayant d'attirer sur
ce point l’armée de Vercingétorix, et envoyant de tous
côtés sa cavalerie pour dévaster la contrée et terrifier ses
ennemis; chez eux également qu’il avait laissé, après son
départ, un de ses lieutenants, Brutus, à la tête d’un
(4) Numeros 9, 10, 41, 42 et suivants du méme memoire.
NOYEMBRE. 557
corps de troupes pour contenir le pays (1). Plus tard,
après l'échec de César à Gergovie, les Vellaves avaient fait
partie, avec leurs voisins les Gabales, d’une colonne
d'attaque envoyée par Vercingétorix contre la province.
Îls s'étaient signalés ensuite par un brillant fait d'armes
conire les Helviens, alliés des Romains; enfin ils avaient
fourni leur contingent de secours à l’héroïque chef des.
Gaulois, assiégé dans Alesia (2).
Leur constante fidélité à la cause nationale et la situa-
lion importante de leur pays purent, après la conquête,
fixer l'attention de César, et il n’est pas dès lors invrai-
semblable de supposer que la politique lui aurait suggéré
la pensée de convertir leur capitale en colonie romaine.
Nous inclinerions donc à croire que la fondation de cette
colonie aurait précédé le transfert du chef-lieu à Re-
vession.
Deux monuments semblent encore appuyer cette hypo-
thèse : le premier qui nous a paru éveiller le glorieux
souvenir d’une action militaire, est une inscription por-
tant le nom gaulois DVBNOCOVE, probablement d’un
chef que rappelle aussi une médaille celtique; curieux
et rare document qui confirmerait le récit des Commen-
taires (3).
(4) « César descendit non pas dans l'Auvergne proprement
dite, mais dans le Velay. » Henri Maurix. Histoire de France, t.1,
p. 168, |
(2) César. De Bel. Gall., lib. vu, Cap. VIII, LXIV, LXV, LXXIV.
(5) Ce nom DVBNOCOVE, qui figure seul sur une pierre, débris
d’une grande inscription , est évidemment gaulois La hauteur extra-
ordinaire des lettres indique aussi un monument d’une certaine im-
558 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Une autre inscription que nous avons déjà citée et
qui, d’après sa dale, serait antérieure au transfert de
la capitale, est l’épitaphe d'un intendant des ouvriers,
qualification qui fait peut-être allusion aux travaux pu-
blies que nécessitait la colonie naissante.
portance, érigé peut-être dans quelque circonstance plus ou moins
mémorable. Voici Le dessin de cette pierre réduite au vingtième :
an
ou
. a
one Ke
Ï
JL est curieux de retrouver ce méme nom DVBNOCOV sur une
médaille gauloise, en argent, qui semble avoir été frappée à l’occa-
sion d’un succès militaire. On en connait quelques variétés ; celle que
nous donnons ici est figurée, pour plus d’exactitude, d’après des
exemplaires conservés au cabinet des médailles de Paris.
Au droil : pyenocov. Tête de
divinité diadémée à droite.
Revers : DVBNOR«IX. Guerrier
debout, la tête nue, ayant une
épée au côté droit, tenant à la
main droite un PR
gne séparé de sa hampe et la
trompette de guerre; de l'autre main il tient une tête humaine
coupée.
Le style de ectte pièce l’assigne an temps de César ; Le nom DYBNOREIX
l'a fait attribuer au malheureux chef des Eduens, DYBNORIX, allié
de César , que celui-ci fit assassiner , parce qu’il avait refusé de pren-
dre part à l'expédition de Bretagne. À l'égard de cette attribution , il
convient de remarquer : 4° que la médaille peut avoir été frappée
NOVEMBRE, 559
Si cet ensemble d’inductions, que nous émettons d’ail-
leurs avec toute laréserve que commande le sujet, acquiert
un certain degré de probabilité, il a bien pu être permis
à nos chroniqueurs d’enregistrer une notion tradition-
nelle qui, d’après ce qui précède, n’est pas inadmissible.
par un autre chef du même nom , car les Commentaires et les médailles
signalent en Gaule d’autres homonymes : par exemple, deux Diviliac,
Pun célèbre druide, l'autre chef des Suessons; 20 que, rigourcuse-
ment, le type du revers ct en particulier le sanglier-enseigne ne doi-
vent pas étre regardés comme exclusivement propres à un chef éduen ,
car on voit un guerrier presque semblable avec le sanglier sur une
médaille, au nom de viicorTaL, qu'on assigne à l’Aquitaine; 5° le
guerrier qui est ici représenté n’est pas costumé à la romaine, comme
le sont d'ordinaire sur les médailles les chefs gaulois alliés de César;
par exemple, l’Arverne Epas où Epadnaclus. Nous avons ici, au
contraire, un personnage avec le vétement et les armes gaulois : la
tunique ouverte, à manches, {res-courte, et par dessus, le sagum
plié ou roulé sur les épaules, comme la capote de nos soldats, la
longue épée et le carnix , ainsi que l’a très-bien reconnu un savant
numismatiste, M. le marquis de Lagoy (Recherches numismaliques sur
les instruments de querre des Gaulois, p. 47. Aix. 1849); 4° à plus
forte raison le sanglier, insigne de l’étendard insurrectionnel, eût été
bien autrement déplacé sur la monnaie d'un allié de César.
11 semble dès lors difficile de conserver cette attribution de la me-
daille au chef éduen qui fut toujours attaché, au moins ostensible-
ment, à la fortune de César ; il ne serait pas moins difficile, d’ailleurs,
d'établir un rapprochement entre une monnaie de ce chef et notre
inseription. À défaut du texte complet de l’épigraphe, nous n’essaie-
rons pas d’assigner cette monnaie à notre pays. Il suffira previsoire-
ment de signaler une double coïncidence, qui pourrait avoir quelque
portée dans cette intéressante question. L'inseription et la médaille
offrent d’abord la concordance du méme nom DYRNOCOYE où DYBNOCOV
écrit sur la pierre en lettres monumentales et en quelque sorte triom-
560 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
Voici celte tradition que nous à transmise Médicis,
comme l'ayant trouvée sans doute dans quelque plus
ancien document. « La ville du Puy, ditl, que jadis
treuve aussi avoir été fondée et encomancée par Jules
César, premier empereur des Romains, et bientôt après
son comancement d’an en an multipliée, augmentée ct
accrue jusqu'au temps concernant la présente chro-
nique... (1). »
Sans doute, beaucoup de villes, à tort ou à raison,
phales , et reproduit sur la médaille, à la place d'honneur, près de
l'image de la divinité, comme on voit le nom de YERCINGENTORIX sur
les monnaies au Lype de cet héroïque chef, tandis que le revers repré-
sente un guerrier, probablement Dubnorove, tenant la tête coupée
d’un ennemi et entonnant le champ de triomphe, suivant l'usage des
Gaulois. {Gallorum equiles... geslantes capila... ovantes que moris
sui carmine, comme l’a écrit Tite-Live.)
Or les Commentaires nous fournissent à ce sujet l’occasion d’un
curieux rapprochement. Nous avons parlé, dans le cours de ce rapport,
d’un fait d'armes des Vellaves contre les Helv.ens. César nous apprend
que ces alliés des Romains furent completement battus et mis en
fuite, laissant sur la place leur prince Donotaurus, tué avec une foule
d’autres guerriers Serait-il donc invraisemblable de supposer que
Dubnocove eût été le chef gaulois, vellave peut-être, qui, chargé de la
défense de notre pays, aurait obtenu ce brillant succès, et qu'après
l'avoir représenté, sur la monnaie, triomphant et tenant la tête de
Donotaurus, ses concitoyens eussent gravé son nom sur un monu-
ment public? 11 ne serait pas impossible que la découverte des autres
pierres de l'inscription viat un jour confirmer cette hypothèse,
(1) Méoicis. Manuscrit De Podio, t. 2, feuillet exut, recto.
Le chroniqueur écrivit ce passage de son livre en 4549. Dès le de-
but de son manuscrit (t. 1, feuillet vi), il avait émis la méme opi-
nion.
NOYEMBRE, 561
se glorifient d’avoir été fondées par César (1). Mais la
mention que nous venons de reproduire prouve au moins
qu'au temps de Médicis, — le premier qui à recueilli les
éléments de nos annales , —l’envahissement des légendes
dans l’histoire de nos origines, ne séduisait pas tellement
les esprits qu'on ne pût fort bien assigner à la cité des
commencements plus vraisemblables. Qui pourrait,
d'ailleurs, aflirmer que le chroniqueur ou l’auteur du
document consuité par Médicis n’eût pas trouvé quelque
inscription, — aujourd'hui perdue comme bien d’autres,
— qui aurait fait une allusion plus ou moins directe à
l’origine de la colonie ? Nos recherches, déjà fructueuses,
sont loin d’être épuisées. Sachons attendre les résultats
qu’elles promettent encore (2).
(1) On a vu que, pour un certain nombre, c> n'est pas sans
raison.
(2; Nous tenons d'un respectable vicillard , M. Pabbé Bauzac,
qui nous en avait remis la note écrite, que Mgr de Galard avait
fait transporter du Puy dans son pare de Monistrol une quantité
de fragments d'inscriptions et de bas-relicfs antiques ; certains mor-
eaux provenaient des murs de l’église Saint-Vosy. Ce prélat en avait
formé une sorte de petit temple, ct sur les frontons des quatre façades
étaient écrits les vers suivants :
Gessez, folles erreurs, idoles, (emple, autel,
Que tout croule el s'abime aux pieds de l'Eternel.
C'est-à-dire la méme pensée qu'exprimait anciennement la procession
de tout le clergé à la croix de Saint-Vosy. La révolution détruisit
tout, le temple, Les pierres antiques et la pieuse inscription. Une
partie de ces curieux morceaux furent jetés dans Les fondations d'une
maison appartenant à M. Pagnon.
TOME XX. 36
562 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
Un point essentiel, répétons-le, est acquis à l'his-
toire : l’existence d’une colonie romaine et, avec elle, la
révélation de tout un système de privilèges civils et poli-
tiques qui déterminent l'importance de la localité.
Quant à la date possible de sa fondation au temps de
César ou, si l’on veut, à une époque qui en serait plus
ou moins rapprochée, elle découle de lenchainement
logique des faits.
[LE
Ainsi organisée, la colonie dut sans doute prospérer,
car à une époque déjà éloignée de son berceau, notre
épigraphe atteste que ses principales institutions étaient
encore en pleine vigueur.
A cet égard il est utile d’assigner à ce document une
date an moins approximative.
Les caractères d'époque sont empreints dans les for-
mes de l'écriture et dans celles du contexte. Les pre-
mières ont subi dans la localité, comme ailleurs, des
changements successifs qui permettent de les classer
suivant un ordre chronologique.
Avant et dès le premier siècle, les lettres — sur les
inscriptions trouvées au Puy — sont plus ou moins
grèles. On en juge par les épigraphes que nous avons
citées précédemment comme appartenant aux premiers
temps de la conquête. On remarquera surtout l’in-
seription DUBNOCOYVE, où l'amincissement des lettres est
d'autant plus frappant qu'elles offrent un cachet monu-
mental par leur hauteur peu usitée de Om 22€ à Om 93e,
Plus tard, l'expérience démontra que, vues à distance,
ces lettres étaient peu lisibles, et on leur donna des
NOVEMBRE, 563
jambages plus épais ; puis encore, dans le même but,
elles furent découpées à vive arète et creusées plus
profondément, disposition qui se maintinl jusqu'aux
veel vi® siècles, comme on le voit par l'inscription du
deuxième évêque du Puy, saint Scutaire, que nous avons
décrite dans notre mémoire précédent, sous le n° 323.
Les autres variétés intermédiaires d'écriture se ralta-
chent par nuances à ces trois types principaux.
Or il est important de remarquer qu'à l'exelusion
Absolue des deux premières formes graphiques, notre in-
scription se caractérise lrès-nettement par la troisième.
On y trouve aussi une lettre dont la figure singulière
n'aurait probablement pas été admise aux premiers
temps de l'épigraphie romaine. C’est l’L daus le mot
COLON{iæ).
Le contexte fournit des données concordantes avec
celles de l’éeriture. Au if et au ne siècle, les noms
gaulois sont plus ou moins fréquents sur les inscrip-
tions. Très-souvent ils sont précédés de prénoms que
les Gaulois devenus romains, surtout les fonctionnaires,
empruntèrent à leurs vainqueurs. Tels sont Caius,
Julius, Sextus, Cneus, Marcus, etc. Au contraire,
les appellations qualificatives, comme le seraient celles
de Ferrarius , Argutus, Ater, Nonnius, Ferox,
ete., qui n'avaient été d'abord que des surnoms
lagnomina), furent employées indistinetement comme
prénoms et noms, et devinrent communes lorsque, la
puissance de lempire s’affaiblissant , les anciennes
familles gauioises ou romaines firent place, dans les
emplois publics, à d’heureux et d’intelligents parvenus,
parfois mème à des affranchis. La prolixité du texte,
6 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
©
les singulières abréviations des trois premiers mots ou
noms, l'orthographe fautive de Nonnius, qui rempla-
ccrait ici la forme première, Nonius, la formule hic
quiesco, accusent aussi une sorte de décadence que
n’atténue pas, d’ailleurs, la correction de l'écriture sur
un monument qui, étant consacré à un dignitaire de la
colonie, avail dû être confié aux soins des plus habiles
ouvriers.
L'ensemble de ces indications amène à croire que
l'inscription n’est pas antérieure au mme siècle. D'un
autre côté, nous ne pensons pas qu'elle lui soit pos-
térieure.
Le ütre præfectus qui y est mentionné, rappelle une
époque où il existait encore des préfectures. Or, d’a-
près M. de Savigny, cette institution ne se maintint pas
jusqu'à la fin de l'empire, et déjà au commencement du
ive siècle, « Festus en parleen divers endroits comme
d’une chose tombée en désuétude (1). »
On ne s’écarte donc pas trop des probabilités en fixant
(4) Savigny. Histoire du Droit romain, tome 1, p. 50.
Tous les témoignages historiques atlcstent aussi qu’au 1v® siècle,
« le vieux régime romain avee ses colonies, ses municipes, ses
cités libres, etc., disparut complètement dans la Gaule, pour faire
place à un système uniforme d’administration auquel avaient tendu
sans cesse les décrets des empereurs. » (A. Berxaro, Description du
pays des Ségusiaves, page 79.)
Les cités libres, ct sans doute aussi les colonieset municipes,
existaient encore dans la premiére moitié du mie siècle, comme le
prouve l'inscription trouvée à Saint-Paulien, ct dédiée par La cité
libre des Vellaves à l’impératrice Etruscille, femme de Trajan Dèce,
empereur de 249 à 251.
NOVEMBRE. 565
à la première moitié du mi siècle la date approxi-
mative de l'inscription.
LV:
Après avoir exposé les conséquences historiques et
l’époque qui ressortent de ce remarquable document, il
nous reste à constater que ses dimensions peu ordi-
naires et l'écriture très-soignée dénotent un monument
tumulaire d'une véritable importance. Nous avions déjà
fait remarquer, dans notre précédent rapport (1), que les
pierres sur lesquelles l'inscription est gravée pénètrent
profondément dans la muraille, et accusent ainsi une
épaisseur qui était proportionnée avec celle des murs
dont primitivement elles avaient fait partie. On est
conduit ainsi à supposer l'existence d’un édicule ana-
logue à ceux dont nous avions signalé de précieux restes
sous les nos 25% à 258 de notre mémoire sur les ori-
gines du Puy, et qu'entourait probablement aussi une
clôture, monumentum macerid cinctum, comme le rap-
portent certaines inscriptions (2).
L'épigraphe elle-même, malgré ou plutôt à cause
de sa prolixité, en laisse supposer d’autres qui en
formaient le complément et qui se déployaient, comme
celle-là, sur les parois des murs soit de l’édicule ,
soit de l'enceinte murale,
Il est probable aussi que la somptuosité du monu-
ment ne se bornait pas aux inscriptions de l’édicule
ou des murs d'enceinte. Des sujets sculptés devaient
(1) Séance de juillet, page 468.
(2) Voyez Muratori, Passim.
066 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
en décorer les parois, comme dans les autres cham-
bres sépulerales dont nous avons fait connaître ailleurs
les précieux débris (1). C’est, en effet, ce qu'on peut
conjecturer, d'après deux des bas-reliefs découverts sous
le crépi du mur absidal de la cathédrale, et dont le
style et les sujets se rapportent à une époque con-
temporaine de l'inscription et à une destination fu-
néraire, Nous ne reviendrons pas sur ces intéressan-
tes sculptures, qui ont fait l’objet d’un précédent tra-
vail. Il suffira de rappeler que l’une d'elles représente
Hereule ivre et amoureux, sujet usité sur les tombes
antiques, nolamment sur un magnifique sarcophage
en marbre dépourvu de toute épigraphe, qui, dans la
colonie de Lyon, avait aussi reçu probablement les
restes d’un personnage de distinction. L'absence d’in-
scriplions sur cette espèce de sépulcre s'explique très-
bien par la raison que les noms et titres du défunt
étaient inscrits aux parois de l'édicule dans len-
ceinte duquel devait être placé le sarcopüage.
Cette induction fait supposer qu'à l'intérieur de la
chambre tumulaire, consacrée au préfet de notre co-
lonie, aurait existé aussi un de ces grands sépulcres
dont l’usage , d’après Millin , s’introduisit vers le
nt siècle de notre ère (2).
Or nous avons au Puy précisément une tombe de
(1) N°5 254 à 258 de notre mémoire sur les origines de la
ville du Puy.
(2) « Cest vers le mme siècle de l’ère vulgaire que s'est in-
troduit lusage de ces sarcophages de grandeur colossale, capables
de contenir une famille entiere. » MisLiN. Monuments inédits.
t 1, p. 109. 1802.
NOVEMBRE. 567
ce genre, qui est remarquable par la dimension extraordi-
naire du bloe de grès dans lequel elle a été creusée. Elle
a élé décrite dans notre précédent mémoire sous le n° 263;
et sans qu'il fût possible de penser alors à un rappro-
chement avec l'inscription du préfet, nous en avions
assigné la date approximative vers le sie siècle. Elle
offre, il est vrai, une épitaphe, celle de l’évêque Scutaire,
mais qui se rapporte à une destination postérieure, éta-
blissant au Puy, comme on l’a remarqué ailleurs, que, da
ve au vraie siècle, beaucoup d’antiquités lapidaires furent
appropriées à des usages chrétiens.
Il est certain, comme on le verra plus loin, que
son emploi primitif ne comportait aucune inscription.
Son caractère sépuleral est également bien indiqué
par la décoration qui comprend des vases funéraires,
des guirlandes de feuilles imbriquées et ornées de
bandelettes et de grandes rosaces.
Par un rapprochement non moins curieux , celte
tombe était conservée autrefois dans l'église, au-
jourd'hui détruite, de St-Vosy, et située à proximité
de la cathédrale, où, comme on l’a vu, nous avons
retrouyé l'inscription tumulaire du préfet.
La grandeur de ce sarcophage, en rapport avec
celle de l'inscription, la concordance d’époques entre
les deux monuments, le voisinage des lieux où ils
ont été trouvés, tout nous induit done à les attribuer
au même personnage.
\a
Si ces données sont logiques , elles doivent nous guider
dans une autre recherche, relative à la place qu'aurait
568 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
occupée le tombeau du préfet de la colonie; question
intéressante, car elle peut éclairer un point de la topo-
graphie antique de la ville, en déterminant le lieu qui
était plus spécialement consacré aux sépultures.
On a vu que la tombe était conservée jadis dans l’église
Saint-Vosy, l’une des plus anciennes de notre ville, C’est
un fait attesté par Arnaud, dans sa consciencieuse His-
toire du Velay. « Ce monument, dit-il, servait de
mailre-autel et fut tiré de cette église lorsqu'on la démo-
lit, en 1791. Il était recouvert de pierres plates, et, en
l'ouvrant, on y. trouva des ossements humains (1). »
Les sculptures de la face principale et des faces laté-
rales, d’après Mangon de Lalande, étaient placées de
manière à laisser lire seulement sur lun des côtés du
monument et comme un hors-d'œuvre l'épitaphe de saint
Scutaire (2).
A ces dispositions de l’autel on reconnaît l'usage, qui
fut souvent adopté aux premiers siècles du christianisme,
d'approprier les tombes antiques à l’ensevelissement de
pieux personnages (3) «1 de consacrer , sous les noms de
(4) Annauo. Histoire du Velay. 1816. Tome 2, p. 585. Le monu-
ment fut vendu en 4805, et puis transporté par M. Langlade dans
sa propriété, située sur la commune d’Aiguille, où on le voit aujour”
d'hui. C’est ce que nous apprend M. Mandet (Ancien Velay), d'après
des témoignages contemporains.
(2) Maxcox De Laranne. Essais historiques sur les antiquités de la
Haute-Loire, 1826, p. 135.
(5) « Les exemples en seraient si nombreux, particulièrement en
France, qu'il seroit impossible ct superflu de les citer tous. C’est
dans le sarcophage d'un jeune Romain, Tib. Jul. Valirianus, que
furent recueillis les restes du martyr saint Andéol, Deux beaux sarco-
NOVEMBRE. 569
memoria, confessio ou martyrium, les tombeaux des
saints et des martyrs à la célébration du culte (1).
Dès lors l’emploi du monument dans l’église Saint-
Vosy peut être considéré comme remontant à une époque
très-ancienne. D'un autre eôté, on est induit à croire que
si on utilisa ainsi le sarcophage, c’est qu'il était en
quelque sorte sous la main au lieu même où il fut trouvé,
Nous serions donc porté à supposer que l’édicule funè-
bre de Ferrarius devait être situé très-près de l'endroit où
fut édifiée plus tard l’église Saint-Vosy, peut-être même
sur l'emplacement de cette église, laquelle, suivant
un usage fréquent aux premiers temps du christianisme,
aurait succédé au monument romain.
VI.
Cette hypothèse est appuyée par d'autres données
dont l'importance ne saurait être méconnue. A cette
église Saint-Vosy élait adjoint un cimetière dont la
destination antique est très-probable, si l'on en juge
par des restes lapidaires et par sa position sur une des
voies qui donnaient entrée à l'enceinte supérieure et
fortifiée de la ville. D’anciens documents parlent aussi
phages, sur l’un desquels est représentée la Forge de Vulcain, sujet
rare et curieux, renfermerent jusqu’au 1ve siècle les ossements d’un
autre martyr, saint Victor, et ceux de saint Mauron, évêque de Mar-
seille. C’est aussi dans un sarcophage antique, orné de figures de
personnages romains, que fut déposé le corps de saint Honorat, évêque
d'Arles; et qui ne sait que c'est un sarcophage romain, représentant
l'enlèvement de Proserpine, qui servit de cercueil à Charlemagne ? »
Raoul Rocnerte. Tableau des Calacombcs de Rome, p.199. Paris, 1837.
(4) Raoul Rocnetre. Tableau des Catacombes de Rome, p. 75.
570 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
des cimetières Saint-George et Saint-Agrève, conti-
gus à celui de Saint-Vosy, et dont la réunion, à une
époque reculée, devait former un champ de sépultures
plus ou moins proportionné, par son étendue, à l'im-
portance de la colonie.
Au reste, le monument tumulaire de Ferrarius
n’était pas le seul qui décorût cette nécropole ; il y en
avait bien d’autres qu'attestent de beaux morceaux de
sculptures retrouvés par nous dans Île mur abeidal de
la cathédrale, et ceux que nous avions décrits dans
notre précédent mémoire. Il y avait aussi des stèles ou
cippes funéraires avec épitaphes, dont les formes ont
été indiquées dans le même travail, d'après plusieurs de
ces monuments,
Comme témoignage de leur provenance, quelques dé-
bris gallo-romains existent encore dans les murailles de
l’église Saint-Greorge et dans le voisinage. Ces vestiges
d’antiquités étaient autrefois plus nombreux : l’un de
nos chroniqueurs, Jacmon, écrivait en 1637 qu'ils
avaient donné lien à une dissertation dans laquelle l’au-
teur en avait conclu l’existence d’un temple (f).
L'un des plus curieux monuments que signale à ce
sujet le même chroniqueur, était une figure priapique
« fichée contre la muraille de la chapelle Sainte-Barbe
regardant au cimetière Saint-Vosy, image adorée par
les femmes qui n'avaient pas d'enfants; car autrefois,
ajoute Jacmon, les anciens habitants de ce pays étaient
idolätres.» Aucune représentation n’est plus caractéris-
tique des sépultures antiques que ces images du dieu
(4) Manuscrit de Jaemon sur la ville du Puy, feuillet 113 recto.
NOVEMBRE, 971
des jardins et des campagnes, symboles en même temps
des forces fécondantes de la nature et de la reproduc-
tion des êtres. Les cimetières, comme des champs et des
bois, étaient confiés à la garde de Priape; de petits
temples y étaient consacrés à son culte; son image s'y
voyait en hermès et en figures sur les stèles et les sar-
cophages, et on enfermait dans les sépuleres des amulettes
et des figurines de cette divinité ou des vases ornés de
scènes priapiques (1). f
Les traditions religieuses nous ont con:ervé un autre
souvenir de l’antiquité qui se rattache à cette nécropole.
C'était à l'entrée du cimetière et au-devant de la porte
principale de Saint-Vosy, qu'autrefois le clergé de la
cathédrale venait célébrer, par un acte solennel, le
triomphe de la religion chrétienne sur celle qui l'avait
précédée. Là aussi un monument antique, qu’on avait
surmonté d’une croix, rappelait à nos pères le lieu où
leurs ancêtres gaulois et romains avaient reçu la sé-
pulture (2).
(1) On pourrait citer bien des exemples de ces usages, d'apres
Grivaud de la Vincelle : Recueil de monuments antiques , Paris, 4 47,
tome 1, p.° 86; Millin: Descriplion de trois peintures inédiles de
vases grecs du muiée de Porlici, Paris, 1806, tome 11 et tome 1, page
42; le Père Montfaucon : Antiquilé expliquée, passim, ete., ete.
(2) Lauteur d’un manuscrit qu'a bien voulu nous commuriquer
M. l'abbé Sauzet, dit : « IL est marqué dans un mémoire qu’a
M. Gérente, avocat, que lorsque anciennement on venait en proces-
sion du Peyron de Cou.sae, le jour dela dédicace de Notre-Dame,
tout le clergé, même la cathédrale, y allant : alors un enfant de
chœur, lorsque la procession passait devant Saint-George et Saint-
Vosy, montoit sur une grande pierre qui est garnie de figures d'animaux.
ee
572 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
Ce champ funéraire joignait , comme on l'a dit, une
des entrées de l’acropole, L'église Saint-Vosy et peut-
être aussi celles de Saint-George et de Ssint-Agrève et la
chapelle Sainte-Barbe , qui en étaient voisines , représen-
taient au moyén âge d’autres édicules funèbres qui , de ce
côté de la voie, s’élevaient probablement dans l'enceinte
du cimetière el, conime à Pompéia et ailleurs, il y avait
aussi au côté opposé une autre rangée de sépultures. La
preuve en fut donnée en 1826 par une découverte de
squelettes humains sous le pavé de la rue, le long des
maisons et dans celle de M. Coffy, boulanger. Il est très-
vraisemblable de croire que ces inhumations ,dont les do-
cuments écrits n’ont gardé aucun souvenir , remontent à
une haute antiquité.
Les procédés logiques de la méthode comparative
nous fourniraient, s’il était nécessaire , bien d'autres
preuves à l'appui de notre opinion sur l'existence de
cette nécropole, que, par une suite d’induelions, nous à
révélée l'inscription préfectorale. On aurait les exem-
ples des villes romaines, où les tombeaux bordaient ainsi
les voies qui y conduisaient. On établirait que, dans
sur laquelle il ÿ a maintenant une croix de pierre à l'entrée du cime-
lière Saint-George, vis-à-vis l'église Saint-Vosy, lequel enfant de
chœur, tenant en main un cor de chasse de terre, sonnaïit trois fois
dudit cor, faisant allusion aux faux prêtres des idoles, qui se servaient
d’un cor pour appeler les infidèles au sacrifice du rocher de Corneille,
et ensuite ledit enfant rompait et jetait à terre le cor de terre
pour marquer que le paganisme élait entièrement détruit.
Hugues d'Avignon rappelle la méme solennité dans son poeme
la Velléiade, imyrimé en 1650, et on la trouve mentionnée, en 4637,
dans la chronique manuscrite de Jaemon, feuillet 413, recto.
NOVEMBRE. 573
notre pays, la plupart des anciens cimetières ont
succédé à des nécropoles romaines, qui, elles - mêmes,
avaient été auparavant des lieux d’inhumations gauloises.
Mais nous avons hâte d'interroger le fait qui vient
d'être suffisamment établi, pour en déduire une dernière
indication qui n’est pas sans importance.
VIT.
On a vu que le champ des sépultures pouvait êtfe
proportionné par son étendue à l'importance de la
colonie. Dès lors ne serait-il pas possible, d’après
cette donnée jointe à d’autres notions, d'indiquer la
circonscription du district colonial? Mais l'étude de
celte question entrainerait ici trop de développements.
Il suffira de rappeler qu'aux abords de notre ville,
certaines localités avaient conservé, dans le cours du
moyen âge, le nom significatif de Colonia (1). Plu-
sieurs villages voisins, tels que Vals, Taulhae, Mons,
Ours, Brives, Charensac, Chadrac, Espaly, ete., dépen-
daient autrefois des églises paroïissiales de Saint-Vosy,
Saint-George et Saint-Agrève, et de temps immémorial
leurs cimetières étaient à l'usage de ces villages, qui
acquittaient à cet effet des droits de sépulture.
On entrevoit déjà, par ces persistantes coutumes, dont
l'origine se perd dans l'obscurité des temps, qu'elles
remontent aussi à une haute antiquité , et que, par
suite, les mêmes localités pouvaient être comprises, en
dehors de l'enceinte urbaine , dans la circonscription
de la colonie. L'idée assez précise qu’elles donnent
1) Aujourd’hui coloin ou couloin. Voyez un registre d'hommages
) ÿ d
faits à l’évéché du Puy, p. 429 (archives départementales).
574 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
de cet important district correspond, d'ailleurs, à
ce que nous apprennent l'histoire et les études ar-
chéologiques sur l'étendue plus où moins considérable
que la politique de Rome avait assignée à ses colo-
nies dans les autres contrées de l'empire.
CONCLUSION.
En résumé, Messieurs, le docünient épigraphiaue
dont nous avons essayé l'interprétation, intéresse à
plusieurs points de vue les origines de l'histoire locale.
Il est venu très-heureusement confirmer les données
logiques de la science, d'après lesquelles nous avions
supposé depuis longtemps lexistence d'une antique
cité à la place mème qu’occupe encore la ville du Puy.
En attribuant à cette ville le titre de colonie, à l’un de
ses premiers magistrats celui de préfet, en rappelant
la dignité de duumvir et celle de flamine, ce précieux
texte détermine le rang qui était assigné à la cité dans
l'organisation administrative de l'empire, et nous révèle
des immunités politiques et civiles dont elle dut jouir
sous la domination romaine.
Nous avons fait voir que la fondation de Îa colonie
peut remonter à l’époque plus ou moins rapprochée de
celle où César en établissait d’autres dans la Gaule mé-
ridionale, époque où fut créée la colonie de Lyon. Les
avantages qu'assurait à la ville l'institution de ce régime
politique devait la dédommager amplement du transfert
de la capitale à Revession, qui s’effeelua probablement
quelques années après, sous le règne d’Auguste.
La date de l'inscription, que nous avons rapportée
NOVEMBRE, 919
à la première moitié du 11° siècle, consacre une situa-
tion prospère qui, sans doute, s'était maintenue jus-
qu'alors.
Rattachant ensuite à cette épigraphe deux bas-reliefs
qui en sontcontemporains, et un grand et curieux sarco-
phage dont l'attribution première était inconnue, il a
été possible de restituer par la pensée les dispositions
principales du monument tumulaire qui avait été con-
sacré au préfet de la colonie, On a vu qu’elles pou-
vaient comporter des murailles de clôture, un édicule
décoré d'inscriptions et de sculptures en bas-reliefs, et à
l'intérieur le sarcophage du préfet.
Le monument occupait probablement la place ae-
tuelle de l'église Saint-Vosy dans la partie du jar-
din du séminaire qui est contiguë à la maison Du-
Villars. 11 faisait partie d’une rangée de sépultures
plus ou moins monumentales qui bordait à droite l’une
des voies donnant entrée à la partie supérieure et for-
tifiée de la ville.
Cette Rue des Tombeaux longeait elle-même un assez
vaste cimetière qui, après avoir servi aux sépultures
de la ville gauloise, devait être approprié à l'usage
de la colonie, et auquel succédérent les trois cimetières
de Saint-Vosy, Saint-George et Saint-Agrève.
Enfin, l’espace occupé par cette antique nécropole
nous à conduit à émettre quelques données qui permet-
tront d'élucider la question importante de savoir quelles
étaient aussi l'étendue et les limites du district co-
lonial.
Ainsi se dénoueront, par de nouvelles explorations et
par une étude sérieuse des antiquités lapidaires et des
576 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
traditions, les difficultés qui trop longtemps ont en-
lacé et obscurci nos origines. L'histoire et la critique
aidant, vous retrouverez, Messieurs, sovez-en certains,
les commencements non-seulement de notre ville, mais
de ses plus importantes institutions. N'avez-vous pas
entrevu déjà à quelles causes, à quels temps de l’an-
tiquité remontent ces pieux pèlerinages qui, dans le
cours du moyen âge, influencèrent à un si haut point
es principaux évènements de notre histoire ? Et quel
jour lumineux notre inscription préfectorale ne pro-
jette-t-elle pas sur la constitution politique de la cité
depuis l’époque romaine jusqu'au xvine siècle ? Il
est en effet digne de remarque que l'antique or-
ganisation du régime administratif de notre ville
parait s'être perpétuée d'âge en âge dans notre ancienne
administration communale, où les consuls représentaient
les duumoirs, remplacés plus tard par le principalis,
qui devint lui-même notre premier consul, et les dé-
curions, appelés sénateurs sous la monarchie mérovin-
gienne.
Ces données sont d'autant plus intéressantes qu'il
n'existe dans l’histoire du Puy aucune trace de charte
royale positivement relative à l’affranchissement pri-
mitif de la commune, et que l’origine de nos institutions
consulaires , comme celles de différentes villes de la
France méridionale, se perd dans l'obscurité des siècles.
Ne serait-ce pas comme un fil traditionnel, symbolisé par
l'aigle de la colonie romaine qui figure sur nos bas-
reliefs antiques et que nous retrouvons, dans la longue
série des âges jusqu'à nos jours, sur le blason de
notre ville ?
OT
T1
NOVEMBRE.
M. le Président exprime à M. Aymard l'intérêt que
l’Assembléé a pris à cette importante communication.
Sans doute plusieurs des membres de la Société ne
suivront pas dès à présent le savant archéologue jus-
qu'au bout de ses conclusions. D’ingénieuses hypo-
thèses, des probabilités même, groupées avec une
savante habileté, ne sauraient équivaloir à une démon
stration complète. La Société réserve donc probable-
ment encore son jugement d'ensemble sur le système
complet produit par M. Aymard; mais elle ne peut
qu'applaudir à de si patientes et quelquefois si fruc-
tueuses recherches, dont les résultats, il faut le recon-
naître, ont puissamment frappé beaucoup d’esprits.
À six heures, la séance est levée.
Le Secrétaire ,
Oscar BONNET,
TOME XX. 37
SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE.
SONMMNAIRE.
Ouvrages reçus : compte-rendu au Bullelin monumental du Congres
de la Rochelle ; étude sur Pergot, dans le Bulletin de la Socié'é impc-
riale et centrale d'agriculture; lraitement de la péripneumonie des
bêtes à cornes par le sulfate de fer. — Dons au musée : vases
étrusques trouvés à Pompéi et donnés par M. le marquis de Latour-
Maubourg ; fragments d'os fossiles mammifères donnés par M. Cou-
guet ; envoi par M. Louis Rogues : 1° de médailles romaines trou-
vées en Afrique; 2° de nombreux et intéressants objets d'histoire
naturelle. Remerciments de la Société pour ces dons divers. —
Demande de renseignements par M. le comte de Morangiès sur la
plantation des pins dans la Haute-Loire ; indications fournies par
M. de l'Eguille. — Enquéte au sein de la Société sur les opérations
de drainage accomplies dans le département et sur leurs résultats :
communications à ce sujet de MM de Brive, Chouvon, etc.; la So-
ciété décide lacquisition d’une nouvelle machine à fabriquer les
drains. — Lecture par le Président d’un travail sur la viabilité
rurale. — En considération du service rendu par la propagation de
la pomme de terre Chardon, M. Dugrip est nommé membre corres-
pondant de la Société. — Demande d’encouragement par MM. Crou-
zet et Rivet en faveur de la création d’une école de dessinateurs pour
la dentelle ; ajournement. — Plan ct dessin du porche sud de la
cathédrale, soumis par M. Dorlhac de Borne à l'appréciation de la
Société ; la Société accorde à ce travail de vifs témoignages de sym-
580 RÉSUMÉ DES SÉANCE£.
pathie et une récompense ou prime dont le conseil d'administration
déterminera le chiffre. — L'Assemblée, sur la nouvelle du départ de
M. de Chevremont, préfet de la Haute-Loire, décide que le Président
et le bureau iront présenter à cet honerable magistrat l'expression
des vifs regrets de la Société.
La séance est ouverte à deux heures, sous la prési-
dence de M. Ch. C. de Lafayette.
En l'absence de M. Oscar Bonnet, retenu aux assises
par des devoirs impérieux de profession, et qui prie la
Société d’agréer l'expression de son regret, M. Balme,
vice-secrétaire , est prié par M. le Président de vouloir
bien tenir la plume.
La lecture du procès-verbal est renvoyée à la pro-
chaine séance.
OuvraGEs REÇUS. — Parmi les publications adressées
à la Société, M. le Président mentionne particulière-
ment les suivantes :
Un numéro du Bulletin monumenial, contenant un
article sur la vingt-quatrième session du Congrès scien-
tifique de France, tenue à la Rochelle.
Cette session, y est-il dit, a été moins nombreuse
que celle qui a eu lieu en 1855 au Puy ; on y comptait
cependant bon nombre de notabilités scientifiques.
Comme au Puy, l'accueil fait au Congrès par la ville a
été on ne saurait plus satisfaisant.
DÉCEMBRE, 5h{
Le dernier numéro du Cabinet historique, où se trou-
vent quelques indications concernant certaines familles
du Puy.
Le Bulletin de la Société impériale et centrale d’a-
griculture et un numéro du journal /a Vie des Champs;
contenant l’un et l’autre une étude sur l’ergot des
céréales, qui devient en ce moment pour l’agriculture
et les administrations publiques l’objet de préoccupa-
tions sérieuses.
Dans le Bulletin de la Société d'agriculture de la
Sarthe, un article sur la pomme de terre Chardon, où
l'on signale des rendements à peu près analogues à
ceux déjà constatés par divers membres de la Société,
et qui justifient pleinement l'idée qu’on s’est faite de la
supériorité des produits de cette variété.
Dans le Bulletin de la Société du Puy-de-Dôme, la
reproduction d'un article important de M. le docteur
Turc, sur la péripneumonie des bêtes à cornes. M. Turc
aurait employé le sulfate de fer avec un succès tou-
Jours constant dans ses dernières tentatives.
Enfin un numéro du Journal d'agriculture pratique,
contenant un article de M. de Gasparin sur le reboise-
ment et sur l'ensemble des travaux à exécuter au bord
des cours d’eau pour prévenir ou atténuer les désas-
tres causés par les inondations.
Duxs au Meser. M. Avinard oftre au noim de M. le
582 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
marquis de Latour-Maubourg, député de la Haute-
Loire, un petit vase étrusque, orné de peintures,
trouvé à Pompéi, et donné à M. le marquis de Latour-
Maubourg père, ambassadeur à Naples, par S. M. le
roi de Naples.
La Société priera M. de Latour-Maubourg d'agréer
une fois de plus l'expression de sa gratitude.
Le même membre présente de la part de M. Couguet,
juge au tribunal civil du Puy, des fragments d'os fos-
siles mammifères trouvés près Brioude, dans une terre
d’alluvion volcanique.
Remerciments empressés.
M. Louis Rogues, docteur médecin et chirurgien
aide-major en Algérie, offre à la Société, savoir :
1o Sept médailles romaines en bronze, trouvées à
Boghar (Algérie) ;
20 Les peaux des oiseaux suivants, savoir : libis à
tôte chauve, tué à Boghar (Algérie), 1856; — l’énig-
mène criard, tué à Serson (Algérie), 1856 ; — l’outarde
mâle (otis-tarda), tuée à Serson (Algérie), 1856; — l'é-
chasse ou éperon de chevalier, tuée à Boghar (Algérie),
1856;
30 Des œufs de ganga, d'échasse et d’énigmène
criard ;
4° Deux reptiles, savoir : 1° une vipère à cornes (ga-
léodès) ; 2° un caméléon avec ses œufs ;
5e Quelques insectes et coquilles ;
Go Herbier contenant toutes les plantes particulières
au cercle de Boghar, d’après lequel il est facile de con-
NOVEMBRE, 583
clure que la végétation de ces contrées, si voisines du
désert, est presque uniquement méditerranéenne.
Récolte des années 1854-55-56.
7° La manne du désert ;
8 Un éventail arabe, dit l’éventail du prolé-
taire.
M. le Président fait savoir qu'il s’est empressé d’a-
dresser à ce sujet une lettre de remerciments.
La Société en renouvelle lexpression à M. Rogues,
et elle est heureuse d’avoir encore à constater cette
touchante préoccupation d’un si grand nombre de nos
compatriotes qui, sous les climats les plus lointains,
souvent au milieu des plus périlleux voyages, conser-
vent au pays natal un persistant souvenir, dont ils
donnent à notre Société de précieux et fréquents té-
moignages.
AGRICULTURE. — M. le Préfet ayant écrit pour deman-
der des renseignements sur la situation des récoltes,
il lui à été répondu d’après les données fournies dans
le sein de la Société.
Une lettre le M. le comte de Morangiès, propriétaire
dans la Lozère, contient une demande d'indication sur
le mode de plantation des pins, employé dans la Haute-
Loire, et sur les personnes qui se chargent d'exécuter
les opérations de cette nature.
Il est répondu qu'autrefois un certain nombre d’ou-
vriers prenaient à entreprise le boisement des terrains
pour un pri: très-modéré et en garantissant la re.
prise du jeure plant. Aujourd'hui ces ouvriers sont
584 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
rares et leurs exigences ont beaucoup augmenté. Tou-
tefois, pour répondre au désir de M. de Morangiès,
M. de l’Eguille est prié de prendre des informations
plus exactes à ce sujet.
Ainsi que cela avait été décidé dans la dernière
séance, l'ordre du jour appelle les communications de
tous les membres de la Société qui ont pratiqué ou vu
de près exécuter autour d'eux des travaux de drai-
nage.
M. de Brive rappelle que déjà un certain nombre de
propriétaires ont employé avec un plein succès ce sys-
tème d'assainissement. Grâce aux résultats acquis, il
est permis d'affirmer que le drainage progressera ra-
pidement dans la Haute-Loire.
Ilest à la connaissance de l'honorable membre que
bon nombre de personnes se proposent ou ont com-
mencé d'exécuter des projets de drainage conçus sur
une grande échelle. M. Ernest de Brive, à Conches,
MM. Doniol, à Ronzet, sont sur le point de se mettre à
l'œuvre. La seule difficulté est sans doute de se procu-
rer les drains en quantité suffisante. Dans ce moment
même, les fabricants, comme la Société, en sont entiè-
rement dépourvus. Il y a donc lieu de faire cesser au
plus tôt cet état de choses, soit en achetant une seconde
iachine, d’un bon système, dans le but de la confier
à un nouveau fabricant, ce qui pourrait provoquer une
sorte d’émulation dans la bonne confection des drains,
soif en allouant au fabricant actuel une plus forte sub-
vention pour le déterminer à s'occuper plus exclusive
ment de la production de ces tuvanx,
DÉCEMBRE. 585
M. le Président fait observer que si la Société adopte
l'une des deux alternatives proposées par M. de Brive,
il importerait de préciser quelle destination la Société
entend donner à une somme de 800 francs restant
sur les fonds affectés à la propagation du drainage, et
dont l'emploi doit être indiqué avant le premier jan-
vier prochain.
M. Chouvon pense que la meilleure manière d’utili-
ser ces fonds, c'est de faire fabriquer immédiatement
une certaine quantité de tuyaux, et de les livrer en-
suite à un prix au-dessous du prix de revient.
La Société décide, couformément à ces indications,
qu'il convient en effet de faire fabriquer le plus tôt pos-
sible une notable quantité de tuyaux, qui seront en-
suite cédés à prix réduit aux propriétaires; et si la
somme disponible ne peut être immédiatement em-
ployée tout entière à cette destination, faute par
le fabricant d'exécuter assez promptement les com-
mandes qui lui seraient faites, partie des 800 fr. sera
consacrée à l'acquisition d’une nouvelle machine.
M. le Président donne lecture du travail suivant sur
la viabilité rurale et sur les moyens de l'améliorer et
de l’entretenir :
À mesure que l'introduction et la vulgarisation des
machines simplificra ctabrègera les opérations du battage,
on s'accoutumera prompiement dans nos campagnes à
utiliser Les beaux jours de l'hiver, dans une foule de tra-
586 RÉSUMÉ DES SÉANCES,
vaux importants, qui donneront aux cultures toute leur
perfection et amèneront un grand nombre de propriétés
à leur plus haut point de production.
Dans nos pays, le défoncement à la bêche, l'extraction
des pierres et des dents de rochers, le drainage, enfin,
occuperont avec un immense avantage les loisirs du cul-
tivateur. On s’habituera graduellement à tirer parti
même des quelques heures de répit que laissent, chaque
jour, les rigueurs de la mauvaise saison. Déjà dans quel-
ques-uns de nos cantons où le climat n'est rien moins
qu’égal, sur le plateau de Loudes, par exemple, et même
au-delà, mais dans la commune de Sanssac surtout, le
travail du bident {de la béche à deux dents) à complète-
ment métamorphosé d'importantes parties du sol. Ce pro-
grès s’étendra, certainement, toujours plus loin.
Bicntôt peut-être, par l'exemple des plus vaillants,
des plus aguerris, quelquefois par l'exemple d’un seul,
la masse des cultivateurs apprendra qu'en se vêlissant
mieux, en se nourrissant moins mal, on peut braver
beaucoup plus qu’on ne le fait dans nos régions, les in-
tempéries et le froid, et exécuter, au grand profit de la
tenue des terres, d'excellents travaux même au cœur de
l'hiver.
Il
Quel que soit, en ce point, l’heureux changement sur
lequel il est permis de compter, et qu’il est bien d’en-
courager de plus d’une manière, il n’en restera pas moins
toujours un trop grand nombre de journées d'hiver pen-
dant lesquelles, même par un beau temps, la terre déjà
DÉCEMBRE. 587
gelée sera complètement rebelle à l'effort du bécheur.
Nous voudrions voir ces journées-là consacrées à un tra-
vail dont nos paysans sont bien loin d'apprécier, comme
il conviendrait, les très-sérieux avantages.
L'incurie des cultivateurs, en général, en tout ce qui
concerne l'entretien des chemins ruraux, a appelé déjà
depuis bien longtemps l'attention de tous les dévoués
amis de l’agriculture progressive. L'Almanach de 1854
contenait quelques pages dans lesquelles nous nous effor-
cions de donner les indications pratiques qui nous sem-
blaient pouvoir être à la portée de tous.
Depuis lors, la Société d'agriculture a promis, dans
ses programmes, des primes ou encouragements à ceux
qui se seront fait remarquer par leur zèle et leur intelli-
gence dans l'amélioration de la viabilité agricole. Enfin,
le Congrès scientifique a consacré lui-même, l’année der-
nière, une sérieuse discussion à cet intérêt, plus consi-
dérable certainement qu’il ne paraît au premier abord.
Nous n’analyserons pas les utiles enseignements qu'on
peut consulter avec fruit dans le compte-rendu des
séances de la section d'agriculture ; nous nous bornerons
à y renvoyer les maires et les propriétaires notables qui
auraient à se pénétrer de principes généraux sur la ma-
tière, avant de prendre, dans cette question de la viabi-
lité, des initiatives de quelque importance.
IT
Dans la plus grande partie du département de la
Haute-Loire, le premier progrès agricole, le plus pres-
sant et le plus facile à réaliser, celui auquel il faudra
588 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
quelquefois savoir se borner, le seul dont les résultats
seront presque toujours infaillible, et qui, d'ailleurs, en
contient avec Ini nécessairement plusieurs autres, c'est
incontestablement la suppression de la jachère ineulte
et l'introduction du trèfle dans l’année de jachère.
Or, quel est le premier et le plus grand obstacle qui
s'oppose à celle précieuse modification d’assolement ?
Dans ce premier pas à faire hors des régions de la rou-
line et de l'ignorance, où est la première difficulté ?
Le premier obstacle, la première difficulté qui se pré-
sentera pour obtenir une récolte de trèfle fauché, comme
pour un fourrage quelconque, dût-il même être consommé
sur place en pâture, ce sont presque partout (j'en excepte
seulement deux ou trois régions privilégiées), ce sont
presque partout les pierres grosses et petites, les pierres
en quantités déplorables. Le premier travail, par consé-
quent, du cultivateur qui veut faucher un trèfle après une
céréale, c'est l'épierrement courageusement entrepris.
Mais que faire de ces deux cents voitures de pierres qu'il
faut quelquefois enlever sur un seul hectare ?
Si l'on savait, dans nos pays, combien certaines ré-
gions de la France au milieu desquelles les pierres sont
rares ou nianquent tout à fait, combien ces régions, la
Sologne, par exemple, et plusieurs parties du Berry,
déplorent d'être dans l'impossibilité de ferrer ‘leurs
chemins; combien les chars de pierres qui nous encom-
brent seraient bien accueillis dans ces fondrières de sable
où les roues enfoncent jusqu'au moyeu, on comprendrait,
peut-être, que si nos chemins laissent tant à désirer,
c'est du moins bien complètement de notre faute.
Où placer mieux ces pierres que dans les chemins ? il
DÉCEMBRE. 589
est vrai qu'il ne faudrait pas tout à fait agir comme on
agit trop souvent. Le chemin rural, il semblerait que ce
soit un ennemi public. Si le propriétaire riverain peut
faire rouler au beau milieu un quartier de rocher, il ne
s'en fera faute. Si, ne sachant où vider son char plein, il
s'avise de prendre le chemin pour réceptacle, il déchar-
gera la voiture au hasard, au point le plus rapproché,
le plus commode pour lui; mais qu’il ait intercepté com-
plètement le passage, il s'en soucie fort peu. Quant à
prendre la peine d’étaler les pierres dont il s’est débar-
rassé, quant à voir s'il y a ici ou là une flaque d'eau
stagnante, une dépression du chemin, une vaste or-
nière, etc., où le dépôt serait bien mieux placé, il n’a
garde de s’en préoccuper.
Rien pourtant n'est plus simple et plus facile que de
déposer chaque chargement, bien à côté l’un de l’autre, à
peu près également et non pas au hasard.
Si l'on à des pierres plus grosses, commencer par
placer celles-là, les rapprocher, les tasser, les asseoir par
quelques coups de marteau ; sur cette première couche,
répandre et répartir les pierres mayennes ; enfin, s’il en
est de toutes petites, s’il en est qui aient été ramassées
au râteau, et soient mélangées avec un peu de terre, avec
des chaumes, avec quelques débris de gazon, former avec
celles-là la couche superficielle, voilà l'opération dans
toute sa simplicité.
