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Full text of "Annales des sciences naturelles : comprenant La physiologie animale et végétale, l'anatomie comparée des deux règnes, la zoologie, la botanique, la minéralogie et la géologie"

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… ANNALES 


SCIENCES NATURELLES, 


PAR 
MM. AUDOUIN , an. BRONGNIART £r DUMAS, 
| COMPRENANT 


LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE , L'ANATOMIE 
COMPARÉE DES DEUX RÈGNES , LA ZOOLOGIE, LA 
BOTANIQUE , LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE. 


A ——— 


TOME HUITIÈME, 


AGCOMPAGNÉ DE PLANCHES IN-/4". 


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P x art | IN " 
#Q\ \ fa . 
#f 3 l'E! 
4 * 
à 


PARIS. 


CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , j 
CLOITRE SAINT-BENOIT, No 46, 


ET AUX DE SORBONNÉ, N° 3, 


mm) 


1826. 


ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES, 


Recuercnes anatomiques sur les Carabiques et sur 
plusieurs autres Insectes coléoptères ; 


Par M. Léon Durour. 


/ 
( Suite.) 


CHAPITRE TROISIÈME. 


Organes des sécrétions excrémentitielles. 


La nature a accordé à divers quadrupèdes , tels que la 
Civette, le Putois , la Fouine, les Mouffettes , des glandes 
particulières placées dans le voisinage de l’anus et desti- 
nées à sécréter des humeurs spéciales d’une odeur fétide 
plus où moins exaltée. Nous retrouvons ce même plan 
d'organisation dans les insectes. Plusieurs d’entr’eux ont 
vers la partie postérieure de la cavité abdominale, des 
glandes dont les conduits excréteurs s'ouvrent de chaque 
côté de l'anus et émettent une liqueur plus ou moins irri- 
tante qui devient pour eux un moyen de défense ou d’éva- 
| sion. Ainsi l'#ptinus et le Brachinus lancent avec 


(16 ) 


explosion une vapeur blanchâtre d’une odeur d'acide 
nitrique, le Carabe éjacule uné liqueur âcre et péné- 
trante , le Dytisque une humeur d’une fétidité partieu- 
lière où l’on démèle celle de la vulve et du gaz hydrogène 
sulfuré , les Méloés et les Mylabres distillent par les ar- 
ticulations des pattes un liquide onctueux faune , le Blaps 
émet une sorte d'huile empyreumatique, le Staphylin 
fait jaillir par deux vésicules anales une rosée d’une 
odeur singulière d'éthèr sulfurique, le Cimex exhale 
une huile des plus subuiles et irritante, le Frelon et l’4- 
beille inoculent un véritable venin , etc. | 

L'existence d’un appañeïl des sécrétiôns egcrémenti- 
tielles , forme un des traits les plus caractéristiques les 
plus constans dans l’organisation des Coléoptères carnas- 
siers , notamment dés Carabiques. Je l'ai rencontré dans 
toutes les espèces de cette dernière tribu qui ont été l’ob- . 
jet de mes recherches anatomiques. IL est commun aux 
deux sexes et biriaire, c’est-à-dire qu'ilyenaun semblable 
de chaque côté du corps. On y distingue l'organe pré- 


arateur, la vessie ou reservoir , et le conduit excréteur. 
? ? 
$ £*, Organe préparateur. 


Il se compose dans les Carabiques1°. d’utricules sécre- 
toires; 2°, de canaux éfférens. 

. 1°, Utricules sécrétotres. Ge sont elles qui constituent 
essentiellement la glande ou l'organe destiné à da sécré- 
tion de l'humeur excrémentitielle. Elles font ici l'office 
des reins des animaux des ordres supérieurs. Excepté 
dans Omophron ‘et peut-être Y Elaphrus , elles sont 
réunies en une où plusieurs grappes qui s'enfoncent dans 


en dm mi 2% . 2 T 
D art né ot - don Rd os, id 
\ 


(7) ; 
la pulpe adipeuse de la partie postérieure de l'abdomen. 
Ces utricules dont la figure , le nombre et la disposition 


varient dans quelques genres, sont d’uné peuitesse le plus 


souvent microscopique, diaphanes ou à peine jaunâtres. 

Sphériques dans le plus grand nombre des carabi- 
ques , elles sont ovalaires ou oblongues dans l’Æptinus, 
les Chlænius vestitus et tibialis , V Abax, les Nebria ; 
allongées et plus ou moins boursoufllées sur leurs bords 
dans le Brachinus, le Cllænius velutinus. Dans tous, 


* à l'exception del’ Aptinus et du Brachinus, elles sont 


munies de pédicelles propres bien distincts. 

I n'existe dans l'Omophron qu'une seule utricule 
sécrétoire. C’est une espèce de rein ovalaire, assez grand 
comparativement aux autres, et son enveloppe est 


épaisse , charnue , opaque. Elle est pareïllement unique 


et-de même structure dans l’Ælaphrus. Onen compte 
douze à quinze seulement dans l’Ænchomenus, Le Ca- 
lathus, Y Argutor, Y'Abax, le Pterostichus, le Zabrus. 
Elles sont infiniment plus nombreuses et plus petites 
dans les autres genres. is 

Les Carabus les ont agglomérées en grappe oblongue 
comme un raisin. Dans l’Æptinus , elles paraissent ran- 


 gées comme les corollules d’une fleur composée et for- 


ment trois tiges distinctes dont chacune porte quatre 
fleurs pédicellées. Celles du Brachinus sont allongées, 
les unes simples, les autres avec une ou deux courtes 
digitations , et disposées en un faisceau étoilé. Une forte 
lentille du microscope fait reconnaître que ces utricules 
sont marquées de stries transversales et d’une raie médiane 


que je crois être un filet trachéen, Le Cymindis les à 


agglomérées en quatre grappes pédoneulées. Celles du 


(8) 
Chlænius velutinus imitent un élégant arbuscule très 
rameux , chargé de chatons allongés. Elles sont ovalaires 
et pareillement disposées en ramifications dans les deux 
autres espèces de Chlænius. Les figures qui expriment 
ces diverses dispositions rendent superflus d'autres détails 
sur ce point. 
2°, Canaux efférens. Is représentent les uretères des 
quadrupèdes. Il y en a trois bien distincts de chaque côté 
dans l’Æptinus et un seul dans tous les autres carabiques. 
Ce conduit forme la tige tubuleuse des divers pédicelles, 
rameaux et branches des grappes glandulaires, I est 
flexueux , fin comme un cheveu et d’une longueur plus 
ou moins considérable suivant les genres. Ainsi il est 
trois ou quatre fois plus long que le corps dans les 
Sphodrus. Il est moindre dans les autres genres. Celui 
de l’'Omophron est le plus court de ceux que j'ai dissé- 
qués. Son point d'insertion au réservoir a lieu vers Ja 
partie postérieure ou moyenne de celui-ci. F'exposerai 
ces différences dans le paragraphe suivant. | 
La texture organique du canal efférent ne varie point. 
À travers ses parois diaphanes on reconnaît, au micro- 
scope , un tube inclus très-délié , d’une nuance plus obs- 
cure et finement strié en travers. La tunique extérieure 
ou la gaîne de ce tube inclus, offre des rides transver- 
sales qui m'en imposèrent d’abord pour une structure 
analogue à celle des trachées , et cette illusion était d’au- 
tant plus facile que ce canal observé à la loupe simple 
paraît nacré comme les vaisseaux aériens. Je me suis as- 
suré depuis que ces rides ne sont en effet que des rugo- 
sités d’un’tissu contractile. Je n’ai pas acquis la même 
certitude relativement aux fines stries du tube interne, 


/ 


ET) 
lesquelles ne sont peut-être qu'une trachéé sphéroïde qui 
entoure celui-ci. 


6 ET, V'essie ou réservoir. 


C’est une bourse tantôt ovoïde ou pyriforme , tantôt 

oblongue , quelquefois triangulaire , rarement obronde, 
 blanchâtre, d’une consistance comme élastique, d’une 
texture musculo-membraneuse. Sa grosse extrémité , qui 
est antérieure , est libre et arrondie, excepté dans l’#7- 
gutor et le Pterostichus où ce réservoir légèrement dé- 
primé a une échancrure en devant. L'organe conserva- 
teur de l'humeur excrémentitieile se comporte en arrière 
de différentes manières suivant les genres. Ainsi dans les 
Carabus , les Chlænius, le Pterostichus, l’AÆrgutor , le 
Zabrus, VElaphrus, les Nebria, l'Omophron, il dé- 
génère insensiblement en un col qui est le conduit excré- 
teur, et alors le canal efférent s’insère à l’origine de ce 
dernier. Cette extrémité postérieure est en forme de cul- 
de-sac assez court dans le Cymindis, le Platinus, V'An- 
chomenus , V'Agonum , les Sphodrus , le Calathus , les 
Harpalus , VOphonus , le Stenolophus , et dans ce cas, 
le canal efférent et le conduit excréteur s’implantent à 
côté l’un de l’autre à la naissance de ce cul-de-sac. 

Le Brachinus et V’Aptinus, ou les carabiques bom- 
bardiers, présentent cette bourse sous deux aspects très- 
diflérens , suivant qu’on l'observe contractée on dilatée. 
Dans le premier cas, c’est un corps irrégulièrement ar- 
rondi , à parois molles, épaisses, plus où moins ru- 
gueuses. Dans le second , il est tellement gonfié par de 
l'air qu'il ressemble à un ballon oblong , rénitent, ocen- 


(iron) se 
pant presque toute l'étendue de la cavité abdominale. 
Dans une légère échancrure quiest vers son milieu , il 
reçoit les canaux eflérens. 

En ouvrant ou en déchirant le réservoir des carabi- 
ques on peut se convaincre qu'il est composé d’une tuni- 
que externe, épaisse, charnue, contractile , et d’une 
bourse interne, membraneuse, pellucide, semblable 
pour son organisation au tube inclus du canal efférent. 
Cette bourse interne se dessine souvent à travers les pa- 
rois extérieures , et l’on reconnaît ainsi que celle du Pte- 
rostichus et du Zabrus est échancrée comme son enve- 


loppe. 
$ III. Conduit excréteur. 


On peut le comparer à l’urètre des quadrupèdes. Dans 
tous les carabiques soumis à mes recherches , à l’excep- 
tion du Brachinus et de l’Aptinus , c’est tout simple- 
ment un conduit filiforme qui sert de col ou de pédicule 
au réservoir. Dans les uns il est, comme je l’ai déja dit, 
un prolongement tubuleux du réservoir; dans les autres , 
il s'implante vers le milieu de ce dernier. Il a la texture 
organique de celui-ci. Il s'engage au-dessous du rectum 
et va s'ouvrir aux côtés de l’anus sur la membrane sou- 
ple et rétractile où celui-ci est pratiqué. 

La forme et la structure du conduit excréteur sont 
bien diflérentes dans les carabiques bombardiers. Le ré- 
servoir ne dégénère pas postérieurement en un col. 
Après l'insertion des canaux eflérens, il s’abouche im- 
médiatement dans une capsule sphérique brune ou rou- 
geàtre , d’une texture comme papyracée, d'une forme 
constante et invariable. Cette curieuse petite bombe est 


(Cr) 
placée sous le dernier anneau dorsal de l'abdomen où 
elle est contiguë à celle du côté opposé. Elle offre en ar- 
rière un tube membraneux d’une extrême brièveté , qui 
s'ouvre tout près de l'anus par une valvule formée de 
quatre pièces conniventes. Celles-ci , malgré leur peti- 
tesse , deviennent évidentes à la loupe lorsqu'on exerce 
avec précaution sur ce globule une compression expul- 
sive. | 

La liqueur excrémentitielle que les carabiques lancent 
par la partie postérieure de l’abdomen est ou transpa- 
rente, ou à peine jaunâtre. En général , elle a une odeur 
pénétrante et une âcreté particulière. Mais ces qualités 
éprouvent des modifications suivant les genres et même 
les ‘espèces. Si, au moyen d’une pince, oh saisit par le 
_corselet un carabe vivant, et si on l’irrite, on verra , en 
observant attentivement contre le jour le bout de l’ab- 
domen , que l'insecte- lance par celui-ci, souvent à la 
distance de plusieurs pouces et sans bruit appréciable, 
des jeis instantanés d’un liquide transparent d’une odeur 
essentiellement âcre et comme ammoniacale. Cette odeur 
ëst bien différente de celle de la liqueur brunâtre et fétide 
que ce coléoptère vomit en même temps. Dans le Sp/o- 
drus térricola l'humeur excrétée sent l’éther sulfarique, 
tandis que dans le Sphodrus planus Vodeur est à peine 
marquée et toute différente. Les Chlænius en vépandent 
une sui generis fort tenace. Celle qui s'exhale du Æ/ar- 
palus ruficornis est légèrement ammoniacale et très-fu- 
gace, Dans le Chlænius tibialis elle a une odeur forie 
_de fromage gâté. ve 

L’humear excrémentiijelle des carabiques bombar- 
diers est bien différente de celle des autres genres , soir 


(12) 

par sa nature soit par son mode d’excrétion. Je vais ex- 
poser ce qui est relatif à lÆptinus displosor, la plus 
grande des espèces européennes, Surpris dans sa retraite, 
ce coléoptère, tout en cherchant à se dérober par la 
fuite, lance avec explosion par la région anale une fumée 
blanchâtre dont l'odeur forte et piquante a, comme je 
J'ai dit, la plus grande analogie avec celle qu’exhale 
l'acide nitrique. C’est une vapeur caustique qui produit 
sur la peau la sensation d’une brûlure, et y détermine 
sur-le-champ des taches rouges qui passent promptement 
au brun et persistent plusieurs jours malgré qu’on se lave 
souvent. Il serait fort intéressant de soumettre à l’analyse 
chimique cette vapeur singulière qni rougit aussi le papier 
blanc. L'Æptinus pressé , inquiété, peut fournir à dix 
ou douze décharges bien conditionnées ; mais après qu’il 
a été fatigué , l'explosion avec bruit n’a plus lieu, et au 
lieu de fumée , il ne peut plus répandre qu’une liqueur 
* jaune ou brunâtre qui se fige ou se concrète aussitôt sous 
la forme d’une légèe croûte et qui observée immédiate- 
ment après son émission laisse échapper des bulles 
d'air comme si elle fermentait. L’insecte a la faculté de 
diriger sa fusée dans tous les sens, soit à raison de la mo- 
bilité particulière des derniers anneaux de l'abdomen 
qui ne sont point recouverts par les élytres, soit par le 
jeu des diverses pièces ou panneaux de la valvule exté- 
rieure. Ainsi l’irrite-t-on en dessous du corps? il courbe 
en bas l'extrémité de son ventre et lance entre les pattes 
sa fumée caustique. Sent-il que c’estsur le corselet qu’on 
l’inquiète ? il réfléchit l’anus en dessus et la surface de 
ses élytres est bientôt saupoudrée d’une poussière jaunà- 
tre déposée par le nubécule. 


& 
. 
J 
| 
h 


# ( +2 ) 

Le Brachine,; quoiqu'ayant le même genre de vie et 
sans doute les mêmes ennemis à combattre ou à éviter 
que l’Æptinus , n’est cependant pas capable de produire 
des détonnations aussi fortes ni aussi nombreuses que ce 
dernier. Mais remarquons que cette arme offensive ou 
défensive avait besoin de bien plus d'énergie dans l’Ap- 
tinus qui ; entièrement dépourvu d'ailes, est contraint 
de combattre toujours à pied et dans des conditions inva- 
riables, que dans le Brachine , auquel ses ailes dounent 
la faculté d’esquiver son ennemi en s’élançant dans les 
airs. Aussi la nature, dans sa prévoyante sagesse, a-t-elle 
dédommagé le bombardier aptère par un triple organe 
sécréteur qui püt fournir abondamment et sans relâche 
l'humeur excrémentitielle , tandis que ce même organe 
est unique et simple dans l’insecte ailé. 

‘Lorsque je découvris les élégantes grappes qui cons- 
tituent l'organe préparateur de l'appareil des sécrétions 
excrémentitielles , je me rappelai l’extase de Galien qui, 
en voyant pour la première fois la texture de l'utérus 
de la femme ; remercia les dieux d’avoir pu contempler 
une disposition aussi merveilleuse. C’est dans une sen- 
blable dissection que le zootomiste a besoin de s’armer 
d’une patience imperturbable , de toute l’acuité de sa vue 
et de ce zèle qu’inspire un ardent amour de la science. 
Enlacées par: d'innombrables ramifications trachéennes 
et nérveuses qui contribuent puissamment à l'exercice 
de leurs fonctions, et plongées au milieu d’une atmos- 
phère graisseuse qui n'y est pas étrangère, les grappes 
utriculaires absorbent , sucent , dans le fluide ambiant, 
les élémens de leur sécrétion. Ceux-ci successivement 
soumis à l’action vitale des utricules dont la texture or- 


(14) né 
ganique semble, au microscope, celluleuse où spôns 
gieuse , et à l'espèce d’oscillation que leur impriment les 
divers tubes dont la confluence forme les canaux efférens, 
ces élémens , dis-je, sont de plus en plus élaborés. Ces 
derniers canaux ne sont point passifs en iransmettant 
au réservoir le fluide sécrété. Leurs parois dont les rides 
microscopiques annoncent la faculté contractile exer- 
cent sur celui-ci une action qui ën hâtant sa progression 
dans ses replis flexueux perfectionne aussi ses qualités. 
La bourse destinée à tenir en réserve le produit immé- 
diat de la sécrétion offre une organisation qui me parait 
propre à remplir deux fonctions principales. Sa tunique 
externe épaisse et musculeuse , très-expansible dans les 
bombardiers , doit, en se contractant, imprimer au liqui- 
de contenu , ce mouvement de projection que l’animal 
dirige à son gré hors du corps: La poche incluse dans 
le panicule extérieur a sans doute les caractères d’une 
membrane muqueuse. Elle ne se prête pas seulement au 
séjour dela liqueur sécrétée ; elle doit encore augmenter 
ses qualités irritantes par le mélange de quelque humeur 
fournie ou par des cryptes , ou par une simple exhala- 
tion. D’après la simplicité de la strueture du conduit ex- 
créteur des carabiques , à l’exception des bombardiers , 
ilest permis de croire que le liquide exerémentitiel ne 
subit aucune modification dans son trajet depuis le ré- 
servoir jusqu'aux pores qui le filtrent au dehors. Je pré- 
sume que, dans le Brachinus et’ Aptinus , c’est dans 
la petite bombe qui précède l’anus que se forme la va- 
peur expulsée. Ki 240 

Avant de passer à l'examen de l’appareïl des sécrétions 
excrémentitielles dans les coléoptères étrangers à la tri- 


L 


(1) 


bu des cafabiques , je ferai une RE 4 qui n'aura 
pas sans doute échappé au lecteur et que j'ai déjà fait pres- 

sentir. C’est que l’on ne saurait s "empêcher de recon 
naître une grande analogie entre cet appareil et l'organe 
nrinaire des quadrupèdes. Ne retrouve-t-on pas en eflet 
dans les carabiques, ainsi que dans ces derniers , les 
mêmes parties essentielles pour concourir au but de cette 
sécrétion ? N’y voyons-nous pas des reins granuleux , 
des urétères, des vessies, des urètres ? Ces organes 


n’occupent-ils pas la même région du corps dans ces 


deux élasses d'animaux ? Le liquide sécrété n'est-il pas 
doué de qualités âcres et ne s’évacue-t-il pas aussi par 
des ouvertures placées au voisinage de l’anus ? 

_ Les carabiques ne sont pas les seuls coléoptères dans 
lesquels existe un appareil des sécrétions excrémenti- 
tielles. Je l’ai rencontré aussi dans un petit nombre d’au- 
tres , et je vais donner un pere Pa à de mes recher- 
ches à ce sujet. 

Parmi les PENTAMERESs nous retrouvons cet appareil 
dans la tibu des HyprocanræARESs qui, comme on sait, 
fait partie avec lés carabiques de là famille des carnas- 


_ siers. Il est également situé de chaque côté de la région 


stérieure de l'abdomen et fournit une humeur d’une 
po 


fétidité remarquable. Dans les Dytisques , ilse compose, 


1%. d'un vaisseau sécréteur filiforme, blanchâtre, flot- 
tant , très-reployé et comme aggloméré , absolument dé- 
pourvu des grappes utriculaires qui s’observent dans les 
carabiques, long de près de deux pouces dans le Dyr. 
Roeselii, et s’insérant à l’origine du conduit excréteur ; 
2°. d’une vessie ovoïde ou oblonigue, ayantdes parois char- 
nues assez épaisses ; 3°. d’un conduit excréteur qui n’est 


. 


(16) 

que le prolongement tubuleux du réservoir et qui a la 
même texture que celui-ci. La liqueur que les Dytisques 
lancent par les côtés de l’anus.est d’une puanteur vul- 
vaire insupportable. Elle est incolore et bien différente de 
cette humeur lactiforme également fétide que ces mêmes 
insectes répandent principalement entre la tête et le cor- 
selet, et dont je ne connais point les organes sécréteurs. 
L'organe qui produit l’humeur excrémentitielle à , 
dans le Gyrin, la mème forme et la même structure que 
dans les Dytisques. Mais, comme on le pense bien , ces 
parties sont d’une extrême gracilité, Je les ai cependant 
bien mises en évidence. Le vaisseau sécréteur est simple, 
filiforme, assez gros , aminci vers son insertion qui a lieu 
non pas à l’origine , mais près de l’extrémité du conduit 
excréteur. Celui-ci et la vessie ressemblent à ceux du 
Drytisque. La liqueur que les Gyrins excrètent est in- 
fecte et un peu ammoniacale. Je l'ai vue se concréter sur 
le dernier anneau dorsal de l'abdomen sous forme de 

poussière blanche. | 
Les Brachelytres ont l'habitude, lorsqu'on les sur- 
prend dans leur retraite, de s’enfuiren relevant en arc leur 
abdomen , et quand on les saisit on voit saillir par le 
bout de celui-ci, deux vésicules dont il s'échappe ‘une 
vapeur subtile qui, dans quelques espèces , sent forte- 
ment l’éther sulfurique. Je vais décrire plus spéciale- 
ment l’appareil qui produit cette humeur dans le Sta- 
phylinus erythropterus. On trouve , dans la région pos- 
térieure de la cavité abdominale, deux vessies , une pour 
chaque côté, tandis qu'on ne rencontre pour ces deux ré- 
servoirs qu'un seul vaisseau sécréteur. Celui-ci est un 
tube capillaire fort long qui, en approchant de son bout 


| (1) 
flottant , se reploie en plusieurs flexuosités räpprochées : 
et contiguës, ainsi que l’exprime la figure. Ce vaisseau ; 
placé sous la lentille microscopique , offre un tube in- 


clus et une tunique externe de texture contractile. Les 


vessies sont en partie enclavées entre-le dernier segment 
dorsal et une plaque sous-jacente qui recouvre le rec- 
tum. Elles semblent composées de deux tissus différens, 
L'un est une capsule oblongue membrano-coriacée , l’au- 
tre un pannicule incolore , expansible. 

Dans la nombreuse famille des Senniconnes , qui suc- 
cède à la précédente , je n’ai encore pu découvrir aucune 
trace de l'existence de cet appareil. 

Les Silpha sont les seuls parmi les Craviconnes où 
l’on observe cet organe , et il y offre cela de particulier 
qu'il n’est point binaire et que le conduit excréteur 
se dégorge directement dans le rectum, comme l’urètre 
des oiseaux. Le vaisseau sécréteur est simple , flottant , 
flexueux , presqu’aussi long que le corps , et quelque- 
fois aussi gros que l'intestin dans le Si/pha littoralis: 
s'insèré à l’origine du coriduit excréteur. La vessie est 
ovaläire ou oblongue , lisse ou ridée suivant son degré 
de plénitude, ordinairement roussâtre. Le conduit ex- 
créteur est fort courtet s'ouvre sur le côté du rectum tout 
près de l'anus. Ces insectes répandent par celui-ci un li- 
quide roux d’une odeur infecte de charogne. 

L'immense famille des LAME£LLICORNES qui termine les 
coléoptères pentamères m'a paru entièrement dépourvue 
de l'appareil des sécrétions excrémentitielles. 

Nous allons voir cet appareil dégénérer insensible- 
ment dans les Héréromënes et enfin disparaître tout- 
à-fait dans les Térnamères et les TrimÈres. 

VI, 2 


(r8) 

. Parmi les Méasomes, je n'ai pu encore bien étudier 
cet organe que dans les Blaps. Il est double, mais d’une 
toute autre structure que dans les Pentamères. On trouve 
dans la région.postérieure de l'abdomen deux vessies as- 
sez grandes, oblongues , situées tout-à-fait au-dessous 
des viscères de la digestion et de la génération , demanière 
qu'il.faut enlever tout le paquet de ces vicères pour les 
mettre en évidence. Ces vessies fort rapprochées l’une 
de l’autre, ont des paroiïs diaphanes d’une grande ténuité, 
et sont entourées de réplis vasculaires adhérens et plus 
eu moins boursoufflés que je présume appartenir au vais- 
seau sécréteur. Mais l’adhérence et l’extrème délicatesse 
de ces ee rendent impossible leur déroulement, de na- 
nière que j'ignore leur point d'i insertion. J'en puis dire: 
autant des conduits destinés à évacuer au dehors le liquide 
sécrété. Ils sont cachés par une sorte de diaphragme 
membraneux, roussâtre, scarieux, tendu, appliqué à 
laide d’un pannicule charnu sur le dérnier segment ven- 
tral de l’abdomen. Quand on saisit entre les doigts l’a- 
nimal vivant et que, tout'en l'irritant, on l'observe ‘at+ 
tentivement contre le jour pour découvrir parou il éja- 
eule la liqueur excrémentitielle , on aperçoit les jets de 
celle-ci sortir par les côtés , et non par l'extrémité du 
dernier anneau du ventre. Cette liqueur est lancée jus- 
qu’à sept à huit pouces de distance. Elle a une odeur 
pénétrante sui generis, ume àcreté fort irritante, une 
couleur brunâtre. Si on la recueille dans un verre demon- 
tre , on reconnaît à la loupe qu’il ya des points plus fon- 
cés ; plus compacts, rondscomme des gouttelettes d'huile. 
Tantôt cette liqueur rougit le papier View et tantôt elle 
“n'y produit ancune altération. | 


(19) 

_ Les trois genres de la famille des Taxrconxes dotit 
j'ai fait la dissection m’ont offert aussi un organe propre 
à la sécrétion d’une humeur excrémentitielle. Ces insectes 
exhalent un odeur semblable à celle des Blaps: Dans 
l'Aypophlæus les deux vessies sont oblongues,; lisses, 
remarquables par leur grandeur, vu la petitesse de ce 
coléoptère , et renferment un liquide d’un brun verdâtre, 

, Je n’ai su reconnaître aucune trace du vaisseau sécréteur. 
Les réservoirs du Diaperis sont ovales-oblongs, lisses , 
mais striés en Lravers quand on les étudie au microscope. 
A l’aide de ce dernier instrument, on découvre à la base 
des vessies des filamens vasculaires courts dont je n’ai 
pu déterminer ni le nombre ni la disposition, Les:ves- 
sies de l'ÆZZedona sont oblongues et l’odeur de Blaps 
que répand cet insecte est bien plus prononcée que dans 
les deux autres TaxiconNEs,. jui 

Mes dissections ne m'ont a bic lu rest rien sbnié 0 con+ 
cernant l'organe qui secrète cette liqueur onctueuse ét 
jaune que les Méloés et les Mylabres répandent en 
abondance par les articulations des pattes. On sent que 
la dissection de celles-ci doit être d’une diiculié à insur- 
| montable. 
CHAPITRE QUATRIÈME, 


Organes de la A PRET HHEN 
La fonction re respira toire s exécute chez les Éixito s, 
comme dans tous les autr es insectes, au moyen de Ste 
MATES et de Trackers. ce est dans le  Carabus auratus 
principalement que je vais éxaminer ces organes. 


| Ç 20) 
$ I*. Des Stigmates. 


Ces orifices extérieurs de l'appareil de la respiration 
sont au nombre de neuf paires disposées le long des côtés 
du corps. Ily a une seule de celles-ci au thorax et huit 
à l'abdomen. Nous allons les examiner séparément dans 
ces deux régions. 

1°, Stigmates thoraciques. Is sont situés en arrière 
de l'articulation de la première paire de pattes sur la peau 
fibreuse et tenace qui joint le corselet à cette partie de la 
poitrine désignée par M. Audouin sous le nom de méso- 
thorax. Vs ne peuvent être mis en évidence qu’en tirant 
en séns contraire ces deux dernières parties. Placés 
obliquement à l’axe du corps, ils ont une conformation 
extérieure différente de celle des stigmates abdominaux. 
Bien plus allongés, plus minces et moins saillans que 
ceux-ci , leurs valves sont légèrement échancrées sur les 
côtés. 

2°, Stigmates abdominaux. Is sont placés de chaque 
côté de la région dorsale de l’abdomen sur cette mem- 
brane assez épaisse, mais souple et plus ou moins ridée, 
qui unit les segmens du dos aux plaques du ventre. Ils 
eorrespondent aux huit premiers anneaux. Ce sont de 
petits boutons ellipsoïdes , saillans, bruns, lisses, lui- 
sans , durs, cornés, formés de deux valves ou panneaux 
dont l’entr’ ouverture est creuse ou béante. Ils sont blan- 
châtres, mais «@ une configuration semblable, dans les 
Chlænius , plus ronds, plus onverts dans les Sphodrus. 

Ces ostioles pneumatiques, soit du thorax soit de l’ab- 
domen , offrent entre les deux valves qui les constituent 
une scissure des plus étroites , une fente presqu'imper- 


(21) 


ceptible pour l’inhalation de l'air. Lorsqu'on parvient 


à fixer convenablement cet organe sous une forte lentille 


du microscope on découvre que le pourtour de la scis- 
sure est garni d’un duvet excessivement fin , bien plus 
marqué dans le stigmate thoracique que dans les autres, 
Toutes ces bouches respiratoires sont abritées des in- 
fluences extérieures par les élytres et par: la contiguité 


_- du thorax avec la poitrine, 


Je vais signaler les différences que j’ai reconnues dans 
les stigmates de quelques autres familles de coléoptères. 
Dans le Dytiscus marginalis, le Melolontha vulgaris ; 
le Lucanus cervus , V Hamaticherus héros, et sans doute 
dans la plupart des genres qui appartiennent aux fa- 
milles dont ces insectes sont les types, les stigmates , au 
lieu de se présenter sous la forme de boutons bivalves 
et protubérans , offrent ordinairement un disque oyal 
ou oblong entièrement découvert , quoiqu ‘entouré d’un 
mince rebord corné nommé péritrème par M. Audouin, 
Ce disque, observé attentivement avec une loupe . ordi- 
naire , paraît marqué de petites lignes transversales , à- 
peu-près parallèles , d’une couleur plus foncée. Le mi- 
croscope fait reconnaître que ces lignes, disposées sur 
deux rangées opposées , prennent naissance des deux 
bords contraires du rebord corné, et que leurs extrémités 
libres se regardent en laissant entr’elles un intervalle 
linéaire qui parcourt le grand diamètre du stigmate. Cha- 
cune de ces lignes est un tronc simple ou bifurqué dont 
les côtés et les bouts émettent des fascicules , des houppes 
de ramifications comme les nœuds de certaines conferves. 
Ces petits pinceaux sont inégaux en longueur dans le : 


 Dytiscus et l'intervalle qui sépare les deux rangées ne 


| 


x { 

(23) 

_ partage point le disque eh deux parties égales. Dans le 
Lucanus et V Hamaticherus cet ‘intervalle est parfaite- 
ment dans la ligne médiane. Les figures que jé donne 
des stigmates de ces coléoptères mettent en sé rgé ces 
traits: 

Spréngel , dans ün mémoire sur l'organe respiratoire 
des insectes , mémoire fort remarquable et accompagné 
d'excellentes figures , a observé uné structure analogue 
à celles que je viens de décrire dans le stigmate de l'Hy- 
drophilus caraboïdes, La figure que ce même auteur 
donne de cet orifice trachéal dans le Dytiscus circum- 
Jlexus, espèce extrêmement voisine du D. marginalis, 
cadre fort bien avec celle que j'offre ici (r). 


SIL. Des Trachées. 


Les Carabiques n’ont que des trachées tubulaires ou 
élastiques , c’est-à-dire en forme de tubes divisés etsub- 
divisés à la manière des vaisseaux sanguins. Leurs rami- 
fications nacrées vont s’étaler en élégantes broderies sur 

tous les viscères , sur toutes les surfaces. Elles débutent 
à chaque stigmate par un tronc gros et court divisé dès : 
son origine et s’abouchant à une trachée latérale d où 
partent d'innombrables branches. 

Les vaisseaux aériens des coléoptères étrangers aux 
Carabiques ne m ont présenté des différences de configu- 
ration et de structure que dans un petit nombre de fa- 
milles de la section des Pentamères seulement, 


’ 


(1) Conrn Srrencez, Commentarius de partibus quibus Ænsecta 
ra cs ducunt, cum tab. Lipsiæ, 1819; tab. 11, fig. 22; tab. x, 
5+ 29- 


(23) 

. + Dans la tribu des Carnassiers terrestres , composée des 
Cicindélètes et des Carabiques , ils sont tont-à-fait ana- 
logues à ceux de ces derniers, c’est-à-dire tubulaires, 
Mais dans les Carnassiers aguatiques ; qui comprennent 
les Dytiscus, j observe une ou deux utricules pneuma- 
tiques dans la poitrine, tandis que les trachées de toutes 
les autres parties du corps ressemblent àgcelles du Ca- 
rabus. : à, | 

Les trachées des BracméLvrmes sont toutes tubulaires. 
à Parmi les Senriconnes les Buprestides ont des utri- 
culés aériennes fort nombreuses , soit dans la poitrine, 

soit dans l'abdomen , tandis que les Æ/atérides, les Lam- 
rriden: les Melyrides:et les Priniores qui sont rangés 
‘ns cette même famille ne m'ontoffert que des trachées 
‘ubulaires. Y pes 

Tous les CLaviconnes que j'ai Pape n'offrent non 

plus que cette dernière espèce de vaisseaux respiratoires. 
Les Parpicounes. et la riche famille des Lamezz1- 
_:CORNES Ont une quantité prodigieuse de bourses tra- 
-chéennes ellipsoïdales ; d’un blanc mat, communiquant 
ntr'elles par des branches tubulaires. 

-' Les u'achées dans les espèces assez nombreuses d’Hé- 
FSEORNENR , de Térramènes et de Trimënes soumises 
à mon scalpel sont toutes tubulaires ou élastiques. 
Dans les Priones , et probablement dans les autres 
-genres de la famille des Lonciconxes , je découvre dans 
la poitrine un. organe :trachéen particulier ou du moins 
ne disposition toute spéciale de ces vaisseaux aériens, 
L'intérieur de cette eavité est:tapissé par une couche 
assez épaisse. d’un tissu blanc, d’un aspect moelleux, 

mais d’une texture cohérente, On peut, en le saisissant 


\ 


( 24) 


avec une pince et le tirant à soi avec précatition , l'en 
lever tout d’une pièce , car il me paraît avoir de con- 
nexions essentielles qu'avec les deux stigmates qui for- 
ment son origine et sa terminaison. Examiné de plus 
près, cet organe pulmonaire se trouve composé 1°. de 
. deux troncs trachéens ‘considérables connivant entr’eux , 
d’une part augtigmate thoracique ; de l’autre au premier 
stigmate abdominal ou pectoro-abdominal ; 2°. d’un lacis 
inextricable de ramuscules aérifères nés des deux troncs 
précités et de lobules adipeux qui leur sont adhérens, en 
un mot d’une sorte de parenchyme. Ce rudiment d’or- 
gane pulmonaire pectoral que j'ai aussi découvert dans 
les Punaiïses d’eau dont j'ai publié la description et les 
dessins dans le septième volume des Annales générales 
des sciences physiques de Bruxelles, en février 1821, me 
paraît avoir échappé aux recherches des naturalistes qui 
s'occupent d'anatomie comparative. Sprengel a observé 
dans les Sphinx des agglomérations d’utriculés aériennes 
. qu'il compare à des poumons et qu’il désigne sous la dé- 
nomination de Organa vesiculoso-cellularia ; wais Je 
siége de ceux-ci n’est pas restreint danis la poitrine, 
comme cela a lieu dans les Priones ainsi que dans les 
Punaises d'eau, et leur texture intime n’est pas spéciale. 

Avant de passer à l'examen de la fonction respiratoire, 
je dirai deux mots sur la structure organique ’des tra- 
chées. Celles qui sont tubulaires ou élastiques se compo- 
sent de trois tuniques dont l'intermédiaire ; d'un blanc 
argentin , est formée d’un fil élastique roulé en spirale. 
Sprengel n’en admet que deux, maïs d’après sa deserip- 
tion même il est évident qu'il en signale trois. La tuni- 
que extérieure bien reconnue par cet auteur et appa- 


LR e - 12 


(25 ) 


vente seulement dans les gros troncs est une membrane 
d’une ténuité fugace. L’interne soupconnée par Réaumur 
et admise par Swammerdam ainsi que par M. Marcel de 


. $erres, est si fine et si intimement adhérente à l'inter- 


médiaire, qu’il est impossible de l’emisoler. Il m'est très- 
q P 


souvent arrivé, ainsi qu'aux scrulateurs de l'anatomie en- 


tomologique , de dévider d’un bout à l’autre le fil élas- 
tique de la trachée, de manière que celle-ci se défait en- 
tièrement ;et alors ce fil entraîne avec lui des lambeaux 
des deux tuniques qui Jui sont collées. Dans quelques 


.irconstances rares, après l’évulsion du fil élastique , il 


réstait une portion tubuleuse de la tunique interue, 
présque, pellucide et sans. brillant nacré. J'ai exprimé ce 
Fait dans Ja figure qui représente un tronc trachéen du 


-Carabus auratus, Dans la larve du Dytiseus marginalis 


j'ai pareillement mis en évidence cette membrane interne 
kss est d’un brun noirâtre. 17 

+ Quant aux trachées utriculaires ou iéilet elles 
pret une organisalion essentiellement différente de 
celle des conduits tubuleux dont il vient d'être question. 
-Ces réservoirs pulmonaires sont d’an blanc laiteux mat, 


:sans reflet argenté ni nacré , et on.n'y découvre aucune 


trace du support élastique ou des espèces de côtes que 


M Marcel de Serres a signalées dans les bourses pneu- 
-matiques de plusieurs orthoptères. Aivsi ils sont pure- 


ment. membrançux.. D'après. l’auteur que je viens de 


-eiter ces trachées utriculaires se composent de deux 


membranes celluleuses très-extensibles. 
1dans,son mémoire sur les usages du vaisseau dorsal, 


présenté à l’Institut en 1813, M. Marcel .de Serres a 


donné; soit. sur la structure soit sur les fonctions de 


(26) 
Tappareïl respiratoire des insectes, des observations 
nombreuses et du plus haut intérêt. Je suis surpris qu'au 
milieu des détails fort circonstanciés qu’il renferme et 
qui supposent des dissections scrupuleuses , il ne soit 
fait mention ni du parenchyme pulmonaire de la poitrine 
des Longicornes et des Vepes , ni de la texture spéciale 
des stigmates des Dytisques et des Lamellicornes. 
L'acte de Ja respiration ne s'exécute point dans les in- 
| sectes, comme dans les animaux à sang rouge, par une 
digestion de l'air dans un organe circonserit et isolé. Il 
consiste en une véritable cireulation du fluide atmosphé- 
rique au moyen de conduits destinés ‘par leurs prodi- 
gieuses ramifications à le disséminer dans tous les points 
du corps pour le mettre en contact avec les élémens mui- 
tritifs. Ainsi dans les animaux à poumons ; est le fluide 
de la nutrition qui vient chércher l'air dans l'organe 
destiné à le soumettre à son influence locale , tandis que : 
dans lés amimaux à trachées , c'est l'air qui va chercher 
les élétiens nutritifs pour compléter leur élaboration. | 
Au resté, dans lés uns commé dans les autres ; les résul- 
{ats de cette importante fonction sont les mêmes, soit sous 
le rapport de l'influence organique sur la nutrition {soit 
sous celui du changement chimique qu'a éprouvé Fair 
dans ses principes constitutifs , comme: l'ont démontré lés 
expériences de Vauquelin , soit enfin quant à l'acte pure- 
ment mécanique de la Fespheein qui consiste en‘üme 
alternative d'inspiration et d'expiration de l'air pus les 
mèmes orifices, les mêmes conduits. 
La première fois que j’observai les houppes élégéhtés 
es garnissent les stigmates dé quélqués Cbléoptères , 
c'était sur le Dyriscus; ex comme cet insecte vit principa- 


C2) 
lement dans l’eau , Je crus trouver dans ces houppes une 
modification des branchies des Crustacés. Mais la décou- 
verte d'une organisation semblable dans les orifices pneu- 
matiques du Melolontha , du Lucanus , des Cerambyx, 
coléoptères dont le genre de vie, exclusivement aérien , 
est sous ce rapport opposé à celui du Dytiscus ; vint dé- 
iruire ma conjecture. Les fonctions de ce duvet, de ces 


houppes se bornent donc à filtrer l'air, à s'opposer ainsi 


à l'abord des atomes hétérogènes qui nagent dans l’atmo- 
sphère et dont la présenceirriterait les parois trachéennes, 
Ces poils sont aux stigmates ce Te les cils sont à l'or- 
gane de la vue. LALE | 


CHAPITRE CINQUIÈME. 
Du système nerveux. 


L'organe sensitif du Carabus auratus ; le seul qué je 
décrirai , se présente, comme. celui de tous les Coléo- 
ptères, sou$ la forme d’uu double cordon nerveux ren: 
flé d'espace en espace en ganglions d’où partent dés nerfs 
qui vont se distribuer dans toutes les parties. Placé dans 
laignemédiane du corps au-dessous des viscères ét im- 
médiatement sur la paroi ventrale ; il débute dans la tête 
par un organe auquel on ne saurait refuser le nôm dé 
cerveau, et offre ensuite une série de ass Sp tre dis- 
tincis. os 

1". Le cerveau occupe * centre de la tête. l d'uné 
forme arrondie et une organisation différente’ de celle 
des ganglions. Dépouryu d’enveloppe immédiaté appré- 
ciable, il m'a paru logé au-dessous des musclés nom- 
breux qui servent aux mouveniens des diverses parties 


(28) 

de la tête. Sa pulpe cérébrale, pour ainsi dire à décou- 
vert, ne m'a offert aucun lobe, aucune division appa- 
rente. Les deux nerfs optiques en naïssent immédiate- 
ment. Îls sont remarquables par leur grosseur , un peu 
comprimés, et se terminent par un bulbe ovalaire dont 
la rétine est colorée en pourpre et paraît villeuse au mi- 
croscope. 

2°. Le cordon nerveux, qui est l'axe de tout l'appa- 
reil, peut être comparé au prolongement rachidien des 
animaux à sang rouge. Il prend son origine à la partie 
postérieure du cerveau et est formé de deux filets con- 
tigus enveloppés chacun d’un névrilème qui a une cer- 
taine ténacité. 

3°. Les ganglions, que l’on a comparés à de petits 
cerveaux, ont un névrilème qui n’est qu’une continua- 
tion de celui du cordon médian. Ils varient entr’eux par 
leur grosseur , leur distance respective , et les régions 
du corps qu'ils occupent. IL y en a un au corselet, un 
autre à la poitrine et six dans la cavité de Bkbdomen. 

Le ganglion thoracique se trouve placé tout près du 
bord antérieur du corselet et pour ainsi dire entre celui- 
ci et la tête. Il émet de chaque côté quatre ou cinq nerfs 


qui paraissent principalement destinés aux muscles des 
pattes antérieures, 


. 


Le ganglion pectoral est étroitement et profondément 
engagé dans un tissu fibreux qui est au passage de la poi- 
trine au corselet et dont il est extrêmement difficile de le 
débarrasser. Il ne fournit que deux nerfs de chaque 
côté pour les quatre pattes correspondantes. 

-Les ganglions abdominaux , dont le premier est fort 
distant du second et dont les trois derniers sont plus ar- 


( 29 ) 
rondis, presque contigus, donnent chacun naïssance 
à deux paires de nerfs. Le dernier, sensiblement plus 
grand que les précédens , se termine en arrière par deux 
troncs nerveux considérables qui se distribuent particu- 
lièrement aûx organes de la génération. IL fournit outre 
cela trois nerfs de chaque côté. 


CHAPITRE SIXIÈME. 
Du tissu adipeux splanchnique. 


Dans quelques mémoires ayant pour objet des recher- 
ches anatomiques sur les insectes et que j'ai publiés , soit 
dans le Journal de physique de Paris, soit dans les 4n- 
nales générales des sciences physiques de Bruxelles , 
j'avais classé parmi les dépendances de l’appareil digestif 
et désigné sous le nom d’épiploon ce tissu adipeux qui 
est flottant dans les cavités splanchniques et qui forme 
une atmosphère plus ou moins dense autour de tous les 
viscères. J'ai cru plus prudent aujourd’hui de décrire 
isolément ce tissu sans lui assigner une place parmi les 
appareils organiques qui prépidentà aux x principales fonc- 
tions. 

Exatninons-le d’abord dans les Carabiques. 1] consiste 
dans les divers genres de cette tribu en lambeaux grais- 
seux déchiquetés , blanchâtres, comme pulpeux , dont 
l'abondance varie suivant les espèces et suivant quelques 
circonstances individuelles. Soutenus par une 1rame de 
ramifications trachéennes d’une : extrême. ténuité, ces 
lambéaux flottent au milieu des viscères et sont d'autant 
plus multipliés qu’ils s'approchent davantage de la partie 
postérieure de la cavité abdominale. Dans les véritables 


(30) 
Carabes, insectes aptères dont la locomotion s'exécuté 
avec moins d'activité que dans les genres ailés de la même 


tribu , le tissu adipeux splanchnique est bien plus abon- 


dant, plus pourvu de graisse que dans ces derniers , où il 
ne consiste souvent qu'en lambeaux membraniformes 
que leur translucidité rend difficiles à reconnaître. Il 
n’est pas rare qu'il s’accumule plus spécialement autour 
du gésier , et il est quelquefois suspendu à cet organe sous 
forme de guenilles flottantes. On en trouve bien moins 
dans l’Omophron que dans les autres Carabiques. 

Quoi qu’il en soit de l'abondance de ces lambeaux 
‘adipeux, l'observation microscopique nous les montre 
sous la forme de véritables sachets polymorphes essen« 
tiellement constitués par une membrane diaphane et plus 


‘ou moins remplis par une graisse fine et homogène dont. 


les élémens sont comme des points arrondis. 

Au milieu de la pulpe adipeuse splanchnique du Ca- 
rabus auratus , j'ai rencontré , dans l’un et l’autre sexe , 
des corps sphéroïdes blancs , bien isolés, semblables en 
apparence à des œufs de cette configuration , ou plutôt à 
ces petites dragées connues sous le nom d’anis de Verdun: 
Ces globules acquièrent jusqu’à une demi - ligne de dia- 
mètre; ainsi ils sont loin d'être des corps microscopiques. 
Leur nombre est variable suivant quelques circonstances 
de la vie de l’insecte , et il est des individus dans lesquels 
on n’en découvre aucun. Au printemps j'en ai rarement 
trouvé plus de six ou sept de chaque côté de l'abdomen , et 
ils occupent assez constamment une ligne correspondante 
aux stigmates. Âu commencement de l'automne dernière 
en ouvrant un mâle et une femelle de ce Carabe , je ne 
fus pas peu surpris du nombre prodigicux de ces glo- 


(31) 
bules. J'en comptai plus de cent. Ils obstiuaient sion- 
seulement la cavité abdominale, mais encore celle du 
métathorax, Ils s’échappaient par l’incision pratiquée ain 
dos de l’insecte et gagnaient bien vite le fond de l’eau. 
… Examinés de plus près, ces corps sont des bourses 


_sphéroïdes , enduites en dehors d’une couche muqueuse, 
grisâtre , quelquefois nulle, et remplies d’une pulpe ho- 


rmogène, très-blanche. J'ai long-temps eru qu’ils n’a- 
vaient aucune connexion organique avec le tissu ambiant ; 
mais à force de persévérance , je parvins, à l’aide du mi- 
croscope , à découvrir à plusieurs d’entr’eux un col tubu- 
leux plus ou moins prononcé , plus ou moins boursoufilé, 
dont l'extrémité eflilée se perd ou prend naissance dans 


. le tissu graisseux où ils sont plongés. Mais il paraît que 


ce col finit par s’oblitérer, s'efflacer, et alors la bourse 
est, ou toui-à-fait sphérique ou terminée par une petite 
pointe conoïde. Les figures jointes à mon travail expri= 
ment ces divers états. | l5 1 

Dans les Carabes ouverts en automne , j'ai remarqué 
que ces globules étaient généralement dépourvus de col, 
et libres. J’observai aussi que quelques-uns d’entr’eux 
étaient en partie transparens , comme si la matière qui les 
remplissait n'avait pas acquis l'élaboration convenable 
ousa parfaite maturité. Je fis encore une autre remarque 
sur ces mêmes individus d’ automne , c'est qu ils étaient 
bien moins agiles qu'au printemps ou en été, qu'ils 
n'avaient presque. pas de tissu adipeux splanchnique et 
que leurs viscères étaient: Sans énergie , comme fléuis. 

- Quelles peuvent être la nature et les fonctions de ces 
bourses sphéroïdes ? Faut-il les considérer comme le ré- 
suliat d’une altération pathologique analogue à celle 


(52) 


des loupes enkistées, ou doit-on les regarder conte 


des réservoirs de graisse pour les temps de diseute? Les 


circonstances qui accompagnent leur plus grande abon- 
dance à l’époque marquée par la nature pour le terme 


ordinaire de la vie du Carabe porteraient assez à croire 
qu'elles sont l’effet d’une sécrétion morbide ou insolite. 
D'un autre côté, l’on sait que sur la fin de l’automne cet 
insecte disparaît de la surface du sol pour s’enfoncer 
dans des clapiers où la plupart des individus succombent, 
tandis que je présume que quelques autres , sans doute 
ceux qui n'ont pas satisfait à la reproduction de l'espèce, 


passent la saison des froids dans uni état de torpeur , hi-. 


bernent en un mot. N'est-ce pas plutôt pour le maintjen 
de cette existence en quelque Sorte passive que la nature 
a destiné les bourses adipeuses qui nous occupent ? Ce 
qu’il y a de sûr, c’est que la graisse qu’elles renferment 
a un caractère tout particulier de finesse et de parfaite 
élaborätion , et qu’elle paraît avoir les conditions les plus 
favorables à être absorbée pour la nutrition. 

Mais je reviens au tüssu adipeux splanchnique. IE 
existe dans tous les Coléoptères dont j'ai scruté l’organi- 
sation intérieure, et dans les insectes en général. Coinme 
j'en ai déjà fait la remarque , il n'offre que des vestiges 


purement membraneux danssceux qui mènent une vie 


très-active et qui parcourent habituellement les airs, 
tandis qu’il abonde dans la plupart des larves et dans les 
insectes qui ont moins d'énergie vitale. | 


Il revêt dans les Dytiscus les caractères d un véritable | 


épiploon ou d’un mésentère. Il y est formé de feuillets 


membraneux plus ou moins plissés , peu chargés de pe= 


lottes graisseuses et dont quelques-uns très-déliés et en 


r 


(33) 
quelque sorte roulés sur eux-mêmes en imposent pour 


… des conduits tubuleux. Un de ces feuillets, bien plus con- 
sidérable que les autres , se fixe , dans le D. marginalis, 


. à l'origine du ventricule chsffique et s'étend sur lui en 


un tablier flottant qui m'a paru formé d’une double 
membrane. Dans la larve de ce même Dytiscus, le tissu 
adipeux splanchnique est constitué par des sachets brû- 


_nâtres qui répandent , quand on les crève, une humeur 
de cette nuance. Il est également bien marqué dans le 


Gyrinus et ses lambeaux éguenillés sont, par fois, Cy- 
lindroïdes. : | 

Ce tissu dans les BracnéLyrrRes est quelquefois si 
abondant qu’il enveloppe l'appareil digestif et rend'sa 


dissection très-difficile. C’est ainsi du moins que je l’ai 
rencontré dans les grandes espèces de Staphylinus. 11 


est formé d’une pulpe gruméleuse blanche , où l'on re- 
connaît tantôt des lobules courts , tantôt une sorte -de 
disposition réticulaire. I] consiste dans les Pœderus en 
quelques flocons rares. | 

Parmi les Serniconnes, il est presque nul dans les 
deux petits Buprestis que j'ai disséqués. Dans les Elater 
il'offre quelques lambeaux membraniformes semi-dia- 


Fe phanes, médiocrement'abondans. La pulpe âdipeuse du 
Lycus remplit principalement le cor ‘selet et semble con- 


sister en petites utricules qui laissent échapper un liquide 
blanc laiteux d’un odeur de pomme de terre crue, Dans 
le Lampyris femelle , elle est finement granuleuse, et 
celle qui est contenue dans le corselet et la poitrine a 
une couleur rose presque vermillon. Mais dans la larve 
de ce même Lampyris , la pulpe adipeuse à une struc- 


ture qui la rapproche davantage d’un véritable organe. 


VU. 3 


| 


: 4 CE ) 

Elle s'étend soit en dessus soit en dessous des viscères 
en nappes d’une certaine roideur, toutes couvertes de pe- 
tits grains ronds , uniformes, contigus , assez semblables 
à des œufs de poisson, mais non entassés. Ces grains 
nt une consistance un peu solide. L'espèce de canevas 
sur lequel ils reposent est si mince, si diaphane qu'il 
échappe à l’œil armé de la loupe. J'ai trouvé la pulpe 
graisseuse d’un jaune safrané dans le Z’elephorus fuseus, 
tandis qu’elle est blanchâtre dans le 7°, ividus, ainsi 
que dans le Malachius. 

Dans la famille des Craviconnes les Clerus ont un 
tissu adipeux de couleur rosée et peu abondant. Il est 
presque nul dans le Æister. Dans les Silpha, ce sont 
des grumeaux blancs, abondans , formant une sorte de 
matelas au-dessous du tube alimentaire. Le Thymalus 
l’a bien plus rare, mais il y existe. 

L’'AÆydrophilus , le seul ParpiconnE que j'aie étudié, 
a la pulpe adipeuse floconneuse blanche, très-abon- 
dante. | 

Parmi les Lamezzicornes les Scarabéides ont cette 
pulpe presque nulle , tandis que dans la larve de l'Oryc- 
tes nasicornis il y a denombreuses et larges nappes de gra- 
nulations arrondies comme dans celle du ZLampyris. Les 
Lucanus ont ce tissu bien plus prononcé que les Scara- 
béides. Quelquefois il se présente sous l'apparence de 
sachets très-blancs, ovales, oblongs, ou cylindroïdes, en- 
filés par des trachées et disposés en grappes élégantes qui 
convergent à la ligne médiane. Mais quand on cherche à 
vérifier leur texture , on voit que c'est une simple couche 
de graisse très - fine qui enveloppe les utricules tra- 
-chéennes de ces coléoptères. C’est sous cet aspect que 


4 LT (35 ) 

j'ai rencontré la pulpe adipeuse dans plusieurs individus 
du Zucanus parallelipipedus. 

Dans la section des Hérénomènes, les Mézasowes ont 
un tissu adipeux splanchnique, abondant , déchiqueté , 
blanchâtre. Les Taxrconnes , tels que l’Æ/ypophlæus et 
le Diaperis , l'ont fort rare , tandis qu’il estbien marqué 
dans l’Eledona. I] est médiocrement abondant chez les 
Srénézyrres et d’un jaune orangé dans l’'OFdemera cæ- 
rulea. Il est à peine apparent dans le Mycterus. Parmi les 
Tracaézines les WMylabris ont ce tissu graisseux com- 
posé de granulations arondies , surtout celui qui est au- 
dessous des viscères. Il est peu abondant et d’un rouge 
pâle. Cette pulpe est plus considérable dans le Sitaris 
que dans le Zonitis. | 

Les Térramères offrent des variations sous ce rapport. 
Ainsi les Raincopmores n’ont que quelques lambeaux 
membraniformes ou grumeleux d’une graisse fine cu 
blanchâtre ou jaunâtre. Le Pachigaster, qui a les habi- 
tudes sédentaires et apathiques des Piméliaires, a aussi 
plus de tissu adipeux que les autres Curculionites. Les 
Xyzopnaces et les PLarysomes l'ont fin , blanc, rare. Il 
est bien plus prononcé dans les Lonciconnes, surtout 
dans le Cerambyx moschatus où ilm’a paru être le ré- 
ceptacle de ce parfum à la rose qui caractérise ce co- 
léoptère. Je l’äi trouvé fort rare dans les Eurones et pres- 
que diaphane. Il abonde dans les CyeLiques où ilest gru- 
meleux , tantôt blanc , tantôt coloré en jaune ou en 
safrané. C’est surtout dans la lente et paresseuse Zi- 
marcha qu'il se fait remarquer par son abondance. 

Les coléopteres Trimëres , malgré leur petitesse, sont 

‘aussi pourvus d’une pulpe adipeuse qui est jauvâtre dans 
les Coccinelles. 


(36) 
Résumé des caractères anatomiques propres aux Co- 


léoptères en général et aux Carabiques en particu- 
lier. 


: 

J'ai déjà dit dans le préambule de mon travail, que mal- 
gré de nombreuses dissections de coléoptères , je n'avais 
pas jugé à propos de m'élever à des considérations géné- 
rales sur l'anatomie comparative des diverses familles 
qui composent cet ordre d'insectes. Sans m'écarter de cette 
circonspection que j'ai adoptée pour règle dans l’exposi- 
tion de mes recherches , je crois avoir les données sufl- 
santes pour offrir un tableau succinct des traits anatomi- 
ques qui caractérisent les coléoptères en général , et de 
ceux qui sont propres aux Carabiques. 


$ I. Caractères anatomiques des Coléoptères en 
général. 


L'appareil nutritif des Coléoptères se compose d’orga- 
nes manñducatoires, quelquefois de glandes salivaires,du 
tube digestif et des vaisseaux biliaires. Ces insectes sont 
broyeurs , ils ont par conséquent des instrumens propres 
à saisir des alimens plus ou moins résistans, à les inciser, 
les triturer , les mâcher en un mot pour les réduire en une 
pâte avant d’en opérer la déglutition. Leur bouche est 
munie à cet effet d’une paire de mandibules cornées, tantôt 
simplement tranchantes, tantôt dentelées, mobiles trans- 
versalement; de deux mächoires; d’une lèvre; rarement 
d’une /angue ; enfin de quatre ou de six palpes qui sont 
en quelque sorte des organes de dégustation. Les glandes 
salivaires qui dans plusieurs autres ordres d'insectes , tels 


ve (37) 
que les Orthoptères, les Hémiptères, etc., revêtent tous les 
caractères qui constituent un organe, ne semblent que 
rudimentaires dans le petit nombre de coléoptères qui en 
sont pourvus. Elles consistent en vaisseaux paires, fili- 
formes, plus ou moins repliés, flottans par un bout, 
insérés par l’autre dans l’arrière-bouche , et essentiel 
lement formés d’un canal inclus enveloppé d’une tuni- 
que contractile. Ils renferment une salive incolore. Je 
ne les ai rencontrés jusqu'à ce jour que dans quelques 
genres des familles des Mélasomes , des Taxicornes , des 
Sténélytres, des Trachélides, des Rhincophores, des 
Aphidiphages. Le tube digestif a une étendue qui varie 
singulièrement suivant le genre de vie et conséquemment 
suivant les familles de ces insectes. Dans les uns il n’ex- 
cède presque pas la longueur du corps : c’est le plus petit 
nombre; dans les autres il la surpasse de plusieurs fois. 
On y distingue un æsophage ordinairement court; un 
jabot plus ou moins prononcé; dans quelques familles 
un gésier garni intérieurement de pièces de trituration ; 
un ventricule chy lifique d'une grandeur variable, ou gla- 
bre ou hérissé de papilles; un intestin gréle plus ou moins 
long; un gros intestin consistant le plus souvent en un 
cϾcum dilatable que suit un rectum qui dans certaines 
femelles s’allonge beaucoup. La texture du tube digestif 
est musculo -membraneuse et se compose de trois tuni- 
ques contiguës dont l'épaisseur varie, Les vaisseaux bi- 
liaires ou hépatiques s’insèrent constamment à l'extrémité 
postérieure du ventricule chylifique. Ils sont fort longs, 
très-déliés , singulièrement reployés , et d’une texture 
celluloso-membraneuse. Leur nombre et leur mode de 
connexion varient suivant les familles et les genres. Ils 


( 38 ) 

sonttoujours paires. Il n’y en a jamais moins d’une paire 
et jamais plus de trois. T'antôt leur insertion se borne au 
ventricule chylifique, et dans ce cas, ou bien ilssont libres- 
et flottans par un bout, ou bien ils forment un arc diver- 
sement replié dont les deux extrémités s’implantent au- 
tour d’un même cercle. Tantôt cette insertion est double; 
elle a lieu d’une part au ventricule chylifique etde l’au- - 
tre au cœcum , soit que ces vaisseaux s’implantent iso- 
lément, soit qu’ils confluent en un ou plusieurs troncs. 
La bile qu'ils contiennent varie pour sa couleur depuis. 
le violet foncé et le brun jusqu’au jaune, au blanc ou au 
diaphane. | ook 

Les Coléoptères ont, ainsi que les autres insectes , 
deux sexes séparés , et l’acte de la reproduction est un 
véritable accouplement , c’est-à-dire qu’il y a introduc- 
tion de Ja verge dans le vagin et émission d’une liqueur 
spermatique. L’organe générateur mâle se compose 1°. 
de deux testicules formés, soit par les replis agglomérés 
d’un seul vaisseau spermatique, soît par un ou plusieurs 
sachets , soit enfin par des utricules dont le nombre, la 
configuration et la grandeur varient suivant les familles ; 
de 2°. deux canaux déférens variables pour leur lon- 
gueur , quelquefois reployés en épididyme ; 3°. de vé- 
sicules séminales plus ou moins nombrtuses, et de for- 
mes diverses suivant les genres de Coléoptères ; 4°. d’un 
conduit éjaculateur tantôt fort long, tantôt très- court ; 
5°, d’une verge rétractile renfermée dans une armure 
copulatrice dout la conformation se modifie à l'infini. 
On distingue dans l’organe générateur femelle de tous les 
Coléoptères 6°. deux ovaires dont chacun se compose 
d'un calice plus ou moins marqué et d’un nombre , va- 


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Le NE 20) 
riable #.. les genres , de gaines ovigères uniloculai- 
res où multiloculaires , terminées le plus souvent par 
une pièce charnue où se fixe un ligament suspénseur ; 
7°. une glande sébacée d'une structüre diversement 
compliquée , insérée à l’origine de l’oviducte et destinée 
à fournir une humeur propre à lubréfier ou à enduire 


les œufs à l’époque de la ponte; 8°. un oviducte plus ou, 


moins long qui sé continue en un vägin ; j°. tne vulve 
souvent accompagnée de pièces copulatrices ; 10°. des 
œufs globuleux ovales où oblongs ; 6°. enfin dans quél- 
ques cas rares un appareil sécréteur particulier propre à 
former une enveloppe commutie où ane coque aux œufs. 

Indépendamment des organes sécréteurs dont il vient 


_ d’être question, on rencontre encore dans un petit nombre 


de coléoptères un appareil des sécrétions excrémentitiel- 
les placé au voisinage de l'anus. Il se compose oude vais- 
seaux ou d’ütricules sécrétoires et d’une vessie où résér- 
voir, Il est binaire, commun aüx deux sexes, ét à pour 
fonction de former une huméur âcre liquide ou vaporeuse 
que l’insecte expulse à son gré lorsqu'il est menacé de 
quelque danger. 

L’organe respiratoire des Coléoptères consisté en stig- 
mates placés sur les parties latérales du corps, et dont 
l’organisation varie suivant les genres, et de trachées 
tantôt tubulaires tantôt utriculaires qui disséminent l'air 
dans toutés les parties du corps. 

Leur système nerveux se compose d’un cerveau , de 
ganglions placés dans la ligne médiane , variäbles pour 
leur nombre, communiqttant entr'eux et avec le cerveau 
ati moyen d’un cordon à deux tiges contiguës , enfin de 
nerfs proprement dits qui émanent des glanglions. 


| (40) 1 
La capacité abdominale de ces insectes enfer cons- 
tamment un tissu adipeux splanchnique , dont l’abon- 
dance et la couleur varient suivant les genres et qui ne 
paraît pas étranger au but de la nutrition. 


S IT. Caractères anatomiques propres aux Carabiques. 


Les Carabiques sont chasseurs et carnassiers. La lon- 
gueur de leur tube digestif ne surpasse pas plus de deux 
fois celle de leur corps. L’æsophage est court; il est 
suivi d’un jabot musculo-membraneux bien développé, | 
très-dilatable. Puis vientun gésier ovale ou arrondi , à 
parois calleuses et élastiques, armé intérieurement de 
pièces cornées mobiles propres à la trituration et muni 
d’une valvule à ses deux orifices. Le ventricule chylifi- 
que, qui lui succède , est d’une texture molle et expan- 
sible, constamment hérissé de papilles plus ou moins 
prononcées et rétréci en arrière. L’intestin gréle est assez 
court; le cœcum a la forme et la texture du jabot. Le 
rectum est court dans les deux sexes. Les vaisseaux hé- 
patiques ne sont qu’au nombre de deux, en arc diver- 
sement reployé , et s’implantent , par quatre insertions 
isolées, autour de la terminaison du ventricule. chyli- 
fique. | | 

Leurs testicules sont formés chacun par les circon- 
volutions agglomérées d’un seul vaisseau spermatique, 
tantôt presqu'à nu, tantôt revêtues d’une couche adi- 
peuse , d’une sorte de tunique vaginale. Les canaux 
déférens. sont souvent repliés en épididyme. Les vési- 
cules séminales , au nombre de deux seulement , sont 
filiformes. Le conduit éjaculateur est court, la verge 


(41) 

grèle, allongée, l’armure copulatrice plus ou moins 
compliquée. Les ovaires n’ont que sept à douze gaïnes 
ovigères chacun, multiloculaires , réunies en un faisceau 
conoïde; l’oviducte est court ; la glande sébacée com- 
posée d’un vaisseau sécréteur, tantôt filiforme , tantôt 
renfléà son extrémité, et d’un réservoir ; la vulve s’ac- 
compagne de deux crochets rétractiles ; les œufs sont 
‘ovales-oblongs. 

L'existence d’un appareil des sécrétions excrémenti- 
tielles est un des traits anatomiques les plus saillans de 
tous les Carabiques. Il consiste en une ou plusieurs 
grappes d’utricules sécrétoires dont la forme varie sui- , 
vant les genres; en un long canal efférent; en une 
vessie ou réservoir contractile ; en un conduit excréteur 
dont le mode d'insertion varie , et en un liquide excrété 
qui a des qualités ammoniacales. 

L'organe respiratoire a des stigmates en boutons bi- 
valves et des trachées toutes tubulaires. 

Le système nerveux ne diffère pas de celui des Coléop- 
tères en général. 


APPENDICE. 


Oss. 1°, L'étude anatomique du Zomicus typographus 
m'a fourni deux faits assez curieux que je ne saurais 
passer sous silence. Malgré sa petitesse et sa vie retirée, 
cet insecte a des animaux parasites, soit en dehors soit 
en dedans du corps. Entre ses pattes et surtout dans l'ex- 
cavation bordée de pointes qui caractérise la partie posté- 
rieure de ses élytres, j'ai rencontré un grand nombre 
d'individus. d’une Mitte qui se distingue fort bien sans 
} Je secours de la loupe. Son corps est brunâtre, ovale, 


(42) 

antérieurement rétréci en pointe , aplati ou à peine con- 
vexe en dessus ; formé d’une péau coriace , lisse ‘et sans 
aucune trace d’anneaux. Elle n’a que trois paires de 
pattes assez courtes, égales entr'elles, dépourvues de 
poils; mais on voit aux côtés de la pointe qui représente 
la tête, deux palpes ou antennules plus gros et un peu 
plus longs que les pattes , insérés au-dessous du bord de 
cette espèce de petite carapace et composés de cinq arti- 
cles évidemment hérissés de poils. Durant la vie de l’a- 
nimal , je ne pus reconnaître sa bouche ; mais plusieurs 
mois après la mort des Zomicus, ayant recherché sur 
eux les Mittes, je m’aperçus que celles-ci, en quelque 
sorte collées sur le coléoptère , S'en détachaient sans 
peine, mais restaiènt suspendues par un lien impercepti- 
ble. Je les arrachaï avéc précaution , et les ayant soumises 
au microscope , je crus m'apercevoir que ce lien n'était 
antre chose que le suçoir de l’animal qui était resté en- 
gagé après sa mort dans les pores du Tomique. Ce suçoir 
a à peu près la longueur du corps de la Mitte. Dans cet 
état de dessiccation , les pattes de cet aptère avaient dis- 
paru vraisemblablement par leur rétraction sous l’es- 
pèce de test qui constitue son corps, et ce test n'avait 
changé ni de forme ni de grandeur. Je n’ai pas la vaine 
prétention de donner comme un fait nouveau l'existence 
des Mittés sur lé corps des insectes , puisque Geoffroi , 
Linnæus, Dégeer en ont signalé plusieurs, et que 
M. Latreïlle a décrit sous le nom de Gamasus coleop- 
tratorum (Gen. Cr. et Ins. 1, p. 147) celle qui se 
trouve plus spécialement sur les Coléoptères. Notre Witte, 
non-seulement n'appartient pas à cette dernière espèce , 
mais elle m'a paru d’un genre incertain à cause de ses 
six pattes seulement. 


PIE ( 43 ) 

Ons. 11, En examinant à une assez faible lentille du 
microscope les entrailles de ce même Tomicus, une 
heure après avoir été séparées du corps , et lorsque tout 
principe de vie devait y être éteint ; quelle fut ma sur- 
prise de voir les vaisseaux hépatiques agités d’un mou- 
vement particulier dont je ne pouvais deviner la cause, 
attendu que le liquide dans lequel immergeaient ces en- 
trailles , était dans un repos parfait, et que je prenais, en 
portant mon œil sur l'instrument , toutes les précautions 


_ nécessaires. Je pensai d'abord que ces vaisseaux hépa- 


tiques pouvaient bien être l’ultimüm moriens de V'orga- 
nisme. Mais en me servant d’une lentille plus forte, je 


reconnus à l'évidence que des vers intestinaux d'une 


grande ténuité, circulaient dans le tube alimentaire et 
Jui imprimaient leurs mouvemens vermictaires. Quel- 
ques-uns de ces vers étaient engagés dans les canaux bi- 
Baires et leur communiquaient cette agitation dont j'a- 
vais d’abord été frappé. Ces espèces d’Ascarides assez 
semblables aux Vibrions ou Anguïlles du vinaigre 
étaient fort nombreuses. Elles sont pointues par un 
bout et obtuses à l’autre , qui est la tête. Deux jours après 
avoir observé ce fait, ces vers vivaient encore. Doit-on 
les rapporter aux Æscaris, aux Oxyuris, où plutôt aux 
Filaria? h de | k 

Os. nr. Dans le tube alimentaire de divers coléop- 
tères , notamment da Zucanus parallelipipedus, de plu- 
sieurs Melasomes & de limarcha tenebricosa, j'ai 
trouvé abondamment une espèce de vers intestinaux dont 
je joins ici le dessin. Remarquons avant de passer à leur . 
description , que ces coléoptères ont tous une démarche 


. lente , des habitudes paresseuses , en un mot, une éner- 


(44) 


gie vitale peu prononcée, condition favorable au déve- 
loppement de leurs parasites internes. R 

Il y a déja plus de quinze ans que j'ébservai pour la 
première fois ces vers intestinaux en disséquant le Blaps 
gigas en Espagne. Ils habitent dans la pulpe alimen- 
-taire ou excrémentitielle du canal digestif de ces coléop- 
tères, car j'en ai rencontré dans l'estomac et dans les 
intestins. Je les ai quelquefois trouvés adhérens aux pa- 
rois de ces organes. Ils varient pour leur grandeur, ce 
qui tient sans doute à leur âge. Ils acquièrent depuis un 
tiers de ligne jusqu’à une ligne. Ils gagnent de suite le 
fond de l’eau , et leurs mouvemens sont si obscurs qu’il 
faut l'observation microscopique la plus soutenue pour 
les reconnaître. Ils sont conoïdes, d’un blanc mat et 
d’une texture-homogène; dans l’âge adulte, leur corps 
offre vers son quart antérieur ure articulation qui est à 
peine sensible dans les jeunes individus. Le segment 
antérieur est arrondi comme une grosse tête, et la bou- 
che , qui esten devant, consiste en un suçoir rétractile 
dont l’orifice est évasé et festonné dans son contour. L’au- 
tre segment n’offre aucune trace ni d’anneaux ni de con- 
tractures. Il est lisse, conoïde , et son bout postérieur n’a 
présenté à mes recherches attentives aucune ouverture. 

Je n’ai point osé donner une dénomination générique 
à ce ver singulier. Son organisation homogène, l'absence 
d’un canal intestinal et d’un anus l’éloignent de l’ordre 
des intestinaux cavitaires@e M. Cuvier ou Vematoidea 
de Rudolphi, et le rangent dans les intestinaux paren- 
chymateux de notre illustre naturaliste, Leur corps ter- 
miné en avant par un suçoir en forme de ventouse auto- 
rise à le placer dans la famille des Zrématodes de ce 


ne :(#) 

dernier auteur. Mais la forme conoïdé de ce ver qui pré- 
sente un segment antérieur arrondi et l'existence d’un 
seul suçoir festonné ne permettent pas de lui assigner 
une place parmi les genres, décrits dans l'ouvrage de 
M. Cuvier et dans LEncyclopédie. J'éprouve le même 
embarras dans la volumineuse monographie de Rudolphi, 
Le seul genre avec lequel il ait quelque analogie est le 
Caryophylleus, ver intestinal de quelques poissons ; 
mais celui de nos coléoptères n'offre aucune trace d’une 
bouche à deux lèvres, placée au-dessous du bord anté- 
rieur qui est évasé en corolle lobulée. Les seuls vers 
intestinaux des insectes mentionnés par Rudolphi ap- 
partiennent tous au genre Filaria. Il est très vraisembla- 
‘ble que Ramdohr a représenté sous le nom de petit sac 
de l’épiploon dans le Dermestes lardarius, un de nos 
vers. La figure 8 de la planche XI de cet auteur cadre 
assez bien avec les nôtres. | 

Oss. 1v. Dans la cavité abdominale de à Cassida viri- 
dis vivante j'ai rencontré , à plusieurs reprises , dans le 
printemps, une grande larve qui occupait non-seule- 
ment l'abdomen, mais qui s’enfonçait même jusques 
“gs le corselet. Ces larves avaient jusqu’à deux lignes 
Wet demi de longueur, de manière que quand elles étaient 
- hors du corps des Cassides, on eût difficilement cru 
qu’elles pouvaient s’y loger. Je n'ai jamais trouvé qu’une 
seule larve à la fois dans cet insecte. Elle adhérait sou- 
vent par sa bouche au tissu ei joe dont elle paraît faire 
sa nourriture. Les viscères n'étaient jamais attaqués, ct 
voilà sans doute pourquoi les Cassides vivent long-temps 
malgré la présence de ces hôtes voraces. Cette larve est 
apode; blanchâtre , composée de onze anneaux. Sa tête 


(46) | | 

est écailleuse, noire, et une petite pointe de cette dernière 
couleur s’observe à l'anus. Je présumais qu’elle appar- 
tenait à un diptère, Pour m'en assurer, je renfermai dans 
un bocal de verre un assez grand nombre de Cassides 
que je nourrissais avec des feuilles d’artichand. Dans les 
premiers jours de mai j’eus la satisfaction de trouver sur 
ces feuilles deux chrysalides ovales, brunes, glabres, 
d'environ deux lignes de longueur. Bientôt j'en vis sortir 
un diptère qui se rapporte au genre Ocyptera. J'ai soi- 
gneusement consulté les ouvrages de Geoffroy, de Fabri- 
cius et de M. Latreille pour déterminer cette espèce; 
mais je n'ai pu y parvenir et je la crois nouvelle. Je la 
caractérisai ainsi qu'il suit : is 


Ocyptera Cassidæ, N., Ocyptère de la Casside. 


Aterrima , unicolor, nitida, hirta, facie vix argen- 
tea; halterum squamis duplicatis albidis; tarsorum 
pulvillis oblongis albidis ; abdomine oblongo; alis re 
moso-diaphanis, costa ciliato-serrata. 

Habitat larva in cassidæ viridis abdomine > iMAgO 


in floribus. 
e 


Cette Ocyptère a environ deux lignes et demie de lon- 
gueur. Tout le corps est hérissé de poils noirs , roides. 
La tête est ronde , poilue, et les yeux d’un brun obscur. 
La face a un reflet argenté. Les antennes sont noires ; 
leur paleue est ovale-oblongue et la soie est dorsale 
simple , distinctement uni-articulée à sa base. Le corselet 
et l'abdomen n’ont ni raies , ni mouchetures , ni reflets. 

Hs sont d'un noir luisant uniforme, L’abdomen est 


(147 ) 


: oblong, cylindroïde , composé de quatre anneaux. Les 
paltes sont noires , et les pelottes des tarses oblongues , 
d’un blanc roussâtre. Les ailes ont une couleur enfumée 
et la loupe reconnaît que leur côte externe est bordée de 
cils spinuleux fort courts, et qui lui donnent l'aspect 
dentelé. Les cueillerons sont assez grands, d’un blanc 
jaunâtre, doubles et bordés d’un duvet fin très-court. 
Ons. v. Dans l'abdomen du Blaps mortisaga, du 
mâle seulement, on trouve, tout-à-fait au-dessous des 
viscères, à l’endroït correspondant au tubercule exté- 
rieur fauve et duveté qui s’observe entre le prémier et 
le second anneau ventral , un groupe serré de fort petites 
vésicules ovales , blanches , sessiles. J'ignore les fonc- 
tions de cet organe glanduleux qui , je le répète, n'existe 
que dans le mâle. Il ne m'a offert aucune. connexion ni 
avec l'appareil sécréteur du sperme ni avec celui des sé- 
crétions excrémentitielles. Je n’y ai découvert aucun 
vaisseau, aucun conduit , mais les vésicules sont bien 
Apperentes; bien distinctes, Malgré des recherches diri- 
gées avec soin vers ce même but anatomique dans la dis- 
section du Blaps gigas, je n'ai jamais pu découvrir la 
moindre trace de l'existence d’un semblable organe dans 
cette dernière espèce qui a cependant un taille bien su- 
périeure à celle du Blaps mortisaga. 
Dans la cavité abdominale du Mylabris melanura, . 
du mâle seulement, il y a au-dessous du tissu adipeux 
granuleux ventral sur lequel reposent les organes diges- 
_tifs, deux arbusenles blanchâtres qui s’enfoncent prin- 
cipalement dans la poitrine et qui aboutissent à denx 
troncs distincts , quoique contigus. Ils renferment une 
humeur blanche et paraissent s’insérer à la base du ven- 


(48 ) 

tre. Je ne vois en dehors de celui-ci aucune saillie, aucune 
ouverture correspondant à cette insertion. Ils ne se rat- 
tachent point aux organes reproducteurs , quoiqu'ils - 
soient exclusivement propres au sexe masculin. Ainsi 
que je l’ai déjà ditpour le Blaps, je me saurais assigner 
les fonctions de cet organe. L’excrétion de l'humeur 
onctueuse jaune qui se fait par les genoux du Wylabre 
ayant lieu également dans les deux sexes , ne saurait pro- 
venir de ces-arbuscules. | 

Os. vr. Les élytres du Dytiscus marginalis , et vrai- 
semblablement des grandes espèces de ce genre , offrent 
à leur insertion même à la poitrine une pièce remarqua- 
ble qui ne me paraît pas avoir été signalée par les ento- 
mologistes(1). Cette pièce, fidèlement représentée dans la 
figure qui accompagne mon texte , est un cueilleron ana- 
logue à celui qui s’observe à la base de l'aile de la plu- 
part des Diptères, mais dépourvu de balancier. Ce cueil- 
leron d’une forme orbiculaire est constitué par une mem- 
brane mince, blanchâtre , finement pointillée à la loupe 
et dont le contour légèrement intumescent est garni de 
cils. Il est adhérent à la portion lijamenteuse qui unit 
l'élytre à la poitrine. Sa texture paraît être la même que 
celle de la partie membraneuse de l'aile. Il sert sans 
doute à produire le bourdonnement que le Dytisque fait 
entendre en volant. Ces cueillerons existent dans les deux 
sexes. Ce sont les seuls coléoptères à ma connaissance 
dont les élytres présentent ce trait singulier. 


(1) Je lis dans le Dictionnaire classique d'Histoire naturelle (tom.r, 
article Aizeron) que MM. Latrcille et Audoum ont découvert de lens 
côté le fait que je signale. 


(49 ) 


Olivier et M. Latreille ont parlé , dans la description 
del’ Æydrophilus piceus , de l'existence d’un cueilleron, 
à-peu-près semblable , non pas à l’origine des élytres, 
ainsi que dans les Dytisques, maïs à celle des:ailes, 
éomme je m’en suis aussi convaincu. 


EXPLICATION DES PLANCHES, .. 


Planche xx. 


Appareils des sécrétions extrémentitielles 
considérablement grossis. 


Fig. 1. Canasus AURATUS. 
a, grappe des utricules sécrétoires; b, canal eflérent ou uretère ; 
c, vessie ou réservoir ; d, canal excréteur ou urètre, 
Fig. 2. CARABUS CANCELLATUS. 
a ; grappe des utricules sécréloires ou rein ; :b, canal efférent ou ure- 
tère ; ©, réservoir ou vessie ; d, conduit excréteur ou urètre. 
Fig. 3. Bricuinus cRePITANSs. 
a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal eférent ; c, réservoir ; 
d , conduit excréteur ou bombe. ( 
Fig. 4. Portion beaucoup plus grossie du canal efférent. | 
Hd 5. APTINUS DISPLOSOR. 


“aaa , grappes des utricules sécrétoires ; bbb, canaux efférens ; ©, ré- 
servoir ; d, conduit excréteur ou Lombe. 
. Fig. 6. Grunois AUMERALIS. 
a, grappe des utricules sécrétoires ; b , canai efférent ; c » réservoir ; 
. d, conduit excréteur. | 


Planche xx. 


{ 
4 


. N 
Appareils des sécrétions excrémentitielles 
considérablement grossis. 
» Fig. 1. Cusænius VELUTINUS, 
aa, arbuscule des utricules sécrétoires ; b, canal effér our: c; réservoi' 
4 , conduit excréteur. 


L'AILE Ç 4 


(50 ) 


Fig. 2. CaLæNtus VESTITUS. 
a , atbuscule des utricules sécrétoires ; b, canal efférent; c, réservoir; 
d, conduit excréteur. - 
Fig. 3. SPHODAUS PLANUS. 
a , arbusculé des utricules sécrétoires ; b, dns! efférent ; c , réservoir; 
d, conduit excréteur. 
Fig. 4. CALATHUS FULVIPES. ke 
a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; ce, réservoir ; 
d , conduit excréteur. 
Fig. 5. STEROPUS MADIDUS. 
a, grappe des utricules sécrétoires ; b , canal efférent ; c, réservoir ; 
d , conduit excréteur. 
Fig. 6. Zasnus opesus. 
a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent ; ©, réservoir ; 
d, conduit excréteur. . à 
Fig. 5. NEBRIA BREVICOLLIS, 
a, grappe des utricules sécrétoires ; b, canal efférent; c, réservoir ; 
d , conduit excréteur. 


Fig. 8. OmoPHRON LIMBATUM. 


a, utricule sécrétoire; b, canal efférent; c, réservoir ; d, conduit 


excréteur. 


ds 9. BLaps GIGAS. 
a , portion de l'abdomen ouvert en dessus ; b, les deux vessies propres 


à cette espèce : elles sont entourées de replis vasculaires inextri- 


cables ; c , dernier segment de l’abdomen. 


Planche xx1. 


Fig. 1. Région dorsale du corselet et de l’abdomen du CaraBts AURA- 
TUS grossi, pour mettre en évidence les stigmates. | 
a, stigmate thoracique, qui est apparent par la soustraction de la 
moitié du corselet ; bb, stigmates abdominaux. 
À , un stigmate thoracique considérablement grossi, où l’on voit le 
duvet qui borde l'ouverture. 


B , un stigmate abdominal considérablement grossi. 


Fig. 2. Un stigmate abdominal et une trachée correspondante grossis 
du même Carasus. On voit en a du tissu adipeux splanchnique , 


Bac. ic db, an 


| (51) 
et en bles bourses adipeuses sphéroïdes munies vu dépourvues de 
Fig. 3. Région dorsale du corselet et de l’abdomen du Dyrriscus marct- 
waL1s grossi, pour mettre en évidence les stigmates. 
a , stigmate thoracique ; bb, stigmates abdominaux. Les deux der- 
* nières paires, plus allongées , sont placées près du bord antérieur 
de l’anneau dorsal et non sur les côtés ; la dernière est , dans l’état 
ordinaire, tout-à-fait cachée sous l’anneau précédent et abritée 
sous des poils dont le bord de celui-ci est garni; c, portion basi- 
laire d’une élytre redressée et renversée , de manière à laisser à dé- 
couvert sa face inférieure , afin de mettre en évidence le cueilleron 
cilié qui s'y articule ; dd, le bord latéral de l’anneau qui porte la 
seconde paire des stigmates abdominaux est marqué, en dessous 
principalement , de fines stries perpendiculaires à l'axe du corps, 
parallèles, serrées entre elles, et formant un léger relief. Cette 
structure particulière, qui n’est point mentionnée dans les ouvrages 
d’entomologie , est analogue à celle qui existe dans plusieurs Or- 
thoptères : elle est, comme dans ces derniers, destinée à produire la 
stridulation , qui est propre au Dyriscus lorsqu'on le saisit et qu’on 
l'inquiète, A cet eflet, le bord correspondant de l’élytre est tran- 
chant , et il fait office d’archet , en pose aspérités de l’espace 
strié. 


Fig. 4. Un des deu stigmates abdominaux, considérablement 
grossi, du Dyriscus MARGINALIS , afin de rendre évidente sa struc- 
_ ture intime. 


Fig. 5. Premier had abdominal considérablement grossi du Luca- 
NUS CERVUS. 


% 
* 


Fig. 6. Portion considérablement grossie de la peau dorsale de l’abdo- 


men , qui supporte les deux premiers stigmates dans l’'Hsmaricne- 

RUS HEROS. | : 

‘a, stigmate Phrase RES Ilest de good, plus ouvert et placé 
plus obliquement que les autres ; son péritrème est garni intérieu- 
rement d’un duvet velouté brun qui, observé plus scrupuleusement 
au microscope , paraît formé de pinceaux, de vmrholes dont les 
soies sont simples ou rameuses, 

b , premier stigmate abdom:nal. Il est en bouton saillant , situé trans- 


versalement à l’axe du corps, et le bord de ses ns est garni d’un 
duvet dé poils simples. 


(52) 

Fig. 7. Portion considérablement grossie de la peau dorsale de l'abdo- 
men qui supporte les deux premières paires de stigmates dans la 
CassiDA VIRIDIS. 

Les stigmates abdomigaux de ce Coléoptère sont au nombre de 
cinq seulement de chaque côté et établis sur une p'aque particulière‘ 
noire , oblongue , bien circonscrite. Ils sont ronds et entourés d’un 
péritrème simple , nu. 


Planche xxx bis. 


Mig. 1. Organe pulmonaire considérablement grossi , logé dans la poi- 
trine du Prionus FABER. ! . 

a, stigmate placé entre le corselet et la poitrine. Il est allongé en forme 
de navette , et son péritrème est garni de duvet. 

db, autre stigmate logé profondément au devant dela hanche de la 
troisième paire de pattes. 

ecc, sorte de parenchyme adipo-trachéen qui accompagne les troncs 
pulmonaires qui yont de l’un de ces stigmates à l’autre, 

Fig. 2. Système nerveux grossi du CArABUS AURATUS. 

a, cérveau; bb, nerfs optiques ; c, ganglion thoracique ; d, dE 
pectoral; ee, ganglions abdominaux. 

Fig. 3. Tarse et tibia considérablement grossi d’une patte antérieure du 
HarpALUS RUFICORNIS mâle. 

a, tibia vu par le côté, interne , pour mettre en évidence l’échancrure 
qui le caractérise; b, sinus qui forme cette échancrure. Il est en 
partie fermé par une cloison cornée , et il se termine par une soie 
noire flexueuse ; c , érgot assez fort et constant , que les entomolo- 
gistes ont cru, à tort, faire partie de l’échancrure tibiale. Il s’in- 
sère à la face inférieure du tibia et se dirige vers l’échancrure qu’il 
déborde. "87 

d , articles du tarse, vus en dessus. Ils sont articulés entre eux par 
une tête orbiculaire : indépendamment des poils dont ils sont hé- 
rissés ; chacun d’eux , à l'exception de celui qui se termine par les 
ongles ; a à ses angles antérieurs un piquant bien plus grand, et à 
son inférieure ou palwaire deux pièces particulières que je décrirai 
bientôt. L’avant-dernier article est fortement échancré en cœur ; 
le dernier est allongé, en massue. Les crochets des ongles sont 

. simples , c'est-à-dire dépourvus de dents , et on observe entre eux 
une petite languette ou pelotte oblongue e. 

A ,un des articles du tarse énormément grossi, vu par sa partie in- | 


(53 ) 


féricure et dégarni dé tous ses poils , à l'exception des piquaus qui 

terminent ses angles antérieurs , afin de mettre en évidence deux 

pièces particulières exclusivement propres aux tarses antérieurs du 

mâle de ce Harpalus , et qui paraissent destinés à s’appliquer et à 

se coller sur le corps de la femelle pour l’acte de la copulation. 

Chacune de ces pièces est allongée et consiste en un axe traversé 

par des lames tronquées, plus ou moins parallèles entre elles. Ces 

lames m'ont paru composées elles-mêmes de petites écailles se 
tement imbriquées. 

Fig. 4. Tarse et tibia antérieurs fort grossis du Carænius vELUTINUS 
mâle. 

Le tibia est moins sensiblement échancré que dans d’autres Ca- 
rabiques. Les trois premiers articles du tarse sont presque carrés 
et serrés entre eux ; l’avant-dernier est conoïde , échancré en crois- 
sant , et les angles de cette échancrure se terminent par quelques 
spinules divergentes. ‘ 

B , un des premiers articles de ce tarse ebiltsé grossi et vu en 
= dessous. Il est bordé de longues soïes et garni d’un duvet épais, 
villoso-spongieux , formé de poils terminés par un petit bouton. 
Fig. 5. Tarse et tibia antérieurs fort grossis du SPHODAUS TERRICOLA 

mâle. . | 

Le bord antérieur et interne du tibia, ainsi que celui de la cloi- 
son cornée qui ferme en partie l’échancrüre tibiale , sont garnis de 
petites soies roides, rapprochées, uniformes, disposées au mi- 

+ croscope comme les dents d’un peigne : l’ergot qui termine l'angle 
antérieur et interne du tibia est pointu et mobile. 

€, un des articles intermédiaires du tarse considérablement grossi et 
vu en dessous. Il est garni et bordé de spinules assez courtes , dis- 
tinctes et mobiles. ; 

Fig. 6. Patte postérieure grossie du ZoniTis PRÆUSTA. 

Les cuisses postérieures et intermédiaires de cet insecte ont à 
leur base une appendice ou trochanter très-marquée, quoique moins 
détachée que dans les Carabiques. Le tibia se termine, à son angle 
interne , par deux épines , dont l’une est plus grosse et tronquée. 

_ D, un des crochets de l’ongle considérablement grossi. Il est denté en 
scie dans toute son étendue , et les quatre ou cinq dents qui avoisi- 
nent la pointe sont brusquement plus courtes : une soie simple, et 
de sa longueur, s'articule à sa base. 

Fig, 7. Vers intestinaux considérablement grossis , trouvés dans Le tube 


(54) 


alimentaire de divers Coléoptères et appartenant pent - être à un 
genre nouveau voisin du Carxopayzzeus de Rudolphi. 

a ,un de ces vers adulte , avec le suçoir saillant et ouvert ; à, le même, 
avec le suçoir contracté et fermé ; c , le même, plus jeune, avec le 
segment antérieur moins marqué; d , le même, plus allongé , et 
peut-être d’une espèce diflérente, 

Fig. 8. Ascaris où Filaria fort grossi ; trouvé dans le tube alimentaire 
du Tomwrcus rxPocRarHus. 

Fig. 9. Acarus fort grossi, trouvé sur le corps de ee Towicus, et peut-être 
d’un genre nouveau. 


Irinéraine géognostique de Fontainebleau à Chà- 


teau-Landon, et Composition du sol de La plaine 
de Château-Landon; 


Par M. le vicomte HÉRricarT FERRAND , 


Docteur en Médecine. 


IL est admis que le terrain d’eau douce superficiel de 
Château-Landon appartient géologiquement au bassin de 
Paris (Description géologique des Environs de Paris, 
p. 290), et que la partie superficielle du plateau qui 
s’étend des rives du Loing , à l’est, jusqu'à Épernon et 
Chartres, à l’ouest , appartient à la formation d’eau douce 
supérieure (méme ouvrage, p. 283). D’ après ces deux 
assertions et la situation de Château-Landon sur la rive 
gauche du Loing, ne semblerait - il pas évident que le 
terrain d'eau douce superficiel de Château-Landon appar- 
tient à la formation d’eau douce supérieure ? Cependant 
la plus grande incertitude subsiste encore à cet égard 
(même ouvrage, p. 289 ). ER 

D'où vient donc que la position réelle du terrain d’eau 
douce de Château-Landon est encore incertaine ? C'est 


(35) 

_ 19, parce que ce terrain a paru lié sans interruption quel- 
<onque avec les calcaires d’eau douce, soit moyens , soit 
supérieurs , de la forêt de Fontainebleau , qui se prolon- 
gent vers le midi jusqu’à Château-Landon, et peut-êtreun 
. peu au-delà (ouvrage cité, p. 290); 2°. parce que ce ter- 
rain est à la surface du sol , et qu'aucun autre ne le re- 
couvre (mème ouvrage , p. 290); 3°. enfin parce qu'on 
ne sait pas sur quelles roches il repose (même ouvrage et 
même page ). 

Cette incertitude m'était d'autant plus pénible 1°. que, 
disciple de MM. Cuvieriet Brongniart, j'avais , à la lec- 
ture de leur ouvrage , une propension irrésistible à 
adopter une opinion différente de la leur, lorsqu'ils con- 
cluent (ouvrage cité , p. 298 ) qu’il est extrèmement pro- 
bable que le calcaire lacustre de Château-Landon appar- 
tient à la formation d’eau douce moyenne ou gypseuse ; 


et 2°. que, sans avoir encore été à Château-Landon, plus 


je recueillais de détails et de renseignemens sur son ter- 
rain d’eau douce , plus j'étais amené à ie regarder comme 
de formation supérieure. 
Convaincu que de nouvelles observations pouvaient 
seules détruire une telle incertitude , je me rendis à pied 
de Fontainebleau à Château-Landon , ayant pour but de 
constater les liaisons du terrain d'eau douce superficiel 
de Château-Landon avec les terrains d’eau douce supé- 
rieurs et moyens.de la forét de Fontainebleau; et, d’a- 
près ce que j'ai vu, je me permettrai de dire 1°. qu'au- 
. tant ces liaisons me semblent évidentes avec le terraîn 
d’eau douce supérieur , autant elles me semblent encore 


invisibles avec le terrain d'eau douce moyen ; et 2°. qu’au- 


tant il est vrai que ce terrain est superficiel et n’est re- 


(56 ) 


couvert par aucun autre , autant il est certain qu’on rpeut 
voir sur quelles roches il repose. 

Des faits vont servir de base à mes assertions. Je n’hé- 
site plus à les publier , et si MM. Cuvier et Brongniart 
ont le loisir de les discuter, de les combattre et de les dé- 
montrer erronées , il n’en sera pas moins glorieux pour 
leur élève d'avoir provoqué un moment leur attention: 

Après deux jours de marche à travers les plaines du 
Gatinais, j’arrivai à Château-Landon sans avoir perdu de 
vue un seul moment le terrain d’eau douce supérieur, 
une fois que je l’eus atteint au-dessus de la grande for- 
mation des sables et des grès dans la forêt de Fontaine- 
bleau ; sur ja route de Malesherbes aux rochers du mau- 
vais passage du côté d'Ury. Chaque fois que je m'étais 
dirigé vers l’est , entre Fontainebleau et Nemours, pour 
reconnaître les petites vallées qui vont s'ouvrir dans la 
vallée du Loing , j'avais retrouvé la formation des sables 
et des grès qui sortaient de dessous le terrain d’eau douce. 
Si la profondeur de ces diverses vallées met en évidence 
la grande épaisseur des sables et des grès , les puits des 
villages situés en plaine, tels que celui de Recloses , pro- 
fond de 40 mètres, celui d'Ury de 50, et celui de la 
Chapelle-la-Reine de 72 , doivent faire meitre en ques- 
tion, s'ils ne percent pas au - dessous du terrain d’eau 
douce , la formation des sables et des grès ;'et si cette 
formation ne reparaîtrait pas lorsque lès plaines à l’ouest 
de tous ces villages s’abaissent. Les observations de 
* M. de Tristan témoignent en faveur de cette opinion, 
puisqu'il a constaté qu'aux énvirons de Boissy- aux- 
* Cailles ; à l’origine.de ja vallée de l’Ecolle, les grès sont 
à jour dans cette vallée, et qu’on les suit pendant un 


LT 
2 


D e 


(65) © 


demi-myriamètre environ , dans la vallée de P Essonne , 


au-dessus de Malesherbes , avant qu’ils ne disparaissent 


sous Je terrain d’eau douce supérieur (1). 

Près de Némours, à Larchant, et à Puiselet ) lieu 
élevé où il a été établi un télégraphe , je vis reparaître 
au-dessous du terrain d’eau douce la formation des sables 
et des grès toujours d’une puissance considérable. 

Deux vallées , celle d’'Ormesson et celle du Fay, qi 
descendent , dans la direction du sud-ouest au nord-est, 
des plaines du Gatinais dans la vallée du Loing au-des- 
sus de Nemours , achevèrent de me convaincre que la 
formation des sables et des grès , dans laquelle ces deux 
vallées sont tranchées , ne disparait sous le terrain d’eau 
douce que lorsqu'on entre en plaine. Au haut de la 
montagne d'Ormesson , le terrain d’eau douce paraît ne 
consister que dans un banc de calcaire blanc marneux. 
Plus vers Je midi , dans la plaine au-delà de Chatenoy, il 


prend, à en juger par la profondeur des puits, une grande 


épaisseur. Eneffet, dans le village d'Ichy (pl. 22), où on 
creusait un puits, la fouille était déjà à 20 mètres de pro- 
fondeur, toujours dans le terrain d’eau douce, et on s’at- 


_ tendait à arriver au sable. D’après les renseignemens que 


je recueillis, et l'examen que je fis des matières retirées, 
on avait traversé : 


1°, Terre vé étale.. ui... nn es dés us ss 3 mèt, ooe. 
20, Calcaire blanc marneux, ou tuf..«.............. 3 33 

3°, Calcaïre blanchâtre , solide, écailleux,+.......... © 33 

4°, Calcaire blanc marneux , ou tuf..-............. 13 : 33 


Toraz. 19 mèr gg ec. 


(x) Mote sur la Géologie du Gatinais ; par M. Jules de Tristan. — 
Voyez les Mémoires de la Société des Sciences physiques , médicales et 
d'Agriculture d'Orléans , année 1811. 


(58) 

On fondait la certitude qu’on touchait au sable sur ce 
qu’en creusant un puits , en 1824, dans le même village, 
on l'avait atteint à 20 mèt. de profondeur, Je me rendis 
aussitôt sur l'emplacement de ce puits , et je vis encore 
sur place le monceau de sable blanc et les grès qui en 
avaient été extraits. 

Suivant les détails qui me furent donnés ; On avait 
traversé : 


10. Terre --se.erv concorde emeneu mens teur.  omèt. 66cC. 
2°. Calcaire blanc marneux , ou tuf.ssessses ess... 1 33 
30. Calcaire blanchâtre solide, +: .. esse... 3 33 
4° Calcaire blanc marneux, ou tuf....++........., f4 oo 
5e. Grès. Le banc était rompu et disjoint..-....:+::. Oo 33 
69, Sable blanc très-pur.:+ «+..+.eu. ee a. NS TS SUR 00 


“fé 


k Torar.  ogmèt. 65c 


À cette profondeur, l’eau affluant avec abondance , on 
ne creusa pas davantage , et on ne sait sur & sai roche 
repose le sable. 

J'ai encore retrouvé les grès près du hameau de “Mai- 
son-Rouge (pl. 22), entre Aufferville et Bougligny, dans 
un vallon à peine sensible qui est l’origine de la vallée du 
Fay, dont j'ai déjà fait mention. Ce ne sont pas des masses 
isolées, mais un banc en place sur un large espace, et dont 
on suit la continuation en remontant depuis le Fay ; il 
disparaît sous le sol d’eau douce de la Pains. qui prend 
de la hauteur vers Bougligny. 

: Près des hameaux de Foljuif et de Guenbiille la 
nappe de grès disparaît encore sous le terrain d'eau 
douce. 

A l'est de Bougligny, et au point le plus élevé de Ja 


’ (59 ) 
plaine , il a été établi un télégraphe qui répond, au nord, 

: à celui de Puiselet, et au midi à celui de Château-Landon, 
dont je n’étais alors éloigné que d’un demi - myriamètre 
environ. Malgré cette distance , j'en découvrais si bien . 
Féglise , le télégraphe et les maisons, que tout concourait 
à m'’affermir dans l'idée que la plaine de Cliäteau-Landon 
était une plaine élevée. Tout le sol de la plaine de Bou- 
gligny est de terrain d’eau douce ; et persuadé que jus- 
qu'à Château-Landon je ne devais plus retrouver appa- 
rente la formation des sables et des grès , je m'informai 
si les puits de Bougligny ne l’auraient pas fait connaître. 
Leur profondeur est de 50 mètres environ, et entre 17 
et 18 mètres à partir de leur ouverLure , ‘ils ‘atteignent les 
sables et les grès. 

De Bougligny à Chenouteau , tout le sol de Ja plaine 
est encore de terrain d’eau douce, et l’abaissement du 
terrain réel , quoique peu sensible. Le puits de ce ha- 
meau n’a que 32 mètres de profondeur, et, comme ceux 
de Bougligny, il pre les sables et les grès : il n’est 
point muraillé jusqu'au fond. Au-dessous du banc 
de grès il a une vaste excavation dahs le sable. Son fond, 
d’après les détails qui me furent donnés par un ouvrier 
qui y est descendu plusieurs fois, est creusé dans de la 
mauvaise pierre où Cliquart. > 

Tandis que mes observations ne me faisaient plus con- 
naître que du terrain d’eau douce, mes informations me - 
démontraïent toujours au-dessous la formation des sables 
et dés grès , et le même ouvrier qui m'avait donné des 

détails sur le puits ‘de Chenouteau m'aflirma qu’en me 
rendant à Château-Landon je trouverais en plaine des ex- 
ploitations de sable, Ce renseignement me faisait con- 


( 60 ) 

clure que la formation des sables et des grès , que j'avais 
vne disparaître à Maison-Rouge , à Foljuif et à Quenou- 
ville, sous le terrain d’eau douce de la plaine , et que 
j'avais suivie sans la voir à travers les puits d'Ichy, de 
Bougligny et de Chenouteau, devait reparaître du côté de 
Château-Landon. Rempli de l'espoir de convertir ce ren- 
seignement en fait irrévocable, je me dirigeai :sur Bu- 
teau. Dans la partie de plaine que je traversai pour m'y 
rendre , en laissant Chenou à ma gauche, le sol en cul- 
ture était souvent semé d’éclats de calcaire d’eau douce, 
et en si grande abondance, qu'ils annonçaient que la 
couche de terre végétale étaitbien mince. Enfin j'arrivai 
au hameau de Buteau (pl. 23, coupe C D), où près de 
la première maison, et depuis un ns immémorial , 
on exploite le sable. 


Le lieu où cette exploitation est ouverte m'offrit la 
coupe suivante. 

ET Terre végétale. nm “+ o mèt, 5o € 
2°. Calcaire blanc sans consistance. . ,. ... :» 0 66 
* 3°. Calcaire blanchâtre solide , en bancs irréguliers, o 33 


4°. Calcaire blanchätre solide écailleux , en bancs 
réguliers. , . . . . . 


LS L1 L2 Li .. . Le . ER EL. À 


# Sable blanc pur. . . . .. . .. 


o 
SR ME MENRT. 
+ Sable et grès coquillier. . .. ..,...,..,. 1 
7°. Etes A. 2 reel 4 55 
8°. Grès non coquillier. . . . . .. , , . . . o 


Toraz. 8 mèt. 53 €. 


