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Full text of "Annales des sciences naturelles"

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PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE. 


M. J. COSTANTIN 


TOME II. — N°1 


MASSON ET € Cr, ÉDITEURS 


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BRAIRES DE L° AGADÉMIE DE MÉDECINE 


120, Boulevard Saint-Germain 


pi. 1921 


Dr 


Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles 


: BOTANIQUE 
Publiée sous la direction de M. J. CoSTANTIN. 


L'abonnement est fait pour 1 volume gr. in-8, avec planches et 
figures dans le texte. | 


Ce volume parait en plusieurs taste. | 


ZOOLOGIE | 


Publiée sous la direction de M. EnmoND PERRIER. | 
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et figures dans le texte. ue 
Ce volume parait en plusieurs fascicules. 


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France : 40 francs. — Union postale : 40 francs. 


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Premibre Série (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Épuisée.) 


DEuxIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. (Rare.) 
TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. - 450 fr. 
(Les années 1844 et 1853 sont épuisées.) 
QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 278 0: 
(Les années 1854 et 1863 sont épuisées.) 
CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). : Chaque partie, 20 vol. aio fr: 
SIXIÈME SÉRIE (1874-1885). Chaque partie, 20 vol. et eh; 
SEPTIÈME SÉRIE (1885-1894). Chaque partie, 20 vol. 390 fr. 
Hurritme Série (1895-1904). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. 
NEUVIÈME SÉRIE (1905-1917). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. 
Dixième SÉRIE (1919-1920), Tomes Let II. He 40 fr. 


ANNALES DES SCIENCES GEOLOGIQUES 
Dirigées par MM. Hégerr et A. Mitne-Epwarps. 
‘Tomes I à XXII (1879-1891). Chaque volume............... 20 fr. 
| D ROMA ES yk ee nee . 440 fr. 
Cette publication a été remplacée par le | 
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| | publiées sous:la direction di 
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Paris et Départements... 50 fr. — Etr 
Le Fascicule : 1 


ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES 


BOTANIQUE - 


F. COMPRENANT ey 
y= 6 7a 
L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION 
ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX 


PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE 


MU. SCOSTANTIN 


DIXIÈME SÉRIE 


TOME HI 


PARIS 
MASSON ET Cie, ÉDITEURS 


LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 


120. Boulevard Saint-Germain 


1924 


y 
f EAN 


ot Tous droits de traduction et 


Frs 


Ar alu, 


© RECHERCHES 


DÉVELOPPEMENT DE LA FEUILLE 
| DES MOUSSES 


M. POTTIER 


Recherches sur le développement 
de la feuille des Mousses 


Avant d'exposer mes recherches personnelles, il me semble 
indispensable de faire un résumé complet des travaux déjà 
parus sur le développement de la feuille des Mousses. 

Le premier botaniste, à ma connaissance, qui s’occupa de 
cette question fut le Belge Charles Morren en 1840 (1). 

Il choisit pour objet l’Aypnum lucens L. plus connu aujour- 
d’hui sous le nom de Pterygophyllum lucens (L.) Bridel. 

Il se représentait le cloisonnement d’une feuille de cette 
espèce comme celui d’un sac embryonnaire de Phanérogame 
angiosperme, c’est-à-dire allant des bords vers le centre. Son 
erreur provient de ce qu'il n’employait aucun réactif: ni colo- 
rant, ni fixateur, ni même d’éclaircissants. Il prit pour une 
simple cellule ce qui, en réalité, constituait déjà une feuille 
très jeune. Les cloisons cellulaires n'étaient visibles pour lui 
qu'au moment ou elles commencaient à changer de nature 
chimique ; ce qui est le premier signe de leur différenciation. 

Le plus ancien auteur qui ait étudié cette embryogénie a 
donc fait des constations complètement en accord avec mes 
conclusions : à savoir, que ce sont les bords de la feuille et la 
pointe qui se différencient en premier lieu. 

I] observa que, dans une feuille de 1 millimètre de longueur, 
les cellules sont presque toutes carrées et plus petites au mi- 
lieu que sur les bords ; et même que le contenu de ces cel- 
lules marginales est moins dense que celui des cellules mé- 
dianes. À un stade plus avancé ce serait l'inverse qui aurait 
lieu. Ce dernier processus doit être du à ce que la forme défi- 
nitive de la feuille de l’Æypnum lucens L. est très élargie. Nous 


I 


— 7 — 


verrons en étudiant le Mnèum punctatum (L., Schreb.) Hedw., 
dont la feuille est également très arrondie, qu’à la fin du déve- 
loppement la croissance est maxima à la périphérie. Cependant — 
la marge elle-méme et la cellule initiale, qui n’est autre qu’une 
cellule de marge située 4 la pointe, cessent leur développe- 
ment de tres bonne heure. Ce dernier exemple a permis néan- 
moins a Nageli de donner une apparence de vraisemblance a 
ses vues erronées. | 

Schleiden en 1845 avoue dans sa Morphologie que les cor 
naissances de son temps sur cette question laissent beaucoup 
a désirer. 

C’est à cette époque que Carl Nägeli (2), dans une revue pu 
bliée en collaboration avec M. J. Schleiden, attaque les théo 
ries de ce dernier sur le développement de la feuille des 
Mousses. 

Schleiden prétendait que la pointe serait toujours la partie la 
plus âgée d’une feuille et que cet organe serait poussé hors 
de la tige. 

Pour Nigeli la feuille serait formée à l’origine d’une seule 
cellule placée sur le côté de la pointe de la tige. Il aurait 
observé celle cellule chez Sphagnum (Dill.) Ehrh., Hypnum 
lycopodioides Sanio, Phascum cuspidatum Schreb., Leskea com- 
planata Hedw. Il décrit (/oc. cit, p. 178 à 181) et figure (Loc. 
cit., pl. Il, fig. 15 à 20) le développement de la feuille chez 
Phascum cuspidatum Schreb. et Leskea complanata Hedw. — 

Les figures 15 a 20 de son travail représentent des jeunes 
feuilles de Phascum cuspidatum Schreb. vues de face. Il ressort 
de leur inspection que la cellule initiale a 2 pans de la feuille 
émet 2 files de segments séparés par une ligne en zig-zag déli- 
imitant la file de segments de droite de celle de gauche. En exa- 
minant ces segments des plus jeunes aux plus agés on peut se 
rendre compte de la manière dont se produit le développement 
de chacun d’eux. La premiere cloison qui se forme dans un 
segment est parallèle au bord libre de la feuille et divise done 
le segment en deux cellules : l’une marginale et l’autre interne. 
Dans un segment plus âgé on voit la cellule marginale divisée 
par une cloison perpendiculaire au bord de la feuille, alors 
que la cellule interne est restée indivise. 


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Dans un segment encore plus agé la cellule interne est 
toujours indivise, alors que les 2 cellules issues de la cellule 
marginale se sont chacune divisées en 2 cellules par des cloi 
sons parallèles au bord de la feuille. J’ai décrit ce développe- 
ment d’après les figures 15, 16 et 17 de la planche II de ce 
travail. Les figures 18, 19 et 20 représentent des pointes de 
feuilles plus âgées montrant un deuxième type de développe- 
ment. Il ressort de ces dessins que la première cloison qui 
apparait dans la cellule appelée par moi interne est parallèle 
au bord de la feuille et apparait d’une facon plus précoce que 
dans le premier type. Je n’insisterai pas davantage sur ces 
2 modes de développement que Nageli exprime par des for- 
mules. On retrouverait toujours chez les Mousses soit l’un 
soit l’autre et ils alterneraient entre eux suivant les parties 
de la feuille, les individus, les especes et les genres. On ren- 
contrerait surtout le premier type lorsque l’initiale de la feuille 
est allongée dans le sens du plan de symétrie de celle-ci. J’ai 
remarqué dans les dessins de Nägeli l’asymétrie des 2 côtés 
de la feuille, mais il n’en parle pas. 

Il fait plus loin une très juste critique du travail de Morren 
et remarque que des feuilles de Mousses ayant 1/4 ou 1/3 d 
millimètre sont déjà formées de nombreuses cellules et non 
d’une seule comme le prétendait l’auteur belge. Nägeli a entre- 
pris de vérifier ces résultats chez Hypnum lycopodioides Sanio Il 
a constaté que des feuilles longues de 1/9 à 1/13 de millimètre 
ont déjà formé toutes leurs cellules et possèdent l’aspect de 
feuilles adultes. I] a vu au début la croissance progresser 
suivant le mode centripète à partir de la pointe et des bords 
de la feuille. Ceci expliquerait pourquoi les cellules internes 
auraient déjà un contenu vert alors que les cellules externes 
seraient encore remplies d’une substance mucoide incolore. 
Mais à ce premier stade en succéderait un autre (décrit page 
184 et 185 de son travail) pendant lequel les cellules devien- 
draient plus grandes, les membranes plus épaisses ; de la 
substance extracellulaire serait sécrétée et donnerait aux 
parois leur double contour. Le contenu cellulaire deviendrait 
nettement granuleux, les plastides chlorophylliens apparai- 
traient et s’appliqueraient contre les parois cellulaires dont le 


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contenu muqueux se transformerait en un liquide clair comme 
de l’eau. Ce que je retiens surtout dans la description de 
Nägeli c’est que ce seraient les cellules supérieures qui s’étire- _ 
raient et transformeraient leur contenu tout d’abord. Cette. 
métamorphose progresserait de cellule en cellule vers la base 
de la feuille. Les cellules inférieures seraient encore petites 
et munies de membranes délicates avec un contenu muqueux 
peu coloré alors que les cellules supérieures seraient beau- 
coup plus grandes, contiendraient un liquide clair comme de 
l’eau et des grains de chlorophylle contre les parois. Nägeli 
conclut que la multiplication cellulaire progresse de la base 
vers la pointe tandis que la croissance des cellules se produit 
d’abord à la pointe et se transmet ensuite a la base. Il prétend 
que Schleiden a tort de soutenir que les cellules inférieures de 
la base d’une jeune feuille, qui sont encore petites et à plasma 
homogène, soient susceptibles de se multiplier. 

Dans la deuxième édition de ses Grundzüge (3) Schleiden 
en 1846 n’avait pas encore composé sa réplique. Il dit simple- 
ment (page 66 de la 2° partie) que ses recherches sur l’origine: 
des feuilles sont encore très fragmentaires, mais montreraient, 
tout au moins d’une facon certaine chez Sphagnum (Dill.) Ehrh., 
que la feuille des Mousses est poussée hors de l’axe, ce qui 
serait aussi le cas chez les Phanérogames. 

En 1849 (4) il écrivit une thèse en latin ou il décrivit le 
développement de la feuille du Sphagnum squarrosum Pers. in 
Schrad.. Il recommenca cette description en allemand dans la 
troisième édition de ses Grundzuge (3) (pages 56 à 58) et en 1861 
dans la quatrième édition (identique à la précédente). 

Schleiden aurait choisi le Sphagnum (Dill.) Ehrh. comme 
matériel d’études à cause de la disposition spéciale des cellu- 
les de la feuille adulte. Cette particularité permettrait de faire: 
des observations plus sûres que dans les feuilles à cellules à 
peu près toutes semblables entre elles. 

Il distingue trois stades dans le développement de la feuille : 
le premier processus de multiplication cellulaire se produirait 
à la pointe de la tige, d’ou les cellules nouvellement formées 
seraient repoussées (hervorgeschoben). Puis vient un processus 
de formation de cellules-filles de premier ordre, commençant 


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par la cellule terminale et gagnant la base de la feuille. Enfin 
il se produirait dans ces dernières cellules une nouvelle for 
mation de cellules-filles de deuxième degré, qui se distingue- 
raient facilement des premières par leur disposition particu- 
lière. Cette deuxième multiplication n’affecterait aucune des 
cellules du bord de la feuille (la cellule terminale de la feuille 
étant comprise dans celles-ci), mais elle commencerait dans la 
cellule située immédiatement sous la cellule terminale et se 
propagerait de là peu à peu vers la base et en même temps du 
bord vers le milieu; de telle sorte que le groupe de cellules 
en état de multiplication formerait un triangle dont la base 
coïnciderait avec la base de la feuille et qui irait toujours en 
diminuant. Ayant ainsi tracé les grandes lignes il reprend 
chaque phase en détail. 

La feuille naitrait sous forme d’une seule cellule, à côté 
de la cellule initiale de la tige. Bientôt apparaitraient deux 
autres cellules, de chaque côté de cette initiale de la feuille. 
Schleiden soutient l’idée quelque peu étrange que ces deux 
cellules seraient expulsées hors de la tige. Il l’appuie sur le 
fait qu'il n’a jamais pu observer un stade ou ces deux cellu- 
les auraient été plus petites que l’initiale de la feuille et ou les 
cloisons qui les séparent de celle-ci auraient été plus minces 
que les autres. Nous verrons plus loin la réponse de Nägeli 
à ces assertions. 

Au deuxième stade les cellules se multiplieraient si rapide- 
ment que Schleiden crut voir souvent des cellules se diviser 
simultanément en quatre. 

Aussitôt que ce deuxième processus de formation cellulaire 
aurait cessé à la pointe de la feuille, et avant même qu'il n’ait 
abandonné la base, commencerait le dernier stade de multipli- 
cation. Il se distinguerait des précédents en ce qu’il n’affecte- 
rait pour ainsi dire pas la cellule terminale et les cellules 
marginales. Ces dernières ne feraient que s’allonger. Chaque 
cellule subissant ce dernier mode de division donnerait trois 
cellules-filles, placées de telle sorte que l’une d’elles confondrait 
un de ses côtés avec celui de la cellule-mère, les deux autres 
étant placées l’une à côté de l’autre, perpendiculairement 
à cette longue cellule. De ces trois cellules-filles l’une devien- 


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drait une cellule vide tandis que les deux autres s’allonge- 
raient et donneraient les cellules chlorophylliennes qui par- 
courent la feuille en forme de réseau. Ce dernier processus, 
comme tous les autres, commencerait a la pointe de la feuille 
et se propagerait vers la base. Les cellules les plus agées de 
la feuille seraient toujours a la pointe (sauf évidemment 
quand un nouveau processus de division commence à la 
pointe, ce qu'il omet de faire remarquer). 

Schleiden apporte enfin un dernier argument à sa concep- 
tion par l’emploi de réactifs chimiques. Il remarque qu’en 
faisant agir sur différents tissus cellulaires de l’iode dissous 
dans l’iodure de potassium, et en traitant ensuite par l’acide 
sulfurique moyennement concentré, les jeunes cloisons. 
conservent une couleur jaune, même après des heures, 
tandis que les vieilles parois se colorent en un beau 
bleu de violette (Veilchenblau). Les membranes d’âge moyen 
prennent par ce réactif toutes les teintes intermédiaires, telles 
que le rouge vin. En faisant agir ce colorant sur des feuilles de 
Sphagnum (Dill.) Ehrh., Schleiden constate que, sans exception, 
la pointe de la feuille se colore dés sa formation en rouge vin 
tirant sur le bleu, tandis que les cellules de la base apparaissent 
toujours colorées en jaune jusqu’à la fin du développement de la 
feuille. Ces dernières seraient donc toujours les plus jeunes. 

Je dirai maintenant un mot de la thèse de Schimper (5) 
soutenue en 1848. Elle n’apporta guère de résultats nouveaux. 
Il a étudié principalement les Sphagnum(Düill.) Ehrh. parce que 
les jeunes bourgeons en sont plus faciles à isoler et qu'il 
espérait expliquer la structure anormale de leurs feuilles 
(Les derniers travaux de Schleiden ne devaient paraître en 
effet que l’année suivante. J’en ai parlé précédemment pour 
ne pas trop séparer son travail de celui de Nägeli). Schimper 
a étendu ses recherches à quelques autres Mousses: le Poly 
trichum formosum Hedw., le Diphyscium folosum Mohr. et le 
Fontinalis antipyretica L. Mais il ne dit rien qui mérite d’être 
signalé. 

Il écrit cependant page 84 de son travail à propos desfigures 
7 et 8: « Jeunes feuilles dont une partie des cellules s’est déjà 
constituée en dents; pour montrer que la partie supérieure 


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des feuilles acquiert son développement complet avant que la 
partie inférieure soit formée. » Mais ce qu'il entend par déve- 
loppement est sans doute la différenciation. 

En 1851 parut le fameux travail d'Hofmeister (6) dans Biel 
il étudia encore le Sphagnum (Dill.) Ehrh. puis la curieuse 
feuille du Fissidens Hedw. 

La feuille de Sphagnum (Dill.) Ehrh. (loc. ct., p. 62) se for- 
merait au moyen d’une initiale à 2 pans perpendiculaires l’un 
sur l’autre. Hofmeister place la fin de l’activité fonctionnelle de 
cette initiale juste au moment où commencent à se produire les 
divisions des cellules mères qui donneront chacune 2 cellules 
chlorophylliennes et une cellule vide. Ce dernier processus 
commencerait à la pointe de la feuille et gagnerait rapidement 
la base en épargnant les bords. L’allongement des cellules a 
chlorophylle se propagerait de même de la pointe à la base. 
Les cellules du bord de la feuille se diviseraient une seule 
fois et seulement en partie au moyen de cloisons perpendicu- 
laires au bord de la feuille. Toutes les cellules auraient, au 
début, possédé de la chlorophylle, mais celle-ci disparaitrait 
bientôt dans les futures cellules vides tandis qu’elle se multi- 
plierait dans les autres. La feuille prendrait de plus en plus 
une forme concave. Les fibres et cercles spiraux apparaitraient 
enfin dans les cellules qui ont perdu leur chlorophylle. Il se 
produirait quelquefois une division supplémentaire de ces 
cellules vides avant l’apparition des ornementations. Il arrive- 
rait aussi que de nombreuses cellules chlorophylliennes se 
fragmentent par des cloisons transversales. 

Hofmeister fait une intéressante comparaison entre ce mode 
de développement et la formation des feuilles de la plupart des 
autres Mousses telles que: Phascum Schreb., Bryum Dill., 
Hypnum Will., Polytrichum Dill. décrites par Nägeli. D’après 
Hofmeister il y aurait entre le développement de la feuille de 
Sphagnum (Dill.) Ehrh. et celui de ces dernières une impor- 
tante différence. On ne pourrait en effet constater chez 
Sphagnum (Dill.) Ehrh. de divisions cellulaires dans la base 
foliaire après que l’initiale de la feuille aurait cessé son fonc- 
tionnement; ala dernière division de Vinitiale, le bord de la 
feuille aurait un nombre presque constant de cellules (très 


ee Ae 

régulièrement 18 à 20 chez Sphagnum acutifolium Ehrh.) qui 
serait plus tard doublé par division transversale des cellules 
marginales. Chez les autres Mousses, au contraire, le nombre 
des cellules dela base augmenterait encore considérablement 
lorsque la cellule initiale aurait fini son fonctionnement, qu’elle 
se serait énormément allongée ainsi que les cellules voisines, 
dont le contenu serait devenu transparent et dont les parois 
se seraient fortement épaissies. Ce dernier type de dévelop- 
pement serait spécialement net chez Polytrichum Dill. et Fis- 
sidens Hedw.. | 

Chez le Fissidens Dill., Hofmeister remarque que les très jeu- 
nes feuilles ressemblent aux ébauches foliaires de Sphagnum 
(Dill.) Ehrh.. Mais lorsque la feuille aurait déjà 5 cellules de hau- 
teur le processus de multiplication cellulaire se modifierait de 
telle sorte que les 2 files de cellules placées de chaque côté de 
la ligne médiane seraient 2 fois plus longues que les voisines. La 
feuille continuerait à s’élargir par les divisions ultérieures des 
cellules de son bord. La formation de la poche à la base dela 
feuille commencerait lorsque celle-ci aurait une largeur de 
8 cellules; puis, lorsque la feuille aurait atteint environ 
0"",27 de longueur, sa cellule initiale cesserait de fonctionner. 
La multiplication ultérieure serait uniquement basilaire ; etson 
intensité serait prouvée par le fait que le nombre des cellules 
de la feuille à son insertion pourrait être égal à 30. 

_ Hofmeister explique ensuite la formation de la nervure au 
moyen de cloisons parallèles à la surface foliaire. 

I] donne aussi son opinion sur la polémique entre Nägeli et 
Schleiden. Il trouve plaisant que ces deux auteurs aient 
étendu a priort les résultats obtenus sur les Mousses à tout le 
règne végétal et spécialement aux Hépatiques. Pour lui, il s’est 
efforcé de montrer que chez les Mousses la vérité est entre les 
deux extrêmes: que la première ébauche de la feuille se 
formerait par des divisions renouvelées de la cellule initiale, 
(Ainsi, dans un rudiment de feuille de Polytrichum Dill. pré- 
sentant 24 cellules de longueur, la pointe serait la partie 
la plus jeune); mais les cellules de la base du rudiment 
foliaire commenceraient alors, dans la plupart des cas, une 
active multiplication, qui donnerait à la feuille le nombre 


ee 
lotal de ses cellules. C’est a cette théorie que je me rallie en 
lui apportant des arguments d’ordre cytologique. 

Ici se place historiquement la réplique définitive de Nageli à 
Schleiden(7) parue en 1855. Il reprend Vétude du Sphagnum 
squarrosum Pers. et y ajoute celle du Sphagnum cymbifolium 
Ehrh.. Il fait remarquer que, si la cellule initiale de la feuille 
était repoussée hors de la tige comme le prétend Schleiden, 
elle conserverait une forme en demi-cercle et ne prendrait 
pas la forme en coin, explicable seulement, par son mode de 
cloisonnement. Il a fait de plus des mesures de l’initiale de la 
feuille. Il aurait constaté que cette cellule au début de 
A 420 micromillimètres, mais qu'elle diminue de surface et 
de volume. Ainsi la cellule initiale d’une feuille formée de {00 
à boo cellules présenterait seulement en surface le 1/10 de la 
cellule primordiale. Le rapetissement progressif de l’initiale 
proviendrait de ce qu’elle perd plus dans ses divisions qu’elle 
ne gagne par sa croissance. La dernière mesure indiquée plus 
haut se rapporterait au moment où la cellule terminale se serait 
divisée pour la dernière fois; à partir de ce moment elle devien- 
drait de plus en plus grande jusqu’à la fin du développement. 

A l'argument présenté par Schleiden, que les premières 
cloisons ne sont pas particulièrement délicates, Nageli 
répond que dans une feuille de 10 à 20 cellules on ne peut voir 
aucune différence entre les parois d’âges divers. Schleiden 
prétendait aussi qu'au stade de 3 cellules les 2 cellules 
de base n'étaient pas plus petites que la cellule originelle. 
Nageli lui oppose ses propres observations, d’après lesquelles 
chacune de ces cellules serait à peine le tiers de la cellule 
terminale et toutes trois ensemble n’occuperaient guère un 
volume plus grand que celui de la cellule originelle mesuré 
Juste au moment qui précède sa division. 

Pour la suite du développement il n’ajoute guère que 
des détails. C’est ainsi qu’au moment où les cellules-mères 
losangiques se divisent deux fois pour donner 2 cellules 
chlorophylliennes et 1 cellule hyaline, la première division 
serait inégale et la plus petite cellule serait toujours du 
côté du bord de la feuille; de plus cette petite cellule 
serait plus large en haut qu’en bas. Ce serait le plus grand 


côté de la cellule mère qui serait coupé par la cloison de 
division. 

Nägeli déclare que ses observations concordent avec celles. 
d'Hofmeister!. | 

En 1857 W.-P. Schimper publia son grand ouvrage sur les 
Sphaignes (8) et l’année suivante il en fit en allemand une édi- 
tion remaniée (9). Je retiens seulement ceci : « Nulle part mieux 
que dans les Sphaignes on ne peut voir que la multiplication 
des cellules continue vers la base, quand elle a cessé au som- 
met et à la base même. Les cellules apicales et basilaires sont 
les plus anciennes ; elles sont le résultat immédiat de la seg- 
mentation de la première cellule génératrice. Presque toutes 
les jeunes feuilles des Sphagnum (Dill.) Ehrh. sont cuculli- 
formes, parce que les cellules du sommet et de la partie supé- 
rieure du bord ont cessé de se multiplier quand les cellules au- 
dessous du sommet continuent encore leur multiplication... » 

Dans l’édition allemande (9) (page 41) il insiste longuement 
sur les cellules oreillettes de la base des feuilles, qui au lieu 
de s’allonger se gonfleraient vers |’extérieur, seraient commu- 
nément colorées en rouge ou en jaune et contiendraient de la 
chlorophylle. Ces oreillettes seraient très belles chez le Sphag- 
num auriculatum Schimper. Contrairement a ce qu’avait décrit 
Hofmeister il assure que chaque cellule hyaline est réguliè- 
rement entourée de 6 cellules vertes et que par suite la divi- 
sion de ces derniéres est un fait constant. 

En 1863 Lorentz (10) publie un travail important dans lequel 
on voit étudié pour la première fois le développement des nervu- 
res foliaires des Mousses au moyen de coupes transversales. Il 
étudie 2 types de Mousses très spéciaux : le Fissidens Hedw. et 
le Polytrichum (Dill.) L. puis très rapidement le Fontinals Dill. 

Dans le genre Fissidens Hedw. il prend comme matériel le 
Fissidens taxifolius (L.) Hedw. et le Fssedens adianthordes (L.) 
Hedw.. Il se range à l’opinion de Robert Brown, adoptée par 
Schimper, selon laquelle la vraie feuille est constituée par la 
partie engainante entourant la tige, tandis que la grande lame 


. Il a étudié aussi le développement de la feuille du Mnium punctatum. Je décrirai 
ses ns à ce sujet lorsque je reprendrai l’étude de cette mousse. 


qui se développe sur le dos de la nervure n’est autre qu'une 
aile dorsale. D’après lui cette feuille étrange proviendrait d’une 
initiale à 2 pans comme toutes les autres feuilles de Mousses. 
La cellule primordiale de la jeune feuille se diviserait une fois 
d’un côté puis une fois de l’autre, donnant ainsi naissance à 
2 cellules, qui engendreront respectivement les parties droite 
et gauche de la lame foliaire. La troisième division de l’initiale 
produirait une cloison qui ne serait pas parallèle à la première. 
Et, à partir de la quatrième, les cloisons seraient orientés de 
telle sorte qu’elles donneraient naissance à une lame située, 
non plus tangentiellement, mais radialement par rapport à la 
tige. Cette lame dorsale pousserait un certain temps au moyen 
d’une initiale à 2 pans (La figure 3 de la planche I de ce tra- 
vail montre fort bien cette rotation de l’initiale foliaire). 

En examinant des tiges de Fssidens Hedw. jusqu’à la base on 
trouve des feuilles présentant une lame dorsale de plus en plus 
réduite. Certaines en sont complètement dépourvues et enfin 
il n'y a même plus trace de nervure. 

Lorentz explique ainsi le développement de cet organe : 
il serait formé à l’origine de 2 cellules qui se diviseraient par 
une cloison parallèle à la lame foliaire, donnant 2 cellules 
ventrales qui resteront à large lumen, tandis que les 2 cel- 
lules dorsales se subdiviseront. La cellule d’attache de la 
lame foliaire apparait de bonne heure par division d’une des 
2 cellules dorsales. Elle se subdiviserait dans le Frssidens 
adianthoides (L.) Hedw.. Dans la nervure adulte il y a de 
grandes cellules qui réunissent la lame dorsale au côté ven- 
tral de la nervure. 

Lorentz a remarqué une asymétrie dans la nervure foliaire 
dont tantôt un côté tantôt l’autre serait plus développé. 

Pour le Polytrichum Dill. il a remarqué également une asy- 
métrie dans la coupe dela feuille et l’explique, comme plus tard 
Lorch, par le fonctionnement de la cellule initiale de la tige. 
I] prétend que cette asymétrie disparait au cours du dévelop- 
pement. Ses sujets d’étude sont: Polytrichum formosum Hedw. 
et sérictum Banks.. Il décrit au début un stade que l’on retrouve 
chez toutes les Mousses, ainsi qu'il l’a constaté lui-même, et 
que j appellerai le « stade en éventail » (ce mot m'a été sug- 


géré par le terme allemand de Fächerung). C’est lui qui, le 
premier, a expliqué la formation de ce qu'il appelle les groupes 
centraux (Zentralgruppen) chez le Polytrichum Dill., ainsi que 
l’évolution ultérieure des segments de la nervure qui dérivent 
chacun d’une cellule du stade en éventail. Je n’insiste pas sur 
ces faits, car je décrirai chez l’Atrichum undulatum P. Beauv. 
un cloisonnement tout à fait semblable. Il a remarqué aussi 
qu'à la pointe de la feuille du Polytrichum Dill. on ne pouvait 
plus distinguer que des cellules à parois très épaissies et 
toutes semblables entre elles. Cette homogénéité de la pointe 
foliaire existe plus ou moins chez toutes les Mousses. 

En 1867 Lorentz publia un travail (11) fondamental pour l’ana- 
tomie comparée de la feuille et de la tige des Mousses. C'est 
lui qui a créé les premiers termes techniques servant à dési- 
gner les éléments histologiques de la nervure foliaire de ces 
végétaux. Dans la partie générale de son travail il commence 
par décrire le fonctionnement de Vinitiale à 2 pans, puis le 
développement de la nervure foliaire qui est précoce. Dans son 
schéma (fig. 2, page 369 de son travail) c’est dans le quatrième 
segment détaché par l’initiale qu’elle commence à se mani- 
fester. Sa figure 3 en montre une coupe. On voit, d’après cette 
figure, que la cellule-mère de la nervure se divise d’abord par 
une cloison dorso-ventrale (dite cloison anticline); puis cha- 
cune des cellules-filles se divise par une cloison parallèle aux 
lames foliaires et perpendiculaire à la première (dite cloison 
péricline), Les 2 cellules dorsales se divisent à nouveau par 
une cloison anticline. On a ainsi une nervure formée de 4 cellules 
dorsales et de 2 ventrales. C’est une structure que Lorentz au- 
rait observée encore a l’état adulte chez l’Amblysteqium tenuis- 
simum Br. Eur.. Il pense que souventles nervures de Mousses au- 
raient non 1 cellule-mère mais 2 au moins. Celles-ci pourraient 
se diviser de suite par des cloisons périclines ou bien le cloi- 
sonnement par anticlines se continuerait, amenant au stade en 
éventail. Chacune des cellules formant cet éventail est appe- 
lée cellule fondamentale (Grundzelle) par Lorentz. Le nombre 
de ces cellules fondamentales se reconnaitrait dans les nervu- 
res bien développées au nombre des cellules basales ou des 
cellules dites « deutern » par Lorentz. Ce nombre serait con- 


A SE 


stant pour chaque espèce lorsqu'il serait petit (2, 4 ou 6). Je 
montrerai qu'il n’en est pas toujours ainsi. Le développement 
ultérieur de ces cellules fondamentales ne se produirait pas 
en méme temps sur toute la largeur de la feuille mais d’une 
facon centrifuge : allant du milieu vers les 2 bords. On pour- 
rait rencontrer des inégalités dans tous ces processus. Lorentz 
donne la définition suivante de la nervure (page 372 en note) : 
la nervure est une partie du tissu foliaire présentant une exten- 
sion longitudinale prédominante (ayant ainsi la forme d’une 
ligne dans la plupart des cas ou d’une bande comme chez le 
Dicranum albicans Br. Eur.) qui s’étendrait a la méme place 
d’une manière constante dans une même espèce, de la base 
à une distance plus ou moins considérable de la pointe et qui 
compterait un plus grand nombre de couches cellulaires que 
le tissu foliaire l’entourant. 

Le cas le plus simple de nervure rencontré par Lorentz 
serait réalisé dans les feuilles périchétiales de l’Amblysteqium 
tenuissimum Br. Eur. (2 cellules ventrales et 2 cellules dorsales). 
Un cas plus compliqué serait celui ou une cellule dorsale se 
diviserait par une cloison péricline donnant ainsi 3 couches à 
la feuille. Lorentz l’a observé dans quelques Orthotrichum Hedw. 
à l’état de développement. D’après lui chez beaucoup de Pleuro- 
carpes la nervure aurait 2 cellules basales ; tout le reste serait 
formé d’un massif de cellules se différenciant en couche péri 
phérique et en cellules moyennes. 

Passant ensuite à des nervures plus complexes, Lorentz dé- 
finit leurs principaux éléments : 

Il décrit tout d’abord les cellules qu'il appelle en allemand 
« deutern » (au singulier « deuter ») en latin « cellulae duces » 
(au singulier « cellula dux ») et que l’abbé F. Morin! appellera 
« eurycystes ». Ces cellules frappent aussitôt les yeux dans la 
coupe de la plupart des nervures de Mousses et nous incitent 
tout d’abord à étudier leur structure et à l’interpréter (en al- 
lemand : « deuten »). Leur nombre, comme celui des cellules 


1. Voir la thèse de l’abbé F. Morin: « Anatomie comparée et expérimentale de la 
feuille des Muscinées. Anatomie de la nervure appliquée à la classification » — Ren- 
nes — 1893 — 4° 139 pages avec 24 planches. C’est un FREE de pure anatomic 
comparée dont } Je ne parlerai donc pas. 


ne ie 


basales, est constant s’il est faible. Quant à leur origine, il 
rappelle ce qu'il a dit plus haut: les 2 cellules-mères de la 


nervure se diviseraient par une cloison péricline. Les cellules 


ventrales resteraient indivises et à large lumen. S'il apparais- 
sait des cellules centrales, elles seraient dues à la division des 
cellules dorsales. Chez un Mnium undulatum (L.) Weis j'ai 
cependant observé une cinèse dans une cellule ventrale de 


feuille, avant que la cellule dorsale ne se soit divisée (voir la 


feuille F,, dans ma figure 190). Dans les nervures plus déve- 
loppées les cellules ventrales se diviseraient aussi tangentiel- 
lement pour donner 2 couches (Par exemple chez Funaria 
hygrometrica (L.) Sibth.. Enfin, dans d’autres cas, les cellules 
ventrales peuvent continuer leur multiplication. Les deutern 
forment alors une rangée de cellules qui traversent la nervure 
et forment des deutern médians. Il cite le cas du Bryum turbr- 
natum (HedWw.) Br. Eur. où le nombre des deutern serait double 
de celui des cellules ventrales à large lumen. Il signale que 
dans les Mnium affine (L.) Weis et undulatum Bland. il y a 
une double couche de deutern. Dans certains cas les cellules 
ventrales existeraient seulement au milieu de la face ventrale, 
alors que sur les bords les deutern seraient basaux. I] a remar- 
qué aussi que, dans maintes espèces, sur les bords de la ner- 
vure, au contact de la lame foliaire, il est difficile de distin- 
guer les différents tissus. 

Il traite ensuite des cellules qu'il appelle en allemand 
«begleitern » (au singulier begleiter) c’est-à-dire « accompa- 
gnatrices » car elles accompagneraient souvent les deutern et 
il ne les aurait jamais rencontrées sans elles. En latin il les 
appelle « cellulae comites » (au singulier « cellula comes »). 
Ce sont ces cellules que l'abbé Morin appellera «sténocystes ». 
Lorentz les définit ainsi: cellules délicates, à parois minces, 
qui sont placées du côté ventral des deutern, entre celles-ci et 
les autres cellules dorsales ; embryologiquement elles appar- 
tiendraient à ces dernières. Il fait remarquer que, dans eer- 
taines nervures de Mousses ou l’on rencontre en général un 
groupe de comites, on ne trouve plus à sa place qu'une cavité. 
Il se demande alors si les minces cloisons auraient été détruites 
par le rasoir faisant la coupe, ou se seraient précédemment 


BE RA 


résorbées. Il a étudié le développement de ces cellules dans un 
seul cas: celui du Timmia austriaca Hedw. etil aurait constaté 
qu’elles proviendraient d’une cellule mère appartenant au côté 
dorsal. Dans les cas que j'ai étudiés j'ai toujours trouvé 
2 cellules-mères. L'aspect irrégulier qu’affecte souvent le 
groupe de begleitern serait du à ce qu'il succombe dans la 
lutte pour l'existence avec les tissus environnants. Ces comites 
se rencontreraient, soit en un groupe unique situé toujours 
au centre de la nervure dans l’angle dorsal des 2 deutern 
médians, soit en plusieurs groupes dans l’angle dorsal d’un 
certain nombre de couples de deutern. Il appelle . « comi- 
tes heterogenei» ou « mnioidei» ceux qui sont entourés de 
stéréides. Les stéréides sont des cellules a parois tres épais- 
sies, a lumen presque nul et qui sont trés allongées suivant 
la direction de la base à la pointe de la feuille. Ces cellules 
correspondent aux fibres des Phanérogames. Lorsque les 
begleitern sont en plusieurs groupes ils peuvent être homo- 
gènes ou présenter la structure particulière qu'on rencontre 
chez les Polytrichacées. Dans ce dernier cas, on trouve dans 
l’angle dorsal de 2 deutern voisins une petite cellule que 
Lorentz appelle cellule centrale (Centralzelle). Elle est limitée 
du côté dorsal par de grandes cellules qu'il appelle les « socii ». 
Il appelle groupes centraux ces complexes formés d’une cel- 
lule centrale, entouré de 2 deutern et de 3 socil. J’explique- 
rai cette structure en décrivant le développement de lAri- 
chum undulatum P. Beauy.. Nous avons vu que Lorentz l’a 
décrite pour Polytrichum Dill. dans ses Moosstudien. 

Lorentz traite enfin des cellules ventrales et dorsales qui se 
subdivisent en épidermiques et intercalaires. Il décrit égale- 
ment les marges foliaires, les papilles et les mamilles. Mais 
ceci n'intéresse pas les grandes lignes du développement 
et je n'en parlerai donc pas. | 

Je signalerai seulement que, dans la partie spéciale de sa 
publication (pages 405 à 4ro), il étudie le développement de 
la feuille des Campylopodées. C'est assez semblable à ce que 
je décrirai chez le vulgaire Decranum scoparium (L.) Hedw.. 
Lorentz ne fait guère la qu'un résumé de recherches effec 
tuées à cette époque par S. Berggren sur les Campylopodées et 


— 16 — | 4 


Dicranodontiées européennes. Je ne sais si cet ouvrage a paru, 
car je n'en ai jamais vu de traces. 

La même année Lorentz fit une publication (12) sur le déve- 
loppement de la feuille du Timmia austriaca Hedw.. Il a observé 
très peu de jeunes stades. Sa description est donc presque 
uniquement fondée sur l’étude de feuilles à peu près adultes 
dont il examine les coupes faites de la pointe à la base. Il aurait 
remarqué en effet que l’on pourrait en déduire les lois du 
développement aussi bien que par l’étude de jeunes feuilles. 
Lorentz appelle « Depauperation » la réduction de tous les 
éléments de la nervure et sa transformation en une masse de 
_cellules semblables, à la pointe de la feuille. | 

J'ai déjà dit que c'est dans cette seule espèce qu'il a suivi 
l’évolution d’un faisceau de begleitern ordinaires. Il a remar- 
qué que la différenciation des massifs de stéréides du côté 
dorsal se produit d’abord sur les bords de la nervure, pour 
gagner ensuite le centre. Ceci ne m'étonne d’ailleurs nulle- 
ment, car J'ai toujours observé que la différenciation des 
cellules en général commencait par les bords et la pointe de 
la feuille. 

Lorentz publia (13) aussi en 1867, un travail sur l’anatomie 
et le développement de l Orthotrichum Schubartianum Lorentz 
et du Campylopus Mülleri Jur. ainsi que d’une autre Mousse 
à laquelle il ne sait quel nom attribuer. Il ne signale rien 
qu'il n’ait résumé dans ses « Grundlinien ». 

Le long travail, qu'il fit encore paraitre cette année-là dans 
Flora, (1h) n’est autre chose qu’une publication préparatoire 
à ses « Grundlinien ». Ce bryologue a publié un certain nom- 
bre d’autres travaux, mais 1ls sont de nature purement anato- 
mique. | 

Je ne parlerai pas ici des recherches faites sur le dévelop- 
pement de la feuille des Andréales. J'en dirai quelques mots en 
étudiant ces Mousses. 

Leitgeb fit plusieurs publications, et entre autres une très 
remarquable sur Fontinalis(Dill.)L., traitant du développement 
de la tige et du fonctionnement de sa cellule initiale. Mais en ce. 
qui concerne la feuille iln’a guère étudié que Fssidens Dill. (15). 
Il prétend, contrairement à Lorentz, que le côté le moins déve- 


seta 
loppé de la duplicature foliaire n'est pas toujours celui qui est. 
à l'ombre. Il pense que cette inégalité serait due a la position 
relative des feuilles dans le bourgeon. Au début le dévelop- 
pement de la duplicature (qui est la véritable feuille) resterait 
très en retard sur celui de la lame dorsale ; la lame dorsale 
d’une feuille, en se développant, viendrait gèner une partie de 
la feuille immédiatement plus âgée. Leitgeb n’a guère ajouté 
de résultats nouveaux aux recherches de Lorentz sur cette 
question. 

Je ne signale ici que pour mémoire la courte publication de 
Debat (16) sur le développement de la feuille de Fissidens Dill.. 
Cet auteur semble ignorer les travaux précédents de Lorentz 
et de Leitgeb. Il décrit le développement d’une manière 
étrange et pense que l’on pourrait considérer les feuilles de 
Fissidens Dill. comme des folioles florales ! Il dit avoir observé 
des feuilles, depuis la taille de 2 à 3 centièmes de millimètre et 
composées de 12 à 15 cellules, jusqu’à l’état adulte. Il a bien 
constaté que c'est la lame dorsale qui se développe le plus 
rapidement: l'indice d’une duplicature ne se rencontreraitque 
dans des feuilles ayant atteint une longueur de 25 à 30 cen- 
tièmes de millimètre. | 

En 1877, le même auteur publia un travail (17) sur le dévelop- 
pement des filaments et des lamelles chez les Barbula Hedw. 
les Pottia Ehrh. et les Polytrichacées. I étudia Barbula mem- 
branifolia Schultz, chloronotos Bridel et ambiqua (Br. Eur.). 
Pour Barbula membranifoha Schultz on ne verrait guère à 
l’origine que le poil de la feuille. Au stade de 1/2 millimètre 
de longueur il n'y aurait pas encore de limbe proprement dit. 
Celui-ci n’apparaitrait que plus tard « sous forme d’un petit 
renflement ovalaire à la base de l’appendice pileux ». Lorsque 
j'étudierai le Barbula ruralis (L.) Ehrh. je montrerai égale- 
ment le développement tres précoce du poil terminal de la 
feuille. Dans les Barbula Hedw. la continuation du dévelop- 
pement basal est donc très nette. Debat a vu aussi que la feuille 
de cette plante se différenciait d’abord par la pointe. Il a décrit 
avec soin l’épaississement des parois cellulaires, la réduction 
du lumen, la disparition presque totale du plasma dans la 
partie supérieure du limbe, alors que la partie basilaire est 


2 


ET a 


encore en état de multiplication active en tous sens. Il est 
frappé par l’abondance du plasma, la petitesse des cellules, 
la délicatesse des parois cellulaires et le peu de contenu 
chlorophyllien de cette partie basilaire de la feuille. La plage 
de la nervure ou se forment les filaments, placée au début vers 
le milieu de la feuille, est repoussée vers la pointe par suite 
de Vallongement basilaire. 

Chez Pottea cavifoha Ehrh. il prétend qu’on voit à un certain 
moment une masse de tissu sur la face ventrale de la ner- 
vure. Elle se scinderait en deux, suivant le plan de symétrie 
de la feuille, puis chacune des masses se diviserait à nouveau 
en deux suivant des plans parallèles au premier. On aurait 
ainsi 4 bandes longitudinales de tissu qui finiraient par n’étre 
plus que 4 lames par résorption des autres cellules. Ce pro- 
cessus, s’il est exact, ressemblerait tout à fait à la formation 
d’un péristome. | 

Pour les Polytrichacées, la production des lamelles se pro- 
duirait sans résorption, par bourgeonnement des cellules ven- 
trales, comme les poils des Barbula Hedw.. 

Karl Geebel (18) a décrit la feuille si curieuse des plantules 
du Buxbaumia Haller.. Cette feuille, composée seulement de 
quelques cellules, n’a pas d’initiale et ne possède même pas de 
chlorophylle. Il signale avec Robert Brown" que ce mode de 
croissance rapprocherait cette plante des Hépatiques acro- 
gynes. 3 

Citons enfin les travaux de Lorch qui fit paraitre une thèse(38), 
dont je dirai un mot a propos de l’asymétrie foliaire du Leu- 
cobryum Hampe, et une monographie des Polytrichacées (19) 
dans laquelle il reprend avec soin l'étude du développement 
de la feuille du Polytrichum Dill.. IT a vu, comme Lorentz, l’asy- 
métrie foliaire, non seulement dans Ia forme extérieure des 
coupes transversales, mais Jusque dans le détail de l’ordre 
d'apparition des cloisons cellulaires. 

Je signalerai seulement que Lorch donne au terme de 
« cellule centrale » un sens tout différent de celui de Lorentz. 
Pour Lorch la cellule centrale estla cellule eurycyste médiane 


1. Miscellaneus botanical Works. Vol. Il, p. 351. 


qe 
de la nervure. Nous avons vu au contraire que Lorentz donne 
le nom de cellules centrales aux petites cellules qui se trou- 
vent dans l’angle dorsal de 2 eurycystes consécutifs. Lorentz 
avait observé chez certains individus que les cellules cen- 
trales étaient divisées et pensait que les systématiciens futurs 
utiliseraient ce caractère pour la distinction des espèces. 
Lorch, qui ne conçoit pas la cellule centrale de la même 
facon, accuse Lorentz d’avoir pris les divisions de la cellule 
centrale pour les cloisons périclines qui donneront naissance 
au faisceau de stéréides ventrales ! Or justement les cellules 
centrales de Lorentz sont du côté dorsal. 

Je parlerai du travail de Jongmans (33) dans l'exposé de 
mes recherches sur le Mnium punctatum (L., Schreb.) Hedw.. 

En terminant ce résumé historique de la question, disons 
enfin que l’on trouvera des exposés généraux du dévelop- 
pement de la feuille des Mousses dans Hofmeister (20), Carl 
Muller (21) et surtout Gebel (22). 


PROCÉDÉS TECHNIQUES EMPLOYÉS 


Tous les objets que j'ai étudiés ont été fixés au liquide de 
Kaiser [Ce fixateur est formé de goo parties de la solution de 
Kaiser (10 grammes de sublimé, 3 grammes d’acide acétique, 
300 centimètres cubes d’eau) et de 100 parties de formol à 
ho pour 100[. Ce mélange m’a toujours donné d’excellents. 
résultats. 

Il est très difficile de savoir si une pointe de tige de Mousse 
est bonne à fixer, c’est-à-dire si l’on a affaire à des tissus 
jeunes en voie de division, comme il est nécessaire pour une 
étude embryogénique, car la turgescence dans les Mousses 
est due, non pas comme chez les plantes supérieures à la pres- 
sion du plasma vivant sur les parois cellulaires, mais à ces 
parois elles-mêmes. Une Mousse qui aura séjourné des années. 
en herbier et aura conservé une belle couleur verte (ce qui 
arrive souvent si elle a été convenablement séchée), venant à 
être plongée dans l’eau, reprendra plus ou moins rapidement 
sa forme et semblera être en état de vie active. Il arrive fré- 
quemment qu'après une période de sécheresse ayant arrêté 
toute végétation des Mousses il survienne une pluie qui rende 
à ces végétaux toute leur fraicheur apparente. Si l’on vient 
alors, trompé par cet aspect, à fixer une pointe de tige, on est 
très étonné de trouver les cellules à peu près vides. En 
admettant que la période d'humidité se soit prolongée plus. 
longtemps, tout au moins quelques cellules de ces végétaux 
reviviscents auraient sans doute repris leur état normal, sur- 
tout vers le point végétatif de la tige. On doit donc cher- 
cher à fixer les Mousses lorsqu'une certaine humidité règne 


DT — 


depuis quelques semaines. Il faut de plus que la température ne 
soit pas trop basse, les Mousses étant sujettes à la gelée, et 
principalement les jeunes sporogones. Ces conditions sont en 
général réalisées au début du printemps, avant même que les 
végétaux à feuilles caduques aient manifesté leur retour à 
la vie active. 

J'ai fixé mon matériel à diverses heures, spécialement le 
matin, au printemps, par des temps humides. J'ai mis cer- 
tains fragments dans l’eau pendant quelques instants avant 
de les plonger dans le fixateur, lorsque je craignais que 
leur plasma ne fut pas assez turgescent. J’ai été surpris de 
ne presque jamais rencontrer de divisions cellulaires dans 
des tissus paraissant néanmoins à l’état méristématique. Ceci 
est sans doute du à ce que les divisions ne se produisent 
que la nuit et peut-être même seulement à certaines 
heures dans les organes végétatifs chlorophylliens. On a 
constaté des faits de ce genre même pour des végétaux non 
verts. C’est ce qu'a trouvé par exemple M. de Buren (de Berne, 
en Suisse) pour des Protomycétacées. 

Après avoir laissé séjourner mes objets pendant un temps 
variable dans le fixateur, je les lavais à l’eau et les faisais pas- 
ser dans la série des alcools à 30°, 50°, 70°, 85° (2 heures dans 
chaque), puis (de 12 à 24 heures à peu près dans chaque) dans 
Valcool a 96°, l'alcool pur (2 fois), le mélange mi-partie alcool 
pur et mi-partie chloroforme, enfin dans le chloroforme pur, 
que je renouvelais au moment de mettre a l’étuve en l’addition- 
nant de parafline coupée en petits morceaux: ceux-ci se dissol- 
vaient lentement dans le chloroforme. Ce dernier s’évaporait 
complètement au bout de 3 à 4 jours dans l’étuve à air chaud. 
Le temps pendant lequel je laissais mon matériel dans les 
différents liquides a varié beaucoup suivant les cas. Je 
découpais ensuite les objets en série au moyen du microtome 
à glissières de Thomas Yung de Heidelberg. Ce microtome 
permet de recueillir les coupes sur le rasoir au moyen d’une 
aiguille emmanchée.Il m’estarrivé souvent de les prendre une 


A 


à une. J'ai apporté le plus grand soin a ce qu'aucune coupe 


ne soit ni supprimée, ni retournée ou déplacée. Lorsque des 
coupes étaient inutilisables je laissais généralement leur place 


— 99 — 


vide. J’obtenais ainsi des séries bien complètes ; ce qui est 
indispensable pour des études de développement. 

Je n'ai coloré que rarement mes préparations à l’héma- 
toxyline ferrique après mordancage à l’alun de fer, car mon but 
n'était pas de faire de la cytologie pure et d'observer les phé- 
nomènes intimes de la division nucléaire de ces végétaux, 
mais bien de reconnaitre suffisamment l’état de la membrane 
cellulaire, du noyau, du protoplasma et de ses inclusions pour 
en tirer des conclusions sur l’âge des cellules formant les. 
ébauches des feuilles dont j’étudiais le développement. La 
coloration à l’hématoxyline est excellente pour un tissu à l’état 
méristématique, à parois cellulaires très minces. Mais je débi- 
tais surtout au microtome des pointes de tiges de Mousses 
dont j’enlevais seulement les feuilles les plus vieilles, trop cas- 
santes pour être. coupées avec cet instrument. J’avais ainsi 
dans une même coupe des parties très jeunes et d’autres âgées. 
L’hématoxyline se fixe sur ces dernières avec force et noircit 
toute la préparation. On ne peut avoir de différenciation au 
point de vue de la coloration par ce procédé brutal. J’ai em- 
ployé au contraire des colorants rouges tels que : congoco- 
rinte, fuchsine, safranine. C’est du congocorinthe que j'ai fait 
le plus fréquent usage. Il s'emploie en solution dans l'alcool 
pur, d’ou la nécessité de déshydrater les préparations avant 
de les tremper dans ce réactif. On obtient de très belles colo- 
rations du noyau, du plasma et dela membrane cellulaire. J'ai 
souvent employé aussi un mélange de fuchsine et de vert d’iode 
avec un peu de bleu de méthylène, le tout dissous dans l’eau. 
On obtient une très belle différenciation lorsque l’on colore 
ensuite les préparations ainsi traitées par le congocorinthe : les. 
jeunes parois apparaissent colorées en rose par le congoco- 
rinthe, celles plus âgées en rose violacé par le mélange de 
fuchsine-vert d’iode. Cette coloration violette se manifeste 
d’abord sous forme de points dans l'angle des cellules, chez les. 
Andréales, par exemple ; elle gagne ensuite les lamelles 
moyennes, puis toutes les membranes. Les jeunes stéréides de 
VAtrichum undulatum P. Beauv. montrent aussi très nettement 
cette teinte violette. Enfin le vert d’iode se fixe spécialement 
sur la chromatine du noyau cellulaire et en rend la teinte très 


yg 2 


foncée. Il colore très souvent en vert vif les éléments âgés lors- 
que ceux-ci n’ont pas déjà de coloration naturelle trop vive ; 
je Pai très bien observé chez le Diphyscium foliosum Mohr par 
exemple. Vaizey (23) avait déjà attiré l’attention sur le fait que 
les parois des cellules extérieures des tiges et des feuilles de 
Mousses présenteraient des réactions comparables à celles du 
bois, mais n'auraient pas de cutine comme le sporogone et la 
capsule. Je n’ai pas étudié ces questions, mais, autant que je 
sache, on n’a pas encore mis en évidence de lignine dans les 
Mousses. D'ailleurs, d’après une récente note de R. Mirande (24), 
le vert diode serait un colorant de la pectoseetnon de la lignine. 

Je laissais en général les préparations dans le congocorinthe 
d’une demi-heure à 2 heures. J’enlevais l’excès de colorant 
par Valcool. Je régressais rapidement les colorations obtenues 
par le mélange fuchsine-vert d’iode au moyen de l’alcool a 96°. 
J’ai employé aussi quelquefois la safranine : on colore pendant 
un jour environ et l’on régresse a l’alcool-alcool chlorhy- 
drique. C’est un colorant nucléaire bien connu. C’est celui qui 
m’a servi, par exemple, a colorer mes coupes de Leucobryum 
glaucum (L.) Schimp.. 

Je nettoyais presque toujours mes préparations, apres les 
avoir débarrassées de la paraffine au sortir du four par le 
xylol, au moyen d’un séjour de 1 heure dans l'alcool iodé et 
de 1 heure dans l’eau oxygénée. 

Après coloration j'éclaircissais par passage ou séjour pro- 
longé (ce qui régresse beaucoup) dans l'essence de girofle. 
Ce produit donne une clarté très grande aux préparations 
mais les décolore souvent un peu trop. Je montais enfin au 
baume du canada dissous dans le xylol. 


Ce en cm 


RECONSTITUTIONS DE FEUILLES 
AU MOYEN DE PLASTILINE 


Pour me rendre mieux compte du développement de la 
feuille des Mousses et pour simplifier |’exposé de mes recherches 
jai employé un procédé usité des zoologistes dans les études 
d’embryogénie : c’est celui des reconstitutions de la forme 
extérieure d’objets microscopiques coupés en série. Pour des 


reconstitutions très exactes, par exemple pour des systèmes | 


circulatoires d’embryons humains (j’eus l’occasion d’en voir 
au laboratoire d’embryologie de l’École de médecine de Berne) 
on emploie des lames de carton; on peut utiliser également 
la cire. Je me suis servi de plastiline. Mes premières reconsti- 
tutions ont été faites a Berne. 

Je me fis confectionner un plateau en bois de tilleul(On m'avait 
assuré que ce bois ne se déformait pas. En réalité il a joué, 
probablement sous l’action de l'huile, puis de la glycérine que 
jai employés pour empécher la plastiline de coller sur la 
planche). Je fis visser 2 réglettes de cuivre d’une épaisseur de 
2 millimètres le long des deux bords parallèles du plateau en 
bois. Je fis faire également un rouleau en bois, semblable a 
ceux dont on se sert pour malaxer la pate a patisserie. Tout 
ce dispositif me servit à obtenir des lames de plastiline d’une 
épaisseur de 2 millimètres. 

Pour ce faire : je placai d’abord un bloc de cette substance, 
écrasé grossièrement à la main, sur le plateau de bois enduit 
d'huile de lin. Mais ce produit a l'inconvénient de laisser un 
dépôt. C’est pourquoi je le remplacai par la glycérine, qui ne 
nécessite pas un nettoyage de la planche après usage. Je n'ai 


lee te eles 


pas essayé de me servir d’une poudre de talc ou de quelque 
autre, a exemple des pâtissiers qui emploient la farine: 
les coupes de plastiline n’auraient pas adhéré ensuite les unes 
aux autres lorsque je les aurais superposées ; tandis que la 
glycérine n’empéche les coupes d’adhérer à l’objet sur lequel 
elles reposent que pendant le temps ou elle n'a pas encore été 
absorbée par la plastiline. 

Je faisais ensuite glisser le rouleau sur les 2 lames de 
cuivre qui le maintenaient à une distance constante de 2 mil- 
limètres de la surface du plateau. La plastiline était ainsi éten- 
due en une couche uniforme de 2 millimètres d'épaisseur. Or, 
presque toutes mes coupes au microtome étant distantes de 
15 micra, en représentant celles-ci par des lames de 2 milli 
.mètres = 2000 y je devais obtenir des reconstitutions gros- 
2 000 
15 


tourextérieur de mes coupes en série de feuilles de Mnium undu- 


sies = 133,33... fois. En conséquence je dessinais le con- 


latum (L.) Weis. au grossissement de 133 fois. Je découpais 
ces coupes avec des ciseaux et je les appliquais sur la lame 
de plastiline de 2 000 y d'épaisseur. En suivant avec le couteau 
le contour de ces patrons de papier j’obtenais des lames de 
plastiline représentant grosso modo toutes les coupes d’une 
méme feuille. Je les superposais et les collais les unes aux 
autres par une légère pression. J’ai employé plus tard de petits 
morceaux de bois (tels que des allumettes) pour augmenter la 
solidité des modèles ainsi obtenus. Les diverses coupes super- 
posées formaient une sorte d'escalier. Je comblais les marches 
avec de la plastiline et je polissais l’ensemble avec la lame du 
couteau et le pouce. 

Cette méthode présente l’inconvénient de donner de grands 
modèles assez fragiles, car la plastiline se ramollit sous l’action 
de la chaleur. Mais au bout d’un certain temps cette substance 
devient assez consistante ; c’est ainsi que mes reconstitutions 
de feuilles de Mnium undulatum (L.) Weis., faites en Suisse il 
y a quelques années, sont aujourd’hui assez maniables. 


RECHERCHES PERSONNELLES 
SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA FEUILLE 
DES MOUSSES | 


L'originalité de mes recherches réside principalement dans 


la technique employée, qui m'a permis d'observer des faits 


nouveaux et de contrôler avec une grande certitude ceux 
entrevus par mes devanciers. 

Les remarquables travaux de Leitgeb et de Lorentz ont été 
faits au moyen de coupes a la main. 

Lorentz décrit dans ses « Moostudien » (10)(page 6 en note) 
sa manière de procéder : Il place les fragments de Mousses à 
couper dans une solution très concentrée de gomme arabique 
contenant 1/3 de son poids de sucre, pour rendre la masse 
moins cassante, lorsque l’eau se sera évaporée au bout d’une 
huitaine de jours. Il débite ensuite le bloc de gomme renfer- 
mant les Mousses avec un rasoir et les coupes sont mises dans 
l’eau, qui dissout lentement la gomme. Ce procédé a l’avan- 
tage de ne pas perdre de coupes, même les plus minces. 
De plus les coupes de feuilles restent groupées pendant un 
certain temps dans l’ordre normal autour de la tige (comme 
dans un ruban fait au microtome et collé sur lame), Jusqu'à 
ce que la gomme se soit dissoute dans l’eau de la préparation, 
et même plus longtemps encore si l’on ne déplace pas le 
couvre-objet et qu'aucun courant ne se produise. 

J'ai décrit (25) dans mon travail sur l’asymétrie foliaire du 
Mnium spinosum (Voit) Schwägr. un procédé de mon inven- 
tion qui a l’avantage d’être bien plus rapide: c’est de cou- 
per les Mousses incluses dans une couche de paraffine entre 
2 demi-cylindres de moelle de sureau. Mais il faut ensuite 


127 ee 


dissoudre la parafline par le xylol. On perd ainsiles meilleures 
coupes, qui sont entrainées à cause de leur légèreté extrème, 
et les autres restent rarement groupées. 

L’emploi du microtome présente au contraire de nombreux 
avantages sur le procédé à la main. Dans ce dernier cas on 
n’observe que des coupes isolées dont on ne connaît pas exac- 
tement la position dans la feuille. Les coupes en série dans un 
point végétégatif permettent au contraire de faire des reconstitu- 
tions de tous les stades du développement et de comparer la 
structure de feuilles dont on connait exactement l’ordre d’ap- 
parition. En effet, la coupe qui passe par la cellule initiale de 
la tige montre les sections de toutes les feuilles entourant le 
point végétatif disposées sur une ligne spirale aboutissant a 
cette initiale. Lorsque l’on parcourt en partant de l’initiale de la 
tige on rencontre les coupes de feuilles de plus en plus âgées. 

De plus les objets étudiés par moi avaient été fixés avant 
d’être coupés. Ceci m’a permis d’en étudier la structure cyto- 
logique et de déterminer l’âge des cellules par l'examen de 
leur noyau, de la vacuolisation de leur plasma, des réactions 
chimiques de leurs membranes cellulaires ; enfin, j'ai pu sur- 
tout m’assurer, par l’abondance relative de la chromatine, si 
les noyaux des cellules terminales des feuilles étaient en état 
de division active. | 

Les auteurs anciens, et Lorentz en particulier, n’ont guère 
étudié que des feuilles assez évoluées, car les très jeunes feuilles 
ont des membranes d’une délicatesse extrême; celles-ci se 
déchirent facilement et ne se voient guère sans coloration 
chez les cellules très jeunes, bourrées d’un plasma dont l’in- 
dice de réfraction est sensiblement le même que celui de la 
membrane. Lorentz n’a pas employé de colorants et a fort peu 
étudié les très jeunes stades. 

Les coupes au microtome ont enfin l’avantage de montrer 
les diverses asymétries foliaires, car on peut examiner les sec- 
tions d’une même feuille depuis la pointe jusqu’à la base et 
toujours avec la même orientation. 

Je ne décrirai qu'un petit nombre de types. J’ai en effet 
cherché surtout à établir les grandes lignes du développement 


de la feuille et spécialement de la nervure. 


— 320 — 


J'ai montré, dans l’exposé des travaux effectués sur ce sujet, 
que certains objets ont été étudiés à plusieurs reprises. Or ce 
sont justement les types les plus particuliers tels que :. Fussz- 
dens Hedw., Leucobryum Mampe, Polytrichum (Dill.) L.. Le 
développement de la généralité des feuilles de Mousses n’a ati 
contraire été envisagé que superficiellement. 

On sait que les Mousses comprennent trois grandes subdi- 
visions, souvent désignées du nom de classes: les Sphagnales, 
les Andréales et les Bryales. 

Au sujet des Sphagnales, groupe très homogène, j'ai exposé 
les recherches d’Hofmeister, Leitgeb, Nägeli, Schleiden, 
Schimper sur le développement de leurs feuilles qui me semble 
ainsi suffisamment étudié. Il est d’ailleurs assez simple, puis- 
qu'elles sont dépourvues de nervure et présentent pour 
toute complication la différenciation en cellules chlorophyl- 
liennes et en cellules hyalines. Je n’en parlerai donc pas. 

Chez les Andréales, Kühn a étudié le développement des 
feuilles dépourvues de nervure en les examinant à plat. Berg- 

gren (26) a décrit l’anatomie et un peu le développement des 
Andreaea costata, mais à une époque déjà lointaine (1867) ou 
la technique moderne était inconnue. Je reprendrai l'étude de 
2 Andréales de ce type: l’Andreaea crassinervia Bruch et 
VAndreaea augustata Lindberg. Ces Mousses archaiques ont 
généralement leurs cellules alignées en rangées ; ce qui per- 
met de suivre assez facilement la cloison médiane de la feuille 
(celle que je considère comme la première apparue) et par 
suite de voir si l’un des côtés l'emporte sur l’autre quant à 
son développement. | 

J'étudierai enfin un certain nombre de types de Bryales : 
d’abord le Mnium punctatum (L., Schreb.) Hedw., dont je criti- 
querai l’étude faite par Nägeli. Puis, comme ce genre possède 
le véritable type de la nervure des Mousses, j'en étudierai 

“encore une autre espèce : le Mnium undulatum (L.) Weis, dont 
jai reconstitué les premierss tades de l’évolution foliaire à l’aide 
de mes modeles en plastiline. 

Je ne parlerai pas du Polytrichum (Dill.) L., qui représente 
un type encore plus évolué que celui des Mnium Dill., et qui 
a déjà fait l’objet de plusieurs recherches. Mais j’étudierai 


VAtrichum undulatum P. Beauv., car mon travail serait incom- 
plet s’il ne traitait pas d’un membre de la famille des Polytre- 

_chacées, la plus développée au point de vue de l’organisation 
et de la taille de ses représentants. 

Le Dicranum scoparium (L.) Hedw. me permettra d'exposer 
le développement d’un type dépourvu de sténocystes. 

Le Barbula muralis Timm, pourva d’un poil foliaire consi-: 
dérable, sera un excellent exemple du développement de cet 
organe. 

La Funaria hygrometrica (L.) Sibth., qui appartient encore 
au type Mnium, en diffère légèrement car elle présente 
des cellules ventrales à large lumen et pas d’intercalaire ven- 
trale. 

Enfin je considérerai le Leucobryum glaucum (L.) Schimp., 
si étudié déjà, aux seuls points de vue de son asymétrie et de 
ses initiales foliaires. 

Avant de commencer la description de ces développements 
je ferai encore une remarque : 

Dans ma publication sur l’asymétrie de structure de la ner- 
vure foliaire du Mniwm spinosum (Voit) Schwägr. j'avais 
employé l'expression de « plan de symétrie morphologique ». 
En réalité il peut sembler singulier de parler de symétrie 
pour une formation profondément asymétrique. Je remplace 
ce concept par celui de « cloison médiane de la feuille » : 
c'est celle que je considère comme ayant été la premiere 
formée au cours de la segmentation de la nervure. On la 
trouvera indiquée presque toujours dans mes dessins par un 
trait renforcé. 

J’appellerai dans la description de mes coupes transversales : 
cloison anticline, toute cloison perpendiculaire aux faces dor- 
sales et ventrales des feuilles considérées, ou faisant avec elles 
un angle assez voisin de l’angle droit. Une cloison péricline 
sera toute cloison parallèle aux lames foliaires et par suite à 
peu près perpendiculaire à une cloison anticline quelconque. 

Lorsque je décrirai des feuilles vues à plat, le terme de cloi- 
son anticline désignera une cloison perpendiculaire au plan 
de symétrie de la feuille et le terme de cloison péricline une 
cloison parallèle à la nervure et par suite au bord de la feuille. 


RE PE 


Je marquerai aussi d’un trait de force sur les coupes trans- 
versales les cloisons anticlines qui limitent les cellules fon- 


damentales (Grundzelle de Lorentz) des nervures. Ces traits en 


marqueront encore les limites primitives lorsqu'elles se seront 
subdivisées. 

Jindiquerai souvent aussi d’un trait de force la limite dor- 
sale du faisceau de sténocystes, les limites des eurycystes, et 
pour les Andréales le contour des 4 cellules centrales situées 
vers la pointe de la feuille. 


ÉTUDE DES ANDRÉALES 


Je chargeai M. Frey, qui préparait une thèse sur la géo- 
graphie botanique du Grimsel de récolter mon matériel 
d’Andréales'. Ce col est justement une des rares localités 
européennes où l’on trouve, sur des rochers siliceux polis par 
les glaciers, de vastes champs de ces curieuses Mousses noi- 
râtres et minuscules. Je lui remis quelques petits tubes remplis 
de fixateur de Kaiser, en lui recommandant de recueillir le 
matériel à l’état humide. C’est ainsi qu’il récolta le 4 août 1917 
à Stocksteg (entre Handegg et le col du Grimsel), vers 1700 
mètres d’altitude, des plantules d’Andreaea crassinervia Bruch.. 

Deux jours après, non loin delà, au lieu dit Spitallamme, à 

2830 mètres d'altitude, il récolta une espèce plus gracile, 
reconnue plus tard par M. Pierre Culmann? comme étant 
VAndreaea augustata Lindberg. Cette dernière espèce, qui 
appartient comme l’Andreaea crassinervia Bruch au groupe des 
Andréales à nervure dites « costatae », a été découverte sui- 
vant Limpricht® par J. Breidler le 19 juillet 1884 en Styrie, 
au Hohensee, proche du Schwarzsee, près de Saint-Nikolai in 
der Sülk, à 1650 mètres d’altitude. Limpricht n’en signale pas 
d’autres localités. M. Culmann m'a dit l'avoir rencontrée en 
divers points de la Suisse et du Tyrol et a eu l’amabilité de 
me communiquer des fragments d’un échantillon de Breidler 
lui-même, provenant de la localité où il a découvert cette 
espéce. J’ai fait des coupes a la main dans ces fragments et 


59 


jai trouvé un aspect tout à fait identique à celui de mon maté- 


1. Je travaillais alors au laboratoire de l’Institut botanique de Berne et étant 
interné militaire français il m’était interdit d'approcher de la région du Grimsel où 
se trouvent des fortifications suisses à quelque distance. 

2. Ce savant bryologue a eu également l’amabilité de vérifier la détermination de 
mon matériel d’Andreaea crassinervia. 

3. Dans Rabenhorst, Kryptogamenflora(27), page 145. Vierter Band-Erste Abteilung. 


MODE 


riel. Cette espèce a une nervure bien moins forte que celle de 
l’Andreaea crassinervia Bruch et est aplatie jusqu’à l’extrême 


pointe. La pointe de la feuille de l’Andreaea crassinervia Bruch 


est au contraire cylindro-conique et sa coupe a un contour 
nettement circulaire. 

Le matériel d’Andréales, récolté les 4 et 6 aout 1917 à l’état 
humide, me fut rapporté le 22 août 1917 ayant été conservé 


jusque-là dans le fixateur. Je le lavai à l’eau et le fis passer 


dans la série des alcools comme je l’ai déjà décrit. Mais, ne 
voulant pas couper ce matériel de suite, je le fis repasser 
par toute la série des alcools, depuis l’alcool pur jusqu’à 
Palcool à 70°. Je ne pouvais en effet laisser dès le début mes 
Andréales dans l’alcool à 70°, car les alcools faibles contractent 
trop, ni dans l’alcool absolu, car celui-ci les aurait rendues trop 
friables. Les feuilles âgées de Mousses sont toujours difficiles 
à couper au microtome et Justement ces espèces d’Andréales 
présentent des feuilles particulièrement fragiles. C’est pourquoi 
je les ai conservées dans l'alcool à 70° qui ne les a pas con- 
tractées, car le plasma avait été suffisamment durci par passage 
préalable dans l'alcool absolu. 

J'ai inclus à la paraffine, au mois de décembre de la même 
année, un certain nombre de tiges. Je trouvai le sommet de 
la plupart de celles que je coupai occupé par des archégones. 
Je ne pus observer l’initiale d’une tige principale que dans un 
seul cas. Je dus couper en mai 1918 un certain nombre 


d’autres tiges. Je constatai que le séjour prolongé dans 


l'alcool à 70° n’avait pas nui à mon matériel. Je colorai en géné- 
) 


ral au congocorinthe et à la fuchsine-vert d’iode, ce qui m’a 


donné d’excellents résultats. Le protoplasma des Andréales. 


est chargé de granulations prenant les colorants, fait que je 
n’ai pas observé dans les autres Mousses étudiées. La chroma- 
tine est rassemblée en une seule masse dans le noyau, comme 


chez presque toutes les Mousses. Les noyaux occupent chez les. 


Andréales une grande partie des cellules qui sont très petites. 


4 


eS as 


Description du développement de la feuille 
de l’'Andreaea Crassinervia Bruch', 


Je décrirai tout d’abord laspect d’une coupe (fig. 1) passant 


par la cellule initiale d’une tige et ou l’on voit la base de feuilles 


d’âges très différents. J’attire ici l'attention sur la netteté avec 
laquelle se manifeste l’asymétrie foliaire due au recouvrement 
des feuilles l’une par l’autre. Le noyau n de la cellule initiale de 
la tige est bien plus gros que tous les autres noyaux de la coupe 
et cependant la cellule qui le contient n’est pas plus grande 
que beaucoup d’autres. La forme de ce noyau est légèrement 
elliptique (le grand axe qui a 6*,r est dirigé vers le pre- 
mier segment s, détaché par linitiale. Le plus petit axe n’a 
qu'une dimension très légèrement inférieure de 5*,5). Toute 
la chromatine du noyau est rassemblée en une seule masse 
d'un peu moins de 2p de diamètre. En général la masse 
chromatique est plus importante par rapport au caryo- 
plasme dans l'initiale d'une tige de Mousse. La cellule 
initiale, d’un aspect nettement triangulaire, comme chez 
la plupart des Mousses, est presque entièrement remplie par 
le noyau. Les 3 côtés de l’initiale ne sont pas des lignes 
droites mais des arcs de circonférence de plus ou moins 
grand diamètre. Les cordes de ces arcs ont a peu près 104. 
soit 1/100 de millimètre de longueur. Les segments ont leur 
côté droit le plus large (ceci se constate très nettement dans 
le »° segment s,). C’est d’ailleurs de ce côté que la feuille f 
apparait détachée du segment par la paroi foliaire c. L’ébauche 
de la première jeune feuille /, est bien symétrique. Nous la 
voyons formée de quatre cellules séparées par des cloisons 
anticlines. C'est le premier stade de division (Fächerung) 


1. Lorsque je parlerai du côté droit ou du côté gauche d’une coupe de feuille je 
supposerai toujours l’observateur placé suivant l’axe de la tige, la tête du côté de 
Vinitiale de celle-ci et regardant le côté ventral de la feuille. 

Pour les coupes des segments détachés par linitiale de la tige, je parlerai de leurs 
côtés droit et gauche en supposant l’observateur placé comme dans le cas précédent. 


OÙ 
re) 


de 
d'une jeune feuille, tel qu’on le retrouve chez toutes les 
Mousses. Mais déja dans la 2° feuille /, nous voyons une 
inégalité dans le développement des deux côtés. C’est du 
côté droit de la première cloison, marquée par un trait 
de force, qu’une cellule s’est divisée pour donner deux 
couches à la lame foliaire. La nervure apparait donc asymé- 
triquement. On peut m’objecter que j'ai placé ce trait de force 
pour les besoins de la cause et que j'aurais pu tout aussi bien 
le placer de l’autre côté de cet embryon de nervure. Mais il 
faut remarquer qu’a partir de la feuille 4 nous pouvons en 
général déterminer la place de cette première cloison sans 
ambiguïté et que nous constaterons toujours que le côté 
droit est le plus allongé et le plus développé. D'ailleurs 
nous voyons que ce côté droit de la feuille /, a toute la place 
nécessaire pour se développer entre les feuilles 7, et /; alors 
que le côté droit est resserré entre le segment s, et un poil p 
qui se trouve sur la face ventrale de la feuille f,. La feuille 7, 
ne nous montre pas grand’chose d’intéressant, car elle a 
été rencontrée par la coupe dans une région si proche de 
sa base, quelle se trouve encore au stade « en éventail », 
début du cloisonnement. La coupe de la feuille /, a le 
côté droit plus allongé que le gauche et plus différencié. © 
Dans la feuille /; la lame foliaire s’est dédoublée en 2 cel- 
lules d à droite pour venir élargir la nervure. Celle-ci peut 
ètre considérée comme provenant de 4 cellules fondamen- 
tales (grundzelle au sens de Lorentz), 2 à droite et 2 à gau- 
che du trait de force ; on voit que les 2 cellules fondamen- 
tales de gauche se sont simplement dédoublées par des 
cloisons périclines e pour donner chacune 2 cellules : l’une 
ventrale et l’autre dorsale, tandis que la cellule fondamentale 
située immédiatement à droite de la cloison médiane s’est 
divisée en 4 cellules superposées donnant ainsi 4 couches 
à la nervure en cet endroit. La cellule fondamentale 
extrême de droite de la nervure primitive s’est divisée d’abord, 
par une cloison péricline, en une cellule ventrale subdivisée 
ultérieurement en 2 cellules v et une cellule dorsale, subdi- 
visée en une cellule externe x et une cellule interne 7. La 
feuille 6 présente une lame foliaire formée de 6 cellules à 


Se RE 


droite et de 5 cellules seulement à gauche. La nervure pro- 
vient originairement à ce niveau comme dans la feuille /,, de 
2 cellules fondamentales de chaque coté. Elles se diviserent 
d’abord chacune par une cloison péricline comme toujours. 
Mais le cloisonnement ne se poursuivit pas de méme dans les 
cellules issues des 2 cellules fondamentales centrales. Dans 
celle de gauche la cellule ventrale v, resta indivise alors que 
dans celle de droite la cellule ventrale primitive subit une 
division au moyen d’une cloison anticline et donna ainsi 
2 cellules ventrales v,. Mais d’autre part on peut remarquer 
que la cellule dorsale d, correspond à 2 cellules d,. La 
cloison péricline qui a donné naissance à ces 2 cellules d, 
doit être due à la pression exercée par le poil p,. Je ferai 
souvent remarquer au cours de ce travail qu’une pression 
exercée sur un tissu provoque en général l'apparition de 
cloisons perpendiculaires à la direction de cette force. Les 
forces d'extension produisent le même effet. La coupe de la 
feuille f, nous en offre un assez bel exemple. La feuille /, exerce 
une pression sur le côté gauche de la feuille 7; et l’applique 
contre la feuille /f;. La feuille /, fait de même pour le côté 
droit de la feuille /; qu’elle applique contre les feuilles /, 


4 


et 
fs. Par suite la feuille /;, comme toutes les feuilles en général, 
est convexe du côté dorsal et concave du côté ventral. Le 
côté ventral est donc comprimé et le côté dorsal dilaté. Cette 
contraction amène, du côté ventral, la formation de cloisons 
telles que €, et ¢, perpendiculaires à la direction de la com- 
pression. Du côté dorsal, la dilatation a amené la formation 
d’une sorte de tissu palissadique, formé de cellules très 
allongées dans la direction perpendiculaire à la face dorsale. 
La feuille /, nous montre en d, un fort bel exemple du même 
fait. Je ferai remarquer que plus les cellules épidermiques 
dorsales sont rapprochées de la cloison médiane, c’est-à-dire 
de l'endroit ou la concavité de la feuille est la plus forte et où 
par suite la force d'extension est la plus grande, plus elles 
sont hautes (voir les cellules épidermiques dorsales des feuilles 
f; et fo); c’est de plus du côté droit des feuilles (côté qui est le 
plus long qui est le plus recourbé et, soumis à une force de 
traction) que les cellules dorsales sont les plus hautes. Dans 


— 40 — 


la feuille /, ces cellules dorsales ont pris un si grand accrois- 
sement qu'elles ont donné naissance à 5 cellules qui forment 


une couche interne. Sous l’action d’une compression, due au 


poil p; et au bord de la feuille /;, il s’est produit une cloison 
péricline c,. Lorsqu'on regarde la coupe de f; on voit que le 
côté droit est nettement plus effilé que le côté gauche, plus 
épais et plus court; pourtant la position de la cloison médiane, 
là où je l’ai placée, n’est pas douteuse. 3 

On peut remarquer encore dans cette coupe (fig. 1) les 
nombreux poils qui se trouvent entre les feuilles du point 
végétatif. On en voit ainsi vers tous les sommets de tiges 
de Mousses. Chez les Andréales ils sont trés particuliers : 
formés d’une grande cellule en massue, a parois fortement 
épaissies à l’état adulte, portée par 2 ou 3 petites cellules 
courtes à parois bien moins épaissies. Ils sont d’ailleurs 
figurés dans des traités généraux, comme dans les Pflanzen- 
familien de Engler et Prantl. 


Je vais maintenant décrire une série de feuilles appartenant. 


à une pointe de tige que j'ai découpée au microtome en série 
régulière de coupes d’une épaisseur uniforme de 15 micra. 
Ceci m’a permis de reconstituer en plastiline les feuilles qui 


entouraient la pointe de cette tige, depuis les stades les plus 


jeunes jusqu’à un stade très proche de l’état adulte. La planche 
photographique double n° I présente ces reconstitutions pho- 
tographiées par M. Cintract. Les figures I à VIII de cette 


planche montrent la série complète des feuilles depuis la 


plus jeune (fig. 1) jusqu’à la 8° (fig. VIID, qui est presque 
arrivée à l’état adulte. On remarque de suite que la 
feuille VIII, qui devrait être la plus grande, étant la plus 


âgée, est bien moins longue. que ‘la. feuillé Wieser 


une irrégularité comme on en rencontre à chaque instant 
dans la nature et ceci montre bien que mes reconstitutions 
ont été faites le plus fidèlement possible et ont par suite 
une valeur documentaire. 

J'ai indiqué sur les photographies : par un trait plein 


les coupes que jai figurées, et par un trait en pointillé 
celles qui ne l’ont pas été. Je les ai numérotées depuis la 


pointe jusqu’à la base dans chaque feuille. La distance 


à 


sù is 
Ru Ed dr À 


Le. Pro 


2 
; 
, 


+ 


a ees 


comprise entre 2 de ces lignes représente 15 micra. On 


constate du premier coup d’eil, que la feuille de lAn- 
dreaea crassinervia Bruch possède une croissance interca- 
laire et surtout une croissance basilaire très intenses. Exa- 
minons spécialement la partie basilaire engainante de la 
feuille. Elle ne commence a faire son apparition que dans 
la feuille II] et seulement dans la coupe inférieure. Les 
feuilles I et II en sont totalement dépourvues. On la trouve 
dans 2 ou 3 coupes de la feuille IV, 3 ou 4 de la feuille V, 


et à peu près 5 coupes de la feuille VI. Mais brusquement, 


dans la feuille VII, les ailes de la gaine remontent de la 
coupe basilaire, qui porte le numéro 54, jusqu’à la coupe 38, 
par conséquent sur une hauteur de 16 coupes. La gaine de 
cette feuille atteint donc 3 fois la hauteur de celle de la 
feuille précédente, alors que la longueur de la feuille elle- 
même est à peine supérieure. La gaine de la feuille VIII 
ne remonte pas plus haut que celle de la feuille VIT, mais 
elle est bien plus large. Si nous comparions d’autres seg- 
ments des feuilles, nous constaterions un fait analogue. L’in- 
tensité de l’accroissement se déplace donc, au cours du déve- 
loppement, de la pointe vers la base de la feuille. 

La figure 2 montre l’aspect de la coupe passant par l’ini- 
tiale de la tige. L’asymétrie foliaire est bien moins nette que 
dans la figure 1. Cette coupe (fig. 2) permet de reconnaitre 
Page réel des diverses feuilles, car on voit non seulement les 
dimensions de leurs contours et la différenciation de leurs 
tissus, mais encore la position qu’elles occupent les unes 
par rapport aux autres. Ceci fait mieux comprendre l’asy- 
métrie de la base foliaire due au recouvrementdes feuilles les 
unes par les autres. L’initiale de la feuille étant a un seul pan, 
sauf dans de rares exceptions, il ne peut exister d’asymétrie 
due au fonctionnement de cette initiale et c’est ce que nous 
constaterons. 

Je décrirai la structure de chaque feuille l’une après l’autre 
en la comparant a celle de la feuille immédiatement plus 


Jeune. Ceci me permettra de suivre tous les détails du “déve- 


Joppement de chacune des parties essentielles. 


Re 


Feuille I. 


Cette très jeune feuille ne se voit que dans 2 coupes. 
Elle a par suite 30 micra ou 1/33 de millimètre de hauteur. 
Il faudra done qu’elle effectue une longue croissance pour 
arriver a la taille adulte, qui dépasse souvent 1 millimetre 
de longueur. Je ne parlerai pas de la coloration des mem- 
branes cellulaires qui est nulle ou légèrement rose (colo 
ration due au congocorinthe) ni de leur épaisseur très faible. 
La pointe de cette jeune feuille nous apparait formée par 
une cellule remplie d'un plasma bien dense, à contour 
elliptique ayant 16 p» sur 13, en coupe transversale. Cette 
cellule contient un noyau bien formé d’un diamètre de 5*,6 
et possédant une masse chromatique de 1*,6 de diamètre. 
En abaissant la mise au point du microscope, j'ai observé un 
autre noyau indiquant une autre cellule. Ce noyau n’a plus 
qu'un diamètre de 4*,8 et son nucléole n’a plus guère qu'un 
micron. La cellule initiale, à en juger par son noyau, doit donc 
jouer réellement encore le role d’initiale. Néanmoins, si l’on 
mesure le noyau de la cellule initiale de la tige sur laquelle 
est fixée cette feuille I (qui est représentée au centre de la 
figure 2) on constate que sa masse est sensiblement égale à 
celle du noyau'de Vinitiale de la feuille 1, mais le diamètre en 
est de 5 y seulement. Le rapport de la quantité de chromatine 
à la masse du noyau est done déjà plus faible dans Vinitiale 
de cette très jeune feuille, que dans l’initiale de la tige qui la 
porte. Nous avons indiqué plus haut les dimensions du noyau 
de la cellule initiale d’une autre tige de cette espèce (repré- 
senté au milieu de la figure 1). Je rappelle ici que ces dimen 
sions étaient de près de 2 micra pour la masse chromatique 
et variaient entre 6*,1 et 5*,5 pour le noyau entier. Les rap- 
ports nucléaires sont donc comparables à ceux trouvés dans 
l'initiale de l’autre tige. 

J'ai dit que la feuille I présentait une pointe formée de 
2 cellules placées l’une sur l’autre. Nous retrouverons cette 
structure même dans les feuilles adultes. Plus bas, et toujours 
dans la première coupe, nous voyons apparaître la première 


sa tissée 


Leg 064 
5 Le et 


— 39 — 


cloison de la jeune feuille. Elle est placée dans la direction 
dorso-ventrale. C’est donc une anticline quise produit d’abord, 
comme chez toutes les Mousses étudiées jusqu'ici. Chacune 
des 2 cellules ainsi formées possede un noyau d’environ 
3,5 de diamètre, pourvu d’un nucléole de grandeur voi- 
sine du micron. Ces noyaux ont donc des dimensions 2 fois 
moindres que celles du noyau de la cellule initiale. Il est vrai 
qu'ils sont dans des cellules de volume également 2 fois 
moindre. Dans la 2° coupe de cette jeune feuille (/;, fig. 2) nous 
voyons le nombre des cellules porté à 4 par l’addition de 
2 cloisons anticlines placées parallèlement à droite et à gauche 
de la première cloison, ce qui donne à la coupe de cette 
jeune feuille l’aspect «en éventail » bien connu et dont j'ai 
déjà parlé plusieurs fois ». 


Feuille IT. 


Cette feuille se rencontre dans 4 coupes. Elle a donc à peu 
près 4><15=45 micra, soit 1/20 de millimètre de longueur. 
Le premier noyau cellulaire, que l’on aperçoit (fig. 3) à la 
pointe de cette feuille, possède des dimensions sensible- 
ment égales à celles des noyaux du stade en éventail de la 
feuille I, c’est dire qu'il ne diffère en rien de tous les autres 
noyaux des feuilles. On n’a donc déjà plus, dans une feuille 
ayant à peine atteint le vingtième de sa grandeur définitive, 
de cellule initiale ayant des caractères cytologiques qui per- 
mettent de la distinguer. Plus bas on trouve un noyau de taille 
également très comparable à celui de l’initiale. On a donc 
encore ici une pointe de feuille formée de 2 cellules superpo- 
sées. Dans la coupe 2 (fig. 4) on voit 4 cellules disposées en 
quadrant, mais on reconnait parfaitement que la première 
cloison est apparue dans le sens dorso-ventral de la feuille : 
cest la cloison anticline a (fig. 4). Les 2 autres cloisons 
formées, qui sont périclines, ne sont pas exactement placées 
dans le prolongement l’une de l’autre et ne forment donc cer 
tainement pas une même cloison. Leur apparition est par con 
sequent postérieure à celle de la cloison a (fig. 4). Nous avons 
affaire ici à un mode de cloisonnement tout particulier qui dis- 


— ho — 


tingue nettement l’Andreaea crassinervia Bruch de l’Andreaea 
angustata Lindberg. C’est ce qui donne un aspect cylindro- 


conique à l'extrémité des feuilles de cette première espèce. 


A l’état adulte il n’y a guère que 2 étages de cellules, qui 
restent ainsi sous forme. de pur quadrant indivis. Dans la 
3° coupe (fig. 5) nous voyons les 2 cellules médianes de la 
feuille divisées chacune par une cloison péricline ; c’est la 
première ébauche de la nervure remplissant toute la pointe 
de la feuille. On peut remarquer qu’elle est bien symétrique. 
La partie de feuille intéressée par cette coupe possédera à 
l’état adulte le plus grand nombre de couches cellulaires. 
C’est à cet endroit qu’on rencontre généralement chez toutes 
les Mousses la plus haute différenciation, mais on ne peut 
guère employer ce terme ici, car les cellules des feuilles de 
ce groupe sont assez semblables. 

Dans la coupe basilaire f, (fig. 2) nous trouvons le stade en 
éventail. Cependant la forme générale de la coupe n’est plus 
une ellipse conime précédemment, mais un croissant de lune à 
côté ventral concave. La partie correspondante de la feuille 
donnera en se développant la gaine, munie d’un limbe à une 
seule couche cellulaire, alors que teut le reste n’est formé 
que de la nervure. 

Cette tres jeune feuille contient donc les premiers rudi- 
ments des 4 parties principales que je distingue dans une 
feuille adulte. | 

On peut remarquer dès maintenant combien est fausse la 
méthode consistant à déduire le développement de l’aspect 
des coupes faites de la pointe à la base d’une feuille à l’état 
adulte. Lorentz (12) a pu soutenir cette méthode dans l'étude 
du Timmia austriaca Hedw., et pour beaucoup de Mousses elle 
peut en effet suflire. Mais je montrerai que, par suite de 
cloisonnements, une portion de feuille ayant pour origine le 
stade en quadrant peut fort bien ressembler à une zone qui 
dérive du stade en éventail. 


Feuille LIT. 


Cette feuille a été débitée en 9 coupes de 15 micra chacune. 
Elle avait donc 135 y de hauteur ou 0"",135. Nous voyons ici 


PROS ee PP ne 


SR US © 


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an 
la pointe de la feuille occupée par une cellule qui n’était 
certainement plus une initiale. En effet, la première coupe 
nous apparaît (fig. 6) comme un petit cercle de 12 y de dia- 
mètre limité par une circonférence de coloration violacée. 
Cette coloration est la marque d’une transformation de la 


- membrane cellulaire qui, au lieu de se colorer en rose par le 


congocorinthe, fixe le mélange fuchsine-vert diode. De plus, 
à l’intérieur de la cellule initiale, j'ai bien vu une masse 
plasmatique mais je n'ai pu y distinguer nettement de 
noyau. I] doit exister encore mais sans pouvoir se diviser. 
L'activité de l’initiale foliaire est donc très éphémère chez 
les Andréales. _ 

Dans la 2° coupe de la feuille 3, nous voyons le stade en 
quadrant (fig. 7). Chaque cellule est munie d’un noyau. Il n’y 
a qu'un très faible début de coloration violette dans les 
parois cellulaires. Tout le reste de la feuille possède au 


contraire des membranes se colorant en rose par le congo- 


corinthe. C’est donc la pointe de la feuille qui perd tout d’abord 
son caractère méristématique. 

La figure 8 représente la mise au point supérieure et la 
figure 9 la mise au point inférieure de la coupe 2 de la 
feuille 3. Nous voyons ici le début du cloisonnement des 
quadrants. La partie cylindro-conique, dont les coupes appa- 
raissent sous forme de quadrants subdivisés, n’a donc qu’une 
hauteur de 15 micra, comme celle dont les coupes sont for- 
mées d’un quadrant indivis. La partie à section transversale 
elliptique a pris au contraire ici un accroissement énorme. 
Elle s'étend sur 5 coupes (fig. 10 à 14), alors que la partie 
engainante ne comprend encore qu'une coupe (}f;, fig. 2). Ce 
qui caractérise la structure de cette partie à coupe transversale 
elliptique c’est l'existence de 4 cellules zau centre. Le développe- 
mentestcomplètement différent de celui de lazone précédente: 
il apparaît ici 3 cloisons anticlines (11, 22, 2’2’) avant qu'il ne 
se produise aucune cloison péricline. La nervure a donc pour 
origine 4 cellules fondamentales (Grundzellen au sens de 
Lorentz) dans toute la partie de coupe elliptique. Puis appa- 
raissent 4 cloisons périclines, deux à deux, à peu pres dans le 
prolongement l’une de l’autre, et qui achèvent la délimitation 


— 42 — 


des 4 cellules internes 2, des dorsales d et des ventrale sv 


(fig. 10 à 14). La partie de la feuille dont les coupes sont à 
contour circulaire avait a l’origine 2 cellules fondamentales 


seulement. Le nombre des cellules fondamentales qui donnent 


naissance à la nervure augmente donc vers le bas. C’est ainsi 
que tout près de la base (fig. 14), dans la 8 coupe, la nervure 
est formée de 6 cellules fondamentales. 

La partie engainante, dont la coupe est en forme de crois- 
sant de lune (f;, fig. 2), présente une structure très simplifiée : 
des cloisons anticlines telles que @ apparaissent dans les 
cellules dorsales primitives, formées par la première division 
de chaque cellule fondamentale au moyen d’une cloison péri- 
cline. 


Feuille IV. 


Cette feuille a 255 micra, soit 1/4 de millimètre de lon- 
gueur. Sa pointe nous montre tout d’abord une différenciation 
bien plus avancée. Dans la premiere coupe (fig. 15), on voit un 
cercle de 11*,6 de diamètre avec un plasma assez clair à l’inté- 
rieur. Dans la 2° coupe (fg. 16) apparaît une cloison orientée 
dans le sens dorso-ventral. Dans ces 2 premières coupes 
toutes les membranes, même la cloison anticline de la 2° coupe, 
présentent la teinte brune caractéristique des Andréales. 


Cette coloration naturelle apparait donc elle aussi à la pointe | 


de la feuille, qui ne se développera certainement plus. 

La coupe 2 (fg. 16) montre qu'on peut donc avoir un stade 
intermédiaire durable entre la cellule unique et le quadrant 
indivis. La 3° coupe (fig. 17) présente le stade du quadrant 
indivis : les parois cellulaires sont ici colorées en violet, les 
noyaux cellulaires se voient nettement. La 4° coupe (non 
figurée) et la 5° (fig. 18) présentent un mode de cloisonnement 
comparable à celui de la figure 9 : dans chaque quadrant il 
apparait d’abord une cloison telle que c (fig. 18), parallèle à 
l’un des diamètres (ici dd) qui délimitent les quadrants ; puis 
il se produit une cloison e perpendiculaire a la première (ici c) 
et parallèle à l’autre diamètre (ici ff). 

Cette structure, comprenant 4 cellules internes entourées 
extérienrement de 8 cellules, peut se compliquer par l’adjonc- 


| 


* 


4 


PTS ee 


7. “rs! 


ce pee 


tion dans les cellules externes de cloisons qui augmentent 
leur nombre en se placant perpendiculairement a la surface 
extérieure du corps (Voir les cloisons a, 6, c des figures 19 
et 20). La coupe 3 (fig. 8 et 9) de la feuille III forme donc 
une zone qui correspond a la zone des coupes 4 a 7 (fig. 18 
à 20) de la feuille IV. Dans les figures 18 à 21 on est frappé 
par la hauteur des cellules périphériques formant une sorte 
de tissu én palissade (encore plus apparent dans les feuilles 
plus âgées). Ceci est probablementen rapport avec l’assimi- 
lation chlorophyllienne, qui doit se produire surtout à ce 
niveau comme l’a déjà fait remarquer l’abbé Morin [page 14 de 
sa these (30)|. Ce dernier a observé également que les cellules 
du limbe deviennent 2 à 3 fois plus hautes que larges. Cet auteur 
semble avoir étudié Andreaea rupestris ? perichaetialis Zett., 
Blythii Br. Eur. et falcata?. La lame foliaire, à laquelle est 
généralement dévolue la fonction chlorophyllienne, est réduite, 
en effet, chez Andreaea crassinervia Bruch, à une gaine basi- 
laire recouverte en partie par les feuilles voisines. La feuille 
IV bis de la planche photographique I, qui représente la 
feuille IV vue de profil, montre fort bien ce renflement de la 
feuille à la base de son tiers supérieur, là où se trouve ce 
tissu palissadique. 

I] peut y avoir plus de 4 cellules internes, même au stade 
ayant pour origine des quadrants: ainsi, dans la 8° coupe, la 
cellule €, (fig. 21). 

Les coupes 9 à 11 (fig. 22 à 24) sont les homologues des 
coupes 4 à 7 (fig. 10 à 13) de la feuille III, car elles ont pour 
origine 4 cellules fondamentales seulement et leur contour 
est elliptique. Nous y constatons l’apparition des cellules ¢,, 
CS CCE C;. 

La coupe 11 (fig. 24) présente en un point 5 couches cellu- 
laires, par suite de la formation d’une cloison péricline dans 
la cellule épidermique ventrale de gauche. C’est donc a la 
base de la zone à coupe elliptique, à l’instant où la coupe va 
devenir plane du côté ventral, que la nervure présente le 
maximum de couches cellulaires. Ici, comme dans la majo- 
rité des Mousses, c’est au-dessous du milieu de la feuille 
que se trouve le plus grand développement (Au niveau de: 


PEON Lu 
la 11° coupe à partir de la pointe dans cette feuille débitée 
en 17 coupes). | 

Dans la feuille IV chacune des cellules dorsales provenant 
des 2 cellules fondamentales médianes s’est divisée en deux 
au moyen d’une cloison anticline, donnant ainsi 4 cellules 
dorsales d dans les coupes 9 à 14 (fig. 22 à 27) au lieu de 
2 cellules dorsales d (fig. 10 à 12) dans la feuille III. 

Nous avons enfin dans la coupe 10 (fig. 23) un mode de divi- 
sion très spécial de la cellule fondamentale médiane de gauche : 
la première cloison formée dans cette cellule fondamentale 
est bien, comme c’est la règle, une cloison péricline p (fig. 23) 
qui amène la formation d’une cellule dorsale et d’une cellule 
ventrale. Mais la cellule dorsale au lieu de se subdiviser au 
moyen d’une cloison péricline, comme dans les figures 22 à 28 
(sauf dans la fig. 23), se divise par une cloison anticline a 
(Ag. 23). 

Les figures 25 et 26, qui représentent les 12° et 13° coupes de 
la feuille IV, nous montrent une zone dérivant non plus de 
4 cellules fondamentales mais de 7 ; soient 4 à gauche et 3 à 
droite. La coupe de la feuille est sensiblement ovoide dans 
cette zone. Ces coupes 12 et 13 (fig. 25 et 26) correspondent 
donc à la seule coupe 8 (fig. 14) de la feuille III. Il y a encore 
dans cette zone, comme dans la précédente, 4 cellules dor- 
sales d. | 


Dans les coupes 14 et 15 (fig. 27 et 28) il y a autant de 


cellules fondamentales d’un côté que de l’autre. Mais dans 
la coupe 16 (fig. 29) il ya 5 cellules fondamentales à gauche 
contre 4 à droite (fig. 29) à la mise au point supérieure et 6 a 
gauche contre 5 à droite à la mise au point inférieure (en /,, 
fig. 2). Ceci est la marque de l’asymétrie due au chevau- 
chement des feuilles l’une sur l’autre. Celle-ci n’apparaît pas 
tout au début, car dans les feuilles I, II et III on ne trouvait 
pas trace de cette asymétrie. La feuille ici est donc bien symé- 
trique au début, comme l’affirmait Hofmeister pourles Mousses 
en général. Les coupes 12, 13 et 14(/ig.25 à27)correspondent à la 
seule 8° coupe (fig. 14) de la feuille III. 

La coupe 14 (fig. 27) est le début d’une zone intermédiaire 
entre la gaine etla partie moyenne de la feuille. Dans cette zone 


fale Lain 


eG — 


\ . 


le côté ventral est a peu près plan alors que le côté dorsal est 


bien plus fortement bombé que dans la zone précédente dite 
« à coupe biconvexe ». Le processus que nous avons décrit 
pour la coupe 10 (fig. 23), dans le cloisonnement d’une des 
cellules fondamentales médianes, se reproduitici a la base de 
la feuille et marque la simplification de structure et la diminu- 
tion d’épaisseur qu’on retrouve généralement chez toutes les 
Mousses. On constate que cette réduction se produit asymé- 
triquement : elle commence, d’abord par le côté droit. A ce 
point de vue, comme en ce qui concerne le nombre de cellules 
fondamentales, c’est toujours le côté gauche qui est prédo- 
minant. Dans les coupes 15 et 16 (fig. 28 et 29) une cloison 
péricline a apparaît tout d’abord dans la cellule dorsale prove- 
nant de la cellule fondamentale médiane de droite, comme dans 
la coupe 10 (fig. 23) ena. Dans la coupe 16 (fig. 29) on constate 
le même fait dans la cellule dorsale provenant de la cellule 
fondamentale médiane de gauche (voir 6, fig. 29). On perce- 
vait déjà l'indication de ce mode de cloisonnement dans la 
coupe 14, où une cloison anticline a (fig. 27) apparait en pre- 
mier lieu dans la cellule dorsale provenant de la 2° cellule 
fondamentale de droite. Il n’y a plus que trois cellules internes ? 
dans la coupe 15 (fig. 28) et une seule dans la mise au point 
supérieure de la coupe 16 2 (fig. 29). À la mise au point inférieure 
de cette même coupe (/,, fig. 2) nous voyons encore 2 cellules 
dorsales et 1 ventrale issues de chaque cellule fondamentale 
centrale. Dans la coupe suivante, que je n’ai pas figurée, l’as- 
pect est semblable. La structure est donc devenue sensiblement 
symétrique à l’extrème base de la feuille : ce qui peut s’ex- 
pliquer par la faible épaisseur de cette partie encore méris- 
tématique, qui n a pas encore rencontré l'obstacle qu’opposent 
les autres feuilles à son accroissement régulier en épaisseur. 


Feuille V. 


Cette feuille a 390 micra, soit 2/5 de millimètre de longueur. 


On peut être étonné de voir sur la planche photographique | 


la feuille V terminée par une pointe obtuse. En réalité il n'en 
est certainement pas ainsi et j'ai retrouvé dans mes coupes la 


EN AG a 

pointe de cette feuille (indiquée en pointillé dans la planche 
photographique) sous forme d’une initiale nettement à un 
pan. Dans la 2* coupe on voit à la mise au point supérieure 
une cellule divisée en deux (fig. 30). C’est le stade analogue 
à celui de la figure 16. A la mise au point inférieure de cette 
coupe j'ai observé le stade en quadrants (fig. 31) ainsi que 
dans la coupe 3 (fig. 32). On aperçoit déjà dans cette coupe, a 
une mise au point inférieure, une subdivision des quadrants, 
ainsi que dans la coupe suivante (fig. 33). Dans ces premières 
coupes les parois cellulaires sont brunes et l’on ne voit même 
pas la coloration rosée indiquant le cytoplasma. Ce n’est 
que dans la 5° coupe (fig. 34) que l’on perçoit nettement le 
contenu plasmatique qui ne prend encore qué peu la coloration, 
contrairement à ce que l’on observe dans les zones en activité 
végétative intense. Ainsi donc, dans cette feuille découpée en 
26 tranches égales, les 5 plus proches de la pointe sont formées 
de cellules qui, non seulement ne se diviseront plus, mais ont 
cessé toute croissance. Ce n’est que dans la coupe 6 (fig. 35), 
où le stade à 4 cellules centrales z est réalisé, que l’on voit le 
plasma coloré en beau rose par le congocorinthe dans ces 4 
cellules centrales ainsi que dans les 2 cellules ventrales v. 
Dans la 7° coupe (fig. 36) toutes les cellules ont un plasma 
d’un beau rose et l’on distingue même quelques noyaux cellu- 
aires. Dans la 8° coupe (fig. 37) il n’y a plus que les parois 
périphériques colorées en brun; les parois des cellules inter- 
nes ont une coloration franchement violette. La coloration du 
plasma est bien plus vive dans cette 8° coupe. En résumé tout 
le tiers supérieur de la feuille a donc ses parois brunies. 

Les coupes 6 à 19 (fig. 35 à 45) représentent dans cette feuille 
la zone dite « à coupe biconvexe » dont chacune des cellules 
fondamentales médianes s’est subdivisée typiquement en 2 
cellules dorsales d, 2 cellules internes 2 et une cellule ven- 
trale v. Naturellement aux 2 extrémités de cette zone la struc- 
ture ne correspond pas à cette description. C’est ainsi que 
vers la pointe de la feuille (coupes 6 et 7) il n’y a encore que 
2 cellules dorsales d (fig. 35 et 36). Il y en a 3 dans la coupe 8 
(fig. 37). En ce qui concerne les cellules ventrales c’est à l’autre 
extrémité de cette zone que nous trouvons des exceptions : 


fig = 

ainsi dans les coupes 10 et 11 (fig. 39 et 40) la cellule ventrale 
provenant de la cellule fondamentale médiane de gauche s’est 
dédoublée donnant ainsi 1 cellule interne supplémentaire v’ 
(Ag. ho). 

On voit sur la planche photographique I que la feuille V, 
représentée de profil en V des, présente son maximum d’épais- 
seur à la hauteur de la coupe 13. La coupe 14 (fig. 41) montre 
très nettement que cette épaisseur remarquable est due surtout 
à l’allongement des cellules périphériques formant un véri- 
table tissu en palissade, déjà signalé plus haut pour la feuille 
précédente. 

Immédiatement après ce lieu de plus grande épaisseur la 
coupe de la feuille présente un aspect aplati qu'elle conserve 
jusqu’à la base de cette zone. 

I] n’y a aucune raison de penser que le développement de 
la zone a coupe biconvexe se soit produit autrement que celui 
des zones comparables des feuilles plus jeunes. Je décrirai 
celui-ci d’après la figure 41. La cloison 11 a du se former la 
premiere, puis les cloisons 2g2g et 2d2d, limitant ainsi 4 cellules 
fondamentales. Chacune de ces cellules fondamentales s’est 
divisée par une première cloison péricline m. Dans les 
> cellules fondamentales médianes il s’est produit ensuite 
d’autres cloisons périclines p isolant 4 cellules internes 2, 
> cellules ventrales v et 2 cellules dorsales qui, par 2 cloisons 
anticlines, donneront 4 cellules dorsales d. Dans les 2 cellules 
fondamentales ne touchant pas la cloison médiane 1r il 
apparait en général, après la cloison péricline m, des cloi- 
sons anticlines telles que a, plus ou moins inclinées sur la 
cloison m, auxquelles succèdent des cloisons périclines telles 
que 6 qui augmentent ainsi le nombre des cellules internes en 
donnant des cellules homologues des cellules e,c,ese, de la 
feuille IV (fig. 23 à 26). Dans la cellule fondamentale qui est 
le plus à droite il se produit en général 1 ou 2 cloisons péri- 
clines e (fig. 34 à 42), parallèles à la cloison m, avant qu'il 
n’apparaisse des cloisons anticlines telles que f (fig. 38 à ha). 
Les coupes 17 à 19 nous montrent l’une des 4 cellules dorsales 
qui s’est divisée par une cloison péricline pour donner une 
petite cellule interne g (fig. 43 à 45). Remarquons que c’est à 


— 48 — 7 

gauche de la médiane de la feuille que cette cellule g apparait. 
L’asymétrie se manifeste donc ici nettement: le côté gauche 
étant plus épais que le droit. Plus près de la pointe nous 
avons vu que l'inverse avait lieu. Dans la coupe 17 (fig. 43) il y 
a2 cellules internes de plus ¢, et €, qui se correspondent symé- 
triquement. Cette cellule ¢, se voit encore dans la coupe 19 
(fig. 45). On rencontre donc le plus grand nombre de cellules 
internes au-dessous de cet endroit où les cellules périphé- 
riques forment un tissu palissadique. Be | 

Les figures 46 à 48 correspondent respectivement aux coupes 
20 à 22 (zone de coupes à contour plan du côté ventral et 
très convexe du côté dorsal). Il y a à la base du développement 
de cette zone 8 cellules fondamentales, et non plus 4 comme 
précédemment ; les 4 médianes se cloisonnent d’abord chacune 
au moyen de 3 parois périclines en 1 cellule dorsale, 1 
interne et 1 ventrale. Les cellules dorsales se subdivisent 
ensuite en général chacune en 2 par une cloison anticline 
pour donner 8 cellules dorsales (fig. 46) ou 6 (fig. 47). 

La coupe 22-(fig. 48) nous présente une toute autre struc- 
ture. Elle a un aspect presque triangulaire, du a l’amincis- 
sement brusque des 2 bords de la feuille, et montre l’ébauche 
d’une lame foliaire à une couche, sous forme de 2 cellules f 
de chaque côté (fig. 48). Il n’y a plus que 4 cellules centrales 
correspondant aux cellules que nous avons appelées à dans 
les dessins précédents. En effet la cellule fondamentale de 
droite s’est divisée par une cloison péricline en 1 cellule 
ventrale et 1 dorsale, mais la cellule dorsale au lieu de se 
diviser par 1 cloison péricline s’est divisée par 1 anticline 
a (fig. 48). Le segment de nervure provenant de la cellule 
fondamentale médiane de droite (située entre les parois 11 et 
2d2d) (fig. 48) est donc bien moins différencié que celui pro- 
venant de la cellule fondamentale médiane de gauche (située 
entre 11 et 2929) (fig. 48) d’autant plus que dans ce segment 
une des cellules dorsales a donné 1 cellule correspondant a 
la cellule g de la figure 43. 

Dans les.2 coupes suivantes (les 23 et 24) (fig. 49 et 50) on 
constate encore plus nettement cette réduction dans le déve- 
loppement des segments du côté droit par rapport à ceux qui 


= Hg 
leur sont homologues du côté gauche. Le nombre des cellules 
internes z est réduit a1 dans les figures 49 et 5o. 

Le processus signalé pour le cloisonnement de la cellule 
fondamentale médiane de droite dans la figure 48 (production 
d’une eloison a) se rencontre dans la figure 46 pour la cellule 
fondamentale médiane de gauche et dans la figure 50 dans les 
cellules fondamentales médianes de droite et de gauche. 

Dans la figure 50 la cellule dorsale d ne s’est pas encore 
subdivisée par une cloison péricline. Ceci montre que, dans 
ce mode de cloisonnement, c’est bien la cloison @ qui appa- 
rait la première et non les cloisons périclines telles que 4 
qui viennent subdiviser les cellules dorsales. Comme ces 
cloisons 6 se placent en effet souvent dans le prolongement 
l’une de l’autre elles pourraient faire croire à l'existence d’une 
cloison péricline unique (voir fig. 4g et 50). 

Le côté droit de la lame foliaire possède 5 cellules sur la 
coupe alors que la partie gauche n’en possède que 4 (fig. 50). 

L’allongement de la partie droite est done aussi manifeste 
que la simplification de son développement et la réduction de 
son épaisseur. 


Feuille VI. 


Cette feuille a 660 micra ou 0"",66 de longueur. J’ai décrit 
les premières feuilles avec un assez grand détail, coupe par 
coupe, car elles étaient encore en plein développement. Les 
parois cellulaires de leur segmentation primitive et spéciale- 
ment celles de leurs cellules fondamentales étaient encore 
reconnaissables. Ce n’est plus maintenant que la partie basi- 
laire qui présente ces caractères méristématiques. C’est pour- 
quoi j'étudierai peu la région dela pointe, qui est restée sem- 
blable ace qu’elle était dans les stades précédents. L'étude de 
la base foliaire nous montrera le développement de la zone 
formant gaine, qui n'avait encore que 3 coupes de hauteur 
dans la feuille V. 

J’étudierai plus complètement la feuille VIT (la plus longue 


de celles décrites ici). 


En regardant la planche photographique I on est frappé du 
4 


= 50, — 


fait que dans cette feuille VI, presque aussi grande que la 
‘euille VIT, la gaine n’est guère plus développée que dans la 
feuille V, notablement plus courte. Ceci nous montre bien 
que le lieu du maximum de croissance se déplace de la pointe 
à la base de la feuille comme dans une coupe du centre à la 
périphérie (fait déjà signalé). 

Au point de vue de la coloration des membranes cellulaires, 
on ne trouve que la coloration brune de la pointe jusqu’a la 
34° coupe. Dans la 35° la coloration violette apparait au centre 
et ventralement; on la rencontre Jusque vers la coupe, 42 
dans les cloisons du centre de la nervure. Dans cette feuille, 
comme dans la précédente, la coloration brune s’étend sur 
toute la zone à coupe circulaire et la coloration violette sur 
la zone à coupe biconvexe. Dans les feuilles suivantes il n’en 
sera plus ainsi, la coloration brune gagnant rapidement la 
base de la feuille, précédée de la coloration violette. 

Les figures 51 à 53 représentent des coupes de l’extréme 
pointe et nous offrent une structure identique à celle déjà 
observée chez les feuilles précédentes (fig. 6 à 8, 15 à 17, 30 
à 32) sauf l’épaissement un peu plus grand des parois cellu- 
laires externes, qui commence par la pointe de la feuille comme 
tous les autres processus de différenciation. 

Les figures 54 à 58 représentent des coupes dans la zone 
ayant pour origine 4 cellules fondamentales. La g° coupe 
(fig. 54) montre un aspect très semblable à celui des coupes 
7 et 8 (fig. 36 et 37) de la feuille V. L’effilure plus prononcée 
du côté gauche vers la pointe est done assez générale puisque 
nous la retrouvons dans les feuilles VII (Ag. 65 et 66) et IX 
(fig: 103). 

A la base de la zone biconvexe on constate une certaine 
tendance à la multiplication des cellules ventrales, fait déjà 
indiqué dans une zone comparable de la feuille V (fig. 45). Du 
côté dorsal il en est de même. Nous voyons dans la zone à 
coupe plan convexe un grand nombre de cellules g (fig. 55 
à 60), formées par division des cellules dorsales au moyen de 
cloisons périclines et qui correspondent exactement aux 
cellules g (fig. 43 à 45) de la même zone de la feuille V. 

Dans la zone basilaire les coupes 29 à 42 (fig. 60 à 62) ont 


Regie 2 
du passer à l’origine par un stade analogue à celui représenté 
par la coupe 23 de la feuille V (fig. 49). Une seule coupe de la 
partie engainante de la feuille V correspond donc a peu près 
à 2 coupes de la même zone de la feuille VI. L’accroissement 
commence par conséquent à devenir assez intense à la base. 
L’asymétrie foliaire est moins marquée dans cette région de 
la feuille VI que dans les 2 feuilles précédentes, mais décelable 
cependant: en comptant par exemple le nombre des cellules 
dela lame foliaire de chaque côté et en comparantles segments 
homologues de la nervure issus de cellules fondamentales 
symétriques. 


Feuille VIT. 


Cette feuille a 810 micra soit o"",8 de longueur, c’est-à-dire 
quelle a atteint la grandeur de nombreuses feuilles adultes. 
En effet la feuille VIII, plus âgée qu’elle mais plus petite, est 
presque complètement développée. La feuille VIT n’a plus 
guère qu'à acquérir une gaine d'une plus grande largeur. 

Dans la première coupe ou l’on aperçoit cette feuille elle 
apparait sous forme de 2 cellules, puis, à la mise au point 
inférieure, sous forme de quadrants indivis. Dans la coupe 
suivante on voit une cellule centrale. Enfin dans la 3° coupe 
(fig. 64) nous voyons 3 cellules fondamentales a Vorigine 
du cloisonnement et une centrale. La coupe 4 montre 2 cel- 
lules centrales et la coupe 5 en montre 4. La pointe de 
cette feuille ne semble différer des précédentes que par 
Vapparition très précoce de 4 cellules fondamentales à la 
nervure : c’est sans doute pourquoi elle est bien moins effilée. 

Les coupes 6 et 7 (fig. 65 et 66) nous montrent cette atrophie de 
la nervure du côté gauche que nous avions déjà mentionnée 
pour la feuille V (fig. 35 à 37) et la feuille VI (fig. 54). Mais 
bientôt c’est le côté droit qui s’allonge nettement et c’est de ce 
côté qu’apparaissent les cellules internes. C’est ainsi que dans 
la coupe 6 (fig. 65) la première cellule interne €, qui se forme 
après les 4 cellules internes fondamentales 2 est du côté droit. 
Dans la 7° coupe (fig. 66) la cellule ce, est encore du côté droit. 
Dans la 20° coupe (fig. 71) c est toujours du côté droit qu’appa- 


be = 


rait la cellule c,, début du stade à 12 cellules internes. Lorsque 
ce stade est complètement réalisé ilse forme encore une cellule 
interne de plus c, du côté droit (fig. 76). C’est dans cette 
coupe 25 (fig. 76), qui se trouve vers le bas de la zone elliptique, 
que se rencontre le plus grand nombre de cellules internes. 
En examinant d’ailleurs tous les dessins on constate facilement 
qu'il y a toujours beaucoup plus de cellules internes à droite 
qu’à gauche. ; 
Dès le début de la zone à coupe plan convexe nous voyons 
se produire une réduction du cloisonnement, analogue à celle 
décrite dans la même zone des feuilles précédentes (voir par 
exemple a, fig. 48 pour la feuille V). J'avais alors fait remar- 
quer que la cellule fondamentale médiane de droite s'était 
divisée par une cloison péricline en une cellule ventrale et 
une cellule dorsale, comme toutes les cellules fondamentales : 


suis que la cellule dorsale ainsi formée, au lieu de se diviser 
] , 


par une cloison péricline pour donner une cellule interne fon- 
damentale, s'était divisée au contraire d’abord par une cloison 


anticline a. Dans la feuille VIT ce processus se produit dans 


la cellule fondamentale de gauche (voir a, fig. 77 à 80). Il 
s'étend ensuite également à l’autre côté, dans toute la zone à 


coupe concave qui n'a pas encore développé de lame foliaire 
formant gaine (voir a et 6, fig. 81 à 86). Je ferai remarquer 


que toute cette région intermédiaire n’était même pas indiquée 


par une coupe dans la feuille V et dans la feuille VI, car cette 
régression n'avait commencé à se produire dans ces feuilles 


que dans la zone formant la gaine (voir a, fig. 61 à 63). 


