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Full text of "Annales des Sciences Naturelles Botaniques"

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ANNALES 


SCIENCES NATURELLES 


BOTANIQUE 


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PARIS - Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. 


COMPRENANT 


LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, 


L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉE DES DEUX RÈÉGNES 


ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES 


RÉDIGÉES 
POUR LA ZOOLOGIE 


PAR M. MILNE EDWARDS 


POUR LA BOTANIQUE 


PAR MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE 


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QUATRIÈME SÉRIE 


BOTANIQUE 


TOME II 


PARIS 
LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON 


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ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES 


PARTIE BOTANIQUE 


MÉMOIRE 


SUR 


LES GLANDES NECTARIFÈRES DE L'OVAIRE 


DANS DIVERSES FAMILLES DE PLANTES MONOCOTYLÉDONES, 
Par M. AD. BRONGNIART (1) 


L'origine du fluide ordinairement visqueux et sucré, quelquefois 
presque aqueux , qu'on observe au fond de beaucoup de fleurs, et 
qui constitue ce qu’on a nommé le nectar des fleurs, est loin d’avoir 
été bien constatée dans la plupart des plantes. 

Si, dans plusieurs cas, on à observé des organes glanduleux 
extérieurs , soit autour de la base de l'ovaire , soit vers la base des 
étamines ou des pétales, auxquels on a pu attribuer cette sécrétion, 
il est d’autres cas fort nombreux où l’on n’a rien observé de sem- 


(1) Depuis la lecture de cette notice à la Société de botanique de France, dans 
sa séance du 28 juin 1854, j'ai reçu de M. Parlatore un Mémoire qu'il vient de 
publier à Florence sur le même sujet. Je ferai seulement remarquer qu'indépen- 
damment de la différence fréquente des plantes qui ont fait l’objet de nos recher- 
ches, mes observations remontent en partie à huit ou dix ans, quelques-unes 


mêmé à 1838 et 1840, et ont été plusieurs fois signalées dans mes leçons 
au Muséum. 


6 AD. BRONGNIART., —— MÉMOIRE 


blable, et où l’on a dû considérer le fond du tube de la corolle ou la 
base de l’ovaire comme l’organe sécréteur lui-même. 

La plupart des Liliacées, des Amarvyllidées et des Broméliacées , 
paraissaient dans ce, eas ; car, à l'exception des Fritillaires et d’un 
petit nombre d’autres genrés, on n'y avait pas observé d'organes 
sécréteurs extérieurs, et cependant presque toutes ces plantes 
offrent au fond de leurs fleurs un liquide abondant au moment de la 
floraison. 

[y a déjà fort longtemps que, cherchant à vérifier une hypothèse 
mise en avant sur la composition du pistil de diverses familles de 
Monocotylédones, et d'après laquelle les carpelles, ou parties consti- 
tuantes du pistil, ne correspondraient pas aux loges, maisaux valves 
qui alternent avec elles, et la cloison ne serait qu’un repli du milieu 
de cet organe (4), j'ai étudié la constitution des cloisons qui séparent 
ces loges, pour chercher à reconnaitre si, dans leur système vascu- 
laire ou dans quelque point de leur organisation, on trouverait une 
preuve ou de leur simplicité, ou de leur formation par l’adossement 
des parties latérales des carpelles. 

Cet examen me montra que, dans beaucoup de Liliacées, la cloi- 
son qui sépare les loges de l'ovaire présentait, dans son milieu 
et dans une étendue plus où moins considérable, un dédoublement 
et une cavité étroite dont les parois étaient généralement appliquées 
l’une contre l’autre, mais n'étaient cependant nullement adhérentes. 

La cloison est ainsi partagée , dans une étendue plus ou moins 
grande , en deux feuillets qui appartiennent à chacun des carpelles 
contigus, et qui ne sont réunis que vers l'axe et vers la surface 
externe. 

Le tissu qui forme cette partie non adhérente de la cloison, et qui 

tapisse ainsi cette cavité à parois contiguës, est plus dense que celui 
du reste de l’ovaire; il est composé de cellules plus petites, d’une 
forme différente et ordinairement colorées en jaune , tandis que le 
reste de la cloison, comme les parois externes de l'ovaire, est formé 
d’unissu cellulaire plus lâche, incolore, où souventrempli de ma- 
lière verte, à cellules plus grandes, et dont les méats intercellulaires 
(1) Mémoire de M. Steinheil, aus des sciences naturelles, 2° série = t. 1, 

p. 99 (1834). 


SUR LES GLANDES NECTFARIFÈRES. 7 
sont en général remplis d'air, ce qui n’a jamais lieu dans le tissu 
glanduleux. ( 

L'aspect du tissu qui tapisse ces cavités me porta presque immé- 
diatement à le considérer comme un tissu glanduleux; et, en effet, 
en examinant avec soin la disposition de cette sorte de fente ou de 
dédoublement de la eloison , je vis que, fermée du côté central de 
l'ovaire par l’adhérence et la continuité de la partie de la cloison qui 
correspond aux placentas , fermée également du eôté extérieur par 
l’union des deux carpelles juxtaposés, elle se prolongeait cependant 
vers l'extérieur soit dans sa partie inférieure, soit dans sa partie 
moyenne, soit plus rarement, du moins dans les Liliacées, vers le 
haut, en un canal étroit qui venait aboutir à la surface de l'ovaire, 
dans le fond du sillon, qui indique presque toujours au dehors la 
ligne de jonction des carpelles. 

Souvent, par ce petit orifice extérieur formant une fossette à peine 
distinete, et lorsque la sécrétion ne remplit pas encore le fond de la 
fleur , ou lorsqu'on l’a enlevée avec soin , on voit s’'épancher une 
gouttelette de liquide (4). 

On ne saurait done douter que ces cavités À parois appliquées 
l’une contre l’autre ne soient des cavités sécrétantes tapissées par 
un tissu glanduleux, et destinées à fournir à la fleur le liquide qu’on 
observe en effet le plus souvent autour de la base de l'ovaire. Je dé- 
signerai maintenant ces glandes sous le nom de glandes septales de 
l'ovaire. Elles constituent une forme des organes sécréteurs, bien 
rare dans le règne végétal ; car , dans presque tous les cas connus , 
ces organes sont extérieurs, représentant le plus souvent une sorte 
de eupule qui, à un moment donné de la vie du végétal, se couvre 
d’un liquide plus ou moins abondant, sécrété par sa surface. C’est 
ce qu'on observe dans les glandes pétiolaires de beaucoup de végé- 
taux, et dans ces sortes de scutelles sécrétantes placées à la base 


(1) Cette petite fossette avait été observée par Steinheil sur l'ovaire des 
Scilles, mais il l'avait considérée comme l'organe sécréteur lui-même, et dans le 
caractère du genre Urginea , il dit : Ovarium tripartitum apice glanduloso necta- 
riferum. — Annales des sciences naturelles, %° série, t. VI, p. 276 (1836). — 
Lindley les avait aussi indiquées dans le genre Nectaroscordum. — Bob. veg., 
n° 1942. 


8 AD. ÆRONGNIART, — MÉMOIRE 


des pétales des Fritillares et de plusieurs autres Liliacées, organes 
qu’on retrouve avec des formes différentes dans beaucoup d’autres 
fleurs de diverses familles. 

Dans d’autres cas tres fréquents, la sécrétion s'opère dans une 
cavité close de toute part, formée par le tissu cellulaire sécréteur , 
et qui ne laisse échapper le liquide qui s’accumule dans cette cavité 
que par transsudation ou par le déchirement artificiel de son tissu. 
C’est ainsi que sont constituées les cavités glanduleuses si apparentes 
de la peau de l'Orange ou du Citron, et celles plus petites, mais bien 
plus fréquentes, des feuilles de beaucoup de végétaux. 

Mais je ne sache pas qu’on ait déjà reconnu dans le règne végé- 
tal des cavités sécrétantes bien définies, à parois formées par un 
tissu glanduleux propre, et possédant un conduit excréteurrégulier, 
comparable, jusqu’à un certain point, à ceux des organes glandu- 
leux, ou surtout de certains cryptes des animaux. 

Le désir de voir jusqu’à quel point ces organes pouvaient fournir, 
par leur absence ou leur présence et par leurs modifications de 
forme , des caractères naturels, m'a fait longtemps tarder à publier 
mes observations à ce sujet; mais, sans être encore parvenu à les 
multiplier autant que je l'aurais désiré, je crois cependant leur avoir 
donné assez d'extension pour qu’elles offrent quelque intérêt ; car 
j'avais depuis longtemps reconnu l'existence de ces organes sécré- 
teurs dans des plantes appartenant à cinq des famillesles plus impor- 
tantes parmi les Monocotylédones , savoir : les Liliacées, les Ama- 
ryllidées, les Broméliacées , les Cannées et les Musacées. Plus 
récemment, je les ai également observés dans des Iridées et des 
Hæmodoracées. 

Dans les Liliacées , ces glandes offrent beaucoup de diversité 
quant à leur existence même, et quant à leur étendue et à la position 
de leur canal excréteur. 

Ainsi je n’en ai pas aperçu de trace dans le Frotillaria imperia- 
his, dans le Lalium candidum , dans l'Eremurus altaicus , dans les 
Nothoscordum gramineum et fragrans, dans l’Erythronium dens- 
canis, dans le Streptopus roseus, le Peliosanthes teta. Elles me pa- 
raissent manquer dans la plupart des plantes de la tribu des Aspara- 
gées, telles que Convallaria maialis, Smilacina racemosa, Danaida 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 9 


racemosa, Smilax herbacea; mais cependant elles existent dans 
d’autres espèces de cette même tribu, aussi bien que dans des genres 
de Liliacées très voisins de ceux que je viens de citer comme en 
étant dépourvus. Ainsi les Asparagus officinalhis et amarus, le 
Polygonatum multiflorum, offrent dans le milieu de leurs cloisons 
des glandes peu étendues qui s'ouvrent vers la partie supérieure de 
l'ovaire. 

Dans les Hyacinthus orientalis et serotinus, on en observe aussi 
de peu étendues , assez rapprochées de l’axe et des vaisseaux pla- 
centaires. 

L'Ornithogalum umbellatum en présente de plus étendues pla- 
cées vers le milieu des cloisons. La même disposition s'observe 
dans le Phalangium Liliastrum . 

Dansle Scilla peruviana et le Scilla amæna (pl. 1, fig. 1,2, 3), 
elles sont très apparentes, occupentune grande partie de la cloison, 
surtout dans la première espèce ; dans la seconde, le canal excré- 
teur, long et grêle, vient s'ouvrir d’une manière très apparente à la 
surface externe de l'ovaire, un peu au-dessus de la moitié de sa hau- 
teur. 

Dans le Scilla autumnalis, elles sont plus étroites, et s'ouvrent à 
la base de l'ovaire par un orifice peu distinct. 

Les Asphodelus luteus (pl. 1, fig. 5) et ramosus offrent des 
glandes qui occupent presque toute l'étendue des cloisons , et se 
distinguent très facilement à l’épaisseur et à la coloration jaune du 
tissu sécréteur ; leurs conduits excréteurs courts s'ouvrent aux deux 
ers environ de la hauteur de l'ovaire. 

Les genres Eremurus et Bulbine, si voisins des Asphodèles , en 
paraissent au contraire dépourvus. 

Dans l’ovaire très allongé des Aloès (Aloe nigricans et subtuber- 
culata, pl. 4, fig. 11), j'ai observé des glandes très étendues, mais 
dont je n’ai pas remarqué l’orifice extérieur , quoi qu'on voie un 
nectar abondant déposé au fond de la fleur. 

Le Yucca gloriosa présente aussi des glandes qui occupent le 
milieu des cloisons de la base au sommet de l’ovaire ; mais 101 je n'ai 
pu reconnaître aucun orifice extérieur , ni de trace de hquide à la 
surface de l'ovaire, et la glande m’a paru, au contraire, communi- 


10 AD. BRONGNIART, — MÉMOIRE 


quer par sa partie inférieure avec la base du canal central qui fait 
suite à celui du style, et qui occupe tout le centre de l'ovaire. 

Une disposition analogue existe peut-être dans l’A{/buca major , 
dont les glandes septales m'ont paru communiquer avec la cavité 
centrale de l'ovaire (pl. 1, fig. 14), et sur lequel je n’ai pas re- 
connu d’orifice extérieur. 

Les deux genres formés aux dépens de l’ancien genre Hemero- 
callis présentent , sous le rapport de ces organes , des différences 
très marquées. Dans les vrais Hemerocallis (H. flava), je n’a 
observé que des glandes très peu étendues situées non pas dans 
les cloisons mêmes qui séparent les loges, mais dans la partie 
inférieure de l'ovaire au-dessous des loges, dans le plan, ilest vrai, 
qui fait suite à ces cloisons. Ces glandes, au nombre de trois, 
ressemblent , à quelque égard, par la ramifieation de leur cavité, à’ 
celles dont nous parlerons dans les Broméliacées à ovaire libre ; 
elles ne sont cependant pas confluentes entre elles vers le centre, 
et s'ouvrent chacune àla base de l’ovaire par une fente très étroite ; 
dans les Funckia, au contraire (F. lancifolia), ces glandes qui oceu- 
pent les cloisons depuis la base jusqu’au sommet dans toute la lon- 
gueur de l'ovaire, sont aussi larges que ces cloisons, et s'ouvrent 
par une petite fente au sommet de l'ovaire près de la base du style. 

Les Allium présentent une des modifications les plus remar- 
quables de la structure de ces organes , et deux types bien diffé- 
rents dans cette organisation. M. J. Gay, dans un Mémoire sur 
quelques espèces d’A llium(Allii species octo pleræque Algerienses, 
Ann. sc. nat. , 8° sér., t. VIII, p. 185 , 1847 ), avait déjà signalé 
dans ces plantes des organes nectarifères dont la présence se dé- 
notait par des fossettes étroites ou des excavations de forme tubu- 
leuse sur le gynobase qui soutient l'ovaire. 

La plupart des espèces que j'ai observées, Allium Moly (pl. L, 
lig. 9, 10), scorzoneræfolium, ursinum, subhirsutum, n'offrent 
sur le gynobase que des orifices très étroits formant une légère 
dépression linéaire, une petite fente qui correspond aux sillons qui 
séparent les trois loges ; à l’intérieur, ces orifices correspondent à 
des glandes septales irès analogues à celles des autres Liliacées , 
mais occupant la partie de la eloison qui est au-dessous des loges , 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 11 


ou du moins la partie très épaisse qui sépare le fond de ces loges 
au-dessous des ovules. | 

Dans d’autres espèces signalées par M. Gay , cet orifice est pro- 
fondément excavé, et forme même des canaux cylindriques sous 
la surface du péricarpe. J'ai retrouvé cette structure dans PA Uium 
saæatile, et je crois que ces tubes, larges , cylindriques , alternant 
avec les loges et complétement béants, qui s'étendent depuis le 
gynobase jusqu'au sommet de l'ovaire, ne sont encore que des ca- 
naux excréteurs , le fond seul de ces cavités ayant l'apparence d’un 
tissu glanduleux que n'offre pas le reste de leur surface interne. 