Une formation d’eau douce à la surface du terrain, et 
en place, est ici hors de toute contestation; elle se lie 
sans aucune interruption quelconque à celle que j'ai re- 
connue au-dessus des sables et des grès aux rochers du 


SR — 


ASC 


mauvais passage , dans la forêt de Fontainebleau, sur la 
route de Malesherbes, Au-dessous on retrouve la for- 
mation des sables et des grès dont le puits de Che- 
nouteau , à trois kilomètres seulement de distance, a 
constaté la présence. La partie supérieure du sable 
offre ici une particularité : elle est coquillière ou con- 
tient des grès coquilliers. Les coquilles que j’ÿ ai obser- 
vées autorisent à établir que les sables et les grès marins 
supérieurs existent en cet endroit. Je n'ai pu voir ce 
qu'il ya sous le sable, mais d’après les renseignemens 
que j'ai obtenus des ouvriers , on trouve au-dessous une 
roche dure qui n’a pas été percée. 

A »00 mètres environ, plus vers le midi, une se- 
conde excavation présente une coupe à-peu-près pareille, 
seulement la formation d’eau douce de la surface est plus 


épaisse. 


De Maison-Rouge , de Foljuif, et de Quenouville à à 


. Buteau , la distance est-elle trop grande pour croire que 


les sables et les grès qui se trouvent dans cette dernière 
localité n’appartiennent pas à la même formation que les 
sables et les grès des trois premières , lorsqu'on voit la 
continuation des uns et des autres dans la partie intermé- 
diaire, par la perforation des puits de Bougligny et de 
Chenouteau: | 

De Buteau au Ménil , le sol de la plaine ne varie point ; 
le calcaire d’eau douce est en éclats dans la terre. A peu 
de distance du Ménil ; et au sud-est, en tête du vallon 
qui descend par Brusel à Château-Landon , en cernaut 
cette ville par le nord , je trouvai, comme à Buteau , le 
sable sous la formation d’eau douce : il est mis à jour et 
extrait dans plusieurs places peu éloignées les unes dés 


L 


( 62.) 
autres , mais je n’y ai pointtrouvé, comme à Buteau, le 
grès coquillier. Je n'étais alors qu’à trois kilomètres au 
plus de Chàteau-Landon, et j'avais aequis la conviction de 
l'existence des sables et des yrès sous une grande étendue 
de plaine d’un terrain d'eau douce non interrompu de- 
puis la fosèt de Fontainebleau. 

Du Ménil à Chàteau-Landon , le sol de la plaine, au 
nord du vallon de Brusel , et de celle qui est au midi , où 
est le télégraphe qui correspond à celui de Bougligny, est 
toujours de la mème formation d’eau douce. L’épaisseur 
que cette formation acquiert est bien visible dans le val- 
lon de Brusel à Château-Landon (pl. 23, coupe C D) sur 
la pente gauche , dans les champs en culture. Ce sont 
d’abord des roches qui percent çà et là la terre ; et ensuite 
des bancs réguliers dont on a tenté l'exploitation à di- 
verses époques. Je ne m'arrête point aux caractères mi- 
néralogiques de ces roches , parce qu'ils sont ceux des 
roches calcaires de Château-Landon. | 

Encore quelques pas de plus, ét j'atteignis une vaste ex- 
ploitation en grande activité. La nature des bancs calcai- 
res et des blocs qu’on entirait ne pouvait plus me laisser 
de doute , et j'étais fondé à croire que j'étais dans la car- 
rière de Château-Landon, qui, depuis plus de vingt ans, 
a fourni tant de pierres pour Paris ; je n'étais cependant 
encore que dans une exploitation toute récente, celle de 
Brusel ou du télégraphé, mais en quelque sorte sous les 
murs de Château-Landon. Deux bancs y sont présente- 
ment exploités : le plus bas contient quelquefois dans-sa 
partie inférieure des silex roulés : c’est celui par lequel 
on a commencé l'exploitation; le supérieur s’est montré 
peu à peu en décombrant davantage vers la plaine , et on 


f 


(63) d 
a l'espoir de voir s'établir un troisième banc supérieur | 
aux deux précédens. 

Des mouvemens considérables de terre et de déblais, 
que j’aperçus à un kilomètre environ au nord-est de Chà- 
teau-Landon , sur la gauche du vallon que je venais de 
suivre , mais plus bas relativement à son cours , fixèrent 
alors toute mon attention , et marchant constamment sur 
le sol d’eau douce, j'entrai enfin dans les carrières de 
Châtéau-Landon , celles d’où on tire toute la pierre qui 
vient à Paris sous cette désignation , ou celles qui ont été 
ouvertes pour le compte du ne reg sous le mi- 
nistère de M. Cretet. ? 

C'’étaient moins les carrières de Château-Landon et la 
formation d’eau douce supérieure qui devaient alors 
m'arrêter et attirer mes recherches, que toute la plaine où 
ces carrières ont été ouvertes, et la base de cette plaine; 
c'est-à-dire que je devais alors avoir pour but de décou- 
vrir les formations inférieures à la formation d’eau douce. 
Mes observations ont été très-multipliées , et m'ont con- 
vaincu que l'emplacement où ces carrières ont été ou- 
vertes n’est qu'un point de la grande et haute plaine de 
Château-Landon , qui n’est qu'une fin des vastes plaines 
du Gatinais et de la Beauce. 

Sous cette dénomination de grande et haute plaine de 
Chäteau-Landon , je comprends (pl. 22) l’espace qui est 
borné au midi par la vallée du Susain , à l’est par la vallée 
du Loing , et qui se rattache aw nord, malgré la dépres - 
sion de quelques légers vallons à la plaine de Besigny et 
de la Madelaine , et à l’est à celle de Chenou. 

En présentant la plaine de Château - Landon comme 
une plaine haute et élevée, je dois prévenir que je man- 


sn 


(64) 


que des données suflisantes pour fixer sa véritable hauteur 
au-dessus du zéro du pont de la Tournelle, à Paris ; 
aussi ne l'ai - je indiquée que d'une manière approxima - 
tive et sujette à rectification. J'y suis parvenu d’après la 
pente connue de la Seine , qui est de 14m., 620 du zéro 
du pont de la Tournelle , à Paris , jusqu’à Saint-Mamert, 
à l'embouchure du canal du Loing (pl. 23 ), et de celle 
du canal du Loing , qui est de 42m, 830 du lieu de son 
embouchure , que je viens d'indiquer , jusqu’à son ori- 
gine à la fin du canal d'Orléans, au - dessous de Mon- 
targis. D’après le nombre des écluses et leur chute de 
Saint-Mamert à Soupes et au port Cretet, au-dessus de 
Grand - Moulin , il n’était pas diflicile d’avoir, relative- 
ment à Saint-Mamert, la hauteur de ces deux endroits, 
situés sur le canal à une distance moyenne ; entre son 
origine et son embouchure. Je l’ai fixée ; pour le pre- 
mier, à 24 mètres , et pour le second , à 26 mèt. ; par 
conséquent , la véritable hauteur de Soupes, au-dessus 
du zéro du pont de la Tournelle, sera de 38m-,62 (pl. 23, 
coupe 4 PB), et celle du port Cretet sera de 40,62 (pl. 23, : 
coupe C D). 

. Quant à la hauteur de la plaine de Château-Landon , 
au-dessus de Soupes et du port Cretet , je n’ai connais- 
sance d'aucune donnée quelconque pour l’établir ; je l'ai 
évaluée à 50 mètres au-dessus du canal du Loing à Sou- 
pes ; conséquemment , sa hauteur au - dessus du zéro du 
pont de la Fournelle sera de 58m.,62 (pl. 23, coupe 4B, 
et coupe € D). Il suit de là que cette hauteur pourra 
être contestée ; maïs en attendant qu’elle soit assignée 
par des uivellemens et des observations barométriques, 
je me crois fondé à la maintenir. Un fait qui afler mit 


(65 ) 


encore dans l’idée que la plaine de Château-Landon, d’un | 


. niveau presqu'uniforme , est d’une grande hauteur, c’est 


. 


qu'elle a été choisie pour y placer un télégraphe, et que 
la bâtisse qui le porte a fort peu d’élévation (pl, 22 
et 23, coupe CD). 

Les carrières de Château-Landon sont au bord de la 
plaine (pl. 23, coupe ÆB) et exploitées à ciel découvert. 
Les bancs calcaires se montrent à jour par place, à gauche, 
au haut du vallon de Saint-Severin, qui vient de Brusel , 
et sur le bord gauche de la vallée du Susain. Ils ne sont 
d’abord recouverts que par une terre brune argileuse ; 
mais à mesure que l'exploitation avance vers la plaine, 
des bancs de calcaire blanc marneux , sans consistance * 
et de calcaire blanc solide, qui n’est d’aucun emploi, 
s’interposent-entre la terre argileuse brune et les bancs 
calcaires exploités. I} en résulte que les déblais deviennent 
de plus en plus considérables en avançant vers la plaine. 

La carrière ouverte pour le compte du gouvernement 
est la plus vaste , celle qui à le plus attaqué la formation 
d’eau douce, et celle qui fait bien connaître sur quelles 
roches cette formation repose. 


J'y ai remarqué, de haut en bas, les couches sui- 
vantes : | 


. 1°. Terre végétale et terre argileuse brune, d’ane 
épaisseur variable , mais qu’on peut évaluer à+  oimèt. 5oe. 
2°. Calcaire blanc marneux, . . . . 
3°. Calcaire solide écailleux fendillé. # FRAC, 
4°. Premier banc exploité. . ,.. 4,44... 


+ 708 
5o. Deuxième banc exploité, ..,.,....... 2 oo 
6°. Troisième banc exploité ; il est coloré. Siret: De 

9°. Banc d’argile jaunâtre qui manque a RUE Hd A 10 
8° Poudingue .... 4.4... 1 34 
Toraz. gmÈt O0 


VILL, 5 


(66) 


Toutes les diverses couches de là formation d’eau douce 
vont en s’amincissant et se perdant de la plaine vers le 
bord de la vallée. En entrant en exploitation, les bancs 
calcaires sont fort minces et très-souvent.réduits à un 
seul. Après 10, 20 à 30 mètres environ d'exploitation 
vers la plaine , ils se régularisent. Jusque-là leur surface 
est très - inégale , et ils sont conistamment rompus ; les 
bords des masses disjointes sont arrondis, usés , et les 
intervalles qui les séparent sont remplis de la terre ar- 
gileuse brune inférieure à la terre végétale, 

Dans le banc calcaire marneux n° 2, et dans le bane 
calcaire solide écailleux fendillé, n° 3, je n’ai remarqué 
aucun silex et aucun corps organisé fossile. 

La nature des trois bancs exploités, n° 4, 5 et 6, est 
tellement connue ( Descript. géolog. des environs de 
Paris, p. 290) que je ne m'y arrêterai point : il en sera de 
même pour les coquilles qu’ils contiennent (même ou- 
vrage, p. 291). EE | 

Ces bancs présentent des fissures et des ruptures qui 
déterminent , lors de l'exploitation , le volume des blocs; 
il n’est pas rare d’en voir de 8 à 9 mèt. cubes. Le plus 
volumineux qui ait été extrait était de 52 mèt. ; il a été 
débité sur place , faute de moyens de transport. 

Les fissures dans les bancs sont si multipliées que des 
espaces assez étendus ne donnent point de blocs. Il suit 
de là que tout ce qui est mis au rebut l'emporte de beau- 
coup pour la masse sur celle qui représente les blocs qui 
seront employés. Ce fait n’est pas à dédaigner, il se lie 
à celui dont j'ai fait mention précédemment, la rupture 


et la disjonction des bancs calcaires à leur apparition sur 
le bord de la vallée. 


2 


“C67) 

Au-dessous du troisième banc, le banc inférieur ou le 
banc coloré, on trouve par place une couche d'argile 
jaunâtre de 0,16 c. qui repose sur un poudinguë de 1", 
34c. d'épaisseur (pl. 23, coupe Æ B), ou une couche de 
silex roulés liés par une pâte sableuse et siliceuse. La 
description du poudingue siliceux du Fay, pag. 292 
de la description minéralogique des environs de Paris, 
est applicable à cette couche de silex qui fait le fond de 
Ja carrière, et qui est constante. Elle paraît à jour sur le 
flanc de la vallée du Susain , et du vallonde Saint-Severin 
qui est la prolongation de celui de Brusel ; ou par l’im- 
mensilé de cailloux roulés A on observe à une certaine 


“hauteur, ou par des masses qni sont restées aggrégées, ou 


. par d’autres masses sans consistance qu’on découvre pour 


peu qu'on fouille la terre. 

Plus bas enfin paraît la craie. Elle règne sur une assez 
grande longueur dans lé vallon de $aint- Severin quicerne 
la ville par le nord ( pl. 22). Elle contient un grand 
nombre de silex. Le passage immédiat de la couche de 
cailloux ou du poudingue à la craie ÿ esi diflicile à juger. 
Il'est plus facile à saisir à la coupe de terrain faite ré- 
cemment sur la grande route en sortant de la ville, et 
montant dans la plaine pour aller à Soupes. 

Le cap aigu et élevé qui porte Château-Landon (pl. 22) ; 


_et qui résulie de la réunion du vallon de Saint-Severin 


: 
| 


avec la vallée du Susain , offre de ses deux côtés la craie 
avec silex. Supérieurement elle est un peu jaunàtre. Les 
ouvriers lui donnent le nom de castine. Inférieurement 


elle est blanche, æilsl’appellent bZanc. 


Je ne saurais trop fixer l'attention des géologues qui 
ont fait une étude spéciale du bassin de Paris ; sur cette 


(68 ) 

craie jaunâtre désignée à Château-Landon sous le nom 
de castine. N'est-elle que de la craie, ou est-elle un 
passage de la craie à une des formations qui lui sont su- 
périeures , et notamment au calcaire grossier marin , ou 
au calcaire siliceux ? c'est une considération que je ne 
dois pas omettre : mais toujours est-ilcertain qu'ilne sem- 
ble plus devoir rester de doutes sur les roches sur les- 
quelles repose la formation d'eau-douce de Château -Lan- 
don. S'il enétait ainsi, les faitsnouveaux queje vais ex- 
poser les dissiperaient complètement. 

Toutle pourtour de la plaine, dont l'emplacement des 
carrières de Château-Landon n’est qu’un point, présente 
des carrières pareilles à celles de Château-Landon. De 
celles-ci à ces diverses exploitations, soit anciennes soît 
nouvelles , la continuation de la même formation d’eau 
douce est sans aucune interruption. Ce sont celles du 
haut de la côte du port Cretet au nord-est de Mocque- 
pois (pl. 22, et pl. 23, coupe CD), dela plaine de la My- 
voye entre Chäteau-Landon et Soupes , et du cap qui est 
circonscrit par le vallon de Chausepois et celui de Ja 
My-voye (pl. 22, etpl. 23 , coupe 4B). Dans ce dernier 
endroit la plaine baïsse vers la vallée du Loing, Jes 
bancs calcaires éprouvent le même mouvement , et ils 
finissent n’étantplus recouverts que d’une terre argileuse 
brune semblable à celle qui recouvre le commencement 
des bancs calcaires dansles carrières de Château-Landon. 
Outre cela, leur surface est très-irrégulière, et ils présen- 
tent des perforations de diverses grandeurs dont quel- 
ques-unes sont susceptibles de recevoir le bras. Ils of- 
frent en un mot tous les effets d’une grande action des- 
tructive. Les fossiles sont les mêmes qu’à Château-Landon 


( 69 ) 


La couche de poudingue ou de cailloux roulés, in- 
férieure à la formation d’eau-douce dans les vastes car- 
rières de Château-Landon, paraît s'étendre sur toute cette 
plaine de formation d’eau-douce jusqu’à la vallée du 
Loing. Je l’aireconnue, 


19, Sur tout lé coteau gauche de la vallée du Susain : 
depuis Château-Landon jusqu’à son embouchure dans la 


grande vallée du Loing, en passant par le hameau de 


Pont-freau (pl. 22 ). 


2°. Sur la pointe de la plaine du hameau de Mocque- 
pois (pl. 22, et pl. 23, coupe CD) où les cailloux roulés 
semblent former uniquement le sol de cette plaine. Après 
bien des recherches, un d'eux m'a présenté une empreinte 
d’oursin. 


39, Sur divers points le long de la côte du port Cretet 
erde Grand-Moulin ( pl. 22 et pl. 23, coupe CD). : 
4°. Dans le vallon qui descend de la plaine de la My- 


 voye à la vallée du Loing (pl. 22). 


5°. Enfin à la coupe récemment faite sur la droite de 


_ lagrande route, en descendant de la plaine de Château- 


Landon au pont de Soupes, et dans le vallon de Chause- 
pois(pl: 22, et pl. 23, coupe 4 B). 
Avoir constaté, que la formation d’eau - douce de 


Ja haute et vaste plaine de Château - Landon, liée sans 
interruption quelconque avec les terrains d'eau douce 


supérieurs de la forêt de Fontainebleau , repose sur une 


couche de poudingue ou de cailloux roulés dans une 
_ pâte siliceuse , est-ce simplifier ou compliquer la ques- 
_ tion de savoir à quelle formation d’eau douce il faut 
* rapporter le calcaire de Château-Landon , et à quoi peut 


_ % 


( 70 ) | 
répondre ce poudingué dans les diverses formations du 
bassin de Paris ? 

La difficulté pourrait devenir excessive si de nou- 
veaux faits ne venaient se grouper encore aux précé- 
dens. En effet, après avoir constaté 1°. que ce n’est qu’à 
trois kilomètres environ à l’ouest, et au nord-ouest de 
Château-Landon, que la formation des sables et des 
grès cesse d’être visible, et 2°. que la formation d’eau 
douce de Château - Landon répose sur une couche 
de poudingue ; en multipliant encore mes observations, 
j'ai reconnu que le poudirgue est superposé aux sables 
ou aux grés. 

Je dis d’abord qu'il repose sur les sables : c’est de toute 
évidence 1°. à la coupe récente que j'ai déjà indiquée 
en descendant par la grande route de Chäteau - Landon 
au pont de Soupes , et 2°. dans un lieu opposé dans le 
vallon qui descend dé la plaine de Mocquepois à Pont- 
freau , dans la vallée du Susain (pl. 22). 


{ 


Je dis ensuite qu'il repose aussi sur les grès ; c’est ce 


in’est pas moins évident dans le vallon qui descend de: 
qu P q 


Ja ferme de la My-voye dans la vallée du Loing (pl. 22, et 
pl. 23, coupe 4 B}). Des masses de grès, encore en 
place, y sont surmontées par des masses de poudingue 
d’une grande ténacité, Ce fait , qui s’offrit à moi pour la 
première fois dans ce vallon, me le fit réchercher ailleurs, 
etje le retrouvai à peu de distance dans le vallon qui re- 
monte de Soupes à Chausepois (pl. 22). Dans le bas je 
vis d’abord des masses de grès, de poudingue, et de cal- 


caired’eaudouceisolées et confondues; mais à une certaine 


hauteur le grès en place sort du flanc du vallon, etil 
est couronné par le poudingue. Plus haut je vis des ro- 


(71) 

. ches de calcaire d’eau douce formant un banc continu; 
et j'entrai dans la plaine de Chausepois qui se lie im- 
médiatement à celle de Château-Landon. 

Les grès d’une part , qui sont encore en place et cou- 
ronnés par les poudingues , et de l’autre ces sables qui 
sont aussi surmontés de ces mêmes poudingues sont-ils 
contemporains, et de la même formation ? c’est probable: 
et n'appartienment-ils pas à la formation des sables et 
des grès qui disparaît à Maison-Rouge, à Foljuif, à Que- 
nouville (pl. 22), mais reparaît par les puits d’Ichy, de 
Bougligny , de Chenouteau (pl. 22), et les fouilles de 
Buteau et du Ménil (pl. 22, et pl. 23 , coupe C D)? c’est 
encore probable. À la vérité je n’ai pas vu les grès et les 

.… sables sous le poudingue des carrières de Château-Landon; 
mais peut-on refuser d'admettre qu’ils se prolongent 1°. 
du Ménil à Pontfreau et à la montagne qui descend au 
pont de Soupes, deux localités où se voient les sables ; et 
2°, du Ménilaux deux vallons, de la My-voye et de Chau- 
sepois, deux autres localités ou se voient les grès ? 

J'ai encore observé quelques grès sur la droite de la 
vallée du Susain dans un léger vallon près des Gautiers, 
enface de Château-Landon. Jedoute qu'ils soient en place, 

mais je dois les indiquer pour les naturalistes qui pour- 
raient étendre leurs observations plus loin que les mien- 
nes. Toute la plaine au-dessus de ce léger vallon est de 
terrain d’eau douce , que je ne puis hésiter un seul 
instant de rapporter à la même formation que celui de 
Château-Landon. L’immensité de cailloux roulés que je 

vis encore en m'élevant de la vallée dans la plaine cons- 
tate que la couche de poudingue s’étend de ce côté. Au 
bas du coteau la craie est à jour etexploitée. Je n’ai pas 


.. 


(72) 
étendu mes observations au-delà de ce canton qui fait 
la limite de ma coupe 4 B. 

La craie règne encore constamment , 

1°. Sur la gauche de la vallée du Susain , ge Chà- 
teau-Landon jusqu'à son embouchure dans Rà vallée du 
Loing (pl. 22 ); 

2°, En descendant sur toute la gauche de la vallée du 
Loing (pl. 22). À Grand-Moulin près du port Cretet, 
elle est très-relevée. Dans le bas elle y est exploitée pour 
convertir en blanc d'Espagne. Dans le haut elle est 
jaunâtre, d’une cassure très-écailleuse, et semblable à 
celle qui. est désignée à Château-Landon par les ouvriers 
sous le nom de castine. Ici, comme à Château-Landon, 
faut-il voir dans cette couche de castine un passage de 
la craie à une des formations qui lui sont supérieures ? 
c’est un point à discuter. 

30, Dans le bas de la montagne qui descend de la 
plaine de Château-Landon, et de la ferme de la My-voye 
au pont de Soupes (pl. 22, et pl. 23, coupe 4 B). 

La coupe toute récente de la montagne de Soupes pour 
adoucir la pente de la grande route qui va à Château- 
Landon, et qui s'élève sur le côté droit du vallon qui 
vient de Chausepois, ne semble au premier abord présenter 
que de Ja confusion et du désordre ; mais après m'y être. 
arrêté plusieurs fois, et avoir rapproché , comparé tout 
ce qu'elle présente avec ce que j'avais observé sur les 
autres points du pourtour de la plaine deChâteau-Landon, 
j'ai vu que l’ordre le plus parfait y règne, et que la 
stratification, en allant de bas en haut, de la craie, du 
sable, du poudingue et du terrain d’eau douce, y est bien 
régulière, malgré la très-grande ondulation de ces di- 


< 


de la grande formation des sables et des grès supérieurs ; 


TS 


(737): 2 

verses formations qui sont coupées autant de fois que leurs 
ondulations sont apparentes. JERES 

De toutes mes observations et de tous les faits pré- 
cédens je me crois autorisé à conclure que la stratifi- 
cation de la hauteet vaste plaine de Château-Landon ne 
peut plus être contestée, et premièrement qu'elle se 
compose de bas en haut des formations suivantes (pl. 23, 
coupes 4B,eCD). L 

1°. De la craie. | 

2°, Du sable et du grès. 

3°. Du poudingue. 

4°. Du terrain d’eau douce supérieur. 


Secondement , que le terrain d’eau douce superficiel 
doit incontestablement être admis pour appartenir à la 
formation d’eau douce supérieure, pour la raison qu'il 
se lie sans aucune interruption quelconque avec les ter- 
rains d’eau douce de formation supérieure de Fontaine- 
bleau, de Malesherbes et d'Etampes , par les terrains 
d’eau douce des plaines intermédiaires , aussi de forma- 
tion d’eau douce supérieure , et sur lesquels on ne peut 
élever le plus léger doute , puisqu'on voitla grandeforma- 
tion des sables et des grès supérieurs se transmettre sous 


. toutes ces plaines jusqu’auprès de Château-Landon, et 


qu'on la retrouve au-delà, aux Gautiers , à Pontfreau, et 
dans le vallon de la My-voye et de Chausepois. 
Troisièmement , que le poudingue ou la couche de 
cailloux roulés dans une pâte sableuse et siliceuse , sur 
lequel repose la formation d’eau douce de Château-Lan- 
don , n’est que le couronnement ou la partie la plus élevée 


(74 ) 

et que les cailloux roulés de ce poudingue diminuent de 
volume à mesure qu’on approche de Fontainebleau. 

Quatrièmement, enfin, que malgré toutes mes recher- 
ches je n'ai pu découvrir sur la gauche de la vallée 
du Susain jusqu’à son embouchure dans la vallée du 
Loing , sur la gauche aussi de celle-ci jusqu’au pont de 
Soupes , et à la coupe de la droite du vallon de Chause- 
pois, pour adoueir la grande route qui monte de Soupes 
à Château-Landon , aucun indice de terrain d’eau douce 
moyen , à moins qu'on ne veuille admettre qu’il soit 
représenté par cette portion élevée de la craie à Château- 
Landon et à Grand - Moulin que les ouvriers appellent 
castine , et que j'ai proposée un moment de regarder 
comme un passage de la craie à une des formations qui 
lui sont supérieures. Si cette idée pouvait un jour pré- 
valoir , cette zone de craïe ou de castine ne pourrait en 
aucune manière établir la liaison du terrain d’eau douce 
de Château-Landou avec les terrains moyens de Fontaine- 
bleau et de ses environs , par la raison qu’elle est infé- 
rieure aux sables et aux grès, et au poudingue qui en- 
trent dans la stratification de la plaine de Châäteau- 
Landon. s. | GA | 

Le calcaire d’eau douce moyen des deux vallées du 
Fay et des Chätaigniers ( Descript. géolog. des env. de 
Paris, pag. 292), au sud de Nemours, peut-il autoriser 
à rapporter celui de Château-Landon à la même formation? 
De nouvelles observations me: semblent indispensables 
pour prononcer aflirmativement , tant.le désordre de ces 
deux vallées me paraît grand et la liaison de leur terrain 
d’eau douce moyen avec celui de Château-Landon encore 
pen établie. 


EE 7 


( 79 ) 


L'analyse chimique enfin sera-t-elle plus puissante? 
Démontrera-t-elle assez desilice dans lecalcaired’eau douce 
de Château-Landon pour le maintenir dans le calcaire si- 
liceux ? Non : par la raison que M. Berthier , ingénieur 
au corps royal des mines, n’y a pas trouvé un centième 
de silice. Mille parties de ce calcaire d’eau douce con- 
tiennent, d’après son analyse, 970 de carbonate de chaux, 
20 de carb. de magnésie, et 10 de silice , aiutnine et 
oxide de fer (t).. 

Si je ne suis point assez heureux pour faire tomber 
l'incertitude qui subsistait sur le terrain d’eau douce de 
Château-Landon , etsi je me suis de plus en plus enfoncé 
dans l'erreur, en voulant faire prévaloir sur l’opinion 
de ses maîtres celle de leur élève , que Le terrain d’eau 
doucede Chäteau-Landon appartient auxterrains d’eau 
douce de formation supérieure, au moins sera-t-il recon- 
nu et me sera-t-il accordé que dans la question qui serait 


encore indécise, j'y aurais apporté de nouveaux faits 
» JY PP 


qui viendraient la compliquer, et par conséquent ré- 
clamer pour la résoudre tous les efforts des géologues 
qui font une étude spéciale du bassin de Paris. 


un 


(1) Annales des Mines, tom. vr1, pag. 484. 


(76) 


Réronse à La Note. sur les Graminées de M. J, J. 
C. de La Harpe, insérée dans le numéro de 
septembre 1825 ; i 


Par M. Rasraiz. | 


Lonsqu'ox cherche dans la science à découvrir des 
vérités et non à usurper une réputation, on ne peut que 
s’applaudir des objections qu’on rencontre'dans sa mar- 
che , et c’est avec un vif sentiment de reconnaissance , 
qu'on s'applique à en résoudre les difficultés. 

C'est dans cet esprit que nous allons répondre aux 
faits que M. de La Harpe oppose à notre système , tant 
en son nom qu'au nôm d'autrui; et si nous n’avons pas 
répondu plus tôt, c’est que nous avions des travaux à pu- 
blier dont nous né pouvions pas interrompre le cours. 

« M. de La Harpe a trouvé sur le Phalaris canarien- 
._ » sis et sur foutes les Graminées à tige rameuse des 
» feuilles parinerviées éloignées souvent d’un pouce de la 
» base du chaume, qui d’après nous appartient à la même 
» articulation qu’elles, et ne formait , dans le principe 
» de sa végétation , qu'un même système avec elles. » 

La manière dont M. de La Harpe a généralisé le fait 
nous portait à croire que l’auteur avait pris une toute 
autre feuille pour la feuille parinerviée (nob.). Car ce 
fait est bien loin de se présenter sur toutes les grami- 
nées à tige rameuse , ainsi que l’a avancé l’auteur , soit 
qu'on entende par tiges rameuses les tiges aériennes dont 
les bourgeons se développent en rameaux , soit qu’on en- 
tende les tiges gazonnantes. D'un autre côté, nous 
avions expliqué un fait analogue , quatre mois avant la 


| (77) 

publication de la note de M. de La Harpe, dans üne 

note lue à la Société d'Histoire naturelle, et nous 

avions distribué des individus offrant ce phénomène, 

M. de La Harpe était présent ;:et pourtant il ne nous a 

pas opposé cet exemple qui aurait fixé l’état de la ques- 
‘tion , dans le cas où il aurait entendu seu d'un phé- 

nomène analogue. : 

Comme nous croyons cependant que c’est de ce fait 
que M. de La Harpe a voulu parler, et que le doute 
qu'il a fait naître dans notre esprit ne vient que de la 
généralité de l'application ; nous nous ferons un plaisir 
de consigner dans cette réponse l’explication que nous 
avions donnée à la Société d'Histoire naturelle; nous y 
joindrons en outre la figure, pl. 24, fig. 1. 

Lorsqu'on fait germer dans l’eau des graines de Zea 
mays, expérience que nous avons été obligés de répéter 
bieu des fois depuis que nous nous occupons de la fa- 
mille des Graminées , on voit dans le principe les deux 
nervures de la feuille parinerviée s’insérer exactement. 
sur le point où s’insère lanervure médiane du cotylédon. 

| (Ces deux nervures donnent souvent naissance à leur 
__ base à deux radicelles qui se glissent de bas en haut entre 
cette feuille et notre cotylédon. ) | 

: Mais quelque temps après ces deux nervures herba- 
| cées commencent à séparer leur base de celle du coty- 
_.  Jédon, et cette séparation s’aecroissant de jour en jour 
forme une espèce d’entre-nœud (fig. 1, su) entre la feuille 
parinerviée et la base de cotylédon. Cet entre-nœud donne 
même naissance à une foule de radicelles (000, fig. 1) qui 
partent de chacune des nervures intérieures qu’il recèle. 
* Ce fait-là, au premier coup d’œil, semble contrarier le 


(58.) 

principe que nous avons appuyé, au jugement de M. de 
La Harpe, sur des faits nombreux, clairs et irrécusables, 
Cependant ce n’est ici qu'une appatence bien capable, il 
est vrai, d'en imposer, si l’on s'arrête là , mais bien facile 
à expliquer si l’on applique aux recherches végétales la 
méthode sans laquelle la zoologie n'aurait pas fait un 
pas ; je veux dire les dissections anatomiques qui pour- 
suivent un vaisseau jusqu’au point le plus caché de son 
origine. 

On admettra avec moi 1°. qu'une feuille de Grami- 
nées, quelle qu’elle soit, s’insère toujours sur une articu- 
lation. 2° Que le tissu cellulaire de deux organes concen- 
triques peut s’agglutiner en un seul tissu , et que pour 
la distinction des organes , on ne doit tenir compte que 
de Ja distinction des vaisseaux. Or, en coupant par ron- 
delles successives et de haut en bas l’entre-nœud dont 
nous parlons (fig. 1, s,t, u), et en commencant au point 
où les deux nervures herbacées disparaissent aux yeux (s) 
on pourra s'assurer que ces deux nervures, bien loin 
de s’insérer sur l'articulation qui semble les supporter, 
descendent au-dessous de l'articulation elle-mème (+). On 
peut les suivre distinctement jusqu’à une distance plus 
ou moins voisine du cotylédon. Ilest vrai qu’elles dimi- 
nuent en diamètre; mais qui ne sait pas que plus un 
vaisseau , une nervure, un chaume même, s'éloigne du 
contact immédiat de l’atmosphère pour s’enfoncer dans les 
tissus ou daus les enveloppes , plus son diamètre décroit? 
L'important en ceci est qu’on puisse distinguer les ner- 
vures des autres vaisseaux de la tige bien au-dessous de 
l'articulation qui paraît immédiatement au-dessus du co- 
tylédon , pour qu’on soit en droit de conclure qu’elles 


(79 ) 
s’insèrent sur l'articulation du cotylédon lui-même, et 
dès-lors l’objection est réfutée. 

Il faut se rappeler que ‘les nervures ne se distinguent 
bien à l’œil nü que par les deux lignes vertes qui les bor- 
dent ; quand ces deux lignes ne se forment pas, ce n’est 
qu'au microscope qu'on peut reconnaître une nervure 
(vaisseau) ; c’est pourquoi les deux nervures de la feuille 
 parinerviée, dans le fait que nous décrivons , se distin- 
guent bien au-dessus de l'articulation où la matière verte 
s’est formée (p"), et cessent d’être apparentes sur la partie 
inférieure qui est restée presque étiolée (1 u ). | 

Nous désignons le Zea mays, parce qu’il est plus 
propre, à cause de son volume , à ces sortes d’investiga- 
tions. Ces faits se présentent aussi assez souvent sur Îles 

plantes qui germent dans la terre. On n’en rencontre 
presque jamais d'exemple sur es tiges rameuses, c'est-à- 
dire , sur les tiges aériennes dont les bourgeons se sont 
développés en rameaux ; mais au contraire et presque 
exclusivement sur les tiges souterraines , ou bien encore, 
.quoïque plus rarement, sur les tiges gazonnantes, c’est- 
à-dire , sur celles qui produisent des rameaux par leurs 
bourgeons basilaires. Nous croyons que c'est de ces der- 
nières que M. de La Harpe a voulu parler. Quoi qu’il ex 
soit , voilà l'explication que des dissections rigoureuses 
nous permettent d'en donner. 

L'auteur nous objecte ensuite que notre principe sut 
les rapports de la feuille parinerviée avec le chaume 
ne sauraient s'appliquer aux dicotylédones. Il est éton- 
nant qu'on fasse à notre système un reproche qu'on n'« 
jamais osé faire à aucun système antérieur; et qu’on 
veuille nous réfuter par les dicotylédones, tout en avouant 


ed 


- 


( 80 ) 

que la distance entre celles-ci et les monocotylédones 
est immense. Cependant, afin de ne rien laisser à désirer 
à nos adversaires, nous essaierons. d'appliquer ici en 
deux mots nos principes aux dicotylédones , en nous ré= 
servant de fournir de plus amples renseignemens dans 
un mémoire spécial, 

On observe à la base du pétiole du Melianthus minor 
deux stipules séparées. Nous soutenons que ces deux sti- 
pules correspondent aux deux nervures de la feuille pa- 


rinerviée des Graminées, et ne sont, comme elles, qu’une 


attenance de la feuille à la base de laquelle ces stipules 
s'insèrent. Veut-on une preuve convaincante de cette 
analogie? elle nous sera fournie par le Welianthus ma- 
jor (fig. 3 et 4, p'). Ce ne sont plus ici deux stipules 
séparées, c’est une feuille rigoureusement parinerviée, 
semblable en tout à une feuille parinerviée des Grami- 
nées; ici ce n’est pas de sa base que s’élève la tige ou le 
pétiole de la feuille (1); mais ce pétiole ne se détache 


-d’elle que vers la moitié de sa longueur, et c’est de ce 


point qu’elle devient parinerviée. Quant à l’ordre d'al- 
ternation, et à la disposition des organes caulinaires , 
le Melianthus major (qu’on me passe l'expression) est 
une véritable Graminée, avec la seule différence qu’en 
général dans les Graminées les nervures médianes ne 
se détachent que dans le sein d’une feuille qui garde 
elle-même son intégrité, et que dans le Melianthus au 
contraire les nervures médianes de toutes les feuilles se 
détachent les unes, pour devenir les pétioles de feuilles 
ailées avec impaires (f), et les autres pour devenir une 
tige (u). | 
Nous ajouterons que dans toutes les espèces dicoty- 


e LA 
, 


ES | (81) 
lédones à: une seule stipule (Polygonum, Ombelli- 
fères, etc.) cette stipule est toujours marquée d’une 
large lacune à la partie qui fait face au pétiole. Quand 

_cetie lacune membraneuse s’oblitère , la base du pétiole 

paraît munie de deux stipules. 

_  Ce.n’est pas ici le lieu de donner plus de développe- 
ment à ces idées, qui sont aujourd'hui pour nous de Ja 
plus grande évidence, mais qu'il serait nécessaire de 
faire précéder par une démonstration d’un ordre difré- 
rent. | | 

Nous avons lieu d’être étonnés seulement que l’on 
trouve singulier qu’une nervure médiane, qui n’est pas un 

“organe simple , mais un organe aussi composé, quoique 
moins riche , que la tige la plus grosse, puisse devenir 
florifère. Cette prétendue singularité se rencontre dans 
tout le système des végétaux. La nervure de la bractée 
du tilleul ne donne-t-elle pas naissance à un corymbe? 
Chaque nervure des feuilles des Xy/ophylla ne produit- 
elle pas un bouquet de fleurs ? | 

M. de La Harpe fait entendre qu'il lui serait possible 
de prouver que la pression d’un organe voisin: suffit 

_ pour détruire un vaisseau ; jusqu’à ce que M. de La Harpe 
tienne sa promesse, la foule de nos raisons subsiste, | 
et nous nous contenterons de leur ajouter ici la citation 
de la fig. 13. dela planche 14 de notre premier mémoire. 
On y voit que le cotylédon a supporté une forte pression 
de la part de la plumule , puisqu'il porte une empreinte 
profonde; et pourtant sa nervure médiane est ‘intègre ; 

la feuille parinerviée qui a exercé cette pression ; perd la 
sienne ; et ses deux nervures latérales qui exercent la 
mème pression subsistent dans toute leur intégrité. Ce 

LALLE 6 


t 


( 82 ) 
n'est donc pas à la compression ciel on peut attribuer 
l'absence d’ un organe. 

Enfin l’analogie que nous avonsétablieentre la panicule 
et le stigmate paraît non moins singulière ; il nous serait 
impossible de répondre à des impressions que la lecture 
de notre Mémoire aurait pu faire naître : nous ajoute- 
rons seulement que la nature semble se charger chaque 


jour du soin de répondre pour nous. Qu'on lise la mé- 


tamorphose si bien décrite par M. Dupetit-Thouars d’une 
foule de trophospermes et de styles changés en tiges feuil- 
lées (Bull. de la Soc. phil. p. 127, 1819 ). 

Nous sommes arrivés à la partie que M. de La Harpe 
reconnaît appartenir à M. Gay ; et dans tout ce que nous 
avons encore à dire, on sent que ce n’est plus à M. de La 
Harpe que nous allons répondre. 

_ L'auteur établit d’abord que les écailles et les étamines 


forment deux systèmes séparés , l’un supérieur et l’autre 


inférieur. Comme il n'apporte aucun fait en faveur de 


son opinion , les faits nombreux sur lesquels nous avons 


appuyé l'opinion contraire ne 3 peuvent manquer de sub- 
sister. | 

Il compare le système des écailles au périgone interne 
des joncs ; nous admettons cette comparaison et même 


nous l’étendrons bientôt à des organes d’un ordre supé- : 


rieur ; mais le périgone interne des jonês alterne avec le 
périgone externe d'un côté et de l’autre avec les trois 
étamines ; qu'on nous démontre cet ordre d’alternation 
(que nous regardons comme invariable ) à l'égard des 
écailles , et dès lors nous conviendrons que les écailles 
forment dans les Graminées un système séparé de l’appa- 
reil des étamines. La forme des écailles du Bambusa 


se Et ne 7 


(83) À 


parait à l’auteur le type normal de toutes les écailles des 


_ Graminées; il nous semble qu’il aurait fallu prouver 


premièrement celte idée avant de l’employer comme preu- 
ve. Car en réunissant au genre Bambusa notre genre 
Stipa qui comprend le Piptatherum et l’Olyra, eten y ré- 
unissant même | Arundo festucoïdes de Desf., ce qui for- 
merait environ une vingtaine de bonnes espèces, nous de- 
manderons comment, sans autre preuve, on peut regarder 
le type particulier à vingt espèces comme le type normal 
d'une famille qui renfermé des milliers d'espèces à type 
différent ? Nous demanderons sécondement comment il 
se fait que l’écaille médiane des trois que possèdent ces 
vingt espèces , et qui, d'après l’auteur, représenterait la 
nervure médiane des autres bractées , comment il se fait, 


> dis-je, qu’elle soit toujours plus courte que les autres et 


qu’elle soit toujours la première à s’oblitérer ? 

Enfin nous admettrons que les écailles ternées sont le 
type normal des écailles des Graminées ; mais que fait 
cette supposition à notre théorie? Il aurait fallu prouver 
d'avance qu’en l’admettant comme prouvée ; notre opi- 
nion devenait inexplicable : or ; c’est ce qui n’est pas, 
ainsi que nous l’avons déjà démontré dans notre Mémoire 
d’une manière, je pense, satisfaisante, quoique abrégée. 
Nous ne croyons pas abuser de l'attention de nos lec- 
teurs en profitant de cette circonstance pour ‘donner pris 


d’'étendue à la démonstration. 


Les écailles ne formant entre elles qu’un seul et même 


‘système ; que nous avons comparé à une corûlle, opi- 
nion que nos adversaires adoptent , il est évident que 
pour reconnaître le point médian qui alternée avec le sys- 


4ème inférieur, ce n’est plus aux divisions de vette co: 


Set T 
4” 


( 84) 
rolle qu’on doit avoir recours. Car le Cobæa scandens 
divise sa corolle en cinq au sommets; mais on peut tous 
les jours rencontrer une foule de ses corolles qui se divi- 
sent en quatre etmèême entrois jusqu'à la base. Or serait- 


on en droit de regarder ces scissures du tissu cellulaire 


comme des types normaux? La paillette inférieure du 
Deschampsia divise son sommet en quatre dents; serait- 
on en droit d'admettre que le nombre pair est essentiel à 
ce genre? La nervure médiane qui devient une arète basi- 
laire réfuterait , je pense, cette supposition. Enfin c’est le 
tissu cellulaire qui, en sedéchirant, fournit ces divisions, 
et ce:n’est point sur le tissu cellulaire que se fonde l’ordre 
d’alternation, 

Or, pour mettre la démonstration dans tout son jour, 


je me servirai de la paillette unique du Mibora, qui est 


une véritable corolle monopétale composée de tissu cel- 
lulaire et traversée de nervures parallèles , ainsi que la 
corolle du Cobæa scandens. Je suppose maintenant que 


trois de ces nervures se détachent ; soit comme arêtes, 


soit pour devenir filamens des étamines ; l’espace qu’elles 
occupaient longitudinalement ne sera plus qu’une la- 
cune que la tension des autres nervures et le développe- 
ment des organes de la frucüfication fendra du haut en 
bas. Dans cette circonstance on aura trois vaisseaux iso- 


F4 lés et trois divisions pétaloïdes alternant avec eux , c’est- 


à-dire , on aura les écailles et les étamines des Stipa, 
Olyra, Piptatherum. Si les filamens se forment aux dé- 
pens des deux vaisseaux extrêmes de cette espèce de 
corolle , ces deux vaisseaux n'étant presque pas sépa- 
rés entre eux, au lieu de trois divisions pétaloïdes , on 
n'en aura plus que deux et trois vaisseaux isolés, et ce 


. ru 


(85 ) 


sera là le type des Zriticum, Bromus , Avena, etc. On 
* voit que toutes ces diflicultés prétendues s'expliquent le 
plus facilement en admettant nos principes, et que, sans 
eux , elles ne présenteraient que des anomalies inexpli- 
cables. 

En résumé, ce sont les vaisseaux et non les divisions 
du tissu cellulaire qui doivent établir l’ordre d’alter- 
mation, et l’auteur ne nous a opposé ici que ces der- 
nières formes ; tous les exemples cités ensuite se trou- 
vaient déjà expliqués dans notré premier et notre second 
Mémoire : il serait inutile de nous y arrêter de nouveau. 

Mais M, Gay, d’après M. de La Harpe , oppose à la 
masse des faits que nous avons apportés sur le point d’in- 
sertion des étamines , un fait qu'il a observé sur le Zea 
mays ; il a pu suivre les étamines plongées dans la sub- 
stance du réceptacle, au-dessous du point d’insertion des 
lodicules (écailles). Cette observation ne s’est faite , je 
pense , que sur les fleurs mâles, en général les fertiles 
étant femelles et sans aucune trace d’étamines. 

Nous avions d’abord cru qu’il y avait ici une faute d’im- 
pression, et qu’au lieu de au-dessous, il fallait lire au-des- 
sus; en effet, puisque l’auteur admet que les écailles for- 
ment un système inférieur aux étamines , comment peut- 
on supposer que les étamines s’insèrent au - dessous des 
écailles ? Dans les corolles monupétales des autres familles 
est-il possible que les étamines s’insèrent au-dessous de: 
la corolle ? Cependant quand on fait attention à la dis- 
position des fleurs mâles de Zea, on voit d’un autre 
côté qu’il est impossible que les étamines s’insèrent au- 
dessus , puisqu'elles terminent la plante. 

Ainsi c’est réellement au-dessous qu'il faut lire, et ce 


( 86 ) 

n'est pas une petite contradiction dans l'opinion qu’on 
nous oppose. Il est vrai que l’auteur pourra ajouter que 
par l'expression au-dessous , il entendla partie interne, 
c'est-à-dire le réceptacle ; mais la difficulté ne sera que 
reculée et non détruite; car il faut d’abord établir, afin 
qu'on puisse refaire l'expérience, quel est le point qu’on 
doit appeler réceptacle dans une fleur mâle de Zea, où 
personne n'en a encore décrit, que je sache. On nous 
dira que c’est le point sur lequel s’insèrent les étamines ; 
mais nous prétendons, nous, que c& point est la base des 
écailles : on sent que ce serait ici un cercle vicieux, puis- 
que on nous prouverait d'un côté que les étamines ne s’in- 
sèrent pas sur les écailles, parce qu’elles s’insèrent sur le 
réceptacle ; et d’un autre côté on nous prouverait que le 
réceptacle diffère des écailles, parce qu'il est le point 
d'insertion des étamines 

Quoi qu'il en soit, nous opposons à l'observation uni- 
que de M. Gay, dans le cas où M. de La Harpe aura bien 
saisi sæ pensée, le même fait observé par nous contra- 
dictoirement sur le Zea ; et nous osons assurer que les 
étamines, là comme ailleurs, s’insèrent sur la base 
des écailles. Nous opposons encore la masse des obser- 
vations relatives à ce point; dont nous avons consigné 
les résultats dans nos deux premiers Mémoires. 

Nous opposons enfin la foule, j'ose dire innombrable, 
d'observations que nos expériences sur le Développe- 
ment de la Fécule nous ont forcé de faire cet été; etnous 
établissons en principe que les étamines s’insèrent telle- 
ment sur la base des écailles , qu’il est impossible , sur 
le frais , d'enlever une écaille sans enlever l’écaille voi- 


TNT ) 
sine et le système entier des étamines avec elle. ( Foy. 
pl. xvi, fig. 13, Annales des Sc. nat. | déc. 1825.) 
Comme nous ne pourrions rien ajoutér aux faits con- 
signés dans cette Réponse , et que la polémique ne pro- 
fite à la science qu’autant qu'elle fait naître des faits nou- 
veaux , nous déclarons que nous ne répondrons plus sur 
les points que nous venons de tâcher d’éclaircir. 


“ 


ExpLicarron des Fig. 1, 25 3.et 4 de la Prancne 24. 


IV. B. Les autres figures de cette planche étant destinées à l’intelli- 
gence d’an travail que nous allons publier , nous en renverrons l’expli- 
cation à cette époque. Les fig. 2 sont grossies à une faible loupe. 


_ 


Fig. 1. Germination dans l’eau du Zea mays. Quand la germination 
commence, la feuille parinerviée (p°) n’est aucunement séparée du co- 
tylédon , dont la nervure à cette époque s’insère entre les deux ner- 
vures de cette feuille , que nous avons signalées dans notre premier 
Mémoire ; cet état dure même assez long-temps. Mais il arrive enfin 
que cette feuille parinerviée (p') semble se séparer de ce cotylédon 
par une espèce d’entre-nœud (uu, 00 , t, s), et qu’au lieu de s’insé- 
rer comme auparavant sur la base du cotylédon , elle semble ne partir 
que de l'articulation (s). Cette insertion n’est qu’apparente et ne pro- 
vient que de la soudure dé son Lissu cellulaire avec la tige qu’elle en- 

. gaine. Car si l’on coupe en (s) une tranche horizontale (fig. 2, x s), 
on verra non-seulement dans le centre les rudimens de nœuds vitaux 

. qui doivent s'éloigner les uns des autres par le progrès de la végéta- 
tion ; mais on apercevra encore sur les bords les deux traces des deux 
nervures de la feuille parinerviée, séparées par une lacune occasionée 
par le détachement , d’après nos principes , de la nervure médiane du 

_cotylédon. 

Si l’on fait inférieurement à cetle première tranche horizontale une 
tranche au point (£), par exemple , on aura la tranche (fig.2,1p'), 
sur laquelle on retrouvera encore lés traces des deux états (p”); 
séparées par une lacune, Dans le centre il n’existe pas la moindre 

-image de nœud vital, On peut, en faisant d’autres tranches infé- 
rieures à (t), suivre ces deux nervures jusqu'en (u, fig. x); donc la 


(88 ) | 
fenille pariverviée ne s’insère pas sur l’articulation (,s ), sur laquelle. 
on croirait au premier abord qu ’elle s’insère. IL est vrai que plus bas 
on perd de vue la marche de ces deux nervures , et qu’on ne rencontre 

* plus que des tranches telles que nous en avons figuré une (fig. 2, uu); 
mais la raison en est facile à expliquer : plus les nervures approchent 
de leur point d’insertion et plus elles diminuent de diamètre, de même | 
que les tiges ne sont nulle part plus grêles que dans le fond des feuilles / 
qui les engaînent, D'un autre côté, c’est principalement par la sub- 


stance verte qui borde de chaque côté les nervures , que nous pou- | 
vons constater leur existence; or cette substance verte disparaît , soït 
par l’obscurité des milieux , soit , et très-souvent, dans les parties du 
végétal qui vivent dans l’eau. Cette substance verte disparaît ici de- 
puis (s) jusqu’en (0), et quand on fait des coupes horizontales on con- 
fond les points per où passaient les nervures avec les mailles du tissu 
cellulaire. Mais enfin il nous suffit d’avoir prouvé 1°. que, dans le 
principe les deux nervures de la feuille parinerviée Nob.,s ’inséraient 
à La base du cotylédon ; 20. que jamais on ne la voit partir’ de larti- 
culätion (s), pour être en droit de ne point voir dans ce phénomène 
une objection ‘qu’on puisse opposer raisonnablement à la masse des 
faits sur lesquels nous avons assis notre opinion. | 

On voit sur les Lolium , et autres Graminées germant dans des terres 
très-meubles , le phénomène illusoire que nous venons de décrire sur 
le Mays ; ôn le voit très-rarement sur les pd aériennes qu partent 
d’un bourgeon cavlinaire. 

(00, 000) sont des tubercules radiculaires qui partent de l’entre-nœud, et 
qui finissent tôt ou tard par se multiplier sur ce point d’uné manière 
indéfinie. On rencontre ordinairement deux de ces tubercules partant 

de chaque point d'insertion des nervures de la feuille parinérviée, se 
dirigeant en haut , entre le cotylédon et cette feuille , jusqu’à ce qu’ils 
soient sortis de la graine (2), et qui reprennent là la direction terrestre 
ordinaire aux racines. Ces tubercules deviennent souvent dés chaumes 
traçans par le mécanisme que nous avons expliqué dans une Note lue 
à la Société d'Histoire naturelle en août 1825 , et insérée dans le Bull. 
des Sc. nat., tom. vr, p. 362, 1825. | 

Fig. 3, 4. Fragmens de tige du Melianthus major, destinés à montrer 
l’analogie qui existe entre les stipules des dicotylédones et les feuilles 
parinerviées des monocotylédones , et surtout celles des Graminées. 
On voit le pédoncule (1) de la feuille partir du milieu des deux ner- 
vures qui se dessinent en relief sur Ja stipule (pk: On ne pourrait 


: nervures qui n’ont pas grossi comme elle. 
G) est le bourgeon enveloppé par la feuille parinerviée et qui s'épanduit 
_ rarement dans nos climats ; (x) est le bourgcon enveloppé encore par 


( 89 ) 


. trouver une plante qui offre une plus grande analogie avec la feuille 


parinerviée des Graminées , et qui serve mieux à “expliquer sur les di- 
cotylédones l’organisation que nous avons établie à l'égard des Gra- 
minées. La seule différence qui s'y remarque , c’est que sur le He- 
lianthus major toutes les feuilles se détachent de leur nervure médiane, 
laquelle devient alternativement pédoncule (t) d’une feuille ailée ou 


“tige (u); tandis que dans les Graminées les feuilles ne $e détachent de 


leur nervure médiane que dans le sein d’une feuille qui reste intègre. 
Si les deux nervures de la feuille parinerviée ( stipule) (p') se séparent 
en déchirant longitudinalement leur tissu cellulaire , cette feuille , au 
lieu d’être une seule stipule parinerviée, formera deux stipules qui 
sembleront naître de chaque côté de la feuille ( Melianthus minor, 
Salix, Carpinus betula, Tillæa europæa , etc., etc.). 


Le mot détacher, dont nous nous servons assez souvent , a pu donner à 


notre opinion un air de singularité ; mais si l’on fait attention que 


-motre idée se réduit à celle-ci : {es deux nervures de la stipule appar- 
‘tiennent au méme appareil que la nervure médiane qui se change en 


tige ou en pédoncule , cet air de singularité disparaîtra, je le pense. 
Ensuite si l’on veut, par la méditation, envisager la question sous 
son véritable point dé vue, où ne cherchera pas à voir ce détache- 
ment à l’époque où tousles organes ont pris définitivement leur forme, 


_et où ils s'offrent à nos yeux avec des caractères invariables ; mais on 
- le verra à cet instant où ils ont recu la vie et où ils ont commencé à à 


prendre leur direction. Où conviendra, par ce moyen , qu'à cette 
époque la tige la plus épaisse était équivalente en diamètre aux deux 


r À 2 GER 


la feuille parinerviée (p”) et qui doit s'épanouir. Ce bourgeon (x’), 
dans les Graminées , est enveloppé par une feuille intègre, c’est-à- 


dire, dont la nérvure. médiane ne s’est pas organisée séparément en 


pétiole. Cependant dans les locustes vivipares on trouve une foule d’or- 
ganisations semblables à celle du Melianthus. 


( 90 ) 


Remarques sur quelques Oiseaux pélagiens, et 
particulièrement sur les Albatros ; 


Par M. MarroN DE Proc, 


f | ! . 
Correspondant de la Société d'Histoire naturelle de Paris. | 


Après tout ce qui avait été écrit sur les Oiseaux péla- 
giens , les naturalistes des deux dernières expéditions de 
découvertes entreprises par le gouvernement français , 
aidés des travaux de leurs devanciers, ne pouvaient plus, 
à ce qu'il semble , s’ ‘occuper de ces oiseaux sans fixer 
‘d’une manière précise la nomenclature de leurs espèces, 
les babitudes qui les distinguent, et la patrie propre à 
chacune d’elles. 

Il n’en a point été ainsi. Les Mémoires qu'ils viennent 
de publier sur ce sujet offrent des dissidences assez mar- 
quées pour qu'après leurs travaux il reste encore bien 
des doutes à éclaircir sur les divers points queje viens de 
signaler. 

C’est dans l ‘espoir d'éclaireir nes uns de ces 
doutes , et particulièrement ceux qui ont trait à l’histoire 
des- Albatros , que je me propose de jeter un-coup d'œil 
sur les faits consignés par MM. Quoy et Gaimard dans 
le N° d'août derniér des Ænnales des Sciences natu- 
relles, et par M. Lesson, dans le N° suivant du même 
recueil. | | 

C’est avec raison , à mon avis , que les premiers de ces, 
naturalistes n’ont compris dans les oiseaux pélagiens, 
proprement dits , que les Albatros et les Pétrels, C'est à 
tort , par conséquent , que M. Lesson yajoint les Paille 


NOM) | 
en-queue. Comment , en effet, peut-il les ranger parmi 
les oiseaux de haute-mer ? Les a-t-il jamais vus séjour- 
ner sur les flots, s’y reposer, y dormir, comme le font les 
premiers? Il dit les avoir rencontrés au milieu des es- 
paces les plus dégarnis de terre ; mais il n'indique pas pré- 
cisément dans quels parages et à quelles distances des 
côtes , ce qu’il était important de noter. La plupart des 
navigateurs s'accordent à dire que les Paille-en-queue 
ne s'éloignent pas à plus d’une centaine de lieues des 
terres. Quand il serait vrai que M. Lesson en eût aperçu 
à des distances plus éloignées , ce qu’il ne dit pas, ce fait 
isolé ne prouverait rien contre une foule de faits attestés 
par des témoins recommandables ; ce ne serait qu’une 
exception d'autant moins concluante qu’il ne suffit ‘pas 
qu'un oiseau se montre à cent et deux cents lieues deterre 
pour qu’il doive être rangé parmi les oiseaux pélagiens ; 
il faut encore que les habitudes de cét oïseau prouvent 
qu'il peut rester dans cette situation pendant des jours , 


des mois et même des années ; sans cela, rien n’empêche- 


— 


, 


rait que certains oiseaux dé terre , les hirondelles , par 
exemple, ne pussent être classés parmi les oiseaux péla- 
giens. | tra 

La séparation que MM, Quoy et Gaimard font des Pé- 


trels et dés Albatros d’avec les autres oiseaux marins, 


sous le titre d'oiseaux pélagiens proprement dits , semble 


annoncer que ces naturalistes ont bien compris la ma- 


nière de vivre de ces palmipèdes. On pourrait cependant 


concevoir des doutes à cet égard , lorsqu'on liten propres 
termes , dans leur Mémoire , que la présence des Alba- 
tros et des Pétrels n’est point un indice assuré de l’ap- 


. proche des terres , ce qui laisserait à penser que c’est du 


(92 ) 

moins un indice de quelque valeur. Une pareille asser- 
tion est évidemment une erreur: rien, en eflet, n’est 
inieux constaté aujourd'hui que la présence des Albatros 
et des Pétrels à toute distance de terre ; dans la vaste por- 
tion de l’hémisphère austral qui s'étend au-delà du 30° 
de latitude. Sans dire que j'en ai continuellement ren- 
contré dans la vaste mer qui s'étend entre le 33° et 39° 
parallèle sud, depuis o° de longitude jusqu'à 102° de 
longitude orientale, je pourrais citer les voyages de Cook, 
de Vancouver, de Lapeyrouse, de Labillardière , de Pé- 
ron, etc., et appeler en témoignage une foule de marins, 
pour prouver que les Pétrelsetles Albatros serencontrent 
partout dans la vaste ceinture de mer de l’hémisphère 
austral, qui s'étend depuis le 30° jusqu'au 66 paral- 

lèle. : | oi | | 
. On eût pu désirer que, dans un Mémoire qui avait 
pour principal objet de fixer la patrie des oiseaux marins, 
MM. Quoy et Gaïmard ne se fussent pas contentés de 
dire que, bien que les Albatros appartinssent plus spé- 
_ cialement à l'hémisphère antarctique, oz prétendait qu'il 
y en avait beaucoup au Kamitschatka. Le fait, pour ledire 
en passant, est assez patent aujourd'hui pour ne plus 
devoir être cité comme une simple opinion. J'ajoute qu'il 
eût été intéressant de s'assurer si l’Albatros du Kamts- 
chatka est réellement, comme le dit Pennant , le Dio- 
medea exulans , et, dans ce cas , d'expliquer comment, 
en opposition à une loi qui ne souffre guère d'exception, 
un oiseau des hautes latitudes australes a pu se transpor- 

ter dans les hautes latitudes de l'hémisphère du Nord, 
Quant à la nomenclature des espèces du genre Alba- 
tros , les auteurs des deux Mémoires que j'examine ne 


Se (93) 
-sont nullement d'accord. MM. Quoy et Gaimard réw- 
nissent le Diomedea exulans et le Diomedea spadicea, 
pour n’en faire qu'une espèce, et admettent ensuite, 
comme espèces distinctes, le Diomedea chlororhyneus, 
Gm. , le Diomedea fuliginosa , Gm. , et le Diomedea 
sinensis , L. , tandis que M, Lesson admet comme espè- 
ces distinctes le Diomedea exulans etle Diomedea spa- 
dicea ( qu’il appelle à tort Albatros fuligineux , au lieu 
_ d’Albatros couleur de chocolat), et me reconnaît , en 
outre, que. le Diomedea chlororhyneus et une éspèce 
qu’il a découverte , et à laquelle il donne le nom d’AI- 
batros à épaulettes (Diomedea epomophora). 

J'avoue queje suis tout-à-fait de l'opinion de MM. Quoy 
et Gaïmard sur ce point , et que je m'étonne que M. Les- 
son ait pu se décider si facilement à mettre en doute 

l'existence du Diomedea fuliginosa et du Diomedea 
sinensis ; il lui eût suffi de jeter un coup d’œil sur la col- 
lection du Muséum du Jardin du Roi pour maintenir 
ces espèces et pour se bien persuader qu’en meril n’au- 
xait pas pu confondre le Diomedea fuliginosa avec le 
 Diomedea spadicea. J'ai eu occasion de voir beaucoup 
d’Albatros fuligineux , particulièrement par 30° de lati- 
tude sud et 60° de longitude orientale, ét je puis aflirmer 
| qu'en raison de leurs couleurs , de leurs formes et de 
leur port en général , il est impossible, à l’œil le moins 
vexercé, de les confondre avec n ne tes quelle autre 
pre d’Albatros. 


Quant à celle que M. Lesson décrit sous le nom.de 


 Diomedea cpomophora ; je crois qu’on doit attendre de 
nouvelles observations avant de décider qu’elle n’est pas 
taut simplement une de ces variétés innombrables. qui 


(94) 
/ s’observent dans l'espèce que l’on a désignée sous les 
noms de Diomedea exulans et de Diomedea spadicea. 
J'ai dit que j'adoptais volontiers la nomenclature de 
MM. Quoy et Gaimard et que je pensais que le Diome- 
dea spadicea et le Diomedea exulans ne formaient 
qu’une seule espèce. C'est une opinion que j'avais déjà 
émise dans un Mémoire que j’eus l’honneur de commu- 
niquer à la Société philomatique , dans l’une de ses 
séances de l’année 1822. Je pense qu’il ne sera pas dé-. 
placé de reproduire ici ce que je disais alors sur les ha- 
bitudes et les variétés de plumage de ces grands volatiles. 
« Par les 34° de latitude sud et 91° de longitude orien- 
talé nous renconträmes un grand nombre d’Albatros, 
attirés par l’appât que leur offrait le cadavre d’un énorme 
cétacé. Arrivés tout auprès de cette masse infecte, nous 
nous trouvâmes entourés de ces oiseaux ; les uns volaient 
majestueusement autour de notre navire ; d’autres, re- 
posés sur l'eau , le regardaiïent passer avec indiflérence ; 
quelques-uns s’enfuirent , mais la plupart restèrent au- 
tour du cadavre qu'ils étaient occupés à dépecer, sans 
paraître s’apercevoir de notre passage. Le canot mis à la 
mer, nous fûmes bientôt au milieu des Albatros : 1à nous 
pûmes choisir nos victimes. On les eût pris à la main 
si on n’avait pas craint leurs morsures ; mais pour éviter 
ce danger, sans risquer de gâter le beau plumage de ces 
oiseaux que nous nous plaisions à contempler, nous les 
étourdissions à coup d’aviron , et nous les hissions en- 
suite dans notre canot : de cette manière nous en primes 
huit en moins d’un quart d'heure. 
» L'i ignorance où ces oiseaux pouvaient être de la puis- 
sance de l’homme n’était pas la seule cause qui les em- 


(95 ) | 
pêchât de fuir ; ils ont tant de peine à prendre leur vol, 


quand ils sont une fois reposés sur l’eau , que pour en- 
tréprendre de le faire , il faut qu’ils y soient contraints 


par un motif très-puissant. On les voit alors courir sur 


L 


l’eau l’espace de plus de quarante à soixante toises avant 
de réussir à s'élever : il est vrai qu’en nageant ils fuient 
avec une grande vitesse, et que, plusieurs fois, nous 
avons vainement essayé d'atteindre à force de rames ceux 
que nous avions blessés. 

» Lorsque nous avions frappé l’un de ces gros Oiseaux, 
on le voyait promener précipitamment sa tête de côté et 
d'autre , et chercher autour de lui la cause de la dou- 
leur qu’il éprouvait. On a comparé le cri de cet animal 
au braiement de l’âne : je trouve qu’il tient à la fois du 
grognement du cochon et du hennissement du cheval. 

» Ces huit Albatros , et tous ceux qui arrêtèrent notre 
attention, parmi les deux à trois cents individus dont 
se composait leur troupe , me parurent de la même taille, 
et j'oscrais dire de la même espèce , quoiqu'il n’y en eût 
pas deux qui présentassent exactement les mêmes cou- 
leurs. C’est cette diversité extrême qui me porte à croire 
qu’on ne doit pas chercher dans leur plumage un carac- 
tère pour la distinction des espèces. En effet ,il y en avait 
d’entièrement roux, d’autres roux sur le dos , avec la 
tête et le ventre blancs; plusieurs étaient bruns , avec la 


partie antérieure de la tête et le dessous des aïles du plus 


beau blanc; d’autres avaient seulement le dos gris; 
quelques-uns enfin étaient tout blancs. Que l’on ne 
croie pas, au surplus , que ces différences provinssent 
de celles de l’âge ou du sexe ; tous , je le répète , étaient 


_ dela plus grande taille, de dix à onze pieds d'envergure, 


(96 ) 
et deux individus males que je disséquai me présentèrent 
des plumages très -différens l’un de l’autre. 

» Je suis donc tenté de croire que le Diomedea exu- 
lans et le Diomedea spadicea ne constituent qu’une 
seule espèce, fort distincte d’ailleurs de l'Albatros chlo- 
rorynque et de l'Albatros fuligineux , dont il n’y avait 
aucun individu dans la troupe dont je viens de parler.» 

Je termine ici mes remarques sur les intéressans tra- 
vaux de MM. Quoy et Gaimard et de M. Lesson. J'ai 
cru faire une chose utile en combattant , dans les Mé- 
moires de ces Messieurs , quelques assertions qui m’ont 
paru susceptibles de controverse. J’espère que ces esti- 
mables et laborieux naturalistes n’attribueront point à 
un vain esprit de critique des observations qui m'ont été 
suggérées par l'amour d’une science à laqueiïle ils ont 
rendu et rendent chaque jour de véritables services. 


Érar de la Végétation au sommet du pic du midi 
de Bagnères ; 


Par M. le baron Ramown. 
(Extrait d’un Mémoire lu à l'Académie des Sciences le 16 janvier 1826.) i 


Depuis long-temps on a regardé la végétation des som- 
mets des hautes chaînes de montagne comme représen- 
tant dans-les pays tempérés la Flore des régions polaires ; 
l’analogie entre les végétaux qui habitent ces deux cli- / 
mats est trop frappante pour qu’elle n'ait pas été re- 
marquée par les premiers naturalistes + cependant les 


(97) 

différences assez nombreuses , dans les circonstances nié- 
téorologiques qui caractérisent ces deux climats, pou- 
vaient faire présumér que des différences du même genre 
existeraient lorsqu'on comparerait plus attentivement 
l'ensemble de la végétation de ces deux localités. En effet , 
si d'une part l’étendue de l'hiver et celle de l’été sont 
à-peu-près les mêmes dans ces deux circonstances , si 
une épaisse couche de neige soumet également les vé- 
gétaux pendant la première de ces saisons à l'influence 
d’une température à-peu-près constante et semblable, si Le 
maximum de chaleur de l'été est analogue dans ces deux 
climats ; d'un autre côté, la longue durée des jours dans 
les régions polaires , la diminution de la pression sur les 
sommités des Alpes , et l'influence que cette raréfaction 
de l'air a sur l’intensité de la lumière pouvaient déter- 
miner des diflérences nombreuses dans la végétation de 
ces deux régions. à 

Aucune de nos Flores européennes ne pouvaient ser- 
vir à établir une semblable comparaison ; les végétaux 
des montagnes y sont confondus avec ceux des vallées, 
ceux des hautes sommités avec ceux des montagnes in- 
férieures ; aussi M. Ramond sentit tout l’intérèt qu'au- 
rait la Flore circonscrite d’un des principaux sommets 
des montagnes d'Europe , et il profita de son long séjour 
dans les Pyrénées pour étudier avec le plus grand soin 
la Flore du sommet du pic du midi. Cette montagne, 
dont la sommité élevée de 1,500 toises au -dessus du 
niveau de la mer, est isolée , éloignée de tous les autres 
points culiminans , et surpasse tons ceux qui l’énviron- 
nent à plusieurs lieues de distance, était plus propre 
qu'aucune autre à donner une juste idée de la végétation 

VU es 7 


(98 ) | 
qui existe à cette hauteur, puisqu'elle se trouve à l'abri 
de la plupart des circonstancés étrangères qui peuvent 
_ modifier son elimat. L'espace dont M; Ramond a étudié 
là Flore s'étend depuis le sommet jusqu'à 5o pieds au- 
dessous , et comprend une couple d’ares d’étendue.: 
Trente-cinq ascensions sur le pic, pendant quinze an- 
nées différentes , ont permis à ce savant de compléter 
cette Flore autant que possible , et d'étudier avec le soin 
qui caractérise tous ses travaux la constitution du climat 
sous l'influence duquel ces végétaux se développent. :.: 

La hauteur moyenne du baromètre, au sommet du 
pie, est de 543m:,68 ; le maximum observé par M. Ra- 
mond a été de 549%-,95 ; le minimum , durant une vio- 
violente bourasque de l’équinoxe d'automne, fut de 
536%.,28 : l'étendue des variations observées est donc 
de 13m.,67. Le maximum de température paraît avoir 
lieu à la fin d’août et être compris entre 16° et 17° cen- 
tigrades. Dans ces mêmes mois on observe des variations 
considérables dans la température, et le thermomètre 
paraît s’abaisser souvent pendant la nuit à 0°, et peut 
être même à — 1° où — 2°. Quant au minimum de tem- 
pérature pendant l'hiver, il a été impossible. de le:déter- 
miner. Toutes ees circonstances assimilent assez exacte- 
ment ce elimat à celui des pays compris entre 65° et 70° 
de latitude nord, 

La sommité du pie se découvre de neige vers le milieu 
ou la fin de juin , et c’est vers celte époque é et surtout 
a commencement de juillet, que les premières fleurs 
se développent : ce sont principalement les Véroniques 
et les Primulacées. En août, la floraison devient gé- 
nérale; c’est l’époque des plantes d'été : en septembre 


nérogames ; 


Pr: {og ) 


elle se soutient encore; c’est le moment de Ja fluraison 


des plantes automnales : elle cesse à la fiu.de ce mois. 


Ainsi les huit à neuf mois pendant lesquels dure la vé- 
gétation dans les plaies qui occupent le pied de ‘tes 
montagnes sont réduits à trois à! cette élévation, 1133 
plantes composent toutela Flore des somniéts du pie, 
savoir 4 62 Crypiogimes et 71 Phanérogames ; encore 
M. Ramond pense-1-il que plusieurs des prémières , 
quelques lichens imperceptibles ; des mousses dépour - 
vues de fruciification, ont échappées à ses fécherches, 

Les lieliens composent la majeure partie des Crypéoga- 
mes ; 51 espèces y ont été observées , tandis que les hé- 
patiques , les mousses et les Er ne PT que 
11 espèces. LUE ; 

Les 71 éspèces A Phanéécest rétiéhnths à. 4 
genres ét à 23 fimillés ; de ces familleslés principales sont : 

. Les Sÿmanthérées , qui forment : Aa pal vs Pha- 
Les Cypéracées et u Los dhiaiié | réunies ;:53 
Les Gructfères 2.1... Hu ads uét Bb oxs sol | 
Les Caryophyllées ; 441.4 4.uuunn sue 


| Les Primulacées , sé... de sé “ FLE (9 Pr Ts PU 76 3: 


Les Rosacées, PAC tddbubls ojr RMS dre = 
Les Légumineuses,, + 4... 


Les Saxifragées,..:, 4. jose 0) 55 
5 
Les autres familles sont réduites à 1 ou > eigéces ; el 


le seul végétal ligneux de cette rie Flore est le Jui 


retusa. 7 | ai 

Sur ces 71 espèces Pit e ciiq Let 
sont annuelles , une paraît bisinnuelle , et les 65 autres 
sont vivaces. 


} ( 100 ) 
Après avoir ainsi formé le tableau de la végétation du | 
pic, M. Ramond la compare à celle des régions arcti- 
ques , et il prend pour terme de comparaison l'ile Mel - 
ville, située sous le 74° de latitude, dans le fond du 
golfe de Baflin, et dont les derniers voyageurs anglais 
nous Ont fait connaître la triste végétation. 

L'aspect général des végétaux de cette île et de ceux 
du pic du midi , les familles auxquelles ils se rapportent, 
les genres même dont ils font partie sont presque en 
tout semblables ; plusieurs ‘espèces sont mème identi- 
ques ou diffèrent : à peine , et sont pour ainsi dire les re- 
présentans les unes des autres ; cependant les propor- 
tions des diverses familles sont en général fort difléren- 
tes. Ainsi les Caryophyllées et les Rosacées sont les 
seules familles dont le nombre proportionnel soit à-peu- 
près le même; les Cypéracées, les Graminées, les 
Saxifragées , les Crucifères , sont beaucoup plus nom- 
breuses à l’île Melville; les Composées, les Primulacées, 
les Légumineuses , au contraire, sont plus fréquentes 
sur le sommet du pic du midi. Il en est de même des 
Cryptogames ; ce sont les Lichens qui prédominont sur 


4 


le sommet. des Pyrénées; à l'ile Melville ce sont les 
Mousses. Ges différences semblent annoncer que si l’a- 
nalogie des deux climats a déterminé le développement 
de végétaux appartenant aux mêmes familles , des diffé- 
rences sensibles dans plusieurs des circonstances atmo- 
sphériques ont produit le plus ou moins grand dévelop- 
pement de certaines familles. 


( 104 ) 


Noice sur le terrain d'Alençon et de . ses 
© €nwirOns ; 


Par M. Herauzr, 


Ingénieur en chef i au corps royal des Mines. 


Dans plusieurs quartiers d'Alençon ; et particulière 
ment dans celui du Cours, il'existe, près de la surface 
du sol , une couche d’ argile jaunâtre dont l'épaisseur est 
d'environ quatre mèlres. Comme elle n’est recoverte 
que par la terre végétale ou le payé , il n’est pas possible 
d'assigner d’une manière bien certaine à quelle forma 
tion elle appartient : on pourrait présumer cependant 
qu’elle fait partie du terrain oolithique qu'elle recouvre. 
Elle contient quelquefois des groupes de cristaux de ba- 
ryte sulfatée. On trouve assez souvent de ces masses 
cristallines en creusant les caves des maisons à Alençon ; 
leur diamètre moyen varie de 3 à 25 centimètres : elles 
sont d’un jaune sale à l’extérieur , et légèrement bleui- 
tres dans leur intérieur. La couche d'argile qui les sen- 
ferme se rencontre également dans quelques portions du 
territoire de Damigny, et notamment dans la terre de 
M. de Villers. Elle contient aussi, mais beaucoup plus 
rarement, des fragmens plus ou moins volumineux de 
spath calcaire. Elle repose , partout où l’on a eu,occasion 
de observer, sur les couches d’un calcaire oolithique 3 
ordinairement très-blanc, et quelquefois grisâtre où bru- 
nâtre, qui correspond , je crois , à la partie inférienre de 
celui auquel on a donné dans le Calvados le nom de Cal- 
caire à polypiers. 


( 105 ) 
Cette oolithe offre fréquemment des géodes tapissées 
dé cristaux de chaux carbonatée ihétistatique , qui sont 
presque toujours accompagnées de baryte sulfatée crêtée. 
On voit au -dessus , dans les carrièrés voisines de l'an- 
cienne route d’Argentan , trois petites couches de marne; 
dans celles du pont du’ Pré: elle renferme beaucoup 
d'encrinites et repose immédiatement sur le granite. Je 
dois à lobligeancé de M. Meurgär , notaire à Alençon, 
“olééhtillon de cètte “déniète roche, sur dr on 
Voit dés’ célithes. ? °77° k dus À 
_ Ro Ye”chemin de la pabe: uh peu avant d” arfiveu 
rx "ékploñations de granite du Hertré, on trouve ne 
ab qui”est ouverte dans uni clear} présque entiè- 
iéinent formé de lamelles" spatliques , . et: “parfaitement 
semblable à célui! que présenté souvent, ‘dans lés arron- 
dissémens dé Caen et de Bayeux, la partie moyenne du 
‘cafétire à" potypiers: Les carrières qui sont: proches de 
PHiGénné route d'A: rgentan offrent aussi plusieurs bancs 
qui’ cohtrénneit ie re LUCE. me Me cie 2 3 
méme Hate. ©! 7 | 
1968 Dähés calcaires , , analogues à ceux que jé viens de 
deéAre, ‘se présentent Aussi très - - fréquemment dans le 
“Caféire À oolithés supérieur (oolithe d’ "Oxford') ; ; mais 
: coté "d’après 1$ observations de M. Jules Desnoyers, 
l'obtitlié dés environs de Lisieux, qui faft partie de ce ter- 
“réin, est 1à fnême que celle de Mortagne, et qne cette der- 
uitère est de beaucoup supérieure à l’oolithe de Mamers , 
laquene”" se lie avec le calcaire d'Alençon, il s'ensuit 
“natufèllenient que celui-ci ne peut pas appartenir au 
“talèaite Wéolithies supérieur. 


‘ 


Däns le quartier du Cours , à Aléncon, les oolithés 


( 103 ) 


blanches pures sont superposées :à un, grès quarzeux à 
grains fins, parsemé de, gros grains et même de petits 


galets de quarz laiteux etide quarz gris ordinaire, Ge 


ù 


grès a un ciment qui esten, partie calcaire ; il contient 
des géodes qui sont tapissées , comme celles des couches 
qui le recouvrent, de’bawyte, sulfatée crêtée. et, de eris- 
taux de chaux edrbénatée métastatiques : seulement ces 
dérniers sont, en. général , un peu:plus petits que ceux 
que renferment les géodes du calcaire, oolithique. On y 
voit encore des ammonites , des térébratules lisses et 
plissées ; une très-grande éoquille bivalve , ainsi que des 
fragmens miadréporiques gris où d'un bleu grisätre ; que 
L'onKonfond au premier aspect avec les gros grains HAs- 
HÉCUX io T 

La même joie senferme tr Pass d un sine grès 
poils grains fins , gris-noïrâtre, à ciment quarzeux, 
æt.quine contient que quelques petits grains calcaires. 
Au - dessous! on,irouye une troisième variété de grès 


juarzenx qui, est cellulaire, friable, roussätre où bru- 


mûre, et dont les parties calcaires paraissent avoir été 
enlevées, presqne en totalité, par un dissolyant, Il est 
infiniment probable que , si on creusait davantage , on 


ne tarderait pas à rencontrer le granite. 


A l'entrée (du côté de la ville) du faubourg de Mon- 
sort, sur la rive gauche de Ja Sarthe, le grès quarzeux 
à grains fins, parsemé ( de gros grains >, n'est recouvert 
que par une couche d'argile mélangée de fragmens de 
calcaire oolithique ; il présente plusieurs banes fort durs, 
,qué l'ori exploité aaprès de l’ancienne Sénatorerie pour 
"faire des pavés. , On ‘en extrait aussi , pour le mème 
usage , de diverses carrières siluées les unes dans le voi- 


( 104 ) 


sinage de la route de Bretagne , et les autres dans le dé- 
partement de la Sarthe. A la sortie du faubourg précité, 
du côté de Mamers , toutes les carrières que l’on ren- 
contre sont ouvertes E un calcaire re 2 peu con- 
sistant. : 

Dans une Histoire d'Alençon , hip en 1805, on 
donne au grès quarzeux de cette ville les noms de pou- 
dingue et de granitin, et on indique qu’il contient des 
gryphites , des huîtres , des pétoncles , des buccins , des 
oursins , etc. 5% : | 

D'après ce qui précède, il paraît que le sol sur le- 
quel est bâtie la ville d'Alençon appartient au calcaire 
à polypiers , ou partie supérieure du système inférieur 
d’oolithes. ( Voyez mon Mémoire sur les Terrains du 
Calvados , édition de 1826.) Ce terrain s'étend à une 
assez grande distance au nord , à l’est et au midi de la 
même ville; mais à l’ouest, son étendue est très - bor- 
née , et l'on trouve, à moins de 2 ou 3 kilomètres’, le 
granite passant souvent au pegmatite ; qui renferme le 
kaolin , le cristal de roche , dit diamant d’Alencon , et 
l’'émeraude , qui ont été cités dans plusieurs ouvrages: 


Carrières du pont du Fresne, commune de Damigny. 


1°. Terre végétale. . .... 2. engage role ec) mt 336. 
2°. Plaqués minces et non continues de calcaire à 

oolithes blanches ou grisâtres , mélangées de 

sable oolithique contenant beaucoup d’articles 

de l’encrinite pentacrinite , avec quelques pe- 

tites couches d'argile, . 4... .. 4.4: 4. 2» 
3°. Ooolithes blanches ou grisâtres , en bancs peu | 

épais , avec quelques petites couches d'argile. : 3°. 16 
4" MGraïiite. 2 40 2 ENG CAT EUR 8 » 


{ 105 }) 


/ 


- Puits creusé dans la rue du Cours , à Alençon. 
v4, | ? 


LAN 


0 


LE 


" 4. 
r.+ Ge, 


6°. 
7°. 


Argile jaunâtre , barytifère, , . .: + « . . 0. : 
+ Onze bancs d’oolithes blanches pures, très-fines, 
3°. 


Grès quarzeux , parsemé de gros grains de quarz 
laïteux ou ordinaire, . . . . . .. .. M: 
Grès quarzeux à grains fins, noitâtre. . .. ./. 
Grès quarzeux , parsemé de gros grains de La 
laiteux ou ordinaire, F7 PCA TE TT à 
Grès quarzeux à grains fins, noirâtre. . . - .. 
Grès quarzeux cellulaire, friable et brunâtre, con- 
tenant beaucoup de AE grains de aise 5 


! 4 maèt. » 
8..,:05 
0 64 
o 50. 
Æis-.30 
o 50 
ï » 


Carrière du faubourg de Monsort, près de r ancienne 


Sénatorerie. 


10. Argile mélangée de fragmens oolithiques. APE 


PAT | 
aut an 


Plusieurs bancs très-durs de grès quarzeux , par-. 


semé de gros grains de quarz, .-. , . . . . , 


a 


_ 1 mèt » € 


» » 


Nore sur r la N. aturalisation de à  Cochenille en 


/ 


2 
+ 


Es] spagne ; ü: 


mer d’üne lettre adressée à l’Académie des Sciences. "A 


Lan Par M. Je colonel Bonx à DE PE tu 4 Pn 


‘Je reçois de Madrid , par la voie du respectable bota- 
niste, M. Pavon, la note ci-jointe di je crois , mérile 
tout l’intérèt de V Académie. 

« D’après l’édit que le consulat royal de Malaga publia 

Te 29 mars de la présente année , on a vu dans lés envi- 

| rons de cette ville , avec intérêt et admiration ; la natu- 
_ salisation complète de insecte de la Cochenille. Elle 
| est maintenant assurée à jamais. 


= 
. 


( 106 ) 


« M. le docteur Joseph Présas , déjà connu en Europe 
pour avoir été le secrétaire particulier de la reine actuelle 
de Portügal lorsque sa majesté étaît a Brésil, écrivit une 
instructiôn fort détaillée pour faire connaître le mode 
de culture du Nopal, ainsi que. ‘a manière d'élever la . 
Cochenille. Cette instruction, recueillie par de zélés 
rl join fut publiée à Malaga vers le commencement 
de 1825. Dès- lors on songéa à s’y apprôprier l’une des 
principales richesses, du Nouveau- Monde : on fit dés 
plantations de.cactes , on se procura Ja Cochenille , et les 
personnes qui PES à s’adonner à ce genre de cul- 
ture ayant suivi scrupuleusement les procédés de l’in- 
struction , ont été payées cette année de leurs soins d’une 
manièré incroyable. Elles ont procuré à l'Espagne une 
source de richesses que nullé autre partie de l'Europé ne 
possède et ne pourra peut-être posséder: 

» M. le docteur Présas a-non - seulement prouvé de 
\ grandes connaissances en histoire naturelle par la pu- 

blication de son Mémoire , mais encore son patriotisme 
par le zèle et l’activité qu'il à mis à diriger lui - même 
| l’entreprise dont on a retiré déjà de grands fruits. » 

Ayant été plusieurs fois à Malaga en diverses saisons, 
je puis ajouter à la note que je dois à M. Pavon quelques 
renseighemens qui prouveront à l'Académie combien ce 
doyen des botanistes espagnols a raison , quand il re- 


| 


garde comme à jamais assurée dans sa patrie l’acélima- 
tation d’un insécte si précieux. La température de Malaga 
est l’une des plus égales de l'Espagne : il n’y gela jamais , 
le thermomètre n’y descendit au-dessous de 8° de Réau- 
mur dans auçune circonstance , el le sucre s’y cultive en 
pleine terre, ainsi que le coton, dont on tire depuis. 


. | 


("107 ) 


_ quinze ans de grands revenus. J'y ai vu le Schinus molle 


portant des fruits , le: bandnier "et l'anônë , müûrissant 


k partout en pleine terre. IL est peu de plantes de la Flore 


atlantique: de notre _savant'confrère M. Desfonitaines , 
que je n'y aie retrouvées ,_et les cactes y couvrent natu- . 
rellement tous les rochers maritimes. La quantité de 
ceux-ci y est si considérable ; que l'on n'avait mème ja- 
mais pris la peine d'en cultiver, encore qué dans la sai- 
son les fruits de ces plantes , appelées vulgairement 
figues de Thunas , fussent la nourriture d’une grande 
partie de là pauvre population. Ce sont des enfans et des 
femmes qui’ vont recucillir ces fruits le long des rivages 
ou sur les côtes rocailleusés , pour en alimenter les mar- 
thés publics. Comme au Nouveau-Monde ; il est tel es- 
parce pierreux où ces cacles Sont si pressés qu'on n'y 
pourrait pénétrer :sans s’exposer à de terribles piqûres. 
En considérant qu'il ne pleut presque jamais à Malaga’, 
et en aucune circonstance vers l’époque où la Cochenille 
pourrait rédouter l'humidité, on sent que nul lieu ne 
‘pouvait être mieux choisi pour rivaliser avec le Mexique. 
Au reste, pour donner une idée exacte du climat fortuné 
de cette ville ; je me bornerai à dire à l'Académie qu'au 
‘témps où mon ami feu Léa en était préfet, nous plantèmes 


ensemble dans son jardin deux pieds de café ; que nons 


| merveilleusement" prospéré et passé deux ‘hivers ‘sans 


avions fait porter des serres de Madrid, et°que nous 
avions semé une planche d’Indigofera anil qui, ayant 


‘accidens', étaient en pleine floraison et fructification 


“quand nous évacuèmes, le paye 0. FR FREIN 


GIETE {ate 
REZ 


comm + ue mme 


( 408 ) | 


Avoorrions a Mémoire de M. Girou de Buzarein- 
gues , sur l'Influence que le pere ct la, mère 
exercent dans la production des sexes. 


Nous avons fait connaître précédemment (Ann. des 
Sc. nat. , tom. v, p.21) les recherches curieuses de 
M. Girou. Depuis cette époque ; les résultats auxquels 
il est parvenu nous ont fourni de fréquentes ‘occasions 
d’en disenter les conséquences avec des personnes très- 
versées dans l'étude de la statistique, et nous lés avons 
toujours trouvées dans les dispositions les plus favo- 
rables pour le système que cet habile observateur cherche 
à établir. Nous pensons , en conséquence, queinos lec- 
teurs nous sauront gré de les tenir au courant des re- 
cherches de M. Girou sur cette importante question. 
Voici les principaux faits que nous trouvons dans un 
Mémoire qu’il vient de nous adresser. 

Ona fait, dit-1l, aux observations que j'ai publiées sur la 
reproduction des animaux domestiques le juste reproche 
de n'être pas assez nombreuses : on eût pu ajouter que 
les faits qui en étaient l’objet n'étaient pas authentiques. 
Afin de prévenir ce second reproche, j’ai conçu le des- 
sein de faire une série d'expériences que seraient appe- 
lés à constater des commissaires désignés, soit par l’au- 
torité , soit par les Sociétés d’agriculture. 

Animé de ce dessein, j'ai donné connaissance aux 
Comices agricoles de Sévérac, dans leur séance du 
13 juin 1825, des observations qui ont paru depuis dans 
quelques journaux , et , après leur avoir annoncé qu'une 
partie de mon troupeau, qui était déjà marquée, me. 


( 109 ) 


donnerait au prochain agnelage un plus grand nombre 
relatif de femelles que l’autre partie, j'ai prié V’associa - 
tion de charger deux de ses membres de constater le ré- 
sultat de cette expérience. Ce soin à été confié à MM. Al- 
bert Molinier et Cournuéjouls. | 

Lorsque l’agnelage a commencé , j'en ai donné avis à 
ces deux commissaires, qui ont pris la peine de vérifier 
les résultais de l'expérience ; et, comme ils ont bicn 
voulu mé laisser des notes signées de leurs recensemens, 
je puis, dès ce moment , en présenter le relevé comme 
authentique ; mais je dois vs ae l'expérience avant 
d'en dire les résultats. 

Au commencement de juin 1825, et immédiatement 
après Ja tonte , j'ai marqué avec du noir de fumée dé- 
layé dans de l'huile de noix une centaine de brebis qui 
n'avaient pas porié l’année précédente , et qu’à cause de 
l'embonpoint qui est une suite de cette circonstance , 
on appelle turgos dans l’idiome du pays, mot dérivé, 
sans doute , du latin turgeo ; je leur ai donné de suite 
quatre béliers antenais. C’est de cette partie du trou- 
peau que j'attendus le plus de femelles ; le restant , en 
nombre à - peu - près double , se composait des portées 
de 1824. 

Je me proposais de confondre ces deux divisions, 
après que la monte de la première serait censée termi- 
née , et de substituer alors aux béliers antenais des bé- 
_liers de quatre ans, très - vigoureux ; mais ; obligé. de 
m'absenter pendant les derniers jours de juin, et ies 
mois de juillet et d'août, je n'ai pu suivre la monte, et 
Le l'agnelage m'a appris que mes brebis turgues' n'ont pas 
été fécondées par leurs béliers antenais , soit qu'ils ne 


( 110 ) 

fussent pas assez forts , soil parce.qué , d'ordinaire, cés 
sortes de brebis ne sont fécondées qu'après avoir été 
saillies à diflérentes reprises ; enfin elles n’ont retenu 
qu'après que tout le troupeau à été confondu et souris 
à la monte des béliers de quatre ans. L'influence des bé- 
liers.est donc nulle sur les rapports La ont été l’objet 
de cette expérience. 

Montiroupeau se compose de mérinos de pure race-et 
de métis. Ainsi, au moment de l'agnelage , mes brebis 
ont été divisées en deux parties : 1°. turgues de 1524; 
2°, non turgues , et chacune de ces parties en deux sec- 
tions : 1°. mérinos ; 2°. métis. 


| ” première partie a donné : 


tr section. So tees piasee ne: 0 Miles, 24 femelles. | 
2° section. ...... ....:.... 27 mâles, 29 femelles. 


Ratlentian dal satire es she mâles, 53 femelles. 


La seconde partie a donné : 


1° section .........:.....: 20 mâles, 32 femelles. 
22. section . ...se.ssr-..... 02 inâles, 54 femelles. 


Total....::....:.... 90 mâles, 86 femelles. 


Or, 36: 53 :: 90: 132,5: Il faudrait donc ajouter qua- 
rante-six femelles à la deuxième partie pepe qu'il y eût 
égalité de rapports. 

On observera que le Moto relatif de femelles a été 
plus grand dans chacune des sections de la première par- 
tie que dans les sections correspondantes de la seconde. 

J'ai fait remarquer dans les observations que j'ai déjà 
publiées que les mérinos me donneraient plus de fe- 


(air ) 


melles que les métisses , et j'ai dit pourquoi, Ici les mé- 
rinos ont donné cinquante-six femelles et trente -sept 
mâles , tandis que les métisses ont donné quatre-vingt 
trois femelles et quatre-vingt-neuf males. 


Note sur la prétendue Mine d'étain de Segur 
(Corrèze ); Lo AT. BranD. 


Depuis environ huit ans, on ne cesse délpèrier dans 
le Départément de Ja Corrèze d’une mine d Etain décou- 
verte dans ja cave: d’un auberge de la petite ville de 
Segur. On cite à l’appui de cette découverté l'existence 
de deux chandeliers fabriqués avec l'étain provenant du 
minerai trouvé dans ce singulier gîte. Voici la version 
généralé ; « En creusant la fondation de l'escalier de la 
» cave de l'auberge de l’Aigle d’or, les ouvriers remar- 
» quèérentplusicurs masses pierreuses, pesantes, extrème- 
» ment irrégulières et que l’on compare à du mâchefer ; 
» leur pesanteur extraordinaire réveilla l’idée d’une 
» substance métallique; on en porta des fragmens sur la 
» forge d’un maréchal et l’on obtint presqu'aussitôt un 
» métal blanc que l’on reconnut aussitôt pour de l'étain! 
» Quelques jours après on en fit deux chandeliers qui 
» ont: été vuspar M. l'ingénieur Gendien et qui n’exis- 
» tent plus aujourd'hui. » pl at 

Plusieurs ingénieurs , plusieurs capitalistes o ont visité 
le gîte de cette prétendue mine , et n’ont pas peu contri- 
bué à accréditer cette découverte supposée. J'avoue que 
Je récit même que j'ai rapporté ci-dessus m'avait prouvé 
| d'avance que cette prétendue mine n'en était point 


(- gro ) 


une, que l’étain que l’on avait réellement trouvé dans 
cette cave était le produit d’une fonte de cloche , d'un 
incendie ou de tout autre accident ; l'examen des lieux 
m'a confirmé dans cette opinion. : 

La roche est un Gneiss brun, traversé de toin en 
loin par des filets de quarz et par des fentes droites plus 
ou moins larges ; l’une de ces fentes passe en travers de 
la cave en question. Je n’ai rien trouvé dans ces fissures ; 
et de l’aveu même des personnes qui ont trouvé les 
masses métalliques dont il est ici question , elles n’étaient 
point contenues dans les fentes , en sorte qu'il faut écar- 
ter toute idée de filons. J'avais eu soin de me munir de 
quelques échantillons d’étain d'Angleterre , de Saxe, ct 
je les montrai à ceux là-mème qui avaient vu le préten- 
du minerai de Segur, et ils n’y ont pas trouvé la plus 
légère analogie. Enfin, pour dernier trait , je dirai que 
le maître de l’auberge m'a dit que l’on avait trouvé un 
Pic d'acier parmi les masses d’étain. Voilà donc, suivant 
moi, quelles sontlesraisons qui doivent prouver que cette 
prétendue mine d’étain n’est autre chose que du métal 
fondu par l'art. 

1°. La facilité avec laquelle le métal s’est réduit sur 
la forge d’un simple maréchal. 

2°, Lanon-ressemblance avec les vraismineraisd’étain. 

3°. L'’absenceactuelle et totale des indices de minerai. 
4°. Enfin la trouvaille du pic à la place mème où l’on 
a trouvé ces masses stanifères. 

J'ai cru devoir, dans l'intérêt de Ja science, publier ces 
détails minutieux, afin de mettre un terme aux bruits 
qui sont accrédités dans le pays et qui n'auraient pas 
tardé à passer dans les ouvrages de minéralogie. 


#2. (113) 


DE L’ArkosE. — Caractères minéralogiques et 
Histoire géognostique de cette roche ; 


Par ALexanpre Broncnranr, 


De l’Académie royale des Sciences ; Professeur de minéralogie au 
Jardin du Roi, etc. 


Les géognostes de l’école de Freyberg , de cette école 
qui, sous le professorat de Werner, à établi les vrais 
fondemens de la géognosie , n’ont d’abord distingué les 
roches les unes des autres que par leurs positions respec- 
tives dans la croûte du globe. L'époque de formation: 
d’une roche, et tout ce qui tenait à celte considération 
‘géoghostique , suflisait pour caractériser ce qu'ils appe- 
laient un gebirge, ce que nous avons rendu par le mot de 
roche, c’est-à-dire un terrain en grandes masses , et ce 
que nous aurions dü rendre par le mot terrain, ainsi que 
nous le fesons maintenant. Il en résultait que ces ter- 

+ rains ( gebirge), composés de roches différentes ( ge- 
birgsart ou gebirgstein), ne pouvaient avoir des carac- 
} tères minéralogiques. Les granites, pour ces géognostes, 

ne sont pas uniquement des roches composées de quarz, 

_ de felspath et de mica, mais bien des terrains composés 
: dedifférentes roches , dans lesquelles celle que nous dé- 
* finissons ainsi est dominante. 

_ J'ai cru qu'il ne fallait pas confondre des cons 

tions aussi différentes que celles de la position géolo- 

. gique et de la composition minéralogique , et qu’on sai- 

sirait plus clairement, plus complètement de quelles 

masses minérales simples ou composées était formé un 
VI, — Juin 1826. 8 


Ci4) 


terrain , si ces masses étaient préalablement bien définies 
ou céractérisées , et décrites sous tous les rapports. L’es- 
sai de clässification minéralogique des roches composées, 
que j'ai proposé en 1813 (1), avait pour objet d'établir 
cette distinetion ; d'en exposer les règles et d'en pré- 
senter l'application. Ce travail était imparfait; le titre 
d'essai devait le faire presseñtir, J'ai cherché à le perfec- 
tionner, en rendant les définitions plus précises , et en 
établissant de nouvelles sortes, lorsque les conditions 
qué je m'étais imposées me permettaient de le faire (2). 

Ces conditions exigent que le mélange par cristallisa- 
tion confuse ou par Aggrégation mécanique, qui coustitue 
les roches composées , soit à-peu-près lé même, tant ch 
nature qu'én proportion des parties, sur une grande 
étetidue de terrain, et dans plusieurs lieux assez éloignés 
où séparés les uns des autrés , pour qu’on ne puisse pas 
regarder lès roches de’ ces lieux comme faisant partie 
d’ütie même masse. 

On và voir que la spécification de l’Arkose répond aux 
deux classes dé conditions exigées , lès unes par les géo- 
gnostés qui ne veulént pas faire d'espèce de roches si elles 
ne constituent ëh Miêthe temps uh terrain où une forma- 
tion particulière ; les autres pâr les oryctognostes qui ne: 
deirrandent que des caractères de composition constans 


CORLTET, 
Et | 


(1) Journal des Mines , 1813 , tom.34, n° 199, p. 5. 

(2) Plasiéurs de ces modifications , que j'ai dû considérer comme des 
améliorations ; ont été publiées dans le Dictionnaire des Sciences natu- 
relles aux articles de ces roches , dans leur ôrdre alphabétique. On peut 
en voir des exemples aux mots eurite , hyalomicte , lave, macigno , me- 
läphyre, mimophyre, norite, ophiolite, ophite, peperine, phytllade , psam- 
miité , psephité ; etc. 


? 


5 ( 115 ) 


dans un grand nombre de circonstances. Pour établir 


cette proposilion , je vais décrire lés arkôses sous le point 
de vue oryctognostique et sous le point de vue géognos- 
tique (1). 


Anr. 1‘, Description minéralogique des Arkoses. 


le 
L'Arkose est une roche à texture grenue, formée 


principalement par voie d’aggrégation mécanique. 

Elle est essentiellement composée de gros grains de 
quarzhyalin et de grains de felspath, où laminaire , ou 
compacte , ou argiloïde : ces deux corps y sont souvent 
mêlés en quantité à-peu-près égale , mais plus souvent 
le quarz est dominant. Elle renferme, comme partie 
constituante accessoire ; du mica , de l'argile lithomarge 
et du kaolin : ces parties y sont toujours en quantité in- 
férieure au quarz hydin et au felspath. 

Les parties accidentelles qu’on trouve disséminéés ou 
engagées dans l’Arkose sont : 

La collyrite. 

La stéatite. | 

Le fluore (chaux fluatée ) en cristaux implantés dans 
ses cavités, ou disséminés dans quelques parties de sa 
masse. | 

Le calcaire spathique de la même manière. 


(1) Le besoin de cette spécification avait déjà été senti par plusieurs 
naturalistes qui, remarquant que cette roche n’était hi un grès, ni ce 
que les Allemands appellent une grauwacke , ni un granite, ne savaient 
comment la désigner. M. Leschevin exprime très-bien cet embarras dans 
son Mémoire sur le chrome oxidé du département de Saône-et-Loire. 
(Journ. dès Mines, tom. 27, p. 355, uote.) 


( 116 ) 


L'arragonite, de la même manière ( à Vertaison). 

Le calcaire jaunissant, 

La barytine (baryte sulfatée) ,) en cristaux implantés 
ou en veinules. | 

La pyrite , en petits cristaux ou petits amas disséminés. 

. Le fer oligiste sanguine. 

Le fer hydroxidé. 

-‘ Le fer carbonaté. 

Le cuivre pyriteux. 

Le cuivre rouge. 

Le cuivre azuré, en nodules cristallins et en vei- 
nules. 

Le cuivre PR SENS de la REA manière. 

La blende. ä 

La galène , en grains duéniotl, 

Le plomb blanc. 

Le plomb phosphaté. + 

Le mercure natif. 

Le cinnabre. 

Le chrome oxidé (les Écouchets , près Chälons-sur- 
Saône). ES 

L'’anthracite. 

Le phtanite ? 

Cette roche n'offre aucune structure distincte en petit, 
rarement même en grand , et c’est alors unie structure 
stratifiée en bancs puissans. L 

Sa texture est essentiellement grenue, à grains an- 
guleux ; au moins milliaires, au plus pisaires. La masse 
de la ‘roche a été éviderament formée par voie d’agré- 
gation mécanique; la forme irrégulière et angulaire des 
grains , et surtout leur limitation parfaite, telles qu’ils 


(117) 


ne $e pénètrent jamais , en est la preuve: néanmoins l'ac- 
tion chimique a eu souvent une grande influence sur la 
formation de cette roche. La forte adhérence de ses grains 
entre eux , les reflets lamellaires qu’on aperçoit quelque- 
fois dans les petits espaces qui les séparent , les minéraux 
cristallisés répandus dans la masse et qui enveloppent les 
grains , les fissures ou druses tapissées de cristaux, les 
veines de matière métallique ou pierreuse qui la traver- 
‘sent, sont des preuves aussi nombreuses qu’évidentes de 
parties formées par voie chimique ou de cristallisation ; 
mais on voit aussi que ces actions n’ont pas été simultanées 
et que les parties cristallines sont wi formation posté- 
rieure aux parties aggrégées. 
La cohésion est souvent très-puissante dans les arkoses 
et leur donne les qualités convenables pour être em- 
- ployées comme pierre de construction et surtout comme 
pierres à meules de moulin. | 

Ces roches ont souvent assez de ténacité ; leur cassure 
est droite , quelquefois grenne, quelquefois raboteuse., et 
quelquefois même unie: 

Les Arkoses présentent dans certains cas Ia durété da 
grès ; mais comme le felspath est abondant et altère cette 
dureté, elle est très-inégale; elles ne sont jamais sus- 
ceptibles de prendre le poli. 

Ea couleur dominante des Arkoses est le gris pâle ; 
quelquefois ces roches sont d’un blanc assez pur ou lé- 
gérement bleuâtre, quelquefois elles passent au brun, 
même au jaunâtre ou au rougeâtré, mais ces couleurs 
sont rares , pâles et sales. Lorsque les Arkoses présentent 
quelques couleurs tranchées , elles le doivent aux oxides 
métalliques qui y sont comme parties accidentelkes. 


( 118 ) 
Elles sont généralement infusibles au moins dans leur 
‘masse, et quelquefois même dans toutes leurs parties, 
lorsque le felspath altéré est complètement à l’état de 
kaolin ; aussi les emploie-t-on comme quelques psammi- 
tes dans la construction des chemises des fourneaux de 
fusion. | À 

Elles ne font jamais effervescence avec les acides dans 
toute leur masse. Lorsque ce phénomène a lieu , ilest dû 
au calcaire spathique interposé comme partie acciden- 
telle. 