Lorsque la face ventrale cesse d’être plane et juste avant 


qu'elle ne devienne concave, on constate un allongement et 
an amincissement du côté gauche [voir surtout coupe 31 


(fig. 80)|. La feuille VI montrait à l'endroit correspondant 


une structure analogue (voir la figure 59 qui représente la 
coupe 36 de la feuille VI.) Cette irrégularité doit être due à 
des pressions exercées par les feuilles adjacentes au même 
stade du développement. 


La gaine présente ici une grande hauteur et l’on peut. 


constater combien son accroissement a été rapide quand on la 
compare à celle de la feuille VIT. Dans les feuilles VI et VII 


Ce pee 

elle apparait à la 42° coupe a partir de la pointe (fig. 62 
et 63 pour la feuille VI, fig. 87 pour la feuille VII). Ceci 
prouve que la feuille VIT, quia du passer évidemment par un 
Stade analogue à celui de la feuille VI, n'a développé récem- 
ment que sa gaine foliaire ; celle-ci atteint une hauteur de 
_12 coupes, alors qu’elle avait une hauteur de 3 coupes seule- 
ment dans la feuille VI. : la gaine a donc quadruple. 

Nous voyons, comme pour les feuilles précédentes, que la 
zone d’accroissement maxima se rapproche de plus en 
plus de la base. En regardant en effet les coupes 42, 44 
et 47 (fig. 87 à 89) on voit aisément qu'elles correspondent 
a la coupe 23 (fig: 4g) de la feuille V. La division en 
4 cellules h (fig. 49) de la cellule dorsale primaire, pro- 
venant de la cellule fondamentale médiane de gauche chez 
la feuille V, se retrouve intacte dans les coupes 42 et 47 
(fig. 87 et 89) de la feuille VII (Dans les figures 49 et 87 les 
> cellules À externes sont seules indiquées). Dans la coupe 
h4 (fig. 88) les 2 cellules extérieures À se sont subdivisées 
chacune par une cloison anticline donnant 4 cellules A’ Il est 
frappant de remarquer que c’est la cloison péricline a (fig. 87) 
qui s’est d’abord formée et que les 2 cellules ainsi séparées par 
cette cloison @ se sont subdivisées chacune par une cloison 
péricline p (fig. 87); ces 2 cloisons périclines p se trouvent à 
peu près exactement dans le prolongement l’une de l’autre. 
La cloison anticline 6 (fig. 87 à 89) n'existait pas encore dans 
la figure h9. La première cellule ventrale de droite de la 
figurs 47 a donné 2 cellules vd’ (fig. 87 à 89). La 2° cellule fon- 
damentale de droite à partir de la cloison médiane, qui n’était 
encore divisée que par une cloison péricline dans la figure 5o, 
donnant ainsi une cellule dorsale et une ventrale /, montre un 
développement bien plus grand dans les figures 87 et 88. La 
cellule ventrale donna 2 cellules ve dans la coupe 44 (fig. 88). 
La cellule dorsale se divisa d’abord en 2 par une cloison 
anticline 7 (coupes 42 et 44, fig. 87 et 88), les 2 cellules ainsi 
formées se divisèrent ensuite chacune par une cloison péricline 
_ dans la figure 87 (coupe 42) alors que la cellule de droite restait 
ndivise # dans la coupe 44 (fig. 88). Dans la coupe 47 (fig. 89) 
a 2° cellule fondamentale de droite a donné seulement 3 cel- 


gee 


lules superposées au moyen de 2 cloisons périclines (fig. 89). 
D’ailleurs cette coupe 47 (fig. 89) de la feuille VII ne peut dé- 
river directement ni du stade représenté par la coupe 23 (fig. 
4g) ni de celui que montre la coupe 24 (fig. 50) de la feuille 
V. Car s'il peut provenir d’un stade analogue à la figure Ag. 
en ce qui concerne le cloisonnement de la 2° cellule fonda- 
mentale de droite, il ne le peut pour la 2° cellule fondamen- 
tale de gauche qui se rattache au contraire au type de la 
coupe 24 (fig. 50). En effet, la cellule dorsale primaire provenant 
de cette cellule fondamentale s’est divisée par une cloison 
anticline m (fig. 50) comme dans les coupes 47, 48, 5o et 51 
(voir m, fig. 89 à 92). Il est également curieux de constater la 
facon dont se divise en 4 cellules, par une cloison péricline 


suivie de 2 anticlines, la cellule de la nervure qui avoisine 


immédiatement la lame foliaire dans ces coupes de base (voir 
les cellules marquées n dans les figures 87 à 92). On voit qu'il 
y a en général un groupe de 4 cellules nm de chaque côté de 
la nervure. Dans la formation d’un tel groupe la cloison péri- 
cline apparaît la première, car nous observons dans les coupes 
he et 50 (fig. 87 et g1) une cellule fondamentale qui a donné 
4 cellules n en se cloisonnant d’abord au moyen de la mem- 
brane o (fig.'87 et 91). La cellule dorsale ainsi formée s’est 
divisée par une anticline m (fig. 87 et gt) alors que la cellule 
ventrale n’a pas changée. Les coupes 48, 5o et 51 (fig. go à 92) 
de la feuille VIT dérivent visiblement d’un stade très comparable 
à celui représenté par la coupe 24 (fig. 50) de la feuille V. 

Au sujet du développement de la lame foliaire on voit, 
d’après les figures 90 à 92, que les divisions se produisent 
n'importe ou et non pas uniquement pres de la nervure ou 
du bord de la feuille. (On reconnait qu’une cellule vient de 
se diviser lorsque les noyaux des 2 cellules-filles sont en face 
l’un de l’autre et assez rapprochés de la jeune paroi qui vient 
de se former, la ligne qui joint leurs centres étant perpendi- 
culaire à la paroi de séparation qui est naturellement très 
mince. Les insertions d’une telle paroi ne correspondent pas 
encore à un enfoncement de la surface externe, comme cela a 
lieu pour les membranes plus âgées). On voit ainsi des parois 
venant de se former en r (fig. 90 à 92). Les jeunes cellules 


.. 
: 
| 
- 
É: 
À 


aes 
oor 


FR ER 


se reconnaissent également à ce que leur volume est de moitié 
moindre que celui des autres cellules. 


Feuille VIII. 


En regardant la planche photographique I on est frappé par 
le fait que cette feuille est plus courte quela précédente, ce qui 
doit être une simple particularité individuelle. Cette feuille 
est nettement plus large que la feuille VII, dans toutes ses 
parties et spécialement vers sa pointe. Je dois dire que les 
coupes du sommet ayant été un peu écrasées il se peut qu'il 


-y ait quelques inexactitudes dans la reconstitution. Il n'y a 


plus que la partie engainante de la feuille qui mérite une 
description, puisque c’est la seule qui se soit accrue nota- 
blement et distingue cette feuille de la précédente. 

Cette feuille VIII a complètement terminé ses divisions 


- cellulaires car la coloration violette des parois, qui montrele 


début de la différenciation de la membrane, se voit encore 
dans la nervure a l’endroit où celle-ci va se fusionner 
avec la tige. La coloration brune des membranes, qui était 
devenue moins intense du côté ventral et au centre de la 
nervure vers la coupe 35, commence à faire place vers la 
coupe 39 à la coloration violette, qui se manifeste comme tou- 


jours d’abord au centre et du côté ventral de la nervure. Ce 


nest qu'à partir de la coupe 41 que la coloration violette 
s'est généralisée et se voit nettement, alors que les cellules 
marginales de la lame foliaire et les cellules épidermiques 
dorsales de la nervure possedent seules des traces de la colo- 
ration brune. Quelques coupes, dans la zone de pointe de la 
feuille VIII, nous montreront que cette feuille s’est développée 
d’une facon tout a fait identique à celle des feuilles précé- 
dentes. C'est ainsi que la coupe 16 (/ig. 93) possède sensible- 
ment le même aspect que la coupe 18 (fig. 70) de la feuille 
VII: la partie gauche de ces » coupes est large et trapue 
alors que la partie droite s’effile. Il est cependant très inté- 
ressant de constater que dans la feuille VIII le mode de cloi- 


‘sonnement trouvé seulement à la base dans les autres 


feuilles se rencontre ici très haut vers la pointe. Dans les 


ae 


figures 93 a 97 nous ne voyons en effet que trois cellules 
internes correspondant aux cellules désignées par la lettre 2 


dans les coupes des autres feuilles; car la cellule dorsale 


primaire, issue de la cellule fondamentale médiane de droite, 
s’est divisée par une cloison 6 (fig. 93 à 97) analogue à la 
cloison 6 des figures 81 à 86 (feuille VII). Mais ici c’est bien 
du côté droit comme dans la feuille V (voir cloison a, fig. 48) 
et non du côté gauche que ce mode de cloisonnement s’est 
d’abord manifesté. C’est ce cas qui doit être normal, car c’est 
ce côté qui s’amincit et s’allonge chez toutes les feuilles de 
cette espèce dans les coupes proches de la base foliaire. 

Les coupes 27, 29 et 31 (fig. 94 à 96) correspondent à cette 
zone de la feuille VII à coupe en forme de croissant et sans 
lame foliaire, intermédiaire entre la gaine et la partie plan 
convexe [voir coupes 33 à 38 (fig. 81 à 86) de la feuille VII]. 
Je ne parlerai pas des cloisonnements de cette zone décrits 
chez la feuille précédente. 

Les coupes fo et 42 (fig. 98 et 99) de la feuille VIII sonttrès 
comparables aux coupes 5o et 51 (fig. 91 et g2) de la feuille 
VII. On y voit, comme dans celles-ci, les quatre cellules n mais 
seulement du côté droit de la nervure (fig.98 à 100). La 
cellule épidermique ventrale, issue de la cellule fondamentale 
médiane de droite, s’est divisée en deux par une-cloison anti- 
cline donnant 2 cellules ve (fig. 98 à 101). Ceci n’est d’ailleurs 
qu'une conséquence de l’aplatissement de toute la nervure et 
spécialement des cellules ventrales et internes de celle-ci, que 
l’on constate à son plus haut degré dans les coupes 42 et 44 
(fig. 99 et 100). Les coupes 44 et 45 (fig. 100 et 101) montrent 
une réduction encore plus grande, car il n’y a plus qu’une 
cellule interne 2. 

Dans la lame foliaire on peut considérer que les divisions 
ont complètement cessé. : 


Feuille 1X. 
Je vais enfin parler très succinctement de la feuille IX. 
Elle doit avoir à peu près o™",8 de longueur, car je l’ai ren- 
contrée dans 53 coupes. Ses parois cellulaires sont entièrement 


OPUS POUR DR eee tN 


FR 


iy 
brunies, sauf al’endroit de linsertion, dans les 2 coupes inlé 


rieures, ot elles sont violettes. 
Je comparerai les coupes de la feuille IX à celles de la 


_ feuille VII, décrite avec détails. 


La coupe 4 (fig. 102) n’est pas autre chose que la coupe 3 
(fig. 64) de la feuille VII, mais bien plus évoluée. Nous retrou- 
vons jusque dans cette feuille IX (coupe 6, fig. 103) l’allon- 
gement du côté gauche constaté déjà dans la feuille V 
(coupes 6 à 8, fig. 35 a 37), la feuille VI (6° coupe, fig. 54) et la 
feuille VII (coupes 6 et 7, fig. 65 et 66). Cette asymétrie doit 


étre due aux pressions des feuilles adjacentes lors du déve- 


loppement. © 

Toute la zone ayant pour origine 4 cellules fondamentales 
narien de bien particulier. La ressemblance de la coupe 28 
(fig. 107) de la feuille IX avec la coupe 29 (fig. 95) de la 
feuille VIII est tres grande. La coupe 34 (fig. 108) de la 
feuille IX peut être comparée à la coupe 33 (fig. 97) de la 
feuille VIII. On est frappé, en regardant ces coupes, de la 
grandeur des cellules comparées à celles dela coupe 4o de la 
feuille VIII (fig. 98) et particulièrement en ce qui concerne la 
lame fohaire. On peut faire la même remarque en comparant 
toutes les coupes faites dans la gaine de cette feuille avec 
celles faites dans la même zone de la feuille VIII. Ceci n’a 
rien de surprenant, car dans la feuille VIII la gaine venait de 
terminer ses divisions, tandis que dans la feuille VIII l’état 
adulte est complètement atteint, sauf pour les deux ou trois 
coupes de base. 

Malgré le nombre très restreint de couches cellulaires il est 
très difficile de suivre le cloisonnement dans cette feuille, dont 
les cellules se sont déplacées et ont exercé des pressions les 
unes sur les autres. C’est pourquoi, dans plusieurs de mes 
dessins (fig. 108 à 111) je n’ai pas indiqué les cloisons fonda- 
mentales par des traits renforcés. 

La figure 113 montre la feuille IX se fusionnant avec la tige 
par son côté gauche. La partie encore libre de la lame foliaire 
4 (fig. 113) présente deux couches sur une grande partie de 


son étendue, ce qu’on constate souvent à l’endroit de l’inser- 


tion des feuilles de Mousses sur la tige. 


De 


Description de jeunes feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch 
vues en entier, à plat. 


J'ai disséqué quelques points végétatifs d'Andreaea crassiner- 
via Bruch, extraits toujours du même matériel, fixé et conservé 


comme je l’ai dit plus haut. J’ai pu observer directement, sans — 


aucune coloration, les noyaux et leurs masses chromatiques. 

En faisant la moyenne d’un certain nombre de mesures, j’ai 
trouvé que les feuilles adultes avaient à peu près 1"",1 de lon- 
gueur. Limpricht (27) (page 143) indique comme longueurdes 
leutiles : 0,9 40,22 el jusqu'a 155 20m 

La figure 114 représente une très jeune feuille à peu près 
entière et mesurant 1/33 de millimètre de hauteur, donc très 
sensiblement égale à la feuille | décrite par moi plus haut. Si 
l’on se reporte à la description de cette feuille I, on constate 
qu'elles ont sensiblement la même structure. La figure 114 
possède à sa pointe une cellule qui a bien les caractères 
d’une initiale, vu la grandeur de son noyau & (fig. 114) d’un 
diamètre de 6,4, et possédant une masse chromatique de 
2,4 de largeur. La cellule sous-jacente a un noyau aplati 6 
(fig. 114) dont le plus grand axe a 6,8 et le petit 3*,2 avec une 
masse chromatique de 1*,6. Cette cellule sera probablement 
l’origine de la partie à coupe circulaire. Les deux échelons 
inférieurs donneront la portion a coupe elliptique et la gaine. 
Les dimensions du noyau e( fig. 114) sont 4,4 pourl’ensemble 
du noyau et 1*,6 pour la masse chromatique. Pour le noyau / 
(fig. 114) le diamètre du noyau est de 3,2 et ‘celui de la 
masse chromatique de 1*,2. Les dimensions de ces noyaux 
sont sensiblement celles qu’on rencontre dans toute la partie 
méristématique de feuilles même bien plus âgées. 

On constate déjà dans cette très jeune feuille une asymétrie 
visible, car aux deux cellules cilne correspond qu’une cellule d 
de l’autre côté de la cloison médiane de la feuille. 

Une feuille un peu plus âgée (fig. 115) ne présente déjà plus 
à son sommet de cellule spéciale. L’initiale a du être remplacée 
par les deux cellules à, et a, qui formerontsans doute l’extrème 
pointe constituée, jusqu’à l’état adulte, par deux cellules empi- 


RS pe 


-— 99 — 


lées l’une sur l’autre. La cellule 6 (fig. 115) est encore indi- 
vise, mais elle s’est allongée, ce qui a permis à son noyau de 
prendre un contour circulaire normal, au lieu d’être aplati 
comme celui de la cellule 6 (fig. 114). 

Nous voyons dans cette jeune feuille (fg. 115) les cellules 
de la périphérie se diviser plus activement que celles du 
centre. C’est ainsi que les 2 cellules ce sont placées en face 
d’une seule cellule interne d (fig. 115). Ce fait se rencontre 
d’ailleurs généralement chez les Mousses (voir les travaux de 
Nageli, que j’ai résumés plus haut) et est en rapport avec la 
_ formation de la nervure. 

La figure 116 représente une feuille un peu plus agée et 
d'une forme triangulaire, la base étant assez élargie. J’ai mar- 
qué par des traits renforcés ce qui correspond à la limite des 
segments détachés par l’initiale, ou simplement aux principales 
divisions de ceux-ci, ainsi que la cloison médiane. On voit 
aisément que du côté gauche, entre aa et dd, il y a 3 rangées 
de cellules, alors qu'il n’y en a que deux du côté droit. 

Le fait le plus intéressant consiste en la présence des cloisons 
eet f, qui semblent marquer le début du fonctionnement d’une 
initiale à 2 pans. Mais, tout de suite après, la cloison gg vient 
rétablir le cloisonnement au moyen d’un seul pan. Il peut donc 
exister, même dans cette espèce, une initiale à 2 pans. 

La figure 117 montre la pointe d’une feuille atteignant 
o"",17 de longueur. On remarquera la grandeur des cellules 
de la pointe et l'épaisseur de leurs parois: ceci indique qu’elles 
ont perdu leur faculté de multiplication. 

La figure 118, qui représente une feuille de 1/4 de millimètre 
de longueur, montre une coloration brune des parois de sa 
cellule de pointe. La cellule située au dessous a encore des 
parois jaune brun. Cette feuille est done très semblable à la 
feuille IV décrite plus haut. En la faisant rouler entre le porte- 
objet et le couvre-objet elle s’est présentée à moi sous 
différents aspects; ainsi la figure 119 montre sa pointe vue 
de face. J’ai figuré quelques noyaux, ce qui permettra de se 
rendre compte de leur grandeur relative par rapport aux cel- 
lules qui les contiennent. 

Les figures 120, 121,.123 à 128 représentent le contour géné- 


2s BBO a 


ral de jeunes feuilles de plus en plus âgées. Ceci nous mon 
tre d’abord leurs changements de formes, ce dontnous avions 
déjà pu nous rendre compte au moyen des reconstitutions en — 
plastiline. De plus on peut voir la progression de la coloration M 
brune sur la surface foliaire; j'en ai marqué la limite approxi- | 


mative par un trait. J'ai indiqué de même la limite de la colo- 
ration jaune brun, qui la précède dans sa marche vers la base de 
la feuille. Naturellement ces zones ont des limités peu précises. 

La figure 120 indique le contour d’une feuille ayant 1/10 de 
millimètre de longueur (c'est-à-dire à peu près la taille de la 
feuille III). La forme en est semblable et aucune partie n’est 
colorée 

La figure 121 est une feuille de 1/4 de millimetre (dimension 


de la feuille IV). La figure 122 représente la pointe de cette — 


même feuille plus grossie. Les 2 premières cellules ont des 
parois à coloration jaune et qui sont très épaissies, comme on 
le constate d’après la figure 122. 

La figure 123 montre une feuille intermédiaire comme lon- 
gueur entre les feuilles V et VI décrites plus haut. 

Jusqu'ici la séparation, entre les zones de couleurs diffé 
rentes, était marquée par une ligne perpendiculaire à la plus 
grande dimension de la feuille. Dans les feuilles plus âgées, 
au contraire, cette ligne est courbe, car les colorations gagnent 
‘d’abord les bords de la feuille. C’est ce que l’on constate dans 
la figure 124 (feuille de o™",66 de longueur), la figure 125 
(feuille de 0"",70 de longueur) et la figure 126 (feuille de 0"",95 
de longueur). Enfin dans les feuilles ayant atteint la taille 
adulte, les colorations gagnent également plus vite le long de 
la nervure. Ce dernier processus est spécialement net sur la 
figure 127 pour la coloration brune. La figure 128 montre 
la progression plus rapide de celle-ci le long des bords de la 
feuille et le long de la nervure. 


Développement de la feuille d’Andreaea angustata Lindberg. 


Limpricht (27) (dans le « Rabenhorsts Kryptogamen Flora » 
page 144) indique une longueur de 1™,4 et une largeur de 
o™",35 pour la feuille de cette espèce. 


eee ee ee UN CT TN OT 0 


- CNT 


fart J DE 


La feuille représentée par la figure 129 a 1™",7 de longueur. 


Les feuilles sont nettement en forme de faux, à pointes diri- 
_gées d’un même côté, comme dans l'espèce précédente. La 


_ figure 129 a été faite, comme tous mes dessins, à la chambre 


_ claire. On peut donc se rendre compte d’un coup d'œil de la 


forme et de la disposition des cellules : vers la base on voit 
celles de la nervure très allongées dans la direction de la base 
à la pointe, alors que celles des bords sont allongées perpen- 
diculairement à cette direction à l'endroit ou la feuille est la 
plus large (fig. 129). Tout a fait à la base ces dernières s’al- 
longent au contraire comme les cellules de la nervure. 


- D'ailleurs, dans la région basilaire, toutes les cellules sont 


allongées dans ce sens. Dans le reste de la feuille, elles ont 
des dimensions sensiblement égales dans toutes les directions 
et presentent un contour arrondi. 

En coupe, la feuille n’a guère plus de 3 couches de cellules. 
comme Limpricht (27) l’avait déjà remarqué. La nervure est 
donc bien moins épaisse que chez l’Andreaea crassinervia Bruch 
et d’ailleurs l’aspect d’une coupe transversale de feuille distin- 
gue facilement ces 2 espèces; celle d’Andreaea angustata Lind- 
berg étant toujours aplatie dorso-ventralement jusqu’à l’ex- 
tréme pointe et ne présentant jamais un contour circulaire. 
Dans la partie la plus épaisse, la coupe de la feuille a un aspect 
losangique, les 2 diagonales se coupant à angle droit et la plus 
petite marquant la direction dorso-ventrale. 

C'est dans cette espèce que j'ai observé une feuille à 2 lobes, 
montrant ainsi une grande ressemblance avec la feuille de 
nombreuses Hépatiques dans sa forme extérieure. J’ai publié 


sur ce sujet une note (31) où l’on voit un certain nombre de 


coupes transversales à différents niveaux de cette feuille anor- 
male. J’en ai profité pour citer tous les autres traits de ressem- 
blance déjà remarqués par les auteurs entre Hépatiques et 
Andréacées, aux points de vue de l’anatomie et du dévelop- 
pement de ces végétaux. 

Kuhn (28), qui n'a guère étudié dans sa thèse que le déve- 
loppement de l’Andreaea petrophila Ehrh., espèce énerve, et 
rapidement celui de l’Andreaea rupestris?, pourvue d’une faible 
nervure, considère que les Andréales s’éloignent des autres 


Go ie 


Mousses, car dans ces espèces le développement de la feuille, 


qui a lieu en général au moyen d’une initiale à un pan, les 


rapproche au contraire des Hépatiques. Cet auteur (28) a 
signalé, au sujet du fonctionnement de l’initiale des feuilles, 
un fait unique dans le règne végétal: c’est que l’on peut ren- 
contrer, non seulement dans une même espèce, mais chez un 
même individu, et, ce qu'il y a de plus inattendu, dans une 
mème feuille, tantôt une initiale à un pan et tantôt une initiale 
à 2 pans. C’est ainsi que la figure 34 de la planche V de sa 
thèse nous montre la pointe d’une feuille assez large dont le 
cloisonnement a dû s'effectuer tout d’abord au moyen d’une ini- 
tiale à 2 pans, puis finalement par une initiale à un seul pan. 
C’est un cas assez fréquent d’après Kühn (28) dans l’Andreaea 
petrophila Ehrh.. 

Berggren (29), analysant le travail de Kuhn, résume en 
même temps le résultat de ses recherches personnelles. Il pré- 
tend avoir rencontré une initiale à un seul pan chez toutes les 
Andréales possédant une nervure, sauf chez l’Andreaea nwa- 
lis Hook.. Les espèces sans nervure posséderaient au contraire 
toutes une initiale à 2 pans, sauf l’Andreaea alpina Hedw. et 
l'Andreaea petrophila Ehrh. à feuilles étroites. 

Goebel dans son Organographie (22) nous dit qu'il n’a pas 
étudié les débuts du développement de la feuille d’Andreaea ru- 
pestris?, mais il pense qu’une cloison oblique se forme d’abord, 
comme pour donner une initiale à 2 pans, et que les parois 
transversales apparaissent ensuite. Il aurait observé un proces- 
sus de ce genre dans les feuilles primordiales de Schostostega 
Mohr, formées quelquefois d’une simple rangée de cellules. 
Ce pourrait être aussi selon lui le cas chez Ephemerum Hampe. 
IL croit que la croissance de la feuille au moyen d'une initiale à 
un seul pan est un mode primitif rappelant les Hépatiques. On 
trouveraitchez Diphyscium (Ehrh.) Mohr, comme chez Andreaea 
Ehrh., le passage du mode de cloisonnement à 1 pan à celui 
à 2 pans. Geebel remarque enfin que les Mousses ne sont pas 
seules à présenter des faits de ce genre: les feuilles de Sal 


vinia (Micheli) All. auraient des initiales a 2 pans alors que 


celles de VAzol/a Lam. n’en posséderaient jamais. 
J'ai dit plus haut, à propos de PAndreaea crassinervia Bruch, 


FA US pre Se ins as dis À eee eee st tdi usé 
RE ee  n 


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Ag, Rea 


¢ 
À 


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qui est le type des Andréales à nervure, avoir trouve une 
feuille qui avait du présenter un instant une initiale à 2 pans 


- (voir fig. 116). J'ai découvert chez Andreaea angustata Lindberg 


des cas encore plus nets. Dans cette espèce les feuilles géné- 
ralement aciculaires présentent normalement une initiale à un 
seul pan (voir fig. 129 à 132, pour des pointes de feuilles ayant 
achevé leur différenciation, et fig. 133 à 136, pour de très jeunes 
feuilles). En disséquant un bourgeon terminal, je trouvai 3 jeu- 
nes feuilles d’âges divers (/i7. 137 à 139) qui me présenterent des 
cas très nets de ces 2 modes de cloisonnements. La figure 137 
montre une très jeune feuille qui s’est cloisonnée d’abord au 
moyen d'une initiale à 1 pan. Ensuite apparurent 2 cloisons, 
a puis 6 (fig. 137), qui donnèrent naissance à une initiale à 
2 pans. Cette initiale ? n’a encore détaché qu'une cellule. La 
figure 138 montre une feuille un peu plus âgée, qui grandis- 
sait certainement au début par le moyen d’une initiale à 
i pan à laquelle a succédé bientôt une initiale à 2 pans par 
suite dela production des cloisons a, puis 6. Mais ici l’initiale 
à 2 pans a déjà donné 4 segments (1, 2, 3, 4, fig. 138). 

Dans la figure 139, qui représente une feuille plus âgée, il y 
a eu un instant une initiale à 2 pans provenant des cloisons a 
et à (fig. 139), mais elle a cessé de fonctionner immédiatement 
apres avoir été formée. I] est à remarquer que la production 
de Vinitiale à 2 pans est souvent indiquée par la courbure de 


Ja cloison qui précède a. C’est ainsi que dans les figures 138 


et 139 la cloison ¢ est fortement courbe alors cue les cloisons 
précédentes d, e, f, ete., sont à peu près planes. Au point de 
vue du cloisonnement des segments, lorsqu'il y aune initiale a 
un seul pan, on constate que la première cloison apparaissant 
dans le jeune segment est dirigée suivant le plan de symétrie. 
Elle délimite la partie droite et la partie gauche de la feuille. 
Les 2 cellules ainsi formées, d'et g par exemple pour la figure 
136, évolueront chacune comme un segment devant son origine 
à une initiale à 2 pans, tel que ret2 (fig. 138), c’est-à-dire qu’il 
apparait dans chacune une cloison péricline, telle que p 


(fig. 136). Les cellules extérieures se divisent ensuite par une 
cloison anticline, telle que a (fig. 136); celles situées contre 
Ja ligne médiane restent au contraire encore indivises à ce 


Bi : 


stade. Vers la base de Ja feuille (fig. 136) on a oh autre type - 


de cloisonnement. Les cellules externes se divisent par des 
cloisons périclines 6 (fig. 136) et les internes par des cloisons 
anticlines ce. Dans la figure 135 on voit nettement que les cloisons 
anticlines progressent vers le centre en partant des bords. II 
semble bien que presque toujours la cellule interne se divise 
d’abord par une cloison péricline, telle que p(#g. 135). La plus 
externe des 2 cellules ainsi formées se divise à son tour par une 
cloison anticline, telle que 6 (fig. 135) placée dans le prolonge- 
ment d’une cloison anticline, telle que a (fig. 135), qui a divisé 
la cellule externe du segment. Après qu'une cloison, telle quec 
(fig. 135), se plaçant dans la continuation de a et de 6 vient divi- 
ser la cellule la plus interne, le cloisonnement se poursuit par 
la formation de cloisons anticlines, le plus généralement dans 
les cellules externes, telles que g (fig. 139). Ce nouveau système 
de parois anticlines se propage vers l’intérieur et les nouvelles 
_cloisons anticlines se placent les unes dans le prolongement 
des autres. On a ainsi des cloisons, telles que g, h, 2 (fig. 139), 
qui semblent n’en former qu'une seule. 

En examinant les diverses figures, faites comme toujours ri- 
goureusement d’après nature, on constatera de nombreuses 
exceptions au schéma de développement que je viens d’ex- 
poser. La figure 134 nous en offre un exemple: la cellule e 
y est restée indivise. Cette figure nous montre encore un 
point très intéressant, car ony voit l’évolution ultérieure du 
segment basal limité par ee et //, correspondant au segment 
basal de la figure 136 (ee, ff) dont j'ai parlé plus haut. Les 
A cellules À, (fig. 134) correspondent à la cellule h (fig. 136) et 
les a, 71, À 4, mu, ™% (fig. 134) respectivement a 2, 7, k, 1, m, n 
de la figure 136. Les cloisons anticlines et périclines se placant 
toujours à peu près dans le prolongement l’une de l’autre, il 


est à peu près impossible de savoir combien de fois l’initiale 


d’une feuille a fonctionné. Les traits renforcés, que j’ai mar- 


qué comme étant la limite des segments, afin de faciliter l’ex- 


plication du processus de cloisonnement, ne séparent donc 


certainement pas tous des segments successifs détachés par 
Vinitiale, mais indiquent peut-être simplement les premières. 


séries de cloisons anticlines qui se sont formées dans ceux-ci. 


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La coloration brune avance ici comme chez Andreaea cras- 
sinervia Bruch, plus rapidement le long des bords de la feuille. 
Dans les feuilles presque adultes j'ai constaté, comme chez 
l'espèce précédemment décrite, que la coloration progressait 
également plus vite le long de la nervure. 

Les figures données par Kühn (28) dans sa thèse et par 
Berggren (26) en 1867, représentant des pointes de jeunes feuil- 
les d’Andreaea petrophila Ehrh., permettent de conclure à un 
développement analogue à celui que je viens de décrire dans 
l’Andreaea crassinervia Bruch et angustata Lindberg. Je citerai 
encore, comme remarque intéressante de Kühn (28), que les 
feuilles d’Andreaea petrophila Ehrh. seraient à l’origine d’un 
vert émeraude et qu'elles prennent ensuite une couleur de 
bronze, passant enfin au brun sombre presque noir. J’ai bien 
observé aussi une coloration verte dans la pointe des feuilles, 
mais comme j'avais coloré mes préparations au vert d’iode, je 
ne sais pas si j'ai eu affaire à une coloration artificielle ou 
naturelle. D’après Kuhn lorsque le temps reste sec longtemps 
les initiales des feuilles cessent leur activité plus tot. Cet auteur 
a remarqué également que le processus d’épaississement com- 
mence dans les membranes de la pointe de la feuille et s’étend 
de la peu a peu vers la base; mais a partir de ce moment la 
croissance en épaisseur de la feuille est encore possible, car, 
si un changement de temps survient, il se produit non seule- 
ment un allongement important des cellules inférieures non 
encore €paissies, mais une croissance intercalaire trés vive au 
moyen de cloisons transversales et a la suite de laquelle les 
cellules inférieures deviennent trés petites et quadratiques. Le 
processus d’épaississement se produit dans les cellules voisi- 
nes de la base d’une facon bien plus inégale que vers la pointe 
et les cloisons auraient une épaisseur si faible que, sur les cou- 
pes longitudinales, on pourrait croire les lumens des cellules 
en communication entre eux. Kühn a donc vu que c'était 
la pointe de la feuille qui se différenciait et cessait son déve- 
loppement bien avant la base. Dans mes dessins de coupes 
transversales je n'ai pas figuré l’épaississement exact des 
membranes cellulaires, car il est assez faible. Pour les feuilles 
vues à plat. je les ai figurées comme je les ai vues. L'espace 

D 


NÉE 2 


entre les cellules n'indique pas forcément la membrane, sou- 
vent difficile à voir, mais l’espace compris entre les plasmas, 
qui se sont peut-être rétractés un peu. | 
Berggren (26) a bien étudié les Andréales à nervure en 1867, 
mais d’après cé que je comprends de sa publication (celle-ci 
étant écrite en langue suédoise ne m'est accessible que par 


les figures), il ne s occupe guère du développement, et presque 
8 , Gate » 


uniquement d’anatomie. Il figure 10 coupes transversales 
de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, mais qui appar- 
tiennent certainement toutes a des feuilles adultes. Il repré- 
sente également 8 coupes transversales de feuilles d’Andreaea 
rupestris ? à divers niveaux. La figure 19, de contour 
losangique, ressemble assez à une coupe de feuille d’An- 
dreaea angustata Lindberg, mais les autres coupes différent 
notablement de cette dernière espèce, spécialement en ce que 
la nervure semble un peu plus épaisse et plus nettement sépa- 
rée de la lame foliaire. La lame foliaire à une seule couche 
monte également plus haut vers la pointe que chez Andreaea 
angustata Lindberg. Pour Andreaea Blytta Br. Eur., Berg- 
gren (26) figure: 10 coupes transversales de feuilles, une de 
tige et une vue à plat d’une pointe de feuille adulte; puis une 
pointe de feuille jeune montrant l'initiale à un seul pan et le 
cloisonnement qui en résulte. Chez Andreaea petrophila Ehrh., 
il représente 2 pointes de feuilles vues à plat pour montrer le 
cloisonnement. Dans l’une d'elles il y a une initiale à 2 pans à 
la pointe, mais il semble d’après le cloisonnement que cette 
feuille ait da posséder au début une initiale à un pan. Berg- 
gren (26) figure encore une coupe transversale dans la tige 
d’Andreaea obovata Theden. et une pointe de feuille vue à plat 
d’Andreaea Hartmani Theden., espèce sans nervure. On voit 
Vinitiale à 2 pans à la pointe. Enfin pour Andreaea nivals 
Hook. il montre l’initiale à 2 pans de cette espèce; mais, à voir 
le cloisonnement sous-jacent, il semble qu'il y ait eu précé- 
demment une initiale à un pan. Je fais la même remarque pour 
sa figure d’Andreaea Hartmani Theden.. C'est uniquement chez 
cette dernière espèce qu'il a figuré des coupes faites vraisem- 
blablement dans de jeunes feuilles. Sa figure 36 montre une 
coupe dans une trés jeune feuille ne possédant que 3 cellules 


Re, 


ba 

et correspondant au stade que j'ai appellé « en éventail ». 
Dans son analyse du travail de Kühn, Berggren (29) dit avoir 
trouvé toujours ce stade au début. Lorentz affirme la même 
chose pour les Mousses en général et je pense qu'il a raison. 
Dans ses figures 37, 58 et 39, Berggren montre la suite du 
cloisonnement dans des coupes transversales. Enfin il figure 4 
coupes de feuilles adultes de cette espéce. On y remarque les 
papilles caractéristiques. Je citerai encore de Berggren (29) 
ce qu'il dit dans son analyse du travail de Kuhn sur l’Andreaea 
crassinervia Bruch : la feuille de celle-ci, qui se développerait 
avec beaucoupderégularité, présenterait selon lui de nombreux 
points communs avec la croissance de l’embryon telle que le 
décrit Kuhn. Pour la partie basilaire je ne vois pas bien la 
justesse de cette comparaison, qui ne peut avoir quelque valeur 
que pour la région d’extréme pointe à coupe circulaire. Berg- 
gren (29) ajouteen outre que, par opposition avec les autres 
Mousses, on ne trouverait pas de différences entre les cellules 
de la nervure, toutes de la méme grandeur et possédant des 
parois aussi épaisses, mais qui seraient plus étroites et 4 à 5 fois 
plus longues que celles du parenchyme foliaire. Il a remarqué 
la grande régularité des divisions, qui permettrait de retrou- 
ver dans une feuille adulte la ligne médiane de la pointe à la 
base. Il prétend même que l’on aurait des deux côtés de la 
feuille 2 séries de cellules semblables en nombre et en 
longueur. Ceci est évidemment exact grosso modo, mais, ainsi 
que j'ai pu le montrer déjà dans Andreaea crassinervia Bruch, 
il y a une asymétrie très nette dans le développement à la base 
de la feuille. De plus, en étudiant avec soin les coupes succes- 
sives d’une même feuille d’Andreaea angustata Lindberg, j'ai 
constaté dans la structure anatomique une légère différence 
entre les 2 côtés de la feuille. C’est ainsi qu’on trouve en 
épaisseur 1 couche cellulaire de plus, alternativement à 
droite et à gauche de la cloison médiane. Je pense que les 
feuilles présentant cette asymétrie possèdaient peut-être une 
initiale à 2 pans qui l’aura causée. 

Comme travail purement anatomique sur ces questions, je 
citerai celui de l’abbé Morin (30). Cet auteur représente (dans 
la planche I de sa thèse) 2 coupes transversales de feuilles d’An- 


OS 


dréales à nervure: sa figure 6 est une coupe au sommet d’An- 
dreaea perichetiahs (Hook.) récoltée a Vile de l’Ermite. Les cel- 
lules épidermiques sont à lumen assez large tandis que les. 
internes ont un lumen très étroit et rappellent les stéréides. 

La figure 9 de cet ouvrage montre une coupe pratiquée au- 
dessus du milieu d’une feuille d’Andreaea rupestris Hedwig, 
récoltée sur les rochers de Saint-Herbot dans le Finistère. On 
y voit une courte lame foliaire, des cellules épidermiques a 
large lumen et des cellules internes ressemblant à des stéréi- 
des. Dans son texte (page 15) il rapproche les Andreaea Ehrh. 
des Grimmia Ehrh. il assure que les Andréales n’ont jamais 
d’eurycystes et qu'il serait prématuré de considérer comme 
telles les cellules ventrales. 


Description d’une série de feuilles d’Andreaea angustata 
Lindberg. 


Le développement de la feuille de cette plante est bien plus. 
simple que celui de l’Andreaea crassinervia Bruch. Je décrirai 
comme pour cette espèce quelques jeunes feuilles. Celles-ci 
appartenaient à une tige terminée par un archégone. J'ai 
numéroté les feuilles en commencant, comme toujours, par la 


plus jeune. 
Feuille I. 


Cette feuille a 45 y de longueur. Dès la pointe nous consta- 
tons qu'elle est aplatie dans le sens dorso-ventral. Il y a tout 
lieu de penser que nous avons affaire ici à une feuille poussantau 
moyen d’une initiale à 2 pans, car nous ne voyons pas, comme 
dans l’Andreaea crassinervia Bruch, apparaître à la pointe un 
noyau situé vers le centre d’une cellule, puis un autre au- 
dessous. Ici c’est du côté gauche que le premier noyau & 
(fig. 140) apparaît. En abaissant la mise au point on voit le 
2°noyau n(fig. tho). La cloison de séparation entre ces deux 
noyaux semble se déplacer lorsqu’on fait varier la mise au 
point du microscope et reste toujours peu nette, ce qui 
montre son obliquité. Enfin, ce qui confirme l’existence d’une 
initiale à deux pans, c’est que dans la coupe suivante (fig. 141). 


le côté gauche est formé de deux cellules g (fig. 141). Il est le 
plus développé, car à droite il n’y a qu’une cellule d(fig. 141). 
Or, dans la figure 140, c’est le côté gauche, formé d’une cellule 
plus grande que celle située à droite, qui était le plus déve- 
loppé. Ce déplacement de droite à gauche et vice versa du 
côté le plus développé indique une initiale à deux pans: car 
une telle initiale en fonctionnant donne deux séries de 
segments; une même coupe transversale rencontre forcément 
deux segments d’age différent et par suite de développement 
différent. Cette asymétrie s’égalise évidemment très vite a 
mesure qu'on s'éloigne de l’initiale. 

La figure 142 nous montre un stade en éventail parfaitement 
régulier. Dans cette espèce toutes les parties de, la nervure 
dérivent du stade en éventail; c’est ce qui ressort d’une 
manière évidente lorsqu'on regarde les coupes de la base au 
sommet de cette feuille (Ag. 140 à 146). On ne peut donc dis- 
tinguer dans celle-ci des régions aussi différentes dans leur 
développement que chez Andreaea crassinervia Bruch. Comme 
chez toutes les Mousses, c’est vers le milieu de la feuille que 
se rencontre le maximum d’épaisseur et de complication de 
structure. C’est ainsi que nous voyons dans les figures 143 et 
144 les deux cellules fondamentales médianes divisées chacune 
par une cloison péricline et donnant ainsi une ébauche de 
nervure. Plus près de la base il y a, comme toujours, une 
simplification de la structure. Mais dans cette très jeune 
feuille l’épaisseur est maxima à la base (fig. 146). 

L’asymétrie due au recouvrement des feuilles l’une par 
l’autre se manifeste dans la région basilaire ; en effet, le côté 


gauche ne possède que deux cellules alors que le côté droit en 


a trois (fig. 146). à 
Feuille IT. 


Cette feuille 460 micra de hauteur et a dû grandir également 
au moyen d'une initiale à deux pans, pour les mêmes raisons 


que la feuille n° 1. Icic’est du côté droit qu’apparait le premier 


noyau 2 (fig. 147). C'est probablement celui de l’initiale. Puis 
vient le noyau n (fig. 147). Tous deux sont séparés par une 
paroi peu nette. Le contour est presque circulaire à la mise 


au point supérieure de la 1 coupe (fig. 147); tandis qu'à la 


mise au point inférieure on distingue déjà nettement un côté 
dorsal et un ventral (fig. 148) et l’on voit deux autres noyaux 
séparés par une paroi bien nette. Cet aplatissement dorso- 
ventral se manifestant dès l’extrême pointe, est un caractère de 
l’Andreaea angustata Lindberg qui la distingue de lAndreaea 
crassinervia Bruch. 

Dans cette feuille de o"",06, comme dans celle de o"",045, 
nous avons à la pointe une cellule bien vivante, mais le noyau 


de celle-ci ne se distingue nullement par sa taille et ses 


caractères des autres noyaux de la feuille. 


Dans la 2° coupe (fig. 149 et 150) nous avons un aspect très. 


différent suivant la mise au point. D'abord un stade en éven- 
tail typique (fig. 149) et plus bas (fig. 150) l'apparition d’une 
nervure qui s’est produite d’une facon assez irrégulière. Nous 
voyons ensuite la partie de la nervure ayant atteint son maxi- 


mum de différenciation (fig. 151 à 153) avec les 4 cellules. 
médianes; enfin la zone de base formée d’une seule couche 


cellulaire. Cette partie basilaire, qui forme un peu gaine, s’est 
beaucoup allongée par rapport au stade précédent représenté 


par la feuille n° 1 (comparez la figure 146 de la base de la feuille 
n 1 à la figure 155 de la base de la feuille n° 2). Il y a dans 


la figure 155 quatre cellules de chaque côté de la cloison 
médiane, au lieu de deux d’un côté et de trois de l’autre dans 


la figure 146. La forme en croissant de la coupe dans cette 
zone basilaire s’est également fortement accentuée (comparez 


encore la figure 155 à la figure 146). On peut constater qu'ici, 


comme chez Andreaea crassinervia Bruch, la partie basilaire 
engainante ne se développe qu’en dernier lieu. Comparons. 
en effet la feuille n° 2 et la feuille .n° 1. La zone de pointe 
formée de 1 couche de cellules se rencontre dans la 1” coupe 


des 2 feuilles et à la mise au point supérieure de la seconde. 


Au contraire la zone la plus différenciée de la feuille, celle 


qui présente une nervure formée de 4 cellules (fig. 143, 144 
pour la feuille n° 1 et fig. 151 à 153 pour la feuille n° 2) ne se 
voit qu'à la mise au point inférieure de la 2° coupe et à la 
mise au point supérieure de la 3° coupe pour la feuille n° r, 
tandis qu’on l’apercoit dans toute une coupe (fig. 151 et 152) 


a 
de la feuille n° 2, ainsi que dans la coupe suivante (fig. 153) à 
la mise au point supérieure. La zone formant gaine, située 
au-dessous de celle-ci, est sensiblement aussi longue dans les 2 
feuilles. Elle s’est élargie seulement dans la feuille n° 2 en 
devenant plus engainante. 


Feuille II. 


Cette feuille a 1/10 de millimètre de hauteur. Elle appa- 
rait, dans la 1 coupe où on l’aperçoit, comme une cellule de 
contour circulaire, mais on n’y voit pas de noyau; ceci ne 
veut pas dire qu’il n’existe pas, car ce doit être le noyau / de 
la figure 157 : il se voit dans une cellule, flanquée à droite 
et à gauche de 2 autres cellules. En abaissant la mise au 
point dans cette 2° coupe on a successivement les aspects 
représentés par les figures 157 à 159. On se rend compte que 
cette feuille vue à plat devait présenter une pointe peu fine, car 
il y a une grande différence de largeur entre la figure 157 et la 
figure 159. Ce fait, joint al’enfoncement en coin de la cellule 
initiale entre 2 autres cellules, montre, encore plus nettement 
que pour les feuilles précédentes, la croissance au moyen 
d’une initiale à 2 pans. Dans cette feuille, comme dans la pré- 
cédente, ce n’est qu'au bas de la 2° coupe à partir de la pointe 
qu'apparaît la nervure. La zone de pointe s’est donc peu 
divisée et nous y observons toujours le stade en éventail. 
Dans cette seconde coupe les noyaux cellulaires dessinés dans 
les figures 158 et 159 ne sont pas apparus exactement en 
même temps, comme cela aurait eulieu si les cellules les con- 
tenant avaient été exactement à la même hauteur, ce qui 
serait le cas si l’initiale de la feuille avait été à un seul pan. 

Nous voyons dans cette figure 160 le côté droit avoir la 
prédominance sur le côté gauche, car c’est de ce côté qu’il y 
a le plus de cellules fondamentales et que la nervure apparait. 
Dans la 3° coupe (fig. 161 et 162) il se produit un phénomène 
inverse : c'est le côté gauche qui est le plus grand à la mise au 
point supérieure. L'équilibre se rétablit à la mise au point 
inférieure. Dans la 4° coupe (fig. 163 et 164) c’est à nouveau le 
côté droit qui prédomine, car on voit à la mise au point supé- 


= 


rieur (fig 163) 2 cellules n, du côté droit, ne correspondant qu’à 
une cellule n du côté gauche. Dans la même coupe, à une mise 
au point inférieure (fig. 164), c'est le côté gauche qui prédo- 
mine, car la nervure comprend 6 cellules de ce côté et 4 
seulement du côté droit (fig. 164). Dans la figure 163 
la formation d’une 3° couche à la nervure s’est produite 
par la division d’une cellule ventrale, au lieu qu’en géné- 
ral c'est par la division d’une cellule dorsale (ainsi dans 
les figures 165 et 166) que se produit l’accroissement en 
épaisseur de la nervure foliaire. Ce processus ne se produit 
donc pas toujours d’une manière identique. Dans la 5° coupe 
(fig. 165 et 166) on voit tout d’abord (fig. 165) le côté gauche 
prédominant, car la nervure est formée de 7 cellules de ce 


côté alors qu'elle en possède 4 seulement de l’autre. La figure — 


166 montre un rapport inverse : 6 cellules à gauche contre 7 
à droite. La 6° coupe (fig. 167 et 168) présente une asymétrie 
très nette, qui est certainement due au recouvrement des 
feuilles l’une par l’autre, car elle se manifeste dans le contour 
externe : le côté droit étant long et mince tandis que le côté 
gauche est court et épais. 

C’est dans la figure 168 que l’on constate une épaisseur de 
4 cellules à la nervure (maximum pour cette feuille et pour 
les feuilles de cette espèce en général). 

Nous remarquons par comparaison avec la feuille précédente 
(représentant le stade moins évolué), que la zone possédant 
une nervure s’est considérablement allongée. La zone de 
base engainante, au contraire, ne s’est guère étendue, car on 
ne la trouve que dans une coupe. 

La figure 169 doit correspondre à la figure 154 et la 
figure 170 à la figure 155. En comparant ces dernières figures, 
on voit combien la feuille est devenue engainante à la base et 
que la nervure s’étend maintenant dans cette partie. Dans la 
figure 170, lanervure est toute entière du côté droit dela feuille. 

La figure 171 montre en /; la base de la feuille au moment 
où elle est déjà soudéee à la tige. Cette base présente 2 couches 
cellulaires dans sa lame foliaire, fait qui se rencontre dans 
de nombreuses Mousses au moment de leur fusion avec la tige. 

La figure 171, comme la figure 172 (extraite dela coupe immé- 


24 
1% 
ra" 
ae 
re 

DE: 


des 


diatement inférieure) montrent la base des diverses feuilles 
de 1 à 4 (fi af, dans les figures 171 et 172) et même l’initiale 7 


d’une jeune ramification (fig. 171). 


Feuille IV. 


Je me contenterai pour cette feuille de renvoyer aux figures 
173 à 189 qui montrent l’aspect de coupes transversales depuis 
une région proche du sommet de la feuille (fig. 173) jusqu à 
la base (fig. 189). Le maximum de couches cellulaires que l’on 
rencontre dans cette feuille est de 4. Alors que ce maximum 
est réalisé à droite dans les figures 180 et 181, il l’est à gauche 
dans les figures 183 à 185, marquant ainsi un changement de 
sens dans l’asymétrie foliaire. 

Les coupes vers la pointe sont elliptiques (fig. 173 à 178), 
puis, vers la base, elles deviennent losangiques (fig. 182 et 186). 
Enfin il y a une partie à face ventrale plane et à face dorsale 
convexe où la gaine commence à se développer. Tout à la 
base on trouve la nervure très aplatie de la gaine (fig. 189) 
qui n’a que 2 couches cellulaires tandis que la lame foliaire 
est très développée. 

Dans les feuilles plus âgées, que je ne décrirai pas, c’est cette 
gaine quise développe le plus. On peut voir dans ma note (31) 
parue au bulletin du Muséum, des aspects de cette partie basi- 
laire dans une feuille adulte. | 

L’Andreaea angustata Lindberg nous a donc montré comme 
l’Andreaea crassinervia Bruch une existence éphémère de la 
cellule initiale et le déplacement du maximum de croissance 
de la pointe à la base de la feuille au cours du développement. 


ETUDE DES BRYALES 


Mnium undulatum (L.) Weis. 


Je commencerai l’étude des Bryales par le Mnium undu- 
latum* (L.) Weis. 

Parmi toutes les Mousses de nos pays c’est cette espece dont 
la feuille atteint de beaucoup la plus grande longueur. A 
l’état adulte, cet organe se présente sous la forme d’un ruban 
d’une largeur assez constante de 2 millimètres et dont la lon- 
gueur varie généralement entre 10 et 15 millimètres. Les plus. 
grandes dimensions sont atteintes ici, comme dans beaucoup 
de Mousses, par les feuilles du haut de la tige. Il va sans dire 
que certains échantillons peuvent posséder des feuilles beau- 
coup plus longues. Or j'ai pu constater que dans cette espèce, 
comme dans les autres Mousses, la cellule de pointe perd 
d’une manière très précoce les caractères cytologiques d’une 
initiale. C’est ainsi que dans un échantillon, dont j'ai reconstitué 
les feuilles embryonnaires au moyen de plastiline, j'ai constaté 
que les cellules terminales de feuilles d’une longueur comprise 
entre 3/10 et 4/10 de millimètre possédaient un contenu tres 
vacuolaire. Les noyaux d’un faible volume et le peu de plasma 
qui restait autour fixaient si fortement et uniformément les 
matières colorantes que j’ai cru longtemps avoir affaire a des 
stades de dégénérescence nucléaire. C’est seulement lorsque 


1. Mon matériel a été récolté le 2 juillet 1917 sur une pelouse du jardin botanique 
de l'Université de Berne (Suisse). Il a été mis de suite dans le fixateur de Flemming. 
J’ai coloré les préparations avec le mélange fuschine-vert d’iode, le bleu de méthyle et 
le congocorinthe. 


TD 

j'eus constaté que les cellules terminales des feuilles, ayant une 
douzaine de millimètres de longueur, possédaient encore de 
la chlorophylle (ce qui rendait fort improbable une dégéné- 
rescence si précoce des noyaux), que je repris mes prépara- 
tions et constatai effectivement l'existence de petits noyaux. 
D'ailleurs la cellule terminale s’allonge énormément et épaissit 
beaucoup ses parois après le stade de 4/10 de millimètre. 

Je n’étudierai pas la croissance intercalaire qui amène la 
feuille du Mnium undulatum (L.) Weis à son état définitif, 
car ceci ne nous apprendrait que des détails d’un caractère 
purement spécifique. Or ce sont les grandes lignes du déve- 
loppement de la feuille des Mousses en général que je me suis 
proposé d'étudier dans ce travail. 

La planche photographique II représente de I à XIII la série 
des feuilles, depuis la plus jeune, qui entourait le point végé- 
tatif d’une tige de Mnium undulatum (L.) Weis. Ces feuilles sont 
vues du côté ventral. Les modèles ayant été faits en plastiline, 
matière très malléable, peut-être un peu rétractile à la dessic- 
cation, et maintes fois transportés et manipulés, ont pu être 
quelque peu déformés. La pointe de toute la feuille XII fait 
défaut car je n’ai pu en trouver les coupes dans ma prépara- 
tion. Il est également probable que la feuille XIII et la 
feuille IX devaient posséder une pointe plus fine qu’elle n’est 
figurée. Les feuilles de cette espèce ont en effet, à l’état adulte, 
des pointes très fines, car la cellule terminale s’allonge énor- 
mément. 

Malgré les nombreuses causes qui ont pu en modifier 
l'exactitude, ces modèles sont très utiles pour permettre de se 
rendre compte d’un coup d’œil des transformations amenant 
une feuille de Mousse, de l’état de petit monticule informe 
creusé seulement d’une menue cavité indiquant sa face ven- 
trale (voir I, Planche photographique II), jusqu’à un stade 
(voir XIII, Planche photographique ID) où l’on reconnait par- 
faitement la feuille. 

_ On remarquera tout d’abord que la nervure foliaire n’est 
pas le produit d’un épaississement tardif suivant la trace 
du plan de symétrie, comme on pourrait le croire. C’est au 

. contraire la nervure qui semble apparaitre tout d’abord 


Le ne 


et la lame foliaire ne se développer que plus tard, naissant 

sous forme de petites ailes à la base de la nervure (voir 
spécialement VII, Planche photographique IT). En réalité ner- 
vure et lame foliaire progressent simultanément, mais cette 
dernière garde un développement très réduit pendant les 
premiers stades de l’embryogenèse foliaire 


Pour bien faire voir l’épaisseur considérable prise par la 


nervure à des stades très primitifs, j'ai fait photographier les 
reconstitutions des feuilles VI, IX et XI de facon qu'on aper- 
coive leur coupe transversale au niveau où elles s’insèrent sur 


la tige (voir figures VI dvs, IX Bis et XI bts). La figure XI &s, 


qui représente une feuille déjà très reconnaissable, ne présente 
encore qu'une lame foliaire réduite. La feuille XIII montre 
déjà un peu la forme de la feuille adulte, car toute sa partie 
inférieure (située entre la base et la ligne xx) présente des 
bords sensiblement parallèles. 

Pour comprendre le développement de la filé non plus 
dans sa forme extérieure, mais dans l’évolution de ses élé- 
ments anatomiques, je prie le lecteur de bien vouloir se 
reporter à ma figure 190. Cette coupe, qui passe par l’initiale 
d’une tige de Mnium undulatum (L.) Weis, coupée après avoir 
été inclue à la paraffine est entourée de ses feuilles. ce qui a 
l’avantage de montrer la manière dont celles-ci se recouvrent 
Pune l’autre et la valeur de leur angle d'écart. On remarquera 
l’aspect nettement triangulaire de la coupe de l’initiale I de 
la tige. Son noyau se distingue immédiatement de tous ceux 
de cette coupe par la grosseur de sa masse chromatique, 
fortement supérieure à celle du noyau de la dernière cellule 
détachée par lui, et ébauche d’un segment foliaire. La 
masse chromatique du noyau de l’initiale de la tige a une 
forme elliptique (grand axe 4", petit axe 3“) ainsi que le noyau 
entier (grand axe 4", petit axe) 6"). F,, Fs, Fy, Fs et oF, me 
sont que les coupes transversales dans les trés jeunes segments 
ou la partie basilaire, enfoncée dans la tige, des jeunes feuilles. 
Ce n’est qu’à partir de F, que nous avons des coupes dans des 
feuilles proprement dites et méme F, n’est encore qu'une coupe 
dans la partie basiliaire d’une feuille. Les cloisons dans Fy, 
sont plus ou moins déchirées. Je ne parlerai pas de cette 


à 
À 
4 


es me eget er ee En 


ah SE | 

feuille. Dans toutes les autres coupes j’ai fait remplir de griséles 
cellules eurycystes. J’ai renforcé les traits indiquant les cloi- 
sons que je considère comme les premières apparues dans la 
nervure (limitant les cellules fondamentales ou Grundzellen de 
Lorentz et les eurycystes). J'ai renforcé également les traits 
des cloisons périclines limitant dorsalement les groupes de 
sténocystes. 

Je vais tout d’abord parler du développement des lames 
foliaires. 

En examinant les coupes de celles-ci (fg. 190) on constate 
qu'il n'y a pas de zone de multiplication exclusive, mais 
que les cellules se divisent dans toute l’étendue de la lame 
foliaire. Il y a pourtant une prolifération plus active en 2 
endroits, comme nous le verrons plus loin (J'ai déjà dit à 
propos des Andréales comment on reconnait qu'une cellule 
vient de se diviser. J’ajouterai seulement ceci: il peut arriver 
que la cloison de séparation entre les 2 noyaux-filles ne soit pas 
encore complète, ainsi l’une des cloisons ec dans la lame 
foliaire de droite de la feuille F,,.) On voit ici également d’une 
facon très nette que les très jeunes cloisons ne marquent pas 
leur insertion par un sillon sur la surface externe. Ainsi la 
jeune paroi €, qui sépare les 2 cellules a et 6 de la lame foliaire 
de droite de la feuille F,,, ne traduit son insertion sur les faces 
dorsale et ventrale de la lame foliaire par aucun sillon; alors 
que la cloison /, qui sépare les 2 cellules det e, produit un 
sillon g sur la face ventrale et un sillon 2 sur la face dorsale 
de la feuille. En effet toute cellule a tendance à prendre une 
forme sphérique (Les Allemands ont même inventéle terme de 
« Abrundungsbestreben » pour désigner ce fait très général.) 
On sait que tous les êtres unicellulaires ont une forme sensi- 
blement sphérique et c’est uniquement par suite de l’associa- 
tion des cellules en tissus que la forme polygonale est appa- 
rue comme conséquence de la pression réciproque des cellules 
les unes sur les autres. Lors donc qu'une cellule présente une 
surface libre elle prend presque toujours une forme bombée 
vers l'extérieur (voir par exemple d et e). 

Nous pouvons constater ici, comme nous l'avons déjà fait en 
examinant les reconstitutions en plastiline, que la lame foliaire 


= 


ne présente au début qu'un faible développement. C’est ainsi 
que dans F;, les cellules qui constituent les ames foliaires sont 
assez grandes et que l’on ne voit pas trace de division cellulaire 
récente, alors que dans F,, les jeunes cellules sont nombreu- 
ses. Dans F,, les cellules du milieu des lames foliaires se sont 
seules divisées récemment : à gauche 4 cellules viennent de se 
diviser donnant 8 jeunes cellules et à droite il y a 4 jeunes 
cellules. Dans la feuille F,; les divisions paraissent avoir été 
plus actives, non plus au milieu pour la lame foliaire de droite, 
mais de chaque côté de ce milieu marqué par la cellule 4 
(dans F,,). On voit en effet trois jeunes cloisons €, à gauche 
de la cellule d, donnant 6 jeunes cellules, alors qu'il n’y a qu’une 
seule cloison e à droite de cette cellule d. La lame foliaire de 
gauche de cette feuille F,, montre un fait du même genre: la 
cellule d’ ne s’est pas divisée, alors qu'il y a du côté de la ner- 
vure 2 jeunes cloisons €” et du côté de la marge une jeune 
cloisone’. Dans F,; la lame foliaire gauche présente le même fait. 
(Il y a de jeunes cloisons ¢ et e de chaque côté des cellules 
centrales d.) Du côté droit il n'y a eu de multiplication que 
contre la nervure (voir les deux jeunes cloisons c’). Dans la 
feuille F,, on ne voit guère de jeunes cloisons que tout contre 
la marge de la lame foliaire de droite. Dans F,, c’est encore 
vers la marge et la nervure que se trouvent les divisions ré- 
centes (voir €, €, c’, e” dans F,,). Il en est de même pour F;, 
(voir les cloisons e’, d’, e et 2). 

Nous constatons donc, en résumé, que la lame foliaire s’ac- 
croit principalement par division des cellules situées tout 
contre la nervure et tout prés de la marge. 

Les bords de la feuille se différencient d’une facon précoce 
en marge foliaire. Les cellules qui formeront cette marge se 
remarquent dés les trés jeunes stades par leurs grandes di- 
mensions (voir par exemple m dans F,,). Leur noyau cellulaire 
prend un accroissement en rapport avec la dimension de la 
cellule, mais la masse chromatique reste petite, ce qui indique 
la cessation de toute cinése. Bientôt le contenu de ces cellules 
marginales devient extrêmement vacuolaire et leurs noyaux 
fixent presque uniformément les matières colorantes ainsi que 
le plasma avoisinant; ce qui m'a fait croire longtemps, comme ~ 


a. 
pour la cellule initiale, a des formes de dégénérescence du 
noyau. Ces cellules, a l’état adulte, ont encore en général leur 
contenu chlorophyllien et certaines d’entre elles s’allongent 
en dents, ce qui montre qu'elles ne sont pas mortes. Mais elles 
ne se divisent plus et s’agrandissent démesurément pour suivre 
l’accroissement des cellules du reste du limbe. Les cellules de 
marge arrivent ainsi à être une dizaine de fois plus longues 
que les cellules du parenchyme foliaire avoisinant et leurs 
parois longitudinales atteignent à la fin 2 fois l’épaisseur de 
celles des cellules à peu près isodiamétriques du reste de la 
lame foliaire. 

La marge est formée de 4 à 5 rangées de cellules. Celles-ci, 
comme on le voit par la figure 190, sont bien plus épaisses que 
le reste de la lame foliaire et forment un bourrelet saillant. 

L’asymétrie foliaire due au recouvrement des feuilles l’une 
par l’autre se constate assez bien dans la lame foliaire 
de cette espece, alors que pour la nervure elle est presque 
insensible (voir fig. 190). C’est la partie droite de la lame 
foliaire qui a généralement la plus grande longueur et le 
plus grand nombre de cellules: ainsi dans la feuille K,, il 
y a 26 cellules à droite contre 23 à gauche. Pourtant de ce 
dernier côté les cloisons d’ toutes récentes tendaient à rétablir 
l'équilibre. Dans la feuille F,; il y a 23 cellules à droite contre 
19 à gauche, dans F,, ily en a 18 à droite contre 14a gauche, 
dans F,, 7 à droite contre 6 à gauche et dans toutes ces feuil- 
les le côté droit est plus long que le gauche. Mais dans cer- 
tains cas, comme dans la feuille F,,, il y aa peu près égalité. 
Quelquefois c'est le côté gauche qui est nettement le plus 
grand et qui compte le plus grand nombre de cellules: ainsi F,, 
a 15 cellules à gauche contre 12 a droite et le côté gauche est 
un peu plus long. La feuille F;, est encore plus nette en ce 
sens, car son coté gauche posséde 12 cellules alors qu’a droite 
il n y en aque 7. Nous voyons que la feuille F,, libère son 
côté droit le premier tandis que pour la feuille F, c’est le côté 
gauche qui adhère à la tige en dernier lieu. Ces perturbations 
dans le recouvrement des feuilles l’une par l’autre sont peut- 
être dues à la sortie du rameau latéral R dans la base de la 
feuille F,. En résumé, nous constatons donc que c’est le côté 


Se te 
droit dela lame foliaire qui est généralement le plus développé. 
Pour faire comprendre le développement de la nervure 
j'aurai recours à un certain nombre de schémas. La figure 191 
est le schéma du premier stade de développement tel qu’on le 
rencontre chez toutes les Mousses: c’est le stade en éventail. 
J'ai indiqué par des traits renforcés la cloison médiane de la 
feuille et les cloisons qui limitent la nervure à droite et à 
gauche. Je suppose que celle-ci est formée de 8 cellules fon- 
damentales : 4 à droite et 4 à gauche. Je les ai indiquées sur 
mon schéma (fig. 191) par des chiffres romains. La nervure 
ira en s’épaississant de plus en plus et sa coupe, qui avait 
l’aspect d’un croissant (fig. 191), ressemblera ensuite a 
une lentille plan convexe (fig. 192) et finalement à une len- 
tille biconvexe. Les premières cloisons qui apparaissent après 
le stade en éventail sont périclines. Elles divisent chacune des 
cellules fondamentales en une moitié dorsale et une ventrale. 
Ce processus débute naturellement à l’endroit le plus épais 
de la nervure, c’est-à-dire dans les cellules fondamentales I. 
I] se produit à peu près symétriquement. Dans mon 2° schéma 
(fig. 192) je représente 4 cellules fondamentales ainsi divi- 
sées. Les parties ventrales et dorsales délimitées de la sorte se 
divisent bientôt à leur tour chacune en deux par une cloison 
péricline. La figure 193 indique ces 3 séries de cloisons péri- 
clines dans les cellules fondamentales I et Il. J’ai marqué la 
première série de cloisons périclines dans toute la nervure. 
J'ai indiqué par du grisé les > cellules-mères qui donneront 
naissance ultérieurement par leurs divisions au groupe des 
_sténocystes. On voit que ces 2 cellules-mères sont des cellules 
dorsales dont l’origine est très précoce, puisqu'elles provien- 
nent de la 1” division de la partie dorsale des 2 cellules fon- 
damentales médianes. Les eurycystes apparaissent vers la 
même époque du côté ventral. Dans les 3 ou 4 cellules fonda- 
mentales de chaque côté du plan médian ces eurycystes se 
dédoublent en général par une cloison péricline et donnent 
ainsi 2 couches d’eurycystes. Toutes les cellules situées ven- 
tralement par rapport aux eurycystes sont l’origine des cellules 
ventrales et toutes celles qui sont situées dorsalement par 
rapport à elles sont des cellules dorsales. La première cloison 


— BI — 


qui apparaît ensuite dans les cellules dorsales, dans les ven- 
trales, comme dans les eurycystes et les sténocystes est en 
général une cloison péricline. J’ai indiqué par des lignes en 
pointillé quelques-unes de ces cloisons. Il se produit ensuite 
dans chacune, sauf dans les eurycystes, des cloisons anti- 
clines. Les. cellules ainsi délimitées se divisent encore quel- 
quefois par des cloisons périclines. Les cellules marquées 
A dans mon schéma 3 (fig. 193) et qui sont les homologues 
des cellules-mères de sténocystes restent longtemps indi- 
vises. Le développement que je viens de décrire s'applique 
aux cellules fondamentales situées vers le centre de la ner- 
vure. Celles qui se trouvent au contraire près du point 
d'attache des lames foliaires présentent un développement 
bien moins complet, d’un type aberrant et variable. 

Je prie maintenant le lecteur de se reporter à la figure 
190 où il verra des coupes réelles de nervures dans les- 
quelles j'ai marqué d’un trait renforcé les cloisons que je 
crois correspondre aux limites des cellules fondamentales. 
J'ai indiqué également par un trait de force les limites des 
massifs d’eurycystes et de sténocystes. Les eurycystes sont 
marqués en grisé. J'ai indiqué les noyaux cellulaires, ce qui 
donnera une idée de leurs dimensions par rapport à celles des 
cellules qui les contiennent. Dans les marges des feuilles j'ai 
figuré souvent les noyaux tels que je les voyais, c’est-à-dire 
par une simple granulation. En réalité on pourrait y retrouver 
une structure normale mais, comme je l'ai déjà dit, ces 
noyaux et le plasma qui les entoure directement fixent à peu 
près uniformément la matière colorante et on ne distingue 
que difficilement leur structure. 

Onsera certainement frappé de n’apercevoirqu'’une seule divi- 
sion cellulaire (voir feuille F,,)et encore à un stade très avancé. 
alors qu’il y a un nombre considérable de cellules figurées. Ceci 
paraîtra d'autant plus singulierque la coupe estpratiquée dans la 
région basilaire de très jeunes feuilles, ce qui estle lieu de leurs 
plus actives divisions. Ceci doit être dû à l’époque et surtout 
à l'heure de la fixation. Les Mousses atteignent en effet leur 
maximum de vie végétative dans les saisons humides : en 


automne et surtout au premier printemps. Or, c’estle 2 juillet, 


6 


“DE 


dans la matinée, que mon matériel a été fixé. Il est probable 
que les divisions cellulaires se produisent la nuit ou très tôt 
le matin, car les seules que j'ai pu observer touchaient à leur 
fin. | 

On voit comme toujours autour des points végétatifs des poils 
muqueux entre les très Jeunes feuilles (voir P, fig. 190). Mais 
ceux-ci dégénèrent bientôt (voir L, fig. 190). 

Je vais montrer maintenant la justesse de ma description 
schématique du développement en étudiant des coupes de 
feuilles d’âges très différents. | 

La feuille F, présente un développement très aberrant, car 
ici Veurycyste de gauche semble bien avoirune origine dorsale 


et les 2 cellules situées dorsalement par rapport aux eury- 


cystes se sont divisées tout d’abord par une cloison anticline 
au lieu d’une péricline, comme dans le cas ordinaire. La 
feuille F, au contraire présente un développement typique. 
On voit 4 eurycystes. Les 2 cellules-mères primordiales des 
sténocystes se sont divisées chacune par une cloison péri- 
cline. Enfin, parmi les cellules dérivant de la 1” cellule fonda- 
mentale de droite, la cellule située ventralement par rapport 
à l’eurycyste s’est divisée en deux par une cloison péricline, 
formant ainsi l’ébauche d’une 2° couche de cellules ventrales. La 
cellule interne est une cellule intercalaire ventrale 2.11 n’y a ici 
qu'une irrégularité : c’est que la cloison anticline qui limite a 
droite le 2° eurycyste de droite ne se continue pas jusqu’à la 
face ventrale. Dans la coupe de la feuille F,, nous trouvons 
une complication anatomique beaucoup plus grande: 3 eury- 
cystes se sont dédoublés par une cloison péricline. En ce qui 
concerne les sténocystes, nous constatons l'apparition d’une 
1 cloison anticline, qui vient subdiviser la plus dorsale des 
2 cellules provenant de la division, au moyen d’une cloison péri- 
cline, dela cellule-mère primordiale de droite du groupe de sté- 
nocystes. La premiére cloison qui se forme dans chaque 
cellule située dorsalement par rapport a un eurycyste est péri- 
cline, comme je l’ai décrit dans mes schémas. La cellule dorsale 
primitive provenant de la cellule fondamentale IT de droite a 
même donné 4 cellules, car après la cloison péricline qui l’a 
d’abord divisée il est apparu dans chaque cellule-fille ainsi 


LEE pity ii d i 


— 83 — 


formée une cloison anticline. Dans les cellules ventrales il 
s’est produit d’abord des cloisons anticlines, ce qui n’est pas 
le cas le plus fréquent. Enfin je signalerai dans cette feuille F,, 
la présence d’une division cellulaire parvenue au dernier stade 
de sa télophase : les noyaux-filles sont déjà reconstitués, mais 
le fuseau achromatique se voit encore nettement et la nou- 
velle membrane cellulaire n’existe encore que sous forme de 
dermatosomes dans le fuseau. Les 2 cellules qui provien- 
dront de cette division seront : l’une un eurycyste et l’autre 
une cellule ventrale. Nous voyons done ici nettement que les 
eurycystes ont une origine ventrale. 

Je ne continuerai pas à décrire ainsi toutes les coupes de 
feuilles, car nous ne trouverions que des détails sans intérêt 
général. Je me contenterai de faire remarquer (ce qui a déjà 
été signalé dans mes schémas) qu'à des stades très avancés, 
comme celui représenté en F,,, les cellules homologues des 
cellules-mères primordiales des eurycystes ne se sont pas 


encore divisées dans plusieurs cas(voirles cellules A dans F, 


qui sont homologues des cellules À de mon schéma, fig. 193). 
D'un côté de la feuille, le développement des tissus peut être 
assez en retard: ainsi dans F,; le groupe de sténocystes ne 
comprend que 5 cellules à droite contre 15 cellules à gauche 


du plan de symétrie. Pour les cellules dorsales il en est de 


même : c'est ainsi qu'il y a 6 cellules dorsales provenant de la 
cellule primordiale I de droite, contre 9 provenant de la cellule 
primordiale de même rang à gauche. 

Pour compléter ma description je prie le lecteur de regarder 
la figure 194. Elle représente une coupe faite dans la tige 


dont Vinitiale occupe le centre de la figure 193, mais elle 
oO 5) 


a été pratiquée 60 micra plus bas. Cette figure permet de 
se rendre compte de la structure de la jeune tige, dont on 
voit nettement le cylindre central, et surtout de la maniére 
dont les feuilles se recouvrent l’une l’autre et se soudent 
à la tige. C’est ainsi que la feuille F,, fait déjà complètement 
partie de la tige et n’est plus reconnaissable qu’à son faisceau 
de 6 sténocystes ; ceux-ci sont passés au grisé, ainsi que les 
sténocystes de la feuille F,,, qui est moins soudée à la tige 


et dont on reconnait encore assez bien les eurycystes ainsi 


PR ei 
que le bord de la lame foliaire gauche B. On constate ici le 
fait général: qu’à la base de toutes les feuilles les éléments 


cellulaires sont bien plus grands et les parois anticlines plus - 


nettement perpendiculaires à la surface extérieure du côté 
ventral que du côté dorsal (Remarquez surtout les feuilles F,, 
et F,,). On voit d’ailleurs souvent vers la base des feuilles des 


couches de cellules ventrales très régulièrement disposées. 


Cette structure est probablement due à l'effet de la pression de 
la feuille contre la tige. 

On remarque encore dans cette figure 194 la sortie de la tige 
de rameaux latéraux qui ne naissent pas, comme chez les Pha- 
nérogames, à l’aisselle des feuilles, mais en dessous de celles-ci 
(d’après les travaux de Leitgeb). Cest ainsi que le rameau R, 
situé à l’insertion sur la tige de la feuille F,, (fig. 194), n’appar- 
tient pas au même segment que celle-ci, mais à celui d’une 
feuille située au-dessus de cette coupe. Les noyaux cellulaires 
que l’on apercoit sur cette coupe marqués par une simple 
tache noire ne sont pas forcément des noyaux dégénérés, mais 
des noyaux chez lesquels la masse chromatique se colore de 
même que le caryoplasme. 

Je crois être le premier à avoir étudié le développement de 
la feuille de ce Mnium Dill. Au point de vue anatomique, 
Lorentz (11) (pages 427 et 428) considère qu'il y a 2 couches. 
d’eurycystes. Il indique que la marge foliaire est formée 
d’une couche de cellules épaissies. L'abbé Morin dans sa thèse 
figure au contraire une coupe de marge de cette plante où 
l’on voit jusqu'à 4 couches cellulaires (voir planche 17, 
figure 9 de sa thèse). Il doit y avoir confusion avec l’Atrichum 
undulatum P. Beauv.. Cet auteur signale aussi les 2 couches 
d’eurycystes. Il cite l’épithète de « pulchrae gentis pulcherri- 
mum » appliquée à cette mousse et dit qu’elle le mérite bien au 


point de vue anatomique. 


Étude du Mnium punctatum (L. Schreber) Hedwig. 


Le développement de la feuille du Mnium punctatum 
(L. Schreb.) Hedw. a été étudié par Nageli en 1855 [voir (7) 
pages 84 et 85]. Selon cet auteur la feuille se développerait, | 


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— le 


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comme celle des autres Mousses, par des divisions de la cellule 
initiale et des cellules marginales. Les cellules internes conti- 


 mueraient à se diviser et ce seraient d’abord les cellules de la 


base qui cesseraient leur multiplication et s’allongeraient en 
transformant leur contenu et leurs parois. La formation des cel- 
lules progresserait alors de la base à la pointe et de la ligne © 
médiane versles deux bords. La croissance en épaisseur dans 
la nervure médiane et les marges (ce qu'il appelle les nervures 
marginales) se produirait de bonne heure: elle commencerait 
à la base et se continuerait vers le haut, de telle sorte que les 
nervures seraient formées déjà de nombreuses couches à la 
base alors que vers la pointe elles n’en posséderaient qu’une 
seule. D’après cette description il semble qu'il considère la 
nervure et les marges comme des épaississements de la lame 
foliaire, qui en est d’abord dépourvue. En réalité, comme dans 
toutes les Mousses, le développement est simultané et la nervure 
apparaît dans des stades très jeunes. D’après Nageli la crois- 
sance en épaisseur de la nervure serait terminée, dans chaque 
région de la feuille, avant celle de la lame foliaire. Il recon- 
nait néanmoins que la formation des cellules s'éteint plus 
tot dans l’extréme pointe et les marges que dans les por- 
tions du parenchyme foliaire situées dans le voisinage. Les 
dernières cellules qui se diviseraient, selon lui, seraient les 
3 ou 4 cellules du parenchyme situées à droite et à gauche, à 
l'intérieur de la marge, tout contre la pointe. Il base cette 
description sur des mesures: dans une feuille ayant 1"",6 de 
longueur et o™,8 de largeur les cellules de parenchyme 
de la base auraient une grandeur moyenne de 45 micromilli- 
mètres et des parois d’une épaisseur de 1,3 micromillimètre. 
Le contenu et la forme des cellules seraient déjà les mêmes 
que dans la feuille développée et l’on verrait entre elles de 
petits espaces intercellulaires. Ceci prouverait que la crois- 
sance serait depuis longtemps achevée en cet endroit. Les 
cellules situées à la pointe auraient au contraire une forme 
losangique, elles seraient placées suivant des rangées se 
croisant et présenteraient un contenu différencié et des 
parois d’une épaisseur si faible qu’on ne pourrait la mesurer. 
Elles seraient encore en état de division et leur diamètre, 


op 


peu constant, aurait de 10 à 14 micromillimètres. Dans 
une feuille de 2™,3 de longueur et de r'#1 de layccur am 
les cellules du parenchyme de la base auraient 60 micro- L 
millimètres de longueur et des parois de 1,8 micromillimètre 
d'épaisseur, tandis que les cellules du sommet auraient 

18 micromillimètres, une forme losangique, des parois très 
minces sans espaces intercellulaires ; quelques-unes seule- 
ment, parmi les plus externes, se diviseraient encore. Une 
feuille de 3"",4 de longueur et de 1"",8 de largeur possé- 
derait à la base des cellules complètement développées de 

70 micromillimètres de longueur avec des parois de 4,5 micro- 
millimètres d'épaisseur ; les cellules du sommet auraient 

27 micromillimetres de grandeur et 0,9 micromillimétres 
d’épaisseur de parois, une forme polyédrique et pas d’espaces 
intercellulaires nets. La formation des cellules y serait 
achevée, mais dans 3 ou 4 cellules tout prés du sommet on 
aurait encore reconnu la formation récente d’une cloison. 
Enfin dans une feuille développée, de 4 millimètres de lon- 
gueur et de 2"",3 de largeur, les cellules de la base auraient 

70 micromillimètres de long, leurs parois 5,4 micromilli- 
mètres d'épaisseur; les cellules du sommet 4o micromilli- 
mètres et leurs parois 3 micromillimètres d'épaisseur. 

Nägeli, comme nous l’avons vu, était le défenseur systéma- 
tique de la théorie selon laquelle une feuille de Mousse 
pousserait uniquement par sa pointe. Or il se trouve que le 
Mnium punctatum(L. Schreb.) Hedw. lui donne justementraison 
en partie. Ceci est dt a la forme toute particulière qu’affecte la 
feuille de cette plante. La grande majorité des Mousses pos- 
sède en effet des feuilles terminées par une pointe fine qui se 
différencie rapidement, épaissit ses parois cellulaires et se 
desséche, tandis que la base foliaire, protégée par les bases des 
autres feuilles, continue souvent son développement pendant 
longtemps. Le Mnium punctatum (L. Schreb.) Hedw. au con- 
traire possède des feuilles arrondies (fig. 195). Il n’y a que 
quelques espèces voisines telles que le Mnium subglobosum 
Br. Eur. ‘et le Mniwm affine Bland. qui aient des feuilles de 
cette forme, ainsi que quelques espèces arctiques de Bryum 
Dill. et des Hygrohypnum Lindb.. Pour réaliser une semblable 


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as 5 side ra 


, sb 


og = 
forme on comprend qu’une croissance intercalaire intense soit 
nécessaire. 

Lorsqu'on regarde une feuille adulte on ne voit pas, comme 
dans les autres Mousses, la pointe de la feuille formée par une 
cellule qui fut jadis l’initiale. Ici la fine pointe qui se dresse 
sur le contour arrondi de la feuille est formée par la juxtapo- 
sition de 4 cellules (voir fig. 195). La figure 195 représente une 
feuille de 3™,6 de longueur et de 2"",5 de largeur. Cette feuille 


‘était adulte. Dans les montagnes on rencontre souvent dans 


les ruisseaux une forme appelée « elatum » par Schimper, dont 
les feuilles sont énormes et dépassent bien ces dimensions. 

Si l’on examine des feuilles beaucoup plus jeunes, telle que 
celle dont la figure 197 représente la pointe, on ne voit pas 
non plus de cellule initiale. Et pourtant cette feuille qui n’a 
que 07,46 de longueur ét ont p8#de-larveurrestbren loir 
d’avoir atteint sa différenciation définitive, car les cellules de 
marge (fig. 197) ont une forme losangique et leur longueur 
de 15 micra est sensiblement égale à leur largeur; tandis que 
dans la feuille adulte (fig. 195) une cellule de marge a une lon- 
gueur voisine de 200 micra etune largeur 10 fois moindre. Une 
feuille de o"",8 de long ne m’a pas montré non plus trace d’ini- 
tiale. J’ai enfin trouvé une cellule initiale sous forme d’un 
triangle équilatéral de 8 micra de côté dans une feuille de 
1/40 de millimètre de longueur, dont la figure 196 montre la 
pointe. 

Le Mnium punctatum (L. Schreb.) Hedw. possède done bien 
au début une initiale à 2 pans de forme normale, mais qui dis- 
parait de très bonne heure pour faire place à une croissance 
intercalaire. Contrairement à l'opinion de Nägeli, cet exemple 
est donc excellent pour montrer la disparition précoce de la 
croissance au moyen d’une initiale, puisque celle-ci perd non 
seulement son activité fonctionnelle de très bonne heure, mais 
même sa forme d'initiale. 

On connait un certain nombre de cas où Vinitiale à 2 pans 
n'existe pas ou disparait d’une facon précoce chez les Mousses 
et c'est toujours dans des feuilles arrondies comme celle du 


 Mnium punctatum (L. Schreb.) Hedw. ou en forme de bande. 


Crest ainsi que d’après Goebel (32) les minuscules feuilles 


ee Tas 
en forme de disque et dépourvues dechlorophylle du Buxbau- 
mia Haller ne présenteraient jamais d’initiale. 

On trouve la description d’un certain nombre d’autres cas 
dans le travail de Jongmans (33) sur les Mousses productrices 
de propagules. Pour les feuilles protonématiques de l'Ædipo- 
dium Griffithianum (Dicks.) Schwägr. l’initiale à 2 pans dispa- 
rait, en se segmentant irrégulièrement, d’une facon plus ou 
moins précoce. Cette transformation se produit plus tot chez les 
exemplaires poussant vigoureusement. Il lui succède une crois- 
sance marginale, comme chez les Fougères. Les feuilles pro- 
tonématiques seraient en forme de bandes. Les premières 
feuilles des jeunes bourgeons de l'ŒÆdipodium Schwägr. per- 
draient également de très bonne heure leur croissance apicale. 


Dans les feuilles ordinaires, l’initiale disparaitrait aussi bien- 


tot par divisions irrégulières et l’on n'aurait plus ensuite 
qu'une croissance marginale. 

Parmi les Splachnacées l'ŒÆdipodium Schwägr. ne serait pas 
seul à présenter un semblable cas. C’estainsi que chez le Taylo- 
ria Dubyi(Duby) Brotherus, de la Patagonie, les feuilles pousse- 
raient assez longtemps au moyen d’une initiale ; mais celle-ci 
se diviserait à un certain moment d’une facon irrégulière et une 
croissance uniquement marginale lui succéderait. La figure 6 
de la page 79 de ce travail montre la pointe d’une feuille de 
cette espèce ou il n’y a plus trace d’initiale. 

Chez le Splachnobryum aquaticum C. M., forme aquatique 
du pays des Somalis (page 80 et figure 7 de son travail), la 
croissance apicale disparait dès le très jeune age. 

Dans les feuilles protonématiques d’'ŒÆdipodium Schwagr. 
provenant de propagules, la cellule initiale cesserait égale- 
ment tres tot de fonctionner en se cloisonnant irrégulièrement. 
Jongmans décrit et figure (/oc. czt., pages 131 et 132) le déve- 
loppement des feuilles involucrales des propagules du Georgia 
pellucida (L.) Rabenh.. Elles ne présenteraient d’initiale qu’à 
des stades très jeunes du développement. Leur initiale à 2 
pans disparaitrait par la production d’une cloison perpendi- 
culaire au sens de la longueur de la feuille. Puis une cloison 
longitudinale se produirait dans la cellule supérieure et une 
transversale dans la cellule inférieure. A l’état adulte, ces 


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feuilles sont en forme de cœur et la place qu’occupait l’ini- 
tiale se trouve au fond d’une dépression du contour externe. 

Les feuilles protonématiques du Georgia Ehrh. pousseraient 
d’abord par une initiale à un pan, puis par une initiale à 2 pans 
qui cesserait de fonctionner plus ou moins tôt alors que la 
croissance marginale persisterait. 

On voit donc, par tous ces exemples, que le cas du Hnium 
punctatum (L. Schreb.) Hedw. n’est pas isolé. 

Ce qui frappe tout d’abord, dans la description du dévelop- 
pement de la feuille du Mnèum punctatum (L. Schreb.) Hedw. 
jaite par Nägeli, c’est que la plus jeune feuille dont il donne les 


mesures ait 1"",6 de longueur. C'était par conséquentune feuille 


ayant déjà atteint un développement très notable. Nägeli ne 
semble donc pas s'être occupé des premiers stades, qui sont de 
beaucoup les plus intéressants dans une embryogenèse quel- 
conque, car c’est la que l’on reconnait les grandes lignes du 
développement d’un groupe, alors que les stades ultérieurs 
montrent simplement des particularités propres à une espèce. 


J'ai étudié, comme je lai déjà dit plus haut, des stades beau- 


coup plus jeunes. La feuille la plus petite que j’ai observée avait 
1/40 de millimètre de longueur et 1/50 de largeur. Sa forme 
était ovale et rappelait déjà beaucoup celle d’une feuille 
adulte. La figure 196, qui représente la pointe de cette feuille 
munie d’une cellule initiale équilatérale de 8 micra de côté, 
montre bien le début de l’évolution des segments. J’ai indi- 
qué ceux-ci par des chiffres romains et marqué leurs contours 
par un trait renforcé. 

La première cloison que nous voyons apparaitre dans un 
segment détaché par l’initiale est une cloison péricline p 
(dans le segment II, fig. 196). Le segment III possède 2 cloi- 
sons périclines. La plus nouvellement formée doit étre la plus 
externe. Le segment IV nous montre l’apparition d’une nou- 
velle cloison péricline, qui vient diviser la cellule correspon- 
dant a la plus interne des cellules des segments précédents. 
Il est apparu 2 cloisons anticlines a dans les 2 cellules exter- 
nes. Nous voyons donc que les cloisons anticlines, comme les 
périclines, apparaissent en premier lieu sur le bord de la 
feuille et progressent vers le centre. Mais bientot les cellules 


— go — 


situées sur la ligne médiane de la feuille ralentissent leurs 
divisions et s’allongent seulement pour suivre l’accroisse- 
ment des cellules plus périphériques. Elles donneront la 
nervure dont la cellule nm du segment VI forme une pre- 
mière ébauche. Cette jeune feuille ne présente donc, en fait 
de différenciation qu’un début de nervure. Dans une feuille 
de o"",18 de longueur et de o"™",11 de larceun om me die 
tinguait déja plus du tout Vinitiale de la feuille. Tout le 
pourtour de celle-ci était formé de cellules beaucoup plus 
grandes que les cellules internes et dont les parois anti- 
clines étaient encore bien perpendiculaires au contour 
externe. Leurs dimensions étaient de 14 micra dans la direc- 
tion perpendiculaire au contour de la feuille et de 7 à 17 micra 
dans l’autre direction, alors que les cellules immédiatement 
sous-jacentes, de forme carrée ou un peu rectangulaire, 
n'avaient guère plus de 7 micra de côté. La marge foliaire et 
l’initiale qui se confond avec elle, ne jouent donc certaine- 
ment plus de rôle dans la croissance de la feuille dès ce très 
jeune stade. Je signalerai également que la base de la feuille 
s’est légèrement effilée. EG 

Ce fait se constate encore mieux au stade suivant, dans une 
“teuille de 07,16 de longueur et de‘o™™/28:de largeur, dont la 
figure 197 représente la pointe. Iciles cellules de la marge 
n’ont plus leurs parois anticlines exactement perpendiculaires 
au contour externe, mais elles s’éloignent de plus en plus de 
cette position à mesure que la distance qui les sépare du som- 
met de la feuille augmente. On reconnait nettement la nature 
méristématique du tissu sous-jacent aux nombreux cloisonne- 
ments récents tels que € (fig. 197). Toutes les parois cellulaires 
n'ontencore qu'une épaisseur voisine du micron. Les cellules 
de marge ont environ 15 micra de côté et celles de l’intérieur 
7 micra. On voit done que leurs dimensions ont sensiblement 
augmenté depuis le stade précédent, surtout en ce qui con- 
cerne la largeur des cellules marginales qui, au lieu de for- 
mer palissade le long du bord de la feuille, (leur plus grande 
dimension étant perpendiculaire au contour externe) sont 
maintenant sensiblement équilatérales, plus régulières et 
de forme losangique. Les cellules qui composent la nervure 


Bes, apes 
ont une dizaine de micra de largeur et une longueur 4 fois plus 
grande. 

Dans une feuille de 1™",6 de long les cellules du parenchyme 
avaient à peu près : vers la pointe 274 delong sur 18 de large, 
au milieu pres de la nervure 46 y de long sur 18 de large, 
enfin a la base jusqu'à 5oy, de long et 3o0y de large. 

Dans une feuille de plus de 2 millimètres de long et de 
1"",25 environ de large, les parois des cellules marginales 
n'avaient encore guère qu'un micron d’épaisseur, mais ces 
cellules étaient déjà nettement allongées parallèlement au 
bord de la feuille (4 fois plus longues que larges). J'ai constaté 
aussi d’une facon très nette, dans cette feuille, que le paren- 
chyme de la pointe foliaire était formé de petites cellules, ainsi 
que le parenchyme situé le long des nervures. Je pense donc, 
comme Nägeli, que les dernières cellules formées sont en effet 
situées vers la pointe de la feuille. Les cellules de la base 
étaient au contraire déjà grandes et avaient dù cesser leurs 
divisions depuis longtemps. 

La figure 195 montre une feuille encore plus âgée ayant 
3",6 de long et 2"",5 de large. On se rend tres bien compte 
que le centre et la base de cette feuille, ainsi que les marges, ont 
cessé depuis longtemps leurs divisions. Je vais indiquer quel- 
ques mesures de cellules et de membranes pour une feuille de 
2"",6 de long et de 4 millimetres de large. Juste au dessous 
de la pointe, la où Nägeli décrit les dernières divisions cellu- 
laires, j'ai remarqué les plus petites cellules. Jen ai mesuré 
une deity sur 14 y; une autre avait 37 y sur 18. Leur forme est 
souvent pentagonale. Vers le milieu de la feuille. près de la 
nervure, les cellules atteignent leurs dimensions maxima. 
Elles sont régulièrement pentagonales ayant 1114 soit plus 
de 1/10 de millimètre de longueur, et moitié moins de lar- 
geur. Ce sont ces énormes cellules qui firent donner à ce 
Mnium le nom de punctatum (L. Schreb.) Hedw. par les 
anciens auteurs, car ceux-ci, qui ne se servaient guère que de 
la loupe, apercevaient ces cellules sous forme de petits points. 
Vers la base de la feuille les cellules à contour plutôt rectan- 
gulaire ont en moyenne 83y de long sur 46% de large. 

L’épaisseur des parois cellulaires est encore un très bon 


— 92 — 


caractère pouvant servir à fixer l’âge des cellules. Les petites 
cellules du parenchyme, sous la pointe, présentent des parois 
d’une épaisseur voisine du micron ; ce qui montre leur jeune 
âge. Les cellules des marges possédent au contraire vers 
Pextréme pointe jusqu’à 6 d'épaisseur, alors que vers la base 
de la feuille elles n’ont pas plus de 4,5. 

On a donc, pour la marge, un phénomène inverse de celui 


que présente le parenchyme: c’est vers la pointe que les cel- 
lules de marge sont les plus différenciées, ce qui montre 
bien que c'est la qu'elles ont perdu le plus tôt leur faculté 
reproductrice. Les grandes cellules du milieu de la feuille 
ont des parois de 4*,5, ce qui est également |’épaisseur des 
parois cellulaires de Pun des côtés de la base, tandis que de 
l’autre elle atteint seulement 3 y. 

J'ai examiné et dessiné de nombreuses coupes transver- 
sales faites au microtome, d’abord dans une feuille âgée, puis 
dans 6 jeunes feuilles qui se trouvaient autour d’archégones. 
La figure 198 représente une coupe dans la nervure d’une 
feuille âgée. On est frappé de suite par la grande dimension 
du faisceau de sténocystes, le grand nombre de ces éléments 


2 REISS SSNS NE a Bie A A pee pend aes ial ee gre 


ee Le 


(une trentaine), la grande dimension des lumens de la couche 
dorsale d’eurycystes, |’épaisseur des parois cellulaires. 

Les figures 199 et 200 sont des coupes : l’une (fig. 200) 
vers la base et l’autre (fig. 199) faite beaucoup plus haut, dans 
la plus âgée des 6 feuilles que j'ai étudié. Cette feuille est 
encore assez jeune, car les parois cellulaires sont peu épais- 
sies, sauf à la base (fig. 200). J’ai pu confirmer ainsi en partie 
les opinions de Nägeli par mes coupes transversales. Je signa- 
lerai également que les épaississements collenchymateux 
apparaissent aux angles des sténocystes d’abord à la base de À 
la feuille. L’épaississement des parois cellulaires progresse 
dela périphérie vers le centre. C’est ainsi que, dans la figure 
199, il n'y a que les parois externes et celles de quelques & 
cellules dorsales qui présentent des épaississements ; tandis 4 

. que, dans la figure 200 ces épaississements ont gagné toute ; 
la nervure, à l’exception des sténocystes et des parois anti- 
clines des cellules qui les entourent. On remarquera enfin 
les renforcements très caractéristiques que l’on trouve dans 


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cette espèce au point d'insertion des cloisons cellulaires du 
parenchyme foliaire sur les surfaces externes (voir e, fig. 199). 

En examinant les très nombreux dessins (au nombre de 126) 
des coupes de 6 jeunes feuilles périchétiales dont j'ai parlé 
plus haut, j'ai pu tirer quelques règles générales de dévelop- 
pement que j’exposerai au moyen de schémas (fig. 201 et 202) 
comme pour le Mnewm undulatum (L.) Weis. Je ne prétends 
pas que ces schémas de développement coincident toujours 
avec la réalité, car on observe de nombreuses exceptions. 

La nervure proprement dite est ici généralement formée 
de 2 cellules fondamentales seulement. J’ai épaissi fortement 
leurs parois anticlines dans ma figure 201, ainsi que la pre- 
miére cloison péricline qui sépare chacune de celles-ci en une 
cellule ventrale et une dorsale. La nervure primitive est done 
formée de 4 cellules: 2 dorsales et 2 ventrales. Les 2 cellules 
dorsales se divisent chacune par une cloison anticline. Des 
4 cellules ainsi formées, les 2 cellules situées de chaque côté 
du plan de symétrie se divisent par une cloison péricline, 
isolant ainsi 2 cellules E (fig. 201) qui seront les cellules- 
mères primordiales des sténocystes. Ces cellules-mères de sté- 
nocystes se divisent d’abord chacune par une cloison péricline, 
indiquée en pointillé dans la figure 202, donnant ainsi 4 cel- 
lules E(fig. 202). Souvent apparaissent encore 2 autres cloisons 
périclines amenant la formation de 6 cellules E (3 de chaque 


côté du plan de symétrie) avant qu'il n’apparaisse des cloisons 


anticlines dans ce faisceau d’euryeystes. Les cellules marquées 
par À dans la figure 202, et qui sont homologues des cellules- 
mères primordiales des sténocystes, restent souvent indivises 
ou se divisent peu (voir cellules A dans la figure 198). Les 
cellules dorsales indifférenciées se divisent en général, d’abord 
par des cloisons périclines, auxquelles succèdent encore quel- 
ques anticlines, derrière le faisceau de sténocystes. Il n’y a 
guère plus de 3 couches de cellules dorsales à l’état adulte 
(voir figures 198, 199 et 200). 

Passons au cloisonnement de la partie ventrale : la pre- 
mière division se fait au moyen de cloisons périclines, qui 
isolent ainsi dorsalement 2 cellules mères d’eurycystes D 
(fig. 201). Les cellules ventrales se divisent d’abord chacune 


par une cloison anticline donnant 4 cellules V (fig. 201). Puis 
apparaissent des cloisons périclines, marquées en pointillé 
dans la figure 202, ce qui porte à 2 le nombre des couches de 
cellules ventrales ; ce chiffre est rarement dépassé. | 


Les eurycystes se dédoublent d’abord chacun par une cloi- 


son anticline et les 4 cellules ainsi formées se divisent à leur 
tour par une cloison péricline donnant 2 couches d’enrycystes : 
h erands Det 4 petits d'placés ventralement par rapport aux pre- 
miers. Lorentz prétend que l’on peut reconnaitre le nombre de 
cellules fondamentales dont une nervure est formée au nombre 


de ses eurycystes. Nous avons vu qu'il ne cite comme exCep- 


tion qu'un Bryum Dill. ; mais cependant il a constaté aussi 
chez Funaria Schreb. des cas où il y avait 4 eurycystes sur 
2 cellules ventrales, d’ou nécessité du dédoublement secon- 
daire des eurycystes par des cloisons anticlines. Il n’a pas 
cependant tiré cette conclusion. L’abbé Morin (30) pour le 
Mnium hornum L. dit que les eurycystes se dédoublent tan- 
gentiellement et radialement). Nous voyons dans ce Mniwm 
Dill. une exception de plus à la règle de Lorentz. 

Enfin des cellules de la lame foliaire, voisines de la nervure, 
peuvent se diviser également et donner de grandes cellules 
qui s'ajoutent à la nervure, telles que celles marquées par B 
dans mon schéma (fig. 202) et dans la figure 198. 

On a pu remarquer une différence importante entre ce 
développement et celui du Mniumundulatum(L.) Weis, en ce qui 
concerne les cellules-méres des sténocystes. Leur production 
est ici moins directe, car elles ne sont pas délimitées comme 


chez le Mnium undulatum(L.) Weis par la première cloison péri- 


cline apparaissant dans les 2 cellules dorsales médianes primiti- 
ves (voir fig. 193). Nous avons vu en effet que ces 2 cellules 
dorsales primitives se divisent d’abord, non par une cloison 
péricline, mais par une anticline à laquelle succède une 
péricline ; ce sontles cellules les plus internes E (fig. 201) qui 
sont les cellules-mères des sténocystes. 

Je signalerai encore que, vers la base de la feuille, le côté 
dorsal des cellules fondamentales reste longtemps indivis, 
formant des grandes cellules palissadiques très hautes, alors 
que du côté ventral les cloisons périclines limitant les cellules 


a 
24 
= 
M 
= 
2 


DU 


eurycystes des cellules ventrales sont apparues déjà. C’est 
ainsi que l’on observe de jeunes feuilles où les coupes 
transversales de la base présentent : 4 hautes cellules dorsales _ 


palissadiques, 4 eurycystes et 4 cellules ventrales. 
Vers la base des feuilles adultes les cellules ventrales 


possèdent des anneaux d’épaississement très spéciaux qui se 
rencontrent dans d’autres Mousses, par exemple chez le Hnium 
spinosum (Voit) Schwägr.. 

Dans la lame foliaire de feuilles assez développées, j'ai con- 
staté aussi, sur les coupes transversales, une multiplication 
très active, se traduisant par l’étroitesse des cellules dans le 
sens parallèle aux lames foliaires et le grand nombre de noyaux 
qu'on y voit, alors que dans ces mêmes feuilles les cellules 
sont bien plus larges vers la base. J’ai donc confirmé encore 
en cela les données de Nägeli. 

Le développement de la marge, sous forme de nervure mar- 
ginale a plusieurs couches, ne commence qu’assez tardivement 
et débute en général par la formation d’une cloison parallèle 
aux lames foliaires, rarement dans la cellule qui borde la 
feuille, mais plutôt dans celle qui la précède ou encore quel- 
quefois dans la 3° cellule à partir du bord. Cette apparition 
se fait à peu près simultanément, depuis la pointe jusqu’à la 
base de la feuille, lorsque celle-ci a atteint un certain stade de 
son développement. C'est ainsi que dans la 3° feuille (en 
comptant à parur de la plus jeune) que j'ai étudié et qui avait 
o™™.6 de longueur, il n y avait pas trace de cloisonnement dans 
les cellules marginales; tandis que dans la ‘feuille, un peu plus 
âgée et mesurant 0"",675, c'est-à-dire n'ayant que les 3/4 d'un 
dizième de millimètre de plus que la précédente, on observait 
la formation d’une 2° couche cellulaire dans la région margi- 
nale, depuis la 3° coupe à partir de la pointe jusqu’à la base 
de cette feuille. Certaines coupes en étaient dépourvues com- 
plètement ou simplement d’un côté. Dans. la 10° coupe, 
qui ne possédait pas même indication d’une marge 
du côté gauche, la 2° et la 3° cellule à partir du bord droit 
s'étaient divisées chacune par une cloison parallèle aux lames 
foliaires. La production de ces cloisons est précédée d’un 
gonflement des cellules dans lesquelles elles apparaissent 


3 mu ates 
Dans la partie la plus différenciée de la marge, c’est-a-dire 
vers la base de la feuille, on voit encore dans ces 2° et 
3° cellules (comptées à partir du bord de la feuille) 2 autres. 
cloisons parallèles à la première cloison formée. La cellule du 
bord de la feuille et La 4° à partir du bord se divisent aussi cha- 
cune par une cloison parallèle aux surfaces foliaires, si bien 


que la nervure est formée typiquement de 4 cellules centrales 
entourées de 8 cellules périphériques [ce que j'ai figuré dans. 


un schéma (fig. 203)|. Naturellement, il peut se produire encore 


d’autres cloisons. C'est ce que l’on constate dans les figures 199. 


et 200. 


Au point de vue anatomique, l’abbé Morin (30) représente 


une coupe transversale de nervure (figure 8 de sa planche 17) 


et dit que Schleiden avait déjà figuré la nervure marginale de 


cette Mousse. 


Etude de Funaria hygrometrica (L.) Sibth. 


Nous avons vu, par l’étude de 2 espèces de Mnium, que dans. 


un même genre on peut rencontrer des types de développement 
légèrement différents et cependant des formes assez éloignés, 


d’autre part, peuvent montrer un développement très sem- 
blable. C’est ainsi que la Funaire hygrométrique, que je vais. 
étudier maintenant, offre dans le développement de sa feuille 


un type très comparable à celui du Mnium punctatum 
(L. Schreb.) Hedw. Pourtant la famille qui renferme les Mnium 
Dill. et les Bryum Dill. compte parmi les plus élevées dans la 
classe des Mousses , par la présence de traces foliaires incom- 
plètes, d’un cylindre central bien délimité dans la tige, par la 
haute différenciation des nervures et l'existence de marges 
foliaires. La famille des Funariacées est au contraire bien 


inférieure. ; elle présente néanmoins une différenciation très. 
caractéristique de ses cellules épidermiques ventrales, qui 


restent à large lumen et accolées directement aux eurycystes. 
sans interposition d’intercalaires ventrales. 


Les Funariacées ont fait l’objet, de la part de Lorentz, d’études. 
anatomiques publiées dans le journal #/ora en 1867(14). Chez 
Funaria hygrometrica (L.) Sibth. (14) (pages 552 à 553 de son. 


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aga. a 
mémoire, dans le n°35 du 14 décembre 1867) il dit que le nombre 
des eurycystes et des cellules ventrales est bien plus constam- 
ment de 2 que dans les autres espéces. I] a remarqué le cloison- 
nement de certaines eurycystes, qui donnent de petits groupes 
de cellules. Il a observé aussi des cas où il y avait plus 
de. 2 eurycystes, mais très rarement un nombre de cellules 
ventrales différent de 2. Il a même vu 4 eurycystes dans une 
nervure ou il n’y avait que 2 cellules ventrales. Il devait en 
conclure à la division des eurycystes par des cloisons anticlines, 
mais il ne fait la aucune remarque à ce sujet. L’abbé Morin, 
au contraire, dans sa thèse (page 88), attire l’attention sur la 
production de 3 à 4 eurycystes issues du cloisonnement radial 
de 1 ou 2 d’entre elles. Il a même observé 5 eurycystes, la 
transformation d’eurycystes en groupes de 2 à 4 stéréides ; 
rarement le nombre des cellules ventrales s'élevait à 3 ou 4. 

Mon matériel’, formé de fleurs mâles, présentait régulière- 
ment la monoecie, car dans mes coupes en série je rencontrai 
juste au-dessous de la fleur mâle terminant la tige, une fleur 
femelle formée d’un archégone. On sait que cette monoecie a 
été étudiée par Marchal, Boodle et plus de 60 ans avant ces 
auteurs Mitten et ses contemporains l'avaient signalée. 

J'ai constaté toujours que le jaunissement et l’épaississe- 
ment des parois cellulaires, signe de vieillesse, commencaient 
par la pointe de la feuille, alors que la base restait long- 
temps méristématique. 

J étudierai une série de feuilles, de plus en plus âgées, de 
fleur femelle. Les figures 204 à 208 montrent quelques coupes, 
de la pointe à la base d’une très Jeune feuille. Les coupes 
successives nous ferons fort bien suivre le développement, car 
dans une feuille si jeune la pointe n'a pas encore acquis une 
différenciation spéciale. 

La figure 204 nous offre le stade en éventail, bien connu, 
compliqué seulement par l'apparition de la nervure, formée 
de 2 cellules fondamentales seulement comme chez le Mnium 


1. Ce matériel a été récolté à Berne dans le jardin de la maison du 39 Hallerstrasse 
et mis dans l’eau de 13 h. 20 à 15 heures (soit pendant 1 h. 40) avant d’être fixé au 
liquide de Kaiser le 13 février 1918. Les préparations ont été colorées au mélange 
fuchsine-vert d’iode, puis congocorinthe. 


= 98 pes 

punctatum (L. Schreb.) Hedw.. La figure 205 montre un stade 
beaucoup plus évolué : du côté ventral, des cloisons péri- 
clines se sont produites, séparant les eurycystes D et d des 
cellules ventrales V. I] est même apparu une cloison anticline 
dans l’eurycyste primordiale de droite, qui a donné ainsi nais- 
sance à 2 eurycystes d. Du côté dorsal, la première cloison qui 
apparaît dans chaque cellule dorsale primordiale est anticline 
(voir a, fig. 205). Du côté droit la segmentation s’est pour- 
suivie au moyen d’une cloison péricline, donnant ainsi nais- 
sance à une cellule-mère de sténocystes E (fig. 205). Nous voyons 
donc que la cellule-mère de sténocystes a une origine sem- 
blable à celle de la nervure du Mniwm punctatum (L. Schreb.) 
Hedw.. 

Dans la figure 206 la cellule-mère de sténocystes s’est divisée 
par une cloison anticline a (fig. 206), ce qui n’était le cas pour 
aucun des 2 Mnium Dill. étudiés. Nous voyons également dans 
cette figure 4 cellules eurycystes, mais les cellules ventrales 
sont restées indivises. Elles le resteraient même a l’état adulte, 
a cet endroit de la feuille qui est le plus hautement diffé- 
rencié. C'est seulement vers la base que ces cellules ventrales 

se divisent par des cloisons anticlines. C’est ainsi qu’on trouve 
4 cellules ventrales dans la figure 207, mais seulement 3 dans 
la figure 208. 

La figure 207 nous montre la continuation du cloisonne- 
ment du côté dorsal : une cloison péricline p et 2 cloisons anti- 
clines a, qui n’existaient pas dans la figure 206, sont apparues. 

La figure 208 représente la coupe située juste à l'insertion 
de la feuille sur la tige. Les cloisonnements offrent, comme 
tonjours dans cette région, un type très simplifié. 

Dans toutes ces coupes de nervures on a pu constater que 
le côté droit a eu un développement bien plus rapide et plus 
complet que le côté gauche: c'est du côté droit qu’apparait la 
première cloison anticline, qui dédouble une eurycyste pri- 
mordiale en 2 eurycystes d (fig. 205). C’est encore de ce côté 
droit qu’on voit la première cellule-mère de sténocystes E 
(fig. 205). On en trouve déjà 2 séparées par la cloison a dans 
la figure 206, alors que du côté gauche il n’y en a encore 
aucune ; ce n'est que dans la figure 207 qu’il en apparait 


9G, = 

enfin une (F, fig. 207) de ce coté, mais elle est bien petite 
comparativement aux 2 cellules sténocystes E (fig. 207) situées 
du côté droit. En ce qui concerne la lame foliaire, c’est éga- 
lement le côté droit qui compte toujours le plus grand nombre 
de cellules (sauf dans la figure 204 ou la lame foliaire n'existe 
pour ainsi dire pas). C'est d’ailleurs ce côté qui se soude en 
dernier lieu à la tige. L’extrémité du limbe du côté gauche 
commence à se fusionner avec celle-ci en T (fig. 208). 

Les divisions cellulaires se produisent un peu n'importe où 
dans la jeune lame foliaire (voir les membranes, probable- : 
ment toutes récentes, marquées 7 dans les figures 205 à 208). 
Dans la figure 206 on voit une division N arrivée au stade 
final de l’ascension polaire. 

Dans une feuille plus jeune (fig. 209) le côté droit prend net- 
tement la prédominance : la cellule fondamentale de gauche € 
(fig. 209) de la nervure est encore indivise, alors que celle de 
droite s’est divisée par une cloison péricline p et que, dans la 
cellule dorsale ainsi formée, il est déjà apparu une cloison anti- 
cline a. 

Les figures 210 a 218 montrent des coupes de la pointe a la 
base dans une feuille plus âgée que la première décrite. 
Dans les figures 216 a 218 je n’ai pas représenté la lame 
foliaire. La figure 210 montre une coupe à travers l’initiale 
de la feuille : son noyau n'a pas de plus grandes dimensions 
que représente celui de toute autre cellule. La figure 211 la 
coupe placée 15 » plus bas. Elle montre bien que la feuille 
poussait par une initiale à 2 pans, car, s’il y avait eu une 
initiale à 1 seul pan il y aurait eu‘une cloison située suivant 
le plan de symétrie de la coupe. La figure 212 fait voir 
la prédominance du côté droit de la lame foliaire. Dans les 
figures suivantes nous constatons que cette prédominance 
reste toujours nettement accentuée. La figure 213 nous mon- 
tre un fait du même genre pour la nervure: en effet, alors que 
la cellule fondamentale de gauche de la nervure ne s’est en- 
core divisée que par uue cloison péricline p, en une cellule 
ventrale et une dorsale, à droite la cellule dorsale s’est déjà 
divisée successivement par une cloison péricline m et 2 cloi- 
sons anticlines a et /, donnant ainsi naissance à une cellule- 


= hOO 


mère de sténocytes E. La figure 214 présente un développement. 


à peu près semblable, mais certaines cloisons dessinées du 
côté dorsal gauche sont peut sures. La formation d’une seule 
cellule ventrale V estun fait tres particulier. La nervure provient 
donc ici d’une seule cellule fondamentale. C’est une structure 
réduite que l’on peut rencontrer vers la pointe des feuilles. 
Les figures 210 à 214 représentent la région de pointe dont 
le développement est à peu près achevé. En effet, la coupe de la 
figure 214 est restée à un stade bien moins évolué que celui 
représenté par la figure 205 et pourtant la lame foliaire est bien 
plus développée, les cellules sont beaucoup plus grandes dans 
la figure 214 que dans la figure 205. L'activité multiplicatrice 
des cellules a du déjà se ralentir dans toute cette région 
de pointe. Tandis que, de la figure 215 à la figure 218, on 
voit de nombreuses petites cellules dans la nervure, et que la 


lame foliaire présente beaucoup de jeunes membranes (voir 7 


fig. 215), au contraire, dans les figures 212 à 214 les cellules 
de la lame foliaire sont larges : donc il y a longtemps qu’une 


division cellulaire ne les a pas affectées. Je signalerai dans. 


la figure 215 le fait que les cellules-mères d’eurycystes, 
aussi bien a droite qu’a gauche, se sont divisées d’abord 


par une cloison péricline (p fig. 215). Il en est de même dans. 


la figure 216 (voir p). A gauche 2 parois anticlines lui ont suc- 
cédé, ce qui a amené la formation de 6 cellules sténocystes. 
Du côté ventral il y a 2 cellules ventrales et 5 eurycystes, car 


2 eurycystes se sont divisées par une cloison péricline, donnant. 


2 couches d’eurycystes, fait très rare dans cette espèce. La 
figure 217 représente une structure sensiblement semblable, 
sauf qu'il n’y a plus que 4 eurycystes, mais le nombre des 
cellules épidermiques dorsales s’est augmenté par l’adjonction 
de 2 parois anticlines a. La figure 218 présente une structure 
plus simple et la nervure est moins bombée du côté dorsal. 
Ceci montre le voisinage de la base. Ici c’est par des cloisons. 
anticlines a que la segmentation a débuté. C’est seulement 
dans la figure 218 que l’on voit le nombre des cellules épider- 
miques ventrales se monter a plus de 2. On peut remarquer 
la grande taille des cellules ventrales dans toutes les figures. 


210 VA 218% 


— 10F — 

Les figures 219 à 230 représentent des coupes de l’extrème 
pointe (fig. 219), jusqu’au fusionnement avec la tige (fig. 230) 
d’une feuille plus âgée. Je n’ai plus représenté la lame foliaire 
à partir de la figure 224 jusqu'à la figure 230. Nous pouvons 


constater la grandeur des cellules et leur irrégularité depuis 


Pextréme pointe(fig. 219). Il semble qu'il y ait des noyaux cel- 
lulaires jusque dans la figure 224. Dans ces coupes il estimpos- 
sible de distinguer les eurycystes des sténocystes. Les cellules 
ventrales seules se distinguent toujours très nettement. Dans 
les figures 225 et 226 nous voyons se produire le même fait 
que dans la figure 216, c’est-à-dire un cloisonnement des eury- 
cystes au moyen de périclines m (fig. 216, 225 et 226). Il 


y a même, dans la figure 226, l'apparition d’une cloison 


péricline n, ce qui donne jusqu’à 3 couches d’eurycystes à cet 


endroit. En réalité ces eurycystes médianes ainsi, fragmen- 


tées, formeront des cellules tout à fait semblables aux sténo- 


cystes et je les considère comme telles malgré leur origine. 


Dans les 2 feuilles plus évoluées que j'étudierai, on voit en 
effet à ce niveau la ou les eurycystes médianes ainsi transfor- 
mées en sténocystes secondaires (voir les eurycystes D dans 
les figures 232 à 236 représentant les coupes d’une feuille du 
même pied que celles étudiées précédemment et les figu- 
res 244, 245 et surtout 246 qui sont les coupes d’une feuille 
située dans une fleur mâle). Dans la figure 227 nous voyons 
nettement les eurycystes. Celle de droite s’est divisée en 2 


eurycystes d. Dans les figures 228 et 229 les 2 grandes eury- 
cystes sont restés indivises et confinent directement aux 


cellules épidermiques ventrales. Les cellules sténocystes 
se divisent souvent d’abord par des cloisons anticlines 
a (voir figures 226 à 229). Dans la figure 230 on voit la 
feuille se souder a la tige et la sortie d’un rameau latéral R. 
Les eurycystes D et les cellules ventrales V (fig. 230) s’allon- 
gent, comme attirées par la tige. La lame foliaire possède là 
2 couches de chaque côté. Ces caractères se retrouvent à l’in- 
sertion des feuilles de presque toutes les Mousses. 

Les figures 23r à 242 présentent des coupes de la pointe à 
la base de la nervure dans une feuille encore plus âgée, appar- 
tenant toujours au même pied femelle que celles précédem- 


Ie 


mentétudiées. On peut constater ici un fait très curieux: l’épais- 


sissement de membranes cellulaires se produit beaucoup plus 
dans les membranes situées à l’extérieur de la nervure, telles, 
que celles des sténocystes, que dans celles qui sont en contact 
avec l'air extérieur. Cet épaississement se constate dans la 
pointe de la feuille, alors que la base (fig. 241 et 242) présente 


des cellules à parois minces pourvues de très beaux noyaux. 