Pour rendre le chemin plus immédiatement praticable
et moins pénible au bétail, comme pour assurer mieux
encore l'écoulement des eaux (qui, du reste, ne nuisent
guère sur des chemins exhaussés par 30 ou 40 centimètres
de pierres), il est bon de creuser aux deux côtés de l’em-
590 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
pierrement deux fossés de 50 centimètres de largeur, et
de 20 à 25 de profondeur. La terre extraite de ces fossés
sert à recouvrir l’empierrement qui, dans des chemins
peu fréquentés, serait lent à se tasser et resterait long-
temps meurtrier pour le bétail. Que si l’on veut enfin se
préoccuper de la dépense nécessaire pour les travaux que
nous venons d'indiquer, nous dirons que le propriétaire
se chargeant de faire ramasser et transporter les pierres,
des ouvriers de notre pays ayont travaillé sur les routes,
entreprendront volontiers le reste, soit à la journée, soit
à prix fait, pour un prix très-minime,
Un chemin à été fait récemment, sous nos yeux, dans
les conditions que voici :
Les pierres apportées, les ouvriers les étalaient, creu-
saient les fossés et en répandaient la terre sur le chemin;
et ce travail, indépendamment de l'apport de pierres, ne
revenait pas à 20 centimes le mètre de longueur, sur une
largeur de trois à quatre mètres.
Les ouvriers à la journée s’offraient à continuer à for-
fait à raison de 35 centimes les deux mètres, On voit que,
moyennant une dépense de moins de 350 fr., on eût fait
exécuter ainsi un kilomètre de chemin rural.
Si l’on considère qu'une dépense relativement si mi-
nime peut donner le plus utile emploi aux pierres enle-
vées sur une vingtaine d'hectares, on comprendra faci-
lement que nous nous résumions en répélant ici :
La première amélioration considérable à réaliser sur
tout grand domaine où la culture est encore arriérée, c'est
la suppression de la jachère par l'introduction en grand
des ensemencements en trèfle.
DÉCEMBRE. 591
Le premier travail nécessaire en vue de cette améliora-
tion, c’est l’épierrement des terres.
L’épierrement des terres doil avoir pour conséquence
prochaine l'amélioration des chemins par l’utilisation
immédiate des pierres dont le sol aura été purgé.
Une autre conséquence ultérieure également avanta-
geuse, selon nous, ce sera la substitution du drainage par
drains aux pierres ou rigoles pierreuses. À nos yeux, en
effet, les pierres sont beaucoup mieux placées dans Îles
chemins que dans les fossés d'assainissement, ceux-ci
formant bientôt un asile et des silos d'approvisionnement
très-fréquentés des rats de toute espèce.
IV
Il nous reste à stimuler, en quelques mots, le zèle de
MM. les maires, en tout ce qui touche à cette importante
question.
L'entretien de la viabilité rurale est certainement un
des points les plus dignes de leur sollicitude. Qu'ils
veuillent bien se pénétrer des considérations qui précè-
dent ; qu'ils veuillent bien remarquer que les gardes-
champôtres, s’ils sont poussés à le faire, peuvent avoir
une action très-utile et de tous les jours en cette matière.
Si on ne tolère pas dans une commune les éboule-
ments de murs dont la voie publique est si fréquemment
obstruée ; si on tient la main à ce que les chars de
pierres déchargés au milieu du chemin soient immédia-
tement étalés ; si les points déprimés ou les flaques d’eau
restant à l’état stagnant sont désignés d'avance pour des
déchargements de cette nature; si enfin MM. les maires
592 RÉSUMÉ DES SÉANCES.
font exéeuter, comme échantillon, une ou deux fois par
an, un petit tronçon de chemin, dans les conditions que
nous avons indiquées plus haut; — après avoir peut-être,
au commencement, suscité quelques récriminations et
quelques murmures, ils ne tarderont pas à recueillir les
témoignages de la gratitude de tous les cultivateurs intel-
ligents, et la Société d'agriculture, pour sa part, sera
heureuse d’avoir à leur décerner les distinctions et les
récompenses promises par Son programme.
La Société donne son assentiment aux idées conte-
nues dans ce travail, et il est décidé qu'il devra être
publié dans l’Almanach.
M. le marquis de Ruolz écrit pour faire connaître à
son tour les résultats qu’il a obtenus dans la culture de
la pomme de terre Chardon. Il résulte de ces rensei-
gnements que cette variété, comparée aux autres
pommes de terre, a donné un produit supérieur de
moitié environ.
En considération du service éminent que M. Dugrip
aura rendu tant à l’agriculture qu'à la consomma-
tion générale, par la propagation de cette remarquable
pomme de terre, M. le Président propose de nommer
cet honorable agronome membre correspondant de la
Société. M. Dugrip appartient déjà, à destitres divers, à
plusieurs Sociétés savantes; il est membre titulaire de
la Société d'agriculture de la Sarthe, et il est certaine-
ment dû un témoignage de sympathie au zèle éclairé
dont il a fait preuve.
DÉCEMBRE. 5990
M. Dugrip, à l'unanimité, est nommé membre cor-
respondant.
Ixousrrie. — M. le Président donne lecture d’une
lettre de MM. Crouzet et Rivet.
Ces Messieurs, rappelant qu'associés avec une troi-
sième personne ils avaient, 11 y a quelques années,
fondé une école de dessinateurs pour la dentelle, ct
que cette école dut fermer par suite de circonstances
indépendantes de leur volonté, manifestent le désir
de renouveler encore aujourd'hui la mème tentative,
et réclameraient, dans ce but, le haut patronage de la
Société.
Plusieurs membres font observer que l’école momen-
tanément ouverte avait semblé répondre à un sérieux
besoin de notre principale industrie. D’avantageux
résultats avaient déjà été signalés ; on citait notamment
le dessin de la robe de la Vierge, qui figura à l’'Exposi-
tion universelle. Mais, malgré d’heureux débuts, cette
institution ne put continuer à vivre, et on attribua
cette sorte d'échec à l’insufisance du personnel des
professeurs et à la modicité des ressources dont on
avait pu disposer.
En conséquence, tout en reconnaissant le vide qui
existe dans la fabrique de dentelles, et tout en désirant
vivement la réussite d’une création de cette nature, la
Société se basant surtout sur l’insuccès de la pre-
mière tentative, croit devoir ajourner toute décision
relative à la demande qui lui est faite, et elle ne se
déterminerait à accorder son appui moral et pé-
TOME XX, 38
59% RÉSUMÉ DES SÉANCES.
cuniaire qu'après avoir pu constater de bons résultats
obtenus.
BEaux-aRTs. — M. Dorlhac de Berne, architecte, sou-
met à la Société des dessins et plans destinés à une
monographie du porche sud de la cathédrale. M. Dor-
Ihac serait heureux que la Société püt juger son
travail digne des encouragements dont elle dispose en
faveur des beaux-arts.
M. le Président, à l'appui de cette demande, fait re-
marquer combien la tâche que s’est imposée le jeune
artiste exige de courage, de patience, de talent et de
soins. La Société ne saurait certes refuser son con-
cours à une œuvre et à une volonté si laborieusement
méritantes.
La Société renvoie au conseil d'administration le soin
de fixer le chiffre de l’encouragement qu’elle accorde à
M. Dorlhac.
M. le Président fait connaitre à l'assemblée le dé-
part prochain de M. le Préfet. Une mesure tout à
fait imprévue enlève M. de Chevremont à la mission
qu'il avait si assidûment remplie jusqu'à ce jour,
de stimuler dans ce pays tous les genres de pro-
grès, Un vote de la Société lui avait, à l'unanimité,
déféré le titre de Président honoraire. Plus tard, il
était appelé aux fonctions de Président général du Con-
grès. La Société, enfin, ne saurait oublier notam-
menti son dévouement aux intérêts agricoles et les
créations ou les projets par lesquels il cherchait avec
DÉCEMBRE. 595
persistance à les servir. M. le Président croit aller au-
devant de la pensée de la Société en lui proposant de
charger son bureau du soin d'aller présenter à M. de
Chevremont l'expression des regrets qu’elle éprouve à
le voir quitter siinopinément la préfecture de la Haute-
Loire.
L'Assemblée donne à cette proposition un assenti-
ment unanime.
À sept heures, la séance est levée.
Le Vice-Secretaire ,
Louis BALME.
596 ERRATA.
ERRATA.
ANALYSE D'UNE TERRE ARABLE.
Page 390, ligne 5, au lieu de et, lisez etc.
— — 11, au lieu de magnésie, lisez magne-
sium.
Même page, ligne 22, lisez : par l'hydrochlorate
d'ammoniaque; dans cette réaction, il se forme de
chlorure d2 potassium , etc., ele.
Page 393, ligne 1#, lisez pour , au lieu de j'espère.
SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 24 MARS.
EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1953.
EXPOSITION DÉPARTEMENTALE DE LA MÊME ANNEE.
REMISE SOLENNELLE
DES
LG OLRIPIHLNSIRSS
DÉCERNÉES PAR
LE JURY INTERNATIONAL
ËT PAR
LA SOCIÈTÉ D'AGRICULTURE »s ETG. , DU PUY
A
L'INDUSTRIE DE LA HAUTE-LOIRE,
Le lundi 24 mars, une nombreuse et brillante assem-
blée se pressait dans l'enceinte du Musée du Puy. Tous
les lauréats de l'exposition universelle et de l'exposi-
tion départementale de la Haute-Loire avaient été con-
voqués à l'effet de recevoir les récompenses qui leur
598 REMISE SOLENNELLE
avaient été décernées dans l’une ou l’autre, et pour un
grand nombre, dans l'une et l’autre des deux expo-
sitions.
M. de Chevremoni, préfet de la Haute-Loire, avait
voulu présider lui-mème cette imposante solennité que
Mer de Morlhon, accompagné de plusieurs dignitaires
de son clergé, daignait honorer de sa présence.
MM. les sous-préfets de Brioude et d’Yssingeaux ,
M. le maire de la ville du Puy, le comité départemen-
tal de l'exposition universelle, le tribunal de commerce
et le conseil des prud'hommes du Puy, la plupart des
hauts fonctionnaires de l'administration, MM. les offi-
ciers de la garnison, un grand nombre d'ecclésiasti-
ques, la Société d'agriculture au complet, l'élite enfin
de notre population était là, pleine de sympathie pour
cette phalange industrielle dont les œuvres constituent
aujourd'hui, au profit du pays tout entier, une sorte
de patrimoine commun d'honneur et de renom.
C'était avec le plus vif intérêt qu'on voyait les repré-
sentants de toutes nos industries, maîtres, patrons,
collaborateurs et ouvriers, et surtout, en grand nom-
bre, ces ouvrières de la dentelle dont là part allait être
si belle dans la distribution des récompenses, mêlés à
tous les rangs de l'assemblée, aux fonctionnaires de
l’ordre le plus élevé et aux dames les plus élégantes.
A deux heures et quart, M. le préfet ayant pris place
au fauteuil et appelé, à sa droite, M. de Brive, prési-
dent, et M. Aymard, secrétaire du comité départe-
inental de l'exposition universeile ; à sa gauche, M. Ch.
Calemard de Lafayette, président, et M. Oscar Bonnet,
secrétaire de la Société d'agriculture, a déclaré la
séance ouverte.
SEE —
DES RÉCOMPENSES. 599
La musique du corps des pompiers a vivement exé-
cuté alors un brillant morceau, et M. le préfet a pro-
noncé immédiatement le discours suivant, que nous
sommes heureux de reproduire ici :
MESSIEURS ,
Il ya quelques mois à peine, en me séparant d’une
grande assemblée scientifique qui m'avait fait l'honneur
de m'appeler à présider à sestravaux, je faisais entendre
dans cette même enceinte des paroles qui parurent avoir
alors dans le pays un sympathique écho , et dont le sou-
venir n’est peut-être pas entièrement mort aujourd'hui.
Je félicitais les populations de ce département d’avoir ré-
vélé, au contact de tant d'hommes d'élite, leurs hôtes
pour la première fois, une chaleur restée, depuis plus
de deux siècles, comme à l’état latent, mais qu'il avait
suffi d’une étincelle pour raviver. Aux hommes déjà
éprouvés, comme aux jeunes gens qui se préparent dans
le recueillement aux luttes austères de la vie, je montrais
l'avenir comme un encouragement à l'effort, comme un
dédommagement à la stérilité du passé. Je faisais aperce-
voir le chemin de fer abaissant déjà le sommet de ces
hautes montagnes, et le travail moderne apportant avec
lui ses éléments féconds de bien-être, de lumières et de
moralité.
Eh bien, Messieurs, ces espérances que votre patrio-
tisme ne pouvait manquer d'accueillir, des signes persé-
vérants , irrécusables attestent qu'elles n'avaient rien de
trop ambiticux. à
Un travail encore enveloppé de quelques voiles s'opère
sur les esprits el sur les cœurs avant de s’attacher aux
600 REMISE SOLENNELLE
choses. Dans une contrée qui a eu le bonheur de conser-
ver a foi de ses pères, l'adoucissement des mœurs, pré-
face nécessaire du développement de la richesse, ladou-
cissement des mœurs ne devait être qu'une question de
temps, dès que des volontés fortes et soutenues par le
concours des hommes de bien ÿ auraient appliqué ces in-
stitutions, émanations vivantes de la charité chrétienne,
satisfactions nouvelles données à des besoins nouveaux
qai, dans d’autres pays, inalheureusement pour eux, ont
suivi, au lieu de Je devancer, le progrès matériel.
Déjà parmi vous, Messieurs, la prévoyance publique
et le dévoñment privé multiplient, au bénéfige des classes
souffrantes, toutes ces institutions.:.suble sile , écoles
de hameaux , ouvroirs , secours médicaux mis à la portée
non-seulement des indigents, mais de tous, caisses d'épar-
gne, sociétés de secours mutuels, fourneaux économi-
ques, œuvres dont le vaste développement sur les autres
points de la France comme sur celui-ci ne sera pas l’un
des moindres litres de gloire de notre époque. Toutes ces
institutions, la Haute-Loire les connaît aujourd'hui ; elles
p‘nètrent dans les idées, les mœurs et les habitudes des
populations , concourant au même but providentiel d’a-
paisement des cœurs et de rapprochement des intérêts,
double tâche qui est la difficulté comme la grandeur des
temps où nous vivons |
Mais ce n’est pas seulement dans l’ordre moral que se
manifestent pour ce pays les symptômes d'un meilleur
avenir : dans la sphère des intérêts matériels , ils n’éela-
tent pas avec moins d'évidence et de force. Chose qu'on
n’eût point voulu éroire, il y a dix ans, un chemin de
fer est, de deux côtés, à nos portes; il le traversera de-
SR
DES RÉCOMPENSES. 601
main, vivifiant, à Faide des rameaux nombreux que con-
centre vers lui la viabilité départementale, les régions les
plus délaissées jusqu’à présent; appelant à une existence
nouvelle des cantons pauvres et comme engourdis pen-
dant six mois d'hiver par les neiges qui les enveloppent!
A l’appreche de ce puissant débouché, l’agriculture se
sent sollicitée à de nouveaux efforts, Les bras lui man-
quaient, parce que le pays ne sait pas encore disputer à
l'émigration ses enfants : elle commence à faire appel
aux machines, qui, pour la première fois peut-ître, ne
font pas, au moment de leur introduction, concurrence
au travail humain et n’amènent pas avce elles de transi-
tions doulaugeuses, Sur d’autres points, la culture pasto-
rale et forestière vient remplacer des cultures céréales
entretenues contre nature sur des sols auxquels l'hemme,
par défaut d'industrie et d'argent, était réduit à deman-
der tous ses moyens de subsistance. Rapprochée, comme
elle va le devenir , de deux vastes centres de population,
Lyon et Saint-Etienne, la Haute-Loire se prépare à être
leur principal grenier, Par les progrès rapides de son
agriculture, elle peut aider puissamment à y résoudre le
problème, d’une si haute portée pour leur industrie, de
la vie à bon marché.
Elle ouvre aussi à ces grandes cités un atelier presque
sans limites pour lagrandissement de leur production.
Déjà les taffetas et les velours de Lyon ont des métiers
à Bas, à Montfaucon et au Puy. Déjà de Saint-Etienne,
la rubannerie a remonté dans les régions les plus élevées
* de l’arrondissement d'Yssingeaux. Elle y à revêtu la
double forme du travail domestique et du travail manu-
facturier, Dans cette dernière forme, elle 4, dès le début,
602 REMISE SOLENNELLE
sous l'inspiration des plus hautes pensées de prévoyance
et de moralité, reçu une organisation qui donne aux fa-
milles et à la société elle-même des garanties trop incon-
nues ailleurs. Deux grands établissements, qui n’em-
ploient que des jeunes filles, ont mis leur régime écono-
mique, disciplinaire et même industriel sous la direction
de pieuses sœurs de charité. Rien n'égale les soins tou-
chants dont les ouvrières sont l’objet dans la vaste fabri-
que que MM. Colcombet ont établie dans la riante vallée
de la Séauve, près des restes imposants de l'abbaye du
même nom. La jeune enfant qui entre dans la fabrique
est acceptée comme un dépôt qui, dix ans plus tard,
pourra être rendu à la famille sans avoir rien perdu de sa
grâce et de sa simplicité natives.
Ainsi comprise , aussi noblement dirigée par des hom-
mes dont le cœur est à la hauteur de l'intelligence , que
la grande industrie soit la bienvenue dans nos montagnes !
Elle y apportera l’aisance de la vie, sans en troubler ja-
mais les souffles purs et fortifiants.
Une autre industrie l'avait de longtemps précédée , fai-
ble et fractionnée à l’infinie dans ses moyens , puissante
par sa masse , profondément bienfaisante par les ressour-
ces qu'elle apportait aux soixante-dix mille ouvrières ré-
pandues dans les seuls arrondissements d'Yssingeaux et
du Puy. C'était cette industrie de la dentelle, dont l'apo-
tre du Velay, saint François-Régis, disait d'un ton pro-
phétique dans des jours d’alarmes : « qu’elle ne périrail
pas ! » Elle n’a pas péri, en effet, Messieurs, et jamais
n'ont lui sur elle de plus beaux jours que les nôtres. 11°
y a quelques semaines, je parcourais le département, et
les figures joyeuses , l’activité redoublée des groupes de
DES RÉCOMPENSES, 603
dentellières travaillant en plein soleil sur le seuil de leurs
maisons , disaient partout combien les commandes étaient
pressantes, combien le salaire s'était relevé avec l’accrois-
sement de la demande et l'amélioration de la fabrication.
L'administration, qui couvre de toute sa sollicitude
celte branche capitale de l'industrie du pays, étudie deux
mesures qui doivent, dans sa conviction, contribuer
puissamment à ses progrès : l'établissement d’un livret
spécial pour les ouvrières, l'amélioration du régime des
ouvyroirs,
La première mesure aura pour effet de constater les
conventions maintenant verbales et fugitives de l’ouvrière
el du patron, et qui prêtent de part et d’autres trop de
chances à la mauvaise fui. Quant aux euvroirs, l'éduca-
lion plus forte que reçoivent maintenant, pendant trois
années, dans le cours normal fondé depuis dix-huit mois
aux frais de l'Etat et du département, les pieuses insti-
lutrices qui les dirigeat, permettra aux patrons d’impri-
mer à la fabrication une direction effective et soutenue.
Répandues an nombre de plus de mille sur la surface du
département, ces saintes filles, dont la tâche est déjà si
étendue comme éducatrices de l'enfance et comme provi-
dence des pauvres et des malades, pourront devenir, au
grand avantage de la perfection de l'ouvrage et de l’éco-
nemie, comme préposées à l’ouvroir de chaque hameau ,
les intermédiaires bienveillantes et désintéressées entre
les ouvrières et les patrons.
Dans une autre partie du département, trop séparée
des deux autres par des obstacles naturels et par d'an-
ciennes habitudes, dans l’arrondissement de Brioude,
des tentatives se préparent peur introduire le travail en
604 REMISE SOLENNELLE
grand de la broderie. C’est toujours chose difficile et ha-
sardeuse que la transplantation d’une industrie loin des
contrées qui l'ont vue naître et prospérer ; pourtant,
quand on a vu, comme je viens de le faire, à Saugues,
dans la partie la plus pauvre et la plus reculée de ces
montagnes, dans un canton où il n'avait jamais existé un
seul carreau de dentelles, un ouvroir, un seul ouvroir
former en deux ans près de cinq cents ouvrières, n’est-
on pas autorisé à espérer quelque succès d'efforts analo-
gues sur d’autres points certainement mieux préparés ?
Si l’essai dont je parle vient à réussir, chacun des trois
arrondissements de la Haute-Loire se trouvera avoir une
spécialité industrielle pour le travail des femmes : Yssin-
geaux, la rubannerie ; le Puy, la dentelle; Brioude, la
broderie. Dans des contrées où le climat suspend pen-
dant plusieurs mois toute culture, où la population virile
émigre pendant les deux tiers de l’année, l'exercice d’une
industrie domestique pour les femmes se présente dans
les conditions les meilleures au point de vue de la pro-
duction comme à celui de l'extension du bien-être.
Ce qui à, jusqu’à présent, fait seul la fortune de l'ar-
rondissement de Brioude, c’est exploitation des riches-
ses de son sol. Sur quelques points favorisés, de vastes
entreprises agricoles, comme celles d’Alleret et du Chas-
saignon, servent de modèle et d'imitation pour d’autres
entreprises plus modestes; sur d’autres points , les car-
rières de baryte sulfatée, les filons d’antimoine, les argi-
les réfractaires et surtout de puissants dépôts de houille
sont l’objet de travaux de plus en plus étendus et fruc-
tueux. Là aussi le chemin de fer va être le point de dé-
part d'un redoublement d'efforts et de production.
= —
DES RÉCOMPENSES. 605
Tels sont les éléments, en partie déjà fécondés, avec
lesquels la Haute-Loire se présentait au grand concours
ouvert, en 1855, par la France impériale, à l’industrie
de toutes les nations. Grâce au patriotisme chaleureuxet
convaincu du comité départemental et à celui surtout de
deux de ses honorables membres, MM. de Brive et AY-
mard, l’un président, l’autre secrétaire de ce comité, elle
a pu les mettre dans tout leur jour et révéler aux capitaux
attentifs des ressources de bien des genres qui n’atten-
dent plus, pour enrichir le pays, que la main, les épar-
gnes et l'intelligence de l’homme.
L'Exposilion universelle! Je viens de prononcer un
grand mot qui recouvre une grande chose, une des cho-
ses les plus grandes, de ce siècle qui a pourtant vu surgir
tant d'hommes et tant d'évènements! Aussi bien, cette
lutte pacifique re pouvait prendre place indifféremment
à toutes les époques. L’aurait-on comprise au sein de ces
sociétés antiques, en lutte éternelle les unes contre les au-
tes, où le travail était tenu pour indigne des hommes
libres, et abandonné aux eselaves? L’aurait-on comprise
au moyen âge , au milieu des guerres d'Etat à Etat, de
province à province, de ville à ville, de seigneur à sei-
gneur; à une époque où le serf était attaché à la glèbe
comme l'artisan à l'étroit et intolérant atelier de la cor-
poration ?
Non, une si grarde chose n'était pas possible alors ;
elle ne pouvait se manifester que dans un temps où,
comme au nôtre ,.le travail ou, ce qui revient au même,
la personnalité humaine à reconquis ses imprescriptibles
droits, où aucune gène artificielle ne comprime plus l’es-
sor de l'esprit d'invention, où chacun dispose librement
606 REMISE SOLENNELLE
de ses bras comme de son cœur! Elle n’était possible
qu’à une époque organique comme celle où nous vivons,
où les progrès de la locomotion et de l'échange des cho-
ses comme des idées ont supprimé en quelque sorte les
distances, où les peuples, abjurant leurs haïnes séculai-
res , semblent ne plus vouloir se défier qu'à des combats
pacifiques, ou bien , quand ils sont encore contraints à la
guerre, tirent l’épée non plus pour Île service de leurs
ambitions , mais pour ia seule cause de la civilisation et
du droit!
Le département de la Haute-Loire, qui avait eu une
place si modeste et si peu aperçue aux Expositions fran-
caises précédentes , est entré celte fois dans la lice. Pour
quatre-vingts exposants qu'il a comptés, soixante-neuf
récompenses ont été accordées, savoir : cinquante“neuf
médailles et dix mentions honorables. Par un sentiment
de haute justice, bien conforme à l'esprit de notre temps,
bien conforme surtout aux généreuses pensées du Gou-
vernement impérial, beaucoup de ces récompenses sont
allées trouver jusques dans leurs humbles demeures les
ouvrières qui avaient concouru à la création de tous ces
chefs-d’œuvre.
Toutes les branches des industries locales sont repré-
sentées dans la distribution de ces encouragements ; l'in-
dustrie seule de la dentelle , que cette exposition a portée
si haut dans l'estime des hommes spéciaux , y figure pour
cinquante-six de ses représentants; et, pour couronner
cet ensemble , un homme qui, pendant trente années, à
dépensé pour l'honneur et le développement de cette in-
dustrie dans la Haate-Loire toutes les ressources d’un
talent souple et gracieux, toute la force d’une volonté
ATEN EE ——
DES RÉCOMPENSES. 607
calme et persévérante, un homme que n’honorent pas
moins sa générosité dans l'emploi d’une fortune noble-
ment acquise que son amour du progrès, M. Théodore
Falcon, à reçu dans cette dernière épreuve la plus haute
distinction à laquelle l’homme de lettres, l'artiste et
l'industriel comme le soldat puissent prétendre, la déco-
ration de la Légion-d'Honneur !
Ces récompenses parlent d’elles-mêmes, et le pays peut
en concevoir une légitime fierté. Pour ceux qui n’ont pas
pu voir réunis à Paris, dans le solendide palais des
Champs-Elysées, tous ces types élevés de chacune de nos
industries, Le souvenir qu'ils ont gardé de l'Exposition
plus modeste, bornée aux seuls produits de la Haute-
Loire, qui avait lieu en même temps au Puy, à l'occasion
de la réunion du Congrès scientifique de France, ce sou-
venir peut suffire à leur faire honorer leur terre natale.
C’est une mission bien douce pour moi, et cue j'ai accep-
tée avec empressement, de remettre aujourd'hui, avec
les récompenses de l'Exposition universelle, celles méri-
tées dans l'Exposition locale de 1855.
Que ces doubles récompenses soient un sujet d’émula-
lion pour tous au seuil de l'ère nouvelle qui s'ouvre pour
ce pays! C'est à l'instant où notre grande patrie s'élève
elle-même au faite de la grandeur sous la conduite du
Prince auguste à qui elle a re nis librement ses destinées,
que l'avenir de cette contrée se dessine sous des traits
plus arrêtés et plus rassurants. Replacée, après deux an-
nées d’une lutte véritablement épique, à sa hauteur natu-
relle, la France jouit avec orgueil des gloires du présent
el jette en avant des regards que ne troublent plus de si-
nistres visions, À ces gages cclatants de sécurité , le Ciel
6US REMISE SOLENNELLE
vient d'en ajouter un nouveau : exauçant les vœux les
plus ardents de la nation, il vient de donner à l'Empe-
reur un héritier de sa couronne, un continuateur de son
œuvre. Précédée par tant d'évènements mémorables et
qui tiennent du prodige, la naissance de cer enfant sem-
ble le dernier et le plus heureux présage de la paix.
Qu'elle vienne couronner l'édifice, cette paix que nous
souhaitons lous, mais que nous attendons sans impa-
tience, comme il convient à une nation victorieuse et
habituée de tout temps à peser dans l’un ou dans l’autre
plateau de la balance ! Qu'elle vienne , et alors combien
ne sera pas grande notre confiance dans les destinées
futures de la patrie ! L'Europe , pour emprunter d'augus-
tes paroles , l'Europe a vu la France jeter une armée de
200,000 hommes en Crimée et convoquer en même temps
dans sa capitale tous les arts de la paix. Spectacle qui n’a
pas de précédents dans l’histoire ! Laissez revenir les loi-
sirs sans partage de la paix, et l'Europe verra notre pa-
trie développer dans tous les sens sa prodigieuse acti-
vité, multiplier les merveilles de l’art, de la science et
de l’industrie, reprendre avec ardeur son rôle séculaire
d'apôtre de la civilisation et mériter enfin de nouveau ce
beau nom de Soldat de Dieu, äont le grand poète an-
glais la saluait autrefois par la bouche de l'héroïne de
Domremy.
Après ce discours, fréquemment interrompu par les
plus chaleureux applaudissements, l'Orphéon a chanté,
avec cet ensemble et ce sentiment musical, déjà si per-
fectionné, qui étonne et qui charme toujours, un chœur
qu'on à salué de nombreux bravos. Puis M. le Préfet a
DES RÉCOMPENSES. -609
annoncé qu'il allait, en vertu d’une délégation de
M. le grand-chancelier de la Légion-d'Honneur, remet-
tre à M. Théodore Falcon, la décoration qui lui a ét
décernée sur la proposition du jury international, et
procéder à sa réception dans l’ordre.
M. le Préfet a donc appelé M. Théodore Falcon au bu-
reau, et après avoir recu, séance tenante , avec les for-
mes requises, le serment du nouveau chevalier, lui
donné l’accolade fraternelle, au milieu des bravos et
des acclamations de l’Assemblée, si unanimement heu-
reuse de l’éclatante récompense qui, dans la personne
de M. Falcon, honore et glorifie l’industrie de la den-
telle tout entière et le département de la Haute-Loire
tout entier.
M. le Préfet a ensuite remis à M. de Brive et à M. Ay-
mard la grande médaille d'argent et la grande médaille
de bronze, ainsi que les diplômes accordés de même à
ces Messieurs par le jury international, en témoignage
du zèle si intelligent, si persévérant et si dévoué avec
lequel ils ont accompli la difficile mission déférée à
chacun d'eux comme président et comme secrétaire du
comité départemental.
La parole à alors été donnée à M. Aymard pour
faire l'appel des lauréats de l'exposition universelle;
et l’on a vu successivement répondre à cet appel, non-
seulement les chefs d'industrie, non-seulement les fa-
bricants ou ouvriers résidants au Puy, mais tous ou
presque tous les ouvriers et surtout les ouvrières des ré-
gions les plus éloignées du département. Sur soixante-
neuf noms appelés, cinq ou six lauréats à peine étaient
absents; tant on a compris partout la haute portée de
TOME XX. 39
6{0 REMISE SSLENNELLE
exposition, tant le pays a été heureusement et intelli-
semment ému de cet ensemble de hautes distinctions
sans précédent pour lui.
C'est avec une décence parfaite, une convenance,
une tenue irréprochable que ces nombreuses ouvrières
sont venues recevoir les médailles et l’encouragement
flatteur que M. le Préfet avait pour chacune d'elles. Le
défilé a été long, mais personne, évidemment, ne son-
geait à s’en plaindre, et l’Assemblée prodiguait sans
discontinuité, avec ses acclamations et ses bravos, la
plus éloquente félicitation à ce beau triomphe.
Après M. Aymard, M. Oscar Bonnet a pris la parole
à son tour pour faire l'appel des lauréats de l'exposition
départementale.
Ici encore, mêmes acclamations et même enthou-
siasme , et presque point d’absences.
Ce second appel terminé, l'Orphéon a chanté un
nouveau chœur également applaudi, et M. le Préfet a
donné la parole à M. Ch. Calemard de Lafayette, qui a
prononcé le discours suivant :
Monsieur LE PrÉrEr, MONSEIGNEUR,
Mesoames, MESSIEURS;
INDUSTRIELS, AGRICULTEURS, ARTISTES DE LA HAUTE-
LOIRE; LAURÉATS DE PARIS Ou pu Puy, DE L’Ex-
POSITION UNIVERSELLE OU DE L'EXPOSITION DÉPAR-
TEMENTALE !
Laissez-moi vous le dire tout d’abord , le noble langage
que vous entendiez il y a quelques instants à peine,
ajoute certainement un prix nouveau aux récompenses
qui viennent de vous être distribuées.
DES RÉCOMPENSES, 611
Quand le magistrat éminent, investi parmi nous de la
première autorité, veut bien vous donner à compr'ndre,
non-seulement qu'il accepte , mais qu'il provoque, mais
qu'il stimulera partout et loujours votre collaboration à
tous, dans fa grande œuvre de vivifier, de réhabiliter,
de rénover cette pelite patrie que nous aimons, et qui
elle-même est aujourd’hui si fière de vos succès, — ne
trouvez-vous pas là un vif encouragement de plus à mar-
cher, à progresser, à mériter toujours davantage ?
Marcher, progresser, bien mériter toujours du pays à
et de la sorte assurer son avenir, voilà le devoir
commun !
Vous le saviez, vous tous!
Mais si quelqu'un ici l’eût ignoré, les paroles qui re-
teatissent encore dans vos mémoires; l’affluence qui se
presse dans celle enceinte; lautorité religieuse, lauto-
rité militaire, el nos diverses magistratures, et toutes les
adiministrations, et l'élite de notre population tout en-
lière, groupées pour une si solennelle manifestation; et
la sympathie collective que vous sentez courir autour de
vous, el les applaudissements répétés qui saluaient, il
n'y a qu'un instant, chacun de vos noms, tout vous eût
dit, tout vous eût aflirmé bien mieux que je ne le puis
faire, combien Fhonneur du pays est en cause; — tout
vous côl attesté ce que le pays attend désormais de vous |
Il y a quelques années à peine, Messieurs, la Société
d'agriculture avait déjà jeté de profondes racines dans le
département; elle exerçail une autorité d'initiative, de
propagande et d'exemple dont on ne s’est peut-être pas
rendu un compte assez exact dans notre centre, au sein
de notre chef-lieu. Les populations rurales, cependant,
612 REMISE SOLENNELLE
écoutaient avidement les enseignements judicieux, mo-
destes, incessants qui leur venaient de là. Le mot d'ordre
du progrès commençait à se répandre ; toutes les instruc-
lions, patiemment répétées, ne tardaient pas à se traduire
en faits, au béni fice de la production agricole surtout.
La Société avait done déjà grandement le droit de s’ap-
plaudir de son œuvre. Mais comme, pour les institutions
destinées à vivre, réussir c'est aspirer toujours plus
haut, elle voulut porter la même sollicitude, étendre les
mêmes favorables influences sur la production indus-
trielle et sur les arts.
Une excellente logique avait jusque-là conseillé tous
les actes. Les écoles gratuites de dessin , de caleul, ete.,
avaient élevé le niveau intellectuel et artistique des jeunes
générations que l’industrie allai: employer. L'idée des ex-
positions locales arriva à son heure. Elles s'organisèrent,
les premières surtout, et nous l'avons tous vu, timide-
ment sans doute, péniblement, non sans incertitude , non
sans efforts : mais elles s’organisèrent,.
Puis, le progrès se fit là comme ailleurs, L'arrondisse-
ment après la ville du Puy, le département tout entier
après l'arrondissement, se laissèrent gagner à la conta-
gion d'un si bon exemple. De sérieuses récompenses pu-
rent bientôt être justement décernées ; et l’un des premiers
noms, le premier peut-être qui retentit avec grand hon-
peur dans ces solennités enccre insuflisammentappréciées,
vous l’avez entendu proclamer tout à l'heure ce nom, et
vous l’avez salué des plus chaleureux applaudissements,
quand celui qui le porte est venu recevoir ici même la
plus haute distinction dont le Jury de l'exposition univer-
selle ait pu disposer pour honorer, dans le monde entier,
DES RÉCOMPENSES, 613
les inventeurs, les novateurs, les vrais maitres de l’in-
dustrie.
Le principe des expositions locales avait eu gain de
cause, nous venons de le constater.
Toutefois ce n'était pas, il en faudra bien convenir,
sans quelque controverse.
Disons toute chose en toute sincérité.
Quelques-uns se demandaient peut-être si nos exhibi-
tions locales, si les récompenses dont elles étaient l’occa-
sion , si ces pelits tournois en famille et ces triomphes à
huis-clos avaient réellement toute la haute portée qu'on
s'efforçait de leur attribuer. Pourquoi hésiterions-nous à
l'avouer : quelque doute, quelque méfiance existaient
cerlainement à cet égard et ne cherchaient même pas à se
dissimuler toujours.
Qu'est-il arrivé cependant, Messieurs? Voici que le
plus imposant et le plus sérieux des contrôles se preduit
tout à coup. Un jugement décisif, entre tous impartial ,
entre tous compétent, un jugement qui ne sera récusé de
pas un, intervient aujourd'hui ! [nterrogeons donc la si-
gnification de cet indiseutable arrêt.
Muis permettez-moi d'abord une digression qui me ra-
mènera sans efforts à l’objet de cette réunion si belle et si
imposante en même lemps.
Un fait bien remarquable a été judicieusement constaté
ailleurs; il n'y a toutefois aucun inconvénient, il y a tout
avantage à le signaler de nouveau en présence de vous
tous.
Lors du concours ouvert pour le choix du modèle de la
statue de Corneille, sept noms furent distingués.
L'un d'eux placé hors ligne au premier rang, les autres
graduellement récompensés.
614 REMISE SOLENNELLE
Eb bien! Messieurs, le Jury international des beaux-
arts, ce jury composé de tout ce qui est illustre et surémi-
nent en fait d'art dans le monde entier, Le Jury interna-
tional ayant à juger les mêmes concurrents sur d'autres
œuvres, les a appréciés comme on l'avait fait ici, les a
lassés dans l'ordre et le rang qui leur avaicntété assignés
ici.
Une distinction exceptionnelle, au-dessus de laquelle il
n’y avait que trois récompenses, accordées toutes trois à
des vétérans d’une longue et glorieuse carrière artistique,
a été décernée au jeune maître que le Jury du Puy avait
déclaré hors de pair. Et, chose remarquable! pas un de
ccux qui n'avaient pas été distingués ici ne l’a été à Pa-
ris! — Tous et pas un! — Tous nos lauréats sont deve-
nus les lauréats du grand Jury; pas un de ceux qui
avaient échoué devant vous, n’a réussi, à un degré quel-
conque des récompenses données, dans le grand con-
cours.
Eclatante sanction du jugement rendu par le Jury du
Puy!
Or, Messieurs, voici qu'aujourd'hui nous pouvons si-
gnaler une confirmation à peu près semblable , une jus-
tification tout aussi concluante des jugements antérieurs
rendus dans cette enceinte, en ce qui concerne l'indus-
trie; confirmation absoiue, justification souveraine des
résultats consacrés à la suite de nos tentatives locales.
L'exposition universelle, une grande pensée qui, eu
égard aux circonstances , avait, si on peut le dire, son
héroïsme et ses dangers, une grande pensée, devenue
aujourd'hui une réalisation magnifique et un magnifique
souvenir, a convié dans un gigantesque tournoi les forces
industrielles de l'umivers,
DES RÉCOMPENSES. 615
Et tandis qu'au loin, nos admirables armées reconqué-
raient , avec l’assentiment de la Justice et du Droit, Île
prestige des gloires guerrières, impérissable attribut de
la France, d’autres triomphes, acclamés aussi par nos
rivaux eux-mêmes, justifiaient en même temps, dans une
pacifique arène, la conception hardie qui met au front
sacré de la patrie un double et incomparable diadème.
Eh bien ! Messieurs, quels ont été le rôle et la part de
notre petit pays dans cette joûte grandiose ?
Interrogeons, disions-nous tout à l’heure , interro-
geons l'arrêt du grand Jury. Mais ne venez-vous pas d’en-
tendre proclamer ses décisions solennelles? Vous con-
naissez maintenant, vous connaissez tous l'appréciation
des délégués du monde entier sur la production indus-
trielle de la Haute-Loire.
Jeiet là, vous l'avez vu, à Paris et au Puy, ce sont
les mêmes noms qui ont fait les frais du double triomphe
que nous célébrons aujourd’hui.
Et c’est bien au milieu des influences locales, c’est bien
sous nos regards, c’est sous les sympathiques encourage-
ments de l'autorité, de la Société académique et de la
population, que ces beiles forces sont écloses, qu'un
grand et premier mouvement industriel s’est développé ,
s’est irradié partout autour de nous,
Les lauréats de l'exposition universelle, ce sont bien
nos lauréats à nous.
Et qu'ils veuillent nous le dire! sans le noviciat qu'ils
ont accompli ici même, sans ces premiers pas qu'ils ont
élé énergiquement stimulés à tenter, sans leur début
dans ces galeries pleines encore du souvenir de leurs œu-
vres, sans ce coup d'essai de nos expositions, eussent-ils
616 REMISE SOLENNELLE
bien résolûment abordé un plus vaste et plus glorieux
théâtre? Ne se sont-ils pas aguerris dans de moindres
épreuves , dans nos premiers concours ? Et les médailles
décernées dans des solennités analogues à celles-ci, ne
sont-elles pas devenues leur premier gage et leur pre-
mier talisman jour aspirer plus haut?
Si tout cela est vrai, qu'avons-nous encore à justifier
l'importance de nos premières tentatives locales, et le
haut intérêt qu’elles n'ont cessé d’inspirer à la Société ?
Honneur done et vive gratitude , j'ose le dire, encou-
ragé que je suis par votre assentiment, honneur à nos
expositions départementales si progressives et, nul n’en
peut douter désormais , si fécondes!
Louerai-je maintenant plus spécialement celle que
nous venons de récompenser aujourd'hui? Dirai-je eu’elle
a été digne de la circonstance qui l'avait provoquée, digne
de ce Congrès dont les fruits de bonne renommée pour
nous tous, pour l'effort intellectuel du pays, pour l’ave-
nir qui nous est promis et qui nous est dû, — dont les
fruits se répandent et se répandront encore, lentement,
mais sûrement, dans la France scientifique tout entière ?
A quoi bon? Vous fûtes, vous tous, les témoins de cette
généreuse el si complète tentative. Vous avez tous vu ce
concours d'animaux supérieur à tous ceux qui l'ont pré-
cédé; et ces vitrines de Ja dentelle aù nos vainqueurs de
Paris venaient vaincre encore, se montrant déjà prêts,
déjà entrainés pour de nouvelles luttes; et aussi ces ga-
leries où l’art local , où toutes nos industries, en un mot,
lémoignaient de ce qu’elles sont déjà, bien mieux de ce
qu’elles seront!
Pourquoi done, insister davantage ? Si bons, si beaux,
Tue —
DES RÉCOMPENSES, 617
si réellement importants qu'aient été ces résultats, c’est
déjà le passé; un passé honorable, glorieux en plus d’un
point , — mas c'est toujours le passé...
Eh bien! maintenant, un mot encore de l'avenir! Je
dis un mot encore; car je serais maladroit certainement
d'insister longuement après ce qui en a été si bien dit,
avec un sentiment si élevé et avec une autorité si juste-
ment supérieure.
En face de l’avenir, Messieurs, en face de cette grande
chose, de ce grand inconnu et de ce grand devoir, — j’a-
vais récemment une naturelle occasion de le dire, et je
ne dois pas hésiter à le répéter devant un plus nombreux
auditoire, — en face de l'avenir, de tout avenir, et par-
ticulièrement de celui de la pelite patrie que nous servons,
la tâche de tous devient chaque jour de plus en plus sé-
rieuse, de plus en plus impérieusement obligatoire.
On vous a fait entrevoir, dans de belles mais périlleu-
ses perspectives, le développement magnifique de la
puissance industrielle, force expansive et incompressible
de notre temps ; et on vous a excellemment indiqué que
si le progrès matériel rapide, impétueux , irrésistible
peut-être, dont nous sommes tous plus ou moins les sol-
dats, et dont il ne faudra jamais être les esclaves, que si
le progrès matériel avait à conquérir, parmi les généra-
tions qui viennent, une légitimité digne de respect, ce
ne pourrait être qu'à la condition de marcher couronné
d’une auréole intellectuelle et morale toujours plus
rayonnante.
Quand l'homme met sur toutes les forces de la nature
une main souveraine, quand il va les faire vibrer doci-
les et complaisantes, comme un clavier immense, il
618 REMISE SOLENNELLE
faut, plus que jamais, qu'une haute inspiration religieuse
domine ce victorieux, dont tous les égoïsmes, dont les
cupidités el les sensualités se développeraient certaine-
ment sans mesure dans l’enivrement de la conquête, si
le frein sacré ne contenait, puissant et doux à la fois,
les esprits comme les volontés.
Donc, Messieurs, avant tout, plus que tout, progrès
intellectuel et progrès religieux. Et puis, quand les
vaillantes cohortes de laction progressive seront sûres
d’elles-mêèmes, sûres de leur conscience et sûres de leur
foi; quand les caractères suffisamment trempés de nos
jeunes générations ne redouteront plus aucune Capoue ,
qu’elles accomplissent hardiment les hautes destinées
que la science prépare aux nations modernes; qu’elles
réalisent ce beau rêve d’une civilisation toute puissante
sur la matière, à qui 13 matière n’a fait oublier ni la pen-
sée, ni la morale, ni Dieu !
Alors, Messicurs, la France, celte patrie sans se-
conde , si fière dans la guerre, si belle dans la paix;
mère illustre dont les valeureux enfants ont du sang à
verser pour tous les nobles devoirs, du génie à consacrer
à loutes les nobles œuvres ; qui peut, ici ou là, confier,
tour à tour et presque aux mêmes mains, ICI l'épée Yen-
geresse du droit et l’étendard sacré des croisades, là
l'outil merveilieux, la lime, le ceiseau, lébauchoir
ou le pinceau habiles aux chefs-d'œuvre ; cette France
dont la pensée elle-même est un glaive, dont le glaive
lui-même à une pensée ; qui compte ici et là, sur tant de
glorieux champs de bataille, autant de braves que de
combattants, et sans parler des martyrs, autant, hélas !
de héros que de morts, la France, dis-je, verra s'épanouir
DES RÉCOMPENSES. 619
ses magnifiques destinées dans leur double splendeur,
dans leur splendeur -matérielle et dans leur splendeur
morale; et mieux que jamais elle aura mérité l'appella-
on sublime qu'on lui décernait tout à l'heure !
Pour nous, Messieurs, dans notre petite sphère , si
nous avons des difficultés à vaincre, des difficultés ardues,
nombreuses, redoutables, nous avons aussi des éléments
bien précieux , quelques-uns d’un ordre bien supérieur.
Et vous me saurez certainement gré, avant de finir, de
les comprendre ici dans l'expression d'une gratitnde
collective.
Ne voyons-nous pas noblement unies dans le même pa-
triotique dessein , toutes les autorités de ce pays, toutes
ses forces, toutes ses puissances ? Quand, par exemple,
un prélat vénéré, s’associant de cœur à toutes nos œuvres,
convie son respectable et nombreux clergé à des initiati-
ves fécondes , si justement applaudies au dehors, autant
qu'admivées parmi nous; quané le magistrat qui nous
préside, qiand toutes les administrations, toutes, à leur
degré, suscitent le même effort, ou s’imprègnent de la
môme pensée d'avenir, comment ne nous rappellerions-
nous pas avec confiance et avec espoir tant de gages ré-
cents donnés par tous, par nos dignes vétérans comme
par cette jeunesse sympathique qui vient à nous et que
nous accucillerons de tout cœur? Comment, au souvenir
du Congrès, une légitime fierté ne nous serait-elle pas
permise ? Comment enfin n’entreverrions-nous pas le jour
où nous donnerons, nous aussi, autant que d’autres,
plus que d’autres peut-être, à la commune patrie, notre
bonne part de ses titres d'honneur?
C’est mon droit maintenant, Messieurs, de constater
620 REMISE SOLENNELLE
que , dans cette œuvre multiple, la Société d'agriculture,
sciences , arts et commerce du Puy, apporte un precieux
contingent d'efforts et de réalisations.
Par ces écoles qu'elle a fondées; par ces collections
qu’elle a recueillies; par ces récompenses qu’elle donne
à tous les mérites el à tous les succès ; par les encourage-
ments moraux, à défaut d’autres, qu’elle ne refuse ja-
mais à aucune de ces créations économiques, industrielles
ou artistiques, ni aux caisses d'épargne réalisées, ni aux
monts-de-piété projetés, ni à cet Orphéon qui nous
charme déjà et dont vos applaudissements unanimes, bien
mieux que mes paroles, disaient, il n’y a qu'un instant,
les louanges; à rien, en un mot, de ce qui intéresse la
vie, la fortune ou l'honneur de la Haute-Loire ;
Par les sollicitudes dont elle entourera ces belles œu-
vres à naître, cette fontaine monumentale et ce musée
réédifié qui immortaliseront le nom illustre de Croza-
tier, non-seulement sur le bronze et le marbre où il est
déjà immortel, mais dans la reconnaissance des généra-
lions à venir; par le dévouement qu’elle garde à tous les
grands projets, à toutes les belles espérances ; à ces che-
mins de fer, notamment, à ces chemins de fer qui peu-
vent vivifier, — métamorphose prodigieuse ! — vivifier,
agrandir, enrichir tous nos éléments de force, tous nos
moyens de production, toutes nos industries, et la pre-
mière entre toutes, l’agriculture; par l'amour qu'elle
porte enfin à la STATUE DE CORNEILLE, gigantesque
idéal dont il faut faire une réalité, une réalité à la fois
magnifique et prochaine ;
Sur tous les points capitaux, en un mot, la Société
d'agriculture est depuis longtemps à l'unisson des plus
intimes aspirations qui vivent au cœur du pays.
DES RÉCOMPENSES. 621
A l'agriculture surtout, Messieurs, elle vone, elle à
voué un intérêt, une prédilection, un zèle que comman-
dent la grandeur et l’impérieuse exigence des besoins.
Pour aborder résoläment et assidûment les vastes sujets
d'études que la question si complexe de la production
agricole livre aujourd'hui aux méditations du penseur ,
elle n’a pas attendu d’être sollicitée par la brutale élo-
quence des faits. Avec une persistance, une ardeur et un
succès qu'il n’est bien permis de signaler, puisque
l'honneur en revient à d’autres, elle a su depuis long-
temps, sous l’habile et intelligente direction de mes ho-
norables prédécesseurs, se tenir à la hanteur de tout ce
qui se faisait ou s’étudiait, ailleurs, de plus progressif
et de plus bienfaisant.
Améliorations dans les assolements, emploi plus judi-
cieux, traitement raisonné, et augmentation des engrais,
extension des cultures fourragères, perfectionnement des
races d'animaux domestiques, pisciculture , introduction
des instruments perfectionnés et de la mécanique dans les
travaux de la campagne; enseignements agricole, élé-
mentaire el supérieur ; moralisation des serviteurs ru-
raux, crédit et assurances, el toutes les autres institu-
tions progressives propres à développer l'énergie et l’ac-
tion du producteur par excellence : voilà, dans un aperçu
sommaire , sur quels points capitaux se sont portées tour
à tour les incessantes préoccupations de la Société; voilà
sous quels divers rapports, bien récemment encore , le
Congrès scientilique de France la trouvait au niveau,
sinon en avant des associations analogues les plus labo-
rieuses et les mieux inspirées; voilà les projets, les
tentatives ou les réalisations qu'elle récompensait tout à
622 REMISE SOLENNELLE
l'heure aux acelamations de cette imposante assemblée.
Avec un tel passé et le concours toujours plus indis-
pensable de toutes les forces vives du pays, tout en con-
servant l’utile sentiment des difficultés de l'œuvre, il
nous est permis d'avoir une ferme espéraace dans l'avenir.