Les Arkoses se désagrègent quelquefois lorsque leur 
felspath est à l’état de kaolin , ou qu’il est susceptible d'y 
passer. Les pyrites y font naître des taches ferrugineuses, 
mais elles ne sont pas ordinairement assez abondantes 
pour les désagréger ( Arkose de Hoer en Scanie). | 

Les Arkoses , quelquefois si nettement caractérisées 
qu'on ne peut les confondre avec aucune autre roche, 
présentent dans quelques cas des caractères vagues, in- 
certains ou incomplets. pe | 

Lorsqu’elles sont très-riches en quarz hyalin et pau- 
vres en felspath, elles passent au quarzite ou quarz en 
roche, ou si le quarz est en petits grains, on ne peut 
plus le distinguer des grès proprement dits. 

Lorsque le quarz est en grains petits , presqu'arrondis, 

que le mica devient plus abondant , que le felspath ne se 
montre plus que comme des petites taches ou des points 
blancs terreux , elles passent au psammite commun, et 
c'est leur passage le plus fréquent dans les terrains de 
sédiment inférieur. Elles ont quelquefois, par l’agréga- 
tion puissante de leurs parties, par la couleur de leur 
felspath , et par la présence du mica, tant de ressem- 


( 119 ) 


blânce avec le granite, qu’elles semblent y passer (Awal- 
lôn , les Écouchets). 

Les Arkoses sont, par la continuité de leur masse , 
leur solidité , la facilité qu’on a de les tailler, employées 
comme pierres de constructions et comme pierres à 


meules. Nous citerons comme exemples les carrières 


d’Arkoses de Montpeyroux , en Auvergne. 

Celle de Blavosy, près du Puy-en-Velay. 

Celle de Hoer, en Scanie , qui ont avec la précédente 
l'analogie la plus complète. 

. Celles de Waldshnt, sur les bords du Rhin ; etc. 


VARIÉTÉS. 


"TA variétés que présentent ces roches sont peu nom 
breuses et peuvent se réduire aux suivantes. 


. ARKOSE COMMUNE ns quarzeux , Classif. 
min. des Roches, etc.). 
Composée de grains de quarz hyalin et de grains de 
felspaih , avee très-peu de mica : le quarz dominant. 
Couleur grisätre ou blanchätre. 


… Exemples. — Remilly entre Vitteaux et Dijon. Le 
quarz y est dominant et le felspath rosâtre : il y a un 


peu de caleaire. Elle renferme , disséminés ; du fluore, 


de le barytine , de la galène et des pyrites : jl n’y a point 

de mica (1). | 
Martes de Vayre, près Clermont en Auvergne. — 

Elle renferme de l'arragonite et du bitume. 

. Blavosy, près le Puy -en- Velay. — Les grains de 


_{») Lescasvin, Journal des Mines ; tom. 35 , p. 20. 


('190 :) 
felspath et de quarz y sont bien seb ilya un ci- 
ment très-peu abondant et ocracé. 

“Waldshut sur les bords du Rhin, au- bus de Schaff- 
house, — Elle renferme dü calcaire spathique, du fluore, 
du fer oligiste sanguine. 

Carlsbad en Bohême. — Elle est presque entièrement 
quarzeuse, mais la séparation nette des grains de quarz 
hyalin , et la présence du kaolin tout près de cette roche , 
peuvent décider à la placer parmi les Arkoses. 

Weïnheim , près Bade. — Le quarz y est rosâtre , et 
le felspath en petits grains blanchâtres kaoliniques. 

Hoer en Scanie , en Suède. — Le quarz y est domi- 
nant ; il y a des grains de felspath rares, mais surtout 
des grains et des nodules d’ argillite et des pyrites dissé- 
. minées. 


. 


2. ÂRKOSE GRANITOÏDE (Psammite, granitoïde, Class. 
min. des roch. mel.). 


Grains de quarz , de felspath lamellaire et de mica , 
à-peu-près disposés comme dans le granite ; le felspath 
dominant. | 

Cette roche ne diffère du granite que parce qu'elle est 
évidemment formée par voie d'agrégation. | 


Exemples. — Les Écouchets , près Châlons-sur- 


Saône. — Pénétrée dans sa masse ou enduite sur ses fissu- 
res , d’oxide vert et siliceux de chrome. 
Avalon. — Pénétrée de barytine tlamellaire. 


Chateix , près Royat, et Montpeyroux , en Auvergne. 


— La première renferme des cristaux de barytine , qui 
tapissent ses fissures et cavités ; la seconde est rou- 
geâtre. 


EE a CE 


( 121 ) 


3. ARROSE MILITAIRE. 


Grains de quarz et de felspath, tout au plus gros 
comme la graine de millet ; argile colorée , disséminée ; 
le quarz dominant ; à peine du mica. 

- Cette Arkose passe par des nuances insensibles au 
psammite commun , et ne s’en distingue bien que lors- 
qu'elle réunit neltement l’ensemble des caractères que 
l’on vient de présenter; alors c’est réellement une Arkose, 
qui ne diffère de la commune et de la granitoïde que par 
la petitesse de ses grains , mais qui est d’ailleurs trop 
différente du psammite commun bien caractérisé pour y 
être réunie. R 


Exemples. — Chessy, près Lyon. Mercuer, près 
d'Aubenas. Moschellandsberg , dans le Palatinat. 


Arr. 2. Caractères géognostiques des Arkoses , et 
description de quelques terrains d’Arkose. 


: J'ai dit que cette roche n’était pas moins distincte des 
autres roches d’agrégation par ses particularités géo- 
gnostiques ou de gisement que par ses caractères minéra- 


logiques. Les exemples et les circonstances de gisement 


que je vais décrire, et les généralités que j'en déduirai ap- 
porteront les preuves de cette proposition. 

Les Arkoses, telles que je les ai définies minéralogi- 
quement , paraissent se présenter dans deux, et peut- 
ètre même dans trois sortes de terrain , d’époques géo- 


‘gnostiques différentes , à en juger par les circonstances 


qui les accompagnent. 
Les premières , qui sont les plus nombreuses et l’objet 


(:29.) 


principal de cette notice, sont placées sur le granite, 
immédiatement ou presque sans intermédiaire , et indi- 
quent par différentes particularités une époque de forma- 
tion assez ancienne. 

Les secondes sont plus éloignées de cés roches, et font 
souvent partie du terrain houiller ; les troisièmes ont une 
position plus incertaine ; elles ne paraissent pas séparées 
du granite , du moins par aucun terrain caractérisé, mais. 
elles semblent, par des circonstances de gisement, ap- 
partenir à une époque géognostique beaucoup plus ré- 
cente que les deux autres. 

Je réunirai, aussi exactement qu’il me sera possible, 
les terrains d'Arkose , que je vais décrire, en groupes 
correspondant à ces trois divisions. Les caractères géo- 
gnostiques que chacun de ces exemples va présenter me 
fourniront les moyens de déterminer avec plus de sûreté 
à quelle époque géognostique on peut rapporter chacun 
des terrains où l’Arkose est la roche dominante. 

Je choisirai ces exemples principalement dans les lieux 
que j'ai visités, et ensuite dans ceux dont la description 
peut être rendue plus claire et plus certaine, au moins 
pour moi, au moyen des séries d'échantillons que j'ai 
sous les yeux. Je citerai peu d'exemples de lieux qui ne 
me présenteraient pas l’une ou l’autre de ces garanties. 


$ I. Ærkoses de la première division. 


Les Arkoses suivent ordinairement et presqu'immédia-- 
tement les granites, les syénites , les gneïss, peut-être | 
même les porphyres anciens , et dans ce cas elles passent 
au mimophyre. Elles semblent être le résidu de la cris 


L 
a 
* 


4 


D sn si = 


(123) 


| tallisation de ces roches; elles en présentent en effet les 


débris ou les parties , d’abord séparées par une sorte de 
trituration et de désagrégation mécanique, et ensuite 
réunies , non pas par simple juxta-position , mais plutôt 
à l’aide , soit de la dissolution elle-même, suit d’une autre 
dissolution qui en a cimenté les parties et qui a intro- 
duit dans leur masse‘les minéraux cristallisés dont on a 
donné plus haut l’énumération, 

Ce fait est un des plus généraux , et par conséquent 
des plus caractéristiques et des plus intéressans de lhis- 
toire géognostique des Arkoses de cette première divi- 
sions | 

Il faut se représenter ces raches comme formées par 
agrégation de deux des élémens du granite, le felspafh 
et le quarz qui n'ont pu , comme le mica , être facilement 
ou détruits ou entraînés. C’est bien une sorte de granite 
reformé , moins le mica, mais reformé par agrégation 
et non pas par cristallisation; par conséquent ce n'est 
pas , comme on l’a dit, ni un granite régénéré, ni un 
granite secondaire, puisque le granite est essentielle 
ment une roche de cristallisation. | 

Néanmoins , la force qui en a réuni les parties n'était 
pas uniquement mécanique ; la force chimique ou de 
dissolution agissait encore , car ces roches sont presque 
toujours accompagnées de minéraux cristallisés, de la 
classe des pierres où des sels dans l’ancienne acception 
de ces mots , tels que la baryte sulfatée, la chaux flua- 


_ tée, la chaux carbonatée, et de minéraux ceristallisés de 
la classe des métaux , tels que le fer oxidé , la galène, 


le zinc, le cinnabre , le cuivre azuréet pyriteux , le fer 


_ pyriteux, le chrome , etc. 


(124) 


Ces Arkoses ne montrent ordinairement qu'une stra= 
tification imparfaite en bancs très - puissans ; quelque- 
fois elles n’en présentent aucune. Elles renferment, mais 
fort rarement, quelques débris du règne végétal , et même 
quelques-uns du règne animal. 

Je présume que les exemples suivans peuvent être tous | 
rapportés à cette première division géognostique, 

Anxose D'Aurenas. — C’est au N.-O. de cette ville, 
près le village de Mercuer, que se montre le terrain dont 
l’Arkose fait partic essentielle. Ce terrain est d'autant plus 
instructif pour déterminer la position géognostique de 
cette roche, qu’il offre une réunion de circonstances rares 
en géognosie , car on voit dans le mème point la roche 
reposer immédiatement sur le terrain qu'elle a recou- 
vert , et recouverte immédiatement de celui qui l'a suivie. 

Le terrain inférieur , ou recouvert, est un granite; 
l'Arkose est bien caractérisée et présente les variétés 
principales de cette roche. Le terrain supérieur , ou 
recouvrant, est un calcaire qui renferme des métaux et 
quelques pétrifications. 

Le profil et la coupe joints à cette note, et l'énumé- 
ration des roches qui composent ces terrains, vont dé- 
velopper ces faits généraux et en donner la preuve. 

Le terrain et.les positions sont des plus favorables à 
l’observation. Un vallon (fig. 3, a, C), dont les deux 
pentes sont composées des deux roches superposées dans 
le lieu où est le pont de Mercuer (a), fait voir claire- 
ment, et sur deux points, cette superposition. Une grande 
route (b), celle de Mercuer à Aubenas, a produit sur la 
croupe de la colling (fig. 2) une coupe étendue qui per- 
met d'observer sans interruption , et clairement, la su= 


( 125 ) 


pérposition des couches, Quelques carrières à pierres À 
* chaux, et à pierres à bâtir, creusées dans cette coupe, 
* ont mis encore plus de surfaces à découvert et plus d’é- 
. chantillons à étudier. 
R On voit d’abord en D , fig. 3, au pied du coteau qui est 
au S.-E. de Mercuer, des couches d’un calcaire compacte 
fin, gris de fumée, traversées de veines de calcaire spa- 
thique et renfermant quelques parties de galène. Ce cal- 

caire paraît, par son inclinaison au S.-S.-E: qui est la 
” même que celle des lits qu'on voit au sommet du coteau, 
* recouvrir ces lits, Qui appartiennent probablement au 
terrain d’arkose; mais ce n’est qu’une présomption à-peu- | 
- près indifférente, puisque nous allons voir bientôt ces 


rapports de position d'une manière, beaucoup plus évi- 
à / 

. dente. Il n’a d'importance que parce qu’il présente quel- 
ques pétrifications ; ce sont des ammonites indétermina- 


és er dite 7 


bles , tant elles sont liées avec la roche et un pecten. 
Lorsqu'on a traversé le petit vallon dans lequel est 

. situé Mercuer, on se trouve sur un terrain tout-à-fait 
. différent. Le noyau des deux collines qui enferment ce 
» vallon, et qui $e manifeste très-clairement à leur pied , 
comme le fait voir le profil (fig. 3), est un granite rose 
} * (4) ; à gros cristaux de felspath, très-fragmentaire. 

Sur cette roche (4) , et en stralification transgressive , 
se voient (en B) de nombreux et puissans bancs d’Ar- 


* kose commune et d’Arkose granitoïde, alternant avec 


… des psammites et quelques autres roches d’agrégation , 
: comme l'indique la coupe de détail (fig. 2) sur laquelle 


ct seprteentéé une de ces alternances ainsi on trouve 


( 126 ) 


felspathique, friable, grisätre \moucheiée de brun, et 


ensuite on voit se succéder un fit de marnes (a) argileu- 


ses , verdâtres ou rosàtres , puis un lit d’arkose commune 
(b) , très-solide, à pâte quarzeuse , rempli de grains de 
felspath rosàtre ; ensuite (£) plusieurs lits d’un véritable 
psammite très-sablonneux , très-micacé , blanc, rosâtre 
ou verdâtre , et très-fissile. Viennent encore dés Arkoses 
granitoïdes à grains moyens de quarz gris, de felspath 
rose, de felspath blanc altéré , d’argillotite verdâtre et de 
très-peu de mica, dont la présence constitue la variété 
granitoïde; puis une autre Arkose granitoïde à plus pe- 
tits grains (d); puis enfin reparaîit le psammite blan- 
châtre fissile (e). Ce terrain , dans lequel je n’ai vu au- 
eun indice métallique, se présente ainsi jusque vers la 


moitié du chemin de Mercuer à Aubenas en bancs assez 


puissans , également inclinés, mais de composition, de. 


couleur, de dureté inégales , de manière à offrir une suite 
de zomes ou bandes d’aspect et de couleurs très - va- 


riées. 


En le suivant on arrive presque sans interruption au 


terrain calcaire qui le recouvré en siratification con- 
cordante et en couches d’une épaisseur peu considérable. 


Les premières couches ou les plus inférieures (B, fig. 2 


et 3) ont une couleur jaunätre , uu aspect terreux ; et ce- 
pendant uné structure laminaire qui donne à ce calcaire 
un éclat chatoyant sous certaines inclinaisons. Examimé 
à la loupe, il semble composé d'une multitude de petits 
grains terreux jaunâtres, liés par uh ciment calcaire 
cristallisé, Il se dissout dans l’acide nütrique avec une 


vive effervescence , en laissant un résidu ocracé très-! 


abondant. I] renferme des débris organisés ; j'y ai vu et 


| 
4 


TNT à 


x (27) 


_ ramassé une petite coquille bivalve, qui a beaucoup 


CR 1 


de ressemblance avec nne corbule striée. Ce calcaire jau- 
nâtre , chatoyant, est suivi d’un lit assez puissant d’un 
calcaire sablonneux , et même d’une sorte de brecciole 
calcaire à petits grains de quarz (C), qui semble être à 
l’Arkose ce que celle-ci est au granite. Viennent ensuite 
des lits ou couches d’un calcaire gris de fumée , à tex- 
ture grenue et cristalline : il est dur, solide , rude au 
toucher, comme corrodé à sa surface qui est d’un gris 
jaanûtre sale, et il renferme encore des grains de quarz et 
beaucoup de silice, car il ne se dissout qu’en partie dans 
J’acide nitrique ; on voit au-dessus, des couches d’un cal-- 
caire compacte , gris de fumée, à cassure esquilleuse et 


- parfaitement semblable au calcaire décrit en premier. Ce 


dernier renferme quelques indices de pétrifications, mais 
elles y sont rares et si engagées, que n'ayant pu en re- 
cueillir aucune, j'y rapporte celles que j'ai troavées dans . 
un calcaire qui me paraît absolument semblable à ce- 


 Jui-ci et qui se présente fréquemment entre Aubenas et 


Ja Villedieu. Ces coquilles, autant qu’il est possible 
_ de les reconnaitre dans l’état d’altération où les a mis 
: Jeur liaison intime avec le calcaire, sont : l’ammonites 
vulgaris ? de Schlotheim , qui se trouve dans le calcaire 
jurassique d’Amberg, et un ammonite lisse que je ne puis 
nommer. Les lits de ce calcaire, beaucoup moins incli- 
nés près d’Aubenas, sont traversés par des filons de ba- 
salte remarquables par leur régularité et le peu de dé- 
rangement qu'ils ont causé dans la stratification des 
calcaires. 

| À Ankoses pes ENvVIRONS ou Pux-Ex-Veray. — Ce sont 


les Arkoses d’Auteyrac, de Blavosy et de Brive , placés 


(128) 


à-peu-près sur une mème ligne, à l’est du Puy, sur les: 


pentes du vallon de la Sumène. Elles offrent, dans leur 


position immédiate sur le granite, dans leur structure : 
massive, c’est-à-dire sans apparence de stratification , 
dans leur composition, tant essen tielle qu’accidentelle , 
et même dans leurs usages , tous les caractères particu- 
liers aux Arkoses. Celles d’Auteyrac et de Blavosy appar- 
tiennent principalement à l’Arkose commune; la pre- 
mière est composée de grains de quarz et de felspath en 
proportions sensiblement ‘égales , liés par un ciment de 
kaolin : elle est friable (1). La seconde est- composée à- 
peu-près de même; elle renferme des fragmens de gra- 
nite ,.des noyaux de quarz, mais elle est beaucoup plus 
solide et employée comme pierre de construction, et 
surtout comme pierre à meule. Elle contient, comme 
celle d’Auteyrac, du fer hydraté en géodes et des pyrites, 
et, comme l’Arkose plus quarzeuse de Brive, des débris 
de végétaux monocotylédons qui pourront aider à déter- 
miner la position de cette Arkose, d’ailleurs si sem- 
blable par ces débris organiques et par tous ses carac- 
tères extérieurs à l'Arkose de Hoer. | 
Ankose D AvaLon et de quelques autres parties de la 
Bourgogne. — Ce sont celles qui ont été décritès ou 
mentionnées par M. de Bonnard dans son Mémoire géo- 
guostique sur quelques parties de la Bourgogne (2). On 


(1) Les descriptions des Arkoses d’Auteyrac et de Brive sont prises 
entièrement dans la Géognosie du Puy-en-#'elay, par M. Bertrand- 
Roux (1 vol. in-8o, avec cartes et planches , 1823 , p. 35). Jai tiré celle 
de l’Arkose de Blavosy en partie du même ouvrage, et en partie des ob-, 
servations que j’ai faites sur les lieux en 1820. 

(2} Annales des Mines , 1825, tom. x, p. 199 et p. {27. 


( 129 ) 
va les ‘voir toujours composées des mêmes élémens prin- 
cipes , le quarz et le felspath , toujours accompagnées 
de minéraux acidifères qui sont ici le calcaire et la bary- 
tine, très-souvent de métaux (la galène dans l’Arkose 
de Chitryen Nivernais, et dans celle au N.-E. d’Avalon), 
et toujours placées immédiatement sur le granite dans tous 
les lieux où on a pu #oir le rapport de ces deux roches : 
ainsi l’_#rkose du Morvan est immédiatement superposée 
au granite (1) ou à l'arène, c'est-à-dire au granite dé- 


sagrégé qui suit le granite solide. 


Au sud d’'Avalon , tout près de cette ville , sur la rive 
méridionale du Cousin, l'Arkose commune montre d'une 
manière claire, non-seulement sa superposition au gra- 
nite , mais sa liaison avec cette roche, au moyen de la 
barytine qui y est mêlée, qui la traverse en filons, et qui 
pénètre dans le granite. 

M. de Bonnard a décrit d’uñe manière aussi précise 
que générale cette disposition remarquable que j'avais 
eu occasion de voir en 1817, mais seulement près d'A- 
valon. Il a recherché en outre la position de cette roche 
par rapport à celles qui lui sont postérieures , et ilare-, 
connu, soit directement, soit par des inductions géo- 
gnostiques qui ont presque la valeur de l'observation 
directe, que l’Arkose , dans toutes les parties de la Bour- 
gogne où il l’a retrouvée, était au moins inférieure au 
lias ou calcaire à gryphées arquées. 

Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans ces rap- 
ports, c’est la liaison de l’Arkose, roche presque aussi 


ancienne que le granite , avec les coquilles du calcaire à 


(1) Loc. cit, , p. 206. 
VIA, 9 


( 130 } 


gryphées qui , dans d’autres pays, en est séparé par plu- 
sieurs sortes dé roches de sédiment, même par des for- 
mations nombreuses, puissantes et très -diflérentes les 
unes des autres. Dans les parties de la Bourgogne étu- 
diées par M. de Bonnard, non-seulement l’Arkose est 
pénétrée! du calcaire qui la recouvre (après Pont-Au- 
bert)}, mais elle renferme des empreintes distinctes , 
et cependant presque indéterminables , des coquilles qui 
appartiennent en partie au calcaire à gryphées arquées , 
en partie aux terrains coquilliers qui lui sont inférieurs, 
par conséquent, soit au calcaire conchylien (Muschel- 
kalk), soit au grès bigarré; soit même au calcaire pé- 
néen ? | 

 Ankose pe Remizzv, à 6 lieues à l’ouest de Dijon, dé- 
crite par M. Leschevin (1).—Elle est uniquement compo- 
sée de grains de quarz hyalin et de grains de felspath avec 
un peu d'argile : le quarz est ou sans couleur ou rouge 
‘pâle ; son éclat est gras. Cette roche est mêlée de grains 
cristallisés épars , mais contemporains à l'agrégation, de 
fluore , de barytine, de galène et de pyrites. Les cavités. 
qu’elle présente sont tapissées de cristaux de quarz et de 
cristaux de barytine crètée. Elle est souvent assez solide 


(1) Journal des Mines, 1813, n° 193. Il décrit cette roche sous le 
nom de psammite que je lui donnais alors , et sous ceux de grès ancien, 
grès granitique , avec les caractères de composition essentielle et acci- 
dentelle que j’attribue aux Arkgses. M. Gillet de Laumont a mis à la 
fin du Mémoire de M. Leschevin une note sur cette roche , que je n’a- 
vais encore fait qu’indiquer dans ma Minéralogie ; il fait très - judicieu- 
sement observer qu’elle west composée que de quarz et de felspath sans 
mica, et qu’elle peut être regardée comme due à la trituration du granite 


dont le mica aura été enlevé par les eaux à cause de sa légèreté. 
1 


NON " 


( 131 ) 


pour qu’on en fasse des meules de moulin ; assez infu- 
sible pour qu'on en revêtisse les creusets des hauts four- 
neaux. À | +1) 

Cet exemple fait connaître encore d’une manière évi- 
dente la position relative de l'Arkose avec les autres 
roches, au moyen des puits qu'on a creusés au pied de 
la colline de Remilly , et qui , après avoir traversé la 
couche d’arkose , ont pénétré dans le granite; par con- 
séquent elle est placée immédiatement sur le granite , ce 
qui a engagé M. Leschevin à la rapporter au terrain 
de transition. Elle est recouverte par le calcaire à gry- 
phées arquées, ce qui établit les limites supérieures de 
sa formation : on voit qu'elle est antérieure au terrain 
de sédiment moyen, et qu’elle fait partie du terrain de 
sédiment inférieur. 11 est probable que si le calcaire pé- 
néen existait dans ce canton, et qu'on l'y reconnût , on 
le verrait recouvrir presque immédiatement cette ar- 


kose (1). | 


. (1) M. Pareto, qui s’est occupé avec distinction de recherches géc= 
logiques , et qui, en retournant à Gènes sa patrie a bien voulu visiter 
sur mon invitation le gîte d’Arkoses de Remilly, vient de m’adresser 


une description et une coupe détaillée (fig. 1) de ce gîte, qui le rendent 


aussi clair et aussi classique que celui d’Aubenas. Cette Arkose est uni- 
quement composée de quarz et de felspath : ce dernier minéral est ro- 
sâtre. On la voit reposer immédiatement sur le granite à felspath égale- 
ment rosâtre et formant une masse stratifiée d’environ 20 mètres d’ é- 
paisseur, On remarque quelques lits minces d’argile bleuâtre entre ses 
assises supérieures ; au-dessus est une masse de 15 à 20 mètres. d’argile 
et de masses argileuses de différentes couleurs , qui est immédiatement 
suivie du calcaire compacte, reufermant une prodigieuse quantité de 
gryphea arcuata, recouvert par d’autres argiles et marnes , entre autres 


_ par des bancs durs qui renferment des bélemnites , ete. ; enfin un calcaire 


compacte blanc surmonte le tout, et parait avoir les caractères et la 


( 132 ) 


- Ankose DE Monrseu, au-sud d'Autun. — C'est une 
de celles qui passent au mimophyre. Le quarz est en 
grains grisâtres ; le felspath est en cristaux altérés, rou- 
geâtres ou jaunâtres ; des grains d’argilolite arrondis sont 
mèlés avec eux. Sans la barytine qui tapisse en cristaux 
crêtés les fissures de cette roche, ou qui y est mêlée en 
petits grains cristallins contemporains; sans le quarz 
qui passe aussi au silex corné , ou qui tapisse les fissu- 
res de ses cristaux, cette roche semblerait avoir été en- 
tièrement formée par voie d'agrégation. Elle est immé- 
diatement superposée au granite qui forme la masse de 
la montagne de Montjeu, et se présente soit en blocs 
dans le sable granitique , soit en lits horizontaux de 5 à 
6 décimètres d'épaisseur dans ce ‘sable. Cette Arkose 
est tantôt jaunâtre , tantôt rougeûtre ; elle adhère quel- 
quefois au granite même, et s’élend sur cette roche en 
lits peu puissans et interrompus. 

ARKOSE DE LA MONTAGNE Des Écoucuers (1), près 
Couches, département de Saône-et-Loire. — Elle res- 
semble, comme l’a dit M. Leschevin, à un granite, et ap- 
partient par là à la variété granïtoide (2). Elle est com- 
posée des mêmes élémens ; mais le mica y est très-rare 
et noir ; le felspath altéré et le quarz y sont très-abondans. 


position du calcaire jurassique. Les couches marneuses inférieures du | 
calcaire à gryphée qui fait partie, comme on sait, de la formation du 
lias, renferment tout près de Remilly (à Mémont ) des lits de gypse 
fibreux , minéral qui se trouve presque partout dans le terrain de lias. 

(1) Nommé Æscenchet sûr la carte de Cassini, et placé à tort sur la 
gauche de la route de Couches au Creusot. 

(a) Lescuevix , Journal des Mines , vol. 27, n° 161, p. 345. — Il dit 
qu’il a beaucoup étonné les naturalistes en O0 cette roche par le 
nom de grès, | 


Re PE EP A7 Se M ‘re 


3 Fe ets 7 


(133 ) 
Celui-ci passe même au silex corné , grisälie, rougeà- 
tre, verdätre, et même à la calcédoine; il traverse l’Ar- 


_kose en zones dans tous les sens , et ses cavités sorit ta- 


pissées de cristaux de quarz. Ces mêmes cavités et les 
Bsvurés de la roche sont recouvertes, dans un grand 
nombre de points , d’oxide de chrome siliceux qui pé- 
nètre jusque dans"le silex et le colore en verdâtre , cir- 
constances qui prouvent l’action chimique. Des fragmens 
et des nodules arrondis de chrome oxidé siliceux , d'un 
beau vert, prouvent l’action mécanique. 
: Cette roche est placée immédiatement sur le granite 
de ce canton. Quoique la superposition ne soit pas aussi 
évidente que celle des Arkoses des autres exemples, 
M. Leschevin Pa regardée comme certaine ; et’ lorsque 
Jai eu occasion de visiter ces mêmes lieux , je n’ai pas 
hésité à considérer ce prétendu grès comme une Arkose 
granitoïde (que j'appelais alors psammite granitoïde) 
pénétrée d'oxide de chrôme, et placée sur le granite, dont 
les élémens avaient servi à la composer. 

Cette Arkose n’est point recouverte. 

Anxose DE Curssv, près Lyon. — Les mines de cuivre 
de Chessy montrent avec une grande clarté les-rapports 


géognostiques des terrains d’Arkôse avec les terfains an- 


ciens. L'ancienne mine , consistant en lits de cuivre py- 
riteux , etc. , est placée dans un de ces terrains qu’on est 
convenu d'appeler primiufs ; eelui -ei consiste, non pas 
en granite, mais en roches dont les élémens minéra- 
logiques sont les mêmes : ce sont des stéachistes, des 
micachistes et des gneïss; par conséquent des roches 
composées de quarz, de felspath et de mica comme ke 
granite, qui d'ailleurs n’est pas éloigné de ce gite. Sur ce 


se 


( 194) 

terrain primitif est appliqué un terrain composé de 
roches d'agrégation renfermant des parties nombreuses 
et quelquefois assez volumineuses de minéraux métalli- 
ques cristallisés. Ces roches ne sont pas uriiquement des 
Arkoses, mais celles-ci s’y trouvent , sinon en propor- 
tions dominantes, au moins très -abondamment. Elles 
sont à grains pisaires et miliaires de quarz hyalin et 
de felspath altéré renfermant çà et là un peu de mica, 
Elle passe quelquefois au psammite commun lorsque 
les parties ne sont plus distinctes et que le mica y de- 
vient plus abondant; mais ce passage est plus rare qu'on 
ne pourrait le présumer. Ce terrain d’Arkose présente 
une masse d'environ 80 mètres d'épaisseur, dont la con- 
sistance est faible et souvent même très-friable , et dont 
la stratification , quoique confuse, permet cependant d’ÿ 
reconnaître une alternance de bancs métallifères et de 
banes stériles. Il renferme tout ce qui accompagne or- 
dinairement les Arkoses, de l'argile lithomarge, et de 
la collyrite diversement colorée ; des sphéroïdes de cuivre 
azuré cristallisé, si remarquable par l'éclat, le volume 
et la belle couleur de ses cristaux ; du cuivre mala- 
chite, du cuivre rouge , du fer oligiste-sanguine, tous 
minéraux qui ont rendu ce gite si célèbre chez les ama- 
teurs des belles productions du règne minéral. Aucune 
de ces substances , soit terreuse; soit métallique , ne s’y 
présente ni en couche, ni en lit, ni-en filon, ni même 
en amas couchés ; ce:sont des nodules dont le volume 
varie depuis celui d'un pois jusqu’ à celui-d'un melon , 
isolés ou agrégés , des veines entrelacées, courtes et par 
conséquent sans aucun continuité. 

Le terrain primitif sur lequel.cette masse d’Arkose est 


pa (195) 

placée immédiatement en contient, comme on vient de le 
. faire penaprquer tous les élémens et même les élémens 
métalliques qu’on peut reconnaître dans le dit puissant 
de cuivre pyriteux qu'on exploite depuis long-temps dans 
ee gite. \ | 

Au-dessus du terrain d’Arkose se trouve placé ,; mais 
d’une manière beaucoup moins évidente qu’à Aubenas, 
le calcaire pénéen , et au-dessus encore le caleaire à 
gryphée arquée: | | 
+, Mais jemv'arrèête ici , mon objet n'étant ni de déerire ce 
gite , ni de décrire les terrains et les formations qui l’ac- 
compagnent : il l’a été ailleurs et d’une manière tout-à- 
fait complète (1); j'ai eu seulement pour but de faire 
remarquer que le gîte de euivre azuré de Chessy appar- 
tenait aux roches d’Arkose des terrains de sédiment infé- 
rieurs , si difficiles à distinguer des terrains de wansition, 
et qu'il en présentait d’une manière aussi tranchée que 
cotnphète tous les caractères minéralogiques et géognos- 
tiques. 

Anxose pe Horn, en Séanie. Elle n’est recouverte 
par aucun terrain en position , etne laisse pas voir direc- 


(x) Par M: Li Cordier, Annales des Mines ; 1819 , tom. iv, pag. 16, 
à la suite de la description des cristaux de cuivre earbonaté bléa qu’on 
trouve dans cette mine. 

M. Cordier appelle l'Arkose un terrain de grès ancien. El dit qw’il re- 
pose immédiatement sur le sol primüif, qu’il désigne sous le nom de 
schiste argileux. La présence d’un grand nombre de masses cristallisées. 
au milieu d’un terrain d’agrégation l’a justement étonné, et ses ré- 
_#lexions font voir qu’en n’hésitaut pas à reconnaître la manifestation de 
‘Paction chimique au milieu de ces agrégats mécaniques , il trouve 
_eependaut quelques difficultés pour concilier ces deux actions dans une 

même roche, 


( 136 ) 
tement sur quel terrain elle repose; sa situation géognos- 
tique ne peut donc être établie que par quelques rapports | 
de niveau avec les terrains environnans , par des circon- 
stances négatives , caractères d'une faible valeur en géo- 
gnosie, par ses caractères minéralogiques , et enfin par 
des inductions d’une bien plus grande importance , tirées 
de la présence de quelques débris organiques Le règne 
végétal. 

Examinons d'abord ses caractères minéralogiques, 
tant en petit qu'en grand (1). C’est généralement une 
Arkose commune très-quarzeuse, d’un blanc grisâtre ti- 
rant légèrement sur le bleuâtre , en hauEs puissans sen- 
siblement horizontaux. À 

Elle est dense, solide; le quarz y est plus FA) que 
le felspath : cle est en petits grains, les uns inco- 
lores , les autres rosâtres, quelquefois altérés. Elle est 
en outre souvent remplie d’un grand nombre de taches 
jaunâtres , ocracées , dues à la décomposition des pyrites 
blanches qu’elle renferme disséminées. Elle est quel- 
quefois veinée de parties plus quarzeuses , indiquant 
l'action de la dissolution et de Ia cristallisation qui exis- 
tait encore dans le moment du dépôt et de l’agrégation 
des parties de cette roche de structure clastique. 

Elle renferme, dans les parties voisines des fissures 
de stratification , des nodules d'argile endurcie , souvent 
très-nombreux et accompagnés de pyrites. 


(r) Ce terrain a été simplement indiqué par M. Hisinger dans son 
Essai sur la Géographie minéralogique de la Suède (traduction alle- 
mañde par Blode ; 1 vol. in-12. Freyherg, 1819, p. 318). Il le désigne 
comme un conglomérat quarzeux renfermant quelques cavités drusiques, 
tapissées de cristaux de quarz et exploitées pour meules de moulin. 


Cx37 ) 

C'est dans la masse même de cette roche que nous 
avons trouvé celte empreinte d’une grande dimension 
d’un végétal que M. Adolphe Brongniart a décrit sous le 
môm de filicites meniscioides (1). C’est la seule quenous 
ayons vue venant de cette carrière où l'Arkose est par- 
faitement caractérisée (2), 

Outre ces nodules argileux, l’Arkose de Hoer renferme 
aussi des noyaux de quarz arrondis , très -volumineux ; 
des parties également arrondies , à texture grossièré , et 
comme formées de sable agrégé et enfin des cailloux de 
poudingues. Ce sont bien ici les caractères de l’agréga- 
tion mécanique et grossière, comme les veines quar- 
zeuses citées plus haut étaient ceux de la dissolution 
chimique. | 
… Tels sont les caractères de l'Arkose de la première car- 
rière , de celle qui est la plus voisine du village de Hoer ; 
elle n 'est recouverte que par ces terrains de transport, 
si communs en Suède, et surtout si remarquables en 
. Scanie et qui sont composés d’une multitude de caiHoux 
et d’énormes blocs granitiques enveloppés dans un sable 
de même nature. | | | 

À environ un quart de lieue plus loiñ, après avoir 
tout-à-fait perdu la trace de l’Arkose de cette première 
carrière en traversant une plaine composée de granite 


LT 


(2) Ann. des Sc. nat. , 1825 , tom. 1v , p. 200 , pl. xt. 

.(2) Nous étions accompagnés de M. Berzelius et de M. le profes- 
seur Nilson de Lund : ce dernier nous apprit qu’il voyait cette empreinte 
pour la première fois; mais M. Hisinger cite des vestiges et des feuilles 
de plantes marines (seegewachse) inconnues, troùvées dans cette car- 
rière et conservées dans la collection minéralogique de M. le professeur 
Retzius, à Lund. 


(138) 


en.place, on trouve une autre carrière où la roche res- 
semble bien plus à un grès qu'à une Arkose; elle est 
presque entièrement quarzeusé ; plus rougeàtre , et fer- 
rugineuse. Elle renferme un grand nombre de débris vé- 
gétaux , les uns de Cryptogames , les autres de Phané- 
rogames (1), et beaucoup de parties charbonneuses en- 
gagées dans la roche. : | 

Si ces deux carrières si voisines, mais dont la liaison ne 
peut être suivie ; appartiennent exactement au même ter: 
rain , il est assez remarquable qu’à si peu de distance 
les débris organiques soient si différens , qu’ils soient si 
rares dans la première, où ils se bornent à une espèce, 
et si abondans dans la seconde en espèces et en indi- 
vidus , parmi lesquels le filicites meniscioides ne se 
retrouve plus. On pourrait admettre que la seconde car- 
rière offre les couches ou parties supérieures du terrain 
d’Arkose dont la première monirait la partie la plus in- 
térieure. Wen 

Mais rien ne prouve cette continuité, et il est possible 
que le terrain de la seconde soit différent de celui de la 
première et plus moderne que lui. L'opinion présentée 
par M. Ad. Brongniart, qué le terrain de grès de Hoer 
appartient au grès à carreaux (quadersandstein) pa- 
raîlra pouvoir conserver toute sa force pour la seconde 
carrière, mais n'être pas applicable avec le même degré 
de probabilité à la première, qui présente d'une manière 
si complète tous les caractères minéralogiques des Ar- 
koses communes, riches,en felspath , appliquées i immé- 
diatement sur le granite, et semblant être (qu'on me 


mmiiditite 


(1) Décrits dans le Mémoire cité , et figurés pl. x11. 


(439 ) 


passe cette expression ) l’écume de cette/roche , comme 
_ paraît l'indiquer la liaison si intime qu’elle/conserye avec 
elle dans tant d’autres lieux. Cette liaison ne donnerait 
pas néanmoins une très-grandé ancienneté à l'Arkose, 
‘c’est-à-dire une ancienneté égale , par-exémple , à celle 
des terrains de transition à twilobites, car il est présumaz 
ble au contraire que. beaucoup de granites sont d’une 
époque de formation postériéure à ces terrains ; mais-elle 
lui attribuerait comme aux autres Arkoses une position 
de beaucoup inférieure à celle du grès à carreau, peut-être 
inférieure au grès bigarré et même au calcaire pénéen. 
Nous reviendrons plus loin sur ce sujet : nous dirons 
seulement que la circonstance du voisinagé et la super- 
position presque immédiate, peut-être même immédiate, 
de ces deux carrières ne doit pas empêcher d’atiribuer 
deux époques différentes de formation aux Arkoses et 
aux grès qu'on y observe. Le sol de la Suède présente de 
nombreux exemples dela réduction à un très-petitnombre 
de terrains de cette longue série de roches et de formation 
qu’on observe dans le centre de l'Europe. On voit res- 
serrés, et comme accumulés l’un sur l’autre dans la même 
province (la Scanie), le granite, les ampelites alumineux 
et le calcaire de transition (à Andrarum ), le grès bigarré 
et ses charbons fossiles (à Hoganaes) , peut-être le grès à 
carreau (à Hoer }, la craie (à Ignaberga), et le basalte 
(près de Hoer), tandis que tous les terrains intermédiai- 
res , la houille filicifère et ses psammites rougeûtres , le 
calcaire pénéen, les gypses et les sels marins des grès 
bigarrés , le calcaire conchylien, le lias et son calcaire 
à gryphées , le calcaire jurassique et ses oolithes, euc., 
manquent entièrement. 


(zgo) 

Anrose D68 Wazpsaur sur les bords du Rhin , au- 
dessous de Schaffouse.-—La ressemblance de cette Arkose 
avec celles de Blavosy, de Hoer en Scanie, de Montpey- 
roux en Auvergne , est si frappante et souvent si complète 
qu'on pourrait croire que les échantillons pris dans ces 
divers lieux appartiennent à la même carrière. Cepen- 
dant , dans l’Arkose de Waldshut , le felspath est un peu 
plus décomposé et passe à l’état de kaolin, la roche 
n’en est pas moins dure et solide au point qu'elle est 
exploitée pour faire des meules de moulin. 

Cette Arkose est située immédiatement au-dessus du 
granite-gneiss qui forme le fond du Rhin , et recouverte 
par un calcaire pénéen qui se montre à peu de distance. 
Je n’ai pas vu cette superposition d’une mamière directe, 
mais elle est établie par l'inspection des lieux environ- 
nans , par le récit des ouvriers qui exploitent la carrière 
de Waldshut et par l’opimion des géognostes qui ‘ont 
décrit où simplement visité ce pays; quant à l’époque 
géognostique du calcaire , je ne puis la déterminer avee 
certitude , mais elle paraît rapporter ce calcaire à celui 
que nous désignons , avec M. Omalius d'Halloy , sous 
le nom de pénéen ( Zechstein ). L’Arkose est donc encore 
ici dans sa position ordinaire et paraît appartenir à la 
même époque géognostique que celle d’Aubenas. Elle 
est stratifiée en bancs: horizontaux puissans séparés par 
des lits d'argile sableuse dans lesquels on voit des géodes 
ou même des cavités allongées, drusiques , tapissées de 
quarz coloré en rouge ; ces mêmes cavités se présentent 
dans la roche elle-même et y sont tapissées des mêmes 
cristaux , et en outre de quarz laiteux, de calcaire spa- 
thique , de fluore ou chaux fluatée en cristaux cuboïdes- 


(11) 

rose twès-pâle , dont les arêtes et les angles sont mo- 
difiées par un grand nombre de facettes. Elle contient 
enfin du fer oligiste métalloïde , du fer oligiste terreux, 
tantôt comme fondu dans la roche , tantôt réuni en ro- 
gnons disséminés dans sa masse (1). | 

. . * Ainsicette Arkôse, placée immédiatement sur un gueiss 
mêlé de granite, c’est-à-dire, sur le granite-gneiss de 
quelques géognostes, renferme , comme sês congénères, 
des minéraux acidifères (carbonate et fluate) et deux sub- 
stances métalliques , le fer oligiste et le cuivre mala- 
chite , circonstances presque caractéristiques des Ar- 


- 


* koses. 
- SH. Ærkoses de la deuxième division. 


La texture grenue, grossière , entièrement due à l’a- 
grégation mécanique, est plus sensible et plus constante 
dans ces Arkoses que dans les premières. Elles sont, 
par conséquent, plus friables et souvent aussi à grains 

- plus fins. Elles renferment plus rarement des minéraux 
métalliques ou pierreux cristallisés, étrangers à leur 


(1) MM. Oeynhauser , de Dechen et de la Roche ont parlé de cette 
roche sous le nom de grès, en le rapportant au grès rouge et au grès 
bigarré des Vosges et de la Forêt - Noire, parce qu’ils considèrent ces 
roches comme appartenant à la même formation ; mais ils font spéciale- 

ment remarquer que ke granite qui lui est inférieur, passe au grès rouge 
d’une manière insensible par le gravier de granite (c’est bien l’Arkose) ; 
ils ajoutent que cette Arkose renferme , outre les minéraux que j'ai nom- 
més , des petits amas de malathite , et qu’elle est recouverte par lé cäl- 
caire gris de fumée qui renferme quelquefois au-dessus de la carrière à 
meules un lit de gypse ( Geogn. Umrisse der Rheinlanden , ete. Es- 
sen, 1825, zweites theil , pag. 26.) | 


(-x{2.) 


composition essentielle de quarz et de felspath, mais 
elles présentent plus souvent et plus abondamment .des 
paillettes de mica. Elles contiennent des débris. orga- 
niques végétaux, à - peu- près et: même absolument 
semblables à ceux qu’on connaît dans les terrains houil- 
lers ; enfin elles font généralement partie de ces ter- 
rains et ne diffèrent des psammites de ces mèmes terrains 
que par leurs caractères minéralogiques. Leur position 
ést donc bien déierminée, bien connue, et nous ne les 
imentionnons ici que pour ne passer sous silence aucune 
roche qui puisse se rapporter minéralogiquement aux 
Arkoses. Nous nous contenterons de citer quelques 
exemples de ces Arkoses sans les décrire. 

Laroched'agrégation quiestinterposéeà Saint-Etienne, 
département de la Loire, entre la grande masse de 
houille de 4 mètres, à la carrière dite de Joyaut , et les 
lits de houille supérieurs, et qui forme un: banc de 
plus de 20 mètres d'épaisseur, est une Arkose. Celle qui 
recouvre les derniers lits de houille etde fer carbonaté li- 
thoïde , et qui est traversée à la mine du Treuil par un 
grand nombre de tiges végétales, dans une position ver- 
ticale , est encore une Arkose très-bien caractérisée, 

Cette même roche, mais plus quarzeuse, avec un 
peu de ciment argiloïde interposé , un peu de mica , du 
 felspath kaolinique blanc et de la barytine rosâtre, se 
présente dans le terrain houiller de Chabrignac, dé- 
partement de la Corrèze ; enveloppant de nombreux no- 
dules et grains de galène. 

La mine de houille de Montrelais en Bretagne , est ac- 
compagnée d’un banc d’Arkose très-dense , très-dure , 
d'un gris très-foncé , dont les fissures sont couvertes de 


: 


L 


(143) 
quarz hyalin cristallisé , de pyrite et de calcaire jaunis- 
sant én petits cristaux rhomboïdaux: 

+ On voit une Arkose absolument semblable à ch de 
la mine du Treuil, dans les mines de houille de Percy, 
près de Newcastle sur Tyne , en Angleterre. 

Je crois pouvoir y rapporter ‘aussi les Arkoses mi- 
diaires qui font partie de la formation charbonneuse, bi - 
tumineuse et de mercure de la Glane, vers Meisenheim, 
dans le Palativat,, au pied occidental du Mont-Tonnerre. 
La qualité du combustible charbonneux , nommée 
houille sèche , la présence des poissons fossiles absolu- 
ment semblables à ceux du pays de Mansfeid , celle du 
mercure sulfuré et du proue sulfuré, plutôt en veinules 
et en amas irregubers qu'en filons, peuvent faire re- 
garder ce terrain comme tout-à- fait analogue au terrain 
de schiste bitumineux et cuivreux de la Hesse, et par 
conséquent comme montrant la limite inférieure des for- 
mations dans lesquelles je tâcherai de faire voir que les 
Aïkoses se présentent. Le calcaire pénéen qui le sar- 
monte et les sources salées qu’on connaît dans les envi- 
_rons de Coussel , semblent indiquer le terrain de sé- 


diment moyen, ou le terrain le plus supérieur de cette 


formation (1). ; 


1 
(1) J'avais vu ce terrain , mais seulement en passant , en 1812. Les 


. poissons et le mercure m’avaient fait soupçonner dès- lors qu’il pour- 


rait être de la même époque géognostique que les schistes cuivreux de 
la Hesse, supérieurs à la houille et inférieurs au calcaire pénéen. La des- 
cription très-caractérisée que M. de Bounard a donnée de ce terrain 
(Ann. des Mines , t, vi, p.50), et dans laquelle j'ai puisé la plupart 
des faits que je viens de rapporter, et l'opinion émise par M. de Bon- 
uard (p. 510), me semblent ne laisser aucun doute sur l’exactitude de 


(144) 


On voit, par ces exemples , que l’action chimique à 
encore eu de l'influence dans la formation de ces Ar 
koses , quoique le caractère d’agrégation mécanique soit 
ici tout-à-fait dominant , et que , malgré leur séparation 
des granites par des terrains de sédimens, elles présen- 
teut encore la plupart des caractères minéralogiques et 
géognostiques des Arkoses de la première division. 


S III. Arkoses de la troisième division. 


La place géognostique et par conséquent l’époque de 
formation de ces Arkoses est, comme on le verra, très-dif- 
ficile à assigner. Elle est peut-être la même que celle 
des Arkoses de la première division , peut-être aussi en 
est-elle considérablement éloignée. 

Le quarz y est dominant en grains hyalins shis ou 
moins gros, tantôt liés les uns avec les autres par uné force 
puissante et qu’on ne peut attribuer à la seule juxta-po- 
sition , tantôt au contraire si peu liés que ces Arkoses 
sont désagrégées et friables. Elles présentent moins 
qu'aucune autre des minéraux cristallisés ; le calcaire 
rhomboïdal , l’arragonite et la barytine sont presque les 
seuls qui s’y rencontrent. Le calcaire est probablement 
le moyen de la solide réunion des parties de quelques” 
unes de ces Arkoses. + 


ce rapprochement. Il serait importafit d’examiner si les schistes impres- 
sionnés , cités p. 509 , font partie des terrains à ichthyolite et à mer- 
cure, et dans ce cas si les impressions végétales sont des fougères où 
d’autres plantes lacustres, ou si elles appartiennent à des fucoïdes 
ou à des plantes marines, comme dans les schistes de la Hesse, C’est 
encore un secours eflicace que la géologie réclame de Fa botanique fos- 
sile, 


“is ee (145) 

Des kaolins impurs, du bitume, des corps orgahisés 
végétaux à l’état de lignite , des coquilles qui appartien: 
nent à des espèces lacustres ou fluviatiles sont les ma- 
tières minérales et les débris organiques qu’on trouve 
dans cette Arkose. 

Je ne puis citer que deux exemples d’Arkoses de cette 
division ; il est probable qu’il y en à un bien plus grand 
nombre qu’on reconnaîtra quand on aura porté son at- 
tention sur ces roches dont l'étude a été négligée parce 
qu’on lés appelait grès , et qu'on croyait en avoir assez 
dit quand on les avait désignés par ce nom. Le premier 
exemple de ces Arkoses se trouve en Auvergne ; les lieux 
où je les ai observées sont situés sur la rive gauche de 
l'Allier, entre Issoire ét Clermont, 

Les collines qui bordent cette rivière à l’ouest ont 
leur base ou plutôt leur noyau en granite coloré en 
rouge et peu solide; elles sont surmontées d’une roche 
d’agrégation qui est tantôt un véritable psammite à cause 
de la quantité de mica qu'il renferme ; ce psammite est 
friable, et ses masses sont composées de zones alterna- 
tivement rouges, vertes et blanchâtres. Le sommet de ces 
collines ,\composé d’une roche aussi friable, a été sillonné 
et divisé par les eaux en une multitude de cônés dont les 
bases se confondent. Cette disposition se voit d'Issoire 
à Saint-Yvoine en remontant l'Allier ; mais après Coude 

se présente la colline de Montpeyroux , qui est presque 
entièrement formée d’une véritable Arkose , rougeître, 
jtunâtre, grisätre et même brune, composée uniquement 
de quarz hyalin grisâtre, et de felspath blanchâtre et 
constituant une roche très - dure, très-solide dont on fait 
. dès meules de moulin fort recherchées. 
VILLE, | 10 


(146 ) 

La position relative de cette roche depuis Issoire jus 
qu'à Clermont, et dans les environs de cette ville, est 
généralement la même; elle est souvent immédiatement 
placée sur le granite, et composée non - seulement des 
mèmes élémens que le granite inférieur, maïs ses cou 
leurs le rappellent également, car on a dit tout-à-l’heure 
que ce granite était plutôl rouge que gris. 

L’Arkose est dans quelques endroits recouverte par 
‘une roche calcaire bien différente de celle qui recouvre 
les Arkoses de la première division : ici c’est un calcaire 
d’eau douce très-bien caractérisé, pétri d’ane multitude 
de coquilles fluviatiles ou lacustres, et de même qu'aux 
environs d'Avalon les gryphées s'associent aux parties 
supérieures des Arkoses, demème ici les Iymnées, bu- 
limes, planorbes, etc., se voient dans l’intérieur même 
de cette roche. 

La position de ces Arkoses, par rapport au granite 
qui forme la base des terrains volcaniques et des terrains 
de sédiment de l'Auvergne , se voit d’une manière très- 
claire au Puy-de-Chatel, au nord de Royat, près de 
Clermont. L'Arkose à grains assez gros de quarz et de 
felspath se présente en bancs inclinés, appuyés immé- 
diatement contre le granite qui forme la masse princi- 
pale du petit monticule qu’on nomme le Puy-de-Chatel. 
Le granite est divisé par un grand nombre de fissures 
remplies d’üne brèche de fragmens de granite, cimentés 
par du fer limoneux : les fentes et cavités de cette brèche 
granitique qui représente une Arkose à gros grains , sont 
elles -mèmes remplies et tapissées des cristaux de ba- 
ryte sulfatée , remarquables par leur volume et leur net- 
teté. La partie supérieure de la masse d’Arkose est péné- 


D: “pp h ps 


( 147 ) 


trée de bitume. Aïnsi la barytine, minéral qui accom- 
pagne si souvent les Arkoses , se représenté encore ici 
avec cette roche qui semble se lier, par cette circon- : 
stance et par sa position immédiate sur le granite, avec 
les Arkoses de la première division. 

La barytine , lg bitume et l’arragouite accompagnent 
également l’Arkose dans un lieu plus éloigné de Cler- 
mont, au Puy-de-Corent. On voit au pied de cette col- 
line , sur le bord de 4’ Allier, en allant de la surface à la 
profondeur, ou de haut en bas ; d’abord le calcaire d’eau 
douce rempli de lymnées et de planorbes; ensuite l'Ar- 
kose ; qui est ici très - dense, très- dure, imprégnée de 
calcaire dans ses parties supérieures, et pénétrée de bitume 
dans ses parties inférieures : elle est stratifiée, et ren- 
ferme entre ses couches de l’arragonite fibreuse. Cette 


. Arkose n'est pas placée ici immédiatement sur le granite, 


elle repose sur un calcaire compacte, bitumineux, fissuré 
dans toutes sortes de directions , et dont les fissures sont : 
remplies de bitume ; d’arragonite et de barytine. 

Je me borne à ces exemples de position de l’Arkose en 
Auvergue ; ils suffisent pour faire voir les caractères 
ou particularités, tirés de sa position sur le granite et 
de la présence de minéraux cristallisés. L’arragonite et 
la barytine se montrent dans cette Arkose comme dans 
celle de la première division ; maïs je ne sache pas qu'on 
y ait vu de substance métallique autre que du fer oxidé 
limoneux. 

Le second exemple est pris dans un pays bien éloigné 
de celui qu’on vient de citer ; c’est en Bohême, près de 
Carlsbad , que je crois avoir reconnu une Arkose sem- 
blable à celle d'Auvergne. IT y a déjà entre les environs 


( 148 ) 

de Carlsbad et l’Auvergne une grande analogie de con 
sütution géognostique : c'est de part.et d'autre un pla=. 
teau granitique surmonté de roches trapéennes, ba- 
saltiques ,, mème laviques , avec des sources minérales. 
chaudes tenant en dissolution une grande quantité de cal- 
caire. On y voit aussi des kaolins impurs , comme ceux 
de Souxillange, près d’Issoire. 

L’Arkose, ici très-quarzeuse, pourrait être nommée 
grès à gros grains , si elle ne renfermait quelques parties 
. de felspath, et si la position géognostique ne décidait à 

regarder cette roche comme une Arkose. Elle recouvre, 
‘en effet, des collines basses de granite porphyroïde; elle 
est grise, très-dure , à gros grains de quarz hyalin, mêlé 
de grains de felspath aliéré.. Elle est en baries puissans,, 
pénétrant dans les anfractuosités des vallons granitiques. 
Ceux de ces bancs qui sont sur la pente des coteaux ont 
été brisés; une partie de leurs débris volumineux sont 
restés épars sur la crête des collines, comme on peut le 
remarquer en allant de Carlsbad à Elbogen par la grande 
route. Une autre :partie est tombée jusque dans le fond 
des vallées et a pénétré dans les dépôts de kaolin qui.se 
montrent quelquefois au pied de ces collines. 

Cette Arkose est la moins bien caractérisée de toutes 
celles qui ont été mentionnées dans cetie Notice; sans 
son analogie avec celle de l'Auvergne, on serait tenté de 
la regarder comme un vrai grès du terrain de sédiment 
supérieur ; et avec d'autant plus de raison qu’elle est 
accompagnée dans quelques endroits (au débouché de la 
vallée de Carlsbad, dans l'Eger , et sur la rive opposée 
de cette rivière) de fragmens de lignite et de très-bonrie 
argile plastique, quenous avons déjà mentionnés ailleurs. 


( 149.) 
Anr. 3. Détermination de la position géognostique 
rue des Arkoses. “44 


: 
122 
AL 


Les Arkoses, par leur position sans intermédiaire 
sur le granite’, démontrée d'une manière évidente par 
es exemples que je viens de rapporter, et par leur 
liaison avec cette roche, semblent avoir été formées 
immédiatement après elle et par conséquent être d’une 
mêmé époque géognostique que Îles terrains de trau- 
mate de la formation de transition , qu'on considère 
comme la plus'ancienne après les terrains primitifs, et 
comme formant le passage de ceux-ci aux terrains de sé- 
diment. Mais en comparant les particularités et carac- 
_Aères géologiques des deux terrains ; considérés isolément 
et sans égard à leur place dans la série des formations, 
on-remarquera des différences nombreuses et fondamen- 
tales qui: pourront nous conduire à des conséquences 
assez singulières et peut-être inattedues. 

Le terrain de traumate (ubergahge- grauvake) est 
composé de phyllades paillettés ; de poudingues anagé- 
niques , de psammité commun et sthistéidé, de schisté 
argileux, de phtanites {kieselschiefer), etc, Il offre , par 
conséquent, un: dépôt puissant de fochés’argiloïdes ou 
sabletses qui n’ont aucun rapport de nature ni de struc- 
ture avec le térrain de granite, de gheïss ‘où de mica: 
schiste sur dlèquel on suppose qu'il ést placé et d'où 
semblent être sorties les substancesminérales, pierren- 
ses.et métalliques qui se rencontrent ; cristallisées } dans 
ee terrain sédimenteux. RDC TOUL 

“Le terrain de:traumate est donc composé de matériaux 
tout-à-fait différens de ceux du terrain granitique sue 


(150 ) | 
lequel on présume qu'il repose : il tire nécessairement 
son origine d’une autre sourcé et doit avoir été formé de 
tout autres matériaux qui peuvent même venir de très- 
loin: des 

Le terrain ge traumatc: esl stratifié d'ans manière 
assez distincte. Sa stratification est coupée et, traversée 
par des filons ou des veines qui renferment des minéraux 
très-variés. On dirait qu'après avoir été déposé il a été 
brisé et comme fendu par la force ou par la cause qui a 
introduit ces minéraux dans ses fentes et dans ses cavi- 
tés. Aussi est-ce le terrain des filons réguliers , des amas . 
couchés et des veinules minérales. 

Les terrains de houille ancienne ou filicifère qui vien- . 
nent ordinairement au-dessus des terrains, de transition 
calcaire ou de traumate, ont des caractères si connus et 
si évidemment différens de ceux des Arkoses, que je n’en 
ferais aucune mention si on n'avait pas trouvé dans ces 
derniers terrains des, débris végétaux qui semblent au 
premier aspect avoir. .de la ressemblance avec. les fou- 
gères des terrains houillers; mais un examen scrupuleux, 
une comparaison attentive de ces empreintes végétales et 
de celles de houille, a fait voir qu'elles étaientdiflérentes, 
et a montré en, même temps de quelle valeur sont les 
services. que la considération des corps ofganisés fossiles 
rend à la géologie, : -, Si 

Ainsi les Arkoses de Jä première divisoll Sn les 
débris de végétaux monocotylédons qu'elles renferment 
quelquefois, malgré les petits amas charbonnéux qu'elles ‘ 
présentent , n’appartiennent pas à l’époque de la.forma- 
tion des anciennes houilles ; elles. me sont pas. plus an- 
ciennes qu'elles, mais elles ne pafaissent pas non plus 


: CASE }) 


. être beaucoup plus nouvelles : elles semblent dans 06 
ques cas les avoir suivies presque immédiatement. 
La disposition , la nature et l’origine des Arkoses de la 
première division présentent donc des circonstatices tout- 
à-fait différentes de celles que nous venons de rappeler 
comme propres aux terrains de traumate et aux térrains 
_ houillers. | | . 
“Il n'en est pas de mème des Arkoses de la ééiée di- 
vision ; cér on ne peut se refuser à regarder le gravier 
blane , qui recouvre à Saint-Étienne le terrain houiller 
dans quelques points, et notâmment dans le Jieu où il 
s’est présenté traversé par une forêt de tige verticale, 
et célui qui alterne avec les couches de ce terrain; 
comme appartenant , au moins minéralogiquement ; aux 
Arkoses ; puisqu'il a la même Er que cette sorte 
de roche. s° ‘4 LAND. FRAIS 
La stratification des Arkoses est broière et rénale 
fois on ne peut la reconnaître nettement, Nous avons 
déjà dit, et les caractères minéralogiques l’établissent 
d’une manière positive, qu’ellés sont composés des mêmes 
— élémens que le granite. L'élément lé plus durable , qui 
est’ le quarz, estaussi le plus abéndant ; l’éléméut le plus 
séparablé, le plus susceptible d'être emporté au loin, le 
mica , né s’y trouve plus où y est très-rare; élément le 
plus décomposable , le felspath, y est souvent à l'état 
d'altération , soit en kaolin , soit même en argilolite. 
C’est aussi un gîte des minéraux acidifères et des mi] 
néraux métalliques ; qui se présentent ordinairement en 
filons dans tome autre roche ; maïs ici la matière de ces 
_ minéraux était répandue dans la masse même de l’Arkose, 
et à mesure que celle-ci se solidifiait par dépôt et par 


( 152 ) 


agrégation , les minerais dissous se réunissaient en petits 
amas cristallins ou tapissaient dé leurs cristaux les ca- 
vités de l'Arkose. Il n’y a ici que des nodules , des amas, 
et quelques druses; on ne voit plus ou presque plus de 
filons, ni même de veines ou amas-couchés, de quelque 
étendue... : | 

Le chrôme des Écouchets, la pyrite de Hoer, le 
fer oligiste et les fluores de Waldshut , la galène du Bley- 
berg, das le Palatinat, le cuivre en différens états de 
Chessy, etc. , sont des exemples frappans de, cette dispo- 
sition ; et lors même qu’on ne les rapporterait pas tous 
à Ja mème époque de formation , ils appartiennent tous 
au terrain d’Arkose ; tel que nous venons de le carac- 
tériser. / | 

Ces minéraux et ces minerais push étre sortis des 
terrains que recouvre l’Arkose et dont elle paraît être 
elle-mème-la continuation, car on les suit jusque dans 
ces roches ; et soit qu'ils en sortent; soit qu'ils y entrent, 
ils prouvent toujours ce que nous voulons établir comme 
un fait assez général, c’est la continuité de nature et de 
phénomène qui a eu lieu-entrela formation des Arkoses 
de la première et de la troisième division et celle des 
granites. Cette continuité est visible et évidente dans 
quelques lieux (Avalon, Montjeux près d'Autun, les 
Écouchets , Chessy), quelle qe x soit l'hypothèse qu'on 
adopte. 

T'elles sont les circonstances s caractéristiques de gise- 
ment des Arkoses, circonstances remarquables par leur 
généralité, et qui sufliraient seules pour donner de l'in- 
térèt à l’histoire géognostique de cette roche, lors même 
qu'on ne pourrait la rapporter avec certitude à aucune 


(168) 
époque géognostique déterminée ; ow lors mème qu'on 
ne la considérerait que comme un membre subordonné 
d’une grande formation , on enfin que ne voulant pas 
la regarder comme un terrain propre, on ne la considé- 
rerait que comme une roche particulière , entrant dans la 
composition de ce que l’on appelle un terrain. 

Les faits qu’on vient d’exposer montrent que les Ar- 
koses de la première et de la troisième division sont en 
liaison intime avec le granite, et qu'elles doivent avoir 
suivi immédiatement cette roche. Cependant elles n° ap- 
partiennent pas aux terrains de transilion qui sont regar- 
dés comme les roches les plus anciennes après les & gra 
nites ; elles ne possèdent aucun des caractères de ‘ces 
terrains ; elles paraissent même plus nouvelles que les 
terrains houillérs , par la. nature des végétaux fossiles 
qu’elles renférment et qui n'ont, comme nous l'avons 
dit, presque rien de commun avec ceux dés terrains 
houillers. 1 je STIÉ Ep 115 mére 

C’est déjà une disposition éitishitis ‘ne singu- 
lière, une sorte d’'anomalie/géologique que de. voir une 
roche , d'une époque de formation.évidemment différente 
de celle des terrains de-transition etdes terrains houillers, 
et très -probablement postérieure à ces terrains, être en 
liaison intime avec une autre roche , le granite, qui fait 
partie d’un terrain généralement regardé comme beaucoup 
plus-ancien, en sorte que ces deux Arkoses offriraient 
cette singulière contradiction d’être, par leur liaison avec 
Je granite, de la même époque que cette roche, et par con- 
séquent plus anciennes que les terrains de transition. et 
que les terrains houillers , et cependant plus nouvelles 
que ceux-ci par les circonstances de leur superposition 


( 154 ) 

et de la nature des corps + fossiles qu’elles ren 
ferment. | 

Mais pour rendre cette ‘singulière conséquence plus 
évidente, avant de ‘chercher à se l'expliquer , il faut 
examiner à quelle époque géognostique ou à quelle for- 
mation ces circonstances etices débris organiques doivent 
faire rapporter les Arkoses. 


Trois ordres de faits ou d’ observations peuven nous 
y conduire. 


CO < La nature bien déterminée des Lenainte qui re- 
couvrent les Arkoses. À | 


20.. Les espèces de débris organiques qu'elles ren- 
ferment. sé oi Le nr 

3°. La nature 30 sou del Msn minéraux. et des mé- 
taux qu’on rencontre dans les terrains. d’Arkose.. 

Des Arkoses que j'ai décrites comme exemples de la 
première division , quatre séulement se sont montrées re- 
couvertes d’une manière évidente ; celles d'Aubenas , 


_ d’Avalon, de Chessy'et de Remilly. : 


Dans celle d’ Aubenas , c’est un calcairé qui tésenibié 
au calcaire pénéen par sa itéxture, ses parties métalli- 
ques et ses ammonites; das celle d’Avalon , c’est le cal- 
caire à gryphées arquées où Jiäs ; et peut-être entre lui et : 
l'Arkose, un calcairé coquillier nommé lumachélle par 
M. de Bonnard , et qui pourrait bien se rapporter au cal- 

câire conedlilien (Muschelkalk). À mens je mai pas. 
| vudiréétement la superposition, mais j'ai vu et recueilli 
lés calcaires et les pétrifications qui entourent le terrain 
d’arkoses , et j'ai su que les ingénieurs qui ont étudié 
cè gite de minerai considéraient ces calcaires comme lui 


« 


(‘0x ) | 
étant supérieur. C’est encore le lias avec sés ryphées ars 


| quées, ses bélemnites, ses armonites, etc:1: 


Enfin’, à Remilly on n 'admettait la superposition que 
par indüetion de la disposition des roches environnantes ; 


ais M. Paroto vient de reconnaitre distinctement Ve 


l'Arkose de ce-lieunéthit directement récouvérté pat le 
calcaire à gryphées: "T2 | 

"Or, quels terrains tréttoHE nous au-dessous du lias et 
du calcaire conchilien? C’est le grès bigatré , 1e calcaire 
pénéen et le schiste bitumineux. Au- dessous viennent 
les psephites et les houilles filicifères : mais nois devons 


nds arrêter ici ,-puisqué tout porte à croiré € que 1 tér- 


)# 


rain d'Arkose est supéieur à la houille. Jr P2 
Voilà donc la placé des Arkoses indiqués par & cette re 
mière série d'observations. | è 
“La seconde série , celle qui est relative aux débris 
pie: n'ofre que deux bn , et encore 


)14) 


is possède à à elle seule : üune très - grande valeur. C'est 
l'observation c qui est ratite aüx em reintes si, bien 


|. tônservées dans l’Arkose de Hoër, qui, déterminées et 


is nt 


_ discutées par M.' Adolphe Brongniart,, mon fils, se 
Ba 41) 
räpportent toutes aux débris végétaux trouvés dans le 


grès bigarré et dans des terrains que semblent en être 
uné dépendance. Les bgés et empreintés trouvées dans 
F Arkose de Blavosy n ont pu être déterr minées ; ; ce.qu'on 
én éonnaît n'offre rien qui soit en opposition avec ce 
que nous ont appris les FNicites meniscioides, les nil- 
np etc. ; des ATOME de pop 


: 
. 


(156 ) 
placer les Arkoses dans la formation des grès an 4 
ou peu avant cette formation, 

La troisième série de faits qui est relative à la nature 
des minéraux renfermés dans les Arkoses; n’a pas la même 
valeur que les précédentes ; mais elle compense , par le 
nombre et la généralité de ses caractères , ce’ qui lui 
manque en valeur. On y trouve généralement des mine- 
rais métalliques et des minéraux acidifères , disséminés 
et en petits amas ; mais non en filons. Ces minéraux sont 
les mêmes que ceux qu’on rencontre dans le grès bigarré 
el dans les schistes bitumineux , roches qui terminent, 
l'une vers le haut et l’autre vers,le bas,, la suite de celles 
qui peuvent renfermer les Arkoses, Si, comme je le pré+ 
sume, les terrains hydrargyrifères du Mont-Tonnerre 
se Fapportenhs à la formation des -Arkoses , les poissons 
qui s y trouvent, en les éloignant des psammites houil- 
lers, les rapprochent des schistes cuivreux à ichthyo 
lites du pays de Mansfeld , et, les placent, soit dans ce 
terrain , soit entre lui et le grès bigarré. La barytine 
qu’on trouve. dans ce grès en Fe pri , en Lorraine, en 
Souabe, etc. ; "le: plomb carbonaté qu’ on connaît dans 
celui du pays de | Bade , du duché de Wartzbourg. à CLC +5; 
les empreintes de calamite et de fougèr es, accompagnées 
de quelques lits charbonneux qu on cite dans ce terais 
blissent de nombreuses a 4 fes géognostiques 
entre les Arkoses et les roclies qui. s'étendent du grès 
bigarré au schiste bitumineux. sa LU 

Cette troisième série de. faits concourt donc avec. les 
deux autres à assigner la place des Arkoses dans les ter- 
rains de sédiment inférieur , depuis le grès bigarré Jus= 
qu'au schiste bitumineux. 


(157 ) 


Mais. les observations relatives aux rapports des ter 
_ rains d’Arkose avec les terrains inférieurs, montrent sa 
_ liaison intime avec le granite, Nous l'avons vue à la 
montagne de Montjeu près-d'Autun ; à Avalon, où 
M. de Bonnard l’a fait remarquer d’une manière expli- 
cite (). M. Voltz, qui appelle cette roche grès vos- 
gien ; la compare à du granite broyé (2). Si donc sa 
formation avait suivi sans interruption celle du granite , 


‘ 2. 


(1) Mém. r p- bin et 475. 

. (2) Car nous regardons le grès vosgien de cet ingénieur des mines 
comme appartenant aux Arkoses ; il en a la position, puisqu'il est sur 
Le granite , les caractères minéralogiques, puisqu'il est composé de quarz 

et de felspath , et le caractère géognostique, puisqu'il renferme la bary- 
tine, substance minérale qui accompagne presque toujours les Arko- 
ses. El le place, il est vrai, beaucoup au-dessous du grès bigarré, dont 

il le sépare et le distingue ; mais Le caractère des Arkoses semble être 
_ précisément d’appartenir à différentes époques de formation par ses di- 
verses parties , au granite qu’elle recouvre par la partie inférieure ‘de 
ses masses , el au terrain qui la recouvre immédiatement par la partie 
supérieure , de remplir pour ainsi dire en partie ou en totalité l’espace 
compris entre le granite et le grès bigarré, et de remplacer, suivant 
les lieux , soït toutes les roches, soit une partie seulement de celles qui 
se montrent dans cet espace. 

M. Voltz, dans ure lettre à M. de Bonnard du 3 mai 1825, confirme 
ces rapprochemens d’une manière très-précise. « Le passage oénailile 
» du granite aux roches arénacées, dit-il, est un phénomène qui m’a 
» frappé ét qui fait voir que la formation des Arkoses a eu lieu dans’ 
» des circonstances analogues , sous bien: des. rapports , à celle du grès 
» vosgien. » 

Il dit plus loin : 
 « A Hargarten , le grès bigarré passe FLN HR au grès yosgien , 
» et le terrain salifère manque. Quant au grès vosgien , il se pourrait 

! “» qu'il fût l'équivalent du calcaire pénéen (zechstein ) ou le système in - 

*» férieur da grès bigarré , système qui diffère sous tous les rapports du 

» système supérieur du grès bigarré, » 


gs 


( 158 ) 
comme une écume surnage une matière fondue, ot. 
comme une eau-mère trouble ; mêle ses dépôts et ses 
cristaux impurs avec: la surface de la masse crystalline 
qu'elle a produite ; ne pourrait-on Pas , ne devrait-on 
pas même en tirer la conséquence que la formation du 
granite , ou au moins de ces granites , n'est pas très- 
éloignée de l'époque de la formation des grès bigarrés ; 
et l’autre conséquence encore plus singulière que la 
formation de ces granites est postérieure aux terrains de 
transition, et peut-être même au terrain houiller. 

Voyons si d’autres observations ne conduisent pas 
au même résultat par une autre route, | 
En examinant quels sont les terrains qu: se sont 
montrés sur le granite, dans les cas peu nombreux il 
est vrai, où on a vu celte roche immédiatement et clai- 
_rement recouverte , on rémarque que c’est presque tou- 
jours des terrains de sédiment inférieurs, même des 
terrains encore plus nouveaux, et qu'il est rare au con- 
iraire qu’on puisse prouver que le granite ait été claire- 
ment reconnu immédiatement sous les terrains de tran- 
sition , et même sous les terrains houillers (r). | 
Aïnsi, dans les exemples que j’ai décrits dans ce Mé- 
moire, et qui ont montré le granite recouvert d’une 
manière distincte, ce ne sont pas des terrains de transi- 
tion qu’on trouve appliqués sûr cette roche , mais des 
terrains beaucoup plus nouveaux. 


Près d’ ART où le granite se voit réellement et 
/ 


(1) On ne «ite ns de one de la houille 
sur le granite ou sur les roches de cette même formation , que dans Le 
centre de la France, principalement dans la partie méridionale du bas- 
sin houiller de Saint-Étienne. 


( 159 ) 


immédiatement placé sous un terrain de sédiment , c’est 
de calcaire jurassique , ou au moins un calcaire oolitique 
qui le recouvre, et par conséquent un terrain encore 
plus nouveau que ceux que j'ai cités plus haut (1). 
En parcourant la description des diflérens pays qui 


présentent soit des granites, soit des terrains de trausition, 


on ne voit presque jamais les premiers recouverts par les 
seconds , ni ceux-ci placés clairement sur le granite. Les 
coupes de l'Angleterre où ces deux sortes de terrains se 
montrent fréquemment , les présentent toujours séparés 
l'un de l’autre par des schistes et d’autres roches, et 
alors la trace des superpositions certaines est perdue, 
surtout quand il s’agit de terrains non stratifiés ou de 
stratification très-inclinée et très-dérangée. 

.… On pourrait donc présumer que certains granites sont 
postérieurs , non-seulement aux terrains de transition , 
mais encore en partie à quelques terrains houillers et 
d’ine époque de formation de très-peu antérieure à 


celle des calcaires pénéen, du grès bigarré et du lias. Si 


. Là . . . 
on n’a observé que rarement et peut-être jamais claire- 
ment , c'est-à-dire d’une manière immédiate , cette super- 


position , cela tient aux causes même de la formation 
2 = 


qui ont dù apporter dans le point de contact des pertur- 
bations, des amas de débris qui le cachent, et qu'aucun 
intérêt n’a porté à percer. Au reste la première opinion 
est admise pour la Norwège , la Saxe, etc., par les géo- 
gnostes les plus distingués ; et M. Marzari l’a rendue cé- 
lèbre par les observations qu'il a faites dans la vallée de 


» 


(1) M. Hérault a reconnu et décrit cette curieuse disposition , que j'ai 
eu occasion de voir aussi sur les lieux, . 


( 166 }) | 
l'Avisio, en Tyrol, sur ce _ il appelle le granite ter” 
tiaire. 

Les progrès de la science hi doivent avoir 
pour résultat de multiplier les distinctions et les divi- 
sions en faisant reconnaître des différences ontre des 
phénomènes qui étaient confondus: Il faut maintenant 
admettre que le mot d'époque géognostique doit avoir 
une acception bien différente ; suivant le mode de 
formation du terrain auquel on l’applique ; ainsi, lors- 
qu'il s'agit d'un terrain précipité par voie chimique 
. Ou par voie mécanique du liquide qui le tenait en dis- 
solution ou en suspension , l’époque de l’appärition de 
ce terrain à la surface du globe est la même que son 
époque de formation ; et ce terrain est entièrement su 
périeur et complètement postérieur à ceux qu’il recouvre. 

Mais s’il s’agit d’un terrain qui soit sorti à l’état 
liquide ou pâteux de l'intérieur de Ia terre pour s’épan< 
cher à sa surface, -son époque de formation dans la 
source d’où il vient, ou plutôt celle de cette source, 
est très-différente de son époque d’apparition par expan+ 
sion à la surface de la terre. Cette dernière époque est 
déterminée par les espèces de corps minéraux qui com- 
posaient la surface du globe au moment de son. -épau- 
chement et par l'existence des corps organisés qui 
l'habitaient. Ces corps spécifient les époques de forma= 
tion ou d'apparition de ces roches, comme les différens 
monumens historiques, enfouis sous les laves du Vésuve, 
spécifient l’origine ou l’âge de ces laves, quoiqu’elles 
partent peut-être toutes d’une même source intérieure. 

Or, il est présumable que la plupart des roches 
dures , cristallisées, non stratifices , sont sorties de l'in- 


( 161 ) 


térieur de la terre pour s'épancher à sa surface à dif- 


férentes époques , et qu’elles ont recouvert ou des roches 


de même nature , ou des roches généralement moins du- 
res, non cristallisées | déposées par sédiment et renfer- 
mant des débris de corps organisés , vivant soit dans les 
milieux qui tenaient en suspension les matériaux de ces 
roches , soit sur les terres qui formaient les parties 
sèches du globe vers la même époque, 

C’est donc par l'examen des roches de sédiment , pla- 
cées sous le granite et des débris organiques qu'elles 
contiennent, qu'on pourra déterminer , non pas l’époque 
de formation du granite, mais son époque d'apparition 


* par expausion. Or , comme le granite , en sortant ainsi 


pour se répandre sur divers terrains, a dû briser et 
soulever ces terrains, et à pu également se solidifier 
au-dessous d'eux, il est tout simple qu’on le trouve sous 
ces terrains aussi bien que sur eux ; et comme il est 
possible , quoique beaucoup moins présumable , qu'il 
soit sorti de l’intérieur de Ja terre , à différentes épo- 
ques, pour s'épancher à sa surface, il est également 
possible qu’on le trouve, suivant les lieux et les temps, 
tantôt inférieur et tantôt supérieur à la même roche : 
mais la roche qui lui sera constamment supérieure , fait 
négatif difiicile à établir, ou qui sera intimement liée 
à sa surface ou à l’une de ses dépendances , observation 
plus positive et plus facile à faire, sera celle qui in- 
diquera l’époque la plus récente des phénomènes de 
l'expansion de ces granites à la surface de la terre. 

Pour en revenir aux Arkoses, objet principal de cette 
Notice , il me semble que ces roches peuvent nous servir 
de chronomètre géologique pour déterminer une des 

vut. 11, 


( 162.) 


apparitions du granite à la surface de la terre , si toute- 
fois il y en a eu plusieurs, 

Elles sont si intimement liées à avec cette roche, qu'on 
ne peut supposer un long intervalle ni une grande dif- 
férence de phénomènes entre la cristallisation complète k 
du granite et la demi-cristallisation des Arkoses compo- 
sées des mêmes élémens que lui. 

D'une autre part, les Arkoses sont liées avec le grès 
bigarré ; elles en renferment les débris organiques ; elles 
renferment également les débris organiques du lias : 
elles se sont donc formées à la surface du globe à l’é- 
poque où ces roches et ces êtres couvraient RAR 
parties de cette surface. 

Or , si les faits exposés dans cette Notice sont anssi 
exacts et aussi généraux que nous le supposons , si les 
premières conséquences que nous en avons tirées sont 
vraies , les Arkoses nous apprendront qu'une apparition 
du granite , et peut-être la dernière , a eu lieu à la sur- 
face de la terre à l’époque du grès bigarré; et pour 
conclusion assez remarquable, que certains granites 
sont, pour parler la langue des géognostes , de la for- 
mation des grès bigarrés. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXV. 


Fig. 1. Coupe du terrain d’Arkose de Remilly, entre Dijon et Vitteaux, 
par M. Pareto. 

Y, vallon du ruisseau de la Belle-Fontaine ; À , granite ; B ; Arkose; 
m, marnes argileuses, et c, lits de calcaire compacte; ©, cal- 
caire à gryphées arquées ; M7, marnes ; D, calcaire blanc juras- 
sique ; À , village de Remillÿ ; T, télégraphe. 

Fig. à. Rapports des Arkoses, du psammite et du calcaire, route de 
Mercuer à Aubenas. 


( 163 ) 


À , terrain d’Arkose ; à, lits argileux verdâtreset rosâtres ; », Arkose 
commune et granitoide ; c, psammite sableux micacé, fissile ; d, Ar- 
kose granitoïde ; e, Arkose miliaire; B, calcaire sublamellaire 
jannâtre ; €, brèche OR, à D, calcaires compactes 
divers. | 

Fig. 3. Colline au S.-O, du village de Mercuer. 

D , calcaire compacte gris de fumée métallifère ; a , pont sur le vallon 
de séparation des deux collines ; C , fond du vallon dont les deux 
ne sont formées de granite vers le bas , et d’Arkose vers le haut ; 

A, granite; B, terrain d’Arkoses ct de PP! b, route du 
Mercuer à Aubenas. 


+. — 


L! 


Cowsmérarions générales sur le genre Veronica, 
et sur quelques genres des familles ou sections 
voisines SA 

À Par M. Auc. Duvau. 


La huitième classe du Genera plantarum, bien liée 
par plusieurs caractères généraux, se compose de fa- 
milles qui sont également plus ou moins liées entre elles. 
Aussi M. Brown, M. Decandolle (dans son ordre in- 
verse ) et M. Kunth ont fait peu de changemens dans la 

série de M. de Jussieu. Malgré les travaux de ces illustres 
auteurs, il reste encore beaucoup à faire dans cetie classe ; 
c'est comme une vaste carrière à l'exploitation de la- 
quelle peuvént être admis même les ouvriers d’un ordre 
inférieur. J'ai donc cru pouvoir y prendre part. Les ma- 
nœuvres de la science recueillent des faits : les maitres 
établissent les principes. 
Le genre f’eronica , dont j'ai depuis quelque temps 
fait une étude plus spéciale , est déjà assez nombreux en 
espèces et assez varié dans ses formes pour occuper pen- 


C164) 
dant des années un modeste amateur. J'avais donc cru 
pouvoir me renfermer dans ce petit domaine ; mais les 
études comparatives ont , depuis un quart de siècle , fait 
de tels progrès, qu’elles dominent toutes les sciences 
naturelles : on y tient compte des aflinités les plus éloi- 
gnées ; aucun objet n’est isolé. 

Je n'ai donc pu rester en solitude avec mes Véroni- 
ques , et je me suis vu forcé de m'occuper aussi de leurs 
voisines. ; 

Mon but ici n’est-point de donner une description dé-” 
taillée même du genre Veronica. Ce sera l'objet d’un 
travail spécial que je me propose de publier plus tard, 
et pour lequel j’ai déjà rassemblé de nombreux maté- 
riaux. Pour le moment, j’exposerai seulement ses géné- 
ralités , en passant en revue ses principaux organes ; puis 
je communiquerai quelques observations sur plusieurs 
genres qui ont plus ou moins de rapports avec lui. 

Je ne vois pas de raison pour changer la division lin- 
néenne du f’eronica en trois sections : 

Spicæ terminales. 
Spicæ laterales: 
Flores solitarii. 

Elle se trouve même confirmée en partie par un ca- 
ractère dont je parlerai un peu en détail. Maïs chacune 
de ces sections offre des groupes, dont quelques-uns sont 
très - marqués , par exemple celui dont le Ÿ. latifolia 
(dans la deuxième section ) peut être considéré comme le. 
type. | : 

Dans toutes les espèces, une Bractée simple, à une 
nervure , recouvre la base du pédoncule, qui porte une 
seule fleur. 


( 165 ) 

Le Style simple est, dans la première section , en gé- 
néral plus long que la corolle , coudé et incliné en avant 
* vers la base après la fécondation. Il est , dans les deux 
autres , plus court que la corolle , ou de même longueur 
qu'elle, et reste droit. 

Le Stigmate , également simple , est quelquefois un 
peu renflé , et celui du Ÿ. anagallis est muni de nom- 
breuses papilles. 

Le Placenta se compose de deux lames soudées ensem- 
ble et avec les bords des valves. 

Au milieu, ou au-dessus du milieu , ces deux lames 
soutiennent un nombre indéfini de Podospermes (nuls 
dans les Ÿ. hederæfolia et cymbalariæfolia ) auxquels 
sont attachées les graines de formes diverses, selon les 
sections , et même selon les groupes , dans les deuxième 
et troisième sections. 

La Capsule, également de formes très-diverses , est 
composée de deux Loges bivalves: j'en ai souvent tobservé 
trois dans les première et troisième sections. 

La Déhiscence est loculicide dans les trois sections ; 
mais elle est aussi un peu septicide dans les espèces 
d'Europe et d'Asie, et souvent elle est complètement 
telle dans les espèces australasiennes des première et 
deuxième sections. C’est ce qu’on observe dans le W. sa- 
licifolia de la première; dans les Ÿ, labiata et formo- 
sa ,-que je dois à l’obligeance de M. Brown ; dans le Y, 
Diemeniana , nouvelle et fort belle espèce de la terre 
de Diemen , rapportée par M. de La Billardière , qui a 
bien voulu me permettre de la publier ; dans le ”. per- 
foliata, espèce remarquable sous plusieurs rapports, 
dont M. d’Urville a eu la générosité de partager avec moi 


( 166 ) 
un échantillon unique. Dans une des capsules dont il est 
uni, les quatre valves présentent cette double déhis- 
cence jusqu'à leur base. (PI. xxvi, fig. 4: ) 

Voilà donc un placenta libre , caractère tout nouveau 
dans ce genre. M. de Jussieu l’avait regardé comme sufhi- 
sant pour placer le Æebe magellanica (F. decupata) 
parmi les Jasminées. Mais, lors de la publication du 
Generu , les espèces australasiennes qui présentent ce 
caractère, n'étaient pas connues ou avaient été imparfai- 
tement décrites. 

Faudra-1-il donc exclure du genre Veronica les es- 
pèces dans lesquelles on trouve un placenta libre ? 

Cette question devrait sans doute être résolue affirma- 
tivement , si dans ces espèces le placenta était toujours 
et essentiellement libre; maïs il ne l’est pas , à beaucoup 
près, constamment , et même alors il ne l’est qu’acci- 
déntéllement et par un effét de déhiscence. On peut s’en 
convaincre en faisant, avant la parfaite maturité, des 
sections transversales sur des capsules de ces mêmes es- 
pèces , qui, comme dans les autres , offrent alors un pla- 
centa soudé avec les bords des valves. | 

Cet état de la capsule peut être attribué en partie à la 
plus grande intensité de la chaleur des pays, d’où les 
plantes sont originaires. Toutes les espèces sous-ligneu- 
ses qu'on y trouve sont aussi d’une contexture plus 
sèche que les espèces européennes voisines ; elles noir- 
cissent également davantage à la dessiccation, et prennent 
la teinte de nos Mélampyres et Pédiculaires.. - 

J'ai examiné avec quelque soin üne des espèces les 
plus communes dw genre, dont les graines présentent 
des caractères très-remarquables , et étrangers en partie 


( 167 } 


aux graines de ses congénères : je veux parler du F. Ae- 
deræfolia , qui , sous ce rapport, paraîtrait ne point ap- 
partenir au genre dont nous parlons. 

A la maturité, le We: PER , comme dans plu- 
“sieurs autres espèces , libre par l'effet de la déhiscence ; 
mais chaque loge contient deux graines dépourvues , 
ainsi que nous l’avons vu, de podospermes , et attachées 
au haut du placenta, contre lequel leur face inférieure 
est appliquée. Ces graines sont rondes et creusées en 
forme d’ombilic ; chacune d’elles est munie, au fond, 
d’une membrane circulaire, qui en occupe le milieu, et 
s'élève jusqu’au niveau de ses bords. D’un autre côté , de 
hile se prolonge parallèlement à la graine sous la forme 
d’un corps cylindrique, terminé à son extrémité par deux 
ou trois globules à moitié renfermées dans la membrane, 
et qui fixent la graine au placenta. (PI. xxvr, fig. 5.) 

Ces caractères se retrouvent dans le #. cymbala- 
riæfolia , qui ne difière es ji pes le calice, du 7. 
hederæfolia. 

Mais toutes deux diffèrent par hésite graines “AE 
plus du F’eronica que'les Sibthorpia et Disandra , et 
même les Ærinacées ; aussi avais-je pensé à en faire un 
genre distinct. De graves autorités m'en ont détourné. 
L'établissement de genres sûr un seul caractère , lorsque 
tous les autres et le facies général étaient homogènes , 
n’a contribué que trop à l'encombrement de la Botani- 
que. d 
Au reste, un examen attentif fait découvrir dans les 
graines de quelques espèces voisines , telles que les 7. 
agrestis, Buxbaumi, calycina, R. Brown, etc., des ren- 
foncemens et des membranes, qui leur donnent des rap- 


( 168 ) 
ports suffisamment marqués avec les graines , dont il est 
ici question. | 

Les Véroniques offrent un caractère , qui a été signalé, 
mais dont l'importance ne me paraît pas avoir été suffi- 
samment appréciée. C’est un organe charnu et d’un vert 
pâle, placé'en dedans de la corolle. Dans le premier âge 
de la fleur, il entoure la base de l'ovaire , que quelque- 
fois il enveloppe en grande partie, et avec lequel il pa- 
raît intimement soudé , du moins dans un grand nombre 
d'espèces. Maïs , à la maturité , il passe de l’état charnu 
à l’état membraneux , et reste adhérent au calice, quand 
on détache celui-ei de la capsule. 

On voit par cette description combien je dois être em- 
barrassé pour lui assigner un nom , aucun de ceux qui 
ont été appliqués aux organes , en apparence du même 
genre , ne lui convenant parfaitement. Un nouveau nom, 
qui serait significatif ou pittoresque, serait aussi plus 
ou moins long ; et probablement un peu barbare. J'aime 
mieux me contenter d'un nom connu, et je me décide 
pour celui de Disque. 

La corolle des Véroniques se détachant en général du 
réceptacle avec-une extrême facilité , il est souvent fort 
difiicile de reconnaître sa véritable position ou insertion , 
surtout dans les espèces où elle est excessivement petite, 
comme les Ÿ. hederæfolia ; crista-galli, mollis, ro- 
mana , elc., où j'ai eu moi-même beaucoup de peine 
à la surprendre en place. e 

Je dirai peu de chose sur les Etamines. Leur longueur 
et la conformation des filets offrent , pour les sections, 
des caractères de-second ordre. Elles sont au nombre de 
deux ; mais ce nombre tend à varier dans quelques espè- 


oi | (169 ) : 
ces. Ainsi , dans une corolle du #. virginica, j'ai ob- * 
servé le rudiment d’une troisième étamine , et dans une 
autre , les rudimens d’une troisième et d’une quatrième. 
J'ai vu dans le Ÿ. sibirica une troisième étamine avor- 
tée. Enfin , un ‘échantillon du Ÿ. pinnata m'a offert 
une corolle à quatre , et beaucoup d’autres à trois éta- 
mines parfaitement semblables entre elles. 

La Corolle me donnera lieu à trois observations. La 
première est relative à la Préfloraison. Ce caractère de 
seconde ligne , qui joue un assez grand rôle dans d’au- 
tres genres , a ici peu de valeur. Il subit, selon les 
groupes , des modifications dans la manière dont les 
limbes des divisions sont appliqués les uns sur les au- 
tres. Mais la disposition dominante est celle-ci : la di- 
vision supérieure enveloppe les étamines , le pistil et 
l'ovaire ; elle est recouverte par la division inférieure , 

_ qui l’est à son tour par les deux divisions latérales , pla- 
cées indistinctement l’une sur l’autre , et se recouvrant 
par le haut ou par un des côtés. Cette préfloraison, 
comme on voit, est compliquée et ne pourrait par con- 
séquent être désignée par un nom simple. 

.… La deuxième observation concerne les anomalies dans 
le nombre des divisions. Je dois en parler, quoique j'aie 
peu de faits à citer. C’est en général sur la division su- 
périeure que porte l'augmentation ; je ne vois pOim pile 

_-induction l’on pourrait en tirer, à moins qu'on n'y vit 
une ressemblance de plus avec le Sibthorpia et les EÉri- 
nacées , qui ont quatre étamines et une corolle à cinq 
divisions, 

Ma troisième hacias aura , je crois , plus d'im- 
portance, 


(170) 

Un simple examen permet de distinguer sur le limbe 
des raies à -peu -près parallèles très-marquées , et qui 
sont , en général , au nombre de neuf ou sept dans la di- 
vision supérieure , de sept ou cinq dans:les divisions la- 
térales, de cinq ou trois dans la division inférieure. 
M, Brown, qui si souvent devine ce qu’il n’a pas décou- 
vert, m'ayant demandé, il y a un an, si j'avais observé 
quelque chose de particulier dans le système des nervures 
de la corolle, je répondis négativement; mais je crus 
devoir les examiner avec plus d'attention, et je suis 
arrivé au résultat suivant, 

Les raies dont je viens de parler, ne sont que les rami- 
fications des nervures qui prennent leur origine à la base 
du tube, —caril y a toujours un tube, quelque court qu’il 
soit , — sur l'axe ou à côté de l’axe des divisions respecti- 
ves , mais jamais sous les filets ou à côté d'eux. Simples à 
leur naissance, ces nervures ne se ramifient qu'à plus 
ou moins de distance au-dessus. Leur nombre m'a fourni 
un caractère distinctif pour chacune des deux premières 
sections. Dans les trois sections , les divisions latérales 
et la division inférieure sont munies d’une seule nervure 
plus ou moins ramifiée ; mais dans la première section , 
la division supérieure n’en porte qu’une , tandis que, 
dans la deuxième section ;, elle en porte deux. J'offre un 
exemple de la première section sur une corolle d'un 
échantillon du Ÿ. salicifolia de la Nouvelle-Zélande , 
que M. d’'Urville a bien voulu me donner. (PE: xxvi, 
fig. 6.) Je l'offre de préférence , parce qu’elle présente 
en outre une espèce de didynamie assez remarquable 
dans ses échancrures. On trouvera un exemple de la 
deuxième section” dans la corolle du F. Zatifolia, 
(PL xxvr, fig. 7.) 


He: CU) 

Sur 81 espèces , dans lesquelles j'ai examiné ces ner- 
vures , 37 appartiennent à la première section. J'y ai ren- 
contré sept exceptions : le #: œirginica (dont MM. Ra- 
finesque et Nuttall ont cru devoir faire un genre dis- 
tinct, le premier sous le nom de Callystachys , et pos- 
térieurement d’Zustachya ; le second sous celui de Lep- 
tandra ); le . sibirica , qui en est très-voisin , et les 
V', saxatilis, fruticulosa , serpillifolia , Ponæ et al- 
pina , qui font partie d’une sous-division de cette section, 
dont, au reste, dépendent également les Ÿ. rummula- 
ria, Wormskioldi et Baumgarteni , mais qui rentrent 
dans la règle. 

: Sur 3/ corolles de la deuxième section , 3 seulement 
ne m'ont offert qu’une nervure , les Ÿ”. anagallis, un- 
dulata et Michauxii. Mais , dans plusieurs corolles du 
V'. Stelleri, dont je suis redevable à M. de Chamisso, 
j'ai trouvé une perturbation telle ‘qu il me sérait très- 
difficile d’en rendre compte. 

‘La troisième section , qui est de beaucoup la moins 
nombreuse , offre des nervures des deux espèces. Je joins 
ici une corolle du 7. cymbalariæfolia , dont la division 
supérieure n’a qu’ane nervure, et une corolle du 7. 
Buxbaumi , où elle en-a deux. (PI. xxvr, fig. 8 et 9.) 

Plusieurs échantillons de cette dernière plante m'ont 
. été envoyés avec quelques autres espèces, de Téflis , par 
_ M. Bélanger, directeur du Jardin botanique du roi à 
… Pondichéry, jeune homme recommandable par d’excel- 


(1) EL est très-probable qu’elles se réunissent dans le pédoncule, comme 
cela a lieu dans les Renonculacées et Caryophyllées que j'ai examinées, 
et probablement dans toutes les plantes dont les pétales ou divisions de 
da corolle ont plusieurs nervures à leur base, 


— 


(172) 
leutes qualités, et dont l’ardeur et les Jumières nous font 
espérer de très-amples moissons en histoire uaturelle. 

Je dois faire observer que , dans les corolles des Vé- 
roniques , les ramifications des nervures ne s'étendent 
que sur les divisions respectives , à la base desquelles 
elles prennent naissance (pl. xxvi ; fig. 6, 3,8 et9), 
et jamais sur les divisions voisines, comme dans les Sy- 
nanthérées et les Goodenoviées, dans les Rhinanthées 
et la plupart des Scrophularinées , etc. 

Jusqu'à présent , ce caractère n'avait été, à ma con- 
maissance, observé d’une maniere suivie que dans les 
Synanthérées et les Goodenoviées. Nous devons donc 
désirer que MM. Brown et Cassini, qui rapportent aussi 
leurs observations sur des genres isolés , publient éga- 
lement leurs résultats obtenus sur l’ensemble des fa- 
milles qu’ils ont examinées. 

On ne me reprochera pas » j "espère, de m attacher à 
des détails trop minutieux. Aucun caractère n’est à dé- 
daigner, quand il est constant , ou du moins commun à 
un grand nombre d’espèces. J'ai pour moi d’ailleurs des 
autorités qui me rassurent. On sait quelle importance les 
deux botanistes que je viens de citer, ont attachée à la dis- 
position des nervures dans les corolles des Synanthérées, 
et M. Kunth y a également eu égard dans ses dessins. 

Au reste , il est probable que dorénavant les nervures 
des corolles seront plus généralement étudiées par les 
botanistes. Il est même possible que , dans des genres 
nombreux , elles soient, comme dans le f’eronica , dis- 
posées de manière à pouvoir se combiner utilement avec 
d’autres caractères pour former des sections. Et pour- 
quoi n'espérerions-nous pas les voir contribuer à dis- 


C7) 
tinguer par exemple quelques genres de Labiées, 
comme les Stachys, Betonica, Sideritis, Satureia, 
Thymus , Melissa, etc.? M. Brown lui-même regarde 
la disposition des vaisseaux primaires et secondaires 
dans les Composées , «comme très-utile pour déterminer : 
» les limites de cette famille, sans offrir toutefois un 
» caractère essentiel pratiqué pour la-classe entière. » 


: (Obs. sur les Composées, Trans. of the Linn. Soc., 


vol. x11, première partie, pag. 79.) Nous voyons aussi 
quel parti il en a tiré pour établir, du moins comme une 
opinion probable , que la corolle des Composées est hy- 
pogyne , ainsi qu’elle l’est dans les Goodenoviées. (Ib., 
pag. 84-5.) | 

M. Cassini va plus loin encore, et l'autorité de ce sa- 
vant botaniste est ici du plus grand poids. Dans son troi- 
sième Mémoire sur les Synanthérées (Journ. de Phys., 
tom. LXXXII, pag. 119), il pose en principe que « le 
» caractère le plus essentiel de la corolle réside dans la 
» disposition des nervures. » Aussi dans son quatrième 
Mémoire , il propose, outre le nom d’Ændrotomes, 
pour désigner cette famille , celui de VNévramphipétales, 


| que toutefois dans son cinquième il abandonne pour 


«| 
, 


M dt. * 


adopter définitivement celui de Synanthérées. 
Je n’examinerai point si l’on peut tirer avantage de 
la présence d’une ou de deux nervures pour admettre 


- la soudure de deux ou trois parties. Dans les Synan- 
. thérées , que la corolle soit monopétale ou gamopétale, 
la régularité est la même. Dans la corolle des Véro- 


niques elle serait détruite. Je crois pouvoir me dispen- 
ser de le prouver en détail. F'ajouterai néanmoins que 
souvent les nervures ne se prolongent pas jusqu'au bord 


AE | (174 ) 
du limbe , circonstance qui exelut toute idée de soudure. 

Le calice des Véroniques est de forme très-variable. 
Il se compose de quatre, et quelquefois cinq sépales. 
réunis à leur base, souvent inégaux , lancéolés ou ar- 
rondis, glabres , velus ou ciliés, marqués, selon les 
sections , de nervures simples ou ramifiées. Dans les 
deuxième et troisième sections , les deux inférieurs s’é- 
cartent quelquefois à angles obtus des deux supérieurs. 
Le F. crista-galli n’a que deux sépales , bilobés peu 
profondément , à lobes sinueux et dentés irrégulière- 
ment. Cette anomalie a engagé M. Lehmann à en faire 
le genre Diplophyllum, qui ne me paraît pas suflisam- 
ment motivé. À 

Jusqu’à présent , cet organe , assez homogène dans la 
première section ; ne m'a offert que des caractères d’es- 
pèces , ou tout au plus de groupes, comme celui des 
V. latifolia , austriaca , prostrata, elc., et celui des 
°F. Buxbaumi, agrestis , arvensis, verna , biloba, etc. 
Je n’entrerai donc maintenant dans aucun détail à ce sujet. 

Peu de genres réunissent plus de formes différentes 
que le F eronica, et présentent une plus grande dis- 
tance que celle qui existe entre les graines , les feuilles 
et le facies général par exemple des F7. kederæfolia et 
maritima L. 

Peu de genres également sont aussi répandus. On en 
trouve une ou plusieurs espèces des différentes sections 
dans les latitudes les plus opposées : dans toute l'Eu- 
rope , en Sibérie, dans le Caucase, en Perse, dans 
l'Asie mineure, dans les Terres Australes , au cap de 
Bonne-Espérance , en Egypte, aux Canaries , aux îles 
Malouines , dans les royaumes de Quito et du Chili, 


“#3 


7 


| " (r5) 

aux États-Unis , dans l'ile de Faroe , à Terre-Neuve , 
à Unalasohka ; au Groënland. Il me paraît donc difficile 
deablir des principes sur sa distribution rgrpiae. 


Caractère générique. , 


Calice à 4 his, rarement 5 (2 bilobés dans le Ÿ”. crista-galli), 
soudés à leur base, presque toujonrs inégaux , linéaires ; lancéolés ou 
arrondis, glabres ou velus, quelquefois ciliés, munis de nervures. 

Corolle irrégulière, en entonnoir ou en roue. 

Tube plus ou moins long , presque toujours muni de poils dans l’inté- 
rieur, au-dessus de sa base. 

Divisions. — Quatre, inégales, ovales, ovales-lancéolées ou arrondies. 

Nervures prenant naissance à la base du tube, sur l’axe (ou, selon 
leur nombre , à côté de Paxe ) de chaque division , ramifiées un peu au- 
dessus , et prolongées quelquefois jusqu’au bord des divisions respec- 
tives. 

Préfloraison imbriquée , quelquefois valvaire-imbriquée. 

- Etamines.— Deux, égales à la corolle , plus longues ou plus courtes 
qu’elle , insérées un peu au-dessus de sa base, entre la division supé- 
rieure el les deux latérales. 

Anthères biloculaires. 

Loges allongées , ovales ou arrondies , s’ouvrant de haut en bas. 

Pollen composé de grains blanchâtres ou d’un jaune pâle, ovales , 
arrondis ou allongés, 

Style égal à la corolle , plus long ou plus court qu’elle, linéaire, quel- 
quefois un peu élargi au sommet. 

Stigmate simple. 

. Disque charnu , entourant la base de ES et toujours (?) soudé 
avec les cloisons , mais à la maturité de la capsule adhérent au calice. 

Ovaire rond , ovale ou un peu ne au sommet , comprimé au mi- 
lieu dans sa longueur. 

Ovules allongés ou arrondis, attachés horizéntätement au placenta. 

Capsule ovale ,ronde , à quatre angles arrondis ou en cœur renversé, 


j: glabre ou velue en haut, souvent ciliée, 


Cloisons opposées aux valves. - 
* Loges à deux valves. 
 Déhiscence loculicide et souvent 7 quelquefois ju la 


L 


( 176 ) 


… Placeñta central , soudé avec l’ovaire, souvent libre à la matuïité, 

Podospermes attachés de chaque côté, et à moitié ou aux deux tiers 
du placenta. ; 

Graines ovales ou arrondies , souvent plus ou moins concaves, lisses 
en dessus ou marquées de rugosités , munies en dessous , plus ou moins 
près du sommet, d’une protubérance de forme variable , quelquefois 
d’une membrane ai ou moins développée. 

Hile placé à La base de la graine ou au tiers de sa longueur, quelquefois 
très-allongé. 

Embryon droit , placé plus ou moins près de la base dé la graine, 

Radicuie ronde , linéaire , sortant au-dessus du hile. 

