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ANNALES
DES
SCIENCES NATURELLES.
SA
SECONDE SÉRIE
TOME XIV.
IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD,
RUK GARANCIFRE, N.
Es
J.
fn,
7 7!
(COMPRENANT
LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE,
_ L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES,
ET L’HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ;
POUR LA ZOOLOGIE
PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS,
ET POUR LA BOTANIQUE
PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN.
Geconde Beérie,
TOME QUATORZIÈME. — BOTANIQUE.
PARIS.
FORTIN, MASSON & C*, LIBRAIRES-ÉDITEURS,
PLAGE DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE ; Ne 1,
1840.
«-
02
“ANNALES
SCIENCES NATURELLES.
PARTIE BOTANIQUE.
VorDISmrie:910 1000100810 18100818000900 107810090608 1210010 200600185809 1@ 18:208 1
Sur un genre nouveau de l’ordre des Pyrenomycetes,
J. B. H. J. DESMAZIÈRES.
Depuis que les études microscopiques sont venues répandre
une vive et nouvelle lumière sur l’organisation des plantes
Cryptogames , un grand nombre de genres appartenant à cette
classe d'êtres, ont éprouvé des modifications importantes, soit
dans les caractères qu'on leur attribuait, soit dans les espèces
que l’on y avait abusivement introduites. Au milieu de ces heu-
reux bouleversemens d’une nomenclature basée sur des obser-
vations vagues et incertaines, le genre Sphæria , vaste gouffre
où l’on a entassé les espèces les plus incohérentes, attend en-
core une révision complète, désirée par tous les mycétologues
qui placent au premier rang des caractères, ceux fournis par
les organes de la reproduction. Beaucoup de Sphéries, en effet,
sont dépourvues de thèques, et la conformation de la sporidie
est tellement variable dans ce groupe, qu’elle peut offrir de
bonnes distinctions génériques, d’autant plus utiles qu'elles
rendraient moins difficile l'étude d’un genre où l’on compte
aujourd’hui plus de mille espèces.
Nous ne croyons pas, toutefois, que le remaniement général
du genre Sphæria puisse être entrepris avec succès par un seul
cryptogamiste, parce qu’il faudrait non-seulement qu'il possédäât
toutes les espèces connues , mais encore parce qu'il serait indis-
. >,
6 3.8. nrsmazières. — Nouveau genre de Pyrénomycetes.
pensable que ces espèces fussent dans un état de développement
qui permit d'y observer les organes générateurs parvenus à leur
maturité, condition nécessaire pour en constater les formes
et les dimensions relatives avec quelque précision. Mais si ce
travail considérable et hérissé de grandes difficultés ne peut
être le résultat des veilles d’un seul observateur, on peut au
moins espérer de le voir se compléter peu-à-peu par la réunion
des recherches particulières entreprises par les savans qui re-
connaissent l'utilité du microscope et savent se servir de cet
instrument dans l'étude du genre qui nous occupe. Cest ainsi
que, dans ces derniers temps, on a créé au dépens des Sphæria,
les genres Sarcothecium , Diplodia, Discosia, etc., genres que
nous croyons devoir être adoptés, et auxquels viendront se
joindre plusieurs autres, non-seulement par l'examen appro-
fondi des espèces anciennement connues, mais encore par
celui des espèces nouvelles ou à découvrir, que l'on ne se
contente plus, comme autrefois, de décrire et distinguer en
saisissant seulement leurs caracteres extérieurs.
Croyant utile à la science de signaler à notre tour, une Sphérie
illégitime mentionnée par le savant auteur de l'Z/enchus fungo-
rum, nous créons le genre Dilophospora, pour la Sphæria Alo-
pecuri que nous avons eu occasion d'étudier sur un grand
nombre d'échantillons récoltés pour la vingt-deuxième livraison
de notre collection cryptogamique. Voici ses caractères :
Dicopxospora Nob.
CHar. GEN. Perithecium rotundatum, clausum , ostiolo perfo-
ratum. Asci nulli. Sporidia cylindrica, utrinque appendicibus
filiformibus radiato-coronata.
Dilophospora Graminis Nob. : peritheciis minutis, crustâ nigricante
tectis , seriatis, subconnatis, globosis , in stromate, albo immersis ; ostiolis
punctiformbus atris, disco niveo positis,
Sphæria Alopecuri Fries, Elench. fung. 2, p. gt. — Duby,
Bot. Gall. 2, p. 694.
Habitat in vaginä et glumä Graminum.
J. B. DESMAZIÈRES. — /Vouveau genre de Pyrénomycetes. 7
Nous devons la découverte de cette Pyrénomycete intéres-
saute au D' Guépin, d'Angers, qui la communiqua à M. Fries
comme à nous. Depuis lors, elle fut observée dans les environs
de Caen, par M. Roberge, qui nous l’adressa sur un Ægrostis
et sur l’Æ/opecurus agrestis. MM. Fries et Duby, en la plaçant
dans le genre Sphæria , ont gardé le silence sur ses organes re-
producteurs dont ils paraissent avoir négligé l'étude. Ces or-
ganes présentent pourtant des caractères si particuliers et si
tranchés, que nous n’avons pas hésité à les considérer comme
devant servir de base au genre que nous établissons. Le Dilo-
phospora Graminis, en effet, est dépourvu de thèques et
présente des sporidies cylindriques, couronnées, à chaque ex-
trémité, par trois filets (rarement deux), divergens, quelquefois
simples, mais plus souvent fourchus une ou deux fois. Ces
appendices filiformes figurent deux aigrettes qui ont chacune
pour auteur le quart ou le tiers de la sporidie dont la longueur
totale est de 35 de millimètre environ. Les sporules au nombre
de quatre à six, sont unisériées, globuleuses et opaques. Les
périthéciums sont enfoncés dans une sorte de stroma blanc,
presque pulvérulent, et recouvert par l’épiderme épaissi et
noirci de la plante. Ils sont globuleux, d’un demi-millimètre de
grosseur et disposés en une ou deux séries dans chaque strie
longitudinale du support. Leur substance interne est d’un gris
foncé , mais si on l’humecte lorsque les périthéciums sont coupés
transversalement, elle se gonfle en se pénétrant de l’eau, et
paraît alors gélatineuse et d’un blanc grisâtre. L’ostiole est punc-
tiforme et noir, presque toujours entouré d’une très petite tache
blanche fort apparente.
Cette espèce se trouve, en été et en automne, non, comme
on l’a dit, sur le chaume de /’4lopecurus, mais sur la gaîne de
sa feuille supérieure, et même sur les glumes de son épi qu’elle
déforme en arrêtant son développpement. Elle croît aussi sur les
Agrostis, V'Holcus mollis et le seigle.
EXPLICATION DES FIGURES.
Pranose 1, Fig. 2. a. Dilophospora Graminis, vu à la loupe.
b. Une coupe horizontale des périthéciums, vue à la loupe.
c. Sporidies au grossissement de 800.
8 _ J. B. DESMAZIERES. — Cryptogames nouvelles.
Norice sur quelques Cryptogames inédites ou nouvelles pour
la Flore de France ,
Par J. B. H. J. DESMAZIÈRES.
CONIOMYCETES.
Sporidesmium foliicolum Nob. : acervulis hypogenis , approximatis
distinctis, punctiformibus, demüm effusis; sporidiüis atris, semi-opacis , sessi-
libus, majusculis, oblongis , ovoideis vel globosis , transversè septatis et longitu-
dinaliter cellulosis.
Hab. in folüs Quercüs.
Nous avons observé ce Sporidesmium à la face inférieure des
feuilles mourantes du chéne encore attachées à l'arbre. Il naît
sous l’épiderme et se montre au dehors sous l’apparence de
tubercules noirs, extraordinairement petits, qui, par leur rap-
prochement, forment sur toute la surface de la feuille, plusieurs
taches d’un noir mat, plus ou moins grandes et de figures di-
verses. Les tubercules sont formés par l’agglomération de
sporidies sessiles, semi-opaques, oblongues, pyriformes, ovoides
ou globuleuses. Il en est qui ont 5 de millimètre et d’autres
qui n’atteignent pas la moitié de cette dimension; mais quelles
que soient leur grosseur et leur forme , elles sont toutes divisées
transversalement par un, deux, trois et même quatre cloisons,
formant des loges ou cellules presque toujours divisées elles-
mêmes par des cloisons perpendiculaires plus ou moins nom-
breuses. Il résulte de cette organisation , que la sporidie paraît
formée d’un assez grand nombre de cellules irrégulières, réunies
les unes contre les autres. Nous en avons compté jusqu’à douze
et quinze dans les plus fortes sporidies.
Observation. On remarque presque toujours avec cette Co-
niomycete “des taches d’un gris blanchätre, composées d’une
sorte de duvet pulvérulent : quoique nous n’ayons pu pénétrer
1, B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames nouvelles. 9
dans l’organisation de cette production, et que nous ignorions
même sa nature, nous pensons qu'elle n'appartient aucunement
à notre Sporidesmium.
HYPHOMYCÉTES.
Helminthosporium Pyrorum , Lib. Crypt. Arden.
Nous avons observé plusieurs fois cette espèce, en automne,
sur les deux faces des feuilles du Poirier. Elle y forme de petites
taches, souvent orbiculaires, d’un brun olivâtre. Ses filamens
sont simples, courts et comme noueux, ou paraissant marqués
des places où étaient attachées les sporidies. Celles-ci sont ovales-
oblongues, presque terminées en pointe, et contiennent deux
à quatre sporules globuleuses, très petites. La longueur des
sporidies n’excède pas 3 de millimètre, et leur couleur olive
est plus claire que celle des filamens.
GASTEROMYCETES s TRICHODI:RMACÆE.
Ægerita perpusilla Nob. : candida, minutissima, conferta, granuli-
formis, globosa vel ovoidea ; sporulis hyalinis, inæqualibus, globosis, ovoideis,
pyriformibus vel difformibus.
Eab. ad ligna putrida.
_ … Cette Egérite ne peut être bien distinguée qu’à la loupe : c’est
à peine si ses plus gros péridiums ont + de millimètre; la plupart
d’entre eux sont encore beaucoup plus petits. Ils sont presque
globuleux ou ovoides, d’un blanc de neige, ramassés mais dis-
tincts. La grosseur des sporules varie de + à + de milli-
métre environ. Elles sont complètement hyalines, sphériques,
ovoides , pyriformes ou plutôt munies d’un petit prolongement
qui les fait paraître comme pédicellées. Ce prolongement est
quelquefois courbé de manière à rendre la sporule presque dif-
orme. Nous avons observé cette espèce sur des vieilles poutres
exposées à l'humidité.
10 J. B. DESMAZIÈRES. — Cry ptogames nouvelles.
EXPLICATION DES FIGURES.
Prancue 1, Fig. 3. a. Ægerita perpusilla , de grandeur naturelle,
ë. Péridiums , vus à la loupe.
e. Sporules , vues au microsenpe.
PYRENOMYCETES.
Depazea Petroselini Nob.: epiphylla ; maculis rotundatis vel indeter-
miuatis, albicantibus ; peritheciis sparsis, punctüiformibus , fusco-nigris ; ascel-
lis linearibus, + millimetro longis ; sporulis 7-10 , globosis, opacis.
Hab. in foliis languescentibus Apu Petroselin.
Cette espèce se trouve, en été, dans nos jardins, à la face
supérieure des feuilles languissantes du Persil.
Asteroma Loniceræ Nob. : epiphylla, atra, rotunda , maculæformis
fibrilis distincus in ambitu radiatis ; cellulis minutissimis centralibus.
Hab. in‘foluis emortuis Loniceræ.
Ses taches , d’un noir mat, sont orbiculaires, de trois à cinq
millimètres de diamètre, éparses à la face supérieure des feuilles
mortes et tombées des Lonicera ; elles offrent au centre de très
petites cellules peu visibles à la loupe, et sur les bords des fi-
brilles rayonnantes qui, par leur nodulosité, semblent porter
elles-mêmes des cellules peu développées. L'AÆsteroma Cratægi
( Actinonema, Pers.) est celui qui, quoique distinct, ressemble
le plus à notre espèce.
Dothidea Robergei Nob.: cpiphylla, globulosa, minutissima, approxi-
mata, nigra, Opaca, pilosa.
Hab. ad folia viva Gerann rotundifolii.
Cette espèce se développe à la face supérieure des feuilles
vivantes ou mourantes du Geranium rotundifolium. Elle a été
observée, en décembre 1839, dans les champs ombragés des
environs de Caen, par M. Roberge à qui nous la dédions. Il ne
faut pas la confondre avec le Dothidea Geranii, ou avec le
Dothidea Robertiani. Par ces réceptacles ou cellules simples,
1. B. DESMAZIÈRES. — Cryptogames nouvelles. II
épiphylles et hérissés de poils noirs, elle a de grands rapports
avec le Dothidea Chæœtomium , et surtout avec le Dothidea Po-
tentillæ. Elle se distingue principalement du premier par l’ex-
trême petitesse de ses loges, et du second par leur disposition
en petits groupes, quoiqu'elles soient encore assez écartées entre
elles. Ces groupes sont répandus sur toute la surface de la feuille.
Nous avons remarqué que les sporidies, qui sont presque pyri-
formes et biloculaires dans l’une comme dans l’autre espèce,
sont un peu plus allongées dans le Dothidea Potentillæ.
Phacidiunm Medicaginis , Lib. Crypt. Arden.
Cette espèce intéressante et nouvelle pour la Flore Française,
se développe, en automne, sur la face supérieure des feuilles
mourantes des Medicaso sativa et Willdenowi. Elle offre de
petites taches brunes et orbiculaires, au centre desquels se
trouve un seul périthécium brun, qui n’a pas plus d'un demi-
millimètre de grosseur, et qui s'ouvre en trois ou quatre valves.
Son disque est plane, assez pâle; ses thèques sont en massue;
elles ont -; de milhimètre de longueur environ, et renferment
six à huit sporidies hyalines et ovoides, qui n’ont pas plus de 5:
de millimètre de diamètre.
HYMENOMYGETES,
Mitrula cucullata , var. a, Abietis, Fr. Epic.
Elvella cucullata , Batsch, Elench. — Clavaria ferruginea Sow. Engl.
fung. — Mitrula Heyderi Pers. Disp. — Horn. FI. dan. — ZLeotia Mitrula
Pers. Syn. fung., Icon. pict. et Myc. Eur. — Grev. Scott. crypt. fl. — MWitrula
Heyderia Abietis Fr. Syst. myc.—Geoslossum cucullatum, a, Fr. Elench.—
Berk. Brit. fung.
Dans toute la longue synonymie que nous venons d'exposer,
on ne trouve pas cités les auteurs de Flores de France; c’est
qu'en effet, ce joli petit champignon, que nous allons publier
dans notre collection cryptogamique, n’avait pas encore été
trouvé dans le royaume. Nous l’avons observé aux environs de
12 T. B. DESMAZIÈRES. — Cryplogames nouvelles.
Doux, en automne, dans des plantations de sapins, et M: Ro-
berge l’a aussi recueilli, près de Caen, sur les feuilles du même
arbre, tombées à terre, et même sur de très petits rameaux
mêlés à ces feuilles. Quel que soit son support, il nait en groupes
peu serrés. Son pédicule de couleur brune, tirant sur celle de
la canelle, est courbé et souvent rampant à sa base. 1l adhère
aux feuilles par des filamens en duvet laineux et jaunâtre s’éle-
vant quelquefois jusqu’à la moitié et même aux deux tiers de
sa hauteur, qui varie de cinq à quinze millimètres. Il n’est pas
rare de trouver les pédicelles accolés deux à deux par leur base.
Le chapeau est charnu, conique ovoide ou un peu arrondi,
réfléchi en ses bords qui entourent très étroitement le pédicelle,
et quelquefois marqué d’un sillon. Il à ordinairement cinq à sept
millimètres de hauteur, sur trois millimètres environ de largeur;
sa couleur est un peu plus pâle que celle du pédicelle, c'est-à-
dire canelle tirant sur le jaune. Les thèques sont linéaires,
de +; de millimètre de longueur, et contiennent des sporidies
oblongues, étroites, arquées, qui n'ont pas plus de +5 de mil-
limètre de longueur. D’après ce caractère des sporidies, nous
déclarons comme fautive, la figure 3 de la table 81 du Scottish
cryptogamic flora , où sont représentées des sporidies globu-
leuses, et lon s’étonnera péniblement qu'un auteur conscien-
cieux, comme M. Greville, se soit décidé à figurer ce qu'il n’a
pu voir.
Peziza Caricis Nob. : sparsa, stipitata , minutissima, extüs griseo-
tomentosa, globosa, humida , cxpansa, hemisphærica ; disco planiusculo sub-
aurantiaco.
Hab. in fois Caricis. Vere.
Cette jolie petite Pézize appartient à la série des Lachnea
(Dasyscyphæ stipitatæ) du Systema mycologicum. Elle croit
éparse sur les feuilles sèches des Carex, quelquefois sur leur
face supérieure, quelquefois et même plus abondamment sur
leur face inférieure. Son pédicelle qui n’a pas plus de + de milli-
mètre de longueur, est grêle et couvert d'un duvet d’un blanc
grisätre. La cupuie, presque globuleuse quand la plante est
sèche, a exactement la forme d’une coupe lorsquelle est humide.
2]
J. B. DESMAZIÈRES. — Cryptogames nouvelles. 19
Elle est aussi couverte à l'extérieur de petits poils semblables à
ceux du pédicelle; son disque est d’un beau jaune d’or foncé et
n’a pas, dans son plus grand développement, plus d'un demi-
miilimètre de diamètre.
Peziza venustula Nob,. : sessilis, gregaria , superficialis, minutissima ,
globoso-applanata , tomentosa, nivea, sicca , subclausa , humida; disco aperto
albo.
Hab. in ramis exsiccatis Aceris Negundinis.
Cette espèce se trouve en automne, sur les branches et les
rameaux secs de l’Æcer Negundo. Ses cupules, qui n’ont pas plus
d’un quart de millimètre, sont superficielles, agglomérées, ses-
siles , recouvertes par un duvet serré d'un blanc de neige. Elles
ne s’ouvrent que lorsqu'elles sont humides et laissent voir alors
un disque blanc; leur forme est ordinairement globuleuse, un
peu aplatie, mais lorsqu'elles sont très rapprochées elles se
compriment et deviennent anguleuses.
De toutes les Pézizes appartenant à la section des Dasyscyphæ
sessiles, les Peziza punctiformis Fr.-et villosa Pers. sont les
seules espèces avec lesquelles le pétit fungus qui nous occupe
peut être comparé. Il diffère de la première, qui se développe
sur les feuilles pourries , non-seulement par cet habitat, mais
encore en ce qu'il n'est pas aussi fugace et qu'il ne reste pas
fermé dans les temps humides, et de la seconde , aussi par lha-
bitat, par les cupules un peu plus petites, constamment agré-
gées et parfaitement sessiles, tandis que l’on observe un rudiment
de pédicelle dans le Peziza villosa. M" Libert a publié un Pezza
Æspidis qui a encore quelque rapport avec notre espèce, mais
la plante ardennoise est beaucoup plus petite, très éparse, et se
développe sur les feuilles de l’'Æspidium aculeatum.
14 NAUDIN. — Bourgeons nés sur le Drosera intermedia.
_.
Note sur des bourgeons nés sur une feuille de Drosera
intermedlia ,
Par M. Naupin.
Telle est la mobilité du tissu des végétaux, qu'on voit tous les
jours sous l'influence des causes les plus légères, des organes
changer de nature et de destination. Ces métamorphoses s’ob-
servent surtout dans la série des organes appendiculaires qui
peuvent, avec la plus grande facilité, se substituer les uns aux
autres; mais il est beaucoup plus rare de voir cet échange de
fonctions s’effectuer entre les parties du système appendiculaire
et celles du système axile. Depuis long-temps déjà, d’habiles
botanistes ont signalé l’apparition de tiges ou de bourgeons se
développant sur des feuilles; ils ont montré même que, dans
certaines espèces, on pouvait reproduire ce phénomène artifi-
ciellement. Toutefois, les observations de ce genre sont encore
peu nombreuses, et après ce que l’on sait déjà sur ce sujet,
peut-être ne sera-t-il pas sans intérêt de citer une anomalie de ce
genre, que nous a offerte, à M. Auguste de Saint-Hilaire et à
moi, un pied de Drosera intermedia.
Une des feuilles de cette plante présentait à la face supérieure
de son limbe, deux Droseras en miniature qui s’élevaient de son
tissu entre sa nervure moyenne et l’un de ses bords; ils étaient
éloignés l’un de l’autre d’une ligne et demie environ. Hauts tous
deux de 5 à 6 lignes, ils offraient un caractère fort remarquable;
ils étaient caulescens, et différaient beaucoup, par conséquent,
de la plante-mère, qui, comme toutes celles de son espèce,
avait ses feuilles fort rapprochées et disposées en rosette autour
d’une tige fort courte. La face inférieure de la feuille-mère était
parfaitement intacte; cependant, au-dessous de l’une des petites
tiges qu'elle avait produites, elle présentait un point noirâtre
où l'on n’apercevait, du reste, aucune racine. Mais, en exami-
nant avec attention la face supérieure de cette même feuille,
NAUDIN, — Bourgeons nés sur le Drosera intermedia. 19
jaicru voir un déchirement dans l'épiderme, aux points où
les tiges en miniature sortaient du tissu, particularité que je
n'oserais toutefois donner comme certaine, n’ayant eu, au mo-
ment où Je faisais cette observation, qu’une simple loupe pour
la constater. Sur l’un et l’autre de nos petits Droseras, on voyait
plusieurs feuilles entièrement développées, qui ne différaient
des feuilles adultes d’un Drosera ordinaire que par leur dimen-
sion, proportionnées qu'elles étaient aux tiges qui leur avaient
donné naissance.
Comme aucune des feuilles ne ressemblait à un cotylédon,
on ne pourrait guère supposer que les tiges qui les supportaient
fussent le résultat de deux graines qui auraient germé sur une
feuille et y auraient implanté leurs racines.
Ayant examiné au microscope les feuilles du Drosera inter-
media, je les aï trouvées presque uniquement formées d’un tissu
cellulaire assez lâche, où l’on distinguait à peine une nervure
médiane qui ne m'a pas paru se ramifier dans le parenchyme.
J'ai vu distinctement ce tissu formé de cellules allongées, don-
ner, par extension, naissance à ces poils glanduhfères qui re-
couvrent la face supérieure des feuilles et qui, surtout, en cou-
ronnent les bords comme une frange. Je crois donc que les petits
Droseras émanaient uniquement du tissu cellulaire, sans com-
muniquer directement avec les vaisseaux de la feuille.
Si cette opinion est fondée, on aperçoit quelques points de
ressemblance entre la belle observation de M. Turpin sur l’Or-
nithogalum thyrsoides et celle qui fait le sujet de cette note.
Toutefois, une circonstance me reste à expliquer, savoir : le
caractère de caulescence qu’avaient revêtu ces deux petites
plantes. Le Drosera intermedia n'offrirait-il pas, à son premier
âge, une petite tige qui, bientôt, cessant de s’allonger, se cou-
ronnerait de feuilles étalées en rosette; tandis que sa partie
inférieure, cachée par les plantes voisines, plus souvent noyée
dans l’eau des marais, se dépouillerait successivement de ses
feuilles ponr n’offrir bientôt que l'aspect d’un rhizome? Je n’ai
pas vu croître de Droseras; mais, ce qui tendrait à me faire
penser que l'explication que je viens de donner n’est pas sans
fondement, c’est que la partie située immédiatement au-dessus
16 NaupbiN. — Bourgeons nés sur le Drosera intermedia.
des racines, porte de petites écailles alternes qui probablement
sont des feuilles rudimentaires ou peut-être des débris de feuilles
véritables, et par conséquent la plante, dans son origine , aurait
été caulescente comme les deux petits individus dont j'ai donné
la description.
EXPLICATION DES FIGURES.
Prancse 1, Fig. 1. Feuille de Drosera intermedia , couverte de bourgeons à divers états de
vrandeur, légèrement grossie.
ÉTUDES PHYTOLOGIQUES,
Par M. le comte DE TRISTAN.
Premier Memoire.
De la nature des tissus végétaux.
1. La nature d’une chose est ce qui fait qu’elle est cette chose
et non une autre. Cette nature est donc déterminée par cer-
taines conditions qu'on peut appeler ses caractères propres.
Cependant on reconnait qu'une chose peut se modifier sans
cesser d’être elle-même : on doit donc penser alors que le sujet
est susceptible de deux sortes d’accidens, les accidens essentiels
ou caractères propres qui déterminent la nature de la chose,
et les accidens secondaires qui peuvent changer sans que la
nature change.
2. Malgré ces définitions qui paraissent assez précises , il faut
convenir que cette expression, nature d’une chose , est souvent
indéterminée, et qu’elle dépend du point de vue où l’on se
place, de l'étendue du genre de considération auquel on se livre.
Ainsi, si je considère seulement des vases formés de diverses
terres cuites , je dirai que tel n’est pas de même nature que tel
autre, parce que le premier est de porcelaine et le second d’ar-°
ct DE TRISTAN. — Mature des tissus végétaux. 17
gile grossière ; mais si outre ces vases il y en a de divers métaux,
et que j'envisage toute la collection, je regarderai le vase de
porcelaine et le vase de terre comme étant de la même nature,
terre cuite, et les autres comme étant d’une autre nature, métal.
3. Il est reconnu que bien des choses peuvent changer de
nature. Ainsi un animal a pour caractère essentiel de jouir de la
vie : il vient à mourir, à proprement parler, il n'est plus un
animal, et si on lui donne encore ce nom, c'est qu'un animal
mort ressemble à un animal endormi; mais bientôt il devient
une masse informe et corrompue, et son ancien nom ne peut
plus lui être appliqué.
4. En général, quand une chose change, il est assez difficile
et souvent arbitraire de dire si elle éprouve un changement de
nature ou une simple modification qui n’affecte que des carac-
tères secondaires; car en effet, dans bien des cas, il n’est pas
aisé de déterminer ce qui doit être regardé comme caractère
essentiel ou comme caractère secondaire. Cependant si le chan-
gement est produit par des causes qui tiennent à la chose même,
qui sont en elle, au moins en principe, dès son origine, alors
ce changement ne peut être considéré que comme une modifi-
cation et un développement, quelque graves que soient les dif-
férences. Ainsi une Grenouille est de même nature qu’un têtard
de Grenouilie, un Papillon est de même nature qu’une Che-
nille. Il n’en serait pas de même, si la cause du changement
était étrangere à la chose : alors on retomberait dans les diffi-
cultés que j'ai indiquées, et dans l'embarras de savoir si le ca-
ractère changé , remplacé par un autre, déterminait la nature
de la chose et lui était essentiel.
. Mais il est encore assez facile d’asseoir son opinion, si les
objets qu’on compare ne se sont pas succédés, si l’un n’a jamais
été semblable à ce qu'est l’autre, ou si dès leur origine il existe
entre eux des différences qui laissent des traces ineffaçables, ou
bien encore si l’origine même est différente. Alors on n’a plus
à avoir égard qu’au point de vue d’où l’on se place ; et si les
différences dont il est question sont relatives à l’ordre de chose
que l’on considère, on pourra prononcer avec quelque assu-
rance que ces objets ne sont pas de la même nature.
XIV. Boran. — Juillet. 2
18 C'® DE TRISTAN, — ÂValure des tissus végétaux.
6.,Ces réflexions arrivent immédiatement au sujet que. je
traite. Des observateurs, et. M. de Mirbel à leur tête, ont
pensé que les organes élémentaires des végétaux, quelque. va-
riés qu’ils fussent dans une même plante, provenaient d’un
même tissu homogène qui la constituait criginairement ; et ils
ont regardé les changemens divers que ces organes subissent
comme de simples modifications et non comme des changemens
de nature.
7. Mais s’il était démontré que tous les organes élémentaires,
ou quelques-uns d’entre eux, ont des origines différentes ; si,
avant de prendre rang parmi les corps organisés, des matières
inertes se montraient comme étant de natures différentes, et si
elles étaient les sources diverses de divers organes élémentaires,
il faudrait bien resarder ces organes comme étant de différentes
natures ; il le faudrait encore, quand bien même ces matériaux
de diverses natures et inertes seraient produits par un même
organe originaire, Car les produits d’un même être peuvent
Dies n'être pas de même nature ; il le faudrait encore, , quand
même l'organe producteur donnerait immédiatement naissance
à d’autres parties tout organisées, pourvu que celles-ci eussent
dés l'origine des caractères nets et importans relativement à
l'ordre de choses que l’on considère, et que.ces caractères éta:-
blissent des différences, probablement infranchissables.
8. Telles me paraissent être les conditions qui doivent exister
pour qu'il soit permis de dire que les organes élémentaires des
végétaux sont de diverses natures.
9. Voilà donc, je crois, la: question clairement posée au
moyen de ces explications, et elle se résume en ces termes. Les
organes élémentaires végétaux sont-ils d'une même nature di-
versement modifiée, ou sont-ils originairement ,de diverses
natures ? |
10. Je n'ai pas prétendu résoudre définitivement cette ques-
tion, et même elle n'était pas posée devant moi lorsque j'ai
commencé mes observations sur: l’organisation : des. plantes.
Jusque-là, je m'étais plus occupé de l'étude des, geures et des
espèces. Pres pourtant lu les principaux ouvrages d'anatomie
végétale; mais pourvu d’une mauvaise mémoire, ilne me restait
=
c® DE TRISTAN, — /Vature des tissus vegétaux. 19
qué ce fait, qu’on n'était pas d'accord, même sur des idées
presque fondamentales. J'ai donc commencé mes recherches
à-peu-près sans antécédens, et certainement sans préventons:
La question que je viens d’énoncer s’est présentée d'elle-même,
ainsisque plusieurs autres ; iles observations que J'ai à exposer
serapportent principalement à celle-là : c'est pour cela que je
l'ai rappelée et. que je lai donnée pour titre à ce Mémoire. De
ces observations, il est sorti pour moïune:opinion déterminée ,
sinonune conviction; je ne sais si elles auront une ‘pareille in-
fluence sur d’autres naturalistes ; mais je pense que dans tous
les cas, ces observations doivent rester comme faits, et par con-
séquent seront utiles à la science.
pti J'ai pris une tige de Pavot (Papaver somniferum ) : c'était
un Pavot simple! de taille médiocre , et qui venait d'épanouir sa
première fleur: J’ai coupé cette tige vers la moitié de sa Ion -
gueur : la section m'a présenté une aire circulaire de 5 à 6 milli-
mètres de diamètre, et que je représente grandie (r)(PL: 2 fig. r).
Le périmétreétait occupé par. de minces tissus corticoïdes, que je
neme propose pas d'examiner à présent ;:mais presque tout l’és-
pace était rempli par un tissu cellulaire d'une teinte pâle, dans
lequel on remarquait des taches plus sombres, qui étaient les
faisceaux vasculaires. Ceux-ci étaient disposés presque sur un
seubrang circulaire, redoublé en quelques endroits par d’autres
faisceaux plus petits et irrégulièrement placés ; ils avaient tous
leur coupe plus ou moins ovale, et ils étaient fort inégaux entre
eux. Je néglige encore ; pour le moment, l’examen de ces fais-
ceaux pour me m'occuper que du tissu pâle qui les environnait
de toute part. |
12. Sur cette coupe, il:se montre comme un tissu à cellules
polygonales presque rondes : c’est bien partout un tissu qu’on
ne peut s'empêcher de reconnaître pour homogène, quoique
ses cellules soient plus fines en quelques endroits ; savoir , au.
tour des faisceaux et en approchant de:la circonférence. Ce tissu
24
(x) Les numéros d'ordre des figures sont accompagnés d’un nombre entre parenthèses, qui
indique le grossissement, de sorte que , si on divise les dimensions de la figure par ce nombre,
où aura les dimensions de Pobjet,
Re
20 C® DE TRISTAN. — Mature des tissus Végétaux.
est à l'état cellulaire, c’est-à-dire que les parois ne se dédoublent
pas naturellement. Les cellules sont assez irrégulières et presque
vides.
13. Le petit espace enveloppé par la ligne ponctuée s , t , est
représenté beaucoup plus grand (figure 2). J'ai mis une teinte
plate pour indiquer les deux faisceaux 8, d, et les tissus corti-
coïdes 2, À, quoique tout cela présente quelque complication ;
mais je n’ai pas voulu détourner l'attention de dessus le tissu qui
entoure les faisceaux. Cette figure 2 indique sur cette coupe la
conformation de ce tissu , et fait voir que, quand même on vou-
drait compter pour quelque chose la grandeur des cellulés , on
les retrouverait homogènes en a, en b, en c, ainsi, en dedans
ou en dehors des faisceaux, ou entre eux. Il faut pourtant con-
venir qu'elles sont encore plus grandes dans le milieu de Paire
(fig. 2); mais on sent bien que c’est là une modification sans
importance.
14. Or, il est évident que tout ce tissu pâle, dans lequel sont
plongés les faisceaux vasculaires, et qui est entouré par les
couches corticoides , ne peut être considéré que comme un seul
et même organe élémentaire, complexe si l'on veut, mais qui se
montre continu et de la même nature, tant en dedans qu’en
dehors des faisceaux. Il est à remarquer qu’il s’agit ici d’une tige
dans toute la force de sa végétation ; elle commence à porter
fleur, et elle est vue vers le milieu de sa longueur. Cependant
quel nom donner à cela? Il se peut:que la partie a, figure 2,
soit ou devienne moelle, que la partie c soit ou devienne
écorce, que la partie & réponde à ce qu'on nomme irradiation
ou prolongement médullaire ; mais tout ce tissu , qui se montre
homogène dans le moment de la plus forte végétation de la
plante, qui partout où il est doit jouer le même rôle actif ou
-passif et remplir les mêmes fonctions, tout ce tissu doit être con-
sidéré comme un seul ensemble.
15. On pensera peut-être que cette conformation est particu-
lière au Pavot parmi les Dicotylédones : mais elle se rencontre,
avec des modifications, dans un très grand nombre de plantes
‘tant herbacées que ligneuses , dans des familles tout entières.
M. de Mirbel l’a indiquée dans les Labiées (Znr. du Must. xv).
ct DE TRISTAN. — Vaiure ‘des tissus végétaux. 34
Je l'ai vue dans la plupart des Composées et des Ombeéllifères
que j'ai examinées, dans les Cucurbitacées (1), etc., ete., et
cela se trouve non-seulement dans les tiges, mais encore quel-
quefois dans les pétioles, qu'on à peut-être trop peu étudiés.
À leur égard, je donne ici la coupe dn pétiole de l’'Heraclem
pyrenaicum ( fig. 3 ). ( Ce pétiole avait un centimetre de gros-
seur ). Ces faisceaux , également disséminés, donnent à cela l’as-
pect de certaines tiges de Monocotylédones. Qu'est-ce donc que
le tissu qui les enveloppe tous?
16. Si, sous ce rapport, on examine la manière d’être des
arbres, on reconnaîtra une disposition analogue dans beaucoup
d'espèces, c’est-à-dire qu'on y trouvera les faisceaux vasculaires
noyés dans un tissu homogène. Je ne les y aï jamais rencontrés
que sur un rang; et pour les voir bien isolés, il est bon, en
général , d'examiner des bourgeons très jeunes. C’est dans un
très jeune bourgeon de Platan qu'en 1812 M. Link a montré
cet isolement des faisceaux au milieu d’un tissu uniforme ( Ann.
du Mus. t. xix, p. 34o, pl. 2, fig. 12). Chose analogue se
verra dans les très jeunes bourgeons de Ronce , de Chéne , de
Châtaignier , etc. , etc. Mais le plus souvent ces faisceaux gros-
sissent promptement, et se rejoignent presque au point de
prendre l’apparence d’une zone continue. La figure 4 est la coupe
d'un jeune, mais vigoureux bourgeon de Châtaignier dont la
croissance n'était pas encore arrêtée. Il avait 34 centimètres de.
long, et il a été coupé à un centimètre au-dessous de son som-
met; là il avait un peu plus de 2 millimètres de diamètre. On
voit clairement que les faisceaux sont encore isolés; mais bientôt
ils auront l'air de se rejoindre et formeront une zone ligneuse
qui paraitra continue. Il y a des arbres , tels que le Pin mari-
time, où il faut chercher dans la gemme, si l’on veut voir les
faisceaux séparés. La figure 5 est la coupe, faite le 27 mai, d’une
gemme de Pin maritime : elle terminait un bourgeon végétant
alors, et se serait développée en juillet (2). Les faisceaux sont
(1) 11 faut pourtant observer qu’il est irès rare que les faisceaux soient sur plusieurs
rangs. |
f2) Car le Pin maritime (Pinaster des Anglais) a deux sexes et non le Pin sylvestre,
22 C® DE TRISTAN. — [Nature des tissus Végétaux.
tres petits et triangulaires; le tissu qui est en dehors d'eux con-
tient quelques fines lacunes tubulées qui renferment de la ré-
sine, et qui sont les vaisseaux propres. |
»7. Enfin, je pense qu'il y a des piantes, herbes ou arbres,
dans lesquelles ce qu'on appelle ordinairement le corps ligneux
{quoique souvent il ne soit pas ligneux) se montre dès l’origine
sous la forme d’une zone plus ou moins régulière. Je dis cepen-
dant cela avec quelques doutes, parce que j'ai vu plusieurs fois
des zones qui, même observées très jeunes’, paraissaient uni-
formes, mais dans lesquelles , à force de remonter vers lés'ru-
dimens, on finissait par découvrir des indices d'origine-fasci-
culaire. |
18. Or, puisque dans le Pavot le tissu qui environne dettoute
part les faisceaux est identique, on comprendra facilement qu’il
peut en être de même dans le Châtaignier (fig. 4) et dans le
Pin (fig. 5); et l'examen de la chose convaincra qu'il en est
ainsi. Il est vrai que, plus ou moins promptement, le tissu c’,
qui est extérieur aux faisceaux , et qui fera partie de l'écorce,
peut se modifier autrement que le tissu &, qui deviendra la
moelle. Mais on ne peut douter que ces deux parties ne soient
d'abord nn seul et même tissu, et qu’elles n’aient la même na-
ture; ce qui n’est pas empêché par la réunion apparenté qui
surviendra par la suite entre les faisceaux.
19: Maïs, puisqu'il est dans la nature de la plante qu'il en
soit ainsi, même si les faisceaux se joignent de très bonne
heure en forme de zône, on doit présumer qu'il én est encore
dé même dans les cas où, dès l’origine , les faisceaux paraissent
réellement remplacés par une zône, et l'observation vient en-
core confirmer cette conjecture en montrant que, dans ce cas
comme dans les autres, ce tissu central, qui deviendra moelle,
a les mêmes caractères que le tissu extérieur, qui fera partie de
l'écorce, pourvu toutefois que cet examen’ soit fait de bonne
heure, et avant que chacune de ces parties n’ait éprouvé les
diverses modifications auxquelles sa position l’expose.
20. Je ne crois pas que cette homogénéité de ces deux par-
ties de tissu trouve de contradicteurs, surtout parmi les phyto-
logistes , qui pensent que :« tout.le végétal n'est qu'un tissu
ct Dé TRISTAN. — {Nature des tissus vésélaux. 23
« membraneux ou cellulaire divérsèment modifié » ; mais, reve-
nant à ma tige de pavot et à ma figuré 1, je trouve qu'il me
reste à parler des couches corticoïdes et dés faisceaux vascu-
laires. Je commence par ceux-ci; cependant ce n'est pas dans
lé pavot que j'en poursuivrai l'examen; Je choisirai une consti-
tütion qui en représente mieux l’état le plus ordinaire. -
“921. Et d’abord, en thèse générale, pourvu qu'on choisisse
une espèce où les faisceaux soient et demeurent bien distincts
les uns des autres, 6n les verra parcourir toute l'étendue de ja
tige, où ordinairement ils forment des anastomoses plus ou
moins uombreuses, plus ou moins régulières; ailleurs ils se
divisent où se ramifient, et se portent jusqu'aux plus fines extré-
mités , surtout s’il y a là une action un peu énergique: ils par-
viennent ainsi jusque dans les étamines. On en reucontre dans
le pistil, s’il est assez gros pour permettre de les y chercher ;
iais , pour les reconnaitre sous ces pctites dimensions , il ne
faut pas se faire illusion sur leur constitution , bien qu'on y
soit un peu induit par leur nom de faisceaux vasculaires,
nom qu'ils ne méritentque tardivement dans certains endroits,
et Jatrrais dans d’autres.
292. Maintenant je prends une feuille de moyenne taille du
Cucurbita maxima , et jexamine la coupe transversale de son
pétiole. La figure 6 représente cette coupe sous des dimensions
presque doublées. On voit que son axé est occupé par une très
grande lacune cylindrique , et la masse du pétiole ne présente
qéfurni tube médiocreméent épais, qui est formé d’un tissu homo-
gène ; sauf'lés faisceaux vasculaires qui y sont plongés et une
mince couche corticoide. Ces faisceaux semblent d’abord être
sur un seul rang; mais un peu plus d'attention fait voir qu'ils sont
complexes, ét leur coupe est formée de quatre où cinq macules
plus on moins distinctes les unes des autres : elles sont rangées
sur‘üne ligne qui répondrait au centre de la figure. J'ai dessiné
(fig: 7) là coupe très grossié d’un de ces groupes. En e est une
large macule qui touche aux enveloppes corticoïides et dont je
ñe parlerai pas pour le moment ; mais le reste du faisceau paraît
encore formé de quatre macüles (a, b, €, d),qui indiquent
autant de filets, dont la constitution diffère évidemment de
24 C® DE TRISTAN. — /Valure des tissus végétaux.
celle du tissu qui les entoure. Il est vrai que trois de ces filets
(a, b, €) se confondent presque ; mais le quatrième (d) est plus
distinct. Le filet » contient des trachées. Tous ces filets ne
paraissent d’abord composés que d’une substance qui ressemble
à une gelée très ferme; mais il s’y forme bientôt, surtout dans
les filets & , c, d, un tissu dont les membranes sont très fines.
Il est moins visible entre les trachées du filet 2. Une étude atten-
tive, sur de très jeunes organes (feuilles ou autres) y fera voir
ces filets isolés ou groupés, mais sans qu'aucun tissu puisse se
reconnaître en eux : ainsi ils sont à l’état de carmbium. On en
voit aussi dans lesquels les trachées n'ont point encore pénétré;
mais elles y pénétreront plus tard. Il y en a pourtant, tels que
les filets & , c, d (fig. 7), qui ne contiennent jamais de trachées;
au contraire, dans les tiges et autres organes, on voit des filets
qui, outre les trachées, contiennent beaucoup de tubes simples.
Il résulte de là: 1° que la présence des vaisseaux, trachées ou
autres, n’est pas essentielle à ces filets ; 2° que, par conséquent,
le nom de faisceaux vasculaires ne leur convient guère ; cepen-
dant je ne vois pas grand inconvénient à le garder; d’ailleurs
j'en ferai peu d’usage , et on peut dire érace vasculaire , quand
les vaisseaux manquent; 3° que ces filets sont essentiellement
formés d’une matière, d’abord inorganisée, dans laquelle se
développe un tissu facilement distinct de celui qui l'entoure,
même au premier coup-d’œil et sans qu'il soit nécessaire de
reconnaitre son organisation.
23. Or, parmi ces filets de la figure 7, il y en a, au moins, un,
qui vient de la tige: c’est probablement le filet 8. Je ne sais si les
autres en sontdes ramifications ou s’ils naissent à côté de lui; mais,
quoi qu'ilen soit dans la plupartdes plantes, le plus grand nombre
de ces filets s'étend sans interruption depuis la base de la plante,
y compris les racines, jusqu’au sommet. Ils se trouvent dans les
nervures de feuilles, dans les étamines, dans les styles et souvent
dans les pétales. Ainsi, dans beaucoup de cas, ils paraissent
former un seul et même système dans chaque plante. Il en serait
à-peu-près ainsi dans le Cucurbita maxima lui-même , s’il était
vrai que les faisceaux a, c, d, fussent des ramifications du
faisceau D; néanmoins, outre ce doute, cette plante présente
ct® DE TRISTAN. — /Vature des lissus végétaux. 25
deux exceptions. La première concerne la vrille ; je n’ai point vu
la communication de ses filets avec ceux de la tige. Je desire
pourtant une vérification à cet égard. L'autre exception, plus
remarquable, est relative à l'ovaire. Les filets vasculaires du
pédoncule ne pénètrent pas dans l'ovaire : on y voit, à la vérité,
un grand nombre de petites traces analogues ; mais elles ont une
origine spéciale. Je reviendrai sur cela tout-à-l'heure.
24. Ce système, qui parcourt ainsi presque toute la plante,
s’y trouve dès l'embryon. La figure 8 le montre (grandi), tel qu'on
le découvre dans l’amande de la graine, en y faisant une suite
de coupes: D'abord, dans la pointe de la radicule , il forme une
couche suivie , qui est en cône renversé. Du bord de ce cône
s'élèvent six filets o, m,m',n, n', p, dont deux 0, p, répon-
dent à la commissure des cotylédons ; mais chaque filet jette des
rameaux, dont les uns se prolongent et les autres s’anasto-
mosent avec les rameaux des filets voisins. 1l résulte de là une
espèce d'anneau ovale et sinueux, représenté dans son plan
(fig. 9). Il en part quatorze filets v, v, v ,etc.,v', v’, v', etc.,
dont sept pour chaque cotylédon (1). De plus, les deux filets
0 ,p; de la radicule, qui répondent à la commissure, jetant une
troisième branche , qui va de lun à l’autre, en traversant cet
anneau (fig.‘9), et en formant une sorte d’arceau (e, e, fig. 8)
sous la commissure. C’est de son milieu que part le premier
filet, qui, se ramifiant , deviendra le système général de la
partie ascendante de la plante , tandis que la couche conique,
qui est dans la radicule, fournira la partie descendante du
même système. :
25: Maintenant je reviens aux faisceaux ou traces vasculaires
que J'ai indiqués dans l'ovaire. D'abord il faut remarquer qu'il
en vient du pédoncule ; mais ceux-là ne pénètrent pas: ils
courent très près de la surface , se dirigeant comme les méri-
diens d’un globe astronomique ; ensuite ils se répandent dans
le calice, dans la corolle, et même quelques-uns arrivent jusque
dans le style. Au contraire, les filets vasculaires de l’intérieur
(x) Dans la fig. 8 , les lignes pleines indiquent les filets qui sont sur le plan antérieur, et
les lignes ponctuées indiquent les filets qui sont sur un plan plus en arrière.
26 ct, DE, TRISTAN. — /{Vature des tissus végétaux.
de l'ovaire ne viennent pas du pédoncule:ils prennent naissance
dans une masse de tissu cellulaire qui occupe la partie inférieure
de l'ovaire, et qui, dans son origine, est comme la prolonga-
tion du tissu médüllaire du pédoncule. Ces filets sont formés
d’abord d’une trace translucide, dans laquelle on ne voit au-
cune organisation. Bientôt des trachées se développent dans leur
axe , et un tissu très délicat s’y dessine. Au fait, ce sont les
nourriciers des ovules ; mais il y en a une énorme quantité: ils
semblent chercher à arrivér aux placentas, soit d’abord en
suivant l'axe, soit en se rapprochant des parois; cependant beau-
coup ne peuvent trouver, place. Ils avortent après avoir vaine-
ment circulé autour de l'ovaire, parallèlement à ce qui serait
son équateur, et ils forment ainsi une couche fort remarquable,
que M. Auguste de Saint-Hilaire a signalée le premier (Mémoires
du Museum ; t::V, p. 343 et fig. 19).
.26. Quant aux filets nourriciers qui arrivent aux placentas ,
ils ont été la cause originaire de la formation des :ovules. On
sait que ces ovules sont de forme ovale, un pen comprime. Le
filet nourricier de chacun d’eux suit intérieurement son bord.
Entrant par le podosperme , il parcourt le raphé ; passe devant
le lieu de la chalaze , en se recourbant pour äller se terminer
en pointe vers le micropyie. En passant vers le lieu de: la cha-
laze, il la forme , ou, pour mieux dire, il produit (latéralement
var rapport à lui) une sorte de bulbe , une masse cellulaire qui
est le nucelle (1), Je-ne sais si ce qui se montre en lui-même
avant la fécondation, ét si l'utricule, fécondée. elle:même ,
doivent être regardés comme des produits du nucelle ou-comme
des parties de lui-mémeprolongées et modifiées. Dans lé premier
Cas, le systeme des filets ou traces vasculaires de l’ovule serait
ie produit d'un petit système de même nature ; développé dans
l'ovaire; dans le deuxième cas, ce système de l’ovule ne serait
que le prolongement du petit système de l'ovaire. Dans l’un et
l'autre cas, entre ces déux:systèmes:, on ne peut pas supposer
(:} Le filet nourricier contient des trachées; mais aucune trachée ni autre tube ne pénètrent
dans le nucelle : il en est de même dans tous les ovules que j’ai examinés. Je ne prétends pas
que ce ‘soit général; mais c’est suffisant pour rendre défectueusé la définition que l’on donne
ordinairement de la chälaze,
c® DE TRISTAN. — /Vature des tissus végétaux. 27
qu'il se place un tissu d’une autre origine, à moins qu’ii n'inter-
vienne par la fécondation , ce que rien ne prouve ; ainsi on peut
dire que, pour les faisceaux vasculaires , il n’y a rien d’intèrmé-
diaire entre ceux de lovaire et ceux des plantes qui en pro-
viennent.
27. Maintenant donc, jeme trouve en présence de deux tissus.
La description du premier occupe les paragraphes 13 et 14;
celle du second occupe les paragraphes 22 à 26. Le premier
forme la principale masse des tiges , des racines, des pétioles ,
des pédoncules; dans les feuilles, il s’épanche des nervures
principales ; et remplit les mailles de leur réseau. Il paraît que
le principal tissu des sépales et des pétales n'est qu'une de ses
modifications. Il se montre dans les étamines:, dans les ovaires
et dans les styles. Le second, tel que je l’aï indiqué jusqu'ici ,
est dans l’autre. Il le pousse peut-être; mais il est très rare qu’il
fasse saillie en dehors. Du moins, en ne le considérant que dans
l’état où je l'ai dépeint, état qui le porte le plus souvent à s’allon-
ger en filets plus ou moins groupés, plns ou moins nombreux,
et toujours, lorsqu'ils sont solitaires, placés dans l’axe des or-
ganes allongés.-
28. Ces détails, encore fort incomplets, suffisent pourtant
pour montrer que le premier tissu dont j'ai parlé, n'est pas une
modification du second; il reste à savoir si le second est une
modification du premier, ou s'ils sont de natures différentes.
29. Or, J'ai dit que les filets du second Commençaient par se
montrer comme de simples traces’ inorganiséés, ‘et formées
dune matière ressemblant à une gelée ferme, à laquelléje ne
puis donner d'autre nom que celui de cambinum, mais ces filets
se trouvent organisés par le bas avant de l'être par le’ haut: Le
tissu qui s'y forme est donctoujours précédé de cambium; ét à
mesure que le filet doit s’allonger, c'est toujours ce-cambium
qui se porte en avant. Il me paraît probable que, dans cette
circonstance, cette sorte de cambium est sécrétée par le filet lui-
même, par le second tissu; mais, quand il le serait par le pre-
mer tissu , il serait toujours vrai de dire que ce qui va devenir
le second tissu n’à jamais été le premier tissu. Quant aux petits
filets qui prennent naissance dans la base de l'ovaire du Cucur-
26 ct DE TRISTAN. — /Vature des tissus VÉTCLAUX.
bita, c'est bien le premier tissu qui fournit leur cambium origi-
naire; mais, encore une fois, qu'importe? Ce cambium est une-
sécrétion du premier tissu, mais il n’est pas lui. Le même rai-
sonnement s’appliquerait aux filets de la vrille, s’il est vrai qu'ils
ne communiquent point avec ceux de la tige; ils semblent, en
effet, sortir d’une masse cellulaire qui, lorsque la tige com-
mence à se pourrir, peut se détacher et laisse un trou rond
vettement circonscrit entre les faisceaux solidifiés de cette tige.
30. D’après ces considérations, il me parait bien certain que
ces deux tissus sont de natures différentes. Le second, je le ré-
pète encore, peut bien provenir d’un cambium sécrété par le
premier, mais il n’a jamais été ce premier tissu, et n'est point
une de ses modifications. Peut-être me demandera:t-on si j'en-
tends que ces deux tissus n’ont pas les mêmes élémens chimi-
ques? Je répondrai qu’il me paraïtrait surprenant qu'ils fussent
isomères; mais qu’au fait je n’en sais rien. Ils sont très distincts
Jun de l’autre; l’un ne devient pas l’autre : couleur, consistance,
forme, position, tout cela est différent; très probablement les
fonctions sont différentes. C’en est assez, je crois, pour pro-
noncer que ces tissus ne sont pas de même nature (r). Je m'en
réfère, d’ailleurs, à ce que j'ai dit sur ce sujet au commence-
ment de ce Mémoire.
31. En indiquant la manière d’être de ces deux tissus dans
le Cucurbita maxima, je n'ai pas prétendu que les autres
plantes présentassent toujours des dispositions semblables,
même en ce qui concerne quelques points qu’on pourrait croire
importans. Ainsi, il se peut que, dans certaines plantes, Îles
filets vasculaires de l’ovaire ou les nourriciers des ovules, fas-
sent suite aux vaisseaux vasculaires de la tige ; je n’ai fait d’ob-
servations sur cela que dans le Cucurbita maxima; d’un autre
côté, il se peut que dans certaines plantes le système général
du second tissu soit interrompu. Je n’ai point rencontré cette
(x) Deux substances isomères peuvent avoir des constitutions très différentes , même consi-
dérées chimiquement: c’est ce qu’exprime M. Biot, en parlant du camphre et d’une huile
isomère au camphre. Il dit de l’une de ces substances : « Elle n’est pas constituée moléculaire-
«+ ment comme l'autre », (Comptes rendus de l’Académie, séance du 18 novembre 183,
page 622.)
ci® DE TRISTAN. — /Vature des tissus vépélaux. 29
disposition; mais, d’après les détails que M. Dutrochet a donnés
sur le Gui, il peut se faire que cette parasite en fournisse un
exemple, et les recherches de M. Decaisne ne détruisent pas
complètement cette idée. (1)
32, On a dû remarquer dans ce qui précède et dans ce que
j'ai dit de ces deux tissus, en les mettant en présence l’un de
l’autre, combien il m’a fallu de précautions pour faire entendre
auquel des deux chaque phrase s’appliquait; et, pour éviter la
confusion, cela doit faire sentir la nécessité de leur donner des
noms particuliers. Je n’ai pourtant pas la prétention d'avoir
découvert ces tissus; ce serait par trop absurde. Mais je crois
que les faits connus n'étaient pas convenablement classés, sur-
tout à l’époque où on a établi certains noms simples ou com-
plexes; et, par suite de cela, ces désignations ne sont pas en
rapport avec la nature des objets. Ainsi, le second tissu a été
compris ou masqué sous les noms complexes de faisceaux
vasculaires, faisceaux ligneux, couche vasculaire, couche
ligneuse, cylindre ligneux; celles de ces expressions où se trouve
le mot vasculaire indiquent qu'on a négligé le tissu pour ne
faire attention qu'aux vaisseaux qui se développent en lui. Ainsi,
les filets a, c, d, de ma fig. 7 sont sans désignation convenable.
Celles de ces expressions où se trouve le mot ligneux indiquent
un état postérieur qui, dans certaines plantes, n’a lieu que dans
une partie du tissu, et quelquefois pas du tout. A l'égard du
premier tissu, les mots parenchyme et moelle lui appartiennent
sans doute; mais ils ne désignent que des portions ou des états
particuliers de ce même tissu. J'ai pourtant pensé d’abord que
le mot parenchyme, pris dans une acception un peu étendue,
pourrait être employée; mais j'ai trouvé trop de divergence
dans la maniere dont les botanistes le comprennent. Ainsi, je
me suis vu obligé de former des noms pour rendre ma pensée.
33. Et d’abord, pour le premier tissu, on peut remarquer
qu’au moins dans sa jeunesse, il se montre dans l’état cellulaire,
c'est-à-dire que le tissu en lui-même, abstraction faite de ce
qu'il contient dans ses cellules (et elles sont souvent vides), en-
(1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences , 4 février 1839 et 18 mai 1840:
30 ct DE TRISTAN. — Mature des tissus végétaux:
ferme et circonscrit une multitude de petits espaces qui sont
limités par des parois d'apparence simple: ainsi, ces parois sont
comme des cloisons mitoyennes entre deux espaces voisins.
C’est précisément ainsi que l’écume est constituée, avec cette
différence, qu’elle est fugace, tandis que le tissu ‘est perma-
nent. D'après cela, je l'ai nommé 4phrostase (de aypos , écume,
et oran, fixité, permanence). Et si l'on remarque que ce tissu
passe assez souvent à l'état utriculaire, il faut convenir aussi
que son aspect général change peu et rappelle: les mêmes
idées ; ce:mot se prête facilement à prendre une forme adjec-
tive, et l’on peut dire un tissu stp des cellules
aphrostasiennes. |
34. Laphrostase, surtout quaud il est nouvellement formé ,
semble: n'avoir pas de direction bien déterminée, et il paraît
souvent disposé à s'étendre indifféremment dans tous les’sens.
ILn'en est pas de même dusecond tissu; il s'étend ordinairement
en. longs filets qui paraissent se porter de préférence sur les
parties les. plus saillantes, et y conduire une vie plus active.
Les:trachées naissent-uniquement en lui et suivent sa marche ;
ilen est.de même dé-la plupart des autres gros vaisseaux, si ce
n’est de tous ; car il serait possible que ceux que l’on croit voir
ailleurs ne fussent que des lacunes ou des méats. D’après ces
remarques, Jai nommé ce tissu /ézémon (Hwpoyse, — guide,
conducteur). Je crois, quil convient, dans la prononciation , de
faire sonner l'2 comme s'il y avait ensuite un e muet, — ainsi
que, cela se pratique, surtout en botanique, pour les mots tirés
du grec, ét ainsi terminés. Ce mot heégémon se change en ad-
jectif,.et..on peut dire un + hegémien , une ramification
hegémienne. |
35.11 conviendrait maintenant de reprendre ces deux tissus,
de.les revoir dans nn plus grand:nombre de plantes, et de 'cher-
cher leurs caractères ordinaires tant absolus que relatifs; mais
dans cette étude, je rencontrerais quelques autres substances
organisées qu'ilme faut d’abord-faire connaitre. De plus, comme
la.suite de ses recherches me conduit parmi les arbres, il est à
propos de présenter et d'expliquer quelques mots, dont un tra-
vail assidu m'a. fait sentir l'utilité.
ct DE TRISTAN. — /Vature: des tissus végétaux: 51
36. On sait que dans les arbres il y a, entre l'écorce et le bois,
une solution de continuité plus ou moins complète, qui ne laisse
aucuve ambiguité sur la linite de ces deux parties: Cette fente,
cette fissure n’estpas un corps, c’est une abstraction; mais enfin
‘le mot fissure désigne cela d’une manière générale, ét je ne vois
pas pourquoi on ne donnerait pas à des abstractions des noms
spéciaux quand le besoin s’en fait sentir; et cest précisément
ce qui-w’est arrivé dans: les descriptions assez nombreuses aux-
quelles jeme-suis exercé d'abord comme étude; puis pour recon-
naître si lelangage technique pouvait pouvaitsuffire tel qu'il était.
Or; j'ai eu très souvent occasion de parler de cette fissure, et
j'étais toujours obligé d’avoir recours:à une épithète ; ou même
à une phrase pour la désigner. Enfin j'ai pris le parti de l'appeler
la, curice. J'aurais pu dire cunicule, maïs ii m'a semblé que
c'étaitune traduction trop précise d’un mot qui a des acceptions
déterminées ; il me fallait un mot nouveau. Je conviens que dans
bien des plantes elle n’existe pas, spécialement dans les mono-
cotylédones, mais précisément cela devient un caractère qu'il
faut savoir exprimerset qu'on indique fort mal en disant qu'il
n’y à pas d'écorce; car on verra qu'il y'a des plantes où ce ne
sont:pas les parties essentielles de l'écorce qui manquent, mais
seulement la cunice. Dans quelques plantes aussi , il se produit
certaines fentes qui peuvent être prises pour elle, ce qui pourrait
entrainer à plusieurs erreurs: il faut donc pouvoir la caractériser
et la distinguer des fausses cunices. HET
37. La cunice sépare donc, dans les arbres; l'écorce d' avec un
corps cylindrique, ou à-peu-près, qui est le véritable corps de
Varbre, et que je ne sais pourtant comment nommer ; car l'ap-
peler corps ligneux, comme on fait ordinairement , c’est em-
ployér une de ces figures de réthorique qu’on ne peut:admettre
dans les sciencés naturelles , où les termes doivent représenter
lacnature de la chose autant:qu’ibse peut. Or, j'én‘conviens;ice
corps cylindrique est souvent ligneux : mais On reconnaitra
d'abord qu’il doit être principalement considéré dans la plante
végétante.c'est-à-dire dans le:bourgeon de l’année;:c’est là qu'il
agit-vraiment activement, et avec les puissances qu'il tient de sa
nature essentielle. Mais pendant une partie importante de-cette
32 c‘* DE TRISTAN. — /{Vature des tissus végétaux.
végétation, il n’est pas ligneux ; cette qualité ne lui est donc pas
essentielle. D'un autre côté on n’hésite pas à reconnaître ce corps
dans des plantes complètement herbacées; et là, par analogie, on
s'est prêté à l’appeler encore cylindre ligneux, corps ligneux;
quoique se soit une preuve de plus que cette quallté ne lui est
pas essentielle. Enfin ce corps n'est pas homogène; il est composé
d’une couche qui peut être ligneuse et de la moelle qui ne l’est
jamais. D’après ces considérations, il m’a paru nécessaire de lui
donner un nom, et je l'ai appelé Endophyte, ce qui n’a pas
besoin d'explication. Ainsi la tige d’un bourgeon ou même d’un
arbre dicotylédon, est ordinairement composée d’une écorce et
d’un endophyte séparés par la cunice; celle-ci n’est pas néces-
saire à leur existence, elle en marque seulement avec plus de
précision les limites. Aussi l'écorce et l'endophyte sont-ils plus ou
moins complètement représentés dans beaucoup de plantes di-
cotylédones qui n’ont pas de cunice.
38. Mais cet endophyte, en le prenant même quand il n’y a
pas eu plusieurs végétations successives , est composé de deux
parties principales : la moelle, et ce qu’on appelle ordinairement
la couche ligneuse ou les faisceaux ligneux. J’applique à cela les
mêmes raisons que j'ai employées tout-à-l’heure pour montrer
que l'expression cylindre ou corps ligneux était peu convenable,
et je le nomme endostère.Gette expression indique bien quelque
chose de solide mais ne précise pas que ce soit ligneux ; et en
effet, même dans les plantes tout-à-fait herbacées, l'endostère
est plus solide que la moelle.
39. Ainsi une tige entièrement développée et bien complète,
comme est celle d’un jeune rameau d’un arbre dicotylédon, est
composé d’un endophyte et d’une écorce, séparés par la cunice.
L'endophyte est composé de la moelle et de l’endostère. Te ne
puis pas encore énumérer les différentes parties de l'écorce,
qui est souvent très compliquée. La moelle est un tissu aphros-
tasien ; l’endostère est une couche ou un ensemble de faisceaux
qui, du moins dans leur jeunesse, sont de nature hegémienne.
Dans la plupart des tiges ligneuses vivaces, l’endophyte s’accroît
tous les ans d’une nouvelle couche : chacune de ces couches est
un endostére. Ainsi un Chêne de dix ans a dix endosté-es ; le
c'® DE TRISTAN, — JNature des tissus Végélaux. 33
Tilleul bien végétant donne deux endostères par an. Quelque-
fois il y a plusieurs endostères , même dans des plantes annuelles
et herbacées.
4o. On ne sentira peut-être pas complètement, dans ce Mé-
moire, l'utilité des trois derniers mots que je viens de proposer:
c’est, en effet, dans les descriptions complètes que le besoin
sen montre le plus. Mais si je ne les avais pas employés dès
à présent, il ne se trouverait pas d'harmonie entre ceci et les
descriptions que je me propose de donner par la suite.
41. Je vais chercher à présent ce que deviennent les filets
d'hegémon dans certaines tiges. La Ronce (Rubus fruticosus )
me fournira un exemple facile à rencontrer.
42. J'ai pris un bourgeon de Ronce en pleine végétation ; je
l'ai coupé à 18 ou 20 centimètres au-dessous de son sommet.
Cette coupe, dont je représente seulement un fragment (fig. 10),
peut se comparer à celle du Pavot (fig. r et 2). Ici fig. 10, on
voit de même une couche superficielle dont je ne puis m’occu-
per à présent. Les faisceaux, trés voisins les uns des autres,
sont sur un seul rang régulier, parallèle à la surface ; ils sont
plongés dans un tissu homogène a, b ,c, qui montre pourtant
quelques variations dans les dimensions et la forme de ses cel-
lules. Ce tissu forme une même couche c en dehors des fais-
ceaux, et occupe un large espace a dans l'axe de la tige. Cette
masse a et la couche c communiquent par d’étroits passages à
entre les faisceanx. Le tissu qui occupe les lieux a, b, c est l’a-
phrostase, et la portion de cet aphrostase qui occupe le grand
espace axaire a est la moelle. Les faisceaux doivent être formés
d'hegémon, du moins si l’on en juge par ce qui précède.
43. Sur cette figure, je remarquerai d'abord que ces commu-
nications étroites b qui passent entre les faisceaux, sont ce
qu'on nomme ordinairement les prolongemens médullaires,
cependant il n’y a là, du moins dans l’origine , aucun prolonge-
ment, ni du dedans au dehors, ni du dehors au dedans. Ces
parties aphrostasiennes sont contemporaines des autres ; mais
tandis qu'elles s’accroissent dans le sens rayonnant, par suite
du grossissement général, elles se rétrécissent par suite du gros-
sissement des faisceaux. M. de Mirbel a substitué le mot irradia-
XIV. BoTan, — Juillet. 3
34 ct DE TRISTAN. — Nature des tissus végétaux.
tion aux mots prolongement médullaire. Il a eu raison : le terme
qu’il emploie est plus correct. Je n’en ferai pourtant pas usage
ici, parce que, dans tout cela, on a confondu deux choses très
différentes , et je réserve le nom d'irradiation pour l’autre chose.
J'appelle isthmes aphrostasiens , où simplement ésthmes ; ces
étroites communications #, qui sont évidemment de nature
aphrostasienne. Ce n’est pas ma faute si je multiplie les noms;
j'y suis forcé ici, puisque je vois deux choses distinctes sous le
même nom. I faut noter que ces isthmes D, existant entre des
filets allongés, ont en général la forme de lames, à moins que
les filets d’'hegémon n'aient de très fréquentes anastomoses; ce
qui n’est pas ici. Les isthmes sont très larges dans le Pavot
(fig. 1), de sorte que leur tissu n’est pas modifié (b, fig. 2). Ici,
fig. 10, ils sont tres étroits, et finissent par disparaitre presque.
44. Une autre fois, j’ai coupé un rameau à environ un mètre
au-dessous du sommet. Ces faisceaux étaient fort grossis et très
serrés les uns contre les autres : j'en représente deux (fig. 11 ).
L'un d'eux n’est qu’esquissé. L’isthme z?, qui les séparait, n’est
plus qu’une trace. On remarque dans ces faisceaux trois régions
principales, b, c, d'; mais vers l'extrémité interne à de la plus
grande région , on voit un espace plus sombre , et qui ne montre
pas le même tissu que la région D. Cet espace, malgré son peu
d’étendue, sera reconnu pour une autre région, et peut-être la
plus importante; car c’est probablement l'origine du faisceau.
Je crois avoir prévenu que, en général, j'observe en plaçant
une goutte d’eau sur l’objet. Cette remarque est importante ici,
car ces objets, vus au sec, n'auraient pas la même apparence.
J'ajoute qu'à cause de l’opacité, j'étais obligé de n’employer
qu'un médiocre grossissement.
45: La région extérieure d est celle dont l’organisation est le
plus clair. Mais son tissu ne ressemble ni à l’aphrostase du Pa-
vot, ni à aucun tissu du pétiole du Cucurbita ; il se montre sur
cette coupe comme une masse blanchâtre, translucide, percée
de pores noirs. Il faut bien prendre garde que l'expression
masse percée de pores et celle réseau formant des alvéoles ou
mailles vides, que j'emploierais pour indiquer quelque tissu ,
n'établit réellement qu'une différence peu grave, si on ne la
ct* DE TRISTAN. — /Vaiture des tissus végelaux. 35
considère que sur une seule coupe, et alors elle est seulement
relative au plus ou au moins d'épaisseur des parois. Ici ces pa-
rois sont fort épaisses, et, dans leur épaisseur, on aperçoit de
fines lignes noires que cette figure ne représente pas, et qui
tendent, par leur réunion, à former un réseau dans chaque
aréole duquel se trouve un de ces pores. Ce réseau est plus ou
moins complet, selon que la végétation est avancée; quelquefois
on n’en voit que de légères traces isolées, et un peu plus haut,
dans le rameau, on n'en trouverait pas du tont; ce serait seu-
lement une masse percée de trous. Rien de tout cela n'exclut
l'idée d’un tissu cellulaire qui se serait formé avec d’épaisses
parois, et qui passerait à l’état de tissu utriculaire. Mais les trous
sont noirs, ce qui semble d’abord établir un caractère assez
frappant. Cependant si on fait l'observation au sec etsans mettre
d’eau sur l’objet , ces mêmes trous ou pores laissent complète-
ment passer la lumière ; alors on reconnait qu’ils sont vides,
ou qu'ils ont contenu un liquide qui s’est écoulé, et que leur
obscurité sous l’eau était due à un effet dioptrique, provenant
de ce qu'ils ne laissaient pas pénétrer l’eau. Une autre différence
plus grave, c’est que les coupes longitudinales font voir qu'on
n’a pas sous les yeux des utricules limitées de toutes parts, mais
des filets prismatiques ou cylindriques d’une longueur indéfinie,
et percés dans toute leur longueur d’un trou fistuleux rarement
intercepté par des diaphragmes.
46. La région c , qui est en dedans de celle-là , montre une
substance assez cha ru moins translucide que la précédente :
elle semble être d’une nature pâteuse, un peu gélatineuse ;
malgré la faiblesse de grossissement, on y aperçoit un réseau
cellulaire. Les membranes sont extrêmement fines, et se tracent
en noir sur un fond moins foncé. Les cellules paraissent ordon-
nées par séries rayonnantes qui semblent, au premier coup-
d'œil; dirigées vers le centre de la tige. Je ferai remarquer qu’une
direction à-peu-près semblable à celle de rayons partant du
centre, se montre souvent sur ces coupes transversales: je l'in-
diquerai par les seuls mots rayonnant ou direction rayonnante;
mais quelquefois il y a des centres ou des axes de rayonnement
qui ne sont pas le centre de la figure, ou l'axe de la tige : c'est
3.
36 C'° DE TRISTAN. — /Vature des tissus végétaux.
le cas qui se présente, comme on va le voir tout-à-l’heure.
47. La grande région à est remplie du même tissu qui occupe
la région externe d ; mais en , ce tissu est partagé en cinq ou
six bandes, plus ou moins séparées par des lignes sombres qui,
sur cette coupe, ne Jaissent point voir leur organisation. De
plus, ces bandes montrent des ouvertures circulaires ou un peu
ovales : ce sont évidemment les troncatures de tubes, qu'il n’est
pas encore temps d'examiner. Il suffit de dire que ces tubes ne
sont pas des trachées, si ce n'est peut-être quelques-uns des
plus voisins de la petite région a ; ceux-ci sont en même temps
des plus petits.
48. Cette région a est d’une substance qui ne laisse point voir
son organisation, parce que, à cette époque, elle est un peu
oblitérée ; on y découvre pourtant ordinairement des trachées.
49. L’aphrostase, qui est plus interne que les faisceaux, et
par conséquent plus interne que la région a, et qui d’ailleurs
fait partie de la moelle, n’est point ordonné dans le sens rayon-
nant. Il est donc probable que la puissance qui a déterminé
l'ordre des cellules de la région c et la direction des lignes de
partage de la région b, n’a pas son axe d’action dans l’axe de la
tige ; car alors, sans doute , elle aurait d'abord agi au moins sur
quelques portions de l’aphrostase médullaire. En effet, une foule
d'exemples prouvent que cette puissance qui dispose ainsi les
parties des faisceaux est spéciale pour chacun d’eux, et qu'elle
réside dans cette petite région a où sont les trichées. Ce sont là
des faits très importans dans l'étude de l’organisation végétale.
bo. J'ai dit, en exposant ce que c'était que l'hegémon, qu’en
général, ce tissu était la base des faisceaux vasculaires. Or,
quoique je n’aie pas encore complètement défini ni caractérisé
lhegémon, j'en ai assez parlé pour qu'on ne prenne pas pour
Jui le tissu qui remplit les régions à et 4 ; mais je pense qu'on
le reconnaitra sans difficulté dans la région e , quoique ici il ne
soit pas tout-à-fait semblable à l'hegémon du Cucurbita, les
tissus de chaque plante ayant sans doute leurs caractères propres.
Il s’agit maintenant de savoir comment les tissus des régions à
et d se trouve dans ces faisceaux : y est-il des l’origine, ou
quand y vient-il ?
c® DE TRISTAN. — /Valure des lissus végétaux. 37
51. J'ai pris une autre branche de ronce en forte végétation,
et l'ayant coupée à 5 centimètres au-dessous de son sommet,
ses faisceaux ne m'ont présenté que des taches ovales qui
n'avaient guère qu'un sixième de millimètre dans leur grand
diamètre; la substance de ces faisceaux ou filets ne laissait pa-
raitre aucune organisation et semblait être d’une matière un
peu pâteuse, presque gélatineue. On y distinguait deux régions
sombres a, c (fig. 12), séparées par un espace plus translucide .
52. À 12 centimètres du sommet, j'ai fait une autre coupe;
là, la tige avait 4 millimètres d'épaisseur, et les faisceaux pou-
vaient avoir un cinquième de millimètre. La région sombre in-
terne a semblait s'être partagée en deux par une bande plus
claire g (fig. 13). Il y avait donc trois régions sombres a, à, c,
séparées par deux bandes claires g, 2. On ne voyait point d'or-
ganisation dans la région interne a; mais il y existait des tra-
chées, car l'instrument tranchant en avait rompu et allongé un
filet, dont on voyait encore les spires; on est obligé de con-
clure que le tube de ces trachées était plein, puisqu'il ne pa-
raissait pas sur la coupe. Dans la deuxième région sombre à, on
voyait le réseau d’un tissu très fin, à cellules allongées dans le
sens rayonnant. La bande claire g'avait le même réseau allongé,
mais à mailles plus grandes. La troisième région sombre c mon-
trait aussi_-par place un réseau très fin, mais à mailles arrondies;
le même réseau arrondi était dans la bande claire k, avec des
mailles plus grandes. 1l-est maintenant impossible de ne pas re-
connaitre que toute la substance de ce faisceau est analogue à
celle des faisceaux du pétiole du Cucurbita; qu'ainsi, c’est de
l'hegémon diversement modifié. On remarquera aussi que, pen-
dant que & se formait ou se séparait de a, c grandissait beau-
coup. ;
53. Une autre coupe, faite à 26 centimètres du sommet, est
représentée (fig. 14). La tige avait 4 millimètres 1/2 de diamètre.
Ici, la région « était élargie, mais peut-être raccourcie du de-
dans au dehors. La région b semblait se fondre un peu avec les
deux bandes claires qui Paccompagnaient; cette fois, je n'ai
distingué de tissu ni dans & ni dans 4. Dans p, il y avait plu-
sieurs lacunes, les unes rondes, les autres allongées dans le
38 ce DE TRISTAN. — Malure des tissus végétaux.
sens rayonnant. La région c montrait le même tissu très fin que
dans la fig. 13; cependant ici les cellules étaient ordonnées par
séries à-peu-près rayonnantes, mais s'épanouissant un peu en
gerbe. Je suis à-peu-près certain que ces mêmes cellules étaient
en même temps rangées par séries parallèles à l’axe; néanmoins
ma note ne fait pas mention de cela. C
54. La fig. 15 est une coupe faite à 45 centimètres du som-
met, et au-dessous de la première feuille complétement déve-
loppée. La tige avait 5 millimètres. La région & n’était pas no-
tablement changée, senlement un peu élargie. La région à
semblait confondue avec la bande g, et elle était envahie par
les lacunes. Ta bande A et la région € étaient fort réduites
d'épaisseur, du dedans au dehors; cela pouvait être attribué à
une substance 4 qui s'était développée sur la partie externe du
faisceau, ét qui, maintenue par l’aphrostase qui était plus en
dehors (ou en c de la fig. 10), s’éta t fait place en comprimant
cette région c (fig. 15); mais tous les faisceaux ayant insensi-
blement grossi, il en résultait que la partie d’aphrostase qui est
plus en dehors qu'eux, ne tenait plus à l’aphrostase qui est plus
interne qu'eux (aphrostase méduliaire) que par des isthmes (43)
trés étroits: or, dans la lame très mince que j'avais coupée pour
cette observation, ces isthmes s'étaient rompus comme je les
montre en #. Ainsi, l’aphrostase externe s'était détaché du reste
de la lame, et il avait entrainé avec lui la substance d nouvelle-
ment formée. La séparation entre c et d'était nette, et prouvait
qu'il y avait toujours eu solution de continuité entre ces deux
substances. Aussi, j'avais conclu que cette séparation 77, qui
s'était formée là, était la cunice, mais c'était une erreur: la
cunice se forme en h et la séparation m2 est une fausse cunice,
qui ne se montre pas par la suite. Quant à la nature de la sub-
stance d, elle a été mal observée sur cette coupe.
55. Enfin, je représente (fig. 16) une coupe faite à 54 centi-
mètres du sommet. La figure indique assez les légers change-
mens qu'a éprouvés la masse du faisceau; je dirai seulement que
la région a montrait, dans quelques faisceaux, des trachées dont
l'axe était vide. La masse d, probablement à force de se presser
contre la région c, s'était uni à elle; cette union n’était pas due
Ct® DE TRISTAN. — {Nature des tissus végélaux. 39
aux inégalités que la figure représente, car elles n'existent pas
toujours. Au reste, la figure précédente prouve assez que cette
union est postérieure à la formation des tissus; mais, ce qui
donne le plus d'importance à cette coupe, c’est qu’on y recon-
naît la substance 4 pour être celle qui est désignée par la même
lettre dans la fig. 11. Ici, je n’ai point indiqué son organisation
qui, pourtant, est apparente; mais je l'ai négligée au moment
de l'observation, parce que je la connaissais suffisamment, et
maintenant je craindrais de la représenter dans un état d’avan-
cement qui ne correspondrait pas au reste de la figure.
56. J'ai pourtant fait encore une autre coupe à soixante-deux
centimètres du sommet , mais la figure 16 peut lui servir ; l’af-
faiblissement des tissus, suivant la ligne À, À, commence à faire
reconnaître que c’est là que doit se former la cunice. Ce qui est
plus remarquable, c’est que toute la région 2 contenait un tissu
semblable à celui de la masse 4: seulement il était disposé par
filets presque séparés et qui semblaient être nés indépendam-
ment les uns des autres. Ces filets, dont la tubulure paraissait
noire sous l’eau, et dont on ne voyait que la coupe, étaient
rangés par séries parallèles aux bords latéraux du faisceau. Les
séries elles-mêmes étaient groupées en cinq ou six fascicules,
séparés par des bandes plus sombres, qui étaient évidemment
l'hegémon , tissu originaire de cette région; les lacunes, deve-
nues circulaires ou légèrement ovales , se trouvaient englobées
dans l'épaisseur de ces fascicules.
57. Ceci diffère très peu de l’état représenté par la figure 11,
et.alors cette figure est complètement expliquée. La région a
est l’hegémon , dans lequel se sont formées les trachées ; mais il
est comme épuisé. Le nouveau tissu s'est emparé de la région Ÿ,
et a réduit l’hegémon , qui l’occupait en quatre ou cinq lames
minces zp, qui ne laissent plus voir leur organisation, du
moins sur cette coupe. Ce tissu n’est plus ordonné dans le sens
rayonnant, probablement parce que son abondance a gêné sa
disposition. Les lacunes se sont tapissées d’une membrane et sont
ainsi devenues de gros vaisseaux. L’hegémon de la région c est
resté dans sa nature, et on reconnaîtra facilement que la cunice
doit être en À. Le nouveau tissu s’est établi seul dansune place
4o C® DE TRISTAN. — ÂVature des tissus végétaux.
spéciale d, entre l’aphrostase et l’hégémon, et sans avoir dans
l’origine aucune adhérence avec cet hégémon, comme l’a prouvé
la figure 15.
58. Ce nouveau tissu est donc complètement distinct de laphro-
stase et de l’hegémon. Il a été lui-même à l’état de cambium,
et ce cambium a du être une sécrétion de l'un des deux autres
tissus ou de tous les deux ; mais il n’a jamais été ni aphrostase
ni hégémon. Or, ce nouveau tissu, je le nomme Pro.ryle,comme
qui dirait avant-bois ; en effet, il n’est pas le bois ; mais, quand
il est consolidé , il constitue le principal élément du bois des
tiges et des racines. La région à deviendra bois, ce qui suppose
une certaine solidité, et là elle existera, parce que les filets de
proxyle y sont tissus avec des lames d’hegémon. La région d ne
deviendra pas bois, parce que les filets de proxyle y sont trop
désunis : ils resteront fil , vrai fil, moins fort sans doute que
celui du chanvre, mais de même nature et n’en étant distingué
botaniquement que par une légère différence de position plns
apparente que réelle.
59. Aïnsi voilà trois tissus que je présente comme étant de
natures différentes. Je répète encore à leur égard ce que j'ai déjà
dit (32): je ne prétends pas les avoir découverts. Tont le monde
a vu laphrostase, l’hegémon etle proxyle. Il ne faut que des
yeux pour cela; mais les différentes modifications de ces tissus
ont été mal groupées dès l’origine. On a séparé des choses ana-
logues, et on a réuni des choses dissemblables. Des noms ont
été donnés à ces groupes défectueux, et il en est résulté une
nomenclature physiologique défectueuse, qu’on suit par habitude
et qui obscurcit des choses fort claires. C'est là ce que j'essaie
de réformer, et, au risque d’être accusé de néologisme , il faut
que je fasse de nouveaux mots pour présenter un nouveau
classement.
60. Pour débrouiller tout cela, je pense qu'il était nécessaire de
reconnaître et de signaler d’abord les tissus purs. C’est ce que j'ai
commencé à faire, en indiquant et faisant sommairement con-
naître ces trois tissus. Jai maintenant à parler, sommairement
aussi, des tissus mixtes, projetant de donner plus tard de plus
grands détails sur les uns et sur les autres; mais, avant tout , Je
ct DE TRISTAN. — MNuiure des tissus végétaux. 41
veux terminer avec ma figure 11 et noter quelques remarques
importantes qu’elle suggère.
Gr. J'ai dit que la cunice devait se prononcer en h h (fig. 1 r).
Je ne sais si elle existait déjà sur cette coupe ; mais, à coup sûr,
on l'y aurait rencontrée un peu plus tardivement. La formation
de cette fissure, n'étant que la solution de continuité de la
région à la région c, doit se faire dans l'hegémon; car c est
de cette nature. Les lames zp en sont aussi; mais celles-ci,
réduites à ce peu d'épaisseur, ne peuvent opposer un grand
obstacle. Il n’est pas encore temps de parler de la cause qui le
surmonte.
62. Quoi qu’il en soit , la cunice, étant formée en Ah ; laisse
en dedans les deux régions a, b , et en dehors les deux régions
c, d; ainsi donc a, b appartiennent à l’endophyte (39), et,
comme plus en dedans, vers l’axe, il n’y a que la moelle; ces
deux régions et leurs analogues des autres faisceaux vasculaires
constituent l’endostère (38), qui, dans cette plante, est ligneux.
Les deux régions c, d , appartiennent à l’écorce. Avec leurs
voisines , elles forment deux couches, l’une begémienne c le
lorg de la cunice, l’autre proxylaire 4. A elles deux, elles
composent ce qu’on appelle le Ziber. Je m’empresse de dire que
la constitution du liber varie beaucoup ;-et que j'ai cru voir
dans certaines plantes une couche aphrostasienne à la place de
la couche hegémienne c.
63. L’endostère , borné extérieurement par la cunice ( puis-
qu’elle existe dans la Ronce)et s'étendant du côté interne jusqu’à
la moelle , se trouve répondre (dans l'état actuel de ce bour-
geon ) à ce que l’on appelle ordinairement la premiere couche
ligneuse , EN y comprenant cependant ce que quelques bota-
nistes ont distingué sous le nom d’étui médullaire, dénomination
vague qui peut néanmoins s'appliquer à la réunion des fais-
ceaux de trachées , lesquels ne sont autre chose que les pre-
mieres régions a des faisceaux vasculaires, régions dans Îes-
quelles l’hegémon s’est plus ou moins oblitéré par suite du
nombre de trachées qui s’y sont développées. Je néglige pour
le moment cer étui médullaire, et je passe outre.
64. Cet endostère se trouve marqué de lignes rayonnantes,
42 c® DE TRISTAN. — ÂValure des tissus végétaux.
nommées par les uns prolongemens médullaires, par les autres
irradiations. J'ai déjà fait quelques remarques sur cela (43). J'ai
montré en quoi consistent quelques-uns de ces prétendus pro-
longemens médullaires , que j'ai appelés isthmes. Ici ces isthmes,
resserrés entre deux faisceaux , sont réduits en lignes plus ou
moins droites 21; mais la formation de la cunice les rompt, et
leur prolongement entre les régions qui appartiennent à l'écorce
devient peu apparent au milieu de parties peu fermes. La por-
tion de ces isthmes qui reste dans l’endostère , parait arriver à
la cunice, comme les lignes p #7, qui ont pourtant une origine
bien différente ; car elles sont de nature hegémienne, et elles ne
se sont jamais étendues que depuis la première région a de
l’hegémon jusqu’à la troisième région c , ou, si l’on veut, jus-
qu’à la cunice. Or, c’est à ces lignes p 7, que je réserve le nom
d’irradiations. Ainsi ces lignes rayonnantes qui traversent l’en-
dostère, sont de deux sortes : les unes :2 sont nommées
isthmes : elles sont de nature aphrostasienne , et elles ont réuni
aphrostase de lendophyte où moelle, à l’aphrostase externe
ou cortical ; les autres pn sont nommées radiations. Elles
sont de nature hegémienne et ne se sont jamais étendnes que de
la première à la troisième région des faisceaux vasculaires.
65. Les isthmes ont deux directions vraiment rayonnantes,
qui répondent au centre de la tige ou à la figure qui le repré-
seute, si la tige n’est pas cylindrique; mais les irradiations
semblent n'être en rapport qu'avec le faisceau dont elles font
partie. Elles divergent ordinairement entre elles, parce que le
faisceau s'élargit, en approchant de la cunice. Au reste, cette
direction des irradiations leur est commune avec les rangées de
proxyle qui sont intervenues dans cette région , avec le sens de
l'allongement des cellules hegémiennes, qui ont d'abord occupé
cette même région b (fig. 13), enfin avec les séries hegémiennes
de la région cffig. 14 et 11). J'ai déjà fait remarquer (49) que
plusieurs de ces effets ont leur source dans la région a , qui
contient les trachées. Plus ces effets sont multipliés , plus on
doit attribuer d'importance à la puissance qui réside dans cette
région ; mais les isthmes ne sont nullement sous son influence.
C’est une différence de plus entre eux cet les irradiations ; et
c'® DE TRISTAN. — /Vature des tissus végélaux. 43
cependant la distinction des uns et des autres est quelquefois
presque Hope à saisir, surtout quand la DE est un
peu avancée.
66. J'ai fini avec la figure r1,et je reprends la suite des idées
qu'elle m’a fait interrompre (60).On a bien compris que, puisque
je reconnais trois tissus de natures différentes , l’'aphrostase,
lhegémon et le proxyle, il faut bien que j'admette trois cam-
biums différens , qui ont dû exister en cet état inorganisé, avant
que l’organisation ne survint en eux. On pourrait donc conce-
voir que ces cambiums vinssent à se mélanger entre eux de
diverses manières avant d’être organisés , et les tissus qui nai-
traient de là, devraient avoir des caractères mixtes. Je n’ai pas
de preuves que cela soit, et même jy entrevois quelques diffi-
cultés, surtout à l'égard du cambium du proxyle, parce que
cette substance me parait être une sécrétion un peu tardive des
autres tissus. Le mélange du cambituim aphrostasien et du cam-
bium hegémien me semble plus aisé à admettre; mais j'ai encore
besoir de m'éclairer à ce sujet. s
67. Il est au contraire très fréquent de voir un tissu tout for-
mé s’imprégner d’un cambium d’une autre nature. Particulière-
ment, l'hegémon est sujet à recevoir des proportions plus ou
moins grandes de cambium proxylaire. 1l résulte de ces diverses
combinaisons des tissus multiformées qui, comme je l'ai dit, ont
empêché de reconnaitre et de classer convenablement les diffé-
rentes natures d'organes élémentaires.
68. Ces tissus, dont il doit être souvent question, méritent
un nom; je leur ai donné celui d’'Ædéléme (de «-Armopa, sans
signe certain }. Je répète donc qu’un adélôme est le résultat de
l’épanchement du cambium proxylaire sur un tissu déjà formé.
Je crois cependant devoir exiger une seconde condition, c’est
que ce nouveau tissu doit avoir, pour mériter ce nom, une ap-
parence propre à lui, et qui le distingue des tissus purs. On va
tout-à-l’heure connaître pourquoi je demande cela. D'abord, il
faut remarquer que le tissu sur lequel se jette le cambium pro-
xylaire, établit une différence entre les adélômes. Ainsi il y a
des adélômes à base d’aphrostase , et des adélômes à base d'he-
gémon ; ceux-ci sont communs, les autres sont rares. Mais ces
44 C® DE TRISTAN. — ÂVature des tissus végétaux.
adélômes à base d’hegémon prennent quelquefois si complète-
ment l'apparence du vrai proxyle, du proxyle pur, qu'il est très
difficile de les en distinguer. Je conviens pourtant que la no-
menclature serait plus en harmonie avec la nature des choses,
si ces tissus d'apparence trompeuse étaient aussi compris sous
le nom d'adélôme qui semble leur être dü, puisqu'ils ont une
base d’une naiure étrangère aux caractères qu'ils montrent.
Mais je rendrai cette nomenclature beaucoup plus commode
dans la pratique, en accordant le titre de proxyle, 1° à tout ce
qui est produit par le cambium proxylaire, sans base d’une
autre nature; 2° à tout ce qui montre complètement l'apparence
et les caractères du vrai proxyle, quoique ayant une base étran-
gere. Et si la suite des observations permet de reconnaitre ce
qu’il en est'à l'égard de la nature intime de ces tissus, on l’ex-
primera en indiquant les premiers sous le titre de proxyle pur,
et les seconds sous celui de proxyle secondaire. Ainsi j’admets
deux proxyles et deux adélômes.
69. Je crois pouvoir indiquer comme proxyle pur celui qui
forme la partie principale de l’endostère du Chêne, du Châtai-
gnier, de la Ronce, etc., et les faisceaux du liber des mêmes
arbres. Au contraire , l'endostère du Pin maritime, etc., etc., ne
parait contenir point d'autre proxyle que du secondaire. Les
adélômes sont communs dans les couches extérieures ou corti-
coïdes des tiges. |
0. Le proxyie en général, soit pur, soit secondaire, la plu-
part des adélômes, et même quelques hegémons, out été com-
pris sous le nom de petits tubes. Le nom de fibres s'applique
plus particulièrement au proxyle, qu'il soit pur ou secondaire.
Ce mot fibre peut être regardé comme appartenant à la langue
vulgaire, je ne vois aucun motif pour ne pas l’employer; il peut
même être utile dans la construction de certaines phrases.
Ainsi je crois m’énoncer clairement en disant que dans le Lilas
les fibres du liber sont un proxyle secondaire, tandis que les
fibres de l’endostère paraissent étre un proxyie pur.
51. Quoique le proxyle soit fort aisé à rencontrer et à recon-
naître, je vais en donner deux figures pour fixer l'imagination,
_sans forcer à recourir à lobservation. Ce sont deux coupes
c® DE TRISTAN. — ÂMature des tissus végétaux. 45
transversales. La première (fig. 17) est tirée d'un filet fibreux
du liber de la Ronce, à une époque où les fissures du proxyle
sont à peine légèrement indiquées C’est à-peu prés l’état de la
région d de la figure 16. La seconde (fig. 18) est tirée du même
lieu, mais à un âge plus avancé : c'est à 17 ou 18 décimètres
au-dessous de l'extrémité du rameau. Non-seulement les fissures
sont formées et ont isolé les tubes, mais encore ceux ci, qui
étaient d'abord des prismes anguleux, sont devenus presque
cylindriques.
72. Quant aux adélômes, puisqu'ils résultent de l’épanche-
ment d’une matière ( cambium proxylaire) sur un tissu anté-
rieurement formé , il est clair que l’on peut dire de cette ma-
tière qu’elle incruste le tissu fondamental, surtout si elle prend
une certaine consistance, comme c’est l'ordinaire. Or, en 1839,
M. Payen a fait de précieux travaux sur la matière incrustante
des tissus végétaux : il la désigne le plus ordinairement sous ce
nom de matière incrustante, et il semble qu’on pourrait l’assi-
miler à ce que je regarde comme étant le cambium proxylaire
ou la matière du proxyle avant son organisation. Quoi qu'il en
soit, M. Payen a vu ce que je nomme les adélômes, ou même
le proxyle secondaire ; mais il n’attribue pas à la matière incrus-
tante la possibilité de s'organiser elle seule, d’où l’on pourrait
conclure qu’il n’a pas vu ie proxyle pur.
73. Dans les Comptes rendus de l’Académie, à la séance du
4 février 1839, on trouve une lettre de M. Payen , dans laquelle
cet habile chimiste assimile la matière incrustante à la scléro-
gène de M. Turpin. Dans d'autres occasions, M. Payen ne parle
plus de ce rapprochement. Et en effet, si J'ai raison de croire
mes idées sur cela en harmonie avec les siennes, lé nom de
sclérogène , comine l’entend M. Turpin, ne semble pas convenir
parfaitement ici; car M. Turpin « donne cette dénomination col-
« lective à toutes les matières étrangères à l'organisation, ma-
« tiéres d'abord en suspension dans l’eau séreuse, puis déposée
«et concrétée aux parois intérieures des organes creux et élé-
« mentaires des tissus, etc. (:}». Il comprend comme espèces,
l
(r) Voir la note de la page 725 des Comptes rendus de PAcadémie , 1° semestre 1838.
46 C® DE TRISTAN. — /Vature des tissus végétaux.
sous ce nom collectif, des substances tinctoriales, le cachou noir
et ses raphides, le tannin, etc. Or, non-seulement le proxyle,
mais encore le cambium proxylaire, comme je l’entends, ne
peuvent être considérés de cette manière, puisque l’un est orga-
nisé et que l’autre est disposé à s'organiser. Cependant M. Tur-
pin fait jouer à la sclérogène un rôle semblable à une partie de
celui que je donne au cambium proxylaire, puisqu'il lui attri-
bue (1} tout épaississement des tissus originaires. Pour accorder
ces diverses opinions, Je crois qu'il faut admettre d’abord la sé-
crétion du cambium proxylaire et ses produits (proxyles et adé-
lômes), lesquels se voient quelquefois dans de très jeunes tis-
sus qui jamais ne se consolident. Ce cambium, même épaissi,
est une matiére incolore et translucide, susceptible de s’orga-
niser. Plus tard intervient la sclérogène, qui pénètre la matière
proxylaire ou se combine avec elle. Sclérogène, on l’a vu plus
haut, est un nom collectif, qui désigne des matières la plupart
opaques et colorées (2) et incapables de s'organiser. En un mot,
je regarde le fil de chanvre comme étant du proxyle, et je ne
crois pas que ce soit de la sclérogène.
74. Je termine ici ce Mémoire, où je n’ai fait qu’indiquer les
divers tissus que je me propose de faire connaître plus en détail.
Je crois avoir démontré que, du moins, les trois tissus purs,
aphrostase , hegémon et proxyle, sont radicalement différens,
et que ce qui les a fait méconnaitre, ce sont les divers adélômes,
qui pour ainsi dire ont effacé les caractères différentiels. Dans
un autre travail, qui, j'espère, suivra de pres celui-ci, je cher-
cherai s’il est possible d'indiquer pour ces tissus des caractères
un peu précis. Je préviens d'avance que cela me paraît difficile,
s'il est question de caractères généraux qui conviennent à tous
les aphrostases, par exemple, ou à tous les hegémons ; mais, en
général, un hegémon diffère assez clairement de l’aphrostase
correspondant , et peut-être sera-t-il possible de poser nette-
ment cette différence relative, qui d’ailleurs devient presque
toujours évidente quand on y joint le caractère de position.
(x) L.c., p.728, ete.
(2) L. €. p.729, 737, etc.
cl DE TRISTAN. — /Vature des tissus végétaux. 47
À l'égard du proxyle, les difficultés sont moindres, et ce n’est
que de proxyle pur à proxyle secondaire qu'elles existent. Je
dois aussi faire conaaître les principales modifications des tissus,
et les divers modes de composition de la zone hegémienne , ou
des faisceaux qui ordinairement la composent ; car on se trom-
perait beaucoup, si on les croyait tous analogues à ceux de la
Ronce. Enfin, j'aurai à parler des couches extérieures de la tige,
que j'ai laissées un peu en arrière, et c'est même par là que je
commencerai.
P.S. Lorsque j'ai adressé ce mémoire à l’Académie des Sciences, je n’avais pas eu connais-
sance du compte rendu de la séance du 22 juin, et par conséquent j’ignorais les derniers tra-
vaux de M. Payen sur la cellulose , ainsi que l'approbation que l’Académie a donnée à ces
travaux par suite du rapport de M. Ad. Brongniart , au nom d'une commission. M. Payen
ayant démontré que ie tissu primitif des végétaux est identique de composition avec l’'Amidon,
il me paraît nécessaire de faire remarquer que je ne suis point en contradiction avec ce fait, en
soutenant qu’il y a dans la même plante des tissus de plusieurs natures différentes ; et cela ne
doit pas surprendre à présent que l’on rencontre si souvent des substances isomères qui ont des
propriétés physiques fort différentes, Au reste, s’il était nécessaire , je m’appuierais de l’opi-
nion même de M. Payen. En effet, je trouve ( p. 943 du Compte rendu) que « l’identité de
« composition de la Cellulose et de l'Amidon. .,.. pouvait déjà faire présumer qu’on trouve-
« rail des états intermédiaires , quant aux propriétés physiques et chimiques , entre ces deux
« extrêmes » , et l’on cite quelques-uns de ces états intermédiaires. C’est évidemment tout ce
qu'il me faut pour me permettre de soutenir mon opinion. Rien ne m’empêche d'admettre que
la membrane qui fait la base des tissus est toujours composée des mêmes élémens chimiques, de
même que les cambiums qui forment ces tissus doivent aussi être composés des mêmes élémens
chimiques ; mais ces élémens forment des combinaisons , qui sont dans des états différens et d’où
résultent des tissas qui peuvent avoir des propriétés physiques et chimiques différentes ; en un
mot , des lissus desquels j’ai pu dire qu’ils étaient de diverses natures, surtout après avoir
expliqué comment j'entends cette expression , rature des tissus. Entin M. Payen a encorecon-
firmé la justesse de cette manière de voir, en donnant un nom spécial, Cellulose, à une substance
qu'il regarde comme de même composition que l’Amidon.
ee 0e Q GO en
46 C. MONTAGNE. -— Sur le nouveau genre Capea.
CONsIDÉRATIONS SUCCINOTES sur la tribu des LAMINARIÉES, de la
sous-famille des Fucarées, et caractères sur lesquels est établi
le nouveau genre CaprA, appartenant à la éme tribu,
Par CAMILLE MonTAGNE, D. M.
(Lues à la Société Philomatique, dans sa séance du 11 juillet 1840 )
Dans le démembrement qu'il fit si heureusement des Fucus
de Linné, notre compatriote Lamouroux fonda son genre Lami-
naire sur ce seul caractère : Racine fibreuse et rameuse. | est
évident qu’un caractère si général, quoique excellent pour l'é-
poque à laquelle cet auteur tira l’algologie du chaos, devait né-
cessairement réunir encore beaucoup d'êtres hétérogènes. Au-
jourd’hui, ce genre, par suite de distinctions de plus en plus sub-
tiles , est devenu une grande tribu composée elle même de neuf
genres qui sont: Durvillæa Boryÿ , Lessonia Bory , Macrocystis
Ag., Phytllospora Ag., Ecklonia Hornem., Laminaria Lamx.,
Agarum Bory, Alaria Grev. et Costaria Grev. Les autres ca-
ractères du genre Laminaria ; exposés en détail par Lamou-
roux , dans l’Æssai sur les genres de la famille des Thalassio-
phytes non articulées , ont dù devenir et sont effectivement de-
venus des caractères de tribu, et il a bien fallu en chercher et
en trouver d’autres pour signaler les nouveaux genres qu’il s’a-
gissait d'établir à ses dépens. Tous les phycologues un peu ex-
périmentés savent parfaitement de quelle importance est la
structure des frondes et leur mode de développement dans la
classe entière des Algues. Cette importance, dont J'ai déjà parlé
ailleurs (1},est telle, à mon avis, qu’elle balance celle qui est tirée
de la fructification. Il ne me faudrait pasaller bien loin pour trou
ver les preuves de ce que j'avance.Si j'avais besoin de les chercher
ailleurs que dans la propre tribu des Laminariées, celle des Fu-
(1) Voyez Histoire physique. politique et naturelle de l'ile de Cuba, Botan. Crptog. Edition
française, page 38.
C. MONTAGNE. — Sur le nouveau genre Capea. 49
cacées m'en fournirait d’évidentes et d’'irréfragables. En dernière
analyse, y trouvons-nous autre chose que certains renflemens
des frondes ou des rameaux dans lesquels des conceptacles, di-
versement groupés et agencés, renferment des sporidies qui
chez toutes les espèces se développent de la même façon et sont
accompagnés, dans le plus grand nombre, de filamens cloison-
nés plus ou moins allongés, plus ou moins nombreux? Eh bien!
si l’on excepte le genre Æcklonia , dont la singulière fructifica-
tion trouvée et publiée par Hornemann, mais regardée comme
douteuse par Rudoifi, qui lui en attribue une autre analogue à
celle des Laminaires proprement dites. (1), dans tous les genres
de la tribu qui nous occupe, dont la fructification est connue,
celle-ci est à peu de chose près toujours la même, ou du moins,
si elle varie, c'est moins dans ses formes que par le lieu où on
la rencontre. On ne peut donc fonder sur elle de bonnes et so-
lides distinctions génériques.
Mais si, par ses formes, la fructification des Laminariées ne
fournit pas de caractères assez tranchés pour limiter convena-
blement les genres, il faudra donc, comme on le fait pour la
tribu des Parmeliacées de la Émile des Lichens, les chercher
dans les formes de la fronde, qui offre des variations infiniment
plus multipliées, il est vrai, mais circonscrites pourtant dans
certaines bornes constantes. Quels sont donc, sous ce rapport,
les caracteres auxquels on devra accorder le plus de valeur pour
les distinctions génériques ? Nul doute qu’il ne faille mettre en
première ligne la présence ou l'absence des vésicules natatoires.
On a donné aussi une grande valeur à la nervure dont la lame
de la fronde est parcourue; et maintenant que j'ai moi-même
plus mürement réfléchi sur ce sujet, je conviens qu’il me faut
revenir sur ce que J'ai avancé à l'article {/aria du Dictionnaire
universel d'Histoire naturelle. Cette valeur de la nervure en
question dans les genres 4garum et Alaria, je la fonde aujour-
d'hui sur la considération que la lame est composée, dans ces
genres comme dans le genre Capea , d'une fronde primitive,
lancéolée, représentée par cette même nervure , et de pinnules
(1) Voyez Linnœa, 1831,Pp. 171,
XIV. Boran.— Juillet. 4
5 CG: MONTAGNE. — Sur le nouveau genre Capea.
toutes soudées ensemble dans l’Ægarum cribrosim Bory, et en
partie seulement dans les espèces du genre Z/uria , où le stipe
est en effet garni de pinnules distinctes, quelquefois très grandes,
sur l’un et lautre bord.
Après la nervure, vient sans contredit le mode de développe-
ment des frondes. Ce caractère de végétation devrait même pas-
ser avant le précédent, vu son importance manifeste. Effective-
ment, les Macrocystes et les Lessonies se distinguent surtout
des autres Laminariées par la manière dont se fait l’évolution
des frondes. Chez ces Algues , la feuille supérietire se fend à la
base, non au sommet, en plusieurs lanières dans lé prémier de
ces genres, en deux seulement dans le second, lesquelles, se
séparant pen-à-peu selon la longueur de la feuille-mère, éon-
tribuent ainsi à l'agrandissement de ces plantes. Notez bien que
là séparation marche toujours de la base au sommet de la feuille.
Les nouvelles divisions ou feuilles réstent acystes, t’est-a‘dire
privées de vésiculés natatoires dans les Lessonies, tandis que
- dans tes Macrocystes, leur base ou pétiole se renfle en uné vé-
siculé diversement conformée selon les espèces. Dans le Durvil
læœa utilis et dans le genre Laminaria proprément dit. et tel que
nous voulons le constituer ici, la fronde $’accroit par Simple
allongement du tissu, et quand elle se fend, c’est toujours 'en
commençant par son extrémité libre. Les genres £cAlonia,
Phyllospora et Capea, au contraire, ont un mode d’accroissé-
ment tout autre que ceux que nous venons de passer éti revue.
C’est sur les bords de la fronde que se voient les appendices où
pinnules qui, par leur évolution successive et incessanté , sont
destinés à compléter la plante, car, dans la jeunesse, celle-ci,
comme au réste toutes les Laminariées sans exception, est en-
tièrement simple. Mais, cé qu'il y a de remarquable, c’est qué
Vaccroissement dont il s’agit S’opère par l’élongation d’appen-
dices spinuliformes qui bordent la lame principale. Ainsi, dans
les trois genres mentionnés, les marges des frondes sont héris-
sées de dents épineuses dont quelqués-unés privilégiées devien-
nent des feuilles ou des pinnules qui elles-mêmes en portent
d’autres, susceptibles également de la même métamorphose. Le
genre Phyliospora , nouvellement fondé par M. Agardh, diffère
C. MONTAGNE. — Sur le nouveau genre Capea. 51
des deux autres ; soit par la présence des vésicules, organes qui
les rapprochent des Macrocystes entre lesquels ils militaient na-
guère, soit par Les fructifications , qui sont bien voisines de celles
dés Fucacées. Je ne ferais pas la moindre difficulté de réunir au
genre Zcklonia le nouveau genre que je propose, si la fructifi-
cation figurée par :Hornemann n’était si différente de celle que
j'ai observée dans le genre Capea.
Enfin, ilest encore un autre caractère auquel on a cherché
à donner quelque valeur, mais qui n’en peut avoir que pour
distinguer les espèces entre elles; je veux parler de l’état fistu-
leux du stipe: On le retrouve, en effet, dans les £Zcklonia buc-
cinalis Hornewm. et Laminaria ophiura Bory, séparées ‘entre
Iles par d’autres caractères d’une importance moins contes-
table. Tel |
Quant à la structure des Laminariées, presque identiquement
la même, à quelques nuances près, dans toutes les especes,
elle a été assez bien exposée par M. de la Pylaïe, dans un tra.
vail sur la flore de, Terre-Neuve, imprimé etsoumis dans Île
temps.au jugemént de l’Académie des Sciences, mais qui, étant
resté inachevé, n'a pu être communiqué par l’auteur qu’à quel-
ques savans ou amateurs de sa connaissance. J'ai moi-même
donné. (1) une description et une figure analytique de l’organi-
sation du stipe des Macrocystes. Cette uniformité de structure
nous fait donc désespérer : d'y: jamais trouver des caractères
propres à appuyer ! nos distinctions de genre. Quant à ces dis-
tincüons.elies-mêmes, j'avouerai, avant d'aller plus loin ; que je
suis éloigné d’en être partisan ; quand une urgente nécessité ne
les autorise pas ou qu’on ne saurait les établir sur des caractères
suffisamment tranchés. Hors ces cas, si l’amour-propre peut
trouver son compte à les proposer, je doute que la science
retire quelque avantage marqué de leur adoption. Or, on a
poussé si loin les distinctions dans la tribu qui nous occupe,
qu'il m'est impossible, sans rapprochement forcé, de faire en-
trer ma plante dans aucune des divisions naturelles ou artifi-
cielles qu’on y a pratiquées.
(1) Voyage dans l'Amérique! méridionale , par M. Alcide d’Orbigny. Sertum patagonicum,
p. 12, PL 3, fg#r
4
52 C. MONTAGNE. — Sur le nouveau genre Capea.
Pour résumer en peu de mots tout ce qui précède, les genres
de la tribu des Laminariées peuvent donc tirer d’une source dif:
férente les caractères qui servent à les distinguer entre eux.
Ainsi, l'absence ou la présence d’une nervure ou de vésicules
natatoires, les formes que revêtent les fructifications et le lieu
qu’elles occupent, enfin le mode d'évolution des frondes, sont
autant de circonstances dont on s'est servi pour motiver ces dis-
+inctions. J'ai appuyé principalement sur l'importance de ce der-
nier caractère, et j'ai fait voir qu’indépendamment de tout autre,
il suffisait, pour limiter les genres, que, par exemple, les Ma-
crocystes grandissaient par la polyschidie (qu’on me passe ce
terme) de leur feuille terminale, polyschidie qui, teujours et
dans tous, commence à la base de la fronde et non au sommet,
comme dans les vraies Laminaires ; que dans les Lessonies, l’ac-
croissenent de la fronde dichotome a lieu par une simple scis-
sure qui, commençant vers le bas de la fronde, s'étend insensi-
blement jusqu’au sommet ; enfin, que dans les genres Æcklonia
et Capea , le mode d’évolution des frondes se fait par le déve-
loppement d’appendices spinuliformes dont leurs bords sont
garnis. Il me semble que des modes d’accroissement si distincts
ne sauraient appartenir à des congénères.
De toutes ces considérations, je crois pouvoir conclure que
Ja Laminaria biruncinata'Bory, découverte d’abord stérile , sur
les côtes du Chili, par M. Dumont d’Urville, puis plus tard,
dans le même état, au Cap-Vert, par M. Leprieur, et enfin,
avec sa fructification , à la Grande-Canarie, par M. Despréaux,
ne peut plus rester dans le genre Laminaria tel qu'il est au-
jourd’hui constitué, et qu’elle doit servir de type au nouveau
genre Capea, dont voici les caractères :
CAPEA (1) nov. gen.
CHAR. Gen. Sporidia oblongo-clavata, granuitosa, lutescentia, pe-
(r) Voir la figure que j'ai donnée de cette espèce et l'analyse de la fructification dans
VHistoire naturelle des Canaries , par MM. Webb et Berthelot, Botan. Crypt. p. 140. Lt 7.
Voyez aussi Bory, Coguille, t, 10, une forme différente de la même espèce.
C. MONTAGNE. — Sur de nouveau genre Capea. s >,
ridiolis inclusa cuneatis pellucidis in soros congregatis. Sori
manulæformes, elongato-elliptici,: prominuli, amphigeni,
obscuriores, juxtà basin pinnularum foliis primarii seu lami-
næ collocati. Frons coriaceo:membranacea stipitata, fulcris-
radiciformibus instructa ,mox in laminam expansa simplicem
lanceolatam , margine discoque spinulosam, tandem pinnato-
compositam, pinnis patenti-decurvis. Color olivaceo-fuseus
nigricans.
(
Ogs. Pinnulæ in hocce genere ne à scissurà quidem laminæ,
sed ab evolutione vero normali incrementoque ipsarum quibus,
margines ejus instructi sunt spinularum, originem ducunt.
Hâcce notà ut et fruclificatione, illæ Macrocystidis simillimà .
præcipué nititur character diagnosticus.
Je ne dirai plus que deux mots des affinités de ce genre, les-
quelles sont assez nombreuses, ainsi que cela a lieu dans les
tribus bien naturelles. Sa fructification est en tout semblable à
celle des Macrocystes telle que l’a représentée M. Agardh (1), et
les dents épineuses dont les bords de ses pinnules sont garnis,
donnent à ces feuilles l’aspect de celles propres à ce dernier.
genre ; mais le nôtre en differe par un grand nombre de carac-
téres, et surtout par l'absence des vésicules natatoires et son
mode d'accroïssement. Celui-ci, au contraire, lui donne quelque
analogie avec les genres Phyllospora Ag. et Ecklonia Hornem.,
qui en sont bien. distincts, le premier par ses vésicules, tous
deux par les formes de la fructification. |
Le genre Capea est surtout fort différent des vraies Eami-
naires. Dans celles-ci, en effet, l'allongement de la fronde s’ef-
fectue par l’extrémité libre de la lame , en sorte que les divisions
qu’on rencontre chez quelques espèces, et qui proviennent de
simples scissures ou déchirures, sont de véritables lanières, et
non pas des pinnules comme dans le genre que je propose ici,
où l’évolution de la fronde , d'abord simple, a lieu par le déve-
loppement successif d'appendices marginaux. Quelques Lesso-
nies ont aussi le bord des frondes épineux, mais nous avons vu
(x) Voy. Act. Acad, Nat. curios: Vol, xix,, part. 1, tab, 28, fig. 9 et vo,
54 C. MONTAGNE. — Sur le nouveau genre Capea.
que celles-ci se développaient d'une façon fort diverse. Peut-être
trouvera-t-on plus tard, dans la fructification encore inconnue
de ce genre, de nouveaux caractères propres à confirmer la dis-
tinction tirée de la forme et du port. |
Hors des Laminariées et même fort loin d'elles , il est encore
quelques points de ressemblance, surtout sous le rapport du
mode d'évolution, entre notre genre et le genre Grateloupia,
qui grandit comme lui par le développement de ses appendices
marginaux.
En dédiant ce genre à M. Cap, pharmacien distingué de la
capitale, connu dans les sciences médicales par un Traité de
pharmaceutique et plusieurs autres travaux , ét dans les sciences
naturelles par une traduction française des Æphorismes d’ana-
domie et de physiologie végétales , etc. de M. Lindley, je desire
lui donner un témoignage public, trop peu digne de lui sans
doute, de mon estime toute particulière et de ma vive amitié.