C'est visiblement la tendance du gouvernement de
l'Empereur, animé qu'il est de l'esprit des fortes initia-
tives, et servi par des intelligences comme celle du pre-
mier magistrat qui nous préside aujourd’hui, de faire
toujours plus grande, plus noble et moins diseutée, la
part de l’industrie nourricière, et d'assurer enfin, d’af-
fermir sur des bases inébranlables cette prospérité agri-
cole sans laqueile toute autre prospérité n’est qu'un dé-
cevant mensonge ! Nous serons donc aidés, secondés tou-
jours; et nous nous efforcerons de mériter toujours da-
vantage l’encouragement permanent qui nous est né-
cessaire.
Ainsi, Messieurs, grâce à la volonté toute puissante
du souverain qui abien voulu doter nos régions trop long-
temps délaissées, de l’inappréciable bienfait des chemins
de fer, grâce à cet acte d'équité pour lequel nous ne sau-
rions exprimer trop vivement ici notre commune et pa-
tiotique gratitude; grâce à l'administration supérieure ,
grâce à l'effort du pays lui-même, grice à la Société qui
continuera d'encourager partout et toujours toutes les
tentatives utiles, grâce à vous, grâce à tous, grâce aux
chefs et grâce aux soldats, ainsi Messieurs, le progrès
parmi nous continuera de s’accomplir. La Haute-Loire,
qui pleure, hélas! mais qui a produit des Crozatier et
des Becdelièvre {je ne citerai ni les vivants ni des morts
plus rapprochés de nos souvenirs) , la Haute-Loire
— Fu —
DES RÉCOMPENSES. 623
comptera encore sur sa fécondité en cœurs élevés, fidèles
et généreux ; — et plus tard, bientôt peut-être, réalisant
cet idéal d'améliorations intellectuelles, morales et reli-
gieuses, indiqué comme l'indispensable corollaire d’un
vaste et puissant système d'améliorations matérielles, ec
pays pourra contempler, comme le glorieux symbole de
l'ère qui va s'ouvrir, le tableau par lequel je vous de-
mande la permission de terminer ces pages déjà trop
longues.
Tandis que sur nos chemins de fer dilatés, la vapeur,
celte trombe intelligente et soumise, roulera l’incessant
fardeau de nos produits et de ceux du dehors échangés ;
Tandis que la foudre disciplinée, tandis que lélectri-
cité transmettra à des distances inconnues les volontés de
notre commerce émancipé de ses entraves et vainqueur
de ses rudes frontières;
Au-dessus de ces usines qu'appellent nos cours d’eau,
au-dessus de ces chantiers, de ces ateliers sans nombre
où l’industrie aura fait éclore à une vie nouvelle tout un
monde nouveau ;
Au-dessus de ces fertiles vallées, dont les produits dé-
cuplés par un travail plus habile et plus intelligent,
attesteront au premier regard du passant les richesses de
notre sol ;
Au-dessus de ces marchés où les types améliorés de
nos races d'animaux domestiques surabonderont sans suf-
fire à des demandes toujours accrues ;
Au-dessus de nos monuments de toutes sortes, monu-
ments privés ou publies, centres d'industrie, asiles
d'art, sanctuaires de foi;
Au-dessus de notre fontaine monumentale, de notre
624 LISTE
Musée agrandi, enrichi par les dons les plus généreux ;
Da baut du mont Corneille, qui est là, en face de
nous — et qui attend,
La STATUE, — une grande idée morale, un grand
sentiment religieux, — planera sur ce pays renouvelé ;
pour tout dominer et pour tout bénir !
Voilà le symbole, Messieurs, et il sera digne, ce qui
est bien rare, de la grande pensée qu'il aura mission
d'exprimer.
Après ce discours, M. le Préfet a déclaré la séance
close ; la musique des pompiers a exécuté un nouveau
morceau qui a produit une vive satisfaction, et la
nombreuse assemblée s’est écoulée, emportant de
cette solennité hors ligne une impression profonde et
le plus durable souvenir.
LISTE DES RÉCOMPENSES
OBTENUES A
L'EXPOSITION UNIVERSELLE
PAR LES
INDUSTRIELS ET AGRICULTEURS
DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-LOIRE.
Industrie de la Dentelle.
DÉCORATION DE LA LÉGION-D'HONNEUR.
M. Théodore Falcon, ancien contre-maître, directeur
de fabrique.
—— Tour —
DES RÉCOMPENSES. 625
MÉDAILLES DE Î'e CLASSE.
MM, Charles Robert-Faure, exposant, maison de
commerce à Paris, fabrique dans la Haute-
Loire.
Joseph Seguin, exposant, maison de commerce
à Paris, fabrique dans la Haute-Loire.
MÉDAILLES DE 2€ CLASSE.
Mlle Céline Balme, exposant, fabricant au Puy.
Ecole des enfants pauvres, exposant, atelier de fa-
brique au Puy.
Mlle Julien et Ci*, exposant, fabricant au Puy.
M. Régis Robert, exposant , fabricant au Puy.
MENTION HONORABLE.
Rocher-Blane, exposant, fabricant au Puy.
COOPÉRATEURS (contre-maitres, contre-maitresses,
dessinateurs, échantillonneuses, piqueuses en chef,
crocheteuses et ouvrières.)
MÉDAILLES DE 2e CLASSE.
Alais (Véronique), Rosières (Haute-Loire).
Alès (Eléonore), Rosières.
Aulanier (Marie), le Puy.
Balme (Léon), le Puy.
Barbe (Marguerite), Argentières {commune de Beaune)
Bayt (Mélanie), le Puy.
Bernard (Rose), le Puy.
Breuil {Marie et Françoise), deux sœurs, Retournac.
Chambon (Augustine), le Puy.
Couvent de St-Joseph {la supérieure du), St-JusL.
Crouzet (Mariette), Ours.
TOME XX. #0
626 LISTE
Cuoq (Colombe), Polignac.
Dayre (Pierre), Craponne.
Delorme (Marie), Triouleyre, St-Jean-d’Aubrigoux.
Dupuy (Rosalie), Coubon.
Falcon (César, Hector, Régis), trois frères, le Puy.
Faugère (Mélanie), Vals-près-le-Puy.
Faure (Benoite), femme Valentin, Chaumont (canton
d'Arlanc).
Fialon (:.... }, Issarlès (Ardèche).
Galien (Rosalie), Poyer (commune de Beaune).
Garnier (Rosine), Usson (Loire).
Gay (Constance), Vousse, Retournac.
Grand (Jacques), le Puy.
Grangeon (Auguste), le Puy.
Jouve (Jean-Baptiste), le Puy.
La Chaud {dame religieuse à la communauté de Notre-
Dame du Puy).
Lafond (Marguerite), Chavagnac.
Madeleine (Léon), dessinateur de la maison Seguin,
Paris.
Maigne (Félicie et Elisa), deux sœurs, le Puy.
Malfraix (Rose), religieuse, Roche-en-Reynier.
Martin (Marguerite), Vals-près-le-Puy.
Martel (religieuse), Langogne (Lozère).
Mazaudier (Victorine et Anaïs), deux sœurs, Langogne.
Meissonier (béate), Champagnac-le-Vieux.
Moing (Isabelle), Saint-Just.
Moiselet (Louis), le Puy.
Peyre (Louis), le Puy.
Peyrolier-Bonnet (Jeanne-Marie), Vals-près-le-Puy.
Philippe-Champavère (Madame veuve), le Puy.
DES RÉCOMPENSES. . 627
Pigeyre (Mélanie), Rodez (Aveyron).
Pilardy (Marie-Rose), Lavet (St-Jean-d’Aubrigoux).
Porteneuve {Marguerite), Argentières (Beaune).
Pontvianne (Angélique), le Monteil (Craponne).
Pontvianne (Rose), Retournac.
Ramousse {Mélanie}, Chalignac (St-Vincent).
Robert (Alphonse), le Puy.
Rongier (Madame), religieuse de la communauté de
Notre-Dame, le Puy.
Seguin-Gay, le Puy.
Sœur Marie-Agnès Laporte (béate), Fraisse {Saint-
George-l’Agricole).
Sœur Marie-Joseph, supérieure de la communauté de
Saint-Maurice-de-Rocbe.
Sœur Saint-Louis, communauté des Carmélites, (St-
George-l’Agricole).
Sœur Victoire Pérol (béate), Fraisse (St-George-
l’Agricole).
Soulier (Julie), le Puy.
Toranche (Sophie), le Puy.
Vasselle (Marie et Madeleine), deux sœurs, le Puy.
Vialatte (Angélique), Laussonne.
Total , 70 personnes récompensées pour l’industrie de
la dentelle, dans la région dont la ville du Puy est le
centre.
DESSIN DE FABRIQUE (POUR DENTELLES). — Girol-
let (François), dessinateur, exposant. Le Puy. — Mé-
daille de 22 classe.
MINES ET HOULIÈRES. — Bonafoux, de Morangier et
de Rochemure, exposants. — Mention honorable.
628 LISTE
Compagnie des Houillères réunies de la Haute-Loire,
exposant, Langeac. — Mention honorable.
L'Herbet et Delcros, exposants. Langeac., — Mention
honorable. .
AGRICULTURE. — Doniol, coopérateur à Barlière. —
Médaille de 17° classe,
PAPETERIE. — Véron frères, exposant. Le Crouzet.
Médaille de 22 classe.
CoONSERYES DE LÉGUMES DU PUY. — ÂAlirol, traiteur,
exposant. Le Puy. — Mention honoruble.
MINOTERIE. — Sabarot et Ci*, exposants. Brives-
Charensac. — Mention honorable.
MATÉRIAUX DE CONSTRUCTIONS. — (Chaux, plâtres et
pouzzolanes.) — Liabeuf Sauron , exposant. Le Puy. —
Mention honorable.
Bouteyre (Jean-Mathieu), coopérateur. Le Puy. —
Mention honorable.
Crouzet (Jean-Antoine), coopérateur. Le Puy.— Men-
tion honorable.
Fabrication des ouvrages en métaux d’un travail ordi-
naire.— Faure-Soumet et Cie, exposants. Monistrol-sur-
Loire. Mention honorable.
INDUSTRIE DES SOIERIES. — Colcombet frères et Cie,
exposants. La Séauve (Saint-Didier-la-Séauve). — Mé-
daille de 1'° classe.
Sarda {Augustin}, exposant. Les Mazeaux (Saint-Di-
dier-la-Séauve). — Médaille de 28 classe.
DES RÉCOMPENSES. 629
Cuaussures (sabotterie). — Cibiel (François), expo-
sant. Brioude. — Mention honorable.
PLASTIQUE INDUSTRIELLE ET ARTISTIQUE. — Cavasse,
sculpteur, exposant. — Médaille de 2 classe.
Total général des récompenses, 86.
Exposants originaires de la Haute-Loire qui ont le
siège de leurs fabriques hors du département.
INDUSTRIE DES SOIERIES. -- Bertrand, Gayet et Du-
montat {du Puy), exposants. Lyon. — Médaille d’hon-
neur.
ARTICLES DE BRIQUETERIE. — Borie (du Puy), ex-
posant. Paris, — Médaille de 2e classe.
RAPPORTS & MÉMOIRES.
CONGRÈS
DES DÉLÉGUÉS
DES
SOCIÉTÉS SAVANTES
TENU
A PARIS EN 1855.
COMPTE-RENDU
PAR
M. Cm. Caremanp DE LAFAYVETTE.
———— STE CRD 2 ——
MESSIEURS,
Ce n’est plus devant vous qu'il est aujourd'hui né-
cessaire de mettre en relief l'œuvre bienfaisante des
Congrès. Tous désormais nous savons ce que sont ces
632 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
revues annuelles qui tiennent sans effort au courant
régulier de la science les hommes voués aux travaux
les plus divers; qui suppléent ainsi, pour le profit sur-
tout des hommes d'étude de la province, aux bienfaits
du haut enseignement scientifique dont Paris seul peut
jouir constamment. En voyant le résumé de l’état
actuel de la science présenté succinctement et claire-
ment par des hommes tels que MM. Payen, Geoffroy
Saint-Hilaire, Coste, de Quatrefages, Guerin-Menne-
ville, Millet, etc., on peut comprendre quelle heureuse
propagande s'exerce par la parole de ces zélés mis-
sionnaires de science que sollicitent les Congrès, aux-
quels les Congrès donnent un auditoire capable de les
comprendre et de leur faire écho.
Par le jeu combiné de cette institution, l'auditoire,
disséminé sur tous les points les plus éloignés, reprend
à son tour ailleurs la propagande nomade d’utiles vé-
rités scientifiques. Ainsi, par ondulations successives
et d’écho en écho, la parole d’un maître de la science
trouvera parfois le chemin des esprits et des régions
les moins préparés pour l'étude, les moins accessibles
au savoir. Or, il faut sans doute considérer comme un
devoir véritable de prendre, dans la mesure qu'on le
peut, sa part à ce travail de diffusion progressive; et
c’est ce devoir que nous nous efforçons de remplir.
Du reste, Messieurs, vous ne désirez point, et nous ne
saurions vouloir suivre pas à pas toutes les discussions
plus ou moins approfondies du Congrès. Il vous sem-
blera sans doute plus profitable que je m'efforce de
reproduire ici, avec toute l'exactitude dont je serai
- capable, l'exposé de trois ou quatre questions princi-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES, 633
pales traitées ex professo par les hommes les plus com-
pétents.
Il
M. Payen, membre de l’Institut, secrétaire perpétuel
de la Société impériale et centrale d'agriculture, ayant
bien voulu se charger de résumer les progrès de la
chimie en général et surtout de la chimie agricole, la
valeur relative des engrais, le traitement des fumiers,
la valeur nutritive des aliments, trouvait à signaler
dans son historique annuel des travaux d’une très-
sérieuse importance. C’est ainsi qu'il a indiqué comme
ayant une valeur supérieure dans la science, les décou-
vertes de M. Berthelot sur les corps gras. — On avait
échoué jusqu’à ce jour dans toutes les tenta!ives faites
pour reconstituer un corps gras; M. Berthelot a résolu
ce problème ; et c’est là un fait d'un grand intérêt
scientifique.
Tout le monde a entendu parler de Palumomuwm. On
sait que l'aluminium est un métal qu'un jeune savant,
M. Sainte-Claire-Deville est parvenu à extraire d’une
matière commune ct abondante partout, de l'argile.
M. Payen indique et particularise exactement toutes les
propriétés de ce corps; il signale ensuite les applica-
tions nombreuses et variées auxquelles on peut em-
ployer un jour un métal comme aluminium, léger,
ductile, susceptible d'être étiré, laminé, etc.
M. Payen rappelle à ce propos que lors de la décou-
verte du zinc, on se demandait à quoi pourrait servir
un métal si facilement attaquable par tous les acides.
634 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
Eh bien, il s'est trouvé que ce métal, exposé à l'air, se
recouvrait naturellement d'un oxyde qui est presque
inattaquable. La peinture à l'huile ne pouvait prendre
sur le zinc; il s’est trouvé encore qu’elle adhère d’une
manière très-solide sur le zinc oxydé. L'expérience a
résolu toutes les difficultés entrevues tout d’abord, et
le zinc est devenu, comme on le sait assez, d’un usage
tous les jours plus étendu. Il en sera de mème de
l'aluminium, lorsqu'en simplifiant les moyens d’ex-
traction, on sera parvenu à l'obtenir à un prix acces-
sible ; et cela ne tardera pas. Dans le principe, le nou-
veau métal était plus cher que l'or; il est déjà d’un
prix de peu de chose supérieur à l'argent ; cette dimi-
nution de prix n’en restera pas là.
Une autre découverte qui constitue un progrès essen-
tiel, c'est la substitution de la fécule de pomme de
terre au poussier de charbon dans le moulage du
bronze. L'emploi du poussier avait les plus grands in-
convénients pour la santé des ouvriers mouleurs, qui
contractaient dans l'exercice de leur profession des
affections graves. Un ancien militaire, M. Rouy, a eu
l’heureuse idée de remplacer cet agent par une ma-
tière d’une innocuité complète, dont l’adhérence aux
vêtements et sur la peau, non plus que l'absorption par
les voies respiratoires, ne peut avoir aucun inconvé-
nient. Le procédé nouveau a été accueilli avec bonheur
et est déjà devenu d’un usage général. L'inventeur a
reçu la juste rémunération du service signalé rendu
par sa découverte à une catégorie nombreuse d’ou-
vriers intelligents et dignes de tout intérêt.
M. Payen énumère ensuite les nombreux et considé-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 635
rables perfectionnements introduits dans la fabrication
de l'alcool, et les succédanées que la maladie de la
vigne a forcé de rechercher pour suppléer au déficit
qui s’est naturellement produit dans la fabrication de
l'alcool de vin.
Aujourd'hui, on fait de lalcool avec la betterave,
avec la racine d’asphodèle, avec la racine de garance,
avec de la sciure de bois, etc. Quel que soit l'avenir
de la vigne, et lors même qu’elle ne devrait plus subir
les graves atteintes de la maladie, il est désormais pro-
bable qu’on laissera généralement le raisin à sa desti-
nation la plus précieuse, qui est de produire du vin ;
beaucoup d’autres végétaux, mais la betterave et la
canne à sucre particulièrement, fourniront pour tous
les besoins, en quantité suffisante, des alcools de très-
bonne qualité. Ces alcools, rectifiés par des procédés
perfectionnés, arriveront à avoir un goût égal, sinon
supérieur, aux alcools de vin; et la production sera
telle, que la valeur vénale puisse revenir à un taux qui
n'aura rien d’exagéré.
Arrivant aux questions qui ressortent de la chimie
agricole proprement dite, M. Payen fait une rapide et
substantielle analyse de la question des engrais. Sui-
vant lui, on ne saurait avoir la prétention de substituer
complètement les engrais industriels aux fumiers de
ferme. Les cultivateurs qui voudraient, comme on la
dit, se dispenser d'entretenir du bétail à engrais et
acheter exclusivement des agents de fertilité fournis
par le commerce, lui sembleraient tenter une expé-
rience bien hasardeuse et qu'il se garderait d’en-
courager .
636 CONGRÈS DES DÉLÉGUES
Mais, d'autre part, toutes les fois qu’on pourra se
procurer le guano, les tourteaux, le sang desséché, les
os en poudre, les chiffons, etc. ; lorsque, pour le guano
surtout, on croira n'avoir pas à redouter les falsifica-
tions et les altérations frauduleuses malheureusement
trop fréquentes, on serait bien mal avisé de ne pas
compléter, par des acquisitions, le système presque
toujours si insuffisant des fumures.
Enfin, la tendance qui porte en ce moment des agri-
culteurs distingués à réserver la plus grande partie des
pailles pour la nourriture des animaux, et à substituer
à l'emploi de la paille en litière celui des matières ter-
reuses, à motivé, dans ces derniers tsmps, des études
scientifiques qui permettent de donner, en ces ques-
tions, des conclusions désormais incontestées.
Avant d'aborder l'étude pratique de ce sujet, et d’in-
diquer le rôle que certains agents, la chaux par
exemple et l'argile, jouent dans leurs rapports avec les
engrais, M. Payen signale la présence de l'élément cal-
caire, souvent en des proportions très-considérables,
dans les végétaux. Dans la famille des urticées, dans
les celtis par exeinple, on remarque ce fait curieux :
le fruit, espèce de cerise, contient un noyau d’une
apparence blanchâtre ; mais au lieu que la cellulose
s'emplisse dans le noyau de matière ligneuse, elle
s’emplit de matière calcaire. Ce noyau ainsi constitué
est très-dur ; la lame de rasoir s’ébrèche sur lui. En
traitant cependant chimiquement cette matière, qui
paraît amorphe, on obtient une vive effervescence. Ce
noyau contient jusqu'à 60 et 65 pour cent de calcaire.
On comprend que le carbonate de chaux soit indis-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 637
pensable à la végétation de ces plantes, comme de
beaucoup d’autres qui contiennent plus ou moins de
matière calcaire. Ce carbonate arrive dans les plantes
à l’état de sel soluble de chaux, par le jeu des fonctions
d’un ordre si élevé qui s’accomplissent dans la végéta-
tion. D'où il suit qu'il importe visiblement d’adminis-
trer le calcaire, sous une forme ou sous une autre, aux
cultures qui le réclament énergiquement.
Mais ici se présentent deux opinions longtemps et
absolument contradictoires sur l’action de la chaux en
mélange avec les engrais.
On a dit que la chaux, en contact avec les matières
organiques, les préservait de la décomposition ; on à
dit aussi qu’elle hâtait cette décomposition à un point
tel qu'il en résulterait des déperditions presque com-
plètes des principes fertilisants contenus dans les en-
grais. Eh bien, les deux assertions étaient relativement
vraies; suivant les cas, on avait raison des deux parts.
La chaux en contact avec des matières dont la dé-
composition a déjà commencé, la pousse promptement
à ses dernières limites.
Mais si les matières sont à l’état frais, que la décom-
position n'ait pas commencé, et qu'elles soient préser-
vées de l'humidité, la chaux les conservera indéfini-
ment presque sans déperdition.
Ainsi la chair musculaire, le sang, les urines à l’état
frais, conserveront toute leur valeur si on les mélange
immédiatement avec la chaux. Etendues sur les terres,
et au contact de l'humidité atmosphérique, elles four-
niront aux plantes, par une décomposition graduelle,
les éléments les plus favorables à une belle végétation.
638 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
Mais, on le répète, si la fermentation putride a déjà
commencé, la chaux la hâtera, de facon que dans le
transport seul des fumures aux champs, la plus grande
partie des principes actifs de fertilité sera infaillible-
ment perdue.
Il résulte de ces données nouvellement acquises à la
science, qu'on ne peut sans danger mélanger la chaux
aux fumiers dont la décomposition peut avoir com-
mencé. Répandue sur les cultures, au contraire, la
chaux rendra le grand service de leur rendre facile-
ment assimilables les matières azotées dont la décom-
position s’est arrêtée à la longue. Mais comme récipient
des excréments d’étable, pour constituer les litières
terreuses essentiellement propices à la conservation
des principes fertilisants, c’est l'argile, l'argile légère-
ment calcinée, ou tout au moins très-sèche qu'il faut
particulièrement recommander.
L’argile sera employée dans tous les cas avec avan-
tage, que les matières soient fraîches ou qu’elles soient
déjà en voie de décomposition.
Dans ce dernier cas mème, il n’y aura qu'une insi-
gnifiante déperdition de 3 à 4 pour cent, tandis qu'avec
la chaux cette déperdition peut être de 70 à 80 pour
cent.
Tels sont les résultats définitifs des dernières études
analytiques faites par M. Payen, et qui ont fait le sujet
d'une douzaine de mémoires successifs parus dans le
courant de l’année qui vient de s’écouler. Ces conclu-
sions ont une rare importance pratique. En ce qui
concerne la chaux, théoriquement, elles expliquent les
anomalies apparentes qui avaient permis à des affir-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 639
mations contradictoires de se produire avec le carac-
tère d’une égale vérité.
En économie rurale, elles fournissent des indications
précises dont il y aura lieu de tenir grand compte, et
qu'il est possible de résumer comme il suit pour l’in-
struction et la règle du cultivateur.
Bien que la chaux soit un élément essentiel de la
fertilité, et qu’elle joue un rôle considérable dans la
végétation, comme cela résulte de l'examen attentif de
la constitution chimique des végétaux, il faut apporter
une extrème prudence dans les mélanges qu’on serait
tenté d’en faire avec les engrais azotés.
Elle serait très-convenablement administrée, répan-
due sur les cultures après la fumure et au moment où
la végétation des récoltes va commencer ; elle active-
rait la décomposition des matières organiques restées
encore inertes, et fournirait ainsi une alimentation
très-régulière aux plantes appelées à en bénéficier.
Pour ce qui est des litières terreuses, il reste acquis
que l'argile sèche ou légèrement calcinée mérite toute
préférence sur les autres excipients d'engrais plus ou
moins justement préconisés et qui, tels que la craie, la
marne, etc., contiennent, en des proportions variables,
l'élément calcaire.
Les longues dissidences qui, sur ce point, ont fait
grand bruit récemment dans la science agronomique,
tombent aujourd’hui devant les résultats acceptés d’in-
vestigations sagaces et concluantes.
On comprend que le Congrès ait témoigné à M. Payen
une vive gratitude pour les savantes études auxquelles
il a bien voulu se livrer en ces matières. Et le monde
640 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
agricole ne peut que s'associer aux sentiments expri-
més à si bon droit par le Conigrés.
IT
Une autre étude dont la haute portée, au point de
vue des intérêts de la science agronomique, ne saurait
échapper à aucun de vous, a été l’objet d’une longue
et intéressante discussion. Il s'agissait de répondre à
la question que voici :
Est-il vrai que la fertilité des terres cultivées soit en
raison inverse de l'ancienneté de leur mise en culture ?
En d'autres termes, les terrains perdent-ils à la longue
leur propriété productive? Si cette loi s'applique à
certains terrains, n'est-elle pas contraire à ce qu'on
voit dans des terres d'autre nature?
Cette question soulevait, comme on voit, le problème
des assolements tout entier; elle amenait en outre à
discuter incidemment la théorie de la jachère.
Un agriculteur distingué à qui une longue et heu-
reuse pratique assure une incontestable autorité,
M. Mabire, président du comice agricole de Neufchâtel,
ouvrit la discussion en affirmant qu’une culture, si in-
telligente qu'elle fût, ne pouvait pas à la longue ne
point appauvrir le sol. Que de deux terres d’égale na-
ture il préfèrerait toujours celle qui n'avait pas été
mise à contribution par des cultures antérieures ; que
le repos de la terre lui semblait non seulement chose
utile, mais chose indispensable, et qu’enfin, malgré
toutes les objections qu'il savait bien qu’on ne man-
querait pas de lui faire, la jachère, une jachère reve-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 641
nant à des intervalles judicieusement déterminés, lui
semblait devoir entrer dans la pratique des agricul-
teurs éclairés.
Plusieurs membres du Congrès, et notamment
M. Destourbet, président de la Société d'agriculture de
Dijon, M. de Montreuil, député, ete., s'empressèrent
de combattre cette déclaration résolue, et, contradie-
toirement à ce que venait de dire M. Mabire, soutin-
rent qu'à la condition que les cultures anciennes
eussent été intelligemment conduites, plus une terre
avait reçu longtemps de bons soins et de bonnes fu-
inures, plus elle aurait gagné en valeur et en fertilité.
« Sans doute, dit M. de Montreuil, si l’on méconnait
la loi déjà suffisamment précise des assolements ra-
tionnels, si l'on ne sait s’astreindre rigoureusement à
introduire dans son exploitation une succession judi-
cieuse des récoltes améliorantes aux récoltes épui-
santes ; si on demande sans discernement à la terre,
et pour ainsi dire au hasard, des produits toujours
identiques, la terre se refusera à cette inepte exigence ;
et mieux aurait valu adopter, comme le veut M. Mabire,
un Système où la jachère ait périodiquement sa place.
Mais si l’on agit tout autrement, si les récoltes fourra-
gères donnent avec avantage au sol ce repos qu’on de-
mande pour lui, et si les céréales ne se représentent
qu'après un temps suffisant, vous aurez des produits
bien supérieurs. Vous aurez abondance de bétail par
les fourrages, abondance de fumiers par le bétail, et
grace aux cultures sarelées ou aux légumineuses bien
venues, vos terres, plus propres encore qu'avec la ja-
chère, progresseront toujours en qualité, en fécondité.
TOME XX. 41
642 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
» Voyez les cultures maraïichères, la terre y prend-
elle jamais de repos? et cependant, grâce à une infati-
gable main-d'œuvre, grâce aussi à une abondante et
continuelle fumure, les terres ne se maintiennent-
elles pas constamment à un maximum de production
qui est pour la grande culture un objet d'envie et une
lecon permanente ?
» Loin donc de préférer avec M. Mabire, de deux
terres égales par leur nature, celle qui sera restée le
plus longtemps oisive, je préfèrerai bien certainement la
terre dès longtemps améliorée, dès longtemps faconnée
qui, par des fumures antérieures abondantes, en res-
tant constamment productive, aura surabondamment
acquis cette richesse supplémentaire, la vieille force,
dont parle Thaer, avec laquelle un bon cultivateur,
assolant bien et fumant de mème, fera toujours des
prodiges. »
M. de Lanoue pense qu’en ces matières il n’y a rien
de tout à fait absolu. Il y a, quoi que puisse dire
M. Mabire à l'appui de la jachère, des terres qui doivent
à des circonstances particulières une telle puissance,
et un excès de fécondité tellement inépuisable, qu'elles
sembleraient indépendantes non-seulement de la loi
de repos, mais même de la loi des assolements. Les
principes nécessaires à la végétation semblent s'être à
ce point accumulés dans certains sols, dans des ter-
rains d’alluvion, par exemple, qu’on pourrait peut-être
indéfiniment leur demander de produire, et qu’elles
produiraient en abondance des récoltes épuisantes.
Mais dans la plupart des cas, il faut le reconnaître,
le cultivateur soigneux, alternant intelligemment les
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 643
cultures, n'aura pas besoin de la jachère pour main-
tenir son sol dans un heureux état de fertilité et de
production. C'est là la loi la plus ordinaire et ce qu'il
convient certainement de professer dans l'intérêt gé-
néral de l’agriculture.
M. de Caumont signale certaines terres du Calvados
où, depuis quelques années, on à constamment vu le
colza, se succédant invariablement à lui-même, donner
de très-belles récoltes. M. de Caumont a constaté le fait.
IL craïndrait cependant que si la même pratique se
continuait longtemps encore, la production n’en fût:
notablement diminuée. Et, bien que jusqu'à présent la
terre ait paru ne pas se révolter contre cette continuité
d'une même culture, il conseillera toujours aux culti-
vateurs qui ne voudront pas ruiner l'avenir du sol au
profit du présent, de ne pas persister dans cette voie.
Une particularité qui mérite d'être signalée, c’est
que les terrains dont il est ici question, ceux où le
colza à prospéré avec un égal avantage pendant plu-
sieurs années de suite, et où il semble, par conséquent,
qu'on pourrait le cultiver indéfiniment, ces terrains
portent des traces incontestables d'établissements ro-
mains. Ce sont des champs où à chaque pas se décou-
vrent des débris attestant d'une manière irréfragable
que les Romains ont habité là.
M. de Caumont demande si l’on trouverait dans ce
fait une explication des conditions spéciales de fertilité
dont ces champs paraissent doués.
Ici, j'ai à demander pardon d'attribuer dans ce
compte-rendu insuffisant une large place à l'opinion
que j'ai formulée moi-même en ce débat. J'ai toutefois
644 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
pour excuse la bienveillance avec laquelle le Congrès
voulut bien accueillir cette opinion, et lPexactitude
avec laquelle je n’efforce de reproduire, en substance
et sans accessoire, ce que j'ai dit à peu de chose près.
« En voyant, ai-je dit au Congrès, des hommes
d’une grande autorité dans le monde agronomique,
des hommes tels que M. Mabire, par exemple, justifier
le repos de la terre, préconiser la jachère et préférer
une terre longtemps sans culture aux terres longtemps
soumises à l'exploitation intelligente, il faut bien
admettre qu'il y a quelque chose de très-spécieux tout
au moins qui milite, au premier abord, en faveur du
système de la production agricole non continue.
» D'autre part, je ne saurais penser que la terre ait
des besoins inexplicables, encore moins des caprices.
La terre ne saurait avoir horreur de la production
continue, comme la nature, au dire des anciens, avait
horreur du vide. Il faut donc renoncer à soutenir que
les champs en culture veulent le repos par amour du
repos. On ne comprend pas davantage que des hommes
éminents, comme Thaer, aient pu donner au problème
qui nous occupe cette puérile explication de la sympa-
thie et de l'antipathie des plantes entre elles ; enfin, ül
n'est pas permis, ce me semble, de parler des excré-
tions des plantes, excrétions qui seraient délétères pour
des plantes similaires et favorables pour d’autres. A ce
compte, en effet, plus un froment, par exemple, aurait
été bel et bien venu une première année, plus il au-
rait, par conséquent, produit d’excrétions dans le sol,
et moins il serait possible d'en espérer un second sur
ce même sol. Ce serait là absolument tout le contraire
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 645
de ce qui se voit ; s'il arrive qu'on puisse s'affranchir
de la loi encore obscure qui force à alterner les ré-
colles, c’est bien sur les terres qui, par de riches pro-
ductions antérieures, ont attesté déjà qu’elles avaient
en elles-mêmes surabondance de force et de fécondité.
» Et cependant, quelle que soit l'explication qu'on
lui donne, il reste, de l’aveu de tout le monde, un fait
bien avéré : nous sommes {ous d'accord en ce point
que des récoltes identiques ou trop analogues ne peu-
vent se reproduire sans inconvénient sur le même sol
avant un laps de temps variable suivant les lieux et
suivant les plantes ; et qu’on aura beau fumer, mème
au-delà du nécessaire, il viendra toujours un moment
où la terre semblera se lasser, un moment où elle
exigera impérieusement soit le repos, soit l’alter-
nance.
» De là résulte donc, eu égard à l’état actuel de la
science, la loi impérieuse encore des assolements.
Mais si les assolements, si l'alternance donnent à la
terre le même soulagement et, si lon peut s'exprimer
ainsi, le même répit que la jachère, la jachère, con-
damnée par le double intérèt du producteur et du con-
sommateur, n’a certainement plus de raison d’être, et
il faut dire avec M. de Montreuil, avec M. Destourbet,
assolons bien, fumons beaucoup, et nous n’aurons pas
besoin de laisser la terre improductive.
» Ainsi, alternance de culture ou jachère, voilà deux
nécessités relatives de deux systèmes dont lun est évi-
demment supérieur à l’autre.
» Mais cette double nécessité démontrée, il faudrait
6:6 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
encore en rechercher le pourquoi. Ce pourquoi, le
voici, ce me semble :
» Chaque plante enlève à la terre des éléments de
ferulité spéciaux et spécialement indispensables à la
nutrition. Les unes plus, les autres moins, elles em-
pruntent aussi à l'atmosphère une portion des prin-
cipes alimentaires dent elles ont besoin.
» Mais quand elles ont absorbé dans le sol la totalité
ou la presque totalité de ce que le sol doit leur fournir
pour une végétation satisfaisante, il faudra évidem-
ment, ou restituer intégralement au sol ce qui lui
manque désormais, ou attendre que, par divers phé-
nomènes très-complexes, le sol se trouve reconstitué
dans sa valeur et son énergie primitive.
» Or, par les fumures ordinaires, on rend bien au
sol les principes azotés dont il a besoin, et il est pos-
sible de lui en rendre plus que le nécessaire ; mais si
cette opération ne suffit pas, il en faut bien conclure
que la restitution n’est pas complète encore. Que man-
quera-t-1l donc toujours ?
» Il manquera probablement les sels minéraux, les
principes alcalins reconnus aujourd'hui indispensables
à la végétation, et que l'analyse chimique découvre
seulement dans l'organisme des végétaux.
» À défaut de cette restitution, vous serez forcés
d'attendre que l'action des météores, brouillards,
pluies, neiges, gelées, rosées, etc., ait imprégné suf-
fisamment le sol des principes qu'il avait perdus. De là,
nécessité supposée du repos de la terre, nécessité sup-
posée de la jachère, etc. Mais si certaines cultures
secondent, favorisent, mettent énergiquement en œu-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES, 647
vre cette action des météores ; si certaines plantes
feuillues absorbent par aspiration et rendent au sol
les principes fertilisants que contient l'atmosphère, et
cela au profit des plantes qui doivent leur succéder,
voilà la nécessité de la jachère supprimée, et la loi des
assolements établie. Il faudra simplement alterner les
cultures, et la reconstitution du sol dans des conditions
favorables se fera plus rapidement même qu'avec le
paresseux concours de la jachère.
» Veut-on la preuve de ce qui précède ? la preuve
en est facile. M. de Montreuil a cité les cultures marai-
chères qui, à force de bons soins, de main-d'œuvre et
d'énergiques fumures, affranchissent pour ainsi dire
la terre, non-seulement de la nécessité du repos, mais
même de celle de l’alternement.
» Or n'est-il pas visible que, dans la culture des
jardins, les façons, pour ainsi parler, incessantes
mettent le sol en communication plus fréquente ou
plus prompte avec laction atmosphérique et que,
d'autre part, les engrais employés, pris la plupart du
temps dans les villes, contiennent en mélange de
hasard, des débris végétaux et animaux, où la matière
azotée surabonde, et en mème temps, comme indis-
pensable complément pour une production continue,
tous les sels minéraux, toutes les matières alcalines
fournies par les cendres, charrées, poussière de char-
bon ou de houille, par la suie, la chaux, le plâtre, les
plâtras, les salpêtres, et tous les détritus, et tous les
résidus des usines, fabriques, etc.
» Une autre preuve convaincante encore peut être
empruntée aux beaux travaux de M. Barral sur les
618 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
eaux de pluie, travaux bien connus de tout le monde.
En prouvant que les pluies saturent la terre d’une no-
table quantité de substances utiles à la végétation,
qu'elles servent de véhicule aux principes divers qui
sont en suspension épars dans l'atmosphère, qu'elles
recueillent au profit du sol les émanations du sol
même, celles de la mer, celles des grandes aggloméra-
tions urbaines, ete., M. Barral nous aide grandement à
comprendre comment, par le fait seul du temps, et
sans la participation de l’art agricole, les sols sont con-
stamment mais lentement rapprovisionnés, pour ainsi
dire, de leur richesse primitive ; comment, à défaut
d'art et de science agricole, le repos est souvent né-
cessaire à la terre; mais comment aussi la chimie de
l'homme pourrait intervenir utilement pour complé-
ter, activer ou suppléer cette chimie plus lente de la
nature, qui force à distancer entre elles les cultures et
à assoler, non pas au gré des besoins de la consom-
mation, mais au gré des besoins de la végétation.
» Enfin, le fait signalé par M. de Caumont, ces ré-
coltes successives et toujours belles de colza, obtenues
dans des champs où lon rencontre de nombreuses
traces d’un d'établissement romain, ce fait ne trouve-
rait-il pas encore ici une explication très-plausible ?
Les sels accumulés dans le sol par une agglomération
humaine qui a dû laisser des débris de toute sorte»
tuiles, briqueteries, poteries, chaux, plâtras, etc., et
les résidus cinéraires de nombreux foyers, et les dé-
tritus charbonneux de combustions de toute sorte, ne
suffiraient-ils pas à activer d’une manière presque iné-
puisable la végétation de la plante oléagineuse ?
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 649
» On sait, en effet, combien les principes alcalins
sont favorables au développement des crucifères ; on
sait que la cendre de ces végétaux en fournit à l'analyse
des proportions remarquables ;: pour que ces propor-
tions s’y retrouvent, 1l faut que les végétaux les aient
empruntées au sol, et, conséquemment, que le sol en
ait été richement pourvu. C'est ce qui paraît avoir in-
contestablement existé dans le cas signalé.
» De tout ce qui précède, il est peut-être maintenant
aisé de conciure.
» On connaît le débat prolongé qui a existé entre
les chimistes de l’école francaise et ceux de l’école
allemande.
» L'école allemande, épousant les théories exclusives
de M. Liebig, prétendait que les sels étant l'élément
huportant de la végétation, Vazote n'avait qu'un rôle
très-secondaire, et l’on a vu en Angleterre, M. Payen
nous le disait 1} y a peu de jours, des partisans de cette
doctrine faire brüler tous leurs fumiers pour n’en em-
ployer que les cendres. Les résultats ont été naturelle-
went pou satisfaisants. L'ancienne école française, de
son côté, nappréciait peut-être pas suffisamment la
valeur et l'action des substances salines ; elle montrait
aux cultivateurs la production à peu près exclusive des
fumiers de ferme comme le grand desideratum de
l'asriculture. La vérité est entre ces deux opinions
également incomplètes. Si le fumier azoté faisait tout
en culture, le repos (la jachère), comme l'alternance
des assolements, serait, il faut le redire, bien inutile,
eten fumant beaucoup on pourrait récolter toujours.
S1 les sels étaient seuls indispensables à la végétation,
650 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
les substances azotées ne produiraient pas les remar-
quables effets que la culture en obtient. Done, des fu-
miers chimiquement traités, additionnés de substances
salines, voilà la nourriture normale des plantes; la
notion scientifique des combinaisons à réaliser dans
le traitement des fumiers, voilà le problème à élucider
désormais.
» Sous ce rapport, l'étude des plantes est digne de
tout l'intérêt de la science. L'analyse des végétaux doit
dire ce qui est indispensable ou utile à leur développe-
ment ; l’art agricole perfectionné consistera ensuite
à leur administrer la nourriture spéciale qui leur con-
vient. Cette hygiène de chaque production, une fois
bien connue, permettra certainement de supprimer la
jachère et de s'affranchir souvent des règles les plus
gènantes de l'alternance des cultures.
» Ge serait sans doute ici le cas de rappeler que
le Congrès avait antérieurement émis le vœu qu'un
Manuel contenant l'analyse exacte des végétaux le plus
généralement cultivés, et le traitement particulier des
engrais qui devraient être affectés à chacun de ces
végétaux, füt prochainement rédigé et rapidement
répandu.
» En renouvelant ce vœu, en s’efforçant d'en hâter
la réalisation, le Congrès fera certainement chose utile;
il aidera à pousser la production agricole dans une voie
progressive ; il facilitera, dans le sens le plus avanta-
geux à la consommation générale, la solution du pro-
blème posé par la question de son programme; il
luttera enfin d’une façon, il faut espérer, victorieuse,
contre cette théorie de la jachère qui, si elle peut en-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 651
core se justifier exceptionnellement dans l’état actuel
de la science, ne saurait se soutenir du jour où la
spécialisation des engrais, du jour où leur appropria-
tion rationnelle à chaque culture et les additions chi-
miques qu'on pourrait y faire, le fout combiné avec
une judicieuse succession des produits, améliorerait et
reposerait la terre au milieu même d'une activité con-
tinuelle et de plus en plus féconde, »
M. de Caumont adhère à lopinion qui vient d’être
exprimée, et croit que c'est dans ce sens qu'il faut
chercher la solution de la question proposée.
M. Gomard explique comment, après avoir, accepté,
sur la demande du Congrès, en 1854, la mission de
rédiger, de concert avec M. de Sussex, le Manuel dont
il vient d'être parlé, il n’a pu, malgré tout son bon
vouloir, exécuter encore ce travail. Les occupations
multipliées de M. de Sussex, qui, comme on le sait,
est aujourd’hui à la tête de l'immense manufacture de
produits chimiques de Javelle, lui permettront sans
doute difficilement de trouver en ce moment le loisir
nécessaire pour cette publication. M. Gomard, en ce
qui le concerne et malgré ses nombreuses occupations
personnelles, n'en resterait pas moins toujours dis-
posé à réaliser le vœu du Congrès, dès que M. de
Sussex se croirait en mesure de lui donner sa colla-
boration.
IV
Je regrette maintenant de ne pouvoir reproduire
avec les mèmes détails les précieuses communications
652 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
de MM. Geoffroy Saint-Hilaire, Guérin-Menneville, etc.,
sur les tentatives, en partie couronnées de succès,
d’acclimatation d'animaux nouveaux, d'introduction
de végétaux non encore cultivés en France, ou de
nouveaux insectes dont les cotons peuvent donner
un produit textile important. Mais, circonserit par
l'espace, je préfère, je le répète, donner un développe-
ment plus complet à celles des questions traitées pen-
dant le Congrès, qui ont besoin d'être étudiées dans
leur ensemble et qui peuvent avoir pour nous, pour
l'utile instruction du ‘pays, pour le succès des tenta-
tives qui y sont en cours d'exécution, une utilité
immédiate.
A ce point de vue, j'ai dû me pénétrer des notions
essentiellement pratiques fournies dans le Congrès sur
la pisciculture.
Après avoir déjà recueilli d’utiles renseignements
sur l’état actuel de cette nouvelle branche d'industrie
dans les diverses régions de la France, après avoir
entendu notamment un pisciculteur expérimenté du
Loiret, M. Quenard, exposer de bonnes idées pratiques
sur les moyens d'accroître considérablement la pro-
duction du poisson en favorisant simplement la fraie
naturelle, et en mettant le jeune poisson dans des
conditions convenables à son entretien comme à son
développement, le Congrès a encore repris cette im-
portante question dans son ensemble ; et dans une
séance spéciale, M. Millet a bier: voulu se charger de la
traiter tout entière, en résumant surtout les progrès
accomplis dans le courant de l’année.
M. Millet rappelle tout d'abord que, l'année dernière,
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 653
il avait fait connaître au Congrès les méthodes plus ou
moins concordantes et les procédés, selon lui, préfé-
rables de la pisciculture. Cette année, il doit se borner
à produire les faits nouveaux, les notions nouvelle-
ment acquises.
La pisciculture, c'est la culture des eaux ; elle a pour
but, sous toutes les formes et dans sa généralité, la
production du poisson. La fécondation artificielle n'est
done pas à elle seule la pisciculture ; tous les moyens,
artificiels ou naturels, de favoriser la multiplication,
l'entretien, le développement des sujets, le choix et la
production des bonnes espèces, en un mot lempois-
sonnement le plus fructueux des cours d’eau et la con-
servation du poisson ainsi multiplié, tout cela rentre
dans la pisciculture et constitue la science du pisci-
culteur.
La première condition de tout système appelé à
rendre des services en cette matière, c’est l'étude des
habitudes et des mœurs du poisson, notamment à la
ponte. Mais avant d'en décrire quelque chose, il est
bon de se fixer sur la valeur de quelques-uns des
termes à employer. Ce genre d’études est encore si
nouveau sous plusieurs rapports, que la signification
des mots pourrait n'être pas toujours également com-
prise.
La fraie, c’est l'opération tout entière de la repro-
duction du poisson, comprenant en même temps la
ponte, la fécondation, l'incubation et l’éclosion.
Le frai, c’est le premier produit de la ponte, c’est
l'œuf fécondé.
La frayère, naturelle ou artificielle, c’est le lieu où
65% CONGRÉS DES DÉLÉGUÉS
s'accomplissent la ponte, la fécondation, etc. On peut
disposer des /rayères artificielles pour y favoriser la
ponte, la fécondation et l'éclosion naturelles ; ce pro-
cédé sera, dans bien des cas, employé préférablement
à tout autre.
La fraie naturelle est subordonnée, quant à l'époque
où elle s'accomplit, à la température des eaux ; leur
composition chimique n’a qu'une influence tout à fait
secondaire. — Lorsque le poisson est en pleine fraie,
si la température s’abaisse, la fraie se trouve immédia-
tement suspendue.
Il y a deux ans, au mois de juin, par une tempéra-
ture de 25 degrés, les carpes avaient commencé de
frayer. La température descendue à 16 ou 17 degrés,
elles cessèrent aussitôt de frayer.
Pour le saumon, au contraire, pour la truite ou
l'ombre, 23 ou 24 degrés sont une température beau-
coup trop élevée.
Dans les opérations de pisciculture, il faut done tenir
grandement compte des conditions de température.
Beaucoup d’insuceès s'expliquent par l'oubli ou l'igno-
rance de ce principe capital.
Si la truite fraye par un temps trop chaud, la cha-
leur tue ses œufs. Pour la carpe, au contraire, c’est le
froid qui les fait périr.
La première distinction à établir est celle qui sépare
les poissons en poissons migrateurs et non migrateurs.
La truite, le saumon, l’ombre-chevalier, le ferrat,
toute la famille des salinonides, appartiennent à la
catégorie des poissons migrateurs. Le saumon, la
truite saumonée de mer, ne peuvent frayer dans l'eau
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 655
salée. L'eau salée détruit le germe de l'œuf, et de plus
elle entrave par sa pesanteur le mouvement des sper-
matozoides.
Or ce mouvement est indispensable à la féconda-
tion. On sait, en effet, ce qui se passe : la femelle lâcie
ses œufs, le mâle les imprègne de laïtance. La laitance
n’a de fécondité qu'autant que les molécules vivantes,
ou spermatozoïdes, sont encore en mouvement. MM. de
Quatrefages et Millet-ont constaté que ce mouvement
ne dure pas plus de trente secondes. C’est dans ce
court intervalle que le contact de la laitance et des
œufs doit avoir lieu.
Le saumon, la truite, etc., eu égard à la délicatesse
et à la susceptibilité des œufs et des molécules de la
laitance, ne peuvent donc frayer à la mer ; voilà com-
ment s'explique lémigration de ces poissons.
De plus, cette mème famille des salmonides recher-
che des conditions toutes spéciales dans les eaux. Des
eaux troubles, vaseuses, rendent la fécondation diffi-
cile et gènent l’éclosion. La truite, le saumon recher-
chent des eaux limpides qui leur sont indispensables.
Dans la fécondation artificielle, ces indications doi-
vent par conséquent être exactement suivies. L'œuvre
de l’homme doit, autant que possible, imiter la nature
qu'elle tend à suppléer. Il faut à cette même famille
une température au-dessous de 10 degrés, de 4 à 6 de-
grés par exemple, et des eaux pures. C’est pour trouver
ces eaux que les migrateurs remontent à proximité
des sources. Là, ils exigent encore pour frayer, un
lit de cailloux, de pierres ou de gros graviers.
Voici comment opère la truite :
656 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
La femelle creuse dans le sable et les graviers des
trous plus où moins profonds. Elle se place ensuite
contre le courant, en avant de cette espèce de nid,
plus ou moins, suivant que le courant est plus ou
moins rapide ; en s’aidant d’un léger frottement contre
le gravier, elle évacue ses œufs. Les œufs, entraînés
par le courant, vont tomber dans le trou préparé. Le
mâle se hâte de les féconder au passage par quelques
gouttes de laitance. Alors les œufs fécondés se dé-
posent d'eux-mêmes au fond du nid, et la femelle les
recouvre avec les graviers qu’elle en avait extraits.
Jamais tous les œufs ne sont placés dans le même trou.
Plusieurs nids, et à plusieurs jours d'intervalle, reçei-
vent la ponte d’une même femelle.
Dans la frayère artificielle, il est facile d’imiter ces
procédés naturels. Or, pour arriver à de grands et
sérieux résultats d'empoissonnement, il faudrait ob-
tenir la fraie naturelle dans des frayères artificielles.
La fécondation artificielle, il faut le répéter, est bien
moins avantageuse, et devrait être exclusivement ré-
servée pour des cas exceptionnels, tels que lintro-
duction d'espèces ou de variétés nouvelles, quand le
poisson lui-mème ne peut pas être transporté et que
les œufs peuvent l'être.
Rien de plus simple d’ailleurs à re qu'une frayère
artificielle. Il suffit de mettre dans les eaux où il n’y en
a pas, des pierres, des cailloux, etc., et d’y introduire
le poisson prêt à frayer. M. Millet à fait frayer des
truites dans des fossés de tourbières en y jetant quel-
ques brouettées de graviers. M. de Vibraye a procédé
de même. Il est donc facile d'opérer ainsi.
Ft —
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 657
IL est bien entendu que ces indications s'appliquent
aux poissons dont les œufs sont déposés sur le sol et y
restent libres de toute adhérence. Pour ceux dont les
œufs doivent se fixer en adhérant quelque part, il faut
procéder äutrement. Aux uns les graviers, les cailloux,
les pierres; pour les autres des gazons, des brin-
dilles, etc.; pour tous enfin limitation la plus parfaite
que possible des procédés naturels.
L'étude des faits qui concernent la truite, ke sau-
mon, etc., a mis sur la voie d'importantes consé-
quences.
Puisque ces poissons enterrent soigneusement leurs
œufs, la lumière n’est pas nécessaire à l'incubation.
