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Full text of "Annales des mines. Statistiques"

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WHITNEY  LIBRARY, 
HARVARD  UNIVERSITY. 


THE  GIFT  OF  <tS^ 

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ANNALES 


DES  MINES 


COMMISSION  DES  AHH ALES  DES  MIRES. 


Les  Ahmalbs  des  Mihes  sont  publiées  sous  les  auspices  de  l'adminis- 
tration générale  des  Ponts  et  Chaussées  et  des  Mines,  et  sous  la  direc- 
tion d'une  commission  spéciale  formée  par  le  Ministre  des  Travaux  Pu- 
blics. Cette  commission  est  composée,  ainsi  qu'il  suit,  des  membres  du 
conseil  général  des  mines,  du  directeur  et  des  proresseurs  de  l'École  des 
mines,  et  d'un  ingénieur,  adjoint  au  membre  remplissant  les  fonctions 
de  secrétaire  : 


MM* 

CoRDiBB,  Insp.  gén.,  membre  de 
l'Acad.  des  Sciences,  profess.  de 
géologie  au  Muséum  d'Iilst.  natu- 
relle ,  préiident. 

De  Bodbbdillb,  conseiller  d'État, 
inspecteur  général,  secrétaire  gé- 
néral du  oiinlslère  de  l'agricul- 
ture, du  commerce  et  des  travaux 
publics. 

Eue  de  Beaumont  ,  sénateur,  insp. 
général,  membre  de  l'Âcad.  des 
Sciences,  professeur  de  géologie 
au  Collège  de  France  et  à  l'École 
des  mines. 

Thibbia,  inspecteur  général. 

Combes,  inspecteur  général,  mem- 
bre de  l'Académie  des  Sciences , 
directeur  de  TËcoIe  des  mines. 

Lbtallois  ,  inspecteur  général. 

LoBiEDX .  tnspectrur  général. 

De  Billy.  inspecteur  générai. 

Blavieb,  inspecteur  général. 


MM. 

FouBifBL,  inèpecteur  général. 

De  SiNARMOKT,  ingénieur  en  chef, 
membre  de  l'Académie  des  Scien- 
ces, professeur  de  minéralogie. 

Gbuneb,  ing.  eu  chef,  professeur  de 
métallurgie. 

PiÉBABD,  ing.  en  chef,  secrétaire  du 
conseil  général. 

De  ViLLEifEDTE,  lugéo.  cn  chef,  pro- 
fesseur de  législation  des  mines. 

Callou,  Ingénieur  en  chef,  pro-; 
fesseur  d*exploitation. 

RnroT,  Ing.,  professeur  de  docimasio. 

De  Cheppe  ,  ancien  chef  de  la  divi- 
sion des  mines. 

Couche,  ingénieur  en  chef,  pro- 
fesseur de  chemins  de  fer  et  de 
construction,  secrétaire  de  la 
commiition, 

Delesse,  Ingén.  ordinaire,  maître 
de  conférence  à  TÉcole  normale , 
êecrétaire-adjoinL 


L'administration  a  réservé  un  certain  nombre  d'exemplaires  des  Ar- 
MALES  DBS  M  INES  pour  être  envoyés,  soit  à  titre  de  don  aux  principaux 
établissements  nationaux  et  étrangers ,  consacrés  aux  sciences  et  à  l'art 
des  mines ,  soit  à  titre  d'échange  aux  rédacteurs  des  ouvrages  pério- 
diques français  et  étrangers,  relatifs  aux  sciences  et  aux  arts.  —  Les 
lettres  et  documents  concernant  len  Annales  des  Mines  doivent  être 
adressés,  sous  le  rouvert  de  M.  le  Ministre  de  V Agriculture ,  du 
Ctimmerce  et  des  Travaux  Publics ,  o  3/.  le  secrétaire  de  la  corn» 
mission  des  Annales  des  Mines  ,  rue  du  Bac ,  n"  Ai ,  à  Paris. 

Avis  et  l'Éditeur. 

Les  auteurs  reçoivent  ^j/rah'f  ts  eiemplaires  de  leurs  articles  rormanl  au 
moins  une  feuille  d'impression.  Ils  peuvent  faire  faire  des  tirages  i  part  A 
raison  de  9  fr.  par  feuille  jusqu'à  50,  lo  fr.  de  so  à  loo,  et  5  (r.  pour  chaque 
centaine  ou  fraction  de  centaine  à  partir  de  la  seconde.  Le  tirage  à  part 
des  planches  est  pa^é  sur  mémoire»  au  prix  de  revient. 

La  publication  des  Annales  des  Mines  a  lieu  par  cahiers  ou  livraisons 
qui  paraissent  tous  les  deux  mois.  —  Les  six  livraisons  annuelles  forment 
trois  volumes ,  dont  un  consacré  aux  actes  administratifs  et  à  la  jurispru- 
dence. —  Les  deux  volumes  consacrés  aux  matières  scientifiques  et  techni- 
ques contiennent  de  70  A  80  feuilles  d'impression,  et  de  18  à  34  planches 
gravées. —  Le  prix  de  la  souscription  est  de  ao  fr.  par  an  pour  Paris,  de 
24  fr.  pour  les  départements,  et  de  28  fr.  pour  l'étranger. 


PARIS.   —  IMPRIMÉ  PAR  E.  TBDNOT  ET  C*,  BUS  RACINE,  26. 


ANNALES 

DES  MINES 

ou 

RECUEIL 

DE  MÉMOIRES  SUR  L'EXPLOITATION  DES  MINES 

ET  Sm  LIS  SCIIRCIS  KT  LIS  AVIS  QOl  S'T  ■ATTACnilT: 

BÉDIGÉES 

BT   rOSLIÉBS 
SODI  L^AUTOUflAnOH  DU  HIHISTRl  DU  TIATAUX  rUBUCt. 


CINQUIEME  SERIE. 


MÉMOIRES.  —  TOME  XVIII. 


PARIS. 

DDNOD, 'ÉDITEUR, 


waxm  II  r*  mlmoit, 

PrétédaiBffBt  GarnUn-GflMiry  ei  Y'^  D«lmoot, 

USIUIRF.  DES  CORPS  IMPÉRIAUX  DES  PONTS  BT  CHAUSSÉIS  BT  DES  BJNE* 

Oval  écs  Aoffasilast  49. 

«1860 


BIBLIOGRAPHIE 


m  û%mm. 


FRANCE. 


I^ELISSE.  GàATE  GiOLOGIQVB  SOCTERBAIHI  Dl  LA  TILLB  01  PARIS. 

—  Cette  carte,  exécutée  d'après  un  système  nouveau,  fait 
connaître  le  sous-sol  Jusqu'aux  plus  grandes  profondeurs  qui 
aient  été  atteintes,  et  elle  donne  non-seulement  la  nature  des 
terrains,  mais  encore  leur  relief. 

Comme  le  terrain  de  transport  forme  une  sorte  de  manteau 
par-dessus  le  sol  de  Paris,  on  a  supposé  quMl  avait  été  enlevé, 
et  les  teintes  de  la  carte  indiquent  les  divers  terrains  qui  se 
trouvent  immédiatement  au-dessous  de  lui.  Si  Ton  enlève 
l'un  aprèsVantre  les  terrains  qui  composent  le  sous-sol  pari- 
'  sfeu,  OD  découvrira  successivement  autant  de  surfaces  cor- 
respondant à  chacun  d'eux.  Ces  surfaces  sont  représentées 
par  des  courbes  horizontales  qui  ont  la  couleur  du  terrain 
auquel  elles  appartiennent.  La  surface  inférieure  du  terrain 
de  transport  a  été  figurée  de  la  môme  manière. 
Dblxssx.  Gaatx  htdrologiqub  db  la  villb  de  Paris.  —  Les 
nappes  d'eau  souterraines  qui  existent  au-dessous  de  Paris 
sont  figurées  sur  cette  carte.  Leurs  formes  et  leur  mode  d'é- 
coulement sont  indiqués  par  des  courbes  horizontales  dis- 
tantes de  1  mètre.  Des  cotes  nombreuses  marquent  le  ni- 
veau de  Teau  dans  les  puits  ordinaires,  ainsi  que  dans  les 
puits  forés.  En  outre,  les  eaux  provenant  des  différentes 
nappes  ont  été  essayées  avec  Thydrotimètre  de  MM.  Boutron 
et  Boodet,  et  le  nombre  de  degrés  obtenus  qui  représente 
leur  dureté  est  inscrit  sur  la  carte  à  la  place  où  Teau  a  été 
puisée. 

Arhalis  des  bihes,  ISOO.  ^  Tome  XVIII.  a 


II  niBLIOGRAPHIE. 

La  nature  des  terrains  qui  sont  baignés  par  les  nappes 
d^eau  souterraines  est  d'ailleurs  indiquée  par  des  teintes  spé* 
ciales  qui  correspondent  à  ces  divers  terrains,  et  plusieurs 
coupes  géologiques  se  trouvent  au  bas  de  la  carte. 
Ajkbadie  (d*).  Géodésie  d*une  partie  de  la  haute  Ethiopie,  véri- 
fiée et  rédigée  par  Rodolphe  Radau,  s*  fascicule.  In-Â*.  P.  «17 
à  36o.  —  Paris,  impr.  Remquet,  Goupy  et  compagnie;  libr* 
DupraL 
Ghabert.  Agenda  agricole,  année  1861.  In-16.  aâo  p.  d*agenda 
et  78  p.  de  données  agricoles.  —  Strasbourg,  impr.  et  libr. 
▼*  Berger  Levrault  et  fils  ;  Paris,  même  maison. 
Annales  des  conducteurs  des  ponts  et  chaussées,  recueils  de 
mémoires,  documents  et  actes  officiels  concernant  le  service 
des  conducteurs  des  ponts  et  chaussées.  1'*  partie.  Travaux 
d^arty  mémoires  et  documents,  T.  IV.  1860.  ln*8*  Û36p.  et 
ao  pi.  —  Paris,  impr.  et  libr.  P.  Dupont. 

AvEZAG  (d*)*  Sur  un  globe  terrestre  trouvé  à  Lyon,  antérieur  à 
la  découverte  de  TAmérique.  Note  lue  à  la  Société  de  géograr 
phie  dans  la  séance  publique  du  ai  décembre  1860.  In-8.  agp. 
et  carte.  -*  Paris,  impr.  Martinet. 

BA8SBRI&  Question  agricole-hippique.  In-8.  aA  p.  —  Morlaix, 
impr.  Guilmer;  Société  d'agriculture  de  Farrondissement  de 
Morlaix, 

B1D6F110T.  Mémoire  sur  une  locomotive  de  montagne,  système 
fieugniot,  etc.;  suivi  d'un  rapport  de  M.  Lebleu,  ingénieur  des 
mines.  In-8. 97  p.  et  9  tableaux.  —Mulhouse,  impr.  Baret,  1 8$o. 

Gour9  classique  de  géographie  physique  et  politique  à  Tusage 
des  lycées  et  autres  établissements  d'instruction  publique, 
rédigé  conformément  au  dernier  programme  officiel  de  Puni- 
tersité,  pour  accompaguer  Tatlas  de  géographie  de  M.  B»- 
binet  Classe  de  3*.  Description  particulière  de  r£urope. 
In-ia.  969  p. •-  Paris,  impr.  P.  Dupont;  libr.  Bourdln;  L.  Ha- 
chette et  compagnie. 

QiRARDiii.  Analyse  de  Tengrais  flamand.  In-8.  13  p.  --  Lille, 
impr.  Leleux,  1860. 

Obbiiur.  Recherches  sur  le  Posidonia  Gaulinl  (KonigJ.  In-8. 
16  p.  —  Paris,  impr.  Martinet. 

LORT.  Note  sur  la  constitution  stratigraphique  de  la  haute  Man- 
nenne.  In-8.  i4  p.  et  pi.  —  Paris,  Martinet. 

Ulrich.  Manuels-Roret.  Nouveau  manuel  complet  du  teinturier, 
a*  partie,  contenant  de  nombreuses  recettes  à  Pusage  des 


BIBUMftAraiB.  m 

tfifintmien  nr  coton  et  sur  laioe,  et  «me  série  de  foraiiileB 
sor  les  opérations  qui  s'exécutent  sur  les  fils  de  eoton  dans 
les  ateliers  de  teinture  de  Ronen,  de  T  Alsace  et  de  1*  Allemagne 
nr  les  tisnis  de  coton  dans  les  ateliers  de  Mulhouse^  et  sur 
les  fils  et  les  tiaros  de  laioe  ches  les  teiotoriers  de  Paris. 
I1H18.  s5s  p.  •«-  Sar-sup^eiAe,  impr.  Saillard;  Paris,  libr. 

B4^l«t. 

OisASDi.^.  Du  sarrasin  eesurae  substance  allmentafrei  In-8. 
8  p.  —  Limoges,  fmpr.  Chapoulaud  frères,  1860. 

IiB  Blahc.  Le  mécanicien-constructeur  on  atlas  et  description 
des  organes  des  machines.  Œuvre  posthume  de  Le  Blanc. 
Onrrage  à  Tusage  des  écoles  d^arts  et  métiers  et  formant  le 
ceraplément  dn  choix  de  modèles  appliqués  à  renseignement 
dn  dessin  des  machines  ;  publié  par  M"*  Le  Blanc  La  1**  par- 
tie revue,  corrigée  et  augmentée  par  M.  Félix  Toumeux.  La  s* 
et  la  3*  partie,  par  M.  L.  Chaumont.  1"*  partie.  In-A.  5o  p.  et 
s5pL  —  Paris,  Impr.  Raçon  et  compagnie;  libr.  Lacroix; 
L.  CShaumont,  35,  me  Saint-André-des-Arts. 

UoLL  et  GÂTOT.  Encyclopédie  pratique  de  Tagriculteur,  publiée 
par  F*  Didot  frères,  fils  et  compagnie.  T.  IV.  Biberon-Char- 
rue. In-8.  &78  p.,  avec  figures  dans  le  texte.  —  Paris,  impr. 
et  libr.  F.  Didot  frères,  fils  et  compagnie. 

La  botanique  et  la  minéralogie,  lù  planches  in-&*  sur  carton, 
avec  3/ia  sujets  en  couleur,  renfermées  dans  un  portefeuille. 
—  Bruxelles,  Kiessllng  et  compagnie. 

Annales  de  Tobservatolre  impérial  de  Paris;  publiées  par  U.-J. 
Le  Verrier,  directeur  derobservatoire.  Observations.  T.XIIL 
lh-4*.  V11-&82  p.  »  Paris,  impr.  et  libr.  Mallet-Bachelier. 

BARn».  Cours  de  dessin  industriel.  1'*  partie,  géométrie  gra- 
phique. Choix  d'exercices  convenant  aux  écoles  primaires 
supérieures,  spécialement  destinés  aux  élèves  des  classes  de 
dessin  Industriel  d'apprentis  et  d'adultes,  et  h  ceux  des  écoles 
professionnelles,  etc.  la-foL  10  p.  -—  Paris,  impr.  Meyer; 
libr.  Amyot. 

BasnT»  Guide  pratique  du  fabricant  de  sucre,  contenant  Tétude 
théorique  et  technique  des  sucres  de  toute  provenance,  la 
«aocharimélarle  chimique  et  optique,  la  description  et  Tétude 
culturale  des  plantes  saccharifères,  les  procédés  usuels  et 
maDofacturiers  de  Tindustrie  sucrière  et  les  moyens  d'amé- 
liorer les  diverses  parties  de  la  fabrication;  avec  de  nom- 


IV  BIBUOGRAPHIE. 

breufles  figures  intercalées  dans  le  texte.  Ia-8.  xyi»848  p.  — 

Paris,  impr.  Hennnyer;  libr.  E.  Lacroix. 
BODiti.  Résumé  d*agricaltare  pratique  par  demandes  et  ré- 

ponses*  ou  Questionnaire  agricole  pour  les  écoles  primaires 

rédigé  d'après  le  vœu  de  la  Société  d'agriculture  de  Rennes  « 

a*  édition,  revue  et  augmentée.  In-i8.  176  p.  —  Goulom-* 

miers,  impr.  Moussin;  Paris,  libr*  Dezobry  et  Magdeleine» 
IfisuaB.  Cours  public  de  chimie  organique,  a*  année.  Notions 

élémentaires  sur  Torganisation  des  plantes  et  des  animaux, 

et  sur  les  phénomènes  chimiques  de  la  vie  végétale  et  de  la 

vie  animale.  In-8.  i&S  p.  —  La  Rochelle,  impr.  Siret. 
Seeligmahr.  Essai  chimique  sur  les  eaux  potables  approprié 

aux  eaux  de  la  ville  de  Lyon.  In-8.  âi  p.—  Lyon,  impr.  Barret. 
BouRGuioNAT.  Malacologio  terrestre  et  fluviale  de  la  Bretagne. 

ln-8. 178  p.  et  a  pi.  —  Paris,  imp.  veuve  Bouchard-Huzard; 

libr.Savy;  J.-B.  Baillière. 
Lefévre.  De  la  nécessité  d'établirone  surveillance  sur  la  fabrl- 

cation  des  poteries  communes  vernissées  au  plomb.  In-^. 

8  p.  --  Paris,  impr.  Martinet. 
Babinbt.  De  la  télégraphie  électrique,  ligne  de  Jonction  des  cinq 

parties  du  monde.  In-8«  tiS  p.  —  Paris,  impr.  Hennuyer; 

libb  nouvelle;  Franck. 
Barral.  De  Tinfluence  exercée  par  Tatmosphère  sur  la  végétar 

tion.  Leçon  professée  à  la  Société  chimique  de  Paris,  le  U  mal 

1860.  In-8.  &8  p.  —  Paris,  impr.  Lahure  et  compagnie. 
Blanchissage  du  linge,  étude  comparative  des  divers  qrstèmes. 

in-8.  ft5  p.  et  vignettes.  —  Paris,  impr.  Claye. 
BOBiERRE.  Études  chimiques  sur  rétamage  des  vases  destinés 

aux  usages  alimentaires,  etc.  In-8.  a6  p.— Mantes,  Impr.  Mel- 

linet 
Ddhas.  Deux  pièces  historiques  concernant  les  opinions  de  La- 

voisier  au  sujet  delà  formation  des  êtres  organisés,  et  celles 

de  N.  Le  Blanc  au  sujet  de  la  théorie  des  engrais.  In-8. 18  p. 

—  Paris,  impr.  Lahure  et  compagnie. 
Laurens  et  Thomas.  Production  de  la  vapeur.  Chaudière  tubu- 

laire  à  foyer  amovible,  ln-8. 16  p.  et  pi.—  Paris,  impr.  Claye. 
Laureht  et  Casthelae.  Recherches  sur  les  rouges  d*aniline  ou 

rouges d*Hofmann.  1880.  In-A*.  3i  p.  —-Paris,  impr.  Malteste 

et  compagnie. 
Lbhglet.  Notice  cosmologique,  avec  planche  lithographiée. 

ln-8. 19  p.  —  Douai,  impr.  Adam. 


BDUiMftArSlB.  ▼ 

lAlbCHiz.  Rechercbessar  les  indices  de  rélnetlOD  des  corps  qui 
ne  prennent  Tétat  gaxeax  qa*à  des  tempérstores  élerées. 
Propositions  de  chimîet  etc.  In-A*.  âg  p.  et  une  pJsncbe.  — 

Paris»  impr.  et  libr.  Mallet-Bacbelier. 
MxLLKTiLLB.  Description  géoiogiqae  de  la  montagne  de  Laon. 

I11-&  97  p.  —  Paris,  impn  Martinet 
Pklouu  et  Frxkt.  Traité  de  chimie  générale*  analytique»  in- 
dustrielle et  agricole;  5*  éditiant  entièrementrefondue,  avec 
figures  dans  le  texte.  Tome  IV.  Chimie  organique,  a"  partie. 
Analyse.  Acides.  Alcaloïdes.  Corps  nentreSi  In-S.  7&0  p.  — 
Paris,  Impr.  Martinet  ;  libr.  V.  Masson  et  fils. 

YfvKiz.  Histoire  générale  des  glycols;  leçon  professée  à  la  So> 
Qfété,  le  s  mars  1860.  In-8.  59  p.  —  Paris»  impr.  Lahure  et 
compagnie. 

Bamsis.  Mémoire  sor  remploi  de  la  maio-â*œoTre  dans  Tln- 
dostrie»  traitant  spécialement  des  moyens  d^accélérer  le  tra- 
Tall  des  atdiers  sans  augmenter  le  capital  à  y  employer. 
In-8.  isCp. — Paris,  imp.  Lahure  et  compagoie;  Tauteur^Ôg, 
avenue  deLabourdonnale;  libr.  Mallet-Bachéller  et  les  prin- 
cipaux libraires. 

Leçons  de  chimie  professées  en  1860  par  MM.  Pasteur,  CahoufB, 
Wuro,  Berthelot»  Sainte-Claire  DeviUe,  Barrai  et  Dumas. 
In-8.  Tiii-3ii  p.  -—  Paris,  impr.  Lahure  et  compagnie;  libr. 
Hachette  et  compagnie. 

LoTJB.  Essai  sur  Tldentité  des  agents  qui  produisent  le  son*  la 
chaleur,  la  Inmière,  l'électricité,  etc.  In-8.  xix-996  p.  — 
NeuiUy,  imp.  Guiraudet.  Paris,  libr.  Lacroix;  librairie  nou- 
Telle;  Le  Doyen. 

PKiiKETua.  De  la  rériviscence  des  animaux  dits  ressuscitants. 
(État  de  la  question  en  1860.  -—  Nouvelles  expériences.)  In-8. 
80  pu  —  Rouen,  impr.  Rivoire  et  compagnie. 

Pbrbbt.  Études  chimiques  sur  Teau  minérale  de  Bourdonneau 
(Drûme).  In-8.  16  p.  —  Lyon,  Impr.  Yingtriuier,  1860. 

PiARROH  DE  MosnésiR.  Galcul  des  ponts  métalliques  à  poutres 
droites  et  continues.  In-Zi.  ni"jU  p.,  a  pi.  et  a  tabl."—  Paris, 
impr.  Thnnotét  compagnie;  libr.  Dunod. 

Regsadlt.  Recherches  sur  les  phénomènes  consécutifs  à  Tamal- 
gamation  du  zinc,  du  cadmium  et  du  for.  In*8.  7  p.  —  Paris, 
impr.  Martinet. 

ËTALLON.  Paléontostatique  du  Jura.  Jura  graylois.  Faune  du 
terrain  Jurassique  moyen.  In-8. 35  p.  —  Lyon,  Impr.  Barrât. 


TI  BlBUOeftAPHlB* 

PmnriGoOLAinr  (de}«  Observatloos  sur  le  perfdetlonneineDt  des 
tables  de  la  lune  et  sur  les  deux  iDégalltés  &  longes  périodes 
que  H.  Hansen  a  proposé  d^lutrodufre  dans  le  mourement 
de  cet  astre.  In-8.  as  p*  —  Paris»  Impr.  Renou  et  Maulde. 

VoiGNBR.  Docks-entrepôts  de  la  Yillette.  Détailp  pratiques  sur 
les  diverses  constructions decetétabUssenent  In-A.Tiii-6&p. 
et  atlas  grand  in-A  de  a&  pi.  —  Paris,  impr.  Hennuyer  ;  lilûr. 
Dnnod. 

LAifi.  Leçons  sur  la  théorie  anal]rtique  de  la  chaleur.  In-8. 
zxxi-&i/i  p»,  avec  figures  dans  le  texte.--  Paris»  impr.  et  libr. 
Mallet-Bachelier. 

Lb  Gras»  Renseignements  hydrographiques  sur  les  tles  Bashee» 
les  tles  Formoee  et  Lou-Tchou,  la  Corée,  la  mer  du  Japon 
(ports  d*Hakodaki,  Ne-e-Gate,  Nangasaki,  Simoda  et  Tédo)  et 
la  mer  d'Okhotsk;  mis  en  ordre  et  publiés;  a*  é4ition.  In«S» 
▼in-a7A  p.  —  Paris,  Impr.  P.  Dnpont 

Mathieu.  Flore  forestière.  Description  et  histoire  des  végétaux 
ligneux  qui  croissent  spontanément  en  Francei  et  des  es- 
sences importantes  de  l'Algérie,  suivies  d'une  méthode  ana- 
lytique pour  en  déterminer  les  principales  espèoes  pendant 
rhiver,  et  précédées  d'un  dictionnaire  des  mots  techniques) 
a*  édition^  revue  et  augmentée.  In-8.  xixn*ft53  p.  ^  Nancy, 
imp.  veuve  Ray  bois;  libr.  GnM|}ean;  Paria,  libr.  veuve  Bou* 
chard*Huzard. 

Rbinèke.  Description  hydrographique  des  côtes  septentrionaleB 
de  la  Russie  ;  i"  partie.  Mer  Blanche.  Traduction  du  russe  par 
H.  de  lApianche.  In-8.55op.  et  lopL— Paris,  imp.  P.  Dupont. 

Rossi.  Étude  sur  l'origine  du  diamant  In*8.  98  p.  — -  Dragui- 
gnan,  impr.  Gimbert 

W&HLXR.  Nouvelle  analyse  chimique  des  aérolithes  tombés  au 
cap  de  Bonne-Errance.  Traduit  de  l'alleinand  par  A.  Rabu* 
leau.  In«^  1 1  p.  —  Paris,  impr.  Noblet 

BaiOT.  Leçons  nouvelles  d'arithmétique;  5*  édition^  revue  et 
augmentée,  in-8.  368  p.  ^  Paris»  impr.  Bonaventure  et  Du- 
cessois;  libr.  Dezobry  et  Magdeleine. 

Maletx.  Note  sur  la  résoluUoD  numérique  des  équations»  In-8. 
47  p.  —Paris,  impr.  Thunot;  libr.  Hachette. 

Catalogue  chronologique  des  cartes,  plans,  vues  de  côtes,  mé- 
moires, instructions  nautiques,  etc.,  qui  composent  l'hydro- 
graphie française.  In-8.  1^  p.  --*  Paris,  impr.  P.  Dupont; 
libr.  Ledoyen;  fioesange. 


BCUHMBAnU.  VU 

aâiiT.  VAftbltootnn  prifée  mi  dix-o«ovièi&e  sIMe,  aou  Na- 
poléon m.  Noayelles  maiscos  de  Paris  et  det  enviroiis.  Plans, 
élévitioiM»  conpes.  détails  de  constmctlon,  de  décoratloD  et 
d^améoagement;  i**  lirraîflOQ.  In*folio.  A  plancbeBgraTée&— 
I^ris»  Impr.  Qmjù;  Ubr.  MortU 

DKBomtGB.  Un  mot  sor  les  habitations  insalubres*  snr  letdaatfBrs 
qoe  présentent  de  telles  denenres  et  sor  les  prlncipaos 
moyens  à  mettre  en  nsage  pour  leor  assainissement  I»>i8. 
85  p.  —  Hinseonrt^impr.  et  libr.  Hnmbert;  PariSi  eomplolr 
de  Ubndrfe  et  d^anion,  A3,  rue  Bonaparte. 

Description  des  machines  et  procédés  ponr  lesquels  des  breteH 

d'InyentfoD  ont  été  pris  sons  le  régime  de  la  loi  du  6  Jofllet 

iflâA,  publiée  par  les  ordres  de  M.  le  ministre  de  Tagrient^ 

tnre,  da  commerce  et  des  travaux  publics.  Tome  XXXVI. 

,  In-A.  579  p.  et  5g  planches.  —  Paris,  impr.  Impériale. 

Dtstilleries  agricoles  du  système  Kessler«  également  applieable, 
avec  le  même  matériel  simple,  peu  coûteux,  et  d^un  emploi 
facile,  au  traitement  de  toutes  les  matières  premières,  aussi 
bien  des  matières  sucrées,  comme  betteraves,  carottes,  etc., 
que  des  substances  amylacées,  comme  la  pomme  de  terre, 
les  grains,  etc.;  préférable  à  toutes  les  antres  et  paraissant 
pour  la  première  fois  à  une  exhibition  publique.  In-8,  i0  p. 
et  5  pi.  —  Metz,  impr.  Blanc  ;  libr.  Kobinet 

EâsovT.  De  remploi  des  phosphates  minéraux  en  agriculture. 
In-8.  Ao  p.  —  Paris,  Jmpr.  Ghaix. 

IteuiSB.  L'année  scientifique  et  industrielle»  ou  exposé  annuel 
des  travaux  scientifiques,  des  inventions  et  des  principales 
implications  de  la  science  à  Tindustrie  et  aux  arts  qui  ont 
attiré  Tattention  publique  en  France  et  &  Tétranger,  5*  an- 
née. Grand  in-iS.  53 1  p.  Carte  et  pL  —  Paris,  impr.  Lahure; 
Ubr.  Hachette,  1859. 

Iauth  ei  DapociiLT.  Note  sur  les  ronges  d'aniline.  In-Zi«  19  p.— 
Paria,  impr.  Bacon. 

HUjK)FOt.  Mémoire  sur  un  nouveau  système  de  télégraphie, 
permettant  d'abaisser  la  taxe  télégraphique  en  France.  Grand 
in-8.  77  p.  —  Bordeaux,  Impr.  Gounouilbou,  1859. 

Mivtu.  Mémoire  sur  les  mines  de  pyrites  de  SainWeanniu-Pin, 
près  d*Alals  (Gard).  UHIi.  10  p.  •—  Mimes,  impr.  Giayel-Baili- 
vet 

ntr.  De  la  séparation  horizontale  des  terrains  miniers,  et  de  la 


?UI  BIBUOGBAPHIE. 

servitude  de  la  mine  sur  la  surface.  Iii*8.  8  p.— Gh&lona-mr* 

Saône,  Impr.  Dejussieu. 
Traité  de  commerce  avec  TAngleterre.  Ck)nseil  supérieur  de 

Tagriculture»  du  commerce  et  de  l'industrie*  Enquête.  T.  m. 

Industries  textiles.  Laine.  In-A.  XYi-784  p.  —  Paris,  Impr. 

impériale. 
Bui6N£T.  Recherche  sur  la  matière  sucrée  contenue  dans  les 

fruits  acides;  son  origine,  sa  nature  et  ses  transformations. 

Propositions  de  physique.  In*/i«  60  p.  —  Paris,  impr.  et  libr. 

Mallet-Bachelier. 
Gailletet.  De  riodure  de  soufre  soluble  (sulfure  dMode  et  de 

sodium).  In-Â.  6.  p.  —  Charleville,'impr.  Pouillard. 
Dbmeaux.  Notice  sur  la  télégraphie  en  Belgique.  In-8.  &8  p.  -^ 

Paris,  impr.  Bennuyer;  libnDunod. 
Eudes-Deslon GCBAMPS.  Mémolrc  sur  les  brachiopodes  du  Kello- 

way-Rock,  ou  zone  ferrugineuse  du  terrain  callovien  dans 

le  nord-ouest  de  la  France.  In-/u  56  p.  et  6  planches.— Gaen, 

impr.  etlibr.  Bardel. 
Fergusoti.  Notice  sur  les  objets  d'art  trouvés  dans  le  diluTlum 

des  environs  d'Amiens  et  d'Abbeville.  1860.  In-8.  /ii  p.  •— 

Amiens,  impr.  Yvert. 
Ferrand.  Les  landes  de  Gascogne.  Étude  sur  leur  état  actuel 

et  sur  les  mesures  à  prendre  pour  hâter  leur  régénération. 

In-8. 71p.  —  Paris,  impr.  Panckoucke. 
GoiLLEHiH.  Propagation  des  courants  dans  les  fils  télégra- 
phiques. Propositions  de  chimie.  In-/iu  67  p.  et  1  pL—  Paris, 

Impr.  et  libr.  Mallet-Bachelier. 
JOLT.  Nouvelles  expériences  sur  les  effets  de  la  garance  mêlée 

aux  aliments  des  mammifères  et  des  oiseaux  granivores.  In-8. 

8  p.  —-Toulouse,  impr.  Douladoure. 
Kampffmeter.  Compte  rendu  sur  le  tannage  accéléré  de 

M.  Knoderer.  In-8.  aap.  —Strasbourg,  impr.  Siibermann. 
KiRSGHLEGER.  Florc  d'AlsRce,  3*  volume,  s*  partie.  Guide  du 

botaniste  herborisateur  et  touriste  à  travers  les  plaioes  de 

TAlsace  et  les  montagnes  des  Vosges.  In-ia.  P.  189  à  3o8.  •— 

Strasbourg,  Impr.  Uuder;  les  principaux  libraires;  Tauteur; 

Paris,  libr.  Baillière. 
Krapft.  Utilisation  des  menus  combustibles  sans  valeur.  In-8. 

û  p.  —  Strasbourg,  impr.  V""  Berger-Levrault. 
Lavoiiie.  Journal  des  observations  météorologiques  faites  à 

Metz  pendant  Tannée  1859.  In-8.  35  p.-*  Metz,  impr.  Blanc. 


BlBtlOGBAFHIB.  IZ 

Lbfbbtbb.  Considérations  historiques  sur  ragrieniture  de  la 

Provence.  Iq-8.  38  p.  —  Lille,  impr.  Chenu. 

MaHE-EDWARDS.  Leçous  sur  la  physiologie  et  Tanatomia  comr 
parée  de  Thomme  et  des  animaux,  faites  à  la  FSu^ulté  des 
sciences  de  Paris.  TomeVL  i**  partie.  Appareil  digestif.  Is-8. 
Zk%  p.  — >  Paris,  impr.  Martinet  ;  libr.  Victor  Masson. 

Hole  présentée  à  M.  le  ministre  du  commerce,  de  Tagriculture 
et  des  travaux  publics,  sur  la  situation  des  Indostries  houil- 
lère et  métallurgique,  &  la  suite  du  traité  de  commerce  avec 
TAngleterre.  Chambre  de  commerce  de  Saint-Ëtienne.  lo-A. 
3i  p.  —  Lyon,  impr.  Perrin. 

diecKHABOT.  La  chimie  usuelle  appliquée  i  ragricultore  et 
aux  arts.  Traduit  de  Tallemand  sur  la  onzième  édition  par 
P.  Brustlein,  préparateur  au  cours  de  chimie  agricole  au  Con- 
servatoire des  arts  et  métiers.  Grand  ln-8.  5a8  p.  aveo  fig.— > 
Paris,  impr.  Raçon  ;  libr.  agricole  de  la  Maison  rustique,  sO, 
rue  Jacob,  1861. 

TBÉYEJfa.  Conférences  de  rassociation  polytechnique,  i**  série 
(1859).  Le  chaos,  Thomme,  Tagriculture,  les  chemins  de  fer, 
par  MM.  Babinet.  Pfa.  Ghasies,  Barrai,  Perdonnet  ln-i6. 
179  p.  —  Paris,  Impr.  Lahnre;  libr.  Hachette. 

Yalertin-Smith.  Étude  statistique  sur  la  Dombes.  Notes  sur  les 
méthodes  mathématiques  employées  pour  déterminer  la  vie 
moyenne,  par  M.  Clément-Desormes.  Lettre  de  M.  Guillebeau, 
maire  au  PJantay,  sur  le  mouvement  de  la  population  dans 
la  commune  du  Plantay.  In-A.  80  p.  -*  Lyon,  Impr.  Perrin. 

WoiNEz.  Le  macadamisage  et  le  pavage  à  Paris.  In- 19.  33  p.  — 
Paris,  Impr.  AUard;  bureau  du  Moniteur  judiciaire  des  che- 
mins de  fer. 

BoucHi.  Notice  sur  un  nouveau  système  de  tables  trigonomé- 
triques,  suite  de  la  notice  sur  un  nouveau  système  de  tables 
de  logarithmes  à  cinq  décimales  publiée  dans  le  cinquième 
volume  des  mémoires  de  la  Société  académique  de  Maine-et- 
Loire.  In-8.  aU  p.  —  Angers,  Impr.  Gosnier  et  Lachèse;  Paris, 
libr.  Mallet-Bacheller. 

GnuuD.  L^homme  fossile.  In-8.  38  p.  —  Abbeville,  Impr.  Briez  ; 
Paris,  libr.  Jung-Treuttel. 

JcLLiExX.  Traité  théorique  et  pratique  de  la  métallurgie  du  fer 
à  Tusage  des  savants,  des  ingénieurs,  des  fabricants  et  des 
élèves  des  écoles  spéciales,  comprenant  les  fabrications  de 
la  fonte,  du  fer,  de  Tacier  et  du  fer-blanc,  et  précédé  â*une 


X  siBLioenàPBis. 

iDtrodaction  concernant  les  principes  sttr  lesquels  repoie 
cette  industrie,  avec  un  atlas  de  5i  pL  Texte.  In-&.  Tiiiftoo  p. 
--*  Pari8«  impr.  veute  fiOQCbard-Husard;  libr.  E.  Moblet, 
18O1.  Arec  ratlas. 
Abu EN6AUD.  Ttaité  théorique  et  pratique  des  moteurs  à  yapeuFt 
comprenant  les  notions  préliminaires  de  physique  et  de  mé- 
canique appliquées  à  Tétude  de  la  yapeur,  un  aperçu  hist<^» 
rique  de  rinyention  des  tnachines  à  yapeur,  etc.  Tome  r*. 
In-à.  yiiJ^56o  p.  et  atlad  de  ai  pi.  ^  Paris,  imprim.  daye  ; 
rauteur«  A5,  rue  Sainfr^bastien,  1861. 
Boudin.  Des  races  humaines  considéréies  au  point  de  yue  de 
l^acclimatement  et  delà  mortalité  dans  les  divers  dimats.  la^S. 
83  p.  •«->  Strasbourg,  im'pr.  yeuye  Berger-Levrault  et  fils. 
GatiLAïf .  Traité  élémentaire  de  géométrie  descriptlyey  a*  par* 
tie.  Des  surfaces  courbes  ;  a*  édition^  reyue  et  augmentée. 
In-8.  ià3  p.  et  atlas  de  19  pL  —  Parte»  impr.  Hennuyer; 
libr.  DuQOd.  a*  partie  seule,  avec  atlas. 
Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société  d'ethnographie  amé- 
ricaine et  orientale,  rédigés  par  M.  le  baron  de  Bourgoing, 
sénateur.  Tome  L  In-S.  160p.  et  table  raisonnée.  •*- Paris» 
Impr.  De  Soye  et  Boachét  ;  Ghallamel  ataé,  libr.  de  la  Société 
d'ethnographie. 
Conseil  aopérieur  de  l'agriculture,  du  cammerce  et  de  rindus- 
trie.  Enquête.  Traité  de  commerce  àvêc  TAngleterre.  In- 
dustrlemétallurgique.Tome  I".  Fonte*  fers  et  aciers.  Dérivés 
de  la  fonte,  du  fer  et  de  Tacier.  Métaui  et  ouvnges  en  mé- 
taux autres  que  le  fer.  Machines  et  mécaniques.  Ministère  de 
ragriculturOf  du  commerce  et  des  trayaux  public».  Is-A* 
zxxi-871  p.  —Paris,  impr.  impériale. 
DiaooB.  Sur  la  machine  pneumatique  à  double  cjliadre.  Iih8« 

7  p.  —  Dunkerque,  impr.  Kien. 
Floorebib.  De  la  raison»  du  génie  et  de  la  folie>  Grand  in-16  an- 
glais. a8o  p.  —  Paris,  impr.  Claye;  libr.  Gamier  frères. 
GayARiusT.  Télégraphie  électrique.  Grand  in-i9.  iï5a  p.  avec  fig. 
dans  le  texte.  —  Paris,  impr.  Martinet  ;  libr.  V.  Masson  et  fils. 
GiavAis.  De  la  métamorphose  des  organes  et  des  générationa 
alternantes  dans  la  série  animale  et  dans  la  série  végétale. 
In««.  1&6  p.  -*  Montpellier,  imp.  Martel  atné. 
MOLSANT.  Cours  élémentaire  d^hlstoire  naturelle,  contenant  les 
applications  de  cette  science  aux  diverses  connaissatices 
«tlles,  et  offrant  la  réponse  à  toul^  les  quesûons  da  pro* 


HBUOUAfiUS*  Il 

«Bifwritaire.  Géologie.  I11-&  w-i4i3  p.  afee  4gare& 
—  Ijnoii»  ispr.  Dumoulin;  Paris,  libr.  Magniiit  Wanohard  et 
compagnie» 

Notice  sar  i*eaa  gaaewe  alcallM  et  femigiiiease  de  Soulibach, 
près  Golnar  (Haat-Rbin).  InS.  16  p»— Colmar«  iiap»  Decker. 

SaBABs  {Marcel  de).  De  la  claaBîficatioo  miDéralogiqae  denné- 
taux,  d'après  Baû7,  et  de  rétablineBent  d*im  ordre  noayeaa 
soua  le  Dom  d'allopsldes;  solYi  de:  Altitude  de  divers  points 
depuis  Pomérolsjusqu^à  Bédarieuz,  etc.»  par  Le  même.  In-Zu 
93  p.  —  Montpellier,  imp,  Boehm  et  fils. 

SOLsiROL.  Conséquences  hasardées  qu'on  peut  tirer  des  idées 
admises  en  géologie.  Note  présentée  k  la  Société  d'histoire 
naturelle  du  département  de  la  Moselle,  le  3  mai  i86o.  In-$. 
aS  p.  —  Metz,  impr.  Verronnais. 

Statistique  de  la  France.  Résultats  du  dénombrement  de  la  po- 
pulation en i856.  s* série.  Tome IX.  InHi.  zt>i83 p.— Stras- 
bourg, Iropr*  veuve  Berger-Levrault  et  fils. 

Chasles.  Les  trois  livres  de  porismes  d^Euclide,  rétablis  pour 
la  première  fois  d'après  la  notice  et  les  lemmes  de  Pappus^ 
et  conformément  au  sentiment  de  R.  Simson  sur  la  forme  des 
énoncés  de  ces  propositions.  In-^.  iz-3a&  p.  «^  Paris,  Impr. 
et  libr.  Maliet-Bacheiier. 

Ebrat.  Note  sur  le  mode  de  formation  des  poudingnes  de  11 e- 
mouTs.  Isrft,  S  p.  et  ft  dess.  *-  Paris,  impt.  Martinet 

Flairaz.  La  question  des  générations  spontanées.  Discours  de 
réception  iu  à  l'Académie  impériale  desflcfences,belles-lettres 
et  arts  de  Lyon  dans  sa  séance  publique  du  10  Juillet  1860. 
In-S.  ao  p.  «—  Lyon,  imp.  Rey  et  Sézanne. 

RxMT.  Voyage  au  pays  des  Mormons.  HelatloUt  géographie» 
histoire  naturelle,  histoire,  théologie,  mœurs  et  coutumes, 
a  vol.  in-8.  XCXV-976P.,  lograT.  etcarte.  Paris,  impr.  daye; 
libr.  Dentu. 

fiftoation  de  ragricuituro.  Ia-8.  86  p.  ^  tais,  impr.  Tinteflin 
et  compagnie. 

BÉBAOD.  De  la  détenninati<Mi  do  t dôme  et  de  la  valeur  des 

arbres  en  boisd'œuvreetparticullèrementenboisde  marine. 

In-8. 16  p.  ^  Paris,  impr.  fiennuyer. 
HxDDEBAULT.  Étudos  agricoles.  Angleterre.  Comice  agricole  de 

LUle.  In-^.  lô  p.  —  Lille,  impr.  Chenu. 
Malaguti.  Cours  de  chimie  agricole  professé  eia  1860.  In*i9. 

s65  p.  «^  Rennes,  impr.  Oberthor. 


Zll  B1BLI0GBAPHIB« 

Blémoire  sur  la  propagation  des  courants  électriques;  résuBdé 
des  expériences  faites  à  Nancy  par  MNL  Oaude  Guiliemin  et 
Emile  Bumouf,  du  s3  septembre  an  lo  octobre  1859.  In-^ 
16  p.  et  pi.  —  Nancy,  impr.  veuve  Raybois. 

PiBiER.  Notice  sur  les  eaux  minérales  de  Monte^Gatini,  suivie 
d^nne  note  sur  les  étuves  de  Monsummano  (Toscane).  In-8. 
19  p.  — -  Paris,  impr.  Gosse  et  Dumaine;  libr.  Rozier. 

Recueil  des  travaux  de  la  Société  des  anciens  élèves  des  écoles 
impériales  d^arts  et  métiers  pour  Tannée  1860,  publié  par  le 
comité  de  la  Société.  In»8.  337  p.  et  i3  pi.  -*  Saint-Nicolas 
(Meurthe),  impr.  Trenel  ;  Paris,  libr.  Lacroix. 

Sbbgent,  Traité  pratique  et  complet  de  tous  les  mesurages» 
métrages,  jaugeages,  de  tous  les  corps,  appliqué  aux  arts, 
aux  métiers,  à  Tindustrie,  aux  constructions,  aux  travaux 
hydrauliques,  etc,  enfin  h  la  rédaction  de  projets  de  toute 
espèce  de  travaux  du  ressort  de  rarcbitecture,  du  génie  civil 
et  militaire;  terminé  par  une  analyse  et  une  série  de  prix 
de  775  articles,  avec  détails  sur  la  nature,  la  qualité,  la  façon 
et  la  mise  en  œuvre  des  matériaux ,  3*  édition^  entièrement 
refondue  et  augmentée  de  11  pK  %  vol.  In-8.  1166  p.  avec 
atlas  de  3i  pi.  —  Saint-Nicolas  (Meurthe),  impr.  Trenel; 
Paris,  libr.  Lacroix. 
Sainte-Glaire  Deville  (Gh.).  Recherches  sur  les  principaux 
phénomènes  de  météorologie  et  de  physique  terrestre  anx 
Antilles,  a  vol.  in-/ii,  avec  pi.  gravées. 
Tome  I*%  comprenant  les  Observation$  sur  le  tremblement 
de  terre  éprouvé  à  la  Guadeloupe  le  8  février  i8Zi3,  et 
les  Tableaux  d'obtervationê  méléorologiquet.  Ge  volume 
est  accompagné  d*une  grande  Carte  de  la  température  des 
eaux  à  la  surface  de  la  mer  des  jinUlles^  du  golfe  du 
Mexique^  etc 
Le  second  volume  est  sons  presse;  il  est  consacré  aux  Re^ 
cherches  eur  la  météorologie  des  Antilles  et  des  contrées 
voisines^  et  il  sera  accompagné  de  plusieurs  planches  de 
courbes  relatives  aux  phénomènes  barométriques^  ther-- 
mométriques^  hygrométriques ^  etc. 
Basset.  Précis  de  chimie  pratique  où  Éléments  de  chimie  vul- 
garisée. 1  vol.  in-i8.  6iia  p.  avec  flg. 
Baudevert.  Compte  rendu  de  Texposition  d'agriculture. 
Becqubbbl.  Recherches  sur  la  température  des  végétaux  et  de 


BIEUOQKAraiB.  XIU 

J^yretflor  «liedaff^liâlTenesprofoiideonL  Id-4.  371  p. 

etSpL 
Bbgqubksl  (Edmond).  Recherches  anr  les  pOes  foltaîqnes. 

1**  partie,  force  électromotrice»  s*  partie,  résistance  à  la 
"  ecmdaetibilité.  3*  partie»  poisauice  chimique  des  pOea,  é?»- 

laatioii  de  leor  dépense.  96  pages  in-8,  arec  bois  dans  le 

texte. 

BasssE.  GooTB  de  mécanlqne  appliquée,  professé  à  Técole  im- 
périale des  ponts  et  chaussées»  a*  partie.  Hydraulique.  In-S. 
iax-&83p.etpL 

SoRÂT  (Amédée) .  Le  matériel  ^es  houillères  en  France  et  en  Bel- 
gique.  Description  des  appareils,  machines  et  constructions 
employés  pour  exploiter  la  houille.  1  yoI.  in-8  de  texte,  et 
atbs  in-folio  de  77  pL 

CàLLAUB.  Essai  sur  les  piles  serrant  au  développement  de  Télec* 
tricité.  In-8.  58  p.  et  pi. 

Gastob*  Travaux  de  navigation  et  de  chemins  de  fer.  —  Recueil 
d'appareils  à  vapeur  employés  dans  ces  constructions.  1  ycL 
grand  in-8. 126  p.  et  atias  grand  in-folio  de  9  pi.  doubles. 

Cavhoisl  Agent  voyer  en  chef;  manuel  des  agents  voyers,  ex- 
perts, etc.,  en  matière  de  subventions  industrielles»  a*  édit 
In-8.  iii8p. 

Claudel.  Formules,  tables  et  renseignements  pratiques.  5*  édit 
i,voi.  in-8.  xxxn-ii73p.  et  3  pi. 

Glsgg.  Traité  pratique  de  la  fabrication  et  de  la  distribution 
du  gaz  d^éclairage  et  de  chauflage.  Ouvrage  accompagné  de 
3o  pi.  cotées  et  de  nombreuses  figures  dans  le  texte;  traduit 
de  Tanglais  et  annoté  par  Ed.  Servier,  ingénieur  civil.  Texte. 
In-&.  3o5  p.  et  ihU  fig* 

DssAiKs.  Leçons  de  physique.  T.  IL  r*  section.  In-18  Jésus. 
ix-33o  p. 

DasMODssEAux  i>E  GivRÉ.  Noto  sur  la  coulisse  de  Stephenson. 

In-8.  38  p. 
DiniOH  (Is.).  Traité  de  balistique,  a'  édit.  1  voL  in-8,  avec  pL 

DmniEuiL.  Manuel  dVboriculture  des  ingénieurs.  Grand  in«i8, 

n-338  p.  et  ^U  fig. 
De  MoffCEL.  Notice  sur  Tappareil  d'Induction  électrique  de 

Ruhmkorff,  suivie  d!nn  mémoire  sur  les  courants  induits» 

A*  édit.  In-8.  X'&oo  p. 


XIV  BIBLIOGRAPHIE. 

Études  des  lois  des  coarants  électriques  au  point  de  vue  des  ap- 
plications électriques.  In-8.  x-aoi  p. 

Expériences  faites  en  i85o-i85i  sur  la  fabrication  de  canons 
de  Sa  livres  pour  armement  des  côtes,  coulés  aux  fonderies 
sud  de  Boston,  de  West-Point  et  de  Fort-Pitt.  In*8.  5o  p. 
et  planches. 

Fabre.  Mémoire  sur  les  altérations  frauduleuses  de  la  garance 
et  de  ses  dérivés.  In-8.  4?  p« 

FtOETHOmiE.  Traité  élémentaire  dé  phyrique  eoipérfmeotalê  et 
appliquée.  Tome  II.  In-i8.  ôaop.  et  8  pi. 

OiPFARD.  Notice  sur  Tinjecteur  automoteur,  breveté,  pour 
*  ralimentation  des  chaudières  à  vapeur  et  rélévatioa  de  Teau* 
In-A* 

GouRNERiE  (de  la).  Traité  de  géométriQ  descriptive,  i"*  partie. 
In-A.  xix-ia8  p.  et  5a  pL 

Laboulate  (Gh.).  Étude  historique  sur  la  théorie  de  la  chaleur. 
In-8. 

I(A VERONE  (de}.  Économie  rurale  de  la  France  depuis  1 789.  Grand 
in-8.  A9À  p. 

Levezzari.  Astronomie.  Système  néocartésien  ou  mécanique 
céleste  expliquée  par  les  eifets  de  la  rotation.  In-8.  90  p. 

Legocpeur  et  fils.  Filtres  par  ascension  pour  la  clarification  et 
répuratlon  de  Teau  de  pluie,  des  citernes  ou  réservoirs  et 
des  mares.  In-8.  i5  p.  et  pi. 

Lefour.  Manuel  aide-mémoire  du  oultivateon  s*  division.  Agri- 
culture. 1**  partie.  Sol  $t  engraiê  (chimie  et  météorologie). 
InMSjéaQS.  17/ip. 

l4BTBLLiEa«  Guide-manuel  de  photographie  sur  coUodion.  Iii*ia. 

LUREL  (B.).  Aide-mémoire  d'histoire  naturelle  pour  Tétudedes 
animaux  destinés  à  racclimatation,  la  naturalisation  et  la 
domestication,  précédé  de  considérations  générales  sur  les 
climats^  de  T^xposé  des  diverses  classifications  d'histoire  na- 
turelle, etc.  1  vol.  in-18.  180  p.  et  bols  dans  le  texte. 

MoRiN.  Des  planchers  en  fer.  àS  p.  avec  tableaux. 

NicKLÈs ,  professeur  de  chimie  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Nancy.  Les  électro-aimants  et  Tadhérence  magnétique.  Iii«a 
vii-5o5  p.  et  5  pi. 

Ortolan,  Lotte  et  Lacarrièrs.  Cours  de  machines  à  vapeur 
appliquées  à  la  navigation,  à  Tusage  des  mécaniciens  de  la 
marine  militaire  et  de  la  marine  marchande,  i"*  partie.  Exa- 


BfBUOGKAIiaiE.  XV 

inen  an  grade  de  quartier-maître  mécanicien,  diaprés  le  pro- 
gramme officiel  de  iS6o.  Grand  ln-8.  xii^SM  p.»  avec  atlas  de 
n  pL  et  légendes  explicatlTes. 

PumsR.  Traité  théorique  des  procédés  métallurgiques  de 
grillage.  Ouvrage  traduit  de  Tallemand,  par  Fétls,  ingénieur 
des  mines,  i  voL  in-8,  avec  pi. 

Pebsoz.  Des  accidents  causés  par  les  mastics  plombifères. 

Portefeuille  des  conducteurs  des  ponts  et  chaussées  et  des 
gardes-mines,  s*  série,  n**  5  et  0. 

SoioiAiRJB.  —  Type  de  remise  à  wagons.  —  Ferais  d'entretien 
des  chaussées  en  empierrement  —Minerais  de  fer  exploités 
et  employés  dans  les  usines,  viaducs  et  gâterie  de  Saint- 
Taliier  (chemin  de  fer  de  Lyon  à  Avignon). 
Le  prix  de  l'abonnement  est  de  as  francs,  pour  la  série  qui 
se  compose  de  dix  numéros. 

Ros<  (Henry).  Traité  complet  de  chimie  analytique;  édition 
française  originale.  Analyse  quantitative,  t**  iiasclcule.  Jn-8. 
539  p.    . 

BOTH.  Des  pyrolélnes  ou  huiles  inoxydables  pour  le  graissage 
des  machines  de  filature.  In-8.  96  p. 

SCHACHT.  Les  arbres,  études  sur  leur  structure  et  leur  végéta* 
tion.  Traduit  de  Tallemand  par  le  docteur  Edouard  Morren, 
1  voL  grand  hi«8,  avec  pi.  et  grav.  sur  bois. 

TKS1EL19.  De  Vélectricité  et  da  magnétisme  relativement  à  la 
théorie  de  la  pile  de  Volta,  des  aimants  et  des  moteurs  élec- 
triques. Grand  fn-8. 

yiALA.  Étude  sur  le  rôle  do  Tatote  dans  la  confection  des  engrais 
organiques  et  dans  ralimentatlon  souterraine  des  plantes. 
In-8.  lis  p. 

Stepbess  (Henri).  Application  des  sciences  naturelles  ft  Pagrl- 
culture.  Traduit  de  Tanglais  avec  Tautorisation  de  Tauteur, 
par  J.-L.  Ilélard.  In-ia  de  5o&  p.—  Bruxelles,  Emile  Flatan. 

Dx8  BOTOURS.  Compte  rendu  â*un  manuel  agricole  intitulé  : 
Petit- Pierre,  de  M.  Caiemard  de  la  Fayette.  In-8,  A  p.  — 
Lille,  Imp.  Leleux. 

Saihtb-Preuve.  Notions  de  physique  et  de  chimie  applicables 
aux  usages  de  la  vie.  7*  édiHon^  eonformel*  au  programme 
ofDclel  pour  renseignement  des  écoles  normales  primaires, 
et  contenant  de  nombreuses  iipplications  récemment  faites 
des  sciences  physiques.  Grand  in-i8,  VIT1-&19  p.  —  Paris, 
lib.  L.  Hachette  et  C 


lYi  BIBLIOGEAPaiB. 

Tardieu.  Rapport  général  à  S.  £.  M.  le  ministre  de  ragricul- 
ture,  du  commerce  et  des  travaux  publics*  sur  le  service 
médical  des  eaux  minérales  de  la  France  pendant  Tannée 
i858,  fait  au  nom  de  la  commission  des  eaux  minérales  et  la 
à  TAcadémie  Impériale  de  médecine  dans  la  séance  du  23  oc- 
tobre i86o.  In-4»  55  p*  —  Paris»  imp.  Martinet;  11b.  J.  B. 
Baillière  fils. 

Bajunie.  Travaux  et  matériel  de  chemins  de  fer.  Atlas  de  dee- 
sind*exécution»  accompagné  de  notes  Justificatives,  devis^ 
estimation»  cahier  des  charges»  etc.  Sous  presse  :  la  partie 
relative  au  matériel  roulant.  -—  Paris»  Dunod,  libr. 

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Une  livraison  ^comprenant  matériel  fixe,  matériel  roulant» 
travaux  d*art,  bâtiments»  etc.)  parait  tous  les  mois  depuis  le 
i*'  janvier  1861.  Chaque  livraison  se  compose  de  la  pL  en 
autograpbie.  i/a  grand  aigle.  —  Paris,  Dunod,  libr. 

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struction, 5*  édition  entièrement  refondue  et  considérable- 
ment augmentée»  par  M.  Lalanne.  Sous  presse  :  la  1'*  partie: 
Gares  et  stations  de  chemins  de  fer.  —  Paris»  Dunod,  libr. 

Bazainb  et  Chaperoh.  Chemins  de  fer  dltalie,  leur  description 
complète.  1  voL  in-/i  de  texte»  accompagné  d*un  bel  atlas 
de  60  &  70  pi.  —  Paris,  Dunod»  libr. 

Terreil  (A.)-  Atlas  de  chimie  analytique  minérale.  17  tableanz 
en  couleur.  —  Paris,  Dunod»  libr. 

Gloez.  Cours  de  manipulations  et  de  préparations  chimiques. 
1  vol.  in-8  avec  figures.  —  Paris»  Dunod,  libr. 

Doré.  Chimie  industrielle.  In-8.  —  Paris»  Dunod,  libr. 

Debray.  Chimie  élémentaire.  1  vol.  in-8  avec  de  nombreoses 
figures  dans  le  texte.  —  Paris»  Dunod,  libr. 

Paléontologie  fhmçaise  ou  description  des  animaux  non  vertô- 
brés  fossiles  de  la  France.  Continuation  de  la  publication  in- 
terrompue en  1857  pair  la  mort  de  M.  A.  d*0rblgny.  Cette 
suite  est  placée  sous  la  direction  d*un  comité  composé  de 
MBf.  d'Archiac,  Dauglas,  de  Verneuil,  Iléfort,  Qotteau, 
Ebray,  de  Terres  de  Fromentel,  Kœchlin,  Schlum berger» 
Pictot,  Triger.— Terrain  crétacé,  i'*  livraison,  texte,  feuilles 
1  à  A.  Atlas,  planches  1007  à  1018.  —  Paris,  Victor  Masaon» 
libr. 


RBUoeiAreiE.  xm 

loiT  (Gharles  ).  Dewriptioo  géologique  da  DMiphloé  (Isère, 
Drôme,  Hantes-Alpes)  pour  servir  à  rexpUcttion  de  la  carte 
géologique  de  cette  proTince.  «*  partie.—  Sa^y,  Paris  et  Gre- 
noble. 

LAMÉ  FLxintT.  Gode  annoté  des  chemins  de  fer  m  exploitation 
on  Recueil  méthodique  et  chronologique  des  lois,  décrets, 
ordonnances,  arrêtés,  etc.,  concernant  Texploitation  tech- 
nique et  commerciale  des  chemins  de  fer  ;  annoté  au  moyen 
de  décisions  des  autorités  admlnistratlTe  et  judiciaire,  i  fort 
volume  in-8.  1861. 

LàMi  Fletot.  De  la  législation  minérale  sous  Tandenne  mo- 
narchie ou  Becueil  méthodique  et  chronologique  des  lettrss 
patentes,  édits,  ordonnances,  déclarations,  arrêts  du  conseU 
d*Ét£tt  du  roi,  du  parlement  et  de  la, cour  des  monnaies  de 
Paris,  etc.,  concernant  la  législation  minérale,  publié  sur 
les  manuscrits  originaux,  annoté  et  mis  en  ordre.  1  voL  in-8. 

Livi  FLEuar.  Texte  annoté  de  la  loi  du  ai  avril  1810,  concei^ 
nant  les  mines,  les  minières,  les  tourbières,  les  carrières  et 
les  usines  minéralurgiques.  1  vol.  in-8. 


DBS  «MM.  1860.  fome  XVllI. 


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ËRNst  Otit>  (6.)»  Gf^nizup  ^nèr  phAophitehtn.é,  Principes 

d'une  cosmologie  philomathique.  In-8aVec  3  pL  llthogt*.  — 

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ÏHiEbiGlER  ÔCL).  îtarte  v^m  Itmriigehirg^,..  Carte  des  montâ^^eft 

du  Bart2.  -^  dausthat. 

ScHLAGiiiTWEiT.  Jteis  tfi  OH-ttidiet^.,.  Voyage  aut  tndes  orien- 
tales. 
BoTHE  (F].  PhyiikoL..  Répertoire  de  physique  donnant  les 

principes  élémentaires  de  cette  science.  In-8.—  Brunswick. 
Bremicker  (C).  Logarithmisch'Trigonomeiriêche...  Table  dei 

logarithmes  à  6  décimales,  ln-8.  — «  Berlin. 
FOBTTERLE  (F.).  Geolog.  atlas...  Atlas  géologique  de  Tempire 

d'Autriche.  U  cartes.  —  Gotha. 
Farîêchritte  der  Physik...  Progrès  de  la  physique  en  i858;  par 

0.  Hagen.  Iu-8.  —Berlin. 
Kluge  (K.'E«)*  Handhuch  der  Edeîêteinkunde..»  Manuel  des 

pierres  précieuses.  In-8,  avec  i5  pi.  —  Leipzig. 
Ldûwig  (R.)*  Buch  der  Géologie...  Géologie*  Histoire  naturelle 

de  la  terre.  In-89  avec  pi.  et  iilustr.  —Leipzig. 
Moller(H.).  Ueber  die  Beziehufigev,..  Sur  les  rapports  entre 

les  eaux  minérales  et  les  filons  métallifères  en  Saxe  et  en 

Bohême*  —  In-8.  —  Freiberg. 
Berg  (G.-H.-E.).  Jlnleitung  zum  Verkolhen  des  Holzes.».  Re- 
cherches sur  la  carbonisation  du  bois.  In-8,  avec  planches  et 

illustrations. 
Gotta(B.).  I^i^  Lehre  von  den  Erzlagerstàiten...  Étude  des 

gttes  métallifères*  a*  édition.  T.  IL  Jn-8»  avee  illustrations. 

—  Eugelhardt,  à  Freiberçr. 


Jakresbericht  uber  die  ForUchrilte,.,  Compte  rendu  sur  les 
progrès  de  la  chimie  agricole,  publié  par  M.  R.  Hoffmann. 
1*  année,  1859-60.  In>S.  —  Berlin. 

RKnnaBACHSR  (P.).  Théorie  une  Bnu  der  Turbinen,,.  Théorie 
et  constmction  des  turbines.  In-/^,  avec  i3  pi.  et  atlas  in-fol. 

—  Mannheim. 

Rucoiinr  (E.).  Jhi$  SteimoiMherfwerk..,  L^exploitatioo  du 
«si  eemmB  à  StaiisfurUiy  prêt  deMsgdeb^iirg.  U^  avec  a  pi. 

—  léna. 

EamuaK  {Q.4u).  Ueber  dei$  SMHum  der  Okende,.,  Sor  Télvdt 

de  U  ^limia.  l*^.  •—  Laipsiek. 
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l'étude  de  la  chimie  organique.  Grand  in-8. 
Semati  («£•-§.).  Lekrètich  der  Meêeêrolaiie.:  Manuel  de  mér 

téonitogisb  Gvand  in*g.  ««  Laipsi^ 


XX  BIBLIOGRAPHIE. 


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de  fer  du  district  de  Gheveland,  illustré  par  une  carte  géolo- 
giqueet  par  des  coupes  coloriées.  Grand  in-^  —  Londres. 

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^Londrâs. 

Datison  (S.)«  The  Ditcovery  and  Geognoiy...  Découverte  et 
géognosie  des  dépôts  aurifères  en  Australie  et  comparaison 
de  ces  gisements  avec  ceux  de  Californiet  de  Russie*  de  Tlnde» 
du  Brésil.  In-8,  avec  carte. — Londres. 

PORBES.  Jceland^*  L'Islande,  ses  volcans,  ses  glaciers.  In-is, 
avec  illustr.  —  Londres. 

Geneiis  of  the  Earth.,,  Genèse  de  la  terre  et  de  Thomme  ou 
histoire  de  la  création  et  de  Tantiquité  des  raeei  du  genre 
humain.  In-8.  -*  Londres. 

Humble  (W.).  Dieiionary...  Dictionnaire  de  géologie  et  de  mi- 
néralogie. In-8.  —  Londres. 

PfliLipPs  (J.).  Life  of  the  Earth...  La  vie  sur  la  terre,  son  ori* 
gine  et  sa  succession.  In-m.  —  Londres. 

Ramsat  (A.-G.).  77^0  old  Glacière*..  Les  anciens  glaciers  de  la 
Suisse  et  du  nord  du  pays  de  Galles.  In- 1  a,  avec  carte  et  illustr. 

—  Londres. 

Feetigee  ofthe  Natural  Hintory...  Vestiges  de  Thistolre  natu- 
relle de  la  création.  In^ia.  -*  Londres. 

Dat.  Chemiêtryin  ite  JRelatione,..  La  chimie  dans  ses  rapports 
avec  la  physiologie  et  la  médecine,  avec  cinq  planches  et  de 
nombreuses  illustrations  gravées.  In-8. 

Pooa/  Hietory  of  the  Railroade  and  Canalt...  Histoire  des 


BIBUOGSAflUE.  Ul 

chemios  de  f er  et  dei  caoanz  des  Êtals-Unis»  IlilMttt  OOB^^ 

leon  progrès»  lean  fnis  d^étaMlsBement,  leiin  ravem^ 

dépenses,  ainsi  qoe  leur  étftt  setaeL  In-S. 
5at.  The  eompUiê  Writrugê^  Œuvres  complètes  de  TliOBas 

Say,  sur  la  conchyolosie  des  États-Unis»  éditées  par  W.-J. 

Binney,  membre  de  I*Académie  des  sciences  naturelles  de 

Philadelphie.  In-ia. 
Bbowh  (James).  The  Farêgier...  Le  forestier  :  Traité  pratique 

sur  la  plantation»  les  soins  et  raménagement  des  arbres  16* 

restîers.  In-8. 
Godet  (Théodore-L.).  £ermuda*..  Les  Bermndes:  leor  histoire, 

lenr  géologie,  leur  climat»  leurs  produits,  leur  agrfenltnre» 

leor  commerce  et  leur  gouremementdepuisles  anciens  temps 

Jusqu'à  nos  Jours.  In-8. 
ilGAssiz.  Coii(n6iiltoii#  to  thê  Natural  History...  RecherdMe 

sar  rhistoire  naturelle  des  fiuts-Unls.  s6  planches. 
G£a  J.  Brush.  I9inih  tupplement  to  Daha^s  Mineralogf...  Neu- 
vième supplément  à  la  minéralogie  (de  TAmoricah  Journal 

or  scuRGS  ARO  ARTS»  t  XHXl,  mal  1861). 


XXU  BlBUOGBàPHn. 


ITALIE, 

Annali  del  JReale...  AnnaleR  de  TObserv^^totre  rojftt  ipétêoro- 
iDgiqiie  au  Vésuve  ;  publiées  par  L,  Paloiierl.  \^  wnéOi  1 859« 
Grapd  in-8,  «vec  illustr.  -^  tapies. 

Costa.  PaleontologiadelBegnodiNapoli...  Paléontqloçie  du 
royaume  de  Naples.  la-A.  —  Naples, 

Csaioiv  (G«)«  Sulla  indutiria  dêl  ferro^..  Çur  ripd^strte  du  fer 
en  Umbardie,  ^  G.  Bemardoul,  k  Mllaitf 

Gastaldi  (Bartolomeo).  Cenni  su  aleune  armi  di  pUtra  e  di 
^rofiso»  ete,..  Sur  quelques  armes  de  pierre  et  de  bronze 
trouvées  dans  les  duchés  de  Modène  et  de  Parme,  alosi  que 
dans  les  tourbières  de  l^  Lombardie  et  du  Piémont.  (Extrait 
de  la  Société  italienne  des  sciences  naturelles  de  MilaOf  Fé- 
vrier 1861.) 

Gastaldi  (Bartolomeo).  Su  aleune  oua  di  mammiferi  fos- 
êili^  etc.  Sur  quelques  ossements  des  mammifères  fossiles  du 
Piémont.  (Lettre  de  B.  Gastaldi  au  professeur  Gornaiia  )  Ex- 
trait de  la  Société  des  sciences  naturelles  de  Milan. 

Gastaldi  (Bartolomeo).  ^Va^tiMnlt  di  geologia  di  Piemonte,.. 
Fragments  de  géologie  du  Piémont  Sur  les  éléments  du  con- 
glomérat miocène  du  Piémont.  —  Turin,  imp.  royale,  1861. 


SCHIXPER  (W.-P.)*  Icônes  morphologie»  atque  organograpbics 
introduct.  synopsi  muscorum  Europseorum.  illuatr.  In-A, 
avec  ti  pi.  ^Stuttgart.   • 


ANNALES 

DES   MINES 


DE  L*L'«PLU£2fCE  DE  LA  SUSPENSION  A   LAlklES 

B9KLK  irOOTEMBIIT  DU  PIITDQLE  CO.XIQUC. 
Par  M.  H.  RÉSAti  ingéniettr  dts  ntnef . 


I .  Le  mode  de  suspension  des  balanciers  à  oscilla- 
tions coBiqaes  des  pendales  de  M.  Redier  consiste  en 
deux  systèmes  rectangulaires  et  verticaux  «  identiques 
Mtx  appareils  de  suspension  à  lames  employés  pour  les 
ba\anders  oscillatoires ,  c*est-à-dire  qu'ils  sont  formés 
chacun  de  deux  lames  flexibles  en  acier  de  même  Ion- 
gueuTt  maintenues  parallèlement  et  invariablement 
dans  leur  plan  par  leurs  extrémités. 

La  monture  supérieure  de  l'un  des  systèmes  est  Cxe  ; 
la  monture  inférieure  supporte  la  monture  supérieure 
du  second ,  qui  est  disposée  de  telle  sorte  que  les  ex- 
trémités supérieures  comme  les  extrémités  inférieures 
des  quatre  lames  d'égale  longueur  sont  situées  dans 
un  même  plan  horizontal  lorsque  le  pendule  est  en 
repos.  La  monture  inférieure  du  second  système  fait 
corps  avec  la  tige  en  bois  du  balancier  dont  la  partie 
essentielle  est  une  sphère  pesante  qui  termine  cette  tige. 

Dans  un  mémoire  présenté ,  il  y  quelques  années ,  à 
l'Académie  des  sciences ,  et  inséré  depuis  aux  Annales 

ToMl  XV m,  iS6o.  I 


2  P£NDULE   CONIQUE 

de  la  Société  d'émulation  du  Doubs ,  j'ai  établi  que  la 
monture  simple  à  courtes  lames  n'altère  pas  risochro* 
nisme  des  petites  oscillations  du  balancier  ordinaire , 
quoique  leur  durée  fût  modifiée  en  raison  de  la  plus 
ou  moins  grande  longueur  des  lames. 

Je  me  propose  maintenant  de  résoudre  la  même 
question  relativement  à  Tisocbronisme  des  révolutions 
du  balancier  conique  de  M  Bedier.  Comme  nous  ne 
devons  considérer  que  de  petits  écarts  du  pendule  par 
rapport  à  la  verticale ,  et  que  les  flexions  des  lames 
sont  par  conséquent  très-petites ,  nous  pourrons ,  avec 
une  approximation  suflSsante ,  employer  les  hypothèses 
adoptées  sur  l'élasticité  des  corps  dans  la  Théorie  de 
la  résistance  des  matériaux^  négliger  les  variations  tiès- 
petites  éprouvées  par  la  dilatation  des  lames  dans  le 
sens  de  leur  longueurt  et  cela  avec  d'autant  plus  de 
raison  qu'elles  sont  dues  à  des  forces  du  même  ordre 
de  grandeur  que  l'angle  d'écartement  du  balancier, 
par  rapport  à  la  verticale. 

Si  on  laisse  de  côté  les  impossibilités  physiques  du 
mouvement  et  si  l'on  suppose  que  ces  lames,  dont  nous 
négligerons  le  poids,  la  masse  et  Tineriie,  sont  imma- 
térielles ,  en  leur  conservant  les  propriétés  de  l'élasti- 
cité, nous  pourrons  dire  que  la  suspension  produit  le 
même  effet  que  si  elle  était  composée  de  deux  lames 
identiques  d'une  largeur  double  de  chacune  d'entre 
elles ,  mais  de  même  longueur  et  de  même  épaisseur, 
disposées  rectangulairement ,  Tune  dans  l'axe  de  figure 
de  l'autre.  L'une  de  ces  lames  est  encastrée  invariable- 
ment à  sa  partie  supérieure;  rcncastrement  de  l'autre 
se  trouve  sur  la  tangente  à  l'extrémité  de  la  précédente, 
à  une  distance  du  point  de  contact  égale  à  la  longueur 
des  lames.  L'axe  de  figure  du  balancier  sera  ainsi  sup- 
posé tangent  à  l'extrémité  de  la  seconde  lame.  Nous 


AVEC  SUSPENSION  A   LAMES.  3 

sapposerans  de  plus,  pour  plus  de  simplicité,  que  sur  la 
figure,  les  lames  sont  réduites  à  leurs  axes  de  symétrie. 
s.  Soient  (PL  I,  /fgr.  i)  : 

0  le  point  fixe  d'encastrement  de  la  première  lame. 
ox  la  verticale. 

yoy'  rhorizontale  menée  par  le  point  o  dans  le  plan 
d'oscillation  de  la  même  lame. 

oz  la  perpendiculaire  en  o  au  plan  xoy  déterminant 
avec  ox  le  plan  d'oscillation  de  la  seconde  lame. 
^  la  longueur  des  lames. 

oa  la  forme  que  prend ,  à  un  instant  quelconque ,  la 
lame  encastrée  en  o. 
a  l'angle  formé  par  la  tangente  at  en  a  avec  o. 
ot  la  perpendiculaire  abaissé  du  point  o  sur  aï  ;  on 
pourra  supposer  oa  =  o<  =  X  en  négligeant  les  termes 
de  l'ordre  a^  Le  point  i  devra  alors  être  considéré 
comme  étant  l'extrémité  supérieure  de  la  seconde  lame, 
qui  affecte  une  forme  im  tangente  en  I  à  al ,  dans  un 
plan  mené  suivant  cette  dernière  direction,  perpendicu- 
laire au  plan  yox. 

p  l'angle  formé  par  la  tangente  en  m  ou  par  la  direc- 
tion mG  de  la  tige  du  pendule  avec  aie 
O  la  projection  de  a  sur  ox. 
1)  =  aO,  (i^=ifna  les  coordonnées  du  point  m,  res- 
pectivement parallèles  à  oy,  oz. 

{  la  distance  du  centre  de  gravité  G  du  pendule  au 
point  m. 
M  la  masse  du  pendule. 

A  son  moment  d'inertie  par  rapport  à  l'un  quelconque 
des  axes  principaux  perpendiculaires  ^nmk  mG. 
E  le  coefiicient  d'élasticité  des  lames. 
1  le  moment  d'inertie  de  leur  section  par  rapport  à 
la  parallèle  au  long  côté  menée  par  le  centre  de  gravité. 
(X  la  masse  du  système  rigide  formé  par  la  monture 


4  P£NDUL£   CONIQUE 

inférieure  de  la  lame  encastrée  en  o  et  la  monture  supé* 
rieure  de  la  seconde  lame. 

g  le  centre  de  gravité  de  ce  système  ^  que  l'on  peut 
supposer  au  milieu  de  a/. 

(p  l'angle  formé  par  la  tige  mG  du  pendule  avec  la 
verticale. 

6  l'angle  compris  sous  le  plan  verticale  passant 
par  oG  et  le  plan  zox. 

g  l'accélération  de  la  gravité. 

D* après  le  mode  d'approximation  adopté,  nous  pou- 
vons regarder  les  arcs  a,  ^ ,  p  comme  étant  égaux  à  leurs 
sinus  ou  à  leurs  tangentes ,  et  leurs  cosinus  comme 
égaux  à  l'unité. 

L'ordonnée  (h  =  ot  sin  a  du  point  i^  paralëlle  à  ox  est 
du  second  ordre  et  négligeable,  de  sorte  que  l'on  pour- 
rait même ,  sans  inconvénient ,  supposer  que  ce  point 
coïncide  avec  l'intersection  ('  de  la  direction  de  al  avec 
oy\  Quant  à  l'ordonnée  —  oh  de  t  parallèle  à  oy,  elle 
est  donnée  par 

—  ofc  =  —  (ofsina  — ao)  =  ii  —  X«j 

et  celle  oj  de  g  par 

Ti  +  Yj  —  Xa  ■  X» 

a  2 

3.  L'angle  trièdre  formé  par  la  droite  mG ,  le  pro- 
longement mA  de  am,  la  verticale  mp  de  m,  donne ,  en 
remarquant  que  l'angle  dièdre  mA  est  mesuré  par  «  : 

CÛ8  9  =  cos  p  cos  a, 

sin  6  =  sin  (9  cos  6  =1 Q  cos  6, 

d'où 

On  tire  de  là 

(a)  a  =  f  sin  0. 

4*  Nous  supposerons  dans  ce  qui  suit  que  les  lames 


A?£G  SUSPENSION   A   LAMES.  5 

sont  tràs-coortes  par  rapport  à  la  longueur  du  balan- 
cier, «comme  cela  a  réellement  lieu,  de  manière  à 

pouvoir  négliger  les  termes  de  l'ordre  ?  i  »  ir  comme 

on  néglige  «*  par  rapport  à  l'unité. 

Soient  : 

M.,  My,  M,  les  composantes  parallèles  aux  axes  ox, 
oy,  oz  des  moments  par  rapport  au  point  m  du  poids  et 
des  forces  d'inertie  du  pendule.  Ces  composantes,  con- 
formément &  la  convention  admise ,  seront  considérées 
comme  positives  ou  négatives ,  selon  qu'elles  tendront 
à  faire  tourner  autour  de  leurs  axes  respectifs  de  la 
gauche  vers  la  droite  ou  inversement. 

X,  Y,  Z  les  composantes  des  mêmes  forces  parallèles 
à  ces  axes.  Considérons  d'abord  la  lame  oa  et  soient  x,y^ 
les  coordonnées  de  l'un  quelconque  de  ses  points.  Le 
moment  du  poids  et  de  l'inertie  du  pendule,  par  rap- 
port à  oe  point,  tendant  à  produire  la  flexion ,  est 

Les  forces  d'inertie  étant  de  l'ordre  <p  par  rapport  au 
poids  du  pendule,  nous  pourrons,  dans  cette  expres- 
sion ,  supposer  X  =  Mgr.  La  masse  v-  ne  donnera  de  la 
même  manière  que  le  moment 

—  M(x— y); 

car  sa  force  d'inertie  ne  se  compose  que  de  termes  de 
second  ordre  en  a  et  X,  et  ne  donnerait  que  des  mo- 
ments négligeables.  On  a  donc 

Si  l'on  néglige  d'abord  dans  cette  équation  les 
termes  de  l'ordre  X,  on  trouve,  en  intégrant  et  remar- 

quant  que  y=o,  ;p  =  o  pour  x  =  o  : 


et  pour  a?  =  X 


PENDULE    CONIQUE 

EIy=  M,  -; 


EI>i=-.M„ 
a 

• 

EIa  =  XM.. 


d'où ,  d'après  les  relations  (a) 


^  ^  •       A 

ï)  =  a  -  =  -  <p  sin  0, 

2        a       4 


x^       x^ 


*  aX       aX 

et  enfin 

X=o. 

En  portant  les  valeurs  dans  l'équation  précédente  , 
on  ne  fait  que  se  conformer  au  mode  d'approxinoation 
adopté ,  et  il  vient  : 

L'intégration  donne  : 
B.^J=M^+T(u-f)+ïï|:i[g,..+„-„X,]. 

..,=»,f^+r(î£-ï)+?î!|=î[^,«+„-î^]. 

Ela       EI9  sin  6       „     ,   X  .,  ,    oX«p  sin  6  . 

ou 

.    S^l  ,   McX       fjLoXl       „    .    X^ 

EIn  =  M.-  +  — +^L_[^>.5M]. 


AYEG  SUSPEHSIOlf  A   LAMES.  7 

OccupoDs-Doos  maiotenaot  de  la  seconde  lame  ;  si  z 
est  rordonnée  parallèle  à  oz  de  Tan  de  ses  points  «  x'  la 
distance  de  sa  projection  sur  ai  au  point  r ,  on  a,  de 
même  que  tout  à  l'heure  : 

d*z 

El— =  — Mspcosqi+M/rina  +  Z(X— ar'j-MyCÇ— Ji). 

do 

Hais  H.  résulte  uniquement  de  la  rotation  j-  autour 

Ho 

de  ox,  donnant  lieu  à  des  vitesses  de  Tordre  9  -j. 

^  ai 

dont  les  moments  des  quantités  de  mouvement  sont  de 
Vordre  f^  -r-.  D'où  il  suit  que  M^^,  sin  s  est  négligeable. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  termes  en  X ,  on  trouve  : 

X« 


d'où 


EIp  =  —  XMy  =  EI^  cos  e , 

r         ^ 

Ç  =  -  ®  COB  6, 

a  * 

x' 

aX  ^ 

En  portant  ces  valeurs  dans  l'équation  ci-dessus,  on 
trouve  : 

d'où  l'on  déduit  facilement  : 

^  a  ^     5  24 


8  PENDULE   CONIQUE 

Des  équatioQS  (3)  et  (4)  on  tire  : 

+  My  «in  6  I  +  -  jYcogO  -  Zcose  j. 

Cela  posé,  soient  $nX,  mY,  mZ  (fig.  s)  les  parallèles 
à  oXi  oy,  oz  menées  par  le  point  m  ;  mZ  la  trace  du 
plan  vertical  GmX  qui  renferme  la  tige  dû  pendule  sur 
le  plan  horizontal  du  point  m;  mY'  la  perpendiculaire 
en  m  au  plan  GmX  faisant  avec  mZTangle — (go* — 9); 
mZ"  la  perpendiculaire  en  m  à  mC  dans  le  plan  mGX  ; 
My\  M^'  les  moments  dus  à  l'inertie  du  pendule  par 
rapport  à  mY',  mZ'  ;  Y',  Z'  les  composantes  do  ces 
forces  parallèles  aux  mêmes  directions.  Le  moment  du 
poids  du  pendule  étant  }IUgtf  autour  de  inY\  il  est  clair 
que  les  formules  ci*de§sus  deviennent 

_l^,ineoo$e=:M/— -r, 

6  3 

et  nous  donnent  ainsi  les  équations  qui  nous  permet- 
tront de  déterminer  les  éléments  de  la  question. 

5.  Supposons  en  premier  lieu  queX  soit  assez  petit 
pour  que  Ton  puisse  négliger  les  termes  en  l  de  ces 
équations. 

Les  forces  d'inertie  du  pendule  se  composent  de 
celles  qui  résultent  de  sa  rotation  autour  du  point  m 
supposé  fixe,  et  de  celle  de  son  centre  de  gravité,  où 
toute  la  masse  serait  concentrée,  correspondant  à  Tac- 
célérallon  de  ce  point.  Or  celte  dernière  force  donne- 


AVEC  SQSKIISIOII   A  tAHES.  9 

Tsit  dans  M,'  et  M.'  des  tenues  de  Tordre  X»  et  nous  de- 
Toos  aussi  en  négliger  la  considération, 

n  snit  de  là  que  les  équations  du  mouTement 

soot  les  mêmes  que  si  le  pendule  tournait  librement  au- 
tour du  point  m  considéré  comme  Gxe ,  en  supposant 

El 
que  son  poids  se  trouve  augmenté  de  ~  ;  la  suspension 

à  lames  n'altère  donc  pas  l'isochronisme  des  révolu- 
tions ,  et  Ton  a  pour  la  durée  de  chacune  d'elles  : 


(6)  T=ait 


Si  donc  on  raccourcit  de  plus  en  plus  les  lames»  la 
durée  des  révolutions  va  en  diminuant*  absolument 
comme  s\  Von  diminuait  dans  un  certain  rapport  la 
longueur  du  pendule. 

Dans  le  cas  actuel,  les  formules  (3)  et  (4)  deviennent 
par  Télimination  de  M.,  My  : 

(7)  ij  =  -f8îne, 

s 

d'où  l'on  déduit  facilement  que  la  direction  de  la  tige  du 
pendule  mieontre  la  verticale  du  point  fixe  d'encw^tre- 

ment  oenun  point  fixe  I  {fig.  1),  situé  à  la  distance  -  de 

ce  dernier,  et  qui  est  par  conséquent  le  centre  de  gravité 
du  système  des  quatre  lames* 


10  PENDULE  GONIQCB 

6.  Revenons  aux  formules  (5)  en  y  négligeant  seu- 
lement des  termes  renfermant  X  à  une  puissance  supé- 
rieure à  la  première. 

Gomme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  les  moments  M/, 
My'  sont  dus  :  i""  au  mouvement  de  rotation  du  pen- 
dule autour  du  point  m  supposé  fixe;  s""  à  l'accélération 
de  m  supposée  appliquée  ainsi  que  toute  la  masse  en 
son  centre  de  gravité. 

Pour  calculer  les  termes  relatifs  aux  premières  for- 
ces, désignons  par  p  et  9  les  composantes  de  la  rota* 
tion  instantanée  suivant  mY',  fnZ'\  La  rotation  q  se 
décompose  en  deux  autres ,  l'une  suivant  mG  »  l'autre 

-r^  suivant  le  prolongement  de  tnX  qui  représente  la 

rotation  du  plan  GmX  autour  de  la  verticale  mX.  On  a 
donc  : 

(8)  P=| 

de 
g  =  .p_. 

Le  moment  de  la  force  d'inertie  par  rapport  au 
point  m  est  la  vitesse  absolue,  prise  en  sens  contraire 
de  la  droite  tnS,  qui  représente  le  moment  de  la  quan- 
tité de  mouvement  par  rapport  à  m. 

De  ce  que  la  composante  de  la  rotation  est  constam- 
ment nulle  autour  de  tnG,  d'après  le  mouvement 
obligé  du  pendule,  on  déduit  d'une  propriété  connue 
des  solides  de  révolution,  que  le  moment  de  la  quan- 
tité de  mouvement  estimé  suivant  cette  droite  est  nul  ; 
mS  est  donc  situé  dans  le  plan  Z"niY\  et  a  pour 
projections,  Ap  et  Aq  sur  rnY\  mZ".  On  voit  ainsi  que 
les  composantes  de  la  vitesse  relative  de  S  suivant  mY' 


AVEC  SUSPENSION   A   LAMES.  11 

et  mZ  sont  ^  et  ^    ,^;  que  les  composantes  de  la 

yitesse  d'entraînement  sont  : 

de 

—  AgGos<p .  -r- suivant  mY 

Ap.37 fiiZ'. 

a» 

On  a  donc  en  resomé  pour  les  moments  : 

—  aF^  — gco«f1=  — aF^  — ^1...  saitant  mr 

«•"-»[*F+'3]=-'[*P+?]  =  - 

A  d9Q 

^ suÎTant  mV. 

f     al 

Considérons  maintenant  la  force  d'inertie  due  à 
l'accélération  du  point  m  et  à  la  masse  H  supposée 
concentrée  au  centre  de  gravité  G  ;  le  moment  résuU 
tant  étant  de  Tordre  \  où  peut  pour  le  calculer  ad- 
mettre que  le  pendule  tourne  effectivement  autour  du 
point  BxeL  Dans  cette  hypothèse,  les  courbes  décrites 
par  m  et  G  étant  semblables,  l'accélération  de  m  sera 

égale  à  celle  de  G,  multiplié  par-|.  Or  les  moments 

relatifs  au  centre  de  gravité ,  ou  toute  la  masse  serait 
concentrée,  s'obtiendnûent  en  remplaçant  dans  les  for* 
mules  (9)  A  par  m/*  ;  il  vient  donc  pour  les  moments 
cherchés  : 
,    ^  M/xrdp      an 

_M/Xd£2.    ^,^ ^Z', 

On  peut  d'ailleurs  négliger  l'accélération  verticale 


la  PENDOU  GOmQIÎB 

du  point  m  qui  ne  donnerait  qu'un  terme  du  second 
ordre. 

Si  l'on  continue  à  négliger  l*^  noua  devrons  consi- 
dérer Z'  et  Y'  comme  les  composantes  de  l'inertie  re- 
latives au  mouvement  de  rotation  du  corps  autour  du 
point  m  :  or  IZ\  —  lY'  sont  les  moment^)  de  la  force 
d'inertie  du  centre  de  gravité  où  toute  Fa  masse  serait 
concentrée  par  rapport  aux  axes  mY,  mL]  d'où  il 

Z'      Y' 

suit  que  X  —,  X  —  sont  représentés  respectivement  par 

les  expressions  (lo)  auxquelles  elles  s'ajoutent;  les 
formules  (5)  donnent  donc  par  conséquent  : 

(,0     [4_£],A  +  HU,  =  _.[H,(<+iî)- 

El 


"6 'J+aJ 


(A  +  M/X) .  ^  =  -  i^  ç'sin  ae. 
'     «  la 

Si  |i  est  assez  petit  pour  que  -^  soit  du  même  ordre 

de  grandeur  que  les  quantités  que  nous  avons  négli- 
gées, on  pourra  faire  abstraction  du  second  membre 
de  la  seconde  équation  ;  mais  alors  les  équations  (i  i) 
représentent  après  cette  simplification  la  loi  du  mou- 
vement d'un  pendule  simple  dont  la  longueur  serait 

A  +  M/X  "~    • 

Dès  lors  les  révolutions  seront  isochrones,  et  la  durée 
d*une  révolution  complète  sera  donnée  par  la  formule 

,      ^  n.  /  A  +  M/X 

(12)         T  =  a-*      ^  ^ 


ATEC  SOSPfiNSlOn  A  LAMES.  l3 

7.  ExanÛDODS  maintenaût  quelle  peut  être  rîDllQence 
delà  masse  ]i  sur  le  mouvement.  Posons  pour  sim- 
plifier m'=  3t |-,  X  =  —  A  I  |ini  «  étAût  une  quantité 

supposée  assez  petite  pour  que  Ton  puisse  en  négliger 
le  quarré.  Les  équations  du  mouvement  deviennent  : 

-—  «»  ..  ss  — ^  m  (p 

do  9 

-—-  =  aip'8inaO. 
at 

Si  l'on  pose  comme  dans  la  théorie  de  la  libratjon  de 
la  lune 

fsinO  =  tty      «pco86=s9, 

on  reconnaît  facilement  que  les  équations  peuvent  être 
remplacées  par  les  suivantes 

(Pu 

—-  =  ^m'a  +  «9sina0co80 

---•ss  —  mrv^  civsinaOsiuO. 
dt*  ^ 

Si  Ton  néglige  d'abord-  a,  on  a,  en  supposant  û=  0, 
-î  =  0,  ?  =  7^  pour  <  =  o,  les  formules  connues, 

If  =  tp  gin  0  =:  «p^sînin/ 
9  =  fcosO  =  (p^cosm/y 

^^  étant  une  constante  qui  représente  le  plus  petit 
écart  si  ç»»  est  le  plus  grand  ou  inversement.  Les 
équations  deviennent  alors,  en  raison  du  mode  d'ap- 
proximation adapté  : 

dPu ,  flgy^o^^*siamfcos*mr 

dl*  <pj*  sin*  m^  +  ©q*  ces»  ml' 


l4  •  PENDULB  CONIQUE 

Pour  intégrer  la  première  équation ,  nous  poserons 

tt  =  y  cos  mj 

y  étant  une  fonction  inconnue  et  qu'il  s'agit  de  déter- 
miner. On  trouve  en  substituant  : 

^  -  am  ^  laagml  =  ^.,^^^,^,^^^.. 
équation  Unéaire  en  %  dont  l'intégrale  est 

^^^(f/      cos^m^L  »•     J(?,*lang*mH-<Po')(i+tang'mO'J' 

C  étant  une  constante  arbitraire.  En  décomposant  sous 
le  signe  J  en  fractions  rationelles,  on  trouve  ; 

dt       co$*m<L       «»(?t— Tfl)\ 

+ 1;7^'  '"*  l ;? ;  J  • 

En  intégrant  de  nouveau  et  désignant  par  G'  une 
seconde  constante  arbitraire,  il  vient 

X  yog  ^  —  j  .  __. 

L'intégrale  comprise  dans  cette  équation  se  déter- 
minera facilement  en  posant  z  =  tang  mt,  et  en  ap- 
pliquant la  méthode  d'intégration  par  parties;  ou  a 
ainsi  : 

(,6)      yc=C-  +  ^tangm<^       y^     .[/  + 

m  »»(?i— ?o)L 

+^;r(;>::^)r«'»'-'<'4~' — i? — J  + 

-j-  —  arc  tang  (l.tangmn  —  am/j  L 


AVEC  SUSPENSION  A  LAMES.  l5 

et  l'oD  aura  u  en  multipliant  y  par  cos  mL  Pour  I  =  o, 

on  doit  avoir  u  =  o  ou  y  =:  o,  tt  =  o,  et  en  vertu  de 

at 

la  valeur  initiale  de  -p 

al 

du  du 

d'oiï  Ton  déduit  pour  les  valeurs  des  constantes  G,  G': 

w»(yi'— ?o)L       ?i'— ?o*       ?i*J 

Dans  le  cas  particulier  ou  ?  =  f  ^,  il  est  plus  simple, 
au  lieu  de  réduire  l'équation  (i5),  de  remonter  à  Té- 
quation  (i4)f  et  de  Tiulégrer  dans  cette  hypothèse,  et 
Ton  trouve  ainsi 

at       cos'm»       m 
y  =  C'-l---tangm^--^"(m/ --) 

m  ^* 

A  l'inspection  des  équations  (i5)  et  (17),  on  voit  de 
suite  que  les  valeurs  de  t  qui  annuleront  u  ou  y,  ou 
les  durées  des  révolutions  successives,  dépendront 
de  7,,  7^,  et  Texislence  de  la  quantité  «  ou  (jl  aura  par 
conséquent  pour  effet  d'altérer  Tisochronisme  du  pen-- 
dule.  On  pourrsût  d'ailleurs  calculer  par  approxima- 
tion et  successivement  la  durée  de  la  première  révolu- 
tion, de  la  seconde,  etc.  ;  mais  ce  détail  est  sans 
intérêt,  et  nous  ne  croyons  pas  devoir  nous  y  arrêter. 

On  reconnaîtra  facilement  que  pour  obtenir  l'inté- 
grale générale  de  la  seconde  équation  (iS),  il  suf&t  de 


l6  PEKDULE  CONIQUE,   ETC. 

remplacer  dans  celle  de  la  première  que  nous  veooDs 

d  obtenir  tp^  par  f,  et  inversement,  et  mt  par  ml  +  -. 

En  résumé,  pour  que  le  balancier  quoique  à  suspen- 
sion à  lames  soit  sensiblement  isochrone,  il  faut  que  s, 
ou  le  rapport  du  produit  du  pends  du  système  qui  relie 
les  deux  paires  de  lames  par  leur  longueur  à  douze  fois 
le  moment  d'inertie  du  balancier  par  rapport  à  toute 
perpendiculaire  à  sa  tige  mené  par  son  extrémité  supé- 
rieure, soit  une  quantité  suflBsamment  petite,  et  par 
exemple  du  même  ordre  de  grandeur  que  le  quarré  do 
l'écart  maximum,  par  rapport  à  la  verticale,  condition 
à  laquelle  les  balanciers  de  M.  Redier  paraissent  satis- 
faire d'une  manière  très-large. 


01U>S£  STRATIGBAPHIQUE ,    ETC.  17 


CONSIDÉRATIONS 

SDlt  L*OtPP0nTI0B  QUE  L*OR  OBfSRTX  SODVKIIT  DAliS  LES  ALPES 
BRTRS  L^CttDES  STEATlGBAPmQIVE  DES  GOVCHES  ET  LBtJBS  CA- 
EACTiEES  PALiOETOLOGIQOES,  SUITIES  d'UN  HOUTEL  EXEMPLE 
DE  CETTE  OPPOSim». 

Pir  M.  Sanoi  GRAS,  iBgéDtoor  en  eM  dtt  mliiM. 


La  chaîne  des  Alpes,  déjà  n  remarquable  par  lâ  ya-^  c^Midéraooiit 


riëté,  la  puissance  énorme  et  l'aspect  particulier  des 
formations  qui  la  composent ,  Test  aussi  à  un  autre  point 
de  Tue  qui  depuis  longtemps  fixe  Fattention  des  géo- 
logues; nous  voulons  parler  ^de  la  contradiction  qui 
existe  souvent  entre  l'ordre  observé  des  couches  et  ce- 
lui qu'elles  devraient  o£Grir  d'après  leurs  caractères 
palëontologiques.  On  a  quelquefois  désigné  ces  rela- 
tions géologiques  exceptionnelles  par  le  nom  A^anor- 
nulles.  Nous  emploierons  nous-méme  cette  expression , 
mais  avec  cette  réserve  que  dans  tous  les  cas  où  les 
relations  dont  il  s'agit  seront  bien  réelles,  le  mot  anor- 
mal  aura  un  sens  purement  relatif,  c'est-à-dire  qu'il 
signifiera  seulement  une  opposition  aux  idées  théo- 
riques les  plus  répandues  (i)« 

(i)Il  n^existepas  d'anomaUes  dans  la  nature,  mais  seulement 
des  lois  générales  que  le  plus  souvent  noos  ne  connaissoDs  que 
très-Imparfaitement  Gela  est  surtout  vrai  eu  géologie.  11  n'est 
donc  pas  étonnant  que  par  intervalles  des  faits  bien  réels  vien- 
nent contredire  nos  idées  théoriques.  De  pareils  faits ,  au  lieu 
d*ètre  rejetés  àpriorif  doivent  au  contraire  être  examinés  avec 
le  plus  grand  soin.  U  est  rare  quMl  n'en  résulte  pas  quelque 
progrès  pour  la  science. 

TùME  XVUI.   iSSo.  t 


préllninaim. 


l8  OBDBE  STRATIGRÂPBIQUE 

Parmi  les  relations  géologiques  anormales  des  cou- 
ches alpines,  la  plus  anciennement  connue  et  en  même 
temps  la  plus  remarquable  est  F  alternance  des  grès 
anthracifëres  à  empreintes  végétales  houillères  avec 
des  calcaires  à  fossiles  du  lias  (i).  Elle  a  été  signalée 
en  1828  par  M.  Élie  de  Beaumont  &  Petit-Cœur  en  Ta* 
rentaise  et  dans  la  partie  des  Alpes  comprise  entre  la 
vallée  de  T  Arve  en  Maurienne  et  la  montagne  du  Ghar- 
donnet  (Hautes-Alpes) .  Nous  avons  nous-mème  vérifié 
ce  fait  important  dans  tous  ses  détails  et  montré  qu'il 
était  également  vrai  au  delà  du  Chardonnet,  dans  le 
reste  dç  la  Tarentalse,  de  la  Maurienne  et  du  Brian- 
connais.  Depuis* lors t  plusieurs  autres  faits  paléouto^ 
logiques  anormaux  ont  été  indiqués  en  Suisse  et  en 
Savoie  dans  des  systèmes  de  couches  renfermant  ûim 
fossiles  jurassiquest  crétacés  ou  teitiaires  (9)*  Qyoique 
les  cas  eicceptionnels  mentionnés  soient  déjà  assez 
nombreux»  nou»  croyons  que  beaucoup  sont  re3tés  in* 
connus,  parce  que  les  géologues  qui  les  ont  observés 
n'y  ont  pas  vu  s^utre  chose  que  4^s  bouleversements 
du  sol.  D'après  l'en^emblç  de  nos  études  sur  las  Alpes 
occidentales,  nous  pensons  aujourd'hui  qu'il  ser^t 
difficile  de  tracer  dans  le  Daupbiné  et  la  Savoie  unç 
coupe  géologique  un  peu  longue  sans  qud,  mt  quej^ 
quesi-uns  de  ses  points,  la  stratigraphie  fût  en  op- 
position avec  ce  qu'on  appelle  les  lois  de  la  paléonlo^ 


(i)  Cette  anomalie  existq  entre  des  fossiles  appartenant  à  des 
rè^es  différents.  Elle  n'en  est  pas  moins  gravç^  et  a  ét^  jugée 
telle  par  tous  les  paléontologistes. 

(t)  Parmi  les  mémoires  où  il  est  fait  mention  d^jnvarsiona 
paléontoAogiques»  nous  citerons  particulièrement  eeuY  de 
MM.  Favre  et  Bruner.  Voyez  les  Archiva  deg  science  physi-- 
ques  et  naturelles  de  la  Bibliothèque  miversUU  de  GeisLév^ 
tome  11,  page  uA;  tome  91»  page  5;  et  tome  Sfi,  page  33/i. 


ET  GAHAGTÊBE8  PALÉOlfTOLOGiQUES.  19 

logîe.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  en  commençant, 
rattention  des  géologues  est  aujourd'hui  fixée  sur  ceux 
de  ces  cas  exceptionnels  qui  ont  été  décrits.  Qu«nt  à 
leur  opinion  sur  la  manière  dont  on  doit  les  interpré- 
ter, nous  ofOf  ons  ne  pas  mous  écarter  de  la  wéiité  an 
disant  que  le  sentiment  dominant  est  celui  de  l'ineer- 
titude.  ai,  d'un  cété,  les  faits  signalés  paraissent  poii^ 
ûbf  de  Tantre,  €m  hé^te  k  en  tirer  des  conséquenees 
qui  modifieraient  essentifellenient  des  théories  génét a* 
lement  adoptées.  Ou  attend  que  les  observations  soient 
plus  nombreuses.  Le  but  de  ee  mémoire  est  à!  en  Mn 
connaître  de  nouvdles  et  de  ccmtribuer  ainsi  à  éclair-* 
cir,  autant  qu'il  dépend  de  nous,  une  question  sur 
Timportance  de  laqueiie  on  est  d'ailleurs  d'accord. 

Avant  d'entrer  en  matière ,  nous  croyons  utile  de  !>•««  «•«»*"• 
préciser  et  d'apprécier  en  peu  de  mots  les  deui^  seules  les  «nomaiiet 
supportions  qu'il  soit  possible  de  faire  pour  interpré-^****"**'**^"** 
ter  les  anomalies  paléontologiques  dont  il  s'agit. 
Uune  et  l'autre  ont  eu  leurs  défenseurs  et  lemrs  con- 
traâ&cteorB.  Vun  eété,  on  a  soutenu  que  toutes  les 
fois  qu'il  y  avait  dans  les  Alpes  des  alternances  ou  des 
superpositions  en  désaccord  avec  les  caractères  paléon- 
tologiques des  roches»  cela  résultait  de  ce  que  les  cou- 
ches primitivement  dans  une  position  normale  avaient 
été  renversées  ou  repliées  sur  elles-mêmes  par  T  effet 
de  dislocations  postérieures  à  leur  dépôt,  en  sorte  que 
l'anomalie  était  la  conséquence  de  ces  bouleverse- 
ments et  nullement  d'une  dérogation  aux  lois  de  la 
succesÂon  des  fossiles.  D^un  autre  cété  on  a  rejeté 
cette  explication  comme  contraire  à  l'observation.  On 
a  dit  que  si  les  renversements  ou  les  contournements 
invoqués  étaient  réels,  ils  seraient  susceptibles  d'être 
démontrés  par  des  considérations  purement  stratigra- 
phiques,  et  que  jusqu'à  présent,  personne  n'était  par- 


SO  ORDRE  8TRAT1GRAPHIQCE 

▼enu  à  donner  de  pareilles  preuves.  En  dehors  de 
l'explication  tirée  des  bouleversenients  du  sol,  il  ne 
reste  pas  d'autre  opinion  à  adopter  que  celle  de  la' 
réalité  des  exceptions  paléontologiques. 

^^  **îr  ?ï*"  ^  première  manière  de  voir  est  celle  qui  se  pré- 
iMaieversemenu  soute  d'abord  à  l'esprit.  Elle  est  conforme  aux  idées 
011  ea  op'^uoQ  dominantes  et  ne  change  rien  à  l'habitude  à  peu  près 
rob.;;?iioD.  générale  de  classer  les  couches  uniquement  d'après 
les  fossiles;  mais  une  doctrine  peut  être  commode  sans 
pour  cela  être  vraie.  Celle-ci,  dès  qu'on  veut  la  sou- 
mettre à  la  sanction  de  l'observation ,  soulève  les  plus 
grandes  difficultés.  Si  dans  les  Alpes  tous  les  cas  ex- 
ceptionnels se  réduisaient  à  une  simple  superposition 
inverse  de  ceUe  qui  devrait  exister  d'après  la  nature 
des  restes  organisés,  on  pourrait,  au  moins,  dans  un 
certainnombre  de  lieux,  supposer  un  renversement  dans 
la  stratification.  Nous  disons  dans  un  certain  nombre 
de  lieux,  car  il  en  est  où  même  l'hypothèse  d'un  simple 
renversement  paraît  inadmissible  (i).  Mais  il  s'en  faut 
de  beaucoup  que  les  anomalies  paléontologiques  aU 
pines  soient  en  général  aussi  peu  compliquées.  Le  plus 
souvent,  on  observe  un  groupe  de  couches  A  très-ré- 
gulièrement stratifié,  intercalé  entre  deux  autres  B 
et  C,  qui  d'après  leurs  fossiles,  devraient  être  l'un  et 
l'autre,  ou  plus  anciens  ou  plus  récents  que  A.  Il  ne 
sert  de  rien  alors  de  renverser  tout  cet  ensemble. 
Quel  que  soit  l'arc  de  cercle  qu'on  lui  fasse  décrire,  si 
l'anomalie  disparait  d'un  cdté,  elle  renaît  de  l'autre. 
Aussi,  dans  ce  cas,  les  géologues  qui  ont  adopté  Tex- 


i*«a 


(i)  Voyez,  comme  exemple  de  rinvraisemblance  d^an  simple 
renversement,  le  mémoire  de  M.  Favre  Sur  la  géologie  des 
haêêê  de  la  montagne  du  Môle  en  Saieoie.{Archiî»eedei  sciences 
physiques^  etc.,  tome 36,  page  33/li.) 


ET  GARATÈRES  PALÉO1ITOLOGIQ0ES.  9  1 

âon  par  les  bouleversements  du  sol,  admettent 
qu'U  y  a  eu  un  plissement  II  est  clair  que  dans  cette 
nouveUe  hypothèse  il  ne  peut  pas  être  question  de  ces 
ondulations  &  grandes  courbures  ou  de  ces  froisse- 
ments accidentels  que  présentent  presqne  partout  les 
couches  dans  les  montagnes ,  et  qui  n'empêchent  pas 
qpe  Ton  ne  saisisse  très-bien  leurs  relations  mutuelles. 
Pour  qu'un  plissement  puisse  être  invoqué  comme  ex- 
plication ,  il  faut  qu'il  ait  lieu  en  grand  et  qu'il  soit  à 
angle  aigu.  Il  faut  concevoir  un  système  de  deux  as- 
sises r^dièrement  superposées  ayant  éprouvé  dans 
son  ensemble  un  ou  plusieurs  contoumements  très- 
étroits  ,  dont  les  branches  sont  devenues  exactement 
parallèles  par  la  comjffession.  Il  peut  résulter  en  effet 
d'un  pareil  accident  stradgraphique  une  intercalation 
anormale.  Hais  comn)e  des  plissements  aussi  gigan- 
tesques et  aussi  extraordinaires  ne  manqueraient  pas 
de  frapper  les  yeux,  et  que  cependant  on  n'en  aperçoit 
aucune  trace,  les  mêmes  géolc^es  qui  les  ont  imagi- 
nés, supposent  aussi  que  leur  extrémité  inférieure  est 
restée  cachée  dans  le  sein  de  la  terre  ou  bien  que  leur 
extrémité  supérieure  a  été  enlevée  par  une  dénudation, 
on  même,  lorsqu'il  s'agit  d'alternances  répétées,  que 
ces  deux  cas  se  sont  réalisés  (i).  Si  l'on  n'avait  à  ex- 
pliquer qu'une  seule  anomalie,  on  comprend  qu'à  la 
rigueur  une  pareille  hypothèse  pourrait  être  soutenue. 
Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  :  les  intercalations  et  les  al- 
ternances en  opposition  avec  les  lois  paléontologiques 
s'observent  dans  une  foule  de  lieux,  même  sans  sortir 
du  terrain  anthracifère.  Or,  nous  le  demandons,  est-il 
raisonnable  dans  un  pays  comme  les  Alpes,  où  l'on 


'  (0  Voy» ,  eomme  exemples  de  ces  plissements,  la  plupart 
des  coupes  théoriques  que  ron  adonnées  des  Alpea 


2  s  ORDRE  STRATIGRAPBIQUE 

voit  à  chaque  pas  des  coupes  naturelles  de  plusieurs 
centaines  de  mètres  de  hauteur,  de  multiplier  des  con- 
toumements  parfaitement  invisibles  parce  que  leur  in- 
flexion inférieure  est  enfouie  dans  le  sein  de  la  terre 
où  personne  ne  peut  vérifier  son  existence  et  que  leur 
inflexion  supérieure  a  été  si  bien  détruite  par  les  éro- 
sions qu'il  n'en  reste  pas  la  moindre  trace  (i)  7  Une 
pareille  doctrinei  nous  ne  craignons  pas  de  le  dire,  est 
extrêmement  fâcheuse  ;  elle  tend  à  faire  descendre  la 
géologie  du  rang  de  science  positive ,  pour  la  ramener 
&  ce  qu'elle  était  autrefoisi  un  assemblage  de  supposi  - 
tiens  chimériques. 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  signaler  ici  le 
vice  de  ndsonnemeiit  dans  lequel  tombent  les  savants 
qui  ont  recours  aux  hypothèses  dont  nous  venons  de 
parler.  Ils  commencent  par  établir  en  principe  et  par 
élever  presque  à  la  hauteur  d'un  axiome,  que  partout 
les  faunes  fossiles  doivent  se  succéder  dans  le  même 
ordre  ;  ils  en  concluent  que  les  inversions  qui  ont  été 
constatées,  ne  sont  que  des  apparences  dues  à  des  bou- 
leversements compliqués  qui  doivent  être  admis  mime 
quand  on  ne  lés  ^oit  pas;  ils  oublient  que  ce  qui  est  en 
question,  c'est  la  réalité  ou,  si  l'on  veut,  la  généralité 
de  ce  qu'ils  ont  appelé  les  lois  dé  la  paléontologie,  et 
qu'il  n'est  pas  permis  dé  s'appuyer  sur  ces  lois  mêmes 
pour  combattre  les  faits  qui  tendent  à  prouver  qu'elles 
sont  fausses.  Ce  défaut  constant  de  logique  chez  des 
hommes  la  plupart  recommandables  par  leurs  vastes 
connaissances  estdigne  de  remarque.  Les  esprits  atten- 


(i)  La  liaison  mutuelle  intime  des  couches  et  leur  défaut  de 
symétrie,  lorsqu'on  les  examine  dans  tous  lears  détails,  sont 
aussi  des  raisons  pour  ne  pas  admettre  les  plissements  supposés, 
mais  les  auteurs  de  ces  hypothèses  n*y  regardent  pas  de  si  près. 


ET  GâBàCTftBBS  PALtOlITOUMIQUBS.  «S 

tib  y  Tenromt  iiii  indioe  son  équifreque  de  la  fâibleiM 
de  leurs  théoriM*  ^ 

L'impoeaîUlhé  où  Ton  »  été  jusqu'à  préMlt  d'eipli-  Raiioni 
qœr  d'ime  mamèro  satiifaiflMitt  par  les  bouleTene-  ^V„o^/j^s 
meants  du  sol  1m  anomalîiËs  paléontologiqueB  des  Alpes,  <i^«  i«*  ^'p«' 
D0U8  conduit  à  examiner  quelles  difficultés  s'opposent 
à  €8  qu'on  les  considère  comme  des  réalitéti  Ellos  se 
réduisent  à  une  seule.  On  se  demande  pourquoi  de 
parais  faits  ne  s'observent  pas  aUleurs  ;  oti  objecte  qu'il 
n'y  a  aucune  ndsou  pour  que  dans  les  Alpes  les  anciens 
ttres  oiganisés  n'aient  pas  suivi  dans  leur  succession  le 
mfeme  ordre  que  dans  les  pays  dont  la  constitution  pa- 
léoQtologique  est  bien  connue,  tels  que  les  bassins  de 
Paris  et  de  Londres.  Cette  ot^eotion  repose  à  notre  avis 
sur  une  erreur.  Il  est  d'abord  inexact  de  dire  que  hors 
des  Alpes  il  n'y  a  pas  d'anomalies»  On  en  connaît  au 
contraire  beaucoup  et  elles  se  multiplient  tons  les 
jours  (i).  Les  Alpes  offrent  seulement  cette  parlicula* 
ntè  que  les  exceptions  paléontologiques  y  sont  beau- 
coup plus  fréquentes  et  surtout  plus  graves.  Mais  cette 
pATticaiarJté  elle-même  est  susceptible  d'une  explica^ 
tion  plausible.  On  sait  que  les  formations  alpines  ont 
des  caractères  qui  leur  sont  propres,  que  par  leur  com- 
position minéralogique  et  leur  puissance  moyenne, 
elles  s'écartent  notablement  ded  terrains  contempo- 

(0  Kous  avons  fait  connattre  quelques-uns  de  ces  cas  excep- 
tionnels dans  le  Bulletin  de  la  Société  géologique  de  France, 
tomei4,  page  56a,  année  1857.  Tout  récemment,  M.  Casiano 
de  Prsdo  qui  s  le  bon  esprit  de  présenter  les  faits  tels  qu'il  les 
a  cooitat^  tans  sUnquiéter  de  leur  accord  avec  les  théories 
admises,  a  publié  dans  le  même  bulletin,  tome  17,  page  5i6, 
nne  coupe  de  laquelle  il  résulte  que  dans  la  province  de  Léon 
«nlspagne,  des  schistes  cnrbo^ifires  sont  imerealés  dans  le 
seiad^un  terrain  à  fossiles  dévoniens  et  qu'il  en  est  de  môme 
d'mi  système  peu  épais  de  couches  renfermant  la  faune  préten- 
due primordiale  de  M.  Barrande. 


«4  OBDBE  STBATIGftAPHlQUB 

rains  observés  ailleurs.  Il  est  aisé  de  s'en  convaincre 
en  comparant  les  descriptions  géologiques  que  Ton  a 
données  de  la  Suisse,  de  la  Savoie  et  du  Dauphiné  avec 
celles  des  autres  pays  de  FEurope.  Indépendamment 
de  leur  faciès  tout  spécial,  les  formations  des  Alpes  pré- 
sentent un  autre  trait  vraiment  caractéristique*  qui  est 
de  subir  des  variations  énormes  d'épaisseur  dans  des 
espaces  quelquefois  extrêmement  restreints.  Ainsi  une 
couche  de  1  à  2  mètres  que  rien  ne  distingue  d'abord 
de  celles  qui  Teutourent,  peut  en  se  prolongeant  devenir 
une  véritable  assise  de  4o  à  5o  mètres.  De  même  on 
voit  une  assise  de  4o  à  5o  mètres  acquérir  un  déve- 
loppement extraordinaire  au  point  de  se  changer  en  un 
terrain  de  i.oooà  i.5oo  mètres;  puis  diminuer  suc- 
cessivement et  reprendreses  premières  proportions. 
Nous  avons  constaté  la  réalité  de  ces  variations  éton- 
nantes  en  suivant  d'une  manière  continue  des  asûses 
faciles  à  reconnaître  et  en  mesurant  ensuite  sur  divers 
points  l'épaisseuibdes  strates  compris  entre-deux.  Les 
altérations  que  l'on  observe  quelquefois  dans  la  nature 
minéralogique  des  couches  ne  sont  pas  moins  frap* 
pantes  ni  moins  rapides  que  leur  variation  de  puis- 
sance. Des  calcaires  durs,  compactes,  se  changent  dans 
leur  prolongement  en  marnes  friables  ou  bien  des  mar- 
nes en  grès.  Certaines  assises  seules  restent  constantes 
sur  de  longs  espaces.  Enfin,  ce  qui  est  surtout  remarqua- 
ble, des  couches  situées  à  des  niveaux  géologiques  très- 
différents  peuvent,  quant  au  faciès,  offrir  une  ressem- 
blance parfaite.  Commedansaucunepartiedesbassinsde 
Pariset  de  Londres,  ni  même  dans  lereste  de  l'Europe,  on 
n'a  signalé  des  dépôts  présentant  au  même  degré  de 
pareils  caractères,  il  est  naturel  d'en  conclure  que  dans 
les  Alpes,  les  couches  se  sont  formées  sous  l'empire  de 
causes  géogéniques  exceptionnelles.  Ailleurs,  ces  eau- 


ET   GABAGTÈEBS   PALÉ0NT0L0G1QUB8.  iS 

ses  paraissent  avoir  été  le  plus  souvent  uDiformes  et 
tranquilles  sar  des  surfaces  immenses  ;  elles  sont  res- 
tées fort  longtemps  les  mêmes,  ou  tout  au  moins  sans 
modification  bien  sensible,  mus  une  fols  modifiées 
elles  ne  sont  jamais  redevenues  ce  qu'elles  étaient  avant. 
Ici,  tout  annonce  qu'elles  ont  été  au  contraire  énergi- 
ques, tumultueuses  et  surtout  irrigulièrê$  quant  au 
temps  et  à  l'espace.  On  est  alors  en  droit  de  se  deman- 
der, si  des  différences  aussi  essentielles  dans  les  causes 
géogéniques  des  couches  n*en  auraient  pas  entraîné  d'é- 
galement considérables  dans  l'ordre  de  succession  des 
faunes  fossiles. 

Nous  venons  d'exposer  les  raisons  qui  tendent  à  faire  ii  fam  Baïupiier 
admettredansles  Alpes  de  véritables  exceptions  paléon-  n^^Sa  à'raWre 
tologiques.  EUes  nous  paraissent  justifier  complètement 
l'opinion  des  géologues  éminents  qui  se  sont  rangés  à 
cette  manière  de  voir,  mais  nous  accorderons  sans  peine 
que  dans  une  question  aussi  importante,  qui  touche  aux 
pmdpes  fondamentaux  de  la  science,  on  ne  saurait 
accumuler  trop  de  preuves  ;  il  faut  donc  multiplier  les 
faits  en  Jes  entoarant  de  tous  les  détails  propres  à  met- 
tre leur  certitude  en  évidence.  La  marche  à  suivre  se 
présente  d'ailleurs  d'elle-même.  On  doit  prouver  dans 
chaque  cas  particulier  que  les  relations  stratigraphiques 
en  opposition  avec  la  paléontologie  ne  sont  pas  seule- 
ment apparentes,  mais  bien  réelles  ;  puis,  qu'il  y  a  im* 
possibilité  de  les  expliquer  par  des  bouleversements  du 
sol.  On  rencontre  fréquemment  dans  les  pays  de  mon- 
tagnes des  couches  qui,  à  une  très-petite  distance  d'un 
tetrain  plus  anden,  paraissent  s'enfoncer  dessous  qaoi- 
qu'en  réalité  cela  n'iUt  pas  lieu  (i).  U  est  facile  de  se 


(i)  On  doit  s'étonner  que  quelques  géolosnes  aient  pris  au 
aérieux  ces  apparences  souvent  grossières  et  quMls  en  aient 


96  OfiDBB  STRiTIORAPHIQUB 

garantir  de  toute  méprise  à  cet  égard  en  cherdiant  un 
radroit  où  la  jonction  des  deux  terrains  soit  parfaite- 
ment à  dôcouvertt  En  général  il  suffît  de  suivre  pen- 
dant quelque  temps  leur  ligne  séparative  pour  arriver 
sur  des  points  où  leurs  véritables  relations  géologiques 
se  montrent  avec  un  grand  degré  d'évidence.  Lorsqu'on 
a  reconnu  d'une  manière  certaine  que  tel  groupe  de 
couobes  repose  bien  sur  on  autre,  il  reste  à  examiner 
s'il  n'y  a  pas  eu  un  renver.8ement  ou  un  plissement. 
Cette  dernière  étude  est  toujours  susceptible  de  donner 
des  résultats  poidtifs.  Les  grands  accidents  stratigrapbi* 
ques  quand  ils  existent  sont  apparents  et  on  ne  manque 
jamais  de  les  apercevoir  en  suivant  les  couches  sur  une 
étendue  sufEbante  \  où  peut  donc  les  décrire  avec  pré- 
cision et  prouver  leur  réalité  par  des  considérations 
indépendantes  des  fossiles»  Si  on  n'en  découvre  aucun 
vestige  ou  même,  ce  qui  arrive  souventi  si  la  supposi*- 
tion  de  leur  existence  est  contredite  par  un  examen 
approfondi  des  lieux,  il  est  légitime  de  les  rejeter  comme 
des  chimères.  Le  mémoire  de  M.  Elle  de  Beaumontsur 
PetU^Cmur  peut  être  considéré  comme  un  exemple,  et 
en  môme  temps  comme  un  modèle,  de  la  méthode  que 
nous  venons  d'indiquer. 

dai«**u  ""allée  ^*  nouvelle  anomalie  paléontologique  que  nous  nous 
d'Rnircmoiit.  proposous  do  décrlro  appartient  au  terrain  crétacée  II 
s'agit  de  couches  &  fossiles  de  la  craie  blanche  qui,  dans 
la  vallée  d'Entremont,  sont  positivement  intercalées 
entre  d'autres  à  faune  nôocomienne.  Ce  terrain,  dont 
l'ensemble  constitue  l'étage  le  plus  élevé  de  la  craie 
des  Alpes ,  se  montre  au  nord^est  des  montagnes  de  la 
Grande^Chartreuse,  un  peu  au  delà  des  fmntières  du 


même  conclu  quUl  n'était  pas  possible  de  faire  de  bonnes  obser- 
vations stratlgrapblques  dans  les  Alpes» 


do  M.  Ptfrt. 


ET  GAlAGIftBIS  PAUOlITOtOCIQUBflU  %J 

département  ds  rbàre»  La  carte  géologique  Jointe  4  fa 
méaomte  indique  du  reato  aa  aituation  ikvec  toute  la  pré^ 
Gîaioli  déairable.  Comme  la Tallée  d'Eutremont  a  d^k  été 
étudiée  par  MM.  FavreetLoryi  noua  croyons  indi^Mn- 
sable  d'analyser  les  obserrationa  de  ces  deux  sayanto  (i  ) 
avant  de  faire  connaître  les  nôtres  ;  car  un  des  moyens 
tes  plus  sûrs  de  découvrir  la  vente  en  géologie^  lors- 
qu'on ne  peut  soi-même  v&rifier  les  faitei  est  la  com- 
paraison attentive  des  diverses  descriptîoaa  qui  ont  été 
données  de  le  même  localitet 

Mé  Favre»  après  quelques  détidls  sur  l'aspect  pbysi»  obMrraitoos 
que  des  lieux,  leur  aasigne  la  constitution  géologique 
suivante.  La  chaîne  des  montagnes  âtuée  k  l'ouest  se<^ 
rait  composée*  sur  le  revers  qui  regarde  le  vallon  de 
Corbel,  de  couches  jurassiques  auxquelles  succède- 
raîenti  d'abord  dés  marnes  néoComiennes,  puis  le  cal- 
caire à  rudistes  ou  néocomien  supérieur  i  ce  dernier 
régnerait  sur  le  flanc  droit  de  la  vallée  d'EnUemont 
A.  Veat,  il  y  aurait  exactement  la  même  succession  de 
couches.  Le  terrûn  jurassique  occuperait  la  partie  la 
plus  bâaae  de  la  vallée  et  une  grande  partie  de  son  ver- 
sant gauche*  Après  viendrait  le  néocomien  inférieur, 
enfin  le  calcaire  à  rudistes  dont  est  formée  la  partie  la 
plus  élevée  de  la  chaîne  du  Granier  (2).  C'est  dans  l'in- 
térieur et  sur  le  flanc  droit  de  la  vallée  ainsi  constituée 
que  se  trouverait  le  terrain  crétacé  proprement  dit. 

(  1)  Ces  obseryatîons  ont  été  faites  à  peu  près  en  même  temps 
et  publiées  à  la  même  époque.  Voyez,  pourrie  mémoire  de 
H.  Favre,  les  Archivée  des  êdeneee  physiqueê,  eto.  9  tome  19 , 
page  aS5,  et  poar  celui  de  M.  Lory*  le  Bulletin  de  la  Société 
géologique^  9*  série,  tome  9 ,  page  966  et  le  Bulletin  de  la  So- 
déU  de  eiatistique  de  r Isère ^  9*  série,  tome  U,  page  6h. 

(9)  Voyez  la  coupe ,  PI.  II ,  fig.  I.  Cette  coupe  et  les  autres 
)Qsqu*au  n*  IV  ont  été  extraites  dès  mémoires  de  MM.  Favre  et 
Lory. 


98  ORDRE   STRâTJ6RA?HIQ0£ 

D'après  H.  Favre,  il  occuperait  un  espace  à  peu  près 
triangulaire  d'un  kilomètre  environ  de  côté.  Il  s'appuie- 
rait d'une  part  sur  le  calcaire  à  rudistes  et  de  l'autre 
sur  le  terrain  jurassique.  La  succession  de  ces  asnses 
serait  la  suivante,  en  allant  de  bas  en  haut  ou  de  l'ouest 
à  l'est  : 

i""  Un  calcaire  rougefttre,  siliceux  et  rugueux,  à  fos- 
siles indéterminables,  qui  est  peut-être  l'équivalent  de 
l'assise  aptienne; 

2"*  Une  espèce  de  poudingue  ferrugineux  à  ciment 
calcaire  d'un  pied  d'épaisseur,  dans  lequel  on  a  trouvé 
un  inoceramus  concefUneus^  ce  qui  tend  à  le  faire  rap- 
porter au  Gault  ; 

3<*  Des  marnes  crayeuses  avec  silex  et  fossiles  de  la 
craie  blanche  ; 

4""  Une  assise  calcaire  de  6  à  i  o  mètres  de  puissance, 
dure,  tenace,  et  pétrie  de  silex.  Cette  dernière  assise 
s'observe  au  sommet  du  coteau  crayeux,  nommé  la 
Pointière;  ce  serait  de  la  craie  blanche  endurcie  ou  peut- 
être  même  le  terrain  danien. 

Les  marnes  crayeuses  n*  3  renferment  beaucoup  de 
fossiles.  Ceux  dont  la  détermination  spécifique  a  paru 
la  plus  sûre  sont  les  suivants  : 

Belemnitella  fntAcronata^  o'Orr. 
Inoceramus  regularis,  d'Orb. 
Inoeeramiu  Goldfusianus.  d'Orb. 
Oêirea  veitctilam,  Lamk. 
Ananchytes  ovata^  Lamk. 
AnanchyUs  conica^  Ag. 
Micraster  coranguinum^  Ag. 

H.  Favre  fait  remarquer  que  le  terrsdn  de  la  cnûe 
blanche  dont  il  évalue  la  puissance  à  i5o  ou  soo  mè- 
tres, a  du  côté  de  l'ouest  une  position  tout  à  fait  nor- 


ET  CABAGTÈRE3  PALÉORTOIOGIQUES.  99 

maie  mus  qu'il  n'en  est  pas  de  même  au  nord  et  à 
•  Test.  Au  nord,  en  sulyant  le  torrent  qui  descend  des 
Déserts  à  Entremont,  on  voit  les  couches  de  craie  plon- 
ger sous  les  marnes  rapportées  au  terrain  ozfordien  (  i  ) , 
mais,  d'après  Fauteur,  il  n'y  aurait  là  qu'une  appa- 
rence due  à  une  faille  dirigée  de  l'est  à  l'ouest,  qui 
d'un  cAté  aurait  disloqué  le  calcaire  à  rudLstes  du  mont 
Granier,  et  de  l'autre  aurait  ouvert  le  défilé  nommé 
du$e  ]>ar  lequel  on  se  rend  des  Déserts  à  Gorbel. 

M.  Lory  a  donné  de  la  constitution  géologique  de  la  ^2|^^"* 
vallée  d'EntremcHit,  une  idée  qui,  dans  son  ensemble, 
se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  IL  Favre,  mais  qui 
eu  diffère  cependant  par  quelques  détails  importants 
que  nous  allons  faire  connaître.  D'après  M.  Lory,  le 
terrain  de  la  cnde  ne  présenterait  dans  cette  vallée  que 
deux  étages.  L'inférieur  correspondrait  au  Gault  ;  il  se- 
rait composé  d'une  assise  lumachellique  d'une  vingtaine 
de  mètres  d'épaisseur  et  d'une  petite  couche  de  Gault 
proprement  dit  avec  les  coquilles  qui  en  sont  caracté- 
ristiques. Le  second  étage  ayant  au  moins  cent  mètres 
de  pmaaance  serait  le  représentant  de  la  craie  blanche  : 
i]  ofEre  une  longue  succession  de  couches  marneuses 
d'aspect  crayeux,  d'abord  grises,  jaunâtres,  assez  du- 
res, sans  fossiles  et  sans  véritables  silex;  puis  plus 
tendres,  d'un  gris  blanchâtre,  avec  rognons  ferrugineux 
et  diverses  coquilles  de  la  craie  supérieure.  Les  cou* 
ches  les  plus  élevées  sont  très-dures  et  remplies  de 
silex  ;  on  y  trouve  la  Belemnitella  mueronata  et  la  /a- 
fitra  quadrieoitata. 

En  comparant  les  Coupes  I  et  III,  on  voit  que  MM.  Fa- 
vre et  Lory,  s'accordent  à  faire  appuyer  à  l'ouest  le 
terrain  crétacé  contre  le  calcaire  à  Rudistes  ;  mais  du 

(i)  Yoyei  la  coupe  fig*  II. 


So  ORDRE   STRATIGRAPHIQUE 

cAté  de  l'est,  les  relations  qu'ils  ont  supposé  exister 
entre  ce  même  terrain  et  les  marnes  considérées  par  eux 
comme  pxfprdiennes  sont  essentiellement  différentes. 
D'après  le  premier  de  ces  géologues,  les  piames  crayeu- 
ses reposeraiei)t  purement  et  simplement  sur  le  terrain 
jurassique,  P' après  le  second^  il  y  aurait  eu  postérieu- 
rement au  dépôt  de  la  craie  une  grande  faille  dirigée 
du  nord  au  sud,  parallèlen^ent  à  la  vallée,  contre  la 
paroi  vertical^  de  laquelle  les  cpviches  crayeuses  iraient 
buter.  M.  Lory  n'admet  pas  non  plus  comme  t|,  Favre, 
qne  la  craie  ait  poi)yer{  un  esp^e  triangulaire  d'un  ki- 
lomètre de  côté  ;  |1  indique  son  prolongement  au  sud 
jusque  sous  le  châtefiu  d'Entremont.  La  coppe,  fig.  IV, 
qu'il  donne  de  cette  dernière  localité,  offre,  indépen- 
damment de  la  faille  déjà  mentionnée,  un^  autre  com- 
p}ijC{^tiQp,  Ia  G^ie  blancl)e  p'est  plus  en  contact  iqi- 
médiat  s^yeç  le  terrai^  oxfordien.  L'auteur  suppose  que 
l'effet  4'un  repli  le£|  deux  assises  de  la  formatiqn  néo- 
comienne  sont  venues  s'intercaler  entre-deux* 

Les  fossiles  cités  par  H.  Lory  comme  trouvés  dans 

les  coujches  qu'il  rappQrte  ^  la  craie  supérieure  sopt  Les| 

suivants  ;  BeUmnitella  mucronata^  Hamites  armq,tu99 

Inocerafï\us  cuvifrù  Inocerfimus  cufieiformU^   Janirq 

quadricostalai  ÀnQfichyies  conicçt  Micfa^ter  cor4aiu9f 

A  part  IdkBeUf^ifellç^  myicff^nata  et  YAnanchytes  conica^ 

ces  espèces  ne  siont  pâ$  1^  mêmes  qyje  celles  qui  ont 

été  indiquées  par  M.  Favre.  Nous  ne  savons  id'ott  pro? 

vient  cette  différence.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  ne  révor 

quons  {Kts  en  doute  que  les  car^tères  palépntologiques 

de  ces  couches  ne  soient  bien  ceux  de  la  craie  branche; 

DiYition         ^^®  allons  maintenant  rendre  compte  dp  nps  pro- 

de«  couches    pr^  obseiTatious.  En  ayant  égard  à  la  nature  minéra- 

groapei.  j^gj^^^  J^^J  fQggiieg^  q^  aux  rc^^tioM  ^  PÇSjUoi^  des 

couches  de  la  vallée  d'Entremont,  nous  avons  été  con- 


ET  GARAGTtABS  PAi.ÉOirrOI.OGIQUES.  Si 

doit  à  les  partager  en  six  groupes  principaux  dont  cinq 
sont  dirigés  à  peu  près  du  nord  au  sud.  On  les  traverse 
par  conséquent  dans  toute  leur  largeur,  en  marohant 
de  Touest  à  Test ,  et  dans  ce  sens  ils  sont  désignés  sur 
notre  carte  et  nos  coupes  par  la  série  des  lettres  E,  D, 
G,  B,  A,  Indépendamment  de  ces  cinq  groupes,  il  en 
existe  un  sixième  X  qui  constitue  à  lui  seul,  au  nord- 
ouest  de  la  yallée,  un  plateau  trës-élevé,  nommé  le 
mont  Hauteran.  Nous  verrons  dans  la  suite  que  cette 
montagne  parait  correspondre  exactement  sous  le  rap- 
port géologique  au  mont  Granier  situé  à  Test,  et  que 
par  suite  on  doit  considérer  le  système  X  comme  l'équi- 
valent de  C,  B,  Â.  Il  est  vrai  que  le  premier  groupe, 
est  Jbeancoup  moins  paissant  que  les  trois  autres  réu- 
nis, mais  cette  objection  paraîtra  de  peu  de  valeur,  à 
ceux  qui  auront  observé  comme  nous  les  brusques  et 
considérables  variations  que  les  formations  alpines 
éprouvent  dans  leur  prolongement. 

Nous  allons  étudier  successivement  les  divers  grou- 
pes qv\e  nous  venons  d'indiquer,  d'abord  dans  leur  na- 
ture n  inèralogique  et  leurs  fossiles,  puis  dans  leurs 
relâtioi  i3  stratigrapbiques.  Ces  deux  études  sont  bien 
distinct  es  et  dans  la  pratique  elles  doivent  toujours  être 
indépendantes  l'une  de  l'autre. 

Le  gï  oupe  E,  ou  le  premier  à  l'ouest,  consiste  prin-  ot^^p^  e* 
cipalement  en  une  puissante  masse  d'un  calcaire  blond, 
quelquefois  gris,  qui  par  sa  te:yture  et  sa  couleur,  rap- 
pelle assez  bien  le  néocomien  supérieur  nommé  Urgo- 
nien  par  M.  d'Orbigny.  Il  n'est  pas  rare  d'y  rencontrer 
des  silex.  Quant  à  ses  fossiles^  ils  paraissent  être,  au 
moins  pour  la  plupart,  néocomiens;  nous  y  avons  ra- 
cueilli  une  Caprolina  Lonsdalii  bien  caractérisée.  U9 
des  points  les  plu^  favorables  pour  bien  observer  cette 
assise  est  le  petit  village  de  la  Frassette  situé  à  i.5oo 


5s  ORDRE   8TRATI6RAPBIQ0E 

mètres,  N.-N.-E.  de  Sfldnt-Pierre-d*£Dtremont  A  partir 
de  ce  village,  on  peut  le  suivre  vers  le  sad  et  s'assurer 
qu'après  avoir  servi  de  support  au  château  d'Eutre- 
mont,  elle  constitue  Tarète  culminante  du  Grand-Som, 
et  un  peu  plus  loin  celle  du  Charmant-  Som.  Cette  même 
assise  peut  être  également  suivie  au  nord  de  la  Fras- 
sette,  et  l'on  voit  avec  évidence  qu'elle  forme  lesparob 
de  la  fente  étroite  ou  de  la  clme^  mentionnée  plus  haut. 
Immédiatement  au-dessus  de  ce  calcaire,  on  observe  des 
couches  d'un  grès  ferrugineux,  à  points  verts  et  grains 
de  quartz  cimentés  par  du  carbonate  de  chaux,  qui 
renferment  ordinairement  des  débris  de  fossiles  indé- 
terminables, particulièrement  des  restes  de  crinoîdes. 
Dans  sa  partie  inférieure  il  passe  en  général  à  un  cal- 
caire jaunâtre  à  plaquettes  miroitantes.  Ces  couches 
arénacées  dont  la  puissance  moyenne  nous  a  paru  être 
de  1  o  à  1  a  mètres,  recouvrent  le  calcaire  à  caprotines 
entre  le  hameau  de  la  Frassette  et  la  cluse  ;  elles  l'accom- 
pagnent partout  et  remontent  fort  haut  sur  sa  pente. 
A  cause  de  cette  liaison,  nous  les  avons  réunis  pour  en 
faire  le  groupe  Ë,  qui  comprend  aussi  des  marnes  infé- 
rieures au  calcaire. 
Groupe  D.  L^  systèmc  D  qui  succède  au  précédent  est  celui  où 
l'on  trouve  les  fossiles  de  la  craie  blanche.  Il  nous  a 
paru  se  diviser  nettement  en  deux  assises.  La  plus 
basse,  qui  est  en  même  temps  la  plus  épaisse,  est  essen- 
tiellement composée  de  marnes  à  texture  fine  et  com- 
pacte en  petit,  mais  offrant  en  grand  une  structure 
schisteuse  Elles  sont  blanchâtres  et  d'un  aspect  crayeux 
avec  nodules  ferrugineux  et  parties  siliceuses  arrondies 
qui  ne  sont  pas  nettement  séparées  du  reste  de  la  masse. 
En  général  elles  sont  peu  dures  ;  elles  deviennent  même 
friables  et  presque  argileuses  dans  leur  partie  la  plus 
élevée  où  elles  contiennent  beaucoup  de  silex.  Leur  puis- 


ET   GARAGTÈUS   PAtÉ0tf10L06IQUES.  3S 

saooe  eztrÊmement  variable  suivant  les  lieux,  ne  dé- 
passe pas  1 5o  à  aoo  mètres.  L'assise  supérieure  est  un 
calcaire  en  général  dur,  tenace,  de  couleur  blanchAtre 
s?ec  beaucoup  de  silex  ;  elle  est  quelquefois  semblable 
par  sa  couleur  et  sa  texture  au  calcaire  urgimien; 
d'autres  fois,  elle  prend  un  aspect  marneux.  Cette  assise 
qui  correspond  à  celle  que  IL  Favre  avait  présumé  être 
le  terrain  danien,  s'observe  sur  le  versant  oriental  de  la 
colline  nommée  fa  Pointiére;  son  épaisseur  ordinaire 
est  de  i&  à  ao  mètres.  Le  village  de  la  Frassette  déjà 
dté  est  encore  un  bon  point  de  départ  pour  l'étude  de 
la  formation  crayeuse  D.  De  là,  on  peut  la  suivre  d'une 
mamère  continue  vers  le  nord  jusqu'au  village  des  Dé- 
serts. Au  delà  de  ce  pomt,  sa  puissance  diminue  rapi- 
dement, ses  caractères  minéralogiques  s'altèrent  et  elle 
cesse  d'être  distincte  des  couches  environnantes  avant 
que  Von  ait  atteint  le  col  du  MoUard.  Au  sud  de  la 
Fnissette,  la  même  formation  est  rj^couverte  sur  plus 
d'un  kilomètre  de  longueur  par  un  terrain  de  transport 
composé  de  gros  blocs  et  de  cailloux  plus  ou  moins 
anguleux.  Ce  dëpêt  probablement  d'origine  glaciaire 
couvre  an  espace  assez  considérable  aux  environs  de 
Saint-Pierre-d'Entremont  ;  il  parait  être  descendu  eu 
partie  de  la  gorge  du  Guier,  en  partie  de  celle  de 
Bovines  qui  aboutit  à  la  sommité  du  Grand-Som.  Au 
delà  de  ces  matières  de  transport,  on  peut  encore  ob- 
server la  formation  crayeuse  sous  le  château  d'Entre- 
mont,  le  long  du  grand  chemin  qui  conduit  à  Entre- 
deux-Guiers.  EUe  y  est  moins  puissante  et  moins  riche 
en  fossiles  qu'entre  la  Frassette  et  les  Déserts  ;  mais 
ses  relations  géologiques  avec  les  terrains  environ- 
nants y  sont  extrêmement  nettes.  Nous  en  parlerons 
pbs  tard. 

TOHX  XYUI,  1860.  5 


34  ORDRB  STBATIGRAPHIQGE 

Bien  que  nous  ayons  passé  peu  de  temps  à  chercher 
des  fossiles  dans  la  formation  D,  nous  y  avons  trouvé 
sans  peine  plusieurs  de  ceux  qui  ont  été  indiqués  par 
MM.  Favre  et  Lory.  Ainsi  nous  avons  recueilli  près 
de  la  Frassette  la  B^lemnitella  muerwaiat  le  Micraster 
cordatùs  et  beaucoup  de  ces  plaques  fibreuses  que  nous 
rapportons  avec  M<  Lôry  fc  ïlnoceramus  Cuweri^  Les 
empreintes  d'inocéramea  {Inoceramus  cuneiformii?)  y 
sont  particulièrement  abondantes.  Entre  la  PoinUèi^ 
et  les  Déserts ,  nous  avons  rencontré  une  Ananehyteê 
eoniea  et  plusieurs  exemplaires  de  la  BelemnitéUa  mu^ 
ercnataé  Ces  fossiles  nous  ont  paru  se  montrer  bidiffé* 
remment  à  toutes  les  hauteurs  de  l'assise  mameuss 
inférieure  ;  Us  manquent  ou  ils  sont  rares  dans  le  cal-- 
caire  à  silex  qui  forme  Fassise  supédenre. 
Groupe  G.  Le  troisième  groupe  G  est  beaucoup  plus  puissant  et 
plus  continu  dans  son  ensemble  que  le  groupe  précé- 
dent. Il  est  formé  à  sa  partie  inférieure  de  schistes  ar- 
gilo-calcaires  gris  ou  bleu  foncé,  qui  par  leur  aspect  et 
leur  couleur  rappellent  soit  les  schistes  oxfordiens^ 
soit  certaines  marnes  également  schisteuses ,  que  Ton 
rencontre  quelquefois  dans  le  sein  du  néocomien  infé-* 
rieur  (i).  A  ces  schistes  dont  la  puissance  atteint  sur 
quelques  points  200  ou  Soo  mètres,  succède  une  as^ 
sise  de  20  à  aS  mètres  d*un  calcaire  compacte  gris 
foncé,  qui  par  ses  caractères  extérieurs  ressemble 
beaucoup  au  calcaire  oxfordien.  Cette  assise  est  re- 
marquable par  un  contoumement  en  forme  de  S,  qnî 
s'observe  dans  toute  Tétendûe  de  la  vallée,  particuliè- 
rement sous  le  village  des  Rigaux  où  il  est  très-app»- 


(1)  On  peut  citer  comme  exemple  les  marnes  situées  au- 
dessus  du  rocher  d'Aisy  sur  la  rive  gauche  de  Tlsère,  entra 
Grenoble  et  Voreppe. 


ET   (UlAGitUS  FAUtOlfrOLOGlQlTSS.  56 

reoL  On  volt  les  bancs  à'àborà  à  pea  près  boiûontaiu 
se  relever  seiiBiblement  vers  Test,  puis  s'arrondir  et 
finir  par   plonger  légèrement  du  même  côté.   Les 
Bchistes  immédiatement  inférieors  participent  à  cette 
allure.  MIL  Favre  et  Lory  ayant  admis  sans  discussion 
que  ce  groupe  était  jurassique,  nous  nous  attendions  à 
voir  cette  opinion  confirmée  par  des  fossiles  et  nous 
n'avons  pas  été  médiocrement  surpris  d'arriver  &  un 
résultat  tout  omtraire.  Le  groupe  C  ne  renferme  aucun 
vestige  de  coquilles  jurassiques  ^  il  en  offi^  au  con- 
traire de  bien  caractérisées  qui  sont  néocomiennes* 
On  peut  vérifier  le  fait  sur  le  chemin  qui  conduit  de 
Saiutr-Pierre^'Entremont  à  Entremont-le-Vieux ,   à 
600  métrés  en?iron  du  premier  village.  Il  y  a  en  cet 
endroit  un  escarpement  entièrement  déoudé  de  schistes 
argilo-calcaires  presque  noirs,  qui  s'aperçoit  de  loin. 
Ces  schistes  sont  associés  à  des  bancs  calcaires  forte* 
mait  inclinést  en  grande  partie  brisés  et  éboulés»  où  Ton 
trouve  beaucoup  de  coquilles,  soit  au-dessus,  soit  au* 
dessous  du  chemin.  Nous  y  avons  recueilli  la  Terebra- 
t%Uaprœlùnga  etïOiirea  macroptêra^  une  rhynchoneUe 
ressemblant  beaocaup  à  la  BhynehoMlh  dêprf$$m,  une 
espèce  d'ammonite  probablement  nouvelle,  voisina  de 
VÀmmomie$  nêocùmiêtuis^  et  d'autres  coquilles  trop 
fortement  engagées  dans  la  pierre  pour  être  nommées 
avec  certitude,  mais  ayant  toutes  un  faciès  crétacé.  La 
Terebraiula  prslanga  est  particulièrement  abondante. 
Enfin  à  Saint-Pierre-d' Entremont,  sur  la  rive  gauche 
du  Guier,  le  prolongement  de  ces  mêmes  marnes  nous 
a  olTerl  des  tronçons  du  Belemniîes  bipartitm ,  fossile 
sur  lequel  il  n'est  pas  possible  de  se  méprendre.  Les 
caractères  paléontologiques  de  ce  système  de  couches 
sont  donc  ceux  des  marnes  néocomiennes,  et  nous  pré- 
sumons que  c'est  uniquement  d'après  les  caractères 


36 


OBDaE   STRATIGRAPHIQUE 


extérieurs  que  IIM.  Favre  et  Lory  l'ont  rapporté  au 
terrain  oxfordîen  (i). 

Groupe  B.  Le  quatrième  groupe  B  est  d'abord  composé  de 
marnes  friables  qui  sont  assez  semblables  à  celles  du 
groupe  C,  et  nous  ont  paru  n'en  différer  que  par  une 
teneur  plus  considérable  en  argile.  Elles  forment  la 
base  des  pâturages  à  contours  arrondis  où  l'on  a  bâti 
les  groupes  de  chalets  nommés  la  Plagne  et  Tencove. 
Dans  leur  partie  supérieure,  ces  marnes  argileuses  ac- 
quièrent de  la  consistance  et  alternent  avec  des  marnes 
calcaires  solides  qui  finissent  par  devenir  la  roche  do- 
minante. Cet  ensemble  de  couches  a  au  moins  2  5o  mè- 
tres de  puissance.  On  le  traverse  dans  toute  sa  largeur 
en  suivant  le  sentier  qui  conduit  d'Entrenaiont-le-Vieux 
aux  pâturages  de  l'Arc.  Les  marnes  argileuses  com- 
mencent un  peu  au  delà  du  village  de  Grenéry  ;  puis 
on  atteint  bientôt  les  marnes  calcaires.  Ces  dernières 
présentent  sur  le  chemin  même  et  sans  qu'il  soit  néces- 
saire de  chercher  beaucoup ,  le  Toxasîer  camplanatus 
et  VOstrea  Coulonù  Ces  deux  fossiles  sont  communs 
dans  les  Alpes  et  ont  été  considérés  jusqu'à  présent 
comme  caractérisant  le  néocomien  inférieur. 

Groupe  A.  Lo  cinquième  groupe  A  constitue  la  partie  la  plus 
élevée  de  la  chaîne  du  Granier.  Il  consiste  en  une 
énorme  assise  d'un  calciûre  blanc,  compacte,  quelque- 
fois rempli  de  silex,  dont  la  puissance  est  d'environ 
200  mètres.  Il  est  presque  partout  coupé  à  pic.  On 
peut  cependant  le  gravir  à  l'aide  d'un  petit  sentier, 
étroit  et  sinueux,  pour  l'établissement  duquel  on  a 
profité  d'une  fracture  ouverte  dans  le  sein  de  la  roche. 
Les  fossiles  y  sont  peu  communs.  Ceux  que  l'on  ren- 


(1)  Nous  avons  déposé  &  TÉcolc  des  mines  les  fossiles  trouvés 
dans  le  groupe  G. 


ET  GAlACrÈlES  PALÉONTOJLOGIQUBS.  $7 

contre  principalemeot  sont  la  Nerinea  Chatnausseii  et 
te  Radiolites  Marticensis,  indiqués  tous  deux  comme 
appartenant  aa  néocomien  supérieur.  En  suivant  son 
prolongement  vers  le  sud-ouest,  nous  y  avons  trouvé 
en  outre  au-dessus  du  Touvets  (Isère),  la  Capraiina 
Lonsdaliû  Cette  assise  est  recouverte  sur  une  partie 
de  son  étendue  par  5  à  6  mètres  d'un  calcaire  jaune, 
arénacé,  à  points  verts,  extrêmement  semblable  à  celui 
qui  forme  la  partie  supérieure  du  groupe  £;  il  n'en 
diffère  que  par  la  présence  d'orbitolites  quelquefois 
très-nombreuses.  Le  calcaire  blanc,  compacte,  dont 
nous  venons  de  parler  et  les  couches  iu*énacées  peu 
épaisses  qui  les  recouvrent,  servent  de  base  à  un  pla- 
teau assez  étendu  où  se  trouvent  les  pâturages  de 
l'Arc  et  de  TAIpette.  Ce  plateau  dont  l'altitude 
moyenne  est  de  i,6oo  à  1,700  mètres,  est  terminé  de 
tout  c6té  par  des  escarpements  presque  verticaux.  Sa 
surface  est  inégale  par  suite  de  fractures  et  de 
failles  locales  que  le  sol  a  éprouvées. 

^près  cette  esquisse  des  caractères  minéralogiques      RciaUMt 
et  paléontologiques  des  cinq  groupes  E,  D,  C,  B,  A,  ^ôJwXq^S^ 
nous  allons  passer  à  leurs  relations  stratigrapbiques.     p'^^'***»»- 

La  position  relative  de  l'assise  calcaire  A  et  des  mar- 
nes B  ne  peut  être  l'objet  d'aucun  doute.  Les  marnes 
servent  partout  de  base  au  calcaire  qui  présente  au* 
dessus  sa  tranche  coupée  à  pic. 

Au  premier  aspect,  les  relations  des  groupes  B  et  C 
sont  moins  évidentes.  Cependant  à  l'aide  de  quelques 
recherches,  il  est  facile  de  s'assurer  que  le  calcaire  gris 
compacte  formant  la  partie  supérieure  de  C  s'enfonce 
positivement  sous  les  marnes  B.  Cette  superposition 
est  très-claire  au  villaf^e  des  Rigaux  placé  sur  la  ligne 
de  jonction  des  deux  systèmes.  On  peut  également  la 
constater  au  village  de  Grenéri. 


88  OllDU  STRÂTIMAPHIQtfE 

Si  maintenant  nous  passons  aux  groupes  E  et  D  di*- 
tués  sur  le  versant  opposé  de  la  vallée,  leur  position 
relative  ne  pouiTa  non  plus  être  Tobjet  d'aucun  doute. 
Depuis  la  Frassette  jusqu'à  l'entrée  de  la  cluse,  on  voit 
très-nettement  les  marnes  à  fossiles  de  la  craie  blanche 
s'appuyer  sur  les  grès  formant  la  partie  supérieure  de 
E.  Sur  plusieurs  points,  la  ligne  de  contact  est  à  décou- 
vert et  la  superposition  peut  être  constatée  d'une  ma- 
nière rigoureuse. 

fiîrcSuêr  '^  ^^  ^^^^  P^^^  ^  considérer  que  les  groupes  D  et  C. 
des  relations  Qu  scra  peut-étro  étonué  d'apprendre  que  leurs  rela- 
tions géologiques  ne  sont  pas  moins  claires  que  celles 
des  groupes  précédents.  Le  fait  est  cependant  exact.  Si 
ces  relations  n'ont  pas  été  aperçues  par  BIM.  Favre  et 
Lory,  cela  tient  uniquement  à  ce  que,  l'un  et  l'autre, 
convaincus  à  priori  que  les^marnes  crayeuses  devaient 
être  plus  récentes  que  le  groupe  G,  ont  abandonné  l'ob- 
servation qui  aurait  prouvé  le  contraire,  pour  adopter 
des  idées  théoriques,  sur  lesquelles  d'ailleurs  ils  ne  se 
sont  pas  trouvés  d'accord.  Les  marnes  D  à  Bélemnitella 
mucronata  sont  positivement  recouvertes  par  le  groupe  G 
à  fossiles  néocomiens.  La  localité  la  plus  favorable  pour 
•  constater  cette  superposition  est  le  village  des  Cour- 
riers situé  à  un  kilomètre  environ  nord-est  de  la  Fras- 
sette. Si  arrivé  en  cet  endroit,  on  regarde  vers  le  nord, 
on  se  trouve  en  face  d'un  petit  vallon  V  (i),  dont  l'en- 
trée est  à  3o  ou  4o  mètres  au-dessus  des  maisons  du 
village.  On  peut  y  monter  par  un  petit  sentier  à  pente 
roide  qui  de  là  conduit  à  un  autre  hameau  nommé  les 
Candis.  A  gauche  du  spectateur,  l'entrée  du  vallon  est 
dominée  par  une  colline  assez  élevée  formée  de  marnes 
crayeuses  distinctement  stratifiées  qui  plongent  vers  la 

(i)  Voyez  la  coupe,  fig.  m. 


ET  GAftACtÈUfeS   PALAOITTOIjOGIQUES.  !^() 

région  est.  Du  côté  opposé,  on  voit  s'élever  des  bancs 
calcaires  dors,  blancs,  avec  silex  qui  évidemment  re- 
posent sur  les  marnes  précédentes  et  plongent  de  la 
même  manière.  Les  marnes  inférieures  situées  à  gau- 
che représentent  sans  aucun  doute  Tassise  la  plus  basse 
de  la  formation  crayeuse  D  ;  elles  en  ont  tous  les  ca- 
ractères et  nous  y  avons  trouvé  une  Belemnitella  mu- 
eronata.  Quant  aux  bancscalcsdresquis^ëlèventàdroite, 
ils  correspondent  à  Tassise  la  plus  élevée  de  la  même 
formation.  Le  vallon  V  se  trouve  creusé  précisément  à 
la  jonction  des  deux  assises,  dans  le  sein  de  marnes 
friables  à  silei  qui  occupent  ordinairement  cette  posi- 
tion .  La  surface  supérieure  de  Tassîse  calcaire  située  il 
droite  forme  un  plan  incliné  très-net,  xx\  qui  descend 
régulièrement  vers  Test  avec  une  pente  de  28  à  3o  de- 
grés. Sur  ce  plan  incliné  reposent  en  stralificatîon  con- 
cordante des  schistes  argilo-calcaires  gris  foncé,  en 
général  très-feuilletés.  Ils  commencent  tout  à  fait  au 
sommet  du  plan  incliné  en  x  et  en  suivent  la  pente  jus- 
qu'au fond  de  la  vallée.  Leur  ligne  de  contact  avec  le 
calcaire  est  à  découvert  sur  toute  cette  longueur.  Leur 
épaisseur  d'abord  peu  considérable  parait  aller  en  aug- 
mentant à  mesure  que  Ton  s'éloigne  du  point  x.  Elle 
peut  être  évaluée  moyennement,  pour  ce  qui  est  vi- 
sible, à  3o  ou  40  mètres.  Sur  ces  schistes  reposent  des 
bancs  épais  d*un  calcaire  gris,  compacte,  qui  sont  évi- 
demment contournés  en  forme  de  S,  accident  stratigra- 
phique  dont  nous  avons  déjà  parlé  et  qui  n'est  pas  rare 
dans  les  Alpes,  Ils  paraissent  avoir  été  violemment  dis- 
loqués et  leur  masse  est  partagée  sur  toute  sa  hauteur 
en  deux  parties  par  une  fente  étroite  au  fond  de  laquelle 
coule  le  torrent  de  la  vallée  nommé  le  Camon,  Le  ro- 
cher détaché  qui  s'élève  sur  la  rive  gauche  supporte 
une  vieille  muraille,  reste  d'un  château  du  moyen  âge. 


40  ORDRE  STRATI6RAPHIQUE 

Au-dessous  et  un  peu  plus  à  Test,  se  trouve  le  chemin 
qui  conduit  à  Entremont  Ce  calcûre  fracturé  et  les 
schistes  qu'il  recouvre  ne  sont  pas  autre  chose  quenotre 
groupe  G,  qui  trësrprès  de  là,  au  village  des  Rigaux, 
s'enfonce  évidemment  sous  les  marnes  B. 

Après  avoir  constaté  la  superposition  poiûtive  des 
schistes  argilo-calcaires  C  sur  le  calcaire  à  silex  de  la 
formation  crayeuse,  nous  nous  sommes  appliqué  à  sui- 
vre à  partir  du  point  x^  en  marchant  vers  le  nord,  la 
ligne  séparative  des  deux  groupes.  Elle  est  très-nette  à 
la  surface  du  sol  à  cause  de  l'opposition  qui  existe  entre 
les  roches  sous  le  rapport  de  la  dureté.  Le  calcsûre  à 
silex  forme  à  gauche  un  plan  incliné  à  arête  saillante 
qui  plonge  constamment  vers  Test.  Les  schistes  argilo- 
calcaires  reconnaissables  de  loin  à  leurs  formes  arron- 
dies suivent  le  pied  de  ce  rocher  saillant.  Leur  surface 
est  presque  partout  gazonnée.  Cependant  ils  offrent  par 
intervalles  des  affleurements  très-rapprochés  du  cal- 
caire et  inclinés  exactement  comme  lui.  L'examen  le 
plus  scrupuleux  des  lieux  n'y  fait  rien  découvrir  qui 
ressemble  à  une  faille  et  il  n'y  a  pas  dans  l'ensemble 
de  la  stratification  le  plus  léger  indice  qui  puisse  faire 
croire  que  la  formation  crayeuse  ne  soit  pas  couverte 
par  le9  schistes.  Cette  relation  n'est  pas  moins  évidente, 
lorsque  arrivé  près  du  village  des  Bessons,  on  tourne 
vers  le  N.-N.-O.»  pour  remonter  le  cours  du  ruisseau 
qui  a  sa  source  au  col  du  MoUard.  Par  l'effet  d'une  lo 
d'érosion  dont  il  existe  de  nombreux  exemples,  ce  ruis- 
seau a  creusé  son  lit  justement  à  la  jonction  d'une  roche 
dure  qui  est  ici  le  calcaire  à  silex  et  de  roches  tendres 
qui  sont  les  schistes  argilo-calcaires  du  groupe  C. 
Comme  le  thalweg  du  ravin  coïncide  avec  la  ligne  sépa- 
rative des  deux  groupes,  celle-ci  est  couverte  de  débris 
amenés  par  les  eaux  ou  provenant  de  l'éboulementdes 


ET   GABACrÈBES  PAIÉOHTOIOGIQDBS.       4l 

telles.  Néanmoins  noos  ne  pensons  pas  qa*un  obser- 
falenr  libre  d'idées  théoriques,  qui  aura  suivi  le  fond 
sinueux  de  ce  ravin  et  vu  partout  le  calcaire  à  silex 
plonger  régulièrement  sous  les  marnes  schisteuses  dis- 
tantes seulement  de  quelques  mètres,  puisse  conserver 
des  doutes  sur  leur  position  relative* 

Nous  allons  revenir  au  village  des  Courriers  afin 
d'entreprendre  au  sud  la  même  étude  que  nous  venons 
de  faire  au  nord.  Depuis  les  Courriers  jusqu'à  la  Fras- 
aette,  la  ligne  séparative  des  groupes  D  et  C  se  confond 
à  peu  prés  avec  le  cours  du  Causon.  Cette  circonstance 
jointe  surtout  aux  grandes  dislocations  que  le  sol  a 
éprouvées,  empêche  de  voir  avec  clarté  aucune  relation 
géologique.  Quand  <m  a  atteint  la  Frassette,  les  mar- 
nes crayeuses  sont  recouvertes,  ainsi  que  nous  l'avons 
déjà  dit,  par  un  dépôt  de  débris  caillouteux,  mais  elles 
reparaissent  plus  loin  au  delà  du  Guier  et  une  coupe 
naturelle  trës*nette  que  Ton  observe  le  long  de  la  route 
de  Saint-Pierre  à  Entre-deux-Guiers,  met  encore  en  évi- 
dence leur  position  géolc^que  relativement  au  groupe 
C.  La  puissante  assise  calcaire  de  la  Frassette  qui  en 
se  prolongeant  vers  le  sud  va  former  l'arête  culminante 
du  Grand-Som,  coupe  le  Guier  au-dessous  du  château 
d'Entremont.  Il  y  a  en  cet  endroit  un  défilé  extrême- 
ment étroit,  entièrement  occupé  par  le  torrent,  en  sorte 
que  pour  le  passage  de  la  route  on  a  été  obligé  de  la 
tailler  dans  le  sein  même  de  l'assise  calcsdre.  Si  pre- 
nant pour  point  de  départ  cette  assise  qui  plonge  vers 
Test,  on  se  dirige  de  là  vers  Saint-Pierre-d'Entremont, 
on  ne  tarde  pas  à  rencontrer  des  couches  arénacées  évi- 
demment superposées  au  calcaire.  Elles  sont  formées 
d'un  grès  assez  fortement  coloré  en  vert,  à  grains  de 
quartz  et  à  ciment  de  carbonate  de  chaax,  dans  lequel 
on  observe  des  silex,  des  pointes  d'échinides  brisés  et 


4fl  onuB  anàTiaBAnnQvi 

des  fragments  d'huîtres.  Ces  bancs  à  points  Terts  dont 
la  puissance  ne  dépasse  pas  lo  à  isi  màtresnoos  ont 
paru  correspondre  exactement  à  ceux  qui  constituent 
la  partie  supérieure  du  groupe  E.  A  ces  grès  succèdent 
des  marnes  crayeuses,  d'un  blanc  légèremept  verdâtre, 
compactes,  schisteuses,  qui  par  leur  texture  et  leur  as-* 
pect  rappellent  complètement  les  couches  à  coquilles 
de  la  craie  blanche  décrites  précédemment.  Nous  n'y 
avons  observé  aucun  fossile,  mds  M.  Lory  plus  heureux 
que  nous  et  dont  les  recherches  ont  d'ailleurs  précédé 
les  nôtres,  assure  y  avoir  recueilli  de  beaux  exemplaires 
de  la  Belemnitélla  mucrônata  (i) .  La  puissance  de  ces 
marnes  crayeuses  est  ici  réduite  à  60  ou  70  mètres. 
Elles  sont  recouvertes  en  stratification  concordante  par 
une  assise  de  90  à  26  mètres  d'un  calcaire  compacte, 
blond  ou  blanc  à  sa  partie  inférieure,  gris  avec  tâches 
Jaunes  à  sa  partie  supérieure  où  sa  structure  devient 
un  peu  schisteuse.  Cette  assise  par  ses  caractères  exté- 
rieurs et  sa  position  géologique,  nous  a  paru  repré- 
senter le  calcaire  dur,  siliceux,  qui  couronne  la  formar- 
tion  crayeuse*  Ce  calcaire  s'enfonce  bientôt  lui-même 
sous  une  longue  série  de  marnes  grises  et  de  calcaures 
marneux  bleufttres  que  l'on  pourrait  suivre  jusqu'à 
Saint-Pierre  d'Entremont  si  le  terrain  de  transport  des 
environs  de  ce  village  ne  les  recouvrait  sur  la  rive 
gauche  du  Guier.  Cette  succession  de  couches  est  re*- 
présentée  par  notre  coupe  fig.  4*  En  la  comparant  à 
celle  de  M.  Lory,  fig.  IV,  on  voit  que  celle-d  en  diffère 
surtout  par  des  dénominations  théoriques.  Ainsi  M.  Lory 
appelle  ntocomien  êupirieur  l'assise  calcaire  superposée 
aux  marnes  à  Belemnitélla^  cette  superposition  étant  sui* 


(0  BMetin  de  la  Société  statistiqtie  de  V Isère,  tome  a, 
3*  série,  page  Sa. 


ET  GABAfiftBtt  FAttOMtOlOGlQIJES.  45 

Tant  lui  le  résultat  d'un  plissement  qui  aurait  renversé 
le  caicaîre  sur  les  marnes.  Comme  il  aurait  été  difficile 
de  comprendre  que  le  néocomien  supérieur  eût  été  seul 
renversé,  T  auteur  a  été  conduit  à  rapporter  au  néoco- 
mien inférieur  une  partie  des  couches  marneuses  qui 
succèdent  à  ce  calcaire.  Le  reste  est  considéré  par  lui 
comme  de  Toifordien.  Nous  ne  pensons  pas  que  ces 
idées  théoriques  soient  admissibles-,  car  d'un  c6té  les 
prétendues  marnes  oxfordiennes  renferment  à  Saint- 
Pierre-d'Entremont  le  Belemniitê  bipartitui;  de  Vautre 
Vétude  des  lieux  ne  fait  découvrir  aucun  vestige  ni  de 
plissement  (i)  ni  de  faille.  On  n'y  voit  qu'une  série 
naturelle  d'assises  dont  la  continuité  stratigraphique 
n'est  nullement  interrompue.  Il  est  pour  nous  évident 
que  ces  divers  groupes  étant  semblables  à  ceux  de  la 
vallée  d'Entremont  et  se  succédant  dans  le  même  ordre 
en  sont  purement  et  simplement  le  prolongement,  sauf 
que  leur  ensemble  paraît  avoir  éprouvé  un  rejet  de  quel- 
ques centaines  de  mètres  dans  le  sens  de  l'est  à 
Y  ouest  (a).  Ce  rejet  a  coïncidé  avec  l'ouverture  de  la 


(i)  La  coupe,  fig.  IV»  est  en  contradiction  par  ses  détails  avec 
l'hypothèse  d^uD  plissement.  En  effet,  si  le  néocomien  supérieur 
avait  été  replié  et  renversé  sur  le  terrain  de  la  craie,  les 
couches  arénacées  0  qui  surmontent  ce  néocomien  auraient  été 
repliées  en  môme  temps ,  en  sorte  qu'on  les  verrait  à  la  fois 
au-dessus  et  au-dessous  des  marnes  crayeuses.  Cette  symétrie 
manque  dans  la  coupe  de  M.  Lory,  et,  ce  qui  est  surtout  con- 
cluant, oa  n'en  voit  aucune  trace  sur  les  lieux.  Quand  il  n'y 
aurait  que  cette  raison  pour  rejeter  le  plissement  supposé, 
elle  serait  suf&sante. 

(a)  Un  r^et  semblable  s*observ6  dans  la  vallée  transversale 
de  l'Isère  entre  Grenoble  et  Voreppe.  Quoique  le  vallon  de 
Uns  qui  s^ouvresur  la  rive  gauche  ne  soit  que  la  continuation 
géologique  de  celui  de  Proveysleux  situé  sur  la  rive  droite,  ils 
ne  sont  point  exactement  en  face  l'un  de  l'autre,  tout  le  terrain 
de  la  rive  gauche  ayant  subi  un  mouvement  de  translation  de 


44  ORDRE  8TRATIGRAPHIQUB 

fente  profonde  clans  laquelle  coule  aujourd'hui  le  Guier- 
vif  entre  Saint-Pierre  d'Entremont  et  les  Échelles. 
Système  X  ;  Pour  Compléter  ce  que  nous  ayons  à  dire  des  relations 
twc'E*ei*D  stratigraphiques  des  divers  groupes  de  la  vallée  d'En- 
tremont, il  nous  reste  à  parler  du  système  X  qui  con- 
stitue le  mont  Hauteran.  Cette  montagne  un  peu  moins 
haute  que  le  Granier  situé  en  face  parait  lui  corres- 
pondre sous  tous  les  rapports.  Elle  consiste  comme  elle 
en  un  plateau  escarpé  de  tout  côté ,  formé  à  sa  partie 
supérieure  d'une  puissante  assise  d'un  calcaire  blanc 
compacte,  ayant  tous  les  caractères  du  néocomien  su- 
périeur, et  à  sa  base,  d'un  groupe  marneux  où  l'on 
trouve  les  fossiles  du  néocomien  inférieur.  M.  Favre  cite 
dans  ces  marnes  le  Toxaster  eomplanatus^  VOstrea  Cou- 
loni^  et  la  PAoIadomta  elongata  (i).  Il  exprime  en  même 
temps  l'opinion  que  le  mont  Hauteran  dans  son  ensemble 
doit  être  considéré  comme  le  prolongement  latéral  ou 
la  continuation  de  la  chaîne  du  Granier.  Gomme  le  sys- 
tème X  se  trouve  trës-rapproché  des  marnes  crayeuses D 
sdnsi  que  du  calcaire  à  Gaprotines  E,  on  comprend  qu'il 
y  a  un  grand  intérêt  à  examiner  leur  position  relative, 
une  pareille  étude  ne  pouvant  que  jeter  un  nouveau 
jour  sur  la  véritable  constitution  géologique  de  la 
vallée. 

n  est  facile  de  déterminer  les  relations  de  X  avec  le 
calcaire  E.  En  effet,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  dit,  c'est  dans 
l'épaisseur  de  ce  dernier  groupe  qu'a  été  ouvert  le  dé- 


Test  à  roaest.  La  vallée  de  Plsère  de  Grenoble  à  Voreppe  et 
celle  du  Guler-vif,  entre  Saint -Plerre-d'Entremont  et  les 
Échelles,  sont  à  peu  près  parallèles.  Nous  croyons  qu^elles  ont 
été  ouvertes  en  même  temps,  lors  des  dislocations  qui  ont  sé- 
paré la  fin  des  terrains  tertiaires  du  commencement  desdépôts 
quaternaires. 

(i)  Annaleê  de$  seieneet  physiques ^  etc.,  tome  19,  p.  «71  • 


CT  GAKâTÈRES'  TàLÈOJfJOLOGlQVEa.  45 

filé  oa  cluse  dont  les  parois  se  correspondent  exacte- 
ment. An  delà  de  cette  fracture  le  calcaire  E  et  les 
bancs  en  partie  marneux  sur  lequel  il  repose,  tournent 
au  nord -ouest ,  puis  à  l'ouest,  de  manière  à  fermer 
complètement  au  nord  le  yallon  de  Corbel.  De  l'entrée 
du  déCIé,  on  voit  très-clairement  que  ces  couches  pré- 
sentent leurs  tranches  relevées  au  sud  et  coupées  à  pic 
de  ce  côté,  tandis  que  du  côté  opposé,  elles  servent  de 
support  ik  tout  le  système  qui  constitue  le  mont  Haute- 
ran.  Cette  superposition  est  tellement  manifeste  qu'elle 
ne  saurait  être  l'objet  d'aucun  doute.  On  peut  d'ail- 
leurs la  constater  matériellement  en  marchant  sur  la 
ligne  de  contact  des  deux  terrains  qui  est  à  découvert 
sur  une  certaine  longueur.  Les  couches  qui  forment  ici 
la  base  méridionale  du  mont  Hauteran  sont  des  cal- 
caires  marneux,  tantôt  feuilletés,  tantôt  en  bancs  plus 
ou  moins  solides.  Ds  sont  en  général  d'un  gris  foncé,  et 
rappellent  les  marnes  des  groupes  G  et  B  ;  leur  épais- 
seur totale  est  de  200  à  3oo  mètres.  L'assise  de  calcaire 
blanc  compacte  qui  couronne  le  plateau ,  parait  avoir 
4o  à  5o  mètres  ;  eUe  ressemble  exactement  par  ses  ca- 
ractères extérieurs  au  calcaire  du  mont  Granier  et 
moins  parfaitement  à  celui  que  traverse  la  cluse,  dont 
elle  est  positivement  séparée  par  un  puissant  système 
marneux. 

Les  relations  du  système  X  avec  les  marnes 
crayeuses  D  ne  se  montrent  pas  avec  autant  d'évi- 
dence qu'avec  le  groupe  E,  à  cause  du  gazon  qui  re- 
couvre ces  marnes,  et  surtout  des  changements  qu'elles 
éprouvent  dans  leur  puissance  et  leurs  caractères  mi- 
néralogiques.  Cependant  en  les  suivant  à  l'est  des 
Déserts,  nous  avons  pu  constater  leur  présence  au  pied 
même  du  mont  Hauteran  sous  lequel  elles  paraissaient 
pkn^^.  Vers  le  sud ,  dans  le  voisinage  de  la  cluse , 


46  OEÛEE  «TBAUGBAPUQUS 

on  les  voit  encore  dairement  reposer  sur  le  calcaire  E. 
Il  n'y  a  aucune  raison  de  penser  qu'il  n'en  soit  pas  de 
même  plus  à  l'ouest,  quoique  l'altération  rapide  que 
les  couches  subissent  dans  leur  texture  et  dans  leur 
couleur  puisse  £edre  naître  des  doutes  sur  leur  identité. 
Les  relations       Nos  coupes  fig.  1 ,  a  et  5  montrent  les  relations  mu- 
ne  sont  pis     tuelles  de  tous  les  groupes  de  couches  que  l'on  ren- 
ie résj^iut     çQnij-e  ^jans  la  vallée  d'Entremont,  ainsi  que  leur  rap- 

"^"'^dalor*"**  ^^  ^®  position  avec  le  système  X.  Les  coupes  5  et  4 

indiquent  plus  particulièrement  la  position  du  groupe  D 
relativement  aux  couches  environnantes.  11  résulte  de 
l'ensemble  de  ces  coures  qui  résument  toutes  nos  ob- 
servations que  les  marnes  D  à  fossiles  de  la  crue 
blanche  sont  recouvertes  par  le  groupe  G  à  fossiles  néo- 
comiens.  Gomme  une  pareille  superposition  est  tout 
à  fait  anormale  pour  les  géologues  qui  croient  à  un 
ordre  de  succession  invariable  des  faunes  fossiles,  nous 
avons  dû  examiner  si  elle  ne  serait  pas  le  résultat  de 
quelque  bouleversement  extraordinaire  du  soL  Cela 
nous  a  paru  complètement  inadmissible  et  pour  le  mon* 
trer ,  il  ne  sera  pas  nécessaire  de  nous  livrer  à  une  longue 
discussion.  La  supposition  d'une  grande  faille  dirigée 
du  nord  au  sud  doit  d'abord  être  écartée,  car  les  dia- 
locations  de  cette  nature  peuvent  donner  lieu  à  des  su- 
perpositions anormales  apparentes  et  non  pas  réelles  et 
nous  avons  vu  qu'en  allant  de  Touest  à  l'est  tous  les 
groupes  de  la  vallée  s'enfoncent  positivement  les  uns 
sous  les  autres.  L'hypothèse  d'un  renversement  dans  la 
stratification  n'est  pas  plus  satisfaisante  \  il  ne  servirait 
de  rien  de  l'imaginer.  En  effet  le  groupe  à  fosnles  de 
la  crede  blanche  composé  de  couches  toutes  régulière- 
ment inclinées  vers  l'est,  ainsi  que  cela  résulte  des  obœC" 
vations  de  IL  Favre,  deM«  Lory  etdes  nôtres,  est  positi- 
vement intercalé  entre  deux  assises  àfossiles  ntocomieiiA. 


ET   GAAAGIÈRB8  fàlÉONTdLOQlQVES.  kl 

Que  l'on  fasse  subir  à  tout  ce  système  une  demi^révo*» 
kticm  complète  et  Toii  n'en  sera  pas  plus  avaucé.  Quant 
aux  grands  plissements,  il  ne  faut  pas  non  plus  7  son^- 
ger.  Sans  parler  de  rinvraisemblance  que  de  pareils 
accidents  n'aient  laissé  aucune  trace  visible  «  ils  au- 
raient donné  lieu  à  une  disposition  symétrique  et  à  un 
retour  périodique  des  mémesoouches  que  l'on  n'observe 
ouUement.  Quelque  effort  que  fasse  l'imagination  pour 
arriver  i  une  explication  par  ce  moyen ,  elle  ne  peut  y 
parvenir. 

U  nous  reste  à  déterminer  quel  est  l'ftge  géologique  ^  géoiogtqat 
de  l'ensemble  des  couches  que  nous  avons  étudiées*  On  oovcbei  étudiées. 
éprouverait  un  grand  embarras  si  pour  cette  détermi- 
nation on  ne  considérait  que  la  vallée  d'Bntremont  Car 
id,  comme  sar  d'autres  points  des  Alpes ,  les  fossiles 
conduisent  à  des  conclusions  contradictoires*  Il  faut 
pour  résoudre  la  question  faire  abstraction  des  restes 
organisés  et  rattacher  par  des  considérations  purement 
stratigraphiques  ce  petit  cdn  de  la  Savoie  au  système 
crétacé  entier  du  département  de  Flsère.  Nous  avons 
entrepris  ce  travail  dont  voici  en  peu  de  mots  les  ré- 
sultats. 

II  existe  dans  le  département  de  l'Isère  un  puissant 
système  de  roches  à  fossiles  crétacés,  formant  une  bande 
dirigée  à  peu  près  du  nord  au  sud  dont  la  largeur 
moyenne  est  au  moins  de  18  kilomètres  et  la  longueur 
de  76.  Les  montagnes  de  la  Grande-Chartreuse ,  du 
Villard-de-Lans  et  du  Vercors  en  font  partie.  Du  côté 
du  nord,  elle  se  prolonge  au  loin  en  Savoie.  Au  sud  elle 
pénètre  dans  la  Drôme  et  les  Hautes-Alpes.  En  la  sou- 
mettant à  un  examen  à  la  fois  stratigraphique  et  paie*- 
ontologique,  on  est  conduit  à  le  partager  en  trois  2ones 
k  peu  près  parallèles  malgré  l'irrégularité  de  leur  con*- 
totir  et  dirigées  comme  ia  bande  totale  du  nord  au  sud. 


48  ORDRE  STRATIGRAPHIQCE 

Les  couches  qui  les  composent  s'enfoncent  successive- 
ment les  unes  sous  les  autres,  à  mesure  que  Ton  s'avance 
de  Fouest  à  l'est. 

La  zone  occidentale,  ou  la  plus  ancienne,  est  essen- 
tiellement formée  à  sa  base  de  couches  marneuses  plus 
ou  moins  feuilletées ,  suivies  de  bancs  épais  d'un  cal- 
caire blanc,  compacte,  subcristallin,  renfermant  beau- 
coup de  coquilles  appartenant  à  la  famille  des  Rudistes. 
On  trouve  dans  cette  zone  au  moins  les  neuf  dixièmes 
des  fossiles  dits  néocomiens  qui  ont  été  signalés  dans 
le  département  en  tenant  compte  à  la  fois,  pour  cette 
proportion,  de  la  variété  des  espèces  et  de  l'abondance 
des  individus.  Lorsque  les  roches  marneuses  reposent 
sur  le  terrain  jurassique ,  la  stratification  est  concor- 
dante sur  la  ligne  de  contact  et  la  liaison  parait  intime. 
Nous  rapportons  au  terrain  néocomien  ce  premier  sys- 
tème de  couches  dont  font  partie  quelques-unes  des 
sommités  les  plus  élevées  de  l'Isère,  comme  la  Sure  au 
sud  de  Saint*Laurent«du-Pont  et  le  rocher  de  la  Clef 
au-dessus  de  Montaud. 

La  zone  moyenne  repose  sur  la  précédente  en  strati- 
fication complètement  discordante.  Tout  annonce  qu'a- 
vant son  dépôt  le  terrain  néocomien  avait  éprouvé  dans 
son  relief  des  modifications  notables.  Les  premières 
couches  qui  sont  venues  recouvrir  ce  sol  disloqué  con- 
sistent en  général  en  grès  quartzeux  à  points  verts,  pé- 
tris de  coquilles  brisées,  en  marnes  sableuses,  en  cal- 
caires schisteux  ou  compactes ,  plus  ou  moins  siliceux 
et  presque  toujours  mêlés  de  parties  vertes.  Quand  elles 
sont  fossilifères,  comme  aux  environs  du  Villard-de- 
Lans  on  y  trouve  les  coquilles  du  Gault  et  de  la  craie 
chloritée.  Elles  sont  suivies  d'autres  couches  riches  en 
silex  dont  les  plus  élevées  consistent  principalement 
en  une  assise  de  calcaire  blanc,  compacte,  à  Rudistes, 


ET   GABAGTÈBES  PALÉONTOLOGIQUES.  49 

associée  qaekpief<HS  à  des  grès  verdfltres  d'une  épab- 
seor  relative  beaucoup  moindre.  Cette  dernière  assise, 
qui  constitue  dans  le  massif  de  la  Grande-Chartreuse , 
les  sommités  du  Grand-Som  et  du  CbarmantrSom,  rea- 
seinble  beaucoup  par  ses  caractères  extérieurs  et  même 
par  ses  fossiles  au  calcaire  supérieur,  également  blanc 
et  compacte,  du  terrain  néocomien  ;  mais  eUe  en  diffère 
par  la  présence  de  nombreux  âlex ,  espèce  minérale 
qui  manque  complètement  dans  les  calcaires  néoco- 
miens  à  Rudistes  de  Tlsère.  La  zone  moyenne  jcrétacée 
parait  représenter  la  série  totale  des  couches  qui  s'é* 
tendent  depuis  l'assise  aptienne  jusqu'à  la  partie  la 
plus  élevée  du  groupe  nommé  iuronien  par  M.  d'Orbi- 
gny.  Si  le  calcaire  à  Rudistes  qui  termine  cette  série  n'a 
pas  offert  jusqu'à  présent  de  fossiles  turoniens  dans  le 
département  de  l'Isère»  il  en  contient  beaucoup  en 
Provence,  notamment  près  de  Momas  (Vaucluse)  et 
aux  Hartigues  (Boucbes-du-Rhône). 

La  troisième  zone  crétacée  forme  la  bordure  orien* 
taie  de  tout  le  système.  Considérée  dans  son  ensemble, 
elle  est  esaenûdlement  composée  d'im  groupe  inférieur 
marneux  dont  la  puissance  varie  entre  des  limites  ex- 
trêmementétendues  et  qui  présente  par  intervalles  à  sa 
base  la  BelemnUella  mueronaia  et  des  inocérames  lar- 
gement plissées.  Les  pâturages  du  Gbarmant-Soro, 
ceux  du  col  de  Portes  et  des  environs  de  Parizet,  village 
situé  sur  la  rive  gauche  de  l'Isère,  au-dessus  de  Seys- 
sinet,  peuvent  être  cités  comme  exemples  du  gisement 
de  ces  fossiles  à  ce  niveau  géologique.  Au-dessus  vien- 
nent des  couches  à  coquilles  néocomiennes ,  puis  une 
dernière  et  puissante  assise  de  calcaire  blanc  à  Rudistes 
que  ses  fossiles  pourraient  faire  confondre  avec  le  cal- 
csôre  urgonien ,  si  la  présence  des  silex  n'était  encore 
ici  un  bon  moyen  de  la  distinguer.  Cette  dernière  as- 
ToHB  xvni,  1860.  à 


^  I 


50  ORDftE  8T1ATI6RAFHIQQB 

sise,  comme  celle  qui  termine  l'étage  crétacé  moyen , 
est  souvent  surmontée  de  couches  peu  épaisses,  mar- 
neuses ou  arénacées.  La  superposition  de  la  troisième 
sone  sur  la  seconde  peut  être  constatée  d'une  manière 
pontive  dans  le  vallon  de  Proveysieux ,  à  Parizet,  à  la 
Fauge  prés  du  Villard*d^Lans,  et  sur  d'autres  points. 
Du  côté  de  Test ,  elle  repose  tantôt  sur  le  calcaire  ox-* 
fordien ,  tantôt  sur  des  affleurements  de  Tétage  crétacé 
moyen.  Ceux-ci  commencent  à  devenir  apparents  dans 
la  vallée  du  Drac,  au  village  de  Claix ,  et  continuent 
ensuite  jusque  dans  la  Drôme  et  les  Hautes-Alpes.  La 
puissante  assise  calcaire  qui  couronne  tout  le  système 
crétacé  du  département  de  Tlsère  joue  un  rôle  impor* 
tant  dans  sa  structure  orographique.  Après  avoir  formé 
au  sud-est  de  Grenoble  une  bande  de  rocher  remar« 
quable  nommée  les  tracerê  de  Parizet^  elle  s'élève 
brusquement  à  une  hauteur  considérable  et  constitue, 
à  partir  de  là,  vers  le  sud,  une  série  continue  de  som- 
mités dont  fait  partie  la  Moucheroïte^  et  qui  limite  à 
l'ouest  la  région  du  département  connue  autrefois  sous 
le  nom  de  Trièves.  La  même  assise  se  montre  au  nord 
de  Grenoble ,  mais  elle  y  a  éprouvé  de  fortes  disloca- 
tions qui  l'ont  séparée  en  tronçons  épars,  nommés  le 
mont  Nirofij  le  rocher  deY Œillette^  la  JNnea,  Chama- 
chaude  et  le  Petit-Som.  Malgré  les  intervalles,  d'ail- 
leurs peu  considérables  qui  les  séparent,  on  recon- 
naît facilement  qu'ils  ne  formaient  jadis  qu'une  seule 
masse  continue.  La  ressemblance  de  leurs  caractères 
minéralogiques  et  paléontologiques ,  et  surtout  l'iden- 
tité de  leur  position  relativement  aux  terrains  environ- 
nants, ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard. 

La  puissance  de  ce  calcaire  surpasse  habituellement 
i5o  et  peut  aller  jusqu'à  Soo  ou  35o  mètres.  On  y 
trouve  quelques  coquilles  appartenant  à  la  famille  des 


£T   GARAGTÈftCS  PALÊ01fTOU)6IQI7ES.  Si 

;,  panni  lasquelles  on  remarqae  les  Caproiinm 
amnumia  et  LmaâalH.  Les  marnes  situées  immédiate- 
ment au-desaous  présentent  dans  plnsienrs  localités  le 
ToxoMter  cêmplaMOut.  Ce  n'est  que  sur  quelques  points 
et  tout  à  fait  à  la  base  du  système  qu'appsxaissent  la 
BeUmniteUa  nMcnmaia  et  les  Inodramêif  Diaprés  la 
nature  de  ces  derniers  fossiles  »  la  position  géologique 
des  couches  qui  les  renferment  et  la  manière  dont  eUes 
s'étendent  trarnsgressirement  à  la  fois  sur  l'étage  moyen 
crétacé  et  sur  le  calcaire  oxfordien ,  toat  cet  ensemble 
paraît  devoir  être  rapporté  à  la  craie  blanche. 

TL  nous  sera  facile  maintenant  de  déterminer  avec 
précision  quelle  place  occupent  dans  la  série  des 
étages  crétacés  que  nous  venons  d'indiquer  les  couches 
de  la  vallée  d'Entremont  A  part  le  groupe  B,  qui  est 
pour  nous  l'assise  la  plus  élevée  de  l'étage'  moyen , 
toutes  les  autres  couches  appartiennent  au  troisième 
étage  dont  elles  constituent  l'extrémité  nord-ouest.  En 
effet ,  la  chstne  du  Granier  est  la  continuation  évidente 
du  PetVt-Som,  qui  est  lui-même  situé  sur  le  prolonge- 
ment des  sommités  dont  fait  partie  la  Moucheroile. 
Quant  an  calcaire  £,  on  peut  également  le  suivre  sur 
une  très-grande  longueur.  Après  avoir  servi  de  support 
au  château  d'Entremont,  à  la  croix  du  Grand-Som, 
aux  pâturages  du  Cbarmant-Som  et  à  ceux  de  Portes , 
il  forme  un  affleurement  visible  sur  le  revers  occidental 
de  la  Pinéa  et  du  mont  Néron  jusqu'au  château  de 
Saint-Égrève,  Là  il  s'enfonce  sous  des  alluvions  ré- 
centes pour  reparaître  bientôt  au  delà  de  l'Isère ,  au 
sommet  du  plateau  de  Saint-Nizier,  où  il  plonge  sous 
les  marnes  à  BelemniUlla  de  Parizet.  On  l'observe  en- 
core plus  au  sud ,  dans  la  vallée  de  la  Fauge.  Par  sa 
continuité,  ce  calcaire  à  Rudlstes  n'est  pas  moins  re- 
marquable que  celui  du  Granier;  il  forme  également  un 


5fi 


OBDRE  STRATIGRAPHIQDE 


pMflles 

Déôoomiait 

dans  la  erala 

•upériavre 

d^  Alpes. 


ezœllent  horizon  géologique.  Les  marnes  à  Belemni- 
tèlla  de  la  Frassette ,  du  Charmant-Som  et  de  Parizet , 
qui  s'appoient  immédiatement  sur  lui ,  sont ,  par  con- 
séquent ,  le  prolongement  rigoureux  les  unes  des  au- 
tres, ou,  pour  parler  plus  exactement,  leur  position 
stratigraphique  est  identiquement  la  même. 

Nous  venons  de  montrer  la  liaison  qui  existe  entre 
les  couches  de  la  vallée  d'Entremont  et  celles  de  la 
troisième  zone  crétacée  du  département  de  l'Isère.  Nous 
avons  dit  aussi  que  sur  divers  points ,  comme  dans  le 
vallon  de  Proveysieux,  à  Parizet  et  à  la  Fauge,  on  pou- 
vait s'assurer  directement  que  cette  troisième  zone  re- 
posait sur  la  seconde.  Il  résulte  de  là  que  le  fait  si 
remarquable  de  l'existence  d'une  faune  franchement 
néocomienne  dans  la  partie  la  plus  élevée  de  la  craie  des 
Alpes  n'est  pas  un  accident  local  ;  il  se  vérifie  d'un  bout 
du  département  de  l'Isère  à  l'autre  sur  une  longueur 
dont  le  développement  peut  être  évalué  à  9  myriamètres. 

La  conséquence  que  nous  venons  de  tirer  est  en  con- 
tradiction directe  avec  des  coupes  données  par  H.  Lory 
dans  son  mémoire  déjà  cité,  d'après  lesquelles  la 
chaîne  prolongement  du  Granier,  au  lieu  d'être  la  partie 
la  plus  élevée  du  terrain  crétacé  de  l'Isère ,  en  forme- 
rait l'étage  inférieur.  Mais  en  examinant  ces  coupes , 
on  remarque  dans  toutes  des  failles  et  des  corUaume- 
menti  qui  ont  précisément  pour  effet  de  produire  l'in- 
version dont  nous  parlons.  Nous  avons  soumis  à  une 
étude  spéciale  la  réalité  de  ces  accidents  stratigraphie 
ques  et  nous  nous  sommes  assuré  qu'ils  n'étaient  pas 
mieux  fondés  que  ceux  de  la  vallée  d'Entremont  dont 
ils  sont  les  analogues  et  quelquefois  la  simple  répé- 
tition. Ils  sont  inconciliables  avec  des  superpositions 
très*nettes  et  très-positives  que  nous  avons  constatées 
sur  une  foule  de  points. 


ET  CARACTÈRES  PALÉONTOLOOIQUES.        SS 

Nous  termineroDs  notre  mémoire  par  cette  conclu-     coDeiatioa 
fflon  générale  :  g*o*r«ie. 

1"*  On  observe  dans  la  vallée  d'Entremont  un  groupe 
de  couches  avec  BelemnUella  miLcronata  et  autres  co- 
quilles de  la  craie  blanche,  positivement  intercalé 
entre  deux  autres  où  Ton  trouve  des  fossiles  néoco* 
miens;  il  n'est  pas  possible  d'expliquer  cette  interca- 
lation  par  un  renversement  ou  un  plissement  de  la 
strati&catâon. 

a""  En  suivant,  dans  le  département  de  Tlsëre,  les  cou- 
ches à  Beletnnitella  mucronata  et  celles  à  fossiles  néo- 
comiens  qui  lui  sont  superposées ,  on  reconnaît  qu'elles 
constituent  un  étage  distinct,  qui,  d'après  ses  relations 
stratigraphiques  et  la  nature  de  quelques-uns  de  ses 
fossiles,  parait  devoir  être  rapporté  à  la  craiô  hlatteke. 

5*  L'existence  de  fossiles  néocomiens  dans  Tétage 
crétacé  supérieur  de  l'Isère ,  le  faciès  particulier  de  ses 
roches  et  les  variations  extraordinaires  qu'elles  éprou- 
vent dans  leur  puissance ,  établissent  des  différences 
profondes  entre  cet  étage  supérieur  et  celui  qui  lui  cor- 
respond ,  sous  le  rapport  de  Tâge ,  dans  d'autres  con* 
trées. 

4*"  Comme  ces  différences  profondes ,  tenant  à  la  fois 
aux  fossiles ,  aux  caractères  des  roches  et  à  la  manière 
d'être  des  couches ,  ne  sont  pas  particulières  à  l'étage 
de  la  craie  supérieure  comparé  à  celui  des  autres  pays, 
et  qu'on  en  trouve  d'analogues ,  sinon  de  plus  fortes, 
dans  d'autres  terrains  du  Dauphiné ,  il  est  vraisem- 
blable que  ces  nombreuses  anomalies  proviennent  d'une 
source  unique ,  savoir  l'ancienne  existence  de  causes 
géogéniques  spéciales,  sous  l'empire  desquelles  les 
Alpes  se  sont  jadis  formées  et  qui  en  ont  fait  une  ré- 
gion géologique  tout  à  fait  à  part. 


54  OEDRB   8T1ATI6RAPHIQVB  I   BTG. 


APPENDICE. 

Nous  espërons  qtiô  la  description  que  nous  avons  donnée  de 
la  vallée  d'Ëntremont  inspirera  aux  géologues  le  désir  de  visi-- 
ter  cette  localité  curieuse.  Afin  de  faciliter  son  étude  et  de 
prévenir  les  pertes  de  temps,  nous  croyons  devoir  préciser  de 
la  manière  suivante  les  trois  faits  principaux  sur  lesquels  Pat- 
tention  des  observateurs  devra  se  porter  : 

i'  Depuis  un  point  situé  au  nord  du  village  des  Courriers 
Jusqu^au  ravin  des  Déserts  et  le  long  de  ce  ravin  ^  le  terrain 
crayeux  est  visiblement  recouvert  par  des  schistes  argikMral- 
caires.  Ces  schistes  sont  bien  caractérisés  et  identiques  avec 
ceux  qui,  un  peu  au  nord  de  Saint^Pierre-d*Entremont,  ren- 
ferment des  fossiles  néocomiens.  11  n*y  a  aucun  indice  de  faille. 

a**  Le  système  de  couches  &  fossiles  néocomiens  du  mont 
Hauteran  est  supérieur  à  Passise  calcaire  dans  le  sein  de  la- 
quelle a  été  ouverte  la  cluse.  Cette  dernière  assise  sert  elle- 
même  de  base  à  la  formation  où  Pon  trouve  des  coquilles  de  la 
craie  blanche. 

S**  Sous  le  château  d*£ntremont  où  le  Guier  coupe  le  prolon- 
gement des  couches  de  la  vallée,  la  formation  à  fossiles  de  la 
craie  blanche  est  positivement  intercalée  entre  des  assises  à 
fossiles  néocomiens.  On  remarque  qu'il  n^y  a  aucune  symétrie 
dans  la  disposition  des  couches,  ce  qui  exclut  la  supposition 
d*un  plissement. 

On  voit  par  ce  court  résumé  que  Passociation  des  coquilles 
de  la  craie  blanche  à  celle  du  terrain  néocomien  n*a  pas  été 
conclue  d*un  fait  unique  qui,  par  son  isolement,  Inspirerait 
toujours  de  la  défiance*  Elle  résulte  de  plusieurs  observations 
indépendantes  et  toutes  concordantes  entre  elles.  C'est  à  oe 
signe  que  Pon  racoanatt  la  vérité  en  géologie. 


GAUl  «OOLAmB  â  VAPWft.  U 


GRUE  ROULANTE  A  VAPEUR. 

ftr  IL  QOttâéà/CQt  conitroettur  à  Amin  (Nord). 


Ces  graes  (PI.  I,  flg.  S  à  7)  pèsent  lo.Soo  kilo- 
grftmoies  y  compris  la  pUte^forme  et  led  rouet.  Leur 
prix  est  de  lo.ooo  frases. 

EQes  peuvent  soulever  un  poids  de  S.  000  kil.  ;  mais 
actuellement  Tone  d'elles  sert  à  élever  et  à  décharger, 
à  &  mètres  de  hauteur,  des  caisses  contenant  1 9  hec* 
toUtres  de  charbon. 

Cette  grue  élève  et  décharge  quatorze  de  ces  caisses 
dans  l'espace  de  douze  minutes. 

Cet  appareil  parait  destiné  à  rendre  de  grands  ser- 
vices aux  sociëtèô  houillères  pour  le  chargement  et  le 
déchai^ment  de  la  houille  dans  les  gares  et  sur  les 
rivages. 

Le  tableau  ci -contre  donne  le  détail  du  poids  des 
diverses  pièces  composant  ces  machines. 


56 


GEIJE   lOOLàimS  A  VAFBUl. 


DHail  des  poidt  det  diverêêi  ptèon. 


B 


BÉROIfllUTlOM  OIS  HfCIf. 


1  Pl«te-roniie,36Mieox,4roaescaléM,4plft- 

qoet  do  garde  avecpalien  et  eoouiDets 
8  TiranUpour  plaqoe  de  garde 

2  Entreloises  poar  plaque  de  garde.  .  .  . 

2  Arcs-bonUnu  poar  le  tablier 

4  Grifleg  aTec  1«  boalona  d'articulation, 

rondellea  et  goupilles,  et  4  bielles  pour 
fixer  le  ehanot  sur  les  rails 

4  Chapes  aTec  écrous 

1  Chaudière  aTce  portes  de  fourneau,  pentu< 

res,  porte  de  trou  d'homme,  pattes,  bou< 
lons,'Tis,  tobulore  de  soupape  de  sûreté 
t  Pivot  et  (rette 

3  Chapeaux  de  palier  de  tambour 

2  Chapeaux  de  palier  d'arbre  moteur.  .  . 

5  Boulons  et  écrous  pour  arbre  moteur.  . 
8  Demi-coussinets  pour  arbre  moteur.'.  . 

I  BAU 

1  EAU 

1  Collier  du  bas  pour  réunir  les  bâtis.  .  . 

1  Collier  du  haut 

I  Tambour  et  arbre 

1  Arbre  coudé  et  s  poulies  d'excentrique. 

1  Cylindre,  boulons  et  prisonniers.  .  .  .  < 
I  Couvercle  de  botte  à  vapeur  et  10  boulons 
1  Boite  d'admission  avec  grille,  tige,  calfat, 

prisonniers  et  écrous. 

I  Tiroir  d'admission 

1  Calfat  de  couvercle  de  cylindre  et  gar- 
niture  

t  Couvercle  de  cylindre  prisonnier,  écrous 

et  garniture 

I  Support  guide  de  tige  de  tiroir  avec  cba 

peau,  boulons,  écrous 

1  Support  de  guide  de  lige  de  piston,  gar 

niture  et  béulons 

1  Couvercle  de  tige  de  tiroir,  prisonniers  et 

écrous 

1  Calfat  pour  tige  de  tiroir,  prisonniers  et 

écrous 

Pond  de  cylindre 

Graisseur  (robinet)  de  cylindre  et  manche 

Tiroir  de  distribution 

Cadre  et  lige  de  cadre 

Pompe  alimentaire,  boulons,  prisonniers, 

écrous,  bouchon  et  garniture 

Csifat  et  garniture  de  pompe 

Pignon,  bague,  etc 

Piston 

Tige  de  piston  et  rondelle 

Boulon  de  bas  de  flèche  de  grue,  rondelle 
et  goupille 


A  reporter. 


POHTB. 


kfl. 


3.941 

» 
» 


14 

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16 

12 


307 

311 

157 

127 

147 

24 

97 

9 


3 
19 

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23 

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SOS 

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11 


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11 

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40 
43 

3 


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17 

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2.353 


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M 

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13 


300 
300 

a 

300 


400 

300 


400 


22 


600 


etOB  lOOLAIITB  A  TAKCB. 


57 


Artre  el  lerier  de  cbAiigeiiMnl  de  m^ifbt 

avee  rondelle,  geapilHi,  Miinée.  .  . 
Ize  de  pôrei  avee  grain  «ractef  et  éei 
(aeier  2  kileg.).  ......... 

Lerler  de  frein.  ••••.••«., 

MaDîreUei •.•••.«( 

Levier  dTadaderien,  peigiiéee,  benl^n». 


éeron 


sonnlllee. 
de  I 


I  Tîfe  de  ptolen  defenpe 

t  Ttarene  depifien  de  eylindre  et  cUvelte. 

I  Guide. 

1  BeeJen   âfee  éeren    et  rondelle  peer 

frein 

3  Leriert  de  lonnapee  de  tttrelé. 

1  Sonpapet  de  meté 

1  Oenveiele  de  eenpepM  de  aûret*  avee  4 

snppertf.bes]enflel9  tiéget  desevpepe. 
s  Oavetieid'enfrenagepenr  rone  deTolaot. 
3  Beèineu  de  iange  pour  la  ehandldre. 
1  Senpape  d'aliBeolatien  et  tIs. 


1      M.     avee  dapet  et  benehon 

1  Befelnet  d'alloienutten  m  liant  snr  la 

biehe  et  bonlema 

3  P^Madeioopape  dettoeté 

1  Bielle  de  tireir  d'admission,  benlenf,ron- 

déliée  ec  gonpillee 

2  Bancs  d'eieeniriqne  a?ee  boulons,  ela- 

vettts  et  goupilles 

3  GeUîcT»  d'eieentriqnes  sTee  boulons  et 


4  BraloDs  tfassenMage  des  bâtis 

I  Avîn  avee  boulons  el  goupilles 

I  BsrrecPeiMDlrjane  de poape  alimentaire 
avee  goupille,  boulons  et  claTotles  .  .  . 
I  GsUler  d'exeentriqne  de  pompe  alimen- 
taire et  boulons 

I  Guide  de  tige  de  tiroir  de  distribution  STec 

boulons,  rondelles  et  goupilles 

Coulisse. 

Conlisaean  de  eonlisse 

Lerier  de  cbangement  de  marebe  avee 

elateue • 

Bielles  de  suspension  OToe  boulons,  ron 

délies  et  conpillcs 

Tuyaux  d'afîmeniation,  boulons  et  brides. 
A.      d'écbappement  fd. 

id.     de  prise  de  Tapeor,  boulons  et 

brides 

1  Boue  à  dents 

I  Yolant 

I  Pied  de  flèebe 

1  Bielle  motriee .- 

3  Demi  eoussineu  de  télé  de  bielle.  .  .  . 
3  Boulons,  éerous  pour  Mie  de  bielle.  .  . 


I 


A  reporlsr. 


kD. 


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cnoi  KOOLAim  a  vapidk. 


i:::|."|:| 


soimâ0B  DU  filGis  0g  «Min.  ft9 


SUR  UN  PROCÉDÉ  USITÉ  EN  FRANCE 

Mtm  us  ftotOÂCt  Di  u  foiiti. 

Par  M.  MMOQTt  iM§mm»  «B  riMff  «m  BiMf. 


J'ai  ni  pratiquer  à  Vimae  de  Tamaris ,  près  d'Alaia, 
ou  procédé  assez  ingénieux,  imaginé  il  y  a  quelque 
temps  par  un  ouvrier  belge ,  pour  le  soudage  de  la 
fonte. 

U  m'a  paru  utile  d'en  présenter  une  courte  de»- 
cnption. 

Ce  procédé  permet  de  réparer  un  cylindre  lamineur, 
par  exemple ,  ou  un  arbre  de  couche  brisé  par  acci- 
dent, et  de  ne  plus  rejeter  ces  pièces  comme  hors  de 
service  ea  les  reléguant  parmi  les  vieilles  fontes.  Il 
consiste  à  réchauffer  fortement  la  pièce  cassée  au 
moyen  d'an  feu  de  coke  »  puis  à  répandre  dans  un 
mooJe  posé  par-<lessus'  de  la  fonte  bien  chaude ,  à  la- 
quelle on  donne  issue  à  Textérieur  jusqu'à  ce  que  la 
surface  à  souder  commence  à  se  liquéfier*  Alors  on 
ferme  le  trou  de  dégorgement  avec  un  tampon  d'argile, 
et  la  fonte  remplit  le  moule  qu'on  a  eu  soin  de  faire 
assee  grand  pour  que  la  forme  primitive  de  la  pièce  à 
ressouda  pût  être  rétablie  autour. 

Je  vaî0  donner  quelques  détails  sur  l'opération  à  la* 
quelle  j'm  assisté.  U  s'agissait  de  réparer  un  cylindre 
qui  s'était  cassé  pendant  le  laminage  et  auquel  man- 
quaient une  cannelure  et  un  tourillon.  Au  moment  de 
mon  arrivée  #  le  feu  de  coke  marchait  activement.  U 


6o  SOUDAGE   DES  PIÈGES   DE   PONTE. 

brûlait  dans  une  grille  carrée  qui  enveloppait  Textré- 
mité  du  cylindre  enterré  verticalement ,  et  qui  renfer- 
mait environ  loo  kil.  de  coke.  Ce  premier  réchauffage 
dure  une  heure  et  demie. 

A  un  moment  donné ,  on  détruit  ce  brasier  en  écar- 
tant rapidement  le  combustible  qu'on  jette  sur  le  sol  de 
l'usine  et  qu'on  éteint  par  des  aspersions  d'eau  répé* 
tées. 

On  découvre  ainsi  le  haut  du  cylindre  qui  est  chauffé 
au  rouge,  et  l'on  s'empresse  de  l'entourer  d'un  ch&ssis 
dans  lequel  on  tasse  rapidement  du  sable  de  moulage. 

Après  avoir  entièrement  rempli  le  châssis ,  nivelé  le 
sable  avec  un  racloir  et  approprié,  à  l'aide  d'un  soufflet, 
la  surface  à  souder,  on  place  par-dessus  un  moule  tout 
préparé  d'avance  qui  présente  un  vide  intérieur  ayant 
la  forme  d'une  espèce  de  cône  tronqué  dont  les  bases 
sont  de  diamètres  un  peu  plus  grands  que  ceux  du 
cordon  à  ajouter  (PI.  I,  fig.  8) . 

Ce  moule  porte  un  trou  de  coulée  ou  de  dégorge- 
ment qui  correspond  à  une  rainure  extérieure  aboutis- 
sant à  des  rigoles  destinées  à  recevoir  la  fonte ,  celle- 
ci  devant  avoir  préalablement  pour  effet  de  chaufier 
jusqu'au  ramollissement  et  à  la  fusion  la  partie  supé- 
rieure du  cylindre. 

On  amène  donc ,  au  moyen  de  la  grue ,  une  grande 
chaudière  qui  renferme  environ  5oo  à  600  kil.  de  fonte, 
et  l'on  verse  d'un  peu  haut.  Des  étincelles,  formées  par 
de  petites  gouttelettes  métalliques  qui  s'oxydent  à  l'air, 
jaillissent  en  gerbe  autour  du  moule ,  et  la  fonte  s'é- 
coule et  remplit  les  rigoles  extérieures ,  où  on  la  re- 
cueillera plus  tard  sous  forme  de  gueuses. 

Le  chef  qui  dirige  l'opération  et  qui  sonde  à  chaque 
instant  la  surface  de  la  pièce  à  souder  avec  une  tige  en 
fer,  reconnaît ,  par  la  hauteur  de  Tanneau  qui  s'y  at- 


SOUDAGE  DES  PlfiCSS  DE  FOIITC.  6l 

ticbe ,  quand  la  surface  du  cylindre  commence  à  se 
fondre  et  lorsque  l'éprenye  qu'il  rapporte  à  l'extrémité 
de  sa  tige  lui  indique  que  la  vieille  fonte  est  entrée  en 
fusion  sur  3  centimètres  environ  d'épaisseur,  ce  qui 
arrive  après  quatre  ou  cinq  minutes  quand  on  a  versé 
5  à  4oo  kiL  de  fopte ,  il  juge  le  moment  opportun  d'ar- 
rêter Técoulement.de  la  fonte  au  dehors.  A  cet  effet,  il 
tamponne  le  trou  de  dégoi^ement ,  tandis  qu'on  con- 
tinue de  verser  la  fonte  jusqu'à  ce  que  le  moule  soit 
rempli. 

Cela  fait,  on  enlève  arec  la  grue  un  deuxième  moule 
qui  porte  un  vide  intérieur  cylindrique  représentant  le 
tourillon  du  cylindre.  Le  cbftssis  qui  le  renferme  s'a- 
dapte parfaitement  au  précédent  au  moyen  de  goujons 
qui  entrent  dans  des  brides  correspondantes.  Après 
avoir  luté  le  joint  avec  un  peu  d'argile,  on  verse  de 
nouveau  la  fonte  dans  ce  moule. 

Enfin,  on  couronne  le  tout  par  un  dernier  moule  éga- 
lement cylindrique,  et  la  fonte  dont  on  le  remplit 
tonne  une  masUlotte  qui  sera  finalement  supprimée, 
mais  qui  agit  utilement  par  sa  pression  et  consolide  la 
souduTe  en  liant  plus  intimement  la  fonte  neuve  avec 
ia  vieille  fonte. 

Tel  est  le  résumé  de  l'opération  qu'il  faut,  du  reste, 
conduire  rapidement.  Elle  ne  doit  pas  durer  plus  d'un 
^art  d'heure ,  sans  compter  le  temps  pendant  lequel 
brûle  le  feu  de  coke  (  i  heure  i/a).  Dix  ouvriers  suffi- 
sent pour  l'exécuter. 

U  ne  reste  plus  ensuite  qu'à  laisser  refroidir  et  à  li- 
vrer au  tour  le  cylindre  ressoudé  pour  qu'on  y  creuse 
les  cannelures  et  qu'on  lui  donne  la  forme  convenable. 
Il  est  facile  de  se  rendre  compte  des  avantages  que 
présente  ce  procédé  au  point  de  vue  économique. 
Un  cylindre  lamineur  qui  pèse  i.ioo  kil.  revient 


6a  SOVbAGB  DES  nÈGES  DE  FONTE. 

tout  fini  à  616  fr.  Mis  au  rebut ,  il  ne  vaut  plus  que 
1  Ss  fr.  comme  vieille  fonte.  Cest  donc  une  perte  de 
484  fr. 
Si  on  le  ressoude,  on  dépense  : 

1*  100  Ul.  de  ooke  à  5  franoi.  •  • 3.oo 

%•  M«ln*d*cBUTre  (10 ouvriers  pendant  a  heures»  à  oS55 

rheure) 7-oo 

3*  Moulage  (1  journée  d*ouvrler  à  6^5o  et  i  Jouruée  de 

manœuvre  à  a  francs 7,5o 

4"  55o  kil.  de  fonte  employée  à  liquéfier  la  surface  delà 
pièce  à  resfsoudir  (a  fr,  par  100  kil.  pour  la  dépense 
en  coke  et  en  maln^d'amvre).  Cette  fonte  peut  être 
reportée  au  cubilot 7,00 

5''  Déchet  de  cette  fonte  refondue  (5  p.  100 ,  soit  i7'',5 

à  i«fr.  les  100  kil.) 9,10 

e*  On  a  moulé  environ  5oo  ktt.  de  fonte.  H  doit  rester 
sur  le  cylindre  Soo  kil.  qui,  tournés,  donnent  lieu 
à  une  dépense  de  38  francs  par  100  kiU,  soit  .  .  .    eA.oo 

7*"  Enfin,  les  900  kil.  de  masselotte  qui  doivent  être  re- 
fondus coûtent  aussi  a  fr'ancs  par  100  kil.  de  coke 
etde  main-d'œuvre &,oo 

s*  Pins  le  déchet  à  la  refonte  (6  p.  100 ,  soit  10  kil.  à; 

1%  francs  les  100  kil.) i,»o 

Total ii5,8o 

On  voit  donc  qu'en  ressoudant  le  cylindre ,  la  perte 
n'est  plus  que  de  1  l5^8o,  soit  1 16  fr.  D'où  il  résulte 
que  l'emploi  du  procédé  donne ,  dans  le  cas  dont  il 
s'agit  9  une  économie  de  484*11 6  ou  368  fr. 


DÉTERMINATION 

DU  QOIfriOIlHT  D'£LA8TI€ITi  BB  L^AL VHIVICM. 

Par  MM.  le  général  MOUN  et  TBESGA* 

(Extrait  4«s  Ammêitê  im  ConnrvûMrê  d»$  arte  «1  wUiUr$^  p*  2  ) 


le  JdNinuU  pal jt«clmiqQ9  d«  Diagler  «  rendu  eompte  étB  «x- 
périeoces  faît«g  par  M.  d§  Burg  «or  1a  téiutoilé  de  ralomloinm 
et  du  broue  qu^  Ton  obtient  ea  aUiant  0,90  de  euivro  avee  o,  10 
d'almnijiluiii,  aUiage  dont  laa  propriétôa  aont  Ma  «remar- 
quables et  qui  9e  forge  trèi-facil»mtPt.  Cet  propriétéi  aont  si 
manifestes  qo^on  a  aongé  à  remployer  à  la  fabrication  des  ca- 
nons, et  Ton  sait  que  la  première  pièce  en  bronze  d'aluminium 
a  été  fondue  dans  Fusine  de  M*  Morin  h  Maoterre«  dana  le  cou- 
rant du  mois  de  mars  dernier. 

M.  de  Barg  n^a  examiné  que  la  réalataiice  à  la  rupture,  et  il 
a  trouvé  des  cblfrires  aaaes  variableiff  alnai  qu'on  peut  en  Juger 
par  les  indications  sulyantes  : 

En  opérant  sur  plusieurs  tiges  en  aluminium  fondu»  la  rup- 
ture s^  produite  à  une  cbarge  par  millimètre  quarré  de 

.  Avec  on  prisme  fortement  martelé  &  froid,  la  résistance  s*est 
élevée  à  2o%28. 

Quant  au  bronae  d^aiuminium*  ij  a  résisté  Jusqu'à  la  charge 
de  64NM  i»tf  millimètre  quarré,  ce  qui  est  à  peu  près  la  charge 
de  rupture  des  fers  très-résistants. 

Ces  indications  n*étant  pas  suffisantes  pour  guider  les  con- 
structeurs dans  remploi  qu'ils  pourraient  avoir  à  faire  de  Talu- 
minium,  nous  avons  foit  au  Conservatoire  quelques  expériences 
pour  déterminer  te  coefficient  d'élastloité  de  ce  métal. 

A  cet  ettoif  noiM  avons  opéré  sur  une  petite  barre  simple* 
ment  fondue  qui  nous  a  été  donnée  par  M.  Christofle,  «t  sur  wtk 
mètre  parfaitement  dressé  et  poli  qui  avait  été  remis  dans  ce 
but  par  M.  W.  Martin. 

Les  résultats  des  deux  essais  de  flexion  qui  ont  été  faits  sont 


6^  EXPÉBIENGB8  SUR  L'ALUmiflUll. 

tellement  concordants  qae  nous  les  Indiquerons  en  détail  [K>ur 
les  deux  barres. 

TaUêâm  isi  êumii  fttUt  tur  ihm  rèfU  éPmhmimum  de  0*,01 125  mr  ir,Oiiu. 
(La  disUnee  entre  lei  pointe  d'tppnU  éUni  de  sC  s0*,256.) 

Chiifw                 FleiioM  obMnéM                  Flttlow  itfportéM 
•0  millM.                  M  mllUmèirw.                   à  im  «harf*  de  10  klL 
5 0,22 0,440 

10 0,38 o,sao 

IS O.bl 0,300 

20 0,76 0,380 

25 1,06 0,424 

30 1,28 0,424 

35 1,64 0,468 

40 2,46 0,610 

On  voit  que  les  flexions  sont  restées  sensiblement  propor- 
tionnelles aux  charges  jusqu'à  celle  de  i"*,38»  et  si  Ton  fait  la 
moyenne  des  chifAnes  jusqu'à  cette  limite,  on  trouve  que  la 
flexion  moyenne  pour  la  charge  de  lo  kil.  est  de  i**,ftoi« 

Le  calcul  du  moment  d'inertie  donne 

Imm  OyOoooooooiSa 

et  l'application  de  la  formule  ordinaire  conduit  à 

p       PC*  ôXÔTïa?  ^^,  ... 

3fl      oXotOooaoïXOyOoooooooida 

Au  delà  de  la  charge  de  3o  kil.,  les  flexions  ont  augmenté 
plus  rapidement  que  les  charges,  d'où  il  faut  conclure  que  l'é- 
lasticité commençait  à  être  altérée.  11  convient  donc  de  consi- 
dérer la  chargedeSokil.comme  unmaximum,etelle  correspond 
à  un  allongement  par  mètre  exprimé  par 

.,     PGe'      i6Xo,is8Xo,oo66      0,010762 

'-- ir Ëï 8;^è — ''•*^"*' 

et  qui  serait  obtenu  en  agissant  par  traction  par  une  charge 
directe 

Re=:£r»  a.  167.360  kU. 

Ce  qui  montre  que,  dans  ces  conditions,  l'aluminium  ne  doit 
pas  être  soumis  à  plus  de  8,16  kilog.  par  millimètre  quarré  de 
section  transversale. 


ET  son  AtLIAGE   AVEC  LE   GUIYRE.  65 


mr  9t9H2  4§  Urgmr. 


QUfItoee  «ntr»  1m  appâte  flCss  i"^.) 

CkÊÊtm  naknMaiaOlM  Ptoitot  wpp»ft4w 

n  «là  BM  cten*  «■Iforaift 

■OlOT.  ■OUaèlrw.  4»10kU. 

2,t3 «fSe 1,M 

5,M 0^ 1,70 

8,49 1,S« 1,H 

11,32 3,0S k,%% 

14,1S 2,6 .     l,tS 

16,9% 9,2S «...     I,9l 

19,91  . 3,6« 1,80 

Moyenne i|848 

(Hi  calciile  de  même  le  moment  dMnertIe 

.      «*■       o,oo4a  X  o,o56'  ^-- 

I«—  —  ■■  -2 ^-—-2 —  —  o,oooooi655, 

12  12 

etptrsoite 

ç      PC*     SxôISô* ^  .,, 

**"«7t**5T:: at.^^^ srr  "■  0.011.000.000  Kll. 

3/1      3  X  o,ooi8A6  X  o,oooooi633  ^ 

Dans  cette  expérience,  rien  nMndiqne  qne  Télastlcité  dn  mé- 
tal ait  été  altérée,  et  nous  retrouvons  un  chiffire  presque  iden- 
tique à  celui  qui  résulte  du  premier  essai.  On  peut  donc 
admettre  que  Talumlnlum  a  pour  coefficient  d'élasticité 
6.757. ooowooo  klL,  nombre  que  Ton  obtient  en  prenant  la 
moyenne  des  deux  déterminations  qui  précèdent 

Le  coefficient  d'élasticité  des  meilleurs  fers  étant 

E  =  20.  ooo.  000. 000, 

on  voit  que  celui  de  ralnmininm  en  est  environ  le  tiers;  mais 
rélasticité  parait  s'altérer  moins  rapidement  pour  ce  dernier 
métal  et  seulement  par  une  ctaai^  de  8  kil.  par  millimètre 
quarré,  alors  qu'on  doit  compter  20  kil.  pour  le  bon  fer.  La 
densité  de  Taluminium  étant  2,6,  tandis  que  celle  du  fer 
est  7,7 ,  on  voit  qu'à  égalité  de  poids  et  non  pas  à  égalité  de  vo- 
lume, Falnminium  serait  aussi  résistant  que  le  fer. 

Ton  XYin,  1860.  5 


66  EXPÉBIENGES  SUft  L'aLUMII^IUM  ,   ETC. 

C'est  là  une  conclusion  générale  qui  pourra  servir  de  pre- 
mière règle  dans  la  construction. 

Nous  espérons  qu*il  nous  sera  possible  de  donner  prochaine- 
ment des  indications  analogues  en  oe  qui  concerne  la  résis- 
tance du  bronze  d'aluminium. 


nmlUMi'iauciiiniii,  ncmdci  muniTAn  mues. 


BUBEAD  IHB  SIAUSUQUBi 


mm 


tacsETitt,  nmdn  ni  AMcncn  et  wankWL  iteàn»  Mi conM 


trim 


69 


10TAL 


Ml 


AiFvAaiiiCK 


plu. 