Cotylédons. — Deux, linéaires, plus souvent ovales ou arrondis. 


Herbes (rarement arbrisseaux ) annuelles ou vivaces , 
droites ou rampantes , à feuilles et à rameaux épars ou 
opposés , quelquefois verticillés. à 

Je vais passer maintenant à l'examen rapide de quel- 
ques genres des familles voisines , qui ont plus oi ou moins 
de rapports avec les Véroniques. 

Les genres Sibthorpia et Disandra se présentent en 
première ligne. La différence du nombre des lobes de 
la corolle et des étamines suflit pour les maintenir 
comme genres séparés. Quelques auteurs croient devoir 
fondre le Disandra dans le Sibthorpia. Mais la nature 
de son style, du moins dans le D. prostrata , la ma- 
nière dont les graïnes sont attachées , la disposition des 
nervures secondaires de la corolle me paraissent l’en 
distinguer suffisamment. Du reste , leur organisation est 
la même que celle des Véroniques dans les points essen- 
tiels , tels que la présence du disque , la structure de la 
capsule, la position et la conformation des graines, 
enfin le système général des nervures de la corolle , ex- 
cepté pourtant que, dans le Disandra, un des vais- 


2 (497) 4% 
seaux latéraux se divise au-dessous de l’échancrüte en 
deux parties , dont l’une passe sur la division voisine. 
+ + En conséquence , je proposé d'établir un groupe comi- 
posé dé ces trois genres sous le nom de Wéronicées. 

Les Manulea , Buchnera, Erinus , et probablement 
quelqués autres genres des anciennes Pédiculaires de 
M. de Jussieu , se rapprochent des Féronicées par la 
forme de leurs graines et de leur capsulé, la nature du 
disque , la forme générale de là corolle, etc. ; elles en 
diffèrent par la disposition des graines sur toute la lon- 
gueur du placenta , le nombre, la didynamie et l’inser- 
tion des étamines , et par la nature des anthères. | 

. Ces genres pourraient former le groupe des Ærinatées, 
auxquelles succéderaient les Scrophularinées. 

Cette intéressante famille se compose de genres en 
apparence fort différens ; mais les différences sont peut- 
être suffisamment compensées par les analogies. Le genre 
très-naturel et bien tranché du Scrophularia, par 
exemple, si éloigné du Linaria par sa corollé, ét, de 
même que l’Antirrhinum , par sa déhiscencé , est très- 
voisin de lui par sa fructification. 

J'ai insisté dans les Féronicées sur la présence et la 
position du disque. Nous retrouvons ici cet organe 
avec quelques modifications dans la forme. Comme dans 
les Véroniques , il est d’abord soudé avec l'ovaire ; puis 
il s’oblitère et se détache avec le calice dans quelques 
genres. Maïs ici, je l’avoue , mes observations sont in- 
complètes. | 
: La forme générale de la capsule , la position des 
graines , la nature du disque , la forme du stigmate , etc. 
placent le Mimulus et la Gratiola dans le voisinage 

WI, 12 


( 178 ) 


des Serophulaires. [s s'en distinguent par la forme de 
leur corolle , assez semblable , ainsi que la capsule du 
Mimulus , à celle des Bignoniées , par leur calice un 
peu voisin de celui des Pédiculaires ; le Mimulus en 
particulier par une espèce de pédicelle, qui sépare la 
capsule du disque, par sa déhiscence, qui a lieu le 
long des valves , mais non à leur sommet; et le Gra- 
tiola , par ses étamines , dont deux sont souvent stériles. : 

Les nervures de la corolle dans les Scrophularinées 
ont les mêmes formes générales que celles des Véro- 
niques ; seulement elles sont souvent plus régulières. 
Mais , dans le Zinaria, ce caractère est modifié par la 
présence de l ÉPAFPR » d’où il résulte une anomalie, que 
mon dessin d’une corolle du Linaria repens fera com- 
prendre beaucoup mieux que mes explications ne pour- 
raient le faire. (PI. xxyat, fig. 2.) 

La déhiscence dans cette famille, quoique septicide 
seulement » du moins en général , a beaucoup de rap- 
ports ayec celle des deux premières sections des Vé- 
roniques : dans toutes les espèces que j'ai examinées, 
le placenta devient libre à Ja maturité. 

Je n’ai pas encore parlé de l’AÆntirrhinum et du Li- 
naria. Ces deux genres long-temps confondus ont été 
séparés avec raison, car ils diffèrent peut-être autant 
entr'eux qu'ils diffèrent des autres  Scrophularinées. 
L’Antirrhinum a les sépales du calice comme les Sero- 
phulaires ,.une capsule oblique comme les Digitales , 
composée de deux loges inégales, des graines creusées 
en dessous longitudinalement , portant (4, orontium) des 
lignes relevées , qui forment, sur.les côtés et au som- 
met , trois triangles inégaux , ou.( 4. majus ) marquées : 


AREA RO ) 
de trous placés en séries assez régulières comme celles 
des Digitales, un embryon placé au milieu, des éta- 
mines soudées à leur base et légèrement tordues dans 
leur longueur, etc. 
Le Linaria a une capsule droite, à loges égales , a 
| graines ovales arrondies, marquées sur leur largeur de 
côtes saillantes également arrondies, un embryon placé 
près de l’extrérité inférieure , des étaminés inclinées , 
très- élargies à leur base, une corolle munie d’un 
éperon , ete. La fructification dans ce genre mérite 
d’être étudiée d’une manière spéciale. 

La déhiscence et la germination sont les mêmes dans 
les deux genres. 

Le premier de ces caractères est un de ceux qui les 
distinguent le mieux du reste de la famille. 

Je rappellerai aussi la différence du système des ner: 
vures dans le Zinaria. Celles de V Æntirrhinum rentrent 
dans lesystème général, mais avec des modifications dont 
je parlerai ailleurs , et dont l’une, la ramification dans le 
bec , rapproche cette corolle de celles des Rhinanthées. 

L’Usteria tient incontestablement au Linaria, et sur- 
tout à l’Æntirrhinum , par l’aspeet général de la plante ;, 
par la forme de la capsule , du disque et de la corelle , 
et par les nervures de ce dernier organe, Mais il s'en 
éloigne par la manière dont les graines sont attachées ;: 

| par la forme bizarre de ces graines , semblables à une: 

… agglomération de grains de sable eblongs , par ses éta- 

. mines , etc. , et, dans l'U. antirrhiniflora du moins , 
par la prodigieuse inégalité des loges de la capsule. 

* C'est ici peut-être qu’il convient de placer un genre 

| charmant , le Vemesia , dont ÿ je ne connais qu'une .es- 


LS 


à: 


( 180 ) “ 

pèce décrite par Ventenat, le N. iftens , qui forme un 
très-joli tapis. 

«Il est hé par sa corolle au Einaria, et par la forme 
de son ovaire et de son disque , au reste de la famille. 
Mais lés différencés sont plus grandes encore. La cap- 
sule est tronquée au sommet , qui est un peu renfoncé 
au milieu ; les bords des valves non rentrans , les graines 
ovales-embriquées , marquées de petits points ronds , et 
bordées des deux côtés d'ailes membraneuses aussi larges 
qu’elles, et traversées par un grand nombre de ner- 
vures extrèmement petites , réunies en faisceaux à leur 
base , et marquées de petites raies transversales, à la 
manière des algues articulées. J'ai essayé d’en donner 
une idée dans un dessin. (P], xxvir, fig. 6.) 

Le petit groupe très -tranché et presque isolé des 
Pédiculaires ; composé surtout des Rhinanthus, Eu- 
phrasia, Pedicularis" et Melampyrum se rattache, 
mais d’une manière lâche , aux Scrophularinées, d’un 
côté , par le Vemesia , et de l’autre, sn po der, et 
les Digitales. 

Je propose de placer dans son voisinage le Bartsia ; 
que la forme et les nervures de sa corolle les anthères, 
le disque et le facies général ( surtout comparé au Rhi- 
nanthus ) ne permettent pas d’en éloigner , mais qui, 
par sa capsule et ses graines, a des rapports très-mar- 
qués avec quelques Scrophularinées , et plus encore avec 
le Manulea. (PI. xxvii, fig. 5.) 

Les graines du Rhinanthus sont semi-orbiculaires , 
placées horizontalement , et bordées d'ailes subéreuses , 
harges, et épaisses. L’embryon est un peu incliné. 


(PL xxvur, fig. 4.) 


DA: CM) | 

Dans l’'Euphrasia, les graines sont oblongues , itré+ 
gulières, embriquées très -symétriquement , et descen- 
dantes, L’embryon est droit, comme dans tous les genres 
dont nous avons parlé, excepté le Rhinanthus. 

Deux espèces (je n’ai pas examiné les autres sous ce 
rapport), les Æ. odontites et linifolia m'ont offert un 
| fait isolé dans les, familles que j'ai parcourues , c'est que 
la corolle se partage dans sa longueur d’une manière 
nette , un peu au-dessus de la base, où elle laisse une es- 
pèce de collerette qui persiste (1). 

Les-Melampyrum. et Pedicularis ont dans chaque 
loge un petit nombre de graines (communément deux } 
oblongues, ascendantes et munies d’un podosperme.assez 
long , attaché à la base ou près de la base du placenta. 

Dans ces quatre genres , les nervures de la corolle pa- 
raissent avoir la même disposition , mais le disque subit 
une modification importante ; nul ou presque nul der- 
rière et développé devant , sous forme de bosses ou de 
_ glandes dans les Euphrasia, Pedicularis et Bartsia ; de 
_ bec recourbé en dessus dans le Rhinanthus (pl. xxvu, 
fig. 4); en dessous dans le Melampyrum , il est tou- 
jours intimement soudé avec le péricarpe. 

Enfin je pense qu'on pourrait accoler à ce groupe les 
espèces de Chelone.conservées sous ce nom, et distin- 
 guées du Pentstemon par les poils qui garnissent le haut 
… de l’étamine stérile , par le disque , très-sémblable à ce- 
lui des Euphrasia et Pedicularis , mais surtout par les 


(x) Je lai depuis observé dans le Bartsia viscosa, les Rhinanthus 
| glabra et hirsuta et quelques Mélampyres et Pédiculaires que j'ai pu 
. examiner, C’est probablement un caractère du groupe des Rhinanthées : 
je Paï trouvé aussi dans quelques Orobanches, 


( 182 ) 

graines rondes, concaves , embriquées et ascendantes: 
D'ailleurs placé ici, ce genre lié aux Rhinanthées d'un 
côté , et de l’autre aux Digitales , voisines des Scrophu- 
laires , fofmerait un passage aux DENON dont il fai- 
sait partie. 

J'ai un peu étudié le Halleria (sur le A. lucida), 
mais j’éprouve quelque embarras pour lui trouver une 
place parmi les genres que j'ai examinés. Sa capsule 
ronde , et dans laquelle les valves sont à peine indiquées, 
un disque très-peu marqué , un placenta très-épais rem- | 
plissant la plus grande partie des loges , des graines apla- 
ties , occupant toute la surface de ce placenta , enfin un 
calice monosépale ,; à trois lobes inégaux , couvrant irré- 
gulièrement la base de la capsule. — Tous ces caractères 
rendent sa place très-difiicile à assigner parmi les genres 
nommés ci-dessus. Sa corolle seule le rapproche un peu 
du Chelone , et la disposition de ses graines de l’Uste- 
ria. Je ne connais pas sa déhiscence. | 

Dans tous les genres que je viens de passer en revue, 
excepté le Veronica et le Sibthorpia , les nervures de 
la corolle sont plus ou moins anastomosées sous les 
échancrures , et, en général , terminées sur le limbe par 
des ramifications très-compliquées. Il est impossible de 
ne pas reconnaître leur parfaite analogie dans les groupes 
naturels ; par exemple dans les Rhinanthées , en k com 
prenant le Bartsia. À 

Elles occupent l'axe de la division. Toutefois je n’ose 
présenter cette disposition comme une règle absolue. Fai 
observé dans le Dodartia orientalisetŸ Antirrhinum an- 
gustifolium une modification , qui est peut-être une ano- 
malie , et ce dernier genre peut , ainsi que plusieurs au: 


( 188 ) 


trés , én présétés de très-marquées dans lès espèces, que 
jém'ai pas assez exaininées. 

_ Lé rapprochement ingénieux , établi par Liriné ébte 
le iègné végétal et une carte géographique, a donné liéü à 
plüsieurs développémens de là paït des naturalistés fran- 
dis etétrangers. On sent que l’éxécütion danis son enserñi- 
blé est impossible. La valeur absolue des différens organes 
ési loin d’être établie d’une matière précise, ét presque 
tous ont plüs où moins d'importance sélon les familles. 

L'idée de M. Adrien de Jussieu de comparer lés rap- 
ports des êtres organisés aux corps répandus partout dans 
l'espace, est beaucoup plus justé; maïs éllé h'ést pas 
plus exécutable , et lui-même a cru devoir tracer, pour 
les Rutacées , une carte d’aflinités. | 

Pour faciliter l'intelligence et augmenter l’utilité des 
tableaux de ce genre, j'ai pensé qu'on pourrait indiquer 
les différens rapports par des chiffres correspondant aux 
divers organes , et placés sur les lignes qui réuniraient 
les genres. Ainsi , pour les familles qui j'ai parcouruës , 
je désignerais les principaux caractères ainsi qu’il suit : 

1 calice, 2 corolle, 3 étamines, 4 disque ; 5 pistil , 

6 Ai 6 7 déhiscence , 8 placenta ; 9 graînes ; 10 fa: 
ciës général. Jé ferai l'application de cé procédé À deùx 
génres seulement. Sur la ligne tirée entre le Pentste- 


mon et le Digitalis » d écris les chiffres 2 , 4, Gy;7 8, 


g> 10; et sur celle qui lie le Pentstemon au Chelone 
2,3,4, 5,6, 7, ro. Lé Bartsia üet aux Pédicülaris 


… et Rhinanthus par les numéros r, 2, 3, 4, 5, 10, et 


au Manulea par les numéros 6,8, 9. Chaque auteur de 
monographies de genres ou de famillés établirait la série 
de caractères selon leur importancé rélative. 


l 


} 


( 184) 


J'ai passé sous silence un grand nombre de genres; 
que je n'ai pas encore eu occasion d'analyser, et qui 
rentrent dans les différens groupes que j'ai proposés. 
J'espère pouvoir me livrer plus tard à cet examen , étu- 
dier aussi un plus grand nombre d'espèces de ceux dont 
j'ai parlé, et donner un travail moins imparfait. Je 
n'offre celui-ci , et surtout la seconde partie ; que comme 
une esquisse ou comme une suite d’études , et personne 
ne sentira mieux que moi ses imperfections. Cet aveu 
me fera peut-être trouver grace aux yeux de la critique : 
il est toujours louable, et souvent utile de. convenir de 
ses torts ou de son insuffisance. 


EXPLICATION DES PLANCHES. 
Planche XXYL 


Fig. 1. Veronica elatior, H. P. 
Ovaire , ovules et disque. fi 
Fig. 2. PV. formosa, R. Br. 
Graine avec embryon. Fer 
Fig. 3. 7. sibirica. 
a, graine vue par dessous; b, la même vue de côté; c, radicule sor— 
tant au-dessus du hile ; d, graine avec l'embryon ; CA embryon isolé. 
Fig. 4. 7, perfoliata, R. Bu. 

a, capsule avec calice et bractée ; b , capsule offrant la double déhis- 
cence et le placenta libre. fra graines sont tombées : il ne reste 
plus que les podospermes) ; c , graine vue par dessus (de forme va» 
riable , quelquefois échancrée au sommet , portant souvent au mi- 
lieu plusieurs membranes moins saillantes) ; d, la même, vue 
par dessous (hile Lg a ch moins long ). 

Fig. 5, V. hederæfolia. 
a, test; b, périsperme ; c, membrane partant du fond de la graine ; sl 


4; hile ; e, points globuleux qui terminent le hile. 
Fig. 6. 7. salicifolia, R. Bn. 


Corolle de la première section. 


( 185 ) | 
Fig. 7: VW. latifolia, L. 
Corolle de la deuxième section. 
Fig. 8. V. cymbalariæfolia. ? 
Corolle de la troisième section, première division. 
Fig. 9. V. Buxbaumi. 
Corolle de la troisième section , deuxième division. 
Fig. 10. 7”, biloba. 
d', rameau un peu grossi , portant la bractée, le calice et la capsule 
(bifurcation assez fréquente dans les sépales du calice ) ; à, capsule 
nue, ayant une loge ouverte; c, une graine fertile et une avortée ; 
d, graine vue par dessus ; e , la même , vue par dessous ; f, la même, 
vue de côté; g, embryon isolé ; h, graine plus avancée, vue par 
dessus ; , la même, vue par dessous; À, position de l'embryon 
dans la graine. 


Planche xxvu. 


Fig. 1. Scrophularia vernalis. 

‘a, étamine ; b, anthère ; c, capsule vue par devant ; d, disque ; e, base 
du calice ; f, capsule vue de côté , et coupe verticale ; g, disque obli- 
téré; h, coupe horizontale ; i, placenta garni des podospermes. 
seulement. 

Fig. 2. Linaria repens. 

Corolle ; aa, point d'insertion des étamines: (J'ai féndu en travers 
la poche qui se trouve au haut du lobe du milieu de la lèvre infé- 
rieure } pour pouvoir suivre jusqu’aux bords du limbe les ramifica- 
tions des nervures.) 

Fig. 3. Antirrhinum majus. 

a, capsule avec le calice étalé, de grandeur naturelle ; b, capsule 
grossie avec disque; c , reste du pistil incliné comme la base ; 
d , coupe verticale ; e, disque oblitéré ; f, reste du calice ; g, pla- 
centa vu de côté, muni seulement des podospermes ; } , coupe ho- 
rizontale. 

Fig. 4. Rhinanthus glabra. : 

a, capsule très-jeune, avec disque terminé en pointe recourbée ; b, pis- 
til; e, capsule plus avancée ; d, coupe verticale ; e, placenta portant 
des graines alternativement fertiles et stériles ; f, bourrelet subé- 
reux ; gggg, membrane transparente ; h, graine ; à, hile (de forme 
variable); k, graine dépouillée du bourrelet et de la membrane ; 
l, embryon incliné ; #, embryon isolé, 


] 


(186) 


Fig. 5. Bartsia viscosa. 


a, capsule vue de face ; b, disque ; c, base du calice ; d ; capsule vue. 


de côté ; e, reste du pistil ; f', stigmate vu de face ; g , capsule avec 
coupe verticale d’une loge; k , coupe horizontale ; i, graine vue par 
dessous ; À, la même, vue de côté ; Z, anthères vues par devant. 

Fig. 6. Vemesia htm, 

"a, capsule jeune ; b, disque; c, Ms à plus avancée ; d ; disque obli- 

. téré ; f, capsule avec deux des sépales : déhiscence de. ; &» pla- 

centa garni des podospermes seulement ; », graine bordée d’une 
membrane très-transparente ; i, 4x id 4 k, même graine consi- 
dérablement grossie. 


Querques Observations sur les Trilobites ét lêurs 
gisemens ; 


Par le comte G. ne RasoumowskY, 
Membre de plusieurs Académies ét Sociétés savantés. 


J'avais lu avec le vif intérêt que doit inspirer tout ce 
qui. sort de la plume de ce savant célèbre , le travail sur 
les Trilobités de M. Brongniart , et cherchant à rariger 
le peu qui s’en trouvé dans ima collection , d'après son 
système de classification de ces pétrifications > J éprouvai 
une grande surprise én m'apercevant qu’il ne les avait 
pas tous connus , ét que les notions qu'il avait pu se 
procurer sur leurs gisemeris n'étaient pas toujours de la 
_ plus parfaite exactitude , comme il paraît le soupconner 
lui-même dans plusieurs endroits , où il ne parle dans 
ses descriptions qu'avec la réserve qui caractérise tou- 
jours la bonné foi ét la modestié ; C’est ce qui m'a en- 
gagé à composer cet écrit, el à décrire quelques - uns 
des Trilobites les plus nou né qui se trouvent en 
ma possession. 


( 187 ) 


… Trausosrre DE Tzansko-SéLo aux environs de Péters- 
bourg, qui semble devoir se rapporter au genre Caly- 
mène (r), si un des caractères invariables de celui-ci est 
la bifurcation des arcs-costaux , des lobes latéraux ; mais 
il semble constituer une espèce très-différente des autres 
Calymènes décrits ; et comme il est fort bien conservé, 
il est facile d’en reconnaître tous les caractères en jetant 
les yeux sur le dessin , aussi bien fait qu’il peut l'être par 
un dessinateur étranger à l’histoire naturelle , que je joins 
à cette note (pl. 28 , fig. 1); il offre l’animal dans toute sa 
longueur et avec toutes ses dimensions, étendu sur la 
pierre. On voit d’abord que la partie antérieure du bou- 
clier ou chaperon est nettement tranchée, et ne fait 
point voir de rebord ou de lèvre comme dans les autres 
Trilobites. Ce bouclier est d’ailleurs tout d’une pièce ; et 

ne paraît pas sensiblement trilobé; il ÿ a une espèce de 
_ ride en arc de cercle , dont l'intérieur de la courbure 
regarde en haut entre les deux tubercules oculaires eylin- 
driques un peu inclinés comme des oreilles, une autre 
ride plus longue et plus profonde sous la précédente et 
sous les deux tubercules , et un tout petit tubercule ou 
bouton au milieu de la partie inférieure du bouclier. Les 
trois lobes du corps de l’animal sont assez prononcés , 
mais moins que dans les autres Trilobites , et ne com- 
mencent seulement à être sensibles qu’au second anneau 
du corps , le premier étant entier; le lobe du milieu 
_est le plus étroit , et les deux latéraux ont environ deux 


(1) La forme du post-abdomen paraît cependant ranger cette espèce, 
ainsi que celle que M. Rasoumowsky décrit sous le nom de 7rilobite à 
rebord , dans le genre Æsaphe et non dans le genre Calymène, R. 


( 188 } 


fois sa largeur. Mais ce qui distingue. surtout cette es- 
pèce, c’est la forme de son post-abdomen., dont le lobe 
moyen prend tout-à-coup une épaisseur du double moin- 
dre que le dos, et va toujours en s’amincissant jusqu’à 
son extrémité , où il finit tout-à-fait en pointe, et dont 
les anneaux ou articles au nombre de huit à dix (les 
derniers. sont effacés ), se terminent à leurs bords en 
formes d’épines , ce qui lui donne parfaitement l’ap- 
parence d’une queue écailleuse. Quant aux lobes laté- 
raux du post-abdomen , dont l’un est encore recouvert 
d’une croûte pierreuse , et dont un seul se présente à 
nu , on peut les considérer comme unis et non articulés 
ou doués d’arcs-costaux , car à peine en. offrent-ils des 
vestiges en Les examinant de près, et ils font voir un cer- 
tain luisant comme tout l'animal, et une couleur fauve 
tirant sur le brun , tandis que sa matrice est grise. 
C’est évidemment le mème Trilobite replié sur lui- 
même , que font voir les fig. 2 et 3 : la forme du bouclier 


avec ses rides , le renflement du lobe moyen du corps, 


la plus grande largeur des lobes latéraux, la forme du 
lobe. moyen du post-abdomen dont les anneaux sont 
épointés sur les bords , et la nudité des lobes latéraux de 
cette partie qui font à peine apercevoir quelques traces 
d'articulations , ne laissent aucun doute à cet égard; la 


seule différence est, que les tubercules oculaires sont 


coniques , se terminent en pointe , et sont composés eux- 
mêmes de deux anneaux très-distincts. La figure 2 le re- 
présente du côté de la tête ou du bouclier, et la fig. 3, 


du côté du post-abdomen avec le dernier anneau de l’ab-, 


domen , et cette figure offre deux particularités re- 
marquables , et bien propres, ce me semble, à jeter 


arte - dédil 


| 09 JS 
quelque doute sur l'opinion qui veut que cette singulière 
-pétrification soit celle d'espèces inconnues de crustacés ; 
on voit en a que la tête et l'extrémité du corps rappro- 
chées mais non jointes, laissent entre elles une ouverture 
ou un baïllement rempli de la matière pierreuse , de la 
matière de ce Trilobite ; baïillement qui donne l’occasion 
de reconnaître clairement que le test de cet animal était 
extrêmement mince , et ne formait par conséquent point, 
à l’époque de sa contraction, un corps crustacé cylin- 
drique ou renflé , renfermant les viscères et les parties 
intérieures de l'animal, comme cela a lieu pour les 
crustacés incontestables. On reconnait la même chose 
en à, où un morceau d’un des lobes latéraux du post- 
abdomen a été enlevé accidentellement , et ce qui est re- 
marquable , c’est que sous cette portion enlevée, la 
pierre qui remplit l’intérieur de cette pétrification fait 
voir des empreintes de stries concentriques semblables 
à celles de certaines coquilles. Cet individu qui, s’il 
était étendu , serait à-peu-près de moitié plus petit que 
le précédent , est des environs de Pétersbourg ; qui tous 
jusqu'aux lacs Ladoga et Onega, appartiennent aux 
. mèmes formations dont nous parlerons bientôt plus am- 
plement. Il est à remarquer au reste que cette espèce , je 
* crois même ce genre, dont le post-abdomen oula queue 
ne présente jamais des articulations bien sensibles sur- 
tout sur les ares-costaux ; ou le plus souvent n’en pré- 
sente point du tout , est le plus commun dans le nord de 
la Russie : la plupart des Trilobites de Tzarsko-Sélo , 
 Pavloysk , Himalasara, Nikolik, etc., lui appartiennent. 
Il y en a de diverses grandeurs , depuis celle que j'ai 
figurée , jusqu’à celle d’une petite noix. 


94 ( 190 ) de 

Un individu très-intéressant par sa conservation , se 
rapporte assez évidemment au Calymène de Blumenbach, / 
pl. 1, fig. 1, C. de l’hist. nat, des Trilobites : c’est 
une variété de celle représentée sur cette planche , qui 
en difière, parce que les tubercules oculaires sont peu 
saillans , et que l’on ne voit point sur son corps les petits 
tubercules arrondis dont parle M. Brongniart; le cha- 
peron ou bouclier seul en fait voir, mais si fins, qu’il 
paraît comme chagriné, que je ne les aperçus pas d’a- 
bord, et qu’on les distingue à peine avec le secours 
d’une loupe. Je donne aussi , à cause de ces différences , 
le dessin fig. 4 de cet animal. Cet individu est de la mon- 
tagne de Podol près de Prague, que j'ai visitée moi-même, 
et d’où j'ai rapporté plusieurs morceaux dignes d’atten- 
tion. LEE A 

Un Trilobite de T'zarsko-Sélo près de Pétersbourg à 
est assez petit, comme on le voit par la fig. 5 qui le 
donne de grandeur naturelle, mais tellement endom- 
magé , qu'il est dificile d’en déterminer l’espèce , seu- 
lement la bifurcation des arcs costaux doit faire pré- 
sumer qu'il se rapporte au genre Calymène. Ce qui doit 
attirer attention sur cet individu , c’est qu'il est replié 
en dedans , mais seulement en partie, et cela dans sa 
partie supérieure , comme forcément par le poids de 
couches qui l’enveloppaient, ce qui semblerait prouver 
qu'il n’était plus en vie lorsqu'il a été saisi par elles , 
car s’il avait été vivant, il-aurait sans doute usé de Ja 
faculté que M. Brongniart accorde , ce me semble avec 
raison, aux Calymènes, de pouvoir entièrement se replier 
sur eux-mêmes à-peu-près en boule. Mais un accident 
que j'ai fait représenter fig. 6 est encore bien plus re- 


VS C191) : - 

marquable , parer qu’il semble venir à l'appui de l’ob. 
servation que j'ai faite en décrivant le Trilobite fig. 2 
des environs de Pétersbourg comme celui-ei. Celui 
dont je parle ici ayant été détaché de sa matrice par un 
accident aussi rare qu'heureux , on distingue en «, en 
_ dedans du bouclier ou chaperon, un corps plus épais 
que le test , faiblement échancré à sa partie antérieure, 
et fortement à sa partie postérieure, dont la fonction 
sem ble avoir été celle d’une charnière qui fermait peut- 
être la coquille, si c’en était une, lorsque l'animal se re- 
pliait tout-à-fait, et que la tète et la queue, si dès- 
lors il est permis de se servir de ces expressions , se joi- 
gnaient entièrement. Ce morceau est de Tzarsko-Sélo 
près de Pétersbourg. 

Parmi le grand nombre de pierres à bâtir que l’on 
apporte à Pétersbourg de Poutilova près du lac Ladoga , 
j'ai découvert une pétrification singulière que j'ai cru 
devoir ranger parmi les Trilobites , parce qu’elle pré- 
sente comme ceux-ci une division en trois lobes par deux 
sillons longitudinaux , mais peu profonds , de manière 
qu’en général les trois lobes sont peu saillans et peu 
prononcés ; les articulations et les ares costaux sont 
peu ou point sensibles, et lorsque la pétrification est 
bien conservée, elle est toujours douée d’un rebord 
plat, qui règne certainement tout autour du test , et lui 
donne l’air d’une assiette ou plutôt d’un plat à barbe: 
c'est ee que fait très-bien voir la fig. 7 de grandeur na- 
turelle absolument dénuée d’articulations , ainsi que le 
morceau fig. 8, faisant voir plusieurs fragmens doués 
de ce rebord ; mais un autre exemplaire fig. 9, que je 
dois à M. Hauenschild, actuellement consul général 


(192) 
d'Auttiche à Corfou , qui l’a trouvé à Nikolsk en Russie , 
a perdu son rebord plat, et offre des vestiges encore 


assez marqués d’articulations sur uné partie de la lon- 


gueur du lobe du milieu; les latéraux en montrent à 
peine. Ceite conformation singulière et si constante dans 
ce genre, dont malheureusemeni je n’ai jamais rencontré 
que des fragmens offrant le post-abdomen , m'a engagé 


à lui imposer le nom de Zrilobites à rebord, Trilo-. 


bites marginatus. L'on voit par la différence des dimen- 
sions des individus dont je donne les dessins ; qu’il en 
est de diverses grandeurs, ce qui provient peut-être de 
ce que les uns étaient adultes ou vieux à l’époque où ils 


ont été enfouis , et que lés espèces en ont été détruites , 


et les autres encore jeunes. Je ne sais si ce n’est pas 
cette même pétrification décrite par M. Brongniart sous 
le nom d’Agnoste (1) , et figurée fig. 5 de sa 4° planche, 
avec laquelle elle a d’ailleurs peu de ressemblance , et 
que je n'ai jamais vue aussi petite, celle de ma fig. 7 
étant la plus petite de cette espèce qui soit parvenue à 
ma CCnnaissance. Ke eue) 
M. Brongniart dit que son Paradoxide de Tessin ac- 
quiert de très-grandes dimensions , et qu’on ne l’a trouvé 
qu'en Westrogothie , dans un schiste appartenant aux 
formations de transitions. J'ai le bonheur d’en posséder 
moi-même un semblable, mais je possède aussi un in- 
dividu et malheureusement seulement le bouclier fig. 10, 
qui par le défaut d’yeux , et la forme de ce bouclier, 


= 


(1) Le genre Agnoste de M. Brongniart est un animal complet , très- 
diférent de celui que décrit ici M. le comte Rasoumowsky, qui ne 
semble pas différer du post-abdomen des Æsaphes, R. 


oh dt 


# ( 193 ) 

semble devoir appartenir aussi à ce fméiné génre ; mais 
j'ai lieu de le croire à une nouvelle espèce beaucoup 
plus petite que celle de Tessin. Il vient, dés environs 
de Moscou , des bords dé la Yaousa , et m'a été donné 
par M. Hauenschild , qui a résidé pendant quatorze-ans 
en Russie : la figure en donnera uné meilleure idée qu'uné 
description , d'autant plus que ce morceau <xiees avoir 
été un peu endommagé. ; 29) 

Enfin j'ai en ma possession un autre morceau singu- 
lier et très-digne d'attention, c'est un::schiste! argileux 
noir et grossier, semblable à celui dan s lequel, dans ma 
collection ; on voit un beau Paradoxide de Tessin, ét 
sans doute du.mème pays, qui renferme -une pétrifica- 
tion très-extraordinaire , fig. 11, à lagffelle il n'est pas 
aisé d’assigner sa véritable place. Cependant , vu, la 
division assez prononcée de, son corps-en; trois parties 
longitudinales ou lobes , il semblé. -qu'on'doït Ja ran- 
ger parmi les Trilobites. Ce n’est: malheureusement 
qu’un frigmient , et encore urie. pôrtion, de la partie in- 
férieure de l'animal, ou son post-ahdomen., mais qui 
néanmoins offre des caractères si: particuliers ; que l'on 
ne peut s'empêcher de le rapportérà;wne éspèce: dis- 
tüinçte ; où mème à un nouveau genre. [}paraît que l’à- 
nimal entier était fort grand: Lé peu qu'il en. reste pré- 
sente, comme on lé voit , le lobe du milieu fort étroit ; 
allongé, renflé sur la plus grande partie de sa longnéur. 
qui fait voir cinq articulations, maïs pas tout-à-fait.Sur 
le milieu de cétte longueur; ce lobe s’aplaut un. peu 
toût à l’entour de la partie renflée , et davaritage.eb avec 
plus.de largeur autour de ce premier aplatissement., et 
se térinine par une espèce dé tuberculle ::les lobes laté- 

vi. 13 


(194 ) 

raux se composent d'arcs-costaux (si on peut encore 
leur conserver ce nom) qui s'étendent à-peu-près en 
forme de $ , et sont presque trois fois plus grands que la 
portion du lobe moyen que l’on voit ici; quoiqu'ils 
soient endommagés , et pas entiers d’un côté , et que de 
l’autre une partie de leur longueur manque tout-à-fait , 
on peut facilement reconnaître les circonstances que 
nous avons décrites ; et ce qui est très-singulier et parti- 
eulier à ce Trilobité, c’est que de l’extrémité du lobe 
moyen il part un ès -long filet aussi parallèle aux 
arcs-costaux (si, comme je Pai déjà dit , il est permis 
de les nommer aïnsi en parlant de la singulière pétri- 
fication que je décris en ce moment ) qui en sont le plus 
près. 

Je ne répéterai point ici les nombreuses conjectures 
et hypothèses auxquelles les Trilobites ont donné lieu; 
celle de M. Brongniart , et autres savans avant lui qui 
_ les rangent parmi les Crustacés proprement dits, serait 
celle qui me plairait le mieux , si je pouvais l’accorder 
avec quelques circonstances rapportées ci-dessus , et la 
considération très-majeure sans doute , qu’ils ne se ren- 
contrent, à ce que je sache , jamais en compagnie avec 
d'autres Crustacés , mais presque toujours avec des pé- 
trifications qui appartiennent aux Testacés marins, 
comme Orthocératites , Lythuites, Bélemnites , Cornes- 
d'Ammon , au lieu que les Crustacés , comme on levoit 
à Pappenheim , à Solenhofen et ailleurs , se trouvent 
toujours avec des restes de Crustacés et de poïssons qui 
ont vécu jadis ensemble à la même époque et dans les 
mêmes eaux. D'un autre côté, je ne puis cependant me 
dissimuler que plusieurs Trilobites à longs prolonge- 


(295) 

mens qui ressemblent plutôt à des pieds ou à des na- 
geoires qu'à des arcs-costaux , comme la plupart. des 
Paradoxides de M. Brongniart , semblent se refuser à 

‘idée de la ressembiance avec un Testacé. 

Les divers gisemens des Trilobites ne me semblent pas 
non plus pouvoir être déterminés avec quelque précision. 
M. Brongniart paraît admettre que les Trilobites aveu 
gles ne se trouvent que dans de très-anciennes forma- 
tions , dans des schistes et des calcaires de transition ; 
mais nous avons donné la description et la figure (fig. 10) 
d'un Trilobite des bords de la Yaousa près de Moscou , 
qui n'appartient certainement pas aux formations de 
transition’, ce qui me donne lieu de croire que de now 
velles recherches et de nouvelles observations prouveront 
qu’il n’est pas strictement vrai qu’en France ,en Angle- 
terre, en Russie, i/ n'existe point de Trilobites entiè- 
rement privés d’yeux , comme le dit le savant auteur que 
je viens de citer. Il dit aussi que le Calymène de Blu- 
menbach ne s’est point encore trouvé dans les formations 
de transition , telles que les schistes et les calcaires , et 
il ne cite dans celles du mont Calvarius que l’Asaphe cor- 
nigère. Je ne connais point ce mont Calvarius, mais 
très-bien le mont Podol , à une petite lieue de Prague, 
qui est bien plus renommé dans le pays pour ses Trilo- 
bites , quej ‘ai visité moi-même avec soin , et qui est re- 
marquable à riombre d’égards , et entre autres par les 
énormes boules de schiste qu'il renferme. Personne ne 
contestera jamais , je pense , que le mont Podol tout en- 
tier n’appartienne aux formations de transition : ce n’est 
point ici le lieu de donner une description détaillée de 
celte intéressante montagne et des terrains du territoire 


(1964) 
de Pragué avec lesquels il est en connexion intime , et 
que j'ai étudié durant un an de séjour dans cette ville 5 
je dirai seulement en peu de mots qu'elle est composée 
de couches ou.de bancs de pierre calcaire compacte et de 
schiste noir; que celte pierre calcaire renférme assez fré- 
quemment des fragmens de Trilobites. sur lesquels. il 
n'est pas toujours aisé de prononcer, et plus rarement des 
Trilobites entiers. Comme je n’ai sous les yeux (à,cause 
des diverses contrariétés qui m’ont empêché long-temps 


de jouir de mes collections et de les tirer des caisses qui: 
les renfermaient) que le Trilobite que j'ai décrit plus, 
hautet figuré fig. 4 , qui certainement est un Calymène. 


ou une variété du Calymène de Blumenbach , je ne puis 
pas dire s’il. en existe d’autres espèces, Ces Trilobites 
du,mont Podol:, quand on en rencontre , sont très-sou- 
vent accompagnés de superbes Orthocératites, dont les 
dimensions sont: très-considérables. On en voit. d’énor- 


mes, dans les. pierres qui ont servi à la construction du 


grand pont de Prague. fes 

Les Trilobites ou les fragmens très+intéressans , que 
l'on a découverts jusqu'à présent, à. Revel, à Pouti- 
lova:( et non Pontyélova comme lécrit M, Brongniart } 
près du lac Ladoga,, à Tzarsko-Sélo, à Pavlovok (et non 


Paulovka), à Himalasara (et non, Hymalaya-sara) , à 
Nikolsk, etc., etc., et: dont j'ai fait connaître quel- 


ques-uns dans cet.éerit ,. n'appartiennent point aux, for- 
mations de transition , et, il n’en existe même point de 
pareils, dans le mord de la; Russie, La plus âgée-après 
les formations les : plus anciennes, d’après:ce que j'ai pu 
conelüredes renseignemens quem'’a donnés Mi Foulon, 


bomme-demérite et: digne de foi , qui dirige des forges 


Eee 


(°197 ) | 

à Pétrazavodsk, est une brêche très-curieuse ét très- 
singulière, siliceuse , composée de grains de quartz, de 
calcédoine , de cornaline, réunis par un ciment de 
jaspe vert, qui le long du lac Onéga , recouvre les for- 
mations primitives (de granite, gneiss, micaschiste, 
trapp et calcaire grenu ); elle est recouverte immédia- 
tement par un grès rouge (sans doute le Roothe-todt- 
liegende des Allemands } (1), et vert serin clair ; qui 
est recouvert enfin à son tour par les jeunes formations 
coquillières de ce pays. Une petite carte géologique du 
lac Onéga que je joins ici, pl. 29, fig, 14, servira à mieux 
faire comprendre ce que je dis. | 

Cette intéressante formation se présente en ‘couches 
horizontales | quelquefois inclinées , quelquefois sim- 
gulièrement arquées (voyez pl. 29, fig. 9, 10, 11, 
1%, 13), quelquefois offrant une configuration en 
forme de globules comme celles (mais plus grosses } 
que Guettard a déjà fait connaître dans les Mémoires 
de l’Académie des Sciences de Paris, Ces couches s'é- 
tendent dans tous les environs de Pétersbourg, dans 
la Livonie, la Courlande; et à en juger par le mor- 
ceau que j'ai décrit plus haut des environs de Mos- 
cou , et par d’autres que j'ai vus, peut - être dans toute 
la Russie Septentrionalé basse , ét même plus loïn, et 
sont composées de calcaire coquillier , que l’on pourrait 
peut- être; avec plus de raison, nommer formation 


(1) Ce beau grès, qui prend un très-beau poli et se laisse fort bien tra - 
wailler, forme un des ornemens de l’église de Casan à Pétersbourg » Où 
Pou en a construit les marchés du sanctuaire on saint des saînts des 
églises grécques. 


(198 ) 
coquillière; car quoique, dans la règle, le calcaire al- 
terne avec un grès où une pierre sablonneuse plus ou 
moins grossière , ou plus ou moins argileuse et cal- 
caire, ainsi qu'avec un schiste argileux , bitumineux , 
brun-clair tirant au gris par une sorte de décomposition , 
et des argiles rouges et vertes, il arrive très-fréquem- 
ment et souvent dans les mêmes échantillons , qu’elle 
passe du calcaire souvent compacte, quelquefois dur 
comme le marbre et de diverses couleurs , au grès souvent 
d’un aspect terreux et d’un grain fin, ordinairement gris, 
ou mélangé aussi de différentes couleurs, verdàtre ou 
tout-à-fait vert à Poutilova et à Nikolsk (mais non pas 
près de Pétersbourg), où ses couches, tant extérieurement 
surtout qu'intérieurement , sont recouvertes et-remplies 
d’une terre verte qui semble avoir beaucoup de rap- 
ports avec la chlorite, et qui souvent se présente d’un 
vert très-foncé , et sous des formes qui semblent orga- 
niques, comme des pattes et des parties d’insectes. Ce 
sont ces divers aspects quelquefois trompeurs, qui 
ont fait regarder le calcaire de cette formation rerar- 
quable , comme se rattachant à celles de transition ; 
mais ce qui la caractérise distinctement, c’est la pro- 
digieuse quantité de Testacés fossiles ou pétrifiés 
qu'elle renferme ; il faudrait une étude longue et très- 
alentive pour les connaître et les décrire tous; mais 
ceux surtout qui se font remarquer par leur nombre 
prédominant , par celui de leurs espèces et de leurs va- 
riétés , sont des Anomies et des Térébratules, dont 1l 
en est qui sont très-digñes d'attention , comme celle que 
j'ai fait dessiner pl. 29, fig. 2, quej’ai nommée , à cause 
de sa forme bombée et presque semblable à celle d’une 


( 199 ) 
sphère , anomie sphéroïdale , et qui à été trouvée à Pau- 
vsk. 

Ce sont enfin ces mêmes couches, dont on peut 
mainteñant mieux apprécier la nature , qui renferment 
(lmaïs pas très-fréquemment ) les Trilobites décrits par 
MM. Blumenbach et Brongniart, et par moi dans cet écrit. 
J'ajouterai , pour mieux faire connaître cette formation, 
que l’on y rencontre aussi des Orthocératites , compagnes 
presque inséparables des Trilobites, mais qui semblent 
différer à bien des égards de celles connues. Elles sont 
en général assez petites , et offrent plutôt des noyaux que 
les coquilles mêmes. ( Voyez pl. 29, fig. r , un noyau 
d’alvéoles de ces Orthocératites.) 

Enfin , on rencontre encore dans les mêmes forma- 
tions coquillières des Testacés inconnus ou d’autres 
corps qui semblent se rattacher à des animaux marins 
de tout autres genres , et que ce petit Mémoire me donne 
lieu de faire connaître. 

Telle est une espèce de Hystérolite à inconnue e ailleurs * 
que l’on trouve très- fréquemment dans les environs de 
Pétersbourg , et dont je donne le dessin fig. 3; c’est 
évidemment le noyau d’une singulière espèce d'Anomie, 
sur lequel ou reconnaît parfaitement les joints des yal- 
ves et la forme du sommet de la coquille fort aminci , et 
qui s'élève beaucoup au-dessus d’elle. Le dessin fait voir 
un individu de Slavenka , daas le gouvernement de Pé- 
tersbourg , de la nature d’un grès argileux : les Hysté- 
rolites des environs de Pétersbourg mème sont un peu 
différentes de celle-là, dont elles ne sont qu’une va- 

_riété, et sont (du moins toutes celles que j'ai vues ox 
que je possède) spathiques. 


( 200 ) 

-11Fel.est encore un testacé singulier et inédit , repré- 
senté fig. 21, que j'ai cru devoir nommer Urne de Nép- 
tune , parce qu'il ressemble assez parfaitement à une 
urné antique portant son couvercle , mais sans base ou 
pied ; que je regardais comme une coquille univalye 
douée de son opercule, quoique l’on ne rencontre presque 
jamais les coquilles fossiles operculées avec eette partie , 
mais que le célèbre Buckland, qui la vit chez moi à 
Wienne, regardait comme une bivalve. Comme je n’y 
vois rien qui ressemble à une charnière propre à joindre 
* és deux battans ensemble , il me pt difficile d’ad- 
méttre cette opinion. 

Je dois cette jolie pétrification , que l’on-voit sous deux 
points de vue diflérens , fig. 4 et 5 , et dont la surface 
est recouverté par üñe jolie espèce d’Escarre , à l’obli- 
geance de M. le général Sabir, qui l’a trouvée aux bords 
de la Msta , ‘contfée ‘où ses fonctions l’appellent toutes 
les années : je lui dois aussi plusieurs autres morceaux 
intéressans. | 

: Dans le courant du mois de juillet ra M. Hauens- 
child , déjà cité plus haut , qui demeurait-alors dans les 
environs de Pétersbourg , envoya à la société miñéralo- 
gique de celte ville uné pétrification fort jolie , que j’ é- 
tudiai avec soin et dont je lus la description à cette so- : 
-ciété. Elle vient d’un mont situé près de cette capitale , 
que l'oti nomme dans ce pays Montagne de Douderova- 
Grara ; elle est calcaire comme la pierre qui la renfer- 
miait ; blanéhié’} de la grandeur environ d’un de ces gros 
dés à fouër dont lés anciens 'se servaient daris léurs camps, 
polygone ; et d’une forme approchänt de celle d’un gre- 
pat qui n'est pas très-bien prononcé , offrant environ 


(207 }) : 
vingt - deux plans ou facettes composées ‘d'espèces de 
rayons croisés à angles droits par un grand nombre d’au- 
tres excessivement minces , courts ét parallèles , laissant 
entre eux des vides en forme de cellules, chaque face 
de ce ‘polygone offrant toujours des plans carrés dont 
chaque angle présente un petit tubercule ou nœud. Les 
rayons les plus longs, courent au nombre de cinq; figu- 
rant ensemble les rayons d’une étoile; dont cinq autres 
pareils sont également circonserits dans es limites d'un 
plan carré d’une autre face du polygone voisin ; ce qui 
donne vingt rayons 'inégaux pour l'étoile entière et au- 
tant de faces inclinées renfermanticette singulièreétoïle, 
dont le contour lui-même est:un grand carré formant en 
quelque sorte la base d’une espèce de pyramide à quatre 
côtés, et faisant en même temps partié de plusiéurs au- 
tres étoiles configurées de mème. Sans doute à la pre- 
mière vue on serait tenté de prendre cette pétrification', 
en apparence étoilée , pour un: Madrépore ow une As- 
(troïte , mais en y regardait dé près , on s’aperçoit bien- 
tôt qu’elle ne peut se rapporter à ees genres de Polypiers 
et n’a avec eux que des ressemblances faibles ét trom- 
peuses : on reconnaît qu’elle est douée d’un pédicule ou 
d'un fragment de tige articulée, fig: 22 , dont les articles 
sont courts et serrés, comme Îles Encrinites ;'que les 
fausses étoiles dont j'ai parlé ne sont que des espèecs de 
bras ou des tentacules articul@ee recourbés où! COL 
dés au moyen des'nœuds que présentent divers”angles , 
comme il a été dit , et qui sans doute étaient-des'articu- 
lations en forme de genou. Toutes cés particularités , 
propres à éette pétrification, me portent à la regarder 
comme une espève d'Encrinite d'une espèce inconnue el 


Cho: 

extrèmement rare; puisqu'on ne J'a encore rencontrée 
qu'une seule fois à ma connaissance , et qui offre encore 
une autre particularité qu'aucun animal de ce genre ne 
fait voir, c'estqu'à la partie opposée à la portion de tige 
dont je viens de faire mention plus haut, il y a une ca- 
vité dans laquelle il paraît assez clairement que s’insé- 
rait un auütré bout de tige pareil et de grandeur et gros- 
seur égales ,.de manière que le tout ensemble présen- 
tait peut-être deux ou plusieurs de ces petits Encrinites 
polygones dont les bras ou tentacules s’épanouissaient ou 
se fermaient à volonté autour de cette tige , ainsi que le 
fait voir une représentation idéale que j'ai essayé d’en 
donner , fig. 7, ôù ces corps se présentent épanouis au- 
tant , je suppose , que cela était possible. C’est cetté pé- 
trification singulière à laquelle j’imposai le nom d’£n- 
crinite paradoxe.noduleux dans un Mémoire que je lus 
à la Société minéralogique de Pétersbourg. 

Enfin , dans ces couches “pierreuses des formations 
des environs de Pétersbourg, on rencontre assez fre- 
quemment aussi des corps calcaires sphériques avec de 
légers pointemens à deux bouts opposés , connus dans 
le pays sous le nom de boules de pierre, faisant voir à 
Jeur surface un tas de compartimens anguleux et de pores 
fins comme des piqûres de mouches ; qui semblent être 
une espèce d’Alcyonite globuleux (fig. 8, de grandeur 
naturelle), et l’on a rérouvé de semblables boules au 
bord de la Vytégra, rivière du gouvernement d'Olo- 
nelz , qui sort du lac Onéga. 

Il existe encore sans doute beaucoup d’autres péurifi- 
cations qui appartiennent à ces yastes formations coquil- 
lières de la Russie, qui ne sont point parvenues à ma 


(_203 ) 


__ connaissance. Celles des formations dites d’alluvion sont 


aussi extrêmement curieuses et du plus grand intérèt 
par leur nature, puisque la plupart sont agatisées ou 
changées en pyrites et présentent souvent des espèces 
d’une grandeur considérable ; mais je n’en entretiendrai 
pas mon. lecteur, puisqu'elles n’entrent point dans le 


plan de cet écrit. HN TA RE à 


ÆEXPLICATION DES PLANCHES, 


Planche xxvin. 


Fig. 1. | Trilobite de Tsarsko= S élo près, Pétersbourg, complitemen ut 
étendu, 


Fig. 2. Le même replié , vu do uen. 


Fig. 3. Le mème ; vu postérieurement. 


Fig. 4. Variété du Calymène dé Blumenbach de FRA près it 

Fig. 5. Autre Trilobite de Tzarsko-Sélo. ; 

Fig. 6. Portion du chaperon d’un Trilobite Fraoie , et montrant sa 
surface inférieure. 

Fig. 7, 8, 9. Post-abdomen du Trilobite à ra 

Fig, 10. Bouclier d’une nouvelle espèce de Paradoxide, où 

Fig. 11. Nouveau genre de Trilobite, 


| Planche xx1x. 


Fig. 1. Orthocératite. 
Fig. 2. Ânomie sphéroïdale. 
Fig. 3. Hystérolite. : 
Fig. 4,5. Urne de Neptune vue sur ses deux faces. 
Fig. 6, 7. Corps organisé fossile se rappy, “nchant des Encrinites. 
Fig. 8. Espèce d’Alcy on fossile ? connu sous le nom de boules de pierres. 
Fig. 9- Carrière de pierres de Tzarsko-Sélo , dont les couches horizon- 
tales sont couvertes d’ébonlemens dans une partie de leur profou- 
deur. 
a, couches de calcaire plus ou moins marneux , et souvent sabloneux 
* et coloré ; b , couches d’argile schisteuse colorée. 
Fig. 10. Coupe d’un escarpement des bords de la Koscheleva. 
a, couches de schistes argileux bitumineux brun horizontal ;  , eou- 


(204 ) 

_ches de sable jaune plus où moinssulfüreux, qui interrompent les 
précédentes ; c, lignes ponctuées figurant les couches a masquées 
par la terre et la végétation, supposées reparaître , comme cela a 

lieu de l’autre côté des couches , failles ou crin b, dans une posi- 
tion un peu différente. 


Fig. x1. Coupe:comparative des formations éecotidrirés de la Livonie, 
d’après Fischer. 

Fig. 12. Coupe des couches arquées de l’un des escarpemens de la Kos- 
cheleva, près Paulovok. Cet escarpement est composé d’un cal- 
caire gris blanchâtre, séparé par des couches argileuses , et inter- 
rompu par des fentes DREUPE Pa 


Fig. 13. Escarpement au-dessus de la Koscheleva , près Paulovok , en 
partie recouvert d’é boulemens , et dont les couches , en : général 
‘assez tendres ; sont brisées et morceléess "+ +0 

a, calcaire marneux et sabloneux , d’un gris clair; b , couches beau- 
coup plus minces d’argile schisteuse rouge ; ©, pierre sabloneuse 
coquillière dure et pyriteuse, semblable à celle de Tzarsko-Sélo ; 
d , Sable dürci , jaunâtre ou verdâtre ; e, pierre sablüneusé jaune , 
quelquefois sulfureuse ; f, sable fort dur, jaüne icommé le précé- 

dent;g , schisté argileux bitumineux; 4, le méme, très - ferrugi- 
aeux ; &, Sable vert; À, terre végétale, 

Fig. 14. Carte des bords du lac Ladoga. 

Toute cette partie aa de la côte océidentale du lac Onéga doit 
être de grès rouge ou vert très-ancien reposant sur la bréche sili- 
ceuse. 

bb, promontoire d'environ 20 PA (plus de quatre lieues et demi 
de France) de longueur , à 7 verstes ( deux lieues ) de Pétrozavo- 
dok , entièrement composé de brêche siliceuse comme l'archipel c 
de Kiege, où se trouve l'ile de Wolkootrof , dont cependant | la 
grande île d montre un marbre salin. 

Sans doute la brèche siliceuse du promontoire bb que l'on Foit: 
former le fond du lac, près de Pétrozavodok , constitue aussi la 
masse des promontaoires e et f, et peut-être une partie de la rive 
orientale du lac. 


(.205 ) 


Mémoire sur de nouvelles variétés de Chaux 
carbonatée et d’ Argent sulfuré du Mexique. 


Par S. M. pe BusTAMENTE. 


. Les variétés nouvelles. de chaux carbonatée et d’argent 
sulfuré , dont j'offre dans ce mémoire les descriptions et 
les figures , ont été recueillies à Guanajuato, lieu aussi 
riche en minerais d’or et d’argent, que fécond en modi- 
fications de formes cristallines. J’ose dire qu en variétés 
de chaux carbonatée, Guanajuato ‘seul surpasse toutes 
les mines du Hartz.et de la. Hongrie. 

Je les appelle nouvelles, ne les rencontrant pas dans 
le Traité de minéralogie d'Haüy, imprimé à Paris, en 
l'an 1801, et qui est le seul que nous possédions ici. 
Cette disette de livres dans laquelle nous nous trouvons, 
m'excuse assez, si toutefois on les a publiées dans des 
ouvrages postérieurs (1). | 

J'ai suivi la méthode descriptive de ce célèbre minéra- 
logiste , en représentant par des signes les lois de décrois: 
sement qui concourent à, la production de.chaque variété 
de forme ; et j'ai donné seulement la valeur des incliniai- 
sons des faces, qui: résultaient d'une loi nouvelle, ou 
- qui se montraient dans un nouveau rapport de position 
avec des faces déjà connues. Je n'ai pu qu’indiquer les 


(1) Quelques-unes de ces variétés ont été décrites par M. Haüy dans 
la seconde édition de son Traité. Nous nous bornerons à les citer , en 
supprimant tous les détails qui les concernent, et lorsqu'il y aura double. 
emploi de noms ou de signes représentatifs , nous Aruae «peus ceux du, 
cristallographe français. R, 


( 206 ) 
mines d’où provenaient ces variétés et les collections où 
elles se trouvent , parce que j'ignore les noms des per- 
sonnes qui nous ont rendu l'important service de les 
recueillir. 


I. CHAUX CARBONATÉE. 


VARIÉTÉS DE FORMES DÉTERMINABLES 


Combinaisons deux à deux. 


1. Chaux carbonatée équivoque. DA (Fig. 1.) Prisme 


hexaèdre régulier , que l’on pourait confondre avec ce- 
lui de la variété prismatique de M. Haüy , mais qui en 
difière essentiellement par sa structure. De la mine de 
Mellado ; collection de M. Cervantes. 


à. Chaux carbonatéé alternée. D E''E (Fig. 2.) La 


variété émoussée, moins les faces c du prisme, ou la 
métastatique dont les arètes aiguës sont remplacées par 
des faces généralement raboteuses. Des mines de Va- 
lenciana , Rayas , etc. , collections de MM. Cervantes et 


Del Rio. 


3. Chaux carbonatée Ds FRS DE UE A, LP cris- 
f 


taux thbilaires De Valenciana (1). 


, 0. 
4. Chaux carbonatée didodécaèdre. D B (Fig. 3.) 
La 


# 
Cette variété a fréquemment ses sommets remplacés par 


(1) Voyez le Traité de Haüy, tom. 1, p. 326, 2° édit. , fig. 68. 


| ( 207 ) 
des faces creuses et inégales. De la mine de Rayas ; col- 
lection de M. Lardizabal. : 


5. Chaux carbonatée biquaternaire. D B (Fig. 4.) 
r ss | 

Dodécaèdre à triangles scalènes , plus obtus que celui de 
la variété précédente. Incidence de ® sur ® , 130° 8° 58”, 
et dew sur w’, 163° 50’ 52”. Les faces des sommets sont 
si fortement striées que la direction de ces stries montre 
clairement la marche des décroissemens sur les bords 
supérieurs du noyau. De Pachuca ; collection de M. Cer- 
vantes. | | 


Combinaisons trois à trois. 


6: Chaux cârbonatée épointée. E ‘ E1 PA (1). Trou- 


vée à Guanajuato, Collection de MM. D Del Rio et Cer- 
vantes. Souvent les faces o s’agrandissent et les faces pri- 
mitives disparaissent entièrement ; les cristaux ressem- 
blent alors à des octaèdres. 


7. Chaux carbonatée duodéci-octonale. DP A (Fig. 


: 
PUS 


5.) La variété binaire dont les sommets sont interceptés 
par une facette triangulaire , raboteuse. De la mine de 
Mellado ; collection de MM. Del Rio et Moran. 


8. Chaux carbonatée sexoctodécimale. DE de 5 LA 


Pol P 
(Fig. 6.) La variété alternée avec les faces du rhomboïde 
primitif vers les sommets. Des mines de Valenciana et 
Rayas ; collection de M. Guerza. 


(1) Ibidem, p. 333 , fig. 54. 


( 208 ) 


9. Chaux carbonatéé évasée. DE''EB (Fig. 7.) La 
r L'ACTSS. 

# L . 8 
variété alternée avec les faces de l’équiaxe vers les som- 
mets. Incidence de f sur g, 143° 7 48”. De la mine de 
Rayas. Je dois un superbe cristal de cette variété à la 


bienveillance de mon frère, M. RER Bustamente. 


10. Chaux carbonatée descendante. é DB (Fig. 8.} 


mr 
La variété doublante de Haüy, moins les faces (fe De 
Valenciana , Cata, Tepeya et autres mines ; collection 


de MM. Cervantes et Del Rio. 


: 
11. Chaux carbonatée décioctoduodécimale. D B B 
4 5 


(Fig. 9.) Incidence de g sur w, 155° 4" 29: de du 
w , 163° 50 52”, De Guanajuato ; collection de M. Mo- 


ran. 


| Se LEE | 
12. Chaux carbonatée icositétraèdre. DPe (Fig. 10.) 


Tr 0 £ 
La variété métastatique terminée par un pointement à 


six faces qui répondent aux arètes des pyramides. De Mel- 


lado ; collection de M. Moran. 


Conbinaisons gaine à quatre. 


13. x carbonatée y a encadrée. DE “ÉPB 
f 


(Fig. 11: +) La variété Det Étale : Fin les arêtes du 
sommet sont remplacées par des facettes. De la mine de 


Rayas ; collection de M. Lardizabal.. 


-'. à CEE 


( 209 ) 
| 54. Chaux éarbonntée Bisunibinaird. DE CE B (1) 
De li mine de Valenciana ; collection de M. Del Rio. 


SE Combinaisons cinq à cinq. 


15. Chaux carbonatée agone. c e DE EP (Fig. 12) 


Yncidence de m sur c, 166° 51° 112 fe 1 la mine de 
Rayas ; collection de M. Moran. 


Combinaisons sept à sept. 


16. Chaux carbonatée suspensive. 
eDE'"E(E**EBD-)e BB (Fig. 13.) Tncidence de 
LE à x m $ : 

æ sur x, 153° 13/58"; de x sur r,155°37 21”. Cette 
forme est une des plus composées de la chaux carbona- 
tée. Le cristal, s’il était complet, aurait 60 faces: le 
développement de ses propriétés géométriques me paraît 
digne d’un Mémoire particulier. En attendant , jé ferai 


remarquer que les décroissemens qui produisent les fa- 
_ ces ff, et ceux qui donnent les faces xx, en agissant 
mutuellement contre elles , s'arrêtent et reprennent al- 


ternativement leur'action à des époques déterminées ; et 
c’est cette espèce de suspension qui m'a suggéré le nom 
que j'ai donné à cette variété. De la mine de Valenciana ; 
collection de M; Moran. 

Dans la superbe collection de minéraux du Mexique, 
que possède le professeur de botanique M. Cervantes, il 


(1) Zbidem , p. 343, fig. 120. 
VU \ 14 


* 
DT 
de 0: 


( 210.) 


existe un groupe de cristaux dodécaèdres , remarquables 
autant par leur grandeur que par la singulière propriété 

qu'ils éntde renfermér dans leur intérieur un dodécaèdre 

inscrit comme on le voit fig. 14, et qui se détache par 

son opacilé de l’enivéloppe transparente qui le recouvre. 

Cette disposition symétrique se montre dans les prismes 

d'uh décimètre delongueur, commé dans ceux dé trois 

à quatre millimètres , et ellé s’accorde parfaitement avec 

les lois de la structure ; de manière qué lés joints nätu- 

rels se prolongent également dans le cristal entier. 


II. ARGENT SULFURÉ, 


VARIÉTÉS DE FORMES DÉTERMINABLES; 


1. Argent sulfuré triépointé (fig. 15). Cube épointé 
sur ses angles solides par trois faces qui sont tournées 
vers les faces primitives. Incidence de s surr, 149°, ct 
des surs, 140°. J'ai vérifié ces mesurés sur un petit 
cristal dont le côté peutavoir un centimètre de longueur. 
Il vient de la mine de Rayas, où l’on trouve aussi des 
cristaux trapezoïdaux de la même substance , qui ont 14 
à 16 millimètres de diamètre. 


( 211 4 

Sun a Muture de POvule ahiéiailiinens d Pinr 
— prégnation dans les plantes phanérogames ;: et 
sur la Fleur femelle des Cycadées et 7. Coni- 


Ver es ; | 6 lo 
Par M. Rome Browx a. 

La description que # donnée de l’ovule du We 
cra (2), quoiqu'elle diffère essentiellement de celles 
qu'on avait jusqu’à présent publiées de cet organe con- 
sidéré antérieurement à la fécondation , ne laisse pas dé 


a se 


(1) Extrait de l'Appéndice botanique du Voyage à la Nouvelle-Hol- 

ihdé, exécuté pendant les années 1818 à 1822 par le capitaine King. 

(2) Nous joïgnons ici la description de cergeure, telle qu’elle est don- 
née par M. Brown dans Particle « pi précède son Fons sur la struc- 
ture de ovale. 

KIN GIA: 


On: war. Junceæ prope Dasypogon, Calectasiain ét Xerotém- 


Cuan. Gen. Perianthium sexpartitum, regulare, glumaceum , persis- 
tens. Stamina sex , fere bypogyua : Antheris basi affixis, Ovarium 
._triloculare , oui monosper mis ; obulis adscendentibus. $4ylus 1. 

-. Stigma tridentatum. Pericarpium exsuccum , indehiscens , mono- 
spermum , perianthio scarioso cinctum. 


Planta facie Xanthorrhææ elatioris. Caudex séréinte cicatricibus 
basibusve foliorum exasperatus ? Folia caudicem terminantia con- 
fertissima longissima , figura et dispositione Xanthorrhææ. Pedun- 
culi rumerosi folis breviores, bracteis vaginantibus imbricatis 
tecli, floriferi terminales erecti, mox , caudice parum elongato. fe- 
lüsque novellis productis , laterales , et divaricati vel ere ter- 
minati capitulo denso globoso floribus tribracteatis, » 


Kiwcra Australis. 
Desc. Caudex arborescens erectus simplicissimus cylindracèus , 6-18 
-pedes altus , crassitie femoris. Folia caudicem terminantia namerosissi- 


( 212 ) 


s'accorder réellement avec sa structure ordinaire dans les 
plantes phanérogames. | | 

Je tâcherai d'établir ces Jon points , #savoir : que 
cette description est d'accord avec la structure ordinaire 
de l’ovule, et qu’elle diffère essentiellement de celle 


ma patula u apicibus areuato - recurvis, lorea, solida , ancipitia apice 
teretiusculo , uovella undique tecta pilis adpressis strictis acutis lævibus, 
angulis lateralibus et ventrali retrorsum scabris. Pedunculi numerosi te- 
retes 8-12 pollicares crassitie digiti, vaginis tategris brevibus imbricatis 
hinc.in foliolum subulatum productis tecti. Capitulum globosum , flori- 
dam magnitudine pruni minoris , fructiferum pomum parvum æquans. 
Flores undique densè imbricati , tribracteati, sessiles. Bractea exterior 
lanceolata brevè acuminata planiuscula erecta , extus villosa intus gla- 
bra, post läpsuin früctus persistens : duæ laterales angusto-naviculares, 
acutissimæ, cärina lateribusque villosis, longitudine fere exterioris,, 
simul éum perianthio fructifero, separatim tamen , dilabentibus. Pe- 
rianthium sexpartitum regulare subæquale glumaceum : foliola lanceo- 
lata acutissima disco nervoso nervis immersis simplicissimis ; antica et 
postica plana , lateralia complicata lateribus inæqualibus, omnia basi 
subangustata, extus longitudinaliter sed extra medium præcipue villosa, 
intus glaberrima, æstivatione imbricäta. Stamina $ex subæqualia , æs- 
tivatione stricta filamentis sensim elongantibus : Filamenta fere hÿpogy- 
na ipsis basibus foliolorum perianthii quibus opposita leviter adhæren- 
tia, filiformia glabra teretia: AÆntheræ stantes, ante dehiscentiam li- 
neares obtusæ filaménto paulo latiores , defloratæ subulatæ vix crassitie 
filamenti , loculis parallelo-contiguis connectivo dorsali angusto adna- 
tis ,axi véntrali Tongitudinaliter déhistentibus , lobulis baseos brévibus 
acutis subadnatis : PoZen simplex ‘brevè éite lève. Pistillum : Ova- 
rium sessile disco nullo squamulisve cinctum', lanceolatum trigono-an- 
ceps villosüm, triloculare, loculis monospermis. Ovula erécta fundo an- 
guliinterioris locali pauld supra basin suaminsérta , oboyata lenticulari- 
‘coimpressa, aptera’: T'esta in ipsa basi acutiusculà foramine minulo 
perforata : Membrana interna respectu testæ inversa ; hujusce nempe 
apici lata basi inserta , ovata apice angustato aperto foramen testæ ob - 
turante : Vucleus cavitatæ membranæ conformis, ejusdem basi insertus, 

cæterum Jiber, pulposus solidus , apice acutiusculo. lævi aperturam meu- 


(‘213 ) 
des autres observateurs. Je lé ferai pour le moment aussi 
brièvement que possible , me proposant de traiter une 
autrefois ce sujet avec plus de développements et aussi 
sous un autre point de vué. 

J'ai antérieurement appelé plus d’une fois l'aiten- 
tion (1) sur la structure de l’ovule , surtout pour les 
indications qu’il fournit, même avant la fécondation, 
relativement à la place et à la direction que présentera 


le futur embryon. Cependant ces remarques, très-brèves 


il est vrai, semblent avoir tout-à-fait échappé à l’atten- 


, tion des botanistes qui depuis ‘ont écrit sur le mêmesujet. 


Dans l’appendice botanique au voyage du capitaine 
Flinders , publié en 1814 , je donne la description sui- 
vante dé l’oyule du Cephalotus follicularis + QC Ovulum 
érectum ; intrà testam membranaceam tontinèns saccu- 
lum pendulum magnitudine cavitatis testæ »; et par 
rapport à cette description, j’ai rémarqué au mème en- 
droit que d’après la structure de l’ovule , même avant 


ve 


branæ internæ attingente. Stylus trigonus strictus , infra villosus , di- 
midio superiore glabro ; altitudine staminum , iisdem paulo præcocior, 
exsertus nempe dum illa adhuc inclusa. Stigmatd tria brevissima acuta 
denticuliformia. Pericarpium exsuccum , indehiscens ; villosum , basi 
styli aristatum, perianthio scarioso et filamentis emarcidis cinctum , 
abortione monospermum. Semen turgidum obovatum retusum integu- 
mento ( testà ) simplici membranaceo aqueo-pallido , hinc (intus) fere a 
basi acutiuscula, raphe fusca yerticem retusum attingente ibique in 
chalazam pote concolorem ampliata. Ælbumen semini conforme 


- densè carnosum album. Embryo monocotyledoneus, aqueo -pallidus 
_subglobosus , extremitate inferiore ( radiculari ) acuta , in ipsa basi se- 


minis situs , semi-immeresus , nec albumine omnino inclusus. 
(x) Funwpens’s, Voy., 11, pag. 601, et Linn, ans Free "T2 
p. 136, 


. . Carg) 


l'imprégnation ; je ne fais aucun doute que la radicule 
de l'embryon ne se dirige vers l’ombilic (1). 

Mon attention se trouva pour la première fois portée 
sur ce sujet en 1809 , en conséquence de l’opinion que 
j'avais alors émise sur la fonction de la chalaze dans les 
graines (2). Quelque temps avant la publication de l’ob- 
servation que je cite, j'avais constaté que dans les plantes 
phanérogames l’ovule non imprégné se composait très- 
généralement de deux membranes ou tuniques concen- 
triques , contenant une amande d’une texture pulpeuse 
cellulaire, J'avais observé aussi que de ces tuniques, 
l'interne n'avait de connexion soit avec l’externe, soit 
avec l’'amande, qu’à son origine ; et que relativement 
à la tunique externe , elle avait généralement une direc- 
tion inverse, tandis qu’elle avait toujours la même di-. 
rection que l’amande : et enfin que c'était toujours au 
sommet de celle-ci qu’on devait trouver la radicule de 
Pembryon futur, 

C’est sur ces observations qu'était basée mon opinion 
relative à l'embryon du Cephalotus. En décrivant l'o- 
vule de ce genre, j'employai il est vrai le terme assez 
peu propre de Sacculus : terme qui néanmoins expri- 
mait suflisamment la forme apparente du corps, central 
des ovules soumis à l'examen , et servait à indiquer l’in- 
certitude où je me trouvais dans te cas relativement à 
la présence de la membrane interne. | | 

À cette époque, je connaissais aussi, dans quelques 
plantes sur les tuniques de l'ovule , l’existence d’une ou- , 


Mein Ar 
tot | 


(1) Founoens’s, Voy. doc. cit. AœaAIA 
(2) Linn. Societ. Trans. , 10, p. 35. 


| (‘215 ) 

verture toujours distincte de l'ombilic externe, dans quel- 
ques cas diamétralement opposés à lui ; étque jamais dans 
aucuncas je n'avais trouvéeadhérentesoitdirectementiaux 
paroïs de l'ovaire, soit à quelque prolongement né de ces 
parois. Mais comme alors je n'avais pu découvrit cette 
ouverture dans beaucoup de plantes que j'avais exami- 
nées, jen’yattachaï pas une importance suffisante : et pour 
juger la direction de l'embryon, je me fondais entière 
ment sur la détermination du sommet de l’amande. Or 
je le déterminais soit directement au moyen de la dis- 
section soit indirectement par l'inspection du cordon 
vasculaire qui parcourt la tunique externe :.car:la ter- 
minaison de ce cordon indique d’une manière eertaine 
l'origine de la membrane interne , et conséquemment 
la base de l’amande , qui une fois connue donne so | 
. tion du sommet. lu 

C'est à ce point qu'étaient arrivées mes corimhissatines 
sur ce sujet, quandil fut entrepris par mon ami feu 
M. Thomas Smith , qui, éminemment propre à-une re- 
cherche à laquelle étaient nécessaires une minutieuse 
exactitude et une grande habitude de l'observation mi- 
eroscopique, réussit à constater l'existence très-générale 
: de l'ouverture dans l’enveloppe-de l’ovule. :Or , comme 
les ouvertures des deux tuniques correspondent l'ume 
avec l’autre , et toutes deux avec le sommet de d'amande, 
on se trouva posséder en conséquence une indication de 
la direction de Pembryon futur presqu’aussi universelle 
et plus facilement perceptible que celle dont je m'étais 
précédemment servi. 

Pour déterminer à quel degré . cette déeion de 
l'ovule végétal diffère de eelles .qu'enven avait.données 


( 216 ) 
jusque-là et faire jusqu'à un certain point juger de son 
exactitude , je vais commenter les diverses observations 
dont il à été l'objet et les opinions différentes établies 
sur ce sujet , aussi brièvement qu’il me sera possible, 
en suivant l’ordre chronologique. 

En 1672, Grew (1) décrit dans la tunique extérieure 
des graines de plusieurs plantés légumineuses une petite 
ouverture placée vis-à-vis la radicule de l'embryon, 
ouverture qui, ajoute-t-il , n’est pas un trou accidentel 
ou résultant dela rupture du funicule, mais qui se 
trouve pratiquée à deux fins , savoir (à ce qu’il établit 
ensuite), afin d’aérer l'embryon, et afin de faciliter le 
passage de sa radicule dans la gernination. I} paraît qu'il 
ne considéra pas cette ouverture dans le test comme 
existant constamment, les fonctions qu'il lui attribue 
étant remplies dans le cas où elle ne setrouve pas, ou, 
suivant Jui , par le hile lui-même, où dans les fruits à 
enveloppe dure par une ouverture du noyau ou dé la 
coquille. | AE, e 

Dans une autre partie de son ouvrage (2), ik décrit et 
figure dans l’ovule à son jeune âge deux tuniques : l’une, 
l'extérieure, est le test ; l’autre, sa «membranemoyenne,» 
est évidemment ice que j'ai appelé amande, dont il a 
distinctement RES et décrit r pe =) dans l’ovule 
de l’abricot. | 9 

Malpighi en 1675 (3) rend le même compte du pre- 
mier état de l'ovule. Ce qu’il nomme secundinæ éxter- 


nl 4 r EEE 


(x) Ænat. des Végét., p.3 ; Anat. des Plant ” pe 2 
(2) Ænat. dés Plant. p- 210 ; t. 80. 
(3) Anatome plantarum pe 75et 80. 


Gone (217) 

n&æ est le test; ce qu'il nomme chorion est l’amande, 
L'ouverture de Grew , qu’il paraît avoir vue, n’est ce- 
pendant pas distinguée par lui des fenestra et fenes- 
trella : et ces parties auxquelles il assigne les mêmes 
fonctions, sont les termes qu'il emploie proprement 
pour le hile. | 

En 1694 Camérarius, dans son admirable essai sur 
le sexe des plantes (rx), propose, comme de simples 
questions, différentes manières dont on peut supposer 
que les grains entiers de pollen ou bien leurs particules 
après qu'ils seront crevés, proviennent et agissent sur 
les ovules non imprégnés, qu’il paraît avoir lui-même 
soigneusement observés. Il reconnait cependant avec 
sa candeur ordinaire les obligations qu'il a sur ce sujet 
à Malpighi, à la description plus détaillée duquel il 
renvoie, 

+ M.Samuel Morland en 1503 (1) , étendant aux plantes 
l'hypothèse de la génération de Lcewenhock, admet 
dans l’ovule l'existence d’une ouverture, par laquelle 
se fait son imprégnation. Il semble néanmoins qu'il n’a- 
vait pas réellement observé cette ouverture avant la fé- 
condation | mais qu'il concluait son existence généra- 
lement et à cette période de ce qu’il avait, dit-il, « dé- 
couvert dans les graines des fèves , pois et haricots, pré- 
cisément sous l’une des extrémités de ce que ‘nous 

: appelons PæiZ, une perforation manifeste qui conduit 
directement à la plante séminale »; et c’est par là qu'il 

suppose que l’embryon est entré. Cette perforation est 


(x) De sexu Plantar. , epist, ,p. 8 ; 46etseq. 
(2) Philos. Trans. , vol; 23, no 287, p. 1474x 


(218) 
évidemment l'ouverture découverte par Grew dans les 
graines des plantes légumineuses ; mais Morland ne fait 
pas mention de ses observations à ce sujét, quoiqu'il le 
cite dans un autre passage. 

En 1704 Etienne François Geoffroy ( 1) »eten 1711son 
frère Claude Joseph Geoffroy (2), pour soutenir la même 
hypothèse, établissent l’existencegénérale d’unevuverture 
dans l'ovule végétal non imprégné. Il n’est cependant 
pas probable que ces auteurs eussent réellement vu dans 
aucun cas celte ouverture de l’ovule à son jeune âge ; 
mais plutôt qu'ils avaient été conduits à aflirmer son 
existence dans tous les cas, sans preuves, seulement 
d’après l'observation de Grew, et la conjecture fondée 
sur cette observation par Morland, dont ils adoptent 
l'hypothèse , sans le citer. Il est en effet à remarquer 
qu'ils ne font pas mention de ce qu’on avait antérieure 
ment observé ou avancé sur les parties les plus impor-* 
tantes de leur sujet, tandis que plusieurs passages sont 
évidemment copiés et que toute la description de l’état 
primitif et du développement de l’ovule est littérale- 
ment traduit de l'essai de Camerarius. Geoffroy le jeune 
ne cite pas même la publication antérieure de, son frère , 
dont il est manifeste que son propre Mémoire est’ tiré 
en grande partie, | 

En 1718, Vaillant (3), qui jette l'hypothèse vermi- 
eulaire de Geoffroy sur la génération , FLD que 


(1) Queæst. medie. an hominis primordia vermis ? — Tract, de Mat. 
med. ; tom. 1, p. 123. 


G) Mem. Acad. Sc. Paris ;1711,p. db: . 
(3) Disc, sur la structure des. Fleurs , p: 20. 


+ “LT 7! 


en  - 


( 219 ) 
l'influence du pollen réside dans une aura, transmise 
par les vaisseaux du style aux ovules ; où elle pénètre, 
si je le comprends bien, par le cordon ombilical. En 
même temps il paraît admettre l'existence d’une ouver- 
ture dans ‘son enveloppe. 
. En 1745 Needham (1); et Gleichen (2) en 1970, 
adoptent l'hypothèse de Morland, quelque peu modifiée 
cependant, en ce qu'ils considèrent les particules des 
grains de pollen, etnon ces grains eux-mêmes, comme 
étant ces embryons, «et qu'ils les font pénétrer dans 
les ovules par le cordon ombilical, 

Adanson (3), en 1763, établit que l'embryon existe 
avant la fécondation , et qu'il reçoit sa première excita- 
tion d’une vapeur ou aura, qui, venant du pollen, Jui 
est transmise par les vaisseaux du style et entre dans 
l’ovule par le cordon ombilical. 

Spallanzani (4), qui paraît avoir examiné avec soin 
l'ovule non imprégné dans une variété considérable de 
plantes ; a trouvé que c’est en général un corps homo- 
gène, spongieux ou gélatineux ; mais que dans deux 
cucurbitacées il se compose d’une amande enveloppée 
de trois tuniques. Il suppose avec raison que la plus 
extérieure de ces tuniques n’est autre chose que l’épi- 
derme de la membrane moyenne ou test. Quant à la di. 
rection de ce test relativement à la tunique interne ül. 
n'y prend pas garde, et ne mentionne:en aucun cas.au- 
eune ouverture dans J’ovule. . 


_ (x) Wew microscopical discoveries , p. 60. 
"(27 Observ.miarosc. p.45 et 61, Ç exviur. 
(3) Fam, des Plant. , vol. 1, p. 121, 
(4) Fisica anim, e veget., tom, 1x , p. 809-332, 


( 220 ) 

Gœrtner , qui , dans la préfacede ‘son célèbre ouvrage, 
déploie une grande érudition sur chaque branche de son 
sujet, peut cependant à peine être considéré comme au- 
teur d'observations originales sur celui de l’ovule. Il le 
décrit comme étant avant l’imprégnation un globule 
pulpeux homogène , dont l’épiderme, qu’on distingue 
alors à peine, se sépare à une époque plus avancée et 
devient le test de la graine : la membrane interne de 
celle-ci serait entièrement le produit de la féconda- 
tion (x). Il assure encore que l'embryon commence cons- 
tamment à paraître à ce point de l’ovule où les dernières 
ramifications des vaisseaux ombilicaux percent la mem - 
brane interne , et prend ainsi faussement le sommet de 
l’amande pour sa base. 

En 1806 M. Turpin (2) publia un Mémoire sur V'or- 
gane par lequel le fluide fécondant est introduit dans 
l'ovule végétal. La substance de ce Mémoire est : que 
dans toutes les plantes phanérogames , la fécondation a 
lieu au moyen d’un cordon ou faisceau vasculaire qui 
perce la membrane externe de l’ovule à un point dis- 
tinct de l’ombilic , mais extrêmement rapproché de lui 
à l’époque de la fécondation ; et il donne à la cicatrice de 
ce cordon , qui ne tarde pas lui-même à s’oblitérer , le 
nom de micropyle : que l’ovule a deux tuniques ayant 
chacune son ombilic , ou , pour me servir de ses expres- 
sions, son omplialode particulier ; que ces tuniques ont 
en général la même direction ; que plus rarement celle 
de la membrane interne est en sens opposé de celle de 


(1) Gœnrver, De Fruct., 1, p.57, 5get6r, ‘- 
(2) Ann. du Mus. d'Hist. nat, , Vi p.199. 


1 231 ) 


l’externe; et que c'est vers l’origine de la première de 
ces membranes, que se dirige constamment la radicule 
de l'embryon. 

Il est singulier de voir sur un tel sujet un botsiilst 
aussi ingénieux et expérimenté que M. Turpin , au lieu 
d’avoir recours à l’examen de l’ovule non imprégné, se 
comtenter de celui dela graine mûre. C'est là cependant 
ce qui lui a fait concevoir une opinion erronée sur la 
mature et l’origine, et dans quelques plantes sur la si- 
tuation du micropyle même; c’est là aussi pourquoi il a 
dans tous les cas pris à tort le sommet pour la base de 
l'amande. 


Il ne paraît pas qu'un examen minutieux de l’état 
primitif de l’ovule fût entré dans le plan du célèbre 
Richard , lorsqu'en 1808 il publia son estimable et ori- 
ginale analyse du fruit. L’ovule, selon lui , n’a qû’une 
enveloppe unique, que dans la graine mûre il nomme 
épisperme. I] considère le centre du hile comme la 
base de la graine, et la chalaze, lorsqu'elle existe, 
comme sôn sommet naturel. 


M. Mirbel (en 1815), quoiqu'il admette l’existence 
de l'ouverture ou micropyle du test (1), décrit lovule 
corame recevant par le hile à la fois ses vaisseaux nour- 
riciers et fécondans (2), et comme composé d’un pa- 
-renchyme homogène dans lequel l'embryon se montre 
d’abord sous l'apparence d’un petit pôint, puis peu à 
peu convertit plus ou moins complètement en sa propre 


en] 


(x) Elém. de Phys. végét. et de Bot. » 15Pe 49. 
(2) Idem , 1, p. 314. 


<! 


( 222) 

substance le tissu environnants la portion qui reste ; à 
forme les tuniques et l’albumen de la graine (r). 

Dans la même année M. Auguste de St.-Hilaire (>) 
montre que le micropyle n’est pas toujours rapproché 
de l'ombilic; que dans quelques plantes il est situé. à 
l'extrémité opposée de l’ovule, et que dans tous les cas il 
répond à la radicule de l'embryon. En même temps cet 
“excellent botaniste adopte l’opinion dé M. Turpin que 
le micropyle est la cicatrice d’un cordon vasculaire; et 
même il donne des exemples de sa connexion avec les 
‘parois de l'ovaire. Il prend , à ce que je crois , pour une 
adhérence originaire ou pour une connexion organique 
que je n’ai pu rencontrer en aucun, cas, un simple con- 
act qui a incontestablement lien dans quelques plantes, 
et. notamment d’une: manière. fort remarquable , mais 
.seulement à une ceriaine époque ; dans une ‘fille * 
celle des Plumbaginées. ù | 

: En 18:15 aussi, parut la savante Re du pro- 
fesseur L.-C. Tréviranus , sur le développement de l’em- 
bryon végétal (3). 11 y décrit l’ovule avant la fécondation 
comme revêtu de deux tuniques. Mais de celles-ci, sa 


L 


tunique i interne est évidemment la membrane moyenne 
de Grew , le chorion de Malpighi , ou ce que j'ai appelé 
amande. 

En 1822, M. Dutrochet , qui ne ans rs ou ce 
qu'il paraît la dissertation du professeur Tréviranus : 
publia ses observations sur le même sujet (4). En ce 


(1) Id. doc. cit. 

(2) Mém. du Mus. d'Hist. nat. , 11, p- an et suiy. 

(3) Enrwicx, Des Embryo im Pflanzen-Ey. 

(4) Mém. du Mus. d'Hist. nat., wru ,p. 241 et suiv. 


( 223 ) 
qui regarde la structure de l’ovule, il est essentiellement 
d'accord avec cet auteur, et de même que bof n'a de 
aperçu la membrane imérne. 

Il est remarquable qu'aucun de ces deux observateurs 
n'ait signalé l'ouverture du test : et comme ils né font 
pas même mèntion des-essais bien connus de MM.-Tur- 
pin et Auguste de Saint-Hilaire sure micropyle , on peut 
présumer qu ils n’adaptent pas ce que ces auteurs 
avaient établi à cet égard. 

Le professeur Link dans sa Philosophia botanica pu- 
bliée en 1824, adopte la description donnée par Tré- 
viranus dés tuniques de l’ovule avant l’imprégnation (r); 
et celle de M. Turpin quant à la situation du miéropyle 
et sa formation résultant de la cicatrice d’un cordon vas- 
culairé. Il ne semble pourtant pas admettre la fonction 
. qu'il lui attribuait , et assure qu'il os dans beauz 
coup de cas (2), | 
La description que j'ai donnée de la structüre de l'o- 
vule végétal diffère essentiellement de toutes celles que 
je viens de citer; et je n’ai connaissance d'aucune autre 
observation importañite qui ÿ aït rapport. 

Des auteurs mentionnés , on peut remarquer que ceux 
qui ont porté leur principale attention sur l'extérieur de 
l'ovule, ne l'ont pas toujours examiné à une époque 
assez reéculée ; et se sont arrêtés à sa surface : que ceux 
qui ont le plus minutieusement étudié sa structure inté- 
rieure , se sont trop fiés aux sections seules et ont né- 
sligé sa manière d'être extérierement , et ci ceux De 


du à à à à 


Pa so! 


(x) Elem. phil. bot. , p. 338. 
(2) dem , p. 340. 


(224) 

nel’ont pas examiné du tout à son premier état ont donné 
la description la plus correcte de sa surface. Cette des- 
cription était fondée sur une observation fort bornée de 
graines müres, généralisée et étendue à l’ovule non- 
imprégné, en rapport avec une hypothèse reçue alors 
très - communément. Maïs cette hypothèse ayant été 
bientôt, après abandonnée ; on rejeta avec elle ce qu’ils 
ayaient établi relativement à l’ovule._ 

Dans l’ovule du Kingia la membrane interne est en 
sens inverse de l’ombilie externe; et c’est là , comme je 
l'ai déjà observé , quoique M. Turpin avance précisé- 
ment le contraire, la structure ordinaire de l'organe. Il 
y a cependant quelques familles dans chacune.des deux 
grandes divisions des plantes phanérogames , où la mem- 
brane interne et conséquemment l'amande a la même di- 
rection que Je test. Dans ces cas l’ombilic externe ins 
dique seul la situation de l'embryon futur, di) 

C’est une conséquence manifeste de ce qui a déjà été 
établi , que la radicule de l'embryon ne peut jamais re- 
garder directement l’ombilic externe ou hile, quoique 
les plus célèbres carpologistes aient case que c'est le cas 
le plus général. 

On peut faire une autre observation qui se déduit 
moins, évidemment de cette: structure telle que je l'ai 
exposée, mais quiest de même en contradiction avec 
beaucoup de descriptions et figures de graines publiées , 
savoir : que jamais la radicule n’est renfermée absolu- 
ment dans l’albumen ; mais, à l’état récent ;: ou bien 
qu’elle est immédiatement en contact avec la membrane 
interne de la graine , ou bien que ce contact est établi 
au moyen d’un prolongement ordinairement très-court , 


25) 

mais quelquefois d’une grande longueur, et qui d'ail. 
leurs dans tous les cas peut être regardé comme un al- 
longement de sa propre substance. J'ai rencontré une 
déviation apparente de cette règle, maïs dans un cas 
du reste tellement particulier, qu’on peut à peine la con- 
sidérer comme y faisant exception. 

Il est nécessaire d'observer que je connais des excep- 
tions à la structure de l’ovule telle que je l’ai décrite. 
Dans les Composées ses tuniques semblent être im per- 
forées et à peine séparables' soit l’üne de l’autre , soit 
de l’amande. On ne peut donc dans cette famille juger 
de la direction de l'embryon que d’après les vaisseaux 
du test (1). Dans le Zémna j'ai trouvé ‘une inversion 
apparente de l'embryon relativement au sommet de l’a- 
mande ; cependant il existe dans ce genre des particu- 
Jarités de structure et d'économie telles , que je considère 
l'exception dont il s’agit , quelque paradoxale que cette 
assertion en paraître , que je la considère, dis-je , 
comme propre à fortifier plutôt “a à afaiblir drstisd 
tance du caractère. 

Peut-être est-il superflu de faire observer qué le raphé 
ou cordon vasculaire de l’ enveloppe extérieure appar- 
tient presque toujours au côté de l’ovule qui regarde le 
placenta. Mais c’est une chose au moitis digne de re- 
marque. que le petit nombre d’exceptions apparentes à 
cette règle , tendent évidemment dans le fait à la cont 
firmer. De ces exceptions les plus notablés se rencon- 
trent dans ces espèces d'Ævonymus) qui, contre la 
structure habituelle du genre et de la famille à laquelle 


(1) Linn. Societ. Transact., xu, p. 136, 
VIE, 15 


( 226 ) 


elles appartiennent, ont des ovules suspendus ; et, comme 
je l'ai depuis long-temps signalé, dans les ovules fertiles 
de l’Æbelia (1).. Dans ces plantes.et dans les autres cas 
où le raphé est en dehors , c’est-à-dire sur le eôté de la 
graine le plus distant du, placenta , les ovules sont réel- 
lement résupinés : disposition apparemment essentielle 
à leur développement. 

Les origines distinctes et les pt différentes des 
vaisseaux nourriciers et du canal par lequel la féconda- 
tion se fait dans l’ovule, peuvent encore être vues à la 
maturité dans plusieurs de ces graines qui sont ailées et 
présentent au placenta soit leur bord , comme dans des 
Protéacées , soit le plan de leur aïle à angle droit, comme 
dans quelques Liliacées. Ces organes sont visibles aussi | 
dans quelques-unes de ces graines qui.ont leur test pro- 
longé aux deux extrémités au-delà de, la membrane in: 
terne, dans celles du Vepenthes par exemple, : structure 
qui prouve que c'est réellement un test que l'enveloppe 
extérieure de ces graines dites scobiformes, et. mon 
un arille, comme on l'avait souvent appelée. 

Par ce qui a été dit, on, voit. déjà assez clairement 
combien il importe d'établir une distinction entre les 
membranes de V'ovule non imprégné, et les membranes 
de la graine mûre. Mais cette distinction a été nécessai- 
rement négligée par deux classes d’observateurs : la pre- 
mière composée de, ceux ai ont. regardé les M est 
ce go sp quelqueseuns Fr ous PGI D. 
gistes,: la seconde , comprend, ces auteurs qui, se propos : 


_ 


(1) Aves, China, p. 377. 


(227) 
sant de faire connaître l’ovule même , ont néanmoins fait 
leurs observations principalément ou uniquement sur la 
graine müre ; dontils doivent en conséquence avoir sup- 
posé que les tuniques menrag ripares antérieurement. à 


l'imprégnation. 


On pourrait peut-être laisser ici entièrement de côté 
la considération del’ arille, qui se présente rarement , 


mes jamais complet et dont le développement a lieu 


principalement après la fécondation. C’est néanmoins un 
fait digne de remarque, que, dans le premier âge de 
lovule , cette enveloppeest à peine visible; mêrne quand 
ellé doït atteindre dans la graine mûre (de V Æibbértia: 
volubilis par exemple) sa plus grande taillé : et, däns 
aucun, cas que je sache, elle ne couvre nd vu du 
tést , si ce n’est après la fécondation. | 
Le test ou enveloppe. extérieure: dé. la: graine est. en. 
général formée.par la membrane extérieure. de Fovule, 
et: dans beaucoup. de cas où l’amande est renversée ; ce! 
qui. est la disposition la plus ordinaire ;; son onigme péut 
être déterminée d'une manière satisfaisante ;: soit: par le 
bile qui. est plus où moins latéral ; tandis -qué Fouiver: 
ture est terminale ; soit, avee plus de. facilité.et dé cer: 
titude , par le raphé., toutes. les fois: qu'il -est-visihle ; 
puisque ce faisceau vasculaire appartient généralement 
à la tunique externe de l’évule., La chalaze ( dans l'ae-- 
ception propre de:ce mot.) , quoiqu'elle.soit simplement 
la terminaison du raphé ; fournit pourtant un céractère: 
moins, certain ; car dans beaucoup. de plantes elle. est à 
peine visible sur la surface extérieure du test, mais est 
intimement unie avec l’aréole d'insertion de la mem- 
brane interne ou bien de l’amande, et alors elle semble 


( 228 ) 

appartenir entièrement à l'une ou V'autre de ces deux 
parties. Quant aux cas où le test a la même direction 
que l’amande ; je we connais aucun “caractère qui le fasse 
distinguer d’une manière absolue de la membrane in- 
terne dans la graine müre. Mais comme ontéonnaît déjà 
un petit nombre de plantes dans lesquelles la membrane 
externe est originairement incomplète , son absence to- 
tale, même avant la fécondation , peut se concevoir ; 
et quelques cas POraDIes d’une-telle structure seront 
mentionnés plus tard. 1? 

On a plusieurs exemples , parmi lesquels j’en ai fourni 
plusieurs dans une publication antérieure (x), de l’oblité- 
ration complète du test dans la graine müûre. D’un autre 
côté il paraît constituer la plus grande portion de la sub- 
stance des graines bulbiformes de plusieurs Liliacées, où 
sans doute il remplit aussi la fonction de l’albumen, dont 
cependant on le distingue aisément par son tissu vascu- 
laire (2): Mais la déviation la plus remarquable que je 
sache de la structure et de l’économie habituelle de la 
membrane externe de l’ovule , tant dans le premier âge 
que dans le fruit mür, se rencontre dans le Banksia et 
dans le Dryandra: Dans ces deux genres j'ai constaté que 
la membrane interne de l’ovule avant la fécondation est 
entièremeni à nu, la membrane externe étant alors ou- 
verte dans toute sa longueur, et que les mémbranes ex- 
ternes des deux ovules collatéraux qui sont originaire- 
ment distinctés, s'unissent à une époque plus avancée 
par leurs surfaces correspondantes ; et constituent en- 


(1) Linn. Soc. Trans. , At, P- 149. 
(2) Zbid. 


(229 ) 
semble la.cloison-anomale de la capsule. La membrane 
interne: de l’ovule forme alors ‘eu conséquehce! Fe 
Joppe extérieure de la graine, : É 210% PR pti 
Cependant la membrane-intèrne de l’ovule parait en 
per avoir plus d'importance en tantique liée à l'acte 
de la fécondation ; qu’en tant que: destinée à protéger 
l’amande à une période plus avancée. Car dans beau- 
coup de cas , avant l’imprégnation , son sommet perforé 
se prolonge au-delà de l'ouverture du test ; et dans quel- 
ques plantes ilrevèt- l'apparence d'un stigmate obtus ou 
même dilaté, tandis qué souvent dans la graine: müûré , 
ou bien cette membrane est entièrement oblitérée ,; ou 
bien elle ‘existe seulement, sous, la forme d’une pelli- 
cule mince qu'on pourrait prendre à tort pour Fépiderme 
d’une troisième membrane qui aléps s ‘observe my ouei 
ment. .| Eu | | Ÿ 
Cette tr PR ARS RACE est formée par F maté 
propre ou pellicule de amande , de la substance de la- 
“quelle on n'aurait jamais-pu; je crois, la séparer dans 
l'ovule non imprégné, et ilest même très-rare qu’elle soit 
visible dans celui-ci. Dans la graine müre on la distingue 
de la: membrane interne seulement par son sommet qui 
est toujours dépourvu de toute ouverture , généralement 
aigu , plus foncé.en couleur ou même sphacelé. 

. La membrane de l’amande constitue ordinairement la 
tunique la plus inWriourg de la graine. Mais dans un 
petit nombre de plantes il existe de plus une tunique ad- 
ditionnelle qui paraît tirer son origine de la membrane 
interne de Grew ; c'est la vesicula colliquamenti, ou 
amnios de Malpighi. à | 

En général l’amnios , après la fécondation, s'étend. 


( 230 } 

graduellement jusqu’à ce qu’enfin il déplace où absorbe 
toute la substance de l’amande , renfermant dans la graine 
müre à la fois l'embryon et l'albumen ; quand ce der- 
pier continue à exister. Dans ces cas cependant , sa mém- 
_ brane propre est communément oblitérée et remplacée 
soitpar celle de l'amande ou par la tunique interne de 
l'ovule ; soit , lorsque toutes deux pren #4 le 
test lui-même. 

! Dans d'autres cas l'albumen est formé par ün dépôt 
de matière granuleuse dans les cellules de l’amande. 
Dans quelques-unside ées cas , lamémbrane de l’amnios 
semble être persistante ; formant même dans la graine 
mûre une turique propre pour l'embryon ; dont la ra- 
dicule peut aussi conserver son adhérence primitive 
avec le sommet de cette tunique. Voilà du moïns quélle 
me paraît être l’explication la plus probable de la strue- 
ture (des vraies Nymphéacées , savoir : des genres Nu- 
phar, Nymphea, Euryale, Hydropeltis x Cabomba , 
malgré leur mode très-remarquable de germination tel 
qu'il a été observé et figuré dans le + A et: 1 
Nuphar par Tiviman (x). 

À ac PE de cette explication, qui diffère de toutes 
celles qu'on a données jusqu'ici , je peux citer ici wne ob- 
servation publiée depuis un ‘assez grand nombre d’an 
riées ; quoiqu’ellesemble avoir échappé à tous les auteurs 
qui-ont écrit depuis sur le même sujet : c’est, qu'avant 
la maturité ‘de la graine dans les Nymphéavées , le sac 
qui enveloppe l'embryon contient avec lui une substance 
pulpeuse ou demi-fluide , que j’appelai witellus , nom 


xs. | 


(1) Keimung der Pflanzen , p. 19 et 27, tab. 3 et 4. 


| ( 535 ) 

qué j'appliquais alors à tout corps intérposé entre l’at- 
bümèn et l'embryon (1). Cette opinion sé wouve éncoré 
cotifirinée par l’existènce d’un filanent extrérenient fit 
(qu’on n'avait pas encore aperçu } , lequel , né du céntré 
dé la face inférieure du sac et traversatit l’axé creux dé 
l'albumen , réunit probablement à une époqué peu 
avancée obtes x ge dé l’e pape ini avec là basé de 
l'amande. 

On expliquerait a la mème manière là structure des 
graïnes des Pipéracéés et du Saururus ; et l'on rénconire 
d'autrés exemples de la pérsistace, soit de la meth- 
bratie , soit dé la substance de l’amnios dans la graine 
mûre. RAA NT AS Ad | 
+ On peut conclure de tous tes détails que j'ai donnés 
sai la suucturé de l'ovulé, que les changemiens les plus 
importans éohsécutifs à la fécondation réelle où mèite 
fasse , doivent avoit lieu dans l’amande ; et que l’albu- 
men (dans l’acception propre du mot) peut se former 
par un dépôt ou une sécrétion de matière granuleuse 
dans les utricules : soit del amnios , soit de l'amande 
même , ou encore qué deux subétances ayant ces origines 
distinctes et des textures très-différentes peuvent exister 
simultanément dans la graine müré, comme c’est pro- 
baäblément le cas dahé lès SéMlminées. 

Au sujet dé l’ovule , ébnsidéré comme contenu dans 
un ôvairé , jé ne ferai pour l'instant qu’une seule autré re- 
marqué qui forme une introduétion nécessaire aux ob- 
servations suivantes , sur la structure de la fleur fe- 


melle dans les Cycadées et les Conifères, savoir : que 


(x) Prodr. Flor, Nov.-Haoll. , 1, p. 306, 


(232) 

le, sommet de l’amande est le point de l'ovule où lim 
prégnation a lieu, c'est ce, qui est au moins extrème- 
ment probable , et d'après l’apparition:constante de l’em- 
bryon à ce point, et d'après la direction très -généra- 
lement inverse de l’amande : car cette inversion amène 
son sommet à-peu-près ou absolument en contact avec 
celte partie des parois de l'ovaire , par laquelle on peut 
supposer qu'est transmise l'influence du pollen. Cepen- 
dant dans quelqués-unes de ces familles de plantes où 
l'amande n’a pas une directioninverse et où les placentas 
sont polyspermes( commeles Cistinées (x) ), il est difficile 
de comprendre de quelle manière cette influence peut 
atteindre son sommet extérieurement; et on ne peut 
l'expliquer que par la supposition , qu’on ne doit pas 
admettre à la hâte , d’une aura ou émanation imprégnante 
qui remplirait toute la cavité de l'ovaire , ou par des tubes 
fécondans entièrement séparés des placentas , mais que 
dans ces cas je n'ai jamais PA découxrir, * 


Sur La Structure dela fr femelle dans Les Crcadées 
et les Conifères. 


On ferait entièrementdisparaître les doutes qui peuvent 
exister relativement au point d’imprégnation, si l'on 
trouvait quelques cas dans lesquels l'ovaire manquät tout- 
à-fait, ou bien fût formé si imparfaitement que 4 ovule 
devint lui-même directement exposé à l’action du pollen 


oudeses particules (2);son sommet aussi bien que l’orifice 


(1) R. Broww, /n Hooc. Flor. scotic:; p: 284: 
(2) M. ic leur donne , d’après Martyn , lenom de Fovilla. 


Si (233), 
_de‘sori enveloppe immédiate étant alors modifiés et dé- 
véloppés de manière à s'adapter à cette économie. 

:! Telle est, à ce que je crois, l'explication véritable 
" de la structure des Cycadées ; des Conifères , de VE= ! 
Phedra et même du Gnetum der le Thoa d’Aublet est 

une espèce. 