Mais l'observation à prouvé plus encore. Il résulte de
nombreuses expériences, que la lumière, que l'action
du soleil tuent les œufs. M. de Tocqueville a devers lui
des faits entièrement concordants avec les indications
de M. Millet. 4,000 œufs d'une même truite avaient été
convenablement fécondés. 2,000 ont été mis en pleine
lumière, 2,000 ont été soigneusement recouverts. Du
16 au 2! mars dernier, par un temps constamment
obscur, dans le tamis ne 1 (les œufs exposés à l’action
du jour), 1,463 œufs ont été perdus; dans le tamis
ne ?, 33 seulement ont péri. M. Millet a prédit que des
premiers il ne resterait pas un. — Et l’action destruc-
tive de la lumière, sous ce rapport, est indépendante
de la chaleur. Par les temps les plus froids du mois de
janvier, des œufs à découvert ont péri, tandis que les
autres se conservaient malgré l'élévation progressive
de la température,
C'est là le fait capital acquis à la pisciculture dans le
TOME XX. #2
638 CONGRÈS. DES DÉLÉGUÉS
courant de cette année. Il explique, on peut le répéter,
la plupart des mécomptes et des échecs des expérimen-
tateurs.
On comprend qu'il ne $'agit toujours ici que des
poissons qui enterrent les œufs. L'action de la lumière
n'exerce aucune influence sur ceux qui les déposent
adhérents sur les herbes du bord des eaux.
M. Millet continue son exposé en expliquant les per-
fectionnements apportés depuis l’année dernière aux
appareils d'éclosion dont il se sert et qu'il avait déjà
fait connaitre à la session précédente. M. Millet fait
peu de fonds sur les éclosions obtenues dans les labo-
ratoires; si l’on veut de la pratique sérieuse et fruc-
tueuse, il faut opérer dans } s eaux naturelles et sur
place. M. Millet se sert de tamis doubles dont le pour-
tour est en bois et les fonds en toile galvanisée. Les
toiles ordinaires où étamées se détériorent. L'emploi
de deux métaux différents, le zine et le cuivre par
exemple, est à éviter ; il peut donner lieu à des phé-
nomènes électriques nuisibles. Il faut donner aux ta-
mis plus où moins d’eau, les laisser flotter plus ou
moins submergés, suivant les périodes. Pendant l'in-
eubation, il faut que le tamis soit un peu sous l’eau;
après l’éclosion, il faut graduellement rapprocher le
jeune poisson de la surface. Avec des tamis simples, les
insectes ou les crevettes viennent quelquefois attaquer
l'œuf ou le jeune poisson. Les tamis doubles ont pour
objet d’obvier à ce danger. On peut les organiser en
radeau, en leur donnant le degré de submersion con-
venable.
Contrairement à ce qui a été dit quelquefois, le mou-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 659
vement n’est jamais nécessaire aux œufs pendant l’in-
cubation, et il peut avoir de grands inconvénients à
certaines périodes. IL gène alors le développement de
l'embryon dans l'œuf. Il ne faut done jamais tenter de
nettoyer les œufs avec un pinceau ou avec une plume.
Il est mauvais de les toucher d'une façon quelconque.
L’éclosion peut ètre compromise et, en tout cas, on
risque de provoquer des difformités considérables.
Une éclosion tout entière, qui avait été remuée, donna
à M. Millet de jeunes poissons tout contrefaits. I ne
faut donc ni remuer ni ballotter les œufs. S'il y en a
de blancs, on peut, avec beaucoun de précautions, les
enlever à l’aide d’une pince, mais en évitant de toucher
les autres. D'ailleurs, dans les eaux à basse temptra-
ture, aucun nettoyage n'est utile. La moisissure est
lente, et le voisinage d’un œuf gàté n’a rien de délé-
tère pour les œufs qui l'entourent.
Pour mettre à couvert les œufs qui doivent rester
abrités, tous les procédés sont bons. On peut recouvrir
les tamis avec des plantes aquatiques, ou bien avoir
des couvereles soit en zinc soit en bois. Mème après
léclosion, il conviendra de laisser le jeune poisson,
qui est très-sensible, sous son abri; mais après un
mois ou six semaines, on lui donnera de l'air et du
jour.
M. Millet fait ensuite passer sous les yeux des mem-
bres du Congrès de jeunes poissons artificiellement
éclos, de différents âges. Les uns ont encore tout en-
tière la vésicule ombilicale ; chez d’autres elle a à peu
près ou tout à fait disparu.
La vésicule a une fonction importante qu'il convient
660 CONCRÈS DES DÉLÉGUÉS
de signaler : elle sert à alimenter le jeune poisson
pendant six semaines ou deux mois.
La vésicule se réduit graduellement à des propor-
tions très-minimes ; on est de la sorte averti du mo-
ment où le poisson a besoin d’être nourri.
Sous ce rapport, M. Millet est en dissentiment avec
la plupart des pisciculteurs. On à eru généralement
qu'il fallait nourrir le jeune poisson presque immédia-
tement après l'éclosion, et bien avant qu'on ne düt le
disséminer définitivement dans les eaux auxquelles on
le destine.
On se demandait alors quels aliments seraient plus
convenables. On proposait la viande hachée, pilée,
râclée, le sang, etc. C’étaient là des dépenses et beau-
coup de soins tout au moins inutiles. Tant que le
poisson a la vésicule apparente, elle subvient à son
alimentation, et le poisson n'a besoin de rien. Il trou-
verait d’ailleurs plus que ce qu'il lui faudrait, et les
eaux naturelles lui fourniraicnt surabondamment la
nourriture la mieux appropriée à son àge, celle qu'il
eût trouvée à sa portée après une éclosion ordinaire.
Les eaux tiennent en suspension des matières tenues,
matières organiques végétales où animales, larves de
toute sorte, etc., dont le poisson s’alimentera tout
d’abord. M. Millet n’est donc point partisan de l’'aména-
gement du poissson dans des réservoirs successifs.
Quand la vésicule à disparu, il faut le disséminer et le
livrer à lui-même. Trop de soins, trop de sollicitude
de la part de l’éleveur, rendront le jeune poisson pa-
resseux, incapable de se suffire, incapable de se sous-
——-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 661
traire aux attaques de ses ennemis. La nourriture arti-
ficielle ne peut donc avoir que des inconvénients.
Que si, après la dissémination, on suppose la nour-
riture naturelle fournie par les eaux trop insuffisante,
il faut multiplier artificiellement si l’on veut, mais
suivant les indications de la nature, les nourritures
naturelles du poisson. Rien de plus facile que de faire
pulluler dans des frayères spéciales, le véron, la loche,
le goujon, le caveau.
Les coquillages, les finnées, les planors, les herma-
phrodites, enfin le frai de grenouille surabondant
dans les marais et les mares, et qu'on peut multiplier
pour ainsi dire à volonté, seront d’immanquables res-
sources.
Resterait à étudier la question dacclimatation des
espèces nouvelles. Mais avant de s'en préoccuper,
M. Millet croit qu'il est bien préférable de travailler à
la propagation des espèces de qualité supérieure que
nous possédons déjà. Nous avons d'excellentes variétés
de saumon, de truite ; lombre-chevalier, le ferrat in-
digène sont aussi très-recommandables.
Dans les qualités moins recherchées, le barbeau, le
brochet, la carpe méritent encore d’être grandement
multipliés. On a parlé d’acelimater dans nos eaux le
saumon du Danube, c’est là une tentative dont le ré-
sultat est incertain; et puis, comme qualité, ce sau-
mon est bien inférieur au nôtre, sa chair est blanche,
il ne devient enfin si gros que par une dévastation
effroyable. Ce serait donc un produit toujours très-
dispendieux.
662 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
Ainsi, conservons avant tout et multiplions d'abord
les bonnes espèces que nous avons sous la main.
Quant aux teniatives d'acclimatation qu'on persiste-
rait à faire, rien de plus facile aujourd'hui que le
transport des œufs. En alternant, dans des boîtes
plates, une couche de linge mouillé ou de mousse
humide et une couche d'œufs, et en superposant ainsi
les couches les unes aux autres, on peut expédier les
œufs aux plus grandes distances.
M. Millet a reçu des œufs de truite du lac Huron,
venus en trente-cinq jours de Boston, par l'Angleterre.
Expédiés immédiatement après la fécondation, dans
une boîte de cigarres, avec du linge et de la mousse
humide, l’incubation s'était en partie effectuée durant
le trajet. À l'ouverture de la boîte, les veux étaient
déjà visibles dans l'œuf.
Rien ne s'oppose donc à ce que, désormais, des œufs
vivants arrivent en bon état d’un bout du monde à
l'autre.
Après cet exposé lumineux, qui a excité au plus
haut degré l'intérêt de l'assemblée, M. Millet appelle
l'attention du Congrès sur les mesures règlementaires
qu'il importerait, selon lui, de recommander, soit aux
conseils généraux, soit à l'autorité supérieure.
Nous n’entrerons pas dans le détail du système com-
plet de règlementation administrative demandé par
M. Millet.
Nous croyons, nous, que ce n'est pas la législation
qui est insuffisante, mais hien la surveillance et la ré-
pression. Puisque tous les jours s’accomplissent à peu
près sans danger des contraventions, des délits, des
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 663
dévastations que la loi actuelle punit très-sévèrement
en principe ; puisque lempoisonnement des rivières
par la coque ou la chaux, puisque la pêche en temps
prohibé ou sur des propriétés non publiques sont
chaque jour visiblement impunis, ce n’est pas la loi
qui fait défaut, c’est l'application de Ia loi. Et la loi
restera forcément inappliquée, forcément inapplica-
ble, tant que l’organisation des agents de surveillance
restera aussi défectueuse.
Nous estimons donc qu'une surveillance rigoureuse,
intelligente, efficace, telle, par exemple, que pourrait
l'assurer une meilleure organisation de la police ru-
rale, par l’embrigadement des gardes-champètres, ete.,
suffirait à donner des garanties à peu près infaillibles
au repeuplement de nos cours d'eau, et mettrait ainsi
le pays en mesure de jouir, dans un temps prochain,
du bienfait des conquêtes récentes de la science.
Cette opinion a eu l'assentiment du Congrès, qui,
sans vouloir aborder l'examen complet de toutes les
mesures proposées pour assurer la conservation du
poisson et l'avenir de la pisciculture, s'est borné à
appeler l'attention de l'autorité sur les désordres graves
dont les cours d’eau sont le théâtre, en demandant la
répression sérieuse des délits de pèche et l'application
sévère de la législation existante.
Pour ne pas donner à ce travail trop imparfait des
proportions complètement insolites, je me vois encore
\
664 CONCRÈS DES DÉLÉGUÉS
forcé de passer sous silence plusieurs questions d’ar-
chéologie, de sciences ou d'art d’un intérêt cependant
incontestable. Mais je ne puis du moins omettre de
vous parler de la communication que vous m'aviez
donné mission de faire au milieu de la réunion des
délégués des Sociétés savantes, relativement à la
22e session du Congrès scientifique qui doit se tenir
au Puy. Vous me permettrez donc de reproduire ici
l'appel que j'ai fait en votre nom dans la dernière
séance, et vous comprendrez aussi que je tienn:: à vous
dire combien cet appel a rencontré de sympathies
dont je dois naturellement vous rapporter tout l'hon-
neur :
« Messieurs, disais-je quelques instants avant la
clôture de nos réunions, malgré limportance des
communications qu’il vous reste à entendre, vous me
permettrez certainement de profiter de cette dernière
réunion pour vous adresser à fous, où mieux, pour
vous transmettre une invitation que le pays au nom
duquel j'ai l'honneur de parler ne saurait faire jamais
trop étendue ni trop pressante.
» Vous le savez, Messieurs, à Arras, la ville du Puy
a été choisie pour être le siège du Congrès scientifique
de France en 1855. C’est donc au Puy, et le 10 sep-
tembre prochain, que doit s'ouvrir le 22e session des
grands Congrès généraux.
» Et c’est au nom de la ville du Puy comme du dé-
partement de la Haute-Loire tout entier, au nom de
M. de Brive, président de la Société académique du
Puy, secrétaire général désigné du Congrès ; au nom
des deux secrétaires généraux qu'il a dù s’adjoindre,
DÉS SOCIËTÉS SAVANTES. 665
M. Aymard et moi; c’est, enfin, comme délégué d'une
Société dont l'esprit et les travaux sont si honorable-
ment appréciés dans cette assemblée, que je voudrais
être assez bien inspiré pour vous déterminer à prendre,
dès à présent, dès ici mème, la bonne résolution de
venir en grand nombre, de venir tous ou presque tous
donner au Congrès du Puy l’affluence et Féclat.
» Ici, Messieurs, vous le sentez, j'ai un premier
devoir à remplir. Je dois adresser tout d’abord de vifs
remereciments à notre honorable directeur, à lillustre
promoteur des Congrès de France, au dévoué M. de
Caumont, qui à bien voulu, devant le Congrès d'Arras,
témoigner en faveur de la ville du Puy, et se porter
garant de la valeur de nos efforts.
» Cela dit, Messieurs, permettez-moi quelques mots
encore.
» Ge iest pas à vous qu'il serait nécessaire, et ce
n'est pas à moi qu'il appartiendrait de dire ce que
sont, ce que valent les Congrès.
» Tous vous comprenez, vous appréciez, vous aimez
ceite institution féconde ; tous vous êtes dévoués à
cette propagande vivante qui va semant partout et
pour tous la pensée des maitres du savoir ; qui nous
donne ici pour auditeurs, ef pour initiateurs à leurs
magnifiques travaux, les plus illustres savants du
monde ; qui crée, au profit de chacun, des relations,
des amitiés, des intimités même dont le prix est si
bien senti, qui assurera enfin au plus isolé, au plus re-
légué loin des centres d’études et de lumières, d’utiles
auxiliaires et de précieux correspondants dans toutes
les spécialités. Tous vous comprenez, vous appréciez,
666 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
vous aimez, je le répète, vous aimez les Congrès, leur
esprit et leur œuvre, leur présent et leur avenir, ce
qu'ils ont fait, ce qu'ils font, ce qu'ils feront encore.
Tous vous jugez, en un mot, quel honneur c'est à une
cité d’avoir été choisie pour servir de forum à ces
mémorables assises de la science.
» Eh bien, Messieurs, la ville du Pur était-elle tout
à fait sans titre pour prétendre à un si honorable pri-
vilège ? Sans doute, si l’on compare son importance
actuelle à l'importance d'autres villes qui ont été anté-
rieurement le siège des Congrès, le Puy ne pourra que
perdre à cette comparaison ; mais si vous permettiez à
mon patriotisme d'évoquer quelques souvenirs histo-
riques, j'étonnerais peut-être un grand nombre d’entre
vous en disant ici ce que fut autrefois le pays négligé,
oublié, dédaigné dont je parle en ce moment, et quels
beaux souvenirs de gloire il lui reste au moins dans
sa décadence.
» Le Puy à eu jadis ses jours d'illustration et d'hon-
neur. À l'ombre de son antique cathédrale, sous le
patronage du cuite toujours célèbre et toujours vénéré
de Notre-Dame du Puy, toute une civilisation remar-
quable est éclose; et grâce au prestige religieux, grâce
aux pèlerinages qui amenaient dans nos murs les
papes, les empereurs, les rois, toutes les majestés,
toutes les grandeurs, une foule de belles institutions,
religieuses ou littéraires, et de grands monuments, et
de mémorables assemblées, université, monastères,
abbayes, conciles, et dans un autre ordre d'idées, les
cours d'amour, les tournois, les joûtes de la gaie
rs
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 667
science, firent longtemps à notre ville du Puy, à l'an-
tique Anicium, une renommée toute particulière.
» Depuis Charlemagne jusqu'à François Ier, sans
omettre Philippe-Auguste, saint Louis, Charles VIT,
Louis XI, etc., ce fut presque une des traditions de la
vieille monarchie française, que les rois de France
vinssent prosterner leur front couronné devant l'autel
de la Vierge du mont Anis.
» Alors, Messieurs, et durant une longue période six
et sept fois séculaire, les solennités religieuses et litté-
raires, le grand jubilé spécial de Notre-Dame du Puy,
les faveurs éclatantes et continues de la royauté, mirent
le Puy à son rang, à un rang vraiment digne d'envie
parmi les cités de renom. Alors aussi le Puy n’eût pas
eu besoin qu'on expliquät longuement en quoi il
n'était pas indigne de réunir quelques jours dans son
sein les représentants de tous les savoirs.
» Mais si j'insiste sur c2s souvenirs des vieux temps
avec une complaisance que le patriotisme de chacun
de vous excuse, c’est qu'il ne peut échapper au Congrès
qu'un tel passé à dû laisser dans les monuments, dans
toutes les créations de l'art religieux surtout, d’inté-
ressants vestiges.
» Or, comme par une heureuse coïncidence, loccu-
pation romaine avat antérieurement déjà marqué
d'une facon durable et dans de vastes monuments, la
date de son passage sur l’ancien Velay, il est facile de
comprendre combien en ce pays l'artiste, l'érudit, le
patient explorateur de toutes les antiquités, peuvent
trouver leur compte. — Voilà pour l'archéologie.
668 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
» En ce qui touche la géologie, j'ai le regret d’être
trop complètement dénué de toute compétence pour
vous dire quelle mine inépuisable est ouverte dans la
Haute-Loire aux investigations des savants. Mais il
suffit d'ouvrir le premier ouvrage moderne, depuis Ics
grandes œuvres de Cuvier jusqu’à nos jours, pour voir
quelle place appartient au Velay dans les grandes dé-
couvertes de la paléontologie, et pour s'assurer en
même temps qu'il y a au Puy, dans le fond d’une pro-
vince obscure, des hommes dont le mérite scientifique
est-à la mesure de ce vaste domaine livré à leurs
études, des hommes dignes, en un mot, d’être les dé-
monstrateurs et les commentateurs des richesses scien-
tifiques du pays qu'ils honorent. ;
» En ce qui concerne l’agriculture, Messieurs, j'ai
sans doute un aveu pénible à faire maintenant. Sauf
des exceptions dignes d’être notées, agriculture de la
Haute-Loire laisse beaucoup à désirer encore. IT ne
sera pourtant pas sans intérêt, mème pour ceux d’entre
vous qui appartiennent aux régions les mieux culti-
vées, de prendre pour ainsi dire presque sur le fait les
pratiques souvent justifiables, au point de vue des né-
cessités locales, d’une agriculture primitive. D'autre
part, sous le rapport des irrigations, par exemple, la
patience et l'instinct de nos humbles campagnards ont
réalisé de véritables tours de force, et il se pourrait,
de la sorte, que tout au moins quelques particularités
locales vous parussent mériter d'être observées et
ailleurs imitées.
» Enfin, les hommes spéciaux eux-mèmes parmi
vous ignorent certaimement jusqu'au nom d’une race
-
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 669
de bêtes à cornes de nos montagnes, de la race du
Mezenc, qui, eu égard à sa triple aptitude pour le tra
vail, la production laitière et l’engraissement, nous
paraîtrait répondre avec grand avantage aux triples
besoins de notre pays et de tous ceux qui sont dans
des conditions analogues. Cette race, nous serons heu-
reux de fournir au Congrès l’occasion de la juger. Ge
sera à lui de juger également l’ensemble des efforts, le
plus souvent heureux, tentés depuis quelques années
pour donner au progrès agricole en général une im-
pulsion féconde.
» Au point de vue pittoresque, enfin, pour l'artiste
et le touriste, pour l'amateur et le peintre de paysages,
les sites de notre pays auront aussi leur attrait. Si ceux
de Messieurs les membres du Congrès qui connaissent
déjà la Haute-Loire ont bien voulu m'assurer eux-
mêmes que leur vif désir était d’y revenir, ve sera là,
sans doute, la meilleure recommandation auprès des
autres qui ne la connaissent pas ; je pourrais invoquer
ici plus d'un bon témoignage, comme je pourrais citer
les œuvres d'un grand nombre d'artistes illustres qui
ne furent jamais mieux inspirés que par les paysages
de la Haute-Loire. N'est-ce pas là, par exemple, que
Thuiliier a rencontré l'idéal qui convenait à son talent
si élevé, si poétique et si profondément imprégné de
sentiment? Aligny, revenant de la Grèce dont il avait
si bien traduit la grandeur toute pleine d’immortels
souvenirs, ne se lassait pas d'admirer les horizons si
harmonieux e! si variés de nos montagnes du Velay :
« Nulle part, me disait-il il y a déjà bien longtemps à
moi-même, nulle part je n'ai rencontré des contrastes
670 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
et des harmonies plus accessibles à la peinture, mieux
résumés dans un cadre saisissable et cependant com-
plet. » |
» Tels sort, Messieurs, les éléments matériels qui
peuvent contribuer à donner au Congrès du Puy un
attrait varié, et stimuler vivement la curiosité, l’inté-
rèt, le zèle d’un grand nombre.
» Telest, dis-je, le mérite des choses. Votre bien-
veillance m'encourage à continuer encore et à vous
dire maintenant quel concours il est permis d'attendre
des hommes. lei, Messieurs, je ne m’aventure aucune-
ment en affirmant que les sommités, les notabilités du
pays comme la population entière, sont également
dévouées au succès de la solennité intellectuelle qui se
prépare. — Mgr de Morlhon, notre digne évèque, a
déjà donnésà la Société académique du Puy d'assez
visibles témoignages pour qu'ils nous soient un encou-
ragement toujours puissant. S’associant lui-même à
nos manifestations publiques, à la dernière séance
extraordinaire de la Société, Monseigneur nous assurait
éloquemment de son précieux bon vouloir. Les nobles
paroles du prélat nous sont un gage non douteux, et
ce haut patronage ne saurait nous faire défaut au mo-
ment du Congrès.
» Sous de tels auspices, le clergé du diocèse, qui
compte dans nos rangs académiques bon nombre de
ses membres les plus distingués, se prépare à payer
largement et dignement sa dette de savoir et d'études.
» D'autre part, M. de Chevremont, préfet de la Haute-
Loire, dont le nom et les éminentes facultés sont
connus de plusieurs d’entre vous, se fera certainement
a
a —
DES SOCIÈTÉS SAVANTES. o7i
honneur de marcher, comme il en est digne, à la tête
de ce mouvement de progrès et de ferveur intellec-
tuelle que doivent provoquer, dans le département de Ja
Haute-Loire, l'approche et l'avènement du Congrès. La
municipalité, le magistrat sympathique et dévoué en
qui la ville aime à se personnifier, M. Badon, maire du
Puy, s’associera, nous le savons, de tout cœur aux
mêmes dispositions.
La Société académique, de son côté, aura certaine-
ment à considérer comme une belle tâche et un impé-
rieux devoir de justifier la bonne opinion tant de fois
exprimée en sa faveur dans le sein des Congrès. Il ne
m'appartient de louer devant vous ni l'ensemble de ses
travaux, ni ses tendances toujours plus actives ; j'ai
seulement le droit de constater que, sous la présidence
successive de MM. Arnaud ainé, Bertrand de Doue,
Calemard de Lafayette père, cette Société avait déjà
jeté dans le pays de vigoureuses racines, et qu'aujour-
d'hui enfin, sous lhabile et infatigable direction de
M. de Brive, elle arrive à représenter un effort intel-
lectuel, une action progressive dont, toutes proportions
gardées, on trouverait peut-être difficilement ailleurs
le précédent ou l'exemple. — Par son organisation
mème, par les nombreux correspondants qu'elle s’est
donnés sur tous les points du département, pour elle
l'isolement n’est jamais à craindre. Elle à, partout dans
le pays, l'écho de sa parole, le réflecteur de son foyer
lumineux ; si bien qu'aux jours du Congrès, elle assure
aux maîtres de la science qui nous feront l'honneur de
s'asseoir parmi nous, non-seulement quelques disciples
épris d’une spécialité scientifique quelconque, mais
672 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
encore et en tout, un auditoire empressé, nombreux,
avide de voir et d'apprendre.
» Voilà ce qu’il est permis de promettre au nom de
la ville du Puy. Elle aura, je le sais, sauf les exceptions
que je n'ai pas le droit de signaler, plus de bonnes in-
tentions, sans doute, que de mérites éclatants à pro-
duire. Mais ce que j'ai dit peut suffire à montrer qu’en
elle sont les ressources nécessaires pour constituer un
Congrès de réelle valeur, et qu’elle est, en outre, en
mesure d'en recueillir aussi bien que d’en apprécier le
bienfait.
» Vous parlerai-je maintenant des projets qu’elle
caresse avec amour ou ferveur? C'était aux applat-
dissements de l'assemblée que mon prédécesseur en-
tretenait le Congrès, l'année dernière, de cette magni-
tique pensée d’une statue gigantesque de la Vierge,
qui doit se dresser un jour, prochainement, nous
lespérons, sur le pittoresque rocher de Corneille. Dans
un site unique, sur une hauteur où la divine Mère
semblera placée comme un intermédiaire attentif entre
la terre et le ciel, l'œuvre d’un artiste éminent, l'œuvre
de Bonnassieux, le lauréat de notre concours, posera,
souriante et sereine, dans la dotble immortalité de la
religion et de l'art.
» M. Aymard, qui vous fit cette intéressante com-
munication l’année dernière, vous révéla égale-
ment la généreuse inspiration de l’un de nos compa-
triotes, M. Falcon, dont les largesses doivent donner
à notre Musée le complément précieux d’une exposi-
tion permanente et d’une collection remarquable des
produits de la principale industrie du pays. Vous avez
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 673
applaudi à cette création de notre musée de la dentelle,
et la médaille d'honneur que le Congrès s’empressa
d'accorder à M. Falcon, constatait en la glorifiant sa
belle initiative.
» Eh bien, Messieurs, les bonnes pensées ont heu-
reusement, aussi bien que les mauvais instincts, leur
contagion rapide et leur émulation. Aujourd'hui,
Messieurs, j'ai à vous parler à mon tour du legs prin-
cier fait à la ville du Puy par un de ses enfants, l'illustre
fondeur Crozatier.
» C’est un devoir pour moi de réclamer la partici-
pation morale du Congrès dans les hommages que
nous devons tous, nous comme enfants du Puy, et
vous comme les amis-nés de tout ce qui est noble et
grand, à une si honorable mémoire. Je vous demande
done la permission de dire en quelques mots quels
furent la vie et les mérites de cet artiste éminent, de
cet industriel de génie, fils courageux de ses œuvres,
qui, füt-il jamais dépassé par ses successeurs, ce qui
reste douteux, n’en aura pas moins été créateur et, si
j'ose le dire, chef de dynastie dans un de ces beaux
royaumes de l'invention où l'industrie et l’art se
donnent la main.
» Crozatier tout jeune encore, quittait le modeste
village où s'était écoulée son enfance. Il allait rejoin-
dre, à Paris, sa mère, sans fortune et sans autre pro-
tection pour sa mère et pour lui, que celle de son
courage et de sa volonté.
» Entré dans un atelier de fondeur, Crozatier trou-
vait bientôt le moyen de joindre aux travaux manuels
qui devaient le faire vivre, les études intellectuelles et
TOME XX. 43
674 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
les études artistiques dont sa jeune pensée se sentait
avide. De précoces et remarquables essais lui firent
bientôt quelques appuis dans le monde des arts. Admis
alors à l’école des beaux-arts, et cumulant avec les
études les plus sévères la pratique de l'industrie des
bronzes, il put se donner et donner à sa mère une
aisance que son talent devait sans cesse accroître.
Crozatier avait retrouvé le secret du bronze antique,
et par une supercherie consacrée, puisqu'elle est re-
nouvelée de Michel-Ange, les objets d'art sortis de-ses
mains purent passer pour des œuvres de l'antiquité.
» En ce temps, Messieurs, après les grandes pertur-
bations du commencement du siècle, Part du fondeur
n'existait plus. Après avoir graduellement décliné de-
puis Louis XIV, il semblait définitivement peran. Nul
en France n'avait désormais le secret de fondre ces
œuvres monumentales, nécessaires pour exprimer l’art
élevé d’un grand peuple.
» Quand le vaste génie qui cumulait alors toutes les
ambitions voulut peupler de monuments Paris et la
France, on ne sut où trouver un fondeur capable de
comprendre à la fois et d'exécuter de grandes choses.
» Crozatier, je l'ai dit, occupait déjà dans la jeunesse
contemporaine des artistes une position hors ligne, à
ce point que, par un décret spécial, il avait été exempté
du service militaire, faveur rare en ce temps; et qui
prouve ce qu’on attendait de son avenir. Il fut désigné,
lui, industriel par ses débuts, artiste par ses instincts,
par ses études ultérieures et par sa nature, comme le
seul homme qui püt renouer au profit de l'art moderne
la tradition des grandes œuvres en bronze. On le mit à
#5
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 675
l'œuvre, il étudia, il chercha, et ne trouvant pas en
autrui ce qu'il voulait apprendre, il inventa ce qu'il
voulait savoir.
» À dater de ce moment-là, Crozatier vit comme un
Titan dans la fournaise d’où doivent jaillir les chefs-
d'œuvre. Ce grand art qui, par l'effet d’une volonté
qui est aussi le génie, solidifie la lave en fusion et
donne l’immortalilé aux chefs-d’œuvre, il est reconsti-
tué, perfectionnié chaque jour ; il grandit sans cesse,
saus cesse il simplifie son effort en accroissant sa
puissance.
» Dirai-je ici les monuments innombrables où le nom
de Crozatier doit vivre autant que le bronze ? A quoi
bon ? Tout l’art contemporain a passé par ses mains et
lui doit quelque chose.
» La fortune, une noble et belle fortune, avait cou-
ronné cette lut'e victorieuse de l’homme contre le
métal indompté.
» Au milieu de cette vie si occupée, si active et si
féconde, après quarante ans et plus d'absence, Croza-
tier voulut revoir son pays.
» En se retrouvant tout à coup au milieu de ces
montagnes du Velay, si pittoresques et si difficiles à
oublier pour ceux qui les ont aimées, en revoyant le
village de son enfance et les vallées et les paysages
restés comme un vague mirage dans ses plus lointains
souvenirs, Crozatier ne put se défendre d’une émotion
profonde; il se sentit pris au cœur d’un si vif et si ar-
dent amour pour sa petite patrie, qu’il ne devait plus
l'oublier, et qu'il se promit sans doute à lui-même de
laisser à sa ville natale, à ses compatriotes dont l’ac-
676 CONGRÈS DES DÉLÉGUÉS
cueïl Pavait vivement touché, un témoignage de son
impérissable attachement.
» Messieurs, il y a peu de mois encore, Crozatier,
usé par le travail, par les grandes émotions de ces ten-
tatives suprèmes où l’œuvre du fondeur ressemble
presque à une magie sublime, et tient l’esprit si cruel-
lement en suspens entre une belle réussite et un in-
succès désastreux, Crozatier mourait à un âge peu
avancé. Or, voici les dispositions que contenait son
testament en faveur de la ville du Puy :
» 200,000 francs pour une fontaine monumentale ;
» 100,000 francs pour un nouveau musée ;
» 40,000 francs pour fonder une rente et entretenir
à Paris un jeune artiste donnant des espérances (tou-
chant ressouvenir des premières années, si laborieuses
et si difficiles);
» Enfin, plusieurs lits à fonder à l'hospice de la ville,
en faveur des ma'ades du village où Crozatier passa sa
première enfance.
» Voilà les munificences d’un simple citoyen, mais
d’un grand artiste et d’un grand cœur. Les applaudis-
sements du Congrès me prouvent que je n’ai pas eu
tort de compter sur son émotion sympathique, et que
je n'ai pas à m'excuser d’avoir été si long.
» Je ne suis pas, d’ailleurs, sorti de mon sujet. Une
ville peut être surtout appréciée par le dévouement
qu'elle sait inspirer aux plus nobles de ses enfants. Je
vous ai dit ce qui se fait en faveur du Puy. Vons en
concluerez que le Puy est digne de vous recevoir,
digne du choix si flatteur en vertu duquel le Congrès
doit se tenir dans son sein.
nr
DES SOCIÉTÉS SAVANTES. 677
» Permettez-moi donc, Messieurs, de vous renou-
veler mon instante demande : le 10 septembre, au Puy!
— Je vais avoir l'honneur de vous remettre à tous le.
programme du Congrès du Puy. Et lorsque ce soir,
dans une autre enceinte, nous prendrons congé les
uns des autres, donnez-moi le droit de dire à chacun
de vous, non pas adieu, mais —'au revoir! »
VI
La session du Congrès était déjà close; mais le soir
un banquet fraternel réunissait dans une cordialité
commune pleine de bienveillante effusion plus de cent
de ses mernbres.
Chargé de porter le toast final adressé à M. de Cau-
mont, j'y trouvais une occasion naturelle de réitérer
un pressant appel en faveur du Congrès du Puy, et je
suppliais encore mes collègues de vouloir bien me per-
mettre de leur dire de nouveau, non pas adieu, mais
au revoir |
En somme, je rapporte l'espoir que les efforts de la
Société porteront d’heureux fruits, et que le Congrès
du Puy prouvera, par le nombre de ses adhérents, la
juste et sympathique estime acquise depuis longtemps
à vos travaux.
Il ne me reste qu'à m’excuser, Messieurs, d’avoir été
si long tout en restant trop incomplet.
Amvales LÉ LaSoute Quadirae de J'y vo Lomme XX | rt sul Su uw Cum De De mins: = tien x SR te (CRM |
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NOTICE GÉOLOGIQUE
SUR UN
GISEMENT DE SERPENTINE
EN
BLOCS ISOLÉES DANS DU GNEISS
PRÈS DE LEMPDES (HAUTE-LOIRE)
PAR
M. J. DORLHAC
Ingénieur-Directeur des Mines, membre de la Société géologique de France
el membre non résidant de la Société académique du Puy.
=
Dans les terrains primitifs des environs de Brioude et
du bassin de Brassac, on trouve un grand nombre de
lieux où la serpentine s’est fait jour.
:ette roche, d’origine ignée, se présente le plus or-
dinairement en filons, en amas et en mamelons de peu
de hauteur, enclavés dans le gneiss.
Elle paraît avoir joué un assez grand rôle dans la
constitution géologique de la contrée, sinon par l’im-
portance et l'étendue des épanchements, du moins par
le grand nombre de points éruptifs.
680 NOTIEE
Je n'ai pas pour but de décrire dans cette notice tou-
tes les circonstances qui caractérisent cette roche géo-
logiquement et minéralogiquement dans chacun de ces
points, mais surtout de constater une manière d’être
très-anormale, n'ayant, je crois, été signalée nulle
part et qui m'a paru offrir un trait de nouveauté.
En effet, j'ai trouvé de la serpentine en blocs isolés
dans du gneiss près de Lempdes (Haute-Loire), qui
constituent un gisement très-intéressant et des plus
curieux.
Quand on quitte cette petite ville, située à quinze
kilomètres de Brioude, et qu’on s'engage dans la gorge
de l'Alagnon par la nouvelle route tracée sur la rive
droite de cette rivière, on rencontre des gneiss géné-
ralement micaschisteux.
En débouchant dans la vallée, cette roche se présente
d'abord avec une couleur grisätre, à grains fins et avec
des éléments très-cristallins. Ses bancs sont épais,
massifs et d'une grande régularité.
Mais en avançant, on voit les strates diminuer d'é-
paisseur, et le gneiss prend alors une structure plus
feuilletée, plus schisteuse, mais jamais au point cepen-
dant de constituer de véritables micaschistes.
Ses éléments sont : le quartz, le feldspath et le
mica. Le quartz est hyalin, quelquefois de couleur
grisàtre en grains irréguliers et jamais en cristaux.
Le feldspath est blanc, très-transparent et éminem-
ment lamelleux. Il présente de légers reflets irisés et
paraît être de l’orthose.
Quant au mica, c’est lui qui, par son abondance,
donne à la roche sa couleur et son caractère, Il est
GÉOLOGIQUE. 681
toujours noir ou brun, rarement de couleur bronzée ,
en paillettes nombreuses et très-pctites. Il paraît de
préférence enchässé dans le quartz, auquel il commu-
nique quelquefois une légère couleur rougeâtre.
Ces éléments, qui sont presque exclusifs, sont loin
d'être répartis uniformément et en proportions égales.
Leur mode de distribution est même particulier.
Tour à tour on trouve des parties de la roche où
lon remarque la prédominance de chacun d'eux.
Ils semblent se concentrer par bandes minces et ré-
gulières, quelquefois contournées , mais suivant des
plans continus, formant des lits d'épaisseur le plus
souvent égale.
Par son agglomération , le feldspath donne lieu à de
petites zônes placées parallèlement aux strates du
gneiss. Leur couleur blanchâtre ou légèrement jaunä-
tre en indique parfaitement la nature. Ce minéral est
alors pur et sans mélange,
Une couleur plus grise dénote le quartz, tandis que
le rmica, toujours noir et plus abondant, forme des z-
nes de couleur sombre, noirâtres et souvent plus
épaisses.
Quelquefois, mais rarement, on trouve des bandes
minces d’amphibole brune. Alors l’hornbleude paraît
remplacer le mica accidentellement.
ette structure complètement veinée, rnbanée pa-
rallèëlement aux plans de joint, dénote ue stratifica-
tion des plus prononcées.
Sur certains points surtout, le mica, en prenant une
prédominance remarquable, donne au gneiss l'aspect
d'une roche sédimentaire,
682 NOTICE
Son abondance semble exclure complètement le
feldspath. Quant au quartz, quoique peu visible, on
peut, à l’aide d’une loupe, s'assurer qu'il en existe en-
core des grains très-petits.
C’est dans un pareil gneiss qu'à trois cents mètres en-
viron de Lempdes, j'ai constaté la présence des blocs de
serpentine. Dans cet endroit, les rocliers escarpés qui
encaissent l’Alagnon sont coupés à pie, sur une hauteur
très-grande, pour le passage de la route.
Ainsi mise à nu, on peut parfaitement étudier avec
détail la nature et les caractères de la roche gneissique
et la disposition de la serpentine au milieu de ses
bancs.
C'est même grâce à cette circonstance fortuite qu'il
m'a été permis de constater ce gisement anormal de
cette roche magnésienne.
À peu près sur une longueur de soixante-dix ou qua-
tre-vingts mètres, on peut compter une centaine de
blocs dans le plan vertical de la roche et dont la fig. 1
de la planche jointe à ce mémoire pourra donner une
idée.
Is sont répandus sans ordre et épars cà et là, au
hasard. Leurs dimensions varient depuis quelques cen-
timètres jusqu'à plus d’un mètre dans la plus grande
longueur.
Leurs formes sont loin d’être régulières et détermi-
nées. On en trouve d’aplatis comme des espèces d’a-
mande. Souvent aussi ils affectent une forme paralléli-
pipédique ou sphéroïdale.
Quelquefois les blocs serpentineux paraissent cou-
ches suivant le plan des strates, qui ont une inclinaison
+
GÉOLOGIQUE.,. 683
de 70° en moyenne. Mais il n’y a rien d’absolu dans
cette manière d'être, car on en trouve aussi dont la plus
grande dimension est à peu près perpendiculaire à l’in-
clinaison.
Quant à leur position dans les bancs, elle semble
aussi être complètement indifférente. J'en ai trouvé de
placés dans les plans de joint, comme dans l’intérieur
des bancs massifs et épais.
J'ai pu même détacher quelques éclats ou segments
de petits blocs ovoides engagés et enchâässés dans l’in-
térieur de bancs compacts, massifs et très-solides.
Une attention particulière m'a aussi démontré qu’il
n’y avait entre les blocs ni fentes, ni fissures qui pour-
raient établir dans la roche encaissante des relations
mutuelles, et qu'ils étaient complètement indépendants
les uns des autres dans leur mode de distribution.
Les roches de déblais qui furent retirées de ce lieu
en contenaient un très-grand nombre, ce qui prouve
qu'ils sont en ce point répandus avec une certaine
profusion. î
Si on en remarque qui ont des contours arrondis, il
en existe aussi beaucoup à angles saillants et vifs et de
forme plus ou moins définie. Les figures 2, 3, 4, 5, 6,
7,8, 9 et 10 peuvent du reste en donner une idée.
On peut aussi remarquer que cet assemblage particu-
lier de blocs serpentineux se trouve éloigné de tous les
gisements de ceite roche, et que, par conséquent , ils
n'ont de relation avec aucun d’eux.
La serpentine se présente le plus souvent avec des
caractères peu différents de ceux qu'elle possède
ordinairement dans la plupart des nombreux gîtes des
environs.
684 NOTICE
Elle est vert noirâtre ou vert foncé, d’une teinte assez
uniforme et n'offrant pas cette bigarrure de couleurs
qui caractérisent les serpentines dans d’autres localités,
et à laquelle elle doit l’origine de son nom.
À l'œil nu, sa pâte paraît compacte, homogène, mais
elle est un peu rude au toucher, et ne possède pas l’onc-
tuosité ordinaire des pâtes magnésiennes.
Cette roche est très-tenace et résiste fortement sous
le choc du marteau, dont elle reçoit cependant l’em-
preinte avec une certaine facilité. Quoique n'étant pas
très-tendre , elle se laisse facilement rayer avec une
pointe ou entamer avec une lame de couteau, mais ce-
pendant plus difficilement que pour les serpentines
ordinaires. Elle donne, en la râclant, une poussière gri-
sâtre où blanchâtre assez grasse au toucher.
La cassure n’est pas cireuse ou résinoïde, toujours
inégale et anguleuse , pas du tout lamelleuse , mais lé-
gèrement esquilleuse ou grenue.
Dans certains échantillons, la serpentine est un pen
schisteuse, dans d’autres massive et légèrement ruba-
née par des couleurs peu tranchées.
Sous le verre de la loupe , en examinant avec soin ,
on peut s'apercevoir que la pâte est formée de cristaux
rudimentaires, de diallage vert sombre ou noirâtre,
enchevêtrés les uns dans les autres. Au milieu sont ré-
pandus des grains tendres, cristallins, translucides ,
blanchâtres, grisàtres ou verdâtres et généralement
très-petits, formés par une substance magnésienne.
Le miroitement et les reflets que produisent à la lu-
mière les nombreux plans de clivages et les facettes
indiquent une structure entrelacée comme celle que
GÉOLOGIQUE. 685
l’on observe dans certaineseuphotides très-diallagiques.
Dane l’intérieur de la roche, il existe dans certaines
parties une assez grande quantité de lamelles brillan-
tes, quelquefois isolées , mais le plus souvent groupées
et réunies en petits paquets.
Leur aspect assez varié dénote qu'elles pourraient ne
pas appartenir toutes à la même espèce minérale.
On en remarque en effet qui ont l'éclat assez vif
d’une couleur brunâtre, à reflets bronzés ou métalloiï-
des fortement prononcés, surtout quand on donne au
rayon visuel une certaine incidence; mais l'éclat mé-
tallique cesse subitement de se montrer en devenant
terne à la moindre interversion. Cette circonstance
constitue un caractère propre au diallage bronzite.
Mais d’autres lamelles, en assez grand nombre, se
présentent sous un aspect différent. Elles sont très-
brillantes, à éclat vif blanc d'argent, blanc verdâtre
ou nacré.
Ce minéral est très-tundre, car on pert facilement le
couper avec une lame et même l'entamer avec l’ongle.
Alors il donne une poussière grisàtre très-onctuense.
I est composé de feuillets qui se détachent aisément et
qui annoncent un clivage facile et prononcé. Il serable
mème former des cristaux par la manière dont ils sont
groupés.
Ce minéral est transparent, et la couleur devient plus
claire quand on l’interpose à la lumière. Les lamelles
ne sont pas élastiques, peu flexibles, et se lèvent par
petites écailles. Quelques-unes d’entre elles présentent
un reflet irisé assez prononcé, qui indiquerait peut-être
un commencement de décomposition.
686 NOTICE
Au chalumeau , celte substance se décolore. Elle
ne fond pas et devient d’un blanc mat. Mais les plans
de clivage restent toujours brillants et nacrés. Quel-
quefois même les lamelles ne perdent pas leur translu-
cidité. Quand ce minéral a été chauffé assez fortement,
on peut alors voir facilement que cette agglomération
de lamelles présente une structure très-feuilletée et une
schistosité très-apparente. Dans cet état, on peut faci-
lement le briser et le réduire en poudre pulvérulente
et sèche. Cette substance présente beaucoup de carac-
tères du tale, et paraît appartenir à cette espèce mi-
nérale.
Les minéraux dont nous venons de parler présentent
souvent des caractères communs qui constituent des
difficultés pour leur détermination. L'action métamor-
phique à laquelle les blocs ont été soumis, ainsi que
nous l’indiquerons plus loin, a pu pour beaucoup con-
tribuer à leur donner ces caractères ambigus et des
points de ressemblance.
Au milieu de la pâte serpentineuse, on peut aussi
remarquer des veines ou filons d’une substance très-
cristalline, très-transparente, d’une couleur vert clair.
Son éclat est gras et vitreux. Elle présente beaucoup
d’analogie avec la smaragdite.
Mais souvent ces zônes sont aussi composées, surtout
- dans les plans de joint de la roche, de cristaux dialla-
giques lamelleux , verdtres et brunâtres, enchevètrés
les uns dans les autres, et qui annoncent une cristalli-
sation confuse.
Au milieu, on peut aussi apercevoir une substance
transparente très - lamelleuse, brunâtre, noirâtre, à
ZE —
GÉOLOGIQUE. 687
reflets plus où moins métalliques et bronzés, qui pré-
sente les caractères de la chlorite. En outre, ce mode
particulier d'association et de texture :ndique quelques
points de ressemblance avec la structure enchevêtrée
de la pierre ollaire. Gette substance est en effet très-
tendre et se laisse facilement couper au couteau. Dans
les plants de joint de la roche on voit aussi de petits
filons formés par une substance verte, vert jaunâtre,
vert clair, très-translucide et très-onctueuse au tou-
cher. Elle est lamelleuse et légèrement fibreuse, et
forme de petites plaques de deux ou trois millimètres
d'épaisseur qu’on peut lever assez facilement. Elle pré-
sente quelque analogie avec la pyrosclérite, mais ap-
partient, je pense, à la serpentine noble.
Tous ces blocs ne présentent pas cependant des ca-
ractères minéralogiques identiques et pareils aux pré-
cédents.
J'en ai observé un grand nombre qui, au lieu de
posséder une couleur noirâtre , d’avoir une pâte homo-
gène et d’être doués d’une opacité complète, se mon-
trent sous des apparences bien diverses et peu commu-
nes aux roches serpentineuses proprement dites. Ils
ont une feinte d’un vert grisâtre, d’un vert foncé et
quelquefois d’un vert très-clair. La cassure est légère-
ment esquilleuse, mais ni résinoïde , ni cireuse.
À l'œil nu , on peut même constater que la masse de
la roche est composée de grains très-petits agglutinés
et que les esquilles minces jouissent d’un grand degré
de translucidité sur les bords.
Sous le verre de la loupe, ces caractères s’amplifient
et deviennent plus apparents.
688 NOTICE
On voit un mélange de grains cristallins, d'aspect
vitreux , transparents, d’une couleur grisâtre, verdâtre
et vert clair, dont les petites facettes offrent des reflets
très-brillants. Dans certaines parties, il y a des zônes
ou des veines de couleur vert clair, vert émeraude,
vert d’eau, dont les petits fragments ont une assez
grande transparence.
Au chalumeau, cette substance perd sa couleur, de-
vient grise ou rougeàtre, indiquant, dans ce cas, une
assez grande richesse en fer. Si on la soumet à un feu
très-vif de cheminée , elle éprouve aussi une décolora-
tion complète, devient blanchätre, grisâtre, et se vi-
trifie légèrement sur les bords.
Ce minéral semblerait appartenir, par ses apparen-
ces, à la variété de diailage smaragdite, qui paraît être
une roche à deux éléments plutôt qu'un minéral pro-
prement dit. Cependant il présente avec cette roche
des différences essentielles qui empèchent de les iden-
tifier d’une manière complète.
Plusieurs minéraux sont répandus avec abondance
dans la pâte de la roche diallagique que nous venons de
citer.
C’est, en effet, au milieu de cette roche particulière
que l’on trouve exclusivement un assez grand nombre
de cristaux d’une substance transparente et même un
peu translucide, qui lui donnent, dans certains points,
une apparence porphyroïde.
Ces cristaux sont de forme allongée , prismatiques et
possédant au plus un centimètre de longueur. Ils sont
très-tendres, car on peut mème les rayer à l’ongle et
les réduire facilement en poussière avec une lame.
GÉOLOGIQUE. : 689
Leur couleur est brune, jaunâtre ou vert clair. Ils sont
surtout caractérisés par une structure fibro-lamellaire.
Leur cassure, dans le sens perpendiculaire aux la-
melles, est très-inégale , légèrement esquilleuse , et
peut-être déterminée par un clivage rudimentaire et un
peu oblique.
Mais, dans l’autre sens, les plans de clivage sont
très-prononcés. Suivant ces faces, l'éclat est brillant,
quelquefois un peu nacré ou légèrement bronzé. Ces
cristaux se laissent décolorer sans se fondre par la
flamme du chalumeau, mais ils ne perdent pas leur
transparence d’une manière complète. Les plans de
clivage deviennent d'un gris nacré, mais peu brillants.
Ces caractères si distincts et si bien accusés indiquent
que ces cristaux peuvent se rapporter à la bronzite. Au
milieu des grains cristallins verdâtres de la roche, sont
encore disséminés, en très-grand nombre, des cris-
taux très-petits, à facettes brillantes et triangulaires.
Ils sont très-noirs, complètement opaques et micros-
copiques. Cependant à la loupe on peut reconnaitre
une forme octaédrique. Ces cristaux, n'étant pas atti-
rables au barreau aimanté, sont du fer chromé.
On observe aussi un assez grand nombre de grenats,
légèrement transparents, dont la couleur est d’un rouge
très-vif, ou brun foncé, avec de légers reflets violets.
La cassure est inégale , subconchoïdale et es-
quilleuse. Leur dureté est assez grande, cependant ils
se laissent rayer avec une pointe d'acier. Leur éclat est
résinoide, vitreux et gras très-prononcé. Leur petite
dimension et la manière dont ils sont engagés dans la
roche empèchent de reconnaitre leur forme cristalline.
TOME XX. 44
690 NOTICE
Au chalumeau, ils changent entièrement de couleur;
ils deviennent complètement opaques, noiràtres et
brillants dans leur cassure, mais ils ne fondent que lé-
sèrement sur les bords. Après qu'ils ont éprouvé pen-
dant quelques mom:nis l'action de la chaleur, ils de-
viennent friables et on peut alors apercevoir facilement
qu'ils sont traversés par de petites veinules blanches
microscopiques de carbonate de chaux, ou peut-être
de chlorite.
Tout autour de la circonférence du grenalt, on remar-
que une substance grisâtre ou blanchâtre, assez tendre,
dans laquelle les cristaux paraissent complètement en-
gagés et y former comme une espèce de noyau. Gette
substance me paraît résulter d’un pseudomorphose du
grenat qui, par son altération, se transforme souvent
d'une manière complète en une matière chloriteuse
grise et opaque, peut-être même en chlorite ferrugi-
neuse , comme l'a observé M. Delesse dans les serpenti-
nes des Vosges. Souvent on n’aperçoit, au milieu de
ces nodules, qu’un très-petit rudiment du cristal de
grenat, qui n’a pas encore subi complètement les effets
de l’action pseudomorphique.
Dans les eassures, les grenats laissent souvent aper-
cevoir des reflets irisés qui dénotent le commencement
de la décomposition et de laltération par les agents
chimiques.
Dans certains blocs serpentineux de forme sphéroï-
dale, j'ai observé une structure très-cristalline des élé-
ments de la pâte de la roche. Eminemment granulaire,
elle paraît formée de rudiments de cristaux d’un vert
émeraude ou d'un vert clair très-prononcé. Les esquilles
GEOLOGIQUE,. 691
sont transparentes et même quelquefois translucides.
On y trouve des grenats et des cristaux de bronzite.