Je signalerai d’ailleurs ici, à propos de ces derniers, que 
la chromatine ne s’y trouve pas condensée en une seule masse, 


comme cela se voit souvent chez les Mousses, mais qu'en 


dehors d’un caryosome principal, il y a en général de nom- 
breuses granulations chromatiques dans le caryoplasma. Nous 
trouvons dans cette feuille âgée les mêmes parties que dans les 
plus jeunes: vers la pointe (fig. 231) on trouve une seule cellule 
ventrale comme dans la figure 214 ; plus bas le stade avec cel- 
lules ventrales toujours très grandes, 2 eurycystes assezpetites, 
séparées par la prolongation du faisceau de sténocystes issu de 
la transformation du ou des eurycystes médianes (voir figures 
232 à 236). Nous trouvons ensuite la partie vraiment caractéris- 
tique, (fig. 237 et 238) où la nervure est formée de 2 cellules 
ventrales accolées directement à 2 eurycystes, sans interposition 
d’intercalaires ventrales, et dorsalement d’un faisceau de sténo- 
cystes, limité directement du côté dorsal par les cellules épi- 
dermiques dorsales à large lumen, sans intercalaires dorsales. 

A celle-ci succède une quatrième partie, où la nervure affecte 
un contour plus aplatiet élargi, ce qui amène les.eurycystes et 
les cellules ventrales à augmenter de nombre (fig. 239). Nous 
avons dans cette dernière figure, 3 cellules ventrales, 4 eury- 
cystes assez petites, un faisceau de 5 sténocystes surmontées 
dorsalement de cellules épidermiques plus petites. 

Enfin une cinquième partie forme la base, dont la structure 


interne est très régulière : on y trouve 2 eurycystes et 2 cel- 


lules ventrales. La figure 242 montre la base de la feuille acco- 
lée à la tige. A cet endroit la lame foliaire a des cellules 
énormes, comme d’ailleurs toutes les parties de la nervure. 
Je dirai finalement quelques mots d’une assez vieille feuille 
se trouvant dans une fleur mâle. Les figures 243 à 248 en mon- 
trent les coupes, de la partie basilaire jusque vers la pointe. Je 


io xt) a Oa TER 0 
RTS A ESR es Pare 


Hé eue tt ea 


25 


— 103 — 


représente ces coupes pour donner un exemple de feuille de 
cette espèce beaucoup plus développée et présentant une dif- 
férenciation toute spéciale de certains sténocystes. Les cel- 
lules sténocystes n’épaississent pas ici uniformément leurs 
parois ; ainsi, dans la figure 246, nous voyons que les sténo- 
cystes du pourtour ont seules épaissi leurs parois, sauf du côté 
de l’eurycyste de gauche. 

Dans les figures 247 et 248, qui représentent des coupes 
plus voisines de la base, certaines sténocystes ont épaissi 
tellement leurs parois que le lumen cellulaire s’est réduit 
à Pextréme, alors que les cellules s’arrondissent. On a ici 
de véritables stéréides, du côté dorsal du faisceau de sténo- 
cystes. Lorentz (11) a qualifié de « comites mnioidei » de sem- 
blables faisceaux de sténocystes entourés de stéréides, car ce 
sont surtout les Mnèum Dill. qui présentent cette structure. On 
remarquera les dimensions considérables des cellules de lalame 
foliaire, spécialement dans la figure 248 qui est la plus basilaire. 
Chez une feuille âgée, c’est donc à la base que les cellules de la 
lame foliaire atteignent les plus grandes dimensions: constata- 
tion inverse de celle faite précédemment sur des feuilles plus 
Jeunes. Il estutile de remarquer que nous avons ici une feuille 
dont la croissance est totalement achevée et dont la base elle- 
même a cessé toute croissance. Cette feuille nous présente les 
mêmes parties que les autres : l’extrème pointe (fig. 243) à 
nne seule cellule ventrale, une partie à 2 eurycystes séparées 
par des sténocystes (fig. 244 à 246), enfin une partie où les 
eurycystes et les cellules ventrales augmentent de nombre, ces 
dernières étant les plus lentes à opérer cette transformation. 


Étude du développement de la feuille du Dicranum scoparium 
(L.) Hedwig!. 


Je vais comparer rapidement une série de feuilles de plus 


1. Mon matériel a été récolté aux environs de Berne (Suisse) dans la forêt de 
Bremgarten, au versant d’une colline, près d’une carrière proche de la route menant 
au Neubrücke. Il a été fixé le 4 avril 1918 à 11 h. 35 au liquide de Kaiser, après 
passage de 5 minutes dans l’eau. Malgré l’heure assez tardive de la fixation J'ai ob- 
servé un certain nombre de divisions cellulaires à des stades pas trop avancés. C’est 
ainsi que dans mes dessins on peut voir 2 fins et un début d’ascension polaire. Mais 
les chromosomes sont ponctiformes. 


“— 104° — 


en plus âgées. Les figures 249 à 251 montrent 3 coupes, faites 
à 15 micra d'intervalle dans une très jeune feuille : les 
figures 249 et 250 présentent le stade en éventail, compliqué ca 
et la de quelques cloisons périclines, premières ébauches de 
nervure. Ces premières cloisons périclines sont situées bien 
plus près du côté dorsal que du côté ventral de la feuille. Nous 
voyons dans la figure 251 un développement beaucoup plus 
avancé : on trouve 2 cellules ventrales V, 2 eurycystes D et 
dans la première cellule fondamentale de gauche s’est formée 
une cloison anticline a. Nous voyons donc, dans cette première 
feuille, le côté gauche de la nervure apparaître d’abord 
(fig. 249 et 250). Il se développe ensuite plus rapidement que 
le droit. C’est ce que nous constaterons également dans toutes 
les autres feuilles. 

Les figures 252 a 261 montrent les coupes de la pointe a la 
base d’une feuille plus âgée. Ces coupes ont été faites régu- 
lièrement à 15 micra de distance l’une de l’autre (une seule 
manque entre les figures 256 et 257). Nous pouvons constater 
que, dans cette espèce, le développement de la feuille est remar- 
quablement régulier. Ce n’est que dans les feuilles plus âgées 
que quelques inégalités se manifesteront, dues, sans doute aux 
compressions exercées par les autres feuilles au cours de l’on- 
togenèse. Les figures 255 et 256 sont d’une régularité absolue: 
la nervure y est formée de 2 cellules épidermiques ventrales V, 
de 2 eurycystes D, surmontées chacune de 2 cellules épider- 
miques dorsales, qui en sontissues au moyen d’une anticline a. 
La figure 257 offre la même structure, mais la nervure s’est aug- 
mentée à droite d’une cellule fondamentale supplémentaire, qui 
s’est divisée assez irrégulièrement, car il est apparu une cloison 
péricline p dans une eurycyste, ce qui est un fait très rare. 
La lame foliaire prend un plus grand développement à gauche 
qu’à droite; ce qui se voit encore dans les 2 figures suivantes. 
La figure 258 montre une nervure issue de 4 cellules fonda- 
mentales qui se sont divisées très régulièrement, La figure 259 
fait voir un grand développement des cellules issues de la 
première cellule fondamentale de gauche. La cellule ventrale 
de ce segment s’est divisée par une cloison anticline, ce qui est 
le mode de cloisonnement régulier des cellules épidermiques 


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Est re PR TT Ot UN 


$ 
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— 109 — | 

ventrales primitives. Le premier segment à droite de la cloison 
médiane est au contraire très peu développé : 1 cellule dor- 
sale, 1 eurycyste, 1 cellule ventrale. Le deuxième segment 
de gauche nous montre du coté dorsal la continuation régu- 
lière du cloisonnement: il apparaît une cloison péricline p 
dans la cellule de droite, issue de la cellule dorsale primitive 
de ce 2° segment au moyen de l’anticline 6. Dans la figure 260 
Je signale la formation de la cloison anticline @ dans la cellule 
dorsale de gauche issue, au moyen de la cloison anticline 6 de 
la cellule dorsale primitive du premier segment de gauche. 
Ceci est un cloisonnement exceptionnel. En général, dans cha- 
que segment situé à gauche du plan de symétrie de la feuille, 
la cellule dorsale primitive se divise par une cloison anticline ; 
des 2 cellules formées, celle de droite se divise d’abord par 
une cloison péricline en 2 cellules B et ¢ (fig. 260), tandis que 
celle de gauche A reste indivise. De l’autre côté du plan de 
symétrie c'est l'inverse qui a lieu : dans chaque cellule dorsale 
primitive, qui se divise d’abord par une cloison anticline, c’est 
la cellule de gauche qui se divise la première par une cloi- 
son péricline et la cellule de droite reste indivise. Dans la 
feuille adulte (fig. 288) les cellules A et B correspondant 
aux cellules A et B de la figure 260 sont restées indivises, tan- 
dis qu’à ¢ (fig. 260), correspondent des groupes de stéréides st 
dans la figure 288. Dans la figure 260 j’ai pu observer la divi- 
sion d’une des cellules dorsales secondaires d; la division 
était au stade de ascension polaire. Dans une cellule c de la lame 
foliaire de cette même coupe j'ai pu observer la cinèse arrivée 
à sa fin. Dans la figure 261, qui représente une coupe pratiquée 
dans la partie basilaire, on voit dans la lame foliaire de gauche 
l’apparition de 2 cloisons périclines p. Ceci est le premier 
indice d’une différenciation spéciale des cellules des oreillettes, 
fréquente chez les Dicranacées. A l’état adulte (fig. 290), la 
feuille du Dicranum scoparium (L.) Hedw. présente de très 
grandes cellules à parois minces à l'endroit de son insertion 
avec la tige. Ces grandes cellules envahissent toute la feuille 
des Dicranum Hedw. de la section Paraleucobryum Lindb., qui 
forment transition avec les Leucobryacées. 

Les figures 262 à 271 montrent quelques coupes dans une 


— 106 — 


feuille plus âgée. Nous pouvons remarquer la formation 
(fig. 266 à 268) de protubérances dorsales sur la nervure, qui 
peuvent atteindre, dans la partie médiane de la feuille à l’état 
adulte, de 2 à 3 cellules de hauteur (fig. 289). Nous pouvons 
également constater une multiplication cellulaire peu intense 
dans la lame foliaire, jusqu’à une certaine distance de la pointe 
de la feuille. Ainsi, dans la figure 268, qui représente une coupe 


située à près de 1/10 de millimètre de la pointe de la feuille, 


on ne voit pas trace de division récente dans la lame foliaire 
Dans la figure 266 nous voyons la cellule de gauche a, issue de 
la division de la cellule dorsale primordiale du 1° segment 
de gauche de la nervure, qui s’est renflée au-dessus de la sur- 
face externe. La figure 267 présente un stade ultérieur de la 
formation de semblables dents (ce ne sont pas en effet des 
James dorsales continues); il s’est produit une cloison p, située 
à peu près au ras de l’ancienne surface dorsale de la feuille. 
Dans la figure 268 nous avons même une cloison anticline a, 
qui divise la cellule de pied de cette dent. Cette division se 


produit d’ailleurs rarement: c’est ainsi que nous n’en voyons 


pas trace dans la figure 289, à la base des 4 grandes dents, ni 
dans les figures 280 à 285, représentant d’autres coupes passant 
par des dents dorsales. 


Je ne m/attarderai pas à décrire plus longuement les cloi- 
sonnements de cette feuille ; on s’en rendra compte par mes. 
dessins. On voit, dans la figure 271, une division cellulaire 
dans la lame foliaire. J’attire l’attention sur le fait que les 


divisions que j’ai observées (fig. 260 et 271) étaient Justement 


à la base des feuilles ; ce qui est un argument en faveur de la 
croissance des feuilles par la base, au moins à partir de ce 
stade. Les figures 272 à 287 nous montrent des coupes dans une 


feuille encore plus âgée. Du premier coup d’œil on se rend 


compte que la pointe (fig. 272 à 282) possède des parois épaissies 
considérablement, alors que la base a encore des parois tres. 
minces. De plus, en examinant les préparations colorées par 


le vert d’iode, la fuchsine et le congocorinthe, j'ai constaté que 
les membranes cellulaires de la région de pointe prenaient une 
coloration violette, qui se paolonge assez bas dans les lames 


moyennes de la feuille. Voici donc d’autres arguments mon- 


A 
a 


trant nettement que la pointe de la feuille est bien différen- 
ciée alors que la base est encore méristématique et se colore en 
rose par le congocorinthe. 

J’ai observé la coloration verte, due au vert d’iode, dans des 
fragments de vieille feuille, tels que celui représenté par la 
figure 288. Cette figure montre que, vers la base, toutes les 
cellules se sont transformées en stéréides dont le lumen a 
presque disparu, alors que du côté dorsal il y a des massifs 
de stéréides s{ dans l’angle des eurycystes D. J'ai dit plus haut 
d’ou ces cellules sont dérivées. ; 

Au point de vue cytologique, j'ai mesuré le noyau de l'ini- 
tiale d’une tige. Il avait un diamètre variant entre 10*,8 et 
11,1 et sa masse chromatique énorme avait un diamètre 
variant entre 4*,1 et 4,4. 

Dans une feuille ayant de 15 à 30 4 de haut, le noyau de 
l’initiale n’avait que 8:,3 de diamètre et sa masse chromatique 
JA LOU 

Dans une feuille ayant à peu près 60 de haut, le noyau de l’ini- 
tiale n'avait que 7*,7 de diamètre et la masse chromatique 2#,2. 

Nous voyons donc que les grandeurs absolues du noyau et 
de la masse chromatique sont bien plus faibles dans les cel- 
lules initiales des feuilles que dans le noyau d’une tige et que 
plus la feuille s’allonge, plus celles-ci diminuent. 

volume du noyau 
volume de la masse chromatique 


Si l’on calcule le rapport 


on obtient respectivement 17,1 pour le noyau de l’initiale de 
la tige, 25,1 pour celui de l’initiale de la feuille, de 15 à 30 y 
et 42,8 pour l’initiale de la feuille de 60 micra. L’initiale de 
cette dernière feuille avait sans doute conservé plus longtemps 
son activité caryocinétique. On voit néanmoins que ces noyaux 
d'initiales de feuilles diffèrent profondément du noyau de 
Vinitiale de la tige qui les portait. 

Lorentz (11) ne parle pas du développement du Dicranum 
scoparium (L.) Hedw. ni même de son anatomie foliaire. Mais 
il a décrit dans ses Grundlinien, avec d’assez grands détails 
(surtout d’après les travaux de S. Berggren), le développement 
de la nervure des Campylopodées, qui appartiennent à un type 
très comparable. 


— 108 — 

L'abbé Morin (30) (page 39 de sa thèse) place le Decranum 
scopartum(L.) Hedw. dans le type moyen des Dicranum Hedw. et 
signale seulement que chez cette espece, comme chez quelques- 
unes, qui lui sont voisines, il y a8 à 9 eurycystes dans la ner- 
vure foliaire. Les figures 4, a et 6 de sa planche 6, montrent des 
coupes transversales au milieu et vers le sommet de la feuille. 


Étude @Atrichum undulatum Palisot de Beanies 


Une étude sur le développement de la feuille des Mousses, 
serait incomplete si elle n’envisageait aucun membre de la 
famille des Polytrichacées, qui possède le gamétophyte le plus 
différenciée de tout l’embranchement des Muscinées: traces 
foliaires, cylindre central trés complexe et surtout différencia- 
tion toute particuliére des feuilles. Lorentz (10) a étudié avec 
détails le développement de la feuille de Polytrichum Dill.. 
Lorch (19), beaucoup plus tard, a repris cette étude et a décrit, 
avec beaucoup de soin, l’asymétrie qui se constate dès les pre- 
miers cloisonnements de la nervure foliaire. Je ne m'occuperai 
donc pas de ce genre mais je parlerai d’une autre Mousse 
bien connue de cette famille: l'Atréchum undulatumP. Beauv., 
que l’on appelle souvent aussi Catharinea undulata (L.) Web. 


et Mohr (ce dernier nom a la priorité, mais le premier est plus. 


connu). — | 
La figure 291 montre l’aspect d’une feuille de 3"",4 de lon- 
gueur et de o"",9 de largeur. Les feuilles ondulées de cette 
espèce atteignent généralement une longueur double. Ce 
dessin (fig. 291) a été fait aussi exactement que possible à la 
chambre claire. On peut remarquer que les cellules de la 
base foliaire sont légèrement allongées. J’ai figuré également 
les lamelles ventrales qui parcourent longitudinalement la 
nervure. Il y en a généralement quatre. C’est vers la base du 
ters supérieur de la feuille que les lamelles atteignent, en 
même temps que ce nombre de 4, leur plus grande hauteur. 
Les marges foliaires sont formées de cellules allongées, à parois 
épaisses et munies de dents. Vers la base de la feuille, elles 
apparaissent en coupe sous forme de 4 cellules à lumen pres- 
que nul (fig. 324). A d’autres niveaux, on voit une seule cellule 


à 


de marge ou 2 cellules : l’une située du côté dorsal et l’autre 
du côté ventral. La première cloison qui apparaît dans les cel- 
lules dela marge est donc parallèle aux surfaces foliaires. Pour 
parvenir au stade de 4 cellules (fig. 324), la cellule dorsale et 
la cellule ventrale se divisent chacune par une cloison perpen- 
diculaire aux lames foliaires et parallèle au plan de symétrie 
de la feuille. Le brunissement et l’épaississement des parois 
commence dans la marge, avant de se manifester dans la lame 
foliaire comme chez les autres Mousses. 

Avant de décrire le développement de la feuille, considérons 
une coupe (/ig. 323), faite dans la partie basilaire d’une feuille 
adulte. Nous remarquons que les cellules de la lame foliaire ont 
leurs parois très épaisses (d'environ 3 micra) et brunes. Les 
cellules épidermiques ventrales V ont également leurs parois. 
très épaisses et brunies, ainsi que les cellules épidermiques dor- 
sales où l’épaississement des parois externes atteint son maxi- 
mum. La cellule marquée E a une paroi dorsale de plus de 
6 y d'épaisseur. Les cellules intercalaires dorsales et ventrales 
sont transformées en une masse de stéréides dont les parois 
apparaissent d’une couleur violacée (due au mélange fuchsine- 
vert diode avec lequel j'ai coloré mes préparations) qui tran- 
che nettement sur la coloration rose, due au congorinthe, des 
parois des cellules caractéristiques : eurycystes et sténocystes 


. situées au milieu dela coupe. Les eurycystes D n’offrent rien de 


particulier. Les sténocystes, au contraire, sont différenciées en 
grandes cellules S, situées dorsalement par rapport aux eury- 
cystes et en petits massifs s, situés dans l’angle dorsal des eury- 
cystes. Cette structure se rencontre seulement versle centre de 
la nervure, car sur les côtés toutes ces cellulesse transforment 
uniformément en stéréides. Lorentz appelle cellule centrale, 
la cellule qui se trouve dans l'angle dorsal des eurycystes, 
et « socii », les cellules à large lumen qui l'entourent des 
autres côtés. Ici la cellule centrale se subdivise et forme les 


groupes s. Au contraire, dans le Polytrichum Dill., elle serait 


toujours indivise d’après Lorentz (10). Il les aurait cependant 
trouvé toujours divisées dans un individu qu'il a étudié. Il 
exprime l'opinion que les systématiciens futurs baseront peut- 
être des espèces sur ce fait. 


oo tat Oe 


J'ai remarqué, sur les surfaces externes des feuilles âgées, de 
petites granulations g (fig. 318 à 321 et fig. 323) que je ne crois 
pas avoir Jamais été signalées. | 

Les figures 292 à 294 montrent 3 coupes faites à 15 micra de 
distance dans une très jeune feuille. La figure 292 présente 
le stade en éventail dans toute sa pureté. Dans la figure 293 
nous voyons la nervure formée de 4 cellules fondamentales. Les 
2 cellules extrémes n'ont encore été divisées que par une 
cloison péricline p en.une cellule dorsale et une ventrale. Les 
> cellules fondamentales médianes ont chacune 2 cloisons 
périclines supplémentaires : l’une du côté ventral, séparant 


les eurycystes D des cellules ventrales V, et l’autre du côté 


dorsal, séparant les cellules-mères d’eurycystes E des cellules 
dorsales d, La cellule-mère d’eurycyste de droite s’est même 
subdivisée en 2 cellules e, au moyen d’une cloison anticline. 
La figure 294 plus aplatie dans sa forme générale, car elle est 
plus près de la base, présente la même structure, mais encore 
plus régulière, car la cellule-mère d’eurycyste de gauche s’est 
également divisée par une cloison anticline. On a donc 4 cel- 
lules e. 

Les figures 295 à 300 montrent également des coupes faites 
à 15 micra de distanceles unes des autres, dans une feuille un 
peu plus âgée, depuis une région voisine de l’extrème pointe 
jusque près de la base. Les cellules dorsales secondaires cor- 
respondent aux cellules d des figures 293 et 294 et se divisent 
en général par une cloison anticline a, doublant ainsi leur 
nombre, puis chacune des cellules-filles se divise, à son tour, 
par une cloison péricline (fg. 295 à 300) donnant ainsi nais- 
sance à des cellules épidermiques dorsales epd (fig. 297 à 
300) et à des cellules-mères des groupes de stéréides dorsales 
std (fig. 297 à 300). Il peut arriver quelquefois que cette cellule 
épidermique dorsale secondaire, se divise de suite par une 
cloison péricline p (voir fig. 299), avant de se diviser par une 
anticline. Du côté ventral, les cellules ventrales correspon- 
dant à V, des figures 293 à 294, se divisent par des cloisons 
périclines (en commencant naturellement près du plan de 
symétrie) en une couche de cellules épidermiques ventrales 
epv (fig. 298 et 299) et une couche de cellules-mères des 


ONE 


massifs de stéréides ventrales st (fig. 298 et 299). Il est à 
remarquer que ce clivage du côté ventral se produit (fig. 298 
à 300) après celui du côté dorsal (fig. 297). En ce qui concerue 
le groupe de sténocystes, nous voyons que l’une des 2 cellules 
correspondant à e, des figures 293 et 294, s’est divisée par 
une cloison péricline (fig. 296). Le groupe de sténocystes est 
alors formé de 3 cellules: deux S et une s (fig. 296) qui cor- 
respondent aux cellules désignées par les mêmes lettres dans 
la figure 323. Ces groupes formés de 2 cellules S, appelés 
socii par Lorentz, et d’une cellule s appelée cellule centrale par 
le même auteur, se reproduisent naturellement d’une façon 
symétrique par rapport au plan de symétrie de Ia nervure. 
C’est ce que nous constatons dans les figures 297 à 300. Dans 
cette dernière figure, si l’on examine le groupe de sténocystes 
provenant de la première cellule fondamentale de gauche, 
l’on voit nettement que les 2 socii S sont bien plus grands 
que la cellule centrale s ; ce qui est le rapport normal. Le 
groupe de sténocystes provenant de la première cellule fon- 
damentale de droite est en partie atrophié. 

Les figures 301 à 312 représentent des coupes dans une 
feuille plus âgée. On remarque, comme toujours, dans les 
coupes de la pointe, des cellules plus grandes et un dévelop- 
pement assez irrégulier, surtout du côté dorsal. Ceci est dû 
principalement à la formation de dents sur le dos de la ner- 
vure, comme dans le Dicranum scoparium (L.) Hedwig. Je ne 
m'attarderai pas à signaler ces cloisonnements irréguliers. 

On observe encore dans cette feuille un cloisonnement très 
régulier des massifs de stéréides ventrales : chacune des cel- 
lules-mères de ces stéréides se divise d’abord par une cloison 
anticline a (fig. 309). Le cloisonnementse continue par des cloi- 
sons périclines, telles que p (fig. 310). Dans la figure 311, il ya 
trois cloisons p, ce qui donne 7 cellules-mères de stéréides ven- 
trales dans cette coupe. La figure 312 présente des cellules ven- 
trales très régulièrement disposées, comme il arrive toujours à 
la base des feuilles de Mousses. Nous voyons, dans la figure 309, 
l’'ébauche de la formation des lamelles ventrales : du côté droit 
la cellule épidermique ventrale A (fig. 309) s’est fortement 
bombée à l'extérieur et du côté gauche il est même apparu 


aa Re 


une cloison péricline p (fig. 309) dans la cellule épidermique : 


ventrale qui faisait une grande saillie hors de la nervure. 

Pour la formation des groupes de stéréides dorsales c’est 
également par la formation d’anticlines telles que 6 (fig. 307 
à 312) qu'ils débutent. Puis viennent des cloisons périclines 
telles que c (fig. 310 et 312). 

Les figures 313 à 322 représentent des coupes d’une 
feuille beaucoup plus âgée. On voit du premier coup d’œil 
que, dans les figures 313 à 317, l'épaisseur des membranes 
cellulaires est tres notable et qu'elle va en diminuant à partir 
des coupes de pointes, telles que celles représentées par les 
figures 313 et 314. Toute l'extrémité de la feuille présente une 
coloration violette des membranes cellulaires, due au mélange 
fuchsine-vert d’iode. Cette coloration s’étendait même jusque 
dans les coupes à parois minces situées assez bas dans la 
feuille, telle que celle représentée par la figure 321. On voit les 
dents dorsales, dans les figures 313 et 314, avec beaucoup de 
netteté. La figure 315 présente un début de lamelle ventrale. 
La figure 316 montre une lamelle ventrale, les figures 317 et 
318 une 2°, la figure 319 le début d’une troisième, la figure 320 
en a trois et la figure 321 quatre, ce qui représente le plein 
épanouissement de la nervure. | 

La figure 322 est une coupe faite dans la région basale, 
encore méristématique, à parois minces et colorées en rose 
par le congocorinthe dans ma préparation. La disposition régu- 
lière des cellules ventrales et leur subdivision -en 2 couches 
indiquent tout de suite que c’est une coupe basale. On peut 
suivre également ici l’évolution : ainsi, dans la figure 322 on 
reconnaît nettement les cellules socii S, devenues bien plus 
grandes que les cellules centrales s, dont l’une s'est divisée 
par une cloison péricline p. Ceci est le cas normal, à l’état 
adulte, à la base dela feuille, ainsi que nous l’avons vu dans 
la figure 323. | 

Ici donc, comme dans la majorité des Mousses, c’est par la 
pointe et les bords de la feuille que commence la différen- 
ciation. | 

On peut constater, en examinant les coupes successives et 
spécialement les coupes de jeunes feuilles (fig. 292 à 312), que 


— 113 — 


le développement des 2 côtés de la nervure est souvent très 
inégal et que dans une même feuille c'est, tantôt un côté, tantôt 
l’autre, qui est avantagé. Ceci est peut-être du au fonctionne- 
ment de l’initiale à 2 pans. 

Au point de vue anatomique, la feuille d’Atrzchum P. Beauy. a 
été longuement étudiée par Lorentz dans ses Grundlinien(11). 
Ilen figure de nombreuses coupes (planche XXVI, fig. 83 a à n de 
son travail) et en donne page 432 une description. Il dit que 
Schleiden considérait les éléments à large lumen comme des 
vaisseaux, mais que quant à lui, il ne veut nullement préjuger 
de leur rôle physiologique. 

L'abbé Morin (30) fait une longue étude anatomo-phy- 
siologique de cette espèce (page 103 à 117) et donne quelques 

figures de coupes longitudinales et transversales. 


Étude de Barbula ruralis Hedwig. 


J'ai fait pourle Barbularurahs Hedwig quelques mesures cyto- 
logiques. J’ai mesuré le noyau de l'initiale d'une tige. Son dia- 
mètre était de 8,3 et celui de sa masse chromatique trilobée 
était au maximum de 4*,4. Le noyau de la celluleinitiale d’une 
jeune feuille de cette tige, n'ayant que de 15 à 30 micra de 
hauteur, avait 6*,1 et sa masse chromatique 2*,7 de diamètre. 
On voit done qu'une feuille, même extrèmementjeune, ne pos- 
sède jamais une initiale ayant un noyau aussi volumineux et 
chromatique que celui de la tige. 

Je décrirai spécialement le développement du poil termi- 
nal. C’est en effet la particularité la plus saillante de la feuille 
de cette espèce. Cet appendice, qui prolonge la nervure, est 
en général très long, hyalin et fortement denté. 

La figure 325 représente une coupe transversale dans une 
feuille de Barbula aciphylla (Br. Eur.) Hartm., qui n’est peut- 
être qu'une forme montagnarde du Barbula rurahs Hedwig. 
On est frappé de suite par les mamilles m qui recouvrent 
les lames foliaires et se transforment souvent en papilles p 
(fig. 325) par occlusion de leur lumen, dans les cellules dor- 
sales de la nervure, a parois considérablement épaissies. Ces 
mamilles foliaires sont fréquentes dans le groupe des 


8 


SINE 114 — 


Trichostomées. Nous voyons 2 eurycystes D, 2 cellules épi- 
dermiques ventrales epv et 2 intercalaires ventrales zw. Du 
côté dorsal on rencontre souvent une cellule a lumen assez 
large E, s’enfoncant dorsalement entre les 2 eurycystes 
et qui tient lieu des sténocystes absents. Il y a généra- 
lement de grandes cellules S placées immédiatement contre les 
eurycystes du côté ventral et qui rappellent les cellules «socii » 
des Polytrichacées, alors que la cellule Æ£ rappelle la cellule 
centrale de celles-ci. L’abbé Morin (30) a remarqué qu’en s’éle- 
vant dans la nervure ce massif de grandes cellules, que j'ai 
désignées par S'et /, se réduit Jusqu'à ne plus ressembler 
qu’à un petit faisceau de sténocystes. Toute la partie dorsale 
de la nervure : cellules épidermiques dorsales et couches 
sous-jacentes, sont formées à l’état adulte de cellules à parois 
extrêmement épaissies et fortement colorées en jaune. 

Pour décrire le développement j’étudierai des feuilles appar- 
tenant à 2 tiges différentes. 

Les figures 326 à 330 nous montrent des coupes transver- 
sales faites dans une feuille haute d’un vingtième de milli- 
mètre. Les figures 326 et 327 sont les aspects, aux mises au 
point inférieure et supérieure, de la 1" coupe ; la figure 328 est 
l’aspect de la seconde et les figures 329 et 330 sont les 2 mises 
au point de la troisième coupe. Il est bien évidentque le stade 
représenté par la figure 328 ne pourra Jamais donner en se déve- 
loppant une partie de la feuille proprement dite, mais seulement 
le poil. D'ailleurs nous retrouverons dans toutes les autres 
feuilles un stade plus ou moins en quadrant à la base du poil 
(Voir fig. 334, 341 et surtout 348 et 354). On arrive donc à 
cette conclusion que, dans une feuille de 1/20 de millimètre, 
le poil occupe les 2/3 de la hauteur de la feuille. Cet appen- 
dice prend donc son origine avec la feuille elle-même et c’est 
lui qui présente au début le plus grand développement. Le 
poil terminal n’est donc pas, comme on pourrait le croire, 
une excroissance tardive, comme les dents marginales du 
Mnium punctatum (L. Schreb.) Hedw. par exemple. Ceci est un 
excellent argument de plus pour montrer qu’en général, dans 
une feuille de Mousse, le développement le plus actif est d’abord 
à la pointe, puis se déplace progressivement vers la base. 


ER mg tre 


— 115 — 


Dans la feuille immédiatement plus âgée que celle décrite 
précédemment (fig. 331 à 336), on constate déjà dans le poil 
quelques signes de différenciation. Dans les coupes repré- 
sentées par les figures 331 à 333 les cloisons cellulaires com- 
mencent à s’épaissir et les noyaux sont très clairs ainsi que le 
plasma. Les figures 335 et 336 représentent des coupes dans 
la feuille proprement dite. La première de ces figures dérive 
certainement d’un stade correspondant à celui dela figure 329. 
Dans la figure 329 la cellule médiane N, d’où proviendra cer- 
tainement la nervure, est extrêmement évasée du côté dorsal, 
alors qu'elle finit presque en pointe du côté ventral. La pre- 
mière cloison qui vient diviser la Jeune nervure est en général 
une cloison oblique 0 (fig. 335). Ce mode de cloisonnement se 
retrouve constamment dans le haut de la nervure, ainsi que 


je l’ai constaté dans les 2 dernières feuilles que je décrirai, 


(voir 0, fig. 349 et 355) et à cette cloison en succède une autre 4 


(fig. 335, 349 et 355). Un peu plus bas (fig. 336) les 2 cloisons 


qui ont donné naissance à la nervure se coupent. La 
figure 350, qui appartient à une autre feuille, montre un pro- 
cessus du même genre. Je ne parlerai pas du cloisonnement de 
la base de cette feuille, ni de celui des 2 suivantes, car je dé- 
crirai ce processus très simple pourla dernière feuille étudiée. 

Les figures 337 à 342 montrent des coupes dans le poil et la 
pointe d’une feuille immédiatement plus âgée. Un noyau existe 
encore dans la cellule de pointe (fig. 337) et il est même très 
gros, comme ceux des cellules sous-jacentes (fig. 338 et 339) 
mais ceux-ci sont en rapport avec la grandeur des cellules 
qu'ils occupent. La faible importance de leur masse chroma- 
tique montre nettement que leur activité multiplicatrice a cessé 
depuis longtemps. Les figures 339 et 340 indiquent le début 
des dents d du poil. L’épaisseur des parois cellulaires com- 
mence a étre assez importante. 

Les figures 345 et 350 montrent des coupes dans le poil et 
la pointe d’une feuille appartenant à une autre tige. On peut 
constater ici, dans les figures 343 à 345. l’épaississement consi- 
dérable des parois cellulaires, qui ne laissent souvent subsister 
les lumens qu'à peine, ainsi en / (fig. 343 à 345). Très rapide- 
ment les parois s’amincissent vers la base du poil. J’ai déjà 


= 716 — 


décrit plus haut le stade en quadrant, qu’on trouve à la base 
du poil (fig. 348) et les premières divisions dans le haut de la 
feuille (fig. 349 et 350). 

Les figures 351 à 358 montrent des coupes dans la feuille 
immédiatement plus jeune, prise sur la même tige. Pour ce 
qui est du poil, iln’y a rien à signaler qui n'ait été dit au sujet 
des autres feuilles. Les figures 356 et 357 offrent une structure 
qui est du même type que celle de la figure 358, mais la cel- 
lule fondamentale de droite de la nervure s’y est beaucoup 
plus développée que celle de gauche. La figure 358 montre 
de suite que le développement ne diffère pas sensiblement de 
ceux que nous avons vu Jusqu'ici : une première cloison a 
divisé chaque cellule fondamentale en une partie ventrale et 
une dorsale. La partie ventrale s’est subdivisée, par une cloison 
péricline. en donnant une cellule eurycyste D et une cellule 
ventrale V. La partie dorsale s’est divisée d’abord par une 
cloison anticline a, puis la cellule la plus proche du plan de 
symétrie s’est subdivisée par une cloison p (fig. 358). Il y a 
ainsi formation d’une cellule S, qui correspond aux cellules S’ 
de la figure 325. Pour arriver à l'état adulte il suffit de sup- 
poser que les 2 cellules ventrales se divisent chacune par une 
cloison péricline, donnant ainsi 2 cellules intercalaires ven- 
trales et 2 cellules épidermiques ventrales. Du côté dorsal les 
cellulesépidermiques dorsalesse diviserontencore par quelques 
cloisons anticlines et périclines, de position variable, et épais- 
siront leurs parois pour atteindre l’état adulte. 

Au point de vue anatomique, l'abbé Morin a fait une assez 
longue description (page 65 de sa thèse) de la feuille de cette 
espèce et en figure la coupe transversale ({g. 12, planche XI 
de sa thèse). 

Quant à Lorentz il ne parle que de la tige et ne dit rien 
de la feuille du Barbula rurahs Hedw. dans ses Grundlinien 


(page 420). 
Étude de Leucobryum glaucum (L.) Schimper. 


Je n’a pas la pr étention de décrire le développement complet 
de la feuille de Leucobryum glaucum (L.) Schimper, car cette 


— JI L7 — 


Mousse a fait l’objet de recherches détaillées, depuis des temps 
déjà anciens, et récemment Lorch, dans sa thèse, en a remar- 
quablement élucidé le singulier développement. Je vais indiquer 
rapidement l'historique de cette question, puis je parlerai de 
l’asymétrie de sa feuille que j'ai découverte, et enfin des 
maxima de croissance marginale et dorsale dans la jeune 
feuille. | | 

Hugo Mohl(de Tübingen) publia (34) en 1838 dans le journa 
Flora une étude historique sur les Sphagnum (Dill.) Ehrh. avec 
en appendice quelques remarques sur la structure du Leuco- 
bryum glaucum (L.) Schimper (qu’il appelle Decranum glaucum 
Hedw.) et de l’Octoblepharum albidum (Hedw.). Il a reconnu 
que la feuille du Leucobryum glaucum (L.) Schimper possédait 
3 à 4 couches cellulaires et que le bord était formé d’une seule 
couche. Ce qui le préoccupe surtout, comme tous les anato- 
mistes qui étudièrent cette Mousse vers cette époque, ce sont 
les pores dont les cellules vides ou leucocystes (terme employé 
plus tard par l’abbé F. Morin) sont pourvus. Mohl a reconnu 
que ce sont bien des perforations et les met en évidence en 
colorant les membranes par l’iode. Dans certains cas les cer- 
cles d’épaississement des membranes cellulaires entourant 
les pores sont indiqués plus faiblement et ils n’entourent 
pas alors de vraie perforation des membranes cellulaires. Il a 
observé aussi que les parois séparant les tissus de la feuille 
du monde extérieur ne présentent jamais d’ouverture. Les 
parois perpendiculaires aux surfaces foliaires en posséderaient 
sans exception et en plus grand nombre que les parois hori- 
zontales dont les pores sont souvent fermés. Il décrit aussi le 
réseau des cellules chlorophylliennes qu’on trouve dans la 
feuille et leurs anastomoses. 

En 1841, l'étude de Treviranus (35) marque un recul car 
il n'a pas vu les pores sur les cloisons parallèles aux surfaces 
de la feuille. Il ne pense d’ailleurs pas que ceux-ei soient 
percés. | 

En 1842 Schleiden (3) (page 213 de la 1” partie, 1" édition 
de ses Grundzüge) signale que les observations sur les perfo- 
rations des membranes cellulaires se multiplient. 

En 1843 vint le travail étrange de Karl Müller (36). Cet 


| CHR 1. 


Ses) 


auteur, 5 ans après les observations si précises de Mohl, ne vit 
dans les cellules chlorophylliennes que des méats intercellu- 
laires remplis de chlorophylle ! 

En 1845 Hugo von Mohl (37) dans ses Vermischte Schriften 
ne dit rien de nouveau sur ce sujet. 

Le Leucobryum Hampe paraissait si bien étudié que Lo- 
rentz (11) en 1867 renvoie pour la feuille (page 412) au travail 
de Karl Müller. Il se récuse pour traiter un pareil sujet, étant 
donné que l’anatomie des feuilles de ces plantes est trop diffé- 
rente de celle des autres Mousses et demanderait la création 
d’une terminologie spéciale. De plus il ne sait s’il faut consi- 
dérer la partie de la feuille qui présente plusieurs couches 
cellulaires comme une lame foliaire ou comme une nervure. 

En 1893 parut la thèse de l’abbé F. Morin (30). Il traite des 
Leucophanées ou Leucobryacées de la page 24 à la page 28 et 
les figure dans les planches 3 et 4. Il remarque que ces plantes 
sont didyctiées comme les Sphagnacées, c’est-à-dire que leurs 
feuilles sont formées d'éléments cellulaires de 2 sortes, mais 
que chez les Leucobryacées on ne trouve pas de fausses cloi- 
sons annelées. En ce qui concerne spécialement le Leucobryum 
glaucum (L.) Schimper, il prétend que l’assise ventrale multi- 
plie d’abord le nombre de ses couches cellulaires, lorsqu'on 
a un nombre de couches de leucocystes supérieur à deux. Le 
nombre normal de couches cellulaires s’élèverait de 4 à 6. 

Il faut arriver en 1894 à la thèse de Lorch (38) pour trouver 
une étude du développement de la feuille des Leucobryacées. 
Chez le Leucobryum glaucum(L.) Schimper (qu'il appelle Leu- 
cobryum vulgare Hampe) il décrit d’abord la structure ana- 
tomique, disant qu’à la base les feuilles sont à 3 couches 
cellulaires, que ce nombre s'élève vers le milieu jusqu’à 8 et 
diminue de nouveau vers la pointe. Il signale qu'il peut y avoir 
plusieurs couches de cellules chlorophylliennes (fait mentionné 
déjà par Schimper dans la Bryologie Européenne mais contesté 
depuis par Limpricht dans sa flore). Lorch en a observé 
jusqu’à 3. La bordure, formée d’une seule couche de cellules 
hyalines, s’étend depuis la base jusque vers le milieu de la 
feuille. Les cellules vertes se toucheraient, en formantune lame 


continue à la sortie de la feuille de la tige, puis elle s’écarte- 


raient les unes des autres dans la partie basilaire et moyenne 
d’une distance égale a peu près à leur largeur et convergeraient 
finalement vers la cellule terminale de la feuille. Ces cellules 
vertes seraient seulement un peu plus longues que larges vers 
la pointe de la feuille ; elles atteindraient leur plus grande 
longueur vers le milieu et se raccourciraient notablement vers 
la base. Pour voir les anastomoses entre les rangées de cel- 
lules chlorophylliennes il conseille de tremper la feuille dans 
une solution alcoolique de rouge congo; on doit chauffer la 
feuille dans le colorant, puis la laver avant l’examen microsco- 
pique. Ces anastomoses se rencontreraient surtout entre les 
cellules vertes courtes de la base et du sommet qui posséde- 
raient 3, 4 et méme 5 anastomoses sur une méme cellule. 
Lorch décrivit la formation des divers tissus de la feuille. 
Pour comprendre cette description je prie de se reporter a 
ma figure 359. C'est une coupe passant par le point végé- 
tatif d’une jeune tige. Si l’on regarde la partie gauche de la 
feuille 5, par exemple, on constate que chaque cellule de la 
lame foliaire à une seule couche s’est divisée généralement 
par 2 cloisons, qui ne sont pas tout à fait parallèles aux 
surfaces foliaires. La feuille présente alors 3 couches cellu- 
laires en épaisseur. C’est la couche médiane qui donnera les 
cellules chlorophylliennes. Les cellules externes ou futures cel- 
lules hyalines grandissant beaucoup plus que les futures cellules 
chlorophylliennes, viennent s’insinuer entre ces dernières et 
les séparent complètement dans la partie médiane de la feuille 
adulte. Ma figure 368 montre une coupe dans une feuille très 
développée. Les cellules vertes sont les petits losanges noirs. 
La cellule verte médiane m; qui estlégèrement en arrière des 
autres, présente également une forme spéciale. Les bords 6 
sont formés d’une seule couche de petites cellules hyalines. Ce 
bord représente la lame foliaire d’après Cardot. Les figures 359 
et 560 montrent un certain nombre de stades jeunes du déve- 
loppement. C'est ainsi que, dans la feuille 5, les cellules cd 
marquent pour les cellules vertes le stade que Lorch a qua- 
lifié d’hexagonal, car ces cellules se présentent en coupe sous 
la forme d’un hexagone. D’après Lorch, lorsque les cellules 
hyalines se multiplient pour donner plus de 3 couches cellu- 


Oy 
laires, c’est du côté dorsal que se produirait cette multi- 
plication. Ceci est en contradiction avec les assertions de 
l’abbé Morin. Les divisions dans les cellules hyalines appa- 
raitraient ensuite alternativement sur les faces ventrale et 
dorsale de la feuille. 

Je souligne ici la constatation de Lorch : que la poussée des 
cellules hyalines écartant les cellules vertes commence par la 
pointe dela feuille. Ici donc, comme dans toutes les Mousses, 
c’est encore de la pointe de la feuille que part la différen- 
ciation. 

En 1899 Correns (39), dans son énorme travail sur la repro- 
duction asexuée des Mousses, étudie aussi le Leucobryum 
glaucum (L.) Schimper. Les cellules vertes qui affleurent à la 
surface (voir n dans ma figure 360), surtout vers la pointe de 
la feuille, constitueraient des nématogones: il appelle ainsi les 
cellules qui peuvent bourgeonner en donnant un filament pro- 


tonématique ou des rhizoides. Il cite une phrase de Lorch (/oc. | 


cit., page 447) où cet auteur prétend que les cellules vertes 
sont toujours séparées du monde extérieur par des cellules 
hyalines. Correns a constaté que, dans les feuilles périchétiales 
du Leucobryum Hampe, c’est du dos de la feuille, à mi-hauteur, 
que sortent les rhizoïdes. En ce qui concerne les feuilles-pro- 
pagules (Brutblätter) elles posséderaient des nématogones 
placées vers la pointe à l’intérieur et vers la base à l'extérieur. 

En 1900 J. Cardot (40) publia un remarquable travail sur 


l'anatomie comparée des Leucobryacées. Il y étudie les 5/6 des 


176 espèces connues alors. Il considère la partie de la feuille 


formée de plusieurs couches comme la nervure, tandis que 


le limbe à une seule couche forme une lame foliaire très 
réduite. Nous avons vu que c'était également l'opinion de 


Lorentz. Cardot signale que De Notaris l’avait émise en 1869 


(Epilogo, p. 285) puis qu'elle avait été soutenue par Lindberg 
et adoptée par Braitwaite (Britisch Moos-Flora), par Dixon 
(Handbook of britisch Mooses) et par Husnot (Muscologia gal- 
lica). Je n’analyserai pas plus longuement ce travail qui ne traite 
pas d’embryologie. Je signalerai seulement qu’on y trouve un 


exposé tres clair de l’anatomie comparée si spéciale de ce 


groupe singulier de Mousses, qui a obligé l’auteur à créer quel- 


— 121 — 


ques termes techniques nouveaux, dont il donne l'explication. 

Je dirai enfin que le Leucobryum glaucum (L.) Schimper 
est une espèce assez polymorphe. C’est pourquoi Burrel (41) 
et Ljubitzkaia (42) ont publié des recherches sur ses formes 
et leur répartition géographique. 

Malgré les nombreux travaux anatomiques et embryolo- 
giques dont je viens de parler J'ai trouvé encore une par- 
ticularité importante du développement qui, non seulement 
n'avait pas encore été signalée dans cette espèce, mais dont 
existence avait même été niée par Lorch. Je veux parler de 
l’asymétrie foliaire qui, bien que difficile a voir, amène une 
torsion tres nette des feuilles; j’ai écrit sur ce sujet une note a 
l’Académie des Sciences (43). Or, ce qwily ade plus curieux, 
c'est que Lorch avait étudié avec de grands détails ce genre 
d’asymétrie foliaire chez le Polytrichum Dill. Dans sa Monogra- 
phie biologique des Polytrichacées (19) Lorch exprime son éton- 
nement de rencontrer une apparition asymétrique des cloisons 
cellulaires dans la feuille de Polytrichum Dill., alors que dans 
les Leucophanées, dontil avait fait l’objet de sa thèse, la symétrie 
la plus rigoureuse présiderait à l'apparition des cloisons. Je 
reconnais que, si l’on n’y regarde pas de très près, les feuilles 
du Leucobryum Hampe paraissent bien symétriques. Mais j'ai 
constaté cette asymétrie de 3 manières différentes. 

J'ai tout d’abord effectué sur les coupes transversales 
successives d’un certain nombre de feuilles des numérations 
des cellules chlorophylliennes des parties droite et gauche. 
Cette opération est rendue facile par le fait suivant: si 
l’on examine la figure 368, par exemple, on constate que, 
vers le milieu de la feuille, il y a une cellule verte m, de 
coupe rectangulaire et située un peu plus près du côté dorsal 
de la feuille que les autres cellules chlorophylliennes. On 
retrouve une cellule semblable dans presque toutes les coupes 
de feuilles adultes. Cette cellule m, qui marque le plan de 
symétrie de la feuille, sépare nettement la partie droite de 
la partie gauche. J’ai donc compté, dans chaque coupe 
dune même feuille, le nombre de cellules vertes à droite 
et le nombre de cellules vertes à gauche de la cellule cen- 
trale m. J'ai obtenu ainsi des séries de chiffres. J’ai alors 


S122 -=—— 


compté le nombre de coupes d’une méme feuille qui possé- 
daient autant de cellules chlorophylliennes a droite qu’à 
gauche, puis celles qui en possédaient plus a droite qu'à 
gauche et enfin celles qui en possédaient plus à gauche qu’à 
droite. J’ai numéroté comme toujours mes feuilles en com- 
mencant par la plus jeune. J’ai trouvé, par exemple, pour la 
feuille 12, dont j’ai pu examiner a peu pres toutes les coupes 
jusqu'à la base, que dans 189 coupes le nombre des cellules 
chlorophylliennes était plus élevé à droite, dans 7o il l’était 
plus à gauche et dans 151 il y avait égalité. Pour la feuille 8, 
dont je n’ai examiné que la pointe, il y avait dans 107 coupes 
prédominance du côté droit, dans 15 du côté gauche et 
dans 21 égalité. Je n’ai pu faire des calculs complets, car 
dans mes coupes les feuilles étaient souvent détériorées à la 
base. 

Un second procédé m’a permis de constater l’asymétrie: c’est 
d'examiner simplement au faible grossissement du micro- 
scope la coupe d’un bourgeon entier de Leucobryum Hampe. 
Les figures 362 à 365 montrent des coupes d’une même pointe 
de tige faites à quelque distance les unes des autres et orien- 


tées de même. La figure 362 montre la coupe de la tige au 


milieu des coupes de feuilles. Les coupes 363, 364 et 365 
ont été faites de plus en plus près du sommet. Nous consta- 
tons, en suivant les coupes successives d’une feuille quel- 
conque, que chaque feuille subit une torsion qui amène 
sa pointe à présenter sa face dorsale du côté de la tige au 
lieu de sa face ventrale. La feuille la plus typique à cet égard 
est la feuille 13. Cette torsion est due simplement à un déve- 
loppement plus intense du côté droit de la feuille. Mais ces 
contours de coupes (fig. 362 à 365) ne nous indiquent pas 
si cet accroissement plus grand du côté droit est du à la 
simple croissance des cellules ou à leur multiplication. 

Ma troisième méthode d’investigations nous montrera qu'il 
yaune multiplication plus active et une différenciation plus 
précoce des cellules du côté droit. Elle consiste à examiner 
des coupes de jeunes feuilles, faites vers leur base, à un assez 
fort grossissement. Lafigure 359, qui passe par la cellule initiale 
d’une tige de Leucobryum Hampe entourée de ses feuilles, 


oe 


nous montre un certain nombre de telles coupes. J’ai marqué 
par un trait renforcé la cloison médiane dans les feuilles 3, 
4 et 5. Considérons la feuille 5. Nous voyons de suite que le côté 
droit est bien pluslong quele gauche. De plus celui-ci est bien 
plus différencié. Nous voyons en effet 10 futures cellules chlo- 
rophylliennes cd a droite, contre 6 futures cellules chlorophyl- 
liennes dg à gauche, arrivées au stade dit hexagonal par Lorch. 
Si l’on examine la coupe de la même feuille pratiquée 
15 micra plus haut (A, fig. 360), on voit qu'il y a 14 cellules 
chlorophylliennes à droite, contre 12 à gauche et que, de plus, 
le nombre des cellules indivises qui forment la lame foliaire est 
de. 8 du’ côté droit d (fig. 360) et de 4 du côté gauche g 
(fig. 360). La multiplication cellulaire est donc bien plus 
active du coté droit. La figure 360 montre en B une coupe 
dans la méme feuille faite 90 micra plus haut que celle repré- 
sentée en A. On constate quily a 9 cellules chlorophyllien- 
nes a droite et 8 seulement a gauche, en comptant le némato- 
gone n. La feuille 4 montre que le côté droit est bien pluslong 
que le gauche, mais les cloisonnements sont peu réguliers. 
Dans la feuille 3 au contraire, nous voyons à droite de la 
nervure 4:futures cellules chlorophylliennes au stade hexa- 
gonal, tandis qu'il n’y en a que 2 à gauche. 

Au sujet du développement de la feuille du Leucobryum 
je ferai encore quelques remarques. La première, c’est que 
l’on constate sur le bord de chaque jeune feuille une 
grande cellule pourvue d’un gros noyau (voir feuille 5 à ses 
2 extrémités, feuille 4 de même et feuille 3 surtout à droite). 
Ce noyau possède souvent aussi une grosse masse chroma- 
tique (voir feuille 3 à droite) et ces grandes cellules sont en 
général précédées de cloisons cellulaires très rapprochées 
(voir surtout d dans A de la figure 360). La feuille de Leuco- 
bryum Hampe présente done une croissance marginale très 
nette au début de son développement. 

Les coupes longitudinales de feuilles ont l’avantage de nous 
montrer que le côté dorsal des très jeunes feuilles présente 
un développement plus rapide que le côté ventral, ce qui 
amène les feuilles à se recourber de ce côté et à protéger 
le point végétatif. C’est ainsi que la figure 361, qui repré- 


sea en 
sente une coupe longitudinale de feuille, présente 15 cellules 
formant le côté dorsal contre 10 du côté ventral. La couche 
moyenne est formée de 10 cellules dont 2 sont en voie de 
division, ce qui fera 12 cellules. Les figures 366 et 367 nous 
montrent bien ce recourbement des feuilles sur leur coté 
ventral (surtout en F, fig. 367). 

Ces figures 366 et 367 représentent des coupes longitudi- 
nales passant par les cellules initiales de 2 tiges. La figure 367 
nous montre une jeune feuille f vue de face, munie au sommet 
de son initiale à 2 pans. On voit que, dans les jeunes segments, 
ce sont les cloisons périclines, telles que p, qui apparaissent 
en premier lieu. Le noyau de l’initiaqle N de la tige de la 
figure 367 a un diamètre de g micra et une masse chro- 
matique de 3#,7. Le noyau n de l’initiale de la feuille f 
(fig. 367) a une forme d’ellipse, allongée suivant le plan de 
symétrie de la feuille, et dont le grand axe a 6",1 le petit axe 5", 2. 
La masse chromatique a 3*,3. Les dimensions de ce noyau 
sont donc bien plus faibles que celles du noyau de la tige. Les 
noyaux des jeunes segments détachés par l’initiale sont nette- 
ment plus petits, ainsi celui de la première cellule à gauche 
ga un diamètre de 3,8 et une masse chromatique de 1*,6. 

Le noyau de l'initiale N de la tige, représenté dans la 
figure 366, a des diamètres de 10 y et 8:,3, sa masse chroma- 
tique a 3*,3. Le noyau de la cellule terminale de la feuille /; 
(fig. 366) a 8*,8 sur 6*,6 et une masse chromatique sensible- 
ment égale a celle de la tige. Le noyau de l’initiale de la 
feuille f, a un contour sphérique de 7*,2 de diamètre et sa 
masse chromatique a encore 3,3 de diamètre. 

volume du noyau 
volume de la masse chromatique 


Si l’on calule le rapport 


on obtient pour linitiale de la tige 20,96, pour l’initiale de la 
feuille /f, 10,38, pour celle de la feuille fo 12,70. Les noyaux 
des initiales des trés jeunes feuilles ont donc relativement plus 
de chromatine que le noyau de la cellule initiale de la tige, ce 
qui serait un signe de plus grande activité fonctionnelle. 


RÉSUME ET CONCLUSIONS 


Avant que j'aie entrepris des recherches sur le développe- 
ment de la feuille des Mousses, l’état de la question était le 
suivant: 

De 1845 à 1855 une vive polémique [(2) (3) (4) (7)| s'engagea 
entre Schleidenet Nägeli sur la question de savoir si la feuille 
des Mousses présentait une croissance apicale ou basilaire. 

Schleiden soutint que la pointe de la feuille est toujours la 
_ partie la plus agée et que cet organe serait en quelque sorte 
comme poussé (hervorgeschoben) hors de la tige. L’un de ses 
meilleurs arguments fut l'emploi du réactif iodo-ioduré sur 
les jeunes feuilles du Sphagnum (Dill.) Ehrh.. Il prétendit que 
les membranes cellulaires de la pointe des feuilles, méme 
trés jeunes, de cette plante présentent toujours des réactions 
de membranes âgées. 

Nageli au contraire explique la formation de toute la feuille 
par le moyen du fonctionnement d’une cellule initiale a 
2 pans placée a la pointe de lorgane. 

Hofmeister (6) en 1851 considéra, avec juste raison, que la 
feuille pousse d’abord au moyen de son initiale, puis par crois- 
sance intercalaire (Pour les Sphagnum (Dill.) Ehrh. il ne croit 
pas néanmoins a une croissance basilaire après extinction de 
l’activité de l’initiale). 

En 1863 Lorentz (10) étudia Fissidens Hedw., Polytrichum Dill. 
et Fontinals (Dill.) L. et en 1867 Zemmia austriaca Hedw. Ces 
travaux sont fondamentaux pour l’étude du développement de 
la nervure. 

En 1867 Berggren (26) publia une description anatomique et 
embryologique du développement de la feuille des Andréales 
et Kühn (28) en 1870 étudia Andreaea petrophila Ehrh.. Berg- 


— 126 — 


gren (29) en 1872 analysa la thèse de Kühn et résuma ainsi les 
connaissances de son temps sur ce sujet: chez toutes les An- 
dréales à nervure, sauf chez Andreaea nivalis Hook. la feuille 
posséderait une initiale à un seul pan. Les espèces dépourvues 
de nervure auraient, au contraire, toujours une initiale à 2 pans 
sauf l’Andreaea alpina Hedw. et les formes à feuilles étroites 
de l’Andreaea petrophila Ehrh. (Cette dernière découverte a 
été faite par Kühn). 

_ En 1892 Gebel (32) étudia la curieuse feuille de Buxbaumia 
Haller qui ne présente jamais de cellule initiale. | 

Lorch (38), en 1894, élucida magistralementle développement 
de la feuille si particulière du Leucobryum Hampe, dans sa 
thèse sur les Leucophanées; maisil ne vit pas dans ces plantes 
l’asymétrie foliaire qu'il décrivit si bien plus tard, en 1908, 
chez Polytrichum Dill. 

Enfin Jongmans (33), en 1907, cita quelques cas où l’ini- 
tiale de la feuille des Mousses a une existence éphémère. 

Goebel (22) en 1915 exprima dans son Organographie l’idée 
fort juste, trouvée déjà par Hofmeister, que la feuille des 
Mousses possède d’abord une croissance due à une initiale 
puis qu’à celle-ci succède une croissance intercalaire. 

C'est à cette opinion que je me rallie. J’estime que la 
cellule initiale d’une feuille ne fonctionne que très peu de 
temps. Les arguments nouveaux que j’apporte sont d’abord 
de nature cytologique. La substance chromatique des noyaux 
des initiales de Mousses se rassemblant en généralen une seule 
masse sphérique, il m’a été facile d’en estimer l'importance. 
C’est ainsi que chez le Mnium undulatum (L.) Weis le diamètre 
du noyau de la cellule initiale d’une tige était de 7,7 et le 
diamètre de sa masse chromatique de 4,4. J'ai étudié aussi 
3 jeunes feuilles de cette même tige dont les longueurs étaient 
à peu près de 20, 30 et 60 micra. Le diamètre des initiales de 
leurs noyaux étaient respectivement de 74,7 — 7*,2 — 4*,4 — 
3+,8 à 4r,4 et pour les masses chromatiques 4*,4 — 3,8 — 
28,9 — 14,3 à 2,2. On voit donc que les dimensions absolues 
des noyaux diminuent. J'ai calculé pour chaque noyau le 


volume du noyau ap br 
- J'ai obtenu ainsi 


Tav pO. oes À 
PP volume de la masse chromatique 


NOT 


5,3 pour le noyau de l’initiale de la tige, 6,8 pour celui de 
Vinitiale de la feuille de 20 micra de long, 8 pour celui de la 
feuille de 30 micra et 12,9 pour celui de la feuille de 604. J'ai 
cité plus haut les mesures du même genre que j'ai faites 
pour Dicranum scoparium (L.) Hedw. et Barbula ruralis Hedwig. 
Dans mon étude d’Andreaea crassinervia Bruch, on se rappelle 
que, dès la seconde feuille (d’une longueur de 1/20 de milli- 
mètre), le noyau de l'initiale foliaire ne se distinguait déjà plus 
des autres noyaux de ce Jeune organe. Or l’on sait qu’une 
cellule dont le noyau se divise souvent possède une masse 
chromatique considérable. La réduction rapide de la sub- 
stance chromatique dans le noyau des initiales de feuilles 
indique donc la disparition de leur faculté reproductrice. 
J'ai montré au cours de ce travail, dans toutes les espèces 
que j'ai étudiées, que les cellules de la pointe de la feuille 
présentaient de bonne heure des signes de différenciation 
coïncidant avec un appauvrissement de leur contenu cellulaire 
et une transformation de leur membrane, qui s’épaissit et 
change de composition chimique. C’est surtout dans mon 
étude de Dicranum scoparium (L.) Hedw., Atrichum undulatum 
P. Beauv. et Barbula rurahs Hedwig que l’on a vu un épais- 
sissement considérable empâter les membranes de la pointe 
foliaire (Chez Barbula rurahs Hedwig cette pointe est un poil). 
Dans les Andréales une coloration brune apparait a la 
pointe des feuilles; puis elle gagne la base en se propageant 
plus vite le long de la nervure et des bords. Sur les coupes 
transversales c’est le centre et la face ventrale de la nervure 
quien restent le plus longtemps indemnes. Dans les prépara- 
tions traitées par le mélange vert diode, fuchsine, bleu de 
méthyle et congocorinthe, j'ai observé toujours le premier signe 
de la différenciation des membranes sous forme d’une colo- 
ration violette. Celle-ci apparait d’abord, chez les Andréales 
par exemple, sous forme de points a Dangle des cellules, 
a l’endroit où se rencontrent les lamelles moyennes, puis 
elle gagne les lamelles moyennes et enfin toute la mem- 
brane. Cette coloration se produit, comme toutes les différen- 
ciations, d’abord à la pointe des feuilles. J’ai rarement 
pu observer la coloration verte, car je ne coupais pas 


— 128 — 


de feuilles très âgées. Je l’ai pourtant examinée spécialement 
dans le Diphyscium foliosum Mohr, que je n’ai pas décrit dans 
ce travail. Les vieilles membranes ayant en général une colo- 
ration naturelle, on voit mal la coloration verte. 

_ J'ai constaté aussi la continuation du développement dans 
la base de la feuille, alors qu'il avait cessé depuis longtemps 
dans la pointe. On peut se rendre compte de ce fait en regar- 
dant la planche photographique I qui figure les stades du 
développement de la feuille de l’Andreaea crassinervia Bruch : 
dans les plus petites feuilles on ne voit pas encore la gaine 
qui formera la région basilaire. Il faut arriver aux feuilles VII 
et VIII pour voir le développement de cette partie. L'étude 
du Barbula rurahs Hedwig m'a montré que l’ébauche du 
poil existe dès la naissance de la feuille et que celui-ci 
prend d’abord un plus grand développement que celle-là : 
conclusion en accord avec la description de Debat s’appli- 
quant à d’autres Barbula Hedwig pilifères. Cet auteur a été 
frappé du fait que les jeunes feuilles apparaissent sous forme 
de poil avant que la lame foliaire ait atteint un dévelop- 
pement appréciable. Le poil terminal des feuilles n’est donc 
pas, comme les dents des marges, une différenciation ultime 
et d’ordre secondaire, mais cet appendice n’est autre chose 
que l'extrémité de la feuille très amincie. 

J'ai repris l’étude du Mnium punctatum (L. Schreb) Hedw. 
cité par Nägeli comme exemple de Mousse dont la crois- 
sance apicale persiste alors que la croissance basilaire s’est 
éteinte. En réalité l’initiale de cette feuille disparaît de très 
bonne heure et devient même impossible à retrouver dans 
des stades encore très jeunes, ainsi que je l’ai montré. Il 
est vrai que les dernières cellules qui doivent se diviser se 
trouvent vers la pointe et les marges, mais ceci est une simple 
particularité spécifique, due à ce que la feuille de cette espèce 
doit atteindre une forme arrondie à l’état adulte. 

J'ai fait voir qu'au début la lame foliaire reste assez en 
retard dans son développement. C’est ainsi que les jeunes 
feuilles du Mnewm undulatum (L.) Weis (voir planche pho- 
tographique n° II) apparaissent d’abord sous forme de 
masses, constituées presque uniquement par la nervure, tandis. 


\ 


Er, 129 ne 

que la lame foliaire ne prend un développement important 
qu’assez tard. La planche photographique I, qui représente 
des feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, démontre le même 
fait. La nervure n’est donc pas, comme on pourrait le 
peñser à priori, un épaississement de la lame foliaire sui- 
vant sa ligne médiane ; c'est bien plutôt la lame foliaire qui 
n'apparait que comme un appendice de la nervure, se mani- 
festant d’abord à sa base et gagnant la pointe. 

Au sujet du développement de la nervure, J'ai étudié avec 
erand détail l’Andreaea crassinervia Bruch. J'ai montré par 
là l'utilité des coupes en série, qui permettent de comparer 
les parties homologues de feuilles à divers stades de leur 
développement. J’ai fait voir ainsi que la pointe de la feuille, 
dont la coupe transversale est circulaire, dérive d’un stade 
dit en quadrants, foncièrement différent du stade dit en éven- 
tail, d’où dérive le reste de la feuille de cette Andreaea, et la 
plus grande partie des feuilles de Mousse en général. 

Le développement de la nervure des Bryales avait été décrit 
dans ses grandes lignes par Lorentz. Cet auteur dit que le 
nombre de cellules fondamentales d’une nervure adulte est 
égal au nombre des eurycystes, car il n'aurait observé que 
très rarement la division de ceux-ci par des cloisons radia- 
les [Il ne cite comme exemple que le Bryum turbinatum 
(Hedw.) Br. Eur. dans ses Grundlinien. Il avait pourtant 
figuré et remarqué chez Funaria hygrometrica (L.) Sibth. 
un fait semblable.] J'ai pu observer chez Munaria hygrome- 
trica (L:) Sibth. et Mnium punctatum (L. Schreb) Hedw. de 
telles divisions. 

Lorentz n’a étudié que le Timmia austriaca Hedwig etle Poly- 
trichum Will. au sujet de l’origine des sténocystes(mais dans ce 
dernier cas les sténocystes sont très particulières). Elles provien- 
draient, chez 7ymmia Hedwig, d’une cellule-mére dérivée, selon 
lui, par division d’une cellule de la couche la plus interne des 
cellules dorsales au moyen d’une cloison péricline. J’ai observé 
dans les 2 Mneum Dill. étudiées et dans Funaria hygrometrica 
(L.) Sibth. que les sténocystes proviennent de 2 cellules-mères 
appartenant a 2 cellules fondamentales différentes. Dans le 
Mnium undulatum (L.)Weis, ce sont les 2 premières cloisons péri- 


9 


SE OO! == 


clines, apparaissant dans les 2 cellules dorsales primordiales 
médianes, qui délimitent dorsalement le groupe de sténocystes, | 
alors que les cloisons des cellules fondamentales en marquent 
les limites latérales (voir cellules en grisé dans la figure 193). 
Dans le Mnium punctatum (L. Schreb.) Hedw. et la Funaria 
hygrometrica (L.) Sibth. les cellules correspondant aux cel- 
lules-mères des sténocystes du Mnium undulatum (L.) Weis se 
divisent encore par une cloison anticline et ce sont seulement 
les 2 cellules placées contre le plan médian qui seront les 
cellules-mères des sténocystes (voir E, figure 201). Les cellules 
correspondant auxcellules-mères des sténocystes dans lesautres 
cellules fondamentales voisines, et que j’ai désigné par A dans 
mes dessins et schémas (fig. 191, 202 et dans /4, fig. 190) 
restent longtemps indivises. 

Pour le Dicranum scoparium (L.)Hedw. j'ai trouvé un dévelop- 
pement ressemblant à celui des Campylopodées décrites par 
Lorentz, en partie d’après Sven Berggren. Quand à l’Awaichum 
undulatum P. Beauv. il rappelle naturellement le Polytrichum 
Dill. | 

J'ai étudiéle développement du poil terminal des feuilles dans 
le Barbularurahs Hedwig. J’ai montré la formation d’un stade 
en quadrants, qu'on trouve constamment à la base du poil. 

C'est dans le Mnium punctatum (L. Schreb.) Hedw. que j'ai 
pu observer le développement des marges foliaires à plusieurs 
couches. J'ai montré que l'apparition de cette formation se fait 
d’une facon discontinue, à peu près simultanément de la base 
à la pointe de la feuille et ne se produit qu’au moment où cet 
organe a déjà un certain développement : c’est un simple 
épaississement de la lame foliaire. Ces formations n’ont donc 
aucun rapport avec la nervure médiane, quant à leur embryo- 
génie, et c'est à tort que Nägeli les désigne sous le nom de 
nervures marginales. se, 

J'ai découvert dans |’Andreaea crassinervia Bruch et dans 
PAndreaea anqustata Lindberg des initiales à 2 pans chez 
certaines jeunes feuilles (Voir figure 116 pour Andreaea cras- 
smervia Bruch et figures 137 à 139 pour Andreaea angustata 
Lindberg) alors que toutes les feuilles de ces espéces ont en 
général une initiale aun seul pan. Ce fait est à rapprocher de 


RO ee 


celui trouvé par Kuhn dans l’Andreaea petrophila Ehrh., espèce 
sans nervure qui présenterait des initiales à un seul pan dans 
ses feuilles étroites, alors que les feuilles larges posséderaient 
des initiales à 2 pans comme la majorité des Andréales éner- 
ves. Dansles Andréales à nervure que j’ai étudiées ce sont les 
feuilles qui deviendront larges et engainantes, comme les péri- 
chétiales ou les périgoniales, qui doivent posséder une initiale 
à 2 pans à certains moments de leur développement. On com- 
prend en effet qu'uneinitiale à 2 pans donne une lame large en 
forme de coin tandis que les initiales à un pan donnent plutôt 
des formations aciculaires, telles que les feuilles normales des 
Andréales à nervure. C'est pourquoi je n'ai trouvé qu’une fois 
Vindication d’une initiale à 2 pans chez Andreaea crassinervia 
Bruch, à feuilles épaissies vers le haut, tandis que j’en ai trouvé 
plusieurs chez Andreaea angustata Lindberg, à feuilles toujours 
plus aplaties. | 
Enfin j'ai observé, dans toutes les espèces que j'ai étu- 
diées, une asymétrie foliaire se manifestant surtout à la 
base de la feuille (48). Cette asymétrie est due au recou- 
vrement des feuilles les unes par les autres. Le côté recouvert, 
étant géné dans son développement, atteint une évolution 
moins avancée. Lorch avait fort bien décrit cette asymétrie 
dans la feuille de Polytrichum Dull. et Vattribuait à « l'empié- 
tement de la paroi segmentaire en direction anodique » ; en 
d’autres termes à ce que la cloison qui apparaît dans l’initiale 
de la tige pour détacher un jeune segment n’est pas parallèle 
à une face de l’initiale, ce qui fait que les jeunes segments ont 
un côté plus épais que l’autre. Mais, ainsi que l’a fait remar- 
quer Hofmeister, la paroi qui apparait dans le jeune segment 
pour en détacher la cellule initiale d’une feuille compense, par 
son orientation, l’asymétrie du segment et l’ébauche de la jeune 
feuille est souvent symétrique. La feuille ne deviendra asy- 
métrique que plus tard, par suite du recouvrement des feuilles 
Pune par l’autre. Mais comme ce recouvrement est, en somme, 
une conséquence de l’empiétement dela paroisegmentaire appa- 
raissant dans l’initiale, l’asymétrie foliaire dépend indirecte- 
ment de cet empiétement. Toutes les Mousses dont les feuilles 
ne sont pas disposées sur 3 rangs doivent donc présenter cette 


DL rao iy NS RÉ de SA leet 


asymétrie. I] est par conséquent remarquable que Lorch ne 


soit pas surpris de ne pas l’avoir rencontrée dans le Leuco- 
bryum glaucum (L.) Schimper. J’ai pu montrer cette asymé- 
trie par 3 procédés différents. J’ai fait voir également que, 
dans les très jeunes feuilles de cette espèce, la croissance est 
surtout dorsale et marginale. | 

En résumé les résultats principaux de ce travail sont les 
suivants : 

1° La feuille des Mousses n'effectue sa croissance au moyen 
d’une cellule initiale que tout au début de son développement 

2° L'activité multiplicatrice se déplace, au cours de l’onto- 
oénese foliaire des Mousses, de la pointe ala base de la feuille 

3° La pointe de la feuille se différencie de très bonne heure. 

4° Certaines Andréales à nervure comme l’Andreaea crassi- 
nervia Bruch et l’Andreaea angustata Lindberg peuvent pos- 
séder quelquefois une initiale à 2 pans dans leur feuille. Ces 
faits, ajoutés aux observations de Kühn (28) et de Berggren 
[(26) et (29)] à ce sujet, montrent chez ces végétaux archaïques 
une tendance très nette vers le mode de croissance foliaire 
des Mousses plus évoluées. 

5° J’ai prouvé par l’embryogénèse du Mnium punctatum 
(L. Schreber) Hedwig que les marges foliaires ne sont nulle- 
ment comparables aux nervures. 

6° J'ai étudié l’origine du groupe des cellules piney 
chez diverses Mousses et ai constaté qu'elle n’était pas tou- 
jours la même. 

7° Enfin j'ai découvert |’ asymétrie foliaire chez Leucobryum 
Suen (L.) Schimper, qui avait été niée par Lorch (38), et 
ai ainsi apporté un nouvel argument a sa généralité chez les 
Mousses. 


Fait au laboratoire de Botanique de l’Université de Berne (années 1916 
à 1918); 

Et au laboratoire de Botanique (Or benne et Physiologie) du Muséum 
d'Histoire Naturelle de Paris. 


BIBLIOGRAPHIE 


1. CuarLes Morren, Recherches sur le tissu cellulaire des Mousses, et 


en particulier sur celui des Hypnum. Publié de la page 68 à la page 
82 avec 1 planche dans le Bulletin de l’Académie Royale des Sciences et 
Belles-Lettres de Bruxelles, volume VIIT, n° 2, séance du 6 février 184r. 


. Cart Nicezr, Wachsthumsgeschichte der Laub und Lebermoose dans 


Zeitschrift für wissenschaftliche Botanik, par M.-J. Schleiden und Carl 
Nägeli. Zweites Heft, Zürich, 1845. 


. Marrmias-JacoB ScaLeipEn (a. 6. Professor zu Jena), Grundzüge der 
_ wissenschaftlichen Botanik nebst einer methodologischen Einleitung als Anlei- 


tung zum Studium der Pflanze. Leipzig, Verlag von Wilhelm Engel- 
mann. Erste Auflage; Zweiter Teil, 1843. Zweite Auflage, Zweiter Teil, 
1846. Dritte Auflage, Zweiter Teil, 1850. Vierte Auflage, 1861. 


. M.-J. Scuteiwen, De nolione folit el caulis. Programma quo ad audien- 


dam orationem die XXIV M Julii Hora XI munus professoris medi- 
cinae ordinarii sibi demandati rite auspicaturus observatissimi invitat 
M.-J. Schleiden D. Jenae. — Typis Branii MDCCCXLIX. — These de 
10 pages. La description du développement de la feuille du Sphagnum 
squarrosum Pers. se trouve de la page 7 à la page 10. 


. WitiraM-Puitippe Scurmper, Mémoire pour servir a l'histoire naturelle : 


des Sphaignes, publié dans le tome XV des Mémoires présentés par 
divers savants à l’Académie des Sciences, 1857. 


. Wituetm Hormeisrer, Vergleichende Untersuchungen der Keimung, Ent- 


faltung und Fruchtbildung héherer Kryptopamen (Moose, Farrn, Equiseta- 


ceen, Rhizocarpeen und Lycopodiaceen) und der Samenbildung der Conife- 


ren, publié a Leipzig chez Friedrich Hofmeister en 1851. 


. Cart Nicer unp Cart Cramer, Pflanrenphysiologisehe Untersuchungen. 


Zurich, 1855, chez Friedrich Schulthess. 


. Witiram-Puiipee Scmimrer, Mémoire pour servir à l’histoire naturelle 


des Sphaignes (Sphagnum L.). Paris, Imprimerie Impériale, 1857, 


extrait du tome XV des Mémoires présentés par divers savants à l’Acadé- 


Bytes 


mie des Sciences (Pour le développement de la feuille, voir de la page 


33 a la page 36). 


9. Dr. Witiam-Puiper Scuimprr, Versuch einer Entwickelungsgeschicht 
der Torfmoose (Sphagnum) und einer Monographie der in Europa vorkom- 
menden Arten dieser Gattung. Stuttgart, E. Schweizerbart’s Verlagshand- 
lung, 1858 (Il traite du développement de la feuille de la page 39 à 41). 


10. Paur-Günrner Lorentz, Studien über Bau und Entwicklungsgeschichte 
der Laubmoose, avec planches I a IV, 1863. C’est la premiere partie 
d'un ouvrage formé de 3 parties reliées ensemble en 1864 sous le titre 
de Moostudien à Leipzig. 


11. P.-G. Lorentz, Grundlinien zu einer vergleichenden Anatomie der 
Laubmoose, publié dans le volume VI des Jahrbücher für wissenschaft- 
liche Botanik herausgegeben von Dr. N. Pringsheim. Leipzig, 1867- 
1868. 


12. P.-G. Lorentz, Zur Anatomie und Entwickelungsgeschichte von 
Timmia austriaca avec la planche X dans le Botanische Zeitung, année ~ 


1867, n° 47 du 22 novembre 1867, pages 369 à 374. 


13. P. G. Lorentz, Studien zur Naturgeschichte einiger Laubmoose 
(Vorgelegt in der Sitzung vom 5 Juni 1867) (Mit 6 Tafeln 17-22), 
publié de la page 657 à 686 dans les Verhandlungen der Kaiserlich- 
Küniglichen zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, 1867. 


14. P.-G. Lorentz, Studien zur vergleichende Anatomie der Laubmoose, 
publié dans le journal Flora appelé encore Allgemeine botanische Zei- 
tung, Regensburg, 1867, n° 16, pages 241 à 248, n° 17, pages 257 à 
264, n° 19, page 289 à 297, n° 20, pages 300 à 313. Dans une seconde 
série il étudie l’anatomie comparée de quelques Funariacées et Splach- 
nacées dans n° 33, pages 526 à 528, n° 34, pages 529 à 540, n° 55, 
pages 545 à 558. 


-15. Husert Lerrers, Zur Kenntniss des Wachsthums von Fissidens 
(Mit 2 Tafeln), publié dans les Sitzungsberichte der mathematisch-natur- - 
wissenschafllichen Classe der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften, 
LXIX Band. I Abtheilung. Jahrgang, 1874, pages 47 à 69. V Sitzung 
vom 12 Februar, 1874. 


16. L. Dear, De l’évolution des organes appendiculaires chez les Fis- 
sidentiacées, publié de la page 13 à la page 15, avec 1 planche dans 
les Annales de la Société botanique de Lyon, 5° année (1876- 1877); séance 
du 16 novembre 1876. Paru a Lyon en 1878. 


17. L. Derpar, Recherches sur le développement des filaments et des 
lamelles chez les feuilles des « Barbula », des « Pottia » et des « Poly- 
trichacées », publié de la page 151 à la page 169 avec 2 planches 
dans les des de la Sociélé botanique de Lyon, 5° année (1876- 1897); 
séance du 3 mai 1877. Paru a Lyon en 1878. 


0 3 1 = 
18. Kart Gorset, Archegoniatenstudien. 1. Die einfachste Form der 
Moose. Publié de la page 92 à la page 104 dans le volume 76 (Ergin - 
zungsband zum Jahrgang, 1892) de Flora oder allgemeine botanische Zei- 
lung, Marburg. 


19. Dr. Witietm Lorcu, Die Polytrichaceen. Eine biologische Mono- 
graphie (Abhandlungen der Kénigliche bayerische Akademie der Wis- 
senschaften, 2'° Klasse XXIII, 1908, p. 445-446 avec 65 figures). 


20. Wicaezm Hormetster, Allgemeine Morphologie der Gewdchse (page 529 
pour le développement de la feuille de Sphagnum et page 530 pour 
celui de Mnium punctatum qu'il appelle undulatum par erreur). Cet 
ouvrage est la première partie, 2° section, du Handbuch der Physiolo- 
gischen Botanik fait en collaboration avec A. de Bary, Th. Irmisch et 
J. Sachs. Publié par W. Hofmeister. 


21. Cart Minter, « Musci » dans Die naturlichen Pflanzenfamilien nebst 
thren Gattungen und wichtigeren Arten..., begründet von A. Engler 
und K. Prantl. I Teil-Abteilung 3. I Halfte. Leipzig, 1909 (pages 187 
à 202 pour le développement de la feuille des Mousses). 


22. Kart Gosset, Organographie der Pflanzen insbesondere der Archegoniaten 
und Samenpflanzen, Zweite Auflage. Zweiter Teil. Heft I, Bryophyten. 
lena, 1915. 


23. Reynotps Varzey, On the absorption of water and its relation to the 
constitution of the cell wall in Mosses (Annals of Botany, vol. 1, 1887- 
88, p. 147-152). 

oh. Ropert Miranpe, Sur le carmin aluné et son emploi, combiné avec 
celui du vert d’iode, en histologie végétale. Comples rendus de l’Acadé- 
mie des Sciences de Paris, année 1920. 


25. Jacques Portier, Sur la dissymétrie de structure de la feuille du Mnium 
spinosum (Voit.) Schwägrichen. Berne, 1917. 


26. Sven Beraeren, Studier üfver moosornas bygenad och utveckling 
af S. Berggren, 30 pages et 2 planches dans les Acta Universitatis 


Lundensis (Lunds Universitets Ars Skrift for Ar, 1867). 


27. K. Gustav Limpricur, Die Laubmoose Deulschlands, Oesterreichs und der 
Schweiz unter Berticksichtigung der tibrigen Länder Europas und Sibiriens. 
C'est le 4° volume (Vierter Band) de la grande flore de Rabenhorst. 
Kryptogamen Flora von Deutschland, Oesterreich und der Schweiz. 


28. Emi Kian, Zur Entwickelungsgeschichte der Andreaeaceen. Inau- 

_gural Dissertation. Leipzig, 1870, paru dans Schenk und Luerssen. — 

Mittheilungen aus der Gesamtgebiete der Botanik, 1871, 1 Heft avec ro 
planches lithographiées. 


29. SVEN BERGGREN, Analyse de la thèse de Kühn dans le Bolanische Zei- 
lung de 1872, pages 444 à 448 et 462 à 464. 


ees 
30. Appt F. Morin, Anatomie comparée et es de la famille des 


Muscinées. Anatomie de la nervure appliquée à la classification. Rennes, 


1893, in-4, 139 pages avec 24 planches. 


31. Jacques Porrier, La parenté des Andréacées et des Hépatiques et un 
cas tératologique qui la confirme (Bulletin du Muséum d’histoire natu- 
relle de Paris, année 1920, n° 4, pages 337 à 344, séance du 29 avril 
1920). 


32. Kart GoEBEL, Archegoniatenstudien. 1. Die einfachste Form der 
Moose (page 92 à 104), dans le tome 76 de Flora oder Allgemeine bota- 
nische Zeitung. Marburg, 1892 (Erganzungsband zum Jahrgang, 1892). 


33. W.-J. Jonemans, Ueber Brutkorper bildende Laubmoose. Recueil 
des travaux botaniques néerlandais, publié par la Société botanique 
néerlandaise. Volume III. Livraisons 1-2 (pages 67 à 162). Nimègue, 


1907. 

34. Hueco von Mont, Anatomische Untersuchungen über die porôsen 
Zellen von Sphagnum, nebst einem Nachtrage über den Bau der Blat- 
ter von Dicranum glancum und Octoblepharum albidum. Publié dans Flora 
oder allgemeine botanische Zeitung. Regensburg, 1838, tome IV-1, pages 
337 à 390. On trouvera ce qui concerne Leucobryum à la page 380 sous 
la rubrique : Zusatz zu vorstehenden Untersuchungen uber die poré- 
sen Zellen von Sphagnum, betreffend den Bau der Blatter von Dicra- 
num glaucum und Octoblepharum albidum (Geschrieben im November, 


1837). 


35. L.-C. Treviranus, « Ueber den Bau einiger Laubmoose », avec une © 


planche dans Linnaea de 1841 (On y ae des Leucophanées aux pages 
300, 901 et 302). 


36. Kart Mürrer, Ueber die Laubmoosgruppe der Leucophaneen Hampe. 
Publié dans Linnaea, volume XVII, 1843, pages 315 a 322, avec plan- 
ehe aX: 


37. Huco von Mont, Vermischte Schriften, 1845, pages 310 a 313 pour 
Leucobryum. 


38. Witnerm Lorcu, Beiträge zur Anatomie und Biologie der Laub- 
moose (page 424 à 465 dans Flora oder allgemeine botanische Zeitung, 78 


Band, 1894. C’est sa thèse de doctorat soutenue à Munich (Pour Leu- 


cobryum glancum, voir de la page 425 a la page 434). 


39. Cart Correns (a. 6. Professor der Botanik in Tübingen). Untersu- 


‘ chungen über die Vermehrang der Laubmoose durch Brutorgane und Steck- 
linge. Mit 187 Abbildungen. Jena. Verlag von Gustav Fischer, 1899 
(pages 45 à 50 pour le Leucobryum glancum (L.) Schimp. ). 


ho. J. Carpor, Recherches anatomiques sur les Leucobryacées. Cherbourg, 


7 
De 
À 

4 


£ » 
PE ee TE eee NE 


TRES Burret, Notes on a form ai Leucobryum glancum 
Re oe ae Sch. Norwich Trans. N. Soc. , 1908. 


d à bmp Bulletin du Jardin rl de nt Pierre le Grand, 
RAY , me 351-419, 1914. 


te 48 Jacques Porrier, Sur la généralité de l'asymétrie foliaire chez les 
Mousses, | page 479 dans le vol. 170, n° 8 (séance du 25 Janvier 1920), 
des Comptes rendus de l'Académie des Sciences de Paris. 


A 


EXPLICATION DES FIGURES 


Tous les dessins (sauf les schémas) ont été faits à la chambre claire, le plus exaclement 
possible, cellule par cellule, même les figures 129, 195 et 291, ainsi que les ptanches 
doubles XIII et XV. 

PLANCHE I. 

Fig. 1 et 2. — Coupes transversales passant par les cellules initiales de 2 tiges, 

entourées de leurs feuilles, d’Andreaea crassinervia Bruch, grossies 600 fois. 
Puancue Il. 

Coupes transversales de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, grossies 300 fois. 
— Fig. 3 à 5 (feuille II). — Fig. 6 à 14 (feuille ID). — Fig. 15 à 29 (feuille IV). 
Prancue III. 

Coupes transversales de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, grossies 300 fois. — 
Fig. 30 à 50 (feuille V). — Fig. 51 à 53 (Pointe de la feuille VI). 

Prancue IV. 

Coupes transversales de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, grossies 300 fois. — 
Fig. 54 à 63 (Bas de la feuille VI). — Fig. 64 à 71 (Pointe de la feuille VIT). 

2 Prancue V. 

Coupes transversales de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, grossies 300 fois. — 
Fig. 72 à 89 (Suite de la feuille VIT). 

Prancue VI. 

Coupes transversales de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, grossies 300 fois. — 

Fig. 90 à 92 (Base de la feuille VII). — Fig. 93 à 101 (feuille VIT. 
PLancue VII. 


Fig. 102 à 113. — Coupes transversales dans la feuille IX d’Andreaea crassinervia 
Bruch, grossies 300 fois. La figure 113 montre la base de la feuille IX se soudant à 
la tige. 

Fig. 114 et 115. — Très jeunes feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, vues à plat, 
grossies 620 fois. 


Prancue VIII. 


Fig. 116 à 11g. — Jeunes feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, vues à plat, 
grossies 620 fois. 


To ee 


Fig. 120, 121 et 123 à 428. — Contours de jeunes feuilles d’Andreaea crassinervia 
Brant vues à plat, grossies 54 fois. 

La Gus 122 représente, au grossissement de 620 fois, la pointe de la feuille 
d’Andreaea crassinervia Bruch, dont la figure 121 indique le contour. 


Prancue IX. 


Fig. 129. + Feuille adulte d’Andreaea angustata Lindberg, vue à plat, grossie 118 
fois. : 
Fig. 130 4 132. — Pointes de feuilles adultes d’Andreaea angustata Pinar es vues 


à plat, grossies 620 fois. 
Fig. 133 à 1836. — Très jeunes feuilles d’Andreaea angustata Lindberg, vues à plat, 


erossies 620 fois. 
Prancue X. 


Fig 137 à 139. — Très jeunes feuilles d’Andreaea angustala Lindberg, vues à plat, 


grossies 620 fois. 
Fig. 140 à 156. — Coupes transversales de feuilles d’Andreaea anguslata Lindberg, 


grossies 600 fois. — Feuille I (Fig. 140 à 146). — Feuille IT (Fig. 147 à 155). — 
Cellule initiale de la feuille IT (Fig. 156). 
Prancue XI. 


Fig. 157 à 170. — Coupes transversales de la feuille III d’ Andreaea angustata 
Lindberg, grossies 600 fois. Les figures 171 et 172 montrent l’insertion des feuilles 


ip et f, sur la tige. 
Prancue XII. 


Fig. 173 à 189. — Coupes transversales de la feuille IV d’Andreaea angustata 
Lindberg, grossies 600 fois. 


Prancue XIII. 


Fig. 190. — Coupe transversale passant par la cellule initiale d’une tige entourée 
de ses feuilles de Mnium undulatum (L.) Weiss, grossie 450 fois. 


PLiaxcur XIV. : 


Fig. 191 à 192. — Schémas pour expliquer le développement de la nervure du 
Mnium undulatum (L.) Weiss. 


PLancue XV. 


Fig. 194. — Coupe transversale de tige de Mnium punctatum (L.) Weiss, pratiquée 
à 60 micra de distance de la coupe représentée par la figure 190. 


Praxcue XVI. 


Fig. 195. — Feuille adulte de Mnium punctatum (L. Schreber) Hedwig, grossie 50 
fois (Elle avait 3™™,6 de long et 2"M,5 de large). 


Prancne XVII. 


Fig. 196. — Pointe et cellule initiale d’une jeune feuille de Mnium punctalum (L. 
Schreber) Hedwig, de 1/40 de millimètre de longueur, grossie 300 fois. 

Fig. 197. — Pointe d’une jeune feuille de Mnium punctalum (L. Schreber) Hedwig. 
Cette feuille avait o™™,46 de longueur et 0"",28 de largeur. 

Fig. 198. — Gauge transversale d’une feuille adulte de Mnium panctatum (L. 


Schreber) Hedwig, grossie 50 fois. 


Serna — 


PLranxcue XVIII. 


Fig. 199, coupe (vers le milieu) et fig. 200, coupe (vers la base) d’une assez jeune 
feuille de Mnium punctatum (L. Schreber) Hedwig, grossies 300 fois. 


Prancue XIX. 


Fig. 20r et 202. — Schémas pour expliquer le développement de la nervure foliaire 


- chez le Mnium punctatum (L. Schreber) Hedwig. 
Fig. 203. — Schéma d’une coupe transversale de marge foliaire bien développée 


Piancue XX. 
Fig. 204 à 205. — Coupes transversales de feuilles ou de nervures foliaires de 
Funaria hygrometica (L.) Sibth, grossies 300 fois. 


Piaxcue XXI. 


Fig. 225 à 246. — Coupes transversales de feuilles ou de nervures foliaires de 


Funaria hygrometica (L.) Sibth, grossies 300 fois. 
La figure 230 montre la fusion d’une nervure foliaire avec la tige et la sortie d’un 


rameau latéral. 


PLancue XXII. 


Fig. 247 et 248. — Coupes transversales de nervures foliaires de Funaria hygrome- 
trica (L.). Sibth, grossies 300 fois. 
Fig. 249 à 265. — Coupes transversales de feuilles de Dicranum scoparium (L.) 


Hedwig, grossies 300 fois. 


Prancne XXIII. 


Fig. 266 & 282. — Coupes transversales de feuilles et de nervures foliaires de 
Dicranum scoparium (L.) Hedwig, grossies 300 fois. 


Prancue XXIV. 


Fig. 283 à 289. — Coupes transversales dans les feuilles ou les nervures foliaires 
de Dicranum scoparium (L.) Hedwig, grossies 300 fois. 
® Fig. 290. — Coupe transversale dans une oreillette de la base foliaire de Dicranum 


scoparium (L.) Hedwig, grossie 300 fois. 


Praxcue XXV. 


Fig. 291. — Feuille d’Atrichum undulatum P. Beauv., vue à plat, grossie 50 fois. 


Prancue XXVI. 


Fig. 292 à 312. — Coupes transversales de feuilles et de nervures foliaires d’Atri- 
chum undulatum P. Beauv., grossies 300 fois. 


Prancue XXVII. 


Fig. 313 à ones. Coupes transversales de feuilles et de nervures foliaires d’Atri 


chum undulatum P. Beauv., grossies 300 fois. 
Fig. 324. — Coupe transversale dans la marge foliaire d’Atrichum undulatum P. 


Beauv., grossie 300 fois. 
PLancue XXVIII. 


Fig. 325. — Coupe transversale de nervure foliaire de Barbula aciphylla Br. Eur., 
erossie 450 fois. 


Fig. 326 à 350. — Coupes transversales dans le poil terminal ou la partie supé- 


rieure de la feuille de Barbula ruralis Hedwig, grossie 620 fois. 


Prancue XXIX. 


Fig. 351 à 358. — Coupes transversales dans le poil terminal ou la feuille de Bar- 
bula ruralis Hedwig, grossies 620 fois. 

Fig. 359. — Coupe transversale de bourgeon de Leucobryum glancum (L.) Schim- 

- per, passant par l’initiale de la tige, grossie 300 fois. 

Fig. 360. — Coupes de la feuille 5 de Leucobryum glancum (L.) Schimper, plus 
près de la pointe de celle-ci que la coupe de cette feuille se trouvant dans la figure 
359. 

Fig. 361. — Coupe longitudinale d’une jeune feuille de Leucobryum glancum (L.) 
Schimper, grossie 300 fois. 


PLaxcue XXX. 


Fig. 362 à 365. — Contours de coupes en série faites de la pointe à la base d’un 
jeune bourgeon de Leucobryum glancum (L.) Schimper, grossies 52 fois. — 

Fig. 366 et 367. — Coupes longitudinales de 2 sommets de tiges de Leucobryum 
glancum (L.) Schimper, grossies 300 fois. 

Fig. 368. — Coupe transversale de feuille adulte de Leucobryum glancum (L. ) Schim- 
per, grossie 54 fois. 


PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE I, 


Série de feuilles d’Andreaea crassinervia Bruch, reconstituées en plastiline et vues 
par la face ventrale. 

Fig. I à VIII grossies 200 fois. 

Fig. IV bis et V bis grossies 240 fois. 

Les figures IV's et V's représentent les feuilles IV et V vues de profil. 

La figure VIII's montre la feuille VIII sous une autre orientation. 


PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE II. 


Série de feuilles de Mnium undulatum (L.) Weiss reconstituées en plastiline et vues 


par la face ventrale. 

Fig. I à XII grossies vers 108 fois. 

Les modèles Vi»'s, [X>is et XIPÏS sont les modèles VI, IX et XI vus sous une autre 
orientation. 


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PLANCHE XVIII 


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“MASSON ET C'®, ÉDITEURS. 
LIBRAIRES DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 


120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 120 — PARIS — VI® ARR; 


' COLLECTION 
_“ LES LEÇONS DE LA GUERRE ” 
D Les ouvrages de cette Collection ne sont pas des « Livres 
de Guerre ». Consacrés à l’étude de la situation actuelle, ils 


ont pour but essentiel de présenter au grand public cultivé les 
données générales qui doivent guider notre effort de restauration 


_ nationale. 


La guerre pèse trop lourdement sur nous pour que, par 
… lassitude, nous puissions en oublier les lecons; la situation du 
_ monde entier est trop incertaine pour que, par légèreté, nous 
négligions les conseils d’une formidable expérience. Le retour 
| au passé nonchalant est impossible, et nous ne recueillerons les 
fruits de la victoire que si nous savons comprendreles situations 
nouvelles, agir selon les directives exactes et des méthodes 
rigoureuses. | 


par le commandant 


Les Leçons militaires. de la Guerre, Fe BOUVARD, _ 


préface par le maréchal Pérain. — 1 volume de 320 pages... 9 fr. net. 
’ : . L'œuvre d’hiér, l’effort de demain, — 
L’Industrie francaise. ~ par, Léon GUILLET, professeur au 


Conservatoire des Arts et Métiers et à l’École Centrale, directeur des Etudes 
techniques au ministère du Commerce et de |’Industrie, et Jean DURAND, 
professeur suppléant à l'École Centrale. — 1 volume de 284 pages, avec: 
LE ai ue ON, duos 9 fr. net. 


= : ESE R. LEGENDRE, doct 
Alimentation et Ravitaillement, Fiéences. prétace par Ch. 


Ricaer, membre de l’Institut. — 1 volume de 327 pages..... 8 fr. net. 


© L’Aérnnantinne __ Hier, Demain, par le commandant ORTHLIEB, 
: L Aéronautique. préface par le commandant VATEAU. — 1 volume 


Re rt pe nn A 9 fr. net. 
par le capitaine de frégate J. 


a Marine et Guerre navale, VASCHALDE, préface par JuLEs 
CELs, ancien sous-secrétaire d’État à la Marine de guerre, vice-président 
de la Commission de la marine militaire à la Chambre des députés. — 
D nn de 2G pages ni aim Mourir. 9 fri net 


ae a AS Science et Avenir, par CH. MOUREU, 
La Chimie et la Guerre. membre de l’Académie des sciences ‘et 
de l'Académie de médecine, professeur au collège da France. — 1 volume 
pode, 320 pages... Ra amici arial ee cin 40 fr. net. 


TABLE DES MATIÈRES — 


CONTENUES DANS CE CAHIER 


Recherches sur le développement de la feuille des Mousses, 
parti M Bonrinn: 204i 960200. eRe ee ae LUE 


x 1 : s + = 
3547-21. — Corsi. Imprimerie Crért. 


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Publiée sous Ja direétion de M. J. Cosrantin. 43 os 


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FA \Les À Ae et 1853 sont épucsées.) Ps ANA al £ 
j Quarrrime Séme (1854-1863). Chaque partie, 20 ae : ay 25m aa 
: (Les années es et 1863 sont épuisées, partie Botanique. RS telah hice, 


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|| Cinquitme Série (1864-1874). Chaque partie, 20 vol. 
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| Sepritue SÉRIE (1885- 1894). - Chaque partie, 20 vol. 
die Hürrième SÉRIE (1895-1904. Chaque partie, 20 vol. 
LS Neuvièue SÉRIE (1905- A945). Chaque parley: 20 vol. 
tn Dixième SÉRIE (4916-1920). … Tomes I et II. 


ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES | 


TO oe ok aie par MM. Hégerr et A. Mune-i {DWARDS. 


V2 . Tomes I à XXII (1879-1891). Ne se vend qu ‘en collection. ; a) ee ee 
; 4 à Cette publication a ele remplacée par LOS A heey De ee A 
op ANNALES DE PALÉONTOLOGIE 


Nee Gace: publiées sous la direction de M. M. Bowe. ns HN 


: Abonnement annuel : | HE SR 
boot Paris ¢t Départements. ie DO MPG eS ene = ane a ale a 60 
Fire ee Le Fuscieule : as fr ne 


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PREMIÈRE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE 
DE L’'EMBRYON ET DE LA GERMINATION 
DES ARACÉES 


Par C.-L. GATIN 
(Travail posthume publié par Mme V. GATIN) 


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Le présent Mémoire devait constituer un des chapitres 

d’un travail très étendu sur l'embryon et la germination 
- des Monocotylédones. | 
La guerre, en emportant mon mari, est venue arrêter ce 
labeur de plus de dix années et dont l’achèvement était un 
des désirs du disparu. Je me propose donc de le continuer 
mais c’est une œuvre de si longue haleine qu’il me semble 
nécessaire d’en faire paraître les parties presque terminées. ; 
Le chapitre qui traite de ’embryon et de la germination des 
ARACEES, malgré quelques lacunes que je compte combler 
plus tard, renfermé assez de faits nouveaux pour être publié 
sous le titre de premières contributions, 

Je suis heureuse de remercier ici M. CosTANTIN de 
vouloir bien m’offrir l'hospitalité dans les Annales des Sciences 
Naturelles. 


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VALENTINE GATIN. 


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ANN. DES SC. NAT. BOT., 40e série. 1921, m1, 10 


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_ GÉNÉRALITÉS | Mee 


Jusqu’a présent, aucun travail d’ensemble n’a été entrepris 
sur ’embryon et la germination des Aracées. Les renseigne- 
ments que nous possédons sur l’embryologie de cette famille 
sont épars dans les travaux d’ensemble ou ne se trouvent 
que dans quelques mémoires consacrés à une seule plante 
comme ceux de Scott et SARGANT (1), Mac Doueat (2), REN- 
NERT (3) et MicKE (4). } = 

Nous mentionnerons les résultats de ces divers auteurs 
lorsque nous passerons en revue les genres qu'ils ont eu l’occa- 
sion d'étudier. 

Enfin il serait injuste de ne pas citer, au cours de ce résumé. 
biblidgraphique, les importants travaux de M. CAMPBELL. 

Cet auteur a publié sur le sac embryonnaire et l’embryo- > 
génie des Aracées une série de travaux (5) dont un certain. 
nombre de résultats sont à retenir au point de vue qui nous 
occupe. | ee 


Genre POTHOS L. 


MirBEL (6) a donné autrefois des figures de l'embryon du. 
Pothos crassinervia; plus récemment, M. Tscxircx (7) a eu 
l’occasion d’étudier celui du P. insignis (PI. IV, fig. 12 et 13). 


(1) Scort and SarcanT, On the nn of Arum maculatum from the 
seed (Ann. of Bot. XII, 400-413, 1 pl., sept. 1908). 

(2) Mac Doucai, D. T. , Seedlings of Aeon tee Ï, 2-5, 1901 ; 

(3) RENNERT, R. J., Seeds and Seedlings of Arisæma Bull. Torrey bot. 
Club, XXIX, 1902). 

(4 ) Micke, Ueber die Bau und. Entwickeiung der Früchte von Acorus Cale. 
mus, Bot. Zetune, LXVI, 1-23, 3 fig., 1 1., 1908). 

(5 ) CAMPBELL DOUGLAS HOoUGHTON  Theembryosac of A glaonema eee Bo'. 
Rev. Edinburgh, 1, 1912). 

(6) MrrBEL, Examen de la division des végétaux en endorhizes et exorhizes 
… Annales du Muséum d'Histoire naturelle, 419-458, 6 pl., 1810). 

(7) Tscxircx, A., Physiologische Studien über die Samen, insbesondere 
die Saugorgane derselben (Annales du Jardin bot. de Buitenzorg, X, 143-180, 
6 pl., 1891). eee 


L’EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACÉES 147 


‘Ces embryons sont volumineux; la graine, comme cela se 


produit chez nombre d’Aracées, ne présentant Bas d’al- 
bumen. 


GENRE ANTHURIUM L. ; 


Anthurium Scherzerianum Schott. 


Un certain nombre d’espèces d’ Anthurium, de provenances 
variées, ont été étudiées au cours de ce travail. Nous pren- 
drons comme type l’A. Scherzerianum Schott, originaire du 
Guatémala, et que l’on trouve dans toutes les serres chaudes, 
et notamment dans celles du Muséum. 

Empryon. — La graine de ces plantes est petite et pourvue 
d’un albumen charnu, qui contient un très petit embryon 


étroitement inclus dans l’albumen et que sa consistance, sem- 
blable à celle de la masse qui l’entoure, et sa petite taille 


rendent difficile à extraire. 

Il est possible d’en obtenir de bonnes préparations, en effec- 
tuant une inclusion de la graine entière. Ajoutons encore que 
l’albumen contient de nombreux grains d’amidon et des cel- 
lules à raphides. 

L’embryon présente une forme générale conique (PI. I, 
fig. 1). Il est constitué par un grand nombre de cellules nobe. 
driques, isodiamétriques, laissant entre elles des méats, et 
pourvues de gros noyaux. Ces cellules sont plus ou moins 
régulièrement orientées en files longitudinales, et un assez 


grand nombre d’entre elles, de taille un peu supérieure a 


celle de leurs voisines, renferment des raphides d’oxalate de 
calcium. Ces cellules à oxalate sont particulièrement nom- 
breuses vers la partie radiculaire de l’embryon. Leur nombre 
diminue à mesure que l’on s’éloigne de la partie radiculaire 
de l'embryon. ~ | 

L’embryon contient un plantule dont l’axe est courbe et 
qui se compose d’une gemmule, non encore différenciée en 
plusieurs feuilles et située au fond d’une cavité qui est reliée 
à l'extérieur par une fente limitée par deux lèvres imbriquées 
formées par le tissu cotylédonaire (PI. I, fig. 2). La cavité 


148 C.-L. GATIN. 


gemmulaire et l’ensemble de l'embryon sont recouverts par 
un épiderme continu, peu allongé dans le sens radial. 

La radicule embryonnaire se compose d’un cylindre central 
assez nettement différencié. L’écorce est limitée par le 
cylindre central d’une part et, d’autre part, par une assise 
pilifère assez nettement différenciée, laquelle vient se rac- 


_corder avec l’épiderme général de l’embryon (PI. IT, fig. 1). 


Le système vasculaire de l’embryon est assez peu déve- | 
loppé. [Il est réduit à un cordon de procambium, qui parcourt 
l'embryon dans toute sa longueur et se raccorde avec le 
cylindre central de la radicule. Il se ramifie à la base de la 
gemmule (PI. I, fig. 2), dans laquelle il envoie également un 
cordon de cu | 

L’embryon, vers sa partie supérieure, est très aplati. Le 
faisceau qui le parcourt et qui,en cet endroit, se compose 
d’un nombre plus grand d'éléments, présente un aplatisse- 
ment concomitant. et 

On remarquera encore que les cellules 4 oxalate de calcium 
sont groupées, surtout à la périphérie de l’embryon, généra- 
lement au-dessous de l’assise sous-épidermique, bien qu'il 


en existe quelques-unes plus internes. Ce groupement est parti- 


culièrement régulier dans la région qui avoisine la radicule. 
MORPHOLOGIE DE LA GERMINATION. — Au début de la 
germination, on observe une augmentation de volume de 
V’embryon, qui ne tarde pas à faire saillie à l’extérieur (PL I, 
fig. 4, 5, 6) sous l’aspect d’un bourrelet, d’où s’échappent la 
ra oo. et la gemmule, cette dernière étant entourée, à sa 
base, d’une sorte de gaine ascendante. 
La première feuille est peu développée, à limbe très ee 
La seconde présente un limbe lancéolé (PL I, fig. 8). 
M La partie incluse dans la graine grossit également et se 
transforme en un sucoir (S), de forme conique (PI. I, fig. 7), qui 
dissout petit a petit la réserve contenue dans la graine. Le 
suçoir tombe, entraînant la graine vide; lorsque la seconde 
feuille est déjà développée, la racine s’épaissit beaucoup. 
= ANATOMIE DE LA GERMINATION. —Leschémadela planchel, 
figure 3, met en évidence les premiers stades de la germi- 
nation, qui se traduisent par un allongement de l’ensemble 


me 


L’EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACEES 149 


de ’embryon, qui fait saillir à l’extérieur de la graine son 
extrémité radiculaire, en méme temps que sa pointe s’en- 
fonce dans l’albumen. 

Cet accroissement de volume est dû uniquement à l’augmen- 
tation de volume des cellules qui composent l'embryon ; il ne 
se produit pas de cloisonnements dans ces éléments. 

Quoi qu'il en soit, il se forme, tout contre la graine, une sorte 
de bourrelet dans lequel se développent la gemmule et la 
radicule. 

La gemmule est entourée par une sorte de ligule, qui s’élève 
autour de sa base. La gemmule finit par s'échapper par la 
fente cotylédonaire. La radicule achéve son développement ; 
l’assise pilifére reste en continuité avec l’épiderme général 
de l’embryon, et les quelques assises de cellules qui séparent 
son point végétatif de l’extérieur sont rapidement exfoliées. 


_ C’est ce que l’on peut voir sur la figure 1 de la planche IT. 


Anthurium longifolium G. Don. 


J'ai obtenu des graines de cette plante des serres du 
Muséum. 

EmMBrRYON. — Cet embryon, cylindrique vers sa partie 
radiculaire, est aplati vers sa partie supérieure. 

Il est formé de cellules isodiamétriques, polygonales, lais- 
sant entre elles des méats et contenant des grains d’amidon. 

Cet embryon est parcouru, dans toute sa longueur, par un 
faisceau libéro-ligneux (fx, Pl. III, fig. 4), qui est aplati en 
lame à la partie supérieure. La radicule est constituée par les 
rudiments du cylindre central, de l’écorce, et par une assise 
pilifère qui se raccorde avec l’épiderme général de l’embryon. 
Celui-ci est très régulier, sauf vis-à-vis de la pointe de la 
radicule, où il présente la trace nette du suspenseur. La 
gemmule est située dans une cavité qui se ferme en se recou- 
vrant par les bords de la fente cotylédonaire (PI. III, fig. 4). 
Celle-ci est très allongée dans le sens longitudinal. 

On trouve dans la région radiculaire de nombreuses grandes 
cellules à mucilage contenant aussi des raphides (PI. III 


150 C.-L. GATIN 


fig. 5 et 6). Ces cellules présentent une disposition particu- 

lièrement régulière dans la partie radiculaire de l'embryon. 
Dans cette région, en outre, au-dessous de l’épiderme, on 

rencontre une assise de cellules très régulière, formée d’élé- 

ments alternant régulièrement avec les cellules épidermiques. 
La germination de cette espèce n’a pas été observée. 


Anthurium acaule Schott. 


Les graines de cette espèce ont été obtenues du commerce. 
EmBryon. — Les caractères généraux de la graine et de 


embryon sont les mêmes que dans les espèces précédentes. 


Nous les résumerons donc très rapidement. 

L’embryon, cylindrique à son extrémité radiculaire, est 
très aplati à sa partie supérieure. Il est parcouru par un 
cordon vasculaire fortement aplati à la partie supérieure de 
l'embryon. Ce cordon envoie une ramification à la base de la 
gemmule (PI. III, fig. 7,et Pl. IV, fig. 16). Gomme chez les 
autres espéces, on retrouvera de nombreuses cellules 4 muci- 
lage disposées régulièrement à la périphérie de l’embryon, 
surtout dans la région radiculaire. La plantule est courbe; la 
radicule présente son cylindre central bien marqué. L’assise 
pilifére vient se raccorder avec l’épiderme général de l’em- 
bryon. La fente cotylédonaire présente parfois des ni qui 
ne se recouvrent pas. 

La germination de cette espèce n’a pas été observée. 


Anthurium robustum Hort. 


Des graines de cette espèce ont été obtenues du commerce. 

EmMBrYon. — L’embryon ressemble beaucoup à celui de 
VA. longifolium. La masse contient moins de cellules à muci- 
lage, et la fente cotylédonaire est, de même, très allongée 
dans le sens longitudinal. Les bords de cette fente sont late 
ment imbriqués; la plantule est courbe. 

La radicule est construite comme dans les autres Anthu- 
rium. , 

L’ embryon est très aplati à sa partie supérieure. 


L’EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACEES 151 


Il est parcouru dans toute sa longueur par un cordon vas- 
culaire, qui s’aplatit à la partie supérieure de l'embryon. 
- La germination n’en a pas été observée. - 


Anthurium Bakeri Hook. f. 


Des graines de cette plante ont été reçues des Jardins de 
: Peradenyia. : 

EmBryon. — L’embryon est très aplati à sa partie supé- 
= rieure, comme chez la plupart des espéces que nous venons de 
passer en revue. 

Il ne se distingue d’ailleurs pas par des caractères parti- 
culiers, si ce n’est par l'abondance plus grande des cellules à 
mucilage et à raphides et par son cordon vasculaire, qui ne 
s'élève pas jusqu’à son extrémité, 


Anthurium regale Linden. 


. Cette espèce, dont les graines ont été reçues de Peradenyia, 
ne se distingue des précédentes par aucun caractère parti- 
culier. 

La germination n’a pas été observée. 


Anthurium coriaceum G. Don. 


Les graines ayant servi aux observations provenaient du 
commerce. 
_ [n'ya rien de particulier à dire de ces embryons, qui ne 
se distinguent des espèces précédentes par aucun caractère 
essentiel. 

La germination n’a pas été observée. 


Anthurium pedato-radiatum Schott. 


J'ai obtenu des plantules de cette espèce, à partir de graines 
venues de Buitenzorg. La germination est admotive ; l’em- 
bryon produit tout de suite une très grosse radicule et une 
gemmule qui s’échappe par la fente cotylédonaire, et qui s’en- 


192 | | C.-L. GATIN 


toure, à sa base, d’une gaine ascendante peu développée. La 
radicule est recouverte de nombreux poils absorbants (PI. IV, 
fig. 13). Le suçoir qui reste inclus dans la graine garde une 
forme cylindro-conique et se développe lentement en prenant 
petit à petit la forme de l’albumen, qu'il digére. Ce sucoir 


ainsi que la première feuille, réduite à une gaine, tombe de 


bonne heure, et leur cicatrice reste visible à la partie supé- 
rieure de la radicule (Pl. I, fig. 9 et 10). 


GENRE ACORUS L. 


Aucune recherche personnelle n’a été faite sur ce genre. 

Micke (1) a décrit superficiellement l'embryon et la plan- 
tule de l’Acorus gramineus. Nous avons reproduit (fig. À et 2, 
PL IV) les figures de cet auteur. L’embryon est pourvu d’une 
fente cotylédonaire, et la germination est remotive. 

L’assise pilifère est également mal différenciée, et elle 
semble êtreen continuité avec l’épiderme général de l'embryon. 

La gemmule est réduite à un cône de cellules toutes sem- 
blables, inclus dans une cavité qui, par une fente à bords jux- 
taposés, communique avec l'extérieur. Cette fente peut être 
mise en évidence sur une coupe transversale (PI. V, fig. 3). 

L’embryon est parcouru par un cordon vasculaire composé 
de quelques éléments qui ne paraissent pas offrir de différen- 
ciation nette. Ce cordon parcourt l’embryon dans toute sa 
longueur (PI. V, fig. 2). 

La germination n’a pas été observée. 


GENRE SPATHIPHYLLUM Schott. 


Plusieurs espèces de ce genre ont pu être étudiées. Nous 
prendrons comme type le Spathiphyllum candicans, dont les 
graines nous avaient été envoyées des jardins botaniques de 
Peradeniya. 


(4) Miicke, loc, cit. 


Ie Ne ee ee on ee ee pété nd 


 L'EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACÉES 153 


Spathiphyllum candicans Poep. et End. 


EmpBryon. — La graine de cette plante ressemble beaucoup 
à celle des Anthurium. Elle contient un albumen charnu, 
formé de cellules polyédriques, laissant entre elles des méats, 
et contenant de nombreux grains d’amidon. 

L’embryon est étroitement inclus dans l’albumen, et il se 
distingue surtout par son état de différenciation peu avancé 
CPV, fig. 1). | 

Il présente la forme d’un cône très allongé (PL. Nero 2) 
entouré d’un épiderme continu, lequel perd cependant un 
peu de sa régularité au voisinage de l’extrémité radiculaire. 

Sa masse est formée de cellules polyédriques, laissant entre 
elles des méats ; on n'y rencontre pas de cellules à mucilages 
ou à raphides. L’axe de la plantule est courbe. 

La radicule est, d’ailleurs, presque indifférenciée. A peine 
devine-t-on dans l'embryon mur l’ébauche de son cylindre 
central. 

L’assise pilifère est également mal différenciée, et elle semble 
être en continuité avec l’épiderme général de l'embryon. 

La gemmule est réduite à un cône de cellules toutes sem- 
blables, inclus dans une cavité qui, par une fente à bords jux- 
taposés, communique avec l’extérieur. Cette fente peut être 
mise en évidence sur une coupe transversale (PI. V, fig. 3). 

L’embryon est parcouru par un cordon vasculaire com- 
posé de quelques éléments qui ne paraissent pas offrir de 
différenciation nette. Ce cordon parcourt l’embryon dans 
toute sa longueur (PI. V, fig. 2). 

La germination n’a pas été observée. 


GENRE AGLAONEMA Schott. 


L'étude a porté sur les espèces suivantes, provenant du 
Jardin botanique de Buitenzorg. 

A. oblongifolium Kunth, A. Robellenit Lind., A. simplex 
BI., A. novoguineense Engl., A. oblongifolium var. Kurtisii 
Ridleg. 


194 | : 7c. -L. ee 


A tous les points de vue que nous avons eu l’occasion nd’en- 
visager, ces espéces sont tellement voisines les unes des autres 
qu'il est inutile de décrire, à part, ce qui concerne chacune 
d'elles. Ce que nous dirons du genre s’applique à toutes les 
espèces étudiées. 

Empryron. — Le fruit des Aglaonema est une baie, géné- 
ralement colorée en rouge (PI. VI, fig. 1). Le péricarpe charnu 
renferme la graine, entourée par Jae téguments. Le raphé est 
nettement marqué par un sillon longitudinal (Pl. VI, fig. 2), 
surtout dans lA. oblongifolium. A l’intérieur des deux tégu- 
ments, on trouve une masse verte et_volumineuse qui est 
iE en Il n’y a done pas d’albumen. | 

L’embryon a une forme générale ovoide allongée. Du côté 
opposé au hile, sa surface est tout à fait lisse et arrondie, lors- 
qu'on l’a bien débarrassée des téguments. Au contraire, 
l’autre extrémité est terminée par une petite protubérance 
conique, qui, examinée avec soin, se montre formée de deux 
petites écailles, laissant entre te une fente. A l'intérieur de 
cette fente, se trouve la gemmule. 