- On fera disparaître: l’objection ji plus formidable à 
cette manière de voir, si l’on admet , conformément aux 
observations précédentes , que le sommet de l’amande 
ou: le point supposé d’imprégnation n’a pas de connexion 
organique aveciles parois de l'ovaire. On pourrait aussi 
l'appuyer , en ce qui regarde l’action directe du pollen 
sur l’ovule, d'exemples nombreux d’une si 

: sua sd dans le règne animal. | 

: La ressemblance de la fleur femelle dans # Cycadées 
et les Conifères avec l’ovule des autres plantes phanéroz 
games , tel que je l'ai décrit, est réellement assez ma- 
nifeste pour que lopinion avancée ici ne semble pas 
tout-à-fait improbable. Mais la preuve de sa justesse doit 

principalement reposer sur la ressémblance , dans tous 
les points essentiels , établie entre le corps central de la 
prétendue fleur femelle deces familles, et amande des 
oyüles qui présentent la structure habituelle ,set cela 
non-seulement dans le premier âge, mais aussi dans 
toute la série de changemens. consécutifs à la féconda- 
tion. Or, je trouve un accord presque'complet dans tous 
ces points ; d’après les observations que j'ai pu faire 
jusqu’à présent : quoique pourtant ces observations sur 
un sujet naturellement diflicile, et qui n’ont été dirigées 
par mon point de vue actuel qu’à une époque assez ré- 
cente) ne me satisfassent pas encore complètément. :_: 


(254 ) | 

Les faits qui se présenteront le plus vraisemblable 
ment comme des argumens contre cetté manière d’envi- 
sager les Conifères, sont : la surface du sommet de la 
prétendue amande qui dans la plupart des cas est inégale 
et le siége apparent d’une sécrétion ; son prolongement 
occasionel par -delà l’orifice de l’enveloppe éxterne, 
son adhérence à cette enveloppe par une portion consi- 
dérable de sa surface , et la division assez fréquente de 
l’orifice. Peut-être cependant la plupart de ces particu- 
larités de structure pourraient-elles venir au contraire à 
l'appui de l'opinion avancée plus haut , puisqu'elles sem- 
blent autant de modifications au moyen desquelles ces, 
parties s'adaptent à l’économie supposée. | 

Il est un fait qu’on ne songera guères à objectér à 
cette opinion et qui pourtant me paraît présenter une 
difficulté; c’est, dans les Cycadées et dans la plupart 
des Conifères ; la structure de l’ovule composé seule- 
ment d’une amande et d’une tunique , structure com- 
parativement plus simple qu’elle ne se préseute ha- 
bituellement lorsqu'il est renfermé dans un ovaire. 
Le défaut d’uniformité à cet égard pourrait mème être 
mis en avant comme une autre difficulté : dans quel- 
ques genres de Conifères en effet, nes: paraît être 
complet. | 10 

Il est vrai que dans l’£phedra , oùl nids est pour- 
vue de deux enveloppes, ilest possible de supposer l’ex- 
térieure analogue au calice ou involucre de la fleurmäle, 
plutôt qu’appartenant à l’ovule. Mais dans le Gnetum, 
. où il existe trois enveloppes , deux d’entre elles doivent 
très:probablement être regardées comme des tuniqnes 
de l’amande : tandis que dans le Podocarpus et le Da- 


( 235 ) 

crydium , ;ce que j'ai appelé autrefois (1) cupule exté- 
rieure , peut aussi être considéré comme le test de l’o- 
vule. A cette dernière opinion , quant à ce qui regarde 
de Dacrydium , on peut objecter la fente longitudinale 
de l'enveloppe extérieure dans le jeune âge , et son état 
danse fruit mûr qu’elle ne recouvre que partielle- 
ment (2). Mais ces objections se trouvent puissamment 
écartées par la structure analogue a décrite dans le 
Banksia et le Dryandra. | 

: ba pluralité d'embryons qu’on rencontre sersliialt:, 
dans les Conifères, et qui dans les Cycadées semble 
même être la structure naturelle, paraîtra’ peut-être 
fournir une objection contre l'opinion que je présente, 
quoique pour moi ce soit plutôt un argument en sa 
faveur. vais 
Tout examiné, les objections auxquelles est encore 
exposé le point de vue sous lequel je considère ici la 
structure de ces deux familles , me paraissent , autant 
que je les connais , beaucoup moins importantes que 
celles qu’on peut opposer aux autres opinions'qui ont été 
avancées , et qui divisent encore les botanistes sur €e 
même sujet. is 104 
: Suivant la plus ancienne de Ces opinions ; la fleur fe- 
melle des Cycadées et des Conifères est un pistil monos- 
perme, dépourvu d’enveloppeflorale qui lui soit propre. 

Cependant le Pin lui-:mème fut long-temps considéré 
par plusieurs botanistes ; comme formant une exception 
à cette structure. 


Lu 


(1) Funoens’s, Voy, at, p. 578. 
(a) Id. , loc. cit. : 


(236) 

Linné s’est exprimé si obscurément dans le caractère 
naturel qu'il a donné de ce genre , que je trouve difficile 
de déterminer quelle était réellement son opinion sur 
sa structure. Je suis cependant porté à croire.qu'elle se 
rapprochait de la vérité beaucoup plus qu’on ne le suppose 
généralement , etc’est ce que je juge d’après une-compa- 
raison. de son caractère artificiel du genre, ainsi que 
d’après une observation mentionnée dans ses Prælec- 
tiones , publiées par Giseke (1). 

Maïs la première description claire de la structure du 
Pin que j'aie rencontrée , quant à ce qui regarde la di- 
rection, c'est-à-dire la base.et le sommet des fleurs fe- 
melles , est donnée (en 1767) par Trew , qui les ca- 
ractérise de la manière suivante : « Singula semina vel 
potiùs germina stigmate tanquàm organo fœminino 
. gaudent (2), et sa figure de la fleur femelle du Melèze , 
dans laquelle les stigmates se prolongent au-delà de la : 
base de l’écaille, ne permet de conserver aucun doute 
sur sa pensée. 

En 1789, M. de Jussieu, FR le éiacals de son genre 
Abies (3), donne dé sa structure une description analo- 
gue, quoiqu’exprimée d’une manière un peu moins-claire 
et moins positive. Dans les observations qui suivent, il 
suggère , comme n'étant pas dépourvu de toute proba- 
bilité, un point de vue entièrement différent , fondé sur 
une analogie supposée avec l’Æraucaria , dont la.struc- 
ture n’était alors pas bien comprise : savoir ; que l’é- 


(1) Praæl. in Ord. nat. , p. 589. MAT RTS 
(2) Wov. Act. nat. curios,, nr, pe 458 , tab. 13 ; fig: 23. 
(3) Gen, plant., p. 414. 


(237) 
caille interne du chaton femelle est un ovairé biloculaire, 
dont l’écaille externe est le style. Mais c'était là aussi, 
selon sir James Smith (1), l’opinion de Linné : c'est 
celle qui a été adoptée dans la splendide Monographie 
de ce genre , publiée én 1803 par M. Lambert: 

La mème année où parut l'ouvrage de M. Lambert, 
Schkuhr (2) décrit et figure très-distinctement la fleur fe- 
melle du Pin , exactement telle que l’avait conçue Trew, 
dont il ignorait probablement l'opinion. 

En 1807, M. Salisbury (3) publia sur ce sujet un Mé- 
moiré, où il donne de la structure en question une 
description qui ne diffère en aucun point important de 
celles de Trew et de Schkubhr, dont il ne sp pas 
avoir connu les observations. | 

M. Mirbel , en 1809 (4), professa la même opinion, 
tant à l'égard du Pin, que sur la famille entière. Mais 
en 1812 , conjointement avec M. Schoubert (5) , il pro- 
posa une explication très-différente de la structure des 

* Cycadées et des Conifères , établissant que dans leurs 
fleurs femelles on trouve non-seulement un petit pé- 
rianthe adhérant , maïs de plus une enveloppe extérieure 
accessoire , à laquelle il à donné le nom de cupule. 

En 1814 j'adoptai cette manière de voir, du moins en 
ce qui regarde le mode d’imprégnation, et j'avançai 
quelques faits en sa faveur (6). Mais en considérant de 


Las 


(r) Rees’s, Cyclop., art. Pinus, 

(2) Botan. Handb. , 111 , p. 276, tab. 308. 

(3) Linn. Societ. Trans., vu1 , p.308. 

(4) Ann. Mus. Hist. nat. , xv, p. 473. 

(5) Nouv. Bull. des So. ; 1, p.73, 85-et rar. 
(6) Fumorrs’s, Foy., 11, p. 572. 


( 238 ) 


nouveau ce sujet , relativement à ce que j'avais établi ai 
sujet de l’ovule végétal, je ne tardai pas à abandonner 
tout-à-fait cette opinion , sans me hasarder cependant à 
mettre expliciesnens en avant celle qui est exposée ici 
et que j'avais alors conçue (1). 

On sait bien que feu M. Richard avait préparé: un Mé- 
moire de grand prix sur ces deux familles ; et ,. d’après 
quelques observations récemment publiées par son fils 
M. Achille Richard (2), il paraît s’être formé sur leur 
structure une opinion un pew différente de celle de 
M. Mirbel, dont la cupule est , selon lui , le: périanthe 
plus ou moius adhérant au pistil qu’il renferme. I] fut 
probablement conduit à cette manière de voir par un 
fait , dontje m'étais déjà assuré , savoir : que le caractère , 
communément reçu de l Ephedra estincorrect (3), qu'en 
effet son prétendu style est réellement le. sommet pro- 
longé en tube d’une enveloppe membraneuse, et le corps 
qu’elle contient évidemment analogue à celui ana pré- 
sentent les autres genres de Conifères. | 

Parmi les opinions les plus récentes de.celles gna ai 
citées ici, celle qui considère la fleur femelle des Co- 
nifères et des Evcadées comme un pistil nu , est sus- 
ceptible de deux objections principales: L'une de ces 
objections .consiste dans la perforation de ce pistil, et 
dans l’exposition de ce point de lovule où l'embryon, 
est formé à l’action directe du pollen; l’autre dans la 
trop grande simplicité de structure de l’ovule prétendu , 


(1) Tucxev’s, Congo, p. 454, et Linn. Soe. Thann ATP A. 
(2) Dict. class. d’Hist, nat. ,xv, p.395 + Vip 216: 
(3) Dict, class. d'Hist, nat, , v1, pe 208. 


à 

| ( 239 )- 

‘qui, d’après ce que j'ai montré , présente bien plus de 

_ ressemblance avec l'amande se qu'elle existe habi- 
| tuellement. 

De ces objections , la première ne peut s'appliquer 
aux opinions de MM. Ricliard et Mirbel ; mais la se- 
conde acquiert un nouveau poids , suflisant , à ce qu’il 
me semble , pour rendre ees opinions beaucoup moins 
probables que celle que j'ai tâché de soutenir. 

En supposant cette opinion admise comme étant la 
vérité , il resterait encore une question liée avec elle et 
de quelque importance , savoir : si dans les Cycadées et 
les Conifères les ovules sont produits sur un ovaire ré- 
duit dans ses fonctions et altéré dans sa forme , ou bien 
s'ils le sont sur un rachis ou réceptacle ; ou en d’autres 

mots; pour employer le langage d’une. hypothèse, 
qu'avec quelques modifications j'ai autre part (1) tâché 
d'expliquer et de défendre relativement à la formation 
des organes sexuels dans les plantes phanérogames , siles 
ovules de ces deux familles naissent sur une feuille mo- 
- difiée ou viennent directement de la tige. 

: Si j'adoptais la première supposition, celle qui s’ac- 
corde le mieux avec lhypothèse émise dans ce Mémoire, 
je l’appliquerais certainement d'abord au Cycas dans 
lequel le.spadice femelle offre une ressemblance si frap- 
pante avec une fronde ou feuille partiellement altérée,, 
dont les:bords portent des, ovules jusqu’à une certaine 
bauteur, et dont le reste se partage en segmens, presque 
semblables en quelques cas à ceux d’une fais or- 
dinaire. 


VUE" 0e Au 


(1) Linn. os. Trans, , XM1, pe 211. 


( 240 ) 
Or, l'analogie du spadice femelle du Cycas avec celui | 
du Zamia est assez manifeste; et.de ce dernier à l’écaille 
fructifère des vraies Conifères (comme celle des genres 
Agäthis où Dammara, Cunninghamia ,, Pinus’ et 
mème Araucaria ) , la transition n’est pas difficile, Cette 
manière de voir est applicable aussi, quoique moins 
clairement, aux Cupressinées , et pourrait même être 
étendue au Podocarpus et au Dacrydium. Mais la struc- 
ture de ces deux genres admet également une autre ex- | 
plication que j'ai déjà fait remarquer... 1. | 
Cependant, si dans les Cycadées et les Conifères les 
ovules étaient en effet produits sur la surface d’un 
ovaire , on devrait peut-être, ce qui n’est pourtant pas 
une conséquence nécéssaire, s'attendre à trouver leurs 
fleurs mâles différentes de celles de toutes les ‘autres | 
plantes phanérogames , et dans cette différence montrant 
quelqu’analogie avec la structure de la fleur femelle. 
Mais dans les Cycadées au moins , spécialement dans le 
Zamia , la ressemblance entre les spadices mäle et fe- 
melle est si considérable, que si le spadice femelle est 
analogue à un-ovaire ; le chaton partiel mâle doit être 
considéré comme une seule anthère produisant sur sa 
surface soit des grains nus de pollen , soit du pollen 
subdivisé en plusieurs masses munies chacune de sa 
membrane propre. fé 
De ces deux points de vue, l’un et l’autre petite à 
présent paraître également paradoxal : et pourtant Linné 
s'était placé dans le premier; car il s'exprime sur’ ce 
sujet dans les termes suivans : « Pulyis floridus in Cy- 
cade minimè pro Antheris agnoscendus, sed pro nudo 
polline, quod unusquisque-qui unquäm\pollen anthe- 


(241 ) 

rarum in plantis exuminavit fatebitur. » Si cette Opi- 
nion avancée avec tant de confiance par Linné ne fut 
jamais adoptée par aucun autre botaniste , cela paraît 
venir en partie de ce qu’il l’avait étendue aux fougères 
dorsifères. Bornée aux Cyeadées, cependant elle ne 
parait pas si improbable qu'elle mérite d’être rejetée sans 
examen: Deux faits du moins concourent à l’appuyer : 
c'est dans quelques cas, notamment dans les Zamia 
d'Amérique ; la séparation des grains en deux masses 
distinctes et quelquefois presque marginales | représen- 
tant , comme on peut le supposer, les lobes d’une an- 
thère : c'est aussi leur rapprochement en nombre dé- 
fini , celui de quatre en général , analogue à l'union 
quaternaire des grains de pollen qu’on observe assez 
fréquemment dans les anthères de quelques autres fa- 
milles. La taille considérable de ces grains de pollen 
supposés , ainsi que l’épaisseuret la rupture régulière 
de leur membrane , peuvent être considérées comme des 
circonstances liées naturellement à leur production et à 
leur persistance à la surface d’une anthère distante de la 
fleur femelle; et-avec cette structure, on pourrait aussi 
attendre, un développemént en grandeur correspondant 
 dans.lés particulés polliniques. En examinant celles-ci 
cependant, non-seulement je les trouve égales en volume 
aux grains de pollen de plusieurs anthères; mais ellip- 
tiques-et marquées sur un de leurs côtés d’un sillon lon- 
gitudinal ; elles-ont cette forme qui est une des plus com- 
munes dans le pollen simple des plantes phanérogames. 
C'est pourquoi admettre sans autres fondemens que ceux 
qu'on à déjà indiqués , l’analogie de ces particules avec 
selles renfermées dans les grains de pollen, et celle des or- 

Vu. 16 


( 242 ) 

genes qui les contiennent avec cé grain lui-mème tel qu'il 
existe dans les anthères de Ja structure la plus ordinaire ; 
ce serait faire une supposition tout-à-fait gratuite. Il est 
en même temps digne de remarque que cette opinion; 
établie sur des bases plus solides , montrerait l'existence 
d’un développement correspondant dans les parties es- 
sentielles des organes mâle et femelle. Le développement 
plus considérable de l’ovule consistrait moins encore 
dans la forme inusitée et dans l’épaisseur de son enve- 
loppe, partie d’une importance secondaire et sur la nature 
de laquelle on n’est pas d'accord , que dans l’état de Fa- 
mande de la graine , relativement -à-laquelle les opinions 
ne sont pas partagées, et où la pluralité d’embryons , ou 
au moins l’éxistence et l’arrangement régulier des cel- 
lules dans lesquelles ils se forment, est là structure uni- 
forme de la famille. | 

Le sécond point de vue-indiqué , dans lequel on con- 
sidère l’anthère des Cycadées comme produisant sur sa 
surface un nombre indéfini de masses poltiniques ren- 
fermées chacune dans une membrane propre, ne trouve- 
rait d'appui que dans quelques analogies éloignées : par 
exemple, dans la structure de ces anthères dont les 
loges sout subdivisées en un nombre défini où plus ra- 
rement indéfini de cellules , et notamment de celles ne 
étamines du gui. 

Je puis remarquer que l'opinion de M. Richard (1}, 
qui regarde ces grains ou masses comme des anthères 
uniloculaires , dont chacune constitue une fleur mâle ;, 
me paraît offrir des difficultés presqu'égales. 

L’analogie entre les organes mäle et femelle dans les 


.… 
mort 


(1) Dies, class. d’Hist. nat, , v, P: 16. 


HU CAB) l 
Conifères , en admettant l'opinion qui reconnaît l’exis- 
tence d’un ovaire sans parois , ést à la première vue plus 
apparente que dans les Cycadées. Dans les Conifères ce- 
pendant , le pollen n’esticertainement-pas nu ; mais ren- 
fermé dans une membrane semblable-au lobe d’une an- 
‘thère ordinaire, Et dans ces genres où chaque écaille du 
chaton produit seulement deux lobés marginaux (comme 
les Pinus, Podocarpus , Dacrydium, Salisburia et 
Phytlocladus) , il rappelle presque la forme plus gé- 
” nérale des anthères dans les autres plantés phanéro- 
games. Mais la difficulté se présente dans :ces autres 
genres où sur chaque écaille on trouve un plus grand 
nombre de lobes, comme l’AÆgathis et  draucaria où 
leur nombre est considérable et en apparence indéfini , 
et plus particulièrement encore le Cunninghamia. ou 
Belis dans lequel les lobes , au nombre de trois. seu- 
lement , ont avec les ovules non-seulement ce rapport 
de nombre , mais aussi celui de l'insertion et de la di- 
rection. La supposition. que dans ces cas les lobes. de 
chaque écaille sont les cellules d'une seule et même an- 
thère , n est que peu justifiée soit par l'origine et la dis- 
position des lobes eux-mêmes , soit par la structure des 
autres plantes phanérogames. Les seules analogies appa- 
rentes , quoique douteuses , que je puisse à présent me 
rappeler , se rencontraient dans l'Aphyteia et peut-être 
dans quelques Cucurbitacées. ' 
Cette partie de mon sujet qui regarde Livaligie entre . 
les fleurs mâle.et femelle dans les Cycadées.et, les Co- 
nifères , me paraît donc la moins satisfaisante , eu égard, 
tant à la question immédiate de l'existence d'un ovaire 


anomale dans ces familles , qu’à l'hypothèse à laquelle 


( 244) | 
j'ai plusieurs fois renvoyé sur l’origine des organes sexuels 
dans toutes les plantes phanérogames. 


Onsenvarions sur la Larve du Ripiphorus 
bimaculatus; par M. Faniess. 


(Extrait d’une lettre à M. le comte Dejean. ) 


.…. La larve du Ripiphorus bimaculatus (que j'ai né- 
gligé de décriré ou de dessiner ) vit dans la racine de 
l'Eryngium campestre, qu’elle perfore au centre, et 
presque toujours dans le sens vertical, Elle se transforme 
vers la fin de juin, fabrique une coque dela grosseur d’une 
petite noisette , représentant une sphère un peu aplatie à 
sa partie supérieure qui est attachée par une espèce de 
pédoncule au tronc ou à la base des premières ramifca- 
tions de l'Eryngium campestre. Cette coque est constam- 
ment grisâtre et composée de beaucoup d'argile avec très- 
peu de sable ; aussi ai-je remarqué qu'on trouvait assez 
communément cet insecte sur les Eryngium qui croissent 
sur des terrains argileux, tandis qu'il est fort rare dans 
d’autres lieux. Du 1°* au 30 juillet il est transformé ; il 
sort de sà coque par une ouverture ronde qu’il s’est prati- 
quée à Ja partie supérieure, et vient sucer les fleurs de la 
même plante quia nourri sa larve. On ne trouve cet insecte 
que pendant le mois de juillet, très-peu plus tôt, et pres- 
que point plus tard, toujours sur l'Eryngium campestre. 
Pendant trois étés que je l'ai cherché avec soin, je n’en 
ai trouvé que deux individus sur d’autres fleurs, l’un sur 
celles du Daucus carota, et l’autre sur celles de l’'Apium 
petroselinum. La femelle dépose les œufs au collet de la 
racine. Ils éclosent aussitôt que la plante est en sève, 
ce qui a lieu au fnoïis dé mañs. 


(245 ) 


| Essais anatomiques et physiologiques sur. la 
Paname (1); 


Das CranLes #4 


Dans l'impossibilité où nous nous trouyions de tra- 
duire en entier cet ouvrage remarquable , nous ayons 
pensé a il serait pourtant utile d’en faire connaître 
les principaux points d’une manière détaillée, IL. est 
hors de doute que les vues de l’auteur. feront. époque 
dans cette partiede la science , et il est superfix de 
faire remarquer que ses observations sont-:d’un. grand 
intérêt dans les arts d'imitation. C'est à ce double titre 
que nous ayons cru que nos lecteurs nous sauraient gré 
d'une analyse, qui pour le plus grand nombre jpourra 
servir à suppléer rompléteuent l’ouvrage. En-elfet 1outes 
les idées, générales s’y trouvent reproduites , les exem+ 
ples les. plus, remarquables sont textuellement traduits 9 
et dans tous, les cas'où nous étions forcés de. fire des 
suppressions, nous avons cherché à les rendre moins 
sensibles en exprimant la pensée de l’auteur seu age 
forme plus concise. : 

Ce. que nous avons fait pour AS té il nous .a été 
st facile encore .de le faire pour les planches, Nous 
avons reproduit toutes celles qui nous ont paru dignes 
d’atiention , soit par leur fini, soit par leur originalité. 


NUSTES \ 12 PILY 


SRE 


“) Éssays on the anatomy and philosophy of Expression , by 
“Charles Bell. London : John Murray , per etes 1824 ; second 
édition. x vol: in-4e, price, 2 li, 19 sch. 6 d: 


Vi, — Juillet 1826. 17 


(246) 

Quant à celles qui sont copiées et qui n’offrent qu'un 
exemple propre seulement à montrer que les idées de 
l’auteur s'appliquent à tous les’ cas , nous avons cru pou- 
voir les supprimer sans inconvénient notable. Nous 
avons supprimé de même toutes les divisions en cha- 
pitres ou essais , afin de donner à la discussion une forme 
plus liée ‘ét un ensemble plus facile à saisir. 
‘"Taissons maintenant parler l’auteur lui-même. 

” Les Yariations de la physionomie humaine qui accom- 
pagnent les mouvemens de l’âme offrent à l’étude un 
süjet intéressant et facile. Néanmoins, bien que nous 
soyôns éontinuellement à,même d'observer ces signes 
extérieurs d'émotion , nous lesremarquons à peine , jus- 
qu'à ce que recherchant les causes qui les font naître, 
nous essayons de recouvrer nos premières’ PEAR 
et de les raisonner. Comment concevoir qu'un phé- 
nomèné plus familier encore pour nous que ‘notre 
langue mère elle-même, et sans l'existence duquel la 
vie de la plupart des gens seraït indifférente ; n’ait pas 
été mis en rapport avec la philosophie? On'doit l’attri- 
buer probablement à la négligence que l’on met à exa- 
müiner la liaison étroite qui existe entre les opérations 
de l'esprit et celles du corps, et à l’idée très - inexacte L 
que tout ce qui peut être de quelqu'intérêt en anato- 
mie humainé est déjà découvert. Des hommes du mérite 
le plus éminent se sont occupés depuis un si long és- 
pace de temps de la structure des animaux ; qu’on a cru 
pouvoir en conclure qu'il ne restait plus xien à faire 
dans ce genre de recherches. Ceux qui avancent cette 
opinion ne peuvent ignorer que chaque découverte dans 
les sciences ouvre un nouveau champ aux investiga- 


| (247) 
ions , règle qui est spécialement applicable à l’anato- 
mie. En cffet ; aucune branche de nos connaissances ne 
se: trouve aussi étroitement liée aux autres sciences, ni 
aussi généralement dépendante de leurs découvertes.que 
l'anatomie , si nous comprenons par ce.terme la con- 
naissance des fonctions aussi bien que celle de la struc- 
ture des corps animés. | 

Je vois avec peine l'influence que cette opinion exerce 
sur nos jeunes étudians; car elle leur enlève € zèle et 
ces jouissances qui appartiennent à leur âge et, à, leurs 
études. Je ne crains pas de le dire, si celles-ci-étaient 
suivies avec l'attention convenable , elles nous offriraient 
l'espoir d'une moisson .de découvertes .non-seulement 

riche, mais sans cesse renaïssante. | 
L'étude de la structure des animaux doit avoir pour but 
non-seulement ce qui paraît utile; mais elle doit aussi s’é- 
tendre d’une manière indépendante à toutes les ramifica- 
tions qui peuvent faire espérer quelque perfectionne- 
ment dans nos connaissances générales. Nous ne savons 
jamais à quelle conclusion utile les recherches peuvent 
conduire , tandis que nous sommes assurés qu’elles nous 
causeront dans tous les cas une satisfaction intérieure , 
et que si elles ont du succès elles exciteront l'admiration 
et une sorte de louange involontaire. Je pensais autre- 
fois qu'il était nécessaire de préluder par quelques. ex- 
cuses à mes recherches sur l'expression , convaincu que 
j'aurais pu m'occuper plus utilement qu'en me livrant 
à un sujet de pur délassement ; et à présent , si j’acquiers 
quelque réputation pour les rapports nouveaux que j'ai 
eu l’occasion de découvrir ; j'en serai principalement 
redevable aux idées que m'a suggéré. ce sujet regardé 


(248) 

comme peu important. J'ai appris en l'étudiant de près , 
à regarder la conformation du corps humain, comme une 
combinaison matérielle essentiellément différente des 
choses d'invention humaine. Tandis que ces dérnières 
offrent un assemblage de parties inventées pour parvenir 
à produire un effet donné , la première est disposée avec 
une perfection telle que chaque païrtié se prête à plu- 
sieurs fonctions. Le visage m'oflrit des actions en si 
grand d'ombre et si bien définies, que je commençai à 
chércher par quelle structuré particulière chacune d’elles 
pouvait s’obtenir. Ayant éxaminé de la même manière 
les autres organes , je commencçai ainsi mes observations 
sur lé système nerveux. | 

Une erreur très-remarquablé et long-rèmps propagée 
paraît la eause essentielle du retard dans lequel se trou- 
vent nos éonnaissancés sur le mécanisme de l'expression, 
elle à borné les données réelles aux seulés sensations 
que notre nature nous faisait éprouver. Ces sensations , 
soit qu’elles aient été examinées d’après les iméthodes 
scientifiques ou selon les règles du goût , ne nous ont con- 
duit à rién de précis, ou tout au plus à quelques théo- : 
ries dépourvues de base positive. 

L’érreur dont je viens de parler est considérable , 
puisqu'on s'était trompé sur les organes dont dépend 
l'expression. Il existe un système de nerfs qui se répand 
sur presque toutes les parties du corps , c’est celui du nerf 
sympathique , et commé on croyait généralement qu'en 
lui se trouvait la source de la sensibilité dé nesvrganes , 
tout phénomène obscur dans la physiologie, la patholo- 
ge ou’ la physionomie semblait fâiré nécessairement 
partie du demaïne de ce système de nerfs. Les nerfs appe- 


| . (249 y” 
lé sympathiques étant répandus sur tout le corps, il n’y 
avait pas une action ou une sensation , depuis la rou- 
geur causéé par la colère jusqu’à l’éternuement , qui ne 
fût aussitôt attribuée à l'influence de quelque branche ou 
réseau de ce système de nerfs. Quoique cette opinion fût 
universellement recué dans tous les pays, elle n'avait 
aucun fondement véritable. | 
Il est très-probable que le système sympathique, ou, 
comme on l'appelle quelquefois, le système nerveux gan- 
glionnaire, dirige certaines opérations de l’économie 
animale ; mais il n’a aucune influence sur la eonstitution 
musculaire , soit dans l’actomplissement des mouvemens 
volontaires, soit dans cette influence du moral sur le 
physique que nous appelons passion. | 
Dans le volume des Transactions philosophiques 
pour l’année 1821 , j'ai inséré une petite note qui prouve 
qu'indépendamment des nerfs communs qui sont les 
conducteurs de la sensibilité et des branches du nerf 
sympathique , il existe un nerf qui , partant d’un point, 
s'étend sur le visage entier et qui possède des pouvoirs 
totalement différens. Il est aussi prouvé par des obser- 
vations faites sur les suites des accidens et des maladies 
de ces nerfs, ainsi que par des expériences tentées sur 
des animaux , que les mouvemens de la respiration sont 
sous l'influence de ce nerf. Il en est de même de ceux 
qui sont occasionnés lorsqu'on parle, en tant qu'ils ont 
rapport à la figure, ainsi que de toute indication d'émotion 
dans la contenance, de l’homme ou de passion dans les 
animaux. Ces expériences ont aussi montré que le cours 
singulier que suit ce nerf , et qui diffère de celui des autres 
art communs du visage ( circonstance qui a toujours été 


( 250 ) 
connue, mais qui n'avait pas ME ici été expliquée); 
est ainsi dirigé pour qu'il puisse s’ associer à une série 
de nerfs de la même classe et x hp les mêmes fonctions 
que lui. | 

Malgré que ce nerf soit la source de toutés ces di- 
verses émotions qui indiquent la situation de l'esprit, je 
l’ai appelé le nerf respiratoire du visage, par des raisons 
dont je prie le lecteur d'attendre l’explication ; et j'y suis 
d'autant plus fondé que nous verrons l'appareil entier 
de Ja respiration servir d’instrument à l'expression , 
comme ilest celui de la voix et du discours. | 

Il est facile d'observer dans le visage l’utilité des 
nerfs pour les diverses modifications des traits. La tête 
accomplit en effet différentes fonctions. Nous y trouvons 
combinés les organes de la mastication , de la respira- 
tion , de la voix et de l’expression ; quelques mouvemens 
sont faits par linfluence directe de la volonté , tandis 
que d’autres sont des signes d'émotion , sur lesquels 
nous n'avons qu'une influence très-limitée ou très-im - 
parfaite. Le visage sert aux plus basses jouissances ani- 
males , et exprime les émotions les plus élevées et les 
plus délicates. Heureusement pour les recherches que 
nous faisons actuellement , les nerfs qui dans d'autres : 
parties sont liés ensemble pour l’utilité de la distribu- 
tion dans des parties éloignées, sont ici distincts et sé- 
parés les uns des autres jusqu’ à ce qu'ils se rencontrent 
à leurs extrémités. 

En voyant la planche qui montre La nerfs du visage, 
et en consultant l'explication , on verra qu vil y a deux 
séries de nerfs qui le parcourent; un de ces nerfs sort 
devant l'oreille , et se répand sur toutes les parties; u 


| . (ta51 ) 
autrenerf n'est pas vu durant sa course à travers la tête, 
mais on en voit les quatre branches sortant sur le visage : 
la première, au-dessus des yeux , allant vers lé front ; la 
seconde, au-dessous de l'œil, se répaud vers le nez et la 
joue; la troisième branche sort du menton, et la qu 
trième devant l'oreille. ,; 1 | 

Le grand nerf qui sort devant l'oreille et se répand, 
sur le visage , n’existe dans aucune des familles infé- 
rieures des vertébrés , à moins qué l'individu ne respire 
par les narines. Lorsqu'il existe , j'ai eu la preuve qu’il 
n’accorde pas de sensibilité, comme le font les autres 
nerfs , et que lorsqu'il est coupé en travers , la sensi- 
bilité de la peau n’est point diminuée; mais si ce nerf 
est coupé en travers, les mouvemens des narines qui 

accompagnent la respiration cessent immédiatement. Au 
contraire , si on coupe. les autres nerfs qui sortent sur 
le visage , et qui viennent de la cinquième paire , la sen- 
sibilité. est détruite , et si l’on divise le tronc de ce même 
nerf , le mouvement de la mâchoire n'existe plus ; mais 
les mouvemens du visage qui suivent ceux de la poitrine 
dans la respiration, soit qu’on soit éveillé ou endormi, 
continuent à avoir lieu. 

Lorsqu'un cheval a couru et que sa respiration est de- 
veaue diflicile, les narines se dilatent et se contractent al: 
ternativement , tandis que la poitrine s'élève ou s’abaisse : 
de même dans l’homme , excité par l'exercice ou la co- 
lère, les épaules s'élèvent à chaque respiration, les 
muscles du cou et du gosier sont violemment contractés, 
et les lèvres et les narines suivent par tous leurs mouve- 
menus la même disposition, Ainsi, des parties éloignées par 
leur position se trouvent combinées par leurs fouçr 


| ( 252) 

tions , et lorsqu'elles sont aussi unies dans l’action de 
la respiration, c'est par le moyen de nerfs distincts et 
appropriés à cet effet. Les nerfs qui agissent dans cette 
occasion , sortent de l’endroit où la moëlle épinière re- 
joint le cerveau , et de là ils divergent vers des parties 
éloignées, vers le visage, la trachée , le -cou et les 
épaules , la partie extérieure de la poitrine et le dia- 
phragme. La séparation d’un de ces nerfs empêche la 
partie dans laquelle il est distribué de coopérer à Vac- 
tion de la respiration , sans pourtant la priver de sensi- 
bilité ou sans empêcher l’activité de sés muscles , lors- 
qu'elle est excitée par d’autres nerfs ou par l’accom- 
plissement de quelqu’autre fonction. 

J'ai désigné ces nerfs d’après leur principale fonction 
sous le nom de nerfs respiratoires , puisque c’est seu- 
lement par leur secours que les muscles sont excités à 
l'action de la respiration ; mais nous demanderons 
quels autres offices accomplissentles organes de la respira- 
tion et particulièrement les nerfs respiratoires ? Ils se 
combiment dans l'action du discours sans aucun doute, 
et je prouverai également qu’ils: sont aussi les organes 
de l’expression.  : | 

L’anatomie comparée prouve qu'ils sont en plus 
grand nombre et paraissent anastomosés d'autant plus 
fréquemment , que le pouvoir d'expression est plus fort 
chez l'animal. Tout le monde a pu observer non-seu- 
lement la ressemblance qui existe entre le visage du 
singe et celui &e l’homme, mais aussi la vivacité de sa 
physionomie qui est en harmonie avec cette similitude 
de traits. Les nerfs de la face et du cou du singe sont 
en grand nombre etfréquemment réunis ; mais en cou- 


(258) 

pant le netf respiratoire du visage du singe, les traits 
deviennent morts et incapables d'exprimer les passions 
qui agitent l'animal. Pourtant après cette expérience, 
la peau reste sensible et lés muscles des mâchoires et de 
la langue conservent la faculté de broyer et d’avaler ; 
seulement on ne peut apercevoir aucune grimace ni 
aucune expression. Si le nerf respiratoire est coupé d’un 
côté, l'expression est totalement étéinte de ce côté, 
tandis que le mouvement des sourcils, des lèvres et de la 
joue se conservent de l’autre , comme auparavant. 

Qui ne sait combien il y a d'expression dans la phy- 

sionomie du chien ; qui ne se rappelle le regard spiri- 
tuel et tendre avec lequel il contemple le visage de son 
maître, ou le coup-d’œil plein de fierté qu’il lance à son 
antagoniste? Tout le feu de l'expression disparaît au 
moment où le nerf de la respiration est divisé ; l'animal 
combattra avec autant de courage, mais iln'y aura aucune 
contraction sur ses lèvres , ses yeux ne brilleront pas, 
et ses oreilles ne se redresseront pas en arrièré. Le vi- 
sage est inanimé , quoique les muscles de la face et des 
mâchoires continuent leurs offices lorsqu'ils sont sous 
l'influence d’autres nerfs. F- 
. En coupant le même nerf à un chat , il peut être privé 
de toute expression. Si l’on coupe le nerf d'un des côtés 
de la tête, au point où il sort devant l'oreille , l'œil ne 
brillera plus, les paupières ne conserveront aucun mou- 
vement non plus que les moustaches; elles ne re- 
mueront plus au moment de la colère , bien que l’autre 
côté ne soit privé d'aucun de ces mouvemens. | 

Quoique les oiseaux manquent d'expression, parce que 
chez eux le bec remplace la bouche et les narines , il 


{ 


(254 ). 
éxiste pourtant un signe pour exprimer la colère dans. 
le mouvement des plumes; dans les combais de coqs, 
les plumes de l'animal se hérissent autour de sa tête, 
au moment du combat, ce qui, joint à la position de la 
tèle, exprime son ardeur. Mais lorsque l’on divise le: 
nerf respiratoire ,.les plumes ne se relèvent plus, mal- 
gré que la disposition à combattre soit toujours la même... 

Un accident ou une maladie qui affecterait le nerf res- 
piratoire du visage de l'homme, donnerait lieu aux 
mèmes résultats que les expériences sur les animaux. 
Si le nerf respiratoire se trouve affecté d’un côté du vi- 
sage ; l’individu ne peut flus ni rire ni pleurer de ce 
côté ; alors le plus léger sourire donne à toute la phy-. 
sionomie une expression désagréable , qui est la suite de. 
l’action inégale des muscles ; le sourire a lieu du côté où. 
le nerf est intact , tandis que les muscles de l’autre côté 
restent immobiles , et ne peuvent que grimacer. ; 

Dans la première édition de cet ouvrage , j'ai parlé 
du nombre et de la multiplicité des muscles qui ser- 
vent à donner l'expression ; ces nouvelles découvertes 
de propriétés distinctes dans les nerfs, nous mettent à 
même d'apprécier pourquoi il existe une complication 
de branches nerveuses qui.est proportionnée , non-seu- 
lement au nombre de muscles qui sont mis en mouye- 
ment dans l'expression , mais aussi à la diversité d’u- 
sages auxquels ils sont appelés et aux différentes com- 
binaisons qu'ils forment , lorsqu'ils se trouvent liés avec 
différens organes. Il parait à présent qu'avec le secours 
de nerfs appropriés à cet usage , les muscles du visage , 
du cou et de la poitrine, coopèrent à l’action de la res- 
piration. Il est aussi prouvé par ces observations que 


( 255) 

c'est au moyen des nerfs de la respiration que les muscles 
deviennent les agens de l’expression ; car malgré qu’ils 
puissent encore agir et sentir après que les nerfs respi- 

ratoires sont coupés, ils ne conservent alors aucune 
expression, mais restent immobiles ; même lorsque l'a- 
nimal est soumis aux plus grañdes souffrances ou qu’il 
entre dans l’accès de la plus vive colère. Par conséquent, 
lorsque nous aurons prouvé que les organes de la respi- 
ration sont aussi les organes de l'expression et du dis- 
cours , l'incertitude qui environne ce sujet disparaîtra, 
et tous les mouvemens de la physionomie et la. pose 
même du corps deviendront aussi intelligibles que l’ex- 
| prie naturelle de la voix. Fi " 

* L'auteur , admettant des changemens dans l expres- 
sion physiognomonique dont on n’a pu jusqu’à présent 
saisir la relation avec l’état de l’intelligence qui les ac- 
compagne; se propose d’énoncer sa pensée à ce sujet 
ayant d'entrer dans quelques détails sur les mouvemens 
de là physionomie humaine. 11 établit d’abord qu'il 
existe une sorte de dépendance de notre intelligence à 
l'égard du corps qui place celle-ci dans le cas de varier 
ses conceptions par des causes purement physiques, 
bien entendu toutefois que l’intelligence de l’homme lui 
révèle souvent de hautes pensées libres de toutes subjec- 
tions matérielles et qui se rapportent à une cause toute 
puissante et infinie comme les précédentes se rapportent 
anx phénomènes physiques de ce monde. Notre âme se 
trouve ainsile centre de deux ordres d'idées. Celles qui 
ont trait aux objets matériels ne peuvent lui être com- 
muniquées que par l'intermédiaire des sens. Celles qui 
s'élèvent à la source de toutes choses lui sont révélées 


(256 ) 

immédiatement , ou du moins par un sens intérieur tout 
à-fait indépendant de ce qui nous environne. Quant aux 
mouvemens intellectuels qui se manifestent par l’inter- 
médiaire des corps , l’auteur distingue ceux qui provien- 
nent directement des sens et ceux qui animent le tableau 
intérieur produit pareleur office , et lui donnent en quel- 
que sorte la vie ; ces derniers sont des mouvemens intellec- 
tuels passionnés placés sous une influence organique gé- 
nérale dont l’auteur assigne le siége dans l'appareil respi- 
ratoire. On aura peut-être quelque peine à lui accorder 
que le chagrin , la joie ou l’étonnement aient leur source 
dans la constitution physique ; mais il compare ces phé- 
nomènes à ceux que l’on observe dans les organes des 
sens. La lumière, le goût, lé son, ne sont point des 
matières transportées par l'organe au sensorium , mais 
des modifications de cet organe qui lui sont transmises , 
tellement qu’une cause uniforme peut modifier en sen- 
sations variées ce même sensorium suivant le lieu ou l’or- 
gane auquel on l’applique. Une aiguille qui pique la ré- 
tine ne cause ni douleur ni peine , mais produit l’image 
d’une vive étincelle; et la mème aiguille, en blessant 
les papilles de la langue ou celles qui appartiennent à 
d’autres organes, développera des sensations tout-à-fait 
diverses. En admettant ce mode de communication entre 
les objets extérieurs et le cerveau , l'influence des or- 
ganes sur les perceptions devient manifeste et facile à 
comprendre. ‘ 

Relativément aux mouvemens passionnés , l'auteur 
cite à l'appui de ses idéés les circonstances qui ont obligé 
les anatomistes à établir une distinction importante entre 
la sensibilité intérieure et la sensibilité extérieure, et_ 


( 257.) | 
compare sous ce point de vue la peau qui recouvre la 
surface du corps et qui est si bien disposée à recevoir 
toutes les impressions éxtérieures, et le cœurçqu'on 
sait depuis si long-temps être presque dépourvw.d'irrita- 
bilité. Tout le monde connaît l’histoire de ce gentilz 
homme qui avait le cœur mis à découvert par un abcès ; ” 
et que le célèbre Harvey eut l’occasion d'examiner, 
C’est donc au cœur et aù poumon ; et en'général à 
l'important appareil de la respiration, quelque -étrange 
que cela puisse paraître, que nous devons rapporter 
cette classe de phénomènes qui accompagne les passions: 
Ilexiste un appareil de muscles très -étendu "qui se 
trouve lié avec le cœur et qui agit d’après son excessive 
sensibilité, Ces muscles constituent sans aucuri doute les 
organes de la respiration et du discours ; et de plus ils 
sont encore les organes de l’expression et paraissent né» 
cessaires an développement des émotions dont ils| de- 
viennent , par leur mouvement , les signes extérieurs. > 
Nous savons que certaines positions d'esprit influent 
sur les sensations du cœur; par cette influence COrpo+ 
relle , une nombreuse série d’agens venant directement 
du cœur , et indirectement de d'esprit , se tronventis 
en mouvement. Nous sommes déjà soumis à cette in+ 
. fluence dans un âge si tendre que nous sommes obligés 
- de reconnaïtre que l’action des organes de l'expression  * 
précède les affections mentales avee lesquelles elles se 
| | Len ensuite ; qu’elle les accompagne dès le premier 
. moment , leur donne plus de force , et les dirige. En con 
à Msquasee, ne pourrait-on pas dire aussi que les organes 
1 ‘du corps , qui se meuvent en syipatirie avec l'esprit, pro- 
_ duisent la même uniformité de éentiniems intérieurs, d’é: 


1. 
* 


R # 


( 258 ) 
motions et de passions parmi les hommes , qu'ilen existe 
à l'extérieur par les opérations semblables des orgânes 
des sens ? 0 nt ie 
-: Donnons ici quelques exemples , et voyons si les idées 
reçues sur ‘les diverses passions nous expliqueront ce 
phénomène ;:ou s’il nous faudra avoir recours à l’anato- 
mie | 
+ Plusieurs choses coopèrent à donner l'expression des 
passions. Examinons l'expression de la terreur, nous. 
comprendrons facilement pourquoi l'individu qui est 
sous son influence tient les yeux fixés sur l’objet de ses 
craintes ; ses sourcils sont élevés autant que possible, et 
ses yeux sont excessivement ouverts, ou bien sa démarche 
est tremblante et peu assurée , et ses yeux errent de côté 
et d'autre d’une manière rapide et sauvage : nous aper- 
cevonis seulement dans ceci l'application de son esprit 
sur l’objet de ses appréhensions , et son influence directe 
sur l'organe extérieur. Mais continuons nos observa- 
tions , nous verrons sa poitrine oppressée ; il ne peutres- 
pirer librement, sa poitrine est soulevée , les museles de 
son cou et de ses épaules sont en mouvement , sa respi- 
rations-.est courte et rapide, un mouvement convulsif 
fait trembler ses lèvres et sa joue creuse , son gosier se 
gonfle et se serre. Pourquoi son cœur bat-il , tandis que 
la circulation de son sang a si peu de force , car ses: lè- 
vres et ses joues sont extrêmement pâles ? 
+ Les organes intérieurs de la sensibilité agissent , 
même durant le sommeil , et démontrent la source de 
l'expression musculaire. Au spectacle, qui porte une 
foule de gens de divers âges, d’habitudes et d'éducation 
différentes, à croire que tous les mouvemens sont vrais ? 


( 259 ) 


Le silence que garde chacun , lorsque les acteurs sont si- 
Jencieux , prouve que tous les hommes se tiennent par un 
sentiment universel, et ce sentiment excité par l’expres- 
sion est tellement dans notre nature , qu'il.a de: Fin- 
fluence sans être raisonné. | 
Le. cœur et les poumons peuvent être regardés assu- 
rément comme deux parties ayant les mêmes fonctions. 
L'action du cœur et le mouvement des poumons sont 
également nécessaires à la circulation du sang, qui est 
destiné à Papprovisionnement du corps; l'interruption 
de ‘leur: mouvement met la vie en danger: Ces deux: or- 
ganes sontiunis par des nerfs, et par conséquent agissent 
ensémble.;: on lés voit correspondre dans toutes les oc- 
cäsions où ils sont en mouvement , et l'accélération de 
un est directement suivie par le mème symptôme dans 
J’autre organe. 1 
Le mouvement des poumons vient d’une fbén tout- 
à-fait extérieure à ces organes : les poumons par eux- 
mêmes sont passifs. Ils sont mus par un très-grand nom- 
bre de muscles placés sur la poitrine , le dos et: le cou ; 
ces muscles donnent le mouvement aux os de la poi- 
trine , el les poumons suivent les mêmes: mouvemens. 
Bien que le cœur-et les poumons soient insensibles 
‘aux impressions ordinaires, ils sont très-vivement .af- 
fectésspar l’action qui leur:est propre, et souffrent du 
plus léger changement tant physique que moral. L’im- 
‘pression qu'éprouvent les organes intérieurs n'est point 
wisible sur eux, mais sur les muscles extérieurs qui 
:coopèrent à leur action. Cette loi est comme à tout 
Je genre humain; nous en voyons les conséquences chez 


‘les personnes susceptibles. et nerveuses, qu'un simple 


“ ea Le 
$ } | er 


:( 260 ) 

changement de position , l'effort de se lever, ou la plus 
légère émotion d'esprit trouble et agite. Mais c’est sur- 
tout lorsque les gens les plus forts sont abattus par cette 
union mystérieuse de l’âme et du corps , lorsque les pas- 
siôns déchirent le cœur , que l’on a la peinture la plus 
afiligeante de la fragilité humaine , et la preuve la plus 
sûre que les passions influent avec tant de force sur les 
organes respiratoires. | | 

Je réclame d'attention de mes lecteurs pour les détails 
suivans, qui comprennent l'étendue des actions de la 
respiration et la distance des parties qui se trouvent 
agitées en sympathie avec le cœur. L'action de la respi- 


ration n’est point seulement appropriée au tronc: L’ac- 


tion de certains muscles sur le larynx , le gosier, les 
lèvres, les narines, doit nécessairement élargir: ces 
tubes et ces ouvertures , de manière à ce que l'air puisse 
y être admis par la respiration ayec une facilité qui.cor- 
responde au mouvement de la poitrine; sans cela , les 
côtés de ces tubes plians se réuniraïent , et nous serions 
suffoqués par le mouvement ou la colère. Examinons 
combien de muscles se trouvent combinés dans la simple 
action de la respiration, combien il-y:en a d’ajoutés-dans 
l’action de tousser, et comment ces derniers sont chan- 
gés et modifiés dans l’éternuement. Réfléchissons sur les 
combinaisons variées des muscles du gosier , du larynx, 
de la langue , des lèvres, lorsque l’on parle ou queW’on 
chante, et nous pourrons alors'apprécier avec exactitude 


les modifications des muscles qui se trouventassociés dans 
la sim tion de dilater ou de comprimer la poitrine; 


mais combien les changemens apportés à ces muscles 
sont encore plus nombreux , si la nature les emploie 


! 


ML 
* FL 
"4 

F * 


( 261 ) 


non-seulement dans le langage des sons, mais aussi dans 
le langage de l'expression , dans la contenance: ‘entière ! 
et certainement l’un est autant leur ofice que l’autre. 

Examinons comment la machine travaille: Observons 
un homme menacé dé suffocation. Nous voÿons une ex- 
pression soudaine d'énergie sauvage se répandre sur tous 
ses traitsMNous voyons les contractions de son gosier, 
les mouvemens pesans de sa poitrine et de ses épaules, 
cet les grimaces spasmodiques de son visage. Il étend la 
main , et semblable à un homme qui se noie , il cherche 
à saisir quelque chose. Ce sont des efforts faits sous l’op- 
pression , sensation insupportable à son être ; et ce sont les 
moyens que la nature emploie pour conserver la ma- 
chine animale , en donnant à l'organe vital une sensi- 
bilité qui porte d’une manière irrésistible au plus grand 
exercice. | | : 

Cette pénible sensation marque l'instant qui nous in- 
troduit dans le monde aérien ; c’est elle qui conserve les 
fonctions vitales durant toute notre existence. La dou- 
: leurest l'agent qui tient éveillé avec le plus de succès les 
facultés endormies à la fois de l’esprit et du corps. Lors- 
que l'enfant est encore dans le sein de sa mère, il ne 

it pas encore par la respiration; il possède un organe 
qui exerce l'office des poumons. Lors de la naissance 
- il y a un court intervalle entre la perte d’un organe et 
+ le moment où l’autre lui est substitué; la respiration 
n'aurait point lieu , et les poumons n’accompliraient pas 
leurs fonctions , sans ce pénible et irrésistible Nisus: 
qui met tous les muscles correspondans en mouvement. 
On voit des spasmes et des contractions se répandre sur 
la poitrine de l'enfant. Les traits sont en mouvement, 
'ALTE 18 


(462 ) 

eules muscles du visage sont agités , probablement pour 
la première fois ; enfin , l'air est admis dans les poumons, . 
on entend un faible cri; l'air, par de successives inspi- 
rations , dilate entièrement la poitrine, et l'enfant crie 
fortement. Alors l'inspiration régulière est ftablie, et la 
machine animale mise en repos. De nouveaux besoins 
succèdent aux changemens que la us a éprou- 
vés. Le sein de la mère fournit la nourriture. Durant tout 
éeci, personne ne sympathise avec le petit être qui 
souffre , et les contractions avec lesquelles il entre dans 
le monde excitent seulement le sourire. | 

« La colère , dit lord Bacon , est certainement une 
passion basse , ce qui paraît bien prouvé par la faiblesse 
des sujets sur lesquels elle règne : les enfans, les 
femmes , les vieillards , les malades » ; mais je puis dire 
que dans aucun mouvement de la vie , la colère ne ré- 
PR une expression aussi forte sur les traits hyniains 
qu’au premier instant où nous voyons la lumière. Dans 
ce moment il se forme une association dans les muscles 
qui sont ensuite mis en mouvement. Elle donne un 
- caractère d'expression qui continue durant toute la 
vie; elle manifeste durant la première enfance les be- 
soins du corps , et dans un âge plus avancé les souf- 
frances de l'esprit. La constitution du corps , com- 
biuée pour le soutien des fonctions vitales , devient l’ins- 
trument de l'expression ; une série étendue de passions, 
en influant sur le cœur, et en affectant cette sensibi- 
lité qui gouverne les muscles de la respiration , les met 
en co-opération , de sorte qu’ils deviennent un sigñe 
certain de diverses positions de l'esprit : ce sont les or- 
ganes de l'expression. Sinous revenons maintenant à Pob- 


Le. "ff Ce 


( 265 ) 

| servation ‘de quelques-unes des passions les plus fortes , 
nous éomprenons ce qui avant était obseur- pour nous. 
Nous voyons comment un chagrin qui frappe le cœur doit 
affecter la régularité de la respiration, pourquoi le spasme 
doit agir sur les muscles du gosier, pourquoi un tremble- 
ment léger paraît de temps en temps sur le visage , sur 
les lèvres , sur les joues et les narines. C'est parce que 
ces organes sont ceux de la respiration, que leurs muscles 
sont en-rapport avec la sensibilité du cœur, et qu'ils 
agissent d'après son influence. Nous comprenons main- 
tenant comment la passion de la rage et de la terreur 
serre la poitrine , pourquoi les traits sont agités d’une 
manière si singulière par l'influénce directe aussi bien 
qu'indivecte des passions ; comment les mots sont entre- 
coupés, comment la voix s’étouffe dans le gosier, com- 
ment les lèvres paralysées refusent d'obéir , de manière 
qu’elles sont tenues dans un état mitoyen de violence et 
de faiblesse, qui plus qu'aucune expression fixe, carac- 
térise la passion. dinde 
La partie charnue ou musculaire de la constitution 
animale est une substance fibreuse particulière ; et parmi 
tous les tissus, c’est le seul qui possède le pouvoir de 
Ja contraction , et le seul par conséquent qui puisse 
douner le mouvement. Dans les jambes et le tronc, les 
muscles sont distincts et puissans ; ils ont leurs tendons: 
attachés aux os , et exécutent divers mouvemens volon- 
taires. Dans le visage, ils sont plus délicats, ils-ont 
besoin de moins de force ; puisqu'ils sont seulement 
employés à donner le mouvement à la peau , aux lèvres 
et aux paupières ; ils ne sont pas toujours , comme les 


_ museles"du corps et des jambes , directement sous l’in- 


. 


" ’ 


( 264 ) 
fluence de la volonté , maïs ils sont soumis d’une ma- 
nière absolue aux affections et aux dispositions de âme; 
et c'est ce qui donne un intérêt si vif à ce sujet. D’après 
Ja forme de la tête, nous voyons-combien la nature a 
accordé de perfection à cet organe dont dépend l'esprit 
et l'intelligence particuliers à l’homme ; les muscles du 
visage sont pourvus d’une dose supérieure d'expression , 
de manière que l'esprit par lequel le corps est animé, 
et l'expression des diverses émotions qui agitent l’âme, 
paraissent sur Ja physionomie. Quelques personnes pré- 
tendent que cette supériorité d'expression dans le visage 
est un résultat accidentel ; elles disent que les muscles. 
formés pour la mastication et pour le discours , donneñt 
une telle supériorité à l'appareil musculaire du visage 
humain, que c’est par eux que l’on peut expliquer la 
supériorité de l'expression. Mais j'ai détruit cette asser- 
tion par-des observations et des expériences sur les 
nerfs (1). On peut accorder que les muscles employés, 
pour parler sont aussi ceux de l'expression ; mais il y a 
aussi des muscles de l’expression qui n’ont rien de com- 
mun avec: la voix, et qui indiquent seulement par l’ex- 
pression les mouvemens de l’âme. De plus , nous dirons 
que l’homme n’est pas seulement supérieur par les fa- 
cultés particulières qu'il possède, mais aussi, parce 
qu'il devient un intermédiaire entre les deux grandes 
classes , en réunissant en lui-mème le système muscu- 
laire de ces deux classes. 
Il est seulement nécessaire au lecteur de comprendre 
que les muscles sont formés de paquets distincts de 


(1) Trans. phil. 


( 265 ) 
fibres ou fascicules , et que l’on donne à leurs extrémités 
les noms d’origine et d'insertion. L’extrémité fixe , 
attachée à quelque point de l'os, s'appelle origine ; 
celle qui se fixe sur des portions libres se nomme in- 


sertion. 


Malgré que j'aie déjà fait quelques observations sur les 
mouvemens des sourcils et des paupières , le sujet de- 
mande une plus grande attention , car le mouvement du 
globe de l’œil, en rapport avec les paupières , est un sujet 
d'observation qui a été jusqu’à présent tout-à-fait négligé. 
Le globede l'œil possèdeunesérie de muscles qui, agissant 
sous l'influence de la volonté , sert à le remuer, et à di- 
riger son axe vers les objets. Il a aussi une classe de 
muscles , dont les opérations sont involontaires; ils 
donnent à l’œil un mouvement insensible , à dessein de 


préserver cet organe , comme je l’ai déjà dit ailleurs (r). 


Les muscles qui donnent au globe de l'œil le mouvement 
de rouler involontairement , ont des rapports par le 
quatrième nerf avec le système des nerfs respiratoires , 
ou, ce qui est équivalent, avec les nerfs de l'expression. 

Dans toutes les positions où les organes de la respira- 


tion se trouvent excités, l'œil, par l'influence de ce 


nerf, setourne en l’air, et c'est la cause d’une coïncidence 
frappante dans les traits de l'expression , c’est-à-dire Ja 


- direction du globe de l'œil vers le ciel dans toutes les 


fortes émotions de l'esprit , durant lesquelles les organes 
respiratoires sont froublés ; dans cette agitation , qui est 
indiquée par des soupirs ou une profoude inspiration , 
par un certain changement dans les lèvres, et l'expansion 


(3) Prañs: phil. 


( 266 ) 


.. des narines : soit que cela vienne de douleurs corporelles 


ou de souffrances mentales, les pupilles des yeux sont 


élevées et à moitié cachées par lés paupières. : 

On se trouve pat là quelquefois obligé de tenir la 
tète dans une position particulière ; car, d’après le sys- 
tème musculaire de l'œil, on ne pourrait diriger l'œil 
en bas au moment où la douleur que l’on éprouve tend 
à le faire baisser. Dans les peines corporelles, ainsi 
que dans certains momens de souffrances morales , l'œil 
est dirigé en haut , et par conséquent la position natu- 
relle de la tête est en avant. | 

Les muscles qui placent le globe de l’œil sous la pau- 
pière supérieure durant le sommeil , étant des muscles 
involontaires , ils agissent lorsque les muscles volontaires 
sont affaiblis ou épuisés. C’est par cette raisoï que, lors- 
qu’une passion qui abat, influe sur quelqu'un, comme 
par «exemple le chagrin , et que le corps et les membres 
sont affaiblis, la pupille'est élevée tandis-que les pau- 
_pières sont baïssées. Nous voyons cela dans quelques 
belles têtes de Magdelaine , étude souvent choisie par les 


anciens peintres. Les paupières sont pâles et gonflées 


à force de pleurer, et les yeux, encore baignés de lar- 
mes, sont à moitié levés et cachés. Si dans ee moment 
où veut voir quelque chose, le visage se penche en avant, 
et la paupière pesante se relève pour s’accommoder à la 
position de la pupille , qui est élevée par l'influence de 
l'affection que l’on éprouve. 

Commençons nos observations sur la mobilité des 
traits, en examinant le caractère du gros rire (pl. 23, fig. 1 
et 2); car si nous ne pouvons comprendre ou expliquer ce 
qui arrive dans cette expression extrême, nous essaierions 


+ TS JS 


( 267 ) 


vainement l'explication d'émotions plus douces et plus 
calmes qu'exprime la physionomie. Jorsque nous rions , 
il nous serait impossible de 1âcher de tenir les lèvres fer- 
mées ; un relâchement complet du muscle orbiculaire de 
la bouche donne un pouvoir irrésistible aux muscles op- 
posans , À ceux qui convergent vers l'angle de la bouche 
et de la lèvre supérieure : de là vient la contraction laté- 
rale des lèvres, l’élévation de la lèvre supérieure qui 
sépare les dents , l'élévation très-remarquable des narines 
sans qu'elles soient étendues ( car nous ne respirons que 
par la bouche en riant) ; de à aussi les fossettes dans 
lés joues , où les muscles agissant se rassemblent ; et de 
là la grosseur de la joue qui s'élève de manière à cacher 
les yeux , et fait froncer les paupières inférieures et les 
tempes , tandis que la peau du menton est tendue par la 
contraction de la joue et l'ouverture des mâchoires. Ainsi 
il est évident que tous les muscles mobiles tendent à se 
relever. Les muscles orbiculaires des paupières ne par- 
tagent pas le relächement de la bouche ; ils sont excités 
de manière à contracter les paupières et à entourer les 
yeux , tandis que l'effort volontaire que l’on fait pour 
ouvrir les paupières et élever les sourcils donne du bril- 
lant aux yeux et une obliquité particulière au sourcil 
dont la partie extérieure est plus élevée. 

J'ai établi que c’est le nerf que j'appelle respiratoire 
qui produit cette grande influence sur les traits, et que 
la perte de ces fonctions entraine l'extinction totale de 
cette expression. Nous en avons une preuve de plus en 
voyant l'influence qu’exerce cette passion sur tous les 
nerfs et les muscles respiratoires : la personne qui l’é- 


_brouxe se tient les côtés pour affaiblir les contractions des 


( 268 ) 
muscles des côtes. Le diaphragme est violemment secoué. 
La même influence se répand sur le gosier, et le son du 
rire est aussi distinct et aussi remarquable que l’expres- 
sion du visage. 

Pour définir le rire selon l'anatomie, on dira que 
c'est une certaine influence du nerf respiratoire de la 
face qui produit le relâchement du muscle orbiculaire 
des lèvres , tandis qu’il met en action les muscles gri- 
maçans (the class of ringentes ) et les muscles orbicu- 
laires des paupières. En quoi donc cela diffère-t-il de 
l'expression opposée , de la peine et des cris ? 

Dans les pleurs violens accompagnés de sanglots et de 
cris , le visage est rouge , ou je pourrais plutôt dire cou- 
vert de sang en stagnation , et les veines du front gon- 
flées. Nous voyons que le commencement de l'émotion 
affecte les muscles de la respiration , et modère le mou- 
vement des poumons , et que le retour du sang venant 
de la tête est en quelque sorte retardé. Les muscles des 
joues sont en mouvement , comme dans le premier exem- 
ple ; mais leur influence est alors plus générale. Ceux 
qui compriment les lèvres et l'angle de la bouche par- 
tagent l'excitation des muscles grimaciers (ringentes), 
s'ils ne la surpassent point , tandis que le muscle orbi- 
culaire de la bouche n’est pas relâché , mais plutôt tenu 
ouvert par l’action plus forte de ses antagonistes. Il 
existe un mouvement conyulsif dans les muscles , autour 
des yeux ; le sourcil est baissé, les yeux comprimés par 
les paupières , la joue élevée , les narines ouvertes , et la 
bouche étendue latéralement. 

Dans la douleur aussi, à moins que l’action convul- 
sive des muscles ne soit très-forte , l'expression générale 


UT à ls nd dut ais ts <: 
cm * r , es n 
> 


( 269 ) 


du chagrin affecte la partie du sourcil qui est près du 
nez ; elle se dirige vers le sommet du front avec une ex- 
pression chagrine qui correspond avec l’abaïssement des 
coins de la bouche. 

: Dans la première édition de cet ouvrage , j'ai dit que 
si jamais nous possédions urie connaissance parfaite des 
nerfs , elle nous rendrait capable de comprendre la cause 


de ce picotement dans le nez, qui précède le flot des 


larmes , et qui est si bien décrit par Homère, comme ayant 
été éprouvé par Ulysse, lorsqu'il voit son père verser la 
poussière sur sa tête respectable. Les traducteurs ne pa- 
raissent pas avoir compris la vérité de cette peinture. 


 (Odyss., B, 24.) À présent nous savons qu’une branche 


du système respiratoire des nerfs peut être conduite dans 
le nez ; c'est ce nerf qui, lorsqu'il est irrité , cause l’é- 
ernuement , qui est lui-même une convulsion des muüs- 
cles respiratoires , dirigés dans leur action de manière à 
débarrasser la membrane du corps qui la gène, en fai- 
sant sortir le volume d’air par les narines, au lieu de 
la bouche. C’est le mème nerf qui, éprouvant l’im- 
pression: de la peine (impression provenant d’une dis- 
position de l'esprit), contracte les muscles du visage 


et leur donne l’expression de la douleur, et qui , si son 


pouvoir est considérable , donnera des convulsions à tout 
l'appareil respiratoire de la poitrine, du cou et du vi- 
sage. | 

L'on doit observer que dans le rire et les pleurs, af- 
fections si différentes , tout l’appareïl de la respiration se 
trouve affecté en premier lieu et d’une manière rémar- 
quable , ce qui est une preuve de plus, s’il en était be- 


. 1 . d à © 
soin , de ce que nous avons dit précédemment. 


( 270 ) 

En second lieu , il est évident qu'aucune théorie de 
tension ou de relâchement des muscles n’expliquera les 
effets produits sur le visage par aucune de ces deux émo- 
tions opposées. Il y a action de certains museles à la fois 
dans le rire et les pleurs, et nous ne pouvons pas expli- 
quer des mouvemens si particuliers et si distinctement 
marqués , en supposant qu’ils résultent de certains mou- 
vemens volontaires que ces passions suggèrent. 

Le com de la bouche baissé donne un air d’abatte- 
ment et de langueur à la physionomie , lorsque cela est 
accompagné par un relâchement général des traits, ou 
pour mieux dire des muscles. Lorsque le corrugateur, 
qui lie les sourcils , agit aussi , l’expression prend une 
teinte de chagrin et de tristesse ; si le muscle frontal s’y 
joint , la partie intérieure du sourcil s'élève avec une 
expression douloureuse ,-très- différente de l'expression 
donnée par l’action générale du muscle frontal , et qui 
est sans aucun doute le caractère d’une peine vive ou du 
mécontentement , suivant l'expression répandue sur le 
reste de la personne. 

En observant plus exactement , nous verrons pour- 
tant que lorsque l’abattement et la langueur sont indi- 
qués par la dépression de l’angle de la bouche , cette dé- 
pression est légère et peu marquée, car l’abaisseur de 
l’augle de la bouche ne peut agir fortement sans le secours 
d’un muscle, savoir, du superbe , qui produit aussitôtun 
changement dans l’expression , et donne à la lèvre infé- 
rieure un air de dédain. 

L'expression du chagrin est un air d’abattement géné- 
ral répandu sur toute la coutenance ; les forces ont gra- 
duellement été épuisées par la violence du chagrin , le 


EE PE 1. 


(275 ) 
manque de repos, les sanglots, enfin tout le trouble | 
qui accompagre ordinairement les vives agitations. La 
tristesse , l’abattement des esprits et les souvenirs dou- 
loureux leur ont succédé , et, ce qui les caractérise le 
mieux , est l'attitude du corps entier, ainsi que l’affaisse- 
ment des traits et la pesanteur des yeux. Les lèvres et la 
mâchoire inférieure sont tombantes ; les paupières supé- 
rieures sont baissées et couvrent à moitié la pupille de 
l'œil. Les yeux se remplissent souvent de larmes , ei les 
sourcils prennent une inclinaison semblable à celle que 
le dépresseur des angles des lèvres donne à la bouche. 

Malgré que ce que l’on appelle le chagrin soit ordi- 
nairement distingué des autres douleurs par la violence, 
par les sanglots et l'agitation , et que la marque du re- 
gret -soit le silence et l’abattement , il existe quelquefois 
une stupeur qui caractérise aussi le chagrin, et qui est 
la léthargie des maux. 

Nous voyons doncgpar là que les diverses expressions 
des passions forment entre les hommes un langage de 
signes, un moyen de communication , el une source de 
sympathie entre eux. 

Dans la fureur (pl. 32, fig. 3), les traits sont Are reg 
les globes des yeux , très -dilatés , roulent , et sont en- 
flammés. Le front est alternativement froncé en long et 
en large par le mouvement des sourcils; les narines sont 
très- gonflées; les lèvres sont enflées , et lorsqu'elles sont 
ürées elles ouvrent les coins de la bouche. 

L'action des muscles est fortement marquée ; le visage 
est quelquefois päle, quelquefois gonflé ; sombre et pres- 


que livide ; les mots sont exprimés avec force , à travers 


les dents serrées. Les cheveux sont raides come chez 


(l 


( 272) 


les gens fous , et chaque membre ressent l'expression de 
la fureur. | 

Mais l'expression de cette passion peut beaucoup va- 
rier. Quelquefois les yeux sont fixés vers la terre , le vi- 
sage est pâle, troublé et menaçant; les lèvres tremblent, 
la respiration est difficile , et de profonds et longs soupirs 
s’exhalent comme dans l'expression d'un chagrin inté- 
rieur. | dl 

Dans la gravure suivante (fig. 5 , pl. 32), j'ai cher- 
ché à exprimer les sentimens qui succèdent à la dernière 
et horrible action de la vengeance. L’orage est passé, 
mais les idées sombres ne sont pas encore éloignées. On 
voit sur les lèvres quelque expression de regrets naturels, 
mais les yeux conservent encore leur sévérité par la po- 
sition et l'attention fixe. J’ai voulu indiquer, par la po- 
sition de l'individu et son attention fixe , que la vue du 
corps , à présent sans vie, ramène vers les circonstances 
passées les mêmes pensées accompagnées d’un jugement 
moins sévère. | 

Si l’on me demandait comment on doit représente un 
fou , et ce qui constitue le caractère distinctif de sa phy- 
sionomie , je dirais que son corps doit être robuste, ses 
musclés droits et distinéts , la peau tendue, les traits : 
fins , les yeux enfoncés , son teint jaune et d’un brun un 
peu pâle , sans aucune couleur qui donne un air de vie; 
les cheveux d’un noir de suie, durs et épais. On pour- 
rait aussi le représenter comme un malade pâle et jaune , 
avec des cheveux raides et rouges. 

Je n’ai point l'intention de retracer ici les progrès de 
cette maladie mentale, maïs je veux seulement donner 
quelque idée du caractère d’un maniaque furieux. 


( 273 ) 


Vous le voyez couché dans sa cellule, ne faisant at- 
tention à rien: une expression sombre, semblable à 
celle de la mort, est répandue sur toute sa contenance. 
En disant que cette expression ressemble à celle de la 
mort, je veux dire qu'il existe une pesanteur dans les 
traits , et que les sourcils et les muscles sont sans mou- 
‘vement. 

Si vous l’examinez durant son accès , vous verrez le. 
sang montér à sa tête ; sa figure devient d’un rouge foncé : 
alors il se remue et se lève,de dessus son lit, marche 
dans sa chambre et secoue ses chaînes; son œil en- 
flammé est fixé sur vous, et ses traits sont animés d'une 
expression singulière de férocité et d'égarement (pl. 32, 
fig. 4). NA RER 

L'erreur dans laquelle un peintre tombérait naturelle- 
ment serait de représenter cette expression par le gon- 
flement des traits et le froncement du sourcil, comme 
dans la colère ; mais cela donnerait l’idée de la colère et 
non de la folie. Ou bien , il prendrait la mélancolie pour 
la folie. La manière dont nous devons essayer de saisir 
cette expression de férocité au milieu de la destruction 
totale de l'intelligence , est , il me semble , d'éviter l’ex- 
pression de l'énergie mentale, et par conséquent tout 
mouvement de ces muscles qui indiquent le sentiment. 
Je crois que cela se rapprocherait plus de la nature, car 
j'ai'obseryé (contre mon attente ) qu'il n’y avait pas dans 
le visage des fous cette énergie , ce froncement de sour- 

cil , cette expression pensive et sombre , que l’on regarde 
_ généralement comme propre à les caractériser et que nous 
leur donnons presque toujours dans la peinture. Leur 
rire est sans expression, et leur férocité est sans intention. 


(274). FD 

Pour comprendre le caractère de la physionomie hu- 
maine douée d'expression et réduite à l’état de brute , il 
nous faut avoir recours aux animaux les plus inférieurs, 
et ; comme je l'ai déjà dit , étudier leur expression , leur 
timidité , leur vigilance , leur état d'activité et leur féro- 


cité. Si nous transportons leur expression à la physio-. 


nomie humaine , nous aurons , à ce que je crois , l’idée 
de la folie , de la nullité d’esprit et des passions pure- 
mênt animales. 

Mais ces discussions sont seulement utiles pour lps 
études des peintres , si l’on peut accorder que ces sujets 
afligeans conviennent à la toile. 

Il y a pourtant des sujets qui s'en rapprochent et qui 
appartiennent à la peinture classique et sacrée. « Lorsque 
l'esprit impur l’eut tourmenté et eutcrié à haute voix, il 


sortit de lui ; et lorsque le diable se fut jeté au milieu de 


lui, il sortit de lui. » Comment le peintre doit-il repré- 
senter cette frénésiè démoniaque ? Est-ce seulement par 
la violence et le trouble des convulsions , ou sera-ce pu- 
rement la création d’une imagination instruite et inven- 
tive? Toutes les professions libérales se trouvent liées 
les unes aux autres. Le peintre sera donc quelquefois 
obligé d’avoir recours au médecin. S'il doit représenter 
une prêtresse ou une sibylle , il aura besoin de quelque 


chose de plus que de-son imagination ; il concevra prom- 


ptement que la figure doit être pleine d'énergie , l’ima- 
gination du moment très -exaltée, et que l’expression 
doit être hardie et poétique , de manière à montrer que 
les choses passées depuis long-temps sont aussi vives à 
ses yeux que si elles étaient devant elle ; maïs il aura une 
idée plus nette et plus précise de ce qu'il doit peindre , 


D ++ 


BP 7 


(275 ) 

en lisant l'histoire de cette mélancolie qui, sans aucun 
doute, à dans les premiers siècles donné l’idée d’une 
personne possédée du démon. Une jeune femme est pâle 
et languissante , et aucune preuve de tendresse, ni aucune 
supplication de sa famille n’ont pu la tirer de cet état 
inanimé et la décider à se mêler aux conversations de ses 
proches. Mais combien la situation change lorsque le 
sang monte à ses joues ; ses yeux alors sont secs et bril- 
lans , sa figure entière est pleine de vie , sa voix possède 
uve nouvelle force , et le son de cette voix est tellement 
changé que sa mère elle-même déclare qu’elle ne recon- 
naît pas son enfant. Combien , dans ce cas , il a dû pa- 
raître naturel de songer qu'un esprit était entré dans ce 
corps , auparavant sans énergie, et que cette sorte de lan- 
gage et d'imagination n’appartiennent point à l'individu 
lui-mème. La transition est aisée. Les prêtres s'emparent 
de la jeune femme , prennent soin d’elle , surveillent ses 
accès et leur donnent une signification , jusqu’à ce qu’é- 
puisée , elle retombe de nouveau dans une indifférence 
et une stupeur qui ressemble à la mort. 

Des attaques successives de cette espèce donnent à 
toute là contenance une expression ineffaçable : le pein- 
tre doit donc représenter des traits imposans , mais qui 
s'accordent avec la maturité et la perfection de la beauté 


. féminine, Il prouvera son génie, en donnant à la physio- 


nomie cette teinte profonde d'intérêt qui appartient à 


… des traits sans mouvement, mais non dénués de tout 


sentiment. LS LE si 
Il donnera à cette pâleur mortelle et uniforme du vi- 

sage l'empreinte de longues et profondes souffrances qui 

n'ont point été partagées ; qu'il drappe ensuite l’infor- 


’ 


( 276 ) 


tunée du manteau qui lui convient; qu'il représente ses 
beaux cheveux tombant sur ses épaules, et il n'aura 
point besoin de ces lettres d’or que nous voyons dans les 
anciens tableaux de sibylles , pour expliquer ce qu'ii a 
voulu représenter. | 
J'ai placé ici une planche (pl. 33., fig. 3) représen - 

tant un Hydrophobe , principalement pour montrer les 
organes respiratoires dans la plus grande étendue de leur 
expression. Les dernières heures d’un patient sont ac- 
compaguées de délire , mais ce n’est pas de celui qui indi- 
que le terme de l’hydrophobie ; celui-ci est une affection 
des nerfs de la respiration et de l'expression’ : la maladie 
influe sur ces nerfs presque exclusivement, et lorsque 
l'accès revient, c'est avec une sensation de suffocation , 
accompagnée d'une secousse soudaine et convulsive de 
la poitrine, qui saisit les muscles de la respiration et 
porte les malheureux à un degré inexprimable d’agonie , 
d'horreur et de tremblement. | 

J'ai donné quelques inductions sur un sujet d’ en: | 
vation des plus tristes et des plus affligeans. Mais c’est 
seulement lorsque l’enthousiasme d’un artiste est assez 
fort pour contrebalancer sa répugnance pour des scènes 
désagréables en elles-mêmes , lorsqu'il cherche soigneu- 
sement toutes les occasions de nourrir son esprit des 
images des passions et des souffrances humaines, lorsqu'il 
étudie philosophiquement l'esprit et ses affections , aussi 
bien que le corps et les traits de l° homme, c’est unique- 
ment alors, dis-je, qu’il peut véritablement mériter le 
vom de peintre. 

Les os et les parties qui les couvrent ; ou qui sont con- 
tenues dedans , croissent comme par une seule impul- 


(277 ) 

sion , dé manière qu'ils éorrespondent toujours ensem= 
ble. Les lèvres charnues du nègre correspondent à ses 
dents grandes et protubérantes. L’individu qui ; parmi 
nous, a l'os de la mâchoire grand et carré ; a les joues 
et les lèvres lourdes et épaisses. Dans les femmes et les 
jeunes gens des deux sexes, qui ont les dents incisives 
grandes et régulières, les lèvres sont rondes et jolies $ 
mais si, au contraire , les dents canines sont extrème- 
ment grandes et protubérantes, non-seulement les lèvres 
sont lourdes et grosses, mais la physionomie entière 
prend un air irascible. 

Ce qui forme le caractère distinct de la face d’un en- 
fant provient de ce que les parties charnues et les tégu- 
mens sont destinés à supporter des os plus grands que 
ceux qu'ils ont dans les premières années, Les traits sont 
disposés pour l'accroissement et le développement des os 
du visage ; et de là vient la rondeur et la grosseur de la 
tête des enfans. 

Il existe quelques autres PCR AU dans l'enfance 
par exemple. 

1. La tête ovale allongée; 

2. La platitude du front. 

3. La petitesse des os du nez: 

4. La petitesse et le peu de longueur dés os de la rie 
choire. 

5. Le peu de profondeur de la mâchoire. 

6. La petitesse du cou , comparé avec la grosseur de 
la tète ce qui est dù à la position extraordinaire de la 
“partis postérieure de la tète (ou occiput): : ,  ,? 

Comparez l'esquisse de la tète d’ un per avec PUR 
d’une personne jeune, et vous verrez bien facilement que 

VU. 19 


(1276 ) 

l'extension des os démontre l'âge. Le visage estallongé, et 
a moins de rondeur ; lesourcil ne s’est pas pourtant aceru 
en proportion avec la-partie inférieure du visage , malgré 
que sa forme sbit pourtant tellement changée qu'il existe 
alors une proéminence vers le sommet des sourcils. La 
cause s'aperçoit en examinant la section du crâne, où 
l'on observe aisément une cavité dans le front ; cette ca- 
vité porte le nom de sinus frontal : son accroissement 
‘occasione cette protubérance ou projection sur les yeux, 
‘que l’on remarque chez les hommes. 

Nous ferons remarquer de nouveat que dans le pas- 
‘sage de l'enfance à la jeunesse , l'os de la mâchoire supé- 
rieure (los maxillaire supérieur) prend un grand ac- 
croissement ; il s’y trouve alors une grande cavité appelée 
le sinus maxillaire. Par cet accroissement de l'os de la 
mâchoire supérieure , qui est le centre des os de la face, 
la physionomie entière prend un nouveau caractère , les 
os du nez sont relevés , et le nez est allongé; l’os de Ta 
joue est aüssi avancé. 

Mais ensuite, lorsque les dents viennent , les os des mà- 
choires supérieure et inférieure se renfoncent , et l'effet 
nécessaire de cela est que l’angle de l’os de la mâchoire 
sous l'oreille recule vers le derrière de la tête. Afin de 
faire place pour toutes les dents, les mâchoires sont 
aussi allongées ; c’est par suite de la croissance des dents 
et de l’augmentation de l’os de la mâchoire qui est né- 
cessaire pour les soutenir et les fixer , que le visage se 
creuse et s’allonge , et par l’allongement dé la mâchoire 
et surtout l'éloignement de l’angle de la mâchoïre infé- 
rieure , le menton prend une carrure mâle au lieu de la 


rondeur de l'enfance. 


(279 ) 

Pour faire suite aux formes des os de là mâchoire in- 
_ férieure , nous pouvons obsérver diverses particularités 
qui distinguent le visage à différens âges. 

La cause de la pétitésse et de la rondeur de la face 
des enfans paraît dépendre de la pétite projection de la 
pointe de la mâchoire au menton et de l'angle obtus formé 
derrière. Dans les adultés, nous observons une plus 
grande profondeur dans le corps de l’ôs de la mâchoire, 
et les dents étant ajoutées , la basé des mächoires doit 
nécessairement êtré plus séparée , ét par cette raison le 
visage est allongé. Nous voyons ensuite qu'à mesure que 
les dents poussent dans le fond dé 1d’Mächoire, la mà- 
éhoiré s’allonge pour les récevoit , par conséquent le 
ménton s’avancé , tandis qué l'angle dé la mâchoire re- 
cüle. Enfin, lorsque dans Ta vieïllessé lés dénts tom- 
bént , les alvéoles qui croissaient avec lés dents ét les 
Sbutenaient sont détfuités, et il ne reste rien que la base 
étroite de la mâchoire : la longueur de l'os depuis la 
charnière de la mâchoïre jusqu’à l'angle n’est pas dimi- 
tuée. Les deux portions des mâchoires peuvent alors par 
dévant sé rapprocher plus facilemett; par cela même 
l'angle devient plus avancé et réssémble à celui d’un en- 
fañt, si ce n’est la projection du menton. Les dénts et 
lés portions accéssoirés des mächoirés étant parties , lé 
fériton et le nez s'approchent , ét la bouche se trouve 
trop pelité pour conténir la langue ; les lèvres retom- 
bent'en dédans , ét la prononciation devient inarliculée. 

La forme distinctive de la tête des enfans expliquera 
les autres observations , qui seront naturellement sug- 
gérées relativement à l'expression de tête appropriée à la 
jeunesse ou à la vieillesse. 


( 280 ) 


Nous obseryons que la plus grande longueur du crâne 
dans l’enfance est depuis le front jusqu'au derrière de la 
tête. Cette longueur, grande en comparaison de la pro- 
fondeur, diminue sans aucun doute à mesure que l’en- 
fant avance en âge; mais on doit aussi faire attention à 
la largeur de la tête, à l'avancement du derrière de la 
tête, et à la platitude du front, comme dans l’esquisse, 
(pl. 33, fig. 1, 2). 

Par l'étude de la forme de la tête des enfans, nous 
sommes naturellement conduit à observer la différence 
qu'il y a entre les têtes naturelles et les sculptures de 
Fiammingo , qui a eu une juste réputation pour ses des- 
sins de jeunes garçons. Dans les ouvrages de Fiammingo 
il existe une intention bien claire de nous donner une 
forme idéale, au lieu de copier strictement la nature, 
Dans les ouvrages de cet artiste , les yeux sont trop en- 
foncés pour un jeune garçon, et la protubérance ’ pla- 
cée sur la partie inférieure du front, est tout-à-fait par- 
ticulière à un âge plus avancé. Le seul caractère de tête 
d'enfant qu'il ait copié fidèlement, d’après nature , est 
la largeur de la tête comparée avec la face, la rondeur 
des joues et le reculement de la bouche et du menton. 
En exagérant les particularités naturelles, l'artiste a 


strictement imité l'antique. On peut se demander si le 
même principe qui se trouve si bien. adapté à l'effet 


d'augmenter la beauté dans la jeunesse, est nécessaire, 
ou même peut s'approprier aux formes de l’enfance. 


( 281 ) 
EXPLICATION DES PLANCHES. 


PLancme xxxt, Fic. 1. 
Des Nerfs de La téte. 


Les deux classes distinctes de nerfs qui parcourent le visage sont 
représentées sur cette planche ; l’un sert à donner la sensibilité , et 
l’autre aux mouvemens du discours et de l’expression , c’est-à-dire aux 
mouvemens liés avec les organes respiratoires. 

On voit aussi sur cette planche les nerfs qui sont sur le côté du cou. 
J'ai découvert que ceux-ei étaient des doubles nerfs, exerçant deux 

| fonctions ; ‘ils dirigent la force musculaire et donnent la sensibilité à 
la peau. Outre ces nerfs de la moelle épinière réguliers, qui sont pour 
les ; jouissances ordinaires, on a placé sur cette planche les nerfs du 
gosier : ces nerfs sont les moyens de sympathie , qui lient les mou- 
vemens du cou et du gosier avec les mouvemens des narines et des 
lèvres, non - seulement dans la respiration eue mais aussi dans 
Vexpression de la colère. 


À, nerf respirateur de la face, ou , plutôt allés ss de la septièm 
paire. 
a, branches montant.à la tempe et aux côtés de la tête. 
b, branches qui fournissent aux paupières. 
+ €, id. qui vont aux muscles qui meuvent les narines. 
d, id. qui descendent sur les côtés du cou et dans sa partie anté- 
rieure. 
e, plexus cervical superficiel. 
ff, anastomoses formées avec le nerf cervical. 
&, nerfs du muscle du revers de l'oreille. 


2.1 


B , huitième paire , ou paire vague, ou grand nerf respiratoire. 
C, nerf respiratoire supérieur, ou nerf accessoire de la moelle épinière. 
D , neuvième paire, ou paire linguale, 
E, nerf diàphragmiatique. 
F, nerf sympathique. 
G, nerf laryngé. 
“+, nerf laryngé récurrent. 
X, nerf glosso-pharyngien . 
1. Verf frontal, branche de la cinquième paire. 


( 282 ) 
3. Nerf mazxillaire supérieur, branche de la cinquième paire. 
3. Nerf maxillaire inférieur, branche de la cinquième paire. 
4. Branches temporales , seconde division de la cinquième paire. 
5. Verf suboccipital , premier uerf de la moelle épinière. 
6. Second nerf de la moelle. 
7, 8. Verfs de la moelle. 


Prancne xxx1, F1c. 2. 


à Des Muscles du visage. 


| Cette planche représente les muscles du visage , tels, qu’ils parais- 
sent dans une tête vue de face. 

| Le sourcil est un des, traits qui est. le plus destiné à l'expression. XI 
existe de certains muscles qui y sont attachés et qui produisent ses di- 
vers mouvemens et ses inflexions variées, 

àA, le muscle frontal. C'est un muscle mince, qui couvre le front etest 
attaché dans la peau sous le sourcil, Nous ne, Voyons pas ici. tout le 
muscle , mais s seulement une penis, à de ce qui est proprement appélé 
occipito -frontal. 

Le mile occipito-frontal prend naissance sur la Déiie postérieure 
du crâne, sur les os temporaux et occipitaux , et s’élève sous forme, 
de tissu charnu et fibreux ; ; en devenant tendineux il couvre toutes les 
parties supérieures du crâne d’une membrane ou d’une feuille de ten- 
don, et il se termine dans le muscle extérieur, qui.est représenté sur 
cette planche, 

BB, le muscle sourcilier. C'est le second muscle attaché ou inséré dans 
le tégument sous le sourcil. Il s’élève de la partie inférieure de l'os fron- 
tal, près du nez, et s’insère comme je l’ai dit : il est_couché presque 
transversalement, et son office.est de lier et de tirer les sourcils en- 
semble, 

CC, muscle orbiculaire des paupières. X] y a un petit tendon dans l'angle 
intérieur de l'œil, qui sert de point d’attache pour .ce muscle, son. 
usage étant à la fois dé le fixer à l'os maxillaire et de lui servir en, 
quelque sorte d’origine et d'insertion. 

Entre les deux muscles orbiculaires et le muscle sourcilier, on aper-. 
çoit des fibres musculaires qui se prolongent de l occipito-frontal sur, 
le nez, et constituent le muscle pyramidal. Ce fascicule de fibres a, 
gné fonction distincte, et sert à abaisser l'extrémité intérieure du 


pourcil. 


( 283 } 

Ces quatre muscles servent à faire mouvoir le sourcil et à lui don - 
ner ses diverses expressions, Si c’est l’orbiculaire des paupières et le 
pyramidal qui agissent , l'expression est la tristésse et l'abattement ; 
s’ils cèdent à l’influence du muscle frontal, le soureil est arqué et l’ex- 
pression est gaie et vive; si le sourcilier agit, alors il y a plus.ou moins. 
de cette-expression qui indique l’état pénible de la pensée. Quand le; 

front.est ridé, que l'extrémité interne dussourcil s’élève et que le fron- 
tal le contracte en même temps, l'expression iiqpés est celle.de la. 
querelle et d’une faible inquiétude. : 

Le front arqué et uni, terminé par la ligne. distipota des sourcils.» 
nous montre en caractères _périssables, mais distincts tant qu’ils.du- 
rent, la. série entière. des: pensées ; et souvent l’activité purement 
animale qui se trouve déployée dans les mouvemens de la +partieinfé 
rieure de la face acquiert , par eette expression ;; se de force:et.de si- 
gaification.. be | 3 .} 

1 Indépendarament de. Vaction ER la-masse. dolreré fees 
charnus donne un caractère à cette partie de la face. Le soureil d'Her- 
: cule manque d’élévation: et de la forme qui marque L'intelligence ; mais. 
on. peut obseryer une saillie musculaire sur le front et autour des yeux 
qui donne l’idée d’une force. brutale, avec une expression sombre-qui 

s'accorde avec la description que l’on trouve dans lIliade. 


Muscles des Jeux: 


Je divise l’orbiculaire des paupières en deux muscles. La bande ex- 
térieure , charnue et circulaire qui entoure le bord de l'orbite ; et: la 
bande,plus petite de. fibres. pälesi, qui est sur les-paupières : ces der- 
nières servent à fermer les paupières. Mais le premier n’agit que cora- 
biné,avec les autres muscles. de la face poux l’expression des-passiongs: : 
ou: dans quelque cas.d’excitation convulsive de cette partie. Dans le 
rire ,Let lorsqu'on. crie, le, muscle extérieur, qui est.le nlus puissant, . 
est. en. action :. c’est lui, qui fronce la peau sur les yeux et enfonce, : 
globe de l'œil. | 

Dans. l'ivresse, qui. produit une, sorte de paralysie aiment. 
les paupières sont. disposées à, se fermer, et l'élévation forcée du sour+ 
cil.oblige pourtant. d'élever la paupière supérieure. : très-souvent. 
ces.sourcils sont élevés Nr ce, qui’ caractérise davantage 
cette;expression. 

Ainsi, dans. L'état, tai ha causé, par de Kant souffrances « 


Cu 2. | 
Jes paupières pesantes et couvrant à moitié la pupille ; et le sourcil 
élevé , indiquent une grande faiblesse et beaucoup d’abattement. 


* Muscles moteurs des narines. 


D, muscle qui naît de la mâchoire supérieure et descend pour s'attacher 
à la lèvre supérieure et à la narine ; d’après cela on le nomme é/é- 
vateur conimun de la lèvre supérieure et de l'aile du nez, comme son 
nom l'indique : il sert à élever la lèvre supérieure et les narines. 

E $ série de fibres qui comprime les narines : c’est le triangulaire du 

* L’abaïsseur de l’aile du nez se trouvant placé sous l’orbiculaire des 

lèvres , il prend naissance près de l’alvéole de la dent incisive, et se 

trouve inséré au cartilage mobile qui forme les narines. 

Ces trois muscles servent à étendre et à contracter l’ouverture des 
narines ; ils se meuvent de concert avec les muscles de la respiration , 
‘et par conséquent le gonflement des narines indique une excitation 
générale de l’activité animale, L'expression des narines dilatées donne 
un air spirituel à l’ensemble de la physionomie : cela indique une pré- 
paration à l’activité dans toute la personne. 


Muscles des DAS, 


a 


F, élévateur propre de la lèvre supérieure. X] naît de l’os de la mâchoire : 
supérieure ; près de l’orbite. Il est exclusivement destiné à la lèvre 
supérieure ; et sert à l’élever. 13 

G, musele canin. Placé sous le précédent, ce muscle est par cela même 
plus court ; il sert à ‘éléver l'angle de la bouche. 

_ H; muscle zygomatique. X est ainsi nommé parce qu’il provient de 

l’arcade zygomatique : il s’insère dans l'angle de la bouche. Il existe 

quelquefois un muscle additionnel de ce nom, qui en est distingué : 
c’est le petit zygomatique. Ces derniers muscles forment une série ; 

ils élèvent la lèvre supérieure et l’angle-de la bouche , de manière à 

faire voir la dent canine , même chez les hommes. Nous les trouvons 

très-forts dans les animaux carnivores, tandis qu'il n'existe pas de 
mouvement semblable dans les herbivores. Si ces muscles agissent 
en sens contraire des fibres circulaires des lèvres, l'expression est triste 
gt amère , mais s’ils sont influencés par l’orbiculaire des lèvres ct l’or- 
biculaire des paupières , et si le premier de ces muscles est relâché 4 


ST SP CS RE, 7h 


APR RES 
: 


( 285 ) 


l'autre contracté ; la partie supérieure de La face prend ane 3 SES 
ouverte , gâie et souriante, 

K,, muscle orbiculaire des lèvres. C'est un muscle dci qui forme 
la substance charnue des lèvres ; il ferme la bouche , et lorsqu'il peut 
agir entièrement, il fait froncer les lèvres : c’est l’antagoniste desau- 
tres muscles qui viennent se fixer en grande partie dans les lèvres. 


M, le naso-labial, Ce muscle tire en bas le septum du nez , et appartient 
à la précédente série de muscles, 


N , muscle triangulaire des lèvres. C’est un fort muscle qui s’élève de la 
base de la mâchoire inférieure et est inséré dans l’angle de la bouche. : 

O, muscle quarré du menton, ou abaisseur de la lèvre inférieure. 

P, muscles releveurs du menton,Ce sont des muscles petits , mais forts, 
qui naissent de la mâchoire inférieure , près des alvéoles des dents in- 
cisives , descendent et sont fixés dans le tégument du menton, de 
façon que par leur mouvement ils relèvent le menton et avancent la 
lèvre inférieure. 

Q ; le buccinateur. est un muscle qui forme la partie charnue de la joue. 
Il sert principalement à mouvoir les alimens pendant la mastication , 
et est particulièrement développé dans les animaux herbivores ét ru- 
minans, Dans le gros vire il retient les lèvres. :! | 

Il existe toujours des muscles propres à la maslication , mais c’est. 
lorsqu'ils servent encore à l’expression et à la parole qu’ils offrent leur 
plus haut degré de perfection. Le muscle orbiculaire est particuliè- 
rement affecté dans les diverses émotions de l'âme ? il tremble ebse | 
relâche dans le chagrin; il estégalement relâché dans le sourire. En- ; 
fin , dans les pleurs il est comme tiraillé par la contraction de son an- - 


æ= tagoriste. 


La réunion de tant de muscles dans l’angle de la bouche produit la 
proéminence charnue que lon remarque particulièrement chez les 
personmes qui ont le visage maigre et en même temps musculeux. : 
Lorsque les joues sont grasses et pottelées , ce sont ces muscles qui 
produisent la petite fossctte de la joue. 

: L’angle de la bouche n’offre autant d'expression que parce que l’or- 
biculaire et la série supérieure et inférieure des muscles qui y sont 
Pts prédominent dans les mouvemens de la face. 

, L'action simultanée des muscles triangulaire des lèvres et rs 
du menton donne lieu à une expression particulière à lhomme. L’an- 
gle de la bouche abaissé , et la lèvre arquée et élevée, donnent l’ex- 
pression Le plus méprisante et la plus orgueilleuse. 

à 


( 286 }) 
Le temporal est un mustle fort , fermant:la mâchoire inférieure +111 
est assisté par le muscle masseter (R.), qui, placé sur le côté ex- 


terne de la mâchoire inférieure, naît de l’arcade zygomatique, et 
s’insère à l’angle de la mâchoire, 


PL. xxx1r ET xx XII. 


- Diverses modifications de la physionomie décrites dans le Mémoire. 


Sur quelques Fossiles du grès bigarré. 


Par M. Gaizzarpor, 
D.-M., Membre de plusieurs Sociétéssavantes. 


‘Une grande partie de la pierre de taille, employée: 
pour. la construction des maisons et des grands édifices 
à Lunéville, offrant des empreintes. et des débris de, vé- 
gétaux , j'ai été Curieux de visiter les carrières d’où on 
la tirait. On en exploite € en deux endroits, à Mery illers . 
près. de Baccarat, et à Domptail , département des 

Vosges, sur x limite du département , à une. lieue de 
_ Mägnières, et cinq de Lunéville. J'ai été visiter celles de 


Domptail , et celte excursion m'a été d'autant plus. 


agréable ;, que.j'ai eu. l'avantage de la faire avec les doc- 
teurs Lamoureux de. Nancy, Mougeot de Bruyères, et 
avee M. Périn de Lunéville, qui se livrent tous mois à. 
l'étude de la Géognosie. 

Lest:peu de localités.; peut-être, qui soient plus cc con- 
venables pour- étudier et pour se: faire une! idée dela 
formation du grès bigarré. C’est près de Domptail , à 
un quart de lieue de ce village, que se trouvent ces car- 
rières. Là , le grès bigarré s’avance dans le calcaire cor 


( 287 ) 

quillier dont il est entouré, excepté à l'Est , où il se, 
lie à la grande formation du grès rouge ancien. La col. 
line sur lagrelle est bâti Domptail est calcaires Ce grès: 
paraissait s’avancer et reposer sur le calcaire. A Rem, 
bervillers , et en plusieurs endroits, M. le docteur Mow. 
geot a cru voir le grès bigarré reposer sur Le calcaire co-, 
quillier ; mais observons que c'est tout-à-fait sur la li- 
mite des deux terrains-(#). 

Aux carrières de Domptail , le grès bigarré est disposé 
en grands bancs hôrizontaux , dont les supérieurs sont. 
les moins puissans. De grandes, fissures coupent vertica= 
lement ces bancs, à diverses /distances. Les couches en 
sont: très-variées. Quelques'bancs offrent une disposition, 
schisteuse déterminée par l'abondance du mica blanc ar-. 
gentin,. qui donne, à certains morceaux, l’aspect d’un 
gnsiss Ces grès, sontde diverses couleurs, du blanc. 
du gris , du verdâtre , du, rouge.; cette dernière couleur. 
est, cependant celle, qui domine. id s 

Les; bancs, ou assises de ces, grès, sont, séparés, par fps 
couches plus ou moins épaisses de.grès à grains très-fins., 
et d’argiles schisteuses diversement. colorées, rouges , 
jaunes, vertes. Ces argiles:se présentent. même dans l’in+, 
térieur du grès en: masses de différentesigrosseurs > OU EL, 
petits amas désignés, par les minér alogistes allemands, 

sons le nom. de Thon-gallen. 
Dans le centre méme, des plus gros Las on trouve. 


+1 à BR T7 _————,, 


(1), M. Elie de. as rs qui, a parcouru Dpptsent cette même 
contrée » 6t qui a examiné la carrière de Domptail et les 1 fossiles qu’ elle 
renferme , s’est assuré que ce grès appartient bien à la formation de grès 
bigarré jet qu'il estévidemment recouvert dans un grand nombre de” 


points par le calcaire;coquillier (Muschelkalk). R, 


( 288 ) À 
des tiges , des feuilles de grandes espèces de roseaux , 
aplaties, dont on ne peut reconnaître les caractères. 
Dans les bancs inférieurs , les ouvriers trouvent des em- 
preintes qu'ils prennent pour des arêtes de poissons , 
mais qui, d’après ün petit échantillon qu'a vu M. le 
docteur Mougeot , ne sont que des empreintes de fou- 
gères semblables à celles qu’il a observées aux carrières 
de Métendal et de Grandviller. 

Dans les couches de grès plus tendre qui séparent les 
grands bancs , on voit souvent de ces végétaux en grande 
quantité. Le végétal est converti en une espèce de terre 
d'ombre et de fer hydraté. Quelques-uns présentent des 
cellules tout-à-fait remplies d’une substance noire , lui-” 
sante , ayant tous les caractères de la houille. 

“Mais ce qui a le plus vivement fixé notre attention, 
ce sont des couches , ou plutôt des amas de coquilles 
marines , entièrement formées d’un grès très-friable , se 
réduisant facilement entre les doigts en une terre légère, 
dé couleur bistre plus ou moins foncée et contenant 
beaucoup de fer hydraté. On ne voit plus rien du test. IL 
paraît seulement remplacé par un grès plus fin, ocreux, de 
couleur moins foncée que celui qui a rempli et formée : 
moule intérne de la coquille. Rien ne fait effervescence 
avec les acides dans ces amas de coquilles. 11 n° y existe 
plus rien de calcaire. Les formes de ces coquilles s’y 
présentent dans toute leur intégrité, et généralement 
elles ne paraissent point avoir été brisées. 

Ces amas ou agglomérations de coquilles s'observent 
plutôt entre les bancs du grès bigarré; cependant ils 
n'accompagnent pas dans toute leur étendue les couches 
fissiles de grès plus fin ou d’argiles feuilletées qui sé- 


De 


À 


( 289) + 

parent les bancs. Ils s’y trouvent aux dépens des massifs 
de grès. On en voit même dans le corps de ces bancs, for- 
mant des espèces de nids de peu d’étendue. La fig. 12, 
pl: 34, représente un de ces amas de couleur brune , au 
milieu d’un grès micacé blanc assez dur, renfermant dés 
débris de végétaux. Ce bloc offre l’image d’une carie , et 
l'on pourrait croire que c'en est une , une sorte de décom- 
position de la pierre , si cette terre brune n'offrait une 
agglomération de coquilles bien conservées d’univalves 
et de bivalves. 

Quand ces amas de coquilles accompagnent les cou- 
ches d’argile feuilletée, ils vont se terminer brusque- 


ment au milieu d’un banc de grès, et l’argile continue 
de faire la séparation des grands bancs sans changer de 
direction. On en voit à différentes élévations. Ils ren- 
ferment aussi des débris de végétaux dont quelques-uns, 
par leur apparence ligneuse et par leur volume , peuvent 
bien avoir appartenu à des arbres de la classe des Di- 
cotylédones. ( 

J'y ai remarqué des cavités contenant encore des par- 
ticules osseuses dures , approchant même de l’émail , et 
qui pourraient bien avoir appartenu à des dents. Ces 
dents ou ossemens auraient eu la longueur et la gros- 
seur d’un tuyau de plume ordinaire , un peu arqué. Les 
particules osseuses qui y étaient encore contenues font 
une effervescence lente dans l’acide sr , et s’y dis- 
solvent presqu’entièrement. 

Les coquilles que l’on voit dans le grès bigarré de 
Domptail ne sont point celles du calcaire coquillier qui 
se trouve dans les environs. Il y a des univalves et des 
bivalves. Ces fossiles peuvent déjà donner un aperçu de 


ALES 

l’âge relatif, ou de l’époque de la formation du grès bi- 
garré. C’est à l'époque même de sa formation qué les 
coquilles qui s’y trouvent ont pu y être enferméés. 
Celles que l’on y voit en plus grande abondance sont 
des Natices , des coquilles turbinées de différentes gran- 
deurs ; une bivalve voisine des Cardites ou des Cythérées, 
-ét une autre voisine des Donaces ou des Solens. 

L'absence de la coquille même dont on ne voit plus 
que Île moule interne, se réduisant en poussière à la 
moindre pression , ne permet pas d'en étudier les carac- 
tères. On trouve cependant quelques-uns de ces fossiles 
faisant partie de la roche qui enveloppe ces amas , qui 
en ont la dureté et le grain, ce qui prouve que Île tout 
est de formation simultanée. 

Les Natices ont les tours de spiré un peu aplatis , ét 
le dernier tour très - grand. V’oy. pl. 34, fig. 10, 11. 
La fig. 11,6, est celle où l’on peut le mieux observer 
la bouche. Elles réssemblent assez aux Nérites figurées 
dans Bourguet, pl. xxxr. Les coquilles avec lesquelles 
elles auraient le plus de rapport, seraient les Ampul- 
laires ; mais les Ampullaires sontdes coquilles fluviatiles 
où d’eau douté, ét toutes celles qui accomMpagHERt lés 
Nätices dh grès bigarré de Domptail sont marines. ” 

Les univalves sont rares daïs les terrdins aniciéns èt 
dans le Muschelkalk me l'on voit dans les érivironis de 
nds grès bigarrés. Je n'ai trouvé qué réremént däns 
celui des environs de Lunéville lé’moule  iitétaé d’unié 
coquille turriculée longue de 12 à 15 Len dé éinq à 
éix ours de spire. _ 
Les Natces fossiles appartiennént aux formations 
postérieures , à la craie, at calcairé grossier, Ce grès 


('agr ) 

-bigarré serait-il d’une formation moins ancienne que 
celle du Muschelkalk? J'ai dit plus haut quenous avions 
eru voir le grès bigarré recouvrir le Muschelkalk. Kars- 
ten « désignait sous le nom de Jurakalkstein une an- | 

». cienne formation de calcaire secondaire , qu’il regar- 

» dait comme placée dans la série générale au-dessus 
» du gypse secondaire ancien , mais au-dessous du grès 
» bigarré (1). » 

La plus grande espèce de coquille turriculée que nous 
avons vue dans le grès de Domptail, est d'environ 
quatre pouces. PI. 34, fig. 8. Elle offre six tours de 
spire , et il en manque probablement un à la pointe. 
La fig. 7 représente deux tours de spire que je crois de | 
la même espèce. On y voit le premier tour qui peut 
donner une idée de la bouche qui est allongée, et que 
je ne crois pas avoir été terminée par un canal. Elle 
ressemblerait assez à celle des Phasianelies. Les’ tours 
de cette coquille sont aplaties , et il paraît qu’ils étaient 
imbriqués. Une autre espèce également turriculée a ses 
tours de spire plus arrondis , plus écartés ; sa longueur 
est de 12 à 15 lignes. PI. 34, fig. o. 