Ce genre particulier de roche, ainsi que celle dont
nous avons parlé précédemment, semble former des
filons, ou peut-être des noyaux , au milieu de la roche
serpentineuse ordinaire. Ce minéral à une apparence
et le facies de certains pyroxènes verts à éclat vitreux,
transparents, d’un vert émeraude, avec lesquels elle
semble avoir neut-être quelque analogie et quelques
rapports dans les caractères extérieurs. Au premier
abord elle présente aussi quelque ressemblance avec
les roches diallagiques et grenaifères auxquels on à
donné le nom d’omphasite,; qui est une variété d’'am-
phibole.
On à du reste observé, dans d’autres localités, des
serpentines présentant des caractères à peu près sem-
biables.
M. Fournet, d’après un travail géologique intitulé :
Résultats sommaires d'une exploration dans les Vos-
ges, inséré dans le quatrième volume de la deuxième
série du bulletin de la Société géologique de France,
semble avoir observé des serpentines dont la nature est
identique. Get éminent géologue s'exprime ainsi :
« Je crois devoir faire remarquer que la serpentine
» du Bonhomme diffère un peu de celle des Alpes et de
» la Toscane par une grande dureté et par l'absence
» de cette cassure esquilleuse ou céroïde qui caracté-
» rise si souvent les dernières. Elle montre au con-
» traire la plus grande analogie avec les serpentines
» dures du mont Pilat, vers St-Julien-Molin-Molette et
» Pélussin. Elle contient, en outre, des rognons assez
692 NOTICE
» voliunineux d'une substance assez semblable au pre-
» nier aspect à certains péridots granulaires volcani-
» ques, mais plus tendres, plus elivables dans un
» sens, à éclat gras tournant au vitreux, d’une cou-
» leur jaune verdâtre, et qui pourrait bien constituer
» une espèce nouvelle qui se classerait à côté de la
» marmolite. »
La serpentine que J'ai observée dans les blocs dont
nous nous occupons est à grains plus fins, mieux agglu-
tinés que dans les péridots ordinaires des volcans.
Mais la couleur, le mode d’agrégation des éléments,
la structure cristalline et granulaire, l'absence de cas-
sure esquilleuse présentent beaucoup de ressemblance.
Ce serait peut-être alors une variété de péridot magné-
sien. Suivant M. Schéerer, la formule chimique de ce
dernier minéral serait identique avec celle de la ser-
pentine ordinaire. (Bulletin de la Société géologique de
France, 2° série, vol. 4). Il serait alors possible ,
d'après l’analogie que présente ce genre de serpentine
avec le péridot, que les cristaux diailagiques que nous
avons signalés au milieu de la pâte fussent alors une
espèce particulière d’olivine. En effet, celle-ci a une
formule chimique qui présente une identité remarqua-
ble avec la serpentine-cristallisée , en admettant toute-
fois, conime l’a fait M. Schéerer, que l'eau est suscep-
tible de se comporter, comme une base isomorphe, à
l'égard de la magnésie, de l'oxyde de fer, etc.
Mais une analyse chimique serait indispensable pour
caractériser , ‘d’une manière plus certaine, les cris-
taux diallagiques dont nous avons parlé, et leur assigner
une assimilation plus complète avec d’autres minéraux
GÉOLOGIQUE. 693
magnésiens , tels que ceux que nous venons de citer.
La serpentine qui compose tous ces blocs est loin de
se trouver dans un état normal et d'être parfaitement
conservée.
Elle est le plus souvent en décomposition et dans un
état d’altération très-avancée.
La décomposition procède de la surface an centre,
de l'extérieur à l’intérieur.
Le premier degré d’altération s'annonce par un chan-
gement de couleur. La roche devient plus blanchâtre ,
grisètre , jaunâtre , et perd complètement sa couleur
verte et noire, en même temps que sa transparence.
Le produit de cette décomposition est infiniment va-
riable dans ses caractères, suivant le degré plus ou
moins avancé où elle est arrivée, et présente, en consé-
quence, des circonstances bien diverses.
Dans certains blocs, surtout dans ceux qui sont les
plus diallagiques, on peut facilement étudier dans les
cassures les transformations diverses que subissent les
éléments.
La figure {1 représente une cassure obtenue dans un
bloc ovoïde. Au centre, on aperçoit un noyau (A) de la
roche complètement sain.
Tout autour , il est limité par une zône (B) de couleur
an peu plus sombre, plus grisàtre et d’une transpa-
rence moins grande. En certains points, on aperçoit
quelquefois de légers reflets irisés, qui indiquent un
commencement d’altération. Puis après, la masse de
la roche perd complètement lsa coulcur ordinaire et
passe entièrement à une matière {C) grisâtre et légère-
ment transparente. Celle-ci est formée de lamelles
694 NOTICE
cristallines placées dans une direction perpendiculaire
à la surface extérieure du bloc. Mais la structure est
entrelacée et les cristaux sont enchevètrés comme dans
la pierre ollaire. Au milieu, cependant, on aperçoit
quelques lamelles blanchâtres et argentées. Celles-ci
deviennent ensuite plus nombreuses et plus pronon-
cées, et paraissent être le commencement d’une nou-
velle transformation (D) du minéral précédent.
Enfin, à l'extérieur du bloc, au contact de la roche
gneissique , vient une dernière zône (E), composée ex-
clusivement de-lamelles noirâtres, brunâtres, verdâtre
foncé, à reflets légèrement dorés ou bronzés, très-
cristallines, très-tendres, qui présentent tous les ca-
ractères de la chlorite.
Les cristaux de diallage résistent beaucoup mieux à
la décomposition que la pe de la roche. Ils se décolo-
rent un peu et perdent une partie de leur translucidité.
Les grenats deviennent aussi moins transparents et
moins cristallins. Leur couleur passe ordinairement au
noiratre, et alors ils sont complètement opaques.
Ces changements, dans l’état des éléments de la ro-
che, n'ont pas lieu d’une manière très-tranchée, mais,
au contraire, ils offrent des passages insensibles qui
s’opèrent par gradations imperceptibles.
On voit qu'ils donnent lieu , suivant le degré plus ou
moins avancé et parfait de la décomposition, à des
minéraux divers. Ils sont donc le résultat d’un pseudo-
morphose des plus curieux et des plus intéressants, qui
tend à transformer les éléments magnésiens en une
substance cristalline écailleuse, et ensuite en nneé
Sur
GÉOLOGIQUE. 695
chlorite ferrugineuse. Là parait s'arrèter l’action et la
transformation pseudomorphique.
Dans beaucoup de blocs, la matière chloriteuse se
laisse, à son tour, décomposer et oxyder. Elle
passe alors à une substance très-tendre, très-verdâtre ,
formée par la réunion de lamelles brillantes à reflets
nacrés, qui indiqueraient une assez grande richesse en
oxyde de fer et en magnésie, formant probablement
des hydrosilicates.
Un état plus avancé, plus complet dans laltération
des éléments de la roche , une plus grande quantité de
lamelles , une désagrégation plus considérable conduit
à des matières terreuses vertes qui sont le dernier de-
gré de la dégradation de la roche et de la transforma-
tion des éléments serpentineux. Alors la cohésion dis-
paraît complètement. On n’a plus qu’une matière argi-
leuse ou un enduit très-tendre, que l’on peut enlever
avec les doigts. La couleur devient alors verte, jaunà-
tre, rougeätre, qui annonce un commencement de
rubéfaction. Gelle-ci étant plus complète , les blocs sont
entourés uniquement par une couche d'oxyde de fer
rougeàtre ou jaunâtre.
La rubéfaction et la décomposition pénètrent souvent
à une grande profondeur. On trouve mème des blocs
complètement transformés en une espèce de terre
verte, jaunâtre, grisätre ou rougeàtre. Alors il ny à
pas plus de cohésion que dans une argile ordinaire , et
leur friabilité est telle qu’on peut en écraser les mor-
ceaux entre les doigts.
Le plus souvent, la décomposition procède par cou-
ches ou par zônes concentriques d’une épaisseur à peu
696 NOTICE
près égale et dont les couleurs, dans la cassure , for-
ment un contraste avec le noyau sain de la roche qu'on
aperçoit dans le milieu.
Dans certains blocs d'un volume considérable , j'ai
remarqué un genre de décomposition assez curieux
pour être cité. Leur extérieur était complètement rubé-
fié et composé d'oxyde ferrugineux grisätre où jaunà-
tre, qui passait à une couche blanc jaunâtre excessive-
ment friable et souvent réduite en poussière impalpa-
ble (H, fig. 5).
Ensuite venait concentriquement (G) autour du bloc
une zône composée de petits noyaux ou nodules en
forme de boules où d'amandes dont le contraste de
couleur donnait à la roche une apparence de structure
glandulaire. Chacun de ces noyaux, composé par un
morceau de serpentine intacte et bien conservée, for-
mait des centres nombreux, autour desquels s'opérait
la décomposition. Ge fait démontre qu'il existe certai-
nes parties de la roche qui se laissent attaquer plus dif-
ficilement, et ce sont ordinairement les plus dialla-
giques.
La grosseur des blocs n'influe en rien sur le degré
d'avancement de l’altération. J'en ai trouvé d'énormes
complètement décomposés, tandis que d’autres très-
petits s'étaient conservés sans perdre beaucoup des ca-
ractères ordinaires de la serpentine ; quelques-uns
mème les ont conservés d’une manière complète.
On pourrait peut-être présumer que c’est par leur
séjour à l'air, depuis qu'a eu lieu le déblai pour le pas-
sage de la route, que ces blocs ont pu être décomposés
par les agents atmosphériques. Mais le temps si court
BDs Le —
GÉOLOGIQUE. 697
de quelques années n'aurait certes pas suffi, et ce n’est
pas depuis cette époque que la décomposition aurait pu
se produire. Du reste, le fait qui éloigne cette idée ,
c'est que j'ai trouvé moi-même, au milieu des bancs
de gneiss que la mine venait d'entrouvrir et de dis-
joindre , les morceaux des blocs de serpentine complè-
tement décomposés et réduits en matière argileuse ou
sableuse très-tendre.
La présence de ces blocs de serpentine au milieu
du gneiss est un fait assez bizarre pour qu’on puisse
se demander à quelle cause il faut attribuer leur pré-
sence.
Au milieu des terrains de tous les àges et de toutes
les formations, on trouve en effet beaucoup de corps
hétérogènes affectant des formes diverses plus ou moins
régulières, et d'une nature minéralogique complète-
ment différente de celle de la roche encaissante.
Plusieurs espèces minérales se trouvent à l’état de ro-
gnons, de sphéroïdes, d'amandes, de nodules, de bou-
les, de tubercules, de lentilles , etc.
Généralement ces corps ont pris ces formes particu-
lières par la concentration autour d’un centre de quel-
ques-uns des éléments de la masse ambiante. Mais la
cause d'attraction est souvent assez difficile à déter-
miner.
Au milieu des terrains granitiques, gneissiques et
micaschisteux , on trouve une grande quantité de
noyaux siliceux en forme d'amandes. Dans son ouvrage
sur la simplification de l'étude d'une certaine classe de
filons, M. Fournet donne une explication de leur pré-
sence, et indique à quelle cause ils sont dus. Cet illustre.
698 NOTICE
géologue tire la conclusion qu'il formule de la manière
suivante :
« En vertu d’une incompressibilité commune à toutes
» les pâtes, les roches d'injection savent quelquefois
» distendre les roches encore flexibles, se faire jour
» entre leurs feuillets et arriver au point assigné par
» suite d’une énergique impulsion, tandis que les effets
» de plasticité ou d’élasticité d° l’encaissement, refer-
» mant les voies qu’elles se sont frayées, interceptent
» toute communication avec le noyau central. »
Les terrains stratifiés contiennent aussi des rognons
ou masses tuberculeuses, siliceuses, calcaires, mar-
veuses, ferrugineuses, arenacées, auxquelles on à donné
les noms de Sileax, Chert, Chailles, Septarias , Sphéro-
sidérites , etc.
M. Virlet d’Aoust indique leur mode de formation
dans un travail remarquable , inséré dans le deuxième
volume de la deuxième série du bulletin de la Société
séologique de France. Ge mémoire a pour titre : Vote
sur quelques phénomènes de déplacements moléculai-
res qui se sont opérés postérieurement à leur dépôt.
Dans cette communication intéressante, ce géologue
pense que, par l'influence exercée sur les roches par
les courants électriques, il s’est cpéré et il s'opère en-
core continuellement des déplacements moléculaires.
Les roches, en raison de la diversité de leurs éléments
et äu plus ou moins d'humidité qu’elles contierment,
pouvaient devenir, dans de certaines circonstances, les
éléments d'autant de piles et donner lieu à des courants
électriques. Ses pôles seraient les centres d'attraction
GÉOLOGIQUE. 699
où les molécules minérales seraient attirées ou vien-
draient se grouper.
Pourrait-on faire l'hypothèse que les blocs serpenti-
neux se seraient formés par voie d'attraction, comme
les tubercules et les lentilles; ou bien serait-il ration-
nel de supposer que la matière serpentineuse se serait
introduite dans le sein du gneiss par injection, comme
celle des noyaux amygdalins ont parle M. Fournet ?
Lorsque les roches étaient encore à une température
élevée, des fissures , des solutions y ayant été produi-
tes, auraient formé la voie par où la roche serpenti-
neuse , à l'éclat pâteux, aurait pu s'introduire. Plus
tard , la cristallisation de la roche gneissique aurait été
complétée et serait arrivée à un état plus parfait. Cette
circonstance aurait pu en effet faire disparaitre les tra-
ces &u passage et refermer la voie par où la roche ma-
gnésienne se serait, pour ainsi dire, infiltrée.
Aurait-il pu encore se passer un phénomène analo-
gue à celui qui a eu lieu pour les roches d’'imbibition ,
cité par M. Virlet d'Aoust, dans le premier volume de
la deuxième série du bulletin de la Société géologique
de France ?
Y aurait-il eu des effets de pénétration ou de cémen-
tation tels que les indique M. Durocher dans un mé-
moire sur le métamorphisme des roches, inséré dans
le troisième volume du recueil que nous venons de
citer ?
Gertaines roches schisteuses se sont en effet laissé
pénétrer où imbiber par des matières serpentineuses ,
feldspathiques on siliceuses, de manière à leur faire
perdre leur structure primitive,
700 NOTICE
L'imbibition ayant eu lieu, je suppose, les éléments
serpentineux , dans le cas qui nous occupe, se se-
raient-ils plus tard agglomérés par place et auraient-
ils formé des centres d'attraction de distance en dis-
tance ?
Toutes ces théories si ingénieuses, qui peuvent don-
ner l'explication de beaucoup de phénomènes d'agglo-
mération et de groupements de matières diverses, sont
inadmissibles et inapplicables pour le gisement de ser
pentine de la vallée de l’Alagnon. Aussi n'est-il pas be-
soin d'y avoir recours.
Mais si nous avons mentionné ces produits de mou-
vements moléculaires opérés dans les roches, c’est
surtout pour faire ressortir d’une manière évidente la
différence très-marquée qui existe avec la manière d’è-
tre des blocs, et faire comprendre que leur présence
n'a rien de commun avec l’origine particulière dès ro-
enons tuberculeux et des noyaux amygdalins. Aussi
notre but a été d'établir seulement une comparaison
däns le mode de gisement, et de mettre en relief la dif-
férence de relation qui existe dans chaque cas avec la
roche encaissante. (est principalement cette distinc-
tion que nous chercherons à faire prévaloir.
Les rognons et les tubereules, tels que les cherts,
les septarias, les chailles, etc., ont des formes plus ou
moins bizarres, mais généralement arrondies. On re-
marque souvent aussi, pour les noyaux lenticulaires,
que les feuillets de la roche encaissante sont ondulés,
plissés et se contournent autour d'eix. Les plans sont
continus et s'infléchissent pour prendre la courbure du
noyau.
GÉOLOGIQUE. 701
IL n’en est pas ainsi pour le gneiss qui contient les
blocs serpentineux. Les lits et les feuillets de la roche
gneissique s’interrompent brusquement et complète-
ment. [ls sont pour ainsi dire coupés. Les blocs ne dé-
rangent en rien la stratification de la roche encaissante;
ils ne font que lui faire subir une solution de conti-
nuité. Ils sont contenus dans des cavités dont ils épou-
sentcomplètement la forme, ou, pour parler plus exac-
tement, c'est le vide de la roche qui a été produit suivant
la nature plus où moins régulière du morceau serpen-
tineux.
Cette manière d’être est absolument celle que pré-
sente la structure des poudingues dans les terrains
stratiliés. Les blocs quartzeux ou granitiques que l’on
rencontre dans les grès houillers offrent une position
complètement identique et une relation pareille.
D'après ces considérations, la roche serpentineuse
serait antérieure à la formation du gneiss. D'ailleurs ,
la forme irrégulière des blocs est loin de ressembler
soit à une cristallisation, soit à une ingection , soit à
une agelomération. Les morceaux sont ordinairement
parallélipipédiques , à angles vifs ou légèrement arron-
dis sur les bords. Ils ne paraissent autre chose que les
débris de filons serpentineux, démantelés et disloqués
par les soulèvements des premiers âges.
Si maintenant on examine attentivement l’altération
qu'ont subie les blocs, on peut signaler deux manières
d'ètre : äans les uns, il s’est opéré un changement d'état
dans la constitution minéralogique primitive de la ma-
tière serpentineuse; dans d’autres, a eu lieu une dés-
organisation ou une rubéfaction.
702 NOTICE
Le premier résultat a été amené surtout par des
pseudomorphoses qui se sont exercés d’une manière
bien caractérisée sur certains blocs. Les infiltrations,
l'influence du contact de la roche gneissique , les réac-
tions chimiques ont dû amener et faire naître ces phé-
nomènes. D'autres, au contraire, présentent le même
genre de décomposition qu'on remarque à la surface
des roches serpentineuses, décomposition qui n’est
que le résultat de l’action des agents atmosphériques.
il est probable qu'avant d’être enfouis, ils avaient déjà
subi les effets destructeurs des temps, dont l'énergie
pouvait être plus active à cette époque.
Dans les terrains primitifs d’origine ignée, ainsi que
dans les roches d’éruption, on trouve souvent des dé-
bris d’un âge plus ancien.
M. Grüner, ingénieur en chef des mines, dans un
travail remarquable sur les terrains de transition du
département de la Loire, signale dans le granite des
blocs de gneiss et de micaschiste. Il en existe aussi
beaucoup dans les terrains granitiques de la Haute-
Loire, cont la présence paraît liée au même phéno-
mène géologique que ceux des environs du bassin
houiller de Saint-Etienne. Mais la roche encaissante
est d’origine ignée et éruptive. Pour que ces blocs
puissent exister au milieu du,gneiss, il faut donc alors
attribuer à cette dernière roche une origine sédimen-
taire.
En présence des faits précédents, il est impossiile de
penser autrement et de ne pas croire que ces gneiss
sont évidemment métamorphiques .
En effet, quand on examine ces terrains gneissiques
GÉOLOGIQUE. 703
et qu'on les étudie en masse, on est amené à conclure,
tant la stratification est nette et bien accusée, que ces
roches sont loin d’être primitives, mais appartiennent
essentiellement aux terrains cristallins stratifiés. La
disposition et la répartition des éléments ne sont pas
granitoides.
Comme nous l'avons indiqué en commençant, ces
éléments sont disposés par zônes bien tranchées Ades
roches quartzeuses en succèdent d’autres feldspathiques,
et puis viennent celles ou abonde le mica. les alter-
nances ont lieu à la fois dans la structure des bancs et
dans la succession, et sur de grandes étendues le même
phénomène de répartition se reproduit.
M. Baudin, ingénieur en chef des mines, dans sa to-
pographie souterraine du bassin de Brassac, émet
aussi l'opinion que les gneiss de ce pays sont métamor-
phiques et’résultent de la sédimentation des premières
époques.
Moi-mème j'ai constaté à Léotoing, près de Lempdes,
un filon de graphite dont la présence est une nouvelle
preuve qui décèle la véritable origine de cette roche.
Le fait de la présence des blocs de serpentine vient
confirmer la manière de voir de ce géologue distingué
et démontre cette origine d'une manière complète.
Cest à la manière dont s’est opérée l'action sédimen-
taire qu'il faut attribuer la séparation aussi tranchée
des éléments gneissiques. Désagrégés par les agents
atmosphériques où par les eaux, les éléments étaient
entraînés où mis en suspension, et devaient alors se
ranger par ordre de densité.
C'est alors que les blocs de serpentine ont pu être
704 NOTICE
enfouis au milieu des sédiments micacés, quartzeux et
feldspathiques.
Le métamorphisme a eu ensuite pour effet de recon-
stituer ces roches et de leur redonrer une structure
cristalline. L'action de la chaleur agissant probablement
avec d’autres causes, ont amené cette transformation
et ont produit les phénomènes métamorphiques. Les
blocs de serpentine ont dû se ressentir de ces effets.
Mais, en les examinant, on peut se convaincre facile-
ment que, si c’est par la chaleur que s’est exercé le
métamorphisme, celle-ci n’a pas dû être très-élevée
En effet, la serpentine soumise à l'action d’un feu
mème modéré change complètement de couleur et se
modifie promptement. L'état cristallin disparaît en
partie; quelquefois elle fond légèrement, lorsqu'on la
soumet à un feu ardent. Les blocs de serpentine ne
laissent apercevoir aucune trace de l’action de la cha-
leur. Ils ont plutôt subi des effets de rubéfaction ou de
pseudomorphoses et ont été décomposés à la manière
ordinaire des roches serpentineuses, diallagiques et
magnésiennes.
Ainsi, il résulte de là que si c’est la chaleur qui a
produit le métamorphisme, elle devait donc posséder
une température très-peu élevée. C'est aussi ce qu'ont
démontré, par des considérations d'ordre différent ,
plusieurs ingénieurs distingués, tels que MM. Duro-
cher, Delesse, etc., dans diverses publications scien-
tifiques.
L'état métamorphique des gneiss est aujourd’hui
prouvé par un grand nombre de faits.
Dans le Puy-de-Dôme et dans le Cantal , les couches
GÉOLOGIQUE. 705
gneissiques contiennent des couches de calcaire
saccharoïde.
Dans les Vosges, on y a constaté la présence de gra-
phite et d'anthracite.
M. Logan, dans la constitution géologique du Ca-
nada , signale l'existence de grès et de conglomérats au
milieu de gneiss et de micaschiste qui supportent la
formation cumbrienne.
M. Murchison a trouvé certains fossiles turriculés et
des orthocères dans le marbre et les calcaires cristallins
des terrains primitifs de Durness, dans le comté de
Sutherland , au nord de l'Ecosse.
Dans son mémoire plein d’intérèt sur le métamor-
phisme , M. Durocher démontre parfaitement l’origine
inétamorphique des gneiss. Ge fait étant acquis à la
science d'une manière complète, nous ne multiplierons
pas nos citations.
- L'action du métamorphisme s’est exercée de maniè-
res bien diverses dans chaque localité et dans chaque
terrains Les résultats paraissent varier suivant la com-
position minéralogique des couches et les conditions de
la température. Des cristallisations telles que des mà-
cles, des staurotides, du disthène, se sont développées
surtout dans les schistes.
Si maintenant on veut chercher à connaître quelle
est la cause qui a pu développer la chaleur, ou les au-
tres causes nécessaires aux effets métamorphiques, on
peut se convaincre qu’elles sont très-difficiles à con-
stater et à fixer d’une manière précise pour les gneiss
des environs de Brioude.
Quelques mots sur la constitution géologique de la
TOME XX. 45
706 NOTICE
contrée environnante pourront peut-ètre jeter quelque
jour sur ce sujet, ou du moins faire entrevoir une des
causes qui à produit ce phénomène.
Dans cette partie du plateau central, le gneiss et le
micaschiste ne sont jamais en contact. Ils sont ordinai-
rement séparés par des schistes talqueux à stratifica-
tion assez prononcée, où l’on trouve un grand nombre
de filons de quartz. Ces stéaschistes paraissent, en ou-
tre, être exclusivement la véritable roche métallifère
du pays.
On y remarque, en eftet, un réseau très-compliqué
de très-nombreux filons de galène, d’antimoine sul-
furé, de cuivre, de pyrite de fer, de mispikel, etc.
Mais ordinairement, dans l’axe de la chaine de mon-
tagnes, on trouve un schiste argileux, argilo-talqueux
gris ou gris verdâtre, qui forme toujours la partie eul-
minante et repose sur le gneiss. On peut aussi corsi=-
er qu'ils sont traversés par une très-grande quarëi:i
tde filons de baryte sulfatée, de serpentine , de diorite,
d’amphibolite, de chaux fluatée , de quartz quelquefois
améthisé, de porphyres, de pegmatites, de fraidronite,
de granite DE del de granite à petits grains, ete.
La liaison et la corrélation des gneiss , des stéaschis-
tes, des schistes argileux et argilo-talqueux, leur su-
perposition évidente et leur stratification prononcée
indiquent qu'ils appartiennent, d’une manière indubi-
table , à des terrains sédimentaires des premières
époques. Le métamorphisme les a modifiés en leur im-
primant des caractères cristallins ou semi-cristallins.
Les nombreux filons que nous avons cités ont bien
pu élever la température des roches encaissantes. Ils
GÉOLOGIQUE. 107
ont aussi pu faire naître de nombreuses sources miné-
rales et thermales. Aujourd'hui même, il en existe un
très-crand nombre, surtout de froies. Beaucoup de
géologues éminents, d’après des recherches récentes,
accordent aux sources thermales une action métamor-
phique très-puissante dans certains cas.
Les gneiss et les terrains schisteux de la contrée dont
nous nous occupons peuvent être considérés comme de
véritables roches de transition dans l'acception restreinte
de ce mot. Ils ont été le prélude du phénomène de la
sédimentation et forment ailleurs la base ordinaire des
terrains palæozoïques.
Mais, dans cette partie du plateau central, les mem-
bres les plus inférieurs, mème des véritables terrains
de transition, manquent complètement. On ne voit
nulle part ni grauwake, ni psammites, ni poudingues,
ni bancs calcaires, ni débris de corps organisés. Les
terrains cumbriens, siluriens et dévoniens font en-
tièrement défaut. Le terrain houiller repose directe-
ment sur le gneiss.
Cette absence des couches les plus inférieures de la
formation palæozoïque indique évidemment qu'un ex-
haussement avait mis le sol de cette partie du plateau
central au-dessus des mers cumbriennes, siluriennes
et dévoniennes.
Yest le soulèvement de la Margeride qui avait déjà
placé à cette époque le relief de cette contrée à un ni-
veau aussi élevé.
Le surgissement de cette chaîne considérable a eu un
effet qui s’est fait sentir sur des étendues très-grandes.
Il correspond au premier système de soulèvement de
7108 NOTICE
M. Elie de Beaumont , c’est-à-dire à celui de la Vendée,
comme je l'ai fait voir dans mon esquisse géologique
du dèpartement de la Lozère.
L'apparition de cette montagne est donc d’une date
antérieure aux terrains cumbriens et doit être attribuée
à l'émission du granite porphyroïde.
Postérieurement, plusieurs épanchements de cette
même roche pyrogène eurent lieu successivement et à
des époques qui correspondent aux systèmes du Long-
mynd et des Ballons.
Le granite porphyroïde , qui s’est fait aussi jour dans
la Haute-Loire en plusieurs points, forme dans la Lo-
zère des massifs montagneux considérables.
Leur émission eut pour premier effet de soulever,
de briser et de disloquer les terrains schisteux et
gneissiques. Mais en mème temps elle dut amener une
élévation de température peut-être assez forte. Comme
cette roche couvre de très-grandes surfaces, son in-
fluence métamorphique dut être très-grande et put se
faire sentir à des distances lointaines.
Les épanchements déterminèrent à chaque époque
de nombreuses fractures et des dislocations qui don-
nèrent lieu à la formation des filons métallifères et ba-
rytiques qui sillonnent les terrains cristallins stratifiés.
Il paraît donc probable que le métamorphisme des
gneiss et du terrain schisteux dut être amené par le
concours de circonstances si complexes et fut la consé-
quence des nombreux accidents qui affectèrent , à plu-
sieurs époques, le sol de cette contrée.
De la présence des blocs Ce serpentine au milieu du
gneiss, on peut aussi induire que cette roche magné-
GEOLOGIQUE,. 709
sienne à apparu à une époque très-reculée et qu'elle a
dû être une des premières roches qui se soient épan-
chées à la surface du globe, à moins d'admettre, ce
que cependant rien ne démontre, que les gneiss des
environs de Brioude et du bassin de Brassac ne soient
autre chose que des terrains palæozoïques antérieurs
au terrain houiller et complètement transformés par
le métamorphisme.
Mais aucune preuve ne vient confirmer cette suppo-
sition toute gratuite et peu probable.
La serpentine a donc commenté à apparaître dès les
premières époques, géologiques et a continué de s’'épan-
cher jusqu'aux terrains tertiaires supérieurs.
Aussi, c'est une des roches qui parcourt une partie
des plus étendues de léchelle chronologique des
terrains.
OUVRAGES REÇUS
PAR
LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE
SCIENCES , ARTS ET COMMERCE DU PUY
PENDANT
L'ANNÉE 1855.
Annales archéologiques de Didron, tome x1v, liv. 6.
Archives de Physiologie de M. Bouchardot, professeur
d'hygiène à Paris, n° 2,
AUas des mémoires de la Société des antiquaires de la
Morinie, tome 1x, 1854.
Almanach ou annuaire de l’hortieulteur nantais, 1855.
Annales de l’Académie d’arehéologie de Belgique, t. x1,
liv. 4.
Annales de la Société d'agriculture de la Gironde,
9° année, 1854.
Almanach agricole de la Société d'agriculture de l’arron-
dissement de Grenoble, année 1855.
712 OUVRAGES RECUS
Archives de l’agriculture du nord de la France, publiées
par le Cemice agricole de l'arrondissement de Lille,
{re année 1853, tome 1°", 185%.
Ampélographie universelle, ou Traité des cépages les
plus estimés, par M. le comte Odart, in-8o. Donné
par le Gouvernement.
Actes de la 1'° session des Assises scientifiques du sud-est
de la France, tenue à Aix en 1853, in-80,
Annales de la Société d'agriculture d’Indre-et-Loire,
lome XxXX11F, 1859.
Annales de l’Académie des sciences, agriculture, arts et
belles-lettres d'Aix, séance publique, 1855.
Annales scientifiques de l’Auvergne, 1854.
Aanoles de la Société libre des beaux-arts de Douai,
1850-53.
Anpuaire de l'Institut des provinces, et des Congrès
scientifiques en France, 1855.
Annuaire des cinq départements de l’ancienne Normaun-
dic, 1855.
L'Algérie ct son organisation en royaume, in-8°. Donné
par le Gouvernement
Actes du Comité médical des Bouches-du-Rhône, publiés
sous la direction de M. Roux, secrétaire perpétuel du
comité.
Actes du Congrès des vignerons français, 3e session,
tenue à Marseille en 18%%, in-8°.
Annuaire de la Société impériale des antiquaires de
France, 1855.
Annales de la Société académique de Nantes, 1855.
Annales de FAcadémie de la Rochelle, section des
setences, 1834.
= ———
EN 1855. 713
Annales agricoles de l'Ariège, 1845-46,
‘Banque agricole, par M. Constant, avocat.
Budget départemental de la Haute-Loire, exercice 1855.
Bulletin de la Société industricile d'Angers, 1854.
Bulletin de Ia Société impériale de la Seine-Inférieure,
1855.
Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1855.
Bulletin de la Société d’émulation de l'Allier, 1853.
Bulletin de la Société acad'mique de Laon,
Bulletin des maladies chroniques et de l'établissement
bycrothérapique d'Auvergne, à Brioude (Haute-Loire),
par le docteur Andrieux.
Bulletin de la Société d'histoire naturelle de la Moselle,
1855.
Bulletin de la Société archéologique de Béziers, 1855.
Bulletin des travaux de la Société départementale d’agri-
culture de la Drôme, 1854,
Bulletin de la Société d'agriculture de la Haute-Vienne.
Bulletin de la Société d'agriculture de la Loire, 1855.
Bulletin de la Société d'agriculture de l'Aveyron, 1855.
Bulletin agricole du Puy-de-Dôme, n° 12, 1855, n° 1.
Bulletin du Comice agricole de l'arrondissement d’Alais
(Gard), décembre 185%, janvier 1855.
Bulletin de la Société d'agriculture et d’horticulture de
Vaucluse, tome 111, 1854-55.
Bulletin mensuel de la Société d’acelimatation, ne 9, no-
vembre 185%. ;
Bulletin des Sociétés savantes, tome 1e, livr, 11, novem-
bre 185%, 2e livr. décembre 1854.
Bulletin monumental sur les monuments historiques de
714 OUVRAGES REÇUS
France, publié sous les auspices de la Société fran-
çaise d'archéologie et dirigé par M. de Caumont,
20 vol., n° 8.
Bulletin de l’Athénée de Beauvoisis.
Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts
en France, tome 11, n°5 2 à 7, 1854.
Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, ke tri-
mestre, 1854,
Bulletin historique de la Société des antiquaires de la
Morinie, 1854.
Bulletin agricole du Var, 1854-1855.
Bulletin de la Société d'archéologie lorraine, tome :1v,
2e partie.
Bulletin de la Société centrale d'agriculture et des Co-
mices agricoles de l'Hérault, de mai à décembre 1854.
Bulletin de la Société d'horticulture de la Sarthe, 1855.
Bulletin de la Société d'agriculture de la Lozère, 1854.
Bulletin de la Société d'agriculture du Cher, tome 1x,
Bulletin du Comice agricole de l'arrondissement de
Saint-Quentin, tome 111, 1854.
Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, 1854.
Bulletin de la Société de médecine de Besançon, 1853.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1854.
Cercle pratique d'horticulture et de botanique du Hävre,
5° bulletin.
Cultivateur de Nancy {le bon), 1854.
Considérations sur l’hygiène du peuple des campagnes,
cahier, par M. Amussat.
Confréries des archers de Diekchnech et de Vlamerlyughe,
cahier in-80, par Bommare.
7
EN 1855. 715
Cireulaire de M. Xug le Prévost, directeur de la Société
des antiquaires de Normandie.
Catalogue de l'exposition artistique à Caen, 1855,
br. in-80.
Compte-rendu du Congrès scientifique de France, 16e ses-
sion, tenue à Rennes en 1849, 2 vol. in-8e.
Châteaux du moyen âge (quelques), à partir de l’époque
féodale, dans la Gironde et la Dordogne, par Léo
Drouyn.
Castration (de la) des vaches, par Pierre Chabrier,
br. in-80.
Congrès scientifique de France, séance générale tenue à
Moulins, 1854.
Congrès scientifique de Franee, 14° session, tenue à
Marseille en 1846, 2 vol. in-80.
Croix (la), ou le dernier jour du Christ, par M. l'abbé
de Corde, curé de Bures,
Compte-rendu des travaux de l'Académie du Gard, 1855.
Congrès archéologique de France, séance générale tenue
à Moulins, 1854.
Compte-rendu des travaux de la chambre de commerce
d'Amiens, 1853-54.
Catalogne d’une jolie collection de livres, ouvrages rares
à vendre chez Vanocker, à Lille, in-8°.
Congrès d'animaux, fable en vers par M. Gaubert, de
Brioude.
Discours de M. Andrieux, docteur médecin.
Drainage (lois et documents relatifs au), vol. in-#0, 1854.
Donné par le Gouvernement.
Distillation de la betterave, cahier in-8°.
716 OUVRAGES REÇUS
Discorrs d’inauguration de la nouvelle salle des séances
de la Société libre d’émulation de Liège, broch. in-12,
par M. d’Otreppe de Ranvelle, secrétaire de cette
Société.
Dictionnaire des lieux habités du département du Puy-
de-Dôme, par M. Bouillet, { vol. in-8,
Dictionnaire du patois du pays de Bray, 1 vol. in-8o,
Discours de M. l'abbé Urbe prononcé à la distribution
des prix du petit séminaire de la Chartreuse.
Discours de M. Dupré de Loire, secrétaire de la statis-
tique de la Drôme, dans la séance de 1855.
Eaux thermales de Néris, par M. Kichond des Brus, an-
cien député du Puy, membre résidant de la Société
d'agriculture du Puy.
Exposition des produits de l’industrie de toutes les na-
tions, en 1855.
Etude orientale, par Servan de Sugny.
Essai sur la multiplication des poissons par les méthodes
naturelles et artificielles, par M. Sivard de Beaulieu.
Essai sur l'esprit de l’art architectonique appliqué à la
construction des monuments religieux, in-8, par
M. Aug. de Peyrat.
Exposé sur l'Association normande, par M. Daniel, se-
crélaire de cette association, in-80, br.
Etudes historiques et archéologiques sur les châteaux
féodaux de l’Auvergne, par M. Mally, br. in 8e.
Eloge historique de François-Emmanuel Fodéré, par
M. Roux, docteur-médecin.
Exposé des travaux de drainage el de dessèchement,
_——
EN 1855. 717
exéeulés par M. Charles de Bryas, de Bordeaux, cahier
in-40,
Exposé des travaux de la Société des sciences médicales
de la Moselle, 185#.
Flore du Morbihan, par Le Gall, conseiller à 11 cour de
Rennes.
Gerbe littéraire, par M. Servan de Sugnv, in-8o.
Histoire de l’église angélique de Notre-Dame du Pur,
par M. de Montlezun, chanoine d'Auch.
Itinéraire pour les voyageurs naturalistes dans les Cé-
vennes,
Inoculation du bétail, in-80, par M. de Faive, docteur
médecin.
Instruction pratique sur la pisciculture, par M. Coste,
membre de l'Institut, professeur au collège de France.
Donné par le Gouvernement.
Introduction à l'étude de la géométrie comparée, in-8e,
par M. Ruello.
Instruction de la Commission archéologique diocésaine
de Poitiers, sur la restauration des églises, par
M. l'abbé Aubert, chanoine de Poitiers.
Invention (l’}, journal mensuel de la propriété indus-
trielle et littéraire, par Gardissol, cahier in-80, 1855.
Journal d'agriculture pratique, 1854-1855.
Journal de la Société d'archéologie et du Comité du musée
lorrain, n° 9, décembre 1854. — Année 1855.
718 OUVRAGES RECUS
Journal de la Société de la morale chrétienne, t. 1v.
Journal de la Société d'agriculture et des Comices agri-
coles des Deux-Sèvres, 17e année.
Journal d’horticulture et de pomologie de la Société
d’horticulture de l'Ain, 1855.
Journal de la Société impériale et centrale d’horticul-
ture, 1855.
Jean et Jeanne, opérette, par M. Achille Lafont, 1855.
Journal d'agriculture pratique et d'économie rurale pour
le midi de la France, 1855.
Loterie en faveur des églises de Renoix, cahier in-12,
par H. Raeptael, avocat à Oudenarde.
Les trois premiers de Lockeren au concours de l’univer-
sité de Louvain.
Mémoires de la Société d'agriculture du département de
l'Aube, tome v, 3e série.
Mémoires de la Société des sciences et d'agriculture de
Lille, année 1853.
Mémoires de l’Académie des sciences de Toulouse, 4e sé-
rie, Lome 1.
Table alphabétique des matières contenues dans les
16 premiers volumes des Mémoires de l'Académie de
Toulouse.
Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1853.
Mémoires de la Société des antiquaires de la Morinie,
tame 1x, 1851-1854.
Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest,
année 1853.
Mémoires de l’Académie impériale de Metz, 1853-54.
EN 1855. 719
Mémoires de la Société archéologique de Touraine,
tome vi, 1854.
Manuel d'agriculture, par Ludovie Mauriol, élève de
l'institut agronomique de Grignon. Donné par le Gou-
vernement.
Moniteur des Comices et des cultivateurs, 1855.
Muse (la) ottomane ou chefs-d'œuvre de la poésie turque,
in-80, par Edouard Servan de Sugny.
Mémoires de l'Académie impériale des sciences de Caen.
Monétisation libre de la propriété, broch. in-12, par
Charles Boutaud.
Maladie de la vigne, par M. Regimbeau, membre rési-
dant de la Société d'agriculture du Puy, cahier in-8o,
Mémoire faisant l'objet d'un rapport sur l'emploi des
eaux ammoniacales des usines à gaz, par le même,
cahier in-8o,
Mémoire sur la géologie de l’arrondissement de Bayeux,
par M. de Caumont, cahier in-8o,
Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-
lettres de Dijon, 1854.
Mémoires de l'Académie des sciences de Montpellier,
section des lettres, 1855, section des sciences 1855,
section de médecine, 1833.
Ministère de l’agriculture. — Tableau raisonné de la con-
sommation des sucres. — Conseil supérieur de com-
merce. — Résumé des discussions des Conseils géné-
raux (session de 1841) : 1° sur la question des sucres ;
20 sur la question des bestiaux. Envoi du Gouverne-
ment.
Notice biographique sur M. Allemand, doyen et ancien
720 QUYRAGES REÇUS
bâtonnier de l’ordre des avocats de Riom, par M. Félix
Grellet.
Notes sur le droit de première nuit du seigneur, au point
de vue de l'histoire et du droit, par H. Raeptael,
cahier in-8°.
Nobiliaire d'Auvergne, 7 vol. in-80, par M. Bouillet.
Notice sur la roche Saint-Quentin, vulgairement appelée
la Brèche du diable.
Notice sur le Catalogue général des manuserits orientaux
de la bibliothèque impériale, par M. Reynaud, in-8o.
Notice sur la nécessité d'étendre la culture du mürier,
par Emile Mourrigat , directeur de l'établissement
séricicole de l'Hérault.
Obsèques du docteur Pigollet, décédé à Amiens, 29 dé-
cembre 1854. (Extrait du Mémorial d'Amiens.)
Origine de l’église éduenne, in-80, par M. l'abbé Devan-
court,
Observations adressées par la chambre du commerce de
Lille à M. le Ministre de l’agriculture, sur la législa-
tion des brevets d'invention, cahier in-80, 1855.
Propriété littéraire (de la) en matière de némenclature
scientifique, par M. Charles des Moulins, cahier in-8o.
Projet de décret sur les banques agricoles, par M. Cons-
tant, avocat, in-80.
Publications agricoles et horticoles de la Société impé-
riale d'agriculture de Douai, 1855.
Précis analytique des travaux de l'Académie des lois de
Rouen, 1853-54.
Plaisirs d’un solitaire, in-12, par M. Servan de Sugny.
Su
EN 1855. rl
Le
><
Pierrefond, par Mme Fanny Dénoix.
Programme des prix décernés par l'Académie impérial
des sciences et belle-lettres de Bordeaux en 185%,
Procès-verbal de l'assemblée générale de l'Association de
Saint-Vincent-de-Paul de Bordeaux, tenue en 1855.
Revue des beaux-arts, 25e année, 1855.
Revue française, 1". année, 1855.
Reboisement ‘question du), par Forest. Donné par le
Gouvernement.
Rapport adressé à M. le Ministre de lirftérieur sur une
nouvelle épizootie qui a attaqué, en 1851-52, des éta-
lons et juments poulinières, par MM. Evart et Lafosse.
Donné par le souvernement.
Revue agricole de la Société impériale d'agriculture de
Valenciennes, 1855.
Recueil des travaux de la Société libre d'agriculture de
l'Eure, 1852-53.
Recueil des actes de l’Académie impériale des sciences de
Bordeaux, 1854.
Recueil agronomique de la Société d'agriculture de la
Haute-Saône.
Réponse à quelques demandes adressées au directeur de
la Société française, in-80, par M. de Caumont.
Relation d’une promenade archéologique faite en Bre-
tagne, par M. de Caumont.
Rapport sur les travaux de la Société linnéenne du Cal-
vados, depuis son origine jusqu'au 24 mai 1824, par
M. de Caumont.
Revue catholique illustrée, par M. l'abbé de Lestang,
in-80, br.
TOME XX. 46
122 OUVRAGES RECUS
Rapport d'une commission de La Société d'agriculture
de Vaucluse sur les opérations hydroscopiques de
MM. Marin et Beaupuis.
Revue catholique, recueil mensuel, 1854.
Rapport sur les Congrès scientifiques de Nîmes et de
Milan, in-80, par M. Roux, docteur médecin.
Régénération {de la) des Sociétés savantes et des So-
ciétés de médecine en particulier, 1 vol. in-8o, par
M. Roux.
Recherches sur l'incertitude des signes de la mort.
Rapport de la chambre de commerce d'Amiens sur l'ex-
position faite par les filateurs et les fabricants de tissus
à l’exposition universelle.
Recueil des publications de la Société hâvraise d'études
diverses, 1852 à 1854.
Rapport fait à l’Académie des inscriptions et belles-
lettres au nom de la commission des antiquités de la
France, par M. Berger de Xivrey, membre de l'Insti-
tut, cahier in-4o, 1855.
Rapport de M. Mille, ingénieur draineur, à M. le Préfet
de Ja Loire, sur la situation des travaux de drainage
et d'irrigation, br. in-8o, 1855,
Recueil des actes administralifs de la Haute-Loire, f855.
Rapport sur les nouveaux appareils de panification de
M. Rolland, boulanger, cahier in-8o.
Rapport sur le pétrin mécanique et le four à sole mobile
de M. Rolland, par M. Gauthier de Clauby.
Recueil des mandements ét lettres pastorales de Mgr de
Morlhon, évêque du Puy. 6
Revue bibliographique du midi de la France, de l'Algérie
et des colonies, 1855.
Du
EN 1855. 723
Sculpture en bois de l’église de Saint-Laurent à Lokeren,
in-4o, par H. Raeptael.
Société d'horticulture de la Seine, novembre 185%.
Société d'horticulture de Saint-Germain-en-Laye, & 1,
livr. fre, 1854.
Société impériale d'agriculture de Valenciennes, octobre
et novembre 1854.
Société pour la conservation des monuments historiques,
tome 1x, année 1853,
Société d'agriculture du département de la Marne, 1854,
séance publique.
Société impériale et centrale d'agriculture {bulletin des
séances), 3e série, 1854.
Statistique monumentale de Paris, cartes, plans et dess ns
par Albert Lenoir.
Société d'agriculture de Boulogne-sur-Mer, séance se-
mestrielle, 31 mars 1855.
Statistique monumentale du Puy-de-Dôme, texte, { vol.
in-S0, atlas, planches, par M. Bouillet.
Statistique monumentale de l’arroudissement de Falaise,
par M. de Caumont, in 8e.
Société de statistique de Marseille.
Statistique routière de la Basse-Normandie, par M.de
Caumont, broch. in-8o,
Société des seiences naturelles et archéologiques de la
Creuse,
Société anglo-française dn crédit agricole, catalogue
in-f0,
Société des appareils de panification Rolland, br. in-8e.
Sud-Est (le), journal agricole et horticole de Grenoble,
1555.
724 OUVRAGES REÇUS EN 1855.
Traité de la magie, in-folio, par le R. P. Martin, jésuite.
Topographie minéralogique du Puy-de-Dôme, br. in-8e,
par M. Bounillet.
Tiers de sou d'or au nom du roi Clotaire IF, cahier, par
M. Bretagne, directeur des contributions directes au
Puy, membre résidant de la Société d'agriculture du
Puy.
Voyage agricole et horticole en Chine, extrait des publi-
cations de M. Robert Fortune, traduit de l'anglais par
M. le baron de Lagarde-Montlezun. Donné par Île
Gouvernement.
OUVRAGES REÇUS
PAR
LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE
SCIENCES , ARTS EF COMMERCE DU PUY
PENDANT
L'ANNÉE 1856.
D 0 0 + — — —
Anrales de lAcadémie d'archéologie de Belgique,
tome X11.
Annales de la Société d’émulation du département des
Vosges, tome vitr, 1854.
Annuaire de la Soeiété météorologique de France, 1856.
Annales archéologiques de Didron, 1856.
Annales de la Société d'agriculture de Lyon, depuis
l’année 1838 à 18%4, 7 vol. in-8°
Annales de l'OEuvre de la Sainte-Enfance, du n° 1 au
n° 40.
Annales de l'Auvergne. +
Annales de la Société d'agriculture de la Gironde,
1855-1856.
726 OUVRAGES REÇUS.
Art {l’) de découvrir les sources, par M. l'abbé Para-
melle.
Acaaémies des siences, belles-lettres, de Clermond-Fer-
rand, Discours de réception de M. Enjubaulr.
Budget (le) mis à la portée de tout le monde, v. in-12.
Donné par le Gouvernement.
Budget départemental de la Haute-Loire, 1856.
Bulletin de la Société archéologique de Soissons, 1855.
Bulletin monumental par M. de Caumont, 1855.
Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts
de la France, 1853-1851.
Bulletin de la Société d'agriculture et d’horticalture de
Vaucluse, tome 1v, 1855.
Bulletin de la Société d'agriculture de la Lozère, 1855.
B:lletin agricole du Puy-de-Dôme, 1855-1856.
Bulletin de la Société zoologique d’acclimatation, 1855.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1855.
Bulletin de la Société de l'histoire de France, 1855.
Bulletin de la Société libre d’émulation du commerce ct
de l’industrie de Ia Seine-Enféricure, 1855.
Bulletin du commerce agricole de l'arrondissement
d’Alais (Gard), 1855-1856.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale
d'agriculture, 1855-1836.
Bulletin du Comice agricole de l'arrondissement de Saint-
Quentin, 1855-1856.
Bulletin de la Société, des antiquaires de Picardie, 1853
à 1855-1856.
Bulletin de la Société centrale d'agriculture de l'Hérault,
1855-1856.
EN 1856. 727
Bulletin de la Société d’études de la ville de Draguignan,
tome 1er, 1856.
Bulletin de la Société académique de Poitiers, 185%.
Bulletin de la Société d'agriculture de la Lozère, 1855-
1856.
Bulletin de la Société d'agriculture de la Sarthe, 1855-
1856.
Bulletin de la Société d'agriculture de la Haute-Vienne,
1855-1856.
Balletin de la Société d'agriculture du Cher, 1856.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers, 1855-1856.
Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1856.
Bulletin des travaux de la Société d'agriculture de Saint-
Germain-en-Laye, 1856.
Bulletin mensuel du cabinet historique, 1856.
Bulletin international du libraire et de l’amateur de
livres de Paris.
Bulletin de la Société académique de Laon, 1855-1856.
Bulletin de la Société archéologique de Sens, 1854-1855.
Bulletin de la Société impériale et centrale d’horticul-
ture de la Seine-Inférieure.
Bulletin de la Société des sciences, belles-lettres et arts
du Var, séant à Toulon, 2%° année.
Bülletin de la Société d'agriculture, sciences, arts et
belles-lettres d'Indre-et-Loire, 1854-1835.
Bulletin historique de la Société des antiquaires de la
Morinie, 1856.
Courage (du) considéré sous le rapport médical, par
M. Roux, docteur-médecin, cahier in-8o,
Cultivateur (le bon) de Nancy, 1856.
728 OUVRAGES REÇUS
Concours de 1856 de la Société impériale de Valen-
ciennes.
Catacombes de Rome en 65 livraisons, grand in-folio,
ser vol.; planches, par Louis Perret. Donné par le
Gouvernement.
Cours de dessin sans maitre, méthode de madame Cavé ;
planches in-folio, 2 livr. Donné par le Gouvernement,
Cours de dessin sans maître, 2€ partie ; la couleur. Donné
par le Gouvernement.
Communication faite par M. le Sant, président honoraire
de la Société d'horticulture de Nantes, sur l’enseigne-
ment élémentaire d'horticulture dans les écoles pri-
maires, cühier 8, 1856.
Compte-rendu des résultats obtenus par M. Frédéric
Laforgue, propriétaire à Quarante, par l'emploi du
soufre contre la maladie de la vigne, 4 cahiers in-80.