D’après ces observations , que j'aurais voulu pouvoir étendre à 
un plus grand nombre des genres si variés de cette vaste famille, 
on voit que ces organes paraissent exister dans la majorité des 
genres de Liliacées , mais que leur présence ou leur absence n’est 
pas en rapport avec les divisions qu’on est porté à admettre 
dans cette famille, que souvent des genres très voisins offrent sous 
ce rapport de grandes différences; cependant ce caractère bien 
étudié aidera, sans aucun doute, à la coordination générique de 
plantes ‘dans lesquelles les caractères se nuancent d’une manière si 
graduelle, et pourra souvent, comme M. Gay l’a montré pour les 
Allhrum, fournir de bons caractères spécifiques. 

Ces glandes septales paraissent se montrer d’une manière encore 
plus fréquente chez les Amarvllidées; les exceptions sont peu 
nombreuses, et la plus remarquable est celle des A/stræmeria , qui 
forment un groupe très naturel dans cette famille, et qui en sont 
complétement dépourvus : aussi ne voit-on aucune trace de sue 
nectariforme au fond de leurs fleurs. 

Ces glandes m'ont paru manquer aussi dans le Galanthus nivalis, 
mais Je n’oserais pas l’affirmer d’une manière aussi positive, mes 
observations déjà anciennes étant assez incomplètes. Dans les Nar- 
cisses (IV. poeticus, Gouani ), elles n’ont que très peu de dévelop- 
pement, et ont presque disparu ; ee ne sont que de petits canalicules 
étroits, placés au bord interne des cloisons entre les faisceaux pla- 
centaires dans la partie la plus supérieure de l'ovaire seulement, et 
venant s'ouvrir au sommet de l’ovaire au fond du périanthe ; 
cependant ces petits canaux sont tapissés d’un tissu plus délicat 


19 AD. BRONGNIART. —- MÉMOIRE 


ayant l’aspect des tissus glanduleux, et ne sauraient être méconnus 
pour les analogues des glandes que nous verrons bien plus déve- 
loppées dans diverses plantes de cette famille. Tels sont les Ama- 
ryllis, les Crinum, les Hymenocallis, les Agave, ete. 

Le Pancratium maritimum forme , pour ainsi dire , le passage ; 
les glandes, quoique ayant déjà la forme aplatie, et tapissant une 
sorte de fente, n’oceupent qu'une portion très limitée de la cloison 
vers son bord interne et supérieur : elles viennent s'ouvrir près de 
la base du style. 

Dans l’Hymenocallis caribæa (ancien Pancratium caribœæum ), 
ces glandes sont bien plus étendues ; elles occupent toute la lon- 
gueur et la plus grande partie de la largeur des cloisons épaisses et 
renflées qui séparent les loges dans cette plante, et viennent s’ou- 
vrir Chacune par un pore très visible au fond du tube du périanthe 
sur le sommet de l'ovaire ; mais cette plante est très propre à faire 
reconnaître l’existence de vaisseaux spéciaux destinés à fournir à la 
sécrétion de ces glandes, et qui, dans beaucoup de cas, ne peuvent 
que difficilement se distinguer des vaisseaux placentaires. Ici, en 
eflet, chaque loge ne renferme que deux ovules dressés naissant 
du fond de la loge, et il n’y à pas le long du bord interne des clor- 
sons de vaisseaux destinés aux ovules ; les faisceaux vasculaires du 
périanthe , des carpelles et du style ont une position bien définie en 
dehors des loges, et cependant les cloisons présentent, des deux 
côtés de la glande qui occupe leur partie médiane, de nombreux 
faisceaux vasculaires qui la parcourent dans toute sa longueur, et 
sont placés à peu de distance du tissu glanduleux. On ne peut guère 
douter que ces faisceaux vasculaires ne soient destinés à fournir à 
ces glandes lés matériaux de leurs sécrétions. Nous retrouverons 
une disposition analogue dans plusieurs Broméliaccées. 

Dans les ÆAmaryllis (A. cinnamomea , longifolia) , les glandes, 
fort étendues dans chaque cloison, n’offrent rien de particulier, et 
s'ouvrent chacune par un canal étroit au fond du tube du périanthe. 

Le Crinum taitense présente une modification très habituelle 
chez les Broméliacées ; les trois glandes qui occupent le milieu des 
cloisons épaisses et charnues se réunissent entre elles vers le centre 
et à la base de l'ovaire , au-dessous des loges qui ne s'étendent pas 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 13 


dans cette partie inférieure ; elles sont là confluentes , formant une 
seule cavité divisée en trois fentes rayonnantes , et plissées ou sil- 
lonnées de manière à accroître la surface sécrétante. 

Dans le Clivia nobilis, les cloisons , assez minces vers leur bord 
extérieur , sont fortement renflées du côté de l’axe de l’ovaire vers 
leur bord placentaire ; c’est dans cette partie renflée que se trouvent 
les glandes nectarifères, qui offrent cette particularité que je n’a 
nulle part observée d’une manière aussi prononcée : c’est que les 
surfaces sécrétantes ne sont pas contiguës, mais tapissent une 
cavité béante remplie par le liquide sécrété, qui vient s’épancher 
au fond du périanthe par trois pores allongés bien distincts. 

L’A gave yuccæfolia, qui offre des glandes septales très étendues 
et très apparentes, ne mérite une mention spéciale que par la ma- 
mère dont s'ouvrent ses canaux excréteurs, qu'on ehercherait mu- 
ülement sur le sommet même de l'ovaire, mais qui s'étendent 
jusque dans la base même du style, et s'ouvrent à une petite hau- 
teur au-dessus de son origine par trois pores placés dans les sillons 
de ce style triangulaire. | 

Une des familles dans lesquelles la présence de ces organes pa- 
rait la plus générale, est celle des Broméliacées ; ils y acquièrent 
même habituellement un grand développement en rapport avec 
l'abondance du sue visqueux et sucre que renferment presque tou- 
jours leurs fleurs 

On sait que cette famille comprend des genres à ovaire complé- 
tement adhérent, d’autres où il est semi-adhérent ou très faible- 
ment adhérent par sa base, d’autres enfin où il est complétement 
libre ; distinction qui n’a pas , du reste, toujours été bien établie, et 
qui est plus ou moins apparente, suivant l’âge de la fleur qu'on 
examine. Cette variation dans l’adhérence du périanthe à l'ovaire , 
qui a, jusqu’à présent, servi de base à la division des Broméliacées 
en sections, fournit des coupes très peu naturelles, et devra être 
remplacée par des caractères plus essentiels et plus précis tirés de 
la structure du fruit et surtout de la graine; mais, pour l'examen 
des glandes ovariennes, elle est assez convenable, et en rapport 
avec la disposition de ces organes. 

Dans les Broméliacées à ovaire adhérent , les glandes septales , 


A AD. BRONGNIART, — MÉMOIRE 


généralement très étendues, offrent une grande analogie avec 
celles des Amaryllidées. 

Dans le Bromelia pinguin et dans plusieurs espèces cultivées , 
mais encore inédites du même genre, ces glandes s'étendent plus 
ou moins bas dans les cloisons, et se terminent par un conduit 
excréteur étroit qui s'ouvre sur le sommet de l'ovaire , souvent par 
un canal élargi en forme d’entonnoir. 

Dans les diverses espèces de Billbergia, si répandues maintenant 
dans les serres à cause de l’éclat de leurs inflorescences, telles que 
les B. zebrina, vittata, Moreliana, 1ridifolia, amæna, pyramidalis, 
et dans plusieurs espèces nouvelles, j'ai toujours trouvé des glandes 
septales très étendues , depuis la base de la cloison où souvent elles 
confluent vers le centre, jusque vers la partie moyenne ou près du 
sommet où elles se terminent en un conduit étroit qui s'ouvre à la 
surface supérieure de l'ovaire, entre la base du style et celle du 
périanthe (Billbergia vittata, pl. 3, fig. 6-11). Le plus souvent ces 
glandes sont sillonnées ou plissées longitudinalement , offrant amsi 
des replis appliqués les uns contre les autres , qui augmentent leur 
surface sécrétante (fig. 10); cette surface est formée , comme dans 
la plupart des autres organes analogues , de deux ou trois rangées 
de cellules à parois très minces, parfaitement contiguës, et remplies 
d’un liquide transparent jaunâtre , qui donne à l’ensemble de cette 
couche plus de transparence qu'au issu environnant ; de nombreux 
faisceaux vasculaires accompagnent au-dehors cette couche de tissu 
olanduleux, surtout vers la base de l'ovaire. 

Les Æchmea(Æ. fulgens, discolor, Melinonis) présentent une 
disposition tout à fait analogue dans ces organes sécréteurs , qui ne 
différent que par leur étendue et les replis plus ou moins marqués 
qu'offre leur surface. 

Je n’ai pas vérifié l'existence de ces glandes dans les genres 
Arœæococcus et Hohenbergia ; mais je ne doute pas de leur pré- 
sence, car elles acquièrent un développement énorme dans un nou- 
veau genre très voisin de ceux-ci ( Echinostachys ), dont l'ovaire ne 
renferme dans chaque loge que trois ovules suspendus , qui occu- 
pent seulement le sommet de ces loges. Les eloisons , dilatées dans 
leur partie inférieure, sont occupées par une cavité commune aux 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. Â5 


trois cloisons , dont les parois plissées et anfractueuses ne sont pas 
contiguës, maislaissent entre elles un espace vide très marqué, qui 
s'ouvre supérieurement par trois canaux aboutissant sur le sommet 
de l'ovaire, par lesquels s’écoule le liquide sécrété dans cette cavité. 

Les genres que je viens de passer en revue ont tous le fruit 
charnu et complétement adhérent ; ils constituent les tribus des 
Broméliées et des Æchmées. Ceux qui nous restent à signaler ont 
tous le fruit capsulaire libre ou en partie adhérent. Parmi ces der- 
niers se trouve le nouveau genre Melinoma , dans lequel l’ovaire 
et le fruit mür sont adhérents au calice dans la moitié de leur éten- 
due , et qui, par la structure de ses graines, se rapproche des 
Pourrehées. 

Dans ces plantes , dont les serres du Muséum renferment deux 
espèces nouvelles provenant de la Guyane ( Melinonia rubiginosa 
et M. incarnata ), la partie de l’ovaire non adhérente au calice est 
formée de trois carpelles qui ne sont unis que par leur angle in- 
terne , et dont les faces latérales sont seulement appliquées l’une 
contre l’autre ; plus bas ces earpelles , unis au tube du calice exté- 
rleurement, sont encore séparés latéralement par des glandes sep- 
tales fort étendues distinctes vers le haut, et se réunissant entre 
elles le long de l'axe dans la partie inférieure. Les deux surfaces de 
ces glandes sont fortement plissées et sillonnées longitudinalement ; 
elles n’ont pas de conduit excréteur distinct, mais viennent épan- 
cher le liquide sécrété dans la fente formée par les carpelles libres, 
mais contigus supérieurement (Melinonia incarnata, pl. 3, fig. 1-5). 

Une organisation fort analogue se retrouve dans le Puya chilen- 
sis, Mol. (Pourretia coarctata, R. et P.), si ce n’est qu'ici la 
partie de l’ovaire adhérente au calice est très peu étendue , et que 
l'ovaire a été considéré comme entièrement libre. La glande necta- 
rifère occupe cette partie adhérente, et s'étend même au-dessous 
des loges en une grande cavité unique à parois plissées et anfrac- 
tueuses, qui épanche le liquide abondant qu’elle sécrète entre les 
carpelles au fond de la fleur. 

On retrouve une structure presque identique dans le Pitcairnia 
punicea des jardins , qui diffère complétement des Pütcairnia par 
ses graines, et formera un genre voisin des Puya et des Melinonia. 


A6 AB. EBRONGNIART, — MÉMOIRE 


La glande ovarienne est placée de même, seulement dans la partei 
adhérente de l’ovaire , et s'étend même au-dessous de ses loges ; 
elle constitue une cavité unique divisée en trois fentes , correspon- 
dant aux cloisons et à surface diversement plissée. Dans cette plante, 
dont le Pitcairnia pruinosa, Kunth, me parait congénère, comme 
dans les Puya et les Pitcairnia, l'ovaire, qui est adhérent au 
calice par sa partie inférieure à l’époque de la floraison, parait plus 
tard complétement libre par le défaut d’accroissement de cette 
partie basilaire de l'ovaire. | 

Je n’a pas étudié la disposition des organes nectarifères des 
Dychia, mais je présume qu'ils doivent être analogues à ceux de 
ces derniers genres. 

Dans tous les Prtcairnia que j'ai examinés, j'ai trouvé les 
glandes ovariennes disposées comme dans les genres que je viens 
de citer, c’est-à-dire n'occupant que la base de l'ovaire adhérente 
au calice , et correspondant en grande partie à la portion des loges 
qui est inférieure au placenta. Ces glandes, quoique séparées, au 
moins dans leur partie supérieure, sont le plus souvent confluentes 
dans leur partie inférieure , et forment ainsi une cavité unique di- 
visée en trois fentes à parois plissées, mais contiguës et s’ouvrant 
par trois fentes distinctes dans l'intervalle des carpelles au point où 
ils deviennent indépendants du calice, et n’adhérent plus entre 
eux que par leur angle interne. 

Je manque d'observations exactes sur ces organes dans les 
genres T'ilandsia, Vriesia, Neumannia. 

Les Gusmannia m'en paraissent dépourvus, du moins je n’en 
ai pas aperçu de trace dans une nouvelle espèce de ce genre ; 
et l’on aurait pu croire qu'ils manquent dans les genres de 
Broméliacées à ovaires complétement libres, ce qui serait assez 
en rapport avec la position qu'ils occupent seulement dans la 
partie adhérente de l'ovaire des Pütcairnia, Puya, ete. Ce- 
pendant il existe un genre nouveau de Broméliacées à ovaire 
complétement libre, Pogospermum (Tillandsia nutans , Swartz, 
et Tillandsia nitida, Hook.), dont les carpelles sont entière- 
ment soudés entre eux, et dont les cloisons présentent chacune 
une glande très distincte, quoique assez étroite, et placée vers le 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 17 
bord interne de la cloison, près des faisceaux placentaires : c’est du 
moins la disposition que j'ai observée dans le Pogospermum nutans. 

J'avais cherché inutilement ces glandes dans plusieurs Iridées , 
les Zris, les æiaetles Sisyrinchium, maisje les ai observées récem- 
ment, d'une manière très distincte, dans le Gladiolus gandavensis 
des jardins. Elles n’occupent que la partie supérieure des eloisons 
dans une étendue d’un peu plus d'un Uers de la longueur de l'ovaire, 
et se terminent par un canal excréteur aplati qui s'ouvre par un 
orifice très petit à la base des trois sillons du style. Ces glandes sont 
accompagnées sur leur partie latérale, entre elles et la surface 
des eloisons, par de nombreux faisceaux vasculaires qui paraissent 
en rapport avec les fonctions de ces organes. 