L’ Sale est formé de grandes cellules polyédriques ou 
arrondies, bourrées de grain d’amidon et laissant fréquemment 
entre elles des méats. 

Certaines de ces cellules contiennent des raphides d’oxa- 
late de calcium. L’amidon en est alors absent. . 

D’autres (C. S, fig. 6, Pl. VIT) se colorent légèrement par 
le soudan III au chloral : ce sont des cellules sécrétrices. 

Enfin, sur toute la périphérie, ’embryon est pourvu d’une 
assise de liège, de formation secondaire, qui est d’autant plus 
épaisse que l’on s’éloigne de la gemmule. Les cellules à chlo- 
rophylle sont situées immédiatement au-dessous de cette — 
assise de liège. 

Une série de coupes transversales (PL. VII, fig. 1 à 4), pra- 
tiquées dans l'embryon en partant de son extrémité micro- 
pylaire pour se porter vers l’extrémité opposée, nous montre 
la gemmule entourée par les deux écailles dont il a été ques- 
tion plus haut, et qui ne sont autre chose que les deux bords — 
de la fente bi. 

C'est ce que l’on constate avec pli de facilité encore sur 


_ 


 L'EMRRYON ET LA GERMINATION DES ARACEES 153 


une coupe longitudinale (fig. 5, Pl. VIT). Chez certaines 
espèces, même, on retrouve à la surface de ces écailles les 


_ mêmes formations subéreuses que sur le reste de la surface de 


l'embryon. Plus loin, se trouve une région dans laquelle nais- 
sent les racines. Il n’y a pas, en effet, de racine principale, 
mais une série de racines latérales qui se développent de la 
manière que nous allons indiquer. 

Passons maintenant à l’étude du tissu conducteur. 

I] est constitué par des faisceaux libéro-ligneux de struc- 
ture très simple et offrant déjà des cloisonnements de nature 
secondaire (PI. VIT, fig. 7). 

Ces faisceaux se Len fréquemment. Is forment, dans 
le corps embryonnaire, deux cercles irréguliers. Dans les 
écailles recouvrant la gemmule, ils forment un seul cercle. 
Enfin, dans la région où se produisent les racines, ils consti- 
tuent un anneau presque continu sur lequel se produisent les 
racines latérales, qui s’échapperont au dehors en digérant le 
tissu de l'embryon. 

Germination. — Le début de la germination est marqué 
par le développement de la gemmule, qui, en grandissant, 
écarte les deux écailles, lesquelles sont déchirées et prennent 
une coloration brunâtre, en même temps qu’elles acquièrent 


parfois un certain développement. Les premières feuilles de la 


gemmule demeurent à l’état de gaines. La série des figures de 
la planche VI met en évidence, mieux que toutes les descrip- 


tions, le développement de cette gemmule. 


Quant aux racines, elles forment une couronne qui se déve- 
loppe tout autour de la gemmule. Cela s'explique très bien, si 
l'on se reporte à ce qui! a été dit un peu plus haut de la for- 
mation des racines latérales, sur un anneau vasculaire. 

Dans cette germination, il se produit fréquemment l’ano- 
malie suivante : il se développe deux gemmules au lieu d’une 
seule. Ce cas de polyembryonie me parait devoir être rap- 
proché de ceux que j’ai signalés déjà chez les Palmiers (1), et 
dans lesquels deux plantules se développant dans une gaine 
unique sont réunies par un même cotylédon. 


(1) C.-L. Garix, Quelques cas de polyembryonie chez plusieurs espèces de 
Palmiers (Revue générale de botanique, XVII, 60-65, 11 fig., 1905). 


156 | C.-L. GATIN 


GENRE NEPHTYTIS. Schott. 


Une seule espèce de ce genre a été étudiée, le Nephiytis 
liberica, provenant des serres du Muséum. 


Nephtytis liberica N. E. Br. 


EmBrYon. —Le fruit des Nephtytis est une baie, de cou- 
leur rouge orangé pâle, contenant une graine. La graine, qui 
ne contient pas d’albumen, est recouverte. par des téguments 
très minces et entièrement remplie par un gros corps ovoide, 
de couleur verte, qui est l'embryon. 

Cet embryon présente un sillon assez marqué à l'endroit 
du raphe. 

La gemmule est assez saillante et apparaît sous la forme 
d’un petit cône entouré par un bourrelet qui représente les 
rebords de la fente cotylédonaire (PI. III, fig. 2 et 3). 

La structure de cet embryon le rapproche beaucoup de celui 
des Aglaonema, que nous étudierons plus loin. Il est constitué 
par des cellules polygonales, isodiamétriques, et bourrées de 
nombreux grains d’amidon. | 

A sa périphérie, au-dessous de son épiderme, se forme une 
assise génératrice qui donne naissance à du liège. Plus à l’in- 
térieur, on rencontre une ou deux assises de cellules contenant 
des grains de chlorophylle et enfin les cellules bourrées de 
grains d’amidon, qui constituent la masse de l’embryon 
(Pl. IIT, fig. 1). On y trouve également des cellules à raphides 
et des cellules sécrétrices, et aussi des cristaux en oursin 
d’oxalate de calcium. | ESS 

La gemmule présente une constitution un peu différente 
de celle des À glaonema. 

Tout d’abord, ainsi que nous l’avons vu, les bords de la 
fente cotylédonaire ne sont pas constitués par deux lèvres, 
mais par un bourrelet circulaire. De plus, les embryons pré- 
sentent le plus souvent deux gemmules, l’une étant beaucoup 
plus développée que l’autre (Pl. IX, fig. 3). | 

Le système vasculaire est encore moins développé que chez 


3 
: 
“= 
g 

+ 

1 

À 

2 


oo 


PRE TEA TEL TA 


= L'EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACEES 157 


les Aglaonema. Il ne forme pas, au-dessous de la gemmule, un 
anneau complet, mais il se compose de quelques cordons 


isolés qui se ramifient et donnent des branches qui se rendent 
dans les racines. 


Ces dernières sont nombreuses, mais aucune d'elles ne 
présente les caractères d’une radicule. Ce sont des racines 


latérales qui naissent profondément à l’intérieur du tissu 


embryonnaire et qui, complètement formées, ont déjà 
commencé, dans l'embryon mir, à digérer les tissus qui les 


séparent de l'extérieur. 


GERMINATION. — Le début de la germination est marqué 
par le développement des plumules, qui écartent et amènent 
souvent le fendillement du bourrelet qui les entoure (PI. IV, 
fig. 11). En même temps, lés racines pointent en divers points 
de la partie antérieure de l'embryon (PI VIII, fig. 5.) La 
partie postérieure, en effet, n’en produit pas. La sortie de ces 
racines se fait par de 

Dans chaque gemmule, la première feuille est réduite à 
une gaine (PI. VIII, fig. 4); la seconde possède un limbe 
sagitté bien de Lppe (Pie Vili: fie. 6), 

La germination se poursuivant, la plante continue à se 
développer sur l'embryon comme sur un tubercule. 


GENRE DIEFFENBACHIA Schott. 


Trois espéces de ce genre, dont des graines avaient été 
recues des Jardins de Peradenyai, ont fait l’objet d’obser- 
vations. 

Ce sont les espèces suivantes : Dieffenbachia Seguine 
Schott, D. Haneckii, D°Sp. 

De même que pour le genre précédent, il n’y a pas lieu, en 
raison de la similitude offerte par les diverses espèces en 
de les séparer dans la onu qui sera faite pour l’ensemble 
du genre. | 

Empryon. — La graine des eae est dépourvue 
dalbumen. L’embryon ressemble heaucoup à celui des 


Aglaonema, qui vient d’être décrit. Il présente le même aspect 


158 Loon NET RC LCA 


et les mêmes caractères anatomiques : présence d’une assise 
subéreuse au-dessous de l’épiderme, de deux couches de 
cellules assimilatrices et d’une masse centrale formée de cel- 
lules bourrées de grains d’amidon et contenant, çà et là, des 
cellules sécrétrices et des cellules à raphides. 

La gemmule est cependant plus complètement développée 
que chez les A glaonema (PI. VII, fig. 8); mais elle est, comme 
dans ce dernier genre, entourée par deux écailles qui sont les 
bords de la fente cotylédonaire (Pl. VII, fig. 1, 2, 3). 

Le tissu conducteur, comme chez les A glaonema, forme au- 
dessous de la gemmule un anneau vasculaire sur lequel se 
produisent des racines latérales. Il n’y a pas de radicule 
différenciée. 

GERMINATION. — Elle s'effectue de la même manière que 
chez les A glaonema. Ainsi que dans ce dernier genre, on trouve 
fréquemment des embryons qui, à la germination, (onRenE 
naissance à deux plantules (PI. VIII, fig. 2s 


Genre ZANTEDESCHI A Spreng. 


De ce genre, une seule espèce a été étudiée, le Zantedeschia 
æthiopica (L.) Spreng. (Calla æthiopica L.), dont les ee 
avaient été obtenues du commerce. 

Empryon. — La graine de ces plantes est pourvue d’un 
albumen amylacé, dont il est facile d’extraire l’embryon ; 
celui-ci est allongé et de forme générale conique. 

Cet embryon est formé par une masse de cellules polygo- 
nales, allongées et laissant entre elles des méats, le tout 
entouré par un épiderme continu et régulier, qui perd un peu 
de sa régularité, vis-à-vis de la pointe de la radicule. 

La plantule présente un axe courbe ; elle est encore assez 
peu différenciée. La radicule D mprond un cylindre central 
assez nettement différencié. L’écorce est limitée par ce 
cylindre central et par une assise pilifère qui va se raccorder 
avec l’épiderme général de l’embryon. La plumule est cons- 
tituée par une feuille enroulée sur elle-même. Elle se trouve 
dans une cavité reliée à l’extérieur par une fente fermée par 


__ L'EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACÉES 159 


les bords imbriqués de deux replis du cotylédon (Pl 2X, fie. 1 


et 2), et tapissée par un épiderme qui continue l'épiderme 
général de l’embryon. 

ÆL’ensemble de l’embryon est parcouru par des cordons 
vasculaires. Ceux-ci suivent une course que nous allons décrire 


et se raccordent avec le cylindre central de la radicule, aprés 


avoir envoyé un prolongement qui pénétre dans la gemmule, 


_ à la base de celle-ci. 


A la partie supérieure de l’embryon, on trouve un faisceau 
libéro-ligneux assez large, présentant quelques cloisonnements. 
secondaires. 3 

Plus bas, à hauteur de la gemmule, ce faisceau se divise en 
trois. Plus bas encore, a hauteur de la fente cotylédonaire, on 
trouve cing faisceaux, par division des trois précédents. Il y 
a done toujours un faisceau médian. 

La germination n’a pas été observée. 


GENRE CALADIUM Vent. 


_ La seule espèce étudiée a été le Caladium Agrippine, pro- 
venant du commerce. 
L’embryon n’est aucunement différencié. C’est un massif 


de cellules toutes semblables. Il est simplement entouré d’un 


épiderme et se trouve réduit ainsi à l’état de proembryon 
(DIX fig. 3). 


GENRE ARUM L. 


De ce genre important, les espéces suivantes ont été étu- 
diées : | 

Arum maculatum L.,récolté en herborisant; Arum ttalicum 
Mill, cultivé en pleine terre; Arum palestinum Boiss, Damm. 
provenantducommerce; Arum Dioscoridis Sibth. et Sm., ces 
deux derniéres espéces provenant du commerce. 

Ces diverses espéces ne se distinguent pas tellement les 
unes des autres qu'il soit nécessaire de les décrire séparément ; 
il ny a donc pas lieu de les séparer dans l’exposé ci va 
suivre. 


160 ae C.-L. GATIN | 


Empryon. — L’embryon, placé dans un albumen amylacé, 
est un cylindre allongé, terminé plus ou moins en cône à ses 
deux extrémités. 

Il est formé de cellules polygonales, ne de gros 
noyaux et d’un protoplasma granuleux et vacuolisé. Ces 
cellules laissent entre elles des méats, surtout vers la partie 
supérieure de l’embryon, où elles sont, de plus, particuliére- 
ment allongées dans le sens de la longueur de l’organe. 

L’embryon est recouvert par un épiderme continu, un peu 
palissadique, et qui est trés régulier, sauf vis-a-vis de la pointe 
de la radicule, où l’on retrouve nettement la tnave du sus- 
penseur (s, Pl. VIII, fig. 7). | 

A l’intérieur de ne on: se trouve une plantule courbe. 
La radicule présente un cylindre central net qui limite la partie 
interne de l’écorce; la partie externe est elle-même délimitée 
par l’assise pilifère qui va se raccorder avec l’épiderme général 
de l’embryon (Pl. I, fig. 2). 

La gemmule secompose d’une seule feuille, entourant le cône 
végétatif. Elle est située au-dessus de la radicule, et dans une 
cavité communiquant avec l’extérieur par une fente fermée 
par deux replis, à bords imbriqués,.du cotylédon (Pl. IX, 
fig. 1). Cette cavité est tapissée à l’intérieur par un épiderme 
qui se trouve en continuité avec l’épiderme général de lem- 
bryon. 

Le reste de l’embryon, constituant la feuille led. 
naire, est parcouru par des faisceaux libéro-ligneux qui 
viennent, à la base dela gemmule, se raccorder avec le cylindre 
central de la radicule. Là, ils donnent également des ra- 
meaux qui se rendent dans la feuille externe de la gemmule 
(PE Vil fie). 

Ces ae sont au nombre de cing et, ainsi que l’ont 
remarqué Scott et SARGANT (1), leur dispose rend la 
feuille cotylédonaire distique par rapport à la PAS feuille 
gemmulaire. 

Ces cing faisceaux s’élévent dans Vembryon. A une cer- 
taine hauteur, deux d’entre eux se réunissent, de sorte qu'il 


(1) Scorr and SARGANT, loc. cit. 


Se ee ee Ee ee ee ee Fe ea PT NE D I eee SOUS VOIRE 


L'EMBRYON ET LA GERMINATION DES ARACEES 161 


n’en reste que quatre. Plus haut encore, il n’y en a plus que 
trois, puis deux qui disparaissent l’un après l’autre. 

Ces faisceaux sont encore assez peu différenciés, mais ils 
présentent, cependant, quelques cloisonnements de nature 
secondaire. 

GERMINATION. — La germination est marquée, au début, 
par l'allongement de l’ensemble de l'embryon, qui apparaît 
au dehors par son extrémité radiculaire. 

Chez l’A. italicum (Pl. IV, fig. 5, 6, 7), cet allongement se 
poursuit pendant quelque temps, puis la partie radiculaire de 
la jeune plantule grossit, et gemmule et radicule s’en échap- 
pent bientôt. 

De chaque côté de la plumule, les bords de la fente cotylé- 
donaire, entre lesquels elle s’échappe, prolifèrent un peu en 
une ligule peu développée. La radicule devient contractile et, 
au-dessus, la plantule se renfle pour concourir à la formation 
du jeune tubercule. D’après Scott et SARGANT, ce renflement 
est encore plus marqué chez l’Arum maculatum (PI. IV, fig. 3 
et 4). La première feuille est différenciée en un pétiole et 
en limbe ovale aigu de forme différente du limbe des feuilles 
adultes, qui est sagitté. 

La partie de l'embryon restée dans la gaine s’accroît en 
digérant la réserve amylacée, dont elle prend la place. Elle 
constitue le suçoir. C’est ce qu’on observe par exemple chez 
Arum palæstinum (PI. IV, fig. 10). 

ANATOMIE DE LA GERMINATION. — L’allongement général 
de l’ensemble de l’embryon se produit grâce à l’allongement 
de chacune des cellules qui le composaient. Celles-ci, en effet, 
s’accroissent beaucoup dans le sens de la longueur, et cet 
accroissement est accompagné d’une disparition presque com- 
pléte du protoplasma, qui se réduit à une mince pellicule 
collée contre la paroi cellulaire. | 

L’allongement des cellules est accompagné d’un accroisse- 
ment de leur diamètre transversal. L’extrémité radiculaire 
s’accroît aussi beaucoup en diamètre, pendant que la radicule 
et la gemmule achèvent leur différenciation. Cet allongement 
général étant terminé, la gemmule et la radicule s’accroissent 
à leur tour. | 

ANN. DES SC. NAT. BOT., 40e série. 1921, 11, 11 


162 | RL CANIN en 


Le début de l’accroissement de la radicule est marqué par 
l’exfoliation des quelques assises de cellules embryonnaires, 
qui, du côté du suspenseur, séparent de l'extérieur la pointe 
de la radicule. aoe 

L’assise pilifére, ainsi qu’il a été dit plus haut, se raccorde 
latéralement avec l’épiderme général de l’embryon. 

La gemmule s’échappe par la fente cotylédonaire, dont les 
bords prolifèrent légèrement autour de sa base, formant une 
ligule à peine marquée. 

Le suçoir s’accroit également par suite de l'augmentation 
de volume des cellules qui le composent, sans qu'il se pro- 
duise de néoformations. Les faisceaux libéro-ligneux qui se 
trouvaient dans l’embryon entourant la gemmule achèvent 
leur développement. Il s’y produit des cloisonnements secon- 
daires, et ils s’accompagnent bientôt d’un cordon de collen- 
_chyme (PI. IX, fig. 2), disposé au-dessous de l’épiderme et à 
hauteur du faisceau. Ce collenchyme se retrouve dans le 
pétiole et la gaine de la feuille cotylédonaire. 


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CONCLUSIONS 


EMBRYON. 


1. Rarement réduit à l’état de proembryon (Caladium), l’em- 
bryon peut être peu différencié (Spatiphyllum). Dans les 
_ autres genres étudiés, il présente un degré de différenciation 
plus élevé. | 

2. La graine est pourvue d’albumen chez les Anthurium, 
Spatiphyllum, Zantedeschia, Arum. Les genres Aglaonema, 
_ Nephtytis, Dieffenbachia n’en possèdent pas. 

3. I] existe typiquement un faisceau central chez les Anthu- 
rium et Spathiphyllum. Le nombre des faisceaux est variable 
selon le niveau chez Zantedeschia (1, 3,5) et Arum (1, 2, 3, 4, 5). 
Les faisceaux sont isolés (Vephtytis) ou disposés en cercle 
(A glaonema). . 

Beaucoup de ces faisceaux présentent des cloisonnements 
de nature secondaire. 

4. Il y a deux types de protection périphérique de l’em- 
bryon : 

a. Formations secondaires subéreuses (Aglaonema, Neph- 
tytis, Dieffenbachia) ; 

b. Epiderme dans les autres genres étudiés. 


GERMINATION. 


Les détails particuliers de la germination sont exposés a 
propos de chaque genre. 

D’une manière générale, la plantule est courbe. 

Il se développe un suçoir qui digére l’albumen au cours du 
développement. 
_ Dans certains cas, il n’existe pas de racine principale; elle 


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est remplacée par ae racines latérales (A glaonema, Nephtytis\. À 
qui sont quelquefois déjà formées dans la graine (Nephtytis).3 oa 
La tuberculisation de la plantule chez les Arum mérite : 
d’être signalée. A 
Des cas de polyembryonie (Aglaonema, Diefovbarn se. 4 
rapprochent de ceux que l’auteur a observés chez quelques 4 
Palmiers. | 


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EXPLICATION DES PLANCHES 


PLANCHE I 


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Anthurium Scherzerianum Schott. 


1. Coupe longitudinale de la graine. 

2. Coupe transversale de l’embryon. 

3. Coupe longitudinale de la graine en germination. 
4 à 7. Début de la germination. Gr. : 2 fois. 

8. Plantule développée, grandeur naturelle, 


Anthurium pedato-radiatum Schott. 


9 et 10. Développement de la plantule, grandeur naturelle. 


t, tégument de la graine. 
e, embryon. 
o, raphides. 
€, cylindre central de la radicule. 
ap, assise pilifère de la radicule. 
fx, faisceaux de l'embryon. 

p, gemmule dans sa fente. 

g, graine. 

r, radicule. 

Ss, sucoir. 


PLANCHE II 


Anthurium Scherzerianum Schott. 


4. Coupe longitudinale dans la partie radiculaire de l'embryon. 


Arum palæstinum Boiss. Damm. 


2. Coupe longitudinale dans l’extrémité radiculaire de l’embryon. 
cc, cylindre central de la radicule. 

ap, assise pilifère de la radicule. 

gr, gaine radiculaire. 

ec, écorce de la radicule. 

ep, épiderme de l'embryon. 


PLANCHE III 
Nephtytis liberica N. E. Br. 


1. Coupe transversale à la périphérie de l'embryon. 
2. L’embryon, grandeur naturelle. 
3. Le même, vu du côté de la plumule et plus grossi. 


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166 C.-L. GATIN 3 Bees. 


Anthurium longifollum G. Don. 


4. Schéma d’une coupe transversale de l’embryon au niveau de la gemmule. 
5. Schéma d’une coupe transversale de l’embryon au niveau de la radicule. 
6. Coupe transversale dans la région radiculaire. 
Anthurium acaule Schott. 
7. Coupe longitudinale schématique de l’embryon. 
ep, épiderme. 
s, liège. 
a, parenchyme assimilateur. 
p, plumule. 
l, cellules à mucilage. 
h, assise sous-épidermique. 
fx, faisceaux libéro-ligneux. 
cc, cylindre central de la radicule. 
ap, assise pilifère. 
o, cellules à raphides. 


PLANCHE IV 


Acorus gramineus Ait. 


1. Embryon, grossi 60 fois, d’après Mücke. 
2. Plantule, grossie 5 fois et demie, d’après Mücke. 


| Arum maculatum L. 


3 et 4. Trois états successifs de la germination, d’après Scott et Sargant, 
grandeur naturelle. 


Arum italicum Mill. 


5, 6 et 7. Trois états successifs de la germination. 


Arum palestinum Boiss. Damm. 


8. Début de la germination, grandeur naturelle. 


Nephtytis liberica N. E. Br. 


9. Début de la germination, grossi d’un tiers. 


Pothos insignis, Engl., d’après Tschirch. 
10. Coupe longitudinale de l’embryon. | 
11. Partie radiculaire du même, plus grossi. 
Anthurium Scherzerianum Schott. 


12. Coupe longitudinale dans le bourrelet d’une graine en germination, 


Anthurium pedato-radiatum Schott. 


- 


13. Détail d’une jeune plantule montrant la gaine ascendante, grandeur 
naturelle. LS £ 


EXPLICATION DES. PLANCHES ae LOT 


Anthurium acaule Schott. 


14. Coupe transversale schématique dans la partie supérieure de l’em- 
bryon. 


p, plumule. 

g, graine. 

c, pétiole ou gaine du cotylédon. 
t, tubercule. 

r, radicule. 

f, f', f?, feuilles successives. 

s, sucoir. | 

se, scutellum (Tschirch). 

w, radicule (Tschirch). 

cc, cylindre central de la radicule. 
fx, faisceaux libéro-ligneux du cotylédon. 
ap, assise pilifère. 

I, cellules à mucilage. 


PLANCHE V 


Spathiphyllum Schott. 


4. Coupe transversale schématique de la graine. 
2. Coupe longitudinale schématique de la graine, un peu moins grossie. 
3. Coupe longitudinale de l’extrémité radiculaire de l'embryon. 


g, graine. 

p, gemmule. 

e, embryon. 

fx, faisceaux libéro-ligneux de l'embryon. 
ep, épiderme de l'embryon. 

r, cylindre central de la radicule. 


PLANCHE VI 


Aglaonema oblongifolium Kunth. 


4. Fruit, vu de profil, grandeur naturelle. 

2. Embryon, vu du côté du raphé, un peu grossi. 

3, 4, 5, 6, 7, 8. Embryon trés grossi, montrant les divers stades du déve- 
loppement de la gemmule au cours de la germination. 

9. Plantule développée, grandeur naturelle. 

10. Plantule à deux gemmules, grandeur naturelle. 


P, plumule. 
r, racines. 
f, les deux petits lobes foliacés enveloppant la gemmule. 


PLANCHE VII 


Aglaonema oblongifolium Kunth. 


1 à 4. Coupes transversales schématiques dans l’embryon en s’éloignan’. 
de la gemmule. 
5. Coupe longitudinale, schématique, de la gemmule. 


168 C.-L. GATIN 


6. Coupe longitudinale dans l’embryon, montrant le périderme L. 
7. Faisceaux libéro-ligneux de l’embryon, en coupe transversale. 


Dieffenbachia sp. | 
8. Coupe longitudinale, schématique, dans le région micropylaire de l’em- 
bryon. 
1, liège. 


cs, cellules sécrétrices. 

o, cellules à raphides. 

f, écailles enveloppant la gemmule. 
r, racine. 


PLANCHE VIII 


Dieffenbachia sp. 


1. Plantule développée, grandeur naturelle. 
2. Plantule 4 deux gemmules, grandeur naturelle. 
3. Début de la germination, un peu grossi. 


Nephtytis liberica N. E. Br. 


4 et 5. Début du développement, très grossi. 
6. Jeune plantule, grandeur naturelle. 


Arum maculatum L. 


7. Coupe longitudinale, schématique de res 


j. c., faisceau cotylédonaire. 
P; plumule. 

ce, cylindre central. 

ap, assise pilifère. 
s,Suspenseur. 


PLANCHE IX 


Arum maculatum L. 


4. Coupe longitudinale schématique dans la partie radiculaire d’un em- 


bryon en germination. 


2. Coupe transversale dans la gaine cotylédonaire d’une plantule déve- 


loppée. 
Nephtytis liberica N. E. Br. 


3. Coupe longitudinale schématique de l’embryon montrant la disposition 


de la plumule. 


ap, assise pilifére. 

cc, cylindre central de la radicule. 
cp, épiderme de embryon. 

fe, faisceaux du cotylédon. 

k, cordon de collenchyme. 

l, ‘liber. 

bs bois. 

s, suspenseur. 


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| EXPLICATION DES PLANCHES — 


PLANCHE X 


Calla Æthiopica L. 


; ae dupe transversale, schématique, del’ embryon. 
2 Goupe longitudinale schématique, Celebi Me radioulaire de l’embryon. 


Caladium A grippine. 


nes 5. Le longitudinale de l’embryon. 
_, bords de la fente cotylédonaire. _ 

fx, faisceaux libéro-ligneux. 

p, plumule. 

+, cylindre central de la radicule. 

ep, épiderme. 


yg ap, assise pilifére de la radicule. 
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PLANCHE VI, 


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PLANCHE VII. | 
| ANN. DES SC. NAT. BOT., 40° série. 192 hit, 42 


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PLANCHE VIII. 


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PLANCHE IX, 


C.-L. GATIN 


PLANCHE x, 


SYMBIOSE ET TUBERISATION 


Par M. Joseph MAGROU 


INTRODUCTION (1) 


1. Cycle évolutif des plantes à tubercules. — Un granu 
nombre de plantes, au lieu d’atteindre par une évolution 
sraduelle leur forme adulte, ont un cycle évolutif comportant 
la succession de deux formes différentes ; on distingue alors, 
en général, une forme juvénile, prédominante ou exclusive 
au début, et une forme adulte, prédominante ou exclusive 
à la fin du développement. 

Un exemple classique de ce mode de développement 
« hétéroblastique » est fourni par les plantes à tubercules. 
Deux phases alternent dans l’évolution de ‘ces plantes : 
une phase de différenciation, caractérisée par le développe- 
ment de tiges feuillées et de racines de structure normale ; 
une phase de tubérisation, caractérisée par « un retard dans 
la différenciation histologique et morphologique des points 
végétatifs ou des bourgeons, coincidant avec la mise en 
réserve des aliments non utilisés pour la différenciation ». 

Cette définition dela tubérisation, due à Noël BERNARD [1], 
est largement compréhensive : elle englobe non seulement le 
cas des plantes à tiges ou à racines renflées, mais encore le 
cas des plantes à bulbes ou à rhizomes, ou, plus généralement, 
des végétaux pourvus d'organes pérennants. Ainsi comprise, 
la tubérisation apparaît comme un phénomène d’une grande 
généralité, et l’on peut se demander si son existence chez les 


(1) Les numéros entre [ ] renvoient à l’Index bibliographique. 


182 J. MAGROU | 


espéces les plus diverses n’est pas le résultat d’une conver- 
gence, due à quelque condition de vie qui leur serait commune. — 


2. Facteurs physiques de la tubérisation. — En fait, la 
propriété de produire des tubercules est au nombre des 
caractères dont l’apparition peut dépendre de l’action de 
facteurs externes. Il est facile, dans des conditions de culture 
bien définies, de provoquer a eae la tubérisa- 
tion d’un grand nombre d’espèces en les soumettant à l’in- 
fluence de facteurs physico-chimiques simples, notamment 
en élevant artificiellement la concentration de leur sève. 


De telles expériences renseignent sur le mécanisme physique 


de la tubérisation ; elles peuvent, dans une certaine mesure, 
expliquer la formation de tubercules chez des plantes cul- 
tivées, soumises à des soins culturaux qui ont pour effet 
d'augmenter la concentration du milieu nutritif. Mais les 
conditions ou elles sont réalisées (cultures dans des solu- 
tions concentrées de glucose ou d’autres produits chimiques) 


sont trop particulières pour rendre compte de la tubéri- 


sation des plantes sauvages, qui vivent communément aux 
dépens de milieux nutritifs pauvres. S'il est vrai que, dans 
les conditions naturelles de vie, la production des tubercules 
soit sous la dépendance d’un facteur externe, ce facteur doit 
être d’ordre aussi universel que la tubérisation même. 


3. La symbiose, — Dès le début de ses recherches sur 
la symbiose, Noël BERNARD a suggéré que la tubérisation 
était une conséquence et un symptôme de l’infestation des 
racines par des Champignons filamenteux endophytes. La 


vie en commun des plantes supérieures avec des Champignons 


est un phénomène très répandu ; or il est remarquable que 
ces cas de symbiose, dont on a reconnu l’existence chez la 
presque totalité des plantes vivaces sauvages, font défaut 
chez les plantes annuelles. Il n’était done pas invraisemblable 
de penser, a priori, qu’une infestation parasitaire ait pu être 
cette circonstance naturelle amenant à l’état vivace les plantes 
arrivées aujourd’ hui à se reproduire Uo par tuber- 
cules. 


ee a a, ee ee pin 


3 
4 


SYMBIOSE ET TUBERISATION ~ 183: 


4. Cas des Ophrydées. — Noël BERNARD a réussi à démontrer 
cette hypothèse dans le cas des Orchidées. On sait que les 
plantes de cette famille hébergent régulièrement des Cham- 
pignons dans les cellules de leurs racines. Or, ce sont toutes 
des plantes vivaces, à tubercules ou à rhizomes, et, chez la 
plupart d’entre elles, l’alternance des phases de différen- 
ciation et de tubérisation est particulièrement marquée. 
Par une étude attentive du cycle évolutif, portant surtout 
sur des représentants de la tribu des Ophrydées, Noël BE- 
NARD [4] a d’abord reconnu l'existence d’une corrélation : 
étroite entre la symbiose et la tubérisation. 

Une Ophrydée adulte produit, tous les ans, au moins un 
tubercule qui s’isole au cours du printemps, entraînant le 
bourgeon qui l’a formé. Ce bourgeon se développe activement 
à la fin de l'été; il différencie une tige feuillée et souvent une 
hampe florifère ; à l’aisselle des feuilles inférieures apparais- 
sent des bourgeons qui ont d’abord un aspect normal et 
forment leurs premières feuilles. Cette période de différen- 
ciation est en même temps une période d'autonomie ; le tuber- 
cule est, en effet, indemne d’infestation, et les racines absor- 
bantes éphémères qui, chez les Ophrydées, sont seules 
envahies par le Champignon, n’ont pas encore fait leur appa- 
rition. Ces racines sortent de la base de la tige à la fin de 
septembre et, dès qu’elles ont atteint quelques centimètres 
de long, elles sont pénétrées par les endophytes venus du sol. 
Dès lors, le mode de développement change brusquement. 
Les bourgeons axillaires cessent de produire de nouvelles 
feuilles, et, dès le mois d’octobre, l’un d’eux au moins se 
renfle en un tubercule qui grossit rapidement. Quant aux 
autres, 1ls meurent souvent sans s’être différenciés davantage: 
mais, s’il arrive qu'ils se développent, c’est toujours en se 
tubérisant. Au cours de cette seconde période, qui s’étend 
d'octobre à juin, la plante ne différencie plus de parties 
nouvelles ; elle se borne à déployer au printemps les feuilles 
et les fleurs qu’elle avait formées à l’automne, mais tous ses 
Jeunes bourgeons se montrent incapables de produire des 
rameaux : ils meurent ou se tubérisent. Pendant toute la 
durée de la phase de tubérisation, les racines de la plante 


184 J. MAGROU 


sont largement envahies par les Champignons. Le mode 
particulier de croissance qui a pour résultat la formation des 
tubercules apparaît donc lié a l’infest:tion des racines. Chez 
les nombreuses Orchidées qui ont, à l’état adulte, un cycle 
évolutif comparable à celui des Ophrydées, on retrouve 
la même relation entre l’infestation et la tubérisation; les 
périodes de différenciation sont toujours des périodes d’au- 
tonomie, et, par contre, les tubercules ou articles de rhizomes 
ne se forment jamais qu'après l'invasion des racines par les 
Champignons. 


>. Tubérisation précoce des Orchidées. — L'influence de la 
symbiose sur le développement a pu être démontrée par 
des expériences décisives, du jour où Noël BERNARD [4, 5] 
a réussi à isoler en cultures pures les endophytes des Orchidées. 
Ces Champignons, rapportés par Noël BERNARD au genre 
Rhizoctonia, se groupent en trois espèces, dont l’une (R. repens) 
est commune à un grand nombre de genres d’Orchidées, 
tandis que les deux autres (A. lanuginosa et R. mucoroides) 
sont spéciales 4 un petit nombre de genres hautement diffe- 
renciés. Les graines rudimentaires des Orchidées, à embryon 
indifférencié et dépourvues de réserves, sont incapables de 
germination autonome. Prélevées aseptiquement dans fe 
fruit mdr, et semées sur des milieux nutritifs convenables, 
dans des tubes stérilisés et maintenus à l’abri de l’invasion 
des microorganismes, elles restent indéfiniment inertes, — 
ou tout au plus arrivent à gonfler légèrement et à verdir. 
Mais, dès que l’on introduit dans le tube de culture le Rhi- 
zoctonia convenable, les filaments de ce Champignon pénètrent 
les embryons, et la germination commence aussitôt. Or ces 
graines, qui ne sont capables de germer qu'après l’invasion 
de leurs cellules par le mycélium symbiotique, ont un mode 
de développement aberrant par rapport à celui des autres 
végétaux ; au lieu de produire, comme les graines qui ger- 
ment sans le concours de Champignons, des plantules gréles, 
enracinées dans le sol et pourvues d’une tige a feuilles espacées, 
elles se renflent, dès le début de leur développement, en un 
petit tubercule bientôt surmonté d’un bouquet de feuilles. 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 185 


Chez de rares Orchidées, telles que le Bletilla hyacinthina, la 
germination peut se faire avec ou sans Champignons ; en 
l’absence de Rhizoctones, les graines de Pletilla donnent 
des plantules élancées et grêles, analogues aux formes juvé- 
niles de la plupart des végétaux; associées aux Champignons, 
elles germent au contraire, comme les autres Orchidées, en 
un tubercule embryonnaire. | 


6. La théorie de Noël Bernard. — Ces expériences montrent 
d’une façon décisive que la tubérisation précoce des plan- 
tules d’Orchidées est liée à la haute adaptation de ces plantes 
à la symbiose, qui, pour la plupart d’entre elles, est obli- 
gatoire dès le début de la vie. Des formes juvéniles tubérisées 
très comparables à celles des Orchidées existent d’ailleurs 
chez les Lycopodiacées, les Ophioglossées et les Psilotacées ; 
chez ces Cryptogames vasculaires inférieures, le prothalle, 
aussi bien que l’embryon, ne peut se développer qu'avec le 
concours de Champignons symbiotiques, et l’un et l’autre 
ont la forme et la structure des plantules tubérisées d’Or- 
chidées. Il ne saurait s’agir en pareil cas d’une ressemblance 
phylogénétique ; seule la symbiose, qui réalise pour ces deux 
oroupes de plantes une condition de vie commune, peut 
rendre compte d’une si parfaite analogie entre des êtres aussi 
distants. : 

S'appuyant sur ces phénomènes remarquables de conver- 
gence, et d'autre part sur les études statistiques qui révèlent 
l’existence à peu près constante de mycorhizes chez les plantes 
sauvages pourvues d'organes pérennants, Noël BERNARD 
a proposé d'envisager l’apparition defl’état vivace comme une 
conséquence de la haute adaptation des plantes à la vie 


commune avec des Champignons ; il a déduit de cette concep- 


tion une théorie générale de l’évolution du règne végétal 
sous l'influence de la symbiose [5]. Cette manière nouvelle 
d'envisager le problème de l’origine des espèces ouvre à la 
recherche expérimentale de vastes domaines. En faisant 
entrevoir le déterminisme de l’apparition de l’état vivace 
chez le sporophyte des plantes supérieures, elle pose, entre 
autres, le problème de l’origine des plantes vasculaires. 


186 “sy MAGROU 


7. Objet du travail. — Avant d'aborder l’étude expéri- 
mentale de questions aussi générales et, sans doute, aussi 
ardues, il est utile de rechercher au préalable si l'hypothèse 
de l’origine parasitaire des organes pérennants, démontrée 
dans le cas des Orchidées, peut être vérifiée directement 
dans d’autres groupes de végétaux. 

C'est à de tels essais de vérification expérimentale que 
sera consacré le présent travail. J'espère montrer, par l’his- 
toire de la Pomme de terre, de l’Orobus tuberosus et des — 
Mercuriales, que, chez des plantes fort éloignées des Orchidées, 
la symbiose agit sur le développement dans le sens prévu 
par Noël Bernarp. S'il en est ainsi, un nouvel argument sera 
fourni à l’appui de la doctrine qu'il a formulée. Ainsi étayée 
par des faits nouveaux se rapportant à des cas variés, cette 
doctrine pourra paraître un guide plus sûr pour l'étude des - 
problèmes les plus élevés de la biologie générale. 


En terminant cet exposé historique, il importe de bien 
préciser la signification à attribuer au mot de symbiose. Ce 
terme est communément dévié de son sens étymologique et 
implique, pour beaucoup de naturalistes, la croyance à une 
association mutualistique à bénéfices réciproques pour les 
deux êtres associés. En fait, comme l’observe Noël BERNARD, 
dans la plupart des cas de symbiose, on sait seulement que 
l’association des microorganismes et des plantes est intime 
et habituelle. C’est dans ce sens purement objectif d'union 
intime et durable, et sans aucune arrière-pensée finaliste, 
que la symbiose sera envisagée dans ce qui va suivre. Ainsi 
compris, les phénomènes groupés sous ce vocable rentrent 
dans le cas général des associations entre microbes et êtres 
supérieurs dont les maladies infectieuses représentent une 
modalité fréquente. 

Partant de la; j’examinerai, du point de vue de la patho- 
logie comparée, les lois qui, dans la symbiose, règlent les 
rapports réciproques du parasite et de l’hôte. 

Je me suis placé, dans tout le cours de ce travail, au point — 
de vue évolutionniste qui a dominé les recherches de-Noél | 
BERNARD. L’étude histologique des mycorhizes des plantes 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 187 


adultes, telle qu’elle a été souvent pratiquée, offre, en effet, 
peu de ressources pour comprendre les origines de la symbiose 
- et son retentissement sur l’évolution des êtres qui s’y trou- 
| vent soumis. Pour chacun des cas étudiés ci-dessous, l’his- 
toire du développement sera retracée, autant que possible, 
à partir de la germination de la graine, et des cultures com- 
paratives en présence et en l’absence du Champignon sym- 
biotique permettront d’apprécier l'influence de la symbiose 
sur le cycle évolutif. 


CHAPITRE PREMIER 
SYMBIOSEET TUBÉRISATION CHEZ LA POMME DE TERRE 


8. Comparaison de la Pomme de terre et des Ophrydées. — 
Si la relation entre la tubérisation et la symbiose, découverte 
par Noël Bernarp chez les Orchidées, offre quelque degré 
de généralité, la Pomme de terre est une des plantes chez 
lesquelles on devait être d’abord tenté d’en vérifier l’exis- 
tence. Le cycle évolutif de la Pomme de terre, à l’état adulte, 
est, en effet, exactement superposable à celui des Ophrydées 
venues de tubercules. Un tubercule de Pomme de terre, 
planté dans le sol, commence par différencier ses bourgeons 
en tiges feuillées portant ou non des ébauches florales ; des 
bourgeons de second ordre situés à la partie inférieure des 
tiges évoluent en stolons grèles souterrains, qui souvent 
se redressent à leur extrémité et sortent du sol en donnant 
des rameaux feuillés aériens. Cette période de différenciation 
active a une durée variable suivant la variété considérée ; 
puis, brusquement, le mode de développement change : les 
bourgeons terminaux des jeunes stolons souterrains cessent 
de se différencier en tiges grèles ; ils se renflent en tubercules, 
où s’accumulent d’abondantes réserves amylacées. En même 
temps, les bourgeons aériens sont complètement arrêtés 
dans leur développement; ils déploient encore les feuilles et les 
fleurs qu’ils avaient déjà formées, mais ne différencient plus 
de parties nouvelles, et tout l’appareil aérien de la plante ne 
tarde pas à se faner, le plus souvent sans avoir mari ses fruits. 

L’alternance des phases de différenciation et de tubérisa- 
tion est donc ici aussi nettement marquée que chez les Ophry- 


s pi, 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 189 


dées, et il était naturel de penser qu’elle était sous la dépen- 
dance du même déterminisme. Aussi, dès ses premiers tra- 
vaux, Noël BERNARD [1] a-t-il tenté de pousser plus loin la 
comparaison entre les Orchidées à tubercules et la Pomme de 
terre, en recherchant s’il y avait chez cette dernière plante 
une infestation cryptogamique des racines coincidant avec la 
tubérisation. Mais, tandis que des recherches de cet ordre, 
poursuivies parallèlement chez les Orchidées, aboutissaient 
très vite aux plus brillants résultats, elles se heurtaient dans 
le cas de la Pomme de terre à de sérieuses difficultés. 

Dans les racinés de la Pomme de terre cultivée, on trouve 
bien, çà et là, quelques Champignons filamenteux, mais leur 
présence est irrégulière et leur développement faible. D’autre 
part, ces Champignons n’ont ni la localisation précise, ni 
l’aspect très particulier qui caractérisent les endophytes 
des plantes à mycorhizes. Noël BERNARD [1] a étudié expé- 
rimentalement l’action d’un Fusarium isolé des racines ainsi 
infestées ; en le répandant dans le sol, au pied de Pommes 
de terre en voie de développement, il a bien provoqué une 
apparition plus précoce des tubercules, mais non les résul- 
tats décisifs qu'il escomptait. Après une longue étude, il 
était arrivé à se convaincre que les infestations constatées 
chez la Pomme de terre cultivée n'étaient que des « associa- 


tions banales, sans permanence, sans fixité, sans effet no- 


table », et qu’elles n’avaient rien de commun avec les myco- 
rhizes proprement dites qu’il espérait découvrir dans ce cas. 

Devant cette constatation, fallait-1l abandonner une hypo- 
thèse qui Se montrait féconde dans l'étude des Orchidées 
et qui peimettait de coordonner d’une manière satisfaisante 


_ de nombreux faits relatifs aux plantes les plus variées ? Noël 


BERNARD ne l’a pas pensé, et, confiant dans la valeur desinduc- 
tions qui l’avaient guidé, il reprenait l’étude du problème 
d’un point de vue nouveau. 


9.. Les mycorhizes des « Solanum ». — Chez la plupart des 
plantes à mycorhizes, les endophytes sont strictement 
localisés dans les racines absorbantes et n’envahissent ni 
les tubercules ni les rhizomes. Si, dans des conditions nor- 


190 J. MAGROU 


males de vie, la Pomme de terre hébergeait des Champignons 


symbiotiques, il n’est donc pas étonnant que, propagée depuis 
des siècles par la culture au moyen de tubercules dépourvus 
de Champignons, et transplantée sans cesse dans des terrains 
nouveaux, fort éloignés de son habitat naturel, elle se soit 
à la longue affranchie de son commensal. Ce n’était donc pas 
chez nos Pommes de terre cultivées et transplantées, mais bien 
chez leurs ancêtres sauvages, prélevés dans leurs stations 
naturelles sud-américaines, que l’on pouvait espérer découvrir 
le Champignon prévu par l'hypothèse. “ 

N’ayant pu tout d’abord se procurer les matériaux néces- 
saires pour cette étude, et s’appuyant sur ce fait, constaté 
chez les Orchidées, qu'un même endophyte peut être com- 
mun à un grand nombre d’espèces de la même famille, Noël 
BERNARD eut l’idée de rechercher si la symbiose qu'il pré- 
voyait ne se retrouverait pas chez les congénères vivaces 
de la Pomme de terre qui n’ont pas été soumis à la culture. 
Déjà M. Janse [18] avait décrit chez le Solanum verbascifolium 
des forêts vierges de Java des mycornizes parfaitement 
caractérisées. Noël BERNARD [7, 9] a entrepris à ce point de 
vue une étude de nos Douces-Amères indigènes, et, confor- 
mément à ses prévisions, il a retrouvé dans leurs racines une 
large infestation par un Champignon de même type, dont 
il a donné une description histologique détaillée. 


10. Le «Solanum Maglia ». — Avec Me Noël BERNARD [10], 
nous avons pu vérifier directement l'hypothèse de l’infesta- 
tion de la Pomme de terre sauvage, en étudiant un pied de 
Solanum Maglia, récolté au Chili dans une station naturelle 


éloignée de toute culture. Parmi les nombreuses espèces de — 


Solanum tubérifères sauvages originaires de l’Amérique, 
le Solanum Maglia est celle qui se rapproche le plus du 
Solanum tuberosum cultivé. Il n’en diffère guère que par son 
port, et par ses tubercules, qui, portés à l'extrémité de longs 
stolons, sont petits, à peau lisse, rougeâtres, à chair aqueuse. 
Mais ses fleurs à sépales prolongés par une pointe et à corolle 
rotacée, ses fruits sphériques, sont identiques aux fleurs et 
aux fruits du Solanum tuberosum. Aussi DARWIN considé- 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION ~ 191 


rait-il cette plante comme le type sauvage de nos Pommes 
de terre comestibles. À l’époque de la découverte de l’Amé- 
rique, la Pomme de terre était cultivée depuis un temps 
immémorial dans les régions montagneuses du Chili et du 
Pérou; il est vraisemblable qu’elle dérivait de l’adaptation à 
la culture, réalisée à une époque lointaine, d’un type spontané 
identique ou analogue au Solanum Maglia. — 
Or, chez cette dernière espèce, nous avons constaté l’exis- 
tence d’une infestation par un endophyte du type décrit 
par Noël Bernarp chez le Solanum Dulcamara et par 
M. Janse chez le Solanum verbascifolium. Le Champignon 
envahit largement les fines radicelles ; 1l forme dans les assises 
moyennes de l’écorce des plages infestées étendues, où l’on 
retrouve, avec toute la netteté désirable, les pelotons, les 
arbuscules et les sporangioles caractéristiques des Champi- 
gnons de mycorhizes. Cette observation démontre que, con- 
formément aux prévisions de Noël BERNARD, la Pomme de 
terre dérive d’ancétres normalement soumis à la symbiose 
avec des Champignons endophytes. La disparition du micro- 
organisme commensal chez le Solanum tuberosum cultivé 
nest qu'un accident, dû à la mise en culture de la plante et 
à sa transplantation constante dans des terrains nouveaux. 
Toutefois,.s1, dans ce cas encore, il y a relation de cause à 
effet entre la symbiose et la tubérisation, il peut paraître 
étonnant que les Pommes de terre aient continué à produire 
des tubercules après s’étre affranchies de leurs hôtes. Il est 
probable quwilintervient ici quelqu’une de ces actions physico- 
chimiques que l’on sait capables de suppléer à la symbiose 
et de provoquer la tubérisation en l’absence de microor- 
ganismes. Chez les Orchidées même, Noël BERNARD a réussi 
à substituer à la symbiose, pourtant obligatoire dans les 
conditions naturelles de vie, l’action de milieux de cultures 
concentrés, et a obtenu par ce moyen la germination des 
graines et la tubérisation des embryons. Les soins agricoles, 
tels que la fumure du sol, auxquels les Pommes de terre sont 
soumises dans la culture, ont précisément pour effet d’aug- 
menter la concentration du milieu nutritif où elles végètent, 
tandis que la sélection rigoureuse des semences ne laisse sub- 


192 J. MAGROU 


sister, à chaque génération, que les individus les plus sensibles 
à l’action des conditions artificielles de vie réalisées par les 
agriculteurs. Il est vraisemblable qu’en l’absence de sélec- 
tion et de soins culturaux, les Pommes de terre cesseraient 
à la longue de tubériser. En fait, des exemples de semblables 
dégénérescences sont bien connus et montrent que la pro- 
priété de produire des tubercules ne s’est pas maintenue sans 
peine chez ces plantes. Au xvirre siècle, au moment où, grace 
aux efforts de PARMENTIER, la culture de la Pomme de terre 
commençait à se propager largement en France, il était fré- 
quent d'observer des champs entiers ou tous les pieds pro- 
duisaient en abondance des tiges feuillées, des fleurs et des 
fruits, mais ne formaient pas de tubercules. 

DE L’ESCLUSE, qui, le premier, cultiva la Pomme de terre 
en Europe, à la fin du xvi® siècle, signale que les plantes issues 
de graines évoluaient de même sans tubériser. (C’est, dit 
Noël BERNARD [7], grâce à des efforts méthodiques ou incon- 
scients de sélection et de culture que les agriculteurs ont pu 
conserver à la plante sa propriété la plus utile, et 1l est fort 
probable qu'ici, comme en d’autres cas, les hommes ont sub- 
stituéà des circonstances naturelles des conditions tout autres, 
bien que capables d'entraîner des effets équivalents. 


11. Infestation expérimentale du « Solanum tuberosum ». — 
D'ailleurs, le Champignon capable de vivre en symbiose avec 
les Solanum étant découvert, il devenait possible de véri- 
fier expérimentalement son influence sur le développement 
de la Pomme de terre. A cet effet, j’ai semé des graines de 
Solanum tuberosum, appartenant pour la plupart a la variété 
«Jaune de Norvège», dans un sol prélevé à la campagne, dans — 
une lande inculte, au pied de Douces-Amères chez lesquelles 
l'existence de mycorhizes avait été préalablement constatée. 
Dans ce sol argileux pauvre, non additionné d’engrais, le 
développement s’est fait avec lenteur, et les plantes sont 
longtemps demeurées naines. Plusieurs d’entre elles ont été 
prélevées quelques semaines après le semis; elles avaient, 
au bout de ce temps, déployé leurs cotylédons; detre premières 
feuilles étaient différenciées, et leurs racines commençaient 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION 193 


à se ramifier. L’examen histologique a montré, chez la plu- 
part de ces plantules, un envahissement des racines par un 
Champignon identique à celui qui, normalement, infeste la 
Douce-Amère et le Solanum Maglia. Le mycélium traverse 
sans difficulté l’assise pilifére;il est arrèté plus longtemps 
par l’assise subéreuse, qu'il arrive à pénétrer par un processus 
très particulier qui sera décrit plus loin (chap. IV, $ 27); 
après quoi, il se localise dans l’assise moyenne de l’écorce, 
ou il commence à se pelotonner. 

Dans les stades qui suivent la germination, les jeunes 
Pommes de terre se laissent donc pénétrer assez régulièrement 
par le Champignon et, jusque-là, les phénomènes du dévelop- 
pement sont les mêmes pour toutes, mais, par la suite, le 
sort de l’association ainsi ébauchée varie suivant les indi- 
-vidus ; aux différences que l’on constate dans la modalité de 
l'infection correspondent des différences dans le mode de 
développement de la plante. 


12. Influence de la symbiose sur le développement. — Des 
échantillons soumis à l'expérience ont été prélevés au bout 
de temps qui ont varié de quatre mois et demi à six mois et 
demi après le semis. À chaque prélèvement ainsi effectué, 
j'ai noté l'existence de deux types bien distincts de plantes. 
Chez les plantes du premier type, les bourgeons axillaires du 
nœud cotylédonaire et les autres bourgeons de la base de la 
tige s'étaient différenciés en rameaux grèles ; tantôt toutes 
les ramifications ainsi formées se dressaient hors du sol sous 
forme de tiges feuillées aussi développées que la tige princi- 
pale ; la plante prenait en pareil cas l’aspect d’un buisson 
touffu, abondamment ramifié dès la base (pl. I, fig. 1 et 2). 
Tantôt, quelques-uns seulement des rameaux nés de la base 
de la tige avaient évolué en branches aériennes; les autres 
s’ étaient développés en stolons souterrains ; mais ces stolons, 
trés allongés, terminés par un bouquet de petites feuilles et 
souvent redressés 4 leur extrémité, ne portaient en aucun cas 
trace de tubercules (PI. II et III, fig. 1). 

Chez les plantes du secondtype, au contraire, les bourgeons 


de la base de la tige, aprés une courte période d’élongation, 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 40° série, 192111, 13 


194 J. MAGROU 


avaient cessé de se différencier et s’étaient renflés en tuber- 
cules en arrière du bourgeon terminal. Les échantillons de 
cette catégorie, très différents des premiers, étaient done 
formés par un axe feuillé aérien unique, portant à sa base une 
touffe de courts stolons souterrains, renflés en tubercules 
à leur extrémité (Pl. I, fig. 3 et 4; Pl. IT et III, fig. 2). 

L’examen de coupes en série pratiquées dans les racines 
chez des échantillons de Pun et de l’autre type a montré 
qu’a chacun des deux modes de végétation correspondait 
une réaction différente de la plante vis-à-vis du microorga- 
nisme envahisseur. Chez les plantes tubérisées, les racines 
sont largement envahies par le Champignon, qui forme, dans 
l’assise moyenne de l’écorce, des plages infestées vastes et 
nombreuses. Les troncs mycéliens principaux sont de calibre 
irrégulier ; ils ne sont pas cloisonnés, ou du moins ne pré- 
sentent que des cloisons rares et disposées sans ordre ; 1ls 
renferment un protoplasma réticulé et de nombreux noyaux 
(Pl. VI, fig. 2). Ils forment dans les cellules des pelotons 
moins serrés que ceux des Orchidées, d’où naissent des rameaux 
secondaires, qui se ramifient dichotomiquement en ramus- 
cules de plus en plus ténus. Ces fins rameaux dichotomes 
s’enchevêtrent d’une manière complexe, formant des buissons 
touffus qui remplissent la cavité des cellules (PL VI, fig. 3). 
De telles formations, connues sous le nom d’arbuscules, sont 
caractéristiques des Champignons de mycorhizes, 

A un stade ultérieur, les arbuscules s’altèrent et se trans- 
forment en corps de dégénérescence multilobés, réfringents 
et surcolorables, décrits par M. Janse chez d’autres plantes 
à mycorhizes, sous le nom de sporangioles (pl. VI: fig. 4 
et 5). Mais, dans les plages même où les arbuscules sont 
totalement détruits et transformés en corps de dégéné- 
rescence volumineux, les troncs mycéliens principaux restent 
bien vivants et continuent à propager l’infestation dans les 
cellules voisines. Chez les plantes tubérisées, une symbiose 
durable s’est donc établie entre l’endophyte et l'hôte qui 
l’héberge. | 

Il n’en est pas de même chez les Pommes de terre qui 
évoluent sans produire de tubercules : ici, le Champignon 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION © 195 


pénètre bien çà et là quelques cellules des racines, mais il 
est rapidement digéré par ces cellules et ne produit ainsi 
qu’une infestation très restreinte. Les plages infestées, 
rares et peu étendues, passeraient inaperçues sans un examen 
minutieux de coupes en séries, pratiquées dans la totalité 
des racines de la plante. Les Champignons qui les forment 
sont complètement détruits (Pl. VI, fig. 6) : les troncs mycé- 
liens sont surcolorables, rétractés, vidés de leur contenu 
protoplasmique ; les sporangioles manquent ou sont de petite 
taille, ce qui indique que les arbuscules ne se sont pas diffé- 
renciés, ou du moins n’ont pas eu le temps d’atteindre leur 
complet développement. Les plantes de cette catégorie, par 
une réaction d’immunité précoce et brutale (1), se sont 
affranchies de leurs hôtes dès leurs premières tentatives de 
pénétration ; elles ont ensuite parcouru tout le cours de leur 
évolution à l’état de vie autonome. | 
En résumé, parmi les plantes exposées à la pénétration de 
l’endophyte, celles qui se sont adaptées à la symbiose ont 
tubérisé les bourgeons terminaux de leurs rameaux secon- 
daires ; celles qui se sont affranchies du Champignon et ont 
mené une existence autonome ont différencié en rameaux 
feuillés les bourgeons de la base de la tige et n’ont pas pro- 
duit de tubercules (2). Or, chaque série d'expériences a porté 
sur des plantes appartenant à la même variété et cultivées 
dans des conditions identiques de terrain, d’aération et d’éclai- 
rement ; des échantillons de l’un et de l’autre type se rencon: 
traient communément dans le même pot ; la symbiose est 
donc le seul facteur qui ait varié chez les plantes en expé- 
rience, le seul par conséquent dont on puisse invoquer l’ac- 
tion pour expliquer les différences constatées dans le mode 
de végétation. | 


7 13. Culture aseptique de la Pomme de terre. — J’ai néan- 
moins, à titre de contrôle, tenté d’obtenir le développement 


(1) Les mécanismes d’immunité par lesquels les plantes détruisent leurs 
hôtes ou limitent leur progression sont étudiés dans le chapitre IV. 

(2) Les statistiques sur lesquelles se fondent ces conclusions sont résumées 
dans l’appendice, sous forme de tableaux. 


196 J. MAGROU 


de la Pomme de terre dans des conditions d’asepsie rigou- 
reuse. A cet effet, des graines ont été semées, après stérili- 
sation par l’eau oxygénée, sur un milieu nutritif gélosé (1} 
renfermé dans des tubes bouchés au coton et stérilisés. 
Malheureusement, ces conditions de culture se sont montrées 
très défavorables à l’élevage des plantules de Pomme de 
terre, qui, après plusieurs mois de végétation, étaient encore 
réduites à une tige feuillée grêle, filiforme, à feuilles espacées 
et complètement atrophiées. A la vérité, ces plantes aseptiques 
n'ont pas produit de tubercules, mais leur développement 
était trop anormal pour fournir un terme de comparaison 
utile avec les plantes infestées. Par contre, dans un essai du 
même genre, M. MorrrarDp [1] a réussi à obtenir des plan- 
tules de Pomme de terre bien développées sur des milieux 
minéraux additionnés ou non de glucose. Après cinq mois, 
les plantes cultivées dans ces conditions avaient développé 
une tige principale pourvue de feuilles de dimensions nor- 
males, et en aucun cas les rameaux secondaires de la partie 
inférieure de la plante n’avaient produit de tubercules. 
Ce n’est qu’en favorisant, au moyen d’un artifice particulier, 
l’absorption des sucres par les racines que M. MoLuiarD a 
pu obtenir des plantes aseptiques à tiges aériennes épaisses, 
chargées d’amidon, qu’il considère comme homologues de 
tubercules. 

Les conclusions que M. MozrrARrD tire de ces constatations 
seront rapportées avec plus de détails dans un chapitre 
ultérieur (chap. V, $ 38). Je ne retiens pour le moment de son 
expérience que ce fait, concordant avec les résultats exposés 
ci-dessus, que la Pomme de terre issue de graine, cultivée 
à l’abri de tout microorganisme, et en l’absence de tout artifice 
ayant pour effet d'augmenter la concentration de la sève, 
évolue sans produire de tubercules. | 


Les expériences qui font l’objet du présent chapitre n’im- 


pliquent pas que la symbiose soit le seul facteur capable d’en- 


trainer la tubérisation de la Pomme de terre. Il est vraisem- _ 


(14) Le milieu employé est le méme qui a servi pour les cultures aseptiques 
ad’ Orobus tuberosus, Sa composition est donnée ci-dessous (§ 15). 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 197 


blable que les agriculteurs qui propagent la plante par voie 
de semis réalisent empiriquement des conditions artificielles 
équivalentes et capables d’entrainer les mêmes effets. Les 
faits que j'ai rapportés indiquent tout au moins que, dans des 
sols pauvres, comparables aux milieux de culture que les 
plantes rencontrent communément dans la nature, la symbiose 
peut exercer une influence décisive sur la production des 
tubercules. [ls confirment par là, dans le cas particulier de 
la Pomme de terre, les vues générales de Noël BERNARD sur 
le déterminisme de la tubérisation. 


CHAPITRE II 
HISTOIRE DE L’ « OROBUS TUBEROSUS » 


14. Mode de végétation de la plante adulte. — L'Orobus 
tuberosus L. (1) est une Légumineuse printanière que l’on 


trouve localisée dans des stations bien limitées, générale- 


ment dans les sous-bois sablonneux. A l’état adulte, la plante 
est pourvue d’un abondant système de longues tiges souter- 
raines portant de place en place des renflements tubéreux. 
L’un de ces tubercules, vraisemblablement le plus ancien- 
nement formé, est plus volumineux que les autres ; de forme 
irrégulière, bosselé, il paraît résulter de la coalescence de 
plusieurs tubérosités élémentaires ; la surface en est rugueuse 
et la couleur noire (fig. 1, T). Tout le système souterrain de 
la plante rayonne autour de cette souche tubérisée primaire, 
qui donne naissance à un abondant chevelu de racines et à 
des tiges souterraines de deux sortes : les unes, les plus 
anciennes, sont colorées en noir; les autres, d'apparition plus 
récente, sont dépourvues de pigments. La plupart de ces 
rameaux portent, à plus ou moins de distance du gros tuber- 
cule d’où ils sont issus, des renflements en forme de toupie 
d’où naissent, au nombre de deux ou trois en moyenne, des 
rejets souterrains eux-mêmes tubérisés aux nœuds (fig. 1, 
t,, t,, t,). Les stolons se terminent dans le sol par un bourgeon 
non renflé, ou, aprés un trajet souterrain souvent fort long, 
Se redressent en tiges feuillées aériennes (fig. 41, /). 

L’étude anatomique des tubercules montre qu’ils ont une 
structure de tige typique ; on y trouve des faisceaux libéro- 
ligneux, au nombre de quatre en moyenne, disposés en croix 


(1) Syn.: Lathyrus montanus Bernh. = Lathyrus macrorhyzus Wimmer. 


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SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 199 


et se rejoignant au centre du tubercule. Chacun des faisceaux 
ligneux apparaît, en coupe transversale, extrêmement étroit 


Fig. 1. — Orobus tuberosus adulte, en octobre. — T, tubercule primaire ; s, tiges sou- 
terraines ; £,, t3, ta, tubercules de deuxième, troisième et quatrième ordres ; f, tige 
feuillée aérienne. Réduit aux 2/3 de la grandeur naturelle. 


par rapport à sa longueur ; il est formé de deux à quatre files 
de vaisseaux disposés en rangées radiales, entremélés de 
quelques faisceaux fibreux. Il existe une assise génératrice 


200 J. MAGROU 


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libéro-ligneuse qui fonctionne au niveau des faisceaux et 
dans leur intervalle. Les rayons médullaires ont la forme de 
quadrants circonscrits par les faisceaux ; ils sont formés de 
grandes cellules parenchymateuses isodiamétriques, dis- 
posées en files radiales, et remplies de grains d’amidon. 
L’écorce, mince relativement aux dimensions du cylindre 
central, est formée de même d’un parenthyme amylacé, 
à l’exception de ses assises les plus externes, qui sont subé- 
rifiées. | | 

L'examen des coupes pratiquées à travers le gros tuber- 
cule bosselé que l’on trouve à la base de la plante montre 
qu'il renferme plusieurs systèmes vasculaires libéro-ligneux, 
affectant chacun la disposition qui vient d’être décrite, et 
réunis par des faisceaux anastomotiques. Ce tubercule a done 
bien la structure complexe que révélait son aspect extérieur : 
il est formé par la coalescence de plusieurs tubercules élé- 
mentaires. 

Les racines des plantes récoltées dans les stations naturelles 
hébergent constamment un endophyte, décrit pour la pre- 
mière fois par M. GALLAUD [17] (1). Cet endophyte présente 
tous les caractères des Champignons de mycorhizes; il a des 
troncs mycéliens volumineux, intercellulaires, qui rampent 


dans les méats suivant l’axe de la racine et donnent nais- : 


sance à des rameaux latéraux qui pénètrent dans les cellules 
corticales et s’y résolvent en arbuscules à ramifications 
dichotomiques d’une admirable netteté (Pl. VII, fig. 1). 
L’état de l’endophyte varie d’ailleurs, comme on le verra 
plus loin, avec la saison, et avec l’âge de la racine qui le 
ue 

L’Orobus tuberosus, en dépit de son infestation constante, 
a des graines capables de germination autonome, qui se déve- 


(1) Les individus soumis à la culture peuvent éventuellement s’affranchir 
de la symbiose. J’ei cherché les Champignons en vain dans un pied d’Orobus 
tuberosus provenant du jardin botanique de la Faculté de Pharmacie, que je 
dois à l’obligeance de M. Guignard. Dans la lettre jointe à l'envoi de cet échan- 
tillon, M. Guignard me signale que la culture de la plante est d’ailleurs assez 
aléatoire ; cela tient vraisemblablement à l’absence de lendophyte dans les sols 
où elle est bouturée. Ce retour à la vie autonome consécutif à la mise en cure 
est à rapprocher des faits observés chez la Pomme de terre. 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION 201 


loppent bien en milieu stérilisé. L’étude des cultures aseptiques 
permettra de préciser les homologies et le mode de formation 
des tubercules et fournira le moyen d’apprécier l’influence 
de l’endophyte sur le développement de la plante. 


15. Développement en milieu aseptique. — Des graines 
d’Orobus tuberosus, stérilisées par une immersion de six heures 
dans l’eau oxygénée, sont transportées aseptiquement sur 
des plaques de coton imbibées d’eau de source, préalable- 
ment stérilisées et renfermées dans des fioles de culture 
triangulaires. Les premières germinations apparaissent peu 
de jours après le semis, mais d’autres ne se produisent qu’au 
bout de plusieurs mois. Toute graine qui germe est aussitôt 
transportée, au moyen d’une anse de platine flambée, dans 
un large tube de culture renfermant le milieu nutritif 
suivant, stérilisé à l’autoclave : 


Snleteide MAGNESIUM . ns. ese ures ed ne Or, 5 

te des UN 4. 1. use Ron Ost 5 

DRAC CesPOCASSTUIN™. si. 505 oe 2 se clade 0. Ost 5 

Enospiate bipotassique.</. 2.4.0 6A see ees O8r,5 

nommé decalciums.....4....11..4.... os O8r,5 

HÉRUUMANE dé pOLASSIU, 2,520. ein 08st 5 

arolole FELTICOsPOLASSIQUG...-..ca%.« 42 08r,01 

Gélose à 8,7 p. 1 000 dans l’eau distillée ...... 41 000 cent.cubes (1). 


Les nombreuses graines qui ont été semées dans de telles 
conditions ont donné des plantules qui, cultivées aseptique- 
ment sur le milieu ci-dessus, ont évolué suivant un type 
uniforme. Les cotylédons, au moins au début et parfois 
pendant toute la durée du développement, restent inclus 
dans le tégument de la graine,et l’axe hypocotylé demeure 
court ; la germination se manifeste d’abord par l’apparition 
d’une radicule bientôt ramifiée et d’une tigelle qui se diffé- 
rencie en une haute tige feuillée, atteignant rapidement une 
hauteur de 10 centimètres en moyenne, à entre-nœuds al- 
longés, à feuilles bien développées et pourvues de deux fo- 
lioles ; cette tige primaire se bifurque souvent au niveau de 


(1) L’abaissement du point de congélation de cette solution minérale est 
égal à 00,09. La technique de la préparation de la gélose nutritive est donnée 
en appendice. 


1, Nie Aa 
SA 2" SN 


202 | | J. MAGROU 


son premier nœud et se ramifie en outre à des hauteurs 
diverses. Dès qu’elle a atteint ce degré de développement. 
(quatre-vingts jours en moyenne après la germination), 
on voit apparaître à la base de la plante deux bourgeons, 


situés chacun à l’aisselle de l’une des feuilles cotylédonaires. 


(fig. 2); ces bourgeons se différencient rapidement en hautes 
tiges feuillées, qui ne tardent pas à atteindre l’état de déve- 
loppement de la tige principale. Des bourgeons adventifs 


Fig. 2. — Base de la tige de deux plantules aseptiques d’Orobus tuberosus, en gélose,. 
cent dix-huit jours après la germination: — ¢, tégument de la graine ; ¢, c’, cotylédons ; 


b, 6’, bourgeons axillaires du nœud cotylédonaire, en voie de développement. 


Gr. = 4. 


continuent ensuite d’apparaitre successivement et en nombre 
indéfini à l’aisselle des cotylédons et se développent à leur 
tour en tiges feuillées (fig. 3). L'apparition et l’élongation des 
bourgeons axillaires du nœud cotylédonaire se produisent 
ainsi sans interruption jusqu’à la mort de la plante, qui finit 
par se dessécher après neuf ou dix mois de végétation (1). 

Ce mode de développement, caractérisé par la différen- 


ciation rapide des bourgeons adventifs de labase de latige, 


donne à la plante un port particulier : tous les pieds d’Orobus 


(1) On peut retarder de quelques mois la dessiccation totale en FT de 
femps en temps les cultures avec de l’eau stérilisée. 


203 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 


à tuberosus cultivés aseptiquement sont, en effet, très rameux 
dès la base et ont un aspect buissonnant caractéristique 


(IP. IV, fig. 1 et 2), rappelant celui des Pommes de terre 
he 


Fig. 3. — Parties basilaires d’Orobus tuberosus cultivés aseptiquement en gélose, mon- 
trant de nombreux rameaux aériens développés aux dépens des bourgeons du nœud 
cotylédonaire. — #, tégument de la graine ; c, cotylédons ; b, bourgeons en voie de 
différenciation. — Les plantules A, B, C et D sont âgées respectivement de quatre 


mois et demi, huit mois, neuf mois et un an. Gr. = 3,5. 


étudiées plus haut, qui, aprés destruction totale de leurs. 
endophytes, ont différencié leurs bourgeons adventifs en tiges 


_ feuillées non tubérisées. 


2014 ‘J. MAGROU 


16. Développement en présence de l’endophyte. — Le déve- 
loppement se fait selon un mode différent chez les plantes 
qui vivent en symbiose avec leur endophyte spécifique. I 
est facile de réaliser l’infestation expérimentale des plantules : 
il suffit pour cela de semer des graines dans un sol prélevé 
dans une station naturelle, au pied d’Orobus tuberosus 
infestés. Chez les jeunes pieds cultivés ainsi, la pénétration 
du Champignon s’effectue dans les stades qui suivent la 


Fig. 4. — A, plantule d’Orobus tuberosus, âgée de cing mois, développée en présence de 
Vendophyte : ¢, tubercule basilaire ; 7, racines. Réduit aux 2/3 de la grandeur natu- 
relle. — B, le tubercule de la même plante, grossi trois fois : r, racines. 


germination, aprés la différenciation des premiéres racines ; 
mais ici toutes les plantes envahies contractent avec l’endo- 
phyte une association durable ; on n’observe pas chez l’Orobe, 
comme chez la Pomme de terre, de cas d’immunité précoce, 
où la plante détruit d’embleée, et en totalité, les microor- 
ganismes envahisseurs. 

Chez ces plantes régulièrement infestées, les premiers 
stades du développement sont les mêmes que chez les plan- 
tules aseptiques ; la tigelle se différencie rapidement en une 
tige feuillée, puis un, ou rarement deux rameaux secondaires 
se développent à partir de bourgeons situés à l’aisselle des 
cotylédons. Après quoi, la différenciation des rameaux feuillés 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION 205 


basilaires s’interrompt, et la base de la tige, en une zone 
correspondant à l'insertion des cotylédons, se renfle en un 
petit tubercule en forme de toupie, de coloration brunâtre, 
semblable, toutes proportions gardées, aux tubercules de 
la plante adulte (fig. 4 et 5; Pl. V, fig. 1). Ce n’est qu’ultérieu- 
rement, après une période de repos plus ou moins prolongée, 
que ce tubercule peut « germer » en donnant une poussée de 
tiges feuillées aériennes (PL V, fig. 2). Après plusieurs mois 
de végétation, les plantes ainsi développées, avec leur appa- 


Fig. 5. — Tubercule basilaire d’une plantule d’Orobus tuberosus développée en présence 
de l’endophyte. Reconstitution d’après des coupes en série. — b, bourgeons avortés ; 
r, racines ; t, tige secondaire. Le trait pointillé indique le niveau de la coupe repré- 
sentée dans la planche V (fig. 3). Gr. = 17. 


reil aérien réduit à deux tiges feuillées et leur tubercule basi- 
laire, diffèrent profondément, par leur port, des plantes 
aseptiques de même âge, qui ont l'aspect de buissons touffus, 
abondamment ramifiés dès la base. 

La structure du tubercule basilaire des jeunes plantes 
issues de graines est essentiellement la même que celle des 
tubercules plus volumineux des plantes adultes (PL V, fig. 3). 
Le système vasculaire, très réduit, se compose de quatre 
faisceaux libéro-ligneux étroits, disposés en croix et confluents 
au centre du tubercule; entre les faisceaux, les rayons 
médullaires, qui représentent la plus grande partie de la 
masse du tubercule, sont formés par un parenchyme amy- 


206 J'MAGROU 


lacé, à grandes cellules isodiamétriques disposées en files 

radiales. Il existe une assise génératrice libéro-ligneuse. 

L’écorce, subérifiée sans ses couches superficielles, est amyli- 

fère dans la plus grande partie de son épaisseur. De plus, 

l’examen de coupes en série pratiquées au travers de tels 

tubereules montre qu’ils portent à leur surface, à des 
hauteurs diverses, des bourgeons rudimentaires, réduits à 

un méristème terminal et à quelques ébauches foliaires (fig. 5, 

et Pl. V, fig. 3). Les cellules de ces bourgeons ne manifestent : 
aucune tendance à la différenciation ni à l’élongation; les 

divisions de leurs méristèmes aboutissent seulement à la 

formation de cellules isodiamétriques amyliféres, qui con- 

tribuent à accroître l’épaisseur de l’écorce du tubercule. 

Chez les plantes aseptiques, la structure de la base de la tige 

est différente; on n’observe plus là, comme chez les plantes 

infestées, de retard dans la différenciation histologique et 

morphologique des points végétatifs ; les bourgeons adventifs 

de l’aisselle des cotylédons s’allongent dès leur apparition 

en pousses feuillées, dont il est aisé de suivre le développe- 

ment sur des coupes en série. De plus, l'écorce est 161 moins 

épaisse, les faisceaux libéro-ligneux sont plus nombreux et 
plus développés que chez les plantes tubérisées; enfin le 
dépôt de grains d’amidon dans les cellules des rayons médul- 

laires est irrégulier et faible. Seule, l'existence de formations 
secondaires libéro-ligneuses, qui est un trait de structure 
commun aux deux cas, rappelle les homologies de cette partie 
de la tige chez les plantes de l’un et de l’autre type. 


17. Expériences complémentaires. — Les pieds d’Orobus 
tuberosus diffèrent donc par leur forme et par leur structure 
selon qu’ils sont ou non infestés. Toutefois, on peut objecter 
à l'expérience précédente que la symbiose n’est pas le seul 
facteur qui ait varié dans les deux lots de plantes. Le renou- 
vellement de l'atmosphère est moins parfait dans les tubes 
bouchés au coton, où ont végété les plantules aseptiques, 
que dans les pots largement exposés à l’air, où les plantes 
infestées ont été cultivées; d’autre part, le milieu nutritif 
diffère dans les deux cas. Ces deux conditions peuvent n’avoir 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION 207 


pas été sans influence sur le mode du développement. Pour 
parer à cette objection, des graines en germination ont été 
transportées sur de la terre infestée placée au fond de tubes 
de mémes dimensions que ceux ou ont été faites les cultures 
aseptiques, et pareillement bouchés au coton. Le dévelop- 
pement a été dans ces conditions moins exubérant que dans 
les pots, mais il s’est fait suivant le méme type: la différen- 


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Fig. 6. — Parties basilaires d’Orobus tuberosus, cultivés en tubes en présence de l’endo- 
phyte. — g, graine ; ¢, tubercule. — A, plantule de huit mois ; B, plantule de neuf 
mois. Gr. = 3,5. 

ciation des bourgeons de l’aisselle des cotylédons ne s’est 

pas produite, ou s’est interrompue après la formation d’un 

ou de deux rameaux secondaires, et un petit tubercule ayant 

Ja forme et la structure précédemment décrites s’est développé 

à la base de la tige (fig. 6,et PI. IV, fig. 3). Une autre série 

de cultures a été faite dans des tubes renfermant de la terre 

de même provenance, mais stérilisée par chauffage à 1200. 

Ce milieu s’est montré très peu favorable aux jeunes plantes, 

qui n’y ont développé que des tiges naines, à feuilles réduites 

(Pl. IV, fig. 4); toutefois, chez les échantillons qui ont sur- 

vécu, l’évolution, au point de vue qui nous occupe, a été la 


208 | | J. MAGROU 


même que chez les plantes cultivées aseptiquement en gélose : 
des tiges feuillées se sont développées successivement et em 
nombre indéfini à partir des bourgeons adventifs du nœud 
cotylédonaire, et aucun tubercule ne s’est formé à la base. 
Après ces vérifications complémentaires, l’existence d’une 
corrélation entre la symbiose et la tubérisation apparaît 
hautement vraisemblable. 


18. Comparaison de 1’ « Orobus tuberosus» et de la Pomme de 
terre. — Le cycle évolutif de l’Orobus tuberosus est super- 
posable, dans ses traits essentiels, à celui de la Pomme de 
terre. A une phase juvénile, caractérisée par le développe- — 
ment d’une tige feuillée (ou d’un petit nombre de tiges) de 
structure normale, succéde dans les deux cas, chez les plantes 
infestées, une phase caractérisée par la tubérisation des 
bourgeons de la partie inférieure dela plante. Chez les plantes 
soustraites à l’action de l’endophyte, la phase de tubérisa- 
tion n’existe pas ; les bourgeons adventifs basilaires dévelop- 
pent des rameaux feuillés semblables à la tige principale. 
L'évolution des deux espèces diffère pourtant par deux traits 
importants. Chez la Pomme de terre, la tubérisation des 
rameaux basilaires se produit après une période d’élongation 
plus ou moins prolongée ; il en résulte que les tubercules 
sont portés à l’extrémité de stolons grêles plus ou moins 
longs. Chez l’Orobus, la tubérisation des bourgeons adventifs, 
plus précoce, n’est précédée d'aucune phase d’élongation, 
et les bourgeons tubérisés restent coalescents en une masse 
indivise, de telle sorte que le tubercule basilaire unique d’un 
Orobus issu de graine est homologue de la touffe de stolons 
tubérisés d’une Pomme de terre de même origine. 

D’autre part, chez la Pomme de terre, dès que la tubéri- 
sation commence, les bourgeons aériens, déjà hautement 
différenciés, sont complètement arrêtés dans leur dévelop- 
pement ; ils déploient encore les feuilles qu'ils avaient 
formées, et l’appareil aérien ne s’accroit plus notablement 
ensuite ; il ne tarde pas à se faner et à disparaître, ainsi que 
les racines. La plante reste alors réduite à ses bourgeons 
tubérisés, qui s’isolent dans le sol, et qui, à la saison suivante, 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 209 


donnent une nouvelle poussée de tiges et de racines différen- 
ciées. Cette différenciation s'accompagne de la digestion 
des réserves accumulées dans le tubercule, qui dès lors com- 
mence à se flétrir et ne tarde pas à être complètement 
détruit. Les deux phases de différenciation et de tubérisa- 
tion sont donc ici parfaitement distinctes, et la végétation 
est du type sympodial. 

Chez l’Orobe, au contraire, le développement du tubercule 
ne s'accompagne pas de la destruction des tiges feuillées 
déja développées, dont certaines peuvent persister encore 
lorsque commence, a la saison suivante, une nouvelle période 
de différenciation. Cette différenciation méme n’entraine pas 
la destruction du tubercule déja formé ; ce dernier, en méme 
temps qu'il développe ses bourgeons oes il à continue 
à s’accroitre par le jeu deses formations secondaires. Les deux 
phases alternantes de différenciation et de tubérisation, 
au lieu d’être nettement séparées comme chez la Pomme de 
terre, empiètent l’une sur l’autre. Le cycle évolutif est carac- 
térisé ici par la croissance indéfinie d’une partie de la tige 
principale, et ce n’est que tardivement, au moment de la 
tubérisation des stolons, qu’il s’établit un mode de végéta- 
tion conforme au type sympodial.: ‘ 

Il reste à examiner si, à ces différences dans le cycle évolu- 
tif des deux plantes, correspondent des différences dans la 
modalité de la symbiose chez l’une et l’autre espèce. 


19. Symbiose périodique et symbiose continue. — A de 
rares exceptions près, chez les plantes à mycorhizes, les endo- 
phytes restent strictement localisés dans les racines; les 
tubercules, les tiges souterraines et aériennes sont constam- 
ment indemnes d’infestation. Il en résulte qu’une Pomme de 
terre, pendant la période de sa vie où elle est réduite à un 


tubercule isolé dans le sol, et dépourvu de racines, n’héberge 


pas de Champignons. C’est à la fin de cette phase de vie 
autonome que se différencie l’appareil aérien ; en même 
temps, les racines poussent et s’accroissent, et l’infestation 
peut se produire. Dès que, par suite du développement 


des racines, elle a atteint un certain degré, le mode de 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série. 1921, 111, 14 


210 2 J. MAGROU 


végétation change, et les tubercules commencent à se 
former. Il y a donc ici symbiose intermittente, et à l’alter- 
nance des phases d'autonomie et d’infestation correspond 
une alternance non moins marquée de phases de différen- 
ciation et de tubérisation. 

Chez l’Orobus tuberosus, au contraire, le système radical, 
-au lieu de disparaître périodiquement tous les ans, persiste: 
d’une année à l’autre. Si l’on déterre un pied d’Orobe au 
cours ou à la fin de l'hiver, en février ou mars, avant la poussée 
des jeunes racines du printemps, on le trouve porteur d’un 
chevelu de racines noires, relativement épaisses, pourvues 
de quelques nodosités bactériennes vidées ; ce sont là mani- 
festement, comme l’indiquent au surplus leur différencia- 
tion ligneuse prononcée et l’exfoliation partielle de leur 
écorce, des racines de l’année précédente qui ont persisté 
dans le sol. Dans ces racines, l’endophyte est abondamment. 
représenté par d'énormes filaments mycéliens, de calibre 
irrégulier, enkystés dans d’épaisses membranes à double 
contour, surcolorables (Pl. VII, fig. 2, &). Ces filaments 
-enkystés sont bien des formes vivantes du Champignon, 
car ils sont pourvus, le plus souvent, d’un protoplasma 
réticulé et de noyaux. [ls représentent des formes de résis- 
tance, capables d’hiverner dans les racines et, le printemps 
venu, de servir de point de départ a une invasion nouvelle, 
ainsi qu'en témoigne la présence, à leur voisinage immé- 
diat, de mycélium jeune, à membrane mince, aux dépens 
duquel des arbuscules commencent à se former (PI. VIT, fig. 2, 
m. à). 

Il résulte de ces constatations que l’Orobus tuberosus, une 
fois infesté dans les premiers stades de son développement, 
héberge des Champignons vivants pendant tout le cours de 
sa vie. L’état de symbiose devient pour lui une condition 
de vie continue au lieu de n'être, comme chez la Pomme de 
terre, qu'une condition périodique. Cette continuité de la 
symbiose s'accompagne, chez l’Orobe, d’un mode de végéta- 
tion particulier, caractérisé par la persistance des tubercules, 
qui, au lieu de disparaître au moment de la poussée des tiges 
différenciées, continuent à s’accroître indéfiniment. 


SYMBIOSE ET TUBERISATION DIT 


_La relation qui existe chez l’Orobus tuberosus entre la 
symbiose continue et le développement indéfini d’une partie 
de la tige primitive vérifie, dans un cas particulier, une loi 

générale, que Noël BERNARD a déduite de ses recherches sur 
les Orchidées. Chez la plupart des plantes de cette famille, 
la symbiose est intermittente, et elle a pour corollaire une 
végétation de type sympodial. Mais chez certaines Orchidées 
hautement différenciées, qu’il s’agisse de plantes épiphytes 
comme les Sarcanthinées, ou terrestres comme le Neoitia 
Nidus-avis, la symbiose, par suite de la croissance prolongée 
et de la persistance des racines, devient continue. « La conti- 
nuité de l’état de symbiose, dit Noël Bernarp [5], s’accom- 
pagne chez ces plantes d'un mode de végétation exceptionnel 
chez les Orchidées, mais manifestement secondaire et non 
primitif, puisqu'on le rencontre chez les plantes les plus évo- 
luées de la famille. Au lieu qu'il pousse des tiges aériennes 
successives, enchainées en sympode par l'intermédiaire de 
portions de rhizomes, il y a ici une tige unique à croissance 
indéfinie, qui nait du premier bourgeon différencié sur le 
protocorme et qui produit seulement des inflorescences laté- 
rales. La végétation est, comme on dit, devenue monopodiale. » 


20. Précocité de la tubérisation. — Les cas de symbiose 
continue, où les deux organismes commensaux évoluent 
dans un état d'union intime et ininterrompue, représentent, 
sur les cas de symbiose intermittente, un progrès dans l’adap- 
tation réciproque du Champignon et de la plante à la vie 
commune. En fait, chez l’endophyte de l’Orobe, la propriété 
de végéter dans les cellules vivantes de l’hote, ou, si l’on veut, 
la « virulence », est un caractère plus constant que chez l’en- 
dophyte des Solanum : ce dernier, comme on l’a vu, ne par- 
vient pas dans tous les cas à surmonter les difficultés de la 
vie commune et est parfois détruit dès ses premières tentatives 
de pénétration; au contraire, tous les pieds d’Orobus tuberosus 
exposés à l’attemte de l’endophyte spécifique contractent 
avec lui une symbiose durable. Or Noël BERNARD [5] a 
montré, par de belles expériences sur le Bletilla hyacinthina, 
que l'accroissement de la virulence des Champignons en- 


212 - .. J. MAGROU - 


trainait une formation de plus en plus précoce des tubercules. 
Partant de là, il est naturel de supposer que, chez l’Orobe, 
la tubérisation précoce des bourgeons de la base de la tige 
peut être liée au degré de virulence du Champignon. 

Ainsi la théorie de Noël BERNARD permet de rendre compte 
des divergences relevées dans le cycle évolutif de deux plantes 
à tubercules telles que la Pomme de terre et l’Orobus tuberosus. 


21. Immunité de 1’ « Orobus coccineus ». — On sait qu’en 
règle générale les plantes annuelles, dépourvues de tuber- 
cules, sont également dépourvues de mycorhizes, tandis que 
les plantes vivaces en présentent régulièrement, au moins 
à l’état sauvage. D’autre part, la spécificité des Champignons 
n’est généralement pas rigoureuse; l'exemple des Solanées 
et celui des Orchidées montrent qu’un même endophyte 
peut être commun à plusieurs espèces d’un même genre, 
ou même à plusieurs genres d’une même famille. Il était 
donc intéressant, au point de vue des rapports de la symbiose 
et de la tubérisation, de rechercher comment un congénère 
annuel de l’Orobus tuberosus réagirait en présence de l’endo- 
phyte de cette dernière espèce. 

A cet effet, des graines d’un Orobe annuel (Orobus coccineus 
Mill. = Lathyrus sphericus Retz) ont été semées dans des 
pots renfermant de la terre prélevée dans les bois de Chaville, 
au pied d’Orobus tuberosus abondamment infestés. Compara- 
tivement, des semis aseptiques de la méme espéce ont été 
faits dans des tubes renfermant le milieu nutritif gélosé 
qui avait servi pour la culture d’Orobus tuberosus. Les graines 
ont germé rapidement, et les plantes des deux lots sont rapi- 
dement devenues très rameuses dès la base ; elles ont donc 
adopté un mode de végétation comparable à celui de l’Orobus 
tuberosus aseptique, à cela près que les rameaux secondaires, 
au lieu de naître de l’aisselle des cotylédons, provenaient de 
bourgeons situés au niveau du premier nœud foliaire de la 
tige. | : 

Des plantes du lot infesté ont été récoltées, en vue de l'étude 
des racines, au bout de temps qui ont varié de quarante à 
cent trente et un jours après le semis. Passé ce dernier délai, 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION DES 


les Orobes avaient muri leurs fruits. L’examen de coupes en 
séries pratiquées dans les racines des plantes soumises à 
l'expérience montre qu’au début (plante de quarante jours) 
l’Orobus coccineus se laisse largement envahir par le Champi- 
enon endophyte, qui se présente dans l’écorce des racines sous 
le même aspect que chez l’Orobus tuberosus : troncs mycéliens 
intercellulaires à protoplasma réticulé, arbuscules intracel- 
lulaires à fines ramifications dichotomiques. Mais, à cette phase 
d’invasion étendue succède rapidement une réaction pha- 
gocytaire brutale de la plante, qui a pour effet de détruire 
la totalité du Champignon. Chez des échantillons prélevés 
soixante-dix jours après le semis, la plupart des racines se 
montrent envahies, mais partout les Champignons ont atteint 
le stade ultime de la destruction : ils sont réduits à de petits 
corps de dégénérescence surcolorables, n’occupant plus 
qu'une portion minime des cellules qui les renferment 
(PI. VIT, fig. 3). Les troncs mycéliens ne sont généralement 
plus reconnaissables ; parfois, pourtant, il en subsiste des 
vestiges, sous forme de filaments rétractés, surcolorables, 
vidés de leur contenu protoplasmique (PI. VII, fig. 4). 

Chez l’Orobe annuel, l’invasion de l’endophyte n’aboutit 
done qua la production d’une association instable et fugace, 
tandis que, chez l’Orobe à tubercules, l’infestation des racines 
réalisée au début du développement se maintient pendant 
toute la durée de l’évolution de la plante (1). 

Le cas de l’Orobus coccineus complète le parallélisme entre 
l'histoire des Pommes de terre et celle des Orobes. Chez 
l’Orobus annuel, comme chez les Pommes de terre qui ne don- 
nent pas de tubercules, l’endophyte est bien capable de péné 
trer dans les racines, mais il y est aussitôt détruit en totalité 
par une réaction phagocytaire brutale de la plante. Chez 
l’Orobus tuberosus, comme chezles Pommes de terre tubérisées, 
la réaction phagocytaire n’atteint que les arbuscules ; elle 
respecte les troncs mycéliens principaux, qui continuent a 
propager l’infestation, et la symbiose peut s’établir. Une 
différence est pourtant à noter entre les deux cas : chez les 


(1) Les tableaux résumant les examens microsco piques de racines d’Orobus 
sont donnés en appendice. 


J. MAGROU 


Pommes de terre douées d’immunité précoce, Pinvasion da. 
Champignon qui précéde la guérison est toujours extréme- 
ment limitée ; elle est au contraire généralisée chez l’Orobus 
coccineus. L’ étude comparée des mécanismes de l’immunité | 
chez les plantes à mycorhizes fera l’objet du chapitre IV ; 
on y retrouvera, chez des plantes diverses, des exemples en 
valents de guérisons radicales He à des invasions | 
plus ou moins étendues. 


CHAPITRE III 


RELATION ENTRE LA SYMBIOSE 
ET LE MODE DE VÉGÉTATION. — CAS DES MERCURIALES 


22. Dimorphisme et symbiose. — Les deux plantes vivaces 
étudiées dans les chapitres précédents (Solanum tuberosum, 
Orobus tuberosus) sont capables, comme on l’a vu, d'adopter 
deux modes de végétations différents, que l’on peut sché- 
matiser comme il suit : 

Ou bien il se développe une tige feuillée aérienne unique ; 
les bourgeons situés à la base de cette tige cessent plus ou 
moins précocement de se différencier et se renflent en tuber- 
cules ; 

Ou bien les bourgeons de la base de la tige se différencient 
en rameaux feuillés ; la plante est rameuse dès la base et 
n’a pas de tubercules. 

Il y a coincidence, tout au moins à l’état de vie sauvage, 
entre le premier type de végétation et la présence dans les 
racines de Champignons endophytes ; entre le second type 
et l’absence (ou la destruction totale) de ces mêmes Cham- 
pignons. 

Des exemples d’un semblable dimorphisme ont été signalés 
chez les Ophrydées. En règle générale, une Ophrydée déve- 
loppe chaque année une tige aérienne unique : les bourgeons 
axillaires de la base de cette tige ne se différencient pas, et 
l'un d’eux au moins se renfle en tubercule. Mais il peut arriver 
exceptionnellement que l’un des bourgeons basilaires, ou plu- 
sieurs d'entre eux, se différencient en rameaux feuillés ; la 
plante est alors ramifiée dès sa base et ne produit pas de tuber- 
cules. J.-H. FABRE [16] a décrit un pied d’Himantoglossum 


. | 


216 J. MAGROU 


hircinum (= Loroglossum hircinum), dont trois bourgeons 
axillaires s’étaient ainsi développés en rameaux. Noël BER- 


NARD [1] a étudié un échantillon d’Orchis maculata, qui, en. 


outre de sa tige principale, présentait un rameau de second 
ordre provenant du développement d’un bourgeon axillaire ; 
ce dernier, au lieu d'évoluer en tubercule, s’était différencié 
en tige feuillée aérienne. Or les deux Orchidées ramifiées 
et non tubérisées dont il s’agit étaient dépourvues de racines 
absorbantes et, par conséquent, n'étaient pas infestées. 
Il apparaît donc que, chez les Oprhydées comme chez les 
deux espèces précédentes, il y a une relation entre la sym- 
biose et le port de la plante. 


23. Les Mercuriales. — II existe dans la nature des 
exemples d’espéces voisines mais distinctes, qui ne diffèrent 
guère entre elles que par des caractères végétatifs de même 
ordre. Telles sont les deux Mercuriales communes dans nos 
contrées : le Mercurialis perennis et le Mercurialis annua. 
L'organisation de la fleur, le type de l’inflorescence sont les 
mêmes chez l’une et l’autre espèce ; les caractères différen- 
tiels des deux plantes (différences dans la longueur du pédon- 
cule des fleurs femelles, dans les dimensions des graines, 
dans la nuance du feuillage) sont des plus minimes. Aussi 
les flores distinguent-elles les deux espèces essentiellement 
par leur port: le Mercurialis perennis a des rhizomes sou- 
terrains épais et une tige florifére non ramifiée dès la base ; 
le Mercurialis annua n’a pas de rhizome, et sa tige florifére 
est ramifiée dés la base. La premiére, avec sa tige feuillée 
unique et les rhizomes pérennants, homologues de tuber- 
cules, qui dérivent de ses bourgeons basilaires, est comparable 
aux Orobes, aux Pommes de terre et aux Ophrydées tubérisées 
qui vivent en symbiose avec leurs endophytes spécifiques. 
La seconde, avec ses bourgeons basilaires différenciés en 
tiges feuillées aériennes, correspond, par son mode de végé- 
tation, aux mêmes plantes soustraites artificiellement à 
l’action des Champignons (fig. 7). 

il était intéressant de vérifier si, dans le cas des Mercu- 
riales, qui représente en quelque sorte une expérience réalisée 


5 
: À: j NET Faye eS 
Ee cee caer See Bt eRe 


CSS Bae 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION _ 217 


par la nature, on retrouverait la méme relaticn entre le type 
de végétation et l’infestation. 


Fig. 7. — Dimorphisme et symbiose. — A à D, plantes soumises à la symbiose ; A’ à D’, 
plantes soustraites à la symbiose. — A, A’, Solanum tuberosum ; B, B’, Orobus tube- 
rosus ; C, G’, Orchis maculata ; D, Mercurialis perennis ; D’, Mercurialis annua. — 
t, tubercules ; rh, rhizomes ; b (fig. C’), tige principale d’Orchis maculata ; b’, bourgeon 
de second ordre développé en rameau. C et C’ d’après Noël BERNARD. 


24. La symbiose chez le « Mercurialis perennis ». — A cet 
effet, des pieds de Mercurialis perennis et de Mercurtalis 
annua ont été récoltés dans des stations variées et a des 


- 
: 


218 J. MAGROU 


époques diverses, et des coupes en série ont été pratiquées 
dans les racines des deux espèces. La Mercuriale vivace 
a des racines de deux sortes : les unes païsses, de 2 milli- 
mètres de diamétre environ; les autres fines, abondamment 
ramifiées. Les grosses racines ne sont pas infestées ; les fines 
le sont au contraire régulièrement et abondamment, par un 
endophyte de même type que celui des Solanum. Les fila- 
ments mycéliens principaux de ce Champignon envahissent 
largement les cellules de l’assise moyenne de l'écorce ; ils 
y forment des pelotons, ou rampent en ligne droite le long 
des membranes cellulaires. Ils ne sont pas cloisonnés et ont 
un protoplasma réticulé, souvent semé de nombreux noyaux. 
Parmi ces filaments, les uns sont à paroi mince ; les autres 
sont enkystés dans d’épaisses membranes à double contour 
(Pl. VIII, fig. 1). Ces derniers se renflent souvent de manière 
à constituer des vésicules volumineuses, qui arrivent à rem- 
plir la cavité des cellules qu’elles occupent. Ces vésicules, 
de forme généralement irrégulière, bourgeonnantes ou bilo- 
culaires, sont, comme les filaments dont elles dérivent, 
enkystées dans des membranes à double contour et pourvues 
d'un protoplasma réticulé multinucléé (Pl. VIII, fig. 2). De 


semblables formations sont communes dans les mycorhizes, 


et leur signification a été longtemps discutée. Noël BEr- 
NARD [9] ayant réussi à en isoler de racines de Solanum dul- 
camara et ayant obtenu leur germination en goutte pen- 
dante, a démontré par là que ces vésicules étaient des 
organes multiplicateurs des endophytes. 

Les gros troncs mycéliens se ramifient à l’intérieur des 
cellules pour constituer des arbuscules très touffus, que l’on 
peut observer chez une même plante aux divers stades de 
leur évolution. Les uns sont formés de ramuscules parfai- 
tement distincts ; d’autres, plus ou moins altérés, sont d’as- 
pect nuageux, ou sont transformés plus ou moins complete- 
ment en sporangioles ou en corps de dégénérescence. Mais, 
quel que soit l’état de destruction des arbuscules, les hyphes 
principales, restées bien vivantes et trés abondantes, conti- 
nuent à propager [infestation (Pl. VIII, fig. 3), tandis 
que les filaments enkystés et les vésicules assurent la péren- 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 219 


nance du Champignon. Chez le Mercurialis perennis, une 
symbiose bien établie existe donc entre Vendophyte et la 
plante. 


25. Immunité du « Mercurialis annua ». — [Il n’en est pas de 


même chez le Mercurialis annua. Ici encore, on retrouve 


bien, dans les racines, des Champignons, plus ou moins abon- 
dants suivant les pieds considérés, mais, contrairement a 
ce que l’on observe chez le Mercurialis perennis, les formes 
vivantes de l’endophyte, et notamment les gros troncs mycé- 
liens, sont extrêmement rares ; on observe surtout des arbus- 
cules en voie de destruction avancée, complètement trans- 
formés en corps de dégénérescence, ou réduits à l’état de 
vestiges profondément altérés (Pl. VIII, fig. 4). Les filaments 
enkystés et les vésicules font totalement défaut (1). Au lieu 
qu'un équilibre compatible avec la symbiose s’établisse, 
comme chez l'espèce vivace, entre l’endophyte et son hôte, 
il se produit dans ce cas une destruction brutale et complète 
du Champignon, succédant à une invasion plus ou moins 
étendue. Le cas est exactement superposable à celui de 
l’Orobus coccineus, ou à celui de Pommes de terre douées 
dimmunité précoce, qui, après destruction totale des Cham- 
pignons envahisseurs, évoluent sans produire de tubercules. 

Ainsi on retrouve chez les Mercuriales qui croissent spon- 
tanément dans la nature la même relation entre la symbiose 
et le type de développement, que l’expérience a permis de 
déceler chez la Pomme de terre, chez l’Orobus tuberosus et 
chez les Ophrydées. Ce fait suggère que des espèces distinctes 
ont pu, au cours des âges, dériver d’ancétres communs, dont 
certaines races se seraient adaptées à la symbiose avec des 
Champignons endophytes, tandis que d’autres auraient joui 
d’une immunité complète vis-à-vis des mêmes microorga- 
nismes. 


ae ) Voir en appendice les tableaux résumant les observations micros- 
copiques. 


CHAPITRE IV 


L'IMMUNITÉ DANS LA SYMBIOSE 


26. Virulence et résistance. — Les exemples qui précèdent 
montrent que les rapports entre les endophytes et les plantes 
qui les hébergent peuvent être de diverses sortes. Les Cham- 
pignons de mycorhizes sont capables de se développer dans 
l’organisme de leurs hôtes : cette « végétabilité in vivo » est 
la propriété que l’on désigne chez les microbes sous le nom 
de « virulence ». D'autre part, les plantes attaquées résistent 
à l'invasion des Champigons ; les moyens de résistance, plus 
ou moins efficaces, par lesquels l’organisme s’oppose à la 
pénétration des envahisseurs ou limite leurs progrès, consti- 
tuent les réactions d’immunité. C’est du rapport, variable 
selon les cas, entre la virulence et la résistance, que dépend 
en définitive le sort de l’association des deux commensaux. 
Si la résistance est la plus forte, le Champignon est détruit 
en totalité aprés une invasion plus ou moins étendue. Si la 
virulence l’emporte, le Champignon pénètre indistinctement 
tous les tissus de la plante, sans respecter ses organes essen- 
tiels, et finit par la détruire. Si enfin résistance et virulence 
s’équilibrent, la plante tolère le Champignon, l’association 
se prolonge indéfiniment et la symbiose s’établit. La sym- 
biose apparaît donc comme un état, d'équilibre entre la mala- 
die curable, où la plante guérit après une réaction d’immunité 
efficace, et la maladie mortelle, où elle succombe sans avoir 
opposé au microorganisme envahisseur une résistance suf- 
fisante. 

J’étudierai dans ce chapitre les réactions d’immunité 
par lesquelles les plantes résistent aux Champignons sym- 
biotiques. Chez les espèces qui font l’objet du présent tra- 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 991 


vail, ces réactions sont essentiellement celles que Noël Brr- 
NARD a décrites chez les Orchidées. Des mécanismes équiva- 
lents sont mis en œuvre, comme il ressort de travaux récents, 
dans la symbiose lichénique. Enfin, des processus de résis- 
tance comparables se retrouvent chez les animaux, au cours 
des maladies infectieuses. L’étude de la symbiose permet 
done, comme l'avait prévu Noël BERNARD, de dégager des 
lois de pathologie générale communes aux animaux et aux 
plantes. 


27. Résistance mécanique. — La résistance des parois 
cellulaires des racines oppose à la pénétration des Champignons 
de mycorhizes un premier obstacle, qui réalise une immunité 
en quelque sorte mécanique. Cette protection mécanique 
suffit à mettre les racines à l’abri de l'invasion de la plupart 
des microorganismes qui pullulent dans le sol; mais elle est 
sans effet durable contre les attaques des endophytes spé- 
xfiques. | 

La phase de pénétration du Champignon est d’ailleurs 
malaisée à observer ; je n’ai réussi à l’apercevoir que très 
rarement, bien qu'ayant examiné un très grand nombre de 
coupes de mycorhizes. Ce fait indique que les Champignons 
peuvent envahir largement les racines d’une plante, après les 
avoir pénétrées en un nombre de points relativement restreint. 

C’est chez les Solanum que les figures de pénétration de 
Vendophyte ont pu être observées avec le plus de précision. 
Noël BERNARD [9] les a décrites chez la Douce-Amère, et je 
les ai retrouvées, avec des caractères identiques, chez la 
Pomme de terre. Chez l’une et l’autre de ces plantes, le Cham- 
pignon aborde les jeunes racines dans leurs portions déjà 
accrues et différenciées, au niveau de Ja zone des poils absor- 
bants. La paroi cellulosique mince de l’assise pilifere est 
traversée sans difficulté, mais l’assise subéreuse sous-jacente 
oppose au mycélium une résistance plus sérieuse, que ce 
dernier parvient à surmonter par un processus très singulier. 

Parvenu dans les cellules de l’assise pilifére, le Champignon 
y forme des dilatations vésiculeuses, qui se découpent par 
des incisures en digitations orientées vers l’assise subéreuse. 


222 J. MAGROU 


Ces digitations se développent en disques adhésifs appliqués 
contre la paroi cellulaire et émettent des bourgeons qui pé- 
nétrent en coin dans la membrane subérifiée, l’invaginent et 
finalement la digèrent (Pl. VI, fig. 1). Par la brèche ainsi 
produite, le mycélium s’introduit dans les cellules de l’assise 
subéreuse ; il les traverse en ligne droite, après avoir repris 
son calibre normal, et atteint l’assise corticale sous-jacente. 


28. La phagocytose. — La résistance passive opposée par 
les membranes cellulaires étant ainsi surmontée, la plante 
commence à réagir activement à la présence du Champignon. 
Le cas où cette réaction s'exerce avec le maximum d’effi- 
cacité est représenté par les Pommes de terre sans tubercules, 
qui détruisent complètement les Champignons dès leurs pre- 
mières tentatives d’invasion. 

Dans ce cas, le mycélium, parvenu dans l’assise moyenne 
de l’écorce, commence, comme à l’ordinaire, à s’y pelotonner. 
Mais les pelotons, à peine constitués, sont digérés par les 
céllules qui les renferment et dégénèrent complètement. Les 
troncs mycéliens qui les forment, après avoir subi la diges-. 
tion intracellulaire, restent reconnaissables par leur forme 
générale, mais ont perdu tous les traits de structure qui carac- 
térisent le mycélium vivant : leur contenu protoplasmique 
a disparu ; leurs membranes sont rétractées et surcolorables 
(Pl. VI, fig, 6). Grâce à la réaction énergique des éléments 
envahis, la progression du Champignon est rapidement 
enrayée : à peine les filaments ont-ils pénétré quelques 
cellules qu’ils sont mis hors d’état de se propager plus loin; 
aussi ne peuvent-ils donner lieu qu’à des infestations insi- 
gnifiantes et fugaces. 

Le processus de digestion intracellulaire auquel succombent 
en pareil cas les Champignons est à rapprocher de la phago- 
cytose, qui, chez les animaux, détruit les microbes qui tentent 
de pulluler dans l’organisme. Assurément, on ne peut s’at- 
tendre à observer chez les végétaux, formés de cellules fixes 
et rigides, la capture des microorganismes par des éléments 
mobiles, qui, chez les animaux, représente le premier acte 
de la phagocytose. Mais l’essentiel du phénomène, qui est 


SYMBIOSE ET TUBERISATION | 922%: 


la digestion des parasites par les cellules où1ls ont pénétré, 
se retrouve ici avec assez de netteté pour rendre le rapproche- 
_ ment légitime. Ce rapprochement avait été fait par M. GaL- 
LAUD [47], qui a étudié la diges- 
tion intracellulaire chez un grand 
nombre de plantes à mycorhizes. 
Il aété précisé par Noël BERNARD 
[5, 6], dont les travaux sur les 
Orchidées fournissent des exem- 


i À L TRS 
ples de « guérison » par phago F ee ae; 
cytose, succédant à des atteintes CRETE TT 


légères, exactement équivalents 
à ce que l’on observe chez le So- 
lanum tuberosum. 

Lorsqu’on inocule, en effet, des 
semis de Bletilla hyacinthina ou 
de Cattleyées avec l’endophyte 
habituel de ces plantes (Rhizoc- . 
tonia repens), dont l’activité a 
été atténuée par un séjour suffi- 
samment prolongé en culture 
pure (1), le mycélium pénétre 
bien quelques cellules des em- 
bryons, mais 1 ¥ est rapidement Fig. 8. — Coupe longitudinale dans 
détruit par phagocytose et ne une plantule de Bletillahyacinthina 

= a eee : Be âgée d’un mois, inoculée avec un 
produit ainsi qu'une infestation  mycélium atténué de Rhizoctonia 
me ec tremte. Dans les coupes 77995 dans quelques cellules de 
: é : la région inférieure,on voit du my- 

de tels embryons, aulieu de voir,  célium digéré à côté dunoyau. D’a- 

‘ près Noël BERNARD. 
comme dans la symbiose nor- 
male, une zone infestée vaste et formée de pelotons 
vivants, on aperçoit seulement un petit nombre de cellules 


(1) On sait que l’activité des Rhizoctones, autrement dit leur pouvoir de 
faire germer les graines, s’atténue quand ces Champignons sont conservés 
‘depuis un certain temps en culture pure; l’activité perdue peut, d’autre part, 
être récupérée par passages successifs chez des embryons d’Orchidées. Ces faits, 
découverts par Noël BERNARD [5], sont à mettre en parallèle avec les phéno- 
mènes d'atténuation et d’exaltation de virulence observés chez les Bactéries 
par PASTEUR, CHAMBERLAND et Roux [36]. Un tel rapprochement complète 
l’analogie entre la symbiose et les infections animales, 


294 J. MAGROU 


occupées par des pelotons complètement digérés, accolés 
aux noyaux cellulaires (fig. 8). Le groupe des Solanum, en 
dehors du cas des Pommes de terre sans tubercules, fournit 
un autre exemple d’une immunité de même ordre : tandis 
que les Solanum vivaces vivent communément en symbiose 
avec des Champignons de mycorhizes, le Solanum nigrum, 
comme il est de règle chez les plantes annuelles, résiste à 
ces mêmes Champignons ; chez des pieds de Solanum ni- 
grum récoltés dans des stations naturelles variées, je n’ai pu 
trouver, après un examen minutieux, que des plages infestées 
rares et restreintes, formées de Champignons dégénérés. 

Tous ces cas, où, grâce à une phagocytose précoce, les 
plantes s’affranchissent des Champignons dès leurs premières 
tentatives d’invasion, sont à mettre en parallèle avec les 
cas d’immunité observés chez les animaux, qui guérissent 
de maladies accidentelles bénignes après destruction des 
microbes par les phagocytes. : 3 

Lors méme que la plante se laisse d’abord largement enva- 
hir par le Champignon, la phagocytose peut encore s’exercer 
de manière efficace. L’Orobus coccineus fournit un exemple 
de ce nouveau mode d’immunité cellulaire, secondaire à une 
infestation étendue. 

Les échantillons de cette espéce, mis en contact avec 
Vendophyte de l’Orobus tuberosus, sont précocement envahis 
par le Champignon, qui prend dans l’écorce des racines un 
développement exubérant et forme de nombreux arbuscules 
intracellulaires. Il semble donc qu’une symbiose bien carac- 
térisée va s'établir, quand, brusquement, il se produit une 
réaction phagocytaire brutale ; tous les arbuscules sont 
digérés et réduits à l’état de corps de dégénérescence ré- 
tractés ; les troncs mycéliens principaux eux-mêmes dispa- 
raissent, ou ne subsistent qu'à l’état de rares vestiges com- 
pléetement dégénérés (PI. VIT, fig. 3 et 4). L’infestation est dès 
lors définitivement enrayée, et la plante achève son dévelop- 
pement à l’état de vie autonome. Les choses se passent de 
même chez le Mercurialis annua; ici encore, la croissance 
intracellulaire de l’endophyte est au début rapide, et les 
arbuscules caractéristiques de la symbiose se développent en 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION Je 


2 


A) 


grand nombre, mais une phagocytose énergique ne tarde pas 


à intervenir, qui réduit à l’état de vestiges méconnaissables 
tous les pelotons et arbuscules formés (PI. VIII, fig. 4). 
Ce type d’immunité a encore son équivalent dans les expé- 


riences de Noël Brernarp sur les Orchidées [5]. Si l’on 


tente d'associer des embryons de Cattléyées avec le 
Rhizoctonia mucoroides, endophyte des Phalænopsis et des 
Vanda, on constate au début une progression anormalement 
rapide de l’endophyte, qui occupe dans la plantule une zone 
étendue. Mais, après cette invasion trop rapide, il se produit 
une réaction phagocytaire qui détruit tous les pelotons ; 
les plantules ne renferment dès lors plus de mycélium vivant, 
et elles poursuivent quelque one leur développement à 


l’état autonome. 


Dans ces divers cas d'associations anormales, les choses 
se passent au début comme si la vie commune devait se 
prolonger. Mais, par la suite, les conditions d'équilibre compa- | 
tibles avec la symbiose ne parviennent pas à s’établir ; quelle 
que soit l'importance que prend Don Een le Hele 


pement de l’endophyte, la plante réussit à s’en sut 
par la seule action de la phagocytose. 


29. Insuffisance de la phagocytose. — I] n’en est pas de 
même dans les cas de symbiose proprement dite ; ici encore, 
la phagocytose s'exerce, mais elle ne suffit plus à enrayer 
Vinfestation, et c’est par d’autres processus d’immunité 
que la plante limite en définitive l’extension du Champi- 
enon. C'est ce qui arrive chez la Pomme de terre, lorsque cette 
plante tolère la vie commune prolongée avec ses hôtes. 

Dans ce cas, le mycélium, au lieu d’être précocement 
détruit par phagocytose, continue à progresser, en se pelo- 
tonnant, dans les cellules de l’assise moyenne de l’écorce 
(Pl. VI, fig. 2), où il forme des plages infestées étendues, 
entourant comme d’un manchon les parties plus profondes 
de la racine. Des arbuscules complexes se constituent ensuite 
dans chaque cellule, par divisions dichotomiques répétées 


des rameaux secondaires du mycélium (PI. VI, fig. 3). Ce n’est 


que tardivement, et après que les arbuscules ont atteint 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série. 1924, 11, 15 


226 J. MAGROU 


leur complet développement, que la phagocytose commence 
à intervenir. Elle s’attaque d’abord aux extrémités des fins 
rameaux dichotomes, qui, subissant la digestion intracel- 
lulaire, se rétractent, s’agglutinent et finalement se transfor- 
ment en sporangioles, petites masses multilobées, réfringentes 
et surcolorables, appendues aux rameaux des arbuscules 
(Pl. VI, fig. 4). La phagocytose poursuivant son œuvre, les 
sporangioles augmentent de volume, deviennent confluents 
et arrivent à former des corps de dégénérescence volumi- 
neux, mamelonnés, qui occupent toute la cavité des cellules. 
Mais, dans le cas même où la digestion des arbuscules atteint 
cette phase ultime, les troncs mycéliens principaux ne sont 
pas détruits ; ils restent bien vivants, et l’on distingue, aussi 
nettement qu'aux premiers stades de linfestation, leur 
protoplasma réticulé et même leurs noyaux (PI. VI, fig. 5, n’). 
Or la progression du Champignon s'effectue non par les 
arbuscules, dont les fines ramifications sont incapables 
de traverser les cloisons cellulosiques, mais par les gros troncs 
mycéliens. La phagocytose respectant ici les organes qui 
servent à la propagation du Champignon, on conçoit qu’elle 
soit impuissante à enrayer sa marche; à partir de cellules ou 
les arbuscules sont totalement dégénérés, on peut voir les 
filaments principaux restés intacts, propager l’infestation 
dans les cellules voisines (PI. VI, fig. 5). | 

C’est encore la résistance des troncs mycéliens à la pha- 
gocytose qui permet à la symbiose de s'établir chez l’Orobus 
tuberosus et le Mercurialis perennis. Chez l’Orobus tuberosus, 
les gros filaments, au lieu de pénétrer d’emblée dans les cel- 
lules et de s’y pelotonner, commencent par cheminer en droite 
ligne dans les méats intercellulaires ; ils émettent de là des 
ramifications à angle droit, qui fear ae les cellules-corti- 
cales et y forment des ae et des arbuscules (PI. VIT, 
fig. 1). C’est alors seulement que la phagocytose entre en 
scène ; comme dans le cas précédent, elle se limite élective- 
ment aux arbuscules, et, grâce aux hyphes principales restées 
intactes, l’infection continue à s’étendre. Mais ici, en outre 
du mycélium à paroi mince par lequel l’endophyte se pro- 


page, il se différencie des filaments enkystés, plus résistants 


i 


al En TE US a Nea a Rr nd 


ni. Joe ae. ‘24 ee ee ts de 


SYMBIOSE ET TOBERISATION 2927 


encore, qui assurent la pérennance du Champignon (PI. VIT, 
fig. 2). | 

Chez le Mercurialis perennis, les troncs mycéliens princi- 
paux forment, comme chez le Solanum tuberosum, des pelotons 


_intracellulaires peu serrés ; ils résistent à la phagocytose et se 


\ 


différencient, comme chez l’Orobus tuberosus, en filaments à 
membrane mince, qui assurent l’extension de l’endophyte, et 
en organes de pérennance enkystés (PI VIII, fig. 4 à 3). 
Dans ces trois cas, si une association stable parvient à se 
réaliser, c’est grâce à l’insuffisance de la phagocytose, qui, 
s’exerçant de façon tardive et partielle, ne s'attaque pas aux 
organes qui permettent au Champignon de progresser dans 
les racines. Chez les Orchidées, l’établissement de la sym- 
biose est de même lié à une réaction phagocytaire tardive 


et lente, qui laisse au mycélium le temps de poursuivre ses 


progrès. Si l’on inocule des semis de Phalænopsis avec le 
Rhizoctonia. murcoroides [5, 6], le Champignon pénètre les 
embryons, qui commencent dès lors à se développer ; il se 
forme au pôle postérieur de la plantule une plage infestée où 
les pelotons ne subissent aucune dégénérescence. La fonction 
phagocytaire est ici dévolue à des cellules spécialisées, recon- 
naissables à leur noyau multilobé,. qui se différencient en 
arrière du méristème terminal. Dès que le Champignon 
atteint cette zone de phagocytes, il subit la digestion intra- 
cellulaire, mais cette digestion n’est pas assez rapide pour 
protéger la partie antérieure de l’embryon ; quelques fila- 
ments, échappés à la destruction, pénètrent les cellules situées 
plus avant et poursuivent leur progression jusqu’au moment 
où une nouvelle barrière de phagocytes ralentit à nouveau 
leur marche, sans parvenir à l’enrayer (1). 