Compte-rendu de la séance publique tenue par la Société
d'agriculture de la Marne, août 1855, et rapports sur
les travaux du Congrès des délégués des Sociétés
savantes de France, session de 1856.
Choix de rapports et instructions tirés des archives
scientifiques du ministère, 5 vol., 7 cahiers, Donné par
le Gouvernement.
Cinéide (ou la Vache reconquise).
Congrès archéologique de France; séances générales
tenues en 1855, à Châlons-sur-Saône, à Aix, à Avi-
gnon, par la Société française d'archéologie, pour la
conservation des monuments historiques.
Compte-rendu des travaux de l'Académie du Gard. -
Compte-rendu, au {°* juillet 1855, des recettes et des dé-
penses départementales de l'exercice 1854.
_—_— -——
EN 1856, 729
Discours de M. Roux, sur la statistique appliquée à
l'étude de l'hygiène publique en général, cahier in-8o.
Discours de M. Roux, sur la régénération des Sociétés
savantes, cahier in-80.
Draineur (le), indicateur des améliorations agricoles, par
M. Ed. Vianne, cahier in-8°.
Détails sur les produits de l'imprimerie impériale de
France.
Discours pour le couronnement de Notre-Dame du Puy,
par le R. P. Nampon, jésuite, cahier in-8°.
Discours sur ja destruction de l'empire d'Orient, pro-
noncé à la séance publique de la Société des antiquaires
de Picardie, par M. l'abbé Jules Corblet, président.
Eloge historique de François-Emmanuel Foderé, par
M. Roux, docteur-médecin, cahier in 8e.
Eloge historique de Polydore Roux, conservateur du
cabinet d'histoire naturelle de Marseille, par le même,
cahier in-8o,
Ephémérides de la Société d'agriculture de l’arrondisse-
ment de Châteauroux, 1'e partie, 1855.
Etudes et rêveries, par M. Paul d'Albigny.
Extrait des travaux de la Société rentrale d'agriculture
de la Seine-EInférieure, 1855-1856.
Eloge historique d'Armand Bazin de Bezons, évêque de
Carcassonne, cahier in-8°, par M. A. Mahul.
Essai sur l’invraisemblance du règne commun et simul-
tané de Louis FE et Carloman, pendant l’année 879,
cahier in-80, par E. Choussv.
Feuille du cultivateur forézien, publiée par les Sociétés
730 OUVRAGES REÇUS
d'agriculture et les Comices de Montbrison, 1855-
1856.
Flore de l’ancien Velay, par M. Hilaire de la Tourette,
docteur-médecin, membre résidant de la Société d’agri-
culture du Puy.
Histoire de Napoléon HE, 1 vol. in-8o, par Adrien
Pascal. Donné par le Gouvernement.
Harmonies catheliques, par le comte d’Albret, 1 volume
in-80, Donné par le Gouvernement.
Histoire de l’église de sainte Geneviève, patronne de
Paris, ancien Panthéon français, par M. l'abbé Onin
Lacroix, { vol. iu-8°. Donné par le Gouvernement.
Invention (l}, journal mensuel de la propriété indus-
trielle, littéraire et commerciale, par Gardissol, 1855.
Itinéraire destiné aux cultivateurs du continent, par le
comte Conrad de Gourey.
Instruetion pastorale de Mgr de Korlhon, évêque du Puy,
pour le carème de l’année 1856.
Influence (de |”) de la médecine morale sur la santé, par
M. Roux, docteur-médecin, cahier in-8o.
Instrnctions pratiques sur Je drainage, vol. in-12.
Donné par le Gouvernement,
Influence (l} du bien-être matériel sur la moralité des
peuples modernes, par Edouard Mercier, 1 vol. in-8o.
Donné par le Gouvernement.
Instructions à l'usage des voyageurs en Orient, par
M. le marquis de Pastoret.
Journal de la Société impériale et centrale d'horticulture,
1855, L
EN 1856. 731
Journal d'agriculture pratique et d'économie rurale, pour
le Midi de la France, par les Sociétés d'agriculture de
la Haute-Garonne et de l'Ariège, 1855-1856.
Journal d'agriculture pratique, 1855.
Journal de la Société de la morale chrétienne, 1856.
Journal le Monde littéraire, revue périodique.
Liturgie des cloches (de La), par M. l'abbé Jules Corblet,
1855.
Lettre de M. le ministre de l'instruction publique et des
cultes, sur la publication d'un Recueil des inscriptions
de la Gaule et de la France, £856.
Lettre pastorale de Mgr de Morlhon, évêque du Pur, au
sujet du couronnement de Notre-Dame du Puy.
Mémoires de l’Académie impériale de Toulouse, 1855.
Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie,
1855.
Moniteur (le) des comices et des cultivateurs, 1856.
Mémoires de l’Académie du Gard, 1854-1855.
Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest,
1851.
Monument (le; de Molière, poème, cahier in-80, par
madame Louise Collet. Donné par le Gouvernement.
Manuel de numismatique ancienne, 2 vol. in-8, par
Hennin. Donné par le Gouvernement.
Mœurs de l'Inde, 2 vol. in-8°, par M. l'abbé Dubois,
ei-devant missionnaire dans le Missouri. Donné par le
Gouvernement.
Mémoires sur le Nivernais, 3 vol. in-80, commencés par
Jean Mée, de la Rochelle, avoeat, et continués par
732 OUVRAGES REÇUS
Pierre Gillet, juge au tribunal de première instance de
Nevers. Donné par le Gouvernement.
Mémoires pour servir à l’histoire de l’Académie royaie
de peinture et de sculpture, depuis 1648 jusqu'en
166%, par M. Anatole de Montaiglan, 2 vol. in-12.
Donné par le Gouvernement.
Mémoires de la Société d'agriculture, des sciences et arts
de l'Aube, 1855-1856.
Mandement de Mgr de Morlhon, évèque du Puy, à l'oc-
casion du couronnement de Notre-Dame du Pus.
Mémoires de l'Académie impériale de Metz, 1854-1855.
Mémoires de la Société impériale d'agriculture, sciences
et arts de Douai, 1854-1855.
Mémoires et publications de la Société des sciences et
arts du Hainaut, 1856.
Mémoires de la Société du museum d'histoire naturelle
de Strasbourg, tome 1v.
Mémoire sur la guérison de la maladie de la vigne,
Mémoires de l’Académie impériale des sciences, arts et
belles-lettres de Caen.
Monuments de Neufchâtel {les), par Dubois de Montper-
reux.
Musique (la), poème lyrique, par A. Lesquillon.
Modifications à la législation sur le Cheptel, séance du
Conseil général de Saône-et-Loire, 26 août 1856.
Mémoires de la Sueiété d'agriculture, sciences et arts de
la Sarthe, 1855.
Notice sur la culture et sur la préparation du lin, publiée
d'après le vœu de la Société d'agriculture du Hevre,
brochure in-24, par Dorev, président de ladite Société.
EN 1856. 7133
Note sur deux colonnes itinéraires, découvertes dans le
trajet de la voie romaine de Clermont à Lyon, par
Péghoux,
Notice biographique sur J.-B. Textaris, docteur-médecin,
par M. Roux, docteur-médecin, cahier in-8°. ‘
Notice historique sur le docteur Gérard, par le méme,
cabier in-89.
Notice sur les dentelles et tissus à maille, par M. Phi-
lippe Hedde.
Notice historique de la ville de Mirande, par M, l'abbé
de Montlezun, chanoine d'Auch, cahier in-80.
Notice historique de la ville d'Auech, par le même.
Notice de la foire de Saint-Jean, à Amiens.
Néerologie de M. Richond des Brus, docteur-médecin,
ancien député de la Haute-Loire, membre résidant de
la Société d'agriculture du Puy.
Notice sur le concours universel des animaux reproduc-
teurs, 1856. :
Observations sur les principales causes de l'élévation du
prix du pain et de la viande, cahier in-8o.
Orient (l), planches et texte par Eugène Flandin, attaché
à l'ambassade en Perse, 6 livraisons. Donné par le
Gouvernement.
OEuvres du Dante, 5 vol. ; la Divine comédie, illustra-
tion de l’auteur des Divines féeries. Donné par le
Gouvernement.
Observations des syndies des boulangers de la banlieue
sur les nouveaux projets concernant l'alimentation du
département de la Seine.
134 OUVRAGES REÇUS
Passions (des), suivant les âges, et de leurs effets, par
M. Roux, docteur-médecin, cahier in-80.
Programme des prix propesés par l'Académie impériale
de Rouen, pour 1856-57-58.
Ponime de terre Chardon, cahier in-8°, par M. Dagrip.
Prospectus des documents pour servir à l'histoire de la
Bourgogne, publié par la Société d'histoire et l'ar-
chéologie de “hâlons-sur-Saône.
Prospectus et catalogue, publiés par M. Haog, sur Ja
France protestante.
Parallèle de Vaucanson et Jacquart, par M. Philippe
Hecdde.…
Plutarque Français (le), publié sous la direction de
M. Hadat, 6 vol. in-So, avec portraits. Donné par le
Gouvernement.
Publications agricoles et horticoles de la Société impé:-
riale d'agriculture de Douai, 1855-1856.
Publications de la Société archéologique de Montpellier.
Poésie Walomer, par l’auteur du Pantalon troué.
Procès-verbaux des délibérations du Conseil général de la
Haute-Loire, session de 1556.
Revue des Beaux-Arts, 1857.
Revue agricule de la Société impériale d'agriculture de
Valenciennes, 1855-1856,
Recueil des Actes administratifs du département de la
Haute-Loire, 1856.
Recueil des Actes de l’Académie impériale de Bordeaux.
Rapport sur les eaux de Grézan, par M. Philippe Hedde.
Recherches géogéniques, par M. Guiet, juge de paix à
Mont{ord, cahier in-8o.
EN 1856. 735
Relation du couronnement de Notre-Dame du Puy, par
M. l'abbé Coupe, chanoine de Notre-Dame, 1856.
Revue agricole, industrielle et littéraire du Nord, t vir.
Répertoire des travaux de la Société de statistique de
Marseille,
apport fait à l'Académie des inscriptions elbelles-lettres,
au nom de la commission des antiquités de la France.
Sud-Est, journal agricole et horticole de Grenoble, 1855.
Souvenirs numismatiques de la révolution de 1848,
20 liv. in-#0, Donné par le Gouvernement.
Solfège-concertant à 2, 3 et 4 voix, par A. Pouseran,
professeur de chant au Conservatoire, 1 vol. in-8o,
Donné par le Gouvernement.
Société d'agriculture de Boulogne-sur-Mer, séance se-
mestrielle du 10 novembre 1855-1856.
Société des sciences naturelles et archéologiques de la
Creuse.
Société impériale d'agriculture, sciences et arts de l’ar-
rondissement de Valenciennes, 1856
Supplément au budget départemental de la Haute-Loire,
pour l’année 1856 ;
Travaux d'Hercule, planches in-folio , composées par
Poussin et gravées par A. Gebé. Donné par le Gou-
vernement.
Théories complètes du chant, par M. Stephen de la
Madeleine, 1 vol.in-8o. Donné par le Gouvernement.
Velaviennes {les), brochure in-12, par M, Blanchot de
Brenas.
736 OUVRAGES REQGUS EN 1856.
Voyage {troisième} agricole en Angleterre et en Ecosse,
par M. le comte Conrad de Gourey, in-80, 1855.
Voyage agricole dans l’intérieur de la France, par le
Jagesas
même, in-80, 1855.
Voyage au Soudan oriental, atlas in-folio, par Pierre
3 © ,
Tremoure,’ architecte lauréat de l'Institut de France et
de la Société géographique, 10 livraisons. Donné par
DS CU P
le Gouvernement.
Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibli-
ques, planches et texte, 16 livr., grand in-%°, par
M. de Saulev. Donné par le Gouvernement.
; P
EE OS _—
TABLEAU
DES
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES
FAITES AU PUY, À MIDI,
PAR M. E. AZÉMA , MEMBRE RÉSIDANT.
1855-56.
LÉGENDE EXPLICATIVE
DES
ABRÉVIATIONS EMPLOYEES DANS LES OBSERVATIONS.
CM em Cumulus : nuages blanchätres ressemblant
à des balles de coton. CM grands cumu-
lus; em petits cumulus.
er Cirrhus : nuages frangés ressemblant à des
hachures ou à des balayures.
st Stratus : nuages disposés en forme d’im-
menses tables, de bancs ou d'assises
horizontales.
738
nb
col
OBSERVATIONS
Nimbus : nuages orageux, de couleur
grisätre ou foncée, se découpant brus-
quement dans le ciel.
Cirrhos-stratus : nuages tenant à la fois
des cirrhus et des stratus.
Quelques.
Pluie.
Neige ou nuit, suivant la nature de
l'observation,
Léger ou légèrement.
Vapeurs.
Supérieur.
Inférieur.
Nord.
Sud.
Est.
Ouest.
Depuis.
Matin.
Soir.
Grand.
Ce signe signifie : au-dessous de 0 on de
la glace fondante, c'est-à-dire des degrés
de froid.
Ce signe indique des degrés au-dessus de 0
ou de chaleur; même signification quand
il n'y a point de signe.
Horizon ou heure, suivant la nature de
l'observation.
Soleil.
Eclaircies.
MÉTÉOROLOGIQUES. 739
br Brouillard.
atm Atmosphère.
or Orage.
ton Tonnerre.
gb (relée blanche.
éel Eclairs.
MMM Moyenne mensuelle matin.
MMS Moyenne mensuelle soir.
Les autres abréviations se devinent aisément.
L
Jours du mois.
© CO 1 D Cr O1 ID
JANVIER.
Ba-
romètre
744°40
710,45
711,84
714,51
715.14
716,21
719,49
719,58
716,28
715,61
714,70
715,54
714,55
711,85
714,05
707,70
701,22
700,39
697,11
700,28
701,67
708,64
706,03
705,82
705,70
705,83
701,88
702,26
699,01
698,14
698,72
centigr.
bn
œ
Doctor ou ce
ADD
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RATIO OO EI RS RO RO OURS OÙ OÙ RIT OÙ O1 Q7 OÙ O1 HS Q7 O7 O7 O7 KI Cr
DOUSE=OR © ZL HI O7 CO IU = O7 RO RO
OBSERVATIONS DIVERSES.
lard, givre, beau après midi.
lard jusqu’à dix heures.
de
Joe
de neige la nuit.
lée dans les maisons.
bas.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
ee —- si = Le JANVIER.
(|
ANT TRERNOMÈTRE UDOMÈTRE,
LE Hygro- Du ù VE
LE Re 4 —_—_—û— "è ETAT BAS: |
: . < u : > : 5.4 ee — OBSERVATIONS DIVERSES. |
En | a M > DU CIEL À MIDI.
ee séro. contact, térieur. minima, Maxima, Puy. Issingeaux MATIN, MIDI, SOIR, l
OR EE Ne |
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centigr. | centigr. | centigr. centigr, N - |
sup. | inf, |sup. | inf. sup. | inf,
74440) 1615 491 —929$ 6°0 ù
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714,7 5,2 5 | —3,5 : » 86,1 id
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+ 700,28 3,5 —2,4 |—13,5 | —2,1 » 84,1 beau, légersst. . . . bn [se | Nse|n|noln | id.
[5 701,67 4,7 | —2,8 |—15,1 | —1,0 ” 83,5 beau à midi, qqgsem. . . h. [s | x|so|nx|xolnx id., gelée dans les maisons. |
(2 108,64] 3,1 | —2,7 |—15,8 | —0,9 n 83,8 neige, qqs flocons. o lexEl o [ENE| No | € |
5 706,05 12.8 5,0 —8,1 6,1 » 84,0 beau, quelques er. . . bn [oxo| E enol E [oo] s | se en bas.
4] 105,82 12,9 LANDE 5,0 qn 83,0 beau, qqs er., em. . . . hz so] s|sols|ols |
25| 705,70 4,4 3,0 | —6,1 3,8 » + 84,9 couvert , st. . . . . . hz | o|s|ols|noln
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14 | —4,8 |—15,0 0.8 » 85,0 couvert, st. . . . . . hz [Ne | 6 | e | & | se |sse |
3.9 0.6 | —3.0 1,0 | 0,500 84,2 | id. NoINE|NO|NE|NOÏNE
29! 6 10.5 22 |_40.0 614 : 84,0 très-beau, qqs er. . . . h. [nolne| o |s|so|s |
| 50! 698,14 12,0 8.2 0,6 9,5 | 3,203 86,0 beau, em., st. . . . . h. | so |oso | No loso| so | so |
698,72 1.8 5,5 4,5 102 | 0,500 85,0 couvert. so} E| os | o |sso
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FÉVRIER,
Ba-
romètre
OBSERVATIONS DIVERSES.
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Jours du mois,
centig
410$
9juillard le matin.
Gite pluie la nuit et Le matin.
9
9
re.
© © I O QE HR OI NI
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ie de ncige le matin.
8sup. Faible gelée.
1% puillard le matin ; 4re mésange.
14 bas.
9
9! , ,
7pmes de neige la nuit et le matin.
5
10,
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9!
Sais brouillard le matin; givre; gelée.
8,
9!
26| 699,71] 19,
27| 704,27 9
28| 705,18 1 bas.
Moy. F4
mois 698,56 } id. , le 19 F0
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. FÉVRIER.
THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
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OBSERVATIONS DIVERSES.
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5| 701,51 LE Sa | [NE 300 id so 0 |so| 0 | 0 | 0 | petite pluie la nuit et le matin.
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12! 688,95 5,5 | 0,0 se 8,000 id s|s/s|s|sls
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15! 691,09 1,8 1,2 J, Le oso | o | o | o | o | No
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11 682,02 LR T8 20 È neige abondante. No | xo | xo | no | No lono| atomesde neig
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15| 701,21 SE 125 20 : neige peu abondante, ese [NNo|xvo/nnol so | s
16! 699,13 OI EEE =Ù F5 6.0 éclaircies, emn.. . , hz [sol s | s | s |sols
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AU RTEL A x 10 86,0 couvert;stn...- .0h2 |ls0) fs tINs
I8| 698,73 114,5 4,0 2,4 | 0,400 ? s losol s
EL RS de 0.0 155 | 2.000 87.0 beau, qqs em., st. . . hz Josol s | s
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2 8,3 | —1,0 9,0 2 85 "9 mA N |oxo|oxolono| N |oxo a LUE lée
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9, eur ( » , : = 8 losol s
#1 2,9 ; CA ; 5 4 id, o|s1s
25! 700,94 8,1 5,2 15,0 | 0,281 is éclaircies, emn. . . . , hz | so | s [oxo/ono|onolono
RARE = o 5,2 ! 6 ;
26| 699,71 10,2 2,5 12,3 2,000 87.0 couvert, stn. . . . . . hz | No [vnolnno|Nno|NNolNso
7| 704 07 "9 4.0 9,9 | 4,259 L, RE bzninwininlolnlsen bas.
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Moy. | —— is. 40,79 Température la plus basse AU Ê re C0
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mois! 698,56 |
MARS.
FPE OBSERVATIONS DIVERSES
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cent
4 4!
2 Alouttes de pluic à 40 h. du mat,
3 dietite pluie à 10 h. du mat.
4 Il
5 livre; se intcrmédiaire le matin.
6 dietite pluie le soir à 7 b.
7 {'rouillard Je mat.; forte rosée.
8 4
9 omes de neige le matin ; gelée.
nl
{elée; neige le matin (peu).
4leige ass. abond. la nuit (commente à 1 h. et demie 8.).
jeige Ja nuit et le matin ; faible gelée.
jeige la nuit.
jeige la n ; pluie à 10h.m ; brouill à midi; neige fond.
Hrouillard le matin.
td.
4retite pluie la nuit.
1relée blanche,
Ad.
Â!
Pluie le matin.
À
pluie abondante à 4 h. du soir.
1
1
neige le malin et après midi.
aible gelée.
iomes de neige la nuit et le matin.
—_——
ise du mois, le 44 . . . . . . .. —10°,5.
vecteur ce +140,5.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
MARS.
AIN THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
3 | Hygro- ETAT VENTS.
£ | rometre TT,
: : es à n ME : TT — OBSERVATIONS DIVERSES
E & mètre. DU CIEL A MIDI.
E zéro. contact. | térieur. | minima, | maxima, Puy. [Issingeaux MATIN. | MIDI. SOIR,
——— | — |
| |
centigr. | centigr. | centigr. | centigr. sup. | inf.{sup.| inf.|snp.| inf
1l 70869 45°2 405 0°7 41° 4,000 86,5 vapeurs, beau, lég. stn.. . hz | o [xt | o nel o lo
2! 705,80| 140,5 | 41,0 ï 42, n 87,5 couvert, stn . . ., hz { o |xxol o | o | so! s À gouttes de pluic à 40 h. du mat
5| 697,57| 10.0 5,5 à 7,1 | 2,000 87,0 id. so | o {os |onolonoloxo petite pluie à 40 h. du mat Le
41 701,86] 40,0 ï É 9, » 87,8 quelques éclaircies, GMN.. . hz [xolxNoÏNNo! vol xxol ne À Ê
5 608.49 9.8 : x 9, » 88,5 couvert, stn. .. . . hz | so Ne |ssc|sse | so | s À givre; se intermédiairele matin
6! 704,951 40,5 k û a 1,515 87,5 éclaircies, CMN. . . . hz [xo! s [no| s | o fono] petite pluie lesoir à 7h, ;
7] 701,74] 41,3
$! 701,37] 11,7
9] 702,84 6,7
| 10! 702.22 4,2
19 4,9
121 689,551 43,0
0,815 87,0 grandes éclaircies, CMN. . h
1,000 86,1 beau, qqs em. . . . . h
» 84,0 couvert, stn. . . . . hz
» 84,0 légerement couvert, stn. . . hz
» 84,0 couvert, stn. . . . hz
6,500 85,0 pluie toute la matinée.
tSE |ONO!ESE |ONO!ONO|ONQ
N INE| N |NE!N INE
NNOÏNNOINNO! N INNO| N
N N N N N N
N INNO|J N |ON0]ONO! No
ONO! No |ONO! NO |ONO! NO
brouillard Je mat.; forte rosée.
atomes de neige le matin ; gelée.
id
gelée; neige le malin (peu).
neige ass. abond, la nuit (commente à { h, et demie s.).
RIT CO = © © N = D OT D © 19 N 1 D © © ©
© Or © O0 à Or © — 00 O0 O7 OT AI QI © CE I ON © D
DENRDOAONOURO OO —
[15] 694,18 8,2 ; 85,0 éclaircies, emn. . . . h Jonolnxo| no | No [xno|nxof neige la nuit et le matin ; faible gelée.
41 698,79 1,2 û ; 1,544 85,0 couvert, stn . . . hz [xxolxxo|xxo|Nvo/xno) No neige la nuit.
1451 705,17 8,2
16| 705,35] 11,2
71 706,77! 15,2
18| 708,941 12,2
N | NO | NO |ONOÏONG| NO
N0|N0!0 O [NNo} NO
SO INNOÏ $0 |NNO! s0 | NO
So | No | Oo |ONO! NO |ONO
11,000 86,0 id.
2,500 86,5 id.
» 86,0 beau, qqs cm épars. . . . h.
4,125 87,0 assez beau, CM . . . . hz
neige la n ; pluie à 10h, m ; brouill à midi; neige fond.
brouillard le matin.
id.
petite pluie la nuit.
proue uwme=er eus s
+
=
Le]
Po
> —
DOS OI—E 2 © OI OI OI © AI O OI OI OI D = à ©
= OUUDDUUONINNORGOUUOSOXS ©
Din De be Le be
119, 709,56! 44,3 ; —5; ; » 86,0 beau , qqs cm. . . . . hz | x no|nlnoln |nol gelée blanche,
20] 702,60| 144,9 | 41, —7, É » 88,0 beau, qqs er. légers. . . . hz |ese | se leselssc|sso| s | 1d.
21] 688,84] 192,2 11, : ; » 88,0 couvert légerem., stn. , . . hz |sse| s |sse|sse|sse| s : ;
22] 681,90| 142,5 ja —0, 12,9 114,575 86,5 assez beau , qqs GMN.. . hz fsse | s | so |oso |oso |oxo pluie le matin.
25| 687,89 10,0 } \ 11,5 » 86,9 couvert, stn. . . . . hz losoloxo| o |oxo] o [onu : +: !
24| 685,78 992 (Sal; 9,5 | 0,578 82,0 gouttes de pluie. pluie abondante à 4 h. du soir.
25! 689,25] 44,2 10,8 | —1,0 44,5 [11,244 87,2 éclaircies, CMN.. . . hz | su! no) sono! o |no
126! 695,541 14,2 9,0 | —6,2 10,0 » 86,0 id. 00 | No |oso | No | oso| No sa ie
27| 696,9 8,2 4,8 0,0 5,2 | 4,500 87,2 couvert. nno| No no vo N | No AE SAC apres midi.
28| 709,40 7,0 28 |"—9:0 4,5 | 2,125 86,2 quelques éclaircies, stn. . hz | N|No|ETÏN l N|nt| faible gelée.
29! 709,65| 8,5 3,5 | —2,5 6,0 » 86,1 id. emn. A BRENT RENNES
| 50! 740,04 1,5 1,8 0,9 2,8 » 86,0 couvert, stn. . . - . ba NAIAN|NNO NN] N N Se do NES
31| 708,82 6,8 2,8 1,1 5,5 » 85,7 éclaireies, emn. . . . 2 [NNEÏNNENNE] NE | N | N | atomes de neige la nuite b
lee: re SE , ose du mois Je to
: Température la plus élevée id., PS AO PEER PR 149,5.
mis 700,99! 3,51 | 8,75 |65,451 86,20|Températ. moyenne du mois. 5°,12
Ba-
706,95
708,02
703,54
9| 705,52
10! 701,55
44! 702,04
12| 704,24
l
2
5
4
5| 699,14
À
7
8
15| 700,89
414] 704,48
15! 710,82
16! 709,12
17| 700,78
48] 709,56
49! 707,56
20| 707,29
21| 709,48
22| 709,57
25| 709,55
24
740,45
25| 704,14
26| 705,71
27| 707,22
28| 705,82
29| 706,12
50| 705,77
mois| 705,72
OBSERVATIONS DIVERSES.
S!lée blanche.
Somes de neige le matin.
Tomes de neige la nuit; bruine le soir.
8
15,
10]
TOtite pluie le matin.
41
A0fésil à 44 h. du mat.
15110 à plus. zônes, 2 rougeset 2 bleues ou vertes tr.-mar-
|quées, env. à 5, 6, 9, 12° de rayon; rosée.
45
1641 heures et demie soys sE.
1Sraison des arbres fruitiers à noyau.
20
20)
21}. du poirier.
22
20
17
{Sent tres-freid.
1Zoid.
1Soid à l'ombre,
l'louttes de pluie à 8 heures du mat.
11
12
1Aremière birondelle.
40
idouttes de pluie l’après-midi.
0
| + 0
eRdUUNOIS, IE D. — 49,9
(end Mle20 7 CE —+ 25
ASS AE A LEP LE RC AU RS
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
ns — =—— = AVRIL,
— — mm
| Ba- THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
3 ; Hygro- ETAT VENTS.
# rometre 7 —_—— |
É à en ex- à à au | à ; | — OBSERVATIONS DIVERSES.
3 ; 22 nn ; métre. DU CIEL A MIDI.
m | zéro. contact. | tér'eur. | minima, | maxima. Puy. |Issingeaux MATIN. | MIDI. soin.
as) | — em mm
centigr. centigr. | centigr. centigr.
1} 706,50 To( 35 | —2°5 6°2 ù 86,0 couvert.
2] 707,941 T5 5,5 1,5 5,0 » 85,0 id
5l 705,49| 8,9 | 9,9 | —4, 0 CE |
4 ne De 20 ie more aol grandes éclaircies, emn, , . h atomes de neige le matin.
MERE os ne ae UE er »,0 couvert, stn. . . . . hz atomes de neige la nuit; bruine le soir,
6| 706,95 5,9 9,9 9, 8,3 | 0,672 85,0 couvert.
7| 708,02] 15,8 11,2 9,8 14,2 » 85,0 ass beau, emn.. .. . hz
8) 705,54] 10,2 7,0 9,0 9,5 » 86,8 couvert. stn.. . . . hz
91 705,52] 10,4 6,1 | —5,3 11,2 » 85,5 id lite pluie ] i
AUOSOE k ; 2 mn : petite pluie Le matin.
10! 701,531 41.2 10,8 | —0,2 74,1 » 86,1 légérement couvert, stn. . . hz
11! 702,04] 10,2 9,0 2,0 10,8 » 86,0 id grésil à 41 h. du mat.
RARES ne ñ : FE A € De s , !
12] 704,24| 15,9 14,1 5,0 15,6 | 2,219 87,5 beau, CMN épars. . . . bz halo à plus. zônes, 2 rougeset 2 bleues ou vertes tr.-mar-
? quées, env. à 5, 6,9, 42° de rayon; rosée.
[151 700.891 45,9 17,5 | —1,8 46,1 » 58,2 beau, vent fort.
| 14| 704,48 16.0 18,2 6,1 19,201 » 87,5 beau, qqs emer. . . . hz à 41 heures el demie s07s 5€,
1151 710,821 18,9 18,5 | —2,5 22,4 | 0,047 87,0 très-beau, qqs rares em. . . h floraison des arbres fruitiers à noyau.
16! 709,12] 20.8 20,5 3,5 23,5 » 86,0 trés-beau, ciel pur.
[17] 700,78] 20,0 | 24,2 | —2,5 25,8 » 85,0 Lres-beau, qqs em.. . . . , h
18| 709,561 21,5 | 20,8 8,0 | 24,0 » 85,0 beau NOM Ce bz id. du poirier.
19! 707,561 22,2 20,5 525 24,0 » 85,1 id.
20| 707,29] 20,2 21,8 6,5 25,0 » 86,0 tres-beau, qgsem. . . ‘ h
17,6 16,2 8,0 DAS » 83,1 assez beau, er., st. légers. . bz NE | ESE| NE | NE L
15.1 15,5 4,92 45,7 » 82,5 assez beau, emn. NE[Ne|nE| NE) vent tres-froid.
a 42 61] 250 150 » 82,1 très-beau, ciel pur. nefne|nel ne froid.
24| 710,435) 143,5 8,9 4,6 19,0 » 81,0 id. NEÏNElNnEl N | froid à l'ombre.
25| 704 441 41.1 5,6 28 1,5 » 84,0 couvert, stn.. . . . hz xe {no | n fuel gouttesde pluie à 8 heures du mat.
26| 705,71] 41,5 8,2 4,5 14,0 » 85,5 |quelques éclaircies, CMN . . . . hz NNEJ NI NÎN
27 291 412,9 8,1 | —0,7 14,1 » 82,0 éclaircies, stn, . . . . bz NNE| NE [NNEÏNNE ; |
28| 703.82| 11.0 s'8 —0,1 10,5 » | 85,0 . couvert, stn.. . . . . he première birondelle.
29 à 10,5 9.0 0,6 412,5 5 85,0 légerement couvert, st. . . h.
50! 705,77| 42,6 9.6 3,5 9,6 ; 85,0 couvert, stn. . . . . hz
Moy | re : 0
“ + À 4 D HV à ; Al basse du mois, Gb em tas 4,9
nois| 705,72 1,92] 43,99 6,144 85,06|Températ. moyenne du mois. 70,95 Température la p U8 | élevée, 11e 20 EEE ,0
romètre
704°351
705,40
698,81
697,22
696.91
706,77
710,29
709,22
708,01
706,55
702,06
702,81
704,10
700,92
695,50
698,42
705,49
709,93
708,22
702,17
701,81
705,49
708.42
705,90
706,46
704,87
702,60
705,85
702.57
100,98
699,98
OBSERVATIONS DIVERSES.
bruine le inatin et la nuit. — 4er sossignol.
SE. en bas, pluie la nuit,
pluie le matin et bruire toute la journée.
12
42] bruine à 40 h. du matin.
15
43! bruinc le soir.
bruine à 5h. du soir.
19! pluie et arc-en-ciel à 6 h |
12] giboulces et pluie après-midi. |
10 |
éclaircies le soir. |
45] gelée blanche. |
14] pluie l'après-midi. |
pluvieux.
pluie Ja nuit.
pluie le matin.
Id, par sso; tonnerre à 11 h. du mat.
basse du mois, le 49
élevée id.,
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
MAI.
: Da THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
APS | Hygro- ETAT VENTS.
3
à à en | ex à à . à ——_——— _——__— OBSERVATIONS DIVERSES.
5 zero. contact. | térieur minima, | maxima Pu frrA é DU CIEL A MIDi.
|* . . Ft . Ya ssingeaux MATIN. | MIDI. Soin
À — À À — À — ——————————————————
cenligr. centigr. | centigr. centigr. sup. ES (es ‘sup. inf.
rÉ 05 o LOS 90 x . :
d 704°51 ne , : È 2 8 LU 5000 0,300 | 86,0 , petite pluie. s 0so| s |oso| s0 | bruine le matinet la nuit, — 4er rossignol.
2| 705,40 ,4 j 5, 15,0 115,625 | 0,690 | 85,2 légèrement couvert. se | No sse| sE b luie la nui
LA np Q [q s L « .
5| 698,81 13,2 15,4 | 1,5 15,1 | 0,594 ) 87,0 couvert, st. . . . . hz JE sse | sse| ssc| s ST A EU per
al 69722] 140 | 440 | 25] 165 | ”, »_ | 86,0 bruine lég.. . .. .hz|s It
5| 696.911 12,3 112 5,0 17,0 [27,500 [18,750 | 88,0 pluie. ESE se | so! | 5€
| 6] 706,77 14,6 8,8 6,5 8,9 2,406 | 6,500 | 88,5 couvert. No |Nox| xo loxolnno! N | pluie le matin et bruire {oute la journée.
| 71 710,29 11,4 10,8 1,8 12,5 | 4,000 | 1,100 | 87,5 légèrement couvert, stn.hz [svolnxo!nxelnxelono| N
| 8] 709,22 15,8 15,1 4,9 15,6 » » 87,5 éclaircies, st.,em. . hz | \o No | no | x0
| 9] 708,01! 12,1 9,1 3,5 12,5 | 0,62 2,400 | 87,0 id. No [NNoÏNNo| N [No N
10! 706,55] 12,8 15,4 972 47,5 | 0,500 | 1,250 | 88,0 légèrement couvert, sn. . . hz | o |xxelono| xo | o | Nu | bruine à 40 h. du matin.
| 411 702,06| 13,5 11,9 1,0 23,5 | 0,375 | 5,550 | 88,0 pluie fine, stn.. . . . hz [oso lool usolono|oxo) xo
| 12] 702,81] 13,2 11,0 9,5 47,g | 1,000 | 1,000 | 86,5 grandes éclaircies, CMN. . hz | xo |xxo| xo |nxolono vo] bruine le soir.
15! 704,10] 13°2 15,8 K,7 45,5 | 2,500 | 0,800 | 88,0 éclaircies, emn. . . . bz os0 | No |oso| 050 so | ssu bruine à 35 h. du soir.
| 14 700,92] 15,1 41,7 7,6 14,1 | 2,500 | 8,900 | 88,0 grandes éclaircies, emn. . hz |nso lonol o lool o ONU
15] 695,501 12,5 15,5 6,1 15,2 | 0,828 | 5,380 | 88,0 qqs éclaircies, CMN . . hz [oso losu | 050! 0 |oNo os0 pluie et are en-ciel à 6 h
16| 698,42] 12,2 10,5 555 45,8 [57,864 | 1,400 | 88,1 couvert, stn. . . . hz |oxolonoloxo ono! No |exel giboulées et pluie après-midi.
7| 705,49] 10,6 8,4 7,0 9,5 | 2,000 |14,600 | 88,0 pluie fine, stn. . . . hz | xo|xolxo fol no x
181 709,95] 11,1 9,5 8,1 19,5 | 0,688 | 5,650 | 87,5 couvert , st n. . . . . hz Invonnol vol NN | n | éclaircies le soir.
19] 708,221 13,8 15,6 | —1,1 15,8 » » 86,0 beau, qqs lég. er.,. . . . hz | NN) xxo! N | os | gelée blanche.
20! 702,147] 14,3 14,8 5,0 18,2 » » 87,0 COUVENL, Ets. hz | so! s | so | o | so loxo| pluie l'après-midi.
211 704,811 13,1 42,4 5,0 19,5 | 4,500 | 5,000 | 88,5 couvert, bruine. s [nel s | se | s | s | pluvieux.
22) 705,49] 15,3 | 15,4 4,0 | 17,0 [12,188 15,650 | 88,2 qqs éclaircies, CMN. . . hz |ssuloso| so oo) so oxo| pluie fa nuit.
25| 708.421 13,8 415,5 5,0 17,5 » » 88,0 éclaircies, em. . . . hz | so loxo loxo! so | s
| 24! 705,901 416.6 19,5 8.0 19,5 » » 88,0 légers er. . . . . . hz } so s |so|s
| 25! 706,46| 16,9 | 20,9 9,0 | 19,8 » n | 85,2 id. so s|sæ|s
26| 704,87] 19,5 20,6 |! 5,9 | 22,8 » » 85,7 id. SE s |s |se
| 27, 702,60! 14,9 15,0 6,9 18,2 | 5,000 | 4,900 | 86,0 couvert, stn. . . . hz | s | s6 | so) o |s | ©
| 28! 705,851 18.0 17,3 5,2 19,5 | 0,641 | 1,420 | 86,0 voilé, ste.. . . . - . hz | NE loNo! o “"oNo} so |“E
29! 702.57| 18,6 19,8 5,3 91.7 | 0,051 » su D'ART — Ê SRE lSR NE ER ele matin
50! 700 98 x = = 5 14.8 | 3,500 | 2,100 | 58, couvert, 50. u ls |s|s|s|o ss) pluieleim
(| EEE
| |
re) : , basse du mois, le 49. . . . . . . . — 10,1.
is 705,68 N 5,21 15,64192,725 |121,850 86,49|Températ. moyenne du mois.--10°,44| Température la plus Ab Le ie SR 200 8.
— "À
“
à romètre
SNS PE OBSERVATIONS DIVERSES.
Fe a en |
a |
a) contact. |
|
centigr. |
4 41895
2 14,6 |bruine le matin; tonnerre et pluie l'après-midi.
5 45,4 |brage à 5 heures du soir.
4 16,8 |rosée
5 49,5 ||
6 22,8
vi 23,4
8 24,5 tonnerre à 4h. sans pluie.
9 19,6 ||
21,5 | petit o age presque sans pluie le soir.
24,6
29 1
21,5
18,8 | )so interm. le matin et à midi.
21,2 | betit orage à 5 h. du soir.
15,8 | routtes de pluie apres midi ; pluie le Soir.
14,5
15,5 jRULLES de pluie le matin.
15,3 | Youttes de pluie à 5 heures du soir.
44,0 | )luie l'après-midi.
12,6 jouttes de pluie le matin et à midi.
16,4 lluie l'apreszmidi.
15,2 | bluie le matin.
16,5
17,5
418,6
17,2
20,0 | }}° au soleil.
21,5
21,8 | rage à 5h
SeldHNMOIS, Je Au. 02,
Fée le 20... 28°,5
OBSERVATIONS MÉTÉ ù J
NS MÉTÉOROLOGIQUES. JUIN.
l Fe THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
6 Hygro- ETAT VENTS.
À | rometre ne | 4 ——
5 à en ex | à à au ? nee OBSERVATIONS DIVERSES.
d Fe v À mètre. DU CIEL À MIDI.
e zérn contact. tér'eur. minima. | maxima, Puy. Issingeaux MATIN. | Mir. SOIR.
Il
RE
4 : ; s I
centigr. | cenligr. cenligr. | cenligr. sup. | inf. sup. inf. leup. linf.
11 704942] 18°5 104 su 155 QUE) 2,250 | 89,2 é:laircies, stn. SE| E | se | E | xsel Ese
6 , 6 9 : à EL 4 re . à n
2 703,04 198 de 92 F0 5,681 6300 90,0 pluie, stn SSOLESB | ss0lEse E | NET bruinele matin; tonnerre ct pluie l'après-midi.
3] 106,94] 15,4 ace 1,5 14 »300 24,000 | 90,0 quelques éclaircies, stn. E| Es so o! el orge à 5 ACT
4| 710,46] 16,8 19,0 >,2 19! 5 |18,254 » 89,5 beau, CM. . . . . . hz |oso| es] oso| sse| se | st | rosée
5| 707,42] 19,5 20,0 6,8 25,2 ” » 89,2 très-beau. oxo| s6 |oxo| s lonol NE
6| 706,39] 22,8 20,5 7,5 24,5 » » 84,0 id. . oNo| NE | oso| se | so | s£
7 106,51 23,4 25,9 8,9 26,ù » » 19,0 id.
8| 708,52] 24,5 29,6 15,6 27,2 » » 88,0 ass, beau, emn.. .. . hz tonnerre à 4 h. sans pluie.
9! 710,841 19,6 18,5 1785 25,6 » » 88,0 légèrement couvert, stn ?. . hz
40! 710,621 21,5 24,5 8, 25,7 » » 88,0 très-beau. petit o age presque sans pluie le soir.
41] 707,12] 21,6 | 24,2 14,8 27,9 2,141 » 86,9 beau, cm... /h"sr#
12] 707,07| 29,1 925,5 10,5 Ori) » » 87,2 beau cm .lz
5| 700,85] 21,5 25,0 47,2 21, 78 » » 87,0 id.
414, 706,55] 18,8 18,5 15,0 24,1 » , 86,5 assez beau, em, . . . hz oso interm. le matin et à midi.
15, 702,60| 21,2 21,8 15,5 21, 8 » » 86,0 assez beau, CMN. . . . hz [sso} s0 | sso) so | 80! o À petit orage à 5 h. du soir.
46| 702,40] 15, 15,2 12,5 16,5 | 6,500 |44,000 | 86,5 couvert, stn. . . . . hz | ss0, so | so] o |oso|ono| gouttes de pluie apres midi; pluie le Soir.
17, 705,75] 14,5 12,0 6,1 152 41,254 | 1,400 | 87,0 id. so | o | so | o |oxoloxo
467 711,15] 13,5 10 10,2 14,0 | 0,515 |10,000 87:5 id. NNO NNOÏNNO NNOÏNNO! N | gouttes de pluie le matin,
55| 15,5 14,4 6,1 16,1 | 5,250 |10,600 | 89,0 id. gouttes de pluie à 5 heures du soir.
107,60 14,0 9,5 10,0 11,1 n .500 |12,000 | 89,0 id. pluie Paprès-midi. ; _
21| 708,66| 12,6 9,6 71,9 10,5 | 4,625 116,720 | 88,9 id. jouttes de pluie le matin et à midi.
22| 710,12] 46,4 46,0 10,5 16,8 | 9,559 | 1,500 | 88,0 légérement couvert, st., em. hz pluie l'aprèsamidi.
25| 710,85] 415,2 15,9 10,8 14,2 | 1,250 | 5,500 | 88,9 couvert, stn . . . . hz fONo ENE|oNo oNO!NNO on pluie Le matin.
2124 710,821 146,3 | 45,9 | 43,1 | 147,5 » 6,800 | 89,0 beau, qqs em. . . . . hz [NNO xNolxxo No! N | N
125) 712,50! 17,5 17,2 6.0 20 0 » » 86,5 beau, cm. . . . bz | N/NININEININ
26! 714,55] 48,6 | 920,1 | 40,0 | 20,5 | » » | 87,0 id. N'IEN [no nou El
21| 711,22) 17,2 | 49,7 TA DNIMN22; 1 » » 89,0 id. APE LR Ne AA AE A D
28! 710.89] 20.0 24,0 6.0 97,8 n » 90,0 Lrès-beau, em. . . . hz |Ese Enr] se ENEENE| 8 | O9 au soluil,
29| 709 74 21 8 25.0 8.5 97.6 » » 83,0 Lrès-beau, qqs er. . . . . hz [ENE se |eNE SE | so | se
É , 21, 25, : 27, : are ; : Fe ONU
20, 710,88) 21,8 | 925,0 | 40,0 | 28,5 » » | 87,1 trés-bean; eme". 212)60/162)| no SEX NON NON CONTE
» »
Moy | | —— | —— | — . , N0>
du ; 1 150 60 Temovature la nlu | basse du mois, le 4... .... 92,
mois! 707,43 40,05[ 21,55/69,551 138,870|84,16 |Températ. moyenne du mois. 159, empérature la p s éevées Ale 0 SAN ONE
A]
Jours du mois.
MOY«
du
mois
Ba-
rometre
à
zéro,
71403
113,98
741,25
710,59
709,42
109,67
709,27
103,64
102,53
699,60
705,25
708,42
709,05
710,67
709,08
707,17
786.29
707,07
704,E9
D] 707,51
709,24
710,66
708,60
705,70
706,20
708,24
110,11
710,64
709,76
207,96
5 =
107,75
708,20
OBSERVATIONS DIVERSES.
contact.
centigr.
21°4
S =
-
© = NN à ©
= O1 à O1 © © RO O0 À ON SI O7 RO OÙ RO RO © O7 CE
SOS AS ©
Ÿ FO RO KO RO = = RO NO KO == RO RO RO 9 KO KO RO RO
AO D0Or
JUILLET.
t
€
serre et gouttes de pluie
ttes de pluic à 6 h. du soir.
billard le matin.
Lorage à 5 h. du soir, fort à 10 h.
Je.
re à 5 b. du soir.
re à 5 h. du matin.
{tes de pluie le matin.
ie à 5 h. 172 du soir, tonnerre, petit orage.
ie après-midi.
imencement des moissons.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. JUILLET.
a
AT TOERMOMÈTRE UDOMÈTRE. |
4 Hygro-
A rometre TT, A | <
RE DIRE ailes x ; | —— OBSERVATIONS DIVERSES.
ë he en | JROLLES DU CIEL À MIDI.
8 zéro, contact. | terieur, minima, | Maxima, Puy. Issingeaux MATIN. MIDI. SOIR,
SE
re
ei mms a
: : | : | : “
centigr. | centigr. | cenligr. | centigr, sup. pales inf. sup. inf,
TION 07 950 100% 0 < +
| TA4CUS 2! = a 0 ë 2 : 8200 0,500 90,0 assez beau, CMN épars. . . hz | N | No | xolono! no! «6 | tonnerre et gouttes de pluie
2 145,98 a SU ne 2 0, 00 Ê 89,9 couvert, emn. .. . . hz [NE| NE) E | & | su |oo| gouttes de pluie à 6 h. du soir,
| 111,25 21,2 ZA 41,2 23,1 | 2,813 [12,400 | 90,0 assez beau, CMN bhz lool ë lonole | NIN
121,2 Le 2 OR EEsez beat (UMN er ,
1] 710,39 2059 22,8 15,1 25,1 | 0,815 | 0,400 | 89,5 tres-beau. N|N [No s | 0!s | brouillard le matin
5| 709,421 23,4 24,0 42,2 | 26,7 » » 89,0 id. oxo| ss&loxo! s | o ls
6| 709,67| 22,1 25,0 11,5 27,5 » 0,400 | 89,3 assez beau, qqs er. . . . . hz | o | s [oso! s |oso! s
| 709,27] 22,1 93,5 11,2 25,7 | 0,100 » 89,0 beau, id. ON ER IENNIINE | FUI
8! 705,641 22,5 26,8 15,9 29,5 | » “ trèes-beau, ciel pur. sso | Ese | sso | ese| so | o | petit orage à 5 h. du soir, fort à 10 h.
91 702,531 25,2 957 10,5 26,4 159,500 | 7,300 | 86,5 beau#ons 2056 hz À se | se | se | s6 | so | s£
10! 699,601 18,6 16,5 42,8 19,5 [24,485 | 9,100 | 88,1 orage depuis 9 h du mat. ss& | së | so |ono| so |oxo| orage.
111 705,25! 18,9 18,7 12,6 19,9 115,594 | 7,600 | 88,1 éclaircies, cmn. . . . h | so [oxo| so |ono| osuloxo
12] 708,42] 19,0 18,2 9,8 20,9 | 0,422 | 0,680 | 87,9 quelques éclaircies, CMN.. . hz ono|ono|ono|ono
co
e D |
4
15] 709,05! 20,5 | 419,8 6,4 | 25,6 » ” 90,0 tres-beau, rares em. . . . h | se [No] se lono se | 0
14] 710,67! 24,5 25,0 12,0 27,5 » » 85,1 très-beau. sso| s [sso | se | so | o
15] 709,081 22,9 25,5 45,1 28,5 » » 86,8 beau, em., er. . . . . hz | so | se | so | est) s6 | so | orage à 5 b. du soir.
16 707,17] 21,2 20,2 15,5 22,5 {12,188 |12,700 | 88,1 couvert, stn. . . . . hz |oso |oxo| osolonolosu|oxo! orage à 5h, du matin.
7| 786.89) 20,2 19,3 6,9 22,2 » » 87,0 assez beau, CM. . . . hz [osoono| o |ono|ono|ono
18| 707,07| 20,3 21,5 | 6,5 94,5 » » 87,5 tres-beau, qqs em. . . hno |oxo|oxo|ono|onu|oxo| No
191 7 91] 20,2 924,9 7,9 25,1 | 0,578 | 4,000 | 89,1 assez beau. se! so! s | o | so! o | gouttes de pluie le matin.
20) 707,511 25,5 29,9 14,1 21: » » 87,2 assez beau, em.. . . . hz | so [oulosuloxo! o | N
21! 709,241 19,7 19,0 6,0 20,5 » » 86,2 grandes éclaircies, CMN. . hB [N|N|N|NININ
22] 710,66| 20,5 91,1 10,5 29,2 » » 86,5 assez beau, emn. . . . hz | NI N|N|N|NINNo
25| 708,60| 20,1 91,6 8,5 21,0 » » 87,1 beau, qqs cm épars. . . . hz | NE! E | N | E | NOLESE DD ; :
24| 705,701 24,8 93,6 6,9 25,5 » » 86,7 légèrement couvert, st... . hz [ols|solse | s | o | pluwàash. 412 du soir, tonnerre, petit orage.
25| 706,20] 19,2 | 48,1 44,5 | 20,2 [19,000 [45,800 | 86,6 couvert, stn. . . . hz | so |oxo|oso |oxo| oso|oxo
26| 708,241 19,6 | 18,5 7,2 | 20,2 | 0,172 » 87,9 éclaircies, CMN. . . . hz | 0 |oxolonolonolono|ono
21| 710,111 920,0 20,8 10,0 91.0 | 0,500 | 4,830 | 88,3 id. onolono|uxolono| No |oNo
28! 710,641 921,3 20,5 10,6 914,5 » » 88,0 id. oNo!oNo|"NU|oNO| No |ONO | Vas.
29! 709,76| 20,4 21.92 12,4 91,6 » » 88,5 couvert légèrem., stn. . . . hz [ono|oxo|oxoloxo| 0 |oxo pluie après-midi.
30! 707,96| 21.3 99 3% 9,7 24,5 | 5,456 | 5,880 | 88,2 beau, qqs CM . . . . . hz |oNO|oNo|uxoloNoloNol onu :
51| 707,75] 25,1 26,0 8,0 26,5 » » 87,2 très-beau. o loxol o |nol so o | commencement des moisson.
basse du mois, le 24 . . . . . . . . 6°,0.
élevée id, le 8...
muis| 708,20 Température la plus
A
25,5 |128,530|75,590 | 87,96 Températ. moyenne du mois. 17°
e
(1
,
a = _ L L
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Ë | romètre Jen |
5 : OBSERVATIONS DIVERSES.
5 en
en zéro, contact
ne me — |
centigr
708°85] 92301
708,911 27,(
706,91! 27,0 vent très fort, se.