PLANTaRuM RARIORUM hort Bogoriensis decas prima ; Scripsit
Carozus HasskaRL, horti Bogoriensis præfectus hortulanus
secundi ordinis. (Extr. du Bulletin des Sciences physiques et naturelles en
Néerlande. 3839. 1 liv. p. 62.)
« L'auteur , jeune botaniste allemand, attaché maintenant au
jardin de Buitenzorg à Batavia , décrit dans cette notice des
plantes rares et d’autres encore inédites. En voici le catalogue et
les descriptions de celles qui sont nouvelles. »
ALPINIA CERNUA , Botan. Reg. Dietr. sp. pl. 1, p: 45, n° 18.
Differt ab Æipini@ nutante labio haud trilobo, bracteà gene-
rali unicà. a
HeoycHumM uiwcucaruM Hasskarl.
Caule erecto, 22-— 32 pedali, tereti, compressiusculo ; foliis acerescentibus
sumenis maximis, vagiuatis, vaginis viridibus glabris; ligulâ longissimä , pol -
C. HASSkARL. — Jantes rares du Jardin de Buitenzorg. 55
cari.et ultra, obtusà, emarcidà in vaginam decurrenti; laminä ellipticâ aut
ovato-lanceolatà, marginibus (sæpius ad,nervum medium usque) revolutis,
supra viridi, glaberrimà, subtus glaucescenti, villoso- -pubescenti; inflorescentià
vix e vaginis foliorum summorum progressà, 2-3 poll. longà, spicato-racemosà,
bracteatà, patenti; bracteis exterioribus glaberrimis, viridibus, apice obtusius-
culis, subciliato-marginatis, 3-4 floris, interioribus magis magisve angustioribus,
floribus ternis aut quaternis sessilibus ;. calyce tabuloso, vaginante, tubum co-
rolle dimidium vix æquante, glaberrimo, basi cum germine connato glaberri-
mo, mitenti ; tubo.corollæ 3-pollicari et ultra, leviter apice antrorsum curvulo,
albido-flavescenti : corollæ limbo externo tripartito, Jaciniis linearibus, reflexis,
convolutis, flavescentibus, interno fragrante, tripartito, lacintis 2 latcralibus,
spathulato-oblongis, apice ‘obtusis hinc inde subémarginatis, candidis, bas
flavescentibus, superiori. (labio) unguiculato, subrotundo; apice ad tertiam par-
tem bifido, ab incisurà ad basin croceo-flavescente, exterum candido; -stamine
unico; filamento labium- subæquante aut vix superante, lato, apice attenuato,
antherà articulato-insidente, biloculari, loculis distinctis, SPC Ai
uria Cum filamento supra sulcato stylum tenuissinum filiformem foventibus,
rimâ longitudinali déhiscéntibus, aurantiaceis ; stigmate viridi, infunduliformi,
ad ris anthéræ pr nr:
.Ors. Maximè affinis videtur A. thyrsiformi Dietr.1, 33, a
quo. autem foliis haud undulatis, nec filiformi-acuminatis, brac:
teis, haud undulatis, nec filiformi-acumiuatis, bracteis haud.
süubinflexis 2-4-floris, labio filamentum subæquante, laciniis
obtusis nec linearibus , dein vaginis viridibus, glaberrimis, lin-
gulà longissimä satis differt, quoad Spreng. (Syst. veg. L. 9;1v, c.
p- 7) filamento haud longissimo et bracteis haud reflexis. Collo-
candum igitur esset Hedychium nostrum 77. thÿrsiforme inter
et H. glaucum. Nomen ob lingulam pro staturâ totius plantæ
maximam.
Floruit aprili.
ALTERNANTHERA STRIGOSA Hasskarl.
Caule herbaceo , ad 3-4 ped. alto, perenni, tereti-nodoso, vinidi, versus
apicem ramorum rubro, ramosissimo, ramis patentissimis, divaricatis, oppositis,
versus apicem dichotomis, strigoso-hirtis; foliis opposilis, petiolatis, ovato-aut
oblongo-lanceolatis, acuminatis, basi in petiolum atténuatis, utrinque appresse
pilosis, junioribus puberulis, marginé ciliolatis; infloréscentià capitatà , ‘capi-
tulis in ‘ramulis terminalibus:, longè -pedunculatis ; subglobosis , :albescenti-
bus, floribus:tribracteatis, duobus lateralibus majoribus concavo-carinatis, ovato-
56 c. masskarL. — Plantes rares du Jardin de Buitenzorg.
acutis cum calyce extus albida pilosis; calÿce pentasepalo, bracteis duplo majore,
sepalis apice et marginibus conniventibus lineari-lanceolatis ; staminibus 10, fila-
Jamentis basi in urceolum brevem convatis, 5 fertilibus alternis cum 5 ster-
rilibus, apice tridentatis, majoribus antheris unilocularibus ; germine subglo-
boso, stylo filiformi parvo; stigmate capitato ; utriculo monospermo.
Obs. Quoad characterem genericum omnino confert cum
Alternanthera Forsk. Spreng. gen. 199 , exceptis bracteis binis,
quas ternas laudavi. Diagnosis generica R. Brownii (Prod. 272) et
hæc sequentium Blumii (Bijdr. 546) et Roem. et Schultesii (v, p.
46) etiam optimè convenit. R. Brown species hujus generis in
Alth. proprias et spurias sejungit, quibus postremis planta nos-
tra admemoranda est. Sprengelius (Syst. veg.r, p.818) Illecebro
adjungit. Quoad speciem novam, habeo nostram inter A. frutes
centem R. Br. et villosam H. B. K. ponendam. Prior differt cauli-
bus rufescentibus, succulentis, 1 = ped. altis; foliis ellipticis aut
obovatis , pulverulentis ; squamis 5, brevibus, ciliatis, stamini-
bus interjectis. Posterior differt caule volubili , foliisque subtus
ferrugineo-sericeis , foliis subsessilibus, ovatis , acuminatis , pe-
dunculis densissimè ferrugineo-villosis, sepalis ovato-lanceola-
tis. Affinitas ad hancce (villosam) quoad partes florales maxima,
sed differentia pubescentiæ et foliorumformæ sufficiens ad dis-
tinguendam speciem.
D£EERINGIA CELOSIOIDES R. Br.
Maximé affinis planta nostra videtur Deeringiæ , a quà differt
staminum cyathulo dentato, quod R. Br. (Prodr. r, 475) et auc-
tores hunc sequentes (Roem. et Schult. t. v, p. 44, et Blum. Bijdr:
p. 581) edentulum laudant, dum Sprengelius (Gener. 1, 198, et
Syst. veg. 1,, p. 522) stamina basi tantüm dilatata, connata aut
in urceolum coalita dicit. Dein Blume !. c. baccam laudat 3-5-
spermam contra omnes auctores reliquos , qui polyspermam
affirmant. Sprengelius postremo baccam trilobam habet (Gener.
1 c.), sed Spr. t. v, L. c. respectans, inter Deeringiam plantamque
nostram differentias reperire nequeo, quæ certè quidem respectu
auctorum reliquorum haud magni videntur momenti. Sic planta
nostra ad Deeringiam ducta, duæ adsunt species : altera Novæ
C. HASSKARL, — Plantes rares du Jardin de Buitenzorg. b7
Hollandiæ tropicæ , altera Indiæ orientalis, à quà floribus majo-
ribus , seminibusque pluribus distingui posse affirmat R. Brow-
nius, quà ratione Blume baccam 3-5-spermam laudat, cum
ultimam tantüm vidisset speciem , imoque Retzius (Obs. v. 23;
Rœm. et Schult. t. v, p. 585) baccam nigram trispermam; qua-
propter ad Deeringiam indicam Spr. plantam nostram reducere
néqueo, etsi cætera convenirent.
Patria. In sepibus horti Bogor. inventa, sed rara.
Flor. et fructib. majo april.
Hrmiscus Vieseanus Hasskarl.
Dracx. Pruriens ; foliüs longe petiolatis, 7-lobis acutis serratis, subtus stellato.
hispidis ; racemis terminalibus ; involucro calycem spathaceum haud æquante;
petalis maximis.
Descr. Caule fructicoso, ramis cinerascentibus, setis prurientibus sparsis, ad
apicem floriferum glabriusculis; foliis alternis petiolatis, petiolo 5-6-—-pollicari te-
reti rubro, peltato-cordatis, nervis 5-7 rubris, inferioribus septem, summis 5-lo-
bis, lobis acuminatis, medio dilatatis ,serratis, supra glabriusculis, in nervis setis
solitariis obsitis infra pilis stellatis , maximis , sparsis, 4+ poll. longis, 7 poll. latis ;
stipulis lanceolatis; floribus in axillis foliorum solitariis racemum terminalem
elongatum formantibus; pedunculis crassis, 1 7 poll. longis, apice incrassatis ;
involucro 4-6 partito, lobis ovato-lanceolatis, apice rubentibus, ante et post
anthesin conniventibus, in anthesi erectis, g lin. longis, 5. lin. latis, glaber-
rimis ; calyce spathaceo læte viridi, apice obsoletè 5-dentato , latere uno
rumpente , puberulo, membranaceo, 1+ poll. longo, post anthesin deciduis;
corollà pentapetalä patente, petalis basi connatis, sulphureis, ungue atrosan-
guineo, 2 poll. et dimidium longis, 1 + poll. latis; tubo staminifero albido,
antheris flavis ; stigmatibus quinque atrosanguineis ; ovario obsoletè puberulo,
oviformi; fructu pentagono, pyramidato, prurienti-hirsuto, basi involuero
marcescente dein deciduo circumdato ; capsulà 5-valvi, valvulis medio septatis,
5-loculari, loculis 3-4 spermis , seminibus reniformi-globosis, rugoso-striatis,
levissime hirsutiusculis nigris nitentibus.
In horto Bogoriensi culta sub nomine A. vitifolius.
Os. Sectioni Manihot adjugendus Hibiscus noster et H. ji-
culneum inter et H. Manihot collocandus (DC. 1, 488) à priore
differt, foliis 6-lobis, summis 5-lobis , acuminatis , involucello
4-6-phyllo, longè persistente , à posteriore caule pruriente,
foliis subtus stellato-pilosis prurientibus, involucelio glabro,
58 c. HASskarL. — Plantes rares du Jardin de Buitenzore.
pedicellis floridis erectis, ab Æib. timoriensi, cui etiam affinis,
differt caule pruriente , involucello 4-6 phyllo , fructu pyrami-
dato ; alia haud adest affinitas , respiciendus autem videtur Ab.
racemosus Lindl.. quem Sprengelius c. post, p. 251 in Hib.
sectione Abelmoschus enumerat ; si ad sectionem Manihot per-
tineret , affinitas esset maxima, et tunc distinguendus.a ,nos-
tro, pube stellatà hispidä, foliis 5-fidis , tomentosis, involucro
calycem æquante. Nomen ad celebrandum professorem botanices
directoremque horti medici Amstelodamensis W. H. de Vriese.
HARRACHIA SPECIOSA Jacq.
Caar. Gen. Sprengelius Gener. 500 (bonus!) BI. Bijdr. 70.
Stamina vix didyma !
TrpHRrosia canbiDA DC.
Ors. Quoad char. gener. secundum Sprengelium (Gen. 580 ,
Syst, veg.ur, 153)adTephrosiam plantam nostram ducere oportet,
etsi stamina monadelpha laudet et calycem 5-dentatum ; æqua-
lem. De Candolle (Prod.:11,248) optimam dat descriptionem,,
attamen stylum haud filiformem habeo nec stigma terminale.
Quoad speciem, ad De Candollii subgenus WMunduleam ducenda
est Tephr. nostra, imdque ad candidam DC., quæ certe cum
serice& DC. (nec Pers. quam DC. sub n° 67, denuo inter dubias
enumerat) conjugenda esset; inter Sprengelii Tephrosias pin-
natas , fruticosas , racemosas nulla cum nostrà congruere. vide-
tur, partim forsan diagnosibus haud sufficientibus. T'ephrosia
sericea Pérs: omnind diversa est planta foliis ternatis.
Cassia RemNwarDTi Hort. Bogor.
Caule fruticoso, erecto, ramoso; ramis, teretibus, junioribus puberulis;
folüs alternis, pinnatis, petiolis canaliculatis, 1 4-3 pollicaribus, baeï tumes-
cehtibus, articulatis, inter pionarum jugum primum glandulà globosà, brunneà,
Jaevi ; Hinc'inde altera quoque inter jugum secunidum; jugis 3-4'accrescentibus,
pinnis, infinis subrotundo-obliquis, .apice obtüsè :emarginatis, basi ‘obliquis,
8 lin. Jongis, 7 lin. latis, ultimo oblique obovato,, apice obtusiusculo, hinc inde
L
C:HASSKARL. — Plantes rares du Jardin de Buitenzorg. 59
mucronulato, 3 + poll. longis, 8 + lin. latis cæteris e forma una in alteram tran-
seuntibus, omnibus brevè petiolatis, supra atroviribus, opacis , nervis-læviori-
bus lineatis, intra subglaucescentibus, tomento tenuissimo, nervis glabris,
margine luteis ; inflorescentià cymoso-racemosà, axillari ; pedunculis communibus
longitudine folio superantibus, 2-22 poll. longis (folis floralibus 1 poll.
longis) teretibus, glabris, 6-15-floris; pedicellis 8-12 lin. Jongis lutescentibus,
articulatis, patentibus aut erectis ; floribus calyce colorato pentasepalo, sépalis
coalitis , inæqualibus, 2 majoribus, 2 minoribus, quinto medio, obovatis , pri-
mo concavis, dein reflexis involutis, corolla 5-petala; petalis cum sepalis
alternantibus, luteis, inæqualibus, patentibus , calycem longe superantibus,
9 Un. longis, obovatis, 2 inferioribus angustioribus, superiore unico , apice
cordato ; staminibus 10 inæqualibus; tribus superioribus brevissimis sterilibus,
patentibus , filamentis brevibus, connectivo securidiformi, membranaceo,
margine rudimento antheræ limbato ; 4 sequentibus majoribus, filamentis brevi-
bus, antheris polline luteo impletis, bilocularibus; loculis conjunctis parallelis,
basi divergentibus , et eâdem articulato-affixis, terminalibus, obliquis , immobi-
libus, æqualibus, filamento longioribus, oblongis, basi sagitatis, tubulosis,
infra apicem coarctatis, luteis, laterali lineâ brunneà notatis, apice poris
2 dehiscentibus ; duobus sequentibus (stam.) longissimis filamentis longissimis,
flexuosis, antheris majoribus curvatis, cæterum cum prioribus convenientibus,
ultüimo infimo breviore, sed. prioribus 4 fertilibus longiore, filamento adscen-
dente, longitudine Staminum quatuor ferulium; antheræ longitudine maxiMO-
rum; pistillo unico libero, germine gynopodio suffulto, adscendente, flexuoso,
tereuusculo, elongato, puberulo, suturà inferiore glabrà; stylo curvato, longi-
tüdiné antherarum maximarum, stigmate punctiformi, introrso , apicali; fructi-
bus pedunculis patenti-nutantibus, carpophoro minuto conico suffultis, legu-
minibus 6-9 poll. longis, hinc inde basi submoniliformibus, teretibus , septatis,
pulpä sub-nullà, hinc inde articulato-nodosis, tortis ; flexuosis, primum pube-
rulis, opacis dein glaberrimis nitidissimis , postremo emarcidis, bisuturalibus,
Loteries dissepimentis haud evanidis, exucsis, suberosis, inanibus
polyspermis; seminibus 60-75, suturà utrinque alternatin adnatis, horizontalibus,
compressis, ovatis, nigrescentibus, splendidissimis , testà hignosà crassà , cuticulâ
nuclei MED naQl, tenuissimä, hilo spermico basäli, concavo, nucleo (albu-
mine evanido) exalbuminoso ; embryone longitudinali, erecto, recto, hamoïideo!;
cotyledonibus binis, maximis, contiguis, complanatis, ovatis, integerrimis ,
foliaceis, imlotiheril blastemate parvo, radicuià inferà brévi, maps $
subgloboso-conicä, obtusâ , gemmulä testâ, inconspicua.
Os. Char. gener. Cassiæ apud Sprengelium (Gener. 360 ), De
Candolle (Prod. 11, 489) bonus , apud Sprengelium (Syst. veg. 11,
207). haud bonus. Cassia nostra ad subgenus Colt du-
cenda:; affinitas maxima cum Cassid pendulé Wild. (DC. Prodr. IF,
60 c. HASSKARL. — Plantes rares du Jardin de Buitenzorg.
4913 Spr.S. V. un, 339, qui inter Cassias seminibus verticalibus
describit hancce ) et certè si nova species Cassia nostra habenda
est, inter Cassiam pendulam W. et indecoram M. B. K. erit
collocanda ; si pendulam haberemus, diagnosis Sprengelii |. c.
omnino congruit cum plantä nostrà, minus De Candollii |. c. qui
folia suboblonga laudat. Nescio quo auctore Cassia Reinwardtii.
appellata , quam descriptam frustrà quæsivi.
OsservaTions sur les Cycadées, par M. F. Miquer.
(Extr. du Bulletin des Sciences physiques et naturelles en Néerlande. 1839:
1. liv. p. 44.)
Les botanistes modernes sont revenus sur les pas de Linné,
en considérant les organes que Richard avait appelés anthères,
comme le vrai pollen. C’est une question bien délicate que celle
d'expliquer la morphologie des organes générateurs dans les.
Cycadées. En effet, quand on prend, avec M. R. Brown les
ovaires de Richard pour les ovules nus, on devrait considérer
par analogie les anthères comme des granules polliniques. Sans
vouloir discuter longuement ces différentes opinions ( ce que
nous réservons pour un travail plus développé), nous sommes
parvenus à adopter l'opinion de Richard. En examinant les an-
thères d’espèces diverses d'Encephalartos et de Zamia, nous
avons trouvé dans leurs cavités de vrais granules polliniques
très fins.
Cxcas circinauis L. C’est sous ce nom que les botanistes ont
confondu plusieurs espèces bien différentes. Linné avait établi
cette espèce sur les planches et la description de Todda panna
Hort. Malab. t. 111, tab. 13-21 , et c’est cette plante qui doit re-
tenir le nom de Cycas circinalis L. Ensuite il tomba en erreur,
en donnant comme synonyme à cette même plante le Sajor
Calappa de Rumphius, Herb. Amb. lib. r, cap. 20, t. 1, p. 86-87,
F. MIQUEL. — Sur les Cycadées. Gt
tab. 12 et 23. La comparaison la plus superficielle des planches
et des descriptions bien détaillées de Rhéede et Rumpbhius peut
nous convaincre que celle de Rumphius représente non-seule-
ment une plante bien différente, mais que ce botaniste indique
dans le chapitre cité de l’Herb. Amboin. deux espèces de Cycas,
dont l’une cependant est trop superficiellement indiquée pour la
bien distinguer.
En voici les caracteres :
Cycas Rome : Frondibus confertis teretibus glabris, inferne utrinque
spinosis, foliolis oppositis horizontalibus, lineari-lanceolatis apicibus in durum
acumen productis, nervo medio crasso utrinque prominente ; strobilo mare
ovoideo elongato ; spadicibus fœmineis deflexis, ramiformibus, in laminam
rhomboïdeo-spathulatam parvam longe acuminatam sursum cristato-serratamn
terminatis ; fructibus 3-5, subcompressis, aurantiacis.
. Syn. Olus Calappoides seu Sajor Calappa. Rumph. Herb. Amboin. Lib. 7.
Cap. xx. Excl. planta celebica.
Cycas circinalis auct. ex parte.
Icon. Planta maseul. florens : Rumph. 1. c. Tab. xxnr.
Planta fructifera ibid. Tab. x1r. Fig. 1-2. Fructus et nucleus, litt. A-C.
Patria. Insulæ mo'uccanæ fere omnes. Incolis Sajor Calappa. Utam Malaice.
Utta Nivel et Utta Nuer Amboinice. Djudjura, Madjons Utu Ternatice
dicitur.
\
Cycas Cerrgioa : Caudice squamoso ; frondibus flexuosis abbreviatis inferne
pudis non spiniferis; foliolis auguste lanceolatis, 10-25 ; squamis coni maris
rhomboideo-pyramidatis.
Syn. Olus Calappoides insulæ Celcbes Rumph. 1. c., pag. 87.
Icon. Herb. Amboin., L. c. Tab. xx et xx1, planta mascula.
Patria. Borealis insulæ Celebes pars.
Adnotatio. Planta dubia, quæ a Cycade circinali et Cycade Rumphii differe
videtur : frondibus inermibus, brevioribus, subflexuosis , foliolis paucioribus,
brevioribus, latioribus, minus reguläriter horizontaliter dispositis.
Les différences entre le Cycas circinalis et Rumphii sont les
suivantes :
Ga F. MIQUET. — Sur les Cycadées.
Cycas circinalis.
Caudex altior, 40 circiter pedes al-
tus, extuberantiis crassis annularibus
undique circumdatus, cortice intus
purpureo (nunc semper?)
Frondes longiores (8 pedes) majori
spnularum et foliorum numero ins-
tructæ.
: Spadicum evolutio diversa videtur,
in. cono scil fructifero terminali jam
statim alter javenilis folufer inclusus
est.
Spadicum juveniliom apices inflexi.
Spadicum pars inferior latior est et
magis compressa.
Eorum laminæ longiores, longius
acuminatæ, sursum potius arcuatim
sinuaiæ, serraturæ numerosiores.
Fructus magis globosi.
Virtus est adsiringens, alvumque
compescens.
Cycas Rumphii.
Humilior, 12 raro 24 pedes altus,
æquabilis irregulariter fissas, sur-
sum frondium vestigiis diformibus
obsitus.
Breviores (5 pedes) parciori spina-
rum et foliorum numero.
Inter duorum conorum fructigero-
rum evolutionem novæ adhuc frondes
evolvuntur.
Recti videntur.
Augustior, teres.
Breviores, sursum ovales, rhom-
boideæ, serraturæ parciores.
Ovoidei.
Alvum excitans, promovens.
Sur la germinatiôn des Melocactus ,
à Par M. FE. A. W. Miquez.
(Bulletin des Sciences physiques et naturelles en: Néerlande. 1839. 1 liv. p. 47.)
- M:De Candolle dit sur la germination de ce genre : « Il pré-
« sente une radicule grèle, pointue et verticale, et une plumule
« globuleuse, énorme si on la compare à la grandeur de la radi-
« cule, dépourvue d’angles saillans, et portant seulement au
F. MIQUEL. — Sur la germination des Mélocactus. 63
« sommet quélques petits faisceaux d’aiguillons peu apparens.
« C’est probablement cette énorme plumule qui aura été prise
« pour un cotylédon ; mais les vrais cotylédons sont au nombre
« de deux, opposés, situés très près du collet, et cachés sous
« Ja plumuüle » (Revue de la famille des Cactées | pages 21-22).
Il semble que le célèbre auteur a fondé son opinion surtout sur
la figure d'un Melocactus germant, représenté par M. Turpin
dans l'Orgänographie végétale , tab. 45, fig, 3.
C est surtout sous le point de vue taxonomique, pour établir
les différences. génériques,entre, le, Melocactus et le Mammilla-
ria, que, cette description a été de, grande importance. (Voyez
Pfeiffer Enumerat. )
En nous occupant d’une monographie des Melocactus qui se
publiera vers la fin de cette année, nous avons soigneusement
observé la germination de différentes espèces de ces deux genres;
mais nous n’avons pas trouvé la moindre différence entre les
deux genres, par rapport au développement de embryon. Les
déüx: cotylédons sont soudés à un corps globuleux ou ovoïde ,
vert, pourvu au sommet d’un sillon à deux pointes élevées , qui
indiquent les sommets des cotylédons, Ce corps globuleux est
là plümule de M’ De Candolle. A la base de ce corps, il se dé-
veloppe; près du collet, quelquefois un ou plusieurs rameaux
latéraux de la radicule, d'une forme tuber culeuse, et il semble
que M. De Candélle est t6mbé'en erreur én prenant de tels ra-
meaux opposés pour de vrais cotylédons. En poursuivant le dé-
veloppement ultérieur de ces tubercules, on peut se convaincre
aisément qué ce ne sont que de jeunes rameaux de la racine.
DEA EC, », AHAA . 4
Sur le ÉD pee Be Chionyphe nitens, par M. THIENE-
MANN. (Ext. dela Revue des travaux physiclogiques pour 1830,
par M. MEven.)
M. Meyen a déjà fait mention dans ‘son rapport de 1835 du
genre Chionyphe, trouvé par M Thienemann dans la neige gra-
64 THIENEMANN. — Développement du Chyoniphe nitens.
nuleuse. Cet auteur vient de publier la description détaillée de
ces plantes intéressantes (Uber im neues Geschiecht von Scha-
cepflanzen Chionyphe. Nov. Act. nat. cur. xix, p. 1., p. 20-20.
cum. tab. lith.), qui appartiennent aux Algues , mais qui sont à
répartir entre plusieurs genres ; l’auteur en décrit trois espèces,
et il expose l’histoire complète de l’une d’elles, le Chionyphe ni-
tens. Le développement de cette plantule est tout-à-fait semblable
à celui d’autres Conferves articulées: on remarque d’abord sur
la neige des vésicules sphériques simples, qui s’allongent et se
partagent en deux moitiés par un diaphragme; on observe en-
suite dans leur intérieur un mouvement très vif d’atômes aupara-
vant invisibles ; les deux moitiés de la vésicule éprouvent un nou-
vel allongement,et, après un nouveau mouvement d’atômes, ilse
forme de nouvelles séparations; mais plus tard ce ne sont plus
que les cellules terminales de chaque bout qui se partagent de
nouveau, tandis que Îles cellules intermédiaires ne font que s’al-
longer. Enfin, les molécules des cellules terminales recommen-
cent à se mouvoir avec vitesse; les molécules grandissent, et
constituent des vésicules remplissant la vésicule terminale, qui,
à l'époque de la maturité, offre la forme d’un capitule rempli de
sporules globuleuses. M. Meyen fait remarquer que la for-
mation des diaphragmes à la suite d’un mouvement atômaire,
ainsi que Ja formation des sporules par agrandissement. des
atômes dans les cellules terminales, ne s'accordent pas avec les
observations faites par d’autres auteurs à ce sujet.
no
Lrcoxs DE BOTANIQUE, comprenant principalement la Morphologie. végé-
tale, etc., par M. Aucusre DE SAiNT-HiLAIRE, première partie in-8.
Paris, 1840, chez P. J. Loss, rue Hautefeuille, 10.
La première partie de cet ouvrage, fruit de la longue expérience et des médita-
tions d’un de nos plus célèbres botanistes, a paru au commencement du printemps
dernier. Aussitôt que l'ouvrage sera terminé , nons en donnerons une analyse
détaillée.
G. THURET. — Sur l’anthère du Chara. 65
Nore sur l'anthère du Chara et les animalcules qu’elle renferme,
Par M. GusTAVE THURET,
A l’aisselle des rameaux du Chara, immédiatement au-dessous
des carpelles, on remarque des corps globuleux, sessiles, d'un
rouge vif : ces corps disparaissent de bonne heure, et l’on n’en
trouve plus de trace quand les carpelles approchent de l'état de
maturité : c'est ce qui fait présumer qu'ils remplissent les fonc-
lions d’étamines, bien qu'ils n’aient d'ailleurs aucun rapport
d'organisation avec les organes mâles des phanérogames.
Leur enveloppe consiste en unemembrane, formée de cellules
transparentes qui produisent lapparence d’un anneau blan-
châtre autour de l’anthère. Au-dessous de cette membrane se
trouvent des cellules ovales irrégulières, disposées par valves
triangulaires ;'qui renferment des granules rouges auxquels l’an-
thère doit sa couleur brillante : chaque valve se compose d'en-
viron douze à vingt cellules rayonnant d’un centre commun
(fig. r et 2) : lorsque l’anthère est arrivée à son dernier degré de
développement, les valves se désunissent, laissant les corps ren-
fermés à l’intérieur se répandre dans l’eau. Ce sont toujours les
anthères les plus éloignées de l’axe central qui s'ouvrent les pre-
mières, et celles des verticilles inférieurs qui s'ouvrent avant
celles des supérieurs.
L'intérieur de Panthère est rempli de filamens flexueux,
transparens, cloisonnés, de longueur inégale, émanant pour la
plupart d'une base celluleuse qui en occupe le centre : de cette
base rayonne aussi un petit nombre d’utricules ovoiïdes renfer-
mant des granules orangés (fig. 4, 5,6). Chacune de ces utri-
cules adhère à la base celluleuse par son extrémité la plus étroite,
tandis qu’elle est fixée perpendiculairement par l'extrémité la
plus large au centre d’une des valves triangulaires (fig. 1). Les
granules qu’elle contient sont ovales, orangés, disposés en séries
linéaires : au contraire, dans les cellules qui composent les valves,
XIV. BoTan, — Août. 5
66 G, THURET. — Sur l’anthère du Chara.
les granules sont ronds, rouges, et disséminés sans ordre, quoique
toujours écartés des parois de la cellule.
C’est dans les filamens cloisonnés que se produisent les animal-
cules. Examinés dans une anthère très jeune, ces filamens n’ap-
paraissent que comme des utricules ovales, renfermant une ma-
tire granuleuse, quelques-unes libres, le plus grand nombre
adhérant à la base celluleuse dont nous venons de parler (fig. 7).
Un peu plus tard ces utricules se cloisonnent. Un nucléus paraît
dans chaque division (fig. 8 et suiv.). Ici comme nous le verrons
plus tard pour le dégagement des animalcules, l'introduction de
l’eau à travers les parois des filamens semble jouer un rôle et
contribuer à la formation du nucléus (1). Du moins ai-je vu fré-
gérant ce nucléusse former avec rapidité dans des filamens
où il n’y en avait point de trace (fig. 11 et 12). Ces nucléus ont
une légere teinte verte qui n’est peut-être due qu’à un effet
d'optique : liode.les fait passer au brun. Ils sont souvent adossés
aux cloisons (fig. 15). Peu-à-peu ils s’effacent , et l’on commence
à distinguer les arimalcules. Souvent dans la même anthère et
dans le même filament, on trouve des nucléus à une extrémité
et des animalcules à l'autre (fig. 16). Les figures 17, 18 et 19 re-
présentent les filamens à leur dernier degré de développement.
Les animalcules sont complètement formés : les cloisons dispa-
raissent confondues avec leurs nombreux tours de spire. A
chaque tour on aperçoit un renflement noir ou brillant suivant
qu’on augmente ou diminue la distance focale : ce n’est qu’une
illusion d'optique produite par une plus grande épaisseur de la
spire à l’endroit de la flexion du corps.
Les animalcules sont d’abord immobiles; ce n’est qu'après être
restés plus ou moins long-temps dans l’eau du porte-cbjet, qu’ils
commencent à se mouvoir et comme à se débattre pour sortir
de leur prison. Ils n’y parviennent pas toujours et l’on’en voit
dont la position contournée atteste les efforts qu’il ont faits pour
se dégager. Quant à ceux qui y réussissent , ils s’échappent laté-
ralement par un mouvement brusque pareil à l’élasticité d’un
(x) Je me sers du mot de zucleus , mais il sera nécessaire de distinguer un jour ,savec plus
de précision qu'on ne l’a fait, les divers corps auxquels on a appliqué ce nom, et dont quel
ques-uns remplissent des rôles tout différens.
€: THURET. — Sur l’anthère du Chara. 67
ressort qui se détend. Souvent après ce grand effort ils restent
quelque temps immobiles, ou, si la température et la saison ne
sont point favorables, leurs mouvemens sont lents et cessent
bientôt. Au contraire les animalcules que j'ai observés à la fin
de juin et au commencement de juillet s’agitaient avec une vi-
vacité extrême, de manière à ne laisser aucun doute sur leur
animalité. Je les voyais plusieurs à-la-fois traverser rapidement le
champ du microscope en se dirigeant dans des sens opposés. Ils
se croisaient, se rencontraient, se détournaient de leur route.
Enfin, après les avoir examinés nne grande partie de la journée;
je devais cesser mes observations avant d’apercevoir aucun ra-
lentissement dans leurs mouvemens.
La partie la plus apparente de leur corps semble un fil roulé
entirebouchon, formant de trois à cinq tours de spire. Elle est
légérement teintée de vert comme les nucléus : l’iode la fait de
même passer au brun; mais, selon la quantité de réactif que
l’on emploie , les deux extrémités sont tantôt plus, tantôt moins
colorées que le reste du corps, ce qui semble indiquer une dif-
férence de nature dans ces parties. Chaque flexion de la spire
présente, comme nous l'avons dit, un renflement marqué; il est
facile de se convaincre, en voyant ces renflemens se déplacer
suivant les mouvemens de l'animalcule, qu'ils n’ont rien de
réel, mais sont produits par l'épaisseur du corps. Néanmoins,
j'ai remarqué quelquefois vers une extrémité un ou plusieurs
renflemens: bien réels : mais en observant l’irrégularité de leur
position suivant les individus, je serais tenté de croire que cé
ne sont que des particules de matière étrangère adhérentes au
corps de l’animalcule.
Un peu en’arrière d’une des ‘extrémités dela spire partent
deux soies ou deux tentacules d’une ténuité excessive, que l'a-
nimalcule agite sans cesse avec une grande rapidité. Ce sont pro-
bablement des organes locomoteurssemblables au prolongement
filiforme que M. Dujardin (Recherches sur les organismes infé-
rieurs. Annales des Sciences naturelles ; 1836, t. 5,p. 200 et suiv.)
a trouvé dans les infusoires non ciliés. En effet, la partie garnie
des tentacules se meut la premiere, entrainant après elle le reste
du corps qui tournoie dans l’eau en conservant toujours sa forme
5.
68 G. THURET. —— Sur l'anthère du Chara.
turriculée. [agitation incessante de ces tentacules, jointe à leur
extrême ténuité, ne-permet pas de les bien voir dans Panimal
vivant : ce n’est que quand il vient à cesser ses mouvemens.ou au
moins à les ralentir qu’on peut les apercevoir: Mais, pour les
distinguer avec netteté, il faut employer une légère addition de
teinture d'iode : alors les mouvemens cessent, l’animalcule se
contracte, la spire se déforme; mais la coloration brune, produite
par le réactif, rend les tentacules beaucoup plus distincts. Enfin,
si on laisse évaporer lentement l’eau du porte-objet, leur trans-
parence diminue et.ils se dessinent d'une manière encore plus
tranchée sur le fond du microscope (fig.:25 à 35) (1). Souvent
alors les tentacules se présentent soudés ensemble jusqu’au quart
ou au tiers de leur longueur (fig: 25, 26); mais je les ai trouvés
aussi séparés dès la base (fig. 27,128, 30, 31, 34, 35). Quelque-
fois on y remarique rt renflement semblable à ceux du corps et
produit par la même cause, c'est-à- ire par là flexion du tenta-
cule. | | |
| J’ai.essayé sur les animalcules Key de plusieurs:autres ré-
actifs.” ammoniaque arrête leurs mouvemens, et leur corps se
contracte peu-à-peu à la vue de l'observateur jusqu’à ne plus
former qu’une petite masse ovale: mais on né voit point se pro-
duire ce phénomène de déconiposion par diffluence; si remar-
quable dans les infusoires. L’acide chlorhydrique même. très
étendu d’eau, les contracte violemment en une masse informe :
l'acide sulfurique a de plus l'inconvénient de former avec la ma-
tière calcaire des anthères du Chara des cristaux de:sulfate-de
chaux, dont les faisceaux remplissent pr'omptement le A du
microscope.
Au moment où les animalcules séobppertt des filamens, il
arrive souvent qu'une partie du corps seulement se dégage, et
que l’animalcule fait de vains efforts pour délivrer le résté: j'ai
toujours observé en ce cas que c'était la partie garnie de:tenta-
cules qui restait engagée dans le tube (fig. 22). Quand les filamens
sont vides, les cloisons reparaissent de nouveau très distincte-
(x) J'ai rapporté de Lyon des animalculés ainsi préparés que j'ai fait voir à MM, Ad. Bron-
ghiart et Deraisne. Depuis, j'ai vérifié de nouveau avec M. ARE sur des animalcules
vivans, l'existence des tentacules, |
LA
Gi THURETS — Sur l’anthère du Chara. 69
ment (fig. 20). Je n’ai point vu de traces du passage des animal-
cules, à!moins que lon ne regärde comme telles ces points
brillans que lon remarque quelquefois sur chaque division du
filament (fig. 21). |
Les utricules ovoides qui accompagnent les filamens sont
sphéroïdales dans les jeunes anthères (fig. 36) : plus tard elles
ont la forme d’un œuf tronqué aux deux bouts, ou presque d’un
parallélogramme, dont une ‘extrémité est toujours ‘plus étroite
que l’autre. Leur paroi est transparente : les granules orangés
qu’elles contiennent ont généralement une forme allongée, et
sont alignés suivant la longueur de l'utricule , dans le sens des
courans de circulation : l'extrémité supérieure en est seule dé-
pourvue. | |
L'intérieur des utricules présente assez souvent un globule
ovale, presque toujours immobile, mais que l’on voit quelque-
fois circuler le long des parois avec plus ou moins de rapidité:
Outre ce’ globule qui parait consister en un fluide granuleux,
on voit des courans monter et descendre rapidement’ dans le
sens de la longueur de lutricule. Ces deux circulations ; qui ne
sont sans doute qu'une apparence différente d’un même phéno:
mène, ont lieu ensemble ou séparément. Ainsi dans les utricules
fig: 37, 38 et 39, jern’ai vu que la circulation du globule. Au con-
traire dans l’utricule fig. 40, ie globulé' à n'avait point de mou-
vement Sensible, mais on remarquait trois granules ‘orangés,
ronds et assez gros qui montaient:et redescendaient ensemble
avec rapidité, suivant toujours la même ligne et restant parfai-
tement. visibles d’une extrémité à l'autre. Enfin, dans l'ütricule
fig. 41, on voyait le globule et des’ courans de fluide granuleux
circuler HR: £ Li
La figure 42 représente uneutricule qui est déemeurée quelque
temps dans l'eau. La'disposition des granules orangés semblerait
prouver qu'il existe un double sac dans lequel ces granules ‘se:
raient contenus. La circulation serait alors conforme à celle qué
M. Slack décrit dans les poils du Tradescantia » « Chaque articlé,
« dit-il, paraît consister en un tube extérieur vitreux. Entre ce-
« lui-ci'et la matière colorante se trouve le fluide circulant avec
«ses molécules. Le fluide coloré du poil paraît être renfermé dans
’
70 G. THURET. — Sur l'anthère du Chara.
« un sac membraneux qui forme un axe autour duquel circule le
« fluide en mouvement.» (Slack. Trans. Soc. of Aris,t.49,p. 41;
traduit dans nn. des Sc. Nat. 1834, t.:1, p.280). Du reste je
n’ai pu étudier ce phénomène que d’une manière incomplète ;
car je ne l'ai observé que fort rarement, ce qui tient peut-être
en partie à la délicatesse des parois de l’utricule : elle est telle, en
effet, qu’en écrasant une anthère entre deux lamés-de verre, il
m'est arrivé quelquefois de trouver qu’un filament cloisonné
avait percé une utricule de part en part. En imprimant de lé-
gères secousses aux verres avec une aiguille, J'observai que le
filament, agité dans l’utricule, repoussait les granules vers
chaque extrémité, ce qui ne laissait point de doute que le fila-
ment ne traversàt réellement l’utricule (fig. 43 et 44).
En écrasant l’anthère on remarque encore des lignes pour -
prées formées d’une immense quantité de granules d'une ténuité
extrême, doués d’un mouvement moléculaire très vif.
L'iode verdit les granules orangés : ils ne: m’ont point paru se
dissoudre dans l'alcool. Ge réactif mis en contact avec les utri-
cules ovoides n'arrête pas la circulation du nucléus qu’elles
renferment, bien qu’il fasse mourir immédiatement les animal-
cules.
M. Vaucher a décrit les utricules ovoides où s'opère la circula-
tion comme ouvertes à une extrémité et fermées à l’autre : cette
erreur a été répétée par ceux qui l'ont suivi. Tous les auteurs ont
également affirmé que l’anthère ne s’ouvrait jamais à la surface :
on retrouve même cette erreur dans le Dictionnaire classique
d'Histoire naturelle (t. 3, p. 477, 1823), et dans l'Organographie
de M. De Candolle(t. 2, p. 163, 1827). Hedwig ( T'héor. gener.
relr., p. 208) supposait que la fovilla renfermée dans les utri-
cules ovoides sortait par des pores imperceptibles. Correa de
Serra (On the fructification of the submersed, 4lgæ. Philos.
trans. of the royal soc. of London, p. 503, 1796) pensait que la
fécondation avait lieu par des communications vasculaires in-
ternes. Cependant il est facile d'observer la rupture de l’anthère
du Chara en valves triangulaires. Jai souvent retiré de l’eau des
valves encore adhérentes aux rameaux : er les examinant au
microscope, j'y ai trouvé quelquefois des filamens entièrement
G. TAURET. — Sur l’anthère du Char, 71
vides ou dans lesquels se débattaient encore quelques animal-
cules retardataires qui ne tardaient pas à s'échapper à leur tour.
M. Bischoff ( Die Cryptogamischen gewachse , 17° livr., 1828)
est le premier qui ait observé les animalcules du Chara. Mal-
heureusement, faisant ses observations avec un microscope trop
faible, il ne put se rendre compte de l’origine des animalcules.
Depuis, M. Meyen en a donné des figures fort imparfaites dans
les Ænnales des Sciences Naturelles (t. 10, p. 310, pl. 10, 1838).
M. Unger n’a représenté que les animalcules des Mousses et des
Hépatiques. J'ai moi-même observé les animalcules du Marchan-
tia polymorpha et de plusieurs Polytrichum; j'ai essayé l’iode
sur ceux du Polytrichum piliferum et du Bartramia fontana :
mais je n'y ai pas retrouvé les tentacules qui caractérisent les ani-
malcules du Chara. Je dois dire du reste que, ni dans les Mousses
ni dans les Hépatiques, je n’ai vu les animalcules déroulés.
EXPLICATION DES FIGURES DES PLANCHES, 5, 6, 7 ET 8 (1).
Fig. 1. Valves triangulaires qui forment l’enveloppe de l’anthère du Chara. Au centre de
chaque valve est fixée perpendiculairement une grande utricule (Cette figure est tirée du mé:
moire de Bischoff sur les Characées, PI, 2, fig. 3x). ;
Fig. 2. Une de ces valvesvue à un plus fort grossissement, —a, Extrémité d’une des valves.
Fig. 3. Valve qui est restée quelque temps dans l'eau,
Fig. 4. Intérieur d’une anthère , dont les valves sont détachéés. On voit les utricules ovoïdes
et les filamens cloisonnés émanant d’une base celluleuse qui occupe le centre de l’anthère (Figure
tirée de Bischoff , PL. 2 , fig. 28). ; |
Fig, 5. Deux utricules et quelques filamenis adhéréns à un fragment de la base-celluleuse.
Fig. 6. Ulricule adhérente aux filamens, plus grossie.
Fig: 7. Filaméns d'une anthère très jeune: ils sont éncore à l’état de simples cellules, ren-
fermant une matière granuleuse. La ÉBEEN sont agglomérés ; mais j’ai représenté de ibtélene
ceux . étaient libres. £
Fig. 8,9, 10. Filamens d'une anthère un peu plus avancée, La figure 10 ne présente à
Lo de la cellule qu’ une matière granuleuse ;. he figure 8 a déjà une cloison , et la figure g
un nucléus. :
Fig. 11,12 , 13. Filamens d’une anthère plus avancée. Ia figure 13.a deux nucléus sans
apparence de cloison ; les figures 11 el 12 représentent le même filament, qui d’abord n’avait
que des cloisons sans apparence de nucléus, fig. 12 ; mais, pendant que je le dessinais , les
nucléus se formèrent comme on le voit fig. rt.
(x) Toutés mes figures ont été dessinées à la chambre claire avec un excellent microscope de
Charles Chevallier. La plupart des Chara dont j'ai examiné les anthères, se rapportaient à
diverses formes des Ch. vulgaris et hispida,
72 G. THURET. — Sur l'anthère du Chara.
Fig. 14. Filament d’une anthère beaucoup plus avancée, |
Fig. 15, 16. Filamens d'une anthère de Chara hispida , encore adhérens à un fragment de la
base celluleuse. Dans la figure 15 , les cloisons sont très espacées, et l’on aperçoit un léger
renflement dans l'intervalle d’une eloison à l’autre, Chaque division présente, au milieu d’une
matière granuleuse un nucléus biex marqué. Plusieurs de ces nucléus sont adossés à la cloison
la plus rapprochée de la base du filament. — a. Dans la figure 16 , les animalcules sont plus
avancés,
Fig. 17, 18, 19. Filamens à leur dernier degré de développement. Les cloisons disparaissent
confondues avec les nombreux tours de spire des animalcules complètement formés: Dans la
figure 19, les deux extrémités arrondies du filament prouvent qu’il était libre à l’intérieur de
l’anthère,
Fig. 20,21, 22. Filamens dont les animalcules sont sortis. Les cloisons reparaissent, divi-
sant les filamens par des diaphragmes bien distincts. Quelquefois chaque division présente un
point brillant (fig. 21 2), qui est peut-être la trace du passage des animaleules. La dernière
division de ce même filament renfermait un animalcule a , qui se débattait avec vivacité. La
figure 22 représente un animalcule a , dont une partie du corps seulement était sortie du
tube , et qui faisait de vains efforts pour dégager le reste,
Fig. 23. Animalcules vus sous un très faible grossissement (Figure tirée du mémoire de
Bischoff, PI. 2. fig. 32).
Fig. 24. Animalcules vus à un grossissement de 360 fois. Je n'ai point vu les extrémités
dans l’animal vivant d'une manière assez nette pour les dessiner.
Fig. 25 à 35. Animalcules tués par l’iode (1). J'ai dessiné les figures 25 , 26 , 27, 28, aus—
sitôt après avoir tué les animalcules; les autres,après leur dessiccation. La figure 34 représente
la partie qui porte les tentacules , détachée accidentellement du reste du corps.
Fig. 36. Utricule renfermant des granules orangés, prise dans une anthère très jeune.
Fig. 37, 38, 39. Utricules ovoides d’une anthère à son dernier degré de développement. On
voit en a le globule qui se meut le long des parois. Les flèches indiquent le sens dans lequel la
circulation avait lieu. |
Fig. 40. Utricule d’une anthère de Chara hispida.— a. Globule actuellement immobile, —
6. Trois granules orangés , ronds, qui montaient et redescendaient rapidement, dans l’utricule.
— ce, Fragment de la base celluleuse qui occupe le centre de l’anthère.
Fig. 41. Utricule présentant les deux circulations simultanées, Les flèches à indiquent celle
du globule, qui était surtout visible aux deux extrémités c; les flèches à, . celle des courans
granuleux.
Fig. 42. L’agglomération des granules orangés dans cette utricule pourrait faire croire qu'il
existe un double sac dans lequel ces granules seraient contenus.
Fig. 43, 44. Utricules traversées accidentellement par un filament cloisonné.
(1) Tous ces animalcules ont été dessinés à la chambre claire avec une amplification de
480 fois en diamètre, le papier sur lequel je dessinais étant placé à trente-trois centimètres et
demi de l’oculaire, ce qui équivaut à un grossissement réel de 360 fois pour ceux qui
comptent la vue moyenne à vingt-cinq centimètres. d
PAYEN. — Composition du tissu des Phanérogames. 73
ComPpLéMENT d’un mémoire sur la composition chimique du tissu
propre des végétaux phanérogames,
Par M. PAyen.
Dans le dernier Mémoire que j’eus honneur de présenter à
l’Académie des Sciences, et qui obtint sur le rapport de’M. Du-
mas une place dans le Recueil des savans étrangers, j'étais arrivé
à une formule générale pour la composition des membranes des
végétaux phanérogames : voici le tableau sommaire des princi-
paux résultats analytiques dont l'exactitude a été vérifiée par
M. le rapporteur, et sur lesquels se fondaient mes conclusions :
Ovules Ovules Ovules Matière
a. L b
de du Poirier de l’Aelianthus GR FI ITR
l’'Amandier. et du Pommier. annuus. des Concombres.
RE ee | es | eee come | Gemeenme eee
Carbone. se 43,57 45,7 44,1 . 48,9
Hydrogène. . .. 6,11 6,1 6,2 6,32
Oxygène ..... 50,32 49,2 49,7 49,78
100 100 100 100
Tissu Moelle Moelle (2°) Moelle
d’un de d’Æschyÿnomene e a
" d’ F, e E]
Concombre. Sureau. paludosa. GNT PA ES
Carbone. ...,.. 43,8 43,37 43,2 43,59
Hydrogène. ... 6,r 6,04 6,5 6,2
Oxygène... .... 5o, 1 50,59 50,3 50,23
100 100 100 100
|
(3°) Moelle Coton Coton Spongioles
d'Æschyn.palud.| . | des
al avec AT Dome L'ETÉ ŒRE fois. | épuré deux fois. edicelles:
: , |
Carbone AS DE ; 43,4 45,00 44,35 43
Hydrogène. . . , |: 6308 6,22 6,14 "6,18
Oxygène . 1. 50,3 48,57 49,57 50,82
100 100 100 100
74 PaAyEN. — Composition du tissu des Phanérogames.
J'avais en outre opéré la transformation de ces tissus en
dextrine dont la composition élémentaire et le poids atomique
s'étaient trouvés d'accord avec son action moléculaire observée
en présence de M. Biot.
Il ne restait donc plus de doute sur l'identité chimique de ces
membranes , ni sur leur nature isomérique avec les autres corps
que j'avais précédemment étudiés.
Mais il convenait de rechercher encore s’il né se présenterait
pas quelques.exceptions dans certains cas particuliers. A cet égard
les commissaires de l’Académie avaient émis le désir de connaître
les résultats de l’examen du tissu des bois et des feuilles; les
trachées des plantes m'avaient été indiquées, comme objet de
recherches; enfin, je m'étais poposé de fixer les idées sur le tissu
du périsperme des blés qu on avait considéré comme étant d’une
nature spéciale et formant le gluten.
Composition des feuilles.
L'épuration complète de ce tissu présenta d'assez grandes dif-
ficultés. En effet, les feuilles traitées une seule fois par la so-
lution bouillante de potasse retinrent, malgré les lavages et les
traitemens ultérieurs par l’eau et l'acide chlorhydrique, l’éther
et l’alcool , une matière de consistance cireuse qui augmentait la
proportion du carbone, ainsi que le montrent les analyses; mais
on voit aûssi qu'après avoir été entièrement débarrassé de cette
matière, le tissu pur eut la même composition que les membranes
extraites des autres parties des-plantes.
Nouveau mode d'épuration des bois fortement incrustés.
J'avais précédemment montré qu'en traitant les bois incrustés
par l’acide azotique, puis par la potasse et les autres dissolvans,
on parvenait à éliminer toute la matière incrustante, et qu’alors
les membranes qui avaient résisté, offraient [a composition nor-
male des tissus végétaux, mais il me parut probable que les
traitemens réitérés à chaud par les solutions alcalines, devaient
suffire pour dissoudre toute la matière incrustante. En effet, le
bois de cœur de chêne amené par la mollette à une division très
PAyYEN. — Composition du tissu des Phanérogames. 55
grande , traité trois fois alternativement par la solution de po-
tasse bouillante jusqu’à siccité, puis par les autres disolvans,
laissa un résidu composé de membranes apparaissant diaphanes
et incolores sous le microscope : analysées alors, elles donnèrent
la composition normale des tissus végétaux. J’obtins les mêmes
résultats en appliquant un mode d'épuration semblable aux bois
de hêtre , d’acacia et d’{y/anthus glandulosa.
Composition chimique des trachées.
MM. de Jussieu et Brongniart m’avaient engagé à comprendre
dans mes analyses, celle des trachées des plantes; je saisis l’occa-
sion qui me fut offerte par l’un de ces professeurs d'aller recevoir
dans les serres du Jardin des Plantes, une tige et des feuilles d’un
bananier (Musa sapientum). Les trachées extraites et seulement
épurées parl’ammoniaque, l’eau, l'acide chlorhydrique faible, etc.,
contenaient évidemment de la substance incrustante, car ana-
lysées en cet état, elles ont donné 0,484 de carbone(voir plus bas,
p. 79), tandis qu'épurées par la potasse à chaud, puis analysées
alors, elles offrirent la composition du tissu normal, c’est-à-dire
0,44 de carbone. Une contre-épreuve fut trouvée dans le traite-
ment de la solution de potasse, qui, saturée par l'acide chlorhy-
drique faible, donna un précipité composé des matières du 4-
gneux incrustant.
Tissu du périsperme des blés.
Les membranes extraites pures des fruits du blé donnent à
l'analyse les résultats des autres tissus végétaux ; mais comme les
agens employés pour cette épuration auraient pu dissoudre une
partie de ce tissu de composition différente, et notamment le
gluten que l’on avait supposé formé de membranes végétales, il
était utile de montrer que la substance formant les cellules, a des
propriétés, différentes du gluten et des autres matières azotées
qu'elles renferment ; enfin, qu'il est possible d'extraire unepartie
ou la totalité de ces substances sans entraîner en dissolution le
véritable tissu végétal. On y parvient de plusieurs manières : en
examinant au microscope des tranches minces du périsperme
76 payen. — Composition du tissu des Phanérogames.
des blés, on: voit une matière grisâtre plus ou moins translu-
cide, remplissant les cellules près de la périphérie du grain, et
empâtant l’amidon dans les parties: plus internes. Cette matière
hydratée offre les propriétés physiques du'gluten ; elle renferme
des granulations albumineuses plus où moins'abondantes. Tous
les réactifs applicables au gluten, accusent sa présence, en chan-
geant son aspect, ou l’entrainent en dissolution.
Ainsi le tannin la colore et la contracte, l’ammoniaque et
l’acide acétique la dissolvent sans attaquer le tissu véritable qui
apparaît, au contraire, plus net et mieux dégagé; l'alcool même
(étendu à 0,6), produit en grande partie les mêmes effets; la
solution d’iode colorant en jaune toute la masse du gluten, en
violet très foncé l’amidon, et laissant les membranes végétales i in-
colores, offre une autre démonstration élégante du nt annoncé.
Enfin, après la germination à l’aide de l’eau, lorsque les dé-
véloppemens de la tige, des feuilles et des radicelles ont épuisé
le fruit du blé de presque tout le gluten et l’amidon, on retrouve
le tissu végétal avec sa composition chimique primitive.
Le gluten est donc un des principes immédiats renfermé dans
les cellules du périsperme des blés, en proportions très variables
depuis 0, 08 jusqu’à o, 20 (1), comme je l’ai démontré ailleurs,
et il ne fait point partie constituante des membranes du tissu
végétal.
Radicelles de Mais.
M. Magendie me remit, il y a quelques jours, pour les ana-
lyser, des radicelles recouvertes à la partie inférieure , d’une ma-
tiére gélatineuse, diaphane ‘et blanche, qu'il avait observées,
en cet état, dans un champ de maïs après une pluie abondante.
Examinée sous le microscope, la substance gélatiniforme
présentait un grand nombre de cellules longues ou elliptiques;
séparées par une matière visqueuse. Chacune d’elles contenait
une certaine quantité de matière azotée, dont plusieurs réactifs
(l'iode, le tannin, etc.) faisaient mieux ressortir les contours en
la colorant et déterminant une très notable « contraction.
(x) Je l'ai méme retrauvé en quantité minime dans le mais.
PAYEN. — Composition du tissu des Phanérogames. a
La présence des granulations ou corps amorphes, à composi-
tion azotée, fut aussi démontrée dans la matière viqueuse em-
pâtant les cellules ; je retrouvai le même: enduit visqueux avec
les mêmes propriétés chimiques, vers le bout des radicelles qui
avaient pénétré de plusieurs centimètres dans le sol.
Les membranes végétales non colorables par l’iode, ni par le
tannin, et formant la mince tunique des cellules en question,
offrirent les propriétéset la composition ternaire du tissu propre
des végétaux. Quant à leurs na PROrls avec les‘parties de la radi-
celle qu’elles avaient recouvertes, j'äi cru devoir en soumettre
la détermination : à M. Brongniart.
Analyse des parties du tissu qui ont résisté à la digestion des
animaux.
Je suis parvenu à rendre plus prompte l’épuration du. tissu
des feuilles, en les broyant toutes. fraiches cueillies, puis les
malaxant dans l’eau tiède et les exprimant à plusieurs Ma ,
jusqu’à ce que le liquide sortit clair ou très peu chargé; le
traitement par la potasse et les autres agens était alors bien plus
efficace.
M. Schmersahl, HPRSAnE trouver une première épuration toute
faite et plus avancée encore, me proposa d'extraire les memm-
branes végétales des excrémens des vaches nourries dans une
prairie naturelle près de mon laboratoire.
Je m’empressai d'autant plus volontiers de réaliser avec lui
con idée, qu’elle me parut pouvoir, en outre, donner un moyen
‘évaluer, plus ou moins approximativement, la qualité nutritive
des différentes plantes, ou d'une plante à ses différens degrés de
développement, suivant encore la nature du sol, des. engrais et
| co dés conditions atmosphériques.
L’épuration de cette cellulose fut effectivement bien plus fa-
cile et plus complète après le traitement, par les différens réac-
tifs. Observée sous le microscope, elle montrait alors un grand
nombre de vaisséaux. diaphanes blancs , ayant conservé leurs
formes; l'analyse élémentaire prouva son identité avec les autres
membranes pures (voir plus bas, page 79).
78 paye. — Composition du tissu des Phanérogames.
| Analyses des feuilles
Feuilles de Ghicorée endive (Scariole).
Soumises à la coction dans l’eau, desséchées, pulvérisées,
traitées par l’ammoniaque, la potasse, l'acide chlorhydrique et
l'eau : elles ont donné les résultats suivans :
Matière employée. ................ 434millgr. C = 45,08
Acide carbonique... ..,........:..... 674 D'où '{ H — 6,74 } —= 100
Eau... het. seliiteiales eee -0a0 O = 48,28
Les mêmes traitées une deuxième fois par la potasse, l'acide
chlorhydrique et toujours par des lavages intermédiaires à l’eau :
SUDSTANCE. Là 8 L'oreie de eme so 0 0 00 LL OA { C = 43,40
Acide carbonique. . .... Sihlosir ele 09 64 D'où { H — 6,19 } = 100
MAN UE AC ER A A RNA 240 O = ,50,38
Feuilles dÆy/anthus glandulosa.
Broyées et traités par la potasse, par le chlore, l’acide chlor-
hydrique, l'alcool et l’éther. Séchées à + 180° :
Matière employée ..............., 0,168 | C = 5,95
Acide carbonique... .............. 0,271 D'où / H — 6,19 } = roo
Eau... ...s.sooosones es 0,091 O = 7,86
Deuxième échantillon des feuilles d’Æylanthus.
Feuilles soumises à un traitement semblable. Séchées à + 1 80°:
Matiëre{its .c 30), aire JA ET OT: 058 7 C = 45,82
Acide carbonique... .,....,....:, 4 0,675 D'où { H— 6,44 } — 100
: ETAPE € perse seat diet OL O O = 47,74
Analyse des membranes extraites pures du cœur du Chêne.
44,53
Matière employée. ... .,......+..4 366 |
6,03 Z 100
C
Acide carbonique. ....,:.........0 592 D'où | H
O
FA a sise tetate se à d'or eo ee 000 0 01e 210 =" 49,17 |
PAYEN. — Composition du tissu des Phanérogames. 79
Analyse des trachces du Bananier (Musa sapientum).
Épurées seulement par l'ammoniaque, l'acide chlorhydrique
faible, l'alcool et l’eau (retenant encore la matière incrustante) :
Substanceemployée.......,....,.... 256 C = 48,43
Acide carbonique................+e 449 D'où !{ H =. 6,91, | = 100
Eau soso ess soso voss rose 160 O = 44,66 Î
2° Analyse des trachées du Bananier.
Débarassées de toute leur matière incrustante par la solution
de potasse caustique et l’ébullition au bain d'huile jusqu’à
siccité, puis les autres agens ordinaires d'épuration :
Matière séchée.à + 130°.. .. 0,236 CG = .43,2a
Acide carbonique obtenu.... 0,369 D'où l'on tire ! H = 6,50 ; = 100
Eu. Elo ee ste bete ses 2 03139 | O = 50,28
Cellulose extraite des excrémens de vaches nourries dans une
prairie naturelle.
Traitement : 1° Eau tiède. 2° Potasse. 3° Chlore. 4° Potasse
une deuxième fois. 5” Acide chlorhydrique. Séchées à + 180°
dans le vide (En outre, on opéra un lavage complet dans l’eau,
après chacune des réactions) :
Matièrefemployée. .......4.4.::.:. 823 C = 44,92
Acide tarbonique. fe sos cesse n25 D'où H = 6,40 == 100
Éan fosrosssososesososessessssee 189 O
= 48,50 }
Tissu intérieur des feuilles de l’Agave americana.
Les particularités qu’il présente dans son volume et ses formes
m'ont déterminé à faire l’analyse de ce tissu : débarrassé méca-
niquement de la couche verte qui l’environne, il fut divisé le
plus possible à l’aide d’une lame bien tranchante; soumis alors
aux opérations successives d'une épuration par l’eau, lammo-
niaque, la potasse, l'acide chlorhydrique , l'alcool et l'éther, il
fut dès ce premier traitement amené à l'état de cellulose pure,
ainsi que le prouvent les résultats analytiques suivans :
80 PAYEN. — Composition du tissu des Phanérogames.
Substances ns este a ce ns 302 C = 44,70
COPA SE an re nié O D'où ! H— 6,39 } — 100
= 48,91
À
RAR de ee Lahaie vralaloin st) A 1 O
Coton des graines du Peuplier de Virginie.
Afin de :vérifier encore sur cette sorte de poils végétaux , la
composition trouvée dans l’analyse du coton ordinaire, je les
soumis à une épuration complète semblable à la précédente.
Débarrassés ainsi de leur abondante matière grasse, ils donnè-
rent les résultats suivans, qui s'accordent bien avec toutes les
analyses du tissu végétal pur.
Matière employée. à sea pois + bye seéte s «11 874 C' = 44,1x
Acide carbonique.......... cases 099 D'où :! Hi: 6,952 = r06
Faust AR PR SE R En Eee es ee 220 O = 49,37
CS
Membranes végétales composant le squelette d’un nid de Guépe.
M. Magendie supposait d’après les circonstances de la con-
struction d’un nid de guêpés, que les parois des cellules de ce
nid, devaient contenir une substance analogue à celle des mem-
branes végétales, il voulut bien m’engager à vérifier ce doute :
l'échantillon que je recus de ce savant fut lentement et assez
difficilement épuré par les traitemens indiqués ci-dessus, de
plusieurs matières analogues à celles qu'on trouve dans les vé-
gétaux et de la substance collante particulière qui réunissait les
matériaux de ce nid.
Après l’épuration complète, on vit distinctement sous le
microscope, la substance désagrégée se composer de tubes plus
ou moins longs, avec les formes des parties du tissu vasculaire
des plantes.
Analysée alors, elle donna effectivement, des nombres équi-
valens à ceux de la composition des membranes végétales :
Matière employée, ........... CAIN 200 CR ASES
Acide carbonique. 4.4.4, sise soso. ce 400 D'où H — 6,22 = 100
LOTS ENST NA OL DANS CE 0 d'A à O = 49,63
PAYEN, — Composition du tissu des Phanérogames. 81
Composition du bois des Conifères.
Après le grand nombre d'analyses que j'avais faites des tissus
végétaux, M. Brongniart me dit que l'examen chimique du tissu
ligneux des Corifères pourrait encore offrir de l'intérêt en raison
des particularités qui distinguent la structure de ces bois.
Je me livrai aussitôt à ce travail, et ne tardai pas à constater
plusieurs différences qui persistent jusqu’à l’époque de l’épura-
tion complète des membranes.
Le bois de sapin réduit en poudre par la lime, épuré par l’eau,
l'alcool , l’éther , les acides et les alcalis faibles, puis par la so-
lution concentrée de soude caustique à chaud, l'acide chlorhy-
drique et l’eau, contenait encore des quantités sensibles de ma-
tière incrustante et de substance azotée qui étaient interposées
dans les membranes : celles-ci, en effet, étaient brunies par la-
cide sulfurique; la solution aqueuse d’iode les colorait en jaune
que; q J
dans toute leur épaisseur; calcinées avec de la potasse, elles
laissaient dégager de l’ammoniaque; enfin la composition élé-
mentaire s’éloignait beaucoup de celle qui représente la cellu-
lose. On en jugera facilement par les deux analyses suivantes :
RYE 1'e ss As 2e
Matière employée. ..., | 398il.| 419 : | Carbone. ..... 52,ot 51,79
Eau obtenue ..,..... | 227 237 D'où : Hydrogène .... 6,33. 6,28
Acide carbonique. .... | 750 784 Oxygène. ..... 41,97 41,93
100 100
Afin d'obtenir l’épuration complète de cette cellulose, il fallut
la broyer à l’eau sous la molette, puis la traiter par un courant
de chlore, reprendre par la potasse, l'acide chlorhydrique et
l'eau ; devenue blanche alors, elle n’était plus brunie par l'acide
sulfurique, qui la transformait à froid en dextrine; l’iode en so-
lution aqueuse ne la colorait plus sous le microscope; elle ne
dégageait plus d’ammoniaque à la calcination; enfin, desséchée
à 120° dans le vide, elle donna les résultats analytiques ci-des-
sous indiqués :
+ ZIV, BoTan, = Aout, pl . 6
8» payen. — Composilion du tissu des Phanérogames.
LS
1x ge 3° RE 2 3°
Substance em- { |
. |
ployée.... | 312 | 394 | 291,2 Carbone. . . 45,09 44,79 44,38
Eau obtenue . | 183 | 234 | 157 — 4 Hydrogène. 6,47 6,58 6,96
Acide carbo— |
nique..... | 509 | 635 | 407 À Oxygène... 48,44 48,65 48,66
100 100 1UO
Ainsi, une fois amenée, sans perdre sa structure membrani-
forme, à l'état de pureté complète, la cellulose du sapin est
identique avec la substance qui constitue les membranes des
cellules de tous les végétaux.
Composition du périsperme du Phytelephas.
On importe en France ces fruits, dont le périsperme blanc
possède une dureté telle, qu’on le peut tailler et polir pour en
confectionner divers menus objets de tabletterie imitant livoire.
M. Brongniart, en examinant le tissu de ce périsperme, pensa
qu'il serait intéressant de rechercher si l’épaississement considé-
rable des cellules dépendait d’une incrustation particulière-ou
de couches ligneuses, ou enfin de la formation graduelle d’une
substance homogène ; il voulut bien me remettre un de ces
fruits.
Des tranches minces du périsperme, vues sous ie microscope,
offraient l'apparence d’un tissu celluleux à parois tres épaisses,
renfermant des gouttelettes oléiformes et des granulations albu-
minoiïdes : débarrassées par l’ammoniaque , l'eau, l'alcool et lé-
ther, de la plus grande partie de ces corps étrangers, les épaisses
membranes wavaient éprouvé aucun changement appréciable.
Dans la vue d'opérer une dislocation de cellules juxtaposées
entre lesquelles on n’apercevait directement aucune ligne de dé-
marcation, je les fis gonfler par une goutte de solution de soude
caustique ; lavées alors, j'essayai de les contracter par une solu-
tion d’iode : la séparation sur un grand nowbre de points fut
en éffet la conséquence immédiate de ces réactions physiques,
et laissa voir très distinctement la configuration polyédrique de
li membrane externe des cellules. Tous les réactifs annonçaient
d'ailleurs, avec des degrés d’agrégation croissaus vers la péri-
+
PAYEN. — Composition du tissu des Phanérogaines… 83
phérie de chaque cellule, une homogénéité chimique dans toute
la masse membraneuse.
Afin de vérifier cette conjecture, je tentai l’épuration par
‘’éther, l'alcool, l’ammoniaque et l'acide acétique et l’eau, réactifs
assez faibles pour convenir même à l’épuration de la substance
amylacée, qui éliminerent l’albumine et deux autres substances
azotées , la silice, deux matières grasses et des sels,
La substance ainsi traitée, après avoir préalablement été ré-
duite en poudre très fine par l'action d’une lime , était d’une
blancheur remarquable ; desséchée dans le vide à la température
de 125", puis analysée, elle offrit la composition qui suit:
Substance employée, :..11..:...../: 340 C
— LAS T4
HA At ra de At LT Lots sh CIS 195 D'où H:== 6,30 ? Z==:.100
Acide carbonique... .........:.,:. 543 O — 49,56
D'ailleurs elle se transformait en dextrine par l'acide sulfu-
rique et en xyloïdine par l'acide azotique sans coloration; c'était
évidemment de la cellulose pure, sauf des traces de silice, et elle
avait été extraite en cet état plus facilement que d’aucun autre
tissu jusques alors analysé et sans employer d’autres réactifs que
ceux qui éussent laissé l’amidon intact. Elle offre donc un des
exemples les plus nets et faciles à démontrer de la composition
des cellules végétales.
DEUXIÈME PARTIE.
SUR LES ÉTATS DIFFÉRENS D'AGRÉGATION DU TISSU DES VÉGÉTAUX.
Je ne veux point parler ici de ces causes, inabordables encore
à lanalyse, dépendantes sans doute d’une organisation .spé-
ciale et de principes cachés, qui impriment des caractères per-
inanens ou accidentels aux familles, aux espèces et même aux
variétés des en Cr)
(1) Les transformations de lamidon hydrâté en dextriné et le changement en sucre de ces
deux substances par des quantités presque impondérables de diastase; les réactions analogues
opérées : sous l'influence de la Synaptase, ainsi que le nouvel ordre de faits observés dans la
conversion de plusieurs principes immédiats par des membranes animales, autorisent peut-être
les chimistes à espérer qu'ils aideront un jour les physiologistes à à remonter plus haut dans
l'étude des phénomènes de l'organisme.
6.
84 PAYEN. — laits d'agrégation du tissu des végétaux.
En développant, à l’aide de nouveaux faits, les conséquences
de mes précédentes recherches, je crois seulement pouvoir
ramener à une composition élémentaire identique, plusieurs
organes des végétaux, à faire connaitre certains états d’agré-
gation de leurs particules, qui relient entre eux et font mieux
comprendre leurs termes extrêmes de cohésion et de disso-
lubilité.
Ces données chimiques nouvelles sont d’ailleurs en har-
monie avec les lois simples de l’organisation, fondées sur les
observations physiologiques des auteurs qui font autorité dans
la science; elles me conduisent à penser que la distinction,
par fois difficile, entre les êtres végétaux et animaux, pourra
s'appuyer sur la composition élémentaire de leurs membranes.
Le principe immédiat constituant les membranes végétales,
se rencontre sensiblement pur et faiblement agrégé dans l’Ami-
don : là en effet, son agrégation semble provisoire, destinée
seulement à le défendre contre;des altérations spontanées. Une
condition, au moins, manquerait, me paraït-il, à chaque gra-
nule pour qu’il püt atteindre le terme d'organisation d'une
utricule, ce serait une proportion suffisante, dans son inté-
rieur, du cambium, qui accompagne, ou précède, toutes les
formations végétales, substance dont j'ai démontré ailleurs la
composition chimique riche en azote et dont les transformations
physiologiques partant en général d’un globule creux, ont été
si bien mises en lumière dans ces derniers temps. Le cambium
est ici remplacé par la matière amylacée, elle-même, qui remplit
presque toute la cavité des grains de fécule et dont la cohésion
et l'adhérence des couches concentriques semblerait présenter
un obstacle de plus à des développemens organiques.
L’amidon me semble donc être une sécrétion agrégée ali-
mentaire, mise en réserve, bien plutôt qu'un véritable organe
destiné à se reproduire directement ; son organisation apparente,
qui pourrait, en raison des couches superposées, paraitre plus
avancée que celle d’une cellule, l’est donc beaucoup moins,
si je ne me trompe. Après avoir trouvé dans les divers modes
de dissolution, naturelle et artificielle, de la substance amy-
Jacée, des faits nombreux à l'appui de cette manière de voir,
PAYEN. — ÆEtals d'agrégation du tissu des végétaux. 85
j'ai voulu en rechercher des conséquences dans les propriétés
physiques et chimiques des membranes qui constituent les tissus
faiblement agrégés des organisations inférieures.
Nature amylacée d'un tissu végétal.
Les hypothèses qui précèdent m'ont conduit à résoudre une
question que j'avais autrefois vainement étudiée : il s'agissait de
savoir où était situé dans le tissu du lichen d'Islande, l’amidon
que l'analyse chimique y démontrait en abondance.
Bien certain aujourd’hui, que la substance des cellules végé-
tales est isomérique avec l’amidon et n’en diffère autant, dans
les réactions physiques, que par une agrégation considérable-
ment plus forte entre ses particules, je crus pouvoir admettre
qu'il existait dans le lichen d'Islande, des membranes assez fai-
blement organisées pour présenter quelques-uns des caractères
de l’amidon.
Dans la vue de vérifier cette induction, je purifiai d’abord le
lichen en le soumettant aux réatifs (1), qui sans attaquer son
tissu, dissolvent les substances étrangères, alors l’iode ajouté sur
des tranches minces observées sous le microscope, développa
une teinte bleue dans les membranes du tissu sous les parties
corticales; celles-ci prirent une teinte grisâtre ou légèrement
orangée,
La nuance bleue disparaissait sous l'influence des alcalis, la
potasse et la soude opéraient en outre, un gonflement rapide,
puis une dissolution graduelle des membranes ; ces caractères
distinctifs de la substance amylacée m’encouragèrent à pousser
plus loin mes investigations ; je procédai à l'extraction de la
gelée du lichen, et je constatai, sans peine, qu’elle était obtenue
des membranes bleuissables; qu’elle avait acquis elle-même
cette propriété, tandis que la couche corticale non colorable
en bleu par liode, n’était pas dissoute par l’eau bouillante même
à une température de + 170° en vase clos.
Traitantalors la gelée du lichen par la diastase à + 55° cent.
(1) Eau , alcool, ammoniaque , acide acétique , éther.
80 PAYEN. — Ælats d'agrégation du tissu des végétaux.
je rendis soluble à froid la substance identique avec l’amidon
en la convertissant en déxtrine et en sucre.
Je parvins de cette manière à séparer l’inuline restée intacte
en présence de la diastase.
Ayant constaté que l'acide acétique transforme à chaud
l’inuline en sucre soluble à l’eau froide et même dans l'alcool,
il me fut facile d'éliminer cette substance à son tour, et d'obtenir
l’amidon isolément.
Aïnsi donc la gelée du lichen, aussi blanche et pure qu’on
ait pu se la procurer directement, contient de l’amidon no
plus de l'inuline.
Ce résultat n’est peut-être pas sans intérêt, après les travaux
de plusieurs savans chimistes, dont lun avait rhque les
deux substances sans les extraire; un autre depuis n’y trouva
que de lamidon, et plus récemment encore un troisième, con-
sidérant l'ensemble comme un principe immédiat particulier,
lui donnait une dénomination spéciale.
Nouvelles proprietés de l’inuline.
À cette occasion encore, outre la transformation par l'acide
acétique, j'ai constaté les propriétés suivantes de linuline : dis-
soute dans l’eau bouillante, elle s'en sépare après le refroidisse-
ment, sous la forme de petits sphéroïdes blancs, diaphanes, par-
fois réunis en chapelets; dissoute en vase clos à une température
de + 170°,elle produit plus lentement, mais d’une maniere plus
prononcée le même phénomène; au bout de trois mois on a
trouvé, en effet, sur les parois du vase, des plaques composées
de sphéroïdes contigus les uns aux autres, ayant environ 3 cen-
tièmes de millimètre, se montrant en séries ou chapelets, sur
les bords du dépôt; la plupart recouverts de très petits glo-
bules semblables; tous très fragiles, se brisant sous une faible
pression en éclats anguleux où mous.
Cest là un trait de plus de ressemblance avec lamidon
dans lequel la propriété de se précipiter en globules, a été
observée par M. Jacquelain; mais les globules d’inuline ne sont
PAYEN. -— Ætats d'agrégation du tissu des végétaux. 87
pas colorés par l’iode, et leur solution n'est pas altérée par la
diastase (r)}.
L'analyse des membranes épurées du lichen donne en effet,
les nombres qui représentent la composition de lamidon.
L’amidon n’est donc pas contenu à l’état de granules, dans
les cellules du lichen, il forme une partie intégrante de la mem-
brane des cellules elles-mêmes.
Cette composition et la facile dissolubilité des membranes
en question, expliquent la qualité alimentaire de certains li-
chens , et une propriété semblable dans des tissus végétaux plus
ou moins facilement désagrégeables.
Composition du périsperme du Dattier.
Il en est ainsi des membranes épaisses du périsperme du
Dattier, que les solutions alcalines gonflent à froid, désagrègent
et dissolvent à chaud, ces membranes contribuent sans doute
à la qualité alimentaire de ce que l’on nomme les noyaux de
Dattes, qui d’ailleurs renferment du sucre, des matières azotées
des substances grasses et quelques sels solubles. Les Dattes
elles-mêmes, ne présentent qu’auprés de l’épiderme de leur pé-
ricarpe un petit nombre de cellules remplies de la matière in-
crustante, ligneuse, le tissu bien épuré donne les produits qui
représentent les élémens des membranes végétales. (2)
(1) L’inuline est fusible à - 168°: elle est alors devenue soluble dans l’eau froide et même
dans l'alcool. Si l’on évite de prolonger cette réaction, la substance ne sera pas sensiblement.
colorée : elle n’aura rien perdu après avoir éprouvé cette curieuse transformation en un corps
isomérique, ainsi que le montrent les analyses comparées pages gr et 92. Les membranes végé-
tales plus ou moins résistantes , l’Amidon, la Dextrine, l’Inuline normale et l’Inuline rendue
soluble par la chaleur, présentent donc cinq substances isomériques.
(2) 1l en fut de même encore d’un jeune tissu formé sur l’aubier d’une branche de peuplier,
extrait au mois d'août , ce tissu contenait entre les corps azotés de nombreux granules globuli-
formes d’Amidon, ayant au plus un demi-centième de millimètre. Epuré facilement, il offrit à
l'analyse 44,5 de carbone et 55,5 d'eau.
88, PAYEN. — Composition du tissu des Cryptogames.
Propriétés physiques et composition élémentaire du tissu des
Cryptogames.
Apres les nombreuses analyses que j'avais faites des divers
organes des végétaux phanérogames, on pouvait supposer une
composition élémentaire uniforme dans toutes leurs membranes.
Les mêmes résultats s'étaient reproduits, comme on vient de le
voir, relativement au tissu du Lichen d'Islande. Or, une matière
organique plus faiblement agrégée l’amidon , contenant en-
core les mêmes élémens dans les mêmes proportions, il était
permis de croire à la généralité d’une telle loi de composition
dans la substance du tissu propre des plantes. Toutefois, les
propriétés spéciaies du Lichen examiné devaient inspirer quel-
ques doutes sur l'identité de la composition élémentaire des
membranes constituant les tissus des diverses autres végétations
cryptogamiques.
Analyses des Conferva rivularis ef oscillatoria.
J'essayai donc de traiter sous les mêmes points de vue plu-
sieurs Conferves. La soude, en dissolvant à chaud la membrane
enveloppante des filamens de Conferva’rivularis , isola les unes
des autres les longues cellules qui, appuyées bout à bout et plus
ou moins remplies de matière verte, occupaient toute la capacité
tubulaire.
Pour éliminer entiérement la matière verte, il fallait ouvrir
les cellules qui la tenaient en partie à l'abri des dissolvans. J'y
parvins en agolomérant ensemble les Conferves humides, par
une pression graduée , desséchant la masse, puis la soumettant
à l’action d’une lime ; alors l’alcool, l’ammoniaque, les solutions
de soude et de potasse, étendues, enlevèrent les substances
azotées et la matière verte en dissolution : le chlore en fit dispa-
raître les dernières traces en éliminant aussi une substance
brune; l'acide chlorhydrique, l’eau , l’éther et l'alcool, ache-
vèrent l’épuration en enlevant du carbonate de chaux et des
substances grasses : les membranes épurées des Conferva rivula-
pAyEN. — Composition du tissu des Cryptogames. 89
ris et Oscillatoria (1) offrirent alors la composition des autres tis-
sus, ainsi que le prouvent les détails analytiques (voy. p.92et 93).
Analyse du tissu des Champignons.
Les Champignons encore, parmi les Cryptogames, méritaient
une attention sérieuse ; car, sur l'autorité d’un savant analyste,
on y admettait un tissu d’une composition particulière qui avait
reçu le nom de l’ungine ; l'auteur l'avait extrait du Boletus
LONiATLUS.
J'apportai les plus grands soins à son examen, l’épuration
complète :nécessita les mêmes manipulations que pour les
Conferves et plus de précautions encore, car il est formé de
membranes altérables, et la grande quantité de matiere brune
qu'il récele, ne peut être totalement enlevée qu'en faisant passer
un courant de chlore gazeux dans le liquide; je lui trouvai enfin,
comme le prouvent les détails analytiques, la composition des
membranes des autres végétaux (voyez p. 92).
Compositions des inembranes du Champignon de couches
(Agaricus edulis).
Avant de prononcer, définitivement sur la matière du tissu
des Champignons, il pouvait paraitre utile de vérifier les pre-
miers résultats en procédant à une analyse d’une sorte tres dif-
férente de la première, par les circonstances de sa végétation
comme par sa consistance. Les Champignons de couches furent
employés dans cette vue, l'analyse immédiate y démontra des
proportions coüsidérables des substances azotées, d'une matière
grasse cristallisable, volatilisable en partie dans le vide à + 180”,
des sels, etc., leur épuration complète fut obtenue en les lavant
d'abord à l’eau froide, puis exprimant avec force ; séchés alors
on put les réduire en poudre qui fut tamisée, on fit réagir sur
celle-ci alternativement l'éther, l'alcool, l'ammoniaque à chaud,
(1) Ces Conferves, après leur complète épuration, présentaient, sous le microscope, des
tronçons de cylindres diaphanes, contenant une ou plusieurs cellules vides,
OO PAYEN. — Composition du tissu «es Cryptogames.
l'acide chlorhydrique, une solution faible de potasse; le chlore,
l'acide chlorhydrique et l'éther; des lavages intermédiaires eu-
rent lieu à l’eau chaude; séchés alors dans le vide à + 180°, la
substance membraneuse offrit la composition des autres mem-
branes: ainsi les Champignons ne sont point formés d’un tissu
particulier ; ce sera donc encore une anomalie éliminée de la
science (voyez p. 17).
Analyse des membranes du Char& hispida.
Je crus devoir déterminer sous les mêmes points de vue, la
composition élémentaire des membranes du Chara, sur lequel
les physiologistes nous ont appris de si importantes particu-
larités ; après avoir éliminé mécaniquement ou en dissolution, le
liquide et les granules verts à composition azotées, puis le car-
bonate de chaux et tontes les substances étrangères (1), J’obtins
les membranes blanches diaphanes et pures, leur analyse offrit
la composition normale des tissus végétaux, (voyez p. 92).
Si j'ai réellement fait disparaitre toutes les variétés de compo-
sition attribuées aux tissu des plantes pour y subtituer une for-
mule unique, il me sera peut-être permis d'éroncer une opinion
que jai conçue ii y a plusieurs années, mais qui alors, était
basée seulement sur deux séries parallèles de réactions chimiques
moins certaines, bien qu'elle se trouvent vérifiées aujourd'hui;
des lors en effet, il m'avait paru possible d'établir une distinction
rationnelle entre les animaux et les végétaux, près de cette li-
mite où plusieurs caractères semblent les confondre : les mem-
branes végétales bien agrégées, sont inaltérables sensiblement
en présence d'une foule d’agens, tels que l'iode, le chlore, les
alcalis et les acides étendus, le tannin, plusieurs sels neutres,
l'alcool et la créosote, qui colorent, attaquent, dissolvent ou con-
tractent fortement les membranes des animaux; mais la distinc-
*
(x) Le Chara contient des granules d’amidon, des corps verdätres azotés, des substances
azotées, solubles, une matière grasse, une substance colorante ‘un principé odorant ‘rappelant
l’odeur marécageuse de plusieurs Conferves, du chlorure de potassium ,'du carbonate de chaux
adhérent aux membranes externes, et de la silice.
PAYEN. — Composition du tissu des Cryptogames. 91
tion qui se fonde sur leur composition élémentaire est encore
plus certaine :
En effet, les combinaisons organiques quaternaires font partie
constituante des membranes animales, tandis que les combinai-
sons azotées rentrent pas dans la nature intime des membranes
végétales , celles-ci offrent constamment une composition ternaire
bien définie C** H° O"ouH: O0, C“*H"*O*.
. D’une part, les proportions considérables de substances azo-
tées que m'ont offertes les analyses de tous les jeunes organes
des végétaux; et d’un autre côté, les propriétés physiologiques,
notamment une grande énergie vitale, découverte par M. Dutro-
chet dans les parties des plantes qui renferment le plus d'azote,
sembleraient au premier abord, devoir faire repousser la dis-
tinction que j'essaie d'établir; mais en ÿ réfléchissant un peu,
on verra qu’il n'y a ançune contradiction entre ces faits, on verra
qu'ils s'accordent, au contraire;.très bien entre eux, comme
avec les observations sur la nature des engrais les plus fertili-
sans, ét encore avec la composition chimique de la substance
contenue dans les organes qui prennent part directement à la
fécondation des plantes: c’estque dans toutes ces circonstances,
les matières azotées sont en présence des membranes, sont même
enfermées par elles, sans en faire partie intégrante.
J'oserais dire qu'un jour, on pourra pousser plus loin les
conséquences de ces deux ordres de faits; la composition ter-
naire des membranes végétales et la composition quaternaire
des tissus animaux, si on les rapproche de la troisième proposition
suivante :
Dans les deux régnes, les corps qui admettent l'azote au
nombre de leurs principes constituans, sont indispensabies à
Vaccomplissement des phénomènes de la vie.
Détails analytiques.
Analyse de l’nuline normale, blanche et très pure, séchée dans le vide à+1 50°,
Substance employée. ...... seen (Oaax CU = 42,55 |
Acide carbonique. ..... PET POST LE | Don OUR = Gr 1" = Ton
AUS ET D ee Din laine dote raie oc 0,120 ON 49,33
\
92 PAYEN. — Composition du tissu des Cryptogames.
Analyse du Lichen épuré, séché à + 170° vide.
Substance .......sessesoresees 0,019
CG. = 44,70
(CC RENE PR RENR ATERER CEs 0,842 D'où HS 6,21 r'=—> 100
HD TT RD NP ele ne 0,291 ON —
49,09
Analyse de lInuline soluble isomérique, avec l’Inuline normale ( chauffée à
+- 170° dans le vide).
Matière employée... .........,..:. 0,308 Ge 4419" |
BIO uns AREA HOME Morse D'où Ÿ H. — 6,17 — 100
H° ONE aéshrae rte «tie crataters ES ei dte 0,:90,5 O0. = 49,70
Première analyse des Conferves ( Conferva rivularis); membranes épurées
séchées à + 100°.
Matière employée... ...........+. 0,233 [ C.,= £267 |
Acide carbonique. ...,.........+. 0,359 D'ou:4 H4:=:6,52 0% =, 500
FAUSS Or etee ee che ele Me nets sistele os 0,137 | O 0900
Seconde analyse des mêmes Conferves (Conferva rivularis), desséchées à
— 180° dans le vide.
Substance employée. ....,....,.... 0,442 | CG: —="4%,97
Acide carbonique. ........,,..... 0,716 D'où "Hi =" 5554 PH
Asus ne less elolote TS NUS ee Dialate 0,229 O. — 49,68
Champignons de couches { 4garicus edulis ); tissu bien épuré, puis desséche
dans le vide à + 180°.
Matière employée. . ....ss.sse.cee 0,316 | C. = 44,52
Acide carbonique................ 0,534 D'où # H. =— 1667 ff =, 108
Eau, 0006000009 0e... + 0e . 0,190 Où 48,85 |
Avalyse du Boletus igniarius , issu épuré blanchi et seche à Æ 100°.
Matière employée...,..........:. 0,417 (== 43,40 |
Acide carbonique. .........,.... 0,658 D'ou, 6,21 Z 100
HAS ele cela olelellis tons one laisse elietelte 0,230,) O. = 50,49 |
Analyse des membranes du Clara.
SuDlanCe Le, ss ent neiraetas ou 0,210. | GC = 2388
CORP Non LR site neiriotie 0,343 D'où F0 =—= 6,29 Z 100
HA O7 RU qe ne Dove gars eu sas 0,123 | O0. —= 49,83
PAYEN. — Composition du tissu des Cryptogames. 93
Conferva oscillatoria épurée par les réactifs ci-dessus indiqués, desséchée dans
le vide à + 180.
Matière employée... .......,,.:... 0,167 C. = 45,34
Acide carbonique, ........ is s1S5t8 d 102204 D'où { H. — 6,58 = 100
ET ee ea ee css à as dt 01000 O0. = 48,08
La petite surcharge de carbone m'a conduit à trouver eucore
dans cette Conferve , malgré son épuration, une quantité no-
table de matière d'apparence grasse fluide à chaud , figée à froid,
soluble dans l’éther et dans la potasse. (1)
Une deuxième analyse faite en employant la substance épurée
complètement par l’éther, et séchée dans le vide à + 180°, donna
les résultats suivans :
. Maüéreemployées....,,....,.,.,. 0,237 C. — 44,89
ACIDE Car DOMqUE. 7. ose 0,989 D'où {'H,—= 6,16 { — 100
EUR LE DA SUANS « MM LHQUUIE 0,132 O. = 48,95
Mernbranes amylacées.
Les membranes des sporules des Champignons débarrassées
des matières riches en azote (à l’aide d’une solution à o,r de
potasse tenue une heure à 1co°), présentent les caractères de
la substance amylacée : c’est un nouvel exemple du fait que j'ai
observé dans le lichen, et qui sans doute se reproduira ailleurs
encore.
Amidon contenu dans les différentes parties du Chara
En examinant, sous le microscope, le Chara hispida dont je
devais analyser les membranes, je reconnus dans le suc de la
tige des granules ayant de 5 à 15 millièmes de millimètres, qui
offrirent les caractères de l’amidon,
Les graines du Chara considérées depuis 1823, d’après
M. Adolphe Brongniart, comme monospermes et remplies d’un
endosperme blanchâtre , contiennent , en effet , de la fécule dont
(:} Sans doute elle était restée ipterposée à l’état de savon , faute de Javages suflisans après
l’action de la potasse. k cé s
O4 PAYEN. —— Composition du tissu des Cryptogames.
Ja présence futindiquée par M. Raspail. J'ai cru devoir déterminer
rigoureusement la nature de cette substance sur laquelle la co-
Joration bleu par l’iode pouvait encore laisser des doutes.
Les granules en question, ont par leurs dimensions, leurs
formes et leur consistance, quelques caractères spéciaux, ana-
logues à ceux qu’un examen attentif fait remarquer dans chacune
des fécules amylacées de la plupart des plantes; ce qui distingue
surtout ceux-ci, c’est que les plus petits, au-dessus d’un demi et
jusqu’à deux centièmes de millimètre, sont très irréguliers, con
tournés ou gibleux, tandis que les plus gros, depuis trois jusqu’à
quinze centièmes de millimètre, etfplus particulièrement encore
ceux qui ont des dimensions moyennes, approchent des formes
régulières de sphéroïdes et d’ellipsoïdes, ainsi que le montrent
les figures ci-jointes, de lamidon du Chara hispida; parmi ces
dernières, on remarquera la fécule des articulations dont la
plupart des grains ont une conformation toute spéciale, fort
allongée, offrant par des soudures peu consistantes, des sortes
d’articulations. Les orains d’amidon des articulations du Chara
vulgaris, sont beaucoup plus petits et la plupart globuliformes.
Plusieurs propriétés physiques et toutes les réactions chimi-
ques , prouvent l’identité parfaite de ces différens granules avec
PAmidon (1).
(x) Dans les graines bien développéés du Chara vulgaris ét du Chara hispida, quiont environ
les 0,50 ou 0,75 d'un millimètre de grosseur , la plupart des grains de fécule les plus volumi-
neux s’écrasent aisément entre deux lames de verre par la pression des doigts, ils sont alors
fendiilés en étoiles, à parti: d’un hile que lon n’aperçoil-pas toujours et se propagent parfois ,
suivant un axe, On distingue les zônes d’accroissement sur plusieurs d’entre eux. ( Voir les fi-
gures.) y |
Les grains d’amidon les plus volumineux dans les vieilles graines se désagrègent quelquefois,
‘en donnant lieu aux petites sphérules amylacées, dont j'ai signalé la présence dans les vieux
tubercules des pommes de terre, (Voir le Mémoire sur l’Amidon de diversés plantes , Annales
des Sciences naturelles, 1838.) |
Tous ces grains, ainsi que ceux des tiges et des articulations, peuvent être gonflés au point
- de presque éentupler dé Volume par les solutions contenant un centième de soude ou de potasse:
ils se colorent de: nôuveau en bléu par l’iode, si on sature préalablement l’alcali ; ni l'ammo-
_ niaque, ui l'acide acétique n'attaquent.leur substanee, qui est dissoute par l’acide chlorhydrique
et peut être transformée en dextrine et en sucre par l’acide sulfurique et la diastase. Ils sont
donc entièrement formés d’amidon et diffèrent beaucoup chimiquement des jeunes organes, et
surtout des organes reproducteurs des végétaux, par les très faibles proportions de substances
azotées.
PAYEN, Composition des VÉSÉLAUX..
Le]
QT
Composition chimique du pollen du Chara.
Les vésicules de couleur orangée qu’on voit aussi sur les ra-
meaux du Chara, contiennent, comme on Île sait, des cellules
très longues et souples, j'ai reconnu que leurs minces mem-
branes, ont la composition chimique du tissu végétal, tandis
que les substances renfermées par elles, offrent la composition
azotée, propre aux corps enveloppés dans les plus jeunes or-
ganes des plantes.
Ces résultats analytiques me semblent être des conséquences
naturelles de la constitution des o:ganes reproducteurs da Chara,
telle que M. Brongniart l'a indiquée, non-seulement quant à la
graine monosperme, mais encore relativement aux substances
azotées contenues dans les membranes végétales, qui se rappor-
teraient au Pollen de l'organe mâle.
Ces faits chimiques seraient encore en harmonie avec les ob-
servations de M. Meyen et celles de M. Brongniart sur les mou-
vemens spontanés des petits corps renfermés dans ce pollen,
(Ann. des Sc. Nat. nov. et déc. 1838); car tous les corps doués
d’un mouvement spontané, autre que celui des particules de
Brown, se sont trouvés, dans mes essais, avoir une composition
quaternaire azotée.
Analyse du lait de lu noix de coco.
Le liquide lactescent, contenu dans la noix de coco lorsque
le tissu de amande commence à s'organiser, donne à l’analyse :
1° Les substances azotées sous les trois états qui précèdent et
accompagnent toutes les formations végétales; 2° des globules
oléiformes contenant une substance grasse cristallisable; 3° plu-
sieurs sels; 4° une proportion de sucre assez considérable pour
que la solution rapprochée se soit prise en une masse de cristaux
blancs, dont les formes, la composition et les propriétés appar-
tiennent exclusivement au sucre de cannes, il sera facile de s’en
96 PAYEN. — Composition des végétaux.
assurer en examinant l'échantillon que j'ai déposé sur le bureau
de l’Académie.
Sucre des fruits du Cactus Opuntia.
M. le général Saldanha ayant bien voulu me remettre toute
la provision des fruits de Cactus qu'il avait fait venir du Portu-
gal à Paris pour les analyser, il s’en est trouvé deux ou trois seu-
lement assez peu altérés pour les soumettre à cet examen. Outre
les produits essentiels à l’organisation végétale, ces fruits con-
tiennent non du sucre de cannes, mais du glucose (sucre de
raisin).
Les cristaux grouppés en houppes irradiées, de lamelles rhom-
boïdales que j'en ai obtenus, ne peuvent laisser aucun doute
sur sa nature; quant aux proportions, elles s’éléveraient à plus
de 12 pour 106, si ce qui est probable, l’altération d’une partie
de ce sucre était accidentelle et devait exclusivement être attri-
buée aux influences subies durant ie transport.
Composition des fibrilles et membranes d'un tendon ef d’un
znlestin.
Afin de lever une objection qui pouvait être faite aux con-
clusions de mon Mémoire, j'ai réduit à ses fibrilles les plus ré-
sistantes, un tendon de bœuf, à l'aide d'opérations mécaniques
et chimiques appropriées : en cet état blanc, diaphane, tel que
je le présente, il se gonfle à froid et se dissout à chaud; dans
l'acide acétique et dans l'acide chlorhydrique étendu, sa com-
position est quaternaire, il reste donc parfaitement distinct des
membranes végétales par ses propriétés comme par sa compo-
sition chimique. |
Voulant répéter cette expérience dans des circonstances plus
décisives encore, je me procurai chez M. Savaresse, fabricant
de cordes harmoniques, un intestin grêle de mouton, réduit
par des frottemens répétés et des macérations dans des eaux
alcalines, à sa membrane la plus résistante ; il formait alors
PAYEN. — Composition des végétaux. 97
une enveloppe tubulaire continue, tellement mince qu’il au-
rait fallu réunir trois intestins semblables, pour égaler l’é-
paisseur d’une chanterelle, et que dans toute sa longueur de
14 mètres, il pesait à peine 5 grammes ; on peut juger de sa faible
épaisseur, en examinant les bouts insuflés que je présente à
l'Académie.
En cet état il fut soumis : 1° à des macérations et lavages par
l’éther, qui enleverent des matières grasses, 2° à une immersion
à froid, dans l'acide acétique concentré, qui opéra un gonfle-
menti rapide; 3° à une ébullition, pendant 15 minutes, dans le
même acide qui dissolvit une petite quantité de la substance;
4° à l’action d’une solution à o,1 de potasse, chauffée pendant
5 minutes à 100°. Cette fois plus des 0,9 du poids de la matière
furent entrainés en dissolution, quelques fibrilles et vaisseaux à
contours nets encore avaient résisté ; la substance organique
analysée, soit à l’état normal, soit après chacun des cinq traite-
mens précités, offrit toujours la composition quaternaire riche
en azote.
J'arrivai aux mêmes conclusions en traitant ensuite séparé-
ment la membrane extérieure qui était plus attaquable, car
elle se dissolvit dans l'acide acétique chauffé à 100°; elle était
d’ailleurs, ainsi que la première, contractée par l’eau bouillante
et par plusieurs solutions salines froides, contractée et jaunie
par l’iode (1), dissoute en totalité, par une ébullition prolongée
dans la solution à 0,2 de potasse caustique.
Aucune des parties de l’intestin, ne saurait donc non plus se
confondre par sa constitution chimique , avec les tissu des vé-
gétaux.
(x) D'après un grand nombre d'essais, M, Donné regarde la coloration jaune par l’iodé
comme propre à toute matière organisée, contenant de l'azote. Je n’ai pas trouvé jusqu'ici
d'exception à cette règle,
+ XIV, BOTAN, = Aoiit. + : ssh 7
90
PAYEN. — Composition des végÉIAUX.
TaBLEau compararir des proprieles qui distinguent les membranes
végétales des membranes animales.
Température
élevée au rouge.
Décomposition
spontanée.
Iode en solution aqueuse
saturée,
Soude et potasse étendues
et ammoniaque.
Acide pe
étendu , à chaud.
Acide acétique.
Acide tannique
(tannin).
Sulfate d’alumine.
Bi-chlorure
de mercure.
Composition.
MEMBRANES
VÉGÉTALES
bien agrégées', humides.
l'eau , est l'acide acétique ; le
stdn char ls sx n'est pas
déformé.
Produits et résidus acides.
Légère contraction. Colo-
ration nulle,
Action peu sensible, mème
à chaud.
Action sensiblement nulle.
Action nulle.
Action nulle ou faible con-
traction,
Action nulle.
Action nulle,
mr qe
Ternaire, bien définie =
(H20, C24 H18 O9) : formule
unique n’admettant pas d’a-
zole.
Le produit condensable le
plus abondant, non compris|abondant , non compris l'eau,
MEMBRANES
DES ANIMAUX
(hydratées).
DER CEE RTS EL NT PR ER |
Le produit distillé le plus
est le car ARE d’ammonia-
que; le résidu charbonneux
est De a D aoiioa!l
Produits et résidus acides
et ammoniacaux.
Coloration jaune orangé ,
et souvent forte contraction.
Dissolution plus ou moins
complète et rapide à chaud.
Dissolution plus ou moins
rapide.
Dissolution lente ou rapide,
à chaud.
naison intime.
Contraction. et combinai-
.
Contraction forte, combi-
;
Combinaison intime et con-
traction,
Quaternaire, à plusieurs
formules, contenant toujours
de l’azote, en fortes propor-
tions,
PAYEN. — Composition \des végétaux. 99
‘On remarque dans les effets des réactifs sur différentes mem-
branés et sur quelques produits des animaux, des variations
asséz notables, mais leur composition et leurs propriétés ne les
distinguent pas moins des membranes végétales.
Ainsi la membrane péritonéale et la membrane musculeuse
des intestins se contractent dans l’eau bouillante et même dans
l'acide chlorhydrique chaud, avant de se désagréger et de se
dissoudre tandis que dans lès mêmes circonstances, les tendons
“se gonflent d’abord; mais le résultat définitif est le même, et les
autres propriétés ci-dessus décrites leur sont communes.
Le mucussolide qui constitue lés poils, les ongles la corne ,ete.,
des animaux, se distingue parfaitement dés tissus végétaux, par
les produits de sa distillation qui abondént en carbonate d'am-
moniaque, par le résidu charbonneux qui est très boursoufflé,
par l’action, soit de l'iode qui la colore en jaune orangé, soit
des alcalis caustiques qui le dissolvent; enfin, par sa compo-
sition quaternaire. Les mêmes propriétés séparent nettement la
fibrine et l’albumine des membranes végétales. Enfin, celles-ci,
faiblement agrégées (1) ,'se rapprochent beaucoup de Pamidon;
désagrégées , elles peuvent être amenées à l’état de dextrine; sous
ces trois formes, elles sont isomériques, et leur composition est
ternaire; rien de semblable n’a lieu relativement aux membranes
ni aux produits précités des animaux.
CONCLUSIONS.
Les faits nouveaux contenus dans ce mémoire, me semblent
justifier les conclusions générales suivantes :
1° La cellulose, qui constitue les membranes des plantes,
ne une composition chimique homogène dans toute l’étendue
du règne végétal. 4
2° Cette subtance représentée par la formule C* HO* H°O,
est isomérique avec l'amidon, la dextrine, linuline normale et
l'inuline soluble.
(x) Lorsque la substance de ces membranes est faiblementfagrégée, elle éprouve de la part
de divers réactifs des influences analogues à celles que subit l'amidon hydraté, quoique beau-
coup moins fortesé
Te
100 PAYEN. — (C omposition des végélaux.
3° Les degrés d’agrégation de la cellulose, modifient ses pro-
priétés physiques et sans doute ses qualités nutritives; fortement
agrégée, sa résistance à divers agens chimiques et à l’action di-
gestive est tres remarquable.
4° La médulline, la fungine, la lichenine, considérées comme
principes immédiats particuliers n’existent pas: bien épurées elles
offrent une identité complète avec la cellulose.
5e Le gluten ne constitue pas un tissu; c’est un principe im-
médiat renfermé dans les cellules du périsperme des fruits de
plusieurs céréales.
6° Les substances azotées oem toutes les produc-
tions végétales, se trouvent dans toutes les cellules naissantes,
mais elles ne font point partie constituante des membranes de
celles-ci, ni du tissu des végétaux.
7° Les propriétés physiqueset chimiques des membranes vé-
gétales, comparées avec les propriétés des membranes des ani-
maux, permettent d'établir une démarcation nette entre elles :
les premières ont une composition ternaire qui exclut l'azote,
les dernières offrent constamment une composition quaternaire
azotée. ,
REeCHERCHES sur les sécrétions des racines. (Thèse présentée à la
Faculté de médecine de l’université de Tubingen; par E».
WaLser, sous la présidence du professeur Huco Moxr. Broch.
de 48 pages in-8°.)
(Traduit de l'allemand: par M. Bucuinerr. )
M. Walser a présenté comme thèse, à la Faculté de médecine
de l’université de Tubingen, l'extrait d’un travail qui avait rem-
porté le prix de physiologie proposé en 1836 par cette Faculté.
Nous allons en donner un extrait sommaire.
Le sujet de cette thèse fut provoqué par un phénomène con-
signé déjà dans Îes auteurs les plus anciens, que certaines plan-
tes se meurent quand elles sont cultivées à proximité les unes
WALSER., — Sur les sécretions des racines. IOI
des autres, que quelques-unes ne réussissent jamais cultivées soit
ensemble, soit les unes après les autres. Aucun agronome ni au-
cun physiologiste ne s'était occupé de cette question pour ré-
duire les faits signalés à leur véritable valeur.
Brugmans avait remarqué que des plantes cultivées dans le
sable pur sécrétaient pendant la nuït des gouttelettes d’un liquide
qui humectait le sable placé autour de leurs racines. 11 préten-
dait avoir vu, de plus, que les blés dans le voisinage desquels
se‘trouvait planté le Lolium temulentum périssaient, et que les
radicelles les plus tendres s'étaient fanées. Selon cet auteur , le
Serratula arvensis exerce une influence nuisible sur l’Avoine,
lErigeron acris sur le Froment, les £wphorbia Peplus et Sca-
biosa arvensis sur le Lin, le Spergula arvensis sur le Sarrazin,
l’Inula Helenium sur le Daucus Carota.
Plenk et Humboldt se rangèrent plus tard au même avis,
saus publier cependant leurs observations à ce sujet. En
1805, De Candolle, dans sa Ælore française, en parla de
nouveau. Macaire publia, dans le tome v des Mémoires de
la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, les ré-
sultats de ses recherches à ce sujet. De Candolle fonda sur ces
faits sa théorie des assolemens ( Physiol. végét., t. 1, ch. 19),
selon laquelle certaines plantes exercent une influence soit
utile, soit délétère, sur les végétaux qu’on cultive après elles
dans le même champ. C’est ainsi que le champ qui a nourri des
Lésgumineuses est surtout favorable à la culture des Céréales,
qui ne réussissent plus aussi bien dans les terrains où leur pro-
pre espèce avait déposé ses sécrétions, puisqu'il était naturel
qu'une plante ne pouvait point se nourrir de ses propres excré-
mens, mais plutôt peut-être de ceux d’une autre plante. Je ferai
mention, dans le cours de mes recherches, des faits avancés par
Macaire, et je me bornerai à rappeler que cet auteur plaça des
plantes de plusieurs familles, dont les racines étaient bien en-
tiéres (?) et nettoyées avec soin dans l’eau, où il les laissa, en
ayant soin de les placer pendant le jour dans un vase, ét pen-
dant la nuit dans un autre; il continua cette opération pendant
plusieurs jours consécutifs. Il prétendit que l’eau dans laquelle
les plantes s'étaient trouvées pendant la nuit offraient une autre
102 WALSER. — Sur les sécrétions des racines.
couleur et des matières différentes de celle où elles avaient passé
le jour. Il a trouvé de la sorte dans les unes de la gomme; dans
d'autres une matière extractive entremélée de sels, etc.
e 1$ partager mon travail en deux chapitres.
TI. Recherches sur les sécrétions normales des plantes.
Mes trois premieres expériences ne furent que la répétition.
de celles de Macaire; la saison cependant où: je les. fis ne. me:
permit point d'opérer sur les espèces mêmes qui avaient servi à
se chimiste, Jai employé les plantessuivantes : Senecio vulgaris,
dsarum europæum, Viola canina, Pulmonaria officinalis, La-
mium purpureum., Veronica agrestis,, Anemone nemorosa,
J'ussilago Farfara, Capsella Bursa pastoris. Toutes ces plantes!
étaient fleuries et bien portantes, Comme Macaire, Je lesplaçais
pendant le jour dans un vase plein d’eau autre quecelui-où
Je les tenais pendant la nuit, et après chaque semaine, j'exami-
nais les liquides dans lesquels elles avaient été mises; mais je ne
parvins pas à trouver, sous quelque rapport que ce fût, de di-
fférence entre les deux espèces de liquides, et le résidu trouvé
par l'évaporation offrit toujours 0,005 à 0,010 grammes sur 30
grammes. Les réactifs n’offrirent, presque.sans aucune excep-
tion, rien que du carbonate de chaux dissous dans l’acide car
bonique libre. Dans quelques cas seulement , lAsarum euro:
pæum par exemple, l’eau avait contracté, l'odeur. particulière
de la plante que j'y avais trempée ; dans la plupart des cas, je
ne trouvai aucune différence d’avec l’eau distillée pure,
Il me semblait, en conséquence, fort douteux. que le mini:
mu de résidu füt la suite d’une sécrétion particulière, ou que
ce ne füt tout simplement l'extrait de l’épiderme de la racine et.
de quelques radicelles qui avaient péri. Je me décidai à faire
nes recherches sur une autre ‘base que celle de Macaire,
et je tins un compte exact de toute la nutrition, en tant qu’elle:
concerne la nourriture palpable absorbée para racine : ceci de-
vait me permettre de reconnaître éventuellement une sécrétion
par suite de l'accroissement ou du décroissement des plantes où;
de leurs liquides nutritifs , selon que la plante y aurait été mise
WALSER. — Sur les sécrétions des racines. 103
n contact. Vingt-quatre espèces, en un nombre plus où moins
grand d'individus, ont servi à mes expériences. Les échantillons
d'une espèce , soit sans fleurs , soit fleuris, soit déjà fructifères,
furent placés dans des verres distincts, el aucune précaution
pour constater la diminution du liquide , par suite de l'évapora-
tion, ne fut négligée. Les résultats obtenus furent les suivans:
_ Comme je l'ai déjà dit, on obtient, à la vérité, certains rési-
dus , d’après la méthode de Macaire; mais la quantité de ces ré-
sidus ne semble être en rapport qu'avec l’organisation physique
de la plante , et ne provenir que de l’action dissolvante de l’eau,
particulièrement sur l’épiderme des racines. Toutes mes expé-
riences ont prouvé que les vases exposés à l'évaporation à Fair
perdaient bien moins de liquide que ceux dans lesquels J'avais
trempé des plantes. J’en conclus qu'il n’est guère probable qu’on
puisse admettre une action sécrétoire dans les racines à côté de
l'action absorbante qu’elles m'ont constamment offerte; il fau-
drait admettre .que , des racines, les unes absorbent, tandis que
les autres opérent des sécrétions, ce qui cependant serait non-
seulément arbitraire et très peu vraisemblable, mais contraire
à la structure anatomique des racines, qui, à leurs extrémités,
sont recouvertes d’un tissu cellulaire uniforme , suite du paren-
chyme de l'écorce, par lequel la racine ne saurait qu’absorber
ou sécréter.
J'accorde volontiers que mes expériences soient loin de prou-
ver l'absence d’une sécrétion qu’on rencontre peut-être dans les
racines ; elles doivent montrer seulement que les recherches de
Macaire sont défectueuses, et plusieurs objections peuvent se
faire contre les conclusions qué je pourrais vouloir tirer de mes
: jai les principales en seraient :
* Que j'ai mis trop peu de temps à faire mes expériences
LE, obtenir des résultats certains ;
2° Que les résidus minimes que j'ai trouvés suffisent déjà pour
prouver l'existence de ces résidus, dussent-ils même être mélés
à des matières étrangères ;
3° Que les plantes que j'ai employées sont trop petites pour
de pareilles expériences ;
4° Que la condition dans laquelle je soumettais les plantes à
10/4 WALSER. —- Sur les sécrétions des racines.
mes expériences n’était pas celle où ces plantes pouvaient être
bien nourries; que l’eau pure ne convenait pas à leur accroisse-
ment , et que là où il n’y avait point d’assimilation , il ne pouvait
y avoir non plus de sécrétion;
b° Que le fait que, dans mes expériences, l’eau avait toujours
été absorbée, ne prouvait pas suffisamment qu’une sécrétion ne
pouvait pas avoir lieu; qu’on pourrait fort bien admettre que
les différentes parties des racines se partageaient ces deux
fonctions : que la surface de leur épiderme était destinée à la
sécrétion, tandis que l’absorption s’opérait par les extrémités
radicuiaires.
J'ai trop bien senti le poids de ces objections pour vouloir
faire considérer mes expériences comme des preuves concluan-
tes du contraire. J'ai cherché en conséquence, par des expé-
riences subséquentes, à combattre autant que possible ces ob-
jections par la manière dont je les ai faites.
Senebier déjà avait essayé de résoudre la question qui m’oc-
cupe en faisant ses expériences sur des arbres. Quoiqu'il n’eût
point obtenu de résultat, je refis ces expériences, et je choisis
un exemplaire robuste d'Euphorbia Esula et un autre d’'£vo-
nynIus eLrOPŒUS.
Je choisis un rameau radiculaire robuste et bien portant; j'en
dépouillai les extrémités avec le plus grand soin ; je les nettoyai
et les portai dans un vase d’eau , que j’enfouis sous terre après
l'avoir soigneusement fermé. Une fois par semaine, et pendant
un mois, j examinai les racines. Lors de la premiere inspection,
je ne pus, de même que lors de la seconde, reconnaitre la moin-
dre trace d’un changement quelconque. Les insectes avaient
rongé, quand j'ouvris pour la troisième fois, les racines de
l'Euphorbia Esula au-dessus du point où je les avais placées dans
l'eau; l'Ævonymus n’était pas changé. Lorsque enfin, après qua-
tre semaines, J'en coupai les racines pour les retirer avec le vase
qui les contenait, je n'y trouvai plus rien que la racine dessé-
chée et un peu d'humidité sur le bord du verre.
Je fis de la même manière une expérience avec le Sambucus
nigra et le Syringa vulgaris. Les résultats furent les mêmes : les
WALSER. — Sur les sécrétions des racines. 10
verres étaient vides, les racines s’étaient desséchées, excepté
dans le Sambucus , où la partie épaisse de la racine s'était
conservée.
Les résultats de ces deux expériences, d'accord avec ceux
qu'obtint Senebier, me prouvent le peu de vraisemblance
qu'offre l’existence de sécrétions telles que Macaire et Brugmans
les admettent, et qui servirent même à De Candolle pour expli-
quer certains phénomènes très compliqués.