30. L'’immunité humorale. — De la comparaison des 
divers cas qui viennent d’être rapportés, il résulte que la 


(1) Il n’en va pas de même lorsque, dans cette expérience, on substitue au 
Rhizoctonia mucoroides le Rhizoctonia lanuginosa, endophyte des Odontoglos- 
sum, incapable de s’adapter à la symbiose avec le Phalenopsis. Ce Ghampi- 
gnon, comme le précédent, forme au pôle postérieur de l’embryon une plage 
infestée ou les pelotons restent vivants, mais, dès qu’il envahit les phagocytes 
situés en avant de cette zone, il y est rapidement digéré, et sa prose ae 
est enrayée définitivement [5, 6]. 


© 


228 J. MAGROU — 
phagocytose, lorsqu'elle s’exerce de façon suffisamment 
rapide et énergique, suffit à protéger les plantes contre l’in- 
vasion des Champignons. Mais, si elle s’exerce de façon 
tardive, partielle et lente, si elle respecte les organes qui 
servent à la progression de l’endophyte, elle est impuissante 
à enrayer sa marche, et une association stable peut s'établir. 
Pourtant, dans ce cas même, le Champignon reste stricte- 
ment localisé dans des tissus bien déterminés des plantes : 
les méristèmes, en particulier, ne sont jamais atteints ; le 
cylindre central des racines, les tubercules, les tiges aériennes 
et (sauf exception) les tiges souterraines restent toujours 
indemnes d’infestation. Il persiste donc, dans la symbiose 
la mieux établie, un certain degré d’immunité, qui a pour 
effet d'imposer des limites à l'extension du Champignon et 
de protéger les tissus essentiels de la plante. La phagocytose 
n'étant plus en pareil cas un moyen de protection efficace, 
il faut chercher une autre cause à cette immunité. 

Noël Bernarp [5, 6] l’attribue aux modes de végétation 
très particuliers que les Champignons symbiotiques adoptent 
dans la vie commune et qui ont pour effet de ralentir leur 
marche. Le pelotonnement empêche le mycélium de progresser 
par le plus court chemin et le contraint de rester longtemps 
localisé dans chacune des cellules qu’il envahit. La formation 
des arbuscules retarde plus sûrement encore la progression 
de l’endophyte, puisque les rameaux grêles qui les constituent 
sont incapables de franchir les cloisons cellulosiques et de 
passer dans les cellules voisines de celles qu'ils occupent. 
Ralentis par ce mécanisme, les progrès de l’infestation se 
règlent, en quelque sorte, sur le développement de la plante 
et ne peuvent s'étendre au delà de certaines limites ; la pro- 
tection de la majeure partie des tissus de l'hôte = trouve 
de la sorte assurée. 

Or les pelotons et les arbuscules, formations constantes 
dans les mycorhizes, ne se rencontrent qu’exceptionnelle- 
ment chez les Champignons qui ménent une existence auto- 
nome. Il est vraisemblable qu'il s’agit là de modes de végé- 
tation anormaux, résultant d’une adaptation étroite à la vie 
parasitaire, liés par conséquent à la nature physico- chimique 


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de la sève intracellulaire des plantes, autrement dit à une 
propriété humorale. L’immunité dans la symbiose serait 
dès lors comparable à l’immunité acquise des animaux 
vaccinés ; on sait, en effet, que, dans le mécanisme de cette 
immunité, les propriétés défensives des humeurs entrent en 
ligne de compte et acquièrent une importance prépondérante. 
En fait, les microbes, dans les humeurs des animaux vaccinés 
contre eux, adoptent des modes de végétation anormaux, 
qui ont pour effet d’entraver leur développement. Telle est, 
par exemple, l’agglutination des Bactéries, qui se présente 
dans l’immunité acquise comme un épisode à peu près cons- 
tant, et que l’on peut rapprocher du pelotonnement intra- 
cellulaire des Champignons symbiotiques. 


31. Infections mortelles. — Il est d’ailleurs des cas où 
les plantes, au lieu de détruire leurs hôtes par phagocytose, 
ou de les tolérer en mettant en œuvre des réactions d’immu- 
nité humorale, ne leur opposent aucune résistance et, se 
laissant envahir en totalité, succombent à une maladie 
infectieuse rapidement mortelle. C’est ce qui arrive notam- 
ment lorsqu'on inocule des semis de Phalænopsis avec le 
Rhizoctonia repens [5]: les embryons de Phalænopsis exposés 
à l’action de ce Champignon sont envahis tardivement 
par le mycélium, qui forme des pelotons dans les premières 
cellules qu'il pénètre. Mais il ne se produit qu’une phago- 
cytose insignifiante et, au bout d’un certain temps, les pelo- 
tons eux-mêmes cessent de se former; dès lors, le Champi- 
gnon progresse en droite ligne et en tous sens à travers les 
cellules et envahit le corps entier de l'embryon, qui ne tarde 
pas à succomber à cette infection généralisée. De même, les 
embryons de Cattléyées qui ont enrayé par phagocytose 
une première invasion du Rhizoctonia mucoroides se laissent 
secondairement envahir en totalité par ce méme Champignon, 
qui traverse les cellules en droite ligne, sans rencontrer aucune 
résistance. Le fait que, dans ces infections mortelles, les 
pelotons ne se forment pas montre bien que le pelotonnement 
du mycélium, lorsqu'il se produit, est lié à une réaction 
defensive des humeurs de la plante. 


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250 J. MAGROU 


J'ai observé un cas analogue chez un Solanum nigrum 
qui s'était développé accidentellement dans une culture de 
Solanum tuberosum en sol infesté. Les racines de cette plante 
étaient assez largement envahies par un Champignon, qui 
pénétrait indistinctement tous les éléments de la racine, sans 
en excepter les vaisseaux libériens et ligneux. Le mycélium 
cheminait en ligne droite à travers les cellules, sans y former 
ni pelotons, ni arbuscules, ni sporangioles. Ici encore, l’absence 
de réaction phagocytaire et d’immunité humorale permet- 
tait au Champignon de franchir les limites qui, dans la sym- 
biose, sont imposées aux endophytes. Au moment où la plante 
a été prélevée, elle n’accusait encore aucun symptôme de 
souffrance, mais il est vraisemblable qu’elle n’eût pas sur- 
vécu longtemps à l’oblitération de ses vaisseaux (1). 


32. Fonction fungicide des tubercules. — La réalité de 
l’immunité humorale, que des faits de cet ordre laissaient. 
prévoir, a pu être mise directement en évidence par l’expé- 
rience suivante, due à Noël BERNARD [8]: on place au fond 
d’un tube contenant une certaine quantité de gélose nutri- 
tive un fragment découpé aseptiquement dans le tubercule 
d’un Orchis ou d’un Loroglossum. Le fragment de tubercule 
ainsi disposé laisse diffuser dans la gélose les produits solubles 


qu'il renferme. Le Rhizoctonia repens, endophyte des Ophry- — 


dées, est semé sur la gélose à quelque distance ; il commence 
à s’accroître comme à l’ordinaire, mais bientôt sa croissance 
s’arrête et, avant qu'ils aient atteint le fragment de tuber- 
cule, les filaments du Champignon dépérissent à mesure que 
les substances diffusées se répandent dans la culture ; en 
quelques semaines, le Champignon est définitivement tué. 
Cette action nocive des tubercules d’Ophrydées est spéci- 
fique : elle s’exerce bien sur le commensal des Ophrydées, 
mais non sur le Rhizoctonia mucoroides, commensal des 


(1) Ce cas, en s’opposant à ceux où le Solanum nigrum met en œuvre une 
phagocytose énergique, achève de faire ressortir l’instabilité de l’association 
entre cette plante annuelle et les endophytes. L’association instable des 
Cattléyées et du Rhizoctonia mucoroides offre, comme on vient de le voir, 


de semblables alternatives entre une phagocytose efficace et l’absence totale 


de réactions d’immunité. 


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SYMBIOSE ET TUBERISATION 231 


D npss et des Vanda : d'autre part, elle disparait 


_ chez les tubercules chauffés à 55°. Il y a donc bien là un phé- 


nomène de tout point comparable à la formation des anti- 
corps qui se développent chez les animaux immunisés et qui 
sont de même, comme l’on sait, spécifiques et peu résistants 
à la chaleur. L'existence d’un anticorps fungicide localisé 
dans les tubercules explique, par ailleurs, que ces organes 
restent constamment indemnes de Champignons. 

Chez les plantes 4 tubercules étudiées dans ce travail, 
la difficulté de la culture des endophytes a été un obstacle 
à la réalisation d’expériences du même type. Mais, si l’on 
remarque que, chez la Pomme de terre et l’Orobe aussi bien 
que chez les Orchidées, la tubérisation est liée à la symbiose, 
on est conduit à supposer qu'iei encore les tubercules repré- 
sentent des organes de défense, capables d’assurer la pro- 
tection des plantes contre leurs envahisseurs. 


33. Réactions de défense dans la symbiose lichénique. — 
Les expériences de Noël BERNARD sur les Orchidées amènent 
à considérer la symbiose comme le cas limite vers lequel tend 
l’association de deux organismes antagonistes lorsque leurs. 
forces s’équilibrent. Les faits qui viennent d’être décrits 
chez les Solanum, les Orobus et les Mercurialis conduisent. 
à la même conception, pour ces plantes appartenant à des 
familles très diverses de Dicotylédones. Enfin des obser- 
vations récentes de M. F. Moreau [35] montrent que cette 
manière de voir est applicable au groupe des Lichens, chez 
lequel pourtant la symbiose offre, a priori, touteslesapparences 
de la plus parfaite harmonie. R 

Chez le Ricasolia herbacea, Lichen de la famille des Se 
tacées, quand des Cyanophycées viennent au contact de la 
face inférieure du Lichen, il arrive que les cellules du Cham- 
pignon se développent autour d'elles, formant avec les Algues 
des tubercules, connus sous le nom de céphalodies, qui font 
saillie à la face inférieure du thalle. Dans d’autres cas, les 
Cyanophycees sont entrainées par les hyphes dans la pro- 
fondeur du Lichen, et la céphalodie qui se développe, au 
lieu de faire saillie à la surface, est profondément immergée 


239 J. MAGROU 


dans le thalle. Qu'il s’agisse de céphalodies externes ou 


internes, il est fréquent que l’Algue ne soit pas tolérée par le. 


Champignon ; une lutte s’engage entre les deux composants 
du complexe, et elle se termine souvent par la dégénérescence 
et la mort de l’Algue. « La symbiose limitée, éphémère et 
facultative que l’on observe dans les céphalodies, s'oppose, 
selon les termes mêmes de M. F. Moreau, à la symbiose 
étendue, durable et apparemment nécessaire offerte par le 
thalle ordinaire. » Elle est à mettre en parallèle avec l’asso- 
ciation instable dont la Pomme de terre, l’Orobus coccineus, 
le Mercurialis annua nous offrent des exemples, et qui, de 
même, s'opposent à la symbiose durable observée chez 


l’Orobus tuberosus, chez le Mercurialis perennis et, dans cer-. 


tains cas, chez la Pomme de terre. D'ailleurs, d’après le 
même auteur, dans la symbiose lichénique normale, on trouve, 
limités à des plages restreintes, les phénomènes de mort et 
de dégénérescence des Algues offerts par les céphalodies 
immergées, de même que, chez les plantes à mycorhizes, on 
observe, dans les cas de symbiose les mieux caractérisés, 
une destruction partielle du Champignon par phagocytose. 


34. Généralité des lois de l’immunité. — En résumé, les 
Champignons symbiotiques rencontrent, lorsqu'ils tentent 
d’envahir leurs hôtes, des obstacles de trois sortes. [ls sont en 
premier lieu arrêtés par la résistance mécanique de la paroi 
cellulaire des organes qu'ils attaquent. Ce premier obstacle 
franchi, ils sont détruits plus ou moins précocement par pha- 
gocytose. Enfin, dans les cas où l’adaptation réciproque des 
deux organismes à la vie commune permet l'établissement de 
la symbiose, leurs progrès sont limités par l'intervention de 
propriétés humorales agglutinatives et fungicides. 

Ce sont essentiellement les mêmes moyens de défense qui 
sont mis en œuvre dans la lutte des animaux contre les micro- 
organismes. Le tégumert externe et la muqueuse intestinale 
représentent une barrière infranchissable pour la plupart 
des microbes qui pullulent à la surface du corps ou dans le 
tube digestif des animaux. Si, en dépit de cet obstacle méca- 
nique, des microbes parviennent à s’introduire dans l’écono- 


t SYMBIOSE ET TUBERISATION 235 


mie, ils sont, le plus souvent, détruits par une réaction pha- 
gocytaire précoce et rapide. S'il s’agit de microbes mieux 
adaptés, ou, en d’autres termes, plus virulents, la guérison 
par phagocytose peut être précédée d’une pullulation plus 
ou moins importante des germes infectieux dans l'organisme. 
Si la virulence, plus grande encore, l'emporte sur la résistance, 
la phagocytose est impuissante à enrayer la marche de l’in- 
fection, et l’animal succombe à l'invasion généralisée de 
ses tissus. _ ¥ 

Mais si, au moyen de la vaccination, on accoutume l’ani- 
mal à tolérer des microbes de plus en plus virulents, on voit 
apparaître des processus nouveaux d’immunité, plus efficaces 
que la phagocytose. Les humeurs acquièrent en pareil cas 
des propriétés défensives, qui se répartissent en deux 
grands groupes: propriétés agglutinatives ou précipitantes 
d’une part et, d’autre part, propriétés bactéricides. Grace a 
la mise en œuvre de ces moyens de défense, la marche de l’in- 
fection peut étre enrayée efficacement. 

Le parallélisme est donc frappant et se poursuit Jusque 
dans les détails, entre l’immunité des plantes adaptées à la 
symbiose et l’immunité des animaux acquise par vaccination. 
Il n’y a rien là qui puisse surprendre si l’on observe, avec 
Noël BERNARD [8], que l’immunité qui s’exerce dans la 
symbiose est la forme la plus parfaite d’immunité acquise 
que l’on puisse imaginer, puisque l’adaptation de la plante 
à son commensal a été réalisée par des périodes géologiques 
de vie commune. 

L'étude de la symbiose montre que les lois de la patholo- 
gie générale, telles qu’elles ont été déduites de longues recher- 
ches sur les infections animales, permettent de coordonner, 
chez les plantes aussi bien que chez les animaux, les phé- 
nomèênes d'adaptation des microorganismes aux hôtes ca- 
pables de les héberger. Elle permet, en les étendant au règne 
végétal, de donner toute leur ampleur aux théories de l’im- 
munité. 


CHAPITRE V 


MÉCANISME PHYSIQUE DE LA TUBÉRISATION 


La relation entre la symbiose et la tubérisation étant 
établie pour des plantes appartenant aux groupes les plus 
variés, il reste à expliquer par quel mécanisme les Champi- 
gnons symbiotiques peuvent modifier le mode de croissance 
des tissus de leurs hôtes au point de provoquer la formation 
de tubercules. 


35. Action à distance des Champignons. — Il convient 
de remarquer d’abord que l’action des Champignons s'exerce 
à distance des cellules qu'ils envahissent. Les endophytes, 
comme on l’a vu, ne pénètrent Jamais que des cellules accrues 
et différenciées ; on ne saurait s’attendre à voir des tubercules 
se former aux dépens de telles cellules, incapables de multi- 
plication et de croissance. La tubérisation ne peut évidem- 
ment se produire qu’au contact des zones méristématiques, 
où les cellules, restées embryonnaires, gardent le pouvoir 
de se diviser. Or les méristèmes ne sont jamais atteints par 
les Champignons symbiotiques et sont souvent situés à de 
grandes distances des régions infestées. Il faut donc admettre 


que les endophytes localisés en certaines régions des plantes 


interviennent en provoquant une modification générale de 
l'équilibre physico-chimique de la sève, capable de retentir 
sur les cellules méristématiques et d’entrainer des anomalies 
de croissance. Des exemples de semblables actions à distance 
sont d’ailleurs communs dans les infections animales: il est 
fréquent que des Bactéries, localisées dans une région limitée 
de l’organisme d’un animal, sécrètent des toxines qui dif- 
fusent dans les humeurs et agissent électivement sur des 


4 
À 
3 
4 
3 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 935 


tissus souvent fort éloignés de la zone envahie, sur les centres 


nerveux par exemple. 


36. Mode de formation des tubercules. — Ceci posé, quelles 
sont essentiellement les anomalies de croissance des méris- 
tèmes qui ont pour conséquence la formation de tubercules ? 

Lorsque le fonctionnement d’un méristème aboutit au 
développement d’un organe de structure normale, d’une tige 
feuillée, par exemple, les cellules qui proviennent de la divi- 
sion des initiales s’accroissent en longueur sans s’épaissir 
notablement. Il se constitue ainsi, immédiatement en arrière 
du bourgeon terminal, une zone d’élongation, où la crois- 
sance se fait dans le sens longitudinal. Ce mode de croissance 
des cellules a pour conséquence la production d’une tige 
orele, à entre-noeuds allongés. Il n’en est pas de même lors- 
qu'un tubercule se forme aux dépens du-bourgeon. En pareil 


cas, les cellules issues des cloisonnements du méristème 


restent relativement courtes, mais s’accroissent notable- 
ment dans le sens transversal, si bien que, tout en augmentant 
leur volume, elles restent isodiamétriques, comme les cellules 
embryonnaires d’où elles dérivent. L’ensemble de ces cellules 
accrues en épaisseur constitue non un organe grèle, comme 
dans le cas précédent, mais un tubercule épais dont les entre- 
nœuds, sil s’agit d’une tige, restent courts. La forme de la 
plante résulte donc, en dernière analyse, du mode de crois- 
sance de ses cellules ; la tubérisation se produit lorsque la 
croissance par épaississement se substitue à la croissance 
normale par élongation. 

Le problème se réduit, par conséquent, à rechercher les 
modifications physico-chimiques du suc cellulaire capables 
d'entraîner la croissance transversale des cellules, et à exa- 
miner si des modifications de cet ordre peuvent être engen- 
drées par les Champignons symbiotiques. 


37. Croissance transversale chez les Thallophytes. — Le 
mécanisme de la croissance par épaississement se présente 
avec le maximum de simplicité et, en quelque sorte, sous sa 
forme élémentaire chez les organismes unicellulaires, ou 


236 À - J. MAGROU : » 


tout au moins chez les Thallophytes inférieurs, formés de 


cellules peu différenciées. C’est le cas des Algues filamenteuses 
telles que les Stugeoclonium, généralement constituées par 
des files de cellules allongées, mais qui peuvent, dans certaines 
circonstances, former des masses palmelloïdes épaissies, à 
cellules isodiamétriques. M. Livineston [20] a étudié le 
déterminisme de la croissance palmelloïde de ces Algues ; 
cultivant des Stigeoclonium dans des solutions de même 
composition chimique, mais de concentration variable, il a 
constaté que le passage de la forme filamenteuse à la forme 
massive pouvait être obtenu par un simple aceroissement de 
la concentration. Le phénomène est d’ailleurs réversible, et 
l’on peut inversement passer de la forme palmelloïde à la 
forme filamenteuse, en diminuant la concentration. Dans 
une autre série d’expériences, M. Livineston [21, 22] a fait 
varier, en outre, la composition chimique du liquide nutritif ; 
il a observé que la concentration critique pour laquelle le 


passage d’une forme à l’autre est réalisé différait suivant la 


nature chimique des substances dissoutes. 

J’ai observé une action de même sens de la concentration 
sur le mode de croissance des cellules chez une Bactérie 
(Bacillus Diphteriæ). Le Bacille diphtérique, cultivé sur les 
milieux nutritiis usuels, se développe sous forme de batonnets 
grêles. Immergé dans les mêmes milieux additionnés d’une 
certaine proportion de glucose, il donne naissance à des 
cellules fortement renflées en fuseau, ayant l’aspect de 
Radis microscopiques. 


38, Influence de la concentration. — Chez les plantes supé- 


rieures, de très nombreuses expériences montrent que la 


croissance transversale des cellules et la tubérisation qui 
en découle peuvent dépendre de même de la concentration 
des substances dissoutes dans le suc cellulaire. M. E. Lau- 
RENT [19] a montré que l’on peut obtenir des tubercules sur 
des tiges aériennes de Pomme de terre coupées et plongées 
dans une solution de saccharose suffisamment concentrée. 
Noël BERNARD [2,3] a repris ces expériences et en a précisé 
l'interprétation : des tiges de Pommes de terre coupées sont 


BND 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 237 


plongées dans des solutions de glucose, de saccharose, de gly- 
cérine ou de chlorure de potassium diversement concentrées. 
Les bourgeons axillaires de ces boutures se développent soit 
en tubercules, soit en rameaux feuillés, suivant la concen- 
tration de la solution. Au-dessus d’une concentration molé- 
culaire, ou plutôt d’une pression osmotique critique, toujours 
la même, quelle que soit la substance dissoute, il se forme des 
tubercules, tandis que, pour les concentrations plus faibles, 
il se développe régulièrement des rameaux. Des solutions 
très différentes au point de vue chimique donnent donc 
des résultats comparables, pourvu qu’elles soient isotoniques. 
Cette expérience montre que la tubérisation dépend moins 
de la nature chimique des substances dissoutes et de leur 
valeur nutritive que des propriétés physiques que les solu- 
tions tiennent de leur concentration moléculaire. 

Dans une série d'expériences fort suggestives, portant sur 
des espèces variées, M. MozLrarp [29, 33] a montré que 
l’on pouvait provoquer la tubérisation en l’absence de tout 
microorganisme, en élevant, par un artifice convenable, la 


teneur en sucres de la sève des plantes. Des graines de Radis, 


semées aseptiquement sur des solutions salines glucosées, 
développent des racines grêles. Semées sur les mêmes solu- 
tions additionnées d’une certaine proportion de glucose ou de 
saccharose, elles donnent des plantules à racine principale 
tubérisée. Des expériences comparables, à quelques variantes 
près, ont été réalisées pour des plantes diverses, telles que 
J’Oignon, la Carotte, le Dahlia (1). | 

Par contre, à partir de graines de Pomme de terre semées 
dans les mêmes conditions, le même auteur [31] a constam- 
ment obtenu des plantules dépourvues de tubercules, que le 
milieu nutritif minéral fût ou non additionné de 5 à 10 


(1) La Carotte et le Dahlia, à la différence du Radis et de l’Oignon, se sont 
montrés incapables d'utiliser les sucres de la solution nutritive. C’est en faisant 
circuler dans les tubes de culture de l’air chargé de gaz carbonique, de manière 
à assurer une assimilation chlorophyllienne intense, que M. MozLrARD a pu 
obtenir la tubérisation aseptique de ces deux espèces. Chez l’Oignon, dans des. 
conditions d’éclairement convenables, la tubérisation aseptique a pu être 
obtenue sur des milieux très dilués (eau de source stérilisée). Les substances. 
dissoutes nécessaires à la tubérisation sont dans ces cas fournies par la photo- 
synthése. 


238 7 J. MAGROU 


p. 100 de glucose. Attribuant dans ce cas l’absence de 
tubérisation à une utilisation insuffisante des sucres de la 
solution, il a augmenté l’absorption du glucose par les 
racines en supprimant les échanges gazeux des tubes de 
culture avec l’air extérieur. Dans des tubes où, à cet effet, 
le bouchon d’ouate avait été remplacé par un bouchon de 
caoutchouc, les graines ont donné des plantules formées d’une 
tige épaisse et courte, à entre-nœuds raccourcis, à feuilles 
réduites à des écailles atrophiées, présentant en un mot les 
traits essentiels de la tubérisation ; les cellules parenchy- : 
mateuses de ces plantules anormales renfermaient d’ailleurs 
de nombreux grains d’amidon, qui font défaut dans les tiges 
ordinaires de Pomme de terre. 


39. Tubérisation aseptique des Orchidées. — D’après ces 
expériences, le passage de la croissance par élongation à la 
croissance par épaississement parait dépendre, dans la plupart 
des cas, d’une élévation de la pression osmotique du liquide 
qui baigne les cellules. Chez les Orchidées même, où le rôle 
du Champignon dans la germination des graines et la tubé- 
risation des embryons a été vérifié de la façon la plus décisive, 
Noël BERNARD a montré, par une série de belles expériences, 
que l’action du parasite pouvait se ramener à un mécanisme 
physico-chimique de même type. Les recherches de cet ordre 
ont porté sur le Bletilla hyacinthina et sur les Cattléyées [5]. 
La première de ces Orchidées représente l’un des types 
les plus primitifs de la famille ; on sait qu’elle peut germer 
avec ou sans le concours de Champignons. Semées sans 
Champignons sur des milieux nutritifs dilués, où Vabais- 
sement du point de congélation A est de 00,01, elles se 
développent lentement en plantules grêles, à entre-nœuds 
allongés. Associées, sur les mêmes milieux, à des Champi- 
gnons d'activité croissante, elles ont un développement plus 
rapide et produisent un tubercule embryonnaire d’autant 
plus précoce et d’autant plus volumineux que le mycélium 
employé est plus virulent. Si, d’autre part, on augmente la 
concentration, sans faire intervenir les Champignons, on 
constate que, pour des concentrations encore relativement 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 239 


_ faibles (A = 09,02), la croissance devient plus rapide, mais 
se fait encore par élongation, tandis que, pour des concentra- 
tions fortes (A = 00,04 et mieux encore A = 00,06), le mode 
_de croissance change :. la plupart des plantules présentent 
un tubercule embryonnaire et des entre-nœuds courts. Si l’on 
compare les plantules obtenues sans Champignons à des con- 
centrations de plus en plus élevées, à celles qui se sont 
développées à une même concentration avec des Champi- 
enons de plus en plus actifs, on constate un parallélisme 
étroit entre les deux séries de cultures. L’accroissement de 
concentration des solutions, conclut Noël BERNARD, pour les 
plantules élevées sans Champignons, entraine les mêmes résul- 
tats que l'accroissement d'activité des Champignons pour les 
plantules soumises à la symbiose. | 
Les expériences sur les Cattléyées ont donné des résultats 
de même ordre. Semées sans Champignons sur des milieux 
dilués, les graines de Cattléyées ne germent pas. Sur des 
milieux plus concentrés, elles sont au contraire capables 
de germination autonome et se développent en donnant des 
plantules tubérisées conformes au type habituel. Adaptées 
enfin à vivre sans Champignons sur des milieux très forte- 
ment concentrés, elles développent des tubercules embryon- 
naires volumineux et présentant des anomalies comparables 
à celles que Noël BERNARD a obtenues dans certains cas 


d'associations anormales. 


40. Mécanisme de l’action des Champignons. — Ces résul- 
tats amènent logiquement à conclure que les Champignons 
agissent sur la croissance en produisant dans les cellules de 
leurs hôtes, grâce aux diastases qu'ils sécrétent, des dislo- 
cations moléculaires qui ont pour effet d'élever la concentra- 
tion de la sève. Cette augmentation de la concentration ne 
se limitant évidemment pas aux régions envahies par les 
parasites, on conçoit que ses effets puissent se faire sentir 
‘à distance. 

Noël BERNARD a vérifié cette vue théorique en constatant 
que les Rhizoctones d’Orchidées sont capables d'augmenter 
la concentration des solutions où on les cultive. Des tubes | 


240 | J. MAGROU 


de culture contenant une décoction de salep additionnée de 
saccharose sont stérilisés, puis placés à l’étuve à 279, les uns 
sans Champignons, les autres après ensemencement de divers 
Rhizoctones. Après vingt-cinq jours, tandis que l’abaisse- 
ment du point de congélation était de 00,38 dans les solutions 
stériles, il atteignait 00,64 dans les solutions ensemencées 
de Rhizoctonia mucoroides. La présence des Rhizoctones 
entrainant une augmentation trés notable de concentration 
de la solution employée (1), il est naturel de penser que ces 
Champignons agissent de méme dans les cellules qu’ils en- 
vahissent.Cette action in vivo est d’ailleurs prouvée directement 
par le fait observé par Macnus [23], par Noël BERNARD et 
par moi-même, de la disparition de l’amidon dans les cellules 
infestées ; la dislocation d’un composé colloidal tel que 
l’amidon est parmi celles qui peuvent au mieux entrainer 
une augmentation de la pression osmotique du suc cellulaire. 
Ainsi les Champignons symbiotiques engendrent préci- 
sément, dans les milieux où ils végètent, les modifications 
physico-chimiques par lesquelles on a pu provoquer arti- 
ficiellement la croissance par épaississement. Le mécanisme 
de l’action de la symbiose sur la tubérisation se trouve de la 
sorte éclairé. Au reste, le cas des plantes à tubercules n’est 
pas le seul où les actions complexes exercées dans la nature 
par des parasites spécifiques ont pu être ramenées à des 
mécanismes physico-chimiques plus simples. | 


41. Mécanisme des actions cécidogènes. — En semant 
aseptiquement des graines de Pois sur des filtrats de culture 
de Rhizobium radicicola Beyer., M. MorzraRD [30] a obtenu 
des plantules à racines courtes et fortement épaissies, pré- 
sentant des phénomènes d’hyperplasie et d’hypertrophie 
comparables à ceux qui caractérisent les nodosités radicales 
produites dans la nature par le Rhizobium lui-même. Le même 
auteur [32], en inoculant dans le pistil du Papaver Rhæas 
un extrait aqueux de larves de l’Aulax Papaveris, aobtenu 


(1) Cette augmentation ne tient pas à l’évaporation, qui est sensiblement 
la même pour tous les tubes, mais sans doute à une inversion partielle du 
saccharose. : | 


#4 


SYMBIOSE ET TUBERISATION | 244 


une hypertrophie des lames placentaires semblable à celle 
que provoque la piqûre de ce parasite. Ces deux exemples 
montrent que l’hypertrophie réalisée dans certaines cécidies 
peut être obtenue artificiellement en dehors de l'intervention. 
des parasites. | | 

Mais il s’agit la encore d’actions spécifiques, provoquées 
par des substances chimiques complexes élaborées par les 
parasites eux-mêmes. Dans d’autres cas, des hyperplasies, 
qui dans les conditions naturelles relèvent d’actions parasi- 
taires, ont pu être réalisées sous l’action de facteurs phy- 
siques simples, sans qu’aucune substance spécifique soit mise 
en jeu. Etudiant le mécanisme d’action du Bacterium tume- 


faciens, qui provoque chez diverses plantes des tumeurs 


comparables par leur structure et leur mode d'extension — 
au cancer des animaux, M. Erwin Sutra [41] a inoculé dans 
des tiges de Ricin des substances chimiques définies, trouvées 
dans les cultures de cette Bactérie et résultant de son méta- 
bolisme. I] a obtenu, par ce moyen, la production d’excrois- 
sances présentant quelques-uns des traits de structure qui 
caractérisent les galles dues au Bacterium tumefaciens même. 
Les substances capables de produire de tels effets sont très 
variées, puisqu'elles comprennent des sels ammoniacaux, des 
amines, des aldéhydes, des acides tels que l’acide acétique 
et l’acide formique. Ce n’est donc pas par leur nature chi- 
mique qu'elles agissent, mais bien par un mécanisme phy- 
sique qui doit être le même dans tous les cas, et qui, selon 


M. SuiTx, consiste vraisemblablement en une modification 
de la pression osmotique. 


Les faits rapportés dans ce chapitre montrent que les 
actions parasitaires spécifiques, qui, dans la nature, abou- 
tissent à la production d'anomalies de croissance et de struc- 


ture, peuvent souvent être ramenées à des mécanismes 
physico-chimiques d’ordre banal, parmi lesquels les varia- 


tions de la concentration moléculaire jouent un rôle fonda- 
mental. Ils sont à rapprocher de la parthénogenèse expéri- 


mentale, où des facteurs physiques de même nature se substi- 
tuent efficacement à l’action spécifique des spermatozoïdes. 


ANN. DES SG. NAT. BOT., 40e série. 49215 1 16 


242 J. MAGROU 


Les expériences de tubérisation aseptique sous l'influence 
de solution concentrées, en rendant compte du mode d’action | 
des parasites, complètent heureusement la théorie qui attri-- 
bue à la symbiose un rôle prépondérant dans la production 
normale des tubercules. Mais elles n’infirment pas plus cette 
théorie que les expériences de parthénogenèse ne diminuent 
l'importance de la fécondation comme facteur de la segmen- 
tation des œufs. En transportant dans le domaine de la chimie. 
physique quelques-uns des problèmes complexes et obscurs. 
de la biologie, elles permettent de pénétrer plus profondément. 
le mystère des phénomènes vitaux. 


? 


CHAPITRE VI 
ESSAIS DE CULTURE DES CHAMPIGNONS ENDOPHYTES 


Il serait d’un grand intérêt, pour le sujet qui nous occupe, 
d'isoler en culture pure les Champignons de mycorhizes 
et d'appliquer dans toute leur rigueur, à l’étude expéri- 
mentale de la symbiose, les techniques pasteuriennes, 
ainsique Noël BERNARD a pu le faire dans le cas des Orchidées. 
Malheureusement la culture des endophytes se heurte à des 
difficultés considérables. Après avoir rappelé brièvement 
quelques-unes des tentatives des auteurs qui ont abordé 
ce problème et insisté sur les résultats positifs obtenus par Noël 
BERNARD pour les Champignons des Orchidées et, plus récem- 
ment, par M. Rayner pour celui des Calluna, j'exposerai 
dans ce chapitre les essais de culture de l’endophyte des 
Solanum que j'ai été amené à tenter. 


42. Premières tentatives. — La méthode primitivement 
employée dans les recherches de cet ordre consistait à aban- 
donner en milieu humide, ou sur des substratums nutritifs 
variés, des fragments ou des coupes de racines infestées, 
préalablement lavées à l’eau stérile. Les auteurs qui, à 
l'exemple de WaxrLicx [42], ont eu recours à cette technique 
ont obtenu, avec une certaine constance, des Fusarium repré- 
sentant les formes conidiennes de diverses espèces de Nectria ; 
ils ont généralement conclu de ces résultats que les Cham- 
pignons de mycorhizes étaient des Fusarium. 

M. GazLaup [17] a fait une critique serrée de ces expé- 
riences. Ila montré, d’une part, que les techniques employées 
étaient défectueuses et n’assuraient pas l’asepsie de la surface 
extérieure des racines; il a, d’autre part, obtenu des Fusarium 


244 J, MAGROU 


a partir de racines ou d’organes divers non infestés, avec la 
même constance que lorsqu'il s’agissait de mycorhizes. Il 
a enfin tenté d’inoculer ces Champignons à des plantules | 
aseptiques d’espéces variées et a constaté qu'ils ne péné- 
traient jamais les racines des plantules vigoureuses ; seules 
les plantules moribondes étaient envahies par le mycélium, 
qui pénétrait indistinctement tous les tissus, sans y donner 
aucune des formes caractéristiques des endophytes. Il con- 
clut de ces résultats négatifs que les Fusarium ne sont pas 
les formes libres des endophytes. 

Le même auteur a tenté l'emploi de méthodes d'isolement 
plus parfaites ; ayant semé en cellules de Van Tieghem, sur 
des milieux nutritifs variés, des coupes fines de racines infes- 
tées, il a constaté, par des examens microscopiques répétés, 
que le mycélium interne n’y subissait aucun changement ; 
les moisissures qui se développaient dans certains cas par- 
taient toujours de la surface et n’étaient que des impuretés 
banales. Dans une autre série d'expériences, il a tenté l’ino- 
culation à des plantules aseptiques des divers Champignons 
obtenus par les méthodes d'extraction directe. Il a pu ainsi 
obtenir des infestations artificielles de thalles d’Hépatiques 
ou de voiles d’Orchidées, mais, dans tous ces cas, le mycélium 
pénétrait les cellules en droite ligne, sans former les pelotons, 
les vésicules et les arbuscules caractéristiques des Champi- 
gnons de mycorhizes. En l’absence du critérium de l'inocu- 
lation, qui autorise seul a conclure à la spécificité des germes 
isolés, M. GALLAUD admet que les divers Champignons qu'il 
a expérimentés n’ont rien de commun avec les endophytes. 

43. Les endophytes des Orchidées. — Noël BERNARD a 
résolu le problème en réalisant la culture pure des Champi- 
gnons des Orchidées. Ayant semé sur de la gélose au salep 
des plantules provenant de semis faits en serre, ou des frag- 
ments découpés dans des racines contaminées, 1l obtint le 
développement de Champignons variés et constata que l’un 
d’eux, introduit dans des semis aseptiques de graines d’Or- 
chidées, les faisait germer régulièrement [4]. Les plantules 
provenant de la germination de ces graines présentaient 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 245 


d’ailleurs le mode d’infestation caractéristique. La preuve 
était ainsi faite de l'identité de ce mycélium avec l’endophyte. 
Par la suite, Noël BERNARD perfectionna ses méthodes d’iso- 
lement [5]; il réussit à extraire sous le microscope, au 
moyen d’une fine aiguille de platine stérilisée, les pelotons 
intra cellulaires qui infestent les racines et les embryons 
d’Orchidées, et à les transporter aseptiquement sur les 
milieux de culture appropriés. Dans ces conditions, les pelo- 
tons se développent et donnent d'emblée une culture pure de 
l’endophyte. 

Les Champignons ainsi obtenus, caractérisés par leurs 
hyphes cloisonnées, rarement pelotonnées dans les cultures; 
et par le développement tardif de filaments moniliformes 
ramifiés, à articles courts et renflés, ressemblent étroitement 
au Rhizoctonia Solani Khün (= Rhizoctonia violacea Tulasne). 
Cette ressemblance a permis 4 Noél BERNARD de les rapporter 
au genre Rhizoctonia. Il en a décrit trois espèces : l’une, le 
Rhizoctonia repens, très répandue, est commune à un grand 
nombre d’Orchidées ; les deux autres, qui se distinguent 
essentiellement de la première par la production de sclérotes, 
sont spéciales à un petit nombre de genres : ce sont le Rhi- 
zoctonia mucoroides, commensal des Phalænopsis et des Vanda, 
et le Rhizoctonia lanuginosa, commensal des Odontoglossum. 

Ces résultats ont été pleinement confirmés par les recherches 
de M. Burcerr [11, 12], qui a isolé les mêmes Champi- 
gnons d’un grand nombre d’Orchidées tropicales et indigènes. 
Mais, à la différence de Noël BERNARD, M. BURGEFF ne se 
préoccupe pas de leurs affinités ; il les décrit sous le nom 
générique d’Orcheomyces et adopte, comme nom spécifique. 
de chacun des types isolés, le nom d’espèce de l’Orchidée qui 
Vhébergeait. 

_ Tout récemment, MM. Costantin et Durour [14] ont 
apporté une confirmation nouvelle des travaux de Noël BEr- 
NARD enisolant le Champignon encore inconnu d’une Orchidée 
acclimatée dans nos contrées, le Goodyera repens. En semant 
les pelotons extraits des racines de cette plante sur des milieux 
nutritifs variés, ces auteurs ont obtenu une grande propor- 
tion de cultures pures d’un Rhizoctonia appartenant à une 


RD US ASS DE PR EE CS 2 re CNT a 
CNRS + à TR A EM AP ce RTS 
LE 4 ste 


246 J. MAGROU 


espèce nouvelle, qu’ils décrivent sous le nom de Rhizoctonia 
Goodyeræ repentis. 

La découverte de Noël BERNARD a été féconde en Ti à : 
elle a fourni le moyen d’appliquer à l’étude de la bit 
chez les Orchidées les méthodes les plus précises et de varier 
largement les conditions expérimentales. En révélant chez 
les Rhizoctones des variations d’activité comparables aux 
variations de virulence des Bactéries, elle a permis de répéter, 
dans le cas des Orchidées, les expériences classiques par les- 
quelles PASTEUR a ph les lois de:l’infection bactérienne 
chez les animaux. 


44, L’endophyte du « Calluna vulgaris ». — Les endophytes 
d’Orchidées sont restés les seuls que l’on sit obtenir en cul- 
tures pures, Jusqu'au jour où M. Rayner [38, 39] réussit à 
cultiver le Champignon symbiotique du Calluna voul- 
garis. On sait que la symbiose n’est pas moins constante 
dans le groupe des Éricacées que dans celui des Orchidées. 
M. Rayner essaya d’abord d'isoler le Champignon des 
Bruyères en semant sur des milieux nutritifs convenables 
des fragments de racines infestées ; il ne réussit par ce moyen 
qu'à cultiver les moisissures banales que ces racines portent 
à leur surface. Mais, par une circonstance heureuse, le com- 
mensal du Calluna ne reste pas strictement localisé dus les 
racines ; il envahit les tiges et pénètre jusque dans les car- 
pelles, si bien qu’on le retrouve à l’état de pureté dans la 
cavité des fruits mûrs et dans le tégument des graines. On 
peut de là le transporter aseptiquement sur des milieux gélo- 
sés additionnés d’extrait de Calluna et obtenir son dévelop- 
pement en culture pure. Le Champignon ainsi isolé est un 
Phoma ; M. Rayner a vérifié qu'il s’agissait bien de 
Yendophyte spécifique en l’inoculant à des semis aseptiques 
de graines de Calluna vulgaris et en reproduisant ainsi 
l'infestation caractéristique. 


45. L’endophyte des « Solanum». —Si la question de l’isole- 
ment et de l’identification des Champignons de mycorhizes 
était résolue pour les Orchidées et les Bruyères, elle restait 
entière pour les autres groupes de végétaux, qui, en 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 247 


nombre immense, sont soumis à la symbiose. Aussi, lorsque 
Noël BERNARD, à la suite de ses recherches sur les Orchidées, 
“reprenait l'étude de la symbiose chez les Solanum, son pre- 
mier souci fut-il de tenter l'isolement de l’endophyte de ces 
plantes [9]. 

Les semis, sur gélose au salep ou au jus de Pomme de terre, 
de fragments infestés de racines de Douce-Amère, lui ont 
fourni, à plusieurs reprises, parmi des moisissures sans 
intérêt, une Mucorinée qui a retenu son attention par ses 
caractères morphologiques et par l’action favorisante qu’elle 
exerçait sur la germination des graines de Solanum Dulcamara. 
Le Champignon dont il s’agit est constitué par des filaments 
rampants, vésiculeux, formant un voile épais ; plus tard, il 
développe des sporanges, qui parfois avortent, formant 
alors de véritables vésicules qui germent en donnant direc- 
tement du mycélium. Enfin, les filaments aériens qui 
retombent sur le verre humide ou la gélose donnent en abon- 
dance des rameaux ramifiés, grêles, rappelant les arbuscules. 

L'étude de ce Champignon a été interrompue avant que’ 
l'auteur en ait pu tenter l’inoculation à des plantules de 
Solanum. Aussi, en l’absence du critérium fourni par l’infes- 
tation expérimentale, Noël BERNARD s’abstient-il de conclure 
à son identité avec l’endophyte. 


46. Le « Mucor Solani». — J’ai tenté d'isoler à nouveau cette 
Mucorinée à partir de racines infestées de Solanum. Malheu- 
reusement la technique élégante employée par Noël BERNARD 
pour l'isolement des Rhizoctones s’est montrée inapplicable 
ici. Si l’on peut, au prix d’une certaine dextérité, extraire 
sous le microscope les pelotons bien distincts qui occupent 
les cellules des volumineuses racines d’Orchidées, il n’en est 
pas de même des arbuscules, qui forment dans les plus fines 
radicelles de la Douce-Amère et de la Pomme de terre un 
chevelu inextricable. Il est possible, néanmoins, d'éliminer 

les saprophytes superficiels au moyen d’un brossage méca- 
nique des racines dans du sable humide stérilisé. Des coupes, 
pratiquées avec des instruments flambés dans des racines 
infestées ainsi traitées, ont été transportées sur des milieux 


248 | ._ J. MAGROU 


nutritifs gélosés (1). Elles y sont restées indéfiniment sté- 
riles, et le mycélium spécifique qu’elles renfermaient ne s’est 
pas plus développé que les moisissures banales (2). - 

Ces essais infructueux suggéraient que les arbuscules, 
ainsi que l’avait prévu Noël BERNARD, représentaient des 
formes beaucoup plus étroitement adaptées à la vie para- 


sitaire que les pelotons des Orchidées, et qu'ils étaient 


sans doute incapables de se développer à l’état autonome. 
Mieux valait donc, malgré les risques de contamination par 
la flore saprophyte superficielle, tenter de bouturer le mycé- 
ium extérieur pris au moment de sa pénétration dans les 
racines. 

A cet effet, des racines infestées de plantules de Solanum 
Dulcarama ont été lavées au pinceau dans plusieurs bains 
successifs d’acide tartrique à 0,5 p. 100, puis découpées en 
menus fragments qui ont été transportés sur des tranches de 
Pommes de terre stérilisées, enfermées dans des tubes de 
Roux. Les fragments semés ne tardent pas être envahis par 
une multitude de Bactéries et de moisissures. Au cours de 
très nombreux essais, j’ai isolé, à trois reprises, parmi ces 
impuretés banales, un Mucor présentant le caractère du Cham- 


pignon décrit par Noël BERNARD. Transporté sur des mi- 


lieux gélosés, ce Mucor donne d’abord des cultures incluses 
dans la gélose (3), puis développe des filaments aériens, 
dressés, portant des sporanges. Les gros trones mycéliens 
inclus dans le substratum donnent naissance à des arbuscules 
et à des vésicules semblables à ceux que l’on observe dans les 
mycorhizes. Les arbuscules, portés latéralement par les 


(1) Le milieu employé pour cet essai était une gélose additionnée d’un extrait 
obtenu par macération dans l’eau à 80° de fragments de tubercules de Pomme 
de terre. Avant la répartition dans les tubes de gélose, l’extrait était stérilisé 
par filtration sur porcelaine. 

(2) J’ai pu m’assurer de l’inertie complète des endophytes intracellulaires 
en res en cellule de Van Tieghem de petits groupes de cellules infestées 
découpées aseptiquement, sous le microscope, dans des thalles de Fegatella 
conica. Les fragments semés ont été dessinés à la chambre claire, et des examens 
répétés chaque jour pendant un mois ont montré que les pie mycéliens 
ne subissaient pas le moindre changement. 


(8) La gélose additionnée d’une décoction de tubercules a’ Oran tuberosus 


permet au mieux de mettre en évidence les caractères morpbolega les 
plus intéressants de ce Champignon, 


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SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 249 


filaments principaux, sont formés de rameaux d’une ténuité 
extrême, ramifiés dichotomiquement et formant des enche- 
vétrements complexes (Pl. IX, fig. 1). Les vésicules sont des 
sporanges avortés, capables de germer en filaments mycéliens. 


Ce Champignon, qui paraît appartenir à une espèce nouvelle et que je dési- 
gnerai sous le nom de Mucor Solani, répond à la diagnose suivante : 

Mucor Solani. — Sporangiophores dressés, le plus souvent non ramifiés 
(exceptionnellement ramifiés près du sommet). Gazon de 2 à 4 centimètres 
de haut, serré et fin, blanc cotonneux. Sporanges sphériques de 36 uv de dia- 
mètre moyen (dimensions extrêmes : 30 à 57 u), ou subsphériques (25 x 244 
à 45 x 42u), gris ou brun jaunâtre. Membrane laissant une collerette. Colu- 
melles sus-jacentes, sphériques ou légèrement aplaties à la base, de 16 u, 5 de 
diamètre. Spores lisses ellipsoïdes, rarement rondes, ordinairement de 46,5 
xX 3 u (dimensions extrêmes : 3 xX 3u à 7 X 5 u). 

Zygospores inconnues. : 

Le Mucor Solani est une espèce voisine du Mucor hiemalis Wehmer ; il en 
diffère par ses columelles sus-jacentes et par la forme de ses spores, qui sont 
moins allongées. . 


47. Inoculations expérimentales. — Dans les mois qui ont 
suivi son isolement, ce Mucor a été inoculé par piqûre au 
voisinage de plantules aseptiques de Pomme de terre, déve- 
loppées soit dans de la terre stérilisée, sort dans des solutions 
nutritives gélosées. Les radicelles exercent une attraction 
manifeste sur le Champignon qui, alors qu'il croît faiblement 
dans la profondeur du milieu environnant, prend autour 
d'elles un développement exubérant. Elles apparaissent en 
coupe entourée d'un épais réseau mycélien qui forme une 
sorte de mycorhize ectotrophe. Au contact de la racine, le 
mycélium différencie d'énormes dilatations vésiculeuses en- 
kystées, qui rappellent de très près les formes de pénétration 
de l’endophyte. Ces vésicules sont découpées par des inci- 
sures en digitations dirigées vers la racine (Pl. IX, fig. 2); 
plus tard, il se développe des disques adhésifs appliqués 
contre la paroi de l’assise subéreuse, qu'ils invaginent au 
moyen de bourgeons en forme de coin (PI. IX, fig. 3). 

A un stade ultérieur, le mycélium pénètre dans la racine, 
et, au lieu de croître en droite ligne à travers tous les tissus, 
à la manière des impuretés banales, il se localise dans les 
cellules corticales, où 1l forme des pelotons très comparables 
à ceux de l’endophyte (Pl. IX, fig. 4). Il développe même des 


28 FL MAGROU > ee 


ébauches war buaeulost (PL. IX, fig. 5) et donne naissance à 
des vésicules intracellulaires parfaitement caractérisées — 
(PI. IX, fig. 6). Par ses figures de pénétration très particu- 
lières et par son mode de développement intracellulaire, ce 
Champignon ressemble donc à l’endophyte des Solanum ; des 
expériences plus complètes sont encore nécessaires pour a 
der s’il doit lui étre identifié; mais il existe déjà de fortes 
présomptions en faveur de cette identité. 


CHAPITRE VII 
SYMBIOSE ET ÉVOLUTION 


48, Résumé général. — Les principaux résultats établis 
dans ce qui précède peuvent être résumés comme il suit : 

19 Chez la Pomme de terre et l’Orobus tuberosus issus de 
graines, l'établissement de la symbiose entraîne la tubé- 
risation des bourgeons de la base de la tige. Si l’on sous- 
trait ces plantes à l’action des Champignons symbiotiques, 
sans faire varier les autres conditions de leur vie, ces 
mêmes bourgeons se différencient en tiges grêles et ne pro- 
duisent pas de tubercules. 

20 Tandis que le cycle évolutif de la Pomme de terre est 
caractérisé par une alternance bien marquée des phases de 
différenciation et de tubérisation, chez l’Orobus tuberosus, 
les tubercules une fois formés continuent à s’accroitre indé- 
finiment. Le premier de ces types de développement est lié 
à une symbiose intermittente, le second à une symbiose 
continue. 

3° Diverses plantes (Pomme de terre, Orobus tuberosus, 
Ophrydées) peuvent, commeil résulte de ce qui précède, adopter 
deux modes de développement, selon qu’elles sont soumises ou 
non à la symbiose ; dans le premier cas, elles sont réduites 
à une tige aérienne unique et produisent des organes péren- | 
nants aux dépens de leurs bourgeons basilaires ; — dans le 
second cas, elles sont rameuses dès la base et dépourvues 
d'organes pérennants. Il existe des exemples d’espèces d’un 
même genre, telles que le Mercurialis perennis et le Mercu- 
rialis annua, qui se distinguent essentiellement par des 
caractères végétatifs de même ordre; dans ce cas encore, 
on retrouve la même relation que précédemment entre la 


symbiose et le port de la plante. 


252 ‘J. MAGROU 


40 II résulte des statistiques relatives à la répartition des 
mycorhizes que, en règle générale, les plantes vivaces sauvages 
hébergent des Champignons, tandis que les plantes annuelles 
en sont dépourvues. L'étude de trois plantes annuelles (Orobus 
coccineus, Mercurialis annua, Solanum nigrum) montre que 
ces végétaux peuvent, comme leurs congénères vivaces, se 
laisser pénétrer par les endophytes, mais qu'ils s’en affran- 
chissent totalement, à brève échéance, par une phagocytose 
énergique. 

59 Dans tous les cas étudiés, la symbiose peut être définie 
comme la limite vers laquelle tend l'association de deux com- 
mensaux quand leurs actions réciproques s’équilibrent. Les 
plantes résistent, avec des succès divers, à l’attaque des Cham- 
pignons, en mettant en ceuvre successivement des processus 
d’immunité mécanique, cellulaire et humorale. On reconnait 
la les réactions essentielles qui caractérisent l’immunité 
dans les maladies animales. | 

Tous ces faits sont rigoureusement RE ene à ceux 
que Noël BERNARD a mis en évidence chez les Orchidées ; 
ils sont conformes aux prévisions de la théorie qu’il a déduite 
de l’étude de ces plantes et, par la, en confirment la valeur. 
& Le moment est donc venu de rappeler la portée générale 
de cette doctrine et de passer en revue les faits récemment 
établis qu’elle permet de coordonner. 


_ 49. Hérédité et variation. — L'existence de tubercules, 
leur forme et leur structure, représentent chez une plante 
donnée des caractères stables et héréditaires, que les systé- 
maticiens font figurer dans la diagnose de l’espèce, et qui sont 
généralement d’un bon usage pour sa détermination. Or 
nous venons de voir que ces caractères sont sous la dépen- 
dance étroite du parasitisme de Champignons. À côté des 
caractères spécifiques qui tiennent à la nature des germes de 
l’espèce, ou, plus précisément, à la nature des chromosomes, 
il en existe donc d’autres, apparemment aussi stables, 
qui dépendent de facteurs externes. On conçoit que ces der- 
niers caractères, au cas où les facteurs qui les déterminent 
restent ignorés, puissent être confondus parmi les premiers. 


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SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 253. 


Quoi qu'il en soit, leur fixité est liée à la permanence des con- 
ditions de vie dont ils dépendent, au maintien constant de 
ces conditions de génération en génération. Si l’on découvre 
ces conditions particulières et si l’on parvient à les modifier 
ou à les supprimer, on doit s'attendre à voir les caractères 
correspondants varier ou dégénérer. 

C’est, en fait, ce que nous avons vu se produire lorsque nous 
avons fait varier les conditions de la symbiose chez des plantes 
soumises à ce mode de vie : une Pomme de terre, un Orobus 
tuberosus, soustraits à l’action de leurs Champignons sym- 
biotiques, cessent de former des tubercules, perdent par consé- 
quent l’un de leurs caractères spécifiques les plus saillants. 


Il y a done là un facteur indéniable de variation. Noël 


BERNARD prétend, et c’est l'essentiel de sa théorie, que ce 
facteur a pu jouer un rôle fondamental dans la formation 
des espèces végétales. 


90. L'évolution des Orchidées. — Cette manière de voir 
se fonde essentiellement sur une étude précise de la symbiose 
dans les diverses séries phylétiques des Orchidées. Ce groupe 
se prête mieux que tout autre à une étude de ce genre. « La 
famille des Orchidées, remarque Noël BErNarp [5], est l’une 
des plus riches en espèces de tout le règne végétal ; la confor- 
mation complexe des fleurs y offre beaucoup de variété, et 
l’organographie florale comparée rend moins illusoire dans 
ce cas que dans d’autres la tentative de reconstituer un arbre 
généalogique... On a donc un moyen indépendant de toute 
considération relative à la symbiose pour apprécier le degré 
d'évolution des espèces actuelles. » Partant de là, Noël BER- 
NARD s'est proposé d'examiner comment l’état de symbiose 
se modifie quand on passe d’Orchidées simples et primitives 
à d’autres qui atteignent un plus haut degré de complexité. 

Cette enquête l’a conduit à reconnaître que l’évolution des 
Orchidées a concordé avec une adaptation de plus en plus 
parfaite de ces plantes à la symbiose. Au rang le plus infé- 
rieur, représenté par le Bletilla hyacinthina, la symbiose est, 
comme on l’a vu, facultative au début de la vie, et l’appari- 
tion du premier tubercule est tardive. Chez le Bletilla adulte, 


254 J. MAGROU 


la symbiose est la règle, mais elle reste intermittente : chaque 
année des racines poussent et s’infestent, en même temps que 
se développent des tiges aériennes ; l’organisme réagit à 
l’infestation en produisant un tubercule ; puis les racines 
meurent, comme les tiges, laissant la plante réduite à un rhi- 
zome indemne de Champignons. Il s’agit la d’une forme pri- 
mitive de symbiose, et, selon la remarque de Noël BERNARD, 

l’état d’un Bletilla est en réalité bien proche de celui d’une 
plante sujette à une maladie cryptogamique bénigne, capable 
de récidiver. 

Chez des Orchidées plus évoluées, telles que les Cattléyées, 
la symbiose est devenue nécessaire au début de la vie, et le 
tubercule embryonnaire se forme dès la germination ; mais, 
à l’état adulte, l’infestation est, comme dans le cas précé- 
dent, intermittente, et le mode de végétation reste conforme 
au type sympodial. : 

C’est seulement chez les Orchidées les plus évoluées, telles 
que les Phalænopsis, les Vanda ou le Neottia N duce que 
la symbiose atteint sa forme la plus parfaite ; non seulement 
elle est, 1c1 encore, nécessaire dès le début de la vie, mais elle 
cesse d’étre intermittente pour devenir continue: la plante 
une fois infestée héberge des Champignons pendant tout le 


cours de sa vie, et sa végétation devient monopodiale. © 


Certaines de ces Orchidées à végétation monopodiale, consti- 
tuées par une tige dressée ligneuse surmontée d’un bouquet 
de feuilles, sont de véritables arbres, ayant le port des 
Palmiers. 

Une telle concordance entre l’évolution et l’adaptation de 
plus en plus parfaite a la symbiose, qui se retrouve dans les 
diverses séries phylétiques des Orchidées, rend hautement 
vraisemblable que -les deux phénomènes sont corrélatifs 
et que l’action continue des Champignons a eu un rôle essen- 
tiel pour la formation des espèces de cette famille. Mais une 
symbiose de plus en plus parfaite se caractérise, comme on 


vient de le voir, par un séjour de plus en plus prolongé des 


Champignons dans les cellules de leurs hôtes. Or, on sait que 
l’activité, ou, si l’on veut, la virulence des endophytes, qui 
s’atténue lorsque ces organismes ménent la vie autonome, 


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itt Rabbi 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 255 


s’exalte au contraire lorsqu'ils vivent continiment à l’état 
de symbiose. On est conduit par là à se demander si l’évolu- 
tion des Orchidées n’a pas été entraînée par une exaltation 
progressive d'activité de leurs Champignons commensaux. 
S'il en est ainsi, cette évolution doit pouvoir être reproduite 
expérimentalement ; Noël Bernarp [5] l’a Mrs en 
effet chez le Bletilla hyacinthina. 

Si on inocule des semis de graines de cette espéce avec un 
Champignon d’activité moyenne, le mycélium pénétre les 
cellules de ’embryon, mais y est rapidement détruit par pha- 
gocytose ; les graines donnent des plantules gréles, à entre- 
nœuds espacés, analogues aux formes juvéniles de la plupart 
des végétaux. Mais, après plusieurs tentatives de pénétration 
du Champignon, la symbiose finit par s’établir ; il se forme 
dès lors un tubercule à la partie supérieure de la tige : à la 
symbiose tardive correspond ici une tubérisation tardive. 
Si on inocule le semis avec un Champignon rendu très actif 
par un séjour dans des plantules, la symbiose s’établit 
d'emblée, et il se forme, dès la germination, conformément à 
la loi générale du développement des Orchidées, un tubercule 
embryonnaire. Sous l'influence de Champignons d’activité 
exagérée,le Bletilla abandonne donc son mode de germination 
normal pour donner des plantules analogues à celles des Orchi- 
dées plus évoluées. 

De même un Cymbidium, inoculé avec le Rhizoctonia muco- 
roides, Champignon des Phalænopsis et des Vanda, qui sont 
parmi les plus évoluées des Orchidées, a abandonné son mode 
de germination habituel pour donner une plantule analogue 
a celle de l’Eulophidium maculatum. Des mutations plus. 
remarquables encore se sont produites dans les cas, d’ail- 
leurs assez rares, où une association anormale a pu être 
réalisée entre des embryons de Vanda et le Rhizoctonia lanu- 
ginosa, commensal des Odontoglossum ; un certain nombre 
de graines soumises à l’action de ce Champignon ont donné 
des tubercules embryonnaires ramifiés, ou plus exactement 
fasciés, fort différents des plantules normales de Vanda. 

Les progrès de la symbiose ayant entraîné la formation de 


plus en plus précoce des tubercules, il est naturel de penser 


256 J. MAGROU | 


que les ancêtres directs des Orchidées étaient des plantes 
ou la tubérisation devait se produire plus tardivement encore 
que chez le Bletilla. Cette hypothèse conduit à admettre que 
«des plantes annuelles atteintes, d’abord accidentellement, 
par des Champignons ont cessé de fleurir dans leur première 
année et que, par compensation, des bourgeons latéraux de 
leurs tiges ont donné naissance à des organes pérennants, 
bulbes ou branches de rhizome (1). La formation de ces organes 
serait ensuite devenue de plus en plus précoce, enméme temps 


que l'association avec les Champignons devenait a chaque 


génération plus prolongée et plus intime ». 


51. Les étapes de l’évolution. — La vérification de cette: 


hypothèse exigerait une étude comparée de la symbiose dans 
des familles telles que les Liliacées ou les Amaryllidées, que 


l’on peut considérer comme vraisemblablement voisines de 


la souche ancestrale des Orchidées. A défaut d’une telle 


étude, les exemples étudiés dans le présent travail offrent 


l’image des étapes que ces plantes ont dû parcourir pour 
atteindre à l’état de haute différenciation TR, par les 
Orchidées. 


Le degré le plus inférieur de cette évolution est occupé par 


la Pomme de terre. Non seulement, chez cette espèce, les 


graines germent sans Champignon, mais encore la symbiose 
ne s'établit qu'irrégulièrement. Beaucoup d'individus s’af- 
franchissent des endophytes et évoluent sans produire de 
tubercules, se comportant comme des plantes annuelles. 


D’autres tolèrent leurs hôtes, mais dans ce cas la symbiose 


s établit tardivement, et la tubérisation qui en est la consé- 
quence est de même tardive : les bourgeons latéraux de la 


tige ne forment des tubercules qu'après avoir différencié 


des stolons gréles plus ou moins allongés (fig. 9, A). Par la 
suite, la symbiose est intermittente, et la plante se développe 
selon le mode sympodial. 


(1) Le phénomène inverse a pu d’ailleurs se produire ; des plantes vivaces, 
en s’affranchissant des Champignons, auraient alors donné naissance à des 
espèces annuelles, L'histoire des Mercuriales suggère comment deux espèces, 
l’une annuelle et l’autre vivace, ont pu se différencier, par un processus de ce 
genre, aux dépens d’une souche ancestrale commune. 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION sa DUT 


L'adaptation à la symbiose est déjà moins imparfaite 
chez l’Orobus tuberosus. Ici encore, la germination est auto- 
nome, et la plante développe d’abord une ou deux tiges feuil- 
lées bien différenciées. Mais la virulence du Champignon a 
_ plus de fixité que dans le cas précédent, et tous les individus 

exposés à la pénétration des endophytes contractent la sym- 
biose avec eux. La tubérisation est moins tardive que chez 


Fig. 9. — Schéma des étapes de l’évolution, montrant la tubérisation d’autant plus 
précoce que l’adaptation à la symbiose est plus parfaite. — A, Solanum tuberosum : 
B, Orobus tuberosus ; CG, Ficaria ranunculoides ; D, plantule de Bletilla hyacinthina 
inoculée avec un Rhizoctonia repens atténué ; E, plantule de Bletilla hyacinthina ino- 
culée avec un Rhizoctonia repens actif; F, tubercule embryonnaire de Cattleya. 
—t,tubercules. En D et F,les régions infestées, vues partransparence, sont ombrées.— 
C à F d’après Noël BERNARD. 


la Pomme de terre : les bourgeons latéraux de la tige prin- 
cipale cessent de se différencier sans avoir passé par aucune 
phase d’élongation, et ces bourgeons avortés restent confondus 
dans le tubersule unique qui se développe à la base de la 
plante (fig. 9, B). Enfin, la symbiose une fois établie reste 
continue, et les tubercules, au lieu de disparaître chaque année, 
continuent à s’accroitre indéfiniment. | 

Le cas de la Ficaire, étudié par Noël BERNARD [1], repré- 
sente un progrès vers la symbiose et la tubérisation précoces, 
telles qu’elles sont réalisées chez les Orchidées. Les graines 
de Ficaire ont un embryon rudimentaire, qui se diffé- 


rencie pendant la digestion de l’albumen; mais la phase 
ANN. DES SC, NAT. BOT., 108 série. 1921; m7 


258 J. MAGROU 


juvénile de différenciation est ici beaucoup plus courte que 
chez les deux plantes précédentes ; elle ne va pas au delà du 
déploiement du cotylédon unique de la plantule. Les racines 
s’infestent en effet dès leur formation, et aussitôt le bour- 
geon terminal cesse d'évoluer en rameau et produit un tu- 
bercule (fig. 9, C). 

ec une nous amène à celui du Bletilla inoculé avec 
des Champignons atténués, qui, après une courte phase d’élon- | 
gation, produit un tubercule aux dépens de son bourgeon 
terminal (fig. 9, D). On passe de là au cas du Bletilla inoculé 
avec un mycélium actif, qui germe directement en [un tuber- 
cule embryonnaire (fig. 9, E), et, enfin, au cas des Orchidées 
plus évoluées, où la symbiose est nécessaire à la germination, 
et où la phase initiale du développement est une phase de 
tubérisation (fig. 9, F). 


52. L'origine des plantes vasculaires. — Ces exemples 
montrent comment la symbiose, après avoir provoqué l’éta- 
blissement de l’état vivace, a pu entraîner une évolution 
progressive de l’appareil végétatif des plantes qui lui étaient 
soumises de plus en plus étroitement. Mais on est souvent 
porté à attribuer moins d'importance, en systématique, aux 
_ caractères végétatifs qu’aux particularités de la reproduction, 
et à fonder de préférence sur les homologies de l’appareil 
reproducteur les hypothèses relatives à la filiation des groupes. 
Cette manière de voir ne saurait pourtant être exclusive, et 
il est permis de se demander si, dans certains cas, des varia- 
tions de l’appareil végétatif, et notamment l'apparition de 
l’état vivace, n’ont pas été à la base de la formation de grands 
groupes de végétaux. : ; 

La série des Archégoniates est remarquable par Finite 
mité du cycle sexuel des plantes par ailleurs fort disparates 
qu’elle rassemble. Mais les deux grands groupes qui la com- 
posent se distinguent par des différences telles dans la forme 
et l’évolution de l’appareil végétatif qu’elles ont frappé 
d’abord les naturalistes, au point de justifier la répartition 
de ces végétaux en deux embranchements distincts. Les 
Muscinées ont un gamétophyte plus ou moins complexe, sou- 


SYMBIOSE ET TUBÉRISATION 259 


vent vivace, et un sporophyte toujours monopodial et annuel. 
Chez les Cryptogames vasculaires les plus inférieures, telles 
que les Lycopodiacées, le sporophyte est toujours vivace, 
aussi bien que le prothalle. On est porté a situer la souche 
ancestrale des Lycopodiacées, et, par leur intermédiaire, 
des plantes vasculaires, au voisinage des Muscinées à gamé- 
tophyte peu élevé en organisation, telles que certaines Hépa- 
_ tiques à thalle. | 

Or, le thalle des Hépatiques est souvent vivace, et, dans 
ce cas, il héberge des Champignons symbiotiques ayant tous 
les caractères des Champignons de mycorhizes ; par contre, 
le sporophyte annuel de ces plantes est toujours indemne 
d infestation. Chez les Lycopodiacées, les prothalles vivaces 
sont infestés, et la symbiose atteint chez eux un haut degré 
de perfection, puisque les spores dont ils dérivent ne peuvent 
germer qu’avec le concours de Champignons ; ces gaméto- 
phytes, infestés dès l’origine, sont d’ailleurs tubérisés et pren- 
nent au début de leur développement des formes en toupies 
comparables aux formes juvéniles des Orchidées. Mais, 
au contraire de ce qui arrive chez les Hépatiques, l’infesta- 
tion se propage ici au sporophyte dès la germination de l’œuf : 
chez le Lycopodium cernuum ou le Phylloglossum Drummondit, — 
par exemple, la jeune plantule issue de l’œuf forme préco- 
cement un petit tubercule infesté, appliqué sur le sol. Par la 
suite, le sporophyte reste soumis à la symbiose et prend 
l'état vivace. 

Partant de ces données, Noël BERNARD suggère que les 
plantes vasculaires primitives dérivent, par une adaptation 
parfaite à la symbiose, de quelque forme disparue d’Hépatique 
ou d’Anthocérotale à gamétophyte infesté et vivace. Le 
sporophyte monopodial et annuel de cette forme ancestrale 
supposée, envahi par les (Champignons commensaux du 
gamétophyte, a réagi en produisant un tubercule et s’est 
affranchi en prenant l’état vivace. Ainsi, l'apparition des 
plantes vasculaires aurait été la conséquence d’une haute 
adaptation de certaines Muscinées à la vie en symbiose avec 
des Champignons. | 

I] serait important, pour contrôler cette hypothèse, d’étu- 


260 J. MAGROU 


dier l’influence dela symbiose sur le développement du gamé- — 
tophyte chez les Hépatiques. Des observations récentes de 
M. Marcel Denis fournissent à cet égard des suggestions inté- 
ressantes[15]. Dans les thalles d’un Aneura sp., M. DENIS a 
découvert une infestation particulièrement importante, due 
à un Champignon filamenteux qui forme des pelotons intra- 
cellulaires ; la zone envahie, qui comprend plusieurs. assises 
de cellules, est beaucoup plus étendue que chez les Aneura 
normaux. Or cette plante très largement infestée présentait, 
par rapport au type de végétation habituel des Hépatiques 
à thalle, des caractères aberrants ; le thalle était très charnu, 
avait l’aspect coralloide qu’offrent les racines de certains 
saprophytes et était dépourvu de chlorophylle ; il se rappro- 
chait par là du prothalle tubérisé et souvent sans chlorophylle 
des Lycopodes. On a donc là l'exemple d’un gamétophyte 
d’Hépatique, qui, par suite d’une -adaptation plus étroite 
à la symbiose, a acquis quelques-uns des caractères les plus 
saillants du gamétophyte des Lycopodiacées. 

Les remarquables expériences de M. RAYNER sur le Calluna 
vulgaris [38, 39] montrent, d’autre part, comment l’appa- 
rition des racines, qui est l’un des traits distinctifs essentiels 
des plantes vasculaires, peut dépendre, dans certains cas, de 
l’action de Champignons symbiotiques. Des graines de Calluna, 
semées aseptiquement, après désinfection de leur tégument,sur 
des milieux gélosés stérilisés, germent en donnant des plan- 
tules rabougries, dépourvues de racines. Semées, toutes choses 
égales d’ailleurs, au contact du Phoma qui est l’endophyte 
de cette espèce, elles développent des plantules d'aspect. 
normal, abondamment pourvues de racines. 


53. Symbiose et évolution chez les Lichens. — Les exemples. 
précédents laissent entrevoir le rôle essentiel que la symbiose 
a pu jouer dans l’évolution des plantes supérieures. Le cas 
des Lichens suggère que le même facteur a pu agir aussi Sur 
l’évolution de Thallophytes. M. et Mme Fernand Moreau 
ont entrepris, du point de vue où s’était placé Noël BERNARD 
pour ses recherches, une étude de la symbiose lichénique, qui, 
pour en être à ses débuts, n’en a pas moins fourni des résultats 


SYMBIOSE ET TUBERISATION 261 


suggestifs [34]. Partant de ce fait que les hyphes des 
Lichens, lorsqu'une Algue est introduite dans une région du 
thalle où elle ne pénètre généralement pas, réagissent à son 
contact en produisant un plectenchyme cortical, ces auteurs 
en viennent à considérer le thalle aérien du Lichen comme 
l'équivalent d’un organe déformé par un parasite; les Lichens 
seraient ainsi des Champignons malades, atteints d’une 
maladie dont l’agent infectieux est une Algue. Il y aurait 
donc à distinguer chez ces végétaux deux groupes de carac- 
tères : les uns en rapport immédiat avec la symbiose et 
récemment acquis, les autres indépendants de la symbiose 
et remontant à un passé lointain. 

Dans une note ultérieure [35], à laquelle il a été fait 
allusion plus haut (Voir chap. IV, $ 33), M. F. Moreau 
signale que les associations instables qui résultent chez les 
Lichens de l’invasion d’Algues étrangères peuvent, en certains 
cas, acquérir les caractères de stabilité de la symbiose 
lichénique habituelle ; or le complexe qui résulte de cette 
symbiose anormale diffère profondément du thalle primitif 
et mérite d’être décrit comme une espèce nouvelle. C’est 
ce qui arrive chez une Stictacée, le Ricasolia amplissima. 
Chez ce Lichen, il est fréquent que des céphalodies externes 
ou internes se forment sous l’influence d’une Cyanophycée. 
L'évolution de ces céphalodies peut être arrêtée par la dégé- 
nérescence et la mort des Algues, mais souvent elles s'élèvent 
vers le cortex, dont elles écartent les éléments, et, faisant 
éruption à la face supérieure du Lichen, se ramifient de manière 
à constituer des arbuscules qui couvrent d’une végétation 
grisâtre la surface du thalle et méritent par leur fréquence 
de figurer dans la diagnose de l’espèce. Certains lichéno- 
logues considèrent ces formations comme des Lichens adven- 
tifs, auxquels ils donnent le nom de Dendriscocaulon bola- 
cynum. Ces faits, caractérisés par l’apparition brusque d’un 
être nouveau, né d’une association anormale, sont à mettre 
en parallèle avecles mutations que Noël BERNARD a observées 
chez les Vanda et les Cymbidium, dans les cas où il a réussi 
à adapter ces Orchidées à la symbiose avec des CHAMPS 
distincts de leurs hôtes normaux. 


262 J. MAGROU 


54. La symbiose chez les Bactéries. — D’autres expériences: 


suggèrent que, chez des Thallophytes d'organisation beau- 
coup plus rudimentaire, tels que les Bactériacées, la symbiose 
peut encore agir comme facteur d'évolution. M. Prnoy [37] a 
montré que les Myxobactéries adoptent deux modes de végé- 
tation différents, selon qu’elles sont associées ou non à une 
Bactérie symbiotique. Un Chondromyces crocatus, cultivé 
en culture pure, se développe indéfiniment à la manière des 
Bactéries ordinaires, en donnant des colonies indifférenciées. 
Associé à une Bactérie voisine du Micrococcus luteus, ce 
même germe édifie des appareils d’une haute complexité, 


comprenant un pied souvent ramifié, supportant une tête 


arrondie sur laquelle sont insérés des kystes cylindriques. 
Pied, tête et kystes sont formés de Bactéries disposées sui- 
vant des alignements réguliers et cimentées par une gangue 
cornée. 

La symbiose étant définie comme une association durable 
entre deux organismes antagonistes dont les forces s équili- 
brent, on pouvait espérer la réaliser en partant d’une Bactérie 
capable de produire chez un animal soit des infections mor- 
telles, soit des infections bénignes. Il suffisait pour cela de 
chercher la condition où les deux organismes en présence 

arriveraient à tolérer la vie commune prolongée. C’est ce que 
jai tenté de réaliser avec une Bactérie pyogène, le Staphylo- 
coccus aureus [25]. Inoculé à dose convenable au Cobaye, ce 
germe provoque une réaction inflammatoire locale, caractérisée 
par un afflux de leucocytes polynucléaires, se produisant 
au point envahi par les Bactéries. Les leucocytes et les mi- 
crobes ainsi mis en présence peuvent subir des sorts divers : 
tantôt les Staphylocoques, au moyen des toxines qu'ils 
sécrètent, détruisent en masse les leucocytes qui les envi- 
ronnent ; tantôt, au contraire, ces derniers éléments triom- 
phent de l'invasion et demeurent vivants, après avoir 
détruit les Bactéries. Mais, si la dose de germes injectés est 
bien choisie, microbes et leucocytes restent vivants au contact 


les uns des autres, réalisant une sorte de symbiose. En 


pareil cas, les colonies de Staphylocoques qui occupent le 
centre des nodules leucocytaires adoptent un mode de 


PER ars. ag 


SYMBIOSE ET TUBERISATION 263 


végétation particulier ; leurs cellules périphériques se diffé- 
rencient en éléments claviformes à membrane épaisse et 
stratifiée, qui se groupent suivant une disposition rayonnée 
autour de l’amas central de Coccus. Des organismes très 
différents du Staphylocoque, tels que le Bacille tuberculeux, 
certaines Streptothricées et même des Champignons (Wo- 
nilia albicans [24], peuvent adopter un type de végétation 
identique, lorsqu'ils s'adaptent à la symbiose avec des leuco- 
cytes de Mammifères. Ces exemples de convergence mon- 
trent qu'ici encore la forme d’un être peut dépendre non 
seulement de la nature de ses germes, mais encore des circon- 
stances qui entourent son développement. 


55. Symbiose et évolution chez les animaux. — Les faits 
qui viennent d’être énumérés montrent que la doctrine de 
l’évolution dans la symbiose, que Noël BERNARD avait fondée 
sur l’étude comparée de divers groupes de plantes supérieures, 
peut être sans invraisemblance généralisée à l’ensemble de 
la série végétale, sans en excepter les Thallophytes les plus 
inférieurs. Est-il possible de donner à cette doctrine toute 
son ampleur en l’étendant au règne animal? Nos connaissances 
sur la symbiose chez les animaux sont trop fragmentaires 
pour qu'une telle généralisation ne soit encore prématurée. 
Pourtant certains groupes, les Insectes notamment offrent 
des exemples nombreux d'associations héréditaires avec des 
microorganismes qui paraissent Jouer un rôle dans leur vie. 
Les études publiées par M. Rousaup sur la symbiose chez 
les Mouches tsetsés sont à ce point de vue parmi les plus 
suggestives [40]. Les tsetsés ou Glossines se distinguent des 
autres Mouches par des caractères aberrants, dont les prin- 
cipaux sont leur régime hémophagestrict et leur reproduction 
pupipare. Par une série d'observations et de raisonnements 
fort ingénieux, M. Rougaup établit que ces deux caractères 
sont corrélatifs et sont sous la dépendance de la symbiose 
vraisemblablement héréditaire que les Glossines contractent 
obligatoirement avec des Levures. En fait, les Mouches 
piqueuses, telles que les Stomoxes, chez lesquelles le régime 


“hémophage n’est pas exclusif, sont ovipares et ne sont pas 


264 J. MAGROU 


soumises ala symbiose. Par contre, tous les Diptéres pu- 
pipares sont, comme les Glossines, des hémophages stricts et, 
comme elles, hébergent des Levures symbiotiques dans des 
cellules spécialisées de leur intestin. Ainsi a pu se réaliser 
« cette remarquable série adaptative que nous offre, dans le 
sens de l’ectoparasitisme, l’ensembe des Diptéres pupipares, 
chez lesquels on peut suivre de façon si complète, avec l’atro- 
phie progressive des ailes et la dégradation parasitaire crois- 
sante, une modification si complète du type de la Mouche » 
[Rougaup]. Nous avons bien là l’exemple d’une évolution 
progressive réalisée par tout un groupe d’animaux et dont la 
cause déterminante première est la symbiose avec des 
microorganismes. À ce point de vue, les observations de 
M. Rougaup sur les Mouches sont à mettre en parallèle avec 
les expériences de Noël BERNARD sur les Orchidées. 

Des faits de même ordre se retrouvent-ils à d’autres degrés 
de l'échelle animale? Des recherches récentes tendent à 
montrer que, chez les Mammifères même, des associations 
symbiotiques ont pu n'être pas sans influence sur le dévelop- 
pement. MM. Masson et Recaup [26 à 28] ont, en effet, 
signalé la présence constante et normale; dans le tissu lym- 
phoide de l’intestin du Lapin, de nombreuses Bactéries, et ils 
suggèrent que la structure très particulière des organes lym- 
phoides intestinaux chez cette espèce est liée à la symbiose. 


Ainsi la théorie de l’évolution par la symbiose permet de 
coordonner des faits nombreux se rapportant aux groupes les 
plus variés d’être vivants. Elle apparaît par là comme un 
instrument de travail de valeur éprouvée. Les découvertes 
de Pasteur ont montré le rôle fondamental que les micro- 
organismes jouent dans la nature. Si l’on adopte l’hypothèse 
générale qui vient d’être esquissée, il convient de faire figurer 
la genèse et l’évolution des espèces parmi les phénomènes 
qui relèvent de leur action. Le domaine de la microbiologie 
se trouve dès lors immensément accru, et, grâce aux méthodes 
créées par PASTEUR, on peut avoir l’espoir d’arriver à une 
connaissance précise du déterminisme de l’évolution, qui 
fournira sans doute le moyen de la diriger. 


APPENDICE 


—_————— 


I. — STATISTIQUES. 


Pour apprécier le degré d’infestation des plantes étudiées, j’ai 
eu recours à la méthode statistique suivante : pour chaque plante, 
les racines ont été coupées en menus fragments, qui ont été rassem- 
blés en faisceau; après inclusion à la paraffine, le faisceau de racines 
a été débité en coupes de 1/150€ de millimètre. Des coupes ont été 
prélevées de quinze en quinze dans la série obtenue et examinées ; 
ces examens, portant sur des coupes distantes de 0™™,1, ne pou- 
vaient laisser échapper aucune infestation importante. 

Cela fait, j’ai compté, pour chacune des plantes étudiées, le 
nombre total de racines ainsi examinées et le nombre de racines 
infestées ; pour chacune de ces dernières, l’état du Champignon et 
l'étendue de l’infestation ont été notés. 

Les résultats de ces statistiques sont résumés dans les tableaux 
suivants. J’y ai noté (dans la colonne de droite) le rapport (appelé 


5 eee 0 
par abréviation rapport -) du nombre de racines renfermant du 
l 


mycélium vivant au nombre total de racines infestées. Les nombres 
de cette colonne sont les plus importants à considérer, puisqu'ils 
donnent en quelque sorte la mesure de l’adaptation du Champignon 
à la vie symbiotique. Le rapport qu’ils expriment tend vers l’unité 
dans les cas où la symbiose est réalisée, vers zéro dans le cas con- 
traire : on verra, par la lecture des tableaux, que la symbiose, ainsi 
exprimée numériquement, coïncide toujours avec la tubérisation 
et l’absence de symbiose avec l’absence d’organes pérennants. 


A. — « Solanum tuberosum ». 


Plantes issues de graines cultivées dans de la terre prélevée au 
pied de Douces-Amères infestées. Les échantillons de la première 
série d'expériences proviennent de graines achetées dans le com- 
merce ; — ceux de la deuxième série appartiennent à la variété 
« Jaune de Norvège » ; — ceux de la troisième série proviennent 
de graines prises dans des fruits récoltés sur une même plante, de 
variété indéterminée. 


266 


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SERIES | 4 & 
D’EXPÉ-| © S 
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RIENCES. m WM 
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17e série. : 
| 
A 
418] 
C 
D 

2e série. 
F 
II 

of série 
III 
TV 


(1) La plante «, bien que pourvue de queiques tubercules, se distinguait des autres plantes 
tubérisées par le développement exubérant de son appareil aérien ; elle représente donc un 
type intermédiaire entre les deux cas extrêmes caractéristiques. On remarquera que, chez 
cette plante à caractères mixtes, l’infestation est relativement restreinte, bien que le rap- 


port ~ reste élevé, comme il est de régle chez les plantes tubérisées. 


DURÉE 


de la 
CULTURE. 


5 mois 


10 jours. 
4 mois 
et 


17 jours. 


17 jours. 


4 mois 
et 


17 jours. 


5 inois. 


5 mois. 


6 mois. 


6 mois. 


5 mois. 


5 mois. 


5 mois. 


5 mois. 


SAN Te SE ENG TE ns je 
© 2 2% 


RON 


mn 
_ = . 
aioe el 


te. 


APPENDICE 


DESCRIPTION 


DES PLANTES. 


Une tige aérienne uni- 
que. Nomb. stolons 
tubérisés (pl.IT, fig.2). 


Une tige aérienne uni- 


que. Nombreux sto- 
lons tubérisés (PL. I, 
fig. 3). 

& tiges aériennes. Ni 
stolons nitubercules 
(PE I, figs 4): 

Une tige aérienne uni- 
que. Plusieurs sto- 
lons tubérisés (PI. 
I, fig. 4). 

4 tigesaériennes; sto- 
lons souter. non tu- 
bérisés (PL.IT, fig. 1). 

3 tiges aériennes; sto- 
lons souter. non tu- 
bérisés(PI.ITT, fig.1). 

Nombreuses tiges aé- 
riennes ; ni stolons 
ni tubercules (PL. I, 
De. 2h 

Une haute tige aé- 
rienne ; trois autres 
très peu dévelop- 
pées ; nombreux sto- 
lons tubérisés (PI. 
IL fie, 2); 

3 hautes tiges aérien- 
nes ; stolons 
risés. 

3 hautes tiges aérien- 
nes ; nombreux sto- 
lons non tubérisés. 

Une tige aérienne uni- 
que ; 2 stolons tubé- 

risés. 

6 tiges aériennes ; ni 
stolons ni tubercules. 

4 tiges aériennes ; ni 
stolons, nz iuber- 
cules. 

Une tige aérienn? uni- 
que; 2 stolons tubé- 
risés. 


tu bé- 


RACINES 


4 


3 


1 


RACINES 
2 RACINES cna PORT 
= hnresréss.| mycélium| @ | 
i vivant. L 
266 70 37 
(26,3 %) | 100 
209 101 94 
| (48,3 %) | 100 
868 
680 
390 
080 
255 
398 
909 16 
(4,796) ied %) 100 
851| 42 0 0 
(4,9 %) 

480 59 AD 79 
| (82,8°/o)| (26 %)° | 100 
604| 108 30 | 27. 

_[(17,8 %) | (4,8 %) | 100 
227| 36 12 | 83 
| (45%) | (5%) | Too 
455| 34 28 | 90 
(20% )} (18 %) | 100 


Rap- : 


pe ET ae ee 


“APPENDICE 267 
B. — Orobes. 


Plantes issues de graines, cultivées dans de la terre prélevée au 
pied d’Orobus tuberosus infestés. 


Nos 

NATURE 
des 

DES PLANTES, 


Orobus tuberosus. 45 


Orobus coccineus. 


D'ORDRE 


échantil- 
lons. 


DURÉE 


_. de la 


CULTURE, 


6 mois. 


9 mois 


2 mois 
et 

9 jours, 

2 mois 
et 


10 jours. 


2 mois 
et 


10 jours. 


2 mois 
et 


10 jours. 


RACINES 


EXAMINÉES. 


C. — Mercuriales. 


RACINES | Rap. || 


RACINES |renfermant PORT 


| LA 
INFESTÉES. 


Plantes récoltées dans des stations naturelles. 


du 


mycélium 


vivant. 


26 


Nos | RACINES|_ RACINES | Rar- 
NATURE D’ ORDRE RACINES |renfermant | porrl 
des . EXA- du : 
DES PLANTES. échantil- ; INFESTÉES.| mycélium #3 
lons. INES vivant. L 
Mercurialis perennis. 8 244 24 24 100 
(9,8 %) | (9,8 %) | 100 
ac 39 86 62 62 100 
(72 %) | 172 %) | 100 
Mercurialis annua. 33 526 79 4 210 
: (15 9/0) | (0,76 ©) | 100 
= 35 909 147 16 10 
(41 9) | (4,5 %o) | 100 


268 APPENDICE 


Il. — TECHNIQUES. 


Préparation des milieux de culture. — Pour préparer le milieu 
nutritif destiné aux cultures aseptiques de plantes, il importe de ne 
pas stériliser en mélange les divers sels minéraux qui entrent dans 
sa composition. Cette pratique entrainerait.la formation de préci- 
pités. Je me suis arrété a la technique suivante, qui permet d'obtenir 
des gelées parfaitement limpides. 

Préparer les quatre solutions suivantes ; les stériliser à l’auto- 
clave. | 


Solution A: 


Sulfate de mem Conmiy ee tre CRAN 1 gramme. 

sulfate de sodium. St CAS RE ce 1 — 

Nitrate de potassium......... Ae ice D ee are il — 

Tartrate:de potassim.: 5.270.342 er ee? 1 — 

au dis FRE: Es RSR NIMES Fe 100 cent. cubes. 
Solution B : 

Phosphate bipotassique nes re FN 1 gramme. 


au Gistilee: PT PO Ra de nee 50 cent. cubes. 


Solution C : 


Chlorure deCalcium Les rc Res ae on ere ees 1 gramme. 

Pau Gistilees Le AT ee ee ER PR 50 cent. cubes. 
Solution D : 

Tartrate ferrico-potassique ........ SN OS re 08r,02 

Bau distillée. ree M ek pee ee ee enr, 50 cent. “cubes: 


Dissoudre dans de l’eau distillée de la gélose préalablement 
lavée à l’eau courante pendant vingt-quatre heures (10 grammes de 


gélose p. 1000 d’eau distillée) ; filtrer et répartir cette gélose dans de 


larges tubes de culture, à raison de 35 centimètres cubes par tube. 
Stériliser à l’autoclave. | 

Avant la prise en gelée, ajouter à 
pipettes graduées stérilisées : 


chaque tube, au moyen de 


2 cent. cubes de la solution A 
4 cent. cube — 
1 Le trs RL 


4 — 


— 


—— 


alee: ee 


APPENDICE 269 


On obtient ainsi une gélose nutritive ayant la composition men- 
tionnée ci-dessus (§ 15). 

Techniques histologiques. — Les racines et tubercules destinés 
aux examens histologiques ont été fixés dans le liquide suivant : 


RE RO RE LU Gt oaks «we he tee SR à de 16 cent. cubes, 
PIQUE Msn nee Ulis en 5 + 
PO Rd COMMERCE". 0.4 ES ve ores dede ete 5 = 
Acide picrique à 1 p.100 dans l’alcoolà 959........ 80 — 


_ Pour la coloration des coupes, en outre des méthodes de double 
coloration employées par Noël BERNARD [5], j'ai employé cou- 
ramment la thionine phéniquée, qui donne de bonnes différen- 
 ciations cytologiques des Champignons, malheureusement très 
fugaces. | 

La méthode suivante, empruntée à M. Lecroux (1), donne une 
bonne coloration des membranes de l’endophyte : 

Après dissolution de la paraffine, la lame est lavée à l'alcool 
méthylique, puis transportée face en dessus dans une boîte Laveran- 
Mesnil, et recouverte avec 1 centimètre cube du mélange colorant 
suivant : 


Éoswate de bleu deméthylène..............:%, 7 grammes. 
Hosimate de bleu de ioluidine .....:...{........ 180 5 

eS HO MATTER 55 ory calle aso ohh aes bli aes ee 08st 5 
Mlcdonréthy tique 490057, bev. We eee en, mo 490 cent. cubes. 


Après une minute, verser 4 centimètres cubes d’eau distillée 
neutralisée au rouge neutre; retourner la lame après mélange ; 
au bout de dix à quinze minutes, laver à l’eau ordinaire, diffé- 
rencier avec une solution de tanin orange au quart dans l’eau dis- 
tillée neutralisée. Déshydrater à l’alcool éthylique, passer au to- 
luéne, monter à l’huile de cèdre. 


Ce travail a été fait à l’Institut Pasteur et, en partie, au labo- 
ratoire de Botanique du Muséum d'Histoire naturelle, dirigé par 
M. J. CosTaAnTIN. J’adresse mes plus sincères remerciments à 
M. Costantin pour l’accueil que j’ai trouvé dans son laboratoire 
et pour les nombreux encouragements qu’il m’a donnés. 


(1) Voir Lecroux (R.) et Macrou (J.), Ann. Institut Pasteur, t. XXXIV, | 
1920. 


4 


LR à ee APRENDIGE 0, = à ae 


Je dois à M. Pinoy, de l'Institut Pasteur, dinsiouge suggestions 
fort utiles, dont je le remercie ; c’est sur son conseil notamment que 
j'ai choisi comme objet d'étude l Orobus tuberosus. 

M. GuicnarpD a bien voulu s'intéresser à ces recherches et me 
fournir divers matériaux d’étude ; je lui en exprime toute ma 
reconnaissance. Le = | 

Je remercie enfin les personnes qui ont bien voulu faciliter ma 
tâche en me procurant des graines ou autres échantillons nécessaires 
pour ces recherches. 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


fe Blinn (Noër). Études sur la tubérisation (Revue gén. de Bot., XIV, 1902). 
2. Ip., Conditions physiques de la tubérisation chez les végétaux (G.HRe 
Acad. des Sc., CXXXV, 1902). 
8. In., Mécanismes physiques d’actions parasitaires (Bull. Soc. linnéenne de 
Normandie, 5° série, VI, 1902). 
4. Ip., Recherches expérimentales sur les Orchidées (Revue gén. de Bot., XVI, 
1904). | 
5. Ip., L'évolution dans la symbiose (Ann. Sc. nat. Bot., 9° série, IX, 1909). 
6. Ip., Remarques sur l’immunité chez les plantes (Bull. Institut Pasteur, 
VII, 1909). 
7. Ip., L'origine de la Pomme de terre (Bull. Soc. acad. d’ Agriculture, Belles- 
_ Lettres, Sciences et Aris de Poitiers, déc. 1909). 
8. Ip., Sur la fonction fungicide des bulbes d’Ophrydées (Ann. Sc. nat. Bot., 
ge série, XIV, 1944, p. 223). 
9 lu, ues mycorhizes des Solanum (Ibid., p. . 235). 
410: Mme Noft BERNARD et J. Macrou,Sur les cou des Pommes de terre 
sauvages (Ibid., p. 252). 
41. Burcerr, Die Wurzelpilze der Orchideen, Iéna, Fischer, 1909. 
12-15, Dre Anzucht tropischer Orchideen aus Samen, Iéna, Fischer, 1911. 
43. CosTANTIN (J.), La vie des Orchidées, Paris, Flammarion, 1917. 
44, CosTANTIN (J.) et Durour (L.), Sur la biologie du Goodyera repens (Revue 
gén. de Bot., XX XII, 1920). 
45. Denis (Marcet), Sur quelques thalles d’Aneura dépourvus de chloro- 
phylle (C. R. Acad. des Sc., CLX VIII, 1919). 
46. FABRE (J.-H.), Recherches sur les tubercules de ’Himantoglossum hirei- 
num (Ann. Sc. nat. Bot., 4° série, V, 1855). 
47. GALLAUD, Etudes sur les mycorhizes endotrophes (Reeue gén. de Bot., 
XVII, 1905). 
18. JANSE, Les endophytes radicaux de quelques plantes javanaises (Ann. 
Jard. bot. de Buitenzorg, XIV, 1897). 
19. LAURENT (E.), Recherches expérimentales sur la formation d’amidon dans 
les plantes aux dépens de solutions organiques (Bull. Soc. Roy. de Bot. 
de Belgique, t. XX VI, 1888). 
20. Livineston (B. E.), On the nature of the stimulus which causes the 
change of form in polymorphic green Algae (Bot. Gaz., XXX, 1900). 
21. Ip., Further notes on the physiology of polymorphism in green Algae 
(Bot. Gaz., XXXII, 1901). 
22.119. Chemical stimulation of a green Alga (Bull Torr. Bot. Club, XXXII, 
1905). 
23. Macnus (W.), Studien an der endotrophen Mycorrhiza von Neottia Nidus- 
avis (Jahrb. fiir wiss. Bot., XX XV, 1900). 
24, Macrou (J.), Sur un cas de blastomycose pulmonaire bia aeveuies eee 
XXXIX, 1916). 


21 H 
ay, 


272 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


25. 


26. 


27: 


28. 


29. 
30. 


31. 


A1. 


42. 


Macrou (J.), Les formes actinomycotiques du Staphylocoque (Ann. 
Institut Pasteur, XX XIII, 1919). 

Masson (P.) et REGAUD (CL.), Sur Vexistence de nombreux microbes 
vivant à l’état normal dans le tissu des follicules lymphoides de l’in- 
testin chez le Lapin (C. R. Soc. de Biol., LXXXI, 1918). 

Ip., Apparition et pullulation des microbes dans le tissu lymphoide de 
l’appendice cecal du Lapin (C. R. Soc. de Biol., LXXXII, 1919). 

Ip., Sur la manière dont pénètrent les microbes ‘de la cavité intestinale 
dans Pépithélium de revêtement des follicules lymphoides chez le 
Lapin (fbid.). 


MozziarD (M.), Action morphogénique de quelques substances organiques ~ 


sur les végétaux supérieurs (Revue gén. de Bot., XIX, 1907). 

Ip., Recherches physiologiques sur les galles (Revue gén. de Bot., XXV, 
1913). 

Ip., Production expérimentale de tubercules aux dépens de la tige prin- 
cipale chez la Pomme de terre (C. R. Acad. des Sciences, CLX1, 1915). 


. Ip., Production artificielle d’une galle(C. R. Acad. des Sc., CLXV, 1917). 
. Ip., Tubérisation aseptique de la Carotte et du SEULE (C. R. Soc. de Biol, 


LXXXIII, 1920). 


. Morneau (M. et Mme Fernanp), Recherches sur les Lichens de la famille 


des Peltigéracées (Ann. Sc. nat. Bot., 10° série, I, 1919). 


. Moreau (FERNAND), Les différents aspects de la symbiose lichénique chez 


le Ricasolia herbacea D. N. et le Ricasolia amplissima Leigt. (C. R, 
Acad. des Sc:, CLX X, 1920). 


. PASTEUR, CHAMBERLAND et Roux, De l’atténuation des virus et de leur 


retour à la virulence (C. R. Acad. des Sc., XCII, 1881). 


. Pinoy (E.), Sur la nécessité d’une association bactérienne pour le déve- 


loppement d’une Myxobactérie, Chondromyces crocatus (C. R. Acad. 
des Sc., CLVIT, 1913). 


. Rayner (M. Cuevetey), Obligate Symbiosis in Calluna gulgaris (Ann. 


of Bot., XXIX, 1915). 


. Ip., Recent devlopments in the study of endotrophic mycorhiza (New — 


Phytologist, XV, 1916). 


. Rousaup (E.), Les particularités de la nutrition et la vie symbiotique 


chez les Mouches tsetsés (Ann. Institut Pasteur, XX XIII, 1919). 
SMITH (Erwin), Mechanism of overgrowth in plants (Proc. Amer. philos. 
Soc., DVI, 1917): 
WauruicH, Beitrage zur Kenntniss der Orchideenwurzelpilze (Bot. Zez- 
tung, XLIV, 1886). 


oe EST NS PONT MT 


EXPLICATION DES PLANCHES 


PLANCHES I A III 


Solanum tuberosum, 


Plantules cultivées en sol infesté. 


PLANCHE I, 


Fig. 1. — Plantule de cing mois et demi, affranchie de la symbiose, non tubé- 
risée. Grandeur naturelle. 

Fig. 2. — Plantule de cing mois, affranchie de la symbiose, non tubérisée. 
Grandeur naturelle. 

Fig. 3. — Plantule de cing mois et demi, soumise 4la symbiose, tubérisée. 
Grandeur naturelle. 

Fig. 4. --- Plantule de quatre mois et demi, soumise à la symbiose, tubérisée. 


Grandeur naturelle. 
PLANCHE II, 


Fig. 1. — Plantule de quatre mois et demi, affranchie de la symbiose, non 
tubérisée. Légérement réduit. 
Fig. 2. — Plantule de cing mois et demi, soumise à la symbiose, tubérisée 


Grandeur naturelle. 
PLANCHE III. 


Fig. 4. — Plantule de quatre mois et demi, affranchie de la symbiose, non 
tubérisée. Réduit aux 2/3 de la grandeur naturelle. 
Fig. 2.— Plantule de cinq mois, soumise à la symbiose, tubérisée. Réduit de1 /2. 


PLANCHE IV 
Orobus tuberosus. 


Fig. 1 et 2. — Plantules de neuf mois (fig. 1) et de sept mois et demi (fig. 2), 
cultivées aseptiquement en gélose. Les deux plantules sont abondamment 
ramifiées dès leur base et n’ont pas de tubercules. (On voit, à la partie 
inférieure de la tige, les cotylédons, encore inclus dans le tégument de la 
graine.) Légèrement réduit. 

Fig. 3. — Plantule de neuf mois, cultivéeen tube, dans de la terre infestée. La 
plantule n’a que deux tiges aériennes nées de l’aisselle des cotylédons ; le 
tubercule basilaire est masqué par la terre. Légèrement réduit. 

Fig. 4. —- Plantule de huit mois, cultivée en tube, dans de la terre stérilisée, 
Légèrement réduit. 

ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série. OZR. tithes 


274 EXPLICATION DES PLANCHES 


PLANCHE V 
Orobus tuberosus. 
Fig. 1 et 2. — Plantules cultivées en terre infestée, montrant le développement 
du tubercule basilaire. Légèrement réduit. 
Fig. 3. — Coupe transversale dans le tubercule basilaire d’une plantule de 


huit mois, cultivée en terre infestée. On voit les quatre faisceaux libéro- 
ligneux disposés en croix et le parenchyme amylifère (les amas de grains 
d’amidon, colorés par l’iode, apparaissent en noir). A la partie supérieure 
de la figure se trouve un bourgeon avorté. Gr. = 43. 


PLANCHE VI 
Solanum tuberosum. 


Fig. 1. — Coupe longitudinale d’une racine chez une jeune plantule de Pomme 
de terre, montrant la pénétration du Champignon; ap, assise pilifère ; p, 
poils absorbants ; as, assise subéreuse. On voit dans l’assise pilifère un 
filament mycélien vésiculeux, avec disques adhésifs d,, d,, d,, d,, aux stades 
successifs de leur pénétration; m, peloton mycélien dans l’assise moyenne 
de l’écorce ; n, noyau cellulaire. 

Fig. 2. —- Coupe longitudinale dans une racine de Pomme de terre, montrant 
un stade précoce de l’infestation: m, mycélium pelotonné ; n, noyaux cellu- 
laires ; n’, noyaux du Champignon. 


Fig. 3. — Un arbuscule dans une cellule corticale d’une racine de Pomme de 
terre, coupée longitudinalement. 
Fig. 4. — Coupe longitudinale dans une racine de Pomme de terre, montrant 


le début de la dégénérescence du Champignon : s, sporangioles se formant aux 
dépens des rameaux d’un arbuscule ; s’, sporangioles plus développés. 
Fig. 5. — Deux cellules infestées dans une racine de Pomme de terre. On voit 
en c, dans la cellule inférieure, des corps de dégénérescence volumineux, 
résultant de la destruction d’un arbuscule par phagocytose. Mais les gros 
troncs mycéliens restés indemnes ont envahi la cellule supérieure, où ils ont 
produit un arbuscule (a); n, noyau cellulaire ; n’ noyaux du Champignon. 
Fig. 6. — Deux pelotons mycéliens phagocytés en totalité, chez une Pomme 
de terre douée d’immunité précoce. Remarquer l'absence de sporangioles. 
La Pomme de terre dont une racine est figurée en 6 a évolué sans produire 
de tubercules, les racines figurées en 2, 3, 4 et 5 appartiennent à des plantes © 
précocement et abondamment tubérisées. Il s’agit dans tous les cas de plantes 
issues de graines. 
(Gr. = 640 pour toutes les figures.) 


PLANCHE VII 
Fig. 4 et 2. — Orobus tuberosus. 


Fig. 1. — Coupe longitudinale d’une racine, chez une plantule de cing mois 
cultivée en terre infestée, montrant le mycélium intercellulaire et les arbus- 
cules. Gr. = 434. 

Fig. 2. — Coupe longitudinale dans une racine chez une plantule récoltée a la 
fin de l'hiver : k, mycélium enkysté ;m, mycélium à paroi mince ; a, arbus- 
cules. Gr. = 600. . 


Fig. 3 et 4. — Orobus coccineus. 


Fig. 3. — Coupe longitudinale d’une racine chez une plantule de soixante-dix 
jours cultivée au contact de l’endophyte de l’Orobus tuberosus. Le Champi- 


EXPLICATION DES PLANCHES AE 


gnon est détruit en totalité et réduit à l’état de corps de dégénérescence 
rétractés et surcolorables. Gr. = 434. 

Fig. 4. — Coupe longitudinale d’une racine chez une plantule de quatre mois 
cultivée dans les mêmes conditions. On voit, à côté des corps de dégéné- 
rescence, des fragments de mycélium dégénéré (m). Gr. = 434. 


PLANCHE VIII 
Fig. 4 à 3. — Mercurialis perennis. 


Fig. 1. — Coupe longitudinale d’une racine, montrant le pelotonnement et 
Penkystement du mycélium : k, filaments enkystés ; m, filament à paroi 
mince ; n, noyaux du Champignon. Gr. = 600. 


Fig. 2. — Une vésicule enkystée, multinucléée et bourgeonnante, dans une 
racine coupée longitudinalement : ¢, vésicule; c, corps de dégénérescence ; 
n, noyau cellulaire. Gr. = 600. 


Fig. 3. — Coupe longitudinale d’une racine, montrant la résistance des hyphes 
principales à la phagocytose: c, corps de dégénérescence résultant de la 
digestion des arbuscules ; m, mycélium vivant. Gr. = 600. 

Fig. 4. — Mercurialis annua. 

Coupe longitudinale dans une racine, montrant la destruction totale du Cham- 
pignon : c, corps de dégénérescence résultant de la digestion des arbuscules ; 
m, fragment de mycélium dégénéré, Gr. = 600, 


PLANCHE IX 
Mucor Solani. 


Fig. 1. — Arbuscule développé dans une culture sur gélose. 

Fig. 2 à 6. — Racines de plantulesde Pomme de terre inoculées avec le Mucor 
Solant. 

Fig. 2. — Phase de pénétration du Champignon: 9, vésicule découpée en 
digitations dirigées vers la racine. Gr. = 534. 

Fig. 3. — Phase de pénétration (suite) : p, assise pilifère ; s, assise subéreuse ; 
d, disques adhésifs, dont l’un dirige des bourgeons cunéiformes vers l’assise 


subéreuse. Gr. = 600. 

Fig. 4. — Coupe longitudinale d’une racine, montrant un peloton mycélien 
intracellulaire, p. Gr. = 534. 

Fig. 5. — Coupe longitudinale d’une racine; p, peloton mycélien; a, arbuscule; 
m, mycélium vésiculeux. Gr. = 534. 

Fig. 6. — Une vésicule intracellulaire. Gr. — 600, 


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J. MAGROU PL.YI 


Fig.4 Bugs 2; 


Fig, % Fig. 4. 


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Fig. 2. 


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Solanum tuberosum. 


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J. MAGROU 


Drag Magrou, cel : 
Orobus tuberosus (1, 2). 
Orobus coccineus (3, 4). 


ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série. 1924, 11. 19 


J. MAGROU Pl. VII 


2 


Mercurialis perennis (1 à 3). 
Mercurialis annua (4). 


J. Magrou, del. 3 


J. Magrow del. | 
: Mucor Solani. 


TABLE DES MATIÈRES 


INTRODUCTION 


1. Cycle évolutif des plantes à tubercules, — 2. Facteurs physiques de la 
tubérisation. — 3. La symbiose. — 4, Cas des Ophrydées. —5. Tubérisation 


précoce des Orchidées. — 6, La théorie de Noël Bernard. — 7. Objet du 
hs nn goer grain Mae ane kN dote ets dec a aie à ocbce 614 181 à 186 


CHAPITRE PREMIER 


Symbiose et tubérisation chez la Pomme de terre. 


8. Comparaison de la Pomme de terre et des Ophrydées. — 9. Les mycorhizes 
des Solanum. — 10, Le Solanum Maglia. — 11. Infestation expérimentale 
du Solanum tuberosum. — 12. Influence de la symbiose sur le développe- 
ment. — 13. Culture aseptique de la Pomme de terre.......... 188 a 195 


CHAPITRE II 


Histoire de l’« Orobus tuberosus )). 


14. Mode de végétation de la plante adulte. — 15. Développement en milieu 
aseptique. — 16. Développement en présence de l’endophyte. — 17. Expé- 
riences complémentaires. — 18. Comparaison de l’Orobus tuberosus et de 
la Pomme de terre. — 19. Symbiose périodique et symbiose continue. — 


20 Précocité de la tubérisation, — 21. Immunité de l’Orobus cocci- 
198 à 212 


CHAPITRE III 


Relation entre la symbiose et le mode de végétation. 
Cas des Mercuriales. 


22, Dimorphisme et symbiose. — 23. Les Mercuriales. — 24. La symbiose chez 
le Mercurialis perennis. — 25. Immuntité du Mercurialis annua. 215 à 219 


CHAPITRE IV 


L’immunité dans la symbiose. 


26. Virulence et résistance. — 27. Résistance mécanique. — 28. La phagocy- 


tose. — 29. Insuffisance de la phagocytose. — 30. L’immunité humorale. — 
31. Infections mortelles. — 32. Fonction fungicide des tubercules. — 33. 
Réactions de défense dans la symbiose lichénique. — 34. Généralité des lois 

CRT VOS Penn Se, i à ee don es ave ea Gee eas 0220040292 


LEE 
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TABLE DES MATIÈRES - 


CHAPITRE V 


Mécanisme physique de la tubérisation. 


35. Action à distance des Champignons. — 36. Mode de formation des tuber- 

AAA cules. — 37. Croissance transversale chez les Thallophytes. — 38. Influence 
= _ de la concentration. — 39. Tubérisation aseptique des Orchidées. — 
. 40. Mécanisme de l’action des Champignons. — 41. Mécanisme des actions 
cécidogéness Five den eee s'en Cr op ese ieee eae ee ee 


CHAPITRE VI 


Essais de culture des Champignons endophytes. 


a 42. Premières tentatives. — 43. Les endophytes des Orchidées. — 44. L’endo- 

phe _phyte du Calluna vulgaris. — 45. L’endophyte des Solanum. — 46. Le — 

| Mucor Solani. — 47. Inoculations Se ss... 243 à 249 
CHAPITRE VII 


Symbiose et évolution. 


48. Résumé général. — 49. Hérédité et variation. — 50. L'évolution des 
Orchidées. — 51. Les étapes de l’évolution. — 52. L'origine des plantes 
. vasculaires. — 53. Symbiose et évolution chez les Lichens. — 54. La sym- 
biose chez les Bactéries. — 55. Symbiose et évolution chez les ani- 
MAUX. esse sssoeossspeseesesssenesereessrcs.sse..s 201 à 208 
APPENDICE | 
Lestitishaques sue D ee : "965 
IL Techniques, 8 es) MES sek SO a Re Be ee +. °208 
INDEX BIOGRAPHIQUE. 4 is Re ok Vale wo pea eee ee re 271. 
EXPLICATION DES PLANCHES..¢,, 04-70). Sse aioe eas ere eon opera: ree ee 


MASSON ET CIE, EDITEURS 


Mao BOULEVARD  SAINT- GERMAIN, b20 = PARIS + VEO ARR. 


des Vertébrés 


| A. BRACHET:: à 
: Professeur à l'Université de Bruxelles, 


a nt à Te - Correspondant, de LES 
ep 1 ' \ re id, 


Aa semblé au professeur Brachet que l’'Ontogenèse 
des Vertébrés étant, à l'heure actuelle, une science avancée 


i comme définitivement : acquis, Ja publication: dé cet impor- 
1 tant traité: comblérait ‘tine laetne ét sérait’ utile à ceux 


: a 
he 
bi; qu intéressent les questions de Morphogenèse. 
LE 
La partie générale est consacrée aux premières phases 


| de Pévolution ontogénétique des Vertébrés et à l’établis- 


es : . . sement des grandes lois eats dont elles sont ~ 


| | Ja conséquence. 


i. 4 + Dans la partie a les dote qui ont un intérêt 
ee eee ata embryologique sont exposés avec ampleur. 


Dé très nombreuses figures illustrent ce livre. A la 


en nombre ‘de Lite et Widées® peuvént êtré considérés k 


ne” 


“a de chaque chapitre, Pauteur a placé un index biblio- 
graphique des ouvrages les plus spécialement utilisés 
pet 166 plus récents. Le lecteur y trouvera un expose 
‘1 historique des questions traitées. 
Ë ie ae mee pol. de 602 pages avec 867 Meares hs as 60 fr. net 
EE ee eee Sine Ge Ee en ne 


see en À Berea eS SAT ES 


| ‘raité Re. 


TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE CAHIER 


Première contribution à l’étude de l'embryon et de la germi- 
nation des Aracées, par M. C.-L. Gatin......... sites OUR 


Symbiose et Tubérisation, par M. Josepx MaGron. 0 181 


4 


3547-21. — Conprit.. Imprimerie Créré. _ 


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Publiée sous la direction de M. J. Cost : 


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Deuxième Série (1834-1843). = Chaque partie, 20 vol 
TROISIEME SÉRIE (1844-1853). Chaque pates 20. vol 


(Les années 1844 et 1853 sont épuisées. } Soe 


Quarmbur SÉRIE (1854-1863). Chaque. partie, 20 vol. 


“1 {Les années 1854 et 1863 sont épuisées, partie Botanique. 
CINQUIÈME SÉRIE (1864-1874). Chaque partie, 20 vol. 
‘Sixtime Série (1875-1884). Chaque partie, 20 vol. 
SEPTIÈME SÉRIE (1885- a ae sae 20 v 
Hurritme Série (1895- 1904). 
_ NEuvIÈNE Série (1905-19151. 
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Le Fascicule : 15 me É 


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‘ RECHERCHES 


“LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 


Par M. Fernand MOREAU 


INTRODUCTION 


Dans un mémoire antérieur (F. Moreau et Mme F. Moreau, 
1919), nous avons exposé les résultats des recherches que 
nous avons faites, en collaboration avec Mme Moreau, sur les 
Lichens de la famille des Peltigéracées. Le travail que nous 
présentons 1c1, relatif aux Lichens de la famille des Sticta- 
cées, est la suite naturelle du précédent, non pas tant parce 
que les Stictacées reçoivent dans la classification actuelle des 
Lichens une place voisine de celle des Peltigéracées que parce 
que les mêmes questions qui s étaient posées à nous dans 
l'étude des Peltigéracées se sont à nouveau imposées à notre 
attention. En particulier trois problèmes : l’étude du déve- 
loppement des apothécies, la comparaison de la structure 
des éléments des Lichens et de celle des Champignons et des 
Algues autonomes, les phénomènes de biomorphogénèse, 
vont à nouveau faire l’objet essentiel de ce travail. 

Nous avons reconnu, chez les Peltigéracées, l’absence de 
fécondation à l’origine des apothécies, la présence d’ascogones 
multinucléés que ne fécondent ni anthéridies ni spermaties, 
l'existence dune dikaryophase étendue qui débute dans les 
hyphes ascogènes sans copulation préalable et qui se termine 
dans les asques par une karyogamie qui reste la seule fusion 


de noyaux que présente le développement. A ce type, nouveau 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série. LO irs ite) 


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298 FERNAND MOREAU 


pour les Lichens, nous comparerons celui offert par les . 
Stictacées ; nous avons le regret de ne pouvoir apporter dés 
maintenant une étude aussi compléte du développement de 
leurs apothécies que celle que nous avons fournie pour les Pel- 
tigéracées ; toutefois les premiers développements de l’ascogone 
des Stictacées nous sont bien connus, et nous indiquerons 
tout l'intérêt de leur étude en disant que cet ascogone est 
du type de ceux auxquels les auteurs ont attribué une 
fécondation par des spermaties par l’intermédiaire de tricho- 
gynes. | 7 
Nous avons étudié chez les Peltigéracées la structure des 
hyphes et des gonidies avec le souci de la comparer à celle des 
Champignons et des Algues autonomes. L’intérét de cette 
comparaison est évident depuis longtemps, puisque c’est sur 
elle qu'est fondée la théorie schwend enérienne de la nature 
double des Lichens, et on peut croire que le soin que nous 
avons pris de la faire à nouveau était superflu. Qu’on se 
détrompe ! Des recherches récentes d’Elfving (1913), minu- 
tieuses, conduites d’après les procédés de la technique 
moderne, sont venues rendre à l’actualité une vieille querelle : 
il ne s’agit rien moins que de remettre en honneur l’opinion 
ancienne qui faisait des gonidies des organes produits par les 
hyphes. Nos observations sur les Stictacées confirment les 
conclusions de nos recherches sur les Peltigéracées : confor- 
mément à la théorie de Schwendener (1868) et de Bornet 
(1873), les hyphes des Lichens ne different par rien d’essentiel 
dans leur structure cytologique de ceux des Champignons; 
quant aux gonidies, elles offrent, soit avec les Chlorophycées, 
soit avec les Cyanophycées, une complète identité de structure. 
Qu'on ne croie pas cependant la question tranchée ! Cette 
organisation commune ne désarmera pas les partisans fidèles 
de l’autonomie des Lichens ; ainsi que l’a écrit Bornet (1873, 
p. 51), «démontrer l'identité des gonidies et des Algues est 
le premier point, mais il n’est pas décisif ». Aussi Bornet s'est-il 
attaché à rechercher quels sont les rapports de continuité ou 
de contiguité des hyphes et des gonidies ; i! conclut que ces 
rapports sont tels que l’exige la théorie du dualisme des 
Lichens, les hyphes enserrant les gonidies, ou les pénétrant, 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 299 


comme feraient les filaments d’un parasite vis-à-vis d’une 
cellule parasitée. L’argument nouveau que nous avons fait 
valoir procède de celui de Bornet : nous avons montré que les 
rapports entre les hyphes et les gonidies des Lichens sont de 
l’ordre de ceux qui se contractent quand un être vivant 
réagit à l’action d’un parasite par des phénomènes de biomor- 
phogénèse. Nous avons jeté en même temps un jour nouveau 
sur la nature des rapports qui s’établissent entre les hyphes 
et les gonidies des Lichens et sur la nature même de la sym- 
biose lichénique: la partie la plus apparente des Lichens 
constitue une biomorphose, un Lichen est un Champignon 
atteint d’une maladie dont l'agent infectieux est une Algue, 
tels étaient les résultats de notre étude de la biomorpho- 
génèse des Peltigéracées. Pour appuyer sur des faits nouveaux 
cette conception de la symbiose lichénique, nous avons 
recherché chez les Stictacées des phénomènes de biomorpho- 
génèse comparables à ceux que nous avaient fournis les 
Peltigéracées. Nos espérances ont été dépassées ; nous pensons 
que, si des doutes ont pu rester dans l'esprit du lecteur de 
notre premier mémoire sur le caractère pathologique du 
thalle aérien des Lichens, ils seront dissipés par l’étude des 
cas de biomorphogénèse que nous ont offerts les Stictacées. 