La coquille la plus commune est une bivalve de gros- 
seur variable, mais à-peu-près de celle de la Cytheræa 
convexa. Rarement on trouve les deux valves réunies ; 
les deux côtes qui partent du sommet sont divergentes , 
mais sont encoré assez rapprochées pour figurer une «s- 
pèce de canal dans leur intervalle. Ces valves sont striées 
transversalement. M. Voltz croit que c’est une trigo- 
nelle ( Schlottheim) semblable à celle que lon trouve 


cs 2 


(1) Annales des Mines , 32° livraison ; 1825 , p.265. Li 


( 292 ) : | 
dans le Muschelkalk. C'était aussi le seritiment du doc- 
teur Lamoureux. PI. 34, fig. 1 ,2 ay 4. 

On y trouve encore une autre bivalve voisine des 
Donaces ou des Solens, mais diflicile à déterminer. PI. 34, 
fig. 5. 

Le grès de Nebra , ou grès bigarré (de Thuringe), 
dit M. de Humbold , est assez pauvre en pétrifications. 
Il y indique les suivantes : Strombites speciosus, Pec- 
tinites fragilis, Mytulites recens, Gryphites spira- 
tus (Schlottheïm ). 

M. d’Aubuisson dit que l’on trouve, d’âprès M. Schlot- 
theim , dans le grès bigarré , des Pectinites , des Pin- 
nites , des Pholades , des Turbinites et de grandes 
Huitres. | 

Ne serait-ce point du grès bigarré dont parle M. de 
Charpentier dans sa Description géognostique des Pyré- 
nées , à l’article du grès rouge, en indiquant une espèce 
de Chamite engagée dans un calcaire compacte qui forme 
une couche puissante dans le grès schisteux du vallon 
de Galza-Gorrico-Arreca ? | | 

M. Thirria ; ingénieur au corps royal des Mines , qui 
a donné un article sur les richesses minérales du dépar- 
tement de la Haute-Saône dans l'Annuaire de 1825, dit 
que l’on trouve , mais rarement, des pétrifications. de 
petites coquilles dans ce grès bigarré. 


En Bourgogne , on aurait trouvé un psammite Bou 
diatement superposé au granite ; renfermant des Ammo- 
nites , des Bélemnites, des empreintes.de feuilles et des 
parties de végétaux carbonisés. M._ de Bonnard y a vu 
des empreintes de trigonies et de peignes. Cette trigonie 


(295 ) 

parait ressembler au Crassatella plicata de Sowerby. 
(Annales des Mines , 3° {hv. ; 1825.) (x). 
Je crois donc pouvoir conclure de ces observations : 
Qu'il ne reste aucun doute sur lexistence, dans le 
grès bigarré, des corps organisés fossiles végétaux. et ani- 

maux, des mollusques principalement. On ne peut point 
_ confondre le grès bigarré de Domptail avec le Quader- 
sandstein , avec lequel M. de Bonnard serait porté à 
croire que le grès bigarré aurait été souvent confondu. 


2 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIV. 


Coquilles du grès bigarré de Domptail. 


Fig. 1 , 2, 3, 4. Coquille voisine des Trigonelles de Schlotheim. 

Fig. 5, 6. Coquille voisine des Donaces ou des Solens. 

Fig. 7, 8. Grande coquille turriculée ressemblant aux Phasianelles. 

Fig. 9. Autre espèce voisine de la précédente. 

Fig. 10, 11. Natices ? appartenant peut-être à deux espèces diflérentes, 

Fig. 12. Coupe du terrain de grès bigarré qui renferme les coquilles pré- 
cédentes à Domptail, département des Vosges. 


(1) Le Psammite indiqué par M. de Bonnard , et que M. Gaillardot 
égmpare ici au grès bigarré des Vosges, est une des Arkoses décrites 
par M. Brongniart dans le numéro précédent de ces Annales, et que 
d’autres considérations l’ont porté à considérer aussi comme de la même 
époque que le grès bigarré. \ «AR. 


Yur. 20 


( 294 ) 


CoxsinérATioNs sur la Production des Hybrides , 
des Variantes et dés Variétés en général, et 
sur Celles de la famille des Cucurbitacées en 

| particulier. 


Par M. SAGERET, 


Membre de la oc royale et ceutrale d'Agriculture de Paris. 


M'occurawr depuis plus de quinze ans d'expériences 
sur les fécondations naturelles et artificielles des végé- 
taux , j'ai ramassé un assez grand nombre de matériaux. 
J'ignore si j'aurai la possibilité de les mettre en ordre 
et de publier un traité complet sur ce sujet : c’est ce qui 
me détermine aujourd’hui à en extraire particulièrement 
ce qui peut avoir rapport à l’objet que je traite ici. 

Plusieurs agronomes anglais paraissent s’être occupés 
des hybrides, entre autres M. Knight, président de la 
Société d'Horticulture de Londres , et M. W. Hiebert. 
Mais je ne connais d’eux que des notes insérées dans les 
Annales de l Agriculture française. M. Duchesne, eu 
France, s’en est aussi occupé, J'avais consulté, quelques 
années auparavant, plusieurs notices de Kœlreuther , 
insérées et éparses dans les Wémoires de l'Académie 
royale de Pétersboursg. dE bn 

La plupart de mes expériences ont été faites avant la 
lecture des ouvrages de Kælreuther ; mais le hasard nous 
avait fait nous rencontrer quelquefuis sur le même objet, 
et j'ai été charmé de voir que nous nous accordions. De 
nombreuses expériences ont été faites par lui avec des 
résultats heureux sur les digitales, les tabacs, les mal- 
vacées , les lins , les lychnis, les cucubalus, les œillets 


( 295 ) 

et les lycium, eic.; mais il paraît que les nombreux hy- 
brides obtenus par lui se sont perdus , qu’il n'en est resté 
que les descriptions ; cependant à défaut de résultats ma- 
tériels, ces observations subsistent, et peuvent nous 
donner la mesure de ce qui est possible et de ce qui ne 
l’est pas. Ayant, par suite, répété plusieurs de ses ex- 
périences, j'ai eu lieu de me convaincre de plus en plus 
de son exactitude et de sa véracité ; je crois done qu'il 
mérité toute confiance : au surplus dans ce qui va suivre 
je n'ai rien emprunté"à personne , et j'ai vu par moi- 
même tout ce que j'annoncerai , sauf les décompositions 
et recompositions de tabaes hybrides, qu'il a poussées au 
dernier degré , et qu’il m'a paru inutile de suivre de nou- 
veau avec lui, pour ne pas perdre de temps , puisqu'il 
avait fait à cet égard tout ce qu il était rh de faire , 
et que sa véracité n’est pas douteuse pour moi. 

Suivant lui, les plantes hybrides, à l'instar des mu- 
lets, sont communément plus vigoureuses que leurs as- 
cendans ; mais si quelques-unes sont stériles comme les 
mulets, plusieurs autres aussi grènent et frucüfient abon: 
damment, et cette stérilité et cette fécondité peuvent éga- 
lément se remarquer dans des individus pareils, c’est-à- 
dire provenant des mêmes ascendans. C'est aussi ce que 
j'ai vu, et suivant moi, la proportion des hybrides fé- 
conds est infiniment plus grande. Je ne merappelle point 
s’il a remarqué , comme moi, que la faculté dé grener 
pouvait ténir au plus ou au moins d’analogie des plantes 
hybrides , quoiqu'il: y ait à cet égard, comme en tout 
autre point, des exceptions; ni s’il avait éprouvé l'ex- 
trème facilité avec laquelle elles se multiplient de mar- 
cottés, de dragcons , de boutures, etc. ; prises indistinc- 


( 396 ) 


tement sur toutes leurs parties , ainsi que l’extrême pro- 
pension-que plusieurs d’entre elles ont à devenir vivaces, 
d’annuelles que nous les voyons ordinairement, et à pous- 
ser en terre, contre leñr habitude, des espèces de fila- 
mens pour se multiplier. J'ai eu un, très-beau tabac 
hybride, Nicotiana tabaco-undulata , dont on ne pou- 
vait cultiver une potée nulle part qu’il n’y en repousst 
l’année. suivante, dont la moindre portion de plante, 
quelque part qu'elle füt tombée, prenait infaïlliblement 
racine; je l'ai conservé pendant plusieurs années en pleine 
terre à l'abri d’un mur, et je ne l'ai perdu quedansl’hiver 
de 1819 à 1820, dans lequel le thermomètre a descendu 
chez moi à douze degrés au-dessous de zéro , froid au- 
quel n’ont point résisté mes choux-navets et mes ruta- 
bagas. ; 

J'ai perdu ous d'hybrides que j'avais faits ; mais 
je possède encore actuellement une très-grande CLS 
d'arbres et arbustes hybrides, tels que rosiers, pommiers, 
amandiers et amandiers - pèchers, parmi lesquels ceux 
qui sont en âge fructifient pour la plupart et grènent 
assez aisément. Ils ont d’ailleurs le secours de la greffe, 
comme moyen assuré de conservation et de multiplica- 
tion; car il faut convenif que-la plupart des graines hy- 
brides sont un peu plus lentes à lever que les autres, J'ai 
conservé en outre des graines de diverses espèces de 
choux-navets. et de colzas artificiels. Ces derniers , cul- 
tivés les uns près des autres, m'ont donné un exemple 
frappant de la facilité avec laquelle les hybrides , une 
fois introduits dans une famille, peuvent s’y allier dans 
toutes sortes de proportions , dégénérer ainsi eux-mêmes, 
et faire dégénérer leurs-voisins d'espèce franche ounon ; 


Ls 


( 297 ) 

de la même famille bien entendu ; ce dont it résulte par 
suite une confusion inextricable: J'ai remarqué ceue 
même tendance à se mêler Sr nos melons hybrides : tous 
d’ailleurs présentent une végétation vigoureuse , frac- 
tifient plus aisément que nos melons ordinaires, et pro- 
duisent des graines nombreuses et fécondes. 
-: Mais ce que j'ai vu de plus singulier dans mes hy- 
brides s’est offert à moi sur le chou-raifort, Brassico- 
raphanus , produit du radis noir, fécondé par le chou. 
On sait jusqu’à quel point diffèrent les siliques de ces 
deux plantes ; on les distingue au premier coup-d’œil : 
ce chou-raifort qui fleurissait abondamment , mais gre- 
nait diflicilement , avait quelques capsules simples, 
mais peu apparentes ; qui contenaient tout au plus une 
seule graine , tantôt mal, tantôt bien formée , et quel- 
ques autres capsules beaucoup plus belles. Ces dernières, 
au lieu d’être, comme je m'y\attendais, d’une forme 
moyenne entre celles du chou et du radis, offraient sur 
le même fruit deux siliques au-dessus l’une de l’autre, 
et très-distinctes par la forme : l’une ressemblant à celle 
du chou, et l’autre à celle du radis, ayant chacune d’elles 
une seule graine assez analogue à l'apparence de. leur 
silique PÉtIpreues (Ce fait aura plus bas son appli- 
- Cation. ) | 

Il eût été curieux de suivre le droit, de ces deux 
graines; mais les individus qui en provenaiennt étant 
faibles , je les ai négligés. | 

Avant d'aller plus loin , je dois exprimer icila signi- 
fication précise de quelques mots anciens , et de quel- 
‘ques mots nouveaux que je ne puis me dispenser d’em- 
ployer. 


( 298 ) 

Je laisseräi aux mots variété, sôus-variété et racèé à- 
peu-près la mème signification que M. Bosc leur a às- 
signée dans le Dictionnaire &' Agriculture ; sauf ce que 
je vais en extraire. pour caractériser le mot variante. 

Variante exprimera les différences légères ou peu 
constantes observées sur des plantes de la même espèce, 
cultivées ou non, et venues de semis ; én tant qu’on au- 
rait lieu d'attribuer ces différences plutôt à la nature du 
sol.ou du climat , qu'aux effets de la culture elle-même ; 
d'autre part cependant ; je l’appliquerai à quelques plate 
tes à fleur double aussi venues du semis, tel qu’au pied 
des giroflées rouges et blanches doubles , qui n'offrent 
d’ailleurs aucune autre différence avec les individus sim + 
ples de la mème variété : alors la giroflée blanche double 
sera une variante de la variété de giroflée dite blanche 
simple; mais le mot variante sera principalement ap- 
plicable aux individus non venus de semis , qui devront 
leur origine aux greffes, marcottes, boutures, drageons, 
tubercules , ete., et qui, suivant les circonstances , Of- 
friront, soit des productions plus hâtives, comme les 
pelités pommes de terre vitelottes hâtives, les petités 
truffes d'août hâtivés, qui ne sont que des variantes des 
vitelottes et”trufés d'août ordinaires, devenues seule- 
ment hâtives par leur culture dans un sol plus légers 
variante sera encore applicable aux branches panachées 
et non panachées sur la même plante , comme le gera- 
nium zonale, etc., et aux‘fleurs rouges et panachées de 
rouge, provenant du même pie comme sur plusieurs 
œillets. 

Atavisme, inot-tiré du latin atavus,-aïenl, imaginé 
par M. Îuchesne pour exprimer soit la ressemblance 


(299 

que les plantes et les animaux. peuvent avoir avec leurs 
ascendans, soit encore plus une tendance marquée qu'ils 
paraissent avoir à rappeler et à offrit dé nouveau cette res- 
semblance, même à des époques assez éloignées ; après 
une espèce d'oubli, avee Jeurs-ascéndans ; quelquefois 
même en ligne indirecte, comme avec les oneles ; 
tantes, etc. 34 

Accoutumé dès SR CT à voir se former sous mes 
yeux des hybrides on variétés, soit que ces mutations 
fassent dues à mes efforts, soit qu’elles fussent, si l’on 
veut , l'effet du hasard, hasard cependant amené par la 
réunion de plusieurs espèces et-variétés d’une même fa- 


mille ; j'ai pris l'habitude de les analyser pour les-recon- 


naître , et j'ai appris, pour ainsi dire ; à les deviner. Si 
je n'ai pu remonter à la cause première de ces mutations, 
j'ai pu du moins en rechercher lés causes secondaires , 
et examiner de quelle manière elles avaient dieu : aussi 
prendrai-je la Hharté de hasarder» sur ce sujet AAA 
idées. : | 
J'ai constaté par Fe ‘expériences d éite éd di: 

que les graines du mème fruit pouvaient chacune en par- 
ticulier , recevoir une fécondation différente ; il me serait 
trop long dé.les détailler -iei; mais elles étaient assez 
nombreuses et assez concluantes pour ne laisser aucun 
doute. Mais une autre quéstion se présente : les graines 
du même fruit, une fois bien formées et mûres , sont- 
elles nécessairement et dès lors destinées à produire une 
plante caractérisée d’ayance , où bien l’époque de leur 
semis et la dilférénce de sol et de culture influent-elles 
sur leur caractère futur ? Il paraît bien que la plus ou 
moins parfaite maturité des graines est déjà une cause de 


(800 ) 

variante ; mais dans le cas présent , nous supposons cette 
maturité parfaite, M: Vilmorin que j'ai consulté à ce 
sujet ; fondé sur plusieurs observations qui lui sont pro- 
pres'et sur celles de-plusieurs jardiniers dont il à con- 
naissance , m'a cértifié qu’il y avait de grandes influences 
exercées sur la production des fleurs doubles et de la 
précocité, des plantes par l’époque du semis et les dif- 
férens procédés de culture. | DRE 

On peut, je le pense , supposer dans les végétaux an- 
ciennement cultivés , et qui pour la plupart ont donné 
des variétés d'autant plus nombreuses et d'autant plus 
marquées que la culture en est plus ancienne et plus 
variée ; on peut, dis-je, supposer l'existence de deux 
forces agissant en sens contraire et avec divers degrés 
d'intensité ; suivant les circonstances : la première ten- 
dant à les ramener à l'état sauvage où primitif , et devant 
avoir le-dessüs lorsque la culture cesse ou dégénère , où 
que les végétaux se retrouvent dans leur sol ou climat 
naturel ; et alors on doit s’attendre à voir er des 
individus plus ou moins-ressemblans à ceux qu’on avait 
vus autrefois ( première cause d’atavisme } (1); la seconde 
force au contraire , animée par la suecession non inter- 
rompue , où augmentée des efforts de la culture, et ten- 
dante à multiplier les variétés : lorsque ces deux forces 
se balancent-mutuellement , les choses peuvent rester i7 


I) 1 


‘à 


nn LS T 


(1) M. Thouin a rapporté à M. Bose que M. de Malesherbes avait 
fait jeter de la graine de superbes asters de la Chine (grande margue- 
rite ) sur un terrain impropre à la culture, voisin de sa maison de 17a- 
lesliérbes , et que la séconde année , les pieds qui s'étaient reproduits 
spontanément de graines Ctaïvñt presque tous rouges et simples. 


| (301 ) 

statu quo : les variétés alors se fixent , et peuvent prendre 
le nom de race. 

Dans les plantes dont les fleurs sont a A ; 
Ms tes peuvent se passer ainsi : il n'y a point ordi- 
nairement à rechercher une double ‘origine, à moins 
qu'elle n'ait été provoquée ; mais dans les plantes mo- 
noïques et dioïques dont les organes sexuels sont dis- 
tincts , ainsi que dans les animaux , il faut nécessaire- 
ment avoir égard à l'influence du mâle et à celle de la 
femelle : la recherche est alors plus compliquée. Je ne 
parlerai point ici de l'influence du mâle en tant que com- 
parée à celle de la femelle , d'autant plus que, dans les 
plantes , on peut croire que cela n’est pas d’une impor- 
tance majeure : je n’ai d’ailleurs aucune observation mar- 
quante qui y soit relative; je me bornerai à suivre ces 
influences sans avoir égard au sexe. 

Lapremière idée qui s’ofire à l'esprit lorsqu'une plante 
hybride se présente à vos yeux, soit que cette plante 
soit véritablement hybride , c’est-à-dire provenant de 
deux espèces différentes | soit hybride de deux variétés , 
si tant ést qu’on doive alors lui donner ce nom ; la pre- 
mière idée , dis-je , est de chercher dans cet hybride mis 
sous vos yeux une ressemblance qui donne un terme 
moyen entre ses deux ascendans connus ou présumés , 
soit immédiats , soit même à des degrés plus éloignés, si 
l’on veut admettre l’atavisme, et l’on est naturellement 
porté à croire que cette ressemblance doit être une fusion 
sinon intégrale , au moins partielle , soit apparente ; soit 
intime , des caractères appartenant aux deux ascendans. 
Cette fusion de caractères peut avoir lieu dans certains 
cas ; mais il m'a paru qu’en général les choses ne se pas- 


( 302 ) 

saient pas ainsi ; peut-être y at-il une distinction à faire; 
peut-être , à raison du plus ou moins d’analogie entre les 
espèces , y a-t-il plus ou moins d’éloignement pour un 
mélange parfait. Ainsi donc, en définitive, ik m’a paru 
qu'en général la ressemblance de l’hybride à ses deux 
ascendans consistait , non dans une fusion intime des di- 
vers caractères propres à chacun d'eux en particulier , 
mais bien plutôt dans une distribution , soit égale , soit 
inégale , de ces mêmes caractères ; je dis égale ou: iné- 
gale, parce qu'elle test bien loin d’être la même dans 
tous les individus hybrides provenant d’une même ori- 
gine, et il y a entre eux une très-grande diversité. ( Ces 
faits sont constatés par une multitude de mes expérien- 
ces.) 

Les idées que je présente ici m'ont paru remarquables ; 
elles me semblent être d'une bien grande importance. 
Pour bien les faire saisir, j'en donnerai quelques exém- 
ples pris sur mes melons hybrides : je vais donc en con- 
séquence faire une supposition. | 

Je suppose qu’il s’agit ici d'examiner plusieurs’ hy- 
brides , produits de la fécondation d’un Melon chaté par 
un Melon cantaloup brodé, l’un et l’autre d'espèce assez 
franche pour faire espérer que chacun d'eux contribuera 
pour sa part à rendré son espèce autant que possible. 

Je suppose aussi, pour plus de simplicité et de clarté, 
que cinq caractères seulement , remarquables ou dignes 
d'attention , se trouvent dans le chaté et dans le melon 
dont les produits hybrides nous occupent ici. 


( 305 ) 


Le melon ascendant avait : Le chaté apOrIant avait : 


Caractères. Caréclètes. 
1er, Chair jaune. rer, Chair blanche. 
2°. Graites jaunes. at. Graines blanchies. 
3°. Broderie. 8e. Peau lisse. 
4°. Côtes fortement prononcées. 4°. Côtes légèrement prononcées, 
5e, Saveur douce, 5e. Saveur sucrée et tres-acide en 
| même temps. 


Le Mona. ar des hybrides créés aurait dû être 
en terme moye : 1°. chair jaune très-päle ; 2°. graines 
jaunes très - pàles ; 39:-broderie légère et clair-semée ; 
4°. côtes légèrement prononcéess 5°, saveur douce et 
acide en même temps ; mais tout au contraire. 


Produits réels de deux hybrides des chatés et melons 


\ sus-desicnés. 
| 5 


PREMIER HŸBRIDE. : | DÉUXIÈME HYBRIDE. 
10, Châir jaune. 10, Chair jaunître. 
25, Gvaines blanches. 2°. Graines blanches. 
3°. Broderie. , 39, Peau lisse, 
4°. Côtes assez prononcées. 4e. Sans côtes. 


5°, Saveur’ acide. | Le rer a douce. 


Ces sk hybrides dont j’ai maintes fois obtenu les 
analogues où l'équivalent, sufliront , je pense , pour l’in- 
telligence de ce que j'ai dit plus haut. On y voit , en effet, 
tantôt une fusion des caractères appartenant au melon et 
au chaté, mais cette fusion est de bien peu d'importance; 
tantôt on y voit une distribution bien plus marquée de 
deurs divers caractères sans aucun mélange entre eux : 
l’un a la saveur douce et agréable du melon sans mé- 
lange, et l’autre la saveur acide du chaté , etc. 


( 304 ) 

On ne peut trop admirer avec quelle simplicité de 
moyens la nature s’est donné la faculté de varier à l'in- 
fini ses productions et d’éviter-la monotonie. Deux de 
ces moyens , fusion et distribution de caractères combi-- 
nés de diverses manières, se pare ces variétés à à 
un nombre indéfini. 

Toutes ces idées, et inrisaininont celie de Ja dis- 
tribution aux hybrides des caractères de leurs ascendans 
sans fusion. de ces caractères , et que je regarde comme 
Ja base principale de la ressemblance: de ces hybrides 
avec Leurs ascendans , sont fondées notamment sur l’ob- 
servation de la singulière fructification du chou-raifort, 
: décrite plus haut et subsidiairement appuyée sur le grand 
nombre et l’extrème variabilité des melons que j'ai cul- 
tivés , de leurs hybrides avec le chaté et le mefon - ser- 
pent , et par la variabilité, peut-être encore plus éten- 
due et sa étonnante du pepon, que je nomme pepo 
citrullis , connue généralement sous les divers noms de 
citrouille , giromont, coloquinelle ( fausse coloquinte), 
courge à la moelle et autres, pastisson , bonnet élec- 
teur, etc. Ce pepon , d’après mes observations, a fourni 
toutes les variétés de forme , de grosseur et de couleur 
qu’on a quelquefois attribuées à des espèces: particuliè- 
res) La graine du même fruit m’a offert tout ce qu’il est 
possible d'imaginer ; m'a fourni tous les: accidens pos- 
sibles , et m'a souvent reproduit des variétés quiavaient 
disparu depuis long-temps, M: Duchesne en a consigné 
plusieurs exemples dans ses ouvrages et dans une fort 
belle collection de planches, lesquelles sont déposées 
au: Muséum d'Histoire naturelle. 5 «2 

À quoi tient donc cette faculté quela: nature a de re-+ 


. (365 ) 


produire sur les descendans tel ou tel caractère qui ayait 
appartenu à leurs ascendans ? Nous ne le savons, pas ; 
nous pouvons bien soupçonner qu’elle dépend d’un type, 
d’un moule primitif qui contient le germe de tous les 
organes , germe qui dort et se réveille , qui se développe 
ou non suivant les circonstances ; et peut-être ce que, 
nous appelons espèce nouvelle n’est qu'une espèce an- 
cienne dans laquelle se développent des organes anciens ; 
mais oubliés , ou des organes nouveaux dont le germe 
existait, mais dont le développement n’avait jamais été 
favorisé. ii 

Au surplus, tous les faits que j'ai rapportés et les 
idées qu’ils m'ont suggérées n’ont rien de si extraordi- 
paire. : un. 

Qu'en se reporte, en effet, à ce qui se passe dans le 
règne animal : ne voyons-nous pas, dans les abeïlles ou- 
vrières , le sexe féminin ne pas se développer par le seu! 
fait du manque d’une nourriture plus abondante ou plus 
appropriée , ainsi que par leur défaut de développement 
complet dans yne alvéole trop petite? Et pour en revenir 
à Be idées Eu le mode de A en des hybrides 
_ avec leurs ascendans , ne voyons-nous pas que les enfans 
d’un père qui a les yeux et les cheveux noirs, et d’une 
mère blonde et aux yeux bleus, n’ont pas nécessairce- 
. ment pour cela les yeux et les che; eux gris ou châtains ? 
L'un peut avoir les yeux de la mère et les cheyeux-du 
père, et wice versd; mais il est assez ordinaire qu'ils re- 
tiennent quelque chose de l’un et de l’autre. La même 
remarque peut s'appliquer au nez, aux oreilles, etc. ; et 
en outre à certaines affections ou maladies héréditaires 
qui peuvent affecter les uns et non les autres, qui peu- 


( 306 } 
vent ne pas se faire apercevoir dans la première généra= 
tion et reparaître dans la seconde et les suivantes. Le 
fonds reste, les accessoires varient, le type ou moule 
primordial existe, le germe y existe aussi ; mais il dort 
ou se réveille suivant les circonstances. 

Ce n'est ‘donc pas sans raison que les Arabes conser- 
vent avec tant de soin la généalogie de leurs chevaux : il 
leur a donc paru important de pouvoir établir qu'aucun 
mélange , aucun défaut n'avaient souillé la pureté de 
leur race, et qu'un atavisme malheureux est impos- 
sible. Le | 

On peut encore tirer de ce ci un avis important pour 
ceux qui s'occupent du croisement et de l’amélioration 
des races : ce qui a été dit sur les chevaux peut s’appli- 
quér aux moutons mérinos et aux autres Faces, comme à 
toute autre espèce d'animal ; il est bon qu'ils prévoient 
cé qu'ils ont à craindre d’un atavisme inconvenant ; 
qu'ils sachent que l’époque de son retour est peut-être 
indéterminée : qu'ils sachent que , dans les ascendans , 
des défauts ne sont pas toujours compensés par des qua- 
lités contraires ; enfin qu’ils apprennent à connaître par 
l'expérience, si faire se peut, quels sont les caractères 
qui se mêlent, quels sont ceux qui se perpétuent sans 
mélange , et quelles peuvent être les modifications dont 
les croisemens sont susceptibles. Je désire que mes ob- 
servations contribuent à lés mettre sur la voie. 

Mais il est temps de revenir à mon sujet, 

J'ai présenté jusqu'ici les hybrides obtenus par moi 
comme n'étant le produit et la représentation que de 
déux ascendans immédiats ; je n’ai point parlé des cas 
où ces ascendans eux-mêmes auront déjà des signes d’hy- 


( 307 ) 


bridisme , si ce n’est en passant, et lorsqu'il a été ques 
tion des tabacs hybrides de Xælreuther et de mes choux- 
navets artificiels , dans lesquels ontété signalés des hybri- 
des, composés soitdoubles ou triples hybrides, soit surky- 
brides. Ce sujet est important, mais il est diflicile à traiter ; 
_etmes observations à cet égard , quoique déjà très-nom- 
breuses , ne sont point encore assez positives pour que 
j'ose m'y engager ; cependant je ne puis passer sous si- 
lence quelques singularités, qui donneront lieu de 
soupçonner la possibilité d’une double paternité immé- 
diate : je m'explique. = 

Une seule et mème graine , un seul fœtus a-t-il pu re- 
cevoir en mème temps et indivisément deux fécondations 
différentes , ou, pour me servir d’une expression tri- 
viale, mais fort claire, un enfant peut-il avoir deux 
pères ? De ce que ce fait n'aurait point lieu dans les ani- 
maux, on n’en pourrait rien conclure contre son exis- 
tence dans les végétaux : au surplus voici ce qui m'a 
donné lieu d’agiter cette questiou. 

Dès le premier croisement opéré par moi entre le 
melon commun , le melon-serpent et le chaté , plusieurs 
de ces plantes étant assez voisines les unes des autres, 
et, malgré mes précautions, la possibilité d’une fécon- 
dation étrangère spontanée et imprévue étant admissible , 
j'avais éru m’apercevoir que plusieurs hybrides provenus 
du premier degré d’hybridation paraissaient tenir en 
même temps du melon, du melon-serpent et du chaté ; 
c'est-à-dire que , dans les uns, la saveur acide du chaté 
se rencontrait avec les formes du melon et du melon-ser- 
pent ; que dans les autres , la forme du melon dominait, 
mais que les saveurs peu agréables du melon-serpent et 


( 308 } 

du chaté se faisaient seules ressentir ; qu’il pouvait même 
arriver que, dans ce cas, ces saveurs fussent portées à un 
tel degré de force , et tellement repoussantes , qu'il était 
impossible de les comparer à celle des espèces franches 
elles-nièmés. Ce fait m'intriguait beaucoup , et , sans la 
supposition d'une double paternité, me paraissait inex- 
plicable; j'avoue mème encore aujourd'hui qu'avec le 
secours des nouvelles limières que depuis j'ai pu ac- 
quérir, je suis peu satisfait de toute autre explication. 

Quelques personnes ont pensé que l'influence d'une 
fécondation étrangère pouvait se faire sentir immédiate- 
ment sur la saveur d'un fruit, et ont cru qu'un melon 
pouvait devenir amer, parce qu'il se trouvait auprès 
d’une coloquinte : je ferai voir ailleurs que ce fait doit 
être regardé comme une absurdité , je ne puis donc l’ad- 
mettre ici comme une explication : j'aimerais mieux dire 
que toutes les plantes, et peut-être plus encore les 
plantes hybrides , ayant, ainsi que nous l'avons vu, la 
faculté de rappeler , pour ainsi dire, à volonté, sans 
mesure et indifféremment, et indépendamment les unes 
des autres, les qualités de leurs ascendans, il est possible 
que quelques-unes d’entre elles, mal partagées , aient 
laissé tout ce qu'il y avait de bon, et pris tout ce qu'il y 
avait de mauvais, ainsi qu’on voit des enfans avoir les 
défauts de leurs parens sans avoir leurs bonnes qua- 
lités: | +! 

Laissant , au surplus , une meilleure explication de ce 
dernier fait à des observations postérieures, je vais, en 
réunissant tout ce que j'ai dit jusqu'ici, chercher à en 
profiter pour jeter quelque jour sur certains phéno- 
mènes qui s’observent dans quelques plantes ; savoir : 


(369) 

‘4°, L'existence et la réunion sur une plante, soit 
variété, soit hybride, de plusieurs caractères qui ; ne'se 
‘retrouvant point dans sés ascendans immédiats y8expli - 
quent par l’atavisme ( Voyez plus haut), c'estüsdire Ja 
tendance à rappeler d'anciens caractères pu et qe se 
renouvellent ; | ns aile LE 

29, L'existence , sur la sas , de fleurs dé coit- 
leur différente ; comme sur quelques rosiers, Z& rose 
F'ilmorin , et sur quelques œillets : il n'est pas rare de 
voir sur lé même pied des fleurs rouges et des fleurs #ä 
nächéess + D os LR SE Lee à 7e 

139. L' existence sur la même grappè de raisin, dé grains 
blancs et de grains noirs, et de grâins moitié blancs ‘et 
moitié noirs ; sur lé même plant de melon; dédeux 
fruits absolument différens ( ce dérniér fait m'a été cer- 
tifié par M. Filmorin et par PURE autres personnes 
pie de foi }; | 

49. L'existèence sur le même sisi sûr les boutures 
qui en proviennent, de feuilles et de branches pana- 
chées , et d’autres qui ne le sont en comme dans le 
Geranium 2onale et autres. | 

* Ces deuxième , troisième et guatrièms faits s’expli- 
quent par les modifications que peuvent subir pendant 
le cours de leur: végétation , soituue,plante,soit une 
partie de plante : ainsi que nous l avons vu plus haut en 
parlant des produits diflérens que peut donner la : même 
graine semée à des époques diflérentes, et par une cul: 
ture différente, il est possible, que l’atavisme qui ne 
: s'était point manifesté sur la plante principale, ‘se mani 
feste sur quelqu'une de ses parties, | 


PME 2: dt 


( 310 } 


Des Cuourbitacées en général, et des Courges pro- 
prement dites. — Projet de nomenclature pour cette 
famille. : 


Spallanzant a fait et réitéré , avec le plus grand soin 
et les précautions les plus minutieuses , des expériences 
qui prouvent que quelques courges (pepons) peuvent 
produire sans fécondation des fruits dont les graines 
sont fécondes ; j'ai répété quelques - unes de ses expé- 
riences , et mes résultats ont été conformes aux siens (r). 
Je crois même me, rappeler que Spallanzani a été 
encore plus loin, et que les graines de ses fruits non 
fécondées , ayant.été semées de nouveau ,. lui ont pro- 
duit des fruits qui , sans fécondation’, ont donné dere- 
chef des graines fécondes. 

‘ai d’ailleurs fait sur les courges proprement dites une 
multitude d'expériences dont je ne consignerai ici que 
le point le plus important : j’ai observé leur végétation 
avec le plus grand soin ; j'ai pris la peine de les goûter 
toutes , et je me suis convaincu , entre autres choses, 
qu'il n'existait aucune espèce d’amertume dans les petites 


el 


(1) Un cantaloup boule-de-siam , privé de ses fleurs mâles, couvert 
d’une cloche pendant l’épanouissement de sa flenr femelle non fécondée , 
a donné un fruit dont les graines ont été fécondes. Vingt-huit graines 
de ce fruit semées l’année suivante ont donné des fruits absolument sem- 
blables à la boule-de-siam : deux graines ont douné des fruits oblonss 
et à côtes peu saillantes, et à peau lisse. Ce fait prouve en premier lien 
la dégénération spontauée dumelon , et, en second lieu , donne à croire 
qu’il n’a pas besoin de fécondation pour fructifier, à moins qu’ou ne sup- 
pose que dans ce cas sa fleur femelle était pourvue d’étamines ; ce qui 
arrive , au reste , assez souvent. 


2 


(88%1/). 
courges appelées mal-à-propos coloquinies , ainsi qu’on 
le croit assez communément. Je crois avoir déterminé 
d’une manière positive (et je me suis pour cela servi de 
tous mes sens ) le nombre des véritables espèces, qui, 
quoique pour la plupart très-portées à donner de nom- 


breuses et d’étonnantes variétés, lesquelles variétés 


peuvent bien se mêlér entre elles , mais chacune dans 
son espèce , m'ont cependant paru bien fixes et nulle- 
ment disposées à se mêler avec les autres espèces par au- 
cung fécondation , ni spontanée , ni artificielle , quoique 
j'aie employé beaucoup de temps et de moyéns pour les 
y forcer. 

D'après cela , j'ai cru pouvoir les classer ainsi qu’il 
suit , et proposer pour elles cetté nomenclature. d 


Courges proprement dites , six espèces ; savoir ,' ? 


19. La calebasse , dité aussi gourde, courge pélerine 
et ses variétés , Cucurbita leucantha; sie . 

2°, Le potiron et ses variétés, dont une très-remar- 
quable , mais très-peu constante , le turban ou bonnet 
turc : l’épithète de compressus lui convenait fort bien ; 
mais le potiromon et quelques variétés de giromon sont 
également comprimés : je le nomme Pepo potiron. 

39, Le giromon , avec ses varlétés extrêmement nom- 
breuses et extrêmement singulières, connues sous les 
divers noms de citrouilles , courges à la moelle, pas- 
tisson , bonnet d’électeur, coloquinelle ou fausse colo- 


quite ,. coloquinte - orange , RME Lac etc. 


( Pepo citrullus. ) | 
4°. La citrouille musquée , courge où pt mus- 


(18122) 


qué melunné , ete. , que j'appellerai potiromon ; comme 
étant une espèce intermédiaire entre le potiron et le gi- 
romon., quoiqu'elle. n’en soit point nee. (Pepo 
moschatus vel eximius.) 

5°, La courge rayée et mouchetée, fort belle, très- 
improprement uommée melon de Malabar, et qui diflère 
assez sensiblement des autres pepons. tes malaba- 
ricus. ) , 

6°, Et enfin le pastèque où melon d’eau , qui n’est 
pas du tout un melon. ( Citrullus pasteca. ) 

Ces six espèces, ainsi que je l’ai dit, ne se mélent 
point ensemble et n’exercent aucune influence fécon- 
dante sur aucune autre plante que je connaisse. (J'a- 
vouerai cependant que mes expériences sur le potiromon 
et le pastèque ont été beaucoup moins nombreuses ; et 
que je me propose de les répéter. ) 


Nomenclature proposée pour les Cucumis . 


Cucumis sativus, concombre ; 

2°, Melo sativus , melon; 

3°, Melo persicus , melon de Perse, d'hiver ( fruit 
jaune , oblong, rayé et moucheté de vert) ; 

4°. Melo flexuosus, melon-serpent , et sa variété le 
melon-trompe ; 

5°, Melo-chate , le:chaté (abdelaoni) ; 

6°. Melo dudaïm, le dudaïm. 


Cette nomenclature est fondée sur ce que le concom- 
bre reste franc et isolé de tous les autres , et sur Pana- 
logie et la tendance qu’ont à se mêler le melon commun, 

le melon de Perse , le serpent ; le trompe , le chaté , et 


(313) 


très-probablement aussi le dudaïm , les produits croisés 
de tous ces melons étant des hybrides bien réels. 

Je crois donc pouvoir conclure que tout ce qü’on a 
débité jusqu'à présent sur le mélange et la dégénération 
duvrai melon et du concombre par là fécondation du 
concombre et des courges , tels que potiron , giromon , 
citrouille, coloquinte , etc, , est absolument dénué de 
fondement. | | 

Il faut considérer que les melons , ainsi que ka plu- 
part des fruits des cucurbitacées , contenant , à ce qu’il 
m'a paru , une quantité notable de potasse et de matiêre 
animale , sont sujets à prendre une amertume ; un goût 
et une odeur détestables , pour peu que la saison con- 
traire ; une mauvaise constitution , une maturité mal ac- 
quise ou passée , |’ béimidité surtout, y déterminent un. 
commencement de putréfaction : il n’ést donc pas né- 
cessaire pour cela du voisinage d’une citrouille 6ù d’une 
coloquiute. (Notez bien que la coloquinte des jardins 
n’est nullement amère ; cette amertume n’est propre qu’à 
Ja coloquinte oflicinale , cucumis colocynthis.) Ces qua- 
lités désagréables ne pourraient exister que dans lés pro- 
duits hybrides ; par graines , de ces melons dans l'année 
suivante y si uue fécondation étrangère spontanée avait 
eu lieu: Jai fécondé un maïs blanc avec le pollen d’un 
maïs jaune ÿ et: lépi produit a été à grains bancs : éé 
n’est ga en semant , l'année suivante , ces grains blancs , 
que j'ai obtent des épis à grains moitié jaunes et moitié 
blancs. Ces fécondations spontanées étrangères ne sont | 
donc pas si communes ni si aisées qu'on veut bien le 
supposer, et bien que nous ne sachions pas si la fécon- 
dation n'a pas quelque autre moyen de s'effectuer que 


(314) 


celui qui apparaît à nos-yeux , point sur lequel il serait 
trop long de développer ici mes idées; nous pouvons 
cependant eroire qu'elles sont soumises à des iois déter- 
minées , que la nature a établies pour la conservation 
des espèces , et nous ne devons pas croire à la puissance 
du hasard pour les violer : il y a très-probablement un 
système d'attraction et de répulsion entre le pistüil et le 
pollen des fleurs , en raison de leur différence ou de leur 
parité, et ces aflinités ne peuvent être yaincues que par 
une force artificielle. Je me refase donc à croire que le 
hasard ait pu faire ailleurs ce qu'il.n'a pu faire chez 
moi, quoique favorisé par moi , et ce que j'ai vainement 
tenté de faire moi-même, 

. Tel est du moins l'état actnel.des dos mais comme 
je me.propose de donner suite à mes observations, s’il 
ee présentait à moi quelques faits contraires ; je ne crain- 
drais point de me rétracter. Au surplus, cet état actuel 
de choses peut changer sans.que les principes changent; 
il peut changer par l'effet de la double paternité ; par la 
production, d'hybrides . quelconques dans une famille 

nouvelle, production qui peut tout déranger, les lois 

d’afinité n’étant plus les mêmes pour les espèces hybrides 
que pour les espèces franches , et ilest possible que des | 
plantes qui ne s’allient point immédiatement entre elles 
contractént cette alliance par le moyen d’un intermé- 
diaire : c’est ce que la suite éclaircira. 

Mais autant, entre espèces différentes bien caracté- 
risées, les fécondations spontanées sont rares, autant 
sont-elles à craindre entre les variétés et les hybrides. 


"x 


( 315 ) 


Mémoine:sur l'Absorption; 
Par Dayin Barry, M cn % 
Chevolier de l’ordre de la Tour et de l'Épée, Membre du Collége séyel 


des Médecins de Londres, Correspondent de la Société d'Histoire 
naturelle de Paris, etc. 


(Lu à l’Académie royale des Sciences; le 20 mars 1826.) 


L'Acanémre ayant daigné , dans sa séance du 29 août 
dernier, m'inviter à poursuivre mes recherches :sur les 
causes de l’absorption , j'ai l'honneur de lui présenter 
aujourd’hui les résultats que j'ai obtenus. | 

L’absorption exercée par les animaux vivans ; dans 
son acception physique et relativement à une matière lex- 
térieure , est le transport de cette matière de Pextérieur 
à l'intérieur, ou à leur centre circulatoire. :: iadtoe 

D'après cette définition , quand un liquide ; taf ‘que 
l’eau colorée , placé dans un vaisseau ouvert , monte 
contre sa propre gravité par un:tube de verre ; dont 
une extrémité est plongée dans ce liquide ; et l’autre 
dans la cavité d’une des grandes veines thorachiques , 
l'ascension de l’eau colorée est une véritable absorption; 
rendue visible par le moyen du tube de verre. 

Cette ascension ou absorption du liquide, étant ex- 
clusivement placée sous l'influence de la pression at- 
mosphérique , comme je l'ai prouvé par les expériences 
déjà consignées dans le Mémoire «sur les causes du 
mouvement du sang dans les veines » , il est évident que 
si le liquide était placé sous un vide, au lieu d’être ex- 
posé à l'air , il ue monterait pas dans le tube, mais au 


(:356 ) 

contraire il descendrait, si la préssion , qui a lieu autoux 
de l'extrémité en! contact’ avec le liquide , était rendue 
moindre, où même égale à celle qui a lieu autour de 
l'extrémité en’ re les cavités thora- 
chiques. Pre | TL AE 88 abrot 0 

“Tei'les cifconstances où causes immédiates , dont la 

réunion est indispensable à à cetie pi ne , Sont ré- 
_ duites à deux , SAVOIL 211 \ JAI 

1°. La communication entre le liquid et les cavités 

thorachiques ; HeisD 14n7s A1 

129, La diminution:de da pression RE CR par 
l'expansion: deices cavités autour de l’exirémité- inté- 
ricure de cette communication , ——. À Ja pression 
exehcée à l'extrémité extérieure. 1% 20 ral 

x D'aprèsiecsidonnées, et en supposant, que les Veines 
sangüinosl et, lymphatiques soient les vraisiorganes ab- 
sorbans , commédeur-communieation avec le thorax est 
absolument: la mème que celle.dui tubeide verre dans l'ex- 
périence :déjaociées: il était natnrel: de présumer: qué 
l'absorption où leltransport d’une matière , d’un poison 
par exemple; déposé, dans unie: plaie pratiquée! sur un 
animal vivant ; né pourraitravoir lieu si les points de. 
contact de la surface/xbsorbante:et de la matière qui doit 
être absorbée étaient placés sous l'influence d’un vide, 
La preuve complète.de cette induction n’était je difficile 
à obtenir ; la voici. ,:,1 : ) 

Je pris. plusieurs espèces de poison dont l’activité 
faiale est déjà connue , comme l'acide prussique au 
quart , la strychnine pure , lupas-tieuté. Je me suis as- 
suré par des éssais répétés, que six gouttes de cet acide 
introduites dans le tissu suus-cutané de la cuisse d’un 


(31%) 

lapin adulte, Je font périr en deux minulés ; ;: qu'un 
grain de strychnine , déposé sur une plaie, récénte faite 
sur le même animal, cause la mort.en cinq à sépt mi- 
nytes ; et que la même quantité fi mie le tue en dix à 
à douze minutes. si 

J'ai fait des expériences avec ces1rois Disons sur des 
lipins , ayant presque toujours deux animaux, à Ja fois 
placés exactement sous les mêmés circonstances ; ex- 
cepté que le vide avait été fait sur, la. plaie empoisonnée 
chez l’un , tandis que l’autre avait été abandonné à son 
sort. nf at 

L'animal #bandonné périssait toujours à-peu-près dans 
les temps indiqués ; l'animal sur la plaie duquel le, vide 
était appliqué , ne présentait jamais. le plus léger sym- 
ptôme Ÿ’empoisonnement, quoique:le, poison restätien 
contact.ayec la surface blessée pendaut,une demi-heure : 
une heure ; deux, heures, et mème jusque à cinq heures 
consécutives. sr 011 | | 

Quand je. poison était ‘déposé par le moyen d'u un qe 
sous, les tégumens ; loin de la plaie par laquelle il avait 
. été introduit ; si la ventouse était appliquée sur la peau 
intacte correspondante, à l'endroit où était déposé le 
poison (la plaie étant hors du. vide ), non - seulement 
rien n’indiquait que l'animal eût absorbé quelque por- 
tion de poison peñdant tout le temps de l'application de 
la ventouse ; mais après qu’on l’avait enlevé il continuait 
eucore pendant une heure, ou même deux heures, à 
porter impunément sous les tégumens une dose de poison 
qui l'aurait tué infailliblement en quelques minutes , si 
la ventouse n'avait pas été préalablement appliquée. 
Dans ces cas , lorsque j'attendais l'apparition des con- 


( 318 ) 
vulsions tétaniques , il suflisait pour faire cesser les sym- 
ptômes de réappliquer la ventouse , d'ouvrir la peau et 
d'ôter le poison pour sauver l'animal. 

Si au contraire j'appliquais la ventouse sur la plaie 
faite! à la peau pour introduire le poison ; et si celui- 
ci était placé hors de la ventouse sous les tégumens 
encore imtacts, péndant trois quarts d’heure que la 
ventouse restait appliquée, il n’y avait pas d’absor- 
plion ; mais aussitôt que je l’enlevais , l’absorption com- 
mençait. 

Si pendant que la ventouse est appliquée on fait une 
incision dans les tégumens entre son bord et l'endroit 
où le poison est déposé , l'absorption qura lieu comme 
s'il n’y avait pas de ventouse. 

Huit grains d’oxide blaric d’arsénic fürent introduits 
profondément dans le tissu cellulaire sous-cutané de la 
cuisse d’un chien de moyenne taille. Je réunis les bords 
de la plaie sur-le-champ par une suture. Je pratiquai la 
même opération sur deux autres chiens de la mème taille, 
et avec les mêmes précautions. Trois quarts d'heure 
après , j'appliquai une ventouse sur Ja plaie du premier 
chien , pendant que les autres furent abandonnés à leur 
sort. J’observai chez le premier chien un écoulement 
abondant de salive pendant la première demi-heure de 
l'application de la ventouse , que je laïssai sur la plaie 
cinq heures consécutives. Je V'enlevai alors , je rouvris 
la plaie où je trouvai l’arsénic ; je coupai la peau déta - 
chée; je lavai la plaie, l'animal n'offrait pas un seul 
symptôme d’empoisonnement. Les deux autres chiens , 
avant la fin de la troisième heure, vomirent abondam- 
ment , furent purgés avec ténesme , et ressentirent. plus 


1 


RENTRER 


tard des convulsions , ete.; enfin, l’un mourut à la 
onzième heure ; et l'autre à la dix-huitième. ? 


Quant à l'effet dela ventouse appliquée sur la plaie 


empoisonnée ; d'arrêter les symptômes , je citérai tex- 
tuellement les notes prises par M. le professeur Ade- 
lon , qui me fit l'honneur d'assister à quelques expé- 
riences que je fis pour cet objet. | 


» 


« Chez le premier lapin on introduisit dans la plaic 
six gouttes d'acide hydro-cyanique au quart ; deux mi- 
nutes après Je lapin était mort. Chez le deuxième la- 


LL LL L , } LA . 
» pin on introduisit dans une plaie exactement pareille 
» six gouttes du même acide, et on appliqua la ven- 


touse de suite; au bout de onze minutes , l'animal 


n'ayant rien souflert ; on enleva un moment la ven- 


touse pour voir ce qui arriverait. Une minute après , 
l'animal fut saisi de convulsions tellement fortes , que 
le mot mort fut noté. M. Barry réappliqua la ven- 
touse à piston. À mesure que son effet d'aspiration se 
prononçait, la respiration ‘éteinte reparaissait, les 


convulsions tétaniques s’éloignaient et diminuaient , 


et au bout de quatre minutes, l'animal parut tout-à- 
fait hors de l'influence du poison. Seize minutes après, 


» on enleva de nouveau la ventouse. Au bout de deux 


‘minutes, l'opisthoténos reparut avec intensité ; la ven- 
” touse fut réappliquée et’les accidens cessèrent aussitôt. 
Douze minutes après , la ventouse se détacha sponta- 


nément sans que les convulsions reparussent. Au bout 
de dix minutes , l'animal fut bien portant et mangea.» 
Afin de voir si la ventouse agissait en retirant quei- 


que portion du poison déjà absorbé, ou introduit par 
imbibition dans le tissu cellulaire, j'injectai un gros 


( 320 ) VE ae 


d’une solution saturée de sulfate dersoude dans le tissur 
sous-cutané de la partie interne de là euisse.d’un chien; 
j'essuyai Ja place ‘et j'appliquai la. ventouse de, suite. | 
Après quelques minutes d'application ; M, Petroz trouva, 
par le moyen d'un réactif, le sel'injecté dans le fluidé.qui 
avait été exprimé de la plaie dans la ventouse spat la presi 
sion atmosphérique. Hide 8 UD. PNEU 

: Ces expériences et plusieurs autrés analogues, ayant 
été répétées el variées à différentes époques en présénce 
de MM. Läennec  Orfila ; Adelon, Pariset, -Andral 
fils, Ségalas , Niriadec- Laennec, Péiroz, et de plu 
sieurs auires médecins français el étrangers , à ’offrirent 
jamais la moindte. anomalie. 1.4 

Pour donner, une application plus utile à ce moyen 
d'empêcher : l'empoisonnement par, Pabsorption -exté- 
rieure, je fis mordre: par des vipères plusieurs chiens et 
lapins; sur les uns j'appliquai la ventouse; sur Les autres 
je ne l'appliquai pas; et , quoique ces derniers ne mou- 
russent pas, j'obtüins,, quant aux symptômes, des. ré- 
sultats analogues à ceux que m’avaient présentées les 
expériences. précédentes : C'est-à-dire : les animaux 
mordus par.une,, deux, :et quelquefois trois vipères , et 
sur, lesquels j'avais appliqué la. ventouse pendant. une 
demi-heure , ne souflraient aucun sign d’ empoisonne- 
ment général , tandis'que ceux que j avais abandonnés 
à la nature présentèrent des symptômés graves , tels que 
le vomissement, les convulsions , etc. 

L'action locale du venin parait être concentrée di 
l'enceinte de la ventouse sèche, et cela arrive plus con- 
stamment chez les chiens que chez les Japins , à cause 


de la différente densité de leur peau. La ventouse n'atüre 


( 321) 
» | 2 L4 ” . 
présqu'aucune humidité à travers la peau des chiens, 
tandis qu’elle Pattire en abondance chez les lapins. 


ExPéarences sur l'absorption des plaies, 


Le 12 août 1825 , à 9 heures du matin, en présence de 
M. Longley, un des censeurs de l’université d'Oxford, de 
M. le docteur Wilson, M.-D. , de la même université, 
et de M. Miriadec - Laennec, D.-M. de Paris , je pris 
deux lapins adultes de la même taille et également sains. 
Nous fimes une petite plaie dans la cuisse. gauche de 
chacun d’eux ; ces plaies étaient parfaitement ég gales.: F 
nous les remplimes chacune de la même quantité de 
strychnine impure en poudre, et cela dans le même 
temps , à la différence d’une seule minute. | 

Après quarante - cinq minutes d'application de la 
strychnine , les lapins n'ayant offert d’autres sympié ‘ômes 
‘que quelques mouvemens convulsifs des muscles des 
“-mâchoires , nous fimes les plaies plus profondes et plus 
étendues , et nous y appliquâmes une nouvelle porticn 
de strychnine. 

Quinze minutes après cette “seconde application, les 
deux lapins furent saisis en même temps de convulsions: 
twès-prononcées qui agitaient fortement tout leur corps. 
Ces mouvemens convulsifs durèrent quelques secondes, 
et dans celui sur lequel le poison avait été appliqué une 
minute avant l’autre , ils se renouvelaient presque ini- 
médiatement , tandis que le second restait tranquille. 

Nous appliquâämes Ja ventouse à piston (1) sur la 


(1) Je m'étais procuré cet instrument chez M. Deleuil , fort h:bile 
fabricant d'iustrunens de ph;sique , rue Dauphine, no 24. 


( 322 ) 

plaie de celui qui avait souffert les deux convulsions , 
et nous abandonnâmes l'autre à son sort. Celui-ci, après 
plusieurs convulsions tétaniques qui augmentaient tou- 
jours en fréquence et en intensité, mourut cinquante- 
cinq minutes après la deuxième application de la 
strychnine. ; | | 
_ L'autre, sur lequel la ventouse était appliquée, et 
qui pour cela était retenu sur le côté, faisait de temps 
en temps quelques légers mouvemens : mais la position 
forcée ne permit pas de décider s'ils étaient volontaires 
ou convulsifs. La ventouse resta appliquée trois quarts 
d'heure. | 

Lorsqu'on l’eut enlevée et qu’on eut lavé et pansé la 
plaie , et que l’on eut mis le lapin en pleine liberté, il 
eut sur-le-champ une véritable attaque d’opisthoténos 
qui dura une minute et demie à-peu-près ; ou le crut 
mort ou mourant, mais 1l revint à lui , se releva, et 
trois quarts d'heure après il put courir et manger. Au: 
jourd’hui 15, il est bien portant, sans avoir souflert 
aucune autre convulsion que nous sachions. 


Expériences avec l’upas-tieuté. 


Un grain d’upas-tieuté a été introduit dans un tuyau 
de plume, que l’on a bouché à une extrémité avec un 
petit morceau d’éponge bien pressé ; le poison est placé 
à l’autre bout. M. Barry , ayant fait une incision sur la 
cuisse d’un lapin, a passé le tuyau de plume entre la 
peau et les muscles, et avec un petit refouloir a poussé 


au fond de la plaie le poison et l’éponge qui s’est trouvé 


(#23 }. L 

alors interposé entre lui et le trajet du tuyau , lequel a 
été retiré. | 

- Le vide a été fait aussitôt , non sur la plaie , mais sur 
le point correspondant à l'éponge. Aucun accident ne 
s'était manifesté pendant une demi-heure; on enleva la 
ventouse , on lava la plaie extérieure , et l’animal parut 
bien portant. Deux heures après , il fut pris de convul- 
sions ; on réappliqua la ventouse pendant deux minutes. 
Les convulsions éessèrent sur-le-champ : on enleva la 
ventouse, on incisa sur l'éponge qu'on ôte, on lava, 
én réappliqua la ventouse , et l'animal a survécu. 

La même expérience fut répétée avec cette différence 
que la ventouse fut appliquée sur la plaie , l'éponge et 
le poison étant hors du vide , il n’y eut aucun accident 
pendant trois quarts d’heure que la ventouse resta ap- 
pliquée ; mais dès qu’elle fut enlevée , l'animal fut pris 
de convulsions que l’on fit cesser comme dans l’expé- 
rience précédente. | 

Un troisième lapin, auquel l’upas-tieuté a été appli- 
qué de la mème manière , et sans faire le vide , est mort 
en dix minutes, 


4 


ExpÉérreNCEs avec la strychnine pure. : 

Le 17 août 1825 , en présence de MM. Laennec, Or- 
fila, Adelon , Pelletier Billery, professeur de Greno- 
ble, Petroz , pharmacien en chef à la Charité, Miria - 
dec - Laennec , et plusieurs médecins et élèves français 
et étrangers , aidé par M. Petroz , qui a bien voulu m'as 
sister dans ces expériences avec un talent et un zèle dont 
je conserve une vive reconnaissance , je pris trois lapins 


» 
à , 
LA -* 

.# 


2 / ( 354 ) 

adultes, et dans une plaie faite sur la cuisse à chacüni , 
nous introduisimes un grain de strychnine pure , apporz 
tée à la séance par M. Pelletier lui-même. Le premier la- 
pin mourut entre la quatrième’et la cinquième minute. 
Sur le second , là ventouse fut appliquée de suite après 
l'introduction du poison ; et sur le troisième Japin à la 
quatrième minute, c'est-à-dire , après qu'il avait déjà 
souffert deux convulsions tétaniques. Après une demi- 
heure d'application de la ventouse sur les deux derniers, 
elle fut enlevée définitivement , et les animaux ne pa- 
raissaient rien souffrir. Au bout de deux heures , le troi- 
sième lapin fut attaqué par des convulsions , mais il fut 
promptement rétabli par la réapplication de la ven- 
touse. 34 J} 
: Pour les expériences avec l’oxide d’arsénic et l'acide 
hydro-cyanique , faites devant ces messieurs , voyez le 


: : 


commencement de ce Mémoire. 


Copie des Notes prises par M. ÆAndral fils, sur les 
expériences faites à la pharmacie de M. Petroz, en 
présence de MM. Pariset, Adelon, Ségalas, AMi- 
riadec - Laennec, Petroz, etc. 

N°. 1. « Uu grain d'upas-tieuté est introduit profon- 

#ÿ dément dans le tissu cellulaire sous-cutané de la cuisse 

» d’un lapin ; les lèvres de la plaie faite à la peau sont 

»_rapprochées par un point de suture, À la dixième mi. 

» nute, attaque de tétanos; à la deuxième minute , 

» mort. | PR VE 
N°.2. » Un grain d’upas-tieuté est introduit de la 

» ième manière, et avec les mêmes précautions ; dans 


à & 


EYE S. 


» 


» 


(2845 ») 
le tissu cellulaire sous-cutarié d’un lapin: La ventouse 
est appliquée sur la plaie une minute après l’intro- 
duction du poison , et le vide est produit. Vingt-quatre 
minutes après l'application de la ventouse , on l’en- 
lève ; aucun accident n’est produit. Au bout de deux 


heures , symptômes de tétanos, réapplication de Ja 


ventouse, cessation des symptômes. La plaie est alors 
lavée avec soin ; l'animal n’éprouve plus rien. 
N°. 3. » Introduction d’un grain d’upas-tieuté dans 
la cuisse d’un lapin, comme dans les expériences pré- 
cédentes ; dix minutes seulement après cette introduc- 
tion , c’est-à-dire à l’époque où chez l'animal n°, 1, 
les symptômes d’empoisonnement s'étaient manifestés ; 
on applique la ventouse. Vingt-quatre minutes après 
l'introduction da poison , la ventouse est enlevée. 
Aucun effet ne s’est manifesté. 
N°. 4. » Introduction d’un grain d’ upas-tieuté, etc. Au 
bout de trois minutes, application de la ventouse. On 
l’enlève au bout de vingt-quatre minutes. Nul signe 
d’empoisonnement. 
N°. 5. » Introduction d’un grain d’upas-tieuté ; etc. 
Au bout de six minutes, application de la ven- 
touse. Elle est enlevée au bout de vingt-quatre mi- 
nutes , sans qu'aucun signe d’empoisonnement soit ma- 
nifesté. | | MEUTE 
N°.6. » Injection de six gouttes d'acide prussique 
dans le tissu cellulaire sous-cutané de la cuisse d’un 
lapin. Au bout d’une minute , convulsions ; au bout 
de deux minutes , mort. 
N°. 7. » Mème injection sur un autre lapin. Appa- 
rition des convulsions au bout d’un peu moins d’une 
VI. û 22 


( 326 ) 
» minute ; application de la ventouse ; cessation des 

» convulsions, retour à la santé: 
N°. 8. » Introduction de quatre grains d'upas-tieuté 
» dans le tissu cellulaire de la cuisse d’un chien de petite 
» taille. Une ventouse est appliquée en même temps sur 
» une plaie faite à l'autre cuisse. Au bout de huit mi- 
» nuies , les symptômes d’empoisonnement se: mani- 
» festent. Ils acquièrent bientôt un tel degré d’inten- 
» sité , que l'animal paraît être sur le point d’expirer 
«» dans cet état d’agonie ; une ventouse est appliquée sur 
» Ja plaie où a été déposé le poison ; les symptômes de- 
» viennent instantanément moins graves; l'animal est 
» véritablement rappelé à la vie : mais de temps en 
» temps il éprouve encore de légères attaques de tétanos. 
-»: Au bout d’un quart d'heure Ja ventouse est enlevée! , 
» la plaie lavée , et l'animal parut être rendu à la santé. 
_» Dans ce cas, la ventouse semble avoir modéré les 
» symptômes en s'opposant à Ja continuation de‘l'ab- 
» sorption du poison; mais celui qui était déjà dans la 
» circulation ne semble pas avoir été rappelé à la surface 
»: de la plaie, puisque les symptômes ont continué, 
» quoique moins graves à moins qu’on n'aime mieux 
» supposer que la continaation de ees symptômes était 
» due à l'impression reçue déjà par le système ner- 
» veux. D'un autre côté , l'expérience suivante prouve 
:» quel’économieanimale nescdébarrasse pas toujoursdes 
» substances délétères aussi promptement qu’on l'a dit. 
» Introduction d’un quart de grain de strychnine dans 
» la trachée-artère d’un chien depetite taille. Pendant les 
» sixheures suivantes, cetanimal manifesta par la raideur 
» habituelle des membres et par des. secousses convulsives 
» intermittentes qu'il était sous l'influence du poison. » 


j' 


( 327 ) 


Expéri iences faites avec des ipères s sur + Lapins: 
des Chiens et des Pigeons. 


* Lé 29 septembre 1825, dans le laboratoire de M. le 
baron Cuvier , M. lé docteur Rééélibats appliquä la bou: 
che d'une forte ‘vipèré à la cuisse d’un jeune et ‘faible 
lapin , qu’elle mordit deux fois. Le sang paraissait à 
chaque piqüre faite par'la dent. Une’ minute et demie 
après , la ventouse à piston fut appliquée ; et M. Rous- 
seau , qui regardait de près le globe de verre , annonçait 
que de chaque piqre il voyaitsortir une gouttelette d'un 
liquide séreux transparent. Celiquide augmentait nef 
ment, et se volatilisait dans le vide , de'manière qu'au 

- bout de quinze minutes le verre de la ventouse était tout 
plein d’écume. La ventouse fut alors enlévée ; et la partie 
mordue légèrement scarifiée. La ventouse fut réappliquée 
pendant vingt minutes , après lesquelles elle fut enlevée 
définitivement. Les plaies ne présentaient rien d' extra= 
ordinaire ; et le lapin ne souffrait pas. 

Une heure après que ce lapin fut mordu, la. vipère 
fut appliquée à la cuisse d’un autre, qu'elle mordit deux 
fois aussi , tirant du sang à chaque morsure. Ce second 
lapin était plus fort et plus vivace que le premier. Une 
tache d’un blanc jaunâtre parut presque immédiatement 
autour de chaque piqûre faite par les dents de la vipère. 
Quand le lapin fut mis en liberté; la jambe mordue . 
parut affectée d’une légère paralysie. Dix minutes après 
la morsure, toute la peau mordue commença à être li- 
vide. Une demi-heuré après , la lividité était bien mar- 
quée et s’étendait sur la circonférence d’une pièce de 


quarante sous. 
+ 


| | (‘328 } 

Le lendemain une plaie gangreneuse ouverte occupait 
toute la partie mordue, d’où coulait un sanie fétide et 
abondante; la jambe était enflée. 

Quarante - huit heures après la morsure, la jambe 
encore enflée, la plaie gangreneuse et ouverte, mais 
moins fétide. Soixante-douze heures après , la plaie plus 
saine , la jambe moins enflée. 

Pendant tout ce temps, le premier lapin ne présen- 
tait aucuns symptômes d'empoisonnement local ni gé- 
néral. 

Le 13 octobre , M. le docteur Rousseau appliqua 
deux grosses vipères rousses à la cuisse déjà rasée d’un 
jeune chien de moyenne taille; chaque vipère mordit 
deux fois avec force. Deux minutes après la première 
morsure, une ventouse qui couvrait toutes les mor- 
sures fut appliquée ; de petites gouttelettes d’un liquide 
rougeâtre furent observées sur la peau couverte par la 
ventouse, par M. le docteur Edwards , qui me fai- 
sait l'honneur d'assister aux expériences ; elles suin- 
taient de seize à dix - huit petites piqûres. La ventouse 
resta appliquée trente minutes : je fis alors quelques lé- 
gères scarifications qui ne traversaient. pas la peau. Le 
sang qui coulait dans la ventouse ne montait pas à plus 
de deux gros. 

Au bout de quarante minutes , la ventouse fut enlevée 
définitivement , et on apercevait distinctement des taches 
livides autour des piqüres faites par les crochets. Le 
chien ne présentait pas la moindre altération dans sa 
santé ; il mangea et but comme s’il n'avait rien souffert. 
Vingt-quatre heures après les morsures , point de sym- 
ptômes , point d’inflammation dans la partie mordue. 


(329 ) 


Le surlendemain, une escare se forma ; elle occu- 
pait toute Ja partie ventousée, avec gonflemént de la 
jambe ; mais le chien était bien portant ; il ne boïtait pas, 
ou très-légèrement. Enfin il se rétablit parfaitement sans 
aucun autre symptôme , l’escare laissant les muscles 
découverts dans le milieu de la plaie. 

Pour prouver que les vipères étaient venimeuses , 
M. Rousseau fit mordre un pigeon une fois , sur la poi- 
trine , par une de celles qui avaient déjà mordu le chien, 
et quoique cette morsure füt la troisième que le reptile eût 
faite dans une heure, le pigeon commença à souffrir à la 
troisièmé minute , tomba à la cinquième , et mourut à Ja 
vingtième minute, 

Un autre chien‘ de même taille à-peu-près, mordu. 
par deux grosses vipères de la même manière que le pre- 
mier , commença à souffrir , avant la huitième minute, 
devint très-inquiet et poussa des cris. À la quinzième mi: 
nute , il fit des efforts répétés pour vomir, vomissait à la 
vingtième , se coucha sur Le côté, très -abattu pendant 
toute la journée , sans vouloir rien manger, dans unees- - 
pèce d’assoupissement. Le lendemain il était encore très- 
malade , la jambe et la cuisse enflées, marchant avec 
difficulté ; mais après cinq jours de souffrance , il sé ré- 
tablissait , ayant toujours une ulcération gangreneuso 
et étendue sur la jambe mordue. 

Le 24 octobre 1825 , deux lapins adultes furent mor- 
. dus à la cuisse , chacun par trois vipères , et par chaque 
vipère trois fois. J’appliquai la ventouse au premier la- 
pin ; je la laissai trente minutes: Pendant l'application 
de la ventouse, j'observai, comme dans Pexpérience 
précédente que j'avais faite sur uu lapin , qu'une quan- 


( 330 ) 


iité considérable de liquide séreux Mila à à travers la 


peau et remplissait par sa volatilisation le globe de la” 


ventouse, La peau.et une partie des muscles compris sous 
la ventouse :furent:enlevés avec le scalpel ; la ventouse 
fut réappliquée pendant dix minutes , et le lapin mis en 
liberté : j'abandonnai.le second lapin à la nature. 
Le 925', à quatre, heures du.soir, Je Japin.sur lequel 
ayait été appliquée Ja ventouse. paraissait jouir d’une 
bonne santé; la plaie qui avait été unietpar,une, suture 
était saine , et, la jambe, n'était pas enflée. res 
Le second lapin, n'était pas;si bien, portant: la partie 
de la cuisse mordue était dans:un état de gangrène com- 
mençant; la jambe et la cuisse enflées.;; il ;s'était formé 
-sur la partie Fe ep une vrears Hyideremplie de sé- 
rosité. oi STAR AIO #i ah ay ET : que yeah ec 
.Le:27, le: premier lapin en santé, nr La RSA 
paraissait disposée, ? à se réunir, COMME s ‘iLwavait pas été 
mordu. Chez le deuxième lapin, . l'ulcèrergang rengux 


était ouvert, et il en découlait abondamment une ÉRRQ 


féide. UE UE pen: LE SC CPS 1 Fo 


" ne (ENIE LIOCA TORTOS 204 | CU EUET WU SI 90 
Ÿ 143 910009 3En15 :ExPÉRIENCE.. Mioezrinioebse | Jhôc, 
098 1U61 4] re SRE hs di Sfvs Arc 
sLe5, three 1825, un jeune pigeon parvenu à-peu- 
près à la moitié de son développement , fut mordu, une 
fois très-profondément et avec beaucoup de Tv la ré- 
-gion thoracique par une très - grosse vipère qu’on avait 
fortement irritée , en plaçant dans sa cage un petit-oiseau. 
Les deux blessures faites parles dents de l’amimal étaient 
‘ marquées par une petite tache de sang : on appliqua aus- 
_ sitôt une ventouse sur ce point ; il sortit des deux petites 
plaies deux gouttes d’un liquide, d'un jaune d'ambre, 


\ 


- 


M'é HO re 
dont le volume s'augmenta ; ; il en sortit ensuite du sang 
très-noir, mais en petite quantité. La ventouse fut man - 
tenue petdant quinze minutes. :: : Le aeighéaus 0: 
La partie livide qui entourait la petite ca fut. en- 
levée à l’aide de l'instrument tranchant : il s'était déjà 
formé une phlyctène gangreneuse qui rénfermait-un li 
quide ichoreux.e1 clair. Tout ce qui paraissait encore 
livide fut enlevé, ét-on réappliqua-là wéntouse ; aux - 
resta encore en place pendant dix minutes ; où L'ôta après 
ce temps, ét on enleya encore: un pen de chair muscu: 
laire qui paraissait livide ; ; oh laya alors la bléssupe, on 
eñ réunit les bords par un vom de pénasbns où) Hé le 
pigeon en liberté. ; ne UT. ae 
[ne sè manifesta pas le baisse she Fr empoi- 
sonnement:: le pigeon marchait sans difhculté et ne pas 
raissait nullement souffrir. «tes ‘sr Leaf 
Le 6 novembre , l'animal parait en. très- bou état: 
Le 9, ilesten Ré santé. Ce fait a été constaté 
par M. Rousseau fils. - 60 | 
Fontana ,a établi par de nombreuses expériences 
que rien ne pouvait sauver de la mort | un. pigeon 
mordu une seule fois dans la cuisse.par une vipère si 
ce n'est l’ablation du membre mordu ; faite au moment 
même ; il ajoute que si cette opération était différée aus 
delà de vingt secondes après la morsure, elle hâtait la 
mort au lieu de sauver l'animal, (PV oyéz Fontana! 
chap. 2.) | | 


D'après toutes ces expériences et leurs résultats con - 
_stans , nous pouvons considérer comme prouvés Lessfaits 
suivans. 


( 332 } 
19, Quesous le vide il n’y a pas d'absorption. 

2°, Que l’application du vide par le moyen d'une ven— 
touse à piston , placée sur les points de contact de la sur- 
face absorbante et du poison qui s’absorbe en ce mo- 
ment , arrête ou diminue les symptômes produits par 
l'absorption déjà faite. 

3°, Que Fapplication d’une ventouse pendant une de- 

mi-heure prive les vaisseaux absorbans de la partie sur 
laquelle elle a été appliquée de leur faculté d’exercer 
l'absorption pendant une heure etdemie, ou-deux heures 
après que la ventouse est enlevée. 

4°. Que la pression atmosphérique exprime dans le 
vide , même à travers la peau , une portion de la matière 
itroduite dans le tissu cellulaire , ou par imbibition , 
eu par injection , c'est-à-dire si la peau qui recouvre ce 
tissu n’est pas trop dense pour laisser passer l'humidité, 
comme chez les chiens. : - 

De ces faits je erois pouvoir déduire les conelusionset 
les applications thérapeutiques suivantes. ee 

1°, Que la première opération de Fabsorption , opé- 
ration par laquelle les substances étrangères pénètrent 
dans les vaisseaux, soit par l'ouverture qu'on y prati- 
que, soit par leurs propres pores , est placée exclusive- 
ment sous l'influence de la pression atmosphérique , et 
que le transport de ces substances au cœur est placé sous 
la même influence et sous celle des autres puissances mi- 
neures qui aident à la circulation veineuse. Ainsi l’ab- 


(1) Dans une lettre adressée à M. Adelon , M. Orfila , tout en ad- 
mettant l’exactitude de mes expériences sur l’acide bydro-cyanique 
et la strychnine , élève quelque doute à Pégard de l'effet des eutonses 
sur la partic déjà, absorbée du poison. 


QUE 9) 
sorption est soumise toute entière aux lois qui président 
à la progression centripète des fluides chez les animaux 
qui respirent par la dilatation active des cavités Dohpoi 
ques, > 
2°, Que dans. tous les cas d empoisorinement par des 

hiites , soit par le simple dépôt du poison, soit pan 
l'injection du venin, comme dans les morsures des vi- 
pères et d’autres serpens venimeux , Vapplication de la 
ventouse pourra sauver l'individu , pourvu qu'elle soit 
faite avec les précautions nécessaires etavant qu'une dose 
suflisante pour produire la mort'soit absorbée. 

3°. Que comme J'action locale du poison et l'imbibi- 
tion des tissus ont lieu sous le vide , on doit exciser les 
parties imbibées après que le venin y est concentré par 
l'effet de la ventouse , qu'on doit réappliquér de suite 
pendant quelques minutes pour vider les vaisseaux divi- 
sés ,; après quoi on peut les brûler si on veut , mais ja- 
mais avant l'application de la ventouse , parce qu’alors 
celle-ci serait inutile, les bouches des vaisseaux étant 
hermétiquement fermées. 

4°. Que dans le cas de morsure d’un chien enragé, 
attendu que cette espèce d'empoisonnement'est des plus 
simples , n'étant compliquée ni avec injection , ni avec 
action locale de la part du venin , comme dans les mor- 
sures des vipères , nous pouvons présumer que l’appli- 
cation de la ventouse en premier lieu , et ensuite l’exci- 
sion et la cautérisation SRE de la plaie, empècheraient 
tout accident, 

5°. Les expériences faites avec les poisons végétaux et 
minéraux ayant prouvé que la répétition des convulsions 
tétaniques est produite par la continuation de l'absor- 


+ 


((334 }} 

ption du poison déposé dans la pe y ét tout nous por 
tant à croire qu’une nouvelle absorption Commence dans 
les plaies , même cicatrisées , faites par les animaux ra- 
bides , au moment où se déclarent les symptômes de la 
rage ; on doit donc appliquer la ventouse à piston ou 
même Ja ‘ventouse ordinaire , rouvrir la plaie en exci- 
sant la cicatrice , la brûler de nouveau , et la tenir le plus 
possible à l'abri du contact de l'air. | | 

: 6°. Que dans les cas de piqürés reècues dans re dissec- 
tion ordinaire ; on doit toujours sucer les petites plaies 
jusqu’à ce. qu'ont ne'puisse plus en faire ‘sortir d'hu- 
midité , et ensuite! les couvrir. TT. à parfaite cicatri- 
sation. | M Se Qt BAR 6 a 

9% Que si; en due un animal mort d'un char- 
bon , on a le malheur de se piquer, on doit avoir recours 
à une ventouse ; avec un rebord correspondant à la sur< 
face du doigt piqué, et observer toutes Aie ne 


: + 


altérieures déjà RE 


4 


Nôrices sur l'Hétérosite, l'Hureaulite (fer et 
manganèse phéèphärés et sur quelques autres. 
‘minéraux du département bé la H aute-V'ienne ; 


Par M. Arzuaun aîné, 


Correspondant des Sociétés philomatique et d'Histoire naturelle 
de Paris. à 


Les carrières de quartz exploitées pour l'entretien de 
cette partie de la grande route de Paris à Toulouse, 


( 335 ) 

comprise entre Chanteloube et Népoulas’ dans la chaîne 
de granite à gros grains qui traversè la région sépten- 
trionale de la :Haute-Vienne:; ont offert, -depuis environ 
deux ans, plusieurs substances minérales fort intéress 
sateSs 2007 0h soldenprianer edlq avt brin 

! Les. plus riches dé ces carrières par Dirorion de, Es 

STE SAS » sont celles de Chariteloube-etdi Huréaux ; 

les premières sont depuis long-tempsconnues.des miné- 
ralogistes, les, autres, sont.situées dans la commurié.de 

Saint-Syl vestre ; à une Jieue, Est ,>deN se sur l’un 

des plus hauts somméts de ces montagnes ser ei 

Tous ces,amas de quartz appartiennent à b foriation 
: ces terrains anciens et font pare d'u granit dont les 
principes constituans, au lieu de se monirerünis soûs la 
figure de gros grainsirréguliers entrelacés coïifusément; 
se présentent parmasses colossalesagglomérééssarisancun ‘” : 

ordre. et,presque.sans nulle wansition ayecle granit + 
ordinaire. Siparila pensée oh morcalle ces masses ; leur 

volume parait être en rapport avecles qu'ntités propor- 

tionnelles dequartz,, de feldsspath et-de miica qui com, 
posent. la roche environnante, Ces substances s’y reurou- 
vent-sous.-les mèmes variétés,,;en mêmes proportions | 

- l'état d’agrégation seul a changé : je le désignerai sous 

la dénomination de granit à grandes parties. 

Quelle. différence cependant .entre és gisemens de 
celte sorte et ceux des granits, à: petits grains ! ILes sub- 
stances rares. queices, derniers peuvent contenir ÿ ont été 
disséminées sous, un si petit volume, par l'effet d'une 
cristallisation tumultueuse , qu’ on est moins surpris de 
ce qu'elles échappent à à. l'œil le plus exercé,que de les y 
rencontrer accidentellément. Dans l'agrégation par masse, 


( 336 ) 
au contraire, ‘ces mêmes substances s'étant aussi ag- 
glomérées en cet état , elles occupent des places dis- 
tinctes dans ces amas , et rien n’est perdu pour l’obser- 
valeur. CE 2 

Les gisemens les plus remarquables de tous les pays 
par la beauté des échantillons et des cristaux, par le 
nombre et les variétés des espèces qu'ils fournissent , se 
trouvent en effet , à l'exception des filons , dans de sem- 
blables circonstances , et parmi ceux que nous pour- 
rions citer , les carrières de Chanteloube et du Hureaux 
en offrent un bel exemple. 

Celles de Chanteloube ont successivement fait con- 
naître trois phosphates : ceux d’urane, de manganèse et 
de chaux; le cuivre sulfuré, le fer arsénical , de beaux 
prismes d’émeraude , du grenat, de belles variétés de 
quartz hyalin, de superbes masses de feld-spath lami- 
paire, quelques cristaux de cette substance, remar- 
quables par leur volume ; le mica globuleux et le mica 
lépidolite que j'avais d’abord découvert dans les terrains 

-d’alluvion du ruisseau de Barot et que M. Manès et moi 
nous avons récemment observé en place , au-dessous de 
la carrière de la Vilate, sur la rive gauche du même ruis- 
seau. | : 

À cette intéressante série de minéraux , il faut main= 
tenant ajouter lés espèces curieuses sur lesquelles je vais 

appeler l'attention des minéralogistes : l’albite mangané- 
sifére; une nouvelle espèce de schéelin ; le fer hydro- 
sous-phosphaté et trois nouveaux phosphates de fer et de 
manganèse , à deux desquels j'avais donné , pour en faci- 
liter la description, les noms provisoires d’hétérosite 
et d’'hureaulite, avant de connaître le résultat des ana- 


( 337 ) 


lyses que notre célèbre chimiste M. Vauquelin à bien 
voulu faire de ces substances. | 


$ I*. Ælbite manganésifère noire. 


Cette nouvelle variété se trouve dans l’albite sub- 
laminaire d’un blanc rougeûtre. Elle est due à de larges 
taches de manganèse oxidé hydraté noir ou d’un brun 
noir foncé, interposé profondément entre les lames de 
cette substance dont cet oxide altère peu l'éclat. Les 
masses d’aïbite inégalement tachées à de petits intervalles 
prennent ainsi un aspect tigré fort singulier. 

Au chalumeau, l’albite noire reprend la blancheur 
qui lui est naturelle. 

Cette substance forme des amas assez volumineux 
dans le granit à grandes parties, non loin de la lépido- 
lite et de quelquesaflleuremens de manganèse phosphaté 
ferrifère , au dessous de la carrière de la Vilate, située 
sur le versant septentrional du plateau de Chanteloube. 


S II. Schcelin ferro-manganésé. 


La différence qui existe entre la composition de cette 
substance et celle du schéelin ferruginé ordinaire , quoi- 
que fort considérable , ne cause d'autre changement aux 
propriétés physiques de ce dernier , qu’une diminution 
de sa pesanteur spécifique : celle du schéelin ferruginé 
est de 7,33 , et celle du schéelin ferro - manganésé de 
5,947. | 

L'éclat métallique de ce dernier est moins vif que 
dans le schéelin ferruginé , et la couleur de sa poussière 


L 2 


(338) 


d'un brun rougeàtre ou violet moins prononcé ; tous les 
autres caractères minéralogiques Des deux pes sont 
identiques. à 

La mesure des angles de quelques petits cristaux la- 
miniformes s’est trouvée d'accord avec celle que M. Haüy 
a donnée dans son grand ouvrage , pour l'incidence des 
faces homologues à celles que j'ai vérifiées ; ces cristaux 
se présentent sous deux nouvelles variétés de forme qui 
sont produites par des modifications du schéelin pro+ 


gressif et unibinaire décrits par le même savant, 


L'expression de l'une serait M v à 4 TI PB: ; dans celle de 


l'autre ,; 7'est effacé ; la facequ'il Aie, étant en- 
vahie par r , de même que dans le schéelin progressif. 


( Foy. V'Aas d'Haüy. ) 


Le schéelin ferro-manganésé agit sensiblement sur 
l'aiguille aimantée ; mais ayant soumis au même essai des 
échantillons de schéélin ferruginé (Wolfram) laminaire 
de différentes contrées, j'ai reconnu qu'ils ‘étaient tous 
attirables par la méthode du double magnétisme. Je note 
ici cetteobservation, parce que M. Haüy a dit en parlant 
des caractères distinctifs du schéelin ferruginé, qu'il n'a, 
aucune action sur le barreau aimanté; ee qui pourrait 
_ faire croire, ainsi que Klaproth l'a d'ailleurs avancé 
dans son Dictionnaire. de Chimie (art. Scneezium), 
qu’il ne possède aucune propriété magnétique. Pr 

L'analogie du gisement de ce nouveau schéelin avec 
ceux de Bodenmais , de Kimito et d'Ytterby ; m'avait fait 
présumer qu’il contenait peut-être du tantale ; l'analyse 
qué M. Vauquelin a bien voulu en faire , a écarté cette 
idée et a donné dans trois essais différens ce résultat inat- 


( 339 ) 
tendu qui, du moins, ne me laisse pas le regret de lui 
avoir ayalement ravi des instans Lpsétieux pour Ja 
science. 


it 


Péroxide de fer. : At Ré ‘130 


Tritoxide de manganèse. | 14,8 16,0  13,»; 
”! Acide tungstique. 5 "69,2 / 68,4 93»; 


dont les termes . SAGE AL sont : | 


Peroxide de fer. SR TATRE NE ; 15,2 
Peroxide de manganèse. 14,6 ? %00 p. 
Acide. NRA TUTIA 1 ° 90,2 


Déjà MM. d'Eluyart avaient trouvé une variété de 
schéelin ferruginé ( so esse l'oxide de manganèse 
existe dans la proportion de 22; mais MM. Vauquelin 
et Hecht ayant reconnu plus tard que le schéelin ferru- 
giné du Puy-les-Mines , près de Saint-Léonard, Haute- 
Vienne , ne le contenait que dans Ja proportion de 6,25 
sur 100, les minéralogistes présumèrent que cet oxide s'y 
trouvait accidentellement : aussi ne firent-ils, jusqu'à 
M. Berzelius , aucune mention de la présence du 
manganèse dans les diverses dénominations de tuns- 
‘stène et de schéelin ferruginé qu'ils substituërent à celle 
du #Wolfram. Les nouveaux essais de M. Vauquelin 
prouvent incontestablement que cette substance ren- 
ferme le manganèse à l’état de combinaison , et offrent 
par conséquent un nouvel exemple de deux bases iso- 
‘morphes dont l’union avec un même acide , en propor- 
tions très-variables , ne détermine aucun ‘changement 


dns la forme et les dimensions des molécules cristal- 
lines. 


(340 ) 

Le schéelin ferro-manganésé se trouve dans le granit 
à grandes parties de Chanteloube; il y est engagé dans un 
feld-spath grenu altéré qui contient de là chaux phos- 
phatée compacte, d’un gris verdâtre. Il y est disséminé 
en petits cristaux laminiformes et plus ordinairement par 
masses amorphes dont la structure est plus générale- 
ment grenue que lamelleuse. 

Je l'ai rencontré aussi avec le quartz hyalin , enfumé, 
géodique, contenant quelques lames d’urane A AE 
vert et, de la chaux it RER AR 

Dans un échantillon que j'ai ramassé sur la route, le 
schéelin est engagé dans du grenat brun rougeûtre cris- 
tallisé confusément. C’est , je crois, la première fois qu’on 
le trouve uni à cetie substance. La montagne d'Otontche- 
lon en Sibérie , l’a déjà offert dans la pegmatite , accom- 
pagnée du béril, que l’on retrouve aussi dans tous les 
granits de Chanteloube. J’ajouterai enfin, qu'il existe 
probablement en Chine dans un gisement analogue, 
car on lit à l’art. Scareriom du Dictionnaire de Kla- 
proth, qu'il a été reconnu dans des échantillons de 

kaolin qui provenaient de cetie partie du monde. 

Le schéelin ferruginé se trouve aussi en filon non 
loin de Népoulas , sur le versant méridional de la chaîne 
de granit à gros grains de Chanteloube ; il y est accom- 
pagné du quarz , du fer sulfuré et du fer oxidé hydraté 
terreux et résinite , parfois mélangé de fer oligiste. 


$ II. Fer hydro-sous-phosphaté, fer phosphaté 


ordinaire des minéralogistes. 


Cette substance est d’une couleur plus azurée et moins 
foncée que celle du fer phosphaté de Bavière et de New- 


( 341 

Jersey ; elle prend aussi les teintes riouvelles du violet 
pâle et du gris bleuâtre. Un seul échantillon m'en a of- 
fert quelques groupes de petits cristaux d’un beau bleu, 
que leur peu dé volume rend indéterminables. Quoique 
ce phosphate ait le plus souvent un aspect pulvérulent, 
on reconnaît én l’examinant à la loupe qu’il n’a rien 
dé terreux comme celui des terrains secondaires, et 
qu'il forme de a mamelons concrétionnés et cris< 
tallins. 

D'après une analyse en sértt de MM. Dufresnoÿ et Mà- 
nès , ingénieur au corps royal des Mines, les principes 
élémentaires de cette substance ÿ sont unis en même pro- 
portion que dans le sous + phosphate de fer hydraté 
bleu , terreux. 

Le gisement du Hureaux , d'où provient cé phôsphate, 
est évidemment primitif ; cependant , comme il se trouvé 
assez ordinairement dans les petites cavités géodiques et 
sur les joints naturels des masses du sous-phosphate de 
fer et de manganèse , on peut aussi admettre qu’il a 
été produit par les altérations que ce dernier paraît avoir 
éprouvées , et qu'il a été ainsi formé après coup et par 
succession de temps, suivant l’expression d'Haüy, de 
même que l'ont été les fers phosphatés de Nantes et de 
Bodenmais , supposé toutefois que ces derniers n ’appar- 
- tiennent qu’accidenitellement à des sels primordiaux. 

Cette substance se trouve disséminée dans la masse 
même des divers phosphates que je vais décrire , et un 
échantillon fort curieux me l’a offert dans le manganèse 
phosphaté ferrifère, mélangé de ma rer oxidé hy- 
draté. ‘he 
L'article stita féra connaître les autres relations 

VI. | 23 


( 342 } td 
géologiques qui lui sont communes avec le sous-phos: 
phate de fer manganésifère. 


{ 


$ IV. Sous-phosphate de fer man ganésifère. 


Ce nouveau phosphate a la contexture fibreuse , et 
forme, de même qu’un grand nombre de concrétions , 
des masses radiées irrégulières , et groupéés confusé- 
ment , dont les aiguilles ont rarement plus d’un centi- 
mètre de longueur, et assez ordinairement géodiques , 
à surfaces mamelonnées. 

Cette substance est opaque , ses uténé varient du 
vert obscur plus ou moins foncé au vert jaunätre et au 
brun châtain ; la couleur des poussières est similaire. 
 L’éclat des fibres , naturellement vif dans la variété 
verte, est souvent terni par une altération qui paraît 
provenir d’un principe ferrugimeux. | | 

Avec des fragmens peu volumineux , ce phosphate n'a 
aucune action sur l’aiguille aimantée soumise à l’in- 
fluence du double magnétisme ; avec des morceaux d'un 
certain volume, cette action est très-faible , mais sen- 
sible. Fondu au chalumeau sur un support de charbon , 
il devient fortement attirable, mais il n’acquiert pas 
cette propriété lorsqu'il a été chauffé sans le contact du 
charbon. M. Manèëès et moi , en répétant ces expériences, 
dans la vue de constater d’où provenaient ces différences 
d'action , nous avons reconnu qu'il n’agit sur l'aiguille 
qu’autant qu'une partie du globule s’est changée en 
phosphure. 

Ce sous-phosphate est très-fusible ; il suflit d’en plon- 
ger un petit faisceau d’aiguilles, dans la flamme d’une 


| " (38) | 

bougie pour en faire entrer les extrémités en fusion. Au 
chaluinedu , il fond eh bouillénnant , déihé uñ glôbule 
noir d’uri éclat vitreux ou sub-métalloïde plus ou moins 
© prononcé, quelquefois irrégulier, scoriforme et $trié 
suivant la variété de couleur et d'éclat d’où provient lle 
fragment soumis à l'essai. je 

Il diffère du fer hydro- NU bleu, par unt, 
plus grande tenacité, surtout dans les masses altérées ;. 
par une plus grande dureté qui lui fait rayer non-seule- 
ment la chaux sulfatée , mais encore Ja chaux carbo - 
natée; par sa pesanteur spécifique plus considérable. 
celle-ci étant de 3,227 au lieu de 2,6 ; par l'énergie, 
enfin , avec laquelle il manifeste l'électricité résineuse. 
que lui communique le frottement, lorsqu'il est isolé. 

Ces différences étaient assez remarquables pour faire 
soupçonner que les proportions dans lesquelles les prin-, 
cipes élémentaires de ces deux espèces sont unis, nè: 
devaient pas être les mêmes. Ayant tenu en fusion le! 
. phosphate vert , je remarquai qu’il dégageait une odeur. 

acide LA AER Cependant , la perte totale ne s’é-, 
Jeva que de 17 à 18 pour cent; et, comme l’eau qu'il. 
contient s'était nécessairement évaporée ; il devenait, 
vraisemblable que 6e phosphate en était privé, ou qué 
l'eau y était combinée en proportion beaucoup plus faible 
qué dans le phosphate de Bodenmais et de Neyy-Jersey:, 
Ces inductions méritaient d'autant plus d’être suivies ;, 
que le fer phosphaté du Hureaux est le seul qui appar-, 
tiénné incontestablement à un terrain primitif, M, Vau-. 
quélin ayant bien voulu se c charger d'en faire l'añdlÿse , : 


âvec son obligeanée a accoutumée , il a obtenu pour Fé- 
sua : 


(344) 


| | Formule. Je 
Peroxide de fer. 56,20—17,23 oxig. 
Tritoxide de manganèse.  6,15— 1,82 id. Pe: |. 
Acide phosphorique. 28,35=15,87 id "{ … P+53 A4. 
Eau. 9,20= 8,18 id. Mn° 


La composition de ce sous-phosphate diffère donc es- 
sentiellement de celle du fer hydro-sous-phosphaté or- 
dinaire , et concourt avec le défaut d'accord que pré- 
sentent les caractères minéralogiques des deux espèces 
à tracer une ligne de démarcation entre elles. 

La proportion du manganèse et de l’eau y est assez forte 
pour qu'on dût les considérer minéralogiquement, 
comme des principes essentiels, mais des motifs tout 
au moins spécieux , viennent combattre cette hypothèse 
et jeter des doutes sur la valeur réelle de la formule. | 

Nous verrons bientôt que cette substance sert elle- 
même d’enveloppe au manganèse oxidé hydraté ; j'y en 
ai trouvé quelques masses de la grosseur du poing. 
Beaucoup d'échantillons m'en ont offert des tubercules 
mamelonnés de la grosseur d’un pois, et par la même 
raison qu'ils en contiennent de petits grains que la loupe 
permet encore de distinguer , il est présumable que les 
parties les plus pures de ce sous-phosphate en con- 
tiennent aussi des grains indiscernables. 

Ce fer phosphaté sert encore d’enveloppe au fer hy- 
dro-sous-phosphaté ; la variété bleue s’y décèle aisément 
par le contrastede sa couleur avec celle du sous-phosphate 
vert ; mais celle d’un blanc grisätre qu’on y découvre 
avec la loupe, lorsqu’elle s’y trouve sous un volume ap- 
préciable , doit en grande partie échapper à l'observation. 

Sur les 9/100 d’eau que M, Vauquelin à reconnu dans 


( 345 ) 

ce sous-phosphate , près de là moitié de cette quantité 
serait donc probablement due au fer et au manganèse 
hydraté qui l'accompagnent » et l’eau de combinaison 
se trouverait réduite à une proportion telle, qu’il serait 
raisonnablement permis de penser qu elle s’y trouve ac- 
cidentellement. | 

La contexture fibreuse et les couleurs du fer sous- 
phosphaté-mangamésifère , lui donnent quelque ressem- 
blance avec certaines variétés de cuivre arséniaté ët 
d'amphibole fibreuse. Celui d’ün ‘brun châtain à sur- 
tout beaucoup d ‘analogie avec le! fer 6xidé hématite fi- 
breux ; l'illusion miomentanée qui péut faire confondre 
ces minéraux ; ne peut toutefois résister à un examen 
attentif dé leurs propriétés physiqués et chimiques. Lid 

Ce: sous-phosphate est disséminé par petités masses 
irréguhères dans le granit à grandes parties. Il est adhé- 
rént'au quArz gris età un béau feldspath laminaire rose. 
El les pénètre , les colore et les enveloppe 2 à son tour ; il 
s'unil aussi au mica ; au fer hydro-sous-phosphaté bleu 
hydraté | au‘ manganèse oxidé , au manganèse phospliaté 
ferrifère , à l’hétérozite et à l’hureaulite. Ko. 

Le premier fragment de fer hydro-sous-pliosphaté 
bleu a été observé ; il y a environ deux ans; par M: Bas- 
terot!, dans les tas ‘dé’ pierre amoncelés sur la route pour” 
son entretien. Peu après , il fur remarqué par des où! 
vriers quim’en donnèrent quelques échantillons ; privé 
alors par l’état de ma santé d'aller l’observer en place ;' 
M. Manès se chargea de ce soin avec empressement , et 
rapporta des carrières du Hureaux Île fer sous -‘phos- 

phaté-manganésifère. Quelqués éssais chirniques qu'il 

| n'avait pas entrepris pour en faire une analyse régu-. 


(346) 
lière, lui révélèrent. bientôt que cette substance d'un 
aspect si nouveau était un phosphate de fer. 


x Le PRNEUREe ( d'Hétéroz) x phosphate de fer 
| et de manganèse. 


Cette substance ne s’est point encore re offerte sous dés 
formes réguhères ; sa structure est lamelleuse , et comme 
la surface des lames est peu éclatante , il est assez dif- 
ficile d'en déterminer le clivage. A la flamme d’une bou- 
gie, il est très-sensible dans deux directions à angles 
droits: ou qui doivent, peu s'en éloigner. Ayant observé 
qu'il se présentait encore sous d’autres angles, j'ai es- 
sayé de les mesurer par la réflexion de la lumière, au 
moyen de, lames, de mica ajustées avec de la cire dans le 
sens, du parallélisme des faces miroitantes de deux plans 
adjacens, et sur, lesquelles j’appliquais ensuite les 
branches. du goniomètre, J'ai ainsi mesuré sur plusieurs 
fragmens des angles de 100 à 101°;, de 59° et de 140 ; 
la forme primitive de cette substance est donc semblable, 
ou doit se rapprocher beaucoup de celle du fer hydro- 
sous-phosphaté qui est le prisme oblique rectangulaire , 
dont la molécule est le prisme oblique triangulaire ; les 
différences qu’on remarquerait dans leurs dimensions , 
étant, d’ailleurs assez légères pour être attribuées à l’im- 
perfection du: seul procédé que j'eusse à ma disposition 
pour mesurer, ces. angles, ( et que M, Beudant a employé 
lepremier. | | 

Ce phosphate se brise aisément ; la cassure transver- 
sale au clivage est terne, inégale et raboteuse, 

:Hne fait point feu au briquet; se laisse rayer par un 
Puiugou d'acier, et raie la chaux fluatée, 


| 


( 347 ) 


Ses couleurs varient du violet foncé au brun violet et 
au brun verdâtre , et du gris bleuâtre au blane grisâtre. 
Cette dernière variété est translucide sur les bords’, les 
autres sont opaques ; la couleur des poussières est éïini- 
laire. Celle qui provient de la variété violette est d’une 
nuance plus élaire, assez semblable à celle de la lie 
de vin. IFR 

. Les propriétés magnétiques de cette substance sont si - 
faibles que! quelques fragmens de la variété violette 
m'avaieut paru en être entièrement privés. Elles se mani- 
festent avec une action plus marquée sur les variétés 
d’un brun violet et d’un blanc grisätre. 

Lorsqu'il est isolé » ce phosphate acquiert à un haut 

po l'électricité résineuse par le frottement. Sa pesan- 
teur spécifique est de 3,27. 

Il fond au chalumeau avec un A PT étès- 
seusible : la variété d’un violet clair se change en. glo- 
bule scoriforme irrégulier, d’un éclat sub-métalloïde, 
ei dont quelques parties sout comme enluites d’uri éimail 
noir, Frotté sur le biscuit de porcelaine ; ce globule y 
laisse des traces d’un gris verdâtre ; les variétés gris 
bleuâtte et blanc grisätre sont encore plus fusibles, 
donnent un globule plus arrondi brun noirâtre, qui laisse 
des traces d’un brun, marron sur le biscuit de porce- 
laine. Ce globule est faiblement attirable par la mé- 
thode du double magnétisme , tandis que l'autre n’a a+ 
cune action sensible sur l'aiguille. Ÿ 
… Suivant l'analyse de M. Vauquelin., l Héérozite violet 
est Composé de L is 1 


( 348 ) 


Peroxide de fer, _ a16,5= 4,89 oxig. : 
Tritoxide de manganèse, 32,0— 9,81 id. a "pé 
Acide phosphorique. 50,0=—28,00 id. ) Mn’ 

D'après ce résultat, et alors même que de nouvelles 
ébservations confirmeraient l’identité de la forme pri- 
mitive de ce phosphate anhydre avec celle du fer hydro- 
sous-phosphaté , il est évident que les deux espèces ne 
doivent pas être confondues dans les méthodes miné- 
ralogiques. 

L'Hétérozite laminaire violet a quelque ressemblance 
avec l’Épidote manganésifère ; mais celle-ci a le prisme 
droit pour forme primitive, et fait feu au briquet. 

La variété d’un brun foncé a encore plus d'analogie 
avec le manganèse phosphaté- ferrifère. La pesanteur 
spécifique de ce dernier , plus considérable , est de 3,9 
au lieu de 3,2. Le clivage en est moins prononcé ; tous 
ses fragmens , d’un brun enfumé , sont translucides. Le 
manganèse phosphaté ferrifère a enfin une action très- 
sensible sur l'aiguille aimantée ; propriété fort remar- 
quable dans cetté substance, et qui a pourtant échappé 
à l'observation des savans qui en ont décrit les ca- 
ractères. | 
‘La variété de pyroxène Sahlite est de toutes les sub- 
stances minérales celle qu’il est le plus facile de confondre 
avec l'Hétérozite. La pesanteur spécifique de l’une et de 
l'autre est la même. Les dimensions de leur forme pri- 
mitive, toujours difliciles à déterminer sur des substances 
dont le clivage n'est pas mieux caractérisé , ne différent 
que d'environ un degré. La moindre dureté de l'Hété- 
rozite , et sa plus grande fusibilité au chalumeau , suffi 


. (349 ): 

ront, toutefois pqus Ja ee de cette variété du 
Le 8180, L'p à 

 L'Hétérozite appartient au gisement se fer sasphos: 
D ertiner Il en est quelquefois tellement 
pénétré , que les nuances de leur couleur se confondent, 
et que la structure lamelleuse de l'un est modifiée par 
la, contexture fibreusé de l’autre ; tantôt il s'y trouve 
disséminé par petites masses irrégulières, laminaires , 
sub-laminaires et sub - ncompaetes à et tantôt il adhère 
au quarz gris et au mica blanc. LE À 

M. le chevalier Guérnon de Randville:et moi , nous 
l'avons découvert parmi les déblais de la carrière du 
Hureaux , où nous'n’avons pu en recueillir qu'un très- 
petit nombre d’ éohansillons. | | 


.$ VI. Hureaulite BRAS de fer et : de man 

ER | ganèse ll hydraté. 
ff 39 2419 609 ef 041. 9P QBNHOT) 

LS TER Ie se trouve par petites masses eméphis : 
eue et recouvertes de, pétits cristaux de la mème 
substance. et d'une variété concrétionnée. squamiforme ;, 
et quelquefois fibro-lamellaire et radiée. 91 q 

Les parties amorphes sont ou terreusès ou compactes 
dans le premier. état, elles se, Lens écraser sous les 
doigts ; dans le deuxième ; elles prétenigut une cassüre 
inégale à grains fins. 5), il | HAE 

La couleur de,ces masses est le. M rougeûtre , ‘élle 
de la poussière «st similaire et, d’une nuance moïns 
foncée ; la variété. squamiforme et ;fibro-lamellaire. est 
d'un brun rouge foncé analogue à celui du mica manga- 
nésifère et se distingue par un éclat vif et nacré, 


( 350 ) 

Les cristaux d’hureaulite sont très-petits et tellement 
groupés qu'il ne m'a pas été possible d'y appliquer le 
goniomètre ; ils présentent des prismes quadrangulaires 
et octogones surmontés par des sommets dièdres , les 
pans des prismes sont striés parallèlement à l'axe. Ces 
formes se rapportent évidemment à celle du fer phos- 
phaté quadrioctonal d’'Haüy , d’ailleurs si facile à recon- 
naître par sou analogie avec celle du psrorine triuni- 
taire, : 

L'hureaulite cristallisé est transparent, d'un bruit 
rougeâtre plus prononcé que eelui des masses amorphes, 
mais moins vif et moins foncé que celui de la variété 
squamiforme: Il réfléchit vivement la Iümière ; la cas- 
sure est grasse et vitreuse ; il raie la chaux carboniatée et 
se laisse rayer par la chaux fluatée. 

Sa pesanteur spécifique prise sur deux fragmens de la 
variété compacte et recouverte de petits cristaux , s’est 
trouvée de 1,93; mais ces fragmens contenaient quelques 
molécules de fer hydro - sous -phosphaté bleu et de fer 
sous-phosphaté-manganésifère, etil est probable qu’elle 
serait plus: faible sur: des morceatix Fe une re grande 
pureté. MMDEE] 6 | 
 L'hureaulite isolé acquiert à un faible Age: l'électri- 
cité résineuse par un frottemetit vifet prolongé. 

Plongé brusquémerit dans ka flanime d’une bougie, 

l'hureaulite cristallisé décrépite. Chauffé léntémenit il se 
gonfle et entre en füsion au moment où il sémiblerait 
qu’il va se déliter ; au chalumeau il se boursoufile , fond 
et présente à la surface du globulé des aspérités mame- 
lonnées ; plus fortement chauffé, il répand pendant l’in- 
candescençe une scinetillation phosphorescente qui se 


; ( 351) 
manifeste par des lignes elliptiques qui se croisent du 
centre à la circonférence du globule. Celui qui provient 

de cet essai a un éclat vitreux , il est noir et recouvert de 

quelques siries sub-métalloïdes auxquelles j’attribue la 
sciutillation remarquable que je viens de décrire. Ce 
globule prend enfin une forme sensiblement polyè- 
drique, quoique moins prononcée que celle ” carac- 
térise le plomb phosphaté. 