Dans les Hæmodoracées, les Conostylis m'avaient paru privés 
de glandes et dépourvus de nectar, et j'étais porté à croire que ces 
organes manquaient dans cette famille ; mais ayant étudié cet été les 
fleurs de l’Anygosanthos flavida, j'y a retrouvé ces organes très 
développés , et affectant une disposition fort remarquable. Les 
cloisons qui séparent les loges sont fortement renflées dans une 
partie de leur étendue par la présence du tissu glanduleux; mais 
cette partie renflée, rapprochée de l’axe vers la base de l'ovaire, 
cecupe, au contraire, la partie externe de la cloison vers le haut, 
s'étendant ainsi de bas en haut et de dedans en dehors, eu 
venant aboutir à un canal excréteur qui s'ouvre en dehors de la 
surface supérieure libre de l'ovaire, au point où 1l cesse d’adhérer 
au tube du périanthe. Quant à la glande elle-même, elle est fort 
épaisse ; son lissu cellulaire, plus transparent que celui du reste de 
la cloison , est che, mais très délicat; les deux surfaces plissées 
et comme mamelonnées s'appliquant exactement l’une contre 
l’autre, et les saillies de l’une s’emboiïtant dans les dépressions de 
l’autre, il en résulte que la fente qui les sépare est également si- 
nueuse dans les coupes horizontales et longitudinales. Cependant 
les plis ou ondulations de ces deux surfaces paraissent plutôt dirigées 
transversalement, relativement à la direction générale de la glande. 
On observe l'inverse dans la plupart des cas, et particulièrement 
dans les Broméliacées, où ces plis ou sillons sont dirigés longitudi- 


nalement, et convergent vers le canal excréteur. 
4e série, Bor. T. IT. (Cahier n° 4.) 2 


+9 


18 AD, BRONGNIART, —— MÉMOIRE 


Dans la famille des Cannées , j'ai observé ces organes dans plu- 
sieurs espèces de Canna : ces glandes n’occupent qu'une petite 
partie des cloisons près de l’axe, entre les faisceaux vasculaires du 
placenta ; leur coupe transversale est elliptique, et le tissu qui les 
constitue forme une couche assez épaisse, dont les cellules superf- 
cielles qui tapissent la cavité de la glande sont allongées, linéaires , 
dirigées perpendiculairement à la surface, comme les thèques et 
les paraphyses de l’hyménium d’un Champignon thécasporé. Les 
couches plus profondes sont composées de petites cellules qui for- 
ment comme la base des précédentes, et toutes sont à parois 
minces et délicates, transparentes et sans air interposé ; elles se 
distinguent ainsi très facilement du tissu général des eloisons et du 
reste du péricarpe. On pourrait au premier coup d'œil confondre la 
coupe transversale de ces glandes avec celle des faisceaux vascu- 
laires, dont les cellules allongées qui accompagnent les vaisseaux 
ont aussi beaucoup plus de transparence que le parenchyme envi- 
ronnant ; mais, indépendamment de l’absence des vaisseaux dans les 
glandes , la direction des cellules allongées, et l’existence de cette 
fente moyenne, dont les surfaces, naturellement contiguës, s’écar- 
tent très facilement , ramènent ces organes au type habituelde s 
glandes septales. 

Dansles Zingibéracées, j'ai cherché cesorganes sur un Hedychium 
(H. Gardnerianum), et je n’en ai trouvé aucune trace ; la partie 
moyenne des cloisons est occupée par un faisceau vasculaire très 
fort, qui, par sa structure, ne saurait être confondu avec les glandes 
septales. Il y a cependant une sécrétion d’un liquide abondant au 
fond du tube du périanthe ; mais on peut probablement l’attribuer aux 
corps glanduleux , saillants, qui naissent du sommet de l'ovaire, et 
que plusieurs botanisies considèrent comme deux styles avortés. 

J'ai examiné aussi à ce point de vue les Strehitzia de la famille 
des Musacées, et dans le S. ovata, j'ai trouvé des glandes très ana- 
logues à celles des Amaryllidées. Elles occupent, en ellet, les deux 
tiers supérieurs environ de chaque cloison dans une grande partie 
de leur largeur, et viennent se terminer par un canal excréteur 
étroit et grêle, qui s'ouvre au fond du tube du périanthe entre la 
base du style et les parois de ce tube. La surface de cette lente glan- 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 49 


dulaire est plissée longitudinalement , et des faisceaux vasculaires, 
assez nombreux , rampent dans la cloison en dehors du tissu glan- 
duleux. 

Telles sont les principales observations que j'ai pu faire jusqu’à 
ce jour sur les glandes nectarifères de l’ovaire dans diverses fa- 
milles de Monocotylédones. Ces recherches auraient besoin d’être 
étendues à quelques autres familles qui me paraissent, sans que 
j'ose cependant l’affirmer d’une manière absolue, en être dépour - 
vues : telles sont les Joncées, les Commélinées, les Mélanthacées, 
les Aroïdées. Elles devraient aussi être poursuivies dans un plus 
grand nombre de genres ; mais la nécessité de faire ces observa- 
tions sur des fleurs fraîches, sur lesquelles ces études sont beau- 
coup plus faciles, et le peu de durée de la floraison de beaucoup de 
ces plantes, m'ont obligé déjà à prolonger ces recherches pendant 
plusieurs années. 

Pour compléter l'indication des faits connus sur ce sujet, j’ajou- 
terai que M. Parlaiore, dans la Dissertation sur de nouveaux genres 
et espèces de plantes monocotylédones qu'il a publiée à Florence à 
la fin de juin 1854, consacre une introduction fort étendue à l’étude 
des organes nectarifères des Monocotylédones, et particulièrement 
aux glandes septales de l'ovaire qui font le sujet de ce travail. Ses 
observations portent sur plusieurs des mêmes familles qui ont été le 
sujet des miennes : les Liliacées, les Amaryllidées, les Broméliacées, 
les Iridées ; mais, à l'exception des Iridées, je crois qu'elles ont 
embrassé moins de genres différents. Dans les fridées, où je n’ai 
observé ces organes que dans les Gladiolus, M. Parlatore a étendu 
ses recherches aux Babiana, aux Antholiza, aux Anomotheca. Dans 
ces deux derniers genres et dans quelques Amaryllis, ce savant si-- 
gnale une organisation dont je n’ai vu aucun exemple, et dont il me 
paraît même difficile de se rendre compte sans des détails plus pré- 
cis. Suivant M. Parlatore, les glandes, au lieu d’avoir trois orifices 
à la partie supérieure de l'ovaire, en offriraient six. La position 
de ces glandes dans chacune des cloisons ne me permet pas de 
comprendre comment peuvent être placés ces six orifices distincts. 
Dans quelques cas, j'ai vu des dépressions du sommet de l'ovaire 
alterner avec les ouvertures des canaux excréteurs, et simuler 


20 AD, BRONGNIART. —- MÉMOIRE 


ainsi six ouvertures distinctes ; ou bien, dans des coupes trans- 
versales, les trois canaux du style, qui font suite au sommet des loges 
de l’ovaire, alternant avec les trois canaux excréteurs, forment six 
petits canalicules dans cette partie charnue de l'ovaire qui sépare 
les loges de la base du style, mais trois seulement , ceux qui cor- 
respondent aux glandes, aboutissent à l'extérieur, au fond du tube 
du périanthe. 

L'existence de ces six orifices se comprend, au contraire, parfai- 
tement dans le Butomus umbellatus, où M. Parlatore les signale 
comme alternant avec les six ovaires de cette plante soudés seule - 
ment par leur base. 

Le même botaniste annonce n'avoir pas observé ces organes 
dans plusieurs familles de Monocotylédones, parmi lesquelles il cite 
les Hæmodoracées et les Cannées ; mais on a vu, par les exemples 
que j'ai cités, que ce fait n’est au moins pas absolu , et que dans 
beaucoup de familles on ne peut pas étendre à leur ensemble les 
caractères tirés de ces organes, dont la présence ou l’absence varie 

re à l’autre. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


PLANCHE 1. 


Glandes ovariennes des Liliacees. 


Fig. 1-3. Scilla amæna. 
4. Ovaire entier grossi, montrant vers les deux tiers supérieurs un des pores 
ou orifice excréteur. 
2. Coupe longitudinale d’une des cloisons qui met à découvert la surface d’une 
des glandes et son canal excréteur. 
3. Coupe transversale d’une des cloisons dont le milieu est occupé par une 
des glandes a. 
Fig. 4-8. Asphodelus luteus. 
4. Ovaire entier grossi, montrant l'orifice excréteur d’une des glandes. 
5. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne , montrant les trois 
glandes qui occupent toute l'étendue des cloisons «a a: la coupe pssse par 
le canal excréteur de l’une d'elles en b. 
6, 7, 8. Développement des ovules et de l’arille sec qui recouvre les graines. 
Fig. 9-10. Allium Moly. 
9. Coupe longitudinale de l'ovaire gynobasique de cette plante, et de la 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 241 
glande « placée dans la partie inférieure de la cloison au niveau du fond des 
loges; b, orifice du canal excréteur. 

40. Coupe transversale de l'ovaire à la bauteur des glandes a a a : la coupe 
passe par le canal excréteur de l’une d'elles en b; ccc, fond des loges au- 
dessous de l'insertion des ovules. 

Fig. 11-13. Aloe subtuberculata. 

11. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne : “aa, glandes 
septales ; bb, deux des ovules bisériés dans des loges. 

12-13. Ovule au moment de la fécondation, et plus développé, en partie 
recouvert par l'arille. 

Fig. 14. Albuca major. 

Coupe transversale de l'ovaire montrant les trois glandes septales, et leurs 

rapports avec la cavité centrale de l'ovaire. 


PLANCHE ‘. 


Glandes ovariennes des Amaryllidées. 


Fig. 4-3. Amaryllis cinnamomea. 
A Coupe longitudinale de l'ovaire, divisant une des loges et une des cloisons, 
et montrant la glande a qui en occupe le milieu dans toute son étendue, et son 
canal excréteur b. | 


+9 


. Coupe transversale à la base du périanthe et du style, montrant la surface 
supérieure de l'ovaire et les trois orifices des canaux excréteurs b bb. 

3. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, et des glandes aa a 
qui occupent le milieu de chaque cloison. 

Fig. 4-6. Hemerocallis caribæa. 

&. Coupe longitudinale de l'ovaire passant par le milieu d’une des cloisons, et 
montrant la glande a et le canal excréteur b qui en occupent la plus grande 
partie. 

5. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, présentant les cloi- 
sons très épaisses, et occupées par les glandes et les vaisseaux qui les 
accompagnent. 

6. Coupe transversale d’une de ces cloisons plus grassie, montrant l'aspect du 
tissu glanduleux au milieu du parenchyme général et des faisceaux vascu- 
laires. 

Fig. 7. Clivia nobilis. 

Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, pour montrer le ren- 
flement particulier des cloisons dans la partie qui correspond aux glandes 
nectarifères, et la cavité béante de ces glandes aa a, dont les surfaces ne 
sont pas contiguës comme la plupart des autres plantes. 

Fig. 8-12. Agave yuccæfolia. 
8. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne, pour montrer la 


29 AD. BRONGNIART. — MÉMOIRE 


disposition des glandes «a a dans le milieu des cloisons très épaisses qui 
séparent les loges. 

9. Coupe transversale du sommet de l'ovaire au-dessus des loges ; bbb, ca- 
naux excréteurs ; ccc, canaux stylaires. 

10. Coupe du style à sa base, immédiatement au-dessus de l'ovaire, mon- 
trant les canaux excréteurs a a a quil renferme. 

11, Coupe du style un peu au-dessus, au point où les canaux excréteurs 
sortent du style. 

42. Coupe transversale d'une des cloisons plus grossie, avec la glande qui en 
occupe la partie moyenne. | 


PLANCHE 9. 


Glandes ovariennes des Broméliaceées. 


Fig. 4-5, Melinonia incarnata. 

1. Coupe longitudinale de l'ovaire, divisant une des cloisons etla glande a qui 
en occupe le milieu. 

2. Coupe transversale de l'ovaire au-dessous des ovules ; les glandes sont con- 
fluentes et offrent de nombreux sillons longitudinaux. 

3. Même disposition plus développée sur une coupe transversale prise un peu 
plus haut. 

k. Coupe transversale un peu au-dessous du point où cesse l’adhérence du 
calice à l'ovaire ; les trois glandes sont distinctes dans chaque cloison et 
vont S'ouvrir dans l'intervalle des carpelles. 

5. Coupe transversale dans la partie libre de l'ovaire, montrant les carpelles 
libres entre eux et simplement appliqués par leurs faces latérales. 

Fig. 6-11. Billbergia vittuta. 

6. Coupe longitudinale de l'ovaire passant par le milieu d’une des cloisons, et 
montrant une des surfaces de la glande septale avec ses plis ousillons, et 
son canal excréteur s'ouvrant dans l'entonnoir formé par la surface supé- 
rieure de l'ovaire. 

7. Coupe de la partie inférieure de l'ovaire au-dessous des placentas, montrant 
la confluence des trois glandes au centre. 

8. Coupe transversale correspondant à la partie inférieure des placentas où les 
glandes aaa sont distinctes et moins sillonnées. 

9. Coupe transversale ‘vers la partie supérieure des placentas correspondant 
aux trois canaux excréteurs bbb. 

A0. Portion des glandes confluentes prise sur la coupe figure 7, pour faire 
voir les rapports des faisceaux vasculaires avec ces glandes et leurs replis. 

A1. Coupe transversale d'une portion de glandes, figure 8, observée au mi- 
croscope, pour montrer la différence lu tissu glauduleux aa et du paren- 
chyme propre des cloisons b b. 


SUR LES GLANDES NECTARIFÈRES. 23 


PLANCHE /L. 
Glandes ovariennes des Canneées et des Musacées. 


Fig. 1-2. Canna aurantiaca. 

1. Coupe transversale de l'ovaire dans sa partie moyenne : aaa, les trois 
glandes septales placées entre les faisceaux musculaires du placenta b b b. 
2, Coupe transversale plus grossie de la portion de la cloison qui correspond 

à une des glandes et aux faisceaux vasculaires. 
2 a. Portion du tissu glauduleux plus grossi. 

: Fig. 3-9, Strélitzia ovata. 

3. Coupe longitudinale de l'ovaire passant par le milieu d'une des loges et 
d'une des cloisons, montrant la glande septale de cette cloison et son long 
canal excréteur s'ouvrant au fond du tube du périanthe. 

4. Coupe transversale en 4, fig. 3, au-dessus des loges, montrant les canaux 
excréteurs bbb. 

5. Coupe transversale vers le sommet des loges en B, fig. 3 : commencement 
des glandes étroites, mais accompagnées de nombreux faisceaux vasculaires 
qui leur paraissent propres. 

6. Coupe transversale en C, correspondant à la partie moyenne des loges et 
des placentas. 

7. Coupe transversale en D, un peu au-dessous du milieu des placentas, près 
de l'extrémité des glandes. 

8. Coupe vers la partie inférieure du placenta en E , au-dessous de la termi- 
naison des glandes septales. 

9. Coupe d’un des ovules. 


DE LA NÉCESSITÉ DE FAIRE DISPARAITRE 


DE LA NOMENCLATURE BOTANIQUE 
LES MOTS TORUS ET NECTAIRE, 


Par le Dr D. CLOS. 


Professeur et directeur du Jardin des plantes, à Toulouse, 


À mesure que la science fait des progrès, à mesure que son domaine 
s'agrandit, elle tend à se simplifier de plus en plus, et c’est un de ses plus 
beaux priviléges. Aux théories spéculatives succèdent des observations pré- 
cises; aux hypothèses, des lois, et c’est par ces lois que la science de l’orga- 
nisation marche vers ce degré d'unité qui a été le rêve de tous les esprits 
vraiment philosophiques. 