Le présent mémoire comprendra un exposé de la structure 
du thalle de diverses espèces de Stictacées (chap. I), 
l'étude du développement de leurs appareils reproducteurs 
(chap. IT), enfin celle des phénomènes de biomorpho- 
génése que ces Lichens présentent (chap. III). Un résumé 
en réunira les résultats essentiels et marquera à la fois le 
terme des recherches actuelles et un point de départ pour les 
recherches futures. 

La majeure partie de ce travail a été faite, comme notre 
étude sur les Peltigéracées, avec les moyens de recherche mis 
4 notre disposition par M. Dangeard dans son service de la 
Faculté des Sciences de Paris ; nous le prions de recevoir nos 
plus vifs remerciments. Appelé 4 la Faculté des Sciences de 
Nancy, nous avons retardé l’achèvement définitif de ce 
mémoire pour nous livrer 4 de nouvelles recherches sur les 
matériaux nouveaux qui allaient nous être offerts par la flore 


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300 FERNAND MOREAU 


lichénique lorraine ; cette partie de notre travail, qui nous a 
permis de compléter quelques points de détail et de vérifier 
une fois de plus les principaux résultats déjà obtenus, a été 
faite dans le laboratoire de Botanique de la Faculté des 
Sciences de Nancy. | 


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CHAPITRE PREMIER 


APPAREIL VÉGÉTATIF 


Les Stictacées (1) sont des Lichens de grande taille, 
communs surtout sur les arbres. des régions montagneuses. 


(1) Nous indiquons ci-après la liste des espèces étudiées plus loin, avec leur 

origine : à 

1. Stictina silvatica Nylander. — Chemin de la Source des Vachères, à Châtel- 
Guyon (Puy-de-Dôme). 

2. Stictina Dufourei Nylander. — Forêt de Savigny (Normandie), n° 221 de 
l'Exsiccata de Malbranche. 

3. Stictina fuliginosa Nylander. — Cascade du Saut-du-Loup, au Mont-Dore 

(Puy-de-Dôme) ; Chaunac, près Tulle (Corrèze). 

3 bis. Id., formes à isidies très développées ou foliolées. — Gimel et chemin de 
Gimel à Saint-Priest (Corrèze) ; le Saint-Mont, près Remiremont 
(Vosges). 

4. Stictina limbata Nylander. — Saint-Étienne-de-Mer-Morte (Loire-Inférieure) ; 
Gimel (Corréze) ; Bois de Boulogne, prés Dax (Landes). 


5. Stictina crocata Acharius. — Taiti, Collections du Muséum d’ Histoire Natu- 
relle de Paris. 

6. Stictina intricata Nylander. — Antioquia in Nova Granata (Amérique du 
Sud), Collections du Muséum d’ Histoire Naturelle de Paris. 

7. Sticta aurata Acharius. — Origine inconnue, trouvé sur bois transporté a 
Saint-Etienne-de-Mer-Morte (Loire-Inférieure). 

8. Lobarina scrobiculata Nylander. — Bois du Capucin, au Mont-Dore (Puy- 


de-Dôme) ; Gimel et chemin de Gimel à Saint-Priest (Corrèze) ; le 
Saint-Mont, pres Remiremont (Vosges). 

. Lobaria pulmonacea Nylander. — Bois du Capucin, au Mont-Dore (Puy-de- 
Dôme) ; Chaunac, près Tulle (Corrèze) ; Bois de Boulogne, près Dax 
(Landes) ; le Saint-Mont, pres Remiremont (Vosges). 

9 bis. Id., forme papilleuse. — Chaunac, près Tulle (Corrèze) ; Bois de Boulogne, 
pres Dax (Landes). : 

9 ter. Id., parasité par le Celidium Stictarum (de Notaris) Tulasne. — Chaunac, 

près Tulle (Corrèze). | 

10. Ricasolia herbacea de Notaris. — Saint-Étienne-de-Mer-Morte (Loire- 
Inférieure) : Bois de Boulogne, près Dax (Landes). 

11. Ricasolia amplissima Leighton. — Plateau de Charlannes, à La Bourboule 
(Puy-de-Dôme) ; Chaunac, près Tulle (Corrèze) ; le Saint-Mont, près 
Remiremont (Vosges). 

Il nous est agréable de remercier ici les personnes qui ont bien voulu nous pro- 
curer des échantillons ou faciliter nos récoltes : M. Pelé, instituteur à Saint- 
Étienne-de-Mer-Morte (Loire-Inférieure), pour l'envoi renouvelé d'échantillons 
de Ricasolia herbacea, de Stictina limbata et de Sticta aurata ; M. F. Camus, 
qui nous a communiqué des échantillons de Stictina iniricata et de Stictina 


de) 


302 FERNAND MOREAU 


Ce sont des Lichens foliacés, ressemblant assez à des Pelti- 
géracées ; leur thalle est, comme celui de ces derniers, fixé 
par places au substratum; mais chez beaucoup d’entre eux 
la face inférieure montre des taches claires, auxquelles la 
famille doit son nom (57254, tache) et dont nous parlerons 
plus loin sous les noms de cyphelles et de pseudocyphelles. 
De plus, leurs apothécies sont, au contraire de celles des 
Peltigéracées, saillantes à la face supérieure du thalle ; elles 
ont la forme d’une coupe, d’undisque pédicellé et ressemblent 
aux fructifications des Discomyétes. Les gonidies des Sticta- — 
cées se laissent rattacher aux Chlorophycées ou aux Cyano- 
phycées. La présence ou l’absence de taches ala face inférieure, 
la nature des gonidies, ainsi que le caractère saillant ou non 
saillant des spermogonies permettent de classer les Stictacées 
en un certain nombre de groupes auxquels on donne le plus 
souvent la valeur de groupements génériques : 


GONIDIES GONIDIES 
CHLOROPHYCEES. CYANOPHY CEES. 


Thalle Spermogonies 
sans non saillantes. Lobaria. Lobarina. 
cyphelles 
ni 


pseudo- Spermogonies bee 
cyphelles. saillantes. Ricasolia. 


Thalle pourvu de cyphelles ou de 


pseudocyphelles. Sticta. Stictina. 


Il nous suffira d’avoir rappelé ces notions sur la morpho- 
logie du thalle des Stictacées pour pouvoir aborder He 
de ses caractères histologiques et cytologiques. 

On décrit dans le thalle des Stictacées une stratification en 
quatre couches : une couche supérieure ou cortex supérieur ; 


crocata des collections du Muséum d’ Histoire Naturelle, espèces que ne possède 
pas la flore française ; M. Rémy Perrier, professeur à la Faculté des Sciences de _ 
Paris, qui nous a fait connaître la belle localité à Stictacées de ses propriétés de 
Chaunac, près Tulle (Corrèze). | 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 303 


une couche sous-jacente, formée d’hyphes et de gonidies, ou 
couche gonidiale ; sous cette dernière, une médulle ; enfin une 
couche inférieure, ou cortex inférieur, qui repose sur le sub- 
stratum, dans lequel elle envoie des filaments mycéliens. Cette 
organisation, qui rappelle, en raison de l’existence d’une 
double couche corticale, celle des Nephromium que nous 
avons précédemment étudiée (F. Moreau et Mme F. Moreau, 
1919), se retrouve chez toutes les Stictacées. Le thalle offre 
toutefois chez beaucoup d’entre elles des variations qui affec- 
tent particulièrement la face supérieure et la face inférieure. 
La première présente souvent des côtes que séparent des 
fosses ou scrobicules; par places plusou moins limitées, elle se 
recouvre de formations pulvérulentes ou sorédies; elle s’orne 
de papilles ou isidies et de folioles ; dans une espéce(Aicasolia 
amplissima), les accidents de la surface revêtent des dimen- 
sions inusitées ; ils constituent des arbuscules atteignant 
1 à 2 centimètres de hauteur ou davantage et dont la nature 
a mis à l'épreuve la sagacité des lichénologues. La face infé- 
rieure offre des poils isolés ou réunis en pinceaux, parfois des 
crampons massifs ; on peut y voir de petits tubercules ou 
céphalodies’; enfin, elle montre dans beaucoup d’espèces 
des taches claires, cyphelles ou pseudocyphelles. 

Ces diverses formations, bien connues tant qu’on reste 
dans les limites d’un examen macroscopique, ont été moins 
étudiées au point de vue histologique et surtout cytologique. 
En particulier sous le nom de papilles se rangent des pro- 
ductions d’origines différentes ; nous n’avons pas rencontré 
d’exposé détaillé de la structure des isidies, des cyphelles, 
des pseudocyphelles ; nous ne possédons pas de dessins à 
grande échelle montrant la structure du thalle des diverses 
espèces de Stictacées. Aussi avons-nous entrepris l’étude fine 
du thalle des Stictacées avec le souci de rechercher quelle est 
l'expression histologique des caractères visibles macroscopi- 
quement et de séparer les espèces étudiées, déjà isolées par 
l'examen à l'œil nu, par les caractères microscopiques de 
chacune d’elles. Pour faciliter notre exposé et éviter des 
redites, nous trouvons commode de réunir autour d’un petit 
nombre de types les espèces présentant une même structure ; 


304 FERNAND MOREAU 


quelques-uns des groupes ainsi constitués n’auront peut-être 
que la valeur de groupes artificiels ; d’autres, nous aurons à 
rechercher lesquels, constitueront des groupements naturels 
que nous définirons par un ensemble étendu de caractères. 

Nous distinguerons ainsi les types suivants : 

1° Stictina silvatica; 

2° Stictina crocata ; 

3° Stictina intricata ; 

40 Sticta aurata ; 

00 Lobarina scrobiculata ; 

6° Lobaria pulmonacea ; 

7° Ricasolia herbacea. 


PREMIER TYPE : Siictina silvatica. 


Le thalle du Stictina silvatica (fig. 1) constitue une lame 
mince dont les différentes parties possédent les caractéres 
suivants : 

Le cortex supérieur est composé de quelques couches 
de cellules seulement (1) ; la plus superficielle comprend des 
cellules isodiamétriques ou un peu aplaties. dont la paroi 
externe est un peu épaissie en un épithalle lisse ; au-dessous 


(1) Pour soulager les descriptions qui vont suivre, nous indiquons dans le 
tableau ci-dessous les dimensions de divers éléments duthalle des Stictacées : 


EPAISSEUR CORTEX COUCHE 
TOTALE. | SUPERIEUR.| GONIDIALE.| GONIDIES. | MEDULLE. 
a be Ve U. U- 

Stictina siulvatica....| 130-250 20-25 |20-60 4,5-63 50-140 
Stictina Dufouret...| 100-230 15-20 |20-60 4-5 X 3 50-150 
Stictina fuliginosa..| 130-240 20-25 |20-40 (-90)14-6 x 3-4 | 60-150 
Stictina limbata....| 180-200 20-30 30-60 5-7 X 3-5 | 70-100 
Stictina crocata ....| 180-250 20-40 , 20-40 5-6 X 3-4 | 60-150 
Stictina intricata...| 170-210 20-40 |20-30 5 xX 3-4 60-120 
Sticta aurata...... 160-200 25-30 20-30 3-4 _ 90-130 
Lobarina scrobicu- 

lat} NS 200-230 30-50 |50-90 9 X 3-5 100-180 
Lobariapulmonacea.| 170-340 30-10 |30-60 3-9: 100-200 
Ricasolia herbacea..| 200-280 30-40 |25-50 3-7 (-9) 100-250 
Ricasolia amplissi- 


TIC it ote Vevey stones 480-700 50-100 150-100 3-6 (-10) | 350-550 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 309 


d’elle viennent quelques couches de cellules anguleuses plus 
grandes que les précédentes ; l’ensemble constitue un plecten- 
chyme aux parois minces, un paraplectenchyme typique. La 


face inférieure de ce plecten- 
chyme est sensiblement paral- 
lèle à sa face externe. Le proto- 
plasme (1) des cellules du cor- 
tex supérieur, ni trés pauvre, ni 
trés riche, forme des trabécules 
rayonnant autour d’un noyau 
unique dont la position est cen- 
trale ou latérale. Les noyaux 
du cortex supérieur sont assez 
grands ; ils se montrent pour- 
vus d’une membrane nucléaire, 
d’un nucléole et d’éléments chro- 
matiques plongés dans le nu- 
cléoplasme. 

Au-dessous vient la couche 
gonidiale. Les hyphes y forment 
des filaments assez gros, cloi- 
sonnés, ramifiés, aux cellules 
uninucléées et qui, circulant 
parmi les gonidies, relient le 
cortex à la médulle. 

Les gonidies forment un mas- 
sil dense, surtout à la partie 
supérieure de la couche goni- 
diale ; elles deviennent graduel- 
lement moins nombreuses dans 
sa région inférieure. Ce sont 
des gonimies, c’est-à-dire des 
cellules d’un bleu verdâtre pré- 


Fig. 14. — Stictina silvatica, — Thalle 
Gross. : 600. 


sentant les caractères de cellules d’Algues Cyanophycées. 
Fünistück (1907, p. 14) les désigne sous le nom de Polycoccas 


(1) La technique cytologique employée dans cette étude des Stictacées 
comporte en général une fixation par un fixateur à base de formol et d’acide 
picrique et une coloration à ’hématoxyline ferrique. ; 


306 on FERNAND MOREAU 


punctiformis ; Bornet (1873), Zahlbruckner (1907) les attri- 
buent au genre /Vostoc. Ces désignations, comme celles des 
Algues des Lichens dues à tous les auteurs un peu anciens, 
sont justiciables des observations que nous avons présentées 
à l’occasion de la détérmination des gonidies des Peltigé- 
racées (F. Moreau et Mme F. Moreau, 1919, p. 81-86). Il nous 
suffira de dire que nous rapportons celles du Stictina silvatica 
à la famille des Nostocacées. Ce sont des cellules oblongues, 
de 4,52 6» de longueur sur 3 v de largeur ; elles comprennent 
un protoplasme périphérique, qui ne nous a pas montré de 
granulations, et présentent au centre un chromidium pourvu 
de granulations de petite taille. Dans les préparations où les 
gonimies sont très décolorées, elles ne laissent plus voir leur 
chromidium ni les granules qui l’accompagnent, mais un 
grain unique, assez gros, entouré d’une auréole claire. Les 
granules du chromidium répondent sans doute aux corpus- 
cules métachromatiques, le grain unique des gonimies très 
décolorées, au corps nucléoliforme des Cyanophycées auto- 
nomes. De tels aspects se sont fréquemment offerts à nous 
chez les gonimies des Peltigéracées (F. Moreau et Mme F. 
Moreau, 1919, p. 85). 

Les dernières gonimies de la partie inférieure de la couche 
gonidiale nous conduisent à la médulle. Sous ce nom se place 
une formation de filaments qui circulent plus ou moins paral- 
lèlement à la surface du thalle, parallèlement les uns aux 
autres ou lâchement enchevêtrés. Ce sont des hyphes assez 
gros, aux parois plus épaisses que ceux de la couche goni- 
diale, cloisonnés, aux cellules plus larges que celles de la 
couche précédente ; leur protoplasme renferme un noyau par 
cellule; les plus gros d’entre eux cheminent, rectilignes, 
sur de grandes longueurs et renferment un contenu souvent. 
plus chromatique que ceux dont le calibre est plus petit. 

Le cortex inférieur du Stictina silvatica est un paraplecten- 
chyme, comme le cortex supérieur. Il est formé par deux ou 
trois couches de cellules de grande taille, aux parois minces. 
Ces cellules renferment un protoplasme assez pauvre, for- 
mant de fins trabécules, et un noyau central ou latéral; ce 
dernier est lui-même pourvu d’une membrane nucléaire 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 307 


entourant un nucléoplasme où se montrent des granulations 
chromatiques et un nucléole assez gros, placé sur le côté du 
noyau. Assez souvent, on voit au travers des grandes cellules 
du cortex une paroi fine, perpendiculaire à la surface du thalle; 
elle témoigne de l’allongement intercalaire de ce dernier. 
Le cortex inférieur se met en relation avec la médulle par 


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Fig. 2. — Stictina silvatica — Cyphelle. Gross. : 800. 


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quelques cellules encore plectenchymateuses, mais de petite 
taille. La face inférieure présente des poils, sous la forme 
d'éléments allongés, non ramifiés, cloisonnés, à paroi latérale 
assez épaisse, à cloisons transversales minces. Les poils sont 
ordinairement isolés, mais parfois, nés de cellules contigués, 
ils se réunissent et forment de petits pinceaux de quatre 
éléments ou davantage. Leur protoplasme est réticulé, et 
chacune de leurs cellules renferme un noyau central. 

C’est ici le moment de décrire les formations spéciales 
connues sous le nom de cyphelles (fig. 2). A l’œil nu, on voit 


308 FERNAND MOREAU 


a la face inférieure du thalle du Stictina silvatica de petites 
taches blanches, nombreuses, au contour bien délimité: ce 
sont des cyphelles. A ces taches correspondent des dépres- 
sions de la face inférieure du thalle, de forme urcéolée, 
parfois allongée. Les parois de la cyphelle ne sont pas consti- 
tuées par un plectenchyme semblable 4 celui qui forme les 
régions planes du cortex inférieur ; les bords et le fond de 
excavation qui constitue la cyphelle sont recouverts de 
cellules petites, arrondies, presque dissociées. A la marge de 
la cyphelle, elles font rapidement place aux cellules polye- 
driques ordinaires du cortex. Le protoplasme des cellules 
arrondies d’une cyphelle n’est pas très abondant, surtout 
dans les cellules les plus éloignées de la médulle ; elles sont. 
toutes uninucléées. 

Le thalle du Stictina silvatica est donc constitué essentielle- 
ment par un cortex supérieur paraplectenchymateux recou- 
vert d’un épithalle, une couche gonidiale à gonimies et une 
médulle sans caractères spéciaux, un cortex inférieur para- 
plectenchymateux, pourvu de poils généralement isolés et 
présentant des cyphelles que revétent des cellules arrondies. 
Au point de vue cytologique, les cellules incolores sont uni- 
nucléées ; les gonimies ont une structure de Cyanophycées. 

A ce type de thalle, nous rattacherons des Stictacées très 
voisines du Stictina silvatica: ce sont le Stictina fuliginosa 
(Pl. I, fig. 1), le Stictina Dufourei et, à quelque distance deces 
derniéres, le Stictina limbata. 

Tous sont des Lichens au thalle peu épais ; tous ont en 
commun la présence d’un cortex supérieur paraplectenchy- 
mateux, auquel la paroi externe un peu épaissie des cellules 
superficielles constitue un épithalle; chez tous, la couche 
gonidiale renferme des gonidies Nostocacées; la médulle y 
est peu épaisse ; le cortex inférieur est paraplectenchyma- 
teux et porte des poils isolés, unisériés ; enfin leur face infé- 
rieure possède des cyphelles semblables à celle que nous 
venons de décrire. De plus, la face supérieure de la plupart 
d’entre eux supporte des productions connues sous le nom 
d’isidies. Décrivons-les chez le Stictina fuliginosa, où elles 
sont abondamment répandues. | 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 309 


Le thalle du Stictina fuliginosa porte sur sa face supé- 
rieure des granulations fuligineuses très nombreuses qui 
valent à ce Lichen son nom spécifique ; chacuñe est une 
isidie (fig. 3, et Pl. I, fig. 1). 

Elles offrent le plus souvent la structure suivante. A un 
grossissement moyen, une isidie se présente comme une excrois- 


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Fig. 3. — Stictina fuliginosa — Isidie. Gross. : 666. 


sance du thalle a laquelle prennent part le cortex et la couche 
gonidiale. Sa forme est variable; simple mamelon lors- 
qu'elle est jeune, elle peut se ramifier et prendre descontours 
compliqués. Elle est limitée par un cortex qui prolonge 
directement le cortex ordinaire ; celui-ci conserve ses carac- 
tères sur les flancs de l’isidie, mais il se réduit à une couche 
unique de cellules au sommet des mamelons isidiaux. Le 
centre des isidies est occupé par un tissu mixte d’hyphes et de 
gonidies reposant largement à la base de l’isidie sur la couche 
gonidiale du thalle. Sous le cortex, ce tissu mixte a exacte- 
ment les mêmes caractères que la couche gonidiale ordinaire 


310 FERNAND MOREAU 


dans sa région voisine du cortex supérieur. Au centre des 
ramifications isidiales, les gonimies deviennent moins nom- 
breuses qu’à la périphérie ; les hyphes eux-mêmes changent 
de caractère : ce sont des hyphes lâches, aux cellules courtes, 
renflées. Toutes les cellules fongiques de l’isidie, cellules corti- 
cales et cellules des hyphes intergonidiaux, sont uninucléées; 
les gonidies de l’isidie ont un chromidium aux caractères ordi- 
naires des gonimies du thalle. 

Tels sont les caractéres généraux des isidies, ceux qui sont 
le plus fréquemment réalisés dans ces formations. Mais, à côté 
des isidies ayant la structure que nous venons de décrire, 
il n’est pas très rare de trouver des productions qui selaissent 
rattacher aux précédentes, bien qu’à première vue elles s’en 
distinguent parfois beaucoup. 

C’est ainsi qu’assez souvent certains échantillons de Stictina 
fuliginosa présentent à leur face supérieure, parmi des isidies 
du type précédent, des isidies plus grandes, plus longues, et 
d’autres, dilatées à leur sommet en forme de spatule, assez 
développée parfois pour mériter le nom de foliole et consti- 
tuer une lame étendue comparable au thalle lui-même. Ces 
folioles se présentent sous forme de lames de la couleur du 
thalle, larges de plusieurs millimètres, atténuées en un pédi- 
cule étroit, long d’un JA ou nite qui les rattache au 
thalle. 

La structure des folioles isidiales, — tel est le-nom qui 
convient à ces productions, — est, dans leur région foliacée, 
essentiellement celle du thalle: c’est une structure dorsi-ven- 
trale, que caractérise la présence de deux cortex, d’une couche 
gonidiale, d’une médulle. Le cortex inférieur peut présenter 
des cyphelles comme celui du thalle ordinaire ; sous la couche 
gonidiale on peut trouver des ascogones, ébauches d’apo- 
thécies, dans la même position qu'ils occupent, ainsi a 
nous le verrons, dans le thalle ordinaire. 

Parfois, Visidie du Stictina fuliginosa se dresse au-dessus du 
thalle qui la produit et, sans se développer en une lame 
étendue, elle se ramifie à quelque hauteur au-dessus du thalle, 
affectant la forme d’un petit arbre, au tronc dressé et sun | 
portant vers le haut des branches ee 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 311 


La structure de ces formations est intéressante à observer. 

Le tronc comprend un cortex, suite du cortex supérieur du 
thalle, qui en fait tout le tour ; en dedans, ce cortex est tapissé 
par une couche gonidiale ; le centre est occupé par des hyphes 
médullaires en large communication avec ceux de la médulle. 
Les mêmes parties, semblablement disposées, se retrouvent 
dans la plupart des rameaux. C’est là une structure radiée. 
Le Stictina fuliginosa se montre donc capable de perdre la 
symétrie dorsi-ventrale et la structure des Lichens foliacés 
pour acquérir la symétrie radiale des Lichens fruticuleux. Il 
se comporte à ce point de vue comme les Lichens stratifiés- 
radiés, comme les Cladonia, chez lesquels des écailles à struc- 
ture dorsi-ventrale précèdent des podétions à symétrie axiale. 
Toutefois, chez la plupart des Cladonia, la forme foliacée, 
qui constitue le thalle primaire, est réduite et fugace, alors 
qu'ici elle est prépondérante ; mais on sait aussi que, chez 
d’autres Cladonia,le thalle primaire est étendu et durable, 
les appareils dressés peu développés. C’est le cas offert par 
nos Stctina fuliginosa aux isidies arbusculeuses. 

La structure dorsi-ventrale, perdue chez le Stictina fuligi- 
nosa dans les troncs et la plupart des rameaux des isidies 
dendroïdes que nous venons de décrire, peut être à nouveau 
réalisée dans certaines de leurs ramifications, où les gonidies 
cessent de se distribuer suivant un manchon autour des 
hyphes médullaires et se disposent en une couche qui s’étend 
d’un seul côté des hyphes médullaires, tapissant le cortex 
sous la face supérieure du rameau. 

L'apparition de formations à symétrie dorsi-ventrale au 
sommet des rameaux de structure radiée n’est pas sans 
rappeler les phénomènes de fasciation ou la formation de 
cladodes des végétaux supérieurs. 

On soupçonne le rôle que peuvent jouer la lumière ou le 
géotropisme dans la détermination de la structure dorsi- 
ventrale. La plasticité des isidies, capables de former de 
simples mamelons, des productions aplaties, des folioles à 
structure dorsi-ventrale évidente, des mamelons obscurément 
ramifiés, des productions dendroïdes à symétrie axiale, aux 
rameaux parfois aplatis, méritera d’être mise à profit dans 


312 FERNAND MOREAU 


la recherche expérimentale des facteurs de la morphogenèse 
des Lichens. 

Des productions semblables aux isidies du Stictina fuliginosa, 
moins nombreuses chez le Stictina Dufouret, moins nom- 
breuses encore chez le Stictina silvatica, présentent chez tous 
les mêmes caractères essentiels. En particulier, nous avons 
pu trouver chez le Stictina silvatica des isidies aplaties, 
offrant une face supérieure et une face inférieure. 

Nous connaissons maintenant les caractéres généraux des 
Stictacées qui se groupent autour du Stictina silvatica. Re- 
cherchons quels sont leurs caractéres différentiels. 

Le Stictina fuliginosa ne diffère pas sensiblement du Siictina 
silvatica dans la structure de ses diverses parties. Harmand 
(1909, p. 721) lui attribue une couche gonidiale «à hyphes en 
plectenchyme »; cette structure n’a pas été observée dans 
nos échantillons ; les gonidies s’y sont montrées moins nom- 
breuses dans la région inférieure que sous le cortex, et grou- 
pées souvent en paquets, disposition surtout visible vers le 
bas ; ces gonidies, rapportées par Fünfstück (1907, p. 9) à des 
Chroococcus, ressemblent à celles du Stictina silvatica. Le 
cortex inférieur du Stictina fuliginosa est plus abondamment 
pourvu de poils que dans le Stictina silvatica ; le cortex supé- 
rieur est recouvert en grande partie et obscurci par des isidies ; 
ces formations sont ici très nombreuses et sont parfois très 
développées. 

Au point de vue du développement des isidies, le Stictina 
Dufourei est intermédiaire entre le Stictina fuliginosa et le 
Stictina silvatica; les isidies, sans être aussi abondantes que 
chez la premiére espèce, y sont plus nombreuses que chez le 
Stictina sulvatica. La structure générale de son thalle est 
celle des espèces précédentes ; notons toutefois que le cortex 
supérieur n’a généralement que deux couches, rarement trois 
couches de cellules, et que les gonidies y sont groupées en 
paquets dans l'intervalle desquels le cortex est au contact de 
la médulle. 

Du Stictina fuliginosa au Stictina silvatica par l'intermé- 
diaire du Stictina Dufouret, nous parcouronsunesérie d'espèces 
où les isidies sont de moins en moins nombreuses ; le dernier 


~ So 
ood 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACEES 313 


terme de la série serait représenté par le Stictina silvatica 
var. peruviana, une forme de Quito qui, d’après Delise (1822), 
ne différerait du type que par l’absence totale de granula- 
tions isidiennes. 

Tel est également le cas du Stictina limbata, que nous 
rattachons au type de structure offert par le Stictina silvatica. 

Les gonidies du Stictina limbata, que Bornet (1873) rapporte 
au genre /Vostoc, nous ont offert toute la série des éléments 
figurés que nous avaient présentés les gonimies des Peltigé- 
racées et qu’on a l’habitude de rencontrer chez les Cyano- 
phycées autonomes. Ce sont des cellules oblongues, de 5 à 7 » 
sur 3 à 5 v ; elles montrent un protoplasme périphérique qui 
paraît homogène, sauf la présence de grains faiblement 
colorables par l’hématoxyline et disposés souvent en un 
cercle : ce sont des grains de cyanophycine. Le centre de la 
cellule est occupé par un chromidium formé d’un réticulum 
chromatique avec grains chromatiques sensiblement de même 
taille, répondant aux corpuscules métachromatiques, et 
un autre plus gros, le corps nucléoliforme. C’est, on le voit, 
exactement la structure réalisée chez les Cyanophycées qui 
vivent hors de l’état de symbiose (Guilliermond, 1906). 

La structure du thalle du Stictina limbata (PI. I, fig. 2) 
est celle des Stictacées précédemment étudiées. Ajoutons à 
la différence que crée avec elles l’absence d’isidies la présence 
de très nombreuses sorédies, le plus souvent marginales. 

Grâce à la similitude des traits les plus importants de la 
structure du thalle des Stictacées que nous venons d'étudier, 
nous pouvons les réunir en un ensemble où les Stictina silva- 
tica, Dufouret, fuliginosa se placeront tout près les uns des 
autres, le Stictina limbata à quelque distance des précédents. 
Ces constatations confirment les rapprochements déja faits 
par les lichénographes: c’est ainsi que Harmand (1909, 
p. 720) réunit ces quatre espèces dans le groupe des Cyphel- 
late du genre Stictina; le même auteur dit encore (p. 723) 
en varlant des Stictina silvatica et Stictina fuliginosa: «Il 
nest pas rare de rencontrer des échantillons douteux qu’on 
hésite à joindre à l’une ou l’autre espèce ; il est possible que 
la deuxième ne soit qu’une variété de la première. » De même, 

ANN. DES SC. NAT. BOT., 10¢ série . 101% inet 


D14 FERNAND MOREAU 


le Stictina Dufouret a été considéré comme une variété du 
Stictina silvatica (Le Jolis. Catal., p.31, cité d’après Harmand, 
1909, p. 723). Nous pouvons donc considérer les Séictina 
fuliginosa, Dufourei, silvatica, limbata comme constituant 
un groupe naturel dont l’homogénéité nous est attestée tant — 
par l'étude macroscopique que par l’étude fine de leurs 
tissus. 


DEUXIÈME TYPE : Stictina crocata. 


Cette Stictacée, pourvue de gonidies Nostocacées comme 
les précédentes, s’en éloigne par la structure de son cortex 
inférieur et par la présence de pseudocyphelles (PI. I, fig. 3). 

Le cortex supérieur, plus épais que chez les Stictacées du 
type sulvatica, est constitué par un plectenchyme aux parois 
épaissies, donc par un prosoplectenchyme. Les cellules 
superficielles sont aplaties et, grâce à un épaississement 
important de leurs parois, leurs cavités sont presque totale- 
ment oblitérées. Il se fait ainsi à la surface du cortex une 
couche assez épaisse, qu'on peut considérer Gomme un épi- 


 thalle, mais qui n’a pas, au point de vue de son origine, la 


même valeur que l’épithalle des espèces précédentes. Sous 
ces couches aux parois notablement épaissies, le cortex du 
Stictina crocata en présente d’autres où l’épaississement est 
moins considérable, mais reste suffisant pour que la cavité 
de ses cellules présente des angles arrondis. Les cellules les 
plus profondes du cortex sont plus grandes que les autres. 

La couche gonidiale est discontinue; elle renferme des 
gonimies, que Zahlbruckner (1907) rapporte au genre iVostoc. 

La médulle offre deux sortes d'éléments : des hyphes aux 
cellules allongées, souvent d’assez grand diamètre, et, parmi 
eux, des cellules assez grandes, isodiamétriques, que les 
coupes montrent le plus souvent isolées, ou en courtes 
chaînes. 

Le cortex “inférieur est un paraplectenchyme pourvu de 
poils unisériés ; il répond aux cortex paraplectenchymateux 
déjà étudiés; cependant les parois de ses cellules sont un peu 
épaissies, ce qui marque une tendance vers un prosoplec- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 319 


tenchyme ; de plus, le cortex inférieur présente des pseudo- 
cyphelles (fig. 4, et Pl. I, fig. 3). | 

A l’œil nu, une pseudocyphelle se distingue assez difficile- 
ment d’une vraie cyphelle : c’est une tache claire de la face 
inférieure du thalle ; elle n’est généralement pas aussi nette- 


Fig. 4. — Stictina crocata. — Pseudocyphelle. Gross. : 666. 


ment circonscrite qu'une cyphelle, et elle ne répond jamais 
à une dépression aussi profonde que cette dernière ; parfois 
même, elle est portée par une légère éminence de la face 
inférieure. 

Le thalle conserve jusqu'aux bords de la pseudocyphelle 
ses caractères ordinaires ; puis, brusquement, le parenchyme 
cortical inférieur s’interrompt, mettant les filaments médul- 
laires directement à nu. Ces filaments ne changent guère de 
caractères ; toutefois ils cessent de cheminer parallèlement © 
à la surface et se dirigent vers la fenêtre ouverte dans le 
cortex inférieur. Ils ne la franchissent pas, s’arrêtant assez 
nettement au niveau de la surface de ce cortex. 

Par ces caractères, prosoplectenchyme de la face supé- 
rieure, pseudocyphelles de la face inférieure, le Stictina crocata 
doit être éloigné des Stictina étudiés ci-dessus. 


7 TROISIÈME TYPE: Stictina intricata. 


Dans cette espéce, le cortex supérieur est un prosoplecten- 
chyme qui rappelle celui du Stictina crocata ; les cellules pro- 
fondes arrondissent les angles de leur cavité en épaississant 
leurs parois; vers la surface, elles s’aplatissent, tandis qu’un 


316 | FERNAND MOREAU 


épaississement plus considérable de on paroi tend al’ oblité- 
ration de leur lumière. ic 

Le cortex inférieur lui aussi est oros6 plectencliy mia =e 
mais, en même temps que ses cellules épaississent leurs parois, 
elles s’arrondissent, laissant entre elles des méats qui se sont 
montrés remplis d’une substance amorphe dans les échan- 
tillons conservés en herbier que nous avons étudiés. Ce cortex 
porte de rares poils semblables à ceux des espèces ci-dessus. 
Il est interrompu par des pseudocyphelles denne: a celles 
du Stictina crocata. 

Les gonidies du Stictina intricata se rapportent à des Gye. 
nophycées. 

Le caractère prosoplectenchymateux des deux cortex 
écarte cette Stictacée de celles déjà étudiées. 


QUATRIÈME TYPE: Stictina aurata. 


Les deux cortex du Stictina aurata sont aussi prosoplec- 
tenchymateux : le cortex supérieur possède dans sa partie 
supérieure des cellules à cavité arrondie, aux parois épaisses, et 
dans sa moitié ou dans son tiers inférieurs des cellules plus 
petites, aux parois moins épaisses, rondes ou un peu angu- 
leuses ; le cortex inférieur ressemble au cortex supérieur, 
autant que l’état de nos échantillons nous a permis d’en juger ; 
il porte des poils rares, isolés, du type unisérié, et présente 
des pseudocyphelles. 

Cette Stictacée se rapproche de la précédente par le carac- 
tére prosoplectenchymateux de ses deux cortex et la pré- 
sence de pseudocyphelles ; elle s’en éloigne par la structure 
fine de ses prosoplectenchymes et aussi par la nature de 
l’Algue de la couche gonidiale : ici, c’est une algue Chloro- 
phycée. 


CINQUIÈME TYPE : Lobarina scrobiculata. 


Avec le Lobarina scrobiculata (PI. I, fig. 6), nous abordons 
une série de Lichens dont le thalle, souvent très développé, 
généralement épais, s'oppose à l’ensemble des précédents par 


MR ie 


LICHENS DH LA FAMILLE DES STICTACÉES ST 


l’absence de cyphelles et de pseudocyphelles ; ces caractères 
sont communs aux Lobarina scrobiculata, Lobaria pulmo- 
nacea, Ricasolia herbacea et Ricasolia pis qui vont 
nous occuper maintenant. 

Le nom de scrobiculata rappelle la présence, à la face 
supérieure du thalle, de scrobicules, excavations de grande 
taille, larges fosses plus ou moins polygonales, que séparent 
des côtes ; celles-ci correspondent à une plus grande épais- 


seur de la médulle. 


Le cortex supérieur du Lobarina scrobiculata (fig. 5) est 
un prosoplectenchyme aux parois assez épaisses pour que 
toutes ses cellules, même les plus profondes, aient une cavité 
arrondie. Les cellules superficielles, comprenant jusqu'aux 
deux tiers supérieurs de la formation, sont des cellules mortes ; 


elles peuvent rester accolées les unes aux autres, formant au 


thalle un revêtement continu ; le plus souvent, elles se déta- 
chent en paquets constituant des lambeaux dont les débris sont 
la proie des bactéries ; leur ensemble vaut à la surface du 
Lobarina scrobiculata un aspect mat particulier. Les cellules 
profondes du cortex restées vivantes ont un protoplasme 
pauvre et un noyau unique. 

La couche gonidiale, mince, renferme des gonimies grou- 
pées par paquets, que Bornet (1873) rapporte à un ÂVostoc. 
Elles forment des cellules plus ou moins arrondies, plus ou 
moins anguleuses ou piriformes, plongées par petits groupes 
dans une enveloppe mucilagineuse commune. Leur longueur 
atteint 9 y, leur largeur est de 3 à 5 u. On y trouve une couche 
périphérique de protoplasma et un corps central ; la première 
offre fréquemment de petites vacuoles ; le corps central pré- 
sente un réticulum aisément décolorable et des grains de 
taille variable ; le bleu polychrome teint ces derniers en 
rouge vif : ce sont des corpuscules métachromatiques. 

Le cortex inférieur, moins épais que le cortex supérieur, est 
comme lui un prosoplectenchyme, mais un prosoplectenchyme 
d'un type différent : les cellules arrondies, à parois épaisses, 
laissent souvent entre elles des méats. On y trouve deux 
couches de cellules vivantes renfermant chacune un proto- 
plasme non très pauvre et un noyau. Les cellules superficielles 


318 FERNAND MOREAU 


constituent une ou deux couches de cellules mortes, plus ou 


moins détachées. Les cellules restées vivantes peuvent 


donner naissance à des poils cloisonnés, isolés ; ce n’est que 
rarement que ces poils se groupent pour nt des sortes de 
pinceaux aux cellules allongées, pourvues d’un noyau médian. 


SIXIÈME TYPE: Lobaria pulmonacea. 


x 


Le Lobaria pulmonacea (fig. 6, et PI. I, fig. 5) offre, a 
l'examen macroscopique, un certain nombre de caractères 
communs avec l’espéce précédente: présence de serobicules 
à la face supérieure, absence de cyphelles et de pseudocy- 
phelles à la face inférieure. La structure fine des deux espèces 
présente cependant des différences notables. 

D'abord, au contraire de celles du Lobarina scrobiculata, 
les gonidies du Lobaria pulmonacea (fig. 6) se rapportent à des 


Chlorophycées ; Bornet (1873), Zahlbruckner (1907) en fai- 


saient des Protococcus. 

Ce sont des Algues unicellulaires, presque sphériques, de 
3 à 9u de diamètre. On trouve dans chacune d’elles un chro- 
matophore étendu, et son centre, qu’occupe un protoplasme 
incolore, renferme un noyau de petite taille, à nucléole central. 
Ces iene sont dépourvues de Reese 


Lors de leur multiplication, leur noyau se divise un petit . 


nombre de fois, et des cloisons radiales séparent la cellule- 
mère en petites cellules anguleuses au nombre de 4, 6 ou 
davantage ; chacune a la forme d’une petite pyramide, dont 
la base s’appuie sur la paroi de la cellule mére et qui tourne sa 
pointe vers le centre de cette dernière ; dans cette région 
prennent place le noyau et la majeure partie du protoplasme 
incolore, tandis que la région périphérique est occupée par à 
chromatophore. 


D’une manière générale, les Algues de la partie supérieure 


de la couche gonidiale sont souvent en voie de division; c’est 
dans cette région qu'on trouve les Algues anguleuses et de 
petite taille; plus bas sont des Algues de très grande taille, 
non encore en division ; enfin, la région inférieure présente 
des Algues arrondies, de taille moyenne. Toutefois, cette répar- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 319 


tition des Algues en profondeur subit de nombreuses excep- 


tions. 
Le cortex supérieur constitue un plectenchyme dont la face 


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Fig. 5 et 6. 
Fig. 5 (à gauche). — Lobarina scrobiculata. — Thalle. Gross. : 800. 
Fig. 6 (à droite). — Lobaria pulmonacea. — Thalle. Gross. : 800. 


supérieure est plane alors que la face inférieure, en contact 
avec la couche gonidiale, est au contraire accidentée. C’est 
un prosoplectenchyme : on trouve à sa surface une couche 
amorphe formée par l’épaississement des parois des cellules 


320 FERNAND MOREAU 


superficielles et l’oblitération de leurs cavités, puis une région 
aux parois encore très épaissies, avec des cavités cellulaires 
aplaties parallèlement à la surface du thalle et passant aux 
filaments de la couche gonidiale. Toutes ces cellules, sauf les 
cellules mortes de la région tout 4 fait superficielle, ont un 
protoplasme pauvre, avec un noyau relativement gros, 
auquel on reconnaît une membrane; un nucléole latéral, un 
nucléoplasme pourvu d’éléments chromatiques. Entre les 
cellules du cortex, particulièrement dans la région profonde, 


se laissent voir de fins trabécules constituant des plasmo-. 


desmes. 

Le cortex inférieur est aussi un prosoplectenchyme, mais 
ses parois sont moins épaisses que celles du cortex supé- 
rieur ; les cellules pourvues de communications protoplas- 
miques renferment un protoplasme non très pauvre, avec 
un noyau assez gros. Plusieurs d’entre ses cellules superficielles 
se prolongent en poils isolés, du type unisérié, aux cellules 
uninucléées. 

Les divers caractères histologiques du Lobaria pulmonacea, 
assez différents de ceux du Lobarina scrobiculata, éloignent 
ces deux Stictacées plus que l'examen de la morphologie 
extérieure pourrait le faire penser. 


SEPTIÈME TYPE: RAicasolia herbacea. 


Nous rapportons à ce type deux Stictacées que le seul 
examen de leurs plectenchymes corticaux pourrait parfois 
faire éloigner l’une de l’autre, mais qui sont fort voisines par 
l’ensemble de leurs autres caractères. 

Le Ricasolia herbacea (PL: I, fig. 4; Pll, fig, AG 
PI. III) a un cortex supérieur mince, souvent paraplecten- 
tenchymateux ; les parois de ses cellules sont peu épaisses, 
mais non très minces ; les parois de la couche superficielle sont 
plus épaisses que celles des autres couches, particulièrement 
la paroi externe, qui constitue un épithalle. Les cellules sont 
polyédriques ; alignées souvent perpendiculairement à la 
surface, elles constituent des files parallèles se prolongeant 
parfois en bas par un hyphe de grand diamètre qui s'enfonce 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 321 


dans la couche gonidiale. Leur contenu est pauvre, renferme 
un noyau central que de fins trabécules relient aux parois. 

Au contraire, le thalle du Ricasolia amplissima (PI. IT, 
fig. 12; Pl. IV), plus épais que celui du Ricasolia herbacea, 
a un cortex épais, au caractére mixte, paraplectenchyma- 
teux en profondeur, prosoplectenchymateux a la surface. Les 
cellules des quelques couches (souvent trois) superficielles ont 
une paroi très épaisse, une cavité aplatie ; les deux couches qui 
suivent ont une paroi moins épaisse et forment le passage 
aux cellules des couches inférieures aux parois minces, plus 
grandes, isodiamétriques, au contour polyédrique ; celles qui 
forment les couches les plus inférieures du cortex s’enfoncent 
entre les paquets de gonidies de la couche sous-jacente sous 
la forme de cellules allongées perpendiculairement à la sur- 
face. Les cellules des couches superficielles montrent quelques 
fins plasmodesmes ; leur contenu est assez dense, assez colo- 
rable; il renferme un protoplasme réticulé avec un noyau. Dans 
les autres cellules du cortex, le contenu est pauvre, parfois 
pourvu de grains chromatiques ; il est réduit souvent a une 
couche pariétale et à de rares trabécules ; leur noyau est 
petit, rejeté sur le côté, et renferme un tout petit nucléole. 

Malgré les différences qu’offrent les deux cortex que nous 
venons de décrire, les deux Stictacées qui les présentent 
méritent d'être placées tout près l’une de l’autre : il arrive 
en effet que les cellules superficielles du cortex de certains 
échantillons du Ricasolia herbacea présentent un épaississe- 
ment de leurs parois qui, sans être aussi important que chez 
le Ricasolia amplissima, écarte cependant le cortex de ces 
exemplaires du type strictement paraplectenchymateux ; 
c'est le cas des thalles de Ricasolia herbacea des figures 14 et 
16, où, à l’épaisseur près, le cortex a essentiellement la struc- 
ture de celui du Ricasolia amplissima. 

L'étude des autres caractères des deux Ricasolia justifie 
leur rapprochement. 

La couche gonidiale n’est, ni chez l’un, ni chez l’autre, 
nettement séparée des cellules du cortex. Chez le Ricasolia 
_herbacea, on trouve des gonidies entourées complètement par 
des cellules de plectenchyme et, de même, chez le Ricasolia 


322 FERNAND MOREAU pes 


amplissima, les gonidies font des paquets entre lesquels 
s’avancent des cellules du plectenchyme cortical.’ 

Les gonidies ont, chez les deux Stictacées qui nous occu- 
pent, les mémes caractéres : ce sont des gonidies vertes, 
| 3 semblables 4 celles du 
Lobaria  pulmonacea ; 
elles ont même struc- 
ture, méme mode de 
reproduction que ces 


3 à 7 et {9 de diamètre 
chez le Aicasolia herba- 
cea, la plupart ne dé- 
passant pas 7 »; celles 
du Ricasolia amplissi- 
ma, que Bornet (1873) 
et Sturgis (1890) rap- 
portent à un Protococ- 
cus, ont de 3 à 6 et jus- 
qu'à 10» de diamètre, 
la plupart ne dépassant 
Fig. 7: — a. Ricasoiia herbacea ; b. Ricasolia pas 6. Ces dimensions 
Ra — Cortex inférieur et poils. Sci également celles 
| (3 à 9u) que nous 

avons notées pour les gonidies du Lobaria pulmonacea. 

Le cortex inférieur présente chez le Ricasolia herbacea et 
chez le Ricasolia amplissima des structures voisines. Celui de 
la première espèce (fig. 7, a) est formé par un paraplecten- 
chyme de deux épaisseurs de cellules, au protoplasme 
pauvre pariétal, avec un’ noyau latéral ; celui du Ricasolia 
amplissima (fig. 7, b) est un plectenchyme aux parois légère- 
ment épaissies ; il partage donc la tendance au type proso- 
plectenchymateux réalisé pleinement dans le cortex supérieur 
de la même espèce. | 

Lun et l’autre cortex possèdent des poils différents de ceux 
que nous ont offerts les autres Stictacées : celles-ci avaient 
des poils longs, à longues cellules ; les poils des Aicasolia 
sont des poils courts, formés de cellules courtes, presque 


dernières ; elles ont de. 


un peu épaisses; leurs 


comme constitué par un 


poils nés côte à côte et 


donnent insertion à des 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES | 323 


isodiamétriques ; ceux du Ricasolia herbacea (fig. 7, a) sont à 
parois minces ; la forme de leurs cellules est un peu irrégu- 
lière ; ceux du Ricasolia amplissima (fig. 7, 6) sont à parois 


cellules sont un peu ren- 
flées, ce qui vaut au 
poil un aspect monili- 
forme. 

En outre, le cortex in- 
férieur des Ricasolia 
porte des crampons. On 
peut considérer un cram- 
pon de Ricasolia herba- 
cea (fig. 8, et PI. I, fig. 4) 


pinceau de nombreux 


coalescents. (Ceux du 
centre ont leurs parois 
minces ; ceux de la pé- 
riphérie, au diamètre un 
peu plus grand, ont des 
parois plus épaisses. Leur 
protoplasme est riche, 
renferme un noyau par 
cellule. Sur le côté et 
surtout à l'extrémité, ils 


filaments mycéliens cloi- 
sonnés, aux cellules al- 
longées et uninucléées ; 
en particulier, on voit à l’extrémité des hyphes des crampons 
se dissocier, pénétrer dans le substratum et envahir par 
exemple les cellules des écorces sous-jacentes. 

Les crampons du Ricasolia amplissima (fig. 9) sont essen- 
tiellement constitués comme les précédents, mais avec une 
modification plus profonde de leurs cellules périphériques ; 
leur centre est occupé par dés filaments fins, leur périphérie 


Fig. 8. — Ricasolia herbacea. — 
Crampon. Gross. : 666. 


39% : FERNAND MOREAU 


par un cortex épais de deux couches de cellules de grande 
taille, appartenant à des hyphes qui cheminent parallèle- 
ment à la surface du crampon; les parois latérales de ces 
hyphes sont assez épaisses; leurs parois transversales sont 


plus minces. Le cortex porte de nombreux poils à la base du | 


crampon. Le contenu des cellules du crampon et des poils 
est constitué par un protoplasme trabéculaire, avec des gra- 


Fig. 9. — Ricasolia amplissima. — Crampon. Gross. : 666. 


nules sur les trabécules et un noyau ; les filaments du centre 


renferment également des granules chromatiques et un très 


petit noyau. 

Enfin, la face inférieure du Ricasolia herbacea et celle du 
Ricasolia amplissima ont encore comme caractère commun 
d'être dépourvues de cyphelles et de pseudocyphelles. 

On le voit, les différences entre ces deux Ricasolia sont 
plus apparentes que profondes ; ils se laissent aisément ratta- 
cher à un même type de structure. | ! 


Nous avons, au cours de cette étude de l'appareil végétatif 
des Stictacées, distingué un certain nombre de types d’orga- 
nisation. Tous se laissent rapporter à un schéma commun, 
et ils ne différent que par des caractères en somme secon 
daires. | | 


L'importance des traits communs à tous atteste l’homo- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 325 


généité de la famille des Stictacées. Toutefois, il est facile d’y 
reconnaître un certain nombre de groupes correspondant 
précisément aux types que nous venons de décrire. | 
Auprès du Siéictina silvatica se rangeront les Stictina fuli- 
ginosa et Dufourei, et, à quelque distance, le Stictina limbata. 
On peut caractériser histologiquement ce groupe par la 
nature paraplectenchymateuse des deux cortex, par la pré- 
sence de cyphelles au cortex inférieur et, au moins dans les 
trois premières espèces, par l'existence d’isidies à la face 
supérieure ; ainsi défini, il paraît avoir la valeur d’un groupe 
naturel. 

A quelque distance de la, nous A les Stictina crocata 
et intricata, tous deux pourvus, comme les précédents, de 
gonidies bleues, mais où les cyphelles font place à des pseudo- 
cyphelles. Le cortex supérieur chez le Stictina crocata, les 
deux cortex chez le Stictina intricata sont du type prosoplec- 
tenchymateux. 

Également pourvu de pseudocyphelles et de deux cortex 
prosoplectenchymateux comme le Stictina intricata, mais — 
porteur d’algues Chlorophycées, le Siicia aurata prendra place 
à son voisinage. 

L'absence de toute cyphelle ou pseudocyphelle caractérise 
les groupes suivants, formés de Stictacées de grande taille. 

Le Lobarina scrobiculata et le Lobaria pulmonacea, tous 
deux à surface bosselée, se placent non loin l’un de l’autre, 
sans que pourtant la structure de leurs cortex permette de 
les confondre dans un même groupe: les deux cortex sont 
prosoplectenchymateux et perdent par desquamation leurs 
cellules mortes superficielles chez le Lobarina scrobiculata ; 
ils le sont également chez le Lobaria pulmonacea, mais avec 
d’autres caractères. De plus, le premier héberge une Algue _ 
bleue, le second une Algue verte. 
: : Enfin un dernier groupe comprendra les ho herbacea 
et amplissima ; ils méritent de constituer un groupe naturel 
par l’ensemble de leurs caractères ; rappelons l’existence de 
poils spéciaux courts, aux cellules isodiamétriques et de 
crampons cortiqués que ne présente aucune des autres Stic- 
tacées que nous avons étudiées. | 


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326 | FERNAND MOREAU 


Le tableau suivant résume les résultats de cette étude en 
mettant en évidence la fagon dont se groupent les différentes 
Stictacées qui font son objet et les caractéres qui justifient 
leur groupement. Il convient de faire remarquer que les 
différences qui séparent les divers groupements sont légères 
et qu’on pourrait considérer l’ensemble des Stictacées comme 
un grand genre, le genre Sticta, les noms de (£u-)Sticta, 
Stictina, Lobaria, Lobarina, Ricasolia servant à désigner des 
groupements subgénériques ou même des sections de moindre 
importance. Nous retrouverons dans l’étude des appareils 
reproducteurs la même homogénéité. eo 


Gonidies “yanophycées. Gonidies Chlorophycées, 


ou gonimus. 
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Vv \ e 
WwW 
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Stictina silvatica. vat 
Stictina fuliginosa. ‘Si 
Stictina Dufouret. : 
Stictina limbata. & 
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Stictina crocata . | > we 
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Stictina intricata. À 
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Lobarina scrobiculata. Lobaria pulmonacea. Ricasolia herbacea. & a 
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Ricasolia amplissima. | | ° 8 
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2 3 
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es 


I CR mas NS ed 


Pas de crampons cortiqués. Poils spéciaux, crampons cortiqués. 


A AN ER LE MATA EAU, RUE MES 


CHAPITRE IT 


LES APPAREILS REPRODUCTEURS 


Le mode de reproduction le plus répandu chez les Sticta- 
cées est sans doute la formation de sorédies. On sait qu’on 
désigne sous ce nom des productions pulvérulentes, où le 
microscope révèle l’existence d’hyphes et de gonidies, et qui 
constituent de minuscules Lichens formés en grand nombre 
ca et 1a à la surface du thalle. Peu d’espèces de Stictacées en 
sont dépourvues ; cependant les sorédies font défaut chez 
les Ricasolia herbacea et amplissima, les Stictina fuliginosa, 
silvatica, Dufourei ; elles sont abondantes sur le thalle chez 

_ le Stictina limbata, où elles ont une couleur cendré bleuâtre; 
elles ornent d’une belle poussiére d’un jaune citrin les bords 
du thalle du Sticta aurata; chez le Lobarina scrobiculata 
(Pl. I, fig. 6), elles sont nombreuses, soit sur le thalle, soit sur 
ses bords, soit encore le long des côtes qui séparent les scro- 
bicules ; c’est aussi dans cette même situation qu'on les 
trouve le plus souvent chezle Lobaria pulmonacea (PI. I, fig. 5). 

Chez le Lobarina scrobiculata, les sorédies se présentent 
exactement sous l’aspect qu'elles offrent chez les Nephro- 
mium et les Peltigera également pourvus d’Algues bleues 
(F. Moreau et Mme F. Moreau, 1919, p. 93, et Pl. XIII, fig. 6). 
Sans revenir longuement sur les détails de leur formation et 
de leur structure, rappelons qu'elles sont caractérisées par 
la multiplication des éléments de la couche gonidiale qui font 
hernie au dehors en une masse divisée en glomérules de petite 
taille, ’éruption étant précédée d’une brisure du cortex. Ainsi 
en est-il chez le Lobarina scrobiculata (PI. I, fig. 6). 

Chaque sorédie forme un petit corpuscule constitué par 
plusieurs colonies de gonimies entre lesquelles circulent 
quelques hyphes, le tout étant entouré d’un cortex d’une 
seule couche de cellules. La formation de ce dernier commence 


FA RNA Ie RR REI fe 


328 | FERNAND MOREAU 


avant l’individualisation de la sorédie et débute par la surface 
libre de celle-ci ; tant que la sorédie n’est pas individualisée, 
la partie par laquelle elle s'attache encore à la masse soré- 
diale ne constitue pas un cortex continu. Les hyphes du 
centre de la sorédie sont cloisonnés, et leurs cellules, courtes, 
renferment un protoplasme assez abondant et un noyau. 
Dans les cellules corticales, le protoplasme est pauvre ou a 
complètement disparu. 


Les sorédies du Stictina limbata, également pourvu de 


gonimies, sont semblables aux précédentes. 

Chez le Lobaria pulmonacea (PI. I, fig. 5), lors de la formation 
des sorédies, on assiste d’abord à la multiplication des hyphes 
de la partie supérieure de la couche gonidiale ; ils s’allongent, 
se cloisonnent, deviennent plus étroits, tandis que les goni- 
dies sont à peu près inactives ; quelques-unes seulement 
entrent en division ; leur nombre n’augmentant guère tandis 
que les filaments deviennent plus nombreux, elles s’éloignent 
les unes des autres. 

En même temps, le cortex subit des transformations 
importantes (fig. 10) ; ses cellules profondes cessent de former 
un plectenchyme; les hyphes reprennent leur mdividualité 
et constituent un tissu lâchement feutré, formé de filaments 
ramifiés, cloisonnés, aux cellules courtes, uninucléées ; le 
phénomène débute dans les régions voisines de la couche 
gonidiale. gagne de proche en proche vers les couches supé- 
rieures Jusqu'à l’épithalle. 

Au stade ultérieur (fig. 11), le cortex a perdu totalement 
ses caractères plectenchymateux. Les glomérules sorédiaux 
se forment alors, s’ils ne l’ont dejà fait, dans la partie supé- 
rieure de la couche gonidiale, modifiée comme il a été dit 
plus haut, mais restée en place sous le cortex altéré: pour 
former un glomérule, les hyphes s’enroulent autour des 
gonidies. 

Jusqu'ici, toutes les cellules du cortex sont restées vivantes ; 
elles meurent bientôt, et on trouve leurs membranes flétries 
sous la couche amorphe (fig. 12) ; les glomérules sorédiaux 
rompent et écartent les débris du cortex ; ils sont mis à jour, 
encore attachés au Lichen, dont ils ne tardent pas à se libérer. 


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Fig. 10, 11,12, 13. — Lobaria pulmonacea. — Formation des sorédies. 


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1901 1422 


ANN. DES SC. NAT. BOT., 10€ série. 


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330 FERNAND MOREAU 


Dans le glomérule encore recouvert des débris du cortex, 
les cellules superficielles se transforment en un cortex, cette 
modification débutant dans la région supérieure de la sorédie : 
lPAlgue ou les Algues que la sorédie renferme se divisent acti- 
vement et des hyphes s’insinuent entre leurs cellules filles. 

La sorédie agée (fig. 13) constitue un tubercule arrondi, 
de près de 150u.de diamètre, parfois allongé et long de 200 ; 
c'est une masse plus volumineuse que la sorédie du Lobarina 
scrobiculata. On y distingue deux régions. La partie externe 
est un cortex de plusieurs épaisseurs de cellules à cavité plus 
ou moins arrondie ; ses caractères sont ceux du cortex supé- 
rieur du thalle ; ses cellules ont des parois un peu épaisses, 
un contenu assez riche, un noyau unique ; il est recouvert par 
une couche amorphe qui s'accroît par l’adjonction à sa partie 
inférieure des parois épaissies des cellules superficielles aux 
cavités d’abord aplaties, puis totalement oblitérées. Au 
centre de la sorédie. on trouve des hyphes et des algues ; les 
algues sont en voie de division, les hyphes s’insinuent entre les 
cellules nouvellement formées et les écartent ; les caractères 
des gonidies sont les caractères ordinaires des gonidies du 
thalle ; quelques-unes atteignent une assez grande taille ; 
les hyphes sont des filaments lâches, aux cellules courtes, 
larges, presque isodiamétriques ; leur taille est de l’ordre de 
celle des cellules du cortex ; elles renferment un noyau et de 
nombreuses granulations dome paraissant sur les 
mailles d’un réseau protoplasmique. 

Il arrive souvent, chez les Stictacées comme chez les 
Peltigéracées, que le processus qui donne naissance aux 
sorédies commence, puis se termine autrement que par l'indi- 
vidualisation des sorédies. 

C’est ainsi que, chezle Lobarina scrobiculaia, autour d’une 
masse sorédiale qui parait devoir donner plusieurs sorédies, 
un cortex commun se forme, constituant des festons sem- 
blables à ceux décrits chez le Nephromium parile (F. Moreau 
et Mme F. Moreau, 1919, p. 100). 

Chez le Lobaria pulmonacea, il arrive que la sorédie, née 
comme il a été dit plus haut, ne se détache pas ; le cortex qui 
la recouvre se relie au cortex thallin, et on a l’apparence d'une 


Sine, Sy MARNE GES NE A AT, babies ts Ÿ fy vit 
Si by N { 7 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACEES 331 


isidie. La ressemblance entre les deux formations est parfois 
assez grande pour qu’il soit nécessaire de suivre le début du 
phénomène pour savoir si on a affaire à une production 
sorédiale ou à une production d’origine isidienne. Le nom de 
papille peut étre employé pour désigner les ornements de la 
surface du thalle, dont la nature isidienne ou sorédiale est 
indéterminée ; lorsque le doute sera levé, on distinguera des 
papilles isidiales comme celles offertes par le Stictina fuli- 
ginosa et des papilles sorédiales comme celles du Lobaria 
pulmonacea. 

Certains échantillons du Lobaria pulmonacea aux papilles 
sorédiales bien développées voient ces dernières s’aplatir, 
manifester une structure dorsi-ventrale ; la papille devient 
une foliole où les gonidies sont plus nombreuses vers la face 
supérieure par un phénomène analogue à celui qui donne 
naissance aux folioles dont nous avons décrit la formation 
chez les Peltigéracées (F. Moreau et Mme F. Moreau, 1919, 
p. 102) et à celui que nous ont fourni les exemplaires à isidies 
foliolées du Siictina fuliginosa. 

Nous avons parfois observé, chez le Lobaria pulmonacea, la 
formation de sorédies à la face inférieure du thalle, dans des 
cas où des gonidies étaient amenées vers le cortex inférieur ; 
la naissance et l’aspect de ces sorédies étaient les mêmes que 
ceux des sorédies nées à la face supérieure du thalle. 

La sorédie mise en liberté peut, sur l’une de ses faces, 
produire des filaments mycéliens; ceux-ci naissent des 
cellules de son cortex situées immédiatement au-dessous de 
celles qui sont très aplaties et se présentent sous la forme 
d'hyphes étroits cloisonnés en cellules uninucléées. Leur for- 
mation est sans doute le prélude du développement d’un nou- 
veau thalle. La connaissance précise de ce dernier phénomène 
est un sujet de recherches qui n’a pas encore été abordé et dont 
nous nous proposons d'entreprendre l’étude avec les ressources 


de la technique moderne des cultures pures sur milieu 
défini. | 


Nous ne sommes pas mieux renseigné sur la formation et le 
développement d’un thalle nouveau par les autres organes de 


332 FERNAND MOREAU 


reproduction des Stictacées, ceux que constituent les sper- 
mogonies, productrices de spermaties, et les apothécies, pro- 
ductrices d’ascospores. Ils ont été et ils sont encore le plus 
souvent considérés comme étroitement liés les uns aux autres, 
les apothécies résultant, dans les idées en cours, de la fécon- 
dation par les spermaties d’un organe qui les précède et pré- 
lude a leur développement, l’ascogone. Dans l’état actuel 
de nos connaissances sur le développement des appareils 
ascosporés des Champignons, les formations désignées sous 
le nom d’ascogones se laissent rapporter, d’une manière 
générale, à deux structures différentes, auxquelles corres- 
pondraient des phénomènes sexuels distincts. 

Un premier type est réalisé chez le Pyronema confluens et 
de nombreux autres Ascomycétes : l’ascogone y est une vési- 
cule plurinucléée ; on en fait un organe femelle ; à son voisi- 
nage, une autre vésicule plurinucléée représente un organe 
mâle, une anthéridie. Les deux organes se mettent en rapport 
par un tube émis par l’ascogone et qu’on appelle un tricho- 
gyne. Il est hors de notre sujet de discuter, avec Harper (1900), 
Dangeard (1907), Claussen (1912), la question de savoir si un 
passage effectif de protoplasme et de noyaux a lieu, par le 
trichogyne, de l’anthéridie dans l’ascogone ; il nous suffit de 
savoir que le Pyronema confluens réalise un cas où l’ascogone 
plurinucléé est accompagné d’une anthéridie qui ébauche, 
et suivant certains auteurs accomplit, une plus ou moins 
complète copulation avec lui. | 

A ce premier type d’ascogone, nous opposerons celui qu'on 
attribue au Collema (Stahl, 1874; Baur, 1898), ainsi qu’a 
de très nombreux Lichens et à quelques Ascomycétes auto- 
nomes. Chez le Collema, ce n’est plus une vésicule cénocy- 
tique qui reçoit le nom d’ascogone ; on donne ce nom à un 


filament cloisonné aux cellules uninucléées, plusieurs fois 


enroulé sur lui-méme, et dont une extrémité se prolonge par 
un hyphe rectiligne, également formé de cellules uninucléées, 
dont la dernière fait saillie au-dessus de la surface du thalle ; 
au filament cloisonné, rectiligne, dressé vers la surface, on 
donne encore le nom de trichogyne. Ascogone et trichogyne 
constituent ensemble le carpogone. Aucune anthéridie n’ac- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 999 


compagne le carpogone, mais le Collema possède des spermo- 
gonies où naissent des spermaties ; on attribue à celles-ci 
le rôle de gamètes mâles ; l'extrémité saillante du trichogyne 
recevrait la copulation d’une spermatie, après quoi l’apo- 
thécie se développerait ; on admet que l’ascogone a été fécon- 
dé par la spermatie, sans que d’ailleurs on sache rien du 
voyage dans le trichogyne des éléments fécondants de la sper- 
matie, sans qu’on sache rien des détails de la fécondation 
elle-même. | 

C'est à ce type de développement de l’apothécie que doit 
être rapporté le cas des Stictacées, si on en croit les recherches 
de Borzi (1878). Celles-ci ont porté sur le Sticta pulmonaria 
(Lobaria pulmonacea) et sur le Ricasolia herbacea. Dans ces 
espèces, dit-il (p. 71), «il carpogono é pure constituito dalle 
tre tipiche regioni: l’ascogono, l’ipo-ascogono e il tricogino. 
Le prime duo sono egualmente formate di serie di cellule piu 
grosse ed abbondati di protoplasma, il loro numero é variabile, 
talore se ne contano poche. La compattezza del tessuto non 
lascia con sicurezza decidere di molte altre particolarita. 
Tuttavia si pio precisare il punto di nascita dell’ascogono, 
essendo indicato da un piccolo glomerulo di ifi, situati poco 
al di sotto della zona gonidiale e quasi al livello di questa. La 
lunghezza del trichogino éassai variabile;... cotesta lunghezza 
non é tuttavia costante per la stessa specie e nello stesso indi- 
viduo ». Borzi note encore que, chez le Lobaria pulmonacea, 
certains thalles, riches en trichogynes, sont au contraire dé- 
pourvus de spermogonies ; il interprète ce fait comme l’indi- 
cation d'une tendance à la dicecie. 

Plus tard, l’étude du développement des apothécies des 
Stictacées fut reprise par Sturgis (1890) chez le Sticta an- 
thraspis et le Ricasolia amplissima. Cet auteur ne fut pas 
assez heureux pour retrouver les stades initiaux de l’apo- 
thécie décrits par Borzi; le développement de l'appareil 
ascosporé est pour lui un phénomène purement végétatif. 
Toutefois, en raison de la fréquence des carpogones chez les 
Lichens, la description donnée par Borzi prévaut ordinaire- 
ment. 

Rémarquons cependant qu’à l’époque déjà reculée où 


1 


334 FERNAND MOREAU 


Borzi étudiait les Stictacées, les connaissances sur la cytologie 
des Champignons et sur les phénomènes généraux de la sexua- 
lité étaient trop imparfaites pour qu'il ait pu donner du déve- 
loppement de l’apothécie des Stictacées une description qui 
nous satisfasse aujourd'hui. Il y a donc lieu de reprendre la 
question et de l’étudier à l’aide des procédés dont disposent 
les recherches modernes d’histologie et de cytologie des 
Champignons. Il nous paraît d'autant plus nécessaire de 
livrer à de nouvelles investigations la question des origines 
des apothécies des Lichens que notre précédente étude des 
Peltigéracées (F. Moreau et Mme F. Moreau, 1909) nous a 
montré, dans les ascogones deces derniéres, non des organes 
du type attribué au Collema, mais des ampoules cénocytiques, 
comparables aux ascogones du Pyronema ; aucune antheridie, 
il est vrai, ne les accompagnait, mais non plus aucune sper- 


matie n’intervenait dans le développement de l’apothécie. 


Une nouvelle étude des formes de Lichens 4 spermaties et 
trichogynes s’impose, concluions-nous: cette partie de nos 
recherches sur les Stictacées répond à cette nécessité. 


On trouve, dans le thalle de nombreuses Stictacées, des 
organes globuleux pouvant dépasser un demi-millimètre de 


diamètre, et qui, s’ouvrant sur la face supérieure du thalle, 


laissent se répandre une multitude de corpuscules en forme 
de bâtonnets ; les corps globuleux sont des spermogonies : : 
les bâtonnets sont des spermaties. 

Presque toutes les espèces en possèdent. En général, on 
reconnaît leur existence à la présence à la surface du thalle 
d’une petite ponctuation. Dans certains cas, celle-ci est 
portée au sommet d’une éminence ; c’est sur ce caractère que 
repose en partie la séparation des Ricasolia et des Lobaria ; 
les spermogonies des premiers sont saillantes, verruciformes 
(PI. II, fig. 8); celles des Lobaria ne le sont pas (PI. IT, fig. 7). 
Toutetiags il arrive que des spermogonies de Rickeotee ne 
déforment nullement Ja face supérieure et, par contre, on 
trouve parfois des spermogonies de Lobaria pulmonacea 
s’ouvrant au sommet d’une éminence. 


C’est dans la médulle que se loge la majeure partie de la 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 3939 


spermogonie ; c’est là qu’elle naît, au contact de la couche 
gonidiale, sous la forme d’un peloton de filaments aux cellules 
plus courtes que celles de la médulle environnante, au proto- 
plasme plus riche, plus chromatique que celui de ces dernières, 
uninucléées comme elles. Au-dessus d’elle se forment souvent 
des sorédies selon le mode ordinaire (PI. IT, fig. 9). Au fur et 
à mesure quil allonge ses filaments, le peloton accroît son 
diamètre, écarte les éléments de la couche gonidiale, devient 
contigu au cortex. En même temps qu'il s'accroît, ses élé- 
ments subissent une différenciation dans deux sens. 

Les filaments superficiels courent parallèlement à la surface 
générale du peloton; ils épaississent leur paroi, puis, s’acco- 
lant les uns aux autres, ils constituent un plectenchyme 
qui forme autour de la spermogonie une enveloppe continue 
d’un petit nombre de couches de cellules. Vers le haut, ce 
plectenchyme se raccorde au plectenchyme cortical, et c’est 
l’ensemble des deux plectenchymes qui, plus tard, se brisera 
à la partie supérieure de la spermogonie, permettant la sortie 
des spermaties. 

Celles-ci prennent naissance dans la spermogonie encore 
close aux dépens des filaments centraux du peloton sper- 
mogonial. Ces derniers sont disposés de bonne heure suivant 
une direction radiale et convergent vers le centre de la sper- 


-mogonie; leurs cellules sont isodiamétriques, à contenu 


riche, à gros noyau; elles donnent naissance sur le côté et 
a fe extrémité la abe proche du centre a un prolongement 
fin qui se termine par une spermatie. 

La description précédente, faite d’aprés nos préparations 
du Lobaria pulmonacea, convient d’une maniére générale a 
toutes les Stictacées ; c’est également celle que nous (F. Mo- 
reau et Mme F. Moreau, 1919, p. 51) avons donnée des sper- 
mogonies des Nephromium. 

Nous avons vu, chez le Stictina silvatica, la spermogonié 
naître, non sous la couche gonidiale, mais dans cette couche 
elle-méme. Chez le Lobarina scrobiculata, elle peut également 
prendre naissance dans le cortex, aux dépens de sa partie 
inférieure. 

De plus, nous avons pu observer chez le Lobaria pulmo- 


BOO 111 FERNAND MOREAU 


nacea de nombreuses spermogonies, vieilles et vidées, et 
aussi des spermogonies avortées. 

Quand une spermogonie a fonctionné pendant aucune 
temps et a abandonné au dehors la majeure partie de ses 
spermaties, ses cellules, jusque-la actives, voient leur contenu 
s’appauvrir, elles constituent| bientôt un massif de cellules 
mortes, d'apparence plectenchymateuse; le centre en est 
occupé par une cavité irrégulière où persistent quelques sper- 
maties ; la spermogonie tout entière constitue une grosse 
masse d'aspect plectenchymateux, un bloc caverneux d’as- 
pect très particulier, reconnaissable même à un faible grossisse- 
ment. 

Dans quelques cas, la dégénérescence des cellules de la 
spermogonie commence de bonne heure ; on la trouve réalisée 
dans des régions à l’aspect plectenchymateux de spermogonies 
encore jeunes, auprès de régions en pleine activité productrice 
de spermaties. Parfois le phénomène atteint des spermogo- 
nies toutes jeunes n'ayant pas encore produit de spermaties. 
Ces cas d’avortement partiel ou total des spermogonies sont 
rares. 

Chaque spermatie a la forme d’un batonnet de 4 v de lon- 
gueur, étroit de 0,5 à 1 v, légèrement renflé aux deux extrémi- 
tés ; l’une d’elles renferme un noyau de petite taille. Ces corps 
ul formés par centaines, peut-être pee milliers, dans chaque 
spermogonie. 

Telle est l’histoire de ces éléments énigmatiques, tour a 
tour considérés comme des gamétes males oucomme des spores 
agames,sans qu’aucun des arguments fournis en faveur de 
l’une ou l’autre opinion ait été décisif. Pour trancher la ques- 
tion dela fonction actuelle des spermaties chez les Lichens, il 
faudra élucider complètement le rôle qui leur est attribué 
pendant la fécondation de l’ascogone ou suivre, en leur 
absence, le développement de l’apothécie. Nous sommes 
ainsi amené à étudier les apothécies des Stictacées. | 


Il nous est cependant impossible de décrire dès mainte- 
nant toutes les phases du développement de l’apothécie ; nous 
en connaissons bien les stades extrêmes, mais les états inter- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES Dal 


médiaires n’ont été que trop rarement rencontrés par nous 
pour que nous ayons pu tirer de leur examen des conclusions 
fermes. Ainsi que nous le verrons bientôt, le thalle des Sticta- 
cées renferme en général de nombreuses ébauches d’apothé- 
cies, mas la plupart sont de bonne heure frappées de stérilité. 
Aussi, malgré des recherches opiniâtres, poursuivies pendant 
plusieurs années, sur des matériaux différents, recueillis dans 
des stations variées et à des époques diverses, bien qu'ayant 
étudié plusieurs milliers de préparations, nous ne sommes pas 
encore en mesure d'exposer le développement complet des 
apothécies des Stictacées. 

Les apothécies des Stictacées se présentent sous la forme de 
cupules, de disques pédicellés, portés à la face supérieure du 
thalle. Leur production est assez capricieuse. Certains thalles 
en sont richement pourvus, alors que des thalles de la même 
espèce, dans la même localité, en manquent totalement. Le 
Lobaria pulmonacea, le Ricasolia herbacea, le Ricasolia amplis- 
sima en portent communément ; toutefois ces mêmes espèces, 
dans certaines localités, restent stériles ; les apothécies du 
Lobaria pulmonacea étaient rares ou absentes au Bois de Bou- 
logne, près de Dax (Landes), lorsque Hue (1908) visita cette 
localité, où nous les avons trouvées assez nombreuses en 1919 ; 
nos échantillons de Ricasolia amplissima d'Auvergne, au 
contraire de ceux des Vosges, sont sans apothécies ; le Loba- 
rina scrobiculata s’est montré stérile au Mont-Dore, à La 
Bourboule (Puy-de-Dôme), au Bois de Boulogne près de Dax 
(Landes), à Chaunac près de Tulle (Corrèze), au Saint-Mont 
près de Remiremont (Vosges); nous ne l’avons trouvé fructifié 
que dans une seule localité, sur un arbre unique de la rive 
gauche de la Montane, un peu en aval des cascades de Gimel 
(Corrèze), puis sur plusieurs arbres du chemin de Gimel au 
château de Saint-Priest (Corrèze) ; indication précise de ces 
stations est utile, les fructifications du Lobarina scrobiculata, 
pourtant si répandu, n’ayant été rencontrées, à notre con- 
naissance, que deux fois en France: par Rupin, également 
dans le département de la Corréze (Lamy de la Chapelle, 1878) 
et par Nylander (1896), dans la Forêt de Fontainebleau. » 

La première indication de la naissance d’une apothécie est 


338 FERNAND MOREAU 


dans la formation au sein des hyphes médullaires, souvent au 
contact de la couche gonidiale, empiétant parfois sur la partie 
inférieure de celle-ci, de filaments aux caractères spéciaux 
(fig. 14). Ils forment un peloton serré, et leur ensemble se pré- 
sente comme un massif généralement arrondi. aisément recon- 
naissable, même à un faible grossissement (Pl. I, fig. 4; 
PL IT, fig. 10 et 11). Les hyphes qui le constituent sont formés 
de cellules isodiamétriques, au diamètre plus grand que celui 
des hyphes de la médulle, au contenu plus riche, plus colo- 
rable ; elles renferment au centre un noyau plus gros que les 
noyaux ordinaires et de la même structure qu'eux. Grâce a 
l'accroissement de la taille des cellules et à l'allongement des 
hyphes du peloton, celui-ci grandit, en restant sensiblement 
arrondi, écartant parfois les éléments de la couche gonidiale ; 
il peut atteindre 70» de diamètre. Autour de lui, des hyphes 
à cellules moins grandes, au contenu moins riche, forment le 
passage aux hyphes ordinaires. Ce peloton, c’est le peloton 
ascogonial. 

L’ascogone n'offre pas, chez les Stictacées, l’aspect simple, 
schématique, qu’on est habitué a lui voir dans les figures clas- 
siques de l’ascogone du Collema : un hyphe unique enroulé un 
petit nombre de fois sur lui-même ; c’est un peloton compli- 
qué qui ne se laisse pas suivre dans toute sa longueur. 

Bientôt s’élève au-dessus de lui un. filament qui se dresse 
vers la face supérieure du thalle: c’est le trichogyne ; il est 
parfois possible de reconnaître qu’il est le prolongement des 
éléments du peloton. Il traverse la couche gonidiale, puis, 
s’insinuant entre les cellules du cortex, il circule dans leurs 
parois, en épousant leurs contours; lorsqu'il bute contre une 
cellule du plectenchyme cortical, il se divise en deux branches 
qui passent de part et d’autre de celle-ci. Se ramifiant ainsi 
plusieurs fois, il atteint la face supérieure du thalle, au- 
dessus de laquelle il fait légèrement saillie. Il se comporte 
comme le feraient les filaments d’un parasite intercellulaire. 

Ses cellules ont le diamètre des cellules ascogoniales, mais 
leur longueur est plus grande; la cellule terminale, dont 
l'extrémité fait saillie au-dessus du cortex, alors que sa base 
est plongée entre les cellules corticales, est parfois très allon- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 339 


gée. Le contenu des cellules du trichogyne est formé d’un 
protoplasme riche, particulièrement chromatique pendant 
la traversée du cortex et dans la cellule terminale. Chacune 
renferme un noyau. L’extrémité saillante a une paroi épaisse 
qui se raccorde à celle des cellules superficielles du cortex. 


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Fig. 14.— Ricasolia herbacea — Ascogone. Gross. : 800. 


Le trichogyne est une formation éphémère ; bientôt 1l se 
flétrit à partir de son extrémité ; le contenu de ses cellules 
devient uniformément chromatique ; au bout de quelque 
temps, on n'en trouve plus que des débris, bientôt disparus. 

À ce moment, l’ascogone possède encore sa structure pri- 
mitive. | 

Ultérieurement les cellules ascogoniales se transforment, 
et lors de la production des asques il n’en reste plus aucune 
trace. La formation des asques est précédée par celle des 
paraphyses ; ce sont des filaments allongés, aux cellules uni- 


340 FERNAND MOREAU 


nucléées, et qui, dressés vers la face supérieure du thalle, 
viennent buter contre le parenchyme cortical. Les asques 
sont formés successivement et écartent les paraphyses ; une 
même apothécie peut en renfermer à divers âges. Dans 
chaque asque, avant la formation des spores, on trouve un gros 
noyau ; puis, plus tard, huit ascospores, unicellulaires d’abord, 
et uninucléées, bientôt pourvues d’une cloison transversale, 
rarement de deux ou trois, séparant des cellules à un noyau 
(fig. 15, 1 à 3). Entre temps, le cortex susapothécial a 


disparu, et l’apothécie a acquis sa forme définitive; d’abord 


concaves, le thalamium et le thécium se sont étalés, et l’apo- 
thécie est devenue saillante sur le thalle. 

Tels sont les faits connus de l’histoire du développement 
des apothécies chez le Ricasolia herbacea ; celles du Ricasolia 
amplissima (Pl. IT, fig. 12), du Lobarina scrobiculata et du 
Lobaria pulmonacea se forment essentiellement de la même 
façon. 

Chez le Lobaria pulmonacea, nous avons vu disparaître le 
cortex susapothécial par un procédé particulier : il se fait une 
célification des parois du cortex au-dessus des paraphyses ; 
l’altération des membranes précède celle du contenu cellu- 
laire ; bientôt le protoplasme est lui-même altéré, et il ne reste 
plus, au-dessus de l’apothécie, qu’une gelée amorphe, que les 
paraphyses repoussent et traversent quelquefois. 

Dans la même espèce, les ascospores nées uninucléées 
deviennent bicellulaires avec un noyau dans chaque loge 
(fig. 15, 4 et 5). 

Chez le Ricasolia amplissima, les ascospores deviennent 
tétracellulaires, chaque loge renfermant un noyau. 


Les faits qui précèdent sont relatifs à l’histoire des asco- 2 


gones qui évoluent en apothécies fertiles; mais bien souvent 
ce développement, aprés avoir produit les stades de jeunesse 
des apothécies, s’arréte; ainsi s’expliquent le caractère capri- 


cieux de la production des apothécies, la stérilité, limitée & 


certaines stations, de diverses espéces, fertiles ailleurs, et la 
stérilité générale de certaines autres dont les apothécies sont 
totalement inconnues. 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 341 


Les ascogones des Stictacées sont en effet beaucoup plus 
répandus que les apothécies. Les jeunes thalles des Sticta- 
cées en renferment souvent de trés nombreux, dont une faible 
partie fait place à des apothécies. Il est, d’autre part, frequent 


© 


Fig. 15.— Asques et ascospores du Rica- Fig. 16, — Ricasolia herbacea — Ascogne 
solia herbacea (1 à 3) et du Ricasolia pul- avorté, Gross. : 800. 
monacea (4 et 5). Gross. : 800. 


de trouver des ascogones dans les thalles stériles de Stictacées. 
Ainsi,nos Ricasolia amplissima du MassifCentral, nos Lobarina 
scrobiculata dont une seule localité nous a fourni des apothé- 
cies, nos Stictina limbata, dont les apothécies, jamais obser- 
vées par nous, sont ég:lement une rareté, renferment dans 
leurs thalles, pourtant stériles, de nombreux ascogones. 


342 _ FERNAND MOREAU 


Ces ascogones ne différent pas, au début; des ascogones qui 
évolueront en apothécies : rien ne permet de présager leur 
stérilité. Plus tard ils dégénèrent : ils forment des massifs 
plectenchymateux arrondis. aux cellules à protoplasme 
pauvre ou dépourvues de protoplasme, parfois surmontés de 
trichogynes en dégénérescence (fig. 16). On trouve tous les inter- 
médiaires entre les ascogones sains et les ascogones avortés. 

La stérilité des Stictacées est due plus souvent à l'arrêt 


de développement qui frappe les ascogones qu’à l’absence de 


ces derniers, si même celle-ci se réalise jamais totalement. 


Nous avons donc observé les premiers débuts du dévelop- 
pement des apothécies sous la forme d’ascogones, hyphes 
enroulés en peloton, aux cellules unimucléées ; ces hyphes 
sont en rapport avec des trichogynes, hyphes cloisonnés, aux 
cellules uninucléées, ramifiés, bientôt flétris, et dont l’extré- 
mité fait saillie au-dessus de la surface du thalle. Rien ne 
nous autorise à penser que les trichogynes reçoivent la fécon- 
dation des spermaties et que ces dernières interviennent 
d’une manière quelconque dans le développement des apo- 
thécies. Celles-ci, au terme de leur histoire, possèdent la struc- 
ture générale des apothécies des Discomycètes. 

Cette identité dans la structure des fructifications des 
Stictacées et de celles des Ascomycètes autonomes permet 
de penser que la partie incolore des Lichens n’est autre chose 
que le thalle d’un Champignon modifié par la symbiose. 

Nous sommes ainsi conduit à aborder la troisième partie de 
cette étude, qui, en nous faisant connaître des phénomènes 
actuels de biomorphogenèse chez les Stictacées, nous aidera à 
concevoir les modifications qu'ont dû subir dans le passé les 
ancêtres des Lichens modernes pour passer de l’état de Cham- 
pignons autonomes à la forme sous laquelle on les connaît 
aujourd'hui. 


CHAPITRE III 


PHÉNOMÈNES DE BIOMORPHOGÉNÈSE 


L’étude des phénomènes de biomorphogénèse chez les 
Peltigéracées (F. Moreau et Mme F. Moreau, 1918 ; 1919, p. 91) 
nous a conduit à proposer la théorie suivante de la nature 
des Lichens : un Lichen est, dans la partie la plus importante 


_ de son thalle, une biomorphose ; il doit ses caractères spéciaux 


à l’action morphogène d’une Algue sur un Champignon; les 
algues qui constituent les gonidies des Lichens s’y comportent 
comme le ferait un agent infectieux y provoquant une affec- 
tion déformante ; elles jouent dans la morphogénèse d’un 
Lichen le rôle que remplissent les agents cécidogènes dans la 
formation des galles et, d’une manière générale, les agents 
morphogènes dans les phénomènes auxquels sont attri- 
buables les crown-galls, les cancers, les tumeurs, en un mot 
les néoplasmes animaux ou végétaux d’origine parasitaire. 

Cette théorie se fonde sur l'observation de la production de 
tissus nouveaux par les hyphes des Peltigéracées sous l’action 
d’Algues étrangères à la couche gonidiale ou de gonidies arra- 
chées a cette derniére par la croissance des hyphes, et entrai- 
nées par eux dans des régions du thalle où on ne les trouve 
pas ordinairement. Ces observations, qui ont la valeur d’inocu- 
lations expérimentales, nous ont appris, en particulier, que, 
chez le Peltidea aphthosa, des Algues Cyanophycées, retenues 
par les poils de la face supérieure du thalle, provoquent la 
croissance de ces derniers, réveillent l’activité du cortex et 
déterminent la formation des tubercules désignés par les 
Tichénographes sous le nom de céphalodies; une réaction 
analogue provoque la formation de céphalodies chez le Peilii- 
dea venosa et le Solorina saccata. De méme, chez le Peltidea 
aphthosa, le Peltigera horizontalis, le Peltigera rufescens, nous 
avons étudié la formation de tubercules à la face inférieure 


YP te TRE ARENA 
ir QE Fo is oe bi LA l'E 


344 FERNAND MOREAU 


du thalle sous l’action des gonidies elles-mêmes, accidentelle- 
ment apportées dans cette région. Dans les deux dernières 
espèces, les mêmes gonidies provoquent aussi la production 
d'une structure identique, sauf par son orientation, à celle 
de la face supérieure du thalle : entre les gonidies, les hyphes 
prennent les caractères de ceux d’une couche gonidiale; un 
tissu plectenchymateux, identique au cortex normal, borde 
cette couche gonidiale du côté de la face inférieure du thalle. 
Notre élève, Mile Devitch (1921), a décrit de semblables for- 
mations sous les apothécies du Peltigera polydactyla. L'identité 
des nouveaux tissus avec le cortex et la couche gonidiale 
ordinaire de la face supérieure conduit à rendre, dans tous 
ces cas, les gonidies responsables de leur formation. ie 

L'étude des phénomènes de biomorphogénése chez les 
Stictacées va nous offrir des faits semblables aux précédents ; 
en outre, leur étude détaillée dans deux espèces voisines, du 
genre Ricasolia, nous fera connaître quelques épisodes de la 
lutte que se livrent l’Algue et le Champignon mis en présence ; 
dans un cas, l’issue de la lutte sera marquée par la victoire 
du Champignon; dans l’autre, nous verrons s’établir un état 
de paix instable où les deux adversaires, se supportant mu- 
tuellement, réaliseront l’état de symbiose durable. A la notion 
usuelle de la symbiose lichénique, considérée comme une 
entente parfaite, une collaboration paisible de deux associés, 
nous serons amenés a substituer la notion d’une tolérance 
mutuelle de deux adversaires toujours prêts à de nouveaux: 
combats (F. Moreau, 1920). 


FORMATION D'UN PLECTENCHYME ET D UNE COUCHE GONI- 
DIALE A CHLOROPHYCEES A LA FACE INFERIEURE DU 
THALLE DU Lobaria pulmonacea. 


Nous avons observé sous le thalle du Lobaria pulmonacea 
des productions qui rappellent d’assez prés les tubercules et 
les plectenchymes supplémentaires que Fünfstück (1884), 
Bitter (1904), MUe Devitch (1921) et nous-méme (1915, 1919) 
avons décrits sous les apothécies de diverses Peltigéracées 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 34) 


pour qu'il soit inutile que nous nous étendions longuement à 
leur sujet. 

Au-dessus du cortex inférieur plus ou moins désorganisé, 
mais ici sans relation avec les apothécies, on trouve, dans 
une région limitée, un plectenchyme du type prosoplecten- 
chymateux de plusieurs épaisseurs de cellules ; au-dessus 
s’étend une couche épaisse d’Algues vertes identiques à celles 
de la couche gonidiale ; au-dessus encore vient la médulle et 
enfin la couche gonidiale ordinaire et le cortex supérieur. 
Dans les deux couches à gonidies, on trouve, près du plecten- 
chyme le plus voisin, des gonidies de grande taille en voie de 
division; plus loin, des gonidies de grande taille ne se divi- 
sant pas; enfin, près de la médulle, des gonidies de taille 
moyenne ; les deux couches à gonidies sont donc identiques, 
sauf par l'orientation ; les phénomènes de croissance et de 
division des Algues qu’on pouvait, dans la couche gonidiale 
ordinaire, croire soumis à l’action prépondérante de la lumière 
en raison de la position superficielle des Algues qui les pré- 
sentent, se montrent donc liés à l’action prépondérante 
d’autres facteurs et peut-être placés sous la dépendance du 
voisinage des tissus plectenchymateux. L’action sur le Cham- 
pignon de l’Algue amenée à la face supérieure du thalle est 
évidente, et la biomorphogénéseest ici aussi marquée que dans 
les Peltigéracées qui nous ont offert des cas analogues. 


CÉPHALODIES DU Lobaria pulmonacea ET AUTRES STICTACÉES. 


Le Lobaria pulmonacea nous a également offert des exemples 
variés d'associations de ses hyphes avec une Alguedifférentede 
celles de la couche gonidiale, avec une algue Cyanophycée; de 
telles associations sont connues sous le nom de céphalodies. 

Les divers types connus de céphalodies y sont presque 
tous représentés. 

Le plus répandu est le nee immergé hypogéne ou de cépha- 
lodie interne d'origine infrathalline. Les céphalodies de cette 
espèce sont placées dans la médulle, où elles occupent une 
place assez considérable pour produire une large gibbosité 


de la face inférieure du thalle. Les Algues bleues, on Nostoca- 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 40e série. 1924, ase 


946 FERNAND MOREAU 


cées, y forment une vaste colonie très lobée. Entre les Algues 
circulent des hyphes de faible diamètre. Les petits lobes sont 
étroitement enveloppés par des hyphes de faible calibre, aux 
cellules longues, qui courent parallèlement à leur surface. 
A la périphérie de la céphalodie des hyphes grossièrement 
parallèles à son contour général font le passage entre les 
hyphes précédents et les hyphes ordinaires de la médulle. 

Avec ces caractères, les céphalodies internes du Lobaria 


pulmonacea ressemblent beaucoup aux céphalodies immer- © 


gées que nous (F. Moreau et Mme F. Moreau, 1920) avons 
décrites chez les Solorina saccaia et crocea et à celles que nous 
figurons plus loin chez les Ricasolia (PI. III, fig. 14; Pl. IV, 
fig. 21). Notons cependant que les colonies d’Algues bleues 
occupent dans ces dernières espèces presque toute l’étendue 
de la céphalodie, les hyphes enveloppants ne constituant 
qu'une marge étroite autour d’elles, alors que chez le Lobaria 
pulmonacea les Algues bleues étendent leur action bien plus 
Join et souvent n’occupent au centre de la céphalodie qu’une 
place relativement restreinte. Appliquant aux céphalodies la 
notion de rayon d'activité cécidogénétique, introduite par 
Houard (1904) à l’occasion des galles dues aux insectes, nous 
dirons que, chez le Lobaria pulmonacea, les Cyanophycées qui 
causent les céphalodies immergées dans la médulle ont un 
rayon d'action cécidogène plus étendu que celui des Cyano- 
phycées des céphalodies immergées des Solorina et Ricasolia. 

Les céphalodies immergées dans la médulle du type des 
précédentes reçoivent parfois le nom de céphalodies endo- 
gènes ; c’est une désignation incorrecte; en fait, de telles 
céphalodies se développent au sein du Lichen; elles naissent 
à sa face inférieure. | 

On voit se faire à la face inférieure du thalle, sous l’action 
d’Algues bleues, une croissance des hyphes qui conduit à la 
formation d’une légère éminence. Les hyphes entourent les 
gonidies ; celles-ci, se multipliant, sont conduites par la crois- 
sance des hyphes jusqu’au sein de la médulle, et la céphalodie 
acquiert ses dimensions et ses caractères définitifs. Ces phé- 
nomèênes sont essentiellement les mêmes que ceux qui con- 
duisent à la formation des céphalodies immergées dela médulle 


. pe aes rn a NUES 
\ ALES re Rae ee 


LICHENS DE LA FAMÉELE DES STICTACEES 347 


chez les Ricasolia et que nous décrivons et figurons plus loin 
een fic. 13,44: PL IV, fig. 20, 21). 

Dans certains cas, l’action des Algues à la face inférieure du 
thalle conduit à la production d’une céphalodie différente des 
précédentes ; 1l se fait une céphalodie hypogène comme elles, 
mais une céphalodie externe, une céphalodie mfrathalline. 
Dans de telles céphalodies, les Algues entrent en dégénéres- 
cence et meurent. Ici encore, nous renvoyons a la descrip- 
tion détaillée et aux figures (Pl. III, fig. 15; Pl. IV, fig. 19) 
des céphalodies du méme type que nous ont offertes les 
Ricasolia. | ; 

Il est une autre moe de céphalodie qui ne paraît pas avoir 


été rencontrée jusqu'ici. L’Algue pénètre dans le thalle par 


la face supérieure ; sans provoquer de déformation sensible 
de la surface, elle modifie le cortex, refoule les éléments de la 
couche gonidiale. Elle réalise un cas de céphalodie immergée, 
mais d’origine épigène. Elle est assez voisine de la céphalodie 
épithalline, déformante, observée par Winter (1877) chez le 


_Stita linita; mais c’est une céphalodie immergée épigène. 


Chez le Siicta aurata, nous avons aussi rencontré des cépha- 
lodies semblables aux céphalodies immergées d’origine hypo- 
gène du Lobaria pulmonacea. 

Rappelons que de nombreuses Stictacées offrent des 
exemples de céphalodies. Forssell (1884) en signale dans 
34 espèces de Stictacées. Chacune résulte d’un phénomène 
de biomorphogénèse, d’une réaction morphologique des 
hyphes à l'influence exercée par une algue Cyanophycée, 

Des céphalodies immergées semblables à celles que nous 
avons décrites plus haut ont été rencontrées par nous chez le 
Ricasolia herbacea et le Ricasolia amplissima ; dans cette 
dernière espèce, elles se développent, ainsi que l’a signalé 
Forssell (1884), en formant à la face supérieure du thalle des 
arbuscules souvent désignés sous le nom de Dendriscocaulon. 
L'importance que nous avons donnée à l’étude des céphalo- 
dies de ces deux espèces leur vaudra, dans cet exposé, à 
chacune un paragraphe spécial. 


348 FERNAND MOREAU 


CEPHALODIES DU Ricasolia herbacea. 


Les Algues qui causent la formation des céphalodies du 
Ricasolia herbacea sont des Cyanophycées, des Nostocacées. 
Leurs cellules offrent dans leur structure cytologique les : 
caractères des Algues autonomes de ce groupe. 

Elles pénètrent dans le thalle du Ricasolia herbacea par sa 
face inférieure ; retenues par les poils du cortex inférieur, 
elles provoquent leur croissance et sont bientôt entourées par 
eux. Il peut ainsi se former des protubérances, parfois rela- 
tivement volumineuses, des céphalodies externes (PI. III, 
fig. 15). La périphérie en est occupée par un plectenchyme 
qui se raccorde avec le plectenchyme cortical, dont il partage 
les caractères ; leur centre est formé d’un complexe d’hyphes 
et de gonidies. 

Le plus souvent, les Algues sont repoussées dans la médulle 
(Pl. ITI, fig. 1) et une saillie peu importante, qui ordinai- 
rement disparaît bientôt, marque seule leur point d’entrée ; 
ce n’est qu'assez rarement qu'elles provoquent la formation 
d’une protubérance importante avant de pénétrer dans la 
médulle. En d’autres termes, les céphalodies du Ricasolia 
herbacea sont hypogènes ; le plus souvent, elles deviennent 
immergées ; elles sont rarement hypothallines ; plus rarement 
encore, elles ont un caractère mixte, présentant à la fois un 
tubercule infrathallin et un développement intramédullaire. 

Cette description soulève dès maintenant la question de 
savoir comment progressent les Algues dans la médulle. Fors- 
sell (1884), à qui elle s’est posée au cours de l’étude étendue 
qu'il a faite des céphalodies, admet, sans l’affirmer nettement, 
que les Algues meurent dans la partie inférieure des colonies, 
ne se développant que dans la région opposée, la partie du 
thalle traversée par l’Algue reprenant son aspect primitif. 
Nous verrons bientôt des Algues des céphalodies frappées de 
mort, mais ce phénoménen’est pas en rapport avec la progres- 
sion des colonies d’Algues dansla médulle ; elles subissent une 
progression passive, du fait des tractions et des pressions 
qu’elles reçoivent des hyphes qui s’accroissent autour d’elles ; 


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— Ricasolia herbacea. — Jeune céphalodie immergée. 


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— Ricasolia herbacea. — Céphalodie immergée. Gross. : 800. 


f 


Fig. 17 (en haut 
g. 18 (en bas 


350 FERNAND MOREAU 


leurs colonies sont étirées, comprimées, repoussées, divisées 
en lobes que de nouvelles tractions ou de nouvelles poussées 
peuvent individualiser. 

Au voisinage immédiat des quelques Algues qui constituent 
la jeune colonie qui vient d’envahir la médulle, les hyphes 
médullaires prennent un aspect particulier (fig. 17); leur 
contenu s’enrichit, leur diamètre diminue, leurs cellules se 
divisent et restent plus courtes ; ils cessent de décrire les 
grandes ondulations propres aux hyphes de cette région du 
thalle pour suivre un trajet plus sinueux, plus contourné ; ils 
épousent ainsi le contour général du massif d’Algues, auquel 
ils constituent bientôt une sorte d’enveloppe de forme arron- 
die ou ovoide aplatie. Les cellules ainsi modifiées sont sem- 
blables à celles de la couche gonidiale. 

Autour de ces hyphes, d’autres au diamètre plus large 
passent progressivement aux hyphes ordinaires de la médulle. 

Du côté de la face inférieure du thalle, les plus extérieurs des 
hyphes qui entourent les Algues changent leur orientation et 
se dirigent tous vers le bas. Ils deviennent bientôt des hyphes 
larges, au protoplasme riche, pourvus dans chaque cellule 
d’un gros noyau central renfermant un matériel chromatique 
abondant. Pressés les uns contre les autres, ils se dirigent, 
paralléles les uns aux autres, perpendiculairement a la sur- 
face du thalle et prennent part à la formation d’une légère 
saillie qui révèle à l’extérieur la présence de la jeune céphalo- 
die. Les cellules les plus périphériques du massif constituent 
un tissu au caractère plectenchymateux qui, comme le cortex 
inférieur du thalle, peut former des poils courts. Toutes les 
cellules fongiques ainsi modifiées sont uninucléées (fig. 17). 

A un état plus âgé (PI. III, fig. 14), la céphalodie se pré- 
sente sous l’aspect général d’un complexe de gonidies et 
d’hyphes plongés au sein de la médulle sans jaisser voir le plus 
souvent aucune particularité qui le relie à la face supérieure du 
thalle. 

Les Algues se sont multipliées beaucoup et forment des 
_ colonies étendues, lobées, parfois richement lobées, de sorte 
qu’une coupe d’une colonie unique peut montrer plusieurs 
territoires gonidiaux séparés les uns des autres par des hyphes. 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 391 


La céphalodie prend souvent l’aspect général d’un éventail 
dont les divers rayons marquent l'orientation des lobes les 
plus importants. 

Entre les gonidies d’un même lobe se trouvent des hyphes 
aux cellules courtes, aux parois minces, au protoplasme 
riche, pourvues chacune d’un noyau. Les lobes sont séparés 
les uns des autres par des hyphes appliqués contre eux, épou- 
sant leurs contours, aux cellules plus longues que les précé- 
dentes, étroites encore, et, comme les précédentes, aux parois 
minces, au protoplasme riche, et uninucléées (fig. 18). 

Tout autour de cette formation s’étend la médulle aux 
caractères ordinaires, que ses filaments assez larges, au 
protoplasme assez pauvre et leur orientation générale, paral- 
lèle à la surface du thalle, distinguent aisément des hyphes 
de,la céphalodie. Toutefois, du côté du cortex inférieur, il 
arrive que subsistent des filaments aux caractères déjà 
médullaire, au protoplasme non riche, mais disposés en files 
non régulières, perpendiculaires au cortex. 

Telles sont dans leurs grandes lignes l’histoire et la struc- 
ture d’une céphalodie du Aicasolia herbacea, au moins dans 
un certain nombre de cas: il se forme un complexe d’Algues 
et d’hyphes, plongé dans le sein de la médulle ; il en occupe 
fréquemment une grande partie, et il est ordinairement assez 
volumineux pour qu’une large gibbosité de la face inférieure 
du thalle en marque l’existence. 

Mais le plus souvent les phénomènes de dégénérescence qui 
frappent les Algues viennent altérer la structure que nous 
avons décrite et mettre un terme à l’évolution que nous avons 
suivie. 

Le phénomène le plus apparent, dans un examen au faible 
grossissement, est la mort de l’Algue. La dégénérescence ne 
frappe généralement pas d’emblée les Algues de la céphalodie 
tout entière ; c’est lobe par lobe qu’elle exerce son action ; 
certains lobes restent sains alors que la dégénérescence a déjà 
éprouvé les voisins. | 

Dans un même lobe en voie de dégénérescence, on observe 
la coexistence d'éléments sains et d’autres déjà frappés de 
mort. 


392,2 _ FERNAND MOREAU 


L’Algue diminue de taille, son contenu disparaît; son 
enveloppe vidée se flétrit, se colore d’une manière uniforme ; 
au terme de la dégénérescence, elle se présente comme un‘ 

, ° 4 §) 72 . k . [2 CES A. . >) 
débris colorable sous la forme d’un résidu linéaire ; il nen 


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Fig. 19.— Ricasolia herbacea.— Céphalodie hypothalline avec Algues mortes. Gross.: 666. 


subsiste bientôt que des traces à peine reconnaissables qui 
disparaissent enfin. | | 

_ En même temps que les Algues dégénérent et meurent, les 
hyphes avoisinants se transforment : leur protoplasme s’ap- 
pauvrit ; les hyphes les plus proches des gonidies frappées de 
mort se pressent les uns contre les autres, prennent l'aspect 
d’un plectenchyme aux cellules de petite taille, les hyphes 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 299 


plus éloignés affectant celui d’un plectenchyme aux cellules 
assez grandes. | 

Ainsi, dégénérescence et disparition des Algues, transforma- 
tion des éléments les plus proches de ces derniers en un tissu 
d’aspect plectenchymateux aux cellules de petite taille, 
transformation des hyphes qui entourent les précédents en 


Fig. 20.—Ricasolia herbacea.— Jeune apothécieimmergée avec Algues mortes. Gross.: 800. 


un tissu d'apparence plectenchymateuse aux cellules assez 
grandes dont le protoplasme s’appauvrit beaucoup, telles 
sont les modifications que subit dans ses diverses parties une 
céphalodie frappée de dégénérescence. 

Ces divers phénomènes ont lieu dans des céphalodies à 
tous les stades de leur développement. 

Ils sont d'existence générale dans les céphalodies infra- 
thallines (fig. 19, et PI. II, fig. 15), à tel point que nous avons 
rarement observé de telles céphalodies qui n'en soient pas 
atteintes plus ou moins profondément. 


394 FERNAND MOREAU 


Fréquemment ils se produisent dans la céphalodie encore — 


jeune (fig. 20, et Pl. III, fig. 16). Celles qui ont échappé à ces 
phénomènes de dégénérescence pendant leur jeunesse en sont 
souvent atteintes. lorsqu'elles sont parvenues à un état de 
développement plus ou moins avancé (PI. III, fig. 17). La 
dégénérescence frappe souvent la face inférieure d’abord et 
gagne les divers lobes les uns après les autres (PI. III, fig. 18). 

Il peut se faire cependant que certaines céphalodies 


échappent à ces phénomènes de dégénérescence ou au moins 


que ceux-ci ne les atteignent que très tardivement. 

Nous avons, dans les pages qui précèdent, exposé l’histoire 
du développement des céphalodies du Ricasolia herbacea en 
nous servant du langage couramment usité pour parler de ces 
formations ; implicitement, nous avons considéré une cépha- 
lodie comme un tout, soit vis-à-vis du Lichen qui la renferme, 
soit vis-à-vis des hyphes et des Algues qui la constituent. Il 
peut être suggestif de restituer aux éléments de la céphalodie 
leur valeur propre ; nous nous proposons de reprendre briè- 
vement l'histoire des céphalodies du Ricasolia herbacea en 
nous servant d’un langage qui mette en lumière l’antagonisme 
qui s'exerce au sein du complexe céphalodial entre l’Algue 
et le Champignon et que le langage précédemment employé 
n’a pas suffisamment exprimé. Ce langage nouveau, la théorie 
dont nous avons indiqué les grandes lignes au début de ce 
chapitre va nous le fournir. 

Nous avons en présence un Champignon, celui du Ricasolia 
herbacea, etune Algue infectieuse, une Nostocacée. C’est a la 
face inférieure du Aicasolia que se fait l’infection. La Nosto- 
cacée provoque parfois à son entrée dans le Ricasolia une 
réaction qui se traduit par la formation de tissus nouveaux 
constituant un tubercule infrathallin. Lorsque le Lichen ne 
localise pas dès le début l’agent infectieux dans un tubercule, 
l’Algue pénètre dans la médulle et s’y développe ; elle pro- 
voque autour d’elle la formation de tissus spéciaux, de bio- 
morphoses, et peut séjourner plus ou moins longtemps, peut- 
être très longtemps, dans le thalle du Ricasolia; mais souvent, 
plus ou moins rapidement, les tissus ainsi formés entrent en 
dégénérescence, et celle-ci s’accompagne de la mort. de la 


PEND ye 
? "Tv 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 355 


disparition totale del’ Algue infectieuse. Sans vouloir pousser 
jusqu’à ses limites extrêmes la comparaison de l’infection du 
Ricasolia par la Nostocacée et de l'infection d’un être supé- 
rieur par une bactérie, on peut toutefois penser que la pro- 
duction de tissus nouveaux a pour le Ricasolia la valeur 
d’une réaction de défense ; on ne niera pas en tout cas que la 
formation de tubercules infrathallins arrête en général dès le 
début les progrès de l’invasion de la Nostocacée ; quant à la 
mort des Algues dans les céphalodies âgées, elle paraît bien 
en rapport avec les transformations subies par les hyphes de 
nouvelle formation qui les environnent. 

L'intérêt de cette nouvelle manière d'exposer I’ histoire des 
céphalodies du Ricasolia herbacea est de nous montrer aux 
prises l’un avec l’autre une Algue et un Champignon ; elle 
met en évidence le caractère pathologique de l’association 
qu’ils contractent ; elle exprime dans un langage adéquat 
aux faits les différentes phases d’une maladie causée à un 
Champignon par une Algue. Ses débuts sont ceux d’une 
infection ; ses progrès sont marqués par l'invasion des tissus 
du Champignon par les cellules de l’Algue ; les réactions mor- 
phologiques du Champignon mettent parfois un frein 4 cette 
invasion ; la mort de l’Algue, sa résorption marquent pour le 
Champignon la guérison complète, sauf la présence d’un massif 
plectenchymateux, qui indique, comme une cicatrice, le 
théâtre de la lutte des deux organismes. Sila mort de l’Algue 
a lieu de bonne heure, la guérison est rapide, l’infection revêt 
un caractère aigu ; dans le cas contraire, la guérison est 
ajournée, on a affaire à une maladie chronique. 

Le Ricasolia amplissima va maintenant nous offrir un 
exemple de maladie dont les. prémices sont exactement les 
mêmes que dans l’espèce précédente, mais dont l’issue sera, en 
général, totalement différente. 


CÉPHALODIES ET FORMATIONS DENDRISCOCAULÉENNES 
DU Ricasolia amplissima. 


On trouve a la surface du thalle du Ricasolia amplissima 
des formations spéciales, des arbuscules touffus, aux rami- 


396 FERNAND MOREAU 


fications nombreuses, et qui atteignent une hauteur de 1, 
2 centimètres et davantage. Elles ne manquent presque 
jamais, au moins sur les thalles de nos régions ; toutefois nos 
échantillons récoltés dans les Vosges (au Saint-Mont, près de 
Remiremont) n'en présentaient pas. Ces productions ont 
attiré de bonne heure l’attention des lichénologues. « De nom- 
breux paquets d’un vert noirâtre sont épars sur ses frondes, 
surtout au centre, dit Delise (1822) en parlant du Aicasolia 
amplissima ; ce sont des pulvinules qui se développent extra- 
ordinairement et prennent la forme de petites arborisations 
dont les extrémités deviennent obscures... Ces pulvinules 
ont quelque ressemblance avec plusieurs Lichens du genre 
Stereocaulon. » La ressemblance de ces formations avec des 
Lichens s’est imposée aux lichénologues plusrécents, et Nylan- 
der a accrédité l'opinion qu'elles ne sont autre chose que les 
thalles d’un Lichen parasite, d’ailleurs susceptible de mener 
une vie autonome. Nylander (1876) le rapporte à une Collé- 
macée voisine du Leptogium lacerum ; il a été désigné sous 
les noms de Cornicularia umhauensis ou encore de Dendrisco- 
caulon bolacinum, etc’estce dernier nom qui lui est ordinaire- 
ment attribué. | | 

Cependant Forssell (1884) vit dans les formations fruticu- 
leuses du thalle du Ricasolia amplissima des céphalodies nées 
en position hypothalline et devenues épithallines. Toutefois, 
il suffit de lire ce qu’en dit un des auteurs qui en ont le plus 
récemment parlé (Harmand, 1909, p. 714) pour se rendre 
compte qu’un trouble persiste dans l’esprit des lichénologues 
sur la nature ou l’origine de ces formations. 

Leur histoire est intimement liée, ainsi que l’avait bien vu 
Forssell, à celle des céphalodies du Ricasolia amplissima. 

C’est encore une Cyanophycée de la famille des Nostoca- 
cées qui pénètre dans le thalle du Ricasolia amplissima et y 
prend part à la formation de céphalodies. Sa taille est un 
peu supérieure à celle des Nostocacées des céphalodies du 
Ricasolia amplissima ; ses caractères généraux sont les 
leurs. | 

C’est encore par la face inférieure que la pénétration de la 
Nostocacée a lieu, et les premiers phénomènes de morpho- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES ood 


génése qu’elle provoque dans le thalle sont les mémes que chez 
le Ricasolia herbacea. 

Parfois une protubérance importante se fait à la face infé- 
rieure du thalle; elle constitue une céphalodie infrathalline 
(Pl. IV, fig. 19). 

Plus souvent l’Algue pénètre dans la médulle: la jeune 
colonie s entoure d’hyphes au calibre étroit, au protoplasme 
riche, tandis que, sous elle, des hyphes paralléles se dirigent 
vers le cortex inférieur, où leurs extrémités prennent part à la 
formation d’une légère protubérance (PI. IV, fig. 20). L’aspect 
est exactement le même que celui offert var le Ricasolia 
herbacea au stade correspondant de l’histoire de ses cépha- 
lodies. | 

Plus tard (Pl. IV, fig. 21), les Algues, se multipliant beau- 
coup, formentune colonie volumineuse et bientôt lobée ; des 
hyphes de petit calibre circulent entre les gonidies ; d’autres 
cheminent à la surface des lobes, en épousant assez étroite- 
ment les contours ; la structure est encore celle d’une céphalo- 
die de Ricasolia herbacea à un état déjà avancé de développe- 
ment.Comme chez le Aicasolia herbacea, des phénomènes 
de dégénérescence peuvent venir interrompre l’évolution des 
_ céphalodies. Ils frappent de la même façon que chez le Rica- 
_ solia herbacea les Algues et les hyphes environnants. Les 
Algues meurent comme dans l'espèce précédente, et les 
hyphes présentent exactement les mêmes aspects plectenchy- 
mateux que chez cette dernière. 

Cependant, le plus souvent, la céphalodie ae Ricasolia 
amplissima connaît une autre ins 

Tout d’abord elle s’accroit et acquiert des dimensions que 
natteignaient pas celles du Aicasolia herbacea. 

En même temps, elle s’éléve dans la médulle et atteint la 
couche gonidiale ; elle provoque à son voisinage une croissance 
du thalle qui se traduit par une légére protubérance de la face 
supérieure et par l’appauvrissement de la couche gonidiale 
en gonidies. Puis, rompant la couche gonidiale et le cortex, elle 
fait irruption au-dessus de ce dernier, se développe beaucoup, 
se ramifie et fournit là les formations dont nous avons parlé 
au début de ce paragraphe (PI. IV, fig. 22, 23, 24). 


358 FERNAND MOREAU tie 


On peut distinguer dans chacune des arborisations den- 
driscocauléennes un tronc, des rameaux de gros diamètre, des 
ramifications plus petites. 

La base du tronc est constituée à la périphérie par le cortex 
primitif du thalle du Ricasolia amplissima soulevé lors de 
l’éruption de la masse céphalodiale ; sa surface est lisse; sa 
structure est celle d’un paraplectenchyme qui devient prosen- 
chymateux dans les couches superficielles. Sous lui viennent 
des gonidies vertes qui prennent part à la formation d’une 


couche gonidiale qui continue celle du thalle. Au centre, on — 


trouve des hyphes aux parois épaisses, au calibre interne 
étroit, aux cellules allongées ; ils cheminent serrés, parallèles 
au tronc, et vont en ondulant se perdre, d’une part, dans la 
médulle, d’autre part, dans les grosses ramifications des 
arbuscules. | 

Plus haut, le tronc change de caractère ; sa surface cesse 
d’être lisse et des gonimies se substituent aux gonidies. Son 
cortex rappelle celui du thalle, mais sa surface est irrégulière; 
ses cellules se prolongent en poils nombreux, formés chacun 
d’une file de cellules isodiamétriques, uninucléées et rami- 
fiées. Sous le cortex, on trouve des hyphes divers, des hyphes 
étroits, serrés, parallèles à l’axe du tronc, qui réunissent la 
médulle du Ricasolia aux rameaux de l’arbuscule, des hyphes 
plus larges, laches, au caractère arachnoide, qui aecom- 
pagnent les colonies d’Algues bleues. Celles-ci ne forment pas 


une couche gonidiale continue, mais sont éparses, pourtant 


plus nombreuses vers la périphérie du tronc. 

Plus haut encore, le tronc se ramifie, généralement en 
grosses branches très divergentes ou se retrouve la structure 
que nous venons de décrire et qui se divisent bientôt en 
ramuscules eux-mêmes plusieurs fois ramifiés. 

Les petites ramifications, nées parfois du tronc lui-même, 
souvent dichotomes, présentent à la périphérie un cortex 
plectenchymateux pourvu de poils; il entoure un axe formé 
de gonimies, souvent en files disposées en éventail, et séparées 
par des hyphes parallèles, à gros calibre, et par de rares hyphes 
à calibre interne petit ; le tout constitue une formation pleine. 

Enfin, les toutes dernières ramifications sont formées 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 359 


exclusivement de filaments paralléles ou en éventail séparant 
des files d’Algues bleues ; elles ne présentent pas de cortex. 
Les cellules fongiques sont uninucléées, à protoplasme riche, 
pourvu de nombreux grains chromatiques. Les filaments de 
la périphérie sont à parois un peu plus épaissies que les 
autres. 

Les formations dendriscocauléennes du Ricasolia amplis- 
sima se présentent donc comme un complexe d’hyphes et 
d’Algues affectantla forme d’arbuscules et offrent un aspect 
général qui rappelle celui de plusieurs Lichens fruticuleux. 
Leur structure n’est pas celle des Leptogium, ainsi que Har- 
mand (1909, p. 715) l’a déjà indiqué. L’erreur commise par les 
auteurs anciens est cependant très instructive ; elle nous 
montre que l’action d’une Algue sur un Champignon peut 
provoquer la formation de biomorphoses assez semblables à un 
Lichen pour que des lichénologues exercés puissent s’y être 
mépris. 