Il n’y a qu’une objection qui pourrait être fondée, c’est que,
dans mes expériences, les racines ont toujours du être tant soit
peu lésées; mais je suis convaincu que la même chose doit avoir
eu lieu dans les expériences de Macaire. Pour obvier à l’incon-
vénient qui résulte de cette circonstance, j'ai fait l’expérience sui-
vante. Je laissai pousser à une plante des racines absolument
nouvelles, sur lesquelles je fis alors mes observations. Je choisis
à cet effet quelques bulbes très sains de lA{//ium Cepa, auxquels
Je fis pousser des racines placées sur des verres, dans l'intérieur
desquels j'avais mis une cloison en verre. D'un côté, les racines
plongeaient dans du sable pur ; de l’autre, j'avais placé du ter-
reau. Les résultats furent encore absolument négatifs ; aucune
trace de sécrétion ne s'était présentée sur les radicelles, que je pus
observer très facilement. Je mis fin à mes recherches, convaincu
que je n'obtiendrais aucun résultat satisfaisant.
En résumé, il résulte de mes expériences que, contrairement
à ce que nous dit Macaire, on n'obtient point de liquide co-
loré en jaune, voire même en brun, par la sécrétion; que les
résidus obtenus n’ont aucun rapport avec la vitalité de la plante ;
qu'à l'obscurité, les plantes ne cessent point d’absorber, pour
voir peut-être remplacer absorption par une sécrétion de leurs
racines, et qu'en conséquence, on pourrait tout au plus accor-
der aux racines des plantes une sécrétion partielle. Il faudrait
pouvoir disposer de beaucoup plus de loisir que je n’en eus, pour
faire de nombreuses expériences sur des plantes vivaces et ligneu-
ses, et c'est pendant plusieurs années que ces expériences de-
vraient nécessairement être répétées, pour qu’elles DEÉSOntarsenE
quelque résultat décisif.
106 WALSER. — Sur les sécrétions des racines.
IT. Recherches sur les sécrétions anormales des racines.
Macaire assure que ses expériences lui ont fait voir que les
plantes évacuent par les racines des matières sécrétées, non-
seulement de leurs sucs propres, mais que c’est là aussi la ma-
nière dont elles se débarrassent des matières étrangères admises
dans leur organisme. Il prétend plus particulièrement avoir
trouvé qu'un pied de Mercurialis, dont une partie des racines
se trouva plongée dans un vase contenant en dissolution de
lacétate de plomb, tandis que le reste se trouvait dans l’eau
distillée, avait transsudé après quelques jours de l’acétate de
plomb dans le vase qui contenait l’eau pure. Il prétend avoir
fait encore des expériences semblables sur d’autres plantes. et
moyennant d'autres préparations chimiques, qui lui ont prouvé
la force sécrétoire des racines. Pour bien réussir dans mes expé-
riences, Je n’ai employé que des plantes dont les racines s’é-
taient développées par mes soins, et dont je pouvais, en consé-
quence, garantir l'intégrité, J'employai, à ces fins, de nouveau
l’Allium Cepa, qui émet si facilement des racines ; je plaçai
les bulbes dans des pots remplis de sabie quartzeux lavé, je
leur laissai pousser des racines et des feuilles, et, pour les em-
ployer à mes expériences, je n'avais qu’à les laver à l’eau pure
pour les débarrasser des grains de sable qui s’y étaient attachés;
j'obtins, de la sorte, toujours des individus vigoureux pour les
expériences diverses dont je vais faire l’énumération.
Les plantes furent placées, de manière que les racines plon-
gerent de moitié dans un autre verre contenant 200 gouttes d'eau
distillée, et de moitié dans un autre verre avec la même quan-
tité d’eau, à laquelle j'avais ajouté 4 grammes de muriate de
soude. Une expérience semblable se fit avec 4 grammes de sulfate
de soude. Je voulais rechercher par là si, en effet, comme Macaire
l’assure, ces substances passent d’un verre dans l’autre par la
sécrétion des racines. Après huit jours, quand les plantes n’a-
vaient dénoté aucune trace d’empoisonnement, je trouvai les
racines plongées dans le muriate de soude entièrement ramollies,
WALSER. = Sur lés sécretions des racines: 107
et, par là, incapables d’absorber. La plante, au lieu du poids
primitif de r2, 9 gr. pesait 15,9; celle que j'avais plongé dans
le sulfate de soude n’avait augmenté son poids que d’un déci-
gramme. L'eau distillée de la première avait perdu 42; 9 gr.,
celle de la seconde 38,4 de son poids primitif. Le nitrate d’ar-
gent troubla l’eau distillée, à laquelle cependant l’ammoniaque
rendit toute sa clarté. Dans la seconde expérience l’eau pure
avait diminué de 96,7 et celle contenant le sulfate de soude
de 45,6. Une dissolution de muriate de baryte n’exerça aucune
influence sur l’eau distillée; le nitrate d'argent produisit! le
même. effet que dans la première expérience. J'en conclus que
l'action du nitrate d'argent ne fut déterminée que par l’extrac-
tion, de parties.des racines. J’obtins les mêmes résultats avec le
phosphate de soude, le nitrate de potasse et l’oxalate d’ammo-
niaque.
Jusqu'ici, je n'avais, à l'exception de l'oxalate d’ammoniaque,
choisi que des sels qui, par leur quantité, ne pouvaient point:
exercer d'influence nuisible sur l'organisme végétal, et que les,
plantes rencontrent quelquefois dans leur lieu natal. Je fis de
nouvelles expériences avec des. matières entièrement hétéro-
genes aux plantes, et je choisis à cet effet le sulfate ferreux, le
sulfate de cuivre et l’acétate de plomb neutre.
a. Sulfate ferreux. La plante pesait 8,2 gr; les deux liquides
200 gr.; le sulfate ferreux 0,02. Le premier et le second jour, la
plante ne changea point ; dés le troisième jour, les feuilles: com-
mencèrent à jaunir aux extrémités, Le bulbe se noircit àla surface,
en commençant par le bas; ces symptômes s’accrurent le qua-
trième Jour; le cinquième, les racines trempées dans l’eau distillée
commencèrent à jaunir; le sixième, l’eau fut jaunie par l’oxide de
fer; les racines plongées dans l’eau distillée furent comme ma-
cérées, celles qui létaient dans la dissolution de fer devinrent
raides, comme tannées ; toute la plante était comme desséchée,.
morte : le poids de la plante fut de 6,2 gr. La coupetransversale
du. bulbe offrit à la circonférence un anneau noirâtre, produit
par la combinaison du fer avec le tannin dans les couches exté-
rieures du bulbe, le centre était blanc et paraissait sain ; l'ad-
dition de prussiate de potasse forma intérieurement à l'anneau
108 WALSER. —-- Sur les sécrétions des racines.
noir, un anneau bleuâtre, et s’étendit à quelques lignes vers
l'intérieur du bulbe : l'eau avait perdu 85 gr., la dissolution du
sel 46 gr.
b. Acétate de plomb (avec lequel Macaire avait également fait
ses expériences). Poids de la plante 10,7, des liquides 200 gr.
Ce n’est qu’à partir du cinquième jour que la plante présenta
des changemens ; le bulbe prit à la surface une teinte de terre
jaunûtre, la coloration commença par le bas, et fut évidemment
déterminée par laction du plomb sur les couches extérieures
du bulbe ; les feuilles commencèrent à perdre de leur vigueur ;
mais sans se faner entièrement. Les racines plongées dans l’eau
distillée se trouvèrent également un peu ramollies, tandis que
dans la dissolution de plomb elles étaient devenues plus raides.
Après huit jours, l’examen des bulbes offrit les résultats suivans:
la coupe transversale ne présenta point à leur intérieur de chan-
gement notable ; l'addition d’'hydrosulfate d’ammoniaque fit naï-
tre subitement à la circonférence, un anneau noir qui, cepen-
dant, ne s’étendit qu’à peu de lignes vers l’intérieur. Les racines
furent accidentellement mouillées d’hydrosulfate d’ammoniaque,
et, à mon grand étonnement, le réactif me fit reconnaitre la
présence de plomb dans les racines plongées dans l’eau distillée;
mais cette dernière, qui avait perdu 85, 6 gr., de son poids pri-
mitif, n'offrit aucune trace de la présence de ce métal. Une sé-
crétion du poison qui avait été mis en contact avec l’organisme
végétal, aurait-elle donc effectivement lieu? Le même phénomène
paraissait se présenter dans l'expérience avec le sulfate ferreux.
Je ne pouvais faire accorder ces résultats avec ceux trouvés
antérieurement et je me proposai de refaire l'expérience,
c. Sulfate cuivreux. La plante fut de poids de 8,7 gr:, les
deux liquides de 200 gr. Après douze heures les feuilles plus
âgées s'étaient déjà fanées , et après vingt-quatre heures la
plante entière était morte. Comme j'avais négligé de retirer de
suite la plante, je n’examinai qu'un gramme de l’eau, et je n’y
trouvai, par l’hydrosulfate d’ammoniaque, aucune trace de
cuivre. Tandis qu'après vingt-quatre heures, lorsque la plante
pouvait être considérée comme morte, les racines et la partie ex-
térieure du bulbe ne paraissaient point changées; la surface du
WALSER. — Sur les sécrétions des racines. 109
bulbe, après deux jours, commença à se teindre d'une manière
particuliére ; le jaune-rougeâtre léger, du bulbe sain, fut rem-
placé par un brun-noirâtre sale. Ceci éveilla mon attention, et
comme les deux autres bulbes commencèrent également à chan-
ger de couleur, je laissai, à dessein, la plante à sa place, pour
observer les changemens qui pourraient y survenir. Les racines
plongées dans l’eau distillée s'étaient ramollies, ellesavaient en
peu. de temps perdu leur couleur blanche; une dissolution de
sulfate de cuivre les teignit légèrement en bleu. C'est alors que
je soumis à l'examen toute la plante avec l'eau dans laquelle elle
se trouvait plongée. À la coupe transversale je reconnus égale-
ment, comme dans la première des plantes examinées aupara-
vant, l'anneau noir périphérique, que l’hydrosulfate d’ammo-
niaque agrandit considérablement vers l'intérieur, et un couteau
plongé dans le tissu cellulaire le plus intérieur se couvrit rapi-
dement de cuivre. Quant aux racines qui avaient été en contact
avec l'eau distillée, je n’ai pu déterminer si leur coloration
n’était que superficielle, ou bien si le cuivre avait pénétré dans
leur intérieur, ce qui me parait plus probable. Il résulte de ce
fait que cette coloration ne s’est opérée qu'après la mort, qu’elle
n’est donc point le résultat de quelque fonction vitale des ra-
cines, mais qu’elle doit être attribuée à quelque action physi-
que que je crois être la capillarité des racines mortes. Je ne
crois pas que la coloration dans les expériences à et b, puisse
être attribuée à une autre cause, et les résultats obtenus par
Macaire se trouveraient expliqués. Je ne pus reconnaitre dans
l’eau distillée aucune trace de la présence du cuivre.
Par de nouvelles expériences, je fis sucer alternativement à
la plante, d’abord le poison, et ensuite seulement l’eau distillée,
où elle devait sécréter la substance délétère absorbée antérieu-
rement. Pour reconnaître, cependant, la présence d’une très
petite quantité de matière sécrétée, je plaçai la plante dans trois
quarts seulement de la quantité d’eau distillée. Les expériences
se firent avec du sulfate de magnésie et avec du muriate de
baryte; la quantité de ces substances était comme antérieure-
ment de 0,02 gr.
a. Sulfate de magnésie. La plante pesait 14 gr., le liquide con-
ÿr10 WALSER. =- Nur des sécrétions des racines.
tenant le sulfate 200 gr. Pendant le jour, la plante fut placée dans
la dissolution magnésienne; pendant la nuit, je la plongeai
dans l’eau distillée, et je continuai mes expériences pendant six
jours. La plante végéta sans offrir de trace extérieure d’empoison-
nement, mais le poids en diminua continuellement, en sorte que
le sixième jour elle ne pesa plus que 12,2 gr. Et comme les vais-
seaux se trouvaient ramollis, l'expérience me parut terminée.
L'eau distillée (qui avait été de 5o grammes) avait diminué de
4,5 gr.; la dissolution du sel de 54,5 (y compris l’évaporation
naturelle). Je ne reconnus aucune trace de sulfate de magnésie
au moyen du muriate de baryte.
b. Muriate de baryte. La plante pesait 8,05 gr. ; la quantité de
liquide était comme dans l'expérience précédente, et l'opération
fut la même. Pendant deux jours la plante supporta l'expérience
sans en souffrir, le poids en avait même augmenté, car il était
de 9 grammes. Mais alors les feuilles commencèrent à se faner,
et, dès le quatrième jour, la plante était morte. Son poids fut
de 7,8, celui de l’eau distillée de 46,2 : elle avait donc perdu
3,8; la dissolution de sel pesa 144,5, et avait perdu 65,5 gr.
Au moyen de l’acidé sulfurique , je ne pus reconnaître aucune
trace de muriate de baryte. |
J'obtins les mêmes résultats avec le tartrate de potasse et
d’antimoine, le sulfate de zinc et le nitrate d'argent.
Après avoir de la sorte opéré avec iles matières les plus di-
verses, et avoir obtenu constamment des résultats uniformes,
je me crois en droit de donner une réponse négative à la ques-
tion de savoir siles plantes sont capables de sécréter, en partie,
par les racines, des matières étrangères qu ss ont absorbées
par les mêmes organes.
Conclusions.
L'exposition ci-dessus, des expériences auxquelles je me suis
livré, ne s’accordant nullement avec les résultats obtenus par
Brugmans et par Macaire, je vais exposer les raisons qui mi-
litent pour et contre la présence d’une action sécrétoire dans
les racines des plantes.
WALSER. — Sur des sécrétions des racines. T1E
Si nous cherchons à réunir les faits isolés, bien ou mal ob-
servés et bieu ou mal expliqués, nous pourrons les réunir sous
les quatre points suivans.
1. On à considéré dans l’agriculture l’incompatibilité de cer-
taines plantes cultivées avec elles-mêmes, comme un phéno-
mène qui faisait voir que chaque plante sécrétait par ses ra-
cines certaines matières qui ne peuvent plus servir à sa propre
nourriture ; de même que les animaux ne se nourrissent point
de leurs excrémens: c’est pourquoi la même espèce ne réussit
pas plusieurs années de suite dans le même terrain.
2. On a admis la présence de ces sécrétions par suite de la
sociabilité ou de l’insociabilité de certaines plantes. Brugmans
en indique déjà des exemples , et De Candolle, dans sa Physio-
logie, se demande si la réunion de certaines plantes, telles que
les saules et les épilobes, etc., ne viendrait pas s'expliquer par
une sécrétion mutuellement avantageuse à ces plantes ?
3. Senebier considère une telle sécrétion comme nécessaire!
par cela seulement qu'on ne saurait admettre que les plantes
s’assimilent toutes les matières qu’elles absorbent : la sécrétion
sans excrétion ne pourrait point exister. Il considère une telle
sécrétion comme essentielle pour les arbres greffés. La pré-
sence de sucs propres dans les racines, lui fait admettre que les
sucs ne peuvent point s'être formés de la même manière que
ceux qu'on trouve dans les feuilles et dans l'écorce.
4. La quatrième preuve, enfin, pour la présence de sécrétions,
se trouve dans les observations faites par quelques autres et
particulièrement par Brugmans et Macaire.
1. Quant au premier point, les faits qu’on indique ne sau-
raient être révoqués en doute. On sait, par exemple, que le Fro-
ment ne réussit pas deux fois de suite dans le même terrain; le
Pois, dans quelques pays, ne se cultive qu’après neuf ou tout au
moins qu'après trois ans dans le même champ ; de même le Lin,
le Trèfle, et en partie aussi la Pomme de terre, ne se plantent
pas avec succès dans le même terrain. On sait de même combien
il y a de difficultés à faire venir dans les forêts les bonnes es-
pèces de bois, et à détruire les broussailles et les bois morts :
ceci a même engagé Dureau de la Malle à proposer, dans la cul-
112 WAISER. — Sur les sécrétions des racines.
ture des forêts, une certaine alternance dans les arbres. Il y a
un grand nombre de faits semblables, et, au premier coup-d’œil,
l'explication qu’en donne De Candolle paraît fort spécieuse ;
mais, examinée de plus près, nous verrons qu'on peut y faire des
objections assez sérieuses.
Admettons que les racines sécrètent suivant un mode particu-
licr,et que ce soit là les excrémens des matières dontelles se nour.
rissent, ces sécrétions seront ou de nature organique ou de nature
inorganique, ou bien iméêlées des deux. Si elles sont de nature
organique , elles sont soumises, du moment où.elles ont aban-
donné l'organisme végétal, aux lois de la pure chimie, et subis-
sent la décomposition propre aux matières de composition or-
ganique. Cette décomposition est déterminée par l'air, par l'eau
et par le terrain dont elles sont entourées, et qui offre une com-
position très variée; elles se décomposent successivement dans
leurs parties constituantes primitives, elles pourrissent. Mais
cette décomposition se fera d'autant plus vite dans des matières
qui, par faction organique de l'assimilation et de l’excré-
tion de la plante vivante, se trouvent déjà préparées pour une
décomposition ultérieure purement chimique. On ne saurait
donc admetcre que ces matières, exposées à l’action de l'air, de
l’eau et du terrain, puissent rester invariables pendant des an-
nées ; ceci ne saurait méme être admis pour quelques mois dans
des matières communiquées à la terre dans un état à demi dé-
composé et du moins liquide. Mais si ceci n’a pas lieu, toutes
les propriétés qu’elles peuvent avoir eues originairement dispa-
raissent, et elles ne sauraient exercer sur la végétation future
d'autre influence que celle de tout autre engrais. Il serait donc
d'autant plus utile pour les plantes futures que les plantes pré-
cédentes eussent sécrété une plus, grande quantité de ma-
tières. |
Si ces matières sont de nature inorganique , si c’est la chaux
qui a circulé avec le suc, si ce sont les sels contenus dans le
sol mis en circulation avec les sucs nourriciers et rendus sous
forme d’excrémens , elles rendent le terrain mauvais en l’appau-
vrissant d’humus. Mais, dans ce cas, on porterait facilement re-
méde à cet inconvénient; une bonne quantité d'engrais remédie-
WALSER. — Sur les sécrélions des racines. 113
rait au mal, et il est très vrai que, dans la plupart des cas, sion
ne craignait pas les soins et les dépenses nécessaires, on réussi-
rait par un labour soigné et par un bon engrais. Cependant les
agronomes nous citent des faits qui prouvent que, si ces deux
causes d'amélioration peuvent beaucoup, elles ne sont pas om-
nipotentes. Schwerz nous apprend qu’un forestier de Wurtem-
berg cultiva dans le même champ, pendant trente-deux années
consécutives, et en donnant tous les ans de l’engrais, des Pom-
mes de terre, qui cependant ont diminué de qualité tous les ans;
en sorte qu'elles ont fini par n’être plus que de la grosseur d’une
noix. Le même auteur assure que, près de Wetzlar, ces plantes
ne réussissent que tous les six ans; les Pois, dans certaines con-
trées, ne réussissent bien que tous les neuf ans : la réussite en
est problématique encore après six ans.
. Nous voyons donc qu’en admettant ces sécrétions, la diffi-
culté est. loin d’être écartée, et les causes de ce phénomène
paraissent plutôt devoir être cherchées dans la particularité de
chaque plante, et peut-être dans l'assimilation qui lui est
propre.
Si la conclusion que tire Daubény dans son Mémoire (Edimb.
new philos. Journ. 1835) «que les plantes, dans certains cas, mon-
« trent de l’affinité, et que l'introduction des parties terreuses
« qui forment la base de leurs parties constituantes solides,
« est déterminée par des lois primitives de la nature, quoique
« la quantité qui en est reçue puisse dépendre de la plus ou
«_ moins grande quantité de ces matières offertes à la strface ab-
« sorbante ». Si cette conclusion se trouve suffisamment fondée
et exempte de tout doute, ce que des recherches ultérieures ne
manqueront pas de faire connaître, on aurait trouvé une meil-
leure explication de ces faits que par l'admission des sécrétions.
Mais je m’abstiendrai de toute hypothèse ultérieure, parce que
je ne veux point prouver que ces phénomènes n’autorisent en-
core nullement l'admission d’une sécrétion, mais parce que
même ces sécrétions ne peuvent point les expliquer suffisam-
ment, et Je passe à l'appréciation du second point.
2. Abstraction faite de ce que les. expériences de Brugmans
demandent une confirmation ultérieure, parce qu'elles se fon-
XIV. PBoTan. — Aoit, 8
11/ WALSER. — Sur Les sécrétions des racines.
dent sur la tradition plutôt que sur un examen souvent répété,
il faut ÿ tenir compte de tant de circonstances, qu'il doit être
difficile d'en reconnaitre les causes déteriminantes. Je cherchai
à apprendre quelque chose de plus précis à ce sujet. Je semai le
L'lium ternulentum et le Froment, le Serratula arvensts et VA-
voine, le Spergula arvensis et le Blé sarrasin, l'Euphorbia platy-
phyllos (à défaut de l’Euph. peplus) et le Lin, chacune de ces
plantes à parties égales et entremélées, dans un terrain riche en
humus; je plantai de même des racines d’Inula Helentim à côté de
Carottes, Mais malheureusement , les plantes de culture levèrent
seules ; ce n’est que plus tard qu'il parut quelques pieds isolés
de la plante ennemie quidurent mourir bientôt, la plante voisine
ayant déjà pris trop de développement. Je ne pus observer, pen-
dant quelque temps, que l’Aunée et la Carotte. Tant que les
deux plantes étaient encore de même grandeur, elles réussirent
toutes deux très bien ; mais bientôt la Carotte grandit considé-
rablement , et fit mourir successivement les plantes voisines d’Z
nula. Je ne puis cependant voir dans cela une inimitié particu-
lière; toute autre plante aurait probablement eu le même sort.
Il ne m'est pas possible de décider comment la chose se ferait
pour d’autres plantes; mais, dans tous les cas, il ne saurait être
question d’excrétions nuisibles dans des plantes qui doivent seu-
lement entrer en germination.
Quant aux raisons alléguées par Sencbier, je ne les considère
nullement comme à l'abri de tout reproche. Il est vrai que son
principe que, sans sécrétion , il n’y a point d’excrétion, est très
fondé; mais je ne vois point pourquoi il faut avoir recours à des
excrétions non prouvées , lorsqu'il en existe qui sont hors de
doute. La plante ne sécrète-t-elle pas par ses feuilles ét par ses
tiges des vapeurs aqueuses ? Ses parties vertes ne décomposent-
elles pas, sous l'influence de la lumière, l'acide carbonique? Ses
parties non vertes ne dégagent-elles pas continuellement de la-
cide carbonique, et, quoiqu’en petite quantité, de l'azote ? Je
crois que la plante ne manque pas de sécrétions: Comme Th.
de Saussure l’a démontré, il est indifférent, quant à la nutrition,
qu'une partie de plante soit racine, tige ou feuille ; mais l'acte de
sa respiration, qui est très intimement lié à l'assimilation, et
WALSER. — Sur les sécrétions des racines. t15
qui est formé par une décomposition et une récomposition con-
tinuelle des élémens propres au règne végétal, se fonde entière-
ment stir ce qu'une partie est verte ou ne l'est pas.
G. Quant aux arguméns les plus forts, fondés sur les expé-
riences de Brüugmans et de Macaire, je vais en examiner en dé-
tail les points les plus importans. Dans son expérience sur lé
Lolium et le Blé; Brugmäns nous apprend que, avant que
le Z. temulentum ait grandi, le Blé était très bien venu , mais
que, plus tard, les racines les plus grêles avaient l'air d’être
rongées', ét qué la plante s'était fanée ; les racines les plus voisi-
nes du Lokwm avaient été le plus détériorées. On peut très bien
accorder ce fait, sans avoir toutefois bésoin de recourir à’ une
sécrétion des racines : la mort de ces dernières pourrait suffi-
samment s'expliquer par la position défavorable où elles se trou-
vaient, ne pouvant point s'étendre librement comme aupara-
vant. Brugmans ajoute qu'il a vu, comme d’autres aussi, que
cependant il nè nomme pas, que , dans ces plantes, les racines
les plus gréles avaient sécrété des gouttelettes. En faisant des
éssais de-culture avec lZ/um, javais déjà toutes les facilités
pour rémarquer ce même phénomène; mais cé fut toujours sans
résultat que j'y portai mes recherches. Si ces gouttelettes ont
été effectivement observées, n’étaient-elles pas sur le point
d'être absorbées l’instant après? F’humidité, enfin, du sable au-
tour des racines qu'on enlève , ne prouvé absolument rien, car
ce n’est pas là un phénomène remarquable. Si le terrain à l’en-
tour des, racines était absolument sec, comment les racines et
la plante elle-même continüeraient-elles à exister? Brugmans à
fait encore dés recherchésisur des plantes en pleine terre, et il
assure que les racines placées à à proximité du Lolinm jee
tum àvaient été commé rongéés par des'inséectes, et ceci toujours
à proximité seulement de là plante vénéneuse. Je ne puïs décider
si c'étaient de véritables inséctes ou des champignons Do
qui avaient produit ce dégât ; il me parait impossible qu'un
liquide végétal sécrété soit tellement corrosif, qu'il exercerait
son: action sur le tissu organique. Comment, en HE, pourrait-
il être sécrété? | ;
Passons aux expériences de Macaire que j'ai situées déjà
116 WALSER. — Sur les sécrétions des racines.
en exposant celles que j'ai faites moi-même. Il y à plusieurs ob-
jections à faire ici. Cet auteur assure, à la vérité, qu'il a tou-
jours fait ses expériences sur des racines So otinus intactes ;
mais il suffit de s'être livré pendant peu de temps seulement à de
pareilles recherches, pour se convaincre combien peu celles-ci
s'accordent avec le nettoiement complet des racines : cette cir-
constance cependant ne serait pas d’une très grande importance,
et l'opération, faite avec les soins nécessaires, fournirait des ra:
cines sur lesquelles l'expérience pourrait se faire. Mais Macaire
ne s’est presque point servi de la balance dans ses recherches;
il se borne continuellement à dire : Après-huit jours, l’eau a: pris
une teinte jaune et une odeur prononcée —un résidu. d’un brun
rougeâtre — une quantité, notable d’une substance quelcon-
que, etc. Il obtint probablement , comme moi, 555 ou tout au
plus 2 d’un résidu sec, qu'on peut.considérer comme extrait
des racines par l’action de l’eau. Mais la quantité füt-elle moins
petite, la preuve serait loin d’être administrée, tant qu’on n’a
pas réussi à obtenir, par une voie directe, les matières sécrétées
per les racines, et tant que des expériences trés exactes, fondées
sur l'évaluation du moindre atome d'eau, d’acide carbonique,
d'oxygène, d'azote et de parties solides, ne nous forcent à. ad-
mettre ces sécrétions, et c'est là un problème de la solution du-
quel il me semble permis de douter.
Mais je ne puis point me borner à adiquer l'insuffisance des
résultats obtenus par Macaire, lors même qu’on les considère
comme des faits suffisamment établis; je dois examiner quelques
assertions extrémement douteuses de cet. auteur.
Et d’abord, Macaire assure que, pour se convaincre que les
matières obtenues n'étaient pas de simples extraits des racines ,
mais bien des produits de leur forme végétative , il:avait mis
dans l’eau des racines et des tiges coupées du Chondrilla mu-
ralis, pendant qu'il faisait ses expériences avec les racines vivan-
tes de cetteplante. En parlant de l’eau où la plante vivante.s’était
trouvée plongée, il dit :« L’eau a pris une teinte jaune et une odeur
« prononcée, assez analogue à celle de l'opium ». En parlant de
l'autre, il nous apprend « que l’eau ne s’est chargée-d’aucune
« couleur notable, n’a point changé de saveur, etc. ; etme côn-
WALSER. -— Sur les sécrétions des racines. 117
« tient presque rien en solution ». J'ai de la peine à croire cela.
Comment ferait-on, en effet, des extraits aqueux, si ce n’est
à l’aide des racines et des tiges coupées? Il est vrai que l'au-
teur dit presque rien, et ce mot devra peut-être le tirer d’af-
faire. De mon côté, j'ai trouvé que, par cette voie, on obtient
une plus grande quantité que lorsqu'on place des plantes vivan-
tes dans l’eau; si bien qu’en plongeant, dans mes premières ex-
périences, le Senecio vulgaris et le Viola canina dans l'eau
pure, j'obtins un liquide entièrement clair, très liquide, offrant
peu d'odeur et de saveur, tandis que j'obtins par les racines
coupées un liquide trouble, mucilagineux, semblable à une dé-
coction de guimauve, et offrant l’odeur et la saveur des racines.
J’obtins les mêmes résultats avec le 7’eronica agrestis , les La-
mium , etc. Pour combattre la théorie de Macaire, j'ai cru devoir
faire encore mention de ces faits, dont je n’avais pas parlé plus
haut, parce qu'ils ne me fournirent alors aucune conclusion quel-
conque. Le Chondrilla muralis ferait-il une exception ?
Enfin, Macaire fait mention d’une expérience en quelque sorte
plus douteuse encore. Il dit qu'après avoir obtenu, de la manière
indiquée et de plantes prises dans la famille des Légumineuses,
une eat ainsi colorée, d’autres plantes de la même famille n’a-
vaient point réussi dans ce liquide, tandis que des Céréales non-
seulernent s'y étaient très bien développées, mais avaient même
enlevé la couleur à cette eau! Comment ceci se serait-il fait ?
Les expériences de Théodore de Saussure ont, autant que je
sache , depuis long-temps prouvé et fait admettre généralement,
que dans leur nourriture, les plantés n’ont pas la faculté du
choix. Et si nous voulions reconnaître comme véritablement
fondées les expériences de Daubény, qui, du reste, sont encore
sujettes à caution, les faits avancés par Macaire n'y trouveraient
encore pas leur application, cet auteur ayant fait ses expériences
d’une toute autre manière, et n'ayant étendu cette attraction
des plantes qu'aux matières terreuses. |
Admettons donc, ce qui d’ailleurs est encore fort problé-
matique, que Macaire ait fait ses expériences sur des racines
absolument entières. Th. de Saussure nous 4 déjà appris qu'une
plante absorbe d'autant moins des matières que leau tient en
115 WALSER. — Sur les sécrétions des racines.
dissolution, que celle-ci en devient moins liquide, en. sorte
qu'après l'absorption l’eau est même moins liquide qu'avant,
sans tenir compte, d’ailleurs, de l’'évaporation naturelle qui doit
également contribuer à faire diminuer le liquide servant à l’ab-
sorption des racines. Si, ce qui est fort probable, Macaire.a
opéré sur des plantes dont les racines étaient lésées,, Th. de Saus-
sure a également fait: voir qu’alors les racines absorbent une
plus grande quantité de liquide que lorsqu'elles sont intactes,
et que la différence entre le plus ou moins de liquidité de l’eau
disparaît davantage; donc, dans ce cas aussi, les plantes de-
vaient absorber les liquides tels qu'il les. leur a offerts, et ce
serait, là le premier exemple que les plantes auraient absorbé
les parties solides (et colorantes de cette expérience), et qu’elles
auraient. même rendu l’eau plus pure.
Il résulte de tout ce que je viens d'exposer, qu'on n'est pas
encore en droit d'admettre des sécrétions par les racines, comme
prouvées par des expériences directes, et je termine mon tra-
vail en exposant les raisons qui me semblent militer plutôt
contre la théorie des sécrétions:
1. À l'exception des plantes aquatiques et d’une partie des
cryptogames, la plupart des plantes fixées à leur place, doivent
prendre le liquide nourricier sans choix et tel qu’il s'offre à
leurs racines ; il me semble donc peu probable que par la sé-
crétion des matières qui ne servent plus à leur entretien, elles
se préparent des empêchemens mutuels à leur développement,
les matières sécrétées devant nécessairement se méler. Où, dans
la nutrition des plantes trouvons-nous un fait analogue? serait-
ce dans les zoophytes? mais tous les animaux de cette famille
auxquels on voudrait l'appliquer, ne vivent-ils pas dans un mi-
lieu qui est capable d'entraîner à chaque instant les maticres
sécrétées par l'animal comme résidu de ses alimens ?
2. Dans l'admission de telles matières à comparer aux sé-
crétions des animaux, et qui pour le moins, ne peuvent, donc
pas servir à la plante dont elles proviennent, les racines s’en-
toureraient en peu de temps de ces matières excrétoires, si bien
qu'elles ne pourraient plus vivre, et la durée de la vie telle
WALSER. — Sur les sécrétions dés. racines. 119
que nous la trouvons dans quelques arbres, en deviendrait im-
possible.
3. Contrairement à l’incompatibilité d’une plante avec les
individus de la même espèce, il faut citer, à juste titre, la grande
sociabilité de certaines plantes. Combien certaines espèces n'ai-
ment-elles pas à être réunies? par exemple, le chanvre, le tabac,
le topinambour, le seigle, nos plantes fourragères, la bruyère
commune. En un mot, de quelle manière cultiverait-on en
grand , une plante quelconque, si chaque individu était infecté
par les matières que sécrète son voisin ?
4. Enfin, j'oppose à la théorie de Macaire mes propres expé-
riences. faites avec le plus de soin possible, et dont aucune
n’est venue confirmer les faits annoncés par cet auteur.
MouvxmenT des sucs dans .les végetaux. (Article critique de
M. Mévyen, extrait de la Revue des travaux physiologiques pour
l’année 1839. Ærchiv. für Naturgeschichte, von Viegmann.)
(Trad. par M. Sracx. )
Le mémoire couronné, et déjà tant de fois annoncé de
M. Schultz, sur la Me Ruis et sur les vaisseaux laticifères dans
les plantes, a enfin paru l’année dernière (Mém. de l’Acad. des
Sciences; tom. vis des Savans étrangers. Paris, 1839 ). Il est ré-
digé sans aucun égard pour les travaux publiés à ce sujet , de
sorte que beaucoup de personnes, qui ne sont pas au Cou-
rant des publications physiologiques, peuvent facilement être
induites en erreur sur la prétendue nouveauté d’une foule
d'observations. À la vérité, il eût été tres = à pour
M. Schultz que son travail eût paru immédiatement après avoir
été achevé; mais aujourd'hui que l’anaiomie, plus délicate, à
fait de si grands progrès à partir de cette époque, et que l’histoire
du développement de presque tous les organes élémentaires des
plantes a été étudiée assez complètement, on voit avec peine
que le mémoire de M. Schultz n'est nullement au niveau de
120 MEYEN. — Mouvement des sucs dans les végétaux.
toutes ces découvertes , tandis que le nombre des observations
absolument erronées (qu'on peut reconnaître du premier coup-
d'œil sur les figures) est si considérable que, en les citant,
j'en remplirais facilement des pages entières. M. Schultz a eu
soin de séparer par la macération tous les vaisseaux qui sont
figurés dans son travail, ce qui a considérablement augmenté la
quantité des erreurs; beaucoup de ces figures doivent même
n'être considérées que comme purement idéales, et non comme
des copies faites sur nature.
Le but de ce mémoire est de démontrer l'existence d’un sys-
tème vasculaire particulier, dans lequel s’opère la circulation du
suc connu sous le nom de latex. M. Schultz a créé le nom de
cyclose pour désigner cette circulation, ce qui était tout-à-fait
superflu. On sait qu’une polémique longue et très animée a eu
lieu au sujet de cette circulation du latex; mais malheureuse-
ment il n’y a que fort peu d’observateurs qui se soient livrés
sans préjugés à ces recherches; et, si je ne me trompe, je suis
le seul qui ai tâché de démontrer, ainsi que M. Schultz,
l'existence d'une circulation du latex. J'ai donné de longues
explications, dans plusieurs ouvrages, sur la manière d’opérer,
afin de reconnaitre, au moyen d'un bon microscope, la circu-
lation du latex dans des plantes non blessées; mais plusieurs
botanistes d’un certain àge, convaincus que M. Schultz s'était
trompé sur plusieurs points, s’obstinaient à ne pas vouloir voir
le mouvement du latex, et la répugnance qu’ils avaient concue
envers la nouvelle doctrine allait au point qu'ils se sauvaient au
plus vite lorsqu'on parlait de leur montrer le phénomène.
Or, dans le mémoire en question, M. Schuliz a de nouveau fait
son possible pour démontrer que le latex se meut dans son sys-
ième vasculaire comme le sang se meut dans le système capil-
laire des animaux; quantité de figures qui accompagnent son
travail font voir les anastomoses de ces vaisseaux laticifères dans
diverses plantes. Néanmoins on lit dans le Journal de botanique
de Ratisbonne, 1830, qu’à l'assemblée des naturalistes à Fribourg
il a été question de ce sujet,et que beaucoup de botanistes, no-
tamment MM. Treviranus, Martius et autres, ont déclaré n'avoir
pu reconnaître le mouvement du latex que dans des parties sé-
MEYEN. — Mouvement des sucs dans les végétaux. 121
parées de la plante, et que M. À. de Saint-Hilaire, se trouvant
présent à la discussion, avait assuré que l’Académie des sciences
de Paris n’était rien moius que convaincue de la vérité de la doc-
trine de M. Schultz. (1)
Suivant ma propre manière de voir, M. Schultz est tout-à-fait
dans l'erreur sur deux points, savoir : 1° Les trois prétendus de-
grés de développement des vaisseaux laticifères (vasa laticis
contracta, vasa laticis expansa, et vasa laticis articulata) ; et
2° la confusion des formations les plus différentes, sous le nom
commun de laticifères.
Les vaisseaux laticifères à l’état de contraction constituent,
suivant M. Schultz, l'état le plus jeune des vaisseaux, et c’est
dans eux que l’activité vitale est la plus considérable ; ils jouis-
sent de la faculté de s’élargir et de se contracter, et cela à tel
point, que leur cavité peut disparaître completement. Dans les
vaisseaux laticifères à l’état d'expansion, c’est l'expansion qui
l'emporte, mais la contractilité y existe toujours. Mais plus
tard la contraction devient permanente sur certains points, et
c’est ainsi que se forment les articulations des vaisseaux Jati-
cifères. — Toute cette exposition des degrés de développement
des vaisseaux laticiféres est absolument imaginaire; ces organes
ne sont susceptibles ni d'expansion, ni de contraction, par
conséquent, les articulations ne peuvent être dues à des con-
tractions , et c'est ce qui est démontré déjà suffisamment par
l'observation des cellules laticifères. La manière de voir de
M. Schultz est si étrange , que , avant la publication d’un curieux
écrit de M. Schultz, je n'avais jamais pu comprendre ce que c'était
(v} MWote des Rédacteurs des Annales. Nous avons recu, il a quélque temps, de M. Auguste
de Saint-Hilaire , une réclamation qui parait devoir prendre place ici:
« On a imprimé, dans plusieurs ouvrages allemands, que, dans l’assemblée des natu-
« ralistes qui a eu lieu à Fribourg du mois de septembre 1838, j'avais dit que les membres
» de l’Académie des Sciences de Paris s'étaient contentés de traduiré le mémoire de
« M. Schultz sur les vaisseaux du Latex, mais qu’ils n’avaient aucune opinion arrêtée sur le
F- résultat des recherches de ce savant, Ou je me serais mal exprimé, cu je n’aurais pas été bien
« compris. La vérité est que moi personnellement je n’ai point vérifié les observations de
« M. Schultz , et que je me suis borné à faire de ce travail Pextrait fort soigné qui a été publié
« dans vos Annales ; d’ailleurs je ne puis prétendre être à ce sujet garant pour aucun de mes
J A c À ë
«collègues, J’ose attendre de votre amour bien connu pour tout ce, qui est Juste et exact, que
« vous voudrez bien insérer cette lettre dans un de vos prochains numéros, »
122 MEYEN. — Mouvement des sucs dans les végétaux.
que ces vaisseaux laticifères contractés. Ce sont les courans mu-
cilagineux , qu’on rencontre si fréquemment dans les cellules
végétales, tant des Champignons que des Phanérogames, et qui
doivent être assimilés à la rotation des courans cellulaires des
Chara, Vallisneria, que M. Schultz désigne sous le nom de
laticifères contractés. L'écrit en question, intitulé : Nouvelles
observations sur la circulation du latex dans les plantes, est joint
au mémoire qui a remporté le prix de l’Académie de Paris ; et, dans
le Botanical Register de 1839, n° 48 à 5r, on trouve un extrait
de cet important travail de M. Schultz, sous le titre de Circulu-
tion du sang dans les plantes. L'auteur de cette traduction ne
s’est pas même permis, probablement parce qu'il était convaincu
de son insuffisance, de porter un jugement quelconque sur ce
sujet ; et d’ailleurs, il a montré suffisamment par le titre qu'il
n'a aucune des notions nécessaires à cet effet.
Le second point sur lequel je ne saurais étre de l'avis de
M. Schultz, concerne la confusion des formations les plus
différentes sous le nom de laticiféres. M. Schultz croit avoir
trouvé que l'écorce, de même que le bois, contient un système
vasculaire particulier, constituant le foyer de tons les dévelop-
pemens. Les cellules molles et allongées, remplies d'un fluide
gommeux, qu'on observe dans les faisceaux vasculaires des Mo-
nocotylédones, et que M. Mohl appelle J’asa propria, sont aussi
considérés par M. Schultz comme des vaisseaux laticifères; et
pourtant rien n’est plus facile que de trouver les vrais latici-
fères à côté des faisceaux vasculaires, même dans les Môonoco-
tylédones herbacées, car ces vaisseaux n'ont aucune réssem-
blance avec les cellules allongées de l’intérieur des faisceaux
vasculaires. Dans les Fougères, M. Schultz a même pris pour des
laticifères les petites cellules remplies de fécule, qu'on trouvé
immédiatement autour des faisceaux de trachées. |
M, Schultz n’a pas mieux approfondi la particularité des lati-
ciféres des Euphorbiacées, lesquels offrent, ainsi qué jé lai
fait voir depuis long-temps, la méme structure que les tubes
du liber des Apocynées et des Asclépiadées, et qui occupent
également la place des tubes libériens (lesquels manquent
dans les Euphorbiacées), et qui néanmoins contiennent du
MEYEN.— Mouvement des 'sucs dans les vésétaux. 1923
latex, tandis que les tubes non ramenx du liber des Apocy-
nées ne contiennent que peu de latex; mais les Apocynées of-
frent, en outre, un vrai système vasculaire situé un peu à l’ex-
térieur du liber et dont les tubes sont anastomosés, mais con-
tiennent un latex peu trouble.
Sur l'anatomie des tubercules des Ophrydées, par M. Vivnrevy.
(Article critique de M: Mryex , extr. de sa Revue dés travaux
physiologiques pour 1839. Ærchie. für Naturgeschichte, von
Wiesmann.)
M; lindley ( London and Edimburg Philosophical and Jour-
nal of Sciences, xiv, 1839, p. 462), a publié un. mémoire sur
l'anatomie des Ophrydées, dans lequel il cherche à prouver que
le salep tiré des tubercules de plusieurs Ophrydées est composé
pr incipalement, non de fécule, mais d’une substance analogue
à la bassorine. Il paraitrait résulter des observations microsco-
piques de M. Lindley que les tubercules des Ophrydées con-
tiennent très généralement de longs corps cornés réniformes,
composés d'une substance mucilagineuse qui ne se colore
point par l’iode. Les tubercules de san d'Ophrydées, de
l'Afrique australe ont, à l'état sec, l'apparence d'un sac rempli
de petits cailloux. Une racine fraiche de Satyrium pallidum,
coupée transversalenent, a donné l'explication de cette appa-
rence. Les corps réniformes, durs et diaphanes, sont mêlés au
parenchyme succulent, et vingt fois plus longs que les cellules
adjacentes. Ces corps réniformes peuvent s’isoler facilement , et
ils paraissent durs comme de la corne. À la surface des coupes,
M: DarsseDt parfaitement homogènes. Ils sont à- -peu- prés inso-
lubles à l’eau froide; mais, dans Peut chaude, ils se gonflent et
se transforment partiellement en une gélatine transparente. La
dissolution aqueuse d’iode n’exerce aucune influence sensible
sur ces corps. En carbonisant quelques tranches de salep,
M. Lindley trouya que ces corps réniformes , en apparence ho-
mogènes, sont composés de cellules excessivement petites. En-
12/4 LINDLEY et MEYEN. — Sur les tubercules des Ophrydées.
fin, M. Lindley déclare que l'erreur relativement à la composi-
tion du salep est due à la manière dont se prépare cette sub:
stance. Les tubercules des Orchidées sont d’abord jetées dans de
l’eau bouillante , puis séchées; l’eau bouillante dissout la fécule
qui entoure les corps réniformes, et, par la dessiccation,, cette
fécule se précipite à la surface; ce qui explique pourquoï ces
corps réniformes sont colorés en bleu par liode.
Les indications de M. Lindley sur la structure des tubercules
d'Orchidées sont si particulières, que j'ai voulu m’en convaincre
par moi-même. Mais l'examen de deux sortes de racines de salep ,
ainsi que des observations comparatives f.ites sur un tubercule
frais d’Orchis militaris , m'apprirent bientôt que la structure
de ces tubercules n'offre absolument rien qui s’éloigne de la
structure ordinaire. Les corps durs réniformes trouvés par M. Lin-
dley dans les racines de salep ne sont autre chose que des masses
de gomme adraganthe durcie remplissant les cellules qui y sont
souvent très grandes. M. Berzelius avait déjà remarqué que le
mucilage de salep est de la gomme adragante, et chez les diverses
Orchidées, cettesubstance ne paraît offrir de différences que quant
au degré de dureté. Dans toutes les cellules de tubercules d’Or-
chidées, on remarque un nucléus autour duquel se forme une
masse épaisse mucilagineuse, ainsi qu'une quantité plus où
moins considérable de petits globules que l’iode colore généra-
lement en jaune brunâtre, mais quelquefois aussi en bleuitre.
La masse mucilagineuse ainsi que celle des globules continuent
à augmenter de plus en plus dans l'intérieur des cellules: et
dans les tubercules des Orchidées, qui peuvent servir à faire du
salep, ce contenu cellulaire acquiert une consistance gélati-
neuse. Enfin, par la dessiccation , cette substance devient dure
comme de la corne, et c’est là ce qui constitue les corps réni-
formes en question. J'ai vu des tranches de salep sec qui con-
tenaient néanmoins quantité de fécule dans le mucilage durci;
car, lorsque cette substance cornée était mise en contact avec de
la dissolution d’iode, elle se colorait en un beau violet, et cela
d'outre en outre; ce qui ne s’accorde point avec ce que M. Lin-
dley dit avoir observé. Dans les tubercules de salep examinés
par moi, toutes les cellules sont remplies de masses de gomme
LINDLEY- et MEYEN. — Or les tubercules des Ophrydées. 125
adragante, et l’on ne trouve pas une seule cellule remplie seu-
lement de grains de fécule; mais, en faisant beaucoup de tran-
ches, on trouve de grandes masses isolées réniformes, compo-
sées de gomme adragante, et dans lesquelles on reconnait en-
core très distinctement les globules de fécule qui se sont formés
dans l’intérieur de la somme , autour de l’ancien nucléus cellu-
hüre. Mais ce qu’il y a de plus remarquable dans les tubercules
de salep, c'est que la plupart des parois des grandes cellules qui
contiennent la gomme paraissent comme composées dé cellules
plus petites, ce qui donne à ces membranes un aspect tres élé-
gant; mais, en y regardant avec plus d'attention, on reconnaît
que ce ‘qui parait comme un réseau de cellules n’est autre chose
que des dépositions pariétales, absolument semblables aux for-
mations celluliformes de la surface de certains grairs de pollen :
dans de trés jeunes tubercules d'Orchidées, on trouve même
déià des traces de ces formations sur les parois internes des
membranes des grandes cellules du parenchyme, qui contien-
nent aussi beaucoup de gemme.
Sur LES Champignons du Ferment, par M. Lee. (Art. critique
de M. Meyew, extrait de sa Revue des travaux physiologiques
pour 1639.)
Dans les rapports sur les travaux des années précédentes, il a
été question plus d'une fois des formations organiques qui
ont fait tant de bruit depuis quelques années sous le nom de
Champignons du Ferment. Je me suis souvent attaché à mon-
trer combien il est peu probable que ces plantules soient la
cause de la férmentation, quoiqu'on les trouve toujours dans
les liquides férmentans ; mais il paraît hors de doute que ce sont
de véritables plantules, ainsi qu'il résulte des observations sur
leur manière de croître. Mais tout récemment M. Liebig (47-
nalen der pharmacie, 1839.—Ledmanns’ und marchand’s jour.
nal für praktischs Chemie, vol. xvtr , 1839, p. 159).a considéré
comimé des illusions les CARTER sur la nature végétale des
formations en question, ét il admet que le gluten et l’albumine,
126 LIEBIG. — Sur les Champignons du Ferment.,
qui se séparent dans la fermentation de la bière et des sucs vé-
gétaux, se montrent sous forme de globules soit libres, soit cohé-
rens, et que ce sunt ces globules qui ont été pris par les natu-
ralistes, tantôt pour des infusoires, tantôt pour de petits Cham-
pignons. Cette opinion, dit M. Liebig, est insoutenable, car, dans
la fermentation d’une dissolution de sucre dans de l’eau pure,
les prétendues graines et. plantes disparaissent, et la fermenta-
tion s'opère sans qu'on remarque ni développemens ni repro-
duction de graines, plantes ou animalcules qu’on a regardées
comme la cause du phénomène chimique. J’ignore quelles sont
les observations sur lesquelles se fonde l'opinion de M. Liebig ,
ce sont probablement les siennes, mais qui évidemment sont
moins exactes, quant à ce point, que celles de ses devanciers.
CLASSIFICATION «les Hyménomycètes, par M. Krorzscu. (Ext. de la
Revue des travaux physiologiques pour 1839, par M. Mrven.)
M. Klotzsch (Dietrichs Flora der Kænigreichs Preussen, 7,
pl. 457-476) a décrit une série de Champignons illustrée par
d'excellentes figures. Ce travail renferme une classification des
Hyménomycètes, d’après les observations modernes sur la
structure. de leurs receptacles. Les Hyménomycètes se divi-
sent en deux classes, savoir : en exospores, ayant les sporules
libres et stipitées, et en endospores , à sporules incluses, non
stipitées. La premiere classe se sous-divise en té/rasporidées,
ou les sporules sont rectilignes 4 à 4 ou par exception géminées
ou ternées, et en 7onosporidées , dont les sporules sont allon-
gées courbées, toujours solitaires sur des sporophores subulés.
Plusieurs Champignons tubériformes , tels que les genres Gau-
tiera Nitt., Hydnangium Wallr., et Hymenangium Klotz. (Tu-
ber album Bull.), sont de vrais Hyménomycètes"exospores; dans
ces Champignons J’hymenium tapisse la surface des cavités qui
existent dans l’intérieur de leur substance charnue. En décrivant
le Morchella esculenta, M. Klotzsch appelle anthères les para-
physes des auteurs; et, à l'occasion du Sphærosoma fuscescens
KLOTZSCH. — Classification des Hyménomycetes. 1279
Klotz., il fait remarquer que lorsqu’il y a des anthères dans les
8" -sporidées, elies font toujeurs saillie à la surface utriculaire
et, par conséquent, il ne considère point comme anthères les
paraphyses du Sphærosoma fuscescens, parce que ces organes
sont inclus. M. Meyen fait remarquer que M. Carus avait déjà
pressenti une différence ‘sexuelle dans le P3roneum marianum.
2
Sur la fructification des TLycoperdon et genres voisins, par
M. Berkecey. (Extr. de la Revue phylosophique pour 1839,
par M. Meven. )
M. Berkeley ( Ann. of the nat. histor. nov. 1839, p. 153) a
examiné les organes de fructification des Trichogastres et des
Phalloïdes : il a trouvé que ces groupes appartiennent aux vraies
Hymenomycètes. En coupant un Lycoperdon jeune, on trouve
que la masse charnüe interne est traversée en tous sens par des
cavités tubuleuses et anastamosées, et que toute la surface de
ces cavités est tapissée d’un hyÿmenium d'une structure sem-
blable à celle des Agarics et des Bolets , mais n’offrant aucune
trace des organes, qu'on considère comme les anthères. Les
genres Gastrum , Scleroderma, Tulostoma, etc., ont peut-être,
à ce que suppose M. Berkeley, une structure tout-à-fait sem-
blable. Pour trouver lhymenium des Phallus , il faut en ob-
sérvér des individus tres jeunes : il $yÿ montre tout-à-fait comme
dans les Lycoperdons, à cela près que les basides paraissent
être toutes sporiferes. Lorsqu'il y a plus de quatre spores sur une
baside , le surplus s’insère un peu latéralement. Dans les Phal-
lus comme dans les Lycoperdons, les basides s’affaissent plus
tard et ne sont plus visibles,
128 CRIVELLI — Sur le Botrytis Bassiana.
Sur l’origine et le développement du Botrytis Bassiana ef d’une
autre espèce de Mucédinée parasite, par M. B. Crivrzrt (Extr.
de Ja Revue des travaux physiologiques pour 1859, par M.
MEYEN. )
M. Balsamo Crivelli (Linnæa , 1820, p. 118-123) a fait con-
naître de nouvelles observations sur l’origine et le développe-
ment du Botrytis Bassiana, et d’une autre espèce de Mucédinée
parasite, sujet dont il a déjà été question dans notre rapport de
1836. M. Crivelli a trouvé que les vésicules dont se com-
posent les masses de graisse peuvent se transformer en Botrytis,
et il s’est assuré que les prétendus corps vésiculeux, ou sporules
de M. Audouin, ne sont autre chose -que des ébhies de graisse
flottans. M. Crivelli a fait une incision dans une Chenille ma-
lade, et le liquide qui én découla offrait les prétendus corps vé-
siculeux, qui certes n'étaient autre chose que des globules de
graisse dont chacun produit un seul fil, tandis qu'une petite
masse de graisse produisit une grande hante de fils. Le len-
demain matin l'intérieur de la Chenille était couvert d’Æ4sco-
phora Mucedo. M. Crivelli inocula des sporules d'Ascophora
dans les corps de quatre chrysalides, et trois jours plus tard les
granules de masses de graisse étaient couverts de fils végétaux.
Enfin M. Crivelli persiste dans son opinion que la graisse du ver
à soie peut subir des altérations qui la rendent propre à une
génération spontanée de Mucédinées, lesquelles peuvent alors
se transmettre par contagion à des chenilles saines.
UNGI'R. — " vanes reproducteurs du Riccia glauca. 129
RECHERCHIS ANATOMIQUES sur les orvanes reproducteurs: du
Riccia glauca , par le professeur. Uxcrr à Gratz. ( Lirnæu ,
1839, page 1.)
(Traduit, par, M. ' BucaiNezr. )
La sexualité des plantes a été si fréquemment mise en qués-
tion depuis quelque temps, qu'il n’y a point d’inconvénient à se
livrer à des recherches sur ce sujet. dañs des plantes où l’on peut
espérer trouver quélque résultat satisfaisant. Par la simplicité
de:leur organisation, surtout de leurs parties florales, les plantes
d’un rang inférieur se prêtent surtout à ces recherches sur les
organes dits sexuels. il'est à présumer que ces recherches , faites
sur les plantes de la famille des Hépatiques, seront surtout fruc-
tueuses, non-seulement parce que, indépendamment d’une
strücture très simple, elles présentent une grande variété de
formes dans tous leurs organes , mais éncore parce que les deux
sexes y sont, comme dans les Mousses, bien plus évidens qu ils
ne le sont dans les plantes dites Phanérogames.
«En examinant la structure du Æiccia glauca , j'ai cherché ‘à
résoudre; en‘partie du moins, la question dé savoir quels sont
les: organes qui ‘exercent quelque inflüence sur la formation
du germe ou spore , et à quelles circonstances cet organe doit
son: origine, son accroissement et son parfait ER Lt 1e
Cette question est liée à: cette autre : comment en général s’o-
père la formation des cellules et l’accroissement das ‘le corps
végétal; puisque: toutes les parties élémentaires peuvent se ré-
duire à la simple cellule.
. A l'époque où je me suis occupé de l'étude du Riccia glauca,
le développement de cette plante était déjà tellement avancé, que
la plupart: des individus ‘portaient des spores mürs. Cela ne
m'empêcha pas sans doute d'observer la formation successive
des spores; mais je fus empêché de rechercher les faits qui
exercent peut-être une influence majeure. J’essaierai néanmoins
XIV, Boran. — Septembre. 9
130 UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca.
de représenter la marche que la nature semble suivre dans la
formation des spores de cette plante ; mais je commencerai par
exposer quelques observations générales sur l’ensemble de son
organisation.
Presque tous les Riccia se distinguent par un thallus étalé en
rayonnemens, et découpé en lanières isolées plus ou moins
profondes. La grandeur et la forme de ces lanières varient sou-
vent beaucoup dans une seule ‘et même plante; elles détermi-
nent de même, dans l'espèce soumise à notre examen , plusieurs
variations , que les auteurs ont eu soin de distinguer les unes des
autres jusque dans les détails les plus minutieux.
Du côté inférieur. le thallus est fixé à la terre ,.et il offre à sa
surface supérieure l'indication des inégalités du terrain :il est
fixé à la terre au moyen d’un grand nombre de racines capillaires,
qui partent. irrégulièrement de toute la face inférieure, et lui
donnent un aspect assez velu. Les racines ne sont autre chose
que:des cellules simples, allongées, inarticulées et formées d’une
membrane extrêmement fine. Par cette membrane autant que
par: la matière. qu’elles contiennent, ces cellules ressemblent
absolument à celles de la face inférieure du thalius.
Quant à lastructure de ce dernier organe, on y reconnaît sans
peine une analogie avec les organes foliacés d’autres végétaux,
et, comme, ceux-ci, il offre une substance double, l’une supé-
rieure, et l’autre inférieure. La supérieure est formée de cellules
parenchymateuses assez grandes et un peu allongées, offrant une
position dressée et présentant, sous ce rapport, quelqueranalogie
avec les cellules de l’épiderme. supérieure des feuilles de plantes
plus parfaites. Les. cellules ne sont point fortement contigués les
unes aux autres. La feuille parait alors traversée par de nom-
breux espaces aériferes. Ces méats aérifères suiventila direction
des cellules et offrent , par cette raison , une position plus ou
moins.perpendiculaire : ils communiquent souvent entre eux et
avec les .méats de la surface inférieure, et se trouvent, en outre,
encore en communication avec des cavités plus grandes qui oc-
cupent le milieu du thallus et dont il sera question plus tard. Ces
cellules se distinguent-des, autres également par leur contenu,
en sorte que, sous ce rapport aussi; la substance de la couche
UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca. 1317
supérieure permet de distinguer celle-ci d'avec la face infé-
rieure.
En effet, on remarque dans ces cellules un grand nombre de
grains de chlorophylle , qui leur font prendre une teinte verte
intense. Vus à un grossissement bien fort, les grains:de chloro-
phylle ne se présentent point simples , mais composés ,et il pa-
raît que le fond est formé par une agg omération de nombreux
petits grains incolores par eux-mêmes , sur lesquels et autour
desquels se dépose la chlorophylle. La face la plus extérieure est
formée d’une couche celluleuse , incolore , et représente une es-
pèce d’épiderme, dont les cellules sont en même temps un peu
différentes des autres et offrent une figure lagéniforme , rappe-
lant'celles qui revêtent le fond des cavités aériennes dans les
Marchantia. |
Vers le bord et vers le sommet du feuillage , les cellules épi-
dermales ressemblent encore davantage aux cellules indiquées
plus haut. Comme la contiguité des cellules épider males est aussi
peu parfaite que celle de la couche celluleuse sous-jacente , il
est facile de comprendre que les méats aérifères dont il a été
question ne doivent pas être considérés comme séparés d'avec
l’air atmosphérique par l’épiderme, mais qu’au contraire, cet
épiderme, par suite de sa perforation , permet une communi-
cation directe avec l'air : c'est là une organisation où nous
croyons reconnaitre la forme la plus simple de l'organe respi-
ratoire.
La substance inférieure du thallus se compose aussi de plu-
sieurs couches celluleuses superposées les unes aux autres; mais
les cellules , au lieu d’être perpendiculaires, sont horizontales,
et ce n'est qu'au sommet et au bord de la fronde que cette forme
horizontale passe à la perpendiculaire sous la forme d’un arc.
En général aux deux points indiqués il est difficile de considérer
les deux substances comme distinctes. Par leur position, les
cellules de la face inférieure se distinguent encore, parce qu’elles
contiennent une quantité hien moins considérable de grains
de: chlorophylle simples ; de même les méats aérifères s’y
trouvent en moins grand nombre, et généralement ils sont plus
petits. Nous avons vu plus haut que les racines capillaires tirent
9:
132 UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glanca.
leur origine de cette couche, et qu'elles ne représentent, en
quelque sorte, que des cellules allongées , cylindriques. Aux
limite: de ces substances, qui forment la masse principale du
thallus ; et, peut-être par suite de leur contact, s'opère le
dèveloppément des organes qui sont destinés à perpétuer l'espèce.
On trouve deux sortes de, ces organés: Daris les uns-s'opère le
développement des germes (spores);et les autres semblent exer-
cer une influence directe sur leur développement Nous com
mencerons par donner la description «les premiers et par indi-
diquer la manière dont les spores se forment.
C’est dans une cavité aérienne plus grande et au point de con-
tact des deux substances, que se forme un groupe de cellules
parenchymateuses qui, par leur multiplication et leur agrandis-
sement , donnent naïssance dans leur milieu à une cavité fermée
de tous les côtés, le supérieur excepté, oùelle offre une ouver-
ture. Ce groupe de cellules est le premier commencement du
sporange naissant, qui, originairement. pyriforme, prolonge
bientôt son col, parce que les cellules placées autour de l’ou-
verture commencent à s’allonger et sont d'autant moins empé-
chées de prendre cette direction à cause de la présence des
méats -aériferes. LS
Le jeune sporange du Riccia #lauca peut donc se comparer
à une bouteille , dont les parois sont formées d’une couche de
cellules. minces, petites et extrêmement rapprochées. Peu-à-peu
elle allonge son col jusqu’à ce qu’il atteigne la surface du thallus.
Ce n'est que depuis cette époque qu'il s'opère un élargissement
dans la partie inférieure du sporange, qui peu-à-peu occupe
non-seulement tout l’espace de la cavité aérienne, mais qui plus
tard repousse même le tissu cellulaire adjacent.
Il est extrèémement remarquable que la formation du col
s'opére à une époque aussi précoce du développement de cet
organe, et qu'elle se fait bien avant la formation des autres
parties. Cette circonstance, de inème que le fait que ce même col
dépérit long-temps avant que la partie moyenne ait doublé ou
triplé son volume (ce qui s’indique en partie déjà par la décolora-
tion),rend plus que vraisemblable que sa fonction est essentielle
pour la première période de développement du sporange.
unGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca. 133
Mais c’est à cette même époque que commence à se former la
masse contenue dans le sporange, c’est-à-dire que s’opèrent les
changemens qui précèdent le développement des spores, de
sorte qu'ilest permis d'admettre in so la formation des spores se
trouve liée de quelque manière à la présence de l'embouchure
allongée en col du sporange. Sans ‘entrer davantage dans ces
rapports, nous examinerons d’abord la manière dont les spores
se développent.
Autant que j'ai pu l’observer, le sporange contenait une masse
mucilaginense incolore, un peu trouble, granuleuse , occupant
sa partie inférieure ventrue, et reconnaissable surtout vers le
milieu de cet organe. J'y distinguai deux substances dont je dé-
signe l’une comme une matière homogène, incolore, plus liquide,
et l'autre comme une substance granuleuse { #ôrner-substanz ).
Sans rechercher par quelle opération s'opère dans cette matière
d’ailleurs simple la premiere impulsion formatrice, on peut re-
connaître par l'observation que la première conséquence d’un
phénomène plutôt dynamique que matériel, est une ‘séparation
des deux substances. La matière homogène paraît se prêter
mieux à ce développement; et c’est par elle qui commence pro-
prement l'opération de la coagulation organique, qui sefait
d'abord au point de contact des parois celluleuses du sporange,
d’où elle s’avance vers le milieu: Par suite de ia coagulation or-
ganique, se forment les premiers commencemens de parois cel-
luleuses qui occupent ‘tout l'intérieur -du abanee et le rem-
plissent d'une masse celluleuse.
_ ILenest tout autrement de la masse erémalieiées elle se con-
centre en effet davantage ‘vers le centre, et, tandis que les
parois cellulaires y apparaissent moins distinctes, cette substance
Sy accumule d’une manière d'autant plus remarquable et ‘se
trouve contenue dans le tissu cellulaire qui finit par donner
naissance aux cellules-mères des spores. Dans cette période où
se forme le premier commencement visible des cellules-mères
futures, celles-ci offrent un diamètre qui dépasse à peine 0,008
de ligne (mesure de Vienne), tandis que complètement déve-
loppées , elles offrent au-delà de 0,036 de ligne, acquérant aïnsi
presque cinq fois leur diamètre primitif. Dans ces cellules-mères,
<
134 UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca.
il se sécrète deux substances distinctes, et ceci de manière qu’il
se forme régulièrement quatre loges, rudimens des spores fu-
turs. Mais il est extrémement remarquable qu’à la circonfé-
rence une rangée de ces cellules formées par la masse contenue
dans le sporange persistent régulièrement à l’état de cellules
ordinaires , c'est-à-dire que dans leur intérieur elles ne produi-
sent point de cellules (spores). Ces cellules se distinguent des
autres, même à leur premier âge, en ce qu’elles ne renferment
qu'en petite quantité la substance granuleuse; en revanche,
elles s'accordent avec les cellules-mères, en ce qu’elles se sépa-
rent soit d’entre elles, soit des cellules du sporange, ce qui, à
mon avis, est un indice assez clair, qu'elles ne sont autre chose
que des cellules-mères non développées ou avortées.
Dans la suite du développement, les cellules intérieures aus-
mentent toujours de grandeur et en même temps on remarque
la séparation de leur contenu dont il a déjà été question. Cette
séparation ne se reconnait dans les commencemens que par des
lignes plus claires traversant la masse granuleuse trouble ; ces
lignes finissent par se présenter comme des traces évidentes de
substance cellulaire, et la séparation de la substance de la cellule-
mére en quatre masses cellulaires nettement distinctes est opé-
rée. Le développement ultérieur ne fait que donner plus d'in-
dividualité aux portions isolées de la cellule-mère ; à cet effet,
les parois cellulaires qui jusqu'ici étaient encore communes
pour les loges adjacentes se séparent à mesure que se fait le dé-
veloppement de la substance cellulaire. Evidemment la mem-
brane de la cellule-mère subit une résorption qui déterminé la
séparation des sporidies isolées. On reconnaît fréquemment aux
bords de ceux-ci des lambeaux restant de la membrane:de la
cellule-mère. | |
Quant à la structure des sporidies entièrement müres qui se
distinguent par une teinte brune, il est à remarquer qu’on ne
doit à la vérité leur attribuer qu'une seule membrane, mais que
cette dernière peut, par analogie, être considérée comme for-
née de deux membranes soudées. La membrane intérieure est
mince, et d'une substance homogène, tandis que l’extérieure,, on
-plutôt la couche extérieure, en.ést d’une consistance plus forte,
UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca. 135
celluleuse. De plus forts grossissemens me semblent avoir prouvé
qu’il n'existe au fond qu'un dépôt rétiforme de substance cel-
lulaire sur la membrane primitive, dépôt qui ressemble d’une
manière frappante à une couche de cellules aplaties. Cependant
il faut remarquer que cette substance cellulaire se condense da-
vantage à l’entour des espaces vides et cherche par là'à se sépa-
reren une espèce de membrane cellulaire et de substance inter-
cellulaire. Il ne faut de même pas perdre de vue que les jeunes
sporidies montrent ces mailles en moins grand nombre, plus
régulières et plus grandes, et que ce n’est que parsuite de l'âge
qu'elles se transforment en des espaces plus petits.
Quant au contenu des sporidies , il faut remarquer qu xl S'y
opere également un petit changement. Si, avant la maturité, la
sporidie offre dans son intérieur une masse de nature granuloso-
mucilagineuse, celle-ci, à la maturité offre une substance gra-
nuloso-oléagineuse, comme nous le savons déjà par l'excellent
travail de Mohl sur la structure des spores dans les plantes Cryp-
togames. C'est là le résumé du développement du sporange et
des spores qui y prennent naissance.
Outre ces organes propagateurs qui sont distribués irréguliél
rement par tout le thallus, qui s’y trouvent d’abord cachés par
immersion et qui ne s'y reconnaissent qu’à la maturité (par suite
de l'accroissement et de la répulsion simultanéé‘de la masse cer-
lulaire), il se rencontre dans le thallus du Arccia, d’autres ôr-
ganes auxquels on ne parait pouvoir attribuer encore Li des
fonctions reproductrices. ;
Ces organes, à ce qu’il me semble, sont bien moins nombreux
eten même temps plus irrégulièrement distribués que les spo-
ranges, mais on les rencontre plus particulièrement dans lés
expansions en forme de lobes ; de plus ils né se trouvent point
accumulés à ces points, mais ils: sont isolés et ds een entre-
mélés aux sporanges. | rés Mass
Leur organisation est bien plus simple que celle des organes
dont il a été question, et ils se trouvent composés des parties
dont nous'allons faire l'énumération. SFR
Ces organes sont produits par un groupe de cellules paren-
chymateuses placé sur la limite des deux sübstanées du thallüs;
136 UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca.
mais ces cellules ne sont point petites, elles sont au contraire pro-
portionnellement plus grandes que les cellules adjacentes dont
elles se distinguent en ce qu'elles sont plus étroitement rappro-
chées, qu'elles n'offrent point entre elles de méats intercellulaires
et qu'en même temps elles contiennent de la chlorophylle en
quantité bien moins considérable. Autant qu’il m'a été possible
de .le reconnaître, ils ne semblent constitués dans leur forme
primitive, que par un écartement régulier des cellules parenchy-
mateuses du thallus, produisant dans l’espace qu’elles renfer-
ment unesubstance homogène, comme ceci est le cas dansla cavité
du jeune sporange. [ci également l’acte qui suit immédiatement
consiste dans une organisation en cellules que subit cette sub-
stance originairement granuloso-mucilagineuse. Mais ces cellules
sont d’une construction particulière, elles se :listinguent par leur
petitesse.et par la manière dont elles sont placées les unes à côté
des autres; je n'ai trouvé Jusqu'ici cette organisation que dans
les anthéridies.des Mousses et de plusieurs Hépatiques, en sorte
qu’il. ne. saurait s'élever des doutes sur. la signification de ces
organes. [l'est néanmoins très curieux que. dans le Riccia glauca
les cellules contribuant à la formation de cet organe ne se‘dis-
tinguent point, comme dans des cas analogues, par une forme
particulière, mais qu'elles se reconnaissent à peine du: tissu
cellulaire environnant, en un mot, qu’elles présentent une an-
théridie placée en quelque sorte au degré,le plus bas du dé-
veloppement.
Quant au développement ultérieur du contenu des antéridies ,
et.surtout du tissu cellulaire, je n’ai pu faire à cet égard des
observations suivies; j'ai remarqué toutefois que, successive-
ment, les cellules placées au-dessus de la cavité, en se rappro-
chant davantage, en grossissant et en.s’allongeant , donnaient
naissance à un processus. en, forme de corne, qui —. de
beaucoup la surface du thallus. voit
Les observations même.le plus long-temps continuées et les
pee soignées, ne me, fournissent aucun renseignement posté-
rieur sur la masse intérieure à petites cellules; parce qu'elle était
déjà vidée lorsque le processus se-trouvait parfaitement déve-
loppé. J'ai bien fait quelques observations à ce sujet, maistelles
uNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca. 137
ne:sont pas assez précises pour fournir des données certaines
sur le contenu de cette cavité intérieure.
Cependant malgré la connaissance incomplète de cet organe
si simple, on peut hasarder quelques conjectures sur sa valeur
et sur ses fonctions par la comparaison des faits résultant de
l’organisation de la plante.
Ce qui résulte au premier: coup-d'œil de l'observation des
rapports vitaux de cette plante et ce qui malheureusement
m'oppose diverses difficultés dans mes recherches, c’est :
1° Que le premier développement des deux organes, des an-
théridies et des sporanges, se fait à la même époque, ce qui
permet de conclure que, -déduction faite de l’acte qui déter-
mine leur: formation , ils paraissent avoir entre eux un rap-
port très intime. Si nous poussons plus loin l’examen des
circonstances qui influent sur leur développemeut , nous trou-
verons : |
2° Que les deux organes présentent des cavités formées de
tissu, cellulaire, munies : d'ouvertures allongées; ceci permet
d'admettre qu’une communication matérielle de leur contenu
n'est pas’invraisemblable. Lorsqu'on considère de plus :
3 Que la matière contenue dans le sporange y prend un dé:
veloppement ultérieur, tandis que le contenu de l’anthéridie dis-
paraît complètement de sa cavité; que :
4° Les fonctions du méat lagéniforme du sporange se bornent
au premier âge de son développement, mais qu’il s’oblitère plus
tard.comme un organe inutile; que d’un autre côté, le déve-
loppement du processus de l’anthéridie précède immédiatement
la disparition totale de son contenu, mais que plus tard il périt
comme l’anthéridie elle-même ,ilme semble facile de reconnaître
que de transport du contenu de l’anthéridie dans le sporange est
une-cause déterminante de la formation des spores.
À la vérité aucune observation directe ne peut être produite
en faveur de cette théorie, et la circonstance que, dans l’intérieur
du jeune sporange , on rencontre des traces d'un transport ma-
tériel du contenu des anthérides ne lui est pas moins défavorable.
Mais onsera:plus fondé à la maintenir, si l’on considère que sans
cette supposition, la nature de l’anthéridie nous reste absolument
138 UNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca.
énigmatique, que Bischoff, dans son mémoire sur les Hépatiques
(Nov. act. Acad. nat. cur. xvit, pl: 1, tab. 91, fier, 6 a), a en
effet constaté l’émission du contenu desanthéridies, et que,quant
à la matière transportée, il peut sans doute se présenter des cir-
constances qui rendent possible la disparition au dehors de ma-
tières transférées et qui, lors d’une ressemblance matérielle
rendent même cette disparition très facile à concevoir.
Mais si l’on peut considérer cette théorie comme fondée, ils’en-
suit naturellement qu'on doit admettre dans les deux organes
une différence sexuelle. On se rappelle que dans les plantes de
cette famille et des familles voisines, j'ai reconnu dans les petites
cellules qui remplissent l’intérieur des anthéridies, de petits êtres
pourvus d’un mouvement spontané, se distinguant par des
mouvemens rapides et montrant une grande affinité avec les
animalcules spermatiques des animaux. Quoique cette décou-
verte permit de considérer ces êtres comme doués de fonctions
fécendantes, j'y attacherais peu d'importance, si les autres cir-
constances ne venaient pas militer d’une manière aussi décisive
en faveur de la force fécondante de cette matière. TI me semble
que, de même que dans le règne animal, ces êtres vivans n'ont
point de rapport avec la fécondation, et que c'est au contraire
une matière de nature liquide ou éthérique qui joue un rôle
important dans cette fonction de la nature.
Si donc je n’ai point trouvé dans les cellules de l’anthéridie du
Riccia glauca des animalcules spermatiques végétaux, que des
recherches postérieures ne manqueront pas d’y faire reconnaître,
je n’en crois pas moins pouvoir parler d’une matière fécondante
dans ces organes ; ceci me semble d'autant plus important qu'il
ne sera pas toujours possible de prouver l'existence de pareils
êtres Entozoaires qui ne paraissent se rencontrer que dans un
petit nombre de plantes , circonstance dont j'ai indiqué les rai-
sons ailleurs. -
… Il résulte des nombreuses recherches modernes qu'une dupli-
cité de sexe est très vraisemblable pour tout le règne animal.
Des classes entières d'animaux qu'on a considérés jusqu'ici
comme, dépourvus de sexe ou comme de nature simplement fe-
melle, ont offert la présence d'organes mâles, et l'assertion d'Eb-
uNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca. 139
renberg qu'on ne peut plus admettre l'existence d'animaux vé-
ritablement anandres , a pour elle beaucoup de bonnes raisons.
Des recherches modernes ont fait voir que dans les plantes
phanérogames, les rapports sexuels sont peut-être absolument
différens. de ce qu’on admettait jusqu'ici. Quoique les résultats de
mes recherches fussent davantage en faveur de la théorie admise
jusqu'ici sur le sexe des plantes et s'accordent plus particulié-
rement avec les résultats publiés en dernier lieu par Meyen
(Archiv. für Naturgesch. 1v, 4, pag. 147), je dois mettre beau-
coup de méfiance dans mes propres recherches, et déclarer
que l'opinion contraire me semble bien plus fondée et plus
satisfaisante.
Quoi qu’il en soit, que les sexes des plantes changent de ie
ou non, la science exige des recherches ‘anatomiques exactes
pour éclaircir soigneusement la sexualité des plantes. Il me
semble cependant que dans les végétaux, nous devons admettre
dans tous les cas, comme dans les animaux, une pig anä-
logue des sexes. |
Éplicher, aussi bien que Schleiden, admettent à la vérité que
c’est dans les grains polliniques qu’il faut voir l'embryon futur
et qu'il lui faut une fécondation, mais ils différent d'avis en ce
qu'ils n’attribuent pas cette fonction au même organe, le der-
nier auteur étant porté à voir une telle influence dans le:sac
embryonnaire du nucleus, tandis que le premier veut trouver
dans le liquide du stigmate, une sécrétion analogue au sperme.
Quoique mes recherches récentes sur le stigmate, provo-
quées par Endlicher, ne puissent point être considérées comme
concluantes, elles m'ont pourtant fourni des résultats qui ne
sont rien moins que favorables à cette théorie; car elles m'ont
fait voir que les sécrétions du stigmate sont de nature très di-
verses; qu'elles exercent, à la vérité, quelque influence sur le
développement des boyaux polliniques , mais que cette influence
ne saurait être comparée à celle que nous remarquons dans
les animaux après la fécondation.
Il n'existe pas plus de raisons pour chercher dans le sac em-
bryonnaire le principe mâle excitant ; si le grain pollinique, en
effet, contient réellement le germe de Pémbrvôns et qu'il soit
140 unGEr. — Organes reproducteurs du Riccia glauca.
donc le véritable ovule, le sac embryonnaire semble nie
exercer sur lui une influence nutritive.
Si, en attendant, nous admettons comme vraie la théorie ex-
posée par les deux savans en question ; si nous accordons, de
plus, qu’il existe une duplicité de sexe, non-seulément dans les
Mousses et dans les Hépatiques, mais qu’elle doit se rencontrer
nécessairement aussi dans les plantes Phanérogames , il me
semble qu’on peut déduire des recherches ci-dessus sur le Riccia
glauca , ‘une conséquence plus conforme encore à la nature de
l'objet en question.
En effet, quelles objections importantes pourrait on faire
contre la théorie «que les grains polliniques, lorsqu'ils viennent
sur le stigmate , sont déjà fécondés? » L’analosie doit en effet
faire admettre que leur formation est déjà un acte de la fécon-
dation. Évidemment, l'évacuation des boyaux ne saurait s’ex-
pliquer par des influences physiques, mais elle doit être consi-
dérée comme une espèce de germination qui ne peut s’opérer
que dans des germes vitaux et fécondés.
En conséquence, ce serait plutôt dans les anthères , ou à leur
proximité, qu'il faudrait chercher le sexe mâle des plantes , et
au lieu de l’examen du nucléus et du stigmate, il: nous sémble
que celui de l’anthère dans ses premiers commencemens, four-
nirait des résuitats plus satisfaisans sur ce point si ns de
la physiologie végétale.
EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE Q.
Toutes les figures , la dernière exceptée , sont faites à un grossissement de 200 à 500 fois.
Fig.1. Coupe perpendiculaire , faite suivant la. longueur. du lobe dans le thallus du Riccia
glauca , davantage vers le bord extérieur. On remarque la double substance de
celte partie , savoir:
a. La substance supérieure, formée “E cellules pareñchymateuses, disposées plus
perpendiculairement.
b. La substance inférieure , formée de cellules également parenchymateuses ; mais
disposées plus horizontalement. Ces deux espèces de cellules passent les unes dans
les aatres sur le bord du thallus.
c. Cellules lagéni’ormes de la cavité cellulaire extérieure, renfermant un suc incolore,
Ces cellules , de même que les couches celluleuses sous-jacentes sont traversées
par de nombreux méats aérifères (d).
e, L'une des plus grandes cavités aériennes , à l’intérieur de laquelle se développe un
sporange
Fig. 5.
Fig. 6.
Fig. 9.
uNGER. — Organes reproducteurs du Riccia glauca, 141
f. Le sporange, coupé lougitudinalement , pour en faire voir le contenu granuloso
mucilagineux,
g. Cellules capillaires partant de la couche cellulaire inférieure et formant les radi-
celles,
. Un: morceau de la couche cellulaire supérieure qui s’offre ic: sous la forme d’épiderme.
_Les liaisons des cellules offrent de grandes lacunes, par-lesquelles l'air atmosphé-
rique peut parvenir dans les éats aériferes sous-jacens.
Sporange entier et plus jeune encore que celui de la figure r (f), avec la cavité aérienne,
dans laquelle il se trouve placé, et le méat aérifère dans laquelle s’avance son col.
Un sporange assez développé dela même planie.retiré da thallus et représenté isolément.
Il est coupé dans le sens de la longueur ;. mais la coupe ne traverse, pas exactement
‘lé milieu de la base, Le contenu granuleux du sporange est déjà organisé, et,
comme cela se voit facilement , en une masse de tissu cellulaire, dont le centre
paraît s’être développé avant les parties de la circonférence. La partie supérieure du
col est colorée et commence à se faner.
Sporange plus développé encore , mais toujours dans son état jeune : il est coupé
longitndinalement et de sorte que la coupe atteint exactement le milieu de la base.
Le col en est déjà fané au sommet et resserré, On distingue à l’intérieur de ce
sporange:
a. Les cellules-mères,, réunies encore très lächement et remplies d’une substance
trouble granuloso-mucilagineuse.
b. Les cellules adjacentes du sporange remplies d’une bien moins grande quantité de
substance granuleuse, Les cellules ne subiront plus d'autre changement.
Une jeune anthéridie, liée au tissu cellulaire environnant du thallus,
a. Partie inférieure , formée de cellules parenchymateuses très rapprochées.
b. Méat d’evacuation de la cavité formée par ces cellules.
c, Les cellules. les plus-extérieures dn méat d'évacuation , ne renfermant qu’un suc
cellulaire incolore.
. Sommet d’un anthéridie parfaitement développé, faisant saillie au dessus de l’épiderme.
a. Ces mêmes cellules extérieures dans leur parfait développement, c’est-à-dire à
l’époque où le contenu des anthéridies vient de s’évacuer.
b. Cellules de l’épiderme.
. Coupe transversale faite sur un anthéride avant l’évacuation de son contenu.
a. Cellules parenchymateuses par la réunion desquelles se forme la cavité de l’anthéridie.
.b. Contenu de cet anthéridie , formé de petites cellules hexaëdres , dont je n'ai pu
déterminer ni ja nature, mi le FOReRU
c. Méat d'évacuation.
Celiule-mère, prise dans un $porange non entièrement mûr de 0,036 ligne de dia=
mètre. Elle contient un mucilage trouble, Cr , qui, d’après une règle fixe,
se conglobe en quatre masses.
Fig. 10. Les quatre sporidies formées dans une stars à l’état de parfaite maturité et
après que la membrane de la cellule-mère est déjà URR Le diamètre d’une spo-
ridie isolée est de 0,030 ligne. La pellicule brune, solide , qui n’est dessinée qu’à
l’un des sporidies , est de: nature celluleuse.
Fig. 1 1. Partie de la membrane d’une sporidie fortement grossie, On remarque au-dessus de la
membrane tendre, homogène , un réseau de fibres , renfermant des espaces sem—
blables à des cellules,
142 G. GARDNER, — Séructure des tiges de Palmiers.
OsservaTions sur l'origine et la direction des fibres ligneuses
des tiges de Palmiers ; par G. GARDNER. (Annals and Magazine
of natural history, n. 34. Sept. 1840, p. 57.)
Ces remarques ont été occasionées par la lecture de l’exposé
de la structure anatomique des plantes endogènes par M. Lind-
ley dans: son /ntroduction to Botany. A la suite du plan général
suivant lequel les tiges de ces plantes sont formées, on trouve
le passage suivant à la page 82 de la seconde édition de cet ou-
vrage : « Les travaux de Mol paraissent démontrer que cette
«
théorie de la structure des endogènes a besoin de quelques
modifications. Selon cet observateur , chaque faisceau ligneux
d’une tige de Palmier a son origine dans les fenilles,et se dirige
d’abord vers le centre; arrivé à cet endroit, il suit le cours de
la tige jusqu’à une certaine distance, tourne alors de nouveau
à l'extérieur, et finalement se perd dans le técument cortical.
Dans le cours de leur descente, les faisceaux ligneux se sépa-
rent en filets jusqu’à ce que le système vasculaire, qui forme
pendant un long temps une partie essentielle de chacun d’eux,
disparaisse, et qu’il ne reste rien plus que du tissu ligneux. Se-
lon cette théorie de l’accroissement des endogènes, le tronc de
ces plantes consiste en une série d’arcs, dirigés d’en haut à
l'intérieur, et ensuite de l’intérieur à l’extérieur; et consé-
quemment les fibres ligneuses de ces plantes, au lieu d’être
parallèles entre elles, doivent s’entrelacer et s’entreméler à
l'infini. Il se présente, néanmoins, quelques difficultés pour
admettre cette théorie, auxquelles son auteur ne paraît pas
avoir fait attention. Si la manière de voir de Mohl sur la
structure des endogènes est exacte, ils doivent apres un cer-
tain temps perdre le pouvoir de croitre, en conséquence de
ce que l’ensemble de la partie inférieure de leur tige est obs-
truée par la multitude de faisceaux ligneux descendans. Est-
ce là le cas ? La partie inférieure de leur écorce doit aussi être
beaucoup plus dure, c'est-à-dire, beaucoup plus remplie de
G. GARDNER. — Séructure des tiges de Palmiers. 143
« faisceaux ligneux que la partie supérieure. Est-ce là le fait ? La
« dureté de l'extérieur des tiges de Palmiers ne peut être due à
«_ la pression de la nouvelle matière du dedans au dehors, mais
« à quelque cause analogue à la formation du cœur ligneux dans
« les exogènes. Y a-t-il quelque preuve que telle est la cause qui
«_agitainsi?Je mentionne ces choses continuele docteur Lindley,
« non pas tant dans une idée de méfiance de la théorie de Mohl,
« que dans le désir de voir les difficultés qui paraissent contre-
« dire cette ingénieuse théorie, être levées d’une manière satis-
« faisante. »
Dans le temps où je lisais cela, j'étais à poursuivre mes re-
cherches botaniques dans les montagnes des Orgues (Serra dos
orgaos) du Brésil; et ayant une grande opportunité de faire des
observations sur ce sujet, d’après le nombre considérable d'in.
dividus de la famille des Palniers de toutes les grandeurs qui
existent.sur cette chaine, depuis, les espèces élevées qui ha-
bitent les plaines, jusqu'aux espèces naines que l'on rencontre
à-une hauteur de plus de 5ooo pieds, je voulus m’assurer si les
observations de Mohl , ainsi que les a énoncées le docteur Lind-
Jley,.sont exactes ou non.
Le premier individu que j'examinai était une espèce grosse et
basse , appelée par les Brésiliens Coqueiro. La tige avait 4 pieds
et demi de circonférence, et les feuilles étaient insérées à une
distance de 3 pouces les unes des autres. Ayant pratiqué une
section longitudinale de la tige, tant à travers la partie dépour-
vue de feuilles qu’à travers celle où les feuilles étaient attachées,
J'ai vu distinctement les faisceaux de fibres ligneuses passer des
cicatrices et de la base des feuilles en descendant et se portant à
l'intérieur. vers le milieu de la tige sous un angle de 18°. Les
fibres étant individuellement. grosses dans cette da du je PR
vaissuivre leur cours avec une grande facilité. Je m ‘assurai qu’a-
près leur entrée dans la tige, elles décrivent une légère courbe
en descendant et à l’intérieur jusqu’à ce qu’elles arrivent près du
centre de la colonne; alors changeant de direction elles tournent
en bas et en dehors, avec un plus grand degré d’obliquité qu’a-
vant, jusqu à ce qu'elles atteignent près dela surface externe de
la tige; ensuite elles continuent à descendre suivant une ligne
144 G. GARDNER — Séruciure des tiges de Palmiers.
parallèle. à l'axe; enfin , elles commencent à se ramifier tellement
que je n’ai pu les suivre. La corde de l'arc, ou la distance de
l'endroit où les fibres entrent dans la tige jusqu’au point où se
termine la courbe, était de 2 pieds et demi. Non-seulément
j'ai été à portée de suivre les fibrés ci-dessus décrites, mais en-
core j'ai pu les suivre de l'intérieur de la tige à une distance
considérable en rémontant dans la substance dela feuille elle:
même:
Des sections longitudinales des tiges et des feuilles du Chou-
Palmiste (Euterpe edulis Mart.), d’une espèce très basse, appelée
par les Brésiliens Pat, et d'une petite de ceile qu'ils nomment
Oricana, offrent toutes absolument la méme structure, la lon-
gueur de la courbe des fibres étant seulement différente selon
l'épaisseur des tiges des différens individus et la distance entre
l'insertion des feuilles: Les tiges de toutes les espèces se fendent
avec difficulté, à raison du grand entrelacement des fibres.
Ayant ainsi reconnu que les vues de Mohl touchant l'origine
et la direction des fibres ligneuses des tiges de Palmiers, sont
tout-à-fait d'accord avec ce que j'ai observé moi-même, je ferai
quelques remarques sur les objections ou plutôt sur les doutes
que le docteur Lindley a exprimés à ce sujet. Et d’abord il dit :
«que-si les vues de Mohl sur la structure des endogènes sont
« exactes, ils doivent après un-certain temps perdre le pouvoir
«de s’accroïtre, en conséquence de ce que l’ensemble de latpartie
«inférieure de leur tige , est obstrué supérieurement par ‘la mal-
« titude de faisceaux ligneux descendans. Le ‘cas est-il ainsi ? »
Dans tous les plus vieux Palimiers dont j’ai examiné la coupe
longitudinale, il semble que c’est toujours le cas, la tige présen-
tant constamment une sorte d’épaississement des parties exté-
rieures dures et des intérieures molles de la racine jusqu’à la
hauteur de plusieurs pieds; et que ce soit ainsi que les choses se
passent, cela dérive de leur structure. Comme les faisceaux de
fibres ligneuses partent des feuilles, et qu'ils sont placés les uns
au-dessus des autres sur la tige, il s'ensuit que les fibres des
feuilles supérieures ne descendent pas aussi loin que les infé-
rieures, et conséquemment , à mesure que la tige s'accroît en
hauteur, la densité de sa périphérie s’accroit aussi dans sa partie
G. GARDNER. — Structure des tiges de Palmiers. 145
supérieure. En second lieu, il dit : « la partie la plus inférieure
« de leur écorce, doit aussi être plus dure, c’est-à-dire, bean-
« coup plus remplie ile faisceaux ligneux que la supérieure. Est-
« ce là le fait? »
Tous ceux qui ont eu occasion de voir des coupes longitu-
dinalés de vieux Palmiers, savent que ce fait est exact. Guand
on porte la coignée à la base de quelques-unes de ces vieilles
tiges, elle rebondit comme si elle frappait du fer, tandis que la
partie supérieure peut être entamée avéc la plus grande faci-
lité. Tous les Brésiliens sont instruits de ce fait. Le bois d'une
grande espèce de Palmier qu'ils appellent Pati est si consistant,
qu'ils le préfèrent à tout autre pour les supports de leurs mai-
sons, lesquelles dans le pays sont généralement construites en
bois, mais c’est seulement la partie inférieure et jamais la supé-
rieure de la tige qu’ils choisissent à cet effet. L’explication donnée
précédemment, rendra aussi compte de ce fait. En troisième lieu
il dit : « La dureté de lextérieur des tiges de Palmiers re peut
« être due à la pression de la nouvelle matière du dedans au
« dehors, mais à quelque cause analogue à la formation du cœur
« ligneux dans les exogènes. Y a-t-il quelque preuve qu’une
« semblable cause agit ainsi?» Avant de répondre à ceci, je ferai
observer qne les opinions des physiologistes ne sont pas fixées
jäsqu’à présent sur la formation du bois dans les exogènes.
Lindley et les autres auteurs qui soutiennent l’opinion de Du-
petit-Thouars, admettent que le bois d’une plante est formé
par une multitude de bourgeons dont elle est couveïte, chacun
desquels peut être considéré comme un embryon fixe ayant
une vie et une action indépendantes; que par leur élongation su-
périeure, ces bourgeons forment de nouvelles branches, et que
par leur élongation inférieure , ils donnent naissance au bois et
à l'écorce, tandis que De Candolle et plusieurs physiologistes
français expliquent leur formation par l'hypothèse que de nou-
velles couches sont développées par les couches préexistantes,
et Sont nourries par lessucs descendans élaborés dans les feuilles.
Dans les Palmiers, il suffit de voir une coupe longitudinale de
leur tige avec les feuilles qui y sont attachées, pour convaincre
les plus sceptiques que la substance ligneuse de ces arbres est
XIV. PoTan. — Septembre. 10
146 GG. GARDNER. — Structure des tiges de Palmiers.
formée par les feuilles, et ceci ajoute une autre preuve, ou du
moins une preuve analogique à celles qui ont été déjà données,
que le bois des exogènes tire son origine des feuilles. La seule
différence entre la formation de ces deux sortes de tiges semble
consister en ce que dans les exogènes, les fibres ligneuses restent
toujours entre l'écorce et les couches de bois précédemment for-
mées; tandis que, dans les tiges de Palmiers, les faisceaux de
tissu ligneux passent de haut en bas et en dedans dans l’inté-
rieur de la tige, qu'ils se dirigent ensuite de haut en bas et vers
l'extérieur, et finalement descendent parallélement à l'axe de la
tige à travers le tissu de même nature précédemment formé.
NoTice sur la vie et les écrits du botaniste espasnol
D° Mariano La Gasca,
Par M. Carreso.
Avant d'entreprendre la publication de cette notice biogra-
phique sur le botaniste distingué que l'Espagne vient de perdre,
je ne me suis pas dissimulé les difficultés qui s’y rattachent et
combien ce travail est au dessus de mes forces; mais, regardant
comme un devoir sacré de rendre ce témoignage de gratitude à
la mémoire de mon illustre maitre, je n’ai plus hésité à publier
sa biographie , heureux si je puis faire briller dignement les
vertus civiques et les hautes connaissances qui doivent livrer
son nom à la postérité et à l'hommage de tous les botanistes,
auxquels , d'ailleurs, ce travail pourra présenter quelque inté-
rêt en leur faisant connaître les ouvrages de La Gasca. Mais,
comme compatriote, comme élève, comme ami de cet illustre
Espagnol , mon but principal , je le répète , est de payer la dette
de la reconnaissance envers l’homme qui a coopéré à mon
bonheur, en m’accordant les faveurs de l'instruction.
D" Mariano La Gasca y Segura naquit à Encinacorva, petite
ville de l’Aragon, en Espagne, le 4 octobre 1776, de D° Ramon
Notice sur D. Mariano La Gasca. 147
La Gasca , propriétaire , demeurant en cette ville , et de D* Ma-
nuela Segura. Dès son enfance , ses parens le destinérent à l’état
ecclésiastique, mais le jeune La Gasca, entrainé par une pas-
sion irrésistible vers les sciences d'observation, montra tou-
jours de l'éloignement, pour, cet état; cependant ils ne tinrent
aucun compte du penchant de leur fils, et bien décidés à lui
faire adopter leurs projets ; iis le menacèrent de l’abandonner,
sil.ne voulait pas suivre la carrière à laquelle on le destinait.
Elle dut être bien vive , la passion qui entraînait La Gasca vers
les Sciences d'observation pour oser affronter de telles résolu-
tions et se décider dans un âge aussi faible à tout braver pour
pouvoir étudier la médecine , qui était d’abord la science à la-
quelle son penchant le portait. Cette désobéissance envers ses
parens est peut-être excusable, si on considere les heureux
résultats qu’elle produisit, les découvertes qu’elle procura à la
science, et la gloire qui en rejaillit sur sa patrie , avantages
qui auraient tous été probablement perdus, s’il eüt suivi
la carrière ecclésiastique , dans laquelle ses parens voulaien;,
l’ensevelir. Décidé à étudier la médecine, malgré l'opposition
de ses parens , le jeune La Gasca partit pour Tarragone , ville
plus-considérable , où il espérait commencer ses études. Sans
appui, abandonné par sa famille , il entra dans le monde par des
chemins bien pénibles; mais, sans perdre courage , il chercha
à s'attacher à quelque personne de mérite, sous laquelle il püt
acquérir les connaissances préliminaires indispensables à sa
carrière: Heureusement pour lui, il rencontra bientôt un pro-
tecteur éclairé dans, M. Verdejo, chanoine de léglise de Tarra-
gone , et ce prélat instruit, sachant apprécier les belles disposi-
tions de La Gasca , le reçut dans sa maison et lui témoigna la
plus tendre amitié.
Sous la direction de M. Verdejo ,,La Gasca fit une étude ap-
profondie des belles-lettres ; et c’est aussi sous lui que sa passion
pour la botanique commenca à se développer. Marti, botaniste
et.savant distingué, ami de M. Verdejo, la fit naître en lui, en
lemmenant souvent dans des excursions botaniques, et La
Gasca, dont les dispositions étaient si heureuses pour l'étude de
l’histoire naturelle, sut profiter avantageusement des leçons de
40,
148 Notice”sur D. MariAnNdO La Gasca.
son maître êt se réndre digne des soins que ses protecteurs Jui
accordaiént si généreusement.
Après avoir achevé ses’études littéraires, La Gasca se rendit
à Saragosse, pour y commencer l'étude de la médecine. Aban-
donné toujours par ses parens et privé de l’appui de son géné-
reux protecteur, de nouveaux embarras seraient venus larrêter,
si sa bonne mere , dont le courroux s'était apaisé, ne füt venue
à son aide, en lui faisant parvenir secrètement quelques secours.
Il put donc étudier pendant quelques années dans l’université
de Saragosse; mais, comme il desirait mettre plus de perfection
dans ses études, il partit pour Valence, et , dans l’université de
cette ville, beaucoup mieux organisée que celle de Saragosse,
il poursuivit et termina sa carrière d’études médicales.
Bientôt sous l'heureux ciel de Valence et à l'aspect de la
nature brillante qui s'étalait à ses ‘yeux, sa passion pour la
botanique prit Pessor dont une forte inclination est seule sus-
ceptible. Il se mit à parcourir avéc ses amis, Graells et Pezo,
les plaines fertiles de Valence, et en peu de temps, il forma un
riche herbier. Ce fut an milieu des champs et en prenant pour
maître la nature elle-même , qu'il acquit les’ notions les plus
exactes sur la botanique, et telle fut lPardeur avec laquelle il
s'adonna à l'étude de cette science, que le célèbre et savant
voyageur Alexandre de Humboldt, qui le connut à cette époque,
fut surpris de son tact dans la détermination des plantes et de
son habileté dans la connaissance des espèces.
P’acquisition des trésors botaniques des environs de Valence,
ne fit qu'accroître son zèle scientifique : aussi, profitant dé tous
les momens de loisir que lui laissaient ses études médicales, il
fit pendant les vacances des excursions dans tout le royaume de
Valence, dans celui de Murcie et dans les provinces voisines.
Mais , toujours ardent d'acquérir plus de science, toujours
pauvre, mais plein d'enthousiasme, il résolut de passer à Madrid,
pour y suivre la clinique des savans professeurs de l’école de
médecine de cette ville. Nous ne doutons pas aussi que l’espoir
de se mettre en rapport avec le botaniste éminent qui se trou-
vait alors dans la capitale ne fût pour quelque chose dans sa
détermination. Toujours est-11 qu'ayant fait à pied le voyage,
Notice sur. D. MartaNo La Gasca. 149
autant faute de moyens pécuniaires que pour pouvoir herbori-
ser pendant le:trajet, il-arriva à Madrid, accablé de fatigue,
portant sur ses épaules de gros paquets de plantes, qu'il avait
recueillies pendant son voyage; mais le plus fâcheux de sa posi-
tion, c'est qu'il se trouvait absolument sans argent, ayant épuisé
le peuqu'il possédait. Cependant, le croirait-on, à la vue de
son ami Graells, qui était allé au devant de lui, et qui lui
témoigna son étonnement de le voir chargé de la sorte et même
pieds nus, La Gasca oublia tout et éclata en démonstrations de
joie, parlant à son ami des découvertes qu'il avait faites en
plantes , et des trésors dont il était chargé , trésors botaniques
bien entendu , car il n’avait d’autres ressources que sa Jeunesse
ardente et l’espoir de son avenir scientifique. C’est avec de sem-
blables moyens, si souvent insuffisans, quoique toujours pré-
cieux , qu'ik devait entrer dans le monde , où , abandonné à lui-
même, il lui fallait tout entreprendre pour se faire une position.
Dénué à-peu-près de tout à son arrivée. à Madrid, il dut
accepter l'offre de M. Graells, qui d’abord fut obligé de le loger
chez lui; mais, ne voulant pas être toujours à la charge d’un
ami aussi dévoué, il tàâcha de se procurer , et il trouva bien:
tôt un digne patron dans le médecin Soldevilla, qui, sachant
apprécier les talens botaniques de La Gasca , et , touché de.ses
belles qualités, soit morales, soit intellectuelles, lui accorda
une généreuse protection. Soldevilla, ami intime de, Cavanil-
les, mit en relation La Gasca avec ce savant botaniste, qui,
charmé de la passion de La Gasca pour les plantes et étonné de
ses connaissances et de Ja richesse de son herbier,le prit à son
tour sous, sa protection : il put dés-lors profiter du savoir d’an
maitre si éminent, et se vouer complètement à l'étude de da
botanique. di |
Gavanilles , ayant été nommé professeur, de botanique .au
jardin des plantes de Madrid , se fit adjoindre , en qualité d'aides,
La Gasca et un autre de ses élèves les plus distingués , D", De-
metrio Rodriguez. Cette place valut à La Gasca une rétribution
modeste ; que, par égard pour son application, on ne tarda. pas
à augmenter. C'est à partir de cette époque que. La Gasca se,mit
à travailler,avec ardeur pour, la science, et, de plus , il aida, Ca-
150 Notice sur D. MariaNo La GaAsca.
vanilles dans l’arrangement du jardin et dans l’enseignement. Il
prit part aussi aux ouvrages importans que publiait alors son
illustre maître. Il contribua surtout aux Lecons de botanique: de
celui-ci, ou Descripcion de las plantas demostradas en los cursos
de 1800 y 1801: Cet ouvrage , un des moins connus de Cava-
nilles n’en est pas pour cela le moins bon; car, indépendamment
de ce qu’il est remarquable par s4 clarté, il offre de plus beaucoup
d'intérêt en ce qu’on y trouve la description d’un grand nombré
de plantes espagnoles, surtout des environs de Madrid , parmi
lesquelles plusieurs sont nouvelles. Dans les ZÆnnales des
Sciences naturelles, qui se publiaient alors à Madrid, il fit
imprimer, en outre , divers écrits. Les deux premiers numéros
(Anales de ciencias näturales , octobre 1801, n° 12 , page 256,
et même ouvrage, n° 13, page 65), contiennent. les descriptions
dé quelques espèces nouvelles du jardin botanique de Madrid ,
et, dans ce travail, il eut pour collaborateur M. Rodriguez:‘Un
autre de ses écrits, d’une importance majeure , qui parut sous
le titre d’Zntroduction à la cry ptogamie espagnole(Ænales, n° r4,
p- 135), renferme la description des Fougères et des Mousses,
trouvées jusqu'alors en Espagne. Ce travail, dans lequél il fut
aidé par D'Donato Garcia et D"Simon de Rojas Clemente,quoi-
que incomplet , offre d'autant plus d'intérêt que la classe des
végétaux dont il est l’objet est en général plus négligée que les
autres plantes, et qu’on ne connaissait rien sur cette partie de
la Flore espagnole. Aujourd’hui même c’est encore le seul écrit
que nous ayons sur ce sujet. Nous devons encore signaler un
mémoire sur quelques plantes espagnoles , recueillies dans la
Sierra Nevada, en Andalousie ( {nales de ciencias näturales,
n° 15, page 263), et un autre sur les plantes trouvées par Brous-
sonet dans son voyage au nord de l'Afrique ( 4nales ; n° 16,
page 138), lesquels travaux furent faits en commun avec
M. Rodriguez. |
Par ses travaux sur Îa Cryptogamie de l'Espagne ét sur les
plantes de la Sierra-Nevada, on voit que La Gasca montrait un
goût particulier pour l'étude des plantes espagnoles. Et en effet,
comment pouvait-il en être autrement, lorsque son pays, si
riche , mais si peu connu sous le point de vue botanique, pré-
Notice sur D. Mariano LA Gasca. non
sentait à son activité un champ immense à explorer, et que, de
la sorte, il pouvait rendre d’importans services à la science, en
même temps qu'il travaillait pour le bien national? Ces deux
puissantes consiaérations portèrent donc La Gasca à desirer ar-
demment de publier une flore espagnole , travail auquel il espé-
rait consacrer sa vie entière.
Quelle ne fut donc pas sa joie, quand en 1803 le gouverne-
ment lui donna l’ordre de voyager èn Espagne et de rédiger
la flore espagnole! Il se mit de suite en route pour le nord,
pendant que son condisciple M. Rodriguez, ayant aussi recu la
commission de voyager et de ramasser des plantes pour la même
flore , devait aller étudier le midi. Dans les montagnes des Astu-
ries , que La Gasca parcourait le premier , il fit de nombreuses
découvertes, et la quantité de plantes qu'il trouva paraît in-
croyable, puisqu'il a recueilli dans l’espace de deux mois plus
de deux mille espèces. Mais on ne devait pas moins attendre de
son zèle et de l’ardeur qu'il mettait à s'acquitter dignement de
son emploi. Parmi ces plantes, il y avait un grand nombre
d'espèces nouvelles, et d’autres très importantes sous le rapport
de la localité ; mais ce qui lui valut surtout la reconnaissance du
gouvernement , fut la découverte du ZLichen d'Islande : c'était,
en effet, un service tres important rendu à sa nation, car cette
plante étant très employée en médecine, et n'ayant pas été
trouvée jusqu'alors en Espagne, était importée à grands frais
des pays étrangers.
Deux mois de voyage s'étant écoulés ainsi, La Gasca eut le
malheur de perdre, à son arrivée à Madrid, son protecteur et son
maître, Cavanilles, qu'une mort prématurée vint enlever à la
science au milieu de ses travaux. Cette perte fut pour La Gasca
l’objet de la plus vive douleur, car la reconnaissance que lui
inspirait les obligations qu’il devait à ce botaniste ne connaissait
pas de bornes. Son premier soin fut donc de rendre un témoi-
gnage d'estime à la mémoire de son protecteur, en faisant pa-
raître dans les Annales des sciences, littérature et arts (Ænales de
ciencias ; literatura y artes) Yéloge historique de Cavanilles,
dont il publia plus tard une deuxième édition dans le Sernanu-
rio lilerario, corrigée et augmentée de nouveaux renseignemens.
152 Notice sur D. Mariano La GaAscaA.
Cavanilles fut remplacé dans sa chaire par le botaniste Zea,
et, sous ce nouveau professeur, les occupations de La Gasca
s’accrurent considérablement, car il fut souvent obligé de le
suppléer dans ses fonctions. C'est à cette époque, et à raison
de ses nombreuses occupations, que, voulant se dégager des
soins domestiques, il s’unit en mariage avec dona Antonia
Carrasco. Une fois qu'il put se livrer tout entier à l'étude, il
entreprit différens travaux, et, dans les Ænales de ciencias ,
lieratura y artes , il publia la description de quelques plantes,
surtout de celles qu'il avait trouvées dans les Asturies, et de
quelques autres exotiques, principalement des Graminées. C’est
alors qu’il donna nn témoignage de sa reconnaissance , en dé-
diant son genre So/derilla à la mémoire de son premier protec-
teur à Madrid. Ces publications de La Gasca, très peu connues des
botanistes, offrent un grand intérêt, eu égard à l’époque où elles
ont été faites (1805); car, comme elles renferment un grand
nombre d'espèces nouvelles , il s’en acquit l’antériorité pour les
noms.
La Gasca ayant été nommé vice-professeur, voulut mettre
entre les mains de ses éleves un traité élémentaire de botanique;
mais, n'ayant pas les moyens suffisans pour le faire imprimer,
il fit un appel au gouvernement afin d’en obtenir des secours.
Or, ce qui paraitra incroyable, c'est que , non-seulement rien
ne lui fut accordé, mais encore qu'il fut empêché par une cen-
sure absurde d'en publier une partie lorsqu'il voulut l’exécuter
à ses dépens. Cependant ces contrariétés ne refroidirent pas son
zèle, et, se confiant dans l'avenir, il continua ses travaux, dont
un évènement des plus graves vint le distraire.
Depuis long-temps la guerre, qui bouleversait l’Europe en-
tière, menaçait d’éclater en Espagne. Quelque temps aupara-
vant, a Gasca s'était fait recevoir médecin , pour être à même
de servir son pays si le cas se présentait : malheureusement,ses
craintes ne tardèrent pas à se réaliser , et l'Espagne fut livrée
aux horreurs de la guerre.
Ce fut une bien triste époque pour l'Espagne que celle de
l'invasion française en 1808! La patrie menacée dans son in-
dépendance, un cri unanime de guerre retentit dans tous les
Notice sur D. Mariano LA Gasca. 153
cœurs espagnols, et, à cet appel généreux, La Gasca sut aussi
suivre le chemin de l'honneur. Repoussant avec désintéresse-
ment et fierté les offres séduisantes qu’on lui fit pour l’attacher
au nouveau gouvernement , il partit pour l’armée, ou comme
médecin il devait étancher le sang qui se versait à flots pour
le pays.
Malgré les fatigues de la guerre et les nombreuses occupa-
tions que, comme médecin, il avait à remplir, il continua à se
livrer avec la même ardeur au culte de la botanique, et on le
voyait, sur le champ même du combat, recueillir les plantes
que le sang humain venait d’arroser. Plusieurs fois pendant le
cours de cette guerre, il lui arriva de rencontrer un autre infa-
tigable explorateur de la nature, le D° Léon Dufour; et quoique
chacun d'eux marchàt sous un drapeau différent, leur amour
pour la même science apportait une trève à l’inimitié des partis.
L'activité qu’il déploya dans, ses nombreuses herborisations, lui
valut une riche collection de plantes espagnoles qui , ajoutées à
celles qu’il possédait déjà de son voyage dans les Asturies , for-
mèrent une masse considérable de matériaux pour la flore es-
pagnole.
Nous pourrions citer comme une preuve de son application
au travail au milieu des évènemens militaires, la publication de
son premier numéro des Æmenidades naturales de las Españas,
imprimé à Orihuela en 1811. Une partie de ce premier numéro
traite d’un sujet d'agriculture très important, vu la disette qui se
faisait cruellement sentir alors en Espagne, par suite de la guerre;
mais la partie qui intéresse le plus les botanistes, ce fut Pexpo-
sition des genres des Chœnantophores , tribu qu’il reconnut le
premier dans la famille des Composées. Ce travail qu’il avait
achevé des l’année 1805, et dont la publication fut d’abord re-
tardée, par la censure dont nous avons parlé, et plus tard par
les évènemens politiques , fut publié quelque temps après en
commun avec M. De Candolle, qui donna au groupe le nom de
Labiatiflores. C’est de cette époque que date aussi le goût de La
Gasca pour l'étude des Céréales, qui plus tard devait l’occuper
spécialement, car il cherchait avidement toutes les occasions
die faire fourner ses connaissances au profit de son pays.
1 54 Notice sur D. Mariano La Gasca.
Pendant la guerre, on eut aussi Poccasion d’apprécier ses
talens médicaux et son dévoument à la cause de lhumanité. La
fièvre jaune ayant envahi le midi de l'Espagne, ajouta de nou-
veaux malheurs à ceux que le pays éprouvait déjà. Murcie fut
une des villes qui souffrit le plus, et ce fut La Gasca qui le pre-
mier annonça l'invasion de la maladie. Cet avis salutaire, dans le
premiér moment d'alarme de la population, faillit lui coûter la
vie, Car on ne voulait pas croire ‘une si triste nouvelle ; mais
bientôt les funestes ravages de l'épidémie firent connaître la
vérité, et on vit La Gasca, plein de courage en présence de
ce fléau terrible, s’empresser de soigner les malheureux du
lazaret, sans qu’aient pu l'arrêter les attaques de la fièvre dont
il fut atteint à trois reprises, et dans l’une desquelles sa vie
courut le plus grand danger. Et ce ne fut pas seulement
pour ses propres jours qu'il eut à craindre dans cette circon-
stance , car ceux de sa famille furent aussi compromis, et il vit
le moment où il allait perdre pour toujours les personnes qu’il
chérissait le plus. Ayant acquis une connaissance approfondie dé
cette maladie, il tàcha plus tard de Pemployer au profit de ses
concitoyens. Pour atteindre ce but, il publia à Murcie, en 1819,
un mémoire sur un ouvrage de Colmenar, qui traite de la fièvre
jaune; puis , en 1813, un autre adressé à la population de Cadix,
où cette maladie sévissait alors; et enfin, en 1851, un dernier
écrit destiné aux habitans de Barcelone, qui en étatent atteints.
Tous ces écrits, remplis d'observations judicieuses et surtout
très exactes, lui valurent les diplômes de plusieurs acadéinies
de médecine.