M Ypuquelin a wronhé l'hureaulite compoué de 


ER 46 LENS qe Formule, 
Peroxide de fer. 1 Hop 3,68 oxig. 
Tritoxide de manganèse. 35,2—10,43 id. Res V5, . 

+ Adide phosphorique.’ -? 32,8—18,34 id. A7: PF 30 dr 
Eau. 1 20,0#%17:78 id. MHns 4 


L'hureaulite est également disséminé dans le fer sous- 
phosphaté-manganésifère ; la variété squami - forme en 
révêt quelquefois d’une couche très - mince la surface 
mamelonnée de ses géodes et tapisse de la même manière 
celle de sa propre substance. A l'exception de l’'hétéro- 
zile, : il s'associe à ces divers phosphates et est souvent 
pénétré de leurs différentes variétés. 

Le} premier échantillon d'hureaulite s’est trouvé dans, 
une masse de fer sous-phosphaté manganésifère vert, se 
M. Manès avait bien voulu partager avec moi; il m'a 
donné une nouvelle preuve de son obligeance en ré- 
pétant les expériences au moyen desquelles nous ayons 
déterminé les caractères de cette substance. Malgré 
ses recherches et les miennes , depuis lors, nous n° en 
avous retrouvé que quelques fragmens bien. moins ca- 
ractérisés. 


( 352 ) 

On se rappelleque, suivant l'analyse de M. d’Arcet , lé 
fer s’est wouvé'en quantité si faible dans quelques-uns 
de ces phosphates, que les minéralogistes l’ont consi- 
déré avec lui comme un principe accidentel à la coposi- 
tion de cette substance. 2404 HOTEL 

Cette espècé n’est probablement pas la seule de ces 
phosphates dans laquelle le fer et le manganèse se sub- 
stituent l’un à l’autre dans leur composition: Nous avons 
vu que les boutons d’essais au chalumeau du phosphate de 
fer et de manganèse anhydre, diffèrent entre la variété vio- 
lette et celle d’un blanc grisâtre, d’une manière-assez 
notable pour indiquer” un changement de proportion 
dans les bases. Cependant ces mêmes variétés passent de 
l’une à l’autre sur. le même échantillon par une trânsi- 
tion insensible de nuances, qui d’ailleurs ne causent 
aucune interruption dans le clivage de la même lame. ee 

L’essai au chalumeau des variétés d’ hureaulite squami- 
forme « et cristallisé présente aussi quelques différences 
assez remarquables pour présumer un changement de 
proportion dans leur composition. Les différentes va- 
riétés de couleur et d'éclat du fer sous - phosphaté = 
manganésifère, radié, soumises au même essai, ne 
donnent pas des résultats parfaitement identiques , en 
sorte qu il est fort probable que le manganèse y entre 
parfois : à l’état de combinaison. 

J' ajouterai que ces phosphates « existent enfin sous deux 
aspects que je n'ai point décrits , parce que n’en ayant 
pas encoré trouvé de masses assez pures pour en faire l'a- 
nalyse , il est difficile de prononcer à leur inspection, 
quel ést celui auquel ils se rapportent , si même ils ne 
constituent pas de nouvelles espèces. 


( 353 ) 

L'un de ces phosphates affecte la forme primitive qui 
leur est commune , le prisme droit rectangulaire. Il a la 
transparence. et la cassure de l’hureaulite ; mais ces cris- 
taux. sont lilas pâle , tandis que l'hureaulite cristallisé 
est d’un brun rouge ; et comme nous avons vu'que les 
concrétions mamelonnées du fer hydro-sous-phosphaté 
bleu passaient par la même teinte au violet foncé, il est 
assez diflicile de lui assigner une place entre ces deux 
extrèmés. Je ne balance pas toutefois à le considérer 
comme hydraté en raison de la dificulté avec laquelle 
il acquiert ’ électricité résineuse, propriété qui contraste 
singuliérement avec la facilité et l'énergie avec lesquels 
ces phosphates anhydrés s'électrisent. : 

- La dernière espèce ou variété de ces phospihates qu'il 
me reste à décrireest d’un beau jaune serin. Tantôt elle 
est disséminée dans l’hureaulite compacte dont elle em- 
prunte le facies et la nuance, et tantôt dans le fer 
sous-phosphaté-manganésifère vert, dont elle prend 
la contexture fibreuse. Ce phosphate jaune s’unit si in- 
timement avec ces deux espèces, et passe de l’une à 
l’autre par des transitions telles que je n’ose émettre 
aucune opinion sur sa nature avant d’avoir recueilli de 
nouvelles observations. 

Je laisse enfin décider le rang que ces phosphates doi- 
vent prendre dans les classifications méthodiques; leur 
place est naturellement indiquée dans celle de M. Beu- 
dant; mais dans les méthodes le plus généralement reçues 
où les bases servent de genre, séparera -t-on ces phos- 
phates entre ceux du fer et du manganèse ; lorsque leurs 
bases sont isomorphes, lorsque, chose bien remarquable ; 
ils paraissent conserver la même forme primitive, qu'ils 


2 


C 354 ) 


soient à l’état de phosphates ou de sous-phosphates ; de 
phosphates simples où doubles ; hydratés ou anliydres, 
et lorsqu’enfin léur, passage de l’un à l’autre tend à les 
unir , comme ils le sont déjà dans la näture par ur rez 
lations géologiques. 

J'ai ditqu’ils paraissent conserver la mème forme pri- 
mitive, car il ne peut y avoir de doute que pour le fer 
phosphaté-manganésifère-anhydre dont la contexture fi 
breuse rend lé clivige indéterminable. À égard du man- 
ganèse phosphaté-ferrifère , il est constant qu’il prend la 
formedu prisme rectangulaire; la position des basésést res- 
tée indécise. M. Haüy à présumé, surdesindices fortlégers, 
qu'elles étaient droites; mais} ‘analogie nousautorise x peñ- 
ser , avec plus de raison, qu’elles doivent être 6bliques. 

Je :tirerai encore des propriétés physiques de éés 
tungstâtes et phosphates de fer et de manganèse ut ca 
ractèré générique d'autant plus remarquable qu’il ést 
tout opposé à celui qui devrait résulter de leur compo- 
sition : il consiste en ce que ceux de ces tüngstatés ét phôs- 
phates qui contiennent le plus de manganèse ét le moïtis 
de fer , sont aussi ceux dont les propriétés magnétiqtiés 
sont le plus prononcées : ainsi le schéelin ferro-manga- 
-_ nésé et le manganèse phosphaté-ferrifère d'Haüy agissent 
diréctemént sur l'aiguille aimantée’, tandis que le fer 
hydro-phosphaté et le phosphate anhydre , de mèrie que 
le schéelin-ferruginé n’ont une action même assez faible 
sur celte aiguille qu'autant que éelle-ci est suspendué 
dans une direction moyenne aux forces de déux pôles 
opposés. Ne serait-on pas tenté de éroiré qué quelques 
atomes de fer oxidé , sont répandus dans cés substances à 
l’état de mélange? 


(‘855 ) 


» 


Exrharr du Programme des Prix proposés par 
_ l’Académie royale des Sciences pour les an- 
nées 1827 et 1828. | 


Purx de Physique, proposé en 1825 pour l'année 1827. 


L'Acanéme rappelle qu’elle a proposé le sujet sui- 
vant pour le prix de Physique de l’année 1827. 

Présenter l Æistoire générale et comparée de la cir- 
culation du Sang dans les quatre classes d'animaux 
vertébrés , avant et après la naissance , et à différens 
ages. 

Le prix consistéra en une médaille d’or de la valeur 
de trois mille francs. I] sera décerné dans la séance pu- 
blique du premier lundi du mois de juin 1827. Les Mé- 
moires devront être remis au secrétariat de l'Institut 
avant le 1°* janvier 1827. 

Ce terme eët de rigueur. 


Prix de Physiologie expérimentale fondé , par 
M. de Montyon. 


Feu M. le baron de Montyon ayant conçu le noble 
dessein de contribuer aux progrès des Sciences , en fon- 
dant plusieurs prix dans les diverses branclies de nos 
connaissances , a offert une somme à l’Académie des 
Sciences , avec l’intention que le revenu fût affecté à un 
prix de physiologie expérimentale à décerner chaque 


( 356 ) 


année , et le Roi ayant autorisé cette fondation par unë 
ordonnance en date du 22 juillet 1818, 

L'Académie annonce qu’elle adjugera une médaillé 
d’or de Ja valeur de huit cent quatre-vingt-quinse francs 
à l'ouvrage imprimé, ou manuscrit, qui lui aura été 
adressé d’ici au 1°* janvier 1827, et qui lui paraîtra avoir 
le plus contribué aux progrès de la physiologie expéri- 
mentale. 

Les auteurs qui désireraient concourir pour cé prix 
sont invités à adresser leurs ouvrages ; franc de port , au 
secrétariat de l’Académie avant le 1° janvier rUa7 

Ce terme est de rigueur. 

Le prix sera décerné dans la séance publique du pre- 
mier lundi de juin 1827. 

Les Mémoires et machines devront être adressés , 
francs de port, au secrétariat de l’Institut avant le termé. 
prescrit, et porter chacun une épigraphe ou devise, qui 
sera répétée , avec le nom de l’auteur , dans un billet ca- 
cheté joint au Mémoire. 

Les concurrens sont prévenus que l’Académie ne ren- 
dra aucun des ouvrages qui auront été envoyés au con- 
cours ; mais les auteurs auront la liberté d’en faire 

prendre des copies. . 


(:357 ) 


i 


_ Mémoine sur la famille des Brumacées; 


ES 7 Par M. Anozpne Bnonenranr. | ke 

Ciraque jour de nouveaux végétaux viennent prendre 
place dans nos catalogues , et souvent leur aspect exté- 
rieur et une certaine analogie générale qui frappe un œil 
exéréé dirige plus. le’ botaniste qui les place dans un 
genre, qu’ ’uné étude approfondie de leurs caractères ; il 
en résulte que dans beaucoup de genres un grand nom- 
“bre d’ espèces ne répondent plus au caractère générique 
établi primitivement , et présentent à Tobservateur c qui 
| Jes étudie avec soin des modifications de structure plus 
| ou moins importantes , quil engagent ou à- modifier les 
caractères de ces genres , ou.à y établir ‘de nouvelles 
coupes génériques. C'est ainsi que quelques- uns des 
grands genres de Linné sont devenus par les travaux des 
naturalistes modernes le type de familles naturelles fort 
remarquables ; ; cette observation s applique surtout à la 
végétation de certaines contrées qui, ayant ce qu’ on 
pourrait nommer une physionomie particulière , a porté 
les premiers botanistes à à réunirsous le même nom des êtres 
souvent très-différens par plusieurs points de leur or- 
ganisation. Tels étaient les | Protéacées ) les Orchidées » 
les Restiacées , ete. 2 qui ne renfermaient d’ abord que 
quelques grands genres , mais qui , miçux étudiées , ont 
offert des modifications de structure nombreuses . im- 
‘ portantes. La petite | famille des Bruniacées est” “dans e 
même cas ; Linné créa le geure Brunia dans le premier 
de ses ouvrages , daus le Genera plantarum de 1737. 
Vi. — Août 1816. Pi CNE 


( 358 ) 
Ii le fonda sur le Brunia nodiflora , dont il cite la fi- 
gure dans Breynius , et son caractère générique, quoi- 
qu'imparfait, se rapporte entièrement à cette éspècé qui 
doit rester le type du genre. Presqu'à la même époque, 
dans l'Æortus cliffortianus , il ajouta deux nouvelles es- 
pèces à ce genre, le Brunia lanuginosa et le Brunia 
abrotanoides , qui diflèrent essentiellement de la pre- 
mière.ainsi que nous le verrons plus tard; les échantil- 


:Jons sur lesquels, Linné a établi ces espèces , existent 


r 


encore dans l'Herbier de Burmann , qui fait partie des 
belles collections de M: Benjamin Delessert , et ne nous 
laissent aucun doute sur les plantes décrites par Linné. 
Depuis cette époque , plusieurs auteurs , el particu- 
lièrement Thunberg, accumulèrent les espèces dans ce 
genre ; mais sans les étudier: avec soin ;'et ils ne s'a- 
percurent pas des différences remarquables dans la struc- 
ture de la fleur et du fruit qui les distinguent. Ce der- 
nier, cependant , en sépara le genre Staavia, mais plu- 
tôt d’après les caractères qu il présente dans son port 
que par suite d’un examen attentif de son organisation. 
D'un autre côté , ‘les mêmes auteurs n’hésitèrent pas à 
placer dans des genres très-différens plusieurs plantes , 
ou qui appartiennent au genre Brunia lui-même, ou 


- qui s'en rapprochent beaucoup ; tels sont les Phylica 


racemosaet pinifolia de Linné, dont Burmann , avec 
plus de sagacité , avait formé un genre particulier sous 
le nom de Béckea, mais qui diffèrent cependant trop 
peu des. vrais Brunia pour pouvoir en être distingués 
génériquement. Tel est encore le-Diosma capitata de 
Thunberg , qui forme un genre parfaitement caractérisé 
dans la famille des Bruniacées , bien loïn par conséquent 


(359) : 
de celle des Rutacées ; et il est à remarquer que ces er- 


reurs se sont perpétuées dans les ouvrages les plus mo- 
dernes et les plus estimés. , 


Les mêmes causes qui ont déterminé la dispersion de 
plusieurs des plantes de cette famille dans des genres 
très-différens , ont influé également sur la détermination 
de ses rapports naturels : M. de Jussieu , frappé de l’a- 
nalogie extérieure :qui existe entre les Phylica et les 
Brunia, twompé par les caractères ‘inéxacts donnés par 
Linné à ces derniers , enfin déterminé peut-être un peu 
par l'identité d'habitation de (ces genres , plaça les deux 
genres Brunia\i Staavia à la suite des Phylica dans Ja 
famille des Rhamnées.. DOTE 

Ce ne fut qu'en 1818 que M. Rob. Brown, en éta- 
blissant la famille des Hamamelidécs (1) , indiqua celle 
des Bruniacées , à laquellé il rapporta , outre les deux 
genres précédens , le Zinconia de Swariz ,et deux genres 
inédits de Solander, l'Erasma et le T'hamnea; mais'il 
ne fit pas connaître les caractères de cette nouvelle fa- 
mille , et:se contenta seulement d'indiquer ses rapports 
avec les Hamamelidées et avec les Cornouillers. 

- M. Decandolle ; en décrivant cette nouvelle famille 
dans le second volume de son Prodrome , la plaça néan- 
moins immédiatement après les Rhamnées ; il fut pro- 
bablement porté à la ranger ainsi , parce qu'il attribue 
à ces plantes ; ainsi que la plupart des botanistes qui l'ont 
précédé, des étamines opposées aux pétales ; erreur facile 
à commettre, puisqu'elles adhèrent latéralement aux 
onglets de ces pétales. 


rs 


(1) Æppendice botanique du Voyage d' Abel à la Chine »R-t. 


(-360 ) 

Du reste , il ne décrivit dans cette famille-que les trois 
genres anciennement connus ; les deux genres de So- 
lander étant encore restés inédits. À: j 

Tels étaient nos connaissances. sur éblias bille x 
lorsque des recherches dont je m'occupe sur les diverses 
plantes qui font, partie de la famille des Rhamnées , 
telle que M. de Jussieu l'avait établie, m'engagèrent à 
l'étudier avec: plus de soin, et les grandes différences, 
” qui existent entre Jes Bruniacées et les autres familles. 
que comprennent les Rhamnées, m'ont déterminé à 
isoler cette partie de mon travail. 

Cette famille, quoique peu nombreuse , présente des 
modifications fort remarquables de son type primitif ; et 
cependant , tous les génres qui la composent sont liés 
entr'eux de manière à ne laisser aucun doute sur leur 
aflinité. Quatre genres peuvent être regardés comme 
présentant le type,le plus général de cette famille ; les 
‘raits principaux de leur organisation sont, un calice 
dont le tube adhère en partie à l'ovaire , ‘et dont le Himbe 

est divisé en cinq parties ; des pétales oblongs ou on- 
guiculés à limbe étalé, alternant avec le calice ; des éta- 
mines en nombre égal à. celui des péiales qui alternent 
avec eux, et dont les filets adhèrent presque toujours 
par un côté à leurs onglets, mais qui ne sont pas placés 
devant comme la plupart des auteurs l’ont avancé ; enfin, 
un ovaire à deux loges renfermant chacune un ovule ou 
deux ovules collatéraux suspendus vers le haut de la 
cloison. Cet oyaire est surmonté de deux styles ordi- 
nairement libres , quelquefois réunis ; tantôt, il devient, 
un fruit à deux coques divergentes qui s'ouvrent inté- 
rieurement; tantôt par l’avortement d’une des loges et 


( 36r) 


d'une partie des graïnés , il se change en une nucule 
monosperme, indéhiscente, entourée par le calice auquel 
elle adhère dans sa moitié inférieure. Les graines ovoïdes, 
lisses, renferment un très-petit embryon dicotylédon 
placé à la partie NE d'un grand périsperme 
charnu. 

Telle est l’organisation qu’on rencontre dans les genres 
Prunia, Staavia, Berardia et Linconia; les cinq 
autres genres nous offrent des déviations plus ou moins 
remarquables de cette structure : ainsi, le genre A4u- 
douinia diffère des précédens par son ovaire triloculaire 
à loges renfermant chacune deux graines collatérales , 
‘et par son style parfaitement simple ; le Tamnew, dont 
je dois la communication à l’amitié dé M. R. Brown, 
présente une modification plus singulière et qui n’a, je 
crois, encore été indiquée dans aucun autre végétal : c’est 
une colonne centrale, grêle et pour ainsi dire filiforme, 
qui traverse le centre d’un ovaire uniloculaire et qui 
s’élargit au sommet en un placenta en forme de disque 
autour duquel sont suspendus des ovules nombreux dis- 
posés en un seul rang : organisation bien différente de 
celle des placentas centraux de la plupart des familles où 
ce genre de structure a été reconnu , et dans lesquelles 
le sommet du placenta est étroit et se détruit lorsque la 
fécondation à en lieu, tandis que la partie inférieure : 
spongieuse ec cliarnue , est couverte de graines plus ou 
moins nombreuses. La seule famille qui, au premier as- 
pect, offre un mode de structure analogue à celui-ci , est 
celle des Santalacées, dans laquelle on indique un axe 
central au sommet duquel sont suspendus un petit nom- 
bre d'ovules : mais nous montrerons plus tard que dans 


(1363 ». À 
la plupart de ces plantes cet axe est réellement libre au 
sommet , et ne fait que soutenir les ovules et les rappro- 
cher du sommet de la cavité de la loge sans les mettre en 
communication directe avec la base du style. 

Dans le genre Thamnea , on peut se représenter l’o- 
vaire comme étant devenu uniloculaire , par suite de la 
destruction des cloisons des loges ; dont l’axe central nous 
représente encore l'angle interne ; la symétrie parfaite 
de toutes les parties est un caractère essentiel de cette 
structure : le nombre des ovules qui nous a paru de dix 
semblerait indiquer un ovaire à cinq loges, renfermant 
chacune deux graines , dont les cloisons se sont détruites. 

Le, genre Tittmannia nous fournit pour ainsi dire un 
passage de ces ovaires multiloculaires' aux ovaires unilo- 
culaires à axe central libre, car sa fleur, différant à peine 
sous d’autres rapports de celle du Thamnea, nous pré- 
sente un ovaire à deux loges, renfermant chacune deux 
ovules suspendus, comme dans la plupart des Bruniacées, 
mais dont la cloison, quoique divisant complètement 
l'ovaire en deux loges , n’adhère pas par ses bords aux 
parois de l'ovaire et représente par conséquent l'axe 
central libre du T'hamnea , transformé par son apla- 
_tissement en une cloison. CAE 

Dans le genre Berzelia, nous observons, comme dans 
le T'hamnea, un ovaireuniloculaire, mais il estle résuliat 
d'une modification toute différente dans la structure or- 
dinaire des plantes de cette famille; la cavité simple de l’o- 
vaire n’est pas due à la suppression des cloisons qui sé- 
paraient les loges de ce fruit, mais à la réduction de ces 
loges à une seule : c'est l'ovaire d’un Brunia ou d'un 
Staavia dont une senle loge subsiste, En effet , dans cet 


Ç: 363 ) 
ovaire on ne trouve plus des ovules nombreux suspendus 
autour d’ uu axe central libre comme dans le T hamnea 
mais un ovule unique fixé au sommet d'un placenta | ou 


HL'E9u) : 


plutôt d' une nervure qui occupe une des paroïs d de Y =. 
vaire et qui correspond à la cloison, de l'ovaire bilo- 
culaire des Brunia; cet ovaire 4, non-symétrique ; en 
traîne un défaut général de symétrie dans la fleur ; ainsi, 
le tube du calice est plan du côté du placenta ,ilestar- 
rondi et gibbeux du côté opposé ; ses divisions et les pé- 
tales sont également déjetés et un peu 1 inégaux , ce qui 
donne à toute la fleur un aspect difforme qui. devient 
encore plus marqué das le fruit, 
Dans tous les genres que nous venons d’ examiner , 
l'ovaire était adhérent, au moins en partie, au tube du 
calice. Le genre Raspalia nous offre un calice parfaite- 
ment libre , semblable du reste en tous points à À celui des 
autres plantes de eette famille, et surtout à celui des 
Staavia ; cette modification dans l’organisation n'aurait. 
rien de ingntiee, si, comme dans tant d'autres familles 
dans lesquelles l'ovaire est tantôt libre et tantôt adhé- 
rent , les étamines et les pétales étaient insérés au som- 
met ‘a tube du calice ou du moins à quelque partie deses 
parois ; mais dans cette plante c est vers la partie supé- 
rieure de l'ovaire que les pétales el les élamines sont fixés. 
Je crois qu'il n'ya aucun exemple , , connu jusqu'à pré- 
sent, d'insertion épig yne de £e genre; en effet, dans tous , 
Jes cas d’é épigynie observés , Vo ovaire esttoujour s adhérent 
au calice , et le plus souvent les étamines et les pétiles 
EN être regardés comme naissant de cet or gane 
aussi biea que del oyaire ; ‘aussi quelques auteurs av aient 
té portés à à nu admettre comme insertion réellement épi- 


( 364 ) 


gyné que celle où‘les étaininés sont fixées au style Tui- 
méme, comme “dans les “Aristolüéhes ss Orchi- 
dées , etc. | | 

Dans la ul qui nous occupe, les étamines et les 
pétales n’ont aucune connexion avec le calice; ces or- 
ganes naissent évidemment de la partie supérieure de l’o- 
väire : ôn pourra , il est vrai, attribuer ce mode d’in- 


sertion à la présence d’un disque très-mince, adhérent 


à la partie inférieure de l'ovaire : cependant cette sup- 
position ne peut être regardée que comme l'expression 
d’une hypothèse plis où moins vraisemblable , car on 
ne voit aucune couche distincte des parois ‘de l'ovaire : 


au contraire , Ces parois sont beaucoup plus minces au- 


dessous de l'insertion des pétales ét des étamines qu'au 


dessus. Je serais pourtant assez porté à admettre cette 
manière de voir, au moins en théorie , à cause de l’ aspect 
très-diflérent que présente la surfaccexterne de l'ovaire au- 


dessus etau-dessous du point d'insertion des pétales et des 


étamines ; au-dessous , cet organe est très-mince , menm- 
braueux , mais parfaitement lisse ; au-dessus il est plus 
épais , assez dur, maïs tout hérissé de poils biancs. Il 
est donc assez naturel de supposer que la partie infé- 


rieure est enveloppée par une sorte de tube staminifère 


trèsimince qui adhère aux parois également très-minces 
. de l'ovaire, paroïs qui dans la partie libre acquièrent 
au contraire plus d'épaisseur et de solidité. 

Ce mode d'insertion n’en sera pas moins une inser- 


tion épisyne : ‘dans toute la rigueur de l’expression ad- 


mise jusqu’à présent , car cette manière de l'expliquer 


est commune à l'insertion périgyne dans laquel'e on 


peut presque toujours admettre une couche charane 


mince , dé nature analogie à cellé des filets dés étamines 
et des pétales, qui s'étend depuis le fond du -calicé 
jusqu'à l’origine de ces ‘organes: Ainsi , si l’on admet 
Pinsertion périgyne qui ne paraît’être dans: la plupart 
dés cas quer le résultat de l’adhérence au calice d'un 
disque plus où moïns distinct , on doit regarder comme 
insertion épigyne une semblable adhérence avec une 
. grandé partie de l ovaires ; 
Cette structure du genré Raspalia ine porté à regar- 
der l'insertion dans toutes les Bruniacées comme épigyne 
plutôt que comme: périgÿne , ce que confirme encore la 
facilité avec laquelle on peut dans presque toutes les 
plantes de cette famille arracher des portions du tube 
du calice sans entraîner en même temps les pétales et les 
étamines qui restent fixés au, pourtour! de l'ovaire; on 
peut encore remarquer à l'appui de cette opinion , que 
— dans plusieurs des plantes qui appartiennent à cette fa- 
mille, le tube du calice reste indivis dans une étendue 
assez considérable au-dessus du point où il cesse d’ad- 
,  hérer,à l'ovaire , sans que jamais on observe la moindre 
connexion entre cet organe et les étamines ou les pé- 
tales qui sont fixés au point même où l'ovaire et le 
calice se réunissent. 

Ces remarques que Pon peut appliquer à quelques 
autres familles , nous paraissent prouver qu’en ne doi! 
pas confondre l’isertion épigyne avec l'insertion péri- 
gyne, comme quelques botanistes l'ont. fait , Mais les 
distinguer , ainsi que M. de Jussieu l'avait établi dans ses 
Genera plantarum : car non-seulement cette distinction 
paraît exister dans la nature ; mais éncore elle semble” 
propre à uous diriger dans la recherche des rapports ua- 


| 1 


( 366 ) 


turels , comme ce célèbre naturaliste l'avait t parfaitement. 
senti. AS | 

Après avoir fait connaître les points les plis remar- 
quables de l'organisation des Bruniacées, il nous reste 
à examiner ses afhinités avec les autres végétaux : la 
structure mieux connue de ces plantes les éloigne 
évidemment non-seulement des Rhamnées, mais aussi des 
Célastrinées et des Ilicinées , familles avec lesquélleselles 
ont si peu de rapport qu'il nous paraît inutile de nous 
arrêter à les comparer; c’est avec les familles à ovaire 
constamment infère et dans lesquelles on pent regarder 
l'insertion plutôt comme épigyne que comme périgyne, 
que les Bruniacées me paraissent avoir le plus d’analo- 
gie : telles sont particulièrement les Cornouillers, les 
Haloragées , les Hamamelidées et même les Ombellifères 
et les Araliacées. ; 

Dans toutes ces familles l'ovaire est infère ou semi- 
infére , et le plus souvent à deux loges renfermant une 
seule graine ou deux graines suspendues à la cloison ; 
les étamines sont presque toujours en uombre égal aux 
pétales et alternent avec eux : tous ces caractères, se re- 
trouvent dans les Bruniacées,. AL tan dés 

Les Ombellifères et les Araliacées s'en distinguent 
par la structure de la graine, par les loges du fruit cons- 
tammeut monospermes et indéhiscentes , enfin par leur 
port; les Hamamelidées dont le calice et les pétales pré- 
sentent la préfloraison valvaire et dont les anthères 
s'ouvrent pardes valvules libres ne peuvent se confondre 
avec elles. Malgré leurs nombreuses variations les Halo- 

agées s'en éloïgnent par la structure de leurs graines , 
dépourvues de périsperme , et par leurs feuilles le plus 


2 


( 365 ) 


Le 


souvent opposées ; le genre cornouiller est un de ceux 


qui a le plus de rapports réels avec les Bruniacées , il 
en difière peut-être plus par son: port que par des carac- 
tères bien tranchés. 

Enfin nous devons indiquer les rapports , quoiqu’éloi- 
gnés , qué cette famille paraît avoir avec celle des Myrtes' 
par l'intermédiaire du genre Imbricaria de Smith ou 
Mollia de Willdenow : dans ce genre, qui s'éloigne beau- 
coup par sa structure des vraies Myrtinées , on observe 
eu effet presque la même organisation , quant au calice 
et aux pétales , que dans les Bruniacées ; l'ovaire est 
uhiloculaire et renferme quatre ov ules suspendus au 
sommet d'un placenta latéral, structure qui rappelle en 
même temps celle des genres Perzelia et Thamnea. 
Mais cette plante s'éloigne des Bruniacées par ses éta- 
mines opposées aux pétales, position fréquente dans 
les My rtinées ; par ses anthères glanduleuses au sommet, 
enfin par ses feuilles ponctuées , caractères qui tous lui 
donnent plus d’analogie avec les Myrtes qu'avec les 


plantes qui nous occupent. 


La famille des Bruniacées forme donc un petit groupe 
que ses caractères et un port très-particulier distinguent 
également bien des familles auprès desquelles elle doit 
venir se ranger ; car son aspect la fait ressembler au 
premier coup-d’œil aux Bruyères, aux Diosma , aux 
Phylica età quelques autres genres qui n’ont cependant 
de commun avec elles que le port et l'habitation. 

Les Bruniacées sont en eflet une de ces familles qui 
ne sortent pas des limites d’une certaine région ; elles 
n'ont jusqu'à présent été troùvées qu'a cap de- Bonnc- 
Espérance, dans cette région remarquable par la quantité 


( 368 ) 


d’arbrisseaux, analogues par leur port à nos Bruyères , 
qui l’habitent, Une seule espèce a été observée hors du 
continent africain , c'est le Berzelia lanuginosa que 
Commerson a recueilli à Madagascar : cette exception n’a 
rien de remarquable, car on sait que cette île possède 
plusieurs des végétaux du continent voisin. 

En décrivant une partie des espèces de cette famitle L 
je n’ai pas eu l'intention de donner une monographie 
spécifique des plantes qu'elle renferme, car il m'a été 
impossible d'observer plusieurs d’entr’elles dans les her- 
biers de Paris ; mon but n’a été que de fixer avec cer- 
titude les espèces sur lesquelles j’ai-faitmes observations 
et. de faire ressortir quelques différences” dé structure 
propres à éclaircir les caractères génériques. : 


BRUNIACEZÆ , R. Bnowx , in Abel. iter. Chinensis; 
Decanvozze, Prod. , 11, p. 43. 


” 


Canacr, D1FFr. Calyx adhærens, rariüs liber, in pre- 
fioratione imbricatus. Petala ovario inserta , imbricata. 
Stamina petalis alterna, epigyna ; antheris introrsis, bi- 
locularibus , rimà longitudinali dehiscentibus. Ovarium. 
semi-inferum , 1-3-loculare, loculis 1-2-spermis , ovulis 
collateralibus suspensis. Fructus bicoccus vel indehis- 
cens , inferus vel semi-inferus. Semina 7e parvo 
in apice endospermii carnosi. 

Canacr. narur. Calyx monophyllus, tubo ovario 
adnato rariüs libero (in Raspaliä), imbo 5-fido, laciniis 
sæpe apice callosis, in PART E erectis vel im- 
bricatis. 

Corolla polypetala. Petala laciniis calycis alterna , 
parti superiori Oovarii inserta, unguiculata ; ungue late 


» 


( 369 ) 


inferiùs substantià carnosà inérustato vel cristis duobus 
carnosis parallelis ornato ; prefloratio imbricata. - 
1Stamina petalis alterna ;  filamenta unguibus peta- 
lorum. plus minusve adhærentia; antheræ ïintrorsæ bi- 
loculares , loculis superiüs connexis; inferiüs Kiberis ; 
sæpe divergentibus , rimà  longitudinali antice deéhis= 
centibus ; cum petalis et in eadem serie ovario vel disco 
tenui ovarium tegenti inserta, 
Discus nullus distinctus vel (in 7amnea )orbicu- 
laris, pantem supériorem ovarii obtegens et exterits peta- 
lis et staminibus insertionem præbens:° 
Ovarium semi-inferum (inferum in Zhamned ; libe= 
rum in ARaspalia ) ; biloculare , ratius uniloculare vel 
wiloculare; ovulo unico vel: ovulis duobus collaterali: 
bus in quolibet-loculo:suspensis (in Z'hamnea. ovüli nu- 
merosi ex apice columnæ centralis dépendentes). Stylus 
simplex vel bifidus ; Stigma unicum yel Stigmata 2-3 
«minima papilliformia. & ; 
“Fructhis semi-inferus , calyce et ‘sæpids petalis âique 
sthtfinibub persistentibus coronatus ; vel bicoccus , coccis 
-coriaCeis divérgéntibus, externe calyce PUNEL interne 
- rimà longitudinali déhiscentibus, mono- velr rarissime dis» 
pérmis , Féminibus oblongo-cylingricis (in Staavià , 
Berardia ; et Linconia ); vel ‘indehiscens, sen 
sus, rariùs membranaceus, unilocularis (sæpe aboïtu }& 
monospermus , ‘séminé ovalocompresso (in Brunia et 


“htm 7 PA GE A F 
cu ñ SA La re» CEA 


2h13 L,, BiX tf10 BEST [ic D DE POLE 

(@) In his han 2 à fructus sæpius niet FREE BARA et. peri-. 

carpium , | fertili exlerne simile, placentà spongiosà , semina membra- 
© ndcea parva sustinente , repletur. 


» 


(370 ) 

Semen suspensum, oblongo-eylindricum vel ovato- 
compressum , sessile vel podospermio cupulæformi af- 
fixum (in Staavia et Linconia ) ; Testa lævis vel sub- 
reticulata; Endospermium carnosum, albidum ; Embr) o 
parvus ovatus ad apicem seminis , radiculà conicà sapet à, 
cotyledonibus brevibus carnosis, | 

Frutices ex Africd australi, ramosissimi , ericæ- 
formes ; foliis parvis, glabris vel vix pilosis, ad api- 
cem sæpiùs calloso-ustulatis, rigidis, integerrimis, 
quinquefariam insertis ; floribus parvis, capitatis, vel 
rariùs paniculatif, spicatis, vel terminalibus solita- 
riis ; capitulis nudis vel foliis majoribus involucratis ; 
flores ad basim tribracteati, bractea inferiori majori, 
lateralibus oppositis minoribus vel nullis ; in Linconià, 
Thamneà, Audouinià, Tittmannià bracteis quatuor vel 
pluribus involucrati. FER { 


1. BERZELIA. — Bruniæ spec. auct. 


_Canacr, pirr. Calyx ovario adhærens ; laciniis inæ- 
qualibus gibbosis. Ovarium inferum , uniloculare, mo- 
nospermum. Stylus simplex..Fructus indehiscens. 

Caracr. nur. Calyx ;-tübo ovario -adnato , latere 
superiore plano, .placentæ respondente ; -altero, con- 
vexo'; laciniis 5 rariüs.4 -acutis , apice: sæpiüs cal- 
losis, inæqualibus, duobus,;superioribus paulo_ bre- 
vioribus , tribus inferioribus longioribus. —:Petala 
oblonga vel spathulata, ungtie vix:carnoso non bica- 
rinato. — Stamina pelalis longiora, loculis antherarum 
parallelis , superiüs connexis , inferiùs liberis. — Ova- 
rium semi-inferum , uniloculare, obliquum, monos- 
permum; ovulo versus apicem loculi ad parietem su- 


(371) 
periorém suspenso. Srylus simplex sülcatus. Stigma 
parvum subéonicum. 

Fructus ferè omnes abortivr, coriacei, indéhisceñtes, 
calyüis lacinfis auetis gibbosis , pétalis et staminibus per- 
sistentibus coronati , obliqui , gibbosi , placentà unilate- 
rali, spongiosà , semen membranaceum parvum susti- 
nente , repleti; fertiles , nuculæ coriaceæ, obliquæ , mo- 
nospermæ ; semine ovato-compresso , lævi; testà crus- 

taccà. Endospermium carnosum, album. Embryo parvus, 
ad apicèm seminis , bilobus , radiculà superà, 

Frutices ; foliis parvis, brevibus, subtrigonis, glabris 
vel vix pilosis, ad apicem sæpius ustulatis, imbricatis 
vel patulis; floribus capitatis, ‘capitulis nudis ad apices 
ramulorum sæpe congestis ; bracteæ tres ad basim cujus- 
que floris, inferior versus apicem clavata callosa. 

. Dixi in honorem Cel. BerzeLr1 cujus ingenium , quan- 
quam chemiæ præcipue deditum, scientiäs omnes illus- 
travil et promovit. 


1. BERZELIA ABROTANOIDES, 


Foliis ovatis, apice ustulatis, breve petiolatis, glabris, 
patentibus ; capitulis, avellanæ subæqualibus, terminali- 
bus ; congestis  subcorÿmbosis ; ‘receptaculo piloso , 
bracteis clavatis; viridibus , glabris, spise RME SH pe- 
talis patentibus spathalatis. 

Var..«. Floribus 4-fidis, tetrandris , petalis majori- 
bus patentibus ; staminibus longissimis. 

V'ar. &. Floribus 5 - fidis’, PR ; ge pe et sta- 
minibus brevioribus:1 - | 
Brunia abrôtäñoides Buau. Afr. p. 266, t. 100, fig. 1; Lin», 


Spec., Plant. ed. 111, p: 288; Wap, Spec: 1,.1p. 1143; Ds- 
cad. Prod. 11,p. 44. 


f 
(372) 
Hub. ad. promontoriura Bonæ-Spti.- (v. in. herb. Burmamui, 
 Musei Parisiensis, etc.) 


2. BRRZELIA LANUGINOSA. 


.Ramis erectis, fastigiatis , junioribus villosis! > foliis- 


uiquetris, patentibus, apice calosis, pilosiusculiss eapi- 
tulis pisi magnitudine, ad apices ramulorum lateralium 
in, paniculà ofastigiatà dispositis s\bracteis spathulatis 
glabris, apice callosis; petalis subereetis ; SRE 
ceolatis, obtusis.. ls “rte rt) 

Brunia lanugènosa ;- Linni >Hort, cliff. p.: 91; Snéée Plant.1, 268; 


. Wauzn, Spec. 3, 11423 Drecaxp. Prod.n, p.44. 
Tamariseus Monomottapensis ; PLucrex. t. 318, fig. 4e 


Hab. ad promontorium Bonæ-Spei ( het T' huñber &> etc. , 

” adlittora orientalia Africæ australis Monomottapa dicta(Pluchenet) 

tin Madagäscaria ( Commer. Son). (vin hecb) Burmauni ) Mus. 
Parisiensis , de Jussieu ; etc.) ù 4 


IL: BRUNIA. — - Bruniæ spe, auct. he ii Di 2 


Caracr. DiFF. Calyx adhærens. Ours semi-infe- ; 
rum , biloculare; loculis r- ce Spermis ; Styli duo. Fruc- 


lus indehiscens, abortu monospermus. 
: Canacr. Nav Calÿx , tubôinfeñus ovario adhato, 
supürius libéro , lacinïis subspathulatis'apice , non cal: 


Josis, gdasb — Petala ovata vel spathuülata , limb 


paienté , ungüe‘glanduloso , in pluribus bicristato. — 
Stamina inclusa vel exserta ; anthéris ovatis. | loculis 


parallelis. == Ovärium sémi-inférütn | > biloculare , To- 


culis mono-vel dispermis | alterove rarius vaéuo ; ; Sty li 
duo , superiüs divergentes: Frwctus fertilis coriaceus vel 
membranaceus, indehiscens, abortu uniloculatis, mo1i0s- 
pernius, vel sæpius omninoaboôrtivus bilocularis, pla écnià 


spongiosà semina par va versus apicem Sustinente subre-, 


"4 


Vs 
El 


” 


( 373 ). 


pletus. — Semen ovato-compressum , læve. Endosper- 
miam magnum , carnosum , album. Embryo parvus ad 
apicem endospermii , radiculà superà » cotyledonibus 
brevibus. 4 
Suffructices , habitu et caracteribus floris maxime 


.diversi, plus minusve ramosi , ramis subverticillatis 


erectis vel patulis, vel foliis parvis arcte imbricatis 
et floribus capitatis (in Brunià virgatä , alopecuroide et 
nodiflorà ) vel foliis majoribus abietinis vel myrtoideis 
patulis et floribus paniculatis ! ( in Brunià racemosà et 
pinifolià ); flores tribracteati vel. defectu bractearum 
lateralium unibracteati. 


Sect. 1. Calyx pilosus , laciniis spathulatis ; petala 
subspathulata ; stamina exserta inæqualia ; ovarium 
biloculare, loculis dispermis ; fructus calyce petalis 
staminibusque persistentibus coronatus. 


1. BRUNIA NODIFLORA. 


. t F 
- Foliis lanceolato-subulatis, trigonis , acutis, glabris, 
incurvis, arcte imbricatis, apice non ustulatis; capitulis 
* globosis, magnitudine cerasi, in ramis terminalibus. 


Brunia, Lux. , Gen. plant. , ed. 1, 1737. 
Brunia nodiflora, Lax., Hort. clif:, 50. Omn. que auct. recentio- 
rum + + C re . 

Cupresso-pinulus capitis Bonæ-Spei, Brexw, cent, 22, t. 10. . 

Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Burmanni, Musei 

Parisiensis , etc.) 

Suffrutex ramosissimus, ramis subverticillatis, patentibus et in- 
curvo erectis ; folia parva, lanceolato-subulata , sessilia, trigona , quin- 
quefariamimbricata, glabra. Capitula sphærica , cerasi magnitudine, ad 
apices ramulorum solitaria , non involucrata, villosa. Bracteæ tres ad 
basim cujusque floris, subæquales, spathulatæ, tomentosæ, florem 


VHL, 25 


\ 
C 374) 
æquantes. Calyx externe villosissimus , tubo ovario adhærente , laciniis 
5, spathulatis, externe villosis, tubo longioribus. Peala oblongo-subspa- 
thulata , erecta, limbo patente, calyce paulo longiora, inferiùs angusta- 
ta, bicristata, Stamina inæqualia, exserta ; filamenta compressa, ungui- 
bus petalorum subadhærentia ; antheræ introrsæ, biloculares, loculis 
oblongis superiùs et inferiùs discrelis. Ovarium semi-inferum, villo- 
sum , biloculare, loculis dispermis , ovulis collateralibus ex apice septi 
dependentibus. Styli duo divergentes. Siigmata duo minima. 
Fructus fertilis abortu unilocularis , monospermus ; sterilis bilocula- 
ris, placentà septo affixà magnà spongiosà repletus. | 


Sect. ». Calyx, laciniis glabris scariosis ; petala 
ovata ; stamina inclusa; ovarium biloculare , loculis 
.mono-vel dispermis (alterove väcuo ); fructus calyce 
coronalus ; petalis et staminibus caducis. 


2. BRUNIA RACEMOSA. 


Foliis patentibus, sessilibus , ovato-acuminatis, sub- 
cordatis , trinerviüis, pilosiusculis , floribus paniculatis, 
paniculà e racemis densis distantibus subfoliosis com- 


posila. 


Beckea cordata , Burm. Prod. 12. 


Phylica racemosa, Lanx. Mant. 209; Tuuxs. Prod. Fl, Cap. 45; 
Wizzo. Spec. 1, 1112; Decann. Prod. 11, 37. 


Hab, ad promontorium Bonæ-Spei. (v. s. in herb. Burmanmi.) 


Suffrutex, ramis erectis, fastigiatis, subverticillatis, janioribus villo- 
sis ; foliis approximatis, patentibus vel subreflexis, sessilibus, ovato-acu- 
mivatis , subcordatis, trinerviis, pilosiusculis; /Zoribus paniculatis, pa- 
niculis e racemis densis distantibus subfoliosis compositis ; //0s quisque 
tribracteatus ; bracted inferiori ovatà majori, foliis subsimili ; laterali- 
bus oppositis minoribus. Calyx tubo obconico , inferiùs ovario adna- 
to, superiùs libero, 5-fidus, laciniis ovatis, obtusis , subtruncatis , sca- 
riosis, glabris. Petala 5, ovato-oblonga, interiùs ab basim crassiora 
subcarnosa. Stamina petalis breviora, antheris ovatis, bilocularibus, lo- 
culis parällelis. Ovarium inferum , obconicum , superiùs planum vel vix 


d 
: 


“. 


(375 ) 
convezum , biloculare , loculis monospermis , ovulo angulo, interiori et 
superiori eujusque loculi suspenso, oblongo. Styli duo approximat, 
paralleli, superne divergentes. Stigmata duo parva papillosa , ad api- 
cem cujusque styli. 


3. BrunNIA rINIFOLIA. 


Foliis subpatentibus , sessilibus , linearibus , obtusis, 
uninerviis, glaberrimis, coriaceis, plauis ; paniculà densà 
e racemis subsimplicibus composità , floribus scariosis 
approximatis. 


Beckea africana, Bunm. Prod, 12. 
+ 


Phylica pinifolia, Tuuws. Prod. 4; Lixx, Suppl. 153; Vaux, 
Symb. 3,p. 413 Wirvo. Spec, 1, 1110; Decaxp. Prod. n, 73. 


Hab. ad promontorium Bonæ - Speï. ( v. s. in Berb. Burmanni, 
Musei Parisiensis , de Jussieu , etc.) 


Suffrutex, ramis erectis, fastigiatis et fasciculatis, glaberrimis ; foliis 
spiraliter insertis, subpatentibus, sessilibus, linearibus, obtusis uniner- 
vis, coriaceis, glaberrimis, planis ; //oribus paniculatis ; paniculà e ra- 


. cemis subsimplicibus formatä, pyramidali ; densà ; floribus scariosis ap- 
 proximatis, bäsi tribracteatis, inferiori lineari flore longiori vel sub- 


æquali, lateralibus oppositis flores brevioribus. Flores a precedente nullo 
modo diflerunt nisi ovario superids convexo, semi-infero, loculis dis- 


. Permis nec monospermis. 


Fructus sewi-inferus, calyce persistente coronatus (petalis stamini- 


è busque caducis) , abortu unilocularis, monospermus , loculo altero mi- 


nori placentà spongiosà, ovulum membranaceum paryum sustinente, 
repleto. Semen ovato-lanceolatum , compressum, testà lævi coriaceä, 
_endospermio carnoso albo. Embryc parvus cordiformis ad apicem en- 


| dospermii. 


‘ : é LL 


4. BrunIA ALOPECUROIDES. 


Foliis subulatis, trigonis, SENS - glabris, imbricatis, 
| ineurvis, apice ustulatis; capitulis terminalibus, ovato- 


( 376 ) | 
globosis, densis, piso duplè minoribus, nudis ; bracteæ 


floribus breviores. | 


Brunia alopecuroides ? Tuvxs. F1. Cap.n, p. 9%; Decawn. Prod. 
11, P« 44. 
Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Burmanni.) 


Suffrutex, ramis gracilibus erectis glabris; foliis subnlatis , trigonis, 
acutis, glaberrimis , imbricatis , incurvis, apice ustulatis ; capitulis ter- 
minalibus, ovato-globosis, densis, piso duplù minoribus , nudis. Bractea 
unica ad basim cujusque floris, obtusa, subclavata , glabra , apice us- 
tulata , florem subæquaute. 

Calyx vix pilosus , tubo ovario adnato , laciniis scariosis ovatis acu- 
minatis. — Petala ovato-oblonga sessilia , apice patentia , ungue car- 
noso, lato, bicarinato. — Siamina petalis breviora vel subæqualia, 
filamentis erectis inæqualibus ; antheræ ovatæ, biloculares , loculis basi 
disjunctis, — Ovarium superiüs pilosum , semi-adhærens, biloculare , lo- 
culis mono-vel dispermis ; ovulo ovato-oblongo, ex apice septi depen- 
dente ; ‘rariùs in uno loculorum vel in ambobus ovuli duo collatera- 
les. — Siyli duo e basi divergentes. Stigmata duo minima, subtruncata. 


5. BRUNIA VIRGATA. 


Ramis gracilibus subverticillatis ; foliis arcte adpres- 
sis, sessilibus, lanceolato-subulatis, acutis, apice ustu- 
laus, canaliculatis, glaberrimis ; capitulis terminalibus, 
minimis, paucifloris ( ciceris magnitudine ), 

An Brunia verticillata ? Tauns. F1. Cap. 2, p. 92. 
Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Delessert.) 

Suffrutex , ramis tenuissimis, virgatis, subverticillatis, fastigiatis ; 
foliis lanceolato-subulatis, acutissimis, apice ustulatis, externe con- 
vexis , interiùs concavis, glaberrimis , sessilibus, ramulis arcte adpres- 
sis ; capitulis terminalibus , vix ciceris magnitudine , foliis quibusdam 
brevioribus patulis involucratis, paucifloris ; floribus unibracteatis. — 
Calyx , tubo brevyi, ovario adnato , glabro , limbo 5-partito, laciniis 
oblongis, obtusis, scariosis, glaberrimis, tubo duplù longioribus, — 
Petala %, laciniis calycis æqualia, ovato-oblonga, obtusa, ad basim 


( 377 ) 


erassiora , cellulosa. — Stamina petalis breviora , antheris avais, bi- 
locularibus , loculis parallelis adnatis. ( 

Ovarium semi-inferum vel subinferum , superficie superiori convexà 
pilosä, biloculare, loculis inæqualibus ; majori , tribus laciniis calycis 
respondente, monospermo, ovulo ad partem superiorem septi suspenso ; 
minori duobus alteris laciniis calycis opposito, vacuo ( sine vestigio 
ullo ovuli vel podospermii). Styli duo ad basim conjuncti , superiùs 
ercuati divergentes. Stigmata duo minima, 


IT. RASPALIA. 


Canacr. pirr. Calyx liber ! Petala et stamina ovario 
libero inserta. Ovarium biloculare, loculis monospermis. 
Styli duo. 

CanAcT. NAT. by Biber, monophyllus, 5 - fidus, 
laciniis acutis, apice callosis. — Petala et stamina 5 
alternantia nec basi adhærentia , parti superiori ovarii in 
eadem serie inserta, — Petala obovato-oblongasobtusa, 
basi vix carnosa, erecta. — Stamina petalis breviora, in- 
clusa , antheris ovatis , loculis parallelis. — Ovarium a 
calyce omninè liberum, biluculare, loculis monospermis; 
parte inferiori obconicâ, membranaceà, pentagonà, angu- 
lis vasculis staminum percursis, supernè petala et stami- 
na sustinente; parte superiori hemisphæricà coriaceà pi- 
losà.—S+yZi duo basi approximati, superiüs divergentes. 

Fructus... 

Suffrutex, ramis virgatis, fastigiatis, ramulis al- 
ternis , oppositis vel subverticillatis , brevibus ; foliis 
parvis , rhomboideis , carinatis, ramulis arcte ad- 
pressis, spiraliter insertis, glaberrimis. Floribus capi- 
tatis, capitulis solitariis, gemunatis vel ternis ad 
apicem ramulorum, non involucratis, tomentosis (pilis 
calycium et bractearum). Flores parvi, ulbi, limbo 
semi-patente , antheris inclusis. 


-( 378.) 7. 
Hoc genus dicavi clar. RasPAïz qui de structurà gra- 


_minum atque de feculæ formatione tam subtiliter dis- 
seruil. 


1. RASPALIA MICROPHYLLA. 
Brunia microphytlla ? Tauns. F1, Cap. à, p. 094; Decawn. Prod. ut, 
p- 44. 
Hab. ab promontorium Bonæ-Speï. ( v. in herb. Delessert.) 


IV. STAAVIA Tuuxs. 


Canacr. DiFFr. Calyx adhærens. Petala libera. Ova- 
rium semi-inferum, biloculare , lgeulis monospermis. 
Stylus simplex. Fructus bicoccus. 


Caracr. nat. Calyx, tubo inferiüs ovario adnato, 
superiüs hibero, lacimiis setaceis, apice callosis.—Petala | 
lanceolata, basi carnosa, incrassata, nec bicristata.—Sta- 
mina petalis breviora, antheris ovatis, loculis parallelis. 
— Ovarium semi-inferum, biloculare, loculis monos- 
permis; ovulis podospermio cupulæformi semi-involutis. 
— Sryli connexi in columnà simpliei bisulcatà. Sigma 
bilobum. 

Fructus semi-inferus, superiüs conicus, bicornis, bi- 
coccus; cocca superiüs bivalvia, interiüs rimà longitu- 
dinali usque ad basim fissa, monosperma. — Semina 
oblongo-cylindrica, supernè cupulä parvà (podospermio 
indurato ) involuta. Endospermium carnosum , album. 
Embryo parvus, cordiformis, ad apicem seminis. 

Suffrutices , foliis Zinearibus, patentibus , apice cal- 
losis ; floribus aggregatis ; capitulis terminalibus, dis- 
coideis, bracteis foliis longioribus , nitentibus , albidis 
vel brevibus foliis conformibus , involucratis. 


1: STAAVIA RADIATA, 


Rainis junioribus foliisque pilosis ; foliis linearibus, 
acutis, vix carinatis, patentibus vel deflexis, mucronatis; 
capitulis corymbosis ; bracteis involucri membranaceis 
mucronatis , floribus paulè longioribus ; areuatis , de 
flexis, albidis. | 
Staavia radiata, Tauns. Dissert.; F1. Cap. 2, p. 96; Wan. 
Spec. 1,p. 1144; Decaxo. Prod.ut, p. 46. 
Phylica radiata, Lans. , Opec, , édit, 11, p. 283. 
Bruniaradiata, Lixn., Mant., 209. 


Hab. ad promontorium Bonæ-Speï, ( v. 5.) 


2. STAAVIA GLUTINOSA. 


Ramis foliisque glaberrimis ; foliis linearibus , tri- 
gonis, crassioribus , obtusis ; callosis, ustulatis, approxi- 
matis, erectis; capitulis subsolitariis, terminalibus ; 
bracteis involucri erectis vel rigidè patentibus , non ar- 
_cuatis, floribus multè lougioribus, albidis ; floribus suc- 
co resinos0 agglutinatis. 


\ 


Staavia glutinosa, Tadks. FL Cap.3, 95; Wicuo, Spec. VPe 1144; 
Decano. Praggu , p- 45. 
Erunia glutinosa, Lixx., Mant. ; »10. 


Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. ( v. 8.) 

3. SrAAvIA NUDA. 
! Ramis fastigiatis foliisque glabris; foliis oblongo- 
linearibus brevibus , trigonis, erectis, imbricatis; capi- 


tulis solitariis, terminalibus ; involuero floribus breviori 
vel subæquali, foliis concolori. 


Hab.-ad promontoriam Bonæ-Speï. (+. in herb. Richard. ) 


( 360 ) 
A. STAAVIA CILIATA. 


-Ramis fastigiatis villosis ; foliüis sessilibus, erectis, im- 
bricatis , oblongo-lanceolatis , acutis, dorso carinatis , 
glabris , ad marginem piloso-ciliatis; apice ealloso; ca- 
pitulis discoideis , lanuginosis (bracteis calycisque la- 
ciniis villosissimis) ; involucro floribus breviori, imbri- 
cato , piloso, foliis concolori. 


An Brunia ciliata ? Laxx. Spec. 288. 


Hab. ad promontorium Bonæ-Spei (v. in herb. Desfontaines:) 
V. BERARDIA. 


Car. prrr. Calyx ovario adhærens. Petala basi in tu- 
bo coherentia. Ovarium semi-inferum; biloculare, lo- 
culis monospermis. Styli duo. Fructus bicoccus. 


Caracr. nar. Calyx tubo ovario adnato , superiüs li- 
bero, 5-fido, laciniis angustis, apice callosis. — Petala 
oblonga vel oblongo-linearia, inferiüs in tubo cohæren- 
tia.—Siamina petalis plus minusve basi adhærentia, ex- 
serta , antheris bilocularibus , loculis superiüs connexis, 
inferiüs liberis, parallelis. — Ovarium Smi-inferum , 
biloculare, locnlis monospermis. Styli duo divergentes. 

Fructus bicoccus, coccis omnino disjunctis, interne 
planis rimà angustà dehiscentibus. — Semina ovaio- 
cylindrica. 

Suffrutices, ramis erectis, fastigiatis, gracilibus ; fo- 
lis subulatis, acutis, adpressis, undique caulemtegen- 
tibus ; floribus capitatis, bracteis subulatis foliis longio- 
ribus involucratis ; flos quisque bracteis tribus suffultus, 
inferior flore duplà longior, laterales florisabæquales. 


_ 


( 381 ) 

Genus in honorem dixi clar. Benann , Monspelii che- 
miæ professoris necnon Academiæ Scientiarum Pari- 
siensis socii, cujus chemicæ et physicæ investigationes 
physiologiam plantarum maxime promoverunt. 


1. BERARDIA PALEACEA. 


Foliis subulatis, acutis, brevibus, arcte adpressis, gla- 
berrimis, apice ustulatis; capitulis corymbosis; bracteis 
inferioribus floribus duplè longioribus, subulatis, ustu- 
latis, basi pilosis ; calycis lacinia petalis breviora, K 1 ra $ 
antheræ ovatæ. 


Brunia paleacea, Tuuws. Prod. p. 41; Luwx. Mant. 559; Decasn. 
Prod. 11, p. 44. 


Hab. ad promontorium Bonæ-Spei ( v. s.). 


- 2, BERARDIA AFFINIS. 


Foliis subulatis, acutis , arcte adpressis, glabris vel 
subciliatis ; bracteis inferioribus floribus longioribus , 
subulatis , glabris ; calycis lacinia petalis longiora , gla- 
bra ; antheræ lineari-oblongæ. 


Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. (v. in herb. Banks nomine 
Linconia capitata inscripta.) 


+ Species affinis ( an genus distincturn ? ). 


3. BERARDIA PHYLICOIDES. 


Foliis ovatis, obtusis, convolutis, quinquefariam im- 
bricatis, externe tomenosis ; capitulis corymbosis, brac- : 
teis floribus æqualibus, tomentosis; calyce et petalis ex- 
terne lanuginosis. | 
Brunia phylcoides , Tauws. F1. Cap. à, p. 04; Deciwn. Prod, n,. 
p-44- 

Hab, ad promontorium Bonæ-Sper. (+: in herb. Delessert. } 


( 382 ) 


Suffrutex , ramis verticillatis, erectis ; foliis ovatis, obtusis, concavis 
et margine convolutis, quinquefariam imbricatis , externe tomentosis } 
interne glabris; capitulis corymbosis non involucratis (nisi folia supe- 
riora , alïis æqualia sed planiuscula, apice callosa , pro involncro su- 
mas); bracteis mferioribus ex axillis proliferis ( undè rami verticillatin 
vascuntur }; f/ores tribracteati; bracteis longitudine inter se et flori 
subæqualibus , lanuginosis, inferior lanceolata , laterales filiformes. Ca- 
Îyæ, tubo ovario semi-adnato, parte superiori liberà , limbo 5-fido , la- 
cimiis acutis, apice callosis , externe pilis lougissimis obtectis, Petala 
laciniis calyeis longiora , oblongo-lanceolata, 6btusa , convoluta , basi 
_subcarnosa, externe et versus apicem pilosa. $ramina petalis breviora ; 
filamentis rigidis erectis;antheris ovato-oblongis, loculis parallelis, Ova- 
rium semi-adhærens, parte superiori liberà hemisphericà pilis lanugi- 
nosis oblectà , biloculare, loculis monospermis , ovulo ex parte supe- 
riori septi dependente. $tyli duo e basi divergentes, versus apicem con- 
vergentes, forcipatiformes , interne sulcati , fistulosi. S'tigmata duo mi- 
nima apicilaria. 

Fructus bicoccus, coccis divergentibus , interne rimâ dehiscentibus , 
uno sæpius abortiente ; semine oyato-cylindrico , fulvo , lævi. 

Oss. Hæc species a precedentibus differt petalis concavis usque ad 
basim liberis; staminibus inclusis et formà calycis; a Linconiis ovarii 
loculis monospermis, calycis et antherarum fabricà et babitu multüm di- 
verso , a S'iaaviis stylo duplici et defectu involucri. 


VI. LINCONIA. 


Caracr. prrr. Calyx adhærens. Petala oblonga, con- 
voluta. Stamina inclusa , antherarum loculis inferiùs di- 
vergentibus. Ovarium semi-inferum, biloculare, loculis 
dispermis. Fructus bicoccus. 

Caracr. nar. Calyx , tubo ovario adnato, limbo 5- 
fido, laciniis brevibus, membranaceis, glabris. —Petala 
lanceolata, non unguiculata, coriacea, convoluta; Hbera. 
— Stamina petalis breviora ; antheræ connectivo superiüs 
carnoso, conico, loculis basi divergentibus. — Ovarium 
semiinferum, superiüs conicum, biloculare, loculis dis- 


( 383 ) 
permis: ovulis podospermio cupulæformi suspensis. Sty- 
li duo divergentes. Stigmata parva. 

Fructus bicoccus, coccis interius rimà dehiscentibus, 
dispermis vel abortu sæpiüs-monospermis, seminibus 
oblongo-ovoideis | podospermio spongioso cupulæformi 
_ superids tectis. | 

Suffrutices ericoidei ramosissimi, ramis erectis, fasti- 
giatis ; foliis undique spiraliter insertis, patentibus vel 
laxe imbricatis, brevissime petiolatis, coriaceis , gla- 
berrimis vel margine subciliatis, nervo simplici promi- 
nente notatis , apice ustulatis : floribus solitariis in 
axillis foliorum superiorum , in spic4 congestis , basi 
| bracteis 4-5, calyci subæqualibus , involucratis. 

Oss. Linconia peruviana, Lamk: Dict. enc. 3, 
p. 527. Species maximè dubia ex descriptione et loco 
natali ; in Peruvià a CI. Josepho de Jussieu collecta fuit 
nec in ejus herbario reperiri potuit, 


1. LincoNIA ALOPECURO1DEA. 


Foliis subpatentibus, linearibus ,;acutis, subsessilibus; 
nervo rigido prominente ; floribus foliis paul longio- 
ribus ; bracteis membranaceis , margine pilosis , calyce 
longioribus. 


Linconia alopecuroidea , Lx. Mant. 216; Swanrz. in Berl. mag. 
1810, p. 86,t. 4. 
Hab. ad promontorium Bonæ-Spei, (v. 8.) 


2. LincontA cusPpIDATA. 


& Foliis subpatentibus, oblongis, obtusis, apice ustula 


( 384 ) 
tis, subcarinatis ; floribus foliis æqualibus: bracteis ca- 
lycem æquantibus, margine ciliato-pilosis. 
Linconia cuspidata, SwanTz. L. ec. p. 284, t. 7, fig. 1. 
Hab. ad promontorium Bonæ-Spei. ( v. in herb. Banks.) 


VII. AUDOUINIA. 


Caracr. nirr. Calyx adhærens ; laciniis maximis, imr- 
bricatis. Petala unguiculata. Ovarium semi-inferum , 3- 
loculare ; loculis dispermis. Stylus simplex. : 

Caracr. nar. Calyx, tubo brevi obconico, ovario ad- 
nato , laciniis maximis, ovato-oblongis nervosis, scario- 
sis, concavis , ad marginem pilosis , imbricatis. — Pe- 
_tala ongè unguiculata, limbo subrotundo patente, un- 
gue bicarinato. — Stamina inclusa, antheris lineari- 
oblongis, loeulis parallelis adnatis. — Discus epigynus 
nullus vel tenuissimus. — Ovarium semi-inferurm , ob- 
conicum, superficie superiori convexà, subtrilobà, glabrà 
et subcarnosà , triloculare, loculis dispermis; ovulis 
collateralibus , suspensis. — Stylus simplex, trigonus : 
Stigmata tria minima papilliformia. 

Fructus.… 

Suffrutex ramis erectis ; folis spiraliter insertis, im- 
*bricatis, subcarinatis ; floribus in capitulum oblongum, 
spicæforme, terminale, congestis, purpureis. 

Amici conjunctissimi V. Awupouin, qui anatomiam 
insectorum observationibus acuuissimis illustravit, nomen 
huic generi imponere volui. | 


1. AUDOUINIA CAPITATA. 


Diosma capitata, Tauns. Prod. F1. Cap. 43; Lan. Mant., 210; 
Wap, Spec. 1, 1136; Pers. Syn. 1, 247; Decann. Prod. 1, 7 @ 


". ( 355 ) 


Hab. ad promontorium Bonæ-Spei (v.in herb. Delessert et Mus. 
-Parisiensis.) 


VIII. TITTMANNIA. 


Car. piFr. Calyx, tubo adnato, sphærico, laciniis 
erectis, scariosis. Petala unguiculata. Ovarium inferum, 
sphæricum , biloculare ; septo membranaceo , ad margi- 

. nem libero, loculis dispermis. Ovula septoaflixa, pendula. 

Can. nar. Calyx, tubo sphærico , ventricoso , flore 

_ latiori, superiüs coarctato, externè rugoso , glanduloso, 
ovario adnato ; lacinïis 5 , oblongis lanceolatis, glabris, 
© subscariosis, erectis, àd apicem subcallosis. — Petala 5, 
coriacea , unguiculata ; ungue internè bicarinato , laci- 
niüs calycinis breviori ; laminis patentibus ovato-subro- 
tundis, — Stamina petalis alterna nec adhærentia , in- 
clusa; filamentis subulatis, brevibus. Antheræ ovatæ, 
introrsæ , biloculares, basi connectivi ad apicem fila- 
menti aflixæ , loculis oblongis , parallelis, adnatis, rimà 
longitudinali dehiscentibus. — Discus nullus nisi basim 
styli expansam, conico-depressam, pro eo sumas. — 
Ovarium sphæricum, maximum, calyci omnino adna- 
tum , biloculare ; loculis dispermis. Septum inferiüs et 
superiüs ovario continuum , ad marginem membrana- 
ceum, liberum nec parietibus ovarii adhærens. Ovula 
collateralia versus apicem septi suspensa , parva , mem- 
branacea. Sty lus simplex , conicus ; stigma bidentatum. 
Fructus.... | 
Suffrutex ramosus , ramulis fastigiatis, subumbella- 
tis; foliis linearibus, subcylindricis, rugoso-asperis, in- 
curvis, erectis , imbricatis , ad apicem callosis. Flores 
axillares, versus apicem ramulorim approximati, ex 


( 386 ) 


eodem latere inflexi,. ad basim squamis brevibus 
scariosis caliculati. 

Dixi in honorem C5.-J.-A. Trrrmanx qui de struc- 
turà embryonis ejusque evolutione optime disseruit. 


1: TrTTMANNIA LATERIFLORA, 


Hub. ad promontorium Bonæ-Spei. (+. in herb. Cel. Desfontaines. ) 


IX. THAMNEA Soraxper, Moss. 


Car. nirr. Calyx adhærens , laciniis lanceolatis. Ova- 
rium inferum, disco carnoso tectum, uniloculare, poly- 
spermum ; ovulis ex apice columnæ centralis dependen- 
tibus. Stylus simplex. 

Can. nar. Calyx, tubo brevi, inferiüs ovario adnato, 
superiüs libero, laciniis lanceolatis, glabris, scariosis, im- 
bricatis, tubo duplo longioribus.— Petala unguiculata, 
limbo ovato patente , ungue lato bicarinato. — Stamina 
inclusa , antheris oblongo-linearibus, loculis parallelis, 
adnatis, rimà longitudinali dehiscentibus.— Discus pla 
nus, carnosus, margine elevato, ovarium tégens. — Ova- 
rium inferum , superne planum , uniloculare , columna 
centrali filiformi percursum, sub decaspermum; ovulis 
circiter decem ex apice dilatato columnæ dependentibus, 
simplici serie aunulatim insertis. — Stylus simplex cy- 
lindricus. Stigma integrum. 

Fructus.… | | | 

Suffrutex, ramis filiformibus, erectis,fastigiatis ; foliis 
minimis, subrhomboidalibus, brevibus, obtusis, cari- 
natis, adpressis, spiraliter insertis, superioribus paulà 
longioribus florem involucrantibus ; flores solitarii, 
terminales, albi. 


( 387) 


x. Taamwea uniriora Soland. Miss. 


Hab. ad promontoriun Bonæ-Spei. Masson. ( F: inherb, Banks, 
ubi per amiciliam Cel. R. Brown hanc stirpem observare mihi licuit.) 


+ 


EXPLICATION DES PLANCHES. 
Pluicho tax: | 


Fig. r. Berzelia lanuginosa Nos. 


a , rameau de grandeur naturelle; 4, une des écailles du réceptacle ; 
A’, la même vue de profil; 2, fleur entière ; D, pétale ; Æ, coupe 
longitudinale d’une fleur ; F, étamine ; F°, anthère vue par. der- 
rière ; G, pollen; Æ, coupe longitudinale d’un fruit avorté; I, 
coupe longitudinale d’anvovaire fertile ; À, coupe transversale du 
même, indiquant les rapports de position des diverses parties 
de la fleur; ZL, fruit entier ; AZ, coupe lnptudinale d’un fruit 
fertile ét de la graine qu'il HE ur 


Fig. 2. Brunia pinifolia Nos. 


a ; rameau de grandeur uaturelle; B, fleur entière; D, pétale: E, 
coupe longitadinale de la fleur ; Æ', étamine ; G, fruit coupé lou- 
gitudinalement ; 4, graine ; Z, la même fe À lougitudiualement ; 
Æ, coupe transversale de la fleur montrant les À: an de position 
des divers organes. 


Planche XXXVI. 


Fig. 1. Brunia nodiflora L,. 


a, capitule de fleurs de grandeur naturelle ; B, fleur entière 3 C, di- 
vision du calice ; D, pétale ; Æ , coupe longitudinale d’une fleur ; 
F, étamine; F°', anthère vue de face; F"°, la même vue par 
derrière ; G, fruit entier ; À, coupe ANA NE d’un fruit dont 
les graines sont avortées ; Z , le même coupé transversalement ; 
K , coupe trausversale de oraie L, coupe longitudinale de 
même ; À, graine avortée ; A, fruit fertile coupé longitudinale- 
meut ; O , coupe de la graine ; e, embryon. 


Fig. 2. Siaavia radiata Tuuxs. 


a , rameau de grandeur naturelle ; 4, une des écailles du réceptacle ; 


(388 ) 
B , une flenr entière; ©, division du calice ; D , pétale; Æ, coupe 
longitudinale de la fleur ; F, étamine vue par devant; Æ”, la 
même vue par’ derrière ; G, style et stigmate; Æ, fruit entier ; 
Î ,'une des coques ouvertes ; À , les deux coques coupées longitu- 
dinalement avec les graines ; L, coupe transversale de l’ovaire ; 
M , ovule; NW, graine; O , la méme Côupée longitudinalement ; 
P , embryon. | ; 
Planche xxxvIr. 


Fig. 1. Raspalia microphylla Nos. 


a , rameau de grandeur naturelle ; B , fleur entière ; €, calice en- 

| tier et développé; D, pétale; Æ , étamine; F, coupe longitudi- 
nale de la fleur ; G , fleur dont on a enlevé le calice ; Æ, la même 
dont on a détaché trois des pétales pour montrer leur insertion et 
celle des étamines. 


Fig. 2. Berardia paleacea Nos 
a, rameau de grandeur naturelle; 2, fleur entière avec les trois 
bractées qui l’accompagnent ; C , une des divisions du calyce ; D, 
pétales unis vers la base ; £ , étamine uiosirtd aux'pétales ; Æ, 
. pistil coupé longtiiditialaodt. 


Fig. 3. Linconia alopecuroidea Swartz. : 


À , fleur entourée de ses bractées ; B , la même dont on a enlevé les 
”… bractées ; €, pétale ; D , étamine vue de face ; D’ , la même vue 
par derrière; Æ, coupe longiludinale de la fleur ; F, coupe lon- 
gitudinale de l'ovaire , parallèlement à la cloison; G, coupe lon- 
gitudinale perpendiculaire à la cloison; Æ, fruit imparfaitement 
mr ; Z , ovule. 
Planche xsxvur. 


Fig. 1. Audouinia capitala Nos, 


A, fleur entière ; 2 , coupe longitudinale de la fleur ; €, pétale ; D , 
 étamine vue de face; D’, la même vue par derrière ; Æ, coupe 
transversale de l'ovaire ; F, coupe longitudinale de l’ovaire; G, 
ovule, 
Fig. 2. Tittmannia lateriftora Nos. 
À, fleur entière; B, coupe Vogitodnals à de la fleur; ©, pétale ; 
D, étamine. 


( 389 ) 


Vig. 3: Phanrica uniflora Souano. À 


a , rameau de grandeuf naturelle ; Z , fleur entière ; C, @oupe longi- 
.… tudinale de la fleur ; D , pétale ; £, étamine vue de face; £’, la 
même vue par derfière ; £°”", la même vue de profil ; F', coupe lou- 
gitudinale de l'ovaire ; G , coupe de’ la colonne centralè avec les 
‘ovales qui y sont attachés ; Z , coupe transversale de l’ovaire. 


Descriprion du sjueletté du Daim fossile dIr- 
lande ( Cetvus megacéros ), du Muséum de La 
Société sm dé Dublin ; | ; 

Par John Parr, 


Membre du Collége des Chirurgiens d'Irlande. 
( : , M 


IL y a peu de sciences qui aient pris dans un laps de 
temps äussi court uni acéroissément aussi rapide que l'A - 
natomie comparée ;et si on considère en effet qu’elle offre, 
à ceux qui se dévouent à l’art de guérir, les moyens d’ac- 
quétir une connaissance plus exacte des loïs de la natüré 
en étendant léurs idées sur l'économie animale, où récon- 
maîlra qu’il y en a peu qui puissent par cette raison exercèr 
uné influence plus directe sar le bien-être de la 562 
ciété: 

On était loin de s’attendre pourtant qu’une étude ap- 

_profondie de cette science conduiraït à des découvertesd’un - 

aussi grand intérêt , eu égard aux changémens que la sur- 

face de notre globe doit avoir éprouvés. Ces observations 

dépendent cependant dn degré de certitude avec lequel 

on peut assurer que des débris fossiles dan genre 
vint. ! 26 


( 390 ) | 
particulier se trouvent exclusivement dans des couches 
distinctes de la terre. 

La première idée de tirer des conclusions géologiques 
de faits anatomiques est due à M. Cuvier, qui se trouvait 
en position de cultiver l’Anatomie comparée avec plus 
d’éténdue que personne. On peut prendre une idée des 
recherches de ce savant célèbre d’après l'assurance qu'il 
nous donne que par l’examen d’un simple fragment d'os, 
il peut déterminer le genre de l'animal auquel il appar- 
tenait; il s’est même quelquefois aventuré à esquisser ce 
que des circonstances analogues lui fesaient regarder 
comme ayant dù être la forme extérieure d’un animal dont 
l'existence, même dans les tempsles plus reculés, nenous 
a été prouvée que par les restes les moins périssables 
conservés à l’état de fossile. 

En combinant les faits anatomiques et géologiques, 
nous voyons qu’on doit séparer en deux classes les dif- 
férens débris organiques trouvés dans les couches des 
terrains d’alluvions , l’une renfermant les animaux dont 
l’espèce existe encore , l’autre comprenant tous ceux 
dont les espèces sont éteintes depuis long-temps. Dans 
cette dernière division , rien ne mérite plus notre at- 
tention ,. ni ne doit exciter davantage notre admiration 
et notre surprise , que des os et des bois d’une grandeur 
énorme. trouvés journellement dans les fondrières et dans 
les marnières de l'Irlande , et qui semblent appartenir 
à un: animal de la famille des daims. | 

..Ges' débris se trouvent si fréquemment dans:plusieurs 
parties de ‘cette île, qu'on rencontre pew de paysans 
qui n'aient appris à les connaître, ou par leurs observa- 
tions personnelles , ou par les rapports qui leur en ont été 


( 391 ) 


faits; ils les désignent sous le nom vulgaire de cornes 
du vieux daim. On les trouve même si souvent dans 
quelques parties du pays , que loin d’être regardés 
comme des objets intéressans , ils sont mis de côté comme 
des choses inutiles , on employés aux usages écono- 
miques les moins relevés. 

J'ai cherché avec soin, maïs inutilement, l’époque où 
ces ossemens furent remarqués pour la première fois. 
Comme on les trouve principalement dans la marne , iles 
probable qu’ils ne commencèrent à attirer l'attention 
que lorsque l'avancement de l’agriculture fit rechercher 
cette substance comme propre à amender Îles terres. On 
peut aisément s'imaginer l’étonnement que des bois d’une 
aussi grande dimension , et d’une forme aussi étrange, 
produisirent sur l'esprit de ceux qui les découvrirent en 
premier, aussi obtinrent-ils promptement une place 
dans les salles des châteaux voisins, où la différence 
qu’on y remarquait avec les bois des daims connus dans 
ce temps , les firent regarder comme des ornemens très- 
curieux. On peut par là rendre compte de la conserva- 
tion du grand nombre de ces boïs possédés par les sei- 
gneurs dans différentes parties de cette contrée. 

 Lesautresos de l’animal, quoique d’une grande propor- 
tion, paraïissaient cependant aux observateurs ordinaires 
d’une grandeur si inférieure à celle des bois, qu’on n'y 
fit presqu'aucune attention. Cette circonstance pourrait 
paraître extraordinaire si on ne réfléchissait qu'à celte 
époque on ne trouvait presque personne qui se fût adonné 
à l'étude de l’Anatomie comparée autrement que d’une 
manière générale et très-superficielle. Il n’y avait donc 
personne en état de se former une idée correcte de la 


( 392 ) ee 


grandeur de l'animal auquel ces os avaient appartient, 
et ençore moivs de la ressemblance ou de la différence 
qu'il devait y'avoir entre son rganisation et celle des 
autres aRimMaux. | 

La curiosité qu'excitaiti cet RE remarquable s’est 
accrue à proportion de l’intérèt plus fort qu'a inspiré la 
science à laquelle il se rattache, et un squéletie enticr 
de eet animal remarquable a été désiré par tout le monde. 
savant comme une chose de la plus haute importance. Le 
premier échantiilon un peü complet fut trouvé dans l’île 
de Man et présenté il y, a quelques années au muséum 
de l’université d'Edimbourg par le duc d’Athol. Dans 
le même temps un grand nombre d'os furent trouvés 
dans le comté de Down et envoyés au muséum da collége 
de la Trinité par l'évèque de Dromore. A la requète du 
docteur Stokes , savant professeur d'histoire naturelle à 
l'université, je rassemblai ces os en 1823 , ‘en les pla- 
_çant autant. que posible dans leurs rapports les uns avec 
les autres , considérant toutefois que la plupart des ver- 
tèbres et plusieurs os assez importans manquant , le but 
que je me proposais était plutôt de montrer ce qu'on 
pouvait faire et d'encourager ceux qui visitaient le Mu- 
séum à y contribuer de leur coté s’ifs avaient.des osse- 
mens fossiles à leur disposition , que de réclamer l’hon- 
neur d'avoir donné avec des. matériaux aussi, impar- 
faits, une représentation. correcte de la formé du sque- 
lette, | | 

. On avait déjà. cherché à AtintaE cel, RO intéres- 
sant ; lorsque M. William Wray Maunsell en adressa à 
la Société royale de Dublin un superbe squelette complet 
et d’une parfaite conservation ; je fis monter cé squeletie 


; 


— 


(263) 
aveé !le’ plus grand soin , et il: fait maintenant un des 


prinéipaux ornemens du’Muséum dela Société!" 
Une lettre de M:Maunsell à M. Gorge Knox , vice 


président de la Société, renferme les faits les plus im= 


portatis relatifs au gisement de éés'ossemens. 

« Beaucoup de considérations intéressantes résultent 
de la découverte dé ces restes fossiles ; et la première re- 
cherche serait de s'assurer de quelle manière ces animaux 
furent détruits et comment leurs os furent si singulière- 
ment.conservés. J'ai dittdans l’esquisse rapide que je vous 
ai donnée de ma théorie, queje erovais qu'ils avañent été 
détruits par ün. déluge éomplet qui 1és avait probable- 
ment atteints sur les collines où ils'avaient chéréhé un 
refuge pendarit que les eaux s’élevaient , et d’où ils avaient 
été entraînés ‘lorsque les caux se calinèrent dans les val- 
lées où on lesttrouvé maintenarit ; l'agitation de l’éau 
peut avoir occasioné la dispersion des 0s après que leurs 
digamens eurentété rompus , ce qui rendrait : ‘compte de 
Yéparpillement .dans léquel ‘6n les trouve, ét le dépôt 
demärne coquillière par lequel je suppose que l’eau 
était troublée; peut les avoir assez complètement proté- 
gés contre l'influence atsmosphiérique pour empêcher 
leur décomposition par la suités Mais pour vous déniner . 
quelque idée de la probabilité de res raisonnemens ; je 
dois essayer de vous expliquer la situation de la vallée 
et des collines voisines, La vallée dans laquelle les 
débris fossiles furent irouvés contient environ vingt acrés 
deplantations ; et le sol consiste en une couche de tourbe 


. d'un piedenviron d'épaisseur. Immédiatement au-dessous 


estune autre couche demarnecoquillière variant d’un pie 
et demi à deux pieds et démi d'épaisseur ; on y trouve des 


( 3594 ) 


coquilles non marines, qui ont gardé leur couleur ét leur 
formeprimitive.Sous lamarnese trouveun lit d’argiled’un 
bleu clair; un de mes ouvriers enfonça dans ce lit, à plu- 
sieurs endroits, une tige de fer de douze pieds sans ren- 
contrer d'opposition. La plupart destêtesetdesos, aunom- 
bre de huit, furent trouvés dans la marne; quelques-uns 
cependant semblaient reposer sur l'argile et être seule- 
ment couverts par la marne. Les ossemens. étaient dis- 
persés de manière qu’il était impossible de s'assurer exac- 
tement des parties Composant chaque squelette : dans 
quelques lieux on trouvait des débris à plusieurs toises 
les uns. des autres, et on ne trouva jamais deux os 
l’un près de l’autre. Leur rapprochement aussi était 
singulier ; à un endroit on trouva deux têtes avec les 
bois entrelacés les uns dans les autres, etimmédiatement 
au-dessous d'eux un grand os plat. Dans un autre on 
découvrit une énorme tête, mais malgré d’actives. re- 
cherches il fut impossible de trouver aucun autre débris. 
de son: squelette ; dans un autre lieu ; à environ cent 
toises, des mâchoires furent découvertes, mais sans latête. 
La conclusion queje pense qu'on peut tirer de la position 
des diverses portions de l’animal est qu’il y eut sans dow- 
te un agent puissant qui les dispersa après leur mort ; 
et comme je regarde eomme une chose impossible que 
leur propre poids aitété suflisant pour les enfoncer dans 
les diverses couches, je crois que celles-ci n’ont étéfor- 
nées que depuis la dispersion des ossemens, Je. pense 
aussi que s'ils avaient été exposés. seulement quelque 
temps à l'influence atmosphérique , ils n'auraient jamais 
pu se conserveravec lextrême perfection dans laquelle. 
-on les trouve encore à présent. 


( 395 ) | 

« Les collines qui environnent cette vallée sont for- | 
mées de pierre à chaux couverte d’un bon terreau 
dont l'épaisseur varie. L'une d’élles, dont la base 
est d'environ 30 acres, s'élève directement du fond 
de la vallée. Les bords très-roides et même d’un côté 
complètement perpendiculaïres , sont entièrement com- 


_ posés de pierre à chaux. Dans toutes les parties de cette 


colline, la superficie est formée autant par la pierre à 
chaux que par le terreau; du eôté à-peu-près opposé, 
la colline est également élevée, mais les flancs sont 
moins rapides ei la couthe de terreau plus épaisse. Dés 
autres côtés le terrain ne s’élève que légèrement (à peu- 
près de vingt ou trente pieds) et consiste en une couché 
mince de terreau, et immédiatement au-dessous est un 
gravier de pierre à chaux très-dure : c’est le caractère 
général du sol de tous les environs, en exceptant celui 
formé par Ja pierre à chaux, et celui des Corkasses qui 
est évidemment un terrain d’alluvion. Je crois que, st, 
comme on la pensé, la destruction de ces animaux était 
due à une inondation, ils se seraient naturellement re- 
tirés sur les collines, qu’ils auraient probablement fini 
par y périr, et que, par conséquent, leurs débris au- 
raient été trouvés sur le sommet des montagnes, d’au- 
tant plus que l’une d'elles est parfaitement plate à son 
sommet, dont l’étendue est d'environ 6 à 7'acres. Je sais 
qu'on a trouvé quelques-uns de ces ossemens sur les 
somméts des collines ; maïs comme ils ne sont couverts 
à présent que par une légère eéouche de terreau qui 
pourrait à peine enterrer un petit chien , il résulte de là 
qu’ils étaient autrefois complètement à l’air; or, s'ils 


avaient été exposés de la sorte à l'atmosphère, ils au- 


( 396 ) | 
raient été promptement décomposés et se seraient mèlés 
avec le terreau qu'on trouve à présent sur les monta- 
gnes. Cette remarque peu aussi s’appliquer an sol com- 
posé de gravier de pierre à chaux, qui n’est pas plus 
capable que celui des collines de conserver les os. 

« Il est nécessaire de faire observer que sur huit têtes 
que je trouvai, les bois ne manqguaient à aueune. La 

variété des caractères m'a fait penser que probable- 
ment les femelles n'étaient pas privées de ces appen- 
dices ; malheureusen:ent nous ne pümes en avoir qüe trois 
‘entières, carellesétaient tellement impréguées d'eau, qu'il 
était très-dificile de les enlever. Après avoir parlé de ces 
débris antédiluviens, on se demande comment ilse fait que 
je même sort ayant probablement atteint toutes les créa- . 
tures vivantes, on ne trouve les os d'aucun autre animal ? 
Les Daims pouvaient-ils être les seuls êtres existans de 
ce temps ? L'Irlande faisait-elle partie d’un grand con- 
tinent lors de cette catastrophe? Ces malheureux ani- 
maux furent-ils les premiers qui émigrèrent de ce grand 
centre dans notre île, et périrent-ils avant que d’autres 
moins entreprenans, ou doués de moins de force phy- 
sique, eussent pu suivre leur exemple? Je m'avoue in- 
capable de résoudre ces problèmes, et je ne veux pas 
parler de toutes les conjectures auxquelles la découverte 
de quelques os a donné naissance. » 41. 

Le magnifique squelette de cet animal remma pi ht ’ 
qui est déposé maintenant au Muséum de la Société 
royale de Dublin , est parfait pour tous. les os qui con- 
tribuent à déterminer sa forme extérieure ; l’épine du 
dos, la poitrine, le bassin et les extrémités sont com- 


plètes ; et lorsqu'il est surmonté par la tête élargie par 
t ve 


( 397 } 

ses bois immenses qui s'étendent environ à six pieds de 
. chaque côté, on peut se former üne idée magnifique d’un 
des plus grands êtres du règne animal etramener son ima- 
gination au Lemps où des tronpeaux entiers de ce superbe 
Daim erraient en liberté sur toute cette contrée; 2 

Voulant donner la description -détaillée de toutes les 
diflérentes portions de cet animal , je comanencerai par 
celle des bois qui lui dessu son principal trait carac= 
téristique. 

Des bois. — Afin que ceue description. soit plus 
claire, je commencerai par expliquer les termes par les- 
quels je veux désigner Jeurs diverses partics. Chaque: 
bois comprend la racine , Jes meules ou cerclés environ: 
nans, Je rayou ou latige , la paume et les andouillers. 

: La racine est la portion du bois qui sert de l’os frontal: 
etqui ne tombe jamais, Gelte partie est lisse, d’une cou- 
leur br une, d’un pouce et demi de longueur et de deux 
pouces trois quaris de cireonférence, Durant la vie de 
Fanimal, ceule. partie était couverte de peau, Le cercle 
qui l'entoure est formé par un cordon.de petites proé- 
minences dures et blanchätres ressemblant à une rangée 
de perles et qui séparent le tour de la racine de la partie 
du bois qui tombe annuellement chez tous, les Daïms. 

Le rayon ou la tige s'étend exiéricerement en formant 
une courbe dont la partie concave est abaissée et tournée 
en arrière : ceue portion. est , aiusi.que la racine, àrpeu= 
près cylindrique et.sa longueur est environ le quart.de 
celle du bois entier. Le, bout extérieur. est étendu et: 
aplati à sa surface supérieure et est ierminé par la paume 
qui s'étond sous la forme d’un éventail dont la partie su- 
périeure, et la pluslarge, compreud en travers deux pieds 


| ( 398 ) | 
dix pouces. À l'endroit où la tige joint la paume, le bois 
forme une espèce denoœud qui dirige les bords de la paume 
en dessus et en dessous et les surfaces en bas et en haut. 
La surface antérieure cst convexe et est dirigée en de- 
hors ; la postérieure est concave et dirigée vers celle de 
l’autre bois : telle est la position des bois lorsque la tête 
est placée de manière à ce que l’arcade zygomatique soit 
parallèle à l'horizon, direction dans laquelle elle se 
trouve lorsque l’animal marche ‘ou lorsqu'il est dans 
une position ordinaire. 

Les andouillers sont les longues pointes qui font saillie” 
à la surface des bois et dont deux sortent antérieurement 
de la tige. Le premier sort immédiatement de la racine 
et se dirige en bas en passant au-dessus de l'orbite : on 
l'appelle le maître andouiller. Dans l'échantillon que 
nous possédons, cette partie est divisée à son extrémité 
en deux. 

L'autre andouiller qui sort de la tige pourrait être 
nommé le sur-andouiller ; il consiste dans cet échan- 
tillon en une large surface plate, concave à la surface 
supérieure, horizontale dans sa direction et bifurquée an- 
térieurement , particularité que je n’ai observée dans au- 
cun autre des quarante échantillons que j'ai vus, ni dans 
aucun des os qui ont été figurés. 

I y a aussi un autre andouiller qui se sépare avant la 
jonction de la tige avec la paume. H se dirige complète= 
ment en arrière parallèlement à celui du bois opposé. Le 
bout inférieur de la paume s’éténd ensuite en arrière et 
en dehors , il est obtus et épais; sa longueur est de 
deux pieds six pouces; des côtés extérieurs et intérieurs 
de chaque paume sortent six andouillers longs et 


( 399 ) 


pointus. Aucun ne peut être désigné sous un nom par- 
ticulier : le nombre complet des andouillers est de vingt- 
deux. | 

La surface des bois est d’une couleur claire, ressem- 
blant à celle de la marne dans laquelle ils ont été 
trouvés. Ils sont rudes et marqués de plusieurs rai- 
nures arborescentes aux endroits où étaient placées les 
ramifications desiartères qui servaient à leur nutrition. 
Les bois avec la tête pesaient quatre-vingts livres. La 
distance comprise en ligne droïte entre les deux bouts 
opposés est de neuf A deux RE Cr 8 péede 
sa si LA français ).» | | 

De la téte. — Le front est sd par une rainuré 
élevée placée entre les racines des bois. Jusqu'à cet en 
droit, entre l'orbite et la racine du nez, le crâne est 
plat, il a un enfoncement de chaque côté devant. les ra- 
cives des boïs et au-dessus de l'orbite, de grandeur à ÿ 
placer la dernière phalange du pouce et au fond duquel 
est le trou sourcilier assez grand pour donner passage à 
“une artère proportionnée à la grandeur des bois : au-des- 
sous de l’orbite est la fosse Jacrymale; l'ouverture laissée 
par la place-de l'os qui manque à tous les daims , est re- 
marquable, étant beaucoup LE petite que dans aucune 
autre espèce, 7 | 

Au-dessous des orbités la tête se rétrécit tout d'un 
coup , et les parties supérieures des os nasaux se con- 
tractent, et sont marqués d’un enfoncement de chaqne 
côté à la partie la plus lasse du trou sous-orbitaire, L’ou- 
verture des narinés est ovale , dé einq pouces de long 
sur trois de large, sa largeur’ la ‘plus grande étant au 
-eentre de la racine, Des bois à Fépine occipitale, la me- 


( go ) 
sure est de trois pouces et demiez Pocciput: forme um 
angle droit avec elle et a trois pouces d'étendue jusqu’au 
trou occipital. La plus grande largeur de  l'occiput est de 
huit pouces : les. fosses temporales sont à dedxs | oi 
l’une de l'autre denrière les boïisii 1 45 of e 

. Des dents. — Elles ne diffèrent pas de! tele dé, 
nülise animaux de la classe des ruminans; les incisives 
étaient tombées ; on ne l'ouva aucun-indice de dents 
ganines ; les molaires ne sont. pas 7... elles sont 
au nombre de,vingt-quatre. EL 

La taille du squelette depuis: le Me dub nez jusqu'au 
bout de la queue est de dix picdsydix: pouces. L'épine 
du dos, consiste en vingt-six vertèbres, c'est-à-dire sept 
cervicales , treize dorsales et six lombaires ; la longueur 
des vertèbres cervicales surpasse de beandoup celles des 
autres, etes épines des dorsales:ontunpied-de Jong.: On 
comyrendra facilement, combien il était. nécessaire que 
ces os fussent aussi développés ; sion eonsidère-combien 
il fallait des ligamens cervicaux. forts ét des musclés vi- 
goureux pour soutenir et faire remuérune tête qui , d'a- 
près un calcul, niodéré > devait. sañfsfmer: lès trois quarts 

de matière.osseuse solide... > 
Les extrémités.sont en. trébosinn avec de flfférantes 
portions-du tronc, et présentent une conformation favo- 
sable à l’union de la force et de l'agilité. 

Une des circonstances les, plus remarquables quant à 
ce qui regarde, ces os, c’est leur. conservation parfaite 
qui permet d'apercevoir toutes les lignes et-impressions 
des: parties qui y:ontiété attachées dans, leur état pri- 
mitif; si nous les. comparons avec Jes os d'un'animal dont 
toutes les parties molles ont été séparées par la macéra- 


C4) 


üon,, les seules différéncés visibles que nous apercevons 
_ dans leurs propriétés physiques, sont-un peu plus de 
pesanteur, un degré de plus de dureté, une surface 
brune, et si ce n’estsur les bois, une apparence polie qui 
vient de la conservation du périoste qui les couvre en- 
core , ainsi que l'a montrée ME chimique qui en 
a été faite, 

L'existence de graisse ou d’adipocire dans la tige d’un 
des os mentionnés par M; Maumsell, et dont je vis la 
preuve ensa possession, est très-diflicile à expliquer , 
puisqu'on ne l’a observée qu'une seule fois et que l’os 
ne paraissait pas s'être trouvé dans des circonstances 
diflérentes des autres ; ceux que j'ai examinés après les 
avoir ouverts, étaient ereux et ne contenaient, la plupart, 
qu'une petite quantité de substance noire animale. 

Je priai mon ami, M. W. Stokes; de faire une ana- 
lyse d’un petit ist provenant d'une côte; il trouva 
les matières suivantes : 


Matières animales, Û 42,87 
Phosphates et quelques fluates. si 43,45 
Chaux carbonatée. 14 
Oxides. | ; 1,02 
Silice. | 1,14 
Eau et perte. + C2 | 2,38 


100,00 

Voulant m'assurer de l’état des matières animales , je 
remis un fragment: d'os à mon ami le docteur Apjohn 
pour qu'il en fit l'analyse : il me donna le résultat de 
ses recherches dans la note suivante. 

« Je regrette que le temps ne m’ait pas permis de 


( 402 ) 


faire un examen plus détaillé de los de daim que vous 
m'avez remis. Sachant que vous possédiez déjà une assez. 
bonne analyse de ses parties terreuses, j'ai dirigé par- 
ticulièrement mon attention sur les matières animales 
qui y ont été trouvées , ainsi que le montrent les expé- 
riences suivantes, dans un état parfait de conservation. 

» L’os fut soumis durant deux jours à l’action de l’a- 
cide muriatique étendu d’eau. Lorsqu'on l’examina au 
bout de ce temps , il était devehu aussi flexible qu’un os 
récent soumis à l’action du mème dissolvant : le: pé- 
rioste était dans quelques parties gonflé par le gaz acide 
carbonique qui se dégageait de l’eau et paraissait être 
dans un état de porte conservation. sk 

» On ajouta à ‘une portion de la solution de l’os dans 
l'acide muriatique, une infusion de noix de galle, ce 
qui causa un fort précipité d’une couleur sombre, C’é- 
tait du tannate de gélatine mèlé avec une petite portion 
de tannate et de gallate de fer. | 

» Le cartilage et la gélatine, bien loin par conséquent 
d’avoir été détruits, n'ont même pas été gâtés d’une ma- 
nière perceptible par le temps. » 

Je m'attendais à un tel résultat; et j'ai osé déjà le 
prédire dans un rapport que j'ai déjà cité. 

Jusqu'à ce que M. CuWier publiàt son traité sur ces 
restes fossiles (1). on croyait probablement qu'ils 
avaient appartenu à l'espèce des Daims ou Elans de 
l'Amérique septentrionale , opinion qui paraît avoir été 
avancée en premier par le docteur Thomas Molyneux , 


ve 


‘(1) Voyez Annales du Muséum d'Histoire M dt, tom. x11, eb 
Ossemens fossiles, tom."xv. 


(403) 

en 1697 (1), et qui vint principalement de la description 
exagérée de cet animal, donnée par Josselyn dans le récit 
de ses voyages à la Nouvelle-Angleterre, publiés en 1654, 
dans lesquels il raconte que ce Daim est quelquefois haut 
_de douze pieds, avec des boïs de deux brasses de large. 
Cela fut cru d'autant plus facilement par le savant doc- 
teur, que cela tendait à le confirmer dans sa théorie 
favorite, que l'Irlande avait autrefois été unie au nouveau 
continent.: 

Mais les assertions de esiékpd sur ce qui regardait le 
Daim d'Amérique , n’ont pas été confirmées par le té- 
moignage des voyageurs plus récens, et on a à présent 
la certitudeque les espèces les plus grandes de Daims qui 
habitent les parties septentrionales del’ Amérique, sont le 
Wapiuü ou Cerf du Canada (Cervus canadensis); le 
_Renne (C. Zurandus) , et l’Elan ou Moose (C. Alces). 

Les divisions particulières des andouillers du Renne, 
et les bois arrondis du Wapiti, sont des caracières qui 
doivent toujours empècher de les confondre avec les fos- 
siles.. 

La forme palmée des bois de l’'Elan rendrait plus 
probable l'opinion de son identité PRE avec l’ani- 
mal fossile. 

En faisant cependant un peu d'attention à quelques 
circonstances ; on verra qu'il y a encore entre eux une 
différence assez marquée. 

Premièrement , la différence de grandeur est très-re- 
marquable, car il n’est pas rare de trouver des bois fossiles 


(1) Transactions philosophiques, vol. xrx. 


(404) 
comprenant dix preds entre leurs bouts opposés (1) , tañi- 
dis que les plus grands bois d'Elan ne dépassent jamais 
quaire pieds. La grandeur de ceax du Muséum de la s0- 
ciété royale de Dublin , est de trois pieds sept pouces; la 
plus grande paire vue par Pennant dans la maison de la 
compagnie de la baie d'Hudson, était de ee 
| poucés (2). | 

Le bois de l'Elan a deux paumes, dont unie pétite qui 
sort devant la tige d'où naît la principale paume. Elle 
est appelée maître andouiller par Cuvier; mais corres- 
pond plutôt par sa situation au sur-andouiller ; l'élan 
n'ayant pas, à proprement parler , de maître andoüiller | 
attaché à la racine de la tige. L'Elan n’a pas d’andouiller 
postérieur semblable à celui de Fanimal fossile ; sa tige 
ne prend pas non plus la même direction arquée ; mais 
sort plus droit. 

Cuvier observe que la paume du boïs du fossile s’é- 
largit à mesure qu'elle s'étend ; au lieü que celle de 
l'Elan est au contraire plus large près de la tige. 

La paume du bois de l'Elan est dirigée plus en arrière 
et celle du fossile s'étend plus dans la direction latérale. 
Les andouillers de FElan sont plus courts ét plus noi- 
breux que-ceux du fossile. | à 

Si les bois de l'animal fossile PRE grandeur 
ceux de PElan, au comraire le crâne dé celwi-ci est plus 
fort que celui du premier, Les tètes Tes plus grosses de ; 
l'espèce fossile ne dépassent jamais un. | ; 


ET OI pi téirJn316 1 13 5% ebbe JO : £ 1873 
tj 20 mr 38 ir: BE 5 
(1) Le docteur Percy $ évêque de Promore, à eu a déerit pps paire. 
IR ILOÏ 20 NO SAUT HN: 59 


qui avait 14 pieds. 
(2) Zovlogie de: PRennant ;:Nô0k-B 40! 2010 192etah 1: 280 


» > " Fr + ec rc : 
\T JA 1 ” ; IT TAGS, 3} s 4 F9 « Lu 
. Lr 2 d : 


Cheb Ÿ. 

au lieu que celles de l’Elan sont souvent de deux pieds, 
La tête du fossile est en proportion plus large, sa lon- 
gueur étant à sa largeur dans la proportion de un à deux, 
et dans les Elans , dans celle de un à trois. Suivant Par- 
kinson (restes organiques, vol. 111), la largeur du'crâne 
n'est quede quatre pouces entre les racines des bois chez 
les animaux fossiles ; dans celle de l’Elan du Muséum de 
la Société, elle est de six pouces et demi. 

Cuviercroit que les femelles de l'espèce fossile avaient 
des bois : je suis très-porté à me ranger de cette opi- 
nion, ayant observé parmi eux des différences de gran- 
deur et de force qui ne semblent point dépendre unique- 
ment des âges; par exemple les dents de l'échantillon 
du collége de la Trinité sont beaucoup plus ‘usées, 
et les sutures du crâne plus eflacées que dans l’échan- 
tion que je viens de décrire. Cependant les boïs du 
dernier sont beaucoup plus concaves et plus étendus que 
ceux du premier , et en comparant ensemble un seul 
bois de chacun de ces échantillons, celui qui appartient 
à Ja Société surpasse. l’autre en longueur d'environ un 
sixième et de près d’un tiers en largeur ; il est donc pro- 
bable que l’animal auquel ces bois plus grands et plus 
coutrbés appartenañent , était un mâle. On a observé la 
. mème chose dans le Renné dont les deux sexes ont des 
bois, avec la différence que ceux de la femelle sont plus 
petiis et moins branchus: Nous voyons done par là que 
cet animal offre des traits caractéristiques qui le séparent 
autant de l'espèce du Daim ou de l’Elan , que cette es- 
pèce l’est du Renne ou de tout autre. Il ne faudrait donc 
pas lui laisser plus long-temps le nom d’Elan ou de 
Daim, et plutôt le désigner par celui de Cervus mega- 

VIII, ù 27 


( 406 ) 

ceros , nom qui exprime simpléméntilal grandeur de ses 
bois: salam) 158 26D'90v0L arplamnsd.: É 

Les bois détachés qu’on trouve souventet dontla sur- 
face convexe est unie au-dessous des meules, amsi qu'on 
l'observe dans les bois tombés des autres: Daims, prou- 
vent que cet'animal les perdait périodiquement.  * : 7 

C’est une opinion populaire parmi les Indiens ; que 
l'Elan ést sujet à l’épilepsie, et qu'il en est fréquem- 
ment atteint lorsqu'on le poursuit; ce qui le rend une 
proie facile pour le:chasseur. Plusieurs naturalistes re- 
jettent cette opinion:sans.en donner aucune raison suffi- 
sante. Mais si on considère que:durant la croissance! des 
bois , le sang doit se porter avec une: grande abondance 
vers ces parties qui sont alimentées par l'artère frontale, 
l’une des branches de la carotide interne, on verra qu'il 
est tout-à-fait d'accord avec les! principes reçus de la paz: 
thologie, d'admettre que lorsque les bois sont parfaits ‘et 
_ont cessé de recevoir le sang , ce fluide doit se porter aux 
branches intérieures de la carotide qui alimentent le 
cerveau , et établir par conséquent une disposition aux 
dérangemens de circulation qui produisent l’épilepsie où 
même l’apoplexie. Si un tel effet doitavoir lieu par suite | 
de la grandeur des bois de PElan;:on doit croire qu'il 
devait être encore plus fréquent!chez l'animal! fossile 
dont les bois étaient beaucoup'plus grands ©2010 

Quel pouvait être l'usage de cés bois immenses ? On° 
voit clairement qu’ils empèchaient l'animal'de traverser” 
les pays boisés et fourrés, et!'que JTéurs ‘aidowillérs ; 
longs, pointus et pyranidaux} ne/pouvaiént servir à; 
couper les branches d'arbres, usagé que font'de:leurs 
bois les autres Elans yet auxquels ils Semiblént destinés 


( 407 ) 
par leurs andouillers forts et courts ; et rangés le long 
de la paume dans l’ordre des dents d’une scie. I] parai- 
trait qu'ils furent plutôt donnés à cet animal comme 
arme de protection , but qu'ils devaient complètement 
remplir , car leur extension latérale est telle, que lors- 
que l’animal voulait les employer à se défendre, les bouts 
opposés devaient couvrir tout son corps. Si nous consi- 
dérons la force des muscles qui font mouvoir la tête et 
dont les attaches occupent les surfaces étendues des ver- 
tèbres cervicales, ainsi que la longueur du levier que les 
bois: forment par eûx-mêmes ; nous concevrons aisé- 
ment que la force et la promptitude avec laquelle il de- 
vait les faire mouvoir, devait vaincre toute espèce d’en-. 
nemis qui avaient la hardiesse de se présenter. 