21 D. CLOS. -— NÉCESSITÉ D£ FAIRE DISPARAÎTRE 

Mais, en même temps que les diverses parties de la science se perfec- 
tionnent, sa glossologie ne doit pas rester en arrière ; car, on l’a dit depu is 
longtemps, le langage traduit le degré de perfection d’une science. 

Cependant, soit respect pour les anciennes traditions, soit par tout autre 
motif, il est certaines parties du langage botanique reconnues défectueuses 
par la plupart des botanistes, et qui sont encore d'usage même dans les 
ouvrages élémentaires. C’est ce que nous allons essayer de prouver pour 
les mois {orus et nectaire, qui, à notre avis, devraient disparaître du 
cadre de la nomenclature botanique. Examinons-les l’un après l’autre. 


DU TORUS. 


Le mot forus fut proposé par Salisbury (Trans. Linn. Soc., V, 141), 
et mis surtout en vogue par de Candolle. Depuis lors, il a été souvent 
employé, et aujourd’hui il l’est encore très fréquemment. Nous pensons 
que la conservation de ce mot est non-seulement inutile, mais nuisible 
pour la science. 

Pontedera avait introduit dans le langage botanique le mot récep- 
tacle (4). Linné consacra, de son autorité, l'usage de ce terme ; c’était 
pour lui la partie terminale du pédoncule qui sert de support à tous les or- 
ganes de la fleur : Receptaculum basis qua partes fructificationis con- 
nectuntur (Philos. Bot.). Ge mot était convenable, euphonique, expres- 
sif. Dans quel but chercha-t-on à lui substituer celui de torus ? C’est 
difficile à dire. Toutefois l'inconvénient d’un second terme pour exprimer 
un même objet eût été léger, si ce mot {orus avait eu un sens précis; 
mais 1l s’en faut bien, et il nous semble que son emploi a donné lieu à de 
déplorables confusions. Quelques exemples empruntés à divers auteurs 
vont en fournir la preuve. 

Salisbury avait défini le (orus, le support général ou la base des diffé- 
rentes parties d’une fleur unique (2). 

De Candolle déclare dans sa T'héorie élémentaire (3° édit., p. 348) que 
le mot torus est synonyme de réceptacle; mais bientôt, dans son Orga- 
nographie végétale, il restreint, d’une part, l’acception de ce mot, et de 


(1) Voco itaque receptaculum corpus quoddam figura dissimile, atque varium, 
cui stamina et petala semper adhærent et in quam tum apicum tum petalorum 
succus corrivari solet ut a receptaculo sensim embryoni subministretur. (Ponte- 
dera, Antholog., p. 26, anno 1620.) 

(2) Thef common support, or base of the different parts of a simple flower. 
(Loc. cit.) 


LES MOTS TORUS ET NECTAIRE. 29 
” l'autre il en étend la signification. Il la restreint, lorsqu'il dit: «Le torus 
paraît être une expansion du sommet du pédicellé, de laquelle naissent les 
pétales et les étamines, et qu’on peut considérer comme la base de toutes 
les parties mâles et corollaires des fleurs. » (Organ., 1, 483.) Définition 
qui se trouve à peu de chose près reproduite à la page 39 du même ou- 
vrage. C’est qu’en effet le réceptacle donne naissance non pas seulement à 
la corolle et aux étamines, mais encore à toutes les autres parties de la 
fleur. Le même savant a donné, au contraire, un grand degré d'extension 
au mot torus, quand il ajoute qu’il se prolonge quelquefois autour du 
fruit ou sous forme d’écailles pétaloïdes distinctes comme dans l’An- 
colie, ou de filets filiformes comme dans plusieurs Cypéracées, ou sous 
la forme d'un godet membraneux, et il cite pour exemple le Pæonia 
moutan, le Nuphar, le Pavot, l’Oranger, le Carex. (Org. I, 39.) 

Déjà, dès 1835, M. Alph. de Candolle faisait remarquer à ce propos que, 
dans l’Orange et le fruit des Papavéracées, l'enveloppe coriace externe 
n'est pas un prolongement du torus; car elle est continue avec le style, 
et nettement séparée du torus de la fleur ([ntrod. à la bot., I, 183, 
note); et depuis, la morphologie nous à éclairés sur la véritable nature de 
plusieurs de ces parties que de Candolle rapportait au forus. 

Les auteurs qui sont venus après de Candolle, s’autorisant de cet 
exemple, devaient adopter des vues diverses sur le torus. M. Lemaout, 
définissant le torus la partie du réceptacle située entre le calice et le 
pistil, considère le mot torus comme synonyme de disque (Atlas, p. 54). 
Mais d’autres botanistes, auteurs aussi d'excellents ouvrages élémentaires, 
et qui, par cela même, ont dû porter plus d’une fois leur attention sur ce 
point, ont cru devoir revenir à la première opinion de de Candolle, et re- 
garder le mot forus comme tout à fait synonyme de réceptacle : tels sont 
MM. Lindley (Zntrod. to Botan., 2° édit., 176), A. Richard (Elém., 
7° édit., 322), de Jussieu (Élém., 5° édit., 232). Ce même sentiment est 
adopté par M. Martius (Beitr. z. Kenntn. der Amarant., p. 27). 

Si nous résumons les considérations qui précèdent, nous arriverons aux 
conclusions suivantes. Il faut rejeter le mot torus, parce que : | 

1° Il à été employé par les divers auteurs dans des acceptions diverses. 

2° Un même auteur lui a donné des sens divers. 

3° Les maitres de la science actuelle ne le distinguent pas du mot 
réceptacle. 

Ajoutons encore que des savants, dont on ne récusera certes pas l’auto- 
rité, ont déjà signalé l’inutilité de ce mot. «Il nous semble, dit A. Richard, 
que M. de Candolle a confondu le réceptacle ou torus, qui n’est à propre- 


26 D, CLOS. — NÉCESSITÉ DE FAÎRE DISPARAÎTRE 


ment parler que le sommet du pédoncule, auquel s’attachent toutes les par- 
ties constituantes de la fleur avec les appendices, les disques, qui en nais- 
sent. » (Nouv. élém., 7e édit., 334.) M. A. de Saint-Hilaire est encore 
plus explicite ; on lit dans sa Morphologie végétale, p. 465 : Le mot torus 
a été confusément appliqué tout à la fois au disque et au réceptacle. 

Il convient donc, ce semble, de revenir au mot réceptacle, en tant 
que désignant l’extrémité du pédoncule, d’où partent toutes les parties de 
la fleur ; et quant au réceptacle des Composées, qui a reçu tant de noms 
divers , il est sans doute aussi plus rationnel de lui conserver la dénomina- 
tion de réceptacle commun, qui ne peut donner lieu à aucune amphibo- 
logie. 

DU NECTAIRE. 


Si le mot forus ne doit pas être conservé, si les considérations que nous 
venons de développer à l’appui de cette opinion sont fondées, bien plus 
fortes encore sont celles que l’on peut faire valoir lorsqu'il s’agit des 
nectaires. 

Sans recourir à des citations inutiles, je me bornerai à rappeler que 
Linné, après avoir donné une définition parfaitement rigoureuse du mot 
nectaire (1), détourna plus tard complétement ce nom de sa signification 
primitive en lui accordant la plus large extension. Depuis lors, la plupart 
des auteurs modernes ont consacré un chapitre au nectaire ; mais il règne 
entre eux à ce sujet le plus grand désaccord. « Il est peu de termes, dit de 
Candolle, dont on ait autant abusé que de celui de nectaire. » (Organogr., 
I, 534.) En effet, chaque botaniste a sur ce point une opinion différente 
de celle des autres , et l’on réunit sous ce nom les choses les plus hété- 
rogènes. 

En même temps que Linné créait le mot nectaire, son antagoniste 
Adanson proposait celui de disque. On doit entendre par ce dernier mot, 
d’après Adanson, une sorte de réceptacle placé sous les étamines, ou sous 
l'ovaire, ou à la fois sous les étamines et l’ovaire , souvent confondu avec la 
partie de la corolle appelée nectaire (Fam., I, ccij et cecviÿ). Or nous 
avons vu que M. Lemaout considère les mots {orus et disques comme 
synonymes ; d’un autre côté, M. À. de Saint-Hilaire prend ce dernier terme 
pour synonyme de nectaire. Mais il s'éloigne beaucoup des définitions 
données soit du nectaire par Linné, soit du disque par Adanson, lorsqu'il 
définit le disque, tout verticille, sous quelque forme qu’il se présente, com- 


(1) Nectaria, stricto sensu, sunt organa humorem nectareum secernentia. 
(Phil. bot.) | 


LES MOTS TORUS ET NECTAIRE. 27 
plet ou incomplet, qui se trouve entre les étamines et l’ovaire. A. Richard, 
au contraire, conserve la distinction entre le disque et le nectaire, et con- 
sacre à chacun d’eux un chapitre distinct. (Ælém. de bot., 7° édit., 
p. 396-399). 

Il en est qui rejettent les mots forus et disque, n’admettant que celui 
de nectaire ; mais encore ici quelle divergence d'opinions! Poiret ne voit 
dans les nectaires que des corps glanduleux , refusant ce nom aux appen- 
dices de la corolle ou des étamines. Mirbel, tout en critiquant Linné d’avoir 
abusé de ce nom, encourt le reproche qu’il adresse au grand naturaliste 
suédois (£lém. de physiol. véqg., 1, 270). À. de Jussieu voudrait que l’on 
revint à la première définition de Linné, et que cenom denectaire fût ré- 
servé aux points de la fleur où se montre la formation du nectar (Cours 
élém., 1" édit., p. 465). Le même sentiment est exprimé par A. Richard : 
€ Si l’on voulait, dit-il, conserver cette expression de nectaire, nous pen- 
sons qu'il faudrait exclusivement la réserver pour les amas de glandes si- 
tués dans l’intérieur de la fleur, et destinés à sécréter un liquide mielleux 
et nectaré. » (Elém., p. 400.) Une opinion analogue a été émise par de 
Candolle père(Organogr., I, 53h), par de Candolle fils ({ntrod. à la bot., 
1, 167), et par Treviranus (Physiol. der Gew.,l, 255). Turpin avait aussi 
proposé de n’admettre qu’un seul terme pour désigner les nectaires et les 
disques , et il avait cherché à faire prévaloir celui de phycostème, qui 
signifie, pour lui, éfamines déquisées (Tconogr., p. 53). Mais on pouvait 
lui demander si toutes les surfaces nectarisées avaient cette signification 
morphologique. 

Ainsi les uns veulent qu’on revienne à la première définition de Linné; 
d’autres (Lemaout, Bravais, etc.) appliquent le nom de nectaire à toute 
partie qui, sans avoir aucun rapport entre elles, semblent s'éloigner de la 
forme normale des organes essentiels de la fleur. Les uns lui donnent la 
plus grande extension ; les autres voudraient distinguer le nectaire du 
disque, du torus (4). 

En pareille occurrence que faut-il faire? Remarquons d’abord que déjà 
plusieurs botanistes, et des plus célèbres, ont senti le vague de ce mot, et 
exprimé la nécessité de l’exclure de la nomenclature botanique. Lamarck a 
dit : « Employer de pareils termes, c’est jeter de l’équivoque dans l’étude 
de la botanique, et pervertir l'usage des noms, qui doivent toujours réveiller 
dans l'esprit une idéeréelle et précise. » (Art. NECTAIRE de l’Encycl. méth., 


(1) M. L. Bravais a cherché à défendre les idées de Linné sur le nectaire, 
ajoutant quatre espèces de nectaires à celles qu'admettait le savant suédois. (Voyez 
Ann. sc. nat., 2° sér., XVIII, p. 452.) 


28 mn. CLOS. — NÉCESSITÉ DE FAIRE DISPARAÎTRE , ETC. 

et Flore franç., 2° édit., I, p. xim). Bulliard n’a pas.été moins explicite : 
« Ce mot, appliqué à tant de choses essentiellement différentes , qu’il est 
impossible de le définir avec précision, doit être rejeté et remplacé par un 
autre plus propre à la chose que l’on observe. » Enfin A.-L. de Jussieu, 
dans la belle préface du (Genera plantarum, s’est aussi nettement pro- 
noncé : Rejiciendum e scientia botanica nomen vagum nimis.(Ann. sc. 
nat., 2e sér., VIII, p. 132, note.) 

Parmi les auteurs modernes, M. Lindley est presque le seul qui ait eu 
le courage de ne pas consacrer un chapitre au nectaire (Introd. to Bot., 
2° édit.). Il nous paraît que cet exemple devrait être universellement suivi. 
Tant que l’organographie était dans l’enfance ; tant que la morphologie, 
avee ses admirables lois de symétrie, ne nous avait pas éclairés sur la si- 
gnification des appendices des Nigelles, des Drosera , il était peut-être 
utile d’avoir un mot général pour exprimer tous ces organes jusqu'alors de 
nature douteuse, et qui semblaient s'éloigner par des caractères plus ou 
moins marqués des parties normales de la fleur. Aujourd’hui la science 
est tout autre; mais, par trop de respect pour le passé, on lui a conservé 
quelques-uns de ses anciens priviléges. Il est temps, je crois, de l’en dé- 
barrasser. « Lorsqu'on a accoutumé son esprit, dit de Candolle, à un cer- 
tain ensemble d'idées et à des termes inexacts, on arrive, par une pente in- 
sensible, à n’être plus frappé des inconséquences que l’on a toujours 
admises. » (T'héor. élém., 3° édit., p. 99.) 

Les appendices des calices et de la corolle peuvent conserver, suivant 
les cas, les noms de bosses, cornes, éperons. Le nom de disque s’appli- 
quera à ces anneaux glanduleux qui entourent la base de l'ovaire (Cobæa) ; 
lorsque les parties du disque sont isolées, chacune d’elles prend le nom de 
glande. Quant à ces parties d'organes quelles qu’elles soient, écailles, 
bosses, éperons, fossettes , surfaces planes, qui excrètent une humeur 
miellée, l’épithète de nectarifère (producteur du nectar) suffira pour les 
caractériser avec certitude. 


TENTAMEN 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 
ADDITIS DESCRIPTIONIBUS COMPLURIUM NOVARUM SPECIERUM 


NOVIQUE GENERIS HOLOSTYLIS, 


Auctore P. DUCHARTRE. 


PARS 1°. 
DIVISIO ET CONSPECTUS GENERIS ARISTOLOCHIA. 


I. Columna apice triloba; antheræ per paria approximatæ im 
à catervas lobis columnæ oppositas. 


A. AsreroLyTes, Columna tripartita, lobis truncatis margine in- 
crassato flexuosis vel undulatis. Calyx tubulosus, limboparvo 
bilabiato labio altero sæpius bifido. Capsula apice dehiscens, 
valvis Stellatim patentibus a columna centrali decidua dis- 
junctis. — Herbæ humiles, parvifloræ , in America boreali 
crescentes. ( À. serpentaria, Linn.; À. reticulata, Nutt. ; 
A. polyrhizos, Pluk. Spreng. 