Enfin la paix après six années de guerre, procura à l'Espagne un
moment de repos; et quoique le gouvernement du pays, ébranlé
dans ses principes, fût menacé d’une révolution prochaine, la na-
tion, comme pour $’'apprêter à une nouvelle lutte, n’en resta pas
moins encore tranquille pendant six années. Ce fut l’époque la plus
heureuse de la vie de notre La Gasca. De second professeur qu'il
était auparavant , il fut bientôt nommé premier professeur et en
même temps directeur du jardin botanique de Madrid. Comme
iln’avait cessé pendant la guerre de s'occuper de botanique, et
que ces connaissances dans cette science s'étaient considérable-
Notice sur D. Mariano La GASCA. 155
ment'augmentées , il put: commencer ses leçons d’üne manière
britlante, et son zèle pour l'enseignement et l'amour qu'il té-
moignait à ses élèves, lui attirèrént un nombreux public. Outre
l'enseignement , il continua aussi ses différens travaux. Un Æ/en-
chus du jardin de Madrid qu'il fit alors paraître, a été cité comme
un modéle dans son genre. Un autre de ces écrits, qui remplit le
second numéro dés menidades naturales de las Espanas,
comprend la monographie des Ombellifères. Cet ouvrage, peu
connu des naturalistes et très difficile à se le procurer, est juste-
ment apprécié de ceux qui le connaissent; et nous n’hésitons
pas à le regarder comme un des meilleurs de La Gasca et à le
recommander à l'attention des botanistes. Le Genera et spe-
cies, etc., de La Gasca parut aussi à cétte époque (1816); il n'est
pas nécessaire dé nous appesantir sur la valeur de ce petit ou-
vrage dont le mérite sous le point de vue de la concision et de
l'exactitude des descriptions, est universellement reconnu; mais
nous ne pouvons nous dispenser de signaler son importance
pour le grand nombre de genres nouveaux, et la grande quan-
tité d'espèces nouvelles qui s'y trouvent. En 1817, il fit paraître
son travail sur les plantes à soude (plantas barrilleras) , dont la
traduction en plusieurs langues, prouve suffisamment l'estime
général que cet ouvrage obtint. Une nouvelle édition de l’Agri-
culture d'Herrera qui fut publiée à cette époque, dut aussi beau-
coup aux soins de La Gasca, car il contribua aux annotations et
fournit des observations nombreuses et d’un grand intérêt,
parmi lesquelles on remarque surtout son travail sur les Céréales,
dont l'étude, comme nous l’avons dit plus haut, l'avait occupé
depuis long-temps , et à laquelle i! continua à se livrer pendant
toute sa vie, avec une ardeur toujours croissante En :821, il pu-
bliale mémoiresur la fièvre jaune que nous avons cité plus haut,
et dans la même année il reçut du gouvernement la commission
de rédiger la flore de Santa Fé de Bogota. Tous ces travaux, qui
auraient été impossibles pour un homme moins laborieux et
moins capable que La Gasca , ne l’'empêchèrent pas de s'occuper
de sa flore espagnole dont les nombreux matériaux avaient été
en partie recueillis par lui-même , ou lui avaient été envoyés par
ses correspondans. Grâce à sa prodigieuse activité, La Grasca
1 56 Notice sur D. Mariano La Gasca.
avait déjà tellement avancé ce travail, qu'il avait l'espoir d’en
commencer bientôt la publication ; mais considérant cet ouvrage
comme un monument quil élevait à la science et à la gloire de
son pays, il en différa l'impression jusqu’à ce qu'il lui eût
donné toute la perfection qu’il désirait atteindre. Ce retard eut
des suites funestes, car les graves évènemens qui surgirent alors
empéchèrent qu’un aussi beau projet fût jamais accompli.
La révolution que faisait pressentir la régénération sociale de
l'Espagne, ayant enfin éclaté, et la nation, voulant accorder
sa confiance aux hommes les plus distingués pour qu'ils la re-
présentassent dans un temps si critique, La Gasca obtint celle
de ses concitoyens et fut nommé député aux Cortès de 1822 et
de 1823. S'il se füt seulement préoccupé de sa gloire scienti-
fique , il n’eüt sans doute pas accepté la charge difficile dont ses
concitoyens l’investirent, et qui, pour être bien remplie, exi-
geant un temps précieux, devait le distraire de ses occupations
botaniques ; mais La Gasca, à la voix de sa conscience, se fit
une obligation de sacrifier ses intérêts à ceux de sa patrie, car
avant d’être savant , il était citoyen, et pour tout citoyen un
semblable sacrifice était un devoir.
Nous avons eu jusqu'ici l’occasion d'apprécier l’activité et
l'application de La Gasca , sa passion pour la science, son zèle
dans l’enseignement et l'amour qu'il témoignait à ses élèves;
nous avons cité des preuves de sondésintéressement et de l'atta-
chement qu'il avait pour sa patrie; nous l'avons vu exposer sa wie
pour sauver ses semblables; nous pourrions ajouter bien d’autres
qualités, telles que sa loyauté, sa modestie et la noblesse de.son
caractère , et dans la nouvelle position où:nous le voyons arrivé,
il nous serait facile de rehausser l’éclat de quelques-unes de.ces
vertus, si au lieu de nous arrêter sur sa vie politique, nous ne
voulions considérer ÿlus spécialèment l’homme de science. N’o-
mettons pas cependant de dire que,zélé patriote, il fut un.des
défenseurs les plus ardens des nouvelles doctrines, parce qu’elles
offraient plus de liberté à l'intelligence jusqu'alors tyrannisée en
Espagne et conséquemment plus de garanties pour le bonheur
de sa nation; et qu'il agit toujours avee cette probité-et cetta
Notice sur D. Marrano LA GascaA. 157
rectitude de principes dont, plüt à Dieu! fussent doués tous
ceux qui gouvernent les états !
Dans des temps d’agitations et de troubles tels que les nôtres,
la contre-révolution ne se fit pas attendre en Espagne. La haine
des partis s’exhalant avec fureur, les vaincus furent poursuivis à
mort par les vainqueurs, et ils durent quitter une patrie où
chaque pas qu’ils faisaient les menait à l'échafaud. La Gasca fat
donc obligé de s'enfuir de Madrid à Cadix avec le gouvernement.
Durant ce trajet, dans une émeute qui fut excitée à Séville,
la populace voulut massacrer les fugitifs, qui n’évitérent la
mort qu'en abandonnant entièrement leurs équipages. Après
avoir pillé tout ce qui tentait leur cupidité, les séditieux brü-
lèrent ou jeterent le reste dans l’eau. Cette catastrophe fit
perdre à La Gasca son herbier entier, sa bibliothèque et la to-
talité de ses manuscrits, pour lesquels il avait enduré tant de
peines, qui étaient le fruit de tant de veilles, et sur lesquels il
fondait l’espoir de sa gloire future. On aura une idée du nombre
de ces manuscrits, quand on saura qu'ils pesaient plus de trois
cents livres! La plus grande partie étaient relatifs à la flore es-
pagnole. Cette sédition , funeste effet de la haine aveugle et fa-
natique des partis, priva l'Espagne d’un ouvrage qui manque
à sa gloire, et qu’elle n’aura probablement pas de long-temps.
La peine que cette perte fit éprouver à La Gasca fut si grande,
que le temps n’y apporta aucun soulagement. Je n’oublierai
jamais que quinze ans après ces évènemens, je le trouvai un
jour plongé dans une morne tristesse ; et lui en ayant demandé
la cause , il me répondit, les larmes aux yeux, que c'était l’anni-
versaire du jour malheureux où il avait perdu ce qu'il aimait le
plus au monde! :
À Cadix, la cause à laquelle il s'était voué étant tout-à-fait
perdue, il dut à la générosité publique les moyens de pouvoir
se rendre à Gibraltar ; maïs il eut la douleur d'abandonner sa
famille entre les mains de ses ennemis, et en proie à la misère.
De Gibraltar, il sembarqua avec ses autres compagnons d’exil
pour l'Angleterre. Quelles peines durent déchirer alors le cœur
de La Gasca, fuyant, peut-être pour toujours, sa patrie qu'il
aimait tant, laissant sa famille exposée à un avenir incertain , et
158 Notice sur D. Marrano La Gasca.
livré lui-même à la plus cruelle incertitude sur son sort! Ajou-
tez à ces infortunes, la perte qu’il éprouva à Séville, et que
nous avons vu lui causer un chagrin si profond : il suffira de
dire que pendant la traversée, il fut accablé d’une douleur si
grande, que ses compagnons d’exil craignirent un moment
que sa raison ne s’égarât. Enfin, il fut accueilli, ainsi que
les autres émigrés espagnols, par l'Angleterre avec la sympa-
thie que devait leur accorder toute nation civilisée. Cela parut
remettre un peu La Gasca et apporter quelque soulagement à
sa douleur.
À son arrivée à Londres, le généreux Lambert se montra
plein de bonté envers La Gasca, et plusieurs savans, parmi.les-
quels se font remarquer surtout le célèbre Robert Brown et
le vénérable Anderson, lui témoignèrent la plus vive amitié.
Smith, Lindley, Bentham, Hooker, David Don, Webb et d’au-
tres, lui donnèrent aussi des preuves de la plus haute estime.
La Gasca n’oublia Jamais ces marques d'intérêt, répétant tou-
jours leurs noms avec reconnaissance : je les lui ai entendu
citer bien souvent, et si ces lignes tombent par hasard sous les
veux de ces illustres botanistes:, je les prie, au nom de mon
trés-cher maitre, d'accepter cet humble souvenir de sa. recon-
naissance, seul moyen qu'il pouvait employer pour payer la
dette de l'amitié.
À Londres, La Gasca mettant à profit ses connaissances -bo-
taniques, s'occupa du classement de l’herbier. d’un botaniste
anglais, qui depuis a bien mérité de la science, et qui dans son
voyage en Orient s'était procuré une riché collection de plantes.
Ce travail lui valut une modiqué récompense, qui, ajoutée aux
secours que lui accorda le gouvernement anglais, lui procura
le moyen de faire venir sa famille, qui n’hésita pas à partager
son infortune.
Une fois installé à Londres, il se livra avec son ardeur habi-
tuelle aux études botaniques, et ce fut, à son ami M. Anderson
qu'il dut la faveur.de pouvoir disposer du jardin de Chelsea,
pour la culture dés Céréales et des Ombelliféres, dont l'étude
occupait alors.olus que jamais.
Ses amis voulurent encore lui procurer une place dans la
Notice sur D. Martano La Gasca. 159
rédaction du Botanical register ; mais n'ayant pas une connais-
sance assez approfondie de la langue anglaise, il ne se crut pas
propre à la remplir. Une autre preuve de l'estime dont il jouis-
sait, ce fut la proposition que le célèbre Smith lui fit de.la
chaire de botanique dans une université des fÉtats- -Unis ; mais
La Gasca, auquel il en aurait trop coûté de s'éloigner de l’'Eu-
rope, et.en outre, attaché comme il l'était à sa famille, ne put
pas l’accepter. Enfin, à la mort de Smith, une autre occasion se
présenta de réaliser la haute opinion que les savans d'Angleterre
avaient de lui, car on le proposa pour la rédaction de la Flora
græca de Sibthorp ; mais les exécuteurs testamentaires durent
préférer , à lui étranger, un botaniste anglais.
Pendant son émigration , La Gasca publis à Londres quelques
écrits; et parmi plusieurs articles insérés dans les Loisirs des
émigrés espagnols (Ocios de los emigrados españoles), on doit
remarquer ceux qui ont rapport aux Qmbellifères. Dans le
Gardener’s magazine , il fit paraitre un article sur l’état de l’a-
griculture en Espagne. D’après les conseils de ses amis, il en-
treprit la publication des plantes sèches des environs de Lon-
dres (Hortus siccus Londinensis), dont il parut quatre livraisons
qui composent le premier volume. De plus, il écrivit une traduc-
tion, enrichie de notes particulières, de la Théorie élémentaire de
la botanique de De Candolle, et des Élémens de botanique qu’il
destinuit à sa patrie. Mais quoique cet ouvrage ait été accueilli
par, le gouvernement espagnol, il n’a pas encore été imprimé.
Tant de travaux exécutés par La Gasca, les chagrins profonds
qui l'avaient assaillis, et son âge qui commençait déjà à s'avan-
cer,.finirent par altérer sensibleinent sa santé. Le climat, de
Londres, si différent de celui de l'Espagne, dut étre aussi pour
quelque chose dans ses souffrances. En conséquence, La, Gasca
se décida à passer à Jersey, dont le climat semblait plus favo-
rable à sa constitution. En effet, il y parut jouir de quelque
soulagement, et il put se livrer encore à ses courses dans la
campagne et à la culture des céréales. Il eut en outre. le loisir
de refaire une partie de ses écrits sur la flore espagnole, et de
mettre un peu d'ordre.dans ses. travaux.
Ce qui parut surtout le rappeler à la vie, ce fut F à
160 Notice sur D. Martano La Gasca.
nouvelle de l’amnistie qui, après enze années d’exil , ouvrait les
portes de la patrie aux émigrés espagnols. Sa joie fut extrême,
quand il vit la possibilité de retourner en Espagne et d’être à même
de consacrer les derniers momens de son existence à faire re-
naître la botanique espagnole, qu'il voyait s’'éteindre avec sa
propre vie. Chargé par la reine d'acheter, avant de retourner
dans son pays, des plantes et des graines pour le jardin de Ma-
drid , il se rendit à Londres, où bientôt il se les procura.
N'ayant jamais visité Paris, il fit route pour cette capitale cé-
lèbre, où La Gasca fut accueilli avec empressement par la
plupart des botanistes distingués que renferme cette ville.
Tous lui donnèrent des preuves d’une véritable estime et de
la plus grande considération. Cet hommage honore autant celui
qui Pa mérité, que ceux qui surent apprécier ses hantes qualités.
Comme La Gasca ne pouvait rester à Paris que le temps néces-
saire pour se mettre au courant de tout ce qui pouvait l'intéres-
ser, il reprit au plus vite son voyage, et il ne tarda pas à arriver
à Madrid, où il obtint de nouveau la place de professeur qu'il
avait si bien remplie autrefois.
Mais les idées riantes qui l'avaient accompagné dans son re-
tour en Espagne, s’'évanouirent bientôt. Le bonheur était fini
pour La Gasca, et les chagrins devaient remplir d’amertume les
derniers jours de son existence. Aucun des partis violens et
passionnés qui divisaient l'Espagne ne sut apprécier dans La
Gasca l’homme savant. Ses opinions, et peut-être l'envie que
suscitaient sa supériorité et sa renommée scientifiques, lui atti-
rèrent dès le principe une foule de vexations et de chagrins.
Dans la lutte qu’il soutint contre ses ennernis, il épuisa le reste
de cette noble et généreuse énergie sur laquelle il comptait
pour régénérer la botanique espagnole. Les peines qui s’en-
suivirent, et les efforts auxquels il se livra pour mettre de
l’ordre dans le Jardin botanique, aggravèrent sa santé d'une
manière fàcheuse, et lui firent entrevoir que sa fin approchait.
Pour comble d’infortune, le malheureux état dans lequel l’Es-
pagne a été plongée dans ces derniers temps, vint encore ajou-
ter à tous ses malheurs particuliers; car la nation ne pouvant
pas payer les employés, La Gasca, qui, après son émigration ,
Notice sur D. Mariano La Gasca. 161
n'avait d’autres ressources que ses appointemens, tomba dans
le dénüment le plus absolu ; et nous l'avons vu accablé par ses
souffrances, triste effet de ses travaux et de ses veilles, sans
moyens pour pouvoir les soulager, de telle sorte que, quelques
jours avant sa mort, une souscription secrète, faite à Barcelone
par des amis généreux, dut venir à son aide, pour que la misère
n’abrégeàt pas encore le peu de jours qui lui restaient à vivre.
Cependant, au milieu de tous ses malheurs , il”ent un mo-
ment de consolation ; mais ce moment devait passer bien vite!
Par ses pressantes sollicitations, il vit établir à Madrid un Musée
d'Histoire naturelle, administré et gouverné par ses professeurs:
il fut en même temps nommé doyen et président deila junte di:
rectrice, et, en récompense de ses services, on lui accorda la
décoration honorifique de commandeur de l’ordre d'Isabelle la-
Catholique, sans que tous ces honneurs, cependant, servissent
en rien à soulager sa misère. Au moment de l'établissement du
Musée , une lueur d’espoir vint briller à ses yeux, et, dans son
enthousiasme , il s’écriait : « J'ai sauvé lu botanique*espagnole ».
Mais il était trop tard : ses forces s’affaiblissaient graduellement,
et, obligé d'aller à Barcelone, pour chercher*dansiun climat
plus doux quelque soulagement à ses souffrances et'de la tran-
quillité à son esprit, il ne trouva que le repos éternel. Le 26 juin
1839, il décéda , vers sa soïixante-troisième année, dans la mai-
son de l’évêque de Barcelone, où ce vénérable prélat, son ami,
lui avait donné un logement. Des obsèques funèbres, dignes de
ce savant, furent faites à ses restes, et l’Académie de Barcelone,
qui s’honorait de le compter parmi ses membres, vota l'érection
d’un monument pour perpétuer sa mémoire, et comme une
preuve de la vénération et de la haute estime de ses concitoyens.
La Gasca, l’un des premiers botanistes espagnols , savant il-
lustre et laborieux, médecin distingué et philanthrope, noble
citoyen et ami dévoué, a les plus beaux titres à l'estime de ses
compatriotes, de tous les savans, de ses amis, et surtout de ceux
qui ont été ses élèves. N'oublions pas s1 mémoire, et rendons-
lai les hommages dont il s’est montré toujours digne. Puisse
l’acquittement de ce devoir se faire entendre de lui jusqu’au fond
de sa tombe, et lui faire oublier l'injustice du sort!
XIV. Poran. — Septembre, TE
162 coErer. — Substances alcalines contenues dans les plantes.
RscarrcHes chimiques sur’ les substances alcalines contenues
dans les plantes aux diverses périodes de leur accroissement,
par M. F. Gorsev. (Art. de M. MEyeN, extrait de s4 revue
des travaux physiologiques pour 1839.)
M. F. Gœbel à Dorpat(Reise in die Steppen des südlichen Russ-
lands. Dorpat 1838. 4°; vol.2, p. 108-139) a donné de précieuses
recherches chimiques sur le contenu alcalin et nitreux desprin:
cipaux Halophytes de la steppe caspienne. Ces recherches ont été
faites dans le: but de déterminer si le contenu alcalin et nitreux
des Halophytes diffère suivant les périodes de leur accroisse-
ment, et de décider si les plantes ont la faculté de transformer
les substances alcalines. Elles me semblent de la plus haute
importance, car depuis long-temps les physiologistes avaient
exprimé le désir de voir s’éclaircir, par des expériences,exactes,
la question de la transformation des alcalis par l’action dela
végétation: M. Gœbel a tiré de ses expériences les conclusions
suivantes.
Les jeunes plantes fournissent en effet une quantité beaucoup
plus considérable de soude brute, que les plantes adultes; mais
les corps solubles dans l’eau, contenus dans la soude brute, ne
différent guère les uns des autres sous le rapport dela quantité.
Sous le rapport de la. nature chimique, une partie.du chlorure de
sodium (dans l’Halimocnemis .crassifolia) paraît se changer, avec
l’âge, en carbonate de soude et. en sulfate de: soude, Dans le
Salsola clavifolia, la jeune plante ne renferme point de chlorure
de sodium, mais une grande quantité de chlorure de potassium,
tandis que dans les vieilles plantes on trouve peu de ce dernier
sel, mais par contre une quantité de chlorure de sodium ,cor-
respondant assez exactement à Ja quantité manquante de chlo-
rure de potassium. La quantité de carbonate de potasse.est. assez
égale dans les vieilles plantes et daus les jeunes. Dans;le Sa/-
sola brachiata, les jeunes, plantes contiennent aussi moins de
chlorure de sodium que les vieilles, tandis qu'il y a fort peu de
différence pour le contenu,en çarbonate de potasse. M. Gæœbel
GoEBEL. — Substances alcalines contenues dans les plantes. 163
pense que pour la fabrication de la soudeil est indifférent d’em-
ployer des plantes soit jeunes, soit vieilles, la soude qu'on ob-
tient des unes et des autres contenant une quantité à-peu-pres
égale de, carbonate de potasse. On pourrait donc incinérer. les,
plantes à toute époque, sans que la quantité ni la qualité de la
suude brute en fussent notablement changées.
Les analyses de l’Halimocnemis crassifolia (également dans
les deux états), et du Sa/sola brachiata ( également dans les
deux états }, démontrent que « la quantité de soude (natrum)
«est à- peu-pres la même dans toutes, mais que la quantité de
« potasse (Kat) est constamment plus considérable dans les
« jeunes plantes que dans les vieilles, ce qui est surtout évident
« dans le Sa/sola clavifolia, et ce qui peut donner à croire qu’à
« mesure que la végétation avance, la potasse se transforme en
« soude , ou est expulsée de ces plantes d'une manière quel-
« conque ». Ce serait une grande découverte si cette proposition
se trouvait confirmée; mais M. Meyen se permet d'élever une
question dont il ne trouve pas la solution dans le travail de
M. Goœæbel. Les individus adultes des trois espèces d’Halo-
phytes précités que M. Gœbel n'avait pas recueillis lui-même,
provénäient-ils absolument des mêmes localités que les jeunes
plantes sur lesquelles M. Gœbel a fait ses analyses? Il n’en a
probablement pas été ainsi, et comme tous les sels sont puisés
dans le sol par les plantes, la différence du sol expliquerait
aussi la différence des résultats dans les analyses. Jusqu’à nou-
velle confirmation, il sera donc prudent de ne pas regarder
comme prouvée cette transformation des alcalis par la force
vitale des végétaux.
« Si nous examinons, dit M. Gœæbel, les autres halophytes
« soumis à l'analyse, il en résulte qu’en général la quantité de
« potasse est aussi plus considérable dans les plantes jeunes que
« dans les plantes adultes, ce qui confirme l'opinion ci-dessus
«émise.» Les espèces qui offrent les plus grands avantages pour
la fabrication de la soude sont , suivant M. Gœbel : 1° Salsola
clavifolia (jeunes plantes sèches ; donnent 42 p. cent); 2° Ha-
limocnemum caspicum (jeunes plantes; donnent 29 9 p. cent);
3° Salsola Kali (jeunes plantes; donnent 25 p. cent); 4° Kochia
11.
164 GaBEL.— Substances alcalines contenues dans les plantes.
sedoides {vieilles plantes; donnent 9,16 p. cent); 5° Sa/sola bra-
chiata (jeunes plantes; donnent 33 p. cent); 6° Halimocnemis
crassifolia (jeunes plantes; donnent 30 p. cent); 7° Tarnarix
laxa (jeunes plantes ; donnent 33,6 p. cent); 8 Ænabasis
aphy la ( jeunes plantes; donnent 19 p. cent), etc.
TT
Sur /a structure et les fonctions du Pollen, par M. Giraun.
(Extr. de la Revue des travaux physiologiques pour 1839, par
M. Mryen.)
M. Giraud à lu à la Société botanique d'Edimbourg un Mé-
moire sur Ja structure et les fonctions du Pollen ( Ænn. of nat.
hist. avril 1839, p. 127). L'auteur est arrivé à des résultats tout-
à-fait semblables à ceux qui ont été publiés, il n'y a pas long-
temps, en Allemagne, sur le pollen du Crocus vernus. M. Giraud
a vu trois membranes polliniques, et, à la surface des grains
du pollen du Polemonium cæruleum ; il a trouvé des granules
opaques, qui offraient un mouvement particulier, dès qu’on les
mettait dans l’eau. Les sillons qu’on observe sur certains grains
de pollen sphériques ou ellipsoïdes , ne sont , suivant M. Giraud,
que des fentes de la membrane externe. L'analyse chimique lui
a fait découvrir, dans le pollen de l’Æntirrhinum majus, de lal-
cali et des cristaux de phosphate de chaux. M. Giraud est égale-
ment d’avis que la chaleur favorise l’émission des boyaux polli-
niques.
Dans le Bot. regist. (1839, p. 52), on trouve une note sur
l'existence de la fécule à la surface des grains du pollen du
Polemonium cæruleum, et l'auteur de la note pense que la for-
mation de cette fécule est due aux cellules-mères. S'il n’y a pas
eu erreur, dit M. Meyen , ce cas ne saurait être envisagé que
comme exceptionnel, et en outre de fort peu d'importance. Î
nn
KERB+R. — Sur Les cellules vertes des Lichens. 165
Suk Les cellules vertes des Lichens, par M.KerBEr. (Extrait de la
Revue des travaux physiologiques pour 1839, par M. Mryrx.)
M. Kerber a publié, dans une dissertation inaugurale, des
considérations très étendues sur les cellules vertes des Lichens
(De Gonidiis Lichenum , Berol. 1839). Ce sont les cellules qui
ont été désignées par Wallroth sous le nom de Gonidia ou
cellules prolifères , et par Meyer sous le nom de germe du
thallus (Lagerkeime) ou granule embryonnaire (Kermkôrner).
L'auteur donne un résumé clair et concis de ce que les deux
Lichénographes précités ont fait connaître à ce sujet. Il y ajoute
plusieurs observations faites par lui-même. Les Gonidies sont
considérées sous trois états différens : 1° Gonidia synthetica
in statu primario, c'est-à-dire lorsqu'elles se trouvent encore
dans le thallus , dans leur situation naturelle; 2° Gonidia syn-
thetica in statu secundario , c'est-à-dire lorsqu'elles font déjà
saillie hors la surface du thallus et forment les soridies; 3° enfin
considérées comme organe reproducteur. [’auteur regarde
avec raison comme insuffisantes les observations de Wallroth
et de Meyer à ce sujet: il a lui-même tenté de nombreux essais
à l'effet d'observer la germination ouîle développement des Go-
nidies , mais sans arriver à aucun résultat.
Pronucrionid'une Conferve sur la Salamandre aquatique , par
M. Hanovre. (Article critique de M. MEYEN, extrait de sa
Revue des travaux physiologiques pour 1839.)
M. Hanover ( Mullers Archiv. fir Anatomie, 1839, fasc. x)
a fait des observations sur une formation contagieuse de Conferve
sur la Salamandre aquatique. 11 a vu naïtre une Conferve sur
un individu disséqué de Triton punctatus conservé dans l’eau ;
des productions semblables se montrèrent sur une Salamandre
morte, sur une Mouche morte, et à la surface de plusieurs
blessures faites sur des Salaraudres vivantes; quelquefois même
166 HANOVER.— Production d’une Conferve sur la Salamandre.
les Gunferves se montraient sans qu’il y eût eu des blessures,
par exemple aux doigts, d'ou résultait la perte de ces membres.
La plante observée par M. Hanover ést l_/chlya prolifera
Nees; et si, comme Île dit M. Hanover, les figures données de
ce Champignon par M: Carus ne se rapportent pas à la plante en
question; celles que j'en ai données moi-même dans les Mov.
act. nat. CUT. XV), pars 11, p. 274,t. 1, 29 et aliud , ne lui Jais-
seront. pas de doute à cet égard, car j'ai observé ce Champignon
dans des circonstances semblables sur des Mouches , des Arai-
gnées, des. Vers-de-terre , des Grenouilles mortes, et même sur
du Jiscum album en putréfaction. J'ai fait voir ailleurs ( Wieg-
mann Arch. 1835, 2, p. 354 que ce petit Champignon , qui se
forme en automne sur le corps de la Mouche commune ; pro-
duit des spores qui germent, et qui, dans l’eau , deviennent
lAchlya prolifera. La germination et la formation des spores
dans l'Æ4chlya prolifera a été observée par M. Meyen et repré-
sentée an lieu précité, ainsi que dans sa Physiologie végétale ,3,
Pl. 10, fig. 18 et 10.
M. Hanover inocula le végétal en question sur le dos d'un
animal vivant, et il vit qu'au Ent de seize heures, les Conferves
avaient percé lépiderme, mais que plus tard elles tombaient
avec la peau de l'animal. Ces observations ont été répétées sou-
vent, mais elles n’ont jamais eu de résultats nuisibles pour la-
nimal. M. Hanover fit en outre la remarque que l’inoculation
des Conferves non müres se fait plus vite que lorsqu'elles sont
arrivées à leur parfait développement.
M. Meyen ayant beaucoup travaillé ce sujet, pense qu'il fui
sera permis d'ajouter ses propres observations.
L’inspection du Champignon, entreprise par M. Hanover,
n'est autre chose qu’une propagation ordinaire ; les plantules
müres ont donné des sporules qui reproduisirent leur espèce,
et les prétendues Conferves non müres subirent un allongement
dans chacun de leurs fils, ce qui est propre tant au genre
Achlyà parmi les Champignons aquatiques, qu'au genre Vau-
cheria parmi les Conferves. Ce simple allongement des fils du
Champignon à la surface muqueuse des Tritons, ne saurait être
pernicieux à ceux-ci, parce que les fils en question se dévelop-
HANOVER. — Production d'une Conferve sur la Salamandre. 167
pent. de sporules de même que la moisissure. Mais, de niême
que.les Mucédinées inférieures , l’Æchlyais'engendre non-seule-
ment par sporules, mais encore d’une manière qui nous est
inconnue; ce, sont des moisissures quise développent comme
produit .d'un..état. maladif de. Janimal, et dont cette maladie
entraine ordinairement la mort; muis ces moisissures une fois
formées, elles se reproduisent aussi par sporules.
NOTE PRÉLIMINAIRE sur des genres de la famille des Piperacées ,
Par EF. A. W. Miouer.
(Extr. du Bulletin des Sciences physiques ‘et naturelles en Néerlande, 1839,
hvr. 6, p+ 447.)
Parmi les familles exotiques, dont les genres sont fort impar-
faitement conuus, quoiqu’on connaisse déjà un nombre considé-
rable de leurs espèces, celle des Pipéracées occupe sans aucun
doute une première place. Depuis long-temps : m'occupant avec
prédilection de l'étude de cette famille si remarquable sous plu-
sieurs points de vue, l'étude des organes de la génération m'a
convaincu que le genre Piper , tel. que.depuis Linnéilatété con-
servé jusqu’à nos jours, renferme des plantes si différentes dans
l’organisation tant sous le rapport dé la végétation que sous celui
de la génération, qu'on ne pourra le considérer comme tel, mais
qu’il faudra plutôt en former le type d’une famille composée de
plusieurs genres bien distincts. Dans un travail plus étendu sur
cette, matière, que nous, publierons dans le deuxième fascicule
des Commentari. phytographici , nous exposerons le résultat
de nos recherches; mais la matière n'étant point encore épui-
sée, 1l nous semble convenable de soumettre nos idées à la cri-
tique sérieuse des botanistes qui auront occasion d'étudier et
de comparer un grand nombre de Pipéracées. En effet , il nous
a été impossible, comme on le comprendra aisément, d'exa-
miner toutes les espèces de cette famille, de sorte que plusieurs
168 F. MIQUEL. — Sur les genres de la famille des Pipéracées.
d'entre elles n’ont pu être rapportées à leurs genres que par
analogie. Cependant les limites géographiques de ces genres
assez bien tracés, et les caractères tirés des organes de la végé-
tation et du port, ont souvent été pour nous un guide assez
certain, dans l’ignorance où nous étions de la structure des or-
ganes de la génération.
Voici l'aperçu des genres :
I. Fleurs sessiles amentacées. Tribu I. P1PEREX.
A. Fleurs dioiques ( Espèces asiatiques ).
1. Fleurs à l’aisselle d’une bractée. Étamines 2-5. Baies
pseudo-pédicellées. — Cubeba.
2. Fleurs entourées d’un cyathus charnu. Étamines h-10,
et davantage. Baies sessiles. — Muldera.
B. Fleurs hermaphrodites et femelles.
Étamines 2. Stigmate 3-5-fide. Baies sessiles. Feuilles al-
ternes, tripli-multiplinerviées. Inflorescence oppo -
sée aux feuilles (Espèces asiatiques). — Piper 1.
excl. sp.
C. Fleurs hermaphrodites.
a. Anthères sessiles, 3-indéfinies. Inflorescence dans
Vaisselle de feuilles engainantes, densiflore. ( Es-
pèces australiennes). — Macropiper.
b. Anthères supportées par des filets.
«. Inflorescence enveloppée avant l’anthèse par des brac-
tées engainantes (Espèces américaines et asiatiques).
2 Pothomorphe.
6. Inflorescence dénudée.
+ Opposée aux feuilles, densiflore. Étamines 2-plusieurs.
Baies tri-polygones. Feuilles inégales penninerviées.
{ Espèces américaines). — Ærtanthe.
F. MIQUEL. — Sur les genres de la famille des Pipéracées. 169
++ Inflorescence axillaire ou terminale.
1. Remotiflore. Stigmate pénicillé. (Espèces améri-
caines et asiatiques). — Micropiper.
2. Densiflore. Stigma simple, aplati (Espèces améri-
caines et asiatiques). — Peperomia Ruiz et Pav.
3. Densiflore. Stigmate allongé en pointe. (Espèces de
la Guyane). — Laurea Gaudichaud.
II. Fleurs pédicellées, en grappes. Tribu IT. ZiPPELIEE.
1. Étamines 6, anthères introrses. (Espèces des Mo-
luques). — Zippelia Blum.
2. Étamines 4 ou 3, anthères extrorses. (Espèces brési-
liennes ). — Serronia Gaudichaud.
Note. C'est avec raison que M. Endlicher ( Gener. plant. pag.
266) a rapporté le genre Oftonia de Sprengel aux genres dou-
teux de cette famille, l’embryon étant situé dans l’axe de l’albu-
men corné. (1)
Caracteres des genres.
I. Cubeba. Flores dioici, amentacei, squama suffulti, sessiles. Amenta pedun-
culata oppositifolia. asc. minora. Stamina 2-5 , filamentis teretibus , antheris
ovoideis biloculatis extrorsis. Fem. fortiora. Ovarium sessile, ovoideum , stig-
mate trifido, lobis linearibus acutis, hispidulis. Bacca basi constricta pseudo-
pedicellata , monosperma. Embryo in apice albuminis antitropus. — Frutices
arbusculæve scandentes, in Indià orientali et insulis Archipelagi Sundaici spon-
taneæ , foliis petiolatis alternis tri-multiplinerviis membranaceis aut coriaceis,
glabris aut pubescentibus , in singulo sexu sæpè diversis, amentis ad caulium
nodos sæpè oppositifolüs, masculis gracilibus, femineis fortioribus, baccis
maturis basi constricta elongata quasi pedicellatis, amento femineo racemum
simulante.
(1) Dans son mémoire sur les Pipéracées, que nous insérons à la suite du travail de
M. Miquel, le professeur Kunth a fait voir que les genres Serronia et Ottonia st iden-
tiques ; mais il nous semble avoir eu tort d'adopter ce dernier nom, malgré son antériorité ,
puisque , d’après l’aveu de M. Kunth lui-même, ce genre avait été fort mal caractérisé par
Sprengel, au point d’être méconnaissable , et que, d’un autre côté, le nom générique d’Oftonia
est à peine distinct de celui d’Æottonia ; employé par Linné ponr un genre bien connu.
{Note des rédacteurs. )
1,0 F. MIQUEL. — Orr des genres de la famiile des Pipéracees:
IL. Muildera. Flores dioici, amentacei, nudi,è cyatho carnoso transversè
fisso gibboso sursim erumpentes. Hasc. Stamina 5-10 aut plura in serie sim-
plici aut duplici disposita, filamentis brevibus crassis , antheras biloculares,
loculis rima laterali extrorsum dehiscentibus , connectivo cra:so a se invicem
separatis , gerentibus. Pili,setiformes filamentis intermixti. Fem..Ovarium uni-
loculare. Ovulum unicum basilare orthotropum. Stigma sessile 3-4-lobum lobis
linearibus, puberulum. Bracteæ subglobosæ cyatho carnoso basi suffultæ. Embryo
in apice albuminis antitropus, turbinatus , radicula supera.— Frutices Javanici,
monticoli, arborescentes, erécti , scandentes ,: foliis petiolatis tripli-septupli-
uerviis coriaceis glabris subtüs albidis, floribus sessilibus amentaceis nudis
dioicis , in rhachi gracili vel dem incrassata è cyathis carnosis (an brattea) rima
transversa sursùm prorumpentibus. Baccæ rubicundæ aromaticæ remotiusculæ.
IT. Piper Linn. excl. sp. Flores bérmaphroditi aut feminei amentacei brac-
teis suffulüi, sessiles. Stamina: 2 lateralià , filamenus, brevibus crassis k antheram
bilocularem, extrorsam connectivo crasso instructam gerentibus. Ovarium sub -
glooosum aut ovoideum , sessile, stigmate 4-5-fido lobis lincaribus. Bacca ses-
lis, globosa , rarius basi, constricta: monosperma. Embryo in ;apice albuminis
antitropus.—Frutices arbusculæve, in lodiâ orientali et insulis Archipelagi Sun-
daici spontancæ, in montium et planitierum umbrosis, erectæ et scandentes , fo-
lis petiolatis altérnis 3- et multiplinerviis, amentis in ramis novellis oppositifolüs,
elongatis , remoufloris.
En comparant le caractère du genre Piper comme Linné l’a
établi dans son Gen. plani., édit. vi, n°,43, il est bien évident
que les espèces hermaphrodites asiatiques en font le type prin-
cipal, et ce fut surtout à cause de l'ignorance presquetotale de
la structure des fleurs et du fruit, que les espèces, découvertes
après ce temps-là, ont été toutes rapportées par les auteurs au
genre Piper.
IV. Macropiper. Flores hermaphroditi , amentacei, sessiles ; bracteis conca-
vo-peltatis suffulti. Antheræ sessiles oblongæ quadrisulcæ , tres et pluves indefi-
nitæ. Ovarium subglobosum. Stylus nullus. Stigma : puncta tria elevata. Bacca
monosperma. Embryo in apice albuminis antitropus.— Frutices vel suffrutices, in
insulis Oceani Pacifici nascentes, erecti , flexuosi ; caulibus teretibus nodosis ,
foliis :alternis petiolatis, petiolis plermque vaginantibus aut ferè totis mem-
branaceis. Amenta in foliorum axillis solitaria aut aggregata, pedunculata,teretia,
- filiformia , floribus densè técta. Virtus foliorum acris inebrians.
V. Pothomorphe.Flores hermaphroditi, amentacei .bracteis suffultr. Amenta
ante anthesim spathis inclusa, Stamima 1-2, filamentis crassis, antheris subglo-
F. MIQUEL. — Sur les genres de la famille des Pipéracées. 171
bosis bilocularibus dlateralibus. Ovarium trigonum uniloculare. Stigma tricuspi-
datam. Ovulum unicum. Baccæ densé confortæ , angulosæ , exsuccæ, bracteis
persistentibus separatæ et obtectæ.— Suffrutices in America et Asia tropica loca
‘umbrosis inhabitantes , erecti , nodosi, foliis longiter petiolatis cordatis, orbicu-
lato-cordatis peltatisve , petiolis vaginantibus , stüipula vaginæformi instructis,
lamimis mem branaceis multinervis. Inflorescentia umbellata & singula folii axilla
pedanculata solitaria aut duplex , quarum una major sex, altera brevior tria
breviter pedicellata amenta profert ; pedunculis tüm communibus , tüm specia-
hibus bracteis membranaceis vaginantibus Tonge acuminatis, dein caducis et
circulares cicatrices relinquéntibus instructis. Amenta linearia, cylindrica,
erecta , viridia , bracteis minutissimis punctiformibus albidis rilosis persistenti-
bus tecta , matura omnino cylindracea, teretia , baccis densissimè confertis extüs
non ‘discernendis.
Genus dubium. Laurea Gaudichaud. Flores hermaphroditi, in amentis cylin-
dricis densè dispositi, bracteis 2 vel pluribus squamæformibus villosis mixti.
Stamiva 2,antheris bilocularibus subglobosis, loculis lateralibus oppositis,
Jongitudinaliter dehiscentibus. Ovarium ovato-oblongum uniloculare. Ovulum.….
Stigma elongato-subulatum villosum. Bacca? (Conf. Voy. Freycinet, p. 513. —
Endhch. Gen. pl. p. 265).
VI. Peperomia Ruiz et Pav. Flores hermaphroditi , amentacei, bracteis
peltatis confertissimis suffuli. Stamina 2-plura , filamentis brevibus ; antheris
ovoideis globosisve , biloculatis.: Ovarium ovoideum aut angulatum sessile,
stigmate sessili verrucoso peltatove impresso glabro pübemve in ambitu ferente.
Baccæ confertissimæ , liberæ , angulosæ. Embryo in apice albuminis antitropus.
— Herbæ, suffrutices fruticesque carnosi in antiquo et novo orbi inter et extra-
tropicos copiosi ; folis alternis verticillatisve , sessihibus vel petiolatis, glabris
aut pilosis, suacculentis; amentis terminalibus aut axillaribus, densifloris,
caudam murinam simulanuibus.
VII Micropiper. Flores hermaphroditi amentacei , bracteis peltatis suffultr.
Stamina 2, filamentis crassis éomplanatis teretiusculisve brevibus , antheris
subglobosis biloculatis connectivo crasso instractis, extrorsum dehiscentibus.
Ovarium ovoideum , uniloculare , univvulatum. Ovulum basilare orthotropum.
Stüigma sessile penicillatum hispidum. Baccæ remotæ liberæ sessiles , ovoideæ vel
acuminato-rostratæ, Embryo turbinatus in apice albuminis, — Suffiutices
americam vel asiatici, erecti racemosi , succulenti ; folis alternis , oppositis aut
verticillatis , petiolatis aut sessilibus , plertinque ‘carnosis , pubescentibus ;
amentis axillaribus aut in ramis novellis terminahibus , gracihbus, remotifloris ,
post florcscentism elongatis, filiformibns, baccis exiguis, decidu's , plerümque
exsuccis nigricantibus.
192 F. MIQUEL. — Our les genres de la famille des Pipéracées.
VIII. Artanthe. Flores hermaphroditi amentacei, bracteis pedicellato-peltatis
dense imbricatis tecti. Stamina 2 et plura, filamentis brevissimis, antheris globulo-
sis, biloculatis, maturis quadrilobis. Ovarium pvoideum ; stigmate sessili verru-
culoso. Ovulum unicum basilare. Bacca obconica, iri-polygona , semen unicuin
conforme includens. Embryo in apice albuminis exiguus. — Frutices americani
arbusculæve , ramis valdè nodosis, glabris , verrucosis, hispidisve , fragilibus,
foliis ad nodos alternis petiolatis, membranaceis, venosis, nervo medio crasso
alternos ramos emittente, ovatis, oblongis , basi inæqualibus , apice plerèmque
acuminatis , ut plurimüm scabridis, pilosiusculis , rard glabris nitidisve. Amenta
cylindrica oppositifolia, pedunculata, foliüs breviora aut longiora , densiflora ,
floribus exiguis , bracteis peltatis scabridis pilosisve; matura ob fructus confer-
tissimos cylindrica. Baccæ pressione angulatæ nec connatæ , bracteis persisten-
tibus separatæ. Semina nitentia atro-brunnea et nigricantia , complanata, tri-
polygona , acuta includentibus.
IX. Serronia Gaudichaud. Flores hermaphroditi pseudo-racemosi, pedicellati,
bracteis cucullatis suffulti. Stamina 4 aut abortu 3 inæqualia , filamentis brevi-
bus, antheris cordiformibus, biloeularibus, extrorsis , lateraliter dehiscentibus.
Ovarium ovoideum , 4 stigmatibus sessilibus reflexis coronatum. Bacca pedicello
elongato suffulta, staminum reliquiis basi circumdata, monosperma. Embryo in
apice albuminis inclusus. — Frutex brasiliensis, ramis sermentosis teretibus di-
chotomis nodosis. Folia ad dichotomias alterna, ramulis primariis citiüs terminatis
opposita , ramulosque natu minores accrescentes in axillis foventia, ferè sessilia,
ovato-oblonga, suprema paullo inæquilatera, penninervia. Supulæ in axillis
pedunculorum lanceolatæ plicato-concavæ. Amenta racemosa in apice ramu-
lorum.
X. Zippelia Blum. Flores hermaphroditi densè spicati in axillà bractæ
membranaceæ cucullato-concavæ brevissinè pedicellati. Stamina 6, filamentis
brevibus basi cum ovario connatis, antheris introrsis, bilocularibus, ovato-
oblongis, à medio ad basin rima duplici dehiscentibus. Ovarium muricatum.
Ovulum unicum, basilare orthotropum, stylo terminali brevi crassiusculo
pentagono, stigmate quinquedentato. Bacca exsucca setis glochidiatis hispida.
Semen erectum, testà membranaceà. Embryo in apice albuminis carnoso-farinacei
excavato antitropus, turbinatus , radicula supera. — Planta javanica, rhizomate
repentè radicante, perenni, caulibus herbaceis, pluribus, simplicibus, genicu-
lato-flexuosis; folis alternis, petiolatis, unistipulatis, ovato-oblongis, acuminatis
basi obliquè cordatis , nervosè reticulatis, membranaceis, glabris ; amentis
ongè pedunculatis; solitariis, oppositifoliis.
c. KUNTIH. — Sur les Pipéracées. 179
OgsERvVATIONS sur la famille des Pipéracées.
Par CHarres KuNTH. (1)
( Extr. de la Linnæa , 1839, heft. 6, p. 561.)
Appuyé sur l'autorité de mon immortel maitre et ami L. C.
Richard , et convaincu par l’analogie incontestable qui existe
entre les Pipéracées et certaines Aroïdées, je considérai pendant
long-temps ce dernier groupe comme appartenant aux Monoco-
tylédones. Quelques botanistes distingués, entre autres M. Blume
partagèrent mon opinion, La tige des Peperomia en herbe a la
structure d’une Monocotylédone, puisqu'elle se compose de
faisceaux ligneux séparés. Dans les espèces arborescentes et
{rutescentes, le bois est compacte, disposé par couches et séparé
par des grands rayons médullaires. Au milieu, on observe, mais
seulement jusqu'à un certain âge, des faisceaux ligneux séparés.
Un tel exemple n'était pas propre à décider la question, car il
existe comme on sait de vraies Monocotylédones avec des cou-
. Ches ligneuses, et des Dicotylédones qui présentent des faisceaux
ligneux séparés dans l’intérieur de la tige. C'est dans l’examen
de la graine et de la germination, qu’il faut chercher lh solution
de cette question. Je n’ai pu observer moi-même leur germina-
tion. Les figures publiées par M. Blume, qnoiqu'elles aient été
données à l'appui de l’idée que les Pipéracées sont monocotylé-
dones, me paraissent contraires à cette opinion. Dans l’analyse
des graines de Piper que Richard m’a confiées en 1815, la radi-
(r) L'importance de ce travail monographique et la réputation de son auteur nous ont
déterminés à le reproduire dans les Annales des Sciences naturelles, Toutefois nous en avons
supprimé les descriptions détaillées des espèces , ainsi que les caractères naturels des genres,
nous bornant aux caractères essentiels , aux diagnoses spécifiques , et à la traduction des notes
allemandes, par M. Ch, Martins.
(Note des Rédacteurs.)
174 C. KUNTH., — Sur les Pipéracées.
cule de l'embryon me parut soudée avec le sac embryonnaire, et
cette circonstance lui fit prendre ce dernier pour un cotylédon et
l'autre pour une plumule très développée. Récemment je me
suis convaincu à diverses reprises que .cette soudure n'existe
pas plus dans les Piper que dans les Saururées et les Nymphaé-
cées (1), et que ces groupes appartiennent tous aux Dicotylé-
dones.
La famille des Pipéracées se compose, jusqu’à présent, des
genres suivans : Piper, Zippelia , Peperomia , Otionia | Lau-
rea , Dugagelia.
Linné ne connaissait que le genre Piper qui contient des es-
pèces herbacéees et ligneuses. Tous les botanistes jusqu'à Ruiz
et Pavon ont respecté ce genre. Geux-ci réunirent dans le genre
Peperomia, un certain nombre d'espèces herbacées qui se dis-
tinguaient des espèces ligneuses par le nombre des étamines qui
étaient constamment de deux et par un stigmate simple puncti-
forme. À: ces caractères, Richard ajouta celui des anthères
à une seule loge. Blume et d’autres botanistes, Endlicher entre
autres, ont rejeté tout-à-fait ce genre, ou ne l'ont admis que
comme section. Cette opinion est soutenable tant que la divi-
sion du genre Piper se borne à la distinction de ce genre
unique. Mais il est facile devoir|au premier coup-d’œil qu’il se
sépare facilement en plusieurs groupes naturels. Je n’ai pas les
matériaux nécessaires pour accomplir ce travail, car les espèces
de Java et de l'Inde me manquent totalement. Nos collections
sont très riches en espèces de l'Amérique, du Brésil surtout, et
je me bornerai à signaler les groupes naturels qu'elles présen-
tert. J'eusse été heureux de voir M. Blume entreprendre le
même travail sur les PT. de Java qui sont si bien connues
de ce botaniste. | |
Le genre Peperomia borné aux espèces herbacées et diandres
est un groupe très naturel qu’on peut subdiviser ensuite au
moyen de caractères tirés de la position des feuilles et des in-
(x) Cela n’est vrai que pour la graine müre. Sur de jeunes fruits d’Oftonia , j'ai trouvé
que l'embryon était toujours soudé à la partie supérieure du sac embryonnaire, Dans le
Saururus , celte soudure paraît aussi exister dans le jeune âge.
Ca
c. KUNTH: — Sur les Pipéracées. 17
florescences. L'étude des fleurs et des fruits à l'état sec est fort
difficile ; mais j'ai cru reconnaitre une grande uniformité dans
toutes les espèces que j'ai éexaminéés jusqu'ici.
J’a vais d'avord laissé dans le genre Piper, les P. wmbellatum et
P.peltatum maloré é leur habitus qui s'éloigne de celui des autres.
Plus tard dans mon Synopsis, j'ai proposé de le considérer comme
une section du genre Peperomia. M. Dictrich est le seul bota-
niste qui ait adopté cette opinion. De nouvelles recherches me
conduisent à la modifier de nouveau, pour considérér cés plantes
comme constituant un genre nouveau suffisamment caractérisé,
que je dédie à mon ami le professeur Hecker , qui a publié de
grands travaux sur l’histoire de la médecine, et dont les con-
naissances botaniques sont aussi fort étendues.
HECKERIA.
Car. mire. Flores sessiles, hermaphroditi. Stamina 2. Anthe-
ræ reniformes, uniloculares. Stigmata 3 sessilia, recurvata.
Fructus minutissimi, rhachin per quincunces densissime obte-
gentes, pressione mutua triangulares, obovato-turbinati. Semen
fructui conforme, triangulare. — Bracteæ peltatæ, margine
villoso-fimbriaiæ. Pedunculi axillares, 2-polystachyi ; spicis um-
bellutis.
1. HECKERIA PELTATA.
Ramulis Iævibus? glabris; folüis longe petiolatis, + supra basin repando- -Cor-
datam peltatis Le M RSA PRE acutis, membranaceis, pellucido-punctulau:,
utrinque glabris, marginem versus supra adpresso-pilosiusculis subtus in venu-
larum rete villosulo- Énats ; petiolis inferne membranaceo-alatis ; pedun-
cubs axillaribus, 2-polysiachyis.
Piper peltatum Lin. Sp. 42, (Plam. Am. t. sa Vabl Enum.. 1. 3836.
Willd. Sp. 1. 166.
Piper pruinosum Humb. et Kunth Nov. Gen. 1. 59. Willd. Herb. n. 705.
Piper umbellatum Sieb. Herb. Martin.,n. 5.
Peperomia peltata Dietr. Spec. 1. 142.
Peperomia pruinosa Kunth Synops. 1. 124.
Crescit in India occidentali (Jamaica ; Domivgo, Martinica), et ad fluvium
Magdalenæ.
176 c. KUNTH. — Sur les Pipéracees.
2. HECKERIA SCUTATA.
Ramis sulcatis, glabris ; foliis longe petiolatis, subrotundo-cordatis, breviter
acuminatis, membranaceis, pellucido-punctulatis, utrinque glabris, suhtus,
marginem versus, in venularum rete villosulo-fimbriatis ; petiolis inferne mem-
branaceo-alatis; pedunculis axillaribus, umbellato polystachyis.
Piper scutatum Wild. Herb. n. 703.
Peperomia scutata Dietr. Spec. 1. 143.
Crescit in Brasilia.
3. HECKERIA SPECIOSA.
Ramulis…. foliis longe petiolatis, + supra basin peltatis, subrotundo-ovatis,
subacuminatis, basi subtruncato-rotundatis ibique medio leviter repandis, sub-
coriaceis, pellucido-punctulatis, glabris, subtus margine extremo fimbriatis ;
petiolis inferne membranaceo-alatis; pedunculis axillaribus, umbellato-3- vel
polystachyis.
Piper speciosum Humb. et Kth. Nov. Gen. 1. 59. Willd. Herb. n. 704.
Peperomia speciosa Kunth Sÿynops. 1. 124.
Crescit in provincia Venezuela (Valles de Aragua).
4. HECK+RIA UMBELLATA.
Ramis flexuosis, sulcatis, angulis prominentibus petiolisque villosis ; folis
longe petiolatis, non peltatis, subrotundis, acutis, profunde reniformi-cordatis,
membranaceis, pellucido-punctulatis, utrinque præsertim in nervis et venis hir-
tello-puberulis, subtus densius et canescentibus ; pedunculis axillaribus, polys-
tachyis.
Piper umbellatum Linn. Spec. 43 (Plum. Am. t. 73). Willd. Spec. 1. 167.
Jacq. Schônbr. 2. t. 216 Vahl Enum. 356 { rami petiolique villosi ). Willd.
Herb. n. 700. fol. 3 (folium probabiliter plantæ olim in Horto Berol. cultæ).
Hort. Berol. 1835-39 (certe idem ac planta Herb. Willd.).
Piper pellatum Ruïz et Pav. 1.38. t. 59. f. a.
Piper fasciculatum Ruiz et Pav. Syst. 362.
Crescit in insula Sancto-Domingo, in Peruvia, cæt.
5. HECKERIA SIDÆFOLIA.
Ramulis flexuosis sulcatis, tenuissime puberulis ; foliis longe petiolatis, non
»eltatis, subrotundis, acutis, profunde remiformi-cordatis, membranaceis, pel-
,
lucido-punctulatis, supra præsertim marginem versus adpresso-pilosiasculis, in
C. KUNTH. — Sur des Pipéracées. og,
nervis et venis venulisque puberulis, subtus præcipuc in nervis et venis pu-
berulis; petiolis pilis punctuliformibus tenuissime puberulis ; pedunculis axilla-
ribus, 2-(3-5 fide Liuk.) stachyis.
Piper sidæfolium Link et Otto. Icon. t. 6.
Piper umbellatum Wild. Herb. n. 700. fol. 1. (folium à van der Schott
cum Willdenovio communicatum) ?
Peperomia sidæfolia Dietr. Spec. 1. 141.
B) Subglabrata.
Crescit in Brasilia.
G. HECKERIA SUBP: LTATA.
Ramis flexuosis, Iævibus? petiolisque glabris ; foliis longe petiolatis, non
peltatis, subrotundis, leviter reniformi-cordatis, acutis, membranaceis, pellu-
cido-punctulatis, glabris, in nervis et venis obsolcte, subtus tamen versus mar-
ginem In venularum rete perspicue puberulis; pedunculis axillaribus, 2-3-sta=
chyis, glabris.
Piper subpeliatum Wild. Spec. 1166 (1797). (Rumph. 6. t. 59. fig. +).
Vakl. Enum. 3. 339. Blume in Act. Bonu. 11. 224; f. 31. Ejusd. Enum, 1.74.
(Sieb. Herb. Maurit. n. 166).
Peperomia subpeltata Vietr. Spec. 1. 144.
Tiper latifolium Law. HI 1. 81 (1791).
Piper gemellum Wild. Herb. n. 702. Link Jahrb. 3. Gi. Dietr. Spec.
1. 688.
Crescit in India orientali, Java, Mauritius, cæt.
Si nous considérons le Piper nigrum L. comme le type du
genre Piper, celui-ci ne contiendrait alors que deux espèces, le
P. nigrum L. et le P. nigrescens Willd. J'ai possédé la premiere
plante en fruit venant de Cayenne où on la cultive. Les individus
de notre jardin qui viennent de celui de Paris, sont probable-
ment identiques mais trop jeunes pour qu'on puisse s’en assurer.
Dans les herbiers de Berlin, on trouve sous ce nom des espèces
bien différentes. Les échantillons sont si incomplets qu’ils ne peu-
vent fournir matiére à un examen attentif. Le 2. spurium Link est
souvent mélangé avec eux. Suivant M. Blume, le Piper nigrum a
des spadices hermaphrodites ou femeiles, des bractées linéaires,
arrondies au sommet, amincies vers la base, deux étamines avec
des anthères biloculaires, 3, 4, rarement 5 stigmates, et un fruit
bacciforme sessile et arrondi. Willdenow, considérant comme
XIV. Boran. — Septembre,
12
170 C. KUNTH. — Sur les Pipéracees.
une espece différente le _P. nigrum Fam. Herb. de Maurice, le
nomma P. nigrescens. M. Link l'a publié plus tard sous ce nom.
J'ai des exemplaires de cette plante en fleur. La description de
M. Blume s'applique rigoureusement à toutes leurs parties; cette
espèce si toutefois c’en est une, appartient donc à la section du
‘ P. nigrum.
Le Piper Cubeba de Linné est le type d’un autre groupe ou
genre naturel. Ses spadices sont dioïques; il y a deux étamines;
les écailles des fleurs femelles sont arrondies, ciliées; les stig-
mates au nombre de 3, plus rarement 4, sont sessiles, épars, re-
courbés et éloignés l’un de l’autre. Les fruits sont presque globu-
leux et se continuent avec les pédoncules qui les supportent. Je
n'ai pu étudier que les fleurs femelles de cette plante. Le P. ca-
ninum Blume (P. Cubeba Roxb.) en est très voisin. Si l’on admet
dans ce genre des espèces à fruits sessiles, il s'enrichira d’un
grand nombre d’espèces indiennes et javanaises. (:)
Voici l’'énumération des espèces de Piper que j'ai pu exami-
ner sur des échantillons incomplets. Elles sont toutes dioïques,
diandres et pourvues de feuilles à nervures saïllantes ( folia ner-
vosa) ; elles appartiennent probablement à des groupes naturels
différens.
1. Piper brachystachyum Wallich.
Épis femelles, arrondis. Bractées en forme de bouclier, ar-
rondies et nues. Ovaire sessile. Stigmate concave punctiforme.
2. Piper bæhmeriæfolium Wall.
Épis jaunes, probablement mâles. Bractées arrondies, non
imbriquées, très serrées.
3. Piper populoides Roxb.
Épis en fruit. Bractées peltiformes, poilues en dessous. Raies
globuleuses , sessiles.
4. Piper spurium Link Jarbrb. 3. 6 (P. glyphicum Hoffmanns.)
Les échantillons du Jardin botanique de Berlin sont tous
males. Bractées peltiformes, non de forme irrégulière. Il y a
deux étamines avec des antheres biloculaires.
1) Ce genre a été constitué par M. Miquel. Voyez plus haut, page 169. (Note des red, }
c. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 179
5. Piper nigrum Wild. Herb. n. 630.
* Recueilli par Klein dans l'Inde, mais distinct de l'espèce Lin-
néenne. L'échantillon est mâle. Il y a à côté un épi chargé de
fruits, mais il est douteux qu'il appartienne à cette espèce. Les
fleurs mâles paraissent diandres. Bractées peltiformes et nues.
6. Piper sylvestre Lam. in Willd. Herb. n. 685 (nec Lour).
Les épis mâles sont tout-à-fait identiques avec ceux du P. spu-
rium. Leurs bractées paraissent peltiformes et nues, et les fleurs
diandres.
7. Piper Betle Wild. Herb. n. 686.
Il est différent de celui qu'on cultive sous ce nom dans le Jar-
din botanique de Berlin, et probablement aussi de l'espèce Lin-
néenne. Les épis sont trop jeunes pour qu'on puisse y recon-
naître la structure des fleurs. L’échantillon a été donné par La-
marck à Willdenow.
8. Piper marianum Opitz.
Douteux. Les épis manquent.
9. Piper Siriboa Willd. Herb. n. 682.
Envoyé sous ce nom de l'Inde par Klein; il est très différent
du P. Siriboa de Rumphius. Les épis sont femelles; ils portent
des bractées peltiformes, et des pistils arrondis, sessiles, cou-
ronnés de trois, rarement quatre ou cinq stigmates. Les fruits
ne sont pas mürs, arrondis et sessiles.
10. Piper faliax Hort. Berol. (Vahlii)?
Épis mâles. Bractées imbriquées comme les tuiles d’un toit ,
ovales , arrondies , convexes, nues. Deux anthères sous chat
bractée, presque sessiles, à deux loges.
11. Piper longum Wüld. Herb. n. 606.
Tout-à-fait différent de celui qui est figuré par Rumphius.
Épis femelles. Bractées peltiformes, ARTE MS nues. Ovaire
globuleux , sessile, nu. Trois stigmates sessiles.
12, Piper aristolochioides Lam., Willd. Herb. n. 677.
Echantillon stérile, très semblable au suivant.
180 C. KUNTH. — Our les Pipéracées.
13. Piper Betle Hort. Berol.
Le manque d'échantillons authentiques met dans l’impossibi-
lité de décider si c’est la véritable espèce.
14. Piper abbreviatum (glandulosum) Opitz.
Échantillon sans fleurs, et par conséquent sans valeur.
35. Piper methysticum.
Apporté de Taïti par M. Lesson, qui me l’a communiqué, il
différe de la figure de Rumphius. Les épis sont encore très
jeunes, et paraissent mâles. Les bractées sont peltiformes et
nues.
16. Piper longum Decaisne, Timor. p. 169.
Est très différent de la figure de Rumphius citée par Linné.
Les épis sont mâles; les bractées peltiformes circulaires , nues.
Le rachis est poilu , les anthères à deux loges; je ne connais pas
leur nombre.
17. Piper latifolium Gaudich.
Des îles Mariannes. C’est peut-être la plante de Forster qui
porte le même nom , et certainement la même espèce qu'Opitz
(in Relig. Haenkeanis) décrit à tort sous le nom de P. decuma-
zum et comme originaire du Mexique. Les éps sont mâles, les
bractées arrondies et nues. Je n'ai pu étudier la structure des
étamines, ni m'assurer de leur nombre.
Cette énumération prouve combien mes connaissances sur
les espèces de Piper de l’ancien monde, sont encore imparfaites,
et combien j'ai besoin de l’aide de mes amis botanistes pour
continuer ce travail. Jai pu au contraire examiner un grand
nombre d'espèces connues ou inconnues du nouveau monde,
et je crois avoir découvert quelques divisions naturelles que je
vais circonscrire avec plus de soin.
L'un deux est le genre O/tonia publié déjà par Sprengel en
1820 (1), mais avec si peu de détails, qu’il est impossible de de-
(x) M. de Humboldt et moi avons dédié, en 1821, à M. Otto, directeur du Jardin de
Berlin, une ombellifere sous le nom d’Oftoa, pour éviter tonte confusion avec Hottonia.
Notre nom, étant postérieur à celui de Sprengel , devrait , à la rigueur, être détruit. Toute-
fois, Endlicher et De Candolle l'ont conservé , et ni l’un ni l’autre n’ont été de l'avis de
Sprengel , qui fait rentrer le genre Offoa dans le genre OEnanthe,
C. KUNTH. — Sur les Piperacées. 101
viner à quelle famille il appartient ; lui-même le rapprochait des
Urticées. M. Endlicher le place à la fin des Piperacées et encore
avec doute. Faut-il s'étonner qu'avec de pareils renseignemens,
MM, Guillemin et Gaudichaud aient ignoré l'existence de ce
genre et aient publié comme nouveau dans les Zcones Selectæ de
M. Delessert sous le nom de Serronia ? Leur description ni leur
figure ne laissent rien à désirer, mais leur nom ne saurait être
conservé, car il est le dernier (1). Si avec MM. Blume et Endlicher
on laisse le genre Piper intact, alors l'Otionia disparaîtra aussi,
car il ne se distinguerait plus du genre Piper que par son inflo-
rescence en grappe qui, dans quelques espèces, passe à celui en
spadice.
OTTONIA SPRENGEL.
SERRONIA Gaudich. Guillem.
Cæaracr. pirr. Flores pedicellati, hermaphroditi. Stamina 4.
Antheræ biloculares. Stylus brevissimus vel nullus. Stigmata 4,
crassiuscula. Fructus pedicellati elliptici vel subrotundo-ellip-
tici, sulcato-tetraquatri vel quadrangulares. Semen fructui con-
forme.— Bracteæ apice saccato-galeatæ reflexæ. Folia penniner via.
I. Species legitinmæ. Flores et fructus pedicellati.
1. OÔTTONIA DIVERSIFOLIA.
Ramis striato-sulcatis ; ramulis puberulis ; folis subæquilateris, oblongis. vel
Janceolatis, longe angusto-acuminatis, basi oblique rotundatis, membranaceis ,
obsolete pellucido-punctulatis, subtus in nervo venis petiolisque dense hir-
tellis ; pedicellis glabriusculis , fructu paulo jongioribus.
Crescit prope Rio Janeiro Brasiliensium (Sellow legit).
2. OTTONIA JABORANDI.
Ramis striatis, ramulis hirtelhis ; foliis subæquilateris, oblongis, acumimaus ,
basi inæqualiter rotundatis vel cordatis, membranaceis, subtus in nervo venis.
petiolisque densè hirtellis, epunctulatis ; pediculis hirtellis; fructu elliptico-suh-
glcboso, stigmatibus persistentibus cororato duplo longioribus.
Oftonia Anisum Spreng. N. Ent. 1. 255. Ejusd. Gundz. t. 3. f. 4 et 5.
Serronia Jaborandi Guillemin Icon. Deless. v. 3. tab. 90.
Crescit prope Rio Janeiro Brasiliensium (Gaudichaud misit).
(x) Voyez la note page 169 ( Note des rédact. )
182 C. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
3. OTTONIA PADIFOLIA.
Ramis leviter striatulis, ramulis, petiolis folusque utrinque glabris, his inæ-
quilateris, oblongis, acuminatis, basi inæqualibus vel æqualibus, leviter cor-
datis, membranaceis , subtilissime pellucido-punctulatis ; pedicellis glabris,
fructum ellipticam apice conico-attenuatum longitudine vix æquantibus.
Crescit in Brasilia meridionali (Sellow legit).
4. OTTONIA EUCALYPTIFOLIA.
Ramis flexuosis leviter sulcato-angulatis; petiolis foliisque glabris, his inæ-
quilateris , lanceolatis, subfoliatis, longe angustato-acuminatis, basi mæqualiter
cuneato-acutis, subcoriaceis, pellucido-punctulatis ; pedicellis glabris, fructu
paulo longioribus.
Crescit in Brasilia (prope Rio Janeiro legit Gaudithaud , prope Macahé ad ff.
Parahyba Luschnath).
5. OÔTTONIA MACROPHYLLA.
Ramis flexuosis, obsclete sulcatis ; petiolis foliisque glabris, his subinæquilatenis,
ovato-oblongis, acuminatis , basi rotundatis, subcoriaceis, ubique præsertim in
venularum rete pellucido-purctulatis ; pedicellis glabris…...
Crescit prope Rio Janeiro Brasiliensium (Sellow legit).
6. OTTONIA PROPINQUA.
Ramis flexuosis, obsolete striaus ; petiolis folhisque glabris, his inæquilateris
ovatis vel ovato-oblongis, acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, subco-
riaceis, obsolete pellucido-punctulatis ; pedicellis glabris…..
Ottonia Anisum Mertens in Herb. reg. Berol, (nec Spr.)
Crescit in Brasilia meridionali (Sellow legit).
7. OTTONIA VAHII.
Ramis flexuosis, striatis; petiolis foliisque glabris, his subæquilateris, ovato-
ellipticis, acuto-subacuminatis, basin versus subcuneato-angustatis, ima basi in-
æqualibus et leviter cordatis, subcoriaceis, subepunctulatis ; pedicellis glabnis,
fructu ovato-elliptico breviter acuminato-mucronato tetraquetro paulo brevioribus.
Piper ovatum Vahl Eclog. 1. 3. t. 1. Ej. Enum. 1. 325. Willd. Herb.
n. 652.
Crescit in Insula Trimitats.
© c«. KUNTH. — Our les Piperacées. 183
IL. Species anomalæ. Flores et frucius sessiles.
8. OTTONIA LEPTOSTACHYA.
Ramis sulcato-striatis; ramulis, petiolis foliisque glabris, his inæquilateris,
ovato-oblongis, acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, membranaceis,
epunctulatis ; fructibus sessilibus, ovatis, apice subconico-attenuatis, stigma-
tibus recurvatis coronatis, immaturis tetraquetris.
Crescit in Brasilia meridionali (Sellow legit).
9. OTTONIA LÆTA.
Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris, his subæquilateris, oblongo-lan-
ceolatis, oblongis, ovato-oblongis et ovatis, acuminatis, basi æqualibus vel inæ-
qualibus, acutis, obtusis vel rotundatis ima basi utrinque biglanduloso-incras-
satis, membranaceis et coriaceo-membranaceis, supra læte viridibus, opacis,
subtus pallidioribus; spicis rectis, folits duplo triplove brevioribus ; bracteis
subpetiolatis, saccato-subgaleatis, glabris; stüigmatibus 4, sessilibus fructibus
subrotundo-tetragonis; seminibus tetraquetris.
Piper Hoffmannsegsianum Lehm. in Lucæ Herb.
Piper citrifolium Link Jahrb. 3. 63 (forma foliis rigidioribus).
_ Piper Hoffmannsegoianum Schult. Mant. 1. 242 (forma folüs rigidio-
ribus ).
B latifolia.
Crescit in Brasilia meridionali (Gaudich. Sellow et Luschnath leg.)
10. OTTONIA KLOTZSCHIANA.
Ramulis, petiolis fohisque utrinque glabris, his oblique ellipticis, acuminatis,
basi inæqualiter rotundatis, rigidulo-membranaceis, obsolete pellucido-punctu-
laus, læte viridibus, supra subnitidis subtus vix pallidioribus, spicis rectius-
culis, folio dimidio brevioribus ; bracteis petiolatis, saccato-galeatis, patenti-
subreflexis, glabris; süigmatibus 4, sessilibus, crassiusculis; fructibus….
Crescit m sylvis prope Bahiam Brasilieusium (Luschnath legit).
ENCREA.
Un nouveau genre que je nomme Enckea , en l'honneur dn
célebre astronome Encke, offre les caractères suivans :
CHar. Dir. Flores sessiles, hermaphroditi. Stamina 5-6.
Antheræ biloculares. Stylus nullus, rarius brevissimus. Stig-
mata 3, rarissime b, crassiuscula. Fructus sessiles, distincti ,
184 C. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
approximati, rarius remotiusculi, subgloboso-ovati vel ellip-
tici, rarissime subclavato-oblongi. Semen sulcato-3-5-gonum.
Bracteæ conchæformes. Folia 3-9-nervia.
Quoique, par les caractères précédens, il soit fort difficile de
distinguer le genre Enckea de l'Oftonia, je ne puis me résoudre
à les réunir, et je suis persuadé que lorsqu'on aura fait de nou-
velles recherches sur le frais, on trouvera encore quelque diffé-
rence dans le nombre et la position des étamines, que je n'ai
pu déterminer exactement. Mais si l’on voulait réunir ces deux
genres en un seul, on pourrait considérer l’£Enckea comme une
section de l'Offonia, laquelle serait en outre caractérisée par
ses feuilles digitinerves.
1. ENCKEA UNGUICULATA.
Ramulis, petiolis folisque utrinque glabris, his oblique ovato-oblongis vel
ovatis, angustato-subacuminatis, acumine obtuso, rarius obsolete mucronulato,
basi inæqualiter rotundatis, rarius cordati, ima basi utrinque revolutis, 5-7-
nerviis, subcoriaceis, subepunctulatis, læte viridibus, opacis, subtus pallidio-
ribus ; spicis suberectis, folium subæquantibus ; bracteis spathulats, apice sub-
orbiculato-dilatatis et cucullato-concavis; stigmatibus 3, abbreviatis ; fructibus
subgloboso-ovatis, tenuissime hirtellis ; semine sulcato-pentagono.
Piper unguiculatum Ruiz et Pav. Flor. 1.34. t. 57. B. Vahl Enum. 1. 331.
Willd. Herb. 69+.
Piper terminale Huwb. et Kth. Nov. Gen. i. 57. Willd. Herb. n. 695.
Piper discolor Balbis Herb. (in Jamaica legit. Bertero).
Piper celtidifolium Desfont. Cat. 414 (Hamilt. Prod.)?
Piper celtidifolium Dietr. Syst. 1. 694?
- Créscit in America calidiore et insulis.
2. ENCKEA GLAUCESCENS.
Ramulis, peuolis foliisque utrinque glabris, his oblique ovato-oblongis, an-
gustato-subacuminatüs, acumine obtuso, mucronulato, basi inæqualibus; rotun-
datis vel acutis, ima basi interdum utrmaue revolutis, 5-nervis, submembra-
naceis, subepunctulatis, glaucecenti-viridibus, opacis; spicis suberectis, folium
ubæquantibus ; bracteis subrotundis, cucullato-concavis, glabris, subtilissime
ciliolatis; sügmatibus... fructibus…
Piper glaucescens Jacq. Eclog. 112. t. 76.
Piper geniculatum Willd. Enum. Suppl. 3.
Piper nodulosum Link Jahrb. 3, 62. Ejusd. Enum. 1. 36.
Piper dichotomur: Hort. Paris. ohim. (fide Jacq.) Patria ?
C. KUNTH. — Sur les Piperacées. 185
3. ENCKEA DISCOLOR.
Ramulis, petiolis folüsque utrinque glabris, oblique elliptico-oblongis , longe
acuminafis, acumine obtuso, basi inæqualibus et rotundatis ibique baud revo-
lutis, 5-nervis, membranaceis, densissime et obsolcte pellucido-punctulatis ;
satiate viridibus opacis, snbtus pallidioribus ; spicis tenuissimis, laxifloris, fruc-
üferis folio + brevioribus ; bracteis subrotundis, cucullato-concavis, basi subti-
lissime hirtellis; stigmatibus 3, abbreviatis ; fructibus remotiusculis, subclavato-
oblongis, obtusis, umbonatis, obsolete pentagonis glabris ; semine sulcato-penta-
gouo.
Piper discolor Schlechtend. in Linnæa 5, 74 (v.s. in Herb. reg. Berol.).
Hort. Bot. Berol. 1839.
Crescit in Regno Mexicano. 5.
4. ENCKEA BLATTARUM.
Ramulis junioribus petiolisque subtilissime hirtellis ; foliis ellipticis, acumi-
natis, acumine obtuso, basi subæqualibus et acutis, trinerviis, interdum sub-
triphinerviis, membranaceis, glabris, opacis, subtilissime pellucido -panctulatis ;
spicis longe pedunculatis, tenuibus, fiiformibus , sublaxifloris , patulis, foli\um
superantibus ; bracteis crassiusculis, truncato-rotundatis, subciliolatis; ovarüs
subglobosis ; stigmatibus 3, crassiusculis, patentibus ; fructibus.…
Piper blattarum Spreng. N. Entd. 2. 100 (v. s. a Bertero lect. et a Balbisio
miss. ).
Peperomia blattarum Dietr. Spec. 1. 150.
Piper discolor Wydler, Herb. Portoric. n. 407.
Crescit in Insula Portorico. 5.
B. ENCKEA CEANOTHIFOLIA.
Ramulis subuülissime hirtelis ; foliis oblique subrotundo-ovatis vel subrotundo-
elhpticis, acuminatis, acumine acutiusculo, basi inæqualiter rotundatis vel
acutis, >-nerviis, membranaceis, pellucido-punctulatis, opacis, supra satiate
vinidibus et glabris, subtus pallidioribus, in nervis petiolisque hirtello -puberulis ;
spicis patentibus, folio + brevioribus ; bracteis subconchæformibus, rotundatis,
supra glabris, subtus hirtellis ; stylo brevissimo ; stigmatibus 3-5, recurvatis;
frucubus subgloboso-ovatis, stylo mucronatis, glabris; semine inæqualiter te-
tragono.
Piper ceanothifolium Humb. et Kth. Nov. Gen. 1. 56.
Crescit in Nova Andalusia (Humb.) et in Brasilia prope Rio Janeiro (Gaudi-
chaud et Luschnath). 5.
186 C. KUNTH. — Our des Pipéracées.
G. ENCKEA PLANTAGINE:.
Ramulis hirtellis ; foliis oblique ovatis vel ellipucis, acuminatis, acumine ob-
tuso, interdum mucronulato, basi inæqualiter rotundatis vel subcordatis, 7-
nerviis, subtilissime pellucido-punctulatis, membranaceis, supra satiate viri-
dibus, glabris, nitidis, subtus pallidioribus inque nervis et petiolis hirtello-
pubescentibus ; spicis rectiusculis, tenwibus, folio + brevioribus ; bracteis con-
chæformibus , glabris, ciliolats ; stigmatibus 3, sessilibus, recurvatis; fructibus
subgloboso-ovatis, glabris ; semine elliptico, subtetragono.
Piper plantagineum Lam. filust. 1. 80. Vahl Enum 1. 330.
Piper medium Jacq. Coll 1.141. Ejusd. Ic. 1. t. 8. Willd. Enum. 47.
Piper syringæfolium Balbis in Herb. reg. Beroi. e Guadalupa.
Crescit in Insula Caribæis nec non in regno Mexicano.
7. ENCKEA STIPULACEA.
Ramulis petiolisque tenuiter canesceuti-tomentosis ; foliis ovato-subrotundis,
acuminatis, basi subæqualiter et leviter cordatis, 11-neiviis, membranaceis,
epunclulatis, opacis, utrinque molliter hirtellis, subtus densius et canescentibus,
supra satiate viridibus («picis folio triplo brevioribus ; baccis patentissinus, pedi-
cellatis, glabris. Fide Opiz).
Crescit in regno Mexicano.
8. ENCKFEA CALIFORNICA.
Kamulis, petiolis folisque glabris, his subrotuudo-ovatis, acuminatis, acu-
mine obtuso, basi inæqualiter et leviter cordatis 7-nervtis, membranaceiïs,
epunctulatis, opacis, subtus pallidioribus, spicis rectis, tenuibus, folio dimidio
brevioribus, laxifloris; bracteis couchæformibus, margine hirtellis ; stigmatibus
3°, crassiusculis; fructibus…
Piper californicum Opiz in Presl Reliq. Hænk. 3. 160. (v. s. in Herb. reg.
Berol ).
Crescit in California.
9. ESCKEA ORTHCSTACHYA.
Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris, his oblique obovato-ellipticis,
acuminatis, basi æqualibus et in petiolum angustatis, 5-7-nerviis, subcoriaceis,
junioribus obsolete pellucido- punctulatis, opacis, supra satiate viridibus, subtus
pallidoribus; spicis secundis , patentissimis, rectis folio + brevioribus; bracteis
conchæformibus, glabriuseulis ; stigmatibus 3 (et pluribus?), abbreviatis, re-
curvato-patulis; fructibus…
c. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 10%
Piper crthostachyum Kih. olim.
Crescit in Brasilia meridionali, prope Fds da Galera (Sellow legit).
10. ENCKEA LÆVIGATA.
Ramulis, petiolis fohisque utrinque glabris, his ovato-oblongis, longe acumi-
natis, acumine obtuso, basi æqualibus et rotundatis, 7-,junioribus, 5-nervuüs,
subcoriaceo-membranaceis, obsolete pellucido-punctulatis, læte viridibus, ni-
tidis ; spicis fructiferis rectiusculis, folio 4-5-plo brevioribus; bracteis…; fructibus
remotiusculis, cvato-ellipticis, stylo brevissimo stigmatibusque 3-5 abbreviatis
coronatis, glabris; semine sulcato-3-5-20n0.
Piper lævigatum Humb. et Kth. Nov. Gen. 1. 56. t. 3. f. 7-15.
Piper attenuatum Wild. Herb. n. 690.
Piper smilacifolium Wild. Herb. n. 671. fol. 3?
Piper uns .iculatum Pœpp. in Herb. Lucæano?
8
Crescit ad Rio Magdalena.
11. ENCKEA TENUIS.
Ramulis glabris, junioribus puberulis ; foliis ovato-oblongis vel oblongis,
longe angustato-acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, 5-nerviis, subco-
riaceo-membranaceïs, utrinque glabris, subtus in nervis vix puberulis, sub-
tilissime pellucido-punctulatis, læte viridibus, mitidis, subtus pallidioribus ; pe-
tiolis hirtellis ; spicis erectiusculis, tenuibus, folio 4-5-plo brevioribus ; bracteis
conchæformibus , ciliolatis; stigmatibus.. ; fructibus…
Piper tenue Humb. et Kth. Nov. Gen. 1. 56. Willd. Herb. n. 689.
Piper leptostachyum Willd. Herb. 1. c.
8. Angustifolia ; foliis lanceolatis, angustato-acuminatis, basi subæqualibus,
obtusis vel acutis.
Piper tenue Schlechtend. et Chamisso in Linnæa 6. 353 (v. sp. in Herb. reg.
Berol.).
Crescit in ripa fluminis Magdalenæ ; var. 8. prope Mi-antla, Mexicanorum
(Schiede).
12. ENCKEA SMILACIFOLIA.
Ramulis, petolis folisque glabris, his oblique ovato-ellipticis, acuminatis,
basi inæqualibus et acutiusculis, 7-nervis, subcoriaceo-membranaceis, obsolete
pellucido-panctulatis, læte viridibus, nitidis; spicis (fructiferis) rectiusculis,
fohio 3-4-plo brevioribus; bracteis apice cucullato-dilataris, glabris; fructibus
subgloboso-ellipticis, glabris ; semine sulcato-tetragono.
Piper smixlacifolium Humb. et Kunth Nov. Gen. 1. 56. Wild. Herb. n.
6g1. fol. 1. 2.
Crescit prope Caripe Cumaucusium.
188 C. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
13. ENCKEA LATA.
Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris, his subrotundo-ovatis , longe
acuminatis, basi æqualibus, et trancato-rotundatis, 9-nerviis, épunctulatis,
subcoriaceo-membranaceis, nitidis ; spicis.…
Piper latum Humb. et Kunth Nov. Gen. 1. 57. Willd: Herb. n.: 692.
Crescit ad ripas fluminis Magdalenæ (et? Insula Luzoniæ).
14. EÉNCKEA DUBIA.
Ramulis folüsque utrinque glabris, his oblique-ovato-oblongis, acuminatis,
basi subæqualibus, rotundatis vel levissime cordatis, subquinquenerviis (vel po-
tius subseptuphinerviis), membranaceis, peïlucido-punctulatis, opacis: petiolis
nudis, subtilissime hirtellis ; spicis fructiferis tenuibus elongatis, folium supe-
rantibus ; bracteis peltatis, ciliato-villosis; fructibus densiasculis, depresso-glo-
bosis, glabris; semine conformi, lævi.
Piper Poiteanum Kth. olim.
Crescit in Güiana gallica {Poiteau legit).
STEFFENSIA.
Le P. scabrum Poepp. (nec Ruiz et Pavon) et quelques Piper
américains encore inédits, m'ont paru devoir constituer par leur
réunion un genre particulier, que je désignerai sous le nom de
Steffensia. {1 se distingue par ses fruits comprimés latéralement
et disposés en lignes serrées verticillées ou hélicoïdes. Les brac-
tées squamiformes qui se trouvent àleur bord sont tantôt pétio-
lées , triangulaires et ciliées à leur bord, tantôt courbées en
forme de coquilles, et glabres. Il y à trois, rarement deux stig-
mates. Les étamines paraissent être au nombre de quatre ou
cinq. La difficulté que présente l'analyse de ces plantes à l'état
sec motivent suffisamment le doute que j'exprime ainsi. Ce genre
est dédié à mon collègue , le docteur Steffens , dont les études
profondes embrassent aussi la botanique , et auquel je desirais
depuis long-temps donner des preuves de mon estime et de
mon attachement.
Les caractères de ce genre, dont le nom se distingue suffisam-
C. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 189
ment par son orthographe et sa prononciation du genre Sfever-
sia ,sont les suivans.
CHaracr. Dir. Flores sessiles. Stamina 3-5? Antheræ bilocu-
lares. Stigmata 3 (rarissimè 2), sessilia. Fructus rhachim densis-
simè obtegentes, annulatim vel spiraliter dispositi infernè magis
minüus connati, pressione mutuà lateribus, præsertim infernè
compressi. Semen fructui conforme, lateribus, præsertim basim
versus compressuim.
Species a me VISE.
i. Species Piperi tuberculato Jacq. (Sieffensiæ tuberculatæ)
propinquæ. Folia plerumque basi valdè inæqualia , glabra.
1. STKFFENSIÀA XYLOPIOIDES.
Ramulis fohisque utrinque glabris, his lanceolatis , acuminatis , basi valde
inæqualibus ibique rotundatis vel acutiusculis, membranaceis, epunctulatis,
opacis ; stipulis per dorsum petiolo adnatis; spicis rectis, folio ; brevioribus;
pedunculo petiolum subæquante ; bracteis peltatis triangularibus, margine
ciliato-fimbriatis ; fructibus lateribus compressis, subquadratis ; semine lævi,
nitidulo.
Piper xylopioides Kth. olim.
Crescitin Brasilia meridionali (inter Bahiam et Nazareth legit Sellow).
2, STEFFENSIA NITIDA.
Ramuls foliüsque utrinque glabris , his breviter petiolatis, oblongo-lanceo-
ltis, acnminatis , basi valdè inæqualibus et rotundatis, membravaceis, epunc-
tulatis (punctatis, fide Wahl), supra nitidis, subtüs pallidioribus ; stipulis
petiolo per dorsum adnatis ; spicis juvenilhibus tenuibus, brevibus; pedunculo
petiolum superante ; bracteis peltatis , ciliato-villosis.
Piper nitidum Swartz Prodr. 15. Ejusd. Flor. 1, 58 (v.s. in Willd. herb.
n. 633) Wahl Enum, 1, 314.
Piper præmorsum Rottb. Sur. 16. Wahl Eclog. 1 , 4,
Crescit in Jamaica et Surinam.
3. STEFFENSIA GENICULATA.
Ramis tumido nodous, subverrucosis ; ramulis fohisque utrinque glabris, bis
190 C. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
breviter petiolatis, ellipticis vel oblongis, acuminatis , basi valdè inæqualibus et
rotundotis, membranaceis, epunctulatis, opacis, subtüs pallidioribus ; stipulis
per dorsum petiolo adnatis ; spicis rectiusculis, patentibus, folio 3-4-plo brevio-
ribus ; pedunculo petiolum subæquante ; bracteis peltatis, margine ciliato-
fimbriatis ; fructibus lateribus compressis , transverse parallelipipedis.
Piper geniculatum Swartz Prod. 15. Ejusd. Flor. 1, 57. Willd. herb.
n. 637, excl. fragm. (specimen sterile).
Piper nitidum Weïigelt herb. Surin. (ramulus suppetens vegetior, folus lon-
giüs petiolatis instructus ).
Piper secundum Pœpp. in herb. Lucæano (excl. synon.).
Crescit infJamaica et insula Trinitatis ( Wähl), Guiana { Poiteau et Weigelt )
et prope Huallaga Peruvianorum (Pæppig.).
4, STEFFENSIA? VERRUCOSA.
Ramulis petiolisque glabris, tuberculis (æcidiis?}, albidis , hemisphæricis,
obsitis ; foliis ovato-oblongis, angustato-acutis ; basi inæqualibus et rotundato-
cordatis, coriaceis, glabris, epunctulatis, suprà opacis, subtüs pallidioribus ;
stipulis per dorsum petiolo adnatis ; spicis:. . .
Piper verrucosum Swartz Prod. 15. Ejusd. Flor. 1 , 56 (v. in Willd. herb.
n. 638 , folia et ramalum). Wahl Enum. 1, 324.
Crescit in Jamaica.
B. STEFFENSIA TUBERCULATA.
Ramis sæpè verruculosis; ramulis junioribus puberulis; foliis brevissimè pe-
tiolatis, obliquè ovatis, evato-oblongis vel Chlongis , acutis vel subacumi-
natis , basi valdè inæqualibus et rotundatis, rarissime} subcordatis, sabmem-
branaceis , epunctulatis, glabris, mitidis, subtüs in nervo et venis puberulis;
stipulis per dorsum petiolo adnatis ; shicis secundis, patentibus , rectiusculis,
folia subæquantibus vel superantibus; pedunculo petiolo multoties longiore ;
bracteis peltatis, ciiato-fimbriatis ; fructibus lateribus compressiusculis, sub-
quadratis ; semine subtilissimè reticulata-scrobiculato , nitidulo.
Piper tuberculatum Jacq. Gollect. suppl. Ejusd. Icon. 2, t. 211. — Wahl
Enum. 1, 325. — Humb. et Kth. Nov. gen. 1, 53. — Willd. herb. n. 676,
f. 1-4.
Piper nutans Opitz im Kel. Haenk. 3, 156 ‘fide synon. Bredemey. , in herb.
Willd.)
Piper acutifolium Pœpp. in herb. Lucæano (excl. syn.).
Piper verrucosum Sieb. Flora Trinitatis , n. 17 (nec Swartz).
Piper macrourum Humb, et Kth Nov. gen. 1, 94. — Willd. herb. n. 679.
C. KUNTH. -— Sur les Pipéracées. 194
Piper scabrum Willd. herb. n. 675 (excel. syn. Swartz.)
8 glabratum.
Piper Linkii Dietr. Spec. 1, 663(P. éubercutatum? Wild. kerb. n. 676, fol. 4.
— Liok. Jahrb., 61.— (Ramulus robustior, internodiis 2-4 + pollicaribus).
Piper obliquum Balbis in herb. Berter. (excl. synon.)
Crescit in America calidiore et imisulis (Rio Magdalena, Caracas , Cumana,
Peruviæ Andes. , insula Trinitatis et Mexico).
G. STEFFENSIA LUSCHNATHIANYA.
Ramulis junioribus puberulis ; foliis brevissimé petiolatis, oblique oblonpgis,
acuminatis basi valdè inæqualibus et rotundatis , subcoriaceis , epunetulatis,
suprà glabris , opacis, subtus præsertim in nérvo et venis puberulis ; stipulis.….. ;
spicis erectis, folio 5-6-plo brevioribus ; pedunculo petiolum duplo superante ;
bracteis peltatis , Ciliato-villosis ; fructibus later:bus compressiusculi , subqua-
dratis ; semine breviusculo, opaco.
Piper Luschnathianum Kunth olim.
B forma glabrata.
Crescit in Brasilia (prope Capocabana legit Luschnath., prope Rio Janeiro
Gaudichaud)) var. 6 in insula Sancta Catharina (Gaudich. ),
7. STEFFENSIA AMPFLA.
Ramulis foliis utrinque glabris, his ellipticis breviter acuminatis ; : basi
subæqualibus et rotundatis, membrawaceis, suprà nitidis, subtùs obsoletè punc-
tulatis; petiolis nudis, pedunculo duplo longivribus; spicis rectis, folio daplo
brevioribus; bracteis conchæformibus, glabris; fructibus immaturis infernè
connatis, superné convexis , glabris.
Piper amplm Kth. ohim.
Piper sylvestre Flor. flumin. 1 , t. 56?
Piper nigrum ex Brasilia Beyr. in Hort. Berol.
Grescit in Brasilia meridionali (Rio Janeiro Gaudichaud ; Corcovado , Lusch-
nath , Guidowald , Sellow.!.
G. STEFFENSIA ANONÆFOLIA.
Ramulis junioribus alternatim ad unum latus linea duplici pilorum hirtellis ;
foliis elhptico-oblongis, acuminatis ; basi æqualibus et acutis, subcoriaceis,
glabris, epunctulaus, suprà opacis ! subtüs nitidulis; petiolis pedunculo vix
longioribus , nudis; spicis leviter curvatis, folio 5-6-plo brevioribus ; brac-
teis subconchæformibus, glabris ; ovariis lateribus compressiusculis , infernè
conratis, glabris.
102 C. RUNTH. — Sur les Pipéracées.
Piper anonæfolium Kunth olim.
Crescit in Guiana gallica (Poit. legit).
9. STEFFENSIA EUCALYPTIFOLIA.
Ramulis junioribus alternatim ad unum latus sccundum longitudinem hirtel-
ls; foliis lanceolatis , acuminatis, basi æqualibus et acutis, membranaceis,
utrinquè glabris, opacis, subtilissimè punctulatis ; petiolis nudis, pedunculo
dimidio brevioribus; spicis erectiusculis, rectiusculis, folio multotiès brevioribus;
bracteis conchkæformibus, glabris ; ovariis depresso -globosis , basi connatis ,
glabris ; fructibus. .
Piper encalyptifelium Rudge , Guian. 10, t. 6.
Crescit in Guiana gallica (Poit. legit).
STEFFENSIA HHODODENDRIFOLIA
Ramalis pilosiusculis ; foliis needs acutis, subæquilateris, basi inæqua-
libus et rotundatis, suprà subballatis, subtüs reticulato-sublacunesis , subco-
riaceo-membranaceis, rigidis, suprà glabris et nitidulis, subtùs, præsertim in
nervo, venis petiolisque pilosis, his nudis, pedunculum æquantibus; spicis
cylindraceis, obtusis, rectiusculis , folio multoties brevioribus; bracteis cucul-
lato-inflexis, glabris ; fructibus (immaturis) verticè hberis et glabris.
Piper rhododendrifolium Kunth olim.
Crescit prope Bahiam (Lhotzky legit).
STEFFENSIA ? ANGUSTIFOLIA.
Ramulis pilis retrorsis curvulis puberulis ; foliis angustè-lanceolatis , acu-
minatis, basi subæqualibus et acutis, membranaceis, utrinquè glabris, epunc-
tulatis, opacis; petiolis brevibus, nudis, puberulis; spicis jumioribus abbre-
viatis , oblongis; bracteis glabris.
Piper angustifolium Lam. Ill. 1,81 ( v. specim. in Willd. herb. n. 632)
— Wahl Enum. 1, 312.
Crescit in Güiana. +
12. STEFFENSIA CONSANGUINEA.
Ramulis petiolisque pilis recurvatis densè hirtellis; foliis lanceolatis, obtu-
siusculis, basi dimidiato-rotundatis et leviter cordatis , membranaceis ,f epunc-
tulatis , opacis, supra glabris , subtùs ad nervum venasque primarias pilis parvis
curvulis hirtellis; petiolis nudis; spicis juvenilibus brevibus, cylindraceis ;
bracteis glabris.
C. KUNTH. — Sur les Pipéracees. 195
Piper consanguineum Kunth olim. ’
Crescit in Guianâ Gallicä (Poit. legit).
13. STEFFENSIA EVONYMIFOLIA.
Ramulis junioribus subtilissimè hirtellis; foliis breviter petiolatis, vix obliquè
oblongis vel subovato-oblongis, acuminatis , basi æqualibus et acutis, membra-
naceis, utrinque glabris, subtüs subüllissimè punctulatis, opacis; pcetiolis nu-
dis; spicis juvenilibus brevibus , cylindraceis.
Piper lanceolatum Pœpp.*in herb. Lucæan, (nec Ruiz et Pav.).
Piper evonymifolium Kunth olim.
Crescit in Peruvià subandinä (Poepp. legit).
Ir. Species Fiperi adunco Linn.(Steffensiæ aduncæ) propinquæ,
14. STEFFENSIA OBLONGA.
Ramis glabris; ramulis papuloso-punctulatis ; folüis elliptico-oblongis, acu-
minatis, basi inæqualibus et acutis , rigido-membranaceis , obsoletè pellucido-
punctulatis , suprà glabris , nitidis ?, subtüs in nervo et venis adpresso-pube-
rulis ; spicis brevissimé pedunculatis, secundis, patentissimis, rectis , folium vix
æquantibus; pedunculo petiolo 2-3-plo breviore; bracteis peltatis, ciliatis ;
fructibus lateribus compressis, oboyato-subquadratis; semine obsoleté et subti-
lissimè reticulato, opaco.
Piper oblongum Chamisso et Schlecht. in Linnæä 5, 73 (excl. syn. ) v. s.
in Herb. reg. Berol. ;
Crescit prope Hacienda de la Laguna Mexicanorum (Schiede legit).
15. STEFFENSIA SECUNDA.
Ramulis obsoletè scabriusculis ; foliis elliptico-oblongis, acuminatis, basi sub-
æqualibus et acutis, membranaceis, utrinquè glabris, opacis, juvenilibus subti-
lissimè pellucido-punctulatis ; spicis secundis , patentibus, rectis, folium sub-
æquantibus ; pedunculo petiolum duplo superante ; bracteis apice cucullato-
conchæformibus ibique ciliatis ; fractibus. ….
Piper secundum Ruiz et Payon. Flor. ‘1, 36,1, 62 & (v. s. in Herb. reg.
Berol.).— Vahl Enum. 1 , 317.
Piper heteromallum Pers, Synops. 1 , 33.
Crescit in Peruviä,
XIV. Botan,== Octobre, 13
104 c. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
16. STEFFENSIA DIOSPYRIFOIIA.
Ramulis glabnis; folüs oblongis, breviter acuminatis, basi acutis ibique
æqualibus vel inæqualibus, membranaceis, subtilissimè pellucido-punctulatis ,
glabris, supra subnitidis, subtùs ad nervum et venas pilis minutissimis adpressis
obsitis; petiolis nudis , pedunculum subæquantibus; spicis secundis ?, patulis ,
rectis, folio dimidio brevioribus ; bracteis sabconchæformibus, glabris; ovariis
depresso-subrotundis, basi connatis ?, glabris ; fructibus.….
Piper diospyrifolium Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali, prope Vriro (Sellow legit}.
17. STEFFENSIA CHIMONANTHIFOLIA.
Ramälis junioribus pubescenti-hirtis ; folüis obliquè oblongo-lanceolatis, ani-
gustato-acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, rigido-membranaceis, obso-
letè pellucido-punctulatis, suprà punetulato-scabris , subbullatis, nitidis, subtùs
in nervo et veuis hispidulo-pubescentibus ; spicis rectis , folio vix dimidio bre-
vioribus ; pedunculo petiolum triplo superante, bracteis peltatis, ciliato-fim-
briatis ; fructibus lateribus compressis, subrotundis ; semine obsoletè punctulato-
-scabrato, mtido.
Piper chimonanthifolium Kth. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (a Rio Janeiro ad Bahiam et inter Vittoriam et
Bahiam legit Sellow.).
18. STEFFENSIA CITRIFOLIA,
Ramulis junionibus hirtellis ; foliis oblongis, angustato-acuminatis, basi æqua-
hibns vel inæqualibus ibique subrotundatis, subcoriaceo-mémbranaceis, supra
glabris, nitidis, subiùs præsertim in nervo et venis hispidulo-hirtis , obsoletè
punctulatis ; stipulis…. ; spicis réctis / fôfi6 duplo triplove brevioribus ; pedun-
culo petiolum suum subæquante; bracteis apice subcucullato-inflexis 1bique
triangularibus et hirtellis ; fructibus latéribus compressiusculis, subquadrato-
elipücis ; semine læviusculo , nitidulo.
Piper citrifolium Lam. Il. 1 , 80.
Piper longicuspe W 14. Herb. n. 634.
Piper rugosum Vahl Eclog. 1 , 4,t.9. Ej. Enum. 1, 318.
Crescit in Caiennâ,
19. STEFFENSIA JACQUEMONTTANA,
Ramulis yerruculosis, junioribus hirtis; foliis obliquè ovato=oblongis, longé
C. KUNTH. = Sur les Pipéracées. 105
acuminatis, basi subinæqualibus et rotundatis, membranaceis , subtilissimè
pellucido-punctulatis , supra papuloso-punctulatis, glabris, subnitidis | subtüs
in nervo venis petiolisque hirtis; spicis rectis, erectiusculis, folio 3-4-plo
brevioribus ; bracteis peltatis, ciliato- fimbriatis; ovariis infernè connatis
supernè liberis, verticè pilosiusculis; fructibus..... |
Piper Jacquemontianum Kih. olim.
Crescit in insulà Sancto Domingo (Jacquemont legit).
20. STEFFENSIA ASPERIUSCULA.
Ramulis tuberculis minutissimis exasperatis ; folis oblique elliptico-oblongis,
longè açuminatis, basi inæqualiter rotundatis, rigido-membranaceis , subtilis-
simè pellucido-punctulatis, utrinquè scabriusculis , suprà subbullatis et subniti-
dulis, subtüs lacunosis; spicis tenuibus, rectis, folio 1/2-1/3 brevioribus,
pedunculo petiolum vix superante ; bracteis peltatis, hirsutulis ; fru ctibus..….
Piper aperiusculum Humb. et Kunth Nov. gen. à , 51. — Willd. Herb.
n. 665.
Crescit ad fluvium Magdalenæ. 3
21. STEFFENSIA GLABRATA.
Ramulis folüs utrinquè glabris, his breviter petiolatis, ovato-oblongis vel
ovato-sublanceolatis , longè acuminatis , basi inæqualibus et rotundatis, lineato-
venosis, membranaccis, pellucido- punctulatis, opacis ; spicis erectiusculis,
rectis, folio dimidio brevioribus ; pedunculo petiolum vix superante ; bracteis
peltatis, margine cilato-fimbriatis ; fructibus. ....
Piper glabratum Kih. olim.
Grescit locis humidis apricis Brasiliæ meridionAlis (Luschnath legit).
à 22. STEFFENSIA ADUNCA.
Ramulis obsoleté tuberculato-punctulatis, junioribus hispidulis ; folis breviter
petiolatis, oblongis, acumimatis, basi inæqualibus et rotundatis , lineato-venosis,
rigido-membranaceis, pellucido-punctulatis, suprä scabriuscalis ; opaçis, subtüs
puberulis; spicis erectis, falcato-curvatis , folio 1[2 brevioribus; pedunculo
petiolum ä-5-plo superante ; bracteis peltatis , ciliato-fimbriatis; fructibus late-
ribus compressis, subrotundis ; semine conformi, subquadrato , sublævi, opaco.
Piper aduncum Linn. Spec. 41.—Plum. Am. 177.—Jacq. Ic, 2, t. 210.—
Vahl Enum. 1, 319. —Willd. Enum. 1, 46. Ej. Herb. n. 663.
Piper scabrum Lam. Ill. x , 80.
B glabrata:
1? tomentosæ Schlechtend. in Linnæà 7, 137..
Crescit in Caribæis, Surinamo , Caïennä et Mexico,
13,
196 © KUNTH, — 57/1 des Pipéracées.
23. STEFFENSIA CELTIDIFOLIA.
Romulis jumioribus hirtis; foliis brevissime petiolatis, obliqné lanceolato-
oblongis, acuminatis, basi angustatis et subæqualibus, sublineato-venosis,
rigidis, subconcoloribus, pellucido-epunctulatis, supra snbbullatis et scabris,
subtüs hirto-scabriusculis ; spicis patentibus, falcato-curvatis ; pedunculo petio-
lum quadruplo superante ; bracteis peltatis, cihato-fimbriatis ; fractibus lateri-
bas compressiusculis, subobovatis ; semine subtilssimè reuüculato-scubrinsculo.
Piper cellidifolium Humb. et Kth. Nov. gen. 1, 50.— Willd. Herb, n. 664
(specim. incomplet.).
Crescit in Novâ Andalusià, prope Caripe.
2/4. STEFFENSIA SALICARIÆFOLIA.
Ramulis junioribus densè hirtis ; foliis breviter petiolatis, obliquè lanceolatis,
acumivatis, basi inæqualibus et rotundatis, rigidulo-membranaceis , pellucido-
punctulatis, suprà scabriusculis et opacis , subtüs in nervo et venis hirto-pubes-
centibus ; spicis leviter arcuatis , folio dimidio brevioribus ; peduuculo petiolum
suum multo superante ; bracteis peltatis , ciliato-fimbriatis ; fructibus lateribus
‘compressiusculis, subobovatis ; semine Iæviusculo,
Piper salicariæfolium Kth. olim.
Crescit prope Rio Janeiro (Gaudich, legit).
2h. STEFFENSIA ELONGATA.
Ramulis pilosis; foliis brevissiue petiolatis, obliquè lanceolatis, longè
acumivatis, basi inæqualibus et cordatis, lineato-venosis, subcoriaceis , pellucido-
punctulatis, suprà bullulatis scabris et opacis, subtüs lacunosis et molliter hirto-
pubescentibus ; spicis leviter curvatis, folio 173 brevioribus ; pedunculo petiolum
4-plo superante ; bracteis peltatis, ciliato-fimbriatis ; fructibus lateribus com-
pressiusculis, obliquè obovatis ; semine subtilissimè reticulato.
Piper angustifolium Ruiz et Pav. F1. Peruv. 1,38 ;t. 57 a (v.s. in herb.
Willd. n. 659). |
Piper elongatum Vahl Enum. 1, 512.
Crescit in Peruvià.
26. STEFFENSIA ? GAUDICHAUDIANA.
Ramaulis hirto-pubescentibus ; foliis oblique oblongo-lonceolatis, longe acu-
minatis , basi inæqualibus et acutis, membrauaceis, epunctulatis, opacis, suprä
punctulato-scabris, subtùs puberulis, in nervo et venis petiolisque canescenti-
c. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 197
sericeis; spicis leviter curvatis?, folio 1/3 brevioribus ; pedunculo petiolum
subæquante ; bracteis peltatis, pilosis , ciliatis; fructibus. ..….
Piper Gaudichaudianum Kth. olim.
Crescit in Brasilià ( prope Corcovado, legerunt Gaudichaud et Luschnath).
27. STEFFENSIA SCABRA.
Ramulis hirto-tomentosis ; foliis oblique oblongis vel elliptico-oblongis, acu-
minatis, basi inæqualibus et rotundatis, sublineatis, rigido-membranaceis ,
epunctulatis, utrinquè puberulis, supra scabriusculis, subtüs in nervo et venis
adpresso-pubescentibus ; spicis erectis, rectis, folio dimidio brevioribus ; pedun-
culo petiolum paulo superante ; bracteis peltatis, ciliato-fimbriatis ; fructibus..….
Piper scabrum Swartz Flor. Ind. occid. , 159. (v. s. in herb. reg. Berol.
prope Porto Bello(Isthm. Panamens.) lect .a Billbergio nuss.).
Crescit in Jamaicà et isthmo Panamensi.
28. STEFFENSIA HIRSUTA.
Ramulis petiolisque hirtis ; foliis oblique elliptico-oblongis, acuminatis, basi
inæqualibns et rotundatis, sublineatis, rigido -membranaceis, epunctulatis,
opacis , suprà punctulato-scaberrimis, subtüs in nervo et venis hirto-pubescen-
tibus; spicis suberectis, rectis , folio dimidio brevioribus ; pedunculo petiolo
parüm breviore ; bracteis peltatis, hirto-tomentosis ; fructibus. ..….
Piper hirsutum Swariz Flor. End, occid. 1,,60(v. s. in Wilid. Herb. n. 666).
—Vahl, Enum. 1, 323.
Piper hispidum Swartz Prod. 15.
Crescit in Jamaicâ (Swartz) et valles de Aragua (Humb.).
29. STEFFENZIA? Oprzil.
Ramulis tuberculoso-scaberrimis, junioribus pilis brevibus rigidis recurvatis
striguloso-scaberrimis; foliis obliquè ovato-oblongis, acuminatis, basi dimidio-
rotundatis vel subcordatis , rigido-membranaceis, suprà substriguloso-hirtellis
subtilissime pellucido-punctulatis; spicis rectis, folio dimidio brevioribus;
pedunculo petiolum pauld superante ; bracteis cucullatis, ciliolatis ; fructibus.….
Piper .asperifolium Opiz in Rel, Haenk. 3, 153 (excel. syn. } v.s. in herb,
reg. Berol.
Crescit in Peruvii.
30. STEFFENSIA ALNOIDES.
Ramulis hirto-villosis; folüs oblique ovato-oblongis, acuminatis, basi
108 C. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
mæqualibus et rotundatis, subcordatis ; rigidulo-membranaceis , pellucido-
punctulatis, suprà subbullatis hispidulo-scaberrimis et opacis , subtùs hispidulo-
pubescentibus ; spicis rectis, folio 3-4-plo brevioribus ; pedunculo petiolum folii
sui duplo superante; bracteis peltatis, vertice hispido-pilosis ; fructibus. ..…
Piper alnoides Kth. olim.
Crescit in Brasilià (in insulà Sanctä-Catharinà legit amicus Gaudichaud).
31. STEFFENSIA? FLEXUOSA:
Ramulis petiolisque molliter hirtellis; foliis oblique ovato-oblongis, longè
acuminatis, basi inæqualibus rotundatis vel dimidio-cordatis, membranaceis,
subepunctulatis , suprà opacis pilisque adpressis conspersis , subtüs pallidioribus
inque nervo venis venulisque adpresso-sericeo-pubescentibus; spicis erectis ,
folio brevioribus (fide Jacq.); bracteis suprà planis, fimbriato-ciliatis (Jacq. ) ;
fructibus...…
Piper flexuosum Wild. Enum. Suppl. 3. Ejusd. herb. n. 650 ( Specimen
juvenile incompletum).—Jacq. Eclog. 1. 139 , t. 93.
Piper Jacquinianum Schult. Mant, 1. 234.
Crescit in Provincià Caracasanâ.
32. STEFFENSIA ASPERIFOLIA.
Ramulis adpresso-hirtellis ; foliis obliquè elliptico-oblongis, acuminatis ; basi
inæqualibus et rotundatis, sublineatis , rigidulo-membranaceis , suprà punetu-
lato-scaberrimis, opacis , subis nigro-punctulatis ibique præsertim in nervo et
venis hirtellis; spicis erectis, folium subæquantibus; pedunculo petiolo tomen-
toso huto 2-3-plo breviore ; bracteis peltatis , hirsutis; fructibus. .…..
Piper asperifolium Richard in Act. Soc. hist, nat. Paris, 1, 105 ?— Ruiz et
Pavon Flor. Peruv. 1 , 37, t. 56 b (v. sp. in Wild. herb. n. 674).
Crescit in Peruvià.
33. STEFFENSIA OLFERSIANA.
Ramulis tomentoso-hirtis; foliis :brevissimè petiolatis , cblongis, acuminatis ,
basi inæqualiter cordatis, rigido-membranaceis, pellucido-punctulatis , suprà
punctulato-scabris, subbullatis, subtüs præsertim in nervo et venis hirtis, adul-
is sublacunosis; spicis striatis erectiusculis, folio vix 1/3 brevioribus ; pedun-
culo petiolum duplo superante ; bracteis peltatis, ciliato-fimbriatis ; fructibus
lateribus compressiusculis , obliquè obovatis ; semine breviusculo, subopaco.
Piper Olfersianum Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Campos, Vittoria, Bahia , Sellow legit).
©. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 199
34. STErFENSIA PoEpPicn.
Ramulis retrorsüm striguloso-sericeis ; fuliis obliquè ovato-oblongis , acumi-
natis , basi inæqualibus et rotundatis, membranaceis, pellucido-punctulatis ,
opacis supra punctulato-scabris pilisque minutis adpressis conspersis , subtüs
molliter pubescentibus ; junioribus sericeo-pubescentibus ; spicis erectis, rectis,
folio 1/3 brevioribus; pedunculo petiolum subæquante ; bracteis peltatis, ciliato-
fimbriaus ; fructibus lateribus compressis subrotundis ; semine reticulato-scrobi-
culato , opaco.
Piper scabrum Poeppig in herb. Lucæano (non Ruiz et Pav.).
Piper dichotomum Poeppig in herb. Lucæano(nec Ruiz ct Pav.)?
Crescit in Peruvià subandinà.
35. STEFFENSIA MOLLIS.
Ramulis petiolisque molliter tomentoso-pubescentibus, canesceuntibus ; foliis
obliquè ovato-oblongis, longissimè acuminatis, basi inæqualiter rotundo-subcor-
datis, rigidulo-membranaceis , pellucido-punctulatis, suprà strigulosis, subtùs
pilis fuscis molliter pubescentibus ; spicis rectiusculis, {olio 2/3. brevioribus ;
pedunculo petiolo 2-3-plù longiore; bracteis peltatis, ciliato-fimbriatis; fructibus
obovato-subrotundis | subangulatis ; semine inæqualiter trigono , reticulato-
scrobiculato.
Piper acutifolium Mort. Berol. 1835 (foliis profundius cordatis ).
Piper mollicomum Kth. olim.
Crescit in Brasiliâ (prope Rio Janewo, interque Campos et Vittoria , legerunt
Gaudichaud, Sellow.).
36. STEFFENSIA ? ACUTIFOLIA.
Ramulis villoso-pilosis ; foliis brevissimè petiolatis, ovatis, longè acuminatis,
basi profundè dimidiato-cordatis , rigidis, pellucido-punctulatis, suprà subbul-
latis , scabriusculo-hirtis et opacis , subtüs sublacunosis et molliter hirio pu-
bescentibus ; spicis (juvenilibus) rectis , folio multo brevioribus ; bracteis pelta-
tis, ciliato-fimbriatis; fructibus. ..….
Piper acutifolium Ruiz et Pav. Flor. Peruv. 1, 38,t. 64 a (v.s. in Willd.
herb. n. 678. — Vah]l Enum. 1 , 325.
Piper volutinum Opiz in Reliq. Haenk. 3, 157; excl. synon. (fide specimi-
nis infherb. reg. Berol.).
Crescit in Peruvià et ? Mexico.
200 C. KUNTH. — Sur les Piperacées.
37. STEFFENSIA? RADuLA.
Ramulis petiolisque villoso-tomentosis ; foliis obliquè ovato-oblongis, angus-
iato-acuminatis, basi inæqualibus et leviter cordatis , rigidulo-membranaceis ,
epunctulatis , suprà bullatis , scaberrimis et opacis , subtùs lacunosis et molliter
tomentoso-hirtis ; ds mmnter folio quadruplo brevioribus ; bracteis..…. ; féups
tibus..
Pipes! Radula Humb. et Kth. Nov. gen. 1, 49. _ wind. herb. n. 658.
Crescit in provincià Garacasanä.
38. STEFFENSIA? LACUNOSA.
Ramulis retrorsum sericeo-strigulosis ; foliis obliquè rotundato-ovatis , acutis ,
basi inæqualibus et rotundatis, subcoriaceis, epunctulatis, suprà bullatis,
glabris et nitidulis, subtüs lacunosis inque venorum rete petiolisque hirtis ;
spicis rectis , crassis , longitadine foliorum ; bracteis ovatis , hirtello-tomentosis ,
apice cucullato ratée ibique glabratis ; mines 3, elongatis; fructibus. . . …
Piper lacunosum Humb. et Kth. Nov. gen. n. 15r.
Crescit im Provinciä Jaen de Bracamoros.