À un certain point de vue, d’ailleurs, on peut dire que 
c'est un nouveau Lichen qui prend naissance, résultant de 
l’union des hyphes du Ricasolia amplissima et d’une Nosto- 
cacée. Le Champignon du Ricasolia, celui dont nous connais- 
sons les spermogonies, les ascogones, les apothécies, les asco- 
spores, que nous savons caractériser indépendamment des 
Algues auxquelles il s’unit et des biomorphoses qu’elles y 
déterminent, est susceptible, en présence dedeux Algues diffé- 
rentes, de fournir deux Lichens d'aspect très dissemblable : 
avec une Chlorophycée, 1l forme un Lichen foliacé, dont la 
structure est stratifiée ; avec une Nostocacée, il fournit un 
Lichen fruticuleux, de structure tout à fait différente. 

On peut certes hésiter à reconnaitre une Stictacée dans 
les arbuscules du Dendriscocaulon : cependant leurs branches 
ultimes, quand on les examine à un fort grossissement, ne 
sont pas sans rappeler les ramifications offertes par les isidies, 
Cette ressemblance a sans doute frappé Krempelhuber (cité 
par Harmand, 1919, p. 715), qui attribue les Dendriscocaulon 
a des formes anormales du Stictina fuliginosa. Un arbuscule 
dendriscocauléen, si on considère sastructure, est assez com- 
parable à une isidie géante ; si on considère son origine, la 


360 FERNAND MOREAU 


comparaison avec une isidie ne se poursuit pas ; il y a effrac- 
tion du cortex supérieur par un complexe algofongique com- 
parable à une couche gonidiale, puis, plus tard, formation à sa 
surface d’un cortex qui se relie au cortex ordinaire ; un corpus- 
cule dendriscocauléen se présente donc comme une gigan- 
tesque papille semblable à l’origine à une papille sorédiale. 
Pour appuyer cette comparaison entre les papilles sorédiales 
et les formations dendriscocauléennes, nous dirons que nous 
avons rencontré une formation d’origine sorédiale et ana- 
logue à un tronc dendriscocauléen chez le Lobarina scrobi- 
culata : la surface du thalle montrait un gros tronc, occupé 
à la périphérie par un cortex tapissé par une couche gonidiale, 
au centre par des filaments médullaires ; le tout se terminait 
à la partie supérieure par un bouquet de sorédies. Les Algues 
de cette grosse papille sorédiale étaient les mêmes que celles 
de la couche gonidiale ; on peut la considérer comme un 
Dendriscocaulon homosymbiotique. 

À un autre point de vue, mettant en évidence le caractère 
infectieux de la Nostocacée vis-à-vis du Ricasolia amplissima, 
et considérant les nouveaux tissus dont elle provoque la for- 
mation comme des biomorphoses, nous exprimerons de la 
façon suivante, dans le langage de la pathologie, l'histoire des 
formations dendriscocauléennes de ce ARicasolia. 

L’Algue infectieuse, une Nostocacée, provoque chez le 
Ricasolia amplissima une maladie dont les premiers 
symptômes sont exactementles mêmes que ceux de la maladie 
du Ricasolia herbacea précédemment étudiée; un pathologiste 
qui ne connaitrait que cette dernière annoncerait pour l’un 
et pour l’autre cas une même issue: la transformation plus 
ou moins proche des hyphes les plus voisins des Algues en un 
tissu d’aspect plectenchymateux, la mort et la disparition 
totale des gonidies, la guérison du Champignon qui ne conser- 
verait comme seul indice morphologique de la maladie qu’une 
cicatrice plectenchymateuse. Il en est bien ainsi chez le 
Ricasolia herbacea; c’est quelquefois le cas chez le Ricasolia 
amplissima ; mais la maladie qu’on eût dit parvenue près du 
terme de son évolution se prolonge. L’Algue se développe 
beaucoup, détermine autour d’elle de nouvelles biomor- 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 301 


phoses et en particulier des formations richement ramifiées qui 
épanouissent leurs rameaux à la face supérieure du thalle. 
La maladie ne se termine plus, comme chez le Ricasolia her- 
bacea, par la suppression de l’Algue infectieuse, mais elle se 
poursuit par la formation d’un complexe de forme particulière 
où coexistent le Champignon et l’Aloue. 

Comparant, toujours avec le langage qu’emploierait un 
pathologiste, les deux cas offerts par le Ricasolia herbacea et 
par le Ricasolia amplissima, on peut dire que les Champignons 
de l’un et l’autre Lichen sont atteints par la même maladie, 
qui se termine par la guérison dans le premier cas et devient 
une maladie chronique dans le second. Nous sommes ainsi 
amenés à dire que la même maladie atteint deux organismes 
inégalement résistants et que, suivant l’immunité plus ou 
moins grande des Champignons, la virulence plus ou moins 
grande des Algues infectieuses, la maladie évolue de l’une ou 
l’autre façon; introduisant dans l’étude des rapports des 
Algues et des Champignons ces notions nouvelles d’immunité 
et de virulence, nous voyons s'ouvrir devant nous un champ 
de recherches nouveau. 

Dès maintenant, nous pouvons nous demander si des 
Ricasolia amplissima mieux armés contre des Algues infec- 
tieuses que le sont la plupart des Ricasolia de cette espèce ou 
attaqués par des Algues de faible virulence ne sauraient pas 
s opposer à l’établissement d’une maladie chronique et lutter 
avec succés contre les gonimies, comme le fait le Ricasolia 
herbacea. Nous avons effectivement observé ce cas ; il se pro- 
duit, rarement il est vrai, dans les Ricasolia amplissima ordi- 
naires, porteurs de Dendriscocaulon, où nous avons vu excep- 
tionnellement des céphalodies immergées arrétées dans leur 
développement, ainsique nous l’avons dit plus haut ; mais il 
devient la régle dans les thallesde Ricasolia amplissima, qui 
sont exempts de Dendriscocaulon ; nous avons étudié à ce 
point de vue les Ricasolia amplissima que nous avons récoltés 
au Saint-Mont, près de Remiremont, et où nous n’avons pas 
constaté la présence du Dendriscocaulon ; les phénomènes 
sont identiques à ce qu’ils sont chez le Ricasolia herbacea. 


Inversement, n'est-il pas possible que se rencontrent un 
ANN, DES SC. NAT. BOT., 406 série. 1921, 111, 24 


362 | - FERNAND MOREAU 


Ricasolia herbacea au Champignon peu résistant etune Algue 
assez virulente pour provoquer chez ce Lichen des formations 
dendriscocauléennes semblables à celles du Ricasolia amplissi- 
ma? Ces formations n’ont jamais été rencontrées à la surface 
du thalle du Ricasolia herbacea. On peut prévoir qu’on les y 
rencontrera. En effet, le thalle du Ricasolia herbacea renferme 
parfois des céphalodies immergées de taille assez considérable 


et qu'aucun phénomène de dégénérescence n’attemt ; on peut — 


croire que la guérison est dans ce cas ajournée à une date 
lointame et que l’état de maladie chronique est réalisé; ce cas 


ne comporte cependant pas les biomorphoses si remarquables 


que provoque lamaladiechronique chezle Ricasolia amplissima, 
mais nous avons vu une fois chez le Ricassolia herbacea une 
céphalodie immergée écarter les éléments de la couche goni- 
diale et ceux du cortex, comme le font les céphalodies du 
Ricasolia amplissima, mais sans cependant qu'il y ait eu érup- 
tion du complexe céphalodial ; il y a eu seulement une ébauche 
du phénomène qui, chez le Ricasolia amplissima, donne nais- 
sance au Dendriscocaulon, une ébauche dendriscocauléenne. 

La présence de céphalodies immergées aux Algues frappées 
de mort chez certains Ricasolia amplissima, la tentative 


d’éruption du complexe céphalodial chez un Ricasolia herbacea 


constituent des termes de passage entre l’état que réalise 
ordinairement le Ricasolia herbacea, aux céphalodies jamais 
érumpantes et à évolution bientôt arrêtée, et celui offert par 
le Ricasolia amplissima, aux céphalodies durables épanouies 


en arbuscules éruptifs. Le langage des pathologistes exprime 


commodément les nuances qui séparent les différentes ma- 


nières dont se comportent les uns vis-à-vis des autres les 


Champignons des Ricasolia et les Algues de leurs cépha- 
lodies. | 

L'état de maladie chronique réalisé dans le Dendriscocaulon 
est un état de lutte permanente ; au sein du complexe dendris- 
_cocauléen, la victoire est indécise : parfois lAlgue se déve- 
loppe et, provoquant la croissance des hyphes voisins aux- 
quels elle imprime des caractères spéciaux, elle détermine la 
poussée de nouvelles ramifications: parfois, par places limi- 


tées, on observe dans les formations dendriscocauléennes des — 


2 


À 
P 
4 
; 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 303 


Algues mortes, marquant le lieu d’un succès limité du Cham- 
pignon. 

I] arrive qu’au cours d’une bataille, lorsque ee deux armées 
en présence ont mis aux prises toutes leurs réserves, aucune 
d'elles n’emporte plus d’avantages marqués, aucune ne 
réussit à affirmer sa supériorité ; sur quelques points étroite- 
ment limités, des escarmouches se livrent, mais, à part ces 
engagements de détail, l’action générale s'arrête, la ligne de 
front se stabilise. Cette situation reste inchangée jusqu’à ce 
que de nouveaux éléments. de lutte interviennent de l’un ou 
l’autre côté. C’est à cette situation d'attente, qui n’a ni le 
calme serein dela paix ni la fièvre des combats, que nous 
comparerons volontiers la lutte que se livrent dans le com- 


plexe dendriscocauléen les hyphes et les gonidies. C’est elle 


également qui nous paraît réaliséé dans le complexe qui 
forme le thalle ordinaire des Lichens et où des Algues et des 
Champignons sont unis dans un état de tolérance mutuelle qui 
constitue la symbiose lichénique. 


LA SYMBIOSE LICHÉNIQUE, 


Nous avons, dans les pages qui précèdent, étudié différents 
aspects offerts par la symbiose lichénique. On considère 
généralement l’état de symbiose comme une heureuse condi- 
tion, où deux organismes tirent d’une association fructueuse 
des avantages multiples ; on décrit avec complaisance, pour ce 
qui est des Lichens, les avantages nutritifs réciproques obte- 
nus par les hyphes et par les gonidies du fait de leur associa- 
tion ; ce bilan est prématuré ; une connaissance plus parfaite 
de la physiologie des Algues et des Champignons engagés dans 
l’union lichénique en renversera peut-être les termes. Les 
pages précédentes ont fait, tout au contraire, ressortir l’an- 
tagonisme des deux constituants du complexe lichénique et 
nous ont offert tous les passages entre le cas où une incom- 
patibilité absolue a leu entre une Algue et un Champignon 
et celui ou une tolérance mutuelle donne l'illusion d’une 
symbiose harmonieuse. 

Les céphalodies où la dégénérescence et la mort de l’Algue 


304 FERNAND MOREAU 


sont immédiates ou au moins précoces sont des associations 
éphémères ; le complexe algofongique n’occupe jamais dans 
ces cas qu une étendue limitée; sa formation pps comme 
un phénomène exceptionnel. 

Dans les céphalodies où la dégénérescence n’atteint que 
tardivement les gonidies, le complexe céphalodial s'étend 
davantage dans l’espace comme dans le temps. : 

Lorsque la mort des Algues est ajournée 4 une époque loin- 
taine, l’affection devient durable, chronique. Elle revêt en 
particulier ce caractére dans les céphalodies de grande taille 
immergées dans la médulle du Ricasolia herbacea, et il est 
pleinement réalisé dans les céphalodies arbusculeuses du 
Ricasolia amplissima ; 18, c’est au contraire la mort des Algues 
qui apparaît accidentelle, l’association est durable. S'il est vrai, 
comme I’affirment les lichénologues, que le Dendriscocaulon 
puisse mener une vie indépendante du Ricasolia amplissima, 
les caractères de l'association qu'il constitue sont identiques 
à ceux d’un Lichen quelconque. 

Nous passons ainsi du cas d’une symbiose éphémère, limitée, 
facultative, à celui d’une symbiose durable, étendue, et à 
certain point de vue nécessaire. 

Nous avons décrit ailleurs (F. Moreau et Mme F. Moreau, 
1921) comment, chez les Solorina saccata et crocea, ces deux 
mêmes types de symbiose se relient l’un à l’autre. 

La série offerte par les Stictacées, comme celle que nous 
avons suivie chez les Solorina, nous conduit à voir dans la 
symbiose lichénique une association qui ne diffère pas essen- 
tiellement d’une association antagonistique, celle que lient 
un organisme et l’agent d'une maladie infectieuse qui le 
frappe; mais, grâce à la tolérance des deux organismes, aucun 
ne réussissant à affirmer sa supériorité, la maladie devient 
chronique, et la symbiose paraît harmonieuse. Ce n’est sans 
doute qu'à la suite d’une évolution peut-être longue que les 
Algues et les Champignons qui constituent un Lichen déter- 
miné sont parvenus à la condition qui permet leur vie com- 
mune. 

On se tromperait d’ailleurs en croyant que l’adaptation des 
deux associés l’un à l’autre est parfaite. Il arrive en effet que 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 309 


la lutte que se livrent les deux organismes, accidentellement 
et dans des régions limitées du thalle, se termine par la mort 
des Algues; 1l en est ainsi assez fréquemment chez le Lobarina 
scrobiculata, le Ricasolia herbacea, le Stictina limbata, et aussi 
lors de la formation des sorédies dans cette dernière espèce. 
A ce point de vue, les phénomènes offerts par le thalle ordi- 
naire d’un Lichen sont identiques à ceux que nous avons ren- 
contrés chez le Dendriscocaulon. 

La présente étude, en précisant les caractères des rapports 
que contractent les hyphes et les gonidies des Lichens, con- 
firme la théorie à laquelle nous avait conduit l'étude des 
biomorphoses des Peltigéracées : le Champignon d’un Lichen 
se présente avec les caractères d’un organisme affecté dans sa 
morphologie par un agent infectieux déformant, une Algue. 
L'histoire d’une association lichénique se laisse décrire comme 
celle d’une maladie contagieuse, marquée par l'invasion, les 

progrès, les échecs, la mort de l’agent infectieux, les réactions 
. morphologiques, lesrispostes défensives del’organisme attaqué. 
Suivant la virulence et l’immunité relatives des deux adver- 
saires, la lutte est de courte durée, et l’association est éphé- 
mére — ou le conflit s’éternise, et l’association, maintenant 
durable, offre les apparences d’une harmonieuse symbiose. 


RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS 


Nous nous proposons de réunir ici les principaux résultats 
des recherches que nous venons d’exposer et de présenter 
les principales conclusions auxquelles l'étude des Stictacées 
nous a conduit. : | 

Le présent mémoire renferme tout d’abord l’étude détaillée 
de la structure histologique du thalle de 11 espèces de Sticta- 
cées. Une remarquable uniformité de structure se manifeste 
chez toutes, à tel point que la famille entière pourrait être 
considérée comme un grand genre dans lequel les groupements 
ordinairement admis n'auraient qu'une valeur subgénérique. 
Nous avons consacré une longue étude aux caractères histolo- 
giques qui séparent les espèces ; elle nous a conduit à dresser le 
tableau qui termine le chapitre premier et qui indique com- 


ment se groupent les différentes espèces les unes par rapport 


aux autres. Parmi les points que nous avons spécialement exa- 
minés, citons les diverses manières d’être des plectenchymes 
corticaux, la valeur différente des formations désignées sous 
le nom d’épithalle, la structure des isidies et des folioles 
isidiales, celle des cyphelles et des pseudocyphelles, la forme 
et la structure des poils et des crampons. 

L'étude cytologique des cellules qui constituent le thalle 
des Stictacées nous a fourni les résultats suivants: Les élé- 
ments incolores des Stictacées, qu'ils forment des filaments 
distincts, ou qu'ils soient organisés en tissus massifs, ont la 
structure des éléments des Champignons ; leurs cellules sont, 
d’une manière générale, uninucléées ; dans les tissus massifs, 
des plasmodesmes peuvent se mone entre les proidpla ne 


des cellules contigués. Les éléments colorés en vert ont, les uns — 


la structure des algues Chlorophycées, les autres la structure des 
algues Cyanophycées. Les premiers ont des cellules arrondies, 


> 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 367 


au chromatophore étendu, pourvues d’un noyau; pour se 
reproduire, elles se divisent en 4 à 8 cellules filles de forme 
pyramidale; elles manquent de pyrénoide. Les éléments 
semblables à des Cyanophycées ont des caractères de Nos- 
tocacées ; ils sont dépourvus de chromatophore; ils pos- 
sèdent dans leur protoplasme périphérique des grains de 
cyanophycine,au centre, un corpscentral avec un chromidium, 
des corpuscules métachromatiques, un corps nucléoliforme. 

Un second chapitre de ce travail a été consacré aux appa- 
reils reproducteurs des Stictacées. Ils comprennent des sorédies, 
des spermogonies et des apothéctes. 

Nous avons reconnu chez le Lobaria pulmonacea un mode de 
formation in situ des sorédies, dans la partie supérieure de la 
couche gonidiale encore recouverte par le plectenchyme corti- 
cal ; à la formation des sorédies, nous avons rattaché celle des 
folioles sorédiales et celle des papilles sorédiales. 

Nous avons étudié la structure des spermogonies et réuni 
des documents sur la structure de l’apothécie âgée et sur les 
états initiaux de son développement. L’apothécie débute par un 
ascogone, qui se présente sous la forme d’un peloton aux cellules 
uninucléées, duquel s'élève vers le cortex un trichogyne aux 
cellules uninucléées; ce dernier chemine en se ramifiant entre 
les cellules du parenchyme cortical et fait saillie à la surface 
du thalle. Le trichogyne dégénère bientôt sans que nous ayons 
jamais observé sa copulation avec des spermaties. Souvent, 
l’'ascogone avorte, se transforme en un plectenchyme. Cet 
avortement de l’ascogone, très fréquent chez les espèces pour- 
vues d'apothécies, est général dans les thalles stériles des 
espèces capables de fructifier et dans les thalles toujours sté- 
riles des espèces dont on ne connaît pas les apothécies ; il 
explique la stérilité ordinaire ou totale des thalles de maintes 
Stictacées. | 

Enfin, dans un dernier chapitre, nous avons étudié le déve- 
loppement et la structure des céphalodies de diverses Sticta- 
cées. Nous avons en particulier décrit, chez le Lobaria pulmo- 
nacea, une forme nouvelle de céphalodie, épigène et immergée. En 
outre, comparant la formation des céphalodies à un phéno- 
mène infectieux, nous avons suivi l’évolution d’une même 


368 FERNAND MOREAU 


maladie dans deux Lichens voisins. C’est une Algue, une Nos- 
tocacée qui la cause; elle s’introduit dans la médulle par la 
face inférieure du thalle, y provoque des biomorphoses que 
nous avons décrites en détail : elles se présentent comme le 
résultat d’une réaction morphologique des hyphes, qui offre 
parfois un évident caractère de réaction défensive. Dans l’une 
des espèces étudiées, tôt ou tard, apparaissent, en général, 
dans les tissus nouvellement formés, des phénomènes de 
dégénérescence qui s accompagnent de la mort et de la résorp- 
tion totale de l’Algue infectieuse. Chez l’autre, les mêmes phéno- 
mènes ont lieu parfois, et la lutte entre l’Algue et le Champignon 
se termine comme précédemment par la victoire de ce dernier. 
Mais, en général, ils font défaut ou n’ont lieu qu’en des régions 
limitées. Les tissus dont l’Algue a provoqué la formation et 
l’Algue elle-même rompent le cortex supérieur du Lichen, 
font éruption à sa face supérieure et s’y développent en un 
arbuscule abondamment ramifié ; son aspect est celui d’un 
Lichen fruticuleux, à tel point que des Lichénologues exercés, 
méconnaissant son origine, l’ont rapporté à un groupe de 
Lichens tout à fait différent des Stictacées ; ils en ont fait une 
Collémacée voisine des Leptogium et l’ont désigné sous le 
nom de Dendriscocaulon bolacinum. La formation du com- 


plexe dendriscocauléen vaut à la maladie que nous étudions : 


une issue qu’elle ne connaissait pas dans la première espèce : 
au lieu de la victoire du Champignon sur l’Algue, nous voyons 
s’établir un régime d’hostilité contenue qui réalise un état de 
maladie durable. 

Pour la.commodité de l’exposition, nous avons réparti dans 
trois chapitres distincts les faits précédents. Toutefois, il est 
aisé de voir que ces trois chapitres ne sont pas indépendants 
les uns des autres, et nous nous proposons de mettre en lumière 
les idées générales qui se dégagent des faits qui y sont consi- 
gnés. 

Au-dessus des questions particulières, spéciales aux Stic- 
tacées, propres à tel ou tel détail de leur organisation, un 
grand problème domine l’ensemble de notre sujet ; 1l s’est 
posé à nous avec toute son ampleur, dans toute sa généralité, 
au début de nos recherches sur les Lichens; il a toujours été 


LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACÉES 369 


présent à notre pensée au cours de notre travail, c’est celui 
de la nature des Lichens. Qu'est-ce qu'un Lichen? Est-ce un 
organisme autonome, suivant une opinion ancienne que les 
lichénologues récents n’ont abandonnée qu’à regret et qu’on 
cherche à faire revivreaujourd’hui? Faut-ily voiravec Schwen- 
dener, Bornet, pour ne citer que les plus célèbres des fonda- 
teurs de la nouvelle doctrine, des organismes doubles, résul- 
tant de l’union, de la symbiose d’une Algue et d’un Champi- 
enon? Nos observations sont en faveur de cette dernière opi- 
nion ; l'étude histologique et l’étude cytologique des éléments 
incolores et des gonidies de nos Lichens assurent l’identité des 
premiers avec des Champignons, celle des secondes avec des 
Algues; c’est l’argument de Schwendener fortifié par le secours 
des techniques et des acquisitions modernes de l’histologie 
et de la cytologie. Quant à l’argument de Bornet : les rapports 
morphologiques entre les hyphes et les gonidies sont ceux 
qu'on attribuerait a priori à deux organismes vivant en sym- 
biose, nous le complétons en disant : leurs rapports morpho- 
géniques sont ceux que présentent deux organismes dont 
l’un provoque chez l’autre des réactions morphologiques con- 
duisant à la formation de biomorphoses. 

Un Lichen résultant de la symbiose de deux organismes, 
la question se pose: quels sont les constituants du complexe 
lichénique? L’un d’eux est une Algue, semblable par la struc- 
ture aux Algues Chlorophycées ou aux Algues Cyanophycées. 
Les Algues des Lichens présentent avec celles qui vivent 
en liberté une si parfaite identité morphologique qu'on est 
tenté de croire qu’elles ne sont que momentanément engagées 
dans lassociation lichénique ; on sait qu’elles peuvent la 
quitter et mener une vie autonome; on pense qu’elles peuvent 
contracter à nouveau une union symbiotique, mais on ne 
sait pas si elles ne perdent pas, au bout de quelque temps, 
la possibilité de le faire, comme les bactéries pathcgènes,cul- 
tivées dans un milieu banal, perdent leur virulence et cessent 
de pouvoir infecter les animaux dont on les a séparées. 

L'autre élément du complexe algofongique est un Cham- 
pignon. Nous ne le connaissons pas hors de l’état de symbiose ; 
nous admettons qu'il a perdu la possibilité de mener, dans les 


310 3 FERNAND MOREAU 


conditions ordinaires, une vie ue et nous sommes: 
réduits à des conjectures sur ce qu'il était dans ce dernier état. 

Ses caractères les plus aisément visibles permettent difficile- 
ment de le comparer à tel.ou tel champignon autonome ; ses 
tissus, modifiés par l’action de l’Algue symbiote, ont acquis 

des caractères spéciaux et la position des Champignons des 
Lichens dans l’ensemble des Champignons serait bien difficile 

à préciser si l’action de l’Algue n’avait respecté certaines de 
leurs parties, qui, reliques du passé, nous permettent de 
reconstituer la physionomie de leurs ancêtres autonomes. Leur 
mycélium cloisonné fixe leur place parmr les Septomycètes; la 
constitution générale deleurs apothécieset lastructure de leurs 
asques — nous parlons seulement des Ascolichens — précisent 

leur position dans le groupe des Ascomycètes. Les caractères 

de leurs ascogones, qui paraissent également exempts des 
déformations infligées par lasymbiose, seront d’un utile secours 
quand on connaîtra mieux ces organes, d’une part chez les 
Lichens, d’autre part chez les Ascomycètes autonomes. Déjà, 

on peut dire que, si les Peltigéracées, avec leurs ascogones _ 
multinucléés, rappellent les Pyronema, Humaria, etc., aux 
ascogones également cénocytiques, les Stictacées, pourvues 
d’un ascogone enroulé et septé, prolongé par un trichogyne 
cloisonné, réalisent un cas très différent du précédent. Peut- 
être serons-nous conduits à admettre une origine polyphylé- 
tique des Ascolichens, plusieurs rameaux de l’arbre généalc- 
gique des one ayant pu donner lieu à des os 
lichéniques. 

La nature et Pinion des éléments du oe algo- 
fongique étant ainsi fixées, dans la mesure où nos connais- 
sances actuelles permettent de le faire, nous nous sommes 
demandé quels sont les rapports des deux composants du Lichen. 

On a surtout traité cette question en envisageant les rap- 
ports d'ordre nutritif, les échanges alimentaires qui s éta- 
blissent entre les deux organismes en présence ; une connais- 
sance plus approfondie de la physiologie des Algues et des 
Champignons sera nécessaire, pensons-nous, pour résoudre la 
question ainsi posée. Nous nous sommes placé à un tout — 
autre point de vue. Lorsque deux organismes sont mis en 


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LICHENS DE LA FAMILLE DES STICTACEES 31 


présence, il est fréquent que l’action que l’un d’eux exerce sur 
l’autre détermine chez ce dernier des réactions morpholo- 
giques, des phénomènes de biomorphogénèse, la production de 
biomorphoses. C’est ainsi que maint Champignon déforme la 
plante qu'il infecte, ainsi naissent les galles, les tumeurs, etc. 
Nos recherches nous amènent à conclure que de tels phéno- 
ménes ont lieu chez les Lichens, que c’est l’Algue qui intervient 
comme agent déformant, que c’est le Champignon qui présente 
des réactions morphologiques ; le thalle aérien d’un Lichen est 
une biomorphose ; c’est l’équivalent d’une galle, une algocé- 
cidie. Cette conclusion se fonde sur l’étude des biomorphoses 
offertes par le Champignon d’un Lichen sous l’action des 
Algues de la couche gonidiale, et aussi sur l’étude de celles 
qu'il présente sous l’action d’Algues étrangères et qu’on dé- 
signe sous le nom de céphalodies. L’union que réalisent les 
Algues et les hyphes dans les céphalodies est de même nature 
que celle que contractent les gonidies et les hyphes. L'étude 
des rapports entre les constituants des céphalodies est donc 
susceptible d’éclairer le probléme des relations entre les consti- 
tuants des Lichens. 

Précisément, l’étude des céphalodies des Ricasolia est 
particulièrement instructive à ce point de vue; l’Algue qui 
provoque leur formation se présente avec les caractères d’un 
agent infectieux ; la maladie qu’elle cause prend fin dans un 
cas par la destruction de l’Algue et la guérison du Champignon ; 
dans l’autre, elle devient chronique; les deux organismes 
prennent part à la formation d’un complexe, semblable à un 


- Lichen fruticuleux, au sein duquel ils vivent dans un état de 


paix apparente que menacent de troubler d’incessants con- 
flits. 

C'est un état analogue que réalisent, pensons-nous, les 
Algues et les Champignons engagés dans la symbiose liché- 


nique. 


Quand une Algue et un Champignon sont mis en présence, 
plusieurs cas peuvent se présenter : ou bien ils restent indif- 
férents, c’est le cas le plus fréquent, ou bien ils entrent en 
conflit. Si l’un des belligérants succombe dans la lutte, leur 
union est éphémère, c’est le cas des céphalodies dont les 


312 FERNAND MOREAU 


Algues dégénèrent et meurent ; si aucun d’eux n’impose sa 
supériorité à l’autre, ils forment un complexe durable; ce 
paraît être le cas de maintes céphalodies, c’est celui des for- 
mations dendriscocauléennes du Ricasolia amplissima; c’est 
encore celui des Lichens en général. Ce sera un sujet de 
recherches que la question de savoir si c’est d’emblée qu’ont 
pris naissance les complexes que forment les Lichens, ou si 
c’est par une adaptation progressive que les Algues et les 
Champignons quiles constituent sont parvenus a un état de 
tolérance mutuelle qui, en écartant les conflits les plus meur- 
triers, donne à l’association un caractère durable. Ce sera un 
autre sujet de recherches que de savoir si les complexes liché- 
niques nous sont connus sous la forme méme ou ils ont pris 
naissance, ou si les Algues et les Champignons des Lichens 
actuels ont évolué depuis l’établissement du régime de la 
symbiose. Nous sommes au seuil de ces problèmes. Puissent 
de nouvelles recherches nous en donner la solution ! 


ea 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


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374 Free INDEX BIBLIOGRAPHIQUE oe. : : 


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ZAWLBRUCKNER. — Lichenes !Spezieller Teil), in Engler u. Prantl, Pflanzen- 
familien, Leipzig, 1907). : 


Fig. 19. 
— 20. 
— 21. 
— 22, 
— 23. 


— 24, 


EXPLICATION DES PLANCHES (1) 


PLANCHE I 


. — Stictina fuliginosa. — Thalle, isidie, cyphelle. 
. — Stictina limbata. — Thalle, cyphelle. 
. — Stictina crocata. — Thalle, pseudocyphelle. 
. — Ricasolia herbacea. — Thalle, crampon. 
— Lobaria pulmonacea. — Thalle, sorédies. 
— Lobarina scrobiculata. — Thalle, sorédies. 
PLANCHE II 
— Lobaria pulmonacea. — Spermogonie. 
— Ricasolia herbacea. — Spermogonie. 
— Lobaria pulmonacea. — Spermogonie sous sorédies. 
. — Ricasolia herbacea. — Ascogones, trichogynes. 
= — = — Les mêmes, plus grossis. 
_— — amplissima. — Thalle, ascogone, trichogyne. 
PLANCHE III 
. — Ricasolia herbacea. — Jeune céphalodie immergée. 
— — Céphalodie plus âgée. 
— — Céphalodie hypothalline. 
— — Mort des Algues dans une céphalodie 
immergée. 
=== — Le même phénomène plus accusé. 
= — Le même phénomène atteignant presque 
toutes les Algues d’une céphalodie 
immergée. | 
PLANCHE IV 
— Ricasolia amplissima. — Céphalodie hypothalline, avec Algues 
mortes. 
— — Jeune céphalodie immergée. 
— — Céphalodie plus agée. 
— — Progression des Algues vers la face 
supérieure du thalle. 
= = Eruption de la céphalodie au-dessus du 
cortex supérieur. 
== — Le Dendriscocaulon bolacinum. 


(1) Le grossissement des microphotographies est de 50/1, sauf la figure 11 
(Pl. IT), dont le grossissement est de 200/1. 


LISTE DES FIGURES DANS LE TEXTE 


Fig: 4. Thalle du Stictina siloatica. — _ 
— 2. Cyphelle du Stictina silvatica. 
— 38. Isidie du Stictina fuliginosa. 
— A, Pseudocyphelle du Stictina crocata. 
en Thalle du Lobarina scrobiculata. © 
— 6, Thalle du Lobaria pulmonacea. | 
— 7, Cortex inférieur et poils du Ricasolia herbacea (a) et R. amplissi- 
ma (b). 
— 8. Crampon du Ricasolia herbacea. ï 
— 49, Crampon du Ricasolia amplissima. 
— 10. Formation des sorédies du Lobaria pulmonacea ; premier stade. 
— 41. Id. ; second stade. 
— 12. Id. ; troisième stade. 
— 13. Portion de sorédie du Lobaria pulmonacea. 
— 14, Ascogone du Ricasolia herbacea. 
— 15. Asques et ascospores du Ricasolia herbacea (1 à 3) et du Lobarina 
pulmonacea (4 et 5). 
— 16. Ascogone avorté du Ricasolia herbacea. 
— 47. Jeune céphalodie immergée du Ricasolia herbacea. 
— 18. — Céphalodie immergée du Ricasolia herbacea. 
— 19. Céphalodie hypothalline, avec Algues mortes, chez le Ricasolia 
herbacea. 
— 20. Jeune céphalodie immergée, avec Algues mortes, chez le Ricasolia 
_herbacea. 
TABLE DES MATIÈRES 
LNTRODUCTION icin Cees Me cae. Se Pee an de es ce a pee) TE 
Cuapirre t, — Appareil vegetal. 0 à. NON 301 
CHAPITRE Il. — Appareils reproducteurs. . 2-0. oy vie 2 24e 327 
CHAPITRE III. —- Phénomènes de biomorphogénèse eu 343 
RÉSUMÉ. BT: GON CLU SIONS. ¢ ciliates sess ote vero ch oc SS ae en tea 366 
ENDEX BIBLIO GRA PUIQUM, aes rene 95 ste pe den hear 2 TOR 373 
EXPLICATION: DES” PRAIN GDS 2 cysts ee etats DU ee re rs >. 979 


LISTE DÉS-FIGURES DANS LE-TEXTEU scr oko Sees ees OU PR Ch 


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LES CHENES D’INDO-CHINE 


Par Hickel et A. Camus 


Le travail d’ensemble concernant les Chénes, le plus impor- 
tant et le plus consciencieux est certainement le mémoire 
d'Œrsted, publié à Copenhague, en 1871 (1). La méconnais- 
sance,. par le plus grand nombre des auteurs, des grandes 
lignes de la classification d'ŒÆrsted, au plus tard, singulièrement 
compliqué l’étude des Chênes. Ainsi, pour ne citer que lui, 
comment King (2) a-t-1l pu écrire : « Entre les genres Quercus 
et Castanopsis les différences me semblent non seulement 
légères, mais plutôt arbitraires, et je ne vois pas de bonnes 
raisons pour que les Castanopsis décrits ne soient pas placés 
dans la section Chlamydobalanus du genre Quercus. » Il n’y 
a, au contraire, aucune raison de ne pas classer dans le genre 
Castanopsis, certaines espèces, ordinairement, et notamment 
par King, considérées comme des Quercus. Du reste, la divi- 
sion du genre Quercus par King en six sections est très con- 
testable en raison de l'extension abusive qu'il donne à ces 
sections. C’est ainsi qu'il range dans les Chlamydobalanus 
non seulement le Q. lanceæfolia, mais le Q. encleisocarpa et 
même le Q. Junghuhnii Miq., qui est certainement un Casta- 
nopsis. Sa sixième section Lithocarpus est peut-être la plus 
hétéroclite, renfermant non seulement l’espèce pour laquelle 
Blume avait créé le genre Lithocarpus, mais d’autres qui sont 
simplement des Eupasania. 

Certes l’ancien genre Quercus nécessiterait une étude 
d'ensemble approfondie en raison de nombreuses espèces 
nouvelles décrites et dont on pourrait dire que leurs auteurs, 


(4) Girstep, Contribution à la connaissance de la famille des Chênes dans 
le passé et le présent (avec unrésumé français) (Extrait du Bull. des Soc. scientif., 
Sect. des Sc. nat. et math., t. V, IX, p. 6, Copenhague). 
| (2) Kine, The Indo-malayan species of Quercus and Castanopsis, in Ann. 
Roy. bot. Garden, Calcutta, vol. II. 


ANN. DES SG. NAT. BOT., 40e série. 10217 25 


3780 5 HICKEL ET A. CAMUS 


lorsqu'ils ont indiqué le groupe auquel elles appartenaient, 
les ont colloquées au petit bonheur dans telle ou tellesection; 


mais il faut bien se convaincre qu’un pareil travail ne saurait 


aboutir qu’en se pénétrant des bases jetées par le grand bota- 
niste danois. 


Dans le travail d'Œrsted, le second sur la matière, l’auteur 


établit de façon irréfutable et, pourrait-on dire, définitive, 
que le genre Quercus des anciens auteurs ne saurait être main- 
tenu, un grand nombre des espèces qu'il renfermait présentant 
des caractères bien plus voisins de ceux des Châtaigniers que 


de ceux des Chênes. Partant de ces caractères, surtout de la 


forme des styles, Œrsted a divisé ce qu’on s’accorde actuelle- 


ment à désigner sous le nom de Fagacées en trois tribus : : 


Fagineæ, Quercinex, Castaninæ. Le groupe des Quercineæ 
a été réparti à son tour par cet auteur en deux genres : le 
genre Quercus à écailles des cupules imbriquées et le genre 
Cyclobalanopsis à écailles soudées en lamelles concentriques. 

Dans le groupe des Castaninæ, en outre des Castanea et 
Castanopsis, Œrsted a adopté une division, parallèle à celle 
des Quercus, en deux genres : Pasania (nom créé par Miquel 
pour une section du genre Quercus) et Cyclobalanus Œrsted. 

La symétrie recherchée par Œrsted entre les Quercus et les 


Pasania, d’une part, les Cyclobalanopsis et les Cyclobalanus, 


de l’autre, est plus théorique que réelle et, pour nombre 
d'espèces, on a peine à les rattacher avec certitude aux 
Pasania ou aux Cyclobalanus. 

~ Comme, d’autre part, la seule difference essentielle entre les 
de et les Cyclobalanopsis réside dans les caractères de la 
cupule, nous avons cru, à l'exemple d’un certain nombre 
d’auteurs récents (Prantl, Gamble), ne devoir conserver que 
la division en Quercus et Pasania, les Cyclobalanopsis ne 
constituant pour nous qu'un sous-genre du genre Quercus 


A. Epis pendants ; étamines ordinairement 6 ; stigmates larges, cou- 
vrant la surface interne de la partie supérieure des styles ou capités 
SUT CUM Pane RES ea Se red Quercus. 


B. Epis à dressés, le plus souvent en panicule ; étamines ordinairement 
42; stigmates petits formant un pore sur les styles a peine 
courbés Ses a abe Len lie SRE eon ree 2. Pasania. Sey, 


LES CHENES D INDO-CHINE 379 


Genre I. — QUERCUS L. 


A. Cupules munies d’écailles.............. . Section Euquercus. 

B. Cupules à bractées involucrales con- , 
crescentes en lamelles concentriques entiéres 
Ie Gen tICUleeS.. i o.5 ac. iene eee eee Section Cyclobalanopsis. 


La section Euquercus n’est représentée en Indo-Chine que 
par cinq espèces. Le Q. serrata, le Q. Griffithit, le Q. incana et 
le Q. lanata se rencontrent aussi dans l’Inde; le premier monte 
. au nord jusqu’au Japon. 

Les Cyclobalanopsis sont beaucoup plus nombreux ne 

espèces), surtout dans les régions du Haut-Laos et du Tonkin. 
_ Le Lang-bian offre une espèce endémique, le Q. lang-bianensis. 
Les espèces propres à l’Indo-Chine sont au nombre de huit. 
Les autres sont communes à l’Inde et à la Chine, une seule, 
le Q. bambusifolia, se rattachant à la flore du Japon, et une 
autre, le Q. semiserrata, à la flore de Malaisie. 


. Section I. — Euquercus. | 


1. Q. serrata Thunb., Fl. Jap., p. 176; Q. serrata var. 
Roxburghit DC. ; Q. polyantha Lindl. ; Q. Roxburghii Endl. ; 
Q. Ushiyamana Nakai. 

Laos: Muong sam, assez commun ; altitude 1 300 ere 
(cap. Perrot); ‘Teannmli (Magnein, Pussaud: n° 8); Tha dua, 


route d’Hatrai à Kham keut (Dussaud, n° 16); Sou lo, en 


peuplements (Dussaud, n° 155). — Inde, Chine, Japon, etc. 


p. 14. 

Laos: Attopeu; altitude 900 mètres (Harmand, n°1164); 
Tranninh, Muong tan, Binh thuan, Col meo à M. than (Ma- 
gnein). — Inde. — 

3. Q. incana Roxb., For Beng., p. 104 (1814) : 0. lanata 
Smith ; Q. lanata Don var. incana Wenzig. 

Doi djieng dao; altitude 2000-2200 mètres (Hosseus, 
n° 390) ; Doi sootep (Hosseus, n° 300). — Inde. ; 


4. Q. lanata Smith, in Wall. Cat., 2772, A. et B. ; Rees, 


-Encycl., 29 ; Q. lanuginosa Don, non Thuill. 


2. Q. Griffithit Hook. f. et Th., in D.C., Prodr., XVI, II, 


380 | _‘HICKEL ET A. CAMUS 


Annam : Lang-bian, Dalat (Lecomte et Finet, n° 1546; 
A. Chevalier, n° 36022); Grand Piton, près du village de 
Beneur; altitude, 1500-2 000 mètres (A. Chevalier, n° 30842). 
— Inde. 

5. Q. Kingiana Craib, in Kew Bull (1911), p. 472 ; Conir. 
FT. Stam, p. 100. 

Siam : Chieng mai, Doi sootep, altitude ; 750-900 métres; 
(Kerr). | : 


Section IT. — Cyclobalanopsis (Œrst.). 


6. Q. platycalyx Hickel et A. Camus, nov. sp. 
Fructus sessilis. Cupula planiuscula, late pateriformis, 
~ &mm.longa, 28 mm. lata, intus dense sericea, extus glabrescens, 
zonis 8 concentricis margine subintegris ornata, fundo pla- 
niusculo glandem basi solum retinens. Glans obovoidea, apicu- 
lata, promaxima parte exserta, 3,5.cm.longa, 1,7 cm. lata, subti- 
liter adpresse sericea, demum glabrescens; cicatrix subconvexa, 
13 mm. diam. | 

Tonkin: vallée de Lankok, mont Bavi; altitude, 400 mètres 
(Balansa). 

Espèce très bien caractérisée par sa cupule presque plane, 
à bords très écartés du gland à la maturité, celui-ci à cicatrice 
légèrement convexe. Les glands que nous avons observés 
étaient tous nettement asymétriques. : 

7. Q. semiserrata Roxb., Fl. Ind., III, p. 461 ; non Balansa; 
Q. Horsfieldit Miquel. 

Siam : Chieng mai, Doi sootep ; altitude, 900 mètres (Kerr), 
Koh chang, Klong munsé, Klong son (Schmidt). — Inde, 
Malaisie. | 


8. Q. xanthoclada Drake del Castillo, in Journ. de Bot., 


1890,-p..149 Pl. TL hot. 7%, 

Tonkin : vallée de Langkok, mont Bavi (Balansa, n° 2377, 
2378, 2379). — Laos : col de Tram nua, sur la route de Hatraï 
à Kham keut (Dussaud). — Inde. 

9. Q. Chevalier: Hickel et A. Camus, nog. sp. 

Rami glabri, lenticellosi. Folia coriacea, ovato-oblonga vel 
obovato-oblonga, apice subobtusa vel acuta, basi cuneata, 
11-12 cm. longa, 3,5-4,5 cm. lata, glabra, utrinque viridia, 


ie | 
Pa © ASE! 


TT RE ET Te 


LES CHENES D'INDO-CHINE 381 


margine undulata; nerve laterales utrinque 8-11, supra im- 
pressæ, subtus elevatæ. Petioli 2,5-3 cm. longi. Cupula hemi- 


Fig. 1. — Quercus Chevalieri: 1, feuille, gr. nat. ; 2, gland entouré de sa cupule, gr. nat. ; 
3, gland, gr. nat. — Q. platycalyx : 4, gland et sa cupule, gr. nat. ; 5, cupule vue inté- 
rieurement, gr. nat. — Q. lang-bianensis : 6, gland et sa cupule, gr. nat. ; 7, gland, 
gr. nat. ; 8, cupules, gr. nat. — Q. macrocalyx : 9, gland et sa cupule, gr. nat. ; 10, 
paroi de la cupule montrant le bord supérieur récurvé ; 11, gland, gr. nat. 


sphærica, sericea, zonis 8-9 concentricis margine subintegris 
ornata. Glans ellipsoidea vel ovato-oblonga, apice subattenuata, 


382 ) _ HICKEL ET A. CAMUS 
valde exserta, 15 mm. longa, 10 mm. lata, glabrescens ; cicatrix 
valde convexa, 4,5 mm. diam. = 

Tonkin: prés i Lao kay, Cha pa; altitude, 1 400-1500 metres 
(A. Chevalier, n° 29488). | 
_ Cette espèce présente quelques anilomae avec le Q. Bene 
Th., dont elle diffère par ses feuilles entières, à bords ondulés- 
sinués et non dentés, glabres, les cupules à zones 3 plus nom- 
breuses. 

10. Q. tranninhensis Hickel et A. ae nov. Sp. 

Arbor 15-16 m. alta; ramuli nt glabri. Folia 
lanceolata, apice acuminata, rigida, 9-10 cm. longa, 3 cm. lata, 
supra glabra, lucida, subtus sparse pilosula, bast integra, 3 
superne dentata, margine crassa, nervis lateralibus utringue 
12-13 parum distinctis, transversis tenuibus ; petiolus elongatus, 
2-3 cm. longus. Cupula solitaria, sessilis, 11 mm. alta, 15-17mm. 
diam., extus puberula, intus sericea, lamellis concentricis 8 denti- 
culatis supremis subintegris ornata. Glans pro maxima parte 
exserta, subovoidea, apice mucronata, basi subtruncata, glabra, 
22 mm. alta, 17-18 mm. diam.; cicatrix subconvexa, 8-9 mm. 
diam. 3 eee | 
Laos: Xieng khuang, pr. Tranninh (Poilane, n° 2356). 

Cette espèce se rapproche du Q. glauca Th., mais ses feuilles 
ne sont pas cireuses en dessous; elles sont peu discolores, sur 
le sec, un peu jaunâtres à la partie inférieure; ses glands sont 
bien plus gros. Elle diffère du Q. Chevalieri Hick. et A. Cam. 
par ses feuilles plus petites, ses fruits plus gros, glabres, à 
cicatrice plus grande et presque plane ou à peine convexe. 

11. Q. lang-bianensis Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Rami glabri, novelli tomentosi. Folia oblongo-lanceolata, 
utrinque attenuata, 11-15 cm. longa, 2,5-4,5 cm. lata, glabra, à 
integra vel undulata, superne obtuse dentata; nerve primariæ : 
laterales utrinque 10-12 in serraturas excurrentes, subtus ele- 
vate. Petiolus 1-1,8 cm. longus. Fructus sessilis. Cupula 10 mm. 
longa, 18 mm. lata, zonis 6-9 concentricis laciniatis ornata. 
Glans obovoideo-oblonga, valde exserta, 30 mm. longa, 18 mm. 
_ diam. ; cicatrix convexa. 

Annam : massif du Lang-bian, Grand Piton, près du village de 
Beneur; altitude, 1500-2 000 mètres (A. Chevalier, n° 30029). 


PN ca Pe PRA Ae ONE Oe 


LES CHENES D INDO-CHINE 383 


Espèce Poche de Q. xanthoclada Drake del Castillo mais bien 
distincte par sa cupule couvrant à peine un tiers du gland, à 
zones laciniées, mais non presque entières, son gland moins 


Fig. 2. — Quercus austrocochinchinensis :1, feuille, face inf., gr. nat. ; 2, gland entouré 

~ de sa cupule, gr. nat ; 3, gland, gr. nat. — Q. Dussaudii: 4, gland et sa cupule, gr. 
nat. ; 5, gland, gr. nat. ; 6, cupule vue intérieurement ; 7, feuille, — Q. chrysocalyx : 
8,gland entouré de sa cupule, gr. nat. ; 9, cupule vue intérieurement, gr. nat. ; 10,gland 
gr. nat. 


gros, ses feuilles plus allongées, paraissant dépourvues de cire 
en dessous. 

- 42. Q. macrocalyx Hickel et A. Conus: nov. Sp. : 

Cupula ovoideo-globosa, basi attenuata, 40° mm. longa, 

48 mm. lata, demum glabra, intus sericea, crassa, margine 


384 HICKEL ET A. CAMUS 


incurvata, zonis 10-12 subintegris notata. Glans apice easerta, — 


ovoidea, mucronata, 35-37 mm. longa, 25-37 mm. diam., luteo- 
sericea, demum glabra; cicatrix convexa, 14 mm. diam. 

Laos: Tranninh ; altitude, 1 000-1 500 mètres (Magnein). 
_ Cette espèce est très bien caractérisée par sa cupule et son 
gland. La paroi de la cupule est épaisse de 3 millimètres et 
munie à l’intérieur de poils soyeux serrés les uns contre les 
autres, formant un revêtement aussi épais que la parol. 


13. 0. oidocarpa Korth., in Verh. Nat. Ges. Bot., p. 216, A; 


1 140; 

Sir : Doi sootep; altitude, 1000 mètres (Hosseus, 
n° 458). — Inde. 

14. Q. Poilanei Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor 8-16 m. alta. Ramuli jJuniores aureo-velutint. Folia 
rigida, ovata vel oblonga, apice abrupte attenuata, subobtusa 
4-8 cm. longa, 3-5,5 cm. lata, supra glabra, subtus luteo-tomen- 
tosa, margine integra vel apice sinuata, nervis lateralibus 
utrinque 13-14 subtus elevatis, tertiaris perspicuts transversts : 


petiolus 8-10 mm. longus. Spice nunc androgynæ, nunc femi- 


nee, simplices, 4-6 cm. longæ, in axillis foliorum superiorum 
dispositæ; rachis aureo-tomentosa. Spica fructifera elongata. 
Cupula junior aureo-velutina, solitaria, lamellis 3 concentricis 
denticulatis ornata. Glans junior aureo-sericea, exserta. 

Annam : Bana, très abondant (Poilane, n° 1517). 

Cette espèce est bien caractérisée par son tomentum Jaune. 
Sur le frais, la face supérieure des feuilles est, d’après M. Poi- 
lane, vert fonce l'inférieure jaune: sur le sec, les deux faces 
sont jaunes. 

15. Q. bambusifolia Hance, in Journ. de Bot., XIII, p. 364 ; 
Q. salicina Seem. ;  Cyelobalanopsis neglecta Schottky Quercus 
neglecta Rides 


Tonkin : Tien yen (Bonnet, n° 14). — Hong leone Chine, 


Japon. 

16. Q. Dussaudii Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor 6-8 mm. alta..Rami brunnet, glabri. Folia lanceolata, 
utrinque attenuata, 12-15 cm. longa, 4-5 cm. longa, viridia, 


subtus pallidiora, integra, nervis secundarits utringue 10 elevatis, — 


tertiarits vix distinctis. Petiolt 5-10 mm. longi. Cupula cyathi- 


Sara 


Vv 


LES CHENES D INDO-CHINE 385 


_formis, bast truncata, 8-9 mm. alta, 33-35 mm. diam., crassa, 
extus aureo-sericea, intus luteo-sericea, zonis _concentricis 
8-10 undulato-denticulatis ornata. Glans longe exserta, sub- 
hemisphærica, bast truncata, apice mucronata, 12 mm. longa, 
25 mm. diam., pubescens ; cicatrix concava, 15 mm. diam. 

Laos : Ban pac sanane, route de Ven tiane 4 Luang-prabang 
(Dussaud, n° 62). — Eni peuplements étendus dans les ter- 
rains gréseux et schisteux. 

17. Q. chrysocalyx Hickel et A. Camus, nog. sp. 

Ramuli juniores tomentosi, rami adulti glabri. Folia lanceo- 
lata, utrinque attenuata, 12-15 cm. longa, 4-7 cm. lata, glabra, 
bast integra, apice dentata, nervis lateralibus utrinque 8-10 pro- 
minulis, tertiarits parum distinctis; petiolt 10-12 mm. longi, 
fulvo-tomentosi. Fructus subsessiles. Cupula cyathiformis, 
7-10 mm. longa, 25-28 mm. diam., aureo-sericea, zonis 6-8 con- 
ceniricis pubescentibus subintegris, mediis crenatis ornata. 
Glans longe exserta, turbinata, basi truncata, apice mucronata, 
19-24 mm. longa, 23-25 mm. lata, luteo-sericea, demum glabra: 
cicairix concava, 10 mm. diam. 

Tonkin : Tien yen (Bonnet), Quang yen (Chateau, n° 108), 
Khé va, Hai ninh (Casabianca). — Laos : Attopeu (Harmand, 
n° 1398). — Cambodge : environs de Selam phao (Harmand, 
n° 206). 

Cette espéce est trés bien caractérisée par ses cupules a 
zones moyennes crénelées, le tomentum fauve du pétiole, des 
stipules et des écailles du bourgeon. 

Le Q. chrysocalyx paraît assez répandu en Indo-Chine; il 
fournit un bois assez dense, résistant, employé peur la shee 
pente, la menuiserie, Vohcmstarie, etc. 

18. Q. lineata BI. Bijdr.., p. 523 ; Q. polyneura Miq. ; Q. oxy- 
rhyncha Miq. 

Siam : Doi sootep, altitude 700-1500 métres (Hosseus). — 
Inde. 

1950: Rex ne in Hook. Icon., PI. 2663. 

Laos : Tranninh (Magnein). — Chine. 

20. Q. Kerrii Craib, in Kew Bull. (1911), p. 471. 

Siam : Chien gmai, Doi sootep ; altitude, 300-600 mètres 
(Kerr) ; altitude, 1 000 métres (Hosseus). 


386 | _ HICKEL ET A. CAMUS 


21. Q. Helferiana D:C., Prodr., XNI, Hp. 1062 
Annam : Lang bian, Dalat (Lecomte et Finet, n° 1529; 
A. Chevalier, n° 30023). — Laos: Ban pac sanane, route de 
Ven tiane à Luang-prabang, en peuplements étendus sur les 
terrains gréseux et schisteux (Dussaud, n° 63). — Inde. 
22. Q. mespilifolia Wall., Cat. n° 2766. | | | 
Tonkin : au sud de la ligne Son laa Mai ton (Lemarié, n° 152). 
— Laos : (Massie), Mékong, Kemmarath (Thorel), environs de 
Luang-prabang, où 1l forme des peuplements étendus sur les 
terrains de roches éruptives (Dussaud, n° 65). — Inde. 
23. Q. austrocochinchinensis Hickel et A. Camus, nop. sp. ; 
Q. semiserrata Balansa, in Journ. de Bot. (1890), p. 149, p. p. 
Arbor 15 m. alta; rami fulvo-velutini, demum glabri, lenti- 
cellost. Folia coriacea, lanceolata, utrinque attenuata, 10-15 cm. 
longa, 3-4 cm. lata, rufa, juniora utraque facie fulvo-tomentella, 
adulta glabra, lucida, superne obtuse dentata, nervis secundariis 
utringue 10-12, tertiarus transversis parum distinctis. Petioli 
1-1,5 cm. longi, fulvo-tomentosi, demum glabri. Spica Q pauct- 
flora, rufo-tomentosa. Cupula imperfecta subglobosa, 10 mm. 
longa, 16-18 mm. lata, zonis 7-9 concentricis denticulatis luteo- 
pubescentibus ornata. Glans imperfecta subsphærica, apice | 
mucronata, sericea, 10-12 mm. longa et alta, cupulam vix supe- à 
rans; cicatrix convexa. | 
Tonkin: Ouonbi (Balansa, n° 566). — Laos: Attopeu À 
(Harmand). — Cochinchine : Mu xuoai, vers Baria (Pierre, — i 
mo MOT | a 


Genre Il. — PASANIA Miquel (1). 


La plupart des Pasania peuvent, comme l’a fait Œrsted, 
être groupés sous le nom d’Eupasania; mais déjà certaines | 
espèces s’y distinguent des autres par l’étendue considérable ‘4 
de la cicatrice, la dureté et souvent l’épaisseur du péricarpe. | 


(1) Nous n’avons pas cru devoir, ainsi que l’on fait récemment plusieurs auteurs, 
remplacer ce nom de genre par celui de Lithocarpus. En effet, nous estimons 
que l’espèce pour laquelle Blume avait créé ce dernier genre (L. javensis) présente des 
particularités suffisantes pour le maintien du genre Lithocarpus, à moins qu'une étude 
plus approfondie n’arrive à la rattacher au genre Castanopsis. 


LES CHÈNES D'INDO-CHINE Se eo HOOT 


Par : ces espèces (P. dealbata, tephrocar pa, triquetra, truncata, 
baviensis et Capusit), le groupe des Eupasania se relie, au Bite 
sonnement près (absent ou rudimentaire dans P. triquetra), 


à celui des Synædrys. Nous plaçons dans le groupe des Synæ- 


drys, outre le P.cornea, qui en est le type, le P. hemispherica, 
très voisin, et aussi le P. cyrtocarpa, dont le glandaexactement 


la structure si particulière du P. cornea. 


Ainsi qu'il a été dit en traitant des Quercus, nous n’avons 
retenu le genre Cyclobalanus d'Œrsted que comme sous-genre. 
Les seules espéces qui puissent étre rattachées au groupe 
Cyclobalanus sont le P. Reinwardtiu et Magneinu, avec leurs 
cupules à écailles en zones concentriques. 

La structure absolument aberrante du P. Balansæ nous 
incite à créer pour cette espèce un groupe spécial sous le nom 
d’'Œrstedia: De même nous proposons de grouper les P. tubu- 


losa et nhatrangensis sous le vocable de Corylopasania. 


Enfin les caractères communs aux P. cerebrina, calathiformis 
et fissa (cotylédons ruminés, écailles de la cupule intimement 
soudées sur leur plus grande longueur et disposées en zones 
concentriques irrégulières) semblent autoriser leur groupe- 
ment sous le nom de Pseudocastanopsis. Ces espèces forment 
manifestement la transition avec le genre Castanopsis, parmi 
lequel on serait fondé à ranger, comme l’ont fait certains 
auteurs, le P. fissa, si les deux autres espèces ne le reliaient 
aux Pasania. 

Les espèces indo-chinoises du genre Pasania, beaucoup 
plus nombreuses (45) et plus répandues que celles du genre 
Quercus, ne comprennent pas moins de 23 espéces, qui 
n'avaient été rencontrées nulle part ailleurs. 

Les Pasania d’Indo-Chine sont généralement, comme les 
Quercus, cantonnés dans les régions montagneuses, sauf 
quelques-uns, comme les P. Harmandii, sabulicola, farinu- 
lenta, cerifera et Pierrei. Les deux régions les plus riches en 
especes sont nettement le Haut-Tonkin (surtout la région 
du mont Bavi), où on n’en compte pas moins de 14, et le 
Haut-Laos (région de Tranninh surtout) avec 8. Peu d’espéces 


(P. Garrettiana, fissa, hemisphærica) leur sont communes 


et la plupart n’atteignent pas au sud la région d’Attopeu. 


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388 HICKEL ET A. CAMUS. 


Cette flore tonkino-laotienne se relie, d’une part, par 
quelques espèces (P. dealbata, cornea, fissa), à celle de la 
Chine orientale (Kouang-si, Kouang-toung); de l’autre, par 
un nombre d’espèces un peu plus grand (P. Thomsonit, poly- 
stachya, Lindleyana, truncata, dealbata, Reinwardtii) à celle du 
Siam et de l’Inde orientale Biron A 

L'espèce qui semble avoir l’aire de dispersion la plus 
étendue est le P. dealbata, qui, de l’Inde orientale et du 
Yun-nan, s'étend jusqu’au Langbian, peu riche en espèces de 
Pasania (P. vestita, nhatrangensis). 

Nous avons enfin, avec Drake del Castillo, rapporté au 
P. Reinwardtii des spécimens récoltés par Balansa sur le mont 
Bavi. Si cette manière de voir se trouvait confirmée, cette 
espèce aurait une aire de dispersion encore plus étendue que 
P. dealbata, puisqu'elle irait jusqu’en Malaisie (Sumatra, 
Bornéo). 

Il faut remarquer aussi que, parmi les espèces d’Indo-Chine, 
deux au moins, les P. Balansæ et tubulosa, présentent des 
formes de fruits absolument aberrantes. 


A. Cotylédons non ruminés, parfois lobés par des cloisons incomplètes 
ou dures, dans ce dernier cas à cupule épaisse. 
a. Gland sans cloisons ou à cloisons minces plus ou moins incom- 
pletes. 


4. Cupule ne dépassant pas le 
gland, mais Tlentourant 
parfois complètement. 
— Cupule formée d’écailles 
plus ou moins visibles dis- 
posées en zones concen- 
triques ou spiralées...... Sous-genre 1: Eupasania Prantl. 


— Cupule dépourvue d’écailles 
visibles, marquées de zones 
parallèles ou spiralées. 
: Cupules distinctes, ne cou- 
vrant pas complètement 
le gland, à paroi assez 
ligneuse, à zones con- 
centriques ; gland a pa- 3 
TOLASSeA MINCE. gk. Sous-genre 2: Cyclobalanus Endl. 
Cupules complètement 
soudées par 3, un peu 


LES CHÊNES D INDO-CHINE 389 


spongieuses, munies de 

zones spiralées très 

obscures, enveloppant 

3 glands plus ou moins 

développés, à paroi li- un 

gneuse et rugueuse..... Sous-genre 3: Œrstedia Hickel 
et A. Camus. 


8. Cupule dépassant le gland. Sous-genre 4 : Corylopasania. 
Hickel et Camus. 
b. Gland à cloisons dures ; paroi 
de la cupule très épaisse, li- 
eneuse; écailles très visibles, 
épaissies, carénées ; cicatrice du 
eland trés grande. +: 2... Sous-genre 5: Synzdrys (Lindl.). 


B. Cotylédons ruminés; paroi de la 
cupule mince, cassante ; écailles lon- 
guement soudées, puis libres au som- 
met, disposées en cercles concen- 
triques irréguliers, ondulés, rappe- 
lant les écailles de la cupule de cer- 
tains Castanopsis ; cicatrice petite.. Sous-genre 6: Pseudocastanopsis 
| Hickel et A. Camus. 


. Sous-genre 1.— Eupasania Prantl. 

1. P. sabulicola Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Ramuli juniores tenues. glabri. Folia coriacea, crassa, rigida, 
plicata, arcuata, ovata, basi attenuata, apice cuspidata, glabra 
vel glabrescentia, supra nitida, 6-8 cm. longa, 3,5-5 cm. lata, 
margine integra, crassa, nervis lateralibus utrinque 8-10, trans- 
versis parum distinctis; petioli 1 cm. longi. Pedicellus 2-3 mm. 
longus. Cupula solitaria cyathiformis, 5-6 mm. alta, 15-16 mm. 
diametro. Cupulæ squame adpressæ, ovate, acute. Glans valde 
exserta, ovata, apiculata, bast truncata, 15-18 mm. longa, 
15 mm. diametro, subloculata, pericarpio lacunis perforato; 
cotyledones dorso sinuoso-lobatæ; cicatrix concava, 6 mm. 
diametro. | 

Annam : Hué (Harmand). 

Cette espèce, qui, d’après Harmand, croît dans les lieux 
sablonneux, est assez distincte des espèces voisines d’Indo- 
Chine que nous avons étudiées par ses feuilles concolores, 
roussâtres, sur le sec au moins, pliées et courbées le long de la 
 nervure médiane. Ces caractères rapprochent beaucoup ce 


390 HICKEL ET A. CAMUS 


Pasania du P. Chittagonga Hick. et A. Cam.; mais la forme 
des feuilles est différente; les fruits sont imparfaitement tri- 
loculaires, et la cicatrice du gland est plus petite dans le 
P. sabulicola. Les écailles bien distinctes de la cupule le 
séparent du P. cerifera. - 

222. Chiltagonga Hickel et A. Camus : .. Quercus spicata var. 
Chittagonga King, in Hook., Fl. Brit. Ind., V, p. 610. 

Cette espéce, assez manifestement distincte du P. spicata 
Œrsted, n’a pas encore été signalée en Indo-Chine, mais 
pourrait fort bien se trouver dans la région montagneuse. 

3. P. Harmandii Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor 12-30 m. alta. Ramult juniores Aas: tomentosi. Folia 
ovato-lanceolata, apice subobtusa vel rotundata, basi attenuata 
vel obtusa, supra glabra, subtus pilosa, 12-25 cm. longa, - 
10-13 cm. lata, marginecrassiuscula; nerve laterales utrinque8-12, 
supra impressæ, subtus elevate. Petioli 1,5-4 cm. longt, flavo- 
tomentosi. Amenta cf simplicia vel ramosa, in axillis foliorum 
superiorum disposita; rachis flavo-tomentosa, 10- -20 cm. longa. 
Spice © fasciculatæ (2-5), 10-25 cm. longæ. Spice fructiferee 
15-30 cm. longe. Cupule ternæ interse connate, squamis imbri- 
catis subverticillatis. Glans semiexserta, Pouce vel obovot- 
dea, 16-17 mm. longa, 15-16 mm. diametro, pericarpio lacunis 
non perforato ; cicatrix concava, 6-7 mm. diametro. 

Cambodge : mont Chereer (Pierre, n° 4966), Compong xoal 


(Harmand, n° 400). — Cochinchine : Cai cong, pr. Tay ninh 
(Pierre) ; Ti tinh (Thorel), pr. Thu dzau môt vers Ben cat 
(Pierre). - | 


Cette espèce rappelle un peu le P. Thomsonii, mais sa cupule 
est plus développée, son gland est moins renflé vers le haut 
et à paroi non lacuneuse. 

4. P. Thomsonii Hickel et A. Camus ; Quercus Thomson 
Miq., in Ann. Mus. Lugd. Bat., 1, p. 109; Q. turbinata Ho 
non. Blume ; Q. leucocarpa HO [. et. Th. 

Siam : Chieng mai, Doi sootep; altitude, 800 mètres 
(Kerr, n° 1261). cr. 

5. P. cerifera Hickel et A. Camus, nov. Sp. 

Arbor mediocris, 5-15 m. alta. dni striati, cerifert. Folia 
ovato-acuminata, 8- 17 cm. longa, 4-6 cm. lata, Site subtus 


LES CHENES D'INDO-CHINE 391 


albida, margine integra, venis lateralibus utrinque 9-12 elevatis, 
tertiariis inconspicuis. Petiolt 5-10 mm. longi. Amenta pani- 


an : 
VE co. 


Re 
Lui 
KH 


Fig. 3. — Pasania Harmandii: 1 “brie et cupules, gr. nae. ; 2, gland, gr. nat. ; 3, parti 
d’épi fructifére jeune, gr. nat. — P. dinhensis: 4, partie d’épi fructifere jeune, gr 
nat. ; 5, feuille, gr. nat. — P. cerifera; 6, partie d’épi fructifère jeune, gr. nat. ; 7, cu- 
pule et ‘gland, gr. nat.; 8, cupule vue extérieurement, gr. nat. — P. mucronata: 
9, groupe de 3 cupules et glands, er. nat. ;10, gland vu du dessous, gr, nat. — P. sabu- 
licola : 41, gland, gr. nat. ; 12, feuille, gr. nat. : 13, sommet d'épi fructifère, gr. nat. 
— P, annamensis : 14, épi fructifére, gr. nat. : 15, cupule vue de profil, gr. nat. ; 
16, gland, gr. nat. ; 17, "section longitudinale du gland.— P. Pierret; 18, partie d’épi 
fructifère jeune, gr. nat.; 19, partie d’épi fructifére-adulte, gr. pats ; 20, section 
transversale d’un gland, gr. nat. 


392 . | _ HICKEL ET A. CAMUS 


culata, androgyna, floribus masculis superne confertis, femineis 


inferne laxius dispositis. Flores © plerumque ternati. Spica 
fructifera 4-8 cm. longa Cupulæ subsessiles, coalitæ, depressæ, 
12-13 mm. diametro; squamæ adpressæ, parvæ, subverticillatæ. 
Glans ovoidea, mucronata, pro maxima parte exserta, glauca, 
15-18 mm. longa, 8-10 mm. diametro; cicatrix valde depressa, 
concava, 5 mm. diametro. Cotyledones dorso sinuoso-lobatæ. 

Cochinchine: mont Dinh vers Baria (Pierre, n° 4970); 
mont Mu xoai près Baria (Pierre, n° 4970); Ben cat pr. Thu 
dzau mot (Pierre, n° 4970*); Point A (Thorel, n° 357) ; route 
de Saigon à Bien hoa (Lefèvre, n°$ 119 et 529); Tay ninh 
(Lefèvre, n° 355). — Laos: pr. Dek, près Bassac (Harmand). 

Cette espéce est bien caractérisée par la présence de cire 
sur presque toute la plante, par ses cupules subsessiles, le 
plus souvent soudées par trois, dont une seule, plus rarement 
deux, contiennent des glands développés, enfin par les cupules 
en coupe très évasée, ne couvrant pas plus d’un cinquième du 
fruit. Dans les échantillons que nousavons observés, beaucoup 
de glands étaient comme étranglés au-dessus du milieu. 
Dans les très jeunes fruits, les écailles sont bien visibles et 
disposées en zones régulières. 

Cette espèce est proche du P. farinulenta Hick. et A. Cam., 
qui s’en distingue par ses fruits à pédicelles épais, ses cupules 
plus grandes. 

6. P. farinulenta Hickel et A. Camus ; Quercus farinulenta 
Hance, in Journ. of Bot. (1875), p. 365. 

Annam : Hué (Harmand). — Cambodge : mont Kamchai 
pr. Kampot (Pierre, n° 4970, p. p.), Phu quoc (Hance, 
n° 17514). — Cochinchine: Bien hoa (Thorel). 

Les cupules des jeunes glands n'ont pas les écailles dis- 
posées en zones réguliéres comme chez le P. cerifera. 

7. P. polystachya Schottky, in Bot. Jarb., XLVI, p. 667 
(1912) ; Quercus polystachya Wall. ; Q. ogee Kure non 
Sch. ; Synædrys polystachya ou 

ne Chieng mai, Doi sootep ; altitude, 300 mètres (Kerr 
n° 796). — Inde, Chine. 

Brae: elephantum Hickel et A. Camus ; : Quercus elephantum 
Hance, in Journ. of Bot. (1875), p. 365. 


LES CHENES D'INDO-CHINE. 393 


. Cambodge : mont Kamchai (mont des Éléphants), près 
Kampot ; altitude, 900 mètres (Pierre, n° 4985). — Cochin- 
chine: (Talmy). — Chine. 

9. P. mucronata Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Folia ovato-lanceolata, apice abrupte acuminata, basi atte- 
nuata, 14-16 cm. longa, 5-6 cm. lata, margine integra, leviter 
revoluta, supra glabra, subtus glabrescentia, nervis lateralibus 
utrinque 8-9, tertiariis inconspicuis. Petiolt glabri, 2 cm. longi. 
Spica fructifera densa, 8-10 cm. longa, rachis glabrescentia. 
Cupule ternæ, basi adnatæ, subsessiles, planiusculæ, 10-12 mm. 
diametro, squamis adpressis ovatis. Glans longe exserta, turbt- 
nata, basi trancata, aptice attenuata, apiculata, glabra, 15-16 mm. 
alta, 15-16 mm. diametro, subloculata; cicatrix cencava, 7 mm. 

diametro. Cotyledones sulcatæ. 


Laos : Tranninh (Dussaud, n° 150). 

La face inférieure de la feuille, un peu blanchatre, paraît 
glabre à un faible grossissement. Elle est en réalité munie de 
poils peu nombreux, longs de 40 environ. La cupule, très 
petite, presque plane, couvrant à peine un cinquième du 
gland est formée de zones assez nettes d’écailles peu dis- 
tinctes. Le nombre de fruits développés dans chaque groupe 
de trois est variable. 

Cette espèce rappellele P. Wallichiana Gamble, dont elle se 
distingue par son fruit glabre à l’état adulte, sa cupule encore 
plus plane, à écailles moins distinctes, les nervures de ses 
feuilles moins nombreuses. 

10. P. vestita Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Folia ovato-lanceolata, acuminata, bast cuneata, supra glabra, 
subtus puberula, margine integra, nervis lateralibus 14-15 ele- 
vatis, venulis inconspicuis. Petiolus 7 mm. longus. Spica 
fructifera 9-10 cm. longa, rachis crassa. Cupule subsessiles, 
terne, bast connate, 3 mm. alte, 13 mm. diametro, extus seri- 
cee, squamis adpressis inconspicuis. Glans longe exserta, tur- 
binata, apiculata, 14-15 mm. longa, 15 mm. diametro, dense 
sericea, argentea, subloculosa ; cicatrix convexa, 7 mm. diame- 
tro. Cotyledones sulcate. 

Laos: Nha trang (Krempf, n° 1913). 


_ ANN. DES SC. NAT., BOT., 10¢ série. 1921, Tir, 20 


394 ss HICKEL ET A. CAMUS 


Cette espéce est trés proche de la précédente, mais elle s’en 
distingue très facilement par ses glands blancs, argentés, 
soyeux et non glabres et chatains. Les poils des fruits sont 
tout a fait persistants. 

11. P. annamensis Hickel et A. Camus, noe. sp. 

Ramuli albido-puberuli. Folia nitida, crassa, rigida, obovato- 
lanceolata, bast cuneata, 13-15 cm. longa, 4,5-5,5 cm. lata, 
supra glabrescentia, subtus albida, puberula, margine integra ; 
nerve. laterales utrinque 11-12 subtus elevate. Petioli 5-15 cm. 
longi. Spica fructifera densa, 5-10 cm. longa, rachis crassa. 
Cupulæ terne, bast connate, parve, planiusculæ, 14-15 mm. 
diametro, squamis parvis inconspicuis. Glans longe exserta, 
depressa, apice mucronata, 10-13 mm. longa, 17-22 mm. dia- 
metro, tenuiter sericea, demum glabrescentia, pericarpio crasso 
lacunis non perforato ; cicatrix concava, 7 mm. diametro. 

Laos: Tranninh (Pierre, n° 10). — Annam: Hué re ee 
— Cochinchine: Bao chiang (Pierre). | 

Cette espèce est proche du P. spicata Œrst., mais ses feuilles 
sont pubescentes-blanchatres en dessous, ses cupules bien 
plus plates, couvrant environ un cinquième du fruit. 

12. P. pseudosundaica Hickel et A. Camus ; Quercus sun- 
daica Drake del Castillo, in Morot, Journ. de Bot. (1890), 
p: 150 >= non BL 

Arbor 5-6 m. alta, ramis junioribus dense fulvo-velutinis. 
Folia ovato-lanceolata, utrinque attenuata, 8-18 cm. longa, 
3,5-7,5 cm. lata, puberula, margine crassa, integra, nervis 
lateralibus utrinque 10-12 subtus elevatis, transversis parum 
distinctis tenuibus. Petioli tomentosi, 5-10 mm. longt. Flores 9 
_ 8-fasciculatt. Spica fructifera 5-15 cm. longa, laxiuscula, rachis 
pulverulenta. Cupulæ subsessiles, terne, basi connate, cyathi- 
formes, 18 mm. diametro, extus puberulæ ; squamæ adpressæ, 
subverticillate, superiores abrupte acuminate. Glans brunnea, 
exserta, turbinata, brevissime mucronata, 13-15 mm. longa, 
16-17 diametro, glabra, subloculata, pericarpio crasso ; cicatrix 
concava, 10 mm. diametro. Cotyledones sulcate. 

Tonkin : rive gauche de la Riviére Noire, en face de Tuphap 
(Balansa, n°5 2365, 2366); mont Bavi, vers 1 000 mètres 
d’altitude (Balansa, n° 2381) ; Pho vy, peu commun (Gabai) ; 


LES CHENES D INDO-CHINE | 395 


~ Haut-Tonkin, altitude 1 400 mètres (Capus). — Laos: région 
de Banlé (Dussaud, n° 157). 


Fig. 4. — Pasania bacgiangensis : 1, partie d’épi fructifère, gr. nat. ; 2, gland vu du 
dessous, gr. nat. — P. Garrettiana : 3, partie d’épi fructifère, gr. nat. ; 4, gland, gr. 
nat. : 5, section longitudinale du gland, gr. nat. — P. Bonnetii: 6, épi fructifère, 
gr. nat. ; 7, gland, gr. nat. — P. Bonnetii var. tienyenensis : 8, cupules et glands, gr. 
nat. ; 9, gland, gr. nat. ; 10, cupule vue intérieurement, gr. nat.— P. Areca: 11, feuille, 
gr. nat. ; 12, cupules vides, gr. nat. — P. cerebrina : 13, cupules et glands, gr. nat. ; 
14, gland, gr. nat. ; 15, section transversale de la graine, gr. nat. — P. gigantophylla : 
16, partie d’épi fructifére, gr. nat. ; 17, gland, gr. nat. ; 18, gland vu du dessous, 


396 | HICKEL ET A, CAMUS 


Cette espèce est bien caractérisée par ses feuilles un peu 
roussâtres en dessous, munies de poils courts sur les deux 
faces, ses cupules à écailles régulièrement disposées et assez 
longuement acuminées dans les rangs internes. Ordinaire- 
ment deux glands avortent sur trois. Le P. pseudosundaica 
est proche du P. spicata Œrsted, mais ses feuilles sont moins 
épaisses, pubérulentes, ses cupules ont des écailles bien plus 
acuminées et ses fruits ont de très courtes cloisons. Cette 
espèce se distingue du P. sundaica Œrsted (Quercus sundaica 
Blume) par les écailles de la cupule bien moins nombreuses, 
les glands plus brunâtres, moins rougeâtres. Ceux-ci, très 
serrés, sont souvent Rent déformés par la pression | 
des voisins. 

13.2 Re Teer Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Folia oblongo-lanceolata, bast attenuata, apice acuminata, 
subtus puberula, 20-25 cm. longa, 6-7 cm. lata, margine integra, 
nervis lateralibus utrinque 13-14 subtus elevatis, transversis 
tenuibus. Petiolt 1 cm. longi. Spica fructifera 10-12 cm. longa. 
Cupulæ solitarie vel terne, paulo connate, crassæ, late cyathi- 
formes, 20-25 mm. diameiro, 4-5 mm. altæ, squamis adpressis 
ovato-acutis. Glans depressa, apice rotundata, breve mucronata, 
glabra, 17 mm. alta, 25-26 mm. diametro ; cicatrix valde concava, 
15 mm. diametro. 

Tonkin : Phu to à Phu doan (Lecomte 2 Finet). 

Espèce bien distincte, proche de P. pseudosundaica Hick et 
A. Cam., mais cupule bien plus épaisse, trés dure, feuilles 
plus minces, bien plus allongées, vert cendré en dessous et 
non roussâtres, gland moins atténué au sommet, bien plus 
arrondi. Dans le P. Fineti: le pads a des cloisons extrémement 
rudimentaires. 

14. P. spicata Œrst., in Kjæb. Vidensk. Medd., p. 83 (4866); 
Quercus spicata Smith - ; Craib, Contr. F1. Siam p. 201; 
Synædrys spicata Koidzumi; Lithocarpus spicata Rehder et 
Wilson. 

Craib signale cette espéce au Siam sans indication de variété 
(Luang Vanpruk, n° 164). — Inde, Chine, Malaisie. | 

15. P. bacgiangensis Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Rami glabri. Folia lanceolata, basi attenuata, apice acumi- 


Lund 


- LES CHENES D INDO-CHINE 397 


nata, 14-15 cm. longa, 5 cm. lata, supra nitida, subtus glabra, 
pallidior, margine undulata, costa et venis lateralibus utrinque 
14-15 distincte elevatis.. Petioli 5-7 mm. longi. Amenta 10-20 cm. 
longa, androgyna, floribus masculis superne confertis, femineis 
inferne laxius dispositis. Perianthium florum masculinorum 
6-lobatum, lobis patentibus. Stamina longe exserta. Ovarit 
rudimentam conspicuum. Cupulæ ternæ, inter se coalitæ, sub- 
sessiles, cyathiformes, 5 mm. altæ, 15 mm. diametro ; squame 
parvæ. Glans depressa, mucronata, 11-12 mm. alta, 17-18 mm. 
diametro, longe exserta, apice pubescens, subioculata ; cicatrix 
concava, 10-12 mm. lata. Cotyledones sulcatæ. 

Tonkin : prov. de Bac giang, forêt de Phôvi (A. Chevalier, 
n° 29659). 

Cette espèce se rapproche du P. spicata Œrst., mais ses 
feuilles sont bien moins épaisses, elles ne sont pas arquées et 
_ne deviennent pas roussâtres en séchant. Le P. bacgiangensis 
‘Hick. et A. Camus rappelle aussi le P. annamensis Hick. et 
A. Cam.,mais la cupule de ce dernier est bien plus petite, le 
gland est plus déprimé, moins mucroné, sans cloisons ; les 
cotylédons sont entiers. 

16. P. tenuinervis Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Folia lanceolata, bast cuneata, 18-20 cm. longa, 6 cm. lata, 
glabra, margine undulata, nervis lateralibus utrinque 12-14 
paulo elevatis : petiolt 0,8-1 cm. longi. Spica fructifera 11-12 cm. 
longa. Fructus secus pedunculum crassum ternatt. Pedicellt 
3-5 mm. longi, squamost. Cupule pedicellate, cyathiformes, 
18-20 mm. diametro; squamæ inferiores elongate, superiores 
confertæ. Glans exserta, depressa, basi truncata, apice mucro- 
nata, pallida, 10 mm. alta, 16-17 mm. diametro, glabra, sublo- 
culosa ; cicatrix depressa, 13-14 mm. diametro. : 

Laos : Tranninh (Dussaud, n° 158). 

Ressemble au P. sootepensis Hick. et A. Cam., mais à cica- 
trice un peu déprimée sur les bords, puis un peu convexe vers 
_ le milieu, à cupule égalant un tiers du gland, à pédicelle plus 
gros, couvert d’écailles, soudé aux deux cupules des glands 
avortés du groupe (non isolé, nu, gréle et renflé au sommet), 
a gland bien plus déprimé, complétement glabre. 

17. P. auriculata Hickel et A. Camus, nov. sp. 


398 | HICKEL ET A. CAMUS 


Arbor 8-10 m. alta. Rami crassi globri. Folia coriacea, obo- 
vata, bast auriculata,apice abrupte acuminata, 25-30 cm. longa, 
7-10 cm. lata, glabra, margine subintegra, nervis lateralibus 
utrinque 25-27 elevatis; petiolus 3-5 mm. longus. Spica fructifera 
20-27 cm. longa, densa, basi nuda ; rachis crassa, 12-15 mm. 
diam. Cupule plerumque 6-næ inter se connate, cyathiformes, 
subsessiles, crassæ, squamis subverticillatis adpressis ovato- 
acutis obtectæ. Glans turbinata, apice apiculata, glabra, 
18-20 mm. alta, 24-29 mm. diametro; cicatrix concava. 

Laos: entre M. lap et Tam la; altitude 700-800 mètres 
(Poilane, n° 2113). | 

Cette espèce est très bien caractérisée par ses très grandes 
feuilles, à oreillettes développées à la base, presque lyrées, 


bien plus larges dans la moitié inférieure que dans la moitié 


supérieure, par ses gros épis fructifères à cupules épaisses. 

18. P. gigantophylla Hickel et A. Camus, noe. sp. 

Ramult puberult. Folia rigida, lanceolata vel ovato-lanceolata, 
bast attenuata, apice acuminata, 35 cm. longa, 9-11 cm. lata, 
margine integra, supra glabrescentia vel puberula, sublus pube- 
rula ; venæ laterales utrinque 15-16 supra impressæ, subtus 
elevate. Petioli 1,5-5 cm. longi. Spica fructifera 12-16 cm. 
longa. Cupule terne, basi connate, pedicellatæ, 20-25 mm. dia- 
metro, intus sericeæ, squamis distinctis ovatis longe acuminatis 
adpressis tomentosis obtectæ, inferne et in stipite squamis ovatis 
instructæ. Glans subhemispherica, apice mucronata, basi 
truncata, dimidio e cupula exserta, subglabra, 13-14 mm. alta, 
22 mm. diametro ; cicatrix concava, 12 mm. diametro. 

Tonkin : Quang yen (de Beauchaine, n° 126). — Cam- 
bodge: mont Knang repœu; altitude, 700 et 1 500 mètres, 
prov. Thepong (Pierre, n° 667). 

Cette espéce est trés bien caractérisée par ses feuilles et la 
forme des nombreuses écailles de la cupule très visibles, même 
dans la jeunesse. Le gland est très étroitement enveloppé dans 
la cupule. Peu de ces glands se développent. 

19. P. Pierre: Hickel et A. Camus, nog. sp. 

Ramuli striati, lenticellosi, glabri. Folia lanceolata, acumi- 
nata, 25-30 cm. longa, 6-8 cm. lata, supra glabra, subius pilo- 
sula vel glabrescentia, margine integra, apice subundulata, 


LES CHENES D'INDO-CHINE 399. 


nervis lateralibus utrinque 15-16. Petioli 1,5 cm. longi. Amenta & 
simplicia, fasciculata, usque 8-14 cm. longa. Amenta © 10- 
20 cm. longa ; flores 2 3-fasciculati. Cupule terne, basi sub- 
connate, hemisphæricæ, 15-17 mm. diametro, tomentose; 
squame inf. remote, adpresse, sup. acute. Glans (perfecta ?) 
subglobosa, mucronata, 12 mm. longa, 13 mm. diametro, sublocu- 
losa, cupulam vix superans, pericar pio crasso lacunis perforato ; 
cicairix subconcava. Cotyledones subtrilobæ. 

Cochinchine: prés Bien hoa, vers Tou man (Pierre, n° 4979). 

20. P. Lindleyana Hickel et A. Camus ; Quercus Lindleyana 
Walle Cat n°02782; b.G., Prodr.; XVI; TE p. 108. 

Siam : Doi sootep; altitude, 900-1 500 mètres (Hosseus) ; 
Chieng maï (Kerr). 

21. P. kemmaratensis Hickel et A. Camus, noe. sp. ; 

Spica fructifera 10-11 cm. longa, rachis glabra. Cupulæ 
terne, connate, subsessiles, intus sericeæ, extus puberulæ, 
10-12 mm. altæ, 11-13 mm. diametro, squamis crassis distinctis 
oblusis obtectæ. Glans semiexserta, subovoidea, apice rotundata, 
mucronata, 18 mm. alta, 10 mm. diametro, glabra; cicatrix 
subconvexa, 8-9 mm. diametro. 

Laos: au-dessus de Kemmarat (Counillon). 

Proche de P. fenestrata Œrst., mais cupule plus épaisse, 
ne se déchirant pas, à écailles bien plus obtuses, couvrant 
moins le gland plus arrondi au sommet. 

22. P. fenestrata Œrsted, in Nat. For. Vidensk. Medd., 
XVIII, p. 84 (1866) ; Quercus fenestrata Roxb.; Synædrys 
fenestrata Koidzumi; Quercus callicarptfolia Griffith. 

Laos: Tranninh (Magnein). — Siam : Chieng mai, Doi 
sootep ; altitude, 1560 métres (Kerr, n° 1320); altitude, 
1 350 mètres (Kerr, n° 708). — Inde. 

23. P. sootepensis Hickel et A. Camus ; Quercus sootepensis 
Craib, in Kew Bull. (1911), p. 472. 

Siam : Chieng mai, Doi sootep (Kerr, n°5 780 et 1312). 

24. P. Krempfu Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Spica fructifera 9-12 cm. longa. Fructus secus pedunculum 
crassum ternalt; unicus tantum maturans, 2 ali steriles parvt 
vel minuti, ad cupule mature basin. Cupula sessilis sub- 
hemispherica, 12 mm. alta, 23 mm. diametro, squamis imbri- 


400 ‘ __ HICKEL ET A. CAMUS 


catis apice subobtusis obtecta. Glans semiexserta, subglobosa, 


apice mucronata, brunneo-lutea, 18-22 mm. diametro, sublocu- 
losa : cicatrix rugosa, subconvexa, 15 mm. diametro. 
Laos : Nha trang (Krempf). 


Espèce bien caractérisée par ses gros fruits arrondis, très 


fortement fixés à la cupule très embrassante par la cicatrice 
très grande, peu convexe et très rugueuse. Les glands sont 
d’un brun bien plus jaune que dans l’espèce suivante. 

25. P. elata Hickel et A. Camus, nov. sp. : 

Arbor elata. Spica fructifera 5 cm. longa. Cupulæ sessiles, 
ternæ, connate, subhemisphæricæ, 13-14 mm. aliæ, 24-25 mm. 


diametro,squamis distinctis ovatis acutis subverticillatis obtectæ. 


Glans exserta, subovoidea, 21-23 mm. alta, 18-21 mm. dia- 
metro, subsericea, subloculosa; cicatrix valde convexa, rugosa, 
17-19 mm. diametro. | 

Haut-Tonkin; altitude, 1400 mèêtres (Capus, n° 3). 


Proche de P. Krempfii Hick. et A. Cam., mais cupuledépas- 


sant la moitié de la hauteur du gland, à écailles plus nom- 
breuses, plus nettement marquées, plus aiguës, gland à cica- 
trice plus convexe, égalant en hauteur du tiers au quart de la 


hauteur totale du fruit. Ressemble au 2. Harlandii Hick. et 


A. Cam. (Quercus Harlandi Hance), mais cicatrice convexe et 
non concave. | 

26. P. dealbata Œrsted, in Nat. For. Vid. Med., XVIII, 
p. 84 (1866) ; Quercus dealbata Hook. f. et Th. ; Q. fenestrata 
Roxb. var. dealbata Wenzig ; Q. callicarpifolia Griff. ; Synæ- 
drys dealbata Koidzumi. 

Annam : massif du Lang bian, Dalat; altitude, 1 400 métres 
(Lecomte et Finet, n° 1500, A. Chevalier, n° 30026). — Laos: 
Tranninh (Dussaud, n° 153). — Siam : Doi sootep, altitude, 
300 métres (Hosseus, n° 446). — Inde. | 

27. P. tephrocarpa Hickel et A. Camus; Quercus tephro- 


carpa Drake del Castillo, in Morot, Journ. de Bot. (1890), 


p.151; 

Tonkin: mont Bavi; altitude, 600 mètres (Balansa, 
n° 2362). | 

28. P. triquetra Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor elata. Spica fructifera 8-9 cm. longa; rachis crassa, 


a ur 


‘te 


LES CHENES D’INDO-CHINE | 401 


2 cm. diametro. Cupulæ coaltæ, sessiles, crassæ, tomenielle, 
julvæ; squamæ confertæ, erectæ, acute, plus minus adpresse. 
Glans subinclusa, subglobosa, apice depressa, 20-30 mm. alta, 
21 mm. diametro, fulvo-sericea, subloculosa, pericarpio lacunis 
perforato; cicatrix subhemisphærica. Pars inferne glandis 
impolita, pars,superior levis. Cotyledones lobatæ. 

Tonkin: mont Bavi; altitude, 1100 métres (Balansa, 
n° 2374). | 

Nous n’avons pu observer de feuilles de cette curieuse 
espèce. Les jeunes fruits rappellent ceux du P. tephrocarpa, 
mais les fruits plus âgés sont bien caractérisés par la cicatrice 
du gland très haute, très irrégulière, par endroit occupant la . 
moitié de la hauteur totale du gland et à côté n’en occupant 
que le quart, par ses fruits déprimés au sommet et munis de 
trois bosses légères, par le péricarpe lacuneux et les cotylédons 
un peu lobés. 

29. P. megastachya Hickel et A. Camus, nov. sp. 
. Arbor 15 m. alta. Rami glabri, lenticellost. Folia longe petio- 
lata, crassa, rigida, ovato-lanceolata, abrupte acuminata, 
12-18 cm. longa, 4,5-7,5 cm. lata, supra glabra, nitida, subtus 
breve puberula, margine integra, nervis secundarits utrinque 8-9, 
terliartis transversis parum distinctis; petiolt 1,8-3 cm. longi, 
glabri. Stigmata 3, crassa. Spica fructifera densissima, 7-14 cm. 
longa, 4,5-5 cm. diam.; rachis crassa, rugosa, basi inflata, 
1-1,5 cm. diam. Cupule ternæ, connate, sessiles, subglobosæ 
vel subovoideæ, apice umbilicate, 17 mm. diam., 3 mm. crassæ, 
zonis 7-8 undulato-sinuatis obsoletis ornate. Glans globosa, 
arcte inclusa, fere ad apicem adnata, 1 mm. crassa. 

Laos : Na ham, pr. San meua, commun (Poilane, n° 1853). 

Cette espéce est trés bien caractérisée par ses épis fructi- 
fères à très gros rachis, ses cupules très soudées, sphériques, 
mais un peu déprimées et ombiliquées au sommet, dans la 
jeunesse, munies d’écailles assez marquées, épaisses, tubercu- 
liformes, serrées et à l’état adulte, portant des zones très 
effacées, par le gland à cicatrice s'étendant à presque toute 
la surface, parfois à toute la surface, la partie lisse, un peu 
soyeuse manquant. La face inférieure des feuilles, à l’état 
adulte, paraît glabre, à l'œil nu ou à un faible grossissement; 


402 HICKEL ET A. CAMUS : 


elle est en réalité pourvue de poils très ténus et très courts. 

30. P. laotica Hickel et A. Camus, noe. sp. 

Arbor 15 m. alta, ramis et ramulis glabris. Folia oblongo- 
lanceolaia, 10-16 cm. longa, 3-6 cm. lata, rigidula, glabra, supra 
nitida, nervis lateralibus utrinque 10-12 distinctis, tertiariis 
parum distinctis; petiolus 1,5-2 cm. longus. Spica fructifera 
10-12 cm. longa. Flores 2 3-fasciculatt. Cupula sessilis, globosa, 
apice subtruncata, 25-27 mm. diam., 1,5 mm. crassa, pilosula, 
glandem ad maturitatem usque includens, squamis demum 
obliteratis. Glans inclusa, globosa, apice subdepressa, brevissime 
umbonata, 13-14 mm. diam. : 

Laos : entre Wam dinh et Muong pun, abondant ; altitude, 
500-600 métres (Poilane, n° 1922). 

Cette espèce est très bien caractérisée par sa cupule terne, 
munie d’écailles nombreuses, serrées, assez épaisses dans la 
jeunesse, espacées, peu distinctes à l’état adulte, sauf celles 
des rangs supérieurs, qui sont ovales aiguës, plus visibles. 
Les cupules sont ordinairement soudées par trois à la base, 
mais un seul gland, au plus, se développe par groupe. 

St. P. truncata Hickel et A. Camus; Quercus truncata 
King, in Ann. Roy. Bot. Gard. Calc., IT, p. 84, t. LX XX. 

Siam : Chieng mai, Doi sootep ; altitude, 900 mètres (Kerr, 
n° 1285). — Laos (Dussaud, n° 129) ; Tranninh (Magnein) ; 
Xieng kouang (Spire, n° 495). — Inde. 

Il est à noter, ce qui n’est pas indiqué dans la figure de 
King, que les écailles inférieures de la cupule sont longuement 
adnées et espacées. 

32. P. baviensis Hickel et A. Camus; Quercus baviensis 
Drake del Castillo, in Journ. de Bot. (1890), p. 150. 

Tonkin: mont Bavi; altitude, 1 000 mètres (Balansa, 
n° 2375). | 

33. P. Bonnet Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor 18-20 m. alta. Ramuli ferrugineo-velutini. Folia 
crassa, rigida, obovato-oblonga, apice acuminata, basi atte- 
nuata, margine integra, subtus sparse pilosa, nervis lateralibus 
utrinque 14-15 supra impressis subtus elevatis pube persistente. 
Petioli 12-15 mm. longi, fulvo-velutini. Inflorescentia & pani- 
culata; rachis villosissima. Bracteæ elongate ; fl. à remote, 


LES CHENES D INDO-CHINE 403 


2,5-3 mm. longæ, fulvo-velutinæ. Spica fructifera densissima, 
8-10 cm. longa. Cupulæ subsessiles, ternæ, coalite, subhemi- 
sphæricæ, 12 mm. alte, 16-17 mm. diametro, puberulæ; 
squamæ mediæ 2-3 mm. longæ, patentes, recurvatæ. Glans 
paulo exserta, subglobosa, bast truncata, apice apiculata, 
13 mm. alta, 15 mm. diametro, levis, subloculosa; cicatrix 
concava, 9 mm. diametro. 

Tonkin : commun un peu Parte Tuyen-quang, Chiém- 
hoa (Pierre). 

Proche du P. lappacea Cable mais à fruits plus petits, 
plus rapprochés, à cupules légèrement soudées à la base, 
formant des épis plus denses, à feuilles bien plus épaisses. 

Les feuilles du P. Bonnetii rappellent celles du P. giganto- 

phylla Hickel et A. Cam.;mais les glands de ces deux espèces 
sont très différents. 
_ Cette espèce, à feuilles caduques, fournit un bois cendré, 
noir ou rouge brun, serré, assez réfractaire à la pourriture 
et aux fourmis blanches, estimé comme bois de charpente 
et employé pour la menuiserie, l’ébénisterie, ete. 

P. Bonnetii Hickel et A. Camus var. tienyenensis Hickel et 
A. Camus, nog. var. 

Cupulæ 18-20 mm. diametro; glans depressa, 8-10 mm. alta, 
18 mm. diametro. 

Tonkin : Tien yen (Bonnet, n° 9). 

Les cupules paraissent plus longuement soudées dans cette 
variété que dans le type. 

34. P. Garrettiana Hickel et A. Camus : ; Quercus Garrettiana 
Craib, in Kew Bull. (1911), p. 471. 

Nous avons cru utile de figurer cette espèce très peu 
connue Jusqu'ici. Nous avons pu examiner des échantillons 
en excellent état et des fruits âgés. Nous ajouterons les 
caractères suivants à la description princeps : Arbor 15-18 m. 
alta. Spice simplices, 17-20 cm. longæ, androgynæ, floribus S 
superne confertis, floribus © inferne laxius dispositis ; rachis 
fulvo-tomentosa. Bractee ovate, acutæ, pubescentes. Peri- 
anthium florum S 6-lobatum, lobis tomentosis. Stamina exserta ; 
pistills rudimentum globosum, tomentosum. Spica fructifera 
8-10 cm. longa. Cupule ternæ, coalite, 1,5 mm. altæ, 20 mm. 


he NET CNE EDG, Ve Aah EE ET RER PERS RE ER 
M ; ae DES = x SF oor DA 1 bare ca 


404 HICKEL ET A. CAMUS 


diametro. Glans 8-12 mm. longa, 10-16 mm. diametro, sublocu- 
losa, cupulam paulo superans, pericarpio lacunis perforato: 
cicatrix concava, 14-15 mm. diametro. Cotyledones dorso si- 
_nuoso-lobatæ. 


Tonkin: Thai-nguyen (Thiriot). — Laos: Attopeu, près 
Bassac, altitude, 700-800 mètres (Harmand); Tranninh ~ 


(Dussaud, n° 151). — Siam: Chieng mai, Doi sootep; alti- 
tude, 600-750 métres (Kerr, n°5 1185 et 1185 a). 


Cette espéce est employée pour la chape la construc- 7 


tion, l’ébénisterie. 

35, P. Capusii Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Spica fructifera, 5-6 cm. longa. Cupule ternæ, inter se coalite, 
hemisphæricæ, 25-27 mm. diametro, fere tota altitudine connate, 
squamis linearibus 5-8 mm. longis patenti-reflexis pubescen- 
tous. Glans globosa, 20 mm. alta et lata, involucro arcte amplexa, 
subinclusa, apice puberula; glandis pars involucro adnata 
major quam supera libera; cicatrix hemispherica. Cotyledones 
integre. 

Annam : Haut Song tya (Capus). : 

Espèce très nettement caractérisée, se rapprochant des 
P. triquetra et tephrocarpa, dont elle se distingue surtout par 
la forme très allongée des écailles de l’involucre. 

36. P. Areca Hickel et A. Camus, nop. sp. 


Rami glabri, lenticellosi. Squamæ geminarum acute. Folia 


lanceolata, apice acuminata, basi cuneata, 12-20 cm. longa, 
2,5-4,5 cm. lata, nitida, glabra, margine dentata : nerve laterales 
utrinque 10-11, supra impresse, subtus elevate. Petioli 12 mm. 


longi. Spice nunc androgynæ, folio circiter æquales, nunc 


masculæ, simplices, erectæ, 5-6 cm. longer. Antheræ exserte, 
minime. Cupulæ terne, subscutellatæ, inter se coalitæ, 26 mm. 
diametro, echinat#, squamis elongatis, lanceolatis, acutis, 


patenti-reflexis ; cicatrix convexa, 6 mm. diametro. Glans deest. 


Tonkin : mont Ban phét (Bon, n° 2316). 
Les feuilles de cette espéce brunissent en herbier comme 
celles du P. cornea. 


LES CHENES D INDO-CHINE 405 


Sous-genre 2. — Cyclobanus Endl. 


37. P. Reinwardti Prantl, in Engler et Prantl, Pflanzenf., 
III, 4, p. 51 ; Quercus Reinwardti Korth; Cyclobalanus Rein- 
wardtit Œrsted. 

Tonkin: mont Bavi (Balansa, n° 2376). — Siam : Koh 
chang (Schmidt)? — Inde, Sumatra. 

38. P. Magneinit Hickel et A. Camus, nov sp. 

Ramuli juniores puberult, lenticellost. Folia obovato-lan- 
ceolata, utrinque attenuata, apice acuminata, breviter cuspidata, 
13-14 cm. longa, 4-5 cm. lata, supra puberula, subtus albo- 
pubescentia, nervis lateralibus utrinque circiter 12 curvatis ; 
petioli 1,2-1,6 cm. longi. Fructus solitarii vel approximati. 
Pedicellus 9-12 mm. longus. Cupulæ plerumque ternæ, basi 
connate, lamellis 7-9 concentricis integris pubescentibus ornate. 
Glans hemispherica, bast truncata, apice mucronata, exserta, 
13-15 mm. alta, 22-25 mm. diametro, subsericea; cicatrix 
concava, 9 mm. diametro. 

Tonkin : Cha pa a Mouong xen conte et Finet, n° 426). 
— Laos: Tranninh (Magnein). — Inde. 

Proche du P. Cantleyana Gamble (Quercus Cantleyana King), 
mais gland plus large que haut, cupules plus souvent soudées, 
à zones plus rapprochées. Les feuilles diffèrent de celles du 
P. Reinwardtit par leurs nervures nettement saillantes. 


Sous-genre 3. — Œrstedia Hickel et A. Camus. 


_ 39. P. Balansæ Hickel et A. Camus; Quercus Balansæ 
Drake del Castillo, in Journ. de Bot. (1890), p. 152, PI. IV, 
fig. 6-7. 
Tonkin : Tu phap (Balansa, n° 2359, 2360, 2361). 


Sous-genre 4. — Corylopasania Hickel et A. Camus. 


40. P. tubulosa Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor 16-18 m. alta. Ramuli juniores luteo-tomentosi. Folia 
lanceolata, oblique acuminata, valde cuspidata, 20-25 cm. 
longa, 6-8 cm. lata, supra puberula, subius pilosa, margine 


406 _ HICKEL ET A. CAMUS 


tniegra, nercis lateralibus utrinque 12-13 subtus elevatis superne 
arcualis, tertiartts perspieuis transversis. Petiolt 5-7 mm. 
longi, tomentosi. Amenta & paniculata. Bracteæ lanceolate, 
elongate. Spica fructifera 6-7 cm. longa, rachis tomentosa. 
Cupule elongate, subherbaceæ, 35 mm. longe, 22 mm. dia- 
metro, puberulæ, molle echinatæ, squamis linearibus patenti- 
reflexis laxissimis. Glans inclusa, depressa, apice mucronata, 
basi truncata, 15 mm. longa, 20 mm. diameiro, inclusa, sericea; 
cicatrix concava. Cotyledones integre. i 

Tonkin : Tuyen quang ; commun à Chiém hoa (Pierre). — 
Laos (Pavie). 

La cupule à parois minces, prolongée en un long tube au- 
dessus du gland, rappelle beaucoup l’involucre de certains 
Corylus : ses écailles molles sont espacées, courtes, les infé- 
rieures, plus longues, atteignent 6-9 millimètres. 

Cette espèce donne un bois employé en menuiserie, pour 
la charpente, la construction, la carrosserie, etc. 

41. P. nhatrangensis Hickel et A. Camus, nog. sp. 

Cupula pedicellata, crassiuscula, oa bast attenuata, 
apice subrotundata, 20 mm. longa, 18-20 mm. ise extus tomen- 
tosa, intus sericea; squame inferiores remote, suberecte, 
supertores elongate, 2-4 mm. longæ, subincurve. Glans (per- 
fecta?) inclusa, depressa, apice mucronata, 8-9 mm. alta, 12 mm. 
diametro ; cicatrix convexa. 

Laos : Nha trang, massif du Tan ha (Krempf, n° 1592). 


Sous-genre 5. — Syneedrys (Lindl). 


42. P. cornea Œrst., L c., p. 88 ; Quercus. cornea Loureiro, 
fl. cochinch.,. p. 100; Sia ys cornea Lindl. 

Annam (Lourcivo: Eberhardt). — Cochinchine (d’après 
de Candolle). 

42. P. hemispherica Hickel et A. Camus; Quercus hemisphæ- 
rica Drake del Castillo,in Journ. de Bot. (1890), p. 151, et 
PLA a & | 

Cette espèce se distingue du P. cornea par la paroi du gland 
bien plus épaisse au milieu de la cicatrice, à anfractuosités 
très développées, la graine peu haute. Dans le P. cornea, la 


LES €HENES D 'INDO-CHINE 407 


est presque de même épaisseur dans la con- 


Fig. 5. — Pasania pseudosundaica : 1, partie d’épi fructifère, gr. nat. — P. tubulosa : 
2, épi fructifère, gr, nat. ; 3, gland, gr. nat. ; 4, section transversale du gland, gr. nat, 
— P. calathiformis : 5, partie d’épi fructifére, gr. nat. —P. Magneinu: 7, partie 
d’épi fructifère, gr. nat. — P. Capusii: 8, gland, gr, nat. ; 9, épi fructifére, gr. nat. 
— P, triquetra : 10 épi fructifère, gr. nat. — P. truncata: 11, partie d’épi fructifère, 


gr, nat.; 12, gland, gr. nat. 
vexité de la cicatrice, les anfractuosités sont nulles ou réduites, 


la graine développée en hauteur. 


408 ee HICKEL ET A. CAMUS 


Tonkin (Lemarié) ; Yenlang (Balansa, n° 2364) : TU st 
près-de la Rivière Noire (Balansa, n° 2369); Dong tung 
(Bon, n° 5091) ; Chiem hoa, Tuyen quang (Pierre) ; pr. de Bac 
_ giang, forêt de Pho vi (A. Chevalier, n° 29658). — Laos: 
Luang prabang (Dupuy). — Annam (Rigal). | 

43. P. cyrtocarpa Hickel et A. Camus ; Quercus cyrtocarpa 
Drake del Castillo, in Journ. de Bot. (1890), p- 150; et PE Te 
fig. 3. 

Tonkin : Ouenbi (Balansa, n° 567) ; mont Bavi (Balansa, 
n° 2383) ; Quang yen (Château, n° 107). 


Sous-genre 6. —_ Pseudocastanopsis Hickel et A. Camus. 


44. P. cerebrina Hickel et A. Camus, nov. sp. 

Arbor 15 m. alta. Ramuli puberult. Folia obovato-oblonga, 
basi cuneata, apice breve acuminata, subtus puberula, rufa 
vel brunnea, supra viridia, margine serrata, nervis lateralibus 
uirinque 15-20 subtus elevatis, transversis inconspicuts. Petioli 
1,5-2 cm. longt, pulost. Spica fructifera 5-6 cm. longa. Pedicellus 
4 mm. longus. Cupula fragilis, solitaria, pedicellata, sub- 
campanulata, 10-12 mm. alta, 17-18 mm. diumetro, intus 
sericea, extus tomentosa, squamis elongatis acutis adpressis 
apice. excepto connaits obtecta. Glans castanea, longe exserta, 
subcylindracea, apice mucronata, basi truncata, 25 mm. longa, 
15 mm. diametro ; cotyledones intricato-rimosæ. 

Tonkin : près de Phu to, réserve forestière de Chanmong 
(Fleury, coll. A. Chevalier, n° 30117) ; plateau de Than mai 
à l’est de Hong hoa (Balansa, n° 2380). 

Cette espéce, par ses cotylédons cérébriformes, les écailles 
de la cupule longuement soudées à la base en verticilles peu 
paralléles, par la fragilité de cette cupule, méme par ses 
feuilles, rappelle beaucoup le P. calathiformis Hick. et A. Cam. 
et le P. fissa Œrsted. Elle se distingue par ses fruits bien plus 
eros, à cicatrice concave. 

45. P. calathiformis Hickel et A. Camus ; Quercus calathi- 
formis Skan, in Journ. Linn. Soc., XVI, p. 508 (1888) ; 
Castanopsis calathiformis Rehder et Wilson ; Synædrus : 
calathiformis Koidjzumi. | 


LES CHENES D'INDO-CHINE 409 


Nous ajouterons comme complément à la diagnose de 
Skan : 

Glans 12-14 mm. longa, 7 mm. diametro ; cicatrix convexa ; 
cotyledones intricato-rimosæ. 

Laos : très disséminé au sud de la ligne Sonla à Maison 
(Dussaud, n° 152). — Inde, Yun-nan. 

46. P. fissa Œrsted, in Kjoeb, Vidensk. Meddel. XVIII, 
p. 76 (1886) ; Quercus fissa Champion ; Q. tunkinensis Drake 
del Castillo, in Journ. de Bot. (1890), p. 153, PL IV, fig. 8-10 ; 
Castanopsis fissa Rehder et Wilson; Castanea regia Hance ; 
Synædrys fissa Koidzumi. 

Tonkin: mont Bavi; altitude 900 mètres (Balansa 
n° 2363); pr. Lao kay, Cha pa; altitude 1 400-1 500 mètres 
(A. Chevalier, n° 29487). — Laos: Tranninh, région de 
Xiengk houang (Dussaud, n° 6). — Hong-kong, Hainan, 
Chine. 

Espèce incomplètement connue. 

P. dinhensis Hickel et A. Camus, nog. sp. 

Arbor 10-15 m. alta, ramis junioribus dense puberulis. Folia 
coriacea, oblongo-lanceolata, apice acuminata, basi cuneata, 
10-14 cm. longa, 2-5 cm. lata, supra glabrescentia, virentia, 
subtus dense cano-tomentosa, pilis brevibus, margine integra, 
nervis lateralibus utrinque 12-14 elevatis. Petioli 5 mm. longi. 
Flores 3-fasciculati. Cupulæ ternæ, bast connate, subsessiles, 
squamis imbricatis. Glans mucronata, imperfecta. 

Cochinchine : mont Dinh vers Baria, mont Mu xoai, Binh 
dinh ; altitude, 300 mètres (Pierre, n° 4969). — Cambodge: 
Monts Schrall (Pierre, n° 4975). 

Les jeunes glands paraissent avoir des cloisons incomplètes. 


ANN. DES SC, NAT. BOT., 10€ série. 1921027 


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INTRODUCTION . 


GENRE I 
Genre Il. Pasania Miquel.... 


L’essor, plein de promesses, des recherches expérimentales 
sur la variation et l’hérédité qui caractérise le début du 
xx siècle est pour une bonne part la conséquence de l’anta- 
gonisme de trois théories qui sont proposées pour expliquer 
l’origine des espèces. Laissant pour une autre occasion l’ana- 
lyse des travaux récents concernant l’hérédité acquise au 
sens adopté par M. CosTANTIN (7), je me propose d'examiner 
brièvement les résultats, les contradictions et les oppositions 
qui apparaissent dans les mémoires des savants qui attribuent 
aux variations brusques et spontanées des germes (mutatio- 
nistes), d'une part, aux mélanges sexuels plus ou moins équi- 
librés (néo-mendéliens), d’autre part, l'influence prépondé- 
rante dans le mécanisme des changements spécifiques. 


Mutations et fluctuations. 


Plus que jamais, il est nécessaire de rappeler les principes 
des diverses théories; car souvent ceux qui se réclament 
d’une école ou d’une technique négligent précisément d’en 
prendre une connaissance approfondie. La Bible des muta- 
tionistes est et restera l'ouvrage remarquable Die Mutations 
theorie (2 vol., 1900 et 1903), de Huco pE VRies (2). C’est 
plutôt un traité général des variations héréditaires et de 
Vhybridation qu'un exposé condensé d’une théorie dégagée 
des hypothèses suggérées ou défendues par les prédécesseurs. 
Un tiers de l’ouvrage consacré à l’exposé des variations 
stables, durant dix années de culture, de l'espèce critique 

ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série, 192 Peur 


IT ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


Œnothera Lamarckiana Ser. est la véritable nouveauté, et 
il faut réserver à cette partie le titre de Théorie de la mutation ~ 
de Hugo de Vries, si l’on veut éviter des confusions stériles ; 
se est 2A exporé de faits avec coordination des événements, 
mais sans proposition précise pouvant servir d'explication 
aux phénomènes observés: il en résulte des règles qui sont 
mieux dégagées encore dans le Species and Varieties (3) du 
même savant. L’adhésion qu'il a donnée à une application 
que J'en ai faite en 1907 dans ma thèse Mutation et trauma- 
tismes (4) et dans un petit volume de la Bibliothèque de 
Philosophie scientifique en 1912 (5) m’autorise à présenter 
sous la forme condensée de Régles les données essentielles 
de la théorie du savant hollandais : 

1° Les nouvelles espèces élémentaires naissent tout à coup, 
sans termes de passage ; 

2° Elles sont, pour la plupart, complètement stables dès leur 
naissance ; 

3° Les types nouveaux sont souvent des espèces élémen- 
taires nouvelles, non des variétés ; 

40 Ils apparaissent en nombre déterminé d'individus simul- 
tanément ; : 

5° Les propriétés nouvelles n’ont aucune relation particu- 
lière avec les fluctuations ; 

6° Elles ne peuvent se grouper dans une suite définie ; 
les mutations affectent tous les organes et les font varier dans 
tous les sens. 

DE VRIES se proposait, avant tout, de prouver la transmis- 
sion hé:éditaire des changements brusques; il a réussi a 
imposer son point de vue, surtout si l’on part des définitions 
plus exactes des deux mcdes de variations constatées dans 
Vespéce. Je soutiens qu'il est indispensable d’edopter des 
définitions plus rigoureuses (6, p. 58), calquées en quelque 
sorte sur celles qui sont employées dans to sciences mathé- 
matiques et physiques. , 

La variation fluctuante est continue, c’est-à-dire qu’on 
pourra toujours trouver entre deux étapes aussi rapprochées 
que l’on voudra une étape intermédiaire. Elle est réversible 
et suit dans son ensemble les règles des phénomènes physiques ; 


MUTANTES ET HYBRIDES III 


La mutation est discontinue et irréversible. Elle offre tous 
les caractères des mcdifications et transformations (addition, 
substitution, combinaison, dissociation) étudiées en Chimie. 

Il y a des états physiques et des espèces chimiques ; ce qui 
veut dire que la mutabilité est le processus probable et pré- 
pondérant de la ségrégation dans l’espéce vivante des discon- 
tinuités qui sont les espèces é'émentaires ; le milieu détermine 
leur état. 

DE VRIES a signalé de nombreux exemples de mutations. 
Les variations à fleurs blanches des espèces à fleurs colorées, 
à feuilles découpées ou laciniées d'espèces à feuilles simples 
ou à feuilles simples d’espéces à feuilles découpées, les varia- 
tions parallèles de nombreuses espèces animales, albinos, 
à membres tordus, à tête de Bouledogue, à toison ou à plu- 
mage frisé sont des exemples classiques que DE VRIES réunit 
sous le nom de variétés (3). A leur sujet, il n’y a pas de dis- 
cussion, à la condition toutefois qu’on puisse leur appliquer 
avec rigueur le critérium mendélien sur lequel je reviendrai. 
KorscHINSKY (7), irdépendamment de DE VRIES, en a réuni 
un très grand nombre sous le titre Hétérogenése ; son mémoire 
fournit une multitude de cas qui devraient être étudiés avec 
les nouvelles méthcdes d'analyse. L'ouvrage fondamental de 
Darwin (8) sur la Variation des animaux et des plantes en 
renferme beaucoup d’autres. Il y a des chances pour qu’une 
faible partie puisse être classée dans la catégorie des variétés 
régressives; la plupart, comme la Digitale campanulée (9) 
et Capsella Viguiert (10), sont complexes, le changement 
stable étant lié à un état anormal (fascie), dont on ne peut le 
débarrasser. Ces derniers sont évidemment les plus intéres- 
sants, car ils fournissent des aperçus sur l’origine et l’enchai- 
nement des caractères nouveaux. J’ai fait une étude détaillée 
de cas analogües provoqués expérimentalement chez le 
Mais (4). 

Souvent, d’ailleurs, ’équilibre nouveau ne parvient pas a 
s’établir ; il subsiste une série faible ou abondante de termes 
de passage entre la forme initiale et la nouveauté définie. 
Les Tréfles à quatre feuilles, les Cardéres tordues (2), le Mais 
à grains doubles (//) rentrent dans cette catégorie ; un exa- 


IV ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


men superficiel de ces derniers exemples pourrait faire croire 
à une confusion entre les deux modes de variation distingués 
plus haut ; il n’en est rien. En fait, la lignée qui présente ces 
variations discontinues se distingue toujours très facilement 
de la lignée ancienne ; dans celle-ci, les caractères nouveaux 
-n’apparaissent jamais, ou seulement dans une proportion — 
infime, 1 à 2 p. 1000; dans la lignée nouvelle, les caractères 
nouveaux se présentent toujours si les conditions favorables 
sont fournies pour leur manifestation. À la mutation propre- 
ment dite se superpose la fluctuation qui accentue l’anomalie 
ou la réduit, au point de la rendre invisible. Les preuves 
fournies par DE VRIES relatives à la polycéphalie du Papaver 
somniferum peuvent être invoquées dans tous les exemples 
précédents. L’excés de nutrition ne détermine pas la méta- 
morphose d’une lignée normale en lignée à étamines carpel- 
laires ; mais certains modes de nutrition réduisent à zéro 
les étamines métamorphosées ; d’autres provoquent la méta- 
morphose de toutes les étamines de la ligrée polycéphale, et 
à la série graduée et continue des valeurs nutritives correspond: 
une série greduée et continue des étapes qu’on peut arbitrai- 
rement fixer dans l'épanouissement du caractère nouveau. 