B. Sipnisia, Rafin. Columna trifida. Lobi triangulari-lanceolati, 
margine non incrassaio recto. Calyx tubulosus refractus, limbo 
nune trilobo nune annulari obsoletissime trilobo. Capsula ge- 
neris oblonga , hexagona , 6-valvis, dehiscentia septicida ba- 
silari. — Frutices Scandentes , elati, in America boreali et 
Napalia crescentes. (4.sipho, l'Hérit. ; À. tomentosa, Sims ; 
À. saccata, Wall. 


C. Hexonox. Columna subtripartita. Lobi apice bifidi; antheræ 
magnæ. Calyx refractus, nune unilabiatus labio trilido, nunc 
peripherico - bilabiatus. — Frutices scandentes, in America 
boreali et Japonia crescentes. (A. sericea, Benth. ; À. Kæmp- 
feri, Willd. 


90 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN 


If. Columna sexæloba rarissime quinqueloba. Antheræ æquidistan- 
tes singulatim smgulis columnæ lobis oppositæ. 


À. Gvmnozogus. Lobi columnæ exappendiculati, id est, proces- 
sibus transversis destituti. Lineæ stigmatosæ longitudinales 
marginantes suleum medium vel depressionem faciei externæ 
loborum, inferne sub sinubus confluentes. — Species neogeæ 
S. americanæ. 


$ 1. Pentandræ (Einomenia, Rafin.). 


Flores pentandri unilabiati, imberbes, instructi bractea sæpissime in 
ipsa basi ovarii, rarius in pedunculo non procul a flore. Capsulæ 5-val- 
ves, dehiscentia septifraga apicali (saltem in À. micrantha Dire. , sola 
specie eujus fructum maturum et dehiscentem videre mihi contigit. 
(A. pentandra, Lin.; À. hastata, Kunth.; À. brevipes, Benth.; "A. mi- 
crantha, Dire.; * A. bracteosa, Dtre.; A. longiflora, Engelm. et 
À. Gray; * À. velutina, Dtre.; ‘A. flexuosa, Dire.; À. fœtida, Kth. 


S 2. Hexandre. 


Flores hexandri, bractea basilari destituti. Capsula 6-valvis, dehiscentia 
septicida basilari. 


+ Unilabiatæ. 


4° Apice caudatæ (A. caudata, Lin.; A. Ehrenbergiana, Cham.; À. tri- 
lobata, Lin.; À. macroura, Gomez; À. caracasana, Spreng.…… 
2° Apice caudatæ. 


a. Labio interne barbato. (A. barbata, Jacq.; * À. dictyantha, Dtre.; 
"A. eurystoma , Dtre.; A. macrota , Dire.; À. taliscana, Hook.; 
"A. Galeotti, Dtre. ; ‘A. cyclochilia, Dtre.; A. pardina , Dtre. ; 
"A. chiquitensis , Dtre.; À. odora, Steud.; À. peltata, Lin... 
A. macradenia, Hook.; À. glandulosa, Kickx. 


b. Labio facie interna sub apice papilloso seu verrucoso. (*A. ovali- 
folia, Dire.; "A. elliptica, Dtre.;? A. oblonga, Arrab. 

c. Labio fimbriato. (A. fimbriata, Cham. 

d. Labio facie interna margineque glabro et lævi. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. o1 


+ Labio unguiculato, id est, basi angustato. 


*Tubo recto. (A. pilosa, Kih. 
** Tubo refracto. (A. cynanchifolia, Mart.; À. Surinamensis, Wild. 


B. Labio sessili contmuo, id est, basi non angustato. 
* Labio ovato vel cordato. 


4. Labio refracto. (A. truncata, Field et Gardner. 
2. Labio non refracto. 


+ Tubo recto, floribus solitariis. (À, rumicifolia, Mart.; À. bilo- 
bata, Lin. ; À. oblongata, {acq. ; À. obtusata , Swartz; À. in- 
flata , Kth. 


++ Tubo incurvo vel refracto , floribas racemulosis vel racemosis. 
(‘A. gibbosa, Dtre.; À. geminiflora, Kth. ; À, maxima, Lin. 
** Labio angusto lanceolato. 


TL. Labio tubum longitudine multo superante. (À. punctata, Lam. 

2. Labio tubum non aut vix longitudine superante. ( 4. angusti- 
folia, Cham.; À. anguicida. Lin.; A. acutifolia, Dtre.; "A. Pa- 
voniana, Dire.; À. fragrantissima, Ruiz; À. nummularifoha, 
Kith.; “A. Claussenii, Dire. ; “A. orbicularis, Dtre.; À. Raja, 
Mart. | 

3. Labio incurvo, rostriformi, basi dorso aculeiformi. (*A. bi- 
rostris, Dtre. 

h. Labio spathulato. (A. reniformis, Wild. 

9. Labio subnullo. (A. triangularis, Cham. ; À. chilensis, Bridg. 

*** Labio transverso. (A. eriantha, Mart. 


++ Bilabiatæ. 


1° Parvifloræ. (A. deltoidea, Kth.; A. bilabriata, Lin... A. platyloba, 
Garcke. | 
2° Grandifloræ. 
a. Foliis oblongo-cordatis ; labio altero brevissimo. (*A. Weddellu, 
Dtre. 
b. Foliis reniformi-cordatis ; duobus labiis elongatis. (A. cymbafera , 
Mart.; À. galeata, Mart.; À. Brasihiensis, Mart.; A. labiosa, 
Ker; À. ringens, Vahl. 


9? P. DUCHARTRE, —— TENTAMEN 


+++ Peltifloræ, id est, limbo cireum os tubi manifeste continuo 
peripherico. 


1° Caudatæ. Flores gigantei. (A. grandiflora, Swartz; À. fœtens, Lindl. 
2° Ecaudatæ. Flores plerumque minusculi, rarius magni. 


a. Fimbriatæ. (4. ciliata, Hook.; ‘A. prostata, Dire. 

b. Fimbrüs destitutæ. (4. gigantea, Mart.; À. picta, Karst. ; "A. ma- 
cropoda, Dtre.; A. odoratissima, L.; A. glaucescens, Kih. ; 
A. vartifolia, Dire. ; "A. Goudotii, Dtre. | 


Incertæ sedis ob flores ignotos. 


(A. macrophylla, Dtre.; "A. Gardneri, Dire.; "A fiipendulina,Dtre. 


B. Dicocogus, seu Aristolochiæ veræ. Lobi columnæ appendi- 
culati, id est, basi instructi totdem processibus transversis 
lateribus connatis, quamdam involuerti speciem supra stami- 
num apices efformantibus. Lineæ stigmatosæ transversæ in 
margine processuum sitæ. Calyx unilabiatus raro subbilabia- 
tus. — Species gerontogeæ. 


$ 2. Calyx super ovarium süpitatus, 1d est, mediante collo elongato 
gracit germini insidens. 


(A. bracteosa , Retz; À. Mauritiana, Pers.; À. Kotschyi, Hochst. ; 
A. Tagala Cham.; À. acuminata, Lam. ; À. 1ndica, Lin. ; ? À. Ti- 
morensis, Dne.; "A. Gaudichaudii, Dtre.; “A. multflora, Dtre. ; 
?"A. albida, Dtre. 


$ 2. Calyx super ovarium sessilis. 


1. Calyx poro apicali apertus, limbo proprie dicto destitutus. ( À. micro- 
stoma, Boiss. 
JL. Calyx late apertus, limbatus. 

a. Calyce recto. (A. auricularia, Boiss.; À. pistolochia, Lin.; À. cle- 
matitis, Lin.; À. contorta, Bunge; À. rotunda, Lin.; À. debilis, 
Sieb. et Zuccar.; À. longa, Lin.; À. Fontanesti, Boiss. et Reut. ; 
A. lutea, Desf.; À. pallida, Wild... 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 39 

b. Calyce recurvo. (À. altissima, Desf.; A. sempervirens, Lin.; 
A. bœtica, Lin. 

A. parvifolia, Sib. et Sm.; À. Tourneforti, Jaub. et Sp.; À. ma- 
croglossa, Jaub et Sp.; À. Billardieri, Jaub. et Sp. 

A. maurorum, Lin. ; À. Aucherti, Jaub. et Sp.; À. Bottæ, Jaub. et 
Sp. ; À. Oliverii, Boiss. 

À. cretica, Lam. ; À. pontica, Lam. ; 4. Bruguieru, Jaub. et Sp. 

A. hirta, Lin. 


Incertæ sedis ob flores a me non visos. 


(A. pubera, R. Br.; À. Jacku, Steud..… 


PARS 2°. NOVÆ SPECIES. 


HOLOSTYLIS genus novum. 
(Ab 6)os, integer, et orvkos, stylus, ob stylum non in lobos fissum.) 


Flores hermaphroditi, gynandri. Calyx coloratus, irregularis, in- 
ferne ovario adhærens, supra ovarium ab 1ipsa basi campanulatus 
indeque sensim ampliatus in limbum obliquum periphericum late 
ovato-lanceolatum ; antheræ sex stylo tota facie dorsali adnatæ ; 
extrorsæ, dithecæ; ovarium inferum, 6-costatum , 6-loculare , 
multi-ovulatum ; stylus columnaris æqualis, supra stamina indi- 
visus, tubulosus ore ampliato margineque patulo subreflexo grosse 
6-crenatus crenis latis obtusis staminibus oppositis. Fructus m statu 
Jjuvenili abbreviato-ovoideus hexagonus umbonatus. 


Species unica HoLosTYLIS RENIFORMIS, Dire. 


Hoc genus differt ab Aristolochia calyce bast non in utriculum 
inflato nec superius in tubum contracto sed campanulato , styloque 
tantum apice crenato non in lobos diviso. 


Hocosryzis RENIFoRMIS, Dtre. ( Aristolochia campanæformis , 
DC., herb. ; 


Caule herbaceo erecto vel ascendente, tetragono-costato-angulato, 
olabro; foliis amplis, petiolatis petiolo breviuseulo valido, reni- 
k° série, Bor, T. IT. (Cahier n° 3.) 5 3 


alt P. DUCNARVRE. — TENTAMEN 


formibus, apice acutato-euspidatis, basi longe in petiolum eunea- 
im excurrentibus , pedatim 5-nervis nervis validis venisque 
inferne prominentibus, glabris, subtus pallidis glaucescentibus ; 
floribus parvis, racemosis, minute bracteatis; racemis elongatis, 
laxis, præcipue in ima caulis parte catervalis. 


Rhizoma abbreviatum , irregulariter subrotundum , pluriceps , plures 
emittens radices longas et simplices. 

Caulis herbaceus induratus sublignescens centro medullosus seu fistu- 
losus, erectus vel ascendens, non volubilis firmus et pro statura plantæ 
crassus, tetragono-costatus costis angulisve obtusis crassis, glaber vel sub 
lente tantum puberulus, internodus fohio multo brevioribus , Om,2-0m,3 
altus. 

Folia ab ima planta ad summam crescentia supremis maximis, petiolata, 
estipulata. Petiolus robustus ipsimet cauli crassitie sæpe subæqualis, basi 
sæpius flexuosus , superne late complanato-canaliculatus inferne grosse 
costatus costis cum nervis himbi continuis et inferne in caulis angulos de- 
currentibus. Limbus reniformis apice nonmihil angulatim porrectus , basi 
utrinque insculptus sinu parum profundo rotundato lato lamina longe in 
petiolum cuneatim excurrente auriculisque maximis rotundatis, ambitu in- 
tegerrimus, pedatim 5-nervius nervis robustis inferne valde prominentibus 
lateralibus externe semi-pinnatim ramosis nervulis venisque anastomosan- 
tibus et inferne prominentibus reticulatus , utraque pagina glaber et lævis 
inferiore pallidior glaucescens , subcoriaceus , pellucido-punctulatus , in 
summa planta 0w,2 latus 0,",15 longus vel paulo major. | 

Flores parvi racemosi , breviter peduneulati , intus obscure purpurel. 
Racemi elongati, laxi, elongati, Om,1-0m,15 longi, axillares, in tota caulis 
longitudine sed præcipue in ima planta catervati, bracteati, 5-10 flori. 
Rachis nunce erectiuseula nunc patula, subrecta, robusta, costata. 

Bracteæ parvæ, reniformi-cordatæ, venosæ, integræ, subsessiles. 

Pedunculus proprius striètus, puberulus, 0®,01 longus. 

Ovarium pedunculo continuum eoque vix apicem versus Cr'asSius , ipso 
vertice acutatum, 6-costatum, brevissime puberulum, sub flore arcuatum, 
0,04 longum. 

Calyx superus, forma supra memorata, extus nervosus nervis intensius 
coloratis, inter nervos rugis transversis distantibus areolis subquadratis 
insignitus. 

Columnæ forma supra memorata. 

Fructus et semina desiderantur. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 39 


Habitat in Brasiliæ provincia Goyaz, in humidis; ibi lecta a beato 
Gardner qui eam n. 3970 signavit. V. S. ( Herbar. Mus. Paris , De Les., 
DC., Barker-Webb.) 


ARISTOLOCHIÆ NOVÆ. 


A. ARISTOLOCHIA MICRANTHA, Dire. (Berlandier, n° 203.) 


Pubescens; caule humili, herbaceo, gracili, nonnihil flexuoso , 
striato ; foliis subseeundis, petiolatis petiolo sæpe flexuoso striato, 
ovato-sagittatis vel subhastatis, obtusis acuminatisve acumine 
obtuso, sinu baseos angusto auriculisque subparallelis, peda- 
lim 7-nervis nervis infirmis; floribus minimis, solitariis, 
axillaribus, pedunculatis, minute bracteatis, unilabiatis ; capsula 
parva, ovoidea, pentagona, 5-valvr. 


Planta pro genere pusilla, habitu, ut ita dicam, convolvuloideo, undique 
pubescens. 

Rhizoma gracile, horizontale, flexuosum, notatum excrescentiis nodi- 
formibus quæ originem, caulium annis præterilis exstantium indicare 
videntur. 

Caulis e basi internodiis brevissimis conflata emittens ramos elongatos 
ita ut multiceps videatur, herbaceus, gracillimus, striatus, internodiis folio 
brevioribus, 0m,20-0%,50 altus. 

Folia petiolata, estipulata, plus mimusve seeunda, parva. Petiolus sæpius 
flexuosus, striatus, canaliculatus, basi tribus lineis prominulis vix conspi- 
cuis decurrens, 0®,04-0%,02 longus. Limbus ovato-sagittatus subhasta- 
tusve, apice obtusus vel acutus quandoque acumimatus, sinu baseos angusto 
fundo rotundato lateribus parallelis vel sæpius convergentibus in sextam 
usque partem folii penetrante, auriculis sæpissime parvis interne rotundatis 
externe nonnihil productis leviterque divergentibus, margine integerrimus, 
pedatim 7-nervius nervis infirmis lateralibus minoribus externe ramosis , 
duabus paginis fere concolor , sæpius 0®,025-0%,03 longus (rarius 
0%,04-0®,05), 0n,042-0m,01/4 in medio latus. 

Flores minimi (unicum imperfecte servatum videre mihi contigit), axil- 
lares, peduneulati, solitarii, minute bracteati. 

Peduneulus pubescenti-hispidus, petiolo brevior, 0®,005-0"008 longus, 
post anthesim plus minusve flexuosus, in tertia parte superiore gerens brac- 
team minutam, cordatam. 