»AR    KILOVÈTEB, 


■tCBTTB 

totale 


urriummcm 
de  latD  Mr  181t. 


totale 


Un. 


poer  état. 


fin. 


fk-. 

80.619.127 

M.3«S.t33 

47.928,801 

74.S4 1.9191 

4.778.289 

14.978.978 

1.098.I92 

338.198' 

933.994 

331.998 

137.073 


BL4I9  3S9.319.i&1 


+  8449.3&9      \ 


tr. 

fir. 

fr. 

48.848 

3.881 

» 

»,w 

83.177 

3.345 

» 

6,77 

i8.009 

1.374 

• 

M» 

83.857 

714 

■ 

3,3i 

58.704 

» 

3.413 

» 

39.775 

• 

15 

• 

18.865 

3.309 

» 

11,71 

93.879 

10.019 

» 

15,93 

4.S78 

■ 

868 

u 

36.931 

> 

1.689 

m 

11.979 

3.144 

• 

39,93 

8.471 

1.346 

• 

14,70 
3,34 

89.8S9 

834 

8IJ87 


119494 
ML99I 
11391 


ML48 


KI.SI8 


iai»9.868 
3.898.894 
3.498.499 
3.999.794 

11.639.319 

1.876.889 

89.997 


88.491. 


749I 


87.937 

9431 

» 

» 

■ 

M 

49.855 

18.193 

18.788 

» 

585 

M 

38S.910 

19.159 

15.349 

907 

5,9S 

798.489 

19.450 

8.753 

1.997 

19,39 

J.319.S37 

9.898 

7.413 

1.481 

19,98 

1.S93.688 

37.995 

35.816 

3  879 

9,40 

107.047 

15.875 

14.545 

839 

8,71 

539.439 

5.981 

4.501 

1.180 

36,23 
0,80 

4.494.799 

• 

19.778 

19.738 

50 

m 

UTKm. 


•aMl4pS9^19.157| 
«8.5111  ».461.749J 


8^19.359 
4.494.769 


(•) 


383,1687,899!  13. 105.028 


'I 


» 


87.680 
16.773 


83.499 


36.856 
16.733 


32.378 


834 
50 


336 


» 


3,34 
9^9 


0.70 


01»8RTATI0I«S. 


» 
4,49 
0,07 

I» 

» 
7,94 
6,29 

» 


» 
8,13 

» 


kU. 


44 


Lu  iNlliM  «nrlM  4i  4**  mI|. 
In  18n  n  M  wplMlri  4819  m 

■■•  éiiiéM  4i  m  llM.,  MTClr  : 

1*  Ahgiiii  mise  av. 

MHwMM  4l 
4*'  inr.  48M.  . 

UMBMllrtin 

14  MT.  48M 8 

T«ul  pnr  l'AMtai  NHn.      '""4 

1«  HOOTIAV  MÈêMAW. 

nord. 
Nrh  I  Inm,  8  Jeli  4818. 
IM. 

PHt  4'al«tr  I  AllMIlM. 

OtMel. 

k  FIUm.  4**  w- 

W"*»  41» t)     .. 

UMiari«-U,4*'Mi4888.48)     ^ 

OrUoHê. 
iMlllfM  k  ImUu  •!  m- 

MM,  7  MT.  481t.  18 
NrinMi  I  Brtmy  45  nf - 
l«Én4fH. 7t 

Parié  à  Lvon 
H  A  la  Médittrrané€, 
fwttrUtr   k    k    iheUtn 

.t4JiiBtt4ll8.  .44 
■•nlâiiDtir|ii,48M«l4tM  N 

IttolItafliMitMiilmi . 


UifMar  npMté* 
Mbn  4M9.  . 


UeiMir  MikafltHit 
4IM.  .  .  , 


481 


IN 

8.814 


I.l1f 


ÉMipMe  iei8pr«Mlen  trtm.de  l8i9e'éteBt  pas  eMore  «MBlUfemeDt  arrttAi.let 



(a)  844Mltoi  IMl  4n  441IMI,  M 
Ml  «Mtrit  rtafil  !■  4hMM  ftl 
t'ilATt  fnêt  IM  8  pnalin  tria.  : 

«•  4tM  k.  .  .  41.187  NI  fr. 

4«  41»  k.  .  .  48.IU.M8 


MÉTALLURGIE  W  PLàTHIE»  71 

DE  LA  HÉTALLURGIE  DU  PLATINE 

IT  DU  MiTAUX  QUI  L^AGGOMPAGIfElIT. 
Par  M.  H.  SAINTB-CLAJRB  DEVILLE  tr  H.  DEEEAT. 


No\ift  avons  ezposéi  dans  le  sebième  volnine  de  ces  objet 
Annales^  un  projet  de  métallurgie  nouvelle  du  platine 
fondée  sur  remploi  des  moyens  de  la  voie  sèche  ;  notre 
travail  était  fini  et  publié  «  lorsque  le  gouvernement 
russe ,  par  Tintennédiaire  de  M.  Jacobi  i  conseiller 
d'État  et  membre  de  T  Académie  des  Sciences  de  Saint- 
Pétersbouxf^,  nous  proposa  d'étudier,  sor  une  échelle 
rélalîveuient  assez  grande,  toute  la  partie  pratique  de 
la  question  que  te  manque  de  matériaux  nous  avsdt 
obligés  de  n^Iigar  momentanément.  Nous  avons  ac- 
cepté cette  mission  avec  empressement,  en  nous  im-^ 
posant  à  nous-mêmes  la  condition  de  diriger  nos  tra«* 
vaux  de  telle  manière  .qu'ils  pussent  être  adaptés  le 
plus  complètement  possible  aux  besoins  du  gouverne- 
ment russe.  La  monnaie  de  Russie  reçoit  en  effet  chaque 
année  des  quantités  de  minerai  de  platine  de  l'Oural 
assez  variables,  qu'elle  traite  elle-même  par  un  procédé 
qui  sera  bientôt  décrit  et  qu'elle  livre  en  ce  moment  au 
commerce  sous  forme  de  lingots» 

Autrefois  ce  platine  était  converti  en  monnaie  \  mais 
eelle^n  a  été  retirée  de  la  circulation  pour  des  raisons 
qu'il  serait  utile  de  faire  connaître,  mais  que  nous  ne 
pouvons  détailler  dans  un  recueil  scientifique  étranger 


72  MÉTALLURGIE  DU  PLATINE. 

à  récoDomie  politique.  Qu'il  nous  suffise  de  dire  que  le 
métal  de  cette  monnaie  ayant  été  coté,  quand  on  en  a 
déterminé  la  valeur  intrinsèque,  à  un  taux  très-éleyé, 
lorsque  la  valeur  commerciale  du  platine  a  diminué, 
on  avait  intérêt  à  faire  entrer  en  Russie  de  fausses  mon- 
naies fabriquées  d'ailleurs  avec  du  métal  pur,  mus 
dont  Torigine  frauduleuse  était  par  cela  même  impos- 
sible à  déceler.  Le  gouvernement  possède  actuelle- 
ment presque  toute  la  masse  métallique  enlevée  à  la 
circulation. 

Le  minerai  de  platine  de  l'Oural  a  toujours  été  traité 
en  Russie,  comme  ailleurs,  par  la  voie  humide  :  cette 
métiiode  a  l'inconvénient  de  laisser  sans  emploi  des 
résidus  consistant  principalement  en  osmiure  d'iridium 
plus  ou  moins  mélangé  de  sable,  d'oxyde  d'iridium  et 
de  platine  non  attaqué.  L'administration  russe  en  pos- 
sède actuellement  de  grandes  masses  :  elle  en  a  extrait, 
par  curiosité  scientifique,  une  assez  grande  quantité 
d'oxyde  d'iridium  non  purifié. 

On  s'expliquera  donc  l'origine  des  matériaux  pr6* 
cieux  qui  ont  été  mis  à  notre  disposition  par  U.  le  mi- 
nistre des  finances  de  la  Russie,  et  que  nous  avons 
utilisés  pour  le  travail  que  nous  publions  aujourd'hui. 

A  la  date  du  aS  février  1860  nous  avons  reçu,  par 
l'intermédiaire  de  H.  Jacobi  : 

s  pouds  ou  32  kil.  de  minerai  de  l'Oural  ; 

1  poud  ou  16  kil.  de  platine  démonétisé  (roubles 
laminés)  ; 

i  poud  ou  8  kil.  d'iridium  brut. 

Nous  possédions  d'ailleurs,  grâce  à  la  libéralité  du 
gouvernement  russe  et  à  la  complaisance  du  général 
Samarski,  chef  du  corps  des  mines,  de  nombreux  échan- 
tillons des  osmiures  ou  résidus  de  la  fabrication  du 
plaUne. 


MÊTALLURGIB   DV   PLATIHE.  7$ 

Enfin  nous  ayons  pu  faire  établir,  au  laboratoire  de 
rÉcoIe  normale,  des  fourneaux  à  réyerbëres  et  des 
gazomètres  de  grande  dimension  aux  frais  du  gouver- 
nement rosse;  les  appareils  ont  été  généreusement 
donnés  à  l'École  normale  après  la  cessation  de  nos 
travaux. 

Nous  avions  donc  tout  ce  qu'il  fallait  pour  entre-  ^  ÏTlîî!ï_ 
prendre  en  grand  le  travail  qui  nous  était  demandé  et 
dont  nous  allons  décrire  les  résultats  dans  Tordre  sui* 
yant,  qui  sera  conservé  dans  ce  mémoire  : 

1*  Méthode  par  voie  sèche  pour  traiter  avec  facilité 
et  rapi^tè  et  en  quantités  illimitées  le  minerai  de  pla- 
tine. Nous  décrirons  d'abord  un  premier  procédé  calqué 
sur  la  métallurgie  de  l'argent  et  que  nous  appellerons 
procédé  par  cfnipellation.  Nous  avons  expérimenté,  en 
outre,  la  fonte  du  minerai  brut,  qui  donne  immédiate- 
ment un  alliage  où  le  platine  est  prédominant  et  qui 
contient  tous  les  métaux  utiles  du  minerai  :  c'est  le 
procédé  par  grillage  et  fonte  directe» 

s""  Mètbode  pour  la  purification  «t  la  fonte  des  iri- 
dium bruts  de  la  monnaie  de  Russie,  toujours  par  voie 
sèche. 

5*  Méthode  mixte  pour  la  purification  des  minerais 
au  moyen  de  l'eau  régale,  plus  expéditive  que  la  mé« 
thode  actuelle,  et  qui  se  prête  parfaitement  à  nos  pro- 
cédés de  fution  pour  obtenir  le  platine  chimiquement 
pur. 

li"  Méthodes  de  fusion  et  de  moulage,  applicables 
à  des  quantités  illimitées  de  platine  pur  ou  allié,  dans 
des  appareils  faciles  à  construire  et  d'un  emploi  in- 
dustriel. 

B*"  Procédés  économiques  de  fabrication  de  l'oxy- 
gène. Dans  ce  chapitre  nous  exposerons  les  études  que 
nous  avons  faites  sur  toutes  les  méthodes  connues  jus- 


de  Ruwte. 


74  MfiTAUUBGIB    DU  PI.4TINB* 

qu'ici  et  qui  appartiennent  à  Scbeele,  à  Berzeli08«  & 
M.  Boussingault,  et  sur  remploi  d'un  moyen  nouveau 
fondé  sur  la  décomposition  par  le  feu  du  sulfate  de  zinc 
ou  de  Tadde  sulfurique  plus  ou  moins  concentré. 

CHAPITRE  PREMIER. 
TRAITIHIIIT  DBS  MIHEIAIS  Dl  l'OUHAL. 

MioMdepiaune  «  En  1819  (i),  des  orpaiUeurs  de  Neffjansk  (entre 
Ekaterinbourg  et  Nijni-Tagilsk  )  recueillirent  dans  les 
lavages  des  sables  aurifères  des  paillettes  d'un  métal 
blanc  qu'ils  appelèrent  or  blanc,  à  cause  de  sa  grande 
pesanteur  spécifique.  Ils  en  rassemblèrent  une  certaine 
quantité  qu'ils  envoyèrent  en  1822  à  Ekaterinbourg 
pour  en  fsdre  faire  l'essai,  qui  ne  conduisit  cependant 
pas  à  sa  constatation.  Ce  ne  fut  qu'en  1823  que  M.  Lou- 
barsky ,  professeur  au  corps  des  mines ,  reconnut  ces 
paillettes  pour  du  platine.  Depuis  ce  temps,  l'attention 
se  dirigea  sur  ce  métal  qui  jusque-là  n'avait  été  trouvé 
qu'en  Amérique.  A  Neffjansk  même,  on  ne  le  ren- 
contre qu'en  petite  quantité;  mais  le  28  août  1826,  on 
découvrit  à  Nîjni-Tagilsk,  sur  la  pente  occidentale 
de  l'Oural ,  de  très-riches  gisements  de  sable  platinî- 
fëres  contenant  plus  de  2  5  zolotniks  de  platine  par 
100  pouds  de  sable  (1  gr.  par  i5  kil.  5),  et  qui  font  de 
ce  district  la  contrée  la  plus  riche  en  platine  de  l'uni- 
vers. En  effet,  déjà  dans  le  premier  semestre  après 
cette  découverte,  ces  gisements  donnèrent  un  produit  de 
5  pouds  10  livres  (86  kil.)  de  minerai  brut  de  platine, 
et  en  1 845  on  en  exploita  environ  So3  pouds  (5. 33o  kil). 
Les  autres  lavages  de  platine  étant  jusqu'à  présent  in- 


(1)  Ces  détails  sont  extraits  d*une  brochure  très-instructive 
pobliée  récemment  par  M.  Jacobi  sur  le  Platine  et  son  emploi 
comme  matmaie.  Salnt-Pôtersbourg,  1S60. 


MiTAiumciB  oc  PuxniB»  7S 

flgDîfiaats»  on  peat dire  que  Nijm-Tagilsk  m  ft^^resque 
eidtiri^venieiit  le  monopole.  Depuis  i845»  par  des  rai* 
«OBS  dont  nous  parlerons  plus  tard,  cette  exploitation 
6taut  devenue  trto^restreinte  ou  ayant  presque  entiè* 
rement  cessé  •  il  n'y  a  aucun  doute  qu'elle  sera  re- 
prise ayec  une  nouvelle  ardeur  dès  que  de  nouvelles 
voies  s'ouvriront  à  un  écoulement  avantageux  de  ce 
métal  prédeux. 

D  Le  platine  se  trouve  ordinairement  en  paillettes  ; 
on  en  a  aussi  trouvé,  mais  rarement,  de  grands  mor- 
ceaux, des  pépites,  comme  on  les  appelle,  de  10,  18  et 
mftme  de  %&  livres,  non  pas  à  de  grandes  profondeurs, 
mais  immédiatement  sous  le  gazon.  • 

»  L'exploitation  du  platine,  en  Russie,  est  exacte-  Bxpioiuuon 
ment  connue  par  les  tableaux  publiés  annuellement  sur  ^  "*  ^ 
les  produits  minéralogiques  du  pays.  De  i8a4  (où  l'ex* 
ploitation  du  platine  a  commencé)  jusqu'à  i858,  la 
production  totale  a  été  de  a.  io5  ponds  67  livres  43  zo- 
lotm.cïs69  dol.  (34*495  kil.),  ou  en  moyenne  60  pouds 
7  Uvies  ^i.oooldi.  environ)  par  an.  La  plus  forte  ex- 
ploitation eut  lieu  en  i843,  où  elle  est  montée  à  soa 
pouds  54  livres  i6zoI.  5o  dol.  (3.33i  kil.)  En  comp- 
tant la  période  de  1828  jusqu'à  i845,  où  l'exploitation 
a  été  la  plus  active ,  et  en  y  ajoutant  celle  de  1 853,  où 
elle  était  de  même  assez  considérable ,  on  trouve  pour 
la  production,  pendant  ces  dix-neuf  ans ,  un  total  de 
1.930  pouds  11  liv.  71  zoL  i4  dol.  (39.437  kil.),  ou  en 
moyenne  io4 pouds  10 liv.  (1.707^1.),  dont 872  pouds 
Soliv.  75  zol.  S7  doL  (14.296  kil.)  ont  été  employés 
pour  en  frapper  des  espèces  monnayées  représentant 
une  valeur  de  4.i42-547  r.  ou  de  16.570.188  fr.  En 
1845,  le  gouvernement  a  cessé  de  faire  frapper  la 
monnaie  de  platine,  et  l'exploitation  en  est  devenue  fort 
restreinte* 


76 


IIÉTALLÛE^IE  ra  l»UtlNE. 


»  On  voit  par  ce  réSHmé  que,  sans  faire  beaucoup 
d'efiforts,  la  production  annuelle  du  platine  en  Russie 
peut  être  portée  à  loo  pouds  ou  1.600  kil.;  de  ma- 
nière qu'en  s'arrétant  au  chiffre  mentionné  plus  haut  de 
1.200  kil.,  la  production  annuelle  de  tous  les  autres 
pays  n'est  que  des  trois  quarts  de  ce  que  la  Russie  peut 
fournir  à  elle  seule  avec  facilité.  » 

§  1*".  EhoU  des  mtntfraû. 


Compoiilloii 

des 

minerais. 


Procédé 
méoaniqoe 

de 
pttritteetion. 


Le  minerai  ordinaire  de  la  monnaie  de  Russie  pré- 
sente l'aspect  et  la  composition  de  celui  qui  a  été  déjà 
décrit  dans  notre  précédent  mémoire.  Le  nombre  des 
pépites  de  3  à  4  grammes  est  très-peu  considérable; 
ce  qui  domine,  ce  sont  des  grains  d'un  millimètre 
cube  environ.  Il  donne  à  l'analyse  les  nombres  sui- 
vants: 

Platine 76,4 

Iridium /i,3 

Rhodium o»5 

Palladium i»4 

Or o,A 

Cuivre â,i 

Fer 11,7 

Osmlure  dMridium o^ô 

Sable i,& 

100,5 

Quand  on  examine  ce  minerai  avec  attention,  on 
voit  bien  vite  que  les  grains  de  sable  qui  on  résisté  au 
lavi^e  sont  très-petits ,  de  sorte  qu'en  le  passant  au 
travers  d'un  tamis  dont  les  mailles  ont  de  1  à  s  dixiè- 
mes de  millimètre  environ»  on  obtient  un  minerai  très- 
riche  en  sable  et  qu'il  est  utile  de  traiter  à  part  ou  bien 
de  laver  à  nouveau,  ce  qui  est  encore  préférable. 


MtTAUlIlGIJE  DD  PLATIl».  77 

Cependant  on  n'a  pas  ainsi  enlevé  tout  le  sable  :  on 
Toit  qa'il  en  reste  une  certadne  quantité  retenue  dans 
llntérieur  même  des  grains,  et  qu'on  extrait  facile- 
ment en  faisant  passer  le  minerai  d'abord  sous  le  pilon 
et  ensuite  an  travers  de  deux  cribles  et  d'un  tamis  fin. 

Ce  travail  préliminaire,  qui  n'est  pas  indispensable^ 
nous  a  paru  utile  pour  nous  renseigner  sur  l'avantage 
d'une  méthode  de  purification  du  minerai  par  procédés 
mêcamques,  méthode  très-facile  et,  quand  on  y  ajoute 
le  lavage,  fructueuse  par  Téconomie  des  réactifs* 

Nous  avons  partagé  ainsi  notre  minerai  en  trois  por- 
tons: 

tV"  1.  Minerai  fin  passé  au  tamis  (1)  •  .  •  •     9.196 

N*  9.  Minerai  criblé 96.i55 

NT  3.  Minerai  en  pépites  encore  grosBes.  •     3.960 


6A,aSo 


Essai.  Le  n*  1  a  été  essayé  en  fondant  5o  ou  1 00 
grammes  de  minenû  dans  son  poids  de  plomb  et  une 
fois  et  demie  son  poids  de  litharge.  Le  culot  de  plomb 
platiniffere  a  été  coupelle  et  rôti  dans  le  moufle.  On  a 
chauffé  Je  platine  plombifëre  ainsi  obtenu  au  chalu- 
meau à  gaz  tonnants  déjà  décrit  dans  notre  précédent 
mémoire,  et  on  a  obtenu  un  culot  de  platine  allié  d'iri- 
dium qui  a  été  pesé. 

Le  n""  3  et  le  n*  3  ont  été  essayés  par  une  méthode  Méthode 
que  nous  n  avons  pas  encore  décrite  et  que  nous  pré- 
férons à  toutes  les  autres,  parce  qu'elle  est  très-sûre. 
On  peut  opérer  sur  100  ou  sur  5o  grammes  de 
minerai  :  nous  supposerons  qu'on  agisse  sur  100 
grammes.  On  les  mélange  intimement  avec  100  gram. 


(1)  Déduction  faite  de  la  fonte  ODlevée  au  mortier  pendant 
la  pulvérisation. 


78  VÉTAIXUftGIB  DU  PLATIRB* 

de  galène  (Talciaifoux  des  potiers)  et  on  chauffe  dans 
un  petit  creuset  de  bonne  qualité  jusqu'au  rouge 
vif .  A  la  masse  qui  s'est  métallisée,  parce  que  le  fer 
du  minersui  a  réduit  la  galène  et  s'est  combiné  avec  le 
platine,  du  moins  en  partie,  on  ajoute  5o  grammes  de 
plomb  pauvre  et  on  chauffe  un  peu  plus  vivement  en* 
core.  On  obtient  alors  un  alliage  de  platine  et  de  plomb 
et  une  matte  plombeuse  ou  sous-solfure  de  plomb,  qui 
doit  attaquer  les  derniers  grains  de  minerai  qui  ont 
échappé  à  la  galène  et  qu'on  amène  au  contact  du  bain 
sulfuré  et  à  la  surface  au  moyen  d'une  baguette  en 
terre.  On  ne  cesse  de  mêler  ainsi  les  diverses  couches 
de  matières  contenues  dans  le  creuset  que  lors- 
qu'on ne  sent  plus  aucune  résistance  provenant  de 
grains  non  dissous*  On  doit  tenir  compte  pourtant  de 
la  présence  possible  de  quelques  gros  grains  d'os- 
miure  d'iridium,  qui  est  inattaquable  par  la  galène,  et 
on  en  est  averti  par  le  fait  même  de  leur  résistance  à 
toute  dissolution.  Le  creuset  peut  être  chauffé  dans  un 
fourneau  alimenté  d'sdr  par  un  soufflet  ou  un  ventilar- 
teur  :  la  chaleur  doit  s'élever  au  moins  jusqu'au  point 
de  fusion  de  l'op,  et  l'on  peut  dépasser  même  cette 
température  sans  aucun  danger  pour  le  creuset  que  la 
galène  n'attaque  et  ne  traverse  pas  du  tout. 

Au  moment  où  nous  avons  amené  Topération,  le 
creuset  contient  un  alliage  de  plomb  platinifère  ^  une 
scorie  composée  de  galène,  de  sulfures  de  fer  et  de 
cuivre.  On  découvre  le  creuset  bien  chaud  et  on  7  in* 
jecte  de  l'air  au  moyen  d'un'  soufflet  dont  la  buse  asses 
longue  est  en  fer,  U  se  produit  un  abondant  dégage- 
ment d'acide  sulfureux  :  le  cuivre  et  le  fer  s'oxydent 
en  donnant  des  crasses,  le  plomb  se  réduit  et  vient  se 
mêler  à  l'alliage  de  platme.  On  interrompt  Tinsuffla- 
tion  toutes  les  fois  que  la  chaleur  baisse  assez  pour 


HÉTAIXDBGIB  DU  PtATlM. 


79 


que  les  crasses  noircissent,  on  chauffe  alors  de  nouyeau 
et  on  recommence  à  souffler  dans  l'intérieur  du  creu- 
set jusqu'à  ce  gue  toute  odeur  d'acide  sulfureux  ait 
disparu  et  que  des  litharges  persistantes  se  forment. 
On  ajoute  aJors  a  grammes  de  peroxyde  de  manga- 
nèse, une  dizaine  de  grammes  de  verre,  et  on  fond  tout 
de  manière  à  obtenir  une  scorie  bien  liquide  contenant 
de  l*oxyde  de  fer,  de  Toxyde  de  cuivre,  du  protoxyde 
de  manganèse,  de  la  Htharge,  enfin  les  éléments  du 
verre.  En  cassant  le  creuset  on  trouve  un  culot  parfai- 
tement réuni  de  plomb  platiniftre,  et  une  scorie  vi- 
treuse qui  doit  être  chargée  d'oxyde  de  plomb  si  Ton  a 
suffisamment  prolongé  Toxydation  dans  le  creuset.  S'il 
reste  encore  de  la  galène  non  décomposée,  la  surface 
du  culot  est  noirâtre,  et  il  faudra  prendre  de  grandes 
précautions  dans  les  opérations  suivantes. 

l^  plomb  platinifère  est  une  masse  métallique  dure, 
cassante  et  divable,  et  &  ce  point  semblable  à  du  bis- 
muth qu'on  confondrait  les  deux  substances  si  elles 
étaient  placées  l'une  à  c6té  de  l'autre.  Le  plomb  plati- 
nifère s'irise  même  très*vite  au  contact  de  l'air,  et  cette 
oxydation  si  fadle  do  plomb  tient  manifestement  à  la 
tendance  fortement  électronégative  du  platine  auquel 
il  est  allié. 

On  coupelle  le  plomb  platinifère  à  la  tempéra»  gooHUUod 
ture  de  Vor  fondant.  Pour  cela  on  peut  employer  des 
appareils  différents  suivant  la  quantité  des  matières 
sur  lesquelles  on  opère.  Quand  on  a  pris  5o  ou  i  oo 
grammes  de  minerai,  on  n'obtient  jamais  au  delà  de 
i5o  à  3oo  grammes  de  plomb  platinifère.  Alors  on 
peut  faire  la  coupellation  dans  le  moufle  d'un  fourneau 
de  coupelle  ordinaire,  et  au  moyen  d'une  coupelle  d'os 
de  i  centimètres  environ  de  diamètre.  Cette  coupelle  est 
elle*méme  placée  dans  un  grand  tèt  rempli  de  cendre 


Plomb 
platinifère. 


8o  MÉTALLURGIE   DU   PLATINE. 

d'os  fortement  tassée.  Elle  se  gorge  pendant  Topéra- 
tion,  et  comme  la  litharge  fondue  filtre  très-facile- 
ment au  travers  de  la  matière  de  la  coupelle,  elle  s'im- 
bibe dans  la  cendre  d'os  du  tèt,  et  la  surface  du  plomb 
en  coupellation  est  constamment  dépouillée  de  litharge. 
Nous  avons  toujours  opéré  au  moyen  du  fourneau  à 
moufle  chauffé  à  la  flamme  et  figuré  dans  la  PI.  I 
(fig.  4)  des  Annales  des  mines^  t.  XVI  (5*  série). 

FatioB.  Au  bout  de  quelques  heures  le  plomb  s'est  oxydé  et 

le  platine  se  présente  sous  forme  de  mousse  ou  plutôt 
de  choux  -  fleurs  qui  ne  contiennent  plus  que  quelques 
centièmes  de  plomb.  On  introduit  cette  matière  dans  le 
petit  four  en  chaux  de  la  fig.  8  (  loco  cUato)  »  et  on  le 
maintient  en  fusion  avec  le  chalumeau  à  oxygène  jus- 
qu'à ce  que  toute  vapeur  de  plomb  et  toute  odeur  d'os- 
mium aient  entièrement  disparu  de  la  flamme.  On 
détache  le  culot  de  la  chaux  qui  n'éprouve  aucune  al- 
tération dans  cette  circonstance ,  on  réunit  les  petits 
globules  de  platine  projetés  sur  la  voûte  du  four,  on 
les  lave  à  l'acide  chlorhydrique  et  on  pèse.  On  a  ainsi 
la  teneur  en  platine  et  iridium  ou  rhodium  du  minerai. 
Quelquefois  il  se  forme ,  pendant  la  coupellation ,  à 
la  surface  du  platine  en  choux-fleurs  une  poudre  noire 
cristallisée  »  qui  n'est  autre  chose  que  de  i'iridiate  de 
plomb  :  il  faut  introduire  cette  poudre  en  même  temps 
que  le  platine  plombifëre  dans  le  four  en  chaux  où 
l'iridium  se  réduit  et  s'allie  au  platine  pour  former  le 
culot  métallique. 

Biempie.         Voici  uu  exemple  de  ces  essais  pratiqués  comme  je 
viens  de  le  décrire.  On  a  pris  : 


[; 


ii£taij:.0R61£  du  platuie. 


8i 


Minerai  tamisé  et  criblé  (n*  3)  (i). 100  gr. 

Galène  pulvérisée  (alqoifoux) 100 

Plomb. 5o 

Après  la  fusion  et  Toxydation  au  soniDet,  on  a 

ajouté  manganèse  de  Giessen 9 

Verre  blanc  ou  cristaL 10 

Le  culot  de  plomb  platinifère  détaché  d'une  sco- 
rie vitreuse,  contenant  de  Toxyde  de  plomb 

pèse 178 

Après  la  conpellation  et  le  rôtissage,  le  platine 

plombifèrepèse 93 

Après  fusion,  platine  iridilère. 8a 

En  opérant  ainsi  sur  les  s  pouds  de  minerai  russe, 
on  a  obtenu  : 


• 

QOARTITÉ 

toialt. 

VLATMa 

eoBinv. 

Phktnu 
poarlOt. 

N»  1.  MiDerai  ftn 

kll. 
3.I9S 

36.1SS 

3.9SO 

kll. 
1.017 

21.430 

3,3ft8 

16.3 
83.0 
U.0 

N«  s.  Miserai  eriblé 

S"  3.  Minerai  e&  petites  pépites. 

Il            IoUqx  et  aMyenne. .  .  . 

33.310 

25,305 

30.0 

La  proportion  moyenne  de  platine  iridifëre  contenu 
dans  le  minerai  calculée  avec  ces  nombres  est  80  p.  1  oo. 

Ce  nombre  concorde  très-bien  avec  l'analyse  citée 
plus  haut,  d'après  laquelle  on  devrait  en  efifet  obtenir 
à  peu  près  8o,5  p.  100  pour  la  somme  des  matières 
fixes  et  non  oxydables  renfermées  dans  le  minerai. 


(1)  Si  le  minerai  est  pulvérisé  un  peu  finement,  l'attaque 
par  la  galène  se  fait  avec  une  rapidité  extrême,  et  même  avec 
dégagement  de  chaleur  &  la  température  de  fusion  de  la  galène 
et  au  moment  de  sa  réduction  par  le  fer  du  minerai. 


TOMB  XVUI,  i86o. 


8t  MÉTALLURGIE  DO  PLATOII* 

S  IL  Méthode  de  coupellatian  eur  wm  éekMe  flioirnuM.' 

Le  mode  d'esaai  que  nous  venoos  de  décrire  peut 
devenir  un  procédé  de  fabrication  quand  on  n'opère 
que  sur  de  petites  quantités  de  platine.  Nous  l'avons 
expérimenté  sur  S  ou  4  kil.  de  minerai  qu'on  pourrait 
porter  à  lo  kil.  environ,  sans  rendre  les  opérations 
trop  difficiles* 
pw*A^De.        **  Attaque.  —  Le  minerai  brut  passé  au  pilon  pour 
broyer  les  plus  gros  fragments,  et  mélangé  avec  les 
quantités  de  galène  et  de  plomb  déjà  mentionnées»  est 
introduit  dans  un  assez  large  creuset ,  chauffé  et  grillé 
comme  nous  l'avons  dit,  p.  77,  78  et  79.  Dans  ce  creuset 
même,  en  opérant  d'après  cette  méthode,  on  peut  sco- 
riûer  les  oxydes  à  haute  température  et  obtenir  immé* 
diatement  le  plomb  platinifère  destiné  à  la  coupella- 
tion  ;  mais  alors  le  creuset  est  presque  toujours  perdu  : 
on  peut  le  faire  servir  à  d'autres  opérations  en  adoptant 
les  modifications  suivantes.  Au  fur  et  à  mesure  que  les 
crasses  se  forment  à  la  surface  du  bain  métallique ,  on 
les  enlève  avec  une  cuiller  de  fer,  et  on  découvre  la  sur- 
face du  bain  jusqu'à  ce  qu'en  prolongeant  l'insuffla- 
tion les  fumées  d'acide  sulfureux  disparaissent  et  que 
la  production  de  la  litharge  devienne  manifeste  et  per- 
manente. On  arrête  alors  brusquement  l'opération  pour 
éviter  l'action  destructive  de  la  litharge  sur  les  parois 
du  creuset,  et  on  coule  en  lingotières  le  plomb  platini- 
fère pour  recommencer  immédiatement  une  nouvelle 
opération.  Quand  on  prévoit  que  le  creuset  ne  pourra 
plus  être  employé,  on  scorifie  les  crasses  par  un  bon 
coup  de  feu,  et  on  retire  du  creuset  un  alliage  conte- 
nant, en  outre  du  plomb  platinifère,  tout  l'osmiure  d'i- 
ridium mélangé  à  la  masse  métallique. 
Le  plomb  platinifère  se  coupellera  par  l'un  des  pro* 


'. 


MÉT^IXUBGIE  DU  PLATDTB*  S3 

eédéa  qui  voat  Être  décrits.  Quant  aux  crasses,  il  faut 
lear  faire  subir  un  traitement  spécial  qui  les  débarrasse 
de  toutes  les  matières  plombeuses  et  platinifëres  dont 
elles  sont  toujours  imprégnées. 

s"*  Caupellalion  des  plombé  pUUinifèrês. —  Nous  avons 
employé  dans  cette  série  de  recherches  deux  sortes 
d'appareils  applicables  à  des  quantités  de  minerais  qui 
ne  surpassent  pas  beaucoup  5  à  6  kil.  de  matières  trai* 
tées  en  même  temps.  Nous  avons  fait  d'abord  des  cou* 
pellations  au  gaz  de  l'éclairage  comme  combustible 
brûlé  par  Tair  des  soufflets,  puis  des  coupellations  con- 
tinues dans  de  petites  coupelles  perméables  laissant 
passer  la  luharge  par  leurs  pores  au  fur  et  à  mesure 
qu'elle  se  forme  par  l'oxydation  au  contact  de  Tair. 
Nous  allons  donner  la  desciiption  de  ces  méthodes 
successivement;  mais  comme  tout  procédé  métallur- 
gique doit  être  accompagné  d'un  mode  d'essai  corres- 
pondant, nous  commencerons  par  exposer  nos  moyens 
de  coupellation  appliqués  d'abord  à  la  détermination 
de  la  richesse  des  plombs  platinifères  que  nous  avons 
obtenus  dans  les  opérations  précédentes. 

A.  Essai  des  plombs  plalinifêres.  —  On  prend  une 
coupelle  d'os  de  la  plus  petite  dimension  et  dont  on 
diminue  l'épaisseur  an  moyen  d'une  râpe  grossière. 
Cette  coupelle  GG  (PI.  III,  fig.  2]  est  placée  dans  un  trou 
cylindrique  creusé  dans  un  morceau  de  charbon  de 
bois  PP9  de  manière  qu'elle  y  soit  presque  entièrement 
enfermée  et  qu'elle  ait  une  inclinaison  de  ao  à  3o**  par 
rapport  à  l'horizon. 

On  fait  arriver  dans  cette  coupelle  la  flamme  oxy-     cbaïameiu 
dante  d'un  chalumeau  à  gaz  dont  le  dessin  est  donné         ^? .. 

^  eoopeilation. 

dans  la /iy.  5  de  la  PL  III.  Il  se  compose  d  un  tube  à  trois 
courbures  HEFG ,  glissant  en  I  dans  un  tube  plus 
large,  de  façon  qu'on  puisse  abaisser  ou  élever  h  vo- 


84  MÉTALLUBGIE   DU   PLATINE. 

lonté  les  deux  branches  verticalesy  mobiles  également 
en  K,  de  manière  que  la  branche  FG  puisse  se  dé- 
placer comme  on  voudra  dans  un  plan  vertical.  Ce 
tube  conduit  du  gaz  de  l'éclairage  introduit  par  le  ro- 
binet Rjusqu*à  son  extrémité  G  où  on  l'enflamme. 

Un  tube  plus  petit  BCD  amène  de  Tair  jusqu'à  l'ex- 
trémité D  sur  lequel  on  ajuste  des  bouts  de  chalumeau 
à  ouvertures  variables.  Une  articulation  en  C  lui  permet 
de  suivre  tous  les  mouvements  de  la  branche  FG  à  la* 
quelle  il  est  fixé  par  un  écrou  L  :  un  robinet  r  permet 
de  graduer  la  vitesse  de  l'air  à  la  sortie  D.  Cet  air 
vient  d'un  soufflet  ordinaire  ou  bien  d'une  trompe 
comme  celle  que  nous  décrirons  un  peu  plus  tard. 
coDdoiie  Pour  coupeller,  on  lance  d'abord  le  dard  du  cbalu- 

deiopératoD.  ^^^j^  Convenablement  incliné  jusqu'au  cehtre  de  la 
coupelle  :  quand  on  l'a  bien  échauffée, on  introduit  peu 
à  peu  du  plomb,  et  au  moyen  des  deux  robinets  R  et  r 
et  en  faisant  varier  la  distance  MN,  on  obtient  une 
flamme  en  même  temps  chaude  et  oxydante.  La  litharge, 
en  même  temps  qu'elle  se  produit,  s'écoule  par  une  pe- 
tite rainure  pratiquée  en  I  (fig.  a),  et  on  ajoute  du 
plomb  peu  à  peu,  au  fur  et  à  mesure  que  le  bain  dimi- 
nue. A  la  fin  de  l'opération,  la  coupelle  est  assez  chaude 
{)Our  que  le  charbon  s'enflamme  tout  autour  d'elle. 
Cette  combustion  lente  et  la  chaleur  du  chalumeau 
suffisent  pour  rougir  toute  l'épaisseur  de  la  coupelle 
que  la  litharge  alors  traverse  librement  pour  venir  se 
réduire  à  l'état  de  plomb  au  contact  du  charbon.  Le 
plomb  se  loge  dans  les  fentes  du  charbon  de  bois  au 
fur  et  à  mesure  qu'il  s'en  forme  aux  dépens  de  la  li- 
tharge. La  coupelle  fait  en  réalité  l'office  d'un  filtre 
qui  laisse  passer  la  litharge  et  retient  le  plomb  platini- 
fère. 
Quand  le  bouton  s'est  solidifié,  malgré  la  chaleur 


HCTAUUEGlfi  DU   PLATINE.  85 

qo'on  rend  maximnin,  on  TenlëTe»  on  le  fond  avec  pré- 
caution an  moyen  dn  chalumeau  à  gaz  tonnants  (i)  et 
on  le  pèse.  11  faut  s'assurer  qu'aucune  portion  de 
plomb  platiDifëre  n'a  pénétré  la  coupelle  d'os  ni 
qu'aucun  globule  de  platine  n'est  resté  adhérent  à  la 
chamu 

Cette  méthode  permet  d'introduire  successivement  ATantacw 
du  plonob  platinifère  dans  la  coupelle  d'os  jusqu'à  ce  cMt*  aéih«d«. 
que  le  bouton  de  platine  plombifère  l'emplisse  presque 
entièrement  On  peut  donc  faire  passer  de  grandes 
quantités  de  plomb  dans  une  très- petite  coupelle. 
Quand  on  opère  sur  1 5  à  30  grammes  de  matières  à  la 
fois ,  il  est  bon  d'avoir  un  jet  de  chalumeau  assez  large 
et  assez  puissant  pour  entretenir  au  rouge  toutes  les 
parties  de  la  coupelle  :  il  faut  alors  que  le  bout  dn 
chalumeau  par  où  arrive  l'air  soit  percé  d'un  trou  qui 
ait  environ  1  millimètre  de  diamètre. 

Quand  l'opération  doit  durer  longtemps,  il  est  préfé-  8««iitorie. 
rable  de  substituer  au  soufflet  le  petit  appareil  ou  trompe 
dont  nous  nous  servons  depuis  longtemps  au  laboratoire 
de  l'École  normale  et  dont  nous  recommandons  remploi 
aux  chimistes  pour  souffler  le  verre  et  pour  eflectuer  les 
recherches  les  plus  délicates  au  chalumeau.  En  effet,  on 
peut,  avec  la  trompe  que  nous  allons  décrire,  obtenir  sans 
aucune  peine  un  vent  très-puissaut  ou  un  souffle  telle- 
ment faible,  qu'avec  peu  de  gaz  et  de  peiites  ouvertures 
de  chalumeau  on  maintient  quelques  milligrammes  d'é- 
tain  fondu  dans  la  flamme  de  réduction  pendant  plu- 
sieurs heures  sans  qu'il  s'oxyde.  En  outre,  notre  petite 
trompe,  qui  est  tout  à  fait  calquée  sur  les  appareils  du 
même  genre  employés  dans  les  Pyrénées,  permet  d'ob- 


(1)  Voir  la  description  de  cette  opération  dans  les  Annale$ , 
tome  XVI,  5*  série,  pages  86  et  87. 


86  MÉTALLURGIE   OU   PLATINE. 

tenir  un  jet  continu  et  une  régularité  dans  les  qualités 
oxydantes  ou  réductrices  de  la  flamme ,  très-précieuse 
pouf  toutes  les  opérations  pyrognostiques.  On  conçoit 
qu'il  est  possible  de  donner  à  cet  appareil  des  disposi- 
tions très-variables,  suivant  les  quantités  et  la  pression 
de  l'eau  qui  alimente  les  réservoirs  du  laboratoire. 
Nous  décrirons  seulement  la  petite  trompe  dont  nous 
nous  servons  habituellement,  qui  donne  600  litres  à 
Pheure  avec  une  pression  de  ao  à  5o  centimètres  d'eau. 
Cette  trompe  a  été  construite  par  M.  Wicssnegg  (1) , 
dont  le  dévouement  et  l'habileté  nous  ont  été  bien 
utiles  pour  la  disposition  des  appareils  assez  compli* 
qués  dont  nous  aurons  encore  à  faire  la  description. 

L'appareil  figuré  dans  la  PL  I ,  /tg.  i  et  à  l'échelle 
itidiquée,  est  destiné  à  utiliser  Teau  d'un  réservoir 
placé  à  d'^^So  au-dessus  du  sol  en  donnant  en  maximum 
une  pression  de  i  mètre  d'eau  à  Pair  envoyé  aux  cha- 
lumeaux. 

Trompe.  Cette  machine  se  compose  à  sa  partie  supé* 
rieure  d'une  boîte  B  (PL  III,  fig.  1)  placée  au  niveau  du 
réservoir  qui  fournit  l'eau.  Celle-ci  entre  par  le  tuyau  B 
dans  la  boite  B. 

Deux  tubes  de  1  centimètre  de  diamètre  environ  p6* 
nètrent  dans  la  boîte ,  et  peuvent  être  fermés  en  8  pat 
une  soupape  mobile  au  moyen  des  deux  tringles  RR  qui 
traversent  deux  boîtes  à  cuir  CC.  En  Z,  ces  tubes  sont 
légèrement  étranglés,  et  au-dessous  de  cet  étrangle- 
ment sont  pratiquées  de  petites  ouvertures  de  5  millU 


(1)  C'est  le  fils  de  cet  honnête  et  intelligent  constructear  qui 
a  été  longemps  si  utile  à  presque  tous  les  chiraistes  et  physi- 
ciens de  Paris ,'  et  dont  le  désintéressement  n*a  reçu  d'autre 
récompense  pendant  sa  vie  que  Testime  et  la  reconnaissance  de 
tous  ceux  qui  ont  profité  de  son  habileté  et  de  sa  grande  eupé- 
rience. 


■ixâuinifiiE  DO  PLATin.  S7 

ntem  «mfDD  au  nombre  de  lept  à  bnit  par  où  Vût 
pénétrera  dans  la  trompe.  Les  tabès  TT  se  readent  aa 
fimd  d'an  cylindre  U  qui  pose  sur  le  boL 

Le  Taae  U,  qui  est  ea  fer-blanc  on  tôle  plombée,  pré- 
sente en  A  une  tnbulnre  par  laquelle  l'air  se  rendra 
dans  le  laboratoira  an  moyen  d'un  tuyau  de  plomb  ou 
de  caoutefaonc ,  sur  le  parcours  duquel  se  rencontrera 
un  robinet  de  sûreté  destiné  à  laisaer  s'échapper  la  plus 
grande  partie  da  vent  lorsqu'on  Toudra  opérer  à  de 
irts-faildeB  pressions.  Le  tube  en  verre  NN  est  un  indi- 
cateur du  ttiveaa«  Le  robinet  O  laisse  s'écouler  la 
pfaia  grande  partie  de  l'eau  qui  arrive  dans  la  trompe. 
On  ouvre  les  robinets  M  et  M' ou  on  les  ferme ,  suivant 
qu'on  veut  avoir  une  pression  de  3o,  de  60  ou  de 
go  centimé^vs  d'eau ,  qui  sont  les  distances  verticales 
comptées  depms  le  niveaa  jusqu'au  robinet  qu'on  laisse 
ouvert.  En  les  fiennaat  tous  les  deux  «  l'eau  s'écfaappe 
en  P,  et  si  la  trompe  est  bien  réglée  par  l'écoulement 
en  S  et  en  O,  la  pression  peut  se  mesurer  par  la  dis- 
tance vtftkale  OP  ;  c'est  la  pression  maximum  qu'on 
peut  obtenir  avec  l'qipar^l  que  nous  figurons.  Sur  le 
trs^t  de  l'air  et  près  du  chalumeau  ee  trouvent  le  ro- 
binet ft  qui  permet  «  torsqu'il  est  à  demi  ouvert ,  de 
laisser  swtir  une  partie  de  Tûr  donné  par  la  trompe 
^onr  les  essais  au  chalumeau),  et  une  vessie  en  caoutr 
cfaonc  qui  sert  de  régulateur  et  donne  au  vent  une  con^ 
stance  «score  plus  grande. 

B.  Cottpettolsen  par  k  gm.  —  L'opératicm  que  nous 
avons  tentée  pour  coupeUer  de  i  à  le  kil.  de  platine 
dissous  dans  le  plomb  »  nous  a  d<mné  des  résultats 
aases  intéressants  pour  que  nous  croyions  utile  de  dé* 
crire  des  ^^pareils  qui  ne  pourraient  servir  que  dans 
le  cas  d'une  exploitation  assez  restreinte. 

La  coupelle  employée  ifig.  6»  PL  lU)  est  un  tronc  de      coopeiie. 


88  MÉTALLUBGlfi  DU  PLATINE. 

cône  (i)  en  t61e,  fermé  du  côté  de  la  petite  base  et 
rempli  de  cendres  d'os  fortement  comprimées  et  bat- 
tues par  les  procédés  qu'emploient  les  laveurs  de  cen- 
dres. On  y  a  creusé  du  côté  de  la  grande  base  une  pe- 
tite sole  CHE  de  12  à  i5  centimètres  de  section.  Les 
bords  EL  et  G6  ont  une  épaisseur  de  3  centimètres.  Le 
bord  C6  est  Un  peu  évidé  en  forme  de  gouttière  pour 
donner  issue  à  la  litharge  qu'on  va  produire  dans  la  cou- 
pelle. Une  petite  voûte  IN& ,  faite  avec  un  têt  à  rôtir 
fortement  échancré  en  Kl  et  surbaissé  en  N,  recouvre  la 
coupelle.  En  Kl  vont  pénétrer,  sous  un  angle  de  4^* 
environ ,  les  flammes  de  trois  chalumeaux  D  alimentés 
par  le  gaz  de  l'éclairage  et  le  vent  de  deux  petites  buses 
amenant  l'air  de  la  soufDerie.  Les  flammes  sortiront 
dans  l'espace  N6 ,  qui  est  assez  rétréci  pour  les  forcer 
à  lécher  et  à  échauffer  la  gouttière  placée  en  G  et  y 
maintenir  en  fusion  la  litharge  qui  va  s'y  rendre. 
Marobe  Sur  la  solc  CME  OU  introduit  peu  à  peu  un  lingot  Q 

de  plomb  platinifère,  après  avoir  allumé  le  gaz  des 
chalumeaux.  On  chauffe  tout  d'abord  en  maintenant  le 
gaz  et  l'air  dans  des  proportions  telles ,  que  la  chaleur 
soit  maximum.  Quand  le  bain  est  bien  fondu,  que  la 
gouttière  G  est  bien  chaude,  on  envoie  de  l'air  par  les 
deux  petites  buses  situées  au-dessous  des  chalumeaux 
et  dont  le  vent  doit  venir  converger  sur  le  bain  métal- 
lique un  peu  en  avant  du  point  vers  lequel  convergent 
aussi  les  trois  dards  des  chalumeaux.  Alors  la  coupel- 
lation  commence,  la  litharge  fondue  s'imbibe  d'abord 
dans  les  pores  de  la  coupelle,  puis  elle  coule  en  un  petit 
filet  par  la  gouttière  G.  On  la  recueille  dans  une  cuiller 
de  fer.  On  ajoute  par  l'ouverture  Kl  du  plomb  platini- 
fère  en  lingots  Q  qui  fondent  au  fur  et  à  mesure  que  le 

{*)  11  vaudrait  mieux  donner  à  ce  cône  des  bases  elliptiques. 


de  ropéralion. 


IfÉTAIXURGU  DU  PLAIIHfi. 


89 


métaUiqoe  s'oxyde,  et  de  manière  i  maintenir 
continu  le  filet  de  litfaarge. 

Bien  de  pins  facile  que  de  conduire  le  feu  :  on  règle 
Tarrivée  du  gaz  de  l'éclairage  par  un  robinet  spécial  R. 
Le  yent  de  la  soufflerie  mise  en  rapport  séparément 
avec  les  tubes  à  air  des  chalumeaux,  et  ayec  les  deux 
petites  buses  placées  en  dessous ,  est  commandé  par 
deux  robinets  qui  permettent  d'envoyer  de  l'air  dans 
chacune  des  deux  parties  de  Tappardl  isolément.  On 
fait  varier  la  vitesse  du  gaz  et  du  vent  avec  l'état  du 
bain  métallique  qui  doit  être  constamment  en  pleine 
oxydation,  et  avec  la  chaleur  communiquée  par  la 
flamme  à  la  gouttière  G  où  la  litharge  doit  toujours  être 
fondue.  Plus  la  flamme  est  oxydante,  moins  elle  chauffe 
cette  gouttière  et  plus  la  formation  des  litharges  est 
rapide,  de  sorte  que  c'est  de  la  modération  convenable 
de  ces  deux  états  de  la  flamme  que  Ton  doit  s'occuper 
principalement.  Une  fois  que  les  robinets  sont  bien  ré- 
glés ,  que  le  vent  du  soufilet  est  bien  constant ,  l'opé- 
ration marche  pour  ainsi  dire  toute  seule  s  il  suflit 
d'ajoQter  du  plomb  et  de  maintenir  la  hauteur  du  bain 
à  un  niveau  invariable. 

Voici  maintenant  quelle  est  la  disposition  des  chalu* 
meaux  et  des  buses  : 

Un  gros  tube  de  fer  AB  (PI.  I,  /!</.  7)  de  4  centimè- 
tres de  diamètre  intérieur  est  traversé  dans  son  milieu 
par  trois  autres  tubes  de  fer  CD,  CD,  CD  de  2  centimè- 
tres de  diamètre  -,  le  petit  tube  du  milieu  est  perpendi- 
culaire à  l'axe  du  gros  tube ,  les  deux  autres  sont  in- 
clinés sur  cet  axe. 

Les  surfaces  de  contact  de  ces  quatre  tubes  sont 
brasées  au  cuivre.  Dans  les  parties  situées  à  l'intérieur 
de  ÂB,  les  tubes  CD  sont  percés  de  larges  trous  ee^  qui 
permettront  au  gaz  de  l'éêuirage  venant  par  R,  R  d'ar- 


Condiito 
dn  feu. 


Gbalvmeaai 
et  biues. 


90  HÉTÂLLURGIB  DU  KATIIIE. 

river  jusqu'am  onrertnres  D,  D,  D.  Les  extrèmitAs  A 
et  B  du  gros  tube,  G,  G,  G,  dés  petits  tubes,  sont  fer- 
mées par  des  bouchons.  Ceux-ci  sont  tratersés  en  A,  B 
par  les  tubes  qui  amènent  le  gaz  de  l'éclairage,  dont  les 
robinets  R ,  R  règlent  Técoulement.  Les  bouchons  C, 
G,  G  laissent  passer  les  tubes  de  cuitre  6,  G  teraiioés 
par  des  bouts  de  chalumeau  et  mis  en  communication 
par  des  tubes  de  caoutchouc  avec  un  petit  réservoir  en 
terre  ou  en  métal  dans  lequel  se  rend  Tair  d'un  bon 
soufflet  de  forge  ou  d'une  trompe  suffisamment  puis* 
eante. 

D'après  cette  disposition,  le  gaz  deTécIairage  venant 
de  R,  traversant  les  trous  ee,  pourra  s'écouler  en  D,  D, 
D,  et  les  flammes  poussées  et  alimentées  par  l'air  des 
chalumeaux  G,  G,  dont  les  bouts  devront  être  percés 
de  troue  de  i"*",5,  viendront  converger  à  quelques 
centimètres  au  delà  des  extrémités  D,  D,  D  et  frapper 
le  bain  métallique  à  coupeller,  un  peu  en  avant  de  eon 
centre. 

Deux  petites  buses  ou  tubes  de  cuivre  H,  H  terminés 
par  des  bouts  de  chalumeau  dont  les  ouvertures  auront 
de  i""*',5  à  2  millimètres  de  diamètre  et  communiquant 
par  un  tuyau  commun  (  muni  d'un  robinet  r  )  avec  le 
réservoir  d'air  de  la  soufflerie,  amèneront  également  le 
vent  sur  un  seul  point  du  bain  métallique  situé  un  peu 
en  avant  du  point  de  convergence  des  dards  des  cha*- 
lumeaux.  Xle  robinet  ne  devra  être  ouvert  que  lorsque 
le  bain  sera  très-chaud  et  que  la  coupeilation  sera  com« 
mencée.  L'air  de  la  soufflerie  devra  sortir  des  buses  et 
des  chalumeaux  sous  une  pression  de  5  à  lo  centimètres 
de  mercure. 
Usage  Pour  mettre  en  train  la  coupeilation ,  on  charge  la 

coupelle  (/I9.  6)  de  plomb  platinifëre,  on  ouvre  les  ro- 
binets B,  à  (/I9.  7),  qui  amADODl le combuBtibfa  qv'oq 


ifimuimeiÈ  t>0  plahhb.  91 

âOimie  en  D,  D,  D;  on  donné  le  t«Qt,  en  ayant  soin  d'in* 
tercepter,  au  moyen  du  robinet  r,  la  communication 
des  buses  H,  H  avec  la  soufflerie.  Les  flammes  doivent 
être  aussi  chaudes  que  possible  et  peu  oxydantes.  Une 
fois  la  fusion  de  plomb  opérée»  la  chaleur  monte  bien 
vite  jusqu'au  point  où  la  litbarge  se  forme  et  se  fond  ; 
alors  on  introduit  le  vent  des  buses  H,  H,  et ,  quand  la 
chaleur  est  maximum,  que  la  gouttière  G  (  fig.  6)  de  la 
coupelle  est  bien  chaude,  on  diminue  peu  à  peu  la  pro- 
portion da  gus  de  réclairage,  jusqu'à  ce  que  Fécoule- 
ment  des  litharges  étant  très- rapide  (un  filet  continu 
de  1  millimètre  de  diamètre  correspond  à  une  bonne 
vitesse) ,  la  chaleur  en  G  soit  suffisante  pour  les  main- 
tenir en  pleine  fusion  et  empêcher  la  formation  d'un 
nez  ou  accumulation  de  litbarge  figée. 

En  maintenant  le  niveau  de  la  gouttière  G  à  un  hau- 
teur suffisante  au-dessus  du  bain  métallique ,  la  vague 
de  Utharge  fondue  peut  être  assez  épaisse  pour  qu'on 
n'ait  k  craindre  aucun  entraînement  de  plomb  platini- 
fère.  D'un  autre  côté,  la  vitesse  du  vent  des  chalu- 
meâux  est  tellement  grande ,  qu'elle  maintient  décou- 
verte tonte  la  portion  de  surface  métallique  atteinte 
par  les  gaz  oxydants. 

lorsque  la  proportion  de  platine  dans  l'alliage  en  a 
diminué  la  fusibilité  à  tel  point,  que  la  solidification  est 
imminente,  on  supprime  le  vent  des  deux  buses  H ,  H, 
on  règle  l'arrivée  du  gaz  de  Téclaîrage  de  telle  sorte 
que  la  température  soit  considérable  »  sans  que  la 
flamme  soit  réductrice,  et,  saisisaant  rapidement  la 
coupelle  avec  des  pinces,  on  coule  le  plomb  platinifëre 
en  lingotiëre  par  la  gouttière  G ,  et  on  recommence 
Tepéfation  tant  que  l'état  de  la  coupelle  le  permet. 

La  platine  plombifère  ainsi  obtenu  n'est  pas  dé- 
pooilié  de  plomb  suffisamment  :  on  leecmçasse  en  frag* 


ExtracliOQ 

da  plomb 

pUtiDifère. 


Opérations 
tnbsèqaeDtes. 


9« 


MÉTAIXURGIE  DU  PLATINE. 


ments  et  on  l'expose  pendant  quelques  heures  dans  des 
coupelles  d'os  ou  de  chaux  à  TactloQ  de  la  chaleur  et  de 
Tair  dans  un  moufle  très-fortement  chauffé.  L'alliage  ne 
fond  plus  désormais,  mais  il  se  transforme,  en  laissant 
exsuder  de  la  litharge»  en  une  sorte  de  mousse  ou  de 
chou-fleur  d'un  blanc  pur  et  qui  peut  être  alors  fondu 
directement  et  affiné  au  moyen  de  l'oxygène  :  ces  opé- 
rations seront  détaillées  un  peu  plus  loin. 

G.  Caupellaliûnm creuset. — Pour  des  opérations  sur 
une  échelle  moyenne,  le  procédé  que  nous  allons  dé- 
crire est  très-commode  et  très*expéditif ,  à  la  condition 
qu'on  possède  de  bonnes  coupelles  en  terre  d'os  bien 
battue  et  présentant  une  certaine  solidité. 

^W^i'  On  prend  un  creuset  de  terre  de  bonne  qualité  et 
assez  épais  qu'on  perce  d'un  trou  S  (PI.  III,  fig.  i)  ksa. 
partie  inférieure  :  on  le  remplit  de  fragments  de  coke 
très-dense  ou  mieux  de  charbon  de  cornue  ou  de  pile. 
On  y  fait  entrer  par  la  partie  supérieure  une  coupelle 
GG  assez  épaisse  qu'on  soutient  au  moyen  de  deux  pe- 
tits barreaux  de  fer  F,  F,  maintenus  eux-mêmes  dans 
quatre  échancrures  façonnées  dans  la  matière  du  creuset 
et  qui  n'en  traversent  pas  entièrement  les  parois.  La 
coupelle  doit  dépasser  de  i  centimètre  environ  les  bords 
du  creuset.  Dans  un  moufle  ordinaire  eu  terre,  on  perce, 
au  travers  de  la  paroi  inférieure ,  un  trou  circulaire 
qui  ait  exactement  la  largeur  de  la  coupelle,  et  on  pose 
le  moufle  sur  les  bords  du  creuset ,  de  manière  que  la 
coupelle  soit  un  peu  en  saillie  dans  l'intérieur  du  mou- 
fle MM.  Enfin ,  on  fait  pénétrer  dans  cet  appareil ,  à 
quelques  centimètres  au-dessus  du  fond  du  moufle,  la 

Ghaiffig».  buse  T  d'un  petit  soufflet  de  laboratoire.  On  chauffe 
tout  l'appareil,  soit  en  le  plongeant  dans  les  charbons 
d'un  fourneau  à  bon  tirage,  soit  en  faisant  arriver  par 
sa  partie  supérieure  la  flamme  de  la  houille  placée  dans 


MÉTAUORGIE   DD  PLATINE.  gS 

un  foyer  voisin»  de  façoD  que  cette  flamme ,  péiétrant 
vers  la  partie  supérieure  du  moufle,  soit  obligée  de  lé- 
cher et  d' échauffer  les  parois  du  creuset. 

Les  dispositions  à  prendre  pour  réaliser  ce  dernier 
moyen  de  chaoflage  sont  si  simples,  que  nous  croyons 
inutile  de  compliquer  la  figure  en  les  joignant  au 
dessin  de  l'appareil  principal.  La  seule  condition  à 
obserrer,  c'est  que  l'ouverture  00  du  moufle  qu'on 
ferme  avec  une  porte  soit  libre  et  que  le  trou  S  corn* 
munique  avec  l'extérieur. 

Quand  toutes  les  parties  du  creuset  et  de  la  coupelle  0M<iaii« 
sont  chaudes,  on  introduit  peu  à  peu  le  plomb  qui,  une  *  *'•!»*'•'••■• 
fois  rouge,  est  brûlé  par  l'air  de  la  buse  T.  Les  litharges 
qui  se  forment  sont  absorbées  par  la  coupelle,  elles 
filtrent  avec  une  rapidité  extrême  au  travers  de  sa  sub- 
stance jusqu'à  ce  que,  arrivées  à  sa  partie  inférieure, 
elles  rencontrent  l'atmosphère  d'oxyde  de  carbone  qui 
se  développe  incessamment  autour  des  charbons  incan- 
descents et  se  réduisent  en  gouttelettes  de  plomb.  Celui- 
ci  traverse  les  charbons  et  vient  sortir  du  creuset  par  le 
trou  S  :  on  le  reçoit  dans  une  cuiller  de  fer.  Il  faut  éviter 
qu'il  ne  se  forme  un  vide  entre  les  parois  du  creuset  et 
le  moufle  :  il  se  déterminerait  alors  un  courant  d'air  qui, 
sortant  par  cet  espace  après  être  entré  par  le  trou  S,  brû- 
lerait inutilement  le  charbon  destiné  à  la  réduction  des 
litharges.  On  évite  d'ailleurs  cet  inconvénient  en  cou- 
vrant la  partie  plane  du  moufle  d'une  couche  d'argile 
sèche  ou  de  cendres  d'os  que  Ton  fait  passer  entre  le 
creuset  et  le  moufle  dès  qu'on  s'aperçoit  qu'il  s'y  fait 
un  vide. 

Au  fur  et  à  mesure  que  la  surface  du  plomb  platini- 
fëre  s'abaisse  par  l'oxydation  du  plomb,  on  ajoute  dans 
le  bain  de  nouvelles  quantités  de  matières  à  coupeller» 
jusqu'à  ce  que  l'alliage  soit  devenu  presque  infn- 


94  MÉTAtXCBGIB  M  PLATINE. 

sible.  Alors,  ou  bien  on  les  enlève  avec  antf  cuiller  de 
fer  rouge,  quand  la  coupelle  est  en  bon  état,  et  on  re^ 
commence  l'opération ,  ou  bien  on  pousse  le  feu  et  on 
transforme  le  platine  plombifère  en  choux^fleurs  bons  à 
être  fondus  dans  l'oxygène.  Dans  le  premier  cas ,  on 
rôtira  le  platine  plombifère  dans  un  moufle  et  sur  des 
coupelles  d'os  ou  de  chaux;  dans  le  second  cas,  on  en* 
lèvera  la  coupelle ,  on  remettra  dans  le  creuset  du 
charbon  pour  remplacer  celui  qui  a  servi  à  la  réduc- 
tion de  la  litbarge,  on  ajustera  une  nouvelle  coupelle  et 
on  fera  fonctionner  encore  l'appareil.  Il  faut  remarquer 
que  les  petits  barreaux  de  fer  qui  soutiennent  la  cou- 
pelle s'altèrent  très-lentement ,  parce  que ,  plongés  au 
milieu  d'une  atmosphère  réductrice,  ils  sont  en  contact 
avec  du  plomb,  la  litbarge  se  réduisant  au  fur  et  à  me* 
sure  qu'elle  suinte  au  travers  des  pores  de  la  coupelle« 
Le  plomb  qui  coule  par  le  trou  S  doit  être  très-mou 
et  ne  laisser  qu'un  résidu  insensible  lorsqu'on  l'essaye 
par  la  coupellation  au  chalumeau  La  durée  de  cet  ap- 
pareil ,  qui  fonctionne  très-bien,  n'est  limitée  que  par 
la  destruction ,  au  contact  de  la  litharge  ou  de  sa  va- 
peur, des  parois  du  creuset  et  du  moufle.  On  fera  bien 
de  pratiquer  un  trou  dans  la  partie  postérieure  du 
moufle ,  afin  de  verser  dans  la  cheminée  les  vapeurs 
d*oxyde  de  plomb  qui  sont  dangereuses ,  surtout  quand 
elles  renferment  de  l'acide  osmique  provenant  de  l'os- 
miure  d'iridium  qui  accompagne  le  minerai  de  platine. 
r'  môuiode.  HI"  Rotisêaçe.  —  Quand  on  extrait  de  la  coupelle  le 
platine  plombifère  en  le  coulant  en  lingotières  à  haute 
température,  il  n'est  pas  assez  riche  pour  pouvoir  être 
introduit  immédiatement  dans  les  fours  en  chaux  et 
pour  être  affiné  par  l'oxygène.  On  doit  le  purifier  par 
rôtissage  et  l'amener  à  cet  état  de  choux-fleurs  où  le 
platine  ne  retient  plus  que  5  à  7  pour  100  de  plomb* 


MÉIUXOIGII  MJ  nAXIlIB.  9S 

On  peot  ^j  prendre  de  la  manière  déjà  décrite  pins 
liant,  c'est-à-dire  en  Texposant  en  fragments  de  la  gros» 
seiir  d'une  noisette  à  la  chaleur  et  à  Toxy dation  dans 
un  moufle  trës-cbaud  ;  on  le  met  sur  une  coupelle  en 
terre  d'os  ou  en  chaux  :  celle-ci  s'imbibe  de  la  Utharge 
qui  se  forme  et  qui  ne  se  volatilise  pas. 

On  peut  encore  introduire  les  fragments  de  cet  al-  s*  aéted*. 
liage  dans  un  grand  creuset  dont  le  fond  est  percé  d'un 
trou  :  au-dessus  de  ce  trou  on  met  des  morceaux  d'oe 
calciné,  puis  le  platine  plombifère,  enfin  un  couvercle 
également  percé  d'un  trou.  Le  creuset  est  placé  sans 
fromage  dans  un  fourneau  à  vent  d'un  bon  tirage  et 
cbaufië  d'abord  au  rouge  »  puis  au  rouge-cerise  très- 
dair.  Il  se  produit  un  courant  d'air  dans  l'intérieur  du 
creuset  dont  le  fond  percé  repose  sur  les  barreaux  de 
la  grille  :  cet  air  traversant  les  fragments  d'os  calcinés 
s'échauffe  et  vient  oxyder  le  plomb  de  l'alliage  placé 
au-dessus.  La  plus  grande  partie  de  la  Utharge  ainsi 
produite  se  volatilise  et  s'échappe  par  le  trou  dont  le 
couirercle  du  creuset  est  percé.  Il  faut  éviter  seulement 
que  cette  ouverture  ne  soit  obstruée  par  des  morceaux 
de  cote,  et  surtout  gue  le  coke  ne  pénètre  dans  l'inté- 
rieur du  creuset  lui-même.  Une  autre  partie  de  la  li- 
tharge  imprègne  les  fragments  d'os  calcinés  et  coule 
par  le  trou  inférieur  du  creuset*  On  la  recueille  avec 
soin  dans  une  cuiller  placée  au-dessous  de  la  grille 
pour  ne  pas  perdre  de  platine  plombifère  s'il  s'en  dé* 
tachait  ou  s'en  fondait  quelque  portion. 

Le  platine  plombifère  qui  reste  après  cette  opération 
est  poreux ,  quoique  très-dense  ;  il  s'aplatit  très-bien 
sous  le  marteau  et  possède  la  couleur  de  l'argent  lé- 
gèrement mat  ;  il  ne  contient  plus  que  quelques  cen- 
tièmes de  plomb,  qui  restent  surtout  à  l'intérieur  des 
morceaux. 


96  MÉTALLURGIE   OU   PLATINB. 

GompotiUon  Le  plomb  platinifëre,  retiré  de  la  coupeDe  lorsqu'il 
'^coâpilfe?'  est  en  fusion,  mais  au  moment  où  il  Ta  se  solidifier, 
etr«ut.  contient  environ  a  8  pour  100  de  plomb.  Rôti  dans  le* 
moufle  après  avoir  été  mis  en  fragments  et  amené  à 
l'état  d'un  métal  blanc  et  malléable  à  sa  surface,  il 
contient  environ  1 0  pour  1 00  de  plomb.  Enfin  les  choux- 
fleurs  obtenus  en  terminant  à  haute  température  le  rô- 
tissage dans  la  coupelle  même  où  Fopération  a  com- 
mencé, ne  contiennent  plus  que  5  pour  100  environ  de 
plomb.  11  faut  noter  qu'alors  l'iridium  se  sépare  sou- 
vent à  l'état  d'hridiate  de  plomb  noir  et  cristallisé,  qu'il 
faut  éviter  de  perdre. 
put«-fonB6  IV.  Fusion  du  platine  plombifire.  — Quand  on  n'o- 
ies pêïiu'roorf.  P*^®  ^"®  ^^^  4  ou  5  kil.  de  platine,  il  est  bon  d'avoir 
une  petite  plate -forme  (PL  III,  fig.  5)  mobile  autour 
de  deux  tourillons  comme  ceux  de  la  fig.  9  (PI.  I, 
Annales  des  mines  j  tome  XVI).  Cette  plate -forme 
est  munie  de  quatre  rainures  (PI.  111  du  présent  mé- 
moire, fig»  5)  dans  lesquelles  glissent  quatre  équerres 
plates  P,P,  P,  P  en  fer  qui  peuvent  être  fixées  à  volonté 
par  des  vLs  de  pression  V,  V,  V.  Entre  les  équerres  on 
place  un  four  à  chaux  semblable  à  celui  de  la  fig.  7 
(PI.  1  du  t.  XVI)  qu'on  maintient  solidement  en  pres- 
sant contre  ses  parois  les  équerres  dont  nous  venons 
de  parler  et  en  serrant  les  vis  très-fortement. 
Affinage.  On  introduit  les  fragments  de  platine  plombifère  par 
le  trou  T  (PI.  II  du  t.  XVI,  fig.  7),  quand  le  four  est  bien 
chaud  à  l'intérieur  ;  et  on  remplit  le  four  peu  à  peu  en 
entretenant  une  flamme  oxydante  qui  chasse  le  plomb  en 
fumées  de  litharge  jaunes  et  extrêmement  épaisses.  Ces 
fumées  ne  cessent  que  lorsque,  ayant  rempli  entière- 
ment le  four,  on  a  prolongé  la  fusion  pendant  quelque 
temps.  Les  flammes  qui  sortent  doivent  être  incolores 
et  entièrement  exemptes  de  l'odeur  d'osmium  qui  dis- 


MÉTALLURGIE   DU   PLATINE.  97 

parait  complètement.  On  coule  alors  le  platine  dans  une 
lingotière  de  charbon  de  cornue  ou  de  chaux  ;  nous  dé- 
crirons un  peu  plus  loin  ces  appareils.  La  coulée  se 
fait  d'ailleurs  très-facilement  en  approchant  la  lingo- 
tière  de  la  gouttière  D  (PI.  I  du  t.  XVI ,  /Igr.  7  et  8),  et 
en  relevaut  peu  à  peu  la  queue  X  (PI.  III  du  présent 
mémoire,  fig.  5)  qui  termine  la  petite  plate-forme  sur 
laquelle  est  fixé  le  four  en  chaux. 

Nous  renverrons,  pour  les  détails  qui  concernent 
cette  fusion,  à  la  description  de  cette  opération  faite 
déjà  dans  notre  premier  mémoire  (t.  XVI,  p.  4o» 

4i»  42). 

V*  Traiitmeni  des  er<M€$  et  des  matières  platiniféres  ohiIm 
diverses.  —  Les  crasses  ferro-cuivreuses,  obtenues  à  la  éUnnw»^ 
suite  des  attaques  de  minerai  par  la  galène  en  creuset, 
contiennent  des  globules  de  plomb  platinifère  qu'il 
faut  enlever  mécaniquement  autant  que  possible.  Mais 
comme  eUes  peuvent  aussi  renfermer  un  peu.de  mi- 
nerai qui  aurait  échappé  à  l'action  de  la  galène,  il  faut 
leur  faire  subir  un  traitement  fort  simple  que  nous 
allons  décrire  aussi  complètement  que  possible,  mais 
en  avertissant  le  lecteur  que  les  dosages  que  nous 
avons  employés  doivent  varier  considérablement  avec 
la  nature  et  Taspect  des  matières  sur  lesquelles  on 
opère. 

En  générai  il  faut  obtenir  le  platine  allié  au  plomb 
dans  une  proportion  de  1  environ  de  platine  pour  3  de 
plomb,  si  l'on  veut  bien  dépouiller  les  matières  de  tout 
le  métal  précieux  dont  elles  peuvent  être  chargées.  Il 
faut  que  la  scorie  au  milieu  de  laquelle  on  veut  réunir 
le  métal  fondu  sous  forme  de  culot  soit  très-fusible,  par 
conséquent  contienne  beaucoup  de  litharge.  Mais  en 
même  temps  il  faut  que  la  scorie  ne  puisse  attaquer  les 
creusets  dans  lesquels  on  fait  ces  opérations,  et  nous 
TOMB  xviii,  1S60.  7 


98  MÉTALLURGIE  PU  PUTIIVE. 

avons  constaté  que  les  creuset^  restent  tout  h  fût  in- 
tacts quand  pour  3  parties  de  litbarge  on  met  \  partio 
de  sable  ou  de  silice.  Cette  scorie,  eu  outre,  ne  doit  j^ 
mais  être  buUeuse  quand  elle  quitte  la  surf^e  du  oulot^ 
sans  quoi  elle  emporte  mécaniq|uoineut  de  petites  qu^w- 
tités  de  plomb* 

Quand  les  crasses  contiennent  de  la  galène,  on  peut 
compter  sur  le  soufre  qui  s'y  trouve  pour  fournir  un^ 
certaine  quantité  de  plomb.  H  faut  se  rappeler  que  1 
équivalent  (16  grammes)  de  soufre  peut,  dans  ces  con- 
ditions, fournir  3  équivalents  (3i  a  grammes)  de  plomb^ 
ou  à  peu  près  20  fois  son  poids  de  ce  métal.  Quand  le9 
crasses  seront  dépouillées  de  galène,  il  faudra  donc 
leur  ajouter  du  cbarbon  (1  gramme  de  charbon  de  bois 
donne  3o  grammes  de  plomb), 

^^3af ^°       L^  camposition  la  plus  habitùella  dç  poa  m^èrM  4 
de  fosion.     foudre  a  été  la  siuvante  : 

Sable  sfltceox 100 

Litbaiiges  provenant  de  la  coupellation  des  plombs 

p^Ltinirères*  ^  .  »,  t  ,««*,«.«•  «  •  t  •  •  )oo 

Crasses  du  traitewent  de»  nûnerais  par  la  g^èae%  «oo 

On  y  ajoute  le  résidu  du  lavage  des  balayures  de 
Tatelier  qui  contiennent  du  plomb  ou  du  platine  ou  du 
minerai,  et  enfin  la  quantité  de  litbarge  et  de  charbon 
nécessaires  pour  obtenir  le  plomb  du  culot,  quand  les 
crasses  ne  contiennent  plus  de  galène  (on  s'en  aperçoit 
à  ce  qu'elles  n'exhalent  plus  l'odeur  de  l'acide  sulfu- 
reux lorsqu'on  les  chaufle  au  rouge  sur  une  petite 
cuiller  en  fer) . 
Appareil  L'appareil  destiné  à  ces  fusions  est  d'ailleurs  très- 

*  simple  :  on  prend  deux  grands  creusets  de  même  taille, 
dont  l'un  entre  dans  l'autre  à  peu  près  de  la  moitié  de 
la  hauteur*  Le  creuset  supérieur  B  (Pl«  III,  fig.  8)  est 


MÉTAttraeiS  DU  PLATIIIE.  ^ 

percé  à  sa  partie  inférieure  d'un  trou  C.  te  creuset 
inférieur  D  est  muni  d^un  bec  F,  à  Faide  duquel  Jes 
matières  scoriacées  pourront  s*écouler  m  dehors  à  cause 
de  rintervalle  qui  se  mûntient  entre  les  deux  creusets 
i  l'endroit  où  ce  bec  existe*  Quand  on  n*a  qu'un  seul 
de  ces  appareils  à  chauffer,  on  1er  dispose  au  milieu  d^s 
charbons  dans  un  fourneau  ordinaire,  sans  le  supporter 
par  un  fromage.  Quand  on  eq  a  un  certain  nombre,  pn 
les  range  sur  la  sole  d*un  petit  four  k  réverbère  dout 
la  \oùte  est  percée  de  trous  placés  au^essus  de  Tou- 
Terture  de  chaque  creuset  et  par  lesquels  on  pourra 
verser  la  madère  à  fondre.  Ces  trous  se  ferment  par 
un  tampon  mobile,  exactement  comme  dans  les  foi^v 
où  Ton  fond  T acier  en  réverbères.  Au  commencemept 
de  Topération  on  obstrue  le  trou  C  par  un  gros  mor- 
ceau de  verre  et  on  emplit  à  moitié  Je  creuset  supé- 
rieur B  avec  le  mélange  à  fondre.  Quand  Tapparei}  est 
bien  chaud,  la  chaleur  maximum  ayant  lieu  à  la  hau- 
teur du  bec  F,  par  suite  de  la  place  qu*on  a  donnée 
aux  dtuK  creusets  daat  ie  founiMii,  le  méiwge  se  sco- 
TÎfie,  te  verre  fond  et  laisse  passer  la  matière  eontenant 
le  plomb  platinifère  fondu  et  la  scorie  bien  liquide. 
C'est  dan9  ie  creuset  inférieur  que  se  Uiit  to  ^aration 
de  ces  deux  substances  ;  c'est  dans  le  creuset  supérieur 
que  se  prépare  la  fvskm  %i  qv'ont  Itap  les  éégagements 
de  gas,  d«  sorte  qu«  les  b«Ues  qui  pourraienC  êe  pm- 
doire  ne  pénètrent  pas  dans  le  creMet  D.  De  pluf ,  daps 
rintervalle  compris  entre  ie  tvou  peMé  w  fond  4u 
creuset  S  et  le  bee  F,  la  température  est  très^lavéi, 
la  scorie  devient  très- laide  avant  de  e^éeooler  ra  F  et 
se  dépouille  entièrement  de  toutes  les  parties  métalli- 
ques qui  pourraient  y  avoir  été  entratnées.  Le  métal  se 
réunit  au  fond  du  creuset  D  et  la  scorie  se  déverse,  soit 
dans  le  eendrier  du  fourneau,  soit  sur  la  sole  du  four 


T.* 


100  MÉTALLURGIE   DU  PLATINE. 

à  réverbère  où  l'on  a  méDagé  un  troa  de  coulée  par  où 
elle  peut  se  répandre  à  Textérieur.  On  remplit  avec  de 
nouvelles  matières  le  creuset  supérieur  à  mesure  qu*il 
se  vide,  et  quand  on  suppose  que  les  creusets  con- 
tiennent assez  de  plomb ,  on  les  enlève ,  on  coule  le 
plomb  platinifère  et  on  les  remet  immédiatement  en  place 
pour  recommencer  la  même  opération.  Les  creusets 
s'usent  très-peu  quand  ils  sont  de  bonne  qualité  et  que 
la  composition  du  mélange  est  convenablement  étabUe. 
Les  scories  sont  toujours  très-brillantes  et  d'un  rouge 
vif  par  suite  de  la  présence  de  cuivre,  qui  se  trouve  en 
quantité  très-notable  dans  tous  les  minerais  de  platine. 
Il  manque  seulement  à  ces  scories  un  peu  de  silicate 
de  potasse  pour  en  faire  le  plus  beau  cristal  de  couleur 
cramoisie. 
MjMiéret^  On  traite  de  la  même  manière  les  fonds  de  coupelle 
qui  ont  servi  à  préparer  les  plombs  platinifères  :  il  faut 
alors  modifier  la  composition  des  matières  à  fondre. 

GoapeUes  imprégnées  de  litharge, .  .  •  i.ooo 

Litharges 2.000 

Charbon 17 

Sable. 1.000 

Verre  cassé  •  • d.ooo 

On  choisit  de  préférence  les  litharges  qui  ont  passé 
à  la  fin  d'une  coupellation  de  platine  et  qui  peuvent 
quelquefois  entraîner  un  peu  d'iridium  quand  on  a 
poussé  l'opération  asse^  loin  pour  que  l'iridate  de  plomb 
se  sépare  de  la  masse  métallique  sous  l'influence  d'une 
température  élevée  et  d'un  vent  très-puissant. 

S  III.  Méthode  par  coupellation  sur  une  grande  échelle» 

Les  procédés  que  nous  allons  décrire  ressemblent 
beaucoup  à  ceux  qui  viennent  d'être  exposés  :  les  prin- 


photphâtéef. 


I 


MÉTALLUHGIE   DU   PLATINE.  101 

cipes  des  opérations  sont  les  mêmes,  les  vases  seuls 
dans  lesquels  on  opère  ont  dû  être  changés. 

P  Attaque.  —  L'attaque  par  la  galène  peut  s'effec- 
tuer, même  en  grand,  dans  un  creuset  de  terre,  mais 
il  Tant  mieux  procéder  en.  four  à  réverbère  dont  la 
sole  mobile  est  en  terre  d'os  fortement  battue  à  la  ma- 
nière des  coupelles* 

A.  Attaque  en  creuset.  —  Le  creuset  dont  nous  nous 
sommes  servis  était  chauffé  sur  la  sole  d'un  petit  four 
à  réverbère  dont  la  voûte  portait  une  ouverture  don- 
nant directement  au-dessus  du  creuset.  Celui-ci  avait 
pour  dimensions: 

Hauteur  mesurée  à  rintérieur. 3o*.o 

Diamètiie  à  rouverture 2A,o 

Diaoïètre  du  la  base •  .  i5,5 

épaisseur  la  plus  petite  en  haut 9,0 

La  charge  était  de  3  kil*  de  matière  (i).  On  a  chauffé 
avec  les  précautions  déjà  décrites  (9),  on  a  enlevé  les 
crasses  avec  une  large  spatule,  et  le  plomb  platinifère 
a  été  à  la  fin  de  l'opération  puisé  avec  une  cuiller  en 
fer  et  coulé  en  lingotiëres.  Le  creuset  une  fois  vidé  pou- 
vait servir  à  de  nouvelles  opératiousc 

Le  creuset  dont  nous  nous  sommes  servis  était  en 
plombagine,  de  sorte  que  le  charbon  de  sa  pâte  mettait 
obstacle  à  la  production  de  la  litharge,  et  par  suite  à 
la  désulfuration  de  la  galène.  Aussi  les  crasses  étaient- 
dies  sulfureuses,  et  lorsqu'elles  ont  été  mêlées  avec  de 
la  litharge  et  passées  à  l'appareil  des  deux  creusets 
pour  être  scoriGées,  elles  ont  donné  beaucoup  trop  de 

(i)  Composée,  comme  on  Ta  dit  plus  haut,  de 

Minerai 100 

Galène lOO 

Plomb  à  introduire  pendant  Topération.  .  •     50 

(a)  Voyez  pages  77, 78, 79,  8a  et  Ç3. 


10^  ifÉtAUURGiE  un  njMftn. 

^mah.  Nous  préférons  de  béancôtrp  k  ^te  ïoétbode 
celle  qui  va  être  décrite. 
roar.  S.  Attaque  m  réverbéré.      t}fï  petit  fû^er  de  4o 

(J&ùtàtntttes  de  profoùâeur,  9j  eetftrmdtfés  dé  largfe, 
cfratrflkiit  Qâe  petitér  sale  carfée  dé  4o  cétttimëtres  dé 
cOfé,  de  4  CMthnétrés;  éittfréti  de  prôfondear  moy^ifé, 
peut  servir  à  l'attaque  de  trentaine  de  kflograitfttied  de 
j^thké  m  ifioms  pfar  orpératî^n,  et  <!fdit]me  ehàque  opé- 
rfttfdn  ùé  dtrré  pas  pks  de  qtmref  otf  cln^  bétire^,  un 
pâféfl  fourtiean  serait  sufflsaitt  pOifT  kf  ffaitement  dé 
dff  f:&.  de  tttinefâi  paf  jouf .  0àn$  aucertre  fabrique  on 
n'a  journellement  de  pareilles  masseé  k  ^Itteqoef ,  à 
moins  qtfl^  èe  ne  soit  ^mtààui  M  tènqp»  liwlé  61  d'une 
manière  éf ceptionnelle.  On  fCmtfà,  «dopféf  eéife  forme 
et  cette  dimension  jjoixt  de  pftr^  g;raddes  cm  de  plus 
petites  quantités  de  ptatine»  en  ayaUi  soin  de  creuser 

te  ÈfAé  phM  M  ifl<f}M  ()fdfotf^iéweAt  êwc»  m  pcrtie 
môyétHié.  GeMè  8<rté  é»t  faite  atéc  iltl  eadfV  déFfoffte  tMt 
M  sémblaMe  â  dehi  quA  esf  de^tfé  dans  ta»  /Ij^.  9  et 
tof  delà  PI.  ni;  n  a  ÈMX^meni  déS  dlmeils4ras  dMS^ 
f^te«  i  i6  deiitlfhêtMf  dé  bautét^,  io  cétttîfnètfes  iB 
largeur  et  4o  centhftètréd  de  lûngtieuf .  Ko  avant  déi&r 
dâvettes  C,  C  maltttienâeni  sdidettiefft  itne  d(^8on 
èû  fet  Rft  qtû  ferme  en  avant  mé  pktûë  de  ce  piral^ 
lélipipéde  creux.  On  7  fait  battre  par  un  laveur  de  cen^ 
dres  une  coupelle  trës^solide  et  tellement  dompaeté^ 
qu'on  ait  de  la  peine  â  Fentamer  avec  la  pointe  d'un 
coûteàu.  On  fait  sécber  la  coupelle  sur  tin  feu  de  braise 
Côiitert  :  les  intertallea  en  forme  de  grille  laissée  sur 
le  plancber  du  cadre  de  fonte  facilitent  beaucoup  sa 
dessication,  qui  doit  s*opérer  sans  qu'il  se  manifeste 
aucun  fendillement  dans  la  matière.  On  enlève  les  dzr 
vettes  et  la  plaque  de  tôle  placées  en  atant  de  la  cou- 
pelle,  et  aui  permettront  par  la  suite  de  coupeller  en 


MÉTALLCBGIB  DU  PLATINE.  I05 

pratiquant  une  ndiinre^  si  on  le  juge  à  propos  ;  on  in  • 
troduit  alors  la  coupelle  dans  le  réverbère,  en  ayant 
soin  d'en  garnir  les  bords  avec  des  briques  sur  une 
épaisseur  de  lo  centimètres,  ce  qui  réduit  la  surface 
chauffée  à  un  carré  de  4o  centimètres  de  c6té.  En  avant 
de  la  coupelle  on  ménage  une  petite  porte  de  travail 
placée  juste  au-desâus  du  bord  de  la  coupelle,  d'où 
Ton  a  enlevé  la  plaque  de  tfile  et  ses  clavettes  ;  en  àr^ 
rière  est  un  trou  par  où  pénètre  une  buse  en  fer  dont 
le  diamètre  est  de  9  |  centimètres  et  qui  amène  le  vent 
d'un  bon  soufflet.  Dans  la  voûte  du  réverbère  est  un 
trou  fermé  paf  une  plaque  de  terre  par  où  Ton  intro- 
duira les  matières  à  traiter. 

Toutes  ceà  dispositions  sont,  aux  dimensions  de  la 
coupelle  prés,  figurées  dans  la  PI.  IV  {fig.  5) .  Le  foyer 
est  à  Pèchelle  t  la  coupelle  seulement  est  trop  étroite, 
parce  qu^elle  est  destinée  à  une  autre  opération  que 
celle  que  nous  décrivons  en  cè  moment  :  on  y  voit  aussi 
le  mode  d'encastrement  de  cette  coupelle  dans  les  pa- 
rois du  tourneau,  entre  lesquelles  elle  a  une  certaine 
mobilité,  puisqu'elle  est  posée  sur  des  galets.  Enfin  on 
peut  faire  suivre  la  coupelle  d'un  second  four  où  sont 
disposés  des  vases  G,  ti  dans  lesquels  se  fabriquera 
l*oxygène,  et  qui  seront  chauffés  par  la  chaleur  perdue 
de  l'opération  principale. 

On  mélangera  :  charge. 

Minerai «...  100 

Galène. 5o 

Plomb »...    60 

Le  minerai  et  la  galène  sont  broyés  et  bien  mêlés. 
Le  plomb,  qui  sera  toujours  un  peu  platinifère,  parce 
qu'il  proviendra  du  traitement  des  crasses  ou  des  ré- 
sidus ou  cendres  platinifères,  sera  réparti  dans  la  masse 
en  petits  fragments  pesant  20  à  So  grammes. 


io4 


MÉTAIXURG1£   DU   PLATINE. 


On  commencera  par  étendre  sur  la  sole ,  de  manière 
à  la  couvrir  dans  toutes  ses  parties, 

Galène  pulvérisée*  ...    a5 

On  versera  sur  la  sole  toute  la  masse  contenant  le 
minerai,  la  galène  et  le  plomb,  de  manière  à  lui  donner 
la  forme  d'un  cône  un  peu  aigu.  Sur  le  sommet  de  ce 
cône,  et  de  manière  à  en  couvrir  entièrement  la  sur- 
face, on  verse  encore  : 

Galène  pulvérisée.  .  .  •    s5 

Réaetidii.  La  charge  ainsi  disposée  repose  donc  sur  de  la  galène 
pure  et  se  trouve  également  recouverte  dans  toutes 
ses  parties  par  de  la  galène.  On  chauffe  alors  autant 
que  possible  en  atmosphère  réductrice  ;  lorsque  toute 
la  masse  commence  à  rougir,  on  voit  la  réaction  s'ef- 
fectuer partout;  et  la  température  s'élever  par  suite  de 
la  réduction  de  la  galène  au  contact  du  fer  des  mine- 
rais. Cette  opération  terminée ,  on  pousse  le  feu  : 
le  cône  qui  s'est  durci  et  solidifié  s'abaisse  peu  à  peu, 
et  au  fur  et  à  mesure  que  la  chaleur  augmente,  la 
liquéfaction  s'opère.  On  n'agite  avec  un  rable  d'ar- 
gile qu'au  moment  où  la  masse  est  régulièrement  pâ- 
teuse et  parsemée  de  globules  métalliques.  En  même 
temps  que  la  chaleur  augmente,  les  flammes  deviennent 
oxydantes,  et  du  plomb  se  forme  aux  dépens  de  la  ga* 
lène  ;  on  voit  également  des  crasses  composées  de  sul- 
fures de  fer,  de  cuivre  et  de  plomb  paraître  manifeste- 
ment. On  donne  alors  un  peu  de  vent,  tout  en  continuant 

oxydttioD.  à  pousser  le  feu.  Peu  à  peu  les  crasses  augmentent,  et 
à  un  certain  moment,  lorsque  les  litharges  commencent 
à  se  maintenir,  le  bain  peut  bouillonner  :  ce  qui  n'a 
rien  de  bien  dangereux,  parce  que  tout  le  plomb  plati- 
nifère  qui  pourrait  être  entraîné  se  dépose  sur  le  pont 


MÉTALLURGIE  DU   PLATINE.  loS 

qui  sépare  la  coupelle  du  four  &  oxygène.  Cependant  il 
?aat  mieux  alors  diminuer  le  yent  de  la  buse  et  laisser 
l'adde  sulfureux  se  dégager  lentement  et  à  la  surface 
du  bain .  On  finit  par  obtenir  un  bain  métallique  bien 
liquide ,  à  la  surface  duquel  la  litharge  persiste  en 
mouillant  sans  les  dissoudre  les  craues  de  fer  désor- 
mais oxydées  qui  se  promènent  à  la  surface  du  bain  et 
ne  diminuent  plus  de  Tolume.  On  passe  alors ,  sur  la 
coupelle  un  petit  ringard  en  terre  pour  mélanger  com- 
plètement toutes  les  parties  de  la  masse  métallique  et 
y  faire  pénétrer  tous  les  globules  de  plomb  que  Ton 
voit  à  la  surface  des  crasses,  et  quand  toute  réaction 
est  terminée,  que  la  coupellation  du  plomb  est  franche, 
on  enlève  avec  soin,  au  moyen  d'une  spatule  de  fer, 
toutes  les  crasses  jusqu'à  ce  que  la  surface  du  plomb 
en  soit  tout  à  fût  dépouillée. 

Alors  on  peut  ou  bien  enlever  le  plomb  avec  une  cuil-  iiiraeuoii 
1er  de  fer  oxydée  à  sa  surface,  ou  bien  continuer  la  pûunirSre. 
coupellation|  en  faisant  une  rainure  dans  la  coupelle, 
rainure  qu'on  approfondit  au  fur  et  à  mesure  que  la 
surface  du  métal  s'abaisse.  Nous  n'avons  jamais  opéré 
ainsi,  et  nous  préférons  avec  une  cuiller  couler  le  plomb 
platinifëre  en  lingotières  et  le  coupeller  dans  un  appa- 
reil distinct  qui  sera  bientôt  décrit.  Dans  ce  cas  la  sole 
devient  libre  et  Ton  peut  immédiatement  recommencer 
une  nouvelle  opération.  Cette  sole  peut  servir  un  grand 
nombre  de  fois ,  même  lorsqu'on  l'a  laissée  refroidir. 
Seulement  à  la  dernière  opération,  quand  on  l'a  vidée 
du  métal  platinifère  qu'elle  contient,  il  faut  l'imprégner 
de  litharge  en  y  jetant  quelques  kilogrammes  de  plomb 
pauvre  qu'on  oxyde  rapidement  par  le  vent  du  soufflet 
et  à  la  faveur  de  la  haute  température  développée  dans 
le  foiuneau.  Nous  avons  fait  servir  deux  fois  une  sole 
ainsi  refroidie. 


io6 


lIÉTAtXURGlE  DU  PLATINE. 


Composition 
de  la  galène. 


Coupelle. 


La  gatènô  on  alquifbux  qui  nous  a  servi  donne  84iS 
pour  too  de  plomb  à  l'essai.  Ce  plomb  coupelle  con- 
tient So  grammes  d'argent  par  loo  kiL 

Dans  cette  attaque  nous  avons  obtenu  deux  espèces 
de  produits:  i*  des  plombs  platinifères  àcoupeller; 
2*  des  crfuses  oxydées  à  traiter  encore  pour  platine,  à 
cause  des  globules  de  plomb  entraînés  par  elles  méca- 
niquement. Nous  nous  occuperons  un  peu  plus  tard  du 
traitement  de  ces  crasÉes. 

II'  Coupellation  des  plombs  pîatlnifères,  —  La  cou- 
pelle que  nous  avons  employée  a  été  battue  avec  des 
cendres  d'os  dans  un  cadre  de  fonte  en  forme  de  caisse 
pàrallélipipédique  (PI.  III,  fig.  9  et  10),  dont  le  fond  est 
une  sorte  de  grille  I,  I.  A  la  partie  antérieure  se  trouve 
une  plaque  de  fer  P  appliquée  contre  la  paroi  anté- 
rieure par  des  clavettes  de  fer  G.  G.  Quand  la  coupelle 
est  battue  (1),  on  enlève  les  clavettes  et  la  plaque  de 
fer,  et  la  surface  de  la  coupelle  se  trouve  mise  à  nu  sur 
une  surface  de  1  décimètre  carré  environ.  La  figure 
contient  les  cotes  nécessaires  pour  en  calculer  toutes 
les  dimensions  (s).  Nous  ferons  remarquer  que  nous 
n'avons  donné  si  peu  de  largeur  à  cette  coupelle  que 
parce  que  nous  n'avions  à  7  faire  passer  qu'une  petite 


(1)  Cette  opération  est  très-dJfflcUe  et  doit  être  confiée  à  un 
ouvrier  habile.  Nous  devons  en  partie  notre  succès  dans  ces 
opérations  à  la  complaisance  de  M.  Gauthier  aîné,  qui  a  bien 
voulu  nous  donner  Taide  de  ses  ouvriers  coupelleurs  avec  un 
désintéressement  dont  nous  sommes  heureux  de  le  remercier 
publiquement 

(d)  Dimensions  du  cadre  :  longueur 5*,o 

largeur •  .  •  •    s6,o 

profondeur  •••«•.•..    toto 
Dimensions  de  la  coupelle  :  profondeur  au  centre. .    6,0 

épaisseur  sur  les  bords.    3,o 
Diamètre  intérieur  de  la  buse i»6 


MÉtAtLimGlË  0t7  nAtîM.  107 

fQàfitîté  de  plotnb,  et  qne  dà  loogtieur  était  détertninée 
par  les  dimensions  du  fourneau  de  la  PI.  TV,  ftg.  5, 
dans  lequel  elle  doit  être  placée.  Ce  fourneau  lui-même 
est  destiné  à  la  fabrication  de  l'oxygène  et  utilise  lêft 
flammes  perdues  de  la  coupellation.  La  coupelle  étant 
battue,  on  y  ménage  une  cavité  ellipsoïdale  dans  la* 
quelle  se  trouvera  le  plomb  à  traiter.  Cette  cavité  doit 
avoir  une  capacité  telle,  qu'elle  se  trouve  à  la  fln  de 
Vopèratiou  entièrement  remplie  de  platine  plombifëre 
riche  de  7»  pour  1 00  de  ))latine»  le  plomb  platinifèra 
devant  être  ajouté  au  fur  et  à  mesuré  que  la  coupel-^ 
lation  !f  effectué;  de  manière  à  7  déterminer  un  ul^ 
veau  constant  de  matière  métallique.  C'est  la  mé- 
thode Mglniit ,  dans  laquelle  ùù  n'a  jamais  besoin 
d'entamer  les  bords  dé  la  coupelle  pOUr  faire  écouler 
les  lUbarged. 

La  coupelle  étant  bien  Séché,  où  l'introduit  dans  to        '•"<^' 
four  et  60  l'établit  Solidement  sUr  dés  galets  qui  lui 
donnent  une  certaine  mobilité.  On  recouvre  toutes  les 
léS  parMs  saillantes  de  fonte  avéC  des  briques  reliées  à 
l'autel  A  (Pi.  IV,  fig.  5)  et  au  mur  de  brique  D.  Oo 

prend  les  mêmes  précautiMêi  eu  fértnant  les  ouvertures 
antérieures  et  postérieures  dé  la  sole.  Dans  la  paroi 
postérieure  on  ménage  un  trou  qui  laisse  passer  la 
buse  B  d'un  soufflet,  buse  qui  a  1  fi  centimètre  d'où** 
verture,  et  un  trou  P  carré  de  la  forme  des  Hngots  par 
où  eeux-d  Seront  introduits  sur  la  coupelle  au  fur  et  à 
mesure  que  le  niveau  du  bain  métallique  diminuera* 

La  paroi  antérieure,  qui  ne  se  trouve  pas  Indiquéedans 
leplan  de  la  PI.  IV,  /Igr.  3,  sera  également  fermée^  excepté 
au  point  précis  par  lequel  les  litharges  vont  s'écouler 
€t  qui  eorresp6nd  à  tiué  gouttière  très-peu  profonde 
creusée  daus  la  matière  mèm^  de  la  coupelle  et  au  mi<- 
lien  de  la  paroi  antérieure.  Toutes  ces  dispoaitioos 


loS  MÉTALLU&eiE  DU  PLATINE. 

sont  communes  à  notre  procédé  et  au  procédé  ordi- 
naire de  la  coupellation  continue  de  l'argent.  Pour  le 
platine ,  comme  on  a  tout  intérêt  à  coupeller  à  haute 
température,  on  restreindra  autant  que  possible  toutes 
les  ouvertures  qui  peuvent  laisser  affluer  de  Tair  dans 
le  four  ou  sur  le  bain  métallique  et  les  refroidir. 

La  voûte  du  réverbère  est  percée  en  K  d'une  ouver- 
ture assez  large,  fermée  par  un  tampon  en  terre  réfrac- 
taire.  Elle  est  utile  pour  l'introduction  des  masses  vo- 
lumineuses de  litharge  qu'on  a  souvent  intérêt  à  re- 
refondre dans  la  coupelle,  quand  on  craint  que  les 
litharges  n'aient  entraîné  les  grenailles  de  plomb  pla« 
tinifère. 

Enfin,  la  PI.  IV  {fig.  5),  nous  montre  le  foyer  F  et  le 
second  four  dans  lequel  sont  placés  des  manchons  6, 
G  destinés  à  la  fabrication  de  l'oxygène  et  dont  la  des- 
cription sera  donnée  plus  loin« 

On  chauffe  le  four  à  la  houille  dans  les  premières 
heures ,  puis  avec  un  mélange  de  bois  et  de  houille ,  et 
enfin  avec  du  bois  seulement  quand  la  coupellation  est 
en  trûn. 
Goapeiiation.  La  coupelle  étant  ajustée  et  déjà  chaude»  on  la  rem- 
plit avec  du  plomb  pauvre  ou  mieux  avec  des  plombs 
platinifères  d'une  très-faible  teneur  qu'on  obtient  par 
le  traitement  des  crasses,  des  cendres  de  l'atelier  et 
dans  l'appareil  des  creusets  doubles  qui  est  décrit  un 
peu  plus  haut  ou  dans  le  four  à  manche  dont  il  sera 
question  un  peu  plus  loin.  Il  est  bon ,  en  effet ,  d'im- 
prégner la  coupeUe  avec  des  litharges  provenant  de 
plomb  presque  pur.  On  n'introduit  du  plomb  platini- 
fère  un  peu  riche  que  lorsque  la  coupelle  est  gorgée  et 
que  la  litharge  coule  abondamment  par  la  gouttière 
ménagée  à  sa  partie  antérieure.  Lorsque  le  plomb  pur 
est  chaud,  on  donne  en  effet  du  vent ,  d'abord  lente- 


MÉTALLURGIE   DU  PLATIffE.  109 

neot  ;  pois  on  en  augmente  la  vitesse  au  fur  et  à  me- 
sore  que  le  plomb  s'échaufie  en  brûlant,  et  l'on  entre- 
lient le  niveau  de  celui-ci  en  introduisant  des  liitgots  sin: 
la  sole.  On  les  remplace  bientôt  par  du  plomb  platini- 
ière,  et  Ton  conduit  la  coupeilation  en  ne  slnquiétant 
m  de  la  chaleur  qui  peut  être  très-grande  sans  incon- 
Ténient,  ni  de  la  vitesse  du  vent  qui  peut  être  considé- 
rable sans  danger  à  cause  de  la  longueur  excessive  de 
la  coupelle.  La  vague  de  litharge  perd  bientôt  de  sa 
hauteur  au  fur  et  à  mesure  qu'elle  s'éloigne  de  l'extré- 
mité de  la  buse ,  et  elle  ne  conserve  plus  que  l'inten- 
sité nécessaire  pour  déborder  la  coupelle  et  passer  par- 
dessus la  gouttière.  Une  opération  de  ce  genre  est  bien 
plus  facile  à  conduire  qu'une  coupeilation  de  plomb  ar- 
gentifère, où  la  plus  grande  difficulté  consiste  à  ne 
perdre  que  le  moins  possible  d'argent  par  les  fumées. 
Les  fumées  ne  pourraient  ici  contenir  que  du  platine 
projeté  qui  ne  va  jamais  loin  et  resterait  sur  les  briques 
de  l'autel  D,  où  on  le  recueillerait  très-facilement, 
quand  même  on  aurait  exagéré  au  delà  de  toute  me- 
sure la  vitesse  de  la  coupeilation. 

Peu  à  peu  ia  coupelle  se  remplit  d'un  alliage  peu  Exiracuon 
fusible  et  qui  exige  enfin  un  bon  coup  de  feu  pour  y  *îJ^{J}i'îJ, 
maintenir  la  liquidité  et  l'oxydabilité  :  alors  elle  doit 
être,  à  très-peu  près,  pleine.  On  interrompt  le  vent 
de  la  buse  B,  on  clôt  hermétiquement  toutes  les  ou- 
vertures du  fourneau,  et  l'on  ouvre  le  registre  de  la  che- 
minée qui ,  dans  toute  la  durée  de  l'opération  qui  vient 
d'être  décrite,  doit  être  fermée  aussi  complètement  que 
le  permet  l'entretien  de  la  chaleur.  On  chaufle  vive- 
ment au  bois,  et  lorsque  le  bain  est  bien  chaud,  on  y 
puise  le  platine  plombifëre  avec  une  cuiller  de  fer 
chaude  ou  avec  une  grosse  tige  de  fer  froide  à  laquelle 
s'attache  le  métal  qu'on  en  détache  par  un  coup  sec 


no  MfiTAIXUBGIB  OC  PIULTINS. 

frappé  8ur  sa  poignée.  Oo  vide  ainsi  entièrement  la 
coupelle ,  mais  dans  l'atmosphère  oxydante  du  feu  de 
bois»  et  Von  n'y  laisse  que  quelques  cbouz-fleors  de 
platine  adhérents  à  la  partie  supérieure  de  ses  parois 
latérales  ou  quelques  globules  de  platine  plQmbifèrfi. 
On  n'a  pas  besoin  de  se  préoccuper  de  ces  petites 
quantités  de  matière  qui  enrichiront  les  plombs  plati- 
aifères  qu'on  aura  encore  i  y  faire  passer.  En  effet, 
dès  que  cette  première  çoupellation  est  terminée  %  on 
peut  emplir  de  nouveau  la  coupelle  de  plomb  platinifère 
et  opérer  ainsi  jusqu'i  ce  que  la  provi^on  de  plomb 
soit  épuisée. 
Refonte  Quaud  OU  pout  Craindre  que  les  litbarges  contien- 
liu^t^ee.  ^^^^  ^^  grenailles,  il  est  prudent,  après  une  opération 
comme  celle  que  nous  venons  de  décrire,  de  les  re- 
fondre toutes  dans  la  coupelle  encore  rouge,  en  les  in- 
troduisant successivement  et  au  fur  et  à  mesure  qu'oUes 
se  liquéfient  par  le  trou  K,  Lorsque  le  bain  est  bien 
liquide  et  la  coupelle  bien  pleine  de  litbarge,  on  y  jette 
quelques  morceaux  de  charbon  dense  comme  le  charbon 
de  cornue  à  gaz  (  avec  lequel  on  fait  les  éléments  de 
pile)  qui  réduit  un  peu  de  plomb  et  facilite  la  réunion 
des  grenailles.  La  Utharge  s'écoule  par  la  gouttière  au 
fur  et  à  mesure  qu'on  en  introduit ,  et  cela  avec  une 
vitesse  telle,  que  cette  opération  ne  coûte  presque  rien 
tant  en  main-d'œuvre  qu'en  combustible.  Mais  elle  ne 
doit  être  faite  que  lorsque  l'on  ne  peut  plus  se  servir 
de  la  coupelle,  parce  que  celle- ci  se  couvre  de  fissures 
dans  tous  les  points  où  elle  a  été  mouillée  par  de  la 
Utharge ,  tandis  que  toutes  les  parties  de  sa  paroi  qui 
n'ont  été  touchées  que  par  le  plomb  sont  absolument 
intactes.  Aussi  la  coupelle  ne  s'use-t-elle  jamais  que 
par  sa  partie  supérieure.  Quand  on  a  fondu  toutes  les 
Uthargee ,  la  coupelle  en  contient  une  couche  plus  ou 


mms  épaisse,  au  fond  de  laquelle  se  trouve  da  plomb 
platimfëre.  On  abat  le  feu ,  en  retirait  les  grillea  «  on 
ferme  toutes  les  ouvertures  et  le  registre  du  fourneau 
pour  laisser  le  refroidissement  s'opérer  aveo  lenteur. 
Quand  le  tout  est  froid,  on  trouve  la  coupelle  pleine  de 
litharge  exfoliée ,  qui  s'en  retire  sous  forme  d'écaillés 
ou  de  laides  lames  transparentes,  et  un  culot  de  plomb 
platinifère  qui  ne  présente  aucune  adhérence  avec  la 
cendre  d'oa. 

On  démolit  la  coupelle,  on  met  de  eAté  tonte  la  terr^ 
d'os  encore  pulvérulente  pour  la  faire  resservir,  et  l'on 
réserve  toutes  les  parties  impréguées  de  litharge, 
qu'on  traitera  un  peu  plus  tard  pour  en  retirer  une 
petite  quantité  d^  platiue  qu'elle  a  absorbé.  Nous  re- 
viendrons un  pou  plus  loin  sur  ce  traitement ,  à  l'ar* 
ticle  qui  concerne  les  crasses,  cendres,  balayures 
d'ateUerStetc 

Dans  la  coupelle  qui  nous  a  servi,  nous  avoos  Intro- 
duiti 

^lonb  paayre. 5o,oo 

nomb  phttiDlftre 3e,58 

UUiai^  recttelllle 4S,oo 

Platine  pkutthifère  obtenu .  ....  i5,6o 

(matière  métallique  adhérente  à  la  coupelle,  peu  con- 
sidérable] « 

Le  platine  plombifère  avait  pour  composition  : 

Platine. 7S 

Plomb 93 

iOO 

Les  litbarges  de  cette  opération  ont  été  repassées 
par  la  coupelle  pour  en  séparer  quelques  grenailles ,  et 
surtout  Dour  réunir  toute  la  matièi*e  nlatinifère  adiii^ 


Extniplei 


GomiNAiUon 
prodaiu. 


112  MÉTALLURGIE   DU  PLATINE, 

rente  à  la  coupelle ,  on  a  mis  un  peu  de  charbon  sur  la 
coupelle  pour  produire  un  peu  de  plomba  on  a  ob- 
tenu : 

Litharge  refoDdue.\ 58%o 

Plomb  platinifère iNi 

contenant  : 

Platine 62',/^ 

Ce  qui  indique  bien  que  la  quantité  de  grenailles  em- 
portées par  les  litharges  a  dû  être  absolument  nulle. 

Enfin ,  les  litharges  refondues  pesant  36  kil. ,  pas- 
sées à  l'appareil  aux  doubles  creusets,  PL  IIIi  fig.  i^ 
avec  le  tiers  de  leur  poids  de  sable  et  5  grammes  de 
charbon  de  bois  par  kilo,  ont  donné  du  plomb,  laissant 
à  la  coupelle  un  résidu  qui  ne  pèse  que  les  0,0006  du 
poids  de  la  litharge  et  qui  consiste  principalement  en 
argent  métallique  et  un  peu  d'iridium  provenant  des 
osmiures  sans  traces  de  platine* 

Il  faut  conclure  de  cette  opération  qu'aucune  partie 
du  platine  n'a  été  entraînée  par  les  litharges,  et  que 
celles-ci,  sur  20  kil.  de  minerai,  n'ont  fait  perdre 
qu'une  quantité  d'osmiure  d'iridium  égale  au  plus  à 
6  grammes,  ce  qui  est  absolument  négligeable. 

III''  Rôtissage.  —  Le  platine  plombifère  qui  reste 
comme  résidu  de  cette  opération  contient  encore  22  p. 
100  de  plomb,  quantité  beaucoup  trop  grande  pour 
qu'on  puisse  économiquement  fondre  et  affiner  l'alliage 
dans  l'oxygène.  Nous  lui  faisons  sabir  préalablement 
une  opération  intermédiaire  que  nous  appelons  rôtis- 
sage^ et  qui  peut  s'exécuter  de  plusieurs  manières. 
RôUnage  A.  On  peut  introduire  le  platine  plombifère  dans 

par  rafion.  ^^^  coupclles  de  petite  dimension  à  base  carrée  ou  cir- 
culaire, faites  exactement  comme  ]es  coupelles  d'es- 
sayeur, mais  très-profondes  et  présentant  10  à  19  cen- 


MÉTALLURGIE   DU   PLATINE.  '  ]l3 

tÔDétres  de  diamètre  intérieur.  Ces  coupeUes ,  placées 
dans  des  moufles  chauffés  à  haute  température  au 
moyen  de  la  flamme  et  dans  un  four  à  réverbère, 
comme  celui  qui  est  figuré  dans  notre  premier  mé* 
moire  (  Annales  des  mines  ,  S*  série ,  tome  XVI , 
PL  \,  fig.  4 ) *  sont  portées  au  rouge  cerise  clair,  et 
quand  elles  sont  arrivées  à  la  température  où  le  pla- 
tine plombifëre  peut  fondre,  on  introduit  celui«ci  par 
gros  fragmenta  et  avec  précaution ,  de  manière  à  rem» 
plir  entièrement  la  coupelle.  Uoxydation  du  plomb 
s'efièctne  alors  sur  le  métal  fondu  et  aux  dépens  de 
l'air  qu'appelle  dans  les  moufles  imparfaitement  fer- 
més le  tirage  de  la  cheminée,  avec  laquelle  ces  moufles 
communiquent  par  les  trous  O,  O'  ménagés  dans  leurs 
parois.  Le  platine  plombifère  perd  ainsi  presque  tout 
son  plomb,  qui  s*imbibe  en  partie  dans  la  coupelle,  se 
volatilise  en  partie  à  Tétat  de  litharge  :  il  reste ,  après 
l'opération,  du  platine  en  choux -fleurs  qui  contient  à 
peine  S  p.  loo  de  plomb,  et  qu'on  peut  fondre  dans 
l'oxygène  avec  la  plus  grande  facilité. 

Bien  souvent  on  trouve  uniformément  répandue  à  la 
surface  du  piatine  une  poudre  cristalline  noire  et  pe- 
sante qui  contient  à  l'état  d'oxyde  de  rhodium  RhO  et 
d'iridiate  de  plomb  IrO',  HbO  la  presque  la  totalité  du 
rhodium  et  de  l'iridium  appartenant  au  minerai.  Cette 
opération  ûnsi  conduite  peut  être  utilisée,  comme  nous 
le  verrons  plus  tard ,  pour  obtenir  du  premier  coup, 
par  nos  méthodes  de  fusion,  du  platine  pur  et  exempt 
des  métaux  qui  l'accompagnent. 

B.  On  peut  encore  opérer  le  rôtissage  autrement.  On  RAtUMge 
se  sert  soit  de  la  coupelle  en  terre  d'os,  soit  de  mor» 
ceaax  de  chaux  parallélipipédiques  et  légèrement  creu- 
sés; on  les  introduit  dans  un  moufle,  dont  on  porte  peu 
à  peu  la  température  jusqu'au  rouge  cerise  vif,  après 
ToMK  xvni,  1860.  s 


MDS  fosion. 


Il4  MÉTALLURGIE  DU  PLÀTINB. 

les  avoir  emplies  avec  le  platine  plombifère  grossière- 
ment concassé.  Le  plomb  s'oxyde  peu  à  peu  à  la  surface 
des  fragments ,  la  litharge  coule  et  sa  volatilise  avant 
que  la  température  soit  assez  élevée  pour  que  le  plaiiiie 
plombifère  entre  en  fusion  i  cet  affinage  partiel  et 
gradué  se  fait  assez  vite  pour  que  le  platine  plombifèie 
ne  soit  plus  fusible  désormais  au  moment  où  la  obaleor 
est  devenue  maximum  dans  le  moufle.  L'alliage  de- 
vient, après  cette  opération,  aussi  brillant  que  de  l'ar- 
gent :  le  platine  qui  est  à  la  surface  des  morceaux 
grillés  est  presque  pur  et  très-mou  ;  les  parties  oeo^ 
traies  de  fragments  retiennent  seules  du  plomb  et 
d'autant  moins  que  le  rôtissage  a  été  plus  prolongé. 
La  teneur  moyenne  en  plomb  de  ces  massée  de  platine 
rôti  est  d'environ  8  p.  loo. 
Traitement  L'iridium  et  le  rhodium  ne  se  séparent  plus  dans  oe 
des  eoQpeUes.  procédé  aveo  la  netteté  que  nous  avons  souvent  ob- 
servée lorsqu'on  coupelle  à  haute  température  des 
plombs  platinifères  qui  restent  fondus  jusqu'à  oe  que  la 
presque  totalité  du  plomb  ait  disparu.  Mais  il  arrive 
alors  que  les  coupelles  de  chaux,  agissant  par  leur  ma- 
tière sur  riridiate  de  plomb,  le  transforment  en  iridiale 
de  chaux  et  oxyde  de  plomb.  Aussi  faut-il  bien  se 
garder  de  perdre  les  coupelles  de  chaux  mises  hors  de 
service.  On  les  délite  lentement  ou  on  les  laisse  se  dé^ 
liter  à  l'air  et  on  les  soumet  au  lavage  ;  la  chaux  pure 
ou  carbonatée  est  entraînée  par  l'eau ,  et  la  portion 
iinprégnée  de  litharge  et  qui  peut  contenir  de  l'iridittOi 
reste  au  fond  de  la  sébille  ou  sur  l'augette*  €ette 
chaux,  imprégnée  de  plomb  et  un  peu  iridifôre ,  sera 
ajoutée  aux  crasses  et  autres  matières  destinées  à  être 
passées  à  l'appareil  des  deux  creusets  déjà  décrit 
(PL  III,  /Ijf.  8).  On  aura  bien  soin  également  de  i^ 
cueillir  les  parties  imprégnées  da  litharge  des  Q9U^ 


MÉTALLURGIE  OU   PLATINE. 


115 


pelles  en  (erre  d'os  :  un  peu  de  plomb  platinifère  et 
surtout  d'iridiate  de  plomb  peut  s'infiltrer  dans  leur 
substance.  On  évite  toute  cbance  de  perte  en  les  broyant 
et  les  traitant  comme  il  sera  dit  à  la  page  1 23 . 

G.  Enfin  le  mode  de  rôtissage  le  plus  énergique  con- 
siste à  cbaoffer  le  platine  plombi/ère  sur  la  sole  d'un 
petit  four  à  réverbère  et  en  pleine  flamme  oxydante  ds 
bois  sec  dans  les  coupelles  de  cendres  d'os  ou  de  chaux 
dont  on  vient  de  donner  la  description.  Au  milieu  de 
cette  flamme,  si  le  feu  est  bien  conduit,  Toxydation 
marcbe  avec  une  extrême  énergie  et  les  litharges  se 
volatilisent  ou  s'imbibent  dans  les  coupelles  avec  une 
grande  rapidité.  On  peut  même  se  passer  de  coupelles 
et  rôtir  directement  sur  une  sole  faite  avec  de  la 
cendre  d'os  ou  de  la  chaux  fortement  tassée.  Un  foyer 
de  Ao  centimètres  de  profondeur  et  de  a  7  centimètres  de 
largeur  avec  un  petit  autel  de  29  centimètres  d'épais- 
seur suffit  pour  rôtir  sur  une  sole  de  4o  centimètres 
quarrés  40  à  5o  kil.  de  platine  plombifère  à  la  fois. 

Nous  ne  donnerons  ici,  pour  ne  pas  allonger  ces  des- 
criptions déjà  si  nombreuses,  aucun  détail  relatif  à  la 
construction  de  ces  petits  fours  à  réverbère  dont  l'u- 
sage devrait,  selon  nous,  se  répandre  dans  tous  les 
laboratoires  de  chimie  minérale  Leur  construction,  d'a- 
près les  cotes  que  nous  venons  de  donner  est  si  simple, 
que  nous  n'insistons  ici  que  sur  la  commodité  de  ces 
appareils  dont,  au  laboratoire  de  l'École  normale,  nous 
nous  servons  dans  un  très-grand  nombre  de  cas.  Nous  y 
cbaufTons  des  tubes  de  porcelaine,  des  creusets  de  toute 
dimension.  On  pourrait  y  faire  des  essais  de  fer  en 
grand  nombre  à  la  fois.  Si  quelques-uns  de  nos  con- 
frères voulaient  utiliser  notre  conseil  à  ce  sujet,  ils 
pourraient  consulter  la  planche  de  notre  premier  mé- 
mow  {Annales  des  mines ^  4'  série,  tome  XVI,  PI.  If 


à  la 


Foart 

à  ré?erbér«. 


Il6  liÉTAUURGIE   OtJ   PIATINB* 

fig.  i).  Le  four  à  réverbère  représenté  avec  ses  cotes 
dans  cette  figure,  et  qui  sert  à  faire  de  Toxygèue  au 
moyen  de  bouteilles  à  mercure,  est  précisément  celui 
que  nous  avons  employé  pour  nos  rôtissages ,  pour 
chauffer  les  appareils  à  deux  creusets  figurés  dans 
la  PL  III,  fig.  8,  du  présent  mémoire,  enfin  pour  toutes 
les  opérations  dans  lesquelles  on  emploie  d'habitude 
le  coke  et  un  fourneau  à  vent.  La  flamme  a  cet  énorme 
avantage  de  ne  détériorer  aucun  des  appareils  qu'elle 
échauffe  ;  les  scories  du  coke  sont  au  contraire  très- 
dangereuses  pour  les  creusets,  les  cornues  en  grès,  les 
tubes  de  porcelaine,  etc. 

Le  rôtissage  à  la  flamme  peut  évidemment  se  faire 
d'une  manière  continue,  à  la  condition  qu'on  chargera 
du  côté  du  rampant  de  la  cheminée  les  fragments  de 
platine  plombifère  et  qu'on  les  extraira  du  four  lors- 
qu'ils auront  été  amenés  progressivement  jusque  près 
de  l'autel  où  la  chaleur  est  maximum.  11  est  bien  en- 
tendu que  toute  la  substance  de  la  sole  imprégnée  de 
litharge  devra,  lorsque  la  sole  sera  mise  hors  de  ser- 
vice, être  recueillie  avec  soin,  broyée,  lavée  et  mêlée 
aux  crasses ,  scories ,  etc. ,  destinées  aux  traitements  à 
décrire  ou  déjà  décrits  pour  en  retirer  le  platine  ou  l'iri- 
diate  de  plomb  qui  y  seraient  fixés  mécaniquement. 

IV*  Fusion. —  La  fusion  du  platine  plombifère  con- 
venablement rôti  est  une  opération  très-facile  et  très- 
peu  coûteuse,  parce  qu'elle  peut  se  faire  dans  des  fours 
à  fusion  continue  construits  en  chaux ,  comme  ceux 
que  nous  ayons  déjà  décrits  dans  notre  premier  mé- 
moire. En  effet,  le  platine  plombifère  n'exerce  aucune 
action  destructive  sur  les  parois  du  four.  La  litharge 
qui  s'y  produit  sous  l'influence  d'une  température 
extrêmement  élevée,  en  sort  à  l'état  gazeux  et  n'a  pas 
même  le  temps  de  mouiller  les  parois  de  la  sole  en  con- 


MÈtàUXKBIE  DU  PIATIIIS.  117 

tact  ayec  le  platine  plombifère  ou  de  la  voûte  qui  est 
aussi  chaude  que  le  platine  lui-même.  11  s'en  condense 
seulement  de  larges  lames  transparentes  dans  les  par* 
ties  du  four  que  la  chaleur  n'atteint  pas. 

Le  four  dans  lequel  nous  faisons  ces  fusions  a  été  r^„, 
décrit  dans  notre  premier  mémoire ,  et  il  est  repré* 
sente  dans  la  fig»  7  de  la  PL  I  (ÀnnaUes  des  mines, 
4''  série,  tomeXYI).  D  doit  être  ajusté  sur  une  monture 
en  tôle  mobile,  au  moyen  d'une  charnière ,  autour  du 
trou  de  coulée.  Ainsi,  si  Ton  veut  bien  se  reportef  aux 
deux  fig,  7  et  9  de  notre  premier  mémoire,  on  aura 
dans  la  fig.  7  la  disposition  du  four  de  fusion  avec  le 
trou  fait  dans  la  voûte  pour  introduire  le  platine  ;  on 
aura  dans  la  fig.  9  la  dimension  et  la  forme  de  la  monture 
de  ce  four.  On  trouvera  aussi  dans  le  texte  (p.  S9, 4o, 
4 1  et  49)  toutes  les  précautions  à  prendre  pour  fondre 
le  pla&ne.  Elles  sont  les  mêmes  que  pour  le  platine 
plombifère,  si  ce  n'est  qu'il  faut  toujours,  pour  celui-ci, 
maintenir  la  flamme  du  chalumeau  oxydante,  afin  que 
le  plomb  soit  chassé  à  l'état  d'oxyde.  On  devra  égale- 
ment introduire  les  fragments  de  platine  à  afiiner,  après 
les  avoir  un  instant  chauffés  au  rouge.  On  évite  ainsi 
les  projections  de  platine  qui  pourraient  occasionner 
des  i>ertes,  si  ces  fragments  étaient  humides.  Le  frag- 
ment qu'on  introduit  tombe  dans  le  bain  métallique 
une  fois  que  celui-ci  est  formé,  y  disparaît  en  dévelop- 
pant des  fumées  jaunes  et  fort  épaisses  de  litharge  : 
dès  que  ces  fumées  se  sont  un  peu  éclaircies,  on  met 
un  autre  fragment,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  le 
four  soit  plein.  On  chauffe  encore  quelque  temps  après 
la  fusion  complète,  parce  que  les  flammes  vertes  in* 
diquent  encore  dans  le  platine  la  présence  d'un  peu  de 
palladium,  peut-être  même  du  cuivre,  si  l'attaque  par 
la  galène  a  été  incomplète,  parce  que  l'odeur  d'osmium 


Jl8  MÉTALLURGIE  OC   PLATIIVE. 

qui  persiste  après  la  disparition  des  flamtnes  vertes 
indique  la  décomposition  des  dernières  traces  d'os- 
miure  d'iridium  qui  ont  résisté  à  la  coupellation.  Quand 
cooMa.  tous  ces  signes  d'impureté  ont  disparu  plus  ou  moius 
complètement,  on  coule  le  métal  affiné  dans  une  lingo* 
tière  parallélipipédlque  faite  avec  quatre  plaques  de 
charbon  de  cornue  assujetties  au  contact  par  du  fil  de 
f^r.  Le  métal  coulé  dans  du  charbon  ne  donne  pas  de 
bons  lingots;  mais  les  lingotières  en  charbon  sont  très- 
maniables,  peu  coûteuses  et,  comme  les  lingots  sont 
presque  toujours  destinés  à  la  refonte,  te  sont  ces  lin- 
gotîères  qu'il  faut  préférer  dans  cette  opération  inter- 
ndédialre. 

L'entière  disparition  des  flammes  vertes  et  deFodeur 
d'osmium  n'aurait  lieu,  la  plupart  du  temps,  qu'après 
un  chaulTkge  très-prolongé,  si  Ton  voulait  l'obtenir  dans 
ces  fours  à  ihaox  qui  se  fendillent  et  dont  les  fentes  se 
remplissent  de  litharges  et  d'oxydes  volatilisés,  que  la 
flamme  et  la  chaleur  atteignent  seulement  au  bout  d'un 
temps  fort  long.  11  vaut  donc  mieux  couler  le  platine 
sans  attendre  que  la  flamme  du  chalumeau  au  sortir  du 
four  soit  devenue  tout  à  fait  incolore,  sauf  à  refondre 
le  platine  ainsi  coulé.  La  fusion  du  platine  est  une  opé- 
ration si  facile  et  si  peu  coûteuse,  qu'on  ne  doit  pas 
tenter  de  faire  cette  économie  qui  consisterait  à  aOiner 
et  à  couler  définitivement  le  métal  du  premier  coup. 
Dans  ce  cas,  11  faudrait  verser  le  platine  afliné  dans  des 
lingotières  en  chaux  dont  nous  donnerons  plus  tard  la 
description . 

Aussitôt  que  le  four  est  vidé,  on  le  remet  dans  la  po- 
sition horizontale,  et,  comme  pendant  la  coulée  *on  a 
diminué  la  vitesse  des  deux  gaz,  on  tourne  les  robinets 
pour  rendre  la  vitesse  primitive  et  Ton  introduit  de  nou- 
veau platine  dans  le  four.  On  recommence  ainsi  cette 


IlitALLim^IM  DU  PUTllIÉ.  II9 

opération  audôl  souvent  ^e  Von  reut.  lA  seconde  fn* 
fflOD,  effectuée  dans  le  même  four  en  opérant  dur  les 
mêmes  quantité  de  platine ,  consomme  un  volume  de 
gaz  presque  moitié  de  ce  qn'il  faut  pour  la  première 
opération,  à  cause  de  la  lenteur  avec  laquelle  la  chaux 
s'ècbauffe  à  une  profondeur  convenable.  AuâBi  faut-11 
càkuJer  la  grandeur  de  son  four  de  telle  aorte  que  là 
fusion  complète  de  toute  la  pf  bvlsiôti  de  platine  qu'on 
veut  affiner  s'opère  en  trois  ou  quatre  opérations  suc- 
cessives. En  effet,  un  four  à  chaux  bien  construit  et 
bîêD  cercié  peut  servir  presque  indéfiniment,  à  la  seule 
coûditioD  qu'on  n'interrompe  pas  les  Aisions  et  qu'on 
évite  de  froisser  les  parties  saillantes  de  la  chaux  aveè 
lesinstrumentâqni  servent  à  introduire  le  platiné.  Quand 
on  laisse  refroidir  le  four  apiré^  une  ou  deux  manipula- 
tions successives,  on  peut  le  faire  servir  encore  deux  ou 
trois  fois,  mais  à  la  condition  de  le  conserver  au  milieu 
de  la  poussière  de  ôhaux  vive,  tl  est  vrai  que  nous 
n'avons  jamais  pris  tant  de  précautions  pour  la  conser- 
vation de  ces  appareils,  qui  se  fabriquent  si  facilement 
et  dont  la  matière  a  si  peu  de  valeur. 

Onand  la  chaux  est  siliceuse,  elle  s'altère  Un  peu  &  Trauemtm 
la  haute  température  que  le  gaz  et  1  oxygène  dévelop- 
pent parleur  mélange  :  l'intérieur  des  creusets  devient 
noir  en  s'imbîbant  en  même  temps  d'un  peu  de  litharge, 
d'oxyde  de  cuivre  ou  même  d'oxyde  de  fer  qu'on  a  intro- 
duits dans  les  fusions  ou  qui  se  trouvent  dans  la  chaux. 
La  matière  devient  spongieuse  et  quefques  globules  de 
platine  pourraient  bien  s'y  perdre.  Après  chaque  opé- 
ration du  genre  de  celles  que  nous  venons  de  décrire,  on 
doit  démonter  le  four,  le  déliter  lentement  ou  laisser  se 
déliter  â  Tair  la  chaux  dont  les  morceaux  sont  colorés  par 
le  feu,  les  broyer  finement  et  les  laver  pour  retrouver  les 
petites  grenailles  qui  échapperaient  h  la  recherche  di- 


120  MÉTALLURGUS   DU   PiATlNK. 

recte.  Le  résidu  du  lavage  doit  être  traité  par  Tadde 
muriatique  bouillant,  qui  laisse  ces  petits  globules  par» 
faitement  brillants  et  prêts  à  être  ajoutés  à  une  fonte 
nouvelle. 
ventiuuMi.  Nous  avons  toujours  effectué  nos  fusions  en  faisant 
entrer  la  flamme  sortant  du  four  dans  un  tuyau  de  poêle, 
horizontal  sur  une  longueur  de  5o  centimètres,  puis 
vertical  et  communiquant  avec  une  cheminée  d'un  bon 
tirage,  tirage  qu'on  modérait  d'ailleurs  au  moyen  d'un 
petit  registre  à  charnière  placé  dans  la  partie  verticale 
du  tuyau«  Tout  le  plomb  volatilisé,  tout  Tacide  osmique 
sortaient  par  cette  voie  du  petit  laboratoire  où  nous 
opérions  et  où  nous  n'avons  jamais  été  incommodés  par 
les  vapeurs  métalliques  toutes  les  fois  que  nous  avons 
usé  de  cet  excellent  moyen  de  les  expulser.  Nous  avons 
ensuite  retrouvé  dans  la  partie  horizontale  de  notre 
tuyau  un  grand  nombre  de  petits  globules  microsco- 
piques de  platine  mêlé  à  de  la  litharge.  On  retrouve 
ausi  dans  cette*  poussière  métallique  fort  lourde,  mab 
dont  une  partie  à  cause  de  sa  ténuité  va  fort  loin,  du 
palladium,  de  l'argent  et  même  de  For.  Le  platine  est 
projeté  quelquefois  en  globules  extrêmement  fins  pen- 
dant la  combustion  du  plomb,  mais  surtout  lorsqu'en 
tournant  brusquement  le  robinet  de  gaz  de  l'éclairage, 
on  rend  subitement,  et  sans  le  vouloir,  l'atmosphère 
du  four  réductrice.  On  voit  alors  au  sein  de  la  masse 
métallique  un  bouillonnement  général,  venant  sans 
doute  du  déplacement  de  l'oxygène  dissous  dans  le  bain 
et  qui  ne  peut  plus  s'y  maintenir  dès  que  la  composi- 
tion du  gaz  change  à  la  surface  du  platine  et  surtout 
quand  cette  atmosphère  devient  réductrice.  Les  autres 
métaux,  palladium  et  or  venant  du  minersd,  sont  vo- 
latilisés ainsi  que  Targent  introduit  par  la  galène  qui 
n'en  est  jamais  exempte. 


"  MÉTAIXCBGIE  DU  PlATHfS.  ISl 

Pour  estimer  la  quantité  d'oxygène  exigé  par  l'af-      oinène 
finage  du  platine  ploœbifëre  dans  les  plus  mauvaises 
conditions,  nous  avons  soumis  à  Texpérience  une  ma- 
tière dont  la  composition  était  : 

I^oinb •  •  .    i3yi 

Platine  .•••••••..•    86,8 

100,0 

Nous  en  avons  employé  9**259,  que  nous  avons 
fondus  en  une  fois  en  dépensant  3  80  litres  d'oxygène , 
avec  une  vitesse  (insuffisante)  de  3oo  litres  à  Theure. 
La  composition  de  cet  oxygène  était  : 

Acide  carbonique 0,7 

Azote 8,» 

Oxygène 91,1 


««■■ 


100,0 

La  quantité  d'oxygène  nécessaire  pour  fondre  et  af- 
finer 1  kil.  de  plomb  platinifère  est  donc  en  maximum 
de  i3«5  litres. 

En  continuant  à  opérer  la  fusion  dans  le  même  four, 
on  descend  k  une  consommation  de  100  litres  par  kilo- 
gramme en  maximum. 

V*  Traitement  des  crasses  ^  des  scories  et  autres  pro- 
duits platinifères.  —  Ces  produits,  d'origine  diverse, 
sont  assez  nombreux  ;  on  obtient  principalement  : 

1*  Crasses  sulfurées  provenant  du  traitement  incom-       Nnure 
plet  du  minerû  par  la  galène.  Ce  produit  doit  pro-     det  erassei. 
venir  d'accidents  faciles  à  éviter  :  il  contient  en  quan- 
tités variables  :  , 

Sulfure  de  plomb. 
Sulfure  et  oxyde  de  fer. 
Sulfure  de  cuivre. 
Grenailles  de  plorob  platinifère  7 
Quelques  grains  de  minerai? 


Ifii  XISTÀIXUBGIB  DU  PLATINE. 

2*  Crasses  oxydées^  produit  régulier  de  fabrication  : 

Oxyde  de  plomb  9 

oxyde  de  fer.        j  a^^^. 

Oxyde  de  cuivre,   j 

Silice,     .     • 

dn^ne,       .  * 

Titane,  ^en  petites  quantités, 

Alumine, 

Sir0ôQ6,ét6.| 

Grenailles  de  plomb  platinifère* 

5'  Débris  des  creusets  d^esssd ,  matières  siliceuses 
et  plombeuses  où  Ton  peut  supposer  un  peu  de  pla- 
tine. 

4*  Débris  de  coupelles  eu  terre  d*os  imprégnées  de 
matières  métalliques  ;  ils  renferment  : 

Gbaux, 

Phosphate  de  chaux, 

Lltharge , 

Platine  plambifère  en  petite  quantité. 

S""  Débris  de  coupelles  en  chaux ,  poudre  enrichie 
par  le  lavage  et  contenant  : 

Chaux , 

Litharge , 

Platine  fortement  iridé  en  petite  quantité. 

6°  Balayures  d'atelier  renfermant  du  platine,  du 
plomb  platiuifëre,  du  minerai  et  en  général  toutes  les 
matières  qui  sont  traitées,  soit  directement,  soit  indi- 
rectement dans  la  fabrication. 

7*  Cendres  des  foyers  d'essai  ou  de  fabrication  dans 
lesquelles  un  accident  a  introduit  des  nmtières  plati- 
nifères.  On  les  lave  préalablement  et  Ton  ne  conserve 
que  les  parties  les  plus  lourdes  restées  dans  la  sé- 
bille. 


HÊTAIXimGlE  DU  PUTUOE.  195 

8*  Débrid  de  fours  en  chaut  imprégués  de  matiëred 
oiydëes  par  raffinage  du  platiue.  Un  lavage  fait  avec 
soin  après  pulvérisation  et  un  traitement  par  un  peu 
diacide  muriatique  bouillant  en  sépare  d'abord  du 
platine  métallique  pur,  qu'on  réserve  pour  la  fonte  di- 
recte, et  des  substances  oxydables  très-nombreuses 
dans  lesquelles  on  trouve  : 


beaucoup , 


00  peu» 


A.  Traitement  des  crasses  H  deè  mûtiites  riches  en       'Y^" 
ptatine.  —  On  les  mêle  avec  t  doubucreuiet. 

LithargQ  •  •  •  •  f 900 

Sable.  .  .  .  • 100 

On  y  ajouté  une  quantité  de  litbarge  et  de  cbarbon  d^ 
bois  pulvérisé  (1  de  cbarbon  fournit  3o  de  plomb)  né»* 
ceawàrea  pour  produire  la  quantité  de  plomb  dont  on  a 
besoin»  et  on  les  passe  à  l'appareil  à  double  creuset  de 
la  fig»  8,  PI.  III,  décrit  à  la  page  98.  Quand  on  veut  y 
mêler  les  débris  de  coupelles  d'os  »  on  fait  un  dosage 
parUcaU«r  pour  ces  noatières  et  qui  se  compose  de  : 

Conpellesd^os  iffiprégaée.  .  .    1.000 

Terre  ooneasiitt.  « •  •    t«oo0 

Cbarbon  de  bois 17 

Ce  mélange  doit  être  ajouté  au  premier  dans  la  pro- 
portion de  2  de  celui-ci  et  de  1  au  plus  du  second.  Le 
tout  devient  extrêmement  fusible. 

En  général ,  le  phosphate  de  chaux  des  coupelles  en-        ?•»•» . 
lève  dft  là  fuailûlité  à  ces  matières,  et  il  est  bon  de 
faire  préalablement  un  essai  sur  1 00  grammes  de  ces 


194  MÉTAILUBGIE  DU  PIATINE. 

substances  prises  régulièrement  dans  la  masse  totale 
et  qu'on  fond  dans  un  petit  creuset  de  terre.  On  ob- 
serve : 

i""  La  quantité  de  plomb  produite,  d'après  laquelle 
on  se  règle  pour  la  proportion  de  charbon  à  ajouter. 
Ce  plomb  est  coupelle  à  part  et  indique  la  richesse  to- 
tale en  platine. 

a""  La  fusibilité  du  mélange,  d'après  laquelle  on  dé- 
termine la  quantité  de  la  litharge  à  faire  entrer  dans 
le  lit  de  fusion. 

5"*  L'état  du  creuset  :  s'il  est  attaqué  »  on  augmente 
la  dose  de  sable  siliceux  :  on  en  met  une  quantité  telle , 
que  le  creuset  ne  soit  plus  altéré  et  que  la  matière 
conserve  sa  fusibilité  (i). 

4*"  On  voit  le  mélange  se  boursoufler  pendant  la  fu- 
sion, et  l'on  est  guidé  par  cette  expérience  préliminaire 
sur  les  quantités  de  matières  qu'il  faut  introduire  à  la 
fois  dans  le  creuset  supérieur  (  PI.  III ,  fig.  8) ,  pour 
qu'elles  ne  puissent  pas  passer  par-^lessus  le  bord  de 
ce  creuset. 

Dans  une  fabrication  régulière  et  après  une  expé- 
rience de  quelques  mois ,  tous  les  dosages  devraient 
devenir  définitifs  et  ces  essais  préliminaires  n'auraient 
plus  d'utilité.  Nous  avons  dû  cependant  nous  astreindre 
à  les  exécuter  un  grand  nombre  de  fois  pour  arriver  à 
fixer  les  proportions  du  lit  de  fusion  indiquées  ci- 
dessus,  lesqueDes,  d'ailleurs,  pourront  être  modifiées 
par  la  suite. 
Eiempie.  Pour  donner  une  idée  de  la  manière  dont  on  exploite 
pour  platine  les  fonds  de  coupelles  imprégnées  de  li- 
tharge et  renfermant  un  peu  de  plomb  platinifëre  dans 


(i)  La  litharge  mêlée  au  tiers  de  son  poids  de  sable  siliceux 
n'attaque  plus  les  creusets. 


MÉTÀlXtJRGIE   DU  FLATINE.  126 

les  fentes  qui  s'y  forment,  nous  détaillerons  le  traite- 
ment, an  moyen  duquel  nous  avons  extrait  ce  qne  pou- 
vait contenir  de  précieux  la  grande  coupelle  qui  a 
servi  à  toutes  nos  opérations  : 

La  coupelle  a  été  broyée,  les  parties  imprégnées  pul-     uioc. 

yérisées  pesaient 10,900 

On  7  a  ajouté  Terre  concassé. to,ooo 

LJtbarge  refondue  (i) 5a,ooo 

Sable  sUiceux. 11,000 

Cterbon, • o^aAo 

Le  tout  mélangé  et  passé  &  Tappareil  des  deux  creu- 
sets a  donné  :  plomb  platinlfère s,8oo 

Ce  plomb  sur. i9',4o 

Donne  à  fessai  :  platine  fondu o%7a 

Soit  pour  les  10  ilL  de  coupelle  imprégnée  : 

platine •  .  .  .  •  0,1039 

B.  Trailemeni  des  scories,  litharges,  débris  de  f abri-  Potion  «u  tout 
calton  et  autres  mattires  tris-pauvres  en  platine.  — 
Nous  avons  songé  à  utiliser  les  procédés  de  fabrication 
du  plomb  en  four  à  manches  pour  traiter  des  ma- 
tières très-pauvres  en  platine  et  ne  valant  pas  même  le 
passage  an  travers  de  l'appareil  à  double  creuset  de  la 
fig.  8  (PL  III)  :  tous  les  fragments  de  creusets  qui  ont 
servi  à  faire  nos  essais  de  platine  et  qui  ont  été  tou- 
chés par  de  la  litbarge,  tous  les  débris  de  sole,  de  four, 
de  briques  vitrifiées  par  de  la  litharge  provenant  de 
plomb  platinifère.  Cette  matière  hétérogène,  soit  pul- 
vérulente, soit  concassée  en  morceaux  de  la  grosseur 
d'une  noix,  a  été  mêlée  avec  son  poids  de  verre,  un 
peu  de  calcaire  et  de  chaux  fluatée  et  passée  à  un  petit 
four  à  manche  dont  la  cuve  carrée  (voyez  PI.  III,  fig.  i  a) 


(i)  Cette  litharge  renfermait  10  grammes  d'un  mélange  d'ar- 
gent et  d'iridium  ;  elle  provenait  d'une  opération  déjà  décrite 
plus  haut  (page  11a). 


126  M&TAI.1.0RGIB  DU  PtATINE. 

avait  5o  centimètres  de  côté.  Nous  ne  décrirons  pas  ici 
la  construction  de  ce  four  à  manche  «  qui  ressemble 
exactement,  aux  dimensions  près,  à  ceux  qui  servent 
pour  le  traitement  des  galènes  et  des  cendres  d'orfèvre* 
Quand  on  voudra  en  faire  construire  un  semblable, 
on  réduira  dans  les  proportions  convenables  les  dimen- 
sions des  fours  à  manche  ordinairement  employés.  Le 
vent  fourni  par  un  bon  soufflet  de  forge  était  donné 
sans  trop  de  ménagements,  h  cause  du  peu  â'impor* 
tance  qu'il  y  a  ici  à  volatiliser  un  peu  delitharge  ou  à 
en  passer  dans  les  scories. 

Ce  four  ài  manche  nous  a  donné  des  scories  à  peu 
près  dépouillées  de  plomb,  du  plomb  platioifère  et  de  1a 
fonte  de  fer  platinifèro. 

Le  plomb  platinifère  a  été  coupelle  avec  des  matières 
plus  riches. 

Ponte  Le^  fontes  platinifères  sont  très-curieuses  par  leur 

platinifère.  compositiou  et  h  causo  de  ce  fait  remarquable  que  le 
plomb  et  le  fer  étant  en  contact  avec  du  platine  »  celui- 
d  a' allie  de  préférence  avec  le  platine.  Cette  fonte  con- 
tenait ^ 

Foute  de  fer  p.  d 78,/v 

platine ui,6 


»l''^^w  » 


100,0 

Pour  extraire  le  platine,  on  la  mêle  avec  de  la  li- 
tharge  et  du  sable,  après  l'avoir  pulvérisée»  car  elle  est 
très-cassante,  et  on  la  passe  à  l'appareil  aux  deux  creu- 
sets (PL  III,  fig,  8).  Voici  la  composition  de  la  matière 
soumise  à  la  scorification  : 

Fonte. .  •  •  •  •  •  •  •      5oQ      1,0  - 

Litharge 3{k5o      6,5 

Sable 760      1,5 

On  a  obtenu:  Plomb i6l5  grammes. 

contenant       Platine 108,1 


MÉTAUUBGie  DU  PUTINS.  IB7 

L9  platine  ainsi  obtenu  était  siognlièremeot  pur  et 
doux  :  il  cooteoaît  : 

Platiae  pt  li*  #•••••«    1 9i76 

Iridjum.  •  » traces» 

Rhodium o^iS 

100,00 

U  ^  conduisait  au  laminoir  et  à  la  filière  comme  le  ^^f^  <>«  fi«um 
coirre  le  plu9  pur  et  le  plus  ductile.  eM  opértuoni. 

U  est  résulté  de  cette  expérience  qu'en  réunissant 
tous  les  matériaux  qui  ont  servi  pendant  près  de  huit 
niQJ0  h  nos  recherches,  matériaux  eoricbis  par  les  acci- 
dents de  toute  sorte  auxquels  nous  avons  été  exposés 
comme  tous  les  praticiens ,  nous  n'avions  laissé  dans 
nos  creusets»  dans  nos  cendres ,  dans  nos  fours,  etc., 
que  16Ç  grammes  de  platiue,  en  opérant  sur  Ss  kil. 
de  minerait  16  lûl«  de  platine  de  monnaie  et  8  kil.  en- 
viron d'iridium  impur.  Et  encore  chacune  de  ces  ma- 
tières ayant  subi  plusieurs  fois  les  mêmes  traitements 
au  commencement  de  notre  travail  et  à  propos  d'essais 
infructueux,  il  nous  est  permis  de  considérer  ces 
166  grammes  comme  provenant  du  traitement  de  plus 
de  8q  kiL  de  platioe.  Il  est  clair  qu'un  tel  résultat  est 
la  conséquence  des  propriétés  précieuses  du  platine  et 
des  métaux  utilisables  qui  l'accompagnent 

C.  Petit  four  à  manche  pour  essai.  —  Nous  croyons  Foiioni  en  p«ui^ 
devoir  placer  ici  la  description  d'un  petit  appareil  très- 
commode  qui  nous  a  servi  &  faire ,  sur  une  échelle 
moyennei  quelques  essais  sur  les  matières  que  nous 
ayons  traitées  ensuite  par  le  fourneau  à  manche. 

On  prend  un  creuset  de  35  centimètres  de  hauteur 
et  de  13  centimètres  de  largeur  (voyez  PL  III, /iy.  i3), 
on  tasse  un  peu  de  cendres  d'os  dans  sa  partie  infé- 
rieure pour  lui  faire  uu  fond  plat  incliné  et  l'on  perce 
deux  trous,  l'un  à  l'opposé  de  l'autre,  mais  non  pas  sur 


laS  MÉTALLURGIE   DU   PLàTINB. 

le  même  plan  horizontal.  L'un  d'eux  doit  être  placé 
juste  au  niveau  inférieur  du  plan  de  cendres  d'os , 
l'autre  à  2  ou  3  centimètres  au-dessus  du  premier.  On 
fait  arriver  par  le  trou  le  plus  élevé  la  buse  d'un  souf- 
flet de  lampe  d'émailleur  et  l'on  emplit  le  creuset  entiè- 
rement de  menu  charbon  de  bois  allumé.  On  donne  le 
vent ,  et  quand  le  charbon  baisse,  on  charge  alternati- 
vement avec  du  charbon  de  bois  menu  et  avec  les  ma- 
tières plombeuses  à  fondre  réduites  en  petits  fragments 
et  mêlées  grossièrement  avec  une  forte  proportion  de 
borax.  Bientôt ,  par  le  trou  resté  libre  en  face  de  la 
tuyère,  on  voit  couler  du  plomb  et  une  scorie  liquide, 
et  qui  pour  cela  doit  renfermer  encore  de  la  litharge 
combinée  au  borax  fondu  et  en  assez  grande  proportion. 
On  peut  avoir  ainsi  des  scories  fusibles  à  400''  ou  5oo*, 
qu'on  recueille  dans  un  petit  creuset  chaud  et  au  fond 
desquelles .  le  plomb  platinifère  se  rassemble  parfaite- 
ment. On  conçoit  bien  en  effet  que  la  scorie  soit  chargée 
d'oxyde  de  plomb  à  cause  du  peu  de  largeur  du  creuset 
au  point  où  le  vent  arrive  en  grande  abondance  par 
rapport  au  combustible  à  brûler  et  aux  matières  à 
fondre.  Nous  recommandons  ce  petit  appareil  aux  chi- 
mistes qui  s'occupent  de  métallurgie  :  il  est  très-com- 
mode pour  les  essais  de  ce  genre.  On  peut  encore  l'em- 
ployer parfaitement  pour  faire  des  attaques  de  silicates 
par  les  alcalis.  On  charge  alors  le  silicate  en  petits 
fragments  avec  la  quantité  de  carbonates  de  soude  et 
de  chaux  nécessaire  pour  obtenir  un  verre  très -fluide 
et  soluble  dans  les  acides.  Quelques  kilogrammes  d'un 
pareil  verre  s'obtiennent  en  très-peu  de  temps  et  sans 
perte  de  matière. 
Réinmé.  En  résumé,  les  opérations  que  nous  venons  de  rap- 

porter se  composent  pour  l'exploitation  du  platine  : 
1*  De  l'attaque  sur  une  coupelle  ou  sole  en  terre  d'os 


MÉTALLURGIE   DU   PLATINE.  IS9 

da  minerai  par  la  galène,  ce  qni  donne  du  plomb  pla- 
tinifère  et  des  crasses; 

2*  De  la  coupeUation  du  plomb  platinifëre  sur  cette 
sole  même  ou  sur  une  coupelle  spéciale,  cette  dernière 
s' exécutant  sur  la  matière  d'un  certain  nombre  d'at- 
taques; 

S""  Du  rôtissage  des  lingots  de  platine  coupelle,  opé- 
ration qui  s'exécute  à  la  fois  sur  les  produits  d'un  cer^ 
tain  nombre  de  coupellations  ; 
V  De  la  fusion  du  platine  plombifëre  ; 
S""  Du  traitement  dans  l'appareil  à  deux  creusets  des 
crasses  provenant  des  attaques.  Cette  opération  s'ap- 
plique en  une  seule  fois  aux  produits  d'un  grand 
nombre  d'attaques. 

6*  Après  une  campagne,  il  est  bon  de  passer  au  four 
à  manche  tous  les  débris ,  cendres ,  balayures  d'ate- 
liers, etc. ,  contenant  de  la  litharge,  du  plomb,  du  pla- 
tine ou  pouvaut  en  contenir. 

7''  Enfin  le  même  four  à  manche,  transformé  en  four 
à  rèviyiûcaiîon,  pourra  réduire  en  plomb  marchand  de 
trës-boDoe  qualité  toutes  les  litharges  et  les  scories 
riches  provenant  des  coupellations  et  des  fusions  dans 
l'appareil  aux  deux  creusets.  Ce  plomb  devra  corres- 
pondre à  très-peu  près  au  métal  contenu  dans  la  galène 
employée  et  couvrira  par  sa  valeur  une  partie  des  frais 
d'extraction  du  platine. 

S IV.  Fusion  directs  des  minerais  de  platine. 

Nous  avons  donné  dans  notre  premier  mémoire  (i) 
quelques  détiûls  sur  le  mode  de  fabrication  du  platine 


(1)  Voyez  Annales  des  mines^  V  série,  t  XVI,  p.  ASa-Ag^. 
Ton  XVm,  i86o«  9 


l30  MtTALLtJRGIB  DU  PLATINE. 

par  un  procédé  de  fusion  directe  qui  laisse  dans  le 
métal  affiné  riridium  et  tout  le  rhodium  que  contient  le 
minerai  et  qui  en  expulse  le  fer,  le  cuivre,  le  palladium, 
l'or,  Tosmium  et  le  sable.  Nous  avons  expérimenté 
cette  fois-ci  sur  une  plus  grande  échelle  et  sur  le  mi- 
nerai de  r Oural.  La  simplicité  de  ce  procédé  est  telle, 
que  nous  avions  seulement  à  faire  une  vérification  des 
résultats  déjà  acquis  et  à  constater  quelques  résultats 
numériques  pour  établir  le  prix  de  revient  du  platine 
sdnsi  obtenu. 

P  Essai  du  mineraù  —  Dans  une  usine  où  serait  éta- 
blie  l'extraction  du  platine  par  ce  procédé,  il  serait 
essentiel  d'avoir  un  mode  d'essai  expéditif  fondé  sur 
l'emploi  exclusif  des  moyens  qui  servent  à  la  grande 
fabrication.  On  peut,  en  effet,  par  la  fusion  directe , 
obtenir  en  moins  d'une  heure  la  teneur  exacte  d'un 
minerai  .en  platine  et  iridium ,  en  opérant  comme  il 
suit: 
Bisai  par  fation  On  prend  uu  petit  four  en  chaux  de  la  forme  indi- 
quée dans  la  fig.  8  de  la  PI.  1  (t.  XVI)  qui  accompagne 
notre  premier  mémoire,  et  ayant  à  peu  près  3  à  6  cen* 
timètres  de  diamètre  intérieur  et  3  centimètres  environ 
de  profondeur  ;  on  y  introduit  loo  grammes  de  minerai 
choisi  au  milieu  de  la  masse  dont  on  veut  avoir  la  com» 
position  moyenne  et  qu'on  mêle  avec  s  à  3  grammes 
de  chaux  vive  broyée  et  criblée  en  fragments  de  la  gros* 
seur  d'un  grain  de  millet.  On  y  plonge  la  flamme  du 
chalumeau  à  oxygène  et  gas  de  l'éclairage,  et  çn  porte 
peu  à  peu  la  température  jusqu'au  maximum  en  don- 
nant toujours  un  petit  excès  d'oxygène.  Le  minerai 
entre  bientôt  en  fusion,  et,  s'il  a  été  mis  en  tas  conique 
juste  au-dessous  du  dard  du  chalumeau,  on  le  voit  se 
réduire  en  une  ou  plusieurs  petites  masses  à  la  surface 
desquelles  se  produit  une  oxydation  très-vive  et  une 


direcie. 


IfÉTULORGlB   DO  FLATIlfE.  lS| 

scorification  très-rapide.  Le  fer  et  le  cuivre  brûlent  et 
il  se  forme  un  ferrite  de  chaux  liquide  qui  pénètre 
bientôt  dans  les  paroia  du  four  violemment  échauffées. 
La  flamme  qui  sort  de  l'appareil  et  qu'il  faut  diriger 
dans  une  cheminée  d'un  bon  tirage,  se  colore  fortement 
par  suite  de  la  présence  de  l'osmium  et  des  métaux 
volatils  que  contient  le  minerai.  On  continue  la  fusion 
jusqu'à  ce  que  l'odeur  de  l'osmium  ait  complètement 
disparu,  en  ayant  soin  de  rendre  de  temps  en  temps 
la  flamme  un  peu  réductrice  pour  faciliter  l'expul- 
sion de  i'osmium.  On  laisse  refroidir  le  four,  on  en- 
lève facilement  tout  le  platine  adhérent  à  la  voûte  qu'on 
gratte,  en  faisant  tomber  la  poussière  dans  un  vase 
contenant  de  l'acide  muriatique.  On  fait  bouillir  éga- 
lement avec  de  l'acide  muriatique  concentré  toutes  les 
parties  du  four  imprégnées  de  scorie  et  qu'on  pulvérise. 
L'acide  sépare  une  grande  quantité  de  silice,  du  titane, 
et  dissout  de  la  chaux,  du  fer,  du  cuivre  et  du  chrome. 
On  lave  les  globules  de  platine  avec  de  l'eau,  on  les 
sècbe  et  on  les  refond  dans  un  second  four  un  peu  plus 
petit,  où  l'affinage  se  termine  et  dans  lequel  on  trouvo 
un  bouton  de  platine  iridifère  arrondi  :  le  métal  doit  se 
•détacher  facilement  de  la  sole,  laquelle  ne  doit  pas  être 
attaquée.  Cette  seconde  fusion  étant  prolongée  jusqu'4 
complet  affinage,  il  arrive  souvent  que  la  chaux  est 
encore  imprégnée  de  scorie.   On  enlève  le  platine 
qu'elle  contient  et  qui  est  adhérent  à  la  voûte  avec  les 
précautions  qui  viennent  d'être  indiquées,  on  le  refond 
une  troisième  fois  dans  un  four  qui  doit  rester  com- 
plètement intact  et  on  le  pèse  avec  les  grenailles  adhé- 
rentes à  la  voûte. 

Le  plus  souvent  il  est  inutile  de  toucher  au  platine 
qm  s'est  projeté  contre  la  voûte  du  four.  On  pose  celle-ci 
avec  précaution  sur  une  plaque  de  tôle  propre  t  afin 


iSa  MÉTALLURGIE   DU  PLATINE. 

d'éviter  de  perdre  quelque  parcelle  de  platine,  et  on 
change  seulement  la  petite  sole  ou  partie  inférieure  du 
four  dont  on  extrait  avec  soin  tout  le  platine  par  la  pince 
et  par  l'acide  muriatique.  A  la  dernière  fusion  seulement 
on  ajoute  au  bouton  de  platine  qu'on  trouve  sur  la  sole 
tout  le  platine  projeté  sur  la  voûte ,  qu'on  racle  au- 
dessus  d'un  vase  contenant  de  l'acide.  On  réunit  tous 
les  globules  purifiés  par  l'acide  muriatique  bouillant, 
et  on  les  pèse  avec  le  culot  principal.  Cette  petite  voûte 
peut  servir  ainsi  un  grand  nombre  de  fois»  aussi  bien 
que  la  sole  de  la  dernière  opération.  Il  suffit  de  les  con- 
server au  milieu  de  petits  fragments  de  chaux  vive.  Le 
platine  obtenu  doit  être  très-malléable,  quoiqu'un  peu 
plus  dur  que  le  platine  pur  ordinaire. 
Boaion  d'Msai.  H  faut  avoir  bien  soin  de  laver  à  l'eau  distillée  les 
boutons  de  platine  qu'on  a  fait  bouillir  avec  de  l'acide 
muriatique,  parce  qu'ils  sont  quelquefois  creux  à  l'in-- 
térieur  par  suite  du  retrait  du  métal  au  moment  de  sa 
solidification,  et  de  les  faire  chauffer  jusqu'au  rouge 
avant  de  les  peser,  pour  que  l'eau  de  lavage  ne  reste 
pas  dans  ces  cavités. 

Si  eompofittoD.      ^^  traitant  ainsi  le  minerai  n^  5  en  gros  grains  restés 

sur  les  tamis  et  dont  il  a  été  question  à  la  p.  6  de  ce 
mémoire,  on  lui  a  trouvé  une  teneur  en  platine,  iri- 
dium et  rhodium,  de  85  pour  loo.  C'est  de  cette  ma«- 
niëre  qu'a  été  établie  sa  richesse. 

Sa  composition  estd'aiUeurs,  comme  on  sait  : 

Platine, 9/1,7 

Iridium 5,7 

Rhodium o,5 

100,0 

U?  Trailement  du  minerai.  —  Le  traitement  du  mi-- 
nerai  est  calqué  sur  le  mode  d'essai  que  nous  venons 


MÉTALLURGIE   DU   PLATINE. 


l33 


Po«r. 


FMdtm. 


PUlOB. 


de  décrire.  Les  yases  employés  sont  d'ailleurs  les 
mêmes. 

A.  Première  fusion.  —  On  se  servira  d'un  four 
en  chaux  de  la  forme  indiquée  dans  la  fig.  7  de  la 
planche  de  notre  premier  mémoire  {AnnaUf  des  mines^ 
II,''  série»  tome  XYI).  On  ajustera  ce  four  sur  la  plate- 
forme à  Tis  de  pression  figurée  dans  la  planche  jointe 
au  présent  mémoire  (PL  III,  fig.  5),  on  mélangera 
le  minerai  ayec  s  à  5  pour  1 00  de  chaux  criblée  de  la 
grosseur  d'un  grain  de  millet,  et  quand  le  four  sera 
bien  rouge  à  l'intérieur,  on  y  versera  ce  mélange  par 
portions  de  100  à  3  00  grammes  chaque  fois  et  au  fur  et 
à  mesure  de  la  fuâon,  en  l'introduisant  dans  le  four  au 
moyen  de  l'ouverture  T  (t.  XVI,  PL  I,  fig, 7)  y  pratiquée 
dans  la  voûte  et  qu'on  refermera  sur-le-champ  avec  un 
bouchon  taillé  dans  de  la  chaux  caustique.  Quand  on 
aura  ainsi  fondu  et  en  partie  a£Sné  3  à  4  UL  àe  platine, 
on  coulera  le  métal  soit  dans  de  l'eau  pour  le  grenail- 
ler,  soit  dans  une  lingotière  très-plate  dont  les  parois 
seront  faites  avec  du  charbon  de  cornue.  La  largeur  de 
cette  iingodëre  devra  être  d'un  demi-centimètre  envi- 
ron, pour  que  la  plaque  de  platine  puisse  être  facile- 
ment cassée  ou  laminée. 

Le  four  étant  ainsi  vidé  de  platine,  on  recommence 
l'opération  en  introduisant  du  minerai  par  l'ouverture  •«*>»*<in«»*«*- 
de  la  voûte  et  en  fondant  et  affinant  indéfiniment  jus- 
qu'à ce  que  les  parois  de  la  sole  soient  complètement 
imprégnées  et  corrodées  par  la  scorie.  On  remplace 
cette  sole  par  une  autre,  la  voûte  pouvant  d'ailleurs 
servir  fort  longtemps.  Le  métal  de  première  fusion 
ainsi  obtenu  est  loin  d'être  pur,  il  est  souvent  cassant 
à  cause  du  fer,  du  cuivre  et  de  l'osmium  qu'il  retient 
encore.  Il  est  composé  de  ; 


Goalé«. 


Opérations 


Vétâl 
de  I'*  fusion  » 


l34  MÉTALLURGIE  DU  PLATINB* 

Platine 91^5 

Iridium 6,9 

Rhodium 0,4 

Cuivre 0,8 

Fer. 0,5 

100,1 

dT^ulînr  ^^^  avons  très-souvent  grenaille  du  platine ,  et  ce 
n'est  pas  une  opération  plus  difficile  que  si  Ton  agis* 
sait  sur  de  Targent;  il  faut,  pour  le  platine  comme 
pour  l'argent ,  prendre  certaines  précautions.  Le  vase 
en  tôle  dont  on  se  sert  devra  avoir  au  moins  1  mètre  de 
hauteur  et  être  plein  d'eau ,  le  filet  de  platine  fondu 
qu'on  y  verse  pourra  d'ailleurs  être  aussi  volumineux 
qu  on  voudra.  Pendant  cette  opération,  on  pourra  con- 
stater le  dégagement  d'une  grande  quantité  de  gaz 
facile  à  enflammer  avec  explosion  au  moyen  d'une 
feuille  de  papier  allumé.  C'est  un  mélange  d'hydrogène 
et  d  oxygène  provenant  de  la  dissociation  de  Teau.  1^ 
l'on  coulait  du  platine  dans  de  l'eau  sous  une  faible 
épaisseur,  le  platine  pouvant  traverser  sans  se  solidifier 
plusieurs  décimètres  d'eau,  et  les  grenailles  se  soudant 
au  fond  du  vase  où  on  les  reçoit,  donneraient,  comme 
nous  l'avons  vu  souvent ,  une  masse  dure  et  compacte 
trè»-difficile  à  diviser  en  vue  d'une  seconde  fusion.  Bien 
plus  les  gaz  explosifs  pourraient  s'allumer  dans  le  sein 
même  de  l'eau,  donner  lieu  à  une  explosion  assez  vio- 
lente et  occasionner  des  pertes  de  platine,  comme  cela 
nous  est  arrivé  une  fois.  Les  mêmes  accidents  peuvent 
se  produire  quand  on  grenaille  de  l'argent ,  et  on  les 
évite  pour  le  platine  comme  pour  l'argent  en  donnant 
à  la  colonne  d'eau  que  traverse  le  métal  fondu  une 
hauteur  d'un  mètre  au  moins,  comme  nous  l'avons  re- 
commandé plus  haut. 
M^tojé!         ^  dépense  en  oxygène  dans  cette  première  opéra* 


IIÉTAIX17H6IB  VC  nATOM.  iSK 

ikm  est  assex  difficile  à  évaluer,  d'après  nos  exf^é- 
riences ,  à  cause  de  leur  imperfection.  Nons  avions 
compté  sur  notre  habitude  de  manier  le  cbalameau  , 
habitade  acquise  par  plusieurs  années  d'exercice  ;  et 
malheureusement  quelques  mois  dMnterroptiôn  dans 
nos  expériences  avaient  suffi  pour  nons  Tenlever  près* 
que  entièrement  On  en  jugera  par  le  résultat  suivant 
qui  a  été  obtenu  dans  la  première  tentative  que  nous 
ayons  exécutée  sur  les  minerais  envoyés  par  le  gouver- 
nement russe  : 

Diamètre  intérleor  du  four. i4i  cent 

Profondeur  de  la  sole. & 

llln^ti  grossier  et  passé  au  tamis  (n*  «].      5  klL 

Cbaox  me  60  petits  grains. i«o  grammes. 

Oxjrgène  dépensé SaS  Utres. 

Vitesse  moyenne  de  Toxygène  à  llieure.  598 
Oxygène  pour  1  kilogramme  de  minerai.  935 

Une  seconde  opération  faite  dans  un  four  de  même 
eapacitA  nous  a  donné  : 

Minerai  grossier  et  passé  au  tamis  (n*  s).      5  kU. 

Oxygène  dépensé SSi  litres. 

Vitesse  moyenne  à  rbeure  •  ..••...  600 
Oxygène  dépensé  pour  1  kil.  de  minerai.  167 

La  composition  de  Toxygène  employé  dans  les  deux 
opérations  et  extrait  du  manganèse  était  la  même.  Il 
contenait  en  volumes  : 

acide  carbonique o,5 

azote 9»i 

Oxygène 9o,A 

100,0 

Cette  eeeonde  opération ,  incomparablement  meil- 
leure que  la  première»  à  cause  de  la  moindre  dépense 
en  oiygène  et  surtout  du  degré  d'affinage  du  platine , 


l36  JtfÉTAJLLURGIE   DU   PLATINE. 

doit  être  considérée  néanmoins  comme  donnant  encore 
un  maximum.  Si ,  en  effet  »  dans  le  four  qui  était  chaud 
après  la  coulée,  on  ayait  introduit  de  nouveau  minerai, 
la  quantité  d'oxygène  nécesssdre  pour  exécuter  cette 
seconde  opération  aurait  été  considérablement  dimi- 
nuée. 

Cependant  nous  admettrons  le  chiffre  de  âoo  litres 
par  kilogramme  de  minerai  pour  établir  le  prix  de  re- 
vient de  cette  première  fusion. 

On  remarquera  que  dans  la  première  opération  nous 
n'avons  marché  qu'avec  une  vitesse  de  3g8  litres  à 
l'heure,  tandis  que  dans  la  seconde  nous  avons  été 
jusqu'à  600  litres.  C'est  une  des  causes  auxquelles  nous 
attribuons  la  différence  entre  les  deux  consommations 
d'oxygène.  Depuis  cette  expérience,  nous  avons  tou- 
jours ,  dans  des  fours  de  i4  centimètres  de  diamètre, 
fait  marcher  l'oxygène  avec  une  rapidité  encore  plus 
grande  J 

Si  l'on  opère  sur  de  plus  petites  quantités,  la  dé- 
pense va,  bien  entendu,  en  augmentant.  Ainsi,  pour  la 
fusion  de  minerai  de  platine,  n*"  2 .  .  .  .     i\ao2 

Nous  avons  consommé  ,  oxygène.  .  •     3^9  litres. 

Avec  une  vitesse  de 600    » 

Oxygène  pour  1  kilogramme 290    0 

La  décomposition  de  l'oxygène  était  pourtant  meil- 
leure,  car  il  contenait  : 

Oxygène •    9U 

Azote 6 

100 

Ainsi ,  pour  de  plus  grandes  masses  de  platine ,  la 
consommation  de  ce  gaz  serait-elle  bien  diminuée. 

Au  surplus,  la  manière  de  conduire  le  feu  et  d'intro- 
duire le  minerai  influant  considérablement  sur  des  opé- 


HÉTAILUBGIE   DU  PLATINE.  lij 

rations  de  cette  nature  qui  »  on  le  conçoit  facUement,  ne 
pouvaient  être  très-souvent  répétées  par  nous  :  la  matière 
nous  aurait  bientôt  manqué,  et  nous  devions  la  conserver 
pour  des  expériences  qui  nous  parsdssaient  à  l'avance 
plus  douteuses  dans  leurs  résultats  et  dont  nous  avons 
déjà  donné  la  description.  Ainsi,  il  faut  peu  de  gaz  et  peu 
de  chaleur  pour  commencer  réchauffement' du  four  et 
du  platine  ;  il  faut  activer  la  combustion  et  donner  le 
plus  de  chaleur  possible,  quand  la  fusion  commence. 
Enfin,  il  ne  faut  introduire  du  minerai  nouveau  que 
lorsque  le  bain  métallique  est  bien  formé  et  chauffé  au 
delà  de  son  point  de  fusion. 

Voilà  quelques-unes  des  remarques  que  notre  pra- 
tique nous  permet  de  consigner  ici  :  mais  il  en  est  d'au- 
tres, un  peu  vagues  par  leur  nature  et  dont  il  serait 
impossible  de  parler  dans  un  mémoire  scientifique  : 
une  eipérience  de  quelques  jours  suffira  pour  les  en- 
seigner à  un  praticien  intelligent. 

Toutes  les  flammes  qui  sortent  de  ces  petits  foyers  Expniiion 
doivent  être  soigneusement  envoyées  dans  un  tuyau 
en  tôlef  communiquant  avec  une  cheminée  d'un  bon  ti- 
rage. Les  fumées  pourront  être  recueillies  de  temps  en 
temps  :  elles  devront  contenir  de  très-petits  globules  de 
platine,  entraînés  mécaniquement,  dont  la  quantité  est 
presque  inappréciable  dans  chaque  opération,  mais 
qu'on  retrouve  intégralement  à  i  ou  2  décimètres  de  la 
bouche  du  four,  un  peu  d'or  volatilisé,  si  le  minerai  en 
renferme,  enfin  du  palladium  et  de  l'osmium. 

B.  Deuxiètne  fusion  et  affinage.  —  On  a  intérêt  à  ne 
pas  compléter  l'affinage  du  minerai  de  platine  dans  le 
premier  four  à  cause  de  la  déformation  de  la  sole  sous 
l'influence  de  la  scorie,  et  de  la  plus  grande  difficulté  qui 
en  résulte  pour  maintenir  toutes  ses  parties  à  la  même 
température.  Aussi  vaut-il  mieux  couler  le  métal  dès 


des  roméei . 


2*  fation 
et  moalage. 


Oxygène 
dépensé. 


lS3  1IÉTAIX0B6IE  DU  PIATHIB. 

qu'il  est  aux  trois  quarts  affiné  et  surtout  bien  fondu 
dans  toutes  ses  parties.  On  obtient  ainsi  le  métal  de  pre» 
mière  fusion,  soit  à  l'état  de  grenaille,  soit  à  l'état  de 
plaques  minces  cassantes  ou  malléables ,  en  tous  cas , 
faciles  à  mettre  ou  en  fragments  ou  en  lames  épaisses 
et  découpées  en  lanières. 

On  se  sert  d'un  four  de  grand  modèle  dont  la  voûte 
est  percée  d'un  trou ,  si  l'on  introduit  de  la  grenaille , 
ou  tout  à  fait  pleine,  si  l'on  a  des  plaques  à  fondre. 
Dans  ce  dernier  cas ,  on  fait  entrer  le  platine  laminé 
par  l'ouverture  placée  en  avant  du  four  par  laquelle 
sortent  les  flammes.  On  laisse  bien  s'écbauffer  le  four, 
on  y  met  un  peu  de  platine  qui  doit  être  bien  fondu 
avant  qu'on  en  ajoute  d'autre,  et,  le  four  étant  rempli, 
on  ne  coule  que  lorsque  les  flammes  sont  sans  odeur  et 
sans  couleur.  Le  métal  est  alors  moulé  avec  les  pré* 
cautions  qui  seront  indiquées  un  peu  plus  loin,  à  l'ar- 
ticle de  la  fusion  des  monnaies  de  platine.  Cette 
première  opération  doit  être  suivie  de  plusieurs  autres 
semblables,  afin  de  profiter  de  la  chaleur  qui  a  pénétré 
les  parois  du  four.  C'est  une  source  d'économie  consi*- 
dérable ,  qu'il  faudra  bien  se  garder  de  négliger  dans 
le  cours  d'une  fabrication  régulière.  On  en  verra  l'im* 
portance  à  l'article  auquel  nous  renvoyons  à  propos  de 
la  fusion  de  grandes  masses  de  platine.'. 

Une  seconde  fusion  de  platine,  opérée  sur  une  ma* 
tière  mal  affinée ,  nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

I.  1!  (I). 

Platine  grenaiHé. 6,07$  5, 7^6 

Quantité  d'oxygène  employée. gûS»»  i.o34*" 

Vitesse  moyenne  à  Theure Soo  jlio 

Oxygène  employé  pour  1  kîL  de  minerai.      1S6  180 

(1)  CMb  mcùnâê  opération  a  été  faite,  neaime  la  pnomiAra, 


MÉTAUnGIE  M)  fUTfKI.  iSg 

1.  II. 

Azote, •  •  .     899  9,1 

Acjde  carbonique 0,7  0,6 

Oxygène. 9m  gotA 

1009O      100,0 

Nous  admettrons  un  maximum  de  200  litres  d'oxy- 
gène pour  opérer  la  fusion  et  l'aiBnage  définitifs  du 
platine  extrait  directement  des  minerais. 

A  la  suite  de  cette  seconde  opération ,  la  sole  du 
four  doit  être  très-peu  attaquée,  le  métal  doit  être  très- 
malléable  et  propre  k  tous  les  usages  auxquels  on  des* 
tioe  le  platine  préparé  par  les  procédés  ordinaires. 

Cependant,  par  précaution,  nous  avons  toujours 
fondu  trois  fois  le  platine  allié  après  l'avoir  laminé,  et 
la  quautité  d'oxygène  employé  dans  cette  dernière  opé- 
ration peut  être  estimée  à  1 00  litres  »  de  sorte  que  » 
pour  fondre  et  affiner  1  kil.  de  minerai ,  qui  donne  80 
p.  100  de  platine,  il  faut  de  4oo  à  5oo  litres  d'oxygène 
au  maximum. 

IV'  TYaitement  des  débris  de  fours  à  fusion,  —  Les  éui  dei  roun. 
fours  qui  ont  servi  à  la  fabrication  d'une  grande  quan- 
tité de  platine  et  surtout  à  la  première  fusion  du  mi- 
nerai sont  fortement  imprégnés  de  scories  :  leur  sur- 
face est  criblée  de  cavités  souvent  assez  profondes, 
dans  lesquelles  un  peu  de  matière  métallique  pourrait 
échapper  aux  recherches  directes.  On  commence  par 
enlever  toutes  les  parties  intactes  de  la  chaux,  et  l'on 
pulvérise  les  parties  imprégnées  ou  seulement  celles 
qui  sont  en  même  temps  imprégnées  de  scories  et  fis- 

avec  un  four  froid.  Nous  dVods  jamais  eu  assez  de  matière 
pour  faire  plusieurs  opérations  de  ce  genre  Tuoe  à  la  suite  de 
Fautie;  mais  nous  verrons  qu^elles  présentent  alors  une  grande 

AeonmiUe  4e  conbuatlble. 


l4o  MÉTALLURGIE   DU  PLATINE. 

Lavage       surées;  OD  les  lave  à  Teau  et  Ton  obtient  une  poudre 
des  scories,    p^g^^j^^^  Composée  de  petits  globules  de  platine  qu'on 

fait  bouillir  avec  quelques  décilitres  d'acide  muriatique 
ordinaire  pour  en  dégager  toutes  les  matières  scoria- 
cées qui  pourraient  y  rester  attachées. 
Ces  scories  sont  composées  de  : 

Silice, 

Titane , 

Sesquioxyde  de  fer» 

Alumine, 

Sesquioxyde  de  cbrome, 

Zircone, 

Chaux, 

Magnésie. 

On  n'y  trouve  aucune  trace  des  métaux  précieuï  qui 
accompagnent  le  platine.  Leur  dissolution  dans  l'acide 
muriatique  est  accompagnée  souvent  de  la  séparation 
d'une  matière  cristalline  dont  l'examen  sera  fait  plus 
tard. 
Avantages  On  voit  quo  cctto  méthode  directe  est  si  simple, 
'  qu'on  est  tenté  de  l'adopter  à  l'exclusion  de  toute  autre. 
Son  seul  inconvénient  consiste  dans  la  destruction  des 
fours  en  chaux  dont  le  prix  cependant  doit  être  consi- 
déré comme  très-minime,  à  cause  de  la  valeur  intrin- 
sèque très-faible  de  la  chaux  cuite  et  de  la  facilité  avec 
laquelle  cette  matière  se  travaille,  soit  sur  le  four,  soit 
avec  les  outils  ordinaires,  la  scie,  le  ciseau,  la  mèche, 
les  forets,  etc.  C'est  une  matière  en  même  temps  tenace 
et  molle. 

CHAPITRE  u. 

TRAITEMENT  DES  MINERAIS  PAR  VOIE  MRCTE. 

Procédé  russe.  On  a  exposé  partout  et  dans  tous  ses  détails  la  mé- 
thode que  WoUaston  a  introduite  dans  l'art  de  la  pré- 
paration du  platine  ;  mais  on  connaît  moins  les  procédés 


MÉTALLURGIE  DU   PLATINE. 


l4l 


qu'emploie  encore  aujourd'hui  la  Houuaie  de  Russie. 
Nous  allons  les  décrire  sommairement,  d'après  les  dé- 
tails que  nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Lissenko, 
capitaine  au  corps  impérial  des  Mines  de  Russie. 

On  tamise  le  minerai,  ou  platine  brui^  comme  on  BMârd«c«. 
l'appelle  à  la  Monnaie  de  Saint-Pétersbourg  :  les  grains 
restés  sur  le  tamis  sont  passés  au  mortier  de  fonte  et 
pulvérisés.  Plus  la  poudre  ainsi  obtenue  est  fine,  plus 
l'attaque  par  les  acides  sera  facile  et  plus  la  quantité 
d'acide  nécessaire  à  la  dissolution  sera  diminuée. 

Où  traite  ordinairement  8  à  i  o  pouds  de  platine  brut  DissoiuUon. 
(128  à  160  kil.)  à  la  fois,  et  on  les  distribue  dans  de 
grandes  capsules  de  porcelaine  placées  sur  un  bain  de 
sable:  les  capsules  sont  recouvertes  d'un  couvercle 
muni  de  trous  pour  empêcher  les  pertes  :  elles  con- 
tiennent chacune  5  kil.  de  platine  brut  sur  8  kil.  d'eau 
régale  faite  avec  1  partie  d'acide  nitrique  à  SS*"  Baume 
et  5  parties  d'acide  muriatique  à  so^  Dans  les  premiers 
moments  la  réaction  s'établit  d'elle-même,  et  la  disso- 
lutâon  s'effectue  à  froid  ;  mais  bientôt  il  faut  chauffer, 
ce  que  l'on  fait  pendant  trois  jours  consécutifs,  depuis 
6  heures  du  matin  jusqu'à  8  heures  du  soir.  La  pre- 
mière eau  régale  est  alors  épuisée,  on  décante  la  dis- 
solution de  platine ,  on  lave  le  résidu  avec  un  peu 
d'eau,  et  l'on  verse  une  nouvelle  quantité  d'eau  régale 
dans  les  capsules  :  quand  l'acide  est  encore  saturé,  on 
le  remplace  par  de  l'eau  régale  fraîche,  jusqu'à  ce  que 
celle-ci  ne  dissolve  plus  rien.  Ce  procédé  d'attaque 
nous  semble  inférieur  à  celui  qui  est  adopté  aujour- 
d'hui en  France  et  en  Angleterre,  et  qui  consiste  à 
placer  l'acide  dans  un  pot  de  terre  cylindrique,  fermé  à 
sa  partie  supérieure  par  un  couvercle  percé  de  deux 
trous  munis  de  tubes  :  par  l'un  on  verse  l'acide,  par  , 
l'autre  s'échappent  les  vapeurs  nitreuses  chargées  d'a^ 


PréoipiUtion 
parla  chaux. 


Evaporation 

des  eaux 
pliiioifères.J 


142  IIÉTAI.UTBGIE  DU  PLàTINB. 

cide  osmique  qui  sont  très-dangereuses,  et  qui  doivent 
être  rejetées  hors  de  Tatelier  avec  le  plus  grand  soin. 
Le  platine  est  distribué  sur  une  série  d'assiettes  en 
porcelaine  percées  à  leur  centre  d'un  trou  au  moyen 
duquel  on  les  superpose  parallèlement  à  elles-mêmes 
le  long  d'un  axe  en  porcelaine,  de  manière  à  donner 
à  l'appareil  entier  la  forme  d'un  guéridon  à  plusieurs 
étages. 

Quand  on  a  épuisé  entièrement  le  minerai,  on  réunit 
toutes  les  dissolutions  acides,  qui  pèsent  ordinaire 
ment  de  5o  à  55*  à  l'aréomètre  de  Baume.  On  les  étend 
avec  de  l'eau  chargée  de  chlorure  platinico-^alcique 
provenant  du  lavage  des  dépôts  de  l'opération  sui"- 
vante,  jusqu'à  ce  qu'elles  marquent  35*  Baume.  On  y 
verse  alors  une  quantité  de  lait  de  chaux  telle,  que  la 
liqueur  reste  très-faiblement  acide.  Quand  on  neutra-* 
lise  la  liqueur  ou  qu'on  la  rend  alcaline,  avec  les  oxydes 
de  fer  ou  de  cuivre,  on  précipite  une  notable  quantité 
de  platine  ;  mais  le  métal  dissous  doit  être  évidem- 
ment plus  pur. 

Le  dépôt  produit  dans  la  dissolution  contient  l'iri* 
dium,  le  rhodium,  le  fer,  le  cuivre  et  une  partie  du 
palladium  à  l'état  d'oxydes  :  la  dissolution  elle-même 
renferme  un  peu  de  palladium  et  des  traces  des  mé- 
taux du  platine,  mais  surtout  du  chlorure  platinico- 
calcique. 

On  recueille  le  dépôt  sur  des  filtres  en  drap  et  on  les 
lave  avec  de  l'eau  froide.  Ces  eaux  de  lavage  servent, 
comme  nous  l'avons  déjà  dit,  à  étendre  les  dissolutions 
de  platine  brut  qui  pèsent  5o  à  55^  Baume,  avant  de 
les  traiter  par  la  chaux. 

On  évapore  le  chlorure  platinico-calcique  dans  des 
capsules  de  porcelaine  jusqu'à  le  réduire  à  la  moitié  de 
son  volume  et  on  le  transporte  dans  des  casseroles  de 


Poiilleatioii 

et  iravait 
des  moQifei. 


XÉTAtLUMn  DU  PlATIlfE.  l4S 

\e  où  on  ramène  à  sec.  Le  sel  solide  ainsi  obtenu  iiwisee  eaieure . 
est  concassé  en  petits  fragments  et  calciné  dans  un 
moufle  jusqu'à  décomposition  complète  du  sel  de  pla-- 
tine.  A  la  sortie  du  moufle,  cette  masse  de  platine  et 
de  chlorure  de  calcium  est  pulvérisée  et  lavée  avec  de 
Teau  froide  d'abord,  puis  avec  un  peu  d'acide  muria- 
tique,  jusqu'à  ce  qu'on  l'ait  entièrement  dépouillée  de 
tout  le  sel  calcaire  qu'elle  renferme. 

La  mousse  de  platine  ainsi  préparée  est  soumise  à 
l'action  de  la  presse  hydraulique  et  calcinée  jusqu'au 
blanc  dans  des  capsules  de  terre  réfractaire.  Enfin  on 
la  forge  au  marteau,  en  chauffant  le  métal  de  temps  en 
temps  dans  un  foyer  alimenté  par  le  charbon  de  bois. 
Le  platine  russe  obtenu  par  ce  procédé  n'est  pas  très* 
pur;  on  en  trouvera  l'analyse  un  peu  plus  loin,  à  l'ar* 
ticle  qui  concerne  la  monnaie  de  Kussie.  Ce  métal  n'est 
pas  non  plus  d'une  qualité  irréprochable,  et  les  usten^ 
slies  de  chimie  qu'on  fabrique  avec  cette  matière  ne 
valent  pas  les  vases  de  platine  d'origines  française  et 
anglaise. 

Les  précipités  formés  par  le  lait  de  chaux  contien- 
nent encore  du  platine,  comme  nous  l'avons  dit  :  on 
les  traite  par  l'acide  sulfurique,  qui  en  sépare  du  sul- 
fate de  chaux.  Dans  la  liqueur  filtrée,  on  met  du  sel 
ammoniac,  qui  sépare  du  sel  jaune  ou  chlorure  ammo- 
niaco*platinique,  que  l'on  calcine  :  le  platine  qui  en  ré- 
sulte est  aggloméré  avec  le  métal  provenant  de  l'opé- 
ration précédente. 

La  liqueur  dont  on  a  séparé  le  jaune  de  platine  est 
traitée  par  le  fer  métallique,  qui,  avec  le  cuivre,  pré- 
cipite les  métaux  précieux  de  la  mine,  c'est-à-dire  le 
palladium,  le  rhodium,  l'iridium  et  un  peu  de  platine. 
Le  précipité,  lavé  à  l'acide  sulfurique,  qui  dissout  un 
peu  de  fer,  et,  avec  le  concours  de  l'air,  du  cuivre, 


TraitrmeiiC 
des  dépdta. 


l44  MÉTALLURGIE   DU   PLATINE. 

laisse  une  poudre  métallique  que,  dans  notre  premier 
mémoire,  nous  avons  appelée  résidus  précipités.  On 
en  trouvera  l'analyse  à  la  page  g5,  tome  XYI  des 
Annales  des  tnines^  4'  série.  On  les  traite  par  Veau 
régale,  qui  dissout  un  peu  de  platine  et  de  Tiridium. 
La  solution  concentrée  et  mêlée  avec  du  sel  ammoniac 
donne  un  précipité  de  couleur  foncée,  qui,  calciné,  se 
change  en  un  mélange  d'iridium  et  de  platine.  Ce  mé- 
lange, mis  en  digestion  avec  de  Teau  régale  faible, 
laisse  dissoudre  un  peu  de  platine.  La  solution  est 
traitée,  comme  celle  du  platine  brut,  [par  le  lait  de 
chaux,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut, 
iridiam.  Quaut  à  Firidium,  ou  plutôt  l'oxyde  d'iridium,  dont 

il  va  être  question  un  peu  plus  loin,  on  l'extrait  des 
résidus  de  la  première  opération,  ou  osmiure  d'iridium, 
par  le  procédé  de  M.  Wôhler,  qui  est  trop  connu  pour 
que  nous  ayons  à  le  décrire  ici. 
Afantaget  Dans  le  procédé  russe ,  on  évite  la  précipitation  du 
et  iDconvénienu.  ^i^^^  4  j'^tat  de  jaune  de  platine  ou  chlorure  ammo- 

niaco-platinique,  lequel  n'est  pas  assez  insoluble  pour 
qu'on  puisse  espérer  d'enlever  par  le  sel  ammoniac  seul 
tout  le  platine  qui  a  été  dissous  par  l'eau  régale,  mais 
aussi  l'on  sépare  avec  moins  de  perfection  les  matières 
métalliques  étrangères  au  platine,  à  moins  de  s'exposer 
à  en  perdre.  C'est  ce  qui  fait  qu'il  est  bien  plus  diffi- 
cile d'obtenir  de  bon  platine  par  ce  procédé  que  par  la 
méthode  de  WoUaston. 
Prineipes  Procédé  mixte.  —  Nous  avons  songé  à  appliquer  un 
^  ^^nottvciîe?^*  procédé  nouveau  très-expéditif ,  pouvant  donner  du 

platine  d'une  très-grande  pureté,  et  qui  nous  paraît 
plus  économique  qu'aucune  des  méthodes  par  voie  hu- 
mide qui  aient  été  proposées  jusqu'ici.  Il  est  fondé  sur 
l'attaque  des  minerais  par  l'eau  régale,  l'évaporalion  et 
la  décomposition  des  chlorures  par  le  feu ,  enfin  la  se- 


lfÉTAIXDRGI£   DD  PLATINE. 


145 


DiiMlatioii* 


paratioD  par  un  simple  lavage  du  platine  réduit  et  de 
toTis  les  métaux  qui  raccompagnent  »  lesquels  sont 
restés  à  l'état  d'oxydes.  Nous  commencerons  la  des- 
cription de  cette  méthode  en  donnant  d'abord  le  mode 
d'essai  des  minerais  de  platine  qui  lui  correspond. 

l""  Essai  des  minerais  par  la  voie  mixte.  —  On  pèse 
5o  grammes  de  minerai  qu'on  dissout  dans  l'eau  ré- 
gale. On  sépare  la  liqueur  acide,  par  décantation,  d'un 
dépôt  métallique  non  attaqué ,  composé  de  sable  et 
d'osmiure  d'iridium.  On  lave  ces  osmiures»  qui  sont 
îTès-légers^  sur  un  filtre  qu'on  sèche  et  dont  on  détache 
avec  soin  toutes  les  lames  métalliques  et  non  adhérentes 
d'osmiure  d'iridium.  On  brûle  le  filtre ,  on  ajoute  ses 
cendres  à  l'osmiure  d'iridium  mélangé  de  sable  qu'on 
pèse. 

Les  chlorures  métalliques  sont  mêlés  avec  10  à  tTaporaiion 
13  grammes  d'acide  sulfurique  concentrés,  évaporés  à 
sec  dans  un  creuset  de  porcelaine  et  séchés  à  l'étuve 
vers  120  à  i5o®.  On  enferme  le  creuset  de  porcelaine 
dans  un  creuset  de  terre ,  on  garnit  de  leur  couvercle 
ces  deux  creusets  qu'on  dispose  dans  un  fourneau  empli 
de  charbon  de  bois  non  allumé.  On  met  le  feu  par  la 
partie  supérieure,  et  l'on  fait  rougir  peu  à  peu  et  pen- 
dant quelque  temps  tout  l'appareil.  Lorsqu'il  est  re- 
froidi, on  retire  le  creuset  intérieur  et  on  le  pèse  avec 
ce  qu'il  contient. 

Ce  creuset  contient  du  platine  brillant  et  très-dense , 
absolument  semblable  à  du  minerai  de  Colombie  ;  c'est 
du  platine  parfaitement  pur  :  il  renferme,  en  outre  des 
oxydes  d'iridium,  de  rhodium,  qui  n'ont  pas  été  chauffés 
à  une  température  assez  élevée  pour  les  réduire,  du 
palladium,  des  oxydes  de  fer  et  de  cuivre.  On  lave  ra- 
pidement toutes  ces  matières,  comme  on  ferait  pour  le 
minerai.  Les  oxydes  se  mettent  en  suspension  et  sont 
Tom  xvni,  1860. 


GilefiMlioD 


du  platine. 


10 


l46  MÉTALTURGIfi   DU  PLATUIB. 

enleyés  par  Feau  i  le  platine  reste  dans  le  creuset  ;  on 
le  pèse  dans  ce  creuset  même ,  et  la  différence  entre  ce 
poids  et  celui  qu'on  a  pris  avant  le  lavage  donne  la  pro- 
portion des  oxydes  métalliques  et  la  proportion  du  pla- 
tine, si  Ton  connaît  la  tare  du  creuset. 
Tnitemem  On  laisse  déposer  les  oxydes  dans  Teau  de  lavage,  on 
des  oxydes.  .  jgg  traite  par  Tacide  sulfurique  moyennement  con- 
centré qui  dissout  le  fer  et  le  cuivre  et  des  traces  d'iri- 
dium ou  de  rhodium  ;  on  pèse  ce  résidu  insoluble  qui 
donne  le  poids  des  oxydes  de  rhodium  et  d'iridium.  En 
retranchant  ce  poids  du  poids  total  des  oxydes,  on  a  la 
proportion  des  oxydes  de  fer  et  de  cuivre  contenus  dans 
le  minerai.  On  détermine  le  cuivre  directement  par  une 
lame  de  fer  ou  de  zinc  que  Ton  plonge  dans  la  dissolu- 
tion sulfurique  ou  bien  par  1* hydrogène  sulfuré. 

On  trouverait  le  palladium  en  faisant  bouillir  le  pla- 
tine avec  de  l'acide  nitrique  concentré,  le  pesant  avant 
et  après  cette  opération.  Le  plus  souvent  on  pourra  se 
contenter,  comme  nous  l'avons  fait,  de  doser  seulement 
le  platine  ainsi  obtenu  par  lévigation. 
ExenpiM.         Nous  avons  trouvé  pour  le  minerai  criblé  n"*  5  : 

1.  II. 

Platine. 78,9  79,0 

Iridium* » 3,0 

Sable  et  osmiure  d'iridium.  .1,9  5,i 

Cuivre  et  fer,  palladium  p.  d.    17,3 

100,0 

Le  minerai  tamisé  n*  a  nous  a  donné  par  la  mémo 
méthode  : 

Platine 78,6 

Fer u^a 

Cuivre. i,ji 

Osmiure  et  sable. 9,0 

Palladium,  rhodium,  iridium,  p.  d 7,1 

lOOfQ 


DlMolaUon. 


llÉTALI.nftGIB  DU  PLATllVB.  ifyj 

Le  ptatine  obtena  par  Uvage  a  été  analyaé  par  disso-  Par«ié  abtoiaa 
latim  dans  Teau  régale  qui  a  laissé  un  réridu  %rèi^  '**  ^^°*' 
faible  d'oxyde  d'iridium  ayant  échappé  à  l'action  de 
l'eaa  et  qu'on  voyait  dn  reste  encore  en  petites  pail* 
lettes  noires  au  miliea  des  grains  de  platine  ;  cdui-oi 
une  fois  dissous  a  été  précipité  par  le  sel  ammoniac  et 
l'alcool  :  le  chlorure  double  était  d'un  beau  jaune  et 
absolument  pur.  Nous  ayons  obtenu  ahisi  i 

Oxjde  dWdiam  ..*.».     ofi 
PlAtin& 98,8 

99*4 

Cette  matière  en  petits  grains  d'une  grande  densité , 
introduite  dans  nos  fours  à  la  manière  du  minerai , 
nous  a  donné ,  après  une  première  fusion ,  du  platine 
d'une  mollesse  et  d'une  ductilité  telles,  qu*il  ne  pou^ 
vait,  sous  ce  rapport,  être  comparé  qu'à  l'argent.  C'est 
l'échantillon  de  platine  le  plus  pur  que  nous  ayons  Ja- 
mais eu  entre  les  mains. 

IV  Appareils  pour  le  iraitement  en  grand  par  cette 
méthode^  —  La  dissolution  se  fait  dans  les  appareils  or^ 
dinaires;  il  vaudrait  mieux  se  servir  de  vases  en  alliage 
de  platine  et  d'iridium  (1)  contenant  s 5  à  So  p.  100 
d'iridium ,  tels  qu'ils  sont  fabriqués  par  MM.  Des- 
moutis,  Chapuis  et  Quennessen,  et  qui  résistent  par- 
faitement à  l'action  de  l'eau  régale ,  quand ,  après  les 
preoners  contacts  avec  l'acide ,  ils  ont  été  martelés  à 
plu^eurs  reprises.  Ils  se  couvrent  ainsi  d'un  alliage  de 


(1)  Ces  vases  permettraient  de  dissoudre  le  minerai  sons  la 
pression  de  1  ou  s  mètres  d'eau,  ce  qui,  diaprés  les  expériences 
récemment  publiées,  facilite  considérablement  Tattaque  et  di- 
minue la  quantité  d^eau  régale  nécessaire  à  la  dissolution  com- 
plète do  minerai. 


i48 


MÉTALLURGIE  DO  PLATINE. 


CaleintUon 

des 
ehtonires. 


LiTige 

do  platlo«. 


DiMolotioii 
des  métaax 
eommuns. 


platine  et  d'iridium  complètement  inattaquable  une  fois 
ces  précautions  prises.  M.  Quennessen,  qui  nous  a 
communiqué  ce  renseignement ,  attribue  même  la  ré- 
sistance absolue  de  ces  vUses  à  une  couche  d*iridium 
pur  qui  se  serait  formée  à  leur  surface  après  la  disso- 
lution du  platine.  Quoi  qu'il  en  soit,  une  fois  le  minerai 
attaqué,  on  sépare  l'osmiure  d'iridium  par  la  décanta- 
tion et  l'on  évapore  lentement  le  chlorure  de  platine  et 
des  métaux  qui  l'accompagnent  jusqu'à  obtenir  un 
commencement  de  décomposition.  La  poudre  rouge 
ainsi  obtenue  est  calcinée  au  rouge  dans  un  grand 
creuset  en  terre  ou  en  platine  fermé,  muni  d'un  col  fixé 
sur  la  partie  .supérieure  de  ses  parois  et  qui  mène  les 
gaz  dans  une  cheminée,  en  retenant  les  poussières  fines 
d'oxyde  et  de  chlorure  de  fer  qui  sont  entraînées  quel- 
quefois assez  loin.  On  pourrait  craindre  qu'avec  elles 
ne  disparût  aussi  quelque  parcelle  des  métaux  pré- 
cieux, tels  que  l'iridium  et  le  rhodium,  qu'on  aura  plus 
tard  intérêt  à  rechercher  avec  les  oxydes  de  fer  et  de 
cuivre.  Une  fois  cette  calcination  opérée ,  on  porte  la 
poudre  de  platine  dans  une  sébille  et  on  la  lave  à  la 
manière  de  l'or  ou  du  minerai  de  platine  lui-même.  La 
poudre  dense  et  brillante  de  platine  pourrait  être 
réunie  par  la  compression  ;  il  vaut  mieux  la  fondre  im- 
médiatement, ce  qui  est  toujours  moins  coûteux  ef 
très-facile  à  cause  de  sa  densité  considérable. 

Traitement  des  oxydes.  —  Les  oxydes  légers  sont  re- 
cueillis ,  mis  en  pâte  avec  de  l'acide  sulfurique  con- 
centré et  chauffés  à  près  de  Soc*"  ;  le  fer,  le  cuivre,  un 
peu  de  palladium,  se  dissolvent,  et  il  reste  de  l'iri- 
dium et  du  rhodium  mélangés  qu'on  calcine  fortement 
dans  un  creuset  de  charbon  de  cornue  entouré  d'un 
creuset  de  terre,  pour  ramener  les  oxydes  à  l'état  mé- 
tallique et  leur  donner  une  grande  compacité ,  ce  qui 


MÉTAIXUKGIE  DU  PLATINE.  1^9 

est  un  avantage  dans  les  opérations  auxquelles  on  doit 
les  soumettre.  En  efiet,  ce  qu'il  y  a  de  mieux  à  eh  fûre, 
c'est  de  les  mêler  par  fusion  au  platine  pour  obtenir 
des  alliages  qui  sont  manifestement  préférables  au 
métal  pur. 

III*  Essais  à  tenter  pour  obtemr  par  voie  siche  du  ^H^t^ 
platine  chimiquemefU  pur»  —  Si  1  on  avait  mtérèt  à  ob- 
tenir du  platine  chimiquement  pur,  il  faudrait  cou-* 
peller  du  platine  plombifëre ,  contenant  du  rhodium  et 
de  riridiam  à  une  température  très-élevée.  On  sait, 
d'après  ce  que  nous  avons  déjà  dit ,  que  le  platine  s'ag- 
glomère en  choux-fleurs  métalliques ,  tandis  que  l'iri* 
diate  de  plomb  et  l'oxyde  de  rhodium  se  séparent  sous 
la  forme  d'une  poudre  noire  cristalline,  qu'il  est  très* 
facile  d'enlever  au  platine  par  un  lavage  fait  à  l'eau  et 
avec  la  brosse  ;  on  détache  ainsi  tout  l'iridiate  de  plomb 
qui  pourrait  adhérer  en  quelques  points  au  métal.  Or- 
dinairement cette  adhérence  n'a  pas  lieu  ;  il  su£St  de 
i*etoumer  la  coupelle  pour  faire  tomber  tout  l'iridiate 
de  plomb. 

L'oxyde  de  rhodium  et  l'iridiate  de  plomb  pourraient 
être  utilisés  simplement  en  les  ajoutant  au  platine  que 
l'on  veut  fondre  et  transformer  en  alliages.  L'oxyde  de 
plomb  se  volatilise»  les  oxydes  des  métaux  précieux  se 
réduisent  et  se  dissolvent  dans  le  platine  à  la  tempéra- 
ture développée  dans  les  fours  en  chaux. 

Cette  méthode  que  nous  esquissons  ici,  nous  n'a- 
vons pas  pu  l'étudier  d'une  manière  sérieuse ,  faute  de 
matériaux  suffisants.  Mais  avec  les  détails  que  nous 
avons  donnés  déjà  à  propos  de  la  coupellation  du 
plomb  platinifère  et  des  appareils  que  nous  avons  dé- 
crits ,  rien  ne  serait  plus  facile  que  de  faire  les  essais 
qui  doivent  précéder  une  exploitation  métallurgique. 
Nous  pensons  que  les  coupellations  devraient  être 


l5o  MÉTALLDfiGlE   OU  PLATIMI. 

faites  dans  des  moufles  chauffés  violemmefit  à  la 
flamme»  sur  des  coupelles  en  cendres  d*os  et  en  em« 
ployant  des  alliages  trës^peu  fusibles  et  par  consé- 
quent déjà  très-riches  en  platine* 


{La  iuite  à  la  froeh9ia$  litraiê^.  ) 


AtOn  ET  MATIÈRES  ORGAmQOIft.  iSl 

RECHERCHES 

BB  l'azote   et  DBS   MATIÈRES   ORCAHIQUBS 
DAtm  t*iO0RI»  TBRRISTU. 

Pif  M.  OBLESSE. 


L^  lûatièrto  organiqtieÉi  sont  très-répandues  dans         S  i. 
Vécorce  terrestre  ;  elles  constituent  quelquefois  des  mi*         ^^^  ' 
néranx  et  des  roches,  comme  le  succîn,  le  lignite,  la  ««•  recherches, 
faoaille  ;  en  outre ,  elles  existent  en  quantité  plus  ou 
moins  notable,  non-seulement  dans  les  corps  organisés 
fossiles,  mais  encore  dans  des  substances  minérales 
très-variées,  telles  que  la  terre  végétale,  Fargile,  la 
marne,  le  trapp. 

Il  m'a  paru,  d'après  cela,  qu'il  serait  intéressant  de 
rechercher  les  matières  organiques  dans  les  roches  qui 
forment  Vécorce  terrestre,  et  c'est  le  but  que  je  me  suis 
proposé  dans  ce  mémoire. 

Je  considérerai  d'abord  les  divers  éléments  qui  com- 
posent les  roches.  Ces  éléments  peuvent  être  soit  des 
corps  organisés,  les  animaux  et  les  végétaux ,  soit  des 
corps  inorganisés,  les  minéraux. 

Les  corps  organisés^  par  cela  même  qu'ils  contiennent 
plus  spécialement  des  matières  organiques,  seront 
examinés  en  premier  lieu,  lis  seront  choisis  de  manière 
à  représenter  les  principales  espèces  d'êtres  $  en  outre, 
ils  seront  pris  uniquement  &  l'état  fossile  et  dans  toute 
la  série  des  terrains,  depuis  les  plus  anciens  jusqu'aux 
plus  modernes. 

Les  minéraut  seront  ensuite  passés  en  revue  ;  ils  se- 
ront choisis  dans  des  conditions  variées  de  gisement  et 
d^origine. 


l5»  AZOTE   ET  IIÂTIÈRES  ORGANIQUES. 

Enfin  les  roches  elles-mêmes  seront  étudiées  en  der- 
nier lieu ,  et  je  considérerai  successivement  les  roches 
non  stratifiées  et  les  roches  stratifiées. 

Les  recherches  entreprises  comprendront  particulière- 
ment l'examen  des  produits  delà  distillation  et  le  dosage 
de  Tazote.  Cette  deroiëre  opération  qui  peut  s'exécuter 
ayec  une  très-grande  précision,  donne  un  moyen  simple 
pour  reconnaître  et  évaluer  les  matières  organiques , 
lors  même  qu'elles  n'existent  qu'en  très-petite  quantité. 
Le  dosage  du  carbone  serait  aussi  très-intéressant,  sur- 
tout comme  contrôle,  et  je  me  propose  d'en  faire  Tobjet 
d'un  travail  ultérieur. 

Avant  de  faire  connaître  les  résultats  obtenus,  il  est 
nécessaire  d'appeler  l'attention  sur  quelques  propriétés 
des  substances  minérales,  pouvant  faire  varier  leurs 
matières  organiques. 

PRÉAMBULE. 

j  2.  Lorsque  Tatmosphère  est  en  contact  avec  les  roches, 

Les  mauères    elle  u'ost  pas  inerte,  comme  on  serait  tenté  de  le  croire  ; 

organiques  .«..11 

soDt  modifléet  SOU  actiou  ost  faible  et  lente,  mais  continue,  et  par  suite 

l'atuospbère.   très-importante  à  signaler. 

Elle  s'exerce  sur  toute  espèce  de  roches,  et  plus 
spécialement  sur  celles  qui  sont  riches  en  matières 
organiques,  comme  les  terres  végétales  ou  les  combus- 
tibles. A  la  faveur  de  l'humidité,  ces  matières  orga- 
niques sont  décomposées.  Le  carbone  éprouve  une 
combustion  lente  et  donne  de  l'acide  carbonique  ;  l'hy* 
drogène  et  l'oxygène  de  l'eau;  l'azote  se  dégage  à  l'état 
libre  et  se  change  surtout  en  ammoniaque.  Il  se  forme 
aussi  des  hydrogènes  carbonés,  du  grisou,  et,  indépen- 
damment de  ces  produits  gazeux ,  d'autres  composés 
plus  complexes. 
L'action  de  l'atmosphère  sur  les  roches  est  surtout 


ABSOErnON. 


i53 


bien  manifeste  dans  les  mines  ;  car,  dès  que  Fair  ne  s'y 
renoavelle  plus  facilement,  il  ne  tarde  pas  à  être  irres- 
pirable; par  suite  des  gaz  qui  s'exhalent,  il  peut  même 
devenir  explosif.  C'est  ce  qu'on  observe,  non-seulement 
dans  les  mines  de  bouille,  mais  encore  dans  des  carrières 
ou  dans  des  mines  métalliques  qui  ont  été  abandonnées. 

Les  roches  contenant  des  matières  organiques  sont 
en  définitive  susceptibles  d'une  sorte  d'inhalation.  L'at- 
mosphère tendant  à  faire  varier  les  matières  organiques, 
dans  les  recherches  qui  nous  occupent,  il  conviendra 
donc  d'opérer  autant  que  possible  sur  des  roches  ex* 
traites  fraîchement  et  prises  à  une  certaine  profondeur 
au-dessous  du  sol. 

Les  expériences  de  Huxtable,Way,Tbomp3on,  J.  Lie* 
big,  Brustlein,  W.  Henneberg  et  F.  Strohman  (i),  ont 
appris,  d'un  autre  côté,  que  les  roches  et  en  particulier 
les  terres  végétales  absorbent  facilement  diverses  sub- 
stances, surtout  lorsque  ces  dernières  sont  en  dissolution. 

Les  argiles  manifestent  cette  propriété  à  un  degré  re- 
marquable-, eilesrexercent  sur  les  matières  organiques, 
sur  les  chlorures,  sur  les  nitrates,  sur  les  phosphates, 
sur  les  sels  en  général  et  même  sur  les  gaz. 
•  Les  argiles  rouges  connues  sous  le  nom  A'ocre  bed^ 
qui,  à  la  Chaussée  des  Géants ,  proviennent  de  roches 
trappéennes  décomposées,  absorbent  le  sel  marin  et  le 
chlorure  de  magnésium  qui  sont  entraînés  dans  l'atmo- 
sphère par  l'évaporation  de  l'eau  de  mer  ;  elles  s*en  char- 
gent même  assez  pour  devenir  ensuite  fortement  déli- 
quescentes lorsqu'elles  sont  mises  dans  les  collections. 

Avant  de  déterminer  l'azote  des  roches,  il  était  donc 
utile  de  rechercher  quelle  est  la  proportion  d'azote 
qu'elles  peuvent  absorber.  Cet  azote  provient  soit  de 

(i)  Jahresberieht  der  Chemie^  Ton  Bermann  Kopp  and  H. 
WiJJ,  i85S,  p.  A96, 6o5. 


AbMipUfD 

d«  dW^rMi 


4. 

Absorption 

d'azote 

el 

d'aBUDoniaque. 


l54  AZOTE  ET   MATIÈHES  ORGANIQUES. 

rammoniâqae,  aoit  des  matières  organiques  axotées  qui 
existent  da&s  l'atmosphère  et  dans  les  eanx. 

M.  Boussinganlt  a  déterminé  quelle  est ,  sous  ce  rap- 
port»  Tinfluence  de  l'atmosphère.  II  a  constaté,  qu'a- 
près sept  semainest  5oo  grammes  de  sable  mélangés  à 
10  grammes  d'acide  oxalique  avaient  absorbé  seulement 
0,001 5  d'azote  dont  une  partie  était  à  l'état  d'ammo- 
niaque* Bien  que  la  proportion  d'azote  qui  a  été  retenue 
soit  ici  beaucoup  plus  grande  que  d'habitude  à  cause  de 
l'acide  oxalique,  on  voit  qu'elle  reste  très-faibie.  On  peut 
craindre,  il  est  yrai,  qu'elle  n'augmente  beaucoup  avec 
le  temps  ;  toutefois  cela  n'a  pas  lieu  ;  car  l'expérience 
montre  que  certaines  roches  exposées  depuis  un  temps 
indéfini  à  l'action  des  eaux  et  de  l'atmosphère  ne  con- 
tiennent pas  d'azote  ou  seulement  des  traces  indosables. 

Pour  contrôler  ces  résultats,  il  était  bon  de  recher- 
cher quelle  est  la  proportion  d'azote  que  retient  une 
terre  imbibée  d'ammoniaque.  J'ai  d'abord  opéré  sur  une 
argile  plastique  des  environs  de  Paris,  ayant  une  couleur 
gris  noirâtre  i  elle  a  été  arrosée  avec  de  l'ammoniaque, 
puis  simplement  desséchée  à  l'air  pendant  plusieurs 
jours;  sa  proportion  d'azote  éXaîi  de  i,o3  p.  i.ooo,  et 
comme  on  le  verra  plus  loin,  elle  dépassait  seulement  d^ 
quelques  dix -millièmes  la  proportion  normale.  Un  sable 
quartzeux  traité  de  la  môme  manière  ne  renfermait 
plus,  après  dessiccation^  que  des  traces  d'ammoniaque. 

Au  moment  où  l'on  versait  l'ammoniaque  sur  l'argile, 
il  se  produisait  une  élévation  de  température  tenant, 
soit  à  ce  que  l'alcali  s'emparait  en  partie  de  l'eau  de  l'ar- 
gile, soit  à  des  actions  moléculaires  comme  celles  qui 
ont  été  signalées  par  M.  Pouillet  (  i  )  ;  et  après  l'évapora- 
tion  de  l'ammoniaque ,  cette  argile  avait  éprouvé  une 
perte  de  poids  de  i  ,4  p«  loo. 

(i)  PooUlet  Traité  de  phynque,  A«éditioil,  t  II,  p.  665. 


ABSOtmON* 


ibi 


Toujours  esMl  qu'use  terre  imbibée  d*ainiiioniaque% 
pois  desséchée»  ne  retient  qa'une  proportion  eitrème* 
meotfsdble  de  cet  alcali,  même  lorsqu'elle  est  argileuse* 

Du  reste,  les  recherches  faites  récemment  par 
lIMé  Payen  et  Brame  ont  montré  qu'il  est  désavantageux 
d'employer  dans  les  fermes  la  marne  comme  litière 
podr  les  bestiauzi  parce  qu'elle  laisse  perdre  l'ammo-* 
niaque  dans  Tatmosphère  à  mesure  qu'elle  se  produit 
En  outre,  ll«  i*  liebig  a  fait  Yoir  que  les  argiles  ab- 
sorbent Tammoniaque  à  la  manière  des  corps  poreux^ 
mais  sans  donner  lieu  à  une  combinaison  (j)^ 

II  m'a  paru  intéressant  de  comparer  aussi  la  propor-         s  s. 
tion  d'eau  et  de  matières  organiques  qui  peut  imbiber  inkibiuoo  <i'e«o. 
diverses  substances  minérales. 

i'aî  d'abord  opéré  sur  quelques  substances  en  frag- 
ments* EUes  étaient  pesées  et  mises  dans  de  l'eau  difr* 
tiUée  qui  était  chauffée.  On  essuyait  ensuite  leur  sur- 
face et  on  déterminait  leur  augmentation  de  poids  (s). 


N*  3  Uarhf  If é»-eompa«le.  •    o,o» 

Calcoirs  CAverneux.  .  .    Mo 

1  SeM«toardM<«ar >,I9 


18  JseMm«d«s»er 9i,f& 

10  OrMiftf 0,M 


On  voit  que  Teau  imbibe  très-légèrement  le  marbre» 
le  granité,  rardoise»  c'est-èrdire  les  substances  com-^ 
pactes  et  pierreuses  qui  ne  sobt  pas  susceptibles  de  se 
délayer  dans  l'eau.  Hais  un  calcaire  caverneux,  comme 
celui  qu'on  appelle  la  roche,  prend  5»  20  d'eau.  Le  schiste 
houiller,  qui  est  déjà  une  roche  argileuse»  s'imbibe  de 
SiSè.  Quant  à  Técume  de  mer  qui  augmente  de  plus  des 
9  dixièmes  de  son  poids,  elle  est  ettrèmement  poreuse } 
de  plus,  elle  se  gonfle  et  elle  se  ramollit  dans  l*eau  pour 
laquelle  die  a  une  affinité  toute  Spéciale» 
Si  Ton  considère  maintenant  dev  substances  pulvé^ 

(0  Jàhresbeficht  ueber  die  Fonehrittê  der  Chemie^  Von  J. 
Uetrtg  and  Hennann  Kopp,  iS55,  p,  Syf. 

(a)  les  substances  sur  lesquelles  on  a  opéré  sont  décrites 
sôusles  mêmes  numéros  dans  le  tableau  de  la  page  167. 


l56  AZOTB  ET  MATIÈRKS  ORGANIQUES. 

risées,  il  est  facile  de  comprendre  que  le  liquide  res- 
tera interposé  entre  leurs  parcelles,  en  sorte  que  Timbi- 
bition  sera  toujours  beaucoup  plus  plus  grande.  Pour 
déterminer  cette  imbibition,  j'ai  suivi  la  méthode  de 
Schûbler.  On  pesait  lo  à  ao  grammes  de  la  substance 
minérale  pulvérisée  qui  étût  mise  dans  l'eau  et  jetée  sur 
un  filtre  ;  on  la  pesait  une  seconde  fois  quand  elle  était 
encore  humide,  et  lorsque  l'écoulement  de  Teau  avait 
complètement  cessé  j  on  retranchait  d'ailleurs  du  poids 
obtenu  celui  de  filtre  humide.  On  avait  ainsi  le  poids 
de  l'eau  qui  imbibait  la  substance  minérale. 

On  a  déterminé,  en  procédant  de  la  même  manière, 
le  poids  d'huile  d'olive  pure  qui  imbibait  également 
cette  substance. 

La  proportion  d'un  liquide  qui  imbibe  une  substance 
dépend,  non-seulement  de  la  petitesse  de  ses  pores,  mus 
encore  de  la  finesse  de  son  grain.  Pour  avoir  des  résul- 
tats bien  comparables,  il  faudrait  donc  que  le  grain  fût 
le  même  pour  toutes  les  substances  essayées,  ce  qui 
est  trës-diiBcile  à  obtenir.  Il  est  surtout  très-important 
de  tenir  compte  de  l'état  du  grain  quand  on  opère  avec 
l'huile;  car  elle  est  absorbée  assez  difficilement  et  avec 
une  grande  lenteur;  j'ai  constaté,  en  effet,  que,  sui- 
vant qu'une  argile  est  en  fragments  ou  en  poudre,  la 
proportion  d'huile  peut  varier  du  simple  au  double  et 
même  au  delà. 

Il  convient  d'observer  aussi  que  l'huile  adhère  forte- 
ment à  la  substance  de  laquelle  elle  s'écoule  d'une  ma- 
nière incomplète. 

D'un  autre  côté,  la  détermination  relative  à  l'eau  est 
paiement  assez  incertaine,  parce  qu'il  est  difficile  devoir 
quand  l'écoulement  a  complètement  cessé,  et  à  partir  de 
ce  moment  une  partie  de  l'eau  d'imbibition  s'évapore. 

On  comprend,  d'après  ces  dernières  remarques,  que 


ABSORPTION. 


les  résnltats  obteous  doivent  être  Benlement  approxima- 
Hft;  il9  sont  d'aillears  résamés  dans  le  tableau  suivant  : 

laMbiHo»  det  div«ri*$  iubttant**  par  Feau  ou  par  rhvilt. 


m 


l58  AZOTE   ET   MATItRES  ORGANIQUES. 

L'examen  du  tableau  précédent  montre  que  rimbibl« 
tien  de  différentes  substances  minérales  dépend  non*- 
seulement  de  leur  état  physique,  mais  encore  de  leur 
composition.  En  outre,  elle  dépend  aussi  de  la  nature 
des  liquides  absorbés. 

Elle  est  faible  lorsque  les  substances  absorbantes 
sont  compactes  ;  elle  augmente  lorsqu'elles  deviennent 
poreuses.  Elle  est  surtout  très-grande  pour  les  sub- 
stances qui  sont  formées  de  parcelles  microscopiques  et 
susceptibles  de  se  délayer»  comme  les  argiles,  lesmarnes, 
la  craie,  le  tripoli. 

Ces  résultats  s'expliquent  très-bien  par  la  capillarité^ 
par  l'adhérence  et  par  des  effets  physiques  ;  toutefois , 
lorsqu'on  fait  varier  la  substance  et  le  liquide,  les  dif- 
férences observées  peuvent  aussi  être  dues  &  des  effets 
chimiques. 

Considérons  d'abord  l'imbibition  par  l'eau.  On  voit 
que  les  substances  minérales  les  plus  compactes, 
comme  le  marbre,  l'ardoise,  le  granité,  qui  s*imbibent 
à  peine  d'une  quantité  d'eau  appréciable ,  lorsqu'elles 
sont  en  fragments  peuvent  en  retenir  jusqu'au  tiers  de 
leur  poids  lorsqu'elles  sont  pulvérisées.  Pour  Técume 
de  mer,  la  différence  est  beaucoup  moindre;  cependant 
l'imbibition  est  environ  moitié  dans  les  fragments  de  ce 
qu'elle  est  dans  la  poudre.  Enfin  pour  les  argiles, 
comme  pour  toutes  les  substances  qui  se  délaient  dans 
l'eau,  la  différence  serait  nulle. 

Lorsque  les  substances  minérales  sont  pulvérisées, 
l'imbibition  par  l'eau  parait  ne  pas  être  inférieure  à 
1 5  centièmes,  même  dans  les  roches  compactes  et  pier- 
reuses. 