39. STEFFENSIA ? CROCATA.
Ramulis tenuiter tomentoso-hirtis ; folus elliptico-oblongis , acuminatis , basi
inæqualibus et rotundatis vel acutiusculis , subcoriaceis, epunctulatis, suprà
bullatis, scabris et opacis, subtüs lacunosis ibique præsertim in nervo et venis
molliter pubescenti-pilosis ; petiolis villoso-tomentosis , pedunculum duplo
superantibus ; spicis secundis , rectis, folium subæquantibus; bracteis peltatis,
ciliato-villosis ; fructibus. .
Piper crocatum Ruiz et Pav. Flor. 1,35 ,t. 55 a (v.s. in Willd. n. 637).
Vahl Enum. 1,310.
Crescit im Peruvià.
Ao. STEFFENSIA ? NUBIGENA.
Ramulis junioribus tomentoso-hirtis; foliis subovato-oblongis , acuminatis ,
basi inæqualiter cordatis, coriaceis , epunctulatis, suprà bullatis glabris et opacis,
subtus lacunosis petiolisque molliter hirsuto-pilosis ; spicis rectis , erectiusculis,
foliam subæquantibus ; pedunculo petiolum duplo superante ; babtèie peltatis,
pilosis ; fructibus..….
Piper nubigenum Kih. olim.
Crescit in monte Pichincha, alt. 1700 hexap. (Francis Hall legit).
G. KUNTH. = Sur les Pipéracées. 201
41: STEFFENSIA® TUMIDA.
Ramulis pilis recurvatis densè hispidulis ; foliis brevissimè petiolatis, oblongo-
elipticis , obtusiusculis , basi inæqualibus et rotundatis , coriaceis, epunctulatis,
rusosis, suprà scabriusculis et opacis, subtüs præscertim in nervo et venis
hirtis ; spicis longiusculè pedunculatis , leviter curvatis folio dimidio breviori-
bus ; bracteis cucullatis, margine ciliato-fimbriatis; fructibus...….
Piper tumidum Humbt. et Kunth Nov. gen. 1 , 51.
Piper crebrinode Willd. herb. n. 668 {fragmenta).
Crescit in Andibus Quitensibus,
42. STEFFENSIA? FULIGINEA.
Ramulis petiolisque hirto-tomentosis ; foliis oblique oblongis, subacuminatis ,
basi inæqualiter cordatis , rigido-membranaceis ; obsoletè pellucido-punctulatis,
opacis, suprà striguloso-scabris, subtüs molliter tomentoso-pubescentibus et
fuscescentibus ; spicis longè pedunculatis , erectis, rectis, folio dimidio breviori-
bus; pedunculo petiolum multotiès superante ; bracteis peltatis , hirto-tomento-
sis; fructibus..
Piper fuligineum Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow legit).
III. Species Piperi crassinervio Humbt. et Kth. (Séeffensiæ
crassinerviæ ) propinquæ.
43. STEFFENSIA LHOTZKYANA.
Ramis , ramulis foliisque utrinque glabris, his elliptico-oblongis , acuminatis,
basi parüm inæqualibus et acutis , subcoriaceo-membranaceis , pellucido-punc-
tulatis ; spicis fructiferis rectis, folio dimidio brevioribus; bracteis peltatis,
marginé villoso-fimbriatis ; fructibus subquadratis , pericarpio adhærente,
ruguloso,
Piper Lhotzkyanum Kih. olim.
Crescit prope Rio Janeiro (Lhotzky legit).
44. STEFFENSIA SELLOWIANA.
Ramulis glabris; foliis ovato-ellipticis vel ovato-oblongis, acuminatis, basi
parüm inæqualibus et rotundatis , subcoriaceis, pellucido-punctulatis, suprà
glabris et opacis , subtüs molliter puberulis ; spicis juvenilibus rectis, brevibus ;
202 GC, KUNTH. — Sur les Pipéracées.
bracteis cucullato-inflexis , glabris , deorsum ciliolatis; fructibus obovato-sub-
quadratis, lateribus compressis ; semine conformi, pericarpio adhæreuti ruguloso.
Piper Sellowianum Kth. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow legit).
45. STEFFENSIA HYDRANGEIFOLJA.
Ramulis tuberculato-punctulatis, glabris; foliis ovatis', acuminatis, basi
parüm inæqualibus et rotundatis, sabcoriaceis , utrinquè nigro-punctulatis et
glabris ; spicis juvenilibus rectis, brevibus ; bracteis cucullato-peltatis , villoso-
fimbriatis; fructibus. ..…,
Piper hydrangeifolium Kth. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (inter Campos et Vittoria legit Sellow.).
46. STEFFENSIA? CRASSINERVIA.
Ramulis, petiolis folisque utrinque glabris, his ovatis, acuminatis, basi
æqualibus et rotundatis vel acutis , subquintupli-vel septuplinerviis, subcoria-
ceis , subtilissimè glanduloso-punctulatis ; spicis rectis, folio 2-4-plô :breviori-
bus: pedunculo petiolo 3-4-plo breviore ; bracteis peltatis, villoso-ciliatis ;
fructibus. .... |
Piper crassirérvium Humb. et Kth. Nov. gen. 1, 48.—Willd. Herb, n. 655.
Crescit ad ripas fluminis Magdelenæ.
47. STEFFENSIA TECTONÆFOLIA.
Ramulis petiolisque densè villoso-hirüs ; foliis inæquilateris , ovatis, acumina-
tis,. basi inæqualibus et rotundatis, subquintuplinerviis, subcoriaceis, sub-
tilissime pellacido-punctulatis , suprà densè hirtellis ; subtüs præsertim in nervo
et venis molliter villoso-hirtis; spicis patentissimis, rectis, folio 1/3 brevioribus ;
bracteis apice cucullato-inflexis , ciliolats ; fructibus quadrato-subparallelipipe-
dis, lateribus compressiusceulis ; semine fructui conformi ; subtilissimè reticu-
lato-foveolato.
Piper tectoniæfolium Kith. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Serra de S: Rinaido, Sellow legit).
48. STEFFENSIA PSEUDO-CHURUMAYA.
Ramulis petiolisque glabris ; foliis breviter petiolatis, obliquè subrotundo-
ovatis, acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, subcoriaceis, pellucido-
punctulatis, suprà glabris, nitidulis?, subtüs in nervo venis ramulisque pube-
©. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 203
rulis ; spicis erectiuscuhis, folio ; brevioribus; pedunculo petiolum vix supe-
rante ; bracteis peltatis villoso-ciliatis, fructibus.
Piper Churumaya Poepp. in herb. Lucæano (exclus, synon.).
Crescit in Peruvià subandinâ (Poeppig legit).
IV. Species Piperi obliquo Ruiz. et Pav. ( Séeffensiæ obliquæ )
propinquæ. — Folia obliqua cordata. — Petioli alati.
49. STEFFENSIA OBLIQUA.
Ramulis glabriusculis ; foliis obliquè ovato-ellipticis , apice rotundatis , basi
inæqualiter et profundè cordatis subdigitinervüs, subcoriaceis , epunctulatis,
suprà glabris, subtüs subtilissimè hirtello-puberulis : lobis approximatis , rotun-
datis; petiolis utrinque membranaceo-alatis , puberulis ; spicis longissimis ,
pendulis, folium æquantibus; bracteis conchæformibus, subtilissimè hirtellis ;
fructibus basi connatis , depresso-subrotundis, glabris.
Piper vbliquum Ruiz et Pav. Flor. 1, 37, t. 63 a. — Vahl Enum. 1. 324.
Crescit in Peruviä.
Bo. STEFFENSIA? CARACASANA.
Ramulis villoso-tomentosis; foliis obliquè ovatis, obtusis, profundé cordatis,
membranaceis , subpunctulatis , suprà glabris , subis molliter albido-pubescen-
tibus ; lobis parüm inæqualibus rotundatis et patulis ; petiolis nudis ? , villoso-
tomentosis ; spicis longissimis , breviter pedunculatis, pendulis.
Piper caracasanum Bredemeyer in Willd. herb. n° 679. — Link Jabrb.
3, 61 (Opiz in Reliq. Haenk. 3, 155?)
Br, STEFFENSIA ExIMIA.
Ramulis densè hirtellis, foliis obliquè ovato-ellipticis, brevissime acuminatis,
basi inæqualiter et profundè cordatis, subdigitimerviüs , subcoriaceis, epunctu-
latis, suprà glabris, subtus molliter hirtello-puberulis: lobis approximatis,
rotundatis ; petiolis utrinquè membranaceo-alatis , densè hirtellis, pedunculum
subduplo superantibus ; bracteis apice cucullato-conchæformibus, hirtellis ;
fructibus (immaturis) basi connatis?, subquadratis, lateribus compressis,
vertice hirtellis.
Hiper eximium Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali prope Guidowald ( Sellow legit ).
f
204 c. KUNTH. — Our les Pipéracées.
B2. STEFFENSIA COCCOLOBOÏDES.
Ramulis petiolisque densè tomentoso-villosis; foliis inæquilateris , ovato-ellip-
ticis, vix acumivatis vel obtusis , basi profundè ‘et inæqualiter cordatis,
coriaceis, epunctulatis , utrinqué molliter hirtis, subtüs densiùs et fuliginoso-
fuscescentibus, nervo venisque ibique villosis: lobis rotundatis , incumben-
tibus ; petiolis utrinquè membranaceo-alatis , pedunculum duplo superantibus ;
spicis curvatis, folio longioribus ; bracteis apice cucullato-peltatis, margine
villoso-fimbriatis ; ovariis connatis ; fructibus. .
Piper coccoloboides Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow Jegit).
53. STEFFENSIA INSIGNIS.
Ramulis hirsutis; folus obliquè oblongo-ellipticis, breviter acuminatis, basi
dimidiato-cordatis , lobo rotundato, membravaceis , subepunctulatis, suprà gla-
bris et nitidis?, subtüus in nervo medio, venis et venulis pubescentibus;
petiolis utrinquè membranaceo-alatis, externè Hhirsutis, pedunculum duplo
superantibus ; spicis erectis, tenuibus, folio + brevioribus ; bracteis cucullato-
inflexis , subconchæformibus, ciliatis j ovariis connais, vertice glabris ; fruc-
tibus..... |
Piper insigne Kth. olim.
Crescit prope Cajennam (Martin legit). ù
54. STEFFENSIA RICHARDIÆFOLIA.
© Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris, his ovato-ellipticis, breviter
acuminatis, basi cordatis et valdè inæqualibus , subcoriaceo-membranaceis,
obsoletè pellucido-epunctulatis , opacis, subtüs pallidioribus: lobis rotundatis,
valdè inæqualibus, patulis; petiolis utrimque membranaceo-alatis , pedunculum
3-4-plo superantibus ; spicis teuuibus, ercctis, folium superantibus; bracteis
subconchæformibus , ciliolatis ; ovariis infernè connais; fructibus.. …
Piper richardiæfolium K1h. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow. legit).
55: STEFFENSIA SCOPULORUM.
Ramulis, petiolis folüsque utrinquè glabris, his obliquè évato-oblongis,
acuminatis, basi obliquè sinuato-cordatis, membranaceis , suprà opacis et
subtilissimé ( furgulis?) punctulatis, subtüs pallidioribus: lobis inæqualibus ,
rotundatis, patulis ; petiolis utrinquè membranacco-alatis ,| pedunculum 3-pld
superantibus ; spicis erectiusculis, tenumibus , folio 1/3 brevioribus; bracteis
& KUNTH. — Our les Pipéracées. 205
inflexo-cucullatis, margine ciliato-villosis ; fructibus Jateribus compressiuseulis,
subquadratis; semine læviusculo.
Piper scopulorum Kth. olim.
. Grescit in Brasilià meridionali Serra dos Orgaos (Luschnath legit).
BG. STEFFENSIA POTHIFOLIA.
Ramulis, petiolis folisque utrinque glabris, his obliquè ovato-lanceolatis ,
angustato-subacuminatis , basi valdè inæqualibus et profundè cordatis, sub-
coriaceis , epunctulatis, opacis , subtùs pallidioribus : lobis rotundatis, altero
abbreviato ; petiolis utrinquè membranaceis-alatis , pedunculum triplo superan-
tibus ; spicis tenuibus, erectis, folia 1/2 vel 1/3 brevioribus ; bracteis cucullato-
inflexis, margine ciliato-fimbriatis; fructibus lateribus compressiusculis , sub-
quadrato-parallelipipedeis ; semine læviusculo, opaco.
Piper truncatum Flor. fluminens. 1 ,t. 57 ?
Piper pothifolium Kth. olim.
Crescit in Brasilià menidionali (prope Rio Janeiro legit Gaudichaud ; in Serra
dés Orgaos Luschnath).
V. SP£cies purrÆ, Folia digitinervia.
57. STEFFENSIA PLANTAGINEA.
. Ramis folüsque utrinque glabris; foliis longiusculè petiolatis , ovatis, acumi-
natis , basi subæqualibus et rotundatis, interdum leviter cordatis , 7-g-nerviis ,
subcoriaceis, obsoletè pellucido-punctulatis, opacis; petiolis basi utrinquè
membranaceo-alatis, pedunculo vix brevioribus ; bracteis cucullato-peltatis,
semiorbiçularibus , ciliato-fimbriatis ; fructibus lateribus compressiusculis,
obovato-subquadratis, stigmatibus 5-coronatis; semine subtilissimé reticulato-
scrobiculato, nitidulo.
Piper plantagineum Schlectend. in Linnæa 6 , 353 (excl. synon.).
Crescit in Mexico (Schiede legit):
58. STErrENsIA ? SCHLECHTENDALII.
Ramulis glabris ; foliis ovatis ’acuminatis , basi æqualiter cordatis , junioribus
ibi truncato-rotundatis, g-11-nerviis submembranaceis, vbsoletissime pellucido-
punctulatis , opacis, glabris, subtüs in nerviis obsoleté puberulis; petiolis nudis,
pedunculum vix superantibus ; spicis junioribus tenuibus, folio triplo breviori-
bus; bracteis cucullato-peltatis, ciliato-fimbriatis; stigmatibus..….; fructibus.…..
Piper decumanum Linn. Spec. 41? Humb. et Kth. Nov. gen. 1, 57?
— Schlechtend. in Linnæä , 6, 353.
(Crescit in regno Mexicano (prope Misantla lesit Schiede).
L
206 c. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
59. STEFFENSIA? TILIÆFOLIA.
Ramulis folisque utrinquè glabris , longè petiolatis, subrotundo-cordatis ,
acuminatis , 7-11-nerviis, subcoriaceis, subtilissimè pellucido-punétulatis ,
opacis : lobis æqualibus , rotundatis, patulis, nervis 3 intermediis basin versus
confluentibus ; petiolis nudis, pedunculum multotiès superantibus; spicis erec-
tiusculis, folio ferè dimidio brevioribus; bracteis cucullato-peltatis, subtüs
villosis ; Re 3 , elongatis ; fructibus. ; .…
Piper tiliæfolium Schlechtend. et Char. in Linnæä , 6, 350.
Crescit in sylvis prope Misantla Mexicanorum (Schiede legit).
SCHILLERIA.
Le genre Schulleria est intermédiaire entre les genres Hecke-
ria et. Steffensia. I] se distingue du second par ses fruits et ses
fruits et ses graines triangulaires; du premier, par l’habitus et le
nombre des étamines. Les caractères génériques qui suivent se-
ront probablement modifiés par l'examen d’un grand nombre
d'individus à l’état frais.
CHaracT. DiFr. Flores sessiles. Stamina 5-4 (rarissimè 2).
Antheræ biloculares. Stylus sæpissimé nullus. Stigmata ? (raris-
simè 2). Fructus rhachim per quincunces (vel annulos?) densis-
simè obtegentes, basi connati? , pressione mutuà triangulares.
Semen fructui conforme , turbinato-triangulare.
SPECIES À ME VISÆ.
L. Species Schilleriæ rivinoidi propinqueæ.
ï. SCHILLERIA XYLOSTIOIDES.
Ramis , petiolis foliisque utrinquè glabris, his inæquilateris, ovato-oblongis;
vel oblongis longe acuminatis ; basi subæqualibus et acutiusculis , subquintupli=
nerviis , membrauaceis ; pellucido-punctulatis ; spicis rectis, folio dimidio bre
vioribus ; bracteis cucullato-inflexis, conchæformibus, glabris; stigmatibus 2-3,
elongatis, recurvatis ; fructibus.
Crescit in Brasilià meridionali (prope Montevideo aliisque locis legit Sellow:).
c. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 207
2. SCHILLERIA LUCÆANA.
Ramulis, petiolis folüsque utrinquè glabris , his lanceolatis, acuminatis, basi
æqualibus et acutis, reticulato-venosis, subquintuplinerviis , membranaceis ,
subconcoloribus, pellucido-punctulatis ; spicis rectiusculis , tenuibus, folio
dimidio brevioribus ; bracteis apice cucullato-inflexis, conchæformibus, glabris;
stylo brevi; stigmatibus 2 recurvatis; fructibus, .
Piper Lucæanum Kth. olim.
Crescit in Brasilià meridionali ( prope Rio Janeiro ét Gaudichaud, prope
Corcovado Luschnath).
3. SCHILLERIA LEPTURA.
Ramulis , petiolis foliisque utrinquè glabris , oblique ovato-lanceolatis, acu-
minatis, basi subinæqualibus, rotundis, sub-5-7-nérvis, membranaceis, pellu-
cido-punctulatis , opacis, subtüs pallidioribus; spicis rectis, tenuissimis ,
folio + brevioribus ; bracteis apice cucullato-inflexis ibique glabris, infernè villo-
sis ; stigmatibus 3 recurvatis ; fructibus.....
Piper lepturum Kih. olim.
Crescit prope Rio Janeiro (Gaudichaud legit).
4. SCHILLERIA JUSSIÆANA,;
Ramulis petiolisque hirsutis ; foliis obliqué ovato-lanceolatis, rarius oôvato-
oblongis, angustato-acuminatis ; basi subæqualibus et rotundatis, subquinque-
nerviis membranaceis, subtilissimè pelluvido-punctulatis, suprà glabris et niti+
dis, junioribus. pilosiusculis, subtüs pallidioribus et præsertun in nervo et
venis pilosis ; spicis leviter curvatis, folio 1/3 brevioribus ; bracteis curvalis, apice
peltato-truncatis, glabris; stigmatibus 3 conpaus recurvatis ; fructibus obovato-
turbivatis , trigonis.
Piper Jussiæanum Kth. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (in Serra d’Estrella legit Luschnath).
5. SCHILLERIA HALESIÆFOLIA.
Ramulis glabris, junioribus petiolisque subtilissime hirtellis; foliis obliquè
oyato-oblongis vel oblongis, acuminatis, basi mæqualibus et acutiasculis vel
subrotundetis, meinbranaceis, ohsoletè pellucido-punctulatis, suprà glabris’ et
opacis, subtüs pallidioribus ibique in nervo venisque primariis molliter hirtellis ;
spicis rectiusculis, folio + brevioribus, tenuibus; bracteis apice cucullato-inflexis,
subconchæformibus , glabris; fructibus subrotundo-turbinatis, triangularibus ,
vertice hirtellis.
208 C. KUNTH. =« Sur les Pipéracées.
Piper halesiæfolium Ktb. olin.
Crescit prope Rio Janeiro (Gaudichaud lepit).
6. SCHILLERIA RIVINOIDES.
Ramulis, petiolis foliisque utrinquè glabris, his obliquè ellipticis, rariùs
ovatis, acuminatis, basi subinæqualibus et acutis, membranaceis, opacis, subti-
lissimè pellucido-punctulatis ; spicis rectis, folio vix brevioribus ; bracteis
apice cucullato-inflexis ibique subrhomboideo-conchæformibus , glabris ; stigma-
tibus 3 recurvatis; fructibus obovato-cuneatis , triangularibus , umbonatis ;
seminibus tri- , rariüs tetraquetris.
Piper rivinoides Kih. olim.
Crescit in Brasiliâ meridionali (prope Rio Janeiro legit Gaudichaud, ad mon-
tem Telegraphe et prope S.-Christovao Luschnath).
A SCHILLERIA LENTAGINOIDES.
Ramulis, petiolis folisque utrinque glabris; his ‘obliquè ovatis, acuminatis
basi subinæqualibus et subrotundatis, membranaceis, subtilisimè pellacido-
puactulatis , suprà subnitidis ; spicis rectis, folio 1/3 brevioribus; bracteis apice
cucullato-inflexis ibique subrhomboïdeo-conchæformibus glabris ; stigmatibus 3
recurvatis ; fructibus obovato-cuneatis, triangularibus , umbonatis.
Piper lentaginoides Kih. olim. |
Crescit in Brasil meridionali (inter Vittoriam et Bahiam lesit Sellow.).
IT. Species Schilleriæ obovatæ et heterophyllæ propinquæ. —
Steffensiis quibusdam sectionis secundæ simillimæ.
8. SCHILLERIA PERSICARIÆFOLIA.
Ramulis petiolisque hirtellis ; folüis oblongo-lanceolatis , angustato-acuminatis,
basi inæqualibus et rotundatis, membranaceis, obsoletè pellucido-punctulatis,
suprà verruculoso-scabris et nitidulis , subtüs in nervo medio, venis venulisque
adpresso -hirtellis ; spicis rectis, folio multotiès brevioribus; pedunculo petiolum
superante ; bracteis inflexo-peltatis, ciliato-fimbriatis ; fructibus.,
Piper persicariæfolium Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow legit).
9. SCHILLERIA COLUBRINA,
Ramulis, petiolis foliisque utrinquè glabris, oblongis, breviter acuminatis ,
c. KRUNTU: — Sur des Pipéracées. 209
basi inæqualibus et acutis, membranaceis, ohbsoletè pellucido-punctulatis,
suprà subnitidis ; spicis erecüs, rectis, folio 4-5-plo brevioribus; pedunculo
petiolum vix superante; bracteis inflexo-peltatis, hirto-villosis ; frucüibus
obovato-cuneatis, triangularibus, vertice truncato-convexiusculis, glabris.
Piper colubrinum Link Jahrb. 3, 61. Ejusd. Enum. 1, 37.
Pipér impunclatum Wild. Herb, n. 645. — Link Jahrb. 3, 63.
Crescit in Brasilià meridiouali { prope Rio Janeiro interque Vittoriam et
Bahiam legerunt Sellow,et Gaudichaud). Colitur in horto botanico, sed nondüm
floruit.
10. SCHILLERIA OBOVATA.
Ramulis, petiohs folisque utrinquè glabris, his oblongis, supernè parüm latio-
ribus, acuminetis, basi inæqualiter acutato-argustatis, membranaceis , pellucido-
punctulatis ; spicis rectis, folio duplo triplove brevioribus; bracteis inflexo-
peltatis, ciliato-fimbriatis ; fructibus subturbinatis, angulatis, vertice convexis
et glabris ; semine læviusculo.
Piper obovatum Ruiz et Pav. FI. Peruv. à 36, t, 33 b(v.s. in Willd
herb. n. 635). — Vahl Enum, 1, 320.
Crescit in Peruvii.
11. SCHIZLERIA ÆQUALIS.
Ramulis, petiolis foliisque utrinquè glabris , his ovalibus, acuminatis, basi
; 2 3 9
æqualibus et acutis, membranaceis, epunctulatis, opacis ; spicis rectis, folio
duplo triplove brevioribus, erectiusculis ; pedunculo petiolum ;-° superante;
bracteis ivflexo-peltatis, ciiato-fimbriatis; fructibus obovatis, trigonis ; semine
, ? 2 le] ]
reticulato-scrobiculato, niidulo.
Piper æquale Vahl Eclog. 1, nu. Ejusd. Enum. 1, 315 (v.s. in Willd.
herb. n. 647). — Opiz in Reliq. Haenk. 3, 151 (v. s.).
Crescit im Montserrata, Panama , Quito, Peruvià,
12. SCHILLERIA HETEROPHYI LA
Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris, his oblique ovato-ellipticis vel
ellipticis, breviter acuminatis, basi æqualibus et acutiusculis, subcoriaceis,
subtilissimè et subpellucidè glanduloso-punctulatis , suprà nitidis ; spicis recur-
vatis, folio duplo triplove brevioribus ; pedunculo petiolo parüm breviore ;
bracteis inflexo-peltatis, cilato-fimbriatis ; fructibus. ..
Piper heterophyllum Ruiz et Pav. F1. Peruv. 1, 34, t, 56 a (v.s. in Willd.
herb. n. 642). — Vahl Enum. 1, 318.
Piper punctatum Pœppig in-herb. Lucæano,
Crescitin Peruviâ.
XIV, BOTAN, = Octobre, 14
210 c. KUNTH, — Sur les Pipéracées.
13. SCHIXLERIA CALLOSA.
Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris, his obliquè subrotundo-ovatis
vel slt dos -elliptcis, acumimatis, basi æqualibus vel inæqualibus, rotun-
datis vel acuüusculis'ibique biglanduloso-callosis, rigidulo-membronaceis ; junio-
ribus subtüs subtilissimè punctulatis; spicis rectis, folio quintuplo sextuplove
brevioribus ; bracteis cucullato-inflexis?, subconchæformibus , glabris; stigma-
tibus 2, brevioribus , recurvatis ; fructibus. ....
Piper callosum Ruiz et Pav. Flor. Peruv. 1, 34, ti. 53 a (v. s. in Wälld.
Herb. n. 653). — Vahl Enum. 1, 316.
Crescit in Peruvià.
14. SCHILLERIA MARTIANA.
Ramulis, petiolis foliisque utrinquè glabris, obliquè ovatis, acuminatis, basi
inæqualibus et rotundatis ibique eglandulosis, subquintuplinerviis, membra-
naceis, glabris obsoletè pellucido-punctulatis, opacis ; spicis rectis, folio qua-
druplo brevioribus ; bracteis éucullato-inflexis, subconchæformibus , glabris,
basi villosulis ; stigmatibus 3 , elongatis ; fructibus..
Piper Martianum Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow legit).
15. SCHILLERIA LAURIFOLIA.
Ramulis flexuosis , petiolis folisque utrinquè glabris , his elliptico-oblongis ,
acuminatis , basi æqualibus et rotundatis, subcoriaceis, nitidis, junioribus suprà
subtilissimè glanduloso-punctulatis; spicis secundis, rectis vel leviter curvatis,
folium subæquantibus, tenuibus ; bracteis spathulatis , apice cucullato-inflexis,
ibique glabris, infernè utrinquè ciliatis; stigmatibus 3?, subulats, reflexis ;
fructibus obovatis, trigonis, vertice umbonatis , glabris.
Piper laurifolium Mumb. et Kth. Nov. gen. 1, 47. — Willd. Herb.
n. 654.
Piper laurinum Roem. et Schult. Syst. 1, 291.
Crescit in Peruvià.
16. SCHILLERIA CARPUNYA.
Ramulis, petiolis foliisque utrinque glabris ovato-ellipticis, acuminatis , basi
æqualibus et cordatis, coriaceis, suprà nitidis, subtilissimé pellucido-punctu -
latis ; spicis secundis , rectis, folio ; brevioribus , tenuibus; bracteis cucullato-
inflexis , conchæformibus , UE [CR En 3 patentibus ; fructibus (imma-
turis) subrotandis, te
C. KUNTH, — Sur les Pipéracées. dut
Piper Carpunya Ruiz. et Pay. Flor. Peruv. 1, 37, 1.63 b (v.specimen
juvenile in herb. Wild. n. 652). — Poeppig herb, n. 59. — Opiz in Rel.
Haenk.. 3, 1h5.(v.,5: à ; fl..et fr.).
Crescit in Peruvià.
17. SCHILLERIA CUMANENSIS.
Ramulis foliisque utrinquè glabris, his brevissime petiolaus, obliquè lanceo-
lato-oblongis, longë acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, membranaceis ,
obsoletè pellucido-punctulatis , opacis ; spicis patentibus, folio 1/3 brevioribus;
pedunculo petiolum 5-6-plo superante ; bractcis inflexo-peltatis villosis ; fructui-
bus obovato-cuneatis , trigonis; semine læviusculo,
Piper cumanense Humb. et Kth. Nov. gen. 1, 47. —Willd. Herb. n, 644,
Crescit in Novä Andalusià.
19. SCHILLERIA VARIEGATA.
Ramis albo-maculatis (Bonpl.) ; ramulis foliisque utrinquè glabris, his oblique
oblongis, valdè acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis, membranaceis,
obsoletè pellucido-punctulatis ; opacis ; spicis rectiuseulis , folio dimidio brevio-
r'bus; pedunculo petiolum 2-5-pl0 superante ; bracieis inflexo-peltatis', villosis ;
fructibus triangularibus, vertice truncato-convex'usculis,
Piper variegatm Humb. et Kth. Nov. gen. 1 , 47. = Willd, Herb. n. 643.
Piper secundum Willd. Herb, n. 647 (ex parte).
Crescit prope Hondam Noyo-Granatensium.
‘
19. SCHILLERIA OBLONGA.
Ramulis glabris, junioribus obsoletè tuberculatis ; foliis breviter petiolatis,
ellipüico-oblongis, acuminatis , basi æqualibus vel inæqualibus ibique acutis vel
obtusis, membraraceis, obsoletè pellucido-punctulatis , opacis, glabris, subtüs
innervo et nervis obsolete puberulis; spicis rectis, folio 1/3 brevioribus; pedun-
culo petiolum subæquante ; bracteis inflexo-peltatis, ciliato-villosis ; fructibus
obovato-turbinatis , trigonis; semine lævi.
Piper oblongum Humb. et Kih. Nov. gen. 15 52. — Willd. Herb, n. 671
‘fragmentum).
Piper secundum Wild. herb. n. 647, majoré parte (excl. synon.),
Crescit in Novà Andalusià , prope Gumanocoam.
SCHILLERIA CORNIFOLHA.
Ramulis puberulis; folis breyissimé petivlatis, obliquè subobovato-ellipticis,
14."
212 C. KUNTI, -— Sur les Piperacces.
longè acuminatis , basi inæqualibus et cordatis, membranaceis, suprà glabris,
opacis, subtüs subtilissimé glanduloso-punctulatis inque nervo et venis prima-
ris adpresso-puberulis; spicis rectiusculis, tenuissimis , folio dimidio breviori-
bus ; bracteis spathulatis, apice cucullato-inflexis ibique glabris; stigmatibus 3,
recurvatis ; fructibus obovato-turbinatis, trigonis, vertice umbonatis, glabrius-
culis.
Piper cordifolium Humb. et Kth. Nov. gen, 1, 52. — Willd. Herb, n. 670.
Crescit ad fluviam Magdalenæ.
21. SCHILLERIA ULMIFOLIA.
Ramulis subtilissimè tuberculosis ; junioribus pilosiusculis; foliis latè et
obliqué ellipticis, acuminatis, basi inæqualibus et cordatis, membranaceis,
subtilissimé pellucido-punctulatis, utrmquè præsertim in nervo et venis pilis
minutis obsitis, adultioribus supra subglabratis et nitidulis ; spicis rectis,
erectüusculis, folio 2-3-plo brevioribus; pedunculo petiolum subæquante,
bracteis inflexo-peltatis, villoso-ciliatis ; fructibus obovato-turbinatis trigonis ;
semine læviusculo.
Piper aurilum Sieb. herb. Martin. n. 7.
Piper dilatatum Reichenb. in Sieb. Flor. Ins. Trinit. n. 18.
Crescit in insulis Martinicæ et Trinitatis.
292. SCHILLERIA CORYLIFOLIA.
Ramulis junioribus adpresso-pilosiuseulis; fohis breviter petiolatis , oblique
obovato-ellipticis, acuminatis , basi dimidiato-subcordatis, membranaceis ,
suprà glabris et subtilissimè glanduloso-punctulatis, præsertim junioribus,
subtüs obsoletiès , densiùs et subtiliès punctulatis in nervo et venis adpresso-
puberulis ; spicis longè peduuculatis , curvatis (semper ?), folio dimidio Lrevio-
ribus ; bracteis inflexo-peltatis, ciliato-finbriatis ; fructibus..…,
Piper corylifolium Kih. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (prope Yriro legit Sellow.).
23. SCHILLERIA KARWINSKIANA.
Ramulis petolisque pubescenti-villosis; foliis oblique ellipticis, acuminatis,
basi inæqualibus et rotundatis, membranaceis, subtilissimè pellucido-punctu-
latis, utrinquè molliter puberulis, opacisi, subtüs pallidioribus ; spicis patentibus,
rectiusculis, folio 1/3 brevioribus, brevissimè pedunculatis; bracteis peltatis,
villoso-fimbriatis; fructibus subovato-turbinatis, triangularibus ; semine subti-
lissimè reticulato-scrobiculato.
Piper Karwinskianum Kth. in herb. Lucæano.
Crescit prope Mexico (Karwinski legit).
c. KUNTH. — Sur les Pipéracees. 213
24. SCHILLERIA VELUTINA.
Ramulis petiolisque molliter villoso-pilosis; foliis cblique elliptico-oblongis,
acuminatis, basi inæqualibus et rotundatis , rigidulo-membranaceis, epunctula-
tis, utrinquè præsertim subtüs molliter pubescentibus ibique canescentibus,
suprà opacis; spicis erectiusculis, rectis, pedunculo petiolum subæquante ;
bracteis inflexo-peliatis , ciliato-fimbriatis ; fructibus turbinato-obovatis, trigo-
nis; semine subtilissimè reticulato-scrobiculato.
Piper velutinum Humb. et Kunth Nov. gen. 1, 52. — Wild, herb.
n. 669.
Crescit prope Zaulacam (Jaen de Bracamoros) et Guancabainbam (Peru via).
25. SCHILLERIA LANCEÆFOLIA.
Ramulis sericeo-pilosis ; foliis brevissime petiolatis oblique oblongis , angus-
tato-acuminatis , basi mæqualibus et cordatis, lineatis, coriaceo-rigidis , epunc-
tulatis, supra bullatis, glabris et nitidis , sabtüs lacunosis et molliter pilosis;
spicis falcatis, {olio dimidio brevioribus; pedunculo petiolum multotiès supe-
rante; bracteis peltatis, piloso-hirtis; fructibus obovatis, angulatis ; seinine
trigono , læviusculo. |
Piper lanceæfolium Humb. et Kunth Nov. gen. 1, 49. — Willd. Herb.
u. 661.
Crescit ad ripas fluvii Amazonum.
26. SCHILLERIA? RUDIS.
Ramulis pubescenti-hirtis; foliis lanceolatis, acuminatis, basi inæqualibus et
rotundatis ; sublineatis, coriaceo-rigidis , epunctulatis, suprà bullatis, scabris
et nitidis, subtus lacunosis et molliter pubescenti-hirtellis; spicis erectis,
rectis, folio 2-3-plo brevioribus ; pedunculo petiolum subæquante ; bracteis
peltatis ; hirsutis, fructibus..... RAR
s
Piper rude Humb. et Kunth Nov. gen. 1, 49. — Willd. Herb. n. 660.
Crescit in monte Quindiu (Nova Granata).
27. SCHILLERIA LINEATA.
Ramulis hispidulo-pubescentibus; foliis oblongis, valdè acuminatis, basi
parümu mæqualibus et subrotundatis, lineatis, subcoriaceo-rigidis, epunctulatis,
suprà scabriusculis, nitidis, subtüs hirto-pubescentibus ; spicis arcuatis, folium
longitudine subæquantibus; "pedunculo petiolum 2-3-plo superante ; bracteis
214 c. KkUNTH. — Sur les Pipéracées.
peltatis, ciliato-fimbriatis; fructibus turbinato-obovatis, angulatis, vertice
truncato-rotundatis; semine læviusculo.
Piper lineatum Ruiz et Pav. Flor. Peruv. 1, 35,1. 6o a (v.s. in Willd.
herb. n. 662).— Vahl Enum. 1, 315.
Crescitin Peruvià.
28. SCHILLERIA CHURUMAYU.
Ramulis junioribus tenuiter hirto-tomentosis ; fois ovato-6blongis, acumi-
natis, basi æqualibus et acutis, cofiaceis, epunctulatis, suprà glabris, subtis
præsertim in nervo medio et venis petiolisque hirto-puberulis; spicis subsecun-
dis, reflexis (semper?); bracteis pilosis , apice cucullaus ibique glabris ; stigma-
tibus. ....; fructibus.. ...
Piper Churumayu ‘Ruiz et Pav. Flor. Peruv. 1 ; 35, t. 38 b. — Vahl
Enum. 1,525.
Cresoit in Peruvià.
—
IV. Species Schilleriæ ripariæ propinquæ.
29. SCHILLERIA RIPARIA.
Ramulis glabris ; foliis ovatis, apice angustato-acutis, basi æqualibus et
rotundalis vel leviter cordatis, membranaceis, pellucido-punctulatis , suprà
glabris et niiidis, subtüs in nervd et venis pilis minutis crispatulis dense pu-
berulis ; spicis rectis, folio triplo brevioribus ; pedunculo petiolo +-+ breviore;
bracteis apice inflexo-peltatis, villoso-ciliatis; fructibus triangularibus.
Piper riparium Humb. et Kih. Nov. gen. 1, 48. — Willd. Herb, n. 656.
Crescit ad ripas fluminis Magdalenæ.
30. SCHILLERIA CORRUSCANS.
Ramulis glabris; foliis ovatis, acuminatis, basi æqualibus et rotundatis vel
leviter cordatis, subcoriaceis ; pellucido-punctulatis ; suprà glabris et nitidis,
subtüs in nervo et venis pilis minutlis crispatulis densè hirtellis ; spicis rectis,
folio 3 brevioribus ; pedunculo petiolo breviore ; braéteis peltatis, villoso-
ciliatis; fructibus..
Piper corruscans Humb. et Kth. Nov. gen. 1 , 53.— Wilid, Herb. n. 672.
Crescit ad sipas fluvii Magdalenæ.
31. SCHILLERIA GRANDIFOLIA.
Ramulis verrucosis, petiols fohisqué utrinque glabris, his ovatis ; acumina-
c. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 21
tis, basi mæqualibus et rotundatis, coriaceis, epunctulatis, subnitidis ; spicis
réctiusculis , folio duplo triplove brevioribus; bracteis apice cucullatis et glabris,
infernè villosis ; stigmatibus 3 elongatis ; fructibus (immaturis) obovatis , v'ian-
gularibus.
Piper grandifolium Mumb. et Kth. Nov. gen. 1, 46. — Wilid. Herb,
n. 63y.
Crescit in Andibus Quinduensibus.
32. SCHILLERIA POPULIFOLIA.
Ramulis fohisque utrinquè glabris, his leviter cordaus, subrotundo -ovatis,
acuminatis, sub-11-12-nerviis, membranaceis, obsoletè pellucido-punctulatis ;
spicis rectis, folio + brevioribus; bracteis vertice truncato-triangularibus ;
ciliatis ; stigmatibus 3?, subulatis; fructibus obovatis , trigonis ; semine subti«
hissimè scrobiculato.
Piper papulifolium Kth. olim.
Crescit in Brasilià meridionali (Sellow legit).
33. SCHILLERIA HILARIANA.
Ramulis glabris ; folüs leviter cordatis , subrotundo-ovatis, vel ovatis, brevi-
ter acuminatis , sub-9-11-nerviis, membranaceis, obsoletè pellucido-punctulatis,
suprà glabris, subtüs in nerviis, venis et venulis hirtellis ; spicis rectiusculis,
folium subæquantibus ; bracteis apice cucullato-inflexis , conchæformibus ,
glabris ; stigmatibus 3 ; fructibus obovato-subturbinatis, triangularibus ; semine
subtilissimè scrobiculato.
Crescit in Brasilià meridionali (prope Yriro legit Sellow.).
34. SCHILLERIA BARBATA.
Ramulis petiolisque glabris ; fohis longiusculè petiolatis , subrotundo-ovatis,
acuminatis, basi æqualiter rotundatis , septuplinerviis, coriaceis, epunctulatis,
opacis, glabris ; nervis subtüs ciliato-fimbriatis ; petiolis nudis; spicis rectius-
culis, folio duplo triplove brevioribus; pedunculo folio breviore; hracteis
inflexo-peltatis, villoso-ciliatis ; fructibus subgloboso-angulatis ; semine sub-
rotundo, lateribus compressiuseulo, I&viusculo.
Piper barbatum Huwb. et Kth, Nov. gen. 1, 55. — Willd. Herb. n. 687.
Crescit inter Lloa et Quito.
216 C. KUNTH. — Sur des Pipéracées.
V. Species Schilleriæ auritæ propinquæ. — Folia obliqua cor-
data. Petioli utroque margine membrauaceo-alati.
35. SCHILLERIA ? AURITA.
Ramulis glabris ; fulis longiusculè petiolatis, obliquè ovatis, acutis vel sub-
acuminatis , basi profundè et inæqualiter cordatis, basi subdigiti-nervis,
membranaceis ,suprà puberulis, subtüs præsertim in nervo ct venis molliter pu-
bescentibus, pellucido-punctulatis ; petiolis utrinquè membranaceo-alatis, dorso
pubescentibus; spicis rectis, patulis, folio + brevioribus; pedunculo petiolo
dimidio breviore; bracteis inflexo-peltauis, villosis; frucuibus obovato-turbina-
Us, trigonis; semine lævi, mitido.
Piper auritum Humb. et Kith. Nov. Gen. 1. 54. Willd. Herb. n. 678.
(Spec. incomplet. carie exesum). Schlechtend. et Cham. in jLinnæà 5. 73.
(v. s.) excl. synon.
Crescit in Mexico.
aa
90. SCHILLERIA LAPATHIFOLIA.
Ramulis glabris; fohis suboblique cllipticis, breviter acuminatis, basi in-
æqualiter cordatis, memubranaceis, {pellucide glanduloso-punctulatis, supra gla-
bris et niuidis, subtus in nervo, venis et venulis hirto-pube centibus ; petiolis
utrinque membranaceo-alatis, dorso pilosis, pedunculum triplo superantibus ;
spicis erectis, rectis, folio multotics brevioribus; bracteis cucullatis, margine
cilatis; ovariis inferne connatis?; stigmatibus 3, recurvatis ; fructibus.
Piper macrophyllum Cham. et Schlechtend. in Linnæà D. 73. (exel. synon.)
Crescit in sylvis prope Jalapam Mexicanorum.
37. SCHILLERIA MACROPHYLLA.
Ramulis petiolisque glabris ; folüs oblique ellipticis, acuminatis, basi leviter
cordatis, æqualibus vel inæqualibus, membranaceis, pellucido- punetulatis, su-
pra glabris, nitidis, subtus pallidioribus inque nervo venisque primariis sub-
tilissime puberulis; spicis rectis, folio quintuplo brevioribus; bracteis apice
cucullato-inflexis, glabris ; stigmatibus 3, crassiusculis, patentibus ; fructibus.…
Piper macrophyllum Swartz Flor. Ind. occ. 1. 54(Sloane Hist. 1. t.88.f. 1).
Vahl. Enum, 1. 322. Willd. Herb. n. 640. ( Specimen Isert.). (Humb. et Kth.
Nov. Gen. 1, 46?) y |
Piper arboreum Aubl. Guian. 1. 23. ( Fide syn. Sloan. )
Urescit in Americà calidiore , Jamaicà, cæt.
C. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 217
VI. Spe cies Schilleriæ caudatæ propinquæ. — Folia digiti-
nervia. Petioli inferne utrinque membranaceo-alati.
38. SCHILLERIA CAUDATA.
Ramulis, petolis folisque utrinque glabris, his longè petiolatis, subrotundo-
cordatis , acuminatis, 9-nerviis, membranaceis, pellucido-punctulatis, margine
(ciliis delapsis ? ) obsolete scabriusculis ; lobis subæqualibus , rotundatis, patulis ;
petiolis utrinque membranaceo-alatis; spicis breviter pedunculatis, secundis,
rectiusculis, folio paulo brevioribus ; bracteis peltatis, villoso-ciliatis ; fructibus
oboyato-turbinatis, 3-4-angulatis ; semine conformi, læviusculo.
Piper caudatum Vakl Eclog. 1. 3. Ejusd. Enum. 1. 335. Humb. et Kth.
Nov. Gen. 1. 58. Willd. Herb. n. 647.
Piper Nhandi Richard in Act. Soc. Hist. Nat. Paris. 105.
- Piper catalpæfolium Weïgelt PL. Surinam. (nec Humb. et Kin.)
Creseit in Surinamo, Brasiliâ et provincià Caracasanä.
39: SCHILLERIA? MARGINATA.
Ramulis petiolisque glabris ; folus longe petiolatis, subrotundo-cordatis, acu-
minatis, sub-11-nerviis, membranaceis, subülissime pellucido-punctulatis , ci-
Latis, utrinque in nervis el venis puberulis ; lobis æqualibus, rotundatis, patu-
lis; petiolis inferne utrinquè membranaceo-alatis; spicis erectis, gracilibus,
longe pedunculatis, folio bievioribus.
Piper marginatum Jacq. Te. 2. t. 215.
Piper decumanum Mort. Berol. anno 1835 (nec Liun.?).
Crescit in India occidental.
40. SCIHILLERIA CATALPÆFOLIA.
Ramulis petiolisque glabris ; foliis longè petiolatis, subrotundo-cordatis, acu-
minatis, 9-11-nervis, membranaccis, pellucido-punctulatis, densè ciliatis,
supra adpresso-pilosiusculis, subtus in nervis et venis hirto-puberulis, lobis
subæqualibus, rotundatis, patulis; petiolis utrinquè membranaceo-alatis ; spicis
folio dimidio brevioribus ; bracteis peltatis, villoso-ciliatis ; fructibus..... *
Piper catalpæfolium Humb. et Kih. Nov. Gen. 1. 58. Wild. Herb. n. 699.
Piper anisetum Humb, et Kth. Nov, Gen. 1. 58 {Specimina juvenilia ste-
rila). Willd. Herb. n. 698.
Crescit prope Cumanacoam Cumasensinm et ad Orinocum.
218 ©. KUNTH. — Sur les Pipéracées.
41. ScHiILLERIA MikaANtANA.
Repens; caulibus apice, ramis petiolisque hirtellis; foliis longe petiolatis,
profunde cordato-ovatis, acuminatis, septemnerviis, membranaceis, pellucido-
punctulatis, supra glabris, subtus in nervis subtiliter hirtellis; petiolis infernè
membranaceo -alatis ; spicis rectis, fructiferis folio dimidio brevioribus; bracteis
apice cucullato-inflexis, subrhombeis , glabris, ciliolatis; fructibus obovatis ,
trigonis ; semine subtilissime foveolato.
Crescit in Brasihà meridionali. (Sellow legit.)
42. SCHILLERIA ABUTILOIDES.
£ Ramulis, petiolis fohisque utrinquè glabris, his longè petiolatis, profundè
cordato-subrotundis, breviter acuminatis, 9-11 nerviis, membranaceis, pellu-
cido-punctulatis; petiolis basim versus membranaceo-alatis ; spicis rectis, folio
dimidio brevioribus ; bracteis apice cucullato-inflexis, ciliolatis ; stigmatbus 3,
elongats ; fructibus..
Piper abutiloides Kth. olim.
Crescit in Brasiliä meridionali ( Sellow legit ).
VII. Species dubiæ.
43. SCHILLERIA INDECORA.
Ramulis junioribus villoso-pilosis ; foliis oblongis, acuminatis, basi inæquali-
bus et acutis, venosis, membranaceis, subepunstulatis, suprà glabris, opacis,
subtus præsertim in nervo et venis piloso-pubescentibus ; spicis secundis , pa-
teutissimis, rectiusculis, folio triplo brevioribus; pedunculo petiolum vix
æquante ; bracteis cucullato-peltatis, triangularibus, glabris, ciliolatis ; fructibus…
Piper indecorum Kth, in Herb. Lucæano.
Crescit in Peruviâ subandinä (Pœppig legit ).
44. SCHILLERIA? PILULIFERA.
Ramulis junioribus pubescentibus; foliis brevissime petiolatis, oblique oblon-
go-lanceclatis, longissimèé acuminatis, basi inæqualibus et cordato-auriculatis,
membranaceis, venosis, epunctulatis, suprà glabris, subtus in nervo et venis
adpresso hirtis; spicis globosis, pedunculatis; bracteis subspathulatis, apice
subpeltatis, glabriusculis ; süigmatibus 2, subulatis, recurvato-reflexis; fruc-
tibus. ..….
Piper piluliferum Humb. et Kth. Nov. Gen. 1. 53. Willd. Herb. n. 675.
Crescit prope Jaen de Bracamoros Quitensium.
C. KUNTH. — Sur les Pipéracées. 219
45. SCHILLERIA MFLASTOMOIDES.
Ramulis petiolisque villoso-hirsutis; folus elliptico-oblongis, angustato-acu-
minatis, basi inæqualibus et rotundatis', septemnerviis, membranaceis, obsoleté
pellucido-punctulatis, suprà glabris, subtus præsertim in nervis piloso-hirsutis ;
spicis longe pedunculatis oblongo-cylindraceis, folic triplo quadruplove brevio-
ribus ; bracteis subpeltatis, vertice glabris, subtus hirsutis ; stylo elongato; stig-
matibus 3, recurvatis ; fructibus. ...…
Piper melastomoides Schlechtend. in Linnæà 5. 74. (v.S.)
In sylvis umbrosis prope Xalapam Mexicanorum (Humb. et Schiede legerunt.)
46. SCHILLERIA ? LONGIFOLIA.
Ramulis folisque utrinquè glabris, elliptico-oblongis, acutis, basi æqualibus
êt in petiolum decurrentibus, coriaceis, epunctulatis, subtüs pallidionbus let
subulissimè tuberculosis ; petiolis nudis ? ; spicis arcuatis, folio multoties brevio-
ribus ; bracteis apice peltato-subrotundis, glabris, inferné hirtellis; stigmati-
bus 3 ; fructibus....
Piper longifolium Ruiz et Pav. Flor. Peruv. 1. 37. t. 61. a.(v.s. in Willd.
Herb. n. 641). Vahl Enum. 1. 318.
Crescit in Peruviä.
47: SCHILLERIA? UMBROSA.
Ramulis, petiolis folüsque utrinquè piloso-hirtis, his oblique ovatis, acumina-
tis, basi imæqualibus et rotundatis, membranaceis, pellucidè punctatis opacis ;
MREIS.
Piper umbrosum Humb. et Kth. Nov. Gen. 1.51. Willd. Herb. 667 (folium).
Crescit ad fluvium Magdalenæ. /
Le genre Zippelia de Blume est un des plus remarquables de
la famille des Pipéracées: il a été décrit et figuré dernièrement
par MM. Brown et Bennett { ?/antæ javanicæ rariores ; pars +,
p. 76,tab. 16). Ne possédant aucun individu de cette plante
remnrquable, J'ai dû renvoyer à cette excellente monographie.
Les genres Lourea et Dugagelia, établis par M. Gaudi-
chaud me sont complètement inconnus et n’appartiennent pro-
bablement pas à la famille des Pépéracées, telle que je crois
devoir Ja limiter. Dans les Zaurea , il y a deux étamines, un
stigmate simple en tête, des feuilles opposées et des épis axil-
220 c. KUNTH. — Our les Pipéracées.
Ipires, ce qui le rapproche du genre Peperomia. Le genre
Dugagelia n’est fondé, suivant M. Bennett, que sur la nature
foliacée des bractées. Les genres Lacistema et Gnetum , que
M. Gaudichaud compte aussi parmi les Pipéracées, ont été
élevés au rang des familles par MM. Blume et Martius.
Rapport fait par M. De Mirsez à l’Académie des Sciences, le
10 août 18h0, sur un Mémoire de M. Payer , intitulé : Essai
sur la nervation des feuilles dans les plantes dicotylées.
M. Payer a présenté dernièrement à l’Académie un Æ£ssai sur
la nervation des feuilles dans les plantes dicotylées. MM. de
Saint-Hilaire, de Jussieu et moi, nous avons été chargés de vous
présenter un rapport sur ce travail : nous venons nous acquitter
de ce devoir.
Le but de l'auteur était d'étudier, 1° l’origine des nervures
de la feuille; 2° les variations qu'elles éprouvent dans leur
nombre ainsi que dans leur position, eu parcourant le pétiole ;
3° leurs manières diverses de se ramifier dans la lame. Voici, en
résumé , comment M. Payer répond à ces trois questions :
L'origine des nervures de la feuille ne peut être l’objet d’un
doute. Elles proviennent des faisceaux fibro-vasculaires du cy-
lindre ligneux du rameau. Au lieu de continuer à s’allonger en
ligne droite, concurremment avec les autres, ces faisceaux s’in-
clinent et proviguent vers le point de la circonférence où naît
la feuille, dont ils deviennent une partie essentielle. Générale-
ment parlant, les autres faisceaux du cylindre ont le même sort.
La défection de chaque faisceau occasionne momentanément
une brèche dans le cylindre. Au sommet de l'angle que forme le
faisceau avec le cylindre, naît le bourgeon que Philippe de la
Hire considère, non sans fondement, comme un nouvel individu
engendré par l'ancien. |
M. Payer, tout en assignant aux nervures une seule et même
origine, a soin de faire remarquer que cette origine se présente
pAyYEr, — Or la nervation des feuilles. 221
sous trois modes distincts, savoir : lunilaire, lorsqu'un seul
faisceau fibro-vasculaire donne naissance aux nervures ; le 1er-
naire, lorsque trois faisceaux concourent à leur formation ; le
circulaire , lorsque les faisceaux qui sont appelés à les produire
partent de tout le pourtour du cylindre ligneux.
Nous nous abstenons de citer ici une foule d'observations de
détail, recueillies avec une patience vraiment exemplaire, et
nous passons à l’organisation vasculaire du pétiole.
Il arrive souvent que, sans éprouver la moindre modifica-
tion, les faisceaux qui se sont séparés du cylindre ligneux par-
courent le pétiole depuis sa base jusqu'au point où il entre
dans la lame de la feuille, Mais souvent aussi, chemin faisant,
chaque faisceau se divise dans le pétiole en trois-filets qui, tantôt
restent dans le plan où s’est placé le faisceau principal, et tantôt
se distribuent dans des plans différens.
C’est en cet état de division ternaire que les faisceaux pren-
nent possession de la lame de la feuille et reçoivent le nom spé-
cial de nervures. Quand la feuille est plane, ce qui a lieu dans
la grande généralité des espèces, les trois nervures, résultant
de la division de chaque faisceau, peuvent affecter deux dispo-
sitions diflérentes, savoir : la digitée et la jennée. La première
consiste en ce que les nervures suivent d’abord, toutes trois en-
semble, la direction du faisceau originel, mais que, parvenues
à une certaine hauteur, tandis que la nervure médiane se main-
tient dans la voie ou ellé est engagée, les deux autres nervures
s'en écartent sous le même angle, l’une à droite, l’autre à
gauche. La seconde consiste en ce que les trois nervures suivent
aussi , au début, la direction du faisceau originel, mais que plus
tard, à des distances égales, elles se courbent d’un même côté,
l’une au-dessus de l’autre, de manière à rester à-peu-près paral-
lèles entre elles.
M. Payer termine son Mémoire en indiquant la coïncidence
qu'il a remarquée entre certaines circonstances du développe-
ment des nervures dérivant du mode ternaire, et la forme de la
lame foliacée.
« Lors, dit-il, que le faisceau fibro-vasculaire médian, dans
229 PAYER. — Sur la nervation des feuilles.
le cas du mode ternaire , se sépare de l’étui ligneux du rameau
avant les deux faisceaux latéraux, on a une feuille simple.
« Si, au contraire, ce sont les deux faisceaux latéraux qui se
détachent les premiers, on a une feuille lobée, stipulée, ou
même composée.
« Lorsque l’un des deux faisceaux latéraux se sépare avant
l'autre et avant le faisceau médian, le côté de la lame corres-
pondant au faisceau hâtif est toujours plus développé.
« Quand, sur la coupe transversale d’un mérithalle, faite à la
hauteur où les faisceaux s’écartent du cylindre fibro-vasculaire ,
l'arc qui mesure la distance du médian aux deux latéraux est
très grand , la feuille est généralement lobée et stipulée. »
Ce travail, dont nous n’avons exposé sommairement que les
points principaux, manquait à la science. Il était bon, il était
même nécessaire qu'on l’exécutàt. M. Payer y a consacré un
temps considérable, et il a, ce semble , épuisé la matière. Toute-
fois, nous devons le dire, les résultats qu'il a obtenus ne sont
point de ceux qui commandent le plus impérieusement l’atten-
tion. Dans les sciences d'observation, il n’est pas sans exemple
que le bonheur ait plus de part que de savoir-faire à d’impor-
tantes découvertes. Le physiologiste qui a recours à l'anatomie,
quelque pénétrant , quelque laborieux qu’il soit, ne saurait tirer
d’un sujet que ce qu’il contient. Ce n’est point lhabileté qui a
fait défaut chez M. Payer, c’est l’occasion. Sa dissertation si riche
de détails, ses dessins si exacts et si nombreux, en sont la
preuve. Qu'il poursuive donc ses recherches avec l'ardeur, la
persévérance, la maturité de jugement qu’il a montrées dans
ce premier essai de ses forces, et nous ne doutons pas qu'un
jour il ne prenne un rang distingué parmi les phytologistes.
L'encouragement le plus puissant pour lui, serait assurément
que l’Académie daignât approuver son travail. Votre commission
est d'avis qu'il mérite cette distinction.
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
3, HOFFMANN, — Sur le Lemna arrhiza. 223
Matériaux pour servir à la connaissance du Lemna arrhiza,
avec quelques observations sur les autres espèces de ce genre ,
par le D'J.F. HorFmANx. ( Wiegmann's Archiv für Natur-
geschichte, 1840, p. 136.)
(Traduit par M. Bucaincer. )
Après avoir publié ses recherches sur le Lemna arrhiza , dans
le journal hollandais de Van der Hoeven et de Vriese, l’auteur,
muni d’un meilleur microscope ,est revenu sur le même sujet, et
il a présenté les résultats de ses travaux, dont nous allons donner
un extrait détaillé, d'autant plus que M. Hoffmann est un ob-
servateur très exact, et que son travail servira de complément à
celui de M. Schleiden, qui ne s’est occupé que de la spécification
des plantes appartenant à son groupe des Lemnacées. (Voy. An-
nales des Sciences naturelles, 1840, vol. xnir, p. 144.)
I. Exposition des opinions des divers auteurs qui se sont occupés
du Lemna arrhiza.
Ilest peude plantes phanérogames qui aient provoqué jusqu'ici
d'opinions aussi diverses et d’erreurs plus nombreuses que le
Lemna arrhiza Micheli : la rareté de cette plante, son exi-
guité, ainsi que plusieurs autres circonstances, peuvent servir
d’excuse pour les auteurs, du reste très exacts, La description de
Micheli est trop courte; sa figure cependant est assez bonne :
elle a été copiée depuis, et avec peu de succès, par Lamarck, par
Wolff, par Sturm , et dans le Bulletin philomatique de 1811. De:
puis cette époque, les petits Lemna sans racines qu’on rencontre
quelquefois nageant dans les eaux, furent fréquemment con-
sidérés comme appartenant à la plante de Micheli; quelques au-
teurs y reconnurent d’autres espèces non encore développées, et
en tirérent la conclusion erronée que la plante de Micheli n’é-
tait pas non plus distincte. Ordinairement, dans ce cas, on tient
moins compte de la forme de la plante que de la présence ou de
*
294 1. HOFFMANN, — Sur le Tiemna arrhiza.
l'absence des racines; et lors même que certains auteurs fai-
saient attention à la forme convexe de la surface inférieure dans
la plante de Micheli, ils retrouvèrent un caractère semblable
dans le Zemna gibba. Pour plus de clarté, je vais exposer som-
mairement les opinions diverses des auteurs sur le ZLemna ar-
rhiza de Micheli ( Nova genera , p. 16, n° 4, tab. xr, fig. 4).
1. Les uns soutiennent qu'on considère souvent comme le
Lemna arrhiza ce qui ne l’est pas. Sturm pense que la plante
trouvée en Allemagne offre des individus non parfaitement
développés des L. gibba ou polyrrhiza, parce que, dès que
deux feuilles se sont développées, la plus grande en offre une
radicelle que ne doit pas avoir le ZL. arrhiza. Nees d’'Esenbeck,
lors de la réunion des naturalistes à Bonn en septembre 1835,
fit remarquer que des échantillons sans racines du L. minor
sont souvent pris pour le L. arrhiza. Les échantillons présentés
à cette réunion par M. Dumortier, et distingués du Z. gibba
par l'absence du bourrelet, appartenaient vraisemblablement
au L. minor, qui, dans le commencement, est également dé-
pourvu de racines.
2. Les autres laissent la question indécise : tels sont De Can-
dolle, Koch, Poiret. Ce dernier se demande s’il est probable
qu’une plante pousse d'abord des feuilles et ensuite des racines?
Ceci, comme nous allons voir, se présente en effet dans les
Lemna.
3. D’autres encore considerent le Z. arrhiza comme offrant
une forme particulière du L. polyrrhiza. Wiggers y voit les pre-
miers commencemens de cette espèce. Hooker en fait une variété
du Z. minor : « The young frons of L. minor constitutes the
L. arrhiza ». Selon d’autres, c’est une variété du Z. 21bba. Ainsi
M. de Bonninghausen soutient que les individus présentés à Bonn
par M. Dumortier sont nés de graines du L. g1bba; il prétendavoir
observé des individus semblables dans les environs de Munster,
à différens états de développement. Comme la plante de Du-
mortier n’était point le véritable Z. arrhiza, l'observation de
Bonninghausen peut être fondée , quoiqu'il soit très rare d’ob-
server la germination du Z. sibba. Il suffit d’ailleurs, pour se
convaincre de la différence de ces plantes, de consulter la figure
J. HORFMANN. — Sur le Lemna arrhiza. po $
de Micheli et celles de Wilson (in Hook. Rot. Miscell. 1830)
et de L. C. Richard (in Guillem. Arch. de Bot. 1833).
De ces trois espèces, Reichenbach dit: « L. arrhiza aucto-
rum nil videtur nisi j'lantula harum specierum e gemmulis
orta ircompleta ». Plus tard, ce même auteur (in Mosslers Hand-
buch) décrit, d’après ses propres observations, l’origine de ces
L: arthiza comme naissant des grains de parenchyme, pro -
duits par les différentes espèces de Zemna et descendus au
fond de leau!! Il me semble superflu de im’arréter à la réfuta-
tion d’une pareille opinion. Nees d’Esenbeck sonpçonne que le
L. arrhiza n'est pas uniquernent le jeune bourgeon (proles) du
L. polyrrhizu , mais qu'ilse forme en général par la germination
des différentes espèces de Lemna. Jamais je n'ai vu dans le L. ar-
rhiza le changement de couleur dont parle cet auteur, et qu'on
rencontre effectivement dans les autres espèces de ce genre. Il
est fort probable que Nees d’'Esenbeck a considéré comme
L:arrhiza la forme hibernale du Z. pulyrrhiza et celle sans
racines du Z. minor ; puisqu'il a si bien précisé ses observa-
tions, il n'aurait pas manqué de remarquer la forme globuleuse
du Z. arrhiza. Les petites verrues dont cet auteur fait mention,
et qu'il considère comme les commencemens de jeunes racines,
pe penvent se rapporter qu'au L. polyrrhiza , toutes les autres
espèces n’offrant qu'une seule racine par feuille. J'ai trouvé en
Hollande la plante telle que Nees la décrit, et je considère son
L.arrhiza à face inférieure rougeâtre comme la forme hibernale
du. Z; polyrrhiza, et celle à face inférieurs verte comme le
L. minor jeune et dépourvu de racines.
4. D'autres enfin considérent le L. arrhiza comme espèce
distincte des autres Lemna. Micheli, qui le premier a trouvé
cette plante, parait avoir été de cet avis, que Linné partagea et
qu’il confirma en lui imposant le nom d'arrhiza. Plus tard, beau-
coup d'auteurs, des Français surtout, l’ont admis dans leurs ou-
vrages sans faire d'observations particulières à son sujet. Les bota-
nistes qui seuls ont émis une opinion formelle sont les suivans :
Willdenow, Steudel, Rœmer et Schultes, Gaetano Savi, Bertoloni
et Koch. Ce dernier est mème le seul qui étaie son opinioi d'une
preuve, en ajoutant : « Frondes quadruplo minvres radicibus
XIV. Borax — Octobre 15
2:06 J. ROFEMANN. — dur le Lemna arrhiza.
prorsus carent licet prolificatione iterata auctæ sint ». Les ré-
sultats de mes recherches longues et souvent renouvelées,
m’engagent à me ranger à l'avis de ces derniers auteurs.
IL. Sur la végétation du Yemna arrhiza.
Dans la province de Hollande méridionale, et surtout dans
les environs de la ville de Gouda , on rencontre, depuis mai ou
juin jusqu’en septembre ou octobre, ét entremélés aux Lemna,
de petits globules soit isolés, soit géminés. Jamais je ne les ai
trouvés sans qu’ils fussent entremêlés aux autres Lemna, et le
L. minor est même la seule espece que l’on rencontre quelque-
fois entièrement sans mélange. Jamais, en Hollande, le Z. tri-
sulca ne forme la masse principale dans les fossés ; dans: les
coins cependant des fossés et dans lés petites mâres , cette es-
pèce est quelquefois très peu entremélée aux ZL. polyrrhiza ,
minor où gibba. Je considérai les globules en question, lorsque,
en 1834, Je les trouvai pour la premiére fois comme représen-
tant le L. arrhiza, et la comparaison de la figure de Micheli
vint confirmer mon opinion; je, ne rencontrai que peu de di-
vergence dans les descriptions des auteurs.
En examinant de plus. près cette petite plante, on y distingue
deux faces dont l’une est entièrement plane ou un peu bombée
au milien; quelquefois. le sommet en est un peu élevé ; ellip-
tique ,,obovoide ou arrondi, et d'un, vert clair, tandis que l’autre
face est convexe, plus large, nioins.colorée, presque transpa-
rente. Comme la première est ordinairemént tournée vers le
haut, je la considérai comme la; face supérieure, tandis que la
partie convexe est la face inférieure. L'examen anatomique fait
disparaître tout doute à cet égard, parce que j'ai remarqué, sur
la première face, des stomates distincts, organes qui, comme on
sait, ne se trouvent que sur la face supériéure des feuilles dans
les, plantes aquatiques., Je décriraices stomäates dans le dernier
chapitre. | |
Les plantes simples ainsi que les géminées ne se ressemblent
entièrement ni par la forme, ni par la grandeur : la plante se
‘présente plus ou moins elliptique, et c’est en cela qu'on trou-
1. HOFEMANN. — Sur le Lemna arrhiza. 227
vera peut-être l'explication de la différence remarquée par Koch
sur Jes plantes de France et sur celles d'Italie. Dans les individus
géminés, l’une des feuilles est plus petite que l’autre, diffé-
rence dont l'examen des plantes: isolées fera bientôt reconnaître
la raison.
Les feuilles isolées ont une longueur de 0,02 à 0,05 pouces ,
une largeur de 0,01 à 0,03, une épaisseur de 0,01 à 0,04
(fig.,2. 4.6.). Vues à la 4 elles offrent du côté opposé au
sommet, que nous pourrions considérer. comme la base, un
point jaunâtre entouré d’un bord arrondi. Un examen attentif
fait reconnaitre bientôt ce point comme le rudiment d’une. se-
conde feuille, car lorsqu'on conserve isolément ces plantes
simples, on voit le point jaune se développer successivement.en
‘ longueur et en largeur, se dégager davantage de la feuille-mère
et prendre. une teinte verte; la jeune feuille a atteint presque
la grandeur de l’autre, les deux se séparent, et le développe-
ment se fait comme par le passé, à la différence près, toutefois,
que dans la jeune feuille il s'opère dans la direction opposée.
J'ai pu observer ceci plus particulièrement dans une plante où
des Algues entremélées ont empêché accidentellement la sépa-
tion des deux plantes.
Le point jaunâtre est donc un bourgeon, et pq par son
développement successif la différence de grandeur dans. les
deux feuilles de la plante géminée. Ces. deux feuilles ne sont
jamais entièrement égales, pas même lors de leur séparation ;
cependant la différence entre,elles varie selon le degré de leur
développement, Cette différence est d’abord le plus sensible
dans le sens de la longueur ; mais lors du. parfait développe-
ment, elle ne,se fonde presque que! sur l'épaisseur. Les plantes
géminées diffèrent d’ailleurs entre elles en grandeur, de la
même manière que les plantes isolées : les plus grandes réunies
ont une longueur de 0,1, et isolées, de 0,06 et de 0,04; une
largeur de 0,04 et de 0,035 ; une épaisseur de 0,04 et de 0,03.
Les petites offrent, réunies, 0,05, et. isolées , 0,03. et 0,02 en
longueur ; 0,02 et 0,015 en largeur; 0,03 et 0,02 en épaisseur
(fig. 2. c. d.). Cette différence est déterminée par le développe-
ment plus ou moins précoce du bourgeon de la feuille qui vient
E
12,
228 EL HOorFMmaNx. — Owr le Lemna arrhiza.
d'opérer sa séparation. Lorsque ce développement s'opère im-
médiatement apres la séparation dans un individu qui était con-
sidérablement plus petit que la feuille-mère , la jeune feuille ne
peut atteindre à la grandeur de celle-ci, et il est naturel que,
dans le même rapport, la plante géminée soit constamment plus
petite. Lorsque, au contraire, à la première séparation, les
deux feuilles se trouvaient de grandeur à-peu-près égale, ou
lorsque la plus jeune, après la séparation, se développe encore
pendant quelque temps sans pousser de bourgeons, il en naîtra
plus tard aussi un individu géminé plus grand. Il est hors de
doute que ce rapprochement a ses limites, et se trouve déter-
miné par des circonstances particulières qu'il sera difficile de
connaître exactement. |
Comme la jeune plante, apres s'être séparée de la plante-
nère, pousse un nouveau bourgeon aussi bien que cette der -
nièré elle-même, la multiplication s’opere avec une rapidité ex-
trème et avec une grande régularité; elle se fait dans la pro-
gression de 1,2, 4, 8, 16, etc. Comme, de plus, les bourgeons
de la plante-nière et de la jeune plante se développent en une
direction opposée ( fig. 4), ils forment en quelque sorte deux
systèmes que dans les figures j'ai indiqués par des dénomina-
tions algébriques : tandis que @°, a , a“, a se portent de la
plante-mère « dans une direction, b, &* naïssent de la première
jeune plante &°, c de a‘ et d de àf.
Dans les autres Lemna, la propagation habituelle se fait éga-
lement par une formation de bourgeons et par une séparation
postérieure ; on y remarque cependant une différence très no-
table. En effet, le Lemna trisulca forme des touffes ramifiées
composées d’un nombre de feuilles indéfini : chaque plantule
étant munie d’une racine, et se développant vigoureusement
après une séparation soit naturelle , soit artificielle, ellestoffrent
uu exemple évident d'uue plante proprement composée d’une
réunion de plusieurs individus. Dans sa Physiologie, Meyen
explique cette forme ramitiée par le développement trés régulier
des bourgeons. Ceux ci naissent des deux côtés de chaque feuille,
immédiatemeut au-dessons de la division des nervures de la
feuille, et de fentes presque en croissant formées par les deux
1. HOFFMANN. + Sur le Lemna arrhiza. 229
lamelles de la substance foliaire, séparées en ce point. Sous le
microscope simple, on voit que leur substance se trouve fendue
aux bords de la base, et que dans chacune de ces fentes extré-
mement petites, se trouve contenu déjà un jeune bourgeon.
Le rapport numérique des feuilles d'un individu serait donc
den 3,1%, 15,41 ete
Quoique dans les L. polyrrhiza , gibba et minor , le nombre
des feuilles réunies soit également indéterminé, çn. n’y en
trouve jamais un aussi grand nombre que dans le L. trisulca ;
le Z. polyrrhiza en offre toujours plus qre les deux autres es-
pèces : le plus grand échantillon que j'en aie jamais trouvé était
formé de 19 feuilles ; habituellement, il n'y en a que 2 à 12; dans
les L. minor et gibba, il y en a 2 à 6, tout au plus 8. La com-
notion de l’eau, soit par le vent, soit par d'antres causes, suffit
déjà pour déterminer cette séparation. La forme irréguliere ,
dans les individus de ces trois espèces, provient de ce que
les bourgeons, dans la fente placée des deux côtés de la fronde,
ne se développent pas simultanément; l'une a émis déjà un
jeune bourgeon avant que l’autre bourgeon se dégage, et ce
dernier quelquefois ne se développe pas du tout. On trouve
dans ces plantes le même type de propagation, mais la forme
des individus le modifie considérablement par suite de cet avor-
tement, ainsi que par la réunion moins forte des feuilles.
Jamais je n'ai trouvé d'organes de la fructification dans le
Lemna arrhiza. Ce n’estque:sur un seul individu que j'ai observé
un bourgeon tout particulier dans une fente de grandeur ex-
traordinaire; je l'ai fait figurer dans le journal hollandais cité
plus haut, mais j'y attache une valeur d'autant "oins grande ,
que je n'y vois qu’une formation anormale de be ugeon. Aucun
auteur n'a observé jusqu'ici les fleurs du L. arrhiiza. Il est vrai
que Thuillier dit que les fleurs sont d’un blanc sale, mais ceci
ue me parait avoir été dit de cette espèce que par mégarde, et
parce que cet auteur a indiqué ce caractère pour toutes les
autres espèces. D'ailleurs, cette indication n’est d'aucune valeur.
Mérat admet comme indubitable le développement des fleurs,
mais Je ne vois pas ce qu'il veut exprimer en disant « que les
fleurs doisent être nécessairement placées sous les feuilles. »
230 J, HOFFMANN. — Sur le Lemna arrhiza.
Quoique, dans les Lemna, la multiplication par graines soit
bien plus rare que celle par bourgeons, les organes de la fruc-
tification des L. minor, gibba et trisulca ont été observés par
beaucoup d’auteurs. Je les ai vus dans mon cabinet où je culti-
vais les L. minor et gibba, et j'ai rencontré les fleurs du Z. tri-
sulca dans un fossé très exposé au soleil. Cette dernière espèce
offre une forme particulière des feuilles florifères ; en effet, elles
sont plus étroites et plus courtes que les feuilles stériles; elles se
trouvent isolées, ou tout au plus réunies par deux; leur sommet
est courbé dans l’eau jusqu’à la moitié ou jusqu’au tiers; le reste,
où la fleur se trouve placée dans une fente, surnage et offre la
surface sèche ; il s’y rencontre un épiderme muni de stomates
qui manquent sur les feuilles stériles autant quesur la partie sub-
mergée des feuilles florifères ; de chaque côté de la base , se voit
une fente où les fleurs se déveloupent : généralement, celles-ci
ne naïssent que d’un côté; rarement on les trouve aux deux.
Dans la fente qui ne donne point naissance à une fleur, on voit
souvent une feuille semblable par la forme à la feuille florifère.
Nees d’Esenbeck observa quelques cas très rares où, apres la
floraison , une nouvelle feuille se‘ développa dans la fente florale
même. En général , les feuilles florifères du L. trisulca offrent
beaucoup plus de ressemblance avec les feuilles du L. minor et
gibba que ce n'est le cas pour les feuilles stériles. Le Z. polyr-
rhiza , au contraire, parait porter des fleurs bien plus rarement,
car , autant que je sache, celles-ci n’ont été observées que par
Grauer et par Nees d’'Esenbeck {1). Wiggers, qui cite le premier
de ces deux botanistes, décrit les fleurs et les fruits d’une ma-
niere peu satisfaisante , et Nees n’en trouva qu'un seul exem-
plaire qu’il égara. Il est hors de doute que le L. arrhiza doit
offrir également des fleurs , et, à cause de l’organisation parti-
culiere de ses bourgeons, il est probable qu’on ne les rencon-
trera quesur les feuilles simples. Ce n’est qu'après avoir trouvé les
organes floraux de cette espèce qu’on pourra déterminer exac-
tement le genre dans lequel il faudra la ranger.
(x) On sait que M. Schleiden les à vues en 1859, Voy, Ann, Sc. nat. x111. 144.
(Note du traduct,)
J. HOFFMANN.-— Sur le Lemna arrhiza: 231
Quelque surprenante que soit l'absence complète de racines
dans le L. arrhiza , on y a attaché cependant une importance
trop grande, les autres espèces offrant à certaines époques de
leur vie le même caractère ; j'ai même observéle L. polyrrhiza
qui, dans la forme ordinaire, végétait pendant un temps assez
long sans avoir développé de racines par suite d’une circon-
stance fortuite : pendant mon absence, l’eau d’un pot où je cul:
tivais la plante s'était peu-à-peu évaporée; à mon retour,
je trouvai un grand nombre d'individus collés contre le fond
du, vase; quelques-uns d'entre eux étaient sans racines, tandis
que les autres les avaient étalées horizontalement. Je retirai les
plantes munies de racines, je remis de l'eau dans le vase, et,
pendant plusieurs semaines, les plantes sans racines continue-
rent à vivre, et poussèrent, à la fin d'octobre leurs derniers
bourgeons.
Dans la forme que je viens de décrire, le L. arrhiza nage avec
les autres espèces jusqu’à la fin d'octobre ou jusqu’à la mi-no-
vembre, époque où il s'opère un changement remarquable
dans les Lemna. Les eaux qui en avaient été recouvertes pen-
dant tout l’été.s’en dépouillent successivement, les plantes étant
chassées par les vents dans les coins des fossés. C’est là qu'elles
s'accumulent quelquefois à la hauteur d’un pied : dans. cette
masse, les Z. minor et gibha sont en majorité ; le L: érisulca
n'offre ordinairement que des rameaux brisés, et le Z. arrhiza
est très rare, même aux endroits où il avait été très fréquent en
été, Le L. po/yrrhiza a en quelque sorte disparu ; à sa place,
on trouve des feuilles isolées, réniformes, dont les deux faces
sont d’un vert opaque passant jusqu’au roux ; ces feuilles s’en:
foncent dès qu’on les met dans l’eau claire. On trouve ces
mêmes feuilles en grand nombre dans la vase qu’on retire de l’eau
qui s'est clarifiée. Dans les fossés où le L. arrhiza se trouvait
en abondance, on voit un grand nombre de granules jaunâtres
qu’on reconnaîtra au printemps prochain comme les bourgeons
hibernaux du ZL. arrhiza(1). On remarquele même fait lorsqu'on
(1) On voit tres’ distinctement sur ces bourgeons hibernaux lés écailles membraneuses qui
se rencontrent à la base des jeunes feuilles de cette espèce.
232 J. HOFFMANN. — Sur le Lemna arrhiza.
tient les deux plantes en pot pendant l'hiver : on voit chacune
des deux espèces former ses bourgeons d'hiver, qui se détachent
des frondes ou qui se submergent avec les autres feuilles mortes.
Meyen observa aussi cette submersion dans les L. minor, gibba
et 1risulca, où elle m'a échappé probablement parce que je
portais toute mon attention sur les deux autres espèces.
Le bourgeon hibernal du L. polyrrhiza est plus particulière-
ment différent de la plante telle qu’on la trouve en été. Outre
sa forme et sa couleur, il se distingue en ce que, lors de son
développement, il ne change point de forme, ce qui se retrouve
du reste aussi dans les L. minor et gibba. Bientôt il pousse quel-
ques radicelles isolées, et d’une fente latérale sort une feuille,
ce qui, à cause de l'exiguité du bourgeon hibernal, donne à la
nouvelle feuille une grandeur quelquefois triple et quadruple.
Dans le Z. arrhiza, le bourgeon hibernal diftère moins de la
feuille d’été ; il ressemble davantage aux bourgeons non encore
entièrement développés. Il est plus petit, Jaunâtre, comme tri-
angulaire à angles arrondis. On en rencontre cependant aussi qui
sont plus grands et de forme plus globuleuse. Il continue à se
développer pendant qu'il pousse un nouveau bourgeon, et se
distingue par là aussi des bourgeons analogues des L: polyr-
rhiza , gtbba et minor.
Le froid et la chaleur exercent une grande influence sur la sub-
mersion et sur l’émersion, qui se règlent d’après la température ;
mais ces changemens s’observent également dans les’ plantes
conservées dans la chambre. Mes expériences pour déterminer la
cause de ce phénomène restèrent sans résultat satisfaisant. Un
froid artificiel ne les fitjamais submerger, ce qui, à la vérité, peut
provenir de ce que je ne pouvais produire ce froid que pendant
peu de temps La chaleur détermina, en général, leur ascension
rapide et leur développement ; quelquefois cette ascension ne
fut provoquée que par une bulle d'air adhérent : quand celle-ci
fut enlevée, la plante coula de nouveau au fond. L’ascension du
L. arrhiza dans les fossés se fait plus régulièrement que dans
un pot, où la vase se condense davantage, et où l’eau reste plus
tranquille. Lorsqu'on secoue le pot renfermant la plante avec
la vase , il surnage de suite un certain nombre d'individus dont
J. HOFFMANN. — Sur le Lemna arrhiza. 233
la surface est sèche; le même phénomène se remarque quand
on délivre les bourgeons de la vase environnante. Les plantes
peuvent cependant continuer à végéter dans la vase pendant un
temps assez long : depuis le 6 mai, en effet, jusqu'au 25 sep-
tembre , elles conservèrent dans la vase d’un flacon leur forme
bibernale, et quand je les fis surnager alors , elles continuérent
leur développement normal. Les feuilles simples descendirent
au fond, en été, dans les flacons, sans que je pusse en trouver
la cause, qu’il faut peut-être chercher dans l’eau qui s’introduit
dans les fentes. Lorsqu'on les dessécha et qu’on les plaça avec
précantion sur l’eau, elles restèrent surnageantes et pousserent
leurs bourgeons en peu de temps ; quand, au contraire, on les
faisait couler au fond, elles y restaient, ce que je ne remarquai
point dans les individus dont la surface s'était desséchée. Je parle-
rai plus tard de l’examen microscopique des feuilles submergées.
Après que les bourgeons sont revenus à la surface , la multi-
plication s’opére tres vite; en géneral, les Lemna, par une
température chaude, se multiplient extrêmement par le bour-
geonnement et par la division. En admettant qu’un bourgeon
hibernal s’est élevé le 1% juin, et qu'il lui faut chaque fois huit
jours pour développer de jeunes bourgeons (ce qui en été se
fait quelquefois dans l’espace de trois à quatre jours ), nous
trouverons qu'au 20 octobre il a produit 32,786 plantes. Je n’ai
point réussi jusqu'ici à déterminer la période vitale dans le
nombre des bourgeons nés d’un individu , parce que ces plantes,
conservées isolément, ne végétaient que faiblement, et péris-
saient bientôt. Je dois faire remarquer ici que les exemplaires
observés dans mon cabinet variaient souvent dans leurs multi-
plications, parce que quelquefois ils produisaient trois ou un
plus grand nombre de bourgeons, tandis que d’autres périssaient
déjà après l'émission du premier bourgeon.
En résumé, nous trouverons les faits suivans :
1° Que dans les Lemna, les bourgeons hiberniux sont dé-
pourvus de racines, ce que l’on voit fréquemment aussi sur les
bourgeons du Lémna minor nés en été;
2° Que les bourgeons hibernaux coulent au fond en automne,
234 J. HOFFMANN. — Sur le Lemna.arrhiza.
qu'ils passent l’hiver enfoncés dans la vase, et qu'ils remontent
au printemps ;
3° Que dans le Z. polyrrhiza , les bourgeons d'hiver sont
tres différens de ceux qui naissent en été, tandis que dans le
L: arrhiza ; la différence entre ces deux espèces de bourgeons
n'est pas aussi considérable , mais toutefois très caractéristique;
? Que dans les L. minor et gibba, qui passent fréquemment
l'hiver en surnageant, la forme des deux HER de bourgeons
offre à peine une différence;
5° Les rapports sont plus, fees: à see dans le L. tri-
sulca ; parce que la réunion des feuilles y est plus intime;et que
les échantillons fleuris surnagent seuls, ayant la surface sèche;
6° Les formes sans racines ont souvent été confondues avec
le Z,. arrhiza, ce qui a fait considérer celui-ci comme,ne diffé-
rant point des autres espèces.
Si nous-examinons de plus près les rapports de végétation du
L. arrhizu, nous trouverons pour la spécification de cette
plante les caractères suivans :
1° Si le L. arrhiza n’était qu’une forme moins développée des
autres espèces, on ne le rencontrerait pas si fréquemment sans
celles - ci ;
2° La circonstance qu'on trouve cette espece toujours entre-
mélée aux autres, ne prouve rien contre sa valeur spécifique ,
les autres Lernna se trouvant également presque toujours en-
tremélés ;
3° Les ‘échantillons des Z L. polyrrhiza , minor, £ibba et tri-
sulca , observés pendant deu années dans mon “abs ne
produisirent rien qui ressemblât au véritable Z. arrhiza ;
4° Ce dernier conserve sa forme particulière et se multiplie
trés régulièrement ;
5° La manière dont se fait sa propagation, quoique en géné-
ral analogue à celle des autres espèces, n’en fournit pas moins
des caractères particuliers très distinctifs.
J. HOFFMANN. — Sur Le Lemna arrhiza. 23)
IL. Examen microscopique du Lemna arrhiza.
Nous allons examiner successivement les différens organes de
cette plante.
1. L’épiderme.
a. De la face supérieure. Comme nous l'avons vu plus haut,
cette face est elliptique, obovoiïde ou arrondie, plane ou un
peu bombée au milieu quelquefois, et au côté opposé au som-
met, elle est relevée en une pointe plus courte et surtout plus
étroite qu'à la face inférieure. L’épiderme est formé de cellules
4-8-gones, de grandeur assez différente, et entremélées de sto-
mates. Ces derniers sont de forme elliptique, et offrent une lon-
gueur de 0,0013-0,0015 pouce, et une largeur de 0,0009 à
0,0012 (fig. 5). J'ai également, pour faciliter la comparaison,
représenté l’épiderme de la face supérieure des Lemna polyr-
rhiza , gibba et minor. Dans le L. polyrrhiza , les cellules sont
beaucoup plus petites, plus allongées, de forme très diverse,
à parois flexueuses; les stomates sont arrondis et longs de
0,0006 à 0,0008, sur une largeur de 0,0007 à 0,0008 ( fig. 6 ).
Le L. gibba offre également des cellules allongées, mais plus
grandes, à parois très crispées. Les stomates tiennent, par leur
forme et leur grandeur, le milieu entre ceux des ZL. polyrrhiza
et arrhiza ; ils sont longs de 0,0008 à o,oco11, et larges de
0,0007 à 0,0009 ( fig. 7). Le L. minor s'accorde assez avec le
L. gibba pour les cellules épidermiques, autant que pour les
stomates; en général, les parois cellulaires sont un peu moins
crispées, et les stomates plus petits, d’une longueur de 0,0006
à 0,0009, et d'une largeur de 0,0004 à 0,0007 ( fig. 8). Dans
toutes les espèces, les stomates des bourgeons hibernaux sub-
mergés sont clos ; ceci était également le cas dans les feuilles du
L. arrhiza submergécs en été, et dont il a été fait mention plus
haut ; je n’ai point trouvé d'autre différence dans leur structure.
Les stomates sont moins clos dans les échantillons surnageant à
surface sèche ; en s'ouvrant, ils s’étirent davantage en largeur
2306 J. HOFFMANN. — Sur le Lemna. arrhiza.
dans le ZL. polyrrhiza, et davantage en longueur dans le L. ar-
rhiza ; on rencontre cependant des différences très sensibles
sur la même feuille, comme le font voir les formes éxtrêmes à
la figure 9, c. /. 7.
b. De la face inférieure. Celle-ci est convexe, peu colorée,
presque diaphane. Sa longueur , et surtout l’axe de sa largeur,
est plus considérable qu’à la face supérieure, et les parois sont
plus rapprochées (fig. 10).
2. Ouverture extérieure de la fente et bourgeon quiten fait
saillie (fig. 11,12, 13).
A-peu-près au milieu de la face inférieure , et à la base, se
trouve un petit bourrelet s’élevant d’un organe arrondi : comme
uous avons vu plus haut, c’est là le jeune bourgeon, et l’ouver-
ture de la fente où il se trouve placé. Les cellules épidermiques
deviennent, à cette place, successivement plus allongées et plus
étroites, jusqu’à ce qu’elles forment un anneau de trois à cinq
cercles ( fig. 12, 13). Lors du développement ultérieur, l'ou-
verture s'agrandit successivement dans la même proportion que
le bourgeon qui en sort, et quand les feuilles parfaitement déve-
loppées se séparent, elle est bien plus grande dans la feuille âgée
que dans la jeune : dans la première, elle forme un enfoncement
où se trouve cachéle jeune bourgeon; dans la seconde, un anneau
qui embrasse également un jeune bourgeon de la manière décrite
plus haut. Cette diversité de l'ouverture g offre un moyen sûr
de distinguer les feuilles-méres d'avec les jeunes feuilles (fig. 12,
fo LATE
3. Cicatrice du pédicelle par lequel le bourgeon se trouvait
fixé à la feuille-mère (fig. 11,12, 13).
Un peu plus profondément que cette ouverture de la fente,
se trouve un point où les cellules épidermiques de la face foliaire
inférieure sont également plus allongées et presque prisma-
tiques (fig. 11, 12). L'examen des feuilles qu’on vient de séparer
fait voir clairement que c’est ici que se trouvait attaché le pédi-
celle dont il sera question plus tard. Dans les bourgeons hiber-
J. HOFEMANN. — Sur le Lemna arrbiz:. 237
paux , cette cicatrice se reconnait à une teinte noire provenant
des atomes de vase accamulés entre les cellules détachées.
4. Coupe verticale.
a. Parench} me. Les cellules plus ou moins elliptiques forment
un tissu assez lâche, et peuvent donc, dans leurs interstices ,
contenir beaucoup d'air, par l’action duquel la plante reste na-
geante au-dessus des eaux. L'absence et le développement d’air
dañs ces méats intercellulaires , Joint à l'ouverture et à la ferme-
ture des stomates, sont sans doute la cause déterminante que ces
plantes coulent au fond et qu’elles remontent. Les cellules du pa-
renchyme sont les plus grandes au milieu, les plus petites sous la
face supérieure de la feuille : celles autour de la fente, ainsi que
celles de la face inférieure de la feuille, tiennent, quant à la
grandeur, le milieu entre les deux espèces.
b. Fente (fig. 15, 20, 26, 27, 28, 34, 35). La grandeur de
la fente varie beaucoup selon les différens degrés de développe-
ment, comme le fera voir la comparaison des figures 15 et 20,
etc.; les fentes en deviennent plus allongées et plus étroites
vers le dehors. L'examen des bourgeons très jeunes (fig. 16 b,
216,etc., 25 c, d, etc.) fait voir que la fente se forme du de-
hors vers le dedans : en effet, elle n'embrasse les bourgeons
que de la moitié ou des deux tiers, tandis que l'organe corres-
pondant (fig. 21,22, 23 b, etc.) les entoure entièrement.
‘©. Formation des bourgeons. C'est dans la fente que se trou-
vent les jennes bourgeons : ils sont placés les uns derrière
les autres, et en même temps les uns à côté des autres. Les
feuilles simples qui viennent surnager (ou les bourgeons hi-
bernaux }) en offrent deux de grandeur très diverse (fig. 16 a° et
&), qui tous les deux en renferment un autre très petit ( fig.
16 b. c ). À mesure que le plus grand bourgeon a acquis un peu
de développement, on en remarque un troisième (fig. 17, 18,
19 a*), et lors de son parfait développement, il s’en présente
un quatrième, surtout dans les individus où les deux feuilles
sont de grandeur presque égale (fig. 22, 24, 25 a°). Dans ce
cas, la jeune plante n'offre que deux bourgeons, dont le plus
238 j. HOFEMANN. —- Sur le Lemna arrhiza.
grand seul montre souvent un jeune bourgeon (fig.21, 22, a3e),
mais quelquefois les deux bourgeons en renferment chacun un
petit (fig. 26e et f). L'examen des figures où les bourgeons et
les feuilles correspondantes sont toujours marqués des mêmes
lettres, montrent mieux que nous ne pourrions l'expliquer le
développement de la position respective des bourgeons. La
feuille-mère est marquée a; le premier bonrgeon qui formera
par la suite la feuille jeune, a*; les suivans, a°, af, a’; le
petit bourgeon né de a* (qui forme également la seconde géné-
ration) est marqué b; le bourgeon suivant b? ; celui né de a est
marqué c, de a* par d'; celui né de & et de b*{( ou la troisième
génération) l’est par e et f.
Les bourgeons se trouvent fixés à la feuille-mère au moyen
d'un pédicelle formé de cellules allongées (fig. 20, 26, etc.).
Lors de la séparation, la jeune plante se détache du pédicelle
qui reste dans la fente de la feuille-mère , et laisse à la jeune
plante la cicatrice dont il a été question. Dans un grand nombre
d'individus mürs pour la séparation, le point où la jeune plante
se détache se trouvait déja marqué (fig. 20 et 21).Ce pédicelle est
quelquefois organisé de manière, qu'on serait tenté de le considé-
rer coinme une petite racine rudimentaire (fig. 20°, 29, 30 et 31).
A cette ressemblance effectivement très frappaute dans la forme,
vient se joindre une autre circonstance; c’est qu'on rencontre
ces organes précisément aux plantes où le bourgeon a? n’est
que très peu développé. En effet, il reste par là un grand espace
dans la fente , et il s’y présente en quelque sorte l’occasion pour
le développement d’une radicelle. D'un autre côté, il faut re-
connaître que le bout détaché peut facilement se contracter en
une pointe et donner liéu par là à une erreur. Pour acquérir de
la certitude sous ce rapport, j'isolai plusieurs bourgeonshiber-
naux, afin de les examiner aussitôt que la jeune feuille serait très
près de l’époque où elle se détache ; si alors l'organe en question
se montrait sur les feuilles encore réunies, il serait hors de doute
que c’est une radicelle , puisque ancune feuille ne s'était encore
détachée , et que, par conséquent , aucun pédicelle n'aurait pu
encore rester. Sur plus de trente plantes que j'ai examinées,
aucune ne montra l'organe en question; si, pendant la manipu-
J. HOFEMANN. — Sur le T,emna arrhiza. 239
lation , la jeune plante s'était séparée de la plante- mère, Je n'aurais
pas manqué de trouver le pédicelle sur cette dernière. Je n’6b:
tins point de résultat différent par l’examen d'individus dont le
bourgeon a avait atteint son parfait développement. Dans un
grand nombre d'entre eux , le pédicelle de a? se présenta ; dans
d’autres, il avait déjà disparu, ou il s'était perdu par suite de
la coupe ; dans quelques individus même où j'étais assuré que
a? et aÿ s'étaient déjà séparés de la plante-mère, tous offrirent
des pédicelles (fig. 32 et 33 pa? et pa). En un mot, dans
toutes les plantes où j'observai l'organe en question, je trouvai
la possibilité qu’il fût le pédicelle de la jeune plante antérieure.
Dans le plus grand nombre des coupes transversales , je le cher-
chai en vain, et en général, je ne le trouvai que sur les feuilles
géminées de grandeur presque égale. Dans cette incertitude, il
me semble plus sûr de considérer cet organe comme le pédicelle
de la feuille antérieure, lequel disparaît ou plus tôt, ou plus
tard, après la séparation, et qui, lorsqu'il se faune, prend l'aspect
d’une racine.
5. Coupe horizontale (fig. 34 et 35 ).
Cette coupe est bien moins instructive que la coupe verticale;
car, par suite de la position oblique du bourgeon, la coupe ne
peut être faite que par une de leurs parties ; l’nn des bourgeons
se trouve donc détaché du pédicelle, tandis que l'autre reste
intact. L'exposition détaillée, de même que plusieurs faits qui
se présentent lors de ces coupes, trouvera sa place dans l’expli-
cation des figures.
6. Nervures des feuilles et vaisseaux.
Jusqu'ici, je n'ai point réussi à trouver des nervures ou des
vaisseaux soit spiraux, soit autres, à la face supérieure de la
feuille. On se rappelle qu’il n’y a pas fort long-temps qu’on nia
la présence des vaisseaux spiraux dans les Lemna. Tréviranus
les vit le premier dans les racines du L. polyrrhiza ; après lui,
beaucoup d’observateurs les ont trouvés dans cette espèce ainsi
que dans les L. minor, gibba et trisulca.
Ce troisième chapitre nous fournira plusieurs preuves con -
240 J. HOFEMANN. — Surle Lemna arrhiza.
cluantes pouradmettre la distinction du L.arrhiza comme espèce
particulière; ce sont :
1. La grandeur et la forme des stomates;
2. La forme ni flexueuse, ni crispée, des cellules épidermiques.
3. La position particulière ainsi que le développement des
bourgeons ;
4. La forme: convexe de la plante.
Quant à cette forme convexe, Je dois encore faire remarquer
qu'on l’observe des le premier développément de la plante : c'est
là un caractère qui sépare nettement le L. arrhiza du L. gibba,
dont la face inférieure est d’abord entièrement plane pour ne se
développer que plus tard en un bourrelet composé de récép-
tacles aérifères.
Je n’abstiens d'exposer ici d'autres considérations sur la forme
particulière dé notre plante, et je ne la comparerai pas à
d’autres végétaux, d'autant plas qu'il serait fort possible qu’une
fois qu’on trouvera la plante en fleurs, elle offrit encore, comme
le Z,. trisulca , des modifications très importantes.
P.5. (5 février 1840). Le docteur Schleiden me vit voir, de-
puis la rédaction de mon Mémoire, un passage de Roxburgh
(Flora indica, nr, p. 565 ) qui se rapporte sans aucun doute
au L. arrhiza, la description s’accordant exactement avec celle
de Micheli, ainsi qu'avec la mienne. Je vais trauscrire ce passage
pour faciliter la comparaison : « L: globosa Roxb. Single, glo-
« bular, rootless, minute, one or at most two together singly
« about the size of a grain of sand. With L. orbiculata( polyr-
« rhiza) found in very great abundance on bancs and pools of
« stagnant water in Bengal forming a compact green scum over
« the surface. »
EXPLICATION DES FIGURES DES PLANCHES 10, 11 ET 12.
Fig. 1. Feuilles simples et géminées du L. arrhiza, de grandeur naturelle.
Fig. 2. Quelques individus grossis 5 fois. a petits, simples ; à grands, simples ;c petits,
géminés ; d grands, géminés.
Fig, 3. Une plante a , à laquelle s’est développé aÿ avant le développement parfait de &°.
Fig. 4. Plante géminée, ou la feuille mère a resta parfaitement réunie à la jeune plante a?,
1: HÔFEMANN. — Sur le Lemna arrhiza. 241
lors du développement de aï et ’de b. La direction opposée , daus laquelle 4° et & se déve-
loppent , est indiquée par de petites flèches. (1)
Fig. 5. Fpiderme de la face supérieure du L. arrhiza , à un grossissement de 230 fois.
Fig. 6. Le même du Z. polyrrhiza
Fig. 9. _ L. gibba au mème grossissement, À
Fig. 8. — L. minor |
Fig: 9. Stomates isolés avec leurs glandés cutanées : & du L. arrhiza , grossi 380 fois ; 2 du
même , grossi 680 fois. c Stomate très ouvert , grossi 680 fois ; d et e du Lemna gibba, l'un
grossi 380 fois , l’autre 680 fois; fet g le même du ZL. minor: k et n le même du Z. polyr-
rhize , le premier grossi 380 fois, les autres 680 fois.
Fig. 10. Epiderme de la face foliacée inférieure du Z, arrhiza , grossi 230 fois.
Fi. 11. Fragment de l’épiderme d’un bourgeon hibernal, avec l'ouverture de la fente,
le jeune bourgeon 2, qui y est placé, et la cicatrice » du pédicelle, qui réunissait antérieure-
ment le bourgeon hybernal à la feuille mère ; grossissemeul de 1 50 fois.
Fig. 12. La même partie prise sur une feuille a? prête à se séparer, avec le jeune bourgeon &
et la cicatrice ? , à un grossissement de 150.
Fig. 13. Ouverture de la fente de la feuille réunie à la feuille a? ci-dessus , vue d’en haut
a un grossissement de 80 fois. Le bonrgeon a* se trouve placé au fond de la fente et offre en €
son propre jeune bourgeon ; » cicatrice.
Fig. 14. Cercles qui font voir la grandeur rela'ive des ouvertures en question : 1° de la
feuille-mère a, 2° de la jeune plante 4°.
Fig. 15. Coupe verticale d'uu bour sRèR hibernal encore submergé. a° Son jeune bourgeon ,
grossi 80 fois.
.… Fig. 16. Ce dernier bourgeon, sorti de la fente avec le bourgeon subséquent a5, à un gros-
sissement de 180 fois. Les deux font voir les Jeunes bourgeons à et c.
Fig. 17. Coupe verticale d’un bourgeon hibernäl émergé, grossi 80 fois. La coupe est faite
par le milieu d’un disque obtenu après l'enlèvement des deux faces du côré sine convexe de
la feuille, |
Fig. 18. Le bourgeon, retiré de la fente, vu du côté OPPOSÉ ; grossissement, de 80 fois,
Fig. 19. Partiede ce bourgeon, grossi hi. fois.
Fig! 20. Coupe verticale d'une plante entièrement développée. p est probablement le pédi-
celle d’une jeune plante développée antérieurement ; les autres parties s'expliquent facilement
par la figure précédente et par les suivantes.
Fig. 20*. Le second bourgeon aÿ avec le pédicelle du premier a?, tiré hors de la fente, et vu
du côté opposé à un grossissement de 150 fois. ,
Fig. 21. Coupé verticale qui montre le bourgeon a3 plus développé , et & au contraire moins
développé.
Fig. 22- -25, Après l'enlèvement des deux côtés de la partie inférieure convexe d'un Fes
géminé , la partie moyenne, obtenue par cette opération , fut coupée verticalement. La partie
(1) Conformément au desir que l'auteur nous en a exprimé , nous rappelons ici que c'est par
erreur que Meyen (Jahresbericht über die Physiologische Botanik , 1838 Mpage!44) avance que
la réunion fortuite dont il vient d'être question aurait été considérée par M. Hoffmann comme
le moyen d'expliquer !a production des individus géminés. M. Hoffmann avait , au contraire,
expressément déclaré que ce n’est qu’accidentellement.et par suite de Ja présence d'algues ,
d'infusoires, etc, , que, dans ce cas sé à la séparation des deux plantes n'a pas pu
s’opérer. (Note du traducteur. )
XIV. BoTan. -— Octobre. 16
2/42 J, HOFFMANN. -— Sur le Lemna arrhiza:
eù se trouvent les bourgeons est représentée à la figure ee., vue d’un côté, et à la figure 23,
vue de l'autre côté, à un grossissement de 80 fois. La figure 24 montre le bourgeon tiré de. la
fente, grossi de 150 fois. Figure, 25 , le même bourgeon vu du côté opposé. Le texte explique
la signification des lettres ajoutées.
Fig. 26. Coupe verticale pour faire voir la fente qui est représentée isolée.
Fig. a7. À un grossissement de 8o fois.
Fig. 28-31. Représentation de la partie p, non encore, expliquée: La figure 28 offre: la
posilion relative de la feuille géminée figure 29. Après l'enlèvement de la jeune plante ai,
p apparait plus distinctement. La figure 30 représente les mêmes parties grossies de 150 fois.
Fig. 31, Fragment de p, grossi 230 fois.
Fig. 32 et 33. Deux jeunes plautes enlevées de, la fente de la feuille-mère. Comme elles ont
été conservées séparément, j'ai pu démontrer avec certitude que l’une avait développé parfai-
tement deux bourgeons, et que l’autre: en avait développé un avant les bourgeons représentés.
Par là il devient très probable que pa* et. p aÿ sont les pédicelles.restés en place, C’est sur cette
supposition:que se fonde la dénomination des parties en question,
Fig. 34. Coupe horizontale d’une partie d’un individu gémine.
Fig..35. La même partie, vue.du côté opposé. Les bourgeons, etc, s'expliquent facilement
par les figures précédentes.
RecusrcHes sur la structure des vaisseaux annulaires, par
Huco Mour. (Flora, 1839, p. 673.)
(Traduit par M. Bucaixcer.)
Le D' Schleiden vient de publier dans la Æ/ora (voy. Ann.
Se.nat., tom. x11, p. 364) des observations sur les formations spi-
rales dans les cellules des plantes. Ces observations excitèrent
d'autant plus mon attention, que j'avais traité récemment de
même sujet, et qu'il résulte des recherches de Schleiden qu’il
est arrivé, quant aux points essentiels, aux mêmes résultats que
moi, concernant la structure de la membrane cellulaire végétale.
Son opinion diffère principalement de la miennerelativement à
deux points, qui sont, l’ordre dans lequel se développent les
membranes et les fibres secondaires du Taxus et des organismes
voisins , et la formation des vaisseaux annulaires.
Je dois, pour examiner le premier point, attendre une saison
plus favorable. Quant au second point, je vais indiquer les rai-
sôns qui m’engagent à persister dans mon opinion antérieure,
quoique Schleiden ait établi une nouvelle théorie sur le déve-
loppement.des vaisseaux annulaires.
HUGO MOHL. — Struclure des vaisseaux annulaires. 243
Déjà antérieurement, ( Flora 1836), je n'étais élevé contre
l'hbypothése ,: dénuée de tout-fondement et. néanmoins assez
généralement reçue jusque dans ces derniers témps, que.les vais-
seaux annulaires doivent leur naissance. au déchirement, des
fibres spirales des vaisseaux spiraux, dont les fragmens se sou-
deraient ensuite en anneaux. J'avais, au contraire, expliqué la
formation des fibres annulaires comme une simple modification
des fibres spirales, fondée sur ce que l'ascension de la fibre spi-
rale, qui peut s'étendre jusqu’à prendre la direction longitudi-
uale, peut, au contraire, diminuer au point que sa direction se
croise transversalement avec l’axe longitudinel du vaisseau, ce
qui doit nécessairement donner naissance à des anneaux ren-
trant sur eux-mêmes, au lieu de produire des fibres contour-
nées en spirale. Le D' Schleiden pense, au contraire, que dans
les membranes secondaires des utricules végétales , on pourrait,
sans exception aucune, démontrer une disposition des fibres en
spirale, et que les vaisseaux annulaires sont formés par des
vaisseaux spiraux qui peuvent constamment être déroulés, mais
dont la fibre, formant deux tours de spire contigus, se soude
et forme des anneaux clos qui s’isolent plus tard par la résorp-
tion des fragmens de fibres interposés. Il assure que ce dévelop-
pement peut se remarquer dans l'examen des vaisseaux annu-
laires au premier âge.
La solution de la question qui consiste à savoir laquelle de ces
deux théories est vraie, semblera à beaucoup de personnes être,
en général, plus simple: et plus facile qu’elle ne l’est effectivement.
On pourrait croire qu'avec un bon microscope, de l'habitude
dans la préparation, et la patience nécessaire, on parviendrait
à vaincre facilement les difficultés qu’opposent aux recherches
l'exiguité et la mollesse des vaisseaux qui se trouvent encore
dans les premiers momens de leur développement. Il én est ef-
fectivement. ainsi ; mais cela ne suffit pas pour tirer la chose au
clair, car la principale difficulté qu’on doit, vaincre dans les re-
cherches sur le développement. d’un organe végétal, résulte,
dans le cas présent comme dans:la plupart des cas , de cé que
l'organe dont on veut étudier le mode de développement n'offre
pas dans tous les cas la même structure, mais que ; au contraire
16.
244 HUGO MOHI. -- Structure des vaisseaux annuluires.
les différens cas que l’on examine présentent des déviations in-
dividuelles plus ou moins grandes du type normal. C’est cette
circonstance qui fréquemment ne permet pas de décider si l’on
a devant soi un développement normal, ou bien une déviation
accidentelle, mais persistante. L'obsérvateur ne voyant pas s’o-
pérer sous ses yeux le développement successif d’un organe,
mais devant établir son opinion d’après les faits observés isolé -
ment à différens degrés du développement, se laisse souvent
entraîner à considérer quelque circonstance accidentelle et sans
importance, comme un point d’un intérêt majeur, et il fonde
alors sur ces cas exceptionnels, quoique exactement observés,
une théorie entièrement controuvée. Ce n’est que par des re-
cherches fréquemment renouvelées qu’on peut se garantir de
telles erreurs.
Avant de passer à l'examen des vaisseaux annulaires, je pré-
senterai quelques observations sur la fibre des vaisseaux spiraux.
Celui qui aura examiné le développement des vaisseaux spi-
raux et des cellules spirales, et qui aura reconnu l’analogie
constante de ces deux organismes entre eux et avec les cellules
ponctuées, n’hésitera pas un instant à voir dans la fibre des
vaisseaux spiraux, non un organisme particulier, existant par
lui-même, mais bien la membrane secondaire de l’utricule vas-
culaire, divisée, dans une direction spirale, en une où plusieurs
bandelettes. Je renvoie donc, quant à l’organisation de cette
prétendue fibre, à mon travail sur l'organisation de la mem-
brane cellulaire, parce que tout ce que l'on peut dire sur la
structure de la membrane de la cellule spirale, s'applique égale-
ment à la paroï du vaisseau spiral. Mais pour ce que j'ai à dire
des vaisseaux annulaires , il est nécessaire d'examiner avec soin
quelques points relatifs à la fibre spirale.
Dans le Mémoire cité ci-dessus, J'ai exposé les raisons qui
militent en faveur de l'opinion que les membranes cellulaires
secondaires possèdent une organisation fibreuse, reconnaissable
par des stries, par la plus grande facilité à se déchirer dans la
direction spirale, par des enfoncemens et des sillons se dirigeant
dans Je même sens, et plus particulièrement par des fentes qui
pénetrent à travers toute l'épaisseur de la membrane cellulaire.
HUCO MOHL. — Shruclure des vaisseaux. annuluires. à:5
Tous ces phénomènes, qui se voient si fréquemment sur les
points de la membrane cellulaire situés entre les ponctuations
des cellules, se montrent aussi dans les fibres des vaisseanx
spiraux déroulables; mais on les y reconnait moins fréquem-
ment, soit qu’à cause du peu de largeur de la fibre spirale, on
les observe plus difficilement, soit que fréquemment, et melgré
les grossissemens les plus forts, la fibre spirale se présente à
l'œil comme homogène. Lorsque, au contraire, la fibre offre
une largeur considérable, en sorte qu'elle ressemble plutôt à
un ruban aplati qu’à un fil demi rond ou quadrangulaire, elle
ne présente pas naturellement, dans un grand nombre de cas,
un aspect homogène, mais on y observe des sillons plus ou
moins profonds, qui se dirigent dans le sens de la fibre, soit
par rangées , soit les uns à côté des autres, et dans ce dernier
cas, ils lui font prendre un aspect rétiforme ( PI. 13, fig. 2 et 3,
Commelina tuberosa). Dans d’autres cas, ces sillons pénètrent
à travers toute l’épaisseur de la fibre, qui, à différens points ,
se divise en deux ou plusieurs fibres placées les unes à côté des
autres. Ces fibres alors ; ou se dirigent parallèlement, ou la fibre
détachée se réunit encore à une distance plus ou moins grande
avec l’autre, ou bien l’une des fibres née par la division, aban-
donnant l’autre partie qui continue dans la direction qu'eile
avait précédemment, s'élève dans une direction spirale plus
oblique, jusqu'à ce qu’elle atteigne la spire voisine de la fibre
avec laquelle elle se confond. Cest ainsi que nous observons,
en petit, presque toutes les modifications de forme que nous
trouvons dans les couches utriculaires secondaires, et ceci par
suite de la réunion compacte de toutes les parties constituantes
de la fibre , ou par son écartement plus ou moins prononcé en
fils isolés.
Quant à ia direction dans laquelle la fibre spirale se trouve
contournée, elle n’a, à la vérité, point de rapport direct avec
l'organisation du vaisseau ; mais je crois devoir néanmoins faire
quelques observations à ce sujet, parce que plusieurs faits erro-
nés, fondés en partie sur une connaissance imparfaite de la spi-
rale, ont été avancés par quelques auteurs. J'ai dit déjà ailleurs
que l'immense majorité des vaisseaux spiraux étaient contournés
246 HUGO monr, — Véructure des vaisseaux annulaires.
à droite, cest-à-dire que la torsion de la fibre est telle, que,
lorsque l’observateur se suppose placé dans l’axe du cylindre
autour duquel s'élève la ligne spirale, la fibre monte de la gauche
vers la droite, come, par exemple, dans le vaisseau représenté
à la figure 5.:Dé même que la plupart des autres phytotomistes,
Schleiden dit que la fibre spirale est tordue tantôt à droite,
tantôt à gauche, et il croit pouvoir admettre provisoirement,
comme règle générale, que dans des organisations spirales dé-
veloppées simultanément, celles qui sont placées immédiatement
à côté les unes des autres dans la direction dn rayon sont ho-
modromes, tandis que celles placées les unes à côté des autres
dans la direction des parallèles à la périphérie sont hétérodromes,
et il s'appuie, pour prouver cette loi, sur le croisement con-
stant des fentes poreuses dans des cellules parenchymateuses et
Jigneuses voisines, lorsqu'on les considère sur des coupes faites
parallèlement aux rayons méaullaires. Je doïs avouer que je ne
conçois pas comment l’auteur que je combats peut citer le croi-
sement des fentes poreuses à l'appui d’une torsion en sens diffé-
rent des fibres, tandis qu’elle prouve exactement le contraire.
On voit ce croisement lorsque deux vaisseaux ou cellules mu-
nis de pores sont superposés, et que les parois adjacentes sont
contournées dans des directions opposées; mais il est évident
que ce dernier cas n’est possible qu'alors que la torsion dans les
deux vaisseaux est homodrome. Il est très vrai qu’on voit ordi-
nairement les fentes poreusés se croisant sur une coupe parallèle
aux rayons médullaires ; cela prouve que les différentes couches
de cellules qu'on voit dans une pareille coupe, et placées les
unes au-dessous des autres, sont contournées dans le sens ho-
modrome ; mais comme en même temps les cellules d’une pareille
couche sont homodromes entre elles, il s'ensuit clairement qu’en
général, toutes les cellules d’une plante sont homodromes; et
c'est , en effet, ce qu’on trouvera par suite de l’examen de
différentes coupes de la même plante. |
Il existe sans doute des vaisseaux spiraux Contournés à
gauche ; mais quoique , dans ces derniers temps, je les aie trou-
vés plus fréqüemment qu’autrefois, je dois persister à dire qu'ils
sont bien plus rares que ceux contournés à droite, ét qu'ils
UUGOo MouL. — Slrucluré des vaisseaux anrulatres. 245
doivent plutôt être considérés comme des exceptions à la règle,
parce que dans la plupart des plantes on trouve peut-être cent
vaisséaux spiraux contournés à droite, contre un seul dirigé à
gauche. ILest sans doute vrai que ces rapports varient dans les
différentes plantes, et je ne puis encore dire si c’est un fait par-
ticulier. à certaines espèces ou seulement à certains individus,
d'y rencontrer plus fréquemment des vaisseaux spiraux cotitour-
nés à gauche: généralement, ils sont , comme je l'ai dit, contour-
nés. à droite. La torsion vers la droite ou vers la gauche dans
les vaisseaux spiraux, est entièrement indépendante de l’organi-
sation des parties environnantes : ceci est prouvé par le fait que
non-seulement, dans certains cas; les fibres de deux utricules
superposés du même vaisseau sont contournées en une direction
opposée ; mais j'aivu quelquefois dans la mémeutricule vasculaire
(dans la Citrouille) des parties de la fibre spirale, séparées entre
elles par des anneaux contournés en sens opposé (PI. 13, fig. o).