706,55] 25,2 petit orage à 11 h. du mat. ct apres midià2h.
709,69] 20,2 pluie la nuit.
109,79) 920,2 rosée.
708,56] 922,1
707,57] 292,1
708,58] 18,!
708,79] 20,2
710,72! 19,
710,95) 48,6
708,88] 20,1 à midi, N intermédiaire.
709,97] 40,
741,78] 920..
112,911 920,
715,00! 920,
110,58] 91,
! 191 709,98] 923,
20| 711,57] 922,4 pluic le matin,
24| 714,59] 95.:
22| 711,05] 924,4 rosée.
25| 710,01] 27,
24| 708,72] 26,
25| 709,90] 24,4 rosee.
26| 710,57| 22,4 gouttes de pluie à 9 h.; so interm.
27| 710,24] 95,
28| 707,84| 24,1 , A Nbre
29| 708,55| 24, beau jusqu’à midi , orage après midi.
50| 711,68] 22,( À : :
31] 709 42] 99, Sen bas le matin; x à 8 h. id.
Ce + 2
Pau | - basse du mois, le 6... ...... O2.
mois | 709,87 bréleveeduimois, [622.0 519,6.
|
En à PRE PE I CIE IE EE D nm
OBSERVATIONS MÉTÉ 7
D TÉOROLOGIQUES. car”
THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
1]
ta
0
romètre ETAT
à OBSERVATIONS DIVERSES.
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zéro, minima, maxima, MATIN. | MIDI,
| 2ours du mois. "
|
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centigr. i centigr. | centigr. |
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L, 4 0QN 9x0 o
a é a très-beau, qqs em. . . . hz
LAURE st) 1 L ès- .
Ten ETS 5 heu vent très fort, se
706,55] 25,2 5,510 |j5,00 HER AT Le
T0 6U 20 2 k St Fe : qqs éclaircies. NO petit orage à 41 h. du mat. et après midi à2 b.
D nie >) 4; couvert. NNo|nnolnvo pluie la nuit.
708,56 » fres-beau. EsE| so |oxo|oxo
707,57 22,1 » 0,600 assez beau, CMN . . . ho ono|onolono| No
108,58] 18,5 0,078 » qqs éclaircies, emn. . . . hz No | NO | No | No
= - on =
708,79 102 assez beau, em., . . . hz NEÏNNO|NE| N
710,72 4 id. NE | N'|INE
710,95 18,8 id, NNO, N INElE
708,88 20,1 lég. couvert, stn. . . NNO| EsE|NNO| N à midi, N intermédiaire.
709,97] 10,6 qqs éclaircies, emn. . . . N INNE|NE | NE
111,78] 20,1 beau, qqs emn. . . . . E | NE [NNE
712,911 20,7 tres-beau. nxel nr
715,00! 20,8 id, NE INNOÏ E
110,58] 21,8 id. E |EfE
709,98] 25,6 beau, cr. em. . . . ESE| s0
711,37] 22,8 couvert, stn. . . ESE| 050 pluie le matin.
114,591 93,2 tres-beau. NE oo
744,05 id. oo! oso ù SE | rosce.
710,01 id,
708,72 id.
709,90 très-beau, qqs em. . . .
710,37 assez beau, em... . .
710,21 très-beau, ciel pur à midi.
707,84 tres-beau
708,55 orage jusqu'à 5 h. du soir.
711,68 légèrem. couvert, stn.. . lz
109 49 id. tonnerre.
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US = G Ge Ur 9 On ET Go RO Go à Or Ur Ur Ur Gr Ur Oo O1 to «© Ur RO ex
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gouttes de pluie à 9 h.; so interm.
19
Ÿ
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RO RO à OÙ
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beau jusqu’à midi , orage après midi.
sen bas le matin; N à 8 h. id.
Qt O1 RO AT OÙ 19 Q0 HS 19 © GO CE © O1 D HI GO O1 © © D © © RO I 7 ©
> De de
’ ail tail basse du mois, le 6... . . . . . . 59,2.
Température la plus! élevé du Mois lee ei 0s
a
109,87 24,71159,141 58,600 BE em neTus moyenne du mois. 17°,68
|
SEPTEMBRE .
FOMELLE || |
OBSERVATIONS DIVERSES.
en
contact. |
centigr.
110,28
706,55
705,65
104,82
701,28 luie à 10 h. du matin, par so.
105,17
711,81
713,28
109,451 24 rouillard épais le matin.
704,03! 2 age le soir de 8 h. à 10 h.
706,59 |
709,57! - ruine à 9 b. du matin.
710,12 |
707,17
108,7
710,61
709,98
707,17
708,81
710,29
714,52
101,32
711,69
713,95
712,68
710,92
744,74
709,02
704,01
698,31
D O0 1 LE à O1 9 =
rle rosée.
RE AE LT
lite pluie.
= an be be RO Re RO RO RO RO En De JU = be
HMHUOODMO-OLOLCNH=N
SU OO=RODO—NE Cr —
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S MÉTÉOROLOGIQUES. SEPTEMBRE .
—— = = mm ee 2 nr Sms |
THERMOMÈTRE UDOMÈTRE. %
À Hygro- ETAT VENTS.
en | ex- à à au . Re OBSERVATIONS DIVERSES.
metre, il E
M}, zéro. | contact. | térieur. | minima. | maxima, Puy. |Issingeaux Med Dr LC MATIN. | MIDI. SOIR.
ee a
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centigr. | centigr. | centigr. | centigr. sup. inf. mn lne sup. | inf.
le) as Law Boon Koue | ss pe see
4 de à »Ÿ js AVE 4,000 | 5,800 | 89,7 qqs éclaircies, stn. ...hbz | elo0|clols|le
20,5 20,7 2,4 22,2 » » 89,0 id. SAINS |ESR) SRI) ESA IRE
19,2 | 18,5 8,8 20,8 » 0,400 | 89,0 couvert, stn . . . . hz [sso) & | s |esel sols
Ia | Fe ru ee Ho É ee so CNE MS Az IN oNo ox0 ox No x\o| pluie à 10 h. du matin, par so.
ER | Ë 2, ñ ), JU vU, lc NO No | NO! NO N|N
16,5 15,2 9,5 15,9 » 4,200 | 90,0 couvert. NEINE) NINEIN|E
745,28 19,2 18,0 9,4 22,2 » » 90,6 assez beau, stem., . . h | s| els |els|e
709,45 en | 2e 8,4 25,9 » » 92,0 frès-beau, ciel pur. soiels | E | s | € | brouillard épais le matin.
704.051 25,2 24, 14,2 98,8 | 2,145 » 87,5 beau, emn. . . . . hz | s | E | s | & | se | st | orage le soir de 8 h. à 10 h.
706,39] 20,2 20,2 10,6 20,2 | 1,391 | 5,350 | 90,0 grandes éclaircies, stn. . .. Luz [ss | & | o | o | 6 | o
709,571 16,8 14,4 10,5 20,1 | »,205 | 7,600 ! 90,0 couverl, NO 0N0|0N0 0\0|oxo 0x0] Bruine à 9 h. du matin.
710,421 19,0 16,2 6.2 18,2 » » 89,9 assez beau, em, . . . hz [oxo oxo \No one | o |o
107,171 21,2 | 418,4 7,9 49,8 | 2,750 » S9.0 beau, qqs, em. . . . bz | 6 joxo! o lonoll o lono
708,74 17,1 15,2 9,9 17,0 » 2,700 90.0 COUVET ES UD ET Te hz N | N N N N|IN\N
710,61! 16,5 16,1 3,5 47,5 167,800 » 89,5 | assez beau, légèr. couvert, er. . . hz À N | N [nel e [NE €
709,98] 21,1 | 19,2 1,5 | 25,5 | »,500 » 89,0 très-beau. &| else) e |se | € | forte rosée.
x07,17| 17,7 | 175 | 140,5 | 48,5 » » 89,0 couvert. se | sel selse [NE | €
708811 19,1 20,2 45,0 20,0 » » 91,0 légerement couvert se | se | 5€ | su [NNol se
010.29! 20,0 20,0 12,7 90,7 | » 528 » 91,0 grandes éclaircies. vo) s none! x | no
Dr) 19,8 | 19,2 | 4024 | 204 | »,051 | » | 90,0 id. no | ne | no | no | no | no
2701.52| 20.0 19,6 10,7 20,2 » » 91,0 légeérement couvert. SE) SE | NO! N |SE | 8
BNT41,69| 21.4 19.0 5.8 20,8 5 » 91,0 grandes éclaircies. se | st! se| se |sl|s
15,951 920.1 19,0 ST 21.0 ñ 5 91,0 id. NO} NIN0!/NO|NElÏN
112,68] 18.0 17,9 10.1 20,0 : ; 91,0 iG SE} N {Nono we | no
710,92 © 4,9 20,0 F ; 90.0 id. se | se | sol s |so|s
TRE | 1522 ÿ ï 89,0 id. SA MoN cite |
7119.02 10,3 15,2 » » 85,5 couverL. se | se | s | so} soso] ptite pluie.
704.01 10,2 1555 : 5 90,0 éclaircies s=| s [No se|se|s
698,31 10,5 46,8 [7,500 11,500 | 91,0 couvert. s | s&|so so | so | so pluie.
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“1 . ; 3 4 : LR £ ; | basse du mois, le 47. . . . . . . 4°,5
BI TOS, 5 4 | | 972 19,8 [86,189 | 93,90 [89,52 |Temperat. moyenne du mois 440,56] Température la plus | jevée, ME ID CE au
| | ——— -
OCTOBRE.
Ba-
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À OBSERVATIONS DIVERSES.
en
Jours du mois.
zéro, contact.
centigr.
700°36| 17°2
704,27| 145,2
706,60| 21,0
702,841 19,0
704.95] 18,0
696,80] 149,5 [grande pluir.
697,00! 49,0 [grand vent.
701,25] 18,2
701,65] 18,0
104,58] 146,0
708,09, 16,7
702,76] 15,3 [{le 44, à 4 h. du soir, trombe qui enlève une toiture
708,26| 15,2 et porte les planches à 95 pas, par s-o;) gréle.
700,09! 992,1
701,641 15,6
707,451 18,8
701,07] 14,5
706,81! 15,6 [pluie à 44 h. du matin et le soir.
709,57| 145,1 {bruinc toute la matinée, pluie le soir.
714,74] 14,4
715,80! 15,6 Jbrouillard le matin et le soir ; roste
715,56| 19,4 Jbrouillard matin ct soir; rosée.
710.11! 20,0 br. le m ; rosée; com. de la chute desfeuil., rare sitard.
709,461 149,4 | id. tonnerre Île soir.
© O0 I @ © à OI IN
|
711,69! 48,3
705,571 20,5
691,35! 14,7 pluie le matin et à midi.
694,61 15,1
691.86! 40,2 IN depuis le matin, et pluie.
694,77] 41,0 Jpluie le matin
692,95| 15,6 givre.
704,85 SSO dO MOIS, Je 21-....... : — 50,9.
eve I le 0... 200,6.
contact.
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696,80! 19,5
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701,65] 15,0
104,58] 16,0
708,09! 46,7
702,76| 15,3
708,26| 15,2
700,09! 922,1
701,641 15,6
107,45] 18,8
701,07! 14,5
81 106,81! 15,6
509,57 45,1
714,14! 14,4
745,80! 15,6
19,4
20,0
4 19,4
111,69! 48,3
105,57] 920,3
691,35] 14,7
694,611 15,1
691.86. 40,2
691,77] 41,0
692,95] 45,
704,85
térieur.
centigr. | centigr.
1508
15,8
13,0
20,0
182
17,0
17,8
15,4
16,4
14,8
12,8
15,1
11,8
17,2
15,2
9 9
14,0
14,8
15,1
15,0
15,5
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15,05/175,452
UDOMÈTRE.
Issingeaux
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410,500
1,600
0]
25,000
18,000
21,500
8,700
11,500
68,250
19,700
91,900
2,400
254,280] 90,75
Hygro-
mètre.
89,0
89,0
90,0
91,0
92,0
92,0
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89,5
91,0
89,2
90,0
89,7
89,9
90,6
91,1
90,5
90,5
91,0
91,2
91,5
90,8
91,4
91,5
91,5
90,0
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90,5
90,5
89,0
90,8
88,5
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
ETAT
DU CIEL A MIDI,
couvert.
couvert.
ciel pur.
éclaircies,
couvert.
couvert,
éclaircies.
éclairer.
couvert.
couvert.
couvert.
éclaircies.
ciel pur.
couvert.
grandes éclaircies.
beau
couvert.
couvert.
couvert, bruine,
couvert,
beau,
tres-beau.
{rés-beau .
légerement couvert.
grandes éclaireics, CMN. .
brau
luie.
grandes éclaircies, CMN.
neige et pluie.
couvert, légerement si. . .
assez beau, CMN. . .
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————— —— ———<
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SO | N9
050 N\O
Températ. moyenne dumois.-+11°,05| Température la pins!
OBSERVATIONS DIVERSES.
pluie,
grande pluis.
grand vent.
(le 14, à 4 h. du soir, trombe qui enlève une toiture
et porte les planches à 25 pas, par 8-o;) gréle.
pluie à 49 h. du matin et le soir.
bruinc toute la matinée, pluie le soir.
brouillard le matin et le soir ; roste
brouillard matin ct soir; rosce.
br. le m ; rosée; com. de lachute disfeuil., rare sitard.
id. tonnerre Je soir,
pluie le matin et à midi
N depuis le matin, et pluie.
pluie le matin
| .
SE (ne ESE] givre.
basse du mois, le 34.. , . ..
élevée id.,
Jours du mois.
© D I © O7 À ON 10
NOVEMBRE,
Ba-
:
romèetre
F OBSERVATIONS DIVERSES.
en
45] pluie après midi et le soir.
9! pluie le matin
14] grésil.
40] brouillard le matin, léger.
9 id.
18 id.
8] brouillard tres-épais.
9] gelée blanche, brouil. épais le m , br. encoreà midi. |
8] brouillard le matin.
14 id. peu.
un peu de brouillard sur les hauteurs.
9] bruinc sur le matin
opaque en haut.
8
TÉ
8] brouillard sur les hauteurs.
6
&
ASPTOIMOIs, 1800... —50,3.
basse d , le 50 50,3 |
Re; “ |
’élevéé du mois, le 10. . . . . . . . 149,5.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. NOVEMBRE
=
Ba- TAERMOMÈTRE UDOMÈTRE. \
: VENTS.,
Hygro- ETAT Je
romètre
———— 2
: x | OBSERVATIONS DIVERSES.
mètre. DU CIEL À MIDI. MATIN. | Mini SOIR
Jours du mois.
contact. | térieur. | minima, | maxima, Puy. |Issingeaux
me (mms | momemmcaes
—— | —_—_—_—_—_————.—_—… —————__—_—_—_._. —
centigr. | centigr. | centigr. | centigr. sup. iof.|sup. inf. |sup.| inf.
672854] 13°8
704.421 12,41
704,10) 13,2
couvert. 050 |EST | O | NO | o | No
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id.
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No! No [0X0 00! o |ON0| pluie après midi et le soir.
QE 9 O1 à I CRI
705,96 9,1 pluie. o |oxolono|onu|ono|ono pluie le matin
710,81 neipe. ‘ oxoloNolunoloxo! N | No
719,22 couvert. N|INo| N|noln|no
707,53 î beau, qqs CRCM. . . . h [Nxe| No) N ANNE | E | grésil.
705,07 3 tres-beau, erem. . . . . hz | sol se | s | se | se | se
104,57 ,3 couvert, stn. . . . . . hz |ese | SE |Esr| se | s | s€
706,49 ,9 éclaircies, emn ...,..hz | s | s& | s | se | se | so
109,79 couvert, stn. . . , . + hz |sE | Ns | se | Nolsse | No
5
5
4
2
1
707,85 5,2 id. so| No, so | No | o | No | brouillard le matin, léger.
5,8 1,8 id, No | o | no lono| No id.
705, D 2,4 6,7 grandes éclaircies, emn. . . hz | o | No| o |no | o | No id.
106,94 4,5 0,0 5,5 beau, emn. . . . . . bo |N|n|nlnel €
109,54 4,1 5,4 9,5 t -b. à midi, encore un peu de brouil | N |FsE |Esc | SE) ESE| ESE
109,07 5,1 5,1 11,1 très-beau à midi. EsE |LSE lEsg | ESe| s |ESE
106,75 4,5 3,0 7,8 brouillard. es | estl se |esel s | no | brouillard tres-épais. 4 é
704,06 8,7 1,4 8,1 | 1,500 l couvert. s |Nol o |volo | no gelée blanche, brouil. épais le m , br. encoreà midi. |
305,22 6,6 5,5 8.7 | 1,400 ax ( id. o |E | o | FE }EsE | No brouillard le matin.
105,62 6,1 0,9 1,4 » grandes éclaircies, emn. . . o |xo| ssu)oxo! sso| ESk id. peu.
705,13 5,4 1,5 10,0 | »,425 couvert, st . : sso vol s [vols |&se] un peu de brouillard sur les hauteurs.
70861, 9,0 2,2 10,0 | 1,000 0 id, so [EST | ss0/ESE | sso ; ;
89896, 6,6 4,5 7,2 | 5,700 id., nb. so! o [vol no! o | No | bruine sur le matin
102,59 4,5 4,5 5,5 | »,600 couvert, sn. .....bz |ou|Ec £ £ | opaque en haut.
103,57 525 0,1 4,4 couvert, td. E E 1 ;
702,66 4,6 0,0 6,2 voilé léger, st. . . ... ? £ | e |ese | esc| Es] brouillard sur les hauteurs.
102,84 1,4 0,4 5,2 GONE) Es 0 0 vu 0 oolese| No| E|N|E
704,52 9,7 41,7 5,2 id. NI)REN EN QUES ANS BE
2,4 5;5 535 trèes-beau . NIEINlEl|NI|E
basse du mois, le 50.. . . . . . . .—5°,3.
58,600 | 88,94 Températ. moyenne du mois... Température la plus éles£e du mois, 1810... 1 00140)5.
|
DÉCEMBRE.
—
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5 697,3 N. pelotonnéées la nuit précédente et le matin.
41 705,7 se. en bas.
5 104,1 { |
6 698,0 pelée.
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8| 698,9 || peléc.
9] 700,8 id.
40| 704,8 gelée.
41 105,8 dl
12] 702,2 id,
43| 705,0 || :j
14 108,3 4
15 708,9 id., givre.
16 745,0 Tail
17 110,8 il descend de Corneille ; gelée, givre.
18 107 de gelée
19/2 #208,0 id.
20 ne id., faible. |
= 7020 | brouillard le matin ; gelée, givre.
231. 740,1
cie brouillard le matin, gelée,
26 104,7 gelée, brouillard le matin.
97 107,0
28| 107,0
29] 715,7 s. intermédiaire.
501 616,6
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moy 2
| du | basse du mois, le 15. . . . . . . — 15,1.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. DÉCEMBRE
| BAROMÈTHI THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
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il 705,7 | 705,54 392 15 _69 A : 865 Par Le fs FSE RADARS pelolonnéées la nuit précédente et le matin.
s| 704,1 | 705,85 2,2 | 0,2 [—19,4 » | 2,750 | 87.0 NM 0 He NO se. en bas.
6l 698,0 | 697,24 69 | 55| 00 | 4334 | 5,500 | 87,0 Dates EN ENS Re ;
7| 101,2 100,76 3,9 2,1 | —6,6 | 1,000 | 1,100 | 87,2 Contes tom 50 © ce a | ox : pAÈS ue
g| 698,9 698,50 05 0,2 | —7,2 | 0,100 | 4,150 | 89,0 id. de ON0 | gélée; neige à 9 h., peu.
gl 700,8 699,56 | 92,1 | —1,0 | —8,0 | 0,200 | 2,20 | 90,1 ntôme de neige, st. EE IS re
40! 704,8 704,61 4,1 | —1,2 | —6,0 | 0,500 | 4,750 | 91,5 id.
44l 105,8 | 705,60 1,8 | —4,5 | —7,9 » 2,070 | 90,5 oelec c-lz
j2| 702,2 | 702,22 —0,2 | —7,0 |—10,0 » n 91,5 éclaircies, stn. . . . bz
15] 705,0 | 704,41 5,6 | —7,6 |—15,1 » » 87, Urès-bea 1.
41 108,5 108,17 1,4 | —5,9 10,5 » 3,000 | 89,0 éclaircies, CMN. . . . bz | :d
j3l 708,9 | 708,65 2,2 1,8 | —8,2 » 5,500 | 91,5 couvert, sn. . . . . hz | | Ro “L ne
161 215,0 704,57 na 4,4 41,5 1,000 | 0,970 | 89,5 légèrement couvert, st.. . - hz RE NE HE
#| 710,8 710.56 5,8 9,7 |—40,7 | 0,400 | 2,800 | 90,5 très-beau, cr. .... hme : à . RE
7] 710,8 8 2, à ; ; » ; 0 NNO Île ; gelée, givre.
481 707,7 706,61 9,5 53) le 5H) » 1.200 | 92,0 | nine à 9 0 0 à Le il descend de Corneille ; gelee, givre
19l 708,0 707,70 2,6 9,0 | —7.5 » 0,190 | 92,5 brouillard "cran 5 NNo
29| 705,7 705,55 SIN SE » » 91,0 Idees stone D : id faible
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25| 697,8 697,12 6,0 DOME 0"S » 5,560 | 92, couvert. No ss
26, 104,7 703,17 8,2 2454050 » 1,350 | 94,5 couvert, stn. . . . bz 0 ESE clée, brouillard le matin.
27| 107,0 105,74 | 41/5 1 5,8 1 5;1 » » 2 ee CTP MERE A a As |
28] 707,0 705,66 11,8 8,7 5,1 » » 91; GUPIQUEE op 2 HE)
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por. miss RES 076 I d en Je AS 15°,1
u | Er " D qu LAS is. —0276 f jasse/dti MOIS, 18410. ke
mois 705,05 —4,6 | 7,354 |91,100 90,18|Températ. moyenne du mois 0°7 Température la plus} ivge id. le 28. . - - - - 10°,9.
DÉCEMBRE (4 h. du soir.)
EE ———— ———
: BAROMÈTRE
É
5 | OBSERVATIONS DIVERSES.
È ordinaire. | “À |
—— 2222 |
411 706°5 T0ières feuilles.
2] 700,2 699,
5| 697,8 697,
41 705,5 705,
5IMNTOZ OUI TO:
G| 698,6 697,
7| 700,2 699.
8| 698,8 698,
JN7O1;7 701,
10] 704,8 704,
44| 704,9 | 704,
491. 701,1 700,
15| 704,8 ! 704]
14] 709,2 708,
45| 710,5 710,
46| 709,1 | 708 depuis 10 h. 412 du matin.
IUT 07,7 706,
18! 700,0 699,
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20| 704,2 703,
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DD 70,9 | 704!
25| 708,9 707,
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701,54 3,2 | —1,5 9,5 | 0,200 | 2,950
104,20 3,5 | —5,2 | —0,6 | 0,500 | 1,750
704,75 1,5 | —4,5 | —2,7 » 2,070
700,98 4,1 | —7,5 | —4,1 » ”
104,54 2,5 | —9,3 | —55 » »
708,96 2,1 | —4,4 | -95 » 5,000
710,02 4,2 5,1 5,5 » 5,500
708,68 5,1 5,5 2,7 | 1,000 | 0,970
706,55 5,2 5,5 5,7 | 0,400 | 2,800
699,91 7,0 25RING T0 » 1,200
707,68 4,5 | —1,2 2,1 » 0,190
703,65 SON 0,5 » »
699,24 5,0 0 | So » »
704,29 6,0 5,0 4,2 » »
707,99 7,9 2,8 6,5 » »
709,70 7,0 5,0 5.6 » »
704,88 9,0 6,0 9,5 » 5,560
704,47 8,2 6,1 9,2 » 1,550
704,24 10,2 8,1 9,8 » »
706,93 114,1 8,1 | 10,9 » »
712,52 11,1 8,4 10,0 » »
715,32 44,2 8,8 10,8 » »
114,55 | 40,0 7,4 8,9 » »
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DÉCEMBRE (4 h. du soir.)
MÉTÉOROLOGIQUES.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. JANVIER 1856 (10 h. du matin.)
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FÉVRIER (10 h. du matin.)
OBSERVATIONS DIVERSES.
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gelée.
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gelée, givre.
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gelée.
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forte gelée,
gelée.
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gelée, givre.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. FÉVRIER (10 h. du matin.)
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15] 710,4 | 708,68 12,4 | 85|-40| , » | 92.0 assez beau, lég. crst, . . hz | © SU]
| 14/ 740,9 709,96 8,2 541 1,2 » 4,950 | 92,0 lég. couvert, crst.. ..,. hz | & No
115! 710,2 | 710,08 9,81 86! 6,2 | 0,575 | 0190 | 92,5 id, sn... hs 0 | seen bas.
16! 704,7 102,17 10,8 10,1 5,5 | 0,400 14,170 | 92,5 ; : ne so SE s intermédiaire
7| 698,7 | 697,62 9,6! 75! 4,5 | 42675 | 5,030 | 950 pluie fine depuis hier s. x | No
18] 701,7 700,63 9,5 | 6,5 4,5 17,525 | 4,480 | 92,5 _bruine. a oN0
19! 702,5 701,28 10,8 5,1 | —5,1 | 0,625 | 1,500 92,0 éclaircies, crn. : : + hz SSE SE gelée et givre.
[20] 896,1 695,35 6,7 9,9 | —2,9 | 5,000 [20,250 | 94,5 SEVEN ON EEER ES DEP, E | neige le matin et à midi.
| 21 694,8 695,85 8,5 4,5 —2,6 6,600 | 1,690 91,0 id S3E SSE neige le matin ; faible gelce
22! 6998 699.03 6,8 2,0 | —1,6 | 3,:00 | 1,320 91,5 neige, stn...hz Ÿ
25| 705,4 704,88 4,6 0,8 | —6,0 | 1,109 | 6,020 | 90,0 SRE COIN" pas pi bz | xyo N forte gelée,
24| 715,9 715,18 6,2 2,9 | —_2,4 | 0,750 ; 91,0 1d., GE isañoo (PIE Ne | gelée.
2%] 717,5 | 716,90 5,2 1,5 | —4.5 » | 0,240 | 94,5 ne ee | Er UN. id
26| 777 | 746,65 9,5 | 25|—8,2} » |'0x90 904 DEAR CIE ECS ES NRS ETe
27| 716,8 T16,15 5,9 4,1 | —5,1 Dr 92,5 AA SRE a N No | faible gelée et brouillard,
28 716,2 718 14 92 6,2 | 1,8 ; . 91,4 te cran ob Bio D Fe <
29! 716,0 | 714,86 (EE 2 EEE 1 » | 92,0 Fo ASS O On RES LEGS
Ù TE UE NERO basse du mois, le 2. . . . . . . —119,0.
Ë M. M. Bar. à zéro. . . . 708,26 Température la plus! 27%. OS AE
. 108,79 —5,69/59,266 58,050 91,57 THiex M 4,07 P élevéé du mois, le 44. . . . . . . ;
Hygromètre. . . 91,15
| FÉVRIER (4 h. du soir.)
Jours du mois.
OBSERVATIONS DIVERSES.
ordinaire, }e
|
première mésange.
© D I D CE È OI N
sE après midi en bas.
vent assez fort.
premiere fauvette accentor.
gouttes de pluie à 5 h.
épars.
couvert, neige le soir et la nuit.
basse du mois, le
Fe OU 44... .
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
FÉVRIER (4 h. du soir.)
| ï BAROMÈTRE THERMOMÈTRE UDOMÈTRE.
l'É Hygro. ETAT
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5 D zéro. contact. | térieur. | maxima. Puy. |Issingeaux ser He
EE CT CE ES ms "ns | res | mme ms,
centigr. centigr. | centigr.
709°35 708239 709 202 2°2 » » 9020 … très-beau. N N
: 703.5 702,75 6,6 4,2 4,5 » » 91,0 {rès-beau, se en bas. ESE NNE
5| 705,9 705,16 6,5 1,0 4,5 » » 91,5 très-beau, lég. er. . . . 2 | rse NNE
4| 709.6 708,63 8,5 7,1 7,8 » » 94,0 très-beau lég.,cr. . . ho so No
5] 716,0 715,27 6,5 5,0 F135) » 0,640 | 90,2 qqs. éclaircies, stn.. . . , hz N NNO
6| 7152 744,30 7,8 7,1 5,2 » » 91,0 très-beau, lég. er. . . . hz o E
7 716,4 715,63 10,1 8,2 9,4 | 1,000 » 90,8 id., erst, . . . hz | oo oNo n ,
8| 717,5 716,02 114,1 10,5 10,8 | 0,016 » 89,5 GE, 6 6% 6 00 h 0 0 premiére mesange.
9] 714,8 715, 61 40,5 10,8 11,2 » » 914,5 très-beau, ciel pur. 0 No ie
10] 7112 709,99 40,6 1,02 13,2 » » 91,1 très-beau, lég. er. . . . . . hz | so vo | sE après midi en bas.
ll 710,6 709. 17 19,5 41,0 | 15,0 » » 90,0 id. so SE vent assez fort.
12| 710.5 70915 11,8 12,5 45,5 » » 91,0 très-beau, qqs ART . . h | oso 0 n
15 709.4 708,04 14,9 40,1 45,9 » » 90,1 légèrement couvert, st. . hz 0 SSE première fauvette accentor.
14 708.0 706,72 411,2 11,2 15,9 5 4,930 | 90,5 éclaircies, ae . hz | oso SE CR |
415 703,5 704,25 14,2 10,0 15,5 | 0,375 | 0,190 | 99,0 couvert, stn.,.... hz so SE gouttes de pluie à 5 h. |
16! 6972 69596 | 14,0 | 7,9 | 11,8 | 0,400 |14,170 | 95,0 pluie, n..... hz SE |
A7| 699,7 698, 54 40,5 8,1 11,8 | 4,675 | 5,050 | 95,0 couvert, stn...... hz No N
18 702.6 70137 10 8 6,2 7,8 [47,525 | 4,480 | 94,0 qqs. éclaircies, em... .. hz | oso oxo |.
19 1003 699,93 95 765 8,8 | 0,625 | 1,500 | 90,4 éclaircies, emn. . .. . . hz | sso ESE cpars. À 4 s
20 690 7 G9I 78 82 2,1 4,5 3.000 20,250 | 90,0 neige l’apres-midi, stn. . . hz | Ese ESE couvert, neige le soir et la nuit.
21 696.8 695. 93 18 5,9 5,5 | 6,600 | 1,690 | 89,0 couvert, stn. . . .. hz | sse oNo ;
22| 700,7 699 95 6,6 0,5 | 2,8 | 5,400 | 1,320 | 90,4 id. no | no
He 105 82 6.0 0,0 2,8 | 4.100 | 6,020 | 89,5 éclaircies, crn. . ... hz N no
4| 7159 71545 6,5 4,2 | 6,0 | 0,750 89,5 id. ; N o
9 a 0 71754 TL 4,2 5,3 5 0,240 | 89,7 couvert, erst. . ... hz N No
%| 717,6 716,61 85 1,8 9,9 » 0,590 | 90,0 beau. ; E Q
97 155 es ee 5,4 5,9 » » 94,0 couvert, lég. st. . . . . Le N ENE
w] ici | mes | 101! 85| 81| » » | 92,0 Ne Lee)
29) 715,2 744,02 | 40,5 | 9,6] 140,5 | » » | 92,0
——_—_———
I du mois, le 2... ..—110,0.
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rs | 707,75 7,16 [59,266 |58,050 | 90,75 j
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MARS (4 h. du soir.)
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5 : OBSERVATIONS DIVERSES.
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5| 714,2
4] 714,5
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6 705,5 No le soir.
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9! 709,2
10| 707,7
11 100,8 E
412, 698,4 E
451 699,8 E giboulée à 2 h. 40 m.
1 705,0 E tonnerre et orage court à 2 h.
45| 707,4 £ giboulée à 4 h. 374.
46| 707,9
17| 708,1 Ê
48] 707,6 + pluie fine après midi et le soir.
49 705,7 id. le soir.
20| 7058 bb id. averse à 6 h. 5.
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DDIUTOS,S , L
25| 708,5 |
24| 706,8 À
25] 704,2 |
26] 07005 |
27| 6998
28| 700,0 Û gouttes de pluie.
29] 701,9 }; | vent froid.
50| 708,3 +
51| 708,2 À
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. MARS (4 h. du soir.)
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centigr. | centigr. | centigr.
745°0 714990 9°5 9°9 | 4144 » | 0°020 | 92°5 beau, qqser. .. ...
|: 715,1 TA, CH TE ME 1e 001 00,5 EE SE RES s s
5] 714,2 745,55 Z,5 3,ù 8,1 À » 91,0 Conyert;18t 2... ho NNNe E
| 7145 715,25 9,5 8,9 | 14,2 » » 91,0 tres-beau, ciel pur. : E
»l 709,5 708,25 9,2 11,6 44,1 » » 92,0 id. :
6| 705,5 704,26 9,1 6,8 9,1 » ” 91,0 id. No E No le soir.
yl 707,7 706,78 8,0 4,5 9,1 » » 1 ,4 éclaircies. NNE E
SI 710,4 709,51 9,5 10,5 46,0 » » 91,6 trés-beau. E
9| 709,2 708,05 10,2 12,7 15,9 » n 91,5 id., ciel pur. ENE E
40| 707,7 706,51 42,1 12,6 14,8 » 4,200 | 87,0 id. ENE E
11| 700,8 699,52 11,5 9,6 12,5 » » 91,5 couvert, stn. . . . bhz s FSE
12| 698,4 697,00 12,4 14,2 15,0 0,594 4,800 | 91,0 lépèr. couvert, stn, . . .. b7 5 ESE
15l 699,8 698,50 15,5 | 41,4 | 11,7 | 0,025 | 0,820 | 95,5 pluie et arc-en-ciel à 4 h. 050 ëse | giboulée à 2 h. 40 m.
14| 705.0 703,49 15,3 45,1 | 15,2 5,500 | 1,840 | 95,0 lég. couvert, stn. .... hz | 550 se | tonnerre ct orage court à 2 h.
45] 707,4 705,97 12,6 10,2 15,5 » » 93,0 id. 50 SE giboulée à 4 h, 574.
46| 707,9 705,47 12,5 11,4 14,1 » » 92,0 qqs. éclaircies, stn. . .. bz | oo SE
A17| 708,1 707,76 11,7 8,9 | 41,0 » 4,590 | 92,0 couvert, stn. . ..., hz s SE ! CALELR \
48] 707,6 106,57 9,0 8,0 9,0 | 5,150 » 92,0 id. En SE pluie fine après midi et le soir,
49] 705,7 704,62 9,5 6,9 11,5 » n 91,5 pluie riz so 0 id. le soir. k
2| 705,8 704,64 10,2 8,1 14,4 [15,000 |95,400 | 92,6 couvert, stn.. . . . hz | x No id. averse à 6h, s.
2%| 707.4 706.25 10,5 6,6 8,1 | 4,000 110,200 | 92,0 id, so E |
22] 708,5 107,18 | 11,5 9,5 | 12,1 » 0,290 | 91,0 He tee hz | Ne NE
25| 708,5 707,25 40,9 14,4 14,4 p » 92,0 très-beau, qqs em. . .. he | xe E
22| 706.8 705,42 42,1 492,1 15,2 » » 51,9 beau, qqs lég. er. . . hz E$E
25| 704,9 702,66 45,5 12,5 ! 145,0 » » 88,9 qqs éclaircies, sin. . . . hz | 0 SE
%| 700.5 698,90 414,2 | 15,5 | 15,4 » 0,820 | 85,6 | lég. couv., qqs éclair, lég. st. . hz | pse ESE
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28| 700,0 698,55 12,8 11,5 12,5 0,250 3,500 90,0 id. SE s gouttes de pluie.
29] 701,9 699,60 14,5 9,5 47,0 | 0,094 » 90,5 ; beau. N NE vent froid.
ÂSol 7085 706,91 12,1 12,0 16,0 » » 90,5 très-beau, qqs em. .... h 0 E
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12] 700,0 69
15| 699,9 69
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17| 708,9 70
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25| 704,4 70
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27| 699,8 69
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12| 700,0 698,90 (ré 8,8 5,1 | 0,594 | 4,800 | 95,0 couvert, stn. . . . hz s ESE
15| 699,9 698,40 15,5 11,8 5,0 | 0,625 | 0,820 | 92,2 lég. couvert, stn. . . . hz 8 sso
14] 704,2 702,65 45,6 41,1 1,5 | 5,500 | 1,840 | 95,1 ESS 0 6 6 lg sso No
15] 708,9 707,20 14,8 11,8 ÿ,2 » » 9350 éclaircies, emn.. . . hz s0 ESE
16! 709.2 707,69 | 13,2 | 15,0 | 55| , 100510 id. s0 8
17| 708,9 707,69 10,6 9,8 6,4 » 1,590 | 92,5 lég. couvert, stn. . . hz SE SE
118) 707,4 706,40 8,7 8,6 2,6 | 5,150 » 92,0 id, ss0 SE
49! 705.5 705,91 43,9 8, 5,8 » » 92,5 | grandes éclaircies, crem. épars. hz | sso $E
20| 705,7 704,65 9,4 7,9 2,14 [15,000 [25,400 | 92,5 couvert, st. . . . . hz | no NNo
21| 706,9 705,88 9,0 | 6,2 5,5 | 4,000 |10,200 | 93,5 id. so | no
22] 709,2 707,71 13,0 9,8 1,5 » 0,290 | 90,5 éclaircies, stem. . . hz | Ne NE
25| 708,7 707,29 492,3 10,2 | —5,6 » » 92,0 beau, qqs em. . . ho NE NNo
24| 708,5 706,04 12,7 5,2 | —5,7 » ) 94,5 beau. oNo E | gelée blanche, oxo.
25| 704,4 702,89 45,5 15,2 | —9,1 » » 89,5 légèrement couvert. so SE
26| 702,5 100,92 44,0 | 12,0 4,2 » 0,820 | 90,0 vapeurs, lég. cr. « hz | so SE NO-SE.
21| 699,8 698,46 | 44,9 | 42,5 5,2 | 0,754 | » 94,0 couvert, st. . . . - hz | sc £
à 700,8 699,48 | 41,7 | 40, 5,2 | 0,250 | 5,500 | 94,5 ÉATeR st. . ge se A ee
702, 700.42 44,0 9,2 5,4 | 0,094 » 92,0 eau, cm. ... heo N \-E. N-E, :
50 De ae 19,3 7,6 68 2 e 89/0 très-beau. Nu E —6,8 on entend les cloches de Coubon.
ÿl| 710,2 708,82 | 12,0 | 6,1 | —4,5 | 0,054 | 0,020 | 90,5 id. Es |s
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705,7
700,2
701,8
703,5
705,2
696,7
707,8
106,3
704,4
705,1
706,5
705,6
705,8
699,5
695,4
702,6 |
705,4 b
S S
tre la plus
AVRIL (10 h. du matin.)
s-sE abricotiers en fleurs.
OBSERVATIONS DIVERSES.
pruniers, pommiers, poiriers en fleurs et petites feuilles.
premier rossignol.
basse du mois, le 20.
élevée du mois, le 20. . . . . . .
OBSERVATIONS MÉ : :
ONS MÉTÉOROLOGIQUES. AVRIL (10 h. du matin.)
TT ——_—_—aE
|
F BAROMÈTRE TBERMOMÈTRE Ë
$ UDOMÈTRE. VENTS.
É Hygro- ETAT
£ mm,
T A ,
SE ÈRSE
É en. é à Le F Pen OBSERVATIONS DIVERSES.
” contact. | térieur. | minima. Puy. |Issingeaux FRE supér. | infér,
EE Tome eee ee
_—— 1 —__——_—_—_—__ — — _ _—___—_—_—Z_Z_a_ZL_EaZ|
centigr. + | centigr.
À 708°58 15°0 — 093 » 0°020 | 9400 très-beau
- ao ne 1,4 » » 89,0 assez beau, emn épars l * + ne
5 709,85 16,3 47 à e 600 » Cmn épars, .. hz Û s s-sE ubricotiers en fleurs.
4 708 70 122 ; ; beau, em épars. .... hz SE s0
4 Dee CT) = 7,6 » 21,880 | 91,1 COUVENL- stne ee... bz so SE
0] 702,87 10,8 9,2 5,1 |11,891 | 1,860 | 91,5 éclaircies cm î F
6| 700,9 699,60 14,5 0,2 2,5 » » 900 lég. couvert, A HE fi ESS
" NE Ac F PS 7 , ele siens X
7| 705,8 709,54 44,5 9,0 0,2 | 0,860 | 4,850 | 91,5 éclaircies, emn épars. . . . .. bz a oi
8| 699,1 698,88 10,8 9,8 2,5 | 0,016 » 92,0 l'g. couvert, stn.. . . hz | ss ss
103,4 702,05 12,0 8,8 4,5 | 0,016 | 4,840 | 91,5 éclaircies, emn épars. ..... hz onu Na
105,7 104,51 42,2 10,5 2,6 | ,512 » 91,2 | grandes éclaircies, CMN. . ....h | oso oo
106,9 705,01 16,6 12,5 4,6 » 0,190 | 90,7 beau, qqs em épars. . hne | oso oNo
105,7 707,05 neo E 9,0 » » 94,0 qqs éclaircies, stn. . , . . hz | so sE
705,2 704,80 12,5 11,5 9,5 000 111,740 | 92,0 pluie fine, stn. . . hz so ss pruniers, pommiers, poiriers en fleurs et petites fouilles.
705,7 702,11 14,0 15,0 7,5 | 5,000 | 0,500 | 92,0 lég. couvert, stn. . . hz 8 0
QU pe ne ne ne ,315 | 2,260 | 92,5 qqs éclaircies, emn. . . . hz | oo oNo
701, 700,42 2,5 ; 2 406 | 1,800 | 92,0 couvert, stn. ..... hz | oo oNo
705,5 702,11 12,2 10,0 6,2 000 + 92,9 pluie, emst. . . bz SE ESE
705,2 705,48 15,1 13,2 4,2 | 0,500 » 92,8 assez beau, CM. ... h | nne 0
696,7 695,18 45,6 14,0 4,9 | 2,000 | 0,250 | 95,1 pluie fine, stn... . . hz so NO
707,8 706,12 14,7 44,0 | —1,1 | 0,104 » 92,9 beau, qqs er. . ... h | Ne E
706,3 704,56 15,5 14,8 4,0 | 1,250 » 92,0 id ESE No premier rossignol.
104,4 702,81 14,0 15,4 4,1 » 0,080 | 95,0 lég. couvert, stn ..... h so ES
705,1 705,75 11,9 14,5 5,5 425 | 5,460 | 93,0 éclaircies, 0 NO |
706,3 704,52 45,1 14,0 2,6 | 0,812 » 92,0 beau, brouillard le matin. 8 $E
705,6 705,86 15,3 44,5 2,5 » n 91,1 assez beau, emn. . .. hz 8 $E
705,8 701,88 16,9 10,1 5,9 [11,000 |32,280 | 90,1 id. ssE se
699,5 697,85 44,9 | 15,8 5,5 547 » 94,5 couvert, stn..... hz | ss sE
695,4 695,80 14,5 14,2 7,2 [26,254 117,000 | 90,0 pluie battante, stn. . . . hz sE ESE
702,6 701,10 15,2 9,5 5,2 [17,000 | 4,180 | 90,6 id. len. Oxo 0
705,4 701,89 43,5 40,6 4,5 00 » 91,2 couvert, stn. . . . hz | oo | oo
M. M. Bar. à zéro. . . . 702,02 , p basse du mois, le 20. . . . . . —10,1.
,945 (401,15 | 94,55 Mer Ne g'72 | Température la plus! ge le 20. 490,5.
Hygromètre. 1,27 ’l
AVRIL (#4 h. du soir.)
! s BAROMÈTRE
| E
| = ] OBSERVATIONS DIVERSES.
à È ordinaire.
Ë
Al 7og8°1 706
2] 707,6 70
5| 707,5 +04
3]: 107,1 T0!
5] 707,0 70 |
6] 698,7 | 69
1| 704,8 T0
S| 696,4 69
702,1 70
10! 704.6 | 70
11] 704,8 710
121 705,0 70
15] 699,9 694
141 698,9 69
15] 700,7 69
A6 701,7 700
17] 705,9 70
48] 705,1 704
706,8 TOides éclaircies.
20| 707.2 70:
211 705,2 70
22] 704,0 TOZites de pluie à 2h du soir.
25| 704,9 70
24| 705,9 70.
25| 704,8 709
26| 701,7 699
27 696,4 69 4ttes l'e’pluie la nuit et dans la journée.
28| 694,8 69
1 29] 699,9 694
50! 704,6 70Amière hirondelle.
M. basse du mois, le20.. . . . — 10,1.
k 708$ élevée id, le20.... . 190,5.
S [l
7
OBSERVATIONS
MÉTÉ i
ÉTÉOROLOGIQUES. AVRIL (4 h. du soir.)
BAROMÈTRE THERMOMÉ LE
À
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Jours dû mois.
SDS CR OT
|
|
22 ——
La
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LL
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zéro. contact. | térieur. | maxima.
|
Rs ne ms | D Er] mms
nl ë
centigr. | Cenligr. | centigr.
706°60 1304 1305 | 4995
706,27 11,6 | 10,6 14,2
703,93 12,0 11,8 14,1
705,68 12,5 11,1 14,0
105,69 41,6 15,2 | 414,9
697,48 10,8 7,6 11,9
703,42 12,1 12,2 14,1
695,21 10,6 9,2 | 41,6
700,74 12,0 11,1 14,2
705,05 15,6 15,0 | [4,8
105,21 14,0 14,0 16,1
705,55 44,5 | 15,0 | 37,4
698,30 14,2 15,0 | 46,2
697,54 15,8 11,0 | 15,6
699,52 19,2 40,2 | 45,1
700,25 12,8 9,9 | 40,9
702,49 12,4 41,5 | 147,6
703,42 14,8 | 14,8 | 19,0
705,24 15,7 14,6 | 18,5
705,49 45,0, | 45,5 1 495
703,49 15,0 14,8 | 16,1
702,41 14,0 15,6 | 16,1
703,20 14,9 É
704,10 15,8 17,0 49,1
702,99 16,0 ÿ
699,87 16,5 15,5 |! 46,4
691,65 15,6 14,1 16,8
693,21 414,2 10,2 2,
12
698,50 | 44,2 | 42,0 | 414
705,00 | 44,1 | 41,5 | 45
| LDOMÈTRE,
A —,
SE ——
OBSERVATIONS DIVERSES.
Puy. | Issingeaux
lég. couvert, stn. .. ...
grandes éclaircies, cmn épars. . .
beau, cmn épars.
éclaircies, cmn épars. . . .
1qs- éclaircies, stn. .
lég. couvert, st ....,
assez beau, emn. . . .
grandes éclaircies.
lg. couvert, st... .
gouttes de pluie à 2h du soir.
assez beau, cm. . ..
lég. couvert, cmn. . .
COUVEN LES ee
gouttes lefpluie la nuit et dans la journée.
qqs. éclaircies, stn..,., 7 ,
première hirondelle.
A —————————————————_—
basse du mois, le20., .
10
Température la plus
Jours du mois.
© OO "1 O © À OL D —
ordinaire,
70206
703,2
704,9
105,9
706,0
710,8
710,9
710,9
709,4
704,4
704,2
703,5
703,8
711,2
709,2
704,2
704,9
104,7
705,7
(]
7
re la plus
élevée,
OBSERVATIONS DIVERSES.
id ,
MAI (10 h. du matin.)
le 26
De see ere
sie le eat
-ITTONQOQOTV-FHTTFVTINUNEEENEE
basse du mois, le
,0
5
,
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
MAI (10 h. du matin.)
BAROMÈTRE THERMOMÈTRE UDOMÈTRE
Hygro- ETAT VENTS.
SR _ — \ D à
EE re OBSERVATIONS DIVERSES.
contact. | térieur, ini ï ë infé
rieur. | minima, Issingeaux supér .| infér.
Q
SAR
70206 701°22 1291
105,2 705,81 12,2
104,9 705,86 9,1
105,9 705,01 1,8
10900
couvert, stn, . .,
»
éclaircies, emn.. . .
couvert, st
id ,stn.
4,370
1,900
7,240
5,900
1,160
47,000
12,780
1,100
9,700
7,650
0,100
23,800
5,920
704,29
709,06
709,50
708,88
707,47
702,47
702,28
701,54
704,75
709,00
706,72
704,90
705,01
102,86
705,74
qqs éclaircies.
legerement couvert.
id.
beau lég., er
lég. couvert, lég. st. . .
voilé, lég. st. . .,
beau, CM. épars. . .
assez beau, qqs cmn. .
id.
qqs cm... COS 0
assez beau, em. ..
id.
pluie, st. . ,.
id.
éclaircies, en. . .
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HS ON O1 0 C7 ON RO OAI EH RO
© Or RO O1 © RO O7 KO © OI = = © OI
|
|
—_—_——
703,99 5,59 [165,990
basse du mois, le
élevée, id,
M.M:"Bar. a zéro...
159,51 192,51 Mh:dextse 20e
Hygromèlre.. . .
Température la plus
= D —— = —
ë © CO 1 O Cr à
BAROM |
ordinaire,
702°4
705,9
705,5
706,9
707,4
709,6
710,9
109,8
108,2
105,9
701,4
104,6
708,5
711,0
706,5
702,9
706,0
105,6
706,5
la plus
basse du mois,
élevée
MAI (4h. du soir.)
OBSERVATIONS DIVERSES.
pluie à 5 E.5s., arc-en ciel à 4 h. 412.
grésil le matin à #h., atm. de neige après midi.
Nvige épaisse à 6h, dus. par N-xo.
neige la nuit.
erst. pluie à 5 h., ctle soir so-xo sx.
EsE le matin en haut.
petite pluie à 5 h , s. et le soir averse, celairs.
id,
+
le 0
Re
2979
Je 26 CR
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. MAI (4h. du soir.)
oo
; BAROMÈTRE THERMOMÈTRE UDOMÈTRE, ee
$ He. ETAT VENTS.
$ CR SEE = ÿ RE OBSERVATIONS DIVERSES.
Ë dinaire. zéro. mètre. DU CIEL. . Ds
E ES contact. | térieur., | maxima, Puy. Issingeaux He supér. infér,
———— Te ——————_—_—_—_—_—_—_——]—
T centigr. | centigr. | centigr.
Il 702°4 700°80 10°4 14°5 » | 4°900 | 9000 grandes éclaircies, CMN. . . hz | o 0N0 'pluicà 3 +.s., are-en ciel à 4 h. 412.
2] 705,9 104,27 SE “D ne 1,400 2 91,0 éelaireies, CLP ARNO | 2 1 N grésille matin à 4 h., atm. de ncige après midi.
5! 705,5 104300 10 pe ge NA É 90,0 id. N N Neige épaisse à 6h, dus. par N-No.
il 706,9 705,85 9,2 4,6 7,8 0,215 4,5T0 | 89,0 couyert, stn. . ..,,.. hz N N neige la nuit.