Elle  est  de  1^7  dans  la  stéatite;  mais  elle  s'élève  à  97 
dans  le  porphyre  et  même  dans  le  granité.  Il  est  remar- 
quaUe  qu'dle  soit  aussi  grande  dans  des  rocbes  cris* 


ABSOBfTIOlf.  169 

taUines  et  feldspathiques  qui  ne  soot  ancooement  kao- 
lisisées. 

L'imbibition  n'est  que  de  1 7  dans  le  marbre  pulvé- 
risé, tandis  que  dans  la  craie  qui  se  délaye  dansFeau, 
elle  atteint  4i- 

Dans  le  sable  quartzeux  fin ,  elle  est  à  peu  près  de  So  ; 
elle  dépend  d'ailleurs  de  la  grosseur  de  son  grain. 

Dans  le  tripoli  schisteux,  qui  est  en  partie  formé  de 
carapaces  d'infusoires  et  de  silice  en  parcelles  micro- 
scopiques, elle  serait  beaucoup  plus  considérable* 

Dans  le  sciiiste,  dans  l'ardoise ,  dans  l'argilite,  Tim^ 
bibition  est  au  moins  de  3o  centièmes  lorsque  ces  sub- 
stances ont  été  pulvérisées  ;  mais  dans  les  argiles  pro- 
prement dites  et  dans  les  marnes ,  elle  dépasse  4o  et 
elle  peut  être  bien  supérieure.  Dans  les  marnes ,  elle  pré- 
sente d'ailleurs  les  mêmes  variations  que  dans  les  argiles 
et  les  calcaires  crayeux  ;  elle  dépend  à  la  fois  de  la  pro- 
portion et  de  la  nature  de  ces  deux  éléments  des  marnes, 

L'imbibition  est  d'autant  plus  grande  que  les  roches 
happent  plus  fortement  à  la  langue;  ainsi  elle  s'élève 
à  57  dans  le  kaolin  non  lavé,  à  79  dans  l'argile  plastique 
des  environs  de  Paris,  à  99  dans  la  pierre  à  détacher  du 
terrain  de  gypse;  ellr  atteint  i33  dans  l'argile  de  Rei« 
gâte  et  naème  180  dans  Targile  magnésienne  feuille- 
tée. Cette  argile  est  d'ailleurs  très-avide  d'eau  et  elle 
s'en  empare  avec  bruit;  plusieurs  de  ses  propriétés 
la  rapprochent  de  la  roche  que  M.  Naumann  a  nommée 
Saugichiefer  ou  Klebschiefer^  laquelle  est  un  tripoli 
schisteux  formé  de  carapaces  d'infusoires ,  plus  ou 
moins  mélangé  d'argile  et  d'opale. 

Enfin,  pour  l'écume  de  mer,  qui  est  une  argile  magné- 
sienne pure,  l'imbibition  s'élève  jusqu'à  toi,  et  par 
conséquent  elle  est  double  du  poids  primitif. 

On  peut  observer  que  les  argiles  faisant  une  pâte 


l6o  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

maigre»  et  en  particulier  les  argiles  magnésiennes  sont 
généralement  celles  qui  absorbent  le  plus  d'eau. 

Parmi  les  substance  dont  Timbibition  est  très-grande, 

mentionnons  encore  Thumus  pour  lequel  Schûbler  a 

trouvé  qu'elle  est  égale  à  igo. 

S  «-  Si  Ton  compare  maintenant  Timbibition  d'buile  dans 

'"  haîio!"     ï®s  mêmes  substances,  elle  est  tantôt  supérieure,  tantôt 

inférieure  à  celle  qui  a  été  trouvée  pour  l'eau. 

Elle  est  supérieure  dans  le  gypse,  l'anbydrite,  les 
calcaires ,  la  stéatite ,  le  porphyre ,  le  granité  ;  elle  est 
inférieure  dans  certains  kaolins,  dans  les  argiles ,  les 
schistes  et  les  roches  argileuses.  Dans  les  marnes  for- 
mées d'un  mélange  de  calcaire  et  d'argile,  elle  est  su- 
périeure ou  inférieure  suivant  leur  composition. 

L'imbibition  par  l'huile  ne  descend  guère  au-dessous 
de  30*,  elle  peut  dépasser  le  poids  de  la  substance.  Elle 
est  surtout  grande  pour  les  substances  qui  se  gonflent 
ou  qui  deviennent  plastiques  avec  l'huile,  comme  la 
craie,  la  marne,  le  kaolin,  l'argile  et  particulièrement 
l'argile  feuilletée  magnésienne,  ainsi  que  l'écume  de 
mer. 

Dans  le  kaolin,  l'imbibition  d*buile  peut  être  double 
de  ce  qu'elle  est  dans  le  granité  pulvérisé;  dans  la 
craie,  elle  est  plus  que  triple  de  ce  qu'elle  est  dans  le 
marbre,  même  lorsqu'il  est  pulvérisé.  Avec  l'huile, 
comme  avec  l'eau,  une  division  extrême  de  la  sub- 
stance augmente  donc  beaucoup  la  proportion  de  li- 
quide qui  peut  l'imbiber. 

Le  sulfate  de  chaux  à  l'état  de  gypse  ou  d'anhydrite 
manifeste  quelque  affinité  pour  l'huile.  C'est  du  reste 
ce  qui  explique  pourquoi  le  gypse  uni  à  des  matières 
grasses  est  avantageusement  employé  dans  l'industrie. 
Comme  exemple,  je  citerai  le  gypse  du  mont  Mesly  qui 
est  cristallin,  très-pur  et  d'un  blanc  d*albâtre.  Sa  poudre 


ABSORPTION.  161 

s'introdait  dans  plusieurs  couleurs  à  Thuile,  uotamment 
dans  le  blanc  de  zinc  et  dans  le  jaune  de  cbrôme.  On  le 
mélange  aussi  aux  graisses  grossières  avec  lesquelles  on 
fait  le  cambouis  pour  les  voitures,  et  il  sert  à  les  rendre 
plus  épaisses. 

Le  marbre,  le  sable  quartzeux ,  l'ardoise,  la  stéatite, 
le  porphyre,  le  granité  et  les  roches  feldspatbiques, 
retiennent  une  proportion  d'huile  qui  est  assez  faible 
et  qui  reste  inférieure  à  35.  Elle  diffère  peu  de  celle 
obtenue  pour  l'eau. 

La  marne  du  terrain  de  gypse  qui  est  connue  sous  le 
nom  de  pierre  à  détacher  est  assez  remarquable  par  son 
avidité  pour  l'huile  ^  car  elle  en  prend  86.  Cette  pro- 
priété justifie  V usage  qu'on  fait  de  cette  marne  pour  dé- 
graisser les  étoffes  ;  mais  elle  ne  se  retrouve  pas,  à  beau- 
coup près,  à  un  degré  aussi  marqué  dans  les  autres 
substances  employées  au  même  usage.  Ainsi,  quoique  le 
talc,  notamment  celui  de  la  Vénétie ,  serve  également 
à  dégraisser  les  étoffes,  la  stéatite,  qui  est  une  variété 
de  talc  compacte,  absorbe  une  proportion  d'huile  qui 
est  seulement  de  9&. 

La  même  remarque  s'applique  encore  aux  terres  à 
foulon;  car  pour  celles  de  Roswein ,  de  Libstadt  et  de 
Aeigate ,  desquelles  on  se  sert  en  Allemagne  et  en  An- 
gleterre, la  proportion  d'huile  absorbée  ne  dépasse 
pas  57  ;  elle  est  donc  bien  inférieure  à  celle  qui  a  été 
trouvée  pour  la  craie  et  pour  la  plupart  des  argiles , 
notamment  pour  l'argile  plastique. 

Les  argiles  absorbent  toutes,  plus  ou  moins,  les  ma- 
tières grasses  ;  mais  on  emploie  particulièrement , 
comme  terres  à  foulon,  celles  qui  sont  onctueuses  et 
qui  fontune  pâte  maigre  avec  l'eau.  Ces  dernières  sont 
habituellement  très-hydratées  et  contiennent  de  l'oxyde 
de  fer  ou  de  la  magnésie.  Cependant  cela  n'a  pas  tou- 

TOVR  XVIil,   i£6o.  11 


l62l  ÂZOTfi  ET  MAUËRES  ORGAmQUES. 

jours  lieu,  notamment  pour  cellede  Vire,  qui  est  très-em- 
ployée dans  tout  TOuest  de  la  France  (i) .  Elles  peuvent 
aussi  être  plus  ou  moins  marneuses  et  mélangées  avec 
du  carbonate  de  chaux  ou  de  magnésie.  La  compo- 
sition des  terres  à  foulon  est  donc  très-variable.  On 
choisit  d'ailleurs  spécialement  celles  qui  sont  homo- 
gènes et  qui  ne  renferment  pas  de  grains  de  sable  ;  enfin 
celles  qui  s'exploitent  avec  facilité  et  économie. 

Les  terres  à  foulon  absorbent  plus  d'eau  que  d'huile 
et  même  elles  s'imbibent  d'une  proportion  de  cette  der- 
nière qui  est  relativement  assez  faible.  La  terre  à  fou- 
lon de  Rejgate  en  donne  un  exemple  frappant;  car, 
tandis  qu'elle  est  extrêmement  avide  d'eau ,  elle  ne 
se  délaie  pas  dans  l'huile;  elle  n'en  absorbe  que  Ss, 
c'est-à-dire  moins  que  le  quart  de  la  proportion  d'eau  ; 
elle  n'en  retient  même  pas  beaucoup  plus  que  le  sable, 
Tardoise,  le  porphyre  ou  que  les  roches  pierreuses. 
Malgré  cela,  la  terre  à  foulon  de  Reigate  est  de  bonne 
qualité  et  son  usage  est  très-répandu  en  Angleterre. 

Du  reste,  les  matières  argileuses  s'emploient  spécia- 
lement pour  le  foulage  du  drap  ;  mais  quand  le  drap 
fabriqué  a  été  giaissé  avec  de  l'acide  oléique,  les  ma- 
tières argileuses  ne  suiTisent  pas  pour  opérer  son  dé- 
graissage, et  il  est  alors  nécessaire  d'avoir  recours  à  un 
alcali.  De  même,  les  matières  argileuses  ou  talqueuses, 
vendues  comme  pierre  à  détacher^  sont  généralement 
mélangées  avec  du  carbonate  de  soude. 

L'argile  magnésienne  est  celle  qui 's'imprègne  à  la 
fois  de  la  plus  grande  proportion  d'eau  ou  d'huile ,  et 
dans  r écume  de  mer  le  nombre  trouvé  pour  l'huile 
s'élève  à  i45.  Cette  particularité  ne  doit  sans  doute  pas 
être  attribuée  à  la  présence  de  la  magnésie  ;  car,  dans 
les  hydrosilicates  de  magnésie  cristallisés,  tels  que  la 

(i)  Berthier.  TraUé  des  estaû^  t.  I,  p.  47. 


ÀBSCftPtlOlf.  l6S 

stéatite»  l'imbibitioii  est  très-fidble.  Elle  tient  vraisem* 
blablement  à  ce  que  cette  substance  est  à  nn  état  de 
âiyision  extrême,  à  ce  qu'elle  se  gonfle  et  à  ce  qu'elle 
donne  une  gelée  yolumineuse,  lorsqu'on  la  met  dans 
l'huile. 

Si  Ton  prend  le  rapport  entre  les  poids  d'eau  et 
d'huile  qui  imbibent  une  même  substance,  on  trouve 
qu'il  est  souvent  supérieur,  mais  quelquefois  aussi  in- 
férieur &  l'unité.  Dans  les  terres  à  foulon,  il  dépasse 
oT^airement  i  ,5.  Parmi  les  substances  essayées,  l'an- 
hydrite  a  donné  le  minimum  qui  est  de  o, 5,  et  l'argile  de 
Reigate,  au  contraire,  le  maximum  qui  s'élëye  à  4*9. 
Généralement  le  rapport  diffère  assez  peu  de  l'unité. 

En  définitive,  la  proportion  de  liquide  qui  imbibe  une 
même  substance  est  variable.  Dans  les  roches  argileuses, 
eUe  est  plus  grande  pour  l'eau  que  pour  l'huile,  et  elle 
peut  devenir  double.  C'est  l'inverse  qui  a  lieu  dans  les 
roches  calcaires. 

Toutes  choses  égales,  l'huile  qui  se  comporte  comme 
un  acide  doit  être  absorbée  en  plus  grande  proportion 
par  les  substances  basiques  avec  lesquelles  elle  parait 
même  former  des  combinaisons. 

L'imbibition  qui  est  due  surtout  aux  propriétés  phy- 
siques dépend  donc  aussi  des  propriétés  chimiques  ; 
c'est  d'ailleurs  ce  qui  résulte  des  recherches  impor- 
tantes que  M.  Chevreul  a  publiées  sur  Taffinité  (i). 

On  vient  de  voir  que  les  matières  organiques  sont 
absorbées  par  les  substances  minérales,  et  d'après  cela     AbMrption 
il  semble  assez  naturel  d'admettre  que  celles  qui  se     pî^^îqoJJf 
trouvent  dans  les  roches  proviennent  de  Tinfiitration  et 

(i)  Chevreul.  Hecherehet  chimiques  sur  la  teinture»  —  Mé- 
moires de  r Académie  des  sciences.  —Voir  aussi  Comptes  ren- 
dus, i86o..t.  L,p.  17a, 3ii,  385.  Sur  V équilibre  etlsur  Umou^ 
vement  des  liquides  dans  les  corps  poreux^  parM.  Jamin. 


$T. 


l64  AZOTE   ET  MATltaES  ORGANIQUES. 

sont  acddentelles*  Il  est  certain  qu'elles  sont  surlout 
très-abondantes  à  la  surface  du  sol  et  particulièrement 
dans  la  terre  végétale  ;  de  plus  elles  sont  entraînées  ou 
dissoutes  dans  les  eaux  atmosphériques  qui  vont  en- 
suite imprégner  les  roches  à  travers  lesquelles  elles 
s'infiltrent.  Les  eaux  superficielles  ou  souterraines  ren- 
ferment d'ailleurs  un  peu  d'ammoniaque  et  d'alcalis  qui 
contribuent  à  dissoudre  facilement  les  acides  oi^aniques 
existant  dans  les  roches  et  surtout  dans  la  terre  végé- 
tale (i) .  Enfin  toutes  les  eaux  contiennent  elles-mêmes 
une  petite  quantité  de  matières  organiques  et  il  y  en  a 
jusque  dans  l'atmosphère.  En  sorte  que  l'infiltration, 
soit  par  l'eau,  soit  par  l'atmosphère,  tend  à  faire  varier 
les  matières  organiques. 

Mais  il  faut  observer  que  l'infiltration  n'augmente 
pas  nécessairement  les  matières  organiques,  et  il  sera 
même  facile  de  reconnaître  qu'elle  peut  au  contraire  les 
diminuer.  C'est,  en  effet,  ce  que  l'on  constate  très-bien 
sur  les  roches  qui  sont  décomposées  et  changées  en 
argile  ou  en  kaolin. 

Quoique  la  terre  végétale  et  les  êtres  qui  sont  à  la 
surface  du  sol  tendent  certainement  à  augmenter  les 
matières  organiques  dans  les  roches  inférieures,  leur 
influence  est  limitée  à  une  petite  profondeur.  Car, 
lorsqu'on  opère  sur  des  échantillons  d'une  même  roche 
pris  à  quelques  décimètres  ou  à  plusieurs  mètres  au- 
dessous  de  la  terre  végétale,  la  proportion  de  matières 
organiques  reste  constante.  C'est  aussi  ce  qui  a  lieu 
pour  des  échantillons  retirés  avec  la  sonde  d'une  très- 

(0  Rissler  et  Verdeil.  Jahretbericht  der  Chemie,  iSSa  (Liebig 
et  H.  Kopp  ),  p.  7S6,  et  18Ô8  (  H.  Kopp  et  H.  Will) ,  p.  507.  — 
Rissler.  Bibliothèque  universelle  de  Genève^  i858,  p.  3o5.  — 
Viala.  Étude  sur  le  rôle  de  V azote  dan$  la  composition  des  en- 
grais  organiques  et  dans  ^alimentation  souterraine  desplantes. 
—  Paris  j  tS6o. 


ABSOBPTIOIf.  l69 

grande  profondeur  qui,  par  conséquent,  s<»it  restés  en- 
fouis dans  le  sol  depuis  leur  formation.  Généralement 
il  suffit  de  choisir  les  échantillons  sur  lesquels  on  opère 
à  moins  d'un  mètre  au-dessous  de  la  terre  yégétale, 
pour  que  la  proportion  de  leurs  matières  organiques  soit 
indépendante  des  infiltrations  de  la  surface. 

n  importe  surtout  d'observer  que»  malgré  leur  voi- 
sinage de  la  surface ,  certaines  roches  ne  renferment 
pas  de  matières  organiques  ou  seulement  des  traces 
inâgnifiantes  ;  je  mentionnerai  notamment  les  trachytea 
et  les  laves  qui  sont  cependant  des  roches  poreuses  et 
éminemment  perméables. 

Ainsi  l'infiltration  n'augmente  pas  toujours  les  ma- 
tières Ofganiques,  et  même  dans  certains  cas  elle  les 
diminue.  En  outre,  les  roches,  qui  n'avaient  pas  de 
matières  oi^aoiques  au  moment  de  leur  formation,  n'en 
absorbent  pas  nécessairement,  bien  qu'elles  soient 
pénétrées  pai:  l'eau  ou  par  l'atmosphère. 

Si  les  matières  organiques  trouvées  dans  les  roches 
peuvent  être  postérieures,  elles  sont  surtout  origi- 
naires. C'est  facile  à  comprendre  pour  les  roches  stra- 
tifiées ;  car  elles  renferment  souvent  un  nombre  très- 
grand  de  corps  organisés  et  quelquefois  même  elles  en 
sont  entièrement  formées. 

La  suite  de  ces  recherches  montrera  de  plus  qu'il 
faut  l'admettre  aussi  pour  les  roches  éruptives  qui  sont 
généralement  imprégnées  par  l'eau  et  par  les  matières 
organiques  existant  à  l'intérieur  de  la  terre. 

Les  matières  organiques  contenues  dans  les  sub-  - 
stances  minérales  peuvent  donc  quelquefois  être  posté- 
rieures, mais  elles  sont  essentiellement  originaires; 
quoi  qu'il  en  soit,  d'ailleurs,  elles  se  retrouvent  avec 
constance  dans  les  mêmes  roches,  et  par  conséquent  leur 
étude  présente  beaucoup  d'intérêt. 


l66  AZOTB   ET  MATIÈRES  OBGANIQUBS. 

S  8.  L'existence  des  matières  organiques  dans  les  sub-* 

Procédéi      stances  minérales  se  constate  aisément,  soit  par  l'ac- 

employés  poar  la  .  '  <- 

recherche     tion  de  Teau  OU  de  la  chaleur,  soit  par  d'autres  procé«- 

orgukiuMf    dés.  Souvent  même  ces  matières  sont  en  proportion 

assez  grande  pour  qu'il  soit  possible  de  doser  les  quatre 

éléments  qui  les  composent,  le  carbone ,  l'hydrogène, 

l'oxygène  et  l'azote. 

$  g.  Gomme  l'ont  signalé  déjà  plusieurs  chimistes,  il 

Acuonde  l'eao  existe  des  matières  Organiques  dauslesrocbescalcaires, 

arénacées  ou  ai^euses,  même  lorsqu'  elles  n'ont  jamais 

été  fumées. 

D'après  M.  Paul  Thénard ,  qui  s'est  occupé  d'une 
manière  toute  spéciale  de  leur  étude,  ces  matières  con- 
stituent divers  acides  qui  sont  encore  peu  connus,  mius 
qui  paraissent  voisins  de  l'acide  crénique.  Veut-on  les 
mettre  en  évidence ,  il  suffit  de  faire  bouillir  la  roche 
avec  un  alcali  ou  plutôt  avec  de  l'oxalate  de  potasse  et 
de  traiter  ensuite  la  liqueur  filtrée  par  dej'acide  cblor- 
hydrique  ;  elles  apparaissent  alors  sous  la  forme  d'une 
substance  brune  et  floconneuse.  Gomme  elles  sont  d'ail* 
leurs  très-hygrométriques  et  légèrement  solubles,  l'ac- 
tion prolongée  de  l'eau  permet  également  de  les  séparer. 

Il  m'a  paru  intéressant  de  réchercher  s'il  y  avait 
aussi  des  matières  organiques  dans  les  roches  cristal-* 
Unes  ou  éruptives  et  si  l'eau  pouvût  les  extraire. 

Dans  ce  but,  quelques-unes  de  ces  roches,  du  réti- 
nite,  du  basalte,  de  la  minette,  ont  été  porphyrisées 
et  mises  dans  de  l'eau  distillée  qui  fût  maintenue  à  la 
température  de  l'ébullition  pendant  une  journée.  L'eau 
de  lavage  a  été  renouvelée  à  plusieurs  reprises,  filtrée, 
puis  évaporée  à  sec.  Alors  il  a  été  facile  de  constater 
l'existence  d'une  matière  organique  en  proportion  beau- 
coup plus  grande  que  celle  qui  peut  se  trouver  dans 
l'eau  distillée.  En  même  temps ,  il  s'est  dissons  une 


■tUèr« 

Poids 

■liérato. 

lolai- 

i»oo 

i»5o 

1,27 

1,6a 

0,90 

i»io 

0,60 

«•60 

▲GHON   DE  U  GHALSim.  167 

petite  partie  de  la  roche  eUe-même,  comme  ToDt  appris 
les  expériencee  de  MM«  fiogers.  Les  résultats  obtenus 
sost  les  suivants  : 

Malien 

OTfUlKlW. 

Jlétinite  noir  brunfttre  d'Islande* . .  •      0,60 
Eétinite  jaune  brunâtre  de  Melssen .  .      o,35 

BasaUâ  de  nie  Bourbon 0,90 

ilftJM//^  déeonpoaôe  dmoottt  ChauTe.  traees. 

Les  roches,  même  lorsqu'elles  sont  éraptives  et  ycl^ 
caniques,  peuvent  donc  renfermer  une  matière  orga«« 
nîque.  Cette  matière  se  dissout  au  moins  partiellement 
dans  J'eau  bouillante;  elle  laisse  dans  Tévaporation  un 
résidu  hygrométique  qui  devient  noirâtre  parla  chaleur 
et  qui  se  détruit  en  dégageant  une  odeur  de  caramel. 

Observons  que  la  matière  organique  est  réduite  à 
des  traces  dans  la  minette  qui  était  complètement  dé- 
composée et  même  à  l'état  argileux.  Ce  résultat  qui 
peut  paraître  extraordinaire  sera  vérifié  ultérieurement 
pour  d'autres  roches  décomposées. 

Gomme  la  benzine  dissout  facilement  les  matières 
bitumineuses  qui  imprègnent  certaines  roches,  il  était 
utile  de  voir  si  elle  exercerait  quelque  action  sur  la  ma* 
tière  organique  qui  vient  d'être  signalée.  Or  l'expo 
rience  montre  que  la  benzine,  mfse  en  digestion  à  chaud 
avec  la  roche,  ne  se  colore  pas  en  noir  et  qu'elle  ne  dis* 
sout  pas  une  quantité  sensible  de  la  matière  organique 
qui  8*y  trouve. 

Quant  au  résidu  minéral  qui  accompagne  la  matière 
organique  extraite  par  l'eau,  il  consiste  essentiellement 
en  silice,  notamment  pour  les  rétinites.  Pour  le  basalte  et 
la  minette,  il  renferme  aussi  un  peu  d'alumine,  d*oxyde 
de  fer,  des  traces  de  chaux,  de  magnésie  et  d'alcalis. 

Les  recherches  qui  vont  suivre  démontreront  du 
reste,  d'une  manière  bien  complète,  qu'il  existe  réelle  * 
ment  des  matières  organiques,  non^seulement  dans  les 


Action 
de  la  chaleur. 


168  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

corps  organisés  fossiles,  maïs  encore  dans  les  roches  et 
dans  les  minéraux,  même  lorsqu'ils  sont  bien  cristalli- 
sés et  lorsqu'ils  ont  une  origine  volcanique. 
s  10.  La  distillation  donne  tout  d'abord  un  moyen  très- 

simple  de  reconnaître  les  matières  organiques.  Il  suffit, 
en  effet,  de  mettre  la  substance  à  examiner  dans  un 
petit  tube  de  verre  fermé  par  une  extrémité  et  de  la 
chauffer  ensuite  légèrement  à  la  lampe  à  alcool.  La  cha- 
leur dégage  les  produits  de  la  distillation  des  matières 
organiques,  et  alors  il  est  facile  de  constater  leur  pré- 
sence. Le  papier  de  tournesol  indique  d'ailleurs  si  la 
distiUation  est  alcaline  ou  acide. 

Ces  essais  ont  été  faits  pour  un  grand  nombre  de 
corps  organisés  fossiles,  de  minéraux,  ainsi  que  déro- 
ches stratifiées  et  non  stratifiées. 

Les  résultats  que  j'ai  obtenus  sont  résumés  par  les 
quatre  tableaux  qui  accompagnent  ce  mémoire, 

(Tableaux  I,  U,  III,  IV.) 

On  voit  d'abord  que  la  plupart  des  roches  et  même 
des  minéraux  renferment  une  proportion  très-sensible 
de  matières  organiques.  La  présence  de  ces  matières  est 
démontrée  par  la  couleur  plus  foncée,  brunâtre,  grisâtre 
ou  même  noirâtre  que  prend  la  substance  essayée,  lors* 
qu'elle  est  chauffée  dans  le  tube  fermé.  Elle  l'est  aussi 
par  l'odeur  empyreumatique  que  dégage  cette  sub- 
stance et  quelquefois  par  la  condensation  de  bitume 
ou  d'une  huile  bitumineuse.  Elle  l'est  encore  par  la  co- 
loration bleue  du  papier  de  tournesol  rougi  par  un  acide. 

Pour  reconnaître  ces  matières  organiques,  il  suffit 
d'opérer  sur  de  petites  quantités  de  la  substance  exar- 
minée,  au  plus  sur  quelques  grammes  ;  car,  lorsqu'on 
fait  un  essai  à  blanc  dans  un  tube  de  verre  lavé  avec 
soin  et  avec  de  l'eau  distillée,  on  n'obtient  pas  les  réac* 
tions  qui  viennent  d'être  signalées. 


ACnnOH   DE   LA   GHALB0R.  169 

Uun  autre  côté,  si  l'on  met  une  centaine  de  grammes 
de  la  substance  dans  une  cornue  de  porcelaine  et 
qu'on  la  chauffe  en  recueillant  dans  un  tube  de  verre 
refroidi  et  courbé  en  u  les  produits  volatils  qui  se  dé- 
gagent, il  ne  restera  plus  de  doute  sur  l'existence 
d'une  proportion  très-sensible  de  matiibres  organiques. 

Les  réactions  données  par  la  distillation  s'expliquent 
du  reste  aisément 

ly abord,  si  la  substance  essayée  prend ,  lorsqu'elle 
est  chauffée,  une  couleur  plus  foncée  ou  noirâtre,  cela 
tient  à  ce  que  les  matières  organiques  qu'elle  renferme 
sont  décomposées  et  donnent  un  dépôt  charbonneux 
qui  lui  reste  mélangé.  Cette  réaction  est  bien  sensible 
pour  tous  les  corps  organisés,  animaux  ou  végétaux,  et 
elle  Test  d'autant  plus  que  la  proportion  des  matières 
organiques  est  plus  grande.  Elle  est  encore  sensible 
pour  les  roches  et  pour  les  minéraux,  surtout  lorsque 
leur  couleur  est  p&le  ou  blaochitre.  Ainsi  le  calcaire,  la 
marne  et  même  des  minéraux  cristallisés,  comme  la 
chaux  carbonatée,  prennent,  dès  qu'ils  sont  chauffés, 
une  couleur  beaucoup  plus  foncée  qui  révèle  de  suite  la 
présence  de  matières  organiques. 

Quant  aux  produits  de  la  distillation,  ils  sont  va- 
riables et  assez  complexes. 

Lorsqu'il  y  a  des  matières  organiques  dans  la  sub-  ^  ''- 
stance  essayée,  elles  sont  toujours  accusées  par  une  aieaiiin*. 
odeur  empyreumatique  rappelant  celle  de  la  pipe  ou  de 
la  corne  brûlée.  En  outre ,  elles  dégagent  de  l'ammo- 
niaque qui,  tantôt  est  parfaitement  reconnaissable  à  son 
odeur,  tantôt  est  indiquée ,  soit  par  des  fumées  avec 
l'acide  cblorhydrigue,  soit  par  la  couleur  bleue  qu'elle 
donne  au  papier  de  tournesol. 

Lorsque  la  substance  a  été  préalablement  humectée 
avec  une  dissolution  de  potasse,  l'ammoniaque  toute 


s  12. 

Distillation 
aoide. 

S  IS. 

Acidef 
•rganiquei 

eC  acide 
carbonique.' 


170  AZOTE  ET   MATIÈRES  OEGAHIQUES. 

formée  apparaît  d'ailleurs  sans  le  secours  de  la  chaleur. 
Il  est  facile  de  constater  dnsi  qu'il  existe  de  l'ammo- 
niaque  dans  les  argiles  (1). 

Indépendamment  de  l'ammoniaque,  les  végétaux  et 
les  animaux  peuvent  aussi  dégager  des  bases  ammonia- 
cales, du  carbonate  d'ammoniaque  et  même  d'autres 
sels  ammoniacaux. 

En  outre,  les  corps  organisés,  les  ossements,  les  com* 
bustibles,  les  terres  végétales ,  les  ai^iles,  les  schistes, 
les  marnes  et  certaines  roches  éruptives,  comme  les 
trapps  et  les  basaltes,  donnent  souvent  des  matières 
bitumineuses  qui  vont  se  condenser  à  la  partie  supé- 
rieure du  tube. 

Maintenant  la  distillation  de  la  substance  essayée  est 
tantôt  alcaline,  tantôt  acide  ;  elle  peut  être  alternative- 
ment l'une  et  l'autre,  suivant  la  température  à  laquelle 
une  même  substance  est  chauffée. 

Lorsque  la  distillation  est  acide,  cela  tient  au  déga- 
gement d'un  acide  organique  ou  minéral. 

Les  matières  bitumineuses,  par  exemple,  donnent 
une  distillation  qui  est  acide  au  commencement  et  qui 
devient  ensuite  alcaline  :  il  se  dégage  d'abord  des 
acides  organiques,  qui,  lorsqu'on  chauffe  davantage, 
sont  remplacés  par  de  l'ammoniaque.  Parmi  les  Gombus«> 
tibles,  la  houille ,  le  lignite  et  surtout  la  tourbe ,  ainsi 
que  le  bois,  distillent  de  l'acide  acétique. 

Du  reste,  quand  des  acides  organiques  sont  soumis  à 
l'action  de  la  chaleur,  ils  donnent  généralement  parmi 
leurs  produits  volatils  de  nouveaux  acides  pyrogenés, 
ainsi  que  de  l'acide  carbonique.  Maintenant  l'acide  car* 
bonique  peut  encore  résulter  de  la  décomposition  des 
carbonates  ;  car  ces  derniers  forment  non-seulement  des 
minéraux  et  des  roches  ainsi  que  le  têt  des  mollusques. 


(i)  Bouls.  Annales  de  chimie,  t.  XXXV,  p.  555. 


âOTIOll  HB   ta  GBAtBUl«  \Jï 

mm  ils  entrent  auM  dans  la  composition  des  œ  et  de 
certains  corpe  orgaaûés» 

Comme  les  matières  organiques  renferment  quelque-  j^^J^^'  ^g^ 
fois  da  soufre»  du  cblore,  etc.,  elles  peuvent  d'ailleurs 
dégager  aussi  des  acides  minéraux.  Le  soufre,  par 
exemple,  existe  à  l'état  de  combinaison  dans  diverses 
parties  des  animaux  ou  des  végétaux  et  dans  les  produits 
qui  en  dérivent  (i)«  U  forme  du  sulfure  de  calcium 
dans  leA  coc[uïUes  d'bultre  (t).  Récemment  sa  présence 
a  m6me  M  constatée  dans  le  caoutchouc  (S). 

Lorsque  des  matières  organiques  contenant  du  soufre 
sont  soumises  à  la  distillation,  elles  donnent  d'ailleurs 
de  rhydrogène  sulfuré  ;  c'est  en  particulier  ce  qui  a 
lieu  pour  les  bitumes  naturels  et  quelquefois  aussi  pour 
le  lignite  et  pour  la  houille.  U  est  môme  probable  que 
l'hydrogène  sulfuré  qui  se  produit  en  très-petite  pro- 
portion lorsqu'on  chauffe  diverses  substances  miné* 
raies,  provient  aussi  du  soufre  combiné  avec  les  ma- 
tières organiques  qui  leur  sont  mélangées. 

Panm  les  udnéraux  et  les  roches  qui  dégagent  un 
peu  d'hydrogène  sulfuré  à  la  distillation ,  je  citerai  des 
gypses,  notamment  ceux  du  bassin  de  Paris,  quelques 
serpentines,  certaines  argiles,  surtout  celles  qui  sont 
à  la  fois  pyriteuses  et  bitumineuses,  comme  le  lias  et 
l'argile  oxfordienne,  la  chaux  carbonatée  fétide,  dite 
pierre  de  porc^  et  enfin  les  roches  bitumineuses. 

Quelquefois  l'odeur  d'hydrogène  sulfuré  est  sensible 
dès  qu'on  brise  ces  roches  avec  le  marteau. 

L'alunite  du  mont  Dore  qui  contient  du  soufre  donne 
de  l'hydrogène  sulfuré  et  de  l'acide  sulfureux . 

(i)  J.  Liebig.  Chimie  appliquée  à  la  physiologie  végétaleti^àà^ 
p.  S3. 
Ta)  Damas.  ChimU,  t  VIII,  p.  65S. 
(5)  doez  et  Girard.  Comptée  rendue  t  L,  msi  i86o. 


▲eidcf  de  l'aiote. 


172  AZOTB   ET   MâTTÈBES  OltGANIQCES. 

Les  argiles»  les  schistes,  les  ardoises  et  en  général  les 
roches  pyriteuses  distillent  du  soufre  qui  produit  un 
peu  d'acide  sulfureux. 

Le  soufre  peut  d'ailleurs  se  trouver  à  l'état  libre  ou 
bien  résulter  de  la  décomposition,  soit  des  pyrites,  soit 
de  rhydrogëne  sulfuré  ;  il  forme  une  petite  couronne  à 
la  partie  supérieure  du  tube  lorsqu'on  essaye  les  sub- 
stances qui  viennent  d'être  indiquées. 
S  !$•  Les  nitrates  qui  sont  mélangés  en  très-petite  quantité 

à  un  grand  nombre  de  substances  contribuent  surtout 
à  donner  une  distillation  acide.  On  sait  qu'ils  sont  assez 
abondants  dans  certaines  roches  pour  qu'il  y  ait  avan- 
tage à  les  exploiter.  Mais  M.  Boussaingault  a  reconnu  en 
outre  qu'il  existe  des  nitrates  dans  les  terres  végétales 
de  toute  nature  et  de  toute  provenance  ;  le  nitre  qui  leur 
correspond  peut  même  s'élever  jusqu'à  1  ^  millième. 
Dans  les  limons  déposés  par  les  fleuves,  il  y  a  aussi  du 
nitre  ;  toutefois ,  sa  proportion  est  très-faible  1  comme 
on  pouvait  s'y  attendre ,  et  dans  les  limons  de  F  Amé- 
rique méridionale,  qui  sont  cependant  très-riches  en  ma- 
tières azotées,  elle  reste  inférieure  à  1  cent  millième  (1). 

Récemment  MM.  Henri  Sainte  Claire  Deville  etDe- 
bray  ont  trouvé  des  nitrates  contenant  i,s  d'acide 
nitrique  dans  le  peroxyde  de  manganèse  naturel  (2). 

J'ai  constaté,  d'un  autre  côté,  qu'il  y  a  des  nitrates 
dans  diverses  roches  et  en  particulierdans  les  roches  vol- 
caniques, telles  que  le  tuf  quia  recouvert  Herculanum  et 
le  basalte  scoriacé  de  la  Croix -de-Paille  dans  le  Yelay. 

Les  nitrates  s'observent  surtout  dans  les  roches  po- 
reuses ou  dans  celles  qui  contiennent  des  matières  orga- 
niques azotées.  D'après  M.  Millon.  ils  se  forment  le 


(1)  Boussaingault.  Journal  d'agriculture  pratique.  iSôe, 
1. 1,  p.  A93;  Comptes  rendus^  t  XLVII1,  p.  gSi  et  mai  1860. 
(3)  Comptée  rendus  de  V Académie  des  sciemees^  t.  L,  mal  1860. 


ACTION   D£  LA  GHALEUB.  17^ 

plus  souvent  dans  la  terre  et  ils  subissent  un  déplace- 
ment ascenaionDel  à  travers  le  sol  humide.  £n  Algérie, 
la  nitrificatioQ  parait  arrivée  à  son  maximum  au  bout  de 
vingt  et  un  jours  (i). 

Les  cavernes  ont  été  habitées  par  un  très-grand 
nombre  d'animaux  pendant  de  longues  périodes  de  siè- 
cles ;  elles  ont  notamment  servi  de  repaires  aux  ours 
et  aux  hyènes,  en  sorte  qu'il  s'y  est  généralement  ac- 
cumulé beaucoup  d'ossements  fossiles  et  de  matières 
organiques  azotées.  Lorsqu'en  outre  le  climat  est  très* 
chaud,  Tair  humide  et  renouvelé ,  les  circonstances  les 
plus  favorables  à  la  nitrification  se-  trouvent  réunies , 
et  il  peut  alors  s'y  former  une  énorme  proportion  de 
nitrate*  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  les  cavernes  du 
Brésil ,  de  Ceyian ,  du  Bengale ,  de  Tlnde  deviennent 
des  nitrîères  extrêmement  riches  qui  donnent  jusqu'à 
7  p.  100  de  nitre  à  leur  surface. 

Comme  l'a  remarqué  M.  Boussaingault,  les  nitrates, 
qui  sont  éminemment  favorables  à  la  végétation,  se  re- 
trouvent partout  en  petite  quantité.  Il  en  est  de  même 
d'ailleurs  pour  les  phosphates  et  en  général  pour  toutes 
les  substances  nécessaires  à  la  nutrition  des  végétaux. 

La  distillation  des  substances  minérales  peut  encore        S  i«. 
être  rendue  acide  par  un  peu  de  chlore  qui ,  engagé     do^ebiore. 
dans  différentes  combinaisons,  se  dégage  générale- 
ment à  l'état  d'acide  chlorhydrique. 

Ainsi  M.  C.  Sorby  a  reconnu  que  le  quartz  du  gra- 
nité, étant  pulvérisé  dans  de  l'eau  distillée,  donûe  quel- 
quefois à  cette  eau  une  réaction  acide  qui  est  due  à  de 
l'acide  chlorhydrique.  Du  chlorure  de  sodium  et  de  po- 
tassium remplissent,  en  outre,  les  cavités  du  quartz 
dans  certaines  roches  granitiques. 
Le  chlore  a  été  signalé  dans  le  trapp  par  Kirwan , 

(j)  Miilon.  Comptes  rmduê^  18S0,  t  L[,  p.  3S9. 


174  AZOTE   ET  MATIÈRE  OICARIQUES. 

dansle  phonolithe  par  Abicb,  et  il  y  en  ad'dUearsdans 
différentes  roches  volcaniques. 

Les  matières  organiques  elles-mêmes  contiennent 
aussi  du  chlore  ou  des  chlorures  et  dégagent  de  F  acide 
chlorbydrique.  Car,  d'après  M.  Armand,  lorsqu'on  sou- 
met à  la  distillation  le  calcaire  bitumineux  du  Val  d^ 
Travers  qui  est  employé  pour  la  fabrication  de  Ta- 
sphalte,  Vacîde  chlorbydrique  qui  se  dégage,  au  mo- 
ment où  Ton  ouvre  les  cornues,  est  assez  abondant  pour 
incommoder  les  ouvriers.  En  outre,  M.  Leadbetter  a 
constaté  récemment  l'existence  d'une  proportion  très- 
notable  de  chlore  dans  les  combustibles  minéraux.  La 
houille  de  Lesmahagow  en  contient...  0,01  S  et  celle  de 
Monkland  jusqu'à. . .  0,028  p.  100.  Le  boghead  en  a... 
0,012  (1). 

Le  caoutchouc  naturel  et  pur  donne  également  de 
l'acide  chlorbydrique  lorsqu'il  est  chauffé,  à  230''  (2). 

11  y  s^  surtout  du  chlore  dans  les  matières  organiques 
animales  et  alors,  les  phosphates  qui  s'y  trouvent  éga-^ 
lement,  le  dégagent  par  l'action  de  la  chaleur,  même 
lorsqu'il  est  à  l'état  de  chlorure  métallique  (3). 

L'acide    hypochloreux    a  encore  été  indiqué  par 
M.  SchaffhaûU  dans  le  spath  fluor  violet  de  Welsendorf. 
5  tT.  Les  micas,  le  spath  fluor,  la  topaze ,  en  général  les 

AeidM  da  fluor,  minéraux  fluorés  dégagent  du  fluorure  de  silicium  et 
comme  ils  ont  très-peu  de  matières  organiques  azotées, 
ils  donnent  une  distillation  acide.  Il  en  est  souvent  de 
même  pour  les  psammites,  les  grès  micacés ,  les  argi- 
lites,  les  micaschistes  et  en  général  pour  les  roches  qui 
contiennent,  soit  des  minéraux  fluorés,  soit  leurs  dé* 

(0  Sur  la  présence  du  chlore  dans  la  houille.  Société  ehi^ 
mique  de  Paris,  1 1*  llvraisoQ,  novembre  :86o,  p.  .  69. 

(2)  Gloez  et  Girard.  Comptes  rendus,  t  L,  mai  1860. 

(5)  W.  Heintz.  Jahresbericht  der  NaturwUsemthaftUehm 
Sereins  in  Halle,  i85i,  p.  3o3. 


ACnOlV  t>Ë  LA  GBAUÛK.-  1^5 

bris.  Hais  pour  les  dents  et  poor  les  os  qui  renferment 
anssi  un  peu  de  fluor,  la  réaction  acide  est  dissimulée 
par  suite  de  la  grande  quantité  de  matières  aeotées. 

Lorsque  la  distillation  d'une  substance  minérale  »  J^^, 
donne  des  acides  énergiques ,  comme  ceux  du  soufrOi  «te  u  dif lUiauoB. 
de  Vazote,  du  chlore,  du  fluor,  elle  est  ordinairement 
acide.  Cela  peut  avoir  lieu ,  même  quand  ces  acides 
sont  en  quantité  très-petite  et  à  peine  dosable.  Mais , 
d'un  autre  o6té,  les  matières  organiques  provenant  de 
la  substance  essayée  donnent  de  l'ammoniaque  qui 
peut  rendre  la  distillation  alcaline.  Il  arrive  même  sou-^ 
vent  que  la  distillation,  acide  au  commencement  de  IV 
pération ,  devient  alcaline  lorsqu'on  chauffe  davantage. 

Pour  les  minéraux  et  les  roches  qui  contiennent  du 
fluor,  c'est  généralement  le  contraire  qui  a  lieu ,  et  la 
distillation  qui  est  alcaline  au  commencement  devient 
acide  k  la  fin.  Cette  circonstance  tient  alors  à  ce  que  le 
fluorure  de  silicium  se  dégage  à  une  température  supé* 
rieure  à  celle  à  laquelle  se  forme  l'ammoniaque. 

11  ne  suffit  donc  pas  qu'une  substance  renferme  des 
matières  organiques  azotées  pour  que  sa  distillation- 
soit  alcaline,  il  faut  encore  qu'elle  ne  donne  pas  un  dé« 
gagement  acide  venant  masquer  la  réaction  de  l'ammo- 
niaque ou  des  bases  ammoniacales, 

La  distillation  peut  être  acide,  puis  alcaline  ou  réci- 
proquement. Les  tableaux  I ,  II ,  III ,  IV  en  offrent  de 
nombreux  exemples. 

Les  produits  volatils  qui  se  rendent  à  la  partie  su- 
périeure du  tube  d'essai  sont  essentiellement  l'ammo- 
niaque, les  matières  bitumineuses  et  divers  acides. 

L'acétate  d'ammoniaque  se  forme  dans  la  distillation 
du  bois,  des  combustibles,  des  matières  animales. 

L'azote  et  l'hydrogène  libres  ont  été  obtenus  dans  la 
distillation  de  la  houille. 

Le  soufre  se  dépose  quelquefois  dans  le  tube  ;  il  pro- 


176  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

vient  de  soufre  natif,  de  la  distillation  des  pyrites  ou 
bien  de  la  réaction  de  l'hydrogène  sulfuré  sur  l'acide 

sulfureux. 

Le  sulfure  de  carbone  se  dégage  dans  la  distillation  du 
lignite,  de  la  houille  et  surtout  des  roches  bitumineuses. 

Le  sulfure  d'arsenic  dans  celle  de  certaines  pyrites 
de  fer  et  de  l'arsenic  sulfuré. 

Brandes  a  constaté  qu'il  y  a  0, 1 3  de  sulfate  d'ammo- 
niaque dans  le  schiste  alunifère  (ampélite  alumineux) 
du  comté  de  la  Mark.  On  en  trouve  également  dans  l'a- 
lunite de  la  Tolfa.  Un  peu  de  sulfate  d'ammoniaque  se 
forme  d'ailleurs  dans  la  distillation  de  la  houille. 

Le  chlorhydrate  d'ammoniaque  est,  comme  l'on  sait, 
l'un  des  produits  les  plus  habituels  des  volcans ,  et  il 
imprègne  souvent  les  laves.  Il  s'obtient  aussi  en  petite 
quantité  dans  la  distillation  des  combustibles  et  de 
simples  argiles.  Il  a  même  été  signalé  dans  le  têt  des 
mollusques  (1). 

Le  chlorure  de  fer  se  dégage  de  la  pyrosmalite  quand 
elle  est  soumise  à  la  distillation  (2)  -,  il  a,  de  plus,  été 
observé  dans  les  tufs  volcaniquas  de  Gergovia. 

Jusqu'à  présent,  les  substances  volatiles  qui  ont  été 
nientionnées  sont  seulement  celles  qui  sont  les  plus 
habituelles  dans  les  roches  ;  mais  si  l'on  considère  les 
minéraux,  leur  distillation  sera  nécessairement  très-va- 
riée et  elle  dépendra  de  la  composition  de  chaque  espèce. 

En  résumé ,  l'azote  des  matières  organiques  tend  à 
donner  une  distillation  alcaline;  d'un  autre  côté,  di- 
verses circonstances  qui  viennent  d'être  énumérées 
peuvent,  au  contraire,  la  rendre  acide.  L'effet  observé 
sera  la  différence  de  ces  deux  résultats.  Il  est  donc  fa- 
cile de  comprendre  pourquoi  des  substances  contenant 


(i)  JoUy.  Journal  de  pharmacie^  3*  série,  t  XXXIII,  p.  161. 
(a)  Berzellus.  Traité  du  chalumeau^  p.  345. 


DOSAGE  DE  L' AZOTE.  I77 

beaucoap  d'azota  ont  une  distillation  acide  ;  tandis  que 
d'aotres  qui  en  contiennent  à  peine,  ont  une  distillation 
qui  est  très-sensiblement  alcaline. 

Comme  la  distillation  ne  permet  pas  d'apprécier  la 
richesse  en  azote ,  il  était  nécessaire  d'avoir  recours  à 
un  dosage. 

Le  procédé  qui  a  été  suivi  pour  le  dosage  de  Tazote  $  ip. 
est  celui  de  MM.  Will  et  Warrentrapp ,  modifié  paur  J^***** 
M.  Péligot.  Uazote  était  transformé  en  ammoniaque 
en  présence  de  la  chaux  sodée ,  et  sa  proportion  était 
ensuite  déterminée  au  moyen  de  Tacide  sulfurique  titré. 
Du  reste,  l'opération  avait  lieu  comme  à  l'ordinaire  et 
par  suite  il  est  inutile  de  la  décrire;  j'indiquerai  seu- 
lement quelques  particularités  spéciales  au  but  que  je 
me  proposais  dans  ces  recherches. 

Gomme  les  roches  et  surtout  les  minéraux  renfer* 
ment  généralement  très*peu  d'azote,  pour  obtenir  des 
résultats  précis,  il  était  d'abord  nécessaire  d'opérer  sur 
un  poids  aussi  grand  que  possible.  Ce  poids  était  habi- 
tuellement de  20  grammes  ;  mais  lorsque  la  substance 
était  très-pauvre  en  azote,  il  était  porté  à  3o,  à  4o  et 
quelquefois  même  à  5o  grammes.  Dans  ce  dernier  cas, 
h  substance  avait  en  même  temps  une  grande  densité, 
en  sorte  que  son  volume  n'était  pas  trop  considérable* 
D'un  autre  côté,  lorsqu'elle  était  plus  riche  en  azote, 
son  poids  étsdt  réduit  à  1 5,  à  i  o,  à  5  grammes,  et  enfin 
pour  quelques  corps  organisés  à  moins  de  i  gramme. 

La  substance  pilée  était  mélangée  à  de  la  chaux  so* 
déë  qui  avait  été  granulée  et  tamisée  ;  puis  elle  était 
introduite  dans  un  tube  de  verre  ayant  des  dimen- 
sions assez  grandes  pour  qu'il  restât  environ  une  lon- 
gueur de  o",2,  laquelle  était  remplie  avec  de  la  chaux 
sodée. 

On  SLYBÀt  soin  d'ailleurs  de  laver  l'intérieur  du  tube 

Tome  XVIU,  1860.  la 


178  AZOTE  BT  MATIÈEES  ORGANIQUES. 

avec  de  Teau  distillée,  de  manière  à  le  débarrasser  des 
poussières  qui  pouvaient  s'y  trouver»  et  on  lefaisâdt  sé- 
cher avant  d'y  mettre  la  substance. 

Lorsque  ce  tube  était  adapté  à  l'appareil  renfermant 
l'acide  sulfurique  titré ,  ses  différentes  parties  étaient 
chauffées  avec  les  précautions  habituelles.  Puis,  lorsque 
le  dégagement  avait  cessé,  un  courant  de  gaz  produit 
par  de  l'oxalate  de  chaux  ou  bien  par  une  simple  aspi- 
ration faisait  arriver  sur  l'acide  sulfurique  les  dernières 
traces  d'ammoniaque  restant  dans  le  tube. 

Quand  on  employait  l'aspiration ,  on  pouvsdt  craindre 
une  erreur  en  plus  résultant  de  l'ammoniaque  et  des 
matières  organiques  qui  existent  dans  l'atmosphère  ; 
mais  cette  erreur  était  très-faible  et  même  négligeable, 
dès  que  la  substance  essayée  contenait  de  l'azote  en 
quantité  dosable.  y 

Si  la  substance  renfermait  des  pyrites  ou  du  soufre, 
il  était  nécessaire  d'employer  l'oxalate  de  chaux  ;  car, 
lorsque  le  courant  final  était  oxydant,  il  se  dégageait  de 
l'acide  sulfureux  qui  augmentait  le  titre  de  l'acide  sul- 
furique servant  au  dosage.  Sans  cette  précaution,  il 
peut  arriver  que  le  procédé  ne  donne  pas  d'azote  pour 
des  corps  qui  en  contiennent  cependant  une  proportion 
très-notable  ;  c'est  en  particulier  ce  que  j'sd  constaté 
pour  les  os  fossiles  imprégnés  de  pyrite. 

Le  saccbarate  de  chaux,  destiné  à  neutraliser  l'acide 
sulfurique,  était  versé  à  l'aide  d'une  burette  graduée 
du  système  de  M*  Hervé  Mangon;  cette  burette  est 
montée  sur  un  support  et  reste  verticale;  eUe  est  mu- 
nie d'une  petite  vésicule  en  caoutchouc  qui  est  percée 
d'un  trou  et  permet  de  régler  avec  la  plus  grande  faci-  ' 
lité  l'écoulement  du  saccbarate. 

Le  saccbarate  lui*même  était  assez  étendu  pour  que 
dans  toutes  les  expériences  la  diffteence  donnée  par 


il 


DOSAGE  DE  l'AZOTB.  179 

l'adde  solfariquë,  avant  et  après  l^opéraiioD,  fût  re- 
préÉeatéd  ptt  qtiél<{a«B  degréê  d«  la  lmi«tte« 

Cmiflle  lë  titM  an  HàcebiMtd  s'altèi^^  il  dtâll  ûéHét^ 
ffiifié  iitiBBi  SMVent  ^e  é'étalt  ûécessaite  et  ârdlnâlra- 
meAX  h  cbà(fa%  fold. 

ÈA  ptenAst  OM  gfdttde  ^âflUté  fié  là  stlbâtuee  et 
eli  ie  flervftHt  d'àcidé  salfttri(|tie  tinsd  qti«  de  sAoibft- 
rate  conyeiiftbledient  étendus,  OU  pouvait  Obtenir  une 
Ms-gmiide  appiH)tialàtioâ  dAfis  ce  dosàgé  de  Tapote. 
Du  teste,  ropératloii  était  toujours  conduite  de  li 
même  manière,  Aflu  <)u'en  teuant  oomptè  des  erreuM , 
los  l'ésoitats  ftidsent  biefl  eomparables.  Ou  tnettalt 
chaque  foie  le  iMiue  nombre  de  goutter  de  la  teintuM 
de  tournesol  et  on  cessait  de  verser  le  saccbàrate  des  lé 
premier  virement  on  dès  que  la  ligueur  tôuruait  au  bleu. 

Quand  on  &  ^u  le  croire  uécessedre,  des  essais  à  blano 
oui  été  faite  ftvec  la  ehnuic  sodée  pouf  s'assuref  s'il  f 
avait  quelque  dégagement  d'ammoniaque  i  j*ai  feeunUtt 
à  plusieui^  reprises  que  les  quantités  trouvées  ou  inâl« 
quées  par  le  procédé  étdeut  alôM  insignifiantes  et 
qu'elles  tf  aviâeut  pës  d'influence  seusible  sut  les  do» 
sages^ 

Pour  les  substances  les  plus  lutéfessautës  OU  pOUF 
celles  dAné  lesquelles  là  présence  dé  l'Azote  pouvait  p^ 
r&ttre  extraordinaire  »  ces  essais  ont  été  répétée  plu* 
sieurs  fois,  Afin  de  Oottstater  si  les  tésultatd  étsieut  biéll 
eoncordante# 

Il  impoite  d'observer  que  la  substance  essayée  donue 
quelquefois  lieu  à  un  dégagement  acide  qui  augmente 
le  titre  de  raolde  sulfuriqUe  au  lieu  de  le  dimiuuét; 
Ainsi,  par  esemple,  lorsqu'on  opère  sur  des  carbonates 
ou  sur  deé  substances  qui  dégagent  beaucoup  diacide 
carbonique ,  ou  bieui-l^rsqù'à  la  fin  de  l'opération  Oti 
produit  le  courant  gaaseux  au  moyen  de  l'oxalate  de 


l8o  AZOTE  ET  IfATIÈBES  OBGANIQUES. 

chaux  i  la  chaux  sodée  n'arrête  pas  complètement  Ta- 
cide  carbonique;  une  certaine  quantité  de  cet  acide 
reste  alors  en  dissolution  dans  la  liqueur  sulfurique 
dont  elle  augmente  le  titre,  en  sorte  qu'il  devient 
nécessaire  de  s'en  débarrasser  avant  de  verser  le  saccha^ 
rate.  C'est  ce  que  l'on  faisait  en  chauffant  avec  précau- 
tion la  liqueur  sulfurique  jusqu'à  l'ébuUition. 

Maintenant  lorsque  la  substance  contient  des  nitrates, 
lorsqu'elle  donne  de  l'hydrogène  sulfuré  ou  de  l'acide 
sulfureux ,  le  dégagement  peut  encore  être  acide  ;  c'est 
en  effet  ce  que  j'ai  constaté  pour  diverses  roches  très- 
pauvres  en  matières  organiques,  notamment  pour  des 
roches  volcaniques. 

Gomme  ces  roches  renferment  seulement  une  très- 
petite  quantité  d'azote  se  transformant  en  ammoniaque, 
sa  présence  est  souvent  complètement  dissimulée  par  le 
dégagement  acide.  Dans  ce  cas,  il  est  nécessaire  de 
chauffer  le  tube  avec  lenteur,  de  veiller  à  ce  que  la  co« 
lonne  de  chaux  sodée  soit  suffisamment  grande  et  à  ce 
qu'elle  absorbe  bien  le  dégagement  acide  ;  autrement 
l'expérience  donne  des  résultats  tout  à  fait  inverses  de 
ceux  qu'on  doit  obtenir. 

Lorsque  les  nitrates  sont  en  proportion  notable, 
comme  dans  les  terres  salpêtrées,  le  mieux  est  même 
de  s'en  débarrasser  par  un  lavage  préalable. 

Le  procédé  employé  fait  connaître  l'ammoniaque  qui 
se  produit  lorsque  la  substance  est  traitée  par  la  chaux 
sodée.  Cette  ammoniaque  provient  surtout  de  l'azote  des 
matières  organiques  qui,  à  la  température  à  laquelle 
on  opère,  sont  complètement  décomposées.  Elle  peut 
aussi  être  toute  formée  et  provenir  de  sels  ammoniacaux 
existant  en  petite  quantité  dans  la.substance  (i).  Quant 


(i)  Boussingrault  Comptai  rendus^  t  XLVm,  p.  951. 


DOSAGE  DE  l'àZOTE.  i8i 

à  l'azote  des  nitrates ,  il  est  également  en  petite  gaan- 
ûiéi  et  comme  fl  ne  se  change  pas  en  ammoniaque ,  il 
n*a  pas  été  dosé.  C'est  donc  l'azote  correspondant  à 
l'ammoniaque  qui  a  seul  été  obtenu. 

Lorsque  la  substance  dégage  beaucoup  d'hydrogène 
carboné ,  comme  ce  dernier  joue  le  rôle  de  base ,  il 
tend  à  diminuer  légèrement  le  titre  de  l'acide  sulfuri- 
que  ;  cette  circonstance  se  présente  notamment  quand 
l'azote  est  dosé  dans  les  végétaux ,  dans  les  animaux , 
dans  les  matières  organiques.  Pour  obvier  à  cet  incon- 
vénient ,  il  convient  alors  de  chauffer  la  liqueur  sulfu- 
rique. 

En  général,  si  la  substance  essayée  contient  très-peu 
de  matière  organique ,  on  doit  plutôt  craindre  un  dé- 
gagement acide  qu'un  dégagement  alcalin*  De  plus,  il 
faut  observer  que  lorsque  la  substance  renferme  de 
l'ammoniaque  toute  formée,  malgré  les  précautions 
prises,  une  petite  partie  de  cette  ammoniaque  peut 
se  perdre  pendant  le  mélange  de  la  substance  avec 
la  cbaux  sodée.  Par  conséquent ,  au  lieu  d'être  trop 
forts,  les  nombres  trouvés  pour  l'azote  sont  plutôt  trop 
faibles* 

Les  plus  légères  circonstances,  telles  que  l'infiltra*-' 
tion ,  la  pénétration  de  poussières ,  etc. ,  pouvant  in« 
fluer  sur  la  teneur  d'une  substance  en  azote ,  il  n'était 
pas  nécessaire  de  conserver  les  chiffres  qui  suivaient 
celui  des  loo  millièmes.  D'un  autre  côté,  il  était  na- 
turel de  se  demander  si  des  circonstances  tout  à  fait 
accidentelles,  comme  les  doigts  humides  touchant  la 
substance,  ne  viendraient  pas  modifier  la  teneur  en 
azote  ;  mais  de  pareils  effets  sont  certainement  négli- 
geables ;  car  les  substances  essayées  étaient  toutes  trai- 
tées de  la  même  manière  et  celles  qui  étaient  réellement 
dépourvues  de  matières  organiques  ne  donnaient  pas 


l82  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

iiep^lmQBt  d'aMte  quand  va  tour  appliquait  la  pnn 
(éd4. 

Le  dosage  était  du  rfuite  c»ntr01â  par  la  diftiltotîOPt 
igfftwt  quwâ  U  y  av^ût  peu  d'a^gto, 

]UU4ntenant,  qomm§  le  i^o^agn  de  TaMt^  ^'exécutait 
génfai^em^ut  put  d«  grande^  quwtité^,  il  avait  Vayan*» 
tligi  d9  r^YdI§r  l'existence  de  gai  oaiPbu8til)le8  et  de 
natièni  bitumineuses  dans  des  rocbes  ou  des  minéraux 
â«Qi  l^sguela  il  ^t^t  difficile  de  I^  soupçonner.  C^ 
«ftUèrM  Intuiuînease^  9e  reconnaipsaleut  f^Iement  4 
leur  odeur;  on  les  voyait  même  se  condenser  à  la  sortie 

4u  t^  dm  lequtf  la  lutotMCo  était  (^^vffte  «vm  la 

U»  ppAration»  flomafiâiûeut  beftuooup  i»  tempe  et 
fl#v^rat  être  faites  lur  iHi  trds-gr»nd  ooinbre  de  suIh 
itaaeea  1  elles  qnt  étt  poursuivies  pendant  près  de  deui 
annéeit  Orna  une  grande  partie  de  ee«  epâratiena. 
j'ai  été  MMndé  evee  )>eftucQup  de  sèle  et  d*intoUi* 
fence  per  M«  Brivet. 

Les  tahleaui  plaete  à  la  fin  de  ce  nsémoire  résument 
tous  les  résultats  obtenus;  j'y  ai  d'ailleurs  réuni  quel-i 
quea^aa  de  ceux  publiés  antérieurement  par  divers 
cbimiates.  ^n  les  consultant!  il  est  facile  d'itpprécier 
comment  la  proportion  d'aiote  et  de  matières  organi^ 
ques  varie t  soit  dans  les  corps  organisés»  soit  dans  les 
oarps  Ben  organisés  qui  constituent  l'écoree  terrestre. 

{Tableaux  It  lit  Hit  IV.) 


Annaui. 


i8S 


1  COIM  OEGAMISÉS. 

Je  considère  d'abord  les  corps  organisés  qui  peuvent       cokh 
être  des  animaux  ou  des  végétaux.  oMàHwto. 

AmuinL 

Lorsque  les  cadavres  des  animaux  sont  exposés  à  Tac-     imun. 
tion  de  l*sdr »  leurs  matières  organiques  ne  tardent  pas  à        |  ^, 
se  décomposer.  H  en  est  encore  de  même  lorsqu'ils  sont     Proeèdés 
enfouis  sous  terre ,  et  le  plus  généralement  une  durée  de  d«  eôiim auoo. 
cinq  années  suffit  pour  les  réduire  à  l'état  de  squelettes. 
La  rapidité  avec  laquelle  ils  se  décomposent  dépend 
beaucoup  du  sol  qui  les  enveloppe  ;  elle  tend  à  augmen- 
ter quand  ce  dernier  est  formé  par  une  marne  ou  par 
une  ai^gile»  c'est-à-dire  quand  il  absorbe  facilement  les 
matières  organiques  et  quand  il  est  bumide.  L'humi-> 
dite  paraît  surtout  exercer  une  grande  influence. 

Cependant  des  procédés  naturels  ou  artificiels  peu- 
vent préserver  acddentellement  les  matières  organiques 
de  la  destruction.  Le  plus  parfait  de  ces  procédés  est 
f  un  de  ceux  qui  ont  été  employés  par  la  nature*  Ainsi, 
dans  la  Sibérie,  la  chair  des  mammouths  et  des  rhino- 
céros s'est  conservée  d'une  manière  tellement  remar- 
quable qu'elle  peut  encore  être  mangée.  Ces  animaux 
qui  remontent  au  commencement  de  l'époque  actuelle, 
ont  complètement  échappé  à  la  destruction -/ils  ont  été 
subitement  enveloppés  par  des  glaces  éternelles  qui  de- 
puis sont  sans  doute  restés  à  une  température  infé- 
rieure à  zéro,  en  sorte  qu'ils  ont  été  soustraits  à  l'action 
de  l'air  et  de  rbumidité.  Du  reste»  on  trouve  aussi  leurs 
ossements  et  leurs  défenses,  soit  isolés,  soit  en  sque- 
lettes entiers;  mais  alors  la  décomposition  de  leur 
chaâr  a  eq  lien  avant  qu'ils  fussent  enveloppés  dans 
la  glace  ou  bien  encore,  quoique  enveloppés,  ils  pou- 


l84  AZOTE  ET  MATIÈEES  OEGANIQOES. 

raient  être  atteints  par  Tair  et  par  les  infiltrations. 
C'est  à  la  fonte  des  neiges  que  les  cadavres  et  les  osse- 
ments de  ces  animaux  apparaissent,  et  d'après  M.  de 
lliddendorfF  qui  a  visité  récemment  ces  contrées ,  en 
moyenne,  on  découvre  un  cadavre  conservé  tous  les 
trois  ans;  le  nombre  d'ossements  recueillis  dans  ces 
deux  derniers  siècles  représenterait  môme  une  popu- 
lation très-nombreuse,  car  elle  serait  supérieure  à  vingt 
mille  mammouths  (i).  Bien  que  ce  phénomène  soit  ex- 
ceptionnel, il  a  donc  une  grande  importance  géologique. 
Les  insectes  enveloppés  par  le  succin  résistent  en- 
core assez  bien  à  la  décomposition  ;  cependant,  comme 
ils  sont  atteints  par  l'humidité,  leurs  parties  molles  se 
détruisent ,  et  c'est  surtout  leur  tissu  tégumentaire 
formé  par  la  chitine  qui  est  préservé. 

Les  eaux  des  tourbières  conservent  non-seolement 
les  végétaux,  mais  encore  les  animaux,  ce  qui  doit  être 
attribué  à  une  sorte  de  tannage  (2)« 
5 ,1.  Il  existe  d'ailleurs  divers  procédés  artificiels  d'em«- 

Procédéf  baumement  (3).  Les  Égyptiens  paraissent  avoir  em« 
ployé  surtout  des  matières  bitumineuses  et  notamment 
de  l'ozokerite ,  qui  est  très-abondante  sur  les  bords  de 
la  mer  Caspienne.  Le^  chairs  de  leurs  momies  sont  de- 
venues dures  et  ont  pris  une  couleur  brunâtre  ;  elles  ré- 
sistent pendant  plusieurs  milliers  d'années.  Leur  azote 
diminue  beaucoup ,  mais  il  ne  disparait  pas  complète- 
ment; car,  d'après  M.  Payen,  il  y  a...  i38,6o  d'azote 
dans  la  chair  musculaire  desséchée  à  l'air;  or,  j'ai  con- 
staté que  le  cuir  chevelu  d'une  momie  qui  s'était  réduit 

(i)  Bulletin  de  VJeadémie  impériale  de  Saint-Peter ehaur g ^ 
i86o  p.  567.  Sur  les  mesures  à  prendre  pour  provoquer*  en 
Sibérie,  des  découvertes  de  grands  mammifères  antédiluviens 
gelés. 

(«)  Lyelh  Prineipeê  de  géologie  y  i8â5,  a*  partie,  p.  369. 
(5)  Dumas.  TraiUdechinUe^t.  VIU,p.  753. 


artiflcJtls. 
Momies 


▲inMAUX. 


)8S 


à  l'épaisseur  d'une  feuille  de  papier  en  contenait  seule- 
ment... 38,91;  par  conséquent ,  à  poids  égal,  la  chair 
desséchée  contient  environ  5  |  fois  plus  d'azote  que 
la  chair  des  momies.  Généralement  même  ce  rapport 
doit  encore  être  plus  grand,  parce  que  le  cuir  chevelu 
qui  a  été  essayé  montrait  des  rudiments  de  cheveux  et 
que  ces  derniers  sont  riches  en  azote. 

Toutefois,  les  circonstances  dans  lesquelles  les  ca- 
davres des  divers  animaux  échappent  à  la  destruction 
sont  très-exceptionnelles ,  et  leurs  squelettes  se  con- 
servent seuls  dans  la  fossilisation. 

Les  os  qui  forment  le  squelette  dans  les  animaux 
vertébrés  sont  composés  d'une  partie  terreuse  et  d'une 
partie  animale.  Cette  dernière,  nommée  osséine  ou  ma* 
tière  cartilagineuse,  se  dissout  dans  l'eau  chaude  en  don* 
nant  de  la  gélatine.  Sa  composition  est  assez  constante 
même  dans  des  animaux  différents,  et  comme  l'a  mon- 
tré M.  Frémy,  elle  renferme  environ  18  p.  100  d'azotfe. 
Sa  proportion  diffère  peu  de  3o  p.  1 00  dans  la  plupart 
des  venëbrès.  Dans  les  oiseaux,  elle  peut  descendre 
à  95,  tandis  qu'elle  augmente  beaucoup  dans  les  pois- 
sons. Pour  on  même  animal,  elle  est  plus  grande  dans 
le  jeune  que  dans  l'adulte ,  et  dans  le  tissu  spongieux 
d'un  os  que  dans  son  tissu  compacte.  Elle  varie  aussi 
avec  Vos  considéré. 

D'après  des  recherches  récentes  de  M.  Alphonse 
Miine-Edwards,  la  gélatine  peut  former  une  combinai- 
son chimique  particulière  avec  le  phosphate  de  chaux 
basique,  et  c'est  essentiellement  cette  combinaison  qui 
parait  constituer  le  tissu  osseux  (1). 

L'osséine  étant  intimement  unie  avec  le  phosphate 
de  chaux  et  de  plus  insoluble  dans  l'eau  froide,  on 

(1)  Études  chimiqueê  et  phyHologiquei  tur  lei  os^  par  A* 
Milnfr-EdwardB.  Tlctor  Uaaaoo,  Paris»  1860. 


S  n. 

Maliérei 
orffanlqaet 

d«DS 

1m  animaai 
fotsilet. 


l86  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

comprend  qu'elle  doitbiea  résister  à  la  fossilisation.  Et 
en  effet,  deBibra  a  trouvé  de  la  gélatine»  non-seulement 
dans  les  os  humains  provenant  des  tumulus  de  la  Ger- 
manie et  d'une  momie  égyptienne,  mais  encore  dans  les 
os  des  tourbières,  dans  ceux  de  Tours  des  cavernes  et 
de  l'éléphant  du  terrain  diluvien  (i). 

En  faisant  bouillir  avec  de  Veau  un  oa  de  glyptodon, 
un  os  de  tortue  et  une  dent  de  squale  appartenant  au 
terrain  tertiaire,  j*ai  vérifié  qu'ils  renfermaient  encore 
une  proportion  très-notable  de  gélatine.  Comme  le  re- 
marque M.  de  Bibra,  la  gélatine  des  os  remontant  à  une 
haute  antiquité  s'extrait  même  plus  facilement. 

On  reconnaît  d'ailleurs  très-bien  que  l'osséine  n'a  pas 
été  complètement  détruite  par  la  fossilisation,  en  aban- 
donnant à  l'air  une  infusion  d'os  fossile  dans  l'eau 
chaude  ;  car  on  observe  qu'il  ne  tarde  pas  à  s'y  dévelop*- 
por  des  mycodermes.  En  outre,  quand  on  traite  des  os 
fossiles  par  de  l'acide  chlorhydrique  faible,  lors  même 
qu'ils  sont  très-anciens  ou  minéralisés,  ils  laissent 
pour  résidu  un  léger  squelette  organique  qui  provient 
de  l'osséine. 

Lorsqu'on  chauffe  les  os,  les  dents  ou  les  coprolites, 
dans  un  tube  fermé,  ils  prennent  une  couleur  plus  fon- 
cée et  généralement  ils  noircissent;  ils  dégagent  des 
substances  huileuses  ou  bitumineuses  ayant  une  odeur 
désagréable  qui  se  condensent  à  la  partie  supérieure 
du  tube;  ils  donnent  ensuite  de  l'ammoniaque  qui  co* 
lore  vivement  en  bleu  le  papier  de  tournesol  et  qui  est 
ordinairement  assez  abondante  pour  qu'on  la  recon- 
naisse immédiatement  à  son  odeur*  Si  l'on  opère  sur  une 
quantité  suffisante ,  on  constate  aussi  qu'ils  dégagent 

des  gaz  inflammables.  Tels  sont  les  effets  de  la  distilla- 

■■■— — i^i— ^»^.— ^.^»^p— .  I JM-»— — — — ^— ^i^—^^-^— ^^ 

(i)  von  Bibra.  ChefÊtUohê  UntertuAwnjfHi  Mmr  diôMmeekm 
und  Zàhne  der  Memehen  und  der  fFirbelthierê^  iSM. 


AmMAux.  187 

tien  $  ils  s'observent  très-bien  dans  ]e$  os  aj^partonwt 
à  répgqae  «fitn^  et  m  terrain  diluvien  ;  ils  ae  re- 
tronvent  ancw««  biw  qn'i  nn  degré  beaucoup  moindre» 
dans  lea  os  provenant  des  terrains  tertiaires,  crâtaotat 
jurassiques  et  m^e  des  terrains  plus  anciens. 

Du  Fpste,  Taiote  oiesure  en  quelque  sorte  la  quantité 
de  matiàres  organiqueti  des  animaux  fossiles  «  ou  du 
moins  il  permet  de  l'apprécier.  Pour  que  les  résultats 
des  essais  fussent  parfaitement  comparables,  il  faudrait, 
il  est  vrai,  que  les  animaux  examinés  appartinssent  à  une 
même  espèce  et  de  plus  à  une  même  partie  du  squelette. 
Car,  dans  leurs  os,  par  exemple ,  la  matière  organique 
varie  avec  les  espèces  d'animaux ,  et  dans  certaines  li- 
mites avec  des  individus  différents  ;  elle  varie  aussi  pour 
un  même  animal  avec  son  âge  »  avec  l'os  considéré  et 
avec  son  tissu.  Toutes  choses  égales  ^  elle  se  conserve 
mieux  dans  les  os  qui  «ont  très-compactes  et  difficile* 
ment  perméables. 

Le  gisement  des  os  fossiles  exerce  d'ailleurs  une 
grande  influence  sur  la  proportion  de  matières  orgar 
niques  qu'ils  renferment  ;  en  sorte  que  pour  apprécier 
complètement  les  effets  de  la  fossilisation ,  il  faudrait 
pouvoir  considérer  un  os  déterminé  d'un  même  animal, 
pris  dans  des  terrains  différents,  et  se  trouvant  pour 
chacun  d'eux  dans  les  mêmes  conditions  de  gisement. 

Les  espèces  variant  dans  la  série  des  terrains,  il  n'é- 
tait pas  possible  de  réaliser  cette  condition  d'une  ma- 
nière absolue  ;  mais  j'ai  cherché  k  m'en  rapprocher  le 
plus  posfflible  en  comparant  des  débris  fossiles  de  même 
nature.  Ainsi,  les  os,  le9  dents,  le^  têts  des  mollusques, 
les  végétaux  ont  été  comparés  entre  eux. 

Le  promis  tableau  placé  à  la  fin  de  ee  mémoire 
donne  la  descripticm  complète  de9  4iTW9  Qofps  organi- 
sés qui  ont  été  soumis  aux  essais.  Il  résume  les  résul- 


Veriihriê. 
Ot 


188  A^TE   ET   MATIÈRES  ORGANIQUES. 

tat3  obtenus  qui  sont,  autant  que  possible,  ordonnés 
par  rapport  à  Tazote* 

Afin  de  rendre  ces  résultats  plus  sensibles,  à  la 
suite  de  la  colonne  qui  fait  connaître  l'azote  exprimé  en 
millièmes,  vient  une  colonne  qui  est  intitulée  Rapport. 
Dans  cette  colonne  se  trouve  le  quotient  de  l'azote 
obtenu  avec  l'azote  fourni  par  un  corps  organisé  de 
même  nature  qui  a  servi  de  terme  de  comparaison  ;  ce 
dernier  a  d'ailleurs  été  représenté  par  i.ooo. 

{Tableau  I.) 

S  *>•  Si  l'on  considère  un  os  normal,  non  fossile,  renfer- 

mant 3o  p.  100  d'osséine  qui  contient  elle-même  18  p. 
100  d'azote,  son  azote  sera  de  54  millièmes.  Prenant 
cet  os  comme  terme  de  comparaison,  j'ai  recherché 
comment  l'azote  varie  dans  les  os  à  mesure  qu'on  des- 
cend dans  la  série  des  terrains. 

J'ai  d'abord  opéré  sur  des  os  appartenant  à  l'époque 
actuelle ,  mais  remontant  à  différentes  dates.  Or,  dans 
un  fémur  humain  provenant  des  Catacombes  de  Paris  et 
ayant  au  moins  un  siècle,  l'azote  était  déjà  réduit  à... 
$3,25.  Un  crâne  humain,  rencontré  dans  une  fouille  de 
la  Cité  et  remontant  sans  doute  aux  premiers  temps  de 
Paris,  avait. «•  92,74  d'azote.  Divers  os  d'homme  et  de 
sanglier  datant  de  Jules  César  et  de  l'époque  gallo-ro- 
maine, c'est-à-dire  de  plus  de  quinze  cents  ans,  en  ont 
donné  un  peu  moins.  Il  y  en  avait  beaucoup  moins  en- 
core et  seulement. . .  1 1 , 1 4  dans  les  ossements  celtiques 
trouvés  à  Meudon  par  M.  E.  Robert  (1).  Ces  premiers 
résultats  montrent  bien  que  dans  les  os  l'azote  diminue 
à  mesure  que  l'ancienneté  augmente. 

Cependant,  dans  un  crâne  de  momie  ayant  plus  de 

(1)  Voyage  en  Scandinavie  et  en  Zapom'e,  p.  109.  Re- 
cheréhes  sur  le  B^our  des  Celtes  dans  les  enTirons  de  Pans,  etc., 
et  notice  sur  le  même  sujet,  par  M.  Serre. 


▲NIMAUX.  189 

deux  mille  ans,  j'ai  encore  trooyé...  97,01  d'azote.  Mais 
cette  exception  ne  doit  pas  surprendre  ;  car  les  momies 
sont  préservées  de  la  destruction  par  l'embaumement  ; 
elles  sont  dans  un  ^  climat  trës^sec  ;  en  outre ,  elles  se 
trouvent  généralement  dans  des  caveaux  au  lieu  d'être 
enfouies  sous  terre.  L'altération  éprouvée  résulte  donc 
simplement  de  l'action  exercée  par  l'atmosphère;  c'est 
l'air  secondé  par  l'humidité  qui  a  produit  une  com- 
bustion lente  de  l'osséine  et  qui  a  réduit  l'azote  à... 
37,01,  soit  à  5o  p.  100. 

Dans  un  autre  crâne  de  momie,  qui  était  d'ailleurs 
très-friable  et  complètement  altéré ,  je  n'ai  même  plus 
trouvé  que...  3,69  d'azote. 

Il  était  surtout  intéressant  d'examiner  parmi  les  os 
humains  ceux  auxquels  on  attribue  la  plus  haute  anti- 
quité. Sur  les  flancs  de  la  montagne  volcanique  de  De- 
nise, près  le  Puy-en-Velay,  des  squelettes  humains  ont 
été  trouvés  au  contact  d'une  brèche  volcanique,  et  cer- 
tains géologues  ont  pensé  d'après  cela  que  l'homme 
était  contemporain  des  volcans  de  la  France  centrale.  Sir 
Charles  Lyell  m'a  remis  un  fragment  de  crâne  qui  pro- 
venait de  ce  gisement,  et  j'ai  constaté  qu'il  renfermait... 
18,46  d'azote. 

Un  autre  gisement  d*os  humains  qui  serait  encore  beau- 
coup plus  remarquable  vient  d'être  découvert  à  Aurignac 
par  M.  Lartet.  D'après  ce  savant  paléontologiste,  les  os 
humains  y  seraient  associés  à  ceux  des  animaux  les 
plus  caractéristiques  des  cavernes  ou  du  terrain  dilu* 
vien,  notamment  à  l'ursus  spelaeus,  au  rhinocéros  ti- 
chorinus,  k  l'elephas  primigenius  et  surtout  au  renne; 
en  outre,  ils  leur  seraient  contemporains.  La  recherche 
de  l'azote  dans  ces  os  humains  d' Aurignac  présentait 
donc  un  très-grand  intérêt;  or  j'ai  trouvé  qu'il  y  en 
avait  seulement...  i5,65.  Les  os  humains  de  Denise  et 


igo  AZOTE  £T  MATIÈEBS  ORGANIQUES. 

<)*  Aurignac  renferment  plus  d^azote  que  les  os  celtiques 
de  Meudôii  ;  mtàê  ees  derniers  étaient  danè  un  eâdfOlt 
très^humide,  en  sorte  que  leur  oss&ne  sivait  dfi  se  d^ 
truire  plus  rapidement. 

Quand  les  os  ont  été  minéralisés  ou  bien  enfouis  dâtii 
un  gisement  Anormal,  quand  ils  sont  cdfistftmtnétit  hêi^ 
gnés  par  Teau»  ils  perdent  au  bout  du  même  temps  UM 
plus  grande  quantité  d'asote*  Ainsi  un  os  huâiâin  pr^ 
venant  d'uu  tumulus  de  Panaasac  qu*oû  suppose  ààlM 
au  plus  de  neuf  cents  ans,  n'avait  que...  io,54  d'azote* 
Il  était  d'ailleurs  imprégné  d'oxyde  de  fer,  et  de  pltti 
le  têt  calcaire  d'unios  se  trouvant  dans  son  voisinage 
AVût été  complètement  dissous}  par  èUiteil  avait  été  soti« 
mis  k  une  infiltration  acidulé  et  uûe  altération  plus  ri^ 
pide  de  son  osséine  devdt  nécessairement  en  résulter. 

Pour  un  crAne  humain  qui  était  encbissé  dans  un 
conglomérat  marin  et  coquillier  du  Brésil ,  l'azote  s'est 
d'ailleurs  réduit  à.«.  i,64t  cette  faible  proportion  est 
tout  à  fait  exceptionnelle  pour  les  os  de  l'époque  ac^ 
tuelle,  puisqu'elle  diffère  peu  de  <telle  des  os  du  terrain 
diluvien  dans  lesquels  on  en  trouve  le  moins.  Il  est 
possible  qu'elle  tienne  en  partie  à  ce  que  Ce  crftne  du 
Brésil  est  trës^ancien  ;  mais  je  suis  porté  à  croire  qu'on 
doit  surtout  l'attribuer  à  son  gisement  ;  en  effet,  ce  crftne 
a  été  fossilisé  dans  un  climat  très-cbaud  ;  il  était  plongé 
dans  l'eau  de  mer  comme  le  démontre  son  association 
avec  des  coquilles  marines  ;  en  outre,  il  se  trouvait  dans 
une  roche  poreuse,  imprégnée  et  cimentée  par  des  infll' 
trations  calcaires.  Toutes  ces  causes  concoiu'aient  donc 
à  détruire  plus  rapidement  la  matière  organique. 

L'Age  tend  visiblement  A  réduire  de  plus  en  pltis  la 
proportion  d'azote  contenue  dans  les  os  de  l'époque 
actuelle;  mais  lorsqu'on  veut  préciser  son  influence» 
on  est  surtout  arrêté  par  la  diiScuIté  qu'on  éprouve 


AHIMAUX.  igi 

à  se  procurer  des  os  qui  aient  un  âge  bien  authen- 
tique et  qui  remontent  à  une  époque  un  peu  reculée. 

Les  OB  du  terrain  diluvien  ont  donné  des  résultats 
qui  diffèrent  beaucoup  entre  eux.  Ainsi,  un  cberal  et  un 
bœuf  fossiles  d'une  brècbe  osseuse  de  Ver,  dans  TOise, 
contiennent  environ. . •  i  o  d'azote ,  c'est-à-dire  presque 
autant  que  les  os  humains  d' Aurignac  et  de  Heudon  ; 
tandis  qu'il  y  en  a  seulement. . .  1,17  dans  une  vertèbre 
de  cétacé  du  terrain  diluvien  de  Saint-Omer.  D*un  autre 
côté,  il  n'y  a  plus  que...  o,8g  d'azote  dans  le  megatfae- 
rium,. .  .0,6 1  dans  lacarapace  du  glyptodon,  et  l'on  consi^ 
dère  ces  animaux  comme  appartenant  aussi  au  terrain  di- 
luvien. L'ursus  spelsus  des  grottes  d'Osselles  n'a  donné 
également  que...  0,89;  mais  cela  tient  vraisemblable- 
ment à  ce  qu'il  a  été  fortement  imprégné  de  ehaux  car^ 
bonatèe;  car,  d'après  Marchand ,  l'ursus  spelaeus  peut 
renfermer  plus  de  16  p.  100  de  matière  organique  (t). 

La  brèche  osseuse  de  Ver  présente  des  débris  de  che- 
vaux, de  cerfs,  de  bœufs ,  d'hyènes  et  peut-être  même 
de  rhinocéros  ;  elle  appartient  à  un  terrain  diluvien  ayant 
au  plus  quelques  mètres  d'épaisseur  et  remplissant  une 
légère  dépression  du  sol  sur  une  colline.  La  grande  pro- 
portion d'azote  trouvée  dans  tous  les  os  provenant  de 
cette  brèche  me  porte  à  la  regarder  comme  beaucoup 
plus  récente  que  le  terrain  diluvien  qui  est  à  un  niveau 
plus  bas  et  qui  remplit  les  vallées.  C'est  d'ailleurs  ce 
qui  sera  confirmé  plus  loin. 

Dans  le  terrain  tertiaire,  pour  des  palœotherium  en- 
veloppés dans  le  gypse  ou  dans  le  minerai  de  fer,  l'azote 
n'a  pas  dépassé...  0,4 1*  H  éiaàt  de...  o,35  pour  une 
tortue  miocène  de  l'Allier,  de...  0,1g  pour  le  rhinocé- 
ros des  iahluns  et  de...  0,1a  pour  un  hipparion  de  Pi- 


(1)  Dumas.  Traité  de  chimie^  U  VIII. 


193  AZOTE   ET   MATIÈRES  OEGAinQ0E8. 

kermi.  Ce  dernier  fossile  appartient  au  miocène  supé- 
rieur d'après  M.  A.  Gaudry,  et  on  s'explique  pourquoi 
il  retient  aussi  peu  d'azote,  en  observant  que  ses  œllules 
sont  complètement  remplies  par  de  la  chaux  carbo- 
natée  spathique. 

Deux  côtes  de  lamantin  ayant  une  cassure  pien'euse, 
conchoïde,  un  éclat  lustré  et  provenant,  l'une  des  fah- 
luns,  l'autre  des  sables  de  Fontainebleau  de  Jeurre,  ont 
donné  des  résultats  peu  différents.  La  première,  qui  est 
brune  et  très-ferrugineuse, contient.. .0,2 1  d'azote,  àpeu 
près  comme  les  os  de  rhinocéros  du  même  gisement  ;  la 
deuxième,  qui  est  imprégnée  de  chaux  carbonatée,  n'en 
a  plus  que...  0,12.  Bien  que  les  os  des  fahluns  aient  été 
partiellement  changés  en  phosphate  de  fer,  ils  sont  durs, 
sonores,  et  ils  paraissent  conserver  un  peu  plus  d'azote 
que  ceux  qui  sont  imprégnés  de  chaux  carbonatée. 

Si  l'on  passe  au  terrain  jurassique,  l'azote  trouvé  dans 
les  os  de  sauriens  ne  dépasse  pas  o,  1 6  ;  il  est  encore  in- 
férieur à  ce  qui  a  été  obtenu  généralement  pour  le  terrain 
tertiaire  »  toutefois  la  différence  est  extrêmement  faible. 

Ainsi  l'osséine  ou  la  matière  organique  des  os  pré- 
sente une  résistance  très-grande  à  la  destruction  ;  elle 
se  retrouve  jusque  dans  des  terrains  qui  remontent  & 
une  période  incalculable  de  siècles.  Elle  diminue  généra- 
lement à  mesure  que  l'ancienneté  du  terrain  augmente. 
La  différence  est  surtout  bien  marquée  entre  l'époque 
actuelle  et  les  autres  terrains  ;  mais  à  partir  du  terrain 
tertiadre  elle  devient  très-faible.  Si  l'on  considère  l'a- 
zote en  particulier,  il  peut  s'élever  encore  à  4o  p.  100 
après  une  durée  de  deux  mille  ans.  Ordinairement,  il  ne 
dépasse  guère  a  p.  100  dans  le  terrain  diluvien  déposé 
au  fond  des  vallées  ;  il  reste  inférieur  à  1  p.  1 00  dans 
le  terrain  tertiaire,  et  il  se  réduit  à  quelques  millièmes 
dans  les  terrains  plus  anciens. 


Denlf. 


ARIMAUX.  195 

FéndaDt  l'époque  actuelle,  la  proportion  d'asote  va- 
rie dans  des  limites  assez  étendues  pour  que  le  dosage 
de  l'azote  dans  un  os  puisse  servir  à  contrôler  son  âge 
et  même  venir  en  aide  à  l'archéologie. 

Toutefois,  il  importe  d'observer  que  les  conditions 
dans  lesquelles  un  os  a  été  fossilisé  exercent,  indépen- 
damment de  l'âge ,  une  très-grande  influence  siir  la 
proportion  d'azote  qu'il  contient;  et  chaque  fois  qu'il  a 
été  fortement  imprégné  par  de  la  chaux  carhonatée,  de 
la  silice  9  de  la  pyrite  de  fer  ou  de  l'oxyde  de  fer,  son 
azote  diminue  plus  rapidement. 

Ces  remarques  sont  d'aiUeurs  générales,  et  on  re- 
connaîtra bientôt  qu'elles  s'appliquent  à  tons  les  corps 
organisés,  animaux  ou  végétaux. 

Les  dents  et  les  défenses  contiennent  beaucoup  %u. 
moins  de  matières  organiques  que  les  os  ;  je  n'ai  même 
trouvé  que...  35,71  d'azote  dans  une  défense  d'élé- 
phant vivant,  soit  66  p.  100  de  ce  qu'il  y  a  moyenne- 
ment dans  les  os.  Comme,  d'après  leur  destination,  les 
dents  et  les  défenses  doivent  être  très-dures,  on  com- 
prend d'ailleurs  pourquoi  elles  sont  pauvres  en  matières 
organiques.  Les  dents  ont  surtout  très-peu  de  matières 
organiques  dans  leur  émail.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  va 
voir  que  ces  matières  ne  résistent  pas  moins  bien  à  la 
destruction  dans  les  dents  et  les  défenses  que  dans  les 
autres  parties  du  squelette. 

En  elTet,  une  dent  de  momie  a  donné  à  Lassaigne 
29  p.  100  de  matières  organiques,  c'est-à-dire  autant 
qu'une  dent  d'homme  adulte.  Des  dents  d'ours  fossile 
contiennent  encore  i4  p.  100  de  matière  organique. 

J'ai  même  constaté  qu'une  dent  d'hyaena  spselea  des 
brèches  osseuses  d' Anvers  ne  renfermait  pas  moins 
de...  26,95  d'azote;  elle  en  avait  plus  que  certains  os 
humains.  D'un  autre  côté,  M.  Frémy  a  trouvé  20  p.  100 

TOMB  XVm,  iS6o.  i3 


194  AZOTE   ET  MATIÈEEd  ORGANIQUES. 

de  matidre  organique  dans  des  os  d*hyëne  provenant  des 
cavernes  de  Kirkdale.  Ces  résultats  sont  remarquables; 
car  ils  indiquent  que  le  sol  de  la  France  et  de  l'Angle^ 
terre  était  habité  par  les  hyènes  dès  l'époque  actuelle 
et  môme  à  une  époque  qui  est  encore  peu  éloignée 
de  nous. 

J'ai  encore  essayé  la  dent  molaire  d'un  mammouth 
provenant  de  Russie  et  appartenant  à  la  collection  de 
l'École  des  Mines.  Sa  partie  osseuse  qui  était  blanc  jau^ 
nfttre  a  donné  seulement...  i5,95  d'azote.  Quant  à  son 
émail  qui  était  blanc-bleuàtre,  translucide  et  qui  parais- 
sait aussi  bien  conservé  que  si  elle  datait  de  l'époque 
actuelle,  il  ne  contenait  que...  9,97  d'azote.  L'émail  à 
donc  beaucoup  moins  de  matières  organiques  que  l'os 
qui  forme  une  dent,  et  c'est  d'ailleurs  facile  à  com- 
prendre puisqu'il  est  extrêmement  dur. 

Remarquons  maintenant  que  cette  dent  de  mam- 
mouth renferme  moins  d'azote  que  la  dent  de  hyène 
d' Anvers.  Ce  résultat  qui  est  assez  extraordinaire  peut 
s'expliquer  en  admettant  qu'elle  a  été  dégagée  des 
glaces  depuis  une  époque  reculée,  et  elle  porte  du  reste 
quelques  traces  d'altération. 

Les  dents  appartenant  au  terrain  diluvien  proprement 
dit,  qui  a  rempli  les  vallées,  contiennent  beaucoup 
moins  d'azote  que  celles  des  cavernes  et  des  brèches 
qui  sont  à  un  niveau  plus  élevé.  Une  dent  de  toxodon 
de  Buenos-Ayres  n'avait  que...  o,48  d'azote;  il  yen 
avait  seulement...  0,19  dans  une  dent  molaire  d'élé- 
phant du  terrûn  diluvien.  Une  dent  de  squale  miocène 
retenait  encore...  0,4^  d'azote;  une  autre  de  la  base  du 
calcaire  grossier  n'en  avait  plus  que...  0,16.  Une  dent 
de  mastodonte  du  miocène  n'en  a  donnéque. . .  0, 1 5.  Pour 
le  bone-bed  du  Keuper,  l'azote  s'est  élevé  à...  0,84;  insds 
cela  doit  moins  être  attribué  aux  dents  et  aux  os  qui 


Défemes. 


ANllUUX.  195 

s'y  trooYdieQt  ({u'à  l'argile  mélangée  qui  leur  servait 
de  dînent. 

Au-dessous  du  terrain  diluvien,  les  dents  renferment        s  2s. 
donc  très-peu  d'azote  et  beaucoup  moins  qu'on  ne  serait 
porté  à  le  croire  d'après  leur  bel  état  de  conservation. 

Parmi  les  défenses  fossiles,  il  était  particulière- 
ment intéressant  d'examiner  celle  du  mammouth  de  Si- 
bérie, car  elles  sont  assez  bien  conservées  pour  être 
employées  comme  ivoire.  La  défense  sur  laquelle  j'ai 
opéré  m'a  été  donnée  par  M.  de  Verneuil  ;  elle  avait 
avait  une  couleur  blanc-jaunâtre,  et  elle  était  très  légè- 
rement imprégnée  de  fer;  à  sa  surface,  on  remarquait 
même  un  peu  de  fer  phosphaté  bleu  ;  traitée  par  l'acide 
cblorbydrique ,  elle  donnait  beaucoup  de  gélatine  :  elle 
contenait  encore.. •  3i,g5  d'azote,  c'est-à-dire  89  p.  100 
de  ce  qui  se  trouve  dans  l'éléphant  vivant. 

J'ai  encore  examiné  plusieurs  défenses  d'éléphant  et 
de  mastodontes  mises  à  ma  disposition  par  M.  Lartet, 
et  qui  provenaient  du  terrain  diluvien  ou  tertiaire. 

Dans  celles  du  terrain  diluvien,  l'azote  est  resté  infé- 
rieur à  1  millième. 

Deux  défenses  de  mastodon  angustidens  prises  dans 
une  même  sablonnière  miocène  et  se  trouvant  :  la  pre- 
mière dans  un  sable  granitique  grossier,  la  deuxième 
dans  un  sable  fin  un  peu  calcaire,  ont  donné...  0,19 
et...  o,i4  d'azote.  Une  défense  de  mastodonte  prwe- 
nant  du  calcaire  miocène  de  Sansan  n'avait  également 
que...  0,1 5  d'azote.  Dans  les  diverses  défenses  du  ter- 
rain tertiaire  que  j'ai  essayées,  l'azote  n'a  pas  dépassé 
quelques  dix  millièmes. 

Quoique  les  dents  et  les  défenses  contiennent  moins 
d'azote  que  les  os,  celles  qui  sont  fossilisées  et  au-des- 
sous du  terrain  diluvien  en  renferment  presque  autan 
que  les  00  de  même  âge.  Il  semblerait  même  que  celles 


ig6  AZOTE  ET  MATIÈKES  ORGANIQUES. 

qui  appartieanent  à  l'époque  actuelle,  s'altèrent  plus 
lentement  que  les  os.  Ces  résultats  doivent  sans  doute 
être  attribués  à  ce  que  leur  tissu  est  très-serré  et  presque 
compacte. 

Les  dents  et  les  défenses  finissent  cependant  par 
perdre  presque  toutes  leurs  matières  organiques  par 
la  fossilisation;  de  même  que  les  os,  elles  les  con* 
servent  seulement  dans  le  terrain  diluvien  glaciaire  de 
la  Sibérie. 

La  disparition  des  matières  organiques  des  défenses 
explique  très-bien  pourquoi  elles  deviennent  souvent 
tellement  friables,  qu'elles  se  réduisent  en  poussière 
lorsqu'on  veut  les  recueillir. 

M.  Lartet  a  constaté  que  généralement  les  défenses 
du  miocène  de  la  Garonne  sont  bien  conservées,  dures 
et  pesantes  ;  tandis  que  celles  des  alluvions  diluviennes, 
bien  qu'étant  plus  récentes,  sont  blanches,  légères, 
friables. 

Pour  les  défenses,  comme  pour  les  dents,  la  propor- 
tion d'azote  devient  très-faible  au-dessous  du  terrain 

m 

diluvien,  et  elle  paraît  même  rester  inférieure  à  un 
demi -millième;  elle  dépend  d'ailleurs,  non-seulement 
de  leur  âge,  mais  encore  des  circonstances  variées  dans 
lesquelles  s'est  opérée  leur  fossilisation. 
S  S8.  Des  bois  de  ruminants  ont  également  été  examinés. 

L'un  appartenant  à  un  cerf  gigantesque  (cervus  mega- 
ceros)  des  tourbières  de  l'Irlande,  contenait  encore  une 
grande  proportion  de  matière  organique  qui  formait 
une  gelée  épaisse  quand  on  l'attaquait  par  l'acide 
chlorhydrique  ;  son  azote  s'élevait  à...  28,07.  L'autre, 
provenant  d'un  cerf  du  terrdn  diluvien  était  fortement 
imprégné  de  chaux  carbonatée  et  n'avait  plus  que. . .  o,5 1 
d'azote. 
La  conservation  de  la  matière  organique  du  cervns 


Boit. 


ANIMAUX.  197 

megaceros,  tient  surtout  à  son  gisement  ;  car  il  a  été  fos- 
silisé dans  des  dépôts  tourbeux,  et  les  débris  animaux 
ou  végétaux  7  subissent  une  sorte  de  tannage  qui  les 
préserve  très-bien  de  la  décomposition. 

Toutefois  les  os  conservés  dans  les  lignites  se  sont 
trouvés  à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions,  ils  sont 
seulement  plus  anciens.  Or  une  carapace  de  tortue 
provenant  des  lignites  de  l'argile  plastique  n'a  donné 
que...  0,35  d'azote,  c'est-à-dire  pas  plus  que  les  autres 
os  du  terrain  tertiaire.  Par  conséquent,  il  est  probable 
que  la  grande  proportion  de  matière  organique  du  cer- 
vus  megaceros  tient,  non-seulement  à  sa  fossilisation 
dans  des  eaux  tourbeuses,  mais  aussi  à  ce  qu'il  a  dis* 
paru  à  une  époque  qui  n'est  pas  très-reculée. 

Les  coprolites  de  certains  animaux  offrent  une  très-  %  37. 
grande  résistance  à  la  destruction  et  souvent  les  ma-  c©proiii«i. 
tières  organiques  s'y  conservent  mieux  que  dans  les  os. 
On  peut  citer  notamment  ceux  des  oiseaux,  des  rep- 
tiles, des  poissons ,  des  hyènes ,  et  en  général  des  ani- 
maux carnassiers  qui  mangent  des  os.  L'analyse  des 
coprolites  fossiles  a  montré,  en  effet,  qu'ils  contiennent 
toujours  beaucoup  de  phosphate  de  chaux.  La  propor- 
tion d'azote  des  coprolites  varie  d'ailleurs  avec  les  ani- 
maux qui  les  ont  produits.  Ceux  des  oiseaux  qui  vivent 
au  bord  delà  mer  et  qui  se  nourrissent  de  poissons  sont 
particulièrement  riches  en  azote  et  en  ammoniaque,  en 
sorte  qu'ils  sont  très-recherchés  comme  engrais  pour 
l'agriculture. 

Dans  le  guano  du  Pérou,  qui  est  surtout  formé  par 
des  excréments  d'oiseaux  de  l'époque  actuelle,  l'azote 
s'élève  jusqu'à...  1 67,5  ;  c'est  un  maximum  auquel  on 
peut  comparer  l'azote  trouvé  dans  les  autres  coprolites. 
Une  moyenne  de  quatorze  essais  a  donné...  1 4^990  d'a- 
zote pour  le  guano  des  lies  de  Chincha  qui  est  trè^- 


198  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

ammoniacal  (1).  Dans  le  guano  d'Afrique,  Tazote  se  ré- 
duit à...  97,40.  Il  est  de..«  5o,5o  dans  le  guano,  de 
chauve-souris  recueilli  dans  les  grottes  de  l'Algérie  (d). 

Tandis  que  la  poudrette  de  Montfaucon,  préparée 
avec  les  excréments  humains,  renferme.  ••  s  6,70  d'azote, 
celle  qui  résulte  du  dépôt  de  ces  mêmes  excréments  dans 
les  voiries  établies  autrefoisdans  les  anciennes  carrières, 
perd  rapidement  la  plus  grande  partie  de  son  azote. 
H.  Hervé-Mangon  a  même  constaté  qu'après  un  siècle, 
elle  n'en  renferme  plusque* .  •  1 ,84-  Aussi,  bien  que  cette 
poudrette  existe  en  amas  considérables  sousParis- 
Vaugirard,  et  dans  quelques  autres  localités,  elle  est 
assez  pauvre  pour  que  jusqu'à  présent  on  ne  l'ait  pas 
exploitée  comme  engrais  pour  l'agriculture. 

On  trouve  fréquemment  dans  les  brèches  osseuses  et 
surtout  dans  les  cavernes,  des  coprolites  de  carnassiers, 
particulièrement  de  hyène;  ils  sont  connus  sous  le 
nom  A'albnm  grxcum^  album  vêtus.  L'examen  d'un  de 
ces  coprolites  provenantde  la  Hyasua  spelœa  desbrèches 
osseuses  d'Auvers,  a  montré  qu'il  était  blanc  jaunâtre, 
très-légèrement  celluleux,  qu'il  contenait  des  débris  d'os 
et  accidentellement  quelques  grains  de  quartz  ^nsi  que 
des  paillettes  demies;  il  n'avait  pas  commele  guano,  de 
Tacide  urique  ;  son  azoteétait  de. . .  9 , 1 0.  Un  autre  copro^ 
lite,  également  de  hyène,  qui  provenait  du  terrain  di- 
luvien de  Ver,  n'en  avait  même  plus  que...  0,86;  ce 
dernier  était  d'ailleurs  dans  un  terrain  sableux,  très- 
perméable  et^  une  petite  distance  du  sol. 

Les  coprolites  du  terrain  tertiaire,  signalés  par  H.  Des- 
noyers dans  les  marnes  supérieures  au  calcaire  gros- 

(  1  )  Bottssaiogault.  Gtsement  du  guaoo  dans  les  flots  et  sur  les 
côtes  de  Tocéan  Pacifique.  Comptes  rendus,  t.  U,  p.  SUd- 

(9)  Barrai.  Rapport  du  jury  de  i'^exposilion  univeriêlU 
de  iS55,  t  I,  p.  i^e. 


mt  de  Sa90y,  ont  doimâ  beaucoup  de  gty  i  1»  dîetiU»^ 
tion  et  ne  renfermaient  pas  moins  de«..  0,7}  4*M0tsu 

Des  coprolites  du  terrain  crétacé  et  du  miwcbelkalk 
retenaient  encore  plus  de*. «  o»3d'azote« 

M.  Stanèck  a  analysé  des  coprolites  de  poissons  ap- 
partenant au  grès  rouge  d'Oberlangenau  en  BobèmOt 
ils  contiennent...  36,97  de  matière  minérale  qui  est 
formée  de  pbospbate  et  de  carbonate  de  cbaux,  ainsi  que 
de  chlorure  de  sodium.  Lsur  azote  s'élèverait  d'après 
M.  Stanèck  à».«  16  et  même  &«»•  sa?  Cette  proportion 
est  bien  supérieure  h  celle  qu'il  serait  naturel  de  sup- 
poser dans  des  terrains  aussi  anciens, 

La  nature  et  le  gisement  des  coprolites  font  varier 
beaucoup  Tazote  qu'ils  renfermenti  mus»  quoi  qu'il  en 
soit,  cet  azote  diminue  généralement  à  mesure  qu'on 
descend  dans  la  série  des  terrains.  D'un  autre  côté,  il 
est  engagé  dans  des  matières  organiques  qui  résistent 
très-bien  h  la  fossilisation,  et  sa  proportion  est  souvent 
supérieure  à  celle  trouvée  dans  les  os  de  même  ftge. 

L'hunûdité  provoque  surtout  une  destruction  rapide 
des  matières  organiques  dans  les  coprolites,  et  c'est 
particulièrement  bien  sensible  pour  le  guano  ;  car  il  est 
ammoniacal  dans  un  climat  sec,  tandis  qu'il  devient 
terreux  et  qu'il  s'euricbit  en  phosphate  de  chaux  dans 
un  climat  pluvieux.  Pour  les  coprolites  des  cavernes, 
c'eut  encore  l'humidité  plus  ou  moins  grande  qui  règle, 
la  proportion  d'azote.  Les  diiTérences  sont  bien  mer*^ 
quèfô  pour  l'époque  actuelle;  toutefois,  elles  tendent  & 
disparaître  dès  que  les  coprolites  sont  fossiles  ou  expo- 
sés à  rhumidité. 

Les  nodules  sphériques  de  chaux  phosphatée  qu'on 
trouve  dans  le  gault  de  Folkestone  sont  simplement 
des  concrétions;  car  ils  n'ont  pas  la  forme  des  copro- 
lites et  ils  sont  plus  pesants  ;  en  outre,  il  importe  de 


s  38. 

CruiUiôis. 
Imêdês, 


S  39. 

MûUuique$* 
Tel  calcaire. 


aOO  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

remarquer  qu'ils  contiennent  moitié  moins  d'azote  que 
les  coprolites  du  terrain  crétacé. 

On  peut  constater  d'ailleurs  que  la  quantité  d'azote 
des  coprolites  est  notablement  supérieure  à  celle  des 
roches  dans  lesquelles  ils  s'observent  ;  et  par  consé- 
quent l'analyse  chimique  vient  lever  tous  les  doutes 
qu'on  pourrait  conserver  sur  leur  origine  animale. 

Parmi  les  animaux  non  vertébrés,  les  insectes  et  les 
crustacés  ont  un  squelette  tegumentaire  qui  est  en  par- 
tie formé  par  des  sels  calcaires  unis  à  de  la  Chitine.  Or 
cette  matière  organique  ne  contient  pas  d'azote  d'après 
M.  Frémy,  et  elle  oppose  une  résistance  remarquable  à 
tous  les  agents  de  décomposition  (i).  Le  squelette  tegu- 
mentaire des  insectes,  des  crustacés  et  par  suite  des  tri- 
lobites  étant  encore  moins  altérable  que  les  os,  il  n'est 
pas  étonnant  que  ces  animaux  se  retrouvent  à  l'état  fos- 
sile et  en  bon  état  de  conservation  jusque  dans  le  terrain 
houiller  et  même  dans  les  terrains  plus  anciens. 

Les  mollusques  sécrètent  généralement  un  têt  cal- 
caire qui  se  conserve  bien  dans  la  fossilisation  et  dans 
lequel  il  était  intéressant  de  rechercher  les  matières 
organiques  (s). 

D'après  MM.  Carpenter  et  G.  Rose,  la  chaux  carbo- 
natée  qui  constitue  le  têt  des  mollusques  est  renfermé 
dans  des  cellules  formées  par  une  matière  organique  ; 
cette  matière,  qu'on  met  facilement  en  évidence  en  dis- 
solvant le  carbonate  de  chaux  dans  un  acide,  a  été 


(i)  Peiouze  et  Frémj,  Traité  de  eMmie^  s*  édition,  t  VI, 
p.  93  et  98S. 

(3)  Relativement  à  la  composition  da  tôt  des  mollusques,  voir 
les  travaux  de  Hatcbett,  B.  Silliman  Junior,  Dana,  Marcel  de 
Serres  et  Figuier,  Damour,  G.  Rose.  Ueber  die  heteromorphm 
Zûstande  der  Kohlmtaûzen  Kalkerde  a%u  den  jâbhandlungen 
der  K.  Akadmi»  der  fFiiiemçhaftûn.  Zu  Berlin,  i858,  a*  par- 
tie, p«  75* 


AHiiiACX.  aoi 

nommée  CcnekioKne  par  MM.  Frémy  et  Schlossberger. 
Elle  est  isomérique  de  Tosséme,  mus  ne  donne  pas 
de  gélatine  dans  Tean  bouillante.  Par  la  fossilisation , 
elle  s'altère  plus  ou  moins,  sans  être  complètement 
détruite. 

n  est  facile  de  constater,  en  effet,  que  le  têt  calcaire 
des  mollusques  fossiles  contient  encore  de  petites 
quantités  de  matières  organiques.  Car,  chauffé  dans  le 
tube  fermé,  il  prend  une  couleur  plus  foncée  ou  grisâ- 
tre ;  en  outre,  il  dégage  assez  d'ammoniaque  pour 
bleuir  fortement  le  papier  de  tournesol.  Dissous  dans 
un  adde  faible,  il  peut  même  laisser  un  léger  résidu  de 
matières  organiques.  MH.  Marcel  de  Serres  et  Figuier 
ont  d'ailleurs  reconnu,  par  l'analyse  comparative  de  co- 
quilles vivantes  et  fossiles  appartenant  à  l'époque  ac*- 
tueUe,  que  leurs  matières  organiques  se  conservent  en 
partie  dans  la  fossilisation ,  mais  qu'elles  se  réduisent 
quelquefois  au  cinquième. 

Le  tèt  des  mollusques  a  souvent  un  éclat  nacré  qui 
révèle  la  présence  de  matières  organiques  ;  cependant, 
dans  ce  cas,  il  en  renferme  généralement  très-peu, 
comme  l'ont  remarqué  de Boumon  etHatchett.  Ainsi,  le 
têt  de  porcelaines,  qui  a  un  bel  éclat  nacré  et  des  couleurs 
sivives,  est  presque  exclusivement  formé  de  carbonatede 
chaux.  H.  Schlossberger  a  constaté  également  que,  dans 
les  huîtres,  la  partie  nacrée  contient  seulement...  s, 2 
de  matières  organiques,  tandis  qu'il  y  en  a. ..  6,27  dans 
la  partie  feuilletée.  Bien  qu'elle  soit  en  petite  quan- 
tité, la  matière  organitpie  qui  donne  l'éclat  nacré ,  ré- 
siste d'ailleurs  très-bien  à  la  fossilisation  ;  et  cet  éclat  se 
retrouve  aussi  vif  que  pendant  la  vie  de  l'animal  dans 
les  fosses  qui  proviennent  de  certains  gisements  ;  je 
citerai  notamment  la  lumachelle  de  Carinthie ,  le  trias 
d'É^o,  le  minerai  de  fer  de  la  Verpillière  et  celui  de 


%Q9  AZOTE   ET  MATABJSS  ORGANIQUES. 

divers  terrains,  les  argiles  du  lias,  de  Toxfordien,  du 
gault  et  en  général  les  roches  appartenant  aux  terrains 
jurassiques  ou  crétacés  et  surtout  aux  terrains  ter- 
tiaires. 

Il  peut  arriver,  d'ailleurs,  que  le  carbonate  de  chaux 
soit  dissous  et  que  la  matière  organique  soit  conservée; 
c'est,  par  exemple,  ce  que  M.  Lartet  a  observé  sur  des 
unios  trouvés  avec  des  armes  du  xi*  siècle  dans  un 
tumulus  de  Panassac  dans  le  département  du  Gers.  Ces 
unios  ne  contenaient  plus  traces  de  carbonate  de  chaux, 
mais  la  matière  organique  formant  leur  épiderme,  pré- 
sentait un  tissu  léger,  élastique,  ayant  conservé  leur 
forme  et  même  leur  couleur. 

Dans  le  fossile  assez  peu  connu  qui  a  reçu  le  nom 
d'aptychus,  il  ne  reste  que  très-peu  de  matière  organi- 
que :  je  l'ai  constaté ,  par  exemple,  pour  un  aptychus 
à  têt  calcaire  et  celluleux ,  provenant  du  terrain  ox- 
fordien  de  la  Voûlte  ;  sa  distillation  était  à  peine  alca- 
line et  sa  proportion  d'azote  très-faible. 

L'azote  contenu  dans  la  coquille  de  Thuttre  comes- 
tible s'élève  à...  4;  odais  dans  Tostrea  deltoidea  de 
l'argile  de  Kimmeridge,  il  se  réduit  h...  0,06;  dans  la 
gryphée  arquée  du  lias,  il  est  à.  peine  appréciable  ; 
peut-être  même  la  faible  quantité  obtenue  est-elle  due 
à  un  mélange  d'argile. 

Les  têts  calcaires  qui  ont  été  essayés  proviennent 
de  mollusques  variés  et  de  terrains  séparés  l'un  de 
l'autre  par  une  incalculable  durée.  Malgré  cela,  leur 
proportion  d'azote  reste  à  peu  près  la  même  et  déplus 
elle  est  très-faible  ;  c'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu  pour 
le  pectunculus  pulvinatus  des  fahluns,  le  ceritbium 
echidnoides  du  calcaire  grossier  de  Gentilly,  le  belem- 
nites  mucronatus  de  la  craie  blanche  de  Meiidop^  le 
cyatopbyllum  vermiculare  du  terrain  devonien.  L'azote 


coDteHii  daas  le  tel  cakaîre  de  tovs  ces  nudlnsquet 
reste  iofériear  à..,  e,8. 

Ainsi,  le  t6t  calcaire  des  mollQsques  foseilee  retient 
très-peu  de  matières  organiques*  Bien  que  ces  matières 
tendeDt  encore  à  diminuer  à  mesure  qu'on  descend  dans 
la  série  des  terrains,  il  existe  à  peine  une  différence  sen- 
oble  entre  les  mollusques  tertiaires  et  ceux  des  terrains 
les  plus  anciens.  C'est  d'ailleurs  facile  à  comprendre  ; 
car  le  mélange  de  la  moindre  quantité  d'argile  influe 
de  suite  sur  la  proportion  des  matières  organiques. 

L'expérience  a  montré  que  les  coquilles  vivantes  et 
même  fossiles,  notamment  celles  des  faliluns,  sont  un 
très-bon  amendement  pour  les  terres.  D'après  l'écfaan* 
tiUon  des  fabluns  que  j'ai  examiné,  ces  coquilles 
contiendraient  cependant  très-peu  d'azote  «  et  il  est 
probable  que  leur  action  fertilisante  doit  surtout  être 
attribuée  au  carbonate  et  au  phosphate  de  chaux,  ainsi 
qu'aux  diverses. substances  qui  leur  sont  mélangées» 

Enfin,  il  est  bon  d'observer  que  les  têts  calcaires  des 
mollusques  renferment  très -souvent  beaucoup  moins 
d'azote  que  les  roches  dans  lesquelles  ils  ont  été  dépo- 
sés et  notamment  que  les  roches  argileuses* 

Dans  quelques  gisements,  certaines  matières  orga- 
niques des  mollusques  ont  bien  résisté  à  la  fossilisation  ; 
on  peut  citer,  par  exemple,  les  belemnites  &  l'aide  des- 
quelles il  a  été  possible  à  M.  Owen  de  restaurer  com- 
plétem^t  l'animal  et  qui  ont  été  observées  dans  des 
couches  argileuses  d'Angleterre.  Sir  Charles  Lyell  a  in- 
diqué des  mollusques  appartenant  au  pliocèoe  de  la 
Sicile,  qui  auraient  conservé  leur  ligament  (i).  M.  Bar- 
rande  a  signalé  aussi  dans  le  terrain  silurien  de  Bo- 


(1}  Sir  Charles  Lyell.  Manuel  de  géologie  élémentaire^  i856, 
t.  I,  p.  a53. 


s  M. 

Modifletltoiii 

d«ns 

Udentité 

de  fqnelello. 


204  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

hème  une  orthocëre  à  Tintérieur  de  laquelle  se  trou- 
vait une  matière  qui  lui  a  semblé  provenir  du  corps 
même  de  l'animal. 

Du  reste,  il  est  certaines  matières  organiques  qui 
sont  à  peine  altérées  par  la  fossilisation»  telle  est  sur- 
tout la  sâepia  ou  l'encre  sécrétée  par  les  céphalopodes. 
Cette  encre  s'est  tellement  bien  conservée,  que  celle 
qui  a  été  déposée  dans  les  couches  argileuses  du  lias, 
peut  encore  être  employée  ;  elle  présente  les  mêmes 
caractères  que  celle  des  céphalopodes  vivants  et  elle 
ne  pciralt  guère  avoir  été  modifiée. 

L'inaltérabilité  de  l'encre  des  céphalopodes  doit  sans 
doute  être  attribuée  à  sa  grande  richesse  en  carbone, 
et  nous  verrons  d'ailleurs  que  cette  inaltérabilité  se  re* 
trouve  également  dans  les  végétaux. 

Lorsque  des  débris  d'animaux  sont  enfouis  dans  le 
sol,  leurs  matières  organiques  éprouvent,  comme  nous 
venons  de  le  constater,  une  destruction  plus  ou  moins 
complète  ;  mais  leurs  matières  minérales  elles-mêmes 
n'y  échappent  pas  entièrement.  Il  est  facile  d'en  ac- 
quérir la  preuve  en  comparant  ces  débris  à  l'état  nor- 
mal et  à  l'état  fossile. 

C'est  dans  ce  but  que  j'ai  déterminé  la  densité  d'une 
série  d'os,  de  dents,  de  défenses,  de  bois  provenant  de 
divers  animaux. 

Le  tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus. 

J'ai  d'ailleurs  opéré  spécialement  sur  des  échan- 
tillons dont  l'azote  était  connu ,  et  les  numéros  entre 
parenthèses  sont  ceux  que  chacun  d'eux  porte  dans 
le  tableau  L 


AimUUJL 


ao5 


1 

s 
s 

4 

S 

e 

7 


9 

to 

11 
J2 
13 
14 
IS 
10 
11 

18 

19 
20 

2t 
72 

23 


2i 
2S 
2« 
27 


29 
30 


31 

82 


■AtniB  »V  COIN. 


Os. 


Crise  hmmmn,  ot  fronCtl,  non  feiiHo.  .  .  . 
Fémur  Anaimfida  eimeiiéreSAint-Lea,  Paris. 
Kémar  kmmam  da  eimeiièra  Soininlalien  des 

Ménélrien,  Farii 

Os  kmmaim  da  bras,  datant  de  1900  ans  (n*  5). 
Crâne  humain  dalant  de  plusieurs  siècles,  de 

U  Cité  (n*  4) 

Crâne  kmmmim  de  la  montagne  de  Denise  (n*  8  >. 
Crâne  kuwtMn  des  lombes  gallo-romnines  de 

Précy^sur-Oise 

Crâne  Anaunn  deo  monamenis  celtiqaea  de 

Meudon 

Crâne  ftaïaMHi  dn  Brésil  (n*  I5) 

Crâne  de  momie  bien  conservé  (n*  8} 

Crâne  deeiomte  friable,  très- altéré  (n*  14} .  . 
Vertèbre  â^eétaeé  du  terrain  diluvien  n*  16). 
Vertèbre  de  âoM^ du  terrain  diluvien  (n'  u). 
Carapace  de  glyptodon  retieulotuê  {n"  20).  .  . 
Homèrus  decMoaido  terrain  diluvien  (n*i9). 

Crâne  à'urtut  soœleut  (n*  17) 

Vertèbre  de  pnfeolAertum  dans  le  minerai  de 

fer  (n*  22) 

Venèbre  d'idkfyoMNire  dans  roolile  Joraa- 

sique  'n*  29) 

Os  de  rkinoeéroê  des  faluns  (n"  26) 

Carapace  de  irionyï  imprégnée  de  pyrite  de 

fer  ;  des  Ugnitesde  Targile  plastique  (n*  24). 

Gâte  de  Umoiiliii  vivant 

cote  de  melaxtlkerifwn  Guetlêrdi  des  sables 

de  Ponuinebleao  (n**  Si) 

cote  de  ImwtmUin  imprégnée  d'oxyde  de  fer; 

des  faluns  de  la  Touraine  (n*  26) 


Dbhts. 

Défense  â'éiépkani  vivant  (n*  32) 

Défense  de  mammaulh  de  Sibérie  (n"  42;.  .  . 
Défense  d'éléphant  ûa  terrain  diluvien  (n"44). 
Défense  de  auutodonte  des  sables  granitiques 

et  miocènes  de  la  Garonne  (n**  45) 

Défense  de  moilodonle  des  sables  marneux  et 

miocènes  de  la  Garonne  (n"  46) -. 

Défense  de  miMfotfoiito  de  Bansan  (n*  4T).  .  . 
Dent  ût  careharodon  du  miocène  (n*  87).  .  . 

Bois. 

Bois  du  eervui  mêçaciroi  des  (ourblèref  de 

llrlande  (n*  48) 

Bois  de  cerf  du  terrain  diluvien  (n'  49).  .  .  . 


■■ 


■moB 


■m 


■*   z 


II 


«•24 
9,99 

T.27 
1,98 

«,« 
2,42 

18,73 

9,31 
2,96 
6,88 
69,12 
9,98 

8.17 
10,98 
15,64 
39,18 

9,48 

29,47 
9,12 

10,60 
8,05 

11,07 
13,00 


8,86 
4,71 
T,52 

9,49 

8,49 
17,04 

5,46 


4,M 
10,67 


M 

a 


2,011 
2,085 

2,096 
2,098 

2,084 

2,115 

3,237 

2,372 
2,692 
1,996 
2,024 
2,307 
2,326 
3,509 
2,513 
2,521 

3,703 

2,721 
2,747 

3,068 
1,998 

2,681 

3,841 


1,883 
1,929 

2,629 

3,878 

2,890 
3,899 
2,547 


1,867 
2,594 


1,00 

ï»04 

1,04 
1,04 

1,81 
1,8* 

1.11 

M8 
1,34 
0,99 
1,01 
1,15 
1.16 
1,25 
1,28 
1,25 

1.34 

1,35 
i.W 

1,52 
1,00 

1,34 


1,00 
1,02 
1,40 

1.53 

1,54 
1,54 
1,35 


1,00 
1.3» 


206  AZOTE  ET  MiTIËRES  OBGANIQUES. 

La  densité  du  squelette  osseux  ou  calcaire  des  animaux 
devient  visiblement  plus  grande  dans  la  fossilisatiofi. 

L'apgmentation  est  très-faible  pour  le  tët  cakaire 
des  mollusques  ;  mais  pour  les  os,  les  dents,  les  dé- 
fenses, les  bois  de  ruminants,  elle  s'élève  très-notable- 
ment. Les  défenses  fossiles  sont  surtout  très^remar- 
quables  sous  ce  rapport  ;  car  leur  densité  est  toujours 
grande,  et  elle  est  souvent  supérieure  de  moitié  à  celle 
des  défenses  de  l'éléphant  vivant. 

Les  défenses  de  mammouth  conservées  dans  les  glaces 
de  la  Sibérie  font  du  reste  exception,  et  elles  ont  pres- 
que la  même  densité  que  celles  de  l'éléphant  vivant  ; 
toutefois ,  elles  ne  sont  pas  absolument  dans  le  même 
état  que  pendant  la  vie  de  l'animal;  elles  présentent 
même  des  retraits  circulaires  et  concentriques  perpen- 
diculairement à  leur  axe ,  en  sorte  que  leur  densité  a 
certainement  augmenté. 

La  densité  de  l'ivoire  vivant  qui  m'a  servi  de  terme 
de  comparaison  est  seulement  de  ...  i  ,883,  tandis  que 
d'autres  observateurs  ont  obtenu...  11917.  Cette  diffé- 
rence tient  sans  doute  à  ce  que  la  densité  des  d^ 
fenses  n'est  pas  absolument  la  même  dans  toutes  leurs 
parties.  Il  est  du  reste  visible  qu'elle  présente  des  varia- 
tions ,  non-seulement  de  la  base  à  l'extrémité ,  mais 
encore  du  centre  à  la  circonférence. 

La  densité  des  os  à  l'état  normal  présente  aussi  des 
variations  ;  cependant,  elles  sont  beaucoup  moindres 
qu'on  ne  serait  porté  à  le  croire ,  et  elles  ne  sont  pas 
toujours  en  rapport  avec  celles  de  leur  structure.  En 
effet ,  un  os  très-poreux  d'un  crâne  humain  m'a  donné 
une  densité  égale  à...  2,011,  tandis  que  pour  une 
côte  très  -  compacte  d'un  lamantin  vivant,  la  densité 
n'  était  que  de. . .  1,998. 

U  est  d'ailleurs  très-remarquable  que  la  densité  des 


06  8<rft  ptttt  grande  que  celle  des  défenses  d'élépbant  et 
des  bois  de  ruminants  qui  sont  à  la  fois  plus  compactée 
et  surtout  plus  riches  en  sels  caloures. 

Si  Ton  examine  ce  qu'est  devenu  la  densité  des  os 
fosôles,  on  voit  immédiatement  qu'elle  a  augmenté. 

Les  os  de  momie  peutent ,  il  est  vrai ,  faire  excep- 
tion ,  mais  ils  ne  sont  pas  enfouis  et  fossiles  ;  car  leur 
altération  est  due  simplement  à  l'air.  En  outre ,  ils  ont 
été  fortement  imprégnés  par  des  matières  bitumineuses 
qui  tendent  à  les  rendre  plus  légers. 

Pour  les  08  fossiles ,  l'augmentation  de  densité  est 
généralement  moins  considérable  que  pour  les  défendes* 
Cependant  elle  est  très-sensible ,  non*  seulement  pour 
les  os  des  différentes  époques  géologiques,  mais  encore 
pour  ceux  de  l'époque  actuelle ,  et  pour  l'homme  en 
particulier  elle  peut  atteindre  i4  p*  loo. 

Il  est  visible  que  la  densité  des  os  augmente  avec 
leur  ancienneté  :  les  os  humains  en  fournissent  surtout 
la  preuve ,  car  ils  ont  généralement  une  densité  d'au« 
tant  plus  grande  qu'ils  sont  plus  anciens. 

Toutefois,  la  réciproque  n'est  pas  toujours  vraie,  des 
os  fossiles  pouvant  être  minéralisés ,  et  prendre  alors 
une  grande  densité.  Par  exemple,  lorsque  les  os  fossiles 
sont  imprégnés  d'oxyde  ou  de  pyrite  de  fer,  leur  den- 
fflté  s'élève  beaucoup  et  même  elle  n'a  pas  d'autres  li- 
mites que  la  densité  de  ces  minéraux. 

L'augmentation  de  densité  peut  résulter  de  deux 
causes  :  la  destruction  des  matières  organiques  et  Tin*- 
troduction  de  substances  minérales  nouvelles. 

Dans  le  tèt  calcaire  des  mollusques,  il  y  a  générale- 
ment très-peu  de  matières  organiques,  en  sorte  que 
l'augmentation  de  densité  provenant  de  leur  destruc^ 
tion  est,  par  cela  même,  très-faible.  Plus  ces  matières 
organiques  sont  détruites,  plus  la  densité  du  têt  se  rap- 


908  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

proche  de  celle  de  la  chaux  carbonatée  dont  la  limite 
est..*  2,8o. 

Dans  les  dents  et  les  défenses^  les  matières  orga* 
niques  sont  déjà  en  grande  proportion,  puisque,  d'a- 
près Lassaigne,  elles  varient  de  85  à  35  p.  loo;  il 
est  donc  facile  de  comprendre  pourquoi  toutes  celles 
qui  sont  fossiles  ont  une  densité  plus  grande.  Il  en  est 
à  plus  forte  raison  de  même  pour  les  os,  puisqu'ils  con- 
tiennent  encore  plus  de  matières  organiques. 

Toutes  choses  égales,  la  densité  augmente  d'autant 
plus  que  la  proportion  des  matières  organiques  était 
primitivement  plus  grande. 

En  outre,  il  faut  observer  que  la  densité  des  os  va 
généralement  en  augmentant  à  mesure  que  l'osséine 
se  détruit  ou  que  l'azote  diminue  {TaAleau  I).  C'est 
surtout  bien  manifeste ,  quand  on  compare  entre  eux 
les  os  humains  de  différents  âges  ou  bien  les  os  qui  sont 
postérieurs  au  terrain  diluvien.  L'exception  à  laquelle 
donnent  lieu  les  os  de  momie,  tient  d'ailleurs  au  baume 
qui  les  imprègne  et  à  ce  qu'ils  ne  sont  pas  fossiles. 

La  détermination  de  la  densité  peut  donc,  comme  le 
dosage  de  l'azote,  donner  quelque  indication  sur  l'âge 
d'un  os.  U  est  nécessaire  toutefois  que  cet  os  ne  soit 
pas  minéralisé  et  qu'il  contienne  encore  une  proportion 
assez  notable  d'osséine ,  ce  qui  est  le  cas  seulement 
pour  ceux  de  l'époque  actuelle. 

L'augmentation  de  densité  qu'éprouve  le  squelette 
des  animaux  résulte ,  non-seulement  de  la  perte  des 
matières  organiques ,  mais  encore  de  l'introduction  de 
substances  minérales.  Tantôt  ces  substances  remplis- 
sent les  cellules  des  os  ;  tantôt  elles  se  combinent  avec  * 
eux  et  les  pseudomorphosent. 

Ainsi  dans  les  défenses  et  dans  les  os,  la  densité  aug* 
mente  généralement  d'autant  plus  qu'ils  sont  plus  im- 


ANIMAUX. 


209 


nUDéralet 
da  squelette. 


prégnés  de  chaux  carbonatée.  Les  os  des  fahluns  de  la 
TouraÎDe  ont  particulièrement  une  très«grande  densité  ; 
car,  pour  un  os  de  rhinocéros  cette  densité  était  de«.. 
2,747;  pour  une  cote  de  lamantin ,  elle  s'est  élevée  à.. . 
s,84i,  tandis  que  pour  le  lamantin  vivant,  elle  est  seu- 
lement de...  1,998.  Il  est  d'ailleurs  aisé  de  reconnaître 
que  la  grande  augmentation  de  densité  présentée  par  les 
08  des  fahluns,  tient  à  ce  qu'ils  ont  été  plus  ou  moins 
changés  en  phosphate  de  fer.  Les  os  des  lignites  de  l'ar- 
gile plastique  sont  également  légèrement  imprégnés 
par  du  carbonate  de  fer  et  surtout  par  de  la  pyrite  de 
fer^  en  sorte  que  leur  densité  peut  être  très-élevée. 

Recherchons  maintenant  si  les  matières  minérales        S  si- 
qui  forment  le  squelette  diminuent  ou  bien  augmen-  deotlet  mâûèreft 
tent  dans  la  fosl^ilisation  ;   et  pour  mieux  apprécier 
les  modifications  qu'elles  subissent,  considérons  succes- 
sivement le  carbonate  et  le  phosphate  de  chaux. 

On  peut  admettre  que  les  os  contiennent  en  moyenne 
3o  p.  100  d'osséine;  mais,  quand  ib  sont  plus  an- 
ciens que  le  terrain  diluvien,  on  a  vu  que  cette  osséine 
est  presque  entièrement  détruite.  En  admettant  donc 
que  leurs  substances  minérales  ne  fussent  aucunement 
altérées  par  la  fossilisation ,  la  proportion  de  ces  der- 
nières serait  toujours  plus  grande  que  dans  l'os  normal  ; 
eUe  devrait  même  augmenter  dans  le  rapport  de...  1  à 
^  soit  7 1  :  ]  ,45.  Cependant  cela  n'a  pas  lieu  pour  le 
carbonate  de  chaux. 

U  suffit,  en  effet,  de  jeter  les  yeux  sur  le  tableau 
précédent  pour  reconnaître  que,  dans  les  os  fossileà, 
le  carbonate  de  chaux  va  tantôt  en  diminuant  et  tantôt 
en  augmentant.  (Tableau  page  so5). 

La  comparaison  d'un  os  fossile  avec  un  os  normal 
est  assez  difficile,  parceque  le  carbonate  de  chaux 
varie,  non-seulement  avec  chaque  os,  mais  même  avec 

Tome  XVm,  1S60.  ik 


S  3). 

Diminution 

du  carbonate 

de  ofoeoi. 


à  10  AZOTE  BT  MATIÈRES  OECAIUQUES. 

chaque  individu;  toutefois  elle  est  encçire  pqwbjle» 
Ainsi,  d'après  M.  A.  Milne-Edwards,  le  carboA^ite  ^ 
chaux  dans  les  os  humains  adultes  est  généralement 
compris  entre  8  et  1 1  p.  loo  (i).  Or,  aucun  des  oapro-. 
venant  des  cimetières  ou  des  tumulus  ne  m'en  ^  dfx^^ 
autant.  Et  cependant  un  os  ayant  originairement  lo  p« 
100  de  carbonate  de  chaux,  dont  Fosséiçie  serait  entiè- 
rement détruite  sans  aucune  perte  de  son  çarbgni^tç, 
ne  devrait  pas  en  contenir  moins  de...  i^,^^ 

Maintenant,  dans  un  crâne  humain  non  fossile,  j^'ai 
trouvé...  6,94  de  carbonate  de  chaux,  et  U[.  ^rémy  e% 
a  obtenu  jusqu'à...  10,9  (2)  ;  t^dis  que  ^  carbouajt^ 
de  chaux  était  inférieur  à  10  p.  100  d^^is  les^  a%3S 
humains  fossiles  de  la  Cité  et  de  Meudon;  dans  cq\^  ^ 
Denise  et  du  Brésil,  il  n'atteignait  m^xn^e  pas  3  p.  lOQ. 

Un  crâne  de  momiç  qui  était  bien  cpnse^^  avait^^. 
6,58  de  carbonate  de  chaux,  et  cette  teneur  ^i^t,  à  pçvi. 
près  normale.  Bien  que  les  momies  ne  i^jient  p^  ^  pro- 
prement parler  fossiles  et  qu'elles  aiesfi  été  exposées 
pendant  plusieurs  milliers  d'ann.éeç  à  l'action  ^ç^l'9CÎ4e 
carbonique  de  Tair,  on  voit  donc  q\ie  leur  c^bonate  d& 
chaux  n'a  pas  varié. 

Un  autre  crâne  de  monûe  qui  était  fiable  et  compjbfr* 
tement  altéré ,  présentait  aq  contraire  ij^iç  excepition  re- 
marquable ;  car  il  ne  renfermait  pas  qioins  de...  3o,4^ 
d'acide  carbonique,  ce  qui  supposerait.  ..69, 13  p.  xoo  de 
carbonate  de  chaux.  Ce  résultat  est  tç^âre^traordjwûjre^ 
il  tient  sans  doute  à  ce  que  les  réacti£a  intrpdij^ta  paiv  le 
jprocédé  d'embaumemeat  ont  déterminé  la  fonoation 
d'un  carbonate  de  chaux  aux  dépeijia  du  phosphate  ; 
c'est,  par  exemple,  ce  que  pourrait  produire  un  carbo*- 

(1)  Étudeê  ehimiqueê  et  physkf^logiq^n  wr  Ut  Of,  p*  i56. 
(1}  Pelouze  et  Frémj.  Traité  de  chimie^  %•  âdi^,  t  ^  ^  s«». 


AlflMAUX.  2 1 1 

nate  alcalin?  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  crâne  de  momie  a 
subi  une  préparation  particulière  ;  car  il  est  entouré  de 
bandelettes  à  rintérieur  comme  à  l'eitérieur  ;  il  a  été 
ramolli,  déformé,  et  il  a  même  presque  entièrement 
perdu  sa  structure. 

Du  reste,  les  dents  de  momie  peuvent  aussi  donner  un 
résultat  analogue  au  précédent;  puisque  M.  Lassaigne  a 
trouvé  dans  Time  d'diles...  i5,5  p.  loo  de  carbonate  d,e 
chaux ,  bien  que. la  dent  de  l'homme  adulte  n'en  sût  pas 
plus  de...  10. 

Les  dents  fossiles,  au  contraire,  peuvent  quelquefois 
perdre  la  plus  grande  partie  de  leur  carbonate  de  chaux  ; 
en  effet,  une  dent  de  squale  du. miocène  n'av^dt  plus 
que..»  5,46  de  carbonate  de  chaux,  tandis  que  celle 
d'un  squale  vivant  en  contient...  i  S,9  et  33,5  de  matière 
organique  (i). 

Malgré  la  difficulté  d'une  comparaison  précise,  les 
exemples  que  je  viens  de  citer  montrent  bien  que  le  car- 
bonate de  chaux  des  os  peut  diminuer  dans  la  fossilisa- 
tion; c'est  en  particulier  ce  qui  a  lieu  pendant  la  pre- 
mière période,  celle  pendant  laquelle  l'osséine  est 
détruite. 

La  proportion  de  ce  carbonate  qui  est  enlevée,  est 
même  assez  forte  et  cela  tient,  sans  doute,  à^ce  que,  sor- 
tant d'une  combinaison  très-intime  avec  l'osséine,  il  est 

f  ' 

facilement  soluble  dans  les  eaux  souterraines.  Toujours 
est-il  que,  le  carbonate  de  chaux  des  roches  calcaires 
se  dissout  en  proportion  beaucoup  moindre. 

Bien  que  le  carbonate  de  chaux  qui  constitue  les  os  ^^ 

puisse  disparaître  en  partie  par  la  fossilisation,  il  aug-   logmenuiion 
mente  cependant  très-fréquemment  dans  les  os  fossiles.     "  ^  cbâoi. 
Il  faut  alors  l'attribuer  à  ce  que  ces  os  ont  été  impré- 

(i)  Dumas.  TYaiié  de  chimie^  t  VI,  p.  686. 


912  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGAmQUfiS. 

gnés  par  des  infiltratioiis  calcidres  ou  bien  à  ce  que  leur 
carbonate  de  chaux  originaire  a  mieux  résisté  à  la  des- 
truction. 

L'examen  des  os  enfouis  dans  des  couches  calcaires 
montre  d'ailleurs  que  leurs  cellules  sont  tapissées  par  de 
la  chaux  carbonatée  ou  par  d'autres  carbonates  qui  se 
distinguent  très-facilement.  Quelquefois  même  leurs  cel- 
lules en  sont  entièrement  remplies.  Comme  le  carbonate 
de  chaux  se  rencontre,  non-seulement  dans  presque 
toutes  les  roches,  mais  encore  dans  les  eaux  d'infiltra- 
tion, il  est  facile  de  comprendre  pourquoi  il  augmente 
généralement  dans  les  os  fossiles. 

Parmi  les  os  que  j'ai  essayés,  ceux  qui  sont  impré- 
gnés de  chaux  carbonatée  sont  très-pauvres  en  matière 
organique.  Cela  tient  sans  doute  à  ce  que  cette  matière 
a  été  détruite  par  l'infiltration  des  eaux  qui  ont  déposé 
la  chaux  carbonatée.  Les  os  déjà  anciens  et  enfouis 
dans  des  couches  calcaires,  notamment  dans  le  ter- 
rain jurassique,  sont  surtout  fortement  imprégnés  de 
chaux  carbonatée.  Il  en  est  de  même  pour  les  os  des 
cavernes,  bien  qu'ils  soient  récents  ;  car  ces  cavernes 
sont  généralement  pratiquées  dans  des  couches  cal- 
caires. MM.  Girardin  et  Preisser  ont  trouvé.  ••  61,09 
de  carbonate  de  chaux,  dans  un  os  d'ichthyosaure  de 
l'argile  marneuse  de  Dives.  J'en  ai  trouvé  à  peu  près 
autant  dans  une  vertèbre  d'ichthyosaure  de  l'oolite  de 
Lacaisoe.  Dans  un  os  d'ours  fossile ,  M.  Frémy  a  ob- 
tenu... s3,6  de  carbonate  de  chaux  pour  la  partie  dense 
et  à  peu  près  3  fois  plus  pour  la  partie  celluleuse  (i). 

Les  os  les  plus  compactes  peu  vent  être  imprégnés  par 
la  chaux  carbonatée ,  et  je  citerai  particulièrement  les 
côtesdelaman  tin.Tandisqu'un  lamantin  vivantcontensut 

(1)  Pelouze  et  Frémy.  Traité  de  chimie^  t  VI,  p.  ayg. 


ANIIUUX.  Sl3 

seulement..  8,o5  de  carbonate  de  chaux,  j'en  ai  trouvé 
plus  de  1  o  p.  1  oo  dans  les  lamantins  fossiles  du  miocène. 

Les  dents  et  les  défenses,  bien  que  leur  tissu  soit  ex- 
trêmement serré,  sont  elles-mêmes  fortement  impré- 
gnées par  de  la  chaux  carbonatée;  c'est  particulièrement 
bien  sensible  pour  celles  de  Sansan  qui  se  trouvent  dans 
des  couches  calcaires.  Toutes  les  défenses  fossiles  pro- 
venant d'éléphants  et  de  mastodontes  que  j'ai  essayées 
contenaient  même  beaucoup  plus  de  chaux  carbonatée 
qu'il  n'y  en  a  dans  les  défenses  de  l'éléphant  vivant. 

Les  bois  de  ruminants  donnent  lieu  à  la  même  re* 
marque  ;  car  un  cerf  du  terrain  diluvien  renfermait  beau- 
coup  plus  de  chaux  carbonatée  que  le  cervus  megaceros 
des  tourbières  de  l'Irlande  et  que  le  cerf  commun  (i). 

La  chaux  carbonatée  est  de  tous  les  minéraux  celui 
qui  imprègne  le  plus  souvent  les  os  ;  elle  les  imprègne 
d'autant  plus  qu'ils  sont  plus  celluleux  et  dans  un  ter- 
rain plus  calcaire.  Cependant  les  os  les  plus  compactes, 
les  dents  et  les  défenses  ont  généralement  un  excès  de 
chaux  carbonatée. 

m 

Observons  maintenant  que  tous  les  os  fossiles  conte- 
nant beaucoup  de  chaux  carbonatée  ont,  par  cela  même, 
une  grande  densité.  C'est  particulièrement  bien  visible 
pour  la  vertèbre  d'icblhyosauren*"  (18),  pour  la  défense 
de  mastodonte  de  Sansan  n"^  (*^9)»  pour  le  bois  de  cerf 
du  terrain  diluvien  n""  (32). 

Si  le  crâne  gallo-romain  de  Précy  n*  (7)  a  une  den- 
sité supérieure  au  crâne  de  Denise  n"*  (6),  cela  tient  éga- 
lement à  ce  que  dans  dans  les  alluvions  de  l'Oise  dans 
lesquels  il  était  enfoui,  il  a  été  imprégné  par  de  la  chaux 
carbonatée  ;  il  renferme,  en  effet ,  un  peu  plus  d'azote 
que  ce  dernier,  et  par  conséquent  il  est  moins  ancien. 

(1}  PelOttZQ  et  Ffômy.  7V<nf^  de  ehimicy  t  IV,  p.  388, 


2l4  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

Si  Ton  corisidère  le  phosphate  de  chaux  des  os  fos- 
siles, il  peut  également  subir  soit  une  £miirafion,  soit 
une  augmentation. 
$  ^'  D'abord,  quand  les  os  vîennnent  à  être  împrfigtiês  |>ar 

da'phosphaîe  ittie  substauce  minérale ,  comme  la  chaux  carbonatée , 
de  chaux,  j^  pyrite,  la  prôportioïi  du  phosphate  de  chaux  dans 
rtmité  de  poîds  tend  nécessairement  à  dimîimer.  Main- 
tenant Bf.  Dumas  a  observé  qu*il  sulBSt  de  laisser  pen- 
dant Tîtigt-quatre  heures  de  l'ivoire  dans  de  Teau  forte- 
ment chargée  d'acide  carbonique  pour  dissoudre  àes 
sels  calcaires  (i).  Or  l'eau  qui  s'infiltre  dans  l'mté- 
rîeur  de  la  terre  peut  contenir  de  Tacîde  carbonique  qui 
(Bssout  plus  où  moins  le  carbonate  ou  le  phosphate  de 
chaux.  En  outre,  M.  A.  Mlbe-Edwards  a  constaté  que 
Veau  chargée  d'acide  carbonique  dissout  plus  facilement 
le  phosphate  que  le  carbonate  de  chaux  ;  par  suite  la 
proportion  du  phosphate  tend,  dans  ce  cas,  à  diminuer, 
et  au  Contraire  celle  du  carbonate  à  augmenter.  On  con- 
çoit d'après  cela  que,  dans  les  os  fossiles,  le  phosphate 
de  chaux  puisse  diminuer  considérablement  et  même 
tomber  à  a  5  p.  loo,  comme  Ta  constaté  M.  Frémy. 
S  85.  D'un  autre  côté,  à  part  les  cas  qui  viennent  d'être 

dû*SX*h«to    mentionnés,  le  phosphate  de  chaux  qui  est  peu  soluble 

de  châux.  doit  naturellement  augmenter  à  mesure  que  Tosséine 
se  détruit  et  au-dessous  du  terrain  diluvien,  cette  der- 
nière a  presque  complètement  disparu.  Les  analyses 
d'os  fossiles  faites  par  MM.  Frémy,  Girardin  et  Preisser, 
montrent,  en  effet,  que  le  phosphate  de  chaux  peut  s'é- 
lever jusqu'à  80  p.  1 00  dans  les  os  fossiles,  tandis  qu'en 
moyenne  il  n'est  guère  que  de  60  p.  100  dans  les  os  à 
l'état  normal. 

Un  os  fossile  subit  donc  des  altérations  très-com- 
plexes. D'abord  sa  porosité  et  sa  densité  augmentent. 
En  outre,  son  osséine  se  détruit,  et  le  rapport  entre  ses 


Piaadomor- 


ANIMAUI.  Il5 

sels  cakâires  est  plos  ou  moins  modifié  ;  ce  rapport  peut 
même  être  complètement  inversé.  Dins  la  première 
jibaSB  de  sa  fossilisation,  Tos  qui  conserve  une  grande 
partie  &è  son  oSâélde ,  et  fait  tlne  eiTervescence  lente 
dans  Vacide,  pefû  iln  peu  de  son  carbonate  de  chaux  ; 
dans  la  deuiième  phase ,  son  osséine  a  disparu  presque 
etitièrement  ;  il  happe  à  la  langue  et  il  fait  une  effer- 
vescence vive  dans  l'adde;  alors  le  carbonate  de  chaux 
tcsnd  généralement  à  augmenter  plud  rapidement  que  le 
phosphate. 

Indépendamment  des  métamorphoser  qui  viennent    ^  s  *** 
d'être  signalées,  les  débris  animaux  peuvent  en  subir 
un  grand  noUobre  d'autres  qui  sont  même  plus  com-    *••  •■*»•«»• 
plëtes  et  dans  lesquelles  ils  conservent  cependant  leurs 
formed;  ils  offrent  alors  des  pseudomorphoses  (i). 

Ces  pseudoAorphodëS  ne  sont  pas  aussi  tariées  pour 
les  os  que  pour  les  autres  corps  organisés  ;  en  sorte  qu'il 
suffira  d'en  mentionner  quelques-unes. 

Par  exemple,  les  os  des  fahluns  de  la  Touraine  qui  se 
tirouvent  dans  des  sables  granitiques  sont  durs,  très- 
pesants  et  de  coUlëtll'  brtine  :  bette  couleur  est  beaucoup 
plus  foncée  Vers  leur  périphérie  et  ild  ont  visiblement 
été  imprégnés  par  de  l'otyde  de  fer,  cheminant  de 
1* extérieur  à  l'intérieur;  ilà  se  dont  chatigés  en  partie  en 
phosphate  de  fer.  Dans  une  vertèbre  d'ichthyosaure  dé 
Fargile  de  Dives,  MM  Girarditi  et  Preisser  ont  d'ailleurs 
trouvé  16  p.  100  de  phosphate  de  fer. 

Le  phosphate  de  bhàUx  dès  côproUteâ  siibit  quelque- 
fois la  même  transformation  qile  celui  des  os  ;  c'est  en 
particulier  ce  qu'on  observe  pout  déâ  coprolites  du  nius- 
chelkàlk  dé  la  Lorraine. 


(i)  Annalei  des  mine$,  1859,  t  XV.  Recherches  sur  les  pseu- 
domorphoses*  p»  379. 


2l6  AZOTE   EX   MATIÈRES  ORGANIQUES. 

La  transforiDatioD  partielle  des  os  en  phosphate  de 
fer  est  du  reste  très-fréquente  ;  elle  tient  à  la  grande 
affinité  de  l'acide  phosphorique  pour  le  fer,  et  elle  se 
produit  chaque  fois  que  des  os  fossiles  sont  exposés  à 
des  infiltrations  ferrugineuses.  Généralement  ces  os  sont 
imprégnés  en  même  temps  de  carbonate  de  fer,  car  ils 
font  généralement  une  effervescence  lente  dans  l'acide 
chlorhydrique» 

Quelquefois  aussi  les  os  deviennent  brun-noirâti^eB 
vers  leur  surface,  et  ils  se  chargent  d'oxyde  de  manga- 
nèse; c'est  en  particulier  ce  qu'on  observe  pour  cer- 
tains os  celtiques  que  M.  E.  Robert  a  trouvés  enfouis 
dans  les  sables  marins  supérieurs  près  du  château  de 
Meudon. 

La  grande  affinité  de  l'acide  phosphorique  pour  le 
cuivre  explique  de  même  pourquoi  les  os  fossiles  pren- 
nent une  couleur  verte  et  se  changent  en  phosphate 
i,  base  de  cuivre,  lorsqu'ils  sont  accidentellement  tra- 
versés par  des  infiltrations  de  ce  métal. 

Certaines  défenses  de  mastodonte  de  Simorre  ont  une 
très-belle  couleur  bleue  qui  les  fait  ressembler  à  la 
turquoise  et  on  les  a  même  employées  dans  la  bijou- 
terie. L'analyse  a  montré  que  ces  défenses  ne  con- 
tiennent pas  d'oxyde  de  cuivre  et  il  me  parait  vraisem- 
blable qu'elles  ont  été  métamorphosées  en  un  phosphate 
d'alumine,  de  magnésie  et  de  fer  ayant  la  composition 
du  lazulite. 

Les  analyses  d'os  fossiles,  particulièrement  celles  de 
M.  Frémy,  font  voir  en  outre  qu'ils  peuvent  contenir 
de  la  silice  ou  des  matières  siliceuses. 

Quand  les  os  sont  dans  les  argiles  et  dans  les  com- 
bustibles, ils  sont  souvent  complètement  imprégnés 
par  de  la  pyrite  de  fer  qui  se  forme  d'ailleurs  aux  dé- 
pens de  leur  matière  organique. 


ANUIÀtJX.  9 1 7 

Enfin,  les  os  sont  encore  impr^és  et  quelquefois 
même  pseadomorphosés  par  quelques  autres  substances 
minérales. 

Lorsque  les  animaux  vertébrés  sont  enfouis  dans        |  „^ 
le  sol,  l'osséine  de  leur  squelette  subit,  comme  nous      iniman 
l'avons  constaté,  une  destruction  lente  qui  progresse  ^^'o^îTeépoq»!!** 
avec  le  temps ,  et  qui  peut  jusqu*à  un  certain  point  en    «*•■  '•««**•• 
donner  une  mesure.  A  part  des  gisements  très-excep- 
tionnels, comme  le  terrain  glaciaire  de  la  Sibérie  en 
offre  un  exemple,  la  présence  d'une  grande  proportion 
d'osséine  ou  d'azote  dans  un  os  fossile  indiquera  qu'il 
remonte  à  une  époque  peu  reculée.  Il  convient  d'après 
cela  de  signaler  spécialement  ici  les  résultats  obtenus 
pour  quelques  animaux  qui  ont  disparu  des  contrées 
dans  lesquelles  se  trouvent  leurs  ossements,  ou  qui  sont 
même  complètement  éteints. 

Ainsi  les  byènes,  dont  les  débris  se  rencontrent 
dans  les  cavernes  et  dans  les  brëcbes  osseuses  de 
France  et  d'Angleterre,  ont  donné  une  grande  pro- 
portion d'azote.  Les  essais  faits  sur  leurs  os,  leurs 
dents,  leurs  coprolites  sont  concordants  sous  ce  rap- 
port; ils  indiquent  plus  de  matières  organiques  que 
dans  certains  os  humains  qui  ne  remontent  pas  au  delà 
de  deux  mille  ans.  Par  conséquent,  le  sol  de  la  France 
et  de  l'Angleterre  était  habité  par  des  hyènes  à  une 
époque  à  laquelle  l'homme  s'y  trouvait  déjà  {%  as). 

L'étude  de  la  faune  des  brèches  osseuses  et  des  ca- 
vernes tendrait  d'ailleurs  à  confirmer  cette  déduction 
de  l'analyse;  puisque,  d'après  quelques  paléontolo- 
gistes ,  la  hyaena  spelaea  ne  difi*érerait  pas  essentiel- 
lement de  la  hyène  tachetée  (hyœna  crocuta)  du  cap 
de  Bonne-Espérance.  En  outre,  d'après  M.  Émilieu 
Dumas,  des  ossements  humains  trouvés  dans  la  ca- 
verne de  Poudres  sont  au-dessous  d'une  couche  con- 


ai8  AZOTE  ET  MATfÈBB;  ORGAIVIQUES. 

tenant  ^es  qssein^nfs  et  des  pqprplites  (ie  |)yëpe9  (i). 

Des  observations  analogues  pnt  été  faitp§  ep  4l^Ér 
rique.  MM.  Lund  et  Claussen  ont  constaté ,  Çfi  effpf , 
que  des  os  appartenant  à  de$  espèces  opiqp|étçinent 
éteintes,  notamn^eqt  aq  Platpnyf  Guyieri^  é1ta}j9pt  ^él$p 
dans  les  cavernes  du  Brésil  avep  des  Q9S^îBent3  Jipr 
mains;  et  cependant  le  spl  ide  c^  cavernes  ét^t  rp- 
couvert  de  s(alagniite$ ,  ef  fi^  paraissait  §|}çunement 
avoir  été  fouillé. 

D'après  M?  Lartet,  TJiqmme  aurait  auss^  vécu  eq  Su- 
rope  avec  des  animaux  antédiluviens  et  serait  lui-fpêfi)ç 
la  cause  principalp  de  leur  destruction.  Toujpi^est-jl 
que ,  depuis  sa  création  et  même  depuis  tes  temps  bis- 
toriques  ^  4ivers  animaux  ont  disparu  complétemeqt , 
soit  de  certaipes  contrées^  soit  de  la  surface  du  ^lobe. 

Enfin ,  remarquons  encore  que  la  grapde  proportjqp 
d'azote  trouvée  dans  certains  os  proypnant  des  ca- 
vernes, des  brëcbes  osseuses,  des  terrains  dfluvieo^ 
formés  sur  les  collines ,  qous  indique  qu'ils  doivent  re- 
monter à  une  époque  plativement  récente,  qu  du 
moins  bien  postérieure  à  celle  du  tejrrain  dilpyîen  qui}  a 
rempli  le  fond  des  vallées. 

(La  9uiie  à  la  prochaine  livrqfson.) 


(0  Paul  Gervais.  Zoologie  et   Pàléoniologiê  fitançai$€$^ 
9*  édition,  p.  396. 


TÉ6ÉTAUX.  219 


RECHERCHES 

DB  l'azote  et  des  MATIÈBES  ORGANIQUES 

DANS  L'itoORCfi  TERRESTRE. 
Par  M.  DELESSE. 


(tUlTI.) 


TÉGiTAUX. 

Les  végétaux  ont  apparu  sur  notre  globe  depuis  une  "  ▼io'rAinu 
époque  extrêmement  reculée»  car  on  les  trouve  dans  les 
terrains  stratifiés  les  plus  anciens.  Sir  Roderick  Mur- 
chison  a  âgnalé  de  l'anthracite  et  du  bitume  jusque 
dans  les  couches  de  Longmynd  (i).  En  outre,  M.  Ni- 
col  a  observé  une  structure  fibreuse  et  tubulaire  dans  les 
cendres  d'une  anthracite  de  Peebleshire  qui  appartient 
au  silurien  inférieur.  On  ne  saurait  douter  par  consé- 
quent que  les  végétaux  n'existent  depuis  l'époque  du 
silurien  ;  mais  ils  parsdssent  avoir  d'abord  été  marins , 
et  c'est  seulement  dans  le  terrain  dévonien  qu'on  ren- 
contre des  végétaux  terrestres  bien  reconnaissables. 
Os  se  continuent  d'ailleurs  dans  toute  la  série  des  ter- 
rains jusqu'à  l'époque  actuelle  (9);  aussi  les  végétaux 
sont-Us,  de  tous  les  corps  organisés,  ceux  qui  permettent 
le  mieux  d'apprécier  les  effets  de  la  fossilisation. 

n  suffit,  en  effet,  de  comparer  les  végétaux  actuels        s  ss. 
avec  les  combustibles  des  divers  terrains.  Or,  lorsqu'on  ,.^i*»  •î"^^* 

'  ^  lignite .  bouille, 

examme  sous  le  microscope  la  tourbe ,  le  lignite,  la     anibricite. 


(i)  Uorchison.  SUurian  Syitem^  i85â»  p.  699. 

(9)  Bemhard  von  Gotta,  Geologiiehê  Fragen^  1868,  p.  175. 

Tomb  XVin,  1860.  16 


»aO  AZOTB  £T  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

houille  et  même  l'anthracite,  il  est  facile  de  reconnaître 
qiie  ces  combustibles  ont  plus  ou  moins  conservé  de 
traces  de  leur  organisation  primitive  ;  ils  représentent 
divers  degrés  de  fossilisation  ou  de  métamorphisme  des 
végétaux. 

Quand  ces  végétaux  fossiles  sont  soumis  à  la  distil- 
lation, ils  dégagent  généralement  des  matières  vola* 
tiles  inflammables  et  bitumineuses.  Avec  l'anthracite» 
le  papier  de  tournesol  rougi  eçt  ramené  au  bleu  et  il  se 
forme  encore  de  l'ammoniaque  ;  mais  il  n*y  a  plus  dé- 
pôt de  matières  bitumineuses* 

Sans  entrer  ici  dans  le  détail  des  métamorphoses  que 
les  végétaux  subissent  dans  la  fossilisation,  contentons- 
nous  de  rechercher  comment  varie  leur  azote.  U  auffit 
pour  cela  de  jeter  les  yeux  sur  le  TabUau  I. 

Pour  que  la  comparaison  ne  laissât  rien  k  désirer,  U 
serait  nécessaire  de  suivre  un  même  végétal  dans  le9 
diiTérents  terrains  ;  mais,  de  même  que  les  animaux ,  les 
végétaux  changent  avec  les  terrains  ;  il  faut  donc,  autant 
que  possible,  comparer  seulement  ceux  qui  appartien-* 
nent  à  la  même  classe.  Maintenant  Tazote  est  répac6 
très-inégalement  dans  un  même  végétal.  On  ^it,  en 
çffet,  par  les  recherches  de  M.  Payen ,  que  le^  graine» 
et  les  tissus  à  l'état  naissant  sont  particuUèremeiit  riohf^ 
en  matières  azotées.  Les  feuilles  scmt  4ussi  beaucoup 
plus  riches  que  le  bois.  C'est  dans  l'écorce  que  se  ren- 
contrent ceirtains  alcaloïdes  azotés  tels  que  la  quinine. 
D'après  cela,  il  était  utile  de  déterminer  l'azote,  non- 
seulement  dans  les  plantes  qui  ont  formé  les  combus- 
tibles fossiles,  mais  encore  dans  leurs  principales  parties. 

Les  végétaux  acotylédonés  d'ordre  inférieur  peuvent 
avoir  une  proportion  d'azote  tellement  grande  qu'ils  w 
rapprochent  sous  ce  rapport  des  matières  animales* 
C'est  en  particulier  ce  qui  a  lieu  çqur  le  champignon 


TÉGÉTADX.  991 

comestible,  Agaricus  campestriSy  cultivé  dans  les  an- 
ciennes carrières  des  environs  de  Paris  qui  contient  jus- 
au'à4â  millièmes  d*azote.  Lesconfervesetles  végétaux 
microscopiques  qui  se  développent  sur  les  matières 
animales  en  décomposition  sont  même  susceptibles  d'en 
renfermer  davantage.  Mais  il  y  a  beaucoup  inoin9  d'a- 
zote dans  les  végétaux  acotylédqnés  qui  ont  essentiel- 
lement formé  les  combustibles  fossiles. 

Si  Y  on  considère  d'abord  la  tourbe,  elle  provient 
généralement  de  mousses  et  de  plantes  de  marais.  Or, 
dans  une  mousse,  YHypnum  /ri^w^trum,  j'ai  trouvé  seu- 
lement...  7,74  ^' azote  pour  la  partie  supérieure  vertç, 
et  5,75  pour  la  partie  inférieure  flétrie.  Le  roseau  n'en 
a  que...  9,61.  Des  troncs  d'arbre  se  rencontrent  quel- 
quefois dans  les  tourbières  ;  et,  dans  le  bois  de  chêne, 
l'azote  est  de...  5,4?  il  se  réduit  même  à...  1,6  dans 
le  bois  de  sapin.  Les  feuilles  d'arbres,  qui  peuvent  éga- 
lement former  de  la  tourbe,  sont,  il  est  vrai,  beaucoup 
plus  riches,  puisque  celles  de  hêtre  ou  de  chêne  ont  au 
delà  de.. .  1 1  d'azote  ;  toutefois  elles  sont  encore  notable- 
ment moins  riches  que  la  tourbe.  Car  M.  Regnault  a  con- 
staté que  la  tourbe  de  Yulcâire  contient...  20,90  d'azote; 
il  y  en  a  même...  27,60  dans  celle  du  Fichtelgel^irge  et... 
52,5o  dans  celle  de  Durrheim  (1).  La  fourbe  renfermis 
donc  plus  d'azote  que  la  mousse  et  même  que  les  feuilles 
des  arbres  habituels  de  nos  climats.  Ce  résijltat  bizarre 
doit  d'ailleurs  tenir  à  ce  que  les  matières  orgaoiqucs  azo- 
tées qui  contribuent  à  former  la  tourbe  sont  tf ès-vari^es, 
et  surtout  à  ce  que  son  acide  ulmique  peut  absorber 
des  matières  azotées  ^t  en  particulier  l'ammoniaque 
des  eaux  tourbeuses. 
L'anthracite,  la  houille,  ainsi  que  les  combustibles 

(1)  SSckaDSoher.  —  Moser.  Die  Tor(mrih$chafi  in  FUhtêi- 


222  AZOTE  ET   MATIÈRES  ORGANIQUES. 

triasiques,  jurassiques  et  wealdiens,  proviennent  sur- 
tout de  fougères  et  de  lycopodiacées  ;  en  sorte  qu'il 
était  intéressant  d'examiner  spécialement  les  végétaux 
de  ces  familles  qui  vivent  encore  actuellement.  Leur 
densité  mérite  d'abord  de  fixer  l'attention.  Remarquons 
qu'elle  est  faible  pour  certaines  parties  celluleuses  qui 
doivent  se  détruire  rapidement  dans  la  fossilisation  ; 
mais  pour  les  parties  destinées  à  se  conserver,  elle  est 
au  contraire  assez  grande.  Ainsi,  les  feuilles  complè- 
tement desséchées  d'une  fougère  arborescente  avaient 
une  densité  de...  0,7969  tandis  que,  pour  la  tige  et  les 
feuilles  d'une  mousse  encore  verte,  la  densité  était  seu- 
lement de...  0,729.  Il  est  donc  visible  que  les  feuilles 
ont  généralement  une  densité  plus  grande  dans  les  fou- 
gères que  dans  les  arbres  de  nos  climats.  D'un  autre 
côté,  tandis  que  pour  le  bois  de  ces  derniers  la  densité 
n'est  que  de...  0,70  en  moyenne,  j'sd  trouvé  qu'elle  s'é- 
lève à...  0,844  pour  la  tige  du  Lycopodium  phlegmariaf 
et  même  à...  i,3o  pour  le  bois  d'une  fougère  arbores- 
cente ;  par  conséquent,  dans  les  fougères,  la  densité  du 
bois  peut  devenir  égale  à  celle  de  la  houille  elle-même. 
Gomme  les  fougères  et  les  lycopodiacées  étûent  très- 
dominantes  à  Tépoque  houillère,  les  plantes  qui  ont 
formé  la  houille  avaient  donc  déjà  une  densité  assez 
élevée,  qui  a  dû  augmenter  encore  dans  la  fossilisation. 

Recherchons  maintenant  l'azote  dans  les  fougères  et 
dans  les  lycopodiacées. 

Il  est  facile  de  constater  que  les  feuilles  de  fougère 
sont  riches  en  azote;  car  j'en  ai  obtenu...  iJ^^bg  pour 
une  cyathée  arborescente  de  l'Ile  Bourbon,  et...  13,92 
pour  une  fougère  de  nos  climats.  Ces  feuilles  en  ont 
plus  que  celles  des  arbres  habituels  de  nos  forêts. 
Dans  le  ligneux  des  fougères  il  existe  au  contraire  très- 
peu  d'azote  ;  ainsi,  le  ligneux  noir,  provenant  d'un  tronc 


VÉGÉTAUX.  9i3 

de  cyathée  arborescente,  contenait  seulement...  1,77 
d'azote,  soit  12  pour  100  de  l'azote  trouvé  dans  la 
feuille.  Dans  les  racines,  Tazote  était  égal  à  6,96  ;  par 
conséquent  il  parait  intermédiaire  entre  celui  des 
feuilles  et  du  ligneux.  On  voit  que  les  feuilles  de  fou- 
gère ont  beaucoup  plus  d'azote  que  les  autres  parties 
du  végétal;  les  graines  qui  se  trouvent  sous  ces  feuilles 
tendent  du  reste  à  l'augmenter  encore,  puisqu'elles 
renferment  toujours  une  quantité  d'azote  suffisante  pour 
permettre  le  développement  de  la  jeune  plante* 

J'ai  opéré  paiement  sur  des  lycopodiacées  de  Taâti, 
qui  ont  été  mises  à  ma  disposition  par  H.  Ad.  Bron- 
gniart.  Leur  azote  a  varié  de...  11  à...  7.  Dans  le  Xyco- 
podium  pKUgmaria^  la  tige,  débarrassée  de  ses  folioles, 
en  avait  encore. ••  9,07.  Les  lycopodiacées  paraissent 
aussi  être  riches  en  azote  ;  elles  n'en  ont  pas  moins  que 
les  mousses  qui  forment  la  tourbe  dans  laqueUe  on  en 
trouve  beaucoup. 

Taudis  que  le  bois  d'une  cyathée  arborescente  con- 
tient... 1,77  d'azote,  celui  du  sapin  en  a...  1,6  et  celui 
du  chêne...  5,4;  par  suite ,  en  moyenne,  il  y  a  moins 
d'azote  dans  le  bois  des  fougères  arborescentes  que 
dans  celui  des  arbres  de  nos  climats. 

11  était  surtout  intéressant  de  comparer  l'azote  dans 
des  combustibles  provenant  des  différents  terrains.  Le 
tableau  montre  que  leur  azote  tend  assez  généralement  à 
diminuer  avec  l'âge.  Cependant  des  lignites,  comme 
ceux  qui  sont  xyloîdes  ou  formés  par  du  bois ,  et  des 
houilles  récentes ,  comme  celles  du  terrain  wealdien  et 
keuperien,  peuvent  en  avoir  moins  que  certaines  houilles 
du  terrain  houiller.  Dans  ces  dernières,  l'azote  est  même 
assez  variable,  bien  qu'il  atteigne...  i2,5o  dans  la 
houille  de  Duren,  il  se  réduit  à...  8,80  dans  celle  de 
Zwikau  et  même  à.  •  •  4*10  dans  la  houille  sèche  du  pays 


23^  AZOTE  ET  MATIÈRES  OEGANIQUES. 

dé  Galles.  Dans  rantbracite,  il  ne  disparaît  pas  entière- 
ment et  il  est  encore  de  quelques  millièmes,  comme  le 
montrent  les  analyses  complètes  de  ce  combustible  qui 
ont  été  faites  par  M.  V.  Regnault. 
$w-  Le  Bogheàd  d'Ecosse  ou  torbanîté  est  un  schiste 

EoghMd.  bouîliér  qui  a  été  imprégné  de  matières  bitumineuses, 
résultant  de  la  distillation  éprouvée  par  la  houille  au 
contact  d'un  trapp.  Il  contient  de  20  à  aS  p.  loo  de 
cendres  et  d'après  M.  Anderson,  sa  proportion  d'azote 
est  de-.  5,5.  M.  Jlather  indique  même...  7,77  (i). 
140.  Lé  dusodile  est,  comme  Ton  sait,  un  combustible 

^^'''^^•"  papy  racé  composé  en  grande  partie  des  débris  d'în* 
fusôîres,  qui  donne  beaucoup  de  cendres  et  briilë 
avec  une  odeur  irès-désâgréable.  J'en  ai  exaiîiihê  une 
première  variété  qiiî  provient  dé  Saalhausen,  Il  est 
papyracé  et  brun  grisâtre  ;  51  laisse  après  caïcînatîon  et 
grillage  un  résidu  de  A5,4  P*  ioo  qui  consiste  pour  la 
plus  grande  partie  en  silice  solublé  dans  la  potasse, 
dnauné  dans  le  tube,  il  donne  une  distillation  acide, 
puis  alcaline  ;  il  dépose  du  bitume  et  répand  une  odeur 
très-désagréable.  Sa  proportion  d'azote  est  de...  5,88. 
Une  autre  variété  de  dusodîie,  qui  est  jaunâtre  et  qui 
provient  de  Mililli  en  Sicile,  m'a  donné...  5,63.  Les 
deux  résultats  soni  donc  concordants. 

Même  en  tenant  compte  des  matières  terreuses  mé* 
langées  au  dusodile,  Tazote  ne  s'y  trouve  pas  en  pro- 
portion si  grande  que  dans  la  tourbe  et  dans  certaines 
houilles  qui  ont  conservé  leurs  matière^  volatiles. 

En  résumé,  les  combustibles  fossiles  sont  formés  de 
carbone,  d'oxygène,  d'hydrogène  et  d'azote.  Ils  s'enri- 
chissent en  carbone  avec  F  âge  et  par  la  fossilisation.  Ils 
perdent  les  éléments  qui  les  composent  à  l'état  d'acide 

(1)  fiâmmelsberg.i7afKi6ttcÀ  derJUineralehemUf  1860,  p.  ^5^ 
^  Gregg  and  Lettsom.  âianual  of  Miner alogy,  p.  i6. 


TÉGÉTAUX.  àui 

càrbomque,  dé  gaz  des  marais,  de  gaz  oléfiant,  â*eaa, 
d'ammoniaque,  d'azote.  Tan  dis  que  le  carboné  augmente 
et  avec  lui  la  densité  du  combustible,  l'oxygène,  l'by- 
drogène  ei  l'azote  vont  successivement  en  diminuant. 
C'est  d'ailleurs  ce  qui  explique  pourquoi  la  proportion 
de  matières  volatiles  et  bitumineuses  se  réduit  de  plus 
en  plus  (i). 

L'azote  des  combustibles  fossiles  dépend  nécessaire-        s  4t. 
ment  de  la  nature  des  végétaux  qui  les  ont  formés  ori-  ^^  S^SSmiu 
ginalrement.  ïoutes  choses  égales,  il  doit  augmenter       to9ak\M. 
d'autant  plus  que  ces  combustibles  renfermaient  plus  de 
feuilles  et  moins  de  bois. 

D'un  autre  c6ié,  il  dépend  aussi,  dans  certaines  li- 
mites, de  l'âge  des  combustibles.  11  diminue  généra- 
lement dans  la  tourbe,  le  lignite,  la  houille  grasse,  la 
houille  maigre,  l'anthracite.  Les  exceptions  tiennent  au 
gisement  des  combustibles  et  surtout  à  leur  compo- 
sition oHginaire  qui  est  très- variable. 

Uazote  des  combustibles  est  visiblement  en  relation 
avec  leurs  matières  solubles  ou  volatiles,  et  il  se  réduit 
avec  elles.  L'anthracite  dans  lequel  il  ne  reste  plus  qu'une 
très-faible  proportion  de  ces  matières,  contient  cepen- 
dant plus  d'azote  que  la  plupart  des  substances  miné- 
rales. Il  en  contient  même  plus  que  les  débris  d'animaux 
et  de  vertébrés  qui  sont  antérieurs  au  terrain  diluvien. 

Bien  que  l'azote  tende  à  disparaître  avec  fâgè  des  vé- 
gétaux enfouis,  on  peut  remarquer  qu'il  en  reste  en- 
core une  proportion  très-notable  dans  les  combustibles 
fossiles.  C'est  surtout  bien  sensible  quand  on  compare 
leur  azote  avec  celui  des  végétaux  qui  leur  ont  donné 


(i)  Tôfr  à  oe  saJetT.  Regoanlt,  Llebig,  Ricbardsoo,  G.  Blschof 
et  le  mémoire  de  M.  de  âlandlJy,  Aw\aU$  4ê$  mine*^  5*  fiérie, 
i.XII«  p.  An. 


126  AZOTE   ET    MATIÈRES  ORGANIQUES. 

naissance*  On  voit  alors  que  la  tourbe,  le  lignite  et 
même  la  houille  renferment  plus  d'azote  que  la  moyenne 
des  bois  de  la  flore  actuelle.  Dans  toutes  les  houilles 
et  même  dans  l'anthracite*,  il  y  en  a  plus  que  dans  le 
bois  des  fougères  arborescentes.  Par  conséquent ,  il  est 
vraisemblable  que  les  feuilles  des  végétaux  ont  beau- 
coup plus  contribué  que  leurs  bois  à  former  la  houille 
et  les  combustibles  fossiles. 

Ce  résultat  vient  d'ailleurs  jeter  une  lumière  inat- 
tendue sur  l'origine  de  la  houille.  On  sait,  en  effet,  que 
la  houille  a  quelquefois  été  attribuée  à  des  accumula- 
tions de  bois  flotté.  Mais  il  est  facile  de  comprendre 
que  dans  cette  hypothèse  les  feuilles ,  les  écorces ,  les 
racines  et  en  général  les  parties  molles  auraient  été  dé- 
truites ,  tandis  que  les  parties  dures  comme  le  tronc  et 
les  branches,  c'est-à-dire  le  bois,  auraient  seules  ré- 
sisté. Et  alors  il  deviendrait  très-diJBScile  d'expliquer 
comment  la  houille  et  les  combustibles  fossiles  peuvent 
contenir  plus  d'azote  que  le  bois. 

Il  n'en  sera  plus  de  même  si  nous  supposons,  avec 
H.  Élie  de  Beaumont ,  que  les  végétaux  qui  ont  formé 
la  houille  se  sont  développés  sur  place.  Car  ces  végé- 
taux étaient  essentiellement  acotylédonés.  Ils  devaient 
être,  au  moins  en  partie,  herbacés.  Ceux  qui  étaient 
arborescents  avaient  des  tiges  qui,  à  volume  égal, 
fournissaient  beaucoup  moins  de  bois  que  les  arbres  de 
nos  climats.  Du  reste,  les  fougères  y  étaient  très- 
abondantes  et  leurs  feuilles ,  qui  sont  dures ,  épaisses 
et  résistent  bien  à  la  destruction,  composaient  souvent 
la  plus  grande  partie  du  végétal.  Les  débris  de  ces 
végétaux  acotylédonés  étaient  donc  beaucoup  plus  ri- 
ches en  azote  que  le  bois ,  et  tout  porte  à  croire  qu'ils 
se  sont  développés  dans  des  marais,  comme  les  mousses 
qui  engendrent  la  tourbe  à  l'époque  actuelle. 


TÉ6ÊTAUI.  997 

L'azote  contenu  dans  les  combustibles  fossiles  est       s  49. 
quelquefois  en  proportion  assez  grande  pour  qu'on  ait      d«tMit* 
songé  i  r  utiliser  à  la  fabrication  des  sels  ammoniacaui.    •■»»jn^««« 
C'est  notamment  ce  qui  a  lieu  pour  la  tourbe ,  et  on  sait  let eombotubiM 
que  du  cblorby drate  d'ammoniaque  se  recueille  dans  la 
fabrication  da  gaz  de  Téclairage*  A  llalovka  en  Russie, 
la  bouille  est  même  distiUée  spécialement  pour  l'ex- 
traction des  sels  ammoniacaux  (i).  Elle  présente  d'dl* 
leurs  des  caractères  tout  particuliers;  elle  est  trop 
argileuse  pour  être  brûlée  et  d'un  autre  c6té,  par  sa 
couleur  brune,  par  sa  grande  proportion  d'eau  et  de 
matières  volatiles,  elle  se  rapprocbe  complètement 
du  lignite.  Si  cette  bouille  de  Russie  a  conservé  ses  ma- 
tières volatiles ,  beaucoup  mieux  que  les  combustibles 
de  même  âge,  il  faut  Tattiibuer  sans  doute  à  son  gise- 
ment»  mais  peut-être  aussi  à  son  argile;  car  l'argile, 
particulièrement  Targile  magnésienne,  a  une  grande 
affinité  pour  les  matières  organiques  (§  6). 

Les  végétaux  fossiles  sont  pseudomorphosés  beau-        s  ^ 
coup  plus  souvent  que  les  os  fossiles.    Ce   résultat    '^^"•'^ 
semble  très-bizarre  au  premier  abord ,  et  on  serait  na-   dM  Técéuoi. 
tnrellement  porté  à  croire  que  le  phospbate  et  le  car- 
bonate de  cbaux  doivent  au  contraire  moins  bien  ré- 
sister à  la  fossilisation  que  le  carbone.  Mais  pour  que 
les  végétaux  ne  soient  pas  détruits,  certaines  conditions 
sont  nécesssdres  ;  il  faut  en  particulier  que  l'argile  ou 
bien  une  coucbe  imperméable  les  protège  contre  l'infil- 
tration. On  sait  que  c'est  le  cas  habituel  pour  les  com- 
bustibles qui  sont  compris  entre  des  couches  d'argile  ou 
de  schiste.  L'expérience  montre  d'un  autre  côté  que  si 
des  végétaux  sont  complètement  isolés  dans  les  grès,  les 
calcaires,  les  gypses ,  les  tufs ,  en  un  mot  dans  les  roches 

(1)  QulUemin.  £œploraiianêminéralogiqueêdam$  la  JRutsie 
iTSurope^  1S60,  p.  18. 


iih  AZOTE  ET  liÀTIÈRÊS  OBGANIQUES. 

poreuses,  îls  s'altèrent  généralement  beaucoup  plus  que 

les  os.  Alors  leur  ca^bone  est  facilement  déplacé ,  ce 

qui  tient  sans  doute  aune  combustion  lente  opérée  par 

l'oxygène  dissous  dans  l'eau  d'infiltration  5  en  môme 

temps  la  silice  ou  les  substances  minérales  renfermées 

dans  cette  eau  se  substituent  peu  à  peu  au  carbone,  eri 

sorte  qu'elles  prennent  exactement  la  forme  du  végétal. 

S  44.  Les  recherches  faites  sur  les  animaux  et  sur  les  vé- 

^j^JJ^       gétaux  fossiles  njontrent  qu'ils  retiennent  une  partie 

tor^orgamisét,  de  leurs  matières  organiques,  môme  après  des  durées 

tellement  grandes  qu'elles  effrayent  notre  imagination. 

Ces  maltières  organiques  peuvent  être  aisément  re- 
connues par  divers  procédés,  notamment  par  la  distil- 
lation, par  l'attaque  avec  un  acide.  Elles  renferment 
d'ailleurs  de  Fazote  qui  se  laisse  doser  avec  une  très- 
grande  précision  et  qui  permet»  en  quelque  sorte,  de 
les  évaluer. 

L'azote  des  corps  organisés  fossiles  éprouve  des  Va- 
riations qui  sont  dues  à  des  causes  très-coinplexes.  U 
dépend,  en  effet,  de  leur  nature,  de  leur  gisement,  Ae 
leur  métamorphisme. 

L'état  physique  du  corps  considéré  exerce  d'abord 
quelque  influence  sur  la  conservation  de  ses  matières 
organiques.  Quand  il  est  poreux,  il  est  par  cela  môme 
très-perméable  et  les  infiltrations  de  substances  miné- 
rales l'imprègnent  plus  ahément.  La  facilité  avec  la- 
quelle* un  corps  organisé  s'altère  dans  la  fossilisation 
augmente,  toutes  choses  égales,  avec  sa  porosité. 

La  nature  et  la  composition  chimique  de  ce  corps 
exercent  également  une  grande  influence.  Les  ani- 
maux,  par  exemple,  se  détruisent  beaucoup  plus  rapi- 
dement que  les  végétaux.  Quoique  les  végétaux  ren- 
ferment à  peine  des  substances  minérales,  ils  sont 
même  relativement  peu  altérables,  et  letif  structure 


CORPS  ORGANISÉS.  919 

peut  se  conserver  dans  la  fossilisation,  il  faut  Tattri- 
buer  â  ce  qu'ils  soot  essentiellement  formés  de  carbone 
qui  résisté  trèé-oien  aux  divers  agents. 

Lé  gisement  dû  corps  organisé  exerce  aussi  de  Tin- 
fluence  sur  sa  proportion  d'azote.  Car  lorsque  ce  corps 
se  trouve  dans  due  roche  perméable,  qui  est  saris  cessé 
baignée  par  l'eau,  l'infiltration  s'y  opère  facilement  et 
tend  à  détruire  ses  matières  organiques.  C'est  ce  qui 
explique  pourquoi,  flans  certaines  roches  désagrégées 
et  facilement  imprégnées  par  l'eau,  les  os  et  les  co- 
quilles tombent  en  poussière,  lorsqu'on  veut  les  re- 
cueillir ;  tandis  que,  dans  d'autres,  les  os  sont  durs  et 
bien  conservés,  les  coquilles  décorées  de  leurs  couleurs 
et  de  leur  ëclat  nacré. 

La  composition  minéralogique  de  la  roche  dans 
laquelle  les  débris  organisés  sont  enfouis,  est  encore 
importante  à  considérer,  parce  qu'elle  contribue  à  faire 
varier  les  substaijces  contenues  dans  l'eau  d'infiltration. 
tl  est  donc  facile  dé  concevoir  pourquoi  les  mêmes  dé- 
bris résistent  d'une  irianiër e  trés-inégale  dans  des  gise- 
men ts  différents. 

Enfin ,  les  corps  organisés  fossiles  sont  sujets  à  des 
altérations  plus  ou  moins  profonde^  dans  lesquelles  ils 
conservent  leur  forme.  Ainsi,  les  os  h^ont  plus  leur  conoi- 
position  orijginaire;  non-seulement  leurs  matières  orga- 
niques ont  été  presque  entièrertient  détruites,  mais  leurs 
matières  minérales  elles-mêmes  oni  été  plus  où  moins 
dissoutes  et  quelquefois  remplacées  par  d'autres. 

C'est  surtout  la  chaux  carbonatée  qui  imprègne  les 
os  et  qui  tapisse  leurs  cellules;  d'un  autre  côté,  la 
silice  remplace  fréquemment  le  bois  et  le  têt  calcaire 
des  mollusques.  Dans  les  roches  argileuses  la  pyrite  de 
fer  se  substitue  d'ailleurs  à  tous  les  corps  organisés. 

En  définitive,  dans  la  fossilisation,  les  animant  etleà 


s5o  AzoTB  BT  mauëres  organiques* 

végétaux  peuvent,  en  conservant  leur  forme,  éprouver 
des  modifications  dans  leur  composition  chimique  et 
perdre  non-seulement  leurs  matières  organiques,  mais 
encore  leurs  matières  minérales.  L'étude  de  ces  modiC- 
cations  rentre  dans  celle  du  pseudomorpbisme  qui  a  déjà 
été  faite  précédemment(i  )  •  Les  causes  qui  la  produisent 
sont  les  mêmes  que  pour  le  métamorphisme ,  et  elles 
sont  très-complexes.  Elles  agissent  à  la  fois  sur  les 
corps  organisés  et  sur  les  roches  qui  les  contiennent , 
mais  leurs  effets  sont  plus  faciles  à  apprécier  sur  les 
corps  organisés,  parce  que  leur  composition  originaire, 
est  mieux  connue. 

Les  recherches  précédentes  ont  montré  que  les  débris 
laissés  par  un  animal  ou  par  un  végétal  fossile,  présentent 
une  composition  qui,  dans  certaines  limites  est  en  re- 
lation avec  leur  âge.  C'est  surtout  bien  visible  pour  les 
végétaux  qui  passttt  successivement  à  l'état  de  bois, 
de  tourbe,  de  lignite,  de  houille,  d'anthracite,  à  mesure 
qu'on  descend  dans  la  série  des  terrains.  Peu  à  peu  ils 
s'enrichissent  en  carbone  et  s'appauvrissent  en  azote; 
en  sorte  qu'un  simple  dosage  d'azote  sufSt  jusqu'à  un 
certain  point  pour  indiquer  leur  ftge. 

n  faut  observer,  cependant,  qu'il  existe  de  nom- 
breuses exceptions  à  cette  règle  ;  car  des  circonstances 
spéciales  produisent,  dans  les  végétaux  fossiles,  les 
mêmes  métamorphoses  que  le  temps.  Ainsi ,  bien  que 
l'anthracite  soit  généralement  dans  les  terrains  anciens, 
il  se  rencontre  également  dans  les  terrams  récents  et 
même  jusque  dans  les  terrains  tertiaires  qui  ont  été 
métamorphosés.  Toujours  est-il  que  la  composition 
minéralogique  et  chimique  des  végétaux  fossiles  peut 
déjà  donner  quelque  indication  sur  leur  âge. 

(i)  Annalei  des  mines^  1859,  t  XV,  p.  379.  Recherches  sur 
lea  pseudomorphoses. 


COKPS  ORGANISÉS.  sSl 

La  même  remarque  s'applique  à  certains  débris 
laissés  par  les  animaux,  notamment  aux  os,  aux  dents« 
Ces  débris  contiennent,  en  effet,  des  matières  organi- 
ques qiû  résistent  à  la  fossilisation  pendant  des  pé- 
riodes indéfinies  de  siècles  et  qui  vont  en  diminuant  à 
mesure  qu'on  descend  dans  la  série  des  terrains.  Le  do- 
sage de  l'azote  permet  encore  de  le  constater  aisément. 

Comme,  dans  la  fossilisation,  les  animaux  s'altèrent 
plus  facilement  que  les  végétaux  et,  comme  ils  sont 
beaucoup  moins  comparables  entre  eux,  la  relation  n'est 
pas  aussi  nette.  Cependant  leur  azote  présente  des  varia- 
tions très-sensibles,  et  toutes  choses  égales,  il  diminue 
à  mesure  que  l'âge  augmente. 

Quand  on  considère  des  durées  énormes  comme  celles 
qui  sont  nécessaires  à  la  formation  des  terrains,  les  dif- 
férences sont,  il  est  vrai,  très-faibles;  car  les  matières 
organiques  ont  disparu  presque  complètement  dès  qu'on 
descend  dans  le  terrain  tertiaire.  Toutefois  il  n'en  est 
plus  de  même  pour  les  fossiles  du  terrain  diluvien  et 
de  V époque  actuelle.  Les  os  humains,  par  exemple,  pré- 
sententde  grandes  différences  et  ils  contiennent  d'autant 
moins  d'azote  qu'ils  sont  plus  anciens.  Les  os  à  la  partie 
inférieure  du  terrain  diluvien  en  ont  moins  que  ceux  qui 
sont  à  la  partie  supérieure.  On  trouve  même  dans  les 
cavernes  et  sur  les  flancs  des  collines,  des  os  appartenant 
à  des  hyènes  et  à  des  espèces  perdues,  qui  renferment 
autant  de  matières  organiques  que  les  os  humains^  re- 
montant à  une  haute  antiquité.  L'analyse  indique  donc 
que  notre  sol  a  été  habité  parles  hyènes  à  une  époque  qui 
n'est  pas  très-éloignée  de  nous  ;  elle  indique  aussi  que 
l'homme  a  vécu  en  même  temps  quedesespèces  perdues, 
fait  très-important,  admis  déjà  par  plusieurs  géologues 
et  qui  parait  confirmé  par  des  recherches  récentes. 

Ainsi,  ledosage  de  l'azote  permet  de  contrôler  les 


9  Sa  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGAïaQUEB. 

données  de  Tarchéologie  et  de  la  géologie  ;  il  peut  four- 
nir, dans  certaines  limites,  des  indications  sur  Tâçe 
d'un  végétal  ou  même  d  un  animal  fossile.  C'est  pour 
notre  globe  un  chronomètre  qui  laisse  san^  doute  beau- 
coup à  désirer,  mais  dans  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances, il  n'y  pn  a  guère  ^i  soient  plud  parfait^ 


II.  --  CORPS  NON  ORGANISÉS. 

COMF1  ;         Il  peut  paraître  extraordinaire  dq  rechercher  les  ma- 

H  tières  organiques  dans  les  minérau]^  qui  sont  d^s  CQrps 

MmtaAcx.     généralement  cristallisés  ;  mais  il  est  facile  de  constater 

qu'ils  en  renfermant  le  plus  souvent,  et  que  même  l'ar- 

zote  s'y  trouve  en  quantité  assez  nota|}le  pour  que  çpn 

dosage  soit  encore  possible. 

D'ailleurs,  lesminérau^^  étant  les  éléments  des  roches, 
il  m'a  paru  nécessaire  d'y  rechercher  d'abord  l'azote,  pt 
je  me  suis  attaché  surtout  à  cquz  qui  constituent  essen- 
tiellement Técorce  terrestre. 

Je  vais  passer  en  revue  le^  résultats  obteni^s  en  sui- 
vant Tordre  adopté  dans  la  minéralogie  de  M*  Dana. 

{Tableau  II.) 

S  ^'-  Parmi  les  corps  simples  le  graphite  réclamait  un 

^  "hT  '  ^^2imen  spécial.  Tous  les  échantillons  très-purs  que  j'ai 
essajés  ont  donné  à  la  distillation  une  odeur  empyreu- 
matique  bien  caractérisée  et  rappelant  celle  de  la  pipe; 
en  outre,  le  papier  de  tournesol  rougi  s^été  très-sensible- 
ment ramené  au  bleu;  par  conséquent  il  s'était  dégafi^é 
de  l'ammoniaque  provenant  de  matières  org^iques  azo- 


imiÉtAux. 


a33 


$4«. 


tées.  L*azo^  est  resté  compris  entre  o,  i  et  0,2  millièmes. 

On  a  vu  cpi'il  y  a  de  l'azote  dans  tous  les  combus- 
tibles minéraux  et  qu'il  diminue  généralement  à  mesure 
que  leur  carbone  augmente;  par  suite  on  pouvait  s'at- 
tendre à  en  trouver  aussi  dans  le  graphite  (|yi  est  du  car- 
bone cristallisé.  Les  recherches  de  M.  de  Marsilly  nous 
apprennent  du  reste  que  la  houille  perd  très-diflicile- 
ment  ses  dernière  traces  d*azote,  et  qu'il  y  en  a  même 
dans  le  coke  (i).  Quelle  que  soit  l'hypothèse  adoptée 
pour  expliquer  la  formation  4u  graphite,  on  ne  doit 
donc  pas  être  surpris  d'y  trouver  encore  de  l'azote. 

Dans  les  sulfures,  il  parait  n'y  avoir  que  très-peu  de 
matières  organiques.  Leur  distillation  est  acide  par  la 
formation  a  acide  sulfureux,  et,  comme  Ta  remarqué 
Berzélius,  la  pyrite  de  fer  dégage  aussi  de  l'hydrogène 
sulfuré,  quelquefois  même  du  sulfure  d'arsenic.  Comme 
les  autres  minéraux  des  gîtes  métallifères,  les  sulfures 
peuvent  d'ailleurs  se  trouver  associés  à  des  matières 
organiques,  notamment  à  des  bitumes. 

La  chaux  &uatée  contient  accidentellement  des  sub- 
stances minérales  qui  lui  sont  mélangées  et  qui  lui  com- 
muniquent leur  couleur  ;  telles  sont  la  chlorite,  l'oxyde  cbaux  fluaté«. 
de  fer,  les  carbonates  de  cuivre.  Toutefois,  le  plus  sou- 
vent elle  est  pure  et  même  transparente;  alors,  quelle 
que  soit  sa  couleur,  jaune  de  miel,  verte,  bleu-verdâtre, 
j'ai  constaté  qu'elle  donne  toujours  une  odeur  empyreu- 
matique  et  des  traces  bien  sensibles  d'azote.  Quand  on 
commence  à  la  chauffer  dans  le  tube,  elle  est  remarqua- 
blement phosphorescente  pendant  plusieurs  minutes  ; 
c'est  à  cause  de  cette  propriété  que  les  anciens  miné^ 
ralogistes  l'ont  nommée  phosphore  smaragdin.  Celle 


S  47. 

Fluorur0i, 
Chlorwr9i,     ] 


II)  Annaltê  des  mine$^  5'  série,  t  XII»  p.  3A7*  Études  des 
principales  variétés  de  houille. 


234  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

qui  est  vert  émeraude  prend  alors  une  belle  couleur 
rouge  violet.  En  outre,  elle  décrépite  et  elle  donne  une 
distillation  qui  est  d'abord  alcaline  et  qui  s'opère  seu- 
lement après  la  phosphorescence. 

Quand  elle  est  calcinée ,  elle  éprouve  une  perte  qui 
au  moins  de  quelques  millièmes  et  elle  devient  blanche  ; 
par  conséquent  sa  couleur  est  bien  due  à  des  matières 
organiques  qui  se  détruisent  par  Faction  de  la  chaleur. 
H.  Kenngott  a  même  constaté  que  sa  couleur  pâlit  et 
s'altère  par  l'action  seule  de  la  lumière  (i). 

La  chaux  fluatée  ayant  une  couleur  foncée  parait 
contenir  une  plus  grande  proportion  de  matières  orga- 
niques que  celle  qui  est  incolore  ;  toutefois,  dans  une 
variété  verte  que  j'ai  essayée^  il  y  avait  seulement... 
0,08  d'azote. 

La  chaux  fluatée  bleu  violet  du  granité  de  Welsen- 
dorf  esttrès-remarquable,  comme  l'a  constaté  M.  Schœn- 
bein,  en  ce  qu'elle  donne  par  le  frottement  une  odeur 
très-prononcée  de  chlore.  M.  Schaffhautl  y  a  même 
trouvé  : 


Azote 0,907 

Hydrogène o,o58 


Carbone 0,370 

Acide  hypochloreux.  •    0,869 


Le  chlore  y  est  à  l'état  d'hypochlorite  de  chaux. 

La  distillation  de  la  chaux  fluatée  qui  est  d'abord 
légèrement  alcaline  devient  acide  quand  on  chaufie  da- 
vantage ;  cela  tient  à  ce  qu'il  se  dégage  un  peu  de 
fluoride  silicique  par  suite  de  la  réaction  du  spath 
fluor  sur  des  traces  de  silice  qu'il  renferme,  ou  bien 
sur  la  silice  du  tube  de  verre.  Par  cela  même  que  la 
chaux  fluatée  contient  une  matière  organique  azotée, 
elle  peut  d'ailleurs  renfermer  aussi  un  peu  d'acide  ni- 

(1)  KenDgott   Uebersicht  der  Resultate  mineralogi$eher 
Forêchungen^  186A,  p.  19s. 


mirÉRAux. 


935 


M  iMMie. 


trique  ou  de  uitrate  qui  se  serait  formé  aux  dépens  de 
cette  matière  ;  cet  acide  nitrique  se  dégageant  par  la 
chaleur  a  pu  donner  les  réactions  qui  sont  attribuées  à 
r ozone,  et  il  expliquerait  pourquoi  l'ozone  a  été  indi- 
gné récemment  dans  la  chaux  fluatée  ? 

La  cryolite  blanche  et  bien  cristallisée  du  Groenland      Gnr«ui«. 
décrépite  par  la  calcination  et  donne  une  odeur  empy- 
reumatique  ;  elle  ramène  aussi  le  papier  de  tournesol 
au  bleu,  mais  plus  faiblement  que  la  chaux  fluatée  verte. 

Quelques  variétés  de  sel  gemme ,  notamment  celui 
qui  est  rouge  et  qui  provient  des  marnes  irisées  de 
Dieuze,  ont  donné  une  distillation  très-faiblement  am- 
moniacale.  Toutefois,  en  appliquant  le  procédé  employé 
pour  le  dosage  de  F  azote ,  j*ai  obtenu  seulement  une 
fraction  de  division  de  la  burette.  Gomme  la  coloration 
du  sel  rouge  est  attribuée  à  des  infusoires  appartenant 
au  genre  des  monades,  la  faible  quantité  d'azote  trou- 
vée montre  que  le  poids  de  ces  êtres  est  extrêmement 
petit  ;  il  est  facile  de  s'en  assurer  en  jetant  sur  un  filtre 
la  dissolution  de  ce  sel  rouge.  Du  reste,  le  sel  renferme 
quelquefois  des  matières  bitumineuses  et  du  gaz  hydro- 
gène. Du  chlorhydrate  d'ammoniaque  a  même  été  si- 
gnalé dans  le  sel  gemme  de  Hall. 

Les  fers  oxydulés  ne  donnent  que  des  traces  d'azote 
et  de  matières  organiques.  En  effet,  la  distillation  est  à 
peine  ammoniacale  pour  le  fer  oxydulé  terreux  (Eisen-  p«  oxyduw. 
mulm  des  minéralogistes  allemands),  qui,  à  Eisern, 
près  de  Siegen,  s'observe  au  contact  d'un  filon  de  ba- 
salte avec  le  fer  spathique.  Il  en  est  de  même  pour  le 
fer  oxydulé,  grenu,  à  éclat  métallique,  qui  est  enclavé 
dans  les  roches  cristallines  de  la  Finlande. 

La  pyrolusite  de  la  Romanèche  n'a  pas  donné  une     PyroimiiA. 
plus  grande  prçportion  d'azote. 

Vauquelin,  Faraday,  Becquerel,  Chevallier  ont  mon- 


S  48. 

Otfydiff. 


Lirooniie. 


TOUE  XVirr,   1860. 


iG 


256  AZOTB  ET  IIÂTIÈAËS  OBOÂHIQUES. 

tré  que  quand  le  fer  s'oxyde  au  contact  de  Ttàt  et  4e 
Teau,  il  se  produit  de  Tammoniaque  ;  il  en  est  de  mfeme 
quand  le  protoxyde  de  fer  se  suroxyde,  et  le  sesquioxyda 
qui  se  forme  condense  encore  Tammoniaque  ;  il  n'est 
donc  pas  étonnant  que  cet  alcali  se  trouve  dans  leê 
bydroxydes  de  fer  naturel  ;  et  c'est,  en  effet,  ce  (fui 
a  été  constaté  par  MM.  de  Gasparin  et  Boussingault(i). 
Une  limonite  fibreuse,  brune ,  à  éclat  métallique  du 
pays  de  Siegen,  m'a  donné  une  distillation  légèrement 
acide  et  contenait  seulement  o,og  d*azote  ;  celle  d*Op-> 
peln,  qui  est  ocreuse  et  qui  s'est  déposée  dans  les  ter<» 
rains stratifiés,  en  avait*...o,22« 

L'hématite  rouge  renferme  également  de  Fazote  ;  cdle 
d'Espagne,  qui  est  argileuse  et  à  l'état  de  sanguine,  pa^ 
raîtrait  même  en  avoir  une  très-grande  proportiod. 
Qoirte.  La  présence  de  matières  organiques  a  déjà  été  itf- 

gnalée  par  Rnox  dans  le  quartz,  et  leur  carbone  ft 
même  été  dosé  par  Brandes  et  par  Heintz.  L'améthyste, 
par  exemple,  commence  à  se  décolorer  vers  2S0*,  et« 
sur  1.000,  il  contient  0,027  de  carbone.  Il  y  a  de 
même  o,o5o  de  carbone  dans  la  cornaline;  0,060  à 
o,  1 00  dans  le  silex  de  couleur  pâle  ou  foncée,  et  jusqu'à 
o,3oo  dans  Fopale  brune  de  Quegstein,  qui  a  Tapp^ 
rence  du  bois.  Il  était  surtout  intéressant  de  re<- 
chercber  l'azote  dans  le  quartz,  qui  est  Tun  des  élé- 
ments essentiels  des  roches  ;  aussi  ai-je  examiné  ses 
principales  variétés  en  choisissant  particulièrement 
celles  qui  diffèrent  le  plus  par  leur  gisement  et  par 
leur  origine. 

Et  d* abord  le  quartz  hyalin  du  granité  contient  des 
matières  organiques  ;  calciné,  il  décrépite  légèrement, 
perd  sa  couleur  grisâtre^  devient  blanc  et  opaque;  en 

(1)  De  Oasparin.  Cours  â*agriculture^  1, 9S. 


MIHÉKAUZ.  »37 

mâine  temps  il  dpnnd  une  distillation  ammoniacale 
très-faible,  mais  cependant  bien  sensible  au  papier  de 
toumesoL  Dans  nn  cristal  de  quartz  hyalin  enfumé  et 
bien  exempt  d'impuretés  ^  qui  provenait  du  granit  d'A- 
lençon,  j'ai  trouvé*..  o,£  d'asote. 

Le  quarts  rose ,  rosenquartz  des  minéralogistes  ail»» 
mands,  qui  se  trouve  en  Bavière»  dans  T  Altaï  «  en  Si- 
bérie, à  Geylan  «  donne  une  distillation  à  peine  alca- 
line «  ou  même  presque  neutre  ^  mais  il  renferme 
cependant.. •  0,11  d'azote.  Certaines  variétés  de  quarts 
00  de  silex  provenant  de  Quincy  ont  une  très-belle 
couleur  rose  fleur  de  pôcberi  et  l'écume  de  mer  du 
même  gisement  présente  aussi  cette  particularité.  La 
couleur  rose  de  ces  minéraux  doit,  conune  l'a  constaté 
M.  Bertbier,  être  attribuée  à  leur  mélange  avec  une 
matière  organique* 

La  calcédoine  transparente,  gris  bleuâtre  du  mêla-  caieédoiM, 
pbyre  d'Oberstein  ^  donne  une  distillation  très-faible*-  **'  ^'°** 
ment  alcaline,  et  la  proportion  d'azote  y  est  notable- 
ment moindre  que  dans  le  quartz  enfumé  du  granité  ( 
elle  est  seulement  de  0,07.  Dans  la  sardoioe,  ou  dans 
la  calcédoine  brun  jaunâtre,  le  résultat  est  à  peu  près 
le  même. 

Bien  que  la  diiTérence  entre  la  quantité  d'azote  dans 
le  quaru  du  granité  et^dans  la  calcédoiua  du  méla^ 
pbyre  soit  très-petite,  elle  est  cepenclant  bien  marquée 
et  facilement  appréciable  ;  sans  aucun  doute  elle  est  en 
relation  avec  l'origine  de  ces  deux  minéraux  et  des  ro- 
ches qui  les  renferment. 

L'opale,  quel  que  soit  son  gisement,  contient  au       opaie. 
contraire  une  proportion  très-notable  d'azote;  calci- 
née, elle  dégage  une  odeur  empyreumatique  bleu  sen- 
sible, toutefois  sa  distillation  est  tantôt  alcaline  et 
tantôt  acide.  Je  l'ai  trouvée  acide,  notamment  pour  de 


s  38  AZOTE   ET   MATIÈRES  ORGANIQUES. 

l'opale  provenant  de  la  serpentine  de  Mussinet  et  du 
trachyte  de  Hongrie. 

Cette  dernière,  qui  forme  un  petit  filon  jaspé  et 
brun  jaunâtre  traversant  le  trachyte,  renferme. ••  o,3o 
d'azote;  il  y  en  a...  0,37  dans  1* opale  résinite  blanche» 
dite  hydrophane  de  Mussinet.  L'opale  geyserite,  qui 
est  gris  blanchâtre,  fibreuse,  concrétionnée,  et  qui  se 
dépose  en  stalactites  à  l'intérieur  du  grand  geyser  de 
l'Islande,  ramène  fortement  au  bleu  le  papier  de  tourne- 
sol rougi,  et  contient...  0,12  d'azote. 

Les  matières  organiques  de  l'azote  se  retrouvent 
jusque  dans  l'opale  noble,  qui  est  employée  pour  la 
bijouterie,  et  M.  Ebrenberg  a  même  constaté  qu'il  existe 
des  vermets  encore  bien  reconnaissables  dans  l'opale 
de  feu  des  trachytes  de  la  Hongrie  (1). 

L'opale  grossière,  blanche,  brunâtre  et  résineuse, 
qui  est  en  rognons  dans  le  calcaire  lacustre  siliceux 
des  environs  de  Paris,  contient  seulement..  0,1 4  d'a- 
zote. Il  est  remarquable  que  la  proportion  d'azote 
trouvée  soit  moindre  dans  l'opale  des  roches  stratifiées 
que  dans  celle  des  roches  érupti ves  ;  elle  est  surtout 
élevée  dans  l'opale  qui  forme  des  filons  dans  la  ser- 
pentine et  dans  le  trachyte. 
stiti.  Le  silex  gris  brunâtre,  en  rognons  dans  la  cnde  de 

Heudon,  décrépite,  blanchit  et  donne  une  distillation 
légèrement  ammoniacale;  mais  les  échantillons  que 
j'ai  essayés  n'avaient  qu'une  trace  d'azote.  Il  est  encore 
très-remarquable  que  le  quartz  hyalin  des  roches  gra- 
nitiques renferme  plus  d'azote  que  le  silex  ;  car  ce  der- 
nier s'est  déposé  au  fond  de  la  mer,  et  par  suite  en  môme 
temps  que  les  dépouilles  d'une  multitude  d'animaux. 

(1)  Ebrenberg.  Mikrogeologie.  *-  Damour.  Annale$  dei 
minet ^  t.  XVfl,  p.  90a. 


MiiiÉaAux.  s  39 

Les  matières  organiques  du  silex,  de  Topaie,  et 
même  du  quartz  byalio,  peuvent  provenir  de  Teau 
en  présence  de  laquelle  ces  minéraux  se  sont  formés  ; 
elles  peuvent  aussi  être  attribuées  aux  infusoires  que 
11.  Ehrenberg  a  observés  dans  l'eau ,  même  lorsqu'elle 
a  été  portée  à  une  température  élevée. 

Le  qoartz,  l'opale,  la  limonite,  font  bien  voir  que 
la  distillation  d*un  minéral  peut  être  faiblement  alca- 
line ,  neutre ,  ou  même  acide ,  quoiqu'il  contienne  une 
proportion  très-notable  d'azote.  Par  conséquent,  bien 
qu'un  minéral  donne  généralement  une  distillation 
d'autant  plus  alcaline  qu'il  est  plus  riche  en  azote,  cela 
n'a  cependant  pas  toujours  lieu. 

Les  silicates  anhydres  ont  une  très-grande  impor- 
tance, et  il  était  bon  de  les  examiner  tout  spéciale- 
ment: d'un  autre  côté,  ils  ne  renferment  que  très-peu 
de  matières  organiques,  en  sorte  que  l'azote  n'est  pas 
toujours  susceptible  d'y  être  dosé.  Il  est  d'ailleurs  facile 
de  le  comprendre;  car,  par  leur  gisement,  ils  appar- 
tiennent aux  roches  éruptives  ou  métamorphiques, 
c'est-à-dire  aux  roches  qui  sont  éminemment  cristal- 
lines. 

Le  pyroxène  vert,  en  cristaux  énormes,  prove- 
nant des  roches  métamorphiques  de  Thorbjomsbœ, 
en  Norwége,  a  donné  seulement  0,006  d'azote,  soit 
moins  de  1  cent-millième.  Cependant,  dans  le  tube, 
la  distillation  de  ce  pyroxène  donne  encore  une  odeur 
empyreumatique  légère  et  colore  sensiblement  en  bleu 
le  papier  de  tournesol. 

L'bypershène  brun  noirâtre  a  donné  une  odeur  çm- 
pyreumatique  bien  prononcée ,  et  a  ramené  au  bleu  le 
papier  de  tournesol. 

Dans  toutes  les  amphiboles  qui  ont  été  essayées,  la 
réaction  alcaline  s'est  montrée  très-faible. 


s  4». 


Pyroxène , 


94o 


AZOTE  ET  UATIÈRBS  ORGAïaQUES. 


Émcrânde. 


WenMrite. 


M.  Lewy  a  signalé  une  matière  organique  dans  la 
belle  émeraude  de  Mm;;zo ,  qui  s'est  développée  dans 
une  roche  calcaire  noire,  et  encore  fossilifère  sur  cer- 
tains points.  Cette  émeraude  contient  un  peu  d'eau  et 
plus  d'un  millième  de  matière  organique  dans  laquelle 
H.  Lewy  a  trouyé  :  carbone...  0,90,  hydrogène... 
o,5o  (i). 

J'ai  examiné  quelques  êmeraudes,  et  leur  matière 
organique  renferme  aussi  de  l'azote ,  en  quantité  il  est 
vrai  très-petite,  mais  suiflsante  cependant  pour  que 
Içur  distillation  soit  faiblement  ammoniacale.  Ainsi» 
Témeraude  vert  bleuâtre,  bien  transparente,  dite  aigue^ 
marine  de  Sibérie,  a  donné  une  distillation  très-légère- 
ment alcaline  et...  o,o4  d'azote. 

Par  la  calcination ,  Témeraude  décrépite  ;  elle  perd 
en  grande  partie  sa  couleur  verte ,  toutefois  pas  com- 
plètement ,  même  en  élevant  la  température  ;  lors-- 
qu'elle  est  chauffée  avec  la  chaui  sodée ,  pour  le 
dosage  de  l'azote,  elle  prend  d'ailleurs  une  belle  cou- 
leur rose.  Par  conséquent ,  la  couleur  de  Témeraude 
ne  peut  être  exclusivement  attribuée  à  une  matière 
organique. 

Un  grenat  brun  rougeâtre  de  Slatoust,  contenant  un 
peu  de  pyrite  de  fer,  a  donné  dans  le  tube  une  odeur 
empyreumatique  très-sensible  et  une  distillation  fai- 
blement acide  ;  cette  dernière  circonstance  tient  sans 
doute  à  la  présence  de  la  pyrite.  Le  procédé  pour  le 
dosage  de  l'azote  appliqué  à  ce  grenat  a  montré  qu'il 
n'en  contenait  que  des  traces. 

La  wernerite  du  Vésuve  renferme,  d'après  M.  G.  Bis- 
chof,  une  matière  ammoniacale  (2) . 


(1)  Annales  de  chimie  et  de  physique,  3*  série,  t  LIII,  p.  5. 

(2)  Bischof.  Lehrbfêehy  t  II,  p.  608. 


Les  matières  oi^aniques  ont  déjà  été  signalées  dans 
divers  micas.  £n  effet,  Knox  indique  dans  un  mica 
blaDC  d'argent  une  eau  bitumineuse  et  des  traces  d*am- 
moniaque.  Stein  a  extrait  par  l'alcool  une  matière  or- 
ganique du  mica  h  base  de  litbine  d' Altenberg.  G.  Bis- 
chef  a  trouvé  que  le  mica  ferromagnésien  des  roches 
volcaniques  du  Laacher  See  donne #  à  la  distillation, 
une  odeur  empyreumatique  et  une  réaction  alcaline  (i). 
fû  examiné  moi-même  divers  micas,  et  j'ai  eu  soin  de 
eboisir  particulièrement  ceux  qui  étaient  parfaitement 
purs  et  qui  ne  présentaient  aucune  trace  visible  d'al- 
tération. Le  mica  sericite  nacré,  blanc  verd&tre  et  gau- 
fré qui  forme  le  micascbiste  de  Rasberry  Bill  en  Ir- 
lande «  m'a  donné  au  papier  de  tournesol  une  couleur 
Ueu  vif  qui  a  persisté,  Avec  le  mica  nacré,  blanchâtre 
et  doux  an  toucher,  du  micaschiste  grenatifëre  de  Ty- 
rone  en  Irlande ,  le  papier  de  tournesol  a  pris  au  con- 
lyaire  une  couleur  rouge.  Il  en  a  été  de  même  pour  le 
ouoa  pUogopite  ou  magnésien  qui  forme  des  rognons 
dans  le  calcaire  saccbaroïde  du  Saint-Philippe,  près 
Sainte^Marie^aux  -Mines. 

Le  mica  moscovite,  blanc  argenté ,  transparent  et  ^ 
grandes  lames,  de  New-York,  donne  une  distillation 
d'abord  alcaline  qui  devient  acide  en  chauffant  plus 
fortement.  Le  mica  lépidolithe  rose  de  Saxe,  donne  au 
contraire  une  distillation  d'abord  acide  qui  devient  en- 
sidte  faiblement  alcaline. 

Ces  anomalies  apparentes  dans  la  distillation  des 
micas  tiennent  surtout  h  la  proportion  de  fluor  qu'ils 
renferment  et  à  la  facilité  avec  laquelle  il  se  dégage 
par  la  chaleur  k  l'état  de  fluoride  de  silicique. 

Dans  le  mica  sericite  il  existe  à  peine  du  fluor,  et  la 

(i)  HsQhef.  Idurhtçh^  t  n,  p.  1^%. 


Feldipatbi. 


8taiirotid«, 
Difthène. 


24s  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

âistillation  reste  alcaline  ;  dans  le  mica  moscovite  elle 
devient  acide  quand  on  cbaufle  fortement  ;  dans  le  mica 
lépidolite,  qui  est  très-fluoré,  elle  est  acide  dès  le  com- 
mencement. 

Tous  ces  micas  donnent  une  odeur  empyreumatique 
bien  prononcée  qui  rappelle  celle  de  la  pipe,  comme 
pour  la  plupart  des  minéraux. 

La  quantité  d'azote  des  micas  est  d*ailleurs  très- 
petite,  car  elle  est  seulement  de...  0,07  dans  le  mica 
moscovite  de  New- York,  et  de...  0,01  dans  le  lépi- 
dolite  rose  de  Saxe. 

Un  grand  nombre  de  feldspaths  ont  été  chauffés 
dans  le  tube  fermé ,  et,  comme  je  l'ai  déjà  constaté  pré- 
cédemment, la  plupart  donnent  Todeur  empyreuma* 
tique  et  une  distillation  légèrement  alcaline.  Je  citerai 
particulièrement  parmi  ceux  que  j*ai  essayés  l'orthose 
du  granité  de  la  pegmatite  et  du  leptynite  des  Vosges  ; 
la  variété  vert  émeraude ,  dite  pierre  des  amazones  de 
Sibérie  ;  la  variété  à  reflets  opalins,  dite  pierre  de  lune 
de  Geylan. 

Le  labrador  gris  chatoyant  de  la  côte  du  Labrador  a 
conservé  ses  reflets  et  a  donné  une  distillation  très- 
alcaline.  Le  feldspath  saussurite,  blanc  verdâtre  et  à 
éclat  gras  de  Teuphotide  du  Mont  Genèvre,  a  également 
donné  une  distillation  alcaline. 

Dans  l'orthose  du  porphyre  des  Vosges ,  l'azote  s'est 
élevé  à.  • .  o,  1 4  9  ce  résultat  peut  paraître  extraordinaire» 
mais  il  sera  contrôlé  plus  loin  par  ceux  que  nous  four- 
niront les  roches  feldspatbiques. 

La  staurotide  mâclée  des  schistes  micacés  méta- 
morphiques donne  une  distillation  sensiblement  alcar 
line. 

Pour  le  disthène  du  même  gisement ,  la  distillation 
est  fortement  alcaline;  la  couleur  bleue  du  minéral 


• 

rèâste  d'ailleurs  à  use  calcinatioii  trop  forte  pour 
qu'elle  puisse  être  attribuée  à  une  matière  organique. 
L'azote  trouvé  pour  un  disthëne  bleu  de  Pontivy  a  été 
de*»*  o,o3. 

La  topaze  offre  surtout  des  résultats  remarquables.       lùfm. 
Chauffée  dans  ie  tube»  elle  donne  une  distillation  acide, 
comme  la  plupart  des  minéraux  fluorés. 

La  variété  de  topaze  dite  brtllée,  qui  a  une  beUe  cou- 
leur jaune  rougeâtre ,  se  décolore  complètement  lors- 
qu'on la  chauffe  fortement.  Elle  dégage  alors  une  ma- 
tière brun  rougeâtre  qui  se  condense  en  petites  goutte- 
lettes isolées  vers  le  haut  du  tube  auquel  elle  commu- 
nique la  couleur  qu'avait  d'abord  la  topaze.  Cette  matière 
est  d'autant  plus  abondante  que  la  topaze  est  plus 
brune.  Elle  parait  être  bitumineuse  -,  mais  elle  est  diffi- 
cilement volatile.  Quand  la  topaze  brûlée  est  chauffée 
avec  la  chaux  sodée,  elle  prend  d'ailleurs  une  belle 
couleur  améthyste.  La  proportion  d'azote  contenue 
dans  la  topaze  brûlée  et  fortement  colorée  du  Brésil 
est  de  ...  0,22  ;  on  voit,  par  conséquent,  que  la  distil- 
lation acide  de  la  topaze  doit  être  attribuée  à  ce  que  les 
effets  de  l'ammoniaque  sont  masqués  par  le  dégagement 
prédominant  du  fluoride  silicique.  Comme  la  topaze 
brûlée  se  trouve  dans  des  roches  métamorphiques  qui 
soDt  associées  à  celles  qui  forment  la  gangue  du  dia- 
mant, la  présence  d'une  matière  organique  bitumineuse 
est  intéressante  à  y  signaler  (i) . 

Parmi  les  hydrosilicates,  le  talc  nacré,  blanc  verdâtre,        s  '^- 
transparent  et  en  grandes  lamelles  de  Sibérie,  a  donné  ^>'**"*''*'*^^- 
une  distillation  fortement  alcaline  et  une  odeur  empy- 
reumatique  piquante. 

Pour  la  stéatite  blanche,  en  petites  écailles,  dite  craie  Taie ,  stéatiie. 

(i)  Am^aleê  des  mines^  t.  XVII,  1860,  p.  289. 


Gblorile. 


«44  AZOTE  ET  MATIÈRES  QRGAïaQUES. 

de  friaoçoDi  la  distUlatioD  est  au  contraire  très-peu 
alcaline.  Il  en  est  de  même  pour  la  pierre  oUaire  de 
Cbiavenna,  qui  est  habituellement  formé  de  talc  avec 
un  peu  de  chlorite  et  avec  du  fer  carbonate  ;  la  propor- 
tion d'azote  de  cette  pierre  ollaire  est  seulement  dç.*. 

Une  cblorite  vert  foncé,  schisteuse ,  également  sus- 
ceptible d'être  employée  comme  pierre  ollaire,  et  qui 
est  associée  aux  roches  métamorphiques  diamantifèreg 
de  Sabara»  au  Brésil,  ne  renfermait  pas  d'azote  eo 
quantité  dosable. 
Ecame  de  mer.  L'écume  de  mer  noircit  et  dégage  une  odetu:  empy- 
reumatique.  Toutefois»  il  e^siste  peu  de  matières  orgar 
niques  dans  l'écume  de  mer,  et  la  variété  connue  sous 
le  nom  de  pierre  de  savon  du  Maroc  m'a  donné  seule- 
ment... o,og  d'azote  (i}«  Peut*^tre  même  cet  azote 
n'est-il  pas  originaire ,  car  la  pierre  de  savon  vient  par 
caravanes,  et  des  poils  de  chameau  s'observent  quel- 
quefois à  sa  surface.  On  voit  donc  que  le  talc ,  l'écume 
de  mer,  la  chlorite  et  en  général  les  hydrosilicates  de 
magnésie  ne  contiennent  que  très-peu  de  matières 
organiques. 

C'est  d'autant  plus  remarquable  pour  l'écume  de 
mer  qu'elle  a,  comme  nous  l'avons  vu,  une  très-grande 
affinité  pour  ces  matières  (§  6). 

La  pimélite  et  l'yttrocérite  donnent  une  odeur  em- 
pyreumatique  lorsqu'elles  sont  chauffées  dans  le  tube 
fermé  (a). 

La  palagonite  bréchiforme  de  l'Aiguille  Saint-Michel, 
près  le  Puy,  a  une  distillation  alcaline;  celle  d'Espaly, 


Pimélite, 
Tttrocérite. 


Palagonite. 