36 P. DUCHARTRE, —— TENTAMEN 


Ovarium peduneulo continuum , anguste obovatum, apice constrietum , 
longitudinaliter 6-suleum, hispidum. | 

Calyx externe hispidus, basi tumens in utriculum ovoideum e cujus ver- 
tice assurgit recta tubus latus superne productus in labium complicatum, 
oblongum , arcuatum (descriptio ex unico flore observato). 

Columna stipitata , subovoidea , ab apice fere ad medium usque divisa 
in 5 lobos latos cordato-lanceolatos obtusos facie externa parum conca- 
vos lineis stigmatosis marginatos, pentandra antheris magnis ovatis dis- 
tinctis singulis dithecis thecis approximatis et in stylo quasi stipitatis, id est, 
processu medio longitudinali im sectione transversa perspicuo affixis; styli 
tubus centralis triangularis. 

Fructus capsula parva (0°,01 longa), ovoidea, longitudinaliter pentagona 
costis valvarum angulos efficientibus, apice dehiscens in 5 valvas a disse- 
pimentis secus suturas secedentes, ideoque dehiscentia sephfraga non 
septicida ; dissepimenta ipsa ante valvas decidua. | 

Semina in quoque loculo circiter 10 , uniseriata , obcordata , 0w,003- 
0,004 longa totidemque fere lata, facie inferiore atra planiuscula punc- 
tulis prominulis æqualibus scabrida , facie superiore testacea inæqualiter 
et irregulariter verrucosa subplana et a basi ad apicem in medio notata 
linea elevata, marginibus obtusa ; albumen album copiosum carnosum faciei 
inferiori seminis proximum, id est, testa tenui obtectum, a facie superiore 
distans, id est obtectum testa et strato crasso spongioso rhapheos expan- 
sione conflato. Embryo pro more minutissimus, dicotyledoneus, ovoideus, 
hilo proximus. 

Habitat in Mexico loco dicto Tampico-de-Tamanlipas unde a Berlandier, 
anno 1827, relata. (Herb. Mus. Paris., De Les., DC.) V. $ 


9. ARISTOLOCHIA FLEXUOSA, Dtre. 


Hirsuta; caule elongato, flexuoso, ramosissimo; foliis subses- 
siibus, ovato-cordatis acutis, sinu baseos angusto auricu- 
lisque rotundatis meumbentibus, pedatim 5-nerviis costa valida 
nervisque laterahbus minoribus ; floribus minuseulis, race- 
mosis racemis elongatis, pedunculis basi apiceque bracteatis : 
calvce recto unilabiato labio lanceolato. 


Caulis elongatus , flexuosus , contorto-subvolubilis, ramosissimus ramis 
longissimis gracilibus flexuosis, subangulatus, non sulcatus, hispidus, par- 
tim rubens. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 97 

Folia subsessilia, amplectentia , estipulata ; caulina magna , ramealia 
parva. Petiolus subnullus vix 0®,004 vel minus longus, hispidus, basi 
vix lateribus decurrens , costæ crassæ recta continuus. Limbus ovato- 
cordatus, acutus, basi cordatus sinu angustissimo rectiusve scissura, auri- 
culis rotundatis interne dilatatis incumbentibus caulemque ambientibus, in- 
tegerrimus, pedatim 5-nervius costa valida et nervis lateralibus minoribus, 
utraque pagina sed præcipue inferiore hirsutus, 0,13 longus 0,075 latus. 

Flores minusculi, viridescentes et apice obscure rubri, in ramis nunc et 

 rarissime solitarii axillares, nunce et sæpissime racemosi racemis axillaribus 
longis sæpe ramosis, bracteatis. 

Bracteæ duplicis ordinis nempe primariæ ad cujusque pedunculi ortum 
cordatæ, sessiles, acutiusculæ, 0®,042 circiter longæ, secundariæ ad basim 
ipsam floris, id est,in apice pedunculi minores ovato-lanceolatæ obtusius- 
culæ, binæ hirsutæ ut et racemi rachis et pedunculus. | 

Pedunculus proprius gracilis et brevis, 0",007-0",008 longus. 

Ovarium oblongum, basi et apice angustatum, longitudinaliter 5-costa- 
tum et 5-sulcum, hirsutum, 0",006 longum. 

Calyx externe pubescenti-hirsutus , basi modice tumens in utriculum 
ovoideum subregulare 0®,007 longum, e cujus vertice assurgit tubus la- 
tiusculus rectus æqualis 0,007 longus, inde abrupteampliatus in faucem 
brevem, productusque in labium elongatum lanceolatum subacutum supra 
basim nonmihil angustatum longitudinaliter nervosum interne glabrum et 
concavum. 

Columna cylindracea, brevissime stipitata , superne parum alte fissa in 
© lobos obtusos facie externa excavatos depressione media longitudinali 
angusta basim versus paululum ampliata marginata lineis stigmatosis pro- 
minentibus inferne longe productis et confluentibus, pentandra antheris 
ovatis vix distantibus dithecis thecis contiguis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in Mexici fierra caliente in montibus circa pagum Aparingan, 
ubi lecta a cl. Ghiesbreght qui eam n° 216 signavit. V. S. (Herbar. Mus. 
Paris.) 


3. ARISTOLOCHIA BRACTEOSA , Dtre. (A. rotunda in herbar. De 
Les., ex herbar. Lambert, a Mocino et Sesse lecta). 


Hirsuta; caule herbaceo, erecto, simplici; foliis subsessilibus, 
ovato-cordatis sinu baseos late aperto auriculisque magnis ro- 
tundatis , apice rotundatis obtusissimis vel emarginatis , pedatim 


38 P, DUCHARTRE, — TENTAMEN 


7-nervis nervis duobus costæ approximatis et subparallelis ; 
floribus solitariis, axillaribus, basi bractea ampla ovato-cordata 
suffultis ; calyce recto unilabiato labio cordato-lanceolato. 


Planta tota superficie plus minusve hirsuta. 

Caulis herbaceus, erectus, simplex (in unico specimine observato), pilis 
inferne rariusculis superne crebris hirsutus, longitudinaliter sulcatus , in- 
ternodiis folio inferne æqualibus in medio et superne brevioribus. 

Folia breviter petiolata subsessilia, pseudo-stipuläta. Petiolus hirsutus, 
canaliculatus, longitudinaliter striatus ob manifestam nervorum decurren- 
tiam, basi triplici linea carina lateribusque decurrens, 0®,005-0°,008 lon- 
gus. Limbus ovato-cordatus, recta angustatus a basi ad apicem rotundatum 
imo quandoque emarginatum, basi insculptus sinu parum profundo angusto 
late aperto, auriculis magnis rotundatis , integerrimus, pedatim 7 nervius 
nervis 2 lateralibus costæ approximatis et subparallelis nervo extimo mi- 
nimo, pagina superiore pilis raris longiusculis inferiore pilis longioribus 
et frequentioribus in nervis venisque hispidus, 0%,08 longus 0,05 latus. 

Stipulæ intrafoliaceæ vices gerit fohiolum axillare, subrotundo-cordatum, 
obtusum, integrum, sessile, 0®,012 longum, quod mihi rectius pro prima 
ramuli floriferi bractea habendum videtur et quod ideo pseudo-stipulam dico. 

Flores solitarii, axillares, bracteati, maqusculi. 

Pedunculus crassus, leviter arcuatus, longitudinaliter striatus, hirsutus, 
0®,012-0",015 longus, apice una gerens florem et bracteam flori propriam. 

Bractea flori propria eximiæ magnitudinis, 0®,025-0",05 longa, 0m,02 
et paulo magis lata, ovato-cordata, apice acuta mucronulata, basi subcor- 
data sinu parum profundo, sessilis, triplinervis nervis valde approximatis , 
utraque pagina breviter hirsuta. 

Ovarium peduneuli apici geniculatim insidens , obconicum, angulatum , 
in angulorum intervallis dense hirsutum, 0,008 longum. 

Calyx pilis densis hirsutus in utriculo tubo nervisque faciei externæ 
labii, basi tumens in utriculum ovoideum regulare æquilaterum cum ovario 
rectilineum eique immediate insidentem 0,008 longum, e cujus vertice 
assurgit tubus gracilis rectus vel levissime arcuatus , 0®,0L longus , apice 
leviter ampliato gibboso-incurvato productus in labium cordato-lanceo- 
latum acutiusculum, complicatum, 0,03 longum. 

Columna, in unico specimine quod examini subjicere mihi licuit, sub- 
sessilis, parva, cylindracea, apice usque ad tertiam longitudinis partem 
fissa in 4 lobos basi lata breves , obtusos, facie externa insculptos depres- 
sione media angusta marginata lineis stigmatosis crassis inter stamina con- 


TE 7 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 99 
fluentibus ibique ad mediam usque horum longitudinem descendentibus , 
tetrandra antheris magnis ovatis a basi columnæ usque ad ejus tertiam 
partem superiorem extensis distantibus dithecis thecis conspicue distinctis. 
Fructus et semina desiderantur. | 
Habitat in Mexico ubi a Mocino et Sesse lecta. (Herbar. De Les.) V.S. 


h. ArisroLocia VELUTINA, Dire. (À. anguicida, Pavon in herb. 
el. Webb non Lin. nec auctor.) 


 Caule erecto?, simplici, pubescente; fois petiolatis , cordatis 
sinu baseos parvo auriculisque brevibus rotundats , apice 
acuminato acutis, pedatim 7-nervis , superne hirto-pubescenti- 
bus, inferne rulescenti-velutinis ; floribus axillaribus, solitariis, 
longe peduneulatis, suffultis bractea ovalo-lanceolata acuta 
versus apicem peduneuli tortilis insidente ; calyce.…. 


Caulis verisimiliter non volubilis, simplex in parte plantæ observata, in- 
ternodus folio adulto duplo triplove brevioribus , sulcatus, pubescens pilis 
mollibus in parte superiore caulis creberrimis flavescentibus patulis lon- 
gisque. | 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus rectus, canaliculatus, striatus, basi 
marginibus dorsoque in triplicem lineam prominentem decurrens, pilis 
vestitus villositatem caulis referentibus, 0®,025-0,03 longus. Limbus 
cordatus, apice acuminato acutus, basi insculptus sinu parum profundo 
fundo angustato et subangulato ob laminæ in petiolum excurrentiam cu- 
neatam ore latiore, auriculis brevibus rotundatis, margine integerrimus, 
pedatim-septemnervius subtrinervius ob nervos 8 utriusque lateris una 
fere orientibus ex apice partis integræ longæ marginantis, nervis a costa 
majore ad extimum imminutis omnibus inferne velutinis pilis brevibus 
patulis, margine integerrimus, pagina superiore hirto-pubescente pilis 
rariusculis, inferiore pilis brevibus numerosissimis rufescentibus velutina, 
in folio adulto 0,075 longus 0",055 latus. 

Flores axillares, solitarii, bracteati, desiderantur. 

Pedunculus in duas partes bractea divisus : prior pars ex axilla 
oriens gracilis, spiraliter contorta, apicem versus paululum incrassata, 
0®,0A longa, vertice gerens bracteam ovato-lanceolatam acutam basi 
cuneatam amplexantem circiter 0,01 Iongam ; posterior prioris apici in- 
sidens eoque gracilior, flexuosa, spiraliter contorta, sensim paululum in- 
crassata, circiter 0,012 longa. Prior pars mihi nihil aliud esse videtur 


k0 P. DUCHARTRE. —— TENTAMEN 
quam ramus primarius Cujus unicum adest evolutum internodium cum 
unico quoque et parvulo folio, dum posterior pro ramo secundario habenda 
est pedunculi proprii vices gerente. | 

Ovarium longe velutinum, plerumque arcuatum, plus minusve spiraliter 
contortum, 5-costatum, apice lateraliter productum in appendicem corni- 
culiformem cum ovario rectilineam, 0,011 longum. 

Nota. Ex ovario quinquecostato certum mihi videtur floris hujus 
speciei columnam 5 lobis et 5 antheris præditam esse. 

Habitat in Mexico. V. S. (Herbar. cl. Webb in quo exstant 2 specimina 

absque flore et fructu ex herbario Pavon provenientia). 


5. ARISTOLOCHIA DICTYANTHA, Dtre. (À. ecaudata, DC. , in herba.) 


Caule volubili , fruticoso, gracili, passim ramuloso , sulcato , 
glabro ; foliis petiolatis, hastato-cordatis sinu baseos profundo 
obtuso auriculisque interne dilatatis incumbentibus plerumque 
clauso, apice rotundatis obtusissimis, pedatim 7-nerviis, superne 
glabris, inferne bispidulis præcipueque ad nervos scabridis ; 
floribus majuseulis, axillaribus, solitartis, longiuscule peduncula- 
tis, ebracteatis, calycis incurvi fauce ampla reticulata labioque 
subrotundo emarginato infra medium barbato basi contracto. 


Caulis fruticosus, volubilis, gracilis, passim ramulosus, obscure trian- 
gulatus angulis rotundatis faciebusque 1-2-sulcis, glaber, internodiis folio 
brevioribus vel ei subæqualibus (Lignum vidi divisum in 3 partes majores 
angulis externis oppositas late sejunctas totidem radis medullaribus, et in 
2-3 partes minores exteriores pulvinis facierum oppositas, vasibus per- 
multis latisque pervium). 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus flexuosus, canaliculatus, longitudi- 
naliter striatus, basi carinatus, decurrens tribus lineis prommentibus 
quarum media major, 0",02-0*,025 longus. Limbus hastato-cordatus, 
apice rotundatus obtusissimus, basi insculptus sinu profundo fundo rotun- 
dato lamina vix in petiolum excurrente ore plerumque clauso incumbentia 
auricularum, auriculis magnis externe rotundatis margine interno valde 
concavo dilatatis incumbentibus, sinubus laterum modice excisis, inte- 
gerrimus, pedatim 7-nervius nervis gracilibus costaque majore , facie su- 
periore glaber, inferiore pallida breviter hispidus præcipue ad nervos ve- 
nasque scabridus, 0w,07-0",08 longus, 0»,04-0",05 latus. 

Flores axillares, solitarii, longiuscule peduneulati,ebracteati, majusculi. 


METHODICÆ DIVISIONIS . GENERIS ARISTOLOCHIA. LA 

Peduneulus gracilis, plus minusve flexuosus , longitudinaliter striatus , 

post anthesim spiraliter contortus, glaber, petiolo longior, 0°,025-0",03 
longus. 

Ovarium gracile elongatum, peduneulo duplo erassius, longitudinaliter 
6-costatum et 6-suleum sulcis sub lente puberulis, sub anthesi et postea 
spiraliter valde contortum, apice productum in gibbulum lateralem. 

Calyx sub lente externe puberulus, ovario angulatim insidens collo brevi, 
inde tumens in utriculum ovoideum valde inæquilaterum nervis validis 
longitudinalibus insignitum 0",072 longum, ex quo assurgit tubus latius- 
culus, arcuatus, nervosus, mox ampliatus in faucem late infundibularem 
lateque apertam externe insignitam nervis reticulatis prominentibus qui 
originem præcipue ducunt e duobus nervis longitudinalibus in labium 
abeuntibus, tandem productus in labium subrotundum apice obtusissimo 
emarginatum in slipitem brevem basi angustatum tertia parte inferiore 
olabrum in reliqua faciei internæ parte barbatum ciliatumque processubus 
subcarnosis corniformibus intense brunneis numerosis, quæ ultima pars 
abrupte desinit in zonulam transversam atro-brunneam glabram ; calyx 
integer 0®,06 longus et labium 0",02 longum 0,018 latum. 