Le manque de traditions sur ce qui regarde cet ani- 
_mal, nous mène naturellement à demander si durant 
son existence les hommés habitaient ce pays? Mais je 
crois que les circonstances suivantes doivent nous le 
faire croire. Une tête de cet animal décrite par le pro- 
fesseur Goldfuss de Bonn, fut trouvée: en Allemagne 
daus la même fouille avec des urnes et des haches de 
pierres. On trouve dans le septième volume de l#rchéo- 
logie britannique ; une lettre de la comtesse de Moira, 
dans laquelle elle parle d’un squelette humain qui fut 
trouvé dans le gravier , Isous une couche de tourbe: de 
one pieds. Il était bien consérvé et complètement ha- 
billé d’un vêtement | antique fait. en poil; qui paraît 
‘ayois appartenu à l'animal qu'on wouve fossile; mais ce 
qui donne ;encore plus de probabilité à cette opiuion; 
c'est: la. côte présentée, par. l'arcliüdiacte:Maunsell à la 
Société royale de Dublin. J'y découvris près deisa partie 


(408) 


tnéieire: ÿ: une ouverture ovale dènt le diamètre le plus 
long est parallèle à la longueër de la côtes ses bords sont 


abaissés à l'extérieur et élevés sur Ja surface intérieure. 
autour de laquelle est'une effusion irrégulière de calus.: 


Cette ouvertüre fut certainement produite par un instru- 
ment aigu et pointu qui ne pénétra pas assez profondé- 


ment pour causer lasmort de. l'animal; mais qui. resta 


fixé dans la blessure pendant long-temps , effet semblable 


à celui qu aurait produit le dard d’une flèche it sérait 


resté dans une blessure après que la tige aurait été rom- 
pue. Je sais bien qu'on trouve quelquefois des trous dans 
les côtes et j'en ai moi-même vu ‘quelques exemples 
dans des sujets humains, mais ils différaient toût-à- 
fait par leurs caractères de l'ouverture décrite ici, car 
ils occupaient le centre de la côte plutôt à son. «extré- 
mité externe, et leurs bords étaient abaissés des deux 
côtés. | | û 


- Tlest par conséquent probable, que la chasse de cet 
animal gigantesque servait à la nourriture, et à} Labille- : 


ment des habitans de ce pays. +: + 02h eus 

Le nombre limité de faits rassemblés sur cé Sujet, 
m'empèche de me former une, opinion arrêtée sur la 
cause qui a pu amener: l'extinction complète, de..ces 
animaux, soit qu'elle ait été produite soudainement-par 
le déluge ou par quelqu? autre grande catastrophe natu- 


relle ; soit que les poursuites continues et beureuses des 


chasseurs aient enfin, amené. Pextincüon: complète. lle 


cette race, ainsi que nous pensons que cela est arrivé 


aussi pour le Daim rouge. 4 
Le tableau suivant donne les progonticb des: diverses 
parties du squelette du Cervus megaceros de la Société 


x 


(:40b ). 
royäle de Dublin et de celui de l'Université d'Edim- 
bourg, ; comparées avec ce quelqués parties Le DE ( 1). 


MOT ep L 
vagotide 1Eltus 61 112 sdhrolnsQusExSrAa 
aise sb-méilusbr- sata Fann e Oro) 
Ce du Muséum du Muséum de l'Élan. 
RO SUUBONT Farine cie 1 d'Édim. 
s Dublin. bourg. 
SEAL 1 E alé ESCr "1 ga Si | 1 \er 21 
: Longutur dela tête.snesdieheses a n8h 8h 
Largeur du crâne entreles orbites. ; 0,195 .::4 9 
Largeur du eräne à l'occiput: : NE A TRDTE TOR CR, 
Diamètre de l'orbite... (ee 3% 0:25 
Distance entre les À trous sousbor= |." 1 2: fi 
bitaïires à travers le érâne 4: 217: o!7 
“Longueur des :apophyses sait Te sat 
Jaires dela mâchoire supérieure, 0:60 6 
Longueur de la, mâchoire supé- | 
rieure:+.-°: ge Poe des VA gi J 16% 32! 
Diamètre du trou RE JU CERRRSE sie rtf 
ta r® 255% | A Te 
Dés: | | 4 


Distance DUT entre les deux 
éxtémités enpassant parle point 
- d'attache des boïs--...:..4... 1 ro | 
Id. prise en ligne droite en travers. “0: ra 6 8 3 » 
Longueur de chaque bois»: - * .. RL Lens Air L , 
Largeur la plûs ‘grande de’ la 
9 péémé.tlquio 10 1e bg ile srerml 12e 8 x 
Longueur du rayon + rt» TS AO o 64 
Ad. du maire dpdpuillerth ess, 0. 88 | 
Id. du rirandoulller: 2: 200.00 L 
Circonférences du rayon à APR OM HAE OU ES OUR 110 GS) 
aus “Aul maitre andouillèr. à + > 41: hr 9 'UIUEE! PURES 


“l'ig des gid Hi) PÉHRYALIO CL  2r10 (LI» TAIITÉ d'6 


! LT 


FR ) Toutes ces: dimensions sont en pas: et en métis Gi le 
pied anglais at environ 11 mr de France. 


[ : 
1 D y : 4) _ 4] 1191 


ETOT 0€ 


/ 


( 410 ) 


SQUELETTE 


’ » pa À ‘à : 
du Muséum du Muséum 


sÉa de _ d'Édim- 
ns rs Dublin. bourge 
Merps: 
Ecngueur de get du dob-< *+ 10 10 9. & 
14. du sternum + ER At SL 
Hauteur prise au à le plus. 
haut des épines dorsales+. +. 6:6 
Id. prise au point le plus haut 
de la pointe du bois:....... 10 : 4 
Extrémités.. w) 
Longueur la plus grande du sea, .,,,,. 
pulume esse... 2 
Largeur la plus grande à la base 0 10f 
Profondeur la plus grande de ses 
ÉPINES,+ + semnsesssenosesse o 2? fe 
Longueur de l’humérus:-.:.-.., 5 4 Le AE 
Id. du cubitus et du radius--.. 1 8 6. 
Id. du carpesss-se..ss.eru. 0 2%... © 2. 
Circonférence du même.:-..-. 0, 94. 
Longueur du métacarpe.:.+».+ .,1,,0x 07 
Longueur des phalanges. - 10,7 "0,65 ; 
De la partie antérieure de l’é- : NUE 
-pine supérieure d’un iléum. à DE. | 
celle de Pautre:-:...: ess 1 4 116% 
De la partie antérieure de l’é- 5 
pine supérieure à la tubéro- .,,.2,. 
sité de l'ischion----:+..... Manir 1.97 
Grand diamètre du trou ovale. o 4 o 3 
Petit diamètre du même- rer 10 2 o 27° 
Longueur du fémur, >... ! 1: 64 r EX 
Idem du tibiass. ses. ses 2 6 x 6 


SQUELETTE 
a 
NE mn" | nee PRE du Muséum du Muséum 


pe de “; 3 de d'Édim- 
Dublin. bourg. 


h AT O tA4hE 


Loogosur du tarse comprenant 
le calcanéurm. « + ++ sus. Oo 8 
Idem. du métatarse: +++... 1  1f f:.52 


: 
- v k | 1} Tite 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIX: 
rt SON Er 
Fig. 1. Squelette entier conservé an Muséum de la Société royale de 
© Dublin, dessiné un peu de côté afin :qu’on puisse mieux voir 
la forme des bois. IL est réduit au 14me de sa grandeur natu- 
relle. | 
Fig. 2. La tête isolée et moins réduite dans laquelle les différens ca- 
ractères sont fidèlement tracés et qui montre la largeur des bois 
vus de face. On voit aussi dans celui-ci la forme singulièrement 
bifurquée du surandouiller. 
Fig 3. Côte présentant un,trou dû à un accident. 


Sun la BuSTAMITE , Bisilicate de manganèse et de 
chaux du Mexique. 


Par M. Atetaxone Bronex ART, 


De l'Académie, royale ps Sciences ; professeur de minéralogie au Jardin 
du Roi, etc. , 


! . 


\H + 


* Nous craignons chan ne se hâte trop d’ériger en es- 
pèces ou ‘de Paix conime telles dans le système: mi- 
néralogique ;. ” dés minéraux KE ‘semblent en effet dif- 
férer des éspèces connues , Mais dont les différences ne 


sont ni asséz po ni à une assez grande valeur 
| à | 


t 


Cara} 


pour léwr mériter ce rang: La -scioncé devierit- riché:e enb 20 lc 
éspèces nominales-;] e'est-àpdire-en! momsidivers ; mais! 
c’est une richesse "qui lhe produit qe de Denon & 
ment. 9; 318 | ulq ai 6 (4 auvofoovg mo MÉLANIE 
La détermimation du none Re: s à 
a été faité parM. Bustamentede MexicoiSivee shinérab à: 
fût tombé:directement éntrenos mains;'nous n'eussionse 
pas osé en ‘faire! une 1espèce, : peut-être mêmes/nous 0112: 
serions-nous refusé à enpubliér 3a . descriptidnmalgré:511b 
l'autorité. du :minéralogiste «qui nous: l'a envoyé; tant 2: 
ses caractères diflérentiels sont peu rômbreux et deifaible:c: : 
valeur. Mais’ une analyse :de::ce: minéral, en ‘indiquant: :- 
une composition définie différente de | celle desrauiresro 2" 
minerais. de:!{ manganèse lui: donne: une spécification 
préciseet un des deux titres que nons:regärdons comme: 
indispensable pour établir emrminéralogié une: espèce : - : 
véritable, fondée non pas-éur-lempirisme j mais sur. 
des caractères réellement scientifiques. Ces deux titres! L 
ou caractères essentiels sont -ou me forme: cristalline : 
propre.et clairenient prononcée, dont le typesoit différent. : 
de tous :ceux -dés autres minéraux! , Où sume/composi= 
tion définie obtenue par l'analyse d'échantillons senisi- © 
blement purs. Quand un: minéral -présente:là réunion 
de cés' deux classes: dé caractères \différentiels:; il est 
déterminé avec: toute: la: certitude--désirable-;cla spé 
cification .est fixée. C’est. alors: qu'en: peut plui don + 
ner un nom univoque.et définitif! Quandle caractère des 
la forme existe seul,.on peut bien:présumei! que lémi= : 
néral quiile présente est différent-des autres ;. maisson: 
ne sait pas cé: qu'il, est} quand-le! caractère décom- 1 
position est le seul:qu’on possède on peut.pr otéder-avec. 


“CRE 
| _ plus de’sûreté. et aussi d’une: manière. plus: satisfaisante 
pour lesprit;:ear ôn sait alors de-quel corps il est ques- 
| tion et-on peut rapprocher ce corps du genre auquel il 
… appartient, où avec lequel äl a le plus d’analogie, quel 
que soit d'ailleurs le principe de classification qu’on 
‘adapte; on le connait donc beaucoup mieux que dans 
le premier- cas ; en: effet il nous semble que ce n’est pas 
| connaître un: tinéral -que: de: savoir seulement qu'il 
difière de tous les autres ; or la forme ne donne jamais 
que cette notion; l'analyse au contraire, en donnant 
| la composition , permet des rapprochemens fondés sur 
des ressemblances plus eu moins importantes. Ces’ ré 
flexions doivent s'appliquer à plusieurs espèces qui ont 
| été” établies dans ce dernier temps, en Allemagne 
| et surtout .en: Angleterre ; peut-être avec un peu trop 
| de précipitation: Nous ne doutons pas de l'exactitude 
des observations ; mâis: comme les minéralogistes très- 
À habiles qui les ont faites donnent eux-mêmes leurs ré-. 
6 sultats;. tant cristaHographique que chiniique , comme- 
. approximatifs ; nous ie demander s'il n'eût pas 
mieux valu attendre qu'ils fussent certains: Ces conisidé- 
rationses’appliquent-également qu minéral qui nous a été 
… envoyé par M. Bustamente, Ce savanta reconnu, aurnoyen 
de ce’tact empirique dont l’école de Fieyberg semble 
| | avoir. doué tous ses élèves ; que ce minéral était différent 
| de tous-ceux qu'il avait vus: Il n’a pu s'aider; ni de 
Lu forme qu'il aurait très-bien su émployer et même 
à la manière» d'Haüy., comme il Fa prouvé dans d'au: 
_ tres occasions , puisque les échantillons qu'il avait étus | 
| diés n'étaient pas cristallisés , ni de la composition ; parce 
_ que la science de l'analyse des minéraux est ; comme on 


sait , [une science, Rs ninheticoiss sd ; 
profonde et d'une, application ! fort. longue; ray Al a. 
appuyé: sa spécification de, tous des moyens que la mi- 
néralogie lui fournissait, C'est, donc! M: Bastamente 
qui a fait présumer, que.ce minéral. était, différent: des 
autres , mais c'est M, Dumas qui l’a réellement fait con- 
naître en l’analysant et en établissant, à l'aide de la, chi: 
mie, sa véritable différence. et ses rapports naturels: 

_Le minéral en question est, comme on, va le voir, un 
bisiliçate de chaux,et de manganèse. Il se présente sous 
forme de sphéroïdes à structures radiées ; les rayons sont 
| aplatis et presque laminaires,, leur. couleur est le gris 
pâle légèrement verdàtre et légèrement rosätre, 

M. Dumas a fait précéder son analyse dsl exposé des 
essais qui doivent faire ressortir les caractères chi 
_miques de ce minéral : plusieurs de’ ces essais avaient 
été faits par M. Bustamente , et lui avaient donné les. 
mêmes résultats. « La BusramiTE exposée au feu d’oxi- 
» dation du chalumeau se fond aïsémént en un verre 
» opaque de couleur brune très-foncée: Ce verré dévierit 
» transparent au feu de réduction. Il se dissout avec 
» une légère effervescence dans le sel de phosphore 
» et laisse un squelette siliceux opaque et très-blanc. 
» Le borax l'attaque aisément:, etliksuffit d’un: demi- 
» centième: du minéral pour lui ;communiquer une 
»: couleur améthyste:très-prononcée et pour-le rendre 


ŸY 


presqu’opaque au feu d’oxidat ion ; mais au feu-dé ré- 
» duction : cette teinte s'évanouit;;kétolé verresdevient 
» incolore: Avec le hitre:surela feuille :de iplatine. et 
avec la soude:, dans les mêmes circonstances; il.donne 
une riche couleur vertes5202 :exijstone 5 


T 


F 


UE (45 ) | 
. Réduit ‘éd ‘poudre ét mis'en contatt avec l'acide 
M » hydfoehlotsqe pur il sé dissout en partie avec effer- 
»' véscénée. Urie poudré blanche sé déposé aù fond du 
_ »tivase’, la dissolution renferme quelques traces d’oxide 
_ » de mahganèsé 'et'de fer, et beaucoup dé chaux. Les 
_ #parties du miméral les plus pures perdent éncore 14 
wow! 15 p.070 par l'action de l'acide hydrochlorique. 
» Cette perte “est dné gRnRRgE à une Pare" de 
#' calcaire! interposé®"" po MOQHEIN P 4 
5 M: Dümas considère lerésidu insoluble dans l'acide 
2 comme le minéral pur. * 


» La bustamite est je pi D DEL" 520 (EE 

\, 

AN RAI TA) BREL OMAN: 64 , 
De silice. D contenant oxigène 24,59 
s- "Dé protoxidé de manganèse. * den: 
12 Deréhabxi 160 Hbc io tea Fa 4 JO 4,09 

10 Derprotoxide defense 8x: lirouii 
mao dilpcavr ul: tr 106,34 1: 


batni Bus lssasbèanteat Seti 
ken à En, donnée Le, pee de, M comme acci- 
».dentel, la composition de la bustamite serait repré- 
PERD de risiodibusbote ob 
SText age Fa a 
Ca’ SL KA ou CS Lo ns. 
Pat eME 1 UUESS GO rat 99H48 915 fi} 
cab basis ÿ malgré.une structure évidemment cris- 
. talliné ÿ me présenteaucant: clivage  déterminable : ce 
minérab'aï été, décrit à-peu-près: comme il suit, par 
“M4 Bustamente sa structureest, comme on l’a dit, rayon- 
méo; presque bacillaire.et laminaire dans le sens des 
. Yayous'{isa ‘texture est “compacte dans le sens transver- 
sal; salcassure;) dans:ce sens est presque conchoïde : à 
. courbure à-peu-près concentrique au centre des mor- 


( 416 ) - 
ceaux sphéroïdaux : il est d’une couleur gris-verdâtre , 
jaunâtre et cendré tirant.sur la couleur rosée , et a 
quefois sur la couleur brunâtiess' {Ait Luc eibre 


Son éclat est un peu soyeux mais faible, ce mi- 


véral est presqu'opaque., et seulement 7 dans 
scs parties :minçges. Sie ir fdi étharo nette 

IL est assez dur pour Haye Je félspathet assez tenace. 
:2Sa pesanteur spécifique.est de 3,12 à 3,23: àË fps 

M. Bustamente compare |ceute| pierre à: l’alabandine 
rougé et compacte, il dit mème qu’elle y: passe. Mais 
comme on né.sait pas précisément ce que c'éstique l'ala- | 
bandine ou almandin de Plive, et que parmi les mi- 
néralogistes modernes , les uns donnent ce:nom'à un 
spinelle rougeâtre , et les autres à un grenat, il'est assez 
difficile d'établir an caractère comparatif sur:ce rappro- 
chement; cependant si Falmandin était ; ainsi que de 
pense Karsten., etc. ; le grenat noble ou syrien ; comme 
cette pierre renferme souvent du fer et du manganèse 
combiné à de l'alumine et à de Ja silice ; _ pourrait 
concevoir cette transition. AE ES EP 

Mais ce rapprochement un peu forcé! n'ER point né- 
cessaire à la spécification de la bustamite, et ne pourrait 
pas contribuer à l’établir lors: même qu’il serait naturel. 
Le caractère qui suffit seuk dans le eas:aétuel tpouriéta- 
blir Véspèce d’après dés principes scientifiques ; "c’ést 
‘état. d'oxidation du manganèse dans cexbisilicate.de 
manganèse et de‘chaux, et: la proportion derces troïs 
. corps. On connaît déjà quelquescombinaïsonsde manga- 
nèse, de chaux.et de silice ymaïs dansrtouwtes!, la/chaux est 
en quantité de. beaucoup inférieure à celletqui paraît être 

en conibinétsos réelle st man tré sg Dans 


h 


)" VAE HU CGI (æig } le: rsbionddqe EUE® 
césmérnes minerais , lé imangariesé ést souvenir itôxidé 4 
tandis qu'iliest ici à l’état'dé protoxides ‘| 212101) 

“1Les minerais de manganèse qui sé pag lé plus 


descelui que nous décrivons sont?" 


1°. Le manganèse bisilicaté rouge de Dati 


LA lequel ; suivant M: Bérzelius', le manganèse est À 


+ 


Vétat de protoxideÿret qui né renfermé que 3 p. 070 de 


| chaux ; let: encoretaccidentellément. IL est vrai que dans 


| une autre ciécoristance il a héros dans un minerai ‘de 


| nee: no prsénll DAT 2h Pise AL dre 9 
Siiée. TAG « GER zh: gai sb trois 30,6 
: Maniganèse okidés ob mr al, , 2000000 age 
MAUR : Lroh Gt 6 ours 29: outoé al 


: 


Ce qui se rapproche assez de l'analyse précédente, 
sauf, l'état d'oxidation du manganèse. 

: 2%: Dans le: manganèse bisilicaté nommé horrman- 
gan par: les ‘ninéralogistes ‘allemands , le manganèse 
_estaussi, suivant M, Duménil, à l’état d'oxidule ; mais 
ilnya que 2 p. oo de chaux qui ne se trouve même 
pas dans les autres variétés de cette ne je v , qu'on a 
examinées. À 

189% Enfin dans FER sénbéésl fine: on trouve 
_encoreune combinaison d’unatome de bisilicate de man- 
ganèse, avec un atome de: bisilicate de chaux , tandis que 
dans -la büstamite ibya , d'après Vanalyse de M. Dumas , | 
deux) atomes de:bisilicate! de manganèse. : | 

- rest doncoprésumable:quele minerai décrit et en 
Sant Bustamenté etique noûs avons’ placé dans 
la collection de minéralogie du Jardin du Roi, est 
une espèce caractérisée chimiquentent par l'expression 


. CS" +MnS' qui n'appartient qu’à Ini, et par la cou- 


( 418 ) 

leur presque blanche qui indique l’état de première oxt-: 
dation du manganèse. Nous la désignons par le nom: de - 
BusramirEe, qui rappelle le minéralogiste-de. Mexico 
qui nous l’a fait connaître. 

. Ce minerai est accompagné. de quartz Mali qui re- 
couvre ses nodules en petits cristaux , et.de manganèse 
métalloïde qui est en petits me. au centre de ces 
nodules. 

M. Bustamente l'avait d’abord remarqué dans la col- 
«lection de l'Ecole des mines de Mexico. Il l’a reçu ensuite 
des mains de M. Moral , élève des mines, qui en avait 
extrait de beaux morceaux de Réal de Minas de Fetela, 
de Jonotla dans l’intendance de Puebla au Mexique, 


Recnercnes sur les Plantes trouvées dans les: ! 
tombeaux égyptiens par M. Passalacqua ; 


1 


Par M. Kuwrs. 


Les fruits et les fragmens de plantes trouvés dans les 
tombeaux de l’ancienne Égypte appartiennent presque) 
. tous à des végétaux que l’on rencontre encore aujour-: 
d'hui dans ces contrées. La; comparaïson la plus scru-) - 
puleuse des plantes analogues nem’a laissé entrevoirau-\ 
cune différence. Il me paraît par conséquent prouvé que 
la végétation de ces deux époques est parfaitement iden- 
tique , et qué depuis tant de ‘siècles es’ plañtes n'ont! 
éprouvé aucun changement sensiblé dans Jeur forme ét 
dans leur structure. Si je n'ài pu rapporter à leurs és- 


( 419 ) 
pèces deux:ou trois deices objeté,:1l faut èn aécuser la 
cohnaissante incomplète que nous avons jusqu'ici des 
famillés she appartiennent ces végétaux. 


9% 99 3. MONOGOTYLÉDONS. 


GRAMINÉES.. 


r. Tritioum vulgare Wild. — Blé. 
| Mt fruits d’un Re Prunâtre. OPEN 


l'E , )1 


| CYPÉRAGÉES. 


À 

| 

| 2, Cyperus esculentus Linn.… 
| Les bulbes (tubera ovata ; zonis imbricatis ), séparées 
| ou réunies deux à deux ou trois à trois par des fibres ra- 
 dicales. TES 


LA 


3. Cyperus Papyrus Linn, - —  RCREIEE et Byblos des 


anciens. 


Des tiges de six dids de Lines avec des ombelles 
de fleurs d'une dis conservation. 


Lénée. id 
) 


| 


PE MRALMIERS. 


: C2 
trs 10 VPPONCL'NIC NE CT) € 17] 


4. Phatsies FTP En _— »Délile', Descri CRE 
d'Égypte rt. ‘624 Dattieris DORE el 


"Des fruits! Here" not. cuil Li 
l'ENQ 4 10 4} 


E Cire T hebaica Delile. Des nl Li pd 
.des Arabes. ab 


* Des fruits entiers: 


NYIMrTArEe 


(Ho) | 
6. Areca? Passalacque. stage Pi 


Les graines marbrées , creuses au centre , et le petit. 
moule de l'embryon à l’une des extrémités ne me per- 
mettent pas de douter que ce fruit n’appartienne à un 
Palmier, et probablement à une espèce d’Areca encore 
inconnue aux botanistes. Nous ne connaissons jusqu'à 
présent que très-imparfaitement cette famille, surtout 


pour les fruits. 


DICOTYLÉDONS. 
JASMINÉES. | 


7. Olea Europæ Linn. — Olivier. 


Une branche avec des feuilles. 
SOLAR ÉES, 


8. Physalis somnifera Linn. 
Des graines détachées. (Elles sroviennetit de la col- 
lection de M. Caillaud , et m'ont été communiquées par 


M. Jomard.) 


.” 
ÉBÉNACÉES. 


9. Diospyros..... — Espèce de Placqueminier. 


Des fruits et des graines séparées. 

J'ai distingué parfaitement bien l'embryon. Je suis sûr 
du genre ; mais comme il est très-nombreux en espèces 
dont nous ne connaissons pas toujours les fruits , je 
laisse encore le nom spécifique en blanc. Est-ce l'Em- 
bryopteris glutinosa de unes de (tab. 70), ou ‘le 
Diospyros Lotus ? ? | 


ru Chi) 
10 Mimusops Élengi Linn, . 
Des fruits entiers. sav bR 0 55 saréis 1 C 
. M. Jomard m'avait déjà communiqué des fruits de 
ceue plante » qui étaient si bien conservés, que j'ai pu 
% voir l'organisation de Ja graine. 


| 


DO TS, D 456 OMBELLIFÈRES, 


Caucalidi Anthrisco aflinis ? 
La petite branche que M. Passalacqua m'avait com- 
muniquée, n’a pas supporté le transport chez moi ; elle 
est tombée en poussière. La détermination est faite seu- 


lement de mémoire. 
_ ORANGERS. 


. Citrus Aurantium Linn. V'arietas fructu amaro. 
— Orange amère. 


Un fruit unique; comme il ne m'était pas permis de 
le couper, il me reste encore quelque doute sur l’exac- 
titude de cette détermination. Il sérait pourtant à désirer 
que l’on puisse lever les doutes sur cet objet. D'après 
les rechérches de Gallesio, les Romains ne connaissaient 
pas l’oranger ; il a été introduit en Italie au commence- 
ment du quinzièmé siècle par les Génois, sans doute de 
Bassora et de la Syrie. On a cru même jusqu'ici que 

c'étaient les Arabes qui avaient introduit l'oranger et 
d’autres Agrumi en Egypte et en Éthiopie: 2 


13. ‘Bälanites ægyptiaca Delile. Æg. , 28,7 Hire 


2H99022 ! 


nia Hé Linn. . Myrobolanus: Chebulus 1 Ves:i . 


où : Au 

ssù À Ling. | ue” [D | 

Si ne noyaux et des fruits entiers. Le premiers , d une 
VUS so 28 


(422) 


dureté extrême , sont tous percés d’un trou au-dessous 
de leur moitié. La coupe transversale du noyau présente 
également sur les cinq angles les petits points que l’on 
remarque dans le fruit récent. La graine est réduite à 
une espèce de membrane qui tapisse les parois de la loge. 


AMPELIDÉES. 


14. Witis vinifera Linn. VWarietas monopyrena. — 
Chasselat. 


Baies très-bien couservées. 
MYRTACÉES. 


15. Punica Granatum Linn. — Grenadier. 
Des fruits entiers. 


LÉGUMINEUSES. 


16. Mimosa farnesiana Linn. 
Des têtes de fleurs réunies en chapelet (communi- 


quées par M. Jomard ). 


EUPHORBIACÉES. 


19. Ricinus communis Linn. — Ricin. 
Des graines. 
Nous en avions reçu précédemment par M. Jomard ;. 
qui étaient si bien conservées , que nous avons tenté 


des expériences de germination avec du chlore, mais 
infructueusement. 


ON OT ET 


( 425.) 


URTICÉES. 


18. Ficus Sycomorus Linn.—Sycomore.—Ficus Pha- 
raonis de Cammerarius. 


J'en ai vu une feuille très-bien conservée , mais qui 
pendant le trajet chez moi est tombée en poussière. C’est 
le bois de cet arbre dont on faisait dans l’ancienne Égypte 
les cercueils des momies et d’autres meubles. 


CUCURBITACÉES. 
19. Cucurbita.... 


Des graines d’une cucurbitacée. Elles n’appartiennent 
ni à la courge , ni au concombre , ni au melon ; je me 
propose de continuer mes recherches pour déterminer 
l'espèce. 

CONIFÈRES, 


20. Juniperus Phæœnicea Linn. — Génévrier de Phœ- 
_ nicie, 
Des fruits parfaitement bien conservés à cinq (?) petits 


noyaux. Je suis sûr de cette détermination , car j'ai pu 
voir l’organisation des graines. 


Exrrair du Rapport de M. Vnxermé sur le mou- 
vement de la population dans la wille de 
Paris. , 


La connaissance des causes qui influent le plus puis- 
samment sur la durée moyenne de la vie de l'homme, 


( 424 ) 


et sur la propagation de son espèce , est du plus grand 
intérêt ,  non-seulement en économie politique ét en mé- 
decine, mais aussi en physiologie ; el rien ne paraît 
devoir jeter plus de jour sur ce sujet que les recherches 
de statistique. Nous croyons donc ne pas nous éloigner 
du but de ce journal, en mettant sous les yeux de nos 
lecteurs les résultats principaux que fournissent à cet 
égard les tableaux relatifs au mouvement de la popu- 
lation de Paris, présentés à l’Académie royale de Mé- 
decine par M. Villot , déjà si avantageusement connu 
par ses propres recherches et par l’obligeance extrème 
avec laquelle il niet à la disposition de tous ceux qui 
s'occupent. de statistique les matériaux précieux ras- 
semblés dans, le bureau dont il est le-chef. Pour mon- 
trer tout le parti que l’on peut tirer de cette série de 
tableaux authentiques , considérés sous le point de vue 
qui nous occupe ici, notre tâche sera bien facile ; car 
il nous suflira de donner l'analyse du rapport fait par 
M. Villermé au nom d'une commission composée de 
MM. Jacquemin, ; Desmarest ; : Fourier ; Esquirol , 
Yvan , Degeneties et lui , et chargée par l’Académie de 
Médecine de l’examen des documens en question. 

La première partie de ce travail a rapport à la 
mortalité. Pour étudier avec fruit les circonstances qui 
paraissent agir sur la durée de la vie de l’homme, et 
pour arriver à uné connaissance approximative du degré 
d'influence que chacune d elles exerce , il ne fallait pas 
comparer les proportions de décès dans les lieux tels 
que les grandes villes et les campagnes où les difié- 
rénces ‘dans les localités les : mœurs, elc. sont si i grandes 
et si ‘nombreuses, que l'on ne pourrait que difficilement 


( 425 ) 


démêler les causes qui déterminent plus spécialement 
_ les variations que l’on observerait dans la mortalité. Il 
fallait au contraire comparer entre elles des populations 
placées à-peu-près dans les mêmes conditions générales , 
mais qui préséntent cepéndant quelques différences im- 
portantes et bien tranchées. ‘C’est effectivement ‘ce que 
MM. Villot et Villermé ont fait en examinant com- 
parativement la proportion des décès dans les douze ar- 
rondissemens de la ville de Paris. 

Rapportée à la population telle que celle-ci a été trou- 
vée par le dernier recensement ; en 1817, la proportion 
moyenne annuelle des décès à domicile a été pour les 
cinq années que DRE lé travail de M. Villot, 
savoir : 


Arrondipsens: ee Quartiers, «1 Proportion. 
A 1 sur 
Dans le 2°. Chaussée-d Ft | Palais-Royal, 
W Feydeau, etfaub. Montmartre. 62 habitans. 
.3°. Montmartre, faub. A FER 
11e Saint-Eustache et du Mail... 
1er, * Roule, Champs-Elysées , sta 
__ Vendôme et Tuileries... ... 58 
4°.Saint-Honoré, du Louvre, des | 
Marchés et de la Banque..... 58 
6°. Porte St.-Denis, St.-Martin-des- 
Champs, des Lombards et du 
es dy er sk em Rte 54 
5°, Faubourg St.-Denis, Porte St.- 
Martin , Bonne-Nouvelle et 
Montorgueil.::.:..1..:.4:. 93 


(426) 
Arrondissemens. | Quartiers i Proportions. 


| 1 sur 
7°. Sainte-Avoie, Mont-de-Piété , 
… Marché St.-Jean et des Arcis. 52 
11°. Luxembourg, Ecole de Méde- 
cine, Sorbonne et Palais de 
Justice. ......,.. FA DR UE 5x 
10°. Monnaie , St. - Thomas -d’'A- 
quin , Invalides et faub. St.- 
Command 5o 
9°. IleSt. Louis, Hôtel- de-Ville, Cité 
et Arsenal... :. Li netirrn dis 5 
8°. St.-Antoine, Quinze-Vingts, 
Marais et Popincourt........ 43 
19€, Jardin du Roi ; St.-Marcel ; St.- 
Jacques et Observatoire. .... 43 


Et dans fout Paris. DESSEE sr (0 


Pour s'assurer que des différences si grandes entre la 
mortalité des divers arrondissemens ne dépendaient pas 
de quelque cause accidentelle |, M. Villermé a examiné 
séparément les résultats de chaque année , et a reconnu 
qu’elles se réproduisént tous les'ans , comme le prouve 
le tableau suivant. 


(x) Ces proportions ont été calculées par M, Villot lui-même, 


(427 ) 
Décès à domicile rapportés à la population de 1817, 


dans chacun des douze arrondissemens. 
| . 


| En 1817, | En 1818. | En 1819, | En 1820, | En 18ai, 
ARROND | rsur.,.| rsur….. | x sur, 1 sur... t sur... 
babitans | habitans. | habitaus. | habitaus, | habitans. 


1%, | 66. 05 À 63.45 | 55. 58 | 58.,00 |50.83(1) 
2°. 64. 21 | 63. 03 | 62. 36 | 62. 91 | 59. 31 
3°: 67. o4 | 59. 07 | 57. 80 | 56. 95 | 61. 24 
bu 54. 38 |,59. 30 | 59.08 | 56. 34 
be, 60. 11 | 49. 64 | 51. 91 | 55. 6 51. 29 
100.1 Br. 85 | 52. 26 


_ 56. 61 | 52. 09 | 50. 66 | 51. 80 | 47.46 
ge. 45. 97 | 45. 83 | 41. 56. # 48 36. 4 
9°. | 45. 27 % Go à 25 | 45..07 | 39. 
10°. 57. 54 | 48. 6r | 44: 64 | 50. 03 | 49. 2 
11° 52. 54 | 52. 31 |:49. 32 | 55. 26 | 48. à 


12°. 46. 90 | 41. 67 | 43. 71 | 42. 85 | 38: 96 


« Ainsi l’action de causes constantes qui agissent 
toujours dans Je même sens , et l’emportent sur les 
causes d’irrégularité , ditlerapporteur , est trop évidente 
ici «pour qu'on puisse se refuser à l’admettre. Quelles 
sont donc les causes qui sembleut assigner à chaque quar- 
tier de Paris un degré particulier de salubrité , qui font 
que dans tel arrondissement il ne meurt à domicile à 
terme moÿen annuel , qu'un 62° des habitans, ‘ tandis 
que dans tel autre arrondissement il en meurt jusqu’à 
un 43% ? 

« L'éloignement ou le voisinage de la Seine doit-il 
être compté au nombre de ces causes ? 


(1) La moyenne proportionnelle des cinq années donne ici plutôt 59 
que 58. 


( 428 ) 


« D'une part; les arrondissemens les plus éloignés 
du fleuve, les 2°, 3°, 5° tout entiers , et le 8° pour la 
presque totalité de sa population, nous offrent, les 2° 
et:3°, le minimum des décès ; le 5°, une mortalité à- 
peu-près moyenne; et le 8° , la plus forte mortalité. 
D'une autre part, Les 4° et 9° arrondissemens, et le 
10°, dont la plus grande partie occupe les bords de Ta 
rivière, nous présentent : le 4°, très-peu de décès; le 
9°, un nombre très-considérable , et le 10°, une mor- 
talité à très-peu-près moyenne. Les autres arrondisse- 
mens n'ont point, par rapport à la Seine , de situation 
bien déterminée. ! ) 

«Ainsi : V éloignement ou le rapprochement du Bou 
n'a pas, sur Ja: mortalité dans Paris , une‘influence qui 
soit sensible ; du moins lorsqu on compare entre eux 
les arrondissemens entiers. | 

« La nature:du sol ,: son abaïssement à l'est et à 
l’ouest , où vers l’éntrée et la sortie de la Seine, és 
hauteurs qui limitent Paris au nord et an midi , l’ex- 
-position particulière à certains quartiers, les eaux di- 
verses dont on! fait usige, en un mot , toutes les cir- 
constances qui peuvent modifier en quelque chose le 
climat général de la ville dans une de ses parties ; y 
apportent-elles , ainsi qu’on l’a tant de fois affirmé , des 
différénces dans la mortalité ? | | 

« À l'exception des Champs-Elysées ; des parties éloï- 
gnées des faubourgs et des jardins ; le sol de Paris est. 
partout ou presqüe partout formé ; à sa surface, dure 
“croûte plus-ou “moins ÿ sys de débris de démolition , 
dé térrés rapportées } ‘qu’un pavé récouvi'e encore enire 
les maisons. Conséquemment on ne peut attribuer à la 


* 


* ( 429 ) 
 maturé différente du sol de tel ou tel arrondissement , 
une influence particulière (r). 

.« Si l’abaissement du: sol vers l'entrée et la sortie de 
la Seine , ou le long du cours et à une certaine distance 
de ce fleuve, a une influence réelle sur la mortalité , 
lle n’est pas appréciable. Les résultats des 1°, 4°, 7°, 
9°: et 10° arrondissemens , dont le sol est le plus bas, 
-en offrent la preuve. 

« Il en-est de même des quartiers les plus élevés , car 
le minimum des décèsa lieu dans le 2° arrondissement, 
et leur maximum dans le 12°. | ; 

: d'L'étroitesse de la plupart des rues, fe sinuosités 
et la hauteur des maisons, font qu'il n’y à point véri- 
tablement d’aspect bien dominant pour les habitations. 
Toutefois ;les jardins multipliés du 8° arrondissement, 
la largeur , la :direction de ses rues principales, font 
que les vents d’Est y arrivent avec violence , et que les 
logemens y reçoivent plus que dans les autres quartiers 
les rayons du: soleil. levant. Or une pareille exposition 
passé assez généralement pour être la plus salubre, et 
pourtant: c’est le 8° arrondissement qui, avec le 12°, 
mous offre le maximum des décès. D'une autre part, 
lexposition au couchant est regardée comme li moins 


* (x) On le péut d'autant moins que ce sol exploré dans une foule d’en- 
droits n’a montré jusqu'ici des restes ou dépôts de voieries que daus les 
lieux actuellement pavés où il existe une croûte de terres rapportées 
et de débris de démolition, épaisse au moins de cinq pieds : telles sont, 

r la rive ganche de la Seine, la butte Saint- Hyacinihe, et sur la rive 
vi les buttes des Moulins, Notfé-Damé-de-Bonne-Nouvelle , et de 
rue Meslée, ( Renscignemens communiqu espar D. GinanD ; ingé- 
ñieur en chef des ponts-et-chaussées du département de la Seine. ) 


(43) 

favorable, et les 1°* et 10° arrondissemens qui la pré- 
sentent plus que tous les autres, ont; l'un une très- 
faible mortalité , et l’autre une mortalité à-peu-près 
moyenne. METT 

« Ce que nous venons de dire prouve que si les 
vents d'Est ou d'Ouest, qui seprécipitent sans presque 
rencontrer d'obstacles dans les rues principales des 1°°,. 
9° et 10° arrondissemens, ont l’inflwencé qu'on leur 
attribue sur la santé, d’autres causes agissent en. sens 
inverse et ne permettent pas de,la reconnaître. Ilien est 
de mème, pour le reste de Paris , de l'influence de tous 
Jes rhumbs de vents, dont les courans sont d’ailleurs 
réfléchis ou brisés par les maisons : ce n’est gnères que 
sur les quais qui bordent la Seine, qu’on les sent bien, 
c'est-à-dire, dans és quartiers où nous avons reconnu 
et une très-forte et.une très-faible mortalité: 

« Beaucoup de rues principales de Paris étant à-peu- 
près parallèles à Ja Seine, ou bien; au contraire, per- 
pendiculaires au cours de ce fleuve , ‘on pourrait pen- 
ser que ces deux directions «croisées des.courans :atmos- 
phériques , ontune heureuse influence sur a santé d'un 
grand nombre d’habitaris ; mais aucune:observation ne: 
Ja encore montré, que nous sachions du-moiïns ; et il 
n'est pas mieux prouvé, malgré mainte assertion , que 
les montagnes de Belleville et de Montmartre seu | 
salutaires aux habitans dés quartiers qu elles préservent 
de l’impétuosité des vents du Nord. Nous ajoutons mème 
que l'influence des vents infects qui passaient sur la 
voierie de Montfaucon , ayant qu’on ne l’éloignät.,, ne 
parait pas avoir été fâcheuse pour les quartiers de Paris 
les plus voisins de cetie voierie , et où ils soufllaient le 


(431) 


plus souvent; car ces quartiers sont ceux des 3°, 5° ct 
6° ARRETE (1): 

« Nous ne dééouvrons done pas, dans là disposition 
des lieux et dans les circonstances météorologiques, les 
causes des différences que présente la moftalité dans les 
divers arrondissemens de Paris. Voyons s’il n’en existe 
point dans les eaux à l'usage des habitans. 

« Ces eaux sont fournies par la Seine , par l'aqueduc 
d’Areueil, par’ le “canal de l'Oureq, et par les sources 
de Belleville , dé Ménilmontant et dés Prés-Saint-Ger- 
vais. Lés dernières , qui sont les plus chargées de sels et 
passeñt pour être les ‘moitis bonnes , alimentent une 
“partie des 3®, 5° ét 6° arrondissemens. Vicrinent ensuite, 
par la guabé dés "sels , les eau du’canal de l'Ouregq, 
jusqu'à présent composées seulement de celles de la Beu- 
vronne , rétniés aux ruisseaux d’Arneuse , de Sevran , 
et à plusieurs sources , qui se distribuent aux 3°, 5°, 
6°, 8° et 9° arrondisseméns ; puis les eaux d’Arcueil , 
qi sont très-estiméés , qui l'étaiént davantage autrefois , 


et qué des conduits Adam: gs sé trois artondissemens 
10 L 110 A1 ' } ! j'i : 


{r) Les rapports SERIE 7 si en épposition avec tout ce qui est 
publié , que nous avons signalés ici relativement. à la mortalité, sont 
d’accord avec des observations faites en grand dans ces dernières an- 
nées. Ces observations sont celles de M. Parent-Duchâtelet , sur les 
égoûtiers ‘ ‘et surtout celles, éncore inédites, communiquées au rap- 
porteur, que MM, Huzard, Darcet et lé même M. Parent-Duchâtelet 
viennent de fairen société sur la voierié de Montfaucon , et desquelles 
il résulte non-sealement que les ouvriers qui y sont employés dans les 
clos d’ écarrissage. n’ont rien à envier aux autres artisans pour la santé , 
mais encore que “les habitans des maisons les plus voisines de leurs 
ateliers, qui en sént le plus incommodés par Podeur, jouissent également 
d’une très-bonne santé. É. "4 V, 


(432%) 
de la rive gauche de la Seine , mais surtout aux 12° et 
11°. Enfin, l'eau de la Seine, la plus légère , la plus 
pure et la meilleure, alimente tout le voisinage de cette 


LL 


rivière, et l’on peut dire les trois-quarts de Paris, aux 
extrémités les plus éloignées duquel elle est distribuée 
au moyen de tuyaux , ou transportée dans des tonneaux. 
On ne trouve donc pas dans les eaux la cause des 
différences qui nous occupent. y 
« L'opinion générale est que plus une population est 
dense, plus sa mortalité est forte ; et cette opinion est 
fondée sur l'observation que les décès sont proportionnel- 
lement plus nombreux dans les grandes villes que dans 
les petites , et dans les petites villes.que dans les cam- 
pagnes. On en a conclu que l’agglomération des maïsons, 
l’étroitesse des rues , sont des causes d’insalubrité:; et que 
les hommes corrompent mutuellement l'air qu'ils res- 
pir ent. ». r 
D'après les documens communiqués à: M. Villermé 
dans les bureaux de la préfecture du département de la 
Seine, et qui sont le résumé des opérations du cadastre 
dans chacun des douze arrondissemens de Paris , on voit 
4jue la surface. oconpée par les bâtimens, rapportéeà celle 
‘'qu'occupent les rues ; les places , les jardinset autres 
terreins , est dans les proportions suivantes : 
Pour le 5°. arrondissement. ... les 0,46 du territoire. 
Le 8°.:. 20,46: Le 9° 0,60. 
Le rot: 250,535 Le: 6 1086 
Le 3°..:...0,55.:.’ Le 12°..0,64 
Le: rats: cab0. 5 De af soon? 
Le x: 30845 Lesou-08a 
Le 4: 0.59 


PERTLATS 


(433) 


En rapprochant de la mortalité des arrondissemens 
correspondans ces proportions qui représentent le degré 
d'agglomération des maisons , on voit que dans l'état 
actuel de Paris, au moins, la largeur des rues, les 
places, les jardins et les plantations n’exercent point 
dans plusieurs quartiers une influence salutaire aussi 
marquée qu’on le croit généralement. En effet , des ar- 
rondissemens qui ont le plus de décès figurent parmi 
ceux dont les rues, les jardins et les places sont les plus 
étendus et vice vers4. M. Villermé en conclut que, sans 
regarder comme dénuée de tout fondement l'opinion née 
des découvertes de Priestley , d’Ingenhousz et de Senne- 
bier , que la végétation épure l’asmosphère par l’exhala- 
tion du gaz oxigène , on doit regarder comme ayant été 
singulièrement exagérée l'influence du voisinage des 
arbres et des autres plantes. Sur ce point, nous ne par- 
tageons pas entièrement les idées de M. Villermé; car 
il est bien possible que dans les localités en question les 


causes puissantes de mortalité dont nous parlerons bien- 


tôt masquent les effets de l'action bienfaisante des plan- 
talions , etc. , sans que pour cela cette influence salu- 
taire soit aussi faible que M. Villermé parait le er oire. 
Le tableau suivañt montre les rapports de la popu- 
lation avec la seule superficie du sol « qui est occupée par 
les bàtimens et cours, en faisant abstraction des rues # 
ane o , Jardins, etc. (x): | 


1 7 HF 11)! 82: (LL y 


(1) La ait et la'sutface d'après lesquelles on a établi cés rdp- 
ports , ‘sont également celles.de 1817. Nous avons cowipris dans la. po® 
pulation , les militaires , les gens logés dans les hôtels garnis.et chez les 
logeurs , les malheureux détenus dans les prisons, et les pauvres des 
hôspices , mais non des Hôpitaux. s 


(454), 


© Superficie moyenue du sol 
Arrondissemens. qu'occupe chaque individo, 


exprimée en mètres carrés, 


Dans le 1°7,.....64 = APTE | ETS 
8.440 <= 9°......16 42 
12%....,.36 2° 3%, 5. «410 7e 
10°... 302 6°...:.,12 7 
2,)..0.20 #2 Dans ss 10 2 
LL. pre DE 27 Hossses 6 


« Six mètres et demi ou environ, terme moyen , pour 
la place de chaque individu d’une population de plus de 
46,000 habitans, quel encombrement cela ne suppose- 
t-il pas, dit M. Villermé, dans les logemens des pauvres 
qui habitent le 4° arrondissement , surtout lorsqu'on 
sait que sur 100 locations il ÿ en a 72 de gens riches ou 
plus ou moins aisés qui occupént tous ou presque tous 
un plus grand espace ? 

« Si nous faisions entrer dans nos calculs la considé- 
ration des étages , nous trouverions que chaque habitant 
répond dans tous les arrondissemens à une bien plus 
grande surface que celle que nous avons reconnue ; mais 
_alors il faudrait compter jusqu’à 3, 4 , et même 5 et 6 
individus logés l’un dessus fautre lorsqu'on s’avance 
vers le centre de Paris. | 

« En rapprochant la mortalité à domicile de l’espace 
accordé à chaque individu , nous voyons que la propor- 
tion moyenne annuelle des décès est de 1 sur 51 + dans 
les arrondissemens où l’espace dont il s’agit est le plus 
grand , et sur 53 ! dans les autres arrondissemens. Enfin 
nous voyons aux deux extrémités du tableau de la su- 


L 
L 


(435) 

nesfalé du sol qui répond au logement d'un habitant , 
deux arrondissemens où la mortalité à domicile est la 
même , et, parmi les trois arrondissemens qui offrent 
cette superficie la plus considérable , les 8° er 12°, qui. 
sont ceux où l’on observe le maximum des décès. | 
« Certes , on n'aurait point prévu de pareils résultats. 
On doit en conclure que si l’agglomération de la popu- 
lation augmente sensiblement la mortalité , c’est , comme 
le prouve d’ailleurs l'exemple des équipages des navires , 

seulement dans certaines conditions. 
« La propreté ou la malpropreté, les vêtemens, les 
alimens, les boissons , etc. , sont d’autres conditions 
dont il nous importerait beaucoup de connaître l’iu- 
_fluence, et qui , suivant qu'elles sont bonnes ou mau- 
vaises , doivent contribuer certainement à entretenir la 
vie ou bien à l’abréger. Rien ne semble plus difficile que 
d'avoir sur toutes ces circonstances des données compa- 
ratives , sinon exactes , du moins approchées de l’exac- 
titude, dans tous lés arrondissemens. Néanmoins on pos- 
sède des documens positifs qui indiquent le degré soumis 
au calcul de toutes les conditions dont il s’agit. Ces do- 
cumens , publiés par l’administration , ramènent à 100 
toutes les locations de chaque arrondissement , et font 
voir combien , sur ce nombre, il y en a qui ne paient 
aucun impôt , combien sont imposées à la seule contri- 
bution personnelle , et combien à la patente (1). Les lo- 
cations non imposées représentent les pauvres , et les 
autres les gens plus ou moins aisés. Le rapport des pre- 
mières aux secondes a pour corollaire la richesse relative 


ee. Ÿ 


(x) Voyez Recherches statistiques sur Paris , tome à , Tabl. n°. 102. 


+ 


+ 

a. . 

des habitans des douze arrondissemens pris chacun en 
masse ; ét comme en définitive la nourriture , le vêtez 
ment , la propreté , sont en raison de la fortune , celle- 
ci les représente assez fidèlement. Or, si nous rappro- 
chons de la proportion des locations non imposées ou 
des locations tenues par les familles pauvres , les résul- 
tats qui se sont offerts à M. Villot par Ja recherche SA; 
décès à domicile , nous trouvons : R 4 Le 


._ Arrondissemens. Locat, non imposées. Décès à domicile. 


Dans le »°.... RENE 1 sur 62 habitans. 
Peru AO NE ORALE ee, 00 | 
D ane VOTRE ea LE oi LORS OISE 
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D de OR rabat died Dir A 
As OUR ue à LS AS 


« Un résultat bien remarquable de cet ordre des ar 
rondissemens d’après l'accroissement du nombre de leurs 
locations non imposées ; c'est-à-dire de leurs pauvres; 
c'est qu’ils se rangent très-sensiblement aussi à la snité 
l’un de l’autre , à une seule exception près fournie: par 
le 11° Ad A 9 dans l’ordre suivant Bi sin Ja 
mortalité s'accroît (1).: jo) 


(1) Je ne saurais assigner avec certitude toutes les causes de l’excep- 


# 


MAC (437) 
= « Done la richesse, l’aisance , la misère sont, pour 
les habitans des divers arrondissemens de Paris , par les 
conditions dans lesquelles elles les placent , les princi- 
pales causes (nous ne disons pas les causes uniques) 
auxquelles il faut attribuer les grandes différences que 
l’on remarque dans la mortalité. » 

M. Villermé établit ensuite une distinction très-juste 
entre la richesée industrielle et celle qui est improduc- 
üve , et cherche à savoir si elles ont une influence éga- 
: lement heureuse sur la durée de la vie. En comparant la 
proportion des décès à domicile , avec celle des locations 
‘imposées à la seule contribution personnelle ; et celle 
des locations imposées à une patente de plus de 30 fr. À 
ila trouvé que dans les six arrondissemens où l’on 


tion dont il s’agit, mais je sais qué beaucoup de personnes, qui sont 
dans le déclin de la vie, abandonnent les autres quartiers pour se re- 
tirer dans ceux de l’Ecole de Médecine, de la Sorbonne , mais plus 
encore dans celui du Luxembourg , où elles forment plusieurs commu- 
pautés ; et je trouve , en jetant les yeux sur le tablean N°:5, du pre- 
| mier volume des Recherches statistiques sur Paris, que le onzième ar- 
roudlissement est, des douze en lesquels se divise la ville , celui qui offre À 
très-sensiblement la plus forte proportion d’hebitans âgés de plus de 
cinquante ans , et surtout d’habitans âgés de plus de soixante ans. Le 
contraire se remarque justement dans les trois premiers arrondissemens, 
ce qui expliqnerait aussi en partie pourquoi là mortalité y est compara- 
tivemenit si faible. Ajoutons que dans le onzième arrondissement | le 
petit nombre des naissances (voyez-en le tableau plus loin ) appuie ce 
que je viens de dire, Ajoutons encore que le petit ombre des enfans au- 
dessous de cinq aus qu’on garde dans cette capitale , et la grande quan- 
tité des étrangers qui ÿ arrivent dans la vigueur de la vie , pour retour- 
ner chez eux après un certain nombre d’années , font que la salubrité 
générale de Paris est réellement moins grande que ne l'indique la pro- 
portion des décès. A 


VILL. 29 


( 438 ) 

compte le plus d’habitans qui vivent-de leurs seuls reve- 
nus , la mortalité annuelle à domicile est de 1 sur 52 ?, 
tandis que dans les six arrondissemens où il y a le plus 
de commerce et de négoce , elle est der sur 59122 Il par 
railrait donc qu’à Paris la haute industrie ei le haut com- 
merce servent mieux la santé publique ion Ja dy 
improductive. 4 

M. Vilot a déterminé aussi les décès des aire sexes , 
en lés rapportant au nombre des individus de chacun lors 
du recensement. Les résultats de cette id de son tra- 
‘vail sont : | sil | 

1°, Que, étré tout Paris, sur 100 no on en 


comptait 46 + Je 
nin , et que sur 100 décès à donleilé , E " en a eu 47 aux 
dépens du premier sexe , et 53 aux dépens du second. 

29. Que dans les 1°°, 4°, 5°, 9° et 12° arrondisse- 
mens , les rapports des sexes ont été les mêmes pour les 
décès que pour la prpualon 

30, Que dans les 2°, 3°, 8°, 10°, et 11° arrondisse- 
mens , il est mort nn tr plus d’ hommes, 
que de femmes , surtout dans le 2°. 

4°, Et que dans les’ 6° et 7° arrondissemens , il est 
mort proportionnéllement plus de femmes que d'hommes. 
© M. Villot examine ensuite les décès dans les hospices 
“et hôpitaux civils, et établit leurs proportions entre les 
douze arrondissemens d’après le nombre des indigens 
qui , à V époque du recensement, étaient dans ces asyles, 
et d'après le nombre des décès qui y ont eu lieu pendant 
les années 1817 , 1818 , 1819, 1820 et 1821. Faute de 
documiéns plus complets à cet égard , il est obligé de 
faire deux suppositions : la première , que la proportion 


(4%) 

pour laquelle chaque arrondissement concourait à là po- 
pulation des hôpitaux et hospices’ à l’époque ‘indiquée , 
n’a point varié ou n'a subi que des variations qui se 
compensent ; et la deuxième , que les décès qui ont eu 
_ lieu dans ces asyles ont été en définitive pour chaque ar- 
rondissement , en raison du: nombre des malades qu’il 
leur a fournis. - En: admettant-ces deux suppositions , et 
en réunissant les décès -des hospices : et hôpitaux civils 
aux décès à domicile ; il a trouvé pour mortalité totale 
BORMES TN 7 ROIS NE CSSS GES hs 


| FES SN EN RE RES A ». 43 | 
M nee Minc aget 148 
10, + LA. 
OU ET SES SN 35 
à à LOI NAT EME UT: 38 
OR NE GERS 7 RER 34 
1 Ed cc an de eh Dia nd 33 
on À ESS ÉEr  PNEE  SCE GE dl 
BITES détente 25 
F4 PANNE LATE + 25 
Fate N} SON AAONPEANEE PSS LUI °4 


Pour les douze arrondissemens réunis... 32 <= 


Ainsi donc , de quelque manière que l’on s’y prenne , 
un résultat surgit toujours : c’est que la mortalité dans 
les divers arrondissemens de Paris , est , en général , En 
raison inverse de l’aisance de leurs habitans. La se- 
eonde partie du travail de M. Villot à rapport aux nais- 


Re ( 440 ) 
sances. Pour la période de 1815 à 1822, les naissances 
à domicile moyennes annuelles ont été : 


Dans le 1°" arrondissement... de x sur 38 habitans. 
PURE RUE VE TRE Eu ARE PRES à 
Din one sind soienitienimale til 8 
a RIRE SAR ACT COR RUE 
Trrssssesesse esse. 34 
à RAS ANR ee) SL AE OR Rae à 
DUR UN RC MERE 34 
FL: RMC PA VE TOR Se Le. DR EEE 
LRU LU AE CRE R MENt 42 


12°. ........... a'prepatens .'.". 29 


Dans tous les arrondissemens réunis... 34 


Nous voyons donc que les naissances sont proportion- 
nellement les plus nombreuses dans ceux où il y a peu de 
gens qüi paient la seule contribution personnelle, et dans 
ceux où la mortalité est très-forte. 

Et si l’on ajoute les naissances qui ont eu lieu à la mai- 
sou d’accouchemens , la proportion a été pour la capitale 
entière, en supposant que ces naissances appartenaient 
toutes à la population de Paris, de 1 sur 28 habitans. 
Mais nous devons faire remarquer que la population s’est 
toujours accrue depuis le dernier recensement , de telle 
sorte que le rapport indiqué est un peu trop fort. La 
même observation BAPPHAUE aux décès. Le. rapport 
moyen général des naissances à la PepHaIoR a été pour 


D. CN 
Ja France entière pendant les cinq mêmes années comme 
1'est à gr , près de 32. | 

Les naissances des garçons pH MER à celles des filles 
ont été comme 16 est à 15 “=, et cette proportion se 
montre à très-peu près la même pour les naissances à do- 
micile des douze arrondissemens : du moins dans aucun 
on ne re Fos de 15 -£ 
moins de 14 -= contre 16 de garçons. Ce rapport est 
égal à celui qui a été trouvé pour toute la France. , 

La proportion des enfans morts-nés , tant à domicile 
qu'à la maison d'accouchement , a été de 56 sur mille 
naissances , et le nombre des garçons morts-nés est plus 
fortque celui des filles ( dans le rapport de 62 à 50 } ; cette 
différence, que l’on a observée partout, a été attribuée en 
partie à ce que les garçons sont plus gros que les filles. 

Les mariages ontété pour chaque année, terme moyen : 


naissances féminiues et 


Dans le 1°* arrondissement... de 1 sur 102 habitans. 
a% CRC “ nono vessrs. 108 
EUR ET EN PT TU ENV TE TI ENNT 10 


Phnés ses ssconees vire 113 


PA NU en TS TR 
| ER PR ETES PS SR 
9°. PORTO NET PE TANT 104 
10 eressss sense 97 
Tlessoossnsssssenees cesse 115 


DE at) Lt DH RARE NES 121 


Puor les douze arrondissemens. vive. 108. 


| RUE 
(C4) 
Pour la France entière, et pendant les cinq mêmes an- 
nées , le rapport moyen annuel des mariages à la popula- 
tion a été comme 1'est à 141, ou à-peu-près. 
La fécondité des mariages, ou, cé qui ;est la même- 
chose , le nombre des enfans légitimes qui répond à une 


union, à été 


Arrondissemens: \ 


DADANRL ET dei sun nel à ». 3 
Duid oc mpre Mtee1e vie led tite le le; ti ie 
RS RS RTE ARENA CR INR AR NS 
Doi ponts cher RIRES HI 
Bsbaronuentaleite ta dtfesdh 
+ ASSAMERS AU RAA PR PRE dr 
Dé oismmeaislur use acier) 2s 
Sr sonunenaribnnrAtbs 660% 


MOoue pue sp A hie.o à la pitid lente loue F7 


= 


Lhionnies s'ooiu dit ete bail de 2. 


Mie gas ie del bal oi ab LE 


Œ M # © © D I y D 


| RER 
ee 


Pour toute la ville, sans distinction des 
: | RE 2. 
arrondissemens , de:............... 


= 


| 


Ce tableau fait voir que c’est dans les quartiers pauvres 
et où l’on compte peu d’habitans imposés à la seule con- 
tribution personnelle , que la fécondité des mariages est 
la plus grande (1. | 


(1) Une fécondité aussi faible que celle des mariages dans Paris, 
prouve évidemment que les naissances, quoiqu’elles soient plus nom- 
breuses que les décès ; ne sauräïént entretenir la popalation à son nt- 


(443) x 
Pont la France entière, le rapport des mariages aux 
_enfans légitimes est de 1 à 4 =. 

Quant à la] partie du travail de MM. Villot et Villermé, 
sur la proportion relative des enfans naturels aux énfans 
légitimes , et à la reconnaissance de ces defniérs ; nous 
nous bornerôns à dire qu’il n’y a aucün rapport bien 
évident entre le nombre de ces enfans et les causes qui 
diminuent et augmentent sensiblement la mortalité et 
les décès , et enfin que c’est dans les quartiers pauvres 
que l’on voit le plus grand nombre d’enfans illégitimes 
reconnus par leurs parens. 


H. M. É. 


À 


7. — 


veau , encore moins l’accroître : car en supposant , contre l'expérience , 
que tous les individus d’un certain âge servent à la reproduction , tou- 
jours est-il certain que de 240 enfans qui naissent , il n’y en a pa 206 , à 
beaucoup près , qui atteignent l’âge dont il s'agit. C’est même, peut- 
être , faire une trop grande concession que d’admettre , commie terme 
moÿen, qu'ils fourniront un jour soixante-dix unions où mariages, 
Conséquemment , ce sont Les immigrations qui empêchent chaque année 
la population de diminuer, 

La stérilité des mariages dans Paris , aucune influence sensible de 
l'ordreiphysique n’en donnant la raison , prouve encore que cette sté- 
rilité a sa Cause; au moins principale , dans la volonté des habitans , 
et il faut reconnaître que c’est principalement dans les quartiers riches 
où Pareille cause restreint ln fécondité. 


(444 ) 


TABLEAU extrait de l'Examèen du mouvement de la population de la ville de Paris , pendant 1817, 1818, 1819, 1820 ct 1821. 


> 


_ 


|. . ; NAISSANCES. S 
ésatahes on me D 26e EM RA € MARIAGES. DÉCÈS. Nombr moyen Nombr meyenk 
€ annvel d 
ABRONDISSEMENS. de 1817 | er er AR oups ce np mar Bus [Nombre moyen |Nambr. nr PA à nee Es 
au jour Jour du recense-T 3 naissances des naissances des uaissances annuel Fee "+ © recunnus 
P durecensement. ment (1). totales. Do 2: 16 ne. des mariages. à domicile. ss (2). à la naissance. 
- pere..s.…] 52,4 50,065 1,312 207 1,105 491 859 79 61 
AS Pi TUE RESTE NE 
s.9% + +1 92 2 Le 71 
4. US 46,624 46,064 1,41 t 372 : de #4 806 80 13 
ARE 56,871 55,546 1,760 451 1,3 91 13e 111 195 
MCE re: 72227 2, 190 497 1,69 028 1,346 138 22t 
: otre 6,245 na 1,624 379 1,244 476 1,074 100 185 
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...... 2. 2 s 7 [e] : 16 
10e... bn, 134 20,486 1,938 = 1.250 4 à 119 172 
Ets « où 1,766 0,051 1,222 207 034 3" 085 * 77 113 
A: ess 80,079 G),971 2,443 508 1,937. 78 I »042 124 340 
Toraux:: | 713,966 682,059 20,008 4,554 15,472 6,316 13,31 1,22 2, 56 
Hôpitaux et Hospices civils. ,............ os... + 4,206 4,206 « « ; PES 
Prisons, Hôpitaux militaires et Morgue.,|......., Ste dont ed ler d'Ér cfntsul ce en ce 08 Sad Tes ee à Das £a se 
TorTaux--1-..:...r ... 24,214 8,760 RES « 22,316 1,357 « 


» 


(1) Et diminnée de celles des Hospices, Prisons civiles et Établissemens militaires; c’est à elle que sont rapportés les mariages, et les naissance: et décès à domicile, 


(2) Les morts-nés ne figureut dons le rapport, ni parmi les naissances ; ni parmi les décès. 


/ 


( 445 ) 


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(446) 


Mémome sur les Glandes de lu tête des Serpens; 


Par J.-F. Meckër. 


Les glandes de Ja tête des sérpens sont intéressantes 
particulièrement à cause du venin que quelques-unes 
d'entelles sécrètent comme l'on sait. Elles oht été en 
oûtre, depuis ces dernières années, l'obj et des récherches 
de plusieurs anatomistes , notamment de MM. T'iedé- 
mann (1), Cloquet (2), Rudolphi (3), et Desmou- 
lêns (4) , qui les ont décrites en partie plus exactement , 
et en partie ont cherché diversement à les réduire les 
uhes aux autres. Quelques-unes d’entr’elles avaient déjà 
été décrites plus ou moins complètement par des obser- 
‘ vateurs antérieurs , tels que Charas (5), Redi (6), 
Ranby (3), Fontana (8), Russel (9), et M. Cuvier (x0) ; 


niais comme il règne peu d'accord entre les rapports 


(1). Uber die Speicheldrusen der Son: Muachner Denkschrif- 
tén 1813, p. 25. 

(2) Sur les voies lacrymales des Serpens. Mém. du Muséum d’hist. 
nat. , tom. vi1, p. 62. 

(3) Seifert : Spicilegia adénologica. Berol. 1823. 

(4) Sur de système nerveux de l’appar eil lcrmeid des Serpens. Ma: 
gendie , Journal de Physiol. , t. 19 ,p. 274 et suiv. 

(5) Anat. de la Vipère. Mém. de l’Acad. , 1666-09, t, 151, part. 2, 
pag. 209. Nouvelles expériences sur la Vipère, Paris , 1670. 

(6) Osservazioni intorno alle Vipere, Opp. Napoli , 1778, t. 1x. 

(7) On the poisonous apparatus of the Rattle-Snake, Phil. Trans., 
no 401,p.377 

(8) Sur le venin de la Vipère,t. 1. ° 

(9) An account of Indian Serpents, 1796. 

(10) Anatomie comparée , t, 111,, p.224. 


RE … (447 
anciens et plus récens.. j'ai soumis cet objet. à un nou- 
vel examen , dont j'offre. ici le résultat , en th égard 
aux travaux antérieurs, 

1°. Il y a à la tète des serpéns cinq paires de des 
qui à la vérité ne se rencontrent pas dans toutes les 
espèces , amais cependant dans plusieurs à la fois. 
: Parmi ces glandes; la plus constante est une glande 
petite , allongée et arrondie, fort dure, lisse , dé- 
pourvue de lobes distincts , située à peu de distance de 
la peau , très- près de l’extrémité antérieure de Ja sur- 
face inférieure de la bouche , peu éloignée de la ligne 
médiane , et s’ouvrant tout-à-fait antérieurement à côté 
de l'ouverture de la gaîne de la langue. C’est avec juste 
raison qu'on peut comparer celle-ci avec la g/ande sub- 
linguale des autres animaux. Le seul auteur, qui en 
fasse mention, M. Cuvier l'a vue dans les amphisbènes , 
où elle est la plus volumineuse, ‘en proportion ; mais 
ni lui, ni aucun autre auteur n’en font mention dans 
les autres serpens , quoiqu’elle se retrouve dans tous 
les genres et dans toutes les espèces que j'ai examinés, 
à l'exception seulement du Typhlops, dans lequel elle 
pourrait bien m'avoir échappé à cause de la petitesse 
des parties. Mais c’est à tort que M. Cuvier regarde ces 
glandes dans les amphisbènes , comme étant celles de 
la mâchoire inférieure qui auraient seulement changé: 

leur situation ordinaire ; car ces dernières existent si- 

. : multanément avec les autres; elles sont bien dévelop- 
pées dans les amphisbènes , comme dans plusieurs autres 
serpens ; au reste, elles seront décrites plus bas. 

Une autre glande presqu'aussi constante est située 
en dedans :ou en arrière ( souvent en dedans et, en 


P1 


| 1104487) 

arnière , en même temps) de l’œil ; elle est plus con- 
sidérable que la précédente , blanchâtre , molle , divi- 
sée. en lobes. Si je ne me trompe ; v’ést celle-là que- 
Charas à déjà décrite et figurée dans la vipère et qu'il 
connaissait aussi dans la couleuvre. Il est vrai que 
M. Tiedemann pense qu'il a connu les glandes ve- 
nimeuses de la vipère, mais ses descriptions et ses fi- 
gures ne s'accordent nullement avec celles-ci; c’est 
avec les glandes oculaires qu’elles s'accordent. 

Cette glande a été décrite et figurée ensuite par 
MM. T'iedemann, Cloquet et Rudolphi ; ; c'est la ph cond 
Jacrymale de M. Cloquet. | 

M. T'iedemann ne Va point trouvée ni dans l’Am- 
phisbæna , ni dans l'Anguis ; mais en péalité elles \ 
sont d’un volume considérable en proportion ; dans 
l’Amphisbæna surtout elles sont plus grandes que l'œil, 
au côté interne duquel elles sont situées. C’estainsi que je 
l'ai trouvée dans l'Æmphisbæna alba ei fuliginosæ. Eles 
sont également considérables dans } Eryx jaculus, Ye Tor- 
trix scytale , VElaps.— Ordimairement toute la glande, 
ou du moins sa plus grande partie , se trouve hors de 
l'orbite , etderrière lui ; surtoutdans les genres Coluber, 
Tortrix et Eryx : moins dans les genres Boa, Python 
et dans les serpens venimeux. Elles proéminent cepen- 
dant encoré distinctement dans le Trigonocéphale, et 
je ne puis concevoir, par cette raïson , comment M. Ru- 
dolphi a pu ne pas l’apercevoir du tout dans le Tr. 
mutus. Comme elles ne sont pas fixées à la peau, il 
est très-facile‘de les découvrir lorsqu'elles occupent cet 
endroit , et il est hors de doute qu’elles n'aient déjà été 
vues par Charas. M. Desmoulins, fidèle à son ancien 


(Ho ). 


compatriote , n’admet très-naïvement -que ces seules 
glandes en disant expressément que. dans un grand 
nombre. d’ Ophidiens , notamment dans fipq espèces de 
Coluber , une de Scytale, une d'Elaps,, il n'a rien trou- 
vé ni à la tête, ni entr'elle et l'estomae qui püt être 
comparé à quelque glande servant à la digestion ; telle 
que la parotide, la sous-maxillaire , la sublinguale et 
l'amygdale , en sorte que la digestion ne Ropère qu'à 
l'aide du foie et du pancréas (1). Assertion qui n'aurait 
pas été permise. à un auteur français , même autrefois, 
puisque des compatriotes , tels que MM. Cuvier et Clo- 
quet, ont déjà décrit et_ figuré d’autres glandes ; mais 
qui paraît tout-à-fait inconcevable, aujourd’hui que 
les savans français sont habitués à se servir de la liuté- 
rature de leurs voisins et notamment des Allemands. 
Une troisième glande un peu moins constante que 


les précédentes, de forme oblongue ,.se trouve située 


au côté externe des branches de la mâchoire inférieure ; 
les orifices de ses nombreux couduits excréleurs sont 
rangés en une ligne simple , le long du côté externe des 
dents de la mâchoire inférieure. C'est cette glande que 
M. Cuvier (2),a déjà décrite dans les genres Coluber ct 
Boa , mais sans faire mention d'aucune autre. Plus tard 
MM. Tiedemann et Cloquet V'ont figurée dans le Co- 
luber matrix, et M. Rudolphi dans le Vipera berus. 
Le premier Ta trouvée non - seulement dans. le Co- 
. luber ; mais aussi dans le Naja, le Vipera berus , 
l'Amphisbæna , l'Anguis , où je l'ai de même. rencontrée 


| (1) Magendie, Journal de Physiol., t.1v » P: 22-76. - 
{2) Leçons d’Auat. ur. à > t. zu. 4 


CH 
constamment , développée surtout dans l'Anguis, l'Ame 
phisbæna et le Coluber. Elle est en outre fort consi- 
dérable dans, PEryx, les Tortrix, et parmi les serpens 
venimeux , dans l'Elaps , tandis qu’elle est petite dans le 
Crotalus. Dans les autres serpens venimeux qui en sont 
pourvus elle est toujours plus petite que dans les serpens 
non venimeux , à l’exception de l'Eldps, où elle est 
énorme. Sa dimension en hauteur ést toujours plus 
grandé en arrière qu’en devant. Elle se compose toujours 
de plusieurs lobes allongés ou arrondis, perpendicu- 
lairés , droits où un peu courbes , et d’une dureté no: 
table. Dans le Coluber elle s’unit sur la ligne médiane 
avec sa congénèré du côté opposé : elle répond incon- 
testablément par sa structure , sa forme et sa position , 
aux glandes buccales et labiales des mammifères. 

Vis-à-vis de cette glande, sur le côté externe des 

- branches de la mâchoire supérieure s'en trouve une qua- 
trième qui lui ressemble parfaitement ,,et que j'ai déjà 
| indiquée il y a long-temps dans la couleuvre (1); plus: 
tard elle a aussi été décrite pàr M. Tiedemann. et figuréc 
par Jui et par M. Cloquet. M. Tiedemann la prend pour 
la glande parotide ; maïs sa situation, sa conformation 
externe et ‘interne et son analogie avec la glande infé- 
rieuré me porte plutôt à Ja regarder comme correspon- 
dant aux glandes labiales et buccales supérieures.  *. 
M. Cuvier ne fait mention de cette glande ni dans 
les cs ES , ni dans les sauriens , dans lesquels il: ne 
décrit qu’une glande renfermée ans la substance’ de la 


(:) Nôte ajoutée à la traduction pe des lecons de M. “Cuvier 
par M. Meckel. 


Ca) 


 Jangne , ét la troisième, c ’est-ädire , la glande maxillaire 
inférieure ; cependant je les ai vu coexister très-distine: 
tement toutes les deux avec la glande lingualé , dans 
l'Iguane. Elle se retrouvé a vec là précédente non-seule- 
ment dans le Coluber, mais aussi dans le Python, le Naja; 
le Vipera berus , le Crotalus , l "Elaps, l a arppaies M à 
le Toïtrix et l'Eryx. 

Maïs: aucune de ces deux glandes ne se rencontre 
aussi constamment qu'on pourrait lé croire d’après les 
faits rapportés jusqu'ici. Dans le Vipera dubia je ne trouve 
qu’une petite glande lenticulaire à l'angle de Ja bouche; 
probablement comme un indice des deux précédentes. 
… Cette glande elle-même manque absolument dans les 
Trigonocéphales, autant que j'ai pu observer moi-même, 
ét d’après l’assertion expresse de M. Rudolphi. D'après 
M. Tiédemann elle se retrouve dans l'Anguis ; mais 
age » que dans trois ErAods HART À qu di 
aucüve trace , en sorte des si elle’ \ existé réellement, 
elle doit être très- -petite, Cette glande ‘est considérable 
‘dans le Colubér , l'Amplüisb&na , le Tortrix et l'Eryx; 
médiocre dans le Python , le Crotalus , lé Vipera berus, 
. le Näja. Dans V Elaps elle est extrèmemént petite, forte- 
ment unie au conduit excréteur sous-jacent dela glandè 
Venimeusé } elle n’y correspond qu'au üers antérieur. 
de Youverinre de là bouche’, tandis que ‘dans les autres 
serpens ebe en a occupe toute la “longuéut Le rapport du 

Elles sont à-peu:près ais dans l'Amphisbæria, Île 
Tortrix, lé Vipera bérüs. — Dans VEryx, le Python 
et l'Elaps c’est l’inférieure, dans le Coluber et le Naja 


(452) 
c'est la supérieure qui est beaucoup plus grande , sur- 
tout dans le premier de ces genres, en sorte que je 
m'étonne qu’elle ait pu échapper à M. Cuvier, qui 
n'a remarqué que l'inférieure, laquelle est cependant 
plus petite que l’autre. TM 

Les plus remarquables , quoique les moins com- 
munes de toutes ces glandes, ce sont incontestable- 
ment les glandes venimeuses. Si on ne connaît pas leur 
disposition , il est difficile de concevoir comment elles 
ont pu échapper à de bons anatomistes plus anciens ; il 
paraît moins étrange que des anatomistes plus modernes 
mais peu exercés ne les aient point trouvées , bien 
qu'elles eussent été décrites et figurées depuis long- 
temps. | k 

Ces glandes sont touj ours situées derrière et au-dessous 
des yeux , au - dessus de la mâchoire supérieure, en- 
tourées et enveloppées complètement par un muscle 
très-fort qu il faut couper pour les apercevoir, Elles sont 
allongées, leur tissu ést lamelleux; leur intérieur est 
creusé d’une cavité assez marquée ; elles se distinguent 
en outre de toutes les autres glandes par un conduit 
excréteur d’une longueur considérable. Celui-ci se di- 
rige en devant le long de la surface externe de la mà- 
choire supérieure pour s'ouvrir au-devant,et au - dessus j 
de la dent venimeuse , dans la gaîne membraneuse qui 
l'enveloppe, de manière que le, venin s'écoule dans 
l'ouverture supérieure de la dent. 

C’est probablement parce que les glandes venimeuses 
sont recouvertes de la manière indiquée , par une épaisse 
couche musculeuse, qu’elles sont restées. cachées aux 
observateurs plus anciens. 


CARD | 

D'après Zyson (1), “elles auraient été vues parfaite- 

ment par Charas et Redi, puisqu'il renvoie à ces au- 
teurs , en disant qu'il ne s’est point occupé des glandes 
en recherchant les dents venimeuses; mais, quoique ; 
suivant MM. Tiedemann et Rudolphi , la nature des 
glandes venimeuses fût suffisamment connue , depuis 
. longués années , ‘par les recherches de ces deux au- 
teurs , je crois cependant que ces deux excellens savans 
rendent ici plus que de lajustice à leurs prédécesseurs. 
_ Ilest vrai que Redi parle de deux glandes qu’il aurait 
vues dans toutes les vipères sous le fond des gaines qui 
renferment les dents venimeuses ( Opp. Napol., 1778, 
11, 22, 62); mais il ne dit rien de certain sur leur 
. connexion avec ces dernières. Il soupçonne que les con- 
duits salivaires , qui venaient d’être découverts , pres” 
raient être le chemin que prendrait le venin , qui s’en- 
gendre probablement dans toute la téte , et que ces ca- 
‘naux conduisent peut-être dans la gaïne.(Ibid., p.27.) 
Mais il proteste absolument qu'il ne veut point soutenir 
comme certaine une chose qu’il n’a pas vue de lui-même, 
(P. 22.) D’après sà description , je croirais plutôt qu'il 
connaissait les glandes labiales supérieures. [l'est cer- 
. tain qu’il n’a pas vu le conduit excréteur. 

Charas në me paraît avoir connu que les glandes ocu- 
laires et lacrymales ; ce n’est qu'à celles-ci que convient 
sa description : il dit qu’elles sont situées dans la partie 
postérieure des orbites, à la même hauteur que les yeux, 
derrière et au-dessous de ces derniers ; qu’elles sont 
composées de plusieurs lobes, couvertes en partie par le 


(1). Philos. Transact., n°. 144, p. 46. 
. VUE. "PU 30 


( 453) 

muscle temporal, et qu’elles ont le volume de l'œil 
voisin. ( P. 30. } El paraît en outre avoir connu le véri- 
table conduit excréteur des glandes venimeuses > mais 
en le mettant à tort en communication avec les glandes 
qu’il venait de décrire ; car il dit que de leurs différens 
lobes naissait un conduit situé au-dessous d'elles , et 
s’ouvrant dans les vésicules des gencives (la gaîñe des 
dents venimeuses ). (1bid., p. 31.) L'on sait que de sem- 
blables réunions artificielles ne réussissent que trop 
facilement entre des parties coupées et déchirées. 

Si la description et les figures ne me trompent pas ; 
c'est Ranby (Philos. Transact., n°. 4o1 , p. 338) qui 
a le premier aperçu la glande venimeuse elle-même, car 
il décrit et il figure dans le serpent à sonnette une glande 
de la grosseur d’un petit pois , située à l’endroit que la 
glande venimeuse occupe réellement , et ne paraissant 
que lorsqu'on a Ôté le muscle dilatateur de la bouche, 
Mais par contre , il n’a point vu son conduii excréteur , 
parce que , comme il dit , les conduits de glandes aussi 
petites peuvent rarement être vus avec certitude ; maïs 
il soupconne qu’il s'ouvre entre la lèvre supérieure et la 
mâchoire supérieure. De mème que Charas ; il se dé- 
clare contre l’idée que ces glandes sécrètent le venin ; ce- 
pendant les expériences de Redi ont depuis long -temps 
démontré le contraire. 

Fontana me paraît avoir été le premier qui ait décrit 
complètement et exactement tout l’appareïl de, la sécré+ 
tion vénéneuse. Ce fut ensuite Russel, si je ne me 
trompe , qui donna également des descriptions et des 
figures exactes que j'ai vues il y a long-temps à Paris 


Ÿ, 


(454), *. 
et à Goitingue, mais qne tallieurentement je n'ai mA 
sous les yeux en ce moment. 

M: Cuvier a bien exposé cet niet: M. Tiedemann à 
Me vu avec précision dans le Vaja et le V'ipera be= 
_rus ; tuites les parties daus leur connéxion. Les des- 
. criptions et les figures de M. Ruüdolphi sont exactés; 
ais il y marique la représentation de l’orifice du éonduit 
excréteur, et son rapport avec la dent vénéneuse, 

Au reste , si j’attribue à Fontana là découverte com- 
plète de l'appareil de la sécrétion vénéneuse , je dois ce- 
pendant mn m’éearter de l'opinion de M. Rudolphi > qui 
pènise qu'il «aussi le premier montré le chemin du ve- 
ni de l'ouverture supérieure de là dent à son ouverture 
inférieure. Cette ! déconiverte appartient à l'excellent 

 Tysôn ; ‘ét a déjà été constatée par Ranby. "1 

‘Le premier de ces deux auteurs dit expressément : 
qu'il a trouvé dans toutes ces dents , très-près dé M ra- 
cine , une grande ouvottire , ét vers la pointe une férité 
considérable bien distinctément visible; que la dent'est 
creuse entre ces deux ouvertures ; cé qu’il a d’abotd’re- 
_ marqué plusieurs fois, en pressant légèrement les pen: 
cives avec le doigt ; par cétte pression on a vu distincote- 
ment le venin s'écouler par là cavité de la dent et par 
la fente. Rañby décrit les deux onverturés ét la éavité 
commé Tyson, et il ajoute que les supérieures recè= 
väient probablement le venin ( sécrété suivant lui dans 
k gaine de kydeuv!); tandis que les inférieures let tratis- 
mettaient dans la plaie. 

Ces expressions sont sans doute moins précises qhé 
célles de Z'yson ; maïs les paroles de ce dérnier in- 


(456 ) 


diquent clairement qu’il'a le premier. découvert la voie 
du venin à travers la dent. . 4 

. Nous abordoris maintenant la facotifi de la signifi- 
cation de Ja glande vénéneuse. | ; 

Elle peut être un organe d’une espèce pattidéiiee ou 
seulement une modification d’une autré glande. 

M, Cuvier professe. la première opinion, car il dit 
expressément qu'elle se trouve Aors des glandes sali- 
vaires , quoiqu'il ne parle point de celles dont éble ME 
rait être une modification. 

.. M.-Desmoulins, qui prétend qu’à Lexebption dé la 
glande, lacrymale il ne se trouve aucune autre glande à la 
iète des serpens, dithardiment : que la mêmeglande sécrète 
le venin ; les larmes et la salive,, et, la regarde absolu- 
ment comme ‘un organe identique avec la glande la- 
crymale. Les expressions de M. Ziedemann, qui regarde 
les, deux organes comme ne formant A seul, pour- 
raient conduire, à la même opinion ; c’est ce qui est 
tes par les paroles suivantes : $ 
4cLes ‘glandes de l'orbite étaient (dans À le Pi er 
naja) fort grosses et épaisses , de couleur foncée et d’un 
jaune sale. Les conduits excréteurs s’ouvraient dans les 
dents molaires ou vénéneuses. (L, c. p. 28. ). 
,,». Les glandes. situées derrière l'œil, ou les glandes 
vénénenuses ( dans le J'ipera berus ) étaient fort grosses, 
épaisses. et allongées ; ; bien plus grandes que dans la cou- 
leuvre, ! ptoporHopneliesent au volume du, corps. Les 
conduits excréteurs s'ouyraient dans les dents. molaires. 
(L. &. p.,29.)» NT LE siege 

Mais malheureusement , un examen tant soit peu soi-. 

gné prouve que la glande vénéneuse est entièrement 


CARD 
distincte de la glande oculaire , et que ces deux or- 
ganes existent l’un à côté de l'autre. Elles ne commu- 
miquent nullement ensemble, ni par des conduits ,nipar 
de la substance glanduleuse ; ce’sont par conséquent des 
organes tout-à-fait indépendans l’un de l’autrg, dont la 
séparation ne suppose pas même un anatomisté exercé, 

Déjà M. Rudolphi les a trouvées co-existantes 1oùtes 
les deux dans le Vipera berus , et il à signalé l'in- 
exactitude de l’assertion de M. Tiedemann; maïs'il se 
trompe lorsqu'il n’admet pour lé trigonocéphale (comme 
M. Deésmoulins fait pour tous les serpens) que’ cette 
seule glande , remplaçant toutes les autres par 'sôn-vo- 
Jume, puisque, d’après mes 6bsérvations , on'‘y'trouve : 
“encore la glande lacrymale et la glande lingüale!? ” 

La circonstance que la glande labiale manque tota- 
lement où à-peu-près dans plusieurs sérpéns venimeux , 
| pourrait faire naître l’idée que les glandes veniincuses 
seraient des modifications de "cette glande ;/mañis la ‘pré- 
sence simultanée de celle-ci et des glandes venimetises 
dans le W ipera bérus etdans le N ss Actes rpm n rs 
cette opinion. | 

Tout ce que l’on peut ivètées par conséquet, c’est que 
Ja glande venimeuse se développe aux dépens des’autres , 
et surtout des glandes lacrymales , parce que la fonction 
de ces dernières est richement suppléée parelle. *- 1" 

… Etlé ést en éffet'une glande particulière , em care 
‘aux autres ophidiens non'veñrimeux 7 2%. 

Mais de là il ne s'ensuit pas ‘qu’elle;ne puisse être 
comparée aux glandes des ànimaux supérieurs," surtout 
des mammifères. Sa position; st figure , "la longueur'et 
la marche de son conduit excréteur ; le: point où'celui-ei 


(:488: } 

s'ouvre dans la bouche, me font plutètadmettre l'opinion 
que c’est elle qu'il faut regarder comme la glande paro- 
tide, puisque , d’après ce qui a été dit précédemment , je 
ne saurais-prendre pour cette dernière les glandes la- 
biales supérieures. Une circonstance qui parle encore, 
sous quelque rapport , en faveur de cette manière de voir, 
c'est que dans la rage canine ce sont précisément les 
glandes salivaires qui sécrètent le virus, quoique d'un 
autre côté les glandes linguales existent aussi dans -les 
serpens , el sans être venimeuses ; et quoique os simpies 
glandes de la bouche puissent prendre part à l’activité 
sécrétoire anormale. +. ES à 

Je me réjouis d'autant plus d’avoir cette manière de 
voir, qu'elle a été exposéé aussi; comme je trouve, par 
M. Rudolphi. ! | | 

Quant au nombre et au métis proportionnel des 
glandes ; voici ce qui résulte des recherches précédentes : 

1°. Plusieurs serpens venimeux, notamment le Cro- 
tale, le Naja , le Viperà berus , l'Elaps lemniscatus , en 
possèdent le plus grand nombre, puisqu’outre la glande 
venimeuse on y trouve aussi toutes les glandes NON EN : 
ils en ont par conséquent cinq paires. | 

2°, On en trouve quatre paires. 1°. Dans le Vipera 
dubia qui ne possède, outre la glande venimeuse, que les 
glandes lacrymales , les glandes linguales , et nn petit : 
rudiment des glandes Jabiales à l'angle de la bouche. 
2°, Dans le Coluber, le Python, YAmphisbæna qui 
possèdent les quatre glandes salivaires innocentes. : 

3°. Viennent ensuite l'Anguis fragilis et le Trigono- 
céphale : dans le premier il manque la glande labiale 
supérieure ; dans le second il n'existe ni la supérieure 


(Q "1 LP ANR 


ni l’inférieure de ces glandes. Ils n'ont done que trois 
paires. 

«4°. Enfin dans le Typhlops erocotatus elles paraissent 
manquer totalement ou en parlie ; en tout cas elles y sont 
très-imparfaitement développées. 

59, Le volume de ces glandes varie aussi là où elles 
se rencontrent. C’est ce qui résulte déjà de la descrip- 
tion de chacune en particulier; on peut établir comme 
résultat le plus général que les serpens non venimeux 
possèdent des glandes salivaires beaucoup plus volumi- 
neuses que les serpens venimeux; mais les uns et 
les autres offrent des transitions. Parmi les premiers , 
les glandes labiales qui manquent complètement dans 
le Trigonocéphale sont indiquées dans le Vipera berus , 
le Naja , le Crotale , l’'Elaps , et ce qu'il y a d’intéres- 
_ sant iei , c’est que dans l’Elaps les inférieures: sont 
énormes , et les supérieures manquent totalement, tau- 
dis que leur volume est à-peu-près égal dans les deux 
autres -espèces. Dans le Python toutes les glandes sali- 
vaires sont moius développées que dans les serpens 
venimeux qui en sont pourvus ; la glande Jabiale su- 
périeure manque dans l’Anguis, en sorte que ces deux 
espèces de serpens se rapprochent le posés l’autre 
encore sous Ce rapport. da déciai 

(Archiv. fur Anat. und Physiol. ; 1816, 1er cahier, ) 


( 460 3 


Descriprion de deux espèces nouvelles d'oiseaux , 
appartenant aux genres. Mouette et Cormoran ; 


Par M. PayrAuprau. 


. ! 


(Lue à la Société d'Histoire naturelle , séance du 12 mai 1826: } 
Bien que la Corse, par sa position au centre de la 
Méditerranée, ne soit qu'à vingt-cinq lieues des côtes 
d'Italie, et à quarante au plus de celles de France ; au 
milieu , pour ainsi dire , du foyer de la civilisation, elle 
n'en est pas moins restée jusqu’à présent dans un état 
complet d'isolement relativement aux autres nations. 
Cette île-, aujourd’hui partie intégrante de la France, 
nous est aussi peu connue sous les rapports historiques , 
géographiques et statistiques , que sous le point de vue 
de son histoire maturelle, L'on conçoit, dificilement 
qu'aussi rapprochée denous, elle n’ait pas plus tôt piqué la 
curiosité des savans , surtout lorsque des pays beaucoup 
plus éloignés ont.été visités par plusieurs naturalistes , 
que leurs productions diverses et leur constitution géolo- 
gique ont été étudiées ayee soin , et que nous-possédons 
sur ces mêmes pays des connaissances aussi certaines 
que sur ceux qui sont les plus civilisés de l’Europe. Ce 
n’est que depuis peu d’années seulement que la Corse a 
paru mériter, toute, l'attention du gouvernement et des. 
hommes qui cultivent les sciences naturelles. Nous 
sommes redeyables d’une excellente carte géographique: 
de cette île, à MM. d'Hell et Jacotin. M. Gueymard l'a 
explorée en 1820, et comme géologue et comme miné- 
ralogiste. Avant et depuis lors, plusieurs botanistes en, 


L 


| (461 ) 


‘ont fait le théâtre de leurs excursions. La Zoologie seule 
n'avait point été comprise dans les investigations des 
naturalistes ; ce fut pour remplir cette lacune que ÿ’en- 
| trepris vers la fin de 1824 le voyage que je viens de ter- 
miner. Un séjour de plus d’un an m'a mis à même de 
parcourir ce pays dans tous les sens ; de voir. jusqu'au 
moindre village ; d'observer les mœurs, les usages , les 
coutumes de ses habitans ; l’état de l’agriculture , les 
progrès dont elle serait susceptible ; les'avantages que 
cette île peut offrir par sa position soit à notre marine 
marchande ou militaire , en temps de paix et en temps 
de guerre , par la multitude de ses golfes , de ses rades , 
la facilité et la sûreté de leurs mouillages , ou parle 
nombre et la beauté remarquable de ses forêts , capables 
d'alimenter les flottes les plus considérables pendant plu- 
sieurs siècles ; l’on peut même dire qu’elles sont inépui- 
sables , puisque les arbres y croissent avec une extrème 
rapidité et s'y reproduisent, au fur et à mesure qu’on 
les y coupe , ou bien encore par les ‘émpéritages diffé- 
rentes que l’on y trouve , et qui permettraient d'y aecli- 
mater plusieurs espèces d'animaux , d'arbres et de plantes 
“exotiques. Je suis étonné , par exemple, que l’on n'ait 
point songé jusqu'ici à y conduire un troupeau de chèvres 
du Thibet. La garance , l'olivier, le mürier, pourraient 
y être cultivés avec le plus grand succès ; la garance et 
r olivier y sont indigènes ; cet arbre n'a jétnais à à craindre 
dans cette île les rigueurs de l'hiver ; cependant les habi- 
tans, à l’exception de’ ceux de deux cantons, de la 
Balagne et de Bonifacio, ne retirent aucun parti d’un 
aussi grand avantage ; ils ne prennent pas mème la peine 
de le grefler. Le mürier y prospère promptement ; il ne 


(462) 


s’en trouve que dans les jardins. Des essais faits par 
quelques Français de la terre ferme , employés du gou- 
vernement , sur l'éducation des vers-à-soie , et dont les 
résultats n'ont point trompé les espérances, n’ont pu 
servir d'exemple aux Corses et les faire sortir de leur 
léthargie. tx ù fe 

J'ai embrassé dans ce voyage toutes les branches de la 
zoologie. J'ai rapporté environ trois cents espèces de 
mollusques ou d’annelides, dont. plusieurs sont nou- 
velles ; à-peu-près le même nombre d'insectes, parmi 
lesquels il s’en trouve aussi plusieurs nouveaux. J'ai re- 
cueïlli plus de cent cinquante espèces de poissons , cin- 
quante de crustacés , beaucoup de reptiles , de mammi- 
fères , de pétrifications , et deux cent quarante-six es- 
pèces d'oiseaux. J'étais loin, en faisant ce voyage, de 
songer à trouver des choses nouvelles dans cette partie, 
vu la facilité qu'ont la plupart des oiseaux de parcourir 
d'immenses distances , dans un court espace de temps. 
Je compte publier incessamment la relation de mon 
_ voyage, et dès à présent je crois’utile de faire connaître 
deux espèces nouvelles assez remarquables. L'une ap- 
partient au genre Mouette, et la seconde au genre 
Cormoran. 


La Mourrre d'Aunouis , Larus Audouinii. 


Capite, collo, pectore , lateribus, ventre, abdomine, uropygio caudä- 
que candidis ; dorso, scapulariis , alarum tectricibus et parvis remi- 
gibus ex griseo cærulescentibus ; maximis remigibus nigris apice albis , 
prima exceptà intùs albâ ex maculà ; rostro rubro duabus fasciis trans- 
yersis nigris lineato ; palpebris aureis ; pedibus nigris. 


La tête, le cou, la poitrine, le ventre , les flancs, 
l'abdemen , le croupion et la queue sont d’un blanc pur; 


— 


les grandes rémiges sont noires et terminées par la 
même couleur avec une tache semblable sur les barbes 
intérieures de la première ; le dos, les scapulaires , jes 
couvertures des ailes et les rémiges secondaires sont d’un 
cendré bleuàtre; les ailes pliées dépassent, de trois 
pouces , le bout de la queue ; le bec est d’un rouge foncé 
portant deux lignes noires en travers ; le bord des pau- 
_pières est d’une nuance orangée ; les pieds sont noirs ; 
les tarses mesurent deux pouces; la longueur totale, 
depuis la pointe du bec jusqu’à l'extrémité de la queue, 


ve est de dix-huit pouces. Tels sont le mâle et la femelle 


au plumage d'été. La livrée d'hiver ne m'est point con- 
nue; je pense, si elle présente quelques différences , 
qu'elles doivent être fort légères. 

_ Cette espèce est assez abondante sur les côtes de la 
Sardaigne et de la Corse ; particulièrement dans ce der- 
nier pays vers la partie méridionale , sur les golfes de 
Valinco , de Figari , de Venulegne ; de Santa-Manza ,— 

- de Porto-Vecchio et aux îles de Cibricagli ; de Cavallo, 
de la Vezi et de la Magdelaine , situées en face de Porto- : 
Vecchio , et à l'entrée des bouches de Bonifacio. L'ap- 
pareil du vol était très-développé chez cette Mouette 
comme chez ses congénères ; il est permis de supposer 
et de croire qu'elle n’habite pas seulement les lieux que 
je viens de citer, qu’elle visite aussi toutes les côtes de 
la Méditerranée , et peut-être celles de l’Afrique oc- 
cidentale. à | 
Elle se nourrit. de poissons , de mollusques. et de 
crustacés. | .* 
La femelle dépose ses œufs sur les rochers des bords 
. dela mer, sur quelques plumes et brins d'herbes sèches ; 


(4647 
ils sont au nombre de trois ou quatre , et varient pour 
Ja couleur : tantôt ils sont d’un blanc jaunâtre ou ver- 
dâtre, et parsemés de brun; tantôt d’un blanc pur, 
bleuâtre ou verdâtre , sans taches. 

Les jeunes de cette Mouette , peu de jours dd être 
éclos, ont le duvet blanchâtre semé de brun sur les par- 
ties supérieures ; le dessus , les côtés de la tête et le des- 

sous de la gorge présentent plusieurs taches noires ; le 
= bec est de cette couleur, à l'exception de Pextrémité qui 
est rougeûtre ; les pieds sont noirs. | 

Je dédie cette espèce à mon excellent ami, M. Au- 
douin. 


1] 


Le Cormoran de Deswanesr , Carbo Desmarestii. 


Toto corpore nigro-virescente ; capite non cristato ; membranä gut- 
turale luteà ; pedibus flavis; rostro tenui, fusco, a commissurà duo 
pollices ; ab acumine rostri ad extremum caudæ duopedes et sexdecem 
lineas ; rectricibus quatuordecim. ( Mas. ) 

Femina , supernè fusco-viridi albidoque variegatà ; infernè albà. 


Le plumage entier du mâle est d’un noir verdâtre sans 
aucun indice de huppe ; les pieds sont jaunes ; la poche 
gutrurale est de cette couleur ; le bec a deux pouces de- 
puis la commissure des deux mandibules jusqu'à la 
pointe ; la longueur totale du bout du bec à l'extrémité 
de la queue est de deux pieds seize lignes ; les rectrices 
sont au nombre de quatorze. | 

La femelle a les parties supérieures variées s de brun 
verdâtre et de blanchâtre ; toutes les parties inférieures 
sont d’un blanc pur. 

Ce Cormoran habite les côtes de la Sardaigne , des îles 


. d'Elbe , de Monte-Christo , de Capraïca et de la Corse ; 


(465 ) 

mais plus abondant aux environs des îlots de Cibricagli, 
de Cavallo , de la Vezi, de la Magdelaine que partout 
ailleurs. On le voit le plus souvent par troupes de quinze 
à vingt posés sur les rochers qui s'élèvent de quelques 
pieds au-dessus de la surface de la mer. Il est sédentaire. 

Sa nourriture PANIER principalement en poissons ; 
il recherche aussi les petits crustacés et les mollusques. 

La propagation m’ést inconnue. 

Je dédie cette espèce à M. Desmarest , dont les nom- 
breux travaux contribuent si puissamment, chaque jour, 
aux progrès des sciences naturelles. 


FIN DU HUITIÈME VOLUME. 


Pi 


TABLE 


PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES 


CONTENUS DANS CE VOLUME. 


2 


PL. 19 et 20. Organes sécréteurs des insectes. 

PL. 21. Divers organes d'insectes. 

PL. 22, 23. Carte et coupes géologiques FA environs de Château - Lan- 
don. 

PI, 24 Anatomie comparée des Graminées. 

PI. 25. Rapports de position du calcaire , du granit et de l’arkose près 

= d’Aubenas. 

PI. 26. Analyse de la fleur de diverses Véroniques. 

PL. 27. Analyse de la fleur de divers es de Personées et de Rhinan- 
tacées. 

PL. 28. Trilobites. 

PL. 29. Corps organisés fossiles qui aboli dgnintt les Trilobites, et 


mme 


coupe des terrains qui les renferment. rs 

PI. 30. Formes nouvelles de chaux carbonatée et d’argent sulfuré. 

PI. 31. Anatomie du système nerveux de la tête et du cou et des muscles 
de la face chez l’homme. 

PI. 32, 33. Altérations diverses de la physionomie humaine. 

PL. 34. Coquilles fossiles du grès bigarré. 

PL. 35, fig. r. Benzezia Lanucinosa. Fig. 2, BRUNIA PINIFOLIA4 

PL. 36, fig. 1. Brunix xoD1FLORA. Fig. 2. STAAVIA RADIATA. 

PL 37, fig. 1. Raspazra micropaycra. Fig. 2. BeRARDIA PALEACEA, 
Fig. 3. LINCONIA ALOPECURO1DEA. | | 

PL 38, fig. 1. AuourniA capiTATA. Fig. 2, FiTrmanNtA LATERIFLORA. 
Fig. 3. THAMNEA UN'FLORA. 


PL. 39. Daim fossile d'Irlande. 


FIN DE LA TABLE DES PLANCHES, 


TABLE MÉTHODIQUE 
DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE VOLIME. 


ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE, ZOOLOGIE. 


Essais anatomiques et physiologiques sur la Physionomie ; par 
Charles Bell. 

Mémoire sur l’Absorption ; par David barty * 

Additions au Mémoire de M. Girou de Buzareingues , sur l’In- 
fluence que le père et la mère exercent dans la reproduction des 
sexes. 

. Mémoire sur les Glandes de la tête des Serpens ; par J.4F, Mec- 

kel. 

” Recherches anatomiques sur les Carabiques et sur plusieurs autres 
Tusectes coléoptères ; ; par M. Léon Dufour. (Suite et fin. ) 
Observations sur la Làrvé du Æipiphorus bimaculatus ; par 

M. Farines 

Remarques sur quelques Oiseaux pélagiens , et particulièrement 
sur les Albatros ; par M. Marion de Procé. 

Description de deux espèces nouvelles d'Oiseaux appartenant aux 
genrés Mouette et Cormoran ; par M. Payraudear. 

Nôte sur la Natüralisation dé la Cochenille en Espagne : à par 
. M. le colonel Bory de Saint-Vincent. 

Description du Squelette du Daim fossile d'Irlande ( Cervns me- 
gaceros ), du Muséum de la Société ie” de Dublin; par 
John Part. 

- Extrait du Rapport de M. Villermé sur le Mouvement de la popu- 

lation dans la ville de Paris. 


ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE , BOTANIQUE, 
\ 


Considérations sur la Production des Hybrides, des Variantes et 
des Variétés en général , et sur celles de la famille des Cucurbi- 
tacées en particulier ; par M, Sageret. 


Pages. 


423 


une 
De 


(468 ) 


Sur la Structure de l'Ovule antérieurement à l’imprégnation dans 
- les plantes phanérogames , et sur la Fleur femelle des Gycadées 
et des Conifères ; par M. Robert Brown. L 

Réponse à la Note sur les Graminées de M. J. J. C. de hs Harpé, 
insérée dans le numéro de septembre 1825; par M. Raspail. 

Considérations générales sur le genre Veronica et sur quelques 
. genres des familles ou sections voisines ; par M. Aug. Duvau. 

Mémoire sur la famille des Bruniacées ; ; par M. Adolphe Bron- 
gniart. 

Recherches sur les Plantes trouvées dans les tombeaux égyptiens 

… par M. Passalacqua ; par M. Kunth. 

Etat. de la Végétation au sommet du pie du midi de Bagnères ; par 

. M. le baron Ramond, ( Extrait.) | 


GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. 

Itinéraire géognostique de Fontainebleau à Château-Landon , et 
Coniposition du sol de la plaine de Château-Landon ; par M, le 
vicomte Héricart Ferrand , Docteur en médecine. 

Notice sur le terrain d'Alençon et de ses environs; par M. He- 
rault , Ingénieur en chef au corps royal des mines, 

Note sur la prétendue Mine d’étain de Ségur ; par M. Brard. 

De l’Arkose. Caractères minéralogiques et géologiques de cette 
roche ; par M. Alexandre Brongniart. 

Quelques Observations sur les Trilobites et leurs Gisemens ; par. 
M. le comte de Rasoumowsky.. 

Mémoire sur de nouvelles variétés de Chaux carbonatée et d'Ar- 
gent sulfuré du Mexique ; par M. S. de Bustamente, 

Sur quelqües Fossiles du grès bigarré ; par M. Gaillardot , D.-M. 

Notice sur l’Hétérosite , l'Hureaulite (fer et manganèse phospha- 
tés), et sur quelques Minéraux du Réportenne de la Haute-” 
Vienne ; par M. Aliuaud. 

Sur la Bustamite , bisilicate de manganèse et de chaux du Mexi- 
que; par M. Alexandre Brongniart. 


VARIÉTÉS. 


Extrait du Programme des Prix proposés par l'Académie des 
Sciences pour les années 1827 et 1828. 


FIN DE LA TABLE DES-MATIÈRES, 


Pages: 


211 


6": 


163 


357 
418 


96 


54 


107- 


XII 
113 


186 


205 


334 


gra 


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