(i)  Damoar.  Annalts  de  chimie  et  de  phyelque,  5*  série, 
t  Vn,  p.  3i6. 
(a)  Berzelios.  Traité  du  chalumeau^  p.  aiS,  a^S. 


laiitBAir^ 


tA5 


Zéolitties. 


prise  iODs  une  nappe  de  basalte  •  domie  au  contraire 
use  distillation  trto^^de ,  et  de  môme  que  le  basalte 
par  lequel  elle  eat  recouverte»  elle  dégage  de  l'acide 
nitrique.  Dans  ce  gisement^ d'Ëspaly,  il  s'est  visible- 
meni  formé  un  peu  de  nitre  qui  a  imprégné  la  pala- 
gonite. 

Une  laumonite  blanche  en  cristaux  efileuris  a  pris 
dans  le  tube  une  couleur  grisâtre  ;  en  entre,  elle  a  dé- 
gagé une  matière  bninitre  ayant  Todenr  du  sucre 
brûlé  ;  sa  distillation  était  d'ailleure  fortement  acide. 

La  coupholite  noircit  et  dégage  Todeur  empyreuma- 
tique  (i). 

La  stilhite  blanche  en  beaux  cristaux  recouvrant  le 
spath  d'Islande  donne  une  distillation  acide  et  contient 
moins  de  ...  0,01  d'azote. 

Avec  le  cbrysocole  ou  bydrosilicate  de  cuivre ,  on  a    cbryioooi«. 
une  odeur  empyreumatique  et  une  distillation  forte- 
ment acide* 

L'àllophanede  Saxe  et  de  Thuringe  donne  également 
une  distillation  acide<  Pour  une  balloysite,  j'ai  con- 
staté qu'elle  était  d'abord  trës*acide ,  puis  franchement 
alcaline. 

Il  estasses  remarquable  que  la  distillation  de  quelques 
céoUthes  et  des  hydrosilicatea  soit  acide  i  cette  particur 
larité  peut  tenir  à  quelque  circonstance  accidentelle, 
et,  par  exemple,  à  la  nitrifioation,  comme  pour  la  pal«h 
gonite  d'Espaly;  toutefois  généralement  la  distillation 
acide  d'nn  hydrosilicate  doit  surtout  être  attribuée  & 
son  mode  de  formation.  Cette  distillation  acide  se  com*- 
preod  d'ailleurs  facilement  pour  les  hydrosilicates  de 
cuivre;  car  ils  se  forment  souvent  dans  les  anciennes 


AllophâDe, 
Haltoysito. 


^1  f 


«^r 


"■^^ 


(1)  fieneUns. TVo^t^  eu  dMmMûUy  p.  S«i. 


s  81. 

SulfaUi. 


SIrtntttiie 
■olfatèe. 


iDhydriCa. 


246  AZOTE   ET  UATIÈBES  ORGANIQUES. 

mines  où  ils  sont  déposés  par  des  eaux  que  la  décom- 
position des  pyrites  a  rendues  acides  (i). 

Tous  les  sulfates  qui  ont  été  essayés  ont  donné  à  la 
distillation  des  matières  organiques. 
Baryte  snibtée.  La  baryte  Sulfatée  décrépite  fortement  et  sa  distilla- 
tion est  très-légèrement  alcaline.  Pour  la  baryte  sulfatée 
blanche  et  spathique  du  val  Saint-Amarin,  Tazote  s'é- 
levait à...  OylO. 

La  strontiane  sulfatée  d'Iena,  qui  est  d'un  beau 
bleu,  fibreuse,  transparente,  prend  par  la  chaleur  une 
couleur  blanche,  et  sa  distillation  est  alcaline.  Gomme 
sa  couleur  bleue  disparatt  par  la  chaleur,  elle  doit  être 
attribuée  à  une  matière  organique. 

L'anhydrite  blanc  grisâtre,  compacte ,  formant  une 
couche  dans  les  marnes  irisées  de  Boisset,  près  Salins, 
donne  une  distillation  presque  neutre  ;  cependant  l'o- 
deur qui  l'accompagne  indique  bien  qu'elle  renferme 
une  légère  trace  de  matières  organiques.  C'est  du  reste 
à  ces  matières  que  certaines  variétés  d'anhydrite  doi- 
vent leur  couleur  bleue,  grise  ou  noirâtre. 

Le  gypse ,  même  lorsqu'il  est  en  cristaux  parfaite- 
ment blancs  et  transparents ,  peut  donner  un  d^age- 
ment  très-sensible  d'hydrogène  sulfuré  et  déposer  une 
petite  couronne  de  soufre  ;  le  papier  de  tournesol  prend 
alors  une  couleur  rouge  ;  quelquefois  cependant  il  re- 
passe au  bleu  ultérieurement.  Le  gypse  contient  d'ail- 
leurs des  matières  organiques  qui  se  révèlent  très-bien 
par  leur  odeur  ;  celui  des  environs  de  Paris ,  qui  est 
stratifié,  renferme  jusqu'à...  0,96  d'azote.  Il  y  a  même 
des  gypses  qui  renferment  du  bitume. 
Aianiia.  L' alunite  du  Pic  de  Sancy,  dans  les  monts  Dore,  dé- 


GypM 


(1)  Annalei  de»  mtnef,  1S&6,  t  IX  :  Tfotice  sur  quelques  pro^ 
duUs  de  la  décomposition  des  tninerais  de  cuivre^    • 


MINÉBAUX. 


«47 


crépite  fortement ,  dégage  une  légère  odeur  empyreu- 
matique  et  en  même  temps  de  Thydrogëne  sulfuré,  de 
racidesolfurique,  ainsi  que  du  soufre  qui  forme  une 
couronne  dans  le  tube.  La  distillation  reste  fortement 
adde. 

Un  peu  de  sulfate  d'ammoniaque  est  distillé  par  l'a- 
lonite  de  la  Tolfa;  mais  je  n'en  ai  pas  obtenu  sensi- 
blement avec  l'alunite  du  Pic  de  Sancy,  qui  contient 
seulement..  0,08  d'azote. 

Observons  que  la  distillation ,  qui  est  neutre  ou  fai- 
blement alcaline  pour  les  sulfates  anbydres,  peut  de- 
venir acide  pour  les  sulfates  hydratés  comme  le  gypse 
ou  l'alunite. 

Les  carbonates,  même  lorsqu'ils  sont  cristallisés, 
contiennent  aussi  une  petite  quantité  de  matières  orga- 
niques. 

U  est  facile  d'en  constater  la  présence  dans  la  chaux 
carbonatée;  ainsi  la  chaux  carbonatée  brune  ou  jau- 
nâtre qui  forme  des  stalactites  décrépite  dans  le  tube 
et  devient  blanchâtre;  celle  qui  a  une  belle  couleur 
bleue  et  qui  est  associée  aux  trapps,  notamment  à  Vood- 
bum  en  Irlande,  se  comporte  de  la  même  manière.  La 
couleur  de  la  chaux  carbonatée  qui  provient  de  ces  gi« 
sements  doit  donc  être  attribuée  à  des  matières  organi- 
ques. 

M.  David  A.  Wells  a  du  reste  annoncé  que  dans  les 
stalactites  et  dans  les  stalagmites,  il  existe  une  matière 
organique  qui  est  à  Tétat  de  crénate  de  chaux;  en 
sorte  que  si  l'on  dissout  le  carbonate  de  chaux  dans  de 
l'acide  chlorhydrique  faible ,  cette  matière  apparaît  en 
flocons  qui  sont  facilement  solubles  dans  un  carbonate 
alcalin  (i). 


S  59. 
CmrbonêiM, 


Cbam 
earlKMiaiée. 


(1)  Jtm$riean  J(mmah  3*  série,  t.  XII,  p.  1 1 . 


MoDie. 


Plomb 

carbonate. 

Fer  carbonate. 

Smitbsonite. 


248  AZOTE  ET  MATttBES  ORGAmQCES. 

J'ai  constaté  que  des  flocons  semblables  s'obêerVCBlI, 
en  effet,  lorsqu'on  dissout  les  stalactites  qui  se  forment 
dans  les  anciennes  carrières  sous  Paris  et  aussi  dans 
quelques  travertins  de  l'époque  actuelle,  notamoièikt 
dans  celui  qui  encroûte  le  têt  des  unios  dans  le  lit  àê  lA 
Seine. 

Le  calcaire  travertin  de  Saint-Nectaire,  qui  a  été  dé^ 
posé  par  des  sources  incrustantes  chargées  d'acide  car- 
bonique ,  a  donné ...  0, 1 1  d'azote.  Il  y  a  également  de 
l'azote  dans  la  chaux  carbonatée  qui  est  en  stalactites 
et  qui  résulte  d'une  infiltration  ;  ainsi ,  j'en  ai  trouvé 
...  0,16  dans  celle  de  Montmartre  qui  est  cristalline  et 
fibreuse;  ...  0,21  dans  celle  qui  se  forme  en  ce  moment 
dans  les  anciennes  carrières  sous  Paris.  Enfin ,  le  spath 
d'Islande  lui-même  contient...  0,1 5  d* azote,  et  la 
présence  de  matières  organiques  y  est  très-remar- 
quable, puisqu'il  est  enclavé  dans  des  roches  volcani* 
ques. 

Observons  de  plus  que  l'azote  de  la  chaux  carbonatée 
cristallisée  peut  être  égal  et  même  supérieur  à  celui 
que  contient  le  têt  calcaire  des  mollusques  fossiles 

(S  29). 

De  même  que  le  calcaire ,  la  dolomie  renferme  ieê 
matières  organiques 5, celle  que  j'ai  examinée  était bmil 
jaunâtre,  bien  cristalline  et  en  couches  dans  le  musK 
chelkalk  d'Oberbronn  ;  elle  représentait  le  type  le  plus 
habituel  de  cette  roche  dans  les  terrains  stratifiés,  et  sofi 
azote  s'élevait  à...  0,26;  il  y  en  avait  donc  autant  que 
dans  le  gypse  du  bassin  parisien. 

Le  plomb  carbonate  prend  quelquefois  une  cou* 
leur  noirâtre  par  le  mélange  de  matières  charbon^ 
neuses. 

Les  carbonates  qui  se  décomposent  facilement  par 
l'action  de  la  chaleur,  comme  le  plomb  carbonate,  le 


MIJltBAUZ.  aAg 

fer  carbonate  t  la  smitbsonite ,  donnent  d'abord  une 
distillation  légèrement  alcaline,  qui  est  ensuite  rendue 
adde  par  le  dégagement  d'acide  carbonique.  Mais  lors 
même  qu*ils  se  sont  formés  dans  les  gîtes  métallifères  » 
ils  n  en  contiennent  pas  moins  une  proportion  très- 
notable  de  matières  organiques  ;  ainsi  un  fer  spathique 
bien  cristallisé  de  Gomor  renfermait...  0,19  d'azote  et 
il  en  ayait...  0,17  dans  une  smitbsonite  concrétionnée 
de  Corphalie. 

Cette  proportion  d'azote  est  d'accord  avec  celle  qui  a 
été  trouvée  pour  la  chaux  carbonatée,  spatbique  ou 
concrétionnée,  laquelle  s'est  formée  dans  les  mêmes 
conditions. 

On  vient  de  voir  que  des  matières  organiques  existent  ^  "- 
en  très-petite  quantité  dans  la  plupart  des  minéraux  organiques. 
avec  lesquels  elles  sont  intimement  mélangées.  Mais 
quelquefois  les  matières  organiques  deviennent  très- 
abondaates  dans  certaines  roches  ;  alors  elles  consti- 
tuent elles-mêmes  des  minéraux  spéciaux  le  plus  sou- 
vent amorphes,  dont  quelques-uns  cependant  sont 
cristallisés  et  parfaitement  définis  ;  telles  sont  la  scheere- 
xite,  la  bartite,  la  mellite.  Comme  ces  substances  sont 
complètement  décrites  dans  les  ouvrages  de  minéralo- 
gie, il  est  inutile  de  nous  en  occuper  ici. 

£n  ce  qui  concerne  l'azote ,  il  importe  de  remarquer 
qu'il  fait  généralement  défaut  dans  les  substances  orga- 
niques que  nous  offre  la  nature  ;  c'est  surtout  dans  les 
combustibles  fossiles  qu'on  le  trouve  comme  élément 
constituant. 

L'azote  a  d'abord  été  recherché  dans  le  succin  de  l'ar- 
ple  plastique  des  environs  de  Paris,  dans  lequel  il  y  en 
a  seulement. • .  0,27.  Il  doit  être  attribué  à  un  mélange 
qui  est  d'ailleurs  facile  à  comprendre,  puisque  le  succin 
n'est  pas  de  l'acide  sucdnique  pur,  qu'il  renferme  sou- 


25o  AZOTE   ET  MATIÈRES  OBGANIQUES. 

vent  des  insectes  et  que  M.  Ehrenberg  y  a  même  signalé 
des  infusoires  (i). 

La  mellite  de  Malovka  a  donné...  0,46 d'azote;  mais 
ce  résultat  doit  être  en  partie  attribué  à  ce  que  ses 
cristaux  ont  empâté  de  petits  fragments  de  houille  « 
desquels  il  est  impossible  de  les  débarrasser. 

Dans  une  ozokérite,  l'azote  s'est  élevé  à...  i,3o  et 
il  était  de...  i,54  dans  une  élatérite;  il  y  en  a  donc 
sensiblement  plus  que  dans  les  minéraux  inorganiques, 
qui  sont  cristallisés. 

Le  bitume  natif  de  l'île  de  la  Trinité  qui  est  employé 
à  la  fabrication  de  l'asphalte  est  rejeté  de  l'intérieur  de 
la  terre,  et  l'on  sait  qu'il  renferme  environ  i/5  d'argile 
très-fine  qui  doit  tendre  à  y  augmenter  razote(2) .  Dans 
le  tube,  sa  distillation  est  d'abord  très-acide,  puis  elle 
devient  très-alcaline.  Il  dégage  de  l'hydrogène  sulfuré, 
du  sulfure  de  carbone,  du  naphte,  du  bitume,  de  l'am- 
moniaque. Il  contient  d'ailleurs...  2,56  d'azote;  cette 
proportion  est  encore  bien  supérieure  à  celle  obtenue 
pour  aucun  minéral  cristallisé ,  à  l'exception  toutefois 
des  sels  ammoniacaux  qui  se  rencontrent  aussi  dans  la 
nature;  d'un  autre  côté,  elle  est  bien  inférieure  à  celle 
trouvée  dans  la  tourbe  et  en  général  dans  les  com- 
bustibles (g  38). 

Plusieurs  minéraux  organiques  sont  associés  avec 
les  roches  éruptives  ou  anormales ,  et  il  est  bien  vi- 
sible qu'ils  proviennent  de  l'intérieur  de  la  terre. 
Ainsi,  le  bitume  se  rencontre  souvent  dans  le  voisinage 
des  régions  volcaniques  ^  il  est  quelquefois  amené  à  la 
surface  du  sol  par  des  éruptions  ;  il  est  amené  aussi 


(i)  Ehrenbeng.  Mikrogeologie,  PI.  XXXH. 
(a)  Delesse.  Bapport  sur  les  matériaux  de  consiruetion  de 
rexpoiiiion  univeneUe,  p.  392;  i855. 


MINÉBAnZ.  S&l 

par  des  eaux  minérales  comme  au  Puy-de-la-Poix ,  en 
Auvergne.  Il  s'T)bserve  d'ailleurs  k  de  grandes  pro- 
fondeurs dans  les  gttes  métallifères  de  la  Scandinavie , 
dans  plusieurs  mines  de  cuivre  du  Cornouailles ,  à  la 
mineOdio,  dans  le  Derby  sbire.  L'élatérite  ou  bitume 
élastique,  brun  noirâtre,  s'est  également  formé  dans 
cette  dernière  mine»  dans  laquelle  il  accompagne  le 
spatb  fluor,  la  baryte  sulfatée,  la  chaux  carbonatée. 

Une  résine  jaune  ou  rouge  foncé ,  très-voisine  de  la 
copaline ,  se  trouve,  d'après  MM.  Greg  et  Lettsom,  sur 
les  parois  d'un  dyke  de  trapp  à  la  mine  de  plomb 
Settliug  stones,  dans  le  Northumberland  (i). 

En  outre,  les  eaux  minérales,  même  lorsqu'elles  sont 
chaudes  et  lorsqu'elles  arrivent  d'une  grande  profon- 
deur, peuvent  déposer  des  matières  organiques  qui 
ont  été  désignées  sous  les  noms  de  glairioe  et  de  ba- 
régine. 

Toutes  ces  matières  organiques,  aussi  bien  que  le 
bitume  et  l'élatérite,  ne  sauraient  être  attribuées  à 
des  infiltrations  de  la  surface ,  et  elles  proviennent  in- 
contestablement de  l'intérieur  de  la  terre  ;  elles  sont 
intimement  associées  à  des  minéraux  cristallisés,  no-  * 
tamment  à  ceux  des  roches  métallifères  et  anormales  ; 
il  est  visible,  en  un  mot ,  qu'elles  se  sont  formées  en 
même  temps  que  ces  minéraux  :  par  conséquent ,  la 
présence  de  petites  quantités  de  matières  organiques 
dans  les  minéraux  les  mieux  cristallisés  s'explique 
d'une  manière  très-simple. 

Si  l'on  passe  en  revue  les  principaux  minéraux ,  on        s  m* 
voit  qu'ils  contiennent  très -fréquemment  des  matières  jyrjjftt!nîr<nnr. 
organiques.  Il  est  facile  de  le  constater,  même  sur  les 
minéraux  cristallisés  et  transparents  qui  paraissent  être 

(i)  Greg  and  Lettsom.  Manual  ofmitutalogy^  p*  lo,  lA,  Ujlké 
Ton  XVni,  t86a  17 


%S%  .   ^AZOTB  ET  IUTIÈBB8  0B6ANIQ1IES. 

complètement  purs,  tels  que  la  chanx  fluatée,  le  qoarlf 
hyalin»  la  topaze,  le  spath  d'Islande.  * 

Le  plus  souvent ,  il  est  vrai ,  ces  minéraux  rentov* 
ment  seulement  des  traces  de  matières  organiques) 
mais  ces  matières  se  reconnaissent  d'une  manitoe  ionr 
dubitable  par  la  distillation»  Elles  sont  même  aases 
abondantes  pour  qu'il  *8oit  possible  d'en  doser  Tazotes 
toutefois,  si  l'on  fait  exception  pour  quelques  minéiaus 
organiques ,  leur  azote  ne  s'élève  paa  aii  delà  de  quel- 
ques dix-milliènoes. 

La  distillation  est  tantôt  alcaline,  tantAt  a4:id6, 
quelquefois  l'un  et  l'autre  alternativement  Ella  est 
alcaline  quand  c'est  l'ammoniaque  qui  domine;  elle  est 
acide  quand  ce  sont  les  acides  organiques  et  surtout 
inorganiques.  C'est  ce  qui  a  lieu  notamment  daqs  las 
minéraux  fluorés,  dans  les  sulfates,  et  dans  les  carbo^ 
nates  faciles  à  décomposer  par  la  chaleur. 

Les  minéraux  qui  ont  été  es^yés  sont  particuliè- 
rement ceux  qui  constituent  les  roches  cristallines , 
ceux  qui  remplissent  les  amygdaloîdes ,  les  filons,  les 
gîtes  métallifères. 

Il  peut  paraître  extraordinaire  au  premier  abord  que 
les  mipéraux  s' étant  formés  à  l'intérieur  de  la  tenw, 
contiennent  des  matières  organiques  ;  et  cependant  rien 
n'est  plus  facile  à  concevoir,  puisque  le^  eaux  sou- 
terraines en  renferment  elles-mêmes  et  que  les  bi- 
tumes sont  associés  à  des  substances  ipinérales  très- 
variées. 


AOCHSa  NON  tTBAHIltBSi 


»&S 


BQCHES  NON  STUàrïflÈZS. 

Comme  les  roches  ëraptives  ou  non  stratifiées  sont 
généralement  cristallines ,  la  recherche  de  leurs  ma-> 
tiëres  organiques  doit  nécessairement  donner  des  ré- 
sultats très-voisins  de  ceux  qui  viennent  d*ètre  obtenus 
dans  les  minéraux.  U  suffira  donc  de  passer  rapidement 
en  revue  les  résultats  qui  les  concernent,  en  mention^ 
nant  seulement  les  plus  remarquables. 

Autant  que  possible ,  les  essais'  ont  d'ailleurs  '  été 
faits  sur  des  roches  dont  le  gisement  et  la  composition 
étaient  bien  connus  et  que  j'ai  recueillis  en  parUe  moi- 
même. 

Les  roches  à  base  d'orthose,  telles  q^e  le  granité,  le 
porphyre,  la  minette,  renferment  toutes  des  matières 
organiques ,  comme  on  le  constate. aisément  par  la  dis- 
tillation ainsi  que  par  le  dosage  de  l'azote.  Il  était  facile 
d'ailleurs  de  la  prévoir;  car  noua  avons  trouvé  des  ma- 
tières organiques  dans  le  quartz ,  dans  l'orthose  et  dans 
le  mica,  c'est-à-dire  dans  les  minéraux  qui  composent  les 
roches  granitiques.  La  présence  des  matières  organi- 
ques dans  ces  roches  est,  du  reste ,  très-importante  à 
flignaler,  et  elle  vient  confirmer  les  idées  que  j'ai 
émises  précédemment  sur  leur  origine  (i). 

Tandis  que  Tazote  est  de...  0,1 5  pour  le  granité  de  la 
Vologne;  il  est  de. ..  o,  1 7  pour  le  porphyre  quartzifère  de 
Perseigne;  de...  0,18  pour  la  minette  de  Wakenback. 
La  proportion  d*eau  va  successivement  en  augmentant 
dans  ces  trois  roches,  et  l'on  pourrait  croire,  qu'intro- 
duite par  infiltration,  c*est  elle  qui  augmente  la  pro- 
portion d'azote.  • 


■OCBU 
■TRATiritll* 


S  55. 
Roekeê 

Oranlia. 

Porphyre. 

Mlnelta. 


(1)  BechercheB  sur  rorigine  des  roches.  Bulletin  de  la  bo- 
mété  §éQlogir$0,  a*  iérie,  t.  XV,  p.  jt».  iS5& 


254  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

Arène  Pour  vérifier  si  cette  hypothèse  était  exacte,  j'ai  re- 

•'ÎJJÎJfJJ"  •  cherché  l'azote  dans  diverses  roches  décomposées.  Dans 
un  porphyre  quartzifère  de  Saint-Franchy,  qui  était 
devenu  argileiix,  l'azote  n'était  que  de...  o, i  s  ;  par  con- 
séquent, il  n'y  en  a  pas  plus  que  dans  d'autres  por- 
phyres quartzif ères.  En  outre ,  dans  le  granité  changé 
en  arène  et  dans  quelques  kaolins ,  la  distillation  est 
peu  alcaline,  quelquefois  même  elle  est  acide.  Le  do- 
sage d'azote  m'a  d'ailleurs  donné. . .  o,o4  pour  une  arène 
granitique  de  Sûnt-Franchy,  et  seulement.. •  o,o3  pour 
une  arène  granitique  rougeàtre  d' Alençon ,  ainsi  que 
pour  le  kaolin  du  granité  de  Maupertuis.  Il  est  donc 
bien  évident,  que  lorsqu'un  roche  se  décompose  et  se 
change  en  arène  ou  en  kaolin ,  la  proportion  des  ma- 
tières organiques  ne  va  pas  en  augmentant ,'  mais ,  au 
contraire,  en  diminuant. 

Ainsi,  l'infiltration  peut  assurément  introduire  des 
matières  organiqu.es  dans  une  roche,  surtout  près  de 
la  surface  du  sol  ;  toutefois  cela  n'a  pas  lieu  dans  la  dé- 
composition. 

Lorsque  le  porphyre  quartzifère  passe  au  trachyte, 
comme  celui  de  Sandy  Braes,  près  d'Antrim,  qui  se 
divise  en  colonnes  prismatiques ,  sa  propordon  d'azote 
est  beaucoup  moindre,  et  j'ai  constaté  qu'il  n'en  a  plus 
que  des  traces. 

Diorite.  Quelques  diorites,  chauffées  dans  le  tube  d'essai,  ne 

m'ont  donné,  qu'une  réaction  alcaline  très-faible  ou  à 
peine  sensible  :  elles  dégagent  cependant  une  trace  de 
matières  organiques.  Je  citerai  parmi  les  échantillons 
essayés  des  diorites  d'Auvergne  et  des  Vosges.  Une 
diorite  schistoîde ,  vert  noirâtre  et  très-amphibolique , 
qui  provenait  des  Vosges,  contenait  seulement. ..  o,o3 
d'azote. 

Les  diorites  renferment  une  proportion  d'azote  qui 


lOGHBS  ROIt  STRATIFIÉES. 


S5S 


est  très-faible  et  du  mtoie  ordre  que  celle  de  l'amphi- 
bole hornblende ,  qui  est  un  de  leurs  éléments  miné- 
ndo^ques. 

Le  porphyre  yert  bleuâtre,  à  base  d'oligodase,  de 
Lesslnes  »  qui  est  employé  à  Paris  pour  le  pavage , 
donne  à  la  distillation  une  réaction  alcaline  très-faible 
et  renferme  très-peu  de  matières  organiques. 

Le  mélaphyre  yert  noirâtre  de  Belfaby ,  à  grands  cris- 
taux verdâtres  de  labrador,  et  avec  augi  te ,  con  tien  t  indu- 
bitablement des  matières  organiques*  Leur  présence  est 
surtout  impossible  à  méconnaître  »  lorsqu'on  opère  en 
grand  et  sur  une  centaine  de  grammes  ;  car  alors  la 
roche  dégage  une  huile  empyreumatique  qui  est  co- 
lorée en  brun  ;  toutefois^  sa  proportion  d'azote  est  seu- 
lement de...  0,06.  Dans  le  mélaphyre  vert  antique  ou 
pierre  des  Crocées,  l'azote  n'est  que  de...  o,o5.  Les 
mélaphyres  qui  ont  été  essayés  sont  donc  pauvres  en 
azote. 

La  belle  euphotide  du  mont  Genèvre,  à  feldspath 
gras  et  à  grands  cristaux  de  diallage,  renferme  des 
matières  oiiganiques  et...  0,10  d'azote. 

La  variolite  de  la  Durance,  qui  est  une  variété  d'eu- 
photide  globuleuse,  parait  en  contenir  davantage,  et 
j'y  ai  trouvé...  0,27  d'azote. 

La  serpentine  du  Goujot ,  dans  les  Vosges ,  donne 
dans  le  tube  une  odeur  empyreumatique  et  piquante , 
qui  rappelle  celle  du  tabac  ;  elle  contient.  ..0,11  d'azote. 

Pour  la  serpentine  du  Goujot ,  la  distillation  est  al- 
caline ;  mais  pour  celle  de  Petempré ,  renfermant  du 
grenat  rose  et  de  la  chlorite ,  la  distillation ,  qui  est 
d'abord  alcaline,  devient  acide  dès  que  l'eau  se  con- 
dense dans  le  tube  ;  cela  tient  à  un  dégagement  d'hy- 
drogène sulfuré  qui  se  reconnaît  facilement  à  son 
odeur.  On  ne  voit  dans  la  serpentine  de  Petempré  ni 


MéUpIlJNk 


Variolite. 


8«rp«BttM. 


s  w* 

Roekêi 


Trtebyte. 


Phraolit*. 


t66  JLZOTB  BT  IIATI&RB9  ORCAHIQUBS. 

pyrite  ni  gypse  ;  cet  hydrogène  sulfaré  est  donc  asaex 
intéressant  à  signaler.  Du  reste ,  il  s'observe  aussi  dans 
d'autres  roches  ou  minéraux. 

Bien  que  la  serpentine  et  Teuphotide  soient  hydra- 
tées, il  est  bon  de  remarquer  qu'elles  n'ont  pas  p|lud 
d'azote  que  des  fothes  presque  anhydres  comme  te 
granité. 

Contrait* eiKient  ft  tdute  prévision ,  les  roches  volca- 
niques elles-fnêmes  renferment  des  matières  organi- 
ques. La  proportion  en  est  généralement  très-fûble  « 
mais  elle  est  sensible  et  quelquefois  même  susceptible 
d*ètre  dosée.  Il  sera  facile  de  s'en  convaincre  par 
Teiamèil  de  quelques-unes  de  ces  rocbès. 

Le  trachyie  né  donne  généralement  que  deii  traces 
extrêmement  faibles  de  matières  organiques  r^s^p^n-* 
dant  sa  distillation  est  légèrement  alcaline,  comme  je 
l'ai  constaté  pour  les  trachy tes ,  en  ûlons  ou  en  nap- 
pes ,  de  Vemiols ,  du  plomb  du  Cantal ,  de  la  vallée 
des  Ëufter^  et  de  la  Grande-Cascade  »  dans  les  monts 
Dore. 

La  lave  trachy  tique  de  T  Arso,  qui  est  grise  atec  cfië^ 
taux  de  feldspath  vitreux  et  d'augite,  a  fait  éruption, 
ëù  iSol,  dans  l'Ile  d'Ischla,  et  son  origine  ignée  n'est 
pas  douteuse.  Elle  se  comporte  à  la  distillation  comme 
lès  tfachytes  précédents,  et  il  m'a  paru  intéressant  d'y 
rechercher  l'azote,  mais  je  n'en  ai  trouvé  que  des 
traces. 

Le  domîte  oU  trachyte  puhémlent  du  Puy-de-Dôme 
a  donné  au  contraire  une  distillation  franchement  al- 
caline et. . .  0, 1 5  d'azote.  Comme  il  est  très-pèrméable  et 
trés-divisé,  il  peut  s'imbiber  facilement  ;  comme  de  plus 
il  a  été  pris  à  o*,3o  de  la  surface  du  sol,  la  présence  de 
cet  azote  doit  tenir  au  voisinage  de  la  terre  végétale. 

M.  6.  Bischof  a  iSignalé  une  matière  organique  dans 


BOCBOBS  non  STBAJIFIÉB8.  tbj 

ïm  traehyte  hydraté  ou  phoQolitbe  de.Selberg,  dans 
r£if€l(]> 

Le  pboBolite  da  Mégal  m'a  donné  une  distillation 
alcaline  ;  il  en  est  de  même  pour  celui  de  la  roche  Sa- 
aadoire  »  qui  est  verdâtroi  compacte  bien  caractérisé , 
•t  qui  renferme  aeulettient,^  o,o4  d'azotei 

Les  rélinites  que  j'ai  examinés  ont  été  choisis  parmi  RéUnice. 
les  types  principaux  et  les  mieux  caractérisés  de  cette 
rMhe  bizarre^  Chauffés  dans  le  tabe«  ils  donnent  tous 
^lÉe  odeur  qui  rérële  déjà  la  présence  de  matières 
organiques  I  c^s  ibatières  sont  d'ailleurs  accusées  aussi 
far  Todeur  de  truffe  que  l*épandent  certaines  variétés 
quand  on  les  frappe  avec  le  marteau.  Leur  distillation 
OBI  plus  ou  moiits  aloaliile ;  elle  de  s'est  montiée  acide 
4ue  pour  le  réiiiiite  T^t  des  Ghazes. 

L'aiote  est  seulement  de««.  0,06  dans  ce  rétinite  des 
Chaans  qui  est  en  filons  ;  il  e^  de«.«  0,16  dans  le  re- 
faite iHun  rouge&tre  dé  Korbitz»  ainsi  que  dans  le 
rèlimto  noir  et  à  odeur  de  truffe  de  Glen  Gby  ;  il  s' élève 
àa,  0418  dans  le  rétinite  noir,  et  magnétipolaire  de 
QrButoUu 

Je  signalerai,  comme  un  fait  particulièrement  remar-*  obtidienne. 
qnable,  la  présence  de  matières  organiques  et  d'asote 
jttsque  daûs  l'obsidienne.  Ces  matières  organiques  se 
FBOonnaîssent  aisément  quand  on  chauffe  la  roche  dans 
le  tube;  toutefois ,  sa  distiUatlbn  est  très- peu  alcaline 
et  ne  colore  que  Ucn  légèrement  en  bleu  le  papier 
rouge  de  toumeeoL 

L'aiote  est  de**»  o<o4  dans  l'obsidienne  noire  avec 
globules  gris  de  l'Oyamel  ;  de.  ; .  o,  1 1  dans  l'obsidienne 
âœre  et  légèrement  huileuse  de  Vulcano;  de...  0|i5 
dans  Tobsidienne  d'un  beau  noir  de  l'Islande. 


rfkwana^iM**i 


(1)  LOtêHiûi^i.  n»  p.  »i86. 


958  AZOTE   ET  MàTIÈftES  OBGAmQUBS. 

n  7  a  donc  des  matières  organiques  et  de  raasote 
dans  l'obsidienne,  qu'elle  soit  compacte  ou  huileuse  ou 
globuleuse,  c'est-à-dire  dans  toutes  ses  variétés.  Ces 
matières  lui  donnent  sa  couleur  noire  ;  mais  elles  doivent 
nécessairement  se  dégager  dès  la  première  application 
de  la  chaleur;  c'est  ce  qui  explique  pourquoi  l'obsi- 
djenne  devient  alors  blanche  ou  grisâtre ,  et  pourquoi 
elle  se  change  en  ponce. 

Quant  à  la  ponce  elle-même,  elle  contient  du  chlore 
comme  l'obsidienne  ;  de  plus ,  M.  Abich  a  trouvé  0,66 
d'hydrogène  carboné  dans  la  ponce  de  Pantellaria,  et 
H.  BoUey,  du  chlorhydrate  d'ammoniaque  danô  presque 
toutes  les  ponces  (  1  ) . 

L'état  vitreux  du  rétinite  et  de  l'obsidienne  ne  permet 
pas  de  supposer  que  les  matières  organiques»  qui 
sont  si  intimement  répandues  dans  ces  roches,  et  qui 
leur  donnent  en  partie  leur  couleur,  aieni  été  intro- 
duites postérieurement  par  absorption  ou  par  infiltra- 
tion. Par  conséquent ,  bien  que  ces  roches  soient  re- 
gardées comme  des  verres  volcaniques,  elles  se  sont 
formées,  non-seulement  en  présence,  de  l'eau,  mais 
même  des  matières  organiques  (s). 
Usf:  Du  reste,  les  matières  organiques  se  retrouvent  sou- 

vent dans  les  laves  les  mieux  caractérisées.  J'ai  essayé 
sous  ce  rapport  des  laves  ^f^nciennes  ou  récentes,  prises 
successivement  à  la  partie  inférieure ,  moyenne ,  supé- 
rieure des  coulées  et  dans  des  climats  très-différents  ; 
la  plupart  ont  donné  l'odeur  caractéristique  des  ma- 
tières organiques  ;  leur  distillation  était  assez  alcaline 
pour  colorer  sensiblement  en  bleu  le  papier  rouge  de 
tournesol  et  quelquefois  même  pour  lui  donner  un  bleu 

(1)  Rammelsberg.  Fandbuch  der  Minéralogie,  1S60,  p.  65/^. 
(9)  Bulletin  de  la  société  géologique^.a*  Bérie»  t.  XV«  pw  7s8. 


BOCHES  NON  6TBATIF1<ES.  969 

vif.  Je  citerai  spécialement  la  laye  de  Pariou ,  du  Tar- 
taret,  de  GraTenoire,  deLassolas,  du  Poy* de-la* Vache 
et  inéme  du  Puy-de^la-Banniëre,  en  Auvergne  ;  la  lave 
de  Niedennenîg,  celle  du  Vésuve  de  iSSs ,  une  lave 
noire  vitro-régineuse  et  feldspathique  de  l'Hécla,  la 
lave  rejetée  en  1869  par  le  volcan  de  TUede  la  Réu- 
nion, une  lave  scoraciée  mise  à  ma  disposition  par 
If.  de  Saussure  et  provenant  de  l'éruption  du  JoruUo 
en  1700. 

Pour  la  plupart  de  ces  laves,  notamment  pour  celles 
de  Gravenolre  et  de  la  Bannière,  l'azote  se  trouvait 
assurément  en  quantité  trop  petite  pour  être  dosé; 
wais  pour  d'autres ,  il  était  au  contraire  possible  de  le 
déterminer.  Ainsi,  l'azote  était  de...  0,01  dans  la  lave 
celluleuse  et  employée  pour  meules  de  Niedermenig  ;  il 
était  de...  0,12  dans  une  lave  très-scoriacée  du  Torre 
del  Greco  au  Vésuve,  qui ,  prisé  avec  un  fer  pendant  la 
fusion,  portait  le  millésime  de  i85si  ;  l'azote  s'élevait 
même  à...  0,14  pour  la  lave  celluleuse  et  péridotique 
provenant  de  la  coulée  de  1 839 ,  à  l'Ile  de  la  Réunion. 

0  est  assurément  diiBcile  de  se  prononcer  sur  l'ori- 
gine réelle  de  ces  matières  organiques  »  çfx  elles  sont 
en  très-petite- proportion. 

Lorsque  les  laves  étaient  celluleuses,  leur  distillation 
parsûssait  généralement  plus  alcaline  que  lorsqu'elles 
étaient  compactes  ;  cela  semblerait  indiquer  que  leurs 
matières  organiques  doivent  être  attribuées  à  l'infiltrar- 
tion  de  l'eau  et  de  l'atmosphère  qui  était  alors  plus 
facile. 

D'un  autre  côté,  si  les  matières  organiques  manquent 
dans  les  laves  anhydres,  elles  sont  au  contraire  très- 
appréciables  dans  les  laves,  comme  celles  de  Bourbon , 
qui  sont  légèrement  hydratées.  En  outre,  les  produits 
bitumineux  accompagnent  souvent  les  éruptions  des 


96d  AZOTB  n  MITIËRBB  OMMIQnS. 

▼olcâDs  brûlants;  il  n'est  donc  pas  impossible  qae 
des  matiëres  organiques  soient  restées  comme  Teaii 
dans  certaines  latres.  C'est  d'ailleurs  la  eonclusion  k 
laquelle  nous  allons  être  conduits  par  l'examen  du  trapp 
et  du  basalte  qui  sont  des  roches  volcaniques  hydratâet 
bien  caractérisées. 
BiMiie.  Tous  les  basaltes  que  j'ai  essayés  contenaient  bien 
visiblemônt  des  matières  orgaoiquêis.  Je  mention^ 
nerai  particulièrement  les  basaltes  de  l'Auvergne,  dit 
Velay,  de  l'Islande.  Il  peut  même  arriver  qu'ils  don- 
nent utie  odeur  bitumineuse  comme  à  Ghanturges  et 
aux  environs  de  Glèrmont.  Klaproth  a  d'ailleurs  in-» 
diqué  une  matière  organique  bitumineuse  dans  quel*- . 
({ues  basaltes  ^  notamment  dans  celui  du  Hasenberg^ 
en  Bohême.  De.  plus,  Knox  et  Bischof  onl  trouvé  tm 
gaz  combustible  dans  lé  basalte  (i). 

La  distillation  du  basalte  est  généralement  alcaline* 
et  souvent  elle  ramène  vivement  au  bleii  le  papier  dé 
tournesol.  Cependadt  elle  est  quelquefois  aeide,  et  des 
réactions  inverses  peuvent  s'observer  dans  un  même  gi->- 
sement.  En  effet ,  le  basalte  scoriacé  et  zéolitbique  qui 
forme  la  partie  inférieure  et  la  partie  supérieure  de  la 
belle  coulée  d'Espaly  donne  une  distillation  acide, 
tandis  que  le  basalte  compacte  et  ptismalique  qui  se 
trouve  vers  le  centre  de  la  coulée  donne  une  distillation 
alcaline.  Pour  le  basalte  Scoriacé  inférieur,  la  distilla* 
tlon  est  toujours  fortement  acide  ;  pour  le  basalte  sco*^ 
riacé  supérieur,  elle  est  acide  au  commencement,  puis 
elle  devient  alcaline.  L'acide  qui  se  dégage  dans  la 
distillation  du  basalte  scoriacé  d'Espaly  est  donc  par- 
ticulièrement abondant  à  la  partie  inférieure  de  la  cou** 
lée;  j'ai  constaté  d'ailleurs  que  c'est  de  l'acide  nittique. 


JfauMÉ^I^M^fa^^fc  ■  «fc     mMmmm^^m>ém» 


(i)  Lehrtmek^  1 0,  p.  99. 


IMËks  ifoif  fttiufirtiEi.  iti 


STàutrèft  bàshltëd,  plus  ou  moins  scoHàoés^  prbve^ 
Haut dn  Collet ,  prts  do  Puy  et  de  la RocheRouge , 
fi*ofit  pas  dôimé  tme  distillation  acide» 

Le  Hittate  ^i  S'ôbèene  dand  ee  baèalte  «coriace 
d*£spftly  réstdtei.  sans  doute ,  d'une  nitrification  qid 
s'est  opérée  eomitie  celle  que  Ta,  Boossaingault  à  si-» 
gnalée  daiis  les  terr(9â  Végëtales^  A  l'endroit  où  leé 
éebantillbns  ont  été  pria,  il  n'exiâte  plis  de  traces  d'an^- 
elennés  habitations  »,  mais  te  basalte  renferme  lul^mémé 
an  peu  de  matière  organique  azotée,  et  la  terr^  Vëgétato 
qui  s^  troure  dans  son  toislnage  peut  d'ailleurs  lui  en 
fournir.  D'iiû  autre  Mté  ^  sa  Structure,  qui  est  très-po^ 
rèu^,  diitalt  tendre  &  faroVoriser  la  nitrification^  Si  1« 
fiitr^te  êit  en  proportion  plus  grande  à  la  partie  infé^ 
rleuré  de  la  cdulée  d'Espàly  qu'à  la  partie  supérieure^ 
il  faut,  peut  être,  réttribuef  à  ce  qtle,  dans  cette  der^ 
tabr^ ,  11  Hè  dlSiMut  plu»  faôilémenf i 

Du  restfe,  leâ  bdêàlteêi  «coriaces,  même  lorêqu'ils  sont 
tfè^porèiil,  ne  eontiMnent  pas  nécessaireoimt  des 
nitrates. 

Vtittté  petit  ftiléitiènt  être  ddsé  dans  le  basalte  i  il 
gM  seulement  de...  0,07  âAn«  le  bftsalte  sooriadé  de  U 
ftôche-RoUge,  tÀttdis  qu'il  s'élève  JUBqu'à^.^  o,3ddans 
te  basalte  cdmpâ6te ,  même  lorsque  ce  dernier  est  pris» 

matique  et  lorsqu'il  contient  de  l'attgite  et  dti  pérldoti 

Les  tnàtièreâ  orgsinlqueft  $cnt  faciles  à  constater  dans       Trtpp. 
le  trapp;  dand  lequel  elles  ont  été  signalées  par  Knoi^ 
Èraconnot  et  par  M.  Levallols  (1).  Quelquefois  elles 
ôont  iéllèmerit  abondantes  qu'elles  remplirent  leê  eel'^ 
Iules  et  les  Assurée  de  \à  rocbét 
lé  Citerai  cdtnme  exemple  certaiftee  neppes  de  tràpp 

(1)  Observations  sur  la  roche  ignée  d'Essey-la-Côte.  Mé^ 
moke  it  là  êôHété  rtiyaU  deà  êeieneeê  dé  irnkef,  18/I6. 


s6a  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGAinQUES. 

de  la  Chaussée -des -Géants,  particulièrement  celles 
qui  se  trouvent  vers  la  partie  supérieure  ;  une  matière 
organique  charbonneuse  y  forme  des  amygdaloîdes 
ayant  plus  d'un  centimètre  de  longueur  ;  cette  matière 
a  une  couleur  noirâtre  ;  elle  devient  bleuâtre  par  Tez- 
position  &  Tair,  et  sa  distillation  est  franchement  acide. 
Le  trapp  de  Ballygrogan  renferme  aussi  dans  ses  cel- 
lules une  matière  organique  jaunâtre ,  ayant  la  consis- 
tance du  savon ,  qui  est  associée  à  du  quartz  et  à  de  la 
goethite  (i). 

A  la  mine  Setiling  Stones  \  dans  le  Northumberland, 
une  résine ,  *  accoknpagnée  de  chaux  carbonate ,  se 
trouve  sur  les  parois  d'un  dyke  de  trapp.  Cette  réâne 
a  une  couleur  jaune  ou  rouge  ;  elle  fond  à  la  flamme 
d'une  bougie,  et  ^  composition,  qui  est  voisine  de  celle 
de  la  copaline ,  est  à  peu  près  C*H'. 

Le  trapp  renferme  donc  des  matières  organiques 
qui ,  tantôt  sont  des  hydrogènes  carbonés  ayant  une 
composition  définie  et  tantôt  contiennent  un  peu  dV 
zote. 

Pour  un  trapp  de  Beraun,  qui  m'a  été  remis  par 
H.  J.  Barrande  et.qui  est  contemporain  du  terrûn  si- 
lurien ,  dans  lequel  il  forme  des  nappes ,  l'azote  est 
seulement  de. ••  o,o3.  Pour  les  autres  trapps  essayés,  il 
est  resté  Inférieur  à...  0,20. 

Deux  trapps  décomposés,  l'tin  en  filons  provenant  de 
Portrush ,  l'autre  en  nappe  de  la  Chaussée-des-Géants, 
renfermaient...  0,1 5  d'azote.  Bien  que  le  dernier  soiti 
l'état  d'argile  rouge  ocreuse  (ocre  bed)^  il  ne  renferme 
pas  plus  d'azote  que  le  trapp  non  décomposé. 

J'ai  constaté  déplus  que  le  trapp  jaune  brunâtre  et 
décomposé  de  Bolam  ne  donne  que  des  traces  d'azote 

(1)  Oregand  Ijettsom.  Manual  of  mineralogy^  p.  &7&,  $  i<». 


BOGBSS  NON  8TBATIV1ÊES.  s6S 

lorsqu'U  est  sonmis  au  procédé  de  dosage,  tandis  qu'il 
en  contient.. •  0,1 1  quand  il  est  à  l'état  normal. 

Les  recherches  faites  sur  le  trapp  nous  montrent 
donc  encore  que  la  décomposition  n'augmente  pas  né- 
cessairement l'azote  et  les  matières  organiques. 

On  voit  aussi  que  les  roches  éruptives  hydratées, 
même  lorsqu'elles  sont  volcaniques,  comme  le  basalte 
et  le  trapp,  peuvent  renfermer  une  proportion  rela- 
tivement assez  grande  d'azote  et  de  matières  orga* 
niques.  Du  reste,  ces  matières  se  dégagent  ^de- 
meut  des  volcans  en  activité  et  de  l'intérieur  de  la 
terre. 

Enfin ,  les  météorites  elles-mêmes  contiennent  des  $  sn 
matières  organiques.  BL  Wôhler  a  constaté,'  en  effet,  ^éiéoHi$. 
qu'indépendamment  du  carbone  libre,  il  existe  dans  la 
météorite  de  Kaba  une  matière  orgauique  semblable 
aux  hydrogènes  carbonés  fossiles  qu'on  désigne  sous  le 
nom  de  cire  de  montagne  (ozokérite,  scheererite,  paraf- 
fine) (1).  Cette  matière  est  facilement  fusible;  elle  se 
^sout  dans  l'alcool  ;  dans  le  tube,  elle  se  volatilise  en 
partie,  donne  du  charbon  et  une  odeur  semblable  à 
celle  de  la  graisse. 

On  peut  remarquer  d'ailleurs  que  les  météorites  sont 
souvent  accompagnées  de  carbone  qui  paraît  provenir 
de  la  décomposition  de  matières  organiques. 

n  y  en  a  beaucoup,  notamment  dans  les  fers  météo- 
riques de  Caille ,  de  Saros ,  de  Sibérie  et  dans  les  mé- 
téorites de  Ferrare,  du  i5  janvier  i8a4i  ^^  ^^  Saint- 
Étienne  de  Lolm,  près  Alais,  du  i5  mars  1806. 

J'ai  constaté  que  cette  dernière  qui  est  noire,  pulvé- 
rulente, donne  dans  le  tube  une  distillation  très-acide 


(1)  SUzungibèrieht  der  Kaiserliehen  Jfiademieder  Wimnê^ 
ehaften,  t  XXXIV,  p.  7.  Vien,  18&9. 


fl64  AZOn  IT  VAfltBVi  CtHtMDWBS. 

et  qn  dépAt  de  soufre,  mais  elle  dégage  mm  de  reaii* 
de  rammoniaque  et  une  matière  organique. 

Pour  le  fer  météorique  de  Caille,  la  disttllatiop  est  au 
contraire  alealioe,  et  rien  qu'à  l'odeur»  il  est  fsfiilQ  d'f 
reconnattre  Fezisteuee  d'une  matière  organique* 

La  météorite  tpmbée  le  9  décembre  18&S,  k  Àuii9on 
près  de  Toulouse,  donne  dans  le  tube  une  odeur  ompy* 
reumatique  piquante  et  très^sensible  ;  sa  distillation  est 
d'abord  alcaline;  mais  ensuite  elle  devient  acide»  è 
cause  du  dégagement  d'aide  sulfureux  provenant  de 
son  sulfure  de  f er  (  1  )• 

La  météorite  tombée  le  i3  octobre  i838,  prësde  Jul* 
bagh,  au  cap  de  Bonne^rEspérance,  a  été  examinée  par 
Faraday,' Wôfaler  et  Harris.  Elle  renferme,  indépen^ 
damment  du  carbone,  s,âo  p.  t. 000  d'une  stibstanee 
bitumineuse  ;  à  la  distillation,  elle  donne  de  l'eau,  mm 
qu'un  léger  dépét  de  sulfate  d'ammoniaque  ($). 

Enfin  une  météorite  gris  npir&tre»  silieatée,  avec  fer 
métallique  et.  pyrite  de  fer,  m'a  donné  une  distillation 
alcaline  et  une  odeur  empyreumatique  bien  pronoocôe, 
semblable  à  celle  du  tabac.  En  la  soumettant  au  pror 
cédé  pour  le  dosage  de  l'azote,  j'ai  constaté  qu^'elle  en 
renferme  seulement..,  o,o5* 

Ces  différents  essais  montrent  bien  que  les  métémitee 
peuvent  contenir  des  matières  organiques  et  même  de 
l'azote. 

Toutefois,  les  météorite^  ont  traversé  l'atmosphère  ; 
elles  sont  très-sujettes  à  se  couvrir  de  rouille  dans  leuni 
parties  métalliques  et  il  esl  même  rare  qu'elles  soient 
encore  à  l'état  primitif;  une  partie  de  leur  asote  peut 


■*»!'■      "  ■        l  -  '      I    ' 


(1)  Voir  relativement  à  cet  aérolithe  :  Lejmene.  Actes  de  la 
iociété  Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XXm,  1860. 
1%)  Rammelsberg,  Handbueh  der  MinenOogie^  p.  eài.  1^60. 
rinstituif  18  mai  1869,  n*  i3aA,  p.  i63. 


iwrkBfoehêi 


JIQCHE9  R09  STIUTIFIÉE9.  ft65 

donc  prorenir  de  l'atmosphère  et  surtout  de  rammo- 
niaque  qui  s'est  formée  dans  la  rouille. 

Les  roches,  éruptives,  qu'elles  soient  plutoniques  ou  s  ss- 
yplcaniques,  contiennent  généralement  des  matières 
organiques  et  de  l'azote  j  mais  leur  proportion  d'azote  «^  «iw*'^^ 
est  très-faîile,  et  le  plus  souvent  en  rapport  avec  celle 
p-ouvée  dans  les  minéraux  qui  les  composent.  Il  est  fa- 
cile de  constater  Texistence  de  l'azote  dans  le  granité, 
le  porphyre,  le  mélaphyre,  Teuphotide,  la  serpentine^ 
sa  proportion  reste  inférieure  à  o,5  dans  les  roches 
plutoniques. 

L'azote  disparaît  complètement  ou  du  moins  est  tou* 
jours  en  proportion  extrêmement  petite  dans  les  roches 
•volcaniques  anhydres,  telles  que  le  trachyte,  la  dolé- 
rite  et  certaines  lave*.  Cependant  il  y  en  a  sensible- 
ment dans  les  roches  volcaniques  hydratées,  telles  que 
}e  phoqolite,  le  rétinite,  l'obsidienne;  il  y  en  a  surtout 
dans  le  basalte  et  dans  le  trapp.  Dans  les  roches  volca- 
niques, la  proportion  d'azote  reste  toutefois  inférieure 
à  ^  millième. 

Les  diorites  ainsi  que  les  roches  dans  lesquelles  il 
s'est  déyeloppé  de  l'amphibole  paraissent  être  particu- 
lièrement pauvres  en  azote. 

L'arène,  le  kaolin  et  en  général  les  argiles  résultant 
de  la  décomposition  du  granité,  du  porphyre,  du  trapp 
et  des  autres  roches  éruptives,  contiennent  moins  d'a- 
zote que  les  mêmes  roches  à  l'état  normal. 

Enfiû  l'azote  des  roches  éruptives  est  en  proportion 
trop  petite  pour  qu'il  soit  possible  de  constater  quelcjue 
diminution  tenant  à  l'ancienneté  des  roches;  il  parait 
ipême  à  peu  près  indépendant  de  leur  âge.  11  est ,  au 
.  contraire,  en  relation  intime  avec  les  caractères  miné- 
ralogiques  de  chaque  roche,  et  par  suite  avec  les  con-^ 
ditions  dans  lesquelles  elle  a  pria  naissance. 


â66 


AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 


BOCHES  STBATiniES. 


BOCBBt 

fTAÀTlVlClS. 


S  59. 

Bœhêi 
ealeairei. 


$«0. 

Ghkux 
phosphatée. 


Les  roches  qui  dous  restent  à  examiner  ont  été  dé- 
posées par  Teau  ou  par  l'atmosphère  ï  elles  se  sont  for- 
mées en  présence  des  animaux  et  des  végétaux  qui  ont 
peuplé  le  globe  aux  différentes  époques  géologiques.  Il  ' 
n'est  donc  pas  étonnant  qu'on  y  trouve  plus  d'azote  et 
de  matières  organiques  que  dans  les  autres  roches. 

Maintenant,  quand  on  compare  entre  elles  les  roches 
stratifiées  qui  ont  la  même  composition  minéralogique 
et  qui  se  sont  formées  dans  les  mêmes  conditions,  on 
observe  que  celles  de  l'époque  actuelle  sont  générale- 
ment  plus  riches  en  azote  que  celles  des  époques  géolo- 
giques antérieures.  En  outré,  comme  elles  constituent 
le  sol  végétal,  elles  ont  une  importance  toute  spéciale* 
pour  l'agriculture.  I>' après  cela,  les  roches  stratifiées  de 
l'époque  actuelle  ont  été  groupées  à  part  et  réunies 
dans  un  appendice.     ' 

Examinons  d'abord  les  roches  calcaires,  c'est-à-dire 
celles  qui  sont  formées  de  chaux  phosphatée,  de  chaux 
sulfatée,  de  chaux  ou  de  magnésie  carbonatée.  Elles 
peuvent  contenir  des  proportions  d'azote  faciles  à  doser, 
surtout  lorsqu'elles  sont  poreuses  et  en  parcelles  mi- 
croscopiques ou  bien  lorsqu'elles  sont  argileuses. 

La  chaux  phosphatée  se  trouve  en  nodules  grisâtres 
de  quelques  centimètres  dans  le  gault  de  Folkestone. 
Chauffée  dans  le  tube,  cette  chaux  phosphatée  noircit, 
décrépite  et  donne  un  petit  dépôt  de  soufre  ;  elle  con- 
tient.. 0,18  d'azote. 

La  quantité  d'azote  qui  s'y  trouve  est  plus  petite  que 
celle  des  coprolites  provenant  de  terrains  même  plus 
anciens;  c'est  donc  à  tort  qu'on  la  considère  comme  , 
coprolite;  elle  n'en  a  d'ailleurs  pas  la  forme,  et  nous 


EOGHES  dTBATinÉES.  967 

allons  Yoir  que  des  matières  oi^aniques  se  retrouvent 
dans  toutes  les  roches  stratifiées  (i). 

L'anhydrite  compacte  des  marnes  irisées  de  Boisset 
renferme  seulement...  0,01  d'azote.  Les  minéraux  non 
hydratés  ont  généralement  très-peu  d'azote,  et  du  reste 
les  conditions  particulières  dans  lesquelles  l'anhydrite 
s'est  formée  peuvent  aussi  en  être  la  cause. 

Dans  le  gypse,  surtout  lorsqu'il  est  stratifié ,  la  pro- 
portion d'azote  est  très-notable;  ainsi,  dans  le  gypse 
grenu,  blanc  jaunâtre  et  fossilifère  des  environs  de  Pa« 
ris,  j'en  ai  trouvé  jusqu'à...  0,26. 

Le  calcaire  contient  des  matières  organiques  qui  se 
reconnaissent  par  la  distillation  et  par  la  couleur  bru- 
nâtre ou  grisâtre  qu'il  prend  lorsqu'on  le  chauffe  dans 
le  tube.  Sa  distillation  est  généralement  alcaline.  Ce- 
pendant elle  peut  être  acide  au  commencement  et  alca- 
line à  la  fia  ;  je  l'ai  constaté,  par  exemple,  pour  la  craie 
marneuse  prise  au  sondage  de  l'avenue  de  Saint*Cloud 
à  une  profondeur  de  460  mètres  ;  c'est  également  ce 
qui  a  lieu  pour  certains  calcaires  charbonneux  ou  bitu- 
mineux. La  dolomie  contient,  d'ailleurs,  des  matières 
organiques  aussi  bien  que  le  calcaire,  et  ces  deux  roches 
se  comportent  de  la  même  manière  à  la  distillation. 

Considérons  d*abord  le  calcaire  métamorphique. 
Quelques  marbres  blancs,  saccharoîdes,  ont  été  exami- 
nés, particulièrement  celui  d'Eisersdorff  en  Basse-Si- 
lésie;  ils  ont  bien  donné  des  traces  de  matières  orga- 
niques, mais  leur  distillation  était  à  peine  alcaline ,  et 
il  s'y  trouvait  trop  peu  d'azote  pour  en  faire  le  dosage. 
Le  calcaire  métamorphique,  désigné  sous  le  nom  de 
predazzite,  est  formé  de  chaux  carbonatée  saccharoïde 

(ij  Relativement  à  remploi  de  la  chaux  phosphatée  dans  IV 
griculture,  consulter  Élie  de  Beaumont  et  P.  P.  Dehérain.  Be- 
thereke$  ntr  Vemplùi  agricole  des  phoêphateM^  1S60. 
Tom  XVm,  i86<K  18 


S  «1. 

iBhjdrile. 


S  «9. 

QjpM. 


S  61. 

Galealra. 


S  64. 

Câlcaira 
méUmorphtqiie. 


968  AZOTE  ET  MATIÈRB8  OROAiaQUES« 

imprégnée  de  brucite  ;  il  se  trouve  au  contact  de  Vhy* 
périte,  et  il  est  exploité  comme  marbre  blanc  au  tor«* 
rent  des  Canzacoli  dans  leTyrol*  A  la  distillation,  il 
colore  très-légèrement  en  bleu  le  papier  de  toumciaQl  et 
il  renferme  seulement  des  traces  d'axote. 

Lorsque  le  calcaire  métamorphique  a  conaenré  un» 
couleur  grise  ou  noirâtrOi  il  contient  une  proportion  de 
matières  oi^aniques  un  peu  plus  grande.  J'ai  essayé 
notamment  un  calcaire  métamorphique  du  Petit-Siaint» 
Bernard  ;  il  était  cristallin,  mais  gris  bleuâtre  veiné  de 
noir,  et  il  se  rapportait  à  la  variété  de  marbre  connue 
sous  le  nom  de  blefu  turquin.  Il  renfermait  des  matières 
charbonneuses ,  et  par  le  choc  il  donnait  même  une 
odeur  très- fétide.  Sa  distillation  était  légèrement  alca^ 
Une,  et  l'essai  a  montré  qu'il  renfermait  seulement*.. 
0,008  d'azote,  soit  moins  de  1  cent*miUième. 

Un  calcaire  glauconieux,  devenu  grisâtre  et  eristallm 
au  contact  d'un  ûlon  de  basalte,  n'a  donné  que...  o,qs9 
d'azote  (1). 

Tous  ces  essais  sont  donc  bien  concordants  :  le  cal- 
caire métamorphique  contient  à  peine  de  l'axote  ot  des 
matières  organiques  ;  il  n'en  contient  môme  que  des 
traces  indosables  quand  il  a  été  métamorphosé  en  marbre 
blanc.  On  verra  du  reste  que  les  autres  roches  stratifiâes 
métamorphiques  donnent  des  résultats  analogues. 
S  05-  Si  nous  passons  au  calcaire  normal,  nous  y  trouvom 

généralement  plus  d'azote  que  dans  le  calcaire  mëtamor* 
phique  et  aussi  que  dans  la  chaux  carbonatée  spatbique. 

Le  muschelkalk  brunâtre ,  bien  compacte  de  Dar** 
nieulles,  donne  une  distillation  très*faiblement  alcaline 
et  des  traces  d'azote.  Le  calcaire  lithographique  de  So* 
lenhofen  qui  est  cependant  fossilifère  n'a  que...  o,o5  d'a- 
zote; l'oolite  jurassique  et  semi-cristalline  d'Hirson  en 

(i)  AnnaUê  des  mtfMi ,  1887,  t.  XII,  p.  siS. 


Ctlctire  nonnal. 


BOCHES  STRATIFIÉBS.  bGq 

a» .  •  Oyog.  Le  calcaire  grossier  à  cérites  en  a  seulement .« 
0,1 5,  par  conséquent  pas  plus  que  le  spath  d'Islande. 
Dès  que  le  calcaire  devient  crayeux,  il  est  notablement 
plus  riche  en  azote  que  lorsqu'il  est  compacte  ;  c'est  ce 
que  y  ^  coostaté  pour  la  craie  et  pour  le  calcaire  blanc 
crayeux  des  marnes  supérieures  au  calcaire  grossier. 
Dans  la  crsde  naturelle  de  Heudon ,  contenant  environ 
un  cinquième  de  sable  et  réputée  de  bonne  qualité  pour 
la  fabrication  du  blanc,  l'azote  s'élève  même  à,..  o,95. 

La  craie  est  en  grande  partie  composée  de  débris  de 
foramiolfères  ;  d'après  M.  Bailey ,  elle  présenterait  même 
des  parties  coiisistant  en  une  matière  organique  brun 
foncé  qui  a  conservé  la  forme  de  ces  animaux  (i);  il 
n'est  donc  pas  étonnant  qu'on  y  trouve  autant  d'azote. 

Le  calcaire  de  Seyssel-Vdant  qui  est  imprégné  de  8 
p.  100  de  bitume,  et  qui  sert  à  la  fabrication  de  l'as- 
pbsdte,  contient  seulement  o,a8  d'azote.  Il  est  remar- 
quable que  ce  calcaire  bitumineux  ne  renferme  guère 
plus  d'azote  que  la  ci*aie.  Un  calcaire  fétide,  brun  noi- 
râtre et  non  bitumineux,  du  terrain  houiller  de  Wuns- 
cbendorir,  a  donné...  o,32  d'azote.  Enfin,  dans  un 
conglomérat  moderne,  formé  de  coquilles  marines,  et 
provenant  du  Brésil,  il  y  avait  jusqu'à...  0,90  d'azote; 
mais  cette  richesse  en  azote  est  exceptionnelle  ;  elle  s'ex- 
plique trës^facilement,  car  c'est  dans  ce  conglomérat  que 
se  trouvent  des  ossements  humains  {Tableau  I,  nM5). 

Quand  le  calcaire  n'est  pas  recouvert  par  de  la  terre 
végétale,  il  est  peu  fertile,  lors  même  qu'il  serait  rela- 
tivement riche  en  azote.  La  craie,  dans  la  Champagne 
Pouilleuse,  nous  en  offre  un  exemple.  Cependant  la 
crsde  et  le  calcaire  trës-divisé  sont  avantageusement 
employés  au  marnage  des  terres  argilo-sableuses. 


(i)  Naumann.  Lehrbuehder  Geognoêit^  a*  édit.,  t.  I,p.  7SU. 


Marne, 


270  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES* 

Bien  que  le  calcaire  ait  de  l'affinité  pour  les  matières 
organiques ,  et  particulièrement  pour  le  bitume ,  les 
essais  montrent  que  généndement  il  renferme  peu  d'a- 
zote. Quelquefois  même  le  calcaire  sédimentaire  et 
non  métamorphosé  n'en  renferme  que  des  traces;  c'est 
surtout  ce  qiii  paraît  avoir  lieu  lorsqu'il  est  formé  de 
carbonate  de  chaux  exefnpt  d'argile. 
S  w.  Mais  lorsqu'au  contraire  le  calcaire  est  mélangé  d'ar- 

gile et  passe  à  la  marne ,  l'azote  et  les  matières  oi^gap- 
niques  augmentent  généralement  en  proportion  notable. 

Une  marne  rouge,  sableuse,  micacée  et  ferrugineuse, 
m'a  donné  seulement. ••  o,o4  d'azote;  c'est  cependant 
dans  cette  marne  que  se  trouvent  des  ossements  si  nom* 
breux  à  Pikermi. 

Dans  toutes  les  autres  marnes  essayées,  l'azote  était 
au  contraire  supérieur  à...  0,1;  dans  la  marne  de  Lib- 
stadt,  qui  est  employée  comme  terré  à/bulon,  il  est 
de...  0,35;  dans  la  marne  verte,  supérieure  au  gypse 
parisien,  il  atteint...  o,46  ;  il  est  de...  0,59 pour lamame 
argilo-sableuse  de  Laran ,  qui  est  très-recherchée  pour 
l'agriculture.  D'après  M.  Payen,  l'azote  peut  même 
s'élever  à  i,5o  dans  cette  dernière  marne  (1).  Le  Idbss, 
des  environs  de  Paris ,  est  lui-même  une  marne  trè9- 
argileuse  dans  laquelle  il  y  a  environ  10  p.  100  d'acide 
carbonique,  de  l'argile  et  un  peu  de  sable  ;  j'ai  trouvé. •• 
1,09  d'azote  dans  un  échantillon  du  loess  de  Meudon, 
pris  à  i"',5o  du  sol ,  et  dans  un  autre  il  y  en  avait  même 
davantage.  La  grande  richesse  du  loess  en  azote  ne 
doit  pas  surprendre ,  car  c'est  après  la  terre  végétale  le 
dépôt  le  plus  moderne  ;  il  renferme  en  outre  un  grand 
nombre  de  débris  organisés ,  notamment  de  végétaux 
et  de  mollusques  terrestres  qui  ont  conservé  leurs 

(1)  De  Gasparin.  Cours  d'agriculture* 


ROCHES  STRATIFIÉES.  27 1 

formes  et  même  leurs  couleurs.  Enfin  il  est  très-argi- 
leux, et  l'argile,  bien  qu'elle  n'absorbe  pas  toujours 
une  grande  proportion  de  matières  organiques,  jouit  à 
un  degré  remarquable  de  la  propriété  de  les  fixer. 

La  marne  contribue  donc  à  l'amendement ,  non-seule- 
ment parce  qu'elle  donne  du  calcaire  à  des  terres  qui  en 
sont  privées,  mais  en  outre  parce  qu'elle  y  introduit  des 
matières  organiques  azotées  (i).  Toutes  cboses  égales, 
elle  en  contient  d'autant  plus  qu'elle  est  plus  divisée  et 
plus  argileuse. 

Les  rocbes  stratifiées  siliceuses  sont  surtout  les  sa-  s  «▼. 
blés,  les  grès»  les  quartzites.  Quand  elles  sont  formées  mnunt 
de  quartz  byalin  et  exemptes  d'argile,  elles  sont  géné- 
ralement très-pauvres  en  matières  organiques,  comme 
îl  est  facile  de  le  constater  par  un  simple  essai  dans  le 
tube.  Je  citerai  particulièrement  le  sable  blanc  de 
Rilly,  qui  est  formé  de  quartz  byalin,  et  recherché 
pour  la  verrerie  ;  un  grès  avec  argilite  et  empreintes 
d'astéries  du  lias  supérieur  des  environs  de  Salins;  le 
quartzite  de  Houth,  qui  appartient  au  terrain  silurien 
métamorphique  de  l'Islande. 

Parmi  les  roches  siliceuses ,  celles  qui  sont  meta-        s  m. 
morphiques,  comme  le  quartzite,  contiennent  générale-      gmMOMt 
ment  une  proportion  d'azote  tellement  petite  qu'elle  «*»«n»»'pwqn«. 
n'est  pas  dosable. 

Cependant ,  dans  le  quartzite  bien  caractérisé ,  celui 
d'Itacolumi,  j'ai  trouvé...  0,06  d'azote.  Ce  quartzite 
d'Itacolumi,  ou  itacolumite^  était  presque  entièrement 
formé  par  un  quartz  hyalin,  légèrement  enfumé  comme 
dans  le  granité,  flexible,  à  grains  très^gros,  avec  rutile 
et  quelques  lamelles  de  mica  verdàtre  ;  c'est  un  grès  mé- 
tamorphique, et  l'une  des  roches  dans  lesquelles  le 

<i)  Malagutti.  Lefom  de  chimie  agricole^  i855,  p*  Aâi. 


Grte 
prifiiiaUqae« 


S  69. 

Sable, 

Orafier, 

Grte. 


9711  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

diamant  a  cristallisé  (1).  Bien  que  la  quantité  d'azote 
obtenue  soit  trëS'-faible,  elle  est  facilement  appréciable  ; 
elle  est  d'aiUeurs  supérieure  à  celle  de  Titabirite  du 
schiste  cblorlté,  c'est-à-dire  des  roches  associées  au  dia* 
mant  ;  elle  est  d'ailleurs  intéressante  à  signaler,  car  elle 
montre  que  le  diamant  s'est  formé  en  présence  de  mdr^ 
tiëres  organiquesetelle  jette  quelque  jour  surson  origine. 

Gomme  le  basalte  contient  quelquefois  une  propor- 
tion notable  d'azote,  il  était  intéressant  de  rechercher 
s'il  y  en  avait  dans  le  grès  métamorphosé  à  son  contact. 
Or  l'expérience  a  montré  que  le  grès  bigarré  en  contact 
avec  le  basalte  de  Wildeostein  et  changé  en  grès  blanc, 
lustré,  prismatique,  renferme  seulement...  0,07  d'azote. 

Dans  le  gravier  ou  dans  le  sable  à  gros  grains,  même 
lorsqu'il  est  récent  et  diluvien,  l'azote  est  aussi  en  quan* 
tité  trës-^petite  ;  cependant  on  peut  encore  le  doser.  Par 
exemple,  il  y  a...  0,02  d'azote  dans  le  gravier  diluvien, 
essentiellement  formé  de  quartz  hyalin  et  complètement 
exempt  d'argile  «  qui  a  été  déposé  par  la  Seine.  Le  sable 
quartzeux  des  dunes ,  à  l'embouchure  de  la  Charente, 
ne  contient  que...  o,o5  d'azote,  et  Ton  comprend  d'a- 
près cela  pourquoi  les  végétaux  se  développent  si  diffi- 
cilement sur  les  dunes.  Le  gpès  de  Fontainebleau,  qui 
est  lustré  et  &  ciment  siliceux ,  contient  0,1 3  d'azote. 

Le  sable  du  même  étage,  qui  est  exploité  à  Fontenay- 
aux-Rosés,  a  donné...  0,16  d'azote.  Ce  sable,  très- 
recherché  pour  les  fonderies,  jouit  d'une  plasticité  re- 
marquable, qu'il  doità  un  mélange  de 4o  p.  loodesable 
très-fin  et  d'argile;  par  conséquent,  il  n'est  pas  ôton«> 
nant  qu'il  soit  plus  riche  en  azote  que  le  sable  ordinaire* 

On  voit  en  définitive  que  les  sables ,  les  graviers  et 
les  grès  peuvent  contenir  sensiblement  moins  d'aiote 

(t)  Annales  des  mines,  1860, 1**  livraison.  Sur  le  gisement 
et  l'exploitation  du  diamant,  par  MM;  Heuser  et  Glâraz. 


1I0QIE8  tnATinÉES.  %'ji 

qoè  le  quartz  hyalin  des  roches  granitiques  aux  dépens 
duquel  ils  sont  formés*  L'infiltration  qui  s'opère  si  fa- 
cilement dans  les  sables  et  dans  les  grès  4  tend  donc 
plutôt  à  diminuer  qu'à  augmenter  la  proportion  d'azote. 

Lorsque  les  roches  siliceuses  sont  formées  de  quartz 
mélangé  a¥e&  d'autres  substances«  et  notamment  avec 
de  l'argile»  leur  proportion  d'azote  augmente. 

Ainsi I  elle  est  de.,.  0,12  dans  le  grès  calcaire  char* 
bonneui,  et  avec  cinabre  d'Idria;  de...  0,27  dans  la  mol* 
lasse ,  ou  grès  calcaire  et  glauconieux  du  miocène  des 
environs  de  Berne;  de...  o«29  dans  le  grès  noirâtre, 
nîcacéf  avec  pleurodyctium  problematicum  du  terrain 
devonien  des  environs  d'Alençon  ;  elle  s'élève  à...  o,35 
dans  les  sables  argileux  de  Beauchamp,  pris  dans  Paris 
près  de  l'École  Normale  4  enfin  elle  est  de...  o,5 1  dans  le 
grès  devonien  schisteux  et  micacé^  nommé  par  M.  d'O* 
malius  d'Halloy^  psammite  du  Gondros* 

Parmi  les  roches  siliceuses  stratifiées^  le  tripolii  qui 
est  au  quartz  ce  que  la  craie  est  à  la  chaux  carbonatée, 
Hiënte  une  mention  toute  spéciale.  Le  tripoli  {kiesel*- 
guhr)  deLunebourg  est  blanc  pulvérulent;  quand  on 
k  chauffe  dans  le  tube,  sa  couleur  devient  grisâtre.  Il 
donne  une  distillation  d'abord  acide,  et  ensuite  à  peu 
près  neutre.  Il  contient  visiblement  beaucoup  de  ma*- 
tières  organiques.  Le  tripoli  de  Bilin,  qui  est  schisteux, 
]^rend  dans  le  tube  une  couleur  gris  noirâtre  *,  il  donne 
ta  premier  moment  une  distillation  acide  et  une  odeur 
•mpyreumatique  prononcée»  puis  la  distillation  devient 
légèrement  alcaline.  Il  contient^.»  0*4^  d'azote«  Le  tri- 
poli du  Habichtswald  a  été  analysé  par  M.  Lôwig,  qui  y 
ngnale  1  ^70  p«  1 00  de  matières  organiques. 

On  sait,  par  les  recherches  d'Ehrenberg^  que  le  tri- 
poli est  entièrement  formé  de  carapaces  d'infusoires 
dont  les  formes  sont  même  très-bien  conservées;  d'un 


Grét  câleaire 

oa  argileux; 

MollaMe, 

Psammite. 


Tripoli. 


Bockêt 


Tuf. 


Trflis. 


Sehltuun* 


S  74  AZOTE   ET  MATIÊHSS  OBGANIQUES. 

autre  côté,  les  substances  poreuses  et  très-diviaées 
jouissent  d'une  grande  puissance  d*absorption  ;  par  con- 
séquent, on  s'explique  aisément  pourquoi  le  tripoli  est 
riche  en  azote  et  en  matières  organiques. 

Parmi  les  roches  stratiCées,  les  roches  argileuses 
sont  particulièrement  intéressantes  à  étudier,  car  elles 
contiennent  généralement  une  proportion  très-notable 
de  matières  organiques  ;  aussi  est-il  nécessaire  d'exa* 
miner  successivement  leurs  principales  variétés. 

Commençons  par  diverses  roches  qu'il  convient  d'in- 
tercaler ici ,  bien  que  leur  état  argileux  soit  très-imparfait. 

Le  tuf  poreux  et  friable  qui  a  recouvert  Herculanum, 
et  qui  paraît  avoir  été  formé  par  un  torrent  boueux , 
donne  une  distillation  qui  est  d'abord  acide,  puis  alca- 
line; il  renferme...  0,12  d'azote.  Une  distillation  très- 
acide  s'observe  aussi  dans  le  conglomérat  tracbytique 
et  poreux  de  Loitte,  dans  les  monts  Dore. 

Le  trass  des  bords  du  Rhin  est  nettement  stratifié, 
et  plusieurs  géologues  lui  attribuent  la  même  origine 
qu'au  tuf  d'Herculanum.  Sa  distillation  est  alcaline,  et 
il  contient..,  0,16  d'azote. 

Le  schlamm  des  volcans  boueux  de  Turbaco  con- 
tient, d'après  M.  Boussingault,  des  traces  très-sensibles 
d'ammoniaque,  de  l'azote,  des  matières  bitumineuses, 
du  borax  et  de  l'iode  (1). 

Il  est  naturel  de  rapprocher  de  ces  roches  une  argile 
éruptive  observée  au  Brésil  par  M.  Claussen,  et  qui, 
formant  des  espèces  de  filons,  s'est  répandue  en  nappes 
à  la  surface  du  sol.  Cette  argile  qui  est  femfère ,  bré- 
chiforme ,  empâte  des  fragments  d'une  autre  argile  et 
d'un  micaschiste  qu'elle  a  traversé  ;  elle  renferme  seu* 
lement...  0,1 3  d'azote.  Mais  dans  une  argile  noir  bru- 

(i)  Comptêi  rendue^  t  XXXVm,  p.  y6S.  -  De  Humboldt, 
Cosmos^  U  IV,  p.  ^99. 


UGHES  STEATIFIÉES.  S7S 

nâlre ,  venue  également  de  Tintérienr  de  la  terre  et  rem- 
plissant des  cavités  dans  le  mnschelkalk  métamorphique 
de  XerbeviUer  (Menrtbe),  il  y  avait.  ••  q|66  d'azote.  De 
même,  dans  une  argile  grise»  marneuse,  i*ejetée  par  les 
volcans  boueux  de  Macaluba  en  Sicile,  Tazote  s'élevait 
à»..  0,71  ;  et,  comme  on  le  verra  plus  loin,  il  est  rare 
que  les  argiles  sédimentaires  en  contiennent  une  plus 
grande  proportion. 

M.  Ehrenberg  a  observé  des  infusoires  dans  le  trass, 
la  moya,  les  déjections  des  volcans  de  boue,  les  tufs 
volcaniques  (i)  ;  la  présence  de  matières  organiques 
azotées  dans  ces  rocher,  qui  sont  d'ailleurs  argileuses 
et  absorbantes,  peut  dès  lors  s'expliquer  facilement. 

Lorsque  des  roches  argileuses  ont  été  agglutinées  ou        '  ^'' 
fondues  à  l'intérieur  de  la  terre,  on  conçoit  qu'elles     arguewei 
sâent  perdu  leurs  matières   organiques;  mais  elles  "*jj^™*^^"**' 
peuvent  encore  donner  une  distillation  acide  qui  est 
due  notamment  à  de  l'acide  sulfurique  ;  c'est  au  moins 
ce  que  j'ai  constaté  pour  une  porcelanite  gris  bleuâtre , 
provenant  d'un  incendie  souterrain  à  la  mine  de  lignite 
du  mont  Melssner.  D'ailleurs  l'action  de  la  chaleur  sur 
les  couches  généralement  pyriteuses  qui  sont  meta-  , 

morphosées  en  porcelanite,  doit  naturellement  les  im- 
prégner d'acide  sulfurique. 

Les  roches  argileuses  métamorphiques  sont  relati-  Argiia  liiicifiée. 
vement  paavres  en  azote.  En  effet,  il  n'y  en  avait 
qae...  o,o5  dans  l'argile  du  lias  des  Pannats,  qui  a  pris 
la  dureté  du  silex ,  et  qui  a  été  complètement  siiicifiée 
au  contact  du  granité. 

Un  schiste  du  lias  de  Ballywillin,  changé  en  jaspe  noir       Jupe, 
etesquilleux  au  voisinage  du  trapp,  avait*. .  0,20  d'azote. 

.  Lorsqu'une  argile  est  siiicifiée  ou  changée  en  jaspe,  les 

(1)  Berliner  jiead.,  1857,  p.  as?,  933  et  Mikrogeologie. 


s  T2. 

Boehei 

argilousêt. 


S  TS. 

Tof. 


TrâM. 


SU, 
Scblâmm. 


riche  en  azote  et  en  matières  organio^/^ 

Parmi  les  roches  stratifiées,  lç;>/j 
sont  particulièrement  intéressai^'//// 
contiennent  généralement  ^^^/^/igi 
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tercaler  ici,  bien  que  leur/  //|' 

Le  tuf  poreux  etfri///^ 
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S74  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

autre  côté,  les  substances  poreuses  et/ 
jouissent  d'une  grande  puissance  d'absor^/ 
séquent ,  on  s'explique  aisément  poura^^/ 

inise^  ^>^ 

•n  set»  5L^\jb 
diaraaixi  ^\. 
jericite 
^,  0,02  d* 
.edu  terrain  sil^^ 
jent  composé  de 
.e  ;  il  y  en  a  encore,. •  o,a 
.d  bleuâtre  de  la  Bretagne, 
jise  gris  noirâtre  d'Angers.  Ceai 
acide  s'observ  '         en  outre  un  peu  de  matières  bitu- 
et  poreux  de         reconnaissent  très-bien  à  leur  odeur 

Le  trass,     ,on  même  du  dosage  de  l'azote, 
et  plusie*  ^^marquer  cependant  que  le  schiste  talqueux, 
qu'au  i;  ^.^^chlorité,  le  micaschiste,  le  gneiss,  reAferment 
il  cor  '^^l^es  quantités  sensibles  d'azote.  Quelle  que  soit 
^  ^^aiùQ  de  ces  roches,  elles  proviennent  du  métamor-^ 
ti    (is0e  de  roches  stratifiées,  et  par  conséquent  les 
^tières  organiques  qu'elles  renfermaieut  ont  été  par- 
tellement  ou  complètement  détruites,  lorsque  ce  méta- 
morphisme a  été  très-énergique.  La  comparaison  des 
roches  argileuses  métamorphiques  avec  les  roches  nor- 
males montre  donc  bien  que  le  métamorphisme  diminue 
les  matières  organiques.  C'est,  du  reste,  bien  d'accord 
avec  ce  que  j'ai  constaté  précédemment  pour  les  roches 
calcaires  et  siliceuses.  Les  matières  organiques  ne  sont 
augmentées  que  dans  certains  cas  exceptionnels  de 
métamorphisme,  par  exemple,  lorsque  la  roche  est  im- 
prégnée de  bitume. 


/ 


M 


ROCnS  STlATinÉBti  «77 

CoDsidâx)!»  maîsteBast  les  rocfaes  argileuses  nor- 
males* 

Panai  les  aiigiles,  je  mentionnerai  d'abord  nne  s  ^• 
Brgiie  magnésienne,  feuilletée  et  happante  ;  c'est  celle  nu^nteicoDe. 
qni  est  connue  sous  le  nom  de  kleb^chiefer^  et  qui  se 
trouve  surtout  dans  le  terrain  de  gypse  parisien  ;  elle 
n'a  donné  que...  0,08  d'aiote.  Comme  l'écume  de  mer, 
dont  elle  n'est  qu'une  variété  impure,  elle  contient 
donc  trëft-peu  de  matières  organiques  ;  il  est  même  rare 
qu'une  argile  stratifiée  en  renferme  aussi  peu,  et  c'est 
d'autant  plus  remarquable  qu'elle  en  est  très-avide. 

Il  semblerait  que  la  teneur  en  azote  des  argiles  qui  l  îs- 
nveloppent  les  ossements  devra  toujours  être  élevée.  ^^^^ 
Cependant  une  argile  jaune  verdâtre  des  cavernes  à  osse- 
ments du  Brésili  n'avait  que...  0,16  d'azote;  l'argile 
rouge,  limoneuse,  qui  entourre  les  ossements  dans 
les  cavernes  du  calcaire  jurassique  de  Franche  Gomtéi 
en  avait...  0,39.  D'un  autre  côté,  l'argile  diluvienne  de 
Buenos- Ayres ,  dans  laquelle  se  trouvent  des  sque* 
tottes  entiers  de  mégathérium,  et  qu'on  pourrait  croire 
d'après  cela  très-fortement  imprégnées  de  matières  or- 
ganiques, ne  renferme  pas  plus  de.«.  o,3i  d'azote.  Ainsi, 
lors  même  que  les  argiles  sont  ossifères  et  d'origine  ré^ 
eente,  elles  ne  sont  pas  toujours  riches  en  azote  )  il  est 
même  possible,  comme  on  va  le  voir,  qu'elles  soient 
plus  pauvres  que  des  argiles  privées  de  fossiles  et  ap- 
partenant à  des  terrains  plus  anciens»  On  comprend  du 
reste  que  ai  les  ossements  ont  été  enfouis  après  la  dé^ 
composition  des  cadavre»  auxquels  ils  appartenaient, 
la  roche  qui  les  enveloppe  ne  doit  pas  nécessairement 
être  riche  en  matières  organiques* 

L'argile  bmn  rouge&tre,  qui  recouvre  le  terrain  diln- 
vieo  de  Saint- Acheul,  contient.. «  0|i8  d'axote;  l'argile 
janne,  calcaire,  sablonneuse  et  micacée  de 


878  AZOTE  "El:  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

près  du  Rhin ,  en  renferme. . .  o,  1 9 .  11  n'y  en  a  pas  moins 
de... 0,53  dans  l'argilegrise^danslaquellese trouvent  les 
meulières  supérieures  de  Meudon  ;  l'échantillon  a  cepen- 
dant été  pris  à  une  profondeur  de  4  mètres  au-dessous 
du  sol ,  afin  d'éviter  autant  que  possible  les  infiltrations 
provenant  de  la  terre  végétale. 

L'argile  oxfordienne  de  Hedington  a  donné  aussi.. 
0,54  d*azote.  Une  argile  plastique  gris  noirâtre  d'Am- 
blainvilliers,  retirée  avec  la  sonde  d'une  profondeur  de 
100  mètres,  adonné...  0,61  d'azote;  et  cependant,  d'à» 
près  son  gisement,  les  matières  organiques  ne  prove- 
naient pas  de  l'atmosphère ,  elles  étaient  au  contraire 
originaires.  II  est  donc  bien  visible  que  dans  l'argile 
proprement  dite,  la  proportion  d'azote  est  très-notable 
puisqu'elle  peut  dépasser  un  demi-millième, 
s  79.  L'argilite  et  le  schiste,  qui  sont  des  roches  plus  ou 

^^^  moins  argileuses,  diffèrent  de  l'argile  en  ce  qu'elles  ne 
deviennent  pas  plastiques  ;  elles  sont  au  contraire  li- 
thoîdes  et  elles  contiennent  des  alcalis. 

Lorsque  ces  roches  n'ont  pas  été  soumises  au  méta- 
morphisme, elles  renferment  relativement  beaucoupd'a- 
zote  et  de  matières  organiques.  Elles  donnent  même  assez 
souvent  dans  le  tube  un  dépôt  de  bitume  ;  dans  ce  der- 
nier cas ,  la  distillation  commence  quelquefois  par  être 
très-acide  ;  mais  elle  finit  par  devenir  fortement  alcaline. 

Les  variétés  de  ces  roches  que  j'ai  examinées  sont  les 
suivantes  :  l'argilite  gris  rougeâtre  du  grès  bigarré  de 
Sultzqui  contient  seulement...  0,1 4  d'azote-,  le  schiste 
silurien  noir  et  fossilifère  de  Mortain...  o,34;  le  schiste 
houiller  de  Ronchamp...  o,5g  ;  le  schiste  permien  et  bi- 
tumineux de  Riechelsdorf...  0,82;  le  schiste  du  Rio- 
Turbarao  qui,  d'après  M.  Claussen,  serait  l'équivalent 
des  roches  métamorphiques  dans  lesquelles  se  trouvent 
les  diamants...  1,19;  le  schbte  silurien  de  Hellekis,  qui 


ROGBES  STRATiniEà.  a^g 

offre  de  nombreux  débris  de  trilobites  et  qui  est  égale-, 
ment  bitumineux...,  1,44;  le  schiste  liasique  de  BoU, 
qui  est  brun  noirâtre  et  contient  des  débris  de  sau- 
riens... ,  1  jSo  ;  enfin  le  schiste  liasique  de  Reutlingen  qui 
est  assez  bitumineux,  pour  qu'on  en  fabrique  une  huile 
employée  à  l'éclairage.. •  s, 83;  Le  schiste  bitumineux 
d'Autun  qui  sert  au  même  usage  est  également  riche  en 
azote  ;  car  il  donne  à  la  distillation  une  eau  très-ammo- 
niacale. 

Par  conséquent,  Tazote  n'est  pas  moins  abondant 
dans  le  schiste  que  dans  l'argile ,  et  il  peut  même  at- 
teindre quelques  millièmes  dans  le  schiste  bitumineux. 
Du  reste,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  car  l'argile 
et  le  schiste  ne  sont  autre  chose  que  de  la  vase  argi-  ' 
leuse  à  l'état  fossile. 

Les  couches  ossifëres  nommées  bone-bed  par  les 
géologues  anglais  sont  en  grande  partie  formées  de 
débris  de  poissons  et  généralement  mélangées  à  une 
argile.  11  était  intéressant  d'y  rechercher  l'azote;  or 
un  schiste  marneux  avec  nombreuses  écailles  de  girole- 
pis  du  muschelkalk  de  Ghauffontaine  a  donné  seule- 
ment... o,3]  d'azote,  et  dans  le  bone-bed  du  Keuper 
d'Oberbronn,  il  n'y  en  avait  que.. .  0,84.  Contrairement 
à  ce  que  l'on  serait  tenté  de  croire,  le  bone^bed  doit  donc 
essentiellement  son  azote  à  l'argile  qui  cimente  ses  dé- 
bris d*os,  et  il  n'est  pas  plus  riche  que  les  autres  roches 
argileuses. 

Les  matières  organiques  existent  bien  dans  les  cal- 
caires et  dans  les  grès;  mais  nous  avons  constaté  qu'elles 
augmentent  notablement  quand  ces  roches  sont  plus  ou 
moins  mélangées  d'argiles.  Ce  sont  donc  les  argiles  qui 
tendent  particulièrement  à  les  augmenter,  et  en  effet  on 
vient  de  voir  que  les  roches  argileuses  sont  générale- 
ment riches  en  matières  organiques. 


aSo  AZOTE  IX  MàTXfiEBS  O10AinQU£S. 

Il  est  bon  d'observer  aussi  que  les  roches  argUeuaes 
et  les  matières  organiques  sont  habituellement  réunies 
dans  les  mêmes  gisements  et  de  plus  intimeoaent  aaso* 
ciées. 

Ainsi,  quand  les  combustibles  forment  des  coucbeai 
ils  sont  trës^arement  dans  les  grès  ou  dans  laa  cal- 
caires; presque  toujours  ils  arat  intercalé»  daoa  Aw 
argiles  ou  des  schîates. 

D'un  autre  côté,  les  combustibles  sont  fréquenu&ant 
mélangés  avec  les  roches  argileuses  ;  ils  donnent  alors 
des  schistes  charbonneux  ou  bitumineux  d'une  compo*- 
sition  très^variable.  Tantôt  la  proportion  de  matières 
organiques  est  supérieure  à  celle  de  l'argile^  comme 
dans  le  boghead,  dans  le  dussodyle,  dans  la  houille  du 
nord  de  la  Russie ,  et  en  général  dans  les  combustibles 
de  mauvaise  qualité  (i).  Tantôt  c'est  l'argile  qui  est 
prédominante,  et  les  combustibles  deviennent  encore 
plus  impurs  ou  se  réduisent  à  des  argiles  et  à  des  schistes 
plus  ou  moins  imprégnés  de  matières  organiques.  Parmi 
ces  dernières  roches,  on  peut  signaler  une  argile  brune 
schisteuse  qui  est  intercalée  dans  l'argile  de  Kimmeridge 
de  rUe  Purbeck  :  elle  a  seulement  une  densité  de.*. 
1,32,  et  elle  contient  beaucoup  de  matières  organiques 
qui  sont  mélangées  à  environ  80  p.  100  de  cendres. 

Tous  les  intermédiaires  entre  les  combustibles  et  l'ar- 
gile ou  le  schiste  peuvent  êlre  rencontrés  et,  comme  on 
Ta  vu,  les  roches  argileuses  renferment  généralem^t 
une  proportion  très-notable  de  matières  organiques. 

Mais  il  importe  de  remarquer  que  cela  a  lieu  seu- 
lement pour  les  roches  argileuses  qui  sont  stratifiées, 
tandis  que  les  autres  contiennent  peu  de  matières  orga- 
niques. Le  kaolin  et  les  argiles  résultant  de  la  décom- 

(i)  GulllemiD.  explorations  minéralogiqueê  dans  la  Russie 
Û^Èurope. 


ROCHES  STRATIFltBS.  98 1 

position  des  roches  feldspatbiques  n'en  ont  même  que 
des  traces. 

Cette  différence  s'explique  facilement;  car  les  roches 
argileuses  formées  sur  la  place  aux  dépens  des  roches 
feldspatbiques  n'ont  guère  d'autres  matières  organiques 
que  celles  introduites  par  l'inGltration, 

Au  contraire,  les  roches  argileuses  stratifiées  résultent 
d'an  dépôt  lent  opéré  par  les  eaux  ;  elles  ont  été  mélan- 
gées à  Tétat  de  yase  avec  les  débris  d'animaux  et  de  vé« 
gëtaux  de  toute  espèce  ;  divers  produits  de  la  décom- 
position de  ces  débris  se  trouvaient  d'ailleurs  en  dis- 
solution ou  en  suspension  ^  par  ^uite  elles  étaient  dans 
les  circonstances  les  plus  favorables  pour  absorber  les 
matières  organiques. 

Quant  à  l'origine  même  de  ces  matières  organiques, 
elle  est  tantôt  animale,  tantôt  végétale,  le  plus  souvent 
Tuûe  et  l'autre.  Dans  les  schistes  renfermant  une  mul- 
titude d'empreintes  de  mollusques,  de  graphtolites,  de 
trilobites,  notamment  dans  ceux  du  lias,  il  est  impos- 
sible de  douter  que  les  matières  organiques  ne  pro- 
viennent essentiellement  de  débris  d'animaux.  Cepen- 
dant il  importe  d'observer  que,  même  dans  ces  dernières 
roches,  la  proportion  d'azote  reste  assez  faible;  car  elle 
elle  est  inférieure  à  celle  de  la  houille  et  de  l'anthracite 
qui  sont  uniquement  formés  de  végétaux. 

En  résumé ,  les  roches  argileuses  sont  relativement 
très-riches  en  azote  et  en  matières  organiques* 

Lors  même  qu'elles  sont  très-anciennes  et  appar- 
tiennent au  terrain  silurien,  elles  peuvent  retenir  beau- 
coup de  ces  matières;  il  est  donc  bien  visible  que  les 
roches  enfouies  dans  le  sein  de  la  terre  conservt^nt  des 
matières  organiques  après  les  plus  longues  périodes 
de  siècles. 

Quand  elles  sont  soumises  au  métamorphisme ,  elles 


s  83  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

perdent  au  moins  en  partie  leurs  matières  organiques  » 
surtout  lorsque,  devenant  cristallines,  elles  passent  au 
micaschiste  et  au  gneiss  ;  cependant  quelques  millièmes 
d'azote  existent  encore  dans  le  schiste  ardoisier  et  mâ- 
clifère. 

ROCHES  STRATIFIÉES  DE  L'ÉPOQUE  ACTUELLE. 

S  8oi  Les  roches  qui  se  sont  formées  à  l'époque  actuelle 

AUwDiont.     contiennent  une  proportion  de  matières  organiques  qui 
est  très-variable.  Plusieurs  de  ces  roches  ont  déjà  été 
«  examinées,  et  l'on  a  vu  qu'il  y  a  très-peu  d'azote  dans  le 

sable  quartzeux  des  dunes  ou  dans  le  gravier  des  ri- 
vières. Il  y  en  a  très -peu  également  dans  les  calcsdres 
qui  se  déposent  à  l'état  de  tufs  ou  de  stalactites. 

Toutefois,  généralement  les  roches  stratifiées  de  l'é- 
poque actuelle  sont  riches  en  matières  oi^aniques  et 
par  suite  elles  ont  une  importance  spéciale  pour  l'a- 
griculture ;  c'est  pour  ce  motif  que  nous  les  avons  grou- 
pées à  part. 

Nous  considérerons  successivement  celles  qui  se  sont 
déposées  dans  l'eau  douce  ou  salée,  puis  celles  qui  se 
trouvent  à  la  surface  du  sol  et  constituent  les  terres 
végétales. 

La  proportion  d'azote  contenue  dans  les  alluvions 
marines  ou  lacustres  est  très-variable,  mais  générale* 
ment  plus  élevée  que  dans  les  roches  des  époques  an- 
térieures, ayant  la  même  composition  minéralogique. 
Un  tableau ,  placé  à  la  fin  de  ce  mémoire ,  la  fait  con- 
naître d'après  les  recherches  des  divers  savants ,  no- 
tamment de  MM.  Krocker,  Boussingault ,  Payen,  Is. 
Pierre,  Hervé-Mangon  {Tableau  ÏV). 

Dans  le  limon  de  la  rivière  des  Amazones,  l'azote 
dépasse  6;  dans  celui  du  Nil,  il  est  toujours  de  plu- 
sieurs millièmes  et  il  peut  même  s'élever  à  1 2 .  D'après 


AUUTIONS.  285 

Lassaigne,  il  y  a  d'ailleurs  2 ,80  p.  1 00  d'acide  humique 
dans  ce  limoD. 

La  terre  de  6n\  qui  est  renommée  pour  sa  fertilité  et 
qui  provient  d'alluvions  maritimes  couvrant  75. 000  hec- 
tares à  l'emboochure  de  la  Charente,  renferme...  0,77 
d* azote  (1). 

La  tangue  résulte  de  la  trituration  des  coquilles  qui 
est  opérée  par  la  mer;  même  lorsqu'elle  est  irës-es- 
timée  comme  celle  du  havre  de  Lessay,  elle  contient 
moins  d'azote  que  la  plupart  des  dépôts  vaseux  laissés 
par  les  inondations. 

Les  alluvions  déposées  par  la  mer  et  par  les  fleuves  peu- 
vent avoir  une  composition  minéralogique  variée  ;  msds 
le  plus  ordinairement  elles  sont  formées  des  mêmes 
substances  que  les  roches  stratifiées,  c'est-à-dire  de 
silice,  de  calcaire,  d'argile.  Quand  elles  sont  sableuses 
et  formées  seulement  de  grains  de  quartz  ou  de  calcaire, 
leur  richesse  en  azote  et  en  matières  organiques  ne  dif- 
fère pas  beaucoup  de  celle  qui  a  été  indiquée  pour  ces 
roches.  Elle  peut  alors  être  très-faible.  Elle  augmente 
d'ailleurs  dès  que  ces  roches  sont  en  parcelles  micros- 
copiques; par  exemple,  lorsqu'elles  proviennent  comme 
le  tripoli  d'une  vase  siliceuse  ou  bien  comme  la  craie 
d'une  vase  calcaire.  Elle  augmente  surtout  dès  que  les 
alluvions  renferment  des  argiles;  ainsi  elle  est  très- 
grande  pour  le  limon  ou  pour  la  vase  argileuse  et  mar- 
neuse. On  comprend  du  reste  que  les  argiles  se  trouvant 
en  suspension  dans  l'eau  avec  des  matières  organiques 
provenant  de  la  décomposition  des  animaux  et  des  végé- 
taux pourront  facilement  en  absorber  une  grande  pro- 

(1)  La  terre  de  bri  a  été  analysée  par  M.  Manès  dans  sa  Det- 
eription  du  département  de  la  Charente-Inférieure,  p.  198. 
L'échantillon  qui  m'a  servi  au  dosage  de  Tazote  avait  été  r^ 
cueilli  par  M.  Delbalat,  ingénieur  hydrographe. 

TOMi  XVIII,  1S60.  19 


a84  AZOTE  ET  IIATl£a£S  ORGANIQUES. 

portion.  Toutes  choses  égales,  ces  argiles  renfermeront 
d'autant  plus  de  matières  organiques  qu'elles  auront 
plus  d'affinité  pour  ces  dernières  et  qu'elles  seront  plus 
exemptes  de  grains  calcaires  et  siliceux.  Le  limon  du  Nii 
qui  a  une  richesse  exceptionnelle  est  essentiellement 
argileux.  Mais  si  la  richesse  des  alluvions  en  matières 
organiques  dépend  de  leur  état  de  division  et  de  leur 
composition  minéralogique,  elle  est  surtout  en  relatien 
avec  l'abondance  des  débris  uiimaux  ou  végétaux  qui 
leur  sont  mélangés. 

•  On  est  du  reste  frappé  de  leur  richesse  <en  lÊgyptn 

et  dans  l'Amérique  méridionale  s  quoique  cette  richesse 
puisse  devenir  aussi  grande  dans  nos  climats,  toutes 
choses  égales,  elle  parait  augmenter  dane  les  dimalB 
chauds.  11  faut  sans  doute  Tattrihuer  à  ce  que,  dansceB 
climats,  les  êtres  organisés  sont  beaucoup  plus  finm» 
breux,  particulièrement  ceux  qui  sont  microscopiqneB 
et  qui  contribuent  pour  une  part  si  large  à  k  formation 
des  matières  organiques;  à  ce  que  la  végétatîcm  est 
plus  active  ;  enfin  à  ce  que  les  matières  erganiquoa, 
par  suite  de  l'influence  môme  de  la  chaleur,  s'y  déeooi» 
posent  plus  rapidement  et  plus  oomplétement. 
s  81.  La  terre  végétale  contient  gènéraLoment  une  grmde 

r#fT#  végHaie.  proportion  de  matières  organiques ,  et  elle  a  une  coiv-' 
leur  brune  ou  noirâtre  qu  elle  doit  précisément  à  lesr 
présence.  Son  épaisseur  est  ordinairement  limitée  4 
quelques  décimètres;  elle  ne  comprend  pas  tout  le  tev^ 
rain  de  transport  qui  couvre  presque  partout  la  sorfaot 
du  sol  et  qui  a  souvent  une  épaisseur  beaucoup  plos 
grande  que  la  terre  végétale.  C'est  donc  de  la  surface 
même  que  proviennent  l'acide  humique  et  les  matiëfes 
organiques  qui  constituent  la  terre  végétale  ;  ces  msr- 
tiëres  sont  fournies  par  la  décomposition  des  animaux 
et  des  végétaux  qui  vivent  aur  cette  surface,  et  dea^é* 


T^BRE   T£G£TAiB.  aSS 

bris  OU  moins  reconnaissables  de  ces  êtres  leur  sont 
d*iûlleurs  mélangés. 

P'après  ces  considérations,  les  matières  organiques 
doivent  aller  en  dimîpuant  à  partir  de  la  surface  ;  et, 
en  effet ,  H.  J.  Pierre  a  fait  voir  que ,  près  de  Caen,  la 
couche,  qui  est  à  o",s^5  du  sol ,  renferme..,  12,75  d'a- 
zote; tandis  que  celle  à  o'°,5o  n'en  a  plus  que...  1,01, 
et  celle  à  1  mètre  seulement...  0,84.  La  proportion  éTa- 
zote  de  la  terre  végétale  est  très-variable  ;  elle  dépend 
de  causes  t^ ès-compIexes,  parmi  lesquelles  on  peut  si- 
gnaler ]a  composition  minéralogique,  le  gisement.  Té- 
tât de  culture,  les  conditions  de  formation  et  d'engrais. 

lua  détern^ina^ion  de  cet  azote,  bien  qu'elle  soit  im- 
portante pour  l'agriculture,  n'offre  donc  pas  autant 
d'intérêt  que  pour  les  roches  qui  ont  été  examinées 
précédemment. 

Le  tableau  IV  donne,  d'après  divers  chimistes,  la  pro- 
portion d'azote  trouvée  dans  quelques  terres  végétales. 

Les  échantillons  qui  proviennent  du  département 
de  la  Seine  ont  é,té  pris  à  plus  de  0*^,30  au-dessous  du 
sol ,  afin  que  les  résultats  obtenus  fussent  moins  dé-. 
pendants  de  la  culture. 

L'observation  montre  que  les  végétaux  peuvent 
quelquefois  se  développer,  même  dans  les  roches  qui 
sont  dépourvues  de  terre  végétale.  Ce  fait  s'explique 
facilement,  puisqu'il  a  été  établi,  par  les  recherches 
qui  précèdent ,  que  la  plupart  des  roches  renferment 
de  l'azote  et  des  matières  organiques.  Les  graines  sont 
d'ailleurs  très-riches  en  azote.  En  outre,  il  existe  de 
l'ammoniaque  et  de  l'acide  nitritique  dans  les  eaux, 
ainsi  que  dans  l'atmosphère. 

Les  terres  végétales  présentent  cette  particularké 
qu'elles  renferment  toujours  une  assez  grande  propor- 
tion d'azote.  Ainsi,  Tazote  y  parait  habituellement  com- 


286  AZOTE   KT  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

pris  entre  {  millième  et  quelques  millièmes.  Il  y  a  été 
concentré  comme  dans  la  formation  de  la  tourbe. 

Toutefois,  même  dans  les  terres  végétales  les  plus 
fertiles ,  l'azote  ne  dépasse  pas  la  proportion  qui  a  été 
trouvée  dans  quelques  argiles  o^u  schistes  bitumineux» 
Il  ne  dépasse  pas  non  plus  celle  des  limons  très-riches, 
tels  que  ceux  déposés  par  le  Nil  et  par  les  Amazones. 

D'un  autre  côté,  certaines  terres  végétales  extrême- 
ment fertiles ,  comme  le  tschomoïzem  ou  terreau  noir 
de  la  Russie,  ne  contiennent  pas  une  grande  proportion 
d'azote,  et  il  y  en  a  au  contraire  une  quantité  très* 
grande  dans  les  terrains  tourbeux  qui  sont  peu  propres 
à  la  culture.  Comme  l'a  démontré  M.  Boussingault , 
l'azote  d'une  terre  végétale  ne  donne  donc  pas  une  me- 
sure absolue  de  sa  fertilité. 

La  composition  minéralogique  de  la  terre  végétale 
exerce  toujours  une  grande  influence  sur  sa  proportion 
d'azote.  Cette  influence  est  très-sensible ,  même  dans 
les  environs  de  Paris,  où,  par  suite  de  la  culture  et  de 
l'abondance  des  engrais,  la  terre  végétale  est  surtout 
artiûcielle  :  on  voit,  en  eflet,  qu'une  terre  sableuse 
comme  celle  de  Fontenay-aux-Rose^  reste  beaucoup 
moins  azotée  qu'une  terre  argileuse  comme  celle  d' An- 
tony  ou  de  la  plaine  des  Vertus.  C'est  d'ailleurs  quand 
elle  est  argileuse  qu'une  terre  végétale  contient  le 
plus  d'acide  humique  et  de  matières  organiques. 

La  terre  végétale  doit  généralement  sa  richesse  en 
azote  à  ce  qu'elle  renferme  les  débris  d'un  grand 
nombre  d'animaux  et  de  végétaux  qui  ont  vécu  à  la 
surface  de  la  terre  depuis  le  commencement  de  l'é- 
poque actuelle.  Cependant  elle  la  doit  aussi  aux  roches, 
aux  dépens  desquelles  elle  s'est  formée.  Par  exemple , 
le  tschornoizem  ^  qui  couvre  une  partie  de  la  Russie  et 
qui  s'observe  à  plus  de  i3o  mètres  au-dessus  des 


TERRES  TÉGÉTAIES.  «87 

plaines  actuelles,  provient,  d'après  sir  Roderick  Mur- 
chisoD,  d'un  remaniement  de  schistes  noirs  jurassiques 
qui  sont  trës-riciies  en  matières  organiques.  Ces  der- 
nières ont  d'ailleurs  été  fournies  par  les  nombreux 
êtres  qui  peuplaient  la  terre  à  l'époque  jurassique.  La 
terre  végétale  renferme  donc  des  matières  organiques 
provenant  des  êtres  et  des  roches ,  non-seulement  de 
l'époque  actuelle,  mais  encore  des  époques  antérieures. 

Quant  aux  matières  organiques  contenues  dans  la 
terre  végétale,  elles  sont  en  rapport  avec  son  azote; 
elles  peuvent  se  réduire  à  quelques  millièmes,  mais  or- 
dinairement elles  s'élèvent  à  plusieurs  centièmes.  Dans 
les  sols  argileux ,  d'après  H.  J.  Pierre,  elles  dépassent 
quelquefois  i  o  p.  i  oo.  Certains  sols  riches,  cultivés  de- 
puis longtemps,  en  ont  25  p.  loo  et  même  davantage. 
Enfin,  la  tourbe  est  une  terre  végétale  qui  peut  être 
entièrement  formée  de  matières  organiques. 

n  m'a  paru  intéressant,  au  point  de  vue  de  la  salu-  %  si. 
brité ,  de  rechercher  quelle  est  l'influence  exercée  par  ^^j^ 
un  cimetière  sur  le  terrain  dans  lequel  il  se  trouve 
établi.  Dans  ce  but ,  j'ai  recherché  Tazote  dans  quel- 
ques terres  provenant  des  anciens  et  des  nouveaux  ci* 
metières  de  Paris.  J'ai  d'abord  examiné  une  terre  du 
cimetière  Hont-Parnasse  ;  elle  était  formée  par  un  sable 
diluvien,  argileux  et  rougefltre  ;  elle  se  trouvait  à  i^ySo 
du  sol  dans  un  endroit  où  les  inhumations  n'avaient 
pas  eu  lieu  depuis  dix  ans.  Sa  proportion  d'azote  était 
seulement  de...  0,90,  c'est-à-dire  inférieure  à  celle  de 
la  plupart  des  terres  végétales. 

Cette  terre  avait  cependant  été  prise  dans  un  endroit 
qui  servait  de  fosse  commune,  et  dans  lequel,  par  con- 
séquent,  les  inhumations  avaient  été  extrêmement  nom- 
breuses. Elle  était  d'ailleurs  peu  argileuse. 

Les  travaux  des  Halles-Centrales  ont  mis  récemment 


^iS  AZOTE   Bt  IfAÏIÈRÈS  O^^^^NIQUES. 

&  découvert  l'ancien  (Charnier  des  Innocents,  qai,  pen^ 
ddnt  longtemps ,  fut  le  cimetière  le  plus  important  de 
Paris.  J'ai  choisi  Un  échantillon  de  terre  entouré  par 
Une  multitude  d'ossements  humains  ;  il  appartenait  yi-< 
éiblement  &ti  tôrfaiti  de  transport  mamo-sableux  dé^ 
posé  par  la  Seine;  de  jaune  il  était  devenu  noirâtre  ; 
âlais  il  était  &  p6U  près  inodore^  et  il  contenait...  i^is 
d'azote.  Une  tàriété  de  cette  même  marne  diluTienne, 
^i  était  fortement  imprégnée  par  des  matières  ofga- 
Aiques  et  qui  provenait  de  la  Cité,  en  avait  seules 
ment.;.  o$4^;  enfln,  une  autre  variété,  prise  dans  I» 
fûe  Sainte •-  Elisabeth ,  n'en  avait  plus  que  o^iS  (Ta-- 
tlëaU  IV) .  Ou  peut  considérer  cette  marne  de  la  me 
Saiùte-'Élisabeth  comme  étarït  à  l'état  nonnal  ;  en  sorte 
que  l'augmeutàtion  d'azote  produite  par  le  cimetière 
des  Intloceht^  est  dô...  ô,g4;  par  suite  l'azote  des  ma* 
tières  organiques  qul  out  été  absorbées  reste  ioférieur 
à  ixû  millième. 

Enfin  j'ai  essayé  également  Ab  la  terre  de  cimetière» 
qui  était  encore  adhérente  à  des  ossements  pris  dans 
les  GÀtàôoUibes  de  Paris.  Cette  terre  s'était  visiblement 
ti^duvée  dans  des  conditions  qui  lui  avaient  permis  de 
éë  saturer  de  matières  organiques.  Or,  bien  qu'elle  fût 
argileuse,  elle  contenait  moins  de  4  d*azdte ,  et  je  suie 
porté  à  croire  qu'elle  renfermait  alors  des  débris  d'os, 
cardans  un  autre  échantillon,  il  y  en  avait  seulement.*, 
t  millièmes',  sa  proportion  d'azote  était  donc  bien  inf<^ 
Heure  à  celle  du  limou  du  Nil  ou  des  Ama2ones. 

Ainsi,  la  terre  qui  reçoit  Un  excès  de  matières  orga- 
niques animales,  comme  cela  a  lieu  pour  un  cimetière, 
ne  conserve  pas  ces  matières  en  proportion  ausd 
grande  qu'on  serait  tenté  de  le  croire;  il  est  même 
très-remarquable  qu'elle  n'en  retienne  pas  davantage. 
Il  faut  l'attribuer  à  ce  que  les  matières  organiques  ani- 


TBBBE8  TÊ6ÉTALES.  sSç 

ttiales  flont  facilement  décomposées,  puis  entraînées  et 
diasoates  par  les  eaux  qui  s'infiltrent  dans  le  soL 

La  terre  de  cimetière  absorbe  une  proportion  de  ma- 
tières organiques  qui  parait  dépendre  essentiellement 
de  sa  composition  minéralogique  ;  cette  proportion  est 
d'autant  plus  grande  que  la  terre  est  plus  argileuse  ;  elle 
est  inférieure  ou  au  plus  égale  à  celle  des  terres  végé- 
tales.  Du  reste,  les  terres  végétales  renferment  elles- 
mêmes  les  débris  d'une  multitude  d'animaux  et  de 
végétaux,  en  sorte  qu'elles  peuvent  être  considérées 
comme  des  terres  de  cimetières  de  Tépoque  actuelle. 

Les  roches  ossifères  qui  enveloppent  encore  des 
squelettes  entiers,  ont  visiblement  reçu  les  cadavres  des 
animaux  avant  leur  destruction  complète  ;  par  suite , 
elles  représentent  une  terre  de  cimetière  antédilu- 
Tienne,  remontant  à  une  époque  très-reculée.  Je  citerai 
notamment  Targile  des  cavernes  à  ossements ,  l'argile 
de  Buénos-Ayres  ;  mais  dans  ces  cimetières  naturels  et 
fossiles,  Taxote  de  la  terre  ossif  ère  atteint  au  plus  quel- 
ques dix-millièmes,  et  on  peut  assurément  être  surpris 
qu'il  y  en  ait  aussi  peu.  Il  est  donc  bien  visible  que  les 
roches  enveloppant  des  animaux,  perdent,  même  avant 
la  fin  d'une  époque  géologique,  les  matières  organiques 
azotées  qui  résultent  de  leur  décomposition  ;  en  sorte 
que  l'azote  des  argiles  ossifères  ne  dépasse  pas  celui 
des  autres  argiles. 

Les  terres  de  cimetière  qui  appartiennent  à  l'époque 
actuelle  absorbent  bien  une  certaine  proportion  d'azote  ; 
cependant  elles  en  retiennent  moins  qu'un  grand  nom- 
bre de  terres  végétales  et  en  particulier  que  les  limons 
fertiles. 
Quoique  les  animaux  soient  plus  riches  en  azote  que 

(i)  JahreMhericht^  von  J.  Lleblg  und  B.  Kopp,  iS55,  p.  S77. 


s  go  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGAinQUES. 

les  végétaux,  les  produits  de  leur  décomposition  sont 
solubles  et  disparaissent,  en  sorte  qu'ils  introduisent 
en  définitive  beaucoup  moins  d* azote  daus  le  sol  qui  les 
enveloppe. 
*  •••  Il  est  certaines  variétés  de  terres  qui  sont  employées 

comme  aliments  dans  les  temps  de  grande  disette. 
Elles  sont  en  usage,  non-seulement  chez  diverses  peu- 
plades sauvages  de  l'Amérique,  mais  aussi  dans  la 
Perse,  le  Kurdistan,  la  Sibérie,  l'Inde,  la  Chine.  Leur 
composition  minéralogique  parait  assez  variable  ;  tou- 
tefois ,  les  plus  habituelles  sont  connues  sous  le  nom 
de  farine  fossile.  Elles  sont  blanches,  légères ,  friables 
ou  pulvérulentes ,  et  M.  Ehrenberg  a  constaté  qu'elles 
sont  formées  de  carapaces  siliceuses  dlnfusoires.  De 
même  que  le  tripoli ,  elles  contiennent  une  proportion 
notable  de  matières  organiques  azotées.  Cependant 
.  l'essai  d'un  échantillon  qui  provenait  de  la  Chine  ne 
m'a  donné  que...  0,9g  d'azote.  Il  y  a  donc  de  l'azote 
et  des  matières  organiques  dans  la  farine  fossile^  mais 
beaucoup  moins  que  dans  la  plupart  des  argiles  ou  des 
schistes ,  et  que  dans  les  dépôts  d'alluvions  ou  dans 
les  terres  végétales.  Dans  une  terre  alimentaire  que  les 
Tongouses  mélangent  avec  du  lait  de  renne,  il  parait  du 
reste  qu'il  y  aurait  jusqu'à  8  p.  100  de  matières  orga- 
niques Il  est  probable  cependant  que  la  couleur  blanche 
de  la  farine  fossile  et  la  ressemblance  que  sa  finesse  et 
son  onctuosité  lui  donnent  quelquefois  avec  la  farine 
ont  surtout  contribué  à  son  emploi  comme  aliment. 

Maintenant,  les  terres  signalées  comme  alimentaires 
par  les  voyageurs  ne  sont  pas  seulement  siliceuses, 
elles  peuvent  aussi  être  argileuses.  Il  en  est  qui  sont 
argilo-ferrugineuses  ou  même  formées  de  débris  volca- 
niques ,  comme  celles  intercalées  dans  des  grès ,  près 
de  la  rivière  des  Amazones.  Dans  certaines  parties 


TEBBE8  DIVERSES.  99I 

de  rinde  et  de  1* Amérique  méridionale,  elles  sont 
d'ailleurs  préparées  sous  forme  de  petites  galettes. 

On  sait  que  certains  poissons  de  l'océan  Pacifique 
broutent  les  récifs  calcaires  des  polypiers,  au  milieu 
desquels  ils  vivent  (i)  ;  ils  nous  offrent  donc  l'exemple 
d'animaux  vertébrés  qui  se  nourrissent  en  ingérant 
dans  leur  estomac  des  substances  qui  sont  presque  en- 
tièrement minérales.  Les  terres  ne  peuvent  assurément 
fournir  qu'un  aliment  très -peu  efficace;  mais  il  im- 
porte cependant  d'observer  que  leur  usage  ne  laisse 
pas  que  d'être  assez  répandu  ;  que  celles  qui  sont  em- 
ployées contiennent  des  matières  organiques  ;  qu'elles 
sont  à  un  état  de  division  extrême ,  ce  qui  permet  à 
l'estomac  d'al)sorber  facilement  les  parties  nutritives 
en  éliminant  les  parties  terreuses.  L'usage  de  certaines 
terres ,  comme  aliment ,  n'est  donc  pas  aussi  extraor- 
dinaire qu'on  est  tenté  de  le  croire  au  premier  abord  : 
de  même  que  toutes  les  pratiques  qui  nous  paraissent 
ridicules  et  qui  ont  été  sanctionnées  par  l'expérience, 
il  a  sa  raison  d'être,  et  il  s'explique  jusqu'à  un  certain 
point  par  la  présence  de  matières  organiques  azotées 
dans  une  substance  minérale  très-divisée. 

Un  grand  nombre  de  roches  contiennent,  comme  on  ^  *^' 
l'a  VU ,  de  très-petites  quantités  de  nitrates ,  et  celles  g^tpétriêt. 
d'entre  elles  qui  en  ont  le  plus  sont  soumises  au  les- 
sivage  pour  en  extraire  le  salpêtre.  On  peut  se  de- 
mander si  ces  dernières  sont  toujours  riches  en  ma- 
tières organiques  azotées  (2).  Or,  dans  une  palagonite 
poreuse  d'Espaly,  qui  était  à  l'entrée  d'une  cave  et 
qui  contenait  un  peu  de  nitre,  je  n'ai  pas  trouvé  d'azote 
en  proportion  dosable.  Des  plâtras  provenant  des  dé- 


(1)  Lyell.  Manuel  de  géologie  élémentaire^  i856, 1. 1,  p.  378. 
(9)  Liebig.  Chimie  a^liquée  à  la  physiologie  vég.,  p.  307. 


S9»  AZOTE  ET  lUTIÈâEa  MGAïaQUBB. 

molitions  et  pris  dans  une  fabrique  de  salpêtre  à  Paris 
ne  m'ont  donné  que...  0,06  d'azote«  Une  argile  vet^ 
dàtre  et  légèrement  salpdtrée  des  cavernes  à  osse- 
ments du  Brésil  n'en  avait  que...  o,i6.  On  a  vu  d'une 
autre  côté  qu'il  y  a*.,  o^aS  d'azote  dans  la  craie  de 
Meudon,  et  l'on  sait  que  certaines  craies  de  la  Touraina 
et  de  la  Saintonge  servent  à  extraire  du  salpêtre.  Enûa 
une  argile  sableuse  et  trës-salpètrée  de  Calcutta,  mise 
à  ma  disposition  par  H.  Maurey,  a  donné  une  pro- 
portion d'azote  notable  qui  s'élevait  à. . .  0t76. 

Si  les  terres  fortement  salpétrées  sont  générale- 
ment assez  riches  en  matières  organiques  azotées» 
la  proportion  de  ces  matières  est  cependant  très-va- 
riable ;  elle  peut  même  devenir  nulle  ou  extrêmement 
faible.  Dans  ce  dernier  cas,  les  nitrates  se  forment  dans 
des  couches  profondes,  puis  ils  se  déplacent  et  viennent 
s'efileurir  à  la  surface  du  sol  ;  ou  bien  au  contrûre  ils 
proviennent  d'une  combinaison  directe  de  l'acide  ni- 
trique de  l'atmosphère.  Quoi  qu'il  en  soit,  tantêt  les 
nitrates  se  forment  aux  dépens  des  matières  organiques 
contenues  dans  les  terres  salpêtrées»  et  c'est  en  parti- 
culier ce  qui  a  lieu  dans  les  cavernes  à  ossements  des 
climats  chauds;  tantôt  ils  résultent  de  l'acide  nitrique 
de  Tatmosphère. 

La  dilfusion  des  matières  oi^aniques  azotées  dans 
les  roches  explique  bien  la  généralité  et  la  grande  im- 
portance de  la  nitrification.  D'un  autre  côté,  les  carbo- 
nates paraissent  favoriser  par  leur  présence  l'oxydation 
de  l'azote,  et,  en  tout  cas,  ils  fixent  plus  facilement  l'a- 
cide nitrique. 
S  8s.  Les  recherches  faites  dans  ces  derniers  temps  ont 

montré  que  les  eaux  provenant,  soit  de  l'intérieur,  soit 
de  la  surface  de  la  terre,  contiennent  des  matières  or- 
ganiques et  de  Tazote  à  différents  états.  Gomme  elles 


Baux 
toutarrminês. 


ooDStitDart  une  partie  iniportante  de  l*6eoroe  terrestre^ 
et  caorme  ellee  oot  participé  à  la  formation  DOQ^eeule* 
ment  des  roches  etratifiéeSf  mais  même  dés  roches  émp- 
tiyes,  il  eel  séceseaire  de  s'en  occuper  spécialement. 

Si  Von  considère  d'abord  les  eaux  souterraines  »        s  m- 
qu'elles  soient  douces  ou  minérales,  froides  ou  chaudes, 
eUes  contiennent  toutes  des  matières  organiques.  D'a- 
près M.  Lefort,  ces  matières  sont  essentiellement  Thu* 
mus  et  ses  dérivés^  les  acides  crénique  et  apoorénique^ 
les  bitumes^  quelques  acides  tels  que  l'acide  acétique  et 
butyrique  qui  ont  été  signalés  plus  particulièrement  dans 
oertaines  eaux  minérales  (i)^  Il  existe,  en  outre,  des 
inatièretf  organiques  azotées  qui  ont  une  très  grande  im^» 
portance  dans  les  recherches  qui  nous  occupent.  Elles 
sont  tantôt  soluUes  et  tantôt  insolubles^  Dans  le  pre- 
fliier  easi  eUes  dont  invisibles  même  au  microscope  t 
mais  dles  se  déposent  souvent  au  bout  d'un  certain 
temps  et,  du  reste,  leur  présence  se  constate  facilement 
par  VéTaporation.  EUes  sont  généralement  douces  au 
toucher,  gélatineuses,  et  elles  ressemblent  à  un  muci'> 
làge,  d'où  Tiedt  le  tiom  de  glairine  donné  à  celles  qui 
qpt  été  déposées  par  quelques  eaux  minéraleSi  Elles  va* 
rient  avec  la  nature  des  eaux ,  et  c'est  surtout  dans 
celles  qui  sont  minérales  et  sulfureuses  qu'elles  ont  été 
observées* 

Ces  matières  organiques  ont  d'ailleurs  la  même  ori- 
gine que  les  substances  minérales  contenues  dans  les 
eaux  Souterraines;  elles  proviennent  visiblement  des 
roches  à  travers  lesquelles  les  eAux  se  sont  infiltrées  ; 
cor  nous  avons  démontré  qu'il  existe  généralement  des 
matières  organiques  dans  les  roches  et  que  l'infiltration 
tend  à  les  enlever.  Toutes  choses  égales,  les  matières  or- 


■AMMAAi 


(i)  liSfort.  Traité  d$  ehimh  hfdroloiiquê^  p.  s^ 


S94  AZOTE  ET  MATIÈBES  0B6ANIQUE8. 

ganiques  seront  d'autant  plus  abondantes  que  ces  roches 
en  contiendront  davantage,  qae  les  eaux  souterraines 
seront  elles-mêmes  plus  chaudes  et  plus  mmérales. 

Maintenant  il  est  facile  de  comprendre  que  les  ma- 
tières organiques  azotées  des  eaux  souterraines  doi- 
vent, suivant  la  loi  générale  à  la  surface  de  la  terre, 
donner  lieu  au  développement  d'êtres  organisés,  soit 
végétaux,  soit  animaux.  C'est  en  effet  ce  que  l'examen 
microscopique  a  mis  hors  de  doute.  Plusieurs  observa- 
teurs, et  notamment  M.  Gazin,  ont  constaté  qu'il  y  a  de 
nombreux  végétaux  confervoîdes  dans  les  eaux  miné- 
rales. Ces  végétaux  se  forment  d'ailleurs  dans  les  eaux 
douces  ou  minérales  et  même  dans  celles  qui  atteignent 
une  température  de  60''.  Ils  s'assimilent  du  soufre  et  les 
diverses  substances  renfermées  dans  les  eaux  dans  les- 
quelles ils  se  développent  Ils  sont  d'ailleurs  très-riches 
en  azote,  puisque,  d'après  H.  J.  Bonis,  ils  en  renfer- 
ment plus  de  5  p.  1 00. 

Les  infusoires  existent  aussi  dans  les  eaux  souter- 
raines ;  ils  ont  même  été  signalés  dans  les  eaux  miné- 
rales alcalines  ou  acides,  et  de  plus  dans  celles  qui 
sont  très-chaudes,  comme  à  Garlsbad  (1).  « 

D'un  autre  côté,  le  gaz  azote  se  dégage  des  volcans, 
des  eaux  souterraines  et  particulièrement  des  eaux  mi- 
nérales. Ce  gaz  accompagne  notamment  les  eaux  miné- 
rales des  Pyrénées  qui  sont  sulfureuses. 

L'ammoniaque  se  trouve  dans  les  eaux  souterraines. 
Dans  certains  puits  de  Paris,  il  y  en  a  jusqu'à  34  mil- 
ligrammes par  litre  (Boussingault)  ;  et  l'on  peut  même 
admettre  que  généralement  les  eaux  qui  circulent  dans 
le  sol  sont  faiblement  ammoniacales. 

(1)  Fhrenberg  Microgeologie.^  A,  Boue.  Bulletin  de  lasih 
ciété  géologique^  \Wk%  t  VI,  p.  298. 


BAUX*  2g5 

Les  eaux  minérales  qui  émergent  du  granité  ne  con- 
tiennent pas  d'ammoniaque,  d  après  M.  Bouis,  tandis 
qu'il  y  en  a  quelquefois  plusieurs  millièmes  dans  celles 
qui  s'inliltrent  à  travers  les  roches  stratifiées.  Ce  ré- 
sultat s'explique  aisément  d'après  la  proportion  d'azote 
que  nous  avons  obtenue  pour  ces  différentes  roches ,  et 
l'ammoniaque,  comme  les  autres  substances  dissoutes 
dans  les  eaux  minérales,  dépend  surtout  du  milieu  dans 
lequel  s'opère  l'infiltration. 

Les  nitrates  et  divers  sels  ammoniacaux  existent 
aussi  dans  les  eaux  souterraines,  qu'elles  proviennent  de 
puits  ou  de  sources  (i) .  Us  sont  surtout  très-abondants 
dans  les  eaux  près  desquelles  il  existe  des  habitations  ou 
dans  celles  qui  ont  filtré  à  travers  des  plâtras  ;  à  Pa- 
ris ,  c'est  extrêmement  marqué  pour  les  puits  qui  sont 
dans  la  partie  basse  et  dans  les  vieux  quartiers.  L'exis- 
tence de  couches  puissantes  de  nitrate  de  soude  comme 
ceUes  du  Pérou  montre,  du  reste,  que  dans  certaines  cir- 
constances les  nitrates  peuvent  devenir  très-abondants. 

Le  chlorhydrate  et  le  carbonate  d'ammoniaque  ont 
l'un  et  l'autre  été  signalés  dans  les  eaux  minérales. 

Les  eaux  sulfureuses  des  Pyrénées  contiennent  de 
l'alun  ammoniacal  et  du  sulfate  de  soude  ammonia- 
cal (2).  La  larderellite  qui  àe  dépose  dans  les  lagoni 
de  la  Toscane  est,  d'après  M.  Bechi,  de  l'hydroborate 
d'ammoniaque,  et  les  recherches  de  MM.  Abich  et  G. 
Schmidt  ont  démontré  que  les  eaux  mères  desquelles 
on  extrait  l'acide  borique  sont  extrêmement  riches  en 
sels  ammoniacaux.  L'iodhydrate  d'ammoniaque  a  même 
été  indiqué  par  M.  Warrington  dans  le  émanations  de 
Vnlcano.  Quoi  de  plus  naturel,  d'ailleurs,  que  les  eaux 


(1)  Liebfg.  chimie  appliquée  à  la  physiologie  vég.^  p.  5iS. 
U)  BouJs.  Comptes  renius^  t.  XLYI,  p.  aag. 


996  AZOTE  ET  MATlftUS  0K6Â1VIQUE8. 

fiooterraîDes  et  en  particulier  les  eaw  mioérriei  «on- 

tiennent  divers  sels  mnmoniacânx,  puisque  c«e  sdi  fi 

surtout  le  chlorhydrate  d'ammoniaque  «ont  fjrâqnoiBr- 

ment  dégagés  par  les  ▼olcans? 

s  87.  Quant  aux  eaux  superficiellest  <mi  comprmd  qu'dtos 

Etmx       doivent  également  contenir  des  matières  orgmiqy«s 

mper^iiêi.   ^^^^  q^  matières  sont  surtout  en  grande  ffêtforûm 

dans  les  eaux  stagnantes  ;  mais  elles  existent  aussi  dâos 

les  eaux  vives.  MM.  Ghevanxlier  etfiaivétsiMtmtel^  i«- 

connuqu'  elles  contribuent  à  les  nendre  plus  ftrtiUsmtes. 

La  proportion  de  ces  matières  organiques  pour  1  litre 
^eau  de  mer  très-limpide  prise  à  Arcachon  eeraît  9 
d'après  IL  Fanré,  de  o,59  milligranmies.  P<mr  les  eaux 
douces  de  la  Russie  méridionale^  M.  Edmood  GuiUemin 
en  a  trouvé  une  proportion  aeses  variaUe  :  wisi*  le 
Dnieper  en  a  seulement  o,o4S  milligrammes  t  1^  !#- 
rasou  qui  coule  dans  la  steppe  de  la  CrieȎe  o^oio; 
tandis  que  le  Donetz  en  a  o,eie  et  le  Don  e«0ii^. 

Les  matières  organiques  contenues  dans  l#i«euf  fO^t 
Csciles  à  constater  par  l'évaporation  ;  elles  peuvent  d'ail- 
leurs être  comparées  par  la  quantité  de  permanganate 
de  potasse  dont  elles  opèrent  la  réduction.  Tandisqu'un 
litre  d'eau  de  Seine  décolore  6  milligraounes  de  per-' 
manganate  de  potasse  à  Bercy,  il  &à  demafide  7.»  à 
Passjr.  La  Bièrra  en  décoloie  S8.  Les  eaux  de  puits 
dans  Paiis  de  3  à  1 1  milligrammes.  L'eau  distillée  iu, 
commerce  réduit  eUe-mème  de  1  à  S  milligrammee  4le 
permanganate  de  potasse  (i)« 

De  même  que  les  maiiëres  minérales^  les  matîtaps 
organiques  dépendent  des  roches  i  trarers  lesqneltes 
les  eaux  coulent  et  s'infiltrent;  elles  debent  provenir 
en  grande  partie  de  l'humus^  et  par  £ûn3équent  il  eçt 

'*■!"  I'  !"■■  .1  III         11       I  II         11. a^—  II».  I ail  .Ll     ^^^— ^.^— ^— 

(1)  E.  Monnier.  Cempteê  renéuê^  t.  L»  9.  t«SA. 


BAOX*  997 

naturel  qu'elles  augmentent  dans  les.  contrées  riches  en 
terre  végétale. 

Les  matières  oif^ankiues  qui  eiistent  dans  les  eaux 
étant  asoiées,  permettent  le  développement  d'une  mul- 
titude d'animaux  et  de  végétaux.  Ces  êtres  sont  gé- 
néralement microscopiques;  mais  les  recherches  de 
MM.  Ehrenberg,  Morren,  Dujardin,  Pritchard,  Bailey» 
et  du  capitaine  Maury ,  ont  permis  d'apprécier  toute  leur 
importance;  ils  peuplent  à  la  surface  de  la  terre  les  eaux 
douces  aussi  bien  que  les  eaux  salées,  et  leur  nombre  est 
tel  que  leurs  dépouilles  tombant  sousforme  de  poussières 
fines  au  fond  des  lacs  et  de  la  mer,  contribuent  d'une 
manière  paissante  à  la  formation  des  roches  stratifiées. 

Indépendamment  des  matières  organiques,  l'azote 
à  l'état  de  gaa  est  dissous  dans  les  eaux  des  lacs ,  des 
fleuves  et  de  la  mer. 

D'un  autre  côté ,  l'ammoniaque  existe  dans  l'atmo- 
sphère, et  M.  Liebig  a  signalé  sa  présence  dans  l'eau  de 
pluie  ;  elle  existe  aussi  dans  toutes  les  eaux  superfi- 
cielles ,  ainsi  que  Ta  établi  M.  Boussingault.  Sa  ipro- 
portion  par  litre  est  à  peu  près...  o""<,o»  pour  les 
80iirces,.«.  0*^,17  pour  les  rivières;  elle  est  de... 
o'"**,2o  pour  la  mer  k  Dieppe. 

La  glace  elle-même  contient  un  peu  d'ammoniaque, 
et  M.  Horsford  en  a  trouvé  environ  i  millionième  dans 
celle  des  glaciers  du  mont  Blanc 

L'acide  nitrique  a  été  depuis  longtemps  signalé  de&s 
les  eaux  de  pluie  d'orage ,  et  M.  Boussingault  a  con- 
staté de  plus  des  tiace&de  nitrate  dans  toutes  les  eaux. 

L'eau  de  rivière  ne  contient  pas  moins  de  o"**"Soo6 
de  nitre  par  litre.  Comme  on  pouvait  le  {H^oir,  la  pro- 
portion de  nitre  que  contient  une  eau  varie  avec  la  na- 
ture des  roches  formant  le  bassin  Hydrographique  qui  la 
fournit  Par  exemple,  il  n'y  a  presque  pas  de  nitrates 


agS  AZOTE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

dans  les  lacs  creusés  dans  les  roches  granitiques  ;  il  y 
eo  a  peu  également  dans  Teau  du  grès  des  Vosges, 
tandis  qu'il  y  en  a  beaucoup  dans  l'eau  des  marnes  et  des 
argiles.  C'est  d'ailleurs  à  la  surface  du  sol  que  se  for- 
ment les  nitrates;  car  telle  roche,  comme  la  craie,  qui 
n'en  a  pas  au  moment  où  on  l'extrait  de  la  terre  peut  en 
renfermer  beaucoup  après  qu'elle  a  été  exposée  à  l'ac- 
tion de  l'atmosphère  (i) . 

Enfin  il  existe  généralement  un  peu  de  carbonate  d'am- 
moniaque dans  Teau  ;  celle  qui  est  distillée  n'en  est  même 
pas  complètement  exempte.  Du  chlorhydrate  d'ammo- 
*    niaque  s'obtient  aussi  par  l'évaporation  de  l'eau  de  mer. 

L'azote  se  trouve  donc  à  différents  états ,  soit  dans 
les  eaux  souterraines ,  soit  dans  les  eaux  superficielles , 
lors  même  qu'elles  sont  à  l'état  de  glace.  Ces  eaux 
peuvent  renfermer  des  matières  organiques  azotées»  de 
l'azote  libre,  de  l'ammoniaque,  de  l'acide  nitrique,  des 
nitrates  et  divers  sels  ammoniacaux.  Comme  elles  ont  gé- 
néralement participé  à  la  formation  des  substances  mine- 
ralesqui  composent  l'écorce  terrestre,  il  est  facilede  con- 
cevoir pourquoi  ces  dernières  contiennent  un  peu  d'azote. 
s  8t.  L'azote  et  les  produits  azotés  se  retrouvent  encore 

ÉmmmMmt    soit  daus  los  émanatious  gazeuses  et  souterraines  de 
notre  globe ,  soit  dans  l'atmosphère  qui  l'entoure. 

Les  émanations  gazeuses  se  dégagent  par  les  fissures 
de  l'écorce  terrestre;  elles  accompagnent  surtout  les 
eaux  minérales  et  les  déjections  volcaniques  ;  elles  pro- 
viennent de  réactions  qui  s'opèrent  à  l'intérieur  de  la 
terre.  D'abord  elle  peuvent  contenir  des  matières  orga- 
niques azotées,  et  on  ne  doit  pas  en  être  surpris,  puisque 
ces  matières  se  retrouvent  jusque  dans  l'eau  distillée  de 
nos  laboratoires. 

(0  Boofisiogaalt.  /.  d'agrie.  pralîg«i«,  1867,  t.  TU,  p.  109. 


ATMOSPBÈBE.  S  99 

MainteDaDt  Tazote  libre  existe  dans  les  émanations 
gazeuses;  car,  d'après  A.  de  Humboldt,  le  gaz  qui  s'é- 
chappe des  volcanitos  de  Turbaco  est  de  l'azote  pur  (i). 
D'après  H.  Cb.  Saiûte*Glaire  De  ville,  il  en  est  de  même 
pour  celui  de  la  source  Santa-Venerina,  sur  les  flancs  de 
rstna.  M*  Bunsen  a  constaté  aussi.que  les  fumaroles  de 
VHécIa  contiennent  82  p.  100  d'azote.  Enfin,  M.  Borne- 
mann  a  reconnu  que  le  gaz  accompagnant  les  eaux  ther- 
males de  la  Sardaigne  est  également  riche  en  azote.  La 
IMTésence  de  cet  azote  est  d'ailleurs  très-naturelle,  et  il 
peut  provenir  de  l'air  atmosphérique  ou  bien  des  ma- 
tières organiques  enfouies  dans  les  couches  terrestres. 

Dans  les  émanations  gazeuses,  l'azote  se  montre 
aussi  combiné  et  à  l'état  d'ammoniaque  ou  de  sels  am- 
moniacaux ,  particulièrement  de  chlorhydrate  d'ammo- 
niaque. M.  Daubeny  pense  que  l'ammoniaque  peut  alors 
se  produire  par  une  combinaison  directe  de  l'azote  avec 
l'hydrogène,  qui  aurait  lieu  dans  les  foyers  volcaniques 
et  sous  l'înflaence  d'une  grande  pression  ;  ou  bien  encore 
par  la  décomposition  d' azotures  métalliques  tels  que  ceux 
de  titane  et  de  fer  (a).  D'après  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deville,  l'ammoniaque  proviendrait  encore,  dans  cer- 
taines circonstances  t  de  la  décomposition  de  l'azoture 
de  bore.  Nous  avons  vu  d'un  autre  côté,  par  tout  ce  qui 
précède,  que  la  plupart  des  roches ,  même  lorsqu'elles 
sont  éruptives,  contiennent  des  matières  organiques  azo- 
tées ;  par  conséquent  la  formation  de  l'ammoniaque  s'ex- 
plique aussi  très-facilement  par  la  distillation  que  ces  ma- 
tières doivent  subir  au  voisinage  des  foyers  volcaniques. 

Les  études  faites  dans  ces  dernières  années  sur  l'at-        S  m* 
mosphère  par  MM.  Liebig,  Barrai ,  Boussingault,  Frese-    ^^«^ww. 
nius,  Bence  Jones,  Bineau ,  Lawes  et  Gilbert  ont  appris 

(1)  Cosmos^  t.  IV,  p.  ^59. 

(a)  Daubeny .  QuartJournalf,  Geological  Society,  1 858,  p.  agS . 

TOMK  XVIIT,    1860.  90 


300  AZOTE  ET  lfATI&«BS  ORGANIQUES. 

qu'elle  renferme,  indépendamment  de  l'azote,  de  Tarn-* 
moniaque ,  de  l'acide  nitrique  »  ainsi  que  des  matièrea 
organiques  azotées.  Les  eaux  météoriques  dissolvent  ou 
enveloppent  commç  d*un  réseau  les  diverses  substances 
en  suspension  daqs  Tatmosphère,  et  elles  les  entraînent 
dans  leur  chute  en  produisant  un  effet  analogue  à  celui 
d'un  précipité  d'alumine  qui  se  dépose  dans  une  li^ 
queur;  aussi  le  brouillard,  la  neige  et  la  grêle  en  sont« 
ils  plus  fortement  chargés  que  \^  pluie»  D'après 
H.  Barrai,  dans  une  eau  pluviale,  on  trouve  quelques 
dixièmes  de  milligrammes  à  4  milligrammes  par  litre  ; 
dans  l'eau  de  la  rosée,  il  y  a  environ  6  milUgrammea 
et  près  de  5o  milligrammes  par  litre  dans  l'eau  du 
brouillard.  Dana  un  brouillard  épais  de  Paris,  il  y  avait 
même  jusqu'à  1^7,85  d'ammoniaque  (i)^  On  peat 
admettre  que  les  eaux  météoriques  contiennent  sa 
moyenne  0,74  millig.  d'ammoniaque  par  litre.  Il  y  a 
dono  moins  d  ammoniaque  dans  les  sources,  dans  la 
mer,  dans  les  fleuves  et  dans  les  eaux  qui  coulent  à  la 
surface  du  sol  que  dans  les  eaux  de  pluie  et  dans  les 
eaux  météoriques*  Il  y  en  a  surtout  beaucoup  dans  la 
neige ,  dans  la  rosée  et  dans  le  brouillard. 

L'acide  nitrique  existe  dans  la  pluie,  maia  partieu» 
lièrement  dans  la  neige  et  dans  la  grêle ,  où  il  attelât 
quelques  milligrammes  par  litre« 

Les  matières  organiques  azotées  de  l'atmosphère  eAl 
d'abord  été  signalées  par  Rrandes  et  elles  se  retrouvent 
dans  toutes  les  eaux  météoriques.  Leur  proportion 
a  été  déterminée  par  M.  R.  A.  Smyth  au  moyen 
d'une  liqueur  titrée  d'hy permanganate  de  soude  qu'il 
faisait  agir  sur  un  volume  d'air  constant  (s).  Il  a  re*n 

(i)  BousslDgault.  Comptes  rendus^  t.  XXXVI,  p.  iSU^  et 
t  XXXVn,  p.  ao7  et  798. 

(4)  Hermann  Kopp  und  U«  WilL  Jahre$bericht  uter  4^ 
Forsehritte  der  Chemie^  i858,  p.  108;  1859,  p.  116. 


ATMOSPHÈRB.  3ot 

coBnn  ainsi  que  le  volume  de  la  liqueur  titrée  suscep- 
tible d'être  décoloré  était  53  dans  la  ville  de  Manchester, 
]4  dans  ses  environs,  2,8  dans  un  bois  près  de  ChSi- 
mouny,  1 ,4  ^u  lac  des  Quatre-Cantons.  Les  matières 
organiques  de  l'air  sont  donc  en  proportion  trës-variabld 
et  elles  augmentent  beaucoup  dans  les  villes,  surtout 
dans  celles  qui  consomment  une  grande  quantité  de 
combustibles. 

Du  reste,  elles  existent  aussi  dans  la  neige;  en  eiïéU 
H.  Marchand  y  a  trouvé,  sur  1 .  000  parties,  o,oaA  de  ma- 
dères organiques  azotées,  ainsi  que  0,001  de  bicarbonate 
d'ammoniaque  et  0,002  de  nitrate  d'ammoniaque. 

Les  matières  organiques  trouvées  dans  les  eaux  mé- 
téoriques sont  visiblement  fournies  par  Tatmosphêrô. 
EUes  proviennent  des  animaux  et  des  végétaux  vivant 
à  la  surface  de  la  terre,  dont  les  débris  sont  facilement 
entraînés,  lorsqu'ils  sont  réduits  à  un  état  de  ténuité 
sufQsant  et  lorsque  Tair  est  agité.  Elles  proviennent 
aussi  d'êtres  microscopiques,  dont  les  germes,  répandus 
dans  l'atmosphère,  deviennent,  d'après  les  belles  re- 
cherches de  M.  Pasteur,  l'origine  de  la  vie  dans  les  in- 
fusions et  dans  les  liqueurs  capables  de  fermenter  (i). 

En  outre ,  la  combustion  et  les  émanations  gazeuses 
répandent  encore  dans  l'atmosphère  divers  produits 
volatils  qui  résultent  de  la  destruction  des  matières 
organiques. 

Enfin,  des  matières  inorganiques  sont  également  en        s  m. 
suspension  dans  l'atmosphère,  et  leur  quantité  aug-     ^•••rt*"** 
mente  beaucoup  avec  son  état  d'agitation.  Elle  devien- 
nent quelquefois  très-considérables ,  comme  l'appren- 

I  .1.1  I  II  .1  -       .»     —    ■■!         I  ,1  I 

(i)  Comptes  rendux,  7  février.  7  mai,  5  septembre  et  ^  no*- 
vembre  1S60.  —  Poucbet.  Hélfirogénie  ou  Traité  de  la  géné^ 
ration  spontanée,  Paris,  iSSg-  —  Ehrenberg.  Travaux  divers 
—  Comptes  renéîtr  de  i'Aeaéémie,  Oë6ervaiiOB«  ëe  MMU  llll««-^ 
Edwards,  de  Quatrefages,  Dumas,  Cl .  Bernard  sur  le  même  sijget. 


S02  AZOTB   ET  UATIÈBES  ORGANIQUES. 

nent  les  transports  de  sables  dans  les  déserts  et  les  dé- 
pôts de  cendres  rejetées  par  les  volcans  (i). 

Les  poussières  qui  recouvrent  si  rapidement  tous 
les  objets  viennent  d'sdileurs  démontrer  Texistence  de 
matières  en  suspension  dans  l'atmosphère,  et  en  même 
temps  faire  apprécier  leur  importance.  Ces  poussières 
s'observent  non-seulement  à  la  surface  du  sol ,  msûs 
encore  dans  les  mines  et  dans  les  carrières  abandon- 
données.  Elles  sont  du  reste  azotées  comme  on  pou- 
vait le  prévoir  d'après  leur  origine  ;  j'ai  même  con- 
constaté  qu'une  poussière  noirâtre,  très-fine,  accumulée 
depuis  plusieurs  années  à  la  partie  supérieure  d'un 
appartement,  contenait...  io,56  d'azote.  Une  autre  qui 
provenait  d'un  grenier  a  donné. ..  10,10.  Les  poussières 
de  l'atmosphère  qui  se  déposent  dans  ces  conditions 
sont  donc  en  partie  formées  de  corps  organisés  et  leur 
composition  paraît  être  assez  constante. 

De  même  que  le  limon  de  la  mer  gagne  le  fond  quand 
il  est  transporté  dans  une  eau  calme,  les  poussières  de 
l'atmosphère  se  déposent  dans  les  lieux  où  l'air  est  le 
moins  agité  ;  par  suite,  elles  doivent  surtout  être  abon- 
dantes dans  les  vallées  et  dans  les  plaines.  Elles  contri- 
buent, d'une  manière  sensible,  à  la  formation  de  la 
terre  végétale  ;  car,  indépendamment  des  débris  laissés 
par  les  végétaux  et  par  les  animaux  qui  ont  vécu  sur 
place,  des  débris  organiques  ayant  des  dimensions  mi- 
croscopiques ,  sont  transportés  par  l'atmosphère  et  re- 
couvrent sans  cesse  la  surface  du  sol.  Si  l'on  tient 
compte  maintenant  de  l'énorme  durée  que  comprend 
une  période  géologique,  il  est  facile  de  comprendre  que 
les  poussières  de  l'atmosphère  donneront  des  dépôts 
qui  ne  seront  plus  négligeables  ;  par  suite ,  elles  ont 

(1)  Élie  de  Beaumoot.  Lêçomde  géologie  pratique^  t  h 


RÉannÉ.  3o5 

coDiribné  à  former  la  terre  végétale  de  toutes  les 

époques  géologiques. 

nisvui. 

Les  recherches  précédentes  avûent  spécialement        ^*'- 
X>our  but  Tétude  des  faits;  proposons-nous  maintenant  'dMn«aérM^" 
de  les  résumer  et  d'en  donner  en  même  temps  Texpli-    •'•■■*fl"~- 
cation. 

L'expérience  nous  a  montré  que  les  matières  organi- 
ques sont  extraordinairement  répandues  dans  Fécorce 
terrestre.  Le  plus  souvent  elles  sont,  il  est  vrai ,  en  très- 
petite  quantité  :  mais  d'un  autre  côté ,  il  en  existe  des 
traces  dans  presque  toutes  les  substances  minérales.  Elles 
forment  des  composés  très-variés  et  elles  constituent 
notamment  les  minéraux  oi^aniques.  Elles  forment  aussi 
l'acide  humique  et  d'autres  composés  voisins ,  signalés 
par  M.  P.  Thenard,  qui  existent,  non- seulement  dans 
la  terre  végétale,  mais  encore  dans  un  grand  nombre 
de  roches.  Elles  contiennent  généralement  du  carbone, 
de  l'oxygène,  de  l'hydrogène  et  de  l'azote;  de  sorte 
que  les  quatre  corps  qui  sont  indispensables  au  déve- 
loppement des  êtres,  animaux  ou  végétaux,  présentent 
une  diffusion  extraordinaire  et  se  retrouvent,  pour  ainsi 
dire,  partout. 

Cherchons  d'abord  quelle  est  l'origine  de  ces  ma-        s  h. 
tières  organiques  de  l'écorce  terrestre.  Bii«iprwi«meiit 

Il  est  évident,  comme  leur  nom  l'indique,  qu'elles  organiiét. 
peuvent  provenir  de  la  destruction  de  corps  organisés. 
Ces  derniers  étaient ,  soit  les  animaux ,  soit  les  végé- 
taux, qui  ont  peuplé  la  terre  aux  différentes  époques 
géologiques  ;  ils  ont  été  plus  ou  moins  altérés  par  les 
divers  agents  qui  s'exercent  sur  l'écorce  terrestre  et  ils 
ont  produit  des  matières  organiques. 

Indépendamment  des  êtres  qui  frappent  le  plus  nos 
regards,  il  y  a  d'ailleurs  des  animaux  ou  des  végétaux 


5q4  azote  et  MATIÈHES  OEGAïaqUEB. 

microscopiques.  Parmi  ces  derniers,  les  conferves  et  les 
infusoires  méritent  d'être  mentionnés  spécialement 

Les  conferves  qui  appartiennent  à  la  classe  des  al- 
gues s'observent  dans  les  eaux  douces  ou  salées  et  dans 
I09  eau^  poinérales ,  même  lorsqu'elles  ont  une  tempé- 
rature élevée. 

Les  infusoires  ont  également  une  importance  très- 
grande,  car  ils  se  multiplient  avec  une  rapidité  extraor- 
dinaire, et  comme  l'ont  signalé  MM.  Ehrenberg,  Bailey, 
Pritchard,  ils  ont  contribué  d'une  manière  très-efficace 
^  la  formation  des  roches.  Leur  composition  chimi- 
que est  quaternaire  comme  celle  des  autres  corps  orgar 
nisés.  Les  recherches  de  MM.  Morren,  Bineau,  Wohler, 
QUt  montré  qu'ils  exhalent  de  l'oxygène  sous  l'influence 
du  soleil ,  et  qu'ils  décomposent  l'acide  carbonique. 
Ils  se  comportent  donc  comme  les  végétaux  ;  aussi  les 
ipfusoires  paraissentr-ils  devoir  être  considérés  presque 
tous  f  oon  pas  comme  des  animaux ,  mais  comme  des 
végétaux  se  rapportant  à  des  algues  très-simples ,  les 
diatomacées.  C'est  notamment  ce  qui  est  très-vraisem- 
Idable  pour  ceux  qui  sécrètent  une  carapace  siliceuse. 

Quoi  qu*il  en  soit,  les  infusoires  se  développent  dans 
les  eaux  douces  et  dans  les  eaux  salées.  Us  abondent 
dans  les  eaux  ferrugineuses  qui  déposent  le  minerai  de 
fer  des  marais.  Ils  $e  développent  encore  dans  des  eaux 
contenant  beaucoup  d'hydrogène  sulfuré ,  bien  que  ce 
gaz  soit  un  poison  énergique  ;  ils  ont  même  été  observés 
dans  la  mer  Morte,  dans  laquelle  il  n'y  a  pas  d'autres 
dtres  organisés.  Us  vivent  dans  un  air  contenant  quel- 
ques centièmes  d'acide  carbonique.  Us  sont  disséminés 
dans  l'atmosphère  et  ils  se  retrouvent  jusque  sur  les 
hauts  sommets  des  Alpes,  particulièrement  dans  la  neige 
roug6«  Us  existent  dans  les  plus  grandes  profondeurs  de 
la  mer  et  dans  les  couches  élevées  de  l'atmosphère.  Us 


BÉSUIIÉ.  SoS 

vivent  non-senlemeot  à  la  surface  de  là  terre,  mais 
même  dans  son  intérieur;  et  aut  envirOù»  de  Berlin, 
dans  un  sous-sol  poreux,  ils  se  montrent  jusqu'à  20  tnë'- 
très  de  profondeur. 

D'un  autre  côté,  les  Infusoires  résistent  également 
au  froid  et  à  la  clidleur.  Car  ils  se  développent  sur  les 
plus  iiautes  montagnes,  à  des  altitudes  auxquelles  tous 
les  animant  et  tous  les  végétant  ont  disparu.  Ils  te 
retrouvent  même  dans  les  glaciers  ainsi  que  dans  les 
glaces  du  pôle  nord  et  du  pôle  sud. 

Maintenant  ils  s'observent  aussi  danâ  le  phonolithe, 
la  ponce,  le  trass ,  la  inoya ,  les  lapilli ,  les  boues  et  les 
Cendres  volcaniques,  c'est-à-dire  dans  des  roches  for- 
mées par  les  volcans.  Les  expériences  de  MM.  Pasteur, 
îloyère,  Pouchet,  Gavarret  font  voir  d' ailleurs  qu'ils  ne 
sont  pas  détruits  dans  l'air  ou  dans  l'eau  par  une  tem- 
pérature de  100*,  pourvu  qu'elle  ne  se  prolonge  pas 
àtt  delà  de  quelques  minutes  ;  par  conséquent ,  ils  ré- 
sistent aux  températures  les  plus  extrêmes. 

Certains  animaux  et  végétaux  microscopiques  peuvefit 
exister  dans  des  conditions  qui  amèneraient  la  destruc* 
Ûôh  des  autres.  En  effet,  des  rotifères  se  sont  ranimés 
après  être  restés  quatre-vingt-deux  jours  dans  le  vide 
fiec  et  après  avoir  été  soumis  à  une  température  de  loo"" 
f)endant  une  demi-heure.  De  même,  les  graines  d'une 
moisissure  qui  altère  le  pain  résistent  à  1 4o^  dans  perdte 
la  puissance  de  germer. 

Enfin  les  recherches  récentes  de  M.  PasteUr  sur  la 
fermentation  conduisent  à  des  résultats  qui  sont  encore 
beaucoup  plus  extraordinaires.  Car  les  animaux  et  lès 
Tégétanx  microscopiques,  qui  prennent  naissance  dans 
la  fermentatimi,  peuvent  se  développer  tuème  Sans 
oxygène  libre.  Sous  ce  rapport,  ils  diffèrent  cotnpléte- 
ment  des  animaux  et  des  végétaux  ordinaires  qui  vivent 


5o6  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

seulement  en  présence  de  l'oxygène  gazeux.  Si,  comme 
cela  est  vraisemblable ,  l'oxygène  leur  est  encore  né- 
cessaire ,  ils  le  prennent  sans  doute  aux  matières  orga- 
niques qu'ils  décomposent;  tandis  que  le  contact  de 
l'oxygène  libre  ou  de  l'atmosphère  arrête  leurs  mouve- 
ments et  les  fait  même  périr  immédiatement  (i). 

La  diffusion  des  êtres,  animaux  ou  végétaux,  et  par- 
ticulièrement de  ceux  qui  sont  microscopiques,  est,  en 
un  mot,  presque  aussi  grande  que  celle  des  matières 
organiques  elles-mêmes.  Ces  êtres  ont  dû  contribuer  à 
répandre  des  matières  organiques,  non-seulement  dans 
les  roches  stratifiées  de  toutes  les  époques,  mais  encore 
dans  les  roches  éruptives,  que  leur  origine  fût  aqueuse 
ou  même  ignée. 
niM  ont  pu  Cependant  si  l'on  remonte  dans  la  série  des  âges,  par 
MformOT  cela  même  que  les  matières  organiques  servent  au 
développement  des  êtres ,  elles  devraient  exister  avant 
ces  derniers.  On  est  certain  du  moins  que,  dès  l'origine, 
il  y  avait  à  la  surface  de  la  terre  des  matières  contenant 
les  éléments  des  végétaux  ;  il  y  avait  en  particulier  celles 
qui  paraissent  indispensables  à  leur  développement*, 
c'est-à-dire  l'acide  carbonique,  l'eau,  l'oxygène,  l'am- 
moniaque ou  les  nitrates.  Il  est  d'ailleurs  facile  de  con- 
cevoir les  matières  organiques  formées  directement  et 
de  toutes  pièces  par  la  combinaison  de  leurs  éléments. 
Les  expériences  remarquables  de  H.  Berthelot  dé- 
montrent même  que,  pour  un  grand  nombre  d'entre 
elles,  cette  synthèse  est  possible  dans  le  laboratoire  (3); 
par  suite,  rien  ne  s'oppose  à  ce  qu'elle  soit  admise 
également  dans  la  nature  où  les  mêmes  minéraux  sont 


(1)  Pasteur.  Communication  â  la  Société  Philomalhique. 

(9)  Berthelot.  Chimie  organique  fondée  iur  la  synthèêe, 
Mallet-Bachelier,  1860. 


par  lynlhéte. 


KÉSVinÊ.  5o7 

souTent  engeDdrés  par  des  procédés  entièrement  diffé* 
rents. 

D'après  cela ,  les  matières  organiques  trouvées  dans 
les  pierres  météoriques  ne  suffisent  pas  pour  admettre, 
comme  Font  fait  quelques  savants,  que  ces  pierres  pro- 
viennent de  régions  habitées  par  des  ètresc 

Les  roches  de  l'écorce  terrestre  qui  ont  précédé  l'exis- 
tence des  végétaux  et  des  animaux  pouvaient  ren- 
fermer des  matières  dites  organiques  ;  en  tout  cas,  elles 
contenaient  le  carbone,  l'hydrogène,  l'oxygène  et  l'a- 
zote qui  sont  indispensables  au  développement  des 
êtres. 

Voyons  maintenant  comment  on  peut  expliquer  la 
présence  des  matières  organiques  dans  les  principales 
roches. 

Si  l'on  considère  d'abord  les  roches  stratifiées,  elles  s  m. 
ont  été  déposées  par  l'eau  ou  par  l'atmosphère  ;  par  j^M^eJ^rochM 
conséquent ,  elles  doivent  contenir  les  débris  des  êtres  tirttifléM. 
organisés  qui  se  sont  développés  à  la  surface  de  notre 
globe,  depuis  qu'il  a  commencé  à  être  peuplé.  Ces  êtres 
sontles  animaux  et  les  végétaux  qui  se  trouvaient  dans  la 
mer,  dans  les  eaux  douces  et  à  la  surface  de  la  terre  aux 
différentes  époques  géologiques  ;  les  végétaux,  les  mol- 
Iqpques ,  les  infusoires ,  les  êtres  microscopiques ,  de- 
vaient être  les  plus  répandus  et  contribuer  surtout  à 
former  des  matières  organiques.  Les  eaux  et  l'atmos- 
phère étaient  de  plus  chargées  elles-mêmes  de  matières 
organiques,  indépendamment  de  ce  qu'il  s'y  trouvait  des 
êtres  organisés.  Les  roches  argileuses,  calcaires  ou  sili- 
ceuses recevaien  t  donc  les  débris  d' êtres  organisés  à  me- 
sure que  leur  dépôt  s'opérait,  et  elles  s'imprégnaient 
aussi  des  matières  organiques  tenues  en  suspension  qui 
servaient  au  développement  de  ces  êtres.  Il  n'est  pas  de 
roche  stratifiée  qui  n'entraîne  avec  elle  des  matières 


306  AZOTE  ET  MATIËAIBS  ORGAXnQUES. 

organiques.  Dans  le  limon  de  la  Seinei  par  eiemplst 
M.  Poggiale  en  a  obtenu  plus  de  3  p.  loo.  Quelquefois 
ces  matières  deviennent  tellement  abondantes,  qu'elles 
constituent  une  partie  notable  de  la  roche;  c'est  en 
particulier  ce  qui  a  lieu  dans  les  argiles  et  dans  les 
schistes  bitumineux.  Enfin,  à  lalimite^  il  se  produit  des 
roches,  comme  les  combustibles,  qui  sont  entièrement 
formées  de  matières  organiques. 

Les  roches  engendrées  dans  l'atmosphère  contiennent 
aussi  des  matières  organiques,  et  môme  elles  peuvent, 
comme  la  terre  végétale,  en  renfermer  beaucoup. 
Les  infusoires  et  les  matières  organiques  se  retrouvent 
du  reste  jusque  dans  le  trass ,  dans  la  moya ,  dans  les 
cendres  et  dans  les  roches  stratifiées  dont  rorigine  est 
volcanique.  Les  roches  déposées  dans  les  eaux  doeoes  ou 
salées,  sont  tantôt  pauvres  et  tantôt  riches  en  maUères 
organiques  ;  cependant  les  plus  riches  ont  habituelle- 
ment une  origine  lacustre  ou  atmosphérique. 

La  composition  minéralogique  et  l'état  physique  des 
roches  stratifiées  influe  d'ailleurs  sur  la  proportion  de 
leurs  matières  organiques,  aussi  bien  que  les  conditions 
dans  lesquelles  elles  se  sont  formées*  Toutes  choses 
égales,  elles  contiennent  généralement  d'autant  plus  de 
matières  organiques  qu'elles  sont  plus  argileuses. 
S  os.  Passons  aux  roches  non  stratifiées,  qui  peuvent  être 

diwU  roches  ^visécs  00  doux  grandes  classes  suivant  qu'elles  sont 
non  strauflées.  volcauiques  OU  plutoniques.  Lorsque  les  roches  vol- 
caniques sont  complètement  anhydres,  l'expérience 
montre  qu'elles  ne  renferment  pas  de  matières  orga- 
niques ou  seulement  des  traces.  Il  est  probable,  d'après 
cela,  que  ces  matières  ont  alors  été  in trodttites  posté- 
rieuremenl,  soit  par  l'atmosphère,  soit  par  l' infiltration 
des  eaux  de  la  surface.  Dès  que  les  roches  Totcaniqués 
sont  hydratées,  elles  contiéfiuent  des  uHetières  organi- 


BÉSVIIÉ.  SO9 

ques  ;  U  est  facile  de  le  constater  ^our  lé  rétinite  et  l'ob- 
sidienne ;  quelquefois  même  certains  trapps  et  basaltes 
en  sont  compléteînent  Imprégnés.  Leurs  matières  orga- 
tiiques  sont  certainement  Venues  de  Tintérieur  de  la 
terre  ;  elles  ont  accompagné  les  eaux  souterraines  asso- 
ciées à  la  roche  volcanique  ;  elles  peuvent  d'ailleurs  être 
originaires,  ou  bien  résulter  de  l'action  de  cette  roche 
aiir  les  couches  à  travers  lesquelles  elle  a  fait  éruption. 
Du  bitume,  par  exemple,  s'est  produit  sans  doute  de 
cette  manière.  Bien  que  le  trachyte  ne  renferme  géné- 
ralement pas  de  matières  organiques ,  il  y  en  a  cepen- 
dant dans  les  veines  d*opale  qui  le  traversent;   ces 
ttiatières  proviennent  des  eaux  qui  otit  déposé  l'opale 
dans  lesquelles  se  développaient  du  reste  des  infu- 
soires. 

Les  matières  organiques  qui  se  trouvent  dans  une 
roche  éruptive  ne  doivent  pas  nécessairement  être  at- 
tribuées à  l'infiltration ,  même  lorsque  cette  roche  est 
Volcanique  j  toutefois  la  température  à  laquelle  cette 
roche  a  été  soumise  était  insuflisante  poar  détruire  et 
volatiliser  les  matières  orgaliiques  qu'elle  renferme. 

Les  météorites  offrent  des  caractères  qui  les  rappro- 
chent beaucoup  des  roches  volcaniques  ;  cependant  elles 
contiennent  quelquefois  des  matières  organiques  qui 
ont  essentiellement  une  origine  cosmique  comme  les 
météorites  elles-mêmes;  une  petite  partie  de  ces  ma* 
tières,  et,  en  particulier  l'azote,  peut  d'ailleurs  prove- 
nir de  Tatmosphêre  terrestre  qu'elles  ont  traversée. 

Les  roches  plutoniques ,  comme  la  serpentine ,  Teu- 
photide,  lemélaphyre,  la  diorite,  le  porphyre,  le  gra- 
nité ,  contiennent  également  des  matières  organiques. 
Ces  matières  accompagnaient  certainement  Fhumidité 
ouTeau  souterraine  d'imbibîtion  eb  présence  de  laquelle 
les  roches  plutoniques  se  sont  formées.  L'infiltration  et 


3 10  AZOTE  ET  MATIÈRES  0BGA1VIQUE8. 

Tatmosphëre  n'ont  pn  en  introduire  qu'une  très-minime 
partie. 

L'existence  de  matières  organiques  dans  les  roches 
éruptives  vient,  du  reste,  confirmer  les  idées  que  j'ai 
émises  précédemment  sur  l'origine  de  ces  roches. 
S  M.  Les  roches  anormales ,  qui  comprennent  les  gîtes 

d«»lw'ra€hM  métallifères,  nous  présentent  des  minéraux  générale- 
«Bormâiei.  meut  bi^n  cristallisés.  C'est  seulement  par  exception  que 
des  êtres  organisés  viennent  à  s'y  rencontrer;  cepen- 
dant les  infusoires  pouvaient  encore  se  développer  dans 
les  eauï,  tantôt  froides,  tantôt  chaudes  qui  ont  généra- 
lement engendré  les  roches  anormales.  De  plus,  ces 
eaux ,  comme  toutes  celles  qui  coulent  à  la  surface  ou 
dans  l'intérieur  de  la  terre,  contenaient  nécessairement 
elles-mêmes  des  matières  organiques  qui  sont  restées 
mélangées  avec  les  minéraux  au  moment  de  leur  cris- 
tallisation. 

Le  plus  souvent  les  minéraux  des  roches  anormales 

n'ont  retenu  que  des  traces  de  ces  matières  organiques; 

mais  le  bitume ,  la  copaline  et  diverses  substances  qui 

leur  sont  quelquefois  associées ,  montrent  bien  que  les 

matières  organiques  peuvent  également  s'y  trouver  en 

proportion  très-notable. 

s  Vf.  Les  roches,  à  la  surface  ou  dans  l'intérieur  de  la 

^r^imîq^    terre,  sont  pénétrées  soit  par  l'atmosphère,  soit  par 

■ont  ptatôt     l'eau,  et  soumises  à  une  infiltration.  Comme  l'atmo- 

ointioiiéM 

qv'aogmeiitéef  Sphère  et  1  eau  renferment  elles-mêmes  des  matières 

d6^'aulî!!!^^èra  organiques,  il  paraît  assez  naturel  de  penser  que  les 

et  de  Peau,     matières  organiques  des  roches  proviennent  de  cette 

infiltration  aérienne  ou  aqueuse.  Msds  il  est  facile  de 

constater  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

En  effet,  si  l'on  considère  des  roches  prises  à  la  sur- 
face du  sol  et  très-poreuses,  elles  se  trouvent  dans  les 
meilleures  conditions  pour  s'imprégner  des  matières 


BÉsumi.  3ii 

organiques  de  l'atmosphère.  Or  rexpérience  montre 
que  certaines  laves  et  diverses  autres  substances  satià- 
faisant  à  ces  conditions,  ne  contiennent  pas  de  matières 
organiques  ou  seulement  des  traces  insignifîaDtes.  Il 
faut  donc  reconnaître  que  l'atmosphère,  bien  qu'elle 
donne  lieu  à  une  infiltration,  augmente  extrêmement 
peu  les  matières  organiques. 

On  sait,  en  outre,  que  les  corps  organisés  qui  restent 
exposés  à  l'action  de  l'atmosphère  ne  tardent  pas  à 
être  complètement  détruits. 

L'expérience  a  montré  du  reste  qu'il  est  utile  de 
laisser  exposés  à  l'air  le  kaolin  et  l'argile  qui  sont  des- 
tinés à  la  fabrication  des  poteries  -,  c'est  ce  qu'on  appelle 
les  faire  pourrir.  L'atmosphère  tend  alors  à  faire  dis* 
paraître  les  matières  organiques  qu'elle  détruit  par  une 
combustion  lente,  et  comme,  dans  la  cuisson,  ces  ma- 
tières peuvent  altérer  les  poteries  en  se  décomposant, 
la  pratique  qui  est  suivie  se  justifie  très-bien. 

Enfin ,  M.  Boussingault  a  constaté  que  la  terre  vé- 
gétale, mise  en  jachère ,  perd  une  notable  proportion 
de  son  carbone  par  une. combustion  lente,  due  à  l'ac^ 
tion  de  l'humidité,  de  l'air  et  de  la  lumière  ;  par  con- 
séquent, l'atmosphère  tend  plutôt  à  diminuer  qu'à 
augmenter  les  matières  organiques  (i) . 

L'eau  est  d'ailleurs  beaucoup  plus  importante  à  con- 
^dérer  que  l'atmosphère;  car,  superficielle  ou  souter- 
raine, l'eau  renferme  une  proportion  très-notable  de 
matières  organiques,  et  il  est  nécessaire  de  recher- 
cher dans  quelles  limites  elle  peut  en  imprégner  les 
roches. 

Or,  M.  Ehrenberg  a  examiné  au  microscope  la  craie 
qui  forme  le  fond  de  la  mer  à  Rugen ,  et  il  a  reconnu 

(i)  Journal  d*agri€ulturê  pratique^  1869, 1. 1,  p.  ^ài» 


Sis  AZOTE   ET  MATIJIM0  ORGANIQUES. 

que  les  €arapaoes  silieeusa»  d'infusoires  vivwt  «c^ 
tueUement  au-desau«  de  cette  ome  y  pénètrent  k,  pein^ 
de  quelques  Geotimètrea ,  lora  mèmei  que  leurs  dimea* 
aions  sont  les  plus  petites.  L^  ètresi  organisés  microfr* 
copiquea  qui  existent  daus  Teau  sopt  doQC  arr^t^  trèa* 
promptement  par  la  filtratiom  teft  petite  interstices 
restant  libres  ne  tardent  ài  s'obstruer,  ep  sorte  que  g«^ 
sont  surtout  les  matières  organiques  ^p  disaoli^tion  qui 
doivent  imprégner  les  roches. 

Lorsque  ces  matières  organiques  rencontrent  dea 
substances  mioéralei^  coçime  les  argiles  pour  lesquelles 
elles  ont  une  graQdô  ai&nité,  elles  peuvent  s'y  fixer  et 
même  s'y  concentrer;  c'est  notamment  ce  qui  a  lien 
à  la  surface  du  sol  pour  la  terre  végétale  qui  est  es- 
sentiellement argileuse.  Maintenant ,-  une  eau  venaat 
de  riutérieur  du  sol  et  chargée  dç  matières  orgaai-. 
ques,  telles,  par  exemple,  que  le  bitume,  peut  égale^ 
ment  imprégner  d'autres  roches* 

Mais  généralement,  les  matièrei;  organiqijfes  n'ont 
pas  été  introduites  postérieurement  et  par  l'infiltratlook 
Que  l'on  compare,  en  effet»  les  matières  organique» 
trouvées  dans  les  roches  avec  leur  pouvoir  ajbsor-» 
bant.  On. voit  alors  que  certaines  roches,  telles  ^uq 
le  kaolin,  diverses  argiles  et  terres  ^  foulon,  ne  reo^ 
ferment  que  des  traces  d'azote  et  de  saatières  organi- 
ques, bien  qu'elles  en  absorbent  beaucoup  quand  eUe^ 
en  sont  imbibées.  Il  en  est  encore^  de  m&(ae  poor 
l'argile  feuilletée  et  pour  Técume  de  mer  qui,  de  toute^^ 
les  substances  essayées,  sont  celles  qui  s'ini^ibent  le 
plus  d'eau  et  de  matières  organiques  (§  6,  50,77), 

Bien  que  toutes  ces  roches  aien^  été  caposëest  à 
rin01tration  dans  l'intérieur  de  la  terre  et  bien  qu'elles 
aient  une  grande  affinité  pour  les  matières  organiques,, 
non-seulement  elles  n'en  sont  paâ  saturées,  s;iais  elles 


RlSO¥t« 


3i3 


peuvent  mèoie  n'en  contenir  qu'une  très-petite  propor- 
tion. U  est  donc  bien  visible  que  les  matières  organi- 
ques des  roches  doivent  moins  être  attribuées  à  Tinfil- 
tration  qu'i^ui  circonstances  dans  lesquelles  ces  roches 
se  sont  formées. 

ji' ajouterai  même  que  Teau  tend  plutôt  à  diminuer 
qu'à  augmenter  les  matières  organiques.  Il  est  facile 
d'en  acquérir  l^  preuye  en  déterminani  T  azote  dans 
une  roche  à  l'état  normal  et  à  divers  états  d'alté* 
ration.  L'eipérience  montre  alors  que  l'azote  diminue 
dans  le  granité ,  dans  le  porphyre,  dans  la  minette» 
dans  le  trapp,  lorsque  ces  roches  se  changent  en 
lirène,  en  argile  ou  en  kaolin.  C'est  surtout  bien  sensible 
pour  le  kaolin.  Par  coui^équent,  lorsqu'une  roche  se 
décompose  sur  place,  Vinûltration  de  l'eau  y  diminue 
les  matières  organiques» 

Ainsi ,  l'atmosphère  et  l'eau  n'augmentent  pas  tou-> 
jours  les  matières  organiques  contenues  dans  les  ro- 
chesi  ;  elles  peuvent  môme  les  diminuer  comme  cela  a 
lieu  lorsque  les  roches  se  décomposent.  Les  matières 
organiques  des  roches  ne  proviennent  donc  pas  de  Tin* 
filtratioa,  et  généralement  elles  doivent  être  considô** 
Fées  comme  originaires. 

Les  matières  organiques  étant  peu  stables,  il  est  fa^ 
eile  de  comprendre  qu'elles  seront  facilement  modifiées 
par  les  divers  agents  qui  s'exercent  à  la  surface  ou  i^ 
l'intérieur  de  la  terre.  Ces  agents  sont  très  nombreux» 
mais  les  plus  importants  à  considérer  sont  Tatmosphëre, 
l'eau,  la  chaleur.  Us  font  subir  diverses  transformations 
aux  matières  organiques ,  et  ils  peuvent  même  les  dé- 
truire complètement. 

L'atmosphère  modifie  les  matières  organiques  avec 
lesquelles  elle  est  en  ccMUtact,  et  elle  tend  surtout  à  les 
oxyder.  L'état  sous  lequel  ces  matières  se  présentent 


î 


s  98. 

Agents 
li  modifient 
es  msUéres 
organiques. 


3l4  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

dans  la  terre  végétale  est  le  plus  stable  à  l'égard  de 
r  atmosphère. 

C'est  essentiellemeDt  l'eau  qui  produit  les  Iransfor- 
matioDs  remarquables  que  présentent  les  corps  orga- 
nisés lorsqu'ils  sont  enfouis  sous  terre  et  fossilisés. 
Dans  les  végétaux ,  par  exemple,  c'est  elle  qui  change 
le  bois  en  lignite,  puis  en  houille. 

Bien  que  les  minéraux  organiques  soient  facilement 
altérables,  ils  peuvent  d'ailleurs  être  très-stables  à  l'é- 
gard de  l'infiltration.  Car  le  succin  se  conserve  très-bien 
dans  le  sein  de  la  terre,  et  il  préserve  même  de  la  des- 
truction les  insectes  qu'il  enveloppe;  d'un  autre  côté, 
la  mellite  et  les  résines  fossiles  sont  connues  dans  le 
terrain  houiller  -,  enfin,  les  bitumes  se  retrouvent  jusque 
dans  des  terrains  les  plus  anciens. 

La  chaleur  fait  subir  aux  matières  organiques  une 
décomposition  et  une  distillation  ;  elle  dégage  des  bi- 
tumes, des  hydrogènes  carbonés ,  et  divers  produits 
gazeux  qui  peuvent  alors  accompagner  les  roches  érup- 
tives.  Lorsqu'elle  est  très-intense  elle  détruit  complè- 
tement les  matières  organiques  ;  c'est  ce  qui  explique 
leur  absence  dans  la  plupart  des  laves  bien  caractéri- 
sées. Lorsqu'elle  n'est  pas  suffisante  pour  dégager 
complètement  l'eau  et  pour  détruire  les  manières  or- 
ganiques, ces  dernières  se  retrouvent  dans  les  ix>ches 
éruptives,  lors  même  qu'elles  sont  volcaniques  :  tel  est 
le  cas  pour  le  basalte,  le  trapp,  le  rétinite,  l'obsidienne. 

Les  hydrogènes  carbonés,  tels  que  le  gaz  des  marais, 
la  naphtaline,  la  benzine,  qui  ne  sont  pas  décomposés 
au  rouge  sombre,  et  les  bitumes ,  si  analogues  à  ces 
derniers  carbures,  montrent  d'ailleurs  que  certaines 
matières  organiques  peuvent  résister  à  une  tempéra- 
ture élevée  ;  la  présence  des  matières  organiques  peut 
donc  se  concevoir,  même  dans  les  roches  volcaniques. 


RÉSUMÉ.  5i5 

Maintenant  l'existence  de  matières  organiques  dans 
les  roches  granitiques  suffirait  seule  à  démontrer 
qu'elles  n'ont  pas  été  soumises  à  une  forte  chaleur  et 
qu'elles  n'ont  pas  une  origine  ignée  (i). 

L'eau,  secondée  par  la  chaleur,  la  pression  et  les 
diverses  substances  qu'elle  tient  en  dissolution ,  pro- 
duira des  décompositions  très-variées  et  très-com- 
plexes sur  les  matières  organiques  qui  sont  à  l'inté- 
rieur de  la  terre.  Sous  l'influence  des  divers  agents 
auxquels  elles  sont  soumises,  ces  matières  subiront 
des  décompositions  et  prendront  en  définitive  l'état  le 
plus  stable  à  l'égard  de  ces  agents. 

Les  matières  organiques,  soit  qu'elles  forment  en- 
tièrement une  roche  comme  cela  a  lieu  pour  les  com- 
bustibles, soit  qu'elles  s'y  trouvent  en  quantité  plus  ou 
moins  grande,  sont  donc  sujettes  au  métamorphisme. 
Elles  se  laissent  même  modifier  et  décomposer  beaucoup 
.  plus  facilement  que  les  matières  inorganiques.  Les  efiets 
du  métamorphisme  sur  les  matières  organiques  peuvent, 
d'ailleurs,  s'apprécier  aisément;  il  suffit  pour  cela  de 
comparer  la  proportion  de  ces  matières  dans  une  roche 
avant  et  après  le  métamorphisme.  Si  l'on  considère  l'a- 
zote en  particulier,  il  a  été  déterminé  dans  les  roches 
métamorphiques  les  mieux  caractérisées ,  telles  que  le 
marbre  statuaire,  la  predazzite,  le  calcaire  devenu  cris- 
tallin au  contact  des  filons,  le  quartzite,  le  grès  vitrifié 
par  le  basalte ,  le  schiste  ardoisier  et  mâclifère ,  les 
schistes  cristallins,  talqueux,  chlorités  et  amphiboli- 
ques,  le  micachiste,  le  gneiss,  le  graphite.  Or  l'expé- 
rience a  montré  que  ces  roches  métamorphiques  ne  con- 
tiennent pas  ou  presque  pas  d'azote  et  de  matières  or- 


(i)  .BuUetin  de  la  société  géologique.  Recherches  sur  Tori- 
gine  des  roches,  a*  série,  t  XV,  p.  738.  i858. 

TOMF.    XVIU.     1860.  91 


Sl6  Â20TE  ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

ganiques*,  en  tous  cas,  elles  en  ont  beaucoup  moins  que 
les  roches  normales  desquelles  elles  dérivent.  Il  peut 
arriver,  il  est  vrai,  qu'une  roche  soit  imprégnée  de  bi- 
tume postérieurement  à  sa  formation  ;  mais  c'est  un  cas 
très-exceptionneh  Le  métamorphisme  tend  donc  à  di- 
minuer les  matières  organiques,  et  quand  il  est  très- 
énergique  ,  il  les  détruit  même  complètement. 
s  M*  Les  agents  susceptibles  de  modifier  les  matières  or^ 

Temps.  ganîques  peuvent  être  tantôt  instantanés,  tantôt  plus 
ou  moins  lents.  La  chaleur  est  un  agent  instantané, 
mais  les  effets  produits  par  l'atmosphère  et  par  l'eau 
sont  souvent  très-faibles;  en  sorte  qu'il  est  nécessaire 
aussi  de  tenir  compte  du  temps. 

Lorsqu'on  compare  des  corps  organisés  appaHetiânt 
k  bne  même  espèce,  leur  azote  diminue  généralement 
à  mesure  qu'on  descend  dans  la  série  des  terrains  ;  pat 
conséquent,  toutes  choses  égales,  les  substances  mi- 
nérales ont  d'autant  moins  d'azote  et  de  matières  or- 
ganiques solubles  ou  volatiles  qu'elles  appartiennent  à 
une  époque  géologique  plus  ancienne.  On  le  constate 
facilement  pour  les  os  et  pour  les  végétaux  fossiles. 

ïl  faut  observer  cependant  que  la  proportion  des 

matières  organiques  ne  dépend  pas  seulement  dtl 

temps;  elle  dépend  aussi  de  la  nature  des  matières 

organiques  et  des  roches  qui  les  renferment,  ainsi  que 

des  modifications   spéciales  que  ces  dernières  ont 

éprouvées. 

S 100.  Les  corps  organisés  présentent  surtout  une  résis- 

dis  mïtiéres    ^^^^  très-îuégale  à  la  destruction.  A  la  surface  du 

organique!     sol,  lls  disparaissent  assez  promptement  par  l'action 

Mttréf-inégaie.  de  Fatmosphère,  et  leurs  débns  contribuent  à  former 

la  terre  végétale.  Lorsqu'ils  sont  enfouis  et  fossilisés, 

leurs  parties  molles ,  comme  les  chairs  et  les  feuilles , 

ne  tardent  pas  à  se  détruire^  tandis  que  les  parties 


RÉSUMÉ.  3 17 

dures,  comme  les  os  et  le  bois  rpii  constituent  leur  sque- 
lette, subissent  des  transformations  qui  â'opèrent  le 
plus  souvent  avec  une  extrême  lenteur.  En  tout  csA , 
les  animaui  résistent  beaucoup  moins  bien  à  la  des- 
truction que  les  végétaux  ;  et  au-dessous  du  terrain  di- 
luvien, les  os  fossiles  contiennent  moins  d'aiote  que  les 
combustibles  minéraux.  Les  végétaux,  étant  très-tiches 
en  carbone,  jouissent  par  cela  même  d'une  grande  inal- 
térabilité. De  même  lorsque  Certaines  parties  des  ani- 
maux résistent  très-bien  à  la  fossilisation,  comme  Tencre 
des  céphalopodes,  elles  sont  généralement  trés-riches 
en  carbone. 

Si  la  stabilité  des  matières  organique^  semble  aug- 
mentée par  le  carbone,  elle  est  au  contraire  diminuée 
par  l'azote.  Il  est  facile  de  le  constater  pour  les  matières 
organiques  animales  qui  contiennent  une  proportion 
notable  d* azote,  car  leur  destruction  est  généralement 
très-rapide. 

D'un  autre  côté,  on  peut  observer  que  la  plupart  des 
minéraux  organiques  sont  des  carbures  d'hydrogène  ; 
ceux  qui  renferment  de  l'oxygène  sont  peu  nombreux, 
et  ceux  qui  renferment  de  l'azote  le  sont  encore  moins. 
Généralement  ils  ne  contiennent  que  peu  ou  point 
d*azote  et  ils  sont  au  contraire  riches  en  carbone.  Or 
ces  minéraux,  par  cela  même  qu'ils  se  trouvent  à  l'inté- 
rieur de  la  terre,  présentent  relativement  à  la  fossili- 
sation une  très-grande  stabilité. 

La  faible  stabilité  des  matières  fortement  azotées 
explique  d'ailleurs  comment  les  roches  stratifiées  con- 
tiennent moins  d'azote  quand  elles  sont  formées  d'ani- 
maux que  lorsqu'elles  le  sont  de  végétaux.  Et  en  effet, 
les  schistes -fossilifères  du  lias,  les  schistes  à  trilobites 
et  à  graptolithes  du  terrain  silurien,  la  craie  composée 
de  foraminifères,  le  tripoli  dans  lequel  on  ne  distingue 


$  lOi. 

L'aiote 
esl  éiiminé 
rapidement 

el  en 

plu  grande 

proportion 

que  le  carbone. 


3l8  AZOTE   ET  MATIÈRES  ORGANIQUES. 

que  des  carapaces  d'infusoires ,  renferment  générale- 
ment beaucoup  moins  d'azote,  non -seulement  que  la 
tourbe  et  le  lignite,  mus  même  que  la  houiUe  et  que 
Tanthracite. 

L'azote  des  animaux  et  des  végétaux  fossiles  est  éli- 
miné très-rapidement  des  parties  molles,  plus  lentement 
des  parties  dures ,  comme  les  os  et  le  bois,  qui  com- 
posent leur  squelette.  Il  est  éliminé  plus  rapidement 
dans  les  animaux  que  dans  les  végétaux ,  et  en  outre 
en  plus  grande  proportion  que  le  carbone. 

Si  l'azote. disparaît  aussi  facilement  dans  la  fossili- 
sation, il  faut  l'attribuer  à  sa  tendance  toute  spéciale 
à  se  changer  en  ammoniaque  et  en  acide  nitrique- 
Cette  transformation,  qui  rend  l'azote  assimilable  par 
les  végétaux,  ^e  produit  par  l'action  de  l'atmosphère 
et,  comme  l'a  montré  M.  Ghevreul,  le  drainage  agit  sur- 
tout d'une  manière  eiBc^e  en  la  favorisant.  M.  Bou- 
singault  a  particulièrement  appelé  l'attention  sur  la 
formation  de  l'acide  nitrique,  et  il  a  fait  voir  que  la 
nitrification  est  universelle.  Elle  peut  s'opérer  aux  dé- 
pens de  l'atmosphère  qui  contient  elle-même  de  l'acide 
nitrique  et  des  matières  organiques  susceptibles  d'en 
produire  par  leur  oxydation  ;  elle  s'opère  surtout  aux 
dépens  des  matières  organiques  azotées  dont  nous 
avons  démontré  l'existence  dans  la  plupart  des  roches. 
Les  conditions,  sinon  nécessaires,  du  moins  les  plus 
favorables  à  la  nitrification,  sont  des  matières  azotées, 
une  roche  poreuse ,  un  air  humide  et  renouvelé ,  un 
climat  chaud.  Le  mélange  d'un  carbonate  alcalin  ou 
terreux  et  d'un  sel  ammoniacal  a  encore  été  indiqué. 
Ces  conditions  se  retrouvent  à  divers  degrés  dans  les 
nitrières  artificielles  ou  naturelles,  et  particulièrement 
dans  les  cavernes  à  ossements  des  pays  chauds  comme 
celles  de  l'Inde  ou  du  Brésil. 


BÉSUMÉ.  SlO 

• 

L'azote  joue  certaînement  un  rôle  capital  dans  la  s  its. 
nutrition  des  végétaux  et  des  animaux.  D'après  Thar-  ^^^  ^^^^^' 
monie  établie  dans  l'univers,  on  pouvait  donc  pré- 
voir qu'il  ne  devait  pas  rester  fixé  dans  leurs  dé- 
pouilles. En*  effet,  l'azote  est  mis  en  liberté  par  la  dé- 
composition des  animaux  ou  des  végétaux,  qu'eUe  ait 
lien  à  la  surface  du  sol  ou  dans  son  intérieur;  il  reparaît 
ensuite  à,  l'état  d'ammoniaque,  d'acide  nitrique  ou 
d'acide  bumique  ;  il  se  répand  soit  dans  l'atmospbëre, 
soit  dans  les  eaux*  D'un  autre  côté,  la  nitrification 
donne  lieu  à  des  efSiorescences  qui  le  ramènent  sans 
cesse  à  la  surface  du  sol.  La  décomposition  successive 
et  incessante  des  êtres  organisés  qui  ont  peuplé  notre 
globe  aux  époques  antérieures,  transforme  en  défini- 
tive l'azote  en  produits  solubles  et  le  restitue  à  la  cir- 
culation. 

La  statique  chimique  s'établit  non -seulement  pour 
l'azote,  mais  encore  pour  les  autres  substances,  orga- 
niques ou  inorganiques,  qui  sont  nécessaires  au  dé» 
veloppement  des  êtres  organisés  ;  elles  deviennent  de 
nouveau  assimilables  par  les  générations  nouvelles; 
en  sorte  que,  sous  l'influence  de  la  vie,  elles  parcourent 
un  cycle  continu  (i). 


(i)  J.  Dumas.  Traité  de  chimie ^  t  vm.  ^  Intrpduction  à  la 
statistique  des  êtres  organisés. 


Sao 


TABLEAU  II. 


CORPS  NON  ÔRiGANISÉS 


/ 


9 
S 
4 

S 

« 
7 
8 
9 
10 

11 

12 
13 

14 

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16 

il 

n 

10 

20 

21 

22 
2S 

24 
2S 
20 

27 
28 

20 


81 

82 
83 

84 
8S 

36 
37 
38 


^■^■■1 


SATCRB  BT  GISEUBirr. 


m     m^^pTT^w 


^mfir^^^mm 


Graphita  Doir,  4oiix  oi»  iouclier,  écailleax,  bion  pur;  contenant  2,2  d'eao;  dans  la  gneiss  d« 

Passan 

Gr^phiU  noir,4ooxou  touclier,  bien  pur,  en  rognons  dans  letrappdeBorrowdale,Gamberland. 

Ckmufftuatiê  vert  émeraade,  transparente,  en  beaux  eristaux;  desgties  méialliréres 

Fêr  o«yiM/4  grenu,  cristallin  ;  assoaié  à  du  quarU,  de  l'hornblende  et  de  la  qbaax  carbonalif 

de  l*tTe  Rgeroe  en  Finlande 

Pvrol^Ui  Dbreuae  et  concréiionnée;  de  la  Romanèche 

lAmonitt  brune,  fibreuse,  très-pure,  ayant  l'éclat  mëiallique  ;  du  pays  de  Siegen 

£<moi|il#  brune  ocreuse,oonipaote,  en  rognons  applaiis  ;  d'Oppeln  en  Silèsie 

Quwtx  rose  (rosen  quarts)  avec  indices  de  clivage,  du  granité  de  BodenmaTs  en  Bavière.  • 

Id.  Jdp  bien  transparent  ;  de  Sibérie 

QwÊTtt  enfumé,  gris  noirâtre;  en  beaux  cristaux  transparents  dans  les  druses  da  granité  4 

Ponipereé  prM  Alençon 

Caitédoinê  gris  bleuâtre,  veinée,  translucide  ;  d'une  amygdaloTde  dans  le  néiaphyre  d'Ober 

stein.   ...,,.• «..•.,.. «  «  «  • f .  •  .  * 

Smrdotnêy  brun  jaunâtre ,  mamelonnée,  translucide 

Opale  résineuse,  gris  bla'nobâire,  fibreuse  et  ooncrétionnée  avec  veines  brunes  ;  en  stalactite 

A  l'intérieur  du  grand  Geyser  en  Irlande- '  '  - 

Opaie  grossière,  à  éclat  résineux,  blanchâtre  avec  cônes  concentriques  brunâtres;  en  n 

gnons  dans  le  calcaire  lacustre  de  Viliers-sur-HÂarne 

OpaU  brunoJaqBâtre,  jaspée  ;  en  Plons  dans  le  trachyte  de  Borfô  prés  Schemniu  en  Hongrie 
OpaU  tésinite  branche,  bien  translucide,  variété  dite  bydrophane;  dans  la  aerpeniine  A 

Hussinet  prés  Turin. , , , * 

Bwteraudê  cylindroïde  et  bien  transparente,  variété  vert  bleuâtre  dita  aigae-mariae;  d( 

Sibérie ..,.,.,..... 

Miea  lépidolite,  rose,  en  petites  pailletlea  entre  croisées;  de  la  Saxe .• 

Mtea  icaniparenl,  blaoo  argenté  aveo  taches  brunâtres  ;  an  belles  lames  striées  ayant  pins  di 

o".!  de  largeur;  de  -New-York ' 

Orlhoiô  blanc  disséminé  en  gros  erisuux  dans  un  filon  de  porphyre;  du  Goucbetat  dans  l« 

Vosges 

Topa%$  dita  brûléOi  Jaune  rougeâtre,  bien  irausparente  ;  employée  comme  pierre  précieuse 

au  Brésil 

Ditthéne  blanc  bleuâtre  en  srandes  lames;  des  roches  métamorphiques  dePontivy 

T'tfitf  ollaire  verdâtre,  contenant  du  fer  carbonate;  de  Cbiavenna 

BcutM  dt  mer^  variété  gris  violâtre,  compacte,  argileuse,  employée  comme  savon  ;  du  Haree 
Bmrytê  tulfaUé  blanche,  spathigue,  transparente;  d'un  filon  métal lirére  do  val  Saint- Anarii 
AluniU  gris  blanchâtre,  bréchiforme;  du  ravin  de  la  Craie  dans  les  roches  trachytiques,  at 

Pic  de  Sancy 

SpiUh  d^hlanâê.  pur  et  bien  transparent,  en  amas  dans  les  roches  voleaniqoea  de  l'Islaode. 
Calemre  travertin,  brun  iaunaire,  léger  et  celtuleui;  déposé  sur  le  granité  par  les  sonroei 

incrustâmes  de  Saint-Nectaire 

Chaux  earfronol^  Jaunâtre ,  concrétionnée;  en  stalactites  dans  les  carrières  de  gypse  de 

Montmartre 

Caleairê  en  stalactites,  se  Tormant  actuellement  dans  les  anciennes  carrières  sons  la  ne 

Notre  Dame-des-Champs,  â  Paris 

Doioml»  eristalline,  brun  Jaunâtre;  en  couches  dans  le  Muschelkalk  supérieur,  â  Oberbronn, 

Bas-Rhin 

Far  earbonaié  spathiqun.  brun  jaunâtre;  des  gttes  métallifères  deGomor  en  Hongrie..  .  .  • . 
Smitktonite  grise,  translucide,  concrétionnée;  du  gtte  de  Calamine  de  Gorphalie.   ...*•• 

5iMefii iaune bronâtre,  bien  transparent;  de  l'annle  plastique  d'Anteuil 

JTaMla  Jaune  pâle,  bien  cristallisée,  dans  la  houille  de  Malovka  en  Russie 

Oxokértte  vert  jaunâtre,  â  éclat  cireux,  répandant  une  odeur  très-forte;  de  Moldavie?  . . . 

Blatériiê  brun  noirâtre  du  Derhyshire  (Henry) 

Bitmme  natif,  noir  brunâtre,  A  cassure  terreuse ,  mélangé  d'un  tiers  d'argile  ;  du  lac  de  Poix  i 
la  Trinité • 


(1)  iVote.—Uno  distillation  acide  oo  alcaline  est  indiquée  parle  signe  -f  mis  dans  la  colonne  oorrospon- 


ama 


ssssai 


i      N 


!>• 


I>'ibord  (le.  pni<  Midc.  (>Ua  Bhtuiflialé*  MwépM  «t  imttm  phstpko. 

Pm  «iMliH. 

LAg^ranent  icide. 

Pta  (lutine.  Ca  qurU  dteréplM  légénrnenl. 
Pn^qi*  naîtra. 

ilcillDa.  Od«Dt  wipTraaniallqie.  Ce  qMMi  dertant  M«M  M  apMpia. 
laaanlMi  na  dlilMilttpai. 


D'abecd  aletllna,  pali  aclda  aa  chanlTinl  farUsml. 


MMiamAii  d'one  maliAra  bltomlnaiiM  tran-'rMgaltn. 
Alcaline.  Od«ur  empjiraumiUque. 

Trè»-peiiale.etwnlementeiioh<aP'inl  rortsMeaL  CBUa  kar.  Mit.  d  Mit  pUe. 

Forum  eut . 
d«p«t  de  1 

Fortemenl  lalde,  pmia  ■ 

l>aD  ileallna. 

Tréa-aletllne. 


*;iiiiulèrUqneuiplic«luniiledeceilgne,lonqBeUdlWlllitieDailtT4t-iddeaBtr4«-i]o*UDa+'- 


3sa 


TABLEAD  III. 


ROCHES 


WMaÊOÊSSssa^aam 


1 

S 

4 

S 

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1 
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10 

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S2 
M 

14 


NATURE  ET  GISEMENT. 


BOCHES  PLUTONIQUES. 


GnmUe  blanc,  feldcpatbiqiie.  paarre  en  micas  ;  de  Vologne  en  Vosges 

Granité  décomposé  et  changé  en  arène  jaunâtre  de  Sainl-Franchy. 

Gramitê  fortement  décomposé  et  changé  en  arène  rougeAtre;  d'Alençon ;  •  • 

Kaolin  blanc,  farineui,  mêlé  de  qntrti  gris  et  de  mica  argenté;  il  résulte  de  la  dèeompastti« 

do  granité,  à  Mauperiuis  prés  Alençon 

Porj^yre  qoartiifére  k  pAte  grisâtre  avec  crisUox  d'ortbose  et  mica  Tcrt,  de  la  forât  de  Per- 


seigne 


Porphyre  qaartiifére  décomposé,  brunâtre,  argileux  ;  à  l'état  normal  on  y  distiognedu  quart! 

de  Torthose,  de  l'hornblende,  do  mica  ;  de  Saint-Pranchy 

MineHe  gris  noirâtre,  riche  en  mica  et  bien  caractérisée;  wakenback  dans  le«  Voâges.  . 
Dioritê  schistoTde,  tert  noirâtre,  très-«mphiboIique  et  un  peu  micacée;  du  FaingThiern» 

Vosgeç. 


Miiapkffro  vert  antique,  porphyrique,  d'un  beau  vert,  atee  quelques  gratna  d'augfte;  des 
Crocécs,  Ljiconie 

M/laphyre  tert  noirâtre  avec  grands  erisuux  de  labrador  verdâtre  et  un  peil  d'angiie,  ie 
Belfafiy,  Vosges ? 

Emphoiido  avec  feldspath  gr^s  et  grands  cristaux  de  diallage:  du  mont  GenèTre.  ...,.• 

YarioUlê  globuleuse  à  pâle  verte  et  à  globules  viola  très;  de  la  Durance 

Serpontine  vert  noirâtre  veinée  de  rougé,  exploitée  comme  marbre  ;  du  Goqjot»  Vosges.  . . 

ROCHES  VOLCANIQUES. 

IMmiis,  friable,  pulvérulent,  avec  orthose  vitreux  et  mica  brun  tombac  ;  do  Puy-de-D6ine. 
PkomoKiê  gris  verdâtre,  compacte,  avec  orthose,  hornblende  et  sphéne  de  la  Roche  Sanadolre 
H'tiniiê  vert  olive,  porphyrique,  avec  orthose  blanc  vitreux;  en  filon  prés  des  Ghases,CaaUl 

Kitinitê  brun  rougeâtre  :  de  KorbiU,  Saxe 

R'imile  noir,  â  odeur  de  truffe,  contenant  des  cristaux  blancs  d'ortboso  vitreux;  en  amii 

dans  le  grés  roi^ge  de  Olen  Gloy,  Ile  d'Arran 

Réiinilê  noir  foncé,  .magnéiipolalre  ;  à  éclat  tré»*résineox  ;  de  Grantola,  Lac  Majeur. .  .  . 

OhtidiênmB  noire  aTOC  globules  opaques  et  grisâtres;  do  l'Oyamel,  Mexique 

Ohiidiennê  noire,  ritreuse,  trés-légérement  bullense;  de  llle  Vulcano 

Obtidiênnê  noire,  trés-ritreuse  ;  de  Tlslande. 

Jjno  gris  noirâtre,  avec  anorthose  et  augite,  celluleuse  et  exploitée  pour  meulea  ;  du  milict 

de  la  coulée  de  Niedermenig.  .....* 

£«M  noire,  trés-acoriacée,  prise  avec  un  fer  à  l'intérieur  de  la  coulée  et  poruni  la  data  de 

itSf;  Torre  del  Greco ,  Vésuve 

Isea  oelloleuse,  trés-riche  en  péridot  avec  un  peu  de  feldspath  ;  de  la  coulée  inférieure 

de  I8S»,  au  rempart  du  Bois  blanc,  Ile  de. la  Réunion 

Ba$altê  noirâtre,  trésbulleux  et  Rcdriacé:  du  pilon  de  la  roche  Rouge,  Haute-Loire.   •  •  •  j. 
BoÊoite  noir,  compacte,  avec  péridot  et  augite,  contenant  o,70  d'eau  ;  en  long  prismes  caBiieléi 

ayant  o".so  de  largeur 

Trapp  avec  anoribose.  mica  et  amandes  de  chaux  carbonatéo  ;  en  nappes  â  la  base  do  sila- 

rien  supérieur,  prés  Beraun 

Trmpp  feldspatbique  avee  chaux  carbonatéo;  en  dyke  dans  le  terrain  houiller  de  Bolan, 

Durbam • 

Trapp  vert  noirâtre,  prismatique,  un  peu  celluleux,  â  éclat  légèrement  résineux  ;  du  Uoga 

Neah  en  Irlande •  • 

Tranp  entièrement  décomposé,  passant  à  une  argile  ocreuse,  en  nappes,  â  la  chaussée  des 

Géante 

Trapp  se  décomposant  en  sphéroïdes;  formant  fllon  dans  la  craie  prés  de  Portrosh,  Irlande. 
Trmpp  celluleux  avee  péridot .  dont  les  cavités  sont  tapissées  par  une  matière  noirâtre  et 

obarbonnense;  de  la  chaussée  des  Géants 

MMoriiê  gris  noirâtre,  silicatéo,  avee  fer  méullique  et  pyrite  de  for 


a 


ION  STRATIFIÉES, 


3t3 


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0,07 

0.30 

0,03 

O.IA 
0,12 

0,15 
0,15 


0,43 
0,05 


Ad*. 


Alcaliie. 


+ 
+ 


B^ 


+ 
+ 


+ 
+ 


+ 
+ 
+ 

+ 

+ 

+  ' 
■1- 

+ 

+ 


+ 


OBSERYATIONS  SCB  LA  DISTUXAnON. 


Pea  âlMlio«-  Le  kAoUn  devient  grliâtre. 
Peu  alcaline.  Odeor  empyreamatique. 

É 

Tréf-peu  alealine. 

Pea  alcaline. 

Peo  alcaline.  Odeur  empyreumatiqûe. 

Alcaline. 

Trés-alcaline.  , 

Alcaline.  Odeur  empyreamatique  piqaante. 

Alcaline.  Odeur  empyreumatiqae. 

Acide. 

Alcaline.  Odeur  empyreamatique. 

Id. 
Trèe-alcaiine.  Odeur  empyreamatique. 
Trés-peo  alcaline. 
Tréa-peo  alcaline. 
Peu  alcaline.  Odeur  empyreumatique. 

Alcaline. 

Alcaline. 

Trée-alealine. 
Alcaline. 

Alcaline. 

Tréf-peu  alcaline. 


Tréf-alealine.  Odeur  empyreumatique. 
Alcaline.  Odeur  empyreumatique  prononoée. 


0 


GISEME 


IAU3 


nselpn 
eiemin 
loabelte 


loicmii 


i\^ 


^e« 


COÏ 


GISEMENT.  AXIONS  SUR  LA  DISTULATION. 


AUX. 


>o  alcaliDe  est  indiquée  par  le  ligne  +  mis  dam  la  colonne 
it  placé  au-dessQi  de  ce  slane ,  lorsqae  la  disiillaiion  est 
-  Les  sabstanoes  en  regard  desquelles  aucune  obsertation 
umises  à  la  distillation  dans  le  tube  d'essai. 


isUlle  beaucoup  d'ammoniaque  et  une  bulle  brun  rougAâtre. 


ns  el  proTieni  d 

e  terrain  de  tran 

tombeltes  HelT^ 


lu  terrain  terUaf'^' 


•  •  •  • 


=  1,734;  il  a  été 
îas-Rhin.    .  .  .  •»«"•«  '»"'"«• 
lignite  tertiaire 
tertiaire  de  BrQ 
«position  à  l'ait 
lu  à  la  base  du 
lei,4T7;del11e 
iboorg 


Ht  alcaline.  Huile  bitominense  brune. 


^eupérlen  de  g/'  ^^^  "*•"*"•  décrépite  légèrement. 


lu  terrain  houi^j^ .  ?«  <*•  qualité  supérieure  pour  l'éclairage, 
"•«es  ;  du  terrai(„„  ,rt,mésagréable. 


J 


>E  ET 


oinetf 
Petits 


»»iao^j 


•  •  • . 


'REl. 


2t5i7 


E    ET    J 


OBSERVATIONS  SUR  LA  DISTILLATION. 


Un. 
pré4 


Cttie  ehtai  phMphatée  noireit,  déerépfte  et  donne  nne  odenr 


»lieel 
jpie  tena 
Petit  Sainf  "•• 
Woodburifl 


j 


oryan.,  av< 

)m  •      •      •       • 


REEl.   .   .    ^ 
J 

Irés-rich^ 
5^anlareiiiî 
ique  roerij 


3,587;  de 


r;  de  la  p 
arboniqui 


ee  roehea  atratifléaa  de  répeqoe  aetnelle  eentiennanc  générale- 
aaiei  grande  de  nuUérei  organiques  aaoléei ,  en  lerte  qne  leur 
ent  aleallne. 


«  « 


aa 


■■^ 


. 


M^XAUUBGIB  OU  PÙXHIE.  |$ik 


» 


DE  LA  MÉTALLURGIE  DU  PLATINE 

ST  DES  XiTAUX  QtJI  L^ACGOMPAGRENT. 
Par  M.  p.  SAINTE-GLAïaE  DEYILLE  bt  H.  DEBRAT. 

(ElTITE)  (I). 


CHAPITRE  m. 

IRIDIUII. 

La  matière  première  employée  dans  les  recherches  MaUère 
qui  vont  être  exposées  nous  a  été  envoyée  par  le  goa<-  première, 
yemement  russe  sous  le  nom  d'oxyde  ^iridium.  Ce 
B'est  pas  un  produit  pur;  niais  c'est,  il  paraît,  une 
matière  dont  on  peut  se  procurer  d'assez  grandes 
quantités  à  la  Monnaie  de  Saint-Pétersbourg,  et  dont  il 
était  naturel  de  chercher  les  applications.  Nous  ne 
pensons  pas  que  l'iridium  puisse  être  employé  aujour* 
d'bui  i,  un  meilleur  usage  qu'à  la  fabrication  de  ces 
alliages  si  précieux  de  platine  que  nous  avons  prp- 
posés  et  qui  commencent  à  s'introduire  dans  le  com- 
merce. C'est  pour  atteindre  ce  but  que  nous  avons 
institué  la  série  d'expériences  dont  nous  allons  donner 
la  description. 

P  Essai  et  afialyse  de  Hridium  ftruL  —  Cet  oxyde  e«u  et  oxygène. 
d'iridium  est  use  poudre  noire  tachant  les  doigts  :  le 
platine  qui  s'y  trouve  parait  être  à  Fétat  métallique  et 
posséder  ime  densité  plus  grande  que  le  reste  de  la 
masse,  car  la  composition  de  kt  matière  brute  ne  nous 
a  pas  paru  être  la  même  dans  toutes  les  parties  de  la 

(i)  Voir  la  première  partie,  page  71  de  ce  volume. 


3s  6  MÉTAUmiGIE  DU  PLATINE. 

Non  homogène,  boite  qui  la  renfermait  :  les  parties  inférieures  conte- 
naient un  peu  plus  de  platine  que  celles  qui  étaient  à 
la  surface. 

1**  Matières  volatiles.  —  Chauffé  dans  un  creuset  de 
charbon,  Toxyde  d'iridium  perd  de  Teau  et  de  l'oxy- 
gène, et  peut-être  quelque  sel  ammoniacal.  On  a  désor- 
mais une  mousse  non  agrégée,  pourvu  qu'on  n'ait  pas 
chauffé  à  une  température  trop  élevée. 

saifatodoebau      go  jUatiéres  solubles. — L'eau  enlève  i  la  matière 

ei  sol  nurin. 

calcinée  des  sels  solubles  parmi  lesquels  on  trouve  du 
sulfate  de  chaux  et  beaucoup  de  sel  marin,  ce  qui  fait 
voir  l'origine  de  cet  iridium  qui  a  été  obtenu  par  le 
procédé  de  H.  Wôhler  appliqué  aux  osmiures.  On 
trouve  comme  résultat  de  ces  deux  opérations  : 

Matières  volatiles. aS 

ifatières  solubles.^ ;    1*1 

Matières  métalliques.  ...  *    eo 


100 


Absoneo  S""  RtUhinium.  —  Nous  avions  espéré  trouver  dans 

du  rathéniom.  ^^  iridium  brut  une  mine  du  ruthénium,  ce  qui  aurait 
été  pour  nous  bien  précieux  (1).  Aussi  avons-nous,  dès 
le  premier  jour,  traité  4^",Soo  d'iridium  brut  par  i^\3oo 
dé  nitrate  de  soude  et  2^'S5oo  de  soude  caustique  en 
fondant  le  mélange  dans  une  bouteille  à  mercure  sciée 
à  sa  partie  supérieure.  La  liqueur  obtenue  en  repre- 
nant la  masse  alcaline  par  l'eau  était  à  peine  colorée  en 


(1)  U  faut  bien  dire  que  l*histoire  de  ce  métal  peut  être  con- 
sidérée comme  complète  par  suite  des  admirables  travaux  de 
M.  Glaus,  à  qui  Ton  doit,  selon  nous,  en  outre  d^une  décou  - 
verte  très-difficile  à  faire,  la  plus  belle  monographie  qu'on  aie 
publiée  sur  un  métal  nouveau.  Nous-mêmes  nous  avons  pu 
ajouter  quelques  observations  sur  les  propriétés  du  ruthé- 
nium fondu  ;  mais  nous  aurions  désiré  indiquer  remploi  qu'où 
pourrait  lui  donner,  si ,  ce  qui  n'est  pas  impossible,  on  eu 
trouvait  un  minerai  plus  abondant  que  Tosmiure  dMridium. 


MÉTALLUBGIB  DU  PLATIlfE.  .327 

jaune,  et,  en  la  saturant  avec  de  Tacide  nitrique,  nous 
n'avons  obtenu  que  quelques  ilocons  de  silice  colorée 
en  yert  par  des  traces  de  chrome  et  peut-être  de  ru- 
thénium. L'odeur  de  l'acide  osmique,  par  exemple, 
était  manifeste  et  démontrait  la  présence  d'une  petite 
quantité  d'osmium  dans  l'iridium  brut. 

4*"  Iridium.  —  L'iridium  brut,  calciné  au  rouge  dans  DiiMiation 
un  creuset  de  charbon  de  cornue  et  lavée  à  l'eau,  peut  ^"  "**■""•* 
être  entièrement  dépouillé  de  platine  par  une  longue 
digestion  dans  l'eau  régale.  Le  résidu  métallique  peut 
être  considéré  comme  de  l'iridium  à  peu  près  pur,  si 
on  le  calcine  à  une  température  extrêmement  élevée 
dans  un  creuset  de  charbon.  On  le  fond  au  chalumeau 
et  on  le  pèse. 

i''  Platine. — La  dissolution  traitée  par  le  sel  am-  st  séptraiion. 
moniac  ou  même  l'ammoniaque,  tant  que  la  liqueur 
reste  franchement  acide,  donne  un  précijpité  violacé 
contenant  du  chloroplatinate  et  du  chloriridiate  d'am- 
moniaque. On  calcine  ce  précipité  et  on  traite  la  mousse 
qu'on  obtient  par  Teau  régale  faible  qui  ne  dissout  que 
le  platine,  et  celui-ci  est  précipité  et  pesé  après  la  cal- 
cination  à  l'état  de  mousse.  L'iridium  qui  reste  est  cal- 
ciné et  son  poids  est  ajouté  à  celui  qu'on  a  déjà  déter- 
miné dans  la  précédente  opération. 

6*"  Palladium  i  rhodium  et  métaux  communs.  —  Ces  Métauxràiunu. 
métaux  sont  obtenus  par  différence.  On  peut  d'ail- 
leurs les  déterminer  dans  une  opération  spéciale,  qui 
sera  décrite  plus  loin.  On  anîve  ainsi  aux  nombres 
suivants  : 

•  Matières  volatiles. •  .    a8,o 

Matières  solubles ia,o 

Platine , 3,8 

iridium Ujfi 

Pailadiom,  rhodium  et  métaux  communs.     8,7 

100,0 


5^8  MÉtAlttmGIB  DU  PUÏtNË. 

Vole  sèche.        Od  peat  déterminer  le  platine  par  ufié  méthode  un 
peu  différente  et  que  nous  ne  recommandons  pas,  mais 
qui  est  intéressante  par  les  produits  qu*elle  donne. 
On  prend  t 

Iridium  brut. loo 

Plomb. tôo 

LItliarg6t  »  •  •  •  é  •  .  k  k  •    Sod 

On  mélange  bien  et  on  fond  rapidement  dans  un 
creuset  :  il  se  dégage  d'abondantes  fumées  de  chlorure 
de  plomb  et  on  obtient  un  culot  de  plomb  iridifëre 
pesant  1 7  g  grammes  et  une  scorie  à  la  surface  de  la- 
quelle se  rassemblent  des  gouttelettes  de  chlorures  et 
de  sulfates  alcalins  fondus. 
Le  culot  de  plomb  est  coupelle,  il  donne  : 
Une  poudre  cristalline  noire  qui  est  de  l'iridiate  de 
plomb  avec  un  peu  d'oxyde  dé  rhodium,  et  de  petites 
masses  métalliques  brillantes  qui  sont  du  platine  pres- 
que pur  qu'on  dissout  dans  Teau  régale  et  qu'on  pré* 
cipite  par  le  sel  ammoniac.  On  obtient  ainsi  i 

Platine. 3^7 

Substances  diverses. .  .  .  >_  96,5 

100,0 

Dans  la  liqueur  platioifère  on  retrouve  1  pour  1 00 
environ  de  rhodium  et  un  millième  de  palladium. 
Fusion  y""  Palladium.  —  Mais  la  meilleure  manière  à»  se- 

avec  la  liibarge.  ^^^^^  ^^g  métaujc  consiste  dans  l'emploi  d'«oe  trw- 

sième  méthode  que  nous  avons  appliquée  dur  une 
grande  quantité  de  matière.  Nous  avons  pris  : 

Iridium  brut i,5oo 

Litbarge /i,ooo 

Sable »...  1,000 

Charbon 0,168 

Nous  avons  fondu  le  mélange  intime  de  ces  sub- 


MiTÂLLCMlË  D0  PIAtlMË.  Sag 

Stances  dans  l'appareil  aux  deux  creusets  de  la  flg. .  8 
(PI.  III),  BOUS  avons  obtenu  2"',75o  de  plomb  iridifère. 

Ce  plomb,  co&cassë  en  petits  fragments,  a  été  traité     Disioiouoa 
par  l'acide  nitrique  étendu  de  son  poids  d'eau  et  bouîl-      **"  ^"*^^ 
lant  jusqu'à  ce  que  tout  le  plomb  fût  dissous.  Là  li-  ' 
queor  Mtrique  contient  : 

Nitrate  de  plomb. 
Nitrate  de  palladium, 
Nitrate  de  rhodium , 
Nitrate  de  culTre. 

On  a  séparé  la  plus  grande  partie  du  nitrate  de  séparation 
plomb  par  évaporation  et  cristallisation,  en  lavant  les  ''"p»""^'»™- 
cristaux. séparés  avec  un  peu  d'eau  distillée  froide. 
Dans  la  liqueur  fortement  colorée  en  jaune  on  a  mis 
de  l'acide  sulfurique  en  quantité  un  peu  plus  que  suf- 
fisante pour  la  précipitation  du  plomb  qu'on  a  séparé 
par  le  filtre,  et  on  a  évaporé  à  sec,  ce  qui  a  permis 
d*enlever  encore  du  sulfate  de  plomb.  Il  restait 
des  sulfates  acides  de  palladium,  de  rhodium  et  de 
cuivre,  qu'on  a  traités  par  du  cyanure  de  mercure,  ce 
qui  a  donné  du  cyanure  de  palladium  qu'on  a  calciné 
et  pesé.  La  liqueur,  séparée  et  évaporée  presque  à  sec, 
a  laissé  déposer  un  sel  mercuriel  blanc  contenant  de 
Tadde  sulfurique  (ou  sulfureux},  du  mercure,  du  rho- 
dium et  du  palladium.  Par  la  calcination,  les  éléments 
volatils  ont  disparu  et  il  est  resté  un  mélange  des  deux 
métaux  qu'on  a  pesés,  puis  séparés  l'un  de  l'autre  au 
moyeu  de  Teau  régale  qui  n'a  dissous  que  le  palladium. 

8"*  Bhodium.  —Le  résidu  du  traitement  par  l'acide  iiéuux resianu. 
nitrique  a  été  mis  en  digestion  avec  de  l'eau  régale, 
qui  a  dissous  de  l'iridium,  du  platine  et  du  rhodium, 
lesquels  ont  été  séparés  par  les  procédés  décrits  dans 
notre  premier  Mémoire  (t.  XVI,  p.  4AS)«  U  ^^^^  éviter 


S3o  .     MÉTALLURGIE  DU  PLATJNB. 

ici  une  cause  d'erreur  provenant  de  ce  que  l'eau  régale 
dissout  du  plomb  que  les  lavages  n'enlèvent  jamais  en- 
tièrement à  la  masse  métallique  et  spongieuse  qui  est 
imprégnée  de  nitrate  de  plomb. 
Réfomé.  9"*  Fer  et  eawre.  —  On  a  dosé  ces  deux  métaux  dans 

le  résidu  de  l'attaque  (pour  ruthénium)  de  l'oxyde  d'i- 
ridium brut  par  le  nitre  et  la  potasse  caustique  au 
creuset  d'argent.  Cette  dernière  opératioa,  combinée  à 
la  première,  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Matières  volatiles. .  .  .  .  .  a8,o 

Matières  solubles 12,0 

Platine. 3,8 

Rhodium.  .  ; 1,8 

Palladium. o,& 

Cuivre. 0,6 

Fer. 0,7 

Iridium  et  perte 69,7 

100,0 

Antre  méibode.  Si  Tou  voulait  faire  l'analyse  complète  de  cette  sub- 
stance (à  composition  variable] ,  il  faudrait,  après  en 
avoir  séparé  les  matières  solubles  et  volatiles,  la  traiter 
par  le  nitrate  de  baryte  et  le  bioxyde  de  baryum,  par 
les  procédés  .que  nous  avons  indiqués  dans  notre  pre- 
mier Mémoire  (t.  XVI,  p.  98).  Mais  de  simples  essais 
qui  sont  aussi  expéditifs  que  le  permet  la  complication 
^  de  ces  mélanges  suffisent  pour  les  opérations  techniques 
qu'ils  sont  destinés  à  faciliter,  et  pour  la  fabrication 
des  alliages  ;  car  il  importe  seulement  de  connaître  la 
proportion  d'iridium  et  de  platine  qu'on  y  introduira 
en  employant  directement  l'iridium  brut. 
Potion  II*"  Coupeïlalion  de  t  iridium  et  du  rhodium.  —  Nous 

avec  \t  plomb,  croyons  Utile,  avant  de  passer  au  traitement  de  l'iri- 
dium brut,  d* exposer  ici  quelques  faits  curieux  que 
nous  avons  observés  en  essayant  d'appliquer  la  coupcl- 


IridUte 
de  plomb. 