Lorsque nous examinons la fibre du vaisseau annulaire par-
faitement développée (recherches pour lesquelles’ je me suis
habituellement servi du Comrmelina tuberosa') , nous trouvons
son organisation parfaitement analogue à celle de la fibre spirale,
en tant que les anneaux se composent tantôt d’une substance
en apparence homogène, et que tantôt ils offrent des traces
d’une structure déterminée.
Dansles fibres larges, comme dans le Commelina tuberosa , il
arrive assez fréquemment que la fibre présente un grand nombre
de sillons linéaires peu profonds ou des fentes parfaites formant
un réseau à mailles très étroites et allongées (PL. 13, fig. 1. 3).
ILarrive plus fréquemment encore que ces fentes ne se trouvent
en une ligne non interrompue que dans la ligne médiane de la
fibre, ou qu'elles sont confluentes, et qu’elles divisent de la:sorte
l'anneau en deux parties superposées (PL.:13, fig. 4. a. a, Comme-
lina tuberosa). Lorsque cette dernière division se présente; elle se
réncontreassez souventsur chaque anneau d’un vaisseau. Souvent
cependant ceci n’a pas lieu; mais des anneaux divisés et d’autres
indivis alternent d’une manière irrégulière, et les anneaux divi-
sés sont tantôt de la même largeur, tantôt de la moitié de la
largeur des anneaux divisés, et tantôt enfin ils offrent une lar-
218 HUGO MoOHL. -— Structure des vaisseaux annulaires.
n
geur très peu considérable en comparaison des anneaux divisés
(PL. 13, fig. 1, Commelina tuberosa \.
La direction que prend cette ligne de partage est parallèle aux
bords latéraux de l'anneau , puisque , par cette fente, l'anneau
se trouve partagé en deux anneaux superposés, qui tantôt se
touchent immédiatement et tantôt se trouvent placés à une petite
distance l’un de l'autre. Selon Schleiden, cette ligne de partage
proviendrait de ce queiles spires-de la fibre spirale sont plus ou
moins complètement soudées ensemble, et toujours par deux.
On reconnait facilement que; dans ce cas, la ligne de partage
devrait se diriger en spirale d’un bord de l'anneau vers l'autre,
et qu'elle ne saurait être parallèle à ses bords. Or, comme ce
dernier cas se présente constaniment , il faut rejeter cette ex-
plication sur l’origine et la valeur de la ligne de partage.
Dans le vaisseau annulaire développé , les anneaux sont ou
entierement isolés, ou bien deux ou trois anneaux se trouvent
liés ensemble de différentes manières. Il:n’est pas râre-que la
digne de partage d’un anneau ne divise pas ce dernier dans toute
l'étendue de sa circonférence , maïs que les deux anneaux su-
perposés soient soudés dans un espace plus ou moins long. Dans
ce.cas , il arrive fréquemment que les parties séparées sont plus
ou moibs écartées l’une de l’autre , et.se trouvent placées obli-
quement par rapport à l'axe du vaisseau (PI. 13, fig.6, Commelina
tuberosa ; la même forme se rencontre très fréquemment dans
le Canna indica ).
Dans d’autres cas, et c’est là l’organisation habituelle ; les an-
neaux se trouvent plus ou moins éloignés les uns des autres ; et
ils sont séparés par une fibre spirale régulière qui, selon l'éloi-
gnement des anneaux, décrit un tour, ou plusieurs, souvent
même un grand nombre. Ici on observe plusieurs modifica-
tions : il arrive tres ordinairement que d'un anneau part une
fibre spirale qui-offre ia même largeur que la fibre annulaire,
et dont les spires sont à-peu-pres à une distance égale à celle
qu’offrent les anneaux dans la partie du vaisseau qui présente
cette structure (fig. 9, de la Citrouille): Par son autre extré-
mité, la fibre se réunit également à un anneau clos, suivi d’an-
neaux, soit isolés , soit réunis encore par des fibres spirales.
HUGO MOHL. —— Structure des vaisseaux annulaires. 240
Il arrive encore très fréquemment que la fibre spirale placée
entre deux anneaux ne vient point s'appliquer aux anneaux,
mais que ses extrémités s'amincissent et finissent à quelque dis-
tance de l'anneau. Dans la tige de la Citrouille, ce cas est à-peu-
prés aussi fréquent que le cas précédent { PI. 13, fig. 2, a. Com-
melina tuberosa ; fig. 9, Citrouille ).
Il arrive encore souvent qu'il part de deux points diamétra-
lement opposés d’un anneau, deux fibres qui se continuent dans
une direction parallèle.
On rencontre des cas, quoique plus rares, où deux anneaux
sont réunis par des fibres plus minces que la fibre annulaire ,
et qui ordinairement forment un seul tour, ou qui n’en font du
moins qu'un petit nombre (Pl. 13, fig. 1. 9.8. Commelina tubero-
sa). Ceci se rencontre surtout très souvent,et d’une manière évi-
dente , dans les vaisseaux dont les anneaux ne sont pas homo-
gènes, mais où la fibre spirale est divisée, par plusieurs fentes,
en fils réunis en réseau, comme dans le vaisseau représenté dans
la figure 1. La largeur des:fibres d'union entre les divers anneaux
ne présente point de rapport exact avec la largeur de la fibre
annulaire, car elle en forme tantôt environ la moitié (fig. 8),
tantôt une partie bien moins considérable (fig. 1). Ce qui mé-
rite d’être pris ici surtout en considération, est le point de
liaison de la fibre spirale avec la fibre annulaire. Quand on
l’examine avec un grossissement suffisant, on trouve, à la vérité,
quelquefois (fig. 7. 8.) qu’une partie de la fibre annulaire se
sépare pour monter dans une direction spirale ; mais qu’au con-
traire, généralement au point de liaison des deux fibres, la fibre
annulaire ne devient pas plus mince, la fibre spirale ne s’appli-
quant en quelque sorte qu'au bord latéral de la fibre annulaire,
qui conserve une épaisseur égale dans tout son contour ( fig. 1.
9. 10.). Il se présente même des cas dans lesquels cette union
ne s'opère pas dans la direction de la spirale, mais où la fibre
spirale se termine par deux branches divergentes (fig. 10. &.
Commelina tuberosa), qui s'écartent vers la droite et vers la
gauche, et qui sont confluentes avec la fibre annulaire.
Lorsque nous examinons les rapports indiqués ci-dessus des
fibres annulaires et des fibresspirales qui les unissent, il doit s'éle-
290 HUGO MOHL. — Structure des vaisseaux annulaires.
ver.des doutes sur la justesse de la théorie de Schleiden relative-
ment à l’origine des vaisseaux annulaires. En effet, le partage
qui s’opère dans beaucoup d’anneaux n’est, comme nous l'avons
déjà vu, rien moins qu'une preuve de la composition de l'anneau
de deux fibres soudées d'une fibre spirale ; au contraire la direc-
tion de ce partage parallèlement aux bords des anneaux, est en-
tièrement contraire à cette théorie, et nous fait voir que, Gans
ces anneaux plus ou moins divisés, nous avons sous les yeux
une formation transitoire de l'anneau simple à: deux anneaux
situés à d'assez grandes distances l’un de l’autre. Une organisa-
tion absolument analogue se rencontre aussi dans la fibre spirale,
car:on trouve des vaisseaux spiraux dont la fibre est traversée
au milieu par une fente mince (PI. 13, fig. 4.6, Commelina tube-
rosa), dans laquelle la décomposition de la fibre spirale simple
en deux fibres placées à une certaine distance parallèlement
l'une à l’autre ne se trouve qu'indiquée.
Ce qui milite de plus contre la formation des anneaux au
moyen des tours de spire soudés d’un- vaisseau spiral , c’est de
rapport des anneaux avec les fibres spiroïdes qui les unissent.
Et d’abord , lorsque l’organisation des vaisseaux est très régu-
lière, les anneaux et les fibres offrent généralement la même
largeur (PI. 15, fig. 4. 9.), ce qui ne saurait avoir lieu si les an-
neaux se composaient d’une torsion double dela fibre. Si ensuite
ce sont des fibres spirales minces qui réunissent les anneaux, la
largeur de ces fibres n'offre point de rapport exact avec la lar-
seur des anneaux et des divisions qu'on y aperçoit ( fig. 1.); de
plus, les fibres sont tantôt soudées aux anneaux, et tantôt elles
en sont séparées. Les fibres spirales , lorsqu'elles sont réunies
aux anneaux, ne sauraient étre considérées, dans certains: cas ,
et d’après la forme du point de réunion , comme une partie de
la masse fibreuse que forme l'anneau, cette partie se séparant
de l’anneau et se continuant dans une direction spirale.
J'ai cru devoir exposer d’abord ces considérations sur les vais-
seaux annulaires développés, parce que des observations faites
sur des vaisseaux développés sont nécessairement plus précises
et plus sûres que celles faites sur des vaisseaux Jeunes, non pas
tant à cause de la grandeur plus-considérabie des vaisseaux dé-
HUGO MoHL. — Structure des vaisseaux annulaires. 251
veloppés, mais parce que , par suite de l'épaisseur plus considé:
rables de leurs fibres, par le plus grand éloignement de ces
organes entre eux, et par l'absence du mucilage dont les vais-
seaux sont gorgés dès leur jeunesse, ces vaisseaux développés
offrent des contours bien plus nets, et que l’organisation de
leurs fibres s’observe plus facilement. Il est très vrai, sans doute,
qu'on ne saurait déduire de la structure d’un organe développé
la manière dont il se développe ; mais l'examen de cette struc-
turé n’en offre pas moins une très grande importance, quand
on étudie la manière dont: il se développe ; on obtient toujours
le moyen de constater la vérité d’une théorie exposée sur lhis-
toire du développement, théorie qui ne saurait se trouver en
contradiction avec les résultats de l'examen de l'organe déve-
loppé. Or, dans le cas qui nous occupe, cette contradiction
existe entre la structure des vaisseaux annulaires développés et
la théorie de Schleiden.
Voyons maintenant ce que l'examen des jeunes vaisseaux nous
apprend sur le mode de leur développement. J'ai choisi d’abord
les tiges de diverses plantes, surtout du Tradescantia tuberosa,
puisque Schleiden annonce avoir remarqué la métamorphose
des vaisseaux spiraux en vaisseaux annulaires dans les entre-
nœuds les plus jeunes de tiges hypogées et épigées. Les résultats
n'ont point été favorables à la théorie de Schleiden. Pour cet
examen , il ne convient point de choisir les vaisseaux placés à
l'angle intérieur des faisceaux vasculaires , parce qu’ils parcou-
rent trop vite les phases de leur développement, et qu'ils offrent
un diamètre trop petit; les spires de leurs fibres sont, dans le
commencement , trop rapprochées pour qu’on puisse considérer
eomme concluantes les observations faites sur ces spires. Les
vaisseaux plus grands, placés plus extéricurement, offrent ces
difficultés à un degré bien moindre ; mais ici se présente aussi
la circonstance défavorable que, dans le cours du développement,
leurs anneaux, par suite du faible accroissement en longueur
des utricules vasculaires, restent assez rapprochés, ce qui peut,
dans quelques cas, RTE difficile la distinction des formations
annulaires et spirales dans les fibres, et ce qui, dans tous les
cas, rend assez difficile à décider si entre chaque paire d'anneaux
252 HUGO MOHL. — Siructure des vaisseaux annulaires.
il existe ou non une fibre spirale mince, qui se résorbe plus
tard. Cependant je crois avoir remarqué avec certitude que,
dés le commencement, et aussitôt qu’à la face intérieure de lu-
tricule vasculaire je pouvais distinguer les fibres sous la forme
de bords minces, diaphanes , plus ou moins étroits, elles n'é-
taient pas absolument spirales, mais que, comme dans les vais-
seaux développés, elles formaient soit des anneaux complets ,
isolés, soit des anneaux entremélés de fibres spirales, en sorte
que, à l'exception du peu d'épaisseur des fibres et du petit éloi-
gnement des anneaux entre eux, il ne se rencontre point de
différence essentielle entre eux et les vaisseaux parfaitement
développés.
Mais l'examen des vaisseaux de la tige ne m’ayant pas fourni
de résultat parfaitement satisfaisant, et mes recherches an-
térieures sur les racines des Palmiers et des autres plantes mo-
nocot ylédonées m’ayant fait voir que dans cet organe ilest bien
plus facile d'étudier le développement qu'il ne l’est dans ‘les
troncs, je soumis les racines du T'radescantia à un examen bien
attentif dont je considère les résultats comme concluans. L'exa-
men cles racines offre le grand avantage sur celui des tiges, que
dans les vaisseaux plns grands, placés plus près du centre, les
fibres ne se développent qu’à une époque assez reculée, où
l'accroissement en longueur est déjà terminé. À l’époque où les
fibres des utricules vasculaires se développent, ces utricules
ont non-seulement atteint déja une grandeur considérable,
mais les fibres aussi y sont, des le commencenient , disposées
à de plus grandes distances les unes des autres, et leur déve-
loppement successif peut être suivi pas à pas, lorsqu'on exa-
mine la racine d’un bout à l’autre. Cet examen se trouve de plus
facilité, en ce que les vaisseaux se trouvent déposés dans un
tissu cellulaire très transparent. Dans ces recherches , je recon-
nus avec la plus grande netteté, et avec une entiére concor-
dance avec ce que j'avais vu antérieurement dans les racines des
Palmiers , que, dès l’époque où les fibres apparaissent, et lors-
qu'elles sont encore tellement tendres, étroites et transparentes,
que souvent on ne peut les voir qu'avec une lumière affaiblie ,
elles offrent déjà toutes les diverses modifications de forme
HUGO MoHL. — Séruciture des vaisseaux annulaires. 253
qu’on observe dans les vaisseaux parfaits. On trouve alors, comme
plus tard , la mème alternance de vaisseaux annulaires et spi-
raux, et de. fibres réticulées ; mais je n’ai vu aucune trace, dans
ces vaisseaux, de la formation dans tous les utricules vascu-
laires d’une fibre spirale dont les spires se souderaient par
paires, tandis que les portions de la fibre spirale qui servaient
de moyen d’union se résorberaient ; et je considère comme im-
possible que ce passage entre les vaisseaux spiraux et les vais-
seaux annulaires, s’il existait , ait pu m'échapper , parce que jai
suivi dans un grand nombre de racines les vaisseanx, depuis le
moment où les utricules présentent des cellules closes , à parois
minces et renfermant un nucleus.
Il résulte de là que le développement des vaisseaux annulaires
s'accorde avec l'observation des vaisseaux parfaits. Les recherches
sur ces deux organes font voir que les vaisseaux annulaires,
spiraux et rétiformes, offrent trois formes diverses, très intime-
ment liées, et passant fréquemment les unes dans les autres,
mais qu'ils ne sauraient être considérés comme des degrés de
métamorphose temporaires du même utricule vasculaire. Il est
vrai qu’une organisation spirale est l'état ordinaire et normal
dans les couches secondaires des vaisseaux ; mais elle n’est pas
la seule qu’on y rencontre. l’organisation annulaire se présente
comme formation primaire , et offre en quelque sorte la forme
intermédiaire entre la spirale contournée à gauche et celle
contournée à droite. En outre , l’organisation rétiforme se ren-
contre aussi primitivement , en se rapprochant tantôt davantage
de la spirale pure, tantôt de la forme annulaire.
En conséquence , mes recherches sur les vaisseaux annulaires
offrent des résultats opposés à ceux de Schleiden. Néanmoins,
je suis loin de: prétendre que ce dernier ait mal observé; il se
moulre au contraire dans ces recherches comme un phytotomiste
habile et exercé au maniement du microscope ; mais je pense
que l'interprétation de ce qu'il a vu n’est pas juste, et qu'il a
considéré des variations de formes accidentelles constantes ,
comme des degrés de métamorphose réguliers transitoires et
nécessaires.
le À Gen —
234 A. DE LAFONT. — Espèces et monstruosités nouvelles.
EsPÈcEs ET MONSTHUOSITÉS NOUVELLES de plantes obséroéés dans
les départemens de l'Aisne , du Nord et du Pas-de-Calais,
Par Al. pe Laronr, baron pe Mericoco.
NOUVELLE ESPÈCE DE Lythrum.
Il ya quelques années qu'herborisant dans les: marais de la
Somme, près Saint-Quentin, une tige de Lÿthrum , que je pris
de prime abord pour une variété encore inédite (vu la couleur
de ses fleurs d’un rose tendre), attira mon attention. De retour
chez moi, je m'empressai de consulter nos meilleurs auteurs, et
je fus alors convaincu que ma plante avait le facies du Lxthrum
gracile DC., mais que son épi et la couleur de ses fleurs l’en
distinguaient assez pour l'en séparer.
Voici , au reste , les caractères spécifiques de cette plante,
que je crois re Comme le Lythrum gracile DC., elle
s'élève à 3-4 décimètres. Elle est grêle, toute couverte d'un
duvet court et serré, qui lui donne un aspect grisâtre. Ses feuilles
sont étroites, opposées; ses bractées et ses calices veloutés
presque cotonneux. Les organes de la génération ressemblent
complètement à ceux du Lythrum Salicaria.
Voici maintenant les caractères qui l’éloignent du Lythrum
gracile. Au lieu d’avoir, comme cé dernier, des fleurs alternes,
solitaires et géminées , son épi est éntièrement semblable à celui
du Lythrum Salicaria ; mais ses fleurs, couleur de chair, sont
un peu moins grandes, ainsi que ses bractées, et ses verticilles
floraux se trouvent infiniment plus rapprochés.
Cette plante n’a été observée qu’une seule fois dans les marais
de la Somme, où elle est tellement raré, que, malgré toutes’
mes recherches, je n’en possède qu’une seule tige. À la fin
d'août, cette planté était en pleine fructification, à l'exception
de quelques fleurs , qui ornaient encore la partie supérieure
de l'épi.
A. DE LAFONT. — Æspèces et monstruosités nouvelles. 255
NOUVELLE ESPÈCE DE Ctrsium.
Tige de 2-3 pieds, striée, raide, feuillée, ‘rameuse ; feuilles
du; Cirsium acaule ; mais beaucoup plus larges:, à lanières inei-
sées, dentées en scie, épineuses au bord; rameaux feuillés à r-3
fleurs, à courtes bractées vertes; écailles ovales aiguës, appli-
quées: fleurs jaunâtres. — Août-septembre.
Gette' plante a le facies et tous les caractères du Cirsium ri-
gens; mais sa taille, infiniment plus élevée, m’a fait croire
quelle pourrait: bien être une hybride due à la fécondation
croisée du : Cirsiurn acaule et du Cirsium oleraceum (1). En
effet; lé-seul pied que j'aie observé à Saint-Laurent (sur le bord
de la grande route d'Arras à Douai), se trouvait mélé au Cirsium
acaüle:, et à quelque distance de là, le Cirsim oleraceum croît
abondammeént dans les prairies humides qui avoisinent la Scarpe.
Si cette hybride pouvait prendre rang parmi les espèces déjà
si nombreuses du genre Cirsim , je proposerais de là nommer
Cirsuim atrebatense.
MonstTRUOSITÉS pu Linaria vulgaris.
Gorolles à deux. lèvres; deux éperons, quelquefois égaux,
inégaux, sur d’autres échantillons. Une de ces fleurs monstrenses,
renfermant six étamines, dont deux plus courtes. —- A Arras,
Cambrai.
Corolles à deux lèvres; trois éperons; celui du milieu tres
long, les deux latéraux fort courts ; étamines non changées.
Assez fréquente auprès d'Arras, Cambrai.
Corolles à deux lèvres ; trois éperons de la même longueur.
Rare à Arras, Cambrai.
Calice à quatre divisions ; corolle privée de lèvre supérieure ;
lèvre inférieure à quatre lobes; quatre éperons, tous de la même
(x) Dans sa dissertation sur les plantes hybrides, Schiede n’assigne pas une autre origine
au Cirsium rigens dè Wallroth. Il y a donc lieu de croire que la plante trouvée par M, le
baron de Melicocq n’est qu’une forme particulière de cette prétendue espèce.
(Note des rédaeteurs.)
256 À. DE LAFONT. — Éspèces et monstruosités nouvelles.
longueur. Un seul échantillon observé à Vitry, arrondissement
d’Arras. |
Calice à huit divisions; corolle à lèvre supérieure presque
nulle; inférieure à cinq lobes ; sept éperons , presque tous de la
même longueur ; six étamines, dont deux plus courtes. — Entre
Rœux et Famboux, pres Arras. Fort rare.
Corolles régulières à cinq lobes ; cinq éperons ( pélorie est
naire ). Le rare à Saint-Laurent, Rœux.
Corolles à deux lèvres ,mais munies à leur base d’un ,de deux,
de trois et quelquefois de quatre appendices pétaloïdes, colorés
comme la lèvre inférieure de la corolle. Quelques-unes de ces
coroiles sont ornées de deux éperons. Un échantillon m’a fourni
une monstruosité des plus curieuses. Comme dans celles ci-
dessus signalées, la corolle est munie à sa base d’un appendice
pétaloïde , mais beaucoup plus développé et presque de la lon-
gueur de la corolle. Les deux lèvres de cette dernière, au lieu
d’être dans une position verticale, comme dans l’état normal ,
sont placées horizontalement , tandis que l’éperon a conservé sa
position accoutumée. Une seule corolle m'a offert ce phéno-
mène. — Trouvé auprès d'Arras.
Corolle complètement résupinée et munie à sa base d’une
véritable pétale. — À Arras.
Corolles à deux lèvres, ayant à leur base un appendice péta-
loïde; trois éperons-de la même longueur ; cinq étamines. — A
Arras. Rare.
Corolle à lèvre supérieure à trois lobes. — Corolle à lèvre
inférieure à quatre lobes. A Arras. Rare.
Corolles à deux lèvres , privées d’éperons. —A Arras calé
Tige fasciée. — A Saint-Laurent, près Arras.
À. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 257
PLANTES NOUVELLES D ABYSSINIE, recueillies dans la province du
Tigré par M. le D" RicHarb QUuaARTIN-DILLON , voyageur
naturaliste du Muséum d’Histoire naturelle de Paris ,
Décrites. par A. RicHarp,
Professeur de botanique à la Faculté’ de médecine de Paris.
Décades 1 et 2.
Le. zèle et le dévoûment avec lesquels un grand nombre de
voyageurs et de naturalistes ont exploré les contrées du globe
les plus reculées, et les collections de tous genres qu’ils en
ont rapportées, ont enrichi les diverses branches de l'histoire
naturelle de matériaux nouveaux qui souvent ont reculé les li-
mites de cette science. Aussi aujourd'hui est-il peu de pays dont
on ne possède, sinon l’histoire presque complète des productions
naturelles qu'on y rencontre , au moins des notions suffisantes
pour rapporter et comparer ces productions à celles. de pays
mieux connus. Cependant il est encore quelques poinis du globe
dont l’histoire naturelle est aujourd’hui presque complètement
ignorée ; au nombre de ces derniers pays, on doit placer l’Abyssi-
nie. Mais on peut espérer que cette vaste région, si peu visitée et
si peu connue pendant un si grand nombre d'années ; et dont on
possédait à peine. quelques-uns des végétaux les plus vulgaires,
deviendra avant peu de temps une des régions de l'Afrique les
mieux connues sous tous les rapports, grâces aux, voyageurs
qui dans ces derniers temps ont pénétré dans les diverses pro-
vinces de ce vaste empire. Parmi ces derniers, nous citerons ici
MM. Lefebvre, lieutenant dans la marine royale, déjà connu
par ses voyages au Brésil et en Égypte, Richard Quartin-Dil-
lon et Petit, docteurs en médecine de la Faculté de Paris ,qui®
depuis près de deux années out parcouru ce pays. Le zèle,
X1V. Boran, -— Novembre. 17
258 A. RICHARD. — {lantes nouvelles d'Abyssinie.
l’activité et les lumières de ces trois intrépides voyageurs et na-
turalistes, nous promettent avant peu une connaissance aussi
complète que-possible de ce pays, dont ils étudient la géogra-
phie, l’histoire, les coutumes et les mœurs des habitans , l’agri-
culture, le commerce, et enfin les productions naturelles. *
Déjà un premier envoi d'oiseaux et de plantes, fait par MM.
Petit et Quartin-Dillon, peut faire présager ce que la science
doit attendre du dévoüment éclairé de ces deux zélés natura-
listes. Ces objets ont surtout été récoltés et réunis dans Ja pro-
vince du Tigré, dont Adowa est la capitale.
Le nombre des espèces de plantes abyssiniennes de ce premier
envoi se monte à environ six cents, dans un état de conserva-
tion qui ne laisse rien à desirer , et qui témoigne assez des soins
que le Dr Quartin-Dillon a apportés à leur préparation. Un
simple coup-d’œil jeté sur ces plantes, en les groupant par fa-
milles, nous à permis d'y reconnaitre un grand nombre d’es-
pèces nouvelles : ce n’est peut-être pas exagérer que de dire
qu'environ un tiers de ces plantes n'ont pas encore été décrites.
Plus tard, elles seront étudiées et décrites avec soin par notre
excellent ami le D' Quartin-Dillon, qui a recueilli sur les lieux
même des notes ou fait des dessins qui ajouteront un bien vit
intérét à la publication qu’il a l'intention d'en faire à son retour.
Néanmoins, je n'ai pu résister au desir de choisir parmi ces
plantes quelques especes bien caractérisées, et dont trois m'ont
paru offrir les types d'autant de genres nouveaux. Je me plais
aujourd'hui à acquitter en partie la dette de l'amitié et de la
science, en consacrant ces genres aux trois jeunes savans que
je viens de nommer. Puissent-ils acquérir, par cet hommage
qu’il m'est si doux de leur rendre aujourd’hui, la conviction que
les naturalistes qu’une position spéciale condamne à rester fixés
sur le sol de la patrie, savent apprécier les généreux efforts et
l’abnégation personnelle de ceux qui vont, aux périls de leurs
jours , chercher dans les pays lointains de nouveaux matériaux
pour le perfectionnement des sciences !
A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 25)
QUARTINIA Nob.
(Fam. Leguminvsæ. Trib. Mimoseæ).
Calyx basi gamosepalus turbinatus, quinquepartitus , laciniis
subovali-lanceolatis , valvatis. Petala 5, cum laciniis calycinis al-
térna, eorum longitudine, apice obtusa , subdenticulata, basi an-
gustato-unguiculata. Stamina 10 libera, cum petalis tuho calycino
inserta ; antheris ovoideis, vacillantibus. Germen oblongum,
arcuatum, complanatum, basi breviter stipitatum, apice cum
stylo continuum. Stigma terminale, simplex, truncatum, medio
depressum. Ovarium uniloculare : ioculo partim tantum germi-
nis occupante, uniovulato, ovulo in angulo transversali. Fructus
indehiscens , unilocularis, monospermus, samaroideus, ellipti-
cus, compressissimus, basi angustato-stipitatus, desinens in alam
lateralem , obliquam fructu longiorem , hinc margine cum apice
fructus continuo recto et incrassato, stylum persistentem sub
apice obtuso emittente instructam, illinc arcuatam et tenuiorem.
Hoc novum genus maximâ Cum animi jucunditate diximus
in honorem carissimi discipuli et amici Richard Quartin-Dillon,
Doctoris medici parisiensis , botanices scrutatoris solertissimi ,
indefessi peregrinatoris, qui in hoc momento Abyssiniam, juvan-
tibus amicis et sodalibus Lefebvre et Petit pro cognoscendis,
describendis ct delineandis rebus naturalibus , perlustrat.
Observations.
Ce genre est un des mieux caractérisés et des plüs tranchés
de la tribu des Mimosées. Son fruit ressemble complètement à
la samare du Myroxylum , ou mieux encore à celle du genre
Securidaca dans la famille des Polygalées. Par ce caractere, ilse
distingue de suite de tous les autres genres de Mimosées, dont
la structure de sa fleur le rapproche d’ailleurs beaucoup, et par-
ticulièrement du Desmanthus. Ainsi il a la corolle pentapétale
et régulière de ce genre, les dix étâmines libres, lé fruit conti-
nu et non articulé, caractères qui sont ééririatis à ces deux
174
260 A: RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie.
genres ; mais son fruit monosperme, mince, et terminé par
une grande aile unilatérale, l'en distingue suffisamment.
QuaRTINIA AgyssinicA Nob.
(Tab. 14.)
Q: folüs alternis , petiolatis, decomposito-bipinnatis ; pinnis numero variis in
utroque Jlatere 4-8 , multijugis-(6-12); foliolis minimis elliptico-oblongis,
brevissimè petiolatis, apice basique obtusis , subcoriaceis, subtüs pallidioribus
rachi pubenti aculeata ; aculeis stipularibus recurvis ad basin pinnarum opposi-
taram geminis ; floribus in spicam folio longiorem, pedunculatam, latiusculè
dispositis ; fructibus colore purpurascente valdè decoris.
Crescit in sylvulis circa Menisa. Decurrente Octobre 1839 flores et fructus
immaturos profert.
Legit et communicavit amicissimus D* Quartin-Dillon:
2. LEFEBVREA Nob.
(Tab. 15. f. 1.)
(Fam. Umbelliferæ. Trib. Peucedaneæ.)
Calycis margo obsoletus integer. Petala..... Stylopodium
oblongum, apice bifidun. Fructus a dorso compressus, margine
circumalatus, elliptico-obcordatus, basi et præsertim apice
emarginatus , stylopodio persistente terminatus : mericarpia tri-
juga, jugis filiformibus dorsalibus ; valleculis 5, univittatis ;
commissura bivittata. Semen ellipticum comoressum.
Herba perennis, ad Ziguslicum Levisticum L. habitu paulo
accedens. Folia longe petiolata ternato-pinnata; foliolis angusto-
lanceolatis acutissimis, distanter serratis. Umbellæ compositæ
multi-radiatæ ; involucro 5-6-phyllo setaceo. Umbellulæ multi-
radiatæ; involucello polyphyllo setaceo. |
Genus dicatum clarissimo amico Lefebvre in Gallica classi
legato, qui cum Doctoribus Richard Quartin-Dillon et Petit,
Abyssiniam perlustrans, geographiam, scientias physicas et
incolarum industriam , mores historiamque imprimis studio am-
plectitur.
Species unica :
LeFEBvREA AByssinica Nob.
Herba perennis ;radice perpendiculari , crassa alba carnosa.
A: RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 261
Crescit circa Hica (prov. Tigre }. Mense Octobre. 1839 flores defloratos et
fructus: Jàm maturos profert. Legit clar. D' Richard Quartin-Dillon.
Observations.
Le genre que nous établissons ici appartient, par son fruit
comprimé, environné d’une aile membraneuse dans son contour,
qui se dédouble à la maturité complete, à la tribu des Peucéda-
nées. Il ne peut être rapporté à aucun des genres actuellement
existans dans cette tribu. Je n’ai pas vu les fleurs, mais seule-
ment des fruits mürs et des pistils défleuris. Ce qui est d’abord
remarquable, c’est la longueur et la grosseur du stylopode, qui
est simple inférieurement et bifide à son sommet. Les fruits
sont très comprimés ; les méricarpes sont elliptiques, profondé-
ment échancrés en cœur à leur sommet , également mais moins
profondément échancrés en cœur à leur base. Chaque méri-
carpe offre trois stries longitudinales et linéaires, et cinq ban-
delettes ou vittæ. La face interne ou commissurale présente
deux bandelettes, l’une de chaque côté du sillon moyen qui loge
un des deux bras du carpophore.
En examinant les diftérens genres de la tribu des Peucéda-
nées , 1l en est un avec lequel notre genre Lefebvrea paraît
avoir quelque ressemblance, c’est celui que Fischer a nommé
Callisace. Je ne connais ce genre que par le caractère qui en a
été tracé par M. De Candolle ( Prodr. 4. p. 184 ); cependant le
nôtre en diffère par l'absence complète des dents calicinales ,
par son fruit plus comprimé, échancré en cœur à son sommet,
par ses trois stries filiformes et non relevées en côtes, et enfin
par les deux bandelettes de la commissure placées vers la partie
centrale et non marginale.
3. ANTOPETITIA Nob.
(Tab. 15. f. 2.)
(Fam. Lesuminosæ. Trib. Æedysareæ. Subtrib. Coronilleæ. )
Calyx tubulosus 5-fidus, 5-striatus; lacinüis linearibus sub:
æqualibus, parum bilabiatus , 2 superioribus. Corolla papilio-
252 A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie.
nacea , angusta , petalis approximatis; carinæ petala distincta.
Stamina 10 diadelpha (1-9). Ovarium longe stipitatum, oblon-
gum, 1-loculare, sæpius 3-4-ovulatum. Stylus subascendens ;
stigma terminale. Legumen basi calyce persistente cinctum,
arcuatum, moniliforme, forma varium, articulis r-2-3 globosis
lævibus subcartilagineis, indehiscentibus monospermis constans,
ultimo-lateraliter apiculato. Semina subreniformia nigricantia
punctato-scrobiculata.
Herba annua, gracilis, a basi ramosa, ramis erectis gracili-
bus. Folia imparipinnata , foliolis 7-8 angusto-lanceolatis , inte-
gris, ciliatis, glaucis; floribus minimis luteis, 1-2-3 in apice ra-
mülorum ex eodem puncto ortis. |
Hoc genus in honorem diximus Antonii Petit , doctoris medici
parisiensis , in historià naturali peritissimi et in itinere per Abys-
siniam studio zoologiæ imprimis dediti.
Species hucusque unica :
ANTOPETITIA AByssiNICA Nob.
Crescit circa Menisa, in provincia Tigre, ubi, abeunte Octobre 1839;
detexit amicissimus Richard Quartin-Dillon
Observations.
La jolie petite plante qui forme le type de ce genre nouveau
ressemble assez, par son aspect général, à une espèce du genre
Ornithopus ; mais elle en diffère par son calice bilabié, et sur-
tout par son fruit arqué, composé de deux à trois articles glo-
buleux, renflés, durs et crustacés.
4. TuaLicrRum RHyNcHOCARPUM Q. Dillon et A. Rich.
T. caule erecto ramoso ; foliis basi amplexicaulibus , trichotomè decompositis,
foliolis petiolulatis sæpiùs ovali-subcordatis acutis, subtrilobis, lobis acutè et parcè
dentatis, glabris ; fructibus subpaniculatis ; pedunculis longissimis capillaribus
simplicibus ; akeniis sæpiùs ‘solitariis, rariüs geminis, oblongo-linearibus sub-
arcuatis , basi longè augustatis striatis glabris, apice in acumen longissimum
styluum rigidulum desineutibus.
Crescit in provincia Tigré, circa Adowa. Fructus mense Septembre gerens.
A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 263
Oss. Distinctissima species , pedunculis capillaribus longissi-
mis et formà fructüs.
5. PozyGaLAa QuarTINIANA Q. Dillon et A. Rich.
P. caule suffrutescente a basi ramoso, rarcis erectiusculis pubentibus ; fois
ovali-oblongis, basi obtusis , apice obtusis aut acutis, aut oblongo-linearibus,
puberulis , margine ciliatis ; foribus spicatis , spica multflora pedunculata late-
rali, non axillari ; calycis alis latissimis, obtusis linea violacea gratè marginatis ;
carina fimbriata ; capsula immatura obovali marginata , glabra, ciliata at apice
vix emarginata.
Crescit circa Assai, provincia Z'gré, mense septembre florens.
Hæc species ad sectionem tertiam (£/epharidium DC.) perti-
nens ab omnibus hucusque descriptis speciebus facile distingui-
tur, ramis pedalibus gracilibus aut sesquipedalibus, florum alis
gratissimè lineà violaceà marginatis.
6. PEriPLoca LINFARIFOLIA Q. Dillon et A. Rich.
P. caule volubili ; foliis oppositis angusto-linearibus acutis, subcoriaceis
glaberrimis ; floribus subcymosis, cyma terminali trichotoma: corollæ rotatæ
lobis subobtusis barbatis ; appendicibus linearibus tomentosis.
Crescit circa Adowa ,in provineia Z'igré, mense Septembre florens.
Ogs. Habitu, caule scandente et foliis coriaceis, angusto-linea-
ribus ab omnibus speciebus hucusque notis facile distinguitur.
Primo intuitu speciem generis Clematidis inspicere credideres.
7. CLypea Agyssinica Q. Dillon et A. Rich.
C. glaberrima ; foliis peltatis ovalibus aut suborbicularibus , basi apiceque
obtusissimis, apice mucronulatis, rariùs acutis, supernè viridikus, subtüs
glaucis glaberrimis , sæpits 10-12-nerviis ; fructibus subcymosis , compressis
obovatis, basi obliquis ; nuce hippocrepica margine grosse crenata.
Crescit in provincia T'igré , circa Adowa.
Oss. Affinis Cypeæ' hernandifoliæ Wight. et Arn. à quà foliis
glaberrimis obtusissimis , subtus glaucis, drupis majoribus, cre-
naturis grossis nec tenuibus in ambitu notatis præcipue differt.
264 A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie.
ORCHIDÉES.
Voici, si je ne me trompe, les premières espèces d’Orchidées
qu'on ait jusqu’à présent rapportées d’Abyssinie, et qu’on ait
déterminées. Leur nombre est encore bien peu considérable,
et loin de donner une idée suffisante de cette famille dans cet in-
téressant pays. Les treize espèces que nous mentionnons ici ont
été trouvées dans une seule localité, aux environs de la ville d’A-
dowa, capitale du Tigré, et surtout sur la hauté montagne qui
est dans le voisinage de cette ville et qu’on nomme le Sholoda.
Les genres dans lesquels ces espèces viennent se ranger ap-.
partiennent en général aux régions tempérées. Tous les cinq
font partie de la tribu des Ophrydées : c’est dire assez qu'aucune
d’elles n’est épidendre et parasite, et cependant l’Abyssinie est
un pays tropical. Mais ici la hauteur du pays au-dessus du ni-
veau de la mer fait en quelque sorte équilibre à la longitude, et
la végétation de cette partie de l'Afrique, tout en conservant le
caractère des régions chaudes, n’a rien du faste et de l'éclat de
celle qui caractérise les pays tropicaux. Les genres Disa et Saty-
rium rattachent les Orchidées abyssiniennes à celles des autres
parties tempérées de l'Afrique, et particulièrement du Cap de
Bonue-Espérance. Mais il est encore une autre analogie que nous
ne passerons pas sous silence, et qui nous a paru fort remar-
quable. Le pays dont les OUrchidées abyssiniennes se rappro-
chent le plus, sont les montagnes de la péninsule Indienne, et
particulièrement le plateau des Nil-Gherries, dont nous ferons
connaître prochainement les Orchidées. Ce sont les mêmes
genres ; et dans l’un et l’autre pays, les espèces dont le nombre
prédomine appartiennent aux genres Hubenaria et Peristylus.
En effet , de nos treize espèces abyssiniennes , il y en a cinq qui
rentrent dans le genre Habenaria et quatre dans le genre Pe-
ristylus. Les quatre autres espèces sont réparties de la manière
suivante : deux dans le genre Satyrium, une dans le genre Disa
et une dans le genre Platanthera. |
Au reste, nous le répétons, le nombre des espèces de cette
A. RICHARD. — Plantes nouvelles d'Abyssinie. 265
famille que l’on a rapportées d’Abyssinie est encore trop peu
considérable pour qu'il soit possible d’en formuler nettement le
caractère général.
8. PLATANTHERA TRICRURIS Nob.
’
(Tab. 16. 1.)
P. caule basi vaginato , supernè foloso ; folns sæpius 3-4, basi laxè vaginan-
tibus, oblongo-elliptici saut ovalibus, acutis, 3-5-nervüs ; floribus 5-7 spicato-
corymbosis ; bracteis ellipticis acutis ovario longioribus ; sepalo supremo cum
lateralibüs internis galeato , lateralibus oblongo-ovalibus acutis , labello tripar-
tito; lacimiis oblongis angustis , lateralibus apice trifidis , lacinulis,exterioribus
subulatis brevioribus, lacinia media integra longiori, calcare ovario longiori
apice inflato. |
Crescit in monte Sholoda, non procul ab urbe Adowa. Mense Augusto
florentem legit clar. Quartin-Dillon.
Radix bituberculata. Caulis pedalis.
Observations.
C'est au genre Plutanthera, établi par mon père, qu'appar-
tient cette espèce, par la forme élargie de son anthère dont les
deux extrémités sont très écartées, et par l’absence des appen-
dices où processus charnus de la partie inférieure du stigmate.
Elle ne peut être confondue avec les autres espèces de ce genre,
à cause de la forme de son labelle et des subdivisions latérales
des divisions du labelle, qui sont plus courtes et plus étroites
que la subdivision moyenne. Aucune espèce de ce genre n’a été
jusqu'à présent observée sur le continent africain.
9. PERISTYLUS QuarTinIANUS Nob.
(Tab. 16.2.)
P. caule erecto : foliis (sæpiüs 4) sensim decrescentibus , oblongo-ellipticis
acutis sub-7-nerviis; spica elongata densa ; bracteis ovalibus acutis, florum lon-
gitudine ; sepalo supremo elongato , lateralibus subobliquis, internis obovalibus
obtusis, labello tripartito , Jacimiis lateralibus linearibus ;: intermedio longtori -
obtusis ; calcare brevissimo obtuso. j
Crescit in montosis herbosis circa Adowa.
Radix bituberculata ; tuberculis oblongo-cylindraceis. Caulis sesquipedalis.
266 Ac RICHARD. — P/antes nouvelles d'Abyssinie.
Observations.
Cette grande et belle espèce a beaucoup de ressemblance avec
le Peristylus latifolius LindI., qui croit dans les îles Maurice ;
mais elle en différe, entre autres caractères, par son labelle à
trois divisions profondes , linéaires et inégales, tandis que dans
le P. Zatfolius , les trois divisions sont trés courtes, arrondies
et obtuses. |
10. PErisTyzus PErTiTiANnuSs Nob.
P. caule erecto; foliis (5-6) sessilibus ovali-cordatis, apice acutis, sensim
decrescentibus, sæpits 7-nervüs; spica tereti gracili ; sepalis ovali-oblongis
obtusis, internis ovalibus obtusis, obliquis ; labello subcarnoso, concavo,
trifido ; laciniis lanceolatis acutis, calcare brevissimo.
Crescit circa Adowa.
Caulis sesquipedalis. Radix bituberculata ; tuberculis subglobosis.
11. PERISTYLUS LEFEBVREANUS Nob.
(Tab. 16.73.)
P. caule vix palmari ; folis sessilibus (3-5), ovalibus, subacutis aut obtusis ;
spica brevi densa ; sepalis externis chlongo-ovalibus, acutis ; internis paulo
brevioribus subobtusis ; labello subcarnoso , concavo, subquadrato , apice trun-
cato 3-dentäto.
Crescit in montosis circa Adowa.
Radix bitnberculata. Caulis vix spithameus.
Observations.
Cette espèce ainsi que la précédente rappellent un peu, par
leur port, le Satyrium viride L. ou Peristylus viridis Lindl.,
qui croit dans nos prairies. La seconde est remarquable par sa
petitesse ; elle se distingue du P. Petitianus par son épi dense et
tres court, ses feuilles ovales et non cordiformes, et par son
labelle tronqué à son sommet et simplement tridenté, et non à
trois divisions lancéolées et aiguës.
A+ RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 267
12. PERISTYLUS ARACHNOIDEUS Nob.
P. foliis ad basin caulis binis suboppositis ovalibus subacutis tenui-membrana-
ceis, reticulato-venosis longe pilosis ; spica brevi, subspirali , pauciflora ; bracteis
lanceolatis , acutis, ovarii longitudine ; sepalis exterioribus subgaleatis, ovalibus,
obtusis, interioribus oblongo-lanceolatis, in parte superiori incrassato-carnosis ;
labello carnosu, basi concavo , apice trifido, laciniis angustis æqualibus ; calcare
brevi subconico , membranaceo ; ovario longiusculè piloso.
Crescit in monte Sholoda , prope Adowa.
Radix bituberculata,
Observations:
Je n'ai eu à ma disposition qu’un seul échantillon de cette
espèce. Par son port , elle ressemble tout-à-fait à un Gocdyera.
Ses feuilles sont très minces et réticulées, comme dans les espèces
de ce genre ; mais le labelle muni d’un éperon court à sa base,
et surtout la structure des étamines qui est tout-à-fait celle des
autres espèces du genre Peristylus , ne me laissent aucun doute
sur le genre auquel elle appartient.
Par les caractères que nous avons énoncés précédemment,
cette espèce est une des mieux distinctes de ce genre.
HABENARIA.
ErosTREs. Ç I. Petala bifida.
* Sepalorum lacinia interior ramosa , sepalo 1pso longior.
13. HABENARIA CERATOPETALA Nob.
(Tab. 16. 4.)
H. foliis caulinis ovali-ellipucis, acutis, membranaceis, sensim ac sensim
decrescentibus ; spica longiuscula, bracteis ellipticis acutis ; sepalo superiori
erecto subgaleato, acuminato, lateralibus dependentibus inæquilateralibus , ob-
oyalibus apice obliquè acuminatis ; interioribus linearibus membranaceis cum
parté superiori sepali supremi coalitis, antice ad basin appendice crasso,
lineari triplo longiori, spiralter contorto auctis; labello triparüito erecto,
Jaciniis lancedlatis æqualibus acutissimis; calcare ovario longiore, basi inflato.
Crescit circa urbem Adowa , in mense Augusto florens.
+
268 A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’dbyssinie:
Observations.
Cette espèce se distingue facilement par la forme et la dimen-
sion de l’appendice qui nait de la partie antérieure et inférieure
des deux sépales intérieurs. Cet appendice est trois fois plus
long que le sépale lui-même; il est épais, charnu, presque cy-
lyndrique, et contourné en spirale; les sépales intérieurs sont
minces, linéaires, et adhérens par leur partie supérieure avec
le sépale externe et supérieur. Le labelle est court, redréssé, à
trois lanières étroites, aigues et égales entre elles.
1/4. HABENARIA ANTENNIFERA Nob.
(Tab. 19. 1.)
H. folis caulinis 3, oval-lanceolatis , acutis basi vaginantibus, vaginis
integris appressis ; bracteis convolutis ovali-oblongis acuminatis, margine ciliato-
denticulatis; sepalis externis galeatis : galeà posticè acuminatà; sepalo supremo,
minori, angustiori, lateralibus obliquis, anticè magis productis et :superne! ct
posticè obliquè acuminatis, facie interna subpunctato-glandulosis; sepalis internis
lineari-oblongis, glandulosis, longitudine sepali supremi et.cum illo margine
eorum postica subcoalitis, anticè appendice vix duplo longiore angusto acutv,
erecto, facie internà glanduloso auctis ; labello tripartito, lacinis crassis sub-
triquetris linearibus, intermedia paulo longiori ; calcare apice inflato, longitudine
ovarii; appendicibus stigmatis erectis , arcuatis , longis.
Crescit in montibus circa Adowa.
Observations.
Une des particularités les plus remarquables de cette espèce,
c'est la petitesse du sépale supérieur et externe, qui est allongé
et concave, et qui, de plus, se soude par chacun de ses bords
avec les deux sépales latéraux et internes, qui sont allongés,
linéaires et glanduleux, unis plus où moins intimement avec
le sépale supérieur externe ; ces sépales intérieurs donnent nais-
sance, à leur partie antérieure et inférieure, à un appendice
étroit, lancéolé , aigu, charnu , deux fois plus long qu'eux, et
dressé, glabre et lisse sur sa face externe, glanduleux sur toute
sa face interne : c’est le premier exemple qui's'offre à moi,
A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 269
dans le genre Habenaria, de sépales intérieurs épais et charnus,
et dont l’appendice antérieur présente la même consistance.
Ces caractères, joints à ceux que nous avons précédemment
énoncés dans la phrase caractéristique, distinguent suffisam-
ment cette espèce. Elle paraît avoir quelques rapports avec
VAHabenaria digitata Lindl. Gen. et Sp. 307, qui est originaire
de l’Inde ; mais je ne fais ce rapprochement qu’avec doute, ne
‘connaissant l’espèce indienne que d’après le caractère qui en a
été tracé par M. Lindley. Dans tous les cas, notre espèce se dis-
tinguerait par ses feuilles lancéolées non onduleuses, par ses
bractées ciliées, et par la grandeur et la consistance des appen-
dices naissant des sépales intérieurs.
Cette espèce, avec la précédente, constitue une tribu nou-
velle dans le genre Habenaria: En effet, ici la division anté-
rieure des sépales latéraux internes est épaisse et charnue, plus
longue que le sépale lui-même , tandis que, généralement, dans
les autres espèces, du moins dans celles que J'ai eu occasion
d'examiner, cet appendice est mince et membraneux.
G: IT. Petala indivisa.
* Labellum tripartitum, laciniis lateralibus indivisis,
15. HABENARIA VAGINATA Nob.
(Tab. 17. 2.)
H. foliis radicalibus binis suboppositis, patulis, cordato-ovalibus,'acutis, planis,
membranaceis ; caule pedali vaginato, vaginis laxis in folia convoluta ovali-
oblonga acuta , versüs partem caulis superiorem decrescentia, desinentibus ;
floribus parvulis ; spica elongata, laxiuscula , bracteata, bracteis inferioribus,
ovario pedunculato longioribus , acutissimis ; sepalis lateralibus externis, patulo-
pendulinis , obliquè acuminaiis, subpunctato -glandulosis, ovali- lanceolatis,
acuiis, internis integris , inappendiculatis cum supremo in galeam dispositis ;
labello tripartito, vix sepalis duplo longiori, subcarnoso, laciniis angustis, ob-
tusis, intermedio paulo longiori ;. calcare lineari, versüs apicem sensim inflato ;
oyario ferè duplo longiori. |
Radix bituberculata; tuberculis stipitatis subglobosis.
Crescit inter Ædowa et Menisa , iu provincia Z'igré et in monte SAo/oda.
Abeunte Septembre 1839 florentem legit amicissimus D' Quartin-Dillon. *
270 A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie.
. Observations.
Les deux feuilles de cette espèce sont opposées à la base de
la tige ; elles sont ovales, arrondies, ou même un peu cordi-
formes à leur base, aiguës à leur sommet. La tige, haute d’en-
viron un pied, porte un grand nombre de gaines qui se ter-
minent chacune par une feuille rudimentaire, ovale très aiguë
et roulée autour de la tige. Les fleurs sont petites, formant un
épi lâche, long de trois à quatre pouces. L’éperon est très long;
le labelle a trois divisions profondes, étroites, charnues, ob-
tuses , et à-peu-près égales. À
16. HABENARIA PERISTYLOIDES Nob.
(Ta. 17. 3.)
H. caule basi vaginato, superne folioso, fois ovali-lanceolatis acutis, basi
laxè vaginantibus; floribus pallidioribus , spica elongata laxiuscula, bracteis
ovali-lanceolatis acutissimis convolutis, florum longitudine ; sepalis lateralibus
externis ovalibus, inæquilateralibus, apice acutissimo valdè obliquis; internis
obovalibus obtusis ; labello tripartito , basi dilatata auriculato ; auriculis laciniis
lateralibus brevioribus , linearibus , obtusis ; intermedia latiori ohtusa; calcare
obtuso breviusculo.
Crescit circa Adowa.
Observations.
Les différens genres établis récèmment dans la tribu des
Ophrydées , et particulièrement ceux qui ont été formés aux
dépens de l’ancien genre Orchis de Linné , sont en général assez
bien déterminés. Cependant leurs caractères ne sont pas tou-
jours tellement tranchés qu’il n'arrive quelquefois qu’on éprouve
quelque hésitation pour rapporter certaines espèces plutôt à un
genre qu'à un autre. Ainsi, par exemple, la plante que nous
vommons ici Habenaria peristyloides participe à-la-fois des
caractères des deux genres Habenaria et Peristylus. Comme ce
dernier , elle a les sépales rapprochés et presque en casque, le
labelle épais et l’éperon court; mais elle présente les deux ap-
pendicés charnus qui naissent de la région stigmatique infé-
A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 271
rieure, et qui constituent le caractère diagnostique du genre
Habenaria. Il est vrai qu'ici ces deux processus sont un peu
différens de ce que je les ai trouvés d'habitude dans les autres
espèces de ce dernier genre que j'ai eu occasion d'examiner :
au lieu d’être redressés et de suivre plus ou moins la direction
de l’extrémité inférieure des deux loges de lanthère, ils sont
couchés sur la base du labelle, avec lequel ils ne contractent
d’adhérence qu’immédiatement à leur base.
** Labellum tripartitum : laciniis lateralibus divisis.
17. HABENARIA QUANTINIANA Nob. ( An genus?)
(Tab. 17. 4.)
H. caule folioso, basi nudo vaginatoque ; foliis sessilibas ovalibus acutissimis,
breviter vaginantibus ; floribus laxè spicatis, bracteis subfoliaceis, oblongo-
lanceolatis, apice acutissimis, basi sensim attenuatis, ovarium arcuatum gracile
superantibus ; lacinia calycis suprema ovali-oblonga , apice recurva, cum
duabus interioribus obliquis, basi latioribus, margine denticulato-ciliatis, in
galeam approximatis ; 2 lateralibus externis dependentibus, longioribus, ovali-
obliquis, acutis; labelli 3-partiti laciniis angusto-linearibus ; intermedia paulo
longiori integra obtusa, lateralibus in margine exteriore fimbriato-dissectis,
lacinulis longis linearibus integris aut subramosis ; calcare lougissimo et ovarium
duplo superante.
Crescit in monte SAoloda non procul ab urbe Adowa. Florentem in mense
Augusto legit amicissimas D' Quartin-Dillon.
Radix bitubercalata ; tuberculis ovoideis. Gaulis sesquipedalis.
Observations.
Voilà une plante qui, par l’ensemble de ses caractères, appar-
tient bien certainement au genre Æabenaria:; et qui cependant
m'a offert une particularité très singulière. Les «eux loges de
l’anthère, au lieu d'être réunies à leur partie supérieure et pos-
térieure, où elles sont en général très rapprochées, sont libres
et distinctes, et l'espèce de connectif membraneux qui sert à les
réunir forme un rebord membraneux qui se prolonge beaucoup
postérieurement et se termine en arrière par un appendice plus
épais et plus saillant. C'est en avant de cet appendice postérieur,
272 A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie.
et au fond de l’espèce de godet formé par le connectif , que se
trouve la proscole ou partie supérieure du stigmate. De cet or-
gane, naissent de chaque côté deux bandelettes, l’une qui va
concourir à former la partie interne des canaux contenant les
caudicules , l’autre qui commence les deux processus ou appen-
dices inférieurs du stigmate. Une pareille organisation n’a pas,
que je sache, été observée dans aucune autre espèce de ce
genre. Peut-être pourrait-elle paraître suffisante pour servir à
fortes de cette plante le type d’un genre nouveau.
18. Disa SCUTELLIFERA Nob.
(Tab. 18. 1.)
D. caule folioso ; foliis laxè vaginantibus approximatis ovali-oblongis acutis-
simis, vaginis laxiusculis ferè usque ad medium fissis; floribus bracteatis sat
densè. spicatis, bracteis ovali-oblongis , appressis, ovario longioribus ; sepalis
internis basi columnæ adnatis, rotundatis, obtusissimis , appendice lanceolata
lineari in parte superiori auctis ; labello lineari, angustissimo, basi hinc et
illinc parüm dilatato et quasi rotundato ; stigmate oblongo , crassissimo integro.
Crescit in herbosis montis Sholoda, non procul ab Adowa, in provinciâ
Tigré Abyssiniæ. Florebat mense Augusto.
Radix bituberculata. In specimine juniori et adhuc caule destituto , folia
bina radicalia, elliptico-oblonga acuminata , longa.
Observations.
Le genre Disa est encore du nombre de ceux dont les carac-
tères sont les moins bien définis. Aussi quelques auteurs, et par-
ticulièérement M. Lindley, a-t-il séparé de ce genre un certain
nombre d'espèces, pour en faire les types de genres nouveaux ;
tels sont, entre autres, les genres Monadenia ; Schizodium ,
Penthea. Mais peut-être manquons-nous de notions suffisantes
pour déterminer si, en effet, ces genres doivent demeurer dis-
tincts du Disa. Notre espèce, par ses deux glandes ou rétinacles
distinctes et nues, par son stigmate en forme de tubercule,
placé à la base du gynostème, par ses sépales planes, dont
le supérieur, éperonné, nous paraît devoir rentrer dans le
genre Disu. Elle appartient à la seconde section, celle qui ren-
ferme les espèces dont l’anthère est couchée sur le sommet du
A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie. 273
gynostème. Dans cette section, elle rentre dans le premier
paragraphe, nommé ,Kepundra par M. Lindley. Ce paragraphe
renferme trois espèces dont aucune ne nous paraît avoir les ca-
ractères de notre plante, qui forme une espèce nouvelle. Un
des caractères qui la distinguent le plus nettement, c'est la figure
des sépales intérieurs, qui sont arrondis, presque réniformes,
munis sur leur côté supérieur d’un long appendice lancéolé et
presque falciforme.
19. SATYRIUM BIFOLIUM Nob.
(Tab. 24: 27
S. foliis binis radicalibus , suboppositis, orbicularibus, membranaceis, glabris,
caule aphyllo vaginato ; vaginis subappressis , membranaceis, erectis , obtusis;
spica ovoidea densiuseula ; floribus majoribus; bracteis versus apicem spicæ
decrescentibus, ovali-oblongis, obtusis aut subacutis ; reflexis, ovario longio-
bus; sepalis exterioribus, ovalibus , obtusis, interioribus, obtusioribus ; labello
apice truncato , basi inflato, calcaribus ovario paulo longioribus, basi_inflatis ;
labio stigmatis superiore bu, inferiore oblongo, incurvo , acuto. |
Æ Crescit in monte Skoloda, prope urbem RE Mense Octobre 183g legi
clar. Quartin-Dillon.
Observations.
Par son port et ses caractères extérieurs, cette espèce , lune
des plus belles du genre par la grandeur de ses fleurs, se rap-
_proche assez du Satyrium cucullatum Thunb. et du $. candi-
dum Tindl. Comme ces deux espèces, sa tige est nue, et ses
feuilles radicales, au nombre de deux, sont re lReé arron-
dies. Elles sont glabres comme dans le S. candidurn , et non ci-
liées et scabres comme dans le $. cucullatum. Mais elle differe de
la première de ces espèces, par ses gaines non renflées et vési-
culeuses, par ses sépales ovales et obtus et non linéaires, par
son labelle non réfléchi, mais tronqué à son sommet, et enfin
par le lobe antérieur de son stigmate, qui est épais, charnu ,
entier et aigu, et non plane et bilobé.
Je crois les fleurs également blanchâtres dans notre espece ;
mais, pour le moment, je manque de certitude à cet égard.
XIV. Boran. — Novembre, 138
274 A+ RICHARD. — Plantes nouvelles d’Abyssinie.
20. SATYRIUM CORIOPHOROIDES Nob.
(Tab. 18. 3.)
S. caule vaginato aphyllo ; foliis ex tisdem tuberculis , prope caulem binis,
basi vaginantibus , suboppositis oblongo-ellipticis acutis; vaginis caulis laxis
lanceolatis acutis; spica densa multiflora, bracteis oblongo-ellipticis acutissimis,
medio reflexis, florum longitudine ; sepalis lateralibus externis inæquilateralibus,
obovafibus apice acuminato valdè obliquis; intermedio oblongo angusto, obtuso ;
interioribus sublinearibus, obtusis ; labello galeato, apice acuminato, dorso
cristato , calcaribus gracilibus, apice subinflatis , ovario longioribus ; gynoste-
mio brevi; stigmatis labio superiore erecto obtuso, subemarginato, inferiori
acuto; ovarii costis glanduloso-pubentibus.
Crescit m monte SAoloda , non procul ab urbe Adowa , Augusto florens.
Observations.
Par le nom spécifique que J'ai donné à cette espece, j'ai
voulu rappeler la grande ressemblance de port qu’elle pré-
sente avec l'Orchis cortophora de Linné. Sa tige, qui s’élève
à environ un pied et demi, ne porte que des gaînes foliacées,
lâches et assez rapprochées les unes des autres, A côté de la tige,
naissent deux feuilles elliptiques, allongées, aigués, engainantes
à leur base. Les sépales intérieurs de cette espèce sont très
étroits , linéaires, obtus, et immédiatement appliqués sur les
côtés du sépale moyen extérieur. Les côtes de l'ovaire sont pu-
bescentes et glanduleuses.
Cette espèce a quelque analogie avec le Satyriurr nepalense
Don; mais ses fleurs forment un épi tres serré; ses sépales ex-
térieurs sont inéquilatéraux, acuminés à leur sommet, qui est
tres oblique, et les côtes de l'ovaire sont PHESCRntES et glan-
duleuses.
EXPLICATION DES FIGURES.
Planche 14. Quartinia abyssinica, a. Bouton de fleur grossi. 8. Fleur grossie, c. Pétale. d: Pistil,
e. Stigmate. f.Ovaire, coupé longitudinalement. £,Fruit de grandeur natu-
relle. k. Le même , coupé longitudinalement. ai
Pl.15. N° 1. ZLefebvrea abyssinica. a. Ombellule , uu peu grossie. 2. Fleur défleurie , éxéssiel
c. Fruit de grandeur naturelle. d, L’un des méricarpes , vu par sa face interne,
e, Fruit grossi. f. Méricarpe, coupé en travers: g. Fruit , coupé de manière à
faire voir l'embryon: k.i. Embryon.
N°. Antopetitia abyssinica, a. Fleurs un peu grossies, 2. Une fleur grossie. ce. Fleur
À. RICHARD. — Plantes nouvelles d'Abyssinie. 275
dont on a enlevé les pétales. d..Les étamines. e, L'étendard. f, L'une des
ailes. g- L'un des pétales de la carène. 4, Le pistil. z. Le même coupé longi-
tudinalement. #. Fruit de grandeur naturelle. /. Le même grossi. », Une
graine grossie.
PL. 16, N° x Platanthera tricruris. x. Fleur entière un peu grossie, 2. Gynostème et anthère
vus par là face antérieure. .3. Une des masses polliniques.
N° xr, Peristylus Quartinianus. 1. Fleur entière grossie. 2. Anthère et labelle vus de
côté.
N° ur, Peristylus Lefebvreanus. 1. Fleur grossie, 2. Anthère vue de côté et montrant |:
stigmate, 3. La même, vue de face. 4. La ième , vue par sa face inférieure .
5.. Ure masse pollinique.
N° 1v. Habenaria ceratopetala. 1. Fleur entière, un peugrossie. 2. Etamine et labelle.
a. Anthère , vue par sa face postérieure. 8. Les prolongemens tubuleux des
caudicules, c. Les staminodes. d, Les processus stigmatiques. e. Les trois lobes
du labelle un peu soudé avec la partie antérieure de l’étamine. f L’éperon.
g. La division latérale interne du calice. 4. Son appendice beaucoup plus long
qu’elle. 3. Division latérale interne du calice avec son appeudice. 4. Une des
moitiés de l’anthère , vue par sa face'interne. a. La loge ouverte. &. La masse
pollinique , dont la eaudicule se prolonge inférieurement dans l’appendice
tubuliforme c. d, L'appendice stigmatique supérieur placé entre les deux loges
de l’anthère et se continuant par ses côtés avec l’appendice tubuleux et par sa
base avec les processus stigmatiques (e) inférieurs,
Pl.17. N°1. Habenaria antennifera. 1. Fleur entière grossie. 2. Divisions internes du calice.
a. Sépale supérieur externe. 2. Sépale latéral interne, c. Appendice antérieur
du précédent. 4, Processus stigmatiques inférieurs, e. Les trois lobes du la-
belle.
N° nu. Habenaria vaginata. x. Fleur entière grossie, 2. Anthère, vue de profil. «a. Gy-
nostème. &. Loges de l’anthère. c. Staminodes. d. Appendices tubuleux. €. Pro-
cessus stigmatiques inférieurs. — 3. La même après la chute des masses polli-
niques. Les mêmes lettres expriment les mêmes parties que dans la figure pré-
cédente. f. Appendice supérieure du stigmate caché entre les deux loges de
lanthère. | |
N° m1. Habenaria peristyloides x. Fleur entière grossie, 2. Anthère et labelle, &. Les
deux loges de l’anthère. 4. L'appendice supérieur du stigmate. c. Les proces-
sus inférieurs du stigmate couchés sur la basse du labelie,
N° 1v. Habenaria Quartiniana. x. Fleur entière grossie. 2. Anthère, vue de côté, a. L’un
des sépales externes rabattu. c. Les sépales latéraux internes, unis avec le
supérieur externe, pour former le casque. d. Origine du labelle, ee. Les deux
loges de l’anthère parfaitement distinctes et séparées à leur partie postérieure ,
et se prolongeant en une membrane, qui forme une sorte de cavité ou de godet
contenant le stigmate. g. Staminodes, À. Processus stigmatiques inférieurs
comprimés, dilatés à leur sommet, qui porte un gros tubércule glanduleux. —
à. L'une des deux parties de l’anthère , vue par sa face interne. a. Le labelle.
B. L’anthère- c. Processus sligmatique. 4, Espèce de bandelette étroite, qui
sort de la face interne du canal stigmatique, et qui va s'attacher à un petit tu-
bercule saillant placé dans le godet membraneux dont nous avons parlé. e. Le
tubereule ci-dessus désigné. f. Le godet membraneux. g, Renflement allnnge
18.
2,6 A. RICHARD. — Plantes nouvelles d’'Abyssinie.
tuberculeux , placé au point de jonction des deux bords du godet. k. Le second
processus stigmatique rabatiu. i. Les restes de la seconde loge et de l’autre
portiou du godet.
Pl. 18. N° sr. Disa scutelliformis. x. Fleur entière grossie.| 2, Organes?sexuels et sépales inté-
rieurs. 3. Un des sépales internes et latéraux. 4. Organes sexuels vus de
profil et dans la position où ils sont couchés au fond de la fleur. a. Anthère.
6. Appendice stigmatique supérieur, formant üne lame saillante et recourbée.
e. Appendice stigmatique inférieur, formant une espèce de gros tubercule qui
s'étend sur la base de l’ovaire. 5. L'une des masses polliniques.
N°ur, Satyrium bifolium. 1. Fleur entière grossie, 2. Organes sexuels. a. Gynostème.
b. Appendice stigmatique supérieur. &. Appendice stigmatique inférieur. d. Les
loges de l’anthère.
N° ur. Satyrium coriophoroides. 1. Fleur entière grossie. 2. L'un des sépales latéraux
externes, 3. L’un des .sépales latéraux internes. 4. Sépale extérieur moyen.
5. Organes sexuels.
Érupes sur d'anatomie et la. physiologie des végétaux ,
Par Taém. LEsrrsoupois,
Membre de la Chambre des Députés , professeur de botanique à Lille. (1)
a
Cet ouvrage fait partie des memoires de la Societe royale des Sciences, de
l'Agriculture et des Arts de Lille pour l'année 1839. Sa grande étendue nous
empêche de reproduire tout ce qu'il peut offir de neuf et d’important pour la
science; d’ailleurs il exigerait d’êure accompagné d’une grande quantité de planches
destinées à l’éclaircissement du texte. Cependant il nous a semblé utile de pré-
senter aux lecteurs des Annales le résumé général qui le termine, en y ajoutant
plusieurs observations extraites du corps de l'ouvrage, et que nous devons à
Vobligeance de l’auteur. (Note des Rédacteurs.)
+ ml QD CDae———
ÉLÉMENS CONSTITUTIFS DES VÉGÉTAUX.
Les végétaux sont composés de principes élémentaires em-
pruntés au règne inorganique.
Ces élémens se combinent sous l'influence des forces vitales,
et forment les principes immédiats.
}
(1) Un vol. in-8°, texte accompagné de 235 figures. Paris, chez Treuttel et Wurtz, li-
braires, rue de Lille, 17.
T. LESTIBOUDOIS. — Ænatomie et physiologie des végétaux. 277
Ces principes, qui, pour la plupart, ne différent Jes uns des
autres que par les proportions des corps qui les composent,
constituent, par leur réunion, les élémens organiques.
Les, premiers élémens des organes sont les g/obules qu'on
rencontre dans les sucs élaborés, et qui semblent jouir d’une
vie propre.
Les globules plus inst constituent la globuline , la
chlorophy lle , la fécule , etc.
Par leur cohésion, les globules forment des lamelles, dont
l'ensemble constitue le tissu /amellaire, base de toutes les par-
ties du végétal.
Le tissu lamellaire se présente sous deux formes : 1° le tissu
utriculaire ; 2° le tissu vasculaire.
Le tissu wtriculaire est formé d’utricules ou petits sacs agglu-
tinés les uns aux autres.
Les utricules varient par leurs formes, leur consistance, etc.
Elles sont hexagonales, arrondies ou allongées, tronquées ou
fusiformes ( ex. Cucurbita Pepo ), rameuses ( ex. Ficus elasti-
ca }5reËc:
Elles sont à parois simples, ou garnies à l’intérieur de lames
libres et roulées en spirale (utricules spiralées), ou soudées, et
formant des fentes (utricules scalariformes}), ou formant des
pores larges ou étroits , régulièrement ou confusément distribués
(utricules poreuses ).
Elles sont dans leur jeunesse excessivement minces et trans-
parentes. Quand elles sont entièrement formées, elles sont
sèches (aréolaires, médulleuses), ou succulentes , ou paren-
chymateuses.
Elles sont : aréolaires, quand leurs parois sont assez minces
et leur cavité privée de sucs, comme dans la moelle du plus
grand nombre des arbres, etc.; succulentes , quand leurs parois
sont minces et leur cavité pleine de sucs peu consistans ; paren-
chymateuses , quand les sucs qu’elles contiennent sont colorés,
consistans , et finissent par se solidifier, donnant ainsi plus d’é-
paisseur aux parois, et diminuant la cavité, qui parfois ne se
présente plus que comme une ponctuation.
Quelquefois les utricules ne contiennent aucuns corps spé-
278 T. LESTIBOUDOIS.— Anatomie et physiologie des végétaux.
ciaux ; d’autres fois elles sont pleines de globuline (ex. Carotta),
ou de fusidies (ex. Balsamina), ou de quelques autres corps de
forme particulière. Elles sont incolores, ou colorées en vert ou
en jaune, etc., par la chlorophylle ou les sucs du végétal ( ex.
Chelidonium ).
Le tissu vasculaire se compose de deux ordres de vaisseaux :
Les vaisseaux propres où vaisseaux du latex, ou vaisseaux
corticaux ;
Les vaisseaux trachéens, ou ligneux , ou centraux.
Les premiers sont simples au rameux , et anastomosés. Leurs
parois sont simples , transparentes. Jls contiennent des sucs plus
ou moins colorés.
Les deuxièmes ne contiennent pas de liquides colorés. Ils ont
intérieurement des lames appliquées contre leurs parois. Ces
lames sont libres, spiralées, déroulables dans les trachées. Les
lames sont tantôt uniques , tantôt multiples et parallèles, tantôt
à bords écartés , tantôt à bords rapprochés et même contigus ;
soudées d'espace en espace dans les fausses trachées ou vaisseaux
fendus ; soudées de mille manières dans les vaisseaux poreux.
Elles présentent ces diverses modifications dans les vaisseaux
mixtes , dont l'existence est bien constatée.
Les vaisseaux trachéens sont parfois formés de pièces placées
bout à bout ; on les nomme alors articulés.
Tous ces vaisseaux ne sont qu'une modification d'un même
type ; on voit toutes les nuances entre les divers modes d’orga-
nisation ; mais les diverses variétés de vaisseaux ne se transfor-
ment pas les unes dans les autres.
Le tissu vasculaire lui-même n’est qu’une modification du
tissu utriculaire.
Les vaisseaux propres sont analogues aux utricules à parois
simples.
Les vaisseaux trachéens sont analogues aux utricules spira-
lées , scalariformes ou poreuses.
Les vaisseaux articulés forment le passage naturel entre les
deux tissus.
Les observations nombreuses prouvent que réellement les
lames internes des vaisseaux poreux, fendus, etc., peuvent se
Te BESTIBOUDOIS. = Anatomie et physiologie des végétaux. 279
séparer par macérationi, comme lés lames des trachées par dérou-
lement; que les pores, les fentes, etc., sont les espaces laissés
entre les anastomoses, et non des pièces isolées de lames qui se
seraient divisées par exténsion, qu'on passe insensiblement des
trachées à lames simples, à bords écartés, aux vaisseaux dont
les lamies ont des anastomoses si multipliées qu’elles ne répré-
sentent plus qu’une membrane criblée de perforations confuses,
d’une excessive petitesse : ce sont des trachées à lames solitaires,
à lames multiples et écartées, à bords rapprochés, à bords de
loin en loin soudés, à bords régulièrement soudés, pour former
des fentes régulières, des séries de pores régulières, des fentes
contournées, des pores confus et innombrables, etc.; ces con-
formations variées peuvent se trouver sur un même vâisseau,
mais chaque disposition se conserve telle qu’elle a été:originai-
rement constituée; les variétés de vaisseaux ne se transforment
pas les unes dans les autres, aux différens âges, mais toutes sont
organiquement les mêmes.
Certains végétaux sont uniquement composés de tissu wtricu-
laire ou cellulaire : on les nomme végétaux ce//ulaires.
On nomme vasculaires les végétaux formés à-la-fois de. tissu
utriculaire et de vaisseaux.
Les végétaux vasculaires sont divisés en deux grandes classes,
les Dicotylédonés et les Monocotylédonés , dont la structure est
différente.
DICOTYL;.DONÉS.
DES TIGES.
À. Disposition des parties.
Les tiges des Dicotylédonés , au moment de leur formation,
_sônt formées dé tissu utriculaire transparent, succulent, incom-
plètéement organisé.
Elles présentent bientôt des points plus succulens , plus co-
lôrés, qui constituent des cordons ou faisceaux parenchÿma-
leux , en nombre déterminé.
Le tissu qui environne ces cordons devient ordinairement
médullaire ou aréolaire.
280 T. LESTIBOUDOIS. — Ænulomie et physiologie des végétaux.
Les faisceaux parenchymateux forment un cercle dans la tige.
Ils sont souvent alternativement plus volamineux ; parfois
alternativement plus internes.
Ils contiennent des vaisseaux des deux crdres.
Les vaisseaux propres sont placés vers la périphérie des fais-
ceaux , mais surtout dans la portion externe de la circonférence.
Les vaisseaux trachéens sont placés dans la portion interne
des faisceaux.
Ils sont placés dans l'ordre suivant, en allant du côté interne
au côté externe :
1° Trachées d’un petit diamètre, à lames peu nombreuses,
écartées ;
2° Trachées à diamètre plus grand, à lames plus nombreuses,
ayant leurs bords en contact ;
3° Vaisseaux trachéens plus gros encore, à lames soudées,
laissant entre elles des fentes ;
4° Vaisseaux trachéens d’un plus grand volume, à lames ne
laissant entre elles que des pores réguliers ;
5° Vaisseaux trachéens à ponctuations petites et confuses, etc.
La portion du tissu parenchymateux qui se trouve placée
entre le groupe des vaisseaux trachéens et celui des vaisseaux
propres , reste transparente.
Les autres utricules se solidifient.
Les utricules centrales sont presque oblitérées, et n'ont plus
qu'une ponctuation centrale.
La cavité va en augmentant dans les utricules extérieures, de
sorte que le tissu parenchymateux se nuance avec le tissu mé-
dullaire. Dans le Sambucus, il n’y a pas de tissu médullaire
entre les faisceaux parenchymateux.
La couleur des faisceaux parenchymateux s’affaiblit sur les
bords, de manière qu’elle se nuance aussi avec celle des tissus
environnans.
Les faisceaux parenchymateux se trouvant au milieu du tissu
médullaire de la tige, le partagent en trois parties :
1° La médulle centrale, où la partie occupant le centre de la
tige ;
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végetaux. 281
2° Les rayons médullaires , où la partie placée entre les fais-
ceaux ;
3° La médulle corticale , ou la partie placée plus en dehors
que les faisceaux. |
Dans la médulle centrale ,.on voit parfois des parties paren-
chymateuses qui se sont séparées de la partie interne des fais-
ceaux primitifs.
Dans la médulle corticale, on voit parfois aussi des portions
parenchymateuses séparées des faisceaux primitifs, et formant
ou des faisceaux épars, où des cercles irréguliers , ou des cercles
réguliers et parfois continus. |
Dans les rayons médullaires, on voit une zone transparente
qui disparait dans les tiges annuelles, dont l’accroissement est
borné, mais qui persiste dans les autres, et qu’on voit toujours
dans le principe.
Cette zone divise le rayon médullaire en deux parties, l’une
externe, l’autre interne.
Elle correspond à l’interstice- transparent qui, ‘dans -les fais-
ceaux, se trouve entre les vaisseaux trachéens et les vaisseaux
propres. À
Conséquemment, les parties transparentes forment une zone
complète qui divise la tige en deux portions , une centrale ou
ligneuse., une extérieure ou corticale.
Conséquemment , la totalité de la substance des faisceaux pa-
renchymateux n’appartient pas au système central; la portion
placée en dehors de linterstice transparent fait partie de l’é-
corce; et il en est de même ‘des rayons médullaires, dont la
portion externe fait partie du système cortical, formant ce qu'on
nomme les prolongemens médullaires de l'écorce. La distinction
des deux portions des cordons parenchymateux des Dicotylédo-
nés est un fait d’une haute importance, qui jettera une vive
lumière sur la distinction du système, cortical et du système
central, et sur la structure des Monocotylédonés.
282 T: LESPIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des vépelaux.
IB. Aceroissement.— Première période.
Nous avons dit que les groupes vasculaires sont formés dans
les vaisseaux parenchymateux : |
Les premiers vaisseaux propres sont placés vers la périphérie,
mais particulièrement dans la portion externe des faisceaux ;
Il ÿ a cependant aussi des vaisseaux propres dans la partie
interne; quelquefois même ils sont plus nombreux que dans
la partie extérieure, ce qui explique pourquoi le suc laiteux sort
en plus grande abondance du centre de certaines plantes, comme
l’Asclepias syrinca, etc.
Les premiers vaisseaux trachéens sont placés dans la portion
centrale des faisceaux.
Entre ces deux groupes est l’interstice transparent qui est
formé par un tissu encore incomplet, qui n’est que du cambium
exhalé, dont l’organisation n'est pas encore achevée.
Cette zone gélatineuse s'organise bientôt, et forme du tissu
parenchymateux, dont les caractères deviennent de plus en plus
apparens, et dans lequel on observe de nouveaux groupes de
vaisseaux trachéens qui sont placés vers la face externe des vais-
seaux de même nature primitivement formés, et de nouveaux
groupes de vaisseaux propres, placés vers la face interne des
groupes des vaisseaux propres qui les ont précédés.
Entre ces groupes de vaisseaux propres et de vaisseaux tra-
chéens, il ÿ a encore un interstice gélatiniforme qui s’est refor-
mé, et qui sépare les deux ordres de vaisseaux.
Un accroissement analogue a eu lieu dans les rayons médul-
laires, c’est-à-dire que les portions internes et externes de l'in-
tervalle transparent ont pris les caractères du tissu médullaire,
et qu'un nouveau tissu transparent s’est formé entre ces por-
tions, rejetant ainsi la portion externe en dehors, et enfermant
la portion interne dans la partie centrale de la tige.
Cet accroissement interstitiel explique comment se sont for-
mées les parties parenchymateuses qui se trouvent en dedans et
en dehors des faisceaux parenchymateux, c’est-à dire dans la
méduile centrale et dans la médulle corticale.
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux. 283
Les parties qui se trouvent en dedans des faisceaux paren-
chymateux se sont ainsi formées : les premiers vaisseaux tra-
chéens n’ont pas été créés dans la partie la plus interne des fais-
ceaux ; une portion parenchymateuse est restée d’abord sans
vaisseaux; une trace parenchymateuse, touchant les premiers
vaisseaux, est devenue aréolaire ou médullaire ; la partie interne
du faisceau s’est trouvée alors isolée dans le centre. Il arrive alors,
dans le Cucurbita , par exemple, que des vaisseaux se forment
dans ces parties centrales postérieurement à la première forma-
tion vasculaire des faisceaux. Les formations internes montrent
déjà un rapport profond des végétaux dicotylédonés avec les
monocotylédonés.
Les portions parenchymateuses de l'écorce ont ainsi été for-
mées : elles étaient primitivement placées contre l'interstice d’ac-
croissement: mais par la création successive de parties nouvelles
dans la zone gélatineuse , elles ont été repoussées en dehors , et
ont constitué la partie extérieure du système cortical ; uu elles
forment, soit des faisceaux isolés, soit des cercles irréguliers ou
réguliers, soit des couches continues. Elles sont séparées des
parties subséquentes, parce que des cercles utriculaires 6nt pris
les caractères du tissu médullaire. Ces faits rendent bien compte
de la formation de toutes les parties qui constituent l'écorce, et
indiquent d’une manière nette la limite du système central et du
cortical.
Il y a des végétaux dont l'accroissement, essentiellement
borné, se réduit à ces premières créations. |
Leurs faisceaux vasculaires restent arrondis.
L’interstice gélatiniforme de ces faisceaux se solidifie de plus
en plus, sans être remplacé par un nouvel interstice de tissu
transparent.
L’interstice des rayons médullaires disparait aussi par solidi-
fication.
La zone interstitielle d’accroissement n’est plus alors visible,
et le système central ne peur être séparé du système cortical.
Ces dispositions se remarquent dans un certain nombre de
tiges annuelles. Elles doivent être constatées avec soin, car elles
jetteront une vive lumière sur la structure des Monocotylédo-
294 T. LESTIBOUDOIS. — {natomie et physiologie des vésétaux.
nées, et serviront à combler la lacune qui existait entre cet ordre
de végétaux et les Dicotylédonés.
Deuxième période d’'accroissement.
Dans un grand nombre de végétaux, l'accroissement ne se
borne pas à la solidification des faisceaux parenchymateux
arrondis.
Au fur et à mesure que les parties transparentes s'organisent
et contiennent de nouveaux vaisseaux, une autre partie transpa-
rente se forme entre les parties ligneuses et les parties corticales.
De nouveaux groupes vasculaires se verront bientôt dans la
zone qui vient d'etre formée, et une zone transparente apparai-
tra encore entre les vaisseaux trachéens qui sont formés contre
les vaisseaux trachéens anciens et les vaisseaux propres placés
contre les vaisseaux de même nature qui les ont précédés.
Le tissu parenchymateux dans lequel doivent se créer les
groupes vasculaires récens se reformant toujours entre les
groupes ligneux et les groupes corticaux, le système central se
trouvera toujours séparé du système cortical; les vaisseaux tra-
chéens seront toujours de plus en plus enfermés au centre et
recouverts par les vaisseaux nouveaux ; les vaisseaux corticaux
seront toujours rejetés en dehors.
Ainsi les faisceaux parenchymateux s’allongent par la partie
extérieure de leur portion centrale, par la partie intérieure de
leur portion corticale.
Ces parties croissantes des faisceaux parenchymateux se sont
en même temps élargies, puisqu'elles occupent des circonfé-
rences de plus en plus grandes.
La portion centrale de chaque faisceau devient à-peu-pres
triangulaire, et tend à toucher la partie correspondante des
faisceaux voisins.
Il en résulte que les groupes vasculaires tendent à former un
cercle régulier tout autour de la tige. |
Quelquefois les faisceaux primitifs restent long-temps isolés ,
soit parce que le tissu qui les sépare a très pen de consistance ,
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux. 285
comme dans les Memispermum , Soit parce que les intervalles
médullaires sont larges, comme dans le Cactus peruviunus.
Les groupes vasculaires devenant plus nombreux, puisqu’une
circonférence de plus en plus grande ést appelée à les former,
il y a entre eux de nouveaux intervalles utriculaires.
Ces intervalles sont rectilignes, parce que les groupes vascu-
laires naissent toujours vis-à-vis les uns des autres.
Conséquemment, ces nouvelles lignes médullaires rayonnent
vers la circonférence, et constituent ainsi des rayons médullaires
qui ne vont pas jusqu’au centre.
Les nouveaux groupes vasculaires ne sont pas appliqués im-
médiatement contre les anciens ; il y a une partie utriculaire qui
les sépare.
Les intervalles utriculaires placés entre les groupes vascu-
laires qui forment une série rayonnante, correspondent aux in-
tervalles utriculaires des séries voisines ; ils sont ainsi disposés
circulairement autour de la tige, et forment couséquemment
des circonférences médullaires.
Les circonférences médullaires ne sont pas aussi régulières
que le sont les rayons médullaires, parce que les intervalles utri-
culaires d’une série ne correspondent pas toujours exactement
aux intervalles des séries voisines, et qu'ils en sont séparés par .
les rayons médullaires qui n’ont pas constamment la même con-
formation que les intervalles médullaires.
Dans certaines racines, exemple la Betterave, les circonfé-
rences médullaires sont tellement développées, et les divers
cercles vasculaires tellement séparés, que, bien qu’annuelles,
elles paraissent formées de plusieurs couches concentriques.
Les rayons médullaires primitifs ont un accroissement inter-
stitiel, comme les faisceaux parenchymateux, et se sont allongés
comme eux, dans leur partie centrale et leur partie corticale.
Lorsqu’à la fin de l'année l'accroissement s'arrête, les fars-
ceaux parenchymateux se touchent, ils constituent une couche
ligneuse. Dans cette couche, les groupes vasculaires du système
central ou fibres ligneuses forment, comme il vient d’être dit,
des cercles réguliers; ils sont séparés par des lignes rayonnantes,
dont les unes viennent du centre, ce sont les rayons médul-
286 T. LesriBoupois.— Anatomie et physiologie des végétaux.
laires primitifs, et dont les autres commencent dans les faisceaux
mêmes, ce sont les rayons médullaires secondaires; ces fibres
sont encore séparées par des intervalles médullaires concentri-
ques, ce sont les circonférences médullaires,
La portion corticale s’est accrue de la même manière. Mais
ses rayons où prolongemens médullaires,-et ses circonférences
médullaires sont moins visibles, parce que souvent les vaisseaux
propres ne peuvent se distinguer du tissu utriculaire, de sorte
que toutes les parties semblent se confondre, Ils sont cependant
quelquefois bien distincts, comme dans le Aus typhinum. Du
reste, les prolongemens médullaires situés entre les fibres de
l'écorce sont placés bont à bout avec les rayons médullaires,
dont ils semblent former le prolongement.
Ainsi est achevée la deuxième période d’accroïssement. Après
cette phase annuelle , qui a constitué la première couche, le
système cortical et le central sont encore séparés par une ligne
interstitielle transparente, mais à la fin de l’année celle-ci est
peu épaisse et peu distincte.
Troisième période d'accroissement.
Lorsque, par le retour du printemps, l'accroissement recom-
mence, le cambium s’exhale en abondance dans la zone inter-
stitielle d’accroissement; la couche transparente, placée entre
le bois et l'écorce, se développe et s'organise.
De nouvelles fibres vasculaires s'engendrent dans la portion
qui appartient au système central; elles sont séparées par des
circonférences médullaires et par des rayons médullaires qui
sont la continuation des rayons précédens, ou qui commencent
dans la couche nouvelle, devenue plus grande que celle qu’elle
recouvre; au premier cercle de fibres en succèdent d’autres qui,
s’ajoutant les uns aux autres, forment une couche semblable à
la couche de la prèmière année et composée de vaisseaux tra-
chéens disposés dans le même ordre.
Ainsi, l'accroissement du système central se fait par couches
annuelles et concentriques.
On distingue les couches les unes des autres, à cause de l'ar-
T. LESTIBOUDOIS. — Ænatomnie et physiologie des végétaux. 287
rangement des parties qui les composent : les premiers vaisseaux
sont très petits et trés serrés; ceux qui, les suivent deviennent
de plus en plus rares, de sorte qu’à la fin de la période de vé-
gétation annuelle la couche n’en contient plus, ou au mois ne
contient que des vaisseaux dont les parois sont encore extrême-
ment minces et dont la cavité intérieure ne se montre pas comme
un orifice béant dans la section transversale des tiges. Il résulte de
la que le commencement de la couche suivante, qui sera presque
exclusivement composé de vaisseaux, sera en contact avec la
partie de la couche précédente, qui est presque entièrement
utriculaire. C’est cetie disposition qui fait paraitre les couches
distinctes les unes des autres.
L’accroissement de l'écorce se fait exactement comme celui
du système central; de nouveaux cercles vasculaires s'ajoutent
aux anciens et constituent une couche à la fin de l’année. Mais
comme ordinairement les cercies de la premiere couche n’ont
pas été distincts les uns des autres, les cercles de la seconde
couche ne le seront pas davantage, et les couches elles-mêmes
ne se distingueront pas les unes des autres. Quelquefois cepen-
dant les couches corticales sont assez visibles.
Tel est l'accroissement de la deuxième année.
Quatrième période d’accroissement.
Une nouvelle couche, semblable à celles que nous venons
de décrire, se formera chaque année; mais à une certaine époque
la couche la plus interne prendra plus de densité, plus de du-
reté, une couleur plus intense; elle se distinguera des couches
extérieures et sera parvenue au dernier terme d’accroissement;
elle recevra le nom de bars, tandis qu’on donnera le nom d’au-
bier aux couches extérieures. Chaque année, à mesure qu’une
nouvelle couche d'aubier se transformera à l'extérieur du sys-
tème central, la plus interne des couches d’aubier se transfor-
mera en bois.
Des changemens analogues se passeront dans lécorce : les
parties extérieures se solidifieront et constitueront ce qu'on
nomme les couches corticales proprement dites, qui se distin-
288 T. LESTIBOUDOIS. — Ænatomie et physiologie des végélaux.
gueront par leur consistance plus ferme des couches internes
qu'on nomme le Ziber, et chaque année, en même temps qu’une
couche de liber est engendrée, la plus externe des couches du
liber devient une couche corticale parfaite. :
Le végétal est parvenu alors à l’état adulte, et il se ‘compose
de deux systèmes : le système central, formé de l’épiderme, de
la médulle corticale, des prolongemens médullaires, des couches
corticales et du liber; le système central, formé de la médulle
centrale, des rayons médullaires, du bois et de l’aubier; les
deux systèmes sont formés de parties analogues, mais disposées
en sens inverse; ils sont séparés par la zone interstitielle d’ac-
croissement. ;
DES RACINES.
Les racines ont la même structure que les tiges. On a dit que
ces parties différaient entre elles, qu’au collef, xommé nœud vital,
il y avait une sorte d'interruption et un changement de nature
dans les organes; que la racinese distinguait par l’absence du canal
médullaire et des rayons médullaires; que les couches vasculaires
n'étaient pas aussi régulières; que les vaisseaux des racines n’é-
taient pas les mêmes que ceux des tiges; que les trachées ne pé-
nétraient pas dans le caudex descendant : ce sont là des erreurs.
En effet, bien que le canal médullaire ne paraisse pas dans
le plus grand nombre des racines, on voit cependant qu'il se
continue plus ou moins loin dans cet organe et qu’il diminue
insensiblement. Certaines plantes ont un canal médullaire qui
se continue, sans changement, dans la racine et dans ses divi-
sions mêmes, par exemple l’?mpatiens Balsamina. Si le plus
grand nombre a un canal médullaire qui devient moins visible
dans les racines, c’est parce que les faisceaux vasculairés sont
plus flexueux et plus irrégulièrement unis entre eux.
Les rayons médullaires existent aussi dans les racines; si par-
fois ils ne sont pas bien visibles, c'est aussi à cause de la flexuo-
sité et des anastomoses des fibres; ils sont parfaitement visibles
dans le Daucus Carotta.
Les couches vasculaires des racines sont aussi bien formées
que celles des tiges; elles ne présentent que quelques différences
|
T. LESTIBOUDOIS — Anatomie et physiolosie des végétaux. 289
insignifiantes, ainsi les racines charnues ont quelquefois des
circonférences médullaires très développées.
Les vaisseaux caulinaires se continuent dans la racine sans
aucune interruption. Les trachées pénètrent dans un grand
nombre de racines; ex. Cucurbita Pepo, Chelidonium majus.
On doit dire cependant que souvent elles y sont rares et qu'elles
n'arrivent pas dans les divisions du tronc radiculaire; quelque-
fois on ne peut les observer dans aucune partie de la racine,
comme si le premier cercle des vaisseaux ne s'était pas étendu
jusqu’au caudex descendant. à
On observe aussi que le nombre des faisceaux vasculaires
diminue dans les racines. On est disposé à croire que les parties
nouvelles leur arrivent d’en haut, et que généralement elles
n'ont point la propriété de créer des parties nouvelles, que les
élémens de celles-ci proviennent de la tige, ce qui fait que lors-
qu’on coupe la plante au-dessous du collet la racine meurt. On
peut donc penser que la racine est l'expansion inférieure des
fibres cauliuaires, comme les feuilles en sont l'expansion supé-
rieure. Au milieu du désaccord des botanistes, la démonstration
de la continuité des parties constitutives de la tige et de la ra-
cine était importante à acquérir.
Du reste, le système cortical et le systeme central sont séparés
dans la racine par une zone transparente, comme dans la tige,
et l'accroissement du corps ligneux et de l'écorce s'opère dans
les deux organes de la même manière.
DES FEUILLES,
Les feuilles sont la terminaison des fibres caulinaires qui s’é-
chappent de la tige et s'épanouissent en se divisant.
La disposition des fibres caulinaires détermine la disposition
des feuilles. Il faut donc étudier l’arrangement des fibres cauli-
naires et leur mode d’épanouissement.
Jusqu’à présent, on n’a étudié que l’arrangement des feuilles
sur la tige, sans faire dériver cet arrangement de la disposition
des faisceaux caulinaires ; on n’arrive à un résultat précis qu’en
étudiant les faisceaux dont les feuilles émanent. Pour bien ap-
XIV. Boran. — ÂVovembre, 19
290 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux
précier la foliation, il faut étudier successivement l’arrangement
des fibres des feuilles opposées, des feuilles verticillées, des
feuilles alternes.
A. Feuilles opposées.
Les faisceaux de deux feuilles opposées forment un cercle
complet autour du centre de la tige: Leur nombre n’est pas le
même dans toutes les plantes : les feuilles de l'4pocynum h3-
pericifolium ne reçoivent qu’un seul faisceau, celles du Cen-
tranthus trois, celles du Sambucus cinq, celles de l'Æsculus
sept, etc.; le nombre des faisceaux caulinaires est pair; chaque
feuille en a la moitié, et la moitié constitue un nombre impair.
Il y aura donc un faisceau médian; il correspondra à la ner-
vure médiane de la feuille et se trouvera exactement à l’oppo-
site de la nervure médiane de la feuille dn même nœud.
Les faisceaux latéraux sont dans les deux feuilles en nombre
égal; parfois les faisceaux latéraux externes de l’une des deux
feuilles s’'anastomosent avec les faisceaux correspondans dela
feuille opposée, les feuilles sont alors connées comme dans le
Centranthus , et de l’arcade anastomotique partent des fibres;
de sorte que, au moyen de ces fibres secondaires, les feuilles
reçoivent plus de fibres qu'il n’y a de faisceaux dans le cercle
caulinaire. Ex. Centranthus, etc.
Parfois les fibres secondaires semblent venir des faisceaux
médians des feuilles de l'étage supérieur. Ex. Sambucus.
Les fibres des stipules, dans le Sambucus par exemple, pro-
viennent des faisceaux secondaires : la stipule n’est donc pas
une expansion directe comme la feuille, elle n’est qu’une dépen-
dance de celle-ci.
Les fibres des feuilles de l’étage immédiatement supérieur
sont placées entre les fibres de celles dn premier étage, de ma-
nière que le nombre des faisceaux caulinaires est double de celui
exigé pour la formation de chaque étage. |
Les fibres du deuxième étage sont disposées de manière que
les faisceaux médians se trouvent de chaque côté entre Îles
fibres qui appartiennent à une feuille et celles qui appartiennent
f
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiviosie des végétaux. 291
à l’autre feuille. Les fibres latérales sont placées entre les fibres
latérales du premier étage : conséquemment les feuilles opposées
sont exactement en Croix.
Les fibres destinées à former les feuilles du troisième, du
quatrième étage, etc., forment souvent un faisceau entre celles
des deux premiers étages, de manière qu’alors le nombre des
faisceaux du:cercle caulinaire est quadruple de celui exigé pour
former un verticille. Elles forment les étages supérieurs en re-
formant les fibres épanouies; elles opérent cette reformation
par le procédé suivant : les fibres intercalaires envoient un cor-
don au-dessus de chaque fibre qui s’est échappée de la tige au
premier étage; ce cordon s’anastomose en arcade avec un cor-
don semblable du vaisceau placé de l'autre côté de la fibre
épanouie, et forme une fibre nonvelle qui va concourir à for-
mer le troisième étage.
Au-dessus du deuxième étage, les: fibres intercalaires rem-
placent, par le même procédé, les fibres qui ont constitué cet
étage, «et donnent ainsi naissance à de nouvelles fibres, qui,
apres avoir:pris la place de celles qui sont épanouies, s’en vont
former le quatrième étage et ainsi de suite. Il résulte de là que
les fibres du premier, du troisième, du cinquième, du septième
étage ou verticille se correspondront, et que celles du deuxième,
du quatrième, du sixième, du huitième se correspondront. de
leur côté.
Il résulte encore. du mode de formation que nous venons
d'indiquer que tous les faisceaux foliaires, même les médians,
sont composés de deux fibres accolées. Puisque chaque faisceau
épanoui a été remplacé par un faisceau nouveau, résultat de
l’'anastomose de deux cordons vasculaires, ce fait est d'autant
plus curieux, qu'il n'est pas le résultat de l’accroissement suc-
cessif; il est normal et originel, car dans les feuilles cotylédo-
aires (exemples : l'?mpatiens Balsamina., les Cucumis, etc.) la
nervure médiane n’est pas formée directement parles faisceaux
vasculaires primitifs, mais par deux cordons, géminés. pro-
venant de deux faisceaux primitifs;.les cotylédons ne corres-
pondent pas conséquemment aux faisceaux, mais sont placés
dans leur intervalle ; il arrive enfin que les cordons ne se soudent
19.
292 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux.
pas avant d'arriver à la feuille, alors les faisceaux ne sont plus
impairs : on voit cette singulière disposition dans les Aristolo-
chia. Ces faits inobservés donneront l'explication de la structure
d’un grand nombre de feuilles. Il arrive parfois que les fais-
ceaux médians s’anastomosent en arcade avec les faisceaux
latéraux : dans ce cas, si les faisceaux médians fournissent une
grande partie de leurs vaisseaux aux latéraux, les médians res-
tent très petits, et les nervures deviennent pédiaires. Ex. Aris-
tolochiaŸClematitis, etc. :
Les faisceaux réparateurs ne forment pas toujours des fais-
ceaux isolés entre les faisceaux du premier et du deuxième
verticille.
Quelquefois les fibres de tous les étages sont séparées, de
manière qu’elles forment des faisceaux fort nombreux ; alors
toutes les fibres se touchent bientôt et forment une couche
continue. Ex. Phyllis, etc.
D'autres fois les cordons réparateurs s’accolent aux fibres
mêmes qu’ils doivent réparer : aux points d’épanouissement ils
s'écartent de chaque côté et se réunissent au-dessus de la fibre
épanouie. Dans ce cas, le nombre des faisceaux caulinaires
est seulement double du nombre nécessaire pour former un
étage, et les faisceaux réparateurs ne formant pas des cordons
distinrts des faisceaux immédiatement foliaires, ceux-ci repré-
sentent des cordons continus et sans liaison, dont les uns for-
ment le premier, troisième, cinquième verticilles, etc. , et les
autres le deuxième, quatrième, sixième verticilles. Ex. Æpo-
cynum.
Enfin les faisceaux réparateurs s'accolent quelquefois aux
fibres qu'ils doivent remplacer; puis, au point d’épanouisse-
ment, ils fournissent un cordon d'anastomose qui, avec le cor-
don provenant de l'autre côté , forme une arcade d'où sortira
la nouvelle fibre, et après avoir donné le cordon anastomotique,
la masse du faisceau réparateur va s’accoler au faisceau foliaire
qui appartient à l'étage immédiatement supérieur; dans ce cas,
le nombre des faisceaux caulinaires reste double des fisceaux
nécessaires à un étage, mais les faisceaux ne forment pas des
séries sans liaisons , et les cordons réparateurs passent sans cesse
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux. 293
des fibres des étages pairs à celles des étages impairs. Exemple,
Clematis.
Les fibres de l'écorce sont distribuées comme celles du sys-
tème central.
B. Feuilles verticillées.
Les feuilles verticillées ont exactement la même symétrie qne
les feuilles opposées, les parties sont seulement plusnombreuses;
les faisceaux du premier verticille sont régulièrement séparés
par ceux du deuxième, et tous par les faisceaux destinés à ré-
parer les fibres épanouies, comme dans les cas précédemment
décrits.
Il résulte de là que les feuilles du premier, du troisième, du
cinquième verticille, etc., se correspondent; que celles du
deuxième, quatrième, sixième, etc., se correspondent de leur
côté comme dans les feuilles opposées, et sont placés dans les
intervalles des feuilles des verticilles supérieurs et inférieurs.
L’analogie entre les feuilles opposées et verticillées est si
grande, qu'il y a des plantes dont certaines tiges ont les feuilles
en opposition simple et d’autres tiges en verticille; il y a des
tiges à feuilles verticillées dont les rameaux ont les feuilles
opposées. Ex. Aubia tinctorum.
Il faut bien noter qu'il y a des plantes à feuilles verticillées,
dont les verticilles paraissent formés d’un plus grand nombre de
feuilles qu’elles n’en ont réellement; il faut noter aussi qu’il y a
des plantes dont les feuilles paraissent verticillées et qui sont
réellement opposées : cela tient au développement de stipules
foliiformes entre les véritables feuilies. Par exemple, dansles Ru-
biacées, les faisceaux foliaires s’anastomosent en arcades comme
dans certaines feuilles connées, celles du Centranthus, par
exemple. De la convexité de cette arcade naissent des fibres se-
condaires qui donnent naissance à des expansions rudimentaires
qui sont des stipules interfoliacées, comme dans le Phyllis No-
bla. Quelquefois les faisceaux secondaires sont multiples et
donnent naissance à plusieurs stipules, ou à des stipules à
plusieurs points, comme dans le Richardia scabra. Mais il arrive
294 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie ét physiologie des végétaux.
que les stipules prennent un grand accroissement et deviennent
foliiformes, de manière que le nombre des feuilles de chaque
nœud paraît plus grand qu'il n’est réellement.
Ainsi la tige du ÆRubia tinctorum paraît avoir des feuilles sé-
nées, tandis qu’elle n’a réellement que des feuilles ternées
et trois stipules interfoliacées ; les rameaux de cette plante pa-
raissent avoir des feuilles quaternées, quand ils n’ont que des
feuilles opposées et deux stipules interfoliacées, L’Æsperula tau-
rina a des feuilles opposées aussi, et paraît les avoir quaternées
par la même cause; le Galium glaucum, qui n'a aussi que des
feuilles opposées, paraît les avoir sénées, parce que de chaque
côté il y a deux stipules interfoliacées; l’Æsperula odorata:; à
feuilles opposées encore, paraît les avoir octonées, parce que,
de chaque côté, l'arcade anastomotique fournit trois stipules fo-
liformes.
Ces arcades fournissent quelquefois aux feuilles des nervures
secondaires : ainsi la feuille de lÆsperwla taurina recoit un
faisceau principal, et, de chaque côté de l’arcade anastomotique,
une nervure secondaire, de sorte que ces feuilles sont trinerves;
mais alors l’arcade fournit trois nervures aux stipules, de sorte
que celles-ci sont trinerves comme les feuilles, et leur ressem-
blent d’une manière absolue. Ce n'est que par le secours de la
dissection qu’on parvient, d’une part, à distinguer des disposi-
tions qui paraissent semblables et qui diffèrent si notablement,
et d'autre part, à réunir des dispositions qui paraissent dispa-
rates, quoique évidemment identiques. Les botanistes, qui
avaient négligé les caractères anatomiques , n’ont pu que tom-
ber dans de graves erreurs.
On distinguera toujours les stipules foliiformes des véritables
feuilles, parce qu’elles n’ont pas de bourgeons dans l'aisselle,
et parce qu’elles ne reçoivent pas de fibres directes de la tige.
Elles ne reçoivent des fibres que des faisceaux des feuilles gem-
mifères qui s’'anastomosent en arcade.
T. LESTIBOUDOIS. — {natormie et physiologie des végétaux. 295
C. Feuilles alternes.
Les fibres des feuilles alternes, c’est-à-dire celles qui naïssent
seules à seules, à chaqueiétage, ne peuvent avoir le même ar-
rangement symétrique que celles des feuilles opposées, naissant
deux à deux à chaque nœud , et croisant à angle droit les feuilles
du nœud supérieur et de linférieur. Les tiges qui ont des
feuilles alterres n’ont plus deux faisceaux médians placés à l’op-
posite, accompagnés de faisceaux latéraux en nombre égal de
chaque côté, et constituant ainsi deux groupes séparés par les
faisceaux médians du verticille supérieur, tandis que les fais-
ceaux latéraux alternent avec les faisceaux latéraux de ce verti-
cille supérieur.
Un fait unique explique toutes ces modifications.
La symétrie est changée dans les tiges à feuilles alternes, parce
que; par soudure ou avortement, un faisceau est disparu.
Le cercle des faisceaux qui vont immédiatement former les
feuilles, est donc formé d’un nombre impair.
Couséquemment :
Les faisceaux médians ne pourront être parfaitement opposés.
Les faisceaux latéraux ne seront pas en nombre égal de chaque
côté. ,
La deuxième feuille ne trouvera pas le nombre des faisceaux
que sa nature exige;
Elle devra en prendre un de ceux qui ont remplacé une des
fibres de la première feuille épanouie;
La deuxieme feuille se. développera donc, plus où moins, du
point où la première est sortie de la tige ;
Elle empiétera sur cette première feuille, dont une des séries
de fibres lui devient propre;
Le même empiétement se répétera à chaque nœud, et. paï
suite, les feuilles formeront une spirale.
La nervure médiane de la feuille. qui naturellement devait
être opposée à celle qui l’a précédée, sera le plus à l’opposite
-possible.
Les nervures médianes des feuilles qui se suivent ne seront
205 T. LESTIBOUDOIS — Anatomie et physiologie des végétaux.
pas formées par l'expansion successive des premier, deuxième,
troisième, quatrième , cinquième, etc., faisceaux vasculaires de la
tige ; mais les feuilles provenant de fais es qui originairement,
devaient constituer des feuilles opposées, elles passent alterna-
tivement au point le plus voisin de l’opposition parfaite. Ainsi
dans la symétrie quinaire, par exemple, la première feuille est
formée par le premier faisceau , la deuxième par le troisième, la
troisième par le cinquième, la quatrième par le deuxième, la
cinquième par le quatrième, la sixième par le premier; cette
sixième feuille vient conséquemment répondre à la première;
la septième répond à la deuxième et ainsi de suite.
L’alternation des faisceaux médians, et l'empiétement effec-
tué par les faisceaux latéraux, expliquent de la manière la plus
heureuse, la disposition qu'affectent souvent les feuilles alternes
dans la préfoliation : les deux premières feuilles ont lenrs deux
bords libres, parce qu'aucune d’elle n’a été formée par des fais-
ceaux qui avaient concouru à la formation de feuilles précé-
dentes; la troisième a un bord libre et l’autre recouvert, parce
qu’une de ses moitiés a été formée par des faisceaux qui n’a-
vaient point été employés encore , et que l’autre moitié est con-
stiluée par les faisceaux qui ont concouru à la formation de
l’une des deux premieres feuilles, la quatrième et la cinquième
ont leurs deux bords recouverts, parce qu’elles sont formées
par des faisceaux qui déjà ont fourni les nervures médianes ou
latérales des feuilles précédentes;
Des faits qui viennent d’être exposés dérivent forcément toute
la symétrie des feuilles alternes.
La spirale fera plusieurs fois le tour de la tige avant d’être
terminée, c'est-à-dire avant que le faisceau médian d’une feuille
réponde au faisceau médian de la première.
Le nombre des feuilles constituant la spirale sera ainsi dé-
terminé par le nombre des faisceaux qui composent le cercle
vasculaire, et chacun d’eux sera successivement destiné à former
la nervure médiane d'une feuille.
Le nombre des faisceaux réparateurs sera en concordance
avec celui des faisceaux foliaires, car ils ne sont destinés qu’à
reconstituer ceux-ci, ou ne sont formés que par les fibres des
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux. 297
étages supérieurs, qui s'écartent au point d'épanouissement des
fibres; ils seront donc aussi en nombre impair.
Enfin , les faisceaux d’un second verticille ne seront pas libres
et intercalés entre ceux da premier, car en prenant les faisceaux
d’une feuille voisine, les faisceaux de chaque feuille se con-
fondent à chaque nœud avec ceux qui devaient former ces
feuilles supérieures. Le nombre des faisceaux qui composent le
cercle vasculaire dé la tige ne sera donc pas quadruple de celui
des feuilles d’une spirale. Il sera senlement double quand les
faisceaux réparateurs seront distincts; il sera simple quand ces
derniers seront accolés aux faisceaux immédiatement foliaires,
comme ils le sont dans certaines feuilles opposées.
Ainsi, un seul changement dans le nombre des faisceaux vas-
culaires amène toutes les différences qu’on voit entre les feuilles
alternes et les feuilles opposées, et modifie toute la symétrie des
fibres de la tige.
Ce changement devait être effectivement très simple, car les
feuilles cotylédonaires des Dicotylédonés étaient opposées, con-
séquemment lasymétrie des faisceaux vasculaires était primitive-
ment celle des feuilles opposées, et cependant grand nombre de
ces plantes prend bientôt la symétrie des feuiiles alternes. On
observe de plus, que plusieurs Dicotylédonés qui ont pris des
feuilles alternes reprennent encore des feuilles opposées dans la
partie supérieure; ce changement s'opére par un retour à la
symétrie primitive.
Le changement ordinaire, c’est la diminution du nombre des
faisceaux vasculaires. Le même résultat serait obtenu par laug-
mentation de leur nombre.
Il arrive que les feuilles sont alternes, sans dérangement dans
la distribution des fibres, et seulement parce que l’une des
expansions foliacées se développe un peu plus haut que l’autre ;
mais alors on ne remarque pas l’empiétement ni la spiralation
des feuilles, celles-ci restent disposées comme lorsqu'elles sont
opposées, avec cette différence qu’elle ne naissent pas deux à
deux à la même hauteur.
Cette étude de la formation anatomique des feuilles est extré-
mement précieuse, elle est riche de faits et d'explications cu-
298 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux.
rieuses : Jusqu'à présent on s'était contenté d'examiner la dispo-
sition extérieure des feuilles , on avait constaté la spiralation:des
feuilles, mais sans en reconnaître la cause; on avait dit::cette
spiralation régulière, on l'avait même astreinte à la régularité
mathématique, tandis que cette précision n'existe pas, et tout
aussitôt qu'un dérangement s’opérait on n'avait aucun moyen
de retrouver la symétrie fondamentale. On n’avait pas expliqué
la cause de la plus grande opposition possible des feuilles alter-
nes, leur mode d'évolution et de préfoliation, le dérangement
qu’elles éprouvent, etc.
Il faut dire un mot de ce dérangement.
La disposition régulière des feuilles alternes éprouve en effet
quelques anomalies.
Les fibres qui constituent les feuilles supérieures , et dont l'en-
semble forme les faisceaux réparateurs, peuvent se diviser plus
tôt et augmenter ainsi le nombre des faisceaux qui composent le
cercle vasculaire, lequel alors contient, d’une manière distincte,
les fibres de plusieurs spirales successives.
Les fibres qui s'unissent en arcade au-dessus du point d'épa-
nouissement des fibres foliaires, peuvent s’accoler tardivement
et, restant isolées, contribuer aussi à augmenter le nombre des
faisceaux du cercle vasculaire.
Les faisceaux caulinaires , au contraire , peuvent se souder, de
sorte que leur nombre aille en diminuant dans les parties supé-
rieures de la tige.
Toutes les feuilles peuvent n'avoir pas le même nombre de
faisceaux, elles peuvent ne pas empiéter d’un mère nombre
de faisceaux sur les feuilles inférieures; ainsi elles peuvent s’a-
vancer au-dessus l’une de l’autre de un, deux, trois faisceaux, etc.;
d’autres fois, au contraire, elles peuvent laisser entre elles un
plus ou moins grand nombre de faisceaux libres, de sorte que
les spirales ne sont pas régulières : les feuilles alors sont éparses.
La spirale peut tourner de droite à gauche dans une tige, et
de gauche à droite dans une autre tige de la même plante, selon
que les feuilles auront empiété dans un sens ou dans un autre.
Lors même que la distribution des feuilles alternes est la plus
régulière, les fibres des feuilles correspondantes ne se placent
0
T. LESTIBOUDOIS. — Ænatomie et physiologie des végétaux. 299
pas immédiatement sur les fibres qui les ont précédées ; elles se
forment un peu latéralement , de sorte que les séries des feuilles
correspondantes ne sont.pas rectilignes, mais spiralées.
Il y a autant de séries spiralées qu’il y a de feuilles dans la
spirale générale.
Enfin, les fibres, au lieu d’être rectilignes, décrivent une
courbe dans la tige, se contournent autour de l’axe, de maniere
à former une spirale à spires plus .ou moins serrées.
Ces diverses causes de spiralation rendent très difficile l’ap-
préciation du nombre des feuilles qui composent la spirale
principale, parce qu'aucune feuille ne correspond exactement à
une autre.