Columna obconica, subsessilis, ad mediam usque longitudinem superne 
fissa in 6 lobos lanceolatos apice subacuto incurvos facie externa concavos 
depressione triangulari marginata lineis stigmatosis crassis inferne inter 
antheras confluentibus ; hexandra antheris angustis elongatis vel basi 
distantibus dimidia columnæ parte longioribus dithecis thecis contiguis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat Caracas ubi lecta a doctore Jose Vargas, anno 1829. V. $. 
(Herbar. DC. et Barker-Webb). 

Species Aristolochiæ barbatæ affinis; ab ea differt foliis obtusissimis 
apice rotundatis omnibus hastato-cordatis auriculis imcumbentibus, calycis 
labio breviore et latiore emarginato non sensim longeque basi angustato in 
faciéi internæ parte multo majore barbato. 


6. ARISTOLOCHIA EURYSTOMA, Dire. 


Caule volubili, fruticoso ?, sulcato ; foliis magnis, petiolatis, oblon- 
gis, basi hastato-cordatis sinu baseos profundo rotundato 
auriculisque oblongis paululum divergentibus , pedatim 7-ner- 
viis costa valida nervisque reticulatis, superne glabris, in- 
lerne dense pubescentibus subtomentosis ; floribus solitariis , 
axillaribus, ebracteatis, peduneulatis ; calveis incurvi faues latis- 


à : P, DUCHARTRE. —— YENTAMEN 


sima truncaia lateque aperta , labio ovato-lanceolato acuto ad 
medium usque barbato basi contracto. 


Planta volubilis, fruticosa ? ramis elongatis gracilibus longitudinaliter 
sulcatis pulvinis inæqualiter promimentibus. 

Folia petiolata, estipulata, magna. Petiolus contorto-subvolubilis, plus 
minusve flexuosus, superne canaliculatus, inferne carinatus, longitudina- 
liter striatus, basi lateribus carinaque decurrens, 0”,05-0",055 longus. 
Limbus oblongus, apice rotundatus, basi hastato-cordatus sinu profundo 
lato rotundalo late aperto, lamina in petiolum cuneatim excurrente, auri- 
culis oblongis apice rotundatis paululum divergentibus, utroque sinu late- 
ral vix distincto, integerrimus, pedatim-septemnervius nervis a costa 
valida ad extimum imminutis quoad originem distantibus basi marginanti- 
bus , reticulato-nervosus , pagina superiore glaber inferiore dense pubes- 
cens subtomentosus, 0,165 longus 0",075 latus. 

Flores solitarii, axillares, ebracteati, pedunculati. 

Pedunculus gracilis, longitudinaliter striatus, 0,025 longus. 

Ovarium pedunculo continuum eoque crassius 6-costatum, apice latera- 
liter productum in brevem appendicem corniformem 0",001 circiter 
longam. | 

Calyx facie externa glaber, inferne tumens in utriculum subglobosum 
inæquilaterum, id est, antice ventricosum 0,012 longum 0,01 latum 
longitudinaliter nervosum, e cuJus vertice assurgit tubus æqualis gracilis 
arcuatus nervosus 0,017 longus, apice abrupte ampliatus in faucem 
latissimam latissimeque apertam margine truncatam facie externa nervis 
antice reticulatis postice longitudinalibus parallelisque insignitam quæ 
forsan labium inferius rectius diceretur 0,01 altam, tandem productus 
in labium rectum ovato-lanceolatum basi angustatum apice acutum interne 
concavum etin dimidia superiore parte barbatum processubus subcarnosis 
piliformibus 0®,01/4 longum 0,01 latum. 

Columna pro floris magnitudine magna, obconica, breviter stipitata, 
usque ad tertiam circiter longitudinis partem divisa in 6 lobos angustos 
rectos externe exaratos sulco medio angustissimo basim versus sensim 
ampliato marginato lineis stigmatosis inter antherarum apices descendenti- 
bus ibique confluentibus, hexandra antheris latis ovatis basi contiguis 
apice distantibus dithecis thecis contiguis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in Antillis insulis. V. S. (Herbar. Mus. Paris.). 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 3 


7. ArisroLociA macRoTA, Dire. (A. Surinamensis, Miq.; Plan. 
Surinam., editæ à R.-F. Hohenacker, 1845, non Willd.) 


Caule volubili, elongato, gracili, sulcato, glabro ; folus petiolatis , 
hastato -trilobis basi transversa cuneatim in petiolum pro- 
ductis, auriculis maximis costæ perpendicularibus , sinu late- 
rum obtusissimo, apice rotundatis obtusis, trinerviis nervis 
lateralibus in lobum medium exeurrentibus, saperneglabris luer- 
dis, inferne pallidis sub lente puberulis; floribus solitarns , axil- 
laribus, ebracteatis, pedunculatis ; ealyeis ineurvi fauce latissima 
truneata ciliata labioque subtriangulart obtusissimo emarginato 
ad basin usque angustatam barbato. 


Caulis gracilis, elongatus, volubilis, longitudinaliter sulcatus, interno- 
diis superioribus folio subæquilongis, glaber. 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus gracilis, contorto-volubilis, canali- 
culatus, longitudinaliter striatus, glaber, basi tribus lineis prominentibus 
decurrens, 0",04 longus. Limbus eximie hastato-trilobus, apice rotunda- 
tus, auriculis maximis longitudine lobum medium subæquantibus sed eo 
angustioribus apice rotundatis directione in costam folii perpendiculari 
sinu profundo rotundato lato eflormatis, basi sinu admodum superficiali 
insculptus lamina longe in petiolum cuneatim excurrente, margine integer, 
trinervius nervis lateralibus basi longe marginantibus in costam obliquis 
lobum medium petentibus tantumque ramos in auriculas externe emitten- 
äibus,integerrimus, pagina superiore glaber lucidus intense viridis inferiore 
pallidior reticulatim nervosus sub lente puberulus, 0°,09-0°,11 plérumque 
latus 0®,08-0%,085 longus, rarissime multo et fere duplo major. 

Flores axillares, solitarii, ebracteati, majusculi. 

Pedunculus gracilis, longitudinaliter striatus, sub lente puberulus. 

Ovarium elongatum, cylindraceum, peduneulo duplo crassius apice 1pso 
paululum incrassatum et lateraliter productum in appendicem cormifor- 
mem fere 0",002 longam, longitudinaliter 6-costatum, sub lente pubes- 
cens, 0,02 longum. 

Calyx externe sub lente brevissime hispidulus, basi tumens in utricu- 
lum ovoideum inæquilaterum longitudinaliter nervosum 0®,018 lon- 
gum 0,012 latum, e cujus vertice angulatim assurgit tubus suban- 
gustus arcuatus longitudinaliter nervosus primo sensim inde suba- 
brupte ampliatus in faucem latissimam ore convexo-truncatam late apertam 
externe grosse reticulato-nervosam margine ciliatam in integrum cum 


LA P. DUCHARTRE. — JENTAMEN 

fauce 0,05 longus, tandem productus in labium magnum basi contractum 
in brevem stipitem inde abrupte dilatatum in limbum triangularem angu- 
lis obtusissimis terminalique emarginato ipsa basi atro-violaceo coloratum 
glabrumque in tota fere pagina interna margineque barbatum processubus 
subcarnosis piliformibus ex areolis reticuli nervorum orientibus. 

Columna ratione habita florum magnitudinis magna, breviter stipitata, 
obconica, superne ad tertiam usque circiter longitudinis partem fissa in 
6 lobos e basi lata lanceolatos obtusiusculos facie externa exaratos sulco 
angusto basim versus sensim ampliato marginato lineis stigmatosis usque . 
sub antherarum apicem descendentibus ibique more solito confluentibus , 
hexandra antheris ovatis magnis dimidiam columnæ longitudinem æquan- 
tibus distantibus dithecis thecis contiguis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in Guyana anglica ubi lecta a viatoribus Schomburgk (1838) 
qui eam n° 679 signavit, Hostmam (1642) qui eam n° 611 signavit, 
A. Kappler (edita ab Hohenackerio anno 18/45) qui eam ad aquas prope 
urbem Paramaribo repertit. V. S. (Herbar. Mus. Paris., De Less., DC., 
Barker- Webb). 

Nota. Species affinis Aristolochiæ barbatæ sed distinctissima folis et 
floris labio. 


8. ARISTOLOCHIA GALEOTTIH, Dtre. 


Glabra ; caule volubili, herbaceo ; foliis petiolalis , ovato-cordatis 
sinubus baseos profundis obtusis auriculisque magnis rotundatis, 
apice rotundato obtuso mucronulatis , pedatim 5-nerviis nervis 
lateralibus brevibus dichotomis , inferne pallidis; floribus axil- 
laribus , solitariis , ebracteatis, longe pedunculatis peduneulo 
gracili tortili ; calycis unilabiati tubo recto , labio lato-lanceolato 
complicato pagina interiore longe barbato. 


Caulis herbaceus, volubilis, tortuosus, in planta exsiccata nonmihil an- 
gulatus, glaber, internodiis folio æquilongis. 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus contorto-volubilis, basi crassus, inde 
sensim attenuatus, longitudinaliter striatus , glaber sed basi signatus de- 
pressione subnaviculari pilosa, 0",035-0%,04 longus. Limbus ovato-cor- 
datus, apice rotundato mucronatus, basi cordatus sinu lato ad quintam 
partem folui penetrante fundo rotundato lamina vix in petiolum decurrente 
lateribus aliquantulum divergentibus , auriculis magnis rotundatis paral- 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. h5 
lelis, integerrimus, pedatim 5-nervius costa majore nervis lateralibus gra- 
cilioribus brevibus solito ramosioribus nervis venisque insigniter reticu- 
latis areolis majusculis, utraque pagina glaber, inferne pallidus, in folio 
adulto 0,085 longus 0,062 latus. 

Flores solitarii, axillares, ebracteati, brunnei ex cl. Galeotti, cum fauce 
intensius colorata, longe pedunculati. 

Peduneulus spiraliter tortus, gracilis, a basi ad apicem attenuatus, lon- 
gitudinaliter striatus, 0®,05-0",055 longus. 

Ovarium gracile, peduneulo paulo crassius , longitudinaliter 6-angu- 
latum et 6-sulcum , glabrum, apice lateraliter productum in corniculum 
breve. 

Calyx glaber, ovario fere recta insidens disculo ovario duplo latiore, 
-subinde tumens in utriculum oblongo -obovoideum subæquilaterum 
0,01 longum, e eujus apice recta assurgit tubus duplo angustior longitu- 
dinaliter nervosus fere 0,02 longus rectus, apice dilatatus in faucem in- 
terne glabram productam angulo recto cum tubo in labium lato-lanceola- 
tum apice subacutum carinato-complicatum toto margine et pagina 
interiore inter nervos onustum processubus subcarnosis longis consper- 
sumque maculis parvis seriatis. : 

Columna obconica, subsessilis , fere ad mediam usque longitudinem su- 
perne divisa in 6 lobos lanceolatos, obtusos, juxtapositos, externe exaratos 
sulco medio angusto basique tantum ampliato lineis stigmatosis crassis 
marginato, 6-andra antheris oblongis distantibus dithecis thecis contiguis. 

Fructus ignotus. | 

Habitat San Blas et Mazatlan in Mexico ubi reperta a cl. Galeotti qui 

eam botanicis tradidit cum n° 242. (Herbar. Mus. Paris. et De Les.) V. S. 
= Nota. Proxima Ar. Taliscanæ Hook. quantum conjectare licet ex brevi 
descriptione clarissimi auctoris. Ab ea tamen mihi videtur differre foliis 
ovato-cordatis non cordato-rotundatis, labio lanceolato non late ovato, hirto 
processubus piliformibus setaceis non clavatis (club-shaped). 


9. ARISTOLOCHIA cYCLocHiLIA, Dire. 


Caule volubill contortuplicato, graciti, lignescente, trigono, 
= glabro; foliis petiolatis, oblongis, hastatis sinu baseos latis- 
sino late aperto aurieulisque ineurvis rotundatis basi angustatis 
divergentibus, apice obtuso mucronatis, pedatim 5-7-nerviis 
nervis basim longe marginantibus, utrmque glabris ; floribus 
parvis, solitaris, axillaribus, ebracteatis, longe peduneulatis : 


6 P, DUCHARTRE, —— TENTAMEN 


calice recto, umilabiato, labio patulo suborbiculari mucronulato 
utroque latere mtus barbato. 


Caulis lignescens, gracilis, volubilis contortuplicatus, trigonus angulis 
modice protensis strictis, quaque facie exaratus 2 sulcis lateralibus costam 
latam obtusam circumscribentibus, glaber et lævis, internodiis nune abbre- 
viatis nunc folio æquilongis vel imo longioribus. 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus flexuoso-volubilis, gracilis, superne 
canaliculatus, striolatus, glaber et lævis, tribus lineis quarum media carinæ 
continua majore decurrens, plerumque 0",015-0",02 longus. Limbus 
hastatus, angusto-oblongus, apice obtuso mucronatus, auriculis longis et 
incurvis e basi angustiore extremitatem versus rotundatam paululum in- 
terne ampliaüs valde distantibus, sinu basilari latissimo latissimreque aperto 
semicirculari, lamina vix in petiolum excurrente, margine integerrimo in 
planta exsiccata revoluto, pedatim 5-7-nervius costa majore et duobus 
nervis interioribus suhparallelis cæteris demissis auriculas petentibus ner- 
vorum omnium basi sinum basilarem longe marginante, utraque pagina 
glaber, sæpius 0°,035-0”,045 longus, 0",03-"0,035 inter auricularum 
apices in medio 0",02 vel paulo ultra latus, raro multo major. 

Flores parvi, solitarn, axillares, ebracteati, longe pedunculati. 

Pedunculus gracilis, flexuosus, æqualis, glaber, petiolo duplo longior. 

Ovarium elongatum, gracile, pedunculo paulo crassius, æquale, longitu- 
dinaliter 6-costatum, post floris lapsum spiraliter contortum et basi re- 
flexum, glabrum, apice lateraliter productum in brevem appendicem, cir- 
citer 0",015 longum. 

Calyx externe glaber, ovario oblique insidens disculo super quem adest 
collum breve contractum, desuper tumens in utriculum ovoideum subglo- 
bosum 0,007 longum æquilaterum, e cujus vertice assurgit tubus an- 
gustus vix sensim ampliatus ore vix latiore 0,016 longus, tandem 
productus in labium suborbieulare paulo latius quam longius sessile 1d est 
ab ipsa basi ampliatum pagina interna inferne notatum macula pallida or- 
biculari glabra in reliqua superficie intensius coloratum margine et facie 
barbatum processubus subcarnosis piliformibus longis acutis secus lineam 
mediam absentibus. ; 

Columna breviter stipitata, subobconica, superne fere ad mediam usque 
longitudinem fissa in 6 lobos lanceolatos rectos vel subincurvos, externe 
exaratos sulco medio marginato lineis stigmatosis strictis inferne inter 
staminum apices confluentibus, hexandra antheris oblongis dimidio co- 
lumnæ totius brevioribus paululum distantibus dithecis thecis contiguis. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. [7 


Fructus prismatico-hexagonus oblongus, ad angulos costatus costis valde 
prominentibus totidem alas pene eflicientibus, parum profunde 6-suleus, 
transverse notatus lineis prominulis irregularibus , 6-valvis, septicide à 
basi dehiscens dimidia superiore parte peduneuli fissa in 6 ramos costis 
continuos. 