MÉTALLURGIE   DU   PLATINE.  53 1 

lation  à  la  purification  de  riridium  et  da  rhodium  et  à 
la  séparation  des  métaux  communs  qu'ils  peuvent  con- 
tenir :  nous  désirons  aussi  rendre  compte  de  ce  qui  se 
passe  pendant  la  coupellation  de  l'alliage  ternaire  de 
platine,  d'iridium  et  de  rhodium  qu'on  obtient  en  trai- 
tant le  minerai  de  platine  ou  platine  brut  par  la  galène. 
Nous  avons  donc  allié  successivement  l'iridium  et  le 
rhodium  avec  du  plomb,  et  nous  les  avons  coupelles 
séparément  :  pour  l'iridium  nous  avons  fondu  en- 
semble : 

Iridium  pur 5  grammes. 

Litharge. ••••••  loo 

Charbon. a 

On  a  obtenu  un  culot  de  plomb,  qu'on  a  coupelle  au 
Touge  presque  blanc.  Il  s'est  formé  une  poudre  cristal- 
lisée, brillante,  qui  se  détache  de  la  coupeUe  avec  la 
plus  grande  facilité  et  qui  a  été  analysée  de  la  ma- 
nière suivante  après  avoir  été  lavée  &  l'acide  acétique 
fort. 

La  matière  a  été  chauffée  dans  l'hydrogène,  où  elle  a  son  analyse, 
pris  feu  en  devenant  métallique  et  en  fournissant  de 
l'eau.  Traitée  par  l'acide  nitrique,  elle  lui  a  abandonné 
du  plomb  qui  s'est  oxydé  en  donnant  des  vapeurs  ni- 
treuses;  puis  on  a  calciné  l'iridium  à  l'air,  et  on  l'a  de 
nouveau  traité  par  l'hydrogène,  ce  qui  a  encore  donné 
lieu  à  une  petite  perte  et  permis  d'enlever  un  peu  de 
plomb  par  l'acide  nitrique.  On  a  évaporé  le  nitrate  de 
plomb  dans  un  creuset  de  platine  où  l'on  avait  mis 
d'abord  un  peu  d'acide  sulfurique,  et  on  a  pesé  le  sul- 
fate de  plomb  dépouillé  d'un  excès  d'acide  sulfurique 
par  la  caicination  ;  puis  on  a  pesé  l'iridium  après  l'avoir 
chauffé  dans  l'hydrogène  et  s'être  assuré  qu'il  ne  per- 
dait plus  rien.  Nous  sommes  arrivés  par  cette  méthode  . 
aux  nombres  suivants  : 

TOMK  XVin,  1860.  sa 


3  Sa  MÊXAUURGIE  DU  PULTINB. 

Iridium. 7^5  tnlUigr. 

Plomb. •  •  •    ^Ss 

Oxygène. 176 

TôôT 

et  en  supposant  Toxyde  de  plomb  à  Tétat  de  protoxydd» 
on  a  : 

ObMffi.  CllMdé. 

Bioxyde  d^iridium. .  •    5o,3       IrO^  .  .  •    60,7 
Oxyde  de  plomb. .  .  .    49,0       PbO.  .  •  •    ti^fi 

99i5  iOOyO 

C'estf  nous  croyons,  la  seule  combinaison  bien  dé- 
tenninée  par  la  cristallisation  et  une  composition  simple 
que  l'on  ait  pu  former  entre  Toxyde  d'iridium  et  une 
base.  Nous  avons  analysé  également  Tiridiate  de  po- 
tasse; mais  sa  composition  nous  a  paru  jusqu'ici  asseE 
peu  constante. 

L'iridiate  de  plomb  n'est  pas  attaqué  par  l'acide  ni- 
trique concentré.  Chauffé  au  grand  feu  du  chalumeau  à 
gaz  oxygène  et  hydrogène,  il  se  décompose  en  oxyde  de 
plomb  qui  se  volatise,  et  en  iridium  métallique  qui  se 
réduit  et  fond. 
Oxyde  d'iridium  Du  rhodium  quc  nous  avions  extrait  de  l'oxyde  d'iri- 
eoupeiutions.  dium  brut  a  été  fondu  dans  un  petit  creuset  avec  de  la 
litharge,  du  borax  et  du  plomb  :  l'alliage  coupelle  au 
rouge  blanc  et  rôti  s'est  transformé  en  une  poudre  cria- 
talline  qu'on  a  détachée  de  la  coupelle  et  qui  a  été  trai*- 
tée  par  l'acide  nitrique.  Cette  matière,  chauffée  dans  un 
courant  d'hydrogène,  s'est  réduite  avec  dégagement  de 
lumière,  et  la  perte  de  poids  qu'elle  a  subie  a  donné 
l'oxygène  qu'elle  contenait.  Dans  l'acide  nitrique  lemé- 
tal  n'a  laissé  se  dissoudre  qu'une  petite  quantité  de 
plomb  dosé  à  l'état  de  sulfate  après  évaporation  du  ni- 
.  trate  de  plomb,  et  quelques  milligrammes  de  rhodium 
qui  ont  été  recueillis  et  pesés.  Le  rhodium^  après  avoir 


MÉTALLURGIE  DU  PLATINE.  335 

été  chauffé  de  nouveau  dans  l'hydrogène»  a  été  dosé  k 
Vétat  métallique.  On  a  obtenu  ainsi  : 

Rhodium i.ûoS  milllgr. 

Plomb,  é 35 

Oxygène »  •  •  •  •       908 

i.eSi 

En  considérant  comme  accidentelle  la  présence  de 
cette  petite  tjuantité  d'oxyde  de  plomb,  on  a 

ObMFfé.  Calculé. 

Rhodluni* 67,3       Rh 86,9 

Oxygène 12,7       O*.  .  •  .  .  .    i3,i 

100^0  10090 

C'est  du  protoxyde  de  rhodium. 

Ainsi  la  coupellation  d'un  alliage  de  platine,  de  rbo**      Hééutnd. 
dium  et  d'iridium  donne  : 

Platine  plombifère*  •  1 

Iridiate  de  plomb IrO^PbO. 

Oxyde  de  rhodium. .  • RhO. 

Lepladne  métallique  reste  à  Tétat  d'alliage  compacte 
contenant  5  à  8  p«  1 00  de  plomb.  Les  deux  autres  mé- 
taux sont  à  l'état  de  poudre  cristalline  qui  peut  être  sé^ 
parée  mécaniquement  du  platine  avec  la  plus  grande 
facilité.  C'est  à  cause  de  cette  différence  curieuse  entre 
les  produits  de  la  coupellation  de  ces  trois  métaux  que 
nous  avons  pu  préparer  du  platine  pur  par  voie  sèche» 
mais  pasen  assez  grande  quantité  pour  que  nous  puis^ 
sions  encore  décrire  sûrement  et  avec  détail  les  procédés» 
très-eimples  et  très-faciles  à  trouver,  qui  sont  fondte 
sur  les  propriétés  que  nous  venons  d^étudier«  D'ailleurs 
il  faut  se  rappeler  que,  tant  qu'il  y  a  du  plomb  dans  la 
coupelle,  l'iridiate  de  plomb  et  l'oxyde  de  rhodium^  ne 
peuvent  se  former  en  présence  de  ce  métal  plus  oxy- 
dable. Ce  n'tsst  donc  que  pendant  l'opération  du  rôtis^ 


334 


MÉTALLURGIE   DU  PLàTINE* 


OuDinre 
d'iridiam. 


Eipolsion 

des  Mit 
et  méuas 

oomniaiif. 


sage,  et  quand  les  dernières  portions  de  plomb  dispa- 
raissent, qu'on  voit  la  transformation  s'effectuer  sur  la 
coupelle. 

III''  Préparation  économique  de  tiridium  m^àllique. 
—  Nous  ne  reviendrons  pas  sur  les  procédés  de  grillage 
et  de  fusion  qui  nous  ont  servi  à  transformer  Fosmiure 
d'iridium  en  iridium  pur,  susceptible  d'être  allié  au 
platine.  On  trouvera  ces  détails  dans  notre  premier  mé- 
moire {Annales  des  mines ^  5*  série,  tomeXYI,  p.  128). 
Nous  décrirons  seulement  la  méthode  qui  nous  a  servi 
à  purifier  l'iridium  brut  de  la  Honnsde  de  Russie.  Elle 
peut  également  servir  de  méthode  d'essai  pour  ces 
matières. 

On  calcine  au  rouge  l'iridium  brut  dans  un  creuset 
de  charbon  ;  l'oxyde  se  réduit,  le  métal  prend  de  la 
compacité  ;  on  le  lave  à  l'eau  bouillante,  on  sèche  la 
poudre,  et  on  l'arrose  d'acide  sulfurique  concentré 
qu'on  fait  chauffer  jusqu'à  son  point  d'ébuUition  :  les 
sels  solubles,  le  fer  et  le  cuivre  disparaissent  dans  ces 
deux  opérations.  Si  l'on  a  déterminé  d'avance  la  pro- 
portion de  platine  que  contient  le  métal  et  qu'on  veuille 
l'y  laisser,  il  ne  reste  plus,  après  avoir  lavé  l'iridium, 
qu'à  le  chauffer  au  blanc  soudant  pour  l'agglomérer  for- 
tement et  permettre  de  l'introduire  sans  perte  dans  le 
four  à  chaux  où  on  le  fond  avec  les  précautions  qui  vont 
être  indiquées.  Si,  au  contraire,  on  veut  déterminer  le 
platine  ou  l'extraire  pour  avoir  de  l'iridium  pur,  on 
traite  la  poudre  métallique  qu'on  vient  de  laver  à  l'acide 
sulfurique  par  l'eau  régale  qui  dissout  le  platine,  et  un 
peu  d'iridium. 

Les  deux  métaux  se  séparent  l'un  de  l'autre  dans  la 
dissolution  par  les  procédés  déjà  décrits.  On  en  reti- 
rera encore  un  peu  de  rhodium,  qu'on  sait  également 
isoler  par  les  moyens  décrits  dans  notre  premier  Mé- 


MÉTALLURGIE   DU   PLATINE.  355 

moire  {laco  dtato^  p.  72) •  Il  est  vrai  qu'il  en  restera 
également  des  traces  dans  la  matière  métallique  qui  a 
résisté  à  l'action  de  l'eau  régale  ;  si  on  veut  l'en  extraire» 
il  faudra,  avant  de  traiter  l'iridium  par  l'eau  régale, 
le  fûre  digérer  au  rouge  sombre  pendant  très-longtemps 
avec  du  bisulfate  de  potasse  fondu»  jusqu'à  ce  que 
ce  réactif  cesse  de  se  colorer,  ce  qui  est  fort  long  et 
d'ailleurs  fort  inutile  au  point  de  vue  des  emplois  qu'on 
doit  faire  de  l'iridium  dans  la  préparation  des  alliages 
industriels  de  platine. 

En  traitant  ainsi  l'iridium  brut  de  la  Monnaie  de  Rus-      a^Mmé. 
de,  on  obtient  les  résultats  suivants  : 

Matières  vdatiles. aS.o 

Matières  solables 13,0 

Oxyde  de  fer,  de  cuivre,  et  palladiom.  1,7 

Rhodium •  •  1,8 

Platine.  • ..••:•  3,8 

Iridium  et  pertes 69,7 

100,0 

On  calcine  fortement  cet  iridium  avant  de  le  fondre 
pour  l'agglomérer. 

lY"*  Fusion  de  Viridium  pur.  —  C'est  dans  la  cbaux 
et  an  moyen  d'un  chalumeau  à  gaz  hydrogène  et  oxy- 
gène, qu'il  faut  fondre  l'iridium  pur  préalablement 
agrégé  par  la  chaleur.  Nous  avons  déjà  décrit  cette  opé- 
ration [Annales  des  mines,  5*  série,  tome  XVI ,  p.  52)  ; 
nous  n'y  reviendrons  que  pour  parler  d'une  expérience 
vraiment  curieuse  que  nous  avons  faite,  et  dans  laquelle 
nous  avons  réussi  à  fondre  et  couler  en  lingotière  une 
masse  de  i8o5  grammes  du  métal  qui  est,  après  l'os- 
mium et  le  ruthénium,  le  plus  réfractaire  que  nous  con- 
mussions. 

Nqus  avons  employé  un  petit  four  en  chaux  de  8  à        Fo«r. 
10  centimètres  de  diamètre,  monté  sur  la  plate-forme 


336 


MÉXAUURâlE  DD  PLATINB. 


Hydrogène 
et  oxygène. 


Coalée. 


Lingoiiére. 


mobile  de  la  fig.  5  (PL  III)  da  présent  Mémoire*  Cette 
plate -forme  eat  supportée  par  deux  tourillons  mo- 
biles autour  d'uu  axe  dont  le  prolougement  passe 
par  le  trou  de  coulée  du  four  en  chaux  «  comme  on  le 
voit  dans  la  fig,  9  (PK  I  du  tome  XVI  des  Annale$  des 
mines)*  L'hydrogène  était  produit  dans  un  appareil  de 
Eiohemond  contenant  i5o  kilogrammes  de  âne  en 
grosses  barres,  et  constamment  refroidi  à  l'extérieur. 
L'oxygène  fourni  par  les  gazomètres  dont  nous  allons 
parler  s'écoulait  avec  une  vitesse  de  1000  à  i  a oe  litres 
^  l'heure  ;  et  U  hauteur  du  chalumeau  au-dessus  de  la 
sole  avait  été  réglée  par  une  expérience  préliminaire, 
de  façon  que  le  maximum  de  la  chaleur  tombât  bien  sur 
le  centre  du  bain  métallique.  La,  lingotière  était  un 
parallélipipède  creui^  en  chaux,  dont  la  cavité  avait 
2  centimètres  dans  sa  petite  dimension.  Elle  était  formée 
avec  deux  plaques  carrées  de  1 1  centimètres  de  cdté 
et  de  3  centimètres  d'épaisseur,  maintenues  latérale- 
ment par  deux  petits  prismes  à  base  carrée  de  2  centi- 
mètres de  base  et  de  1  a  centimètres  de  hauteur.  Le 
fond  était  formé  d'un  prisme  de  chaux  taillée  de  ma- 
nière à  le  clore  entièrement.  Cette  lingotière,  enfermée 
dans  deux  }ames  de  tôle  minoe  représentées  à  la  /l^.  9 
(PI.  IV)  du  présent  Mémoire,  était  en  outre  fortement 
serrée  par  des  fils  de  fer  qui  empêchaient  ses  diverses 
parties  de  se  désunir.  Elle  était  maintenue  au-devant 
du  trou  de  coulée  par  deux  aides  qui  la  portaient  au 
moyen  d'un  barreau  de  fer  assez  long,  au  milieu  duquel 
elle  était  attachée  par  un  gros  fil  de  fer.  Quand  la  fusion 
de  l'iridium  a  été  complète,  on  averse  le  métal  dans  la 
lingotière  ;  celle-ci  a  été  remplie,  et  le  métal,  pénétrant 
dans  toutes  ses  parties,  s'est  moulé  sur  toutes  ses  pa- 
rois avec  tant  de  perfection,  qu'on  a  pu  retrouver  à  la 
surface  du  lingot  la  reproduction  parfaite  des  coups  de 


mStautogir  du  putine.  397 

lime  et  des  traits  de  sde  dont  la  chaux  était  sillonnée. 

Cest  le  plus  beau  spectacle  que  Ton  puisse  voir,  que 
ce  ruisseau  de  feu  tellement  ardent,  que,  pour  l'opé- 
rateur le  plus  exercé,  il  y  a  une  impossibilité  presque 
complète  de  distinguer  en  même  temps  le  métal  et  la 
lingotière.  C'est  pour  cela  que  nous  avons  rendu  immo* 
bile  pendant  la  sortie  du  métal  la  position  du  trou  de 
coulée  du  four  en  cbaux.  Cette  circonstance  enlève  tout 
danger  à  des  opérations  auxquelles  d'ailleurs  on  n'as- 
aiflte  pas  pour  la  première  fois  sans  éprouver  des  appré** 
hensions^  peu  fondées  il  est  vrai,  mais  bien  naturelles, 
à  la  vue  de  ces  masses  éblouissantes.  Nous  devons  dire 
que  Qou9«mème8  et  les  personnes  nombreuses  qui  nous 
Gùt  aidés,  nous  n'avons  jamais  subi  le  moindre  acci- 
dent ni  couru  le  moindre  danger,  après  avoir  fondu  et 
coulé  depuis  plusieurs  années,  dans  un  très-grand 
nombre  de  circonstances  diverses,  des  quantités  de  pla* 
tine  ou  d'iridium  dont  la  somme  dépasse  certainement 
900  kilogrammes. 

La  quantité  d'oxygène  nécessaire  pour  fondre  i  kilo* 
gramme  d'iridium  peut  être  évaluée  à  soo  ou  3oo  litres 
au  plus  ;  mais  il  faut  employer  l'hydrogène  pur  et  non 
le  gaz  de  l'éclairage. 

A  ces  températures,  la  chaux  de  nos  fours  acquiert 
aux  endroits  lea  plus  violemment  chauffés  une  compa- 
cité telle,  qu'on  ne  peut  méconnaître  un  commencement 
de  fusion  :  il  est  vrai  que  la  chaux  grasse  elle-même 
dont  nous  noua  servons  contient  toujours  de  petites 
quantités  de  dlice. 


338 


MÉTAIXUBGIE  DU  PLATINE. 


Matériaux. 


Affloage. 


Compotition. 


Matières 
premiéret. 


CHAPITRE  IV. 
TRAITEMSNT  DD  PLATIITE  DES  ANGIENNESI  MOniTAIES  RUSSES. 

Nous  avons  reçu  i  poud  ou  16  kilogrammes  environ 
de  roubles  laminés.  Le  métal  sali  par  le  laminoir  et 
chauffé  au  rouge  parait  aigre  et  se  sépare  souvent  en 
feuillets  qui  indiquent  une  grande  imperfection  dans  le 
mode  de  fabrication  de  ce  platine,  préparé  d'ailleurs 
depuis  fort  longtemps  et  bien  avant  que  l'on  eût  fait  les 
progrès  réalisés  actuellement  dans  le  travail  de  ce  mé- 
tal. 

P  Essai  et  analyse.  —  Le  seul  mode  d'essai  appli- 
cable à  ces  matières  consiste  à  les  fondre  avec  précau- 
tion et  à  les  affmer  dans  l'oxygène;  elles  perdent  envi- 
ron 3  p.  1 00,  proportion  variable  avec  l'état  de  propreté 
et  de  pureté  de  ces  pièces  de  monnaie.  Pendant  la  fu- 
sion on  constate  la  production  de  vapeurs  de  cuivre  et 
d'osmium  dont  l'odeur  caractéristique  ne  peut  être  mé- 
connue. 

« 

L'analyse  faite  par  les  procédés  déjà  décrits  donne 
les  résultats  suivants  : 

Platine.  .  .  •  •  • 97*00 

Iridium i,so 

Palladium o^sS 

Rhodium. o,5o 

Cuivre. o,âo 

Fer. 1,55 

100,90 

L'aigreur  du  métal  est  due  à  la  présence  des  métaux 
communs  et  d'un  peu  d'osmium  qu'il  est  bien  difficile 
de  doser,  tant  sa  proportion  est  petite  dans  le  mélange. 

IP  Fusion  et  affinage.  —  Le  seul  mode  de  purifica- 
tion économique  qu'il  soit  convenable  d'appliquer  à 


HÉTALLURGIE  DU  PLATINE.  539 

rancienne  monnaie  de  platine  est  la  fusion  et  l'affinage 
au  chalumeau  à  gaz  oxygène.  Cet  affinage  se  faisant 
d'ailleurs  pendant  et  par  la  fusion,  nous  ne  parlerons 
que  de  cette  opération.  Les  détails  que  nous  allons 
donner  ne  seront  pas  applicables  seulement  aux  mon- 
naies de  platine,  ils  concernent  en  général  les  alliages 
quelconques  de  platine,  et  nous  allons  exposer  nos 
expériences  en  faisant  abstraction  de  la  nature  des  itaa- 
tériaux  qui  nous  ont  servi  et  qui  ont  été  :  i""  la  monnaie 
de  platine  ;  2^  le  platine  retiré  du  minerai  par  la  fusion 
directe  ou  alliage  naturel  ;  3*  le  platine  fabriqué  avec 
le  minerai  par  la  méthode  de  coupeUation,  fondu  et 
laminé. 

Nous  ne  parlerons  également  que  de  la  fusion  de  ruion. 
grandes  masses  de  platine,  en  renvoyant  pour  les 
quantités  au-dessous  de  8  à  10  kil.  à  notre  premier 
Mémoire  où  cette  opération  est  suffisamment  dé- 
taillée (voyez  Annales  des  mines^  tome  XYI,  5*  série, 
page  4^0). 

Nous  supposerons,  dans  ce  qui  va  suivre  que  Ton 
veuille  opérer  sur  20  &  sS  kil.  de  platine  à  fondre  et  à 
couler  en  lingotière.  Pour  de  plus  grandes  quantités  on 
pourra  se  servir  de  ces  appareils  agrandis  ou  de  deux 
et  même  plusieurs  fours  pareils  dont  on  versera  en 
même  temps  le  contenu  dans  une  seule  lingotière,  exac- 
ment  comme  on  fait  pour  obtenir  de  grandes  masses 
d'acier  fondu  en  creusets. 

Notre  four  est  elliptique,  sa  voûte  est  percée  de  deux 
trous  qui  laissent  passer  les  tubes  de  deux  chalumeaux 
déjà  décrits  et  de  la  même  grandeur  que  pour  de  plus 
petites  opérations.  Le  bout  de  ces  chalumeaux  est  percé 
d'un  trou  de  2  {  à  5  millimètres  de  diamètre. 

Le  combustible  employé  est  du  gaz  de  l'éclairage  de    combusUbia. 
la  ville  de  Paris ,  dont  nous  n'avons  pas  fait  l'analyse. 


54o 


MÉTAtLURGIB  DU  nLATOlB. 


Oxygéna. 


Poar  ; 
DimentioDS. 


mais  qui  paratt  contenir  une  assez  forte  proportion  de 
gaz  incombustible.  L'oxygène  provenait  de  la  décom-' 
position  du  manganèse.  Emprunté  à  deux  gazomètres, 
il  avait  une  composition  moyenne  de  : 

Azote 7 

Oxygène. gS 


(OO 


Le  platine  ^tait  en  lames  de  so  à  «5  centimètres  de 
longueur,  de  i  centimètre  &  i  centimètre  et  demi  da 
largeur,  de  4  millimètres  d'épaisseur  environ* 

A.  Construction  du  /imr.  -^  La  fig.  1 1  (PI.  I)  repré* 
sente  ce  four  à  l'échelle  désignée  dans  la  planche  ;  noua 
n'aurons  besoin  de  répéter  ici  que  les  dimensions  prin- 
cipales. 

Un  cylindre  elliptique  en  tôle  forte,  fermé  à  sa  par- 
tie inférieure  par  une  plaque  de  tAle  munie  à  sa  partie 
antérieure  de  deux  rainures  au  moyen  desquelles  on 
le  fixe  avec  des  boulons  à  notre  appareil  à  touril« 
Ions  de  la  fig.  9 ,  de  notre  premier  Mémoire  (yoyez 
Annales  des  mines,  tome  XVI,  PI.  I),  servait  de 
chemise  pour  la  construction  de  cette  sole.  Ce  cy«* 
lindre  peut  être  fermé  en  AA  par  des  boulons  qu'on  ne 
serre  que  quand  l'appareil  est  monté*  On  remplit  le 
cylindre  de  tôle  avec  des  morceaux  de  chaux  taillés 
avec  soin  et  qui  s'ajustent  exactement  les  uns  contre  lea 
autres.  Ces  morceaux  de  chaux  doivent  avoir  d'abord 
toute  la  hauteur  du  cylindre  et  le  dépasser  en  haut  de 
2  centimètres  environ.  Le  dernier  morceau  placé  en  G 
au  trou  de  coulée  doit  en  outre  faire  en  avant  une  sail- 
lie de  a  ou  3  centimètres,  de  manière  que  le  platine 
puisse  couler  à  une  assez  grande  distance  de  la  che- 
mise 4e  tôle.  On  serre  alors  fortement  les  bonlons  A 
et  avec  nne  gouge  on  creuse  facilement  la  sole  dn  foor 


et  le  trou  de  coulée  C  qui  doit  en  même  temps  servir 
à  l'introduction  du  platine  à  fondre.  Ce  trou  doit  avoir 
3  centimètres  environ  de  largeur  et  i  centimètre  de 
hauteur  ;  il  s€i  relie  à  la  soie  par  un  petit  ritmpant  qui 
facilite  laaortia  du  métal  fondu. 

La  voûte  est  faite  également  au  moyen  de  morceaux 
de  chaux  qu'on  encastre  {solidement  dans  un  cylindre 
elh'ptique  en  tôle  de  mènie  base  base  que  le  premier, 
mais  dont  la  hauteur  est  bien  plus  petite.  La  chaux 
doit  dépasser  en  bas  de  i  ou  2  centimètres  cette  cein- 
ture de  fer  et,  quand  elle  est  fixée,  on  la  maintient  so- 
lidement en  «errant  les  boulons  AA  placée  à  l'extrémité 
du  grand  axe  de  l'ellipaa.  La  surface  inférieure  de  ces 
morceaux  de  ohaux  est  nivelée  en  l'usant  par  frottement 
doux  sur  une  pierre  caloaire  plane  et  saupoudrée  de 
aable  fin.  On  peut,  si  Ton  veut,  la  creuser  légèrep^ent 
avec  une  gouge  pour  augmenter  l'espaee  qui  sépare  la 
iroûte  de  la  sole.  Enfin  aux  deux  fbyers  de  l'ellipse  on 
peroe  avec  une  mèohe  deux  trous  coniques  par  lesquels 
en  introduira  les  extrémités  des  deux  chalumeaux  à 
gaz.  L'enveloppe  extérieure  de  ces  extrémités,  qui 
est  en  platine^  no  devra  pénétrer  que  d'une  petite 
quantité  dans  la  chaux,  et  le  boue  du  chalumeau  devra 
ftiire  une  saillie  en  av^nt  de  cette  enveloppe  afin  que  ce 
platine  ne  soit  pas  cbaufi'é.  Cependant  le  (oui  devra 
être  encore  contenu  dans  la  chaux  de  manière  à  laisser 
un  interyalle  qui  pourra  viM^ier  entre  S  ou  4  centimè- 
tres, entre  son  extrémité  et  l'ouverture  du  trou  sur  la 
voûte.  Cette  distance  eat  rendue  variable  au  moyen  de 
la  vis  de  pression  X. 

Voici  les  dimensiont  que  nous  avens  adoptées  1 


34s  MÉTALLUBGIE  DU  PLATINE. 

Chemise  du  four. 

Grand  axe  des  deux  cylindres  de  tôle. 38  cent 

Petit  axe  des  deux  cylindres  de  tôle aft 

Hauteur  du  cylindre  inférieur  (de  la  sole).  .  •  i5 

Hauteur  du  cylindre  supérieur  (de  la  voûte).  •  5 

Épaisseur  des  tôles. o»9 

Intérieur  du  four  en  chaux. 

Grand  axe  de  la  sole  creusée  dans  la  chaux.  .  .    36 

Petit  axe  de  la  sole.» i5 

Profondeur 6,5 

Ajostement  B.  Conduite  du  feu.  —  On  ajuste  Tune  sur  l'antre 
^'îtt  toÏÏ'*  bien  exactement  les  deux  parties  du  four  qu'on  fixe 
d'une  manière  invariable  au  moyen  de  trois  clavettes, 
l'une  en  E£,  les  deux  autres  en  avant  et  en  arrière  de 
l'appareil,  tel  qu'il  est  placé  dans  la  fig.  1 1  du  présent 
Mémoire  (PL  III) . 
Mise  en  fea  On  allume  alors  le  gaz  des  deux  chalumeaux,  en  don- 
nant un  peu  d'oxygène,  et  on  les  introduit  avec  leurs 
flammes  dans  les  trous  qui  leur  sont  réservés  B,  B 
{fig.  1 1).  On  règle  ces  flammes  avec  les  robinets  R  des 
chalumeaux,  et  la  hauteur  des  bouts  du  chalumeau 
avec  les  vis  de  pression  X,  X.  On  chauffe  lentement 
rintérieur  du  four  en  donnant  progressivement  accès 
aux  deux  gaz,  et,  quand  la  chaleur  étant  maximum,  le 
platine  se  maintient  en  fusion  sous  les  dards,  on  forme 
peu  à  peu  un  bain  dans  lequel  on  introduit  du  platine  au 
fur  et  à  mesure  qu'il  disparaît  dans  la  masse  incandes- 
cente. C'est  à  peine  si  on  a  la  temps  d'alimenter  le  four 
avec  des  lames  épaisses  de  platine,  quand  l'opération 
marche  bien  ;  mais  il  faut  se  souvenir  que  le  platine 
nouveau  doit  toujours  se  liquéfier  aux  dépens  de  l'excès 
de  chaleur  communiqué  au  bain  métallique  répandu 
sur  la  sole.  Nous  avons  chaufiiè  dans  un  moufle  les 


et  foftioii. 


MÉTALLURGIE  0U  PLATINE.  S^S 

lames  que  nous  introduisions  rouges  dans  le  four  de 
fusion.  Nous  pensons  que  l'opération  est  facilitée  par 
cette  précaution,  j 

Une  fois  que  le  four  est  rempli,  on  réchauffe  au  delà       c^gi^ 
du  point  de  fusion,  en  diminuant  un  peu  la  proportion 
d'oxygène,  afin  que  les  gaz  soient  plutôt  réducteurs 
qu'oxydants,  pour  éviter  le  rochage.  Si  l'on  doit  couler 
le  platine  dans  une  lingotiëre  de  fer,  telle  que  celle  qui 
sera  décrite  plus  loin,  on  laisse  un  peu  refroidir  le 
bain,  de  manière  qu'il  soit  à  une  température  à  peine 
plus  élevée  que  le  point  de  fusion  du  métal,  et  on  le 
coule  avec  les  précautions  dont  nous  aurons  occasion 
de  parler.  Si  la  lingotière  est  en  chaux,  ce  que  nous 
préférons  beaucoup,  le  gaz  étant  redevenu  légèrement 
réducteur,  on  peut  couler  très-chaud,  sans  aucun  in- 
convénient. D'ailleurs ,  toutes  ces  questions  apparte* 
tenant  exclusivement  à  la  pratique  et  pouvant  être  ré- 
solues par  un  ouvrier  habile  avec  beaucoup  plus  de 
perfection  et  bien  plus  rapidement  que  par  nous- 
mêmes,  nous  n'insisterons  pas  sur  ces  détails.  Dès  que 
le  four  est  vidé,  on  rend  aux  gaz  leur  vitesse  primitive, 
et  on  remet  de  nouveau  du  platine  dans  le  four,  qui 
peut  servir  indéfiniment,  parce  qu'il  n'est  pas  du  tout 
attaqué.  La  seconde  fusion  s'opère  alors  avec  une  ra- 
pidité extraordinaire,  comme  on  en  jugera  par  les 
résultats  de  nos  mesures,  et  la  dépense  d'oxygène  qui 
est  au  moins  moitié  moindi'e. 

Première  fusion  dans  le  four  froid. 

Platine  de  monnaies. 16^*^,000 

Durée  do  Topération 1  heure. 

Deuxième  fusion  dans  le  four  chaud. 

Durée  de  TopératioD 20  minutes. 

Platine  iridié,  provenant  du  traitement  des  mi- 
nerais. • lA^'*,300 


Oxygène 
dépensé. 


11  font  éviter 
le  rochage. 


LingoUérei 
de  fer. 


344  IIÉXALLURGIB  DU  FLlTUTt. 

Dans  cds  deux  opérations,  la  Vitesse  des  gai  était  la 
même,  et  la  pression  dans  le  gazomètre  de  la  à  i4  oeo'- 
timètres  de  mercure. 

Platine  fondu,  en  tout 3o^,soo 

Oxygène  dépensé..  ^ 1.900  litres. 

En  moyenne  par  kilogramme  de  plàttnd 66^,4 

Vitesse  moyenne  de  l'oi^géne  à  rheure^  •  .  «  ^  •  i.3a8  Utrodi 

G.  Moulage  du  platine*  —  Pour  faire  des  lingots  à% 
platine  destinés  au  laminoir»  il  faut  prendre  un  grand 
nombre  de  précautions  qui  ont  beaucoup  d'analogie 
avec  celles  qui  sont  indiquées  dans  le  moulage  des 
lingots  d'argent.  Nous  venons  de  dire«  en  effet,  qu'en 
général  il  faut  faire  la  fusion  dans  une  atmosphère  un 
peu  réductrice.  On  enlève  ainsi  l'oxygène  dissous  dans 
le  platine  ;  et  cette  remarque  est  tellement  juste»  que» 
lorsqu'à  la  fin  on  donne  un  trop  grand  excès  de  gas 
combustible,  le  platine  saturé  d'oxygène  exhale  une 
multitude  de  petites  bulles  d'eau  et  d'acide  carboni-^ 
que  qui  produisent  un  petit  frémissement  et  projettent 
hors  du  four  une  myriade  de  globules  microscopiques 
qu'on  peut  recueillir  à  1  ou  9  décimètres  du  trou  de 
coulée.  Ce  phénomène  est  surtout  remarquable  après 
un  affinage  avec  grand  excès  d'oxygène  :  il  serait  même 
dangereux  de  le  déterminer  en  présence  des  oxydes 
dont  se  dépouille  le  platine  impur»  et  qui  restent  dans 
le  four  à  cause  de  leur  fixité.  Leur  réduction  pourrait» 
à  son  tour,  s'effectuer  au  détriment  de  la  qualité  du 
platine. 

Les  lingotières  peuvent  être  en  fer  qu'on  oxyde  à  sa 
surface  et  qu'on  frotte  ensuite  de  plombagine  pour 
éviter  toute  adhérence  entre  le  platine  fondu  et  le  fer  : 
elles  doivent  èu^e  massives  et  de  forme  telle,  que  le 
lingot  soit  au  moins  aussi  haut  que  large  et  peu  épais. 


lliTAUiniOlE  DU  PLATINB.  34S 

D  vaut  mieux,  en  général,  les  développer  suivant  la 
hauteur,  afin  de  pouvoir  plus  facilement  en  détacher 
la  êoie^  ou  partie  du  lingot  dans  laquelle  le  retrait  de 
la  matière  a  laissé  un  vide.  Ces  lingotières  doivent  être 
munies  de  deux  anses  trôs-loDgues  et  très-^solides,  pa^ 
rallélea  à  la  largeur  et  perpendiculaires  à  la  direction 
du  jet  de  platine  qu'on  va  y  introduire.  Elles  sont  te^ 
nues  par  deux  aides  qui,  pendant  la  coulée,  impriment 
à  la  lingotière  un  mouvement  de  va-et-vient,  afin  que 
le  platine  fondu  se  répartisse  bien  également  sur  toute 
la  surface,  et  surtout  pour  que  le  métal  ne  tombe  pas 
toujours  sur  le  même  point  de  la  lingotière  ;  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur  sans  cesse  renaissante  et  du  poids 
énorme  du  platine,  elle  finit  par  s'échauffer  et  se  fon- 
dre à  cette  place.  Nous  avons  coulé  de  très-beaux  lin- 
gots dans  des  lingotières  de  fer,  mais  à  la  condition 
de  couler  froide  Dans  certains  cas  où  cette  précaution 
n'avût  pas  été  suffisamment  gardée,  il  y  a  eu  adhé^- 
rence  du  lingot  de  platine  et  détérioration  de  la  lingo- 
tière elle-même.  On  évite  tous  ces  inconvénients  en 
construisant  cet  appareil  en  chaux  vive. 

On  prend  deux  lames  de  tôle  plus  ou  moins  épaisses,  uogotiAret 
suivant  les  dimensions  des  lingots  que  l'on  veut  obte- 
nir, on  les  plie  sur  l'enclume  en  leur  donnant  la  forme 
indiquée  par  la  fig.  s  (PL  IV),  et  telle,  qu'en  rappro*- 
chant  les  deux  parties  de  cet  appareil,  elles  constituent 
un  parallélipipède  ouvert  àTunç  de  ses  extrémités.  On 
y  encastre  deux  grandes  plaques  de  chaux  vive  ayant 
une  épaisseur  de  s  centimètres  environ,  et  qui  couvrent 
entièrement  les  deux  faces  les  plus  larges.  Le  fond  et 
les  parois  latérales  sont  également  garnis  par  des  pla^ 
ques  ou  des  prismes  de  chaux  qui  maintiennent  les 
plaques  principales  à  la  distance  déterminée  par  l'é- 
paisseur qu'on  veut  donner  au  lingot.  On  met  toutes 


do  obaoK. 


346  MÉTALLURGIE    DU  PLÀTUf£. 

ces  parties  en  place,  on  rapproche  les  deux  enveloppes 
de  lôle  qu'on  serre  fortement  avec  du  fil  de  fer.  On  a 
ainsi  disposé  toutes  les  parties  de  la  lingotiëre,  de  telle 
façon  que  le  platine  fondu  introduit  par  la  partie  béante 
ne  sera  jamais  en  contact  qu'avec  de  la  chaux  vive. 
C'est  donc  dans  de  la  chaux  que  se  fera  le  moulage  : 
c'est  pourquoi  toutes  les  faces  intérieures  doivent  être 
bien  polies  et  dépouillées  de  poussière  de  chaux  qui 
pourrait  s'en  détacher  au  moment  où  le  platine  les  tou- 
che. Le  platine  s'y  moule  avec  une  telle  perfection,  que 
des  empreintes  de  fossiles  se  remplissent  souvent  de 
métal  qui  en  reproduit  les  parties  les  plus  délicates. 
M.  Quennessen,  habile  fabricant  de  platine,  a  moulé 
ainsi,  dans  le  laboratoire  de  l'École  Normale,  du  pla- 
tine pur  et  du  platine  iridié  qui  ont  donné  au  laminoir 
des  lames  de  la  plus  grande  beauté. 

La  difficulté  que  nous  avions  à  surmonter,  c'était  de 
produire  des  lingots  qui,  passés  au  laminoir,  donnas- 
sent des  feuilles  exemptes  des  bulles  ou  bouillons  que 
la  chaleur  fait  développer  à  leur  surface.  Sous  ce  rap- 
port, le  succès  a  été  aussi  complet  que  possible. 
MoQiase  Enfin  nous  avons  essayé  de  mouler  le  platine  dans 

le  sable  des  mouleurs,  pensant  qu'il  pourrait  y  avoir 
quelque  intérêt  à  produire  du  premier  coup  une  pièce 
de  platine  avec  tous  ses  détails,  comme  on  le  fait  pour 
la  fonte  de  fer  ou  de  cuivre.  Pour  cela  nous  avons  fait 
préparer  par  un  mouleur  en  fonte  de  fer,  et  par  les 
procédés  qu'il  emploie  ordinairement,  une  roue  dentée 
dont  l'empreinte  dans  le  sable  devait  ressortir  en  pla- 
tine au  moyen  du  métal  fondu.  La  forme  du  châssis,  la 
composition  du  sable,  la  préparation  de  la  surface 
étaient  exactement  les  mêmes  que  si  l'on  eût  dû  faire 
une  coulée  de  fonte.  Seulement,  le  moule  était  resté 
quelques  heures  de  plus  à  l'étuve  pour  en  assurer  la 


en  Mbie. 


MÉTAIXURGIE  DU  PLATINE.  34? 

dessiccation.  Le  platine,  fondu  à  la  manière  ordinaire, 
a  été  versé  dans  le  trou  de  coulée;  il  a  rempli  tous 
les  vides  de  la  pièce,  et  le  métal  est  venu  se  présenter 
à  une  seconde  ouverture  appelée  évent  qu'il  a  remplie 
entièrement,  et  où  on  a  pu  le  voir  rester  liquide  quel- 
ques instants  encore  après  la  fin  de  l'opération.  Quant 
à  la  pièce,  la  roue  dentée,  elle  était  parfaitement  venue. 
Une  seule  dent  était  imparfaite,  et  le  mouleur  garan- 
tissait qu'en  changeant  très-peu  la  disposition  des  di- 
verses parties  du  moule,  on  aurait  pu  obtenir  une  fonte 
de  platine  aussi  bien  réussie  que  si  on  avait  employé 
de  la  fonte  de  fer  ou  du  cuivre.  Cette  roue  dentée  a  été 
envoyée  à  Saint-Pétersbourg  comme  spécimen  de  cette 
curieuse  opération.  La  surface  intérieure  du  moule  étût 
scorifiée  légèrement  sur  une  épaisseur  de  i  millimètre, 
mais  elle  avait  conservé  sa  forme  primitive  sans  aucune 
altération  ;  et  aucune  parcelle  de  platine  n'y  était  res- 
tée adhérente. 

Ces  détails  suffisent  pour  montrer  que  désormais  on 
pourra  sans  difficulté  et  avec  une  économie  considé- 
rable produire  des  lingots  de  platine  d'un  poids 
quelconque  et  mouler  le  platine  sous  les  formes  les 
plus  compliquées. 

CHAPITRE  V. 

PRéPABATIOK  Dl  L'OXTGÈNE  ET  DE  L*HTDR06ÈlffB. 

S  I.  Oxygène. 

La  fabrication  de  l'oxygène  a  exigé  de  notre  part  de 
longues  études  pour  arriver,  comme  nous  croyons  y 
être  parvenus,  à  produire  de  l'oxygène  à  bas  prix,  avec 
des  appareils  d'un  emploi  industriel  et  d'une  manière 
continue.  Nous  avons  dû  successivement  étudier  tous 

Tome  XVIIT,  1860.  «3 


548  MÉTALLURGIE  DU  PLATIHE. 

les  modes  d'extraction  connus,  parce  que  chacun  d*eux 
nous  paraît  encore  perfectible,  et  parce  qu'il  peut  ar- 
river que  le  procédé  auquel  on  s'arrêtera  varie  d'un  en- 
droit à  Tautre  avec  la  facilité  qu'on  rencontrera  à  se 
procurer  les  matières  premières  et  avec  le  prix  de 
celles-ci. 

Nous  commencerons  naturellement  par  l'étude  du 
manganèse,  comme  source  d'oxygène,  parce  que  c'est 
la  substance  à  laquelle  nous  avons  dû  avoir  recours  en 
premier  lieu,  puis  oous  examinerons,  au  point  de  vue 
de  la  production  de  l'oxygène,  les  sels  divers  et  enfin 
l'acide  sulfurique. 

1*  Manganèse.  —  Nous  avons  employé  un  grand 
nombre  de  variétés  de  manganèse,  d'origine  et  de  prix 
divers.  Nous  allons  donner  les  résultats  que  nous  avons 
obtenus,  en  décrivant  successivement  notre  méthode 
d'essai  et  nos  appareils  de  production  en  grand  ;  enfin 
nous  donnerons  un  aperçu  du  prix  de  revient  de  ce 
gaz  précieux. 
Appareil.  ^'  Méthode  d'essai.  —  On  prend  une  bouteille  à 

mercure  qui  peut  contenir  de  4  à.  5  kilogrammes  de 
manganèse  en  poudre  et  fragments,  on  élargit  l'ouver- 
ture taraudée  placée  à  sa  partie  supérieure  et  on  y  fait 
ajuster  un  canon  de  fusil  courbé  à  angle  droit  au  quart 
de  sa  longueur  et  limé  du  côté  de  la  culasse,  de  ma- 
nière à  présenter  à  cet  endroit  une  surface  légèrement 
conique.  C'est  cette  extrémité  enduite  d'un  lut  composé 
de  terre  à  poêle  et  de  bourre  de  vache  qu'on  enfoncera 
à  coup  de  maillet  dans  l'ouverture  de  la  bouteille,  que 
nous  supposons  emplie  de  manganèse  pesé.  On  a  pris 
le  titre  chlorométrique  de  la  matière  afin  d'être  ren- 
seigné approximativement  sur  sa  teneur  en  oxygène  (i)  • 


(i)  Il  est  bon  de  remarquer  que  l'oxyde  rouge  MnK)^  doiine 


itftTiiumoiE  DU  putna.  S49 

On  place  la  bouteille  à  mereare  dans  ud  fimmiau 
fkàn  de  coke  qu'on  allome  et  qui  porte  la  tempéra» 
tore  an  rouge  vif.  L'oxygène  se  dégage  et  on  le  fait 
passer  dans  un  flacon  dont  une  tubulure  porte  un  tube 
de  sûreté,  puis  dans  une  solution  de  potasse  :  b  pre- 
mier flacon  retient  les  eaux  acides  exhalées  par  h  num» 
ganëse»  la  potasse  retient  Tacide  carbonique;  enfin  le 
gas  purifié  se  rend  aott  dans  un  gazomètre  gradué,  nil 
dans  un  gazomètre  tel  que  nous  Tavons  décrit  et  qu'il 
est  représenté  dans  la  PI.  I ,  fig.  5  de  notre  pranier 
Mémoire.  Dans  ce  cas,  on  met  sur  le  trajet  de  l' oxy- 
gène un  compteur  à  gaz  susceptible  de  mesurer  exao^ 
tement  son  volume  à  i  litre  près.  C'est  de  ce  dernier 
appareil  que  nous  nous  sommes  servis  ;  il  permet  de 
mesurer  les  gaz  dégagés  sans  perdre  l'oxygène,  qu'on 
envoie  dans  les  gazomètres  dèe  qu'il  sort  pur  du  tube 
qui  termine  le  compteur  :  on  ne  perd  que  Toxygène 
resté  dans  les  appareils  du  purificatim  à  la  fin  de  l'o* 
pératicHQ.  Cet  oxygène  a  le  même  volume  que  l'air  qu'il 
a  opiacé  et  dont  le  passage  au  iravefs  du  compteur  a 
déterminé  la  quantité. 

Voici  les  résultats  que  nous  avons  obteaus  : 


pamts. 

umm  s'oxwitini 

OUOINB. 

eUoromètriqstt. 

foor  1  kllornoas. 

' 

lltrM. 

aoHMDédie,  nr  t 

55  à  60* 

W,« 

Espagne,  q*  s  .«,...  . 

61  A  «S* 

4641 

Pyrénées,  n"  3 

70» 

41,1 

Glessen,  n<>  4 

75»                   .     1 

50,1 

Piémont,  no  5 

9or 

60,0 

du  chlore  et  ne  donne  pas  d'oxygène,  ce  qui  fait  que  le  titre 
cblorométriqne  ne  suffit  pas  pour  déterminer  la  valeur  du  man- 
ganèse ODomie  source  d'oxygène. 


GompCew. 


RtenlitU, 


550  MÉTALLURGIE   DU   PLATINR* 

Les  trois  dernières  espèces  de  manganèse  nous  ont 
été  fournies  par  M.  Mangin,  de  Paris,  et  ont  été  choi- 
sies parmi  les  variétés  non  calcaires ,  ce  qui  est  impor- 
tant au  point  de  vue  de  la  fabrication  de  l'oxygène. 

Le  n"*  1 ,  venant  de  Romanèche,  dans  le  Morvan,  est 
bien  connu  ;  il  est  ferrugineux  et  accompagné  de  quarts 
et  de  chaux  fluatée.  Il  revient  à  lo  fr.  les  loo  kil.  II 
nous  a  été  donné  par  H.  Merle,  d'Alais,  qui  l'achète  à 
£0  prix. 

Le  n""  s,  coûtant  16  francs  les  100  kil.  à  Paris,  doit 
avoir  sur  le  carreau  de  la  mine  une  très-faible  valeur  : 
nous  n'avons  pu  savoir  son  origine  précise.  Ce  serait 
une  variété  très-avantageuse,  si  Ton  pouvait  l'avoir  en 
grande  quantité.  Nous  n'avons  pu  à  cet  égard  nous 
procurer  de  renseignements  suffisants. 

N""  3.  C'est  une  variété  très-belle,  contenant  beau* 
coup  de  rognons  très-purs  et  très*bien  cristallisés.  Des 
morceaux  noirs  et  compactes  traités  par  l'acide  lais- 
sent un  résidu  abondant ,  composé  de  sable  et  de  ma- 
tière argileuse.  Ce  manganèse  vient  de  Bagnères-de- 
Luchon  ou  des  environs.  C'est  celui  qui  nous  a  servi 
dans  la  plupart  de  nos  expériences.  Il  vaut  18  francs 
les  1 00  kil.  à  Paris. 

N""  4*  Le  manganèse  de  Giessen  est  celui  qui  sert 
dans  tous  nos  laboratoires  à  la  production  du  chlore  : 
il  nous  a  été  vendu  à  Paris  27  francs  les  100  kil. 

N""  5.  Piémont.  C'est  de  Traverselle  que  vient  ce 
manganèse  d'une  très-grande  pureté  et  qui  est  très-re- 
cherché par  les  verriers.  Il  vaut  à  Paris  4o  francs  les 
100  kil. 
compoiiuoii        L'oxygène  recueilli  dans  ces  circonstances  est  loin 

do  gtl. 

d'être  pur.  Même  quand  on  a  pris  toutes  les  précau- 
tions nécessaires  pour  expulser  l'air  des  \ases,  on 
trouve  encore  dans  les  gaz  recueillis  une  forte  propor- 


«ÉTÂLLDKGIE   DU  PLATINE.  35 1 

tion  d'azote.  Nous  les  avons  analysés  en  recherchant 
l'acide  carbonique  par  la  potasse  et  dosant  l'oxygène 
par  le  réactif  de  M.  Liebig,  le  pyrogallate  alcalin  de 
potasse,  qui  convient  très-bien  à  ces  déterminations. 
L'azote  reste  et  on  peut  en  constater  les  propriétés  né- 
gatives de  manière  à  ne  conserver  aucun  doute  sur  sa 
nature.  Voici  les  résultats  de  nos  analyses  : 


Al046. 


■OBARÉOHS. 

R*  1. 

Bt»Aaiis. 

H*  S. 

VtftiRÉBt. 

M"  ♦. 

niaoïrr. 

Oxygène 

Axola 

94,6 
5,4 

6,8 

94,8 
5.5 

94,0 

96,4 
3,« 

100,0 

100,0 

100,0 

100,0 

100,0 

Tout  le  monde  sait,  depuis  Scheele,  que  l'oxygène 
obtenu  du  manganèse  contient  de  l'azote,  et  que  ce  gaz 
se  dégage  au  commencement  de  la  préparation.  Ber- 
zellus  avait  n^ème  observé  que  le  gaz  du  manganèse 
possède  une  légère  odeur  nitreuse.  Cette  odeur,  que 
nous  avons  bien  souvent  observée,  nous  Tavions  attri- 
buée à  la  présence  de  l'ozone  :  mais  comme  le  gaz  re- 
cueilli à  une  époque  quelconque  de  la  préparatiou  de 
l'oxygène  contient  toujours  de  l'azote,  nous  avons  dû 
chercher  dans  le  manganèse  lui-même  la  matière  très- 
stable  qui  fournit  un  gaz  dont  la  présen>:e  pouvait  être 
fort  gênante  dans  nos  opérations  métallurgiques. 

Les  manganèses  que  nous  avons  examinés  jusqu'ici 
contiennent  tous  de  notables  quantités  d'eau.  60  kil. 
de  manganèse  de  Giessen  donnent  5  kil.  d'eau,  dont  la 
réaction  est  sensiblement  acide.  Si  l'on  évapore  cette 
eau  après  l'avoir  exactement  saturée  avec  de  la  potasse 


S&t  UÈlAJLUmQÏB  D0  PIAIDIB. 

porei  on  obtient  1 5  grammes  de  nitrate  de  potasse  et 
5  grammes  environ  de  chlorure  de  potassium.  L'ab* 
aence  des  nilrites  dans  les  sels  cristallisés  nous  fait 
penser  que  le  chlore  et  l'acide  hyponitriqae  sont  les 
deux  produits  gazeux  qui  se  sont  condensés. 
Adde  Biiriqae.      U  parait  douc  bien  probable  que  le  manganèse  dcHi 
contenir  de  racide  nitrique ,  à  moins  que  l'ammo- 
niaque, subissant  au  contact  de  Toxygène  et  du  man- 
ganèse une  combustion  totale  analogue  à  celle  qui  se 
l^rodttit  dans  la  célèbre  expérience  de  M.  Ruhlmann, 
Ile  soit  l'origine  de  l'acide  nitrique  condensé.  Nous 
Avons  lavé,  avec  de  l'acide  sulfurique  faible,  25o  gram- 
fties  de  manganèse  finement  pulvérisé,  et  nous  n'a^ 
tons  trouvé  dans  la  solution  que  4  milligrammes  d'am- 
tnoniaque  que  les  s  litres  d'eau  distillée  employés 
avaient  bien  pu  y  apporter. 
Nfirtief.  En  faisant  bouillir  5oo  grammes  de  manganèse  de 

<MM0^  pulf6ris«  aveô  i  ou  a  Utreê  d'eati  et  lo  gramibes 
êè  eâ^bdOatd  de  potasse,  traitant  la  liqueur  filtfée  p^ 
d«  f  adde  acétique  en  très-léger  excès  et  faisant  éva^ 
pôrer  à  seô ,  on  obtient  un  résidu  salin  ^i ,  lavé  poJt 
Fidcool  à  8d  degrés  et  bouillant,  lui  abasdonne  da 
nltre  qui  crisullise  par  le  refroidissement. 

Enfln,  en  fidsatit  digérer  5oo  grammes  de  ce  manga- 
âèse  avec  de  l'eau  pure  et  évaporant  la  solution  111-  ' 
ttée,  on  obtient  un  dépôt  salin  qui  a  la  composition 
suivante  t 

Salfate  de  chaux io3  milligr. 

Chlorure  de  calcf  om 2o5 

Ohlororedema^iiMuiÉ..  •     SA 

Ùhlorure  de  sodititiL  ....  iyl^ 

Nitrate  de  aoude 955 

{iitrtto  de  potasse. Sas 

1.6AS 


MÉriULUReiE  ou  plitihb.  563 

Ghaqne  kUog^ainine  de  ce  maDganëse  abandonne 
donc  à  l'eau  3*,096  de  substances  solubles  tout  à  fait 
neutres.  On  est  averti  de  la  présence  des  nitrates  dans 
ces  matières  par  une  circonstance  importante  &  ob* 
server  dans  l'analyse.  Quand  on  veut  chasser  par  la 
chaleur  l'acétate  et  Toxalate  d'ammoniaque  qu'on  a 
introduits  pendant  l'opération ,  il  se  roauifeste  dans 
les  derniers  moments  une  vive  combustion  et  une  dé- 
flagration assez  forte  pour  que ,  même  en  couvrant  les 
Tàses  avec  un  entonnoir,  on  ne  puisse  toujours  éviter 
des  pertes. 

On  a  de  la  pdne  à  s'expliquer  la  formation  du  origine 
bioxyde  de  manganèse  naturel  qui  ne  se  produit  jamais  des  iL^nH  s. 
par  oxydation  directe  «  et  que  nous  ne  pouvons  obtenir 
dans  nos  laboratoires  que  par  la  décomposition  de 
l'adde  manganique  et  du  nitrate  de  manganèse.  Notre 
analyse  nous  ferait  croire  de  préférence  que  le  manga- 
nèse dérive  du  nitrate.  De  plus»  le  nitrate  de  manganèse 
neutre  ou  acide  dissous  dans  l'eau  et  chauffé  en  vase 
dos  vers  iSo*  laisse  déposer  du  bioxyde  noir,  miroi-* 
tant,  mamelonné  comme  certains  manganèses  naturels, 
mais  nullement  cristallisé.  Cette  expérience,  que  M.  de 
Senarmont  a  faite  et  que  nous  avons  répétée,  étant  rap^ 
prochée  de  la  présence  de  l'acide  nitrique  dans  le  man- 
ganèse naturel ,  permettrait  d'admettre  l'opinion  que 
BOUS  v»ons  de  développer. 

Mais  M.  Boussingault,  qui  a  analysé  un  grand  nom**      opinion 
bre  d'échantillons  de  manganèse  et  qui  y  a  trouvé  (i)  m. Boassiogaoït 
constamment  de  l'acide  nitrique ,  attribue  la  présence 
de  cet  acide  à  T  infiltration  des  eaux  pluviales  et  char- 
gées de  matières  organiques  au  travers  des  terrains 


■«i»«MMM*«>ia**i 


(i)  Voyez  Comptée  rendue  de9  eéaneei  de  t Académie  des 
iàmeei^  t  L,  p.  868  et  890. 


354  MÉTALLUBGIB  OU  PUkTINE. 

dans  lesquels  se  trouvent  les  gisements  de  manganèse  ; 
il  rend  cette  explication  très-probable  dans  la  plupart 
des  cas  qu'il  a  examinés»  en  montrant  qu'efTectivemeot 
l'acide  nitrique  se  rencontre  dans  toutes  les  substances 
qui  ont  eu  le  contact  des  eaux  météoriques. 

Il  y  a  d'ailleurs  une  autre  considération  qui  tend  à 
rendre  cette  question  indécise.  D'après  l'analyse  n"*  4 
des  igaz  provenant  de  la  décomposition  du  manganèse 
de  Giessen ,  en  supposant  que  nous  ayons  complète- 
ment chassé  l'air  de  nos  appareils  avant  d'analyser  le 
gaz,  ce  qui  est  à  très-peu  près  exact,  et  d'après  la  pro- 
portion d'oxygène  que  nous  avons  extraite  de  ce  man- 
ganèse, celui-ci  devrait  renfermer  3,6  p.  loo  d'azote , 
tandis  que  l'analyse  directe  rapportée  plus  haut  n'y 
constate  que  i  millième  d'acide  nitrique.  Il  faut  ad- 
mettre que  l'azote  s'y  trouve  à  un  état  particulier  en- 
core inconnu  et  qu'il  faudrait  rechercher  par  de  nou- 
velles expériences*  Nous  admettons  volontiers  que  nos 
déterminations,  bien  suffisantes  pour  un  travûl  tech- 
nique tel  que  celui  que  nous  publions  aujourd'hui ,  ne 
dispensent  pas  des  recherches  minutieuses  que  nous 
nous  proposons  d'entreprendre  pour  élucider  cette 
question  intéressante. 
Au  point  de  vue  pratique,  c^tte  impureté  du  man- 
de nmpurêcé  ganèse  n'a  absolument  aucun  inconvénient.  Voici  une 
•«jf*M.  expérience  qui  le  prouve.  Nous  avons  mêlé  de  l'oxygène 
avec  un  quart  environ  de  son  volume  d'air  et  nous  avons 

eu  : 

Platine  fondu lo  kilogrammes. 

Oxygène  employé. i.soo  litres. 

Compoiilian  de  cet  oxygène  : 

Oxygène. 8a,7 

Asote 17,3 

100,0 


GoBféqaeiieM 


MÉTALLURGIE   DU   FLATIHE. 


355 


Cette  opération»  faite  en  une  seule  fois,  n'aurait  pas 
beaucoup  mieux  réussi  avec  le  volume  d'oxygène  em- 
ployé en  le  supposant  pur. 

En  essayant  le  pouvoir  comburant  de  l'oxygène  au 
moment  où  il  commençait  à  se  dégager  dans  nos  appa- 
reils, nous  avons  eu  plusieurs  fois  une  explosion  très* 
violente.  Nous  ne  pouvons  expliquer  cette  explosion  que 
par  la  présence  de  matières  organiques  mélangées  acci- 
dentellement ou  par  fraude  au  manganèse.  Il  sera  donc 
toujours  prudent  d'essayer  les  gaz  au  moyen  d'une 
petite  éprouvette  quand  on  préparera  de  l'oxygène  avec 
un  manganèse  qu'on  n'aura  pas  encore  expérimenté. 

B.  Àppareib  de  production.  — On  trouvera  dans  la 
fig.  3  (PL  IV)  la  coupe  du  four  qui  nous  a  servi  en  même 
temps  à  faire  nos  coupellations  de  platine  et  à  préparer 
l'oxygène  au  moyen  du  manganèse.  Quand  on  ne  se 
servait  pas  de  la  coupelle,  on  remplissait  avec  des 
briques  l'intervalle  qu'elle  doit  occuper,  de  manière  à 
prolonger  l'autel  jusqu'en  D.  Nous  avons  d'ailleurs 
constaté  que  la  chaleur  perdue  de  la  coupellation  était 
bien  suffisante  à  la  décomposition  complète  du  bioxyde 
de  manganèse. 

On  charge  le  foyer  F  avec  de  la  houille.  Dans  la  se- 
conde partie  du  four  on  place  à  demeure  quatre  grands 
cylindres  en  terre  de  ao  centimètres  de  diamètre  inté- 
rieur. Ce  sont  des  manchons  destinés  à  recevoir  la 
flamme  du  foyer,  fermés  à  leur  partie  inférieure  par  la 
portion  de  la  sole  sur  laquelle  ils  viennent  s'appuyer  et 
à  la  partie  supérieure  par  des  briques  convenablement 
tûUées  et  percées  d'un  trou  pour  laisser  passer  le  col 
des  bouteilles  que  nous  allons  décrire.  Ces  quatre 
manchons  sont  reliés  au  massif  supérieur  du  fourneau 
par  des  briques  cimentées  avec  de  la  terre  et  qui  forment 
la  continuation  de  la  voûte  du  réverbère. 


Gêi 

oombatiiblM 

produits 

par 
le  manginéM. 


Four. 


ManehoDf. 


S56 


MÉTALLURGIE   DU  nATIMB. 


fioateillei 
de  fonte. 


DUpositioDS 

deB  piècei 

de  l'apparelL 


Dans  ces  manchons  on  introduit  des  bouteilles  en 
fonte  munies  d'une  panse  G,  destinée  à  recevoir  le 
manganèse,  et  d'un  col  C  qui  sort  du  manchon  par  un 
trou  ménagé  dans  une  brique  mobile  et  servant  de  fer- 
meture au  manchon.  Ces  bouteilles  elles-mêmes  sont 
fermées  par  un  obturateur  conique  en  fer,  ajusté  sur 
l'ouverture  des  bouteilles  et  qu'on  enfonce  après  l'avoir 
enduit  d'un  mélange  de  terre  à  poêle  et  de  bourre  de 
vache.  L'obturateur  est  maintenu  par  des  vis  dépres- 
sion VV  qui  le  traversent  et  traversent  également  un 
collet  TT  .ménagé  à  la  fonte  sur  le  col  de  la  bouteille. 
Enfin  l'obturateur  porte  un  crochet  K  qu'il  faut  fixer 
au  collet  TT  et  auquel  est  attachée  une  corde.  Celle-ci 
s'enroule  autour  d'une  poulie  et  soutient  un  poids  qui 
fait  équilibre  exactement  au  poids  de  la  bouteille  char- 
gée des  30  kilogrammes  de  manganèse  qu'elle  peut  con- 
tenir. Sans  cette  précaution  les  parois  de  la  fonte  rougie 
s'affaisseraient  sur  elles-mêmes  et  augmenteraient  en 
diamètre  au  point  de  ne  plus  pouvoir  sortir  du  man- 
chon. On  doit  laisser  s  centimètres  de  jeu  entre  le 
manchon  et  la  bouteille. 

Ces  bouteilles  ont  go  centimètres  de  hauteur  totale, 
16  de  diamètre  extérieur  à  la  panse  et  1  centimètre  en- 
viron d'épaisseur.  On  ne  doit  les  remplir  de  manganèse 
que  jusqu'au  point  (déterminé  par  une  première 
épreuve)  où  elles  rougissent  bien  franchement.  En 
adoptant  les  dispositions  indiquées  par  notre  figure,  on 
pourra  mettre  du  manganèse  jusqu'au  commencement 
du  col  des  bouteilles. 

Avant  de  faire  fonctionner  ces  appareils,  on  les  rem- 
plit d'eau  pour  s'assurer  que  la  fonte  n'est  pas  percée, 
puis  on  les  charge  de  manganèse  concassé  dont  les 
plus  gros  morceaux  ne  doivent  pas  avoir  plus  de  9  cen<^ 
timëtres  d'épaisseur.  On  ajuste  alors  un  tube  à»  fsr 


IIÉTAU0RQI6  00  PUTIRB,  {(7 

taraudé  L|  qui  6e  visse  dans  un  trou  muni  d'un  pas  de 
yis  qu'on  a  pratiqué  à  la  partie  supérieure  du  col  de  la 
iiouteille  un  peu  au-dessous  du  coUet.  On  garnit  les 
joints  avec  de  la  terre  à  poêle  et  du  poil  de  vache,  on 
ajuste  les  obturateurs  avec  les  précautions  déjà  indi- 
quées et  on  fiiet  les  bouteilles  en  place  dans  leurs 
manchons.  Avec  des  tubes  de  caoutchouc  on  fait 
communiquer  chacun  de  ces  tuyaux  avec  un  petit 
liarillet  en  cuivre  tel  que  celui  qui  est  dessiné  dans  la 
(Ig.  6  de  la  Planche  de  notre  premier  Mémoire  {An^ 
nales  des  mines,  t.  XVI  «  PI  I).  L'eau  condensée  et  le 
gaz  s' échappent  ensemble  et»  traversent  un  flacon  tu- 
bulé  à  sa  partie  inférieure  dans  lequel  l'eau  se  ras« 
semble  ;  le  gas  se  rend  dans  le  laveur*  dont  nous  allons 
d^ner  une  description  détaillée,  puis  enfin  dans  le 
gasomètre. 

Le  laveur  est  une  double  caisse  cylindrique  en  cuivre  uymr. 
ou  en  plomb,  composée  de  huit  cylindres  tous  concen- 
triques, en  y  comprenant  le  tube  d'arrivée  dd!.  Celui-ci 
doit  plonger  jusqu'à  la  moitié  de  la  hauteur  de  la 
caisse.  La  seconde  cloison,  terminée  en  a'\  est  percée 
de  trous  s,  pratiqués  slir  un  même  plan  horizontal  et 
de  5  millimètres  de  diamètre  :  ces  trous  sont  placés  à 
un  niveau  supérieur  de  quelques  millimètres  à  Textré** 
mité  d  du  tube  dd'  d^arrivée.  La  quatrième  cloison,  ter- 
minée en  a!i  est  de  même  percée  de  trous  e'  de  2  mil- 
limètres de  dianotètre  et  placés  k  quelques  millimètres 
aa^^dessus  du  niveau  des  troua  e.  La  sixième  cloison  a 
plonge  jusqu'au  fond  de  la  caisse  et  clôt  l'appareil  par 
une  fermeture  hydraulique.  Toutes  ces  cloisons  paires 
a",  a',  a  sont,  ainsi  que  le  tube  d'arrivée  d/à^  fixées  par 
des  soudures  bien  jointes  à  la  paroi  supérieure  p  de  la 
eusse,  et  une  fois  qu'elles  plongent  dans  l'eau  que 
eelleci  doit  ccmteiûr,  elles  interceptent  toute  coflunu-- 


358  MÉTALLURGIE  DU   PLATINE. 

nication  directe  entre  leurs  cavités  cylindriques.  K  est 
le  tube  de  sortie  des  gaz. 

Un  autre  système  de  cloisons  cylindriques  empêche 
aussi  le  mélange  des  liquides  de  ces  différentes  cavités. 
La  cloison  extérieure  AÂ  ferme  la  caisse,  les  cloisons 
cylindriques  A',  AA",  qui  vont  presque  joindre  la  paroi 
supérieure  p,  en  laissant  pourtant  un  petit  intervalle  par 
où  passeront  les  gaz,  interceptent  toute  communication 
entre  les  diverses  parties  du  liquide  contenu  dans  la 
caisse.  Ces  cloisons  A,  A',  A'',  À!"  sont  toutes  les  trois 
soudées  à  la  paroi  inférieure  P. 

Des  trous  q  sont  placés  à  la  partie  inférieure  de  la 
paroi  a.  Un  large  trou  0  pratiqué  dans  la  cloison  A', 
et  placé  un  peu  au-dessous  des  ouvertures  t  qui  don- 
nent passage  au  gaz,  fait  communiquer  le  dernier  in- 
tervalle annulaire  avec  le  troisième.  Celui-ci  coounu- 
nique  avec  le  premier  intervalle  annulaire  par  un  trou 
O'  placé  à  la  partie  inférieure  delà  cloison  A"  ;  enfin  un 
trou  O",  placé  un  peu  au-dessous  de  l'orifice  d,  met  le 
cylindre  extérieur  en  communication  avec  le  premier 
intervalle  annulaire.  Le  liquide  qui  arrive  par  le  robi- 
net R  peut  s'échapper  par  le  tube  T  et  le  robinet  r  :  un 
indicateur  de  niveau  N  montre  la  hauteur  du  liquide 
dans  l'intérieur  de  la  caisse. 

Le  gaz  arrivant  par  le  tube  iâl  soulève  le  liquide  la- 
veur, passe  dans  le  second  intervalle  annulaire  par  sa 
partie  supérieure,  traverse  le  liquide  par  les  trous  e, 
passe  encore  par  la  partie  supérieure  dans  le  quatrième 
espace  annulaire,  traverse  une  troisième  fois  le  liquide 
par  les  trous  t!  et  sort  par  le  tuyau  K  pour  se  rendre 
dans  le  gazomètre. 

Le  liquide  laveur,  qui  est  ici  de  la  soude  caustique 
en  dissolution  faible,  arrive  par  le  robinet  R,  traverse 
les  trous  g,  pénètre  par  le  trou  O  dans  le  second  inter-* 


MÉTALLURGIE  DU  PLATUfB,  35$ 

yalle  annulaire  réservé  au  liquide,  fait  le  tour  de  l'ap- 
pareil en  descendant  pour  arriver  au  trou  O'  ;  de  là,  il 
fait  le  tour  de  l'appareil  en  montant  pour  arriver  par 
le  trou  0"  dans  le  cylindre  extérieur,  d'où  il  s'échappe 
en  descendant  au  moyen  du  tube  T  et  du  robinet  r. 

Toutes  les  surfaces  cylindriques  qui  cloisonnent  les 
gaz  a,  a'  a" y  les  tubes  R  et  dd!  tiennent  à  la  paroi  supé- 
rieure p  et  peuvent  être  séparées  du  reste  de  l'appareil, 
ce  qui  permet  de  partager  celui-ci  en  deux  parties  dis- 
tinctes, de  l'ouvrir  et  de  le  nettoyer  de  temps  en  temps, 
s'il  s'y  est  fait  des  dépôts.  (Les  cloisons  A,  A',  A",  A'" 
tiennent  seulement  à  la  paroi  inférieure  P.  ) 

Enfin  le  niveau  L  permet  de  donner  à  l'appareil  une 
position  horizontale,  de  manière  que  les  gaz  s' écoulant 
par  tous  les  trous  «,  e',  a"  à  la  fois,  le  lavage  s'effectue 
sur  toute  la  surface  des  cloisons.  L'appareil  ne  donne 
qu'une  pression  de  i  à  2  centimètres  au  gaz  qui  doit  le 
traverser.  Il  porte  en  M  un  petit  manomètre  à  air  libre, 
qui  permet  de  connaître  la  pression  dans  rintei*valle 
annulaire  qui  est  en  communication  avec  le  gazomètre. 
Le  manomètre  placé  sur  le  barillet  qui  reçoit  directe- 
ment la  vapeur  d'eau  et  l'oxygène  donne  la  pression 
au  sortir  des  bouteilles.  Le  gazomètre  est  construit  de 
telle  façon  qu'on  peut  annuler  la  pression  due  au  la- 
veur :  la  pression  indiquée  par  le  manomètre  m  devra 
donc  être  un  peu  inférieure  à  la  pression  extérieure,  et, 
dans  l'indicateur  de  niveau,  le  liquide  laveur  devra 
s'abaisser  un  peu  au-dessous  de  la  partie  moyenne  de 
l'appareil.  La  limite  des  pressions  soit  en  plus,  soit  en 
moins  par  rapport  à  la  pression  ambiante  qu'on  peut 
communiquer  au  gaz  arrivant  par  dd!^  est  mesurée  par 
une  colonne  du  liquide  laveur  égale  à  la  moitié  de  la 
hauteur  totale  de  1* appareil.  On  construira  donc  celui- 
ci  en  tenant  compte  de  cette  circonstance.  Le  laveur 


36o 


MÉTALLURGIE  DU  9lèSnm. 


GoDStrncUon. 


Détermination 
de  la  pretsion. 


dont  nous  nous  sommes  servis  ayait  35  centimètreB  éi 
haut,  ce  qu'on  peut  voir  d'ailleurs  d'après  k»  cotes  <pii 
sont  jointes  aux  planches. 

Gazomètre  —  Le  gaEomètre  (PL  IV,  fig.  i)  dont  bou 
nous  sommes  servis  est  en  tôle  forte  de  s  à  3  milli^ 
mètres  d'épaisseur,  rivée  avec  soin  dans  tous  les  joints. 
C'est  un  grand  cylindre  de  1*^,10  de  hauteur,  et  da 
l'^^ôo  de  diamètre.  Les  deux  parois  horizontales  sont 
réunies  par  un  grand  nombre  de  tirants  en  hr  dont 
quelques-uns  seulement  sont  représentés  sur  la  fi- 
gure. 

Un  trou  d'homme  placé  à  la  partie  supérieure  laisse 
passer  deux  tubes  munis  de  robinets,  dont  l'un  LL 
mène  le  gaz  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  gazomètre, 
dont  l'autre  MM,  trè»-couri,  donne  issue  à  ToxygèDe 
quand  on  veut  s'en  servir.  Un  gros  robinet  à  soupape 
SS,^  portant  5  centimètres  de  diamètre  et  terminé  par 
un  large  tube  de  caoutchouc ,  donnera  issue  à  l'eau 
(dont  on  suppose  le  gazomètre  plein)  quand  on  voudra 
introduire  l'oxygène,  et  accès  à  Teau  d'un  réservoir  de 
2  ou  3  mètres  d'élévation  quand  on  voudra  se  servir  da 
l'oxygène. 

La  pression  donnée  au  gaz  dans  le  laveur  et  par  suite 
dans  l'appareil  entier  dépendra  de  la  difTérence  de  ok 
veau  entre  les  extrémités  L  du  tube  d'arrivée  du  gas 
et  de  l'extrémité  T  du  large  tube  de  caoutchouc,  qa'< 
relèvera  un  peu  à  son  extrémité  pour  lui  donner 
courbure  et  empêcher  la  rentrée  de  l'air.  On  peutéga* 
lement  le  faire  plonger  dans  une  terrine  au-dessus  de 
laquelle  l'eau  débordera  pour  se  rendre  au  dehors.  On 
pourra  ïlonc  remplir  le  gazomètre  de  gaz  sous  une 
pression  quelconque  :  mais  en  général  on  s'astreindra 
à  détruire  seulement  la  pression  due  au  laveur  et  an 
barillet,  de  manière  que  le  gaz  sortant  des  bouteilles 


MÉTALLURGIE  09  PLATIliE.  36 1 

n'éproaTe  aucune  résistance,  et  qu'il  ne  paisse  s'y  faire 
d'aspiration.    '    . 

Notre  gazomètre  contient  s'^SsS.  Cette  quantité  de 
gaz  est  suffisante  déjà  pour  fondre  3o  à  4o  kil.  de 
platine. 

C.  Conduite  de  V opération. — Quand  les  bouteilles  Miseenfeo. 
sont  chargées  et  mises  en  place,  que  la  partie  supé- 
rieure des  manchons  est  bien  fermée  avec  des  briques 
convenablement  taillées,  qu'on  a  placé  et  luté  les  bou- 
chons des  bon  teilles,  établi  toutes  les  communications, 
sauf  celles  qui  mettent  le  barillet  en  rapport  avec  le 
laveur,  on  met  le  feu  dans  le  foyer,  et  on  le  pousse  le 
plus  activement  possible  en  ouvrant  largement  les  re- 
gistres qui  communiquent  avec  la  cheminée.  Bientôt 
l'eau  distille  dans  le  barillet  qu'on  refroidit  par  un  filet 
d'eau  :  elle  vient  d'abord  des  deux  bouteilles  qui  sont 
sur  le  premier  rang  et  ensuite  des  deux  dernières.  Le  ^"*  d"  »"• 
gaz  qui  passe  en  premier  lieu  éteint  les  bougies,  n'est 
pas  absorbable  par  la  potasse,  c'est  de  l'azote  ;  puis 
souvent  il  devient  explosif,  ce  qui  provient  soit  des  ma- 
tières organiques  contenues  dans  le  mélange,  soit  peut- 
être  d'un  peu  d'eau  que  décompose  le  fer  et  dont  l'hy- 
drogène se  mêle  dans  le  barillet  aux  premières  bulles 
d'oxygène.  Nous  avons  dit  déjà  qu'à  cause  de  cette 
circonstance  il  fallait  toujours  faire  l'essai  des  gaz  au 
moyen  d'une  éprouvette,  et  non  pas  en  approchant 
simplement  une  allumette  enflammée  de  l'orifice  par 
lequel  il  se  dégage.  Nous  avons  eu  ainsi  une  explosion 
extrêmement  forte,  qui  nous  a  averti  du  danger  de  ce 
mode  d'essai. 

Quand  l'oxygène  rallume  vivement  une  bougie  pré- 
sentant un  point  en  ignition,  on  met  en  communication 
tous  les  appareils  de  condensation  et  de  purification 
avec  le  tube  L  (PI.  IV,  /ig.  i).  On  fait  arriver  un  petit 


362 


MÉTALLURGIE   DU  PLATHŒ. 


DégagemenL 


Marehe 
eontinae. 


filet  de  soude  caustique  étendue  par  le  robinet  R  du 
laveur  (PL  IV,  fig.  3) ,  de  manière  à  donner  une  vitesse 
d'écoulement  de  i  litre  à  |  litre  par  heure,  et  Ton  en  fait 
écouler  autant  par  le  robinet  r  pour  que  le  niveau  de 
l'eau  dans  l'indicateur  reste  constant  ;  on  ouvre  entière- 
ment le  robinet  SS  du  gazomètre  (PL  IV,  fig.  5)  et  on 
règle  la  hauteur  de  l'extrémité  T  du  caoutchouc,  de 
manière  que  la  pression  soit  nulle  dans  les  bouteilles 
de  fonte. 

A  partir  de  ce  moment  l'appareil  ne  demande  plus 
aucun  soin  :  il  se  règle  de  lui-même.  On  pousse  le  feu 
sans  ménagement  de  manière  que  la  vitesse  de  déga- 
gement du  gaz  peut  aller  jusqu'à  8oo  litres  à  l'heure. 
Si  l'on  a  mis  le  feu  dans  le  foyer  à  7  heures  du  matin,  le 
four  n'est  rouge  qu'à  midi  et  la  production  de  l'oxygène 
n'est  à  son  maximum  qu'à  3  heures.  Vers  6  heures  du 
soir  on  charge  le  fourneau,  on  ferme  presque  entièrement 
le  registre  de  la  cheminée  et  l'on  relève  un  peu  le  niveau 
du  tube  T  (PL  IV,  fig.  1)  du  gazomètre,  de  manière  à 
maintenir  dans  tout  l'appareil  une  pression  un  peu  plus 
forte  que  la  pression  extérieure,  ce  que  l'on  estime  fa- 
cilement au  moyen  du  manomètre  à  eau  placé  sur  le 
barillet,  et  on  laisse  l'opération  à  elle-même  pendant 
la  nuit.  Le  lendemain,  on  ferme  les  robinets  du  gazo- 
mètre ,  on  met  le  tube  T  en  communication  avec  le 
réservoir  d'eau,  et  l'on  en  fait  entrer  un  peu  dans  le 
gazomètre  jusqu'à  ce  que  le  manomètre  à  air  libre  P 
(PL  IV,  fig.  1)  revienne  exactement  au  zéro.  On  ferme 
alors  le  robinet  S,  et,  si  l'on  remplace  les  bouteilles  de 
fonte  par  de  nouvelles  que  Ton  a  remplies  de  manga- 
nèse, l'appareil  peut  fonctionner  immédiatement.  Dans 
une  fabrication  courante ,  il  faudrait  avoir  plusieurs 
gazomètres  et  préparer  Toxygène  d'une  manière  con- 
tinue. On  ferait  une  grande  économie  de  combustible. 


MÉTALLURGIE  DU  PLATINE.  365 

• 

Od  enlèverait  les  premières  bouteilles  dès  qu'elles  se- 
raient épuisées  (ce  qui  se  voit  facilement  en  enlevant  les 
caoutchoucs  qui  les  relient  au  barillet  et  trempant  leurs 
extrémités  dans  Teau  pour  s'assurer  qu'il  ne  se  dégage 
plus  de  gaz),  et  on  les  remplacerait  par  de  nouvelles 
bouteilles  toutes  chargées.  Le  barillet  rendant  les 
quatre  bouteilles  indépendantes  les  unes  des  autres,  les 
vérifications  peuvent  se  faire  à  un  moment  quelconque 
de  l'opération.  Les  deux  bouteilles  les  plus  éloignées 
du  foyer  mettant  un  peu  plus  de  temps  à  s'épuiser,  on 
ne  les  remplacerait  que  lorsque  tout  dégagement  de 
gaz  venant  de  leur  intérieur  aurait  complètement 
cessé.  On  comprendra  combien  cette  continuité  de  l'o- 
pération peut  apporter  d'économie  dans  la  fabrication 
de  l'oxygène,  quand  on  comparera  la  quantité  de  char- 
bon nécessaire  à  la  mise  en  train  avec  la  quantité  de 
charbon  nécessaire  à  la  production  de  l'oxygène  lui- 
même  au  moment  où  le  four  est  déjà  chaud.  Seulement, 
en  marche  continue ,  il  ne  faudra  faire  communiquer 
les  bouteilles  récemment  introduites  dans  leurs  man- 
chons avec  le  barillet  que  lorsque  le  gaz  qui  s'en  échap- 
pera rallumera  vivement  une  bougie  présentant  un 
point  en  ignition. 

Nos  bouteilles  de  fonte  ont  marché  régulièrement  Dvrée  des  tiim. 
pendant  plus  de  six  mois.  Nous  n'en  avions  que  quatre. 
L'une  d'elles,  qui  avait  un  défaut,  s'est  brisée  à  la  suite 
des  deux  ou  trois  premières  chauffes.  Des  trois  autres, 
deux  sont  encore  en  très-bon  état,  une  seule  a  été  dé- 
truite par  le  feu  le  dernier  jour  de  nos  opérations.  En 
la  brisant  nous  avons  pu  constater  que  la  fonte  s'était 
transformée  sur  une  partie  de  son  épaisseur,  tant  à  l'in- 
térieur qu'à  l'extérieur*  en  oxyde  magnétique  très- 
compacte,  imperméable  aux  gaz  et  présentant  une  très- 
grande  résistance.  La  partie  centrale  était  encore  de  la 
ToMB  xvrn,  iS6o.  s& 


364  MËTÀitUàGIB  DU  PLATINÉ. 

fonte  ou  du  fer,  la  partie  qui  avait  cédé  correspondait 
précisément  à  une  ouverture,  résultant  d*une  idiperfeC- 
tion  dans  la  coulée  et  qu'on  avait  bouchée  aveb  un  rivet 
en  fér  dont  les  bords  avaient  été  rabattus  sur  là  fonte, 
il  nous  est  permis  de  croire  que  des  bouteilles  de  fontd 
bien  fabriquées  et  bieîi  éprouvées  résistëraieilt  pluS 
d'une  année  à  un  service  régulier.  Aussi  noUs  pensDtift 
que  le  prix  des  vases  ne  doit  intervenir  que  d'tiUe  ma- 
nière insensible  dans  le  prix  de  revieht  de  l*oxygèaô 
fabriqué  aVeô  le  inanganèsé.  Cel^  boutéiÙed  {ieàai^kit; 
26  kilogrammes  et  coûtaient  36  ft'àlics  leâ  ido  kiio^ 
grammes. 
FabriMtion  Quîint  àuX  Uianéhons,  lia  dôivéUt  être  h\ts  ^vec  des 
def  maDohons.  ^gj.^ ^g  ^^j  réàistébl  bien  au  feu  sans  être  réfrâctalréë  èl 

on  doit  ém^loye^  pour  léUl*  fabrication  uuè  ^àt^  daklS 
laquelle  ôii  Inti^odûit  uhe  très-forte  proportion  dW  Ci- 
ment trèâ-g^ossléi:.  Ils  tle  de  ^obt  tasséâ  'quê  lrès-ra)%- 
ment  dans  nos  opérations  et  toujburs  psit  le  cboé  deâ 
bouteilles  àu  moment  de  ieUl*  extraction,  TinterV^lië 
que  nous  àvioûs  laiâsé  eUtre  là  K^nte  et  la  tertô  étant 
inftuOisant,  beauct)up  plus  petit;  'que  celui  t[uô  nous 
avons  indiqué  dans  la  description  qui  prètèdô.  Ces 
manchons,  qui  étaient  d  un  tiers  trop  hauts  pou)-  notice 
fourneau  et  que  nous  étions  obligea  de  faire  toUper, 
nous  i^venaient  à  iS  fraticà  chacuu.  Nous  àVôtls  ou^ 
blié  dé  dire  qu'ils  étaient  placés  trës-l)rè3  l'un  de  l'aUlrt 
dans  lé  four,  si  bien  qu'il  n'y  avait  que  3  centimètt^H 
dé  distance  dé  l'UU  à  l'autk^  et  dé  chacun  d'eux  aux  pa- 
rois latérales  du  four,  ]poUr  que  la  flamme,  forcée  de 
passer  également  en  haut  et  en  bas,  chauffât  d'une  ma- 
nière régulière  toutes  leuis  surfaces, 
compotitioft  Quand  on  fait  servir  les  bouteilles  poUr  la  premièrt 
deroiygène  fois,  le  charbon  de  la  fonte  et  de  la  brasque  adhérente 
à  la  surface  donne  une  assez  grande  quantité  d'addé 


ViTAUUROIE  DU  plaurb.  565 

;,  «i  bîeo  qtie  le  rendement  en  oxygène  en 
est  diminué.  £a  voici  une  preuve  dans  Topération  qui 
êmU  où  notre  laveur  n'ayant  pas  encore  été  installét  le 
gaz  avait  traversé  un  flacon  de  5  litres  plein  de  frag-* 
nuenta  de  potasse.  Ce  flacon  s'esta  eo  absorbant  Tacido 
carbonique,  étîhaulTé  à  plus  de  loo""  et  le  gaz  n'a  pas  été 
aussi  bien  dépouillé  d'acide  carbonique  qu'il  Taurait  été 
par  notre  laveur. 

man^aaèâis  de  Gieâsen  iûUroduitidanft  tes  boutdlte&    66  kllq^. 
Oxygène  produit %  ^  .    a.36«  litr. 

Comp^Htion  lit  eet  oicyjgént  : 

Axote  et  oxygène. 9^,6 

acide  carbonique. 3,/i 

100,0 

Le  gaz  était  mesuré  par  un  compteur  très-sensible 
interposé  entre  le  laveur  et  le  gazomètre. 

t)ans  les  autres  opérations  nous  sommes  arrivés  à  de  Prii de nrienu 
meilleurs  résultats,  comme  on  va  le  voir  par  les  rende- 
inents  que  mus  rapportons  ;  nous  lavoas  aussi  nesuré 
avec  soin  le  charbon  dépensé  pour  établir  le  prix  éé 
retient  fixé  plus  loin. 

Ifanganëse  de  Giessen 66kl]. 

Oxygène  produit 5.oaA  lit.  J 

Oxygène  resté  «dans  les  deux  dernières  |s.àiolil 

bouteilles  et  reèiré  le  lendemain.  <.  •  .  5S6  Ut  ) 

Charbon  dépensé  pour  les  5oo  premiers  \ 

litres. 68  kil.  /       ^ 

Charbon  dépensé  pour  les  a.daZi  derniers  ( 

litres.,  •  .  .  ^ ôakik/ 

» 

Vitesse  maximum  à  Theure. •  .  .  •  •  Soo  lit 

Oxygène  par  kilogramme 6i"\7 

Charbon  dépensé  par  mètre  cube  pour  les  premières 

portions  de  gaz i36kil. 

Charbon  dépensé  par  mètre  cube  pour  les  dernières 

portions  de  gâz flo"S6 

Charbon  dépensé  en  moyenne  par  mètre  cube.  .  .  .  s5^,a 


366  MÉTALTURGIE  DU  PLATUIE. 

La  dépense  de  charbon  est  restée  la  même  dans  toutes 
les  opérations  que  nous  avons  faites  après  celle-ci. 

Le  résidu  de  la  fabrication  de  l'oxygène  a  été  vendu  à 
un  fabricant  de  produits  chimiques  au  prix  de  i  o  francs 
les  100  kilogrammes  :  il  était  destiné  aux  verriers,  qui 
le  préfèrent  au  manganèse  cru  «  parce  qu'il  a  perdu  i% 
p.  100  d'eau  et  d'oxygène,  qui  n'ont  qu'une  influence 
mauvaise  ou  nulle  dans  la  préparation  du  verre. 

L'opération  à  elle  seule  ne  peut  suiDre  à  occuper  un 
ouvrier  qui  toutes  les  heures  charge  le  fourneau,  sans 
avoir  jamais  à  toucher  à  aucune  partie  de  l'appareil,  de 
sorte  que  nous  estimons  qu'avec  des  appareils  suffisam- 
ment grands  un  seul  ouvrier  pourrait  fabriquer  facile- 
ment 10  mètres  cubes  d'oxygène  par  jour. 

Avec  ces  éléments  on  peut  calculer  le  prix  de  revient 
de  l'oxygène  extrait  du  manganèse  de  Giessen  sur  les 
bases  suivantes  : 

06  kilogrammes  à  97  francs  les  100  kilos  (à  Paris).  \  .  17,83 

Main-d*œayre 1,19 

Combustible 3,7» 

Entretien  des  appareils,  etc. o,5o 

TotaL 33,a3 

Dont  il  faut  retrancher  la  valeur  de  58  kilogrammes  de 
manganèse  rouge  à  10  francs  les  100  kilogrammes.  •      5,8o 

Prix  de  3.âio  litres  d*oxygène. i6,A3 

Ou  pour  1  mètre  cube ^,87 

On  calcule  ainsi  pour  les  manganèses  que  nous  avons 
analysés  les  prk  de  revient  suivants  : 


METALLUftGlE   DU  PLATWE.  367 

Prix  ém  Prix  tPwm  nèirt 

IM  tUotWii.       mbê  d'oi7Kèo«. 

fr.  tt. 

Romanèche lo  6*86  (i) 

Espagne. 16  5.A5 

Vjrénées iS  5,86 

GiesseiL 37  ^,87 

ItaUe. ko  5,98  (%) 

On  a  admis  pour  ces  calculs  les  données  suivantes, 
appuyées  sur  les  expériences  précédentes  : 

Charbon  nécessaire  pour  décomposer  100  kilog.  de 

manganèse ao6  kll. 

Main-d'œuvre  pour  100  kilog.  de  manganèse iS8i 

Usure  des  appareils,  etc,,  par  100  kil.  de  manganèse.  0^,75 

Nous  proposerons  un  procédé  que  nous  croyons  plus    obiwrtuoa, 
économique  pour  préparer  Foxygène.  Mais  nous  ferons 
remarquer  que  pour  une  industrie  qui  aurait  intérêt  à 
préparer  ce  gaz  et  qui  serait  à  proximité  d'une  verre- 


mmm 


(1)  Les  résidus  de  ce  manganèse  n'ont  pas  été  comptés;  ils 
sont  sans  valeur  à  Paris,  à  cause  de  leur  toneûr  considérable  en 
fer.  Ils  pourraient  être  utilisés  seulement  dans  les  usines  où 
Ton  fabrique  le  verre  à  bouteille. 

Nous  devons  remarquer  à  cette  occasion  que  le  manganèse 
rouge  serait  bien  supérieur  au  bioxyde,  qui  perd  de  Teau  et  de 
Foxygène  à  une  si  basse  température,  dans  la  plupart  de  ses 
usages  en  verrerie  et  en  métallurgie.  Le  dosage  du  manganèse 
rouge  est  plus  facile  à  faire,  à  cause  de  la  constance  de  sa  com- 
position et  de  la  variabilité  de  composition  en  eau  et  oxygène 
du  manganèse  naturel.  Il  est  encore  bien  suffisamment  oxydant 
pour  les  verriers,  et  il  est  préférable  quand  on  veut  le  faire 
entrer  dans  la  composition  des  substances  ou'on  introduit  dans 
les  creusets  où  Ton  fond  Tacier,  dans  les  fours  à  puddler  où 
Ton  fabrique  fabrique  Tacier  puddlé,  etc. 

(2}  Le  résidu  d'un  pareil  manganèse  vaut  incontestablement 
plus  de  10  francs  les  100  kilogrammes,  de  sorte  que  ce  prix  de 
revient  est  trop  élevé.  Il  en  est  de  même  pour  le  Giessen,  de 
sorte  qu*on  peut  admettre  que  le  prix  du  mètre  cube  d'oxygène 
est  en  moyenne  de  U  francs,  quels  que  soient  Torigine  çt  le  prix 
du  manganèse  employé. 


Sg8  MÉTALLURGIE   DU  PUTINB4 

rie,  d'une  aciérie  ou  d'une  usine  où  le  manganèse  fût 
employé,  dans  des  opérations  de  voie  sèche,  la  matière 
première  prenant,  après  sa  calcination,  une  valeur  plus 
grande  qu'auparavant,  pourrait  n'être  pas  comptée 
dans  le  prix  de  revient.  Dans  ce  cas,  l'oxygène  revien- 
drait h  i'%34  le  mètre  cube  ou  i  franc  le  kilogramme 
en  fabrication  intermittente  ;  en  fabrication  continue, 
le  prix  serait  considérablement  abaissé. 
Rendement.  Il"*  Chlorate  de  potasse.  —  Le  chlorate  de  potasse 
donne  2j\  litres  d'oxygène  par  kilogra^mmo.  Un  de  «es 
inconvénients  consiste  dans  la  difficulté  de  son  manie- 
ment. On  parvient'pourtant  à  rendre  sa  décomposition 
régulière  et  à  supprimer  tout  danger  dans  la  fabrica- 
tion en  le  mélangeant,  avant  de  le  décomposer,  avec 
une  ou  deux  fois  son  poids  de  xnanganèaç  qui  sert  ÎQ^ 
définimeot,  pourvu  qu'on  le  lave  après  qu'il  a  aervî, 
qa  qui  eat  d'ailleurs  indispensable  pour  retrouver  le 
chlorure  de  potassium  dont  la  valeur  ne  doit  pas  être 
néglige  dans  h  Qxution  du  prix  de  l'oxygène. 
Prixde revient.  Nous  avons  Constaté  que  le  chlorate  de  potasse  don- 
nait, à  une  basse  température,  la  quantité  théorique 
de  l'oxygène  qu'il  contient,  que  le  prix  du  chlorure  de 
potassium  couvrait  sensiblement  les  frais  de  fabrica^ 
tlon,  de  lavage,  d'évaporation  du  chlorure  de  potas- 
sium- Malgré  cela,  le  mètre  cube  préparé  avec  ce  sel 
revient  encore  à  i  o  francs  à  très-peu  près.  Comme  le 
chlorure  de  potassium  ne  peut  être  transformé  en 
chlorate  de  potasse  que  par  le  chlorure  de  ciiaux,  fabri- 
qué lui-même  avec  le  manganèse,  il  n'y  a  pas  d'espMr 
que  l'oxygène  préparé  par  cette  méthode  puisse  être 
préféré  au  gaz  que  Ton  obtient  directement  avec  le 
manganèse.  Cependant,  à  cause  de  la  facilité  avec  la- 
quelle cette  préparation  s'exécute,  nous  avons  cru  de- 
voir mentionner  brièvement  les  résultats  da  PQil  çssaia. 


WtlÂXIXmeiE  pu  PLATIlfE.  369 

in*  Chiorure  i$  chaux.  —  Le  chlorure  de  chaux  AppwdU. 
(diaulTé  au  rouge  sombre  donpe  par  kilogramme  de 
40  ^  5q  litres  d'oxygène  mêlé  à  un  peu  de  chlore  dont 
on  peut  se  débarrasser  soit  en  ajoutant  up  peu  de  chaux 
éteinte  au  chlorure  pour  Je  rendre  fortement  alcalin, 
SqU  en  lavant  le  gaz  par  de  l'eau  alcaline,  ^.e  premier 
inoyen  serait  plus  économique  et  permettrait  d'ailleurs 
l'emploi  des  vases  de  fer,  11  faudrait  éviter  de  pousse^ 
1^  cbaleiir  Jusqu'au  point  où  Je  chlorure  de  calcium, 
qui  reste  comme  résidu,  entre  en  fusion,  ce  qui  d'ail- 
feyrs  arriverait  moins  facilement  avec  un  mélange  ^ç 
cbaux  éteii)ta  Pf  d^  chlorure  de  chaux. 

I-e  prix  de  j-evient  de  l'oxygène,  non  compris  les  Pri^^ew^»*- 
fr^is  d'extraction  qui  sont  peu  considérables,  sera  au 
pE)oiD9  quatre  fois  et  demie  plu^  élevé  que  Iç  prix  du 
^ilograïqme  de  chlore  ou  3'%6o  çnviroi).  Le  mètre  cube 
reviendrait  donc  à  5  francs.  Dans  les  laboratoires,  ce 
mode  de  préparation  de  l'oxygèpe  par  le  chlorure  de 
c^iaux  est  trè^-commode,  très-expéditif  et  même  écopo- 
iplque,  par  rapport  au  manganèse.  Sa  production  £S( 
très-régulière  et  ne  présente  d'ailleurs  aucun  dangçr  : 
nous  recommandons  particulièrement  ce  procédé  au| 
chimistes.  La  calcjnation  du  chlorure  de  chai;x  pept  se 
fsdre  dans  un  vase  de  verre.  On  le  mélangera  avec  un 
peu  de  chaux  éteinte,  avant  de  l'introduire  dans  la  cor- 
nue, et  on  lavera  le  gaz  avec  un  peu  de  lessive  alcaline 
avant  de  le  recueillir. 

IV°  Nitrate  de  soude.  —  Berzelius  donne  le  salpêtre  Ataoïagef 
comme  une  ^es  matières  dont  on  peut  extraire  facile-  deoeMi. 
ment  l'oxygène.  M.  Balard  nous  a  fait  observer  en  ou- 
tre que  le  nitrite  de  soude  que  l'on  peut  obtenir  comme 
produit  de  la  décomposition  incomplète  de  nitrate  de 
sdode,  pouvfiit  être  eipployé  apssi  biep  et  ^pssi  écopo- 
miquommt  q^§  ]»  mtr^te  à  la  production  de3  v^peurp 


370  MÉTAILUBGIË   DU  PLATINE. 

nitreuses  qui  servent,  dans  les  chambres  de  plomb,  à 
fixer  l'oxygène  de  Faîr  sur  Tacide  sulfureux  pour 
transformer  ce  dernier  gaz  en  acide  sulfurique.  Nous 
avons  donc  cru  nécessaire  d'expérimenter  sur  cette 
matière,  seulement  pour  être  fixés  sur  la  facilité  avec 
laquelle  elle  se  manie  et  pour  étudier  la  composition 
âes  gaz  qui  résultent  de  sa  calcination  à  basse  tempé- 
rature. C-ette  chaleur  doit  être  telle  qu'on  ne  produise 
que  des  quantités  insignifiantes  de  gaz  azotés.  La  pro- 
duction du  gaz  nitreux  qui  se  manifeste  au  commence- 
ment de  l'opération  est  inévitable  ;  mais  ce  gaz  étant 
trës-soluble  dans  l'eau,  peut  être  recueilli  et  utilisé. 
Quant  au  protoxyde  d'azote,  sa  présence  correspond 
à  une  perte  d'acide  nitreux  enlevé  à  la  soude  qui  de- 
vient libre  et  dont  la  valeur  est  moindre  que  la  valeur 
du  nitrite  qu'il  faut  conserver  à  tout  prix,  au  risque  de 
laisser  encore  dans  le  résidu  une  forte  proportion  de 
nitrate  non  décomposé. 
Cftieination        On  a  pris  du  nitrate  de  soude  brut  du  commerce, 

dnnitrale       -, 

d«  aoode.     humide 1  kilogramme. 

On  l'a  introduit  dans  une  bouteille 
à  mercure  qu'on  a  chaufi^ée  au  rouge 
sombre  vers  700**  à  peu  près,  on  a 
obtenu  : 

!•  Vapeurs  nitreuses 

a"*  Gaz  très-comburant.     •     .     .       120  litres. 

La  composition  de  ce  gaz  était  : 

Oxygène  et  un  peu  de  protoxyde  d'azote.    7Û>s 
Azote. •25,8 

100,0 

On  a  enlevé  le  feu  au  moment  où  les  gaz  commen- 
çaient à  devenir  très-riches  en  azote.  Le  résidu  très- 


MÉTAUUBGIE  DU  PLATINE.  37 1 

alcalin  contenait  beaucoup  de  nitrite  et  peu  ou  point  de 
nitrate.  La  cornue  n'avait  pas  été  attaquée  d'une  ma- 
nière sensible.  L'opération  marche  très-vite  au  mo- 
ment où  la  décomposition  commence,  et  demanderait 
des  précautions  si  on  l'exécutait  sur  un  forte  propor- 
tion de  nitrate  de  soude. 

V*  Nitrate  de  baryte.  —  Nous  devions  expérimenter 
le  procédé  de  M.  Boussingault  pour  l'extraction  de 
l'oxygène  de  l'air  au  moyen  de  la  baryte  :  les  belles 
expériences  de  M.  Boussingault  (voyez  AnnaUê  de  chi- 
mie et  de  physique,  5*  série,  t.  XXXV)  ne  laissaient  pas 
grand' chose  à  faire  au  point  de  vue  théorique;  mais 
nous  avons  voulu  rechercher  les  conditions  dans  les- 
quelles il  faudrait  se  mettre  pour  opérer  en  grand ,  et 
l'on  verra  qu'elles  sont  très-simples. 

A.  Décomposition  du  nitrate  de  baryte —  La  décom-  Prodaïufueuz. 
position  du  nitrate  de  baryte  donne  naissance  à  des 
vapeurs  nitreuses,  à  du  protoxyde  d'azote  et  à  de  .l'oxy- 
gène. Le  gaz  qui  en  résulte  est  fortement  comburant  : 
il  peut  servir  à  la  fusion  du  platine  en  produisant  des 
eflets  calorifiques  qui  sont  à  peu  près  proportionnels  à 
sa  richesse  en  oxygène. 

Nous  avons  pris  du  nitrate  de  baryte  fondu  que  nous 
avons  introduit  dans  une  cornue  de  grès  placée  dans 
un  fourneau  et  communiquant  avec  un  gros  tube  de 
Liebig  de  '  de  litre  de  capacité,  que  nous  avions  con- 
struit avec  de  petits  ballons  de  {  de  litre  réunis  entre 
eux  par  des  tubes  soudés  à  la  lampe.  Ce  tube  contenait 
une  lessive  de  soude  concentrée  ne  perdant  pas  trace 
d'humidité  par  le  passage  desgaz  qui  eux-mêmes  étaient 
secs,  puisque  nous  opérions  sur  du  nitrate  de  baryte 
fondu  et  en  gros  fragments*  Les  gaz  recueillis  dans  des 
cloches  ou  dans  un  gazomètre  gradué  étaient  mesurés 
sous  la  pression  extérieure. 


3^1  MÊTAiXDRGiy  wa  PU^^S, 

Nou9  vfom  opéré  $m  900  grwmiea  de  nitrite  4fl 
baryte. 
Nous  avons  obtenu  ; 

■ 

Acide  nitreux,  Tapeurs  nitreuses.  • .  •     S^,%o  (1) 

Gu  recueilli A7^\5iï 

PressioD ♦♦♦•  yOp*** 

Température.  .  .  ,  ,  , «  .  <    a4* 

Baryte  restée  dans  la  cornue. .  .  .  ,  .  iiû" 

^nalyi^e  i^  gaz  pag$é  au  ienj^ier  fiom^t^t. 

Protoxyde  d*azote. i^S 

Azote S7,ft 

Qjorgèae, ^  .  ,    Qi,% 

100,0 
4?KiiVi^  4u  gMZ  ie  Vopératiùn  #iilf^#. 

Protoxyde  d^azote 1,0 

Axote S3,5 

Oxygèoe 00,7 

1009O 

Acide  Cette  opération  nous  a  fait  voir  que  le  nîtrato  de 

hipoDitriqae.  baryte  se  décompose  entièrement  à  une  chaleur  peu 
élevée  qui  est  le  rouge  simple,  qu'il  donne  en  vapeurs 
nitreuses  une  quantité  d'acide  capable  de  saturer  10 
p.  100  de  la  baryte  qui  reste  comme  résidu,  et  des  gaz 
comburants  qu'on  peut  employer  purs  ou  mélangés 
d'oxygène  à  la  fusion  du  platine ,  enfin  que  1  kil.  de 
nitrate  de  baryte  donne  238  litres  de  ces  gaz  mélangés, 
ou  bien  19a  litres  d'oxygène  pur  ou  mélangé  de  prot- 
oxyde d'azote.  Nous  ferons  remarquer  à  ce  propos  que 
le  protoxyde  d'azote,  d'après  les  expériences  de  MM.  Fa- 
vre  et  Silbermann,  donnant  pendant  la  combustion  une 


(0  Ce  nombre  est  un  peu  faible;  un  peu  de  vapeur  nitreuse 
avait  réellement  échappé  à  la  condensation,  et  se  décelait  par 
son  odeur  dans  les  gaz  recueillis. 


^aatité  de  chaleur  plus  grande  que  ToiygèBe  qu'il 
eMitienl ,  son  emploi  est  probablemenl  ausai  avanta» 
feux  que  celui  de  l'eiygàBe  pur. 

B .  Frèpt^raêiqii  iu  Ueâiyd^  de  6arîutti.  *-«  Nous  avens  Appareil. 
epéré  sur  S  kil.  de  baryte  anhydre  que  noua  avons  in* 
trodoits  dans  une  bouteille  à  mercure  percée  à  ses  deux 
extrémités  d'un  trou  dans  lequel  on  avait  introduit  un 
canon  de  fusil.  L'air  étùt  amené  par  un  soufflet  dans 
la  bouteiUe  chaufiëe  au  rouge  par  du  coke,  il  en  sortait 
par  un  des  canons  de  fu^il,  ce  qui  permettait  d'en 
recueillir  une  certaine  portion  destinée  aux  analyses. 

Nous  devons  avertir  ici  qu'on  n'obtiendra  jamais  un 
bon  résultat  en  employait  des  quantités  considérables 
de  baryte  si  Fap  n'emploie  pas  de  la  baryte  absolu- 
ment exempte  de  nitrate  ou  de  nitrite ,  en  général  de 
matières  fusibles.  Dans  toutes  nos  opérations ,  qui  ont 
été  oonduites  avea  les  préoautions  indiquées  par 
11.  Boussingault ,  nous  levons  obtenu  en  grand  des  ré- 
sultats moins  av^tageus  sans  doute  que  les  siens, 
nais  à  trèsipeu  près  qopcordants  avec  ceux  qij^e  Ton 
trouvera  dans  son  mémoire.  Seulement ,  nous  avons 
été  obligée  d'appliquer  à  nos  appareils  une  chaleur 
bien  plus  intense ,  à  cause  de  T épaisseur  de  la  couche 
des  matières  employées,  et  nous  avons  de  renoncer  à 
remploi  de  l'air  saturé  d'humidité  pour  révivifier  le 
bioxyde  de  barium.  &i  l'air  contient  beaucoup  d'humi- 
dité, comme  on  en  fait  passer  des  masses  considérable^ 
au  travers  de  l'appareil,  il  se  forme  de  Fbydrate  de 
))aryte ,  la  baryte  caustique  s'en  imprègne  en  perdant 
sa  porosité,  enfin  elle  finit  par  devenir  pàtei|se,  si  bien 
qu'on  ne  peut  plus  l'extraire  des  bouteilles  à  mercure. 
Avec  des  appareils  à  grande  surface  contenant  peu  de 
matière ,  on  n'a  pas  à  craindre  de  pareils  accidents , 
parée  que  la  ehaleiir  nécessaire  est  moins  intense. 


Àbfttrptioii 

de  l'oxygène 

de  rtir. 


Appareil 
en  grand. 


574  MÉTALLURGIE  DU  PLATINE. 

DâQs  ces  conditions»  l'absorption  de  Foxygène  de 
Fair  est  moins  complète,  et  dans  toutes  nos  expériences 
nous  avons  en  moyenne  dépouillé  Fair  sec  du  tiers  de 
Foxygène  qu'il  contient,  en  saturant  S  peu  près  exacte- 
ment la  baryte.  Nous  n'avons  même  bien  réussi  qu'en 
employant,  pour  fournir  le  vent,  la  petite  trompe 
(PI.  III,  fig,  ])  dont  nous  avons  donné  déjà  la  descrip- 
tion. En  sortant  de  la  trompe  avec  une  vitesse  con- 
stante de  600  litres  à  Flieure,  l'air  doit  être  desséché 
et  privé  d*acide  carbonique,  en  traversant  un  réservoir 
rempli  de  chaux  vive  :  Facide  carbonique  produit  en- 
core un  plus  mauvais  effet  que  Feau,  car  le  carbonate 
de  baryte,  fusible  comme  Fbydrate,  est  en  outre  moins 
décomposable  par  Foxygène.   Nous  pensons  qu'avec 
ces  précautions  la  baryte ,  quand  elle  sera  introduite 
dans  le  commerce  au  bas  prix  que  les  expériences  de 
H.  Kuhlmann  doivent  faire  considérer  comme  très-pro- 
chainement réalisable,  sera  applicable  à  la  production 
de  l'oxygène.  En  huit  à  dix  opérations,  elle  donneriût  les 
trois  quarts  de  son  poids  d'oxygène  ou  5o  mètres  cubes 
d'oxygène  par  100  kil.  de  baryte  calcinée.  La  baryte 
devrait  alors  être  révivifiée  par  Facide  nitrique,  et  l'on 
trouverait  1/10  de  cet  acide  en  lavant  avec  de  la  baryte 
à  révivifier  les  gaz  provenant  de  la  décomposition  du 
nitrate. 

La  quantité  d'air  à  peu  près  sec  qu'il  faudrsût  faire 
passer  dans  les  appareils,  pour  la  production  intermit- 
tente du  bioxyde  de  barium  et  la  préparation  de 
5o  mètres  cubes  d'oxygène  (cet  oxygène  est  très-pur), 
serait  de  760  mètres  cubes ,  d'après  nos  expériences 
effectuées  sur  5  kil.  de  baryte. 

L'appareil  lui-même  serait  très-simple  :  il  se  com- 
poserait de  4  bouteilles  disposées  et  chauffées  comme 
celles  qui  servent  au  manganèse.  Seulement  on  devrait 


MÉTALLOROE  DU  PLATINB.  SjS 

f  adapter,  comme  noas  Tavons  fait  pour  dos  expé- 
riences avec  la  boateUle  à  mercure,  un  tube  de  fer  par- 
tant du  col  et  se  rendant  au  fond  de  la  couche  de  ba- 
ryte. Les  appareils  figurés  dans  la  PI.  IV,  fig.  5,  ainsi 
modiflés  et  contenant  loo  kil.  de  baryte,  seraient  al- 
ternativement chauffés  au  rouge  et  traversés  par  un 
courant  d'air  sec,  puis  chauffés  au  rouge  vif  et  mis  en 
communication  directe  avec  le  gazomètre  sans  l'inter- 
médiaire d'aucun  autre  appareil  que  le  barillet,  qui 
rend  chaque  partie  indépendante  des  autres.  Après 
l'expulsion  de  ro]^ygène,  on  peut  immédiatement  faire 
passer  l'air  en  ôtant  le  feu  :  le  refroidissement  dû  au 
courant  rapide  de  gaz  et  à  la  cessation  de  toute  com- 
bustion sur  la  grille ,  les  registres  étant  tout  à  fait 
fermés,  sera,  d'après  notre  estime,  bien  suffisant  pour 
déterminer  au  bout  de  quelques  instants  l'absorption 
de  l'oxygène  de  l'air.  11  est  certain  même  que  cette 
suroxydation  ne  se  complétera  qu'à  la  condition  de 
maintenir  la  température  en  brûlant  un  peu  de  charbon 
sur  la  grille. 

Pour  opérer  d'une  manière  certaine,  il  faudrait  avoir 
deux  fours  et  deux  systèmes  d'appareils  complets.  La 
reproduction  du  bioxyde  est  beaucoup  plus,  longue  et 
dépense  même  plus  de  combustible  que  la  décomposi- 
tion de  ce  même  oxyde ,  quand  le  four  est  monté  à  la 
cbaleur  convenable.  Dans  nos  bouteilles  à  mercure, 
cette  seconde  partie  de  l'opération  marchait  avec  une 
rapidité  extrême. 

Nous  n'aurions  pas  hésité  à  employer  ce  procédé 
pour  la  préparation  de  Ténorme  quantité  d'oxygène 
que  nous  avons  consommée  dans  nos  expériences ,  et 
nous  ne  nous  serions  pas  même  arrêtés  au  prix  consi^ 
dérable  du  nitrate  de  baryte  que  l'on  trouve  aujour* 
d'hui  dans  le  commerce,  s'il  ne  nous  avait  fallu  consa- 


376  MttAuimdtt  M  Hàunti 

crer  une  somme  encore  pla»  considérabld  àtix  à^pfttéilA 
destinés  à  1&  détomposition  dtt  nitiute  de  baryie.  GettS 
opération  est  très-difficile,  elle  exige  remploi  de  veseSdë 
fonte  d'une  grande  capacité,  et  cettfe  question,  tfA  ntnid 
parait  aujourd'hui  la  seule  &  étudier^  n'aurait  peUt^iHI 
pas  n^ssi  dans  Un  laboratoire  comme  celui  de  l'ÉcoM 
normale  aussi  bien  qu*dle  rftussirait  dans  une  itslne  M 
possession  de  ces  cylindres  6p)ûsde  fbnte  dans  leequeis 

on  fabrique  Tat^ide  nitrique^  C'est  en  effiit  dans  les  ap* 
pareils  de  ^  genire  que  doit  s'effectuer  la  décompeei^ 
tion  du  iiitrtstte  de  baryte^  La  baryte  obtenue  dane  le 
fer  tot  fortement  cbloi'ée  en  nolr^  tttade  la  ({uantiM 
d'oxyde  de  fer  correspondant  à  cette  coluration  Intense 
est  trëS'fetitei  k  cette  différence  pbès ,  elle  ressMablA 
i  la  bary<^  de  n^s  lad>oratoireè. 

y^  SuifAte  ife  uinc.  -^  Le  sulAite  de  zinc ,  résida  de 
la  production  de  l'électricité  Tt)ltidqae,  est  une  matiëie 
dont  on  cherche  l'emploi  aujt»ttrd'hui  x  on  n'a  Jamaii 
pensé  à  en  extraire  l'oxyjgène ,  qu'il  fournit  pourtaAi 
avec  une  extrême  facilité.  Nous  allons  en  donner  une 
preuve  au  moyen  des  expériences  suivant»  : 
Eisais  Nous  avons  prie  du  sulfate  de  sine  du  cMmmte  que 

d'appareils.    ^^^^  rfT^s  desséclié  et  quo  nous  avons  introduit  daai 

une  cornue  de  grèSi  Les  ^gu  sortant  de  la  comoe  de 
grès  96  rendaient >  par  l'intermédiaire  d'utt  peUfc  tebe 
'  de  platine  reftoidi  par  un  courant  d'eau^  dans  un  bveur 
à  acide  sulfureux  représenté  dans  la  /Ifi  4  de  la  PL  lY^ 
lequel  sera  décrit  un  peu  plus  tard,  loreque  nous  par* 
lerons  de  la  déoompositioU  de  rmcrde  eulforique.  Ca- 
cide  sulfureux^  l'un  des  produiSs  de  ta  décoinpositiot 
du  sulfate  de  «inc,  s'y  condense^  et  l*oKygëiie  se  rend 
dans  un  compteur  à  gaz  ou  dans  un  garomècire  gradué. 
La  cornue  doit  être  chauffée  au  rouge  un  pea  plm  clilr 
que  si  l'on  voulût  décomposer  du  manganèse^  et  Tbl 


Y  trouvera  à  la  fin  de  ropératicm  de  l'oxyde  de  zinc 
très-léger,  légèrement  coloré  en  jaune  et  qui  ne  retient 
plus  que  des  traœs  d'acide.  Il  distille  un  peu  d'eau,  et 
à  la  lin,  on  tirouve  dans  le  tube  de  platine  un  peu  d'a- 
cide sulfurique  fumant.  La  cornue  après  l'opération  est 
parfaitement  intacte  :  l'oxyde  de  zinc,  en  effets  ne  se 
combine  que  très-difficiletnent  avec  la  silice,  comme  on 
va  en  avoir  la  preuve. 

La  température  employée  n'était  pas  assez  forte  pour 
que,  sur  la  grille  du  fourneau  ^  les  cendres  du  coke  se 
convertissent  en  mâchefer  ;  nous  l'estimons  à  peu  près 
égale  à  la  température  de  fusion  de  Targent  :  c'est  le 
rouge  franc. 

Voici  les  résultats  de  cette  opération  :  Rendement». 

Sulfate  de  zinc  du  commerce  cristaUisé. .  i  •  1,000  grammes. 
Desséché  à  300  ou  3oo"  (il  contient  encore 

5,5  p.  100  d'eau) bSa 

hésldu  ti'oxyde  de  zinc aSy 

te  1i  prtà  de  cet  oxyde  (le  lint^ .  loé 

qui,  lavés,  ont  laissé  dissoudre  :  sulfate  de 

zina   ., •.•.•.•....*  0,70 

Ona obtenu  :  oxygène.  ...%..*  r  •••  •        38  litres. 

Oxygène  calculé 38,7 

t^erte  en  oxygène  p.  100 0,3 

Là  CMHâpôftition  du  résidu  était  ; 

Oxyde  de  zinc »  •    99,3 

Sulfate  de  zinc 0,7 

100,0 

Noiilî  pensions  qu'en  ajoutant  de  Vârgile  broyée  à  4^  suirate  de  iino 
«ttlfate  de  zinc  cristallisé,  faisant  un  mélange  qui  se  li-     •^•^  "«"'*• 
quéfie  à  loo''  et  devient  très-intime  en  se  desséchant  ^ 
nous  aurions  de  meilleurs  résultats,  ou  plutôt  que  nous 
pourrions  abaisser  beaucoup  la  température  de  la  dé* 


378  MÉTALLUBGIE  DU   PLATINE. 

composition  ;  i)  n'en  a  pas  été  ainsi,  comme  on  le  verra 
par  les  deux  expériences  suivantes  : 

1*  Sulftitede  zinc  cristallisé 1.000 grammes. 

Argile 3oo 

Mélange  desséché 9o5 

Oxygène  obtenu ^S\b 

Résidu  d^argile  et  d*oxyde  de  zinc.   ....       55i  grammes. 
Sulfate  de  zinc  non  décomposé,  p.  100    A,o 

Perte  en  oxygène »       7,9 

Acide  sulfurique »       3,9 

a*  Suirate  de  zinc  cristallisé  .•.....••    1.000 

Argile. 680 

Mélange  desséché i.i5o 

Sulfate  de  zinc  échappé  à  la  décomposi- 
tion, p.  100 *jfU 

Arec  sable.  Le  sable  nous  a  donné  encore  de  plus  mauvais  ré- 
sultats :  en  chauffant  2  parties  de  sulfate  de  zinc  des- 
séché et  1  partie  de  sable  siliceux  à  une  températiire 
rouge,  nous  n'avons  décomposé  que  64  pour  100  de 
sulfate  de  zinc,  et  il  s'est  formé  très-peu  de  silicate  de 
zinc. 

Ainsi  100  kil.  de  sulfate  de  zinc  anhydre,  d'après 
nos  expériences,  donneront  ô^'jS  d'oxygène,  c'est-à-dire 
beaucoup  plus  que  le  meilleur  manganèse  du  commerce, 
en  laissant  un  résidu  utilisable  (pour  la  peinture  ou  la 
fabrication  du  zinc)  de  5 1  kil.  d'oxyde  de  zinc  et  en 
produisant  2a  kil.  d'acide  sulfureux,  dont  l'emploi 
pourrait  se  trouver,  comme  nous  l'indiquerons  plus 
loin. 

Les  appareils  de  fabrication  en  grand  seraient  très- 
simples  :  on  emploierait  une  cornue  à  gaz  de  petite  di* 
mension  ou  des  cornues  à  zinc  de  la  Vieille  Montagne, 
posées  horizontalement  dans  un  four,  et  les  gaz,  lavés 
dans  l'appareil  déjà  décrit  pour  le  manganèse,  ou  dans 
ceux  que  représente  la  fig.  4  de  la  PI.  IV,  et  dont  nous 


IfÊTAUURGIE   DD  PLATINE.  679 

altons  parler,  se  rendraient  dans  le  gazomètre  de  la 
fig.  1  (PI.  IV).  Les  appareils  de  fermeture  employés 
pour  les  cornues  à  gaz,  et  adaptés  à  des  appareils  plus 
petits,  conviendraient  parfaitement  à  cette  fabrication. 
Les  dispositions  que  nous  avons  décrites,  et  qui  nous 
permettent  d'obtenir  les  gaz,  sans  produire  de  pression 
dans  les  appareils  générateurs,  rendent  très-facile  l'em- 
ploi des  cylindres  de  terre  de  grande  dimension. 

VIII*»  Acide  sulfurique.  —  L'acide  sulfurique  a  la  pro-      ^•"ïcidJ 
priétë  de  se  décomposer  au  rouge  naissant,  d'une  ma-     foUoriqoe. 
nière  complète,  en  acide  sulfureux  et  oxygène.  L'acide    Vozygéne. 
sulfureux  est  très  fréquemment  employé  dans  l'indus- 
trie soit  à  l'état  de  dissolution  aqueuse  saturée,  soit  à 
l'état  de  sulfite  de  soude,  soit  à  l'état  d'hyposulfite  de 
soude  qu'on  obtient  au  moyen  du  sulfite  de  soude  et 
du  soufre.  Pour  tous  ces  usages  l'acide  sulfureux  pur 
et  dépouillé  d'azote  s'obtient  par  la  décomposition  de 
l'acide  sulfurique  par  un  corps  réducteur  :  il  était  donc 
naturel  d'essayer  de  préparer  de  l'acide  sulfureux  en 
utilisant  l'oxygène.  En  y  réfléchissant  bien,  nous  avons 
vu  que  l'oxygène  préparé  avec  le  manganèse  est  en- 
core à  un  prix  tel  que,  même  en  perdant  l'acide  sul- 
fureux ,  nous  pouvions  essayer  d*obtenir  le  gaz  avec 
bénéfice  par  la  décomposition  de  l'acide  sulfurique.  En 
effet,  r acide  sulfurique  &  Go"*  (densité  i,6g),  préparé 
par  les  pyrites,  et  tel  qu'on  l'obtient  par  l'évaporation 
dans  le  plomb,  ne  revient  pas  à  plus  de  5  à  6  fr.  les 
100  kil.  ;  et  comme  ces  loo  kil.  contiennent  64  kil. 
d'acide  anhydre,  produisant  i3  kil.  ou  9  mètres  cubes 
d'oxygène,  il  s'ensuit  que  l'oxygène  pris  dans  l'acide 
sulfurique  ne  coûte  guère  que  o',66  le  mètre  cube, 
c'est-à-dire  beaucoup  moins  que  dans  toute  autre  sub- 
stance connue,  sauf  peut-être  le  sulfate  de  zinc.  D'ail- 
leurs l'équivalent  d'acide  sulfureux  dans  les  sulfites  et 
ToMR  xvrîï,  1P60.  95 


38o  MÉTiLLUEGIfi  DU  PLATINE. 

les  byposulfites  ayant  une  valeur  bien  plus  conâdéraUe 
que  l'équivalent  d'acide  sulfurique  anhydre  de  Tacide 
à  60®»  on  pourrait  concevoir  qu'une  industrie  qui  uti- 
liserait l'oxygène  pur  pourrait  préparer  ce  gax  coxam^ 
produit  dérobé  de  sa  fabrication.  Ces  réflexions  noua 
portent  à  engager  les  industriels  qui  peuvent  améUarer 
leur  fabrication  en  employant  l'oxygène»  à  considérer 
désormais  ce  gaz  comme  étant  tout  à  fait  à  leur  portée 
par  la  facilité  de  sar  production,  et  surtout  pur  le 
prix  de  son  équivalent  qui  est  6  fois  pdndre  que 
celui  du  chlore,  ce  gaz  valant  qS66  le  kU^graoum 

(55.5x.,45  =  6!5)-  "  ''*  '^^  "^^  ^  '°  ^'''^* 
l'emprunter  directement  à  l'air,  l'oxygène  pur  aenôt 

aujourd'hui  d'un  usage  journalier.  Pour  réclaûrageen 

particulier,  on  s'en  servirait  très-fructueusenaent  pow 

obtenir  une  lumière  très-brillante  :  nous  ilvqhs  vu  feno* 

tionner  chez  MM.  Rousseau  frères,  fabricant^  de  pio* 

duits  chinûques  à  Paris,  des  lampes  à  flamme  éclatantei 

alimenté^s  par  du  gaz  oxygène,  doot  l'emploi  éUît 

fort  peu  coûteux  et  le  pouvoir  éclairant  CQDsîdén^)!^^ 

Cependant  ce  gaz,  préparé  en  petite  quaotitè  daps  le9f 

usine  au  moyen  du  manganèse ,  ne  leur  ceût^t  p98 

beaucoup  moins  de  1 0  fr.  le  mètre  cube,  pri^  aiMpd 

ils  le  vendaient  enfermé  dans  de  grajods  sac»  de  caoniir 

cbouc.  La  densité  ti^ès-grande  de  l'oxygène  par  rapport 

au  gaz  de  l'éclairage,  la  facilité  avec  laquelle  on  pei&t 

l'emprisonner  dans  les  réservoirs  où  l'on  comprime 

le  gaz  portatif,  son  innocuité  absolue,  dëtennineroat 

peut-être  des  essais  dans  ce  sens  que  nos  travaux  wr 

la  matière  rendront  possibles,  nous  l'espérons^ 

A*  Appareils  de  décomposition  de  (acide  stUfuriquê^'^ 

Cet  acide  se  transforme  au  rouge  presque  sombre  ea 

adde  sulfureux,  eau  et  oxygène.  Quand  00  veut  obteair 


MÉTiOXiniCJE  DU  PLATDfB. 


38l 


on  dégagement  rapide  dans  des  yases  de  dîmenaioiis 
restreintes,  ce  qui  est  toujours  plus  commode,  il  faot 
dépasser  un  peu  la  température  rigoureusement  né- 
cessaire et  multiplier  considérablement  le  contact  de 
r  acide  avec  les  surfaces  échauffées. 

Nos  premières  expériences  ont  été  faites  dans  une 
cornue  en  grès  tubulée,  semblable  à  celle  que  nous 
représentons  dans  Ufig,  4  de  la  PI.  IV.  Cette  cornue  C 
ayait  une  capacité  de  i  o  litres,  elle  était  pleine  de  frag- 
ments de  brique  réfractaire  qui  résiste  indéfiniment  à 
l'action  de  l'acide  sulfurique.  Un  tube  de  fer  F,  sur- 
monté d'un  tube  en  S,  laissait  arriver  l'acide  provenant 
d'un  flacon  de  Mariette  M,  muni  d'un  robinet  de  verre, 
jusqu'au  fond  de  la  cornue.  Un  tube  de  cuivre  T , 
entrant  à  frottement  dans  un  bouchon  en  charbon  de 
oomoe  B»  amenai^  les  vapeurs  dans  un  serpentin  k. 
L'appareil  ainsi  construit  fonctionnait  très-bien  en  don- 
nant une  vitesse  de  i5o  litres  à  l'heure.  Mais  3  vaut 
mieux  d'abord  remplacer  le  tube  de  fer  par  un  tube  de 
pla^e  scellé  dans  la  tubulure  de  la  cornue  au  moyen 
d'un  lut  en  terre  à  poêle  et  pdil  de  yache,  maintenu 
par  d^  tessons  de  porcelaine  et  recouvert  par  une 
enveloppe  £  ou  tube  en  grès  qui  le  protège  contre  le 
contact  des  charbons  et  de  la  flamme.  Nous  avons  eft- 
5nite  remplacé  le  tube  en  cuivre  T,  par  un  peth  tube 
en  platine,  en  le  mastiquant  avec  du  lut  argileux  dans 
le  bouchon  en  charbon  de  cornue  B,  et  en  lutant  celui- 
ci  également  au  col  de  la  cornue  avec  un  mélange  d^ 
terre  à  poêle  et  de  bourre  de  vache.  Enfin,  nous  aYonft 
diminué  considérablement  le  volume  de  la  cornue  en 
l'emplissant  avec  des  lames  minces  de  platine  accu- 
mulées depuis  la  panse  jusqu'aux  parties  du  col  qui  sont 
encore  rougies  par  le  feu.  Ainsi,  avec  une  cornue  de 
1  litre  seulement,  nous  avons  obtenu  une  vitesse  de  <(o 


MBtirallI. 


Aei4t 
talforlq««.' 


38 


s 


MÉTALLURGIE   DU  PLATINE. 


Appareil 
prérérable. 


Séparation 
de  feau. 


Séparation 
de  l'acide 
fulfareux. 


litres  à  l'heure.  Avec  une  cornue  de  5  litres  on  irait 
facilement  à  la  vitesse  de  200  litres  à  l'heure.  C'est  la 
disposition  à  laquelle  nous  nous  sommes  arrêtés  et  qui 
a  été  représentée  dans  notre  figure. 

Mais  l'appareil  le  plus  commode,  et  sans  doute  le 
plus  économique,  sera  un  tube  de  platine  recourbé  en 
forme  de  serpentin  ou  d'hélice  dont  le  pas  sera  aussi 
petit  que  possible,  serpentin  rempli  de  mousse  de  pla- 
tine et  chauffé  par  une  flamme  oxydante  de  coke  ou  de 
bois.  Dans  le  serpentin,  l'acide  devra  tomber  sur  une 
petite  capsule  de  platine  mobile  sur  laquelle  il  s'éva- 
porera pour  y  laisser  les  traces  de  sulfate  de  plomb 
qu'il  peut  contenir,  et  qui  n'a  d'ailleurs  aucune  action 
sur  le  platine  dans  une  atmosphère  d'oxygène.  L'acide 
arsénieux  ne  sera  pas  plus  nuisible. 

B.  Réfrigérant.  —  L'eau  volatilisée  avec  l'acide  sul- 
fureux et  la  petite  quantité  d'acide  sulfurique  échappée 
à  la  décomposition  se  condensera  dans  le  serpentin  eh 
plomb  A  et  s'écoulera  dans  le  vase  florentin  D.  La  jonc- 
tion entre  le  tube  de  platine  T  et  le  tube  de  plomb  du 
serpentin  se  fait  au  moyen  d'un  tube  de  caoutchouc  et 
en  un  point  tel  que  l'eau  du  réfrigérant  puisse  mouiller 
partout  et  refroidir  la  surface  du  caoutchouc  :  celui-ci, 
en  négligeant  cette  précaution,  s'échauflerait  d'une  ma- 
nière dangereuse  au  contact  des  gaz  qui  s'y  meuvent 
avec  une  rapidité  considérable. 

C.  Purification.  —  L'acide  sulfureux  se  sépare  de 
l'oxygène  d'une  manière  absolue  par  le  lavage  à  l'eau 
qui  relient  5o  fois  son  volume  du  gaz  acide.  Cette  sépa- 
ration peut  se  faire  soit  dans  le  laveur  employé  pour  la 
purification  de  l'oxigène  du  manganèse  (PI.  IV,  fig.  5), 
soit  au  moyen  d'un  flacon  (PI.  IV,  fig.  4)  de  12  à  i5 
litres  plein  de  gros  morceaux  de  ponce  sur  laquelle  on 
fait  couler  constamment  un  large  filet  d'eau  réduite  en 


MÉTAUUaGlË   DU    PLATINE.  383 

pinie  par  ime  pomme  d'arrosoir  en  plomb  ou  en  cuivre 
G.  L'eau  s'échappera  par  le  tube  recourbé  L,  dont  on 
mettra  l'ouverture  au  niveau  de  l'extrémité  N  du  tube 
qui  amène  l'acide  sulfureux  et  l'oxygène.  On  pourra,  au 
moyen  du  tube  d'écoulement  de  l'eau  dans  le  gazomètre 
T  (PI.  IV,  /îff.  i),  maintenir  dans  le  flacon  H  une  pres- 
sion moindre  que  la  pression  extérieure;  alors  l'eau 
s'élèvera  dans  le  flacon  H  d'une  quantité  constante  et 
déterminée  à  l'avance,  .le  gaz  barbotera  ainsi  au  travers, 
du  liquide  sans  que  la  pression  s'élève  dans  la  cornue 
et  sans  que  l'air  puisse  rentrer  par  le  tube  L,  par  où 
l'eau  venant  de  R  s'échappe  à  plein  canal.  Si  l'on  veut 
faire  arriver,  non  pas  de  l'eau,  mais  une  lessive  alcaline 
caustique  pour  préparer  du  sulfite  ou  du  bisulfite  de 
soude,  il  sera  prudent  de  relever  un  peu  le  niveau  du 
tube  L  de  manière  à  maintenir  une  pression  de  i  centi- 
mètre d'eau  environ  dans  la  cornue,  parce  que  le  li- 
quide alcalm  venant  du  robinet  R  et  devant  couler  avec 
lenteur  pour  se  saturer,  ou  même  se  sursaturer,  la 
moindre  diminution  accidentelle  et  subite  de  pression 
dans  le  gazomètre  pourrait  provoquer  la  rentrée  d'un 
peu  d'air  par  le  tube  L.  Enfin  le  gaz  va  barboter  dans 
un  peu  de  lessive  de  soude  mise  dans  un  flacon  L  qui 
sert  surtout  à  montrer  la  vitesse  du  gaz  et  à  recevoir 
un  petit  manomètre  K  qui  en  mesure  la  pression.  Du 
flacon  1  le  gaz  se  rend  dans  le  manomètre. 

La  cornue  sera  chaufi^ée  au  rouge  franc  par  du  coke  ;  condotia 
et  la  chaleur  devra  être  d'autant  plus  élevée  que  l'on  <>•  »'*p*"'«*'»' 
voudra  obtenir  plus  d'oxygène  dans  le  même  temps»  Il 
faudra  tenir  l'eau  du  serpentin  très-fralche  à  cause  du 
caoutchouc  plongé  tlaas  Teau  qui  réunit  le  tube  de 
plomb  au  tube  de  platine  et  qui  ne  doit  pas  s'échauffer. 
L'appareil  de  purification  (flacon  H)  a  été  disposé  pour 
le  cas  où  l'on  voudrait  perdre  l'acide  sulfureux,  ce  qui 


384  HÉTAUITRGIB  D0  HATtSE. 

arrivera  le  plus  souvent  quand  on  préparera  de  Toxy- 
gène  dans  une  fabri(][ue  de  platine.  Si,  au  contraire,  on 
veut  le  recueillir  à  l'état  de  dissolution  concentrée,  on 
remplacera  le  flacon  par  le  laveur  de  la  fig.  5,  PL  IV. 
On  y  fera  arriver  de  Teau  avec  une  vitesse  de  s  litres 
pour  chaque  centaine  de  litres  d'acide  sulfureux  pro- 
duit. Il  en  est  de  même  pour  la  fabrication  du  sulfite  de 
soude.  On  fera  passer  de  la  lessive  caustique  dans  le 
laveur  avec  une  vitesse  telle  que  le  liquide  sortant 
soit  à  l'état  de  bisulfite  sursaturé  d'acide  sulfureux.  On 
mettra  ensuite  dans  cette  liqueur  du  carbonate  de 
soude  sec  jusqu'à  ce  qu*elle  soit  transformée  en  sulfite 
neufre^  qu'on  obtiendra  ainsi  avec  le  degré  de  concen- 
tration que  l'on  voudra  et  le  plus  économiquement  pos- 
nble. 

aiMiiait.         Voici  le  résultat  de  quelques-unes  de  nos  expé- 
riences; 

MBtM  de  Taeite  empiqjé. .  «••••«.       i,8s( 

Voloioe  d«  oet  aoMe. •  •  •  .       i^\e^ 

Poids  de  cet  acide 3*'\oi 

Oxygène  produit 3oo  litres. 

Oxygène  calculé  en  supposant  la  décom- 

txMftiofi  eoinplète.  . 5ift 

Addè  aon  décomposé.  • .  •  «  •      hfi  9*  100^ 

CompoHtion  de  taetdè  primitif. 

kit. 

Aoide  anhydre •    «,96 

Eaa 0,75 

3,01 

kn. 
Ê/M$  Uhjûn  éehappé  à  la  décomposition. . .    o,  10»       1 1 ,9 

■au  do  Taeide  primltu; cySo      88,1 

ètléB  fUbld  raoueOlL  ...» •  .  .    ^^96%     100,0 

dont  la  densité  est  1,10  et  le  degré  au  pèse-acide  de 
Baume  17*9$.  Nous  avons  en  effet  trouvé  par  expérience 


llftTAUtm«IB  DU  MATUn.  285 

1 7*f  5  pour  te  degré  de  Fadde  accumulé  dans  le  vase  flo- 
rentip. 

Une  autre  expérience  faite  le  même  jour,  dans  le 
même  espace  de  temps  et  avec  une  vitesse  plus  grande, 
nous  a  donné  de  moins  bons  résultats  : 

Acide  employé. /i^^3l 

Oxygène  obtenu /^oo  litres. 

Oxygène  calculé /ii5a 

Acide  non  décomposé ii,6p.  loo. 

Compotition  de  V acide  recueilli, 

Acide  anhydre. 97,6 

Eau. 79,6 


100,0 
d6Bt  la  densité  est  de  i,95. 

fl  y  a  donc  pour  chaque  capacité  d'appareil  une  vi* 
tesse  qu'il  ne  faut  pas  dépasser  si  l'on  veut  obtenir  le 
meilleur  rendement  possible. 

Ces  expériences  ont  été  faites  avec  une  cornue  de  lo 
litres  remplie  de  briques;  les  suivantes  dans  une  cor- 
nue de  1  litre  remplie  de  feuilles  de  platine. 

Acide  sulfurlque  à  i,8'i6.  .  .  a^S^S? 

Oxygène  produit aûo  litres. 

Oxygène  calculé a55 

Acide  non  décomposé.  ...  5,8  p.  too. 

Densité i,i5 

Compogition  de  cet  acide. 

Eau 85       Degré  calculé.  ...    17* 

Aeide  anhydre. .    i5       Degré  observé.  •  .  .    i7*,6 

100 

Aeide  eulfurique  à  60*  ou  d  1,691  de  densité. 

Acide  sulfurlque  employé.  .  .  1  kil. 

Oxygène  recueilli lûo  lit. 

Oxygène  calculé 160 

Aelde  non  décomposé 6*7  p.  100. 


586  MÉTALLURGIE  DU   PLATINE. 

Catnpotiiion  de  Vaeide  recueilli  à  une  densité  de  i,i5. 

Eau 8/i,a       Degré  calcalé.  .  .    17* 

Acide  anhydre.  .    i5,8       Degré  observé. .  •    i7%5 

10090 

Ainsi  Ton  voit  que  l'acide  à  6o*  donne  les  mêmes  ré- 
sultats que  Tacide  à  66^*  du  commerce,  dont  Téquiva- 
lent  en  acide  anhydre  est  beaucoup  plus  coûteux  à 
cause  des  vases  de  platine  qu'il  faut  employer  pour  sa 
concentration. 
GoaceBtraUon  Les  acides  faibles  condensés  dans  le  réfrigérant 
^**4»nd«Mé!î."**  peuvent  être  exposés  dans  une  capsule  de  plomb  à  la 

chaleur  perdue  du  four  dans  lequel  on  chauffe  la  cor- 
nue. Us  se  concentrent  très-rapidement  jusqu'à  prendre 
une  densité  correspondante  à  61*"  Baume,  ou  i,6g5  en- 
viron, état  de  concentration  qu'on  ne  peut  dépasser 
dans  le  plomb  et  qu'on  obtient  d'ailleurs  à  très-bas  prix 
avec  l'acide  des  chambres  qui  marque  ordinairement 

Régnitriié  Cle  qu'il  y  a  de  remarquable  dans  cette  opération, 
de  l'opéntton.  ^y^^^  jj^  coustauce  dans  la  production  de  l'oxygène  et  sa 
continuité.  Si  l'on  mesure  à  une  époque  quelconque  le 
dégagement  de  l'oxygène,  on  le  trouve  toujours  le 
même,  et  en  multipliant  la  vitesse  à  l'heure  ainsi  cal- 
culée par  le  nombre  d'heures  qu'a  duré  l'opération,  on 
trouve  toujours  une  coïncidence  parfaite  entre  les  ré- 
sultats prévus  et  les  résultats  observés. 

On  remarquera  en  outre  que  toutes  les  pièces  de 
l'appareil  sont  conçues  de  manière  à  pouVoir  servir 
d'une  manière  continue  et  sans  qu'on  ait  besoin  de  les 
démonter  jamsds.  Quand  la  cornue  de  terre  sera  rem- 
placée par  un  serpentin  de  platine,  sa  durée  sera  indé- 
finie. Si  le  serpentin  de  platine  est  chauffé  par  le  gaz 
d'une  grande  ville,  l'appareil  peut  marcher  nuit  et  jour, 


MtTAIXUBGIE  DU   PLATINE.  387 

sans  ancane  surveillance,  une  fois  qu'on  aura  déter- 
miné la  vitesse  de  l'acide  et  la  pression  dans  le  gazo- 
mètre. 

Enfin  si,  l'opération  terminée,  on  a  soin  de  fermer 
toutes  les  portes  du  fourneau  de  manière  à  laisser  re- 
froidir la  cornue  de  terre  très-lentement,  elle  ne  se  casse 
pas  au  moment  où  on  la  réchauffe  pourvu  qu'on  monte 
la  chaleur  avec  précaution  ;  et  même  alors  l'opération 
peut  être  intermittente  sans  qu'on  soit  obligé  de  rem- 
placer la  cornue. 

Quant  au  prix  de  revient  de  cet  oxygène,  il  doit  être  phx  da  refiont 
calculé  sur  le  prix  d'achat  de  l'acide  sulfurique  fi).  En 
portant  à  7  ou  8  kilogrammes  de  coke  ou  de  houille  la 
quantité  de  combustible  dépensé  par  mètre  cube,  on 
aura  un  maximum  qui  ne  fera  jamais  monter  le  prix  du 
mètre  cube  à  plus  de  1  franc,  y  compris  la  main-d'œu- 
vre. C'est  désormais  à  ce  prix,  ou  plutôt  par  prudence, 
au  double  de  ce  prix,  que  nous  compterons  l'oxygène 
destiné  à  la  fabrication  du  platine,  bien  entendu  en 
supposant  l'acide  sulfurique  perdu  pour  le  fabricant  (2). 

Si  l'on  fait  rendre  l'eau  de  lavage  saturée  d'acide  sul-    R^ov*"*'.**** 
fureux  dans  le  générateur  de  vapeur  qui  alimente  les     lairareax. 


(i)  L'acide  salfurique  anhydre  donne  {  de  son  poids  d^oxy- 
gène,  soit  20  kilogrammes  ou  lA  mètres  cubes  à  o"  et  760  mil- 
limètres pour  100  Icilogrammes.  L'acide  &  54*"  des  chambres  de 
plomb  contient  5o  p.  100  d'acide  anhydre. 

(9)  L'oxygène  préparé  avec  l'acide  sulfurique  est  parfaite- 
ment pur,  et  présente  sous  ce  rapport  un  avantage  considé- 
rable sur  Toxygène  préparé  par  le  manganèse  qui  contient 
toujours  de  Tazote.  Les  essais  qualitatifs  que  nous  avons  ten- 
tés ont  confirmé  complètement  nos  prévisions  à  cet  égard.  Bien 
plus,  nous  pensons  que  pour  préparer  de  Toxygène  chimique- 
ment pur  dans  les  laboratoires,  le  procédé  le  plus  commode 
consistera  dans  la  décomposition  par  le  feu  de  Tacide  sulfu- 
rique concentré,  qu'il  est  si  facile  de  se  procurer  à  l'état  de 
pureté  absolue. 


S88  UÊTAItURGIE  Dtr  PtATUfS. 

chambres  de  plomb  d'une  fabrique  d'acide  salfùriqQe, 
on  transforme  l'acide  sulfureux  en  acide  sulfurique  aux 
dépens  de  l'oxygène  de  l'air.  Nous  avons  calculé  qu'A 
suffisait  de  brûler  dans  le  four  à  soufre  d'un  appareil 
à  acide  sulfurique  le  double  du  soufre  que  renferme  la 
dissolution  concentrée  d'acide  sulfureux  pour  pouvcnr 
utiliser  entièrement  ce  dernier  gaz,  de  sorte  qu'une 
fabrique  pourrait,  sans  augmenter  sensiblement  sa  dé- 
pense ,  consacrer  le  tiers  de  l'acide  sulfurique  qu'elle 
produit  à  la  préparation  de  l'oxygène. 

Quant  au  prix  de  revient  calculé  sur  ces  bases,  il  est 
tellement  faible,  que  nous  n'osons  en  donner  le  chiffire, 
même  approximatif.  En  effet,  on  n'a  plus  à  compter  dans 
ce  prix  que  la  valeur  des  petites  quantités  de  charbon 
nécessaires  pour  maintenir  au  rouge  un  appareil  de  faible 
dimension,  et  de  nitrate  de  soude  servant  à  fixer  sur 
l'acide  sulfureux  l'oxygène  de  l'air;  car  ce  procédé  con- 
siste au  fond  à  emprunter  par  voie  indirecte  l'oxygène 
à  l'air  atmosphérique. 

S  IL  Préparaiion  dé  rkyérogén$  (i). 

Nous  avons  toujours  préparé  notre  hydrogène  dans^ 
un  appareil  Desbassayns  de  Richemond  :  mais  pour  pro- 
duire couramment  une  grande  quantité  de  ce  gaz,  l'acide 
sulfurique  et  le  zinc  sont  des  matières  premières  d'un 
très-haut  prix.  On  pourrait  bien  remplacer  le  zinc  par 
le  fer  et  obtenir  ainsi  de  l'hydrogène  et  du  sulfate  de  fer 
qui  a  une  valeur  commerciale  suffisante  pour  couvrir 
tous  les  frais  de  cette  fabrication  (s) .  Mais  encore  il  faut 


(i)  Voir,  pour  ce  qui  coDcerne  cette  question,  notre  premier 
mémoire  (AnnaUs,  t.  XV[,  p.  li2S). 

(a)  Diaprés  des  reuseignements  que  nous  devons  à  M.  Us- 
senko,  on  peut  s'assurer  que  Thydrogène  prépai^é  avec  da  fer 


MÉTAUimeiB  DO  fLàTom.  389 

employer  tm  gasomètre  pour  recueilKr  cet  hydrogène, 
et  e'est  un  incouTénient,  parce  que  ce  gazomètre  exige 
un  emplacement  asse^  considérable  et  des  dépenses  de 
premier  établissement  qu'il  est  inutile  de  s'imposer  lors- 
qu'on teut  produire  seulement  de  petites  quantités  de 
gar. 

Nous  aTons  donc  songé  à  préparer  ce  mélange  d'hy-  g*»  <*•  *'••"• 
drogène  et  d'oxyde  de  earbone  qu'on  appelle  le  gaz  de 
Peau  (  1  )  et  qui  est  incontestablement  le  plus  économique 
de  tous  (s) ,  et  à  le  préparer  dans  des  rases  de  petite 
dimension  et  au  moyen  d'un  appareil  qui  permit  de  ré- 
gler la  vitesse  du  gaz  à  volonté.  Pour  cela  il  nous  a  suffi 
de  remplacer  la  vapeur  d'eau  qu'on  introduit  ordinai- 
ren^nt  dans  des  cylindres  de  fonte  pleins  de  coke  rougi, 
par  un  filet  d'eau  liquide  alimenté  par  un  vase  de  Ma^ 
riotte  et  commandé  par  un  robinet. 

Voici  l'appareil  donnant  une  vitesse  maximum  de      Appareil 
Soo  litres  que  nous  avons  monté  dans  le  laboratoire  de     régaHèra^'^ 

et  de  raoidii  ^alftiriiiue  le  aoûlerait  liei  k  Saint-Pétersbourg. 
Dans  cette  ville,  en  effet,  on  fabrique  et  l'on  vend  une  assez 
grande  quantité  de  sulfate  de  protoxyde  de  fer  hydraté»  préparé 
avec  les  éléments  suivants  ; 

Aeld«  Mirtrk|iM  à  45*. 11^,69  les  IM  kiUg. 

L«  fer lo'.^o  les  100  kilog. 

Le  toirate  de  fer  hydraté  Talant f  5',oo  les  leo  kllog. 

La  pris  daa  mailérea  premiiraa  da  aa  avlfala 

de  fer  est  sealement  de 9^,62  les  lOO  kilog. 

Mais  révaporatlon  de  ce  sulfate  et  les  soins  de  sa  prépara- 
tion seraient  peut-être  une  annexe  mal  placée  dans  une  fabrique 
de  platine. 

(i)  La  première  idée  de  cette  application   appartient  à  « 

M.  Dumas,  qui  avait  conseillé  à  Selligue  de  prodnire,  au  moyen 
de  Teau  et  du  charbon,  un  gaz  combustible  rendu  éclairant  par 
des  hydrogène,  carbone  Volatils;  elle  a  été  réalisée,  en  effet, 
par  cet  habile  industriel. 

(3)  Diaprés  les  renseignements  qn'a  bien  voulu  nous  donner 
M.  Ghristofle,  le  gai  de  Teau  qu'il  a  employé  longtemps  pour 
l^éclairage  de  ses  ateliers  lui  revenait  à  o',i5  le  mètre  cube. 


PuriflealioD. 


Compotition 
do  gai. 


390  MÉTALLURGIE  DU  PLATINE. 

rÉcole  normale.  Une  bouteille  à  mercure  contenant 
1^^  1 3o  de  coke  en  petits  fragments,  était  couchée  hori* 
zontalement  dans  un  fourneau  chauffé  au  coke.  Les  deux 
bases  du  cylindi*e  qui  forment  la  bouteille  à  mercure 
étaient  percées  de  deux  trous  laissant  passer  deux  ca- 
nons de  fusil.  L'un,  plein  d^amiante  non  tassée,  laissât 
arriver  par  un  tube  en  U  un  filet  d*eau  venant  d'un  vase 
de  Mariotte  muni  d'un  robinet,  comme  le  vase  H  de  la 
fig.  4  (PI.  IV).  L'amiante  s'imbibait  d'eau,  et  par  la 
chaleur  que  lui  communiquait  le  foyer  se  desséchait 
avec  régularité  et  par  conséquent  mettait  obstacle  à 
toute  introduction  brusque  d'eau  liquide  dans  l'inté- 
rieur de  l'appareil.  Cette  disposition  a  la  plus  grande 
importance  pour  la  régularité  du  dégagement  du  gaz, 
qui  est  ici  ce  que  l'on  veut  obtenir  avant  tout.  L'autre 
canon  de  fusil  communiquait  avec  le  serpentin  et  le  la- 
veur de  la  fig.  4  (PL  IV)  ;  et  le  gaz  ainsi  refroidi  et  lavé 
se  rendait,  en  passant  par  un  compteur,  dans  le  chalu- 
meau d'un  four  à  fondre  le  platine. 

L'eau  qui  tombe  sur  Famiante  arrive  à  l'état  de  vapeur 
sur  le  charbon,  s'y  transforme  en  un  mélange  d'hydro- 
gène, d'oxyde  de  carbone  et  d'un  peu  d'acide  carboni- 
que :  l'eau  en  excès  reste  dans  le  serpentin,  l'acide 
carbonique  se  dissout  dans  la  soude  du  laveur,  et  le  gaz 
mesuré  par  le  compteur  sert  directement  à  la  fusion  du 
platine.  Ce  petit  appareil  de  5  litres  de  capacité  nous 
donnait,  avec  une  vitesse  constante  de  3o4  litres  à 
l'heure,  un  gaz  composé,  avant  d'être  dépouillé  d'acide 
carbonique  par  le  laveur,  de  : 

Hydrogène 53,» 

Acide  carbonique 6,5 

Oxyde  de  carbone. Ao,9 

ioo«o 


HÉTALLURGIE   DU  PLATINE.  3g  1 

Avec  une  vitesse  de  a4o  litres  seulement,  le  gaz 


contenait  : 


Hydrogène. 59,5 

Acide  carbonique. 5,o 

Oxyde  de  carbone.  ......    /ia,5 


10O,O 


En  maintenant  l'appareil  à  basse  température  on  au- 
rait pu  avoir,  comme  on  sait,  de  l'hydrogëne  presque 
pur  et  de  Tacide  carbonique.  C'est  la  condition  qu'il 
faudrait  réaliser,  si  l'on  absorbait  l'acide  carbonique 
par  de  la  chaux  éteinte  répandue  sur  du  foin  et  enfermée 
dans  un  vase  à  fermeture  hydraulique,  comme  on  le 
fait  lorsqu*on  veut  préparer  le  gaz  de  l'eau  pour  l'é- 
clairage. 

Pour  obtenir  2  à  3  mètres  cubes  à  l'heure  avec  cet 
appareil,  il  faudrait  :  i""  un  cylindre  de  20  à  3o  litres 
au  plus  de  capacité  ou  bien  deux  cylindres  de  20  litres 
chacun  chauffés  dans  le  même  foyer,  l'an  par  la 
flamme  perdue  de  l'autre.  Ces  cylindres  en  fonte, 
chauffés  à  basse  température,  ont  une  durée  presque 
indéCnie. 

Le  laveur  serait  remplacé  dans  ce  cas  par  un  cy- 
lindre plein  de  chaux  éteinte  et  à  fermeture  hydrau- 
lique, appareil  bien  connu  «  dont  la  description  ne  peut 
être  donnée  dans  ce  mémoire. 

On  donne  au  gaz  une  vitesse  constante  en  ouvrant  le 
robinet  d'arrivée  de  l'eau  d'une  quantité  déterminée  à 
l'avance.  La  vitesse  du  gaz  varie  avec  une  admirable 
précision  de  la  même  manière  que  la  vitesse  d'écoule- 
ment de  l'eau,  pourvu  qu'on  ne  dépasse  pas  la  quan- 
tité d'eau  maximum  que  les  cylindres  pleins  de  charbon 
peuvent  décomposer  entièrement.  Cette  limite,  pour 
notre  petit  appareil  de  5  litres  de  capacité,  était  de 


Paiions 

l»ar  le  gai 

de  Teau. 


Appareil 
de  sûreté* 


39  S  MtTAlXiniGn  M  FiAura. 

3oo  litres.  On  arrivait  difficilement  à  4oo  litres  par 
heure,  et  alors  la  régularité  cessait  d'être  parfaite. 

Nous  avons  observé  que  la  fusion  du  plaiine  au 
moyen  du  gac  extrait  de  Teau  m  fakiit  à  peu  près 
aussi  bien  (1)  qu'avec  l'hydrogène  por  extrait  du  zinc  et 
incomparablement  mieux  qu'avec  le  gaz  de  réclairage 
de  Paris  qui  nous  a  servi  dans  toutes  nos  expériences  de 
fusion,  soit  de  platine,  soit  de  minerai  de  plaiine. 
L'emploi  de  ce  combustible  équivaudra  donc  à  une 
économie  d'oxygène  assez  considérable^  En  somme» 
nous  croyons  que  la  fusion  du  platine  effectuée  aa 
moyen  du  gaz  de  l'eau  et  de  l'oxygène  provenant  de 
l'acide  sulfurique  diminuera  notablement  la  consom- 
mation du  combustible  et  du  comburant^  à  cause  de 
leur  pureté  absolue.  Sous  ce  rapport,  nous  considéroQS 
comme  devant  être  aussi  considérablement  diminuées 
les  dépenses  relatives  à  l'emploi  des  gaz  dans  le  trai- 
tement du  minerai  et  du  platine  lui-même,  telle»  que 
nous  allons  les  évaluer  un  peu  plus  loin» 

Nous  avons  insisté  sur  l'ea^ploi  direct  du  gaz  âe 
l'eau  pour  l'alimentation  de  nos  chalumeaux»  ^  jau^ 
drait  dans  ce  cas,  pour  se  laisser  toute  liberté  ^sam 
l'usage  de  ce  gaz,  établir  sur  un  point  quelcguquf  de 
son  parcours  un  petit  appareil  de  sûreté^  cwwstOTt  m^ 
un  tube  en  T  dont  uoe  des  branches  ploi^eraît  dau«  W 
flacon  contenant  de  5  à  10  centimètre»  4'eaUf  (SfâoilL 
cette  disposition,  on  pourra  k  volonté,  sans  t$i^WgifiF  ^ 
quantité  d'eau  liquide  qui  tombe  dans  1$  géuératMr  $l 


(1)  M.  Dumas  faisait  aatrefof«,  dans  «en  «oom  4%  la 
bonne,  de  crès-concluantez  expériences  wr  1^  ftuofoir  eaiwi* 
ûqne  de  l'oxyde  de  carbone  quMl  avait  trouvé  très-comparaUe 
à  celui  de  l'hydrogène.  11  a  fondu  souvent  de  petites  quantités 
de  platine  devant  son  auditoire  avec  de  i*oxyée  de  earbo^^ 
presque  pur  et  de  Toxygène. 


HÉTAUURGIE  D0  PLATINE.  SgS 

en  règle  la  vitesse,  manœuvrer  les  robinets  du  chalu- 
meau qui  donnent  accès  à  l'hydrogène  et  même  les  fer- 
mer complètement.  Quand  le  gaz  trouverait  une  issue 
insuffisante  ou  même  ne  pourrait  plus  se  dégager,  il 
traverserait  la  couche  de  5  à  lo  centimètres  d'eau  du 
flacon,  et  se  répandrait  dans  l'atmosphère.  On  ferait 
même  bien  de  le  diriger  par  un  tube  de  caoutchouc  hors 
du  laboratoire,  pour  éviter  la  présence  dans  l'air  de 
l'oxyde  de  carbone  dont  il  est  en  partie  composé,  comme 
OD  l'a  vu  plus  haut. 

HisVUÉ  ET  CONCLUSIONS. 

Nous  avons  proposé  deux  procédés  pour  le  traitement 
métallurgique  du  platine,  et  nous  les  avons  contrôlés 
par  des  expériences  nombreuses  :  nous  en  résumerons 
les  résultats  en  quelques  lignes  : 

P  Le  minerai  de  platine  peut  être  traité  par  la  galène  Prix  de  revient, 
^t  la  coupellation.  Cette  méthode  exige  pour  loo  kilo- 
grammes de  minerai  : 

Galène  [i] loo  kilog. 

Plomb  provenant  de  la  fabrication  courante  [a].  .  5o 

Coupellation  de  plomb  platinifère  [3] 180 

Affinage  de  platine  plombifère  [!i] •  90 

Fusion  du  platine  et  moulage  ;  platine  obtenu  [5].  80 

[1]  La  galène  contenant  82  p.  100  de  plomb  et  20 
grammes  d'argent  par  100  kilogrammes  vaut  35  francs 
les  100  kilogrammes  :  il  faut  la  prendre  exempte  d'ai- 
:gent  par  économie,  et  d'antimoine  pour  faciliter  les 
coupellations. 

[2]  Le  plomb  ne  doit  pas  être  compté  dans  le  prix  de 
revient,  il  doit  provenir  de  la  refonte  des  litharges,  opé- 
ration dérobée  dontleprix  très-minime  est  fort  difficile 
à  évaluer. 


SgA  MÉTALLURGIE   DU   PLATINE. 

[3]  La  coupellatioD  de  i.ooo  kilogrammes  de  plomb 
argentifère  coûte  i  o  à  1 2  francs,  ce  qui  porte  à  2  francs 
environ  la  coupellation  de  1 80  kilogrammes  de  plomb 
platinifère. 

[4]  L'affinage  de  90  kilogrammes  de  platine  plombi- 
fère  consomme  16  mètres  cubes  d'oxygène,  ce  qui  vaut 
32  francs,  en  mettant  à  2  francs  le  prix  de  l'oxygène  et 
faisant  rentrer  dans  ce  prix  exagéré  la  valeur  du  gaz 
de  l'éclairage  ou  du  gaz  de  l'eau  qui  est  presque  nulle. 
Un  seul  four  contenant  1 5  kilogrammes  de  matière  suffit 
à  cette  opération.  Ce  four,  construit  avec  de  la  chaux 
dont  la  valeur  est  négligeable  et  en  une  demi-journée 
au  plus,  peut  être  évalué  en  maximum  à  3  francs. 

[5J  La  fusion  de  ce  platine  exige  au  plus  8  mètres 
cubes  d'oxygène,  soit  16  francs,  et  un  four  de  26  kilo- 
grammes de  capacité,  estimé  au  plus  à  3'',5o  pour  don- 
ner des  lingots  de  20  à  25  kilogrammes  de  platine. 
Prix  Le  traitement  de  100  kilogrammes  de  platine  par  ce 

4a  traitement  xj  •  i  i 

da  minerii     procédé  revient  donc  en  matières  premières  dont  le 
prix  comprend  la  main»d' œuvre  : 

Galène .  35  fr. 

CoupellatioD a 

Refonte  des  litbarges » 

Affinage  da  platine  plombifère. ....  55 

Fusion  du  platine  et  moulage.  ....  19 

101 

On  n'a  pas  compté  dans  ce  détail  le  traitement  des 
crasses  par  l'appareil  à  deux  creusets  dont  le  prix  ne 
peut  être  établi  par  des  expériences  de  laboratoire  et 
qui  sera  amplement  compensé  par  la  vente  de  70  kilo- 
grammes de  litharge  marchande  résultant  du  traitement 
entier  des  1 00  kilogrammes  de  platine.  Cette  lithaiige 
vaut  65  francs  les  100  kilogrammes. 


de  pUUne. 


MÉTAILUBGIE  DU  PLATHIB.  SgS 

Ghaqne  kilogramme  de  minerai  de  platine  coûte  donc 
par  ce  procédé  i'',oi  pour  sa  transformation  en  un 
alliage  incomparablement  supérieur  au  platine.  En 
outre,  le  rendement  est  d'un  dixième  en  sus  du  rende- 
ment par  voie  humide  et  donne  par  conséquent  une 
plus-value  de  6. 000  ou  7*000  francs  par  100  kilogram- 
mes, ce  qui  non -seulement  annule  toute  dépense  par 
rapport  à  l'ancien  procédé,  mais  encore  produit  un  bé- 
néfice de  6.000  à  7. 000  francs  par  1 00  kilogrammes  de 
minerai,  en  comptant  le  platine  en  lames  à  1.000  francs 
le  kilogramme. 

Ce  procédé,  convenablement  perfectionné,  pourrait 
en  outre  donner  du  platine  parfaitement  pur,  si  l'on 
avait  intérêt  à  en  produire,  ce  qui  est  fort  douteux. 

n""  Par  le  procédé  de  la  fonte  directe  on  a  pour  100 
kilogrammes  de  minerai  : 

1"*  tnxAoxL • 100  kilog. 

a*  Aislon Sa  à     81 

3*  fusion. 80 


▲TtaUgw 

gorranelea 

procédé. 


Prit 
éa  initMBtnl. 


La  première  fuâon  exige  quatre  fours  de  1 5  kilogr. 
et  30  mètres  cubes  d'oxygène.  La  seconde  et  la  troi- 
sième fusion  exigent  deux  fours,  l'un  deao  kilogrammes 
pour  la  seconde  fusion,  l'autre  de  s5  pour  la  troisième 
fusion,  quand  on  voudra  obtenir  des  lingots  de  90  à  sS 
kilogrammes.  La  quantité  d'oxygène  nécessaire  à  ces 
deux  dernières  opérations  est  de  Sa  mètres  cubes  en 
maximum,  de  sorte  que  la  dépense  totale  sera  : 


Oxygène,  pour  100  kflog.  de  mineraL 
Fours 

Pour  obtenir  :  Platine ,  80  kiL , 

soit  ]',s3  par  Ulogramme  de  minerai. 

Tome  XVIII,  1860. 


10&  Ar. 
is5 


*i6 


SqG  UËTAULtlRGIS  DU  PUTIKB» 

GomparaisoD  La  différence  entre  ces  deux  procédés  n'est  pas  M3si 
^''iioQTeattr^  désavantageuse  au  deuxième  procédé  qu'on  peut  te 
etnu^en.  croire  à  Tiuspection  des  deux  chiffres  de  revient  Ici 
nous  avons  compté  pour  les  fours  une  valeur  relativiK 
ment  considérable,  et  supposé  que  chaque  four  ne  peut 
servir  qu'à  un  seul  traitement.  Mais  en  réalité  la  cou** 
struction  de  ces  fours  est  chose  si  facile,  leur  matiëra 
première  a  une  si  faible  valeur,  qu'on  trouvera  sans 
doute,  en  pratique,  que  nous  avons  doublé  w  tripl4 
leur  prix  et  le  nombre  d'appareils  nécessaires  «w 
opérations.  Cependant  nous  devons  dire  que  la  pre^ 
miëre  fusion  exigera  au  moins  quatre  fQura  :  U  ne  £aat 
pas  espérer  en  diminuer  le  nombre^  C'est  pour  la  se* 
conde,  et  surtout  pour  la  troisième  opération,  que  Im 
four  employés  sans  interruption  à  la  fusion  de  grandes 
masses  métalliques  ou  conservés  dans  des  fragmeatf 
de  chaux  serviront,  pour  ainsi  dire,  indéfiniment, 
avec  quelques  réparations  insignifiantes. 

Le  bénéfice  résultant  de  l'augmentation  du  rende- 
ment reste  le  même  pour  les  deux  procédés  de  voie 
sèche. 

L'avantage  considérable  du  second ,  c'est  d'exiger 
des  frais  d'installation  presque  nuls,  Un  seul  gazo« 
mètre  de  5  ou  A  mètres  cubes»  si  Ton  veut  traiter  lo  4 
90  kil.  de  minerai  par  jour,  ce  qui  est  énorme,  suffit 
avec  le  gaz  de  l'éclairage  des  grandes  villes  ou  un  ap- 
pareil de  fabrication  de  gaz  à  l'eau,  dont  la  cornue  en 
fonte  aura  au  plus  5o  ou  6o  litres  de  capacité ,  pour 
constituer  l'outillage  d'un  pareil  atelier.  U  faudrait  y 
ajouter  un  tour  pour  construire  rapidement  les  petits 
fours  en  chaux  de  1 5  kil.  de  platine. 

Un  seul  ouvrier  habile,  sachant  manier  le  chalumeau, 
sufiira  pour  la  conduite  d'un  pareil  atelier,  les  autres 
opérations  pouvant  être  livrées  à  de  simples  Bianœuvrca» 


MtTAIXUlIGIX  W  PLAXINB.  S97 

tandis  qae  h  coapellation  exige  un  iiomme  expérimenté 
qm  connaisse  déjà  cette  opération,  qui  sacbe  battre  um 
coupelle,  etc« 

III«  Nous  ne  pouvons  indiquer  ici  l'économie  réalisée  Prtx 
par  le  procédé  intermédiaire  dont  nous  avons  parlé  *'■*"*'•■•■'' 
dans  notre  mémoire  ;  elle  dépend  de  la  méthode  em** 
ployée  et  à  laquelle  on  voudra  la  substituer.  Elle  sup» 
prime  le  sel  ammoniac,  les  pertes  par  dissolution,  et 
remplace  la  compression  de  la  mousse  par  la  fusioUf 
qui  nous  semble  devoir  être  moins  coûteuse  et  plus  fi^ 
cile,  surtout  pour  les  gros  lingots.  £n  outre,  elle  donne 
un  rendement  de  beaucoup  supérieur. 

IV"^  La  fonte  des  minerais  de  Russie  et  la  réviviûca-        ^^ 

do   ; 

tion  du  platine  usé  sont  des  opérations  dans  lesquelles  it  réTivifleiUoo 
la  fusion  remplace  la  dissolution  d'une  manière  encore  piaune  «lé. 
plus  avantageuse  (i).  Elle  a,  déplus,  l'avantage  de  dé« 
pouiller  sans  frais  le  platine  de  toutes  lé^  impuretés 
que  les  opérations  chimiques  ou  l'usage  ont  pu  y  in«^ 
troduire  accidentellement.  Pour  fondre  loo  luL  de 
platme  en  lingots»  il  faut  : 

Oxygène,  lomètrM  euhm aoSoo 

nu  four  en  ohaux  servant  presque  indéflnineAt     9',5o 


ftSSSo 


Soit  0',  $4  P^i*  kilogramme.  La  pureté  du  métal  ainsi  ATtDUiiM. 
obtenu,  l'homogénéité  constante  des  lingots  bien  coulés 
sont  encore  un  avantage  considérable.  En  eflet,  on 
n'est  pas  toujours  sûr,  en  préparant  des  lingots  de 
platine  par  compression,  d'avoir  du  platine  qui,  laminé 
et  chauffé  au  blanc,  ne  se  bouillonne  pas  à  sa  surface. 


(1)  Aujourd'hui  le  platine  coûte,  pour  sa  réviviflcation  par  la 
voie  humide,  a5o  francs  par  kllog.,  soit  35  p.  100  de  sa  valeur. 
La  mise  en  lingots  par  notre  procédé  coûte  o\ak  par  kilog. ,  soit 
1  miUième  seulement  du  prix  actuel. 


59S  MÉTALLURGIE  DU  PLATIllE. 

C'est  la  conséquence  forcée  de  la  méthode  imparfaite 
employée  pour  la  réunion  des  molécules  métalliques. 
Dans  toutes  nos  dernières  fusions  »  nous  sommes  tou- 
jours arrivés  à  produire  des  lingots  sans  défaut,  et  ce- 
pendant nous  n'estimons  pas  bien  haut  notre  habileté 
pratique.  M.  Quennessen,  habile  fabricant  de  platine  de 
Paris ,  a  très-bien  réussi  également  dans  notre  labora- 
toire, et  MM.  Desmoutis  et  Ghapuis,  ses  associés,  réus- 
sissent chaque  jour  dans  leurs  ateliers.  Un  ouvrier  in- 
telligent serait  bientôt  plus  habile  que  nous  et  plus  vite 
au  courant  des  progrès  à  réaliser.  Nous  croyons  donc 
définitivement  acquis  à  notre  procédé  im  avantage  nou- 
veau et  incontestable  démontré  par  la  pratique  et  fondé 
sur  la  bonne  qualité  des  lingots  de  platine  et  du  platine 
ouvré. 

Nous  serions  extrêmement  heureux  et  entièrement 
dédommagés  de  nos  peines  et  d'un  travail  très-pénible 
de  plusieurs  années,  si  nos  recherches  amenaient 
comme  résultat  l'abaissement  dans  le  prix  d'un  métal 
que  les  chimistes  utilisent  merveilleusement,  et  que 
son  prix  élevé  empêche  encore  d'introduire  en  quantité 
suffisante  dans  nos  laboratoires  et  dans  les  ateliers  in- 
dustriels. C'est  d'ailleurs  la  seule  récompense  que  nous 
ayons  demandée;  nous  espérons  l'obtenir  en  même 
temps  que  les  bons  sentiments  de  nos  confrères,  si 
nous  réussissons  à  les  mériter. 

RécapUniatton.       Pour  faciliter  la  lecture  de  ce  long  mémoire ,  nous 
donnerons  ici  l'ordre  suivi  dans  nos  descriptions  : 

CHAPITRE  I*%  —  Traitement  des  mucerais  par  voie  sicHX. 

S   I.  —  Estais. 

$  II.  —  Coupellation  sur  une  échelle  moyenne. 

I*  Attaque  du  minerai. 
W  Coupellation. 


MËTALtUBGIE  DU  PIATINE.  Sgg 

A.  Eêtaii. 

B.  Caupellation  au  gaz. 

G.  Caup^lation  au  creuêêî  continu. 

m*  JRÔtiêêage. 

y  TVatÏMiMfil  de»  eraues  et  icorieê. 
S  m.  —  CoupeUaiitm  en  grand. 

V  Attaque. 

II*  Coupellatian. 
m*  Bâtiiiage. 
IV  i^Wton. 

V  Traitêmeni  deê  eraueif  $ecfie$^  eendreêf  etc. 

S  TV.  Fusion  direeU. 
CHAPITRE  IL  —  Traitemint  dis  minbrais  pai  ▼on  ditir- 

MiBUIU. 

1*  Fisaii. 

n*  Appareils  pour  le  traitement  en  grand. 
m*  Traitement  des  résidus. 

CHAPITRE  m.  —  EXTBAGTIOll    DE   L'IRIDIDX   BT   DU  BHODIOII. 

I*  Essais. 

II*  Traitement  par  eoupetlation. 
m*  Traitement  par  alliages. 
lY*  Fusion  de  Viridium. 

CHAPITRE  lY.  —  Tbaitexert  des  ifOifiiAiBS  de  Russie  et  di 

▼lEUZ  PLATINE. 

1*  Bssais  et  analyses. 
n*  Fusion. 

A.  Construction  des  fours. 

B.  Conduite  du  feu. 

G.  Moulage  du  platine  d^origine  quelconque. 

CHAPITRE  y.  —  PeÉPAEATIOB  de    L'OZTGiVB  ET  DE  L^HTDBO- 
GÈNE. 

S  L  —  Oxygène. 

V  Manganèse. 

n*  Chlorate  de  potasse. 
m*  Chlorure  de  chaux. 
IV*  Nitrate  de  soude. 

y*  Nitrate  de  baryte  et  Moxyde  de  harium. 
VI*  Sulfate  de  sine. 
VIP  Acide  sulfurique. 


400  HÉÏALLtRGlE  DU  PLATINB. 

Sn.  —  Hydrogène.  Gûê  dé  f^M. 

RiSUMIÊ  ET  PRIX  DE  REVIENT.    —  CONCLUSIONS» 

iehanuiions       A  Fappui  de  faits  consigna  dans  ce  méiooire  •  nous 
'dMMmdMiMs'  avons  remis  à  M.  Jacobi,  à  la  date  du  lâ  juin  1860  : 

de  M  mémoire. 

1*  Lames  miDceseo  alliage  naturel  coupelle,  pour  ea       gr. 

démontrer  la  malléabilité ,.,.•••#        i43 

a^  Fil  très-fin  en  alliage  naturel  coupelle,  pour  00  d^ 

moatrar  la  duoliUté*  ^  .*»«•«••  « 36 

3*  Roue  dentée  en  alliage  naturel  coupelle  et  coulé 

dans  le  sable,  pour  démontrer  la  possibilité  de 

mouler  te  platine tto 

a*  Deux  grandes  lames  d^àlliage  naturel  coupelle  et 

moulé  dans  la  chaux,  pour  vérifier  la  qualité  du 

métal  eoulé  dans  la  cbaux 7.5S5 

5*  Lingot  de  platine  monnayé  fondu  et  coulé  dans  une 

liBiOtlère  de  fort  .*...«..••  » i5.oBd 

e*  Lingot,  alliage  naturel  obtenu  par  simple  fusion.»  .  is.ofto 
7*  Échantillon  de  plomb  platinifère  eristâiliBé  sortant 

de  la  coupelle,  à  30  p.  it»  de  plomb  :  platine  con^ 

tenu 733 

9*  Mousse  gpiUée  ou  platine  plombiftee  après  le  rôti^ 

sage  :  platine  contenu. ,  •  ,  .  .       $36 

9*  Deux  plaques  poUes,  alliage  naturel  coupelle.  .  .  .     i.Ags 

55.774 
Nous  avions  conservé  à  cette  date  : 

Platine  en  lames,  rognures,  elc • 3.470 

En  alliage  de  plomb  non  coupelle  et  analysé.  .  .  •  ^  .       «M 

En  outre  de  ces  matières,  qui  sont  tenues  à  la 
disposition  de  M.  Jacobi  et  de  M.  Kuppfert  par 
ordre  du  gouvernement  rusae  «  nous  domptons 
une  perte  par  explosion  éprouvée  pendant  le 
grenûllage  du  platine ,  et  dans  laquelle  nous 
avons  mis  à  l'état  de  poudre  impalpable  dt  ia- 
trouvable  : 


MÉTALLURGIE  DU  PLiTIlfE.  4oi 

Platine  des  monnaies 600' 

Minerai  conservé  comme  échantillon. 80 

De  sorte  qae  la  quantité  totale  de  platine  produit  dans 

le  laboratoire  de  rÉcole  normale  a  été.  .  .- 4a.o8o 

Noos  avons  reçu  tant  en  minerai  à  80  p«  1 00 
de  rendement  qu'en  monnaie  de  platine. .  .  •  l^a.zoo 

De  sorte  que  la  quantité  de  platine  perdue  par  les 
opérations  métallurgiques  que  nous  avons  si  souvent 
recommencées  a  été  à  peine  de  120  grammes,  comme 
nous  l'avons  déjà  dit. 

Enfin,  nous  avons  remis  à  M.  Jacobi  un  lingot  d'iri- 
dium fondu  et  coulé  dans  la  chaux  du  poids  de  i^,8o5 
qui  démontre  l'intensité  du  feu  développé  par  la  com- 
bustion de  l'hydrogène ,  et  l'efiicacité  de  nos  fours  en 
chaux  pour  en  concentrer  les  effets  même  sur  de 
grandes  masses  de  matières  métalliques. 


PBU  PROPOSÉS,  ETa  ^oi 


PROGRAMME  DES  PRIX 

PBOPOBJS  PAS  LA  BOCliti  IRDUSTRIELLS  Dl  MULHOVSB»  DANS  SON 
ASSZMBLÉE  GiHÉBALK  DU  3o  MAI  lS6o,  POUE  tlBE  DiCEUriS 
ZR  MAI  1861  (l> 


ARTS  CHDaQUES. 

I. 

MioAiLLB  D'AiGERTt  pouT  rêscpUeoUon  ihéariq^ 
de  la  fabrication  du  rouge  d'Jndrinople, 

L'auteur  devra  expliquer  les  effets  chimiques  de  rhuilage* 
du  passage  au  sumac  ou  à  la  noix  de  galle,  de  Talunage,  de  la 
teinture  et  de  Faylvage. 

Il  serait  intéressant  que  ce  travail  fût  accompagné  d'un  pré- 
cis historique  sur  Tintroduction  de  ce  genre  de  teinture  en 
France. 

IL 

Paix  DE  3.5oo  FR.,  ou  MÉDAILLE  D*OR,  D'AHGEIIT  OU  DE  BEOlfXB, 

pour  la  découverte  ou  rintroduction  d'un  procédé  utile  d 
la  fabrication  des  toiles  peintee. 

On  connaît  tout  le  parti  qu'on  a  tiré  des  chromâtes.  Un  autre 
sel  métallique  ne  pourrait-il  pas  fournir  aussi  des  résultats 
avantageux  7 

Nous  indiquerons  encore  : 

1*  Un  moyen  économique  de  produire  TefTet  du  savon  sur 
les  couleurs  garancées,  par  l'emploi  d'une  substance  moins 
chère. 

a*  Appliquer  sur  toile  de  coton  une  nouvelle  substance  colo- 


(1)  Quelques  arlleles  do  programme  original  n'ont  pas  été  reproduits,  les 
uns,  parée  qu'ils  présentent  un  Intérêt  presque  exclusif ement  local,  les 
autres  comme  «^écartant  trop  du  cadre  des  AmnaUi  dêê  minei,  C. 


rante,  de  quelque  nature  qu'elle  soit,  solide  aux  acides  faibles 
et  aux  alcalis. 

3**  Introduire  dans  le  département  du  Haut-Rhin  la  culture 
en  grand,  d^une  plimte  ou  d'uq  Insecte  servant  k  la  teinture 
de  la  laine,  de  la  soie  ou  du  coton,  et  qui  jusqu'à  présent 
aurait  été  tiré  de  Tétranger,  ou  d'un  4épartement  non  limi- 
troplie. 

4"  l*rouver  une  décoction  végétale  de  couleur  verte,  qui  ré- 
siste à  Faction  des  dissolutions  d'étain,  et  qui  puisse  servir 
comme  vert  d'application  sur  coton,  laine  et  soie. 

5*  Trouver  un  moyen  propre  à  abréger  le  temps  nécessaire 
à  rhuilage  des  toiles,  ou  des  Ûl9  de  pptpn  destinés  à  la  fabri- 
cation du  rouge  d'AndrinOple. 

6*  Augmenter  la  solidité  des  couleurs  d'aniline  et  de  naphta- 
line, par  des  moyens  propres  à  l'impression  sur  coton,  sans 
altémr  les  qualMs  physiques  du  tissu» 

m. 

M^BAitLÉ  ifot,  poHt  un  ûlUdge  fnétàM^,  pfopr$  â  unit 
pour  racles  de  rouleaux^  et  qui  réunUie  à  VélOêtUitê  été  h 
iuteié  de  Vâeier^  ta  propriété  dé  ne  pa$  être  aitaqné  pat  la 
couîeuts  eantenant  des  diMtolutions  de  cuitrê  et  de  ptr^  m 
fortes  doses  :  ou  pour  un  moyen  galvanique  ou  autre  é^em- 
pêcher  Vaction  chimique  des  couleurs^  sur  les  racles  d'acier. 

Les  racles  de  compositton,  qu'on  a  tenté  jttsqtt^  préeent  de 
substituer  aux  racles  d'acier,  pour  flmpreston  des  couleurs 
fortement  chargées  de  dissolations  de  cuivre  ou  de  fer,  résis- 
tent suffisamment  &  l'action  de  oes  dissolutions^  mais  elles  sont 
trop  molles  et  manquent  d'élasticité  ;  aussi  s'usent^Ues  promp- 
tement  sur  le  rouleau,  d'où  résultent  des  inconvénients  encore 
plus  graves  que  ceux  que  présent^  )es  rwde3d'aci0r. 


PAR  LA  SOdÉTl  l!tl)09¥IUitU  DB  HULBOUSE.      4o5 

MiftAttu  6*Ak6tllf ,  p<mr  un  moym  plu$  êértâin  et  plus 
ffttttfuê  fUê  ûtu»  911I  uni  été  ptopoiéi  funiu'à  préêeni , 
ié  tùHitûtàt  :  1*  td  iôphUiieûtion  d*unê  huitê  ;  9'  ta  nature 
dé»  huitu  méîangéeii  5*  la  ptoporiton  dam  laquelle  le 
U^lange  n  été  fatt^  ^éc  une  ûpproximation  eerlaine  éfdu 
mûini  iftiê  êenîiimei  ,  en  remplaçant  ûuiani  què  pooihle 
Uê  peeéê»  par  Puêage  ies  tiguêurt  titréte. 

Le  procédé  proposé  devra  être  d^une  manipulation  facile, 
non-seulement  pour  un  chimiste  expérimenté,  mais  encore  pour 
lout  industriel  ou  commerçant  s'occupant  d'achat  d^huiles. 

La  Société  industrielle  a^ant  déjà  couronné  deux  mémoires 
qui  traitent  de  c6  si^et,  a  néanmoins  remis  la  question  au  con« 
emtfs,  parce  qu'elle  a  peûsé  qué  les  procédés  Indiqués  dans 
tèe  méttoifes  ne  possèdent  pas  encore  16  cachet  réellettetit 
prati^e  d*ti&  éSM  vmtA. 

Elle  a  donc  tntdii  de  nouveau  appeler  Inattention  des  ehi^ 
mâÉtm  sur  tM6  question  importante  et  délicate. 

VI. 

M<P4W»  P^MQMTT  «  pour  une  amélioration  importante 
dme  le  blanehiment  de  la  lains. 

Le  blaMlilaeiit  éan  Ifliaee  bH  éimûn  ttèmiooompM;  ta 
opérations  réitérées,  par  lesquelles  on  passe  ou  on  aère  les 
laines,  suffisent  à  peine  pour  les  dégraisser  et  pour  réduire 
lanf  maiièra  «olomite»  «mm  loatefM  la  4élrair9.  han  Utmm 
d'ap^areoM  Uanolie  tiennent  cette  qualilé  bien  ploi  de  eelle 
die  la  matière  première  que  dç  r^flî^t  du  blancbiment  Le  pro- 
cédé qu9  Qjous  exigeons  devra  réussir  sur  toutes  les  quallté.s 
if>  laines^  sans  a4JonPtion  de  Tasuraife  complémentaire  avec 
lequel  on  imite  un  faux  blanc.  Il  devra  supporter  un  vapori- 
Mfe  i*um  bwmt  #t  A0  jfm  uoirB  aivp  cpule^rs  d'impn^sslon. 

VDL 

mémlium  BTAftMn* ,  fmir  (e  meiUeier  mémoire 
eetr  le  èUmêhimeni  dee  tMoe  êe  mtm  éeru, 

L^autenr  devra  présenter  de  nouveaux  faits  tendant  à  rendre 
le  blanehiment  plus  expéditif  et  plus  économique,  â  ^appli- 


4o^  PEK  PROPOSÉS 

quera  snrtont  à  détôrmlner  le  degré  de  solubilité  de  la  matière 
colorante  du  coton  dans  les  lessives  des  diverses  forces  et  dans 
des  savons,  depuis  60  jusqu'à  181  degrés,  température  de  10  at- 
mosphères, n  dira  jusqu'à  quel  degré  la  solubilité  progresse^et 
conclura  de  là  la  température  la  plus  favorable  pour  blanchir. 
Quelques  praticiens  font  usage  d'un  système  de  lessives  à 
haute  pression,  dans  des  appareils  dispendieux  et  fort  dange- 
reux :  il  importe  de  vérifier  si  cette  méthose  est  fondée  sur  les 
meilleures  conditions  de  solubilité  de  la  matière  colorante^  oa 
si  la  science  la  condamne. 

vm. 

UÉDAiLLE  D^ARGEiiT,  pour  unê  table  des  proportions  ehimiquei 
des  matières  colorantes  organiques. 

Ce  travail  devra  donner,  avec  les  proportions  chimiques  des 
principes  colorants,  celle  des  matières  colorantes  dans  Tétat 
eu  le  commerce  les  livre  ;  et,  pour  celles  qui  sont  aolubles, 
l'équivalent  des  décoctions  à  un  degré  aréométrique  donné, 
tels  que,  10  ou  90*  A  B* ,  pour  le  campèche,  les  bois  rouges,  le 
quercitron,  le  fustet,  le  cuba,  les  graines  de  Perse,  la  gaude, 
la  cochenille,  Torseille,  etc. 

De  ces  proportiona  devraient  pouvoir  se  déduire  celles  de 
tel  ou  tel  mordant  pour  la  composition  des  couleurs  ou  pour 
la  préparation  des  laques,  comme  se  calcule  la  composition  de 
tout  sel  dont  on  cherche  Tacide,  connaissant  la  base. 

IX. 

MEDAILLE  dVrgsnt,  pouT  Un  mémoire  relatif  aux  mordoMs 
organiques  naturels  de  la  tetne,  de  la  soie^  du  coton^  ete. 

Par  mordant  organique,  nous  entendons  la  substance  qui, 
après  teinture,  retient  sur  la  laine,  la  soie  ou  le  coton  non 
blanchi,  les  matières  colorantes  qui  auraient  nécessité  des 
mordants. 

On  devra  Isoler  ces  mordants,  définir  leur  différence,  leur 
rôle.  Les  fibres  végétales  sont  les  seules  qu'on  soit  parvenu  à 
débarrasser  de  leur  mordant  organique.  Dans  cet  état,  le  coton 
est  tout  aussi  apte  à  être  teint  et  à  être  imprimé;  en  sera-t-il 
de  même  de  la  laine  et  de  la  soie  7  Que  sont  les  tissus  du  règne 
animal,  dépourvus  de  leur  mordant  organique?  Est-ce  cetto 
substance  qui  rend  ces  tissus  réducteurs  ? 


PAB  LA  SOCIÉTÉ  INDUSTRIEILB  DE  MULHOUSE.      4o7 


lliDAitu  D*OR,  pour  un  moyen  de  rendre  le$  rouges 
de  murexyde  moins  altérables  aux  émanations  sulfu^ 
reuses. 

n  est  question  des  rouges  de  murexyde  obtenus  sur  les  tis- 
sus de  coton,  soit  par  teinture,  soit  par  impression  directe,  soit 
par  les  moyens  ordinaires  d'impression  au  rouleau  ou  k  la 
planche. 

Les  teintes  fournies  devront  être  aussi  vives  que  celles  qu'on 
prépare  aujourd'hui  ;  et  le  procédé  indiqué  ne  devra  pas  être 
sensiblement  plus  cher  que  celui  actuellement  en  usage,  tout 
en  restant  aussi  pratique. 


XIV. 

MéDÀiLLi  d'argent  ,  pour  la  fabrication  à^un  outremer  gui, 
épaissi  d  Valbumine  et  fixé  à  la  vapeur  de  la  manière 
ordinaire 9  n'^éprouve  aucune  altération^  et  conserve  une 
nuance  claire  et  vive. 

n  est  bien  reconnu  par  les  fabricants  d'indiennes  que  beau« 
coup  d'outremers  n'ont  plus  la  stabilité  qu'ils  avaient  autrefois. 
Par  le  vaporisage,  la  nuance  est  sensiblement  altérée  et  dégra- 
dée, et  pour  obvier  A  ce  grave  inconvénient,  le  fabricant  est 
forcé  d'avoir  recours  à  des  moyens  de  fixation  qui  sont  plus 
onéreux  et  moins  rationnels. 

XV- 

MénAiLLB  n' ARGENT,  pour  la  théorie  du  coton  impropre 
a'ux  couleurs^  désigné  sous  le  nom  de  coton-mort. 

Les  toiles  de  coton  colorées  par  la  teinture  d'un  mordant 
imprimé,  et  par  conséquent  épaissi,  présentent  parfois  des  fi- 
laments qui  n'ont  pas  retenu  la  couleur  dont  l'ensemble  était 
recouvert.  Ces  filaments,  qu'aucun  caractère  physique  ne  si- 
gnalait, constituent  alors,  au  milieu  des  masses  colorées,  des 
points  blancs  auxquels  on  assigne  pour  cause  et  origine  la  pré- 
sence de  coton^mort* 


4o8  paix  PAO?09fi3 

On  a  admis  que  ces  fibres  stériles  (ou  coton-mort)  qui  envar 
hissent  nos  toiles»  plus  ou  moin»,  selon  Tespèce  de  la  matière 
première,  et  qui  se  font  jour  plus  facilement  sous  certaines 
compositions  ou  manutentions,  pourraient  provenir  t  éê  tubes 
obstrués,  de  torsion  trop  énergique,  de  nœuds  d^articnlallons, 
d'une  cellulose  parasite,  de  brins  avortés,  etc.  U  s'agirait  d'ex- 
pliquer ces  faits,  et  surtout  de  préserver  nos  iodieoQes  d*mi 
inconvénient  des  plus  graves. 

XVL 

Mbdàiuje  d'o«,  pour  I9  iéeoutiÊrtû  iê  l'w4p  MffMi^AMîfif^» 
cm  pour  un$  pr^pantH^n  faciU  ^i  a^idM  cMçromyn^i^ti^^ 
liquei^  ou  mnfin^  paur  un  mémoire  wr  lê$  aj^U^oliam  êm 
couleurs  de  Laurent  à  la  teinture  $t  à  la  foèrieatim  4h 

toiles  peintes. 

Les  travaux  de  Laurent  sur  la  naphtaline  ont  ouvert  dans 
les  dérivés  chlorés  et  chloroxydés  de  cette  substance  une  mine 
de  couleurs  d'autant  plus  intéressantes  que  leur  composition 
chimique  vient  se  fondre  dans  celles  de  l'alizarine.  Ce  rappro- 
chement, aussi  remarquable  que  les  couleurs  mômes  de  Iiftu- 
rent,  provoqua  chez  les  industriels  français  un  sujet  immédiat 
de  recherches  et  d'applications  de  la  plus  haute  importance, 
dont  l'exploitation  cependant  reste  paralysée  par  l'absenoe  de 
la  matière  première  dans  le  eommeroe,  ainsi  que  par  U  Ion» 
gueur  et  les  difficultés  da  sa  préparation.  Oe  qo*  l'on  demande 
est  donc  le  moyen  d'exempter  de  ces  inoonvénieots  la  prépai** 
tion  des  acides  chloroxynaphtalique  et  perehloroxynaphlalW 
que  ;  de  pouvoir  se  procurer  ces  acides  ou  leura  sels  à  «n  prix 
qui,  sous  ce  rapport,  rivalise  avec  celui  de  Talizarine,  que  l'on 
évalue  en  moyenne  à  100  fr.  le  kiL 

Pour  appuyer  de  quelques  exemples  la  richesse  colorante  de 
cette  nouvelle  source,  on  citera  parmi  les  dérivés  nitriques  de 
la  naphtaline  : 

La  naphtase^  produit  de  la  distillation  de  la  uitronapbtaUiie, 
qui  colore  l'acide  sulfurique  en  bleu  violacé  ; 

La  binilronaphtaline^  qui  donne  dans  r»lco<A  saturé  d*an« 
moniaque  un  composé  cramoisi  foncé  ; 

La  triniironaphtaline^  dont  les  dissolution»  alcalines  sont 
rouges; 

La  naphlylamine  (naphtalidame  de  Zinln),  ou  nitrona^lUa* 


PAB  LA  SOCIÉTÉ  lUDtnTftlELtE  DE   MULHOUSE.      4^9 

■ 

Une  réduite,  dont  rali*  et  les  réactif^  oxydants  colorent  les  sels 
do  Tiolet  azuré  au  pourpre  foncé  (naphtaméine),  et  qol  donnent 
ETeo  raoide  suif  ariqoe  un  bleu  Intense  ; 

La  nitronaphtylamine^  ou  naphtaline  blnitrée  réduite,  alcali 
fouge  carmin  ; 

Ltizonaphiyiaminâ^  dont  la  dissolution  sulfurique  est  d'un 
▼ioletfbncé  stable  s 

Z«#  ÈhiofutphtamBîeê  qui,  sous  des  réactions  acides,  se  colo- 
rent en  rouge  à  la  lumière  ou  par  la  chaleur  ; 

L'acide  êulfonaphialidamiquô  ou  naphtionique^  qui  se  dé- 
compose en  une  résine  rouge  violacée  ; 

Lm  êérie  oxynaphialique  enfin,  dans  laquelle  les  chloroxy- 
naphtalates  en  question  proviennent  de  Taction  de  Facid^  ni* 
trique  sur  les  chlorures  de  chloronaphtaline. 

L»$  ehlofowynaphtalates  et  perehloroxynaphtalate$  sont 
des  sels  de  toute  beauté,  qui  vont  du  Jaune  et  de  Forange  au 
cramoisi,  et  qui  sont  insolubles;  ainsi  ; 

Le  ohloroxynaphtalate  de  cuivre  est  cramoisi  ; 

Le  ohloroxynaphtalate  de  plomb  est  rouge  orangé; 

Le  chloroxynaphtalate  de  mercure  est  rouge  brun; 

Le  chloroxynaphtalate  de  cobalt  est  vermillon  ; 

Le  chloroxynaphtalate  de  cadmium  est  vermlilon  ; 

Le  chloroxynaphtalate  de  chrome  est  rouge. 

Les  acides  chloroxynaphtaliques  teignent  parfaitement  les 
mordants  usuels. 

SI,  dans  Pacide  chloxynaphtalique  G*^  H^  Gl  0',  ce  seul  équi- 
valent de  chlore  pouvait  être  remplacé  par  l'hydrogène,  on 
aurait  Tacide  oxynaphtAlique  ou  alizarine  G**  H'  0',  et  par- 
tant la  solution  d'un  problème  de  Laurent,  qui  ne  se  traduirait 
en  rien  moins  pour  la  teinture  qu*à  pouvoir  garancer  avec  des 
produits  de  la  houille  ;  produits  qui  fournissent  toutes  les  ma- 
tières organiques  à  la  chaleur  rouge. 

xvn. 

BAxDAlLLE  D^OR,  pouf  ufi  procédé  de  teinture  ou  de  fabrication 
de  toilet  peintes  par  les  alcaloidee. 

Une  industrie  qui  consiste  à  colorer  les  tissus  attache  non* 
seulement  de  rimportance  aux  matières  colorantes  qu'elle  ren- 
contre toutes  les  formées»  mais  encore  à  toutes  les  réaotioos 


4lO  PRIX  PROPOSÉS 

chimiques  qui  indiquent  des  couleurs.  Partout  où  il  y  a  colo- 
ration, elle  a  la  persuasion  quUl  y  a  quelque  chose  pour  elle,  et 
que  là  même  est,son  avenir.  Les  difficultés  chimiques,  pas  plus 
que  la  rareté  des  substances,  ne  sont  des  obstacles  absolus 
dans  la  fabrication  des  toiles  peintes.  La  création  d'une  dixain^ 
d'établissements  préparant  un  produit  qui,  il  y  deux  ans,  ne  se 
voyait  encore  que  dans  les  tubes  scellés  des  collections,  ne 
montre-t-elle  pas  une  de  ces  conquêtes  industrielles,  sous  le 
rapport  de  la  rareté  de  la  matière  première,  autant  que  soas 
le  rapport  des  difficultés  de  préparation?  Est-ce  donc  placer 
le  problème  des  alcalis  organiques  sous  des  auspices  plus  dé- 
favorables que  ne  Tétait  celui  de  la  murexyde?  La  majeure 
partie  de  nos  procédés  ne  reposent-ils  pas  déjà  sur  des  réac- 
tions oxydantes  ;  et  c'est  sous  ces  réactions  précisément  que 
les  alcaloïdes  décèlent  les  couleurs  les  plus  recherchées.  Deux 
alcaloïdes  d'ailleurs  font  déjà  partie  de  nos  procédés  de  tein- 
ture :  rharmaline  et  Taniline  avec  ses  dérivés.  Dans  le  nombre 
des  bases  qui  restent,  nous  voyons  d'abord  celles  de  l'opium, 
la  morphine  et  la  codéine,  qui  produisent  du  rouge  ;  la  narco- 
tine,  du  vert  foncé  avec  l'acide  sulfurique;  la  nitroméconine, 
du  rouge  avec  les  alcalis.  Nous  avons  ensuite  la  strychnine,  qui 
donne  du  violet  ;  la  dissolution  nitrique  de  la  brucine  qui,  par 
le  chlorure  stanneux,  est  ramenée  du  rouge  au  violet;  la  théo- 
bromine  oxydée,  qui  colore  Tépiderme  en  rouge  et  la  magnésie 
en  gros  bleu  ;  la  sanguinarine,  qui  se  colore  en  rouge  dans  les 
atmosphères  à  vapeurs  acides  ;  la  nitronaphtylamine,  qui  est 
un  alcali  rouge  carmin  ;  la  caféine  dont  les  dérivés  nitriques 
fournissent  un  homologue  de  Tacîde  urique  ;  l'acide  amalique, 
qui  se  colore  en  violet  sous  rinfluence  des  alcalis  et  colore  la 
peau  en  rose  (murexoîne).  L'alcali  de  la  cigûe,  la  conine,  passe 
du  pourpre  au  bleu  par  l'acide  chlorhydrique  anhydre,  et  au 
rouge  foncé  par  l'acide  nitrique.  Enfin  dans  les  alcalis  des 
quinquinas,  la  quinine  qui  avec  Teau  chlorée  et  de  l'ammo- 
niaque donne  du  vert,  puis  du  violet,  puis  du  rouge,  à  mesure 
que  le  chlore  augmente.  A  la  quinine  devraient  être  joints  les 
dérivés  chlorés  des  amides  quinoniques  de  Laurent,  ainsi  que 
cette  combinaison  non  azotée  de  Wœhler,  la  quinone  avec 
l'hydroquinone,  qui  a  pas  la  réputation  d'être  le  plus  beau  corps 
de  la  chimie  organique,  etc. 

Les  réactions  oxygénantes  prolongées  laissent  avec  plusieurs 
alcaloïdes,  pour  produit  final,  des  résines  noires. 


PAR   LA  SOCIÉTÉ   INDUSTRIELLE   DE   MULHOUSE.      4^^ 

Plusieurs  des  colorations  que  nous  avons  citées  sont,  il  est 
Trai,  passagères;  d'autres  n'existent  que  dans  des  véhicules 
qui  altéreraient  nos  tissus  ;  mais  n'a-t-on  pas  rencontré  exac- 
tement les  mêmes  phénomènes  dans  les  apparitions  de  la  mu« 
rexy  de  et  dans  l'histoire  des  acides  sulfindigotique  et  sulfopur- 
purique?  Â-t-on  étudié  ces  réactions  sous  le  point  de  vue  de 
leur  application  tinctoriale  7  Ajoutons  encore  que  dans  ce  but 
il  serait  superflu  de  faire  usage  de  produits  au  degré  de  pureté 
où  les  réclame  la  pharmacie. 

xvni. 

IféDAiLLE  D*OR,  pour  Vune  ou  Vautre  des  eouleun  suivantes  : 
rouge  métallique  ;  vert  métallique  foncé;  violet  métallique^ 
susceptibles  d*étre  imprimées  au  rouleau^  avec  Valbumine 
pour  épaississant. 

Une  exécution  prompte,  une  sécurité  augmentée  par  Tavan- 
tage  de  pouvoir  juger  des  résultats  durant  Timpression,  et  une 
solidité  suffisante  rehaussée  par  la  nature  même  de  Tépaissis- 
sant,  ont  donné  à  nos  genres  plastiques  une  étendue  que  les 
imprimeurs  sur  étoffes  cherchent  à  développer  chaque  jour  en 
raison  de  la  faculté  qu'ils  trouvent  d'y  pouvoir  utiliser  toutes 
les  couleurs  organiques  ou  minérales.  Cependant  parmi  celles-ci 
il  manque  encore  trois  nuances  principales,  et  c*est  en  raison 
de  cette  lacune  que  nous  faisons  un  appel  aux  fabricants  de 
couleurs,  en  demandant  pour  les  toiles  peintes  un  rouge  mé- 
tallique, un  violet  métallique  et  un  vert  foncé. 

La  qualité  dominante  sous-entendue  par  métallique  est  tout 
d'abord  la  solidité  à  la  lumière.  Les  autres  conditions  sont  : 
Tinsolubilité  et  l'éclat  de  la  nuance  même.  Ainsi,  nous  ne  sau- 
rions accepter,  par  exemple,  comme  rouges,  des  précipités  qui 
quelquefois  portent  ce  nom  dans  les  verres  à  expérience,  s^ils 
ne  pouvaient  être  placés  entre  le  vermillon  et  le  carmin,  ni 
former  du  violet  ou  de  l'orange  par  leur  mélange  avec  du  bleu 
ou  du  jaune. 

Pour  le  vert,  il  faut  l'intensité  qui  manque  aux  composés  de 
cuivre,  d'urane  de  cobalt  ou  de  chrome;  intensité  qui  se  défi- 
nirait assez  bien  par  la  teinte  foncée  du  vert  de  veme.  Nous 
possédons  des  jaunes  métalliques,  des  bleus  métalliques,  mais 
les  verts  que  donnent  leurs  mélanges  perdent,  dans  nos  con* 

Tome  XVIII,  1860.  a; 


4l8  P&IX   PROPOSÉS 

ditioQs  de  trayaîl,  le  caractère  de  yi?acité  de  leurs  coulenn 
élémentaires. 

Pour  le  violet,  nous  exigeons  un  ton  égal  au  violet  garancev 
ou  à  ceux  que  donnent  nos  mélanges  de  bleus  avec  roses. 

11  est  indispensable,  pour  nos  impressions  mécaniques , 
d'avoir  ces  couleurs  dans  un  état  de  division  impalpable  ;  les 
outremers  du  commerce  peuvent  servir  de  type  à  cet  égaid. 
Cette  condition  antagoniste  de  Tintensité  est  jusqu*à  présent 
la  cause  pour  laquelle  le  vermillon,  entre  autres,  n*a  pas  pu 
être  appliqué.  D^'autres  fois,  cette  division  extrême  favorise 
une  sensibilité  inaperçue  en  masses,  mais  qui  en  petites  cou- 
ches montre  de  la  fugacité  sur  nos  étoffes  ;  tel  est  Tiodure  de 
mercure  qui  en  disparaît  spontanément 

Signaler  ces  différents  inconvénients,  c'est  attirer  l'atteution 
des  fabricants  de  couleurs  sur  les  produits  de  la  plus  grande 
stabilité  et  d'une  intensité  telle  que  la  porphyrisation  seule  les 
descende  à  celle  que  nous  réclamons.  Ces  conditions  ne  se  ren- 
contreraient-elles pas,  comme  dc^jà  pour  Tazur,  dans  les  sili- 
cates, dans  les  flux  vitreux,  qui  offrent  des  exemples  de  puis- 
sance colorante  qui  souvent  ne  peut  être  perçue  autrement,  et 
qui,  telle  que  celle  du  cristal  rougi  par  l*or,  est  encore  sans 
application  dans  la  peinture  des  tissus?  Rappelons  cependant, 
à  Toccasion  du  métal  que  nous  venons  de  citer,  qu'eu  180A 
déjà,  Widmer  faisait  à  Jouy  des  fonds  violets  au  protoxyde  d'or, 
par  un  procédé  analogue  à  celui  du  pourpre  de  Cassius. 

IX. 

MÉDAILLE  d'argert,  pour  Vintroâuetion  dani  h  eommeree  de 
Vacidê  ferrocyanhydrique  ou  des  ferrocyanures  de  cahmm 
ou  de  barium. 

Pour  préparer  sur  tissus  des  bleus  et  des  verts  par  l'actioa 
de  la  chaleur  sur  les  acides  ferro  ou  ferricyanhydriques,  le 
commerce  ne  nous  livre  jusqu'à  présent  ces  acides  qu'en  com- 
binaison avec  la  potasse.  Ces  sels  (prussiates)  ne  peuvent  sati»f 
faire  l'impression  et  la  teinture  que  lorsque  leur  base  en  est 
retirée  par  des  acides  ou  par  des  sels  acides.  Arrivés  à  une  cet- 
taine  intensité  de  nuances,  à  celles  presque  toujours  demaa- 
dées,  ces  acides  ne  peuvent  plus  être,  pour  l'impression,  qu0 
les  acides  tartrique  et  oxalique,  c'est-à-dire  les  acides  les  plus 


PAR  LA  SOCIÉTÉ  INDUSTRIELLE  DE   MULHOUSE.      4^5 

coûteux.  Tantôt  leurs  dépôts  cristallins  sont  laissés  dans  la 
composition,  tantôt  ils  en  sont  séparés  par  décantation  avant 
répaississage.  De  toute  façon  ils  sont  perdus.  Mais,  séparés  ou 
non,  la  formation  de  ces  dépôts  ne  s'arrête  pas  là.  Si  elle  a 
consisté  d'abord  en  uo  sel  prompt  à  se  déposer  et  très-divisée, 
elle  continue  à  la  longue  sous  forme  de  cristaux  de  plus  an  plus 
Tolumineux  et  plus  durs,  qui  viennent  occasionner  à  Timpres- 
sioD  au  rouleau  des  brèciies  et  de  là  les  traits  d$  racles, 

A  une  préparation  dispendiBuae  d'une  part,  à  une  impression 
dangereuse  d'autre  part,  peut  encore  être  ajouté  un  troisièiDd 
inconvénient,  celui  de  la  diilicuité  de  conservation  des  cou- 
leurs cyanurées  concentrées.  Si  nous  possédions  l'acide  ferro- 
cyanhydrique,  il  pourrait  être  ajouté  au  fur  et  à  mesure  de  la 
demande  dans  un  épais.^issant  pour  bleu  ou  pour  vert,  toujours 
prêt  et  stable.  Si  le  commerce  nous  livrait  des  prussiates  de 
baryte  ou  de  chaux,  il  serait  possible  d'en  précipiter  leurs 
bases  avec  l'acide  sulfurique,  au  lieu  d'employer  pour  cette 
modique  fonction  l'acide  tartri(]ue.  Et  la  proportion  de  ce  der- 
nier acide  ne  pouvant  jamais  être  moindre  en  poids  que  celle 
du  prusslate,  il  en  résulte  que  pour  utiliser  ce  sel,  qui  varie  de 
5  à  /i  fr.  le  kilogramme,  on  lui  adjoint  au  delà  de  son  poids  d'un 
acide  d'un  prix  plus  élevé  que  le  sien.  Les  nouveaux  composés 
que  nous  réclamons  oflriraient  par  conséquent  encore,  même  à 
un  prix  relativement  double  de  celui  des  prussiates  de  potasse, 
sécurité  d'impression  et  facilité  de  préparation. 

XX. 

IfiDAiLLE  d'asgert,  pour  la  préparation  de  laques  de  garance 

foncées,  au  fer  et  à  Valumine, 

Les  laques  de  garance  dont  l'impression  des  tissus  fait  usa- 
ge, proviennent  de  dissolutions  aluminiques  précipitées  pardes 
alcalis  ou  par  des  sels  alcalins.  En  retirant  de  l'alumine  à  ces 
laques,  ou  en  les  traitant  par  des  eaux  de  garance,  elles  peu- 
vent devenir  plus  foncées,  mais  au  détriment  de  leur  vivacité. 
Ce  que  nous  exigeons  est  :  une  laque  rouge  d'une  part  et  une 
laque  au  fer  d'autre  part  ;  que  ces  laques,  dans  leur  plus  grand 
état  de  division,  possèdent  la  nuance  des  couleurs  garance 
avivées.  Ainsi,  que  celle  d'alumine  soit  égale  non  à  un  rose, 
mais  à  un  rouge  avivé,  celle  de  fer  égale  aux  violets  savonnés. 


4 1.4  l'Ri^  PBOPOsÉs 

et  que  le  prix  de  revient  ii*ea  rende  pas  Tapplication  plus  coû* 
teuse  que  par  la  voie  de  teinture. 

XXIL 

MiDAiLLE  d'argekt,  pouT  U  meilleur  mémoire  mr  le  caehoum 

Le  cachou,  qui  trouve  aujourd'hui  un  si  grand  emploi  dans 
la  teinture  et  Timpression  des  tissus,  n^a  pas  encore  été  suffi- 
samment étudié,  et  le  consommateur  ne  saurait  à  Theure  quUl 
est  se  former  une  théorie  exacte  du  rôle  que  joue  chacune  des 
diverses  substances  dont  il  est  composé.  L'auteur  du  mémoire 
devra  donc  établir  cette  théorie  :  faire  connaître  le  véritable 
principe  colorant  ;  indiquer  son  meilleur  dissolvant,  et  la  ma- 
nière la  plus  convenable  d'oxydor  ou  de  fixer  cette  matière 
colorante, donner  des  moyens  pratiques  den  éliminer  les  sub- 
stances étrangères,  qui  ne  font  que  ternir  les  nuances  qu*eile 
fournit 

xxm. 

MiDAiLLE  D^ ARGENT,  pour  Vemploi  en  grand  de  Vozone 
dans  la  fabrication  des  toiles  peintes. 

L*02one,  agent  oxydant  des  plus  énergiques,  paraît  éminem- 
ment propre  au  blanchiment  des  étoffes  et  &  Toxydation  des 
matières  colorantes.  , 

Mais  l'impossibilé  de  l'obtenir  en  grand  et  d'une  manière 
industrielle  et  économique,  notamment  en  dissolution,  s'est 
jusqu'à  présent  opposée  à  son  emploi.  Le  prix  proposé  a  donc 
pour  but  de  provoquer  des  recherches  sur  les  moyens  d'arriver 
à  une  préparation  remplissant  les  conditions  voulues  pour  rem- 
ploi en  grand  de  l'ozone  dans  la  fabrication  des  toiles  peintes. 

XXIY. 

Prix  de  5.ooo  francs,  pour  une  substance  qui  puisse  servir 
d'épaississant  pour  couleurs,  apprêts  et  paretnents^  et  qui 
remplace  avec  une  économie  d'^au  moins  25  p.  loo  toutes  tes 
substances  employées  jusqu'ici  à  ces  divers  usages. 

Il  faudra  que  cette  substance  puisse  remplacer  les  amidons 
blanc  et  grillé,  la  fécule  et  leur  dérivés.  Son  prix  ne  devra 


PAR  LA   SOCIÉTÉ   INDUSTRIELLE   DE   MULHOUSE.      4^5 

pas  dépasser,  pour  le  même  effet  utile,  les  trois  quarts  des  prix 
inoyens  daus  les  années  de  récolte  ordinaire,  des  épaississants 
actuellement  employés. 

Peut-être  serait-il  possible  de  donner  à  la  gomme  adragante, 
qui  fixe  très-bien  les  mordants  et  les  matières  colorantes.,  cer- 
taines qualités  qui  lui  manquent,  et  qui  en  rendraient  remploi 
plus  général  et  moins  cher.  Dans  ce  cas,  cette  gomme  serait 
admise  au  concours. 

Quel  que  soit  d'ailleurs  le  nouvel  épaississant  proposé,  il 
devra  avoir  été  déjà  livré  au  commerce. 

XXV. 

MÉDAILLE  D*AEGENT,  pouv  Ufi  mémoire  indiquant  raetiùn 
de  Vammaniaque  sur  les  matières  colorantes. 

C*est  de  Taction  de  Tammoniaque  sur  les  matières  colorantes, 
ou  de  Tammoniaque  et  de  Pair  sur  les  substances  colorables, 
que  résultent  la  cochenille  ammoniacale  et  les  belles  couleurs 
d'orseille.  Ces  heureux  résultats  ne  pouvant  être  les  seuls  basés 
sur  ces  procédés  de  développement,  la  Société  industrielle  dé- 
cernera une  médaille  d'argent  pour  la  préparation  de  toute 
autre  couleur  obtenue  par  ce  procédé. 


XXVIIL 

MiDAiLLE  d'argent,  pottf  le  moyen  de  fixer  le  gris  de  charbon 
autrement  et  plus  solidement  que  par  Valhimine. 

En  1835,  les  fabricants  des  environs  de  Paris  imprimèrent 
des  gris  de  charbon  fixés  par  le  blanc  d'œuf.  La  manufacture 
de  Glaye  utilisa  bientôt  après  cette  couleur  pour  ses  soubasse- 
ments de  meubles.  En  i856,  MM.  Thierry-Mleg  commencèrent 
avec  le  gris  de  charbon  des  effets  de  teintes  mates  ;  et  c'est 
depuis  le  nouvel  aspect  quMls  parvinrent  à  donner  à  cette  cou- 
leur qu'elle  devint  un  emploi  général  pour  les  indiennes  et  les 
tissus  légers.  Si  nous  demandons  un  procédé  de  fixation  diffé- 
rent, c'est  parce  que  nous  en  avons  trouvé  des  spécimens  dans 
les  tissus  chinois  qui  nous  furent  envoyés  en  i85i.  Les  gris 
unis  de  Chine  ne  sont  fixés  ni  par  l'albumine  ni  par  des  ma^ 
tières  grasses. 


4l6  PUl   PROPOSÉS 

XXIX. 

MEDAILLE  D^ARGENT,  pouT  un  mémoire  sur  cette  question  : 
Comment  les  substitutions  moléculaires  affectent- elles  les 
composés  colorés  organiques? 

Quel  e»U  par  exemple,  le  nombre  d'équivalents  d'hydrogène 
qui  peuvent  être  remplacés  par  du  chlore  avant  que  la  couleur 
lie  soit  Bdodifiée»  ou  que  la  décoloration  ne  s'ensuive?  Par  quel 
changement  de  coloration  se  manifestent  les  substitutions  pro- 
gressives ? 

On  demande  donc  l'analyse  des  matières  colorantes  à  élé- 
ments substitués,  le  groupe  carbonique  étant  maintenu. 

XXX. 

MEDAILLE  DE  BRONZE,  pour  P analyse  du  Lokao,  ou  vert 

de  Chine. 

Après  que  M.  D.Kœchlin  eut  signalé  cette  matière  colorante, 
Mf.  Pîessy  publia  une  note  sur  ses  propriétés.  Les  chimistes  qui 
se  sont  occupés  depuis  de  cette  matière  colorante  n'ont  ajouté 
aucun  fait  nouveau  à  ceux  aIoi*s  indiqués.  Quoique  donnant  à 
ta  teinture  un  vert  lumière,  les  applications  du  vert  de  Chine 
ont  été  abandonnées  à  cause  de  sa  fugacité  et  de  son  prix  élevé. 
Chimiquement  cependant,  cette  Substance  accuse  des  réactions 
curieuses  et  semble  n'avoir  pas  d'analogue.  C'est  pour  ajouter 
à  son  histoire  scientifique  que  ce  prix  est  proposé. 

XXXI. 

MtoâiUti  D^on,  pour  l'application  à  la  fabrication  des  toiles 
peintes  de  Vaetion  de  la  lumière  ou  de  Vélectridté  sur  des 
matières  celerantes^  ou  sur  des  matières  qui  se  colorent  sous 
faction  de  ces  agents. 

Les  anciens  employaient  la  lumière  comme  agent  de  colora- 
tion. Ils  la  faisaient  agir  sur  des  tissus  imprégnés  de  sécrétions 
de  coquillages  et  obtenaient  ainsi  des  pourpres  :  coloration  que 
l'alloxane  ammonié  donne  aujourd'hui  dans  les  mêmes  circon- 
stances. 

Les  teinturiers  des  Indes  exposaient  à  la  lumière  leurs  tissus 


PAR  LA  SOCIÉTÉ  INIlirsrTIlIBttB   DB  MULHOOSB.      4^7 

iÉiblbéâ  d'^êmulsions.  De  nos)  Jours,  les  teinturiers  en  rouge  ont 
encore  recours  à  ce  moyen  combiné  à  la  chaleur.  L'action  de  la 
lumière  solaire  sur  les  dérivés  des  huiles  est  d'ailleurs  telle, 
qti^eû  faisant  agir  Isolément  certains  rayons  du  spectre  sur  des 
résines  ou  sur  des  essences  oxydées  ou  nitrées,  on  détermine 
ime  variété  Infinie  de  composés  colorés. 

Quel  est  le  fabricant  de  toiles  peintes  qui  n^a  pas  déjà  re- 
vêtu ses  étoffes  d'empreintes  provenant  de  la  décomposition 
de  Tacide  chromique,  ou  des  chlorures  d'or,  de  platine,  d'ar- 
gent?. ... 

Citons  encore  rinfluence  intermittente  de  la  lumière  et  dd 
l'obscurité  sur  nos  couleurs  cyanurées,  ainsi  que  sur  les  disso- 
lutions d'alloxane  ammonié;  enfin  l'un  de  ces  rouges  dé  Lau- 
rent par  les  thyonaphtamates. 

N'avons-nous  pas,  d*un  autre  côté,  &  combattre  l'action  de 
la  lumière  contre  certaines  préparations,  telles  que  celle  des 
tissus  chromâtes,  et  reconnu  que  le  jaune  de  chrome  perd  au 
soleil,  comme  par  son  contact  avec  d'autres  oxydes,  la  pro- 
priété do  se  laisser  virer  à  Torange  ? 

Chaque  jour  nos  usines  nous  rendent  témoins  de  quelque 
phénomène  de  coloration  qui,  en  dehors  de  toute  explication 
scientifique,  suffirait  pour  faire  concevoir  de  la  puissance  de 
ta  lumière  solaire  une  idée  non  moins  générale  que  celle  de 
l'impressionabillté  des  corps  par  la  chaleur.  Ne  serait-il  pas 
dès  lors  possible  de  trouver  dans  l^pplication  de  cet  agent,  ou 
de  l'électricité,  quelque  procédé  utile  à  la  fabrication  des  toiles 
peintes? 


xxxm. 

Pin  DB  i7*5oo  FB.  ET  MÉDAILLE  D*OR,  pour  une  subsianee  pou^ 
tant  remplacer^  iou$  tous  les  rapports^  Valbumine  sèche  des 
(Bufs^  dans  Impression  des  couleurs  sur  les  tissus^  et  présen- 
tant une  économie  de  a5  p.  loo  sur  le  prix  de  Valbumine. 