Le nombre des faisceaux du cercle vasculaire pourrait faire
reconnaître la disposition des feuilles ; mais, comme nous venons
de le dire, ce nombre varie par soudure, par séparation préma-
-turée des fibres et la non-réunion de celles qui doivent s’anasto-
moser.
On peut donc ne pas arriver à constater le nombre régulier
des faisceaux caulinaires, soit qu’on les examine dans leur trajet
longitudinal , soit qu’on les observe dans une coupe transver-
sale.
Dans ce dernier cas, il y a une nouvelle cause d’erreur, parce
que les faisceaux foliaires se séparent du cercle caulinaire,
quelque temps avant leur épanouissement, et sont remplacés
avant qu'ils soient devenus libres.
Pour éviter toutes les causes d'erreur, il faut examiner la tige
à l’époque où les développemens successifs n’ont pas altéré la
régularité des premières formations.
DES BOURGEONS.
L'évolution des bourgeons est, en général, déterminée par
celle des premières feuilles, et les bourgeons, à leur tour, pro-
duisent les feuilles subséquentes qui reforment d’autres bour-
geons.
On distingue le bourgeon terminal des tiges et des rameaux
des bourgeons latéraux.
300 T. LESTIROUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux.
Le bourgeon terminal n’est que l’extrémité de la tige, qui
fait partie de la zone transparente d’accroissement, et qui con-
séquemment est susceptible de se développer.
Cette partie s’allonge ordinairement en longueur plus que la
zone transparente ne s’accroit en épaisseur. L’élongation de ce
tissu gemmulaire détermine l’accroissement, en longueur, de la
tige, comme l'accroissement de la zone transparente détermine
son accroissement en épaisseur.
Les faisceaux vasculaires de la tige étant circulairement dispo-
sés plus ou moins loin du centre, aucune partie ne se trouve
inter posée entre la base du bourgeon et la médulle centrale. Les
deux moelles se continuent donc immédiatement; cependant,
en raison de l’âge, on remarque quelquefois une différence de
couleur entre la moelle d’une pousse et celle de l’année anté-
rieure.
La portion transparente du bourgeon se continue avec la zone
transparente de la tige; c’est vers le sommet que se montre d'a-
bord la partie transparente.
Au sommet du bourgeon, aucune partie n'étant encore en-
gendrée dans le tissu transparent, la portion corticale n'est pas
distincte de la partie centrale.
Les fibres qui se forment dans le tissu utriculaire du bourgeon
sont la continuation des faisceaux parenchymateux de la tige.
L’accroissement de ces faisceaux étant plus actif que celui des
autres parties, les fibres du bourgeon ont une grande tendance
à s'échapper, en ligne droite, au-delà de lextrémité arrondie
du bourgeon, au lieu de rester maintenues dans le cercle qu’elle
décrit, Ainsi sont formées les expansions foliaires.
Les vaisseaux nouveaux étant formés par le tissu développé
des faisceaux parenchymateux qui ont créé les anciens, ils doi-
vent s'appliquer sur ceux qui les ont précédés; conséquemment,
l'étui médullaire ne doit pas être formé des vaisseaux continus,
mais successivement par la partie des nouveaux cercles vascu-
laires qui dépasse les anciens.
Les bourgeons latéraux naissent dans l’aisselle du faisceau
médian des feuilles. |
Ils sont formés par la prolongation d’une partie du paren-
T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie el physiologie des végétaux. 301
chyme du faisceau médian, entraînée par l’éruption de la fibre
foliaire.
Les autres faisceaux parenchymateux doivent contribuer à sa
formation, puisque à chaque étage les faisceaux s’anastomosent
en formant un nœud, et que les fibres du bourgeon s’accolent
à celles des deux faisceaux qui sont placées à côté de celui dont
le bourgeon semble la terminaison.
Le usé naissant au-dessus de l'épanouissement de la
fibre foliaire, en un point où il n'existe pas de tissu vasculaire
au-dessous de l’anastomose des fibres réparatrices, sa médulle
centrale doit être en communication directe avec la médulle
centrale du rameau qui l’a produit.
Quelquefois le tissu de la base du bourgeon ne se dilate pas et
ne devient pas aréolaire, de sorte qu’alors les médulles semblent
ne pss être en communication immédiate. ;
Le bourgeon repousse l’épiderme en dehors et, conséquem-
ment, s'en enveloppe.
La zone transparente du bourgeon se continuant avec celle de
la tige, les fibres corticales du bourgeon se continuent avec les
fibres corticales de-la tige , comme les fibres ligneuses du bour-
geon se continuent avec les fibres du système central de la tige.
L'écorce et l’épiderme présentent donc des ouvertures pour
le passage du bourgeon et des fibres foliaires; ces ouvertures
sont distinctes, parce que, d’un côté, les fibres sont distinctes
les unes des autres, et que, d’un autre côté, le bourgeon est plus
élevé que le faisceau médian.
La distance du bourgeon au faisceau médian est d'autant plus
grande que la base du pétiole est plus épaisse, parce que le
bourgeon est toujours au-dessus du pétiole.
Il paraît renfermé dans la base de celui-ci quand fes points
d’épanouissement des faisceaux latéraux de la feuille sont beau-
coup plus élevés que ceux du faisceau médian, et surtout quand
une stipule épipétioléenne et amplexicaule le recouvre comme
dans le Platane ; mais, en réalité, il est toujours suprafoliacé,
et non enfermé dans la base du pétiole, comme on Fa dit.
Quelquefois il y a plusieurs bourgeons placés au-dessus les
uns des autres. Ex. Aristolochia Sipho.
302 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux.
Tl'arrive que, les bourgeons étant multiples, plusieurs produc-
tions se développent dans l’aiselle des feuilles : ainsi dans les
Cucurbitacées, on trouve dans Paiselle trois rameaux distincts,
en d’autres termes, une vrille, un rameau, un pédoncule; ces
parties sont disposées obliquement, et la vrille devient extra-
axillaire, parce que dans les tiges à feuilles alternes, le nombre
des faisceaux n’est pas symétrique, et la feuille reçoit plus de
fibres d'un côté que de l’autre.
DES FLEURS,
Les organes floraux sont anatomiquement formés comme les
feuilles.
Ils sont la dernière terminaison des fibres du bourgeon et le
closent.
Ils sont formés par le même tissu utriculaire et les mêmes
vaisseaux.
Ils conservent les mêmes dispositions que les expansions fo-
liaires. C’est là un fait remarquabie dû à l’étude anatomique
de l’évolution des feuilles : il vient expliquer les dispositions
de la préfloraison, il démontre qu’elle suit les lois de la préfo-
liation, démontrent ainsi par la preuve la plus directe, que les
parties de la fleur sont en tout semblables aux parties qui com-
posent les verticilles ou les spires foliaires.
Parfois les fleurs présentent la symétrie des feuilles opposées
ou verticillées, alors l’analogie est évidente.
Mais ce cas est très rare.
C’est la symétrie des feuilles alternes que lés organes floraux
affectent préférablement.
Le nombre des parties des organes floraux est celui des pièces
qui composent les spires des feuilies alternes. Le plus souvent,
le nombre des feuilles est de cinq, le plus souvent aussi les or:
ganes floraux affectent la symétrie quinaire.
Les feuilles des spires quinaires sont disposées de façon que,
dans le bourgeon, deux feuilles sont extérieures, une à demi
enveloppée, les deux autres complètement recouvertes; les en-
veloppes florales présentent habituellementune disposition iden-
T. LESTIBOUDOIS. — _Znatomie et physiologie des végétaux. 303
tique dans leur préfloraison, exemple le calice de la Rose, de
l'Ipomea ; etc., etc. |
Une’différence cependant semble exister entre la disposition
des’feuilles caulinaires et celle des expansions florales.
Les feuilles de même rang, dans chaque spire successive, se
correspondent, tandis que les pièces des spires florales sont le
plus fréquemment alternatives ; cela tient à ce que les fibres qui
forment les feuilles se continuent, tandis que celles des fleurs
s'épanouissent définitivement : se continuant, les faisceaux répa-
rateurs semblent ne s'épanouir jamais, ils restent dans les inter-
valles des’ fibres immédiatement foliaires, et fournissent des
fibres qui, s’unissant au-dessus des fibres épanouies, donneront
naissance à des feuilles qui correspondront à celles de la spire
inférieure ; au contraire, s’épanouissant définitivement dans la
fleur, les cordons réparateurs qui sont placés entre les fais-
ceaux de la première spire , formeront un deuxième cercle floral
dont les pièces alterneront avec celles du premier.
D’après cela, les cercles des expansions qui constituent la
fleur sembleraient ne devoir être qu’au nombre de deux, puisque
le nombre des faisceaux vasculaires des tiges à feuilles alternes
est seulement double du nombre des feuilles d’une spire; mais
chaque faisceau produit non-seulement l'expansion foliacée
elle-même , mais il contient de plus les élémens d’une deuxième
expansion, puisqu'il produit aussi les bourgeons axillaires; con-
séquemment on doit trouver régulièrement quatre cercles con-
centriques de productions florales. Les étamines seront donc
formées par les fibres accolées aux faisceaux calicinaux et en con-
stitueront la prolongation naturelle, ilsseront donc placées vis-à-
vis d'eux. Les carpelles seront formées par la prolongation des
faisceaux corollins et leur correspondront.
Ainsi, il est bien vrai que la fleur est formée par les mêmes
faisceaux que les feuilles, elle est le complet épanouissement
du cercle vasculaire de la tige ou d’un rameau : le nombre des
pièces de chaque cerele floral, les rapports que ces pièces ont
entre elles, l'ordre qu’elles observent relativement aux pièces des
autres cercles, et même le nombre des cercles floraux , démon-
trent cette vérité.
304 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux.
Il faut noter cependant que la loi générale de formation
éprouve des anomalies : ainsi les parties, au lieu d’être alterna-
tives, peuvent être oppositives : cela tient, dans certaines cir-
constances , au dédoublement de certaines parties combiné avec
des avortemens. Par exemple, les faisceaux placés vis-à-vis des
pétales peuventse partager et produire des étamines, tandis que
les faisceaux placés vis-à-vis les sépales avortent ; les étamines
sont alors placées vis-à-vis les divisions de la corolle, Le système
pistillaire présente assez rarement la symétrie quinaire; cela
tient à ce que les faisceaux carpellaires ne se séparent pas; il en:
doit résulter que ceux qui, selon l’ordre de formation, doivent
être en partie ou en,totalité plus internes que les autres, seront
facilement oblitérés. Ainsi cette irrégularité, loin de détruire la
règle, la confirme.
La conséquence de ces faits est que c'est la constitution des
faisceaux vasculaires de la tige qui doit éclairer la structure de
la fleur et le diagnostic des parties qui la composent. Ainsi,
quand on ne compte qu'une enveloppe, florale, c’est létude
anatomique qui dira si cette enveloppe.est un calice, si elle est
une corolle, si elle est le résultat de la soudure des deux orga-
nes, ou si elle est réellement constituée par les pièces distinctes
de deux spires différentes qu’on confond mal-à-propos: en effet,
l'étude anatomique dira si le tégument floral est formé par les
fibres calicinales, ou les fibres corollines, ou par les deux spires
dont les pièces sont soudées, ou dont les pièces sont séparées,
mais semblables.
CONSIDÉRATIONS PHYSIOLOGIQUES.
Différens actes physiologiques concourent à la nutrition.
Absorption. La plus grande quantité des liquides est absorbée
par les racines; les extrémités des fibrilles ou spongioles sont
les organes absorbans; leur action s'exerce en vertu de leurs
propriétés vitales; elle est excitée par la chaleur, l’électri-
cité, etc. Toutes les substances dissoutes dans l’eau sont absor-
bées sans discernement; le corps le plus nécessaire à la nutrition
est l’acide carbonique.
T. LESTIEOUDOIS, — Anatomie él physiologie des végétaux. 305
“Presque tous les organes, tels que les feuilles, les tiges, etc.,
concourent à l'absorption.
Ascension de la sève. La sève ou Île liquide absorbé par les
divers organes, monte dans la tige, en vertu de la contractilité
des tissus; elle monte par le système central, notamment par
les parties les plus jeunes. Les méats interutriculaires sont pro-
bablément les chemins qu’elle parcourt ; les vaisseaux trachéens
né paraissent pas destinés à la transporter naturellement. Elle
est élaborée dans les diverses parties, et modifiée par la trans-
piration , la respiration, les sécrétions.
* Transpiration. Cette fonction est exercée principalement par
les feuilles ; les quantités d’eau exhalée sont fort considérables ;
elles s’échappent par lès stomates.
Respiration. Elle a pour but l’absorption de lacide carbo-
nique, sa décomposition, et l’exhalation de l’oxygène. La dé-
composition de l’acide carbonique s'effectue , sous l'influence
des rayons solaires, par les parties vertes du végétal. Son résul-
tat est de conserver dans les tissus le carbone, qui est un de
leurs principes constitutifs les plus essentiels.
Sécrétions. Elles modifient les sucs en extrayant certains prin-
cipes qui sont rejetés au dehors, ou qui sont destinés à rentrer
dans la circulation. Les organes des sécrétions sont les glandes
et peut-être les vaisseaux propres.
Descension de la sève. Les sucs élaborés descendent par l’é-
corce, principalement par les couches récentes. Les méats pa-
raissent les voies que suit la sève descendante; les vaisseaux
propres paraissent contenir des principes qui nesont pas destinés
à former directement le cambium épanché.
: Nutrition. La sève descendante, élaborée dans les utricules,
ést exhalée ; elle forme le cambium, liqueur mucilagineuse, con-
ténant une grande quantité de globules muqueux, arrondis,
transparens, qui constituent la zone transparente, matrice de
tous les organes : les globules s'agglutinent , forment des lamel-
ies, et celle-ci des utricules et des vaisseaux : la zone transpa-
rente est placée entre le système central et le cortical; ainsi la
vie du végétal peut-être concentrée dans la couche la plus
externe du système central ; et la plus interne de l'écorce. Les
XIV, Boran, — IVorembre, 20
306 T. LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux:
liquides séveux montent par la première et subissent un .com-
mencement d'élaboration dans leur marche vers les feuilles;.ils
sont, plus complètement élaborés par.ces organes , redescendent
par la couche corticale où les modifications qu'ils ont à subir
s’'achèvent; la sève complètement élaborée, épandue entre.la
couche de liber et la couche d’aubier, exhalée principalement
par la première, peut-être en partie par la deuxième, forme une
couche nouvelle, dans laquelle s'engendreront des vaisseaux
trachéens dans la portion qui touche l’aubier, des vaisseaux
propres dans la portion en contact avec l’écorce; ces. deux par-
ties nouvelles formeront derechef , entre elles, une zone trans-
parente, dans laquelle l'accroissement continuera comme.il, a
commencé.
MONOCOTYLÉDONES.
DES TIGES,
À: Disposition des parties:
Les élémens organiques qui constituënt les tiges des Monoëeo-
tylédonés sont les mêmes que ceux qui forment les tiges des Di-
colylédonés : c'est le même tissu utriculaire, ce sont les mêmes
vaisseaux. 6}
La disposition des parties est; à l'origine, pareillement iden-
tique dans les deux ordres. Si; par exemple, on compare les
faisceaux vasculaires d’un stipe avec ceux des tiges, des Dicoty-
lédonés annuels, dont l’accroissement est borné à la première
période , on trouvera une similitude parfaite. Le stipe offre. un
certain nombre de faisceaux parenchymäteux, disposés autour
du centre de la tige, et ces faisceaux sont composés de la même.
manière. Le parenchyme est semblable et les vaisseaux.sont dis-
tribués dans le même ordre; Les vaisseaux propres naissent à la:
périphérie, mais sürtont dans la partie extériénre; les vaisseaux:
trachéens naissent dans la portion interne de la fibre ;éñ laissant
cependant une portion parenchymateuse entre eux et la médulle
centrale. Les différentes espèces de vaisseaux trachéens se sue-.
cedent de la même manière que dans les faisceaux des, Dicotylé-
T: LESTIBOUDOIS. = Anatomie et physiologie des végétaux. 367
donés’; c’est-à-dire que les trachées à lames écartées sont les plus
voisines du‘botd' interne; puis viennent les tiachées dont lés
lames ‘sont plus nombreuses et dont les bords: sont rappro:
chés ; puis celles dont les lames sont anastomosées ét qui consti:
tuent les vaisseaux fendus, poreux ; etc, La massé des vaisseaux
trachéens est séparée de la partie extérieure du parenchyme qui
constitue la portion corticale par urrinterstice transparent pones
par dé tissu encore gélatiniforme.
4 Voriginé il y a donc identité parfaite die la dés péaitit dés
parties dés végétaux de deux ordres. 17 n’y a pas de différente
entre la tise des monocotylédonés et celles dés plantes annuelles
dont l'accroissement est limité , v'est-a-diré dont les faisceaux
restent arrondis et isolés, et dont la partie transparente se soli-
difie ou disparaît , de manière à ne plus permettre de séparations
entre la partie corticale et la partie centrale; dans les deux tiges
les faisceaux sont disposés de la même manière, et dans l’un
comme dans l’autre, quand l'accroissement limité est achevé, i
n'y a plus de séparation entre le système cortiçal et le système
central. Voilà un, fait fondamental; qui. fait disparaître cette
inexplicable dissemblance de structure. signalée dans les deux
grandes classes de végétaux, phanérogames. 10
Mais s’il y a identité originelle de-Structure dans ces deux
classes, les progrès de l'accroissement amenent de grandes diffé-
rences., Dans les Dicotylédonés, dont. l'accroissement se conti-
nue, les faiscesux primitifs grandissent, se touchent; là ligne
interstitielle ,d'accroissenent, des uns se confond avec celle des
autres, de manière à former une couche continue; les groupes
de vaisseaux trachéens s’accolent les uns.aux autres, de mianièré
à, former des cercles concentriques divisés par les rayohs mé«
dullaires primitifs et. ceux qui se sont formés dans l’intérieur
des faisceaux. Les vaisseaux corticaux constituent des ceréles
pareils, mais moins épais ; de manière que les élémens ligneux,
tous réunis au centre, forment un système séparé des élémeris
corticaux, qui constituent un autre système; il y a deux sy s-
tèmes, la ligne de séparation est constituée par la zone transpa-
rente représentant le tissu le plus nouveau.
Dans les Monocotylédonés, l’accroissement des faisveutit ést
290.
308 Tr. LesriBoupois. — Anatomie et physiologie des végétaux.
essentiellement borné; ceux-ci restent arrondis. Le tissu trans-
parent qui se trouve placé entre la partie corticale et la portion
parenchymateuse dans laquelle sont les vaisseaux trachéens,
se solidifie ou s’annulle par dessiccation. Les parties analogues
d’une fibre ne s'unissent pas avec celles des autres fibres pour
former un système; les fibres qui sont au centre de la tige,
comme celles qui sont dans son épaisseur, comme celles qui
sont à l’extérieur , sont semblables. Les vaisseaux d’ordres divers
restent unis dans chacune d'elles; dans chacune d’elles sont ren-
fermés tous les élémens organiques. Il ne s'opère pas desépara-
tion entre eux : il y a unité de système. (1) |
Il n’y a pas une écorce complète séparée du système central
par une ligne commune d’accroissement.
B. Accroissement.
Les fibres nouvelles ne sont pas produites par la partie trans-
parente des faisceaux : elles ne concourent pas ainsi à agrandir
chaque faisceau. Elles sont formées par des fibrilles qui naissent
des anciennes , qui se réunissent pour constituer des fibres plus
fortes, et qui enfin acquièrent le volume nécessaire pour former
les couronnes ou verticilles de feuilles.
- On a dit que les fibres nouvelles naïssaient toutes au centre ;
on a dit, par contre, qu’elles naissaient toutes entre la médulle
corticale et le bois, et que , conséquemment, le point d’accrois-
sement était le même dans les Monocotylédonés et les Dicoty-
lédonés. La vérité est que les fibrilles nouvelles naissent des
fibres les plus extérieures, et aussi de celles qui constituent la
partie la plus compacte de la tige, et aussi de celles qui se trou-
vent dans le centre médullaire ; elles sortent des fibres pre-
mières dans tout leur trajet, depuis leur origine jusqu’au point
de leur épanouissement. L’accroissement n’occupe pas, par con-
séquent, une zone spéciale : il a lieu dans toute l'épaisseur de
(1) Ce fait a été depuis loug-temps signalé par M. Lestiboudois. Cela est confirmé par des
observations directes très nombreuses. 1l est donc nécessaire que les Monocotylédonés à tige
vivace aient un autre mode d’accroissement.
T: LESTIBOUDOIS. — Anatomie et physiologie des végétaux. 309
la tiges il n’est pas plus externe qu’interne. C’est là encore un
fait. d’une haute portée, qui explique de nombreuses singula-
rités qu’on observe dans la structure des Monocotylédonés.
On doit dire cependant que , dans un grand nombre de cas,
les fibres naissent en plus grande quantité en dehors que dans
les parties internes. C’est peut-être cette zone extérieure, quel-
quefois fort épaisse , formée de fibrilles plus où moïns ténues,
et qui se terminent par des racines plus ou moins ténues, qui
a donné lieu à la théorie de M. Dupetit-Thouars’, théorie qui
admet que les fibres sont formées par les bourgeons, et qu’elles
s’allongent en s’accroissant du haut en bas. Il est évident , au
contraire, que les fibres se forment en s’appropriant , à mesüre
qu’elles s'élèvent, de nouvelles fibres qui augmentent leur vo-
lume ; en même temps, toutes fournissent à leur tour des fi-
brilles destinées à constituer les fibres qui s’épanouiront à un
point plus élevé, de sorte que les fibres des Monocotylédonés
forment un réseau inextricable, et qu’il y a impossibilité de
fendre un stipe selon le f/ du bois, comme un tronc dicoty-
lédoné. |
Il résulte de la formation de fibres à l'extérieur, que les fais-
ceaux primitifs, recouverts par les faisceaux de nouvelle forma-
tion , paraissent de plus en plus internes, et qu’ensuite, en s’é-
panouissant , ils croisent les derniers faisceaux formés après eux.
Beaucoup de faisceaux doivent donc décrire une courbe; ils
naissent en dehors, paraissent se porter vers la partie centrale,
et se courber pour se diriger de nouveau vers la périphérie,
former un entrecroisement avec les fibres nouvelles, et donner
naissance aux feuilles.
Il ne faut pas croire, d’après cela, que les fibres centrales se
portent en dehors, en traversant les couches denses qui les sé-
parent de la périphérie ; c’est le contraire qui a lieu, c’est-à-dire
que les couches nées de fibrilles nombreuses à des hauteurs di-
verses, sortent de la tige pour s'épanouir , et que des fibres ex-
térieures se forment postérieurement, croisent les premières, et
rendent la partie moyenne de celles-ci plus centrales. Le point
où les fibres se croisent est souvent fort dense, fort serré, fort
coloré, et semble ainsi former la partie la plus ancienne de la
310 +. Lesrigoupois. — Anatomie et physiologie des végétaux.
tige, L'intensité de la couleur des faisceaux ne détérmine pour-
tant pas leur Âge, car ils sont colorés d’une manière foncée dans
leur partie inférieure comprise dans la zone compacte, puis
pâles dans la partie,qui occupe le centre de la tige, puis encore
d’une couleur foncée en traversant de nouveau la: zone serrée.
C’est parce qu’on n’avait pas obsenvé ces changemens de couleur,
et qu’on avait jugé que les fibres pâles devaient.être les plus ré-
_centes, comme l'aubier, qui est de formation plus nouvelle que
Le. bois, qu’on avait pensé que toutes les See niowréllès. se for-
maient au centre des stipes, …. er
Les fibres, naissant ainsi les unes des autres , ne) ve sel
pas dans toute.la longueur du stipes et ne parviennent pas:aux
racines. La conséquence de ce fait est que le stipe peut n'avoir
pas plus de faisceaux à sa, base qu'au sommet;:et rester ainsi
cylindrique ; il peut même.avoir vers le haut plus de fibres que
dans la partie inférieure. de manière que le stipe peut être. plus
volumineux au sommet qu'à la base,
-1l résulte du mode d’aceroissement des Moarokel sim,
qu’on peut en quelque sorte considérer leur tige comme formée
par l'élongation successive de bourgeons entés lès uns sur les
autres , les fibres du deuxième naissant d’une division des fibres
du premier, qui s'épanouissent., et ainsi. de suite; Cette dispost-
tion, dans la. plupart «es cas, ns frappe pas, parceque les
fibrilles qui donnent naissanse aux fibres du deuxième-épanouis-
sement, etc., s'échappent, à toutes Les. hauteurs, maistparfois
cette, disposition signalée est. fort apparente, parce que toutes
les fibres sortent du même point : ainsi, dans certaines plantes
noueuses , toutes les fibres , au moment de s'épanouiremfeuilles,
s'avastomosent et fournissent les fibres du mérithalle supérieur :
c'est. ce plexus ainsi formé qui constitue le nœud et le diaphragme
de chaque article, On. peut. Rien! X voir. Mae4te Hipos he aans ou
tiges des Graminées.
DES FEUILIES LE DES, EOURGEONS. 'I1J 3
Les feuilles des Monocotylédonés sont formées-comme celles
des Dicotylédonés, par les faisceaux vasculaires de:la tige.
v: sEsrIBoUDoIs. + Anatomie et physiologie des végétaux. 311
teles faisceaux qui les constituent sont où superficiels on plus
ou moins profonds. Ce sont les faisceaux profonds qui , se cour-
bant eri dehors pour s'épanouir, croisent les faisceaux plus ré-
cens qui se sont formés après eux et plus extérieurement qu'eux.
Les fibres foliaires traversent obliquement de bas en haut la
médullé externe et l’épiderme, et donnent ainsi le moyen de
réconnaître le sommet et la base des stipes cylindriques.
-vLes’ bourgeons existent dans les Monocotylédonés comme
dans les Dicotylédonés , mais ils avortent fréquemment ; ils sont
axillaires, et sont formés de la même manière dans îes deux
classes, par l’élongation du tissu paréenchymateux qui a consti-
tuétles fibres foliairés. On peut les observer, par exemple, aux
aisselles des Iris, des Dracæna, des Graminées, etc.
-*Ilarrive qu’un bourgeon volumineux, au lieu davorter, se
développe , semble partager les fibres de latige, et rend celle-ci
râmeuse : c’est ce qu'en voit dans le rhizome de l’Iris. Il arrive
aussi que l'extrémité de la tige ne forme qu’un rameau annuel ,
tandis que le bourgeon latéral la perpétue et la prolonge : c’est
éé qu'on voit dans les Graminées, dont les rameaux annuels
sont'les chaumes ; c’est ce qu’on voit dans le Sceau de Salomon,
dônt les tiges florifères périssent chaque année en laïssant une
cicatrice sur le rhizome, tandis que celui-ci s’allonge par le dé-
véléppement du tubercule qui le termine. Méme disposition
s'obsérré d’une manière visible dans les Orchis à rhizome, et
éetté disposition n’est que modifiée dans les Orchidées à racines
didymes.
DES RACINES.
“At résulte du mode de formation des fibres caulinaires des
Monocotylédonés qui naïssent les unes des autres, pour ainsi
dire d'étage en étage, que leurs racines ne peuvent être directe-
ment formée par l'allongement des fibres caulinaires ; elles sont
produites par un tubércule spécial qui prend naissance dans la
médulle externe, vis-à-vis les intervalles des faisceaux primitifs,
quand ceux-ci sont encore écartés : il en résulte que leur mé-
dulle externe est en communication avec la médulle externe de
la tige "et sa médulle interne en communication avec la médulle
312 T. LESTIBOUDOIS. — Ænatomie et physiologie des végétaux.
centrale de la tige. L'épiderme du tubercule radiculaire paraît
distinct, attendu qu’il semble faire éruption à travers l’épiderme
de la tige. Les premiers faisceaux vasculaires sont en contact ,
accolés ou anastomosés avec les faisceaux extérieurs du stipe ;
ils forment comme un épatement qui adhère à la tige.
Le tubercule reste tout-à-fait extérieur, s’il ne se forme pas
de fibres nouvelles sous la médulle externe; il devient engagé
dans les fibres du stipe, si des fibres ont été engendrées à l’ex-
térieur après sa formation ; mais les fibres nouvelles de la tige
ne s'étendent pass les fibres radicales ; on voit distinctement
les dernières s’entrecroïiser avec les fibres de la tige.
La racine n'étant point l’élongation directe des-fibres eur
naires, comme dans les Dicotylédonés, il en résultera que-la
racine ne peut être pivotante, que le stipe doit être, succis ,
et que les racines doivent sortir du stipe à une hauteur de plus
en plus grande, pour être en communication avec des fibres
de ee en plus récentes,
Les divisions de la racine sortent des branches principales. k
comme celles-ci sortent du stipe ; mais le point d’origine de ces
divisions n’est jamais engagé dans les fibres des branches qui les
produisent, parce qu’il ne se forme pas de fibres à la Je nt
des racines.
Ce mode de formation des racines confirme le fait énoncé,
savoir, que les fibres caulinaires naissent les unes des autres, et
ne s'étendent pas des feuilles jusqu’à l'extrémité inférieure du
végétal. C’est là un fait remarquable, qui éclaire puissamment
la structure des Monocotylédonés ; il fait plus, il explique l’or-
ganisation des embryons des deux grandes classes de végétaux.
L.C. Richard a observé que l'embryon des Dicotylédonés est exo-
rhize , et celui des Monocotylédonés, endorhize, c’est-à-dire que,
dans ces derniers, la radicule sort de l’intérieur du tubercule
Ce caractère est l'expression vraie et complete de la structure de
la racine et du mode d’accroissement de la tige ; il acquiert ainsi
une valeur immense, il devient le plus important que puisse four-
nir l'embryon ; il semble plus essentiel que le caractère fourni par
Ja structure du cotylédon. L’embryon monocotylédoné est dit en-
doptile , c'est-à-dire que, selon L. C. Richard ; il a la gemmule
T..LESTIBOUDOIS, — Anatomie et physiologie des végétaux. 313
intraire ou renfermée dans une cavité complètement close ; mais
ce caractere subit des exceptions dans les Typhées:et les Aroïdes :
le. cotylédon présente une petite fente, qui rend la gemmule
extraire. Des observations de M. le professeur A. de Jussieu
tendent. à prouver que cette fente existe dans le plus grand
nombre des cas, si ce n’est toujours: conséquemment , ce carac-
tère perd sa valeur. Lorsqu'on pensait que l'accroissement des
Monocotylédonés était totalement interne , la position éntraire
des gemmules de ces plantes pouvait être considérée comme
l'expression de la structure des tiges ; mais aujourd’hui il n’en
est plus de même , et ce caractère perd réellement sa valeur. La
structure réelle de la racine des Monocotylédonés rehausse au
contraire la valeur de la structure de la radicelle des embryons
endorhizes.
Non-seulement. le mode de formation des racines des Mono-
cotylédonés est tout spécial , leur structure et leur mode d’ac-
croissement est encore différent de celui des tiges dont elles
émanent.
.L’accroissement des racines des Monocotylédonés se fait ex-
clusivement à l'intérieur, et non pas dans toute l'épaisseur ,
comme dans les tiges du mème ordre, et la disposition des vais-
seaux est inverse.
Dans l’origine, elles présentent sous la médulle externe une
zone transparente.
Dans cette zone , parait un cercle de points opaques, qui sont
les premiers vaisseaux.
Des parties de consistance médullaire se forment dans le
cercle transparent et le divisent en faisceaux parenchymateux,
qui correspondent à chacun des premiers groupes vasculaires.
Les faisceaux sont souvent inégaux ; les plus grands alternent
parfois avec les plus petits ; ils sont séparés les uns des autres,
en dedans et en dehors, par du tissu médullaire. Dans leur par-
tie moyenne , ils se touchent fréquemment.
Ils s’allongent par la partie interne.
Les vaisseaux s’y forment de dehors.en dedans, de sorte. que
le deuxième groupe s'applique sur la face interne du premier,
le troisième sur la face externe du deuxième, et ainsi de suite.
314 v. Lesrinoupois. — Anatomie et physiologie des végétaux.
La disposition des vaisseaux est ,; comme il a été dit, inversé de
de celle qu’on remarque dans les faisceaux des Dicotylédonés.
En effet, les vaisseaux les plus extérieurs sont les trachées ;
viennént ensuite, en allant de dehors en dedans, les fausses
trachées, les vaisseaux poreux, dont les ponctuations deviennent
de plus en plus confuses, et dont le diamètre est de plus en
plus grand.
Cette disposition annonce un accroissement interne. L’ac-
eraissement interne est encore prouvé par ce fait, qu'après le
développement intérieur des faisceaux primitifs, de nouveaux
faisceaux se forment dans la partie centrale et deviennent de
plus en plus nombreux, de manière à la remplir entièrement.
La racine est donc véritablement endogéene. La tige s'accroît au-
tant et plus à l’extérieur qu’à Pisténibtné On ne peut doné la
dire exclusivement exogène. Il est donc vrai que l'accroissement
des racines et des tiges des Monocotylédonés ne peut êtré com-
pâré à l’accroissement des mêmes parties dans les ir Si: 4
nés, qu'on a appelés exogènes.
Les racines s'allongent seulemenñt par l'éxtrémité ; les fibres
internes dépassent les externes, et n'ont pas besoin de s'épa-
nouir pour remplir leurs fonctions.
Il résulte de ce mode d’accroissement que les‘fibrés radicales,
au lieu de former un entrecroisement inextricable, sont parfai-
tement parallèles dans toute leur étendue. |
CONSIDÉRATIONS PHYSIOLO GIQUES.
Lés fonctions nutritives s’exercent dans les Monocotylédonés
de la même manière que dans les Dicotylédonés ; mais les élé-
mens du systéme central ne se séparant pas de ceux du système
cortical, la sève ne peut monter par un systéme et descendre
par l'autre, Son ascension et sa descension se doivent faire par
les mêmes fibres. Ces deux actes ne s’opèrent cependant pas par
la même portion de fibres. La portion qui contient les vaisseaux
trachéens est parcourue par la sève ascendante; la portion qui
contient les élémens analogues à ceux de l'écorce est suivie, par
la sève descendante.
” ES : : d
L, MAsI.— Sur les travaux botaniques du Congrès de Turin. 3x5
INDICATION des principaux travaux de Botanique et Physiologie
végétale de la réunion des savans italiens à Turin , lue dans
la dernière séance générale, Le 30 septembre 1049, par de rs
ous MAT
La section de. Botanique, quoique la moins nombreuse, n'a pas eu à se
plaindre du petit nombre de ses travaux, Il y a eu vingt-huit mémoires, beau-
coup de communications verbales , plusieurs lettres traitant de la Hatrsique,
des discussions fréquentes et pleines d'intérêt,
Le chevalier, Moris ; président ; a ouvert la séance par une et sur les
progrès de la Botanique descriptive et de la physiologie végétale, dus aux études
des Italiens.
2 Naii l'indication sommaire des travaux présentés par les membres de ka réu-
nion ‘en les classant sous les points de vue dela Hatanique , de l'Anatomie, de
k lie et de la géographie.
BOTANIQUE PROPREMENT. DITE.
M, l'avocat Colla a la un mémoire sur une nouvelle espèce de Calonyction ,
avec des observations sur ce genre. Il a exposé l'histoire de sa culture, de sa
végétation, les raisons pour HAE il l'a placee, dans ce genre, et il en a
donné la figure.
Le professeur de Visiani a lu un mémoire sur le Gastonia palmata de Rox-
burgh, qu'il propose pour type d’un nouveau genre dans la famille des Aralia-
cées. La fleur et le fruit lui fournissent des caractères pour en former un nouveau
genre, > qu 1l appelle Trevegia , en honnçur de la familie Trèves de Er qui
a bien merite de la bojanique et de l'horticuljure.
M. Colla a comyuniqué une lettre du professeur Brignole , dans laquelle ‘il
annonce avoir pré aré une nouvelle méthode de nomenclature.
Le professeur De Je G andolle a décrit quatre espèces d'Euphorbes à feuilles
variées de blanc venant d'Amérique : Euphorbia marginata Pürsb., E. Be-
jariensis, E. parmis Colla, et E. torrida.
_ M. Risso a exposé uue nouvelle distribution des espèces du genre Citrus ,
qu'il a accompagnée de notes historiques, et enrichie de plusieurs figures
coloriées.
Va 7 professeur de Notaris a lu une note sur le Fucus Nemalion de Bétsloi,
élevé par Dubÿ à la dignité de genre distinct. Il a fait connaître les caractères
par lesquels le professeur Moris et lui l'ont rapporté aux Wesogloia, le désignant,
dans la Flore de Cäprée , sous le nom de Wesogloia Bertolonit. Il a ctabli que
fes conceptacles sur lesquels Duby avait fondé son nouveau genre ne sont que
316 L.MASI. — Sur les travaux botaniques du Congrès de Turin.
des filamens de Rivalaria parasitica , et il en a conclu que l’on doit supprimer
le genre de l’auteur génevois.
Le professeur Moris a démontré , au moyen d'exemplaires et de figures , que
la Veronica romana d’Allioni, rapportée par les auteurs , tantôt à la ’eronica
acinifolia , tantôt à la F. triphyllos , appartient à la 7. verna L. Il a fait voir
aussi que le Sedum hirsutum d’Allioni est une plante différente de celle qui a
été figurée sous ce même nom par le même Allioni dans la Flora pedemontana.
Enfin le Sedum glanduliferum Gussone et le Sedum corsicum Duby ont été
réunis par M. Moris comme variétés au Sedum dasiphyllum L.
M. de Visiani a lu des renseignemens sur quelques plantes nouvelles de la
Grèce et de l’Asie-Mineure. Il a donné la relation du'voyage fait dans ces régions,
en 1819 et 1820, par MM. Albert Parolini et Philippe Barker Webb, à l'effet
d'y recueillir des minéraux et des plantes, dont M. de Visiani a publié et illus-
tré vingt espèces , choisies dans la collection de Parolini , parmi lesquelles on en
remarque quelques-unes de douteuses , et beaucoup ‘de nouvelles.
Le docteur Biasoletto a présenté une nouvelle espèce de champignon, trouvée
une seule fois dans l’Istrie méridionale sur un ceps de vigne en‘pleurs.
Le docteur Nardo a lu de nouvelles observations sur la structure, les ‘habi-
tudes et la valeur des genres Suiftia, Hildenbrandia et Agardhinia Nardo, et
sur le développement et la propagation du Conferva catenata d’Agardh, et il
a présenté des exemplaires de ces plantes.
Le docteur Biasoletto a présenté des observations, accompagnées de dessins,
sur le fruit de l’Æraucaria imbricata , qui a fleuri l’année dernière pour la pre-
mière fois en Italie , dans le verger du marquis Ridolfi.
Le professeur De Candolle a traité de la famille des Myrtacees : il en a exposé
les caractères généraux et il a présenté des considérations sur les tribus qu’il a
formees dans cette famille.
M. de Visiani a lu un mémoire du professeur Meneghini, dans lequel ce
savant expose le plan d’un travail sur les Algues italiennes. L’auteur a porté son
attention sur les bases des caractères génériques , et a discuté la convenance de
les fonder sur lorgane, qui , dans les Algues, represente le fruit.
Le docteur Masi a lu un écrit de M. Eugène Reboul sur les Camélias cultivés
dans les jardins, les distinguant par le caractère des pétales et des fruits, en deux
espèces : Camellia japunica L., C. Kaempferiana Reboul. :
M. Colla a lu l'extrait d’un travail sur la classification des variétés du Camel-
lia japonica. Il pense que le genre Camellia ue renferme pas plus de deux ou
trois espèces, le C. japonica, le C. Kissii et peut-être le C. Sesanqua. I a
fonde sa classification sur la nature des écailles, sur la simplicité, la complica-
tion, la difformité et la couleur des fleurs. Son travail est accompagne de figures
coloriées.
M. Moris a démontré que les Cachrys pungens Jan., Cachrys echinophora
Guss. (Zophocachrys echinophore Bertolon.) et Cachrys pterolæna DC. doivent
L. MASI, — Sur les travaux botaniques du Congrès de Turin. 317
se rapporter au Cachrys sicula L. A l'appui de son opinion, il a présenté un
grand nombre d’exemplaires sardes, qui prouvent comment la même espèce
. varie quant aux caractères sur lesquels les auteurs ont fondé des espèces dis-
tinctes, et, en confrontation de ses exemplaires, il a produit aussi les fruits de
Ja même espèce, provenant d'Espagne et de Sicile.
Le chevalier Avogadro a lu un mémoire tendant à établir la nécessité de
publier des flores particulières, pour rendre plus complètes les flores générales :
ila cité des plantes trouvées par lui dans la province de Suze et de Casal, omises
dans les flores de ces lieux.
M. de Notaris a donné la description et les dessins de quatre nouvelles espèces
d’Algues ; qu’il a trouvées dans la mer Ligurienne: Cystoseira squarrosa, Lo-
mentaria exigua ; Polysiphonia Montagnei et Polysiphonia subtilis.
M. Moris s’est attache à démontrer, au moyen d’exemplaires de différentes
espèces du genre Daucus , combien est défectueux le caractère tiré de la lon-
gueur des aiguillons, adopté par tous les auteurs, pour distinguer les espèces,
et comment, selon son opinion , plusieurs espèces devaient être réduites au rang
de variétés,
Le professeur Moretti a entretenu l'assemblée d’une Monographie des Mü-
riers,, qu il réduit à quatre espèces : Morus alba, M. nigra, M. rubra, M. in-
dica. 11 a lu ensuite une dissertation, qui a pour objet de réfuter les censures
qu'on à faites de Mauhioli, et il la disculpé de ses prétendues erreurs, en
faisant connaître à qui l’on devait l’inexactitude de quelques figures dans l’ou-
vrage de l’ancien botaniste siennois.
ANATOMIE VÉGÉTALE.
# M. Calamai a annoncé la découverte de certains vaisseaux particuliers , qu'il
croit rouveaux (1), quise ramifient et se divisent constamment en deux branches,
ce qui fait qu'il les appelle dichotomes , les ayant trouvées dans l’Euphorbia
fruticosa , à côté des vaisseaux aérifères qui constituent la partie centrale de
l’étui médullaire.
Le professeur Balsamo Crivelli a présenté diverses considérations sur quelques
organes élémentaires des végétaux. Après en avoir fait une description détaillée,
il a fait voir des préparations d'anatomie végétale qui serviront à répéter au mi-
croscope ses observations. j
M. de Notaris a lu un mémoire , dans lequel il a rapporté des observations
microscopiques , faites conjointement avec M. Balsamo: Crivelli sur la structure
du pollen , suivant laquelle ils sont arrivés à des résultats différens à ceux exposés
par M. Calamai sur le même sujet,
(x) Ce sont probablement les vaisseaux laticifères de Schultz, (MWote des rédacteurs.
318 2, mASï. = Sur des travaux botaniques diè Congrès de Tuïñin.
| PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE, Fi Pad buse
Le professeur De Candolle a lu des observations sur quelques monstruosités
pär rupture du péricarpe: D'äprès ses idées; les péricarpés charnus tendent quel:
quefois à se rompre constamment el presque régulièrement, d’autres par ägcis
dént; et, dans ce cas; ils constituent de véritables monstruosités ; comme celles
du $o/anum eseulentum ; qu'il a décrites: süld
Le docteur Trinchinétti a lu un mémoire sur:les noté des fleurs, ribitoisé
qui a remporté le prix à l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles:
Il distingue les odeurs dé Ja fleur de celles des autres parties des végétaux, IL
décrit quelques petites glandes destinées à l’élabôratiôn des substances odorantes
dont la nature chimique doit appartenir ; selon lui; à la clässe des huiles essen=
telles, Il attribue à la côrolle le double office d'élaborer la lymphe végétale
pour la nutrition principalement des organes mâles, et; ah moyen d’emana=
tions oléeuses volatiles , de protéger la fécondation de l'humidité ; si funeste à
cette importante fonction: Il assigne enfin dés causes à l’épanouissément et 4
locclusion des fleurs , aussi bien qu’à l’intermittence des odeurs.
Le docteur Bertolä à lu üne note sur une monstruosité du Z'ragopogon pra-
tensis:, dans lequel chaque fleur; au lieu d’être séssile , s'était prolongée en uñ
long pedoncule soutenant une petite calathide. |
M. Biasoletto a présenté quelqués considérations sur la fécule amilacée con
tenue dans letissu cellulaire du tronc du Convolvulus Batatas, pour faire
suite à un mémoire lu à la section d’agronomie parle marquis Ridolfi:
M. Moretti a lu une dissertatiou sur l'humeur qui s’accumule par gouttelettes
sur le bord des feuilles , et que l’on peut recueillir sur les organes qui la trans-
sudent: il fait voir comment la transplantation d'une: plante d’un dieu humide
dans un endroit sec, et vice versé, influe sur la présence où l'absence. de ces
gouttelettes. : ip Mél lu
M: Trinchinetti, continuant ce sujet, a doûné des renscignemens sur quelques
organes trouvés sur le bord des feuilles, consistant en petits corps Soüvent.co=
niques, tantôt globuleux , tantôt nus, tantôt eouverts de poils; quelquefois
munies. de, pointe ou. d’épine. L'auteur; attribuant à ces organes la fonction de
sécréter un fluide aqueux ; surtout quand la transpiration nè.s’efféctue. ue fai:
blement, les considère comme des glandes, qu’il appelle rare à Lemse
de leur situation. nc nf < at :)
ééobndérae BOTANIQUE.
M. Michelin a proposé la question suivante ; «. Rechercher. et faire onmiaître
aux prochains congrès scientifiques si, En les végétaux, il s’en trouve qu
affectionnent un groupe géologique plutôt qu’un autre, »
Le doëtéür Casarétté a lu la relation du voyage à la côte du Brésil, sûr la
frégate sarde la Regina, en qualité de naturaliste à la suite de S. A. le
prince Eugène de Carignan. Il visita d’abord les îles de Saint-Sébastien et Sainte-
L. MASI, — Sur des travaux botaniques du Congrès de Turin. 319
Catherine; où il trouva des forêts viérges et la végétation des Tropiques, moins
Jes fougères arborescentes. Il se transporta de là à Montevideo, qu'il trouvabien
différent de l'Europe sous le rapport de l'aspect général de la végétation. Après
dvoir exploré de nouveau la côte du Brésil et dé Saint-Sébastien, il arriva à Rio
Janeiro , qui ést Le lieu le plus admirable du Brésil pour la richesse et la variété
de la végétation, Il à gravi la Serra dos Orgaos, toucha à sa cime , qui s'élève de
six mille piéds, et qui n’avait jamais été visitée avant lui par aucun fiaturalisté (x):
Parvenu à Bahia, il parcourut les alentours de $on vaste golfe et explora les îlés
liaparica, Cacoeira etS. Amaro. Il recueillit dans toutes ses excursions des plantes
remarquables et très rares, en ne ncgligeant pas néanmoins les observations sur
les usages médicinaux, économiques et industriels des plantes brésiliennes, parmi
lesquelles on peut citer le rare arbuste Lecythopsis, le Copaifera offcinalis,
V Acanthospermum xanthoides, remède très üsité dans ce pays pour couper les
fièvres intermittentes , le Mate { Zlex Paraguariensis), qui est le thé dont fait
nsage toute ions méridionale.
Déserrprion du RoutaiNiA; nouveau genre de plantes di Méxiqué;
dppartenant à la famille des Liliacées,
Par M. ADOsPHE BRONGNIART:
Les jardins de botanique ont reçu depuis quelques années
du Mexique; sous les noms de Barbacenia gräcilis, de Yuücra
serratifolia Karwinsky et de Yucéa longifolia Karwinskÿ, des
plantes dont les fleurs sont jusqu’à présent complétement i in-
connues, et qui différent beaucoup par leur port et leur mode
de développement des Barbacenia et des Yucca. L'herbier rap-
porté. du Mexique par. M. Andrieux renfermait en fleurs et en
jeunes fruits une ‘plante qui mé parait identique avec le Yucca
sérratifolia cité ci-dessus, et très peu différente de la plante qu on
cultive sous le nom de Barbacenia gracilis., Un coup-d’ œil sur
ces, fleurs suffisait pour montrer, qu ‘elles. n'avaient aucun rap-
port avec les Yucca ni avec les Barbacenia; mais.il.me fut facile
de reconnaître que le Cordyline parviflora (Kunth in Humb:
et Bonpl: Nov: gener: 1. p: 269) appartenait a même genre.
(1) Le D' Gardner est le premier botaniste qui se soit élevé à une grande, hauteur sûf la
Serra dos Orgaos ; mais il n’est pas parvenu jusqu’au sommet de la crête. Nous avons trouvé sa
cabane, terme de son ascension , lors de l’excursion que nous y avons faite avec M, Casaretto :
GUILIEMIE.
320 AD, BRONGNIART, — Description du Roulinia.
Ce genre, quoique plus voisin du genre Cordyline de Com-
merson, des îles de France et de Bourbon, que de ceux précé-
démment cités, s’en distingue par des caractères très prononcés,
et surtout par son ovaire uniloculaire et son fruit sec, mono-
sperme et indéhiscent. Il sera figuré et étudié avec plus de détail
dans un Mémoire qui paraïitra sous peu dans les Archives du
Muséum; mais j'ai desiré lui assurer lé nom de mon excellent
ami M. Roulin, qui a rapporté de son séjour en Colombie tant
de matériaux intéressans pour l’histoire naturelle de ces con-
trées.
ROULINIA.
Dioica,floribus parvis paniculatis, FLoREs Mascuci. Perianthium hexaphyl-
lum ; sepalis petalisque liberis subsimilibus patentibus. Séamina sex libera
perianthio breviora, filamentis subulatis ad basim sepalorum petalorumque inser-
tis, antheris ovatis bilobis , lobis parallelis, rimis longitudinalibus dehiscentibus.
Ovarium abortivum ovatum vacuum. FLORES FOEMINEI. Perianthium sepalis
petalisque liberis conformibus patentibus. S/amina abortiva, filamentis subulatis
sepalorum et petalorum basi insertis iisque brevioribus, antheris effætis. Ovarium
liberum trigonum, angulis acutis membranaceis, uniloculare, ovuliss x geminatim
e fundo ovarii nascentibus erectis, micropylo inferiori. Stylus brevis trigonus
simplex. Sigma trilobum', lobis brevibus ovatis divergentibus.
Fructus : akenium ovato-trigonum, angulisin membranam Jatam expansis, basi
perianthio persistente stipatum, ovulis quinque abortivis, monospermum ; se-
mine imperfecté maturo erecto fusiformi utrinquè acuto.
Plantæ caule lignoso erecto brevi, foliis numerosis angustis undiqué patentibus
inferioribus reflexis argutè dentatis( vel subintegerrimis in R. longifoli&? Yuc-
c longifoliä Karw.); omnibus etiam junioribus apice sphacelatis , filamentosis,
paniculis florum terminalibus maximis floribusque minutissimis Æspariginis
facie, masculis laxè -paniculatis pedicellatis deciduis , fæmineis ramis breviori-
bus densè longissimèque spicato-paniculatis, subsessilibus , bracteis scariosis
stipatis.
Hujus generis sunt : 1° Roulinia serratifolia( Yucca serratifo lia Karwinski
in Catal. hort. Monac.); 2° Roulinia Humboldtiana( Cordyline parviflora
Kunth.); 3° Roulinia longifolia ? ( Cordytine longifolia Benth. in Hartweg
PL mex. n. 406); 4° Houlinia gracilis (Barbacenia gracilis Hort. Planta ste-
rilis. An à À. serratifoliädiffert?);5° Roulinia Karwinskiana (Yucca longi-
folia Karw. in Catal.hort. Monac.)
Huic quoque generi pertinent Anatis rigida(Sessé et Moçino. Fl.mex. ined.
icon. n, 1267, in Biblioth. cel. De Candolle), et Yucca acrotricha Schiede in
Linnæà , 1v, p. 230,
le À CG —
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 391
SECONDE GENTURIE de Plantes cellulaires exotiques nouvelles,
Par Camirre Monwraenr, D M. (1)
« | Décades VI, VIT et VIIL
PyrEeNoMYCrETESs Fries.
bi. Sphæria (Circumscripta) conostoma Montag, mss. : grega-
ria, obovata, junior.velo tomentoso fuliginoso vestita, demum
nigra , transversim striatula, sæpiüus excrescentiis difformibus tu-
berculata, bicorticata, cortice exteriore s. conceptaculo rugoso
fragilissimo, peritheciis in singulo conceptaculo paucis (2 ad 3)
oblongo-quadratis amplis, evacuatis membranulä fuscellà intus
indutis, ostiolis conicis brevibus apice nitidis.
Has. ad corticen arborum emortuarum in sylvis humidis circà Cayennam et
juxtà amnem Conana Guianæ centralis, 1837-1838 lecta. — Lepr. Coll.
n, 303.
Ob tubercula conferta, pro raticne magna, quibus interdüum
horrescit stroma, maximè difformis evadit hæcce species, Sphæriis
Liriodentdri, Rhois et Spinæ mihi prorsüs ignotis, ut videtur,
affinis. Ascis gaudet clavatis magnis sporidia crassa suboctona
_primè cellulosa, pellucida , demum oblongo-subcymbiformia,
utrinquè obtusa, nucleo obscuro, serie anicà disposita foven-
tibus.
52. Sphæria (Circumscripta) quisquiliarum Montag. mss. :
erumpens, hemisphærica, libera , simplex vel composita, stro-
mate corticali furfuraceo fusco, peritheciis magnis crassis con-
ceptaculo integro circumscriptis, globosis, intüs atro-fuscis,
ostiolis papillatis, papillà cingulo albo cinctà.
(x) Voir tome xnir , page 359.
XIV, Botan, — Decembre. 21
322 C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
Has. ad ramulos dejectos cum priori. — Lepr. Co!l. n. 366.
Gregaria, imo et confluens. Æÿpoxylo comaropsidi similis,
multo minor tamen notisque allatis satis diversa. Sporidia
utriusque simillima. Tubercula ipsius fusca , stromate furfura-
ceo vestita rugulosaque perithecium solitarium vel plura pro-
ratione magna includunt iisdemque arctè cohærent. Conceptacu-
Jam integrum. E cortice erumpit.
53. Sphæria (Cæspitosa) Calyculus Montag. mss. : cæspitosa
vel subeffusa, stromate fibroso corticali, perithecïis obpyrifor-
mibus rugulosis nigris collabescendo crateriformibus astomis,
demum circumscissis.
Has. ad corticem arborum dejectarum in sylvis circà Cayennam. — Lepr.
Coll. n. 372.
Desc. Stroma corticale è fibris brevibus rigidis atris constans. Perithecia
æumpentia longè latèque effusa, contigua , rar coacervata , cum stipite brevis-
simo obpyrifermia, diametro 1/3 millim. æquantia, nigra, opaca, rugulosa,
demüm, ne dicam cito collapsa et tm calyeuli vel craterii formam imduentia,
undè nomen , tandem circumscissa , intüs evacuata fusco-atra. MNacleus albus.
Asci breves, saccato-clavati, tenerrimi , hyalini, 6-8 sporidia lineari-oblonga
ad speciem septata pellucida biseriata foventes.
Oss. Sphæriæ cupulari Pers. non Fr. Ecl. Fung. simillima à
quà differt peritheciis plus duplo majoribus, stipite manifesto
suffultis, et, quod singulare et notam specificam præbet minimè
spernendam , ascis sporidiisque contrà duplo minoribus. Asci
autem, quorum ambitus ad augm. maxim. 780" vix perspi-
cui 3, sporidia vero 35 millimetri longitudine non superant.
Tantula est sporidiorum exiguitas ut videantur motu moleculari
Browniano sic dicto agiliter incitari. Margo peritheciorum col-
lapsorum fere acutus, nec ut in illà obtusissimus.
Psancme XIX, Fig. à. Une thèque du Sphæria cupularis Pers.(d’après un échantillon des
Stirpes T'ogesiacæ Moug. et Nestl. n. 771), vue à un grossissement de 780 diamètres : elle
contient six sporidies allongées , un peu courbées dans le sens de la longueur.
Fig. 2., Une thèque du Spharia Calyculus Montag, , vue au mème grossissement que la
figure précédente et dans laquelle on voit huit sporidies eloisonnées, a, a. Deux sporidies
libres , l'une ne portant qu'une seule cloison, l’autre en présentant trois,
C. MONTAGNE. — P/anies cellulaires exotiques. 323
54. Sphæria (Gæspitosa) Pseudo-Bombarda Montag. mss. :
superficiali-innata, peritheciis ovatis ventricosis basi attenuatis
subdivergentibus persistentibus atro- fuscis , ostiolo obsoleto
punctiformi.
Has. ad corticem arborum dejectarum in sylvis humidis insulæe Cayennæ lecta.
— Lep. Coll. n. 370.
Desc. Similitudo, quæ mihi primä specie fucum fecit, cum Sphæri& Bombardä
Batsch, quäm maxima nostræ evidenter inest. Cæspites efficit subregulares,
rotundos , 1-2 lin. latos, sæpè verd confluentes. Adsunt et individua solitaria.
Perithecia ovata vel obovata, basi attenuata, stromate convexulo nigro juricla,
Subdivergentia , Iævia , persistentia, rarissimè circüm ostiolum depressiuscula ,
atro-fusca , opaca , intüs atra, tandem fracta. Ostiola obsoleta aut punctiformia.
Asci clavati semimillimetrum ferè longi, Sporidia octona serie duplici foventes
ct inter paraphyses tubulosas ramosas, globulis hyalinis interruptè seriatis refer-
tas, erccto-convergentes. Sporidia juniora autem vermicularia millim. longa,
pellucida , massà sporaceà tenuissimé granulosà farcta, areolà ut videtur muci-
laginosä cincta, altero vel utroque apice bullà hyalinà minutà mox evanidä aucta,
matura vero sexlocularia , olivaceo-fuliginosa , subopaca.
Oss. Cette sphérie ressemble tellement à la S. Bombarda, qu’a-
vant de l’avoir soumise à l'analyse, je l'avais adressée sous ce nom
à MM. Fries et Berkeley. Ce dernier savant ayant examiné les
thèques, m'écrivit qu’elles différaient beaucoup de celles de
l'espèce européenne. Il a vu comme moi cette couche de muci-
lage qui entoure la sporidie comme d’une auréole transparente
tort difficile à apercevoir. Ce mucilage , que M. Berkeley me dit
n'avoir encore vu que dans la SphϾria (Hypoxylon Mihi) pe-
dunculata Dicks. mais que M. Corda (1) a observé aussi dans le
premier temps de l'évolution des spores de l’Æscophora mucedo,
disparait à mesure que la sporidie grandit, et il est assez pro-
bable que cet accroissement a lieu à ses dépens. Mais ce ne sont
pas là les seules différences qui résultent d’un examen appro-
fondi de la Sphérie guianaise. Elle appartient évidemment à la
tribu des Cæspitosæ et point du tout, comme la S. Bombarda à
celle des Denudatæ. Dans celle-ci, qui n’habite que le bois mort
dénudé d’écorce, les sporidies, contenues dans des thèques en
massue tres allongées, sont linéaires, flexueuses, moniliformes
T
(1) V, Corda, con, Fung, 11. p. x9.
21,
32% ©. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
et à 8 ou ro loges à la maturité. Dans leur jeune âge, on ne
voit, à la vérité, que des globules d’abord distincts, mais qui
finissent par se joindre et former une cloison au point de jone-
tion. Transparentes à cette époque, on les voit plus tard, à me-
sure qu’elles marchent vers la maturité, se colorer d’une nuance
légèrement opaline. On trouve aussi des paraphyses, mais il
faut pour les bien voir, un grossissement de 7 à 800 fois. Elles
ne sont pas rameuses comme dans l'espèce américaine. Les
échantillons, qui m'ont servi à cette analyse, ont été vus par
Fries et recueillis par moi dans les Ardennes. Je ne puis passer
sous silence le fait suivant qui s’est présenté dans le champ de
mon microscope pendant que j'étudiais le nacléus de la sphæria
Pseudo-Bombarda. C’est une sporidie qui m'a parue en voie de
germination. De chacune des six loges qui la partagent dans sa
longueur, il naïssait en effet un filament qui avait déjà acquis
une longueur double du diamètre de la loge. l’un de ces fila-
mens était même déjà muni d'une cloïson. Tous partaient du
même côté de la sporidie.
PL. XIX. Fig. 5. Une thèque du Sphœria Bombarda Batsch , tirée; d’un échantillon récolté
par moi dans la forêt des Ardennes, près Sedan : elle est remplie d’un nombre indéterminé de
sporidies et grossie 3go fois. Les deux sporidies isolées e sont grossies le double et laissent
voir des cloisons nombreuses, “
Fig. 6. Une thèque et une paraphyse du Sphœria Pseudo-Bombarda Montag , la première
contenant huit sporidies seulement , la secondé rameuse et renfermant des globules hyalins
comme elle, et espacés. Cette figure est grossie 390 fois. On voit en f une sporidie jeune,
semblable à celles dont est remplie la thèque et enveloppée d’une couche assez épaisse d’un
mucilage transparent. Le point L forme une espèce de saillie, Enfin l’on peut observer en i une
sporidie qui s'est présentée dans le champ du microscopeet qüi m'a païu être l’état parfait de
celle représentée en f. Je ne l'ai, au reste, figurée qu'à cause de l’état de gérmination mani-
feste dans lequel elle se trouve, On remarquera que-les prolongemens de chaque locule partent
tous du même côté.
55. Sphæria (Confluens) megalospora Montag. mss. : innata,
stromate effuso tenui nigro, perithectis convexo-applanatis soli-
tariis confluentibusque epidermide primo tectis, demum erum-
pentibus pulvere albo-velatis, intüs albofarctis, ostiolo acumi-
nato pertuso brevi.
Has. in corticihus arborum emortuarum circà Cayennam lecta. —Lepr. Coll
n. 239 et 240.
C. MONTAGNE. —— Plantes cellulaires exoliques. 325
Ors. Sphæriæ mutilæ Fr. similis, à quà tamen mihi differre
videtur non solüm ascorum sporidiorumque magnitudine, sed
et formà peritheciorum multo majorum magisque solitariorum,
albo-velatorum. Ostiolum etiam diversum; paucis, ità recedit
ut quem oculo vel inarmato utramque simul intuentem non
effugiant notæ diagnosticæ. His insuper adde quod asci in nostrà
tertiam millimetri partem metientes, cylindrici, pellucidi, intus
fovent sporidia magna, — millim. longa, = millim. crassa, bilo-
Ccularia, septo tubum exteriorem sporæ attingente, medio
constricta, tandem fusca, quibus notis è fructificatione sumptis
ab omnibus hujusce Tribus mihi cognitis vel descriptis distin-
guendam censeo.
Pr, XIX. Fig. 4. Une thèque du Sphœria megalospora Montag., contenant huit sporidies
biloculées et grossie 190 fois en diamètre, c. Une sporidie isolée parfaitement adulte, 4. Une
autre, plus jeune.
56. Sphæria (Confluens) rhaphidosperma Montag. mss. dif-
formis , subeffusa, stromate erumpente colliculoso subtomen-
toso - grumoso atro, peritheciis emergentibus demüm liberis
angulosis , intus cinereis, evacuatis atris, ostiolis variis, aliis cum
perithecio confluentibus, aliis teretibus longiusculis fragilibus.
Haz. ad cortices arborum dejectarum in sylvis sinnamariensibus, januario
1839 Jecta. — Lepr. Coll. n. 355.
Sphæria pachystoma Montag. in litt. ad illustr. Friesium.
Drsc. Sroma subtomentosum , in cortice cffusum, indeterminatum, colliculo-
sum, confluens, tenue, atrum, Périthecia, ovata, emergentia, semine papaveris
vix minora, rugulosa , ostiolata, intüs cinerea, evacuata atra, lævia nitida. Osriola
vel acuminata acutiuscula, vel elongata , teretia, sæpius fracta, perithecio ple-
rumquè Jougiora. Æsci minutissimi 2 millim. longi sporidiaque acicularia =
millim. longa duplici triplicive serie foventes. Sporidia primo multiseptata tan-
dem sporidiolis minimis globosis numerosis (non autem guttulis oleosis) uni-
serlatis farcta.
Oss. Sphæriæ insidenti Schwz. non nisi descriptione mihi
notæ affinis species, quæ vero præsertim ostioli form, an et
sporidiorum ? diversissima videtur.
PL. XIX. Fig. 3. Une thèque du Sphæria rhaphidosperma Montag. , remplie d’un grand
nombre de sporidies et grossie 380 fois. 2, 8; b, 8, b. Sporidies isolées, vues à différens
âges et au même grossissement.
326 c. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
57. Sphæria (Seriata) OEdema Montag. mss. : convexo-appla-
nata lineari-oblonga lanceolatave epidermide immutatà tecta,
peritheciis seriatis in stromate fusco-nigro nidulantibus albo-
farctis, ostiolis punctiformibus sparsis.
Has. in corticibus petiolorum Mauritiæ flex uosæ , vulgd Bache dictæ , in
Gutanû , aprili 183Q lecta. — Lepr. Co!l. n. 346.
Desc, Bullulas seu tumores sistit applanatos bilincares confluentesque. Peri-
thecia minuta, nigra, crecta , ovata, inter fibras corticis parallelas multiseriata,
stromati fibroso ramoso fusco-nigro nidulantia, epidermide crassà immutatâque
tecta, intüs albo-farcta , evacuata atra. Osfiola acuta, punctiformia, concolo-
ria , epidermidem perforantia, sparsa, sed ità tamen exigua ut non nisi lentis
ope conspicua. Æsci tencrrimi, clavati , — millim. longi, cito dissoluti. Spo -
100
ridia aciculsria vel baculæformia, mox libera et tùm 2 millimetri, ascorum
scilicet longitudinem superantes. Nucleo sporacco hic ct illic interrupto farcta
videntur,
Oss. Sphæriis Anethi et striæformi affinis, ab uträque tamen
toto cœlo diversa. Sphæria Godini Desmaz. quæ S. arundinaceæ
proxima, epidermide nigrefactà, ut alias notas taceam, à nostrà
præsertim differt.
58. Sphceria (Conferta) trachodes Montag. mss.: subtecta , fi-
brillis appressis radiantibus tenuissimis, an peregrinis? vestita,
peritheciis confertis confluentibusque , rard solitariis, hemis-
phæricis atris opacis, intus albo-cinereis, ostiolo papillæformi
acuto.
Has. ad folia Mouocotvledonearum im sylvis juxtà amuem Gabaret, Septem-
bai 1835 lecta.— Lepr. Col. n. 581.
OBs. Species nondüm satis firma, cuni ex unica specimine sit
determinata limitataque. Ab omnibus tamen ejusdem sectionis
hucusque descriptis differre videtur. Asci.… Sporidia ex ovato
oblonga, juniora pellucida limboque lato cincta, tandem brun-
nea, opaca, ad speciem bilocularia, centesimam millimetri par-
tem bis terve longitudine metientia, + millimetri crassa, in
nucleo gelatinoso nidulantia, paraphysibus linearibus concomi-
tata, massà granulosà farcta.
* Sphæria (Denudata) sanguinea Sibth. = Lepr. Coll. n° 58%.
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques, 327
* Sphæria ( Denudata) episphæria Tode.
Oss. In Hypoxylo cænopode parasitantem inveni. — Lepr.
Coll. n° 255.
* Sphæria (Denudata) mammæformis Pers. — Lepr. Col.
n° 394.
Ons. Interdüm dimidiata, more Verrucariarum quarumdam,
basi expansà. Cæterum exemplaribus europæis fernandesianisque
simillima. Omnibus sporidia juniora binas ternasque guttulas
oleosas continentia, cymbiformia, minuta, fusca, demum opaca.
59. Dothidea euglypta Montag. mss. : bypophylla, gregaria,
rotundata, convexo-concava, à matrice secédens, sicca rugosa,
extüs intüusque atra, opaca, cellulis exiguis immersis albidis.
Has. in paginà foliorum dejectorum pronà , in sylvis ad flumen Oyapok ,
Septembri 1835 lecta. — Lepr. Co/1. n. 241.
Desc. T'ubercula efficit convexa, hypophylla , gregatim conjecta , grano Milu
miuora , in statu sicco applanata , cornea, atra , intüs concoloria. Si verd humec-
tata sint, tùm cito hemisphærica fiunt et mollia, subgelatinosa , subtüs concava,
bullata. Scalpelli mucrone à matrice facilc moventur. Semota vel elapsa quidem
foveolam in folio, ut in D. acervulaté solenne est, non relinquunt. E contrario
vero folium, quo loco insidebat stroma, in formà hemisphærii, depressiusculi
quidem nitidi tumet punctisque minutis, bullas stromatis verisimiliter ad exci-
piendas, insculptum est. Structura valde memorabilis. Celulæ immersæ minutæ
albæ. Æsc erecti , breves, clavati, = millimetri longi, Sporidia ovata, octona ,
Li
+ millimetri adæquantia uniseriata foventes. Nulli descriptarum affinis.
Pc. XIX. Fig. 8. Trois thèques du Dothidea euglypta Montag. , vues à un grossissement de
300 fois le diamètre , chacune contenant huit sporidies ; que l’on peut voir isolées en 4.
… 60. Dothidea Ropalina Montag. mss. : epiphylla, orbiculato-
oblonga , parva, sparsa, atro-nitens, colliculosa, cellulis immer-
sis albidis, tandem cum folio elabens.
Haz. in foliis Rhopalæ guianensis dejectis in sylvis propè Cayennam lecta.
— Lepr. Coll. n. 441.
Desc. Tubercula minima, lineà vix latiora, oblonga , orbiculata, ambitu
sinuosa , epidermide innatà tecta, atro-nitentia, in folio subiüs concolori,
parenchymate vero immutato sparsa, superficie coiliculosa , intüs cellulis medio-
328 GG MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
cribus albidis excavata. Macula paginæ fol aversæ equidem atra , opaca vero
non lucida, limboque pallidiore folii non denigrati cincta. Æsci tenuissimi,
clavati, mox dissolubiles, in nucleu celluloso-fibrosu nidulan‘es Sporidiaque
pellucida lineari oblonga foventes.
À Sphæria cayennensi Fr. cui primo adspectu affinem ha-
bueram, perithecii veri defectu maximé diversa.
Pr, XIX, Fig, 9. Deux thèques du Dothidea Ropalina Montag., contenant chacune six
sporidies ; que l’on voit libres en L.
Gr. Asteroma Labecula Montag. mss. : epiphyllum, maculæ-
forme, maculis piceo-atris linearibus minutis quoquoversus
irregulariter radiantibus, appendices è margine sinuoso emitten-
tibus spinæformés aut spathulato-lanceolatos, peritheciis minimis
raris sparsis concoloribus astomis, sporidiis minimis oblongis
utrinque subtruncatis.
Has, ad folia coriacea...…. in sylvis ad amnem Gabaret, Septembri 1835,
lectum. — Lepr. Coll.n. 664. |
Ons. Asteromæ Himantiæ affine ;forma verd, minutie macula-
rum et habitatione ab eodem satis diversum.
G2. Ascospora phomatoides Montag. mss. : epiphylla, gregaria,
peritheciis dimidiatis plano-convexis epidermide tectis astomis
atro-nitentibus, interdum confluentibus.
Has. in foliis delapsis in sylvis ad Oyapok 1836 lecta, — Lepr: Coll: n.44o.
Species memorabilis. Habitus omnino Phomatis, sporidia ver
ascis seu peridiolis inclusa. Perithecia minora majoribus, diame-
tro semimillimetrum æquantibus mixta, sparsa confluentiaque,
plano-convexa, paginæ supinæ foliorum insidentia , atra, nitida,
epidermide tenuissima innato-tecta. se: oblongi vel obovati
Sporidia octona elliptica limbo lato pellucido cincta: foventes.
Paraphyses nullæ.
Pr. XIX. Fig. 7. Deux thèques ou péridioles de l4scospora phomatoides Montag. , conte-
nant chacune huit spores et grossies 380 fois.
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 329
Pewprinium. Montag. Vov. Gen.
Car. Perithecium proprium nullum. Pseudo-perithecium su-
perum, convexum, scutiforme, atrum, ab epidérmide nigre-
factà formatum, apice papillulà , interdum bilabellulatä, coro-
natum. Nucleus gelatinosus , subopalinus. Æsci erecti, elongati,
fusiformi-aciculares, Sporidia octona, conformia continentes
paraphysibusque concomitati.
Genus eximiè distinctum, Pilidio, Actinothyrio, Phomati,
Labrellæ Sacidioque quodam modo affine, à quibus omnibus
vero, meo quidem judicio, fructificatione diversissimà satis su-
perque recedit. Vomen à rtpois , 00, Bulla.
63. Pemphidium nitidum Montag. mss. : maculæforme, pseu-
do-peritheciis gregariis convexis sculiformibus atris nitidis pa-
pillatis, papillulà (ostiolo)inter labia rimulæ ellipticæ prominente
et ipsà interdüum bilabellulatà.
Has. in cortice petiolorum Maximilianæ regic in sylvis montosis ad Oyac,
Novembri 1837, lectum. — Lepr. Coll. n. 391.
Desc. Hujus speciei acervuli maculas efformant fnliginosas, ellipticas, pollicem
sesquipollicem Jongas, 6 ad 9 lin. latas, confluentiäque majores, lineolà flexuosà
fuscà lignum penetiante limitatas. Pseudo-perithecia gregatim coadünata,
tamen distincta, raro conferta, convexa, scutiformia , semilineam lata , ab epi-
dermide matricis denigratà formata, nonnunquäm confluentia ; atra , nitidissima,
apice ostiolato- papillata. Quodque pseudo-perithecium, meunte ætaie, acervulos
illos circulares à peridiis Coniosporii circinantis Fr, figuratos mirum in modum
assimilat, excepto quod centrum quidem eorum, vacuum , in Pemphidio verd
papillulà nigrâ jàm præsenti instructum est. Maturitate progrediente, apex
pseudo-perithecii seu pustulæ rimulâ vel orbiculari vel sæpits oblongä, tu
labella simulante, vulgo dehiscit, in cujus medio papilla conspicitur, quæ ét
ipsa aligwando bilabiata. MNucleus albüs, subopalinus , gelatinoso-fibrosus.
Paraphyses samosæ ; flexuoso-crispæ, hyalinæ, tenuissimæ: sci ereeti, fusi-
formi-aciculares , magnitudine quartam, crassitudine centesimam millimetri
partem æquantes, hyalini, Sporidia octona conformia = millim. longa , uullo
Himbo cincta, intüs massà sporaceà granulosa farcta. Habitus Rhytismatis
punctati, auod autem omnibus partibus minus. |
Pr. XIX. l'ig, 8. Une portion d’écorce d’4ftalea Maripa, sur laquelle on voit une plaque du
Pemphidium nitidum Montag. , vue de grandeur naturelle, »”. Coupe verticale d’un faux
330 c. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
périthèce , formé par l’épiderme »'", incrustée d'une matière charbonneuse , et soulevée par
le nucléus m//, On voit en m!‘/’ l’ostiole régulier, r. montre le même ostiole. On voit en o
l’autre forme d’ostiole bilabié, dont j'ai parlé. p. Faux périthèce au moment où il commence à
s’encroûter, et montrant au centre la papille qui doit devenir l’ostiole. Toutes ces figures sont
plus ou moins grossies. q. Une thèque environnée de paraphyses rameuses, flexueuses et conte-
nant un assez grand nombre de sporidies , que l’on voit en g', q', q-
64. Phoma Maurüiæ Montag. mss.: sphæriæformis, unilocu-
laris, convexo-applanata, levis, sub epidermide nidulans, pseu-
do-peridio fusco-nigro à matrice mutatä suppeditato, sporidiis
ovatis minimis fuscis.
Has. cum Sphæri& OEdemate supra descriptä, societate juncta, vivit in cor-
ticibus petiolorum Mauritiæ flexuosæ.— Lepr. Coll. n. 345.
Oss. Pustulas sistit minutas , convexo-planas, sub epidermide
corticis immutatà, non nisi ad cnjusve pustulæ ambitum nigre-
factà, nidulantes. Rimose aliquando dehiscit. Sæpenumerd tota
decidit foveolamque in matrice relinquit.
CORDIERITES. Montag. Nov. Gen.
Car. Perithecium cupulari-apertum, marginatum, disco
supero & sporidiis nudis pruinato. Stroma carbonaceum , ramo-
sissimum fragilissimumque.
Genus, ut videtur, egregium, sed ambiguum vel anomalum,
hinc, vegetatione inprimis, Pyrenomycetibus affine, Thamno-
myci ob stroma analogum, Thamnomycen equidem perithecio
pezizoideo-aperto prorsus refert, illine Discomycetibus excipulo
cupulæformi præsertim Cenangio proximum. Defectus tamen
ascorum in Pyrenomycetibus tam variabilium , habitusque pro-
prius suadent ut hoc novum genus hisce ultimis annumerem.
Ut Thamnomyces Sphærophorou inter Pyrenomycetes, sic Cor-
dierites Stereocaulon , extrà notas de fructificatione depromp-
tas, fingit. Quod autem ad fructum attinet, Lemalis est stromate
carbonaceo ramoso instructa.
Genus cl. Cordier, D. M. carissimo Persoonii alumno, qui li-
bellum (1) De Fungis edulibus nocivisque in Galli& nascentibus
(x) Histoire et description des Champignons alimentaires et vénéneux qui croissent sur le
sol de la France, etc, Paris, 1836 ,in-18.
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques: 331
conscripsit , libenter dicatum. Ob genus Cordiera à Gel: Ach.
Richard olim conditum, desinentiæ ££es, jam à Friesio usurpatæ,
adhibendæ necessitate coactus fui.
65. Cordierites guianensis Montag. mss. : peritheciis subter-
minalibus cupularibus, margine involuto, disco flocculoso spo-
ridiis tenuissimis ovali-oblongis nudis pulverulento.
Has. ad ligna putrida in montibus Kau, 5o kilom. à Cayennä distantibus
lecta. — Lepr. Coll. n. 383.
Desc. Habitus Szereocauli vel Lichinæ pygmeæ. Cupulæ autem Cenangit
ct Tympanidis, imo at in variis eorum speciebus extüs cinereo-pruinosæ.
Stroma omnind Pyrenomycetum carbonaceum, fragile , pulvere griseo ad speciem
conspersum , è basi simplici ligno afhxà ramosissimum. Tota planta semipollicaris.
Discus ceraceus, floccosus vero, sporidiis nudis numerosissimis pulverulentus.
Asci nulli reperti.
Pr, XIX, Fig. 11. Cordierites gutanensis Montag, , vu de grandeur naturelle. r. Rameau
terminal , un peu grossi et chargé de deux cupules. ‘5. Section verticale de l’une de ces cupules,
pour montrer l’enroulement du bord, encore un peu plus grossie, £ Sporidies vues à
380 diamètres.
* Rhizomorpha corynecarpos Kze. in Weig. Surin. exsic. —
Lepr. Coll. n° 688.
GASTEROMYCETES Fr,
* Nidularia plicata Fr. — Lepr. Coll. n° 42r.
66. Scleroderma sinnamariense Montag. mss. : parvulum, ses-
sile, globosum, peridio coriaceo subflaccido tenui extüs intüsque
amoœnè luteo, floccis pallidis, sporidiis minutis, subilente pur-
purascentibus echinatis limbo celluloso pellucido cinctis.
Has. ad ligua dejecta et putrida in sylvis Sinnamariensibus lectum. — Lepr.
Coll. n. 386.
Dssc. Peridium sessile aut fibris radicis inter se connatis substipitatum,
globosum, Pisum vel cariopsidem Zeæ magnitudine vix superans, colore
amænè luteo (jaune serin) è longinquo oculos alliciens et hilarans, verrucis
minutis bruneis hirtum. Pulpa sicca in fungo adulto (vivum autem videre non
mihi contigit) ardosiacea, & floccis contextis , cellulosis, albidis, demüm laxis , et
sporidiis ad speciem nigrescentibus , constat, Hæc Sporidia minuscula, floccis
332 G. MONTAGNE, —- Plantes cellulaires exotiques.
sessilia, sub microscopio composito purpurascentia apparent, et, ut ut; more
congenerum, echinata sint, tamen ab eisdem, tm exiguitate insigni, tim limbo;
quo circumdata sunt, in his deficiente, differunt. Cum omnes evolutionis gradus
me lateant, grave mihi quidem mycetologis historiam hujusce speciei tradcre
completam nequire. Attamen, ob notas suprà allatas, non possum eam ab
omnibus hucusque descriptis vel mihi cognitis diversam non censere.
PI. XIX. Fig, 12. Scleroderma sinnamariense Montag., vu de grandeur naturelle, w. Le
même , coupé verticalement, pour montrer les veinules intérieures. v. Le même, plus jeune
et fentier, vu aussi de grandeur naturelle. +, x. Deux spores ; chargées d’aspérités , grossies
380 fois.
67. Antennaria tropica Montag. mss. : thallo amplo crasso
compacto petiolos foliorum, ramulos truncosque arborum latè
investiente, floccis moniliformibus, articulis sphærico-suboblon-
gis fusco-nigris, peridiis? crassis è globoso-elongatis.
Has. Arbores varias dejectas tomento nigro denso compactoque obducit in
sylvis propè Cayennam.— Lepr. Coll. n. 687.
Os. Ab Antennarié ericophilä quam habitu coloreque refert,
floccis differt dimidio gracilioribus , articulis magis elongatis,
peridiis tandem majoribus globosis simul et elongatis in eodem
cæspite. Numnam omnes hujusce generis species parüum ab in-
vicem vel uullà ratione diversas nimis temerarium foret asserere?
Ut ut hœc sunt, dubius et hæsitans distinguo. Peridium , quod
ad maturitatem in nostrà nondum perductum est, nihil nisi ar-
ticulum flocci mutatum videtur.
* Arcyria punicea var. Pers. — Lepr. Coll. n. 244.
* Oidium aureum Link. — Lepr. Col. n. 545.
Heparicæ Juss.
* Plagiochila disticha ? Lehm. et Lind. (sub Jungermannid).
— Lepr. Coll. n. 263.
Ors. Utrüm ad LP. disticham nostra specimina sterilia refe-
renda sint, an potius ad P. patulam ambigitur.
* Plagiochila Montagnei N. ab E.—Jungermannia Martiana
Montag. Enumér. n. 41, Ann. Sc. nat. Bot. 2° sér. t. nt, p. 195.
non N. ab E.
€. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 333
* Plagiochila cristata Sw. Lind. — Lepr. Co/Z. n. 26x et 280.
* Plagiochila adiantoides N. ab E. — Montag. Enumer. 1. c.
n, 42, sub Jungermannid.
* Herpetium stoloniferum var. bidens N. ab E. in fitt. — Jun-
germannia tridens ? Montag. (non Nees). Enumér. n. 40.
Var. zrregulare N. et M. mss. : foliis inferioribus irregulariter
2-3 denticulatis passim et integris, superiorum dentibus exili-
bus. — Lep. Coll. n. 292 (cum perianthio juvenili).
* Radula pallens Sw. —_N.abE. — Montag. Enumer. n. 58.
* Frullania atrata N, ab E. — Lepr. Coll. n. 290,
8 subtilissima N. ab E. in litt.
Hab. ad truncos Bixæ Orellanæ secüs flumen Kau in Guiauâ, Mao 1838,
lecta. — Lepr. Coll. n. 254.
Ogs. Ut varietas subtilissima Trullaniæ dilatatæ N. ab E.
(Æur. Leberm. ) à forma communi recedit, sic et hæc nostra à
typo differt,
* Frullania Tamarisci N. ab E. — Lepr. Coll. n. 260:
* Frullania obscura N. ab E, — Lepr. Coll. n. 265.
* Frullania gibbosa N. ab E. in litt. — Jungermannia obscura
B ejusd. in Mart. FI. Bras. 1 , p. 367. — Lepr. Coll. n. 278.
* Ærullania replicata N. ab E, — Lepr. Coll. n. 267 et 270.
"* Frullania parasitica Hampe in Lehm. ét Lind. Pug. vi. —
Lepr. Coll, n. 272,
* Frullania divergens Tehm:et Lind. var. minor.—Tepr. Coll.
h. »,
68. Frullania {Bryopteris) Leprieurii Nees et Montag. mss. :
caule procumbente irregulariter dichotomo-ramoso , foliis eon-
fertis patulis subverticalibus ovato-subrotundis obtusis integer-
rimis, margine postico à basi ad medium inflexo, plicà iuflatà
acuminatim transeunte, amphigastriis imbricatis subrotundis
integris et integerrimis subretusis, perianthio dichotomiæ im-
posito parvo mucronato ventre bicarinato, dorso unicarinulato,
capsulæ setà brevissimä.
334 ©. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
Has. in corticibus Crescentiæ Cujetæ ad radices montis Baduel propè
Cayennam, Majo 1837, lecta. — Lepr. ColZ. n. 273 et 277.
Desc. Caulis procumbens, intricatus, pollicem et ultrà longus, dichotomè
ramosus. ARami primariü ramulos emittentes alternos, breves, erectos, incurvius-
culos. Folia arctissimè antrorsum imbricata , subverticalia, siccitate cauli ap-
pressa, madore apice patula , ovato-subrotunda , integerrima , fusco-nigricantia,
inferiora undulata , margine postico inflexo, plicà inflatà acuminatim transeunte.
Plica magnitudine variat ; in foliis inferioribus autem vix ad folii medium , in
superioribus vero ferè ad apicem producitur. Retis areolæ hexagonæ , cellulis
intercalaribus nullis. Æmphigastria sebrotunda, integra, apice subretusa et
rarissimè dentato-repanda. Fructificationes in dichotomià caulis. Folia involu-
cralia ampla, mæqualiter bifida, lacinià majore obtusiusculä, mincre acutà. 4m-
phigastrium caulinis duplo majus, oblongum, integerrimum , medio longitror-
sùm gibbosum. Perianthium involucro vix longiüs, in dichotomià , utità dicam,
sepultum, parvulum, ventre bicarinatum carinis prostantibus, dorso uni-
carimulatum , apice mucronatum, demüm quinquefidum , lacinulis acumina -
tis. Caiyptra obovata, perianthio multo brevior, stylo mucronata recurvo,
sub apice rupta. Seta brevissima. Capsula globosa, albida, vix exserta , demim
ad medium vel parüm infra medium divisa, quadrifida , lacimiis obtusiuscu-
hs apice patulo-recurvis. Ælateres tubulosi, apice basique truncati, unispiri,
fibrâ luteolà tubo hyalino vel utriculo contiguà, apicibus laciniorum adfixi,
persistentes,
Ors. Habitu accedit Ptychantho retuso , sed perianthium
potius Frullaniæ. Species anomala.
Pr, XX. Fig. 1. a, Frullania Leprieurii N. et M., vue de grandeur naturelle, 8. Sommet
d’un rameau, vu en dessous. c. portion de la tige moyenne , également vue par sa face infé-
rieure , montrant en c'c’ des feuilles un peu ondulées, et en c/” un amphigastre. d. Périanthe
jeune , isolé. e. Périanthe , d'où sort la capsule f, à quatre faces. Au sommet de chaque valve,
on voit des élatères. Le périanthe est accompagné d’une feuille involucrale g , laquelle est isolée
en X. à, Amphigastre involucral. Toutes ces figures, la première a exceptée , sont grossies
14 fois.
* Frullania (Bryopteris ) filcina N. ab E.( Eur. Leberm. ). —
Lepr. Coll. n. 258, cui etiam præcedens admixta est.
* Phragmicoma squamata N. ab E. (Eur. Leberm.). — Lepr.
Coll. n. 283.
* Phragmicoma granulata N. ab E. |. c. —Montag. Enumér.
FOR 07
* Lejeunia Leprieurii Montag. Enumér. 1. c. n. 36.t. 4, f. 2.
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 335
“ Lejeunia hyalino-marginata N ab E. in litt. — Lepr. Col.
n. 655, aliisque foliicolis admixta.
* Lejeunia contigua N. ab E.—Lepr. Co/. n. 15, 268 et 204.
Exemplaria capsuligera.
Lepr. Coll. n.658.
* Lejeunia sordida N. ab E. — Montag. Ænuinér. |. c. n. 34.
* Lejeunia thymifolia N. ab E. — Montag. Enumér. n. 35.
. grandistipula Nees et Montag. mss. parva, valdè ramosa ,
foliis subimbricatis lobulo magno cucullato truncato aut uni-
dentato , amphigastriis folio duplo minoribus utrinquè uni-
angulatis.
* Lejeunia elliptica Yehm. et Jind.
69. Lejeunia guianensis Nees et Montag. mss. : caule procum-
bente repente vagè ramoso ramisque curvatis, foliis semi-
verticalibus imbricatis ovato-subrotundis obtusis apiceve sub-
repandis decurvis integerrimis basi subtus cucullato-complicatis,
lobulo inflato truncato, amphigastriis folio multo minoribus
distantibus ovali-subrotundis integerrimis angusté bifidis , laci-
niis rectis, acutis; fructu.....
Has. ad cortices arborum in sylvis humidis montis vulgo Serpent dicti,
Aprili 1838 lecta. — Lepr. Col. n. 281 et 291.
Ors. Cæspites efformat latos ex olivaceo-fusco nigrescentes
compactos crassosque. ami apice aliquando gracilescunt. Folia
inferiora densè, superiora laxius imbricata. Fructus deest. Species
affinis Z. surinamensi 1. et L. flavæ , thymifoliæ , etiam con-
formi et lineatæ.
70. Lejeunia ceratantha Nees et Montag. mss.: caule arctè
repente irregulariter ramoso , foliis dense imbricatis planis
subrotundo -ovatis basi subtus non complicatis!, inferioribus
obtusis, superioribus apice bi-tridenticulatis, involucralibus
lobulatis, amphigastriis folio triplo minoribus subimbricatis
orbiculatis acutè bifidis, laciniis acutis , perianthiis lateralibus
turbinatis 4-5-cornibus , superficie lævi.
Has. ad cortices in sylvis humidis circà Cayennam , Septembri 1837, lecta.
— jepr. Coll. n. 272,
336 G. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
Desc, Repens, cæspitoso-congesta, rufa. Caulis irregulariter ramosus, 6-9
lin. longus, dorso convexus. ami subfastigiati ramulos hinc indè gerentes
brevissimos (an organa mascula?) foliis parvulis suborbiculanibus cucullatis
onustos. Folia caulina rameaque laxè imbricata , apice integra aut denticulato-
repanda , subtüs non aut vix complicata, cauli decurrentia. Æmphigastria ov-
bicularia vel obovata, subimbricata, apice acutè obtusève bifida , lacinis brevibus
ut plurimüm acutis, sed et obtusiuscuhs. Fructificationes in ramulis brevibus
lateralibus terminales. Folia involucralia bina, ovato-acuminata , subdenticulata ,
subtüs in lobulum oblengum obtusum complicata. Æmphigastrium majuseulum,
cæterüm amphigastriiscaulinis conforme. Perianthium turbinato-subpyriforme ,
læyve, apice quadri-raro quinquecorne , cornubus erecto-patulis. Lejeuniæ
cornutæ Land. aflinis.
Pr, XX. Fig. 2, k. Portion du milieu de la tige du Lejeunia ceratantha N, et M. , vüe en
dessous, pour montrer un amphigastre £' et les feuilles caulinaires 4/!, £!!, De la partie laté—
rale de cette tige, part un court rameau qui porte à son extrémité un périanthe /, autour du-
quel on n’a laissé qu’une feuille involucrale m, La même feuille isolée en z. o. Amphigastre
involucral isolé. Ces figures sont grossies , la première , 25 ; les deux autres, 30 fois.
71. Lejeunia rigidula N. ab E. in litt. ® : caule procumbente
repente vagè subpinnatimque ramoso, foliis subsemiverticalibus
imbricatis,applanatis, subrotandis, obtusis,integerrimis, basi sub-
tus sinuato-complicatis, lobulo inflato emarginato-unidentato,
amphigastriis folio triplo quadruplove minoribus distantibus
subrotundis, integerrimis bifidis, sinu obtuso, laciniis subobtusis
rectis; fructu...….
Has. ad cortices arborum montis Serpent , Aprili 1838, lecta. -— Lepr. Coll.
n. 2b7 ét 287.
Os. Affinis Z. L. ouianensi N. et M. suprà memoratæ et szrt-
namensi L. et E.
72. Lejeunia involvens Nees et Montag. mss.: caule. inordi-
natè ramoso repente rigidulo brevi, foliis imbricatis , ovatis,
obtusis, integerrimis apiceve subdenticulatis , basi subtuüs com-
plicatis, lobulo parvo truncato plano, inferioribus margine antico
et apice, superioribus apice solo decurvis, amphigastriis folio
triplo minoribus imbricatis deltoideo-suboyatis integerrimis an-
gustè bifidis , laciniis ovatis obtusis ; fructu....…
Has. adicortices arborum in sylvis paludosis radices montis Serpent circum-
stantibus, Aprili 1838 , lecta. — Lepr, Coll. n. 256 , 287 et 659. :
C. MONTAGNE. —— l’/antes cellulaires exotiques. 337
PI. XX. Fig. 4. Extrémité d’un rameau dn £ejeunia involvens N. et M., vue en dessous pour
montrer le lobule des feuilles et les amphigastres , ainsi que la manière dont celles-là se tiennent
recourbées, même à l’état d'humidité, Cette figure est grossie environ 15 fois,
73. Lejeunia clausa Nees et Montag. mss.: caule procum-
bente repente vagè ramoso, foliis semiverticalibus imbricatis
orbiculatis obtusis integerrimis subtus basi cucullato-complica-
tis, lobulo unidentato, amphigastriis orbiculatis bifidis, rimä
angustissimà laciniis contiguis clausà ; fructu.... Accedit Z. pte-
rigoniæ L.. et I.
Has. in iisdem locis eodemque tempore cum priore lecta.— Lepr. Co/Z.
n. 276.
PL. XX. Fig. 3. Extrémité d’un rameau du Lejeunia clause N. et M. , vue en dessous, pour
montrer le lobule des feuilles et les amphigastres, Cette figure est grossie environ 20 fois.
* Diplolæna sinuata N. ab E.— Lepr. Coll. n. 275.
* Aneura palmata Dumort.— Lepr. Coll. n. 274.
* Aneura pinnatifida N. ab E. « 2. contexta. — Lepr. Coll.
n. 262. An species propria ?
? Metzgeria furcata $ communis N. ab E.—Lepr. Coll. n. 259.
Muscr Lin.
* Hypnum Richardi Brid. Schwægr. — Lepr. Co/i. n. 339
et 340.
* Hypnum elesantuluin Hook. — Lepr. Coll. n. 337 et 338.
si Hypnum Chamissonis Hornsch.— Montag. Enumér. 1. c.
n. 26 (à typographo arithmetica prætermissa est nota).
* Hypnum tetragonum Swartz.— Lepr. Coll. n. 663.
* Hypnum gratum P.B. —Montag. Enumér. |. c. n. 28.
* Hypnum patulum Swartz ( VNeckera Schwægr.). — Lepr.
Coll. n. 345.
* Æypnum subsimplex Hedw. -— Lepr. Co//. n. 305.
Hypnum leptochæton Schwægr. -- Lepr. CoZZ. cum privre.
* Hypnum cirrluiferum Spreng.—Montag. Enurmér. |. ç. n. 30.
* Leskia microrarpa Brid. — Montag. Enumér. |. c. n. 25.
XLV. Boran.— Décembre, 22
338 GC. MONTAGNE, — Plantes cellulaires exotiques.
* Leskia cœæspitosa Hedw.— Montag. Enumér. 1. c. n. 24.
* Leskia pungens Swartz.— Lepr. Coll. n. 304.
* Neckera polytrichoides Schwægr.—Lepr. Coll. n.3o1 et 324.
Neckera bipinnata Schwægr. — Lepr. Coll. n. 326.
Neckera scabriseta Schwægr. — Lepr. Coll, n. 303.
* Neckera undulata Hedw. — Lepr. Co! n. 312.
Neckera retusa Hedw.— Lepr. Co/l. n. 312, 324 et 666.
Neckera vulpina Montag. Enumér. |. ce. n.17.t.4,f. 1.
#+
+
74. Neckera imbricata Schwægr. Suppl. 11, 1, p. 42, t. 165;
Hornsch. in FI. Bras. Fasc. 1, p. 55, ubi synon. omnia.
Has. ad ramulos in sylvis umbrosis Guianæ, — Lepr. Coll. n. 325.
Var. brachypoda Montag. mss. : sureulo repente, caule pro-
cumbente pinnato; foliis oblongo-ovatis, concavis, sub apicem
utrinquè plicà inflexà acuminatis, acumine patulo, quinquefariàm
subspiraliter imbricatis, integerrimis enerviis; perichætialibus
exterioribus minoribus latè ovatis longèque acuminatis interio-
ribus plüs duplo majoribus lanceolatis; capsulà in ramis latéra-
li, perichætio immersà, ovato-oblongà truncatà , opereulo lon-
gitudine capsulæ conico-subacuminato, calyptrà conicà _ basi
modo hinc breviter fissà.
Oss. Veckeræ imbricatæ à Schwægrichenio depictæ habitu
foliorumque formâ tàm similis ut, except notà in MVeckeris
plûs minüsve varià à longitudine scilicet pedunculi, in nostrà vix
millimetrum metientis, depromptà , ab eâdem nescio quo modo
distinguerem. [nsuper specimina paucissima, etsi fructifera , à
cl. Leprieur relata sunt; undè utrüm rever ad hancce refe-
renda, an pro specie proprià habenda sint, non satis adhüc
mihi constat.
75. Neckera filicina Hedw.: trunco erecto, bifariàm rami-
ficato , ramis approximatis exque foliorum ovato-acutorum con-
cavorum imbricatione varià quasi compressis , thecis in trunco
ramisque alaribus, operculo ruguloso. Hedw. Musci Frondosi,
nr, pe 4b,t. 18.
CL MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 3539
Pilotrichum filicinum Brid. : caule repente divisionihus erec-
ts pinnato-ramosis, ramulis approximatis tereti-compressiuscu-
lis ; foliis imbricatis ovato-acuminatis concavis patulis, nérvo
continuo ; thecæ ovatx immersæ opercalo acuminato conico
brevi. Brid. Bryo/. univ. tt, p. 257.
Var. Zongipes Montag. mss. : capsulà exsertà pedunculo triplô
quaidruplove longiore suffultà. |
Has. ad ramulos dumetorum in sylvis humidis Guianæ, Septembri 1837,
lecta. — Lepr. Coli. n. 323.
Desc. Caulis repens, radiciformis, surshm emittens divisiones erectas subsim=
plices vel raro bi-trifidas ramosas. Rami piunati, approximati, interdum ramulosi.
Frolia densè subquinquefariäm imbricata, sujrema gemmato-congesta, ovato-
acutminata, concaya, acumine plano, crecto-patentia, nervo ad apicem usque
producto instructa. Perichætialia exteriora breyia caulinis subconformia, intima
duplo longiora, in acumen longum filiforme desinentia. Vaginula cylindrica,
pistillis abortivis anusta paraphysibusque longissimis articulatis, articulis brevibus
æqualibus. Pedunculis in caule ramisque lateralis, erectus, lævis, 4 lin. longus.
Capsula ercèta, ovato-oblonga, badia. Peristomii exterioris dentes exigui, erecto-
incürviusculi, tenuissimè trabeculati, sulco medio exarati x interioris cilia totidem
albida, tenera,, pluribus subindè simul concreta, hinc ad speciem perforata.
Oss. Voici une nouvelle preuve à l’appui de mon assertion,
que dans le genre Veckera , la longueur da pédoncale ne peut
à elle seule constituer une différence spécifique. La Mousse dont
il est ici question ressemble , en effet, de tout point à celle dont
Hedwig nous a donné une très bonne figure dans l'ouvrage cité.
La seuleet unique différence que j'y puisse remarquer consiste
dans la Far sh triple où quadruple du pédoncule qui sup:
porte l’urne. Or, si lon veut fonder des espèces sur un caractère
si inconstant ; au moins dans ce genre, je demande où lon
s'arrêtera et quelles limites certaines on pourra poser? Bridel
néglige de mentionner un caractère pris des feuilles ,qu'Hedwig,
au contraire, fait avec raison ressortir : c'est que la EE
acuminée de.la feuille, qui succède à la PorNeR concave, est
plane et non er EE Cela est si frappant, qu'en comparant
mes esquisses, faites à la chambre claire d’Amici avec la planche
citée des Husci frondosi, je w’ai pu me refuser à y reconnaître
une identité parfaite, Tous les autres caractères de ma Mousse
22e
340 GC. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
guianaise sont d’ailleurs tellement semblables à ceux de la
Mousse d'Hedwig que, sur la simple anomalie de la longueur
du pédoncule, je n’ai pas cru devoir établir entre elles une dis-
tinction spécifique. J’ajouterai encore que les feuilles périché-
tiales intérieures ne sont pas filiformes , ainsi que le dit Bridel,
mais sont semblables aux autres dans leur moitié inférieure et
terminées par une pointe ou acumen filiforme , qui leur donne
une longueur double.
* Hookeria depressa Hook. et Grev. — Montag. Enumér. L. c.
n. 22.
* Hookeria scabriseta Hook. Schwægr. !—Lepr. Coll. n. 311.
Ors. Specimina nimis juniora quam ut ritè determinari pos-
sint. Bina aut terna vero ætate provectiora capsulam quidem
“aturam, sed deoperculatam gerunt.
* Pterigynandrum intricatum Brid. — Lepr. Coll. n. 283.
* Pterigynandrum pulchellum Brid. — Lepr, Coll. n. 313.
* Drepanophyllum fulvum Rich. .—Lepr. Coll. n. 660.—
Montag. Enumér. 1. c. n. 1.
* Phyllogonium fulgens Brid.—Montag. Enumér. 1. c. n. 16.
* Fissidens prionodes Montag. Enumér. 1. c.n.1a,t.3, £. x.
76. d'issidens guianensis Montag. mss.: caule simplicissimo
declinato , foliis suboctojugis distichis laxis vel contiguis lingui-
formibus obtuse subacuminulatis subtilissime toto ambitu den-
ticulatis, madore siccitateque incurvo-secundis crispulis, capsulà
terminali oblongà subinæquali ob flexuram pedunculi tantillùm
inclinatà , operculo conoideo-acuminato recto.
Has. ad corticem arborum in summo monte Matouri insulæ Cayennæ lectus.
-Lepr. Coll. n. 315.
Dssc. Caulis simplex, parvulus, suberectus, arcuatus, 3 millim. ad sammum
longus , basi radicellis ligno adhærens. Folia alterna, laxa aut contigua, raris-
simè vel suprema subimbricata, distichè patentia, 6-8 juga, infima minima
subsquamiformia , indè sensim majora, madore ac siccitate sic incurvo-secunda
ut tota frons subtüs canaliculata videatur , humiditate quidem remotà præ-
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 3h
tereà crispula, oblongo-linguiformia, apice acuminulato obtusa nec ullo modo
mucrouata , margine infero basin versüs in saule non confluentia, scd limbo
suo rotundato ab eo distantia , ad dimidium duplicato-fissa, subtilissimè denti-
culata, nervo continuo diaphano percursa, tenuissimè subquadrato-arcolata ,
amoœnè fviridia. Perichætiale unicum, minusculum, obtusissimum, Easi vagi-
nulam oblongam nudam duplicaturà suà margine flexuosà amplectens. Pedun-
culus terminalis, ë basi depressà ascendenti-curvatus, caule vix longior, croceus.
Capsula oblonga, erecta, subinæqualis, sub ore rubro constricta, & viridi
subfusca. Peristomii dentes 16 purpurei, densè trabeculati, profundè fissi,
sulco longitudinali exarati, cruribus æqualibus pallidis ob cellulas utrinque
exstantes denticulatis. Operculum convexo-conicum, acuminatum, rectum,
capsulà paulo brevius , pedunculo concolor. Calyptra angusta apice stylo acumi-
nata, latere fissa , straminesa.
Oss. Je ne puis, en conscience , rapporter cette jolie petite
Mousse à aucune des espèces à moi connues. Elle a des caractères
qui la rapprochent de quatre ou cinq de ses congénères ; mais,
considérée dans son ensemble, elle en est pourtant, à mon avis,
fort différente. Peut-être la Mousse que Bridel a publiée sous le
nom de Fissidens crispulus , dans son Mantissa Muscorum,
p. 187, et que plus tard, faute d’avoir vu sa fructification., il
réunit comme variété au #. tamarindifolius, n’est-elle qu’une
forme de notre espèce guianaise? Mais l'habitat reste toujours
différent. N'ayant, au reste, pas vu la plante de Bourbon, je
m'abstiens de prononcer et me contente d'exprimer mon doute.
Gomparée aux espèces pygmées à tige simple, soit européennes ,
soit exotiques , notre Mousse a des affinités avec les F. F. exilis,
tamarindifolius et bryoides. Elle diffère pourtant, ce me semble,
de la première par la longueur de la tige, par le nombre de ses
paires de feuilles, par la forme de celles-ci, et enfin par son
opercule droit; de la seconde , par ses feuilles, qui ne sont ni
ovales, ni mucronées, et par sa capsule oblongue et dressée; de
la dernière, par la forme des feuilles, non marginées d’ailleurs
et très obtuses ; et par son opercule à bec droit ; de toutes trois,
enfin, par la laxité de ses feuilles , qui se touchent à peine et ne
sont légèrement imbriquées qu'au sommet de la tige , par les
fines dentelures, dont tout leur pourtour est armé, par la forme
des aréoles de leur réseau, par celle de la feuille périchétiale,
par la brièveté relative du pédoncule et par l’habitat sur des
342 cc. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
écorces. Quant aux deux petites espèces à feuilles denticulées,
le F. denticulatus Bruch, ined. originaire du Brésil, et Fprio-
nodes Montag. trouvé par M. Léprieur dans la Guiane centrale,
notre 7. guianensis se distingue encore de l’un et de l’autre ;
non-seulement parce que ses feuilles sont obtuses et sa station
différente; mais il s'éloigne encore du premier par sa stature deux
ou trois fois plus haute, par sa capsule plus longue du double
et par son opercule à bec droit ; et du second tout à‘la-fois par
ce dernier caractère, et par la forme des dents de son péristome
et celle de sa coiffe. Le F. denticulatus Bruch a le port des
F. exilis et palmatus , tandis que le F guianensis a plutôt celui
des F. tamarindifolius et bryoides.
Les feuilles de l'espèce que je viens de. décrire un: peu:lon-
guement pour la bien faire distinguer de ses voisines, offrent un
caractère que je ne dois pas passer sous silence , lequel consiste
en ce que le parenchyme du limbe de leur bord inférieur s’ar-
rête, en s’arrondissant, à quelque distance de la tige sans confluer
avec elle, comme dans la plupart des {espèces. Il se comporte
donc à l’égard de la tige à-peu-près comme les lamelles de cer-
tains Agarics, relativement au stipe,et qu'on dit pour cette
raison: Lamellæ liberæ rotundatæ. Notre Mousse a encore
quelques rapports avec le #: flabellatus Hornsch. (57 Mart. et
Endl. #2. Bras. Fasc. 1, p.91 ,t.2, f. 2); mais la conformation
de ses feuilles et sa station si différentes me semblent des carac-
tères propres à les faire facilement distinguer.
* Fissidens Hornschuchi. Montag. Fissidens serrulatus
Hornsch. in Mart. et Endl. F/ Bras. 184o, f°. Fasc. 1.p. 9t, ee
f. 3. non Bridel. 1
F. surculo brevissimè ascendente innovante; foliis 4:jngis al-
ternis erecto-patentibus apicem versus surculi longioribus,
ovato-lanceolatis mucronulatis ensifermibns subtilissime den-
ticulatis evanidinervibus , sporangio suberecto, oblongo-cylhn-
drico erecto, operculo conico-rostellato Jongitudine. urnam,
subæquante. Hornsch. I. c.
Has. ad tervam in montibus Kau, Majo 3838, lecta. — Lepr. Co! n. 300
ex parte.
G. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 343
Oës. Il paraît que, dans la détermination de cette espèce, le
savant historien des Mousses brésiliennes n’a guère tenu compte
que des dentelures des feuilles, car tous les autres caractères
mentionnés, soit dans la diagnose, soit dans la description, sont
plus ou moins étrangers à l'espèce de Ténériffe publiée par Bri-
del. Les échantillons complets de cette dernière, retrouvés par
M: Webb dans la même ile où, trente ans avant lui, M. Bory
en avait recueilli de stériles qu’il avait communiqués à l’auteur
de la Bryologia universa, ne laissent guère douter de lidentité
des deux Mousses canariennes. J'en ai donné une description et
une figure dans l'Histoire naturelle des Canaries (Phytogr. PL.
cell. p. 22,t.2,f. 1). Pour juger que l'espèce du Brésil dont je
me permets de changer le nom, en diffère de la manière la plus
tranchée, il suffirait de jeter les yeux en même temps sur les
deux figures analytiques que, M. Hornschuch et moi, nous en
avons données, Le moyen que je considère comme le plus facile
de mettre en saillie les différerices qui séparent ces deux Mousses,
c'est de placer en regard leurs principaux caractères.
#. Hornschuchuii Nob. Æ. serru-
ORGANA. Fissidens serrulatus Brid. et Nob.
latus Hornsch.
CRE ie sesquipollicaris, longior, tres 4-lin. longus, vix lineam la-
| | lineas cum folns latus, ma- tus, humiditate planus.
dore siccitatequeimcurvo-
concavus.
Foria . . . . . . subyigintiquinquejuga, la- novemjuga, lato-lanceolata,
tè linguiformia, apice ob- acuta, toto ambitu subt-
tusiusculo grossè serrula- lissimé denticulata.
ta, cæterüm integra. Hæc
Bridelius.
PisticzA . . . . . quamplurima, unico fecun-
| | do. $ unicum.
Vacinüka. : . . . cylindrica. ovata.
Pepuncuzus., . . . sex lineas longus. 1-2 lineas metiens.
Carsuza. . . . . . nunquam obpyriformis. tandem obpyriformis.
Perisromir DENTES. . æqualiter bifidi, erecti, ru- inæqualiter bifidi ferruginei,
bri, cruribus horizoniali- (ex icone) reflexi, cruri-
bus. bus erectis.
OrErcuLuM. ; “. . . in utràque vix digersum.
GazYrTRA. . . . . stylo longiore coronata. stylo brevissimo insignis.
344 c. MonraGNe. — Plantes cellulaires exotiques.
J'ai comparé le Æissidens serrulatus Brid. au F. adian-
loides près duquel le plaçait Bridel , qui n’en connaissait pas la
fructification. Mais depuis que j'ai reçu de M. Asa Gray des
échantillons authentiques du F. asplenioides, je trouve que son
port ressemble davantage à celui de cette dernière espèce. Il en
diffère pourtant par les dentelures inégales du sommet de ses
feuilles, lesquelles sont parfaitement entières dans la Mousse
d'Amérique. Celle-ci est dioïque. Les organes mâles , situés sur
des pieds différens , occupent l’aisselle des feuilles supérieures.
Les Anthères (/ntheridia) en massue, brunes, au nombre de
douze à quinze , accompagnées de paraphyses dont les articles
vont en diminuant de longueur de la base au sommet, sont en-
veloppées d’une feuille périgoniale très courte , réduite à la por-
tion équitante, terminée par un long mucro. Je n’ai pas voulu
laisser échapper l’occasion de faire connaître ces organes que je
n’ai vus décrits nulle part.
Encore une observation. Le travail de M. Hornschuch porte
le millésime de 1840, mais, de deux choses l'une, ou ce bryo-
logiste a entendu ne tenir aucun compte, même pour mémoire,
des Mousses brésiliennes publiées depuis plusieurs années dans
les recueils scientifiques les plus répandus, ou, ce qui nous pa-
raît plus probable, la rédaction de cet ouvrage, digne au reste
de la célébrité de l’auteur, remonte à une époque bien anté-
rieure.
77. Fissidens leptophyllus Montag. mss. : caule procumbente
simplici aut innovanti-ramoso , ramis fastigiatis, omnibus fertili-
bus, foliis subvigintijugis distichis alternis scalpelliformibus ob-
tusis tenuissimè membranaceis pellucidis denticulatis, nervo
subevanido, areolis pentagonis, capsulà erectà oblongä sub-
apophysatà, operculo à basi convexà breviter curvirostro.
Haz. ad terram nudam in sylvis humidis montosis Kau , Majo lecta. — Lepr.
Coll. n. 285.
Dssc. Caulis procumbens, 3-6 lin. longus, lineam latus , simplex aut innova-
tionibus axillaribus ramosus, ad basin usquè foliosus , luteo-rufus. Rami vel
breves subsecundi , vel elongati et tüm fastigiati, omnes apice pedunculifert.
Folie subrigintijuga | alterna, disticha , erecto-pateutia, ultrà mediam dupli-
G. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 345
cato-fissa, oblonga , basi angustata , apice obtusè acuminata , tenerrima , sub acri
lentè subtilissimè denticulata , nervo pellucido ante apicem evanido percursa ,
luteo-viridia. Reis areolæ majusculæ pentagonæ , angulis rotundatis. Perichæ-
tialia caulina suprema. Pedunculus termialis, erectus , solitarius , lineam ad
summum assequens, Juteolus, tandem fuscus. Capsula æqualis, oblongo-
urceolata , basi sæpiùs, inprinis si madefacta, apophysi parvulà vel pedunculi
ampliatione instructa , evacuata sub ore constricta, & viridi lutea, tandem fusca.
Peristomit dentes sedecim bifidi, cruribus inæqualibus filiformibus, trabe-
culati, basi liueâ longitudinali exarati, vividè purpurei, apice pallidi , siccitate
recurvo-erecti, madore incurvi. Operculum & basi convexà acuminato-rostra-
tum , rostro recto aut vix curvato, capsulà dimidio brevius et ei concolor, rostro
vero dilutiore. Flos masculus non inventus.
Oss. Species FF. asplenioidi et radicanti proxima, quæ autem
ab illà non foliis denticulatis tantüm, sed etiam rectitudine cap-
sulæ longitudineque pedunculi quo utitur diversissimà , notam
ut taceam de areolatione folii depromptam ; ab häc vero, quam
ratione ramificationis formaque foliorum valdè refert, habita-
tione terrestri, non arbore, innovationibus hypogynæis , bre-
vitate et reti perquàm diverso foliorum, peristomii tandem
dentibus aliter conformatis satis superque differre mihi videtur.
Exemplaria hujusce musci simplicia primo quidem aspectu si-
millima sunt Féssidenti eleganti Brid. cujus specimina authentica
à cl. de la Pylaie habui communicata, sed hoc inter se diffe-
runt, quod in nostrà folia sunt obtusa laxiusque imbricata,
quæ in häc semper acuta, nec, ut falsd Bridelius asserit, obtusa.