Les mutations compliquées de fluctuations sont certaine- 
ment les plus fréquemment observées ; l'étudiant qui suivrait 
pendant dix années une vingtaine de lignées prises au hasard 
en obtiendrait sans doute plusieurs. Mais il ne faut pas 
tirer de ce fait un argument contre la distinction entre les 
deux phénomènes. Pour en décider, je me reporte aux phé- 
nomenes chimiques ; les réactions de substitution complete 
sont rares, mais bien connues parce que exposées en détail 
dans les traités élémentaires ; les équilibres entre différents 
corps distincts susceptibles de se transformer les uns dans les 
autres selon les conditions ambiantes sont de-beaucoup les 
plus nombreux, et ils sont régis par une loi générale (Loi des 
phases de GiBBs), qui s applique sans aucun doute à la 
matière vivante. Peut-on exiger des phénomènes biologiques 
une simplicité et une clarté plus démonstrative que celle dont 
les chimistes se déclarent satisfaits pour définir leurs types 
spécifiques ? 


MUTANTES ET HYBRIDES V 


DE Vries a d'abord désigné les lignées modifiées ne four- 


_nissant ni variétés, ni espèces stables, sous le nom de demi- 


races (2); il a adopté ensuite (3) le terme eversporting varie- 


es (3), que J'ai traduit (4) par variétés instables. Les sélec- 


tionneurs utilisent avec succès ces variétés instables pour leurs 
pedigree, et ils arrivent, en fournissant des indications précises 
sur leur traitement, à provoquer des succès constants (Choux- 
Fleurs, Laitues, etc.); la plupart des exemples rapportés par 


Darwin ($) appartiennent à cette catégorie de phénomènes. 


| 


Toutefois, il n’est pas démontré que les fluctuations, qui 
accentuent souvent la nouveauté, ne peuvent intervenir 
pour provoquer la mutation. I] y a des exemples où les pre- 
mières semblent préparer la seconde, comme DE VRIES lui- 
même (/) l’a signalé à propos de la duplicature du Chry- 
santhemum segetum ; l'augmentation régulière et progressive, 
à chaque génération nouvelle, du nombre des ligules rayon- 
nantes est certainement du domaine de la fluctuation ; 
l'apparition consécutive d’un fleuron ligulé, dans le disque, 
résultat de la métamorphose d’un fleuron tubulé, est une 
mutation. Il y a un lien entre les deux faits et, sans doute, 
nous touchons de près ici à l’hérédité acquise. 

La sixième règle donnée par DE VRIES ne vise pas l’assc- 
ciation fréquente des deux principaux modes de variation, 
mais bien l’indécision apparente des caractères modifiés par 
la mutabilité qui affecte tous les organes et les fait varier 
dans plusieurs directions. A vrai dire, cette règle distingue 
clairement les variétés régressives des mutations spécifiques 
si nombreuses présentées par les Œnothera et par le Capsella 
Viguiert. Dans la grande majorité des exemples où la muta- 
tion affecte une disposition organique, et non un caractère 


superficiel ornemental, il apparaît des anomalies de constitu- 


tion accessoires, feuilles doubles, ascidies, fascies, torsions, 


. métamorphoses, proliférations ou virescences qui coexistent 
assez longtemps, méme lorsque le type parait tout a fait fixé. 


J'ai insisté (JO) sur la persistance de l’état de fascie à la 
dixiéme génération chez le Capsella Viguiert, nouvelle espéce 
définie par le nombre double des carpelles, la condensation 
extréme des grappes florales, la longue période végétative, 


VI ACTUALITES BIOLOGIQUES 


absence ou l’apparition tardive des échancrures des limbes 
foliacés, variations parallèles et simultanées que je n'ai pu 
dissocier jusqu'à présent. 

En résumé, mutation signifie changement brusque des 
caractères visibles de l'espèce, suivi de la persistance indéfinie 
du nouvel état, après isolement des lignées. Le changement 
est discontinu et irréversible, quoique souvent atténué, 
parfois caché par des phénomènes accessoires où la fluctua- 
tion continue et réversible joue un rôle très apparent. Muta- 
tion n’entraine pas d’ailleurs changement de spéciétté, 
c’est-à dire changement profond et fondamental dans le 
protoplasme de l’œuf fécondé. A mon avis, c’est plutôt un 
changement d'équilibre des parties constituantes, une modi- 
fication dans l'attraction réciproque et le groupement des 
éléments fondamentaux. Beaucoup de mutations s’esquissent, 
au cours de la vie individuelle, qui ne résistent pas à la réno- 
vation protoplasmique sexuelle ; elles restent des anomalies ; 
elles ne deviennent pas des mutations. 


Variétés régressives et mendélisme. 


Les variétés régressives sont les cas les plus simples de 
mutations ; l’étude de leurs propriétés va faciliter l’exposi- 
tion de ma pensée concernant la nature intime des variations 
brusques. 

Par définition sont appelées variétés régressives (3, p. 77, 
et 6, p. 229) les lignées différant de l'espèce par une parti- 
cularité qui suit dans les croisements les règles numériques 
de MENDEL (72). On sait que DE Vriks (15) les mit en valeur 
le premier (mars 1900) et en fournit plusieurs applications 
remarquables au Maïs, au Pavot, à l’Œnothère. CORRENS, 
puis TSCHERMAK, d’une manière indépendante, confirmèrent 
et complétèrent les travaux de leurs devanciers ct, durant 
une décade,imposérentla notion de latence, qui est, quoi qu'on 
en ait dit, très logique. 

La variété régressive, dit DE VRIES, est « un groupe d'imdi- 
vidus dans l’espèce, caractérisé par l’atténuation extrême, 
ou latence, d’une particularité secondaire », accident qui 


MUTANTES ET HYBRIDES VII 


naltére en rien les fonctions essentielles. La couleur blanche 

28 fleurs, le nanisme, le mode de dépôt des réserves dans 
l’albumen des graines n’entrainent pas de changements, ni 
dans la germination, ni dans l’assimilation, ni dans la repro- 
duction. De plus, ce sont des qualités d'ordre général, non 
spécifiques, puisqu'on peut imaginer la possession, dans un 
temps limité, de lignées à fleurs blanches, de lignées naines, 
de ligaées à réserves hydrolysées chez la grande majorité 
d2s espèces communes ou cultivées. De ces deux propriétés 
résultent les lois numériques de MENDEL, qui régissent la 
répartition en espèce type, ou en variété régressive, des des- 
_ cendants croisés d2 ces deux groupes. 

Appelant A le caractère de l’espéce, a le caractère de la 
variété, MENDEL découvrit que le croisem2nt donne en pre- 
miére génération tous individus A, en second? génération 
75 p. 100 d2 d2scendants A et 25 p. 100 de descendants a. 
En fait, le croisement est équilibré, comme le montre l'épreuve 
ds descendances en troisième génération ; les descendants 
de deuxième génération a sont purs ; parmi les 75 A, 25 sont 
purs A et 50 se comportent comme les descendants de la 
première génération. MENDEL est donc conduit à représenter 
le mécanisme de la transmission par les symboles A pour 
l'espèce pure, a pour la variété, (Aa) pour la première géné- 
ration hybride, À + (2 Aa) + a pour la deuxième génération, 
et il en déduit facilement la composition numérique d’une 
population dérivée de cette association à une génération 
quelconque. | 

Ce faisant, 1l agit comme un mathématicien, qu'il fut, 
puisque ses fonctions à l’Abbaye de Brtinn étaient l’ensei- 
gnement de la météorologie et de la physique. Il raisonne 
comme si les caractères A et a étaient totalement indépendants 
d2 l’ensemble des propriétés des individus étudiés ; et, lors- 
qu'il analyse un autre couple de caractères des mêmes indi- 
vidus, B et b, il s'assure qu'ils sont eux aussi indépendants 
des caractères A et a et de l’ensemble des autres caractères 
en vérifiant que la descendance peut être représentée par le 
produit algébrique : 

[A + 2 (Aa) + a] [B + 2 (BB) + 0}. 


VIII : | ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


La vérification réussit avec les sortes de Pisum étudiées 
par MENDEL, et par là même les hypothèses faites sont jus- 
tifiées. | 


Avec des Phaseolus, la cerihontion Dear. MENDEL ne 


veut pas abandonner les lois numériques qu'il a trouvées 
dans le Pisum; il superpose aux hypothèses précédentes 
deux, trois ou autant d'hypothèses qu'il sera nécessaire 
pour que les chiffres donnés par l'expérience s'accordent 
avec les lois numériques. C’est un artifice de calcul et non 
une preuve, et d’ailleurs MENDEL ne s‘illusionne pas à ce 
sujet ; il abandonne ses lois pour se cantonner dans l'étude 
de la descendance des hybrides mixtes entre espèces d’Hiera* 
cum, entre espèces de Geum, etc. Sa correspondance avec 
NOE CREE rééditée par ON Ge (14), en fournit des preuves 
décisives et, sans doute, la négligence ou l’oubli des lois de 
MENDEL par ses contemporains n’a pas d'autre cause que 
l'indifférence de l’auteur lui-même pour les résultats obtenus. 

Néanmoins, les néo-mendeliens, avec BATESON (15) à 
leur tête, n'ont pas hésité à généraliser l’œuvre de MENDEL 
et à l'appliquer à quantité de faits plus ou moins clairs. Ils 
ont réussi en un nombre limité d'exemples à vérifier les lois 
numériques, et j'ai moi-même donné quelques exemples 
probants. Mais ils n’ont pas démontré que tous les cas de 
disjonction pouvaient se ramener à la proportion 3:1 ou à 
des proportions dérivées 9:3: 3:1 ou 15: 1, etc.; les cas 
douteux sont en majorité. Dans ces derniers, les formes 
croisées ne peuvent être traitées comme des variétés régres- 
sives ; il y a liaison des caractères. 

Mort, a énoncé et vérifié, avec un véritable ne des 
lois numériques de la disjonction de la descendance dans les 
croisements de l’espèce avec ses variétés régressives. Il a 
démontré que certaines particularités ou marques de lignées 
se comportaient selon un schéma théorique et indépendam- 
ment de tous les autres attributs de l’espéce. La découverte 
est, en elle-même, assez belle pour qu’on la laisse intacte sans 
la déformer par des applications discutables et surtout pour 


D RAA 


qu'on ne la discrédite pas par un ajustement qui, dans la. 


plupart des cas, est un non-sens. D’après MENDEL (12), en 


str. Rad 


MUTANTES ET HYBRIDES IX 


effet, «les plantes d'expérience doivent absolument satisfaire 
à certaines conditions», dont les plus importantes sont d’être 
auto-fertiles et isolées, de posséder des caractères différentiels 
constants et bien accusés ; surtout les hybrides et leurs descen- 
dants ne doivent éprouver aucune altération notable de fertilité 
dans la suite des générations. 
_ D'ailleurs, lorsqu'on passe en revue les caractères qui 
suivent les lois de MENDEL dans toute leur rigueur, on cons- 
tate qu'ils sont des attributs superficiels, produits le plus 
souvent par l'arrêt de développement d'une particularité 
secondaire. Je cite volontiers l’exemple du Maïs à grains 
sucrés, caractère récessif par rapport au Maïs à grains amy- 
lacés ; le faux embryon de la variété sucrée ne possède pas 
l’enzyme ou plutôt le coagulant qui fait déposer les réserves 
sucrées sous la forme d’amidon solide. Je dis ne possède pas, 
alors que le terme ne possède pas en quantité suffisante serait 
plus exact. Il n’y a aucune raison de penser que le dépôt des 
réserves sucrées se passe autrement dans les solutions orga- 
niques que dans les fioles du laboratoire ; tout se passe comme 
si la réserve restait en état de sursaturation et qu’il manque 
le cristal germe, on dit en botanique «le chondrioconte», qui 
sert de noyau de condensation aux solutions sucrées pour 
fournir l’amidon. L’embryon vrai ne souffre pas de cet état 
particulier des réserves, puisqu'il est obligé de dissoudre 
l’amidon, lorsque l’albumen est déposé sous cette forme. 
Tout le monde est d'accord pour admettre que la variété à 
grains sucrés du Maïs dérive par une mutation simple du 
. Maïs à grains sucrés. C’est une variation brusque, et, entre la 
phase variété et la phase espèce, on n’a trouvé jusqu’à présent 
qu'une ou deux phases d’équilibre intermédiaires (Maïs à 
grains dextrinés). Il y a donc des mutations simples qui 
suivent les lois numériques de Mendel, mais il n’en résulte 
pas du tout que les mutations en général soient astreintes à 
ces lois. Et surtout, il ne peut être question de les appliquer 
lorsque la fertilité de la mutante ou de l’espèce souche laisse 
à désirer. La vérification est impossible et l'hypothèse dan- 
gereuse, puisqu'elle se superpose à d’autres hypothèses 
\ qu'elle ne peut consolider. 


ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


A 


Au contraire, on conserve à MENDEL tout son mérite et 
on est en droit de pénétrer plus intimement dans la notion 
de changement spécifique, si l’on prend soin de se débarrasser 
de ces phénomènes accessoires. Avant de le faire, je signalerai 


quelques points sur lesquels les preuves expérimentales 


laissent beaucoup à désirer. Elles touchent de très près à la 
cause des mutations. On constate que les variétés régressives 
ne sont Jamais tout à fait épurées du caractère dominant ou 
spécifique ; il reste des traces très légères de violet sur les 
éperons des Violettes à fleurs blanches,et souvent une légère 
pigmentation des pattes ou des oreilles sur les Cobayes et les 
Souris blanches. Le caractère ne fait pas défaut ; il est latent 
et ne trouve pas les circonstances favorables pour s’accentuer. 
Les individus récessifs sont, d’autre part, considérés comme 
offrant les plus grandes garanties de pureté,et la question se 
pose de savoir si l’on ne se trouve pas en présence d’un phé- 
noméne analogue à celui que RAuLIN (16) a mis en évidence 
dans ses expériences classiques sur la nutrition et le dévelop- 
pement des moisissures ; une trace de zinc ajoutée au bouillon 
de culture accélère l’assimilation dans des proportions énor- 
mes ; son absence totale réduit énormément la croissance. 
L’expérience suggérée par ce rapprochement n'a pas,a ma 
connaissance, été réalisée jusqu'à présent. Elle consisterait 
à compléter l’organisme récessif par l’apport extérieur de 
l'élément banal et indépendant qui déterminera le virage, 
l’accélération de croissance, ou le dépôt des réserves sous 
une forme déterminée. Les expériences contestées d’ailleurs 
de Mac DoucaL (17), qui injecte des solutions dans les ovaires 
et croit obtenir des mutations de Raimannia odorata, sont des 
tentatives vouées à l’insuccés, semble-t-il. Je n’ai rien obtenu 
jusqu’à présent au cours des dizaines d'essais tentés sur des 
lignées bien définies. Les parasites et les tubes polliniques 
paraissent être les moyens naturels qui facilitent la pénetra- 
tion de corps nouveaux dans le protoplasma. Il n'est pas 
impossible, d’après les travaux de Noëz BERNARD (18) et de 
J. Macrou (19), que des parasites nécessaires à la tubéri- 
sation déterminent par contact la filtration des éléments 
excitateurs du dépôt d’amidon, et MoLiiarp (20) montre que 


LA 
Ne 


V4 


MUTANTES ET HYBRIDES XI 


des solutions plasmolysantes conduisent à des résultats 
analogues. 

Les tubes polliniques offrent sur ces moyens accidentels 
de meilleures chances de réussite. On connaît un bon nombre 
d’espéces typiques qui ont été reconstituées par la combinai- 
son heureuse de deux variétés. Bateson (21), croisant 
ensemble deux variétés de Lathyrus à fleurs blanches, obtient 
des lignées à fleurs rouges indéfiniment stables ; l’apport 
qu'une quantité de matière impondérable, inutile à la pro- 
pagation parfaite de la variété, détermine pour une durée 
indéfinie le virage au rouge des cellules des pétales de toutes 
les fleurs. De même, dans mes croisements de l’Orge, j'ai 
constaté que la combinaison de Hordeum nudum à grains 
nus, mais à rachis solide, avec une Orge à deux rangs à rachis 
solide, donne toujours un haut pourcentage de rachis fragiles 
et que certains hybrides à grains enveloppés conservent 
pendant six générations cette fragilité, caractère nouveau ou 
hybridmutation au sens propre du mot. Recombinant par le 
croisement deux lignées d’Orges à épis fragiles j'obtiens, 
en plus de descendants à épis fragiles, des Orges à grains nus 
dont les rachis sont solides. Or les rachis ne sont fragiles 
que si les plantes sont récoltées bien mûres; et, dans les étés 
secs, les épis prématurément jaunis conservent un rachis 
solide, et leurs grains germent. Il y a, dans le premier cas, 
latence de la fragilité du rachis par constitution génétique ; 
dans le second cas, latence de la fragilité du rachis par action 
du milieu. Tower (22) a observé des faits analogues dans 
ses croisements de Leptinotarsa decemlineata; une atmo- 
sphere saturée d’humidité modifie dans des proportions 
inaccoutumées les prévisions mendéliennes et la dominance. 

J'ai étudié (23) un très bel exemple de l’action du milieu 
sur la disjonction inattendue d’hybrides récessifs. I] s’agit 
de l’Orge à deux rangs à épis dressés (Hordeum distichum. 
erectum) à grains lisses ; les lignées stables et contrôlées avec 
une méthode rigoureuse pendant une dizaine d’années 
donnent lieu à des retours, qui paraitraient de véritables 
mutations si l’on n’en connaissait pas l’origine ; la sécheresse 
des terrains calcaires du centre de la France et certaines 


XII ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


conditions climatériques favorables sont la cause immédiate 
de cette variation; il n’est pas douteux, d’autre part, que le 
caractère est latent dans la lignée, c’est-à-dire imprimé dans 
les cellules reproductrices. 

Toutefois, nous sortons ici du cadre des croisements entre 
l'espèce et ses variétés régressives ; lOrge à épis dressés 
dérive de la combinaison de H. Zeocriton et de H. distichum 
nutans, qui sont deux bonnes espèces élémentaires. distinctes 
par de nombreux caractères divergents et non accouplés. 


Hérédité liée au sexe et mutations. 


J'ai rappelé à dessein que MENDEL avait posé comme con- 
ditions fondamentales pour l’application de ses lois l’auto- 
fécondité absolue et continue et la parfaite fertilité des des-. 
cendants. Sous l'impulsion de To. H. Morcan (24) et de son 
assistant C.-B. BRIDGES, une importante série de recherches 
ont été poursuivies aux Etats-Unis sur la descendance d’une 

petite Mouche, Drosophila ampelophila, dont ces savants ont 
obtenu des dizaines de mutations très curieuses en moins de 
dix années. Il est vrai que cette Mouche s’éléve commodé- 
ment en vase clos et qu'il est facile d’en obtenir plusieurs 
générations par année. Mais je soupçonne fort que les condi- 
tions d'élevage ne sont pas tout à fait étrangères aux résultats 
obtenus, surtout en ce qui concerne les malformations et les 
mortalités, parfois excessives. Les données expérimentales 
en cultures aseptiques de DELGOURT et GUYÉNOT (23) four- 
nissent des preuves évidentes de mon assertion. 

Quoi qu’il en soit, Morcan et Brinces se réclament de 
l’autorité de MENDEL (26, 47) et affirment que leurs résultats 
sont une application remarquable des lois numériques de la 
ségrégation dans la descendance. Mais ils ajoutent aussitôt 
que ces lois ne s'appliquent qu'avec des tempéraments, en 
ce sens que bon nombre des caractères étudiés sont liés au 
sexe et qu'ils sont si intimement fixés dans la matière héré- 
ditaire qu’on peut être assuré que les causes déterminantes 
des caractères en question, ou gênes, sont matériellement 
situées en des points définis de chromosomes particuliers. 


“ 


MUTANTES ET HYBRIDES à XIII 


Enfin la plupart des caractères distingués sont liés les uns 
aux autres. | 

Avant de faire un exposé, nécessairement bref, de leurs 
preuves, je constate : 1° que Drosophila ampelophila est un 
matériel médiocre pour perfectionner les lois numériques 
de Mendel. En moins de dix années, cette espèce aurait 
fourni des milliers de mutantes avec changement brusque 
de centaines de particularités. Dans le tableau publié par 
T. H. Moraan, en 1916, on constate que les mots manquent 
pour les désigner et qu'il serait nécessaire d'ajuster à la 
nomenclature usuelle une table analogue à celle que Broca 


a proposée pour sérier la couleur des yeux (Éosine, Vermillon, 


Pink, Peach, Cherry, Sepia, Purple, etc.). Les races humaines 
avec leur diversité paraissent simples à côté des lignées cul- 
tivées de cette petite Mouche. 

20 La mortalité, effrayante, serait due à des facteurs 
mendéliens. Jusqu’a 1916, il fallait 8 lethals particuliers pour 
justifier les résultats ; mais on a constaté des cancers héré- 
ditaires (M.-B. Starx, 29) et d’autres phénomènes analogues 
qui complètent les accidents d'élevage. Il est curieux qu’on 
ait pu affecter un coefficient d'activité à toutes ces causes 
d'erreurs ; le degré de certitude est d’ailleurs précisé avec des 
décimales ajoutées aux pourcentages. 

30 Certains caractères anormaux, tels que des membres 
complémentaires avec des articles en ncmbre variable, 
dépendent manifestement de la température. D’après 
M. A. HocEe (28), le caractère nouveau serait lié au sexe, 
tantôt dominant, tantôt récessif et serait du type de ceux 
qui définissent les variétés instables, très rare dans les lignées 
sauvages (moins de 1 p. 100), atteignant jusqu'à 13,9 p. 100 
des individus sélectionnés. Le facteur déterminant serait 
étroitement lié à la couleur vermillon de l'œil. 

Comme plus de trente mémoires renfermant des dizaines de 
pages de données numériques ont été publiés sur ce sujet, 
faire d’autres extraits provoquerait la rédaction d’un volume 
copieux. Je n’ai pas eu l’occasion, d’ailleurs, d’en lire un 
résumé d'ensemble suffisamment clair pour le comparer, 
ligne par ligne, au si remarquable mémoire de MENDEL. 


XLV ACTUALITES BIOLOGIQUES 


A mon avis, Morcan étudie des phénomènes compliqués, 


qui n'ont qu'accidentellement et exceptionnellement des. 


points de contact avec l’hérédité alternante ou mendélienne. 


Les lignées en culture sont variables, mal fixées ; les caractères © 
mis en opposition sont peu précis et variables, au moins en 


partie, avec le milieu; la fertilité des parents et de leurs 
combinaisons laisse tellement a désirer qu’on est en droit de 
soupçonner qu il y a eu hybridation préalable entre espèces 
divergentes [Voir la notion des spéciéités de Nauprn (30)]. 


Mais il subsiste de cet énorme effort des faits remarquables 


dont le plus saillant est l’inégale valeur des éléments mâles 
et des éléments femelles au point de vue de la transmission 
des caractères. La découverte de l’hérédité liée au sexe n’est 
pas due à MorGan [Voir M. CAULLERY (31)|, mais ses travaux 
donnent un relief considérable à un mode d’hérédité, que je 
qualifie d’exceptionnel, en ce sens que le père et la mère, 


quoique identiques ou classés dans la même espèce, se com- 


portent en quelque sorte comme s'ils appartenaient à des 
espèces différentes. Au lieu de lignées pures, ou d'épuration 


des ascendants, il y aurait, à chaque combinaison sexuelle, 


superposition d’hybrides. 

Les théories développées par T. H. Morcan-et par BRIDGES 
mettent clairement ce fait en évidence (17). La femelle de 
Drosophila ampelophila possède quatre paires de chromo- 
somes, dont une spéciale (liée au sexe XX) et distincte de la 
paire équivalente du mâle. Chez ce dernier, les chromosomes 
liés au sexe sont de deux types ; l’un d’eux est droit, identique 
aux X de la femelle; l’autre est arqué Y. De nombreuses 
mensurations montrent que X étant évalué à 100 comme 
longueur, Y donne pour la longue branche 71, pour la courte 
branche 41, au total 112. Drosophila ampelophila est donc un 
Insecte dont le mâle a deux sortes de spermatozoïdes, X et 
Y : la fécondation d'œufs par le sperme X donne les femelles ; 
la fécondation d'œufs par le sperme Y donne les mâles. Jusqu’a 
présent, le schéma général suit assez exactement celui des 
autres exemples déjà cités par CAULLERY (31, chap. XIV). 
Mais il y a une nouveauté. 

Drosophila est en crise de mutation; de 1913 à 1916, 


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Been 3 


MUTANTES ET HYBRIDES XV 


Moraan et ses collaborateurs ont découvert environ une 
cinquantaine de mutations liées au sexe. Grâce à cette cir- 
constance, ils ont pu déterminer la position, dans le chromo- 
some X ou Y, de l’élément figuratif de chacune des mutations 
envisagées. Les auteurs supposent, en effet, que les chromo- 
somes X ou Y, ou l’un et l’autre, peuvent s’enrouler (crossing- 
over) au cours de la reconstitution nucléaire qui suit la fécon- 
dation, et cet enroulement, lorsqu'il se produit au point précis 
ou se trouve le géne, ou élément représentatif du caractére 
étudié, modifie le pourcentage des descendants offrant la 
corrélation des caractéres liés au sexe. Pour certains carac- 


téres de la couleur des yeux, par exemple pour les couleurs 


white, éosine, cherry, les pourcentages de déviations sont 
équivalents ; il en résulte que ces différentes particularités, 
combinées entre elles par le croisement, se comportent comme 
des caractères mendéliens vrais, qu’elles sont allélomorphes 
entre elles. Si la théorie est exacte, leurs gènes doivent se 
trouver au même point matériel du chromosome X. Mais le 
plus souvent les déviations sont divergentes, et, comme le 
crossing-over s est produit en un point déterminé, les auteurs 
admettent que les divergences évaluées en pour cent défi- 
nissent la position sur le chromosome X des gènes qui cor- 
respondent à chacun des caractères dont la transmission 
mendélienne est imprévue. 

Grâce a cette analyse, dont il faut contrôler les données 
par de multiples croisements, MoRGAN réussit à situer les 
divers gènes tout le long d’un trait qui est l’image fortement 
erossie de leur distribution sur le chromosome X. Dans la 
distribution donnée par BRibGES (27), la couleur du corps 
yellow se trouve à 0,0 de l’origine, tan à 27,5, sable à 43 divi- 
sions ; les couleurs des yeux white, éosine, cherry à 1,1 de 
l'origine, vermillon à 33,0, et ainsi de suite. Des expériences 
complémentaires ont, d’autre part, permis de situer sur les 
chromosomes non liés au sexe les positions respectives des 
gènes correspondant à divers caractères qui se comportent 
d’une manière identique, que l’on ait affaire comme porteur 
au père ou à la mère ; la couleur des yeux sepia est à 0,0 du 
chromosome; pink et peach occupent la position 25; 


i i " = ee à = ; 2 4 SR Lab ae : Sy SDA PE ATS : 7 ewes ae DS sean 1s Pe aah 35 38 Lege 
5 ee k Bo cee SE pe 
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Mes - 
te 


XVI | ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


purple est à 40,6 de l’origine d’un autre chromosome. 

Plus les données numériques sont nombreuses, plus est 
orande la précision avec laquelle la position respective des 
différents gènes est définie. Ces nombres dépassent la plupart 
de ceux qu'on a coutume de donner dans les expériences de 
croisement ; en 1916 on avait noté 81 299 individus à corps 
jaune et à yeux blanes ; 110 701 individus à ailes miniature. 

Sans doute, 1l subsistera des indications intéressantes de 


ce formidable travail qui correspond assez bien aux données — 


astronomiques de repérage des étoiles. Mais nous sommes 
dans une étude qui diffère, à tous points de vue, de la théorie 
mendélienne. 

Le schéma géographique imaginé par MorGAN s applique 
exclusivement au matériel étudié dans son laboratoire, à 
savoir quelques lignées aberrantes du Drosophila ampelophila. 
Ine peut servir de guide pour l’analyse de la constitution héré- 
ditaire d’autres lignées de Drosophila, précisément parce qu'il 
repose sur des liaisons spéciales constatées dans certaines 
lignées. Il n’a de commun avec le procédé mendélien que les 
dénombrements et les symboles ; ici, les symboles n’expliquent 
rien ; ils sont des commodités d'écriture comme les numéros 
d'ordre des catalogues d'importantes maisons de commerce. 
Dans la théorie mendélienne, les symboles correspondent à 
une infinité de cas répartis sur une infinité de lignées. Il y 
a donc des lois numériques mendéliennes et il existe une carte 
de la distribution des gènes du Drosophila étudié par MorGAN. 

De plus, le lecteur est effrayé par la complexité croissante 
du phénomène au fur et à mesure que les épreuves se pro- 
longent. Sans doute, il accepte qu’on poursuive l’expérience 
pour atteindre à une précision plus grande, mais il constate 
avec effroi que chaque publication nouvelle introduit de nou- 
veaux gènes; c'est un procédé commode, pour éviter les 
contradictions, de glisser des inconnues nouvelles dans les 
équations insolubles ou aboutissant à des conclusions diffé- 
rentes des épreuves antérieures ; mais il est difficile d'accorder 
une attention sérieuse à pareille méthode de travail. Les 
auteurs répondront que l'être vivant est complexe et qu'ils 
ne concoivent pas d'exemples dont le schéma géographique 


A 


MUTANTES ET HYBRIDES XVIT 


des gènes soit simple. Ils ont probablement raison, mais je 
leur répondrai que la traduction, avec des symboles de con- 
vention, de séries d'expériences, n’est pas une œuvre scienti- 
fique au sens propre du mot et que les titres mêmes des jour- 
naux scientifiques encombrés par cette profusion de sym- 
boles (Journal of experimental Zoology, — Genetics) donnent 
au lecteur l'espoir qu'il y trouvera davantage. 

Néanmoins, je constate en faveur de ma thèse que, parmi 
la centaine de mutations découvertes chez Drosophila, 
quelques-unes, moins d’une dizaine, sont des allélomorphes 
entre elles et avec le caractère accouplé du type sauvage. 
J'ai déjà cité la couleur des yeux white, éosine et cherry. 
En conséquence, parmi les multiples possibilités d'équilibre 
d’une espèce systématique Drosophila ampelophila, ily a de très 
rares variétés régressives au sens adopté dans ce mémoire 
et une centaine de formes à caractères liés qui sont des 
espèces élémentaires. Que donneraient, après des études 
génétiques analogues, les Eperviéres (Hieracium), les Rubus 
et les Rosa? | 


Mutations des OEnothères. 


Les mutations de VGinothera Lamarckiana étudiées par 
DE VRIES (2, 32) sont rarement des variétés régressives 
(Œ. brevistylis, Zt. gigas nanella) et très souvent de nouvelles 
espèces élémentaires. Bien qu’elles soient étudiées depuis 1894 
par de nombreux savants distingués, tant en Europe qu'aux 
États-Unis [Cu. BaAILEY, BARTLETT, BOULENGER, E. J. Hitt, 
HERIBERT-NiLsson, HONING, SHULL, SMALL, THOMPSON, 
Vai et surtout inlassablement par DE VrirEs (Voir Biblio- 
graphie jusqu'en 1913, au n° 32)], on est loin d’entrevoir 
clairement une ou plusieurs causes définies à l’état de muta- 
bilité de cette espèce (1). 

(1) Je laisse de côté la suggestion donnée par ZEYLISTRA (36), concernant 
la possibilité d’une mutation nanella a la suite de linfection des graines ou 
des plantes par un Micrococcus. On obtient des naines saines en améliorant 
la culture et en augmentant la dose de phosphate de chaux. Il est fort curieux 


que la mutation @. biennis nanella, naine dérivée du croisement biennis 
cruciata X biennis (Stomps, 37), ait donné lieu aux mêmes observations. 


ANN. DES SC. NAT. BOT., 10e série. 192400 


XVIII ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


Actuellement, les avis sont partagés. Les uns, avec 
DE VRiEs, prétendent que les mutations sont des variations 
discontinues qui naissent dans les cultures a la fois dans les 
lignées pures et dans les hybrides ou figure un ascendant en 
mutation, d’où le polymorphisme complexe observé; d’autres, 
avec Bateson, RENNER et surtout HÉRIBERT-NILSON, sou- 
tiennent que ce sont des cas particuliers de combinaisons 
mendéliennes, très complexes en raison du nombre des fac- 
teurs disloqués ; pour Lorsy, elles constituent simplement 
des lignées ‘hybrides au sens de Naupin et se rapprocheraient 
sensiblement de la variation désordonnée décrite par cet 
auteur. Malheureusement, la preuve essentielle manque. 
Dans aucun des groupes on n’a réussi à isoler de dominant 
homozygote, c’est-à-dire de type défini absolument stable ; 
on manque de l’espèce dépourvue d’hybridations récentes 
ou de mutations, indispensable pour apporter un éclaircis- 
. sement. 

Tl subsiste en effet des doutes, qu’on n’a pu lever malgré 
des recherches multiples sur l’origine sauvage ou horticole 
de l'Œ. Lamarckiana. La plante étudiée par DE VRIES (33) 
est identique jusqu'aux plus infimes détails aux échantillons 
secs des herbiers de MicHaux, de Lamarck, de POURRET. 
Depuis plus d’un siècle, l'espèce elle-même ne s’est donc 
pas modifiée, et, comme elle est répandue en Europe depuis 
le milieu du siècle dernier par les marchands grainiers, 
l'intervention du climat ne paraît pas être prépondérante. 
Actuellement l’espèce est commune à l’état sauvage en Angle- 
terre, et il est probable que les graines du commerce pro- 
viennent de ces lignées introduites depuis longtemps par 
MicHAUx ; DE VRIES l’a trouvée spontanée en Hollande sur 
les confins de la forêt d’Hilversum; depuis 1909, elle se 
multiplie à Bellevue (Seine-et-Oise), dans les pelouses, sans 
soins particuliers, et je viens d’en recevoir des échantillons 
récoltés dans la dune de Paris-Plage (Pas-de-Calais), par 
M. THUILLIER, en octobre 1921. 

La station sauvage américaine reste introuvable. 
Davis (34) a obtenu une plante très voisine sinon identique 
à Lamarckiana à la suite de croisements entre espèces améri- 


MUTANTES ET HYBRIDES XIX 


caines sauvages Ch. grandiflora Ait. et Œ. biennis L. I arrive 
précisément que certains de ces hybrides présentent la muta- 
bilité du Lamarckiana, et on pourrait supposer que Vhybri- 
dation en est la cause essentielle. DE VRies (33) répond que 
bon nombre d’espéces sauvages bien définies du genre 
Œnothera présentent, elles aussi, la mutabilité et que cette 
tendance est transmise dans les croisements interspécifiques. 
Davis n’a fourni aucune preuve que les espèces souches de 
ses expériences fussent dépourvues de cette qualité hérédi- 
taire ; tout indique le contraire. 

C’ et en effet une découverte essentielle des derniéres 
années que plusieurs des espèces d'Œnothères les mieux 
définies présentent la mutabilité avec les caractères de 
Lamarckiana. DE VRIES (35) en a donné des preuves pour la 
vulgaire Œ. biennis, si commune en Europe. En 1900, Ernst 
DE VriEs découvrit dans les dunes de Sandport, Hollande, 
un seul exemplaire d’'Œ. biennis avec pétales linéaires nommée 
depuis Œ. cruciata ; elle est stable et encore actuellement 
suivie ; en 1903, parmi 600 plantules cultivées, H. DE VRIES 
y découvrit une Gi. biennis nanella. Plus tard, Stomps (37) 
obtint la même brennis nanella du croisement cruciata x 
biennis et en plus une forme Œ. biennis semigigas. Enfin, d’un 
seul individu biennis, prélevé dans un lot fort homogène des 
dunes de Beverwyk, Hollande, i] obtint 900 individus nor- 
maux et 1 biennis nanella, 1 biennis semigigas et 4 individus 
biennis sulfurea à fleurs jaune pâle. Enfin GATES nomme une 
forme Gh. biennis lata par analogie avec la forme lata de 
Lamarckiana. 

Les mêmes résultats ont été obtenus avec l'Œ. suaveolens 
Desf., si commune à Samois (forêt de Fontainebleau). En 1912, 
des graines ont été prélevées par DE VRIES lui-même, que j’ac- 
compagnai à la station sur laquelle j'avais fait de nombreuses 
observations dix années auparavant. En 1916, pe Vries (39) 
avait obtenu six mutantes, après quatre générations de 
plantes isolées et dans les proportions habituelles de 
4 à 3 p. 100, à savoir Œ. suaveolens apetala, demi-race donnant 
des pourcentages variables de plantes à fleurs dépourvues de 
pétales ; Œ. s. lata, variation parallèle à Lamarckiana lata ; 


XX ACTUALITÉS BIOLOGIQUES — 


Œ,. s. sulfurea, variation parallèle à Lamarckiana lata; Œ.s. 
sulfurea, variation parallèle à Œ. biennis sulfurea et Œ. s. 
lutescens, variation parallèle à une mutation présentée par 
l'Œ. grandiflora Ait., plante sauvage de Alabama. 

Les plantes américaines produisent, en effet, des mutations 
identiques pour partie, différentes le plus souvent des muta- 
tions obtenues dans la descendance des espèces acclimatées 
en Europe depuis plusieurs siècles. Ainsi, d’une Œ, biennis 
Chicago, récoltée par DE VriEs, en 1904, sur les bords du 
Missouri, près de Courtney, on obtint deux mutantes à carac- 
téres nouveaux Œ. b. salicastrum à feuilles étroites et attei- 


onant Jusqu'à 3 mêtres de haut, très élancée mais peu rami- 


fiée, et Gf. salicifolia, très ramifiée au contraire dès la base, 
ne dépassant guère 1 métre et portant des feuilles presque 
linéaires, de petites fleurs dressées et de longs fruits minces. 
Davis (38), qui soutient que la mutabilité de l'Œ. Lamarc- 
kiana est le résultat d’hybridations méconnues, avoue cepen- 
dant que, parmi les Œnothères américains, il n’y a sans doute 
pas d’espéce linnéenne mieux définie que Œ. biennis, et cet 
avis pourrait être confirmé pour 1G. biennis d'Europe, qui 
n’a Jamais été considérée par quiconque comme une espèce 
douteuse ou critique. Ses études sur la mutabilité de l'Œ. bien- 
nis, où il constate lui aussi des mutations parallèles à celles 
de l'Œ. Lamarckiana, sont convaincantes ; il a des présomp- 
tions, mais non des preuves. 

On pourrait présenter de même les mutations parallèles 
ou nouvelles reconnues aux Etats-Unis par R. Gates (40) 
sur Œ. muricata, par BARTLETT (41), sur Œ. grandiflora et 
Œ. stenomeres. Copp et BARTLETT (42), étudiant une autre 
espèce sauvage américaine Œ. pratincola, attirent lattention 
sur un fait singulier: des lignées en apparence identiques, 
récoltées à l’état sauvage à Lexington en 1912, donnent 
naissance à des mutations très apparentes dès le jeune âge: 
les unes sont nummularia, dont les plantules ne portent que 
des feuilles orbiculaires plates, et les autres sont formosa, 
dont les plantules ont les feuilles roulées. La manière de se 
comporter des diverses lignées, tant au point de vue des 
mutantes elles-mêmes qu’au point de vue des formes qui 


MUTANTES ET HYBRIDES XXI 


dérivent de leur croisement, dépend essentiellement du point 
de départ. Autrement dit des plantes identiques à tous les 
points de vue se comportent très différemment en ce qui 
concerne leur constitution génétique. J’ai donné (39) un 
exemple analogue très frappant étudié sur la descendance 
du Geum intermedium, hybride stable réalisé artificiellement 


à partir d’espéce bien définies et très homogènes G. urbanum L. 


et G. rivale L. La grande homogénéité des caractères 
végétatifs n’est pas l’indice d’une constitution sexuelle et héré- 
ditaire homogène, comme j’ai pu m’en rendre compte depuis 
chez de nombreuses formes sauvages ou cultivées (Primula, 
Centaurea, Salvia, Triticum, Linum, etc.). 

BARTLETT explique les résultats de ses épreuves en faisant 
un timide appel aux théories de MorGax. Dans la ségrégation 
des caractères qui se produit au moment de la différenciation 
des éléments sexuels, les gamétes d’Œ. pratincola ne sont pas 
équivalents ; certaines mutations, qui se transmettent uni- 
quement par les éléments femelles, sont dues à des facteurs 
absents dans les éléments mâles. Il y aurait donc hétéroga- 
mélisme partiel. Dans la reconstitution des œufs à partir 
des gamétes non identiques, il resterait des résidus non équi- 
librés donnant naissance à des caractères ne suivant pas les 
règles de la ségrégation mendélienne. Nous allons en retrouver 
d’autres cas. 


Mutations en masse et stérilité. 


BARTLETT (43) a dénommé massmutation les cas où le 
changement brusque affecte simultanément un haut pour- 


centage d’une lignée supposée pure. Dans la majorité des 


cas, même dans le Drosophila étudié par MorGan, la mutation 
est toujours un phénomène rare, la proportion des individus 
aberrants dépassant peu 1 p. 100. Or, dans quelques lignées 
d’'Œnothères américains suivies par BARTLETT, les pourcen- 
tages sont très élevés et se rapprochent des proportions 
numériques prévues selon la ségrégation mendélienne. Ainsi 
CE. pratincola a donné quatre masses mutantes : formosa, 
albicans, revoluta, setacea. DE VRIES nota le même phénomène 


XXII ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


dans la descendance de certaines Œ. grandiflora Aït. (44), 
récoltées en 1912, en Alabama, qui donnèrent quelques rares 
mutantes lorea et gigas (2 à 4 p. 100) et une masse d’ochracea 
(15, 20 et 44 p. 100). Cette dernière mutation serait due, 
d’après DE VRIES, à une disjonction d’hybride selon le schéma 
mendélien, avec les conceptions de caractère lié au sexe et de 
l’activité de facteurs lethals. 

Imaginons Œ. grandiflora pur, débarrassé de ses mutations 
secondaires et, d’autre part, une mutation ochracea limitée 
à l’un des éléments sexuels; le produit de la fécondation, 
présumée monohybride, se résolvera à la seconde génération 
en trois groupes : l’un sera la mutation ochracea apparaissant 
dans la proportion voisine de 25 p. 100 ; la seconde sera une 
mutante hybride analogue à celle de la génération précédente 
et précisément du type de l'Œ. grandiflora rencontrée a l’état 
sauvage ; le troisième devrait être un grandiflora épuré et 
sans mutations ochracea. Or, jamais on ne rencontre ce der- 
nier type; sa formation est, selon la terminologie adoptée 
par MorGAN, annihilée par un facteur lethal agissant avant 
ou après les fusions nucléaires. Beaucoup d’exemples d’héré- 
dité liée au sexe s'expliquent sans difficultés avec cette der- 
niere hypothèse, qu’on doit admettre provisoirement. 

Le même mécanisme expliquerait, d’après DE VRIES (4), 
la fréquence des demi-races ou variétés eversporting qui sont 
les mutations les plus communes, comme je l’ai dit plus haut. 
Les lignées aberrantes de Mais stérile (DE Vriks), la fréquence 
des plantules albines et incapables de croître de Linaria 
vulgaris (25 p. 100), Papaver Rheeas (15 à 30 p. 100), Clarkia 
pulchella (9 à 13 p. 100), en sont d’autres cas où le lethal agit 
au cours de la vie végétative. J’ai observé des aberrations du 
même ordre dans les lignées de Maïs mutantes après trauma- 
tisme (4, p. 166), et, à différentes reprises, j'ai isolé des lignées 
dOrges (Hordeum distichum) qui fournissaient d'importants 
pourcentages de plantules albinos ou panachées, et cela pen- 
dant trois ou quatre générations successives. Les plantes 
auto-stériles (Tréfles, Salvia, Linaria vulgaris peloria), 
rentrent sans doute dans la même catégorie de faits. D’après 
cette hypothèse, les variétés instables pourraient être rat- 


bo tea) 
“e 


MUTANTES ET HYBRIDES XXIII 


tachées à des schéma mendéliens plus ou moins précis; les 


_ proportions numériques prévues seraient troublées ou rendues 


méconnaissables par la fréquence des mortalités, fréquence sans 
doute très sensible à l’action du milieu, puisque, en général, 
celui-ci modifie les proportions des anomalies partiellement 
héréditaires et leur intensité. 

Depuis que l’attention de DE VRIES a été attirée sur ce côté 
particulier de la mutation, il semble qu'il penche de plus en 
plus vers l'adhésion aux principes de l’École de Moraay. 
Dans un autre mémoire très documenté (46), qui d’ailleurs 
ne fournit pas de preuve décisive, DE VRIES insiste sur le 
très haut pourcentage des déchets à la germination de 
quelques espèces d'ŒEnothères, précisément chez celles dont 
il a étudié les mutations avec le plus de soin ; Gt. Lamarckiana 
donne rarement plus de 50 p. 100 de bonnes graines et 
Œ. suaveolens rarement plus de 30 p. 100, alors que, chez les 
autres espèces d’'Œnothères, 85 à 95 p. 100 évoluent en plan- 
tules. Chez ces dernières, d’ailleurs, la mutabilité restreinte 
est encore très sensible. Il y aurait donc lieu de distinguer 
désormais les mutations en masse et les mutations rares ; 
mais les traits de ces deux catégories de phénomènes ne se 
dégagent pas facilement les uns des autres. 


Hybrides mixtes. — Hybrides jumeaux et demi-mutantes. 


La recherche de lignées pures, qui a échoué avec les plantes 
sauvages, et même avec les dérivées des masses mutantes 
qui devraient être des récessifs purs, a conduit DE VRIES à 
faire de nombreuses hypothèses qui se superposent sans 
fournir l'explication correcte du phénomène. !] semble que 
les phénomènes héréditaires des (Œnothères peuvent se 
classer dans tous les modes d’hérédité connus (6). 

En fait, DE Vries a obtenu des hybrides tout à fait stables, 
sans disjonctions ultérieures, du type du Geum intermedium 
ou de l’Ægilops speltæformis (6, hérédité mixte), en croisant 
entre elles des espèces divergentes et distinguées par LINNE, 
telles que Œ. muricata x Œ. biennis, ou Œ. Sellowit x Œ. bien- 
nis, ou Œ. muricata x Gt. Lamarckiana. Pour ces deux der- 


XXIV ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


niers exemples, les hybrides figurés et leurs réciproques sont 
identiques. Il n’en est pas de même pour le premier. 

A la vérité, à un examen superficiel, Œ. muricata x CE. bien- 
nis se classe bien près de Œ. biennis x Œ. muricata, les formes 
étant intermédiaires entre les deux parents ; elles offrent une 
analogie de traits qui force a les réunir, mais un examen 
attentif montre que la première ressemble plus a biennis 
qu'à muricata par ses larges feuilles et ses fleurs grosses, que 
la seconde par ses feuilles étroites et ses petites feuilles est 
plus voisine de muricata ; autrement dit, ’hybride mixte est 
double et ressemble davantage au pére; la combinaison 
ordinaire et la réciproque donnent donc des familles stables, 
mais distinctes. 

Les twins-hybrids (48) ou les zwillingsbastarde (32) sont 
des formes stables elles aussi, obtenues par des croisements 
entre espèces définies et assez divergentes, mais qui four- 
nissent deux types au lieu d’un seul. Le croisement Œ. Lamarc- 
kiana x Œ. biennis donne un type unique dont la stabilité fut 
vérifiée jusqu’à la quatrième génération ; mais le croisement 
Œ. biennis x Œ. Lamarckiana donne deux types assez diffé- 
rents du précédent et entre eux. De même Œ. Lamarckiana x 
muricata existe, mais si peu fertile qu’on ne peut en suivre 
la descendance ; par contre, Œ. muricata x Lamarckiana 
est fertile et donne deux types intermédiaires entre les parents 
et stables. L’une des formes est, dans la plupart des cas, à 
feuilles larges, plates, d’un vert clair et à fleurs grandes ; par 
analogie avec la mutante du Lamarckiana, DE VriEs l'appelle 
f. leta; l’autre, à feuilles étroites, plus ou moins ondulées, 
d’un vert grisâtre et plus ou moins velues, à fleurs petites, est 
désignée f. velutina. Or, ces deux formes apparaissent simul- 
tanément, en proportions équivalentes, dans un grand nombre 
de croisements (Zt. biennis x Ch. brevistylis, Œ. biennis x 
rubrinervis, ZZ. muricata X nanella, etc.). D’ou l'importance 
accordée dans les exposés aux hybrides jumeaux. 

La combinaison muricaia x Lamarckiana au cours de 
cinq expériences a donné 50, 66, 61, 47, 38 f. læta, en moyenne 
50 p. 100 et, en général, les formes peuvent être distinguées 
par un ceil exercé à l’état de rosette. DE VRIES recommande 


MUTANTES ET HYBRIDES XXV 


cependant de pousser la culture des hybrides jumeaux jusqu’à 
l’état adulte, car il arrive que 2 à 3 p. 100 des plantules dé- 
sionées comme /æta donnent des petites fleurs, que 2 ou 
3 p. 100 de plantules velutina donnent de grandes fleurs (1). 

Quoi qu'il en soit, les hybrides jumeaux sont des formations 
fréquentes, reconnues dans presque toutes les combinaisons 
hybrides entre espèces d'Œnothères. Leur étude a conduit 
DE VRIES (49) à l'isolement d’une mutante simplex qui paraît 
devoir jouer dans l’avenir un rôle important. Apparue en 1906, 
dans la descendance de Lamarckiana pur, elle présente la 
plus grande analogie avec la forme velutina, mais en diffère 
par sa grande fécondité. Alors que toutes ou presque toutes 
les graines de velutina avortent, que Lamarckiana ne donne 
que 50 p. 100 de bonnes graines, simplex donne presque exclu- 
sivement des graines de bonne qualité. Au point de vue des 
caractères végétatifs et surtout des feuilles, les trois formes 
sont aussi étroitement alliées et sériées dans le même ordre ; 
velutina à feuilles étroites d’un vert rougeâtre et simplex à 
feuilles larges d’un vert clair sont les extrêmes d’une série 
dont Lamarckiana formerait le type moyen. De plus, les 
croisements (i. simplex x CH. velutina et Œ. velutina x Œ. sim- 
plex fournissent des lignées de plantes presque identiques a 
Lamarckiana, sauf en ce qui concerne les ondulations des 
feuilles et aussi la haute fécondité, car les hybrides, de même 
que 4. simplex, donnent plus de 90 p. 100 de bonnes graines. 
D'où la conception nouvelle de pE VRIES relative à l’origine 
de l'Œ. Lamarckiana. 

Imaginons un Lamarckiana dépourvu, par mutation, des 
gametes (portant le facteur lethal) du type velutina; on 
obtient ainsi une forme qui ne donne pas d’hybrides jumeaux 

(1) Les formes jumelles sont presque toujours auto-stériles. Dans le croisement 
muricata X Lamarckiana de 1901, tous les leta furent entièrement stériles ; 
les velutina ont été très peu fertiles, maintenues difficilement durant quatre 
générations avec autofécondation ; mais les plantes observées portaient toutes 
les traits velutina. Cette faible fécondité a été observée dans mes croisements 
de Blés très divergents (Triticum monococum X durum), et le type que j’ai 
obtenu (6, p. 188) a repris sa fertilité première en conservant les caractères 
accusés de durum. J’ai noté que la stérilité était en rapport avec la persistance 
marquée de caractères juvéniles, de collenchyme dans les tiges adultes ; c’est 


sans doute cette persistance de l’état juvénile qui est regardée comme un des 
facteurs lethal dans les conceptions de pe VRiEs et de MoRGaAN. 


XXVI ACTUALITES BIOLOGIQUES 


et qui se reproduit identique à elle-même, c’est-à-dire un 
groupe de plantes qui a toutes les propriétés et caractéristiques 
de l'Œ. simplex. Désormais GZ. simplex sera donc en quelque 
sorte le Lamarckiana épuré sur lequel on cherchera l’origine 
et la cause des mutations peu nombreuses, car il en donne 
exactement comme le Lamarckiana. En raison de sa haute 
fertilité, les pourcentages obtenus dans les disjonetions seront 
plus corrects, et par suite les lois numériques mendéliennes 
pourront mieux se dégager, si toutefois elles s'appliquent. 

Le comportement des hybrides jumeaux a conduit RENNER 
(50) à une conception plus simple, qui toutefois, d’après 
DE VRIES, ne paraît pas justifiée par les faits. Cet auteur a 
étudié avec méthode la formation et les causes d’avortement 
des embryons dans les graines des Gi. Lamarckiana; sur 
66 embryons étudiés, 25 étaient bien formés, 21 étaient petits 
et ronds, 20 étaient avortés. S'appuyant, d’autre part, sur les 
qualités exceptionnelles des lignées stériles ou presque, 
f. læta et f. velutina, il fait le raisonnement suivant : en sup- 
posant ces deux dernières formes viables et isolées, le croise- 
ment f. læta x f. velutina donnerait en première génération 
Lamarckiana se comportant comme monohybride et en 
seconde génération 25 p. 100 lxeta x læta, 50 leita x velu- 
tina et 25 velutina x velutina ; les deux types purs ne donnent 
que des graines vides, tandis que l’hybride mixte persistant 
seul paraitrait un Œ. Lamarckiana stable. 

Mais DE VRIES (46) s’est assuré que l’étude de RENNER 
n’était pas probante ; les graines à embryons petits et ronds 
sont d’autant plus abondantes que les conditions de crois- 
sance des fruits sont plus favorables. Les nombreux prélé- 
vements et essais de graines donnent bien une moyenne de 
50 p. 100 de graines incapables de germer, tant chez Œ. Lamarc- 
kiana que chez Œ. suaveolens ; de plus, dans les croisements 
avec les deux espèces, la forte mortalité se comporte comme 
un caractère récessif, tandis que le croisement Lamarckiana X 
suaveolens élève le pourcentage des bonnes graines au taux 
normal, c’est-à-dire à 80-95 p. 100. Parmi les mutantes, 
certaines (lata, scintillans) se comportent comme Lamarckiana, 
d’autres (gigas, rubrinervis), comme les types anciens d’Cino- 


MUTANTES ET HYBRIDES XXVII 


théres. Enfin l’objection la plus grave à la conception de 
RENNER, c’est qu’il fait dériver Lamarckiana du croisement 
de deux types purs, incapables d'exister comme tels. 

La découverte d’une demi-mutante Œ. rubrinervis (51), 
qui serait d'après DE VRIES le résultat de la fusion d’un 
gaméte mutant avec un gaméte normal velutina d'Œ. Lamarc- 
kiana, a provoqué une conception nouvelle, qui est décalquée 
en quelque sorte sur la théorie de T.-H. MorGan. En fait, 
Œ. rubrinervis autofécondé donne un quart de graines vides, 
un quart d'individus deserens, très voisin de rubrinervis, mais 
à bractées et à fleurs plus larges et tout à fait fertiles, enfin 
50 p. 100 d'individus rubrinervis. L'hypothèse a été con- 
trôlée par le croisement de la forme deserens avec les muta- 
tions velutina. En dehors de la mutation en masse deserens, 
Œ. rubrinervis ne donne guère d’autres mutantes. 

D'où l’hypothèse donnée en janvier 1919, concernant la 
nature de la mutabilité de l'Œnothera Lamarckiana (51, p. 2). 
L'espèce en question produit à chaque génération deux 
sortes de gametes déterminant une mutabilité secondaire 
en velutina. Ces velutina sont liées & un facteur lethal qui les 
tue à l’état de jeunes embryons. La mutation en masse 
deserens de la mutante ordinaire rubrinervis se comporte 
au point de vue de la perte du lethal velutina comme l'Œ. stm- 
plex se comporte vis-à-vis d'Œ. Lamarckiana. 


ConcLusions. — Les mutations vraies (variations brusques 
avec pourcentages très faibles, 0,1 à 2 p. 100) de l'Œnothera 
Lamarckiana se retrouvent chez la plupart des autres espèces 
sauvages d'Œnothères, soit aux Etats-Unis dans leurs sta- 
tions naturelles, soit en Europe, où elles ont été introduites 
depuis deux à trois siècles et où elles sont multipliées et 
naturalisées sans changement apparent considérable. Dans 
ces conditions, et en raison du fait que les croisements de 
lignées mutantes avec des lignées fixes donnent des lignées 
mutantes, il y a des chances de croire que la mutabilité 
proprement dite est antérieure à la différenciation des espèces 
Œ. Lamarckiana, Œ. biennis, Œ.suaveolens, Œ. grandiflora, ete. 

L'étude des croisements des mutantes avec les espèces 


XXVIII ACTUALITES BIOLOGIQUES 


origines, et aussi des espèces anciennement différenciées 
entre elles ou avec leurs mutantes, fait reconnaître un nou- 
veau mode de mutabilité ou mutation en masse qui s’interprète 
commodément selon le schéma des disjonctions mendéliennes. 

Mais, pour fournir une explication satisfaisante des nom- 
breux cas offerts, les conventions de MENDEL ne suffisent pas ; 
il faut adopter pour partie les conceptions et le langage con- 
ventionnels de T.-H. Morcax relatifs, d’une part, à la liaison 
des caractères entre eux et à la liaison de certains caractères 
au sexe, d’autre part et pour ainsi dire par voie de consé- 
quence, imaginer des facteurs lethals agissant de façons diffé- 
rentes dans les divers cas particuliers envisagés. 

Un gros effort a été fait pour épurer, en quelque sorte, les 
formes encombrées de lethals pour en obtenir des types plus 
uniformes. Ainsi la lignée Œ. Lamarckiana mut. simplex est un 
Œ. Lamarckiana épuré, à caractères mieux définis et plus 
accusés ; de même Œ. rubrinervis mut. deserens est un CE. 
rubrinervis épuré. Les types épurés sont autofertiles et leurs 
graines presque complètement fécondes ; les types non épurés 
sont stériles pour partie, suivant des proportions qui suivent 
les lois numériques de MENDEL dans leurs grands traits. 

Mais il arrive que le milieu ambiant active, ou réduit 
fortement les mortalités, si bien qu’à l’aide de cet artifice 
tous les faits peuvent être commodément expliqués. En défi- 
nitive, les lois numériques de MENDEL ne seraient plus qu'un 
cadre commode fournissant des abréviations de langage 
pratiques pour l'exposé des résultats; mais les individus 
mêmes ne seraient jamais l'expression de la nature réelle des 
entités spécifiques ; l'influence du milieu s’y ferait fréquem- 
ment sentir. Par cette explication, la notion même de mutation 
ou de variation brusque des qualités héréditaires perd une 
grande partie son originalité et ne s'oppose plus, comme 
je Vai fait au début de cet article, aux variations continues 
et réversibles. J'aime mieux croire pour le moment que 
Drosophila ampelophila et Œnothera Lamarckiana, lignées à 
demi stériles, sont des exemples mal choisis pour l’étude 
des lois de la mutabilité. | 

Dans une prochaine revue, j’examinerai les recherches 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE XXIX 


très importantes concernant la mutation et la sexualité, 
relatives à la distinction, à l’individualité des chromosomes 
et de leurs éléments ou gènes. Il est indispensable de les 


A 


connaître pour apprécier à leur juste valeur les multiples 
travaux relatifs à l’origine brusque des espèces. 


L. BLARINGHEM. 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


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Sichtbarwerden der Mendelschen Spaltung im Pollen von Œnothera 


Bastarden (Ber. deut. bot. Ges., 1919, Bd. XX XVII). 


. Vries (H. dE), Œnothera rubrinervis, a half mutant. (Bot. Gazette, 1919, 


CNE). 


\ 


IL 


SEXUALITÉ EXPÉRIMENTALE 
DES BASIDIOMYCÈTES 


Les recherches sur le cycle évolutif et la sexualité chez les 
Basidiomycètes ont été poursuivies par Mle Bensaude, au 
Laboratoire de Botanique de l'École normale supérieure, 
sous la direction attentive de notre regretté maître, le pro- 
fesseur L. Matruchot. La pensée qui avait guidé l’éminent 
professeur en conseillant à son élève le choix de ce sujet, 
l'importance des résultats cbtenus malgré les difficultés que 
présentait une étude souvent abordée déjà, en font une 


œuvre qui prend rang parmi les travaux biologiques les plus 


marquants de ces dernières années. M. Matruchot devait 


en exposer à cette place les points essentiels : faits nouveaux 


désormais acquis à la science, clartés jetées sur d’autres faits 
connus, mais demeurés jusqu'alors énigmatiques ou contra- 
dictoires. C’est le sentiment de profonde gratitude que 
j'éprouve à son égard qui m’encourage à tenter de me faire 
ici l'interprète de sa pensée (1). 

La première partie du travail est consacrée à une étude 


morphologique et cytologique des diverses sortes de mycé-: 


lium présentées en culture pure par le Coprinus fimetarius L. 
(qui constitue le principal matériel) et deux autres Agari- 
cinées dont le mycélium adulte porte également les anses 
d’anastomose si fréquentes chez les Basidiomycetes. 

La germination de la spore donne naissance au mycélium 
primaire, constitué par un thalle filamenteux irrégulier, 


(1) La mort qui vient d’enlever si brutalement Matruchot à la science Pa 


empêché de rédiger cet article, qu’il avait promis aux Annales. M. Plantefol, 


son élève, a bien voulu se charger d’exposer les idées de son maitre qu’il con- 
naissait très bien: (Note de la Direction.) 


SEXUALITÉ EXPERIMENTALE DES BASIDIOMYCÈTES xXXXIII 


où le noyau unique de la spore se divise un certain nombre de 
fois. Des cloisons séparent bientôt ce thalle en articles : tantôt 
ce sont des cloisons à épaississements basidophiles qui se 
produisent à la suite de mitoses, tantôt de fausses cloisons 
qui ne sont que des épaississements centripétes de la mem- 
brane cellulaire, et qu’on rencontre surtout dans les régions 
vieillies. Le thalle, d’abord continu, devient subcontinu, 
apocytique, c’est-a-dire a articles plurinucléés. Aucune des 
cloisons de ce mycélium ne présente d’anses d’anastomose. 
On assiste à un bouturage du thalle par des propagules nom- 
mées oïdies, formées sur des branches courtes du mycélium, 
s’isolant en cellules uninucléées et susceptibles, pendant un 
temps d’ailleurs court, de germer en poussant un tube mycé- 
lien et de se fusionner avec les cellules voisines, au même 
titre que toutes les cellules du thalle, où les anastomoses sont 
fréquentes. 

On voit bientôt paraître dans la culture, à la suite de ce 
mycélium primaire, un mycélium secondaire très différent 
d'aspect : le fait morphologique essentiel, c’est la présence 
d’une anse anastomotique accompagnant chaque cloison. 
La cytologie en est plus différentielle encore : chaque cellule 
présente deux noyaux. Le mycélium primaire montrait 
quelques cellules binucléées, mais d’une façon indifférente, 
au milieu de cellules à un ou plusieurs noyaux. Ici, rigoureu- 
sement, toutes les cellules sont binucléées. 

Enfin l’étude de la dynamique cytologique de ce mycélium 
secondaire apporte des faits nouveaux et fort suggestifs, 
La division cellulaire normale s’y fait par la formation de 
cloison avec anse anastomotique. C’est vers le milieu des 
cellules terminales des hyphes, points de croissance des 
filaments jeunes, que s observe le phénomène (fig. 1). Les 
noyaux, encore au repos, s y trouvent généralement dans le 
voisinage l’un de l’autre. La division cellulaire s’annonce par 
la formation sur le flanc de la cellule d’un petit bourgeon 
recourbé vers l'arrière, l’un des noyaux (que nous appel- 
lerons a) s’y engage, tandis que l’autre (b) demeure au centre 
du filament, au voisinage de a. Puis tous deux se divisent, a 


ans le bourgeon, 6 dans la cellule. Les phases de la division 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 40e séric. ee le ithe 


XXXIV ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


de chaque noyau vérifient les données classiques sur la 
division mitotique ; la destinée des quatre noyaux fils 
constituait, au contraire, une étude absolument neuve. Le 
fuseau mitotique de b s’allonge suivant l’axe même de 
Vhyphe; les deux noyaux fils b, et 6,, qui se reconstituent 
en s éloignant l’un de l’autre, se trouvent dans l’hyphe, b, à 
sa partie proximale, b, à sa partie distale. Le fuseau mitotique 
de a que nous avons vu pénétrer dans le bourgeon s’étend 
forcément un peu obliquement par rapport au fuseau de b; 
l’un de ses noyaux fils (a) pénètre jusqu'à l’extrémité 
du bec du bourgeon qui se recourbe en crochet vers la 
partie proximale de l’hyphe, tandis que le second noyau 
fils (a) rentre dans l’intérieur de Vhyphe, se déplaçant 
vers sa partie distale. En même temps à peu près, apparaît 
une cloison dans la région équatoriale de chaque fuseau, de 
sorte qu'un moment la cellule en division se trouve partagée 
en trois : une cellule distale contenant deux noyaux fils 
(a, 6,) d’origine différente; une cellule proximale avec b, 
pour noyau; une petite cellule constituée par le bourgeon 
et contenant le noyau a,. Puis la croissance du bourgeon 


en amène le bec recourbé à se fusionner avec la cellule proxi- 


male où pénètre le noyau a,. Il ne reste donc plus que deux 
cellules également binucléées ; l’anse qui persiste n’est que le 
témoignage du chemin suivi par le noyau a,; la cloison qui 
l'a séparée de la cellule distale, presqu’a la base du bourgeon 
primitif, témoigne du point où s’est placé l'équateur du fuseau 
dy, de même que la cloison principale pour le fuseau b, b.. 
Ainsi comprend-on parfaitement les caractères morpholo- 
giques et cytologiques du mycélium secondaire : présence 
d’anses d’anastomose aux cloisons et cellules binucléées. 
Ainsi la division cellulaire est caractérisée par l'existence 
d’une mitose conjuguée de deux noyaux intimement liés 
entre eux. Il y a là analogie parfaite, avec les mitoses conju- 
ouées des Urédinées d’abord, avec celles décrites par Maire 
dans ses recherches cytologiques sur les Autobasidiomycètes 
ensuite. Les deux noyaux d’une même cellule sont des noyaux 
conjugués ; leur ensemble constitue un dicaryon, ce terme 
impliquant division simultanée et parallèle de ses deux 


SEXUALITÉ EXPÉRIMENTALE DES BASIDIOMYCÈTES XXXV 


éléments. Mais une particularité nouvelle se trouve ajoutée 
au fait général par suite de la formation et du rôle spécial 
de l’anse anastomotique. D'ailleurs, la présence de celle-ci, 
constante au début du mycélium secondaire, cesse sur le 
tard d'en être une caractéristique ; les anses d’anastomose 
ne se forment plus ; on en revient à la division conjuguée 
définie précédemment par Maire. D’autre part, l’analogie 


4 


1 g 3 


6 


Fig. 1. — Figure schématique représentant les phases de la division conjuguée et mon- 
trant le rôle que joue l’anse d’anastomose dans cette division (d’après Mile Bensaude). 


entre le phénomène cytologique qui vient d’être étudié et la 
division conjuguée dans l’hyphe ascogène de Pyronema 
confluens décrite par Claussen est d’autant plus frappante 
que le caractère morphologique fourni par l’anse anastomo- 
tique peut être retrouvé la aussi par un esprit averti (fig. 2). 
Il sera intéressant de comparer dans le cycle de ces deux 
Champignons les moments où se produit ce singulier phé- 
nomène (1). 


(1) Lors de l’apparition du travail de MUe Bensaude, une partie des faits 
que nous venons de résumer avaient fait l’objet d’une étude dont les résultats 
furent identiques, notamment en ce qui concerne la mitose conjuguée et le 
rôle des anses d’anastomose. Paru en 1915 seulement, dans les Zeitschrift für 
Botanik (p. 369), le travail de Kniep était ignoré en 1917 de M!!¢ Bensaude et de 
notre maitre, M. Matruchot, les ouvrages et périodiques allemands ne parve- 
nant pas à cette date à la bibliothèque de l’École Normale. Il y a donc là plus. 
qu’une simple confirmation de faits déjà observés, et l’intérêt est grand de: 


XXXVI __ ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


Mais les résultats acquis dès maintenant sont mis en relief 
par les hypothèses qu'ils suggèrent et qui nous conduisent 
à une seconde partie du travail où l’auteur s’élève des données 
purement cytologiques aux idées sur l’alternance des géné- 
rations et sur la sexualité et institue dans ce domaine une 
expérimentation fécorde. 

C’est des travaux d’Hofmeister que datent les premières 
notions sur l'alternance des générations chez les végétaux, 
chacun comprenant dans son évolution deux tronçons suc- 
cessifs tout à fait différents dans leur forme, leur structure et 
leur développement : l’un, le gamétophyte, issu de la spore et 
produisant des gamétes dont la fusion donne un œuf, l’autre, 
le sporophyte issu de l’œuf et produisant des spores identiques 
à celle où le cycle a son point de départ. Deux temps sont 
particulièrement importants et limitent les deux tronçons : 
la fécondation caractérisée par la fusion des gamètes, et la 
formation des spores. Une part des efforts des botanistes, 
dans ces cinquante dernières années, a été de rechercher 
dans les divers groupes du règne végétal les variations de 
ce schéma. 

Pour les Basidiomycétes, les organes sexuels devaient 
être non sur le chapeau (sporophyte, puisque producteur des 
spores), mais à l’origine de celui-ci. Van Tieghem, en 1875, 
croit trouver des organes mâles et femelles sur les thalles 
nés de spores de Coprinus. Leur fécondation donnerait nais- 
sance au chapeau sporifère. Revenant sur son interprétation, 
Van Tieghem s'efforce ensuite de démontrer que les Basi- 
diomycétes, comme d’ailleurs tous les Champignons supé- 
rieurs, ne présentent aucune trace de sexualité. Ce mot 
implique alors l’existence d'organes sexuels morphologiques 
différenciés du reste du végétal, et généralement aussi 


voir deux chercheurs parvenir, indépendamment l’un de l’autre, à propos 
d'espèces et de genres différents, à une même découverte. Son caractère de 
généralité en est d’autant moins discutable. 

On aura l’occasion de voir, dans la suite de cette analyse, quelle part d’ori- 
ginalité comportait par ailleurs le travail de Mlle Bensaude. Elle s’est trouvée 
en avance sur Kniep dans la partie expérimentale de ses recherches. On verra 
avec quelle clarté y sont élucidés les faits relatifs à la sexualité des Basidio- 
mycètes. Ils constituent d’ailleurs la partie la plus suggestive de ces remar- 
quables recherches. 


SEXUALITÉ EXPÉRIMENTALE DES BASIDIOMYCÈTES XXXVII 


s’opposant entre eux par des caractères sexuels plus ou moins 
apparents. Mais les progrès de la cytologie fournissent des 
méthodes nouvelles : la fécondation se caractérise surtout 
par les phénomènes de fusion des gamétes, la formation des 
spores par ceux de la réduction chromatique. Pour les divers 
groupes de Basidiomycétes, ce sont d’abord les faits relatifs | 
à la formation des spores au sein de la baside que la cytologie 
met en lumière. Du côté de la fécondation, les faits semblent 
a priori, très simples, et la fusion nucléaire qui se produit à 
l'origine de la baside peut paraître longtemps satisfaire à sa 


4) 
À g 3 
Fig. 2. — Figure schématique montrant les phases de la division conjuguée précédant 


la fusion caryogamique dans. l’hyphe ascogène de Pyronema confluens. Elle met en 
évidence la similitude des divers stades de cette division avec les stades 1, 3 et 4 de 
la figure 1, et l’analogie que présentent dans leur rôle le bec de ’hyphe ascogène chez 
Pyronema confluens, et l’anse anastomotique des hyphes végétatives secondaires chez 
Coprinus fimetarius (figure schématique d’après Claussen). 


définition : le tronçon sporophytique se limite aux deux 
divisions qui succèdent à cette fusion et qui aboutissent à la 
production de quatre basidiospores. 

Cependant la notion de fécondation se complique : sa défi- 
nition logique avait semblé : fusion des deux gamètes, proto- 
plasme à protoplasme et noyau à noyau. Déduire qu’elle a 
été réalisée de ce que l’on a constaté la fusion de deux noyaux, 
c’est seulement négliger ce qui se passe du côté des proto- 
plasmes, à peine différenciables cytologiquement. Mais on 
sait que, dans le règne animal, chez les Copépodes, la fécon- 
dation se produit sans fusion des noyaux des gamétes qui 
se rapprochent seulement; pendant de longues séries de 


divisions, dans l’embryon, les noyaux mâles et femelles 


XXXVIII ACTUALITES BIOLOGIQUES 


restent côte à côte, distincts. Fécondation n'implique donc 
pointcaryogamie. Dans le règne végétal, les faits peuvent être 
analogues : les deux noyaux qui se fusionnent au cours du 


développement de la baside sont comparables a ceux des 


cellules somatiques des embryons de Copépodes, où la fusion 
nucléaire ne se réalise qu’aprés de nombreuses divisions 
parallèles des noyaux rapprochés par la fécondation. I faut 
donc, comme dans ce cas, rechercher avant la caryogamie 
le moment où se produit la fécondation, c’est-à-dire où se 
forme par plasmogamie la première cellule binucléée. 

Dans le groupe des Urédinées, où les progrès des recherches 
sur les Basidiomycétes sont le plus rapides, on distingue ainsi 
une longue phase sporophytique, où les noyaux sont associés 
en dicaryons. Chez le Puccinia graminis, au début de la for- 
mation des écidies, il y a fécondation par fusion de deux 
cellules végétatives, sans aucune différenciation sexuelle. 
Les deux noyaux de la cellule-œuf demeurent côte à côte, 
constituant un dicaryon. La séparation de leurs deux lignées 
persiste Jusqu'au moment où les phénomènes de la méiose, 
précédant la formation des spores, s’accompagnent d’une 
fusion intime des deux noyaux. 

Pour les Autobasidiomycétes, on connaissait bien, lors des 
recherches de Mlle Bensaude, l'existence d’un tronçon bmu- 
cléé analogue au tronçon sporophytique des Urédinées, et 
celle d’un tronçon uninucléé ou plutôt apocytique, issu de la 
germination de la spore. Le passage de celui-ci à celui-là 
n'était pas suffisamment connu, malgré les recherches anté- 
rieures. Les hyphes secondaires naissent dans l’enchevêtre- 
ment du mycélium primaire ; voir directement où et comment 
était à peu près impossible. Mais les caractères morpholo- 
giques et cytologiques lui servant de guides, Mile Bensaude 
put vérifier que l’apparition des dicaryons et celle des anses 
sont toujours deux phénomènes concomitants. Restait 
à voir si, comme Maire l’avait prétendu, les deux noyaux 
du premier dicaryon provenaient bien, par division, d’un seul 
noyau du tronçon primaire. 

Des cultures faites à partir d’une seule spore amenèrent 
Mlle Bensaude à constater la stérilité indéfinie d’un mycélium 


SEXUALITÉ EXPERIMENTALE DES BASIDIOMYCETES XXXIX 


primaire isolé : il garde ses caractères morphologiques et 
-cytologiques et ne produit point de chapeaux sporiféres. Les 
thalles sont généralement polyspermes, puisque nous avons 
vu sanastomoser fréquemment les hyphes issues de spores 
voisines. Étudiant attentivement les thalles monospermes, 
Mie Bensaude distingue par des caractères morphologiques 
différents deux sortes de mycéliums primaires (+ et @). L’un 
surtout (8), produit des oïdies très abondantes. Enfin une 
culture mixte des deux thalles montre dans la zone où ils se 
rejoignent l'apparition de longues hyphes de mycélium 
secondaire : elles naissent chacune de l’anastomose de deux 
filaments appartenant nécessairement l’un au thalle «, l’autre 
au thalle @; les dicaryons apparaissent à la suite d’une 
plasmogamie entre une cellule du thalle £ et une cellnle du 
thalle «; le cycle des Autobasidiomycètes est conforme à 
celui des Urédinées ; la fécondation y apparaît comme la 
fusion des protoplasmes de deux cellules végétatives, accom- 
pagnée d’un simple rapprochement des noyaux. Il y a, par 
rapport a la fécondation des Phanérogames, par exemple, 
. retard de la caryogamie, quise produit seulement immédiate- 
ment avant la méiose. Est-ce à dire, d’ailleurs, quele processus 
de la fécondation et l’évolution cytologique y soient fonciére- 
ment différents? Ne pourrait-on trouver l’équivalent de ce 
retard de la caryogamie dans les nombreux faits qui, parlant 
en faveur de l’individualité des chromosomes, tendent a 
établir l’autonomie persistante des substances nucléaires 
. paternelle et maternelle jusqu’à une fusion complète des 
chromatines, réalisée au moment de la méiose seulement? 

La fécondation se produit donc par fusion de cellules 
végétatives sans aucune différenciation sexuelle. Tel est 
encore le cas, lorsque ce ne sont point deux hyphes de thalle 
‘différents qui s’anastomosent, mais bien une oïdie d’un thalle 
qui vient à germer près d’une hyphe appartenant à un thalles 
complémentaire et à s’anastomoser avec elle. Étant donné 
le caractère végétatif des oïdies, il y a la encore pseudogamie, 
pour employer la terminologie de Hartmann. Cette notion 
_ particulière de la fécondation prend d’ailleurs toute sa valeur 
lorsqu'on oppose les phénomènes cytologiques qui accom- 


XL ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


pagnent l’anastomose de deux cellules de thalles complémen- 
taires (c’est-à-dire la fécondation) à ceux qui se produisent 
lors d’anastomoses entre deux filaments de thalles de même 
signe. Dans ce cas, les noyaux réunis ne persistent pas tous; 
s’agit-1l d’anastomoses entre deux filaments du mycélium 
secondaire, l’article anastomotique ne comporte bientôt 


plus quatre noyaux ; il semble que la matière nucléaire de deux - 


d’entre eux soit en quelque sorte digérée et que le thalle 


rétablisse sa forme normale, puisqu'il ne renferme plus qu’un _ 


dicaryon. 

Il y a donc, chez le Coprinus fimetarius, des thalles primaires 
de deux sortes, complémentaires. C’est la première fois que 
l'hétérothallie est signalée chez les Basidiomycétes. Elle 
n’y est d’ailleurs point générale, puisque Brefeld a obtenu 
la fructification de certaines espèces de ce même genre 
Coprinus à partir de cultures monospermes. La spécialisation 
sexuelle est donc plus ou moins précoce chez les Basidiomy- 
cétes. Ici elle existe dès la spore, et déjà, pendant ses premiers 
stades, le jeune thalle montre des caractéres sexuels secon- 
daires. Remarquons, d’ailleurs, l’espèce de compensation qui 
se trouve réalisée entre la précocité de la spécialisation 
sexuelle et l’aptitude a la fécondation qui semble dévolue à 
toute cellule du mycélium primaire. 

On voit assez les mérités du travail de Mie Bensaude : 
il met de l’ordre dans des faits précédemment connus; 1 
établit des faits nouveaux : en le lisant, on éprouve une satis- 
faction intellectuelle à sentir les choses sortir de la confusion 
pour devenir claires et simples. Les idées y foisonnent : ce 
sont des analogies établies entre des groupes divers, Basi- 
 diomycètes et Ascomycétes, Champignons et Végétaux supé- 
rieurs ; ce sont des suggestions sur maintes questions de la 
biologie. C’est donc l’œuvre d’un esprit éminemment scien- 
tifique, formé un peu à l’image de celui du maître que nous 
venons de perdre et pour qui, dans la science, l'Unité possédait 
un tel attrait. 

PLANTEFOL. 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE XLI 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


Mie M. Bensaupe, Recherches sur le cycle évolutif et la sexualité chez les 
Basidiomycètes, Nemours, 1918. 


(Nota. — Il reste encore quelques exemplaires de la thèse de Mle Bensaude. 
La vente en est confiée à la librairie Lhomme.) : 


Kniep, Beiträge zur Kenntniss der Hymenomyceten (Zeitschrift f. Bot., Bd. V, 
1913 : Rel Aoi NIT 1916 1X, 1947). 

= Ueber morphologische und physiologische Geschlichtsdifferenzierungen 
(Untersuchungen an Re RE en) (Verh. d. Physikal. med. Gesellschaft 
zu Wurzburg, 1919, p.18). | 

_— Urocystis Anemones (Zeitschrift f. Bot., Bd. XIII, 1921, p. 290). 


Hirmer (Max.), Zur Kenntniss der Vielkernigkeit der Autobasidiomyceten 
(Zeitschrift f. Bot., Ed. XII, 1920, p. 657). 


TIT 


LA © FLAGELLOSE ”’ 
OU “LEPTOMONIASE’” DES EUPHORBES 
ET DES ASCLÉPIADACÉES 


1. Historique. — Lorsque le médecin major des troupes 
coloniales A. LAFONT, alors directeur du Laboratoire de micro- 
biologie de l’île Maurice, annonça, en 1909, qu'il avait, 
avec le concours de son «attendant » Davin, trouvé un orga- 
nisme de la classe des Flagellés et voisin des Trypanosomes, 
qu'il nomma Leptomonas Davidi, dans le latex d’Euphorbes, 
cette découverte fit de suite sensation dans le monde des 
protistologistes et des pathologistes tropicaux. On ne con- 
naissait alors les Trypanosomides que comme parasites 
. d'animaux, capables de déterminer, par leurs représentants 
les plus élevés, les Trypanosoma, des maladies redoutables 
des Mammifères et de l'Homme. Leur parasitisme et leur 
action pathogène chez les plantes étaient done imprévus. 
L’éminent directeur de ces Annales a jugé que l’attention 
des botanistes devait être appelée sur ces infections et a bien 
voulu me demander de résumer à leur intention l’état actuel 
de nos connaissances. 

La découverte de Laront fut vite confirmée en de nom- 
breux points du globe, et déja, en 1912, nous pouvions, 
M..LAvVERAN et moi, dans la seconde édition de notre Traité 
des Trypanosomes et Trypanosomiases, consacrer quelques 
pages à cette flagellose (c’est le nom adopté par Laront) des 
Euphorbes, relatant en particulier quelques résultats de 
transmission de l’infection par le moyen d’Insectes hémiptères: — 
Nous ferons des emprunts a ce chapitre. 

Depuis lors, la maladie, qui n’avait été encore rencontrée en . 


- LA € FLAGELLOSE » OU € LEPTOMONIASE » XLII 


Europe que par C. Franca au Portugal, était découverte 
en Italie et en Sardaigne par VisENnTINI, Monti, LAVERAN et 
_ Francuint. Tout récemment, à mon laboratoire de l’Institut 


Pasteur, un savant roumain, Zorra, l’observait chez des 
Euphorbes recueillies en France dans le département de 
Maine-et-Loire. 

FRANCA qui, en 1914, avait déjà consacré un important 
mémoire à la flagellose des Euphorbes, complétait ses re- 
cherches en 1920 et décrivait en particulier l’évolution com- 
plète du Leptomonas Davidi chez un Insecte hémiptère, 
Stenocephalus agilis. 

On ne peut douter que d’innombrables examens aient été 
pratiqués pour étendre à d’autres plantes à latex la découverte 
de LaAronT. Jusqu'ici, on n’a trouvé de Leptomonas que chez 
des Asclépiadacées du Paraguay : MIGONE a signalé en 1916 
une première espèce parasitée ; Franca vient d'en décrire 
une seconde. Nous traiterons de ces parasites des Asclépia- 
dacées à la fin de notre Revue. 


2. Espèces d’Euphorbes parasités. Distribution géo- 
graphique. — Presque toutes les espèces d’Euphorbes 
reconnues parasitées sont des herbes annuelles; c’est exception- 
nellement que des espéces vivaces ou arborescentes ont 


montré des Leptomonas dans leur latex. 


L'espèce trouvée la plus communément infectée est 
Euphorbia pilulifera, nommée vulgairement Jean Robert à 
l’île Maurice. Son parasitisme aétéreconnu à Maurice (LAFONT), 
à la Réunion (VINCENT), à Madagascar et à Mayotte (Carovu- 
GEAU, LAFONT), à Madras (Donovan), à Zanzibar (LAFONT), 
au Dahomey (Bover et Rousaup), à Bamako, chef-lieu du 
Haut-Sénégal et Niger (A. LEGER), à la Martinique (Noc et 
STÉVENEL), au Venezuela (TEJERA). 

Euphorbia thymifolia, rougette de Maurice, a été reconnue 
infectée aux îles Maurice, de la Réunion, Madagascar et 
Mayotte; Euphorbia hypericifolia à Maurice, à la Réunion, 
à la Martinique et au Venezuela. 

Dans ce dernier pays, TEJERA a encore observé des Lepto- 
monas chez deux autres espèces, dont Euphorbia prostata, 


XLIV ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


ce qui porte à quatre le nombre total des espèces infectées du 
Vénézuela. 
Euphorbia indica a été rencontrée infectée par RODHAIN 
et BEQUAERT au Katanga (Congo belge, Afrique centrale). 
En Algérie, Er. SERGENT a trouvé Leptomonas Davidi dans 
le latex d’Euphorbia peploides. : 
LEBœur et JAVELLY ont reconnu l'existence de la flagellose 
des Euphorbes (£. pilulifera ) à la Nouvelle-Calédonie. 


En Europe, ce sont d’autres espèces qui sont atteintes : 


Euphorbia peplus (non parasitée à Maurice) et Euphorbia 
segetalis au Portugal ; les mêmes espèces et aussi Euphorbia 


dulcis, falcata, nereifolia, virosa (1), à Bologne, en Italie — 


(VISENTINI pour Euphorbia segetalis, LAVERAN et FRANCHINI 
pour les autres espèces); Huphorbia humifera à Florence 
(LAVERAN et Francuini) ; Euphorbia grandis à Catane, Sicile 
(id.); Euphorbia Schimperiana et capronien Sardaigne (Mon 1). 

En France, Vinfection a été observée par G. ZoTTA chez 
des Euphorbia esula var. mosana et Euphorbia helioscopia, 
recueillies 4 Ponligné (Maine-et-Loire). 


3. Action sur les Euphorbes. — Comme nous l'avons 
dit, les Euphorbes herbacées sont surtout atteintes. Il y a 
quelques divergences de vues concernant les conséquences 
de cette infection pour la plante. Laront, dès le début, 
a affirmé qu’il y avait maladie de la plante, qui s’étiolait, puis 
flétrissait. FRANÇA a confirmé ces vues. Si d’autres auteurs 


n’ont pas décrit de phénomènes morbides, cela tient proba- | 


blement au peu d'intensité des infections qu'ils ont observées. 

Le parasitisme n’est pas seulement localisé aux rameaux 
de la tige, d’où l’on retire généralement le latex destiné à 
l'examen. RopHain et BEQUAERT ont rencontré le Flagellé 
dans la racine, la tige, la feuille, le pédoncule floral et même 
la paroi on des Jeunes fe 

LAFONT a fait remarquer le premier qu'une branche pet 
être parasitée et la branche voisine ne pas l'être. FRANGA a 


insisté sur la localisation très étroite du parasite chez une | 


(1) Les pieds parasités de ces deux dernières espèces étaient représentés 
par de forts arbustes d’une soixantaine d’années. 


\ 


LA « FLAGELLOSE » OU « LEPTOMONIASE » XLV 


plante ; il peut n’exister que dans quelques rameaux et 
_même quelques feuilles ; de plus, l’infection n’a pas toujours 
le même caractère dans un même rameau, ce qui indique 
encore des localisations. 

FRANGA a vu, en effet, que, quand on suit l’évolution des 
parasites au cours de l'infection d’un rameau, on observe des 
formes de dégénérescence, sans doute en raison de l’appau- 
vrissement du milieu en 
latex. Parfois le parasite 
disparait ; mais, d’ordi- 
naire, c’est la partie at- 
teinte de la plante qui 
succombe. Franca a ob- 
servé Vatrophie des ra- 
meaux fortement infectés 
et ila pu, en infectant ex- 
périmentalement un ra- 
meau, déterminer son 
atrophie. I] n’est pas rare, 
avait observé précédem- 
ment LAFONT, de voir des 
plantes conserver une 
branche ou deux en pleine 
végétation, à côté des | 
autres tiges desséchées, Ft, Agsushe, un example sie @ Buri 

C’est précisément en (d'après Lafont) 
comparant des rameaux 
infectés et des rameaux indemnes qu’on se rend bien compte du 
pouvoir pathogène du Flagellé. D'abord les feuilles deviennent 
jaunatres et se détachent facilement ; les rameaux qui les 
portent se dessèchent et s’atrophient (Voir fig. 1). On peut 
aussi, par cet examen comparatif, déceler les cas où l’infection 
est inapparente : elle ne porte parfois, en effet, que sur la 
croissance du rameau qui est arrêtée, alors que celle du rameau 
voisin et indemne continue normalement. 

LAFONT avait comparé l’appauvrissement du milieu inté- 
rieur de la plante à l’anémie que cause la présence des Trypa- 
nosomes pathogènes dans le sang des animaux. Nous devons 


XLVI ACTUALITES BIOLOGIQUES 


à FRANCA une étude attentive de lhistologie pathologique de 
la flagellose des Euphorbes. Le savant portugais fait remarquer 
que les tubes laticifères vont d’un bout à l’autre de la plante 
sans se cloisonner ni s’anastomoser. I] explique la localisation 
de l'infection, d’une part par les embolies dues à l’accumula- 
tion des Flagellés, d’autre part par l’indépendance des lati- 
ciières (?). Bien que les parasites soient limités à l’appareil 
laticifère, ils n’en exercent pas moins une action sur le tissu 
cellulaire, et en particulier ils déterminent son appauvrisse- 
ment en amidon, puis la disparition de la chlorophylle. Il 
peut y avoir guérison quand la mort des Leptomonas, dont 
nous avons parlé, survient avant la disparition complète de 
Vamidon et de la chlorophylle. 

La flagellose est done une maladie de nutrition, FRANGA 
insiste encore sur un certain nombre de lésions cellulaires à 
partir du point d’inoculation ; nous aurons à y revenir. 

L’infection expérimentale fee Euphorbes a été obtenue 
pour la première fois par Noc et STEVENEL à la Martinique; 
les inoculations étaient faites à la pipette Pasteur : les 
infections réalisées ainsi ont été particuliérement invenens 
Des résultats positifs ont été obtenus depuis par divers 
auteurs, mais Franca fait remarquer qu'il n’a eu que deux 
succès, le premier avec un tube capillaire laissé en place 
vingt- quatre heures, le second en traversant un rameau avec 
un fil imbibé de eee parasite. 

Nous devons citer a cette place les intéressants résultats 
obtenus par LAVERAN et FRANCHINI en injectant à des 
Euphorbia Sauliana et pilosa de Paris des cultures d’une 
leptomonade, Herpetomonas (ou Leptomonas) ctenocephali var. 
Chattoni, isolée de la Puce du Chien en Tunisie par CHATTON. 
Non seulement l’infection a réussi, mais les pieds infectés 
d’ Euphorbia Sauliana ont eu un arrêt de développement, et 
les pousses se sont flétries ; le pied parasité d’Euphorbia 
pilosa était beaucoup moins vigoureux que le témoin. 


4. Morphologie du «Leptomonas Davidi» chez l'Euphorbe. 
— On observe généralement le parasite en écrasant entre lame 
et lamelle une goutte de latex recueillie en brisant un rameau 


LA © FLAGELLOSE » OU « LEPTOMONIASE » XLVII 


d’Euphorbe ; il faut employer un fort objectif a sec, puisquil 
s’agit d'un microorganisme d’une vingtaine de p, et dia- 
phragmer convenablement. 

A l’état frais, le Leptomonas ondule sur lui-même et ne se 
déplace pas très vite ; rarement il se tortille comme un ver. 
La lenteur de ces mouvements paraît tenir à la viscosité 
du latex, lequel, comme on le sait, montre à l'examen micro- 
scopique une infinité de petites grains de moins de | # de dia- 


Fig. 2. — Leptomonas Davidi (figure tirée de LAveraAN et Mesnit: Trypanosomes et 
trypanosomiases, d’après LAronr). — Formes diverses ; en a, grains d’amidon 
normaux du latex des Euphorbes. 


mêtre, animés d’un mouvement brownien, et aussi de gros 
grains d’amidon en forme d’osselets (a, fig. 2). 
_ Avec un peu d'attention, et surtout quand, au bout d’un 
certain temps, les mouvements se sont ralentis, on arrive 
à distinguer un corps allongé qui paraît porter un fouet à 
chaque extrémité ; mais un examen plus attentif (complété 
par l’étude de préparations colorées) montre qu’une seule 
extrémité porte un véritable fouet ou flagelle ; l’autre extré- 
mité va en satténuant régulièrement et a la forme d’un 
ruban qui a tendance à se tordre en hélice. 
Pour une étude cytologique, des préparations colorées sont 


XLVIII ACTUALITES BIOLOGIQUES 


~ 


nécessaires. On les obtient facilement en étalant le latex à 
la surface de lames bien propres, de la même façon qu’on 
étale du sang pour établir une formule leucocytaire ou pour 
rechercher des hématozoaires. On desséche rapidement à l’air, 
puis on fixe à l’alcool absolu pendant cinq minutes (on peut 
aussi fixer aux vapeurs osmiques avant étalement du latex). 
On colore par une des nombreuses méthodes, devenues cou- 
rantes, dérivées de la méthode initiale de Romanovsky, et 
dans laquelle une combinaison d’azur de méthylène (dérivé 
par oxydation du bleu de méthylène) et d’éosine agit sur les 
éléments et y différencie en rose-lilas la chromatine, en bleu 
violacé le cytoplasme. Cn se sert habituellement des méthodes 
de GiEMSA et de LEISHMAN (avec cette dernière, il n’est pas 
utile de fixer préalablement à l’alcool, car le colorant, en solu- 
tion dans l’alcool méthylique pur, fait aussi office de fixateur). 

Sur des préparations ainsi traitées et examinées à l’im- 
mersion en déposant simplement une goutte d'huile de cèdre 
sur la lame, on peut étudier la morphologie et la ee 
du Flagellé (Voir fig. 2 et 4). 

La longueur du corps proprement dit est de 18 à 20 y, la 
largeur maxima de 2 y. Le protoplasme est pâle et on distingue 
nettement le noyau situé assez en avant et le blépharoplaste 
(ou centrosome) encore plus près de l'extrémité antérieure 
qui porte le flagelle. Celui-ci, qui mesure 11 à 15 », part 
nettement du blépharoplaste et se détache immédiatement 
du corps ; il n’y a aucune trace de membrane ondulante qui, 
chez les trypanosomes, est toujours bordée par le flagelle. 
La partie postérieure du corps va graduellement en s’atté- 
nuant ; elle a une structure rubanée qui lui donne l’appa- 
rence d’une membrane ondulante ; mais c’est une fausse 
apparence, car il est impossible de mettre en évidence un 
filament bordant. 

La multiplication des Leptomonas se fait par division 
binaire longitudinale (Voir en particulier la fig. 4). Elle 
commence régulièrement par le blépharoplaste, qui se divise 
en deux; l’un de ceux-ci entraîne l’ancien flagelle ; l’autre 
flagelle se forme de novo. Le noyau se divise ensuite; l’axe 
de division n’est pas longitudinal, mais oblique, avec 


LA « FLAGELLOSE » OU « LEPTOMONIASE » XLIX 


inclinaison vers le blépharoplaste, d’où part le flagelle de 
nouvelle formation. La division du cytoplasme commence 
toujours par le pôle antérieur; FRANÇA signale, comme 
anomalie, un dédoublement de la partie postérieure sur une 
certaine longueur. : 

Les essais de culture sur milieux divers, en particulier sur 
de la gélose à laquelle a été incorporée du sang (milieu Novy- 
Mac Neal pour les trypanosomides), ou de la gélose amidonnée 
(LAFONT) n’ont pas donné de résultats. | 

Entre les mains de divers expérimentateurs (LAFONT, 
_ FRANÇA), les essais d’inoculation aux animaux tels que la 
Souris n’ont rien donné. Seuls, LAVERAN et FRANCHINI ont 
obtenu des infections légères en inoculant des Souris avec les 
parasites trouvés dans le latex d’Euphorbia nereifalia. 

C’est seulement quand nous aurons fait connaître l’évolu- 
tion du Flagellé des Euphorbes chez les Hémiptères trans- 
metteurs que nous pourrons examiner la question de ses 
affinités zoologiques et du nom générique à lui attribuer. 


5. Modes de transmission. Évolution du « Leptomonas » 
chez les Hémiptères du genre « Stenocephalus » (fig. 3). — 
Dès ses premières constatations, LAFONT a soupconné un ou 
plusieurs Hémiptères (vulgairement Punaises de plantes), 
vivant sur les Euphorbes, de transmettre l'infection. Partout 
où la flagellose des Euphorbes a été observée, des Hémiptères 
ont été rencontrés. Le fait suivant est suggestif à cet égard : à 
la Nouvelle-Calédonie, l'infection a été observée dans plusieurs 
_Jocalités; dans une seule, où les Euphorbes n'étaient pas 
couvertes d'insectes, elle manquait (LEBŒUF,1n LAVERAN et 
MESNIL). 

En examinant le contenu intestinal de ces Hémiptères des 
Euphorbes, LAFONT a trouvé des Leptomonas chez une espèce, 
que Hovarrx (de Budapest) a considérée comme nouvelle 
Euphorbiæ, du genre Nysius (famille des Lygéides). En se 
servant de cet Hémiptère, LAFONT a réussi à transporter, 
chez un plant d’Euphorbia hypericifolia déjà infecté, la 
maladie dans les branches encore indemnes et à infecter une 


plante saine. | 
ANN. DES SC. NAT. BOT., 10€ série. £O24— 115, & 


L ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


L’ Euphorbia peplus, qui n’a jamais été trouvée infectée 
spontanément à Maurice et qui ne porte que de très rares 


accident 
primaire @Q 


forme 
Sgliveire, 
Stenocephalus. 
Fig. 3. — Cycle évolutif complet de L. Davidi évoluant chez l’euphorbe et chez le 


sténocéphale (d’aprés Franca, Ann. Inst. Pasteur, t. XXXIV). 


Hémiptères, n’a jamais pu, au moyen des {Vysius, être 
infectée expérimentalement. 
Bouvet et Rovusaup, au même moment, obtenaient expe- 


Pe es 


| 


LA « FLAGELLOSE » OU « LEPTOMONIASE » LI 


rimentalement l'infection des Euphorbes au Dahomey, en 
se servant du plus exclusif parmi les Hémiptères qui vivent 
sur les Euphorbes de cette contrée, le Dieuches humilis, ega- 
lement de la famille des Lygéides. Ils ont réussi, en nourris- 
sant des Hémiptères sur des plantes fortement infectées, puis 
les portant sur des plantes saines, à infecter une de ces der- 
nières. — 

Dès 1914, Franca avait pensé que les Insectes incriminés 
par -Laront, Bover et RouBaup n'étaient que des con- 
voyeurs mécaniques. Mais il n’avait pu déterminer quel est 
Vinsecte hôte au Portugal. La difficulté tenait à ce que cet 
insecte, encore un hémiptère, Stenocephalus agilis, ne pique 
que le soir. Franca a pu depuis étudier toute l’évolution du 
Leptomonas chez cet Insecte, et son mémoire de 1920 est 
principalement consacré a cette question. 

Le Stenocephalus appartient à la famille des Coreidæ. 

Franca a donné quelques précisions sur son appareil 
digestif, qui se compose d’un long cesophage, d'un mésenteron 
très développé, d’un intestin postérieur mince et tortllé, 
d’une dilatation cæcale et enfin du rectum; les glandes 
salivaires sont très longues et très gréles. 

Franca a d’abord vu qu’il y avait concordance, pour les 
Euphorbia segetalis, qui vivent dans les landes, entre l’in- 
fection de ’Euphorbe et celle de l'Hémiptère. Les Euphorbia 
peplus, qui vivent dans les jardins, sont très rarement infecteées ; 
elles portent des Stenocephalus indemnes. Le savant portugais 
a étudié l’infection naturelle des Insectes, puis leur infection 
expérimentale, réalisée dans les conditions suivantes : des | 
Stenocephalus indemnes étaient placés dans une cage en tulle 
par l’ouverture de laquelle passaient des branches infectées 
d’ Euphorbia segetalis ; on pouvait ainsi avoir des infections, 
déterminées par l’insecte, de date certaine. 

FRANCA a reconnu qu'il y a, dans l'intestin de linsecte, 
d’abord multiplication active par division binaire ou multiple ; 
cette multiplication présente quelques caractères qui la 
distinguent des divisions. dans le latex de Il’Euphorhe; 
par exemple, allongement du noyau perpendiculairement à 
l’axe du parasite et non obliquement. Entre le troisième et le 


LII ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


quatrième jour, FRANÇA a vu des formes, sans flagelle, avec 
noyau et blépharoplaste uniques, bifurquées en arrière, et 
qu'il pense provenir d’une conjugaison isogamique (Cf. le 
Flagellé Copromonas subtilis, étudié par Do8eLL). Ce serait le 


premier exemple authentique d’une conjugaison chez les 


Trypanosomides. 

A partir du quatrième jour, sans doute à la suite de cette 
conjugaison, les Leptomonades augmentent de dimensions ; 
on a des formes de 50 vu de long. Entre le quatrième et le 
huitième jour, apparaissent des formes très petites, qu'on 
trouve vers le huitième jour dans toute l'étendue du 
tube digestif, particulièrement dans le mésentéron, et qui 
envahissent plus tard les glandes salivaires, où elles par- 
viennent vraisemblablement en remontant les canaux des 
glandes et où elles forment des amas énormes. Ces parasites 
mesurent 4,5 à 7 px Ou,8 à 1u5; leur cytoplasme est très 
pâle ; les noyaux et blépharoplastes tranchent bien; il n'y a 
généralement pas de flagelle. On les retrouve sous la même 
forme dans la trompe. | “ 

Le Flagellé présenterait aussi des kystes ; mais ils sont 
rares. FRANCA en a vu une fois dans la trompe. Il semble 
bien que, d’ordinaire, le cycle évolutif de Leptomonas David se 
passe entre l’hémiptère et la plante et que la contamination 
d’Hémiptére a Hémiptère doive être plutôt rare. 

FRANGA a retrouvé, au point d’inoculation de l’Euphorbe 
dans ce qu'il a appelé les accidents primaires (petites taches 
noirâtres centrales entourées d’une zone rouge vif), avant 
toute invasion du latex, des petites formes qui rappellent les 
formes infectantes (métacycliques) : 64,7 à 10u,5 x 1,5, 
avec flagelles de 7 »,5 à 102,9; il y a aussi des formes sans 
flagelles de 10,5 de long, des formes arrondies de 3» de 
diamètre et d’autres de 1,5 seulement. 


Chez les Euphorbes, les enveloppes des fruits présentent 
des formes ordinaires du latex ; mais les fruits eux-mêmes 
renferment des formes plus petites, dont certaines dépourvues 
de flagelle ; on y trouve aussi quelques petits kystes uni- 
nucléés, d'attribution génétique incertaine. Ils ne seraient 
pas indispensables pour la perpétuation de l’infection d’une 


LA « FLAGELLOSE » OU « LEPTOMONIASE » LIII 


année à l’autre, car Franca a vu des Euphorbia segetalis 
conserver des Leptomonades dans leur latex pendant l’hiver ; 
de plus, les Stenocephalus, qui hivernent, transmettent au 
printemps leur infection aux Euphorbes. 

Ces constatations fort intéressantes de FRANCA ne nous 
paraissent nullement exclusives de celles de ses prédécesseurs, 
et il faut noter a cet égard que LAVERAN et FRANCHINI, qui 
ont recherché d’une façon spéciale des Stenocephalus sur des 
pieds d’Euphorbes parasités, n’ont jamais pu en capturer. En 
revanche, ils ont capturé des Vysius renfermant des Flagellés 
dans leur tube digestif, ce qui les a amenés à soupconner ces 
Insectes, déjà incriminés par Laronr à l’île Maurice, de jouer 
le rôle de vecteurs. | 

Cette question dela diversité desInsectes vecteurs est peut-être 
liée à celle de la diversité d'espèces de Leptomonas parasites 
des Euphorbes. LAFONT avait déjà entrevu cette possibilité ; 
mais les résultats acquis à ce jour ne permettent pas encore 
_ d’envisager la solution de cette question. Notons pourtant que 

- LAVERAN et FRANCHINI viennent de signaler, chez des 
Euphorbia nereifolia et virosa de Bologne, représentées par des 
arbustes âgés, des parasites d’un type inhabituel : éléments 
sphériques ou ovalaires avec noyau seul ou bien avec noyau 
et centrosome, mais sans flagelle. VISENTINI en avait signalé 
précédemment de semblables chez une Euphorbia segetalis. 

Il résulte encore des dernières recherches de LAVERAN et 
- FRANCHINI que les Leptomonas ne sont pas les seuls protistes 
parasites du latex des Euphorbes : ils ont en effet rencontré 
chez deux Euphorbia peplus des environs de Syracuse des 
Spirochètes assez nombreux de 6v,5 x Ou,5. Ils seraient 
aussi transmis par les Punaises des plantes. 


6. Leptomonades des Asclépiadacées. —-MIGonE a décou- 
vert,en 1916, dans lesuc lactescent d’une Asclépiadacée, Araujia 
angustifolia (= Funastrum boneriensis var. riparium et typi- 
cum), croissant dans les marécages du Rio Salado, au Para- 
ouay, un Trypanosomide, voisin de Leptomonas Davidt. 

Toutes les parties de la plante sont envahies par le parasite; 
il persiste même en hiver quand la plante est réduite à son 


LIV ; ACTUALITES BIOLOGIQUES 


tronc et à ses fines tiges. La transplantation fait disparaître 
les flagellés ; les plantes nées de graines infectées ne sont ee 
parasitées. | 

Ce flagellé de l’Araujia, nommé par Micone Leptomonas 
Elmassiant, est plus petit que le Leptomonas Davidi; comme 
lui, il a Je corps tordu sur lui-même en arrière. | 

Il a été retrouvé depuis par E. CorpEero en Uruguay. 
MiconE, d’abord, n'avait trouvé aucun Insecte sur la plante 
(qui couvre de ses branches excessivement délicates et de son 


Fig. 4. — Schéma mettant en évidence les caractères principaux des Leptomonas 
au sens de Franca et leur division longitudinale. 


épais feuillage les arbres qui se trouvent à proximité). Il y a 
recueilli depuis un Hémiptère, Oncopelius lactuosus, dont 
l'intestin renferme de nombreuses formes leihsmaniennes de 
3-3.u,7 x 2u,2-2u,9 p, avec noyau et blépharoplaste volu- 
mineux. 

MIGONE a encore trouvé au En une autre Asclépia- 
dacée, le Worrenia odorata. L’étude du Flagellé vient d'être 
faite par Franga, qui le nomme Leptomonas Bordasi. 

Ce Leptomonas est plus long que Leptomonas Davidi, dont 
les dimensions se trouvent ainsi intermédiaires entre celles des 


deux parasites des Asclépiadacées. Voici les dimensions com- 
parées, d’après FRANGA: 


ane 


LA « FLAGELLOSE » OU « LEPTOMONIASE » LV 
Corps proprement dit. Flagelle. 
MR AMASSTANL A, SS ee ek te 12-15 u. 4,5-7,5u. 
OA ed sin ee 16,5-19,5 u 10,5-16 v. 
DS ROLO OS eds sins es 24-27 u. 0-94 


Chez Leptomonas Elmassiani comme chez Leptomonas 
Davidi, au cours de la division longitudinale, le blépharoplaste 
se divise toujours avant le noyau, qui a un axe de division 
oblique. Chez Leptomonas Bordast, la division du novau pré- 
céde celle du blépharoplaste, et elle se fait suivant une ligne 
parallèle à l'axe du parasite. Fait curieux, lapparition du 
nouveau flagelle coincide avec la division du noyau et non 
avec celle du blépharoplaste. 

Les plantes infectées par les Lepiomonas Elmassiani et 
Bordasi ne paraissent pas malades. 

_L'infection n’a pu être reproduite expérimentalement ni 
le parasite cultivé. Micone,‘en revanche, avait obtenu une 
première culture de Leptomonas Elmassiani sur gélose au san 
humain. | 


7. Affinités des Leptomonades végétales. — Par tous 
leurs caractères chez les plantes parasitées, les Flagellés que 
nous venons de passer en revue appartiennent indubitable- 
ment à la famille des Trypanosomides, qui comprend les 
Euflagellata monadina, dont le corps, plus ou moins allongé, 
renferme, en plus du noyau, une autre masse chromatique, de 
plus petite taille et de structure homogène, d’où part un 
flagelle unique. Ce flagelle borde ou non une membrane ondu- 
lante ; le premier cas est celui des trypanosomes proprement 
dits ; le second est celui d’un grand nombre de parasites qui 
paraissent propres aux Insectes, et pour lesquels on discute 
si leur nom générique doit être Leptomonas ou Herpetomonas. 
Nous n’entrerons pas dans cette discussion, qui nous entrai- 
nerait trop loin et n’aurait qu’un intérét restreint pour les 
lecteurs de ces Annales, et nous adopterons le nom Leptomonas 
employé par LAFONT et dont Franca a précisé la définition : 
le flagelle prend directement naissance a un petit blépharoplaste 
situé en avant du noyau ; au moment de la division, il y a un 
flagelle de nouvelle formation (Voir fig. 4). 

Mais une question plus intéressante se pose, celle de savoir 


LVI ACTUALITÉS BIOLOGIQUES 


s’il ne faut pas user d’un nom spécial en raison du parasitisme — 
végétal du Flagellé, de même qu’on maintient le nom Leish- — 
mania pour divers parasites humains, qui sont de véritables 
Leptomonas sous leur forme flagellée. Donovan, dès 1909, a 
proposé le mot Phytomonas, Pour l'instant et malgré les 
progrès que Franca, dans son mémoire de 1920, a fait faire 
au cycle évolutif de Leptomonas David, il ne nous paraît pas 
encore possible de décider si ce Flagellé doit être maintenu dans 
le genre Leptomonas (avec Leptomonas drosophilæ CHATTON 
comme espèce type), ou doit passer dans un autre genre qui 
serait Phytomonas (1). 

I] serait plus intéressant encorede savoir si ces Flagellés des 
plantes ne sont pas tout simplement des flagellés d’insectes 
«égarés » chez ces plantes, où ils auraient trouvé un bon 
milieu de culture. S’il en est ainsi, — ce qui est loin d’étre 
démontré, — 1l faut convenir qu'ils ont déjà acquis un certain 
nombre de caractères particuliers, par exemple cette extrémité 
postérieure rubanée et tordue sur elle-même. 


FÉzix MESNIL, 
Professeur à l’Institut Pasteur. 


(1) Helen Adie (Indian J. of med. Res., t. IX, f. 2, oct. 1921) vient de décrire, 
pour la Leishmania du kala azar humain, une évolution chez la Punaise des 
lits avec stades intracellulaires aflagellés qui rappellent les stades semblables 
des glandes salivaires des Stenocephalus. Il serait curieux que les Leptomonades 
végétales fussent des Leishmania ! 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


4. Bouvet et Rousaup, C.R. Soc. Biologie, t. LXX, janv. 1911, p. 55. 

2. CAROUGEAU, in LAFONT. 

2 bis. E. CORDERO, in FRANGA, 1921. 

3. G. Donovan, Lancet, 20 nov. 1909, p. 1495. 

4. C. Franca, Bull. Soc. Path. exot., t. IV, oct. et déc. 1911, p. 532 et 669. — 
Arch. f. Protistenk., t. XXXIV, 1914, p. 108; — Ann. Inst. Pasteur, 
t. XX XIV, juill. 1920, p. 432; — Ann. Soc. belge méd. trop.,t. I, £. 2, 
mai 1921. 

5. A. Laront, C. R. Soc. Biologie t. LXVI, 19 juin 1909; — Ann= Inst. 
Pasteur,t. XXIV, 1910, p. 205 ; — C.R. Soc. Biologie, t. LX X, janv. 1911, 
p. 55; — Bull. Soc. path. exot., t. IV, 1911, p. 464. 

6. A. Laveran et G. Francuini, Bull. Soc. path. exot., t. XIII, déc. 1920, 
p. 796; t. XIV, mars et avril 1921, p. 148 et 205. : 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE LVII 


7. A. LAvERAN et F. Mesnit, Trypanosomes et Trypanosomiases, 2° édit., 
D. 997; 
8. LeBœur et JAVELLY, voir MESNIL, Bull. Soc. path. exot., L. IV, 1911, p. 46%. 
9. À. LEGER, rbid., nov. 1911, p. 625. 
10, Micone, ibid., t. IX, 1916, p. 356. 
41. Mont, in VISENTINI. 
42. F. Noc et L. Srévenez, Bull. Soc. path. exot., t. IV, 1911, p. 461. 
13. J. Ropwain et J. BEQUAERT, ibid., p. 198. 
14. SERGENT (Ër.), Arch. Inst. Pasteur ce du Nord,t.1, mars 1921, p. 58. 
15. E. TEJERA, Public. Acad. méd. Caracas, Venezuela, 1918. 
16. VINCENT, Bull. Soc. Path-exot.,t.. +1], juil-1920, ét in LAFONT. 
17 VisENTINI, Rendiconti d. R. Anca d. Teer, t. XX oc edits, £-12, 2914. 


as 
a 18. Zorra, C. R. Soc. Biologie, t. LXX XV, 2 juil. 1921, p. 226. 
BS . P.-S. — Dans le latex des troncs, rameaux et feuilles d’arbustes assez 


âgés des jardins botaniques de Bologne et de Fiorence, appartenant à la 
famille des Apocynées et aux espèces Acokanthera spectabilis et venenata, 
FRANCHINI vient de trouver (Voir Pathologica, 1° octobre 1921! des Flagellé 
| _ qui paraissent devoir être classés dans le même genre Leptomonas que ceux 
PERS des Euphorbes et des Asclépiadacées. Francuini les nomme Herpetomonas 
(Leptomonas) apocyne. 

Sur les frottis, les individus sont plus ou moins repliés sur eux-mémes. Le 
a _flagelle, qui part d’un blépharoplaste antérieur, est court et paraît manquer 
| parfois. La partie postérieure du corps n’est pas rubanée. I] 5 aurait non 
seulement division longitudinale, mais encore division transversale. 


LIVRES ET OUVRAGES NOUVEAUX 


ANASTASIA (EmiLio) : I. Le Nicotianæ (Le forme elementari della composi- 
zione dei vegetali o l’origine della specie. Filogenese delle Nicotianæ) 
(Bolletino tecnico, n. 4, anno 1920. Ministerio delle Finanze. Direzione generale 
dei Monopoli industriali, 1920, Scafati). | 

ANASTASIA (EmiLio), Araldica Nicotianæ, 2 vol., un de planches (Direzione. 
generale privative Ministero Finanze, Scafati, 1914). 

BERNARD (Nof), Principes de biologie végétale, Alcan, 1921. 

CAULLERŸ, Le parasitisme et la symbiose, Doin, 1921. 

CHAUVEAUD (GUSTAVE), La constitution des plantes vasculaires révélée par 
leur ontogénie (avec 54 figures, 155 pages). 

CuénoT, La genèse des espèces animales, Alcan, 1921. 

CUNNINGHAM, Apure culture method for Diatoms (Journal of the Elisha Mitchell 
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Denis (MarceLr), Les Euphorbiacées des îles australes d'Afrique, 150 pages, 

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lité, la Parthénogenèse et la Mort, au point de vue orthobiontique, Beauvais, 
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LuMIiÈRE (AuGusTE), Rôle des collo’des chez les êtres vivants, Masson, 1921. 

MagQueEnne, Précis de physiologie végétale, collect. Payot, 1921. 

MozzriarD, Nutrition de la plante. I: Échanges d’eau et de substances miné- 
rales. II: Formation des substances ternaires, Doin, 1921. 

SÉE (Prerre), Louis Matruchot, 5 p. Maretheux, imp., rue Cassette. 

Serin, Une visite aux pays grands producteurs de blé, Public. agricoles de 
la Comp. chemins de fer du Midi. 


TABLE DES MATIÈRES 


DU TOME III DE LA 10° SÉRIE 


Recherches sur le développement de la feuille des Mousses, par 
ASP EN M ER EE NE Ry SN Sa a 


Première contribution à l’étude de l'embryon et de la germination 
des races pall: Ce Li GATIN. . 252.07. Oe er ens ee oa 


Symbiose et Tubérisation, par M. Josepu Macrov .............. 
Recherches sur les Lichens de la famille des Stictacées, par M. FrEr- 


TG BUS SUT Ph Cc CORSE ay cp eS ste bai aE aol aan ae ee rh de 


Les Chênes d’Indo-Chine, par HickeL et A. CAMUS.............. 


ACTUALITES BIOLOGIQUES : 
Muiantes el Hybrides, par L.\ BLARINGHEM......:............. 


Sexualité expérimentale des Basidiomycètes, par PLANTEFOL...... 
La Flagellose ou Leptomoniase des Euphorbes et des Asclépiadacées, 
PA Lrxe WEESNIE® 4.1.0. , 5 Sie a bie dee COS PR Ae acing RE eer te 


(Ens ET OUVRACES- NOUVEAUX gon Ges ta burs do die vit ee sie ula do 


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 L'ACADÉMIE DE. MÉDECINE 


WARD, “SAINT- GERMAIN, + 20 aes PARIS — vie ARR. 


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des Vertébrés 


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© Professeur à. VUniversité. de les 
_ Correspondant de l'Institut. 


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générale est consacrée aux premières phases — 
ne . Vertebres et ¢ à ee 


TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE CAHIER 


Recherches sur les lichens de la famille des Stictacées, par 
M. FERNAND MOREAU ... 


ACTUALITÉS BIOLOGIQUES : 


Mutantes-et Hybrides, par L. BLARINGHEM 
Sexualité expérimentale des basidiomycètes, par 
PLANTEFOL 


ka Flagellose ou Leptomoniase des Euphorbes et des As- 
clépiadacées, par FéLix MEsnin. .. | 


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