Les  matières  colorées  en  poudre  fine  ou  en  pftte,  telles  que 
l'outremer  ou  les  laques,  fixées  au  moyen  de  l'albumine  sur  les 
différents  tissus,  ont  plus  ou  moins  d'adhérence  sur  ces  tissus, 
suivant  le  plus  ou  moins  d'albumine  sèche  employée.  U  faut 
donc  que  la  substance  devant  remplacer  l'albumine  produise 


4l8  PBIZ  PROPOSÉS     . 

des  couleurs  au  moins  aussi  solides  que  le  fait  ralbàmine  dans 
les  meilleures  circonstances.  Les  couleurs  fixées  avec  le  nouvel 
épaississant  devront  supporter  les  différents  passages,  tels  que 
savon,  etc.,  et  résister  aussi  bien  au  frottement  que  les  mêmes 
couleurs  fixées  à  Talbumine,  sans  leur  donner  plus  de  roideur. 

Le  prix  normal  de  Talbumine  a  été  pendant  longtemps  de 
6  fr.  le  kilog.,  mais  la  spéculation  Ta  porté,  dans  certains  mo- 
ments, jusqu*à  lôfr.  et  plus. 

Il  faudrait  que  la  substance  remplaçant  Talbumine  fût  on 
produit  commercial  et  que  le  prix  ne  dépassât  jamais  ^  fr.  le 
kilogramme. 

L'albumine  du  sang,  parfaitement  décolorée,  sera  admise  aa 
concounk 

XXXIV. 

MiDAiLLE  d'or,  pour  Vintroduetion  de  Valizarine 

dans  le  commerce. 

La  forme  cristalline  est  toujours  celle  d'un  composé  défini,  et 
pour  la  matière  colorante  qui  fait  le  sujet  de  ce  prix,  on  pour- 
rait affirmer  que  ce  serait  la  garantie  de  sa  pureté  et  la  forme 
sous  laquelle  elle  se  substituerait  aux  nombreux  dérivés  de  la 
garance.  Si  cette  matière  colorante  est  celée  dans  un  mélange 
des  plus  complexes,  il  y  a  des  températures  auxquelles  elle  n'y 
peut  plus  être  retenue,  et  où  seule  alors  elle  se  sépare  facile- 
ment de  toutes  les  substances  qui  raccompagnent  Les  vapeurs 
d'alizarine  étant  denses,  devront  être  soustraites,  à  mesure  de 
leur  naissance,  du  foyer  de  chaleur  par  des  courants  d'air  ou 
de  vapeur  (voir  t.  XV  du  Bulletin  de  la  Société  industrielle)  ;  le 
tout  est  d'organiser  un  appareil  convenable.  Un  procédé  d'ex- 
traction basé  sur  les  propriétés  de  volatilité  de  Talizarine  et  de 
la  purpurine  parait  moins  coûteux  que  les  préparations  de  ga- 
rancines.  Le  jour  où  la  garance  ne  se  vendra  qu'en  cristaux, 
son  commerce  se  trouvera  réduit  à  sa  plu^  simple  expression, 
et  sera  un  défi  jeté  à  la  fraude. 


PAR  LA  SOGIÉTlS  INDUSTRIELLE  DE  MULHOUSE«      4^9 

XXXV. 

MÉDAILLE  DE  BRONZE,  pouF  un  travail  sur  cette  question: 
L'indigo ptut'il  être  régénéré  de$ei  composée  sulfuriques? 

4 

Les  applications  de  Tindigo  ne  sont  jusqu^à  présent  obtenues 
sur  coton  que  par  réduction  et  Tintermède  de  dissolvants  alca- 
lins. Les  composés  sulfuriques  de  Tindigo  n^ont  pas  encore  leur 
iSxateur  pour  coton.  La  nuance  plus  pure  de  ces  composés,  leur 
grande  solubilité  et  Tavantage  de  pouvoir  les  unir  aux  couleurs 
vapeur,  donneraient  de  Timportance  au  procédé  qui  leur  ren- 
drait k  la  fois  sur  coton  rinsolubilité  et  la  solidité  de  Tindigo. 

XXXVÏ. 

MÉDAILLE  D*OR,  pour  la  Séparation  du  blanc  d'cmfdu  jaune^ 
lorsque  ces  deux  substances  se  trouvent  mélangées  d'une 
manière  homogène* 

Le  procédé  pourrait  rendre  pratique  remploi  des  œufs  de 
poissons  et  des  frais. 

Il  suffirait  de  séparer  la  matière  colorante  et  Phuile  qui  ren- 
dent Talbumine  impropre  comme  fixateur ,  Tune  par  sa  colo- 
ration, Tautre  en  diminuant  sa  solidité. 

XXXVIL 

MÉDAILLE  D^ARGERT,  pour  uu  mémoire  sur  cette  question: 
Quels  sont  les  degrés  d'humidité  et  de  chaleur  auxquels  la 
décomposition  des  mordants  acétates  s^opére  le  plus  rapide- 
ment el  le  plus  avantageusement? 

Entre  leur  impression  et  leur  teinture,  les  mordants  sont 
exposés  à  des  opérations  qui  consistent  à  enlever  la  partie  de 
leur  acide  qui  doit  les  convertir  en  sous-sels  insolubles.  Ces 
opérations  consistent  généralement  en  un  séjour  plus  ou  moins 
long  dans  une  atmosphère  humide;  c^est  à  proprement  parler 
un  vaporisage  lent  qui  s'appelle  aérage.  La  vapeur  d'eau  seule 
est  nécessaire  pour  enlever  Tacide  acétique  des  mordants  d'alu- 
mine et  de  fer.  Un  sesquioxyde  mis  en  contact  avec  de  Tacide 
acétique  est  souvent  long  à  s'y  dissoudre.  Cet  acétate  formé 
peut-il  perdre  son  acide  plus  vite  qu'il  ne  s'y  est  combiné  ? 


4s  O  PRIX  PROPOSÉS 

Peat-il  y.  avoir  quelquefois  résorption  d'acide  dans  nos  atèUen 
d*aérage?  Dans  ces  milieux  humides,  les  couleurs  oxydables 
telles  que  les  cachous,  atteignent  leur  degré  d'intensité  d'au- 
tant pins  rapidement  que  la  température  a  été  plus  élevée; 
mais  quelle  pourra  être  la  réaction  des  pertes  d  acide  chlorhy- 
drique  de  ces  couleurs  sur  les  mordants  avoisinants,  et  reflet 
de  la  température  sur  les  mordants  faibles  ?  Tout  procédé  ou 
appareil  qui,  dans  la  fabrication  des  toiles  peintes,  n'est  pas 
fondé  sur  les  conditions  chimiques  et  physiques,  est  en  deiiors 
de  la  théorie  et  peut  rendre  de  faux  services.  C'est  afin  de  con- 
firmer sous  le  point  de  vue  théorique  Tusage  des  nouveaux 
appareils  d'aérage,  que  ce  problème  est  posé. 

xxxvm. 

MÉDAILLE  d'argent,  pouf  un  mémoire  sur  la  eompoiiUim  cké^ 
mique  des  briques  réfraetaires  généralement  employées  0» 

Alsace, 

Ce  mémoire  devra  indiquer  : 

1*"  La  composition  chimique  d'au  moins  quatre  espèces  diiTé* 
rentes  do  briques  réfractaires  ; 

9"  Les  meilleures  proportions  de  silice  et  d'alumine»  poor 
produire  le  mélange  le  plus  réfractaire  ; 

5-  Les  quantités  d'oxyde  de  fer,  de  chaux,  de  magnésie,  etc,, 
qui  peuvent  se  trouver  dans  le  mélange  réfractaire»  sans  en 
augmenter  la  fusibilité. 

XXXIX. 

MÉDAILLE  d'argent,  pout  uus  nouveîle  source  éT aniline j 

attire  que  la  nitrohenxine, 

La  préparation  de  cet  alcaloïde  par  ce  nouveau  procédé  ne 
devra  pas  être  plus  coûteuse  que  celle  au  moyen  de  la  nitro- 
benzine.  —  L'hydrate  de  Phényle  C**  H'  O*,  qui  se  trouve 
.  dans  les  goudrons  de  gaz  en  môme  temps  que  la  benzine,  et 
qui  n'a  pour  ainsi  dire  pas  d'emploi,  se  transforme  partielle- 
ment en  aniline  quand  on  le  chauffe  avec  Tammoniaque,  daHK 
un  tube  scellé. 


PAB  LA  SOCIÉTÉ  UMDOATiaEtLi  DE  IfUIHOUSE.      4*> 

XL* 

MEDAILLE  D^ARGENT,  pour  tt»  mémoire  êur  Vempîoi  des  re'sines 
dans  le  blanchiment  des  tissui  de  coton. 

L*aatetir  da  travail  devra  indiquer  l^époque  à  laquelle  on  a 
commencé  à  employer  les  résines  dans  le  blanchiment  des  tis- 
stidde  coton.  Il  devra  examiner  le  mérite  relatif  des  différentes 
matières  employées,  indiquer  pour  chacune  d'elles  les  résultats 
<]u*elles  fournissent,  et  surtout  traiter  d'une  manière  complète 
le  rôle  que  Jouent  ces  substances  dans  le  blanchiment. 

XLL 
MiBAUiii  9'ok^  pour  «h  ilo««al  empM  au  jctune  é'amf. 

Depuis  quelques  aanées  la  consommation  de  Talbumine  d'œuf 
a  prk  un  si  grand  développement  que  la  mégisserie  ne  peut 
plus  absorber  tous  les  jaunes  d'œufs  des  fabriques  d'albumine* 
Un  nouvel  emploi  de  cette  substance  en  élèverait  naturelle- 
ment le  prix  et  par  contre-coup  réduirait,  sans  perte  pour  le 
labricaEti  celui  de  Talbumine. 

Le  eoncorrent  devra  justifier  de  remploi  du  jaune  d'au  moins 
ioot«o«  œufs  et  établir  que  cet  emploi  peut  être  fait  avec  avan- 
tage quand  même  le  loo  de  jaunes  d'œufs  serait  payé  'j  fr. 

Depuis  longtemps  on  a  fabriqué  des  savons  avec  cette  sub- 
stance, l'emploi  indiqué  devra  donc  être  autre. 


ARTS  iIÉGANIQUS»« 

t. 

MÉDAILLE  D^OR,  potif  titi  mémoire  sur  la  filature  de  eoion^ 

1»°*  80  à  000  métriquet. 

Le  choix  du  coton  étant  Tune  des  conditions  essentielles  pour 
obtenir  un  bon  résultat  dans  la  filature  des  numéros  élevés,  il 
faudrait  dans  le  mémoire  qu'on  demande,  parler  des  prlnci- 


42  s  PRIX   PROPOSÉS 

pales  marques  de  différents  cotons,  de  leurs  qualités  particu- 
lières, des  moyens  do  les  connaître,  et  dire  jusqu*à  quel  numéro 
on  peut  ordinairement  les  filer. 

On  traiterait  de  Tépluchage,  du  peignage,  du  cardage  et  du 
laminage,  des  meilleurs  rapports  de  vitesse  à  donner  aux  orga- 
nes des  machines  do  préparation,  du  doublage,  de  Técartemeat 
aux  laminoirs,  du  tors  aux  bancs-à-broches,  etc. 

Les  soins  à  prendre  pour  éviter  autant  que  possible  Tinéga- 
lité  du  fil  ;  les  principales  causes  qui  occasionnent  les  vrilles, 
et  les  moyens  de  les  éviter  ;  Tinclinaison  à  donner  aux  broches 
des  métiers  à  filer^  pour  les  différents  numéros;  la  meilleure 
vitesse  à  leur  imprimer;  le  maximum  d'étirage  et  rallonge- 
ment de  chaque  renvidée;  le  tors  nécessaire  à  chaque  numéro, 
chaîne  et  trame,  indiqué  en  tours  de  broche  par  centimètre, 
avec  la  force  correspondante  sur  le  dynamomètre  Régnier  ;  des 
précautions  à  prendre  pour  éviter  le  duvet  du  fil  ;  des  soins  à 
mettre  au  dévidage.  En  résumé,  toutes  les  manutentions  qui 
ont  rapport  à  la  filature  en  fin  seraient  indiquées,  ainsi  que  les 
meilleures  dispositions  à  donner  aux  métiers. 

Cette  partie  offre  tant  dMntérèt  et  d'utilité  sous  tous  les 
rapports,  qu'il  serait  &  désirer  que  des  personnes  capables, 
mettant  de  côté  tout  intérêt  particulier,  fournissent  tous  les 
renseignements  à  leur  portée,  afin  de  contribuer  à  Tavance- 
ment  de  notre  industrie  cotonière,  et  d'affranchir  entièrement 
la  France  du  tribut  qu'elle  paye  encore  à  l'étranger. 


UL 

MÉDAILLE  d'oh,  db  5oo  FRANCS,  pùUT  lô  meilleur  mémoire  «ur 
Vépuration  des  différentee  espèces  d'huiles,  propres  au 
graissage  des  machines. 

Indiquer  celle  qui  mérite  la  préférence  sous  les  rapports  de 
l'économie,  de  la  conservation  des  machines  et  de  la  légèreté 
de  leur  marche. 


PAB  LA  SOCIÉTÉ  INDCSTRIBIXB  DE  MULHOUSE.      4^3 

V. 

MÉDAILLE  D^ARGBNT,  pouT  dû  nouvelUê  reckerches  théariqueê 
et  pratiques^  iur  le  mouvement  et  le  refroidUsement  de  la 
vapeur  d^eaUt  dans  les  grandet  conduites. 

On  est  souvent  dans  le  cas,  pour  utiliser  la  valeur  perdue 
des  machjoes  qui  fonctionnent  sans  condensation,  de  conduire 
cette  vapeur  à  d'assez  grandes  distances,  parce  quMl  n'arrive 
pas  toigours  qu'on  ait  les  moyens  de  l'employer  dans  rétablis- 
sement même,  gu  dans  tout  autre,  situé  à  proximité.  On  citera 
comme  exemple  une  filature  ou  un  tissage  mécanique,  qui  cède 
la  vapeur  perdue  de  son  moteur  à  un  établissement  d'impression 
ou  de  blanchiment.  Plusieurs  applications  utiles  de  ce  genre 
existent  dans  le  Haut-Rhin  ;  il  est  probable  qu'elles  devien- 
draient plus  nombreuses,  si,  mieux  fixé  sur  les  distances  qu'il 
est  possible  de  faire  franchir  à  la  vapeur,  pour  l'employer 
encore  avec  avantage,  le  fabricant  était  retenu  aujourd'hui  par 
la  crainte  de  faire  des  dépenses  en  pure  perte. 

Plusieurs  savants  se  sont  occupés  de  cette  matière,  et  se  sont 
livrés  à  de  nombreuses  expériences;  mais  généralement  on  a 
opéré  sur  des  distances  bien  plus  rapprochées  que  celles  dans 
lesquelles  l'industrie  aurait  à  se  renfermer,  dans  la  plupart  des 
cas  qui  comporteraient  des  applications  du  genre  de  celles  ci- 
tées. Aussi  les  théories  établies  laissent-elles  à  désirer  sous  ce 
dernier  rapport,  ou  du  moins  ne  sont-elles  pas,  à  cet  égard, 
appuyées  sur  des  faits  assez  positifs,  pour  inspirer  à  l'industrie 
une  confiance  sufisante.  Il  y  a  donc  là  une  lacune  à  remplir, 
et  il  est  facile  de  concevoir  quels  avantages  résulteraient  pour 
l'industrie  en  général,  des  nouvelles  recherches  sur  ce  sujet, 
et  de  l'établissement  de  règles  pratiques,  qui  seraient  basées 
sur  des  expériences  entreprises  en  grand.  La  Société  indus* 
trielle  décernera  une  médaille  d'argent  à  l'auteur  du  mémoire 
qui  éclairera  convenablement  ces  questions. 

Les  concurrents  devront  surtout  s^appliquer  à  faire  ressortir 
d'expériences  pratiques,  et  à  indiquer,  par  une  formule  d'une 
application  facile,  la  déperdition  de  vitese,  ainsi  que  le  refroi- 
dissement qu'éprouve  la  vapeur  d'eau,  par  son  passage  dans 
les  conduites  d'une  longueur  et  d*une  ouverture  données.  Les 
expériences  devront  avoir  été  faites  sur  des  conduites  de  aoo 
mètres  de  longueur  au  moins,  on  devra  spécifier  la  nature  des 


4^4  ^^^  PROPOSAS 

matériaux  dont  celles-ci  seront  formées,  et  indiquer  les  diffé- 
rences de  résultats  obtenues  pour  chacune  d'elles. 


t  I  «  • 


VI. 

MÉDAILLE  o'oR,  pôuf  tfti  mémoire  complet  sur  les  transmiisiom 

de  mouverfienU 

Ce  mémoire  devra  renfermer  des  données  exactes  sur  la  foMê 
des  arbres  et  des  engrenages  ;  indiquer  les  meilleurs  ajuste- 
ments, tant  pour  les  aocouplements  que  pour  touta  autre  par» 
tie  des  transmissions  ;  faire  connaître  les  meilleures  vitesKS  à 
donner  aux  arbres,  et  les  rapports  les  plus  convenables  de  cm 
vitesses  entre  elles,  transmises  par  engrenages,  ou  par  oour^ 
roies.  Les  divers  modes  de  transmission  et  tous  les  agents  qui 
en  dépendent,  devront  être  examinés;  on  aura  aussi  à  parler 
des  supports,  paliers,  etc.  ;  en  un  mot,  traiter  de  tout  ce  quHl 
peut  importer  de  connaître  en  fait  de  transmissions  de  moav#* 
ment  en  général. 


XUI. 

MÉDAILLE  d'or,  à  V établissement  industriel  du  Haut-Rhin  qui, 
à  conditions  égales^  aura  le  plus  complètement  appliquée 
l'ensemble  de  ses  machines,  les  dispositions  nécessaires  p&ur 
éviter  les  accidents  susceptibles  d'hêtre  causés  par  celles-ci. 

Chacun  déplore  les  funestes  accidents  causés  souvent  par  les 
machines  employées  dans  les  établissements  industriels»  os 
par  les  agents  qui  les  mettent  en  mouvement.  Ces  aooideati 
deviennent  plus  fréquents  à  mesure  que  les  machines  se  mul- 
tiplient, ou  que  leur  marche  devient  plus  accélérée.  Ce  si:yet  a 
depuis  longtemps  éveillé  la  sollicitude  des  constructeurs  aussi 
bien  que  des  chefs  d'Industrie  ;  et,  il  faut  le  reconnaître,  de 
louables  elTorts  sont  faits  chaque  jour  par  eux,  pour  atténuer, 
autant  que  possible,  soit  par  des  dispositions  mécaniques, 
soit  par  des  mesures  réglementaires,  les  causes  des  dangers 
que  nous  venons  de  signaler.  Cependant  il  y  a  beaucoup  à  amé- 
liorer encore  sous  ce  rapport.  Dans  Tintérét  des  nomb/eax 


PAR  I.A  SOCIÉTÉ  UffDUBTRIELLE  DE   MULHOUSE,      ^^i 

ouvriers  employés  dans  nos  manufactures,  on  ne  saurait  donc 
trop  se  préoccuper  des  moyens  d'amener  des  nouveaux  pro- 
grès dans  cette  voie,  en  même  temps  que  de  chercher  à  géné- 
raliser de  plus  en  plus  les  applications  utiles  déjà  réalisées,  en 
en  répandant  la  connaissance.  La  Société  industrielle  se  pro- 
pose, dans  ce  but,  de  publier  toutes  celles  qui  lui  paraîtront 
mériter  d'être  signalées;  mais  comme  il  importe  avant  tont 
d*encourager,  comme  il  vient  d'être  dit,  l'adoption  des  mesures 
de  précaution  déjà  connues,  et  de  perfectionner  ou  d'étendre 
celles  existantes,  elle  offre  en  même  temps  à  titre  honorifique, 
une  médaille  d*or  à  l'établissement  qui,  à  conditions  égales, 
c'est-à-dire  pour  un  même  genre  d'industrie,  aura  le  plus  com- 
plètement, jusqu'à  la  clôture  du  concours  de  ses  prix  de  1861, 
appliqué  à  l'ensemble  de  ses  machines,  toutes  les  dispositions 
nécessaires  pour  éviter  les  accidents  susceptibles  d'être  causés 
par  elles.  Il  faudra,  pour  obtenir  le  prix,  que  ces  dispositions 
soient  en  outre  jugées  suffisantes,  et  que,  pour  eu  assurer 
toute  l'efficacité,  elles  soient  accompagnées,  en  ce  qui  con- 
cerne la  police  des  ateliers,  des  prescriptions  réglementaires 
nécessaires.  On  mentionnera  entre  autres,  à  cet  égard,  la 
question  du  nettoyage  des  machiues  ;  beaucoup  d'accidents 
provenant,  ainsi  que  le  démontre  Texpérlence,  de  ce  que  celui- 
ci  se  fait  souvent  pendant  leur  marche. 

La  Société  se  réserve  de  décerner  également,  s'il  y  a  lieu,  à 
titre  d'accessit,  des  médailles  d'argent  aux  établissements  qui, 
sans  remplir  entièrement  les  conditions  du  programme  sus- 
énoncé,  auront  cependant  introduit  chez  eux  des  améliora- 
tions dans  le  sens  indiqué. 


XV. 

Médaille  d^argent,  pour  un  mémoire  sur  le  chauffage 
à  la  vapeur  des  ateliers^  et  en  particulier  des  ateliers 
de  filature. 

L'auteur  devra  indiquer  la  disposition  la  plus  favorable  à 
donner  aux  diverses  parties  des  appareils,  le  choix  à  faire  des 
matériaux  à  employer  dans  la  construction  des  tuyaux,  la  di- 
mension de  ceux-ci,  des  soupapes,  robinets,  etc.,  enfin,  pré- 
senter un  travail  raisonné  sur  les  règles  à  suivre  pour  arriver 


^ 


426  PBiX   PROPOSÉS 

aux  meilleurs  résultats  sous  le  rapport  du  fonctionnement  des 
appareils  et  de  leur  économie. 


XVII. 

MÉDAILLE  d'or  DE  Là  VALEUR  DE  l.OOO   FR.»    pOUT  rexéCuHon 

(Pun  projet  complet  de  retenue  d'eauj  au  moyen  de  digues  ou 
barrages^  appliqué  à  Vun  des  cours  d'eau  du  département 
du  Haut-Rhin^  et  susceptible  de  remplir  le  double  but  de 
contribuer  à  prévenir  les  débordements,  et  de  former^  pour 
les  temps  de  sécheresse^  une  réserve  d'eau,  dont  pourraient 
profiter  Vagricullure  et  l'industrie. 

Le  travail  demandé  devra  opérer  une  retenue  d'au  moins 
100,000  mètres  cubes.  La  Société  industrielle  exige  en  outre 
qu'il  lui  soit  adressé  un  mémoire  indiquant  le  mode  de  con- 
struction, les  prix  de  revient,  et  les  avantages  qu'en  retireront 
l'industrie  et  Ta^culture. 

xvnL 

MÉDAILLE  d'or,  pour  Vinvcntion  et  Vapplication  d^un  compteur 

de  vapeur. 

Dans  les  industries  faisant  usage  de  la  vapeur,  il  serait  son- 
vent  d'une  grande  utilité  de  pouvoir  se  rendre  un  compte  au 
moins  approximatif  de  la  consommation  de  vapeur  attribuable 
à  chaque  opération,  lorsque  plusieurs  de  celles-ci  puisent  simul- 
tanément à  une  chaudière  ou  à  un  réservoir  commun.  Ainsi, 
dans  les  manufactures  d'Indiennes,  entre  autres,  où  générale- 
ment un  même  générateur  pourvoit  à  Talimentation  des  cuves 
de  teinture,  de  machines  à  sécher,  à  imprimer,  à  apprêter,  etc., 
il  serait  très-important  de  connaître  la  part  de  vapeur  réelle- 
ment absorbée  par  chaque  appareil  ou  catégorie  d'appareils, 
pour  en  déduire  la  dépense  incombant  à  chaque  opération.  Ce 
résultat  pourrait  sans  doute  être  obtenu  au  moyen  de  comp- 
teurs appliqués  aux  embranchements  distribuant  la  vapeur  en- 
tre les  divers  appareils,  ainsi  que  cela  se  pratique  pour  le  gaz 
d'éclairage;  la  question  se  réduirait  donc  à  celle  de  trouver 
une  disposition  qui  permit  de  mesurer  la  quantité  de  vapéor 
passant  par  un  tuyau,  à  une  pression  donnée.  La  Société  in- 


PAR  LA  SOCIÉTÉ  1N0U8TBIBUB  DE  MULHOUSE.      4^7 

dostriélle  offre  une  médaille  d*or  à  celui  qui  aura  inrenté,  et 
fait  fonctionner,  dans  les  conditions  ci*dessu8  énonoées»  un 
semblable  compteur. 

MÉDAILLE  D*0R  DE  LA  VALEUR  DE  l.5oo  FR.^  pOUT  VinvenHùn  «I 

rt^lieation  d'un  nouvel  appareil  eampteur  à  eau  appli- 
cable  aux  générateurê  à  vapeur. 

L'invention  d'un  bon  appareil  de  ce  genre  serait  indubita- 
blement la  source  de  progrès  considérables  réalisés  dans  le 
but  d'obtenir  un  meilleur  rendement  du  combustible  sous  les 
chaudières  à  vapeur.  Indépendamment  de  l'utilité  d'un  comp- 
teur dans  le  cas  où  11  s'agit  d'essais  ou  de  recherches  sur  des 
chaudières,  il  y  aurait  pour  tout  industriel  désireux  de  ména- 
ger le  combustible  un  intérêt  réel  à  pouvoir  contrôler  chaque 
jour  son  emploi,  en  partant  de  laseule  base  certaine  pour  ceUu 
Les  chauffeurs,  parfois  si  négligents  et  routiniers,  ne  feraient- 
ils  pas  mieux  leur  devoir  et  n'arriveraient-ils  pas  sûrement  à 
la  connaissance  des  conditions  nécessaires  &  un  bon  chauffage, 
si  en  réglant  leur  salaire  suivant  le  rendement  de  combustible 
obtenu  par  eux,  on  pouvait,  au  moyen  du  mobile  puissant  de 
leur  intérêt,  les  forcer  à  faire  de  leur  métier  une  étude  plus 
sérieusOt 

U  a  déjà  été  proposé  divers  systèmes  d'appareils  compteurà 
à  eau;  en  Angleterre  surtout  il  existe  de  nombreux  appareils 
de  ce  genre;  il  ne  sera  pas  inutile  de  consulter  ce  qui  a  été 
tenté  k  ce  sc^et  (i).  Aucun  de  ces  appareUs  ne  paraissant  ré- 
soudre d'une  manière  satisfaisante  le  problème  en  question,  on 
demande  un  compteur  qui  satisfasse  aux  conditions  ci-après, 
n  devra  être  placé  de  préférence  entre  la  pompe  alimentaire 
qui  refoule  l'eau  dans  les  chaudières  et  ces  dernières,  sans  né- 
cessiter l'adoption  d'une  seconde  pompe  ou  d'un  réservoir.  Il 
ilaudra  qu'il  fonctionne  également  bien  &  toutes  les  pressions 
et  temp^tures  usitées  pour  l'eau  d'alimentation.  Il  devra,  au- 
dessous  du  débit  limité  pour  lequel  il  aura  été  établi,  pouvoir 
enregistrer  les  quantités  d'eau  les  plus  variables,  sans  que  ses 

(1)  Voir  u  revue  périodique  intitulée  zProcMàU  mêekm^t  Jtmmat,  toI.V, 
pagee  78  et  u8;  toI.  VUI,  pagee  iM  el  288;  vol.  I  (S*  série),  page  244,  et 
voL  II  (8«  série,  page  i8.) 

Tous  X?m,  i86o.  28 


4s6  MIX  PBOPOSlis 

Indleatioiifi  soient  moins  précises.  Enfin,  son  maniement  dsvm 
dtre  sûr»  D^ile  et  ft  l*abri  des  atteintes  dn  clianifenr. 

Il  est  exigé  que  ce  compteur  ait  fonctionné  dans  le  dépar- 
tement du  Haut-Rhin,  au  moins  pendant  six  mois»  d^une  ma- 
nière régulière  et  continue. 

MiDAiLLE  d'or,  pour  un  moyen  de  déterminer  la  qwmHté  i*ea» 
mtrainée  avec  la  tapeur^  hors  deê  chamdUrti  à 


On  ne  possède  pM  de  moyen  faoilede  déterminer  aiee  nno 
approximation  oonfenable  la  proportion  d^ean  Téslcnlairs  en* 
tmtnée  en  quantité  fuiable  afeo  la  vapeur  hors  des  généra- 
teurs \  on  demande  on  moyen  pratique  dont  remploi  ne  dépasse 
pas  les  rsoMMes  dont  on  peut  à  la  rigueur  di4>oser  dans  des 
ateliers.  Un  pareil  procédé  sendt  fcftt  utile  pour  comparer  le 
rendement  des  dimnes  ehagodières,  et  étudier  les  coniUtlons 
dans  iesqMUes  œt  entraînement  d'eau  tonjours  nuisible  se 
produit  ma  mémoire  détaillé  sur  la  question  serait  à  envoyer 
afeoladessripHonde  Tapparell  ou  dn  mode  d*opérer  proposé; 
cette  Mie  de?raii  mentionner  une  série  d'expériences  indt-. 
xfÊiêÊt  comment  Pentralnement  de  l^eau  tarie  atec  les  dherses 
namrsB  de  ehaudières,  avec  le  ohiAre  de  la  consommation  sur 
une  môme  chaudière  ;  quelle  influence  également  d'autres  clr^ 
Gonstancesi  teUes  que  le  niveau  dé  Teau,  la  disposition  de  la 
prise  de  vape«r  ont  sur  la  présence  de  reau  entraînée.  Etudier 
nnSuence  des  di^rers  appareils  proposés  Jusqu^lci  pour  empê- 
cher ou  atténuer  la  productfcm  de  cette  circonstance  défavo- 
rable i  la  fematkm  éconontfque  de  la  vapeur  (i). 


XXL 

MoÀïLhÈ  n'ARGENT,  pouf  M  êystème  de  pompe  ou  auire  appa- 
reli  à  employer  dam  lee  ateliers  de  blanchiment  pour  faire 
monter  dans  les  eûtes  les  dissolutions  diacides  employées 
pour  le  blanchiment  des  tissus. 

Les  liquides  acides,— acide  sdAuiquede  i  à4*B.etehhn^ 

(1)  GonMilter  If  Hapytri  ém  oMBilé  <b  néonyqta,  BMlicfte  àê  to  itMM 
induttrielley  noméros  de  février  à  mai  IMO.  Ce  TitMil  létiUM  l^éiai  «oiMl 
deceUe  question. 


PAB  LA  SOCIÉTÉ  IHNinUEU  DB  HULH01J8B.      4^9 

tonlritM  de  t  à  4r  B.9 -*  employés  dans  les  atellero  de  blfai<« 
cblmeftl  des  tissus  de  eoton,  dolTentètre  élevés  d\uie  baatenr 
qui  ne  dépasse  gaère  5  à  6  mètres/lans  les  entes  où  Ton  entasse 
les  tissas.  Le  débit  des  pompes  employées  pour  cette  opération 
ne  ya  pas  an  delà  de  lo  à  13  mètres  cubes  par  henre. 

Les  métaux  dont  rindustrle  peut  jusqu*ici  faire  emploi  ne 
résistent  pas  convenablement  &  l'action  des  acides;  le  cuivre 
laminé  et  le  plomb  ont  donné  les  melllenrs  résultats  et  sont  le 
plas  ordinairement  employés,  mais  Ils  laissent  beaucoup  à 
dMrer*  n*étant  pas  oomplétement  inattaquables.  La  difficulté 
d'établir  convenablement  les  clapets  et  pistons  est  plus  grande 
encore  que  celle  d'obtenir  des  corps  de  pompe  çonveuables. 
La  porcelaine,  le  verre,  ou  mieux  le  cristal  et  la  gutta-percba, 
pourraient  donner  d'excellents  résultats,  mais  Us  n*ont  pas 
encore  été  employés  d'une  manière  rationnelle.  On  demande 
un  appareil  élévatoire  des  liquides  acides  indiqués  ci-dessus, 
qui  soit  susceptible  d'élever  au  moins  8  mètres  cubes  de  liquide 
par  heure  à  la  bauteur  indiquée.  Cet  appareil  ne  devra  pas  être 
d^un  prix  qui  dépasse  trop  ceux  des  pompes  employées  jus- 
qu'ici, et  ne  devra  pas  être  susceptible  d'être  attaqué  et  mis 
hors  de  service  par  les  acides  utilisés.  Cette  pompe  devra  avoir 
fonctionné  dans  le  département  du  Haut-Bhin,  au  moins  pen* 
dant  six  mois,  d'une  manière  régulière  et  continue. 


XXV. 

MÉDAau  d'(Mi  ,  f  mir  Vim^mUon  et  la  conttrueHon 
d'un  dynamomètre  tùiaUiêatêur. 

On  demande  uq  dynamomètre  de  rotation  oapable  de  me^ 
surer  le  travail  mécanique  nécessaire  pour  mettre  en  mouve- 
ment les  machines  de  filature  et  autres  exigeant  un  travail 
moteur  pouvant  varier  de  i/$  cheval  i  6  chevaox.  Gel  appareil 
devra  enregistrer  le  travail  absorbé  par  une  machine  pendant 
un  nombre  d'heures  queloonque,  et  cela  au  moyen  de  la  sim- 
ple Inspection  d'ua  compteur  qui  donnerait  sans  calculs  des 
kllogrammètres  ou  des  unités  d'un  ordre  supérieurt  -^  On  en- 
tend exclure  les  dynamomètres  totalisateurs  4  roulettes  iM^tuelr 

lement  connus  ;  instruments  dont  la  pratique  n'a  pu  encore 
tirer  parti,  sous  la  forme  du  moins  sous  laquelle  ils  ont  été 


43o  ,  PBU  PROPOSÉS 

présentés  Jusqu'ici.— L'appareil  demandé  devra  être  constroit 
avec  soin ,  et  envoyé  avant  le  i5  février  1861  à  la  Société  in- 
dostrielle  de  Molhoiise. 


xxvn- 

Prix  de  6.000  ra.»  powr  pla%$  et  detU  deê  maitons  à  eantimire 
d  Mulhotuêf  analogues  à  eellee  des  eitée  ouvriéree  qui  y  om 
été  érigées  en  i858  el  iSSg»  et  donnant  un  rabais  de  10  p,  100 
au  moins  sur  les  prix  de  re^ieiit  de  ces  maisons. 

Les  bases  à  adopter  comme  dimensions  des  msdsons  et  nom- 
bre de  chambres ,  seront  celles  qui  ont  été  suivies  pour  lea 
dernières  constructions. 

Les  prix  des  matériaux  divers  et  de  la  main-d'œuvre  payés 
en  i858  et  1869  serviront  de  base  à  Tappréciation. 

Ces  nouvelles  constructions  devront  remplir  les  mêmes  con- 
ditions générales  que  celles  exécutées  Jusqu'ici ,  soit  même 
solidité  et  durée,  mêmes  conditions  hygiéniques.  H  faut  que 
l'entretien  n'en  soit  pas  plus  dispendieux.  —  Ces  maisons  étant 
contiguês,  la  sonorité  «  ni  les  chances  de  combustibilité,  ne 
devront  pas  être  augmentées.  11  est  à  désirer  que  l'intérieur 
puisse  être  blanchi  à  la  chaux;  chaque  maison  devra  avoir  ses 
privés  inodores»  comme  les  maisons  actuelles. 

La  Société  des  cités  ouvrières  a  construit  des  maisons  par 
groupes  de  quatre  et  par  groupes  plus  considérables  :  ceux 
par  quatre  sont  indiqués  comme  préférables,  sans  cependant 
être  prescrits  pour  le  concours. 

Copies  des  plans  et  des  marchés  actuels  seront  remises  aux 
personnes  qui  les  demanderont,  avec  tous  les  renseignements 
qu^elles  pourront  désirer. 

Pour  tous  les  détails  techniques,  s'adresser  à  M.  Mflller,  ar- 
ehltecte  de  la  Société  des  cités  ouvrières  et  membre  de  la  So- 
ciété industrielle,  35,  rue  de  Chabrol,  k  Paris. 

Ce  prix  pourra  n'être  délivré  que  lorsqu'une  maison  con- 
forme aux  plans  et  devis,  et  réalisant  le  rabais  demandé  aura 
été  construite,  et,  dans  ce  cas,  il  serait  pris  des  mesures  poar 
que  cette  construction  soit  achevée  avant  la  fin  de  1861. 


■ 

PAR  LA  SOCIÉTÉ  fHDUSTRIELLE   DE   MULHOUftE.      4^1 

XXVIIL 

MÉDAILLE  D^OBf  four  unê  amélioration  nouvelle  dam  la  eon* 
struetion  des  ehaudiérei  à  vapeur  du  type  à  bouilleurs^ 
employé  en  AUace. 

Diaprés  les  expériences  récentes,  faites  par  le  comité  de 
mécanique  de  la  Société  industrielle,  il  est  prot>able  que  les 
chaudières  à  bouilleurs  nouvellement  modifiés,  seront  au  moins 
pendant  un  certain  temps  encore,  conservées  en  Alsace,  parce 
que  leur  usage  est  éminemment  pratique,  et  que  leur  rende- 
ment n*est  point  Inférieur  à  celui  des  autres  systèmes  connus 
aujourd'hui.  Cependant  d'après  les  chifnres  même  les  plus  favo- 
rables, constatés  par  le  comité,  11  doit  être  possible  d'améliorer 
encore  ces  appareils,  puisque  le  maximum  accusé  par  ces 
essais  est  encore  inférieur  d'environ  5o  p.  loo  au  rendement 
théorique,  et  que,  tout  en  tenant  compte  des  causes  de  perte, 
qu'il  est  impossible  d'annuler,  il  reste  encore  une  différence 
qu'on  peut  espérer  voir  disparaître  un  jour. 

On  exige  que  la  dIq)Osition  présentée  ait  été  appliquée  du- 
rant au  moins  six  mois  à  une  chaudière  à  vapeur  fonctionnant 
dans  le  département  du  Haut-Rhin. 

XXÏX. 

MÉDAILLE  D'OEt  potif  lei  analyses  de  gaz  siniant  des  eheminéee 

de  chaudières  à  vapeur* 

Les  faits  rapportés  par  le  comité  de  mécanique  de  la  Société 
industrielle,  à  l'occasion  du  concours  des  chaudières,  montrent 
quelle  serait  l'utilité  de  recherches  de  cette  nature.  Des  ans» 
lyses  bien  exactes  de  gaz  pris  à  l'issue  des  cheminées,  donner 
raient  seules  la  mesure  de  la  perte  due  à  une  combustion  In- 
complète. 

Il  faudrait  déterminer  la  composition  des  produits  gaseux 
pour  différentes  alimentations  d'air,  données  en  mètres  cubes 
pour  chaque  kilogramme  de  houille  brâlée,  et  pour  des  oom* 
busUons  lentes  et  vives. 

Indépendamment  du  rapport  du  comité  de  mécanique,  sus- 
indiqué,  on  pourra  consulter  la  troisième  édition  du  TYaité  de 
la  chaleur t  par  Péclet,  où  on  trouvera  un  résumé  des  travaux 
les  plus  récents  sur  cette  matière. 


43s  PRU  PROPOSÉS 

XXXL 
Vf(E  idDAtLtE  D*OR,   A  LAQUELLE  SERA  JOINTE   UEE   SOMME    DE 

i.ooo  FR.,  pour  la  découverte  et  t application  â^un  procédé 
de  séparation,  dans  lee  réservoirê  hors  de  la  chaudière^  des 
$0k  eakealtreê  et  autres  eontemus  dams  les  eaux  de  puUs  de 
Mulhouêe. 

La  Société  industrielle  ne  demande  pas  un  moyen  de  préser- 
ver les  chaudières  à  vapeur  des  Incrustations  par  rintrodncClon 
dans  la  chaudière  même  d*un  corps  agissant  sur  las  sels  cal- 
caires et  autres,  et  les  empêchant  d'adhérer  fortement  aa  mé» 
tal;  tous  ces  procédés  présentant  des  inconvénients  plus  on 
moins  graves  et  la  Société  refuse  formellement  de  les  admettre 
au  concours. 

Pour  remporter  le  prix»  il  faudra  précipiter  les  sels  calcaires 
et  autres  avant  d^employer  Teau  dans  la  chaudière*  de  ûiçon  à 
Talimenter  avec  de  Teau  complètement  débarrassée  de  ces 
sels. 

Le  procédé  proposé  ne  devra  pas  remplacer  les  sels  nuisibles 
par  une  autre  substance  qui  puisse  occasionner  des  vidanges 
fréquentes  et  donner,  par  suite,  lieu  à  des  pertes  de  calorique. 

Le  procédé  en  question  devra  être  d'une  application  facile, 
ne  pas  exiger  des  appareils  compliqués  et  coûteux,  et  en  même 
temps  être  très-rapide,  afin  que  l^eau'de  condensation  que  Ton 
soumettrait  à  la  précipitation  conserve  la  plus  grande  partie 
de  sa  ehaleor*  En  ancnn  cas  l'emploi  du  procédé  proposé  ne 
devra  entraîner,  en  y  comprenant  l'Intérêt  et  TamortlsBement 
des  appareils,  à  nne  dépense  de  plus  de  lo  centimes  par  mètre 
cube  d'eau  purifiée. 

La  Société  pourra,  le  cas  éahéant,  donner  des  médailles  d'en- 
couragement pour  des  procédés  qui  ne  réuniraient  pas  toutes 
les  coudiltons,  mais  qni  pourraient  cependant  dans  certains 
cas  être  employés  avec  avantage. 


PAR  LA  SOGIÉTt  UIINWmitLE  DE  HULHOCSE.      t^ht 


INDOSTHIB  DU  PAPIEB. 


l. 

VLiDAiLLt  tl'oK,  DB  5oo  FIL,  pout  U  nuUlcur  mémoire  irMmU 
de  la  âécotaration  du  chiffon  U  de  son  èiëwehimmU 

U^oooQitMt  devra  B%pplit)tier,  en  Indfqnsnt  les  diffirents 
procédés  eMi^oyés,  à  faire  ressortir  le  danger  de  détérioration 
des  ikrai  dn  cMflMi,  et  analyser  les  éléments  dn  prix  de  re- 
vient da  blanchiment  des  chiffons  servant  à  produire  loo  kll. 
depapieiv 

Examiner  Tinfluence  produite  par  le  nouvel  impôt  du  sel 
employé  dans  les  manufactures.  Indiquer  le  déchet  ou  la  perte 
des  chiffons,  c'est-à^re  de  combien»  pour  les  différents  pro- 
cédés, il  faut  de  kilogrammes,  de  chiffons  pour  produire  loo 
kilog.  de  papier.  Étudier  surtout  les  causes  qui  influent  d'une 
manière  nuisible  sur  le  blanchiment  du  chiffon  ;  enfin,  traiter 
cette  matière  d'une  manière  complète  au  point  de  vue  de  la 
science  et  de  la  pratique. 

m. 

MEDAILLE  d'argsst,  pottf  U  fabricant  qui  aura  livré  à  la  con- 
sommation 5oo  kilogr.  de  papier  ayant  touteê  lee  qualitée 
reqm$e$  pour  la  photographie. 

On  n'a  pas,  Jusqu'à  ce  jour,  confectionné  en  France  un  pa- 
pier irréprochable,  spécialement  destiné  à  faire  des  épreuves 
photographiques  négatives.  Les  défauts  des  papiers  qui  se  trou- 
vent dans  le  commerce  sont  :  i*  l'inégalité  de  la  p&te  et  de  l'é- 
paisseur de  là  feuille;  s*  Tempreinte  produite  par  la  toile  métal- 
lique. Ces  deux  défauts  sont  masqués  en  partie  par  le  satinage, 
mais  reparaissent  après  un  premier  passage  dans  un  liquide. 
Les  papiers  ne  sont  Jamais  complètement  exempts  de  taches 
produites  par  des  parcelles  métalliques. 

n  résulte  de  cette  fabrication  défectueuse  que  les  plus  habiles 
photographes  français,  aujourd'hui,  sont  ceux  qui  sont  parvenus 
à  corriger  partiellement  les  défauts  du  papier,  en  le  traitant 


434  PBIX  PBOPOSÉSt   ETC. 

d'abord pardesbaluB  acides  pour enieTer les taehesmétiliiqtieB, 
et  en  corrigeant  ensuite  lln^galité  et  les  défectnosltés  du  tissu 
par  des  enduits  tels  que  Pamldon  soluble,  Talbumine,  le  sérum, 
la  gélatine,  la  cire,  etc. 

Nous  demandons  un  papier  fait  de  matière  homogène,  parûi- 
tement  pur,  qui  ait  été  préparé  de  manière  que  la  pftte  soit  en- 
tièrement exempte  de  traces  métalliques,  qui  ne  marque  pas  un 
envers,  qui  soit  partout  de  môme  épaisseur,  sans  traces  et  sans 
à-Jour 9  qui  s'imbibe  parfaitement  en  le  couchant  sur  un  liquide, 
sans  qu'il  y  ait  besoin  de  le  tiédir,  ou  de  l'y  laisser  plus  de  dix 
à  quinze  minutes  ;  qui  puisse  supporter  un  bain  d'eaa  pure  de 
quelques  heures,  après  lequel  il  pourra  être  manié  en  grandes 
feuilles  sans  se  dédiirer. 

Les  papiers  anglais  de  Turner  sont  ceux  qui  se  rapprochent  le 
plus  de  ces  conditions» 


PROCÉDÉ   KIHD.  4^5 


PROCÉDÉ  KIND<*> 


TRAVAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE. 

Par  M.  J.  CHAUDRON,  ingénienr  ao  eorps  dw  miDea  de  Belgique. 
(Extrait  des  AnnuUe»  de$  (ronamx  jwfrficf  de  Belgique.) 


Nous  avons  publié»  sous  la  date  du  i4  novembre        Note 
i853  (2),  un  rapport  succinct  sur  le  procédé  inventé    p'*""*"*'"' 
par  H.  Kind ,  pour  le  percement  des  puits  des  mines 
dans  les  terrains  aquifères. 

Ce  rapport  provisoire  ne  renfermait  que  quelques 
renseignements  géiféraux  recueillis  dans  nos  visites  à 
Stiring-lez-Forbach  (France),  où  Fbn  essayait  alors 
ce  nouveau  mode  de  travail  ;  il  attira  cependant  l'at- 
tention des  bommes  compétents  sur  l'importance  du 
procédé  King  et  sur  les  services  immenses  qu'il  pour- 
rait être  appelé  à  rendre  à  notre  pays. 

Des  circonstances  malheureuses ,  survenues  depuis 
cette  époque ,  firent  abandonner  les  premiers  travaux 
de  l'inventeur. 

Une  compagnie  dite  des  sondages,  composée  de 

(1)  c'est  M.  PoDson,  auteur  du  Traité  d'exploitation  de  la 
houille^  qui  le  premier,  en  i85o,  nous  fit  conoattre  les  tenta- 
tives de  M.  Kiad  —  Plus  tard,  M.  l'ingénieur  Berchem,  par  une 
note  publiée  dans  le  Bulletin  du  musée  de  C Industrie ^  t.  XX, 
année  i85i,  a  signalé  le  résultat  des  forages  à  grande  section* 
exécutés  à  Stiring. 

(a)  Annales  des  travaux  publics^  t  XII,  p.  397. 

Tome  XVIIT,  1860.  99 


4S6  mimAoé  km». 

IIH.  Hainguerlot,  de  Wendel,  etc.,  s'était  constituée  à 
Paris,  pour  Texploitation  da  brevet  de  M.  Kind  ;  cette 
compagnie  avait  entrepris  successivement  l'établisse- 
ment de  deux  puits  en  niveau  y  sur  une  concession 
charbonnière  qu'elle  possédait  dans  le  département 
de  la  Moselle  (à  Stiring);  ces  travaux  n'avaient  pas 
réussi.  Une  troisième  tentative  avait  été  faite  sur  la 
concession  Belge-Rhénane ,  dans  le  bassin  de  la  Ruhr 
(Westphalie),  et,  bien  qu'elle  eût  donné  des  résultats 
plus  satisfaisants  que  les  deut  autres  ,*  elle  fut  consi- 
dérée comme  n'ayant  point  atteint  son  but.  Le  nouveau 
procédé  fut  dès  lors  condamné  par  la  plupart  des 
ingénieurs.  La  compagnie  des  sondages  elle-même 
renonça  à  ses  expériences ,  et ,  confiant  à  un  autre  que 
M.  Kind  la  direction  de  ses  travaux  de  Stiring,  elle  se 
décida  à  reprendre  ses  avaleresses  par  les  moyens 
ordinaires  ;  elle  fut  dissoute  quelque  temps  après. 

Néanmoins,  encouragé  par  la  confiance  que  quelques 
capitalistes  iroulurent  bien  nous  accorder,  et  par  le 
patronage  de  l'administration  générale  des  ponts  et 
chaussées  et  des  mines ,  qui  nous  donna  toute  facilité 
pour  nous  permettre  donnons  consacrer  entièrement 
aux  travaux ,  nous  avons  poursuivi,  depuis  i854«  l'ap- 
plication du  procédé  Kind  en  Belgique,  et,  nous 
sommes  heureux  de  le  dire ,  nos  derniers  eiforts  ont 
été  couronnés  d'un  plein  succès. 

Nous  devons  adresser  des  remerciments  à  M.  De 
Vaux ,  inspecteur  général  des  mines ,  pour  le  concours 
qu'il  nous  a  prêté  en  toute  occasion  ;  il  nous  a  souvent 
aidé  da  ses  jconseils ,  notamment  dans  la  confection 
d'un  des  nouveaux  appareils  que  nous  avons  employée 
(la  boite  à  mousse). 

Le  premier  puits  exécuté  à  Stiring  par  M.  Kind  avait 
loo  mètres  de  prûfondeor  et  4"'»s&  de  diamètre;  le 


nAVAQX  BIÉCUTiS  M  BUGIQUS.  Ifi^ 

forage  de  ce  puits  avait  bien  réussi.  U  fat  garni  d'un 
euyelage  en  bois  de  bout  de  5"«5o  de  diamètre  intô* 
rieur;  les  pièces  de  ce  cuvelage  avaient  o"',s5  d'épûs* 
seur  à  la  base  et  o^^^iS  dans  la  partie  supérieure  du 
revêtement;  elles  étaient  réunies  entre  elles  comme  les 
douves  d'un  tonneau  et  maintenues  ensemble ,  pour  la 
mise  en  place ,  par  des  cercles  eitérieurs  en  fen  Un 
bétonnage  de  o"',ib5  d'épaisseur  avait  été  fait  entre 
le  terrain  et  le  cuvelage ,  sur  toute  la  hauteur  de  ce 
dernier.  Lorsqu'on  fit  l'épuisement  de  l'eau,  après 
le  travail  achevé,  on  dut  constater  que  le  puits  n'était 
pas  étancbe,  et,  malgré  l'établissement  d'une  forte 
machine  d'épuisement,  on  ne  parvint  pas  à  mettre 
les  eaux  à  plat.  On  supposa  dès  lors  que  le  bétonnage 
n'avait  pas  été  bien  fait.  Nous  verrons  aussi ,  par  la 
suite ,  que  l'épaisseur  des  douves  était  insuflisante. 

Le  second  puits,  de  i"*,65  de  diamètre,  avait  été 
creusé  de  la  même  manière  que  le  premier,  et  garni 
d'un  cuvelage  en  boisjusqu'à  soo  mètres  de  profon- 
deur. On  parvint  dans  ce  second  travail  à  enlever  l'eau 
du  puits  jusqu'à  la  profondeur  de  lao  mètres;  mais 
un  accident,  la  rupture  d'une  pièce  de  cuvelage  k  ce 
que  l'on  suppose,  fit  remonter  subitement  les  eaux 
jusqu'à  la  surface,  et  il  devint  alors  impossible  de  les 
épuiser  de  nouveau. 

Des  discussions  eurent  lieu  à  l'occasion  du  résultat 
de  ces  deux  entreprises ,  alors  surtout  qu'il  s'agissait 
de  continuer  le  travail  en  cours  d'exécution  en 
Westpbalie.  Plusieurs  ingénieurs  furent  consultés  par 
H.  Kind  et  par  la  société  Belge-Rhénane,  et  ils  émirent 
des  avis  très-opposés  sur  la  marche  à  suivre  pour  vain- 
cre les  difficultés  en  présence  desquelles  on  se  trouvait. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  les  expériences  de  Stiring  per- 
mettent ,  selon  nous,  de  constater  :  i""  que  l'on  ne  peut 


438  PROCÉDÉ   RIND. 

pas  compter  sur  un  simple  bétonnage  derrière  le  cuve- 
lage  pour  rendre  ce  dernier  complètement  étanche; 
9""  que  les  eu  vêlages  en  bois  sont  tout  à  fait  impropres 
pour  r  application  du  procédé  Rind ,  car  le  premier 
effet  de  la  pression  des  niveaux ,  dès  qu'on  retire  l'ean 
du  puits,  est  de  resserrer  les  douves  en  bois,  de  briser 
liai  croûte  de  béton  qui  se  trouve  derrière,  et  de  rendre 
le  bétonnage  inutile  sur  toute  la  hauteur  du  revête- 
ment Ce  qui  le  prouve ,  c'est  qu'on  a  remarqué ,  lors 
de  l'épuisement  de  l'eau  du  second  puits  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus ,  que  le  cuvelage ,  qui  présentait 
1  mètre  de  diamètre  intérieur,  s'étsdt  resserré,  de  6  cen- 
timètres, c' est-Mire  qu'il  n'avait  plus  que  o'",98  quand 
il  fut  chargé. 

Ajoutons  à  ces  imperfections  des  cuvelages  en  bois, 
la  difficulté  d'assembler  les  douves  de  chaque  tronçon 
d'une  manière  convenable ,  et  dès  lors  la  possibilité  de 
les  voir  céder  à  la  poussée  sur  un  point  de  la  voûte,  eu 
égard  au  peu  de  différence  que  présente  leur  largeur  à 
l'intrados  et  à  l'extrados.  C'est  là  la  cause,  sans  doute, 
qui  a  occasionné  l'accident  du  second  puits;  l'une  des 
douves  aura  été  en  quelque  sorte  laminée  et  repoussée 
vers  l'intérieur,  ce  qui  a  suffi  pour  compromettre  com- 
plètement le  travail. 

A  la  troisième  entreprise  faite  par  le  procédé  Kind» 
en  Westphalie ,  on  a  paré  en  partie  aux  défauts  signa- 
lés ci -dessus,  en  garnissant  l'intérieur  du  cuvelage 
d'un  grand  nombre  de  cercles  en  fer  solidement  serrés 
contre  les  douves  ;  cette  modification  ne  rend  pas  le 
travail  parfait;  c'est  nous  qui  l'avons  conseillée,  mais 
uniquement  comme  moyen  de  consolider  un  cuvelage 
déjà  établi. 

Les  inconvénients  du  nouveau  procédé,  employé 
dans  les  conditions  que  nous  venons  de  faire  cotmaître, 


TRAVAUX  EXÉCUTAS  BU  BELGIQUE.       4^9 

nous  ont  conduit  à  étudier  avec  soin  la  question  de 
l'application  des  cuvelages  en  fonte,  indiquée  déjà  par 
M.  Kînd  lui-même ,  mais  que  l'on  n'avait  pas  abordée 
par  suite  de  quelques  difficultés  pratiques  que  cela 
devait  présenter. 

Nous  avons  réussi  à  mettre  en  œuvre  le  cuvelage 
en  fonte;  de  plus,  nous  avons  adapté  à  la  partie  Infé- 
rieure du  revêtement ,  une  boîte  à  moi^e  qui  permet 
de  faire  le  bétonnage  plus  compacte ,  et  d'arriver  à 
rendre  le  cuvelage  étanche  (i). 

Dans  ces  nouvelles  conditions ,  le  procédé  Rind  peut 
être  applique,  croyons-nous,  avec  presque  certitude 
de  succès* 

Ainsi  qu'on  pourra  en  juger  par  les  détails  de  ce 
rapport,  il  présente  une  simplicité  et  une  rapidité 
d'exécution  qui,  outre  la  grande  économie  qu'il  réalise 
sur  les  moyens  ordinaires,  le  feront  adopter,  sans 
doute,  dans  presque  tous  les  cas  où  il  s'agit  de  tra- 
verser des  terrains  renfermant  des  niveaux. 

Une  très-grande  étendue  des  terrains  compris  dans 
le  périmètre  de  nos  bassins  houillers,  se  trouve  inex- 
plorée à  cause  des  difficultés  qu'y  présente  rétablisse- 
ment des  puits,  et  c'est  précisément  dans  les  conditions 
où  sont  placées  ces  richesses  encore  intactes  que  le  pro- 
cédé Kind  est  appelé  à  fonctionner. 

Les  parties  méridionales  des  concessions  charbon- 
nières dites  du  Centre  sont  dans  ce  cas  :  des  niveaux 
d'eau  puissants,  des  terrains  difficiles  à  traverser,  les 


(i)  Voir  la  spécification  da  brevet  d'invention  de  vingt  an- 
nées qui  m'a  été  accordé  eo  Belgique,  le  26  juin  i855 ,  pour 
Tapplication  des  cuvelages  en  fonte  dans  le  percement  des* 
puits  à  niveau  plein  :  composition  des  cuvelages;  boîte  à 
mousse;  essai  des  pièces;  moyen  de  descendre  en  place  les 
revêtements  métalliques  d'un  poids  considérable. 


44o  PROCÉDÉ  sniD. 

UDS ,  tels  que  les  rabots ,  présentant  une  grande  résis- 
tance à  l'attaque  des  outils  ordinaires  ;  les  autres,  teb 
que  les  sables  boulants,  ne  pouvant  être  traversés  qu'à 
niveau  plein  ^ieh  sont  les  éléments  contre  lesquels  il 
faut  combattre  pour  y  atteindre  le  terrain  houiller. 

La  Société  charbonnière  de  Péronnes ,  qui  s'est  dé- 
cidée la  première  à  entreprendre ,  en  Belgique ,  l'essai 
du  procédé  Rind,  possède  une  concession  de  mille  hec- 
tares, qui  est  recouverte  sur  toute  son  étendue  de 
terrains  aquifères. 

Déjà  en  1828,  cette  société  avait  tenté  d'établir,  à 
grands  frais,  un  siège  d'exploitation  (puits  n*  1,  dit 
Richebé),  à  peu  de  distance  de  la  chaussée  de  Bray  à 
Nivelles;  mais  après  plusieurs  tentatives  infructueuses, 
elle  dut  abandonner  ses  travaux ,  par  suite  de  la  ren- 
contre de  sables  boulants  qu'il  ne  fut  pas  possible  de 
traverser. 

En  1 855,  les  propriétaires  de  Péronnes,  sur  l'exposé 
que  nous  leur  fîmes  du  procédé  Kind,  n'hésitèrent  pas 
à  faire  une  nouvelle  entreprise  pour  explorer  le  nord 
de  leur  concession. 

A  l'endroit  où  fut  creusé  le  nouveau  puits  dit  n*  5, 
sur  la  commune  de  Saint- Vaast,  l'épaisseur  des  morts 
terrains  est  de  ig5  mètres,  et  ils  renferment  des  ni- 
veaux d'eau  considérables,  si  Ton  en  juge  par  ce  qui 
s'est  passé  au  puits  de  Falnuée,  établi  dans  le  voisi- 
nage. 

Le  puits  n**  5  a  été  creusé  au  diamètre  de  4*'9s5, 
jusqu'à  la  profondeur  de  98  mètres,  et  garni  d'un 
ouvelage  en  fonte  de  3"^,€5  de  diamètre  intérieur. 

Il  n^est  pas  douteux  pour  nous  que  ce  travail ,  qui 
était  terminé  dès  lé  mois  d'août  i856,  ait  complète- 
ment réussi  à  tenir  l'eau  des  niveaux  supérieurs.  Il 
reste  à  percer  97  mètres  pour  atteindre  le  terrain 


TBAYAUZ  EZtCintS  BH  BELGIQUE.       4il 

faouiUer  ;  c^est  une  opération  que  des  motifs  finanders 
ont  fidt  différer  jusqu'à  ce  jour;  mais  on  ne  tardera 
pas,  satts  doute,  à  reprendre  le  traYail. 

Un  second  puits  a  été  exécuté  suivant  le  procédé 
Rind  et  toujours  par  la  Société  de  Péronnes ,  près  d'un 
siège  d'exploitation  ancien  dit  Sainte-Marie  n*  s.  Il 
s'a^ssait  là  d'établir  un  puits  d'aérage  à  travers  la 
couche  de  marnes  aquifères,  qui  recouvre  le  terrain 
liouiller  sur  une  épaisseur  de  1 07  mètres. 

Ce  dernier  travail  a  bien  réussi  :  le  cuvelage  en  fonte 
dont  on  a  garni  les  parois  du  puits  est  parfaitement 
étanche ,  à  tous  ses  Joints  de  même  qu'à  sa  base ,  et  il 
ne  peut  plus  rester  aucun  doute  maintenant  sur  la  pos- 
sibilité de  passer  les  niveaux  par  le  procédé  Kind. 

La  construction  des  puits  dans  les  terrains  aquifëres«  Descriptioo 

comprend  deux  séries  d'opérations  bien  distinctes  :  p^arToxé«atioii 

d'abord  le  percement  du  puits;  ensuite  rétablissement  ^e  sain'l-vîifi 

du  revêtement  imperméable,  c'est-à-dire  du  cuvelage.  •* 

*  de  Péronnes  (i). 

Le  fonçage  des  puits ,  par  le  procédé  Kind ,  se  fait 
d'une  manière  analogue  à  celle  qu'on  emploie  pour 
faire  les  petits  sondages  de  recherches  ou  les  puits 
artésiens  :  c'est  tout  simplement  l'exécution  d'un  son- 
dage de  grand  diamètre ,  fait  avec  des  machines  puis- 
santes et  des  outils  de  dimensions  extraordinaires* 

La  belle  invention  de  M.  Kind  consiste  dans  la  com- 
position et  dans  la  forme  de  ses  outils ,  et  c'est  par  la 
grande  habileté  déployée  dans  ses  premiers  travaux 
qu'il  a  su  inculquer  à  ses  ouvriers  sondeurs  la  har- 

(1)  Bien  que  les  procédés  suivis  à  Saint-Vaast  et  à  Péronnes 
soient  les  mêmes,  la  description  donnée  dans  les  trois  premiers 
chapitres  de  ce  mémoire  s'applique  plus  spécialement  aux  tra- 
vaux du  puits  n**  3  (Saint-Vaast).  Nous  avons  reporté  dans  le 
chapitre  lY  les  particularités  relatives  aux  travaux  do  puits 
d^aérage  dit  de  Sainte-Marie  (Péronnes), 


44a  PROCÉDÉ   KIRD. 

diesse  et  le  sang-froid  par  lesquels  chacun  d'eux  se 

distingue. 

Le  forage  des  puits  se  fait  à  l'aide  d'un  instrument 
appelé  trépan ,  que  Ton  fait  agir  par  percussion ,  aa 
moyen  d'une  machine  à  vapeur  ;  les  roches  à  traverser 
sont  broyées  et  réduites  en  une  bouillie  épaisse ,  dont 
l'extraction  se  fait  au  moyen  d'une  cuiller  ou  cylindre 
à  soupape,  que  l'on  plonge  au  fond  de  l'excavation ,  et 
que  l'on  en  retire  plus  ou  moins  remplie  de  débris  de 
roches. 

Cette  opération  du  fonçage  des  puits  par  forage  est 
des  plus  élémentaires;  mais  elle  exige  cependant  une 
longue  pratique  dans  le  maniement  des  outils ,  et  une 
grande  perfection  dans  les  ajustements  de  ces  der- 
niers ;  car  on  est  exposé  à  des  accidents  de  tous  lea 
instants ,  qui  peuvent  résulter,  soit  de  fausses  manœu- 
vres, soit  des  chocs  violents  et  des  résistances  nui- 
sibles et  incalculables  qui  sont  inhérentes  au  jeu  des 
appareils. 

Nous  allons  décrire ,  dans  un  premier  chapitre ,  les 
outils  de  forage  {trépans) ^  les  cuillers  à  draguer,  les 
tiges  d'assemblage,  la  glissière  d'échappement  qui 
s'adapte  entre  ces  tiges  et  l'outil ,  et  enfin  les  moteurs 
qui  servent  à  les  mettre  en  mouvement;  nous  ferons 
ensuite  connaître  les  instruments  de  sauvetage  et  les 
particularités  relatives  à  la  tour  et  aux  bâtiments  de 
sondage. 

Nous  exposerons,  dans  le  second  chapitre,  quelques 
considérations  sur  la  marche  des  appareils  de  sondage, 
et  BOUS  signalerons  alors  le  résultat  des  travaux  du 
puits  de  Saint*Vaast. 


TRAYAUZ   EZ£GinÉS  EN  BELGIQUE.  443 


CHAPITRE  I". 
APPAREILS   ET  lUTIXENTS  DE  80HDA6B. 

Le  trépan ,  qui  est  destiné,  comme  nous  l'avons  dit,      Tripmu. 
à  agir  par  son  poids  sur  la  roche  à  percer,  doit  être, 
on  le  conçoit,  d'une  grande  solidité. 

Le  puits  de  Saint-Vaast,  exécuté  au  diamètre  de 
4"'i2  5,  a  été  foré  en  deux  fois,  c'est-à-dire  que  Ton  a 
d'abord  fait  un  trou  de  sonde  de  l'^jSy  de  diamètre,  au 
centre  du  puits  qu'il  s'agissait  d'établir,  et  que  l'on  a 
ensuite  élargi  ^ce  trou  de  sonde  de  manière  à  lui  donner 
les  dimensions  indi(|uées  ci-dessus. 

Les  fig.  11,  12 ,  i3,  i4  et  i5,  PL  II,  donnent  les 
projections  verticales  et  horizontales  du  petit  trépan 
employé  au  percement  du  puits  préparatoire. 

Les  fig.  6,  7,  8,  9,  10,  PI.  I,  font  voir  les  dimen- 
sions et  la  composition  du  grand  trépan ,  qui  a  servi  à 
la  seconde  opération ,  c'est-à-dire  à  l'élargissement  du 
premier  forage. 

Le  petit  trépan  employé  à  Saint-Vaast  est  en  fer  ******  *^*P*n« 
battu  ;  il  a  été  fabriqué  dans  les  usines  de  MM.  Derosne 
et  Gail ,  à  Bruxelles.  Cet  outil  est  formé  de  deux  pièces 
principales  :  la  lame  et  les  bras.  La  lame  porte  à  sa 
surface  inférieure  des  trous  légèrement  coniques,  dans 
lesquels  s'ajustent  des  dents  en  acier  ou  en  fer  aciéré. 
Ces  dents  sont  serrées  contre  la  lame,  par  des  clavettes 
entrant  à  la  force  ;  elles  sont  placées  de  manière  à  pré- 
senter leur  taillant  dans  le  sens  de  la  longueur  de  la 
lame.  Aux  extrémités  de  cette  dernière  se  trouvent 
deux  tètes,  forgées  d'une  seule  pièce  avec  le  corps ,  et 
qui  portent   également  des  dents   placées  dans  le 


444  PBOGÉDÉ  Kim>. 

même  sens  que  les  autres;  mais  elles  sont  doubles, 
afin  de  rendre  plus  forte  à  Tattaque  cette  partie  de 
l'outil. 

C'est  par  rêlargissement  plus  ou  moins  grand  de 
ces  dents  de  ^ête  que  l'on  peut,  en  conservant  la  même 
lame  du  trépan,  faire  varier  le  diamètre  du  puits,  en 
plus  ou  en  mokas,  de  o",i3  à  o",i8,  ce  qui  pourrait 
.devenir  nécessaire  dans  le  cas  où  il  faudrait  tuber 
l'excavatioD  ;  c'est  ce  qui  arriverait ,  par  eiemple , 
si  les  terrains  à  traverser  étaient  d'une  nature  ébon- 
leuse. 

La  disposition  des  dents  par  rapport  au  milieu 
de  la  longueur  de  la  lame,  est  digne  de  remarque  : 
elles  sont  placées  de  telle  façoif  que,  pour  chaque 
révolution  du  trépan  autour  de  l'axe  imaginaire  que 
l'on  peut  faire  passer  par  le  point  milieu  de. la  lame, 
chaque  dent  parcourt  un  espace  annulaire  différent 
pour  chacune  d'elles,  en  sorte  que  l'ensemble  de  ces 
espaces  annulaires  forme  la  surface  totale  du  puits 
foré. 

Il  suffira  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  dessins  de 
l'outil,  pour  comprendre  cette  disposition,  qui  a 
pour  but  de  faire  porter  en  plein  chaque  partie  du 
taillant,  et  d'éviter  autant  que  possible  les  chocs 
obliques. 

Au-dessus  de  la  lame  principale  du  trépan  se  trouve 
une  seconde  lame ,  formée  de  deux  pièces  boulonnées 
sur  l'arbre  de  l'outil,  et  portant  deux  dents  équarris- 
seuses,  qui  servent  de  guide  et  qui  agissent  en  même 
temps  sur  les  parois  de  la  roche,  comme  ciseaux  dé- 
grossisseurs ,  pour  rendre  les  parois  plus  unies,  en 
enlevant  les  parties  saillantes  qui  pourraient  encore 
rester  après  le  passage  de  la  lame  inférieure. 

Enfin  au-dessus  de  cette  lame  supplémentaire  se 


TBATADZ  UlCOTtt  BK  BBLGIQUB.  ^i 

trouvent  deu  guides  en  croix ,  destinées  à  maintenir 
Toutil  bien  vertical.  Ces  guides,  faites  en  fer,  sont 
recourbées  à  leurs  extrémités,  de  manière  à  former  des 
parties  d'are  de  cercle  rasant  les  parois  du  trou  de 
sonde.  Ces  dernières  pièces  peuvent  glisser  au  besoin 
le  long  de  l*arbre  tourné  qui  surmonte  les  bras  du 
trépan ,  et  s'éloigner  ainsi  des  deux  lames. 

L'arbre  et  les  bras  composant  la  dernière  partie  de 
Toutil  sont  formés  d'une  seule  pièce,  qui  s'assemble 
par  enfourchement  sur  la  lame  principale ,  contre  la- 
quelle elle  est  serrée  au  moyen  de  clavettes. 

Le  grand  trépan  ne  présente  guère  de  différence   grand  trépan, 
avec  l'outil  que  nous  venons  de  décrire ,  que  par  ses 
dimensions  et  son  poids  considérables. 

Eu  égard  à  la  difliculté  de  construction ,  on  a  dû  le 
former  d'un  plus  grand  nombre  de  pièces;  il  se  com- 
pose de  cinq  parties  principales  :  la  lame,  les  trois  bras 
et  l'arbre  d'assemblage. 

La  lame  est  en  acier  fondu  ;  elle  a  iT^oS  de  longueur, 
4»%fi5  de  hauteur  et  o"",!  3  d'épaisseur;  elle  porte  à  ses 
ex^ëmités  deux  têtes  qui  font  oorps  avec  elle,  de  même 
que  dans  le  petit  trépan.  Cette  pièce  pèse  1,071  kil.  ; 
elle  a  été  fabriquée  dans  les  usines  de  U»  Krupp  à 
Essen. 

La  lame  dont  il  s'agit,  à  part  ses  dimensions,  porte 
des  dents  disposées  d'une  manière  analogue  à  celles  du 
petit  trépan  ;  seulement  les  dents  du  milieu  sont  sup- 
primées, puisque  le  petit  puits  central  percé  préalable- 
ment les  rend  inutiles  $  il  7  a  quatre  dents  de  tète  à  cha- 
cune des  extrémités  et  cinq  dents  de  chaque  côté  sur  la 
longueur  de  la  lame,  soit  en  tout  dixJiuit  dents;  cha- 
cune d'elles  pèse  en  moyrane  i5  kil. 

Les  Irois  bras  ^'assemblent  avec  la  lame,  par  enfour- 


346  PEOGÉDÊ  UNO. 

chement,  au  moyen  de  clavettes,  de  mftme  qut  Varbre 
s'assemble  avec  les  bras.  Ces  quatre  pièces  sont  &k 
fer  forgé  et  ont  été  fabriquées  dans  les  ateliers  de 
H.  Dorzée  i  Boussu;  elles  pèsent  ensemble  4*089  kîL 

Deux  fortes  pièces  en  chêne  (/ig.  8)  traversent  les 
trois  bras  au  milieu  de  leur  hauteur,  et  les  serrent  so- 
lidement au  moyen  de  boulons  ;  c'est  ce  qui  remplace 
ici  la  lame  équarrisseuse  du  petit  trépan* 

Pour  maintenir  le  grand  trépan  dans  une  position 
verticale,  pendant  le  travsûl  de  sondage ,  il  n'est  guère 
possible  d'employer  des  guides  fixes  placées  en  croix 
comme  celles  employées  pour  le  petit  trépan  ;  en  effet, 
une  ouverture  de  4^9  ^^  ^^  diamètre  serait  alors  néces- 
saire, sur  tout  le  pourtour  du  puits,  pour  laisser  passer 
ce  grand  Outil,  et  c'est  ce  qui  rendrait  dangereuses  les 
manœuvres  que  nécessitent  l'entrée  et  la  sortie  des  ap- 
pareils de  sondage. 

Pour  parer  à  cet  inconvénient ,  on  a  employé  des 
guides  mobiles  sur  l'arbre  du  trépan  et  suspendues 
sur  deux  cordes  partant  du  plancher  de  travail ,  à  la 
surface.  Les  guides  mobiles  {fig.  9)  consistent  en  deux 
fortes  pièces  de  bois,  du  diamètre  du  puits  (4"', s 5)  et 
placées  en  croix  Tune  sur  l'autre  ;  l'un  de  ces  guides 
est  rigidesur  toute  sa  longueur,  l'autre  se  divise  en  trois 
parties,  réunies  par  des  charnières,  et  peut  passer, 
quand  les  deux  bras  ou  parties  mobiles  sont  dans  une 
position  verticale,  dans  .une  ouverture  de  i*,5o  de  lar- 
geur. 

Les  deux  bras  sont  relevés  au  moyen  de  cordes, 
dès  que  le  trépan  est  introduit  dans  le  puits.  Deux  pe- 
tits treuils,  placés  sur  le  plancher  de  manœuvre ,  per- 
mettent de  laisser  descendre  ces  guides  mobiles  en 
même  temps  que  le  trépan  ;  ils  restent  fixes  pendant 
le  travail  du  sondage,  et  c'est  l'arbre  du  trépan  qui 


TRATAUX   EXÊGCTÉS  EN   BELGIQUE.  44  7 

joae  dans  raoneau  central  laissé  au  milieu  des  pièœs 
de  bois;  mais  afin  que  Tarbre  ne  s'use  pas  par  ce  jeu 
continuel,  on  l'entoure  sur  toute  la  hauteur  de  la  partie 
qui  doit  frotter,  de  petites  bagues  en  fer  que  Ton  peut 
renouveler  quand  il  y  a  lieu. 

Le  poids  total  du  grand  trépan,  avec  ses  accessoires, 
est  d'environ  7.000  kil. 

L'arbre  du  trépan  est  fileté  à  sa  partie  supérieure  et 
s'adapte  dans  une  douille  en  fer  forgé ,  taraudé  d'un 
côté  pour  recevoir  cet  arbre,  et  l'autre  côté,  pour  se 
réunir  à  la  glissière,  pièce  intermédiaire  entre  le  trépan 
et  les  tiges  de  sondage. 

Les  fig.  a8  et  3o,  PL  II,  représentent  cette  pièce, 
qui  est  assez  difficile  à  fabriquer. 

L'un  de  nos  chefs  sondeurs  nous  a  proposé  de  rem- 
placer cette  grosse  douille  par  un  assemblage  à  cla- 
vettes représenté  fig.  U^  et  4a*  Nous  sommes  d'avis 
que  cela  serait  préférable  ;  car  la  vis  se  rouillant  à  la 
longue,  finit  par  ne  plus  jouer,  et  dès  lors  elle  ne  ré- 
pond plus  à  son  but ,  c'est-à-dire  que  le  trépan  et  la 
pièce  suivante  se  calent  l'une  sur  l'autre,  et  ne  peuvent 
plus  se  séparer,  ce  qui  est  trës-génant  pour  les  répara- 
tions à  y  faire. 

La  glissière  {fig.  87  à  3o)  forme  l'une  des  parties 
essentielles  de  l'appareil  de  sondage;  c'est  en  effet  le 
jeu  de  cette  pièce  qui  permet  de  soulever  le  trépan, 
par  l'effort  de  traction  que  l'on  exerce  sur  les  tiges 
de  suspension ,  et  de  le  laisser  ensuite  retomber,  sans 
que  ces  tiges  reçoivent  le  contre-coup  de  l'énorme 
•  choc  produit  par  la  chute  de  Toutil.  Sans  la  glissière, 
il  serait  pour  ainsi  dire  impossible  de  donner  le  moin- 
dre coup  de  trépan  sur  un  terrain  dur,  sans  briser  les 
tiges  de  sondages;  car  celles-ci  auraient  à  supporter 


Hoaille 
«TatMinblago. 


Qlisilére. 


44S  raooÉDi  iQDiii* 

des  tibrations  auxqnellm  elles  ne  pourraient  ArkiecB*» 
ment  résister»  ce  dont  on  se  convaincra  facileaaent  lofsH 
que  nous  aurons  fait  connaître  la  légèreté  et  le  mode 
d'assemblage  des  tiges. 

M.  Kind  a  employé  avec  avantage ,  pôor  remplacer  la 
glissière,  dans  les  petits  sondages,  l'instrument  dit  à 
chute  libre;  T outil  est  alors  indépendant  de  la  tige)  il 
est  soulevé  par  cette  dernière  à  la  hauteur  voulue,  puis, 
par  un  mouvement  de  déclic ,  il  s'échappe  et  retombe 
seul  au  fond  du  trou  de  sonde. 

Le  trépan  à  chute  libre  a  été  essayé  pour  les  sondages 
à  grand  diamètre,  c'est-à-dire  les  puits;  mais  il  n'a 
pas  eu  grand  succès,  et  nous  doutons  beaucoup,  quant 
à  nous,  qu'il  puisse  avoir  ici  des  avantages  sur  le  tré- 
pan à  glissière  ;  il  présenterait  certainement  des  incon- 
vénients sérieux  dans  les  cas  d'accidents,  tels  que  ceux 
que  nous  aurons  à  signaler  par  la  suite. 

La  glissière  est  formée  de  deux  parties  qui  jouent 
Tune  contre  l'autre;  la  première  s'adapte  au  trépan  : 
c'est  une  masse  de  fer  rectangulaire,  terminée  inférieu- 
rement  par  une  queue  filetée  qui  lui  permet  de  se  vis- 
ser sur  la  douille  d'assemblage,  vissée  elle-même  sur 
le  trépan .  Elle  porte  au  milieu  une  rainure  d'environ 
o'^jBo  de  hauteur,  dans  laquelle  doit  se  mouvoir  le  te- 
non de  l'autre  partie  de  la  glissière ,  qui  se  nomme  le 
mâle.  Ce  dernier  se  compose  de  deux  joues  plates,  rèu« 
nies  à  la  partie  inférieure  par  le  tenon  dont  il  s'agit,  et 
se  terminant,  en  haut,  par  un  bout  de  tige  en  fer  qni 
vient  se  raccorder  aux  autres  tiges  de  suspension. 

Le  tenon  de  la  partie  mile  de  la  glissière  porte  tout  le 
poids  du  trépan,  dans  les  mouvements  ascensionnels, 
et  l'on  doit  le  renouveler  lorsqu'il  commence  k  s' amoin- 
drir La  rainiu*e  finit  aussi  par  s'user,  c'est-à-dire  s'al* 
longer,  et  il  faut  alors  repasser  la  pièce  à  la  foi^e  peor 


TRAVAUX  SXÉtitJTÉS  EU  BELGIQUE.  ^g 

la  recharger  de  nouveau  fer;  c'est  pour  cela  qu'il  est 
nécessaire  de  pouvoir  détacher  facilement  la  glissière 
du  trépan. 

Les  tiges  de  sondage  sont  des  pièces  de  bois  de  sapin  Tiget  de  Miidi|« 
de  o",i5  à  o^tiô  d'équarrissage  et  de  1 5  mètres  de  ^*  *  »  • 
longueur,  portant  à  leurs  extrémités  des  ferraillements 
avec  vis,  à  l'un  des  côtés,  et  avec  douille,  à  l'autre,  ce 
qui  leur  permet  de  s'ajuster  bout  à  bout.  Les  tiges  en 
bois  présentent  beaucoup  d*avantage  sur  les  tiges  en 
fer  :  elles  offrent  une  grande  rigidité  et  elles  perdent 
leur  poids  dans  l'eau,  de  sorte  que  la  force  du  moteur 
est  presque  entièrement  utilisée  à  soulever  le  trépan; 
l'élasticité  de  ces  pièces  de  bois  est  également  une  qua- 
lité précieuse  qui  leur  permet  de  céder  momentané- 
ment à  l'action  d'une  résistance  fortuite»  et  de  reprendre 
ensuite  leur  forme  primitive.  Le  fer  pourrait  se  tordre 
ou  se  plier,  en  pareille  circonstance ,  et  occasionner 
bien  des  embarras. 

Lorsqu'on  achète  les  bois  destinés  aux  tiges  de  son- 
dage, il  faut  avoir  soin  de  prendre  des  arbres  entiers 
de  l'épaisseur  voulue,  et  non  pas  des  pièces  sciées  sur 
quartier-,  c'est  le  seul  moyen  d'avoir  toujours  des 
ûges  bien  droites  et  qui  ne  se  gauchissent  pas  par 
l'usage. 

Il  est  assez  difficile  de  se  procurer  des  pièces  de  toute 
longueur,  et  leur  transport  n'est  pas  commode.  On  peut 
au  besoin  et  sans  grand  inconvénient,  composer  chaque 
tige  de  deux  longueurs  de  7'°,5o  chacune,  assemblées 
par  quatre  petites  clames.  C'est  ce  que  l'on  fait  aussi 
pour  utiliser  les  tiges  cassées.  ^ 

Le  ferrement  de  chaque  tige  porte  au-dessous  de  la 
vis  d'assemblage,  un  épaulement  qui  permet  de  les  re- 
cevoir, au  plancher  de  manœuvre,  au  moyen  des 
fourches,  fig.  33  et  34^  et  de  les  suspendre  sur  des  cro- 


45o  PROCÉDÉ   KIlfD. 

chets,  fig.  35,  qui  sont  attachés  sur  un  arbre  horizontal 
en  fer(  placé  au  sommet  de  la  tour  de  sondage. 
Toani«.Mnde  Au-dessus  des  tiges  de  sondage  vient  un  étrier  en  fer 
(/i^.ai  et  22). .  ^.  j^g  réunit  à  la  vis  d'allongement;  celle-ci  est  as- 
semblée à  la  chaîne  de  suspension  attachée  sur  le  ba- 
lancier de  battage. 

Cet  étrier,  que  nous  appelons  tourne-sonde^  peut  pa- 
raître au  premier  abord  d'une  importance  secondaire  ; 
il  exige  cependant  une  grande  solidité  et  une  construc- 
tion soignée  ;  car  c'est  lui  qui  supporte  tout  le  poids  de 
l'appareil  de  sondage,  et  qui  reçoit  le  choc  le  plus  vio- 
lent, lorsque  tout  cet  appareil  descend,  après  chaque 
pulsation  de  la  machine  motrice.  Cette  pièce  a  cassé 
souvent  au  commencement  de  nos  opérations;  nous 
avons  fini  par  lui  donner  des  dimensions  beaucoup  trop 
fortes  en  apparence,  et  c'est  alors  seulement  que  nous 
sommes  parvenu  à  éviter  les  accidents,  ou  plutôt  les  re- 
tards provenant  de  sa  rupture. 

Il  faut  aussi  veiller  tout  particulièrement  à  ce  que  le 
tenon  d'assemblage  qui  réunit  le  tourne-sonde  à  la  vis 
d'allongement,  puisse  tourner  facilement  dans  sa  mor- 
taise, afin  de  permettre  à  l'appareil  de  sondage  de  su- 
bir facilement  les  mouvements  de  rotation, 
vu  L.^  vis  d'allongement  sert,  comme  son  nom  Tindique, 

(/SrlM^iîîr  ^  ^^^^S^^  ^^^  ^*8^  d®  suspension  du  trépan,  au  fur  et  à 
mesure  que  le  forage  s'approfondit.  Dès  que  toute  la 
longueur  de  cette  vis  a  été  parcourue,  on  ajoute  à  la 
tige  de  sondage  un  bout  de  rallonge  en  fer,  et  l'on  re- 
monte la  vis;  cette  opération  se  répète  un  certain  nombre 
de  fois,  puis  on  remplace  les  petites  allonges  par  de  plus 
longues,  et  enfin,  lorsqu'on  a  descendu  de  i5  mètres, 
on  remplace  toutes  ces  allonges  par  une  nouvelle  tige 
de  sondage  en  bois. 
Lachaîne  de  suspension,  qui  est  l'intermédiaire  entre 


TBAYAUX   EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  4^1 

l'appareil  de  sondage  et  le  moteur,  doit  aussi  être  faite 
très-solidement  ;  car  elle  reçoit  des  secousses  violentes 
et  se  casse  souvent,  malgré  tout  le  soin  que  Ton  peut 
apporter  à  sa  construction. 

Tout  l'appareil  de  sondage,  tel  que  nous  venons  de  App^eu  motêw 
le  décrire,  est  suspendu  sur  un  balancier  en  bois,  qui  cynndre  battour. 
est  mis  en  mouvement  par  une  machine  à  vapeur  (  m, 
iBg.  1,  pi.  I.) 

Cette  machine ,  que  nous  désignons  sous  le  nom  de 
batteur j  est  tout  simplement  un  cylindre  à  vapeur  ou- 
vert par  le  dessous,  et  fermé  par  un  couvercle  à  la 
partie  supérieure;  le  piston  est  attelé  directement  au 
balancier  et  agit  à  simple  effet;  la  vapeur  arrive 
sur  le  piston  par  le  dessus  du  cylindre,  et  produit  son 
action  en  descendant,  pour  soulever  l'appareil  du  son- 
dage. 

Une  grande  simplicité  est  requise  dans  les  organes 
de  cette  machine,  afin  que  les  réparations  en  soient 
promptes  et  faciles. 

On  la  met  en  mouvement  à  la  main,  afin  de  pouvoir 
accélérer  ou  retarder  les  coups  de  piston,  et  d'aug- 
menter ou  de  diminuer  la  hauteur  d'ascension  de  l'outil 
de  forage,  selon  la  dureté  ou  l'homogénéité  de  la  roche, 
ou  d'après  toute  autre  circonstance  qui  exige  des  chan- 
gements dans  la  manœuvre. 

Pour  rendre  facile  la  mise  en  train  de  la  machine  de 
battage,  aussi  bien  que  pour  l'arrêter  sans  difficulté,  on 
y  a  appliqué  deux  soupapes  de  Comouailles  à  l'en- 
trée et  à  la  sortie  de  la  vapeur  du  cylindre,  de  sorte 
qu'un  très-petit  effort  de  la  part  du  conducteur-mé- 
canicien suffit  pour  diriger  tous  les  mouvements  de 
l'appareil. 

L'application  de  ces  soupapes  est  une  innovation 

Tome  XVIII,  1860.  5o 


45  fl  PRdGÉDÉ  lUNb. 

fûte  sur  les  conseils  de  M.  Colsôn,  ingénieur  Se  la  So- 
ciété de  HaLine-Saint-Pierre  ;  les  pirèmiëres  macfainfes 
de  battage  qui  furent  établies  par  M.  Kind,  {)ortaieiit 
une  glissière  ordinaire  dont  la  manœuvre  était  trës-dif^ 
ficile. 

Il  y  aurait  des  inconvénients  graves,  sans  qu'il  en 
résultât  grande  économie,  à  tenter  l'application  d'un 
mouvement  mécanique  pour  faire  marcher  les  toupapes 
d'introduction  et  de  sortie  de  la  vapeur  ;  car.  ainsi  que 
nous  Tavons  dit  ci-dessus ,  les  mouvements  de  l'appa- 
reil de  sondage  sont  excessivement  variables,  et  il  im- 
porte que  le  machiniste  ait  toujours  en  main  son  levier 
de  mouvement,  non-seulement  afin  de  pouvoir  diriger 
cette  marche  irréguliëre ,  mais  aussi  pour  être  capable 
d'arrêter  instantanément  la  machine  en  cas  d'accident. 

La  construction  du  piston  métallique  du  cylindre 
batteur  doit  être  tout  particulièrement  soignée ,  en  vue 
d'éviter  le  dévissage  des  écrous  qui  pèsent  sur  les  res- 
sorts ;  ce  dévissage  tend  constanament  à  se  produh^ 
par  les  vibrations  que  le  piston  et  tout  l'appareil  sus- 
pendu au  balancier  reçoivent  à  chaque  pulsation, 

La  tige  de  ce  piston  doit  être  guidée  verticalement 
par  deux  poulies  en  fonte  ou  en  bois,  dont  l'utilité  n'a 
pas  besoin  d'être  démontrée. 

Le  cylindre  batteur  employé  à  Saint- Vaast  a  o^.Go 
de  diamètre  ;  sa  course  maximum  est  de  i  mètre  ;  le 
bras  du  levier  du  côté  de  l'appareil  de  sondage  est  de 
3*,55  et  celui  de  la  machine  de  5~,67.  Cette  der- 
nière est  donc  capable  de  soulever  une  charge  d'en- 
viron 10.000  kil. ,  lorsque  la  pression  de  vapeur  isst 
à  4  atmosphères. 
Balancier.  I-c  balancier  66'  (fig.  i,  PL  i)  qui  sert  &  transmettre 

le  mouvement  du  cylindre  batteur  à  l'appareil  de  son- 
dage ,  est  formé  de  deux  longues  pièces  de  bois  su- 


TRATAUX  UtOUTÊS  E9  BELGIQUE.  45S 

perposées  et  présentant,  n^imiesi  une  section  de 
o"t75  de  l^auteur  sur  o"'»36  de  largeur;  elles  sont  maii>> 
tenues  ensemble  par  des  carcans  en  fer,  placés  de  dia^ 
tance  en  distance.  La  pièce  du  dessus  est  en  sapin  et 
la  pièce  du  dessous  en  bois  de  hêtre,  ce  qui  a  pour  but 
de  rendre  le  balancier  plus  élastique  dans  la  partie  sa» 
périeure,  où,  par  le  fait  du  mouvement  de  la  machine, 
les  fibres  du  bois  tendent  à  s'allonger  plus  que  dans  la 
partie  inférieure. 

Le  balancier  porte  à  Tune  de  ses  extrémités  une  pièce 
ou  arc  de  cercle,  sur  laquelle  s'enroule  la  chaîne  de  sus- 
pension de  l'appareil  ;  l'autre  extrémité  est  prolongée 
au  delà  du  point  d'attache  de  la  chaîne  du  piston  à  va- 
peur, afin  de  pouvoir  venir  frapper  contre  une  pièce  de 
contre-coup  dont  nous  parlerons  ci-dessous.  ** 

Le  balancier  est  assis  sur  un  axe  en  fer,  qui  joue 
dans  deux  crapaudines  libres,  c'est-à--dire  qui  permet- 
tent de  soulever  le  balancier  et  de  le  déplacer,  ce  qui 
devient  nécessaire  lorsqu'on  doit  retirer  les  outils  du 
puits ,  soit  pour  les  réparer,  soit  pgur  procéder  à  l'en- 
lèvement des  déblais.  En  effet,  la  tète  du  balancier, 
qui  se  trouve  au  centre  du  puits  lorsque  Ton  travaillé 
au  forage,  géperait  le  passage  des  tiges  de  suspension 
et  des  ovtils,  lorsqu'on  doit  les  faire  sortir;  on  es( 
donc  obligé  de  reculer  le  balancier  en  arrière  pour 
laisser  libre  l'ouverture  du  puits. 

Cette  niaoœuvre  se  fait  avec  facilité  :  d'une  part,  tm 
accroche  la  tète  du  balancier  avec  la  corde  de  la  ma* 
chine  d'extraction,  et,  d'autre  part,  on  le  soulève  au 
moyen  d'un  petit  cabestan  établi  dans  ce  but ,  et  qui 
lui  imprime  un  léger  mouvement  de  recul.  La  même 
manœuvre,  faite  en  sens  inverse,  permet  de  remettre  le 
balancier  à  sa  place,  lorsqu'on  veut  reprendre  le  travail 
de  forage. 


4^4  PROCÉDÉ  KINO. 

Pièce  de  ressort.     Enfin,  un  organe  important  de  l'appareil  de  battre 

est  la  pièce  de  ressort  placée  en  arrière  du  cylindre  à 
vapeur,  /Igr.  i .  Le  balancier  6,  b  est  prolongé,  sdnsi  que 
nous  Tavons  dit,  au  delà  du  point  d'attache  du  piston  ; 
son  extrémité  de  ce  côté  vient  passer  entre  deux  brides 
en  fer  qui  sont  réunies  au-dessus  par  un  plateau  solide 
contre  lequel  vient  frapper  le  balancier,  lorsque  l'ap- 
pareil de  sondage  retombe  dans  le  puits,  à  chaque  pal- 
sation  du  cylindre  batteur. 

Les  deux  brides  ou  tirants  en  fer  sont  attachés,  par 
leur  partie  inférieure,  à  une  ou  deux  pièces  en  chêne  de 
8  à  9  mètres  de  longueur  c,  c,  qu'on  nomme  la  pièce 
élastique  ou  de  contre-coup.  Cette  pièce  élastique  est 
enterrée  et  est,  en  outre,  assujettie  à  d'autres  pièces  de 
bois ,  placées  à  3  ou  4  mètres  sous  le  sol ,  et  recou- 
vertes de  terre  bien  damée. 

Le  but  de  toute  cette  construction  est  d'amortir  in- 
stantanément le  coup  du  balancier,  ce  qui  évite  le  choc 
du  piston  à  vapeur  contre  le  couvercle  du  cylindre,  et 
permet  de  recommencer  aussitôt  un  nouveau  mouve- 
ment d'ascension  de  l'appareil  de  sondage. 

Mûekimê"  Pour  descendre  le  trépan  au  fond  du  puits ,  comme 
pour  l'en  retirer  lorsqu'il  a  fonctionné  assez  longtemps 
pour  devoir  être  soumis  à  des  réparations,  ou  bien 
pour  faire  l'extraction  des  déblais  au  moyen  de  la  cuil- 
ler, on  fait  usage  d'une  machine  à  vapeur  rotative  que 
nous  appellerons  machine^cabestan  ;  c'est  un  cylindre 
horizontal  ordinaire  de  la  force  de  ao  chevaux,  at- 
telé à  un  système  d'engrenages  doubles,  qui  trans- 
mettent le  mouvement  à  une  bobine ,  sur  laquelle  s'en- 
roule le  câble  qui  sert  à  descendre  ou  à  remonter  les 
outils. 

w 

Le  diamètre  du  piston  de  la  machine  employée  à 


eàbeêlmn. 


TRAYAUZ  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.       4^5 

Saint'Yaast  est  de  o"*,4o ,  sa  course  de  o",7o  ;  les  en- 
grenages ont  respectivement  : 

i*  pignon  o",/io;  i*'  engrenage  i",6A; 
a*  pignon  o",8A;  i*' engrenage  a",8o; 
La  bobine  a  i  mètre  de  diamètre  minimum. 

L'effort  transmis  à  la  corde  d'extraction  est  d'environ 
is.ooo  kiL,  en  admettant  une  pression  de  vapeur  de 
4  atmosphères.  La  vitesse  d'ascension  est  de  o'^jiS  à 
o",2o  par  seconde ,  la  machine  donnant  3o  coups  de 
piston  par  minute.  Cette  vitesse  est  très-convenable 
pour  éviter  les  accidents,  lorsqu'on  remonte  le  trépan; 
il  serait  même  dangereux  de  l'augmenter,  car  l'outil 
frotte  toujours  quelque  peu  contre  les  parois  du  puits, 
et  il  pourrait  rencontrer  de  petites  aspérités  qu'il  im- 
porte de  ne  pas  heurter  trop  brusquement. 

Le  service  de  la  machine-cabestan  n'est  pas  régulier, 
en  ce  sens  qu'eUe  ne  travaille  que  la  moitié  du  temps  à 
charge.  En  effet,  pour  retirer  l'outil  de  sondage  on  attache 
la  corde  d'extraction  à  l'extrémité  de  la  tige  supérieure, 
et  l'on  remonte  tout  l'appareil  de  1 5  mètres  de  hauteur; 
puis  on  dévisse  une  tige  de  suspension  ;  ensuite  on  re- 
descend la  corde  à  vide ,  et  l'on  remonte  de  nouveau  à 
1 5  mètres  de  hauteur.  Cette  opération  se  répète  succes- 
sivement, jusqu'à  ce  que  l'outil  arrive  au  jour. 

La  machine^abestan  doit  donc  marcher  à  vide  pour 
redescendre  la  corde,  chaque  fois  qu'elle  a  élevé  la 
charge  de  1 5  mètres. 

On  pourrait  sans  doute  gagner  du  temps  dans  la  ma- 
nœuvre, et  parer  à  cet  inconvénient,  en  plaçant  deux 
câbles;  mais  alors  il  faudrait  employer  certains  ar- 
tifices pour  que  la  conduite  restât  parfaitement  au 
centre  du  puits,  et  cette  complication  dans  les  appa- 
reils serait  une  cause  d'accidents,  qu'il  importe  tout 


456  PBOGÉDÉ  KIHD. 

particulièrement  d'éviter  dans  ce  genre  de  travail. 

Afin  de  rendre  Vinconvénient  signalé,  moins  sensible, 
nous  avons  fait  appliquer  sur  l'arbre  de  la  bobine  un 
contre-poids,  qui  descend  dans  un  petit  puits  de  1 5  ou 
16  mètres  de  profondeur,  toutee  les  fois  que  la  machine 
enlève  l'appareil  de  sondage,  et  qui  est  relevé  lors- 
qu'elle marche  à  vide.  Ce  moyen  présente,  outre  Téco- 
nomie  de  vapeur,  l'avantage  de  faciliter  la  descente  de 
l'appareil,  ce  qui  est  souvent  plus  difficile  que  de  le  re- 
monter ;  car  îl  faut  alors  une  attention  très-grande  de 
la  part  du  machiniste,  qui  doit  faire  marcher  sa  machine 
ôomme  on  dit  à  contre-vapeur. 
AppanUt         La  cuiller  dont  on  se  sert  pour  l' extraction  des  dé- 
Cailler       l^^^Lis  provenant  du  forage,  est  un  cylmdre  en  tôle  ayant 
(PI.  ui,  /i^.ss,  1  mètre  de  diamètre  et  9  mètres  de  hauteur;  il  porte 
un  fond  avec  deux  clapets. 

La  construction  spéciale  de  cet  appareil  mérite  d'être 
mentionnée  :  afin  d'en  faciliter  la  manœuvre  et  de  per- 
mettre de  la  vider  facilement,  lorsqu'elle  arrive  à  Tori- 
fiôe  du  puits,  remplie  de  la  bouillie  épaisse  qu'elle  a 
ramenée  du  fond  de  l'excavation,  la  cuiller  est  sus- 
pendue par  une  espèce  d'anse  de  panier,  qui  est  fixée 
sur  un  axe  en  fer  passant  un  peu  au-dessus  du  centre  de 
gravité  du  cylindre  ;  il  en  résulte  qu'il  suffit  d'un  léger 
effort  pour  lui  imprimer  un  mouvement  de  bascule 
et  la  renverser.  Un  taquet  avec  clavettes,  fixé  sur  une 
seconde  anse  placée  dans  un  plan  perpendiculaire  à 
celui  de  la  première,  permet  de  rendre  ee  mouvement 
de  bascule  impossible,  lorsqu'on  veut  redescendre  la 
cuiller. 

Cest  à  l'aide  de  la  moehinê-'eabêstan  que  se  fait  le  cu- 
rage à  la  cuiller,  soit  qu'on  se  serve  des  tiges  rigides 
de  Tappareil  de  sondage,  ou  bien  que  l*on  emploie  une 
corde. 


TRATAUZ  BZÉG0TÉ8  EN  BELGIQUE.       4^7 

Le  curage  au  moyen  des  tiges  rigides  se  fait  en  lûs- 
sant  la  dernière  tige  de  suspension  attachée  au  câble 
de  la  machine,  et  en  imprimant  à  ce  câble  un  petit  mou- 
vement de  va-et-vient,  c'est-à-dire  de  montée  et  de 
descente,  qui  agite  la  cuiller  dans  la  bouillie  et  la  fait 
remplir  plus  ou  moin9  parfaitement* 
.  On  peut  aussi  se  servir  du  cylindre  batteur  pour  faire 
cette  opération,  en  attachant  la  dernière  tige  de  suspen* 
sioD  au  balancier,  et  en  produisant  le  même  mouvement 
oscillatoire  que  8*il  s'agissait  de  forer. 

Le  premier  mode  d'opération  est  plus  expéditif,  mais 
il  n'est  pas  toujours  parfait;  il  arrive  fréquemment  que, 
dans  les  terrûns  dont  la  bouillie  se  dépose  facilement, 
ou  bien  encore  dans  les  roches  qui  se  détachent  par 
éclats,  la  cuiller  ne  peut  pas  se  remplir  convenable- 
ment en  la  suspendant  au  câble,  tandis  que  lorsqu'on 
fait  usage  du  batteur ^  l'opération  marche  très-bien  ;  car 
on  peut  répéter  vivement  les  oscillations,  «de  façon  à 
produire  un  léger  choc  sur  la  masse  liquide,  ce  qui  dé* 
place  les  corps  pesants  déposés  au  fond  du  puits  et  les 
fait  sauter  par  soubresauts  dans  la  cuiller. 

Nous  avons  remarqué,  dans  le  cûiu*s  de  nos  travaux, 
qn41  a  été  rarement  possible  de  faire  un  curage  complet 
Bans  se  servir  du  batteur^  et  c'est  pour  ce  motif  que,  à 
plus  forte  raison,  nous  avons  cru  inutile  d'essayer  le 
^rageà  la  corde  simple,  sans  tiges  rigides,  c'est-à-dire 
le  procédé  ehinoiê^  qui  présente  peut-être,  dans  les  petits 
sondages  un  très*grand  avantage  au  point  de  vue  de  la 
f^apidité  d'exécution,  mais  qui  n'est  pas  sans  inconvé- 
nients. Pour  employer  ici  ce  procédé,  il  faudrait  placer 
une  poulie  spéciale  au-dessus  du  puits,  et  une  corde 
ronde  s'enroulant  sur  une  bobine  indépendante  de  celle 
du  cible  d'extfictîim  ;  on  serait  donc  obligé  de  mettre 
M  Mibrêirage,  ipii  permettrait  de  transmettre  le  nou^ 


458  PBOGÉDÉ  KIND. 

yement  de  la  machine,  alternativement  au  câble  plat  et 
à  la  corde  ronde,  ce  qui  ne  laisserait  pas  que  d'occasion- 
ner des  complications  dans  les  manœuvres. 

La  perte  de  temps  résultant  de  la  descente  des  tiges 
rigides  n'est  pas  d'ailleurs  aussi  considérable  qu'on 
pourrait  le  croire,  et  elle  est  largement  compensée  par 
les  avantages  que  cela  présente.  Nous  verrous,  en  effet, 
dans  les  relevées  que  nous  donnerons  plus  loin,  que  le 
nombre  d'heures  employées  au  curage,  dans  les  tra- 
vaux de  Saint-Vaast,  ne  dépasse  pas  ao  p.  loo  du  temps 
absorbé  par  le  travail  utile  du  forage. 

La  cuiller,  telle  que  nous  l'avons  décrite  d-dessos, 
ayant  i  mètre  de  diamètre,  est  employée  lorsqu'on  fait  le 
puits  préparatoire,  de  même  que  lorsqu'on  travaille  à 
l'élargissement;  le  petit  puits  est  fait  précisément  en 
vue  de  faciliter  l'extraction  des  débris  de  roches,  lors 
de  l'exécution  du  grand  puits. 

La  capacité  de  cette  cuiller  est  d'environ  i^^jSo; 
en  admettant  que  la  bouillie  qu'on  retire  de  l'excava- 
tion pèse  en  moyenne  2.5oo  kilogr.  par  mètre  cube, 
le  poids  utile  à  extraire  pour  une  cuiller  pleine  dé- 
passerait donc  3  à  4*  poo  kilogr. ,  ce  qui  est  déjà  con- 
sidérable. Or  la  cuiller  agit  en  pompant,  et  elle  doit 
couvrir,  pour  produire  son  effet,  une  grande  partie  de 
la  surface  du  puits  que  l'on  fore  ;  il  en  résulte  que,  pour 
faire  directement,  c'est-à-dire  sans  puits  préparatoire, 
le  curage  d'un  trou  de  sonde  de  A^'y^S  de  diamètre»  il 
faudrait  employer  des  cuillers  de  3  à  4  mètres,  ce  qui 
sersdt  peu  praticable  et  exigerait  des  machines  très- 
puissantes. 

Il  est  des  circonstances  cependant  où  le  percement 
du  puits  préparatoire  présenterait  des  difScultés,  par 
exemple,  s'il  s'agissait  de  passer  des  sables  boulants. 
Il  faudrait  alors  modifier  la  marche  du  travail,  soit  en 


-    TRAVAUX  BIÊGUTÉS   EN  BELGIQUE.  4^9 

attaquant  âirectement  le  percement  du  grand  puits,  soit 
en  ayant  recours  à  quelques  moyens  particuliers,  tels 
que  ceux  que  nous  avons  indiqués  dans  la  spécification 
de  notre  brevet  du  a 5  juin  i855. 

M.  Kind  a  imaginé  encore  un  appareil  spécial  pour   (^«n^i, 
faire  le  curage,  lorsqu'on  procède  à  l'élargissement  du       pi*  H). 
puits  préparatoire. 

Cet  instrument,  que  nous  nommerons  le  dragueur ^ 
s'adapte,  comme  la  cuiUer  à  soupapes,  à  l'extrémité  de 
la  tige  de  sondage;  il  porte  à  sa  partie  inférieure  un 
cylindre  en  tôle  dont  le  fond  est  garni  de  deux  clapets, 
tenus  fermés  par  des  verroux,  pendant  l'opération  du 
draguage.  A  sa  partie  supérieure,  l'instrument  est 
armé  de  deux  bras  qui  se  terminent  à  leurs  extrémités 
par  des  palettes  ou  mains  de  tôle,  destinées  à  racler  le 
fond  du  puits  et  à  faire  tomber  les  débris  de  roches  qui 
s'y  trouvent  dans  le  cylindre  placé  au-dessous.  Ces 
bras  sont  coudés  et  viennent  former,  au  moyen  d'arti- 
culation à  charnières,  un  parallélogramme  dont  le  jeu 
a  pour  effet  d'éloigner  ou  de  rapprocher  alternativement 
les  palettes. 

La  figure  4o  fait  voir  l'instrument  dans  la  position 
où  il  se  trouve  lorsque  les  bras  sont  ouverts. 

Nous  allons  tâcher  de  fsdre  comprendre  le  jeu  de  cet 
appareil. 

Les  bras  et  le  paralléllogramme  sont  solidaires  de 
la  tige  de  sondage,  lorsque  l'instrument  y  est  suspendu, 
et  Us  subissent  tous  ses  mouvements,  tandis  que  lé  cy- 
lindre en  tôle  en  est  détaché,  en  ce  sens,  du  moins, 
qu'il  est  fixé  à  deux  tringles  formant  glissière  et  qui 
permettent  à  la  tige  de  sondage  de  faire  un  léger  mou- 
vement de  va-et-vient  sans  le  communiquer  au  cy- 
lindre. Gela  étant,  voyons  ce  qui  se  passe  dans  la  ma- 
nœuvre de  l'outil  :  lorsqu'il  part  de  la  surface,  son 


46o  PROCÉDÉ  KmD. 

parallélogramme  est  farmé  de  môme  que  les  bras  par- 
taot  les  palettes  ;  quand  il  arrive  au  fond,  le  cylindre 
entre  dans  le  petit  puits  préparatoire,  et  les  m^ns  de 
tôle  viennent  se  placer  au  niveau  de  la  banquette  du 
grand  puits;  si  Ton  appuie  alors  de  tout  le  poids  de  la 
tige  de  sondage,  le  parallélogramme  s'ouvre  et  force  les 
bras  à  palettes  à  s'écarter  l'un  de  l'autre;  si  l'on  fait 
ensuite  le  mouvement  contraire,  c'est-à-dire  si  Ton  re- 
lève la  tige  de  sondage,  les  bras  se  rapprochent,  et  les 
palettes,  en  frottant  sur  la  banquette,  amènent  les  débris 
de  roches  dans  la  cuiller. 

En  recommençant  cette  opération  un  certain  nombre 
de  fois,  et  en  imprimant  à  Tinstrunient  un  léger  mou- 
vement de  rotation,  à  chaque  oscillation  de  va-et-vient, 
on  finira  par  nettoyer  complètement  la  surface  du  grand 
puits. 

Afin  de  modérer  l'efibrt  produit  par  la  traction  que 
Ton  opère  sur  k  tige  de  sondage,  lorsqu'on  ferme  les 
bras  pour  draguer,  on  a  adapté  à  l'appareil  deux  pis- 
tons en  bois  qui  se  meuvent  dans  des  mâchoires  dont 
on  règle  le  frottement  à  volonté  au  moyen  d'une  petite 
vis  de  pression  ;  ces  mâchoires  sont  fixées  à  la  tige  in- 
férieure portant  la  cuiller  ;  le  poids  de  cette  dernière  a 
donc  pour  effet  d'enrayer  la  fermeture  de  l'outil;  il  en 
résulte  que  les  bras  se  rapprochent  doucement  et  pro- 
duisent tout  l'effet  que  l'on  doit  en  j^ttendre. 

Quand  l'opération  que  nous  venons  de  décrire  a  été 
répétée  pendant  un  certain  temps  (16  à  20  minutes),  on 
remonte  le  dragueur  à  la  surface  et  l'on  vide  la  cuiller^ 
en  ouvrant  les  verroux  des  clapets  qui  forment  le 
fond. 

Le  dragueur  est  un  outil  fort  ingénieux,  il  est  vrai; 
mais  il  ne  faut  en  faire  usage  que  le  m'oins  possible, 
car  il  n'est  pas  sans  danger.  Nous  sommes  même  d'avis 


TRAYAin  SlÉCDTtS  BM  BELGIQUE.       46 1 

^*o&  ponrrait  Tabandonner  complètement,  si  ce  n'est 
comme  instrument  de  sauvetage,  ainsi  que  nous  le  di- 
rona  C)*aprà8.  Nous  ne  l'avons  employé  qu'une  seule 
foi»^  dans  les  travaux  de  Saint- Vaast,  pour  faire  le 
draguage,  et  nous  avons  eu  à  le  regretter  ;  c'était  en 
vue  de  ramasser  les  silex  qui  se  détachaient  par  petits, 
blocs.  La  cuiller  ayant  été  calée  dans  le  petit  puits, 
sans  doute  par  des  débris  de  roche  qbi  se  seront  intro- 
duits entre  la  tôle  et  le  terrain,  nous  avons  brisé  Tin* 
strument,  en  tirant  dessus  pour  le  dégager,  ce  qui  nous 
a  occasionné  un  retard  de  plusieurs  jours. 

En  somme,  le  but  de  M.  Kind  en  imfiginant  cet  outil 
a  été  de  gagner  du  temps,  eq  permettant  de  retirer, 
sans  les  broyer  de  nouveau,  les  terrains  que  l'on,  était 
obligé  de  faire  tomber  dans  le  petit  puits,  et  particu- 
lièrement les  roches  qui  se  détachent  par  éclats;  mais 
si  Ton  fait  le  draguage  avec  la  cuiller  ordinaire  au 
moyen  du  cylindre  batteur,  on  parvient  à  retirer  im- 
médiatement une  grande  partie  de  ces  terrains,  et, 
selon  nous,  la  perte  de  temps  résultant  de  la  nécessité 
de  broyer,  au  petit  trépan,  ce  oui  ne  peut  pas  être  en- 
levé de  cette  manière,  est  moins  à  craindre  C|ue  les 
accidents  inhérents  à  l'usage  du  dragueur. 

Enfin  nous  mentionnons,  pour  mémoire,  une  troi-  coiiier 
sième  cuiller  de  draguage,  dont  M.  Kind  a  fait  usage  ''(^î'^ïs"!' 
à  String,  et  qui  présente  plus  de  danger  encore  que  le 
dragueur  :  c'est  un  cylindre  en  tôle,  que  Ton  introduit 
dans  le  petit  puits  préparatoire,  à  quelques  mètres  de 
profondeur  au-dessous  de  la  banquette  du  grand  puits; 
on  sonde  alors  avec  le  grand  trépan,  et  lorsqu'on  a  fait 
un  avancement  tel  que  l'on  puisse  supposer  que  la 
cuiller  est  pleine  de  débris  de  roches ,  on  va  la  re- 
prendre avec  le  crochet  (PL  II,  fig,  4^),  dit  le  loup, 
pour  la  rammer  à  la  snifa^  el  la  vider;  puis  on  la 


462  ^  PROCÉDÉ  KIND. 

redescend  pour  recommeocer  l'opération  de  la  rnâme 
manière. 

Nous  avons  fait  construire  cette  cuiller  de  fond, 
.  pour  nos  travaux  de  Saint-Vaast  »  mais  nous  n'en  avons 
jamais  fait  usage. 
^MiiM  Due  des  particulités  remarouables  des  outils  de 

forage  employés  par  H.  Kind ,  est  leur  simplicité  et 
leur  petit  nombre.  Il  en  en  est  de  même  des  appareils 
de  sauvetage  ;  nous  n'en  avons  que  trois  principaux, 
savoir  :  le  crothtX  de  salut ,  la  fanchère  et  le  grappin. 
Crochet  de  Baiat  Cet  outil  est  d'uuc  simplicité  extrême,  et  c'est  celui 
6148)?  dont  on  fait  le  plus  souvent  usage  dans  les  accidents 
ordinaires  des  sondages,  qui  sont  les  bris  de  tiges  de 
suspension. 

Les  ferrures  des  tiges  en  bois  portent,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit ,  un  petit  épaulement  qui  sert  à  les 
recevoir  sur  les  fourches-,  c'est  par  cet  épaulement 
que ,  au  moyen  du  crochet  de  salut,  on  peut  raccro- 
cher l'appareil  de  sondage  lorsqu'une  tige  vient  i 
casser. 

On  remarquera  sur  le  dessin  que  cet  outil  est  ouvert 
en  épicycloïde  ;  c'est  afin  qu'on  puisse  accrocher  la  tige, 
qui ,  après  la  rupture ,  se  porte  obliquement  contre  les 
parois  du  puits  :  on  la  ramène  doucement  vers  le  centre 
de  l'excavation,  et  là,  en  tournant  adroitement^  on  la 
saisit. 

Nous  avons  eu  assez  souvent  des  accidents  de  ce 
genre ,  dans  le  cours  de  nos  travaux ,  et  nous  devons 
dire  que  le  crochet  de  salut  ne  nous  a  jamais  fait  dé- 
faut ,  en  ce  sens  que ,  lorsque  la  tige  était  saisie  à 
l'épaulement ,  l'appareil  de  sondage  n'est  jamais  re- 
FaiMhére  tombé  daus  le  puits. 
^***'oi"i2^'  "      Il  y  a  des  cas  ou  l'emploi  du  crocbet  de  salut 


TRAVAUX  KXÉCDXÉS  EN  BELGIQUE.       ^65 

serait  dilBcile ,  et  quelquefois  même  cet  outil  ne  pour- 
rait pas  servir.  C'est  ce  qui  aurait  lieu ,  par  exenple, 
si  la  douille  placée  entre  la  glissière  et  le  trépan  vensdt 
à  s'arracher;  on  ne  pourrait  alors  saisir  Tarbre  du 
trépan  avec  un  crochet.  De  même  si  une  tige  était 
cassée  immédiatement  au-dessous  de  Tépaulement, 
c'est-àrdire  à  peu  de  distance  de  la  vis,  il  faudrait, 
pour  réussir  avec  le  crochet  de  salut ,  l'accrocher  à  la 
tige  immédiatement  inférieure  à  celle  qui  est  cassée, 
et  le  bout  de  i5  mètres  de  longueur  qui  remonterait 
obliquement  dans  le  puits  en  retirant  l'appareil  de 
sondage,  pourrait  frotter  et  même  s'arc-bouter  contre 
les  parois.  Dans  ce  cas,  on  peut  faire  usage  de  la 
fanchérej  qui  a  été  imaginée  en  vue  d'accrocher  des 
objets  ronds  ou  carrés,  mais  ne  présentant  pas  d'épau- 
lement 

La  fanchère  (i)  se  compose  de  deux  pièces  pouvant 
glisser  Tune  sur  l'autre  :  la  première  est  un  sabot 
annulaire  évasé  en  cône  et  qui  est  attaché,  par  deux 
lames,  à  la  tige  carrée  qui  surmonte  Toatil  ;  la  seconde 
pièce  est  formée  de  deux  mâchoires  dentelées  pouvant 
jouer  dans  le  sabot,  qui  en  limite l'écartement. 

Lorsqu'on  veut  se  servir  de  l'instrument,  on  sépare 
les  mâchoires,  au  moyen  d'une  broche  de  bois,  et  on 
le  présente  ainsi  sur  la  pièce  que  l'on  veut  saisir,  une 
tige  de  sondage  par  exemple  ^  la  broche  en  bois  cède 
à  la  pression  de  la  tige,  et  cette  dernière  prend  sa 
place.  Si  l'on  tire  alors  sur  l'appareil,  la  tige  est 
serrée  fortement  entre  les  deux  mâchoires  dentelées, 
et  ne  peut  plus  s'en  détacher. 

C'est  là  réellement  un  outil  bien  imaginé,  mais  qui 


(i)  Ce  nom  de  fanchère  est  une  corruption  du  mot  allemand 
fangseheere^  qui  signifie  outil  pour  saisir. 


464  PWOCÉM  KIIID. 

demande  de  TbabileM  pour  ftire  emplofé  AYttfi  Èaàokm* 
Uinconvénient  qu'il  présente,  c'est  que,  si  Tappareil 
à  retirer  du  puits  offrait  de  la  résislauce  à  l'etilèvdiiMiDl 
par  la  machine ,  ce  qui  pourrait  aniver  s'il  était  calé 
ou  retenu  par  l'une  ou  l'autre  cause,  il  serait  alors 
impossible  de  détacher  la  fanehêrê  pour  ttater  d'autres 
moyens  de  eauretage  <  car  on  ne  peut  séparer  lea  oiA* 
choires  que  lorsque  l'outil  est  ramené  à  la  surfaos. 

Nous  ayons  employé  cet  instrument  dans  des  opôr»- 
tions  difficiles ,  et  notamment  pour  retirer  une  ooloane 
de  tubes  de  o"',so  de  diamètre  et  de  90  tnètres  de  lon«> 
gueur«  qui  se  trouvait  dans  un  puits  et  qui  avait  été 
brisée  en  cinq  pièces  ;  chacune  de  ces  dernières  a  été 
saisie  avec  assez  de  facilité. 
Garcin  Cet  outîl  est  employé  avec  avantage  pour  retirer  las 

et  6o;f  ^'  objets  en  fer  ou  en  acier  qui  restent  dans  le  puits  »  tels 
que  les  dents  de  (rëpan  qui  se  cassent,  les  clefs  ou  les 
fourches  que ,  par  maladresse  ^  on  laisse  tomber  pen- 
dant les  manœuvres.  S'il  fallait  briser  ou  broyer  ces 
objets  au  moyen  du  trépan ,  on  y  parviendrait  le  plos 
souvent,  mais  avec  difficulté  et  en  retardait  la  marcbo 
régulière  des  opérations. 
Le  grappin  a  une  grande  analogie  avec  le  dragueur, 
•  .  dont  nous  avons  donné  la  description.  Gomme  lui ,  il 
porte  deux  bras ,  à  l'extrémité  desquels  on  a  fixé  des 
griffes  au  lieu  de  palettes  ;  ces  bras  sont  aussi  articulés 
en  parallélogramme,  au  moyen  de  charnières;  laprin* 
cipale  différence  qu*il  présente ,  c'est  que  les  tringles 
qui  forment  glissière  sont  chargées  au  moyen  de  poids, 
que  l'on  place  à  volonté  sur  une  traverse  (aa)  qui  leur 
est  attachée ,  et  que  c'est  cette  charge  qui  occasionne 
le  frottement  des  griffes  contre  le  fond  du  puits. 

Les  tringles  sont  soulevées  au  moyen  d'une  corde, 
dont  on  tient  le  bout  à  la  surface^  et  que  Ton  msp» 


TAAYAUX  UÉCtIXift  BM  fiELGIQUË.  4^6 

DiBuTte  de  la  manière  auitante  :  l'outil  est  fermé 
quand  il  est  suspendu  à  la  tige  de  sondage  et  qu'on 
laisse  porter  la  charge  sur  la  traverse  ;  lorsqu'il  a  été 
descendu  dans  le  puits,  on  soulève  la  charge  en  tirant 
la  corde  ;  on  pousse  la  tige  de  sondage ,  dont  le  poids 
fait  ouvrir  les  hras  du  grappin ,  et  les  griffes  viennent 
toucher  le  fond  du  puits;  dès  lors  si,  d'un  côté,  on 
lâche  la  corde  pour  laisser  porter  la  charge  qui  se 
trouve  sur  la  traverse  (aa) ,  et  que ,  d'un  autre  côté, 
on  tire  doucement  sur  la  tige  de  sondage ,  les  bras  de 
l'outil  se  rapprochent  en  grattant  le  fond ,  et  les  griffes 
viennent  se  rejoindre  en  retenant  entre  elles  les  objets 
consistants  qui  se  trouvaient  sur  leur  parcours. 

On  peut  comprendre  aisément  la  manœuvre  de  cet 
outil;  elle  consiste ,  en  définitive,  à  soulever  la  charge 
avec  la  corde ,  pousser  la  tige  de  sondage ,  lâcher  la 
corde,  puis  relever  la  tige  de  sondage.  En  répétant 
cette  opération  tout  autour  du  puits ,  on  parvient  ainsi 
à  repêcher  tous  les  objets  qui  pourraient  s'y  trouver, 
et  à  les  ramener  au  jour. 

Il  est  à  remarquer  que  le  frottement  des  griffes  sur 
le  fond  du  puits  est  d'autant  plus  grand  que  la  charge 
placée  sur  la  traverse  {aa)  est  elle-même  plus  consi- 
dérable. 

On  peut,  avec  le  grappifiy  ramener  des  objets  de  très- 
petit  volume  :  l'un  de  nos  sondeurs  est  parvenu ,  à 
l'aide  de  cet  instrument ,  à  retirer  une  montre  qu'il 
avait  laissé  tomber  dans  le  puits  pendant  le  travail. 

On  peut  de  même  extraire  des  pièces  très-lourdes 
et  volumineuses  :  c'est  ainsi  que  Ton  a  pu  repêcher  uh 
bloc  de  maçcmnerie  de  i"',8o  de  longueur,  i  mètre  de 
largeur  et  o^fôo  de  hauteur.  (Voir  l'extrait  du  journal 
des  travaux  de  Péronnes.  ) 

Le  draguemr  peut  aussi  être  employé  comme  outil 


466  PEOGÉOi  KIND. 

de  sauvetage ,  dans  des  conditions  analogues  à  celles 
où  Ton  emploie  le  grappin. 

Ce  dernier  est  plus  spécialement  mis  en  usage  dans 
les  petits  puits  préparatoires,  et  le  dragueur  dans  les 
grands  puits  ;  car,  ainsi  que  nous  Favons  dit ,  l'un  de 
ces  outils  gratte  le  fond  du  puits  et  accroche  dans  ses 
griffes  les  objets  qui  s'y  trouvent ,  tandis  que  l'autre, 
avec  ses  palettes ,  les  amène  dans  unp  cuiller  qui  lui 
est  attachée. 

Néanmoins ,  eu  égard  aux  inconvénients  qu'entraîne 
quelquefois  Tapplication  du  dragueur^  nous  avons  quel- 
quefois employé  de  préférence  un  grappin  de  grande 
dimension  pour  faire  tomber,  de  la  banquette  dans  le 
petit  puits  préparatoire ,  les  objets  qui  pouvaient  ré- 
sister aux  coups  du  trépan;  il  fallait  ensuite  les  retirer 
avec  le  petit  grappin ,  quand  on  ne  parvenait  pas  à  les 
pomper  dans  la  cuiller  de  draguage. 
Vérin  {fig.  89, 40     Enfin ,  pour  compléter  la  série  des  outils  de  sauve- 

et  43,  PI.  U).  •  ^  *.       1        .    .  .-1 

tage ,  nous  ferons  connaître  le  vérin ,  outil  accessou^, 
qui  SQ^  pour  recevoir  les  tiges ,  lorsque  ces  dernières 
ont  été  brisées  et  qu'elles  ont  perdu  l'épaulement  qui 
sert  à  les  accrocher  sur  les  fourches  de  retenue. 

,  Cet  outil  est  composé  de  deux  pièces  réunies ,  d'un 
côté  par  une  charnière ,  et  de  l'autre  par  une  vis  de 
rappel  qui  permet  de  les  rapprocher  ou  de  les  éloigner. 
Au  milieu  de  ces  deux  pièces,  on  a  découpé,  moitié 
dans  chacune  d'elles,  un  carré  représentant  la  section 
d'une  tige ,  et  c'est  dans  ce  carré  que  l'on  serre  forte- 
ment la  verge  que  l'on  veut  recevoir. 

li  faut  que  l'outil  soit  fait  avec  précision  ;  car  lors- 
qu'on reçoit  ainsi  une  tige  cassée ,  le  vérin  doit  porter, 
sans  glisser,  toute  la  charge  de  l'appareil  de  sondage 
qui  reste  au-deasous  du  point  de  rupture. 


de  toni^ge. 


TBAVArX  EXÉCUTÉS  £N  BELGIQUE.       4^7 

Pour  bien  faire  comprendre  le  travail ,  il  est  néces-      Bâumêm 
saire  de  doimer  une  description  des  particularités  qui 
distinguent  l'ensemble  du  bâtiment  de  sondage. 

Les  fig.  1,3  et  3,  PI.  I,  donnent  le  plan  et  l'éléva- 
tion de  ce  bâtiment,  qui  comprend  la  tour  de  sondage 
proprement  dite ,  la  baraque  du  trépan ,  et  le  bâtiment 
des  machines. 

La  tour  de  sondage  (A)  peut  être  établie ,  ainsi  que 
nous  Tavons  fait  au  puits  de  Sainl^Vaast,  de  façon  à 
servir  plus  tard  de  bâtiment  d'extraction. 

M.  Kind.  dans  ses  premières  entreprises  et  notam- 
ment  au  puits  de  Westphalie ,  avait  fait  monter  pour 
bâtiment  de  sondage,  une  tour  en  bois  de  grandes 
dimensions,  qui  avait  non-seulement  Finconvéoient  de 
coûter  fort  cher,  mais  aussi  de  présenter  peu  de  stabi- 
lité, malgré  les  chaînes  de  consolidation  que  l'on  avait 
attachées  extérieurement  à  des  pieux  fichés  en  terre, 
d'une  part,  et  au  sommet  de  la  tour,  de  l'autre.  En 
outre,  cette  construction  en  bois  ayant  dû  être  ulté- 
rieurement remplacée  par  un  bâtiment  définitif  en  ma- 
çonnerie ,  elle  a  occasionné  une  grande  perte  de  temps, 
puisqu'il  a  fallu  suspendre  toutes  les  opérations  du 
puits  pendant  la  durée  du  démontage  de  la  baraque  en 
bois  et  de  la  reconstruction  du  bâtiment  définitif. 

Il  est  facile ,  au  contraire ,  de  monter  ce  dernier  en 
même  temps  que  l'on  installe  les  machines  de  sondage. 

La  tour  en  maçonnerie  établie  au  puits  de  Saint- 
Vaast,  est  un  simple  bâtiment  quarré  de  9  mètres  de 
côté  à  l'intérieur,  et  de  i4  mètres  de  hauteur,  à  partir 
du  sol.  Au  milieu  de  la  tour  se  trouve  le  puits ,  que 
l'on  a  creusé  sur  un  diamètre  de  5'",5o  jusqu'à  3  mètres 
de  profondeur,  où  se  trouve  placé  le  plancher  dit  de 
travail. 

L'espace  vertical  entièrement  libre  pour  la  ma- 

Ton  XVni,  1S60.  3i 


46i  PlOGtDl  KIITD. 

nœuvre  des  pièces ,  depuis  le  plancher  jusqu'au  som- 
met de  la  tour»  est  donc  de  1 7  mètres. 

Au-dessous  du  plancher  de  travail  et  jusqu'à  la  t6te 
du  niveau  (à  35  mètres),  le  puits  est  maçonné  à  A'^^ho 
de  diamètre ,  afin  que  le  grand  (répon  de  A^^^sB  y  passe 
fort  à  Taise. 

Quatre  ouvertures  ou  fausses  portes  de  5  mètres  de 
largeur  et  de  9  mètres  de  hauteur,  jusqu'à  la  nais- 
sance de  voûte ,  se  trouvent  percées  dans  les  quatre 
murs  de  la  tour  de  sondage  :  Tune,  du  côté  de  la  ba^ 
raque  du  trépany  destinée  à  laisser  passer  facilement  ce 
dernier  avec  toutes  ses  pièces  assemblées  ;  l'autre ,  en 
face ,  pour  laisser  passer  la  cuiller  de  draguage  lors- 
qu'il s'agit  de  la  vider;  la  troisième,  du  côté  du  cylin- 
dre batteur  et  de  la  maehine-càbestan  ;  et  enfin  la  qua- 
trième ouverture,  en  face  de  la  troisième,  sans  but 
pour  le  travail  du  sondage ,  a  été  ménagée  dans  la  ma- 
çonnerie pour  toute  éventualité;  elle  a  trouvé  son 
utilité  lors  de  la  descente  des  pièces  de  cuvelage. 

A  9  mètres  au-dessus  du  sol,  soit  à  i  a  mètres  du 
plancher  de  travail,  se  trouvent  placées  parallèlement, 
dans  le  sens  de  la  baraque  du  trépan,  deux  fortes  pièces 
de  bois  espacées  de  l'^yBo  et  fixées  contre  les  mura  du 
bâtiment,  aux  endroits  où  elles  passent  dans  les  fausses 
portes  ;  elles  sont  prolongées  au  delà  de  ces  dernières 
ouvertures,  d'une  part,  dans  la  baraque  du  trépan  et, 
de  l'autre,  un  peu  en  dehors  de  la  tour,  du  côté  où  Ton 
doit  pousser  la  cuiller  du  draguage  pour  la  vider.  Sur 
ces  deux  pièces  de  bois,  qui  sont  placées  horizontale- 
ment et  qui  ne  sont  réunies  entre  elles  par  aucune  tra- 
verse, ai  ce  n'est  à  leurs  extrémités,  on  a  posé  des  rails 
qui  foroAent  un  chemin  de  fer,  sur  lesquels  on  fait 
rouler  les  chariots  portant  les  trépans  de  la  cuiller  de 
draguage. 


TRAYACX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.       4^9 

Le  déplacement  de  ces  outils  se  fait  ainsi  ayec  la 
plus  grande  facilité,  malgré  leurs  dimensions  et  leur 
poids  considérables. 

Les  chariots  sont  tout  simplement  des  trains  portés 
sur  quatre  roues  ;  deux  pièces  de  bois  formant  bottes 
sont  posées  sur  ces  trains  et  permettent  d'y  tenir  sus- 
pendus, au  moyen  d'une  fourche»  les  outils  dont  il 
s'agit. 

Le  trépan  se  manœuvre  toujours  d'un  côté,  et  la 
cuiller  de  l'autre,  c'est-à-dire  que  l'on  fait  arriver  suc- 
cessivement l'un  ou  l'autre  de  ces  outils  au  milieu  du 
puits,  en  repoussant  en  arrière  et  dans  sa  case  spéciale 
celui  qui  doit  rester  au  repos. 

A  i3  mètres  du  sol,  soit  à  16  mètres  du  plancher  de 
travail,  se  trouvent,  dans  la  tour  de  sondage,  quatre 
fortes  poutres  en  chêne,  placées  en  croix  et  encastrées 
dans  les  murs;  c'est  sur  ces  poutres  qu'est  montée  la 
poulie  sur  laquelle  s'enroule  la  corde  destinée  au  ser- 
vice du  sondage.  On  ne  s'étonnera  pas  de  la  grande 
solidité  donnée  à  cette  construction,  si  l'on  songe  à 
l'énorme  charge  qu'il  s'agit  de  supporter  :  le  grand  tré- 
pan avec  ses  tiges  de  suspension  pèse  de  8  à  9 .  000  ki* 
logrammes,  et  il  faut  souvent  exercer  sur  le  câble  des 
efforts  bien  supérieurs  encore  à  cette  charge,  lorsqu'on 
remonte  l'outil;  car  ce  dernier  frotte  souvent  ou  même 
s'accroche  le  long  des  parois  du  puits. 

Les  deux  poutres  du  chemin  de  fer,  qui  ont  9  mètres 
de  portée  entre  les  supports  placés  aux  murs  de  la 
tour,  sont  consolidées  par  quatre  tirants  en  fer,  qui  les 
relient  aux  pièces  qui  portent  la  poulie  ;  de  cette  ma- 
nière, on  a  pu  se  dispenser  de  mettre  des  supports 
intermédiaires,  qui  gêneraient  beaucoup  auprès  du 
puits. 

Enfin ^  à  environ  l'^ySo  au-dessous  de  l'axe  de  la  poulie 


470  PROCÉDÉ  KltlD. 

se  trouve  un  petit  plancher,  où  l'on  vient  se  placer  poiar 
suspendre  les  tiges  de  sondage,  soit  pour  les  accrocher 
à  la  corde  lorsqu'on  veut  les  descendre,  soit  pour  les 
décrocher  quand  on  les  remonte  ;  une  forte  barre  en 
fer  sur  laquelle  on  fait  rouler  les  crochets  de  suspension 
est  établie  à  ce  niveau. 

La  baraque  du  trépan  (B)  est  tout  simplement  un 
b&timent  en  planches ,  légèrement  bâti,  comme  constmc- 
tion  provisoire;  il  doit  servir  uniquement  d'abri  pour 
rentrer  le  trépan  et  y  exécuter  les  réparations  plus  ou 
moins  nécessaires  chaque  fois  qu'on  le  ramène  au  jour. 

Il  n'y  a  pas  de  bâtiment  spécial  pour  la  cuiller, 
parce  qu'elle  n'exige  pas  un  grand  espace;  les  poutres 
du  chemin  de  fer,  prolongées  de  i  mètre  à  l'^ySo  hors  de 
la  tour,  du  côté  opposé  à  la  baraque  du  trépan,  laissent 
une  place  suffisante  pour  renverser  cet  appareil  de  dra- 
guage,  lorsqu'on  veut  le  vider,  et  pour  l'y  laisser  sus- 
pendu quand  on  n'en  fait  pas  usage. 

Le  bâtiment  des  machines  ne  présente  aucune  parti- 
cularité^ c'est  aussi  une  construction  provisoire,  faite 
avec  1^  plus  de  légèreté  et  le  plus  d'économie  possible. 
Il  renferme  la  machine  rotative  qui  sert  à  l'extraction 
des  déblais,  avec  tous  ses  accessoires,  engrenages  et 
bobines,  le  cylindre  frotteur^  une  petite  machine  ali- 
mentaire avec  pompes  à  eau  froide  et  à  eau  chaude,  et 
enfin  la  chaudière  à  vapeur  ;  le  tout  installé  dans  une 
chambre  de  9  mètres  de  longueur  sur  10  mètres  de 
largeur;  l'un  des  pilastres  de  la  tour  sert  de  cheminée 
pour  la  chaudière. 

La  moehine-cabestan  est  à  un  niveau  supérieur  de  2 
à  5  mètres  au-dessus  du  sol,  et  le  cylindre  batteur  est 
enterré  dans  une  cave,  de  telle  sorte  que  le  balancier  de 
battage  a  son  axe  au  niveau  du  sol,  et  que  la  pièce  élas- 
tique de  contre-coup  passe  entre  les  murs  et  au-dessous 


TKAYAUX  BZÉGOXÉS  El!l  BELGIQUE.       47 1 

des  engrenages,  en  se  prolongeant  un  peu  en  dehors  du 
bâtiment. 

Au  delà  de  l'extrémité  de  la  pièce  élastique  se  trouve 
le  petit  puits  établi  pour  loger  le  contre-poids*d'équi- 
libre. 

Une  forge  G  est  installée  à  côté  de  la  baraque  du  tri- 
pan^  pour  la  réparation  des  outils. 

« 

CHAPITRE  U. 

GORSIDiRATIONS  StR  LA  MARCHE  DBS  APPAREILS  DE  SONDAGE.— 
RÉSULTATS  DES  TRATAUX  EXiCDTis  AU  PUITS  DE  SAIHT-TAAST. 

Les  détails  que  nous  avons  donnés  sur  l'installation  Mmnk^ 
des  bâtiments  et  sur  les  outils  de  sondage,  nous  dis-  **  fP^"^^- 
pensent  d'entrer  dans  de  grands  développements  sur 
les  différentes  opérations  auxquelles  donne  lieu  le  fo- 
rage des  puits  par  le  procédé  Kind.  Les  manœuvres 
sont  analogues  dans  leur  ensemble,  à  celles  que  l'on 
exécute  .pour  faire  les  petits  sondages  ou  puits  arté- 
siens ;  toutefois  elles  ont  ici  une  importance  toute  autre, 
par  suite  des  dimensions  des  pièces  employées. 

Ainsi  qu'on  l'aura  remarqué,  tout  a  été  combiné  par 
M.  Kind  pour  que  les  ouvriers  sondeurs  n'aient  jamais 
à  soulever  aucun  poids  :  ils  font  rouler  les  tripam^  les 
cuillers  à  draguer  et  tous  les  outils,  en  général,  sur  le 
chemin  de  fer  de  service,  ce  qui  n'exige  qu'un  léger 
effort  de  leur  part;  la  machine-cabestan  fait  le  reste. 

Il  sufBt  de  quatre  hommes,  deux  au  plancher  de  tra- 
vail et  deux  autres  se  plaçant  successivement  au  plan- 
cher du  chemin  de  fer  et  à  celui  de  suspension  des 
tiges,  pour  faire  le  travail  auquel  donne  lieu,  soit  la 
descente,  soit  la  remonte  des  outils  de  forage  ou  de 
draguage. 

L^  mise  en  marche  de  l'appareil  de  sondage,  lorsqu'il 


479  PROCÉDÉ   KIHD. 

a  été  descendu  dans  le  puits  en  percement,  se  fait  aussi 
avec  toute  facilité  :  on  laisse  entrer  doucement  la  va- 
peur sur  le  piston  du  cylindre  de  battage,  de  manière 
à  soulever  le  trépan  à  la  hauteur  voulue;  puis  on  le 
laisse  retomber  par  son  poids  sur  la  roche  à  broyer. 
L'amplitude  de  la  course  du  trépan  augmente  ensuite 
insensiblement,  de  manière  à  atteindre  o'^aS  à  0*^,50 
de  hauteur,  lorsqu'on  est  arrivé  à  une  marche  régulière. 
La  course  varie,  du  reste,  d'après  le  degré  de  dureté 
des  roches  et  en  raison  de  leur  homogénéité.  On  donne 
ordinairement  de.iS  à  20  coups  de  piston  par  minute; 
il  est  prudent  de  ne  pas  aller  au  delà,  afin  que  le  ma- 
chiniste ne  fasse  pas  de  fausse  manœuvre  dans  le  ma- 
niement de  son  levier. 

Les  parties  les  plus  exposées  à  se  briser  par  les  mou- 
vements alternatifs  du  battage,  sont  les  tirants  fixés  à 
la  pièce  de  contre -coup»  et  les  chaînes  qui  attachent  an 
balancier  le  piston  à  vapeur,  d'une  part,  et  l'appareil 
de  sondage,  de  l'autre.  On  doit  avoir  soin,  de  tenir 
toujours  disponibles,  des  pièces  de  rechange,  afin  que 
les  petits  accidents  qui,  on  le  conçoit,  doivent  être  assez 
fréquents  dans  des  travaux  de  ce  genre,  puissent  être 
promptement  et  facilement  réparés,  et  n'arrêtent  pas 
trop  longtemps  la  marche  du  sondage. 

Le  battage  se  fait  ordinairement  pendant  huit  heures 
consécutives;  cela  varie  toutefois  d'après  la  nature  des 
terrains  que  Ton  doit  forer  :  les  uns,  trèsnlurs,  exigent 
un  renouvellement  fréquent  des  dents  du  trépan,  les  au- 
tres ,  moins  consistants ,  doivent  être  dragués  assez 
souvent  pour  éviter  que  les  matières  en  suspension  dans 
Feau  ne  se  déposent  au  fond  du  puits ,  et  ne  rendent 
nulle,  ou  du  moins  ne  diminuent  notablement,  Taction 
de  Toutil  foreur. 
Lorsc|ue  l'on  a  travaillé  le  nombre  d'heures  jugé  né- 


TBATAUX  UÉGOTiS  M  BELGIQUE.  473 

cessaire,  on  remonte  Tappareil  de  sondage,  et  Ton  pro** 
cède  à  renlèvement  des  déblais  au  moyen  de  la  cuiller 
à  draguer.  Cette  dernière,  ramenée  du  fond  de  l'exca- 
vation pleine  de  détritus  est  reçue  sur  son  chariot  \  on 
la  roule  ensuite  le  long  du  chemin  de  fer  de  service 
pour  l'amener  en  dehors  de  la  tour  de  sondage,  où  on 
la  vide  en  la  renversant  par  un  léger  mouvement  de 
bascule. 

La  bouillie,  formée  de  détritus,  se  dessèche  fort  len-- 
tement  ;  on  doit  avoir  soin  d'établir  un  double  fossé 
pour  la  recevoir,  afin  que  l'un  se  remplisse  pendant 
qu'on  laisse  sécher  la  matière  du  second,  ce  qui  est  né- 
cessaire  pour  pouvoir  l'enlever  périodiquement. 

Pendant  qu'on  fait  le  curage  du  puits,  ce  qui  dure  or- 
dinairement une  couple  d'heures,  on  s'occupe  de  re«> 
mettre  le  trépan  en  bon  état;  le  forgeron  le  visite  sur 
tous  les  points ,  et  remplace  les  dents  dont  le  taillant 
est  usé«  Au  moyen  d'un  calibre,  qu'il  place  dans  un 
trou  foré  à  cet  efiet  au  centre  de  l'outil,  il  s'assure  que 
ce  dernier  a  conservé  son  diamètre,  ce  qui  est  de  la  plus 
grande  importance  pour  avoir  un  forage  régulier. 

Il  est  à  recommander  d'avoir  toujours  deux  montures 
de  dents  de  rechange;  car  dans  les  terrains  siliceux, 
par  exemple,  il  faut  fréquemment  les  renouveler,  et 
Ton  a  beaucoup  de  peine  à  les  réparer  à  mesure 
qu'elles  se  détériorent.  En  vue  de  parer  à  cet  inconvé^ 
nient,  nous  avions  essayé  des  dents  en  acier  fondu,  au 
lieu  de  celles  en  fer  aciéré  que  l'on  emploie  générale* 
ment.  Ces  dernières ,  en  définitive ,  valent  mieux  en*- 
core  que  les  autres  ;  car  il  est  très-facile  de  les  recharger 
d'acier  et  de  les  remettre  sous  tontes  les  formes, 
tandis  que  l'acier  fondu  ne  se  laisse  que  dilQldlement 
travailler. 

La  marehe  du  sradage  telle  que  nous  venons  de  Tin- 


474  PROCÉDÉ  KINO. 

diquer,  est  celle  que  Ton  suit  pour  le  percement  du 
puits  préparatoire. 

Lorsqu'il  s'agit  de  procéder  à  l'élargissement,  pour 
former  le  grands  puits,  on  agit  de  la  même  manière,  il 
est  vrai;  mais  on  peut  sonder  plus  longtemps  sans 
être  obligé  de  retirer  le  trépan^  puisque  les  déblais  pro- 
venant du  forage  tombent  dans  le  petit  puits,  et  ne 
mettent  pas  obstacle  à  l'action  de  l'outil;  le  curage 
dure  alors  plus  .longtemps  aussi,  parce  que  l'on  peut 
descendre  la  cuiller  un  bon  nombre  de  fois  consécu- 
tives, avant  de  reprendre  le  travail  au  trépan. 

M.  Kind,  dans  ses  travaux  de  Stiring  et  de  West- 
pbalie ,  a  fait  forer  à  fond  le  petit  puits  préparatoire 
avant  de  commencer  l'élargissement  ;  nous  avons  suivi 
la  même  marche  à  Saint-Vaast,  mais  c'était  en  vue  de 
faire  une  reconnaissance  des  terrains  superposés  au 
schiste  houiller.  Ce  mode  d'opération  présente  des  in- 
convénients :  si  on  laisse  les  débris  du  grand  sondage 
s'accumuler  dan^  le  petit  puits,  ils  finissent  par  se  tasser 
et  rendre  impossible  le  curage  à  la  cuiller  ;  on  est  alors 
obligé  de  les  battre  de  nouveau  avec  le  petit  (répan,  ce 
qui  fait  perdre  du  temps  et  augmente  les  dépenses.  Si 
l'on  curait  le  petit  puits  à  mesure  qu'on  avance  avec  le 
grand,  la  profondeur  inutile  où  l'on  devrait  prendre  la 
bouillie  entraînerait  aussi  des  manœuvres  plus  longues, 
outre  qu'on  laisserait  le  petit  puits  libre,  sur  une 
grande  hauteur,  et,  par  conséquent,  sujet  aux  éboule- 
ments  pendant  toute  la  durée  du  travsdl.  C'est  pour 
parer  à  ces  inconvénients  que,  dans  le  fors^e  du  puits 
Sainte- Marie  de  Péronnes,  nous  avons  fait  suivre  le 
travail  du  petit  puits  et  celui  du  grand,  c'est-à-dire  que 
nous  avons  commencé  par  forer  1 5  mètres  au  petit  dia- 
mètre, puis  1  o  mètres  au  grand ,  et  ainsi  de  suite,  de 
telle  façon  que  le  puits  préparatoire  était  toujours  en 


TBAVACX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  4?^ 

avance  d'au  moins  5  mètres,  ce  qui  est  utile  pour  que 
le  petit  irépan  soit  maintenu  bien  vertical  par  ses  guides. 

Le  personnel  employé  pour  le  forage  des  puits  est     P«rMmi«i 
fort  restreint;  il  se  compose  : 

1*  D'un  contre-maître  ou  chef-sondeur  ; 

2""  D*un  forgeron  et  d'un  frappeur; 

y  De  deux  bandes,  de  six  hommes  chacune,  com- 
posée de  :  un  machiniste ,  un  chaufleur,  un  chef  de 
bande  et  trois  manœuvres. 

Lo  chef-sondeur,  habitant  sur  les  lieux,  surveille  les 
travaux  nuit  et  jour,  et  procède  à  la  descente  et  à  la  re- 
monte des  appareils  de  sondage  et  de  curage.  Son  in- 
tervention active  n'est  requise  habituellement  que  deux 
fois  par  jour  ;  il  est  là  toujours  pour  les  cas  d'accidents. 

Pendant  toute  la  durée  du  forage ,  le  travail  étant 
des  plus  simples,  des  ouvriers- manœuvres  ordinaires 
suffisent  pour  le  tenir  en  activité;  le  machiniste  con- 
duit la  machine^eabeêtan^  lorsqu'il  faut  remonter  les 
outils  ou  les  descendre  ;  en  autre  temps,  il  alterne  avec 
le  chauffeur  pourdiriger  la  marche  du  cylindre-batteur. 

Le  chef  de  bande  et  ses  trois  manœuvres  sont  placés 
sur  le  plancher  de  travail ,  où  ils  font  tourner  douce- 
ment l'appareil  de  sondage,  à  chaque  mouvement  d'as- 
cension, au  moyen  d'un  levier  en  bois  enfourché  à  cet 
effet  dans  l'œillet  du  tùume-sonde.  En  outre ,  le  chef 
de  bande  fait  tourner  la  vis  de  rappel  à  mesure  que 
l'outil  descend  par  le  forage;  quand  cela  devient  néces- 
saire ,  il  place  les  bouts  de  rallonge  des  tiges,  ou  une 
nouvelle  tige  de  i5  mètres. 

Le  travail  marche  nuit  et  jour;  chacune  des  bandes 
d'ouvriers  travaille  1 2  heures  ;  à  la  fin  de  chaque  se- 
maine ,  ils  changent  de  poste,  c'est-à-dire  que  les  ou- 
vriers de  jour  deviennent  les  ouvriers  de  nuit  et  vice 
versa. 


47^  PROCÉDÉ  khid. 

Bff€i  uHie        Le  puits  de  Saint-Vâadt  (n*  3)  ayalt  à  traverser  les 

^d»yî^    terrains  aquîftres,  qui  recouvrent  le  terrain  hoiùller 

d»  Sùint^VMi.  jjmg  çg^^g  localité,  sur  une  très-forte  épsdsseur  :  ce 

Prix  de  rêvitmt.  sont  les  mamcs,  les  silex,  les  argiles  glauconifères,  de 

l'étage  moyen,  les  argiles  sablonneuses  et  les  sables  de 
l'étage  inférieur  du  terrain  crétacé.  La  première  partie 
du  puits,  que  nous  avons  ereusé  et  garni  d'un  cuvelage 
en  fonte,  s'est  arrêtée  vers  la  base  de  l'étage  moyen, 
sur  le  terrain  appelé  tourtia  par  les  mineurs  du  pays. 

Le  travail  a  commencé  par  le  forage  d'un  puits  pré- 
paratoire de  i*,37  de  diamètre,  à  partir  de  la  tête  de 
niveau  (à  55  mètres)  ;  ce  premier  forage  a  été  porté 
jusqu'à  i35  mètres  de  profondeur,  dans  l'espace  de 
cinq  mois  et  demi,  pendant  lesquels  il  y  a  eu  i  &  i  jours 
de  travail  effectif  et  S  i  jours  de  chômage. 

L'élargissement,  c'est-à-dire  le  forage  du  grand 
puits,  au  diamètre  de  4*',25 ,  a  demandé  près  de  sept 
mois  ;  il  a  été  arrêté  à  la  profondeur  de  g8  mètres,  où 
l'on  a  trouvé  un  terrain  solide  pour  poser  le  cuvelage. 
Pendant  l'exécution  de  cette  seconde  opération,  le  tra- 
vail n'a  chômé  que  1 7  jours. 

Nous  avons  consigné,  à  la  fin  de  ce  rapport,  dans  un 
extrait  du  journal  des  travaux,  quelques  détidls  sur  les 
accidents  qui  se  sont  présentés  dans  le  cours  des  opéra.* 
tiens  ;  nous  nous  bornerons  donc  à  reproduire  ici,  dans 
un  tableau  analytique,  les  diverses  périodes  du  travail. 


TBAVAUI  UtentS  IN  BELGIQUE. 


477 


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TBATAUX  EXÉCtrrÊS  EU  BEIGIGIQUE*  4?$ 

PuU$  préparatoire.  —  Il  résulte  des  détails  renfer- 
més dans  le  premier  tableau  (A),  que  le  temps  em- 
ployé au  forage  du  puits  préparatoire  peut  se  répartir 
comme  suit  : 


PviU 
préparatoire. 


56  p.  c  au  forage  proprement  dit, 
ili  i/a  p.  c.  pour  descendre  et  remonter  le  trépan» 
19  p.  c.  pour  faire  le  curage  du  puits, 
10  i/s  p.  c.  pour  les  pertes  résultant  des  temps  â*arr6t, 
ou  bien  occasionnées  par  des  accidents. 


L'ayanqement  moyen  par  journée  de  travail  a  été 
deo",8i. 

Cette  moyenne  aurait  été  plus  considérable,  si  le 
sondage  avait  marché  convenablement  dès  l'origine  ; 
mais,  pendant  la  première  période  des  opérations,  nous 
avons  été  arrêté  fréquemment  par  l'imperfection  des 
appareils  moteurs,  et  nous  avons  même  été  obligé  de 
suspendre  le  travail  pendant  quatre  semaines,  ainsi  que 
l'indique  le  tableau ,  pour  modifier  les  divers  organes 
des  machines.  Le  travail  a  marché  ensuite  trè8-régu- 
lièrement  jusqu'à  la  fin. 

Il  est  à  remarquer  que  la  cuiller  de  draguage  avait 
une  capacité  d'environ  1  1/2  mètre  cube;  or  elle  a  été 
descendue  292  fois,  ce  qui  représenterait  un  volume 
extrait  de  438  mètres  cubes  de  bouillie,  tandis  que  le 
volume  des  roches  détachées  par  le  forage  n'est  que 
d'environ  160  mètres  cubes.  On  peut  en  conclure  que^ 
en  moyenne,  la  cuiller  ne  rapportait  guère  que  4o  p.  1 00 
de  sa  capacité,  du  moins  en  volume  réel  de  débris  de 
roches. 

Grand  puits.  —  Le  second  tableau  (B)  indique  que 
l'élargissement  du  puits  préparatoire  a  été  fait  dans  les 
conditions  suivantes  : 


Grand  palls« 


48o  nociDt  Ki5]>« 

4»  p*  c.  de  la  durée  totale  da  trayail  ont  été  employés  au 

forage  proprement  dit« 
11  p.  c.  pour  la  descente  et  la  remonte  du  grand  trépan^ 
ai  p.  c.  pour  le  curage  du  puits, 
8  p.  c.  pour  le  travail  au  petit  trépan. 

i8  p.  100  ont  été  al)$orbés  par  les  pertes  de  temps, 
occasionnées  soit  par  les  changements  d'outUs\  soit  par 
la  réparation  des  accidents. 

L'avancement  moyen  par  journée  de  travail  a  été 
de  o*,52. 

En  comparant  ces  résultats  avec  ceux  obtenus  dans 
le  percement  du  puits  préparatoire,  on  remarquera  : 

i""  Que  le  temps  pt-oportionnel  absorbé  par  le  curage 
du  puits  est  sensiblement  le  même  des  deux  côtés  ; 

s"*  Que,  d'une  part,  le  travail  au  petit  (répan,  rendu 
nécessaire  par  le  tassement  de^  déblais  dans  le  puits 
préparatoire,  et,  d'autre  part,  les  retards  nombreux 
occasionnés  par  les  changements  plus  fréquents  des 
outils  pour  faire  fonctionner  tantôt  le  grand  trépan , 
tantôt  le  petit  trépan  ou  la  cuiller,  ont  réduit  de  56  à 
42  p.  100  le  nombre  d'heures  employées  au  travail 
utile  du  forage  ; 

S""  Que  la  perte  de  temps  occasionnée  par  tous  ces 
changements,  y  compris  les  accidents,  a  augmenté  de 
10  1/2  à  18  p.  100; 

4^'  £t  enfin  que  le  travail  au  petit  trépan  a  lui-même 
absorbés  p.  100  de  la  durée  des  opérations. 

C'est  par  suite  dé  ces  résultats  que  nous  avons  in« 
sisté  précédemment  sur  l'avantage  qu'il  y  aurait  à  faire 
marcher  toujours,  simultanément,  le  percement  du 
puits  préparatoire  et  l'élargissement  au  grand  diamètre; 
et  afin  que  ce  travail  puisse  se  faire  avec  toute  facilité 
dans  les  manœuvres,  nous  nous  proposons,  à  l'avenir, 
d'allonger  notre  tour  de  sondage,  d'une  oouple  de 


TRAYAUX  EXÉCUTÉS  EN  BEtGIQUE.       4^1 

mètres 9  àws  le  sens  opposé  à  la  baraque  du  trépan; 
on  pourra,  de  cette  manière ,  placer  du  côté  de  la  cuil- 
ler un  second  chariot  pour  porter  le  petit  outil ,  lors- 
qu'on doit  manœuvrer  avec  le  grand.  Les  trois  chariots 
portant,  Tun  la  cuiller,  l'autre  le  petit  trépan^  et  enfin, 
le  troisième,  le  grand  trépan ,  seraient  donc  toujours 
suspendus  sur  le  chemin  de  fer  de  service,  de  façon  qu'on 
puisse  faire  glisser  au  centre  l'outil  qui  doit  fonctionner. 

Un  examen  attentif  du  plan  des  bâtiments  de  son- 
dage permettra  de  saisir  la  portée  de  ces  diverses  ob- 
servations. 

£n  résumé,  le  forage  du  puits  de  Saint-Vaast,  jus-  Résoitat  générti. 
qu'à  la  profondeur  de  98  mètres,  au  diamètre  de 
4",25  et  jusqu'à  i35  mètres,  au  diamètre  de  i"',37, 
a  duré  la  1/2  mois,  dont  deux  mois  de  chômage.  Si 
l'on  tient  compte  séparément  des  34  ou  35  derniers 
mètres  du  puits  préparatoire ,  inutiles  pour  la  partie 
du  grand  puits  qui  est  achevée ,  et  forés  uniquement 
en  vue  des  travaux  ultérieurs,  il  reste  8  i/s  mois  de 
travail  effectif  pour  68  mètres  de  forage ,  soit  un  peu 
plus  de  7'*,4c  P&i*  mois,  petit  et  grand  puits  réunis. 

Certes,  ce  résultat  est  déjà  satisfaisant,  si  l'on  tient 
compte  de  la  dureté  excessive  de  la  plupart  des  roches 
qu'on  a  dû  traverser  à  Saint- Yaast.  Mais  il  est  certain 
qu'avec  une  installation  bien  organisée  dès  le  commen- 
cement du  travail,  et  si  l'on  modifiait  la  marche  des 
opérations  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué,  on  par- 
viendrait encore  à  augmenter  sensiblement  l'effet 
utile  des  travaux  de  sondage. 

La  dépense  en  main-d'œuvre  et  frais  généraux,  pen- 
dant la  durée  des  travaux  du  puits  n"*  3,  a  été  en  moyenne 
de  9,3i8  fr.  par  mois;  la  consommation  en  charbon, 
huiles,  graisses,  fers,  aciers,  etc. ,  pour  le  service  des 
machines»  pour  la  reptation  des  outils  et  pour  les  di- 


482  PROCÉDÉ   KIND. 

vers  usages,  s'est  élevée  à  i.gSs  francs  :  le  prix  de 
revient  du  forage  de  i  mètre  de  puits  peut  donc,  en 
moyenne,  s'estimer  ainsi  : 

Main-d*Œuyre 5i3  fr. 

Consommation a6i 

Total 674 

Ce  prix  de  revient  ne  comprend  pas  Tamortissement 
de  Toutillage,  dont  il  serait  juste  cependant  de  faire 
supporter  une  part  à  chaque  entreprise  de  ce  geore. 
Nous  aurons  l'occasion  de  donner  des  détails  sur  le 
coût  de  cet  outillage,  en  traitant ,  dans  le  dernier  cha- 
pitre de  ce  mémoire,  de  l'économie  résultant  de 
l'application  du  procédé  Rind  dans  le  passage  des 
niveaux. 

CHAPITRE  III. 

iTABLISSBMKNTS  DBS  GDTELA6E8  EN  FOBTTE. 

Déuiii  II  résulte,  de  la  description  faite  précédemment,  que 

'"'dî^t'Tto''"  J®  P^î^s  exécuté  par  le  procédé  Kind  a  ses  parois  com- 
de saini-yatst.  plétemcut  libres,  c'est-à-dire  que  tous  les  niveaux 
d'eau  que  l'on  a  traversés  sont  en  communication  les 
uns  avec  les  autres,  et  que  ce  puits  ne  peut  être  rendu 
accessible  que  lorsqu'on  a  renfermé  les  niveaux  derrière 
l'enveloppe  imperméable  appelée  cuvelage. 

L'établissement  du  revêtement  étancbe  est  l'opérar- 
tion  la  plus  importante  de  notre  travail ,  et  c'est  celle 
dont  la  réussite  a  toujours  été  mise  en  doute  par  la  plu- 
part  des  ingénieurs. 

Pour  atteindre  le  but  indiqué,  nous  descendons  dans 
le  puits  une  colonne  métallique  (cuvelage  en  fonte), 
portant  à  sa  base  une  boite  à  mousse  qui  se  ferme  dés 


TRAVAUX. EXÉCUTÉS   EN   BELGIQUE.  485 

que  la  colonne  arrive  à  fond,  de  manière  à  intercepter 
le  passage  de  Teau. 

La  colonne  en  fonte  a  un  diamètre  moindre  que  celui 
du  forage  ;  il  reste  donc  entre  les  parois  de  ce  dernier 
et  la  surface  extérieure  du  cuvelage ,  un  espace  annu- 
laire, dans  lequel  on  fait  un  bétonnage  soigné,  sur  toute 
la  hauteur  du  revêtement ,  et  c'est  cette  dernière  opé- 
ration  qui  achève  de  rendre  le  cuvelage  complètement 
étanche. 

Nous  allons  successivement  décrire  la  composition 
du  cuvelage ,  la  préparation  des  pièces ,  la  descente, 
c'est-à-dire  la  mise  en  place  du  revêtement,  le  béton- 
nage  et  enfin  les  travaux  accessoires  de  consolidation, 
tels  qu'ils  ont  été  faits  à  notre  avaleresse  de  Saint- 
Vaast 

Le  cuvelage  du  puits  de  Saint-Vaast  a  3"*,85  de  dia-  ST^**^ 
mètre  extérieur  et  5''^6i  de  diamètre  intérieur.  Sa  hau- 
teur est  de  67'', 5o.  Il  est  composé  de  45  tronçons  an- 
nulaires de  i°',5o,  portant  des  collets  d'assemblage  qui 
permettent  de  les  boulonner  les  uns  sur  les  autres,  de 
manière  &  former  une  colonne  cylindrique  ayant  toute 
la  hauteur  de  la  partie  du  puits  à  cuveler.  Ces  tronçons 
ont  été  coulés  d'une  seule  pièce,  c'est*à-dire  qu'ils  n'ont 
pas  de  joints  verticaux  ;  leur  surface  extérieure  est  tout 
à  fait  lisse  ;  les  collets  d'assemblage  forment  saillie  à 
l'intérieur  du  cuvelage.  Il  y  a,  en  outre,  entre  ces  col- 
lets, à  l'intérieur,  des  nervures  horizontales,  moins 
saillantes  que  les  collets,  et  destinées  uniquement  & 
renforcer  les  pièces. 

La  hauteur  des  tionçons  n'est  limitée  que  par  la  dif- 
ficulté que  présenteraient  la  construction  et  la  manœuvre 
des  pièces.  L'épaisseur  de  la  fonte,  dans  les  parties  sé- 
parées par  les  collets  et  les  nervures,  dépend  évidem- 
ment du  diamètre  du  cuvelage,  et  elle  peut  varier  aussi, 

TOVB  XVIII,  1860.  33 


pour  les  différents  tronçons,  d'après  la  poaitioii  qu*ik 
doivent  occuper  dans  le  puits  :  les  tronçons  inférieuxB 
doivent  être  faits  plus  solides  que  les  tronçons  aupé* 
rieurs*  et  cela  se  conçoit  (i)« 

Le  cuvelagedont  nous  nous  occupons  devait  être  ocu^ 
struit  entièrement  en  fonte  ;  l'épaisseur  des  quinze  titm*- 
çons  inférieurs  était  fixée  à  o",o4  ;  celle  des  quinie 
tronçons  suivants  devait  être  de  o^^^oSS  ;  et  enfin  celle 
des  quinze  derniers  de  o™,o3.  Nous  dirons  ci-aprôs  les 
motifs  pour  lesquels  nous  avons  été  obligé  de  remplacer 
la  fonte  par  la  tôle  de  fer,  pour  une  partie  des  tronçons 
supérieurs. 


(i)  Nous  Dons  sommes  servi,  dans  les  calculs  que  nous  avoDs 
faits  pour  établir  les  épaisseurs  à  donner  à  nos  pièces  de  ctt- 
vdlage,  de  la  formule 

dans  laquelle  £  représente  Tépaisseur  du  cuvelage,  R  le  rayon 
extérieur,  P  la  pression  k  supporter,  exprimée  en  kilogrammes 
par  centimètre  carré,  et  K  le  coefficient  de  résistance  de  la 
fonte  soumise  à  Técrasement.  La  plupart  des  auteurs  donnent 
ce  coefficient  une  valeur  de  i.ôoo  à  3.000  kilogrammes  par 
centimètre  carré.  Nous  avons  pris  pour  base  le  chiffre  de 
5oo  kilogrammes,  en  ajoutant  en  outre  0^,0»  à  la  valeur  de  E, 
qui  se  trouve  ainsi  représentée  par 

E  =  o*,oa  +  -= — . 

000 

Nous  avons  appliqué  aussi  la  première  formule,  au  calcul  de 
répaiaseur  des  pièces  de  bois  et  des  ceroles  en  fer  empio/és 
au  eu  vêlage  de  Westphalie,  en  faisant  K^kb,  pour  la  résis- 
tance du  bois  de  chêne  soumis  à  Técrasement  dans  le  sens  per- 
pendiqulaire  aux  fibres  du  bois  ;  c'est  là  le  coefficient  donné 
par  Tretgold.  il  en  résulte  que,  pour  un  ou  vêlage  de  5%5o  de 
diamètre  intérieur,  devant  bupporter  une  pression  de  10  a^ 
mosphères,  les  pièces  devraient  avoir  au  moins  o.^ôo  d'épais- 
•eur  k  la  base  du  revêtement  ;  les  douves  du  cuvelage  de  Stiring» 
qui  se  trouvait  dans  oe  cas,  n'avaient  que  o%a6» 


i 
^ 


f&AVAtrX  BliCOTÊS  EU  BBtGlQtlË.  Ifii 

Lea  collets  d'assemblage  sont  tournés  parallèlement 
les  uns  au2  autres,  ce  qui  était  une  condition  essentielle 
pour  obtenir,  par  la  réunion  de  toutes  les  pièces,  une 
colonne  parfaitement  verticale.  Ces  collets  présentent 
une  saillie  de  o"*,07,  et  ilsont  conservé  après  l'opération 
du  tournage  une  épaisseur  minimum  de  o'^ioS. 

Les  boulons  d'assemblage  ont  aussi  o^^^oS  de  dia^ 
mètre  ;  il  y  en  a  4^  ^  chaque  joint,  ce  qui  porte  leur 
espacement  d'axe  en  axe  à  o°',25. 

Les  joints  sont  formés  par  une  lamelle  de  plomb  de 
trois  millimètres  d'épaisseur,  placée  de  manière  à  re- 
couvrir la  surface  annulaire  du  collet  et,  de  plus,  à  faire 
saillie  d'un  centimètre  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur;  cette 
saillie  a  pour  but  de  permettre  le  rematage  du  joint, 
en  dedans  et  en  dehors  du  cuvelage,  quand  les  collets 
ont  été  boulonnés  avec  force.  Il  est  important  que  les 
lamelles  de  plomb  employées  dans  ces  conditions,  soient 
d'une  épaisseur  uniforme  et  composées,  autant  que  pos- 
sible, d'un  petit  nombre  de  pièces,  parce  que  le  joint 
est  plus  difficile  à  faire  aux  points  de  jonction  de  ces 
pièces. 

Nous  avons  eu  l'occasion  de  constater,  lors  de  la  des- 
centede  notre  cuvelage,  que  les  joints  ainsi  faits  tenaient 
parfaitement  l'eau. 

Aûn  de  garantir  le  revêtement  métallique  contre  l'oxy- 
dation, on  a  recouvert  tous  les  tronçons,  à  l'intérieur 
et  à  l'extérieur,  d'une  couche  de  minium.  Bien  que  la 
dépense  résultant  de  cette  opération  ne  soit  pas  énorme, 
c'est  peut-être  là  un  surcroît  de  précaution  dont  on  pour- 
rsdt  se  dispenser,  du  moins  quant  à  l'extérieur  ;  car  cette 
couche  de  minium  disparait  presque  entièrement,  par 
le  frottement  des  cuillers,  lorsqu'on  fait  le  bétonnage. 
D'ailleurs  le  cuvelage  ne  devant  pai>  être  mouillé  si  le 
bétonnage  a  bien  réussi,  l'oxydation  ne  devrait  guère 


486  PROCÉDÉ   KIND. 

se  produire  en  dehors  ;  en  dedans,  il  sera  toujours  far 
cile,  à  toute  époque,  de  mettre  une  peinture  sur  le  cu- 
velage,  si  on  le  juge  nécessaire.  Au  surplus,  l'application 
d'une  couche  de  goudron  coûterait  moins  cher  que  la 
peinture  au  minium. 

Les  pièces  du  cuvelage  de  Saint- Vaast,  composé  ainsi 
que  nous  venons  de  le  dire,  présentent  des  dimensions 
assez  considérables;  les  tronçons  inférieurs  en  fonte 
pèsent,  en  moyenne,  6.000  kil.  chacun,  soit  4- 000  kiL 
par  mètre  de  hauteur. 

Les  premiers  constructeurs  à  qui  nous  nous  sommes 
adressé  pour  la  fabrication  de  ces  pièces,  ne  crurent  pas 
pouvoir  réussir  un  pareil  travail,  et  ils  nous  donnèrent 
l'avis  de  former  des  tronçons  cylindriques  par  la  réu- 
nion de  segments,  qui  seraient  juxtaposés  et  boulonnés 
après  avoir  été  rabotés  avec  soin.  Ce  nouveau  mode  de 
construction  eût  présenté  beaucoup  d'inconvénients  et 
plus  de  difficultés  que  celui  que  nous  avons  adopté  ; 
car  s'il  est  vrai  que  Ton  eût  donné  à  chaque  tronçon 
une  plus  grande  hauteur,  il  faut  bien  reconnaître  aussi 
que  leur  exécution  eût  exigé  un  ajustement  extrêmement 
précis,  et  qu'en  tournant  les  collets  horizontaux  isolé- 
ment sur  chaque  segment,  il  eût  été  impossible,  pour 
ainsi  dire,  d'obtenir  des  joints  étanches.  Bien  d'autres 
difficultés  se  fussent  présentées  encore  par  l'application 
des  tronçons  formés  de  segments  boulonnés,  et  notam- 
ment il  eût  été  peu  facile  de  faire  l'essai  des  pièces, 
avant  de  les  mettre  en  usage,  tandis  que  cette  opération 
est  très-simple  pour  les  tronçons  cylindriques  d'une 
seule  pièce. 

C'est  M.  Denis  Detombay,  fondeur  à  Châtelineau, 
qui  a  osé  entreprendre  l'exécution  de  nos  tronçons,  alors 
que  beaucoup  de  démarches  infructueuses  avaient  été 
faites  déjà  auprès  d'autres  industriels. 


TRATAUX  EXÉGUTtiS  EN  BELGIQUE.       4^7 

Le  prix  de  la  livraison  fut  fixé,  par  contrat,  à  3  5',  7$ 
par  1 00  kil. ,  y  compris  le  tournage  des  collets,  le  fo- 
rage des  trous  de  boulons  et  le  transport  des  pièces  à 
pied  d'ceuvre. 

Les  premiers  essais  de  M.  Detombay  ne  furent  pas 
couronnés  d'un  plein  succès  ;  il  parvint  néanmoins, 
après  avoir  fait  quelques  tronçons,  à  réussir  complète^ 
ment  la  coulée  de  tous  les  autres  (i).  Cependant,  la 
perte  de  temps  occasionnée  par  les  premières  tentatives, 
avait  mis  notre  constructeur  dans  l'impossibilité  de  li- 
vrer toutes  les  pièces  en  fonte,  dans  le  délai  assigné  par 
notre  convention  ;  le  puits  de  Saint-Vaast  était  prêt,  et 
il  importait  de  placer  immédiatement  le  cuvelage,  afin 
d'éviter  que,  par  un  cbômage  trop  prolongé,  des  ébou- 
lements  ne  survinssent  dans  ce  puits,  dont  les  parois, 
comme  on  sait,  n'étaient  pourvues  d'aucun  moyen  de 
soutènement  provisoire.  C'est  alors,  qu'après  avoir  tenté 
inutilement  de  faire  reprendre  une  partie  de  la  com- 
mande de  M.  Detombay  par  d'autres  établissements  de 
fonderie,  nous  avons  pris  le  parti  de  faire  exécuter,  la 
partie  supérieure  de  notre  cuvelage,  en  tôle  de  fer. 

Les  tronçons  en  fer  ont  été  construits  par  la  société 
de  Monceau-sur-Sambre,  au  prix  de  AS'  les  100  kil. 

Ces  pièces  sont  formées  d'un  cylindre  en  tôle  de 
i"',5o  de  hauteur  et  de  3"',85  de  diamètre  extérieur, 

(1)  Depuis  répoque  où  ron  a  exécuté  ces  tronçons  de  cuve* 
lage  (i855),  la  construction  des  grandes  pièces  annulaires  en 
fonte  est  devenue  une  chose  abordable  par  tous  les  fondeurs. 
On  a  fait  notamment  chez  MM.  Cambierfrères,  àlaLouvière,  en 
1867,  des  tubes  analogues  à  ceux  de  notre  cuvelage,  pour  la 
construction  de  piles  de  pont  destinées  à  un  chemin  de  fer  es- 
pagnol; et  en  i858,  MM.  Delebeque  et  Gomp*,  à  Baume,  ont 
fait  des  tronçons  en  fonte  de  W^^^o  de  diamètre  et  de  1  mètre 
de  hauteur  pour  le  charbonnage  de  la  Louvière  h  Salnt-Vaast. 
Ce  sont  aussi  MM.  Delebeque  et  Gomp*  qui  ont  fait,  en  1860, 
notre  cuvelage  du  puits  Sainte-Marie  de  Péroones. 


/fit  PROCÉDÉ   KIND. 

renforcé  par  trois  cercles  en  fonte  ayant  la  forme  d'une 
équerre;  deux  de  ces  cercles  sont  rivés  avec  soin,  en 
haut  et  en  bas,  pour  former  les  collets  d'assemblage, 
tandis  que  le  troisième  est  placé  au  milieu  de  la  hauteur 
du  cylindre,  pour  servir  de  renfort  \  ce  dernier  n*est 
rivé  que  sur  quelques  points  de  la  circonférence.  La  Cg. 
56,  pi*  m,  fait  voir  la  coupe  de  deux  de  ces  tronçons, 
qui  se  trouvent  à  la  partie  supérieure  du  cuvelage. 

Chaque  cylindre  est  formé  par  douze  tdies  juxtapo- 
sées ,  de  i**',5o  de  hauteur  sur  i  mètre  de  largeur  dans 
le  sens  du  cintre;  elles  sont  réunies  les  unes  aox 
autres  par  un  double  rang  de  rivets,  au  moyen  de 
petites  lattes  verticales ,  c'est-à-dire  sans  racoulelage, 
ce  qui  permet  d'obtenir  plus  aisément  une  forme  tout 
à  fait  ronde,  et  ce  qui  rend  Tassemblage  avec  les  cercles 
plus  parfait. 

On  a  employé  vingt-huit  tronçons  en  tôle,  répartis  en 
quatre  séries  :  ceux  de  la  série  inférieure  ont  171/2  mil- 
Umëtres  d^épaisseur,  ceux  de  la  seconde  i5,  ceux  de 
la  troisième  12  1/2,  et  ceux  de  la  quatrième  10  mil- 
limètres. Les  cercles  de  consolidation  de  la  première 
et  de  la  seconde  séries  ont  une  section  de  68  centimètres 
quarrés  et  pèsent  chacun  5go  kil.  ;  ceux  de  la  troisième 
et  de  la  quatrième  séries  n'ont  que  54  centimètres 
quarrés;  ils  pèsent  460  kil. 

Certes,  les  cuvelages  en  tôle  construits  comme  nous 
venons  de  l'indiquer,  présentent  une  grande  résistance 
à  l'écrasement ,  et  si  on  leur  applique  la  formule ,  on 
trouvera  qu'ils  sont  dans  de  bonnes  conditions.  Les 
pièces  en  tôle  ont,  d'ailleurs,  l'avantage  de  la  légèreté; 
car  on  ne  pourrait  arriver  à  couler  les  pièces  de  fonte 
aussi  minces  qu'elles  pourraient  l'être  théoriquement 
pour  les  parties  aapériearee  du  revôtement;  eÛes  pres- 
sentent aussi  l'avantage  de  ne  pas  être  sujettes  à  la 


THATAUX  EXÉCUTÉS  BN  BELGIQUE.       4^9 

rnptnre,  soit  par  des  chocs,  soit  tout  autrement;  si  les 
cercles  du  renfort  vendent  à  se  casser^  ou  pourrait 
sdsément  les  remplacer,  sans  que  le  cuvelage  manquât 
de  rester  étaDChe.  Mais  l'oxydation  de  la  tôle  serait 
peut-être  plus  rapide  que  celle  de  la  fonte  ;  les  cuve*- 
lages  en  fer  coûtent  plus  que  les  autres,  et  Tépaisseor 
à  donner  aux  tôles  pour  pouvoir  les  cintrer  et  les  river 
aisément,  a  des  limites  que  Ton  ne  peut  guère  dépas- 
ser. Si  Ton  appliquait  la  tôle  à  de  grandes  profondeurs, 
il  faudrait  donc  suppléer  à  cette  épaisseur,  par  un  plu» 
grand  nombre  de  cercles  de  renfort. 
En  résumé ,  notre  cuvelage  de  Saint*Vaast  se  com-    ,  !*•*<*■ 

.      ,  '  ^^  du  eofelag*. 

posait  de  : 

knoft.  kiloiT. 

18  tronçons  en  fonte,  pesant  113.618,  soit  par  mètre  4.16A 

7      Id.     .en  for  fonte  33.S8o,  Id.           3.227 

7      Id.              Id.  3o.o/!ia,  ïd.           2.861 

7       îd,              Id*  a5.o53,  Id,            9.386 

7       Id.              Id*  28.575,  id.            2.i5o 

A6  tronçons»  y  compris  labolte  moyenne  par 

A  mousse 22/1.970,       mètre.  .  .  .  3.2A6 

Les  pièces  accessoires,  boulons  d'assemblage,  tor- 
ches en  plomb,  etc. ,  etc. ,  pesaient  environ  9 1 .000  kil.  ^ 
le  poids  total  du  cuvelage  mis  en  place ,  était  donc 
de  245.000  \l\\.  En  moyenne,  chaque  mètre  de  hauteui* 
du  cuvelage  a  coûté  : 


Id. 

en  fer  et  fonte,  1"  série.  . 

1.520 

Id. 

Id.           2«    td.  .  . 

1.856 

td. 

Id.           5*    Id.  .  . 

i.i5o 

Id. 

Id.           A*    Id.  .  . 

1.029 

Moyenne  générale 1.181    (1} 

(1)  Il  y  aurait  3o  p.  100  d'économie  à  réaliser  sur  ce  prix,  si 
Ton  faisait  aujourd'hui  un  cuvelage  entièrement  en  fonte,  tel 
que  le  projet  en  avait  été  conçu. 


490  PROCÉDÉ   KIND. 

Botie  «  nouue.      L'appendice  que  nous  appelons  boîte  à  inou$$t  et  qui 

se  trouve  adapté  à  la  partie  inférieure  de  la  coloime 
métallique,  est  formé  d'un  cylindre  en  fonte  d'un  dia- 
mètre plus  petit  que  celui  du  cuvelage ,  ce  qui  lui  per- 
.  met  de  s'emboîter  dans  le  tronçon  qui  se  trouve  à 
la  base. 

Ce  cylindre  a  i^^^So  de  hauteur;  il  est  armé  à  sa 
partie  inférieure  d'un  sabot  en  bois ,  destiné  à  porter, 
d'une  part,  sur  le  fond  du  puits,  et  à  former,  d'autre 
part ,  une  des  parois  horizontales  de  la  botte  à  mousse. 
Le  rebord  extérieur  en  fonte  qui  termine  le  dernier 
tronçon  du  cuvelage,  forme  l'autre  paroi  horizontale  de 
cette  boite.  Le  sabot  est  fait  de  seize  pièces  de  bois 
de  0*^,40  de  hauteur  sur  o"',2o  de  largeur,  placées  en 
polygone  régulier;  ces  pièces  sont  assujetties  au  cylin- 
dre au  moyen  de  boulons  à  tête  perdue.  L'appareil  est 
suspendu  par  des  tringles  en  fer,  qui  l'empêchent  de 
sortir  du  cuvelage,  mais  qui  lui  permettent  de  s'en  rap- 
procher lorsqu'une  pression  est  exercée  sur  le  sabot. 

La  fig.  55,  PL  III,  indique  mieux  qu'on  ne  pourrait 
l'expliquer  le  mouvement  du  cylindre  de  la  boite  à 
mousse  dans  le  cuvelage. 

Entre  le  sabot,  le  rebord  extérieur  du  dernier  tron- 
çon du  cuvelage  et  les  parois  du  cylindre ,  on  bourre 
avec  soin  un  matelas  de  mousse,  que  l'on  maintient  en 
place  pendant  la  descente  du  cuvelage,  au  moyen  d'un 
filet  de  pêcheur,  serré  sur  tout  le  pourtour. 

L'effet  de  la  boite  à  moussé  se  comprendra  aisément  : 
le  cuvelage,  portant  cet  appareil  à  sa  partie  inférieure, 
est  descendu  dans  le  puits,  par  le  moyen  que  nous  in- 
diquerons ci-après  ;  dès  qu'il  arrive  en  bas  de  l'avale- 
resse,  le  sabot  s'arrête  sur  la  roche  dure  qui  forme  le 
fond ,  tandis  que  le  cuvelage ,  continuant  à  descendre, 
vient  presser  de  tout  son  poids  sur  la  boîte.  La  mousse 


TRAYAUX  EXtCmriS  En  BELGIQUE.       49  & 

est  alors  fortement  comprimée  contre  les  parois  du 
terrain,  et  forme  ainsi  un  bouchon  qui  intercepte  toute 
communication  entre  le  terrain  aquifëre  et  le  fond 
du  puits. 

Indépendamment  de  la  charge  du  cuyelage,  on 
pourrait  employer,  au  besoin ,  des  moyens  de  com- 
pression pour  augmenter  cet  effet  ;  il  serait  facile ,  par 
exemple ,  de  charger  la  colonne  à  sa  partie  supérieure, 
ou  bien  d'exercer  un  effort  de  traction  sur  le  sabot, 
au  moyen  de  tiges  préalablement  fixées  à  cette  partie 
de  la  boite. 

Le  poids  de  notre  cuvelage  de  Saint-Vaast  étant  suf- 
fisant, nous  n'avons  pas  cru  devoir  recourir  ici  à  l'em- 
ploi de  moyens  accessoires  de  compression  ;  la  boite  à 
mousse,  qui  avait  i°',io  de  hauteur  libre  au  moment 
de  la  descente ,  a  été  resserrée  des  5/6  par  la  charge, 
de  telle  façon  que  le  bouchon  de  mousse  était  réduit  à 
une  hauteur  de  so  centimètres  environ. 

La  surface  annulaire  de  la  boite  a  o"',20  de  largeur; 
sa  section  totale  est  donc  de  a^'iySo.  Si  l'on  répartit  sur 
cette  surface  toute  la  charge  du  cuvelage ,  on  trouve 
que  la  compression  exercée  sur  la  mousse  est  de  i  o  kil. 
par  centimètre  quarré. 

On  remarquera  {fig.  55)  que  le  sabot  et  le  re- 
bord en  fonte  du  cuvelage  portent,  vers  l'extérieur 
de  la  boîte  à  mousse ,  des  segments  en  tôle  mince 
(o^'fOoS)  qui,  rabattus,  formeraient  un  disque  annu- 
laire. Ces  segments  sont  relevés ,  au  moment  où  l'on 
descend  le  cuvelage,  de  manière  à  former  un  angle  à 
l'horizon  de  3o  à  35  degrés ,  et  à  déterminer  ainsi  une 
surface  conique ,  qui  tend  à  pousser  la  mousse  contre 
le  terrain  lorsque  viennent  les  premiers  moments  de 
la  compression.  Si,  pour  atteindre  ce  but,  on  avait 
coupé  en  biseau  le  fond  du  cuvelage  et  le  sabot ,  il  en 


49*  1»R0CÊDÉ  KlfïD. 

fût  réâtllté  dO  gl-aûd  inconvénient  :  c'èât  que  la  com- 
pression de  la  mousse  eût  été  arrêtée  dès  que  les 
biseaux  se  seraient  rencontrés.  Il  n'en  est  pas  de  même 
avec  les  segments  en  tôle  mince ,  qui ,  placés  coname 
nous  l'indiquons ,  peuvent  laisser  ainsi  toute  limite  aa 
rapprochement  des  deux  parois  de  la  boité  à  motisse  ; 
en  effet ,  dès  que  la  compression  devient  assez  forte, 
ces  segmenta  se  rabattent  sur  le  plan  horizontal  :  et  les 
surfaces  inclinées  disparaissent. 

Quant  au  filet  qui  serre  le  matelas  de  mousse ,  il  se 
déchire  quand  la  boite  se  ferme ,  et  il  n'a  plus  dès  lort 
aucune  utilité. 

Nous  ferons  encore  une  observation  sur  les  précau- 
tions à  prendre  pour  appliquer  la  botte  à  mousse  f  c'est 
que,  pour  éviter  le  démantèlement  de  cette  boltô  pen- 
dant la  descente  du  cuvelage ,  on  doit  avoir  soin  de 
creuser  le  dernier  mètre  du  puits,  sur  un  diamètre  un 
peu  plus  petit  que  le  dessus ,  afin  que  la  boîte  ne  puisse 
frotter  contre  le  terrain  que  lorsqu'elle  est  près  d'ar- 
river à  fond.  Cette  précaution  a  pour  but  aussi  d'évi- 
ter les  éboulements  qui  pourraient  se  produire  tout  le 
long  des  parois  de  l'excavation  par  le  frottement  de 
l'appareil  ;  enfin  elle  contribue  puissamment  au  succès 
de  la  boite  à  mousse ,  car  le  matelas  serrant  déjà  contre 
les  parois  verticales  de  l'excavation  au  moment  où  elle 
s'y  introduit,  il  y  a  beaucoup  de  chance  pour  qu'après 
la  fermeture  de  la  boite,  la  mousse  soit  comprimée  for- 
tement contre  ces  parois;  c'est  ce  qui  doit  assurer  la 
réussite  de  l'opération. 

Le  tournage  des  collets  des  tronçons  de  cuvelage  est 

une  opération  fort  simple ,  mais  dont  l'exécution  nous 

a  occasionné  beaucoup  de  contrariétés  et  des  dépenses 

foraçe  d«$  êrom.  notables ,  en  frais  de  premier  établissement.  Il  était  de 

la  plus  grande  importance ,  comme  nous  l'avons  déjà 


Préparation 
det  piécêi 

de  nMlage  : 
tournage 

dêi  eoUeti  ; 


TRATAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  I^qS 

dit,  que  les  deux  collets  de  chaque  pièce  fussent  tour- 
nés parallèlement,  pour  avoir  la  colonne  tout  à  fait 
verticale.  Les  grands  tours,  que  Ton  ne  rencontre  que 
dans  (leut  ou  trois  ateliers  de  construction  de  notre 
pays,  et  qui  sont  destinés  à  tourner  soit  des  roues  de 
^  locomotives ,  soit  des  cylindres  à  vapeur  de  grandes 
dimensions,  n'étaient  même  pas  convenables  pour  faire 
l'opération  du  tournage,  ainsi  que  nous  voulions  l'exé- 
cuter. D'ailleurs ,  en  admettant  que ,  moyennant  quel- 
ques frais  de  location ,  on  nous  eût  permis  de  nous 
servir  de  l'un  de  ces  tours,  nous  aurions  eu  à  supporter 
la  dépense  à  faire  pour  transporter  nos  énormes  pièces 
de  cuvelage,  depuis  la  fonderie  jusqu'aux  ateliers,  et 
ensuite  de  ces  derniers  jusqu'à  Saint-Vaast  ;  nous  avons 
donc  trouvé  qu'il  y  aurait  avantage  k  faire  construire 
un  tour  spécial ,  et  à  Tinstaller  dans  notre  établisse- 
ment 

Cet  outil ,  exécuté  dans  les  ateliers  de  MM.  Parmen- 
tier  fVères,  à  la  Louviëre,  a  été  attelé  sur  une  petite 
machine  de  quatre  chevaux ,  qui  nous  servait  à  pomper 
feau  pour  1*  alimentation  de  notre  chaudière  à  vapeur  ; 
au  moyen  d'un  embrayage,  on  pouvait  à  volonté  faire 
mouvoir  cet  appareil  ou  en  arrêter  la  marche. 

Voici  comment  se  faisait  le  travail  du  tournage  :  la 
pièce  du  cuvelage  était  roulée  sur  le  terrain,  et  amenée 
auprès  du  tour,  où  on  la  fixait  sur  un  chariot  affleurant 
au  niveau  du  sol  ;  le  chariot ,  roulant  sur  un  chemin 
de  fer.  Introduisait  la  pièce  à  tourner  sur  un  mandrin, 
où  elle  était  calée  avec  soin ,  puis  soumise  &  Topération 
du  tournage. 

Toutes  les  manoôavres  que  ce  travail  nécessitait 
avaient  lieu  avec  la  plus  grande  facilité;  on  tournait 
au  moinâ  une  pièce  chaque  jour,  même  sans  travailler 
la  nuit 


494  PROCÉDÉ  KIND. 

Une  autre  opération  qui  a  exigé  aussi  beaucoup  de 
manœuvres  «  est  celle  du  forage  des  trous  des  collets. 
On  avait  laissé  des  broches  à  la  coulée ,  pour  Tun  des 
collets  de  chaque  pièce  ;  mais  les  trous  de  l'autre  collet 
devaient  être  forés  ultérieurement.  Il  fallut  donc  pré- 
senter l'un  sur  l'autre  tous  les  tronçons  du  cuvelage, 
pour  tracer  les  trous ,  parce  qu'il  était  impossible  de 
compter  sur  une  division  exacte  à  tracer  à  la  main, 
attendu  que  la  moindre  différence  eût  pu  donner  lieu 
à  des  embarras  et  à  des  retards  continuels,  lorsqu'on 
aurait  placé  les  pièces  en  colonne. 

Pour  faire  ce  travail ,  nous  nous  sommes  servi  avec 
avantage  du  chemin  de  fer  placé  à  g  mètres  au-dessus 
du  sol ,  et  qui  avait  été  monté,  on  se  le  rappelle,  pour 
le  travail  du  sondage.  Au  moyen  de  deux  grues  placées 
sur  des  chariots  mobiles  sur  le  chemin  de  fer,  les  pièces 
furent  soulevées  par  quatre  hommes,  et  présentées 
successivement  les  unes  sur  les  autres. 

Le  travail  était  ordonné  de  la  manière  suivante  :  la 
pièce  tournée  pendant  le  jour  était  présentée  dans  la 
soirée  pour  marquer  les  trous ,  puis  elle  était  forée  la 
nuit.  Ce  dernier  travail  était  fait  à  l'entreprise,  au  prix 
de  8  fr.  pour  les  4&  trous  de  3  centimètres  de  diamètre, 
soit  o'',  1 8  par  trou  de  boulon. 

En  somme,  il  suffisait  donc  de  24  heures  de  tra- 
vail pour  amener  la  pièce  au  tour,  la  tourner,  la  ra- 
mener ensuite  auprès  du  puits  pour  la  présenter  à  la 
pièce  à  laquelle  elle  devait  être  assemblée,  et  enfin 
forer  les  trous  des  collets. 

Certes ,  lorsqu'on  se  trouvera  dans  l'occasion  d'eié- 
cuter  encore  des  travaux  analogues  à  ceux  de  Saint- 
Yaast,  il  faudra  chercher,  autant  que  possible ,  à  faire 
préparer  tous  les  ajustements  des  pièces  de  cuvelage 
dans  les  ateliers  de  fonderie,  de  telle  sorte  qu'on  D*2Ût 


dei  piéeef. 


TRAVAUX   EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  49& 

plus  qu'à  les  mettre  en  place  quand  elles  arrivent  à 
rétablissement.  Mais,  pour  un  premier  travail,  outre  la 
nécessité  dans  laquelle  on  se  trouvait  de  suivre  une 
autre  marche,  il  était  important  de  pouvoir  surveiUer 
soi-même  toutes  les  opérations  accessoires.  Nous  de- 
vons dire,  d'ailleurs,  qu'à  part  la  dépense  faite  pour  le 
tour,  dont  vraisemblablement  on  trouvera  le  réemploi , 
le  tournage  des  pièces  de  cuvelage  ne  nous  a  pas  coûté 
fort  cher  :  nous  estimons  qu'en  moyenne  le  prix  de 
revient  de  cette  opération  ne  dépassait  guère  o'',75 
par  100  kilogrammes.  Les  frais  en  furent  supportés  par 
l'entrepreneur  pour  les  pièces  en  fonte. 

Tous  les  tronçons  du  cuvelage  ont  été  essayés  avant     J^^^^ 
d'être  mis  en  œuvre.  La  pression  à  laquelle  on  a  sou- 
mis les  premières  pièces  atteignait  vingt  atmosphères  ; 
puis  on  a  réduit  successivement  jusqu'à  dix  atmo- 
sphères. 

Cette  opération  de  l'épreuve  des  pièces  paraissait  au 
premier  abord  devoir  présenter  beaucoup  de  difficultés  ; 
on  était  préoccupé  de  l'idée  de  leur  faire  subir  une 
pression  à  l'intérieur,  ainsi  que  cela  se  fait  pour  les 
chaudières  à  vapeur  et  les  tuyaux  hydrauliques.  Mais , 
outre  que  ce  moyen  ne  serait  pas  facile  à  mettre  en  prati- 
que, à  cause  de  la  dimension  des  plateaux  de  fermeture 
et  de  l'effort  énorme  quils  devraient  supporter  pendant 
l'opération,  l'épreuve  ainsi  faite  ne  serait  pas  con- 
cluante, attendu  que  les  pièces  de  cuvelage  doivent  ré- 
sister à  l'écrasement  et  non  pas  à  l'extension.  C'est 
donc  une  pression  extérieure  qu'il  faut  leur  faire  subir. 
Nous  employons,  dans  ce  but,  un  procédé  extrême- 
ment simple  :  on  plonge  le  tronçon  à  essayer  dans  une 
cuve  d'un  diamètre  un  peu  plus  grand  que  le  sien , 
et  Ton  injecte  de  l'eau,  avec  une  pompe  foulante,  dans 
l'espace  annulaire  restant  entre  les  deux  pièces. 


J^gè  PROCÉDÉ  lUHtt.  * 

La  cuve  d'essai  porte,  en  bas,  un  collet  intérieur*  et, 
en  haut,  un  collet  extérieur  \  le  premier  s'assemble  avec 
l'un  des  collets  de  la  pièce  à  essayer,  l'autre  vient 
affleurer  au  niveau  du  second  collet  de  ladite  pièce  ;  un 
plateau  annulaire  placé  sur  ces  deux  derniers  collets 
ferme  l'espace  compris  entre  la  cuve  et  le  tronçon  de 
cuvelage.  C'est  dans  cet  espace  que,  après  avoir  rendu 
les  joints  étanches,  on  injecte  l'eau  avec  la  pompe.  La 
cuve  d'essai  est  pressée  intérieurement  et  le  tronçon 
du  cuvelage  extérieurement. 

Nous  avons  installé  notre  cuve  d'essai  au-dessous  du 
chemin  de  fer  de  service,  dans  une  excavation  d'en* 
viron  l'^ySo  de  profondeur,  de  telle  sorte  que  le  collet 
supérieur  se  présentait  au  niveau  du  sol. 

Le  tronçon  à  essayer  était  descendu  dans  la  cuve , 
au  moyen  de  deux  grues  placées  sur  un  chariot  roulant 
sur  le  chemin  de  fer,  et  c'est  alors  que  l'on  présentait 
les  pièces,  les  unes  sur  les  autres,  pour  marquer  les 
trous  du  boulon ,  soit  avant ,  soie  après  l'opération  de 
l'épreuve. 

L'assemblage  du  plateau  de  la  cuve  et  de  la  pièce  à 
essayer  se  faisait,  non  pas  avec  des  boulons,  mais  avec 
des  agrafes  en  fer,  ainsi  que  le  fait  voir  le  dessin.  C'est 
qu'en  effet  il  eût  été  difficile  de  fsdre  correspondre  les 
trous  de  boulon  de  toutes  les  pièces  du  cuvelage ,  et 
que,  d'ailleurs,  le  nombre  des  agrafes  pouvant  être 
augmenté  de  manière  à  les  serrer  l'une  contre  l'autre, 
on  avait  ainsi  plus  de  facilité  pour  former  des  joints 
étanches.  Nous  avons  toujours  employé  avec  succès , 
pour  atteindre  ce  but ,  des  torches  de  chanvre  au  mi- 
nium ;  les  cordes  en  caoutchouc,  que  nous  avons  quel- 
quefois essayées,  tenaient  moins  bien  que  le  chanvre  ; 
ce  dernier  se  laisse  plus  facilement  brandir^  lorsqu'une 
fuite  se  présente  en  un  point  quelconque  ;  tandis  que  le 


joint  èû  Caoutchouc,  lorsqu'il  est  mauvais»  doit  être 
complétemeût  renouvelé* 

La  cuve  d'essai  avait  été  construite  avec  soin,  et  au 
moyen  de  tôles  de  2  centimètres  d'épaisseur  ;  de  plus, 
elle  était  renforcée  extériem*ement  par  des  cercles  en 
fer  battu,  presque  juxtaposés,  de  4  centimètres  d'épais- 
seur; ces  cercles  étaient  serrés  fortement  contre  la 
cuve.  Malgré  tant  de  précautions,  nous  avons  eu  infini- 
ment de  difficulté  à  contenir  Teau  dans  cette  cuve 
pendant  les  opératious  ;  car,  dès  que  la  pression  attei- 
gnait certaines  limites ,  un  grand  nombre  de  rivures 
faisaient  défaut,  et  il  fallait  les  remater  presque  chaque 
fois.  Nous  conseillons  de  faire  usage,  à  Taveuir,  de 
cuves  en  fonte,  que  Ton  pourrait,  au  besoin,  former  de 
deux  ou  trois  anneaux  assemblés  extérieurement ,  ce 
qui  rendrait  la  pièce  plus  facile  à  transporter. 

Le  résultat  des  épreuves  que  iiious  avons  fait  subir  à 
tous  nos  tronçons  de  cuvelage,  ont  démontré  combien 
cette  opération  préalable  était  nécessaire;  plusieurs 
pièces  laissèrent  apercevoir  des  défauts,  et  durent  être 
rebutées  ou  bien  conservées  pour  la  partie  supérieure 
du  revêtement. 

Les  pièces  de  cuvelage  en  tôle  ont  dû  être  essayées , 
presque  toutes,  deux  et  même  trois  fois,  malgré  tout  le 
soin  que  l'on  avait  pris  de  bien  remater  les  joints  et  les 
rivets. 

En  sortant  de  la  cuve  d'essai,  les  pièces  étaient  ran-  peinture 
gées  dans  la  cour  de  l'établissement,  d'après  leur  nu-  ^*'  ^'^^'' 
méro  d'ordre,  de  manière  à  présenter  une  longue  file, 
d'où  elles  étaient  prises,  une  à  une,  pour  être  descen- 
dues dans  le  puits.  Au  fur  et  à  mesure  qu'elles  arri- 
vaient à  la  file ,  elles  étaient  peintes  au  minium ,  inté- 
rieurement. Cette  peinture  avait  le  temps  de  sécher 
avant  la  descente  de  la  pièce. 


498  PROCÉDÉ   KIMO. 

Dneenu  Le  moyeû  de  mettre  en  place  la  grande  colonne  më- 

**^  tallique  destinée  à  former  le  cuvelage,  était  un  obstacle 
à  l'emploi  de  la  fonte  pour  le  revêtement  des  puits 
forés  par  le  procédé  Kind.  En  effet,  bien  qu'avec  des 
échafaudages  suffisamment  solides  et  des  cordages  Cfa 
des  tiges  rigides  de  fortes  dimensions  et  multipliées 
selon  les  cas ,  on  puisse  parvenir  à  descendre  de  fortes 
charges,  il  n'en  est  pas  moin  vrai  que  lorsqu'il  s'agit  de 
placer  à  une  grande  profondeur  une  colonne  de  2  à 
Soo.ooo  kil.,  l'emploi  des  moyens  ordinaires  peut  de- 
venir, sinon  impossible ,  du  moins  extrêmement  coû- 
teux. 

Le  procédé  que  nous  mettons  en  usage  pour  des- 
cendre les  cuvelages  ne  présente  pas  ces  inconvénients. 
Nous  plaçons ,  à  la  partie  inférieure  de  la  colonne,  un 
fond  avec  tube  d'équilibre,  qui  permet  à  ladite  colonne 
de  déplacer  un  grand  volume  d'eau ,  et  de  s'alléger 
ainsi  de  la  plus  grande  partie  de  son  poids. 

Nous  allons  donner  quelques  détails  sur  la  construc- 
tion de  cet  appareil  et  sur  ta  manière  dont  il  fonctionne 
{fig.  4,  PL  I,  et  fig.  54,  PL  lU). 

A  l'un  des  rebords  ou  collets  inférieurs  du  cuvelage, 
le  troisième,  par  exemple,  afin  de  laisser  les  deux 
premiers  tronçons  tout  à  fait  libres  pour  le  jeu  de  la 
boite  à  mousse,  se  trouve  adapté  le  fond  dont  il  s'agit  ; 
il  est  fait  en  fonte,  et  représente  une  calotte  sphérique 
terminée  par  un  rebord  aplati,  au  moyen  duquel  on  le 
boulonne  sur  un  plateau  annulaire,  qui  est  lui-même 
assemblé  au  collet  du  cuvelage.  Le  plateau  est  formé 
de  plusieurs  pièces  boulonnées  entre  elles  ;  il  a  pour  but 
de  rendre  possible  le  démontage  et  l'enlèvement  de 
l'appareil  d'équilibre,  lorsque  toutes  les  opérations  sont 
terminées,  et  que  le  puits  est  rendu  accessible.  Le  fond 
porte  au  milieu  une  ouverture  circulaire  sur  laquelle 


TRATâUX  exécutés  en  BELGIQUE.       499 

on  place  une  celooDe  métallique  en  fonte  ou  en  tôle,  de 
o'^fSo  à  o"',4o  de  diamètre  ;  c'est  là  ce  que  nous  appe- 
lons la  colonne  centrale  ou  tube  d'équilibre.  On  peut 
former  ce  tube  de  tuyaux  de  pompes  ordinaires ,  ceux 
que  l'on  a  sous  la  main.  De  distance  en  distance  (7  à 
8  mètres),  on  perce  la  colonne  d'équilibre  de  petits 
trous  de  g  à  10  millimètres  de  diamètre;  ces  trous 
servent  à  faire  entrer  l'eau  dans  le  cuvelage  au  fur  et  à 
mesure  que  celui-ci  doit  s'enfoncer. 

Voyons  maintenant  ce  qui  se  passe  pendant  l'opéra- 
tion de  la  descente  du  cuvelage  :  d'abord  on  fait  arri- 
ver jusqu'à  la  tète  du  niveau,  et  par  les  moyens  que 
nous  indiquerons  ci-après,  quelques  tronçons  assem- 
blés avec  le  fond  et  le  bout  du  tube  d'équilibre ,  et  on 
les  fait  plonger  dans  l'eau*  Le  liquide  monte  dans  le  tube 
et  tout  autour  des  tronçons  ;  l'intérieur  de  ces  derniers 
reste  vide. 

Si  on  abandonnait  alors  la  partie  de  cuvelage  ainsi 
descendue^  elle  s'enfoncerait  dans  l'eau  jusqu'à  ce  que 
le  poids  du  liquide  déplacé  fût  égal  au  poids  des  pièces, 
c'est-à-dire  que  le  tout  nagerait  à  la  façon  d'un  bateau. 
On  pourrait  ensuite  ajouter  successivement,  à  cette 
première  partie  du  cuvelage,  tous  les  tronçons  qui 
doivent  le  compléter,  en  allongeant  toujours  le  tube 
d'équilibre,  de  façon  à  ce  que  le  liquide  puisse  se 
maintenir  dans  ce  tube  sans  entrer  dans  le  cuvelage. 
Ce  dernier  s'enfoncerait  dans  l'eau  par  son  propre 
poids. 

Mais  si  l'on  se  bornait  à  placer  ainsi  et  tronçons  et 
allonges  du  tube  d'équilibre,  il  arriverait  un  moment, 
quand  tous  les  cylindres  seraient  placés,  où  le  cuvelage 
ne  descendrait  plus;  il  resterait  flottant  C'est  pour  le 
forcer  à  descendre  jusqu'au  fond  du  puits  que  l'on  in- 

To«  XYIIl,  1860.  33 


5oa  PROGÉDi  KMD. 

troduit  de  Teaa  à  Tintérieur  par  les  petits  trous  qu» 
Ton  a  ménagés  dans  la  colonne  d'équilibre.  Ces  tiou3« 
maintenus  fermés  par  des  vis,  peuvent  s'ouvrir  et  M 
boucher  "à  volonté ,  pourvu  que  Ton  ait  soin  de  ne  jar* 
mais  les  laisser  noyer,  c'est-à-dire  de  fermer  ceux  d'en 
bas  pour  ouvrir  plus  haut,  à  mesure  que  le  nive»!  de 
Teau  monte  dans  le  cuvelage  (i). 

L'exposé  qui  précède  fait  suffisamment  oomprendre 
la  théorie  de  la  descente  des  cuvelages  par  la  /to^laison* 

En  pratique ,  il  y  aurait  de  graves  inconvénients  à 
suivre  rigoureusement  la  marche  que  nous  avons  iodi* 
quée;  car,  en  l'abandonnant  à  lui-même,  le  cuvelage 
nagerait  et  ne  serait  pas  en  équilibre  stable  ;  le  mouv^ 
ment  de  fiottdson  le  ferait  constamment  ballotter  ;  fai 
boîte  à  mousse  frotterait  contre  les  parois  du  puits  et 
se  déformerait  sans  aucun  doute;  enfin  le  cuvelage  kd- 
mème,  lorsqu'il  arriverait  à  fond,  ne  viendrait  pas 
s'asseoir  de  niveau  ni  juste  au  milieu  du  puits,  et  l'es- 
pace annulaire  à  bétonner  deviendrait  dès  lors  tout  à 
fait  îrrégulier. 

Pour  éviter  tous  ces  inconvénients  et  pouvoir  rester 
maître  de  la  marche  de  Topération,  on  tient  le  cuvelage 
suspendu ,  pendant  toute  la  durée  de  la  descente,  pat 
des  tiges  rigides,  dont  le  mouvement  est  commandé  de 
la  surface;  on  peut  ainsi  limiter  l'immersic»)  de  la  co- 
lonne, et  lui  conserver  en  tout  temps  une  charge  de  sS 
à  So.ooo  kîl. ,  ce  qui  suffit  largement  pour  la  faire  des* 
cendre  parfaitement  d'aplomb. 

Les  détails  de  Fappareil  de  suspension  employé  à 
Saînt-Vaast  sont  indiqués  par  les  fig,  4  et  5,  PI.  L  La 


(i)  Cette  recommandation  n^est  pas  inutile,  ainsi  que  Toa 
pourra  s'en  convaiacfe  en  lisaat  Taxtrait  da  jouraal  des  tra- 
vaux. 


TftAYAtJX   EXÉCUTÉS  BN  BELGIQOB.  Soi 

cbarpeote  sur  laquelle  il  est  établi  est  fonpée  par  l?s 
deux  longues  poutres  qui  ont  pervi  antérieurçnieut  à 
porter  le  cbepalu  de  fer  établi  à  9  mètres  au-dessus  du 
80L  Ces  poutres,  ainsi  que  nous  Tavons  dit  au  cbapitre 
premier,  étaient  reliées»  par  des  tirants  en  fer,  avec 
quatre  sommiers  ep  cbène  placés  en  croix  sur  les  murs 
de  la  tour  de  sondage.  Poui*  renforcer  encore  cette 
charpente  I  nous  avonp  placé,  au-dessous  des  pièoes 
du  chemin  de  fer^  quatre  montants  ou  supports  en  sa- 
pin de  o'^yi^i  d'équarrissage,  portant  sur  un  cadre  ou 
semelle  placé  au  niveau  du  sol.  On  a  monté  sur  cet 
échafaudage  six  tiges  de  susipension  qiie  Ton  a  assem- 
blées au  cuvelags  au  moyen  d'un  cercle  en  fonte  fixé 
au-dessous  du  collet  d'assemblage  des  tronçons  n""*  3. 
el  4  9  ce  collet  avait  été  renforcé  spécialement  dans 
ce  but. 

Le  cercle  d'attache,  composé  de  six  pièces  assem- 
blées entre  elles,  était  boulonné  lui-même  au  collet  du 
cuvelage;  il  était  fait  de  manière  à  présenter  à  l'inté- 
rieur de  ce  dernier  six  saillies  ou  (Billets  destinés  à  re- 
cevoir les  tiges  (voir  fig.  65  et  66,  PL  III). 

Chaque  tige  de  suspension  est  formée  de  trois  parties 
distinctes  :  le  bout  de  tige  qui  la  termine  k  sa  partie 
inférieure  et  dont  l'extrémité  est  filetée  pour  recevoir  un 
écrou d'arrêt,  après qu'ellea  été  introduite  dans  l'œillet 
du  cercle  d'attache  {fig.  6a)  ;  la  vis  de  rappel,  longue 
de  4  mètres  au  moins,  qui  se  trouve  à  son  extrémité 
supérieure  et  qui  est  commandée  par  une  roue  dentée, 
mise  en  mouvement  au  moyen  de  manivelles  (  fig.  60 
et  61)  ;  enfin  la  partie*  du  milieu,  qui  réunit  la  vis  et  le 
bout  inférieur  dont  il  s*  agit  ci -dessus;  elle  se  compose 
d'allonges  de  4  mètres  de  longueur  et  de  4  centimètres 
d'équarrissage,  assemblées  les  unes  aux  autres  comme 
des  tiges  de  sondage;  ce  sont  ces  allonges  que  Ton 


50S  PROCÉDÉ   KIND. 

ajoute  successivement  à  mesure  que  le  cuvelage  des- 
cend, ainsi  que  nous  allons  l'expliquer. 

Pour  procéder  à  l'opération  de  la  descente,  on  a 
d'abord  installé  sur  la  charpente  de  suspension  les  six 
vis  avec  leurs  engrenages  et  leurs  manivelles,  puis  on 
a  monté  la  boite  à  mousse  et  les  quatre  premiers  tron- 
çons sur  le  plancher  de  travail  placé  à  3  mètres  au- 
dessous  du  soi,  soit  12  mètres  au-dessous  du  niveau  de 
la  charpente.  On  a  mis  ensuite  le  cercle  d'attache,  et 
Ton  a  relié  les  tiges  avec  les  vis,  de  manière  à  suspendre 
tout  l'appareil. 

Il  était  important  d'avoir  le  moins  de  charge  pos^le 
à  faire  porter  sur  la  charpente  pour  cette  première  pé- 
riode de  l'opération,  qui  était  du  reste  la  plus  difficile. 
Les  quatre  premiers  tronçons  étsdent  nécessaires  pour 
monter  le  fond  et  le  tube  d'équilibre,  ainsi  que  le 
cercle  et  les  tiges  de  suspension.  Le  poids  total  de  ces 
diverses  pièces  était  d'environ  So.ooo  kil. 

On  se  représentera  aisément  la  position  de  l'appareil 
au  moment  de  commencer  l'opération  de  la  descente  ; 
nous  allons  en  suivre  le  mouvement. 

Les  vis  de  rappel  sont  remontées  et  dépassent  le 
plancher  de  la  charpente  de  toute  leur  hauteur.  Deux 
ouvriers  sont  attelés  à  chacune  des  six  vis  pour  mar- 
cher à  l'unisson  sur  le  commandement  du  chef-son- 
deur.  On  fait  mouvoir  en  même  temps  toutes  les  ma- 
nivelles, et  dès  lors  les  six  tiges,  de  même  que  le  cuve- 
lage, descendent  uniformément  jusqu'à  ce  que,  les  vis 
de  rappel  ayant  parcouru  une  course  de  4  mètres ,  on 
commande  le  mouvement  d'arrêt.  On  suspend  alors  le 
cuvelage  sur  des  poutres  placées  à  l'orifice  du  puits,  au 
moyen  de  fourches  de  retenue  prenant  au-dessous  de 
Tépaulement  des  tiges ,  absolument  comme  s'il  s'agis- 
sait d'un  appareil  de  sondage  ;  on  détache  les  vis  de  rap- 


TKATAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.       5o3 

pel  et  on  les  remonte  à  vide  sur  4  mètres  de  hauteur  ; 
on  remet  une  nouvelle  série  de  tiges  de  4  mètres,  on 
rattache  les  vis  de  rappel  et  on  retire  les  fourches  de  re- 
tenue ;  puis  on  reprend  la  descente  jusqu'à  ce  qu'on  ait 
fait  une  nouvelle  étape  de  4  mètres. 

En  répétant  la  manœuvre  que  nous  venons  d'in- 
diquer, et  en  ajoutant  à  chaque  nouvelle  descente  une 
nouvelle  série  de  tiges  de  4  mètres,  l'appareil  arrive  à 
la  tête  du  niveau,  là  où  il  comiçence  à  nager. 

C'est  seulement  alors  que  l'on  se  prépare  à  placer 
successivement  tous  les  tronçons  du  cuvelage. 

Pour  enfiler  sur  la  colonne  un  nouveau  tronçon,  on 
profite  de  l'instant  où  les  vis  de  rappel  sont  détachées 
des  tiges  de  suspension  et  séparées  de  ces  dernières  par 
un  espace  libre  de  4  mètres  ;  on  peut  alors  glisser  le 
tronçon  au  milieu  du  puits,  sur  les  poutres  de  re- 
tenue; puis  après  avoir  raccordé  les  vis  et  les  tiges, 
on  suspend  le  tronçon  à  la  corde  de  la  machine-^abes^ 
tan  au  moyen  de  six  petites  chaînettes  passant  dans 
les  trous  de  boulons  d'un  des  collets.  Dès  que  les 
fourches  et  les  sommiers  de  retenue  sont  retirés,  on 
descend  le  tronçon  jusqu'à  ce  qu'il  vienne  se  poser  sur 
la  colonne  à  lacfuelle  il  doit  s'assembler.  11  reste  alors 
à  faire  le  joint,  c'est-à-dire  à  placer  les  boulons,  que 
l'on  serre  fortement,  et  à  remater  à  l'intérieur  et  à  l'ex- 
térieur de  la  lamelle  de  plomb  interposée  entre  les  deux 
collets. 

Pour  remater  le  joint  à  l'intérieur,  il  est  nécessaire 
de  ménager,  à  peu  de  distance  du  niveau  de  l'eau,  une 
petite  galerie  faisant  le  tour  du  puits,  afin  que  les  ou- 
vriers puissent  s'y  installer  pour  faire  l'opération,  au 
moment  où  le  joint  se  présente  à  la  hauteur  de  cette 
galerie.  Gela  deviendrait  inutile,  si  le  puits  préparatoire 
que  l'on  fait  jusqu'à  la  tète  du  niveau  était  assez  large 


5o4  PROCÉDÉ   KIND. 

et  qu'il  restât  un  espace  suffisant  pour  se  placer  entre 
ces  parois  et  celles  du  cuvelage;  mais  quand  le  niveau 
est  bas,  comme  cela.se  présentait  à  Saînt-Vaast  (à  35"), 
il  y  a  économie  à  établir  la  galerie  plutôt  que  de  creusel* 
le  puits  sur  un  très-grand  diamètre. 

Lorsque  tous  les  tronçons  du  cuvelage  sont  placés  et 
qu'on  a  descendu  la  colonne  métallique  jusqu'à  peu  de 
distancé  du  fond,  il  est  bon  de  procéder  au  curage  du 
puits  avant  de  toucher  ;  car  il  peut  arriver  que  de  petits 
éboulements  se  produisent  pendant  la  descente  du  cu- 
velage, et  qu'il  se  dépose  sur  le  fond  du  puits  des 
débris  de  roche  qui  empêchent  le  sabot  de  la  botte  à 
mousse  de  s'asseoir  convenablement. 

Le  curage  peut  se  faire  avec  facilité  par  la  colonne 
centrale  au  moyen  d*un  instrument  à  charnières,  fig,  5j 
et  58,  PI.  III,  qui  est  fait  de  manière  à  racler  le  fond 
du  grand  puits,  et  à  faire  tomber  au  centre,  dans  le 
petit  trou  de  sonde,  tout  ce  qui  pourrait  s'y  être  dé- 
posé. 

On  peut  au&si  se  servir,  à  cette  fin,  des  înstru- 
lîients  dragiieurs  que  nous  avons  décrits  précédem- 
ment. 

Dès  que  le  curage  est  fait,  on  reprend  l'opération  de 
la  descente  de  la  colonne,  que  l'on  continue  avec  pré- 
caution, de  manière  que  le  sàbot  vienne  poser  douce- 
ment sur  le  fond  du  puits.  La  charge  du  cuvelage  aug- 
mente lentement,  à  mesure  qu'on  le  laisse  aller  et  que 
Teau  s'introduit  dans  l'intérieur  par  les  trous  de  la 
colonne  d'équilibre;  la  boîte  à  mousse  se  ferme  unî- 
formément  sur  tout  le  pourtour;  et  enfiû,  lorsque  toute 
là  charge  presse  dessus,  elle  se  serre  fortement.  Il  faut 
avoir  soin,  dans  ce  moment,  de  ne  pas  ababdouner  le 
cuvelage  à  lui-même,  de  crainte  qu'il  ne  se  jette  de  côté 
dans  l'espace  libre  où  il  se  trouve.  C'est  pour  évîtef  cet 


TRATAUX  UtCUTÉS  BU  BELGIQUE.  So5 

inconvénient  que,  à  Saint- Vaast,  nous  avons  attendu, 
pour  retirer  les  tiges  de  suspension,  que  le  bétontiàge 
mt  fait 

On  peut  d*aîlleurs  caler  le  cuvelage  à  sa  partie  supé- 
rieure en  fixant  trois  ou  quatre  pièces  cle  bois  du  dia- 
mètre du  puits  sur  le  collet  du  dernier  tronçon,  ainâi 
que  nous  Tavons  fait  à  Pèronnes;  on  parvient  également 
de  cette  manière  à  le  maintenir  vertical,  et  il  n'y  a  plus, 
dès  lors,  aucun  inconvénient  à  retirer  les  tiges  qui  peu- 
Vent  gêner  pour  la  suite  du  travail. 

L*opération  du  bétonnage  consiste  à  remplir  d'un     Béummmg^. 
mortier  hydraulique  1* espace  annulaire  laissé,  entre  la 
surface  extérieure  du  cuvelage  et  les  parois  du  puits, 
sur  toute  la  hauteur  de  ce  dernier. 

C'est  au  moyen  de  petites  caisses  de  forme  circulaire, 
dites  cuillers  de  bétonnage,  que  Ton  descend  le  béton 
dans  cet  espace  profond  et  étroit. 

Nous  allons  décrire  la  manière  dont  s'effectue  Topé- 
ration. 

Disons  d'abord  que  la  désignation  du  béton,  em- 
ployée dans  cette  circonstance,  est  assez  impropre  ;  car 
la  composition  du  mélange  employé  pour  faire  le  bé- 
tonnage en  fait  un  véritable  mortier.  Il  est  formé  de 
chaux  hydraulique,  de  sable  quartzeux,  de  trass  et  de 
ciment  anglais. 

Les  trois  premiers  éléments  constituent  utl  tnortier 
hydraulique  excellent;  l'addition  d'une  certaine  quan- 
tité de  ciment-médina  augmente  le  degré  de  durcisse- 
ment, et  paralyse  le  retrait  qui  pourrait  se  produire 
par  la  solidification  d'un  mortier  trop  balcareux. 

Il  y  a  ici  deux  écueils  à  éviter  :  ou  le  durcissement 
du  mortier  peut  se  faire  trop  rapidement,  auquel  cas 
il  ferait  prise  déjà  dans  )â  cuiller  qui  sert  à  le  des- 


5o6  PROCÉDÉ  KIND. 

cendre,  et  il  ne  se  lierait  pas  bien  avec  le  mortier  déjà 
placé;  ou  bien  le  durcissement  peut  ne  pas  se  faire 
assez  vite,  et  les  couches  successives  de  béton  que  Ton 
descendrait  derrière  le  cuvelage  formeraient  une  masse 
liquide  dont  les  éléments  pourraient  se  séparer  par 
l'action  de  la  pesanteur  qui  agirait  différemment  sur 
chacun  d'eux.  Cet  effet  pourrait  d'autant  plus  facile- 
ment se  produire  qu'il  faut  un  temps  assez  long  pour 
bétonner  sur  toute  la  hauteur  du  puits,  et  que  la  des- 
cente des  cuillers  met  constamment  en  mouvement  la 
masse  liquide.  Le  ciment  anglais  accélère  la  solidifica^ 
tion  du  béton,  tout  en  laissant  la  pâte  dans  un  état  qui 
permet  aux  mélanges  successifs  de  se  lier  les  uns  aux 
autres. 