ÿ | 4,575 | 1,900
( 1,993 | 7,240
7 0,607 | 5,900
8 2,427 | 1,160
9 0,987 117,000
10 2,600 |12,780
1 9,295 | 4,100
12 0,400 | 2,700
15 7,000 | 7,650
14 7,441 | 0,100
15 » 25,800
16 17,812 | 5,920 "sh
IT] 707,4 705,74 | 14,6 | 49,5 | 18,0 | 2,000 | » | 91,5 EEE CA CE
48] 709,6 707,86 15,2 16,1 17,5 » » 9215 grandes éclaircies. 0 0
49! 710,9 709.16 15,2 17.2 418,5 » n 92,0 éclaircies, crn.. . .. hz | oo oNo
Le , ,— ,
20| 709,8 707.71 18.2 20.5 21,6 | 0,065 » 90,0 beau, qqs em... .. h so oNo ve , L
21 708 2 205 89 20 2 91 0 21.8 » » 89,0 voilé, vapeurs. . . . hz so SE crst. pluie à 5 h.,ctle soir s0o-\o sc,
22 703.9 704 12 15.6 12,5 17,1 | 8,000 | 5,000 | 92,0 couvert. 0 SE Ese le matin en haut.
25| 701,4 699 4i TA: 17,5 23,1 » » 92,0 légèrement couvert, st. ... hz SE SE
24| 704,6 702 61 17.2 16,5 25,2 | 3,016 » 92,0 éclaircies, qqs emn, ... bz o 0
25| 708,5 706 29 175 186 25,5 » » 92,5 éclaircies, id. o oNo
26| ‘711,0 NUE 6 9. > 25.5 » » 91,0 beau, qgsem... . . . hz Oxo N . . ea et
% 706,5 Dan ju sue 22,1 » » 91,0 COUVCRL NS DZ so SE petite pluie à 5 h, s. et le soir averse, éclairs.
4 uv: 4,9 2 20, 24, ; J
28] 702,9 70062 20.0 20,7 21,2 [10,500 » 92,0 beau, lég. cr. . . . hz s se
29| 706,0 704.00 17,6 1355 17,5 150,000 150,500 | 95,0 pluie continuelle, sin . . hz 8 SE
50! 705,6 | 701,78 | 16,0 | 13,3 | 17.0 [42,555 |50,740 | 95,5 pluie, sin. ......h| eve | re
31| 706,5 70266 16,2 16,5 419,2 [47,000 | 1,350 | 95,9 éclaircies, emn. . ... hz 0 oNo
3 fi SE PT basse du mois, Je 5... Si
nl150 x £ empérature ATÈTE LS Gt NOR 950 3.
4 709,93 18,22 |165,990/159,510| 92,69 P PLUS élevée id, le 26.. ER
= ne —— —
JUIN (10 h. du matin.)
BsROMI
|
ordinaire.
Jours du mois.
OBSERVATIONS DIVERSES.
S DAIOQ OC À OI D =
EC
ds basse du mois, le 6. . . . . . . 449,1.
Pal élevée du mois, le 4 et le 29 . . . 30°,.0
>,
Jours du mois.
ATLIRILIu_
En be om =
TT
BAROMÈTRE
711,07
108 89
711,77
110,99
710,25
714,42
709,96
106,54
705,04
707,54
106,79
707,11
704,03
104,95
109,81
712,02
110,58
111,55
141,56
111,55
741,25
109,79
710,42
108,25
108,89
TAERMONLIRE
contact.
centigr.
182
18,6
21,1
22,5
20,5
©
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SOULEiNDON
= — RO RO RO —
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DOUX OX OSULOUX ©
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S = © CE «I ©
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CR
DID OR D OR ©
ESS
| M. M. Bar. à zéro. . .
Mh-'ext res 15,69
Hygromètre. . . 92,85 “
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
ETAT
DU CIEL,
beau, qqs mor. . .
beau, lég. er. . ;
éclaircies, lég. st... .
lég. voilé, ster. . .
id., stn.
pluie fine, sin. . .
CM Lo 01010.0 0 à
très-beau, ciel pur.
id
{rès-beau, qqs lég. er. . .
grandes éclaircies, CM.. ,...
très-beau, rares cm . . .
trôs-beau, qqs em. rares
pluie depuis le matin.
id. assez abondante.
couv, No-rs€ le matin de bonne heure.
légèrement couvert.
qqs petites éclaircies, stn. . .
qqs éclaircies, CM . . .
éclaircies, CMN. . . . .
couvert, emn.
beau, cm. épars. . ...
éelaireies, erem. , . . .
grandes éclaircies, em. . .
couvert, stn
id., st.
trés-beau, qqs em . . .
très-beau, ciel pur.
Up do 0 ©
très-beau, em. . . . hz
at mm
+ 108,67 Température la plus
JUIN (10 h. du matin.)
————]— —_—_—_—_—_—_—__—_—_—_—_—_—_—_—_————,
OBSERVATIONS DIVERSES.
basse du mois, le 6. . . . . .. 414,1
élevée du mois, le
4 etle29 . . . 309,0
JUIN (# h. du soir.)
s BAROMÈTRE
El
= TRE OBSERVATIONS DIVERSES.
2 | À
EI inai |
5 ordinaire, | Le
| Et RAT OT Se TR
1 106°5 | 704
2 107,7 105
5| 709,8 707
41 72,1 709
d| 707,0 TU4
6 710,9 T09outtes de pluie le matin et presque tout Je jour.
Dr TES Fi,
S| 714,1 712
9] 719,7 ral
10! 711,5 708
11| 715,0 TA0luie après midi.
É 713,4 710
5 710,2 70748 gouttes de pluie.
14| 707,7 705 ue :
15} 707,9 ñ
16 707,2 70 age le soi
17| 708,7 706
18 108,8 707
19 108,0 706. le matin.
20| 707,7 TOdlluie le matin et à 1i h,
21 115,7 7 randes éclaircies.
22| ‘712,9 710bsée le matin.
25 742,9 710 id
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
JUIN (4 h. du soir.)
ETAT
DU CIEL.
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OBSERVATIONS DIVERSES.
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rosée le matin.
basse du mois, le 6.
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JUILLET (10 h. du matin.)
OBSERVATIONS DIVERSES,
ordinaire.
Jours du mois.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. JUILLET (10 h, du matin.)
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JUILLET (4 h. du soir.)
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719.6 719,97 22.8 20,7 16,5 » 0,560 | 95,0 légèrement couvert. No SE
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1à 3 h., arcen-ciel à 6 h. et grain de pluie.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. AOÛT (4 h. du soir.)
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698,5 695,95
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beau, emn épars; grain à 5 h : flamme ailleurs un gerbier de blé à Auzon.
très-beau.
très-beau, qqs em. .
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: beau, légcr ) vent fort, orage le soir à 8 heures.
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6,940 couvert, cimn. . . ] grain 36h.s.
0,880 couvert, st.
1,540 assez beau, crn. . . . . ù à grain à 3h, areen-ciel à 6 h. et grain de pluie.
6,750 couvert, stn. . grain à 2h.s.
5 lég. couvert, st. . . id. a3 hs.
0,600 beau, emer. . 2 E rosée.
couvert.
assez beau, lég. couvert.
légerement couvert.
beau, quelques nuages à l'horizon
ciel pur, tres-beau.
ciel pur.
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SEPTEMBRE (10 h. du matin.)
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111 707,9 705]
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141 709,9 706
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16! 715,1 719
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18] 741,1 708
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27| 696.7 69%
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basse du mois, le22.. . .
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Jours du mois.
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. SEPTEMBRE (10 h. du matin.)
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104,56
105,55
706,75
107,19
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712,08
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lég. couvert.
couvert.
lég. couvert.
quelques nuages.
id.
couvert.
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quelques nuages à l'horizon
demi-couvert.
assez couvert.
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demi-couvert.
assez couvert.
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demi-couvert.
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SEPTEMBRE (4 h. du soir.)
OBSERVATIONS DIVERSES.
pluie, orage le s.
pluie.
id.
id.
brouillard.
quelques coups de tonnerre, pluie.
brouillard, pluie.
brouillard, orage, pluie.
id.
pluie.
léger brouillard.
léger brouillard, pluie.
pluie.
pluie, P-g-
brouillard, gelée.
légère pluie, éclairs le soir.
vent.
pluie, p. g.
vent, pluie.
pluie, tonnerre.
basse du mois, le 22. . . . . . .
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OBSERVATIONS MÉTÉOROLOG
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19,9 20,6 2975
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14,8 14,8 16,0
15,8 15,5 16,8
17,0 17,0 18,0
241,5 21,0 29,0
16,5 16,8 20,0
15,2 12,0 15,2
11,8 12,0 15,9
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15,5 16,0 18,0
16,5 16,5 | 18,0
15,5 16,0 47,9
16,0 16,5 18,0
16,5 17.0 17,5
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15,5 15,01 5,7
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» 0,020
15,000 |21,950
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9,000 | 2,040
3,000 | 6,480
0,150 | 0,190
2,000 »
0,107 | 0,480
4,500 »
» 0, 1 UO
2,500 | 0,120
3,500 »
0,205 117,900
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» 8,620
8,000 | 0,120
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1,672 | 0,500
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beau, quelques nuages.
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demi-couvert.
assez Couvert.
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id.
id.
id.
quelques” nuages.
demi-couvert .
couvert,
demi-couvert.
assez couvert.
Presque pur.
couvert.
id.
demi-couvert.
couvert.
id.
id.
id.
demi-couvert.
VENTS.
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basse du mois, le 22, . . , , ., DD:
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SEPTEMBRE (4 h. du soir.)
OBSERVATIONS DIVERSES.
pluie, orage le s.
pluie.
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quelques coups de tonnerre, pluie.
brouillard, pluie.
brouillard, orage, pluie.
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léger brouillard, pluie.
pluie,
pluie, p. g.
brouillard, gelée
légère pluie, éclairs le soir.
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pluie, p. g.
vent, pluie.
pluie, tonnerre,
OCTOBRE (10 h. du matin.)
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basse du mois,
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OBSERVATIONS DIVERSES.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
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OCTOBRE (10 h. du matin.)
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715,6 TA1,94 14,4 41,2 6,2 F 0,120 très-beau, lég. er. . , h ss e
710,1 708,50 14,0 | 45,5 1,5 » 5,600 .. couvert, br. = _
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715,4 741,55 16,3 12,0 5,2 | 2,000 | 6,220 | 95 assez beau, erst. . . . hz 4 ca
745,5 712,00 | 15,0 | 414,5 | 6,2 |11,000 » | 93 lég. couvert, stn..... hz | ca
715,5 712,05 12,6 10,1 7,1 À 5 95 couvert, stn. . . . hz . ù
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743,2 741,80 | 12,1 8,2 2,8 » | 0,280 | 92 de £ Rae
714,4 712,42 | 19,8 | 15,1 2,6 » | 0,420 | 96 brouillard, voilé. EE .
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746,9 715,50 12,1 To; 1 » 0,280 très-beau, ciel pur. ESE ESE
718,9 745,45 | 45,2] 7,9|-—26| , |o'210 id. ne | s
714,6 715,55 | 44,0 | 7,9) 4,5, 07550 COUVEREEn SRE o
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# M.M. Bar. à zéro. . . . 710,89 ; basse du mois, le 31. . . . . .. —5°,
Ë 711,00 5,75 [82,154 |68,550 Th. est... .. 9,88 Température la plus élevée Ale RO CRE PR 20°,5.
: | | Hygromètre.. . . 95,51 RE
[es “ae 4-5 s _ SERA al
OCTOBRE (# h. du soir.)
Jours du mois.
ne
IDE OS SDAIOCLROIN =
——_—_—_—_———_——_—_—_——_—
tt 1)
ordinaire.
OBSERVATIONS DIVERSES.
br. le m , orage le soir.
p'uic le inatin et apres-m'dr.
be. Je m
pluie le soir, g. b Le m.
rosée, bruine à 4 hs.
b:. le in.
id.
id.
br. le m,
g. b., leg er. le m.
g. br. le m
be. le m., pluie a 5h.s.
[HE
gb
| basse du mois, le 51.. . . . . . —50,0.
/ È : ï U é
PUS élevée du mois, le 9....... 209,5.
OBSERVATIONS
, BAROMÈTRE
D
É A —
4 ñ
À à
A ordinaire, :
mn | | zéro,
DE ——
1] 7065 104085
2| 708,8 707,14
5| 711,0 709,03
4| 711,5 709,53
DIBUTIAS 709,21
6l 709,7 707,64
7| 709,1 707,15
8| 714,0 108,80
9! 711,0 708,95
10! 11,1 709.24
M 711,2 709,48
12 741,7 709,98
5| 712,92 710,47
4| 710,1 708,45
15!) 710,7 709,08
A6! 713,5 111,98
7l| 715,5 711,99
18] 715,6 TAA,97
19! 714,4 109,84
20| 715,1 141,45
Al 7148 715,07
22| 16,1 714.29
25| 715,8 TA4,17
24| 714,0 712,48
20| 714,6 715,27
26| 744,7 115,55
1| 715,0 715,55
28] 715,9 715 M
29) 715,5 714,51
50] 714,8 715,56
744,9 715,52
k 110,78
THERMOMÈTRE
en
contact.
centigr.
1497
14,5
17,0
17,0
18,2
15,1
17,0
19,2
18,1
16,5
15,0
15,0
15,1
14,6
2
RS
1 CT C7 Cr À OI à OI
Œ
AGkL=NCUSE = R —
nm nn mn — —
en
ex- | à
térieur. | minima.
centigr. | centigr,
15°2 151
15,5 | 45,5
15,0 18,8
16,0 19,0
18,2 | 49,2
18,8 20,2
16,8 17,8
18,9 | 19,0
417,5 20,5
15,0 20,1
15,0 17,0
14,9 17,2
15,5 16,5
12,3 | 15,5
11,8 | 16,8
10,8 15,0
10,5 11,5
15,1 14,5
12,0 15,8
12,9 17,1
15,8 | 16,8
14,5 15,1
10,1 | 46,1
11,0 16,8
10,0 16,0
10,5 16,0
10,6 45,9
8,9 14,2
T 5 8,9
11,8 12,2
(HAN 12,1
UDOMÈTRE.
Hygro-
|
L mètre.
Puy. Issingeaux
|
3,000 | 4,600 | 92°4
27,000 25,550 95,0
Sr OS NA
h (| » 94,5
» » |940
» » 95,0
0,622 | 0,700 | 925
» » 95,0
L] h 95,0
5,812 » 95,0
54,000 |19,200 | 95,0
» | 5,700 | 95,5
n | 0,120 | 94,0
h 35,600 | 95,0
1,000 | 5,300 | 95,0
2,000 | 6,220 | 94,0
11,000 » 95,0
» » 92,0
» 0,100 | 91,6
» 0,280 | 95,0
» 0,120 | 94,5
ù 0,400 | 92,5
» 0,280 | 93,0
» | 0,210 | 95,5
» 0,050 | 55,0
» 0,140 | 92,9
» n 95,0
» » 95,0
» » 93,0
» » 92,0
» » 90,0
82,454 168,550 | 95,28
MÉTÉOROLOGIQUES.
OCTOBRE (#4 hi. du soir.)
ETAT
DU CIEL.
pluie.
beau, qqs cn]
beau, lég. er.
beau, lé. cu.
ass'z beau, ere.
lég couvert, st. .
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id,
couvert, s{n
id.
id.
Uos-brau
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COUVUrL, sta.
id.
brume,
couvert, sln
beau, cr
lég_ couvert, st
Uris-beau, cicl pur.
id.
très beau,
id,
id.
il
id.
beau, vap. O
tres-bea:.
variable,
très-bean,
id.
a,
OBSERVATIONS DIVERSES.
supér. | infér
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EM} AG be, le mn, orage le soir
9 ENE p'uie le malin et après-midi,
‘0 sE
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0 A0 pluie le soir, g. b le m,
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£
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ENE ss0 g. br, le m
NE so br. le m., pluie à 5 h.e.
NÉ s pe
N 8 vel
Fe ; basse du mois, le 31.. . . . , . —50,0,
Température la plus élevée du mois, Jo. 9.0, 2090.
NOVEMBRE (10 h. du matin.)
OBSERVATIONS DIVERSES.
Jours du mois.
ord infer.
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2 1
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15] 7| no
16 7| No
17 7IUSE
18| 7| no
On | ENE
20 7| NNO
21 7| NE
22 7| N
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277 7Ù oNo
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RUE HN Sen :
Jours du mois. ”
715°0
114,8
719.5
714,5
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714,7
715,8
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MO} 703,8
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108,0
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712,9
710,6
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104,9
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714,1
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715,9
107,5
707,1
707,0
705,2
700,2
701,9
SOUSSE ROLE
ordinaire,
BANOMÈTRE
|
|
T15°85
115,50
711,47
710,67
710,61
711,68
715,85
713,05
707,91
705,06
695,45
696,55
700,15
706,62
107,09
T10,57
112,02
710,54
709,71
704,99
109,49
143,28
712,58
212,05
706,47
106,89
105,85
105,71
699,17
114,45
en
contact,
* OBSERVATIONS
THERMNONÈTRE
, ,
centigr,
1000
15,0
9,0
5,5
6 0
UDOMÈTRE,
—5,08 ‘20,600
ex- à au
térieur. | maxima, Puy.
centigr. | centigr.
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1,5 | —5,0 n
0,0 | —5,3 »
0,5 | —1,8 »
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1,4 =); j »
4,5 | —4,0 »
3,1 | —2,2 | 0,250
5,8 0, | 4,000
4,9 1,5 1,009
2,5 | —7,5 | 0,100
1,4 | —5,: | 2,000
1,5 | —58 | "1:000
1,2 12 | 0,160
2,239 »
5,4 | —0, »
0) —0 5 »
—1,5 | —9,1 »
5,0 | —%,5 | 0,500
4,1 2.0 | 5,000
2,1 | —5,0 »
5,1 4,8 »
5,5 | —1,5 | 0,500
6,5 | —1,1 | 1,000
4,0 (u—2;0 1,000
1,8 es RE 0,250
8,4 mn, »
0,0 = —4,0 | 2,900
!
Issingeaux
ES ES
» 92°0
» 992,
» 92,0
» 92,0
» 21,0
» 91,0
0,280 | 90,5
» 9455
5,000 | 92.0
» 91,0
4,460 | 91,0
» 90,5
» 91,3
5,240 | 91,0
» 90,5
1,600 | 90,0
» 90,5
» J0N7
» 91,0
3,100 | 91,5
6,500 | 92,0 |
5,200 | 90,5
» 90.5
1,860 | 94,0
4,600 | 92,0
0,900 | 91,0
4,180 | 91,5
0,100 | 94,5
5,480 | 90,5
2,820 | 91,0
IT
145,720 | 91,14
MÉTÉOROLOGIQUES.
ETAT
DU CIEL.
très-beau
{rès-brau, lég. brouillard.
Lrès-boau,
couvert.
id.
id.
brouillard épais.
légèrement couvert.
neige,
couvert,
id.
qqs éclaircies,
couvert.
id,
éclaircirs, stn. . . . h
id.
ÉClATECICS Ne ee h
couvert, stn b
trés-bea, faible gelér.
br., soleil au travers, em. . .. h
couvent-ssin ere unz
beau, léger. .
couvert, 6r.
assez beau, qqs N. . .
Couvent, AS 7
lég, couvert, st. . .
assez beau, cmn.. . . . h
Urcssbeau ape ere ll
couvert.
beau sement
M. M. Bar. à zéro.
Th. ext. . i,92
Hygromèitre. .. 9,69
107,55
VENTS
|
supér, | infér,
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oxo (AN
o\0 Oxo
050 oNo
050 NE
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basse du mois, le18 . . — 9,50.
Température la plus] FT EEE) 120.00
NOVEMBRE (10 h. du matin.)
élevée
OBSERVATIONS DIVERSES.
NOVEMBRE (# bh. du soir.)
Jours du mois.
-
© GO 1 D C7 À OI ID
BAROMË 1
"|
ordinaire,
tot mm
|
OBSERVATIONS DIVERSES,
g. b., br. le matin.
g. etg. blanche, br. m
g. br. «m.
IC
it
{ nul”.
br. le mn,
se cn bas le m.
neige la nuit ct le m.
bruine le soir.
alômes de neige la nuit.
gelée, se en bas.
7
NE en bas le m., pluie le soir.
pluie à fl h.s.
5. bi.
pluie.
No intermédiaire, neige la nuit.
| RassciduimoIs JMS MENU, —9°,30.
PTE ce id Mlle à . 55e 12°,00
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES.
Jours du mois.
QU = © © DIS QC à OL —
HD SE OIR
DAROMÈTIE
a —
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ordinaire ,
zcro,
a
115°0 715°14
712,5 744,59
710,7 709,58
714,2
711,2
115,5
115,4
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708,2 707,54
699,7 698,80
694,2 695,19
697,5 696,18
104,9 103,97
706,6 705,17
109,8 709,00
741,7 710,95
712,4 711,59
709,4 708 84
710,4 109,15
711,0 710,15
7105 709,60
115,2 712,58
713,0 712,05
709,7 708,49
707,5 705,55
705,1 704,05
703,0 702,56
104,0 102,86
699,3 698,16
697,8 697,01
TUERMOMÈTRE
en cx- à
contact, | térieur. ! micima,
centigr. | centigr, ! centigr.
1198 1100 1200
10,0 7,0 11,0
9,8 TS ADN
8,9 7,1 9,5
9,7 4,5 5,6
10,5 | 4,0 5,0
8,2 4,3 »,9
7,9 4,4 6,5
755 4,0 5,0
8,0 5,5 8,0
9,0 4,2 ù,0
6,0 2,0 4,5
8,2 1,0 4,0
10 5,5 6,
7,0 1,0 5,2
6,7 4,5 5,9
rl 5,9 D)
5,0 4,5 4,
5,9 2,0 ,6
Fo) 4,4 6,
8,0 4,8 5,5
7,1 2,1 Z,
8,4 4,5 5,0
10,6 5,6 9,2
10,0 4,8
9,2 7,0 7,9
11,0 9,0 10,0
10,0 555 8,9
10,1 754 9,0
7,0 | —1,0 ÿ,Ù
UDOMÈTRE.
mètre,
Issingeaux
» » | 88,5
» » 91,5
» » 90,0
» » 50,0
» » 90,0
» » 90,0
» 0,280 90,0
» » 90,0
0, 50 | 5,000 | 90,5
4,000 » 90,5
1,000 4,460 | 90,0
0,100 Q) 90,5
2,000 » 90,0
1,000 | 5,240 | 89,7
0,100 » 89,5
» | 1,600 | 90,0
» » 90,2
» » 90,0
» » 90,0
,500 | 5,700 | 90,1
000 | 6,500 | 90,0
» | 3,200 | 91,0
» » 90,0
0,500 | 1,860 | 89,1
1,000 | 4 ,600 90.)
1.000 | 0,900 | 91 0
250 | 4,180 | 91,0
» 0,100 90,5
\ 5,480 | 91,0
2,900 | 2,820 | 90,0
ETAT
OÙ CIEL,
ES
trs-beau.
id.
id.
beau.
id.
beau, qqs cm. ...
assez beau.
légerement couvert, ns.
couvert.
id.
éclaircies, emn
neige.
id.
bruine.
couvert.
il.
beau, qqs em. . .
2]
D
assez brau, C\N
couvert.
id.
id.
assez beau, N. . . . .
couvert.
ascez heau, qqs n.
couvert.
éclairetes.
id.
très-beau.
nuageux, St. . . + .
couvert
. bz
b
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Lz
VENTS.
supér.| infer.
NNo 8
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No No
No No
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0 oxo
NE NE
g. b., br. le matin.
g. etg. blanche, br. m
g. br. m.
g nuit,
br. le m,
se cn bas le m.
neige la nuit ct le m.
bruine le soir.
alômes de nvige la nuit.
elée, se en bas.
£ ,
Fr
3° : à
Ne en bas le m., pluie le soir.
pluie à | [ne Ge
g. bi.
pluie.
No intermédiaire, neige la nuit.
; basse du mois, le 48. . . . . . .
Température la plus} éjiée, id, leds. . . ... . 12°,00
NOVEMBRE (4 bh. du soir.)
OBSERVATIONS DIVERSES.
DÉCEMBRE (10 h. du matin.)
BAROMÈTH
ME OBSERVATIONS DIVERSES,
ordinaire.
Jours du mois.
Her)
CR OUR = SELS LR CTI =
D
basse du mois,
lus
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES. DÉCEMBRE (10 h. du matin.)
Re __—__ _ — EEE,
BAROMÈTRE | TUERMOMÈTRE |
°} ces
1 UDONÈTRE. END
5 Hygro- ETAT \ EN TS. |
3 Re — ip Où Ter rene D}: Ses ra = S
É ent ne ES IN SU FN Re OBSERVATIONS DIVERSES,
d ordinaire. zéro, | be | | mètre. | DU CIEL. ; _—.
Lo contact. | térieur. | maxima. Puy. |Jasingeaux super. inler.
D Sn Een Den R
| TE ——
centigr. centigr, cealier. |
1| G9708 697052 225 | —505 | = Ne 0 5200 | 910 Depes SR EU |
2] 704,8 | 704,29 4,9 0,5 | —6,1 | 2,800 | 2,180 91,0 AL ter —
SN NTU7,0. | 706,76 2, | —2,5 |—14,0 | 4,500 | 2,800 90,0 couvert, NU NNO |
4| 707,8 | 707,25 5,0 it Re ur 5,500 | 1,200 | 91,0 he < : ; |
ù| 709,6 1 709,02 9, | 2 ON ECS » » 91,0 id. ex sn
6 744,6 | 10:52 11,2 5,0 | —1,0 » » 91,0 Uèes-brau, uso so
HI TA15,2 TI 70 19,8 TRUE RS » » 92,0 brau. 0 SE
SNTIS ON 4000 17.4 410,2 | 5,0 » » 92,0 as cz beau, emn . he À ss SE
0] 709,6 708,08 15,5 11,1 Ft) » » 9229 EDS ENS , bn SSE SI
LOT 05,4 (Lu 70558 16,0 10,5 Fi) » » 92,0 bou, IS MONUIERE ET SSE SE
D) 705,8 | 704 20 14,1 8,2 | 5.8 |24,20n [25,380 | 920 id. nes
BI T05,8 - | 714:58 10,7 8,7 O7 » ÿ) 91,0 CGT 050 us0
15] 702,0 700,85 10,2 7,0 3.0 | 6,500 | 0,150 | 92,2 éclaircies, emn © : . nov oNo
{41 700,0 698,96 9,2 | 6,5 | 4,1 | 0,500 » 91,9 ouvert, cn ac vil ON oo
15] 702,4 101,58 9,0 | 4% | 9 4018 5,000 | 5,140 | 91,0 LLC INT N
16 714,2 715,56 7 Sul 159 0,0 | 9,500 » 91,9 CouverL, ste à hz N NE
17 113,2 712,58 5,4 Ge — 2,0 ) | » 91,8 | ; D id. NU NE
18] 710,1 109,63 4,4 | —4,0 |! —5,0 » 1,480 | 91,5 éelaireies, GITES bz | ovo o\0
19, 710,5 109,58 9,8 } 1,2 | —5,5 » | 79 90,2 assez brau, emn épars N N
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21| 718,2 717,62 SD 510) | —0,2 » 0,480 | 91,0 | id. £
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11, 705,9 704,47 12
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699,0 697,85 10
699,9 698,75 1 is à 3 heures.
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714,9 715,59
713,1 712,18
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717,5 716,72 g.
117,2 716,45 r. le m. et le s.
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707,4 706,88 livre.
698,5 697,80 Gelée.
683,5 682,71 1
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695,8 695,91 A.
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Jn 710,5 709,01 15,0 10,5 11,5 » » 90,0 assez beau, emn. . . .. h | sse ne
D 704,0 702,60 12,5 9,5 19,2 » » 90,0 bruine, SsE dE ie à
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2 705,5 702,19 1,ù 8,8 10,5 » » 92,5 petite pluie so
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D 710,: 109,58 5,5 2,0 2,4 » » 90,0 id. ï
Murs | 672 68| 20! 25[ » !|4500 | 90.0 le a PET
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h 710,7 109,94 6,6 0,0 5,5 » 0,520 | 90,0 très-beau, Elan. ‘
| 107,4 706,88 4,5 —0,5 219 » » 90,5 couvert. 0 No givre.
698,5 697,80 6,2 5,0 4,0 » » 91,0 id. 0 No | gelée.
683,5 682,71 7,0 2,5 4,5 » » 50,0 id. 0 oNo
| 684,5 683,80 6,2 2,0 3,0 » » 90,0 grésil. so os0
| 695,8 695,21 5,5 4,2 5,0 » 2,260 | 89,0 1 g. couvert. 0 oxo | g.
| 694,9 694,23 6.0 1,5 5,0 ; 1,800 | 89,0 neige abondante. os0 oo | p.
Jh 709,1 108,69 3,6 | —25 2,5 » 1,670 | 89,2 couvert. N No g.
I 710,6 710,05 4,8 4,2 2,8 | 1,100 | 0,790 | 90,2 id. No No
| 712,2 711,52 5,9 5,0 5,5 | 2,000 » 91,0 id. N N\E
Le —————
| - .. Demos basse du mois, le 5... . . . . —14°,0.
| 105,26 5,69/50,600 |67,000 | 90,27 P A PUS] élevée du mois, le 10. . .. . . . 129,2.
MERCURALES
A AAUTE-LOQA
Par M: CH. PELLISSIER px LOM
Ê=—
Employé à la Préfecture.
1855 - 1856.
PRIX MOYEN
pour le mois
de
JANVIER.
FEVRIER.
MERÇGURIALES,
JANVIER ET FÉVRIER.
PRODUITS.
céréales
[l'hect.]
légumes
[lPhect.]
froment ,
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pommes de terre [l’hcet.]
viandes
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céréales
| [l'heet.]
légumes |
(lhect.]
bœuf,
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froment ,
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seigle,
orge ,
avoine ,
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lentilles ,
haricots,
pommes de terre [l'hect.]
viandes
[le kil ]
bœuf,
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MARCHES
Rae DE | D'YS:IN-
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MERCURIALES, 743
MARS ET AVRIL.
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744 MERCURIALES,.
MAI ET JUIN.
MARCHÉS
1 PRODUITS.
DE D'YSSIN-
BRIOUDE | GEAUX. |
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MERCURIALES,
JUILLET ET AOUT.
MARCHÉS
PRODUITS
DE |D’yssix-
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716 MERCURIALES
SEPTEMBRE ET OCTOBRE.
PRODUITS.
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PRIX MOYEN
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SEPTEMBRE.
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MERCURIALES,. 14
NOVEMBRE ET DÉCEMBRE.
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| DECEMBRE haricots , De AQl » My nil
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1 GO! 1! 50) » n|
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| | |
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Etats dressés par le même, et présentant : 19 le résultat des expériences faites en décembre 1855,
dans le département, pour constater le poids légal des grains de la même année; 2° la conte-
nance en litres et décilitres du quintal métrique de ces grains :
FROMENT. SEIGLE.
Are qualité. 2e qualité. 5e qualité. Are qualité. 2e qualite. 5° quahté.
ET ET EE TT TT — em nte — CR _
. (l
5 h : : s : =. >
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= du quintal du quintal du quintal du quintal du quintal d du quintal
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= l'hectolitre|et décilitr.|l’hectolitre|et décilitr. |l’hectolitre et décilitr. Phectolitre|et décilitr. [Phectolitre et décilitr. |J’hectolitre | et décilitr.
Ë | ste NE uE F< RER
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# kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres, kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres.
79 0071 126 5 | 75 666| 150 4 | 75 162] 156 6 | 72 100| 158 6 | 69 555| 144 2 | 66 790| 149 7
ORGE. AVOINE.
kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres. kilog. litres.
58 409! 4174 2 | 55 555| 180 7 | 52 955| 188 8 | 48 5641 205 9 | 44 » | 227 2 | 40 745| 245 4
ao |
+ |
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MERCURIALES. 749
JANVIER ET FÉVRIER.
MARCHÉS
PRODUITS.
DE D'YSSIN-
BRIOUDE | GEAUX,
froment , 135 82/56 62151
ur métvil SAMIG2 DU
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[l'hect.] seigle, 95 12,9 6812
- Jorge, 148 56/20 57/1
avoine , | 8 87/8 55| 8
|
PRIX MOYEN A pois, 5 . D
pour le mois (L'heet.] lentilles, 25, 31] » »
baricots, 26 93) » »
de |
JANVIER. {pommes de terre [lhect.]| 3 42, » » | »
bœuf, » » » 99!»
viandes vache , 1,» |» 81|»
[le kil veau , ts 0 87/8»
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porc, 4 52! 1 147] »
froment , D92
céréales } Méteil, 2e 52 LR É
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orge , 46 96119 37/17
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. 4 (l'hect.] lentilles , : » |» |
FEVRIER . haricots, 95 87» » 1.)
pommes de terre [l'heet.]! 2 S5 » » |»
bœuf, Ü » » | » 95] »
viandes vache, 1» |» au »
(le kil ] veau , l “4 05 » 90! »
1} mouton, Il 15 Re |
\ porc, 4 50) 1 20! » »
ToÙù HERÇURIALES,
MARS ET AVRIL.
| MARCHÉS |
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MERCÇCURIALES.
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des grains de la même année; 2° la conte-
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Liste des récompenses obtenues à l'Exposition
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Compte-rendu du Congrès “Le Délégués î So-
ciétés savantes, par M. Ch. C. de Lafayette.
Notice géologique sur un gisement de serpentine
en blocs isolés dans du gneiss, près de Lempdes
(Haute-Loire) par M Dorlhac. 0e 0"
Ouvrages reçus en 1855 ...... RTE NS
— == en 1056 anus ans AIMARE ART s
Tableau des observations météorolos dues faites
au Puy: :par M: Azéma.:"r. ns METRE
Mercuriales de la Haute-Loire, par M. Pellissier
de Eom, employé à la préfecture. ...,....
731
PRIX DÉCERNÉS
AU
CONCOURS DES ANIMAUX
LE 28 SEPTEMBRE 1856.
Le dimanche 28 septembre, le concours annuel pour
décerner des prix aux personnes ayant amélioré les diffé-
rentes races d'animaux domestiques a eu lieu, au Puy,
dans la prairie qui longe la promenade publique, auprès
du Musée. Le jury d'examen se composait de M. Charles
Calemard de Lafayette, président de la Société d’agricul-
ture du Puy, du secrétaire et de plusieurs autres mem-
bres résidants et correspondants de la Société.
M. le directeur du dépôt d’étalons d'Aurillac s'était
empressé de se rendre à l'invitation de M. le président.
En prenant une part importante aux longues opérations
du jury, M. le directeur s’est convaincu des ressources
et des besoins de notre pays pour tout ce qui concerne
l'amélioration de la race chevaline, et il a promis à la
SPA
commission un concours actif pour tout ce qui peut déve-
lopper, dans notre département, cette branche de l’in-
dustrie rurale.
Les professeurs et les élèves de la ferme-école, guidés
par M. Chouvon, directeur de cet établissement, ont aidé
le jury d'examen dans ses opérations.
Cette solennité avait attiré un publie nombreux. Plu-
sieurs grands propriétaires du département ont témoigné,
par leur empressement à visiter les animaux présentés au
concours, la part qu'ils prennent à tont ce qui peut favo-
riser les intérêts des agriculteurs.
M. de Chevremont, préfet du département, qui ne
manque jamais aucune occasion de témoigner sa sympa-
thie pour les œuvres agricoles, a bien voulu visiter le
concours, et s assurer par lui-même du progrès de l’amé-
lioration des différentes espèces d'animaux exposés.
La proclamation des prix a été faite devant l'hôtel du
Musée, du haut du perron, en présence de la commission
représentant la Société, d'agriculteurs et d’un publie
nombreux.
M. le président, en témoignant à la plupart des expo-
sanls la satisfaction de la commission pour les heureux
efforts attestés par l’ensemble du concours, a dû néan-
moins constater que l’exhibition d'animaux était moins
nombreuse que celle de l'année dernière, Il en a en
même temps expliqué la cause : beaucoup d'éleveurs des
plus distingués de la région du Mezenc lui avaient an-
noncé qu'ils seraient dans l'impossibilité de se rendre au
Puy ; leurs bestiaux, et notamment les reproducteurs
qu'ils comptaient exposer, ayant considérablement souf-
pi r
fert de la maladie aphtheuse, vulgairement dite mal des
pieds.
M. le président a ensuite vivement engagé les proprié-
taires de la Haute-Loire à se mettre en mesure de faire
figurer leurs produits au mois de mai prochain, tant au
concours régional qui doit avoir lieu à Mende, qu’au
concours universel de Paris. À Paris, d'après les bien-
veillantes dispositions du Gouvernement, la solennité
agricole de 1857 aura un éclat et une importance dignes
de son objet. Pour encourager les éleveurs à redoubler
leurs efforts, M. le président a rappelé que le magnifique
taureau, race de Salers, que M. de Flagheac avait bien
voulu envoyer au Puy, et qui le matin avait excité à un
si haut point l'admiration de tous les connaisseurs, avait
obtenu, au printemps dernier, un premier prix de 500 fr.
au concours régional de Tulle et un autre premier prix
de 1000 fr. au concours de Paris. Le jury du Puy avait
dù regretter de ne pouvoir disposer d'aucune rémunéra-
tion qui pût convenablement être offerte après celles-là.
Il n’en conserve pas moins lespoit de voir de nouveau
les produits de M. de Flagheac figurer dans nos concours
et servir, par leurs succès, d'exemple et d'encourage-
ment à nos éleveurs.
Une somme de deux mille deux cent soixante-deux
francs a été répartie de la manière suivante :
RACE CHEVALINE : sept cent quarante-deux francs,
dont quatre cent quarante francs aux juments pension-
nées, el trois cents francs aux pouliches primées ;
RACE MULASSIÈRE : baudets, trois cent quarante francs ;
RAGE BOvINE : mille six francs, dont quatre cent vingt
francs aux taureaux, cinquante franes aux bœufs, trois
OUT
cent cinquante-cinq francs aux vaches laitières, et cent
quatre-vingt-un francs aux génisses ;
RACE OVINE : soixante-deux francs ;
RACE PORGINE : quarante-deux francs ;
ANIMAUX DE BASSE-COUR : cinquante-cinq francs ;
Lapins : dix-sept francs.
Race chevaline,
POULINIÈRES PENSIONNÉES.
Première catégorie.
M. Golfier (Jean-Jacques), propriétaire à Cra-
ponne, pour une jument (carrossier), poil gris-
pommelé, suilée d’un produit et saillie par l’étalon
Isabey,
M. Chambon (Etienne), propriétaire à Polignac,
pour une jument espèce de selle, poil bai-brun,
suitée d’un produit et saillie par l’étalon Minotaure,
M. Jacob-Schwab, propriétaire au Puy, pour une
jument espèce de trait, poil gris, suitée d’un produit
et saillie par l’étalon Proconsul,
M. Martin (Jean-Pierre), propriétaire à Coubon,
pour une jument espèce de selle, poil gris-rubican,
suitée d’un produit et saillie par l’étalon Infant,
Deuxième catégorie.
La maison des Pères de Vals, pour une jument
espèce de selle, poil bai-brun, suitée d'un produit et
saillie par l'étalon Proconsul,
M: Chanial, propriétaire à Cayres, pour une ju-
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ment espèce de selle, poil bai-brun, suitée d’un pro-
duit et saillie par l’étalon {nfant ,
M. Bertrand, propriétaire à Nolhac, pour une ju-
ment espèce de trait, poil bai-clair, suitée d'un pro-
duit et saillie par l’étalon Proconsul,
M. Girard {Mathieu), propriétaire à Craponne,
pour une jument espèce de selle, poil bai-cerise,
suitée d’un produit et saillie par l’étalon Hamlet,
POULICHES PRIMÉES.
Premiers prix.
M. Armand, juge de paix à St-Paulien, pour une
pouliche {carrossier), âgée de dix-huit mois, poil
bai, produit de l’étalon Znfant,
M. Chouvy, notaire à St-Jean-Lachalm, pour une
pouliche {carrossier), poil alezan, âgée de vingt-huit
mois, produit de l’étalon Zeste,
Deuxièmes prix.
M. Girard (Mathieu), propriétaire à Craponne,
pour une pouliche {earrossier), poil bai-cerise, âgée
de dix-huit mois, produit de l’étalon Zsabey,
M. Rance (Jean-Baptiste), propriétaire à Chassillae,
pour une pouliche espèce de selle, ägée de dix-huit
mois, poil bai, produit de l’étalon Znfant,
Troisièmes prix.
M. Badiou-Bauzac, maire de Solignac, pour une
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pouliche espèce de selle, âgée de vingt-huit mois,
poil gris, produit de l’étalon Zeste,
90
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ANGES
M. Mondillon (Martin), propriétaire à Bizac, pour
une pouliche espèce de selle, âgée de vingt-huit
mois, poil gris-alezan, produit de l’étalon Zeste,
Espèce mulassière.
Premiers prix.
M. Gaspard (Baptiste), propriétaire à Saint-Jean-
de-Nay, pour un baudet âgé de quatre ans, race du
Poitou,
M. Thomas (Simon), fermier à Cayres, pour un
baudet âgé de deux ans, race du Poitou,
Deuxièmes prix.
M. Falgon, propriétaire à Alleyrac, pour un
baudet âgé de trois ans, race du Poitou,
M. Boyer (Théodore), propriétaire à Saint-Jean-
de-Nay, pour un baudet âgé de six ans, race du
Poitou ,
M. Arnaud (Louis), propriétaire à Cayres, pour
un baudet âgé de six ans, race du Poitou,
Race bovine.
TAUREAUX.
Mention hors ligne.
M. le baron de Flagheac, propriétaire à St-Geor-
ges-d'Aurat, arrondissement de Brioude, pour un
taureau âgé de quatre ans, race de Safers, primé
aux concours de Mende et de Paris,
Au mème, prix hors ligne, pour un second tau-
0
80
80
60
60
ER ee
reau âgé de deux ans, poil rouge foncé, race de
Salers,
Premiers prix.
M. le baron de Mailhet de Vachères, pour un
taureau po:l blanc, pure race du Mezenc, né et élevé
chez lui,
M. Sigaud (Augustin), propriétaire au Brignon,
pour un taureau âgé de deux ans, poil froment, race
du Mezenc, né et élevé chez lui,
M. Demourgues, propriétaire à Chaspinhae, pour
un taureau àâgé de deux ans, poil froment, race du
Mezenc, né et élevé chez lui,
Deuxièmes prix.
Me veuve Saintenac, propriétaire à Vorey, pour
un taureau âgé de deux ans et quatre mois, race du
Mezenc, poil froment, né et élevé chez elle,
M. Chanial, propriétaire à Cayres, pour un tau-
reau âgé de deux ans et six mois, poil blanc, race
du Mezenc, né et élevé chez lui,
M. Berniaud, propriétaire à Montagnac, pour un
taureau âgé de vingt mois, poil froment, race du
Mezene, né et élevé chez lui,
Troisièmes prix.
M. Ranc, propriétaire au Brignon, pour un tau-
reau âgé de deux ans, poil froment, race du Mezenc,
né et élevé chez lui,
M. Dessimond, propriétaire à St-Just, pour un
50
ENCRES
taureau âgé de trois ans, poil rouge, race de Salers,
né et élevé chez lui,
M. Ferand, propriétaire à Vorey, pour un tau-
reau âgé de deux ans, poil rouge et blanc, né et
élevé chez lui,
Quatrièmes prix.
M. Roux (Pierre), propriétaire à Cayres, pour un
taureau âgé de deux ans, poil froment, race du
Mezenc, né et élevé chez lui,
M. Bongiraud, propriétaire à Billac, pour un
taureau âgé de deux ans, poil froment, race du
Mezene, né et élevé chez lui,
Bœufs.
Premier prix.
M. Renard, propriétaire à Solignac, pour une
paire de bœufs âgés de six ans, poil froment, race
du Mezence, nés et élevés chez lui
? ,
Deuxième prix.
M. Chanial, propriétaire à Cayres, pour une paire
de bœufs âgés de cinq ans, poil froment, race du
Mezenc, nés et élevés chez lui,
Vaches laitières.
Premiers prix.
M. Malescot père, propriétaire au Puy, pour une
[M]
Qc
30
(0)
vache laitière âgée de huit ans, poil froment, race
du Mezenc,
M. Courtial, propriétaire à St-Geneyx, pour une
vache laitière âgée de cinq ans, poil froment, race
du Mezenc,
M. Gimbert (Pierre), propriétaire à Vals, pour
une vache laitière âgée de sept ans, poil froment,
race du Mezenc,
Deuxièmes prix.
M. Rome, propriétaire à St-Privat, pour une
vache laitière âgée de dix ans, poil blanc, race du
Mezenc,
M. Chouvy (Louis), propriétaire au Puy, pour une
vache laitière âgée de cinq ans, poil froment, race
du Mezenc,
M. Guilhaumet, propriétaire à Vals, pour une
vache laitière âgée de sept ans, poil blanc, race du
Mezenc,
M. Filhol, propriétaire à Espaly, pour une vache
laitière âgée de cinq ans, poil froment, race du
Mezenc,
M. Terrasse, propriétaire à Aiïguilhe, pour une
vache laitière âgée de huit ans, poil froment, race
du Mezence,
M. Teyssonneyre (Pierre), propriétaire à Monta-
gnac, pour une vache laitière âgée de cinq ans, poil
blanc, race du Mezenc,
M. Bernard (Petit-Peyre), propriétaire à Vals,
pour une vache laitière âgée de neuf ans, poil fro-
ment, race du Mezene,
25
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ER pu
M. Lashermes, propriétaire aux Estreys, pour une
vache laitière âgée de huit ans, poil froment, race
du Mezenc, £
Troisièmes prix.
M. Malescot fils, propriétaire au Puy, pour une
vache laitière âgée de neuf ans, poil froment, race
du Mezenc,
M. Pouzol, propriétaire à Bouzols, pour une vache
laitière âgée de sept ans, poil froment, race du
Mezenc,
M. Roland (Jean-Jacques), propriétaire au Puy,
pour une vache laitière âgée de huit ans, poil fro-
ment, race du Mezene,
M. Bernard (Vidal), propriétaire à Vals, pour une
vache laitière âgée de neuf ans, poil blanc, race du
Mezenc,
M. Teyssonneyre (Pierre), propriétaire à St-Ger-
main, pour une vache laitière âgée de sept ans, poil
froment, race du Mezene,
M. Mazaudier-Chaussende, ancien percepteur au
Puy, pour une vache laitière âgée de huit ans, poil
froment, race du Mezene,
M. Jacquet, propriétaire au Puy, pour une vache
laitière âgée de six ans, poil froment, race du
Mezenc,
M. Teyssonneyre (Antoine), propriétaire à St-Ger-
main, pour une vache laitière âgée de neuf ans, poil
froment, race du Mezene,
15
15
15
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15
15
15
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Génisses.
Premiers prix.
L'établissement de la Chartreuse, pour une génisse
âgée de deux ans, poil blanc, race du Mezenc, née et
élevée dans l'établissement,
M. le baron de Veyrac, propriétoire à Poinsae,
pour une génisse âgée de vingt mois, poil froment,
race du Mezenc, née et élevée chez lui,
M. Chabrier, propriétaire à Espaly, pour une gé-
nisse âgée de deux ans, poil froment, race du Me-
zenc, née et élevée chez lui,
Deuxièmes prix.
M. Rhullier-Plantin, propriétaire au Puy, pour
une génisse âgée de deux ans, poil froment, race du
Mezenc, née et élevée chez lui,
M. Rocher (Mathieu), propriétaire aux Estreys,
pour une génisse âgée de deux ans, poil blanc, race
du Mezenc, née et élevée chez lui,
M. Sigaud, propriétaire à Sanssac, pour une gé-
nisse ägée de deux ans, poil froment, race du Me-
zene, née et élevée chez lui,
M. Chanut (Alexis), propriétaire à la Malouteyre,
pour une génisse âgée de deux ans et deux mois, poil
froment, race du Mezene, née et élevée chez Ini,
M. Viscomte (Jean-Pierre), propriétaire à Espaly,
pour une génisse âgée de dix-huit mois, poil fro-
ment, race du Mezence, née et élevée chez lui,
M. Pellissier, propriétaire à Ceyssac, pour une
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génisse âgée de vingl mois, poil froment, race du
Mezenc, née et élevée chez lui,
M. Jouvomme (Pierre), propriétaire à Marminhac,
pour une génisse âgée de deux ans, poil froment,
‘ace du Mezenc, née et élevée chez lui,
M. Leyre, propriétaire à Ronzet, pour une génisse
âgée de deux ans, poil froment, race du Mezene, née
et élevée chez lui,
Troisièmes prix.
M. Valliorgues, propriétaire à Billac, pour une
génisse âgée de deux ans, poil froment, race du Me-
zenc, née et élevée chez lui,
M. Chauchon, propriétaire à Bizac, pour une gé-
nisse âgée de vingt mois, poil froment, race du Me-
zenc, née el élevée chez lui,
M. Jouvomme (Baptiste), propriétaire à Chadrac,
pour une génisse ägée de deux ans, poil froment,
race du Mezene, née et élevée chez lui,
M. Bonhomme (Jean-Claude), propriétaire à
Espaly, pour une génisse âgée de vingt-deux mois,
poil froment, race du Mezene, née et élevée chez lui,
Race ovine.
Premiers prix.
M. Teyssonneyre (Etienne), propriétaire à Espaly,
pour un bélier âgé de dix mois, race du pays,
M. Berniaud {Pierre), propriétaire à Montagnac,
pour un bélier âgé de deux ans, race du Rouergue,
M. Garnaud (Louis), propriétaire à Cayres, pour
un bélier âgé de dix-huit mois, race du Mezenc,
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M. Garnaud (André), propriétaire à Rivet, pour
un bélier âgé de trois ans, race du Rouergue,
Deuxièmes prix.
M. Gerbier (Louis), propriétaire à Cayres, pour
un bélier âgé de trois ans, race du Mezenc,
M. Massebeuf {Antoine), propriétaire à Monta-
gnac, pour un bélier âgé de trois ans, race du
Rouergue ,
M. Julien (Jean-Pierre), propriétaire à Bizae, pour
un bélier âgé de trois ans, race du pays,
M. Monthel (Pierre), propriétaire à St-Jean-
Lachalm, pour un bélier âgé de deux ans et six mois,
race du Rouergue,
M. Foury, propriétaire à St-Jean-de-Nay, pour
un bélier âgé de trois ans, race du Rouergue,
Race porcine.
Premier prix.
M. Guelle Joseph), propriétaire au pont d'Es-
troulhac, pour un verrat, race du Ham croisé,
Deuxième prix
M. Lafont (Pierre), propriétaire au Puy, pour un
verrat, race du pays,
Troïsièmes prix.
M. Ferret (François), pour une truie et ses deux
portées, race du pays,
M. Gimbert (François), pour une truie et sa
portée, race du pays,
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[er]
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Animaux de hasse-cour.
M. Durastel (Anténor), propriétaire à Taulhac,
près le Puy, pour un coq et des poules, espèce co-
chinchinoise, rappel de la médaille d'argent obtenue
l’année dernière et prime de
M. Rivet (Claude), employé de l'octroi au Puy,
pour coqs et poules, espèce poules-cailles, rappel de
médaille et prime de
M. Gallien (Antoine), propriétaire au Puy, pour
coq et poules, espèce cochinchinoise,
M. Roche, facteur au Puy, pour coq et poules,
espèce cochinchinoise,
M. Ancette, propriétaire au Puy, pour coq et
poules, espèce cochinchinoise croisée,
M. Chanial, propriétaire à Cayres, pour un couple
d’oies grises,
Lapins.
M. Roche, facteur au Puy, encouragement de
M. Robert (Jules), propriétaire au Puy, encoura-
gement de
M. Chabanon, du Puy, encouragement de
M. Figeon (Pierre), du Puy, encouragement de
Le Secrélaire , Le President,
L. BaLue, avocat. Cn. C. De LAFAYETTE
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