78. Fissidens radicans Montag. mss. : caule repente, innova-
tionibus hypogynæis ramosissimo, foliis multijugis distichis
subimbricatis (caducis) oblongis apice obtusissimè brevissime-
que acuminatis, nervo albo evanido, subtilissimè toto ambitu
denticulatis, pedunculis terminalibus ascendentibus brevibus,
capsulà erectiusculà cylindricà, operculo è basi depresso-con-
vexà recte rostrato.
Has. corticibus adrepit, non autem ad imum arborum vivarum truncum, at
vero sic excelsè positus, ut ne manu quidem decerpi possit, — Lepr. CoZ.
n. 306 et 310.
Desc. Caulis parvulus, sex lineas longus, innovanti-ramosus, et ad quamque
inuovationen subtüs radiculas emittens , quibus cortici serpit. Rami inordinaté
346 a. monTaGnEe. — Plantes cellulaires exotiques.
subdichotomi , in duplicaturà folii perichætialis sub ipso germine enati, iterùm
pluriès ramoso-proliferi. Folia in caule et innovationibus disticha, 10-14juga
numerosioraque , contigua imo et imbricata, brevia , oblonga , sub apice breviter
acuminato obtusissima, subrotundata, nervo albo antè apicem evanido percursa,
toto ambitu subtilissime denticulata , ad medium duplicato-fissa , amplexicaulia,
tenuissimè circulari-arcolata, luteo-viridia, tactu vel levissimo decidua , siccitate
decurva crispabilia. Perichætialesupremum caulinis conforme, sed incurviuseu-
lum. Fos masculus ignotus. Flos femineus è pisüllis quinque absqué paraphysibns
constans. Pedunculus e vaginulà oblongâ terminalis, adscendens, solitarius,
tres millimetra metiens, basi purpurascenti-croceus, indè luteolus. Capsuia
elongato-cylindrica , infervè subattenuata ibique interdùm obscurè oncophora,
cæterüm æqualis, sub ore scilicet rubro nullo modo constricta, semper luteo-
viridis, nec ætate fuscescens. Peristomi: dentes sedecim trabeculati , rubri, ad
medium fissi, cruribus brevibus luteis admodüm inæqualibus , aliquando simul
concretis; madore convergentes , siccitate erecti vel è basi reflexà incurviusculi.
Annulus nullus. Operculum è plano-convexà basi longè recièque mucronatum
subfuscum. Calyptra angustissima elongato-conica, basi integra (hinc Conomi-
triss species olim -forsan reducenda) lucidula , apice fusca, cæterùm capsulæ
concolor. Seminula è viridi sordidè lutea, minutula,lævia.
Ogs. En raison de son habitat, nous ne pouvons comparer
cette espèce qu'au Fissidens guianensis. Elle a aussi quelque
ressemblance , tant sous ce rapport, que par son mode de rami-
fication , avec la plupart des espèces de mon genre Cornomitrium.
Comme elles, en effet, elle rampe dans une plus où moins
grande étendue sur les corps qui la supportent. De plus, sa
coiffe, que je n'ai vue qué jeuné, à la vérité, et à une époque où
dans ce genre, comme dans beaucoup d’autres, elle n'est pas
encore fendue latéralement, sa coiffe me semble se rapprocher
quelque peu de celle du Conomitréim jutlianum. Un autre ca-
ractère qui militerait en faveur de sa réunion à ce dernier genre,
c'est la forme des dents de son péristomé, lesquelles ressemblent à
s’y méprendre au dessin que j'ai donné de celles du C. Berteriï (x).
Les feuilles de notre F. radicans sont assez semblables à celle du
F. guianensis, croissant comme lui sur les troncs d'arbres , mais
très différent par sa capsule, son péristome et ses tiges constam-
ment, simples. J'aurais aussi pu trouver quelque affinité entre
(x) Conf, Voyage dans l Amérique méridionale, par Ale, d'Orbigny, Flor. Boliv. PL celli
t, 10, fig. 4e.
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques: 347
cette Mousse et le F: acacioides, recueillie aussi sur les arbres en
Patagonie; mais, ni les descriptions, ni les figures de celui-ci
ne sauraient en aucune manière lui convenir. Notre espèce est
une Mousse liliputienne à côté de celle de Dillen, que l’on dit
atteindre jusqu’à deux pouces de longueur. |
En distinguant ces trois Mousses de leurs congénères ,je:crois
être le fidèle interprète de la nature, qui me semble les avoir
elle-même distinguées par des caractères tranchés et certains,
Que ceux qui estimeront que je me trompe, suivent donc
exemple de Sprengel et confondent toutes ces petites espèces
sous le nom banal de Féssidens bryoides; cela sera plus facile
et surtout bien plus tôt fait.
* Bryum coronatum var. laxifolium Montag. Ermnumér. |. c.
n, 19.
Haz. et circà Cayennam in fssuris murorum.— Lepr. Coll. n. 307.
* Tortula agraria var. acuminata Hook.— Lepr. Coll. n. 305,
309.
* Dicranum albicans Schwægr. — Lepr. Co!!. n. 342.
:.*, Dicranum tenuirostre Kze.! ined.? ex specimigibus ab ipse
mecum communicatis.— Lepr. Coll. n. 286. \
79: Macromitrium Leprieurii Montag. mss. : caule repente,
ramis subsimplicibus erectis. foliis confertim imbricatis lineari-
lanceolatis madore siccitateque strictis acutissimis , nervo conti-
nuo instructis, à basi ad medium uno latere plicatis integerrimis,
capsulà oblorgà subpyriformi lævi, operculo brevi convexo-co-
nico obtuso.
Has. ad truncos arborum circà Cayennam. — Lepr. Coll. n: 834
Dssc. Caulis repens, ramosus , ramis erectis sensim mimoribus, simplicibus
subdivisisque 3-4 lin. longis, comä fastigiatà penicillatis. Fo/iæ undiquè con-
fertim imbricata, erecto-patentia , lineari-lanceolata, pro ratione longa , sub
apice acutissimo attenuata, nervo continuo percursa, plicà umilaterali medio
tenüs notata, integerrima, sursüm ut plurimüm intorta , rufo-fusca, nitidula,
relis areolis parallelogrammis grandiusculis. Perichætialia caulinis similia at
minora , Iævia , nimirum non plicata, lutea. Pedunculus è vagmulà cylindricä
348 c. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
fuscà paraphysibus continuis stipatä, erectus, terminalis, vel ex innovationibus
subapicalibus semuncialibus pseudo-alaris, apice sinistrorsum tortilis, ferrugi-
neus. Capsula oblonga , evacuata oblongo-pyriformis aut ovato-elliptica, lævis,
badia. Peristomium (in meis speciminibus ) nullum. Operculum brevissimum
quartam capsulæ partem longitudine metiens , convexo-conicum obtusum acu-
minato-mamillatum , eidemque concolor. Calyptra à tenerà infautià, ut videtur,
caduca, striata , basi vix lacera, luteo-badia. Habitu AZ. perichætiali simile,
Os. Ab omnibus hujus gregis speciebus inprimis operculi
formä nec non alis notis primaris emuneratis satis superque
differt. Quapropter et hanc propriam esse speciem persuasum
habeo. Etiam respectu physiologico curiosissima et insignis
species. Et mihi quidem eamdem exanimanti duo occurrerunt
folia, quorum alterum è nervo, alterum è limbo suo gemmam
quamdam deorsüm radicellas articulatas mittentem, edebat.
Quævis autemn gemma è foliis constabat plus quàm duodenis,
inferioribus minoribus ovatis apice leviter reflexis, intimis duplo
triplôve majoribus ovato-lanceolatis, et ipsis nervosis, et in
medià aversà folii paginà posita erat. Utrum eas flores masculos,
an mera propacula esse, mihi maximé dubium.
Pc. XX. Fig. 5. p. Macromitrium Leprieuri Montag., de grandeur naturelle, q. Capsule,
unie de son opercule, grossie 12 fois. r. La même, déoperculée, vue , ainsi que l’opercule
isolé s, au même gaossissement. z, Coiffe , tombant de bonne heure, vue ou même grossissement.
u. Feuille caulinaire, grossie 12 fois. +. Coupe de la base de la même feuille, grossie 5o fois.
w. Fenille périchétiale, grossie environ treize fois. x. Bourgeon dont j'ai parlé dans la descrip-
tion , développé sur le milieu du parenchyme de la feuille, dont on voit le réseau x”, et la
nervure æ/!, Cette figure est grossie environ 60 fois, y, Un autre bourgeon , développé sur la
nervure de la feuille ,et muni de ses radicelles rameuses et articulées y’, grossi 50 fois, z, enfin,
montre les séminules ou spores, vues au même grossissement que la dernière figure,
* Macromitriun mucronifolium Schwægr. — Lepr. Coll.
n. 326, 3a7.
* Macromitrium cirrhosum Hedw. — Lepr. Coll. n. 398,
320; 331,333:
* Schlotheimia squarrosa Brid. — Montag. Enumer. l. c.n. 10.
* Schlotheimia rugifolia Schwægr. — Lepr. Co/l. n. 330.
* Schlotheimnia viticulosa ? Raddi. — Lepr. Coll, n. 325.
sterilis.
* Syrrhopodon Leprieuris Montag. Enumér. |. c. n. 6.1.3, f. 5.
— Lepr. Coll. n. 318.
C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 39
* Syrrhopodon? elatus Montag. Enumér. 1. c. n. 7.
* Calymperes androgynum Montag. |. c. n. 5, t. 3,f. 2.—Lepr.
Coll. n. 319 et 320.
* Calymperes Berterii Spreng. — Lepr. Coll. n. 316 pro parte.
* Calymperes lonchophyllum Schwægr. — Lepr. Co!l. n. 519,
et 32.
* Calymperes Afzelii Swartz. — Lepr. Coll. n. 314.
* Octoblepharum albidum Hedw. — Lepr. Coll. n. 297, 208
et 209.
Oss. Cette Mousse varie beaucoup quant à sa taille. J’en pos-
sède des individus très rameux qui ont près de deux pouces de
hauteur. Ils ne diffèrent pas autrement du type. Bridel dit à tort
que les fleurs femelles sont dépourvues de paraphyses. Celles-ci
ne sont pas, à la vérité, fort nombreuses, mais elles existent.
Elles sont très courtes, articulées et de la même longueur que
les pistils avortés. Les feuilies les plus intérieures du périchèse,
dont personne ne parle, ont une longueur et une conformation
différentes de celles de la tige. Bien loin de dépasser la gaine du
pédoneule , elles sont même plus courtes qu’elle , très étroites,
lancéolées et aiguës. La coiffe est fendue latéralement presque
jusqu’au sommet au moment de sa chute.
80. Octoblepharum cylindricum Schimp.in Sched. mss. : caule
brevi decumbente demum erecto ramosiusculo , foliis e basi
dilatatà amplexicaulibus lineari -elongatis apiculatis ; capsulà
erectà cylindricà, operculo conico-acuminato recto Nob.
Octoblepharum albidum var. longisetum Nob. in bryophy-
lacio.
Has. ad truncos deustos secüs ripas fluminis quod Oyapot dicunt, Maio 1835,
lectum, — Lepr. Coll. n. 282.
Ors. Ab O. albido non formà capsalæ tantüm, quæ longior
est et cylindrica, non autem ovata, sed etiam pedunculo elongato
dentibusque peristomii crassioribus aliterque conformatis.
35O C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques.
* Holomitriwm crispulum Hornsch. — Lepr. Coll. n. 322.
Os. Je saisis cette occasion de corriger une erreur, qui s’est
glissée dans mon énumération des plantes cryptogames trou-
vées au Brésil par M. Auguste de Saint-Hilaire. A cette époque
n'avait point encore paru le premier fascicule du Flora brasi-
liensis , et J'avais donné à une espèce de ce genré le nom d’Æo-
lomitrium longifolium , au lieu de’‘celui d’H. Olfersianum, qu’elle
doit recevoir. {Voy. Crypt. Brasil. in Ann. Sc. nat. Bot. 2° ser.
t. IL, p: 91. ,;n, F0.)
* Hydropogon fontinaloides Brid. — Montag. Enumér. |: c.
n, 11.— Lepr. Coll, n. 661. |
* Gymnostomum involutum ook. — Lepr. Coll. n. 284.
Oss. Sequenti diagnosi meliüs réspondent specimina nostra :
caule basi decumbente indè subramoso , foliis -oblongo-lanceo-
latis solidinerviis apice obtusèe acuminato denticulatis, margine
involuto , madore patentibus, siccitate uncinato-incurvis, cap-
sulæ erectæ elongato-cylindricæ, annulatæ, ore subcoarctato,
operculo capsulà triplo breviore conico -subulato. Cæterüum
exemplaribus Hookerianis simillima.
Nores sur l’excitabilité et Le mouvement des feuilles chez les
Oxalis, | |
Par M. Cx. Morren,
Docteur en Sciences et en Médecine, membre de l’Académie de Bruxelles, ete.
(Extrait du tome vi des Bulletins de l'Académie royale de Bruxelles. )
Mon honorable ami, M. Jean de Brignoli de Brannhof, pro-
fesseur de Sciences naturelles à l'Université de Modène , m’écri-
vit, en date du 25 mai 1839, des détails intéressans , que deux
de ses élèves et lui-même avaient observés, en 1838, relative-
CH. MORREN. — Sur l’excitabilité des Oxalis. 351
ment à l’excitabilité et au mouvement spontané des feuilles de
l'Oxalis stricta, une de nos plantes indigènes. Les espèces,
sensibles comme on le disait jadis, irritables comme on parlait
naguère, excitables comme on l’a reconnu aujourd'hui, qui
appartiennent à notre flore nationale, sont trop rares pour qu'on
ne se hâte pas de vérifier un fait aussi remarquable, et de le
consignér dans les archives de la science. C’est ce qui m’a engagé
à faire quelques observations nouvelles:, qui sont venues con-
firmer en tous points les vues de M. de Brignoli.
Les circonstances de la première observation qui'a été faite
du mouvement des feuilles de l'Oxalis stricta ne sont pas même
à négliger, parce qu’elles donnent à-la-fois et la cause pour la-
quelle on a si long-temps ignoré ce phénomène, et le moyen le
plus simple de le provoquer. Je transcris donc le passage de la
lettre en question de mon savant collègue.
« Je vous communique une observation qui a été faite par
hasard, l'été dernier, par deux de mes élèves,et que je crois
toute nouvelle. Ils se promenaient un jour dans le jardin public;
lun d’eux avait une petite canne et se plaisait, en causant, à
tourmenter les herbes sauvages qui croissaient au pied des
arbres. Peu de temps après, ils s’'aperçurent qu’une de ces herbes
avait changé la position de ses feuilles , et ils soupçonnerent à
l'instant que c'était une plante irritable que je n'avais jamais
nommée dans mes leçons. Je me trouvaiau jardin botanique, qui
est contigu au jardin public: ils vinrent m'annoncer ce fait, qui
n'était pas moins nouveau pour moi que pour eux: J'allai avec
ces messieurs à la place indiquée, et je reconnus qu'il s'agissait
del’Oxalis stricta. Cette plante ne se trouve pas indiquée dans la
liste des espèces nommées Sensitives par les auteurs ; je refis
aussitôt l'expérience sur d’autres individus et j'obtins le même
effet; mais il faut la tourmenter long-temps , puisque ses mou-
vemens sont beaucoup plus lents que ceux du Mimnosa pigra.Je
soupçonne que, si l’on observait les plantes, comme il faut, le
phénomène de lirritabilité ne serait pas aussi rare qu’on le
croit. On connaît déjà lirritabilité de l'Oxalis sensitiva. J'ai
expérimenté sur toutes celles qui sont cultivées dans notre jar-
din botanique; mais je n’ai pas réussi à faire changer la position
352 CH. MORREN. — Sur l’excitabilité ‘des Oxalis.
des feuilles. Je crois que la chaleur joue le rôle principal dans ce
phénomène, parce que l’Hedysarum gyrans même ralentit ses
mouvemens en automne , et pendant l’hiver dans les serres. Je
crois que toutes les espèces d’Oxalis sont susceptibles de se
contracter lorsqu'on les irrite; mais, comme la plupart sont
originaires du cap de Bonne-Espérance , il se pourrait qu’elles
ne répondissent pas aux secousses, sous notre climat, où les
plus grandes chaleurs ne s'élèvent jamais à celles de l'Afrique.
Dans les environs de Modène, nous n’avons ni l'Oxalis aceto-
sella, ni l'Oxalis corniculata, et je n’ai pu par conséquent faire
des expériences sur elles. »
L'Oxalis sensitiva , rappelée ici par M. de Brignoli et origi-
naire de la Chine, a même été appelée pour ce fait BropuyTumM
(Biophytum sensitivum), par M. De Candolle, c’est-à-dire plante
vivante ; ses feuilles sont pinnées comme celles des Sensitives.
L'Averrhoa bilimbi des Indes orientales est une autre Oxalidée,
ou les feuilles sont également excitables et mobiles. L'4verrhoa
carambola a les pétioles mobiles, comme Bruce la prouvé (1).
Ces rapprochemens prouvent que le mouvement des feuilles des
vraies Oxalis pourrait, en effet, s'étendre à une foule d’espèces,
puisque ce genre est des plus nombreux. (2)
Pendant les fortes chaleurs du mois de juin , lorsque le ther-
momètre marquait +35° R. au soleil, l’excitabilité et le mouve-
ment des feuilles étaient très manifestes chez nes trots Oxaks
indigènes : l’Oxalis acetosella, YOxalis stricta et VOxalis corni-
culata. Quand le soleil darde ses rayons au milieu du jour, di-
rectement sur les feuilles de ces-plantes, les trois folioles obcor-
dées en sont planes, horizontales et tellement placées, que les
(x) Philos, transact. tome zxxv, p. 356. An account of the sensitive qualities of the tree
Averrhoa carambola,
(2) M. Virey, dans un écrit intitulé : Quelques cousidérations nouvelles sur l'acidité dans
les plantes irritables (Journal de Pharmacie, Paris, 1839, n.5, xxv° année, mai, p. 289),
a commis trois erreurs dans ce qu'il dit de lirritabilité des Biophytum et des Averrhoa.
Il confond d’abord les deux genres en faisant des Æ4verrhoa bilimbi et Averrhoa caram-
bola, Biophytum , c’est ce qui n’est pas. Ensuite l'Oxalis sensitiva étant la même plante
que le Biophytum sensitivum de Decandolle , ce ne sont nullement les étamines qui sont exci-
tables, mais les feuilles , comme tous les auteurs le disent, M, Virey a pris l'Oxalis sensiliva ,
enfin , paur une plante distincte du Biophytum.
CH. MORREN. — Sur l’excitabilité des Oxalis. 353
bords qui se dirigent vers la pointe du cœur ou vers le pétiole
partiel très court , se touchent presque, de manière qu’alors il
n’y a pas, pour ainsi dire , de vide entre les folioles. C’est là la
position du repos. Maintenant, si on frappe à coups légers, mais
redoublés, le pétiole commun , ou, si l’on agite par le même
moyen toule la plante, on voit, au bout d’une minute, moins
s’il fait très chaud, plus s'il fait frais , trois phénomènes se pro-
duire :
1° Les folioles se replient le long de leur nervure médiane
absolument comme sur le limbe mobile du Dionæa muscipula ,
de manière que leurs deux moitiés se rapprochent par leur sur-
face supérieure ; le mouvement a donc lieu ici de bas en haut,
et c'est un reploiement.
2° Chaque lobe de la foliole se recourbe en dedans, de sorte
qu’il présente au dehors , et par ‘sa face inférieure , une con-
vexité plus ou moins prononcée. C’est un mouvement d’incur-
vation.
3° Chaque pétiole partiel , quoique tres court, se ploie de haut
en bas, de manière à faire pendre en bas les folioles qui alors
se touchent presque par leur surface inférieure autour du pétiole
commun qui forme l'axe. Ce dernier mouvement est semblable
à celui qui se produit le soir, au moment du sommeil de la
plante ; et qui a fait donner à ces folioles le nom de dépendantes
(folia dependentia).
De nos trois espèces indigènes, la séricta et la corniculata m'ont
offert ces mouvemens au plus haut point d'énergie, l'Oxalis
acetosella les a moins forts ; mais peut-être les a-t-elle aussi
prononcés au moment de la floraison, époque où je ne l'ai
pas observée, ;
Toute espèce d’action excitante provoque les mêmes change-
mens , comme le vent ; et surtout une légère compression du
milieu de la feuille ou de l'endroit où se rendent les trois pétioles
partiels entre le pouce et l'index.
J'observai, en outre, au jardin botanique de l'université de
Liège , les deux espèces à trois folioles: Oxalis purpurea W. et
Oxalis carnosa Mol. La première, placée dans une serre,
montra les phénomènes de l'excitabilité au plus haut point. Les
XIV. Boran, — Décembre, 23
394 CH. MORREN. — Sur l’excitabilité des Oxaks.
trois folioles, sans recourber beaucoup leurs lobes par le mou-
vement d'incurvation dont nous avons parlé, se déjetaient en
bas , de manière à se toucher deux à deux par la moitié de leur
limbe , en plaçant l’une contre l’autre leur face inférieure.
L’Oxalis carnosa est plus paresseuse. Les vieilles feuilles
étaient immobiles ; les jeunes, surtout celles qui garnissent la
partie montante de la tige , présentent cependant la même exci-
tabilité; mais le mouvement d’incurvation y est aussi moins
prononcé.
Une sixième espèce trifoliée , l'Oxalis tortuosa, n’offrait plus
ses folioles assez entières, pour pouvoir s'assurer si elle éiait
également excitable,.
L'Oxalis Deppei (1), pourvue de quatre folioles, présente
une excitabilité beaucoup plus marquée que les autres espèces
mentionnées plus haut. Dans l’état ordinaire, les folioles, toutes
bien béantes , toutes bien planes, étendues dans un même plan,
se touchent presque par leurs bords , à partir de la zone rou-
geätre, qui semble alors former un cercle continu sur une feuille
profondément divisée. Mais, si l’on vient à donner au pétiole
quelques faibles chiquenaudes , on voit, en un quart où moitié
de minute, quand le soleil luit sur la plante, les folioles se re-
plier le long de leur nervure mediane, de la base au sommet, puis
les deux lobes se courber en dedans, et, en dernier lieu, le pé-
tiole partiel se ployer de haut en bas, de manière à faire dépendre
les folioles. Deux ou trois minutes après les secousses , la plante
a l'air d’être endormie.
Une feuille, tératologiquement développée à cinq folioles,
m'a offert le même fait. C’est sans contredit l'espèce où ces mou-
vemens peuvent le mieux s’observer. 4
Voilà les seules espèces que j'avais à ma disposition. Chez
toutes, le mouvement se fait sans secousse, sans agitation, mais
peu-à-peu insensiblement; mais on le constate d'autant mieux
(1) L’Oxalis Deppei , apportée de Mexico en Augleterre , en 1827, et figurée par Loddiges
dans son, Botanical cabinet, n. 1500, est la même-espèce que celle qui a été décrite et figurée
par notre savant confrère M. Lejeune dans le Bulletin de l'Académie ,t. 2, p. 334, année 1835,
sous le nom d'Oxalis zonata, Connue dans toute l'Angleterre sous son nom le plus ancien,
j'ai cru devoir le lui laisser, Elle n'est pas du cap de Bonne=Espérance, mais du Mexique.
CH. MORREN. — Sur d’excitabilité des Oxalis. 355
qu'entre une feuille , dont les folioles sont horizontales , et une
autre, où elles sont verticales, la différence saute aux yeux.
Nos espèces indigènes sont trop petites pour bien observer les
organes de cotte mobilité ; mais l'Oxalis Deppei se prête bien à
l'observation et aux anatomies.
Comme, dans toutes les plantes mobiles par excitation , les
organes du mouvement siègent dans les appareils mêmes qui se
meuvent. Or, ces appareils sont ici: 1° le limbe même de la
feuille, organe d’incurvation; 2° la grosse nervure médiane;
3° le pétiole partiel ,la première étant un organe de reploiement,
le second un organe d’incurvation.
Or, le limbe de la feuille se compose au dessus d’un derme à
cellules pinenchymateuses, c’est-à-dire en formedetable(Meyen);
au-dessous, d'un derme à cellules mérenchymateuses, boursou-
flées , en forme de vessies avec des stomates nombreux, petits,
linéaires entre toutes les cellules soulevées, de sorte qu’une
d’entre elles est souvent entourée de six stomates; au milieu,
d'un .diachyme double, dont le plan supérieur est formé de
cellules prismatiques ou ovoides, placées perpendiculairement,
et d’un volume tel que, sur la longueur d’une cellule tabuliforme
du derme supérieur, il y a six utricules du diachyme. Le plan
inférieur du diachyimne est formé de cellules ovoides, posées trans-
versalement et d’un développement tel que deux d’entre elles
équivalent en diamètre à une cellule mérenchymateuse du derme
inférieur, laquelle est égale aux trois ou quatre cinquièmes d’une
celluie tabulaire du derme supérieur.
Il suit de cette structure que les cellules du mésophylle infé.
rieur sont en largeur le double de celles du mésopliylle supé-
rieur, Le diachyme est de plus très riche en chlorophyllé et en
amas arrondis de cristaux , occupant l’axe des cellules.
Il me parait évident que l’analogie avec les autres plantes
mobiles, par excitation , doit faire placer la cause de Fincurva-
tion du limbe dans le mésophylle inférieur, dont les cellules,
par turgescence, allongent la page inférieure de la feuille et font
plier ainsi la page supérieure ou le mésophylle d'en haut. Le
tissu cellulaire est encore ici l'organe essentiel du mouvement,
et chaque cellule un corps turgescent par excitabilité.
23,
556 CH. MORREN. — Sur d'excitabilité des Oxalis.
La nervure médiane est dans cette plante très forte: elle lem-
porte de trois ou quatre fois en grosseur sur les nervures secon-
daires, et elle s'étend droite st raide de la base de la foliole à
son sommet. Elle est transparente et juteuse. Cette nervure m'a
rappelé la structure que d'anciennes dissections m'ont fait dé-
couvrir chez le Dionæa muscipula.
Son derme est formé de petites cellules aussi hautes que larges,
presque cubiques , à parois tres fortes. Quatre ou cinq corres-
pondent en largeur au diamètre d'une seule cellule infrajacente.
Cette structure permet déjà à ce derme de suivre toutes les dila-
tations que sa masse intérieure pourrait subir. Immédiatement
en dedans de ce derme vient un plan cellulaire très développé,
formé, de grosses cellules, irrégulièrement mérenchymateuses,
à parois fortes et laissant entre elles des méats, dont la coupe
est un triangle. Peu de chromule et du fluide intracellulaire
abondant. Chaque cellule est le double de celles d’un plan cel-
lulaire plus intérieur, et le quadruple ou le quintuple de celles
du derme externe.Ce plan à grandes cellules en à quatre ou cinq
rangées. Puis vient, vers la partie supérieure de la nervure, des
cellules chromulifères qui entourent immédiatement un plan
canaliculaire de vaisseaux, canal dont le creux régarde le haut,
et qui est rempli de petites cellules et de vaisseaux séreux.
Cette structure rappelle celle du pétiole de la Himosa pu-
dica. La turgescence des grandes cellules du plan inférieur de
la nervure médiane doit forcer les deux demi-limbes dela feuille
de se rapprocher, et cette augmentation de volume , produite
par l'excitabilité et permise. par les méats intercellulaires, de-
vient ainsi la cause prochaine du reploiement , le long de la
nervure des deux lobes de la foliole de l'Oxatis Deppei: C'est le
même mécanisme et une structure très analogue dans le Dionæa
muscipula.
Il ny a pas de coussinet à la base des folioles de l'Oxalis ,
comme dans les See mais il ya une organisation spéciale
dans cette partie qui remplace cet organe. Si l’on regarde atten-
tivement comment la foliole s'articule au pétiole, par le dessous,
on trouve que la nervure médiane se termine par une demi-lune
dont la concavité regarde le pétiole. Le pétiole à son tour se
CH. MORREN. — Or d’excitabilité des Oxalis. 357
termine par une autre demi-lune dont la concavité regarde la
foliole, de sorte que le pétiole partiel, très court, au point de
ne pas dépasser un millimètre et demi, est terminé par deux
articulations semi-lunaires opposées, et dont les convexités se
regardent. Voilà pour le dessous de la feuille.
Pour le dessus, les deux bords de la foliole qui convergent à
la base de la foliole, pour former la pointe du cœur, deviennent
insensiblement plus épais et se réunissent pour former une es-
pèce de bride semi-lunaire dont la concavité est tournée vers la
foliole. Le pétiole commun reçoit à son tour le pétiole partiel
par une articulation semi-lunaire, mais qui, cette fois, a aussi
sa concavité tournée vers la foliole, c’est-à-dire que c’est une
demi-lune parallèle à la première. Entre elles s’étend un derme
rouge qui est fortement plissé en travers.
La coupe transversale de cet organe donne celle d’un cylindre
déprimé , formé d’un derme très résistant, constitué par des cel-
lules ovoides couchées à plat, dont la paroi est des plus épaisses.
Puis vient un plan très développé de tissu cellulaire à cellules
franchement mérenchymateuses , formant au moins une dou-
zaine de rangées. Chaque cellule a un amas central de chro-
mule. 11 y a moins de rangées de cellules (huit à neuf) vers la
partie supérieure du pétiole partiel. Au centre de celni-ci, mais
un peu plus haut que le centre géométrique, se trouvent les
vaisseaux aériferes (trachées ) en bas, et les vaisseaux séveux
en haut, entourés par des cellules plus petites et plus colorées.
Cette organisation est au fond celle du pulvinus de la #imosa
pudica. Quand les cellules mérenchymateuses de la partie cor-
ticale et de la zone inférieure sont distendues ou turgescentes,
les folioles sont horizontales ; quand leur turgescence cesse et
que celle des cellules de la zone supérieure l'emporte, les fo-
lioles s’abaissent, comme dans le sommeil naturel de cette Oxa-
lis, et comme après les mouvemenrs qu'on lui a fait subir.
En tout cas, l’excitabilité des plans cellulaires et de chaque
cellule en particulier, la turgescence qui en est la manifesta-
tion , doivent être admises pour se rendre compte des positions
diverses que prennent les feuilles des Oxalis quand on les frappe.
Le mouvement des feuilles d'Oxadis ; quoique plus lent que
358 CH. MORREN. — Sur d’excitabilité des Oxalis.
celui des Sensitives, n’en est pas moins aussi remarquable; il est
même d'autant plus intéressant pour nous, que se trouvant
dans nos plantes indigènes, nous pouvons mieux l’observer; les
études physiologiques de nos espèces nationales y puisent un
nouvel attrait, et la découverte des élèves de M. de Brignoli et
de lui-même, a fait découvrir à son tour une analogie de struc-
ture entre les folioles des Oxalidées et celles des Mimeusés,
analogie à laquelle on ne pouvait guère s'attendre, mais que
l'observation directe prouve surabondamment.
La motilité des Oxalis est d'autant plus singulière, que
M. De Candolle n’est pas parvenu à modifier le sommeil de ces
plantes, ni par l'obscurité, ni par la lumière, d’où il concluait
que les mouvemens du sommeil et du réveil étaient liés à uné
disposition de mouvement périodiqué inhérente au végétal (1).
Cependant nous voyons que de simpies coups font prendre aux
folioles éveillées la position de folioles endormies:
.. M. Virey, dans ses Considérations nouvelles sur l'acidité dans
les ‘plantes irritables (2), a fait ressortir par là récapitulation
des espèces où le mouvement d’un organe quelconque a été ob-
servé, que la plupart étaient acides : c'est une analogie curiense
à constater en effet, mais qui ne prouve rien, car on ne voit
pas quel rapportil y aurait entre une chose qui est acide et une
chose qui se meut. À ce propos, M. Virey dit qu’il ne connait
pas de fleurs bleues (alcalines ) où il y ait un mouvement. Nous
lui nommerons le Goidfussia anisophylla , fleur bleue, où le
style est des plus mobiles (5). Au sujet de ces plantes excitables,
M. Viréy a cité nos observations sur le Stylidium grarninifo-
lium (4), mais il nous a fait dire des choses toutes contraires à
celles que nous avons écrites. Ainsi, nous n’avons dit nulle part
que la colonne gynandrique des Stylidiées était articulée à sa
base par deux fibres où muscles opposés et antagonistes. Jamais
(r) Physiologie, tome 2, page 86r.
(2) Journal de pharmacie, 1859, mai, page 289.
(3) Morren, Recherches sur le mouvement et l'anatomie du. Goldfussia anisophylla , in-4 ;
Bruxelles, 1839, avec deux planches ; Mémoires de l’Académie , tome xtx,
(4) Morren; Rechérches sur le mouvement et l'anatomie du Séylidium graminifolium ,
Bruxelles, in-4 , 1838 ,lome xi, mème ouvrage.
CH. MORREN. — Sus l’excitabilite des Oxalis. 359
nous ne nous serions avisé de regarder des fibres végétales
comme des muscles; nous avons dit (pages 15, 16, 1- et 18
du mémoire cité) que ces fibres existent tout le long de la co-
lonne, à droite et à gauche. Nous n'avons jamais dit que la co-
lonne était irritable à sa base, car cela n’est pas; elle est irritable
à son coude, et nous l'avons figurée cinq fois; jamais nous n’a-
vons dit que nous avons trouvé de la fécule dans ces muscles,
comme M. Virey l'assure; c’est tout le contraire : nous avons
écrit ( page 18) que les fibres n’étaient pour rien dans le mou-
vement, puisque ; étant coupées , le mouvement s’exécutait én-
core. Voilà ce qu’il y a dans nôtre mémoire : notre idée est très
claire ; c’est la portien féculifère de la colonne qui se meut, et
la même chose a lieu dans toutes les espèces du genre Siylidium.
C’est là un fait indestructible; qu'il s'accorde ou non avec les
théories reçues, cela ne nous importe guère ; en sciences natu-
relles, les faits vont avant tout , et c’est par eux seuls qu'on ar-
rive à la vérité.
NOUVELLES EXPÉRIENCES sur les changemens que subit l’atmo-
sphère pendant le développement de la température élevée
dans un spadice de Colocosia odora, faites dans le jardin
botanique d'Amsterdam ,
Par G. Vrozikr et W. H. DE VRIESE.
Après avoir, pendant l’année 1839, communiqué à la pre-
mière classe de l’Institut royal des Pays-Bas nos expériences sur
l'influence du spadice de la Colocasia odoru. sur l'air ambiant,
lors de l'élévation de la température (1), nous avons obtenu
itérativement les mêmes effets des expériences sur les fleurs de
cetté plante, plusieurs fois répétées. Convaincus que, par là,
elles ont acquis plus de valeur scientifique , nous présentons ici
le résultat de nos recherches.
(x) Voir tome vrrx des nouveaux Mémoires de la première classe de l’Institut royal des Pays=
Bas, page 63, Amsterdam, 1840 ; in-4.
360 vroOLIK et DE VRIEsE. — Zxpériences sur le Colocasia odora.
Nous employâmes pour ces expériences l'appareil décrit et
représenté dans les Annales des Sciences naturelles, février 1839;
mais l'exclusion de l'air se fit au moyen du mercure en place
d’eau, comme pour les expériences, communiquées en 1830.
Nous plaçämes le spadice dans cet appareil , après avoir re-
tranché la majeure partie de la spathe et avoir enduit le reste de
vernis, de sorte que toute évaporation ou absorption furent
empêchées par ce moyen, et que la surface verdoyante ne püût
exercer la moindre influence.
Nous avons suivi les degrés de chaleur, comme à l’ordinaire,
-mais sans les noter tous, parce qu'il ne s'agissait pas actuellement
de les indiquer avec précision , mais de considérér le dévelop-
pement de la chaleur en rapport avec le changement que subis-
sait l'atmosphère pendant l’action.
Le même motif nous fait offrir seulement quelques-unes de
nos dernières expériences.
Il faut rappeler ici que nous nous sommes expliqués déjà,
en 1835 (1), sur l'identité de la Colocasia odora et de l’AÆrum
cordifolium, décrit en quelques traits par M. Bory de Saint-
Vincent. Il a pleinement confirmé notre opinion.
O Juin 1939. Expérience faite sur une plante en pleine terre
dans une serre chaude.
Il est difficile de se représenter la force du développement de
la plante dans cette circonstance. La plupart des feuilles stériles
avaient un pétiole de 1,60 de long, à compter de l'origine du
pétiole jusqu’à la pointe de la nervure principale 0,66 à 0,80.
Le diamètre des feuiiles, dans leur plus grande largeur, avait
0,63. Le spadice était une fois plus grand qu’à l’ordinaire.
Le développement de la chaleur cessa lentement ce jour-là, et
le jour suivant il fut à peine sensible, même en plein midi,
pendant une demi-heure. |
L'air dans ie cylindre} fut examiné ensuite par un procédé
chimique. Il ne s’y trouva point d’oxigène : le gaz acide carbo-
nique paraissait l’avoir remplacé.
C’est un phénomène remarquable que cette diminution pres-
(1) Annales des Sciences naturelles, deuxième série, botanique, tome +, page 134.
VROLIK et DE VRIESE. — Expériences sur le Colocasia odora. 367
que totale de chaleur dès le premier jour, tandis que l'élévation
de la température continue d'ordinaire durant trois jours. Nous
en trouvons la cause dans la disparition du gaz oxygène, rem-
placé par le gaz acide carbonique, tandis que la quantité d’oxy-
gène dans le cylindre, une fois absorbée, le développement de la
chaleur devait cesser, faute de stimulant.
Cette expérience nous ayant semblé conduire à l’explication
de ce phénomène, nous pensons devoir surtout mettre en rap+
port avec elle notre expérience, faite, en 1838, sur l'influence,
du gaz azote sur le spadice de la Colocasia odora.; et dans la-
quelle on n'observe aucun développement d'une. température
élevée, par l'absence de l'oxygène. Dans l'expérience actuelle,
l'élévation cessa, après quelques heures, parce que le gaz oxy-
gene de l'atmosphère avait été totalement absorbé...
En réfléchissant sur ce phénomène , il est assez naturel de se
demander si l'oxygène, en rendant libre la chaleur, se combine
avec le carbone dans la plante, pour former du gaz acide cär-
bonique ; ce qui conduit à cette conclusion que le développe-
ment de la chaleur doit s’opérer par combustion.
Nous ne sornmes pas éloignés de cette conclusion; car, lorsque
le développement de la chaleur est le plus fort, ce qui a lieu vers
le milieu du jour, le changement que subit l’air dans le cylindre
est aussi le plus sensible, ainsi qu’il nous a apparu par une
expérience , faite tout exprès le 27 juin.
Pour cet effet, nous avions mis, à l’heure de midi , de la
potasse caustique dans l'appareil où le spadice était enfermé, afin
de faire absorber le gaz acide carbonique dans la même propor-
tion qu'il se séparait et s’'émettait du spadice. Or, pendant que
cette absorption s’opérait, nous vimes le mercure s'élever, dans
une heure de temps, à la hauteur de quelques centimètres.
Jusqu'ici nous avions fait ces expériences au moyen des mêmes
thermomètres, dont nous nous étions servis précédemment. Tou-
tefois , voulant les répéter au moyen d’un appareil thermo-élec-
trique , M. Becker, mécanicien à Groningue, nous a procuré
l’année dernière un instrument de ce genre d’un travail achevé
et d’une grande sensibilité, en y joignant les aiguilles physio-
logiques de Becquerel.
362 vrotik et DE vRiese. — Fxpériences sur le Colotasia odora,
Nous avons trouvé, en faisant ces expériences et d’autres
pareilles ; que l'élévation de la température était le second jour,
non pas tout-à-fait imperceptible, mais trop peu remarquable
toutefois, pour y attacher quelque valeur. Nous croyons pouvoir
expliquer ce phénomène, parce que l'oxygène n'avait pas été
totalement absorbé le premier jour.
Ces dernières expériences se firent, ainsi que les précédentes,
dans ün local où régnait une température à-peu-près égale. Les
résultats n’ont point offert de différence sensible dans l’obscu-
rité où en plein jour. l'aiguille physiologique avait percé le
spadice à la profondeur d’un millimètre, ét était portée à travers
la paroi du cylindre au moyen d’une barre de cuivre perforée,
mobile dans tous les sens. Cet appareil a été composé avec l’exac-
titude la plus rigoureuse par M. E. Wenckebach, mécanicien-
physicien à Amsterdam.
L'analyse de l’atmosphère a donné les mêmes résultats que
par lés expériences précédentes, savoir { le remplacement du gaz
oxygène par le gaz acide carbonique.
Dès que l’occasion s’en présentera , nous tâcherons d’entrete-
nir, autant que possible, dans le cylindre, la proportion ordi-
naire des gaz constituant l’atmosphère , en introduisant du gaz
oxygène en proportion de sa diminution dans le cylindre , et en
faisant disparaitré ce gaz acide carbonique, nouvellement
_ formé.
Nous ne doutons point que, par ce procédé, la tempéräture
élevée ne soit maintenue dans le spadice dé la Co/ocasia odora
pendant le second et le troisième jour, et peut-être même
au-delà.
F. À. W. MIQUEL. — Sur les bourgeons des Cycadées. 363
Sur les bourseons des Cycadées, par F. À. W. Miouez. (Bulletin
des Sciences physiques et naturelles en Néerlande, 1839,
vi* livraison , page 463.)
11 ÿ a dans les Cycadées trois espèces de bourgeons: 1° le
bourgeon terminal , par lequel s'opère l'accroissement de là tige
en hauteur, 2° les bourgeons latéraux ou adventifs »|ét énfin
3° les bourgeons radicaux.
Le bourgeon terminal est le plus souvent solitaire , les cas
étant fort rares ou la tige soit un peu ramifiée au sommet, et
chaque rameau porte un propre bourgeon. C’est un bourgeon
qui se développé au centre de la couronne de frondes, d’abord
petit, S’aggrandissant surtout vérs l’époque où les nouvelles
frondes se développent, et enveloppé par des lames allongées
ou d’écailles épaisses (pérules), couvert d’un duvet épais de poils
brunâtres , bruns ou roussâtres.
Les bourgeons laléraux sont fort rares : c’est pourquoi lés
tiges des Cycadées sont le plus souvent et comme naturellement
simples ; cependant ils ne manquent pas. Quelquefois ils se
développent naturellement , comme on'le voit dans les tiges de
vieilles Cycadées, divisées au sommet en deux ou plusieurs
branches, et comme on le voit aussi dans les cônes des Z'amia,
développés latéralement et non au sommet de la tige. Le plus
souvént cependant ces bourgeons sont développés artificielle-
ment ou par des accidens fortuits, comme nous l’exposerons
plus bas. |
Les bourgeons radicaux ont une forme très particulière et
peuvent être comparés aux bulbes. C'est par eux que les Cyca-
dées , du moins les Encephalartos et les Zamia, se multiplient
naturellement. Ils se développent à la base du tronc, et, à ce
qu’il paraît, à l’aisselle des écailles rudimentaires, d’abord cachés
sous la terre et attachés à la plante mère. Ils y semblent rester
cachés pendant un temps plus ou moins long , pendant peut-être
plusieurs années, et s’accroissent lentement. Ensuite ils émettent
de leur base de longues racines , et c'est alors qu’on peut les
364 r. A: w. MIQUEL. — Sur les bourgeons des Cycadées.
considérer comme des individus distincts , qui se séparent bien-
tôt du tronc de la plante mère. C’est surtout sur des plantes
malades ou dont le développement est arrêté, qu'ils se déve-
loppent en grand nombre. Sur un vieux tronc d'Encephalartos
horridus , nous vimes une fois , en le croyant déjà entièrement
mort, plus de six de ces jeunes individus , adhérant légèrement
aux écailles du tronc, cachés sous la terre et pourvus de racines
nombreuses et fort allongées. Ces bourgeons bulbiformes ont
une structure et un développement fort particuliers. Ils ressem-
blent parfaitement aux bulbes ou bulbo-tubers, étant composés
d’un corps central charnu et gros, qui se divise extérieurement
en écailles grosses, charnues et imbriquées , dont la surface,
comme celle du bourgeon entier, est couverte d’uu duvet épais
de poils, semblables à ceux qui couyrent le bourgeon terminal
du caudex. Le bourgeon a la forme d’un œuf aplati à la base et
pointu. au sommet; il est composé d’un tissu cellulaire fort
épais , à cellules hexagonales ou plus arrondies , remplies
d'une matiere visqueuse et amplacée, à-peu-près comme
dans les pommes de terre. Dans ce tissu, on trouve des fibres
éparses, commençant à la base où les racines sont attachées , et
se dispersant en haut, avec quelques ramifications, aux.écailles
dans lesquelles on les voit pénétrer. Ces fibres sont des faisceaux
de trachées parfaitement déroulables, chaque trachée étant
souvent formée par plusieurs spires, Quand le bourgeon est
parvenu à l'état d’individu libre, il émet une seule et bientôt
deux frondes, un peu plus petites que celles du tronc maternel,
mais ayant parfaitement la même forme, et étant plus grandes
que les jeunes frondes produites par les graines après la ger-
mination.
Nous avons observé ces bulbes sur plusieurs espèces d’'Ence-
phalurtos et sur le Cycas revoluta. Dans les Zamia , ils ne
manquent point aussi; mais ce qui n’est pas rare, cest que,
dans ces plantes, ils se développent sur la partie épigée:du
caudex , et alors ils ne se détachent pas, mais restent comme
des branches tuberculiformes , qui périssent après quelques
années,
FISCIIER ET MEYER. — Æ{nimadversiones botanicæ. 365
ANIMADVERSIONI:S BOTANICÆ, irdici seminum horli botanici im-
perialis Peiropolitani, anno 1839, additæ ; auct. F. E. L.
FrscHer, C. À. Mrvrr et J. 1, E. Avé-LALLEMANT.
ALLIUM CARDIOSTEMON Fisch., Mey. A. glabrum, bulbo simplici subrotundo
squamis chartaceis (albidis) vestito ; scapo laterali teretiusculo ima basi folioso ;
folis laxis lanceolatis acutis scapo brevioribus; umbella capsulifera fastigiato-
subglcbosa valvas (2, 3) spathæ persistentis ovatas submucronulatas superante;
filamentis basi monadelphis, alternis utrinquè dente. obtuso auctis ; capsulis
trigono-subelobosis ; semuinibus subovatis rotundats. — A proximè affinibus
A. atropurpureo et À. nigro siaminum structurà diversum. Folia plerumque 3,
tota forma ut in æéropurpureo, glabra atque lævissima vel in margine scabrius-
cula. Spatha bi-trifida, valvis scariosis convexis ovatis mucrone brevi scarioso
apiculatis. Flores saturatè purpurci, illis 4. atropuürpurei paulo minores. Stami-
na obcordata cum lacinià intermedià subulatâ antheriferâ , dentibus lateralibus
brevibus rotundatis. Semina subovata, leviter compressa , margine rotundata.—
- Hab. in Armeniæ ruthenicæ provineià Nakitschiwan, in valle s, d. Koschadara ,
locis-argiliosis, 7£ |
ALTERNANTHERA ECHINATA H. Bonn. Semina hujus plantæ , à descriptis
Alternantheræ specichus benè disunciæ , habemus hoc sub nomine ex horto bot.
Bonnensi. ©
ANTHRISCUS syLvEsTRIs Hoffm. Ab hâc non diflert CAærophyllum daucifo-
lium M. Paris. nisi foliorum laciniis paul latioribus.
… AQUILEGIA GLANDULOSA Fisch. A. calcaribus indè À basi præcrassa valdè curva-
Us , apice cephaloideis subhamatisqne , labello patenti-horizontali, supra acutato
multo brevioribus ; pistillo demüm superante stamina ab anthesis initio a basi
indè divergentia; fructu turbinato , basi contracto. 4. glandulosa Fisch. Trevir.
in Spr. Schrad , et Link. Jahrb. d. Gewachsk. T, fasc. 2, p. 48, t. 1, fig. 2 C;
Link Enum. H. Berol. alt. u, 84; Ledcb. For. alt. n}, p. 296. — B conco-
lor DC. Prodr. 1, p. 50. — Sepala oblongo-ovalia , saturaté violaceo-cœrulea
at rar0 alba. Labella oblongo-cuneiformia, suprà acutata , apice obtusiusculo ,
sepalis concolora , spatio ferè ad basin usque ab invicem separata. Galcaria infrà
crasse conoidea, suprà tamen gracilia, orificii sui diametro duplo tantum longiora.
Antheræ lineares. Pistilla 8-15. Semina compressè oyoidea , minutè granulosa,
cœrulescenti-atra , opaca , longitudinaliter tricarinata, %Æ
“AouicecrA sucunpa Fisch. , Lallem. À. calcaribns indè à basi præcrassà valde
curvatis,apice cephaloideis subhamatisque, labello arrecto suprà rotundato multo
brevioribus ; pistillo superante stamina, incipiente anthesi recto-parallela; fructu
366 FriscHrR ET MEYER. — Æ{nimadversiones botaniceæ.
ovoideo , basi umbilicato. — 4. nectariorum limbis diversicoloribus Gmel.
F1, sib. 1v,p. 186.— 4. glandulosa Fisch. Sweet Brit. flow.-gard. ser. 11, t. 56.
—4 discolor DG. Prodr. 1, p. 50.— 4. alpina Deless. ic. sel. 1,t. 48.—Species
A. glandulosæ alpinæ que maximè aflinis, inter utramque medium ferè locum
tenèns. Differt ab 4. glandulosé præter notas characteristicas sepalis ovatis ,
apicem versùs magis attenuatis azureis ; labellis obovato-subrotundis ochroleucis,
toto latere invicem contiguis; antheris angustè ovalibus ; pistillis minûs numerosis
(6-10) seminibusque crassioribus, longitudinaliter subquinquecarinatis. Ad notas
accessorias autem , quibus ab 4. alpiné differt, pertinent peduncali longi;
caicaria , quæ exactè conveniunt cum 4. glandulosæ calcaribus descriptis ;
labella discoloria ; antheræ sulfureæ et pistilla magis numerosa. — Hab. una
cum præcedente in Sibiriæ montibus. 7£
Non inutile videtur hoc loco addere notas, quibus species maximè afhines
definiendæ sunt:
AquirrGra ALPINA Linn. A. calcaribus subgracilibus , sensim et continuo sur-
sùm attenuatis , recto-parallelis | excepto apice adunco , labella truncata arrecta
æquantibus ; staminibus pistillum superantibus. — 4. alpina Linn. sp. 752,
AU, Fl, ped. n 1508, tab. 66; Trev. Diss. de Deiph. p. 24, n. 3; Gaud.
FI. helo. 3, p. 496; Reichb. F1. germ.n. 4734; Koch Synops, p. 22;
Hegetschw. F1. d. Schw. p. 526. — Folia tencra, supernè pænè glauca ; radica-
lia perfectè duplicato-ternata , foliolis multifidis, lobulis crenæformibus semi-
ovalibus. Pedunculi breves. Calcaria prope apicem duplô crassiora quèm in
Æ. jucundé&, orifien sui diametro saltem triplo longiora. Labella sepalis conco-
lora. Antheræ badiæ. Pistilla quinis vix plura.
AQuIrEGIA PYRENAICA DC. A. calcaribus a basi indè levissimé curvatis, apice
rectis, labellum , supra rotundatum, stamina pauld superans, subæquantibus.—
, rl € PIE HS
Species , qualis hodiè ab auctoribus limitatur, maximè polymorpha, quæ aliquot
varietatés insignes, si non species diversas, comprehendit. En duarum formarum
adumbrationem :
& MACRANTHA : calcaribus gracillimis subsubulatis, apice incrassatis, labello
paulo longioribus; pistillo stamina superante.—.4, a/pina Lapeyr. Æbr. Pyr.
p. 306. — B DC. F1. franc. n. 4673. — À. viscosa 6 Trev. Diss. de Delph.
p. 23.— 4. pyreuaica DC. Prodr. 1, p. 50.—Folia polymorpha, plerimque
firma et supernè glauca ; radicalia modo perfectè duplicato-ternata iisque
A. alpinæ simillima; modo simpliciter ternata, foliolorum lobulis paucis semi-
orbicularibus, Flos mediocris, paul minor quäm 4. alpinæ. Sepala leviter
acuminata. Calcaria sursüm festinanter attenuata, infrà apicem constricta.
Antheræ luteæ. — Hab. in montibus Pyrenæis.
6 pusiLLa : calcaribus subgracilibus , e basi conoïideâ sensim in tubulum
subæqualem , apice trancato-cbtusum attenuatis , labellum pænè æquantibus ;
staminibus pistilum superantibus.— 4, montana parv. fl. thalictr. fol. Bauh.
FISCHER ET MEYER. — Ænimadversiones botanicce. 367
Prodr. p.75, n.2.—4q. viscosa Trev. Diss. de Delph. p. 23, tab. 2 ?—
Ave-Lall. Diss. pl. rar. p. 14.— 4, pyrenaica Bertol. Amœæn, it. p. 374;
Gaud. F7. hely. 11, p. 477: Koch Synops. p. 22; Reichb. F7. germ.
n. 4732; Hegetschw. F7. d. Schw. p. 525. — Gaule malt graciliore , pænè
daplo humiliore, et fohis caulinis paucioribus multoque minoribus quèàm
A. alpinæ cum præcedente varietate convenit. Folia plerèmque firma et
supernè exquisitè glauca ; radicalia subsimpliciter ternata ; foliolis duplicato-
lobatis ; lobulis paucis semiorbicularibus, nunquäm æmulantia 4. alpinæ
folia. Flores parvitate insignes, diametro 11-18 lin. Sepala constanter exqui-
sitè acuminata. Calearia prope apicem duplo vel wiplô crassiora quàäm in var.
macranthà. Pistilla 4-5.— Hab. in Helvetiæ Germaniæque alpibus Ttaliæ
finitimis.
Tertiam 4. pyrenaicæ varietatem constituere videtur 4. viscosa W. Kit.
FI, hung. n, p. 184,1. 169, quæ calcaribus labello triplo brevioribus,
staminibus labella apice retusa subsuperantibus , et pistillis 5-7 ab utroque
typo antecedente non leviter discrepat.
AxYRIS SPHAÆROSPERMA Fisch., Mey. À erectiuscula ; folis ovatis; floribus
masculis capitatis ; seminibus subglobosis.
« HUMILIS : minor, subdiffusa ; foliis floribns semimibusque majoribus.
B £LATIOR : altior, erectiuscula ; foliüs floribus seminibusque minoribus.
Habitu ad Z. prostratam paulo accedit ; sed ab amnibus hujus generis specie-
bus seminibus subglobosis diversissima. Flores masculi ad apicem pedicelli nudi
tenuis capitato-aggregati, capitulo folio parvo suffulto, vel ad hasin inflorescentiæ
fœmineæ in globulum coacervati. — Hab. in regionibus altaicis ad fluvium
Tschuja. ©
Bipens ciciATA Hoffimeg. Affinis B. dichotomæ Desf. et B. pilosæ L.,
differt ab illà foliis pubescentibus, ab häc foliis polymorphis. Capitula nunc
discoidea, nunc radiata ; ligulis ochroleucis involucro ferè brevioribus, — Hab.
in Brasilià. ©
BorrertA ADVENA Fisch., Mey. B. herbacea, glabra ; foliis oppositis petio-
latis oblongis acutiusculis margine setuloso-scabris, subtüs in costà cauleque
tetragono muriculatis ; stipularum setis longitudine vaginæ; florum capitulis
subglobosis axillarïbus terminalibusque, staminibus inclusis; capsula oblonga
villosa bidentata ; dentibus lanceolatis corolla vix breyioribus ; seminibus subgra-
nulatis.—An Spermacoce verticillata Link Enum. pl. Hort. Berol. 1,p. 133 ?
Occurrit in hortis pro B. verticillata , B. spinosa , B. capitata atque B. capi-
tellata, prioribus facilè proxima ; distinguitur a B. verticillat& caule certe
herbaceo, foliis multo latioribus haud acuminatis, necnon capsulis multd
majoribus villosis ; à B. spinosä foliorum formà ; à reliquis Borreriæ speciebus
nostra longiüs distat. Folia majora (cum petiolo) 2-2 172 poll. longa , 6 v. 7 lin.
lata ; alia minora. Corolla alba , parva , calycis dentibus vix longior. Stamina
368 rISCHER ET MrYER. — Æ{nimadvyersiones botanicæ.
longitudine corollæ. Capsula 1 lin. longa, dentibus 2 (interdüm 3 ) lanceolatis
recurvatis 1/2 lin. longis coronata. Semina oblonga, hinc sulco longitudinaliter
notata , rufescentia , tenuissime granülata. — Hab.? — ©, %
CampanuLa LaTiIFotiA Linn. var. Narorica. C. caule simplicissimo obsoletè
apgulato; fois, duplicato-crenatis obtusis { non acuminatis), subtüs molliter
pabescentibus; caulinis plerisque late ovatis, basi cordatis, mediocriter petiolatis ;
peduneulis axillaribus unifloris erectis; calyce glabro; denticulis solitariis spini-
formibus inter corollæ lobos interjectis. —Caulis humilis , infrà pubescens, 6-14-
poll. altus, præter folia floralia 3-8-phyllus, 1-7-florus. Folia parva , radicalia,
rotundo-ovata, basi cordata ; caulina obtusa. Pedunculi tubi calycis longitudine.
Flos sesquipollicaris , foliorum caulinorum Jamina paulo brevior. Corolla longe
campanulata , basi hemisphærica , internè tota villosa : lobis semiellipticis acuus,
à basi ad medium usquè erectis, ‘tm. recurvis, alternantibus cum dentibus
singulis spiniformibus hyalinis splendentibus horizontalibus, linea una pauld
brevioribus. Capsula subglobosa, calycis limbo erecto coronata, cernua. — Hab.
in Natolià. — C. latifoliæ forma vulgaris differt à natolicä foliüs hirtis ; cau-
linis ovato-lanceolatis ; plerisque basin versüs attenuatis sessilibusque, corolla
infrà subsyathiformi; lobis acuminatis à basi indè divergentibus, et probabi-
liter dentibus corollæ lobis interjectis petaloideis. Æ
CuzranruEerA INGANA Pœpp. Corollulæ radi versicolores, aureæ, ochroleucæ,
albidæ vel roseæ , subiüs autem semper roseæ.
Crmsium Leucorsis DC. Planta culta habitu ad C. canum valdè accedit, sed
caule per totam longitudinem ala lata marginato, foliis utrinquè cauleque densè
cano-iomentosis, necnon capitulis uMo minoribus ab hoc abundè differt.
Variat capitulis aggregatis, vel magis distantibus subsolitaris atque pedunculo
longiusculo sufultis. Variat etiam foliüs latioribus subintegris , spinis longioribus
vel brevioribus atqne debilioribus armatis. Radix fibrosa , fibris non incrassatis.
— Hab. In Natolià, prope Mersiwan. %
Cinstum Wiepemannir Fisch., Mey.( Onotrophe) Perenne ; caule erecto
ramoso glabriusceulo ; foliis subtüs albo-tomentosis , suprà pilis mollibus articu-
latis adspersis; caulinis cordato-amplexicaulibus sinuatis pinnatifidisve dentato-
spinulosis ; calathidüs solitariis pedunculatis vel aggregatis sessilibus oblongis
aphyllis subarachnoïideis : squamis exterioribus adpressis abbreviatis acutis
subspinulosis linea glandulosa notatis, intimis elongatis radiantibus lanceolatis
inermibus chartaceis coloratis.—Caulis 1 1/2-2 pedalis, vel altior, penna corvina
paulo crassior. Calathidia parva, 7-9 lin. longa , 3 lin. circiter lata, 30-46-flora,
apice atropurpurea. Corollulæ sordidè purpureæ. Achænia glabra , oblonga,
compressa, 2 lin. ferè longa, 3/4 lin. lata , sæpè purpurascentia.— An €. kypo-
leucum DC.? sedfin nostrà plantä folia sunt cauli oblique adnata, certe non per
caulem decurrentia. — Hab. in Natokià , prope Topicham. #
FISCIIER ET MEYER. — Æ{nimadyersiones botanicc. 369
Corisrermum Marscaazzit Stev. Ab hoc non differunt C. bracteatum Viv.,
atque B. baccatum Hortor. Hùc etiam spectare videtur C. kyssopifolium Bertol.
Fl:ctal. 1,p. 24.
CoToNEASTER LAXIFLORA Jacq. fil. Hujus synonyma sunt: Mespilus mela-
nocarpa Fisch. mss. et Cotoneaster vulgaris B Ledeb. #2. al. x}, p. 219. Inflo-
rescentia in spontaneà plantà non ità elongatä atque minüs laxà quäm in plantà
cultà ; nihilominus hæc species satis a €. valgari, ut nobis videtur, diversa est.
— Hab. in Sibin.
Dicramnus ancusrirozius G. Don in Sweet bric. flow. gard. ser. 11, tab. 93.
— D Fraxinella Ledeb. F1. alt. xx, p. 100 (excel, syn. complur.). — Differt à
D.Fraxinellé foliolis angustioribus acutioribus vel non rard acuminatis, petalis
in unguem longiorem angustatis ; sed formâ calycis hæc species ab europæà plantà
haud differt. Species vix satis distincta , potiüs varietas memorabilis D. Fraxi-
nellæ.
DicramMNus FRAXINELLA Pers.
& EUROPÆUS : petalis superioribus basi sensim in unguem angustatis.— Jacq.
F1. austr. t. 428; Hayne Arzneygew. vi, t. 7; Schkuhr Æandb, t. 114 ;
Sturm. Deutschl. Flora, fase. vi.
t
B caucasicus. Petalis superioribus basi rotundatis abruptè in unguem atte-
nuatis. D. Fraxinella Mey. Enum. pl. cauc. n. 1780. — Hab. in regionibus
caucasicis atque in Iberià.
Ecrnosrermum ivrermeniuM Ledeb. Variat pedicellis calyce nunc longiori-
bus , nunc brevioribus. — An satis ab Æ. Redowskii diversum ? +
Ecztera Lonciro1raA Schrad. Non solum foliis superioribus elongatis, basi
baud angustatis, sed etiam achæniis longioribus ab Æ. erect& arabicä diversa.—
In Brasilià quoque crescit. © , ©
Errcosium AzcroumM MB. Nou differt ab ƣ. origanifolio Lam.
Erercosrom Dunieur Gay. Valdè simile Æ. origanifolio , sed stigmate quadri-
partito differt.
Enyneium serraTuM Cav. 8 Capitulis oblongis. Nostra planta, & seminibus
mexicanis enata , cum icone et descriptione à Cavanillesio datis, benè congruit,
præter florum capitula oblonga, non globosa,
Feora connucorrÆ DC. F. ramis inflorescentiæ fructiferæ incrassatis coarcta-
tis; curollæ limbo tubo vix breviore ; fructibus oblongis subtetragonis trilocu-
laribus ; loculis sterilibus fertili angustioribus. — Fructus inferiores coronula
foliacea trifida terminati, supremi coronula patelliformi truncata instructi.
XIV. Botan. — Décembre, 24
70 FISCHER ET MEYER.—— ÆAimadyersiones botanice.
Fopra eraozrcorA Fisch., Mey. F. ramis inflorescentiæ fructiferæ incrassa -
tis contractis ; coroilæ limbo tubo multo breviore ; fructibus ovatis suborbicu-
latisve trilocularibus ; loculis sterilibus imflatis fertili multo latioribus. Æ. Cornu-
copiæ Bové, herb. maurit. — Æ. Cornucopiæ in collect. plant. Schimper. ab
union. itiner. Virtemberg. botanophilis communicata, p. p. —A simillima F. Cor-
nucopiæ corollæ tubo elongato et præsertim fructus conformatione longè distat.
Semina missa sunt sub nomine PF. scorpioidis, quæ tamen à nostrà diversissima
est. Fructus inferiôres ovati, coronulà membranaceà bi-trifidà terminati; supe-
riores suborbiculati, subumbilicati, vertice nudi. Flores rubri, 6 vel 7 lin. longi.
— Hab. in Africà boreali, prope Algeriam. ©
Fepra scorrroines Dufr. definitur: F. ramis infloréscentiæ fructiferæ filifor-
mibus revolutis; corollæ limbo tubo ferè longiore; fructibus PARA trilocula-
ribus; loculis sterilibus fertili angustioribus.
Gxaruaziuu inpicum Linn. 8 cmixense. Nostra planta chilensis cum specimi-
nibus G. indict ex Indià orientali allatis benè congruit. Variat cæterüm lann-
gine, præsertim in calathidiis , rariore vel copiosiore. — Hab, in Chile. ©
GNapnazIuM LUTEo-ALBUM Linn. $ Pomperanum Ten. Folia in plantà proto-
typicà basi plus minüs dilatata sunt, in var. 8 autem modicè angusta ta ; at hæc
ultima varietas per formas intermedias in illam transit. Folia semper (in « et 6) in
caulem decurrunt et apiculo scarioso deciduo sæpissimè terminata sunt ; sed talis
apiculus scariosus in multis hujus generis speciebus invenitur. — Occurrit etiam
in regionibus chilensibus. l
Gnapratium PanICULATUM Colla. Hüc certè spectat G. Pira-Vira Lessing ën
Linnæd V1, p. 227, descriptum ,, fide specim. à cel. Chamisso ét Eschscholtz in
Chile lect. À genuino G. Vira-Vira Mol. et DC. hoc abundè differt.
GNAPHmALIUM RESEDIFOLIUM Trev. valdè ad G. cymatoides Kunze accedit ‘et
forsän illius varietatem glabratam exhibet.
Gnaruacrum spcarum Lam.? G. coartatum Link ÆEnuim. pl: hort. bot.
Berol. 11, p. or Hook. et Arnot. ën Bot. ad It. Beechey, p. 31. — G. spi-
catum Lessing 27 Linnæ& V1, p. 226. — Nostra planta semper annUa ; an
ergo reverà G. spicatum Lam. ? cujus radix dicitur perennis. Folia supernè fer è
omnino glabra, viridia, nitida.—Simile G. americano, sed indumento adpresso,
non laxo diversum. — Hab. in Chile. ©
GNararivM se1cATUM Lam. Foliis in paginà snperiore lanuginosis, Medium
quasi inter G. spicatum et G. pennsyl-anicum ; differt ab 1llo ( quocum cæte-
rüm totà facie convenit) indumento laxo , ab hoc foliis angustioribus. An potits
varietas G. pennsylvanici ? — In hortis occurrit s. n. G. chilensis H. Paris. et
G. Cruckschankii Hortor.— Crescit quoque hoc in Chile. ©
FISCHER ET. MEYER. — Ænimadyersiones botaniccæ. 371
Gnaruazrum Vira-Vira Molin. DC. Prodr. V1, p. 224 (excel. syn.-Less.,
Spreng. et Hook.); Feuill. os. t. xxx, fig. 2 (opt.). Afine G. luteo-albo et
G. paniculato , satis tamen ab illis diversum.
Hecranraemum viccosum Thib. Differt à Æ. nilotico præsertim seminibus
albidis , in 1llo roseis, — Crescit etiam in Armeniä.
HermanNNIA aRABICA Hochst, et Steud. (sect. x11, Harnemia. Corolla campa-
nulata, mon convoluta ; filamenta petalorum ungue convoluto cincta, herba
arabica , aunua). FH. annua , glandulosa ; folüs lineari-lanceolatis subintegerris
mis ; pedunculis capillaribus elongatis uniflotis; petalis acutis. Specimina spon--
tanea poll. 2 vel 3 alta, culta multo altiora, setulis stellatis raris pilisque glandula
termnatis adspersa. Folia in petiolum brevem angustata , apice sæpissimè xecur-
vata sæpèque dentibus 3 approximatis notata. Flores rubri.. Calyx strictus , non
inflatus. — Hab. in desertis Arabiæ , prope Djedda ( Dschidda) locis are-
nosis.
Hrersous misprous Mill. Bof. rep. t. 806,—Medius inter H. Trionum Cav. et
H, vésicarium. — H. Humboldtii Hortor. à citatà icone non differt , nisi colore
caulis viridi, non purpurasuente.
Hrgisous sERNaTus Cav. Diss. p. 172, t. 64, fig. 3. — H. Trionum MB.
Flor. taur. cauc. 11, p. 144. — Species satis distiucta à A. Triono Cav. Speci-
mina ruthenica (e Tauriâ, Iberià, Mingrelià et Armeni ) | cum descriptione
ne 4 icone Cavanillesianis optimè conveniunt.
Hrepocreris unisiLiQuosA Linn. Multüm variat hæc species quoad lomentorum
numerüm atque supreficiem. Lomeuta in alis imdividuis sunt undique scabra, in
alüs solùm in parte medià articularum quasi barbata, in aliis denique nonnisi
margine minutissimè tuberculato-scabra , plerèmque solitaria , interdüm gemina.
Hæcaultima forma est A. biflora, B indicis nostri quinti,n. 1043, quæ éréscit in
regionibus transcaucasicis, — Vera #4. biflora à Æ. unisiliquos@ differt foliolis
ut plurimum non emarginatis el præsertim Jomentis in apice pedunculh com-
munis satis longi sitis.
-0 Horosreum :ezurisosum Fisch., Mey. H. glaucum ; foliis supernë cum eaule
Sepalisque:glanduloso-pilosis , sammis subovatis basi coalitis ; bracteolis (parvis)
vix marginatis ; floribus decandris ; petalis oblongis subintegerrimis longitudinre
latitudineque sepala vix excedentibus. — Æ.. liniflorum Irdic.. nostr. tert,
D, 950 , p. 39 (non Stev.). — Hab. in Taurià et ad mare Caspium. ©
Hozosreum Linircorum Stev. À. viride ; foliis supericribus cum .caule sepa -
lisque glanduloso-pilosis , summis lanceolatis basi distinctis; bracteolis (parvis )
vix marginatis ; floribus decandris; petalis obovatis integerrimis latitudine longi-
tudineque sepala mult superantibus, Hab. in Taurià. ©, {tord
24
372 FISCHER ET MEYER. — Æninmadversiones botaniceæ.
Hyoscyamus vanrans Visiani non diversus est, ex sententià cel. Reichenba-
chii uti ex observationibus nostris, à À. canartensi.
Lavcemanria Fisch. , Mey. Calyx tubulosus , quindecimnervius , rectus ; ore
subrecto , quinquedentato; dente supremo latiore. Corollæ tubus tenuis, inclu-
sus; faux modicè ampliata; limbus bilabiatus; labio inferiore patentè trifido,
lobo medio majore retuso ; labio superiore carinato complicato-clauso , alà jatà
cincto , apice emarginato. Stamiua 4, adscendentia, inclusa ; exteriora breviora.
Filamenta Jibera, basi barbata. Antheræ per paria approximatæ, biloculares;
loculis divaricatis. Stylus apice bifidus : lobis subæqualibus subulatis. Achænia
sicca , trigona , Iævia, nuda. <— Herbæ annuæ vel biennes, pube minuta reversa
adspersæ ; caulibus erectis ramosis foliosis ; foliis radicalibus subovatis petiolatis
dentatis, caulinis medñs oblongis subpetiolatis serratis, superioribus oblorgis
subsessilibus subintegerrimis ; floribus in foliorum axillis verticillatis utrinque
ternis , pedicello erecto , in fructu rigido dilatato plano-compresso suffultis ; ver-
ticillis bracteis 4 dilatatis ciliato-dentatis obvallatis ; calycibus elongatis, denti-
bus conniventibus mucronulatis; corollis cœruleis. — Genus Dracocephalo
proximum, babitu atque galeæ structura optime distinctum, dedicavimus Viro
clarissimo J. L. E. Avè-Lallemant, doct. med. et chir., qui de plantis Italiæ
atque Germaniæ disseruit cum præclara eruditione.
LALLEMANTIA CANESCENS Fisch. Mey. L. bractearum ciliis longitudine latitu-
dinem laminæ cunealæ æquantibus; corolla calyce duplo longiore fauce ampliata.
— Dracocephalum canescens Linn. Benth. Labiat. p. 497.
LarzemanTia 18ErR1cA Fisch. Mey. L. bractearum ciliis longitudine latitudi-
nem laminæ cuneatæ æquantibus ; corolla calyce angustiore atque paulo lon-
giore. — Dracocephalum ibericum Stev. Benth. I. c.
Lazcemanria PEzraTA Fisch. Mey. L. bractearum ciliis lamina orbiculata
quadruplo brevioribus ; corolla calyce angustiore et paulo longiore. — Draco-
cephalum peltatum Linn. Benth. 1. c.
Leripium pEensirLorum Schrad. Ind. sem. h. Acad. Gœtting. 1832. p. 4. —
Simillimum L. micrantho Ladeb. ut ovum ovu (Conf. Indic. nostr. secund,. p.
40), sed petalorum defectu ab illo distat. An species revera distincta ? An po-
tius varietas L. micranthi ? In hortis, etiam in h. hot. Dorpat. sæpe pro ZL. mi-
crantho çolitur. — Hab. ?
Lericonum rusrum Fries. Spergularia villosa Hortor., L. villosum Indic.
nostr. quinti n. 1225 non satis a £. rubro differt.
Leucanraemum imeurranuM DC. Prodr. vi, p. 47. Glabrum, vel pilis bre-
vibus plus minus exasperatum, præsertim ad basin caulis. Caulis simplicissimus,
monocephalus vel ramosus, di-tri-pentacephalus; interdum humillimus, vix
bipollicaris, sæpe pedalis vel bipedalis. Folia radicalia obovato-spathulata, in
FISCHER ET MEYER.-- Ænimadversiones botanicæ. 373
petiolum longum attenuata ; caulina oblonga, semiamplexicaulia, plus mivus
serrata. Calathidia minora vel majora ; ligulæ longiores vel breviores, tamen
piametro periclinii paulo longiores. Periclinii squamæ nunc margine albido
hyalino cnmctæ, nunc ante marginem hyalinum linea angusta atrorufa notatæ,
interdum margine latiusculo atrorufo auctæ. Achænia radii pappo magno mem-
branacco hinc exciso coronata. Species dubia (uti etiam perplures aliæ species
hujus generis), iterum recognoscenda atque certioribus characteribus distin-
guenda. — Hab. in Sibiria orientali.
Licivm sucetrerum L. L. caule carinato-angulato bulbifero ; foliis sparsis ;
floribus erectis ; perigonio subcampanulato , prope rimas nectariferas, pube stel-
lata marginatas, longe muricato ; stylo ovario duplo longiore; capsula obtuse
sexloba, apice profunde umbilicata ; seminum disco ala octuplo latiore. —
L. bulbiferum R. et Sch. Syst. 7, p. 413 exclus. synon. mult. — s & net 5.
Lino. Spec. p. 435.—$ Lam. Eucycl. 3 p. 535.— 8 Ait. H. Kew. 2 ed. p. 241,
@ UMBELLATUM. — Park. Parad. p. 37, fig. 2. Weinm. Phyt. t. 655 b. —
Martag. cruent. angustif. Lob.Ic. 1.t. 166.—Z. bulbiferum Scop.Fl. carn.
n. 404%. Jacq. Fl.'austr. t. 226. Palmstr. Svensk bot. t. 398. — &. Linn. I. c.
B zarirozrum : — Martag. bulbif. 1. Clus. Hist. p. 136 ic. — L. bulbi-
ferum ® Linn. 1. c. — 8. wmbellatum Ker. in Bot. magaz. n. 1018.— Z. Ja-
tifolium LK. Enum. h. berol. alt. 1: p. 321.
+ nacemosum : Besl, H. Eyst. V. Vern. fol. 6, fig. x et 2. — Zail. purp.
III. Dodon. Pempt. p. 199. ic. — ZL. bulbiferum.n Linn.— Martag. bulbif
IL. Clus. Hist. 1. p. 136 ic. — L. bulbiferum $ Linn. 1. c.
Caulis 1 1/2-3 pedalis, 1-17-florus. Folia fere glabra, in var. a anguste-, in
var. 8 late-lanceolata. Folia floralia in @ et 8 subverticillata, in y et sponte natis
unifloris sparsa. Pedunculi in a et 8 in umbellam subinde proliferam, in 7 in
racemum dispositi. Petala externe pube arachnoïidea fugaci vestita, interne a
basi longe ultra medium rugis muricibusque exasperata. Capsula aptera, ple-
rumque turbinato-columnaris, 1 1/2- 2 pollicaris. Semina rufo-ferruginea, disco
piceo-splendente, 4. lin, longa. Hab. a in Austriæ, Carinthiæ, Carnioliæ
pratis montanis, y auctore Clusio, in Austria et Styria. Var 6 , nondum sponte
nascens observata , forsan horticulturæ originem debet. — Confer s. v. ZL. cro-
ceum et spectabile, huic valde affinia. #.
Lruium concoror Salisb. L. caule scabro; folus sparsis lenceolatis ; floribus
erectis; perigonio subcampanulato ; petalis late lanceolatis, prope rimam nectari-
feram longe muricatis, supra profunde excavatis, apice reflexis ; stylo ovario
bréviore. — Z. concolor. Salisb. Parad. tab. 47. Ker in Bot. magaz, n. 1165.
Ait. H. Kew. 2. edit. 2. p. 241. R. et Sch. Syst. 7. p. 410. — Caulis bipedalis
et altior. 2-5 - florus. Folia margine subremote cartilagineo-crenulata, subtus
ad costam mediam scabrida. Pedunculi in corymbam dispositi ; plurimi petalis
longiores. Petala sesquipollicaria et longiora, a basi valde patentia, interne sa-
374 FISCHER £T MEYER. — Ænimadversiones botanicoe.
turaté miniata, bas versus aut unicolora aut nigro-punctata. Antheræ cum.
3 polliné purpureæ. Capsula turbinato-columnaris, obsolete sexangularis , aptera, 4
police uno paulo longior. Semina latè ohovata , gilva, pæne 3 lin, longa, an-
guste alata : ala octuplo disco angustiore. — Hab. in China. Æ, Huic speciei
maxime affine est:
Licrum rucouezLum Fisch. L. caule glabro; foliis sparsis lineari-lanceolatis ;
flore erecte ; perigonio-subcampanulato : petalis lanceolato-ellipticis , prope ri-
mam nectariferam lævibus, supra vix concavis , apice arrectis ; stylo ovario bre-
viore. — Lili species concolore Salisb. fere duplo minor, respectu omuium
partium. Bulbus ovoideus | nuce avellana paulo major, e squamis paucis latissi-
mis Crassis carnosis niveis, supra truncatis, compactus. Caulis gracilis , subtiliter
sulcatus, simplicissimus, 9-13 pollices altus, mediocriter foliatus , uniflorus.
Folia trincrvia, subtus glabra , margine continenter cartilagineo-crenulata,
apice submucronata , ‘sesquipollicaria, patenti-erecta. Perigonium cyathiformi-
campanulatum, Petala 13-14 lin. longa, patentia, pedunculo fere duplo lon-
giora, externe arachnoiïdeo-pubescentia pube rara prælonga , interne miniata
vel aurantiaca, infra atrosanguineo-punctata; apice brevitèr pubescentia :.ex-
terna apice subacuta, interna :obtusissima. Stamina quadrante vel triente petalis
breviora. Antheræ cum polline in specimmibus siccatis vitellinæ. Pistillum sta-
minibus brevius. — Hab. in Dahuria. Æ.
Larrum eroceüm Chaix. L. caule carinato-angulato ; foliis sparsis ; floribus
erectis : périgonio subcampanulato, prope rimas nectariferas , pube stellata
marginatas, longe muricato ; stylo ovario duplo longiore; capsula acute sex-
angulari, apice profunde umbilicata > seminum disco ala triplo latiore. — Z. bul-
biferum Gæertn. De Fruct. t. 83. — à. y. et d. Linn. Svec. p. 433. — a. Lam.
Iustr. tab. 246. fig. 2 (fructus). — a. Ai. H. Kew. 2. ed. 2. p. 241:
L.-croceum Chaix. Ap. Vill! Dauph.:1:p. 322: R. et Sch. Syst. 7. p. 414.
a. pRAmCOox! — Besl. H. Eyst. V. Vern. fol. 5 et 7 Weinm. Phyÿt. t: 655.
fig. c. tab. 656. fig. 6. Knorr. Thésaur. tab. L. — Lil. purp. maj. Dodon.
Pempt. p. 198. ic. = Hall. Hist. n. 1239. a. — L. bulbiferum Bot: magaz.
n. 36. — à. Linu. L. c. — a. Gaud. F1. helv. 2. p. 497.
8 srorINUM.— Zil. non bulbif. maj. Clus. Hist. 1. p. 136. — Martagon
chymist. alt. Lob. Ic. 1. tab. 164. — Lis. bulbiferum Vill. Dauph. 2. p.
276: Redout. Liliac. t. AE Lion. L c.
+ euMiLE, «— Lil, purp. minus. Dodon. Pempt. t. 198. 1c. cales: purp.
minim. Lob. Ie. 1. t. 167. — bulbiferum y Linn. 1. c. — Ê Gaud. FI. Helv.
2. p.497.
Caulis 1-3-pedalis, 1-17-florus. Bulbilli in axillis foliorem nulli. Folia auguste
lanccolata, fere glabra. Folia floralia, pro pedunculorum dispositione ; modo
omnia verticillata, modo omnia sparsa , modo inferiota sparsa et superiora ver-
ticillata ; in sponté natis unifloris verticillata, plerumque terna vel quaterna.
FISCHER ET MEYER. — Animadversiones botanicæ. 375
Pedunculi arachnoïdeo-pubescentes, modo omnes in umbellam, modo omnes
in racemum, modo inferiores in racemum et superiores in umbellam dispositi.
Petala ejusdem indolis ac im ZL. bulbifero; in var. a. crocei in var. 8 saturate
aurei coloris. Capsula breviter columnaris, ad angulos subalata , bipollicaris et
longior. Semina ferruginea , disco micante , 4-5 lin. longa, — Hab. in Helvetia,
lialia boreali, Galloprovincia ; 8., ut videtur, in Delphinatu ; +. auctore Gaudin
inalpibus altæ Rhætiæ. — Confer. s. v. L. spectabile et bulbiferum. 7%.
Lrcrum monanezrnum M. A. Bieb, L. foliis sparsis lanceolatis , subtus ad
nervos pubescentbus ; floribus cernuis ; perigonio subçampanulato ; petalis apice
reflexis ; stammibus basi connatis ; stylo etiam post nuptias stricto ; capsula acute
sexangulari. — ZL. monadelphum M. a Bicb. FI. taurico-caucas, 1. p.267. Id.
Suppl. p. 262. Id. Cent. PL, ros, 1. tab, 4. Gawl. in Bol. magaz. n. 1405. R. et
Sch. Syst. 7. p. 41h. — Caulis 5 1/2 -5 172-pedalis. Folia inferiora late lanceo-
lata, mervis fere 14 pubescenti-scabris subtus percursa , reliqua subseptemner-
via. Bractearum una lanceolata, altera subulata. Flores 1-27. Antheræ vitellina :
palline luteo. Stylus nunquam stamina superans. Pedunculi fructiferi a. basi ad
medium usque adscendentes, tum erecti, atque sic in unum tantum arcum flexi.
Capsula breviter columnaris, acute sexangularis : angulis subalatis, sesquipolli-
caris et longior. — Confer s. v. simillimum huic speciei Lilium Szovitsianum.
Linium srecragire Fisch. L. caule alato ; folis sparsis ; floribus erecus ; pe-
rigonio subcampanulato, prope rimas nectariferas , pube recto-parallela margi-
natas, longe muricato; stylo ovario duplo longiore; capsula obtuse sexloba,
apice obsolete umbilicata ; seminum disco ala duplo latiore. — Liriuim 1 foliis
angustiortbus a. flore miniato et G flore luteo. Gmel. FL. sibir. 1. p. 41. — Z.
pennsylsanicum Ker in Bot. magaz. n. 892. — Z,. bulbiferum y Aït. H. Kew.
2 ed. 2. p. 241. — Z, croceum Bern.? LK, Enum. h. Bcrol. alt. 1. p. 321. —
L. spectabile Link Enum. h. Berol. alt. 1. p. 321. Reichb. Icon. exot. Cent.
1: p.22. 1430, R. et Sch. Syst. 7. p. 412. — Caulis 7 pollices-3 1/2 pedes al-
tus, 1-9 florus. Bulbilli in axillis foliorum nulli. Folia anguaste lanceolata , non-
nunquam falcata , trinervia, superne glabra , subtus , secus marginem cartilegi-
neo-crenulatum , villosa, acuta, 3-4 pollices longa , subinde imperfecte verticil-
lata, Folia floralia tonstanter verticillata, in unifloris trina vel multa. Pedunéuli
subtomentosi , constanter dispositi in umbellain, subinde proliferam. Perigonium
cyathiformi-campanulatur , externe lanatum, lana persistente. Petala interne
miniata , vel dilute aurantiaca, supra medium sublævia. Pistillum post nuptias
stamina superans. Capsula aptera, plerumque obovato-turbinata , 16-22 lin.
longa. Semina complanata, oblique cbovata , ferruginea , disco micante, 4-5
lin. longa. — Hab. in Sibiria orientali et in Kamtschatka, — Confer s. v. Z, cro-
ceum et bulbiferum. %.
+ Lrirum Szovrrstanum Fisch. Lallem. L. foliis sparsis late lanceolatis, subtus
a nervos pubescentibus ; floribus cernuis ; perigonio subcampanulato : petalis
376 FISCMER ET MEYER. — Animadversiones botanicæ.
apice reflexis ; staminibus discreus ; stylo post nuptias recurvo ; capsula obtuse
sexloba. — Lili species, monadelpho M. a Bieb, maxime affinis. Caulis 2 1/2 -
3 172-pedalis, sulcatus, foliosus. Folia nervosa, superne glabra margine ciliato-
seabra, patentia : inferiora ovata obtusa, nervis fere 21 pubescenti-scabris sub-
tus percursa , reliqua acumivata sub-15-nervia. Pedunculi sub anthesi patentes,
apice cernui, in racemum dispositi, basi bibracteati, bracteis æque longis,
pedunculum pæne æquantibus: una ovato-lanceolata, altera lanceolata. Flores
1-8. Perigonium cyathiformi-campanulatum, pulchre cerei coloris et nitoris :
petalis late lanceolatis fere 2 172 pollices longis, interne atfopurpureo-puncta-
üs, prope rimam neciariferam Iævibus. Stamina petalo quadrante breviora, ex-
serta. Antheræ rufæ erectæ : polline cinnabarino. Stylus ovario duplo longior ,
post nuptias stamina superans. Pedunculi fructiferi a basi inde ultra medium
patentes, tum paululum adscendendo erecti, atque sic duplici arcu flexuosi.
Capsula ovoidea aptera , lonsitudinaliter in sex lobos convexos distincta, 1 172
pollices longa. — Hab, in Colchide , unde el. Szovits bulbos misit, %.
Lomarocarum Fisch. Mey. Flores conformes , hermaphroditi. Calycis margo
obsoletus. Petala subæqualia, obovata, apice biloba cum lacinula inflexa tri-
dentata. Stylopodium pulvinatum. Styli tandem divaricati. Fructus subovatus.
Mericarpia solida, jugis 5 æqualibus membranaceis canali oleifero perfossis , la-
teralibus marginantibus. Valleculæ univittatæ. Commissura bivittata. Semen
dorso convexum, antice planum. Carpophorum bipartitum , liberum. — Genus
fere medium tenet inter Rumiam et Cnidium ; differt ab z//a habitu, petalo-
rum forma et fructibus membrana tenui vestitis, non fungoso-corticatis ; ab
hoc jugis canali oleifero perfossis ; a Caro, cui sane proxime accedit, distin-
guitur jugis membranaceis, canali (in more specierum Triniæ et Rumiæ gene-
rum ) longitudinaliter perfossis ; a Seseli denique genus nostrum recedit calycis
margice obsoleto et præsertim fructas structura.
LomaTocarum ALPINUM Fisch. Mey. Seseli alpinum MB. FI. taur. cauc. 1.
p. 286,111, p. 243. — Herba perennis, gracilis, glabra, habitu et fois ad
Cnidium venosum paululum accedens. Caulis tenuis, striatus, subramosus ;
ramis elongatis subaphyllis. Folia radicalia supradecomposita , laciniis plerumque
profunde bi-trifidis , lacinulis angustis sublinearibus mucronulatis ; folia caulina
summa simpliciter pinnata, laciniis elongatis sublinearibus. Umbellæ 8-14-
radiatæ , radiis inæqualibus ; umbellulæ 15-20-floræ. [nvolucrum involucellaque
4-5-phylla , setacea ; foliclis involucellorum umbellulam subæquantibus. Flores
parvi, albidi, seriùs dilutè rosei. Fructus parvi, 1 1/2 lin. long:, fuscescentes,
subinodori. — Hab. in alpibus caucasicis ad torrentem Terek, 7%
LuPINUS NANUS Dougl.— Bentham in Hort. Transact, n, ser. vol. x, p. 409 A
u 14, fig. 2 opt. (non Sweet Brit. fl. gard. ser. sec. t. 257 et Agardh. Lupin.
p-11.— Bracteæ in vero Z. nano brevissimæ , non calyce longiores lanceolatæ.
Legumina pubescentia , non glabra.
FISCHER ET MEYER. — Ænimadversiones bofanicæ. 377
Mazva ruccurcza Bernh. Select. sem. h. Erfurt. ann. 1832, n° 8, Differt
à proximà M. verticillaté peuolo lamina foliorum caulinorum longiore, lacinüis
ealycis fructiferi longioribus atque longè acutatis, necnon capellis minoribus,
magis rotundatis. Colitur in hortis etiam s. n. H. hybridæ et M. nepalensis.
— Bab. in Chinà . necnon in regionibus ad lacum Baical. ©
MarnuBiuM PARvIFLORUM Fisch. Mey. Ind. prim. sem. h. bot. Petropol.
p. 33. Similimum M. radiato Del. et vix, nisi calyce, ab illo diversum. In
nostro M. parvifloro enim calyces majores, tubus calycis bracteolis longior,
dentes tubo duplo breviores; in illo (AZ radiato) calyces minores , tubus brac-
teolarum lougitudine , dentes tubo haud breviores,
Meprcaco Murex W. Ab häc, ut nobis videtur, non differt JM. sphærocar-
pos Bertol. quæ variat leguminibus subsphæricis, oblongis vel subcylindraceis.
NicOTIANA AURICULATA Agh. N. maxima Hoffmeg. Folia ovata, in petiolum
subito attracta, petiolo basi auriculato semidecurrerte; laciniæ limbi corollæ
latè ovatæ breviter acutatæ. N. macrophyllæ et N. fruticosæ proxima. 7 0"
Nicoriana cænensis Fisch. Folia petiolata, ovato-subcordata , basi iræqui-
latera ; corolla N. Tabaci.
Nicorrana commurarA Fisch. Mey.: N. foliis ovatis acutiusculis in petiolum
alatam attenuatis semidecurrentibus; calycis lacintis lineari-lanceolatis acumina-
is; corollæ tubo glanduloso-pubescente calyce triplo longiore, fauce inflata ,
limbo semiquinquefido : lobis subæqualibus ovatis obtusiusculis tubo subtriplo
brevioribus. Semina accepimus sub nomine N. alatæ, sed ab hâc nostrà abunde
differt corollis brevioribus, fauce magis inflata, limbi virescentis semiquinquefidi
lobis basi latissimis (non attenuatis) longitudine suà latioribus , vix inæqualibus;
affinis quoque N. Langsdorffii, corollis tamen diversa; a N. suaveolente et
N. noctiflora dignoscitur corollæ lobis non obcordatis aliisque notis';à N. plum-
baginifolia corollæ forma et aliis nonnullis. — Hab.? ©, ©, Æ.
Nrcorrana rruTicosA Linn. N. Lehmanni et N. petiolata Agh. Folia oblonga
vel oblongo-lanceolata in petiolum attenuata , basi non auriculata ; laciniæ limbi
corollæ profundè quinquefidi acumimatæ. ©, ©, Æ.
Nicorraxa macroPayzra Spr. Folia illis VN. Tabaci lativra , utrinque atte-
nuata , sessilia, semidecurrentia ; laciniæ limbi corollæ late ovatæ breviter acu-
taiæ. ©, ©, #.
Nicorrana Tagacum Linn. Folia utrinque attenuata , sessilia, semidecurren-
tia ; laciniæ himbi corollæ acuminatæ. ©, @, Æ.
OponTARRHENA oBTusiroriA C. À. Mey. 4/yssum obtusifolium Stey. DC.
Reg. veg. syst, nat. 11, p. 305 (excl. syn. Adams et patriâ Sibiria). Vix aut ne
378 FISCHER ET MEYER. — Ænimadversiones botaniccæ.
vix quidem hæc foliorum forma ab ©. arzente4 ( Alysso argenteoNitm. 41. mu-
rali Waldst. Kit.) differt. Semina in hâe ut in illà alà latiusculâ cincta sunt.
OEnoragrA vizcosA Thb, Nostra planta, cujus semina ex h. bot. Regiomont.
sub hoc nomine nobis allata sunt, ab aflinibus speciebus petalis ovatis acutius=-
culis, non obcordatis, diversissima est, Nam vera O. villosa Thb.?
OrnirmocAzum Ecxzonux Fisch. Mey. O glabrum, viride, foliüis plurimis
erectiusculis séapo tereti longioribus lanceolatis basi canaliculatis apice longis-
simè subulato-acuminatis ; racemo elongato multifloro ; pedicellis flore bracteäque
setaceä paulo brevioribus , fructiferis erectis: petalis patentibus oblongis cbtusis
apice glanduloso-barbatis stamina-æqualia basi dilatata vix superantibus ; stylo
longitudine staminum ovariique; angulis capsulæ ovato-trigonæ rotundatis ;
seminibus compresso-angulatis. — Proximum ©. Rudolphii à quo distinguitur
folis basi latissimis (non raro pollicem Jatis), ë basi ad mediam partem explana-
üs,, apice cylindraceis (in 1llo ab imâ basi cylindraceo-convoluiis ), staminibus
corolla non vel vix brevioribus , capsula matura petalis(licet persistentibus) nou
obtecto ; ab ©. reyoluto nostrum differt petalis rectis potentibus, non reflexis ;
ab O. lacteo et ©. conico foliis non ciliatis, bracteis setaceis , petalis multi
minoribus lineâ virescente notatis , etc. ; ab O. Jatifolio , O: caudato ; O pra-
sino ,; O. pyramidato, ut etab ©. narbonensi, O. pyrenaico et O. stachyoidi
præter alias notas haud ægre distinguitur pedunculis flore brevioribus, in
fructu scapo adpressis; ab ©. scilloide pedicellis bracteisque brevibus; ab
O. fuscato foliis longissimè acuminatis canaliculatis et capsularam angulis votun-
datis; ab O. suaveolente, O. barbato et O. juncifolio racemo multifloro,
pedicellis brevioribus; petalis minoribus albis cum lineà virescente etc. ; ab
O. niveo ÿsdem characteribus D filamentis ferè petalorum longitu-
dine, — Hab. ad promont. b. Spei. Æ
PHäc4 sugverTiciccaris Fisch. Mey. ÆAstragalus subverticillaris Grah.
Potits ad Phacas quam ad Æstragalos pertinere videtur. Legumina perfectë
unilocularia, compressiuscula , sutura plara non inflexa.
PHALACROLOMA ACUTIFOLIUM Cass. Stenactis annua Nees. ab Esenb. et De
Cand. Permultos examinavimus flosculos ligulatos hajus plantæ, alios nondüum
explicatos, alios florentes vel defloratos , quæ semper setis pappi elongatis care-
bant, Recto ergo, ut credimus , acutissimus Cassini hanc plantam ad Phalacro-
loma duxit. è
Pncaracrozoma Beyriemit Fisch, Mey. P. pube minuta adpressa scabrum ;
foliis acutiusculis : inferioribus oblongis serratis petiolatis, superioribus lineari-
bus sessilibus integerrinis.—Erigeron strigosum Beyrich Plant. americ. exsicat.
— Er. Beyrichii H. bot. Berol. — Sienactis Beyrichiit Indic. sem. nostr.
quinti n° 2169.— Summa cum Ph. acutifolio Cass. aflinitas , præsertin quoad
FISCHER ET MEYER. — Ænimadversiones botanicæ:: 379
capitulorum et fructus pappique structuram, sed foliorum forma optimè distinc=”
tum. Non est Erig. strigosum EI. à quo pube totius herbæ atque periclinii
minuta adpressa facilè distinguitur. An Sfenactis ambigua DG.?—Calathidia illis
Ph: acutifolii similia, sed minora. Flosculi radii feminei, fertiles, biseriatis
ligula angusta , patentissima , primd roseo , dein albida. Floseuli disei flavi, —:
Hab. in Carolinä. ©
PonosPermum MOoLLE Fisch, Mey. Scorzonera mollis MB. FI. taur. cauc.1xr,
p. 522, DC. Prodr. vir, p. 122. An etiam PR. villosum DC. L. c. p. 111 ? sed
sÿnonymon allegatum ad 8. sériclam MB. pertinet, quæ vera est Scorzoneræ
species.
PsicoNÉMA Homacocarpum Fisch. Mey. P. siliculis glaberrimis compresso-
planis. Species ambigua, forsan sui generis, habitu et staminum fabrica cum:
P, dasycarpo haud malè congruit, sed siliculis plano-compressis ab illo-distat:
à eriseAlyssi specicbus nostra differt siliculis planis etstaminibus filiformibus,
non appendiculatis, — Herba pube stellata albido-cana , diffusa, Folia angustè
oblonga. Flores racemosi , minutissimi. Petala longitudine calycis decidui, flavi-
da, spathulata, apice subemarginata. Silicula obovata, apice truncata vel
subretusa, plana, 1 3/4 lin. in diametro. Stylus brevissimus. Semina margine
angusto cincta. Semina in Arabià petræà lepit D Schimper. ©, ©.
Prerorocon DC, Subgenus Corosopayrium: Calathidia 8-12-flora , flosculis
fæmineis 5-0 ;. hermaphroditis in centro 2, 3 ; omnibus fertilibus.
P. curcense Fisch. Mey. P.folus lineari-spathulatis apice refracto mucronato
quasi retusis ; calathidiis 8-12-floris , floribus fœmineis 5-9.— & marus floribns
fœmineis 8 v. 9: achænis 1 lin. longis, Gnaphalium eriospermum Trevir.
Gnaphalium n° 1027 el.n° 301 (pp) Bertero: — 8 minus flonibns fœmineis 5
V..65'achænüs 3/5lin.longis, Graphalium n.30x (pp) Bertero. —Ommibus ferë
characteribus eum 2. pygmæo DC, convenit; præter flesculos numerosiores,
omnes, fertiles, Gaules poil. 2-5. alti, tenues, lanugiuosi:, Folia sessilia haud
decurrentia, utrinquè , subtüs-magis, lanuginosa, 1, poll. longa, apice 1 vel
x 172 lin, lata , basi modicè attenuata. Calathidia in apice caulis aggregata vel
Gn-plantà cultà) in apice ramorum atque ramulorum solitaria v. gemina , semper
foliis involucrata , illis Graph. luteo-albi subsimilia. Squamæ nitidulæ, basi
virides lanuginosæ, margine latissimo scarioso, apice maculis 2 rubris sæpè
notato cinctæ. -— Hab. in Chile.
SAXIFRAGA CORDIFOLIA Haw. $. ( Bercenia) scapo pedunculis calycibusque
slandulosis ; foliis glabris (plerisque) orbiculatis subcordatis serrato-dentatis ;
petiolo basin versus teretiusculo (non lineis elevatis notato); petalis ovato-
suborbiculatis ; stigmatibus bippocrepidiformibus , angulis porrectis patentissimis.
S. cordifolia Haw. Misc, nat. 156, DC. Prodr, 1v, p. 38 (sed nostra planta non
380 FISCHER ET MEYER. — Ænimadversiones botanicæ.
est glaberrima et flores non minores quäm inS, crassifoli&); D. Don in Transact,
Linn. soc. vaux; p. 348 ; G. Don Gen. Syst. of Gardn. and Bot. ur, p. 206;
S. crassifolia Ledeb. FI. alt. 11, p. 117 (excl. syn.); Wegasea cordifolia Haw.
Enum. Sax. p. a7 ; Bergenia cordifolia Sternb. Rev. Saxifr. Suppl. sec. p. 2
(c."syn.); Geum n° go Amman ruthen., p. 70. Similis S. crassifoliæ , sed
scapo altiore cum pcdicellis calycibusque glandulis purpureis substipitatis ad-
spersis, conformatione petioli, petalis majoribus dilutiore colore tinctis, nec non
stigmatibus crassis certe distincta, — Hab. in montibus altaicis.
SAxIFRAGA CGRASSIFOLIA Linn. S. (Bergenia ) glaberrima ; foliüis serrulatis
obovatis basi cuneatis v. rotundatis ; petiolo superne per totam longitudinem
lineis 2 elevatis notato , inter lineas plano; petalis obovatis basi attenuatis ;
stigmatibus reniformibus, angulis deflexis. — Glaberrima. Flores præcociores,
minores , intensè purpurei.
a foliis basi angustatis. S. crassifolia Linn. sp. pl., p. 573 ; S. crassifo-
lia «et DC. L. c. p. 37; S. crassifolia Gurt. Bot. Mag. t. 196 (opt.) D. Don
1 c. p. 347 ; G. Don. L c.; Wegasea crassifolia Haw. 1. c. p. 6; Bergenia
bifolia Sternb. 1. c. p. t (excel. syn. Ledeb.)
6 foliis basi rotundatis. 5. crassifolia 8 DC. L. c.G. Don. L c. p. 206;
S. crassifolia Linn. fil. Decad. t. x1v? Megasea media Haw.I. c. p. 7.
Hab. ad lacum Baical et in Sibirià orientali. 7€
Siperrris rAurICA MB. 8 pimorPxa: cauliculis ramulisque sterilibus cum foliis
suis albo-lanatis ; cauhbus florifuris cum foliis bracteisque denudatis viridibus. —
Planta adspectu diverso cauliculorum sterilium et floriferorum valde singularis sed
præter herbam caulium floriferorum viridem (licet non omnind glabram ) forma
hæc nullis characteribus à genuiuä $. tauricé distincta est.
Nùüm S. Zbatonica Labill. à S. tauricé differat, adhüc ignoramus. Tamen
monendum est, nobis specimina $. fauricæ ad manum esse, quæ exactissimè
quadrant cum figurà $. Zibatonicæ à Labillardière data ; folia in S. fauricé sine
ullo dubio sunt argntè serrata , nequaquäm crenata. Var. £, quæ cultura perstat,
crescit in Natolià, prope Amasia et Topischam. Æ, D.
Socanum FLavum Kit. Reichenb. F1. germ. excurs. n° 2653. Nostra planta
cum notis in opere citato datis exactè congruit, non vero cum diagnosi et descrip-
tione in Roem. et Schnlt. Syst. veg. 1v, p. 5gu expositis. [Cæterum hæc planta
omninÔ similis est S. miniato, à quo solum baccis flavis differt, Semina accepta
sub nomine Kitaibelii.
SPHENOGYNE MicrOCEPHALA DC, Planta in horto botanico Petropolitano culta
exactè quadrat cum speciminibus Dregeanis hoc sub nomine communicatis.
Caulis in speciminibus humilioribus subsimplex , ramo uno alterove instructus,
in speciminibus vegetioribus autem ramosus , imo ramosissimus. Folia plerumque
FISCHER ET MEYER. — Ænimadyersiones botanicæ. 381
bipinnata vel subtripinnatifida et nonnisi in speciminibus humilioribus subsimpli-
citer pinnata , laciniis subintegerrimis. Calathidia quoad {magnitudinem valdè
variabilia. Ab affinibus $. anthemoidi et S. speciosä (quæ forsan eadem cum
S. versicolori CC.) distinguitur ligulis lougitudine diametrum disci non exce-
dentibus.
Tunica PRoLIFERA Scop. (Carn. ne 503). T. annua, glabriuscula ; foliis linea-
ribus margine serrulato-seabris ; floribus capitatis involucratis ; calycis puberuli
hyalini teretiusculi dentibus obtusissimis ; petalis oblongo-cuneatis apice sub-
emarginatis ; seminibus lineolatis cymbæformibus margine crasso obtuso cinctis.
Dianthus prolifer Linn. DC. prodr. 1, p. 355; Koch Synops Flor. germ. et
helv. p. 9%; MB. F1. taur. canc, 1, p. 325; Kohiraushia prolifera Kunth
F1. Berol. 1,p. 109. Caulis uunc glaber nunc pube rara vel copiosiore adspersus.
— Hab. in Europä frequens, in campis Rossiæ meridionalis, in Taurià atque in
Caucaso. ©
Tunica vezuTINA Fisch. T. annua; caule pubescente; foliis linearibus vel
lineari-spathulatis margine /apicem versus) lævissimis ; floribus capitatis involu-
cratis; calycis glabri hyalini cylindracei dentibus obtusis; petalis oblongo-
cuneatis semibifidis ; seminibus cymbæformibus tuberculato-aspersis. Dianthus
velutinus Guss. FL. sicul. prodr, 1 , p. 493, Koch I. c. Simillima 7". proliferæ
sed notis indicatis optimè distincta. Caulis non rard glabrescit. Folia ima basi
serrulato-scaba, cæterùm margine glaberrima.Semina 1llis 7°. proliferæ minora,
tuberculis acutis exasperata, cymbæformia , margine erecto, non incrassato
cincta. — Hab. prope Fiume , in Sicihà , nec non prope Byzantium. © ©
Vicra pasxcarpa Ten. Colimus in horto nostro botanico formas duas , e semi-
nibus enatas à cel. autore sub 7°. dasycarpæ nomine missis , quarum una nullo
modo à 7’. villosé& Roth. differt ; altera , quæ certè genuina est Ÿ. dasycarpa,
à priore recedit foliolis subglabris, vix hinc indè pilis raris adspersis. Nonne
varietas Ÿ”. villosæ ? — Legumina semper glaberrima.
Vicra myrcanica Fisch. Mey. Ind. nostr. secund, p. 53. Proxima est
V: tricolori et vix satis ab 1llà diversa.
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
ORGANOGRAPHIE , ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGETALES.
Note,sur les bourgeons nés sur une feuille de Drosera iniermedia , par
M. NaAuDIN L e L1 e L L3 L2 e e L 1 L] L L] L e . L1 L1 L : L2 L 1 e L2 L] 14
Etudes phytologiques, par M. le comte DE Trisran . . . . . . «+ ., 16
“Sur la germination des Melocactus , par M. F. A. W. Miquer. .,. . +, 62
Sur le développement du Chionyphe nitens , par M. THIENEMANN . . . 63
Note sur l’anthère des Chara et les animalcules qu'elle renferme, par
More Tears OUT RE SE DE NAS D RU OS
Complément d’un mémoire sur la composition chimique du tissu propre des
végétaux phanérogames, par M. PAYEN. . . .,. . . ... . . .. 79
Recherches sur les sécrétions des racines, par MM. En. Wazser et H. Moxr. 100
Sur le mouvement des sucs dans les végétaux, par M. Mexes . …"ie « 14119
Sur l'anatomie des iubercules des Ophrydées, par M. Linprey. , . . . 123
Sur les Champignons du Ferment, par M. Lxegie . . . . . . . . . « 129
Sur la fructification des Lycoperdons et genres voisins, par M. BERKELEY. 127
Sur l'origine et le développement du Borytis Bassiana et d’une autre
espèce dé Mucédinée parasite, par M. B. Crivezrr. . . . . . . . 128
Recherches anatomiques sur les organes reproductenrs du, Riccia glauca, : |
Pa D DRE à 0 de NT OT 129
Observations sur l'origine et la direction des fibres ligneuses des üges de
Palmiers Dal GAGÉRRNEE & + branle Contacter. UE "e 149
Recherches rt sur les substances alcalines contenues dans les plantes
aux diverses périodes de leur accroissement, par M. F. Goggez. : . . 162
Sur la structure et les fonctions du pollen, par M. GirauD . . .. . . 164
Sur les cellules vertes des Lichens, par M. KEëRBER . . . .. , . k » . 165
Production d’une conferve sur la Salamandre aquatique , par M. Hanover. 165
Recherches sur la structure des vaisseaux annulaires, par M. Mouci. . . 242
Études sur l'anatomie et la physiologie des végétaux, par M. Taém.
Lesrrsounois..# à 14 à... «oser à à sxpotités dCatcente DU R6
Note sur lexcitabilité et le mouvement des feuilles chez les Oxalis , par
DC. Monnet ee ONE Le 21e ae UR Dee +0 D
Nouvelles expériences sur les changemens que subit l'atmosphère pendant
le développement de la température élevée dans le spadice du Colocasia
odora, faites dans le jardin botanique d’ Amsterdam par MM. G. Vrozix
ÉL'NNR EM NV RIEBE, 2e dur o Ne ele eee + « ee ae 00
Sur les bougeons des Cycadces, par F. A. W. Miquez. . . . . . . , 365
TABLE DES ARTICLES. 383
MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES.
Sur un genre nouveau de l’ordre des Pyrénamycètes; par M. J. B. H. J.
DR PANNES 2 0 0000 le ee AR EN RER 0 5
Gonsiderations succinctes sur la tribu des Laminariées, de la sous-famille des
-Fucacées, et caractères sur lesquels est établi le nouveau genre Capea,
appartenant à la même tribu , par M. Camizze MonNTAGNE. . . . . . 48
Plantarum rariorum horti Bogoriensis decas prima, scripsit GC. Hassrarz. 54
Observations sur les Cycadées , par M. F. À. W. Miquez, . - . . . . 6o
Classification des Hyménomycètes, par M, Krorzen +. .,. . . +. . 126
Note préliminaire sur les genres de la famille des Pipéracées, par
MURAT W. Miouer. + . . ns Miele 78e . 167
Observations sur la famille des Pipéracces, par M. G. Kurt. . . .:. . 173
-Matériaux pour servir à la connaissance du Lemna arrhiza avec quelques
"observations sur les autres espèces de ce genre, per le D'J.F.Horrmanx. 223
Description du ARoulinia, nouveau genre de plaies du Mexique, par
M. An. BRONGNIART. . . . . . Le Len me ŒU = Uoliet OÙ De NI
Deuxième centurie de plantes cellulaires exotiques, par M. CG. Moxracxe. 321
Anirmadversiones botanicæ , indici seminum. horti ici imperialis
Petropolitani, anno 1839 additæ; auct. F.E. L. Fiscaer, C. À. Meyer
ch oh. Ave LanenanT ND CU ig - - « duc + 965
PLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Note sur quelques Cryptogames inédites ou nouvelles pour la Flore de
Fran pan DEMAZIERES De TT PONT nue 0 0 à 8
Espèces et monstruosités nouvelles de plantes observées dans les départe-
mens de V’Aisné, du Nord ct du Pas-de-Calais, par M. Az. pe Laronr,
baron ou Méreoco. PES PMR ER NE CRE A SE OR Tr
Plantes nouvelles d” Abyssinie, recueillies dans la province de Tigré par le
D'R. Quarrin-Dizon , décrites par M. A. RicHarp, . . . . . . . 241
MÉLANGES.
Lecons de botanique, par M. Auc. pr Samnr-Hirame. . . . . . . . 64
Notice, sur, la. vie et les écrits du botaniste espagnol D. Mariano Lacasca, .
par M, Canmeno ._ : 4. 7. 20e OMéie ogihnhaml.n. 4 1.146
Rapport fait par M. de Mmeec à l'Académie des Sciences, sur un mémoire
dé Pare Le ol ststmaut TeY In à 220
Indication des principaux travaux de botanique et de physiologie végétale
de la réanion des savans italiens à Turin , par ML: Mabnn. np +—-..0e 845
TABLE DES PLANCHES
RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME.
PLANOHE 1. Fig. 1. Bourgeons nés sur une feuille de Drosera interme-
dia.— Fig. 2. Dilophora graminis. — Fig. 3. Ægerita
perpusilla.
2,3et4. Tissus végétaux.
5, 6,7 et 8. Anthères du Chara.
Q.
Organes reproducteurs du Riccia glauca,
10,11 ct12. Anatomie des Lemna.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
Structure des vaisseaux annulaires.
Quartinia Abyssinica.
I. Lefebvrea abyssinica.—1l. Antopetitia abyssinica.
I. Platanthera tricruris. — 11. Peristylus Quartinia-
nus.— III. Peristylus Lefebvreanus. — IV. Habe-
naria ceratopetala.
I. FHabenaria antennifera. — II. Habenaria va ginata.—
IIT. ÆZabenaria peristyloides. —IV. Habenaria Quar-
liniana. |
T. Disa scutellifera. — II. Satyrium bifolium.— III. Sa-
tyrium coriophoroides,
Fig. 1 à 9. Sphæriacearum var. Asci et Sporidia. —
Fig. 10. Pemphidium nitidum.— Fig. 11. Cordierites
guianensis. — Fig. 12. Scloroderma sinnamariense.
Fig. 1. Frullania Leprieurii. — Fig. 2. Lejeunia cera-
thanta. — Fig. 3. Lejeunia clausa. — Fig. 4. Lejeunia
involvens. — Fig. 5. Macromitrium Leprieurii.
FIN DE LA TABLE DU QUATORZIÈME VOLUME.
EÉrraita du Tome XIF,
Page 97,ligne 17, au lieu de: auteur, lisez: hauteur
8, — 22, au lieu de: un, lisez: une
10, dernière ligne , au lieu de: par ces réceptacles, Lisez: par ses réceptacles
11, lig. 15, au lieu de: desquels, lisez: desquelles
12, — 27, au lieu de: humida , expansa , lisez: humida expansa
ER
FH Re ieE 1
13, —
7, au lieu de: sicca , subclausa', humida ; disco aperto, lisez : sicca subelausa ,
humida disco aperto
19, — 35, au lieu de: d'où l’on se place, lisez: où l’on se place
20, — 16, au lieu de: (fig. a), lisez: (fig. 1)
21, note (2), dernière ligne, au lieu de : à deux sexes, lisez : à deux sèves
25, lig. 21, au lieu de : fécondée elle-même, Lisez: fécondé lui-même
29» SE t
34,
41; GA
43, —
9, au lieu de: s’appliquait; et, pour, lisez : s'appliquait, et pour
10, au lieu de: confusion, cela, lisez : confusion. Cela
36, au lieu de: les Uissus, lisez: le tissu
15, au lieu de:(37), et, lisez : (37); et,
16, au lieu de : la moelle; ces, lisez : la moelle, ces
28, au lieu de : (de a-Amopa, lisez : (de a-Ankoua
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IL. 4. perwtyloides IV. 7 Quarkruan«.
Ani.des Secence .nat.2% Jerte . Bot. Ton. 14. PL. 18.
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