Nous  avons  fait  un  grand  nombre  d'expériences  en 
petit  sur  les  mortiers  hydrauliques  obtenus  en  mêlant 
dans  diverses  proportions  la  chaux,  le  sable,  le  trass 
et  le  ciment.  La  composition  que  nous  avons  reconnue 
la  meilleure  et  que  nous  avons  adoptée  pour  le  béton- 
nage  de  Saint-Vaast  était  faite  comme  suit  : 

Chaux  hydraulique  de  Thfméon.  .  •  i  partie. 

Sable  de  Carnières i 

Trass  d'Andernach i 

Ciment  anglais  médina i/s 

La  chaux  employée  était  éteinte  par  aspersion ,  puis 
tamisée  avec  un  tamis  en  toile  métallique  à  mailles  très- 
serrées. 

Chaque  mélange  ou  pâté  était  formé  d'un  demi-hec- 
tolitre des  trois  premiers  matériaux  et  d'un  quart  d'hec- 
tolitre de  ciment 

Sur  un  plancher  bien  uni  et  préparé  à  cette  fin  à  côté 
du  puits,  on  mêlait  d'abord  à  sec  le  sable  et  la  chaux, 


TRATAUX  EXÉCUTÉS  EM  BELGIQUE.       ioj 

puis  on  y  ajoutait  le  trass  et  ensuite  le  ciment  Lorsque 
le  tout  avait  été  bien  remué  de  façon  à  rendre  le  mé- 
lange uniforme,  on  arrosait  doucement  en  agitant  de 
nouveau  toute  la  masse  à  grands  renforts  de  bras, 
jusqu'à  ce  qu'elle  formât  une  pâte  consistante  et  bien 
liée. 

Le  gâteau  ainsi  préparé  était  de^ndu  dans  un  bac, 
jusqu'à  la  tête  du  cuvelage,  où  se  faisait  le  remplissage 
des  cuillers  à  bétonner. 

Six  caisses  ou  cuillers  étaient  installées  sur  le  pour- 
tour du  puits  et  fonctionnaient,  soit  en  même  temps, 
soit  successivement,  de  manière  à  déposer  le  mortier 
en  six  points  différents  de  la  circonférence,  ce  qui  suf- 
fisait pour  remplir  uniformément  l'espace  annulaire. 
Il  y  avait  pour  les  six  cuillers  six  treuils  à  engrenages 
(n""  i)  placés  sur  le  plancher  de  la  charpente,  et  six 
autres  aux  treuils  (n""  2)  établis  à  l'orifice  du  puits.  Le 
service  de  chaque  cuiller  de  bétonnage  était  fait  par 
deux  treuils,  un  de.chaque  catégorie. 

La  caisse  ou  cuiller  de  bétonnage  {fig.  67  et  68, 
PI.  III)  présente  la  forme  d'un  parallélipipède  rectangle 
auquel  on  aurait  fait  subir  une  légère  courbure  ou  cin- 
trage, pour  faciliter  l'entrée  dans  l'espace  annulaire  à 
bétonner;  un  piston  est  emboîté  dans  cette  caisse  et 
peut  s'y  mouvoir  de  haut  en  bas.  Ces  caisses  sont  faites 
de  deux  tôles  minces  (3  millimètres  d'épaisseur)  fixées 
sur  deux  montants  en  bois  de  7  à  8  centimètres  d'é- 
quarrissage,  laissant  entre  eux  le  vide  qui  forme  la 
cuiller.  Un  demi- cercle  en  fer,  en  forme  d'anse  de 
panier,  est  assemblé  sur  les  montants  et  sert  à  por- 
ter, d'une  part ,  le  bout  taraudé  au  moyen  duquel  la 
cuiller  peut  se  visser  à  une  tige  de  suspension,  et, 
d'autre  part,  une  douille  qui  laisse  passer  la  tige  du 
piston. 


5o8  PROGÉDi  KIND. 

Lei^  tiges  de  suspension  qui  servent  à  descendre  ieà 
cuillers  sont  composées  de  diverses  parties,  réanîe» 
ensemble  comnie  des  tiges  de  sondage  ;  chaque  cuil- 
ler est  mise  en  mouvement  par  un  treuil  à  engrenage 
(n*  i)  placé  sur  le  plancher  de  la  charpente;  son  piston 
est  vissé  sur  une  autre  tige  portant  sur  une  glissière  ei 
terminée  à  sa  partie  supérieure  par  un  œillet,  dans  le- 
quel on  fait  passer  une  corde  qui  s'enroule  sur  un  treuil 
(n*  2)  placé  à  l'orifice  du  puits. 

La  manœuvre  des  appareils  se  fait  de  la  manière  sui- 
vante :  dès  que  la  cuiller  arrive  sur  le  plancher  de 
travail ,  tnonté  à  cette  fin  à  la  tête  du  cuvelage ,  on  la 
pose  debout  sur  ce  plancher,  de  manière  à  fermer  l'ori- 
fice inférieur  du  prisme  ;  on  retire  lé  piston  de  la  cuil- 
ler et  on  la  remplit  de  béton  avec  une  palette,  en  tas* 
âant  légèrement  ;  puis  on  remet  le  piston.  L'appareil 
est  alors  prêt  à  fonctionner.  On  commande  le  mouve- 
ment des  deux  treuils;  la  cuiller  descend  dans  l'es- 
pace annulaire  avec  la  tige  de  suspension  décrite 
ci-dessus  ;  la  corde  attachée  au  pislon  descend  de 
même,  et  lorsque  la  cuiller  arrive  à  fond,  on  secoue 
le  piston  en  imprimant  à  son  treuil  un  mouvement  de 
va-et-vient  qui ,  répété  pendant  quelques  instants,  suf- 
fit pour  vider  la  cuiller.  On  remonte  ensuite  l'appa- 
reil sur  le  plancher  de  travail  et  l'on  recommence  l'opé- 
ration. 

La  glissière  placée  sur  la  tige  du  piston  a  pour  effet 
de  rendre  les  coups  plus  violents  par  le  choc  que  pro- 
duit, à  chaque  oscillation,  la  partie  supérieure  de  cette 
tige  qui  vient  frapper  sur  la  partie  inférieure. 

Nous  ferons  remarquer  que  la  cuiller,  en  descen- 
dant ,  est  obligée  d'entititoer  avec  elle  le  piston  ;  on 
prend  soin,  dans  ce  but,  lorsqu'on  replace  ce  dernier 
dans  la  caisse,  de  fixer  à  sa  tige  un  petit  clou  d'arrdt  (0) 


TftAYAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  5og 

qui  ûe  lui  pef  mette  plus  d'en  sortir.  Cette  précaution  est 
nécessaire  pour  que  la  réussite  de  chaque  opération  ne 
puisse  pas  être  compromise  par  un  ralentissement  dans 
là  marche  du  treuil  n""  2 . 

Les  tiges  de  suspension  des  ctlillers  n^ont  que 
2  1/2  centimètres  d'équarrissage;  néanmoins,  il  fallait 
quatre  homrhes  au  treuil  n^  1  pour  le  service  de  chaque 
cuiller;  le  treuil  du  piston  (n*  2)  ne  demandait  que 
deux  hommes. 

Les  cuillers  employées  d'abord  avaient  2  mètres  de 
hauteur,  o",90  de  longueur  et  o",ii  de  largeur,  et 
f)buvaient  contenir  o"SlAo  de  mortier. 

La  difficulté  qiie  ces  grandes  caisses  présentaient  à  la 
manœuvre,  les  à  fait  remplacer  par  de  plus  petites , 
ayant  i^jSo  de  hauteur,  o",8o  de  longueur  et  o'",o7  de 
largeur  i  la  capacité  de  ces  dernières  est  d'environ 
60  litres. 

Le  poids  des  grandes  cuillers  était  d'environ  4oo  kil. , 
et  celui  des  petites  de  Soo  kil.,  y  compris  le  piston  muni 
de  sa  tige ,  de  sa  glissière  et  d*une  tige  de  battage  de 
g  mètt-es  de  longueur.  11  seta  facile  de  calculer  lé  poids 
de  rappàfeil  à  toute  proforideur,  en  y  ajoutant  la  lon- 
gueur correspoUdanté  dés  tigeë  de  sUspensioU. 

Nous  avons  dit  que  les  six  cuillers  placées  sul*  le 
puits  pouvaient  nlanœuvrer  toutes  ensemble  ou  bieti 
successivement  Tune  après  Tàulre }  c'est  qu'en  effet  le 
service  de  fchaque  cuiller  exigeant  sept  ouvriers ,  six 
aut  treuils  et  le  septième  pour  remplif  la  baissé  de 
mortier,  il  aurait  fallu  1-éunir  uûe  cinquantaine  de  ma- 
nœuvres pour  faire  marcher  touS  \eé  appareils,  eti  y 
comprenant  le  personnel  occupé  au  tamisage  de  la 
chaux  et  celui  qui  composait  les  mélaiiges  et  préparait 
le  mortier.  C'est  à  cause  de  la  difficulté  dé  trouver  au- 
tant d'ouvriers,  surtout  pour  un  ffayail  de  quelques 


5 10  PROCÉDÉ  KIND. 

semaines,  que  nous  nous  sommes  borné  à  faire  fonc- 
tionner seulement  trois  appareils  en  même  teaips;  on 
prenait  successivement  trois  cuillers  équidistantes. 
Gela  ne  présentait  d'autre  inconvénient  que  de  ralentir 
la  marche  de  l'opération. 

Nous  ferons  une  remarque  à  cette  occasion,  c*est 
que,  en  thèse  générale,  il  est  bon  de  multiplier  le  plus 
possible  le  nombre  d'appareils  de  bétonnage  à  mettre 
en  activité  sur  le  pourtour  du  puits ,  afin  que  le  béton 
ne  soit  presique  pas  mis  en  mouvement  lorsqu'il  est 
déposé,  et  que  l'espace  annulaire  se  remplisse  unifor- 
mément. Dans  le  cas  où  nous  nous  trouvions,  le  puits 
ayant  une  douzaine  de  mètres  de  circonférence,  l'es- 
pace libre  entre  deux  cuillers  ne  dépassait  guère  un 
mètre. 

En  vue  d'accélérer  la  marche  du  bétonnage  ou  de 
réaliser  quelques  économies,  l'idée  pourrait  venir  de 
jeter  le  béton  dans  l'excavation  qu'il  s'agit  de  remplir, 
en  se  plaçant  à  la  tète  du  cuvelage  ;  ce  sera  là,  pensons- 
nous  ,  un  moyen  de  faire  manquer  le  but  que  l'on  se 
propose  en  bétonnant ,  à  savoir  de  former  derrière  le 
cuvelage  une  masse  compacte  et  sen*ée,  formant  en 
quelque  sorte  un  second  revêtement  imperméable.  En 
eifet,  si  l'on  se  contentait  de  jeter  le  béton  au  lieu  de  le 
descendre  doucement  à  la  cuiller,  il  pourrait  se  for- 
mer, sur  la  hauteur  de  Tespace  annulaire,  des  engor- 
gements qui  laisseraient  au-dessous  d'eux  des  vides 
plus  ou  moins  grands,  et  que  l'on  ne  parviendrût  ja- 
mais à  remplir  qu'imparfaitement ,  même  en  battant 
avec  des  pilons.  Il  est  probable  aussi  que  le  mortier  se 
décomposerait  en  grande  partie  avant  d'arriver  au  fond 
de  l'excavation,  c'est  à-dire  que  la  chaux,  le  sable  et  ]p 
trass  se  sépareraient  par  ordre  de  densité,  pour  ne  plus 
former  qu'une  masse  inerte  et  sans  résistance* 


TEÂVAUX  EXÉG0TÉ8  EN  BELGIQUE.  Ôll 

Nous  [ne  conseillons  pas  non  plus  de  chercher  à 
remplacer,  par  Taction  d'une  machine  à  vapeur,  le  ser- 
vice des  manœuvres  employées  à  faire  le  bétonnage; 
car  il  faut  modifier  les  mouvements  à  tout  instant ,  ce 
qu'il  est  difficile  d'obtenir  à  la  machine.  Au  surplus,  la 
dépense  en  main-d'œuvre  occasionnée  par  le  béton- 
nage  n'est  pas  extrêmement  importante  »  ainsi  qu'on 
aura  l'occasion  de  le  voir  ci-après. 

Afin  d'augmenter  encore,  s'il  était  possible,  lastabi*  Anertigê 
lité  du  cuvelage  en  fonte  que  nous  avons  établi  à  Saint-  ^duaî^ia!^ 
Vaast,  et  surtout  pour  le  mettre  à  même  de  supporter, 
sans  se  démanteler,  les  tassements  de  terrain  qui  pour- 
raient se  produire ,  soit  par  l'approfondissement  du 
puits  au-dessous  de  la  partie  cuvelée ,  soit  par  toute 
autre  circonstance,  nous  avons  armé  le  revêtement,  à 
sa  partie  supérieure,  d'un  ancrage  très-solide,  dont 
nous  allons  donner  la  description.  La  fig,  56,  PL  III, 
représente  cette  construction. 

D'une  part,  entre  les  collets  d'assemblage  des  deux 
derniers  tronçons  à  la  tête  du  cuvelage ,  et ,  d'autre 
part,  entre  les  collets  de  cette  avant-dernière  pièce  et  de 
la  suivante,  on  a  boulonné  deux  plateaux  circulaires  en 
fonte,  formant  une  saillie  de  0^,50  à  Textérieur  du  re-  - 
vêtement 

Le  premier  plateau  a  été  placé  d'abord,  après  qu'on 
lui  eut  préparé  une  bonne  assise  en  maçonnerie,  ce  qui 
nécessitait  naturellement  un  élargissement  du  puits  en 
cet  endroit  ;  on  a  monté  ensuite  une  maçonnerie  pleine, 
sur  ce  premier  plateau ,  jusqu'au  niveau  où  devait  se 
placer  le  second  ;  on  a  enfin  placé  ce  dernier,  puis  on  a 
rempli  toute  l'excavation  au-dessus  de  ce  second  pla- 
teau, et  l'on  a  resserré  la  masse  contre  le  terrain.  Pour 
rendre  les  deux  plateaux  solidaires,  et  par  conséquent 
l'ancrage  plus  solide,  on  les  a  réunis  par  huit  boulons  ou 


S] 9  MO€ÉDÉ  KBID. 

tirants  de  o*,o4  de  dimètre,  lépartis  flor  le  pamtour 
dtt  puitf  ;  ces  booloos  sont  noyés  daoa  U  maçMmwic 
qui  sépare  les  deux  plateaux. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  que ,  pour  Fexéeadon 
de  ce  travail  d'ancrage ,  il  fallait  que  le  dessus  du  es- 
vêlage  se  trouvât  hors  de  Teau  ;  c'est  qu'en  eflRei  les 
deux  derniers  tronçons  (3  mètres  de  hauteur)  sont  au- 
dessus  de  la  ligne  ordinaire  du  niveau ,  et  l'on  prend 
généralement  cette  précaution  dans  l'étaMissenieBi  des 
cuvelages,  pour  éviter  que  Teau  ne  passe  au  dessus  an 
revêtement  dans  les  moments  de  crues,  c'est-à-dire 
quand  les  niveaux  montent 

On  comprendra  aisément,  d'après  la  description  qui 
précède,  l'utilité  du  travail  de  consolidation  :  le  cuTe- 
lage,  étant  suspendu  par  son  extrémité  supérieure,  se 
trouve  dans  l'impossibilité  de  subir  aucun  mouve- 
ment sans  ébranler  la  masse  du  terrain  sur  lequel 
les  plateaux  sont  assis ,  ce  qui  parait  difficile.  II  arri- 
verait plutôt,  selon  nous,  que  les  plateaux  et  les  col- 
lets d'assemblage  céderaient  à  la  force  qui  tendrait  i 
faire  descendre  le  cuvelage  ;  mais  refTort  qui  nécessi- 
terait la  rupture  de  ces  pièces  serait  trés-consîdérable , 
ainsi  qu'il  sera  facile  de  s'en  assurer  par  le  calcul  des 
résistances. 

L'ancrage  nous  parait  utile,  surtout  lorsqu'on  é^ 
blit  un  premier  cuvelage  pour  repousser  les  niveaux 
supérieurs,  et  que  l'on  prévoit  devoir  rencoutrer  plus 
tard  des  terrains  peu  cpnsistants,  des  sables  bqula,Dt89 
par  exemple ,  ou  des  argiles  sableuses  plus  ou  mo^ns 
friables;  c'est  là  le  cas  qui  se  pf-ésentsgit  ^  QOtre  puits  de 
Saint-Vaast. 

^*»«^«        Enfin,  il  est  une  dernière  (opération  dont  bou»  avMS 
à  nous  occuper,  c  est  celle  du  dépaontage  d^  ^ppuefis 


TRATAtri   ÈXJÎGUTÉS  EN  BELCIQtS.  5l3 

ayant  servi  à  la  descente  du  cuvelage,  savoir  r  les  tiges 
de  suspension,  le  fond  et  le  tube  d'équilibre. 

Les  tiges  de  suspension  peuvent  être  retirées  sans 
qu'il  soit  besoin  de  pomper  Teau  qui  se  trouve  dans  le 
cuvelage  :  en  effet,  si  Ton  se  reporte  à  la  description 
que  nous  avons  donnée  précédemment,  on  remarquera 
que  ces  tiges  ne  sont  retenues  au  cercle  de  support 
que  par  des  écrous  vissés  à  leurs  extrémités.  Or  ces 
écrous  sont  filetés  en  sens  inverse  des  vis  d'assem- 
blage des  tiges ,  de  telle  sorte  que  si  l'on  fait  tourner 
ces  dernières ,  en  se  plaçant  à  Torifice  du  puits ,  on 
parvient  à  dévisser  les  écrous  et  à  rendre  les  tiges 
tout  à  fait  libres  ;  on  les  retire  ensuite  en  les  démon- 
tant pièce  par  pièce,  comme  s'il  s'agissait  d'une  tige  de 
sondage. 

Nous  n'avons  éprouvé  dans  nos  travaux  aucune  diffi- 
culté pour  exécuter  cette  manœuvre. 

Quant  au  fond  et  au  tube  d'équilibre,  on  ne  peut  les 
retirer  qu'après  que  les  dernières  opérations  destinées 
à  rendre  le  cuvelage  étanche  sont  terminées,  alors  que 
l'on  peut,  sans  inconvénient,  enlever  l'eau  qui  se  trouve 
dans  le  puits. 

Le  fond  est  formé  de  deux  parties ,  ainsi  que  nous 
Tavons  dît  :  la  calotte  sphérique ,  d'un  diamètre  plus 
petit  que  l'intérieur  du  cuvelage,  et  le  rebord  plat,  qui 
est  boulonné,  d'une  part,  à  la  calotte,  et,  d'autre  part, 
à  l'un  des  collets  du  cuvelage.  La  partie  plate,  est 
formée  de  six  pièces  assemblées  entre  elles,  et  11 
suffit  de  les  déboulonner  pour  rendre  libre  tout  l'aj)- 
pareil.  Si  l'on  n'enlève  qu'une  pièce  à  la  fois,  on 
peut  sans  inconvénient  remettre  de  nouveaux  boulons 
au  joint  du  cuvelage,  sans  que  celui*ci  puisse  être 
dérangé. 

C'est  ici  le  moment  de  rencontrer  une  objection  que 


5l4  PROCÉDÉ   KIND. 

l'on  a  faite,  contre  l'emploi  de  notre  appareil  d' équili- 
bre pour  descendre  le  cuvelage.  On  a  prétendu  que, 
dans  le  cas  de  non-réussite  du  jiravail,  il  serait  difficile, 
si  pas  impossible ,  de  retirer  le  fond  et  le  tube.  Cette 
objection  est  spécieuse;  car  si,  après  avoir  exécuté  un 
puits  en  niveau  par  nos  procédés,  on  n'était  pasparveno 
à  le  rendre  étanche,  il  serait  nécessaire  de  parfaire  le 
travail,  en  ayant  recours  à  une  machine  d*exhaure  pour 
battre  les  eaux,  et  aller  poser  une  ou  plusieurs  trousses 
à  picoter  au-dessous  de  la  base  du  cuvelage  ;  or,  puis- 
qu'il faut  alors  enlever  par  la  force  les  eaux  qui  se 
trouvent  dans  le  puits  et  le  rendre  ainsi  accessible ,  il 
n'y  a  rien  qui  puisse  s'opposer  à  ce  qu'on  démonte 
l'appareil  d'équilibre.  Il  est  vrai  que,  dans  le  cas  spé- 
cial qui  s'est  présenté  à  notre  puits  de  Saint-Vaast,  le 
fond  d'équilibre  a  mis  obstacle  à  la  nuirche  du  travail; 
mais  .c'est  qu'il  y  avait  là  impossibilité  d'avoir  recours 
aux  procédés  ordinaires  pour  continuer  l'avaleresse ,  à 
cause  de  la  présence  des  terrains  ébouleux  qui  ensa- 
blaient les  pompes  dès  qu'on  voulait  épuiser  l'eau  ;  ces 
sables  provenaient  d'un  trou  de  sonde  que  l'on  avait 
malheureusement  foré  au  fond  du  puits.  D'ailleurs , 
même  dans  cette  circonstance,  l'obstat^le  n'a  pas  été 
invincible  ;  car  nous  sommes  parvenu  à  briser  au  trépan 
le  pourtour  de  la  calotte,  c'est-à-dire  le  plateau  qui  la 
réunit  au  cuvelage ,  et  celle-ci ,  devenue  libre ,  pourra 
être  retirée  tout  entière  ;  les  morceaux  de  fonte  prove- 
nant du  bris  des  pièces  seront  aussi  très-facilement 
extraits  au  moyen  du  grapin. 


THAYAUX   EXÉCUTÉS  KN  BELGIQUE.  5l5 


CHAPITRE  IV. 

PARTICULARITÉS    RELATIVES  AU  TRAVAIL  DU  PUITS  SAINTE-XARll 

DE  PÉRONIIES. 

Les  diverses  considérations  générales  que  nous  avons 
présentées  sur  le  procédé  suivi  pour  l'établissement  du 
puits  de  Saint- Vaast,  peuvent  s'appliquer  au  travail  du 
puits  d'aérage  que  nous  avons  exécuté  à  Péronnes.    . 

Nous  nous  bornerons  à  consigner  ici  quelques  dé- 
tails spéciaux  sur  ce  dernier  travail. 

Le  terrain  bouiller  se  trouve  en  cet  endroit  à  la  pro- 
fondeur de  107 mètres,  et  la  tète  de  niveau  à  43  mètres. 
A  la  base  des  marnes  et  silex,  qui  constituent  la  plus 
grande  partie  des  morts-terrains  ^  il  se  trouve  4  ^ 
5  mètres  d'argile  compacte  avec  rognons,  que  les  mi- 
neurs de  la  localité  désignent  sous  le  nom  de  tourtia^ 
mais  qui  est  bien  plutôt,  selon  nous,  ce  que  Ton  appelle 
au  Borinage  les  fortes-toises. 

C'est  dans  ce  terrain ,  qui  ne  renferme  pas  d'eau 
et  qui  est  imperméable ,  que  nous  avons  placé  la  base 
de  notre  cuvelage  en  fonte,  à  la  profondeur  de 
loS'^fao,  c'est-à-dire  à  une  couple  de  mètres  du  scbiste 
bouiller. 

Nous  nous  sommes  réservé  sdnsi  le  moyen  d'établir 
au  besoin  une  ou  deux  trousses  picotées  au-dessous  de 
la  base  du  cuvelage,  ce  qu'il  pourrait  être  dangereux 
de  faire  dans  le  terrain  bouiller  proprement  dit,  où  l'on 
rencontre  souvent  des  fissures  qui  compromettraient 
des  travaux  de  ce  genre. 

Le  puits  d'aérage  de  Sainte-Harie  a  été  creusé  au  Fange  dupmn. 
diamètre  du  2"',32.  On  a  foré  d'abord  un  trou  de  sonde 
de  l'^jSy  -,  puis  on  a  élargi  à  la  dimension  voulue. 
Tome  XVIII,  1860.  3/^ 


5l6  PROCÉDÉ  laND. 

Contrairement  à  ce  qui  s'est  fait  à  Saint-Vaast  et  par- 
tout ailleurs  où  H.  Rind  avait  établi  des  sondages  à 
grande  section,  on  a  procédé  à  l'élargissement  du  puits 
préparatoire,  chaque  fois  que  Ton  avait  avancé  ce  der- 
nier d'une  dizaine  de  mètres,  c'est-à-dire  que  le  grand 
forage  suivait  toujours  le  petit,  sauf  à  laisser  à  ce  der- 
nier une  avance  minimum  de  5  mètres  pour  le  guidon- 
nage  des  outils.  Cette  manière  de  procéder  présente 
des  avantages  notables  au  point  de  vue  économique* 
ajmsi  que  nous  l'avons  exposé  précédemment. 

Nous  avons  aussi  simplifié  de  beaucoup  la  construc- 
tion de  la  tour  de  sondage ,  qui  avait  coûté  fort  cher 
dans  les  travaux  antérieurs.  Cette  dépense  était  ici  d'au- 
tant plus  inutile  que ,  dans  le  cas  spécial  d'un  puits 
d'aérage,  une  tour  en  maçonnerie  ne  pourrait  pas  être 
utilisée  comme  bâtiment  d'extraction. 

La  baraque  de  sondage  de  Péronnes  se  composait 
uniquement  de  quatre  montants  en  bols,  de  g  mètres 
de  hauteur,  réunis  à  leur  partie  supérieure  par  un  en- 
cadrement sur  lequel  était  placée  la  poulie  de  belle- 
fleur.  Deux  poutres  de  i  s  mètres  de  longueur  et  de 
o^fAS  d'équarrissage  avaient  été  montées  à  3  mètres  du 
sol,  sur  des  piliers  en  bois  boulonnés  aux  montants  de 
la  baraque ,  et  c'est  sur  ces  deux  pièces  qu'on  avait 
placé  le  chemin  de  fer  de  service.  Mais  pour  que  cette 
construction  peu  élevée  permît  de  faire  les  manœuvres, 
nous  avions  creusé  le  puits  jusqu'à  lo  mètres  du  sol 
au  diamètre  de  4  mètres ,  et  l'on  avait  placé  à  cette 
profondeur  le  plancher  de  travail  des  ouvriers  du  son- 
dage. De  plus,  au  moyen  d'une  excavation  latérale  faite 
dans  le  terrain  jusqu'à  5  mètres  du  sol ,  on  avait  rega- 
gné l'espace  nécessaire  pour  faire  rouler  les  outils ,  le 
trépan,  la  cuiller,  etc.,  ainsi  que  cela  doit  se  faire 
souvent  dans  le  cours  du  travail. 


nUVAUX  fiZÉGUTÉB  EN  BELGIQUE.'  617 

Quant  aux  machines  à  vapeur»  nous  les  avions  instal- 
lées sur  les  fondations  d'un  ancien  bâtiment ,  qui  se 
trouvait  i  côté  de  l'emplacement  du  sondage. 

Les  outils  dont  on  a  fait  usage  pour  le  forage  du 
puits  de  Péronnes  sont,  pour  la  plus  grande  partie, 
les  mêmes  que  ceux  employés  à  Saint-Vaast  :  le  petit 
trépan  de  i'',57,  la  euiller  de  draguage*  la  gliêsière, 
les  tigeê  en  bois  ^l^  vis  de  rappel ,  le  balancier^  le  cylm- 
ére^altéur  et  même  la  machine^abestan  »  tels  que  nous 
les  avons  décrits  dans  le  premier  chapitre  de  ce  mé- 
moire. 

L'outil  élargisseur  de  s*°,&s  de  diamètre,  était  un 
petit  trépan^  dont  on  avait  allongé  la  lame.  U  était 
armé  de  guides  en  bois  placés  dans  le  sens  vertical  et 
qui,  pendant  le  travail  du  forage,  pénétraient  de  o"*,70 
à  o"',75  dans  le  puits  préparatoire,  de  msniëre  à  diri- 
ger la  marche  de  l'outil ,  ce  qui  était  utile  pour  que  le 
puits  fût  percé  d'aplomb«  Ces  guides  verticaux  étaient 
tout  simplement  quatre  longues  pièces  de  sapin  boulon- 
nées aux  guides  horizontales  et  à  la  la  lame  du  trépan, 
et  placées  de  manière  à  toucher  en  quatre  points  de  la 
circonférence  du  petit  puits* 

Pendant  la  première  période  du  travail  »  dous  avions 
&it  usage  du  grand  irépaH  sans  ces  guides  en  bois  <  et 
nous  avons  remarqué ,  après  un  certain  laps  de  temps, 
que  le  puits  avait  dévié  de  la  verticale  d'environ  o",4o 
sur  une  hauteur  de  lo  à  is  mètres.  Cette  déviation 
avait ,  sans  doute ,  pour  cause  la  différence  de  dureté 
que  présentaient  les  roches  sur  les  divers  points  des 
parois  du  puits  ;  la  nature  des  terrains  siliceux  (rabots) 
est  en  effet  fort  hétérogène  :  des  blocs  do  silex  doivent 
être  taillés  d'un  cété  du  puits,  tandis  que  de  l'autre,  on 
se  trouve  souvent  dans  des  marnes  assez  tendres. 

L'outil  élargisseur  portait  aussi  une  lame  supérieure, 


5l8  PROCÉDÉ  KIND. 

avec  dents  repasseuses ,  et  deux  guides  horizontanx 
placés  en  croix  comme  celles  que  Ton  adapte  aa  p^ît 
trépan  ;  la  seule  différence  que  cela  présentait  ici,  c'est 
qne  l'un  de  ces  guides  en  croix  était  mobile,  de  huh 
nière  à  pouvoir  se  placer  parallèlement  à  l'autre»  lors- 
qu'on devait  faire  sortir  l'outil  et  le  passer  au  plancher 
de  manœuvre.  Pour  le  maintenir  en  croix  pendant  le 
travail  du  sondage,  on  avait  fixé  à  ces  guides  une 
verge  à  crochets ,  qui  lesr  rendait  immobiles  l'une  par 
rapport  à  l'autre. 

Nous  croyons  inutile  de  reproduire  encore  le  dessin 
du  grand  trépan  employé  à  Péronnes ,  cet  outil  étant 
en  tout  semblable  à  ceux  que  nous  avons  décrits  pour 
le  travail  de  Saint-Vaast;  on  se  figurera  d'ailleurs, 
d'après  ce  que  nous  avons  dit,  la  manière  dont  les 
guides  verticaux  étaient  fixés  à  cet  outil,  et  c'est  là  la 
seule  particularité  qu'il  présentait. 

Le  puits  d'aérage  de  Sainte-Marie  a  été  établi  sur 
une  avaleresse  que  l'ancienne  Société  de  Péronnes  avait 
abandonnée  à  la  tète  du  niveau ,  soit  à  43  mètres  de 
profondeur. 

Le  forage  a  été  commencé  à  partir  de  ce  point  ;  le 
puits  préj^aratoire  de  l'^yS? ,  a  été  poussé  jusqu'à 
io8"',so  de  profondeur;  l'élargissement  s'est  arrêté 
à  loS'^yao. 

Le  travail  du  forage,  mis  en  activité  le  97  juin  1869, 
suivit  une  marche  régulière  jusqu'au  5o  août  suivant. 
On  s'aperçut  alors  que  le  puits  avait  dévié ,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  ci-dessus ,  et  il  fallut  en  redresser  les 
parois ,  ce  qui  occasionna  une  perte  de  temps  de  trois 
ou  quatre  semaines.  Le  travail  reprit  ensuite  son  cours 
ordinaire,  et  tout  le  forage  était  presque  terminé  lors- 
que, le  2 g  janvier  1860,  un  accident  très-grave  nous 
força  d'arrêter  :  la  partie  supérieure  de  la  maçonnerie 


TRAVAUX  EXÉCUTÉS  £N  BELGIQUE.  SlQ 

du  puits  s'était  écroulée»  et  les  outils  de  forage  étaient 
tombés  au  fond  de  l'avaleresse ,  où  ils  avaient  été  brisés 
et  recouverts  de  8  à  9  mètres  de  décombres. 

Nous  ferons  connaître,  dans  l'extrait  de  notre  journal 
des  travaux,  les  détails  relatifs  à  cet  accident,  qui  était, 
du  reste,  tout  à  fait  indépendant  du  procédé  suivi  pour 
le  travail ,  et  nous  indiquerons  les  moyens  de  sauve- 
tage employés  à  cette  occasion. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  après  trois  mois  d'interruption, 
on  put  reprendre  le  forage ,  qui  fut  terminé  le  4  juin 
de  cette  année. 

Le  tableau  suivant  fait  connaître  l'effet  utile  obtenu 
pendant  les  diverses  périodes  de  l'opération. 


psOQËDt  tmo. 


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II 

8*. 


TBATAUX  OlQITTftl  M  BELGIQUE.  i%t 

iM  mvelAgi  du  pxAts  d'aémge  de  Péroniiea  tat  entià^  Cuneiagê. 
rclliefit  es  fente  ;  il  est  formé  de  trente  et  un  troaçond 
ejfliDdriqueâ  de  s  mètres  ^  formant  engemblâ  une  eo* 
lonue  de  64  mëtrea  de  hauteur,  non  compris  la  botte  i 
mousse*  Ces  cylindres  sont  construits  comme  ceux  em- 
ployés à  Saint-» Vaast ,  c'est-à-dire  coulés  d  une  seule 
pièce,  AVeedes  colleta  à  l'intérieur  pour  servir  à  leb 
assembler.  Entre  les  collets  de  chaque  pièce ,  il  y  i^ 
aussi  à  r  intérieur  de  petites  nervures  horijsontaletf 
destinées  à  le^  renforcer. 

Les  tronçona  ont  a  mètrea  de  diamètre  extérieu- 
rement ^  et  i%8o  à  l'intérieur  dea  oolleta  d'aaaem« 
blage* 

Lea  coUnta  ont  une  épaiaseur  minimum  de  5  cénti» 
mètres  et  font  aaillie  de  7  centimètrea  à  l'intérieur  du 
cuvelage  ;  ils  sont  percéa  de  vingt-cinq  troua  de  bou^ 
lôtiS,  de  8  eentimètrea  de  diamètre  «  aur  le  pourtour  de 
la  ciroonférence,  ce  qui  porte  i  sa  centimètrea  l'eapaca 
des  trdui  de  centre  à  ôentre. 

Lea  jointe  ont  été  faite ,  comme  ft  Sainte Vaaat ,  de 
btfnelles  de  plomb  de  9  millimètres  d'épaisseur  et  de 
1 1  centimètres  de  largeur  ^  on  les  serrait  avec  force  au 
moyen  de  boulons  «  puis  on  rematait  le  joint  à  Tinté* 
rieur  et  à  l'extérieur  du  cuvelage.  On  prenait  soin  de 
mettre  une  couche  de  minium  au-dessoua  et  aU- 
dessus  de  cette  lamelle  de  plomb ,  pour  boucher  les 
petites  défectuositéd  qui  auraient  pu  exiate^  dans  les 
eolleta. 

Lea  piècea  de  cuvelage  oilt  été  tournées  aiAsi  sur  un 
mandrin  libre  dea  deux  côtés  1  ce  qui  permettait  de 
raboter  les  deux  collets  en  même  temps  et  dans  des 
plans  parallèles ,  chose  tout  à  fait  indispensable  »  ainsi 
que  nous  l'avons  déjà  dit  précédemment. 

Quant  à  l'épaisseur  des  parois,  on  a  divisé  la  colonne 


522  PROCÉDÉ  KDID. 

en  trois  parties  :  la  première,  poor  la  base  du  cuvdage, 
formée  de  dix  pièces  dont  Tépsûsseur  est  de  5o  nodlli- 
mètres;  la  seconde,  de  dix  autres  pièces  de  27  milli- 
mètres ,  et  la  troisième,  de  1 1  pièces  de  2  5  millimètres. 

Le  poids  de  chaque  pièce  était ,  en  moyenne  »  pour 
la  première  série  de  3.  i5o  kil.,  pour  la  seconde  série 
de  2.821  kil.,  et  pour  la  troisième  de  2.200  lui.  ;  ces 
dernières  n'avaient  pas  tout  à  fait  les  dimensions  vou- 
lues; elles  ont  été  coulées  un  peu  plus  faibles  qu'on 
ne  l'avait  demandé. 

Toutes  ces  pièces  ont  été  éprouvées  à  une  pression 
extérieure  de  1 8  atmosphères  pour  les  plus  fortes ,  et 
de  8  atmosphères  pour  les  plus  faibles  ;  aucune  d*elles 
n'a  laissé  apercevoir  la  moindre  défectuosité.  L'une  des 
pièces  supérieures  ayant  été  cassée  par  le  décharge- 
ment, nous  l'avons  même  fait  essayer  tout  spéciale- 
ment à  une  pression  supérieure ,  et  il  n'a  été  constaté 
aucun  suintement  par  la  fissure  de  1 1  à  1 5  cenUmètres 
de  longueur  qu'elle  portait  près  d'un  de  ses  collets. 

L'épreuve  se  faisait  dans  une  cuve  en  fonte ,  dont 
les  parois  avaient  4  centimètres  d'épaisseur,  et  qui  a 
toujours  supporté  intérieurement  les  pressions  les  plus 
fortes  sans  subir  aucune  détérioration. 

Nous  renverrons  pour  les  détails  relatifs  à  l'appareil 
d'essai,  à  ce  que  nous  avons  dit  en  parlant  des  travaux 
de  Saint-Vaast. 

Le  poids  total  du  cuvelage  de  Péronnes ,  y  compris 
la  boite  à  mousse ,  les  boulons  d'assemblage ,  etc. ,  est 
d'environ  90.000  kil.  Il  a  été  construit  dans  les  ateliers 
de  MM.  Delebèque  et  compagnie  à  Baume,  pour  le  prix 
de  2 1  francs  les  1 00  kil. ,  à  charge  par  eux  de  tourner 
les  collets  et  de  transporter  les  pièces  à  pied  d'œuvre. 
On  fabriquait  ordinairement  trois  pièces  chaque 
maine. 


TRATAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  5s3 

Le  tronçon  inférieur  de  cuvelage  a  été  coalé  avec  ^  ^ 
un  rebord  extérieur  en  fonte  faisant  saillie  de  o^^^iG; 
ce  rebord  est  Tune  des  parois  horizontales  de  la  boite 
à  mousse.  Un  cylindre  en  fonte ,  de  2  mètres  de  hau- 
teur et  de  i^'sgo  de  diamètre  extérieur,  forme  la  paroi 
verticale  de  la  boite;  l'épaisseur  de  ce  cylindre  est 
de  3  centimètres  ;  il  n'a  pas  de  collets,  mais  seulement 
quatre  petites  oreilles  destinées  à  le  suspendre  au 
moyen  de  tiges.  La  paroi  horizontale  inférieure  de 
ladite  boite  est  formée  par  un  encadremeift  en  bois  de 
chêne  (sabot)  composé  de  douze  pièces  placées  en 
polygone  régulier,  et  fixées  à  la  base  du  cylindre  en 
fonte ,  chacune  au  moyen  de  deux  boulons  à  tète  per- 
due. Ces  pièces  ont  o'",3o  de  hauteur  et  o^'.iG  de  lar- 
geur. Enfin  la  paroi  verticale  extépeure  de  la  boite 
était  représentée  par  un  filet  de  pécheur,  à  mùlles 
très-serrées,  et  bien  tendu. 

Le  cylindre  était  entré  dans  le  premier  tronçon  du 
ouvelage  de  o",20  environ,  lorsque  la  boite  à  mousse 
fut  suspendue  ;  cette  dernière  avait  donc  l'^fôo  de  hau- 
teur et  0"",  1 6  de  largeur  annulaire,  ce  qui  représentait 
une  capacité  de  1  i/*i  mètre  cube. 

On  a  bourré  dans  cet  espace  45  hectolitres  de  mousse, 
pour  former  le  matelas,  c'est-à-dire  que  cette  dernière 
était  déjà  comprimée  assez  fortement  et  réduite  au 
tiers  de  son  volume  primitif,  avant  la  descente  dans 
l'eau. 

La  boite  à  mousse  passait  facilement  sans  frotter  le 
long  des  parois  du  puits  ;  on  avait  pris  la  précaution 
que  nous  avons  signalée  ailleurs,  de  rétrécir  la  partie 
inférieure  du  forage,  afin  que  la  mousse  touchât  légè- 
rement dans  l'espace  où  la  boite  devait  entrer. 

La  mousse  en  se  serrant  par  la  compression  du  cuve- 
lage n'a  conservé  que  le  cinquième  de  sa  hauteur  pri- 


6i4  pBodM  m». 

nitlve,  Boit  0*^,30 1  elle  est  dono  réduite  m  quinààme 
de  son  volume^ 

Au  moment  de  toucher  le  fond  avec  le  cuvelage,  un 
fût  important  s'est  produit  et  qui  permit  de  bien  augu- 
rer de  Teilet  de  la  botte  à  mousee  :  dès  que  cette  der- 
nière fut  à  peu  près  fermée  par  la  descente  du  cuvelage, 
la  communication  des  niveaux  avec  la  colonne  d'équi- 
libre fut  subitement  interceptéei  et  il  fallut  recourir 
à  un  moyen  auxiliaire  pour  continuer  à  remplir  le 
euvelage  qui  était  encore  vide  sur  une  hauteur  de 
1 6  mètres. 
ûu^t^e        Le  fond  d'équilibre  employé  pour  descendre  le  euve- 
lage de  Péronnes  d' était  composé  que  de  deux  parties, 
boulonnées  ensemble  et  pouvant  se  démonter  avec  fa- 
cilité ;  cette  pièce  était  en  fonte  et  avait  la  forme  d'une 
ealotte  sphérique,  avec  rebord  horizontal  extérieur  pour 
l'assembler  aux  collets  du  euvelage* 

La  colonne  centrale  a  été  formée  de  tuyaux  de 
pompes  en  tôle,  de  8  mètres  de  hauteur  et  de  o'^tAo  ^ 
diamètre^ 

Pour  descendre  le  euvelage,  on  9,  placé  sur  les  se- 
melles de  la  baraque  de  sondagOi  quatre  pouU*es  en  sapin 
de  c^t^o  d'équarrissage^  et  l'on  a  étabU^  sur  ces  pièces 
de  bois,  quatre  des  tiges  de  suspension  avec  vis  de  rap- 
pel, dont  nous  avons  donné  la  description  précédem- 
ment. Dès  que  cette  charpente  fut  installée,  on  se  mit 
en  mesure  de  monter,  sur  le  plancher  de  travail,  qui  âe 
trouvât  dans  le  puits  à  1 0  mètres  du  sol,  les  quatre 
premiers  tronçons  du  euvelage  ;  on  plaça  aussi  le  cy- 
lindre de  la  botte  à  mousse  dans  le  premier  tronçon,  le 
fond  d'équilibre  immédiatement  au-dessous  du  second 
joint,  et  le  cercle  de  suspension,  à  la  tête  du  troisième 
ttonçon.  Le  tout  arrangé  de  cette  manière,  on  accrocha 
les  tiges  de  suspension  au  cercle,  et  Ton  saisit  la  partie 


TRATAUX  ÊMmn»  m  Belgique.  fiil 

de  (mvetage  dosi  Msemblée,  pour  là  ftouIev6f  et  oavriv 
la  boite  à  mousse.  Ensuite,  quand  le  matelas  de  celle- 
d  fut  arrangé,  on  enleva  le  plancher  de  travail  et  Ton 
put  commencer  à  descendre  l'appareil. 

La  première  période  de  l'opération  de  la  descente, 
qui  est,  comme  on  sait,  la  plus  difficile,  consiste  à  ame- 
ner le  eu  vêlage  à  la  tête  du  niveau  de  façon  à  le  faire 
porter  sur  Teau.  De  même  qu'à  Saint-Vaast,  elle  s'est 
Mie  id  sans  accident/ 

Le  travail  a  été  continué  ensuite,  en  ajoutant  succes- 
sivement les  nouveaux  tronçons,  et  en  laissant  descendre 
doucement  le  cuvelage. 

Au  moyeu  des  trous  à  vis  ménagés  dans  la  colonne 
d'équilibre,  on  laissait  entrer  l'eau  dans  le  cuvelage, 
chaque  fois  que  cela  devenait  nécessaire,  mais  toujours 
de  telle  façon  que  les  quatre  tiges  de  suspension  ne  fussent 
chargées  que  d'un  poids  de  i  o  à  1 5,ooo  kil. ,  ce  qui  était 
utile  pour  maintenir  le  cuvelage  d'aplomb. 

L'opération  a  été  terminée  sans  la  moindre  difficulté 
et  assez  vite  ;  car  on  plaçait  généralement  àmi  tronçons 
tous  les  JQurs. 

Le  bétonnage  du  puits  de  Péro&aee  0'esi  fait  encore    Béionuge. 
de  la  môme  manière  qu'à  Saint-Vaast;  le  même  outil- 
lage a  6\é  employé  et  la  compoeiU^B  de»  manière  »  été 
Mte  (^vec  les  mèmee  éléioenisi 

Trois  cuillère*  de  bétonnage  ont  été  inetaliéet  sur  la 
circonférence  du  puits,  ce  qui  suffisait  pour  remplir 
uniformément  l'eâpace  astulaira  sur  un  diamètre  de 
i°",8o.  Ces  cuillère  ont  fonotionné  simultanément, 
pendant  la  plus  grande  partie  du  travail;  ellee  étaient 
desservies  par  six  treuils  placés  à  l'orifice  du  puits  : 
chaque  cuiller  en  avait  deux,  l'un  pour  le  service  de 
la  caisse  iM*opremait  dite,  et  Tantro  pour  la  manenivre 


5s6  PftOCyËOÉ  KIND. 

de  la  glissière.  (Voir,  pour  les  détails  de  Top^ration» 
le  cbap.  IIL) 

Le  bétonnage  ne  marchait  pas  la  nuit  Le  dimanche» 
afin  de  ne  pas  laisser  reposer  le  béton  pendant  trente- 
six  heures,  du  samedi  soir  au  lundi  matin,  on  travaillait 
une  partie  de  la  matinée. 

Pendant  les  premiers  jours,  alors  qu'on  devait  des- 
cendre le  mortier  jusqu'au  fond  de  l'espace  annulaire, 
c'est-à-dire  à  io5  mètres  de  hauteur,  on  ne  mettait  en 
œuvre,  sur  douze  heures  de  travail,  que  vingt-deux  cuil- 
lers de  béton,  ce  qui  représentait  douze  mélanges  com- 
posés chacun  d'un  demi-hectolitre  de  chaux,  un  demi 
de  sable,  un  demi  de  trass  et  un  quart  de  ciment  anglais. 
La  quantité  de  mortier  descendue  chaque  jour  augmenta 
rapidement,  à  mesure  que  la  profondeur  devint  moins 
grande,  et,  dans  les  derniers  temps,  on.  employait  jus- 
qu'à trente -deux  mélanges  sur  douze  heures. 

Voici  le  relevé  des  matériaux  employés  pour  faire  le 
bétonnage  du  puits  de  Péronnes  : 

■et.  «d». 

Chaux  de  Thiméon a5 

Sables  de  Carnières d5 

Trass  d^Andernacht •  .  •  ao 

Ciment  anglais 9 

Total 89 

Nous  estimons  que  la  capacité  de  l'espace  annulaire 
ne  dépassait  pas  75  à  76  mètres  cubes;  il  y  aurûtdonc 
une  partie  notable  de  ces  matériaux  employée  à  remplir 
les  fissures  du  terrain. 
obaenraUoBf.  En  résumé,  il  résulte  des  détails  que  nous  avons 
donnés  dans  ce  paragraphe,  que  le  travail  relatif  à  la 
pose  du  cuvelage  du  puits  de  Péronnes  a  marché  beau- 
coup plus  vite  que  celui  de  Saint-Vaast,  et  cela  parce 
que  nous  avions  eu  soin  de  faire  préparer  toutes  les 
pièces  et  de  les  essayer,  pendant  que  l'on  était  occupé 


TRAVAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  697 

au  forage  du  puits.  Mous  avons  ainsi  obtena  une  éco- 
nomie notable,  comme  on  pourra  le  constater  ci-aprës, 
en  comparant  les  dépenses  relatives  occasionnées  par 
les  travaux  des  deux  puits. 

Pour  donner  une  idée  de  la  rapidité  d'exécution,  di- 
sons notamment  que,  du  4  s^u  s5  juin,  soit  en  dix-huit 
jours,  on  a  démonté  tous  les  appareils  de  sondage, 
placé  la  charpente  nécessaire  à  la  descente  du  cuvelage, 
et  descendu  les  quatre  premiers  tronçons,  avec  la  boite 
à  mousse,  jusqu'à  la  tête  du  niveau.  On  a  ajouté  suc- 
cessivement les  autres  tronçons  ;  dès  le  1 8  juillet,  tout 
le  cuvelage  était  placé. 

Le  travail  du  bétonnage,  commencé  le  26  juillet, 
était  complètement  achevé  le  2  \  août  suivant. 

Nous  n'avons  procédé  à  l'épuisement  des  eaux  que  le 
i5  octobre,  parce  qu'il  nous  paraissait  utile  de  laisser 
durcir  le  béton.  Cette  précaution  n'est  peut-être  pas 
indispensable,  et  l'on  pourrait  même,  comptant  sur 
l'effet  de  la  boite  à  mousse,  battre  les  eaux  dès  que  l'on 
a  fait  quelques  mètres  de  bétonnage.  Nous  n'oserions 
pas  cependant  conseiller  cette  manière  de  procéder; 
car  il  se  pourrait  que  la  grande  pression  qui  se  produit 
à  la  base  du  cuvelage,  permit  à  l'eau  de  se  frayer  un 
passage  par  des  fissures  mal  remplies,  et  dès  lors  des 
ouvertures  plus  larges  finiraient  par  se  former,  et  l'on 
aurait  peut  être  beaucoup  de  peine  à  y  porter  remède. 

En  somme  il  vaut  mieux,  croyons^nous,  sacrifier 
quelques  semaines  pour  que  le  béton  fasse  prise  et  pré- 
sente un  certain  degré  de  consistance. 

Au  surplus,  nous  n'avons  pas  perdu  de  temps  à  cette 
occasion,  dans  notre  travail  de  Péronnes;  car  nous 
avons  foré,  au  fond  du  puits,  un  trou  de  sonde  de  o^jSo 
pour  atteindre  au  niveau  de  1 1 8  mètres,  et  nous  ap- 
prêter ainsi  à  nous  mettre  en  communication  avec  le 


Sa 8  »nOCipt  KQID. 

puits  d'e^baure  de  Sainte-Marie,  pour  U  sidte  du  tratail 
do  puits  d'aérage* 

L'épuisement  de  l'eau  a  duré  dix  jaum  i  nous  ftveos 
voulu  faire  cette  opération  ayec  lenteur,  afin  de  obailg^r 
le  cuvelage  sans  seiSQuase. 

L'enlèvement  de  l'appareil  d'équilibre  (faux  foud  «t 
tube)  n'a  demandé  que  deux  joura^ 

Enfin,  le  s  7  octobre*  tout  était  terminé,  et  Ton  poutait 
constater  que  le  travail  avait  réusfâ  d'une  n»ani<Hre  com- 
plète )  le  cuvelage  étiût  étanobe. 

Le  percement  du  sto^  qui  séparait  le  puits  d'aérage 
de  la  galerie  de  communication  établie  i^  la  profondeur 
de  118  mètres^  s'est  fait  avec  une  grande  facilité,  ea 
l'absence  de  toute  ven^e  d'eau*  Nous  avons  maçonué 
solidement  le  puits  ik  partir  de  uS  mètres  et,  arrivé 
à  s'^.Ao  de  la  base  du  cuvelage  en  fonte,  nous  avons 
placé  deux  fortes  trousses  en  bois,  que  l'on  a  picotées 
avec  soin.  On  pourrait,  si  cela  devenait  néoessairf, 
poser  une  petite  passe  de  cuvelage  sur  ces  trousses  pi- 
cotées, afin  de  les  relier  avec  le  revêtement  en  fonte. 
Pour  le  moment,  nous  nous  sommes  borné  à  y  plaoer 
des  montants  en  bois,  serrés  les  uns  centre  les  autres  ft 
portant  sous  la  semelle  do  la  boîte  &  mousse.  (Voir  fy*  7a , 
PL  IIL) 

CHAPITRE  Y. 

feonoins  do  piociiul  nits. 

Co^t  àêt  irmMNkv     i«  Tour  de  soodsffs  prppr^nent  dite  1       n 

^i^^îunoT  Main^'œuvre. û.5^«8| 

Matériaux  employés  :  briques,  chaux,  1     o    o ê  « 

•     sable,  bois,  etc 5.607,86 1     ^^^*^ 

DépenseB  diverses. ^SS.ào) 

A  repaner. a.7S6,S3 


TRAVAUX  EXÉCUTÉS  BR  BELGIQUE.  699 

RffpOl^t» •     8*  708933 

a**  Siège  àlfoletteflL , ,    i.95A,i6 

3""  Planchers,  échafaudages,  chemin  de  fer  de  0er« 
▼iee,  spécialement  affectés  au  travail  du  sondage.    1.881,86 

li^  Bâtiment  provisoire  pour  rinstallatîon  des  ma- 
chines de  soudage  et  fondations  de  ces  machines.    3. 9^0,80 

5**  Baraque  en  bois  pour  recevoir  les  trépans,  .  .  .    5.o6d,68 

6*  Construction  d'une  forge  de  maréchal 878,56 

7**  Construction  du  bâtiment  pour  l'installation  du 
tour  destiné  à  tourner  les  pièces  de  cuvelage.  .  .       8i4,i8 

g*  Qaogar  pour  magasins,  bureau,  écurie,  eta  .  .    t.liliS,56 

Total, aû./i5iï.8i 

B.  —  9%rQna9mt  da  puits. 

1^  ÉtabUaiemaQt  du  puits  principal  jusqu'à  la  tête  du  niveau  : 

(r. 

Main-d*œuvre , tt./i|is,aQJ  ^ 

Matériaux  empliqrés  :  briques  «  çbau](,  >    5.^83,95 

sable,  bois,  etc., 9.871,75) 

a""  Travaux  accessoires  : 

Puits  alimentaire  pour  la  chaudière  à  vapeur, 
creusé  k  la  profondeur  deûo  mètres.  .    96o',8i  l 

Puits  du  contre-poids,  credsé  à  «o  mètres    435  ,55 1     »*^9^»5® 

3*  Forage  du  puits  préparatoire  de  i*,37  de  dia« 
mètre,  depuis  la  tète  du  niveau  jusqu'à  100  mè- 
tres (1)  I 

tr. 

Main-d'œuvre, appointementsetsalaires.    6. 2 13,911 
Consommation  :  ,,. 

Charbon  1.913  hect 3.889, 90^  }  ii*S58,&3 

Huiles  et  graisses 502,91 

Bois..  . hû6,liS}    5.6as,5i 

Acier,  fers  et  métaux.  .  .  •     917,70 
Matériaux  divers. 9o5,52 

&*  Élargissement  du  puits  au  diamètre  de  /i",a5  Jus- 
qu'à la  profondeur  de  98  mètres  : 

A  reporter 18.516,7/i 

(1)  Les  trsTaox  eiéèvtés  en  Janvier  et  février  1855,  pour  l'approfondisse- 
.menido  puits  préparatoire  depuis  100  métrés  jusqu'à  135»  ont  coûté:  en 
main-d'œuve  s.971%91  ;  en  consommation, s. l86^48:  total,  T.108',SB;  ils  n'ont 
pas  été  compris  dans  les  dépenses  ci-dessus,  non  plus  que  les  i3.586^T2»eni' 
ployés  en  mars,  avril  mai  et  Juin  de  la  même  année,  pour  faire,  au  fond  da 
pvlis,  on  sondage  da  roeonnaissanee  Jvaqa'à  i9i  métrés  deprofondeor. 


53o  PROCÉDÉ  KUfD. 

ReporU i8.5i6,7t 

Maîo-d^ceaTre^appointementsetsalaires.  i3.&87»94 
GoDsommatiOQ  :  fr. 

Charbon,  3.54o  hect.  .  .  .    bfio^Ml  \  s^^Gs^gS 

Hailes  et  graisses 985,83 

^^ 856.60J   ^,3  5,,, 

Acier,  fer  et  métaux.  •  .  •    2.io6,A5 

Cordes. i.5i6,5o 

Matériaux  divers 600,1 5 

&"  Pertes,  pour  machines  et  appareils  mis  hors  d'u- 
sage pendant  le  cours  du  travail 7.865,90 

Total 5i.a36,59 

G.  —  Ottvela^e. 

1*  Coût  du  revêtement  : 

a.  18  tronçons  en  fonte  y  compris  le  cylindre  de  la  boîte  à 
mousse,  le  plateau  extérieur  adapté  à  la  base  du  premier 
tronçon  et  le  cercle  de  renfort  du  troisième  collet, 

ii9./ii8  kilog a8.9à/i,6A 

6.  a8  tronçons  en  tôle  renforcés  par  des 
cercles  en  fonte  : 
111.559  kilog 59.6o7,ûA 

c.  1.980  boulons  d'assemblage  : 
5.5oo  kilog. a.8oo,oo{ 

d.  lib  torches  en  plomb  pour  joints  : 
3.998  kilog 9.995,38.  (^ 

e.  Boîte  à  mousse,  sabot,  segments  en  )  93.&69,75 
tôle,  filet,  mousse. 730,79 

f.  Plateaux  d'ancrage: 
5.694  kilog. i.6o3,o5| 

g*  Fond  d'équilibre,  cercle  et  oreilles 
de  suspension  (mis  hors  d'usage)  : 
7.989  kilog. 9.076,13 

A.  Peinture  de  tous  les  tronçons  (au 
minimum) i.Û75,5i 

3"  Bétonnage  : 

Ciment 7.835.53J 

Trass. 3.3Û9,5o( 

Chaux 699,55?  *'-^^»^ 

Sable. 459,97) 

A  reporter,  ........  103.799,59 


TRAVAUX   EXÉCUTÉS  EN  BEIGIQUE.  55 1 

Report 103.799,69 

3*  Main-d*œuYre  (appointements  et  sa- 
laires) : 

Préparation  des  pièces 3.937,9/i 

Descente  da  cuvelage. 8.8o5,5i .     .      ,  or 

Bétonnage 4546,76^   '^"^'^^ 

Consolidation i.9i4,6û 

A*  Consommations  diverses  pendant  la 
dnrée  de  ces  différents  travaux  : 
Bois  pour  la  charpente  de  suspension 

et  divers. /iui66,8o 

Charbon i.877,i!iio 

Acier»  fer  et  métaux 9.o83,i5.        .,    ,_ 

Huiles  et  graisses 95A»ii  ^    ^ 

Cordage. 397,76 

Divers. i63,a4, 

Total 137.646,89 

p.  —  Waohinw  et  onlib  «nployét  à  Salnt-VMtft. 

MtohiDD  proprement  dite. 

1**  Une  machine  à  vapeur  rotative  pour  Textrac- 
lion  des  déblais,  de  la  force  de  16  chevaux,  avec  un         tr. 
système  d^engrenages  doubles  (machine-cabestan). .    6.906,16 

a"*  Une  machine  alimentaire  avec  pompe  à  eau 
froide  et  pompe  à  eau  chaude.  .  .  - 4.66a,oo 

3*  Une  machine  dite  cylindre-batteur  avec  tous 
ses  tuyaux  à  vapeur 3.oA8,oo 

h"  Un  générateur  à  vapeur,  avec  ses  garnitures.  .    3.368,9& 

Total 16.97/Î.09 

Outils  de  sondage. 

1*  Un  petit  trépan  en  fer  pour  forage,  de  i",37  de       fr. 
diamètre,  pesant  1.476  kilog 9.6o3,oo 

a*  Un  grand  trépan  en  fer  avec  lame  en  acier 
fondu,  pour  élargir  au  diamètre  de  /i",a6,  pesant 
6.880  kilogi ia.335,60 

3*  Une  cuiller  de  draguage,  pesant  668  kilog.  .  .       667,60 

-à*  Un  dragueur,  pesant  1.637  kilog.,  un  engin 
en  bois  pour  suspendre  cet  outil 1.699,60 

A  reporter 17.306,60 

TOMK  XYIII,  1860.  36 


3.6^1, So 


53&  PKOGÉ0É  KIND« 

Reparu  «....•••••     i7.3o5«5o 

5'  lao  mètres  de  tiges  de  sondage  en  ,tt,     . 

bois  de  sapin  avec  ferrements. ëo5,a5 

5o  mètres  de  tiges  en  fer aAi,65 

Une  vis  de  rappel. ia8,75 

Un  tourne-sonde.  4 76,a5 

Un  balancier  en  bois  avec  ferrements 

et  chaîne  d'attache •  1.039,10 

Tirants  de  contre-coup  avec  pièces 

élastiques uSUo.^o 

6*  Deux  crocheta  de  salut  •..«»«•.»    lôd* 

Un  grapid « «    5oo^        ^i>»bo 

Deux  fanohëfesi  •.<<...:  ^  4  ..  .    5étt. 
f  U  fourches  pbiir  recevoir.  .  é  •  «  4  1  »  ^    tSi 
8  crochets  dé  suspension.  1  «  ....  «    160 
1  grande  clef  pour  dévisser  la  grosse  )       S^i^bo 

douille «•....      &5 

s  clefs  à  dévisser  les  tiges U5 

S**  Trois  traihs  de  tvàgons  pour  réceroir  \efi  outBs .      65i,6o 

9*  56  dents  de  rechange  pour  les  trôpaas. 673,00 

lo*  a  grues  en  fer. a58'\ 

a  petits  treuils  en  bois  pour  les  guides  i       - .- 

suspendus. 60  1  '  ' 

1  poulie  de  molette. ia5  / 

11*  G&ble  de  la  machine  e^  cordages  divers i.aoo»o9 

1  a*  Ustensiles  divers  pour  la  forge  et  la  charpenterie.    i  .5oo,oo 

ToUL a64684tAo 

Ootilis  employé!  pour  le  careUge» 

1**  Un  grand  tour  pour  tourner  les  collets.  ....  11.686,86 
a*  Une  cuve  d'essai  en  tôle  pour  Tépreuve  despièces    3.ooo,oo 
3*  600  mètres  de  tiges  ëtl  Fer  pout^  suspendre  le 
cuvelage,  envii^fl  7,300  kilog.  4  ...  «  ^    ô.âooS 

6  vis  de  relevage,  1*174  kilog.  ....    a.348  (    o  ^  « 
6  petit»  appareil!    cftbMtafiS    avéo  l    ^'^d*»*» 

roues  délitées •  •  i  »       760  / 

ft*  Aoo  mètres  de  tiges  de  bétonnagei  pesant 

3.fta6  kilog.  .  .  *  .  .  4 3.570'! 

6  cuillew  cte  bétonnage.  ; 3dtt  j    ^-^7*^^ 

Totah  ........;.  ;  A6.9Sà,W 

Total  général 68.6i3.55 


TRAVAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  55S 

Il  faut  nécessairement  appliquer  à  titre  d'amortià&e* 

ment,  aux  dépenses  directes  faites  poiir  le  puitd  de  Saint- 
Yaast,  une  partie  du  capital  outillage. 

En  portant  de  ce  chef,  25  pour  loo  de  là  valeur  dès 
machines  et  outils,  nous  croyons  exagérer  cette  quote- 
part. 

Il  en  résulterait  que  le  coût  du  puits  de  Saint-Vaast 
pourrait  s'établir  comme  suit  : 

fir. 

A.  ^  Frais  d'iDStallation a/i.Zi5A,8i 

B.  —  Percement  du  puits 5i. 355,59 

G.  — Cuvelage. 197.6^6,89 

D.  —  Amortissement  du  matériel.  .  .      17.000,00  ' 

Total 3ao.337,ft9 

Les  difficultés  que  Ton  rencontre  toujours  dans  une 
première  entreprise  ont  influé  défavorablement  sur  le 
coût  de  notre  puits  de  Saint-Vaast.  Il  y  aurait,  sans' 
aucun  doute,  une  économie  importante  à  réaliser  sur 
les  dépenses  ci-dessus  indiquées,  si  Ton  recommençait 
un  travail  analogue.  Un  cuvelage  entièrement  en  fonte, 
tel  qu'il  devait  être  exécuté,  coûterait  sS  à  3o.ooo  fr. 
de  moins  que  celui  que  nous  avons  établi^  la  marche 
régulière  des  opérations  permettrait  aussi  de  réduire 
sensiblement  les  dépenses  du  forage. 

(PiiiU  d'aérag*  de  S«iDte-Marle.) 

A. -PraU  d'imtaUatioB.  ç^l  ^  ^,^^^^^ 

Comprenant  :  ,  d»  Pénmmes, 

1*  L'élargissement  d'un  ancien  puits  (qui  était  creusé  jusqu'à 
la  tête  du  niveau)  au  diamètre  de  U  mètres,  jusqu'à  10  mètres 
de  profondeur; 

a"  L'établissement  d'une  cave  latérale  pour  recevoir  le  trépan  ; 

3*  La  construction  d'un  petit  bâtiment  pour  les  machines  de 
sondage,  ainsi  que  le  montage  desdites  machines  ; 


5S4  PROCÉDÉ  KIND. 

le  L'établissement  d*ane  baraque  de  sonda^  en  bois.       fr. 
Main-d'œuvre  (appointements  et  salaires) 5.559.18 

Matériaux  employés  :  ir. 

Briques,  cliaux*  sable. 588,95  « 

Bois 5,957,68  >     5.o39,6lk 

Objets  divers. kc^^^^l) 

Frais  d'appropriation  des  macliines  et  outils.  .  •    i.A9>,a5 

TotaL io,o9wo7 


B.  —  Forage  dn  polto. 

fr. 

Main-d*œuvre  (appointements  et  salaires) ift.i75,7& 

Consommation  :  fr. 

/ii.652  hectolitres  de  charbon /iu3a5,95 

Huiles  et  graisses 5/i5,û8| 

Bois. Û58.3o>     6.&o7,66 

Acier,  fer  et  métaux /ii7^i9^ 

Objets  divers 603,69  

Total (1)  i8.58i,&o 

C.  —  CHnrelai^e. 

1*  Goût  du  revêtement  : 

3a  tronçons  en  fonte  y  compris  le  cylindre 
de  la  botte  à  mousse,  pesant  ensemble 
86.68a  kilog. i8.MSo5 

75o  boulons  d'assemblage ,    pesant  .         ^ 

i.oaokil 6ia,oo>   ao.ioo,66 

5i  torches  en  plomb  pour  joints.  .       546 ,60 

Botte  à  mousse /i66  ,ao 

a*  Bétonnage  :  fr. 

Ciment i.536,oo 

Chaux 4o5,oo(         ' 

Sable 358,i5. 

3*  Dépenses  diverses  : 


A  reporter. a5.979,ai 


(1)  Le  grand  accidtnl  occasionné  par  Téboulement  de  la  maçoBOerle  da 
puiu,  ligure  dans  celle  dépense  poor  une  somme  de  4.779',7T. 


TRAVAUX  fXÉGUTÉS  £N   BELGIQUE.  535 

Report 23.379,21 

Main-d'œuvre,   préparation  et  des- 
cente du  cuvelage  .  .    a.398S6o) 

Bétonnage i.5i6  ,o3  j     ^'9^^^^ 

Consommation  : 

Bois. 353,75\  }     6.5o6,i& 

Charbon 970  ,6o. 

Acier,  fer  et  métaux*  .       130,93'. 

Huiles  et  graisses  .  .  .  •       113,16^    a.091,61 

Cordages 588,60 

Divers. M6 ,68^  

Total 39  785»45 


D.  —  Matériel  de^tondace. 

Une  partie  des  machines  et  outils  employés  à  Saint- 
Vaast  ont  servi,  comme  on  le  sait,  pour  le  puits  d'aérage 
de  Péronnes.  Le  grand  trépan  de  s'^fSs  est  le  seul  outil 
spécial  employé  à  ce  travail;  une  cuve  d'essai  a  été 
construite  aussi  pour  éprouver  les  tronçons  de  s  mètres 
de  diamètre.  En  portant  en  dépenses,  pour  ledit  puitd 
d'aérage,  une  somme  de  6.000  francs,  à  titre  d'amor- 
tissement du  matériel,  on  sera  certainement  au-dessus 
de  la  perte  réelle  à  subir  du  chef  de  ce  travail. 

En  somme,  le  coût  du  puits  de  Péronnes  peut  donc 
se  résumer  comme  suit  : 

A.  —  Frais  d'installation 10.091,07 

B.  —Forage  du  puits i8.58i,6o 

C  —  Guvelage. 49.785,^5 

D.  —  Amortissement  du  matérleL  •  •  •  6.000,00 

Total 6/î./ii57.93 

La  question  principale,  celle  qui  a  tout  spécialement    ctmékuhn. 
attiré  notre  attention,  lorsque  pour  la  première  fois  nous 
avons  étudié  le  procédé  Kind,  c'est  la  gi*ande  économie 
qui  devait  résulter  de  son  application  à  l'établissement 


536  PROCÉDÉ  KIHD. 

des  puits  dans  les  terrains  aquifëres  oa  autrement  dits 
les  niveatix. 

Sous  ce  rapport  le  nouveau  procédé  a  réalisé  toutes 
nos  prévisions  :  économie  de  temps,  économie  d'aiigeot 
et  économie  des  travailleurs,  si  l'on  peut  qualiûer  ainsi 
l'absence  (|e  fatigues  dangereuses  de  la  part  des  ouvriers 
livrés  à  ces  travaux. 

Les  détails  que  nous  avons  donnés  dans  notre  rapport 
nous  dispensent  d'insister  longuement  à  cet  égard  ;  on 
pourra  se  rendre  compte  des  faits  et  comparer  nos  trar 
vaux  avec  ceux  que  l'on  a  exécutés,  dans  des  circon- 
stances analogues,  par  les  moyens  ordinaires.   Nous 
citerons  notamment,  en  Belgique,  les  passages  de  niveau 
de  la  Gossette,  du  Couchant,  du  Flénu,  de  Noirchain 
et  de  Strépy-Bracquegnies (Puits  du  Midi),  où  l'on  a  ren- 
contré de  grandes  difficultés  par  suite  de  l'abondance 
des  eaux,  et  où  l'on  a  dépensé  des  sommes  considé- 
rables. 

En  général,  on  peut  dire  que  les  dépenses  à  faire  et 
le  temps  à  employer  pour  établir  les  puits,  par  les  an- 
ciens procédés,  sont  extrêmement  variables,  et  dépen- 
dent d'un  grand  nombre  de  circonstances,  où  l'imprévu 
joue  le  rôle  principal. 

Dans  notre  système  de  travail,  au  contraire,  les  devis 
peuvent  être  faits  d'avance,  as3^  approximativement  ; 
car  nous  n'avons  pa^  à  çubir  le  rencbérisseœent  de  la 
main-d'auyre  résultant  de  la  rareté  des  ouvriers  ava- 
leurs  et  de  l'obligation  où  se  trouvent  ces  ouvriers  de 
travailler  dans  des  conditions  extrêmement  pénibles; 
nous  n'avons  pas  non  plus  à  battre  les  eaux  à  l'aide  de 
ces  puissants  moteurs,  qui  coûtent  cher  à  établir  et  ^ 
entretenir,  et  qui  sont  exposés  à  de  fréquents  accidents. 

On  peut  affirmer,  croyons-nous,  que  dans  la  plupart 
des  cas,  les  dépenses  occasionnées  par  le  percement 


TRATAUZ  EXÉeCTftS  EN  BELGIQUE.  537 

des  puHsdanB  les  marnes  aquifères  du  Hainaut,  seront 
réduites,  par  le  procédé  Rind,  à  3o  ou  35  p.  loo  de  ce 
qu'elles  seraient  par  les  moyens  prdinairps  ;  et  nous  pe 
voyons  aucun  obstacle  qui  puisse  limiter  l'emploi  de  C0 
pouveaa  UHKie  d'opération. 

Il  7  a  donc  lieu  d'espérer  que  les  passages  de  niveaux 
seront  maintenant  considérés  comme  des  travaux  faci- 
len^ept  a]i)orda}))eS|  même  à  de  grandes  profondeurs,  et 
que  Ton  se  décidera  bientôt  à  attaquer  la  plupart  de  no9 
concessions  charbonnières  restées  inexplorées  jusqu'ici 
à  cause  des  obstacles  que  l'on  croyait  devoir  rencontrer 
dans  rexéci^tiqi)  des  travaux  de  premier  établissement. 


mm 


ANNEXE 


FAITS  PRUrCIPAUX;  ACCIQEVTflU 

N0U3^voo9  poDsigné,  d^ps  cette  annexe,  le$  incidente  ror 
iparqi^ble^  qi^'ont  présent/^  nos- travaux  de  Saint- Vaast  /Bt  d9 
Pérpnpes. 

On  nous  pardonnera  de  donner,  à  ce  sujet,  que)ic)ue$  détails, 
trop  miputleux  peut- être,  ^ais  dont  Futilité  ser^.  :^ppréci|ée 
parles  perspnpas  qui  auront  à  faire  de  sembla))le$  travaifx.  La 
lecture  de  ces  notes  leur  permettra  d'évitef  une  partie  ^s^ 
accidents  et  dos  retards  occasionnés  soit  par  l'inexpérience, 
8oi)t  par  des  opérations  trop  précipitées ,  pu  i^pe  ipstaUatipn 

Extrait  du  journal  des  travaux  du  puits 
de  Saint'Vaast  (n*  5). 

Le  3  avril  i€5à«  on  oomneBce  les  travaia  préparatoires  : 
rétabUssemeai  de  la  Umr  de  sondage,  le  percenient  du  puits 
principal  an  diamètre  de  à"^  jusqu^à  la  tête  du  niveau  (  à 
35  mètres  de  profiondenr),  et  un  petit  puits  pour  ralimeotation 
des  madiiiieSi 


538  PROCÉDÉ  KIMD. 

Le  i5  Juillet,  ces  diverses  constructions  sont  achevées,  el 
Ton  se  prépare  à  monter  les  machines  et  les  appareils  spéeUtox 
du  sondage. 

Le  lo  septembre  tout  est  installé  et  Ton  peut  commencer  ie 
sondage. 

La  durée  de  ces  travaux  préparatoires  a  été  de  cinq  mois; 
'  mais  on  a  perdu  près  de  deux  mois,  soit  par  suite  des  retards 
que  les  constructeurs  ont  mis  à  livrer  les  pièces  des  machines, 
soit  à  cause  des  discussions  qui  ont  eu  lieu  au  sein  de  la 
ciété  de  Péronnes  à  Toccasion  de  Texamen  du  projet  des 
vaux  à  exécuter. 

Un  accident  a  eu  lieu  pendant  cette  période  de  travaU  :  an 
ouvrier  fut  tué,  en  tombant  dans  le  puits,  lorsqu'on  descen- 
dait les  sommiers  du  plancher  de  manœuvre.  C'est  le  seul  ac- 
cident qui  soit  arrivé  à  nos  ouvriers  pendant  la  durée  de  tous 
nos  travaux  de  Saint-Vaast  et  de  Péronnes. 

Le  11  septembre,  on  commence  le  forage  du  puits  prépara- 
toire au  diamètre  de  i",37. 

Après  quatre  jours  de  marche  irrégulière,  on  reconnaît  que 
la  machine-cabestan  est  insufllsante  pour  extraire  les  déblais 
avec  la  cuiller,  qui  se  remplit  complètement  chaque  fois  qu'on 
la  plonge  au  fond  du  puits. 

On  décide  que  Ton  renforcera  la  machine  par  Tapplication 
de  nouveaux  engrenages  qui,  en  diminuant  la  vitesse,  rendront 
le  travail  plus  sûr;  provisoirement,  on  perce  la  cuiller  aux 
deux  tiers  de  sa  hauteur,  de  manière  qu'elle  ne  puisse  plus 
s'emplir  qu'imparfaitement. 

Le  ai  septembre,  la  vis  de  rappel  de  l'appareil  de  sondage 
s'étant  cassée,  on  est  obligé  de  suspendre  le  travail,  en  l'ab- 
sence d'une  pièce  de  rechange. 

Le  a5,  l'accident  est  réparé  et  l'on  reprend  le  travail. 

Le  36,  rupture  de  l'étrier  du  tourne-sonde,  par  la  violence 
des  coups  de  balancier  ;  on  arrête  le  travail  de  sondage  pen- 
dant quatre  heures. 

Le  29,  arrachement  des  filets  d'une  vis  des  tiges  de  son- 
dage; trois  heures  de  retard  pour  remonter  l'appareil,  à  Taide 
du  crochet  de  salut,  et  ressouder  une  nouvelle  vis. 

Le  5o,  cinq  heures  d'arrêt  pour  la  même  cause. 

Le  1"  octobre,  le  puits  préparatoire  est  arrivé  à  ili6  mètres 
de  profondeur,  c'est^-dlre  que  l'on  n'a  foré  que  11  mètres, 
depuis  le  commencement  du  travail  ;  il  est  vrai  que  Ton  a 


TRAVAUX   fiXÉCUTÉ5  £11   BELGIQUE.  H^ 

toujours  marché  d^une  manière  peu  régulière  et  que  les  travaux 
étaient  suspendus  la  nuit  A  partir  de  ce  jour,  on  travaille 
sans  désemparer. 

Le  a«  le  tenon  de  la  glissière  s'étant  cassé  pendant  le  travail 
du  sondage,  le  trépan  est  resté  au  fond  du  puits  ;  on  le  retire 
sans  difficulté  au  moyen  du  crochet  de  salut. 

IiO  à  9  rupture  d*une  des  vis  d'assemblage  des  tiges;  trois 
heures  d*arréL 

Le  5  et  le  7,  nouvelles  ruptures  de  Tétrler  du  toumensonde; 
on  se  décide  à  faire  fabriquer  cette  pièce  sur  des  dimensions 
plus  fortes  ;  à  partir  de  ce  jour,  elle  ne  donne  plus  lieu  à  aucun 
accident 

Le  11,  les  filets  de  la  vis  de  la  glissière  s'arrachent;  sept 
heures  d'arrêt  pour  retirer  routil  et  ressouder  une  nouvelle  vis. 

Le  lA,  on  est  obligé  de  suspendre  le  travail  du  sondage,  à 
cause  du  nombre  insuffisant  des  dents  de  rechange  pour  le 
trépan  ;  le  terrain  est  extrêmement  dur,  c'est  du  silex  presque 
massif. 

Le  i6,  rupture  d'une  tige  en  bois;  on  raccroche  Tappareil 
de  sondage  avec  la  fancbère;  quatre  heures  d'arrêt 

Le  ao,  nouvelle  rupture  de  la  vis  de  la  glissière  ;  douze  heures 
de  retard. 

Le  ss  et  le  a3,  rupture  d'une  vis  des  tiges  de  sondage  ;  quel- 
ques heures  de  retard  pour  retirer  l'appareil  et  réparer  l'ac- 
cident 

Enfin  le  94  octobre ,  c'est-à-dire  après  six  semaines  d'un 
travail  assidu,  mais  dont  les  circonstances  avalent  été  con- 
stamment anormales,  on  arrête  les  travaux  de  sondage,  pour, 
placer  les  nouveaux' engrenages  à  la  machine-cabestan;  on 
remplace  par  des  pièces  plus  solides  les  assemblages  de  tiges, 
qui  avaient  été  faits  d'abord  d'après  les  plans  primitifs  de 
M.  Kind,  mais  dont  l'expérience  nous  avait  fait  reconnaître 
l'insuffisance  dans  les  terrains  difficijes  que  nous  avions  à  tra- 
verser; enfin  on  profite  du  temps  d'arrêt  pour  préparer  deux 
séries  complètes  de  dents  de  rechange  pour  le  trépan,  afin 
d'avoir  toujours  le  temps  de  les  réparer,  ce  qui,  eu  égard  à 
la  dareté  des  terrains,  avait  lieu  fréquemment,  à  tel  point  que 
deux  forgerons  travaillant  avec  activité  avaient  peine  à  y  suf- 
fire. 

Le  k  novembre,  le  travail  du  sondage  est  remis  en  activité. 

Le  5,  au  moment  où  l'on  déroulait  le  oàble  d'extraction, 


â4o  PROCÉDÉ  KUIO. 

pour  pouvoir  alimenter  la  chaudière,  ee  câble  ^est  engagé 
entre  deux  roues  d'engrenage;  la  machine  ayant  continué  sa 
marche,  le  choc  qui  en  résulta  fut  tellement  fort  que  les  deux 
engrenages  furent  brisés,  ainsi  que  Tun  des  arbres  du  mou- 
vement. G^est  là  un  accident  qui,  croyons-nous,  peut  être  at- 
tribué à  la  mauvaise  volonté  autant  qu'&  la  maladresse  da 
personnel.  Il  fut  pris  des  mesures  pour  y  parer. 

Le  16  novembre,  c'est-à-dire  neuf  jours  après,  ce  qui  est 
remarquable  comme  rapidité  d'exécution,  tout  était  réparé;  la 
nachine,  avec  des  engrenages  plus  forts  et  des  ordres  de  mon- 
¥ement  en  fer  forgé,  était  remise  en  activité. 

A  partir  de  ce  moment,  le  sondage  suivît  une  marche  ré- 
gulière, et  il  ne  nous  arriva  plus  que  des  accidents  de  pea 
d'importance. 

Le  s5  et  le  26  novembre,  ainsi  que  le  1*'  décembre,  rap- 
tores  des  tirants  du  contre-balancier,  résultant  des  secousses 
violentes  de  l'appareil  de  sondage;  c^  deux  tirants  avaient 
une  section  de  vingt  centimètres  carrés  chacun. 

Le  1 1  décembre,  rupture  de  la  tige  du  piston  au  point  d'at- 
tache de  la  chafne  du  balancier;  six  heures  d'arrftt. 

Le  16,  rupture  d'un  des  tirants  du  contre-balancier;  quatre 
heures  de  retard. 

Le  16,  on  place  les  nouveaux  tirants  du  contre-balanoier, 
faits  sur  des  dimen^ons  plus  fortes  (62  centimètres  de  section 
chacun)  ;  depuis  lors,  les  accidents  résultant  du  bris  de  cette 
pièce  ont  été  moins  fréquents. 

Le  19,  rupture  du  câble  d'entretien.  Le  trépan  avec  ses  tiges 
étant  retombé  dans  le  puits  avec  une  certaine  violence,  toutes 
ces  tiges  furent  endommagées  ;  on  put  néanmoins  retirer  rap« 
pareil  de  sondage,  au  moyen  du  crochet  de  salut,  et,  pendant 
qu'on  s'occupait  de  redresser  les  tiges  qui  s'étaient  tordues, 
nous  sommes  parvenu  â  nous  procurer  un  câble  provisoire; 
le  travail  fut  repris  dès  le  lendemain. 

Le  di,  rupture  d'une  tige  au  ferrement;  huit  heures  de  re- 
tard pour  retirer  l'appareil  et  apprêter  une  nouvelle  tige. 

Le  9  janvier,  on  descendait  le  trépan  :  lorsqu'il  Ait  arrivé  à 
10  mètres  du  fond  du  puits,  il  rencontra  un  obstacle  qui  Tem- 
pécha  de  suivre  ;  le  machiniste,  qui  marchait  â  pleine  vitesse, 
ne  pouvant  arrêter  instantanément  sa  machine,  la  corde  de 
suspension  et  toutes  les  tiges  furent  abandonnées  les  unes  sur 
les  autres;  tout  âeoup  le  trépatt  fut  dégagé  et  retomba  au  fond 


TRAVAUX   EZtCPTgi  Sff   «ELGIQUE,  h/^l 

du  puits,  en  produisait  un  chpc  violent  qui  brifd  le9  tiges  de 
suspension  en  deux  points  de  leur  longueuTt  On  put  retirer 
toutes  les  pièces  h  Taide  de  la  fanchère  et  du  orochet  de 
salut.  La  nuit  même  du  9  au  10,  on  recommençait  le  travail 
4u  sondée, 

Le  16,  nouvelle  rupture  des  tirants  du  contre*balaocleri  six 
l^eures  de  retard. 

liiO  U  mars ,  le  sondage  du  puits  prépiiratoire  est  arrêté,  à 
i35  mètres  de  profondeur. 

Depuis  ce  moment,  jusqu*^  la  fin  du  mois  de  juin,  le  grand 
sondage  reste  suspendu,  popr  d^s  motifs  indépendants  de 
notre  yolonté,  la  société  de  Péronnes  ayaQt  décidé  qu'il  serait 
fait  un  forage  de  reconnaissance  au  fonds  du  puits,  afin  de  dé- 
terminer la  profondeur  ^  laquelle  on  pourrait  atteindre  le 
t^rraip  bouHler. 

C'est  ^  cette  époqi^e  (i^ln  i855)  que  nous  avons  été  auto- 
risé par  legouverneinent  à  résider  à  Saint-Vaast,  afin  de  suivre 
les  travaux  de  plus  près,  et  4e  donner  tout  particulièrement 
ne»  soins  à  l'exécution  du  ouvelagQ ,  1^1  Que  nous  en  avions 
conçu  le  projet  (1). 

Dès  le  commencement  de  juillet,  on  entreprend  le  forage  du 
girand  puits*  Avant  d'attaquer  ce  travail,  on  s'était  mis  en 
force  :  on  avait  installé  une  nouvelle  machine-cabestan  et  afr 
fecté  Tancieune  machine  pour  le  service  de  Talimentation  ;  on 
avait  renforcé  la  chaudière  ^vapeur  par  TadjoDCtion  d'ui^  tube 
bouilleur,  et  enfin  placé  dans  la  tour  d'extraction  deux  non* 
veiles  poutrss  en  chêne,  pouir  oopsolider  le  siège  h  la  molette. 
Un  nouveau  c&ble  d'extraction ,  plus  fort  que  celui  dont  on 
avait  fait  usage  jusqulci,  était  aussi  placé  sur  la  bobine  du 
cabestan. 

Le  5  juillet,  on  commence  k  sonder  avec  le  grand  trépan, 
dont  le  diamètre  est,  comité  on  sait,  do  4',s5, 

Le  18.  rupture  d^une  tige  de  sondage,  au  ferrement;  deux 
heures  de  relard  pour  remonter  Tappareil  et  remettre  une 
nouvelle  tige. 

Le  u  août,  même  ai^oident  donnant  Ueu  h  quelques  heures  da 
retard. 

Le  3o,  même  aco|dent 

Le  5 1,  on  installe  sur  le  pnits  un  nouveau  trépan  de  grande 

(I)  Bravot  du  3ft  inlii  U6i. 


54t  PROCÉDÉ  KIND. 

dimensiODy  plas  fort  que  rancien;  il  sortait  des  ateliers  de 
M.  Dorzée,  à  Boussu. 

Le  1 1  septembre,  rupture  des  tirants  du  contre-balaocler  ; 
deux  heures  de  retard. 

Le  i3,  arrêt  d'une  heure  pour  resserrer  les  ressorts  du  pistn 
du  cylindre  batteur. 

Le  91,  rupture  de  la  tige  de  la  cuiller  de  drag:nage;  on  la 
retire  sans  difficulté  au  moyen  d'un  crochet  plat  ;  trois  heures 
de  retard. 

Le  28,  on  essaye  pour  la  première  fois  Tinstrumont  dit  le  dra- 
gueur, destiné,  comme  nous  Tâtons  dit,  à  recueillir  direc- 
tement et  sans  les  laisser  tomber  dans  le  puits  préparatoire, 
les  débris  de  roches  qui  restent  sur  la  banquette  du  grand 
puits.  Le  cylindre  en  tôle  attaché  à  Tinstrument  étant  resté 
ancré  dans  le  petit  puits,  la  tige  de  Toutil  s*est  brisée  quand 
on  a  tiré  dessus;  plusieurs  des  pièces  du  dragueur  restèrent 
dans  le  trou  ;  il  fallut  travailler  pendant  trois  Jours  pour  les 
retirer  et  pour  détacher  le  cylindre. 

C'est  la  seule  fois  que  nous  ayons  employé  le  dragueur,  dans 
le  cours  de  nos  travaux. 

Le  1 A  octobre^  pendant  le  travail  du  sondage,  rupture  d*une 
dent  de  trépan;  on  parvient  à  Textraire  en  faisant  usage  du 
grapin  pour  la  faire  tomber  dans  le  petit  puits,  et  de  la  cuil- 
ler à  soupape  pour  la  repêcher;  six  heures  de  retard. 

Le  9  novembre,  rupture  de  deux  dents  de  trépan  ;  on  les  re- 
tire avec  la  cuiller  ;  neuf  heures  d*arrêt. 

Le  16,  rupture  de  la  tige  du  piston  du  cylindre-batteur; 
six  heures  de  retard  pour  les  réparations. 

Le  19^  on  monte  de  nouveaux  tirants  de  contre-balancier, 
ce  qui  occasionne  quelques  heures  de  suspension  de  travail 

Le  93,  rupture  de  la  chaîne  du  piston  du  batteur  et  des  deux 
roues  qui  servent  de  guide  ;  on  refait  la  chatne  et  Ton  remet 
deux  roues  provisoires  en  bois  que  Ton  avait  en  magasin;  Tac- 
cideht  est  réparé  après  quatre  heures  d*arrèt. 

A  partir  du  3o  novembre,  on  suspend  le  travail  pendant 
quatre  Jours,  pour  placer  une  nouvelle  molette  et  un  nouveau 
c&ble  d'extraction,  et  aussi  pour  faire  quelques  réparatiooa 
aux  machines;  le  travail  du  sondage  est  repria  le  5  décembre. 

Le  7,  au  moment  où  Ton  remontait  le  grand  trépan,  bris  de 
la  soupape  d'admission  de  vapeur  du  cylindre  batteur.  Toute 
la  journée  du  7  et  une  partie  de  celle  du  8,  furent  employées 


TftATAUX  EXÉGUtÉS  EN  BELGIQUE.  5^3 

à  réparer  la  machine;  on  put  ensuite  retirer  le  trépan,  qni 
était  resté  sospenda  dans  le  puits  pendant  la  durée  de  ces  ré- 
parations. 

Le  13,  rupture  d*un  ferrement  de  tige  en  bois;  Tappareil  de 
sondage  étant  retombé  brusquement,  trois  autres  tiges  furent 
ca^es;  tout  fut  retiré,  en  dix  heures  de  temps,  à  Taide  du 
crochet  de  salut 

Le  3o,  rupture  d'une  dent  de  trépan  ;  sept  heures  de  retard 
pour  la  repêcher,  au  moyen  de  la  cuiller  à  soupape. 

Le  11  et  le  i  a  janvier,  suspension  du  travail  de  sondage,  pour 
réparation  à  la  machine-cabestan. 

Le  33,  rupture  d*une  dent  de  trépan;  six  heures  de  retard 
pour  Pextraire  du  puits. 

Le  39  janvier,  le  grand  sondage  est  arrêté  à  la  profondeur 
de  98  mètres,  point  choisi  pour  la  base  du  cuvelage. 

Une  cause  de  retard,  qui  n*a  pas  été  signalée  dans  l'extrait 
ci-dessus  du  journal  des  travaux,  le  nettoyage  de  la  chaudière 
à  vapeur,  qui  devait  avoir  lieu  de  trois  en  trois  semaines,  oc- 
casionnait chaque  fois  un  chômage  de  deux  Jours  et  demi.  Il 
serait  facile  d'y  parer,  en  établissant  une  chaudière  de  re- 
change, ce  qui  est  à  conseiller,  d'ailleurs,  sous  plusieurs  autres 
rapports. 

Le  35  août  i856,  c'est-à-dire  peu  de  jours  après  que  le  fo- 
rage du  grand  puits  avait  été  mis  en  activité ,  nous  avions 
fait  un  contrat  avec  M.  Denis  Detombay,  fondeur  à  Ch&te- 
lineau,  qui  s'était  engagé  à  nous  livrer  toutes  les  pièces  devant 
composer  notre  cuvelage  en  fonte,  dans  le  délai  de  quatre 
mois. 

M.  Detombay  ayant  rencontré  de  grandes  difficultés  dans  la 
fabrication  des  premières  pièces,  vint  nous  déclarer,  en  dé- 
cembre i855,  qu'il  ne  pourrait  pas  remplir  entièrement  ses 
engagements;  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  des  démarches 
furent  faites  alors  par  lui  et  par  nous,  auprès  de  plusieurs 
fondeurs  du  pays,  pour  les  amener  à  reprendre  une  partie  de 
la  fourniture  des  tronçons  de  cuvelage,  mais  ces  démarches 
restèrent  infructueuses  ;  c'est  dans  ces  circonstances  qu'il  fut 
décidé  que  l'on  modifierait  le  projet  primitif  du  cuvelage,  en 
adoptant,  pour  la  partie  supérieure  du  revêtement,  des  pièces 
en  tôle. 

Dix-neuf  pièces  en  fonte,  y  compris  la  boite  à  mousse,  ont 


544  PBOCÉDÉ  KUID. 

été  constf uites  par  M«  Detombay)  et  Tingt-hult  pièces  e&  Me 
préviennent  de  la  Bociété  de  Monceau* 

Le  8  janvier  i856,  c*est-à-dire  quelques  jours  à  peiii«  avant 
la  fin  du  travail  du  grand  sondagei  le  premier  tronçon  en  fonte 
arrivait  à  rétablissement  de  Saint-Vaa8t{  le  99«  cinq  plècei 
seulement  étaient  livrées  (  pais  les  autres  arrivèrent  suooe^ 
vement  en  février  et  en  mars.  Mais  toutes  ces  piècesi  outre 
qu^elles  étaient  envoyées  trois  ou  quatre  mois  après  le  délai 
assigné  par  notre  contrat,  arrivaient  chez  nous  tout  à  fait 
brutes,  c*est- à-dire  non  tournées  ni  forées.  M.  Detombay,  ou- 
vrier très-habile  et 'très-actif  d'ailleurs,  avait  déjà  fait  d*è-  ^ 

■ 

normes  sacrifices  pour  satisfaire,  autant  qu'il  le  pouvait,  à  ses 
obligations,  et  il  fallut  bien  nous  résigner  à  lui  venir  en  aide. 
Notre  établissement  de  Saint-Vaast  fut  transformé  en  un  vé- 
ritable atelier  de  construction,  pour  exécuter  tous  les  ajuste- 
ments des  pièces  de  cuvelage,  tourner  les  collets,  présenter 
les  tronçons  les  uns  sur  les  autres  pour  marquer  les  trous  de 
boulons  et  les  forer,  et  enfin  pour  essayer  les  pièces  à  la  pres- 
sion voulue.  Toutes  ces  opérations  exigèrent  des  manœuvres, 
en  tous  sens,  de  ces  énormes  tronçons  en  fonte.  Les  pièces  de 
tôle  vinrent  ensuite,  et  il  fallut  leur  faire  subir  les  mêthes  pré- 
parations ;  en  outre,  lorsqu'on  soumit  à  l'épreuve  ces  dernières  j 
pièces,  la  plupart  des  joints  d'assemblage  des  tôles  laissaient  ( 
passer  l'eau,  et  l'on  dut  remater  toutes  les  rivures.  Plusieurs 
pièces  furent  remises  deux  ou  trois  fois  à  la  cuve  d'essai, 
avant  d'être  reconnues  bonnes ,  ce  qui  nous  occasionna  de 
grands  retards. 

Enfin,  après  trois  mois  de  travaux,  on  put  mettrai  la  main  à 
l'œuvre  pour  l'établissement  du  cuvelage. 

Le  6  mai  i856,  les  quatre  premiers  tronçons,  la  boîte  à 
mousse  et  le  fond  d'équilibre,  étaient  suspendus  sur  le  pultSt 

Le  1 1  mai,  tout  cet  appareil  était  descendu  jusqu'à  la  tête 
du  niveau,  et  l'on  commençait  à  desceudt^  le  cutelage  dans 
reau. 

Tous  les  tronçons  Airent  ensuite  successivement  ig'astés  left 
uns  sur  les  autres  et,  à  mesure  que  Toii  descendait,  on  allon- 
geait le  tube  adapté  au  fond  d^équilibre. 

Le  d6  juin,  le  cuvelage  touchait  le  fond  du  puits. 

Le  travail  de  la  descente  du  cuvelage  eut  lieu  sans  accident 
et  dura  cinquante-deux  jours.  Nous  avons  cependant  à  signaler 
un  fait  contre  lequ#      faudra  ae  mettre  en  garde,  à  l'occa- 


TRAVAUX  BXÉCtITÉS  EN  BELGIQUE.  545 

don»  ear  11  larttft  pu  cômprotiiettre  le  sacoës  de  rot)ératloii; 

Voici  de  quoi  II  s*aglt  :  au  moment  où  Ton  setroiiyftlt  encore 
à  aU  mètres  du  fond  du  pulU,  deux  trous  du  tube  d'équilibre 
étaient  ouverts  pour  laisser  entrer  l'eau  dans  le  c|ivelage.  Par 
oubli  de  la  part  de  rouvrier  spécialement  chargé  de  la  sur** 
Teillance  de  Técoulement»  le  niveau  de  Teau  s'éleva  au-dessus 
de  ces  trous,  et  ces  derniers  étant  noyés,  il  n'était  plus  pos» 
sible  de  les  fermer  ;  Teau  entrait  dans  le  cuvelage  avec  rapi*^ 
dite  ;  la  descente  ne  s'effectuait  plus  assex  vite  pour  suivre 
l'augmentation  de  poids  qui  en  résultait  ;  nous  étions  dans  la 
plus  grande  anxiété,  car  les  tiges  de  suspension  étaient  char- 
gées outre  mesure  et  pouvaient  se  rompre  d'un  instant  à 
lautre.  Dans  ce  moment  difficile,  chacun  paya  de  sa  personne, 
le  chef  sondeur  et  les  ouvriers  chargés  de  manœuvrer  les  vis 
et  de  mettre  les  vis  de  rallonge,  poussèrent  le  travail  sans  dés^ 
emparer,  pendant  trente -six  heures  consécutives,  et  l'on 
parvint  enfin  à  toucher  le  fond.  La  charge  que  portaient  alors 
les  six  tiges  de  suspension  (qui  avaient  quatre  centimètres 
d'équarrissage)  était  d'au  moins  120.000  kilog»,  soit  i.soo  à 
i.3oo  kilog.  par  centimètre  quarré  de  section. 

Du  27  juin  au  i4  juillet  suivant,  on  se  mit  en  mesure  de 
commencer  bientôt  le  bétonnage  ;  les  échafaudages  ayant  servi  * 
à  descendre  le  cuvelage  furent  démontés,  et  les  engins,  car- 
bestans,  planchers,  etc.,  nécessaires  pour  l'opération  finale 
furent  installés. 

Le  bétonnage  fut  terminé  le  28  août,  soit  en  quarante-cinq 
jours.  « 

Aucun  incident  remarquable  ne  s'est  présenté  pendant  l'exé- 
cution de  ce  travail. 

La  pose  des  ancres  à  la  tète  du  cuvelage  ne  donna  lieu,  non 
plus,  à  aucune  observation  intéressante. 

Extrait  du  journal  des  travaux  du  puits  dCaérage 

de  Péronnes, 

Le  29  juin  i85g,  on  commence  le  forage  du  puits  d'aérAge 
de  Péronnes.  Le  travail  marche  sans  accident  jusqu'au  22  juil- 
let, époque  à  laquelle  le  puits  préparatoire  (de  i",37  de  dia- 
mètre) avait  atteint  la  profondeur  de  6o'",6o  et  le  grand  puits 
(de  2".3i)  6o"'.70. 

Le  22  juillet,  une  des  tigesên  bois  se  casse  pendant  le  travail 
On  parvient  à  repécher  l'appareil  de  sondage  et  à  le  ramener 


546  PROCÉDÉ  KIND. 

au  Jour»  au  moyen  du  crochet  de  salut,  en  saisissant  la  tige  an- 
dessous  de  la  première  douille  d'assemblage.  Cet  accideat  B*a 
occasionné  que  deux  heures  de  retard. 

Le  3o  août,  le  puits  préparatoire  est  an;|vé  à  79*,7o  de  pro- 
fondeur et  le  grand  puits  à  64^70.  On  s'aperçoit  que  ce  der- 
nier a  dévié  de  la  verticale  d'environ  o^Ao.  Pour  remédier  à 
cet  accident  grave,  on  décide  que  Ton  adaptera  au  trépan,  et, 
de  plus,  qu'on  armera  ce  grand  outil  de  guides  verticaux  en 
bois,  afin  de  le  forcer  à  suivre  toujours  la  ligne  du  puits  pré- 
paratoire. 

En  attendant  que  Toutil  soit  prêt,  on  reprend  le  foncement 
dudit  puits  préparatoire. 

Le  a  septembre ,  un  ouvrier  laisse  tomber  une  clef  de  son- 
dage dans  le  puits  ;  on  cherche  toute  la  journée,  avec  la  cail- 
ler à  soupape,  sans  pouvoir  la  retirer. 

Le  4  septembre,  pendant  le  travail  du  sondage,  une  dent  de 
trépan  se  détache  ;  on  la  retire  après  quelques  heures  de  ma- 
nœuvre, au  moyen  de  la  cuiller  à  soupape.  Quant  à  la  clef, 
on  suppose  qu'elle  a  été  brisée  par  le  trépan,  et  l'on  se  décide 
à  abandonner  toute  tentative  nouvelle  pour  la  repêcher,  les 
débris  de  cette  clef  ne  pouvant  faire  obstacle  à  la  marche  du 
sondage. 

Le  18  septembre,  le  puits  préparatoire  est  arrivé  à  86",7o 
de  profondeur.  On  arrête  le  travail  de  forage,  pour  monter  le 
grand  trépan  avec  ses  nouveaux  guides. 

Le  23.  on  essaye  de  descendre  ce  grand  outil,  mais  on  ne 
parvient  pas  à  le  faire  aller  jusqu'au  fond  du  puits,  les  guides 
en  bois  déplaçant  un  volume  d'eau  tel  que  le  poids  du  trépan 
est  Insuffisant  pour  le  maintenir  tout  à  fait  d'aplomb.  On  retire 
quatre  des  huit  pièces  de  guides,  après  quoi  l'outil  descend 
très-bien. 

On  attaque  Téquarrissage  du  puits  à  partir  de  Bk  mètres  de 
profondeur. 

Le  3  octobre,  le  puits  est  redressé  jusqu'à  6/^'',7o,  et  l'on  re- 
prend alors  la  marche  ordinaire  du  travail  d'élargissement 

Le  7  octobre,  le  grand  puits  est  arrivé  à  la  profondeur  de 
68",5o  ;  on  remarque  qu'il  y  a  encore  quelques  aspérités  dans 
la  partie  supérieure,  et  l'on  se  décide  à  repasser  une  seconde 
fois  les  parois  de  ce  grand  puits'  pour  le  remettre  tout  à  fait 
droit 


TRAVAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.       54? 

Le  11  octobre,  ce  travail  est  terminé  et  Ton  recommence  l'é- 
largissement. 

Le  16  janvier  1860,  on  faisait  le  curage  avec  la  cuiller  à  sou- 
pape :  le  chef  des  manœuvres  ayant  vissé  incomplètement  sur 
la  tige,  Panneau  de  la  corde  d'extraction,  quand  on  était  oc- 
iCupé  à  remonter  l'instrument,  ce  dernier  s'échappa  et  vint 
tomber  dans  le  puits.  On  a  retiré  la  cuiller  et  ses  tiges  avec 
le  crochet  de  salut;  Toutll  était  fort  endommagé  et,  de  plus, 
un  clapet  détaché  était  resté  dans  le  puits. 

Du  17  au  31  janvier,  on  travaille  à  retirer  le  clapet  à  Taide 
du  grapin,  mais  on  n'y  parvient  pas,  parce  que  ce  morceau  de 
fer  plat  s'enfonce  dans  la  bouillie  dont  le  puits  est  encore  rem- 
pli, et  qu^il  devient  impossible  de  le  saisir.  On  se  décide  à  re- 
prendre le  sondage  et  à  battre  sur  le  clapet,  jusqu'à  ce  qu'on 
arrive  à  fond  du  petit  puits,  sur  un  terrain  résistant 

Le  ag  janvier,  le  puits  préparatoire  était  terminé  à  io8",9o 
de  profondeur  et  le  grand  puits  se  trouvait  à  88'",8o* 

Dans  la  nuit  du  dimanche  au  lundi  (39  au  3o),  le  travail  était 
suspendu  comme  il  l'est  d'habitude  les  jours  fériés.  Vers  quatre 
heures  du  matin,  le  garde  de  nuit  entendit  un  bruit  considé- 
rable du  côté  du  puits  d'aérage  en  avaleresse  :  la  maçonnerie 
formant  le  revêtement  des  parois,  depuis  le  sol  jusqu'à  5  mètres 
de  profondeur,  venait  de  s'écrouler.  En  tombant  sur  le  plan- 
cher de  manœuvre,  cette  masse  énorme  avait  brisé  les  poutres 
de  suspension  du  trépan,  et  précipité  ce  dernier  au  fond  du 
puits  préparatoire.  C'était  le  petit  trépan.  Cet  outil  était  resté 
suspendu,  le  dimanche  matin,  à  5  mètres  du  fond,  avec 
75  mètres  de  tiges  de  bois,  qui  furent  cassées  en  trois  pièces  ; 
une  grosse  fourche  de  suspension  en  fer,  un  des  pieds-droits 
soutenant  le  chemin  de  fer  de  service,  les  deux  ablocs  portant 
le  trépan,  tout  fut  jeté  dans  le  puits,  en  môme  temps  qu'une 
quantité  considérable  de  maçonnerie  et  de  terre,  qui  vinrent 
remplir  l'excavation  et  recouvrir  le  trépan  sur  une  hauteur  de 
plus  de  8  mètres. 

Avant  de  prendre  des  mesures  en  vue  de  réparer  l'accident, 
nous  jugeons  indispensable  d'étayer  toutes  les  constructions 
voisines  du  puits,  afin  d'éviter  de  nouveaux  malheurs. 

On  se  met  donc  immédiatement  à  déblayer  autour  du  bâti- 
ment et  à  placer  un  plancher  de  sûreté  sur  le  puits,  après  quoi 
Ton  reconstruit  complètement  la  maçonnerie. 

Le  17  février,  tout  est  rétabli  en  bon  état  à  l'extérieur. 

HovE  XVm,  1860.  36 


548  PBOCÊOÉ  KINO. 

On  remonte  alors  le  plancher  de  manœuvre  et  Ton 
mence  à  repêcher  les  pièces  de  bols  qui  nagent  dans  le  puits, 
notamment  le  support  du  chemin  de  fer,  les  ablocs  et  deux 
parties  des  tiges  de  suspension.  Une  dernière  partie  de  ces  tiges 
reste  attachée  au  trépan,  savoir  :  la  glissière  proprement  dite^ 
la  tige  en  fer  qui  la  surmonte  (environ  5  mètres  de  longueur), 
deux  tiges  de  i5  mètres  en  bois,  et  enfin  le  bout  cassé  <riuie 
troisième  tige  en  bois. 

On  parvient  à  saisir  Tappareil  avec  le  crochet  de  salut;  mais 
Toutil  est  tellement  ancré  que,  malgré  les  coups  vigoureux  du 
balancier  de  battage,  on  n'arrive  pas  aie  faire  bouger  et  même 
la  tige  finit  par  céder,  Tun  des  ferrements  se  casse  par  les  se- 
cousses qu*il  reçoit 

On  reconnaît  rinutilité  de  nouvelles  tentatives  de  ce  genre  , 
et  Ton  décide  que  Ton  cherchera  à  dégager  le  trépan,  en  d^ 
blayant  le  fond  du  puits  avec  un  petit  foret  de  o",3o  et  une 
cuiller  de  o^^ya/i  de  diamètre  et  de  â",6o  de  longueur;  cette 
cuiller  pouvait  passer  entre  les  guides  du  trépan  et  arriver 
jusque  sur  la  lame  qui  porte  les  dents. 

Du  35  février  au  6  mars,  on  travaille  à  Textraction  des  dé- 
blais. 

Le  7  mars,  on  était  arrivé  à  vider  le  puits  jusqu'à  3  mètres 
de  fond;  on  essaye  d'accrocher  la  tige  en  bois  qui  reste  encore 
sur  le  trépan,  au  moyen  du  crochet  de  salut ,  puis  on  s'attelle 
de  nouveau  sur  le  balancier  de  battage.  Le  trépan  résiste  et 
l'un  des  ferrements  de  la  tige  est  arraché  par  l'effort  de  trac- 
tion que  l'on  exerce. 

On  reprend  ie  travail  de  curage,  afin  d'essayer  encore  de  dé- 
gager le  trépan. 

Le  13  mars,  on  accroche  l'outil  avec  trois  tiges  en  fer,  deux 
que  l'on  attache  aux  guides  du  trépan,  avec  des  crochets  plats, 
et  la  troisième  avec  un  crochet  de  salut  à  la  tige  dudit  trépan, 
au-dessous  de  la  grosse  douille.  Sur  les  deux  tigeç  des  guides 
on  monte  les  grandes  vis  devant  servir  à  descendre  le  cuvelage, 
et  avec  lesquelles  on  peut  produire  un  effort  considérable,  au 
moyen  des  engrenages  qui  y  sont  adaptés;  la  tige  du  crochet 
de  salut  est  attachée  au  balancier  du  batteur.  Le  trépan  ainsi 
saisi  sur  trois  points,  on  tire  avec  force,  la  pression  de  la  va- 
peur étant  à  quatre  atmosphères  sur  le  piston  du  batteur,  et 
huit  hommes  étant  attelés  aux  vis.  On  ne  parvient  pas  à  ébran- 
ler l'outil  ;  les  grosses  poutres  placées  sur  le  puits  pour  rece» 


TfiAYAUX  EXÉCUTÉS  EN  BELGIQUE.  549 

▼oir  les  vis  fléchissent  sous  l'effort  énorme  de  tons  ces  appa- 
reils ;  les  crochets  eux-mêmes  se  plient  et  les  tiges  se  détachent 
des  guides. 

On  refait  les  crochets  et  Ton  recommence  Topération  ;  mais 
une  nouvelle  rupture  se  produit  et,  de  plus,  le  choc  occasionne 
de  nouveaux  éboulements  de  terre  dans  le  puits. 

U  n*7  a  plus  moyen  d  atteindre  jusqu'aux  guides  du  trépan 
pour  renouveler  l'expérience. 

Le  18  mars,  on  reprend  Textraction  des  terres  à  Taide  des 
petits  outils,  afin  de  dégager  le  trépan. 

Le  aa  mars,  on  parvient  encore  une  fois  à  accrocher  les  guides 
du  trépan  avec  les  deux  tiges,  et  Ton  remet  la  troisième  tige, 
avec  le  crochet  de  salut,  au-dessous  de  la  grosse  douille;  les 
vis  sont  toujours  attachées  aux  deux  premières  tiges  et  Ton 
attelle  sur  la  troisième  le  balancier  du  batteur  et  la  corde  de 
la  machine-cabestan.  On  tire  avec  toutes  les  forces  réunies,  et 
les  deux  crochets  des  guides  s'échappent  de  nouveau  ;  on  les 
retire  ;  ils  étaient  intacts,  ce  qui  fait  reconnaître  que  les  guides 
du  trépan  eux-mêmes  se  sont  cassés. 

(Ces  pièces  de  fer  avaient  o%ia  de  hauteur  sur  o*,o8  d'épais- 
seur, soit  96  centimètres  quarrés  de  section). 

Le  37  mars,  on  se  prépare  encore  à  accrocher  le  trépan.  On 
essaye  de  dévisser  la  dernière  tige  en  bois  qui  est  restée  sur  la 
glissière  ;  malheureusement  le  bout  de  cette  tige  est  en  fer, 
sur  une  longueur  de  5  mètres,  et  il  est  courbé  de  manière  à 
rejeter  la  tige  contre  les  parois  du  puits.  Néanmoins,  à  force 
d'essayer,  on  parvient  à  enlever  cette  dernière  tige  et  à  visser 
ensuite  sur  la  glissière  une  nouvelle  tige  partant  de  la  surface. 
Cette  tentative  difficile  a  réussi  par  Tapplication  de  deux  cro- 
chets de  salut,  Pun  en  bas  et  l'autre  en  haut  de  la  tige  en  bois; 
on  avait  adapté  à  la  nouvelle  tige  qu'il  s'agissait  de  visser  un 
chapeau  conducteur  en  tôle  d'une  forme  conique. 

C'est  le  succès  de  cette  opération  qui  a  décidé  du  sort  du 
travail  ;  car  nous  étions  à  bout  d'expédients,  et  l'on  parlait 
môme  de  la  nécessité  d'abandonner. 

Le  3i  mars,  on  attache  la  nouvelle  tige  au  balancier  de  bat* 
tage,  et  Ton  tire  vigoureusement  et  par  coups  répétés;  après 
dix  ou  douze  heures  de  marche,  la  glissière  du  trépan  est  dé- 
gagée. 

Le  9  et  le  3  avril,  on  reprend  la  manœuvre  du  battage,  et 
après  an  travail  suivi  de  vingt^quatre  heures  environ,  le  tré- 


55  Q  PROCÉDÉ  Kmo. 

pan  commence  h  se  détacher;  il  était  alors  remonté  de  7  à 
8  centimètres. 

La  Tiolence  des  coups  du  batteur  était  telle  que»  trois  fols 
pendant  ces  deux  journées,  la  tige  du  piston  de  la  machine  tat 
cassée»  et  cette  pièce  n*a  pas  moins  de  6  centimètres  de  dim- 
mètre. 

Ensuite  la  marche  ascensionnelle  du  trépan  augmenta  rapi* 
dément  d*heure  en  heure  et,  dans  la  nuit  du  3  au  &  avril,  on 
parvint  enfin  à  ramener  au  Jour  ToutH  de  sondage  tout  mutilée 

Mais  tout  n'était  pas  terminé  :  il  restait  dans  le  puits  une 
quantité  considérable  de  morceaux  de  fer  provenant  du  bris 
des  outils;  il  y  avait  aussi  beaucoup  de  bois,  de  briques»  etc. 
On  se  mit  de  suite  en  mesure  de  retirer  tous  ces  oljets  ma 
moyen  du  grapin.  On  a  réussi,  à  Taide  de  cet  instrument,  à  ex* 
traire  non-seulement  tous  les  morceaux  de  fer  petits  et  gros 
qui  restaient  dans  le  puits  ;  mais,  ce  qui  est  bien  plus  remar- 
quable, un  bloc  de  vieille  maçonnerie  de  i",8o  de  longueur, 
i  mètre  de  largeur  et  o",6o  de  hauteur,  ce  qui  représente 
1  mètre  cube,  soit  un  poids  d^environ  2.000  kil. 

Ce  bloc  a  été  enlevé  trois  fois  avant  d'arriver  au  Jour;  les 
premières  fois,  la  masse  put  s'échapper  des  griffes  de  rinstm- 
ment  lorsque  celui-ci  sortait  de  l'eau;  pour  réussir  la  troisième 
fois  à  le  tenir  accroché,  il  fallut  descendre  au  fond  du  puits 
jusqu'à  la  tête  du  niveau,  et  y  saisir  la  masse  en  la  liant  avec 
des  cordes. 

Enfin,  le  a  mai  1860,  c^est-à-dire  après  trois  mois  d'un  tra« 
vail  extrêmement  laborieux,  tous  les  dégftts  occasionnés  par 
l'accident  étaient  réparés,  et  l'on  pouvait  reprendre  le  forage 
du  puits. 

Le  U  juin ,  ce  dernier  était  complètement  achevé»  le  puits 
préparatoire  &  io8"»ao  et  le  grand  puits  à  io5",9o  de  profon- 
deur. 

On  peut  se  convaincre»  par  Texposé  qui  précède»  que,  à  part 
les  deux  accidents  importants  que  nous  avons  signalés,  la  dé- 
Tiation  du  puits  et  Téboulement  de  la  maçonnerie ,  le  travail 
de  Péronnes  s'est  exécuté  rapidement  et  sans  difficulté. 

Quant  à  la  déviation,  c'est  la  première  fois  qu'elle  se  produit; 
nous  en  avons  indiqué  les  causes,  en  même  temps  que  le  moyen 
de  l'éviter  à  l'avenir,  par  Tapplication  de  guides  verticales  à 
Toutil  de  sondage.  Nous  conseillons  d'en  faire  usage  dans  t<Nis 


TBAYAUX  EXÉCUTÉS  £N   BELGIQUE.  55 1 

les  terrains;  il  est  d'une  grande  simplicité  et  peu  coûteux. 

L'éboulement  de  la  maçonnerie  du  puits  est  un  accident  tout 
à  fait  indépendant  du  mode  de  travail  :  il  est  dû  à  une  cause 
fortuite  que  nous  allons  faire  connaître.  Dans  les  premiers 
moments,  nousTavons  attribué  à  la  mauvaise  confection  de  la 
maçonnerie,  dont  Tépaisseur  n'était  pas  conforme  au  plan;  le 
mortier  non  plus  n'avait  pas  fait  prise  comme  il  aurait  dû  le 
faire  depuis  huit  mois  qu'il  était  placé  ;  il  est  vrai  que  les  pluies 
incessantes  de  l'année  dernière  avaient  fortement  détrempé 
les  terrains  environnants,  ce  qui  a  dû  contribuer  notablement 
k  rendre  la  poussée  plus  forte.  Mais  enfin,  malgré  toutes  ces 
défectuosités,  nous  ne  pouvions  encore  nous  rendre  bien 
compte  de  ce  qui  s'était  passé  lorsque,  par  l'extraction  du  bloc 
énorme  de  maçonnerie  retiré  du  puits,  nous  avons  été  amené  à 
faire  des  reciierches  sur  l'existence  d'une  vieille  construction 
(faite  pour  l'ancienne  machine  à  feu  de  Péronnes)  qui,  nous 
n'en  doutons  plus  maintenant,  a  été  la  principale  cause  de 
l'accident.  Cette  construction  divisait  la  circonférence  du  puits 
en  quatre  parties  isolées,  contre  chacune  desquelles  se  trouvait 
une  masse  de  a  à  5.ooo  Icil.;  la  poussée  du  terrain  fit  surplom- 
ber l'une  de  ces  masses,  et  c'est  ce  qui  a  déterminé  l'éboule- 
ment. 

Le  5  juin  i8do,  on  a  commencé  à  démonter  les  outils  de  fo- 
rage et  à  établir  la  charpente  nécessaire  pour  installer  les  tiges 
et  les  vis  de  suspension  destinées  à  descendre  le  cuvelage.  Ce 
travail  préparatoire  et  la  descente  des  pièces  qui  eut  lieu  en- 
suite ne  forent  signalés  par  aucun  accident 

Le  bétonnage,  que  l'on  a  exécuté  du  96  Juillet  an  ai  août,  a 
marché  aussi  très-régulièrement;  nous  n'avons  eu,  dans  le 
cours  de  cette  opération,  qu'un  seul  accident,  peu  grave  d'ail- 
leurs, puisqu'il  n'a  gêné  le  travail  que  pendant  deux  Jours. 

Voici  en  quoi  il  consistait  :  le  i3  août,  alors  que  le  béton* 
nage  était  déjà  fait  sur  5o  mètres  de  hauteur,  une  cuiller,  qu'on 
remontait,  fut  accrochée  entre  le  cuvelage  et  les  parois  du 
puits;  en  tirant  dessus,  on  avait  cassé  les  deux  cordes  des 
treuils  qui  faisaient  le  service  de  cette  cuiller.  Le  lendemain, 
on  parvint  à  dégager  l'outil  et  à  le  ramener  au  jour. 

Le  bétonnage  put  continuer  avec  les  deux  autres  cuillers. 

L'épuisement  de  l'eau  du  cuvelage  et  l'enlèvement  de  l'appa- 
reil d'équilibre  n'ont  présenté  aucun  incident  à  signaler  icL 


55  s  PROCÉDÉ  KIND. 

L^approfondissement  du  puits  jnsqu^&u  niveau  de  iiS  mètres» 
où  se  trouve  la  galerie  de  communication  pour  l*aérage,  traTail 
qui  s'est  fait  par  les  procédés  ordinaires,  n*a  donné  lieu  non 
plus  à  aucune  observation  importante. 


Armi&CB  0£  U.  fOHTB.  S5S 


AFFINAGE  DE  LA  FONTE 

FOUB  riA  n  AeiBR,    PAB  LI  PROCiOK  BBSaXUR. 

Par  M.  GRDNER, 
Ingéniear  on  chef,  profesMar  à  l'École  doi  mines. 


Lorsque,  il  y  a  quatre  ans,  H.  Bessemer  fit  connaître,  £^^'^. 
devant  TAssociation  britannique  réunie  à  Gheltenham 
(en  août  1 856) ,  sa  nouvelle  méthode  d'affinage,  il  y  eut 
un  toUê  presque  général  d'incrédulité,  et  je  dois 
avouer  que  j'étais  du  nombre  de  ceux  qui  doutaient, 
avec  la  réserve  toutefois  que  le  procédé  nouveau  a  pour- 
rait donner  des  produits  de  qualité  convenable,  soit  fer, 
soit  acier,  en  opérant  sur  des  fontes  pures  (i).  n  Hais 
alors  M.  Bessemer  avait  la  prétention  de  produire  du 
bon  fer  avec  n'importe  quelle  fonte;  et  c'est  cette  pré- 
tention-surtout  qui  m'avait  paru  exorbitante  et  qui  sans 
doute  aussi  était  pour  le  plus  grand  nombre  le  princi- 
pal motif  d'incrédulité.  Les  essais  entrepris  dans  les 
ateliers  du  Great-Northern  et  dans  les  forges  de  Saintr- 
Pancrace  et  d'Ebbw-vale  prouvèrent,  en  efiet,  que  la 
méthode  nouvelle  ne  réalisait  pas  les  promesses  faites. 
Ces  échecs  néanmoins  ne  découragèrent  pas  M.  Besse- 
mer; il  en  chercha  les  causes  et  s'appliqua  dès  lors  à 
traiter  surtout  des  fontes  peu  chargées  de  matières 
étrangères.  Une  usine  fut  établie  à  Sbeffield  ;  des  essais 
nombreux  furent  faits  à  Tarsenal  royal  de  Wooiwicb, 
et  le  procédé  nouveau  est  même  déjà  appliqué,  depuis 

(i)  Bulletin  de  la  êodéié  de  Vinduitrie  minérale^  t  U,  p.soo. 


554  AFFINAGE  DE  LA   FOUTE 

deux  ans  environ,  dans  une  forge  de  Suède.  Port  de 
rexpérience  acquise,  H.  Bessemer  exposa,  le  a  4  mai 
i85g,  devant  l'Association  des  ingénieurs  civils  de 
Londres  les  résultats  obtenus,  et  présenta,  à  l'appui  de 
ses  assertions,  de  nombreux  échantillons  de  fer  et  d'acier 
aflEmés  par  sa  méthode.  Il  fit  connaître  sommairement 
le  procédé  lui-même  et  les  avantages  qui  devaient  eo 
résulter.  Quelques  doutes  furent  encore  émis  par  divers 
membres  de  T Association  ;  on  rappela  spécialement  le 
complet  insuccès  des  premiers  essais;  mais  les  faits 
annoncés  par  H.  Bessemer  furent  formellement  confir- 
més par  le  directeur  de  l'arsenal  de  Woolwich,  le  colonel 
£•  Wilmot,  qui  avait  été  chargé  officiellement  de  suivre 
les  essais  et  d'éprouver  les  produits  nouveaux.  Ce  der- 
nier, comme  M«  Bessemer,  avoua  d'ailleurs  que  la  mé- 
thode n'était  pas  applicable  aux  fontes  sulfureuses  et 
phosphoreuses;  que  les  échecs  subis  &  l'origine  prove- 
naient de  là,  mais  qu'en  traitant  des  fontes  pures, 
même  siliceuses ,  la  méthode  Bessemer  bien  appliquée 
donnait  réellement  des  produits  excellents  et  à  des  prix 
relativement  bas.  Ce  qui  confirme  d'ailleurs  ces  expé» 
riences ,  c'est  que  d'autres  forges,  à  la  suite  d'essais 
répétés,  montent  également  les  appareils  destinés  & 
pratiquer  en  grand  la  méthode  nouvelle.  Ainsi,  en  juin 
dernier ,  je  vis  les  usines  de  la  compagnie  de  Wear- 
dale  (Durham)  se  mettre  en  mesure  d'affiner  leurs  fontes 
par  le  procédé  Bessemer.  Ces  fontes  s'obtiennent  en 
trsdtant,  aux  hauts -fourneaux  de  Towlaw,  les  fers 
spathiques  et  les  mines  douces  manganésifères  qui  se 
rencontrent  en  filons  dans  le  calcaire  carbonifère  de 
Stanhope  et  d' AUenbead. 

En  France,  H.  Jackson,  de  Saint-Seurin,  a  affiné  par 
la  même  méthode,  pour  acier  fondu,  les  fontes  blanches 
manganésifères  provenant  des  hématites  brunes  de 


PA&  LE  PEOG&DÊ  BESSEMER.  555 

Vicdeasos.  La  méthode  Bessemer  se  trouve  donc  déjà 
bien  réellement  dans  la  phase  de  son  application  in- 
dustrielle et,  par  ce  motif,  je  vais  tâcher,  soit  d'après 
le  mémoire  de  M.  Bessemer»  soit  d'après  les  renseigne- 
ments verbaux  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Piccard, 
ingénieur  de  M.  Jackson  de  Saint-Seurin ,  de  faire  con- 
naître l'état  présent  de  la  méthode  nouvelle. 

Observons  d'abord  que  M.  Bessemer  affirme  dans 
son  mémoire  qu'il  peut  produire  indifféremment  de 
l'acier  ou  du  fer  fondu  ;  que  c'est  tout  simplement  une 
question  de  temps  ou  de  quantité  de  vent.  Toutefois  il 
résulte  des  renseignements  que  m'a  fournis  M.  Piccard 
que  la  production  régulière  du  fer  doux  serait  difficile  ; 
il  ne  demeurerait  pas  toujours  à  l'état  fluide  et  formerait 
parfois  des  loups,  du  moins  lorsqu'on  n*opère  pas  sur 
des  masses  assez  fortes. 

Au  reste,  comme  l'affinage  pour  fer  est  nécessaire- 
ment plus  coûteux ,  puisque  la  durée  de  l'opération , 
le  vent  absorbé  et  surtout  le  déchet  sont  plus  considé- 
rables, et  que  l'acier  a  d'ailleurs  une  ténacité  à  peu  près 
double ,  il  est  bien  évident  que  le  procédé  Bessemer  ne 
sera ,  dans  tous  les  cas ,  généralement  appliqué  qu'eu 
vue  de  la  fabrication  de  l'acier  fondu. 

Lorsque  M.  Bessemer  eut  reconnu  que  sa  méthode 
ne  pouvait  s'appliquer  aux  fontes  sulfureuses  et  phos- 
phoreuses, il  eut  d'abord  recours  aux  meilleures  fontes 
de  Suède,  et  c'est  encore  elles  qu'il  affine  dans  son  appa- 
reil lorsqu'il  veut  obtenir  de  l'acier  de  première  qusJité 
pour  la  coutellerie  ;  il  réussit  également  en  se  servant 
de  fontes  au  bois,  venant  des  Indes  et  de  la  Nouvelle- 
Ecosse  (i).  Il  traita  ensuite  les  fontes  au  coke  provenant 


(i)  Ces  mômes  fontes  sont  puddlées  pour  acier  à  Sheffield 
par  la  maison  Gamel  et  Compagnie. 


de  rtppanll. 


556  AFnilAGB  DB  Là  VORTB 

de  la  fusion  exclusive  des  hématites  rcniges  {red  ores)  dm 
Cumberland.  Elles  sont  fournies  par  les  deux  principales 
usines  de  ce  comté,  Gleator-Hoor  et  Working^on*  Enfin 
les  fontes  de  la  forêt  de  Dean  et  celles  de  Towlaw,  de 
la  compagnie  de  Weardale  (i),  ont  donné  de  même  de 
forts  bons  produits.  Celles-ci  s'obtiennent  en  fondant 
les  fers  spathiques  ci-dessus  mentionnés,  et  les  fontes  de 
la  forêt  de  Dean  en  traitant,  comme  dans  le  Cumber- 
land, des  hématites  du  calcaire  carbonifère.  Par  contre, 
à  cause  du  phosphore,  on  eut  toujours  des  produits  peu 
satisfaisants  en  affinant  les  fontes  de  minerais  houillers, 
même  les  premières  marques  de  Pontypool  et  Blaena-* 
von. 
pispoiition        On  sait  que  l'ancien  appareil  Bessemer  (s)  est  une 
sorte  de  petit  cubilot  à  plusieurs  tuyères  latérales,  où 
la  fonte  en  parfaite  fusion  est  soumise  à  l'action  d'un 
courant  d'air  très-violent,  sans  le  concours  d'aucun 
combustible. 

L'appareil  nouveau  ne  diffère  du  précédent  que  par 
la  position  des  tuyères;  au  lieu  d'être  latérales,  elles 
sont  verticales  et  placées  dans  la  sole  même  du  four. 
Ce  dernier,  comme  le  montrent  les  /Ig^.  6, 7,  8  (PL  II), 
ressemble  de  tous  points  à  la  panse  d'une  graode  cor- 
nue ordinaire  de  laboratoire.  Il  se  compose  d'une  forte 
enveloppe  en  tôle  ou  fonte,  garnie  intérieurement  d'une 
chemise  en  pisé  réfractaire  à  excès  d'alumine.  Le  four 
est  mobile  autour  de  deux  tourillons,  et  peut  être  ren- 
versé à  droite  ou  à  gauche ,  comme  l'indiquent  les /{;•  6 
et  8,  à  l'aide  d'une  manivelle  agissant  par  un  pignon  sur 
une  roue  dentée  ou  crémaillère  circulaire  ;  sous  la  sole 

é  * 

(t)  D*après  les  mémoires  du  GeologictU  survey^  les  miDerais 
de  Weardale  et  de  Cieator-Moor  ne  renferment  que  des  traces 
de  phosphore  et  de  soufre. 

(9)  JnnaUê  4et  mina^  5*  série,  tome  IX,  pa^e  eftS. 


PAB  LB  FBOGÊDÉ  BE8SEVEB.  557 

da  four  est  une  sorte  de  chambre  à  vent,  d'où  partent 
les  tuyères  verticales;  le  vent  y  est  ameoé  par  les 
tourillons  mêmes  pour  ne  pas  gêner  les  mouvements  du 
four.  Us  sont  donc  disposés  à  la  façon  des  axes  d'une 
macbine  à  vapeur  oscillante. 

Les  fig.  6, 7, 8,  PL  II,  extraites  du  mémoire  Bessemer, 
indiquent  une  seule  ouverture  à  la  partie  supérieure , 
servant  tour  à  tour  pour  Fintroduction  de  la  fonte,  la 
coulée  de  l'acier  et  la  sortie  des  produits  gazeux  pen- 
dant l'opération  même.  Parfois  cependant  la  cornue 
présente  en  outre,  vers  le  haut,  deux  ouvertures  laté- 
rales pour  la  sortie  des  gaz.  Les  dimensions  de  la  cornue 
ne  sont  pas  indiquées  par  M*  Bessemer  ;  elles  dépendent 
nécessairement  du  poids  de  la  chaif;e  traitée  par  opé- 
ration. Or  l'inventeur  déclare  qu'il  pourrait  affiner  à  la 
f(ns  jusqu'à*]  o  à  ao  tonnes  de  fonte.  Pourtant  il  ressort, 
ce  me  semble,  des  termes  mêmes  dont  il  se  sert,  qu'en 
réalité  il  n'a  encore  jamais  opéré  sur  des  masses  aussi 
colossales.  Quoiqu'il  en  soit  à  cet  égard,  on  monte  à 
Saint-Seurin,  à  la  suite  d'essais  nombreux,  poursuivis 
depuis  un  à  deux  ans,  deux  cornues  dont  chacune 
doit  pouvoir  contenir  5oo  à  i  ooo  kilogrammes  de  fonte 
par  opération*  Or,  pour  pareille  charge,  les  dimensions 
principales  sont  approximativement  les  suivantes  : 
o^yGo  à  o'°,65  de  diamètre  intérieur,  i  mètre  à  i^'tao 
de  hauteur  au-dessus  de  la  sole  à  vent,  25  tuyères  ou 
jets  de  vent  de  o'^fOoG  de  diamètre,  avec  a  atm.  1/2  de 
pression  de  vent  en  moyenne  (i).  Avec  ces  dimensions , 
la  hauteur  du  bain  métallique  serait  de  o'",5o  pour  une 
charge  de  1 000  kilogrammes,  et  par  suite  la  résistance 
à  l'entrée  du  vent  d'un  tiers  d'atmosphère. 

(1)  L'usine  de  Saint-Seurin  a  acheté  pour  cette  installation 
les  machines  qui  desservaient  le  chemin  de  fer  atmosphé- 
rique de  Saint-Germain. 


558  AFFUIAfiS  I»  Là  FONTE 

La  sole  du  four,  ou  cloison  à  tuyères,  est  fonoée  de 
plusieurs  cônes  moulés  en  terre  réfractaire»  poicës 
chacun  par  cinq  conduits  cylindriques  de  o'^yocô  de 
diamètre,  et  cimentés  ensemble»  au  moyen  d*argile  rè- 
fractaire,  comme  des  voussoirs  d'une  portion  de  calotte 
sphérique  à  très-grand  diamètre  (fig.  9)  (i)* 

Opération.  La  fonte  que  Ton  veut  aflSiner  peut  être  prise  directe- 
ment au  haut-fourneau,  ou  devra  être  refondue  soit  dans 
un  cubilot,  soit  dans  un  réverbère  ;  ce  dernier  appa- 
reil est  évidemment  préférable  lorsqu'il  s'agit  de  fonte 
au  bois.  C'est  un  four  de  ce  genreque  l'on  monte  à  Saint- 
Seunn;  il  est  calculé  pour  une  charge  de  6oookiIog«, 
de  façon  à  fournir  à  plusieurs  opérations  successives. 
La  fonte  doit  être  grise,  ou  tout  au  moins  blanche  la- 
melleuse,  fortement  carburée. 

Tandis  que  la  fonte  est  mise  en  fusion,  on  chauffe  la 
cornue  au  rouge  intepse  en  la  remplissant  de  coke  et 
en  faisant  agir  le  vent.  Une  heure  suffit  en  général. 

On  renverse  alors  et  nettoie  l'appareil  en  retirant 
avec  soin  les  escarbilles,  cendres  et  mâchefers;  puis 
on  le  place  dans  la  position  indiquée  par  la  fig.  6 ,  pour 
y  amener  la  fonte  en  fusion.  Dès  que  la  charge  est  faite, 
on  relève  la  cornue,  et  au  même  instant  on  donne  le 
vent  pour  empêcher  la  fonte  de  couler  dans  les  tuyères 
{fig.  7).  Le  métal,  violemment  traversé  parles  vingt- 
cinq  jets  d'air,  est  fortement  soulevé;  l'oxydation  du 
fer  et  des  substances  étrangères  accroît  la  température; 
des  scories  se  produisent  et  sont  lancées  partiellement, 
avec  des  globules  de  fer,  hors  de  la  cornue,  sous  forme 


(1)  Les  tuyères  de  Tappareil  figuré  dans  le  mémoireBessemer 
sont  en  fonte  ou  en  fer,  comme  le  montrent  les  /l^.  6  à  8 ,  miis 
le  fourneau  de  Saint-Seurin  est  pourvu  de  vingt-cinq  tuyères 
moulées  en  terre,  semblables  à  celles  de  la  fig.  9, 


PAH  U  PBOGÉDÉ  BBSSBMBK.  559 

de  pluie  de  feu;  la  flamme  d*abord  violette,  passe  à 
l'orange,  pois  au  blanc,  et  les  grandes  étincelles  qae 
l'on  observe  à  l'origine  décroissent  peu  à  peu  et  se 
transforment  finalement  en  une  sorte  de  jet  lumineux 
composé  d'une  succession  continue  de  points  brillants* 
Ces  modifications  successives  dans  l'apparence  de  la  coviée. 
gerbe  de  feu,  qui  s'échappe  par  le  col  de  la  cornue,  per- 
mettent déjuger  des  progrès  de  l'opération.  Lorsqu'on 
est  arrivé  au  point  voulu,  soit  acier,  soit  fer,  on  incline 
la  cornue  en  sens  inverse  de  la  position  première 
{fig.  8);  on  arrête  le  fent  et  fait  couler  le  produit 
fondu  soit  directement  dans  une  lingotière,  soit  d'abord 
dans  un  chaudron  en  fer  enduit  d'argile  réfractaire, 
semblable  à  ceux  dont  on  fait  usage  dans  les  aciéries  où 
Ton  coule  des  pièces  de  fortes  dimensions  (i).  C'est  un 
chaudron  de  ce  genre  qui  est  représenté  par  la  fig.  8. 
Un  trou  de  coulée  fermé  par  un  tampon  est  pratiqué 
dans  le  fond  et  permet  de  verser  le  métal  fluide  à  l'aide 
d'une  grue  dans  une  ou  plusieurs  lingotières. 

Dès  que  la  cornue  est  vide,  on  la  recharge  de  suite 
pour  profiter  de  la  chaleur  des  parois;  puis  une 
deuxième  opération  se  fait  comme  la  première.  Le 
travail  marche  ainsi  d'une  façon  continue  jusqu'à  ce  que 
la  chemise  réfractaire  soit  fortement  corrodée,  ce  qui 
arrive  généralement  en  moins  de  vingt-quatre  heures  ; 
mais  avec  deux  appareils  marchant  alternativement  on 
peut  affiner  sans  interruption.  H.  Bessemer  assure  qu'en 


(i)  M.  Bessemer  pense  que  la  durée  de  ropération  pourrait 
être  réglée  par  une  sorte  de  compteur  qui  mesurerait  le 
nombre  de  mètres  cubes  de  vent  Mais  cela  suppose  évidem- 
ment que  Tair  aspiré  par  la  machine  soufflante,  aurait  con- 
stamment la  même  densité  et  la  môme  humidité,  qu'il  serait 
toujours  fourni  au  même  degré  de  compression ,  et  enfin  que 
la  fonte  serait  constamment  de  même  nature. 


56o  AFFINAGE  DE  LA  FONTB 

Angleterre  une  chemise  en  pisé  ne  coûte  que  is  sh. 
(i5  fr.)»  qu'elle  est  battue  en  très-peu  d'heures,  peut 
déjà  recevoir  la  fonte  en  fusion  deux  heures  après  la  £n 
du  battage  et  résiste  aisément  au  travail  de  70  i 
90  tonnes  de  métal.  Au  reste,  même  si  nous  supposons 
ces  chiifres  exagérés»  il  est  bien  évident  que  les  frais 
résultant  de  ce  chef  seront  dans  tous  les  cas  fort  pea 
considérables. 
Dorée  Sclon  le  degré  de  décarburation  auquel  on  désire 

et^dèohets.     amener  le  produit,  la  durée  d'une  opération 


des  lingots. 


entre  10  et  25  minutes.  Le  déthet  est  de  13  à  1 5  p.  100 
pour  Facier;  de  so  à  2a  p.  iqo  pour  le  fer.  Â  œs 
chiffres  il  faut  d'ailleurs  ajouter  le  déchet  qu'entraîne 
l'étirage  de  l'acier  fondu  ordinaire. 
TraTâii  Les  lingots  d'acier  ou  de  fer  sont  martelés,  laminés, 

travaillés  comme  les  produits  similaires  de  l'affinage 
ordinaire,  avec  cette  différence  toutefois  qu'il  n'est 
jamais  nécessaire,  même  pour  le  fer,  de  chauffer  au 
blanc  soudant;  les  plus  grosses  pièces  s'obtiennent  di- 
rectement par  voie  de  fusion.  Il  n'y  a  plus  ni  paquetage 
ni  soudage  ;  on  étire  le  fer  comme  l'acier  fondu  ;  les 
scories  sont  expulsées  par  la  fusion  même,  et  le  travail 
mécanique  se  borne  en  quelque  sorte  à  donner  an 
métal  le  profil  voulu. 

Un  premier  martelage  est  cependant  nécessaire  pour 
rapprocher  les  molécules,  accroître  la  densité,  et  par 
suite  la  ténacité  du  produit.  C'est  d'ailleurs  le  cas  de 
tout  métal  fondu  ;  l'acier  fondu  ordinaire,  comme  le 
cuivre  et  comme  le  zinc,  n'acquiert  le  maximum  de  té- 
nacité qu'à  la  suite  d'un  martelage  ou  laminage  plus 
ou  moins  prolongé.  Cet  accroissement  de  ténacité  res- 
sort nettement  des  chiffres  suivants,  résultats  d'esstûs 
faits  à  l'arsenal  de  Woolwich  sous  la  direction  du  co- 
lonel E.  Wilmot* 


PAR  LS   PROCÉDÉ  BESSBMBÉ.  56 1 

&Q  soumettant  les  barrés  à  un  effort  de  traction, 
suivant  le  sens  de  leur  axe»  la  rupture  eut  lieu  sous  les 
charges  dont  Toici  les  moyennes  : 


MATUKI  B0  UÉftàL  BSSATt  (l). 


Fer  fondu  en  lingots  broU  non  martelés 

Fer  fondo  martelé  ou  laminé  en  barres  fortes.  .  . 
Fer  fondu  directement  laminé  en  tôle  de  chaudières 

Acier  fondu  en  lingots  bruis,  (expériences  nom- 
breuses ramenées  à  3  moyennes).   .  .  ^ .  .  .  . 

Acier  fondu  martelé  ou  laminé  en  barres ,  expé-  \ 
rienoes  nombreuses  ramenées  à  s  moyennes).  .  | 


CHAR6B 

CHARGB 

de  ropture 

de  raptare 

parpoooe 

P«r 

earré 

BllUiDèlre 

M  llffM 

9ànà 

«BflaUM. 

•D  kllOft. 

liT. 

k. 

41.242 

38,99 

72.613 

51,04 

«8.347 

48,04 

45.836 

32,22 

68.2S9 

47,98 

68.998 

48,50 

154.82S 

108,83 

157.881 

110,98 

148.324 

104,26 

I 


(1)  M.  Bessemer  n'indique  pas  dans  son  mémoire  la  proYonance  des 
fontes  ;  mais  il  résulte  de  Tensemble  du  mémoire  et  surtout  de  ce  quMI 
dit  de  leur  prix,  qu'elles  proviennent  presque  toutes  de  la  fusion  des 
hématites  rouges  du  Cumberland  par  le  coke. 


On  Toît  par  ce  tableau ,  non-seulement  que  la  téna- 
cité s'accroît ,  dans  tous  les  cas ,  avec  le  martelage  des 
lingots ,  mais  que  cet  accroissement  est  surtout  très* 
sensible  pour  Tacier.  £n  outre,  comme  nous  le  disions 
plus  haut ,  la  ténacité  de  l'acier  martelé  est  plus  que 
double  de  celle  du  fer.  Si  d'ailleurs  on  compare  ces 
chiffres  à  la  ténacité  des  fers  et  des  aciers  ordinaires  » 
on  remarquera  que  le  fer  Bessemer  est  un  peu  supé- 
rieur aux  meilleurs  fers  ordinaires  à  la  houille  ;  car 
ces  derniers  résistent  rarement  à  la  traction  de  4o  à 
45  kilog.  ;  mais  ils  n'atteignent  pas  les  meilleurs  fers 
au  bois ,  dont  la  charge  de  rupture  va  jusqu'à  60  et 
65  kiL  La  tôle  de  fer  est  relativement  meilleure ,  car 
les  tôles  ordinaires  les  plus  estimées  dépassent  de  peu 
la  charge  de  4o  kil.  Ainsi,  d'après  M.  Fairbairn,  celles 
du  StafFordshire  vont  à  .  .  .  .  453oo  liv.  ou  3  2  kil. 
et  celles  de  Lowmoor  à  .  .  .  .     571S0  liv.  ou  4o  kil. 


de  refient. 


569  ArFINAGB  DE   Là  FONTE 

Enfin,  les  aciers  Bessemér  sont  réellement  d'une  té- 
nacité exceptionnelle,  puisqu'ils  résistent  tous  à  pins 
de  100  kil.,  et  plusieurs  à  iio,  tanilis  que  les  aciers 
ordinaires  sont  en  général  au-dessous  de  i  oo  kil. 

Il  résulte  donc,  en  résumé,  des  chiffres  que  nous 
venons  de  citer,  que  la  méthode  Bessemér  convient 
spécialement  pour  la  fabrication  de  l'acier,  et  que  cet 
aciei^  est  pour  le  moins  aussi  tenace  que  l'acier  fonda 
ordinaire. 

Quant  aux  autres  qualités  du  fer  et  de  l'acier,  il  ré- 
sulte également  des  essais  faits  à  Woolwich  qu'ils  sont 
l'un  et  l'autre  aussi  bons  que  les  produits  les  plus  es- 
timés de  la  métallurgie  anglaise.  Le  fer  peut  entière- 
ment se  replier  sur  lui-même  sans  présenter  la  moindre 
crique ,  et  l'acier  a  servi  à  la  confection  de  tous  les 
instruments  d'alésage  et  de  tournage  dont  on  fsdt  usage 
dans  les  ateliers  de  Woolwich. 

Une  analyse  faite  par  le  chimiste  du  département  de 
la  guerre  ne  signale  dans  le  fer  Bessemér  que  o,ooos 
de  soufre  avec  des  traces  de  phosphore  et  de  manga- 
nèse; mais  ni  silicium  ni  graphité,  et  seulement  une 
minime  dose  de  carbone  combiné. 
Prii  D'après  ce  qui  précède,  il  est  bien  évident  que  le  prix 

de  revient  du  fer,  et  surtout  de  l'acier  Bessemér,  doit 
être  fort  peu  élevé.  En  dehoradu  déchet,  il  n'y  a  réelle- 
ment à  compter  que  les  frais  de  main-d'œuvre  et  de 
productioa  du  vent  ;  le  reste  est  relativement  inâgni- 
fiant,  surtout  lorsqu'on  prend  la  fonte  directement  au 
haut-fourneau ,  ce  qui  pourrait  se  faire  très-facilement 
en  France  dans  les  forges  au  bois. 

M.  Bessemér  pense  que  dans  le  district  des  héma- 
tites rouges  (Gumberland  et  Lancashire) ,  en  prenant  la 
fonte  directement  au  haut-fourneau ,  le  prix  de  revient 
de  l'acier  ne  devrait  pas  être  supérieur  à  4  liv.  st.  ;  soit 


PAR  LE   PROCÉDÉ   RESSEMER.  565 

1 00  fr.  la  loQue ,  le  prii  des  fontes  étant  de  2  liv.  1  o  sb. 
à  3  liT. 

Mais  à  Wooiwicb,  où  le  combustible»  la  fonte  et  la 
main-d'œuvre  sont  plus  chers,  le  prix  de  revient  moyen 
a  été  de  6  liv.  1 0  sh. ,  en  opérant  sur  des  fontes  de  3  liv. 
11  sh.  à  3  liv.  i5sb. 

Le  détail  du  prhc  de  revient  serait  approximative- 
ment le  suivant  pour  le  fer  doux  : 

Ut.   th.     Ht.  sh. 

Fonte  &  20  OU 35  p.  loode  déchet  ....  A'io  à  4  i5 

Frais  de  refonte  au  cubUot »5     «5 

Vent,  main-d'œa?re,  matériaux  réfrac- 

taires,  jurais  divers  et  généraux 1  10      1  10 

Total 6    5  îi  6  10 

Si  Ton  peut  se  fier  aux  renseignements  qui  pré-  conoiosioni. 
cèdent ,  et  je  ne  vois  aucun  motif  pour  en  douter,  la 
fabrication  de  Tacier  fondu,  et  en  partie  celle  du  fer, 
serait  donc  à  la  veille  de  changer  de  face.  L'acier 
fondu  pourrait  être  obtenu  à  des  prix  singulièrement  ré- 
duits. 

Toutes  les  fontes  non  sulfureuses,  ni  phosphoreuses, 
même  celles  qui  renfennent  peu  de  manganèse,  s'affi- 
neraient aisément  pour  acier  fondu  dans  l'appareil 
Bessemen  Aussi  en  France,  plus  qu'ailleurs,  cette  mé- 
thode nouvelle,  mérite  d'être  étudiée.  Elle  peut  être 
appelée  à  redonner  une  vie  nouvelle  à  nos  districts  de 
forges  au  bois,  où  les  fontes  sont  de  qualité  supérieui'e, 
tels  que  la  Franche-Comté,  le  Berri ,  le  Périgord  et  les 
Pyrénées.  On  renoncerait  à  l'affinage  comtois ,  et  le 
charbon  de  bois  servirait  exclusivement  à  la  fusion  des 
minerais. 

Cherchons  maintenant ,  pour  terminer,  sinon  à  for-  considérations 
muler  la  théorie  complète  de  la  nouvelle  n>éthode  d'af-  gor  le  prao&dé 
finage,  au  moins  à  en  apprécier  les  points  les  plus     ^^•«»«'- 
saillants. 

Toi»  XVm«  iS6o.  ^  07 


564  ÀFnNiGfi   Db  LA  rONT£ 

Deux  faits  surtout  frappent  tout  d'abord  :  la  haute 
température  qui  se  manifeste  en  l'absence  de  tout  com- 
bustible charbonneux  et  la  rapidité  avec  laquelle  le  tra- 
vail se  fait. 
Causes  Quant  à  la  température,  rappelons  que  le  même  fait 

de  lâ  tempéralare  jr  »      jrx-  -a 

élevée.  se  produit,  dans  l'affinage  comtois,  lors  de  ravalement, 
et  que  l'absence  du  charbpn  est  précisément  jusqu'à  un 
certain  point  la  condition  sine  quA  non  d'une  tempéra- 
ture fort  élevée,  puisqu'on  présence  de  ce  combustible 
il  y  a  toujours  formation  d'oxyde  de  carbone,  et  par  cela 
même  refroidissement  relatif. 

Dans  la  méthode  Bessemer,  le  métal  est  amené  fonda 

dans  la  cornue,  c^st-à-dire  à  environ  i  .600*  ;  puis,  au 

bout  de  peu  de  minutes,  la  chaleur  est  assez  élevée 

pour  maintenir  l'acier  et  même  le  fer  à  l'état  fluide»  ce 

.  qui  suppose  successivement  a .800*  et  s.ooo\ 

L'air,  en  traversant  la  fonte,  oxyde  directement  le 
métal  dominant;  c'est  la  combustion  du  fer,  plus  que 
celle  du  graphite  et  du  silicium,  qui  engendre  la  cha- 
leur, puisque  des  trois  principaux  éléments  brûlés,  le 
fer  est  de  beaucoup  le  plus  abondant. 

En  opérant  sur  1.000  kih»  le  métal  est  amené  en  dix 
minutes  à  l'état  d'acier,  en  subissant  un  déchet  de  is 
à  i5  p.  100,  sur  lesquels  environ  10  p.  100,  soit 
100  kil.,  sont  du  fer.  Ainsi,  par  minute,  on  brûle  à  peu 
près  10  kil.  de  fer.  Or  il  est  facile  de  montrer  que  la 
chaleur  ainsi  développée  est  plus  que  'suffisante  pour 
amener  le  fer  successivement  à  1.800''  et  a. 000*. 

D'après  Dulong,  le  litre  d'oxygène  développe,  en 
brûlant  du  fer,  6.916  unités  de  chaleur,  ou  1  gramme 
d'oxygène,  4*3s7  unités  (1). 


(1)  AnnaUê  dé  pkyHque  e/  de  eMmtV,  5*  eériç,  tome  VIII. 


PAR'  LE  PROCÉDÉ   RESSEMER.  565 

D'après  M.  Desprez,  on  aurait  mênie-6.Ss5  uni- 
tés (i). 

Nous  admettrons  le  chiffre  infériear,  parce  que  dans 
les  expériences  calorimétriques  le  fer  passe  à  l'état 
d'oxyde  magnétique  ou  même  de  peroxyde,  tandis  que, 
dans  l'appareil  Bessemer,  le  fer  reste  principalement  à 
l'état  de  protoxyde,  uni  &  la  silice,  et  qu'il  est  impos- 
sible de  savoir  dans  quel  rapport  se  trouvent  les  quan- 
tités de  chaleur  développées  successivement  par*  la 
formation  graduelle  des  divers  oxydes.  On  est  donc 
exposé,  même  en  prenant  le  chiffre  de  Dulong,  à  trou- 
ver un  nombre  trop  élevé*  Néanmoins,  comme  je  né- 
glige, dans  le  calcul  des  calories  développées ,  la  cha- 
leur fournie  par  la  combustion  du  graphite  et  du  sili- 
cium, je  dois  plutôt  obtenir,  en  définitive,  une  somme 
de  chaleur  trop  fsûble. 

Les  10  kil.  exigent,  pour  se  transformer  en  pro- 

toxyde  (tf-)  lokill  =  sS85  d'oxygène  et  développent 

par  suite  9,85  x  4«Ss7  =  i2«339  calories. 
En  dix  minutes,  on  aura  donc  1 25»3!io  calories. 

Cette  chaleur  sert  essentiellement  à  porter  le  fer,  les 
scories  et  l'azote  à  i.SoC*.  Comme  on  ne  connaît  pas  la 
chaleur  spécifique  des  scories  et  que  le  fer  métallique 
restant  forme  les  neuf  dixièmes  de  la  masse  totale,  on 
peut  admettre,  sans  grande  erreur,  que  la  chaleur  totale 
absorbée  est  égale  &  celle  qu'il  faudrait  pour  porter  les 
1.000  kil.  de  fer  à  i.Soo'',  plus  celle  qui  est  nécessaire 
pour  amener  Tair  tout  entier,  et  non  plus  seulement 
l'azote,  &  la  même  température  de  l.8oo^ 

(i)  Phyiique  de  Pouillêté 


566  ArritfAGE  de  la  roiiTt 

Pour  le  fer  qal  part  de  1.600*,  on  a  : 

i.ooo  X  o,i3  X  900*  s=  i3.ooo  (0 
Pour  Falr  partant  de  o«  : 

a8S6  X  (^^)  X  o,ae  X  1.800'  ^bj.'jbk 

TotaL 70»75& 

La  différence  entre  70.754  et  iî5.32o  est  assex 
grande  pour  compenser  largement  les  pertes  de  chaleur 
qui  peuvent  avoir  lieu  par  rayonnement  direct,  et  par 
les  pai*ois  de  l'appareil,  surtout  si  Ton  songe  que  la 
chaleur  se  développe  au  centre  même  de  la  masse  de 
fer  sur  le  chemin  des  vingt-cinq  petits  jets  d'ûr  qui 
opèrent  la  combustion» 

Pendant  les  dix  minutes  qui  suivent,  il  se  produit 
encore  une  chaleur  égale,  tandis  que  la  chaleur  absor- 
bée ne  s'accroît  que  de  celle  qui  est  nécessaire  pour 

porter  l'air  de  1.800  à  2.000%  soit  de  a8,5  x  ■  ',     X 

201 

0,26  X  200  =  3.817  calories.  On  aura  donc  en  tout 
74*571  calories  au  lieu  de  70  754  ;  or  ce  n'est  pas  cette 
légère  différence  qui  pourrait  empêcher  le  fer  doux  de 
rester  à  son  tour  à  l'état  fondu. 

Il  est  vrai  que  la  masse  de  fonte  pourrait  fort  bien 
être  traversée  par  un  excès  d'air,  d'où  résulterait  alors 
une  plus  forte  absorption  de  calorique.  On  conçoit  que 
cela  puisse  surtout  arriver  lorsqu'on  opère  sur  de  trop 
faibles  masses  de  fonte  et  lorsque  le  courant  d'sdr  n'est 
pas  suffisamment  divisé. 

D'sdlleurs,  en  opérant  sur  de  faibles  quantités  de 
fonte  (moins  de  100  à  200  kil.),  la  chaleur  absorbée 
par  les  parois  de  la  cornue ,  ou  en  général  la  chaleur 
perdue,  est  relativement  plus  forte;  aussi,  dans  ces  cir* 

(1)  Ce  cblfflraest  un  peu  faible,  parce  queo,  i3  est  lachaleor 
spécifique  moyenne  du  fer  entre  o  et  5oo%  et  que  sa  capacité 
calorifique  s'accroît  avec  la  températora. 


PAR  W  PBOGÉOÉ  BBSSBMBR.  56^ 

constances,  il  sera  évidemment  diflScile  de  prévenir  la 
formation  des  lonps.  C'est  par  ce  motif  sans  doute  que 
M.  Bessemer  recommande  d'opérer  sur  de  grandes 
masses,  et,  dans  son  mémoire ,  il  attribue  même  Tin- 
succès  de  ces  premiers  essais  tout  autant  à  la  petitesse 
des  masses  qu'à  la  présence  du  soufre  et  du  phosphore 
dans  les  fontes.  C'est  en  opérant  sur  de  petites  masses 
que  le  déchet  s'élevait  souvent  jusqu'à  4o  p.  loo. 

Observons  encore  qu'à  l'origine  on  injectait  le  vent 
latéralement  et  par  des  buses  plus  grandes  et  moins 
nombreuses,  ce  qui  rendait  évidemment  Tabsorption 
complète  de  l'oxygène  et  celle  de  la  chaleur  produite 
plas  difScîles. 

U  suit  donc  de  là  qu'au  point  de  vue  de  la  chaleur 
développée,  le  procédé  Bessemer  doit  nécessairement 
d'autant  mieux  réussir  que  la  colonne  de  métal  fondu 
sera  plus  élevée  (entre  certaines  limites  bien  entendu) , 
par  suite,  la  pression  du  vent  plus  forte;  puis  aussi, 
le  degré  de  division  de  ce  dernier  en  menus  jets  plus 
avancé  (i). 

n  serait  intéressant  de  savoir  si,  dans  le  cas  des  con- 
ditions ci-dessus  développées,  il  y  a  excès  d'air  ou  non. 
On  pourrait  y  arriver  s'il  était  possible  de  calculer  ri- 
goureusement le  volume  injecté. 

Mais  la  section  des  buses  est  pïus  ou  moins  ré- 
trécie  par  des  engorgements  et  la  tension  du  vent  plus 
ou  moins  annihilée  par  la  pression  de  la  fonte.  Il  fau- 
drait donc,  pour  résoudre  la  question ,  avoir  recours  à 
l'analyse  des  gaz  qui  s'échappent  de  la  cornue.  A  dé- 

(i)  L^alr  chaud  accrottraft  évidemment  la  température  du 
produit,  mais  si,  par  la  dilatation  de  Pair,  on  devait  réduire 
le  poids  de  Toxygène  injecté,  il  en  résulterait  forcément, 
d*autrepart,  une  combustion  moins  vive  et  une  chaleur  lo- 
cale moios  intense. 


568  ArrinAGE  de  la  roRTB 

faut  de  cela,  essayons  cependant  de  noua  en  rendra 
compte  par  le  calcul. 

La  pression  du  vent  est  de  a  atm.  en  moyenne*  Soil 
1  atm.  en  excès  sur  la  tension  ordinaire.  Dans  le  cas 
d'une  charge  de  looo  kil.»  la  colonne  de  fonte  fluide 
équivaut  à  peu  près ,  comme  on  Ta  vu  «  à  un  tiers  d*al* 
mosphère;  mais  en  tenant  compte  des  autres  obstacles 
à  vaincre ,  il  doit  y  avoir  certainement  une  perte  totale 
d'une  demi -atmosphère.  La  tension  motrice  est  par 
suite  au  maximum  de  1/2  atmosphère.  Or,  d'après 
cela,  on  trouve  que  les  26  buses  de  o",oo6  doivent 
fournir  par  minute  un  volume  d'air  qui,  ramené  à  o*  et 
o'",76,  occuperait  i3°'%5 ,  et  dont  le  poids  seridt  de 
1 7*^,55. 

D'autre  part,  les  a^,85  d'oxygène  absorbés  parnoi- 

nute  par  le  fer  correspondent  à  i2S34d'ûr,  et  si  l'on  y 

ajoutait  celui  de  Toxygëne  absorbé  par  les  s  &  5  kil.  de 

'  graphite  et  de  silicium  «  on  arriverait  à  très-peu  près 

au  chiffre  ci-dessus  trouvé. 

Il  semblerait  donc,  d'après  cela,  que  peu  d'oxygène 
doit  échapper  à  la  combustion,  et  en  effet,  on  compren* 
drait^  dii&lement  qu'il  en  fût  autrement ,  lorsqu'à  une 
température  aussi  élevée,  la  fonte  est  sillonnée  par  une 
série  de  jets  d'air  aussi  exigus. 

Passons  à  l'aflinage  en  lui-même  et  voyons  par 
quelles  réactions  la  fonte  peut  se  trouver  aIBnée  en  si 
peu  de  temps, 
oases  II  y  a  d'abord  Tabsence  du  charbon  qui,  précisé- 

^'der.ffinagj!*  mcut  daus  raffinage  ordinaire,  au  bas  foyer,  contre» 
balance  sans  cesse  l'action  oxydante  de  l'air  et  des  sco- 
ries. Il  y  A  ensuite  la  température  si  élevée  et  le  mé- 
lange si  intime  de  l'air  et  de  la  fonte ,  qui  évidemment 
doivent  oxyder  bien  plus  rapidement  et  plus  uniforme* 
ment  que  le  brassage  imparfait  du  puddlepr  sur  la  sole 


PAR  LE   PROCÉDÉ  RESSEMER.  569 

du  réverbère.  Dans  ce  dernier  cas ,  pour  que  la  scorie 
paisse  se  mélanger  avec  la  fonte  et  réagir  sur  elle,  il  faut 
que  celle-ci  ne  soit  qu'à  demi  fluide ,  et  par  suite  à  une 
température  relativement  peu  élevée  ;  tandis  que,  dans 
l'appareil  Bessemer,  le  mouvement  tumultueux,  com- 
muniqué au  métal  par  les  a5  jets  de  veut,  mêlent  sans 
cesse  la  scorie  et  la  fonte  malgré  leur  fluidité  extrême 
et  leur  différence  de  densité.  Leâ  réactions  sont  par 
suite,  dans  ce  dernier  cas,  plus  vives  et  plus  éner- 
giques. * 

Supposons  maintenant  une  fonte  sans  soufre  ni  phos- 
phore. Le  fer  est  oxydé  par  l'air,  et  avec  lui ,  soit 
directement,  soit  surtout  îiidir^ceemenl  (i) ,  le  silicium 
et  le  carbone,  mais  d'abord  de  préférence  le  pre«- 
mier,  à  cause  de  l'affinité  de  la  tilice  pour  l'oxyde 
de  fer. 

L'oxyde  dô  fer  en  excès  attaque  d'ailleurs  énergique- 
ment  les  parois  de  la  cornue  et  forme  ainsi ,  par  ce 
double  fait,  uu  silicate  basique  de  fer  et  d'alumine. 
Lorsque  le  silicium  est  oxydé,  le  carbone  disparaît  à  son 
tour,  par  la  réaction  de  la  scorie  basique,  comme  dans 
le  puddlage  pour  acier,  et  le  produit  sera  ainsi  ramené, 
selon  la  durée  de  l'opération ,  à  du  fer  plus  ou  moins 
carburé.  Ce  sera  de  l'acier  dur,  de  l'acier  doux,  du  fer 
aciéreux,  ou  même  du  fer  doux.  Quelques  minutes  de 
plus  ou  de  moins  sufSsent  pour  cela;  car  la  déoarbtt- 
ration  est  encore  plus  rapide  que  dans  le  puddlage  pour 
acier. 

Lorsque  les  fontes  renferment  du  manganèse,  celui- 
ci  s'oxyde  en  partie  directement  comme  le  fer,  mais 

surtout  indirectement  par  l'oxyde  de  fer.  L'oxyde  de 

-     —  -  ■--  "-^     —    — '-  ' 

(i)  Voir  la  notice  sur  lo  puddlage  pour  acior  (  AnnaUi  dès 
mir\et^h*  série,  tome  XV,  page  agi. 


570  AFFINAGE   DE   LA  FONTE 

maDganëse ,  comme  base  forte,  bâtera  d'ailleura  le  dé- 
part du  silicium.  Les  fontes  très-siliceuses  seront  donc 
plus  faciles  à  affiner  si  elles  renferment  en  même  temps 
du  manganèse.  Mais  la  présence  de  ce  métal  n'est  pas 
indispensable  dans  la  méthode  Bessemer,  comme  le 
prouvent  les  résultats  obtenus  avec  les  fontes  dn 
Gumberland,  provenant  des  hématites  rouges  qui  ren- 
ferment en  général  très*peu  de  manganèse. 

Le  phosphore  n'est  pas  éliminé  dans  la  méthode 
nouvelle,  et  le  manganèse  même  ne  paraît  pas  faciliter 
son  départ,  puisque  les  fonteâ  anglaises  des  minerais 
houillers ,  qui  toutes  sont  phosphoreuses  et  riches  en 
manganèse,  ont  donné  constamment  de  mauvais  résul- 
tats. 

Le  phosphore  ne  poorrait  être  expulsé  que  sons 
forme  de  phosphate  de  fer  qu  de  manganèse  ;  or  le 
phosphate  de  fer  est  ramené  à  l'état  de  phospbure  par 
le  fer  métallique  (1),  et  il  en  est  de  même,  très*proba- 
blement,  du  phosphate  de  manganèse.  Dans  les  fine- 
ries,  les  foyers  de  forge  et  les  fours  de  puddlage ,  une 
partie  du  phosphore  passe  dans  les  scories,  parce  que 
le  contact  entre  ces  dernières  et  le  fer  est  moins  intime 
et  la  chaleur  moins  intense  ;  mais  lorsque  le  fer  loi- 
même  est  fondu  et  sans  cesse  mêlé  à  la  scorie  par  le 
vent,  11  doit  nécessairement  réagir  très-énergiquement 
sur  le  phosphate  momentanément  formé.  La  haute 

m 

température  doit  d'idlleurs  plutôt  diminuer  qu'exalter 
l'affinité  de  l'acide  phosphorique  pour  l'oxyde  de  fer. 

Ainsi,  dans  l'état  actuel  du  procédé,  à  moins  d'un 
réactif  spécial  très-énergique ,  il  semble  difficile  que 
les  fontes  phosphoreuses,  même  manganifëres,  puis- 
sent être  traitées  par  le  procédé  Bessemer. 

(0  Page  100  du  mémoire  ci-dessus  cité  sur  I*acler  puddlé. 


PAR  LE  PROGtOÉ  BBSSEMBR.  57 1 

Le  soufre  n'est  pas  fadle  à  aâparer  non  plus*  On  sait 
que  le  sulfare  de  fer  n'est  pas  décomposé  par  le  prot* 
oxyde»  et  encore  moins  par  le  silicate  de  fer.  Sons  Tin- 
flnence  directe  de  Tair,  une  partie  du  soufre  doit  s'é- 
chapper, très -probablement,  à  Tétat  d'acide  sulfu-- 
reux  ;  mais  ce  gaz  lui-même  est  aussi  décomposé  par  le 
fer;  en  sorte  qu'en  réalité  l'expulsion  du  soufre  est 
fort  imparfaite.  A  cause  de  la  haute  température  et  du 
mélange  intime  des  matières,  il  en  est  du  soufre 
comme  du  phosphore  ;  son  départ  est  certainement  plus 
difficile  dans  l'appareil  Bessemer  que  dans  les  bas 
foyers  et  les  fours  de  puddlage. 

Les  scories  de  forge  renferment  presque  toujours  du 
.  soufre,  et  ce  soufre  ne  peut  guère  s'y  trouver  que  sous 
forme  d'oxysulfures  ou  de  sulfo-silicates. 

Haisles  oxysulfures  sont  des  composés  peu  stables 
et  à  une  haute  température  ils  doivent,  ce  me  semble,  se 
partager  entre  le  silicate  et  le  métal  ;  et  quant  au  sulfo- 
silicate  ou  sulfure  double  de  fer  et  de  silicium  (i),  il 
doit  résister  difficilement  à  la  double  influence  du 
fer  et  du  vent;  il  se  produit  du  silicate  ordinaire  « 
et  le  soufre  doit  de  nouveau  s'unir  au  fer.  Ainsi , 
à  part  la  faible  proportion  qui  peut  s'échapper  sous 
forme  d'acide  sulfureux  ou  de  sulfure  de  silicium ,  il 
semble  que  cet  élément  tend  plutôt  à  se  concentrer  dans 
le  métal 

Pourtant  le  soufre  est  moins  nuisible  que  le  phos- 
phore, puisqu'on  peut  obtenir  de  bon  fer  et  de  bon 
acier  avec  des  fontes  au  coke;  de  plus,  comme  les  fontes, 
provenant  des  fers  spathiques  et  des  fers  oxydulés 
qui  sonttoujours  mélangés  de  pyrites,  donnent  néan* 


(1)  On  sali  qu*il  se  dégage  du  sulfure  de  allicium  de  beau* 
coup  de  foutes  nu  moment  de  la  coulée. 


57a  AFFINAGE  DE  LA  FOMTE 

moins  de  fort  bon  acier,  il  est  probable  que  le  manga- 
nèse joue  ici  le  rôle  de  correctif,  par  son  affinité  bien 
connue  pour  le  soufre,  affinité  qui  doit  se  manifester 
non-seulement  au  haut-fourneau ,  mais  encore  dans  k 
travail  de  Taffînage  (1). 

Ainsi,  en  résumé,  ce  sont  surtout  les  fontes  phospho- 
reuses qui  paraissent  rebelles  au  procédé  Bessemer; 
mais,  à  part  ce  cas  et  celui  de  certaines  fontes  trop  sal« 
foreuses,  il  paraît  aujourd'hui  certain  que  la  nouvelle 
méthode  d*affînage,  convenablement  appliquée,  peut 
donner  de  fort  bons  produits,  même  en  traitant  des 
fontes  au  coke.  Pourtant  il  est  bien  évident  que,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  les  fontes  au  bois  doivent 
mériter  la  préférence;  aussi  ne  saurions-nous  assez 
engager  nos  maîtres  de  forges  de  Franche-Comté ,  du 
Berry  et  du  Périgord  à  essayer  la  méthode  nouvelle. 
Les  fontes  de  ces  districts  donneraient  certainement 
des  produits  supérieurs  aux  aciers  des  meilleures  fontes 
au  coke  du  Cumberland, 


P.  S*  M.  Tunner  a  publié,  dans  le  Jahrbuch  de  Léo* 
ben,  d'après  les  Annales  suédoises  du  lem  Kontor^^  le 
compte  rendu  des  essais  exécutés  en  Suède,  dans  l'u- 
sine d'Edsken,  jusqu'en  juin  i85g. 

Jusqu'à  cette  date,  on  s'était  servi  exclusivement  de 
l'ancien  fourneau  fixe ,  à  un  petit  nombre  de  tuyères 
latérales  de  o'",oi5  à  ci^^02  de  diamètre,  disposition 
évidemment  moms  favorable  que  celle  adoptée  aujour- 
d'hui. 


(1)  Mémoire  sar  racler  puddié,  pages  Soi  et  5o3. 


.   PAE  LB  PftOGÊDÉ  BESSEMEB,  iji 

Malgré  cela,  les  résultats  obtenus  en  Suède  s'accor- 
dent avec  ceux  rapportés  cinlessus. 

Pour  avoir  un  acier  suffisamment  fluide ,  il  faut  un 
vent  fortement  comprimé.  Les  charges  variaient  de 
800  à  1.000  kih  Le  déchet  pour  acier  en  lingots  était 
de  is  à  i4  p-  100;  la  durée  de  l'opération  de  7  à 
1  o  minutes.  Des  additions  de  minerais  riches  et  man- 
ganésifères,  pour  faciliter  la  décarburation ,  ont  paru 
plus  nuisibles  qu'utiles. 

L'air  chaud  a  retardé  l'opération  et  développé  une 
température  moins  concentrée,  à  cause  da  poids  moin- 
dre d'oxygène  fourni  àla  fonte  dans  l'unité  de  temps. 

L'acier  obtenu  peut  se  comparer  à  l'acier  fondu 
ordinaire;  et,  en  réeumé,  on  considérait,  dès  cette 
époque,  la  méthode  Bessemer  comme  passée  de  la  pé- 
riode des  essais  à  celle  de  son  application  industrielle, 
au  moins  quant  à  l'acier  proprement  dit ,  car  on  parait 
s'être  peu  préoccupé  de  l'affinage  pour  fer. 


TBfiOBifi  DU  RÉGULATEUB  DUYOIR.  S^S 

THÉORIE 

DU  RÉGULATEUR  DUVOIR. 

Par  If.  BATON  di  là  GOUPILUÈRE, 
iDgéniear  des  ninei . 


1 .  La  force  centrifuge  a  déjà  été  employée  plusieurs 
fois  comme  moyen  de  régularisation  dans  les  machines. 
Il  suffit  de  citer  le  pendule  conique  d'Huygbens  dans  sa 
disposition  ordinaire  ou  avec  les  tiges  renversées  de 
Farcot  et  le  régulateur  de  Flaud  analogue  au  tacho- 
mètre.  Je  me  propose  ici  d'étudier  une  nouvelle  dispo- 
sition «  due  à  H.  Duvoir»  constructeur  à  Liancourt, 

Le  régulateur  consiste  essentiellement  en  un  anneau 
de  fer  forgé  susceptible  de  jouer  autour  d'un  de  ses  dia- 
mètres qui  est  assemblé  à  angle  droit  sur  un  arbre  de  la 
machine,  ordinairement  horizontal.  Il  est  clair  que  le 
moiidre  mouvement  de  rotation  de  cet  arbre  dévelop- 
perait ,  pour  employer  le  langage  ordinaire ,  une  force 
centrifuge  en  raison  de  laquelle  le  plan  de  l'anneau 
viendrait  se  placer  perpendiculairement  à  l'axe.  Mais 
la  charnière  manœuvre  dans  l'intérieur  de  l'arbre ,  qui 
est  renflé  à  cet  effet,  un  secteur  et  une  crémaillère;  et 
celle-ci ,  qui  sollicite  d'un  côté  le  mécanisme  de  régu- 
larisation (valve,  soupape,  etc.),  est  attelée  en  même 
temps  à  un  ressort  à  boudin ,  amarré  lui-même  à  un 
point  fixe.  II  s'établit  donc  un  antagonisme  entre  la 
force  centrifuge  variable  avec  l'état  d'inclinaison  de 
l'anneau  et  la  force  élastique  variable  elle-même  avec 
l'état  d'extension  du  ressort.  De  là  une  relation  entre 


bj6  xajioBiB  ou  kjîguuxeu»  duvou. 

la  vitesse  de  rotation  et  le  degré  d'ouvertare  des  sou- 
papes, c'est-à-dire  un  moyen  de  régulation. 

Telle  est  en  peu  de  mots  la  disposition  de  Tappareil 
que  je  me  propose  d'envisager  ici.  Son  étude  me  paraît 
présenter  de  l'intérêt ,  même  à  un  point  de  vue  exclu- 
sivement théorique;  car  elle  offre  un  des  exeoiples» 
trop  rares  dans  la  mécanique  appliquée,  où  la  question 
peut  être  traitée  en  rigueur,  et  sans  qu'on  soit  obligé 
de  recourir  à  des  approximations  plus  ou  moins  satis- 
faisantes. J'ai  dû  pour  cela  introduire  l'emploi  des 
fonctions  elliptiques,  mais  j'ai  eu  soin  de  disposer  les 
calculs  de  manière  qu'il  ne  soit  pas  nécessaire  d'être 
familiarisé  avec  cette  partie  de  l'analyse  pour  par- 
courir ce  travail  d'un  bout  à  l'autre,  et  acquérir  la  dé- 
monstration des  propriétés  fort  curieuses  de  l'organe 
qui  en  est  l'objet. 

a.  La  question  principale  consiste  à  trouver  Tangle 
sous  lequel  se  placera  le  plan  de  l'anneau  pour 
une  vitesse  angulaire  constante  «a.  Si  nous  le  rappor* 
tons  à  un  système  d'axes  animé  lui*même  de  cette 
vitesse ,  il  se  trouvera  en  repos  relatif  ;  et  par  suite  les 
conditions  d'équilibre  devront  avoir  lieu  entr%  les 
forces  réelles  et  les  forces  d'inertie  du  mouvement 
d'entraînement,  c'est-à-dire  les  forces  centrifuges.  Or 
l'anneau  est  un  corps  solide  qui,  par  rapport  au 
système  mobile,  ne  peut  prendre  qu'un  mouvement  de 
rotation  autour  de  sa  charnière.  L'équilibre  s'expri- 
mera par  suite  en  égalant  à  zéro  la  somme  des  travaux 
virtuels  pour  ce  seul  mouvement  compatible  avec  les 
liaisons,  c'est-à-dire  la  somme  des  moments  pris  par 
rapport  à  la  charnière.  Il  nous  faut  donc  en  premier 
lieu  évaluer  la  somme  des  moments  des  forces  centri- 
fuges. 

3.  Je  réduirai  d'abord  Tanneau  à  une  simple  circon* 


IBfiOlUE  DU  RÊfiOiATfiQA  DUVOIB.  hjj 

férence  matérielle  de  rayoe  p  et  de  masse  m.  Je  pren- 
drai pour  plan  de  la  iigure  celui  qui  serait  mené  par 
Taxe  de  la  rotation  j)erpenàiculairement  sur  celui  de 
Tanneau.  Ce  dernier  se  projettera  en  entier  sur  son 
diamètre  AB»  et  la  charnière  sur  le  point  G  (Pl«  VU, 
fig.  jb).  J'ai  rabattu  pour  plus  de  clarté  le  plan  de  Tan- 
Beau ,  et  marqué  par  des  lignes  ponctuées  tout  ce  qui 
s'y  trouve  tracé. 

Considérons  un  élément  MM'.  La  force  centrifuge 
qui  le  sollicite  sera  dirigée  suivant  la  perpendiculaire 
MQ  abaissée  de  M  sur  Taxe  XY,  et  celle-ci  pourra  s'ob- 
tenir en  projetant  d'abord  M  en  P  sur  le  plan  du  tableau, 
puis  P  en  Q  dans  ce  même  plan  et  joignant  MQ.  Cette 
force  aura  pour  valeur  le  produit  de  la  masse  élémen- 

le  rayon  de  rotation  MQ.  Pour  prendre  son  moment  par 
rapport  à  la  charnière  il  faut  d'abord  la  projeter  sur  le 
plan  perpendiculaire  »  qui  est  celui  du  tableau.  Pour 
cela  il  suffit  d'y  projeter  le  facteur  linéaire  MQ,  ce  qui 
le  remplace  par  PQ.  Il  faut  ensuite  multiplier  par  le 
bras  de  levier  CQ  de  cette  projection.  Il  vient  ainsi  : 

m.— .10».  PQ.CQ  = .CP8inp.CPcosp  = 

= ; — i-—  .  CP  = ; — ^ — .  p«cos*a. 

On  aura,  par  suite,  pour  la  somme  des  moments  : 


)VMna9  f*'      .   ,        mu)V»îna8 /a+8Înaco8a\ 
-~ i- \     C08»aaa= ï- ^( 1 

4«         Jo  4^         \  a  / 


in(D*p*8ina3  ,  , 
-, ^.  (0 


578  THÉORIE   DU  BÉ6CLAT£Ua   DDVOift. 

4.  II  nous  faut  maintensbit  étendre  ce  résultat  à  an 
tore  de  dimensions  finies.  Nous  désignerons  par  r  le 
l'ayon  du  cercle  générateur,  et  R  celui  du  cercle  que 
décrit  son  centre.  Nous  décomposerons  la  section  mé- 
ridienne en  une  infinité  d'éléments  superficiels  au  moyen 
d*une  série  de  cercles  concentriques  de  rayon  varia- 
ble p  décrits  autour  du  centre  G  du  tore  (PI.  Vil,  fig.  76} , 
et  de  droites  divergentes  menées  par  ce  point  soos 
Tangle  variable  p.  Le  tore  sera  par  là  décomposé  en 
anneaux  élémentaires  placés  dans  les  conditions  du 
paragraphe  précédent 

L'élément  superficiel  peut  être  assimilé  à  un  rectan- 
gle dont  les  côtés  seraient  pdp  et  dp  et  la  surface  pdpd?. 
Il  engendre  un  anneau  dont  le  volume  est  le  produit 
de  la  surface  d  dp  par  la  circonférence  anp  que  décrit 
son  centre  de  gravité ,  c'est-à-dire  airp'dpdp.  Sa  masse 
sera  donc  dittxp^dpdp ,  si  ^  désigne  la  masse  de  Funité 
de  volume,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  densité 
tabulaire.  D'après  cela,  le  moment  des  forces  centri- 
fuges sera  pour  cet  anneau  (1)  : 

•  «  «A    ctfVûnaS       icuiD'p^sinaBdpdS 

air(ip*dpap  .  — ^-- — '  =  -'^■—^ î— î-^. 

4  a 

On  aura  donc  pour  le  tore  entier 

«JIM»  f  R+»'     _  f  9+T 


ja— r       J 


sioapdPi 

en  groupant  par  une  première  intégration  tous  les  élé- 
ments compris  dans  une  tranche  circulaire  de  rayon  p^ 
limitée  aux  angles  y  comptés  de  part  et  d'autre  de 
Tinclinaison  moyenne  f  ;  puis  réunissant  par  une  se- 
conde intégration  toutes  les  tranches  qui  composent  le 
corps,  ^,  . 


TflÉOAlE  D0  HÉGULàTEUR  DOTOIR.  679 

La  première  intégrale  s'effectue  facilement. 


=  —  -  [co8a(f +y)  — co»a(<p— y)]  =  «naçsinaY- 

Le  facteur  sinsf  peut  sortir  de  la  seconde  intégrale, 
car  il  est  constant;  m^s  il  n'en  est  pas  de  même  de 
sin  sY«  C'est  une  fonction  de  p  qu'il  va  falloir  détermi- 
ner. L'expression  du  moment  devient  par  là 


I         f^sinaY<fp* 


On  peut  reconnaître  dès  à  présent  qu'il  a  conservé  la 
même  forme  (i)  que  pour  l'anneau  élémentaire;  mids 
il  est  encore  nécessaire  de  déterminer  l'intégrale  définie 
qui  figure  dans  le  coefiicient. 

S.  Il  faut  d'abord  exprimer  y  en  fonction  de  p.  On  a 
pour  cela  dans  le  triangle  ONG  (PL  VIT,  fig.  76)  : 


On  en  déduit  : 


p»+R*-r» 


\/4p«R«_(p«-f.R«— r")» 

apR 

Or  on  a  identiquement  :  < 

4p«R«— (p»+a»— r»)*  = 
=[apR+(p«+R»-f«)][apR-(p«+R»-r')l  = 

=[(p»+apR+R')-r'l[r»-(p«-apR+R')l  = 

={(p+R)'-r»]lr'-(p-.R)«]  = 

Tous  XVIU,  t86o.  38 


&80  TBiOBU  DO  AAQIILAT£Iim  DUYOlft* 

=l(p+R)+rl[(p+R)-rl[r+(p~R)llr-(p-a)]= 
=[p+(R+r)][p+(R~r)][p-(R-r)][(R+r)— p1  = 

Nous  désignerons  ponr  abréger  par  R'  et  R"  les 
rayons  extérieur  et  intérieur  du  tore  : 

R'=R+r,      R"=:R— r.  (a) 

U  vient  d'après  cela  : 

•«T« Ï^R ^ 

et  enfin  : 

•      .  (p^+B!R")V  (p'-R'')  (K* — p*) 

sinsY  s=3  asin  YC08Y  =siï— 2 ^ — ^^-r-^ — • 

ap*R" 

L'expression  du  moment  devient  par  là  : 

^^îîî^^  (5) 

et  il  ne  reste  plus  qu'à  évaluer  cette  intégrale. 

6.  Cette  quadrature  ne  saurait  s'effectuer  avec  les 
ressources  ordinaires  de  l'analyse.  On  ne  peut  que  la 
réduire  aux  fonctions  elliptiques  de  première  et  de  se- 
conde espèce.  Je  vais  développer  ce  calcul  et  ramener 
l'expression  à  une  forme  explicite.  On  remarquera, 
du  reste  9  qu'il  ne  s'agit  ici  que  de  l'évaluation  exacte 
d'un  coefiGicient,  que  l'on  pent  dans  tous  les  cas  suppo* 
ser  obtenu  par  la  formule  de  quadratures  approxi- 
matives de  Simpson  «  et  dont  la  valeur  numérique  est 
d'ailleurs  sans  influence  sur  les  résultats  de  la  discus- 
sion A  laquelle  nous  soumettrons  l'équation  d'équilibre 
pour  en  déduire  les  propriétés  de  cet  organe  (§§  1 2  et 
suivants). 

7«  L'intégrale  que  je  désignerai  par  G  peut  se  trans- 
former de  la  manière  suivante  t 


THÉOKIB   DU  BÉGUIATEDR  DUTOIft.  58 1 

I* + R'R")  l/{p»— R''»)(R'»— p»)  rfp 

^'  p*(p«+R'R1(p'--r«)(B"— p») 
R"        |/(p»-R"»)(R'»— p«)  ** 

R'  — «''+(R'«4-R"»— R'R  V4-R'R"(R'* +R''»— R'R'Op*— R"R'V 

R"  t/(p«-.R'-»)(R'»— p«) 

_  f R'  -p«+(A--B)p«+B(A-B)p*~B'p«  ^p 


R" 


<ip 


=  J 


R"  V^{p»— R"«)(R1— p«) 

en  posant  pour  abréger 

A=R'»+R"«,      BsR'R".  (4) 

Si  donc  on  fait  encore  : 
on  aura  : 

G=-r(8)  +  (A-B)A6)  +  B(A-.B)A4)-BV(a).    (5) 

Il  suffit,  par  suite,  de  trouver  /(n),  et  seulement  pour 
le  cas  oùn  est  un  nombre  entier  et  pair  {*). 

8.  Or  f{n)  est  immédiatement  connu  pour  les  deux 
valeurs  n = o  et  n=  2.  On  a  en  effet 


(*J  Le  cas  d'un  nombre  impair  serait  encore  plus  facile,  car 
11  permettrait  d'intégrer  complètement  par  logarithmes;  mais 
ce  n'est  pu  celui  qui  nous  Importe  ici. 


58a       THÉORIE  DU  RÉGULlTEnR  DUTÛIR. 

Si  donc  on  fait  : 

ce  qui  transforme  ainsi  les  limites  : 

R"  /  p  =  R' 


il  viendra  : 


/  p  =  R"  r  p  =  R' 


1 

Cette  quadrature  est  celle  que  Legendre  appelle 
intégrale  elliptique  de  première  espèce  pour  le  module  k. 
C'est  aussi  celle  que  Jacobi  représente  par  K\  M.  Lamé 

par  ^, ,  MM.  Briot  et  Bouquet  par — 7==-  Nous  la  dé- 

signerons  par  <E>  (fc). 
On  a  de  même 

3r"V/(p»-.r«»)(r'«-p*) 

R'  \  \/(X._x)(i_ife.X«)*  ^-^ 

Cette  quadrature  se  réduit  à  celle  que  Legendre  ap- 
pelle intégrale  elliptique  de  seconde  espèce:  Nous  la  re- 
présenterons par  W  (k). 

Il  nous  suffira  donc  de  ramener  F  évaluation  de  /(4), 
f(6),f{S)  à  celles  de /*(o)  et /(a).  C'est  ce  qu'on  peut 
faire  pour  un  nombre  entier  pair  quelconque. 


ïU^OAIfi   OU   BËGULAIEUB   OOVOIK.  583 

9.  Oq  a  identiquement  : 

C f^dp  ^f  p'rfp  _^ 

J  l^(p»— R"»)(R'»-p»)       3  J^— p»  +  Ap»—  B 

ajal/— p^  +  Ap»  — B» 
Af  p"-'Jp 

Or  le  premier  terme  donne  en  l'intégrant  par  parties  : 

3a[/^— P*  +  Af*  — B^^  3 

=  p«-»\/_p*+Ap»— B^'  —  (n— 3)  Jp»»-*|/— p*+Ap*— BMp. 

Si  Ton  prend  l'intégrale  entre  les  limites  R'  et  R",  la 
partie  explicite  disparaît  »  car  ces  deux  valeurs  sont  pré- 
cisément les  racines  du  trinôme  placé  sous  le  radical. 
On  peut  écrire  simplement  : 


p-»  df = 


|R«aV/— p*+Ap»— B* 

V'    I/— p*  +  Ap'~B« 
=  («— 3)./"(n)— (n— 5^A./'(n— a)+{n— 3)B».A«— 4)> 

et  en  reportant  dans  ]a  première  éqnation  prise  dans 
les  mêmes  limites  : 

fin)  ^  -  — .  f{n)  +  —  A/(«-.a)-  îî=^  BY(«--4)  + 

2  2  3 


d'où  Ton  tire  : 


584      TBÉOEIB  DU  RÊGUtATËUR  DUYOIB, 

Cette  formule  permettra  d'abaisser  snecessirement 
l'exposant  n  de  deux  uQités,  et  par  suite  de  réduire 
'  finalement  Tévaluation  de  f  (n)  »  lorsque  n  est  pair,  à 
celles  de  ^(o)  et /(a). 

10.  On  trouve  par  ce  moyen  pour  les  trois  Taleurs 
qu'il  nous  importe  de  connaître  : 

A4)  =  |A-/(a)-iB«.Ao) 

m)  -  7^  (48  A»- 104 AB«)  •  r(a)  - 
-~(a4A*B«-a5B*).Ao). 

et  en  substituant  dans  Fexpression  (5) 

g  _  Ji^  I  (8A»+ 14 A«B-a9  AB«-4a  B») .  A»)  ) 
~  io5  (-(4A*+7AB— ioB«)B*.  Ao)-         J 

Nous  ayons  du  reste  (4) 

B=R'R»=(R+r).  (R— r)=R*— f% 
et  en  outre  (6  et  7) 

'^  '      R'      ^   '      R-f-r       \R+r/ 

Il  vient  donc,  tout  calcul  fait  : 

105     R+r    |__(R^.^).(5R»^,„R.^,_,^,^g^^j 


Pour  faire  subir  une  dernière  transformation  4  cette 


THtOBIE  DU  RtGUUTECB  BOTmi.  &8$ 

intégrale,  nous  introduirons  le  rapport  des  deux  rayons 

A  =  ^.  (8) 

qui  à  lui  seul  caractérise  là  similitude  des  formes  dans 
les  tores.  L'expression  de  G  étant  du  septième  degré, 
nous  la  représenterons  ainsi  : 

G  =  HR% 

en  désignant  par  H  la  fonction  suivante  qui  ne  rentemie 
que  k  et  d'sne  manière  parfaitement  déterminée  : 

e-A  ti=»ïi<'+'°'-''+"-"-'-*"'-^(Tiï),  ,, 


I— (i+fc)'.(5+io.fc«— a.**).*/"!^) 


11.  D'après  cela  l'expression  (S)  du  moment  des 
forces  centrifuges  devient 


io5  ^      i  +  A 


-(!+*)•. (5  +  io.A«-<a.  A*).  «>(j^M 


on  en  conservant  l'abréviation  H  : 

--ic|jLHcD'R*8ia3f. 

4 

Ce  moment  s'annule  pour  «p  =  o  et  ^  =  -,  c'est-à- 
dire  quand  l'anneau  est  couché  sur  Taxe  ou  lorsqu'il 
se  met  à  angle  droit.  Il  atteint  son  maximum  pour  la 
position  moyenne  de  4^^  Pour  la  facilité  des  calculs 
nous  désignerons  par  K  ce  moment  maximum  lorsque 
la  vitesse  angulaire  est  égale  à  l'unité 

It  =  i  iriiHR».  (lo) 

4 
De  cette  manière  le  moment  sera  représenté  pQnr  un 


566       TRÉOEIE  DU  RÉGULATEUR  DUTOIR. 

angle  et  une  vitesse  quelconques  par 

Kcû*  siii  2f . 

13.  Il  est  maintenant  facile  de  former  Téquatioii 
d'équilibre  relatif,  c'est-à-dire  (§  s)  celle  des  moments 
relatifs  à  la  charnière.  Ces  moments  sont  au  nombre 
de  deux  seulement,  à  savoir  celui  des  forces  centrifuges 
et  celui  de  la  tension  élastique  du  ressort;  car  la  pe- 
santeur n'intervient  pas,  puisque  le  corps  est  centré. 

Désignons  par  e  la  tension  (apportée  à  l'unité  d'allon- 
gement du  ressort.  (U  ne  faut  pas  la  confondre  avec  le 
coefficient  E  d'élasticité  delà  substance.)  Soit  a  le  rayon 
du  cercle  primitif  du  secteurt  ad^  sera  l'allongement 
élémentaire  qui  résulte  de  la  rotation  dtp.  L'allonge- 
ment  total  sera  donc  a  (<p + ^)  »  si  ^0  désigne  l'état  initial 
d'extension  du  ressort  quand  l'anneau  est  couché  sur 
l'axe.  La  force  élastique  sera  par  suite  ea  (r+^),  et 
son  moment  par  rapport  à  la  charnière  ea*  (?  +  0)- 

L'équation  d'équilibre  sera  dès  lors  : 

ca*  (f  +0)  —  KfD*Bind9  =  o. 

Si  on  récrit  de  cette  manière  : 

ao  —  — --  sm  29  4-  ad  =  o , 

et  qu'on  l'envisage  par  rapport  à  l'inconnue  aip,  on  y 
reconnaît  une  équation  transcendante  à  laquelle  sont 
habitués  les  astronomes,  et  qui  sert  à  assigner  la  posi* 
tion  d'une  planète  dans  son  orbite  elliptique  à  une 
époque  donnée.  Cette  formule  pourra  donc  être  facile- 
ment résolue  en  nombres  dans  chaque  cas  particulier. 
Mais  ici  nous  l'envisagerons  d'une  manière  générale,  et 
nous  allons  chercher  à  déduire  de  sa  discussion  la  ma- 

pi^ra  d'être  de  l'appareil* 


THÉORIE  DU  BÉGCLATBUR  DUVOIR.       687 

1 5.  L'équation  est  sous  sa  forme  la  plus  simple 

?  — •^8ina«p+6=o.  (11) 

Elle  détermine  à  l'aide  de  l'angle  9  la  position  de  l'an- 
neau pour  chaque  vitesse  angulaire  cd.  Pour  l'étudier 
nous  représenterons  par  /'(^)  son  premier  membre 

Ru* 

/  (?)  =  «  — :zr"^^*^?  (*^i 

Dans  la  question  actuelle  «p  ne  doit  pas  être  considéré 
comme  une  variable  absolument  indépendante,  mais 

comme  nécessairement  compris  entre  o  et  ^.  Pour  ces 

deux  limites,  on  a,  quel  que  soit  co  : 


Ao)  =  e,   r(5=«  +  ^. 


c'edt-à-dire  deux  résultats  positifs. 

Si  tt  commence  par  recevoir  de  très-faibles  valeurs, 
f  (?)  restera  toujours  positive  (19),  f  (<p)  sera  donc  con- 
tinuellement croissante  entre  ses  deux  limites,  et 
comme  la  première  est  positive,  elle  ne  s'annulera  pas 
dans  cet  intervalle.  Ainsi  pour  les  petites  vitesses  l'é- 
quation n'a  pas  de  racines  admissibles,  et  l'équilibre  est 
impossible  dans  les  conditions  qu'elle  exprime,  c'est^ 
à-dire  que  l'anneau  restera  couché  sur  Taxe  qui  lui 
sert  d'arrêt  et  introduit  une  force  nouvelle  en  raison 
de  laquelle  l'équation  se  trouve  satisfaite. 

Il  est  donc  nécessaire  que  la  vitesse  angulaire  ac- 
quière une  certaine  valeur  pour  démarrer   l'anneau 


588  THÉORIE  DU  RËGDLATEUI  DUTOi». 

■ 

et  donner  des  racines  à  réqaaiion  (i  i)«  Pour  quef  (r) 
varie  entre  ses  deux  limites  toujours  positives,  de  ma- 
nière à  passer  par  zéro,  et  par  suite  généralement  par 
des  valeurs  négatives,  il  faut,  comme  elle  ne  peut  de- 
venir infinie»  qu'elle  ait  un  minimum  dans  l'intervalle 
considéré,  et  qu'il  soit  négatif.  Or  l'azimut  <p'  de  ce  mi- 
nimum sera  donné  par  l'équation  dérivée  (i  a)  : 

f  (o')  =  1  •*  — 5—  cos  a«  ■■  0 
Pour  qu'il  soit  réel ,  on  doit  avoir 


co»  _ 


i<» 


c'est-à-dire 
engposant 


sKo) 


On  obtiendra  alors  une  valeur  unique  f  '  dans  le  pre- 
mier quadrant,  et  elle  correspondra  bien  à  un  minimum, 
car/'"((p')  est  évidemment  positive  (is). 

Si  ce  minimum  est  positif,  il  n'y  aura  pas  encore  de 
racines;  s'il  est  négatif,  il  y  en  aura  deux,  puisque  ce 
minimum  est  unique  et  que  la  fonction  redevient  en* 
suite  positive  vers  la  fin  du  quadrant;  s'il  est  nul,  les 
deux  racines  se  confondront  en  une  seule.  C'est  donc  là 
le  cas  limité  qu'il  faut  considérer  pour  obtenir  la  con* 
dition  que  doit  encore  remplir  co«  Or  ce  minimum,  ou 
plutôt  le  double,  peut  être  écrit  de  la  manière  suivante, 

en  substituant  à  -^^-s  sa  valeur.costo'  (i5) 
a  f  (<p') = a<p' — taog  a»'  -|-  aO  ac  F(^') . 


THÉORIE  DV  BÉ6CUTEUR  DUVOIR«  689 

Je  le  représente  par  F(<p') ,  en  Fenvisageant  comme 
une  fonction  de  ^\  considéra  à  son  tour  comme  une 
variable. 

Cette  expression  peut  toujours  être  annulée  par  une 
valeur  7"  de  «p'  comprise  entre  zéro  et  45*.  On  a  en  effet 

F(o)  =  a6>o,    f(^J=— co<o, 

et  par  suite  une  valeur  nulle  F  (<p")  dans  l'intervalle  ; 
car  la  fonction  ne  passe  pas  par  l'infini  entre  ces  limites. 
Son  azimut  sera  fourni  par  la  relation 

■ 

2«p''— tanga<p*'+ a6  =  0.  (i5) 

Cette  seconde  équation  transcendante  est  également 
connue  des  géomètres.  On  la  rencontre,  au  moins  pour 
un  cas  particulier,  dans  la  théorie  de  la  chaleur  et 
dans  celle  de  l'élasticité.  Elle  se  distingue  par  la  rapi- 
dité avec  laquelle  on  obtient  numériquement  ses  ra- 
cines» 

Il  7  a  donc  toujours  moyen  d'annuler  le  minimum 
dans  la  première  moitié  du  quadrant. 

Pour  le  rendre  négatif,  remarquons  que,  puisque 

sa  dérivée  est  négative,  F  {f)  est  continuellement  dé- 
croissant ,  et  par  suite  devient  négatif  lorsque  <p'  croit 
au  delà  de  la  valeur  ^"  qui  l'annule.  Il  faut  donc  que 
Fou  ait  : 

?'  >  ?%      cos  aç'<C  cos  a^p",      w>  «o  ^ , 

en  posant  (i3)  : 

C08  af  "  = 


'  V  aKcosaf* 


SgO  THÉORI£   DU   BÉGUUTEUB   DUVOIR. 

Or  cette  condition  renferme  à  fortiori  celle  que  nous 
avons  trouvée  en  premier  lieu  (i4);  il  suffit  par  con- 
séquent de  la  conserver  seule. 

1 4- Voici  donc  comment  les  choses  se  passent.  Si  Yoa 
suppose  d'abord  une  vitesse  infinie,  Téquation  (ii) 
exige  qu'on  ait  sin^x^p  =  o,  c'est-à-dire  que  Tanneau 
soit  couché  sur  l'axe  ou  à  angle  droit  sur  sa  direction. 
Si  la  vitesse  diminue  successivement  tout  en  restant  su- 
périeure à  la  limite  a>^ ,  les  deux  positions  d'équilibre 
se  détachent  peu  à  peu  de  ces  extrêmes  et  vont  en  se 
rapprochant.  Elles  se  rejoignent  sous  l'angle  <p"  toujours 
compris  dans  la  première  moitié  du  quadrant  lorsque 
la  vitesse  se  réduit  à  co^.  Au-dessous ,  l'équilibre  n'est 
plus  possible  et  l'anneau  retombe  sur  l'axe ,  qu'il  ne 
quitte  plus  jusqu'à  ce  que  la  vitesse  s'annule. 

i5.  Ces  deux  situations  d'équilibre  ne  sont  pas  du 
reste  placées  dans  les  mêmes  conditions.  La  position  in- 
férieure est  toujours  instable  et  la  portion  supérieure 
toujours  stable.  La  dernière  sera  donc  seule  réalisable 
par  l'expérience. 

Considérons  en  effet  la  position  rapprochée  de  Taxe, 
et  supposons  qu'on  en  écarte  l'anneau  de  l'angle  df. 
Si  l'accroissement  du  moment  de*  la  force  élastique 
l'emporte  sur  celui  du  moment  de  la  force  centrifuge , 
cet  excédant  tendra  à  rapprocher  l'anneau  de  sa  pre- 
mière position ,  et  l'équilibre  sera  stable.  Sinon  il  aura 
pour  effet  de  l'en  écarter  encore  davantage,  et  il  y  aura 
instabilité.  Or  f  (<p)  est  précisément  la  différence  de  ces 
deux  moments  (12),  f\o)  do  sera  donc  celle  de  leurs  ac- 
croissements, et  par  suite  le  signe  positif  ou  négatif  de 
f{(f)  indiquera  la  stabilité  ou  Tinstabilité. 

Mais  on  a  : 


THÉORIE  OU  REGULATEUR  DUTOIR.       5g  1 

et  en  outre  (ij5)  : 


etf 


1. 


De  pins ,  pour  la  position  inférieure  : 

<p  <  ç",    cos  a<p  >  co»  a<p"; 

Donc,  à  fottiori  : 

aKco'cosao  ^ 

et  par  suite  /"(<p)  est  négatif  :  ce  qui  démontre  l'instabi- 
lité. On  arriverait  à  la  même  conséquence  en  suppo- 
sant qu'on  rapproche  légèrement  l'anneau  de  Taxe. 

Considérons  maintenant  la  position  supérieure  et 
supposons-la  d'abord  comprise  dans  la  seconde  moitié 
du  quadrant.  Si  Ton  relève  un  peu  l'anneau,  le  moment 
de  la  force  centrifuge  diminue,  celui  de  la  tension  aug- 
mente ;  la  résultante  ramènera  donc  le  corps  à  la  pre- 
mière position.  Il  en  sera  de  même  si  l'on  incline  légè- 
rement le  corps  vers  Taxe. 

Si  la  position  supérieure  est  comprise  entre  cp"  et  45"*, 
il  est  facile  de  voir  qu'elle  est  encore  stable.  En  effet, 
dans  cette  première  moitié  du  quadrant,  les  choses  se 
passent  comme  dans  le  premier  cas,  et  le  signe  de  ^(<p) 
tranche  à  lui  seul  la  question.  Mais  /"'((p)  que  nous  avons 
reconnu  négatif  au-dessous  de  (p"  s'annule  pour  ?  =  <p" 
(16),  car  pour  cet  azimut  la  vitesse  est  égale  à  w^.  Elle 
devient  donc  positive  au-dessus ,  sans  quoi  il  faudrait 
que  /"(ç")  fût  nulle,  ce  qui  n'a  pas  lieu  (12).  L'équi- 
libre est  par  suite  encore  stable  dans  cette  partie  du 
quadrant. 
16.  Considérons  en  particulier  le  cas  où  le  ressort 


593       THÉORIE  DD  BÉGULàXEim  OUVOIA. 

n'aurait  aucune  tension  quand  Uanneau  est  couché  sur 
Taxe,  n  snflSt  pour  cela  de  supposer 

6  =  0. 

Alors  Tëquation  (i5)  deyient  : 

a«p"  —  tang  2<p*  =  o. 

Elle  n'admet  évidemment  dans  le  premier  quadrant 
que  la  racine  ff  z=z  0. 

Ainsi ,  la  position  instable  devient  indépendante  de 
la  vitesse  et  passe  continuellement  par  l'axe*  La  posi- 
tion stable  peut  alors  osciller  dans  toute  l'étendue  du 
quadrant,  et  la  limite  inférieure  que  la  vitesse  doit  at- 
teindre pour  cela  se  réduit  à  (14  et  16)  t 


"^=^-=v5- 


Au«dessou8  de  cette  vitesse  »  la  position  instable  dé- 
lient stable  et  l'anneau  reste  couché  sur  l'axe* 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  discuter  le  cas  où  0  serait 
négatif,  ce  que  l'on  se  gardera  bien  d'éviter  dans  la 
construction. 

1 7.  Nous  sommes  actuellement  fixés  sur  la  position . 
d'équilibre  que  prend  l'anneau  pour  une  vitesse  con- 
stante. Biais  il  reste  à  apprécier  son  rûle  comme  r^- 
lateur,  c'est-à-dire  à  étudier  le  mouvement  relatif  qu'il 
peut  prendre  lorsque  la  vitesse  vient  à  croître  et  que  la 
résistance  du  mécanisme  de  régulation  entre  en  jeu.  II 
ne  peut  être  question  de  trouver  la  loi  de  ce  mouvement, 
puisqu'il  faudrait  pour  cela  connaître  celle  de  la  va- 
riation de  la  vitesse  angulaire  de  l'arbre,  laquelle  est 
complètement  abandonnée  au  hasard;  mais  on  peut 
caractériser  d'une  manière  très-simple  la  puissance  et 
la  sen&ihUiié  du  régulateur. 

Le  mouvement  relatif  que  prendra  l'anneau  si  la  vi  - 


TBÊOftIB  DU  R£6tJLATE0B  DUTOIR.  SgS 

tesse  Tient  à  s'aecrottre  est  une  rotation  autour  de  sa 
charnière.  II  est  donc  régi  par  une  équation  unique  qui 
exprime  que  la  somme  des  moments  est  nulle  par  rap- 
port à  cette  charnière  :  i*"  pour  les  forces  réelles,  à  sa- 
voir la  résistance  du  ressort  et  celle  du  mécanisme  de 
régulation,  y  compris  les  frottements  ;  2*  pour  les  forces 
d'inertie  du  mouvement  relatif,  en  vertu  du  principe  de 
d' Alembert  ;  3*  pour  les  forces  apparentes  d'après  le 
théorème  de  Coriolis ,  à  savoir  les  forces  tangentielles 
d'inertie  d'entraînement ,  les  forces  centrifuges  et  les 
forces  centrifuges  composées.  Il  est  facile  de  s'assurer 
que  ces  dernières  ont  individuellement  des  moments 
nuls  par  rapport  à  la  charnière  (*)  ;  les  premières  sont 
opposées  au  mouvement  d'écartement;  la  seule  puissance 
de  l'anneau  provient  donc  des  forces  centrifuges.  Leur 
moment  Kci>*8in2(p  doit  ainsi  équilibrer  tous  les  autres,  et 
comme  «>  et  •  sont  des  éléments  qui  restent  variables, 
c'est,  à  proprement  parler,  le  coefficient  R  qui  constitue 
l'énergie  ou  la  puissance  du  régulateur,  c'est-à*dire  sa 
capacité  pour  vaincre  des  efforts  plus  ou  moins  grands. 
Quant  à  son  degré  de  sensibilité,  ou  à  lajpromp*- 
titude  avec  laquelle  l'anneau  passera  d'une  position 
d'équilibre  à  la  nouvelle  quand  la  vitesse  subira  une  va- 
riation brusque  ;  on  peut  le  mesurer  de  la  manière  sui- 
vante. L'équation  dont  il  vient  d'être  question  exprime 

en  d'autres  termes  que  l'accélération  angulaire  ^  du 

mouvement  de  charnière  est  égale  à  la  somme  des  mo- 

-    -     .--.-- . — >— ^  . 

(*)  La  force  centrifuge  composée  est  en  effet  perpendiculaire 
à  la  vitesse  relative.  Le  mouvement  relatif  étant  ici  une  rota- 
tioD  autour  de  la  charnière,  la  vitesse  relative  est  elle-même 
perpendiculaire  au  plan  mené  par  la  charnière  et  le  point  con- 
sidéré. La  force  centrifuge* composée  est  donc  située  dans  ce  • 
plan,  et,  comme  il  contient  la  charnière,  elle  a  un  moment  nul 
par  rapport  à  cette  droite 


594       THÉORIE  DU  RÉGULATEUR  OUVOIB. 

ments  des  forces  (qui  ne  sont  plus  à  notre  dispontion) 
divisée  par  le  moment  d'inertie  I  relatif  à  la  charnière. 
"  Le  mouvement  sera  donc ,  toutes  choses  égales  d'ail- 
leurs, d'autant  plus  rapide  que  I  sera  plus  petit,  de 
sorte  que  le  degré  de  sensibilité  peut  être  mesuré  par 
l'inverse  du  moment  d'inertie.  Il  convient  par  suite  de 
déterminer  ce  coeJDQcient 

1 8.  Pour  trouver  le  moment  d'inertie  d'un  tore  par 
rapport  à  un  de  ses  rayons  équatoriaux ,  je  le  rappor- 
terai à  son  axe  de  figure  Z  et  à  deux  rayons  rectanga- 
laires  X  et  Y  (  PL  VII ,  fig.  77).  En  prenant  le  momeot 
d'inertie  par  rapport  à  ce  dernier ,  nous  aurons  : 

Or  il  est  clair  qu'en  raison  de  la  symétrie  du  corps 
autour  de  l'axe  de  figure  les  deux  sommes  ^mx*  et 
^my^  ont  la  même  valeur  qui  est  aussi  par  conséquent 
celle  de  leur  demi-somme  : 

8  étant  la  distance  à  l'axe  de  figure.  On  a  donc  encore  : 

> 
et  il  suffit  d'évaluer  successivement  ces  deux  intégrales. 

Pour  trouver  Stnz*,  nous  décomposerons  le  tore  en 
tranches  horizontales  ayant  pour  épaisseur  dz  (PL  VU , 
fig.  78)  •  Chacune  d'elles  aura  pour  section  verticale  s(d<, 
le  centre  de  gravité  de  cette  dernière,  se  trouvant  au 
milieu  de  la  longueur,  décrit  un  cercle  avec  le  rayon  R» 
et  par  suite  le  volume  est 

et  la  masse 


TBÉOUB  DU  KÉGUIJkTfiim  DUTOIM.  SqS 

Os  a  donc 
ou  sous  la  forme  ordinaire  : 

Ç+r  

en  faisant,  ponr  abréger  : 

Pour  trouver  de  même  ^m^*^  nous  décomposerons  le 
tore  en  couronnes  cylindriques  d'épaisseur  d8  (PI.  VII, 
fig.  79) .  Chacune  d'elle  saura  pour  section  verticale  2zdS  ; 
son  centre  étant  à  la  distance  8,  le  volume  sera  : 

ajKdS.aic$=:4iczSd$, 

et  la  masse  : 

4ic|uSd$. 
On  aura  donc  : 

ou  sous  la  forme  ordinaire  : 

—  A     f +«• — t*— SRS*—  (5R*— f*)S»— R(R«—  5f  «)£*+5RV*g  H^  r*R* 

=  4«l*l-r(5)-3R.m)-(3R*-'-*)-A5)-R(R*-3r«).^(a)  + 

ZR*r*.f(i)  +  r*K*.f(o)]. 

m 

Il  est  évident  d'abord  que  f(n)  s'annule  quand  n  est 

impair,  puisque  entre  zéro  et  —  r  on  retrouve,  avec  un 

signe  contraire,  les  mêmes  éléments  qu'entre  o  et  +  r. 

On  peut  donc  supprimer  dès  à  présent  les  termes  en 

ToMi  xvni,  1S60.  39 


696       THÉORIE  DU  RiOOLATEUR  DOTOIR. 

f(i),  ^(3),  f  (5).  Il  vient  alors  simplement  : 

3itpLR[-.5./(4)  +  (5r»-R»)./(a)+RV*./'(o)]. 

Or  on  trouve  dans  tous  les  traités  la  valeur  de  Tinté- 
grale  définie  que  nous  avons  représentée  par  f  (n) , 
mais  seulement  entre  les  limites  zéro  et  r.  Pour  re- 
fendre de  —  T  k  -{-r  lorsque  n  est  pair,  il  suffît  de 
doubler  le  résultat ,  car  on  retrouve  des  deux  côtés  les 
mêmes  éléments.  On  a  ainsi  ; 

'  ^  '      91.4.6.8  n 

fit  par  ooDséqoeiit  : 
Il  vient  ûnsi ,  tout  calcul  fait  (*)  : 

ou  sous  une  autre  forme,  en  introduisant  la  masse  to- 
tale: 

M  =  ait>Rr% 

Si  Tou  introduit,  au  contraire,  le  rapport  k  des 
rayo{U3  (S)  : 

'      '        '     '  ^•'"     '  ■■ni  — ^—»— «Il   I  II  II      »^,|M^— ■— ^^— ^— — ^^ 

(*)  J'indiquerai  encore  les  deux  résultats  suivants,  dont  le 
premier  peut  être  souvent  utile,  et  le  second  est  remarquable 
par  sa  simplicité. 

Le  moment  d'inertie  relatif  à  Taxe  de  figure  du  tore  est  : 

M(R«+îr»), 
et  le  moment  dMnertie  pris  par  rapport  au  centre 


4 


THÉORIE  DU  RÉGULATEUR   DUYOIR.  S  97 

1 9.  Le  facteur  K  mesurant  la  puissance,  et  l'inverse 

de  I  la  sensibilité ,  le  rapport  y  sera  le  produit  de  ces 

deux  qualités,  et  comme  elles  sont  importantes  Tune  et 
l'autre,  il  mesurera  en  quelque  sorte  le  degré  de  bonté 
de  l'appareil.  Or  ces  deux  facteurs  renferment  les  coef- 
ficients jjL  et  fi*  (10  et  17).  Leur  rapport  sera  donc  in- 
dépendant de  la  densité,  c'est-à-dire  purement  géomé- 
trique, et  indépendant  aussi  de  R  ou  des  dimensions 
absolues.  Il  ne  dépend  ainsi  que  de  la  forme  de  l'an- 
neau ou  du  rapport  de  ses  rayons.  Sa  valeur  se  déduit 
inmiédiatement  des  formules  (lo  et  17). 

K_         H         _ 


105.7:  •>«(.+ft)(4  +  5A«)-  ,.    .   .^.    ,.   .   ..    ..      .    .*^    -./»-* 


— (i-fA)«.(5-fio.A«— a.fc*).*^^)j 


On  pourrait  chercher  la  valeur  de  h  qui  rend  cette 
expression  maximum,  et  qui  ferait  connaître  la  meil- 
leure forme  à  donner  à  l'anneau.  Cette  recherche  ne 
rencontrerait  pas  de  difficultés  analytiques,  puisque 
les  dérivées  des  fonctions  elliptiques  de  première  et  de 
seconde  espèce,  prises  par  rapport  au  module,  s'ex- 
priment à  l'aide  des  fonctions  de  la  troisième  espèce, 
et  que  celles-ci ,  particulièrement  dans  le  cas  qui  se 
présente  ici,  peuvent  se  ramener  aux  deux  premières. 
Mais  ce  calcul  est  par  lui-même  sans  élégance ,  et^sa 
complication  dépasse  évidemment  les  besoins  de  la  pra- 
tique. 


MACHINE   LOGOMOTITE,    ETC.  699 


«■ 


NOTICE 

SUR  imi  LOGOHOTITB  DFHONTAGRE,  CONSTRUITE  PAR  MM.  ANDRÉ 
XaCHLIlf  ET  COMPAGNIE,  A  HULHODSB,  d'APRÈS  LE  SYSTÈME 
B*   BEUGNIOT. 

Par  M.  LE  BLEU,  iogéoiear  des  mtnei. 


Depuis  rachëvement  en  France  des  grandes  lignes  Eiposé. 
qni  représentent  les  artères  du  réseau,  la  construction 
des  chemins  de  fer  est  entrée  dans  une  phase  nouvelle. 
Non>seuleinent  on  a  commencé  les  lignes  secondaires 
dont  le  tracé  comporte  de  fortes  rampes  et  des  courbes 
à  faible  rayon,  mais  on  s'occupe  activement  de  fran- 
chir les  limites  de  Fempire,  au  moyen  de  voies  ferrées  : 
dans  un  temps  plus  ou  moins  long,  les  Alpes  et  les 
Pyrénées  seront  traversées. 

Dans  d'autres  pays,  en  Autriche,  en  Suisse,  en  Italie, 
les  difficultés  que  nous  rencontrons  pour  nous  relier 
avec  nos  voisins,  se  sont  présentées,  pour  réunir 
entre  elles  des  populations  faisant  partie  d'un  même 
état.  Aussi  depuis  longtemps  déjà,  la.question  du  trans- 
port des  voyageurs  et  des  marchandises  sur  des  chemins 
de  fer,  à  tracé  très-accidenté ,  a-t-elle  été  étudiée.  Jus- 
qu'à présent  le  moteur  reconnu  le  meilleur,  ou  plutôt 
le  moins  imparfait,  a  toujours  été  la  locomotive.  Le 
passage  du  Sômmering  a  donné  naissance  à  la  machine 
Engertb,  employée  aussi  au  passage  du  Hauenstein, 
sur  le  chemin  de  fer  Central-Suisse.  Le  passage  du 
Giovi,  entre  Ponte-Decimo  et  Busalla,  ligne  de  Turin 
à  Gènes  a  amené  l'application  des  machines  jumelles 
piémon  taises, 


600  MACHINE   LOCOMOTIVE 

Enfin,  un  autre  passage,  celui  des  Apennins,  entre 
Bologne  et  Pistoïa,  établi  dans  des  conditions  analo- 
gues, a  étô  considéré  comme  assez  important  pour 
qu'il  soit  utile  de  proposer  un  programme  ainsi 
conçu: 

a  Construire  un  appareil  capable  de  remorquer  i  oo  à 
»  1 1 0  tonnes,  par  les  plus  mauvais  temps,  et  1 5o  tonnes 
»  avec  des  conditions  climatériqnes  favorables,  sur  la 
»  rampe  de  25  millièmes  ;  ladite  rampe,  qui  a  23  kil.  i/a 
»  de  longueur,  devant  être  franchie  en  deux  heures, 
»  aoit  1 8  kiL  à  l'heure,  par  les  trains  de  marchandises, 
V  et  en  une  heure  et  demie,  soit  i6  kil.^à  l'heure,  par 
»  les  trains  mixtes. 

»  Combiner  l'appareil  de  telle  sorte  qu'il  accomplisse 
»  le  travail  précité,  sans  qu'on  emploie  son  maximum  de 
»  puissance,  et  sans  qu'aucun  de  ses  essieux  soit  chargé 
»  de  plus  de  1 2  tonnes.  » 

Ajoutons  que  les  courbes  ont  un  rayon  de  3oo  mè> 
très  (i). 


(i)  Comme  nous  aurons  à  comparer  plus  tard  les  résultats 
obtenus  sur  ces  différentes  lignes,  Il  est  bon  de  rappeler  ici  les 
conditions  principales  de  leur  tracé. 

Passage  du  Sômmering.  —  La  longueur  de  la  forte  rampe 
est  de  20  kil.  sur  le  versant  nord,  et  12  kll.  sur  le  versant  sud; 
rinclinaison  maximum  est  de  o*,oa5»  et  les  courbes  ont  un 
rayon  minimum  de  190  mètres  en  palier  et  285  mètres  sur  la 
pente  de  o*",oa5« 

Passage  du  Hauenstein.  —  D'Olten  à  la  station  de  Lâufel- 
fiDgen,  qui  représente  le  faîte,  la  longueur  totale  est  de  8./I170 
mètres,  dont  1.880  mètres  en  palier,  A. 070  mètres  en  rampe  de 
o".o2&,  et  2*5ao  mètres  dans  un  tunnel  en  ligne  droite  et  en 
rampe  de  o',o28.  De  Lâufelfîngcu  à  Sissach,  la  longueur  de  la 
descente  est  de  Q.y^U  mètres,  avec  une  inclinaison  variant  de 
o">,ot7  ^  o^oai.  Le  rayon  minimum  des  courbes  est  de 
a6o  mètres. 

Passage  du  Giovi.  —  Sur  le  versant  sud,  qui  seul  présente 


SYSXÈMfi  BEU«MOT«  6oi 

MM.  André  Kœchlin  et  compagnie  ont  accepté  ce 
programme  avec  toutes  ses  conséquences.  Mi  Beugniot» 
leur  ingénieur,  a  conçu  et  exécuté  une  machine  répoû* 
dantt  par  sa  puissancOi  aux  conditions  du  programme! 
et  pouvant  au  besoin ,  grâce  à  sa  flexibilité ,  franchir 
des  courbes  d'un  rayon  inférieur  à  5oo  mètres*  C'est  la 
description  de  cette  machine  qui  fera  l'objet  de  la  pré- 
sente notice. 

Avant  d'entrer  dans  les  détails  que  comporte  un  pa-  du^pro^îmma. 
reil  sujet  »  il  est  utile  de  revenir  sur  le  programme         -. 
énoncé  plus  haut ,  et  examiner  à  un  point  de  vue  gé«  de  u  qoesnon 
néral  quelle  pouvait  être  la  solution   du  problèn^è    ^'Unnùl!'*^' 
posé* 

Malgré  toute  la  latitude  laissée  aux  constructeurs 
par  les  termes  du  programme ,  il  est  évident  que  ses 
auteurs  n'ont  eu  vue  qu'une  locomotive;  la  cûnditioil 
relative  à  la  charge  des  essieux  le  prouve  de  reste.  Gela 
posé,  une  nouvelle  machine  était^lle  nécessaire^  et  les 
types  usuels  et  consacrés  par  T  expérience  étaient^ils 
insuffisants  pour  résoudre  le  problème? 

Il  ne  pouvsût  être  question  de  machines  ordinaires 
k  six  roues  acooupléeSf  ayant  une  adhérence  maximum 
de  56  tonnes  et  représentant  un  effort  de  trdotion  de 


■*■«*  «*« 


des  difficultés  sérieuses,  la  distance  de  Busalla  (faîte  )  à  Pont»- 
Decimo  est  de  9. 7/10  mètres»  sur  laquelle  est  rachetée  une  hau-  . 
teur  de  371  mètres  par  des  Inclinaisons  variant  de  o'',ooS  à 
o*,o35.  La  longueur  de  la  pente  maximum  est  de  a.600  métrés. 
Un  tunnel  de  5.5oo  métrés  et  en  pente  continue  de  aS"*»?  avec 
courbe  de  Aoo  mètres  de  rayon  au  sommet  et  de  1.000  mètres 
au  milieu.  Le  minimum  du  rayon  des  courbes  est  de  /joo  mètres. 
Paêitngê  des  Apennins»  —  Ce  que  nous  avons  dit  au  mijet  éiï 
programme  de  la  ligne  de  Pistoïa  à  Bologne  suffit  pour  faire 
connaître  le  tracé.  Sur  le  versant  ouest,  la  pente  de  o",o!25  est 
uniforme  sur  a5  kil.  \;  sur  lo  versant  est,  elle  n^est  que  de 
o",oi8  sur  une  longueur  de  i5  klL  ^  seulement  Le  rayon  mi- 
nimum des  courbes  est  do  3oo  mètres. 


609  MACHINE  LOGOMOUYE 

4.5oo  kiU  (moteur  compris),  en  admettant  1/8  pour 
coefficient  d'adhérence,  tandis  que  Teffort  de  tracfioD 
nécessaire,  pour  remorquer  un  train  de  i5o  tonnes  sur 
une  rampe  de  s5  millièmes,  est  de  S  kil.  par  tonne  de 
poids  brut  du  train,  et%i  kil.  par  tonne  et  par  millimètre 
d'inclinaison,  soit  un  total  de  4«5oo  kîL  (moteur  non 
compris). 

Les  machines  employées  usuellement  sur  les  grandes 
lignes  se  trouvant  ainsi  écartées,  il  y  avait  lieu  d'exa- 
miner les  types  récemment  adoptés  pour  franchir  les 
passages  les  plus  difficiles ,  c'est-à-dire  les  machines 
piémontaises ,  les  machines  Engerth  et  les  machines- 
tender. 
Maohines         Le  modo  de  traction  de  la  ligne  de  Turin  à  Gtaes» 
pitopnuîfes.   section  de  Ponte-Dedmo  à  Busalla,  a  été  décrit  par 
H.  Couche,  ingénieur  en  chef  des  mines  (i).  Le  moteur 
est  représenté  par  deux  machines  ordinaires  à  quatre 
roues,  réunies  boite  à  feu  contre  boite  à  feu,  et  portant 
elles-mêmes  leur  approvisionnement  d'eau  et  de  com- 
bustible. La  grande  flexibilité  de  l'ensemble,  due  au 
faible  écartement  des  essieux  extrêmes  de  chaque 
groupe  (2",44),  rend  ces  machines  propres  à  franchir, 
avec  fadlité,  les  courbes  de  faible  rayon  ;  leur  dispoâ- 
tion  permet  à  un  seul  mécanicien  et  deux  aides  de  les 
conduire  aussi  sûrement  qu'un  appareil  unique,  avan- 
tage considérable  qui  leur  donne  une  grande  supério* 
rite  sur  la  réunion  de  deux  machines  quelconques 
accouplées.  Les  réparations  se  font  à  chacune  des  ma- 
chines isolément,  de  sorte  que  la  mise  hors  service  de 
Tune  n'entraîne  pas  le  chômage  de  l'autre.  Enfin ,  les 
essieux  n'étant  réunis  que  deux  par  deux,  l'emploi 


(1)  jtnMoUê  d0i  ponts  et  ckamuées^  année  i95S,  paçe  S07, 


SYSTÈME  BBUGNIOT,  6o5 

des  machines  jumelles  est  plus  favorable  à  la  conser- 
vation de  la  voie  que  celui  d*nn  moteur  unique  à  huit 
roues  accouplées. 

X  côté  de  ces  avantages,  les  machines  jumelles  pié- 
montaises  présentent  de  graves  inconvénients,  mais  ils 
sont  dus  à  un  vice  de  construction  et  non  au  principe 
lui-même.  Ainsi ,  la  surface  de  chaufife  n'est  pas  pro- 
portionnée à  l'adhérence  dont  on  peut  disposer  ;  de 
sorte  que,  pour  utiliser  cette  adhérence,  on  est  obligé 
de  surmener  les  chaudières,  par  conséquent  d'augmen- 
ter les  dépenses  de  combustible  et  de  reudre  les  répa- 
rations plus  fréquentes;  on  perd  ainsi  le  béoéfice 
réalisé  sur  l'unité  de  conduite  ;  d'un  autre  côté,  la  sur- 
charge des  essieux  occasionne  à  la  voie  et  aux  ban- 
dages de  rapides  détériorations. 

Ces  vices  de  construction  étaient  faciles  à  corriger, 
comme  Ta  indiqué  M.  Couche*  Il  suffisait  de  répartir  la 
charge  de  chaque  machine  sur  trois  essieux ,  dont  l'é- 
cartement  extrême  n'eût  été  que  de  2"',5o.  Cette  dis- 
position aurait  permis  en  môme  temps  d'augmenter  la 
surface  de  chauffe  et  de  la  mettre  en  rapport  avec 
l'adhérence* 

M.  Beagniot  a  reconnu  qu'un  pareil  moteur  aurait 
rempli  les  conditions  de  son  programme.  La  seule  ob- 
jection qu'il  ait  soulevée  est  relative  à  la  consommation 
de  combustible.  Il  suppose  qu'une  chaudière  unique 
consommera  toujours  moins  que  deux  chaudières ,  re- 
présentant ensemble  la  même  surface  de  chauffe  que  la 
première*  C'est  une  hypothèse  que  l'expérience  n'a 
encore  consacrée  que  dans  certaines  limites ,  et  aucun 
fait  n'autorise  à  l'étendre  au  cas  où  il  s'agit  de  deux 
chaudières  simples  représentant  loo  mètres  quarrés  de 
surface  de  chauffe  chacune ,  comparées  à  une  autre  de 
900  mètresquarrés.  11  est  bien  certain  aussi  que  M .  Beu« 


Kugerth. 


6o4  MACHINE   LOGOUOTXYE 

gniot,  mû  par  la  confiance  que  lui  inspiraient  des  étn* 
des  approfondies,  a  voulu  créer  une  machine  toute 
nouvelle,  sentiment  bien  légitime ,  qui  chei  tous  ka 
inventeurs  est  le  mobile  du  progrès. 
Machines         Les  machines  Engerth  offrsdent  pour  le  problème 
posé  à  MM.  André  Roecblin  et  compagnie  une  antre 
solution.  Elles  ont  été  depuis  huit  ou  dix  ans  em- 
ployées, avec  plus  ou  moins  de  succès,  sur  différentes 
lignes,  à  tracés  très-divers.  Dans  l'origine  leur  aatenr 
avait  pour  but  de  les  appliquer  au  passage  da  Soni« 
mering  (i).  Il  avait  en  conséquence  cherché  à  allier 
dans  ce  type  la  puissance,  la  flexibilité  et  T utilisation 
de  la  totalité  du  poids  adhérent.  La  machine,  suppor- 
tée par  trois  essieux  accouplés,  dont  les  deux  extrêmes 
avaient  un  faible  écartement ,  était  reliée  d'une  ma- 
nière invariable  au  tender ,  qui  cependant  avait  ses 
mouvements  transversaux  indépendants.  Celui-ci,  avec 
deux  ou  trois  essieux ,  dont  le  premier  était  placé  en 
avant  de  la  boite  à  feu ,  supportait  une  partie  du  poids 
de  la  machine.  Par  un  système  d'engrenages ,  le  mon- 
vement  des  roues  de  la  machine  était  communiqué  à 
celles  du  tender,  de  sorte  que  la  totalité  du  poids  était 
utilisée  pour  Tadhérence. 

Cette  dernière  disposition  ne  tarda  cependant  pas  à 
être  abandonnée,  comme  impraticable,  et  la  machine 
Engerth  devint  une  locomotive  ordinsdre  à  six  roues 
couplées,  avec  cette  différence  cependant  que  la  botte 
à  feu ,  ayant  de  vastes  dimensions,  grâce  à  sa  position 
entre  les  essieux  du  tender,  et  les  tubes  une  grande 
longueur,  on  pouvait  disposer  d'une  surface  de  chanfie 


(i)  Voir  SMxJnnales  des  mines^  5*  série,  t.  VI,  p.  343,  le 
mémoire  de  M.  Couche  sor  les  macbines  locomotives  à  petite 
vitesse. 


SYSTÈME   BEUGNIOT.  6o5 

considérable  et  d'un  poids  adhérent  encore  très-rai- 
soanable,  une  partie  de  T approvisionnement  d'eau  et 
de  combustible  étant  reportée  du  tender  sur  la  ma- 
chine. L'écartement  des  essieux  extrêmes  du  moteur 
était  assez  limité  et  permettait  le  passage  dans  des 
courbes  de  faible  rayon. 

Cependant  le  rapport  entre  la  surface  de  chauffe  et 
le  poids  adhérent  était  tel  que  cette  machine  ne  pou- 
vait être  considérée  que  comme  une  locomotive,  à 
moyenne  vitesse,  et  non  comme  un  remorqueur  de 
trains  de  marchandises.  Elle  a  néanmoins  rendu  de 
grands  services  au  passage  du  Sômmering  et  à  celui  du 
Bauenstein. 

Mais  la  machine  Engerth  devait  subir  des  modifica* 
tîons  plus  importantes  que  la  simple  suppression  des 
engrenages.  Le  tracé  des  lignes  françaises  du  Nord 
et  de  l'Est  permettait  de  pousser  plus  loin  qu'en  Al- 
lemagne, l'écartement  des  essieux  extrêmes;  aussi  fit- 
on  bon  marché  de  la  question  de  flexibilité  pour  des 
machines  qui  devaient  circuler  sur  un  réseau  peu  acci- 
denté. L'essieu  d'avant  du  tender  en  fut  détaché  et  re- 
lié aux  autres  essieux  de  la  machine ,  de  sorte  que 
celle-ci  fut  portée  par  huit  roues  accouplées,  l'écar- 
tement des  essieux  extrêmes  étant  porté  à  S'^sqS.  Par 
cette  disposition  on  obtenait,  il  est  vrai,  un  moteur 
d'une  énorme  puissance,  mais  on  perdait  la  plupart  des 
avantages  que  l'auteur  avait  eus  en  vue.  Les  inconvé- 
nients d'un  pareil  système  ont  été  trop  bien  décrits 
par  ^1.  Couche  et  par  M.  Vuillemin,  pour  que  nous 
ayons  à  les  signaler  de  nouveau  ;  il  nous  sui&ra  de 
dire  que  sur  la  ligne  de  l'Est ,  le  découplement  du 
tender  et  de  la  machine  est  décidé  en  principe,  de  ma- 
niëre  à  rendre  à  celle-ci  le  caractère  de  moteur  indé- 
pendant. 


6o6  MACHINE   LOCOMOTITE 

La  macbipe  Eogerth,  françaUe^  c'est-à-dire  à  huit 
roues  accouplées ,  se  devait  donc  et  ne  pouvait  même 
être  adoptée  pour  la  ligne  de  Bologne  à  Pistoîa.  La 
machine  Engerth  primitive  était  également  inadmis- 
sible, à  cause  de  l'insuffisance  déjà  signalée  des  ma- 
chines à  six  roues  accouplées  et  aussi  par  suite  de  soo 
principe  même  gui  en  fait  une  locomotive  à  moyeniie 
vitesse. 

C'est  donc  avec  raison  que  le  type  Engerth  a  été 
rejeté  pour  la  solution  du  problème  posé. 
Macbines-tender.  £^3  machines-teuder  à  six  roues  accouplées,  em- 
ployées sur  le  réseau  prussien  et  sur  d*autres  lignes 
rendent  de  grands  services  ;  mais  la  charge  des  essieux 
est  excessive  et  atteint  quelquefois  16  tonnes*,  cette 
condition ,  à  peine  tolérable  sur  une  voie  parfaitement 
exécutée  et  entretenue,  n'est  plus  admissible  quand  fl 
s'agit  d'un  tracé  pareil  à  celui  des  Apennins;  eUe 
était  d'ailleurs  formellement  contraire  aux  termes  ds 
programme. 

Mais,  tout  en  restant  dans  l'ordre  d'idées  qui  avait 
présidé  à  l'établissement  du  modèle  prussien,  on  pou- 
vait chercher  à  construire  une  machine-tender  à  huit 
roues  accouplées ,  pourvu  que  l'on  trouvât  une  articu- 
lation capable  de  combattre  la  rigidité  des  quatre  es- 
sieux, dans  des  courbes  de  Soo  mètres  de  rayon  et  au- 
dessous. 

Ce  projet  fut  étudié  avec  le  plus  grand  soin  ;  mais 
il  entraînait,  malgré  tout,  à  une  surcharge  d'autant 
plus  dangereuse  qu'elle  était  inégale  pour  chacun 
d'eux.  —  A  la  rigueur  il  eût  été  possible  d'ajouter  un 
cinquième  essieu;  mais  cette  combinsdson  conduisait 
fatalement  au  rétrécissement  de  la  boite  à  feu,  et  il 
importait,  avanttout,  de  conserver  la  surface  de  chaulTe 
directe ,  aussi  grande  que  possible. 


SYSTÈME    BEUGNiOT.  607 

Le  type  prussien  a  donc  été  abandonné  par  U.  Beu- 
gniot,  comme  les  précédents,  et  il  a  produit  un  mo- 
dèle tout  nouveau  que  nous  avons  à  étudier. 

I.  Descriptiou  db  la  locomotive  de  uontagnb. 

La  locomotive  de  montagne  de  MM.  André  Kœcblin     i^comotife 

s.  •/.%         T^j»*  .,N  11  de  montagne. 

et  compagnie  (système  Ëd.  Beugniot)  rappelle,  par  sa 
disposition  générale,  les  machines  Engerth  françaises  ; 
elle  est  supportée ,  comme  celles-ci ,  par  huit  roues 
accouplées,  laissant  la  botte  à  feu  en  porte-à-fauz  ;  une 
partie  de  son  poids  est  supportée  par  le  premier  des 
trois  essieux  du  tender.  On  a  pu  ainsi  obtenir  une  sur- 
face de  cbaulTe  considérable ,  en  développant  le  foyer, 
le  nombre  et  la  longueur  des  tubes.  Mais  là  s'arrête 
l'analogie  avec  la  machine  Engerth.  En  effet ,  la  solida- 
rité du  moteur  avec  le  tender  a  disparu  dans  la  locomo- 
tive Beugniot  ;  le  tender  supporte  bien  encore  une  par- 
tie du  poids  de  la  chaudière,  mais  il  n'est  relié  à  la 
machine  que  par  un  simple  attelage,  d'une  forme  spé- 
ciale, il  est  vrai. 

Ce  qui  caractérise  cette  machine,  c'est  sa  flexibi- 
lité due  à  un  organe  tout  nouveau  qui  permet  aux  es- 
sieux de  se  mouvoir  transversalement  à  la  voie. 

Par  l'ensemble  de  ces  dispositions ,  M.  Beugniot  a 
obtenu  les  avantages  reconnus  incontestables  des  ma- 
chines Engerth,  tout  en  remédiant  aux  plus  graves  in- 
convénients qui  étaient  reprochés  à  celles-ci  sur  les 
lignes  françaises  ;  c'est-à-dire  la  solidarité  complète  de 
la  machine  et  du  tender,  et  la  rigidité  résultant  de  l'ac- 
couplement des  quatre  essieux. 

Pour  n'être  pas  complète,  la  solidarité  de  la  machine 
et  du  tender  n'en  existe  pas  moins  jusqu'à  un  certain 
point,  puisque  ce  dernier  supporte  une  partie  du  poids 


6o8  MACHINE   LOGOMOTIYE 

de  la  machine;  maid  le  découplement  étant  très-fadle, 
dans  une  exploitation  où  plusieurs  moteurs  de  ce  type 
seraient  employés,  un  tender  de  rechange  se  placerait 
aussi  facilement  qu'avec  les  machines  ordinaires. 

La  description  complète  de  la  machine  de  M.  Beo- 
gniot  nous  amènerait  à  entrer  dans  tous  les  détails  de 
construction  des  locomotives.  Tel  n'est  pas  notre  but, 
et  nous  nous  contenterons  de  signaler  les  dispositions 
principales  et  de  décrire  celles  qui  sont  nouveDes. 
Puis  nous  indiquerons  les  dimensions  des  pièces  prin- 
cipales. 

La  PL  yill  donne  la  coupe  longitudinale  de  la  ma- 
chine et  de  son  tender,  et  le  plan,  la  chaudière  enlevée. 
Chaudière.  La  chaudière  représente  une  surface  de  chaufie  de 
1 75  mètres  quarrés ,  dont  9"',4o  donnés  par  la  boite  à 
feu  et  i63"*,6o  par  222  tubes  de  4"»8oo  de  longueur  et 
5  S  millimètres  de  diamètre  extérieur. 

Le  corps  cylmdrique  d'un  diamètre  intérieur  de 
i*',463  est  rivé,  de  mètre  en  mètre,  sur  de^  anneaux 
composés  de  fortes  cornières  représentant  de  solides 
armatures  qui,  pendant  la  pose  des  rivets ,  ont  permis 
de  maintenir,  sans  ovalisation,  la  forme  rigoureuse- 
ment circulaire.  Aussi,  malgré  les  fables  épaisseurs  de 
la  tôle,  i3  millimètres,  par  suite  de  laquelle  on  n'a  pu 
la  timbrer  qu'à  7  atmosphères,  cette  chaudière  pour- 
rait, sans  inconvénient,  être  soumise  à  des  pressions 
beaucoup  plus  élevées ,  qu'elle  supporterait  mieux  que 
d'autres  ayant  l'épaisseur  légale,  mais  moins  bien 
construites. 

Nous  verrons  plus  loin  que,  dans  certains  cas,  assez 
rares,  il  est  vrai,  il  eût  été  utOe  de  pousser  la  pression 
à  8  ou  9  atmosphères,  pour  utiliser  la  totalité  du  poids 
adhérent.  D'ailleurs  les  avantages  de  la  haute  pression 
sont  aujourd'hui  généralement  reconnus.  Si  ces  avan- 


SYSTÈME  BEUGNIOT.  609 

tages  sont  quelquefois  oompensés  par  raugmentation 
d'entretien,  c'est  par  la  perfection  dans  la  construction 
qu'on  doit  chercher  à  combattre  les  détériorations ,  et 
c'est  précisément  cette  perfection  que  nous  cherchons 
à  faire  ressortir  dans  l'appareil  qui  nous  occupe. 

Outre  les  armatures  du  corps  cylindrique,  les  tirants 
et  entretoises  ont  été  multipliés,  et  les  métaux  em- 
ployés toujours  choisis  de  la  première  qualité. 

Le  corps  cylindrique  de  la  chaudière  repose  libre- 
ment sur  ses  supports,  la  boite  à  fumée  et  la  botte 
à  feu  sont  fixées  au  chftssis  extérieur,  dont  l'extrémité 
s'appuie  par  l'intermédiaire  de  la  traverse  d'arrière  sur 
le  tender. 

La  machine  est  portée  sur  deux  bâtis,  Yxm  extérieur,  ckâwisenénear. 
l'autre  intérieur.  L'un  et  l'autre  ont  leur  destination 
spéciale* 

Le  chftssis  extérieur  forme  un  rectangle  entourant 
toute  la  machine,  et  présente  par  conséquent  à  l'arrière 
une  traverse  pour  l'attelage.  Si  nous  rappelons  cette 
disposition  qui  n'a  rien  de  particulier,  c'est  qu'elle 
n'existe  pas  dans  les  machines  Engerth  à  huit  roues, 
et  que  le  défaut  des  traverses  d'arrière  a  été  une  gêne 
quand  on  a  voulu  les  accoupler  à  un  tender  ordinaire. 
La  seule  particularité  que  présente  le  châssis  extérieur 
de  la  nouvelle  locomotive,  c'est  que  les  longerons  ont 
dû  être  ployés  à  la  hauteur  des  cylindres,  pour  obtenir 
la  laideur  nécessaire  à  l'emplacement  de  ceux-ci.  Le 
défaut  de  solidité  qui  en  résultait  a  été  compensé  par 
des  armatures  en  cornières. 

Le  bâtis  extérieur  ne  supporte  que  le  quart  ou  le 
tiers  du  poids  de  la  machine  ;  le  reste  de  la  chai'ge  est 
reporté  sur  les  essieux  par  l'intermédiaire  du  bâtis 
intérieur. 

Colui^i  est  mobile  et  composé  de  pièces  diiférentes, 


6 10  MACHINE   LOCOMOTIVE 

de  sorte  que  le  nom  que  nous  lui  avons  donné  nepeiit 
s'y  appliquer  exactement.  Comme  il  joue  un  rôle  très- 
important  dans  la  machine,  nous  en  donnerons  une 
description  spéciale. 
BAti  exiériear.  Les  quatre  essieux,  séparés  par  des  intervalles  égaux 
des  essieux,  de  l'^ySo  ct  portant  des  roues  de  i^^^so  de  diamètre, 
sont  partagés  en  deux  groupes ,  celui  d'avant  et  celui 
d'arrière  ;  chaque  groupe  est  muni  de  pièces  identiques 
et  indépendantes,  et  correspond  à  chacun  des  deux 
supports  de  la  chaudière,  placés  l'un  entre  le  premier 
et  le  deuxième,  l'autre  entre  le  troisième  et  le  quatrième 
essieux.  Il  suffira  donc  de  décrire  la  partie  qui  se  rap- 
porte à  l'un  des  supports  (PL  VIII,  fig.  i  et  2  ;  Pi.  IX, 
fig.  a  et  6). 

Les  deux  essieux  ont  chacun  quatre  fusées,  deux  in- 
térieures et  deux  extérieures;  ils  sont  reliés  par  deux 
fortes  pièces  de  fer  forgé,  dites  balanciers  (B,B),  sur 
lesquelles  s'appuie  le  support  de  la  chaudière  au 
moyen  de  deux  pivots  hémisphériques  (PP)  reposant 
dans  des  crapaudines.  L'extrémité  des  balanciers  em- 
brasse les  essieux  dans  des  bottes  h  graisse  (GG)  qni 
reportent  le  poids  sur  les  fusées  intérieures,  par  l'in- 
termédiaire de  ressorts  (RR).  Ces  ressorts  eux- 
mêmes  sont  articulés  au  moyen  d'un  petit  balan- 
cier (66). 

Il  résulte  de  cette  disposition,  que  dans  un  même 
groupe  les  mouvements  transversaux  sont  rendus  soli- 
daires pour  les  deux  essieux,  qui  cependant  sont  assu- 
jettis à  rester  parallèles.  La  limite  de  ce  mouvement 
est  déterminée  par  le  jeu  laissé  aux  boites  à  graisse 
extérieures  dans  leurs  glissières  respectives.  Ce  jeu 
est  de  20  millimètres  dans  chaque  sens;  l'amplitude 
du  déplacement  ti*ansversal  est  donc  de  4o  milli- 
mètres. 


8TSTËMB   BEUGRIOT.  6ll 

Quand  la  machine  entre  dans  une  courbe,  la  pres- 
sion du  rail  extérieur,  contre  le  bandage  du  premier 
essieu,  le  déplace  d'une  quantité  déterminée  qui  est 
immédiatement  transmise,  en  sens  contraire,  au  second 
par  l'intermédiaire  du  balancier;  en  continuant  à  avan- 
cer, la  réaction  du  rail  extérieur  aura  lieu  sur  le  ban- 
dage du  quatrième  essieu  qui,  à  son  tour,  entraînera  le 
troisième  ;  de  sorte  que  les  quatre  roues  extérieures  se 
trouveront  dans  des  plans  verticaux  différents.  Les 
points  de  contact  de  chacune  des  roues  détermineront 
aus&i  les  huit  sommets  d'un  polygone  flexible,  toujours 
inscrit  entre  les  rails. 

Les  conditions  auxquelles  ce  polygone  est  assujetti 
sont  que  les  sommets  soient  deux  à  deux  placés  sur  des 
lignes  parallèles  et  équidistantes.  Dans  ces  termes  gé- 
néraux, toutes  les  courbes  pourraient  être  franchies  par 
la  machine  ;  mais,  sans  parler  des  autres  organes ,  la 
limite  du  rayon  possible  est  fixée  par  les  essieux  eux- 
mêmes  ,  c'est-à-dire  par  le  jeu  de  leurs  boîtes  à  graisse 
dans  les  glissières. 

Soit  AM,  PL  L&,  fig.  7,  le  rail  extérieur  de  la  courbe 
à  franchir,  a,  6,  c,  d,  la  position  respective  des  quatre 
essieux.  Gomme  les  deux  essieux  a,  b  sont  indépen- 
dants des  deux  autres  c,  d,  la  courbe  à  rayon  minimum 
sera  franchie  quai^d,  dans  chaque  groupe,  le  déplace- 
ment transversal  sera  maximum ,  c'est-à-dire  4o  milli- 
mètres. Soit  donc  mi  =  Ao  millimètres,  d'où  mn  =  60 
millimètres.  Hais  am  =  i",95  ou  la  moitié  de  l'empâ- 
tement total  (3"^,  90)  delà  machine,  le  rayon  sera  donc 
celui  d'un  cercle  danslequel  le  sinus  d'un  angle  est  1  ■" ,  gS 
et  le  sinus-verse  o",o6,  c'est-à-dire  R= 3^  mètres.  Mais 
dans  ce  cas  l'angle  au  centre  «,  ou  celui  de  la  direction 
de  la  roue  extrême  avec  le  rail,  serait  de  5®  1/2,  et  il  y 

ToMe  XVin,  18G0.  ûo 


6ia  MAcaiNB  iOQoiioTiyB 

aurait  frottement  des  boudins;  d^ailleurs,  les  aatRS 
organes  de  la  machine  ne  se  prêteraient  pas  à  un  dé- 
placement aussi  considérable.  Il  faut  remarquer  ausâ 
que,  dans  l'attaque  d*une  courbe,  les  deux  roues  des 
essieux  6,  c  ne  sont  pas  dans  le  môme  plan,  oe  qui  ré- 
duit mn  et  augmente  R. 

En  résumé ,  la  machine  a  été  construite  en  yue  de 
franchir  des  courbes  d'un  rayon  minimum  de  loo  mè- 
tres, pour  lequel  l'angle  a  est  de  i^'S'i/s,  la  valeur 
correspondante  de  mn  =  si  millimètres,  celle  de  mt, 
ou  déplacement  latéral  simultané  des  deux  groupe 
d'essieux,  i4  millimètres.  Ce  déplacement  pourra  être 
porté  à  a  i  millimètres  dans  le  passage  d'un  alignement 
droit  ou  surtout  d'une  courbe  à  une  contre-courbe,  et 
plus  loin  encore ,  par  suite  de  réactions  momentanées 
des  rails,'Sur  un  groupe  d'essieux.  Dans  tous  les  cas, 
le  jeu  est  suffisant  pour  que  la  machine  franchisse , 
sans  aucune  difficulté ,  des  courbes  de  i  oo  mètres  de 
rayon. 

Ce  premier  point  établi ,  avant  de  passer  à  la  des- 
cription des  autres  organes  de  la  machine,  nous  dirons 
quelques  mots  du  mode  de  suspension  qui  se  rattache 
naturellement  à  ce  qui  précède. 
Ressorts.  £^  machine  est  suspendue  sur  seize  ressorts,  dont 
huit  extérieurs  et  huit  intérieurs ,  indépendamment  de 
la  charge  reportée  sur  le  tender,  dont  nous  parlerons 
plus  tard. 

Les  ressorts  extérieurs  supportent,  comme  nous 
l'avons  dit ,  le  tiers  ou  le  quart  de  la  charge  en  marche 
normale  ;  mais  ils  sont  calculés  pour  un  effort  beaucoup 
plus  considérable,  et  ils  agissent  souvent  ainsi  utile- 
ment, dans  l'attaque  des  courbes,  à  faible  rayon,  où  le 
rail  extérieur  est  surélevé,  et  surtout  dans  le  passage 
d'une  courbe  à  une  contre^courbe,  lorsque  le  centre  de 


$y6TÈli£  BEUGNIOT.  6l3 

gratité  se  trouve  brusquement  déplacé  par  le  déverse- 
ment de  la  machine. 

Les  ressorts  intérieurs  sont,  comme  nous  l'avons  dit, 
reliés  deux  à  deux  par  de  petits  balanciers  d'articula- 
tion. Cette  disposition,  très-usitée  hors  de  France , 
donne  d'excellents  résultats  en  faisant  concourir  deux 
essieux  aux  surcharges  momentanées  qui  résultent  des 
oscillations  longitudinales. 

Nous  avons  fait  connaître  le  mode  d'articulation  au     Mécanisme 

,  .    .  .  ,         de  (r«D«inissioii. 

moyen  duquel  les  essieux ,  tout  en  conservant  leur 
parallélisme 9  peuvent  se  déplacer  transversalement  et 
permettre  à  la  machine  de  franchir  des  courbes  de 
faible  rayon.  Il  nous  reste  à  examiner  comment  le  mé- 
canisme de  transmission  se  prête  à  de  pareils  déplace- 
ments ;  c'est  ce  qui  résultera  de  la  description  de  ces 
organes. 

Par  suite  de  calculs,  dont  nous  donnerons  plus  loin  cyimJrei, 
un  résumé,  les  cylindres  ont  54  centimètres  de  dia- 
mètre et  les  pistons  56  centimètres  de  course.  Ce  dia- 
mètre considérable  n'a  pas  encore  été  atteint,  à  notre 
connaissance.  En  l'adoptant,  en  même  temps  que  le 
châssis  extérieur,  on  a  été  entraîné  à  une  modification 
complète  des  types  existants. 

En  effet,  l'espace  manquait  pour  placer  ces  énormes 
cylindres  à  l'intérieur.  A  l'extérieur,  la  présence  du 
châssis  obligeait  de  donner  à  la  machine  une  largeur 
incompatible  avec  les  voies  ferrées  telles  qu'elles  sont 
construites.  Il  fallait  dès  lors  les  placer  dans  une 
position  intermédiaire  t  et  par  suite  ils  ne  pouvaient 
être  qu'en  avant  de  la  première  paire  de  roues.  Cette 
disposition,  qui,  d'ailleurs,  ainsi  que  nous  le  ver- 
rons plus  loin,  a  donné  lieu  à  quelques  critiques,  est 
donc  la  conséquence  de  celles  que  nous  avons  déjà  dé- 
crites. 


6l4  MACHINE   LOGOMOTITE 

L'entr'axe  des  cylindres  a  été  porté  à  i",556,  c*esi- 
à-dire  que  leurs  axes  sont  de  part  et  d'autre  au-dessos 
du  rail.  Il  en  résulte  que  l'essieu  moteur  ne  pouTait 
être  commandé  directement  par  la  tige  du  piston  et  sa 
bielle.  Dans  la  disposition  adoptée ,  Teffort  est  trans- 
mis à  Tessieu  moteur,  qui  est  le  premier,  par  deux 
bielles  reliées  par  une  traverse  à  la  tète  du  piston  ; 
Tune  intérieure  C  commande  Tessieu  coudé,  Tautre 
extérieure  G  commande  une  manivelle  calée  symétri- 
quement. 

Les  tètes  de  bielles  sont  construites  de  manière  à  leur 
permettre  l'obliquité  que  nécessite  le  mouvement  trans- 
versal de  l'essieu  moteur.  A  cet  effet,  le  tourillon  D» 
(PI.  VIII,  fig.t,  et  PI.  IX,  /îy-  2  et  3),  au  lieu  d'être 
cylindrique ,  représente  un  segment  spbérique  jouant 
dans  des  coussinets  de  même  forme. 

Les  boutons  des  bielles  d'accouplement  D'  ont  ausà 
la  forme  d'un  segment  spbérique  qui  rempUt  le  même 
but. 
Bielles  Sur  Ics  manivcUes  d'accouplement  de  Tessîeu  mo- 

accoupemen .  ^^^^  sout  calécs  Ics  poulies  d'exceutriquo  de  la  distri- 
bution; sur  les  manivelles  de  l'essieu  d'arrière,  les 
poulies  d'excentrique  commandent  les  pompes  alimen- 
taires ,  de  telle  sorte  que  tous  les  mouvements  sont  à 
l'extérieur.  Le  mécanicien  peut  les  voir  de  sa  place  et 
les  graisser  en  marche  :  cela  était  d'autant  plus  utile 
que  l'on  pouvait  avoir  à  craindre  des  grippements  dans 
des  pièces  soumises  à  des  efforts  obliques.  D'aUleurs , 
les  moyens  de  graissage  ont  été  multipliés,  dans  le 
même  but ,  sur  tous  les  points. 

La  position  de  l'essieu  moteur  par  rapport  aux  cy- 

organei      lindrcs  ne  permettait  pas  un  mécanisme  de  distribu- 

<^^         tion  entièrement  direct.   Les  barres  d'excentrique , 

dirigées  du  côté  opposé  aux  cylindres,  transmettent 


SYSTÈME   BEUGNIOT.  6l5 

le  mouvement  à  la  tige  du  tiroir  par  l'intermédiaire 
d'une  série  de  leviers ,  dont  la  disposition  est  indiquée 
(PLIX,  fig.  4  6t  5).  Ce  mécanisme  est,  comme  les 
autres,  entièrement  extérieur  et  sous  les  yeux  du  mé- 
canicien. 

Les  lumières  d'introduction  de  la  vapeur  dans  le 
cylindre  ont  4^  millimètres  de  largeur  et  54o  miUi- 
mètres  de  longueur,  la  lumière  d'échappement  8o  mil- 
limètres de  largeur.  Le  recouvrement  extérieur  du 
tiroir  est  de  99  millimètres  dans  un  sens  et  Ss  milli 
mètres  dans  l'autre ,  et  le  recouvrement  intérieur  de 
10  millimètres.  L'angle  de  calage  des  poulies  d'excen- 
trique a  été  fixé  à  So"".  Le  rayon  d'excentricité  est  de 

Ces  dimensions,  combinées  avec  les  points  d'attache 
de  la  coulisse  et  des  barres  d'excentrique,  déterminent 
la  distribution  de  la  vapeur  dans  les  différentes  posi- 
tions du  levier  de  marche.  La  course  maximum  du 
tiroir  est  de  1 15  millimètres ,  et  la  course  minimum  de 
73  millimètres  (point  mort).  La  machine  a  été  réglée 
pour  une  course  normale  du  tiroir  de  io3  millimètres, 
correspondant  à  2/3  d'admission  et  i/3  de  détente.  Le 
tableau  suivant  indique ,  dans  ce  cas ,  les  différentes 
phases  de  la  distribution ,  la  colonne  A  se  rapportant 
au  mouvement  du  piston  dans  le  sens  de  la  marche , 
et  la  colonne  R  au  mouvement  en  sens  contraire. 


^i6 


MACmilE  LOCOMOTIVE 


«■M 


Aranee  liotaire  t  radmlsilon 

AdQiiuion  de  la  Tapeor  pendant  une  fraelion  de  la 
coane  da  piston  de .  .  .  . 

Détente  pendant  une  fraelion  de  la  oonrte  du  piaion.  . 

Echappement  anticipé  pendant  une  fraction  de  fa  course 
du  piston 

Total  égal  A  la  course  du  piston 

Aranee  linéaire  à  Téchappement. 

Echappement  pendant  une  fraction  de  la  course  du 
piston  de 

Compression  pendant  une  fraelion  de  la  course  du 
piston •  . 

Total  égal  i  la  course  du  piston 


artllfa 

l,7S 

970 
IIS 

19 


960 
31,T9 


4T0 


580 


i.t$ 


S79 
949 


sao 

19,79 


4>9 


W 


L'ouverture  maximum  des  lumières  est  de  a5**,6. 

Lorsque  le  levier  de  marche  est  au  premier  cran  de 
la  marche  en  avant ,  la  course  du  tiroir  est  de  78  mil- 
limètres. Il  résulte  du  réglage  de  la  machine ,  qu'alors 
l'admission  de  la  vapeur  a  lieu  pendant  103  millimè- 
tres de  la  course  du  piston  et  la  compression  pendant 
254  millimètres  :  cette  compression  se  continuant  pen- 
dant l'échappement  anticipé ,  suffit  pour  former  frein 
et  ralentir  la  marche  sur  les  pentes  prolongées.  Cet 
effet  est  analogue  à  celui  que  Ton  réalise  dans  d'autres 
machines  en  plaçant  le  levier  au  premier  cran  de  la 
marche  en  arrière  ;  mais  alors  c'est  la  contre-vapeur 
qui  agit.  Dans  l'un  et  l'autre  cas,  non-seulement  on 
obtient  un  ralentissement  de  la  marche ,  mais  on  a  en- 
encore  l'avantage  important  de  maintenir  toujours  les 
cylindres  baignés  de  vapeur,  condition  essentielle  de 
leur  conservation.  Avec  le  levier,  dans  le  sens  de  la 
marche  en  avant,  l'aspiration  de  l'sûr  extérieur  est 
nulle  ou  à  peu  près,  de  sorte  qu'il  ne  s'introduit  pas 
dans  les  cylindres  de  fragments  de  combustible  déta- 


SYSTÈME   BE06mOT.  617 

cbéa  de  la  boite  à  fumée  ;  l'usure  qui  peut  provenir  de 
rintroduction  de  ces  corps  étrangers  est  ainsi  pré- 
venue. 

Le  mode  d'accouplement  de  la  machine  et  du  ten- 
der  réalise  à  la  fois  un  attelage  combiné  pour  le  pas- 
sage des  courbes  k  faible  rayon  et  un  allégement  de  la 
machine  par  le  premier  essieu  du  tender,  qui  supporte 
une  partie  du  poids  de  la  botte  à  feu.  Nous  examine- 
rons d'abord  de  quelle  manière  ce  poids  est  ainsi  re«* 
porté  sur  le  tender  (PL  VIII). 

Le  premier  essieu  de  celui-ci  a  quatre  f  usées,  comme  Aecoopiemem 
ceux  de  la  machine.  Celles  extérieures  supportent  leur  ^J[  ^'^  "Jder 
part  du  poids  propre  du  tender,  poids  très-faible  qui   p  . .  ""    ^^^ 
ne  dépasse  pas  S.  5oo  à  3. 800  kilogrammes  en  moyenne,  sur  le  demîcr 
Les  fusées  intérieures  sont  prises  dans  deux  plaques  de 
gardes  spéciales,  et  leurs  boîtes  à  graisse  surmontées 
de  ressorts  à  trois  lames  F,  d'une  flexibilité  de  20  mil- 
limètres par  tonne.  Chaque  ressort  appuie  contre  une 
glissoire  de  forme  spéciale,  qui  se  meut  dans  le  sens 
vertical  en  obéissant  aux  oscillations  du  ressort.  Ces 
glissoires,  filetées  à  l'intérieur,  reçoivent  chacune  une 
forte  tige  filetée  du  même  pas,  et  terminée  par  une 
tète  hémisphérique  noyée  dans   une  crapaudine  en 
bronze  K.  Ces  deux  crapaudines,  terminées  à  leur  par- 
tie supérieure  par  des  surfaces  planes,  viennent  se 
placer  en  dessous  delà  traverse  d'arrière  de  la  machine; 
ce  sont  elles  qui ,  lorsqu'on  remonte  les  vis,  reportent, 
par  leur  intermédiaire  et  celui  de  leurs  ressorts,  une 
partie  de  la  charge  de  la  machine  sur  le  premier  essieu 
du  tender. 

Ce  poids  ainsi  reporté  n'est  pas  considérable;  il  va- 
rie pendant  l'état  de  repos  ou  dans  la  marche  normale' 
de  i.5oo  à  3.000  kilogrammes.  L'allégement  qui  en 
résulte  pour  la  machine  est  donc  insignifiant.  Il  de- 


6l8  MACHINE  LOGOliOriYE 

vait  en  être  ainsi,  car  une  perte  notable  du 
adhérent  eût  été  une  faute  ;  mais  l'avantage  de  cette 
disposition  est  d'augmenter  beaucoup  la  stabilité  de  la 
machine  et  de  rendre  ses  allures  plus  douces  en  em- 
pêchant les  oscillations  de  la  partie  en  porte-À-faax. 
Cet  effet  est  très- sensible;  si,  en  marche,  on  détourne 
les  tiges  filetées,  de  manière  que  les  deux  points 
d'appui  ne  soient  plus  en  contact  avec  la  traverse  d*ar* 
rière,  les  mouvements  insolites  de  la  machine  devien- 
nent aussitôt  très-marqués,  même  à  une  faible  vitesse. 

Cette  disposition  est  donc  trèa-logique  et  éminem- 
ment propre  à  favoriser  la  conservation  de  la  voie.  L'es- 
sieu d'avant  du  tender,  chargé  normalement  de  i.ooo 
à  5.800  kilogrammes,  peut  recevoir  une  surcharge  mo* 
mentanée  de  6  tonnes,  sans  que  son  action  sur  les  rails 
soit  plus  destructive  que  celle  de  la  machine,  et  la  sur- 
charge lui  étant  appliquée  directement,  il  n'y  a  aucun 
trouble  dans  les  fonctions  des  deux  essieux  d'arrière. 
AtieUKe  Afiu  d' éviter  dans  les  courbes  les  tractions  et  les 

poussées  obliques  dues  au  peu  de  longueur  des  barres 
d'attelage  employées  ordinairement,  la  dispositicm  sui- 
vante a  été  adoptée  (PL  VllI). 

Deux  longues  barres  d'attelage  (H.  H)  sont  boulonnées, 
d'une  part  au  châssis  extérieur  de  la  machine  aux 
points  (M.M)  et  de  l'autre  s'articulent  aux  extrémités 
d'un  balancier  (N) ,  lequel  est  emmanché  en  son  milieu 
dans  une  cbappe  fixée  à  la  traverse  d'avant  du  tender, 
de  sorte  que  la  traction  se  fait  sur  un  point  fixe  et  non 
sur  la  bride  d'un  ressort. 

Deux  tampons  de  butée,  en  fer  forgé,  ayant  seule- 
ment 80  centimètres  d'entr'axe  s'appuient  par  l'éi- 
trémité  de  leur  tige  contre  l'extrémité  d'un  ressert  de 
choc  (Q)  qui  se  trouve  fixé  de  l'autre  côté  de  la  traverse 
d'avant  du  tender  par  le  moyen  d'une  cbappe  k  écrou. 


SYSTÈMB  BEOGNIOT.  619 

Lorsque  ces  tampons  sont  en  contact  avec  ceux  en  tôle 
trempée  de  la  machine  qui  leur  font  face,  il  s'en  faut 
de  40  millimètres  que  les  barres  d'attelage  puissent 
s'emmancher  aux  deux  bouts  du  balancier.  C'est  cette 
tension  initiale  du  ressort  qui  doit  maintenir  la  solida- 
rité de  la  machine  avec  son  tender. 

Pour  atteler,  on  emmanche  une  des  barres,  en  incli- 
nant le  balancier  de  la  quantité  nécessaire,  soit  80  mil- 
limètres d'un  côté;  puis,  après  avoir  serré  &  fond  les 
sabots  du  frein,  on  donne  la  vapeur  en  arrière;  la 
poussée  de  la  machine  fait  céder  le  ressort  de  choc  et 
la  seconde  barre  d'attelage  s'emmanche.  On  dételle 
d'une  façon  analogue. 

Du  milieu  du  balancier  part  une  forte  barre  de  sûreté 
destinée  à  agir  dans  le  cas  où  l'une  des  barres  princi- 
pales viendrait  à  se  rompre.  Celle-ci  a  ses  trous  ovalisés, 
de  manière  à  permettre  au  ressort  une  flexion  de  6  cen- 
timètres :  un  boulon  la  traverse  à  son  extrémité  op- 
posée. 

Ce  mode  d'attelage  était  indispensable  pour  laisser 
à  la  machine  toute  sa  liberté  de  mouvements.  Les 
points  d'attache  des  barres  (MM)  et  de  la  chappe  (I) 
du  balancier  sont  calculés  de  telle  sorte  que,  dans  une 
courbe  de  100  mètres  de  rayon,  la  liaison  de  la  chappe 
et  du  milieu  J  de  la  ligne  théorique  joignant  les  deux 
poits  d'attache,  représente  l'attelage  théorique,  c'est- 
à-dire  que  ces  points  sont  les  intersections  des  axes  du 
tender  et  de  la  machine  avec  l'axe  de  la  voie. 

Nous  n'avons  rien  de  particulier  à  dire  sur  le  tender  ;  tcd  Jer. 
il  est  porté  sur  six  roues.  Sa  capacité  est  de  7.500  litres 
d'eau,  chiffre  que  l'on  pourrait  porter  à  9.000  litres, 
par  une  simple  élévation  des  parois,  si  les  besoins  du 
service  rendaient  cette  augmentation  nécessaire.  La 
charge  de  chacun  des  essieux  est  la  suivante  ; 


€80  MACHINE  I^OGOMOTltE. 

!*■  esiieu.  .    (^too^  (j  oamprls  i.6«o  à  «.ooo^  de  la  maeUMX 
A*  «ssieu,  •    9.160 
3*  essieu.  .    9.190 

Total,  a3,55o^  (7  compris  i.5oo  à  9.000^  de  la  machine}. 

soit  environ  sa* 000  kilogrammes  pour  le  poids  da 
tender  plein,  et  environ  iS.ooo  kilogrammes  pour  le 
poids  du  tender  vide, 
caieoi  Après  cette  description  succinte  de  la  machine,  nous 

des  dimensionf .  ,  1       1        i*  '  - 

Poids       avons  à  rappeler  les  dimensions  que  nous  poumons 

«dhéront.     appeler  organiques  et  à  voir  comment  elles  résultent 

du  principe  qui  a  été  posé  et  du  type  qui  a  été  adopté. 

Aux  vitesses  que  la  locomotive  de  montagne  est 
appelée  à  acquérir,  la  résistance  à  la  tracUon  varie 
peu;  elle  est  à  peu  près  la  même  sur  palier  et  sur 
rampe,  et  peut  être  évaluée  à  5  kilogrammes  par  tonn^ 
de  poids  brut  du  train  ;  il  faut  y  ajouter  i  kilogramme 
par  tonne  et  par  millimètre  d'inclinaison  ;  sur  une  rampe 
de  95  millièmes,  TefTort  de  traction  est  donc  de  3o  ki* 
logrammes  par  tonne  de  poids  brut. 

Soit  P  le  poids  brut  du  train,  y  compris  celui  du 
tender,  g  celui  de  la  machine,  c'est-à-dire  le  poids 
adhérent,  K  le  coefficient  d'adhérence,  on  aura  la  re- 
lation 

o,o3o(P+p)*=pXK. 

Or,  d'après  le  programme  proposé,  le  poids  du  train 
devait  être  de  160  tonnes  au  plus,  dans  de  bonnes  con- 
ditions atmosphériques,  et  100  tonnes  au  moins  dans 
de  mauvaises  conditions.  Dans  ces  deux  cas  extrêmes, 
P'  ss  160  +  30  (poids  du  tender)  =  i8o  et  F'  =  120. 

Une  machine  à  huit  roues  accouplées  ayant  été  adop- 
tée en  principe,  et  la  charge  d'un  essieu  ne  devant  pas 
dépasser  19  tonnes,  p  était  au  plus  égal  à  48  tonnes; 
d'où  l'on  conclut  qu'il  fallait,  dans  chaque  cas  parti- 
culier, compter  sur  un  coefficient  d'adhérence 


STStftm  BBUGlflOT.  6tl 

*^   ■*"  AB  "*  7»<>»7' 

Le  coefficient  adopté  1/7  est  un  pen  fort,  mais  il  ne 
s'applique  que  dans  le  cas  où  les  conditions  sont  très- 
favorables;  souvent  alors  il  s'élève  à  1/6  ou  i/5;  mais 
on  ne  peut  compter  sur  ces  chiffres.  D'ailleurs,  dans  les 
souterrains,  le  coefficient  réel  est  bien  inférieur  à  1/7, 
et  l'on  est  obligé  d'employer  le  sable  en  quantité.  Ce- 
pendant nous  verrons,  par  les  résultats  obtenus,  que  , 
l'adhérence  a  été  suffisante  dans  toutes  les  expériences 
faites  jusqu'à  ce  jour. 

Le  poids  adhérent  a  donc  été  fixé  à  48  tonnes  en«* 

viron  et  a  été  réparti  également  sur  les  quatre  essieux, 

savoir  x 

sur  le  i*'es8lso  (moteur) 11.800  kiL 

1*  essieu  )  .  A 

3*  essieu! 

k*  essieu ii,9oo 

Total /i7.5oo  kil. 

Le  poids  adhérent  étant  fixé  à  47.800  kil.,  le  1/7  de       8arfac« 

*^  -  '  '  '  de  cbaafTe. 

ce  poids  OU  6.757  klL  représentait  dans  l'état  normal 
l'effort  tangentiel  maximum  des  roues  motrices,  et  leur 
travail  était  égal  à  ce  chiffre  multiplié  par  la  vitesse.  Or 
la  vitesse  avait  été  fixée  à  16  kil.  à  Theure,  soit  4"'>44 
par  seconde.  Le  travail  maximum  de  la  machine  était 
donc  déterminé  d'avance  et  devait  être  de  6.757  kil.  x 
4"',44  =  3o.ooi,o8,  soit  So.ooo  kilogrammètres  par 
seconde  ou  4oo  chevaux. 

En  comparant  la  nouvelle  machine  aux  types  re- 
connus les  meilleurs ,  sa  surface  de  chauffe  devait  être 
de  160  à  180  mètres  quarrés.  Elle  est  en  réalité,  comme 
nous  l'avons  vu,  de  173  mètres  quarrés. 


629 


MACHINE  LOCOUOTIVE. 


ftooef.  La  détermination  du  diamètre  des  roues  était  cocré- 

lative  de  celle  de  la  surface  de  chaufie.  Il  fallait  que  le 
nombre  de  coups  de  piston  fût  tel ,  que  la  combostioa 
dans  le  foyer  fût  assez  active.  En  limitant  à  i*,so  le 
diamètre,  on  obtenait  un  nombre  de  coups  de  piston 
égal  à  1,18  par  seconde  pour  une  vitesse  de  16  kiL  à 
l'heure,  et  à  0,88  pour  une  vitesse  de  12  kil.  ;  c'était 
sans  doute  un  minimum,  et  par  conséquent  le  diamètre 
de  1  "",20  un  maximum  qu'il  eût  été  difficile  de  dépasser. 
Contre  poidi.  Les  coutre-poids  des  roues  ont  été  calculés  de  ma- 
nière à  dépasser  légèrement  le  chiiTre  donné  par  les 
formules  pour  la  condition  d'équilibre  vertical.  Ce 
chiffre  serait,  en  effet,  de  5go  kiL  et  le  contre-poids, 
réparti  également  sur  les  quatre  roues,  d'un  même  c6té, 
est  de  640  kil. 

La  course  des  pistons  dans  les  cylindres  dépendait 
du  diamètre  des  roues,  et  ne  pouvait  être  supérieure  à 
56  centimètres,  à  cause  de  la  place  nécessaire  pour  les 
boutons  de  manivelles.  Quant  au  diamètre,. il  a  été 
calculé  par  la  formule  de  M.  Redtenbacher  : 


C)lioUr«i. 


0=-X- X 


W 


(i+')-(i+')' 


dans  laquelle  0  désigne  la  section  du  cylindre,  V  la  vi- 
tesse normale  de  la  machine ,  U^M  P^  seconde ,  v  la 
vitesse  des  pistons ,  W  la  résistance  totale  du  train,  r  le 
rayon  des  manivelles,  p  la  pression  de  la  vapeur  en  ki- 
logrammes par  mètre  quarré ,  a  et  p  les  coefficients  de 
formule  «  +  Pp«  exprimant  le  poids  d'un  kilogramme 
de  vapeur  à  la  pression  p* 

Cette  formule  donne  pour  le  diamètre  des  cylindres 
o*,S36  ;  le  chiffre  adopté  est  de  64  centimètres. 


S7SXÈIUB  BEUGNIOT.  6a 5 

n.  GORSIDÉRATIONS  GÉffiftALBS*  -^  RÉSUtTATS  DES  EXPÉaiERCBS. 

Dans  la  description  des  divers  organes  de  la  loco-     ATiougw 
motive  de  montagne,  on  a  pu  reconnaître  que  Tauteur      maeiiino. 
avait  toujours  eu  en  vue  un  triple  but,  c'est-à-dire  qu'il 
a  cherché  à  réunir  à  un  haut  degré,  dans  un  même  ap- 
pareil, la  puissance^  la  fiexibilUé  et  la  stabilité. 

La  puissance  résulte  à  la  fois,  comme  nous  l'avons  Poiumeo. 
rappelé  dans  les  pages  précédentes ,  de  la  sarface  de 
chauffe  et  du  poids  adhérent.  En  admettant  1/7  pour 
coefficient  d'adhérence,  cette  machine  peut  remorquer 
un  train  de  160  tonnes  à  une  vitesse  de  16  kil.  à 
l'heure  sur  une  rampe  de  s  5  millimètres.  Dans  les 
mômes  conditions  de  vitesse,  le  poids  brut  remorqué 
sur  une  rampe  de  5  millimètres  serait  de  676  tonnes. 
Nous  verrons  tout  à  l'heure  que  ces  chiffres  ont  été  lar- 
gement confirmés  par  l'expérience. 

Lorsque  cette  énorme  puissance  est  appliquée  à  de 
fortes  rampes,  on  est  frappé  de  l'anomaUe  qui  semble 
résulter  de  l'addition  d'un  tender,  lequel4*eprésente  un 
poids  mort  de  ao  à  32  tonnes,  soit  1/8  du  poids  du 
train,  sur  rampe  de  2 5  millimètres,  et  i/5  si  l'incli- 
naison s'élève  à  35  millimètres.  C'est  d'après  cette  con- 
sidération que  les  machines-tender  ont  été  construites, 
et  dans  le  cas  actuel ,  il  semblait  logique  de  suivre  la 
même  marche.  Biais ,  quoi  qu'on  fasse,  la  répartition 
égale  du  poids  est  impossible  dans  une  machine-tender. 
Un  ou  deux  des  essieux  ont,  au  moment  du  départ,  une 
charge  considérable  qui  va  en  diminuant  à  mesure  que 
l'eau  et  le  combustible  sont  consommés.  Dans  les  con- 
didons  d'un  parcours  de  a5  kil.  1/2 ,  sans  escale  , 
la  machine  doit  consommer  la  presque  totalité  de  l'ap- 
provisionnement, o'est-à-dire  8  à  9  tonnes.  Il  est  évi- 


6t4  NAQaim  wowamE 

dent  qu'une  diminution  aassi 

adhérent,  et  par  suite  dans  la  puissance*  aorsit  les  plus 

graves  inconvénients. 

Pour  y  remédier,  il  aurait  fallu  créer  une  on  deux 
stations  intermédiaires,  afin  de  remplacer  les  quantités 
de  combustible  et  d'eau  consommées.  Mus  alors  les  dé- 
penses qu'aurait  entraînées  une  pareille  installation 
n'auraient-elles  pas  été  supérieures  à  l'augmentation 
defcfrais  de  traction,  résultant  de  l'addition  d'un  poids 
mort? 

Ensuite,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  remarquer, 
pour  éviter  la  surcharge  des  esaoeux,  il  aurait  falla  en 
ajouter  un  cinquième  derrière  la  boite  à  feu,  et  par  con- 
séquent réduire  les  dimensions  de  celle-ci  et  perdre  une 
partie  de  la  surface  de  chauffe  directe* 

L'addition  du  tender,  si  elle  donne  lieu  à  quelques 
critiques,  a  donc  aussi  sa  rûson  d'être*  Jusqu'à  prè^ 
sent ,  les  machines«tender  qui  ont  été  oonstruUee  oat 
donné  d'assez  mauvais  résultats ,  notamment  celles  de 
la  ligne  du  Midi  qui,  en  peu  de  temps,  ont  complète- 
ment détérioré  la  voie*  Aussi  ne  doit*on  pas,  à  frîért, 
considérer  comme  une  faute  la  séparation  du  moteur 
et  du  véhicule  qui  porte  son  approvisionnement  Sauf 
des  cas  assez  rares,  celui  où  les  machines  ont  à  faire 
un  faible  parcours  m  développant  pendant  un  temps 
trè&-court  un  travail  considérable ,  où  bien  encore  brs- 
qu'il  s'agit  du  service  des  gares ,  l'eipérience  n'a  pas 
encore  consacré  l'utilité  des  machines-tender. 

La  pression  normale  de  la  vapeur  dans  la  chaudière 
n'est  pas  un  des  éléments  de  la  puissance  de  la  ma^ 
chine*  Il  peut  être  utile  seniement,  dans  certains  cas 
exceptionnels ,  où  l'edhérenee  n'est  [dus  e»  rappel 
avec  la  sur&oe  de  chauffe ,  d'élever  momentanément  1» 
pression,  La  construction  de  la  chaudière  permet  d'ob- 


ftYffriuu  lEnomov.  61 S 

tenir  oe  résultat  sans  danger^  quoique  la  tension  nor- 
male de  la  vapeur  soit  limitée  à  7  atmosphères*  Nous 
avons  dit  déjà  que  la  pression  élevée  avait  des  avan* 
lages  incontestables  ;  mais  elle  présente  aussi  des  in- 
convénients graves,  lorsque,  comme  dans  le  cas  actuel, 
le  foyer  est  entouré  de  larges  surface?  planes.  L'entre- 
tien devient  alors  très«dispendieux.  Quand  la  locomo- 
tive de  montagne  aura  fourni  un  long  parcours ,  on 
pourra  comparer  les  résultats  obtenus  avec  ceux  que 
donnent  les  machines  marchant  à  plus  haute  pression , 
dans  des  conditions  analogues.  Jusqu'à  ce  moment  la 
question,  qui,  d'ailleurs  ne  touche  qu'indirectement  à 
notre  sujet,  doit  rester  en  suspens. 

La  flexibilité  de  la  locomotive  de  montagne  est  due  à     'i«">»»»**- 
l'articulation  des  essieux  de  la  machine  et  à  Tattelage 
spécial  du  tender. 

Le  mode  de  construction  que  nous  avons  décrit 
donne  une  solution  théorique  très-ingénieuse  du  pas- 
sage des  courbes  d'un  rayon  de  1 00  mètres  et  plus  ; 
mais  il  était  nécessaire  qu'il  eût  la  sanction  de  la  pra- 
tique. La  machine  a  franchi  les  courbes  avec  la  plus 
grande  facilité  ;  les  balanciers  ont  fonctionné  avec  la 
plus  grande  régularité.  Mais  on  pouvait  craindre  que 
le  jeu  laissé  aux  bottes  à  graisse  dans  leurs  glissières 
ne  fût  une  cause  de  perturbation  dans  la  marche  en  ali- 
gnements droits.  Nous  avons  reconnu  que  cette  marche 
était. aussi  régulière  que  pour  les  machines  à  essieux 
rigides.  Ce  que  nous  avons  constaté  nous-mème ,  à  cet 
égard ,  sur  la  ligne  de  Mulhouse  à  Bâle ,  a  été  confirmé 
par  les  ingénieurs  de  la  ligne  de  la  Méditerranée.  Us 
ont  reconnu ,  comme  nous ,  que  les  couples  d'essieux 
se  gouvernent  sans  lacet  jusqu'à  la  vitesse  de  4o  kilo^ 
mètres  à  l'heure ,  et  sans  mouvement  de  rotation  au- 
tour des  pivots  sphériques  du  bâti  mobilSé 


6s6  MACHllB  LOOOMOnTB 

L'inflexion  des  pièces  de  ce  bftti ,  an  moment  où  la 
machine  entre  en  conrbe,  a  lien  sans  seconsse.  Quand 
elle  sort  de  la  courbe,  les  essieux  reprennent  natordr 
lement  leur  position  normale.  Il  en  est  de  même  des 
diflférentes  pièces  de  l'attelage  du  tender. 
subiiiié.  La  stabilité  de  la  machine  est  obtenue  par  diverses 
dispositions  qu'il  est  utile  de  rappeler.         # 

1*  Chaîne  également  répartie  sur  les  quatre  essieux; 

s*  Poids  reporté  sur  le  tender,  faisant  supporter  an 
premier  essieu  de  celui-ci  les  oscillations  de  la  botte 
à  feu; 

5*  Charge  répartie  sur  seize  ressorts ,  dont  huit  ex- 
térieurs et  huit  intérieurs. 

4*  Articulation  des  ressorts  intérieurs,  deux  à  deux . 
de  manière  à  transmettre  à  deux  essieux  la  surcharge 
momentanée  de  l'un  ; 

5®  Contre-poids  appliqués  aux  roues  accouplées,  de 
manière  à  détruire  complètement  les  forces  perturba- 
trices de  l'équilibre  vertical. 

Toutes  ces  conditions  sont  de  nature  à  assurer  une 
parfaite  stabilité.  On  s'en  rend  compte  facilement  par 
la  douceur  d'allure  qui  est  très-remarquable ,  surtout 
si  on  la  compare  à  celle  des  autres  machines ,  notam- 
ment des  Engerth ,  employées  dans  des  cas  analogues. 
incMTénienu       Mais  à  côté  des  avantages  théoriques  que  nous  ve- 
^*mtdiîne*"*  ^^^^  ^®  signaler,  des  inconvénients  sérieux  ont.  fait 
l'objet  de  critiques  que  nous  ne  pouvons  passer  sous 
silencjs. 
Unité  '^^^^  d'abord ,  on  se  demande  s'il  est  bien  nécessaire 

dtt  motour.  d'avoir  un  moteur  unique  pour  remorquer  des  trains 
dans  des  conditions  exceptionnelles  où  deux  machines 
réunies  auraient  fait  le  même  service.  Cette  question 
délicate  ne  pourra  être  résolue  que  par  une  longue  ex- 


SYSTÈME   BKU6N10T.  6*7 

périence  ;  en  attendant  nous  croyons  utile  d'en  bien 
préciser  les  termes»  tout  en  faisant  ressortir  les  moyens 
employés  pour  combattre  les  principales  objections. 
•  i*La  machine  coûte  fort  cher,  et  une  réparation, 
sans  importance ,  peut  rendre  pendant  longtemps  im- 
productif un  capital  considérable. 

Cette  première  objection  n*en  est  pas  une  en  réalité; 
car  si  le  prix  de  la  machine  est  trës-élevé ,  elle  doit 
rendre  des  services  en  conséquence.  Il  s'agit  donc  sim- 
plement de  savoir  si  ces  services  sont  de  nature  à  per- 
mettre l'acquisition  d'un  moteur  aussi  dispendieux. 
C'est-à-dire  que  cette  question  est  subordonnée  aux 
suivantes  : 

Nous  ferons  observer  d'ailleurs  que  le  prix  de  la  ma- 
chine dépend  plutôt  de  la  perfection  de  son  exécution 
que  de  ses  organes  spéciaux.  Toutes  les  pièces  ont  été 
l'objet  d'un  soin  particulier.  Nous  avons  déjà  dit  que 
les  métaux  qui  entrent  dans  la  construction  de  la  chau- 
dière sont  tous  de  première  qualité;  il  en  est  de  même 
pour  les  autres  pièces.  Les  bandages  des  roues  sont  eu 
acier  fondu,  les  balanciers  qui  relient  les  essieux  re- 
présentent des  pièces  de  forge  très-délicates  ;  les  tam- 
pons de  butée  du  tender  sont  aussi  en  fer  forgé  ;  ils 
supportent  des  pivots  en  acier,  jouant  dans  des  cra- 
paudines  en  bronze,  et  s'appuient  contre  des  tampons 
eu  tôle  trempée.  L'essieu  moteur  coudé  est  en  acier 
fondu ,  et  les  trois  autres  en  fer  de  première  qualité. 

Tous  ces  matériaux  excellents,  mais  fort  chers,  ont 
été  traités  avec  les  soins  les  plus  minutieux.  La  mai- 
son André  Kœchlin  et  compagnie  voulait  produire  un 
modèle  d'une  parfaite  exécution;  il  ne  lui  était  pas 
difficile  d'y  parvenir;  sa  réputation  ne  laisse  aucun 
doute  à  cet  égard. 

Le  raisonnement  auquel  on  peut  se  laisser  entraîner 

ToirK  XVtîT,  if?6o.  Ai 


GdS  MACHINE  LOGOMOTIYE 

par  le  prix  de  la  machine  n'est  donc  pas  logiqae.  Car  ù 
Ton  a  exagéré  les  dépenses  de  construction,  c'est  dans 
le  but  de  rendre  les  réparations  moins  fréquentes.  U 
n'est  pas  juste  alors  de  considérer  ces  réparalioDs 
comme  entraînant  la  non  utilisation  d'un  capital  consi- 
dérable . 

3*  L'unité  de  conduite  peut  être  obtenue  facilement 
avec  deux  machines  adossées  et  dirigées  par  un  seul  et 
même  mécanicien.  Dès  lors,  les  avantages  du  moteur 
unique,  au  point  de  vue  de  la  consommation  du  com- 
bustible et  du  travail  produit,  disparaissent. 

Il  est  certain  que  deux  machines ,  conduites  par  un 
même  mécanicien,  auront  une  allure  plus  régulière 
que  si  elles  étaient  indépendantes.  Mais  on  doit  recon- 
nattre  qu'il  est  encore  impossible  d'obtenir  alors  de 
chacune  d'elles  une  marche  identique.  11  y  aura  tou* 
jours  contrariété  dans  les  mouvements,  et  par  suite 
perte  de  travail.  La  sécurité  est  d'ailleurs  beaucoup 
plus  grande  lorsque  le  mécanicien  n'a  à  manœuvrer 
qu'un  seul  régulateur  et  un  seul  levier  au  lieu  de  deux. 

Nous  ne  reviendrons  pas  sur  la  consommation  de 
combustible,  dont  nous  avons  parlé  à  propos  de  la 
description  de  la  chaudière.  Des  praticiens  supposent 
que  cette  consommation  sera  moindre  dans  un  appareil 
unique  que  dans  deux  qui  représenteraient  ensemble 
la  même  surface  de  chauffe  :  l'expérience  décidera  la 
question. 

3°  Un  moteur  unique,  à  huit  roues  accouplées,  fa- 
tigue plus  la  voie  que  deux  moteurs  indépendants , 
parce  que  ces  huit  roues ,  ne  pouvant  avoir  matbéma^ 
tiquemeni  le  même  diamètre  et  étant  cependant  animée 
de  la  même  vitesse  angulaire,  ont  une  tendance  m 
glissement. 

Cette  objection  capitale  pour  les  machines  à  essieux 


générale. 


SYSTÈME   b'eUGNIOT.  6tf 

rigides  est  beaucoup  moins  grave  lorsque  les  essUux 
peuvent  se  déplacer  transversalement.  En  effet»  le  gli»* 
sèment  développe  une  force  suffisante  pour  opérer  ce 
déplacement,  et  chaque  roue  trouve  d'elle-même  sur  bi 
surface  conique  du  bandage  la  position  la  plus  favorable 
au  roulement. 

D'ailleurs,  les  bandages  en  acier  fondu  ont  une  trèsr 
faible  usure,  et  le  diamètre  des  roues  reste,  autant  que 
possible,  dans  des  conditions  de  rigoureuse  égalité, 
maintenue  d'ailleurs  par  la  stabilité  de  la  machine  tt 
régale  répartition  de  la  charge. 

Dans  sa  disposition  générale,  la  locomotive  de  mcm*     Dispoiitioa 
tagne  ne  présente  d'autre  particularité  que  remplace^ 
ment  des  cylindres  avec  une  double  commande  pour 
chacun  d'eux  et  le  libre  mouvement  transversal  des 
essieux. 

La  double  commande  a  été  critiquée,  non  pas  m 
principe,  mais  parce  que  son  application  a  forcé  de 
placer  les  glissières  entre  la  traverse  d'avant  et  les  cy^ 
lindres,  c'est-à-dire  à  une  place  où  elles  seront  forcé* 
ment  détruites  dans  un  choc  violent  de  machine  à 
machine,  ou  de  machine  à  wagon. 

La  réponse  la  plus  naturelle  à  cette  objection  est  que 
les  machines  ne  sont  pas  construites  pour  se  heurter 
entre  elles,  et  que  l'éventualité  d'un  accident  très-rare 
ne  doit  pas  faire  renoncer  à  une  disposition  qui  a  son 
but  utile.  D'un  autre  côté,  la  plupart  des  chocs  ont 
lieu  dans  les  gares  et  sur  les  croisements,  une  machine 
prenant  l'autre  par  le  travers ,  écornant  sa  ti*averae  et 
ployant  l'un  des  longerons.  Dans  ce  cas ,  la  traverse 
d'avant,  énergiquement  armée,  supporterait  le  choo, 
ou  bien,  l'un  des  longerons  se  ployant,  les  glissièree, 
qui  en  sont  complètement  indépendantes,  ne  eeraieat 
pas  lésées. 


63o  MACHINE  LOCOMOTIVE 

Le  jeu  des  essieux»  ou  plutôt  de  leur  boite  à  graisse, 
dans  les  glissières,  est  assez  considérable  pour  que 
Ton  se  demande  s'il  n'en  résultera  pas  une  usure  très- 
rapide  des  différentes  pièces  soumises  à  des  efforts  va- 
riables et  à  des  mouvements  irréguliers. 

Cette  question  parait  résolue  depuis  longtemps  dans 
la  pratique.  En  général ,  lorsqu'une  machine,  par  sa 
construction  et  le  tracé  de  la  voie  qu'elle  parcourt  ha- 
bituellement,  doit  avoir  un  jeu  quelconque  dans  ses 
essieux ,  si  ce  jeu  n'a  pas  été  ménagé  dans  Torigioe  , 
l'usure  des  pièces  l'établit  peu  à  peu ,  sans  que  les  or- 
ganes essentiels  aient  à  en  souffrir.  Pour  ne  citer  qu'un 
seul  exemple,  dans  des  machines  à  marchandises  à  six 
roues  accouplées  et  à  cylindres  extérieurs ,  desservant 
l'embranchement  de  Dijon  k  Belfort ,  les  essieux  ex- 
trêmes ont  pris  naturellement,  après  quelques  mois  de 
parcours,  unjeu  transversal  de  lo  millimètres  dansleurs 
boîtes  à  graisse.  Il  est  donc  plus  rationnel  de  créer  à 
priori  le  jeu  nécessaire ,  et  Ton  n'a  à  craindre  aucune 
altération  sérieuse  dans  la  transmission  du  mouvement 
La  compagnie  de  Paris  à  Lyon  Ta  bien  compris 
ainsi,  et  elle  a  fait  transformer  par  MM.  André  Rœchlin 
et  compagnie  quelques-unes  de  ses  machines  qui  doi- 
vent faire  le  service  spécial  de  la  ligne  de  Neufchâtel.  A 
cet  effet,  un  jeu  de  20  millimèires  a  été  ménagé  aux 
fusées  des  essieux  dans  leurs  bottes  à  graisse  respec- 
tives, et  ceux-ci  ont  été  reliés  par  des  balanciers  ana- 
logues à  ceux  que  nous  avons  décrits. 
Àcuoa  La  théorie  que  nous  venons  d'exposer,  quoique  corro- 

-  borée  en  partie  par  l'expérience,  ne  suffit  pas  pour  faire 

dei  diffé7eniet  apprécier  le  degré  de  flexibilité  et  de  stabilité.de  la  lo- 
pièces.       comotive  de  montagne.  C'est  surtout  l'usure  des  diffé- 
rentes pièces  et  l'action  sur  la  voie  qui  doivent  guider 
dans  un  examen  de  ce  genre. 


$YSTÈA1£  BEUGNiOT.  65 1 

Deux  modèles  de  cette  locomotive,  la  rampe  et  la 
courbe^  ont  été  construits  par  MM.  André  Kœchlin  et 
compagnie.  Ces  machines  ont  fait  des  essais  assez  nom* 
breux  et  un  service  assez  prolongé  (i)  pour  que  Ton 
puisse  tirer  des  conséquences  des  premiers  résultats 
obtenus. 

.  Les  expériences  faites  sur  le  chemin  Central  suisse  ont 
duré  trop  peu  de  temps  pour  que  Ton  puisse  apprécier 
rinfluence  de  la  nouvelle  machine  sur  la  voie  ;  toutefois, 
il  est  probable  que ,  pendant  trois  semaines  de  marche 
régulière,  elle  aurait  produit  des  détériorations  appré- 
ciables dans  des  courbes  de  faible  rayon,  avec  une  lar- 
geur de  voie  inférieure  de  1 1  millimètres  à  celle  de  la 
ligne  pour  laquelle  elle  avait  été  construite,  si  son  sys- 
tème articulé  ne  lui  avait  permis  de  franchir,  sans  diffi- 
culté, tous  les  obstacles  de  cette  nature. 

Sur  la  ligne  de  la  Méditerranée,  après  un  parcoura 
de  1 5.000  kil. ,  les  ingénieurs  n'ont  pu  constater  aucune 
détérioration  de  la  voie  »  quoique  chaque  essieu  soit 
chargé  de  près  de  1 2  tonnes.  Ils  attribuent  ce  résultat, 
d'une  part,  à  la  double  suspension  (quatre  ressorts  par 
essieu)  ;  de  l'autre,  aux  tampons  verticaux  à  ressorts , 
reportant  sur  l'essieu  d'avant  du  tender  la  surcharge  de 
la  boite  à  feu,  ce  qui  amortit  ou  absorbe  les  chocs  que 
pourrait  supporter  l'essieu  d'arrière  de  la  machine. 
Enfin,  au  moment  où  la  locomotive  entre  en  courbe, 
elle  trouve  des  ressorts  pour  amortir  l'effet  produit  par 
le  déplacement  du  centre  de  gravité. 

L'usure  des  bandages,  des  différentes  pièces  de  la 
transmission  et  de  l'articulation  est  d'ailleurs  peu  im- 

(1)  La  courbe  avait  parcouru  i5.ooo  kil.  en  service  régulier, 
sur  le  réseau  de  la  Méditerranée,  avant  le  1*'  novembre;  la 
rampe  faisait  le  même  service,  après  un  essai  de  trois  se» 
maines,  sur  le  Central  «suisse,  entre  Olten  et  Sissach* 


6Ss  KAGHnfB  LOOOMOnVE 

portante.  Après  le  parcours  indiqué  de  iS.ooo  kil.,la 
tùurbê  ayant  dû  entrer  aux  ateliers  pour  une  minime 
réparation,  on  a  profité  de  cette  circonstance  pour  la 
^ter  dans  toutes  ses  parties. 

Voici  le  résultat  de  cet  examen  : 

Les  bandages  en  acier  fondu  portident  au  bondin 
ttse  trace  de  frottement ,  mais  sans  usure  ;  il  n'y  avait 
encore  qu'une  faible  apparence  d'usure  aux  points  de 
roulement,  sur  la  largeur  en  contact  avec  le  rail,  n 
était  d'ailleurs  à  peu  près  impossible  de  distinguer  sur 
laquelle  des  roues  cette  apparence  était  la  plus  pronon- 
cée. D'où  il  semble  résulter  que  l'usure  se  répartirait 
également  sur  les  roues  de  chaque  essieu  5  ce  que  l'au- 
teur de  la  machine  a  cherché  à  obtenir,  en  répartissant 
les  contre-poids  sur  toutes  les  roues  accouplées. 

Les  pistons  et  les  tiroirs  étaient  en  parfait  état , 
ainsi  que  les  cylindres  et  les  tables  des  tiroirs;  ce 
qui  prouve  le  peu  de  fatigue  éprouvé  par  la  machine 
à  la  descente,  grâce  à  la  distribution  dont  nous  ayons 
parlé. 

Les  coussinets  des  boites  à  graisse  et  des  bielles  mo- 
trices, ainsi  que  les  boutons  sphériques  des  maniveUes 
étaient  intacts. 

Les  quatre  pivots  hémisphériques  du  bâti  intérieur 
n*oi!raient  d'autre  trace  de  travail  qu'une  facette  bril- 
lante, au  point  de  contact  avec  la  crapaudine. 

Les  glissières  des  tiges  de  pistons  et  leurs  patins  ne 
présentiûent  aucune  usure  -,  d'où  il  résulte  que  l'indi- 
naison  de  l'effort  des  bielles  motrices  n'avait  pas  eu 
â*influence  fâcheuse  pour  leur  conservation. 

Les  boites  à  grsdsse  seules  avaient  pris  un  peu  de  jeu 
dans  leurs  glisûères  respectives,  et  il  avait  été  né- 
cessaire de  faire  agir  les  coins  de  serrage. 


STSTÈIIB  BEuemoT*.  655 

'  Enfin,  l'attelage  de  la  machine  et  dn  tender  avec  ses 

^  tampons  de  bntée  et  ses  tampons  verticaux  n'avsdt  nnl- 

'  lement  souffert. 

Il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire,  que  la 
locomotive  de  montagne,  après  un  parcours  de 
iS.ooo  kiL,  n'avait  subi  aucune  détérioration  dans  ses 
parties  essentielles,  qu'elle  était  dans  des  conditions 
normales  et  ne  paraissait  pas  avoir  eu  d'action  destruc- 
tive sur  la  voie.  Les  premiers  résultats  viennent  donc  & 
r appui  de  ce  que  nous  avons  avancé  sur  sa  flexibilité 
et  sa  stabilité. 

C'est  surtout  la  puissance  de  la  locomotive  de  mon- 
tagne, que  servent  à  démontrer  les  chiffres  résultant 
des  expériences  déjà  faites.  Dans  l'impossibilité  de  les 
citer  toutes,  i\pus  nous  contenterons  de  donner  les  ré- 
sultats les  plus  remarquables. 

Le  21  mars  1860,  la  courbe  a  remorqué  d*01ten  au 
tunnel  de  Laûffelfingen  frampe  de  a  5  millièmes)  une 
eharge  brute  de  161  tonnes,  à  la  vitesse  de  i5  kil.  h 
l'heure.  Le  poidâ  des  trains  remorqués  parles  machines 
Engerth  est  de  87^,5  en  marche  normale. 

Le  5  avril  1860,  la  même  locomotive  a  remorqué  de 
Sissach  à  Latlffelfingen  (rampe  de  so  millièmes)  une 
charge  brute  de  247%4  à  la  vitesse  de  8'',5  à  l'heure;  le 
poids  des  trains  remorqués  normalement  par  les  ma- 
chines Engerth  est  de  i37\5. 

Pendant  dix  jours  consécutifs,  du  4  au  1 4  aodt  1860, 
la  même  locomotive,  la  courbe,  a  remorqué  sur  la  ligne 
de  Nîmes  à  Alais  des  trains  de  marchandises  dont  le 
poids  brut  varisût  de  600  à  65o  tonnes  sur  la  rampe  de 
6  millièmes»  et  de  3oo  à  370  tonnes  sur  la  rampe  de 
1  s  millièmes ,  en  consommant  moyennement  de  1 6  à 
to  kil.  de  houille  par  kilomètre.  La  vitesse  avarié  pen- 
dant cette  expérience  de  1 3  à  1 8  kil.  à  Theure. 


G34  MACHINE  LOCOMOTIVE 

Il  résulte  des  chiffres  posés  dans  les  pages  précé- 
dentes» que  la  locomotive  de  montagne  est  construite 
pour  développer  un  effort  de  traction  de  6.767  kîl. 
(remorqueur  compris).  Les  expériences  faites  sur  la 
ligne  de  la  Méditerranée  ont  prouvé  que  l'effort  variait 
de  7.000  à  g. 000  kil.  Mais  c'est  dans  les  environs  da 
chiffre  de  7.000  kil.  que  la  machine  a  donné  les  résul- 
tats les  plus  utiles  ;  elle  a  pu  remorquer  858  tonnes  sur 
une  rampe  de  6  millimètres,  mais  alors  la  vitesse  n'était 
que  de  2  mètres  par  seconde,  et  le  travail  de  1 9.000 ki- 
logrammètres  environ ,  tandis  qu'ayant  une  charge  de 
5oo  à  600  tonnes,  elle  développait  sur  la  même  ran^pe 
un  travail  de  28.000  à  3o.ooo  kilogrammètres,  avec  une 
moindre  consommation  de  combustible. 

Les  calculs  de  l'auteur  sont  donc  justifiés  par  Texpé- 
rience.  L'insuffisance  de  puissance,  par  rapport  à  Tad- 
hérence,  n'a  été  constatée  que  dans  des  conditions  cli- 
matériques  exceptionnelles;  et,  dans  ce  cas,  pour 
utiliser  l'adhérence  totale ,  il  suffirait  de  porter  la  pres- 
sion de  là  vapeur  de  7  à  9  atmosphères  ;  ce  qui ,  ainsi 
que  nous  l'avons  dit,  serait  permis  par  la  construction 
de  la  chaudière. 

Les  expériences  que  nous  avons  faites  sur  le  chemin 
de  fer  Central-Suisse  ont  donné  des  résultats  analogues 
à  ceux  qui  viennent  d'être  mentionnés. 

La  consommation  de  combustible  dans  la  locomotive 
de  montagne  est  généralement  aussi  basse  sur  la  ligne 
de  la  Méditerranée  que  celle  des  meilleures  machines  à 
Aiarchandises.  Il  en  est  de  même  sur  la  ligne  de  Bâie  à 
Olten. 

Sur  cette  dernière  ligne ,  la  descente  des  rampes  de 
25  et  s8  millimètres  s'est  opérée  sans  difficulté.  Avec 
nn  train  de  160  à  180  tonnes,  il  suffisait,  pour  être 
complètement  maître  delà  vitesse,  de  sen^r  le  frein  du 


SYSTÈME  B£UGM10T.  655 

tenâer  et  celui  du  fourgon  de  queue ,  sans  enrayer  les 
roues ,  pourvu  que  le  levier  de  changement  de  marche 
fût  au  premier  cran  de  la  marche  en  avant ,  le  régula- 
teur légèrement  ouvert  de  temps  à  autre.  On  a  des- 
cendu de  la  même  manière,  c'est-à-dire  avec  un 
nombre  de  freiti&  proportionné  à  l'importance  du 
train,  une  charge  de  SsS  tonnes  sur  une  pente  de 
1 3  millimètres. 

Tous  ces  résultats  prouvent  que  la  locomotive  de 
montagne  a  atteint  le  but  que  s'était  proposé  M.  Beu- 
gniot.  Les  premiers  essais  sont  de  nature  à  satisfaire 
les  praticiens,  et  la  théorie  n'a  rien  à  reprocher  aux 
conceptions  de  l'auteur.  L'expérience  décidera  l'impor- 
tance que  doit  acquérir  cette  nouvelle  machine  sur  les 
lignes  h  tracé  très-accidenté. 


BOLLsnn*  657 


BULLETIN. 


DEUXIÈME  SEMESTRE  1860. 


lIMISTill  DE  L'AfiRICBLTDftB ,  RD  COHBRGR 
IT  RIS  TRAfâUI  PURLIGS. 


bUKoioi  cutiALK  m  mn  kt  mmiu  îi  dis  miuis  »i  nt. 


BUREAU  DE  STATISTIQUE. 


Miiirtfc 


tKCBTTBS  M  L*BlFU)rrATiO!f  DR9  CHEtlMS  DC  rSB  PRAIfÇÂII. 

ANNÉES  1860  ET   1^9. 


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64o  BULLETIN. 


OBSERVATIONS. 


•  •  •      <♦   l      m 


tet  sections  ouvertes  du  1"  janvier  tu  Zi  décembre  1S60 ,  ont 
étendae  de  2i^  liUornèU-es^  savoir  : 

!•  AhCIIII  BÉiEAII. 

Word. 
Ratcordement  de  Haubeuge,  l*' Janvier  1  MO.» t 

OrléanK 
Raccordement  des  gares  à  Bordeaux,  27  octobre. 2 

Midi. 

Raccordement  des  gares  à  Bordeaui,  17  ectobre 9 

Total  pour  l'ancien  réseau.  .......       6 

2*  Nouveau  RteAU. 

iVbrd. 

Paris  à  Sevran,  8  Juin *  .  •  . 

Lens  à  Ostricourty  16  octobre.  .  ; 

Ett. 
Port  4'ateller  à  AUlevIliers^Plombièrai,  4  février •     » 

Ou9tt. 
Uion  à  Saint-Lft,  l"*  mai 16 

Orléani. 

Périgueox  i  Brives,  17  septembre 72   I    ^ 

Saint-^risihopbe  à  Rodei ,  A  novembreM 29  ) 

Paru  à  Lyon  •(  à  la  M4di^erTant$* 

Pontarlier  A  la  frontière  suisse,  24  Juillet«.  .  .  •  •     |1   I      ^ 

Moret  à  Moptsrgis»  18  auût 41   ) 

Total  pour  le  nouveau  ré8ea^ 240 

Ensemble 24& 

Longueur  exploitée  au  31  décembre  1868 8^074 

Longueur  exploitée  au  81  décembre  |860« 8»8i8 


(a)  Déduction  dite  des  détaxes  et  non  compris  TimpOi  da  dixi^mo 
qui  s'élève  : 

Pour  l'année  1860,  à 20,787,268 

—         —     1868,  à 20,881,806 


BCUBtin.  641 

I 

Additloii  et  raetifloatloii  à  la  note  sur  les  machines 
da  système  En^rtli  modifié,  insérée  à  la  pa^e  461 
da  tome  précédent.     • 

Cette  note  contient  une  errear  de  fedt»  qu^il  est  bon  de  rec- 
tifier et  d'expliquer.  D'après  la  description  erronée  déjà  citée 
(tome  XVII,  note  de  la  page  471),  donnée  par  un  ouvrage  spé- 
cial (1),  cet  essieu  serait  chargé  directement  par  les  longerons 
de  la  machine,  tandis quMl  Test  par  Tintermédiaire  des  longe- 
rons du  teoder,  comme  on  le  voit  sur  les  fig,  73  et  76,  PL  VU. 

Les  longerons  du  tender  ne  sont  donc  pas  en  porie-à^faux^ 
comme  je  l'avais  indiqué;  ils  ne  reposent  pas  davaatage  sur  le 
ehâitëU  de  la  machine ^  comme  l'indique  le  Guide  du  mécani^ 
eien  ;  ils  reposent,  au  contraire,  sur  des  appuis  qui  sont,  suivant 
la  verticale,  compléiement  indépendants  de  ce  châsiiSf  c'est-à- 
dire  immédiatement  sur  les  ressorts  du  quatrième  essieu»  sur 
lequel  ce  châssis  ne  s'appuie  nullement. 

Il  est  évident  d'ailleurs  que  cette  erreur  n'affecte  en  rien  les 
conséquences,  déduites  de  la  comparaison  : 

1*  Des  pesées  de  la  machine,  accouplée  et  découplée; 

a*  Et  surtout  du  service  des  machines  accouplées,  et  des 
machines  découplées  et  convenablement  lestées.  (Observations 
de  M.  Vuillemin,  tome  XVllI,  pageùdg.) 

Cette  rectification  fait  même  ressortir  bien  plus  nettement 
les  inconvénients  de  Faccouplement  appliqué  à  la  machine  à 
quatre  essieux  invariables,  et  les  motifs  de  la  supériorité, 


(1)  D'après  le  Guide  du  mécanicien  conducteur  de  loeomoUvet,  2*  édition, 
page  27»,  «  les  longerons  du  lender  reposent  sur  le  châssis  de  la  machine;  m 
d'où  H  résultait  oéeessairemeni  <|ue  ce  cbâssis  lui*m6iiio  reposait  sur  le  qua- 
Iriène  essieu  rigide,  comme  sur  les  trois  premiers.  —  D'ailleurs,  les  deux 
trains  devant  nécessairement  conserver  leur  indépendance  mutuelle,  suivant 
la  verticale  (indépendance  si  soigneusement  réservée  par  M.  Bngerth  dans 
le  mode  d'articulation),  et  cette  indépendance  etani  looompaiible  avec  l'ap- 
plication permanente  du  premier  train  sur  le  second,  on  était  conduit  logi- 
queciient  au  porte-A-raux.  —  Cela  soit  dit  pour  expliquer  une  méprise  dont  la 
moralité  est,  qu'en  pareille  matière,  il  Taut  ne  consulter  que  des  descriptions 
exactes  (*;.  Cela  explique  aussi  ce  fait  au  moins  sinttulier  au  premier  abord, 
qu'une  inexaoïiiude  énoncée  dans  l'article  inséré  au  Tome  XVI,  i8Si^,  p.  i4i, 
n'ait  pas  été  relevée  par  les  réponses  A  cet  article,  publiées  dans  le  tome  XTil, 
IMO,  pages  431  et  suivantes. 

(*)  Cslle  que  donne  M.  Perdonnat,  dans  la  dandèsse  èdlttea  da  son  Traité  des  efcf 
min*  de  fer,  mi  trèe-«xaois  ;  nais  ea  n'ast  pas  alla  qui  ai'étalt  loalièe  sons  la  aMia. 


64  «  BULLE  rm. 

inconteslabletnent  établie  maintenant  par  la  praiique,  de  la 
machine  découplée  sur  la  machine  dans  son  état  primitif. 

En  effet  : 

1"  A  Vétat  étatique  :  * 

Le  quatrième  essieu  de  la  machine  supporte,  outre  une  par- 
tie variable  à  volonté  entre  certaines  limites,  du  poids  du  ten- 
der  et  de  son  approvisionnement,  nécestairemeni  plus  des 

^^1-^  =  o,7  de  la  pression  P  appliquée  par  la  chaudière  sur  les 

O    ,00 

longerons  du  tender  (i). 

Ce  qui  explique  comment  il  se  fait  que  les  quatre  paires  de 
roues  rigides,  ou  de  la  machine,  portent,  au  repbs: 


I  d'après 

le  eonstrueieor 
d'après 
M.  ChobrzinskI  (i) 

!!•  Dans  la  machine  ]  -,      . 

dècoaplée  et  gar-    ^   chob?*inski  (2) 
nie ) 


(tableao  aalographié 
du  Creuzoï) 40.310^    f 

avec  approTisionne> 
m^i  complet  .  .  .    40.SM^    3 

avec  approvisionne- 
ment moyen.  .  ,  .    S9.2f&^    S 

id 40.SS&^ 


G^est-à-dire  que  les  roues  du  tender,  ou  du  train  articulé  ne 
porteraient  <^solwnent  rien  du  poids  de  la  machine,  diaprés 
les  chiffres  i  et  3  ;  et  si  Ton  part  des  chiffres  a  et  3,  elles  por- 
tent 1.170  kiL,  soit  7^^-^^  =  ~  de  ce  poids. 

/10.385        35  ^ 

a"*  En  marche  : 

Rappelons  avant  tout,  pour  éviter  toute  équivoque,  qu'il  s^a- 
git  de  machines  :  i*  t  petite  vitesse;  a*  auxquelles  le  parallé- 
lisme de  quatre  essieux  et  leur  absence  de  mobilité  transversale 
interdisent  absolument  le  parcours  des  lignes  à  petits  rayons.  En 
dehors  de  ces  conditions,  c^cst-4-dire  pour  les  machines  à  voya- 
geurs et  pour  celles  qui  sont  destinées  aux  chemins  à  petits 
rayons,  nous  admettons  parfaitement  et  nous  avons  toujours 
admis  la  nécessité  de  supprimer  le  porte*à^faux  de  la  boîte  à 
feu.  Mais  alors  il  ne  8*agit  pas  de  machines  à  quatre  essieux 
couplés,  fixes,  et  &  empâtement  de  3*,95. 


(0  La  reparution  de  cette  charge  entre  le  quatrième  easieu  a  de  la  maehino 
et  les  deux  essieux  6,  e  du  lender  est  indéterminée,  et  le  mimmiias  de 
ehargG  de  Tessieu  a  correspond  évidemment  A  la  répartition  pour  laqnello 
le  contingent  de  l'essieu  extrême  e  est  nul. 

(3)  Annales  des  mines^  page  \iZ. 

(3)  Annales  des  mifKf ,  page  434. 


BULLETIN.  64s 

Cette  iDlliience  de  la  vitesse  résulte  uniquement  des  inévi- 
tables imperfections  de  la  voie,  qui  présente  une  série  d'ondu- 
lations verticales,  de  bo$$es^  et  dont  le  bourrage,  et  par  suite  le 
degré  de  compressibillté,  varient  d'un  pointa  Tautre.  Il  en  ré- 
sulte que  la  ligne  des  centres  des  roues  se  déforme  à  chaque 
Instant,  et  si  ces  roues  sont  chargées  par  des  ressorts  indépen* 
dants  (sans  balanciers),  &  ces  déformations  correspondent  des 
variations  plus  ou  moins  considéfablesdesréactionsdes  ressorts. 

A  petite  vitesse ^  ces  variations  se  succèdent  lentement;  il 
ik*en  résulte  pour  la  chaudière  que  des  oscillations  d^ne  très- 
faible  amplitude.  Les  ressorts  remplissent  leurs  fonctions  sous 
elle,  pour  ainsi  dire  sans  que  son  allure  se  ressente  des  inéga- 
lités de  la  voie,  tandis  que  les  roues  les  suivent  fidèlement 
ji  grande  vitesse  ^  les  variations  des  réactions  des  ressorts  sur 
la  chaudière  sont  plus  brusques,  elles  se  succèdent  plus  rapi- 
dement^ leurs  effets  se  superposent,  et  elles  impriment  à  la 
chaudière  de  très -grandes  oscillations,  si  elle  est  trop  Ifbre 
sur  une  base  trop  courte.  Les  forces  dlnertie  de  la  chaudière 
réagissent  elles-mêmes  sur  les  ressorts,  augmentent  leurs 
variations  de  tension,  et  le  mal  s'accrott  ainsi  par  ses  propres 
effets.  Alors,  Je  le  répète,  le  porte-à-faux  devient  inadmis- 
nble;  il  faut  le  faire  disparaître  en  vue  d'un  intérêt  tout  (i 
iiftit capital,  et  dût-il  en  résulter  d*autres  inconvénients.  Mais 
alors,  encore  une  fois,  ce  n*est  plus  de  machines  à  huit  roues 
couplées,  de  i*,a6  de  diamètre  et  sans  mobilité  transversale- 
ment à  la  voie,  qu'il  s'agit 

Restons  donc  dans  les  conditions  de  la  questlou  »  la  vitesse 
étant  de  a5  à  55  kit,  et  voyons  comment  les  irrégularités  de 
profil  et  de  compressibillté  de  la  voie  influent ,  non  sur  Tallure 
de  la  chaudière,  hors  de  cause  à  de  telles  vitesses  (le  service 
des  machines  découplées  de  TEst  le  prouve  surabondamment), 
mais  sur  la  répartition  de  la  charge  entre  les  essieux.  —  Pour 
une  machine  à  quatre  roues,  ces  irrégularités  ne  modifient 
pas  la  répartition  (la  chaudière  n'oscillant  pas  sensiblement), 
tant  qu'elles  affectent  à  la  fois  les  deux  roues  conjuguées.  Mais 
si  la  machine  a  six  roues  ou  plus,  les  variations  des  réactions 
des  ressorts  entralpent,  non  plus,  comme  à  grande  vitesse, 
des  oscillations  de  la  chaudière,  mais  des  variations  de  la  ré- 
partition statique  d'autant  plus  considérables  que  les  ressorts 
de  suspension  ont  une  moindre  flexibilité. 

La  machine  à  huit  roues  couplées  qui  nous  occupe,  ayant 

ToMa  XVUl,  t$6o.  Aa 


644  BULLETIN. 

les  deux  roues  intermédiaires  d*an  même  côté  chargées  par 
un  ressort  commun,  est,  à  cet  égard,  dans  les  mêmes  condi- 
tions qu*une  machine  à  six  roues,  pourvu  qu^elle  soft  attelée  à 
un  teader  Indépendant  (t  XVII«  PL  VI,  fig.  à^  5, 6).  Mais,  afw 
IVcouplement,  la  situation  change  du  tout  au  tout. 

Alors,  aous  riuflueDce  des  causes  Indiquées  tout  à  Theur^. 
les  deux  YébiQules  réagissent  mutuellement  sur  leurs  réparti- 
tions et  les  troublent  singulièrement,  raccouplement  i^outant 
aux  oausea  de  perturbation  qui  affecteut  les  deux  yébicules  Indé- 
peadants,  des  causes  nouvellesj^  inhérentes  à  leur  liaison.  —  Sî 
Tessleu  a  de  la  machine  (  PL  Vil ,  fig.  73  )  s'élève  en  franchissant 
imci  hoiê$  de  la  vola,  les  autres  centres  restant  en  ligne  droite» 
la  charge  du  premier  augmenta  d'autant  plus  qu'une  partie  de 
la  charge  de  reasieu  b  du  tender  se  reporte  sur  lui.  Un  effet 
imalogue  a  lieu  si  c'est  h  qui  se  dérobe.  SI  les  deux  effets  00- 
ei(istaut|  a  franchissant  une  bosse  et  b  une  dépression,  ils  sV 
JQutentv  et  les  roues  de  la  machine,  les  roues  rigides,  ont  alors 
4  supporter,  non-«eulement  la  presque  totalité  du  poids  de  la 
machine»  mais  aussi  une  partie  plus  ou  moins  considérable  dn 
poids  du  teuder  lui-môme  et  de  son  approvisionnement 

l^rapréaentant  la  partie  de  la  charge  de  b  qui  se  répartit  entre 
a  et  ^  t  pour  une  certaine  dénivellation  de  b  relativement  à  a, 

le  surcroît  de  charge  de  ce  dernier  est  ^^  ^  *'^^^  (i)sso,3#|i. 

1,70  +  3,05 

Or,  comme  on  Ta  vu,  d'après  les  pesées  du  Nord,  les  roues  du 
tender  portent  seulement  1.170  kil.  de  la  machine.  La  totalité 
du  poids  de  la  machine  sera  donc  ramenée  sur  ses  essieux  si 
Ton  a  :  g,36  p  =  1.170  kil.  d'où  :  p  =  3.a5o  kiL  Or,  daprès 
H.  Chobrzinski  (t.  XVI,  p.  /i35)  la  charge  statique  normale  de 
la  paire  de  roues  6,  est:  10.900  kil.,  le  tender  portant  seulement 
4-000  tonnes,  chiffre  qui  atteint  6.000  à  l'Est  Maïs  tenons-nous 
en  aux  chiffres  du  Nord.  Les  roues  de  la  machine  porteront 
donc  plus  que  son  poids,  si  la  pression  sur  rails  de  la  paire 
de  roues  b  diminue  par  suite  de  sa  dénivellation ,  de  plus  de 

■■  ^  ^f  c'e8t«4*dire  de  i/3« 

1O.0OO  ' 

Une  telle  réduction  se  produit-elle  sous  l'influence  des  iné- 
g&lités  de  la  voie,  entraînant  des  mouvements  contraires  de  a 
et  de  bl  Qu'on  examine  une  machine  sur  les  bascules,  qu*on 
observe  les  variations  énormes  introduites  dans  la  répartition 


Cl)  V«ir  poar  r«iiMaifcto,  U  /la.  9,  PI  1,  I.  XTI,  itss. 


BULLETIN.  645 

par  UD  petit  mofiirement  desécroQS  d*tiDe  sente  palr6  deroue», 
•t  on  sera  fixé  sur  reitrême  sensibilité  d*UDe  répartition  opérée 
par  rintermédiaire  de  ressorts  anssl  rigides  que  le  sont  néce»- 
sairement  ceux  des  locomotives,  et  sur  retendue  des  limites 
entre  lesquelles  peut  varier  la  pression  sur  rails  d*une  paire 
de  roues  sous  Tinfluence  des  inégalités  de  la  voie  (1). 

Partons  d\m  autre  fait  : 

D'après  une  pesée  faite  à  l*E8t,  dn  tender  séparé  de  la  ma> 
obine  et  contenant  6.000  kil.  de  houille,  la  paire  de  roues  : 

h  porte 8.iàokIl. 

et  c iS.ôoA 

U  résulte  de  cette  répartition  que  le  centre  de  gravité  géné- 
ral du  tender  et  de  sa  charge  est  k  o'^jbg  en  avant  de  Tessleu  c, 
La  paire  de  roues  montées  pesant  i.aoo  kiL,  le  centre  de  gra- 
vité du  poids  suspendu  (  ai.a/iiû  kil  )  est  à  o^^ôO  en  avant  de  c. 
Dès  lors,  si  la  dénivellation  de  b  relativement  à  la  ligne  ab 
était  telle  que  à  ne  portât  plus  rien ,  le  tender  ferait  porter 
à  Tessieu  a  de  la  machine  s.ôoo  kiL  de  son  propre  poids. 

Si  les  choses  ne  vont  pas  jusque-là,  de  combien  s'en  fautril? 

G*est  là  une  conséquence  assez  curieuse  d'une  disposition 
appliquée  dans  le  but  de  soulager  les  essieux  de  la  machine; 
mais  cet  effet  de  Taccouplement  n*est  pas  le  plus  grave ,  tant 
s'en  faut  II  l'est  bien  autrement  pour  le  tender,  dont  les  deux 
paires  dé  roues  sont  tour  à  tour  soumises  à  des  surcharges 
énormes,  qnrexpliquent  parfaitement  l'écrasement  si  fréquent 
des  bandages  du  tender,  de  ceux  d'avant  surtout,  et  le  rapport 
bien  plus  défavorable  pour  cette  catégorie  de  machines  que 
pour  toutes  les  autres,  entre  le  parcours  total  des  bandages 
du  tender  et  celui  des  bandages  de  la  machine  (5â.iAo  kilom. 
contre  6i.Û3o  kilom.)* 

Que  b  s'élève  sur  une  bosse  de  la  vole  tandis  que  e  franchit 
une  dépression ,  les  longerons  du  tender  tendent  alors  &  bas- 
culer autour  de  b  en  soulevant  la  chaudière;  a  ne  porte  pres- 
que plus,  h  est  soumis  à  une  charge  excessive. 

Mais  la  situation  est  bien  pire  encore,  quand  a  et  c  fléchissent 
en  même  temps.  Les  longerons  du  tender  se  trouvent  bien  et 
dûment  alors  dans  les  conditions  Indiquées  d'un  levier  de  ro- 
maine, tendant  à  osciller  autour  de  l'essieu  6,  et  avec  cette 
circonstance  singulièrement  aggravante  que  P  atteint  i3  tonnes 

(I)  Voir  plui  bM,  page  649. 


646  BULLETIN. 

enTiron.  A  la  limite*  Fessieu  b  aurait  à  supportor  et  le  poidi  i 
pendu  (3  i.s4A  kiLjda  tender  et  la  charge  P  (i3.ooo  klL  eoTlnvii) 
qui,  agissant  respectivement  avec  des  bras  de  levier  de  1",  iS  et 
a*,  10,  ont  des  moments  sensiblement  égaux  relativement  à  b. 

Cette  limite  extrême  n'est  pas  atteinte,  sans  doute,  liais  oà 
s'arrête  la  surcharge  de  6? 

—  Que  b  fléchisse  à  son  tour»  et  c*est  e  qui,  à  son  tour  aussi, 
est  surchargé,  le  poids  suspendu  du  tender  se  décomposant 
presque  uniquement  entre  cet  essieu  et  Tessieu  a  de  la  mar 
chine.  Ainsi,  en  reprenant  l'exemple  précédent,  on  aurait  à 
la  limite  : 

1*  Pour  surcroît  de  charge  sur  a,    a.5oo  kil., 

s*  Et  pour  la  charge  de  c i8.7&ii  kil.,  non  compris 

le  poids  de  Tessieu  et  des  roues. 

Il  est  inutile  d'analyser  plus  longuement  ces  perturbations 

qui  vont  d'ailleurs,  comme  le  remarque  M.  Vuillemin,  acjoor- 

d'hui  ingénieur  en  chef  du  matériel  et  de  la  traction  (t  XVII, 

^  page  669),  jusqu'à  appliquer  les  tra?erses  des  longerons  da 

'  tender  sur  la  chaudière  et  à  paralyser  complètement  Tarticii- 

lationl 

Objectera-t-on  que  la  machine  fingerth,  proprement  dite, 
c'est-à-dire  à  essieux  mobiles  encadrant  la  boite  àfeUf  est  su- 
jette aux  mêmes  effets?  Cette  objection  tomberait  d'elle-même. 
Dans  la  machine  Engerth,  l'essieu  placé  en  avant  du  foyer  ap- 
partient, non  à  la  machine  mais  au  tender.  11  ne  peut  être 
chargé  directement  par  le  châssis  de  la  machine,  puisqu'il  est 
mobile  et  que  cette  mobilité  est  le  but  1  de  plus  le  tender  sou- 
lage toujours  les  essieux  de  la  machine;  il  les  soulage  aérien- 
sèment,  de  la  totalité  du  poids  P  appliqué  sur  ses  longerons^ 
et  il  ne  les  charge  jamais  I 

Voici  donc,  en  somme,  les  conséquences  de  l'accouplement 

1*  A  l'état  de  repos  (ou  en  marche  lorsque  la  répartition  n'est 
pas  sensiblement  altérée  par  les  inégalités  de  la  vole),  00  ne 
reporie  sur  les  roues  du  tender  qu'une  fraction  tout  à  fait 
insignifiante  (i/35  à  1/37)  du  poids  de  la  machine. 

a"  On  n'améliore  nullement  la  stabilité,  puisque  les  machines 
découplées  sont  non-seulement  aussi  stables  mafspfiM  stables 
que  les  machines  accouplées  (M.  Vuillemin,  t  XVII,  page  à59)« 

5*  Sous  l'influence  des  inégalités  de  la  vole,  cet  insignifiant 
soulagement  apporté  par  les  roues  du  tender  aux  roues  de  la 
machine  disparait  passagèrement,  et  les  roues  de  la  machine 


BULLETIN.  64? 

arrivent  même  à  porter  une  partte  da  tender  et  de  sa  charge. 

à''  Les  roues  du  tender  sont  somnises  altematlvement  à  des 
surcharges  énormes^  trop  bien  confirmées  par  la  rapide  des* 
traction  de  lears  bandages  (M.  Vuillemln),  et  non  moins  dea- 
tructives  de  la  vole,  f  Voir  ci-après,  page  eâg.) 

5*  On  augmente  beaucoup  la  roldeur  du  système  dans  les 
courbes,  et  cela  d'autant  plus  qke  Varticuiation  est  beaucoup 
moim  fieœible  que  celle  de  VEngerth  proprement  dife^  puls- 
qu*aux  glissements  des  supports  de  la  boîte  à  feu  sur  les  longe- 
rons* s'ajoutent  ceux  qui  ont  lieu  sdr  les  glissières  intercalées 
entre  les  longerons  du  tender  et  les  ressorts,  raidi»  fiœes,  de 
Tessieu  d'arrière  de  la  machine.  (SMl  y  a  un  fait  bien  établi  à 
TEst,  c'est  que  les  machines  accouplées  sont  de  beaucoup  les 
plus  rigides  de  toutes,  y  compris  les  Crampton,  qui  ont  ce- 
pendant un  plus  grand  empâtement  d'essieux  fixes,  A*,5o  au 
lieu  de  3".  96.  —  Les  déraillements  de  machines  accouplées 
étaient  si  fréquents  et  leurs  conséquences  si  graves  pour  la  ré- 
gularité du  service,  qu'un  ordre  de  la  compagnie  a  Interdit 
rigoureusement  toute  manœuvre  avec  ces  machines.) 

6*  On  rend  le  refoulement  beaucoup  plus  difficile  en  courbe, 
le  tender,  poussé  seulement  par  le  pivot,  c'est-à-dire  par  un 
seul  point,  fort  excentrique,  tendant  à  se  coincer  obliquement 
sur  les  rails. 

7°  On  réduit  considérablement  le  parcours  annuel  des  ma- 
chines, et  on  augmente  dès  lors  dans  le  même  rapport  refTec* 
tif  nécessaire  pour  un  trafic  donné. 

Et  tout  cela  en  vue  de  remédier  à  des  inconvénients  tout  à 
fait  imaginaires  à  petite  vitesse,  c'est-à-dire  aux  oscillations  de 
la  chaudière,  et  sous  prétexte  d'assurer  la  permanence  de  la 
répartition,  tandis  qu'on  ne  fait  qu'aggraver  singulièrement  les 
perturbations  qui  résultent  pour  elles  des  inégalités  de  la 
voie(i)l 

Affranchis  de  cette  dépendance  mutuelle,  la  chaudière  et  le 

(1)  H  est  bon  de  remarquer  en  passant  qoe  les  réactions  indiquées  des 
deux  vébieotes  l'an  «or  l'autre  ne  peurent  ko  produire  dans  la  disposition 
adoptée  par  M.  Bengniol,  la  bi'Ite  é  feu  ne  s'appuyant  sur  Fessieu  antérieur 
du  lenderqae  par  l'intermédiaire  de  deux  peiiis  ressorts  auxiliaires  ad  hoe^ 
d'une  grande  flexibilité(o",0'2  par  tonne).  De  plus  le  tender  ne  peut  que  soula- 
ger les  essieux  de  la  maebine;  il  ne  leur  fait  Jamais  paver  ee  bon  office  en  lea 
cbargeantàson  tour.  Évidemment,  si  on  logeai i nécessaire degéner  la  tendance 
aux  oscillations  verticales  et  borixoniaies,  de  la  chaudière,  il  n'y  aurait  pas 
antre  chose  à  faire  que  d'imiter  cette  disposition.  )lais  en  dehors  des  courbes 
de  très-petits  ravons  qui  réclament  impérieusement  pour  une  machine  à  huit 
roues  couplées  aes  expédients  analogues  à  ceux  de  MM.  Beugniot,  Poloncpau 
(machines  A  osselets)  on  Caillot,  la  crainte  des  oscillations  est  purement  chi- 
mérique pour  nne  machine  A  petite  vitesse,  et  il  est  impossible  de  la  mettra 
sérieusement  en  avant  en  présenoe  da  i'expértaBee  da  tons  lea  jotra. 


641  B9UST11I. 

teodor  (débuTMié  éè  ion  ôoarme  eiflèt  de  loogiwai)  iTio* 
eUotni  libfemeBl  ioifaDt  la  profil  de  la  voie ,  eo  le  eemai , 
pour  ainsi  dire,  d'aoïsi  près  que  possible,  et  les  essieux  restent 
soumis  seulemeut  aux  causes  de  surcharge  inhérentes  à  cha- 
cun des  véhicules  isolément,  et  nulles  dès  lors  pour  leteader, 
porté  par  deux  essieux. 

Répétons'les  pour  II.  Bngerth,  il  s*aglssalt  d*avolr  non  «a 
quatrième  essieu  couplé^  mais  un  quatrième  essieu  moMs.  8a 
disposition  était  donc  logique.  Mais  dès  qu'on  rend  cet  e«lea 
rigide,  il  n'y  a  évidemmèht  (la  question  de  stabilité  étant  al 
complètement  tranchée  maintenant  parrexpérieDce)  pasantr» 
chose  k  faire  que  de  profiter  de  cette  rigidité  pour  appliquer 
immédiatement  à  cet  essieu ,  comme  aux  trois  antres,  ce  qntl 
doit,  en  définitive,  supporter.  On  fait  fort  bien  assurément  de 
rendre  fixe  et  de  coupler  ce  quatrième  essieu,  quand  le  tracé 
du  chemin  le  permet;  mais  alors  le  motif  déterminant  de  la 
connexion  a  disparu  ;  elle  n'a  plus  que  des  inconvénients, 
la  moindre  compensation. 


P.'S.  Trois  machines  découplées  et  lestées  (i)  fbnctionnent 
maintenant  sur  le  réseau  de  TBst;  elles  donnent  d^excellents 
résultats.  M. Vuillemfn  citait  (tome  XVII,  page  â6o)  le  chilBre  du 
parcours  de  la  première  machine  découplée  (n''  0,17a)  pendant 
une  année*  Il  s'élevait  k  q  p.  loo  de  plus  que  le  parcoure  moyen 
pendant  U  même  année,  des  machines  aooouplées  du  même  ré- 
seau :  ce  qui  s'expliquait  facilement  par  les  causes  de  dérange- 
ments et  de  chômages,  inhérentes  à  rartlculation,  et  à  la  soli- 
darité. —  Depuis,  cette  machine  a  continué  son  service  sans 
interruption,  sans  être  entrée  en  réparation  :  elle  en  est  main- 
tenant au  chifl're  de  55.A26  kil.  en  dix-huit  mois,  c'est-à-dire 
sur  le  pied  de  56.6 18  kil.  par  an,  tandis  que  le  parcours  moyen 
des  machines  accouplées  en  1860  a  été  de  93.  A/18  kil.  La  seconde 
machine  découplée  (0,182).  en  service  depuis  six  mois,  a  pan* 
eouru  aujourd'hui  19.693  kil,  (s). 

Ces  faits  en  disent  asses. 

S'il  y  a  une  question  sur  laquelle  rexpérlence,et  Texpérfence 
comparative,  doive  Juger  en  dernier  ressort,  c'est  à  coup  sûr 
quand  il  s'agit  de  prononcer  entre  deux  types  de  machines  loco- 
motives. En  présence  des  résultats  acquis,  toute  dissertation 

(I)  Le  lest  pèse S.M9  )  t^.i       .  ^^  l» 

Les  pièces  additionnelles  (longerons,  etc.).    i.SSi)**^'*'   »'••'*''• 
A  dédofre  :  pièces  supprimées i.m 

•  &Aooroissenieoi  de  poids  de  U  mMbine »...    i.MS 

(S) Le  troisième,  (s, tT»),  mise  en  serviee  seslemeiii  la  mois  de  février  iMi , 
ne  parceora  eneore  (avril)  <yve  «.oeo  kli. 


pour  ou  contre  la  transformation  serait  oiseuse  t  —  Powr^ 
qu'î^outerait-elle  aux  faits?  Contre^  queleurôtenUt^elle? 

—  Les  observations  présentées  plus  haut,  sur  les  surchai^get 
énormes  résultant  de  la  liaison,  viennent  d'être  confirmées 
d'une  manière  remarquable  par  une  expérience  Intéressante 
faite  à  Nancy,  au  moyen  de  la  bascule  à  huit  ponts  établie 
spécialement  pour  les  machines  découplées.  —  La  locomotive 
accouplée  (0,170),  garnie,  ayant  TeaBleu  d^arrière  a  et  le4 
essieux  ^  et  e  du  tender  placés  sur  les  bascules,  on  équilibra. 
Puis; 

1*  On  plaça  sous  chacune  des  roues  a  une  cale  en  fer  do 
o%oi5.yoici  les  perturbations  produites  par  cette  dénivellation  t 

i-  La  charge  delà  pairede  roues  a     «1.  fîa  r^'irtiord^M 

s'est  accrue  de 3.610  j  des  rouas  ioiarmédial*' 

a°  La  charge  de  la  paire  de  roues  ( 
a  diminué  de , a.Aoo 

S"*  La  charge  de  la  paire  de  roues  0 
a  augmenté  de*.** «,  1,180 


res  de  U  macliiDt. 


ir  Avec  une  cale  semblable  sous 
chacune  des  roues  b ,  la  charge  de 
cet  essieu  a  augmenté  de ^•^^^^^'m^tVi^luri!!!^ 

UV  Avec  une  cale  semblable  sous 
larouedroite  seulement  de  lapaireft, 
le  surcroît  de  charge  de  cette  roue 
s'est  éle?é  à.  •  « 4470 

Tandis  que  la  charge  de  la  roue 
conjuguée  diminuait  de 1.880  Coocsb. 


mnémiix  d«i  flloat  métallifères  de  rrelber^  ; 

par  Berkhard  von  Cotta  (i). 

(EiiraU  par  M.  Dblusb.) 

Je  me'suis  proposé  de  comparer  la  composition  mtnéralogique 
des  filons  métallifères  de  Freiberg.  Ce  travail  a  été  exécuté 
avec  Taidedes  nombreux  documents  qu'on  possède  sur  ce  sujet 
et  avec  le  concours  d'un  de  mes  élèves,  M.  Weiss.  Il  est  résumé 
par  le  tableau  suivant  qui  donne  la  composition  minéralogiquB 
de  nos  quatre  systèmes  de  filons  métallifères.  Les  tninéraux  les 
plus  fréquents  y  sont  Inscrits  en  caractères  italiques. 

(1)  Die  mioeralien  der  FraihergerErxgangexusammengestelItyVon  CWeity, 
mit  BemerkUQgen  yod  B.  Cotta.— Berg  aad  nuiieomanniscbe  2eltniif  de  isao. 


6S9 


BOUBTIN. 


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B0LLETIN. 


65 1 


SI  roQ  eherehe  maintenant  qnels  sont  les  éléments  chimie 
ques  des  quatre  systèmes  de  liions  métallffères  de  Freiber; 
on  aura  le  tableau  ci-dessous.  Les  éléments  y  sont  &  peu  près 
ordonnés  diaprés  leur  fréquence  ;  ceux  qui  se  trourent  en  tête 
de  la  liste  sont  les  plus  abondants,  mais  il  y  a  quelque  incerti* 
tude  pour  classer  ceux  qui  sont  au  milieu.  Quoique  Toxygène, 
rhydrogène,  le  carbone  jouent  un  rôle  très-important,  ils  ont 
été  placés  à  la  fin»  comme  n^étant  pas  caractéristiques. 


I. 

n. 

m. 

IV. 

SI. 

Si. 

Ca. 

Ba. 

s. 

0. 

Si. 

Si. 

Pe. 

Pe. 

S. 

Ca. 

At. 

Zn. 

Pb. 

PI. 

Pb. 

Pb. 

Pe. 

S. 

Zq. 

Ca. 

Zn. 

Pb. 

Sb. 

At. 

As. 

Zn. 

Ca. 

Ca. 

Cu. 

Cu. 

Ca. 

Âg. 

Mg'. 

Ag. 
Md. 

Pe. 
As. 

Un. 

Mn. 

Mg. 

Sb. 

Ba. 

Al. 

Ba. 

Aig. 

PI. 

Sb. 

FI. 

A  g. 

SL 

Ba. 

Al. 

Mn. 

Jff 

PI. 

Sb. 

Ni. 

Cl. 

Cl. 

Co. 

Ph. 

Ph. 

Pb. 

Al. 

Bl. 

Co. 

Ur. 

Ph. 

Ao. 

8n. 

Ca. 

Cl. 

Cd.T 

Ca. 

Au. 

Bi. 

0. 

Au. 

0. 

Wo. 

H. 

0. 

H. 

Ti. 

c. 

H. 

G. 

Ur. 

G. 

Au.  ? 

Ca.    ? 
Se.    ? 
0. 
H. 
C. 

IMM28 

24 

23 

29 

En  réunissant  en  une  seule  série  alphabétique  tous  ces 
éléments  des  quatre  systèmes  de  filons,  on  obtient  le  tableau 
suivant  en  regard  duquel  ont  été  marqués  les  éléments  qui 
manquent 


6tB 


BQUeTW. 


MMVtn 

ffVfVTéf. 

fta«  u^mtéê,                  1 

AlBfBlniwn* 

Argent. 

Ifagnteiiia. 

liangaaéie. 

Aiela. 

Bore. 

Oaminoa, 
Palladium. 

Inilmolna. 

Hickel. 

Brome. 

Platine. 

ArKDîc, 

Or. 

Ceriura. 

Potassium. 

Berium. 

Oiygéne. 

Chrome. 

Bhodinra. 

Bismuth. 

Plomb. 

Didyme, 
Erbium. 

BuihèniH». 
Sodium. 

Carbone. 

Phosphore. 

Calcinm, 

Seléniuis, 

(jiuclom. 

Tantale. 
Tellure. 

Cadmiam. 

Silicium. 

Iridium. 

Cblort. 

Soufre. 

Iode. 

TerbiUB. 

Cobalt. 

Strontium. 

Lanthane. 

Thorium. 

Cuivre. 

Titane. 

Lithium. 

TauadiauB. 

Euio. 

Tungstène. 

Mercure. 

Tttriom. 

Fer. 

Uranium. 

Molybdène. 

Zifcoiilom. 

Fluor. 

Zinc 

Niobiiim. 

Hydrofèoe. 

• 

1                         '    1 

Les  tableaux  qui  précèdent  mettent  bien  en  évidence  la 
grande  différence  qui  existe  entre  la  composition  chimique  dev 
filons  de  Freiberg  et  celle  de  la  plupart  des  roches.  La  potasse 
et  la  soude  y  manquent  complètement  et  Talumine  nes*^  ren» 
contre  qu^en  très-petite  quantité.  M*e8t«on  pas  en  droit  de  cod* 
dure  de  ce  fait  seul  que  leur  mode  de  formation  n'est  pas  U 
môme  que  celui  des  roches  éruptives  npn  plus  que  des  roches 
sédimentaires  et  métamorphiques? 


DES  llâOBINKS  lOGOIIOTiy£S ,  ITC.  6IS 


DSS  MACOINES  LOCOMOTIVES 

A  HUIT  noms  COUPLiSS. 
I4U11  «TAyiUTÉ,  1JSIIB3  ITFETS  SUR  I<A  TOI«. 
Par  M.  FLACHAT. 


Avant  de  nous  occuper  des  questions  générales  engagée^ 
dans  la  disoussioo  qui  a'est  produita  sur  le  ayatème  de  oon* 
structiOD  des  machines  Engerth,  type  du  Creusot ,  à  huit  roue$ 
eoupléef ,  noua  tenooi  à  mettre  en  dehors  du  débat  un  fait  qui, 
au  lieu  de  garder  les  proportions  d*un  mal-entendu,  sembla 
Atre  resté  la  base  entière  et  unique  de  la  critique  que  ce  tjp% 
de  machine  a  encourue. 

I^îoua  reproduirons  d'abord  textuellement  Targument  qui 
nous  est  opposé  : 

«  Av«c  U  difiposiilon  des  machines  de  VRst  et  do  Nord,  toote  preisloB  lor 
les  platines,  résaltant,  soit  da  règlement  des  ressorts  dans  la  maokiM  «ii  p^ 
pos,  soit  des  oscillaiionfi  et  des  inégalités  da  profil  de  la  voie  pendant  la  mar» 
ehe,  entrain» ,  sur  FessIeQ  antérieur  da  tender,  nu  Mirsroll  de  pression 
fiu$  que  douhiê. 

«  Pour  chaque  kilograipoie  appliqué  par  la  botle  A  feu  sur  les  platines  des 
longerons,  c'est-à-dire  â  iz'jOS  de  Taxe  de  l'esslea  aptérieqr  du  tendef, 
celui-ci  reçoit  un  iureroît  de  charge  de  2^,9,  tandis  que  l'esslea  d'arrière , 
placé  é  i\1(i  du  premier,  est  «oulagé  de  i^,3.  Si  par  suite  de*  oscillations  de 
la  chaudière  1  lesarerott  de  pression  sar  les  platines  atteint,  en  marehe, 
2  tonnes  seulement,  la  turtkarge  du  premier  eisiea  s'éMTO  A  V,4  (|). 

•  Telle  est  la  flonséquence  capitale  d'ons  modifloatiou  apportée  à  un  type 
produit  surtout  en  Tue  d'une  répartition  uniforme  sensiblement  constante, 
et  auquel  on  croyait,  tout  en  l'altérant,  eonserfer  ea  earaetéral 

»  A  eala  que  répond  M.  Cbohninski? 
»  Pas  un  mot. 

•  Pour  l'auteor  de  la  dissertation  (c'est  nous  dont  il  s'agit),  il  faut  lai  ren- 
dre cette  Justice  :  il  décline  franchement  le  débat,  c'est-A-dire  Veseamen  de» 
êfféU  du  pùrtê-é-toua  dei  langeront,  qui  «il,  §neor$  #m  ffU,  (f  $rMê  emrm^ 
lirittique  dei  machinée  modi/Uet, 

»  Mai»  nou»  ne  choi»U9on9  pa»  ee  terrain  pour  notre  di»cu»»ion,  dit-il-  » 
B  A  la  bonne  heure;  cela  est  commode  et  prudent.  »  (2) 

Pour  répondre,  en  eiTet,  voici  ce  qu'il  eût  fallu  dire  i 


(0  Voir  Annale»  de»  mine»,  1859,  tome  XTI ,  page S84. 
(2)  Annale»  de»  mine»  (iMO),  lona  X1/II>  paget  iw  et  4S4. 


664  0E8  MACHINES  LOCOMOTIVES 

n  n'est  pu  une  ligne  dans  ce  qni  précède  qnf  ne  prouYe  qw 

M.  Couche  n*a  ni  yu«  ni  décrit,  ni  dessiné  la  disposition  dont 
il  parle;  car  cette  disposition,  à  laquelle  il  attribue  de  t^ 
effets,  n'existe  pas;  elle  n*a  jamais  existé  comme  il  le  dit;  an- 
cun  des  effets  qu'il  décrit  n*a  pu  être  produit 

Cependant,  il  Ta  rue  ;  le  doute  n*est  pas  permis  k  cet  égard. 
Il  Ta  décrite  :  bien  mieux,  il  a  emprunté  à  un  ouTrage»  an- 
quel  nous  avons  participé  (i|,  la  description  suivante  : 


«  Ed  Franco V  on  t'était  contenté  de  faire  eenoonrir  à  l'adhérenee  le 
mier  essieu  du  tender,  par  le  système  des  engrenages^  mais  sans  y  ajoôter, 
par  des  bielles  d'aocoaplement,les  anires  essieux  du  tender.  Cette  dispotitios 
a  conduit  M.  Sctineider  à  une  modification  trés-benreose  (c'est  celle  que 
notre  critique  appelle  maleneontrense)  qui  aoomplété  iesysièase  Engena, 
en  l'appropriant  tout  à  fait  aux  besoins  d'eiploitatioa  et  aux  eondiiioiis  de 
eonstruetion  des  chemins  de  fer  français. 

»  Il  a  détaché  do  teiider  son  premier  essieo,  plaeé,  eemne  on  Va  dit,  cft 
•Tant  du  foyer  de  la  machine;  il  Ta  attaché  au  châssis  de  la  machine  et  a  fait 
de  la  partie  antérieure  du  longeron  du  châssis  du  tender,  deux  hraneerds  qui 
Tiennent  reposer  sur  le  châssis  de  la  nfachine,  à  l'aplomb  de  sa  qaairiénat 
paire  de  roues ,  comme  les  brancards  d'une  charrette,  reposant  sur  un  tr^ 
teao.Les  extrémités  de  ces  deux  brancards  sont  réunies,  comme  d'habitude, 
par  une  traverse  qui  porte  le  boulon  d'attelage,  et  qu'il  tuffil  de.désMBiw 
lorsqu'on  veut  séparer  le  tender  de  la  machine.  » 

Après  cette  citation,  M.  le  professeur  nous  gourmande  dans 
ces  termes: 

«  On  retrouve  dans  ce  passage  des  preuves  de  la  netteté  didéei  dent  ra«- 
teur  faft  preuve  au  sujet  des  relations  qui  existent,  dans  le  type  de  loeeme- 
tion  dont  il  s'agit,  entre  la  machine  et  le  tender,  et  II  termine  :«  ainsi  ce  n'est 
pas  la  machine  qui  s'appuie  sur  les  longerons  da  tender,  c'est  le  tender  qai 
s'appuie  sur  la  machine  !  • 

Enfin  M.  Couche  a  dessiné  la  disposition  dont  11  parle  (PI.  i, 
fig.  A,  U*  livraison  de  i869). 

Comment  donc  se  fait-il  qu'ayant  vu,  décrit  et  dessiné  Tagen* 
cément  dont  il  est  question,  il  nous  place  dans  la  nécessité  de 
lui  faire  remarquer  qu'il  discute  sur  une  disposition  compléle- 
ment  imaginaire,  et  qui  n*a  jamais  existé  ! 

Le  chftssis  du  tender  vient  bien  réellement  s*appuyer  sur  les 
ressorts  du  quatrième  essieu  de  la  machine,  en  avant  du 
foyer.  Nous  affirmons  à  M.  Couche  que  cela  n'est  pas  une  et* 
reur  provenant  de  notre  défaut  de  netteté  d'idées^  c'est  le  fait 
vrai.  Le  châssis  est  ainsi  enfermé  entre  ce  point  d'appui  et  le 
support  du  foyer,  de  sorte  qu'entre  les  deux  essieux  (le  qua- 
trième de  la  machine  et  le  premier  du  tender),  U  n'y  a  aucun 

(I)  Gmiâê  du  wOûmMm^  i«  édition,  page  ïT». 


A   HUIT   BOUES   COUPLÉES.  655 

portée' faux:  il  ne  peut  pae  e'en  produire.  Le  poids  porté 
par  les  deux  essieux  agit  sar  chacun  comme  sur  tous  les 
autres,  en  raison  de  la  distance  qui  existe  entre  le  centre  de 
gravité  du  poids  intermédiaire  et  les  deux  essieux  (PI.  YIII, 

fig*  73  et  7^). 

Or,  comme  c^est  Tessieu  du  tender  qui  est  le  plus  éloigné  du 
centre  de  gravité  du  poids  porté  par  les  deux  essieux,  c'est 
celui  qui  porte  la  plus  faible  partie  de  ce  poids. 

La  surcharge  se  trouve  ainsi  répartie  dans  un  sens  complé* 
tement  opposé  à  celui  qu'annonce  M.  Couche,  et,  nous  le  ré- 
pétons, en  raison  inverse  des  distances  d'application  aux  roues 
▼oisines  (quatrième  et  cinquième  paires),  c'est-à-dire  comme 
9,o5  à  0,96,  et  iam  quHl  y  ait  la  moindre  analogie  avec 
Vactian  d'uil  fléau  de  romaine  dont  Venieu  du  tender  serait 
.  le  couteau. 

Chaque  kilogramme  de  la  surcharge,  transmise  par  le  sup- 
port du  foyer  aux  deux  essieux  entre  lesquels  il  est  placé,  se 
distribue  donc  en  0^,68  sur  l'essieu  de  la  machine  et  0^,33  sur 
celui  du  tender,  au  lieu  de  a',2  calculés  par  M.  Couche^ 
comme  devant  être  la  charge  répartie  sur  ce  dernier  essieu^ 
par  suite  d*un  porter-faux  qui  n*a  jamais  existé  que  dans  s(m 
imagination. 

Ëtaitril  vraiment  si  commode  de  discuter  sur  le  terrain  d*une 
erreur  aussi  grave,  dans  la  critique  du  type  condamné  par 
M.  Couche  à  une  transformation  immédiate^  à  cause  de  la 
disposition  en  porte- à^ faux  et  de  ses  désastreuses  consé* 
quences  pour  la  voie  et  les  bandages. 

Pour  quelle  forme  de  discussion  fallait-il  opter?  Âvait^il 
réellement  accepté  sans  examen  les  descriptions  ou  les  des- 
sins qu'il  a  publiés,  ou  ne  les  avait-il  pas  compris?  L'une  et 
l'autre  suppositions  sont  inadmissibles  dans  une  discussion 
loyale.  Il  y  avait  donc  là  une  erreur,  qui  est  le  simple  résultat 
d'une  préoccupation,  erreur  également  incompatible  avec  le 
caractère  et  Tinstruction  de  notre  adversaire.  Une  pareille 
erreur  n'était  pas  un  terrain  à  choisir  en  vue  du  résultat  sé- 
rieux auquel  nous  voulions  arriver  :  celui  de  démontrer  que  le 
^ype  Engerth  est  aujourd'hui  le  seul  anneau  que  l'expérience 
ait  ajouté  à  la  chaîne  du  progrès  dans  la  construction  des  ma- 
chines de  grande  puissance  :  que  ce  type  est  celui  qui  ménage 
le  mieux  la  voie,  en  ce  quHl  offre  la  plus  grande  stabilité  et  la 
plus  égale  répartition  du  poids  sur  les  essieux,  ainsi  qu'en 


656  DES  MACHINES  JLOGOMOTITES 

jostfileiit  les  ladieatfons  soiranteff,  qui  se  rapportent  aux  dé- 
férents états  delà  machine. 

La  répAHItiMi  *ar  tel  et siMt  d«  poidi  des  uaebinM  Bflgerib  â  Imif  r«wi 
e«aplées  ett  :  machine  déeouplM,  0*,A2  d'Mtt  dans  la  ckandlèft  elMakiL 
de  eombaatiUe  dani  le  foyer  : 

l*'eMiea e.09S^\ 

^  essieu ii.4oo  (  .^..^ 

!•  eatieii.  .  .  • ii.»5  P****»^ 

V  essieu UAH  / 

V «ehlne  rémle  au  tender  plef n  d'eau,  a vee  9.000  kik  de  bouille,  0*,i9  d'eau 
•a-deisuf  dea  uibet  daaa  la  chaudière»  el  900  kiL  de  oeoiheaiiMu  diae  lu 
foyer: 

i**es8lett 0.680^1 

••  esaieu  -•....   e.MS  I  ,„  ^  .k 

*•  essieu o.4SO  j  '••'*»  ï 

4"  essieu io.540  J  >6et4K^ 

«•  essieu h.bto  /  *''^*'  ' 

Petée  neoYene  d'une  machine  de  YBit  atee  4.eoe  kll.  de  heoille  dana  le 
leader  I 

l*'efsien •  .   9.500^% 

2*  et  3'  essieu  ...  19.300  {  S8.900^) 

4«  essieu 9.400  J  loi.ieo^ 

6*  essieu 11.500  j  "'^  ^ 

Machine  réunie  au  tender  rempli  à  moitié  d'eau  et  UTec  t  .œe  Ml.  de  tMoilta, 
o*,i3  d'eau  au-dessus  dea  lubea  dans  la  chaudière  et  êoakil.  de  heoille  dans 
le  foyer. 

1**  essieu  ..••..  lo.fso^i 

8»  essieu 9.240  j  '•*•'•  ) 

4*  essieu 10.200  '  \  85.510* 

5*  essieu 7,m  1        -,     | 

6-  essieu 8.87»  |  ^^•"^  ^ 

L'effet  de  la  solidarité  du  système  Engerth  est  en  consé- 
qnence  : 

i*  De  faire  porter  sur  les  roues  du  tender  au  départ  (ûo  386 
—39  ai 5—)  1.170  k.  du  poids  de  la  machine  :  de  faire  porter 
sur  les  roues  du  tender  en  moyenne  (Ao.  385— 38.880=)  i.5o5k. 

2*  D'obtenir  une  répartition  satisfaisante  de  la  charge  sur 
les  essieux; 

3*  De  supprimer  complètement  toute  espèce  de  porta-à-faox 
dans  la  distance  de  3',oio,  qui  sépare  Teasieu  d'arrière  de  la 
machine  de  Tessieu  d'avant  du  tender*  et  d'annuler  ainsi  l«s 
effets  des  oscillations  de  la  boite  à  feu. 

La  comparaison  suivante  des  pesées  de  la  machin^  lofîdaifd 


▲  Evn  Kouss  conpi.tEs«  65  7 

de  TEst  avec  cette  rendoe  indépen4aiU$  do  tradoTt  soif  aot  le 
conseil  de  M.  Couche,  fait  du  reste  ressortir  les  avantages, 
quant  aux  réactions  sur  la  vole,  du  système  par  lequel  EngertU 
a  rendu  la  machine  et  le  tender  solidaires. 

Machine  solidaire  de  l'Est,  avec  <r,i2  d'eau  «n-desaoa  dis  (ibea  dans  la 
ehaodiére,  i.ooo  kil.  de  houille  dans  le  tender»  presque  plein  d'eau.  Point 
49  oaoïhaMihU  dans  le  fo jof  t 


1*  osstea  •    ....    s^Sfti^ 

2'  essieu  , 9,iio 

V  essieu lO.iOO 

4*  oaaioa  ...•••    f  jio 


St.Ttl' 

»•  essieu 9.100  \         ^^ 

6«  essieu 10.8M  }  '•••*•^- 


Machine  à  tender  séparé,  0"*,20  d'eaa  ao-dowas  dea  l«hea  dMi  la  ehaa- 
diére.  Presque  pas  de  charbon  dans  te  foyer  : 

Pesée  nouvelle. 
i*'eitlea. .  .  tts$(i^\  lo.soo^ 

r  etsioa.  • .  io.ti»  I  ^,  ..^i  11.900  I  j.  .^ti 
$•  essieu.  . .  1I.T2II  ^'•"*  12.000  ^  ^*-^^ 
4*  essien.  .  .  f 2.510  '  ii.70o 

L'excédant  de  poids  de  la  machine,  rédoltaot  du  découplé^ 
ment,  est  done  de  6.ât5  k.  1  mais  comme  la  obandière  de  la 
machine,  disposée  pour  être  couplée  h  la  manière  ordinaire 
avec  son  tender,  contenait,  lora  de  la  pesée,  ^ui  d'eau  que 
celle  de  la  machine  solidaire,  il  faut  compter  6#ooo  lu  d*atip* 
mêntation  de  poidê  mr  U$  guutr4  rousi  eompléeê»  Gela«  du 
reste,  était  facile  à  prévoir. 

Ainsi  s*évanouit  Téchafaudage  des  conséquences  désastreu* 
ses  qui  motivaient  le  déeouplement,  et  surgissent,  au  con- 
taraire,  ses  graves  inconvénients  :  lee  quatre  essieux  de  la  ma- 
chine %néépmkAwM0  sont  chargés  chacun  d'un  poids  supplé- 
mentaire de  i.5qo  kilogramme». 

Mais  à  part  les  inconvénients  de  Taccroissement  du  poids, 
il  y  a  tous  ceux  qui  tiennent  à  la  disposition  de  la  machine 
découplée,  et  qu'une  diaoussidn  approfondie  doit  Aire  ressor- 
tir. 

Nous  suivrons  pat  à  paa  les  dernières  observations  de 
ll«  Couche  {\U 

•  Ce  que  je  critique,  <îtt-n,  té  n'eut  paf  le  principe  de  fa  mtehitie  BbgerUi, 
o^oat  la  modificaiiaq  malonoontrouso  qu'on  lui  a  bit  subir. 
«  Q«ello  oM  U  copséquonoo  capiule,  lo  traU  caraotorisUquo  do  oolle  modi- 


(1)  Àn%0Ui  dof  mtMOS,  3*  livraison  de  186O,  page  44i 


658  DS8  MACBiNBS   IX>G0M0TITK5 

cation ,  Yétiormê  porte^^faux  dei  longerons  dn  tender  qni  roc«if«&t  Iw 
•apports  de  la  botte  k  féo. 

Dans  .la  machine'fingertfa  pure,  ««m  par^écftoiMi^tf,  les  poinu  d'appui  de  U 
botte  à  feu  sont  placés  entre  deux  essieux  do  tender.  La  pression  qu'Us  trans- 
mettent peut  être  considérable,  varier  dans  des  limites  assex  larges^  sans  qoo 
les  charges  des  roues  du  tender  entre  lesquelles  celte  pression  06  répartit 
éprouvent  do  grandes  Yariations  » 

Nous  avons  démontré»  de  reste,  qne  la  modifleation  critf» 
quée  produit,  sur  le  quatrième  et  le  cinquième  essieu,  des 
réactions  absolument  identiques  à  celles  décrites  Ici;  il  oe 
nous  reste  rien  &  établir  à  cet  égard  ;  nous  limitons  désor- 
mais la  discussion  au  mérite  du  conseil  donné  à  la  Compagnie 
de  TËst,  de  remédier  par  le  découplement  aux  inconvénients 
de  la  modi/ieation  maleneontretMe. 

Pourquoi,  puisque  le  principe  de  la  machine  Engerth,  celui 
pour  lequel  cet  Ingénieur  a  reçu  la  grande  médaiUe  d*or  à 
Texposltion  universelle,  était  pleinement  admis  par  M.  Couche» 
n*a-Mi  pas  essayé  d'en  substituer  la  disposition  originaire  à  la 
modification  quMl  critiquait? 

S'il  avait  tenté  de  le  faire»  il  n^est  pas  un  ingénieur^  pa9  un 
praticien,  qui  ne  lui  eût  démontré  que  la  modification  ne 
changeait  absolument  rien  à  la  répartition  des  pressions  sur 
les  essieux  et  sur  la  voie,  qu'il  approuvait  dans  la  machine 
pure^  non  modifiée;  qu^en  attachant  le  quatrième  essieu  au 
ch&ssis  de  la  machine,  le  but  était  seulement  d*assurer  son 
parallélisme  aux  autres  essieux  moteurs,  en  vue  de  le  rendre 
noteur  comme  eux,  au  moyen  de  l'accouplement  ordinaire. 

C'était  là  l'intérêt  unique  de  la  modification  que  le  Guide  du 
iiécanieien  a  caractérisée  comme  trés-heuretue  9  et  que 
M.  Couche  a  qualifiée  de  maleneontreuêe^  après  que  l'expé- 
rience la  plus  large,  la  plus  complète,  en  avait  démontré  les 
avantages. 

Et,  si  cette  modification  affectait  la  machine  jmre  (oe  que 
personne  n'admettra),  pourquoi  ne  pas  revenir  à  la  première, 
qui  était  conciliable  avec  le  parallélisme  forcé  du  quatrième 
essieu,  au  lieu  de  conseiller  le  découplement? 

Qu'avons-nous  voulu  établir?  Que  le  découplement  était  Inu- 
tile; qu'il  était  nuisible.  BL  Couche  répond  : 

«  La  question  est  singulièrement  méconnue  dans  les  deoi  notes  auxqueltet 
Je  vais  répondre  en  mémo  temps  (celle  de  M.  Cbobrtinski  et  la  nétre),nMts  quo 
je  suis  bien  loin,  esi-il  nécessaire  de  le  dire,  de  placer  sur  la  même  ligne  »  (i) . 


(I)  S*  livniaon,  liéo»  page  4éi. 


▲  HDIT  ftOVES  GOirPtÉES.  669 

Quant  à  aToIr  poeé  la  question  sur  son  véritable  torraln^to 
lecteur  jugera  entre  la  critique  et  nous. 

*  Mais  quant  au  peu  de  compte  qu^il  fait  de  mes  observations» 
Je  partage  absolument  IMropression  de  M.  Couche.  Il  n'est  pas 
une  ligne  de  la  note  de  M.  Ghobrcinski  qui  ne  démontre,  sans 
contestation  possible,  que  les  machines  du  type  condamné  par 
la  critique  n^exercent  aucun  effet  nuisible  sur  la  vole,  qu^elles 
sont  d'un  entretien  moins  dispendieux  que  les  autres,  que  Tu- 
sage  en  est  plus  économique»  et  enfin  que  la  base  d*expé- 
riences  sur  laquelle  il  appuie  ses  démonstrations  est  à  la  fois 
si  large,  si  concluante,  si  bien  observée,  si  bien  corroborée 
par  rétude  de  tous  les  détails  statistiques  qu'une  bonne  comp-< 
tabilité  peut  fournir,  que  la  conviction  reste  entière,  que  là 
est  la  vérité  qu'il  faut  substituer  au  tableau  des  conséquences 
toutes  contraires  que  M.  Couche  avait  affirmées. 

En  vérité,  il  est  pénible  pour  un  écrivain  de  voir  si  complè- 
tement disparaître  sous  lui  le  terrain  des  faits  qu'il  a  adopté, 
et  si  M.  Couche  avait  été  conséquent  avec  l'impression  que  les 
deux  notes  lui  ont  faites.  Il  aurait  répondu  à  celle  de  M.  Ghobr- 
slnski  avec  le  développement  qu*elle  m<^rltait,  au  Heu  de  ne 
lui  consacrer  qu'une  très-minime  part  dans  sa  réponse. 

Pour  en  finir  sur  les  points  de  la  discussion  qui  se  rappor- 
tent au  découplement,  empruntons  une  nouvelle  citation  &  la 
dernière  note. 

«  Ed  ré»aiDé,  dit  M.  Coache  (page  468)  pour  Juitifler  la  diaposiUon  eriU- 
qaée,  il  eût  fallu  établir  cet  deui  poinli  ; 

1*  Nécessiié  de  compléter  l'adhérence  dans  la  machine  Eogeith  pure  par 
raccooplement,  d'un  quatriénue  essieu  ; 

3*  NécessUé  de  faire  disparaître  le  perte-à-fani,  en  vue  de  la  aiabllité.  • 

La  nécessité  de  faire  concourir  le  quatrième  essieu  à  Tad- 
hérence  est  établie  par  rutilité  d*y  faire  contribuer  le  poids 
tout  entier  de  la  machine,  dans  les  cas  où  TelTort  de  traction 
est  porté  à  son  maximum,  comme  dans  les  démarrages,  et 
dans  les  cas  aussi  où  des  circonstances  atmosphériques  rédui- 
sent Tadhérence  à  son  minimum. 

Quant  à  la  nécessité  de  faire  disparaître  le  porte-à-faux  en 
vue  de  la  stabilité,  elle  a  été  si  bien  comprise  que  cette  condi- 
tion a  été  complètement  réalisée  par  la  modification  que 
M.  Couche  n*a  condamnée  que  parce  quMl  a  supposé,  sans 
examen,  des  effets  contraires  &  ceux  qu'elle  produit. 

TOME  XVIII,  1860.  A5 


66o  ns  HâcmiiEs  iMOKontm 

Il  M  «*sgft8alt  que  d^éelairer  es  potnli  et  Mm  AlmMlà 
croire  que  désormais  nous  sommes  d*accord  avec  H.  Couete. 

Le  serons-nous  moins  sur  la  manière  de  comprendre  les  1^ 
çons  de  Texpérleace  sur  les  services  que  rend  ce  lype  de  ayn 
cbines? 

Citons  encore» 

*  Comment!  lout  un  tenrièe  d'ingénieurs,  chargé  do  matériel  et  de  It  tne- 
Uen  du  plnagreiid  reteaa  etploiie  qal  toit,  à  l'beufe  qu'il  ett,  èd  FraiiMt 
étudie  une  <jue»iiooi  il  l'eiudie  à  fond  san»  parti  pria,  ai  même  «eee  le  déair 
tout  naturel  de  trouterjutti/Uê  U  iutution  à  lagvelU  il  i'ilûit  d^dbord  arrêté  t 
Urêeùnmail  qm'ii  §  a  iieu  d'HUerrofer  Vtxpérxemee,  Il  le  fait,  lenguement, 
pêUemiuent  { l'expérience  prouoooe  !  et  de  tout  e«la,  paa  an  owt!  •  (<) 

Vraiment  I  qui  se  serait  douté  d*écudes  aussi  approfondie^î 
Qui  faut-il  croire  de  la  plume  de  1859  ou  de  celle  de  1860T 

«  Il  a  tulB,  écrit  If.  Couche  (3)  de  communiquer  ces  obserratioos  (ief 
alennei)  à  M.  Sauvage,  ingénieur  en  chef  du  matériel  du  chemm  de  fer  d* 
l'Kftt  pour  le  déterminer  A  faire  immidiaUn%»ni  deeoupler  une  maCbiBeEor 
gerib  qui  i  été  maiiie  d'un  let t ,  etteiée  à  un  tender  erdi&aire  et  iBiae  «a 
ierviee.  » 

Nous  ne  sommes  assurément  pas  surpris  que  ringéoienr  ûm 
Blatériel  ait  consenti  à  faire  une  expérience  qui  lui  était  {Nro-^ 
posée  par  riugénieur  en  clief  du  GontrOie.  L'un  et  Tantre  sont 
hommes  d*expérience,  et  ils  savent  ce  qu'ils  font«  Mais  pour- 
quoi M.  Couche  donne-t-ii  plus  tard  à  son  unique  initiative  la 
caractère  de  t  initiative  générale  de  iout  un  penonnel  d*iiif  ^- 
nieurs? 

A  cette  expérience  conseillée  par  un  ingénieur^  en  se  fon- 
dant sur  des  raisons  qu'il  déduit,  et  qui  contiennent  «  êur  Uur 
poini  capital  »  une  erreur  inexplicable,  il  en  est  une  aotre^ 
dont  M.  Couche  connaissait  cependant  les  résultats  quand  il  a 
écrit  les  lignes  qui  précèdent. 

C'est  celle  de  quarante  machines  Engerth,  au  lieu  d*uiM» 
circulant  avec  des  charges  plue  complètes  qu'uueune  autre; 
et  depuis  quatre  années,  au  lieu  dune;  ayant  parcouru 
S.a9o,/i85  kilomètres  au  lieu  de  Ao  ou  60.000,  sans  qu'aucun 
des  inconvénients  signalés  par  M.  Couche  se  soit  montré. 

Qui  donc,  parmi  nous,  peut  être  légitimement  accusé  de  fer- 
mer les  yeux  à  Texpérlence! 


(1)  Note  de  M.  Couche,  pages  465  et  4e6,  lome  XVll. 

(2)  Note  de  M.  Couche,  page  162,  tome  XVI. 

(3)  4malê$ê9$mine$t  peget  *9i  et  i96,  )*  lit.  iléo. 


▲  BOIT  lOOBS  GounAis.  66t 

M.  Couche  cooaent,  11  est  vrai»  à  faire  une  part  à  celle  du 
Nord. 

La  stabilité  des  machines  du  Nord,  peut,  dit-il,, s'expliquer 
parce  que  la  réglementation  de  Chlêt  fait  porter  plus  aux  Iobh 
gérons  du  tender  que  celle  du  Nord, 

Mais  cette  assertion  est  contredite  par  les  pesées  compara* 
tlves  des  machines  (pages  6^6  et  suivantes). 

Nous  en  avons  fini  de  cette  question  du'découplement:il 
était  inutile,  il  est  nuisible.  G  est  par  suite  d'une  méprise  inei^ 
plicabie  qu'ii  a  été  conseillé. 

Laissons  le  donc  de  côté  avec  les  questions  spéciales  i|ai# 
sans  doute,  iniéj-essent  immédiatement  les  ingénieurs  et  le0 
intérêts  engagés  dans  cette  polémique,  et  rentrons  dans  la  dl^ 
cussion  des  questions  générales  qui  Importent  à  Faveair  dffia 
constructlou  des  machines  de  grande  puissaqce. 

L'opposition  de  M.  Couche  aux  machines  à  huit  roues  cou- 
plées, système  Engerth.  date  du  jour  de  leur  apparition  à  Vesr 
position  universelle  i8^-ô5ti 

Les  motifs  en  sout  déduits  dans  un  mémoire  qui,  av^iotml^lral 
encore,  sera  lu  avec  intérêt;  car,  à  part  les  conclusions  sur 
lesquelles  Texpérience  a  proiioncé  d*une  manière  opposée  aiui 
prévisions  de  i*auteur,  11  décrit,  avec  ensemble  et  préeisioif# 
les  difficultés  que  rencontrait  alors  la  construction  des  ne-* 
chines  de  grande  puissance» 

U  y  a  là  une  discussion  bien  autrement  solide  et  calme 
c^e  d'un  porte-àrfaux,  dont  l'auteur  a,  depuis,  faltlapi< 
angulaire  do  son  édifice  croulant  de  toutes  parts*  et  que 
▼enons  de  détacher. 

C'est  cette  discussion  qui  importe  à  présent. 

Le  système  de  construction  des  machines  Engerth*  du  tgrpe 
de  plus  grande  puissance,  ne  sert  désormais,  il  faut  le  recoo» 
naître,  de  but  à  une  polémique  ardente,  que  parce  quMl  ouvre 
une  voie  à  Tavenir.  G  est  ainsi,  c'est  pour  ceia  que  nous  ev 
avons  indiqué  Tiniérèt  ;  nous  compléterons  notre  exposé  sur 
rimportance  du  débat. 

L'influence  du  tracé  des  voies  des  chemins  de  fer  sur  les  die» 
positions  des  machines  de  grande  puissance,  en  ce  qui  co»- 
cerno  l'écartement  et  Taccouplement  des  essieux,  oblige  à  en 
placer  les  cylindres  et  le  foyer  à  Textérieur  des  essieux  sbep 
trémes. 

D'un  côté,  cependant,  les  dUnenalons  du  foyer  vont  ohafU0 


66s  DES  MACHINES   LOGOMOTITES 

Jour  s'agrandissant  :  la  longueur  de  la  grille  des  plus  fortes 
macbioesà  marchandises  était,  en  i8&3,  de  o^gsS;  celle  du 
type  £ngerth  (Midi)  est  de  1*666;  celle  de  la  machine  type 
Belpaire  est  de  3*/ioo. 

Lorsque  le  foyer  est  enfermé  entre  les  roues  extrêmes,  sa 
largueur  ne  peut  dépasser  i*to8o.  type  Engerth  (Midi).  Pour 
Faccroltre,  comme  dans  le  type  Engerth  (Nord),  il  faut  repor- 
ter la  boite  à  feu  au  delà  de  Fespace  compris  entre  les  roues. 
G*est  ainsi  que  dans  ce  type,  on  a  pu  obtenir  une  largeur  de 
i",5ôo,  qui,  avec  la  longueur  de  i",/iiiio,  constitue  une  surface 
de  i",  9(160,  la  plus  étendue  qui  eût  été  introduite  dans  le  ma- 
tériel français  Jusqu*au  jour  où  la  machine  belge,  type  Bel- 
paire,  qoi  vient  de  faire,  sur  la  ligne  du  Nord,  une  intéres- 
sante apparition  (tS6i),  nous  a  montré  une  grille  de  s*,  60  de 
superficie  (a*,AoXi,0))  ;  sur  laquelle  la  fumivoriié  de  la 
houille  est  complète,  sans  que  la  simplicité  des  dispositions  ac- 
tuelles des  foyers  soit  sensiblement  modifiée. 

Or,  à  mesure  que  Tutilité  d'agrandir  les  dimensions  du 
foyer  8*est  montrée,  soit  pour  élever  la  puissance  de  vapori- 
sation, soit  pour  aider  par  de  plus  grands  accès  d'air,  à  la 
combustion  de  la  houille,  le  poids  de  cet  appareil  s'est  néce»> 
sairement  augmenté  ;  mais,  à  l'exu*émité  autérieura  de  la  ma- 
chine, le  poids  des  cylindres  ne  s'est  pas  accru  dans  les  mêmes 
proportions,  et  réquUiore  a  cessé  d'exister  entre  les  poids 
portés  aux  extrémités  antérieures  et  postérieures  de  la  ma- 
chine, ^jà  fût* il  maintenu  par  l'augmentation  proportionnelle 
du  poids  de  la  boite  a  feu  et  des  cylindres,  la  distance  du 
centime  de  gravité  du  poids  mis  ainsi  en  porte-à-faux.  en  d'au- 
tres termes,  la  longueur  du  levier  d  oscillation^  au  delà  des 
essieux  extrêmes,  étant  inégale,  les  inégalités  de  la  voie  au- 
raient produit  dans  la  marche  une  sorte  d'équilibre  instable. 

C'est  pour  obvier  à  cet  inconvénient  qu'Eugertli  a  imaginé 
d^emprunter  au  tender  un  point  d'appui  vers  l'extrémité  pos- 
térieure de  la  machine,  sans  êter  à  l'ensemble  des  deux  ap- 
pareils, machine  et  t<.nder,  rendus  ainsi  solidaires,  la  flexibi- 
lité nécessaire  au  passage  des  courbes  de  la  voie. 

A  part  la  solution  consistant  à  ajouter  à  l'avant  de  la  ma- 
chine un  poids  compensateur  de  l'excès  de  poids  du  foyer 
placé  à  l'arrière,  solution  qu'aucun  ingénieur  n'a  proposée 
comme  un  système  normal,  et  sur  laquelle  la  discussion  ne 
s'élève  aiûottrd'hui  qu'à  titre  de  remède  à  des  inconvénients 


à  HUIT  BOUES  GOUPLÉBS.  6^$ 

imaginaireB  «  Il  ne  s*en  est  présenté  Jusqu'à  oe  joar  aucune 
autre  que  celle  d'Engertb. 

On  ne  peut,  en  effet,  et  par  les  motifs  que  nous  allons  in* 
diquer,  regarder  comme  efficace  la  disposition  qui  consiste  à 
placer  un  essieu  sous  le  foyer. 

La  distance  entre  les  essieux  extrêmes,  limitée  par  les  courbes 
de  la  voie  et  par  les  conditions  de  Taccouplement,  autrement 
dit  par  la  nécessité  du  parallélisme  des  essieux,  est  égale  à  la 
longueur  du  corps  tubulaire  du  générateur. 

Une  expérience  toute  récente,  qui  se  poursuit  avec  succès 
sur  le  chemin  de  fer  du  Nord,  et  qui  consiste  à  faire  faire  aux 
gaz  produits  par  la  combustion  un  parcours  double  de  la  lon« 
gueur  des  tubes,  pour  surchauffer  la  vapeur»  ou  plutôt  pour 
convertir  en  vapeur  l^eau  tenue  en  suspension,  démontre  la 
Térité  d*un  fait  déjà  entrevu  par  un  grand  nombre  dingénieurs, 
à  savoir  que  la  longueur  de  la  pariie  tubulaire  peut  être  util»* 
*ment  augmentée,  pui'^ue  la  température  des  gaz  produits  par 
la  combustion  est,  à  Textrémité  des  tubes,  et  pour  peu  que  le 
tirage  ait  quelque  activité,  de  beaucoup  supérieure  à  celle  qui 
correspond  à  la  pression  de  la  vapeur. 

Une  autre  expérience  également  récente  a  constaté  que  Tin- 
tensitéde  lacombusiion  résultant  d'un  tirage  très-énergique, 
obtenu  pardessou£aeursàvapeurdefortdiamètre,disposésà la 
naissance  de  la  cheminée  d'une  machine  locomotive,  peut  pro- 
duire, par  mètre  carré  de  surface  de  chauffe,  une  quantité  de 
Tapeur  presque  double  de  celle  que  cette  même  machine  pro- 
duit à  sa  vitesse  ordinaire  et  en  traînant  son  maximum  de 
charge. 

Ce  sont  là  de  puissants  motifs  de  ne  rien  sacrifier  de  la  lon- 
gueur des  tubes,  et  comme  la  disposition  qui  consiste  à  faire 
rapporter  la  botte  à  feu  par  un  essieu  passant  sous  le  foyer  n'a 
pas  d'autre  conséquenee,  elle  ne  peut  prendre  rang,  à  titre  de 
solution  pour  la  construction  des  machines  de  grande  puis- 
sance. 

Un  autre  obstacle  de  moindre  importance,  il  est  vrai,  mais 
néanmoins  assez  grave,  c'est  la  nécessité  d'un  double  châssis 
pour  les  machines  dont  l'essieu  passe  sous  le  foyer. 

On  doit  donc  reconnaître  qu*il  ue  s'est  pas  encore  présenté 
d'autre  moyen  d'établir  une  machine  locomotive  de  grande 
puissance  que  celui  de  placer  les  essieux  couplés  sous  la  partie 
cylindrique  du  générateur,  c^est-à^re  entre  les  cylindres  çt 


664  DES  MACHINES  LOGOMOTiyBS 

la  boîte  à  feu  et  que,  dans  cette  disposition,  la  seale  dlffleuHé 
'  à  résoudre  est  d^atténuer  ou  d'éviter  les  inconvéalents  du  porte- 
&-faux  de  la  botte  à  feu. 

G*est  ce  qu*£ngertli  a  fait  avec  up  succès  incontestable  en 
faisant  concourir  le  tender  à  supporter  l'excédant  de  poids  de 
la  botte  à  feu,  qui  serait,  dans  la  marche,  une  cause  dMnstabi- 
Uté.  Quarante  de  ces  puissantes  machines,  les  plus  fortes  qui 
soient  connues,  ont  parcouru  sur  le  chemin  du  fiord,  de- 
puis leur  mise  en  service  (1856-67)  jusqu'au  1"  juillet  1S60, 
8!99o.Û93  kil  (aujourd'hui  plus  dé  /i.000.000  kil.)  avec  une 
éèdnomie,  par  tonne  transportée,  de  37  p.  100  (3A&  :  670),  en 
consommation  de  combustible,  sur  le  service  des  machines  ds 
faible  puissance,  et  de  69.  p.  100  (5  à  13)  sur  les  frais  d*entre* 
tifen  (i). 

Le  contraire  avait  été  affirmé  dans  les  termes  suivants  : 
■  ^économie  n'existe  ni  dans  Tachât,  ni  dans  Tentretien,  tant 
ifen  faut,  ni  dans  la  consommation  Cp.  1/19,  6*  Hvr ,  1859).  • 
A  cette  assertion  nous  opposerons  la  suivante  :  t  II  est  tout 
simple  que  la  consommation  rapportée  à  la  charge  remorquée 
soit  plus  faible  sur  les  machinés  qui  marchent  a  charge  Ion* 
jôurê  plui  complète  (p  â68,  t.  XVIL  1860).  • 

Cest  un  grand  paà  de  fait  vers  Taccord  :  pourquoi  ne  pas 
aller  plus  loin?  Ce  n*est  pas  à  M  Couche  que  nous  apprendrons 
que  si  la  consommation  de  combustible  est  dans  un  certain 
rtîpport  avec  la  charge  remorquée,  ce  rapport  s'améliore  con- 
stamment avec  la  puissance  delà  machine.  Nous  n*avons ja- 
mais dit  autre  chose,  et  il  est  maintenant  bien  établi  qu*en 
prenant  pour  point  de  comparaison  le  poids  remorqué^  la  ma- 
chine En^erth^est  la  plus  économique  détentes  tes  machines» 
quant  à  Pachat,  à  Tentretien  et  à  la  consommation. 

Jamais  amélioration  n*a  donc  reçu  de  Texpérience  une  pins 
décisive  sanction. 

Tai  dit  que  la  condamnation  du  type  Engerth  de  grande  puis- 
sance par  M.  Couche  a  des  conséquences  graves;  je  tiens  &  le 
démontrer.  S'il  ne  s'agissait  en  effet  que  du  mérite  d*un  procédé 
Industriel,  le  temps  ferait  justice  d'une  critique  fondée  ou  In- 
juste; et  en  pareil  cas  il  suffirait  à  la  discussion  que  deu^  opi- 
nions opposées,  également  compétentes,  fussent  émises,  pour 
que  chacun  pAt  s*éclalrer. 


(t)  SwriM éêê WÊÙm  (iUO\ U iiria,  pêuméU U 4Sê. 


A  SUIT  Eoma  covf£éB8.  665 

Msli  0  n^tii  Mt  pts  ainsi.  Les  chemins  de  fer  n*oecnpent  pis 

dans  l'industrie  générale  da  pays  la  môme  place  que  les  manu- 
factures. Leur  exploitation  est  envisagée  par  le  gouvernement 
comme  plus  intimement  liée  k  certains  intérêts  généraux  dont 
il  a  la  responsabilité  plus  directe  :  c'est  celui  de  la  sécurité 
publique  et  de  la  régularité  du  service;  celui  de  la  conserva* 
tion  du  matériel  et  de  la  voie;  c'est  aussi  celui  de  Téconomie 
des  transports  au  doubla  point  de  vue  dés  intérêt**  de  consom- 
mation et  du  produit  des  entreprises  dont  la  tâche  financière 
Importe  aux  développements  de  la  circulation. 

Dans  ToDinion  publique  le  sentiment  est  moins  Impartial. 
U  ne  concède  pas  encore  aux  associations  la  tendance  à  mettre 
au  premier  rang  les  questions  de  sécurité,  et  tous  les  efforts 
que  font  les  compagnies  pour  concilier  cet  intérêt  avec  rabais- 
lement  du  prix  de  revient  des  transports»  sont  mis  en  suspi- 
cion. 

Oe  là  une  responsabilité  grave  pour  laquelle  11  n^  a  de  re- 
fuge que  dans  Timitation  absolue  des  procédés  admis  et  em- 
ployés par  tous  et  partout 

Si  une  amélioration,  si  un  changement  quelconque  est  atWi 
critiqué  par  ceux  que  Topinion  publique  considère  comme  les 
gardiens  de  rintérèt  général  ;  si  alors,  et  comme  dans  la  el^ 
constance  dont  il  s*agit,  un  type  entier  de  machine  est  signalé 
comme  susceptible  de  jet^r  fréquemment  la  perturbation  dans 
le  service  en  enccn^brant  la  voie,  de  détruire  rapidement  les 
fsails,  d'écraser  des  trains  entiers  sans  éprouver  d'avarie  sé- 
rieuse et  en  outre  d'être  d  un  emploi  et  d'un  entretien  plus 
dispendieux  que  les  autres,  que  de\ient  alors,  devant  ropioion 
publique,  la  situation  de  ceux  q\ii  portent  la  respopsabilité 
^  dispositions  qu'ils  ont  adoptées  comme  un  progrès) 

Le  moindre  des  préjudices  que  peut  causer  une  critique  aussi 
absolue  que  celle  à  laquelle  nous  répondons  est  donc  de  ralentir 
les  «progrès  qui  importent  le  plus  à  Téconomie  des  transports; 
car,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  en  condamnant  le  type  de  plus 
grande  puissance  connue,  sans  y  substituer  aucun  procédé 
équivalent  pour  satisfaire  aux  conditions  qu'il  remplit,  on 
ferme  toute  voie  d'avenir  à  l'économie  des  transports  en  tant 
que  puissance  de  locomotion. 

Tent-oii  saiDlr  l'opinion  de  II.  Couche,  lui-même,  sor'nm- 


666  DES  MACmiIBS  LOGOMOTITBS 

portance  des  Intérêts  enjeu.  Nul  ne  Ta  résumée  plus 
ment  que  lui  (i  854-55)  (t)« 

«La  eonslraeiion  de  loeomotirei  à  petite  fitesse  eC  irèflpalsMoles,  est 
ee  moinenu  de  tooteg  lei  queitions  techniques  à  Tordre  da  )oar,sar  lesi 
■ine  de  fer,  /•  plut  prestmtUe  et  la  plu»  discutée. 

•  Le  problème  a  deui  faces,  les  eiigeoces  autqaelles  il  fa«tsaUsliire,toM 
tanidl  celles  do  trace,  Uniôi  celles  du  trafic 

«  Sur  Irs  tracés  accidentés,  *«  combinaison  de  rampes  et  de  courbée  d'^ia» 
grande  roideur  est  in<lispensable  pour  franchir  les  obeucles  naturels;  cU« 
impose  aui  rooteum  des  conditions  irés-difflciles  à  concilier  :  une  grattito 
adhérence  et  une  grande  fleiibi<iié. 

«  Il  ne  s'agit  pas,  en  Prance,  de  franchir  des  rampes  de  0.0it5  (tm  IIS^)» 
■ais  de  remorquer,  au  m '«yen  d'oie  seule  machine,  des  masses  énormes  « 
de  sorte  qu«*  Ici  conditions  de  jNMtssiief  el  do  vitesse  somi  à  peu  prdi  im 
wtémei  deiM  les  deux  cas. 

m  La  question  a  d'ailleurs  une  importance  capitale;  ce  n*eei  pas  timplemcaC 
l'économie  des  transports  é  petite  vitesse  qui  est  eu  |eu ,  c'e^t  la  r^larvié 
du  service,  c'e<«tla  >écuriié  même  de»  voyaiteun  évidf  mment  meueée,  quaad 
l'activité  du  double  service  opéré  sur  les  mêmes  rails  dépasse  une  eeruia* 
limite.  Il  faut  alors  augmenter  la  masse  des  trains  sons  peine  de  les  multipliur 
outre  mesure. 

.«  Une  autre  mesure  tend  au  même  but  et  doit  être  employée  concorreB*> 
ment;  c'est  l'augmentation  de  la  charge  utile  par  essieu  de  wagon,  etc.» 

Le  mémoire  dont  nous  extrayons  ces  citations  est.  nous  l*a- 
vous  dit,  Tun  dos  plus  étudiés  sur  la  question  du  matériel  des 
chemins  de  fer.  qui  soient  dus  à  la  plume  de  M.  Couche. 

Mais,  en  présentant  avec  soin  les  moyens  par  lesquels  la 
puissance  des  machines  pouvait  être  obtenue,  il  en  fixait  alors 
la  limite  absolue,  pour  la  Prance,  au  poids  de  36  tonnes  ser- 
vant à  Tadhérence  et  porté  par  trois  essieux  accouplés. 

Cette  limite  n'a  pas  été,  dans  notre  pays,  acceptée  par  ret-> 
périence.  Les  ingénieurs  répugnent  maintenant  à  charger  les 
essieux  d*un  poids  de  is  tonnes,  ou  du  moins  ils  considèrent 
ce  poids  comme  une  limite.  Nous  croyons  qu'avec  des  bandages 
d'une  grande  dureté,  des  rails  de  38  kilogrammes,  éclissés  et 
à  supports  espacés  de  o^iSo,  un  poids  de  ta  tonnes  par  essieu 
de  machine  à  petite  vite(«e  serait  sans  inconvénients  (a)  ;  mais 
ces  conditions  de  la  vole  n'existaient  pas  alors  et  sont  encore 
loin  d'être  générales. 

Les  ingénieurs  ont  donc  préféré  limiter  à  38  on  Ao  tonnes  le 
poids  porté  par  quatre  envieux  accouplés. 

MM.  Bougnot  et  André  Kœchlln  ont  porté  ce  poids  à  47  ton- 
nes, mais  ils  ont  pris  dans  la  suspension  les  dispositions  les 


(1)  AumÊktdêi  minas,  **  série,  tome  VI ,  page  S4S. 

h)  Le  programme  allooiand  flxe  la  limite  de  ehaigo  par  ossieu  à  itlewu 


A    HUIT   ROUES  G0UPLES8.  667 

plus  propres  à  répartir  très-également  ce  poids  sur  les  quatre 
essieux  pendant  la  marche. 

Quatre  essiepx  sont  d'ailleurs  incontestablement  préférables 
à  trois  essieux  comme  base  de  stabilité  ;  ils  rendent  Tégale  ré- 
partition du  poids  plus  facile  et,  à  dimensions  égales  de  géoé- 
rateur»  ils  rendent  raccouplemeot  plus  compacte  et  plus  ho- 
mogène en  réduisant  1  espace  entre  les  essieux. 

M.  Couche  qui  a  présenté,  avec  des  développements  fort 
utiles,  les  avantages  et  les  inconvénients  des  cbftssis  et  des 
cylindres  extérieurs  et  intérieurs,  au  point  de  vue  de  Paccrois* 
sement'de  la  puissance  des  machines,  ne  nous  contredira  pas 
sur  ce  point. 

LVcouplement  de  quatre  essieux  est  un  procédé  accepté 
par  les  ingénieurs  les  plus  prudents;  il  résout  avec  bonheur  la 
difficulté  qui  s^oppose  à  Taccroissement  des  dimensions  du  gé- 
nérateur, et  la  disposition  Engertb,  pure  ou  modifiée,  aussi 
bien  que  celle  qu*a  adoptée  M.  Beugnot  en  est  Tannexe  la 
plus  précieuse  parce  qu'elle  permet  d'accroître,  sans  inconvé- 
nients pour  la  voie,  la  dimension  du  foyer. 

Laissons  maintenant  parler  M.  Couche  sur  le  mérite  de  la 
disposition  Engerth  : 

La  disposition  imaginée  par  M.  Engertli  pcuY  conTenir  pour  des  macbinea 
destinées  à  prendre  une  certaine  vitesse.  Dés  que  celle-ci  attrinl  50  kil.  en' 
viron,  la  consiilération  delà  stabilité, de  la  réculariié  d'allure,  hors  de  cause 
à  la  vitesse  des  trains  de  marchandises,  peut  être  )ustemt)nilnvoi|uee(t). 
I  «Quand  il  faut,  d'une  part,  une  grande  puliisance  et  de  la  neiihiliié,  de 
l'antre  de  la  viiesse,  cas  dans  lequel  une  adhérence  partielle  suOii,  la  soli- 
dariiéest  justifiée,  puisqu'elle  fait  disparaître  le  porte-à-faux  de  la  bolteà  fea 
•t  rînétabilité  qui  en  résulte.  » 

On  peut  se  demander,  en  lisant  ces  lignes,  quels  sont  désor- 
mais les  points  qui  nous  séparent 

Si  le  système  Engerth  assure  la  stabilité  aux  grandes  vitesses, 
n^est-ce  pas  une  raison  pour  en  profiter  aux  faibles  vitesses  en 
étendant  la  dimension  des  machines? 

C^est  bien  là,  ea  eflct.  la  voie  que  suivent  les  constructeurs, 

M.  Beugnot  emprunte  à  Engerth  Tappui  articulé  de  la  boite 
à  feu  sur  le  tendor.  il  améliore  Taccouplement  des  quatïe  es- 
sieux en  brisant  la  ligne  des  bielles  en  deux  parties,  tout  en 
conservant  le  parallélisme  des  essieux.  Il  conserve  la  distance 
entre  les  essieux  extrêmes  (5*,9o  au  lieu  de  3"',95}  et,  moyen- 

(4)  iffuc/aa  liai  iRfN««,  tome  XVI.  page  I49. 


668  DBS  1UGHI1IB8  LOGOMOTITBS 

nant  cette  disposltioii  de  l'accouplement  des  eaBleTix«  fl 
l'application  des  machines  de  grande  puissance  au 
dans  des  courbes  de  loo  mètres  de  rayon  sans  atténuer  en  rien 
leur  subillté. 

La  supériorité  de  l'accouplement  des  quatre  essieux,  avec 
Temprunt  du  système  Engertb,  sur  l*accoupIement  de  trois  e^ 
sieux  appliqué  par  le  même  ingénieur,  M.  Beugnot,  à  des  ma-^ 
ehines  ind^^pendantes,  s'est,  do  reste,  montrée  dans  Tusage 
qui  en  a  été  fait  par  une  de  nos  grandes  compagnies  pourl'ex- 
ploiution  d'une  ligne  présentant  des  courbes  d'un  laible 
rayon. 

Gomme  ce  qui  Importe  icl«  c^est  de  bien  démêler  la  marche 
du  progrès,  nous  avons  cru  devoir  discuter  toutes  les  obtfeo» 
tiens  qui  nous  paraissaient  on  avoir  encombré  la  voie. 

Que,  d'une  manière  absolue,  l'accouplement  de  quatre  ee- 
ileux  soit  plus  compliqué  que  celui  de  trois,  que  Tentretien  en 
•oit  en  conséquence  plus  coûteux,  que  la  consommation  d'une 
machine  puissante, que  son  prix  d^acquisition  soient  plus  élevés 
que  ceux  d'une  machine  plus  faible,  qui  le  conteste?  Nafsqo*a 
en  soit  de  même  proportionnellement  à  V effet  iiitie,  c'est  là  ce 
qui  était  erroné  et  ce  que  nous  avons  contesté. 

Qu'en  cas  de  déraillement,  une  machine  composée  de  deux 
parties  liées  entre  elles  soit  plus  longue  à  relever  qu'une  mi^ 
Chine  indépendante  ou  qu'une  machine  plus  légère^  qui  le 
contestera? 

Mais  que  le  type  Kngerth  soit  plus  sujet  à  des  déraillements 
que  toute  autre  machine,  voilà  ce  que  nous  avons  contesté,  et 
nous  avons  pour  nous  roplnion  même  de  M.  Couche  qui  re- 
connaît que  la  disposition  Engerth  ei^i  une  solution  ravx)rahle 
pour  la  vitesse,  parce  qu'elle  fait  disparaître  l'instabilité  tout 
en  conservant  la  flexibilité. 

Faut  il  tenir  compte,  en  cas  de  déraillement,  de  la  liaison  de 
la  machine  avec  le  tender  et  de  la  difficulté  de  séparer  les 
deux  trains? 

L'expérience  n'indique  rien  de  semblable.  Il  n'a  pas  encore 
été  trouvé  nécessaire,  comme  le  prétend  M.  Couche  (page  667, 
tome  XVII),  de  séparer  la  machine  du  tender  dans  le  cas  de 
déraillement.  M.  Couche  cite,  à  l'appui  de  son  observation,  un 
fait  sans  exemple  :  celui  d'une  machine  déraillée  des  quatre 
roues  de  devant  ieulement^  qui  a  exigé  7^  ào'  pour  être  rele- 
vée^  Que  M.  Couche  s'enqaière,  on  lui  dira  que  tout  agent  ex* 


▲   HUIT   ROUIS  GOUPLÊBS.  66$ 

férimenté  d'an  service  de  traction  réusi^iraît,  en  moins  d^une 
heure,  à  replacer  sur  la  voie  une  machine  déraillée  dans  ces 
conditions. 

Un  autre  fait  dq  Tcxactitude  daquel  M.  Gonche  n'est  pas,  à 
nos  yeux,  plus  responsable  que  du  précédent,  est  cité  par  lui 
à  titre  de  terrible  épou vantail  contre  les  machines  Kogerth 
HSQdifié^  : 

«11  y  a  qaelqaef  annéei,  diMt,  on  train  remorqaé  par  une  machine  Bu- 
gertli  modifiée,  renronirai^-  eb  marehe  nn  train  de  roarchandiaes  arrêté  anr 
1^  voie.  La  ipachiae  pen^lfail  dans  ce  train,  broyai)  lout  sur  «on  passage,  al 
tHircourait  ainsi  200  mèlret  dans  lé  train  comme  un  projeciile  pénétrant 
dans  un  corps  ri*lativement  mou.  Après  avoir  prodnit  de  tels  dégâts,  la  ma- 
çhioe  rentrait  à  Paris  (08  Ml*)  ^i  ^^^  •■>  ét^it  fluifte  pour  une  «raffe  à  aa  tr«« 
terse  d'avant  (1).  '• 

Analysons  :  Pour  pénétrer  de  soo  métrés  dans  un  train  de 
marchandises  en  broyant  tout  sur  son  passage,  la  machine  a 
4û  réduire  on  fragments  trente  wagon»!  Pour  que  l^avaria 
qu'elle  a  éprouvée  fi^t  limitée  à  sa  traverse  d*avant,  il  lui  a 
^lu  ][>alayer  de  la  voie,  devant  elle,  les  fragments  broyés  de 
ces  trente  wagons  I 

m.  Goo<^9  n'a  pas  vu  de  ses  yeux  cet  accident;  il  a  dA  sjou* 
ter  foi  à  un  rapport  écrit  avec  une  Incroyable  exagération. 
Ve  semt>le-t41  pas  que  la  niachine  Engerth  modifiée  peut  ré- 
4uire  ^  poudre  des  trains  tout  entiers  et  qu'elle  peut,  après 
y  avoir  pénétré  comme  un  projectile  dane  un  corps  relative 
ment  moti,  les  franchir  s'ils  ont  moins  de  trente  wagons  et 
continuer  paisiblement  sa  route! 

A  aucun  titre,  l'exposé  d*uo  pareil  accident  n'est  acceptable. 
Qn  ajoute  :  «  Cet  effet  tieut  uniquement  à  ce  que  la  mane  de  la 
machine  empêchait  la  vitesse  do  varier  brusquement.  » 

Mais  l'explication  est  aussi  inacceptable  que  le  fait  en  lui- 
même. 

Que  voudrait-on  prouver  d'ailleurs?  La  machine  Engerth 
dont  il  s'agit  pèse,  tender  pou  compris,  39  tonnes  réparties  sur 
quatre  essieux.  Celle  que  proposait  M.  Couche,  devait  peser 
36  toques  réparties  sur  trois  essieux.  Serait  ce  aii  supplément 
de  3  tonnes  qu*on  attribuerait  de  semblables  effets  ?  cela  eût 
dû  être  expliqué. 

Pans  l'espèce,  cet  accident  n'enseigne  rien*  Autant  il  faut 
approfondir  avec  un  soin  minutieux  les  causes  et  les  eflTets  des 


(1)  Âmmûîêidtê  wfaaf,  tome  XVII ,  page  4St. 


670  DBS   MACHINES  LOGOIfOTITCS 

ftOcidODts,  autant  II  faat  «rexpérlenoe,  de  réserve  et  de  siMété 
pour  en  tirer  des  conséqoenoeSi 

Que  reste-t-i]  debout,  dans  cette  discussion,  des  argnBMBte 
par  lesquels  on  a  combatta  le  type  Engerth  des  machiiies  de 
grande  puissance? 

En  ce  qui  concerne  Tappui  que  ces  machines  empruntent 
au  tendcr»  les  réactions  du  poids  sur  les  essieux  sont  rerti- 
cales,  sans  effets  de  levier,  ni  porte  à  faux  et  par  conséquent 
sans  surcharge  anormale  d^un  des  essieux  du  tendor. 

Le  poids  porté  sur  les  es^ileux  est  inférieur;  il  est  même  de 
beaucoup  inrérieur  à  la  limite  que  M  Couche  a  posée»  en  pro- 
posant comme  tnrroe  de  plus  grande  puissance,  suISsante  aux 
besoins  des  chemins  de  fer,  une  machine  indépendante,  de 
56  tonnes,  portée  par  trois  essieux  seulement 

L'accouplement  de  quatre  essieux ,  moins  distants  dans  ces 
machines  que  dans  beaucoup  d^autres,  et  la  liaison  avec  le 
tender  ne  sont  pas  une  cause  d'augmentation  de  frais  d'entre- 
tien, de  consommation  et  d*achat,  puisqu'elles  réalisent,  dans 
leur  travail,  une  économie  de  69  p.  100  sur  les  réparations  et 
de  99  p.  1 00  sur  le  combustible,  comparativement  aux  machines 
de  plus  faible  puissance. 

La  dureté  des  bandages  ayant  pour  résultat  de  conserver 
leur  table  de  roulement,  est  reconnue  comme  une  condition 
conservatrice  à  la  fois  des  rails  et  de  Pégallté  do  diamètre  des 
roues  et  par  conséquent  un  moyeu  efficace  d^atténuo*  le  glis- 
sement 

Qu*il  s'agisse  de  desscnrir  un  trafic  important  sur  un  chemin 
de  niveau  ou  de  gravir  de  fortes  rampes,  Tiotérèt  et  les  règles 
de  la  construction  des  machines  de  grande  puissance  sont  les 
mêmes. 

La  limite  du  poids  à  faire  porter  par  les  essieux  a  successi- 
Tement  exi;;é  Taccouplement  de  deux,  puis  de  trois,  et  dans 
ces  dernières  années  de  quatre  essieux  avec  un  égal  succès, 
c'est-à-dire  avec  un  abaissement  continu  et  considérable  du 
prix  de  transport  à  mesure  d*augmentatlon  de  la  puissance 
des  machines. 

L'accouplement  de  quatre  essieux  combiné  avec  le  système 
Engerth,  offre  donc  aujourd'hui  un  moyen  incontestable  de 
construire  des  machines  puissantes,  stables  et  flexibles,  en 
empruntant  pour  Tadhérence  tout  le  poids  de  l'appareil  qui 
peut  être  reporté  sur  les  essieux  accouplés. 


▲  HUIT  ftODES  COUPLÉES.  67 1 

L'accoaplement  de  qaatre  essieux  exige  la  rigidité  de  leur 
parallélisme,  mais  il  peut  se  concilier  avec  la  flexibilité  néces- 
saire au  passage  des  courbes  du  plus  faible  rayon  usité  (100 
mètres)  par  la  disposition  des  machines  fieugnot.  du  cbemin  de 
fer  de  Lyon  à  la  Méditerranée,  et  dans  ce  cas  encore  la  dispo* 
sition  Engerth  est  nécessaire  pour  offrir  un  point  d'appui  à 
.Parrièrede  la  machine,  qui  permette  d'accroître  à  volonté  les 
dimensions  du  foyer. 

Sous  rimpression  des  conséquences  de  la  discussion  qui  s'est 
élevée  sur  le  type  Engerth  à  quatre  roues  couplées,  nous  avons 
rappelé  celle  qui  a  eu  lieu  sur  les  contre-poids  appliqués  aux 
perturbations  dans  la  marche  dqs  locomotives. 

M.  Couche  y  revient  avec  de  longs  développement. 

Notre  réponse  sera  courte,  et  nous  nous  placerons  pour  la 
faire  sur  un  terrain  tel  qu'il  n'y  ait  pas  lieu  d*y  revenir. 

Les  ingénieurs  qui  se  sont  trouvés  attachés  dès  l'origine  au 
service  de  nos  chemins  de  fer  se  rappellent  tous  qu*avant  la  fin 
de  l'année  18/18  aucune  notion  des  principes  de  la  stabilité 
n'avait  présidé  à  la  construction  des  machines  locomotives;  à 
part  les  anciennes  machines  de  Sharp  et  Robert  et  peut-être 
quelques  autres  en  petit  nombre  venues  d'Anjrleterre,  les 
machines  locomotives  ne  portaient  de  contre-poids  d*aucun 
genre. 

Ou  avait  ainsi  construit  des  centaines  de  machines  à  cylindres 
intérieurs.  Des  déraillements,  notamment  des  machines  remor- 
quant la  malle  de  l'Inde,  des  dérangements  de  voie,  des  mou- 
vements d'oscillation  intolérables  lorsque  la  vitesse  s'accélé- 
rait ou  lorsque  les  convois  descendaient  les  rampes,  avaient 
vivement  excité  l'attention  de  nos  ingénieurs.  On  cherchait  le 
remède  dans  l'application  d'appareils  qualifiés  du  nom  d'anft- 
lacêt;  les  uns  formés  de  tampons  et  de  ressorts  de  serrage  in- 
terposés entre  la  machine  et  le  tender  ;  les  autres  de  cylindres 
engagés  dans  des  presse-étoupes  et  prenant  sur  le  tender,  ex- 
térieurement aux  bâtis,  un  point  d'appui  pour  la  résistance  aux 
oscillations  de  la  machine.  * 

La  question  en  était  là  lorsque  M.  Le  Gh&teller,  ingénieur  des 
mines  attaché  au  contrôle  des  chemins  de  fer,  fit  paraître  dans 
les  premiers  Jours  de  18/19  ^^  brochure  intitulée  :  «  Élude  «tir 
la  stabilité  des  machines  locomotives  en  mouvement.  » 

L'analyse  des  actions  perturbatrices,  que  l'auteur  avait  eu  le 
bon  esprit  d'exposer  sous  une  forme  très-élémentaire;  les  faits 


67»  '  DBS  MAcniiEt  LOGOMomrBa 

prfaentés,  IM  eialeate  mumèrtqMa;  M  tmffei'KfiieeB  ftiff*  pr 
rantenr  lai  même,  toatdans  cette  brochure  Jetait  la  clarté  li 
plus  vif e  sur  an  état  de  cbosea  devedtl  déploraMe  ec  qtË  tft* 
oaçaft  d'arrdter  lea  progrès  de  la  looottfdtton. 

Grftoe  à  cette  pubtication  et  aux  efforts  penl6tératow  fle  adi 
auteur  qui,  pendant  plusieurs  années^  a  consacré  tfM  partie 
notable  de  son  temps  à  propager  la  nouvdle  fliétbode,  rai4»lt- 
cation  des  contre-  poids  est  devenue  générale  éot  nos  ebeinliis 
de  fer.  De  France,  elle  s'est  répandue  à  Cëtrûn§eri  èH  Belgique, 
en  Angleterre,  où  Fauteur  af ait  consttlcré  plusieuraf  éëtiiatiN*»' 
en  i8ôi,  à  faire  de  la  propagande  auprès  des  tngénièors  an- 
glais, dont  la  plupart  n'avaient  pas  sur  ce  stùet  deé  fictiow 
plus  nettes  que  les  ingénieurs  français  en  18/19;  en  âileniagtie 
nséme,  où  rarticle  de  H.  Noileau  ne  paraît  pas  avoir  eu  béa*- 
coup  plus  de  retentissement  qu'en  France  et  où  d*aiUeiirs  tt 
avait  été  précédé  par  un  brevet  pris  en  18A7  P^  M*  HassweB, 
ingénieur-constructeur  bien  connu  (1). 

Mous  ne  nous  sommes  pas  rendu  un  compte  bfen  exact  dH 
bat  que  M.  Couche  s'était  proposé  en  insérant  dans  le  del^nler 


(1)  Comme  ee  dernier  poiât  poarrait  Aods  être  contesté,  sî  nous  n*âp^f- 
Uoosi  pu  des  preuves  à  l'eppui  de  notre  nsertiov,  nous  repredoironi  iei  sae 
leiire  adre»see  par  M.  ËntierUi  à  l'auieur  des  Éludêi  twr  ia  tiabitiU,  lelM 
dont  nous  avions  eu  connaissance  il  y  a  fort  longtemps  ei  doai  rorigioal  a  mi 
retreuvé  et  mis  eaire  net  mains  : 

•  Monsieur, 

«▼ousêvei  publié  en  f849,  une  brochure  par  lagnelle  voiie  Invites  M 
constructeurs  à  faire  usage  de  contre -poi>ls  aux  roues  motrices  des  lepemt- 
tives  servant  d'équilibre  aui  bielles,  aui  coussinets,  aux  pivots  et  aux 
moyeux. 

«  Bien  que  M.  Hasswell,  chef  des  ateliers  de  construction  de  Viene,  ail 
pris,  en  is47,  un  brevet  d'invention  pour  la  même  application  ;  on  n*y  aurait 
pas  mis  asseï  d'icuporiance  si  l'on  n'avait  appris,  par  voire  ouvrage,  la  grande 
aUllié  des  contre-poids  a<ilaptés  aux  roues  motrices. 

«  C'est  donc  principalement  depuis  cette  publication  que  l'on  a  générale- 
ment adopte  Udiie  iuéibode,ei  il  y  a  déjà  cent  (reiie  nouvelles  machines 
sorties  des  ateliers  de  la  Société  des  chemins  de  fer  de  6loggnilx,  qui  font  le 
service  sur  les  différentes  lignes  de  l'Autriche. 

«  Plusieurs  de  ces  machines  sont  employées  sur  le  chemin  de  fer  de  l'Etat, 
et  l'expérience'a  donné  les  plus  heureux  résultats;  surtout,  la  marche  de  odi 
dues  machines  est  d'une  parfaite  régularité. 

«  Monsieur,  nous  nous  acquiiion*  d'un  devoir,  vivement  senti  en  vous  tai- 
sant de»  reiuercluients  les  plus  empressés  pour  la  publication  de  votre  esU- 
nable  ouvrage. 

«  Yeuillei  agréer»  Mona leur,  raisorance  de  notre  considératloa  toots 

llDgiiéa. 

«  Signé  :  W.  BaostfV. 

«  A  M.  U  CbauUer,  Ingéaiear  an  ahaf  des  adaas.  • 


A  aOIT  lOUtS  GOO^LtËS.  67S 

nttméro  des  Jnnâlet  de$  minêi  de  1860  l'aniole  fJttbUê  pftr 
M.  NoUe&il  en  i8d8.  Mous  pensons  qa*il  eOt  été  de  aod  de^ol^ 
dé  mettre  en  regard  de  cette  pablicatiott  un  extrait  eiitlerde 
riiitrodaetiOD  à  la  brochure  de  18^9,  dans  lequel  i*auteur  ex- 
posait avec  la  loyauté  la  plus  complète  les  précédents  de  la 
question. 

Cet  extrait  est  conçu  dans  les  termes  suif  ants  : 

«  Ce  travail  était  déjà  très-avancé  lorsque  J*al  reçu  le  n*  âo 
do  Journal  d$s  chemins  de  fer  allemande  (s  octobre  i8â8),  qui 
renfermait  une  note  de  M.  NoUeau»  ingénieur  du  matériel  dtl 
chemin  de  fer  de  llolstein,  relative  au  même  sujet;  Fauteur  de 
cette  note  s^est  livré  à  des  recherches  sur  les  contre-poids  que 
Ton  applique  aux  roues  motrices  des  machines  locomotives,  et 
le  calcul,  confirmé  par  des  expériences  directes,  Tavait  con- 
duit à  la  plupart  des  résultats  que  J*ai  obtenus  de  mon  côté,  a 

a  Plus  tard,  enfin,  J'ai  eu  connaissance  du  compte  rendu 
d'une  séance  de  TinstlUit  anglais  des  ingénieurs-mécaniciens, 
dans  laquelle  la  question  a  été  traitée  au  point  de  vue  pratique. 
Je  n  ai  pas  renoncé  pour  cela  à  continuer  1  éiude  de  cette  ques- 
tioû,  qui  est  de  la  plus  haute  importance  pour  Tindustrie  des 
chemins  de  fer,  et  je  me  suis  appliqué  &  lui  donner  tous  les 
développements  qu'elle  comportait  Je  me  suis  éclairé  des 
conseils  et  des  renseignements  de  plusieurs  de  mes  amis  qui 
s'étaient  occupés,  de  leur  côté,  d'un  sujet  d'études  aussi  inté- 
ressant. C'est  donc  moins  un  travail  original  que  Je  présente 
ici  qu'un  résumé  de  toutes  les  connaissances  théoriques  et  et* 
pénmen taies  actuellement  acquises.  » 

La  question  en  était  à  ce  pomt,  lorsque  M.  Couche,  dans 
une  série  de  publications  insérées  dans  les  Annales  des  Che^ 
mins  de  fer  y  puis  dans  les  Annales  des  Mines^  est  vena  con- 
damner l'application  des  contre-poids  à  la  neutralisation  des 
perturbations  occasionnées  par  les  pièces  du  mécanisme  ani- 
mées d'un  mouvement  horizontal  ;  ce  qu'on  appelle  mainte- 
nant, pour  simplifier,  l'équilibre  horizontal. 

M.  Couche  n'a  rien  sjouté,  nous  semble-t-il,  aux  indications 
fournies  à  ce  sujet  par  l'auteur  de  la  brochure  de  18^9;  celui- 
ci  avait  en  effet  calculé,  sur  des  exemples  empruntés  h  la  pra- 
tique, la  valeur  numérique  des  réactions  produites  par  lé 
contre-poids  de  l'équilibre  horizontal,  et  mis  chaque  ingénieur 
en  mesure  de  se  rendre  compte  des  effets  résultant  de  son  ap- 
plication dans  chaque  cas  particulier. 


674  DES  MACHINES  LOCOMOTIVES 

Si  rexpérienee  qui  se  faisait  alors  sur  une  grande  écMUe 
eût  été  continuée,  les  ingéaleurs  des  compagnies  seraient  ar- 
rivés, par  TobsenratioD  de  tons  les  faits  révélés  par  le  service 
des  machines,  par  la  constatation  de  Tétat  des  bandages,  par 
Tobservation  des  faits  relatifs  à  la  voie,  à  connaître  quelles  li- 
mites, s'il  y  a  lieu,  il  cqpvenait  d'adapter  pour  les  machloei 
de  chaque  type.  Un  ingénieur  exprimait  Topiaion  qîiMl  n*y 
avait  aucun  inconvénient  à  attendre  des  pressions  exercées 
au  contact  des  bandages  et  des  rails,  par  le  développement 
instantané  de  réactions  dues  au  contre-poids  de  Téquilibre  ho- 
rizontal, pressions  dont  Tintensité  ne  pouvait  croître  qu*an- 
tant  que  leur  point  d'application  se  déplaçait  lui-même  avec 
une  vitesse  plus  considérable;  un  autre  exprimait  une  opinion 
diamétralement  opposée.  L'expérience  aurait  prononcé  entre 
ces  deux  opinions  divergentes'. 

Mais,  dès  qu'au  nom  de  la  science,  le  contre-poids  de  l'équi- 
libre horizontal  était  déclaré  inutile  et  même  dangereux,  d'une 
manière  générale  et  sans  distinction  des  cas  si  variés  qu'of- 
frent les  machines  locomotives  en  usage,  il  devait  nécessaire- 
ment se  produire  un  temps  d'arrêt  dans  l'étude  de  la  question. 
Gomment,  en  effet,  admettre  que,  sous  le  coup  de  cette  con- 
damnation lancée  de  si  haut  et  avec  tant  d'assurance,  bien 
que  dépourvue  de  preuves  directes  déduites  de  l'analyse  eu  de 
l'expérience,  les  ingénieurs  des  compagnies  continuassent  des 
applications  expérimentales  qui  auraient  engagé  leur  respon- 
sabilité personnelle  et  correctionnelle  de  la  manière  la  plus 
sérieuse? 

Dans  une  telle  situation,  il  n'y  avait  qu'à  s'abstenir,  et  c'est 
ce  qui  s'est  fait  généralement,  plus  ou  moins.  Si  nous  sommes 
bien  informé,  les  ingénieurs  des  Compagnies  et  les  construc- 
teurs suivent  maintenant  les  r^gles  les  plus  diverses,  ou  même 
procèdent  sans  règle  aucune,  dans  l'application  des  contre- 
poids ;  1  anarchie  la  plus  complète  s'est  mise  dans  cette  partie 
de  l'art  de  la  construction  des  machines  locomotives» 

Nous  eussions  compris  que  M.  Couche,  profitant  de  sa  posi- 
tion, eût  cherché  à  aller  plus  avant  que  ses  devanciers  dans 
l'étude  de  la  question;  qu'il  se  fût  efforcé  d'analyser.  Jusque 
dans  leurs  effets  réels,  les  variations  de  pression  dues  a 
contre-poids  de  l'équilibre  horizontal;  qu'il  eût  consacré  plu- 
sieurs années  à  faire  faire  sur  les  divers  types  de  machines 
des  expériences  complètes  et  décisives,  à  contrôler  ses  propres 


A   HUIT   nOUES   COUPLÉES.  676 

expériences  par  Texamen  et  par  la  discasslon  des  nombreux 
faits  antérieurement  constatés,  et  qui,  soit  dit  en  passant,  nous 
ont  toiy'ours  paru  contraires  à  ses  assertions.  Une  lumière 
plus  complète  se  serait  faite  sur  cette  question  capitale  ;  des 
règles  pratiques  auraient  pu  être  définitivement  formulées. 

En  se  bornant  &  affirmer,  sans  même  distinguer  les  cas  fort 
différents  qu'offre  la  pratique,  et  ayec  une  exagération  in- 
contestable pour  les  praticiens  qui  ont  fait  une  étude  sérieuse 
de  la  question,  la  condamnation  de  Téquilibre  horizontal, 
M.  Couche  a  fait  une  chose  contraire  aux  progrès  de  la  loco- 
motion. 


Les  observations  précédentes  avaient  été  adressées  à  la  com- 
mission des  Annales  des  mines^  lorsque  j'ai  reçu  d'elle  commu- 
nication de  répreuve  d'une  note  rectificative  de  M.  Couche  (1). 

Les  termes  mômes  de  cette  note  m'ont  décidé  à  ne  rien  mo- 
difier de  la  mienne.  En  voici  les  motifs  :  ce  qui  importe  dans  la 
discussion,  ce  n*est  pas  seulement  la  rectification  d'une  erreur, 
c'est  la  rectification  des  dispositions  qui  ont  été  la  conséquence 
immédiate  de  cette  erreur. 

Or  le  motif  capital  pour  lequel  M.  Couche  a  conseillé  de 
rendre  les  machines  dont  il  s'agit  indépendantes  de  leur 
tender,  n'ayant,  de  son  propre  aveu,  jamais  existé,  on  devait 
s'attendre  qu'il  renoncerait  à  la  séparation  de  la  machine  et 
du  tender;  et,  dans  tous  les  cas ,  à  l'emploi  d'un  lest  qui  en- 
traîne une  augmentation  de  poids  inutile  de  6.000  kll.  sur  les 
quatre  essieux  de  la  machine  indépendante. 

Loin  de  là  :  l'essieu  d'avant  du  tender  qui ,  dans  la  première 
phase  de  la  discussion,  était  exposé,  suivant  M.  Couche,  à  un 
énorme  excédant  de  charge  venant  de  la  machine,  ne  portera^ 
au  repos ,  absolument  rien  de  celle-ci^  ou  au  plus  i/3  de  son 
poids;  et  en  marche,  c*est  V essieu  d'arrière  de  la  machine  qui 
portera  une  grande  partie  du  poids  du  tender  luirmême  et  de 
son  approvisionnement  (a). 


(1)  Cette  note  a  été,  depais,  eomplétement  modifiée  par  son  aotear.  Mais 
l'opinion  qu'elle  exprimait  est  maintenoe,  et  eomme  les  termes  reproduits 
ici,  en  iuliqoe,  en  étaient  l'expression  textuelle,  Je  n'ai  rien  à  changer  à 
ces  dernières  obsenrations.  E.  P. 

(2)  Voir  mprà,  page  64 1,  le  textç  exact  de  la  noie  de  M.  Couche. 

(iVoto  du  rédacteur.) 

Toms  XVni,  1860.  U'4 


676  DES  MACHINES  LOGOMOTITBS,  ETC. 

En  sorte  que,  suivant  M.  Couche,  la  reeHfieaiion  iê  rerrmr 
*iir  le  mode  de  mUe  en  charge  des  eetieux  fait  reeiortir  biem 
plue  nettement  les  motifs  de  la  supériorité  de  la  maehin^ 
pendante  du  tender,  sur  celle  qui  est  accouplée  au  iender. 

Il  est  manifeste  que  cette  conclusion  repose  sur  une 
aussi  capitale  que  la  première,  â  la  simple  vue  de  la  maoblne 
ou  du  dessin  d*ensemble  qui  se  trouve  dans  les  ouvrages  spé- 
ciaux, il  est  facile  de  reconnaître  que  le  centre  de  gravité  du 
tender  est  plus  rapproché  de  Teasieu  d'arrière  de  cétuHsi ,  que 
de  l'essieu  d'avant;  de  telle  sorte  qu*ll  est  matérieUetteitt  im- 
possible qu'une  grande  partie  du  poids  du  tender  et  d»  itm 
approvisionnement  se  reporte,  en  marche,  sur  la  machine. 

Cette  situation  du  centre  de  gravité  du  tender  est  d'aillous 
nettement  accusée  par  les  pesées  (pages  656-657),  qui  montrent 
que  Tessieu  d'arrière  du  tender  porte,  à  plein,  a.&6o  kil.  de 
plus  que  celui  d'avant,  et  à  moitié  charge  d^eau  i.  iso  kil. 

C'est  donc,  encore  cette  fois,  sur  un  oubli  ou  une  erreur, 
dans  le  mode  de  mise  en  charge  des  essieux,  que  reposent  les 
prétendus  avantages  du  découplement 

Que  résulte-t-il  de  tout  ceci?  Que  H'.  Couche,  soui  Tin- 
fluence  de  craintes  imaginaires,  quant  aux  effets  de  la  liadson  de 
la  machine  avec  le  tender,  sur  les  bandages  et  sur  la  voie,  en  a 
conseillé  la  séparation  en  employant  un  moyen  qu*il  qualifiaft 
lui-même  de  mauvais  en  soi^  malst^nUl  croyait  nécessaire; 
que  ce  moyen  (le  lest)  a  accru  le  poids  de  la  machine  indépen- 
dante, non  pas  de  3.5oo  kil.»  comme  le  prévoyait  M.  Couche , 
mats  de  6.000  kil.,  absolument  inutiles  à  la  production  de  la 
force  motrice;  qu'en  conséquence,  loin  d'alléger  le  poids  porté 
par  les  essieux,  il  l'a  notablement  augmenté;  et  que,  loin 
d'aider  &  l'égale  répartition  du  poids  de  la  machine  entre  les 
essieux,  il  le  détruit  par  Tinstabilité  du  système. 

U  est  donc  permis  de  conclure  que  l'expérience  et  la  discos- 
sion  ont  aussi  bien  constaté  Tabsence  du  mal,  qu^éUes  en  ont 
condamné  le  remède. 


TABLE  0S3  llÂT]ta£S«  677 


s^ae 


TABLE  DES  MATIÈRES 


DU  TOME  DIX-HUITIÊIIB. 


MIRÉRAIiOGIB.  —  GÉOLOGIE. 

GoosidéFations  snr  Topposition  qae  Ton  obierve  souvent 
daDS  to  Alpes,  entre  Tordre  stratigraphique  des  eoucbes 
et  leaps caractères  paléontologiques;  suivies  d'un  nou-  . 
vel  exemple  de  cette  opposition;  par  M.  S.  GrcLs,  in- 
génieur en  chef  des  mines 17 

Hecherches  de  Tazote  et  des  matières  organiques  dans 
récorce  terrestre;  par  M.  Deleiscy  ingénieur  des  mines. 

Première  partie 161 

Deuxième  partie. «    «19 

MÉTALLURGIE.  —  MINÉRALURGIE. 

Sur  un  procédé  usité  en  France  pour  le  soudage  de  la 
fonte;  par  M.  Meugy^  ingénieur  en  chef  des  mines. .  .      69 

De  la  métallurgie  du  platine  et  des  métaux  qui  Taccom- 
pagoeni;  par  MU.  £L  SaiwU^Claire  Dwille^  mattre  de 
conférenees  à  l'Èeole  des  mlnes^  et  H.  Dehray. 

Première  partie 71 

Deuxième  partie 535 

ÂfBinage  de  la  fonte  pour  fer  et  acier  par  le  procédé  Bes- 
eemer;  parM^  ^ruiier,  ingénieur  en  chef,  proteseurà 
l*École  des  mines. .....•.«»»...    K5 


V 


VÉGAIIIQUE.  —  EXPLOITATION. 

De  rinfiuence  de  la  suspension  à  lames  sur  le  mouvement 
du  pendule  conique;  par  M.  Résal,  ingénieur  des 
mines • •  .       1 

Grue  roulante  à  vapeur;  par  M.  QuiUaeq.  •  •  • 56 


678  TABLE  DBS   MATIÈBE8. 

Détennination  da  coefficient  d^élasticité  de  ralnminium; 
par  MM.  Marin  et  Tresea. 65 

Procédé  Kind.  —  Travaux  exécutés  en  Belgique  ;  par 
M.  Chaudron,  ingénieur  au  corps  des  mines  de  Bel- 
gique  • A55 

Théorie  du  régulateur  Duvoir;  par  M.  Haton  de  la  Gtm- 
ptUiértf  ingénieur  des  mines bjS 

COR STRfJGTlOir.  •—  GHBM UfS  DE  FER. 

Notloe  sur  la  machine  locomotive  du  système  Beugniot; 

par  M.  Le  Bleu,  ingénieur  des  mines. 599 

Des  machines  locomotives  à  huit  roues  couplées;  par 

M.  FiadMt 655 

OBJETS  niVEBS. 

Recettes  divisées  en  ancien  et  nouveau  réseau  des  che- 
mins de  fer  français  pendant  le  trimestre  1860 67 

Programme  des  prix  proposés  par  la  Société  industrielle 
de  Mulhouse feo3 


(s*  Mmattn  isM.) 

Reeettat,  divlféei  en  aiid«Ds  et  noaTeenx  réeeiu,  des  ebealn  de  te 
frtnçaii  pendent  les  années  itS9  et  iiee,  MT.  —  AddIUen  à  la  nele 
snr  les  maehines  à  hait  looes  eoaplées,  insérée  à  la  page  4et  dn 
terne  précédent,  64i.^  Minéraux  deslllens  nétalUféres  de  Pielbeii, 

64». 

Table  des  matières  du  tome  XVm • 677 

Explication  des  planches  du  tome  XYin 679 

Errata  dn  tome  XYIIL 661 


EXPUGATION  DES  PLANCHES.  679 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


DU  TOMB  Dn-HUITIÊKE. 


PI.  I. 

fig.  1  et  3.  Dtf  Vinfluenee  de  la  sHipmtUm  à  lamièê  «tir  I0 
mouvwMnt  dupindule  eonigtia I 

fig.  Z  à  1.  Grtêê  roulante  à  vapeur 55 

lig.  8.  Procédé  employé  à  Alaie  pour  le  eoudage  de$  pUeee 
de  fonie 59 

PKD. 

Oppoeition  obeervée  dans  Um  Alpet  entre  Tordre  ttraHgra- 
phique  de»  couchée  et  leure  caractères  paléontologiquee»  •      17 

/t^.  1  à  4  et  1  à  5.  Carte  et  eovpes  géologiques  de  la  vallée 
<f£nframonr(Sa?oie) 17 

fig,  0  à  9.  Affinage  de  la  fonte  par  le  procédé  Bessemer,  .  .    553 

PI.  m  et  IV.  Métallurgie  duplaiine  et  des  métaux  qui  Vaecom- 
pagnent,  1"*  parHe 71 

Suile  et  Un 835 

PI.  V,  VI  et  Vil  (1) 485 

Procédé  Kind,  —  Travawo  exécutés  en  Belgique 485 

Flg,  1.  Coope  reiticale  de  la  tonr  de  sondage,  du  hfttiment  des  ma- 
chines et  do  pDlts  en  ayaleresse  ; 

p  Puits  préparatoire  de  1", 37  de  diamètre; 

P  Grand  pnlts  de  A"^  de  diamètre; 

T  Grand  trépan*  dans  la  position  qu'il  occupe  au  fond  du 

puits,  lorsqu'il  fonctionne; 
g  Glissière )  S  tige  de  sondage; 
HH  Plancher  de  travail  dit  Plancher  de  manesuvre; 

L  Levier  en  bois  attaché  an  tourne-tonde; 
H'H'  Premier  plancher  de  seryice  pour  la  manœuvre  des  outils; 

(1)  Cas  trois  plancbei  portent  par  erreur  daot  le  teite  les  n**  !>  Il  et  III. 


680  BIPtlGATIOll  DBS  FUNOIU. 

H"H"  Second  plancher  de  eenriee  pour  la  aaspenahm  de  tigea  de 
aondage; 
m  Cylindre  batteur; 
6b  Balancier  de  cette  macbine; 
ee  Pièce  élastique  ou  de  eontr&-eonp(ooiikm-ibB]«neler}; 
m'  Machine-cabestan; 
n  Contre-poids  d'éqniilbre. 

Fiff,  2.  Coupe  Terticale  de  la  tour  de  sondage  et  de  la  baraque  des 
trépans; 

HH  Plancher  de  trayail; 
WW  Chemin  de  fer  pour  faire  rouler  les  outils; 
I  Petit  trépan  en  repos, 

q  Cailler  de  draguage  représentée  an  moment  de  la  Tider; 
H  ExcaVation  où  l*on  a  installé  la  cuve  d'essai  des  pièces  de 

cuTelage  après  que  le  travail  de  sondage  était  terminé; 
KM  Barre  de  suspension  des  tiges. 

Fig.  d.  Coupe  horizontale  de  tous  les  bâtiments  de  sondage; 

A  Tour  de  sondage  en  maçonnerie; 
B  Baraque  des  trépans} 
C,D,E,F»  Bâtiment  où  se  trouvent  placés:  le  eyliodre  battenr 

en  C,  la  machine-cabestan  en  D,  la  machine  allmoitalre 

en  E,  et  la  chaudjère  à  vapeur  en  F  ; 
G  Forge  pour  la  réparation  des  outils. 

Fig,  4.  Coupe  du  cuvelage  suspendu  sur  la  charpente,  au  moment 
où  il  va  toucher  le  fond  du  puits  ; 

p  Puits  préparatoire  prolongé  de  2  â  8  mètres  au  delà  du  grand 

puits  ;  .... 

P  Puits  foré  an  diamètre  de  4'",2S. 

C  Tronçons  de  la  partie  inférieure  du  cnvelage; 

B  Boite  â  mousse  non  encore  fermée  ; 

F  Fond;  T  tube  d*équiiibre,  R  trou  à  vis  servant  à  faire  entrer 

Teau  dans  le  cuvelage  i 

H  Cercle  d'attache  du  cuvelage  aux  tiges  de  suspension  S; 

V  Vis  d'allongement;  M.  cabestan  pour  les  mettre  en  mouve- 
ment; 

G  Charpente  de  suspension. 

Fig.  5.  Projection  horizontale  du  plancher  eu  sont  installés  les  six 
eabest^ns  servant  à  la  descente  du  cuvelage. 

Fig.  6.  Grand  trépan  :  Llame  principale  (en  ader]  portant  les  dents 
6  bras  du  trépan  ;  A  arbre  du  trépan  ;  R  bagues  placées 
sur  l'arbre  pour  en  éviter  Tusure  que  produiraient  les 
guides  suspendues; 
G  Guides  ûxes;  G'  guides  suspendues. 


EXFUGATIOK  DES  PUlIGHBa,  68 1 

MHg.  7,8«ie.  LuM de  trépM,  giiidM fixai tt gnlto  •mpenlMi. 
Fig.  10.  PnJtetioQ  de  l'arlure  et  des  bru  dm  trépeo. 

PL.  VI.  Même  mtjii. 


ir 


Fi§.  11  9ê  18.  Peut  trépani 


L  Lame  prindpale;  L' lame  éqnarisiêiue; 
6  Guides  fixes; 

Fig.  12,  14  «r  15.  Détails  des  lames  et  des  guides. 
Fig.  16.  Dents  de  la  lame  équarissense; 
Fig.  17.  Dents  de  la  tête  da  trépan. 
Fig.  18.  Dents  da  milieu. 

Fig.  19  0t  20.  Tige  de  sondage  :  S  tige  en  bois,  F  ferrement. 
Fig.  21  si  22.  TounieHK>nde  s  h  levier  en  bois  poqr  faire  toorner  le 
trépan* 

Fig,  23  se  24.  Vis  d'allongement 

Fig,  36  et  26.  Chaîne  de  suspension  de  l'appareil  de  sondage  an  ba- 
lancier du  cylindre  battenr. 

Fig,  27|  28,  29  et  30.  Détails  de  la  glissière  placée  entre  le  trépan 
et  la  tige  de  soudage  :  D  douille  d'assemblage  du  trépan  À 
la  glissière  ;  F  partie  inférieure  de  la  glissière,  portant  la 
rainure  R  -,  M  partie  supérieure  dite  iè  mêk$  portant  le  te- 
non T  ;  8  tige  d'aaBeBri>lage  en  tar. 

Fig.  31.  Clef  servant  k  dévisser  les  tiges  de  sondage. 
Fig.  32.  Anneau  attaché  à  l'extrémité  du  câble  d'extraction. 
Fig.  83  al  84.  Pènrehe  pom:  snspendre  les  ttges  sur  le  planaliar  de 
travaU  ou  sur  les  chariots» 

Fig,  35-  Crochet  pour  snspendre  les  tiges  sor  l'arbre  placé  en  haut 
de  la  tour. 

Fig.  30,  37  et  38.  Cuiller  de  draguage  :  C  cylindre  en  tOlei  A  anse 
rivée  à  ce  cylindre;  B  anse  ûxé»  à  la  tige  de  suspension 
et  attaohée  an  boulon  qui  paase  par  le  centrfi  de  gravité 
du  cylindre;  T  boulon  et  T' taquet avee  idavette  au  moyen 
desquels  on  peut  empêcher  la  cuiller  de  bMculer;  SS 
clapets  filés  an  fond  du  cylindre. 

Fig.  39  et  40.  Vérin.  Les  deux  parties  sont  nwblles  autour  de  l'axe 
A  et  se  rapprochent  par  le  mouvement  de  la  tIs  V  ;  T  ou- 
verture centrale  qui  s'élargit  ou  se  rétrécit,  selon  que 
l'on  fait  marcher  la  vis  dans  an  sens  ou  dans  Tautre. 

Fig.  41  ei  42.  Projet  d'un  assemblage  à  eiaTOttes  pour  rénnir  ie  tré- 
pan et  la  glissière. 


682  EXPUCATION  DES  PLANCHES. 

Fig,  4S,  44.  Dngoeor  :  cet  Imtmment  est  fonné  de  denx  pullct  : 
!•  la  eallter  G,  la  tige  double  SS,  rendue  lolldaire  de  la 
travene  à  charnière  B  et  les  deax  pistons  p  attachés  à 
cette  trsTerse  ;  2*  la  tige  S'S'  solidaire  de  la  diamlère  V, 
à  Isquelle  sont  articnlés  les  bras  à  palettes  Vfù,  TT  boa- 
Ions  des  mâchoires  dans  lesquelles  frottent  les  platona  ec 
fixes  à  la  tige  S'S'. 

Fig.  45*  Cuiller  pour  aller  à  fond. 

Fig.  46.  Crochet  connu  sons  le  nom  de  Ump,  eerrant  à  mooMiim 
la  cuiller. 

Pig.  47  se  48.  Crochet  de  saint. 
PI.  VII.  Fig.  49  à  72.  Mêm  ntfef. 

Fig.  49  SI  50.  Grappin  formé  de  denx  parties  :  l*la  tige  SS  nodoe 
solidaire  da  parallélogramme  BB,  qui  porte  les  griffes  GG; 
2*  la  tige  double  S'S'  qui  porte  la  traTorse  oo,  et  les  deux 
eroehets  CC,  auxquels  on  attache  les  cordes  pour  la  ma- 
nœuvre. 

Fig»  51  el  S2.  Fanehère,  formée  aussi  de  denx  parties  :  f  •  la  tige  S8B 
qui  est  fixée  sur  le  sabot  B  ;  2*  les  deux  mâchoires  deo- 
telées  MM,  qui  sont  retenues  par  le  manchon  P. 

Fig*  68.  Cuve  d'essai  :  A,  cove  en  tôle;  B  tronçon  du  euvélage  sou- 
mis â  Fessai  ;  C  plateau  fermant  Tespaee  annulaire;  DDD 
agrafes  serrant  les  Joints;  F  tujau  de  la  pompe  hydrau- 
lique. 

Fig.  64.  Fond  d'équilibre  A  fond;  B  plateau;  C  cuTélage. 

Fig.  66.  Botte  â  mousse  :  A  sabot  en  bols;  B  cylindre  en  foule  sus- 
pendu par  les  tiges  C;  D  tronçon  Inférieur  du  eofaiasBt 
ff  segments  en  tôle;  g  filet;  K  espace  rempli  de  mousse. 

Fig.  66.  Partie  supérienre  du  eutelage  :  AA  plateaux  d'ancngs; 
BB  tronçons  du  euvelage;  M  maçonnerie;  N  bétonnage. 

Fig*  67  «1  68.  Outil  pour  nettoyer  le  fond  du  puits.  Les  bras  BB 
sont  mobiles  autour  des  charnières  GG. 

Fig.  69  à  64.  Cabestans  à  engrenages  et  tiges  de  suspension  pour  des* 
cendre  le  cuvelage  :  A  engrenage.  B  manivelle;  V  Tlsd*al« 
longement  terminée  par  l'étrler  G;  D  allonge  des  tiges  de 
suspension  ;  F  partie  inférieure  de  la  tige  attachée  au  cercle 
avec  son  écrou  E, 

Fig.  66  <f  66.  Cercle  d'attache  des  tiges  de  suspension  du  envelage. 

Fig.  67  <f  68.  Cuiller  de  bétonnage  :  A  caiase;  B  piston  ;  S  tige  du 
piston;  S' tige  de  suspension  de  la  eniiler  t  a  clou  d'arrêt. 


! 

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EXPLICATION    DES  PLANCHES.  68$ 

Fig»  69  ei  70.  GoDttnaatloD  de  la  tige  dn  piston  de  la  coUler  : 
G  œillet  aaqnel  on  attache  la  eorde  pour  le  jeo  da  piston. 

Fig»  71.  Ëtrier  pour  saisir  les  allooges  de  la  tige  de  suspension  de 
la  cuiller  et  allonge  de  la  tige  de  suspension. 

Fig.  72.  Partie  inférieure  dn  puits  d'aérage  de  Péronnes  :  A  cnte- 
lage  en  fonte  ;  B  boite  à  mousse  fermée;  G  tonne  de  bois  ; 
D  trousses  picotées  ;  F  tonne  de  maçonnerie;  G  bétonnage 
fait  derrière  le  reyétement. 

Fig.  73  et  74.  Détails  dé  la  connexion  entre  la  machine  et  le 
tender  danê  tes  locomotives  du  système  Engerih 
modifié 641  et    658 

Fig.  75d79.  Théorie  du  r égtUateur  Duvoir $75 

PI.  V11I  et  IX.  Locomotive  de  montagne,  système  Beugniot»  •  .    699 


IMUTA  nu  TOME  XTIII. 

Les  PI.  y,  VI  et  VII  portent  à  tort,  dans  le  texte  da  mémoire  do 
M.  Chaudron»  les  n**  1, 11  et  III. 

Page  641,  ligne  4«,  au  liou  de  :  oet  essien,  liset  :  le  quatrième  essieu. 

Page  644,  ligne  lO",  à  partir  du  bas,  au  liou  de  :  4 .000  tonnes,  Ussm  : 
4.000  UlQg. 


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Paris.  —  Imprimé  par  E.  TiimoT  tt  C*,  rut  Racine,  36^ 


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