Semina plurima membranacea , alata, triangulari-rotundata , 0w,006 
longa 0,005 lata, pagina inferiore plana in medio ob presentiam nuclei 
paululum prominentia, superne vix concava margine vix elevato cireumdata 
notata macula longa triangulari verruculosa atro-brunnea nucleum ra- 

phemque indicante. 

Habitat in insula Cuba prope la Havane ubi lecta, anno 1828, a cl. 
Ramon de la Sagra. (Herbar. Barker-Webb in quo exstant 4 specimina 
fructifera cum 2 floribus disjunctis; Herb. DC.) V.S$. 


10. Ar:ISTOLOCHIA PARDINA, Dtre. 

Gaule volubili , elongato , gracili, ramoso , trigono , glabro ; foliis 
petiolatis , ovato-cordatis sinu baseos profundo lato obtuso au- 
riculisque magnis rotundatis, apice obtusissimis emarginatisve, 
pedatim 5-sub 7-nerviis, glabris, scabridis, subtus pallidis ; 
floribus solitaris, axillaribus , ebracteatis , longe peduneulatis 
pedunculo gracih contorto-flexuoso ; calyce incurvo, infundibu- 
lart, bilabiato labio altero brevissimo truncato altero ovato- 
Janceolato acutissimo basi nonnihil angustiore in dimidia supe- 
riore parte barbato. 


Planta alta, intricata. 

Caulis volubilis, gracilis, ramosus, trigonus, longitudinaliter in qualibet 
facie sulcatus, glaber ad nodos in axilla pubescens, internodiis folio æqui- 
longis vel longioribus. 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus a basi crassiuscula ad apicem atte- 
nuatus , contorto-volubilis , superne et præcipue basim versus canalicula- 
tus notatusque linea pilosa longitudinali, inferne carinatus, longitudinaliter 
striatus, basi lateribus et carina decurrens, 0",03 et paulo ultra in foliis 
plerisque longus. Limbus ovato-cordatus, apice rotundatus obtusissimus 
vel emarginatus, basi insculptus sinu profundo ad tertiam fere longitudinis 
partem penetrante fundo rotundato lamina vix in petiolum excurrente ore 
angustiore in plerisque foliüis contra ob divergentiam latérum latiore in foliis 
maximis, auriculis magnis rotundatis, integerrimus, pedatim 5-sub 7-ner- 
vius nervis lateralibus basi primo patulis breviter marginantibus eximie 


LS P. DUCHARTRE. —— TENTAMEN 


ramosis superne basi pubescentibus, uiraque pagina glaber, reticulato- 
venosus, pagina inferiore pallidus, plurimis verruculis sub lente perspicuis 
scabridus, 0",09 longus 0,07 latus raro longior et latior. 

Flores axillares, solitari, modicæ magnitudinis , longe pedunculati , 
ebracteati, in planta exsiccata externe fulvi conspersi multis maculis atro- 
brunneis parvis subpunctiformibus plerumque secus nervos longitudinales 
seriatis in media floris parte crebris et majoribus labium versus et tubi 
basim numero ut et magnitudine imminuentibus, interne ipsa basi labii 
superloris signati macula magna margine radiata atro-brunnea. 

Pedunculus gracilis, contorto-flexuosus, plus minusve patulus, ipsa basi 
puberulus, longitudinaliter striatus, petiolo duplo longior (0”,04-0°,06 
longus). 

Ovarium pedunculo duplo crassius, arcuatum, sæpe tortum, longitudi- 
naliter 6-costatum et 6-sulcum, glabrum, apice lateraliter productum in 
oibbulum, 0 ,012-0w,015 longum. 

Calyx externe glaber, ovario insidens disculo quem sequitur collum 
breve nonnihil contractum,subinde tumens in utriculum subgloboso-obco- 
nicum regularem 0”,005-0®,006 diametro æquantem, e cujus vertice 
assurgit tubus latiusculus areuatus post 0,021 longitudinis sensim am- 
pliatus in faucem infundibularem ore distincte bilahiatam ; labium inferum 
breve truncatum, superum e basi nonnihil angustata ovato-lanceolatum 
acutissimum margine et pagina interna barbatum processubus subcarno- 
sis longis conicis. 

Columna breviter stipitata, obconica, fere ad dimidiam usque longitudi- 
nem fissa in 6 lobos latos et crassos obtusos externe excavatos lata profun- 
daque depressione triangulari lineis stigmatosis angustis manifestis superne 
confluentibus marginata, hexandra antheris oblongis late distantibus dimi- 
diam columnæ longitudinem æquantibus, dithecis thecis exacte juxtapositis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in Mexici terra caliente, in planitiebus eirca Colima ubi reperta 
a cl. Ghiesbreght et ab eo divulgata , anno 1845, sub n° 214. (Herbar. 
Mus. Paris.) V.S. 

Nota. In eodem herbario exstant 2 specimina omnibus partibus 
maxima, forsan efficientia varietatem majorem, foliis majoribus rotundato- 
subreniformibus sinu basilari latiore et magis aperto , floribus majoribus 
pallidioribus externe signatis maculis minoribus rarioribusque. Nonne 
potius planta in loco humido et umbroso vegetans ? 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 19 
A1. ARISTOLOCHIA CHIQUITENSIS, Dtre. 


Tuberosa ; caule herbaceo, procumbente, volubili, glabro ; folis 
petiolatis, triangulari-cordatis subhastatis sinu baseos profundo 
lato obtuso auriculisque magnis rotundatis subparallelis, cu- 
neatim in petiolum decurrentibus, apice obtusis vel acutatis, 
pedatim 7-nerviis nervis lateralibus basim longe marginan- 
tibus, superne glabris subtus pubescentibus ; floribus solitartis , 
axillaribus, ebracteatis, peduneulatis peduneulo gracili tortili ; 
calyeis externe pubescentis recti tubo elongato infundibulari , 
labio ovato-lanceolato acuto basi angustiore in dimidia superiore 
parte pilis brevibus barbato. 


Stirps rhizomate perennans, herbacea. 

Rhizoma”? flexuosum, crassitie pennæ anserinæ vel paululum ultra, 
primo verticalis in terram ad 0,15 circiter penetrans, 1bique in unico 
specimine incrassatum in tuber ovoideum solidum, in alio specimine ibi 
contortuplicatum absque tubere bifurcum, indeque horizontaliter sese ex- 
tendens. 

Caulis herbaceus, procumbens, plus minusve volubilis, simplex vel ex 
axillis ramulos breves emittens, teres, lævis et glaber vel in ramis juve- 
nilibus puberulus, sub foluis decurrentia petiolorum costulatus, internodiis 
inferne brevibus superne folio æquilongis vel longioribus. 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus contorto-volubilis, superne super- 
ficialiter canaliculatus, longitudinaliter striatus, puberulus, basi in 3 lineas 
prominulas lateribus carinaque decurrens, 0°,02-0*,03 longus. Limbus 
triangulari-cordatus subhastatus, apice obtusus vel acutatus, basi insculp- 
tus sinu profundo ad quartam vel tertiam longitudinis partem penetrante 
lato fundo obtuso lateribusque subparallelis, lamina eximie in petiolum 
decurrente, auriculis magnis rotundatis parallelis, integerrimus, pedatim 
septemnervius nervis lateralibus basi longiuscule integris marginantibus, 
pagina superiore intense viridis et glaber inferiore pallidus lutescensve pu- 
bescenti-tomentosus, 0,09-0",10 longus, 0",06-0",08 latus. 

Flores axillares, solitarii, ebracteati, sordide lutescentes violaceo striati 
pictique (ex notis cl. Weddellii in planta viva desumptis). 

Pedunculus gracilis, post anthesim spiraliter contortus, longitudinaliter 
striatus, puberulus, 0",02-0",025 longus. 

Ovarium pedunceulo reeta continuum, eoque vix crassius, longitudinali- 
ter 6-costatum et 6-sulcum, sub anthesi spirahter tortum , apice late- 

4e série. Bor. T. IT. (Cahier n° 1.) # n 


50 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN 


raliter productum in brevem gibbulum, pubescens, circiter 0,015 
longum. 

Calyx externe pubescens, longitudinaliter nervosus, basi tumens in utri- 
culum subobconicum irregularem inæquilaterum antice gibbum 0®,011 lon- 
gum, e cujus latere minus convexo recta assurgit tubus rectus 0®,03 lon- 
gus basi angustus indeque sensim ampliatus in infundibulum ore truncato 
late apertum, superne productus in labium 0°,025 longum basi contrac- 
tum inde ovato-lanceolatum acutum in os tubi inflexum (ex icone ad vi- 
vum à cl. Weddellio depicta) acutum in dimidia superiore parte vel paulo 
ultra barbatum processubus piliformibus subcarnosis densis brevibus vio- 
laceis in dimidia pene tota inferiore parte glabrum cum interjecta inter has 
2 partes macula transversa arcuata in medio lata lateribus angustiore vio- 
laceo-nigrescente (ex icone Weddellii). | 

Columna breviter stipitata, obconica, in dimidia superiore parte fissa in 
6 lobos lato-lanceolatos apice incurvos externe depressos depressione lon- 
gitudinali lata lateque aperta parum profunde insculpta lineis stigmatosis 
crassis rotundatisque marginata , 6-andra antheris elongatis angustis late 
distantibus dimidiam columnæ longitudinem æquantibus , dithecis thecis 
sibi invicem juxtapositis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat‘ in Boliviæ provincia Chiquitos ubi ab Indicolis Buco-buco di- 
citur. Reperta septembre et octobre 1845 a cl. Weddell, qui eam in pro- 
prio catalogo n° 344 signavit. V. S. (Herbar. Mus. Paris.). 

Tuber hujus speciei in Indorum medicina adhibetur. 


12. ARISTOLOCHIA OVALIFOLIA, Dtre. 


Caule fruticoso , erecto, ad nodos tumido, scabrido ; fois magnis 
breviter petiolatis, ovatis, basi subcordatis, apice subacuminatis, 
5-nerviis nervis lateralibus infirmis brevibusque , superne gla- 
bris. inferne præcipueque ad nervos puberulis; floribus majus- 
culis, solitarus ?; calyeis unilabiati tubo refracto ore ampliato 
truncato margineque revoluto, labio lato-lineari recto apice 
obtuso mucronato intus in dumidia parte superiore faciei internæ 
verrucoso. 

. Planta fruticosa, erecta, ut videtur ex specimine Herbarii Delessert in 

quo caulis, folia flore que disjuncta tantum exstant. 
Caulis lignosus, teres, nodis tumidis, internodiis longis, longitudinaliter 
striatus, scabridus, apicem versus sub lente brevissime puberulus. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 51 


Folia breviter petiotata, estipulata. Petiolus brevis 0°,015 tantum lon- 
gus, varie contortus, pubescens. Limbus ovatus, apice subacuminatus, basi 
subcordatus sinu angusto fundo angulum acutum efficiente lamina in pe- 
tiolum minime excurrente, integerrimus, quinque-nervius costa valida pin- 
natim ramosa 2 nervis lateralibus non omnino basilaribus infirmis et bre- 
vibus extimis minimis, pagina superiore glaber inferiore præcipueque ad 
nervos puberulus, 0,155 longus 0,07 latus. 

Flores verisimiliter solitarn, majusculi. 

Pedunculus ovariumque desiderantur. 

Calyx facie externa undique sub lente hirtulus, basi tumens in utricu- 
lum ovoideum inæquilaterum basi in collum breve angustatum 0",047 lon- 
oum 0",011 latum, e cujus vertice assurgit tubus refractus arcuatus latus 
apice ampliatus in infundibulum late apertum margine revolutum et trun- 
catum 0,055 longum, inde productus in labium rectum lato-lineare la- 
teribus revolutum apice subrotundato mucronatum facie interna suleo 
medio basim versus exaratum in dimidia parte superiore verrucosum 
0,023 longum. 

Columna oblonga, cylindracea, longiuscule stipitata, ad dimidiam usque 
longitudinem superne fissa in 6 lobos angustos lanceolatos rectos apice 
obtusiuseulos externe sulco medio fere ad verticem usque exaratos conti- 
ouos, hexandra antheris angustis elongatis valde distantibus tertiam circi- 
ter longitudinis columnæ partem æquantibus, dithecis thecis contiguis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in Mexici provincia Oaxaca, ad altitudinem 2000 pedum, ubi 
reperta a cl. Galeotti qui eam n° 2138 signavit. Vulgo ab incolis Flor de 
Guaco dicta. V. S. (Herbar. Deless. et Mus. Paris.) 

13. ArisroLocnia ELLiPTICA , Dtre. (À suberosa, DC., Herb.) 


Fruticulus ramosissimus, glaber ; caule gracih, volubili, intricato, 
suberoso, tereti ; foliis parvulis, numerosis, petiolatis, ellipücis, 
basi apiceque rotundatis obtusissimis, trinerviis costa media pro- 
minente nervisque 2 lateralibus minimis, imferne pallidis sub 
lente punetulalis ; floribus parvis, soltartis, axillaribus , ebrac- 
teatis, longe peduneulatis ; ealycis unilabiati tubo refracio , Iabio 
e basi lata oblongo obtuso emarginato intus sub apice papilloso ; 
capsula ovoidea, hexagona, obiusa, 6-valvr. 

Fruticulus ramosissimus, plus minusve volubilis, intricatus, glaber. 
Caulis inferne lignosus, ligno vasibus numerosis magnisque pervio, lon- 


5? P. DUCHARTRE. —— TENTAMEN 


gis radiis medullaribus in (6) cuneos diviso, externe suberosus subere ri- 
moso pro caulis diametro crasso (suberis duplex crassities ligni diametrum 
æquat vel superat), gracilis, 0”,003-0",0035 d'ametro æquans im parte 
inferiore crassissima; pars caulis folüfera, viridis, herbacea, gracillima, 
0",001 vel paulo ultra crassa, superficie quasi irregulariter verrucoso- 
rugosa, teres vel obscure angulata, glabra. 

Folia numerosa, in genere minima, petiolata, estipulata. Petiolus gra- 
cillimus, a basi ad apicem attenuatus, sæpe post limbi lapsum aculeum 
gracile recurvum quodammodo referens, flexuosus, glaber , explanato- 
subeanaliculatus, 0",005 longus. Limbus exacte ellipticus vel oblongo- 
ellipticus , apice basique rotundatus obtusissimus quandoque mucro- 
nulatus, margine integerrimo revolutus, trinervius costa media inferne 
prominente nervis duobus lateralibus minimis parum perspicuis cæteris 
evanidis, utraque pagina glaber inferiore pallidus sub lente tenuissime 


punctulatus, 0",015-0",002 longus 0",006-0",008 latus (in uno speci- 


mine herbarii Delessert ex herbario Lambert proveniente subduplo major). 

Flores parvi, axillares, solitarti, ebracteati, longe peduneulati, tota su- 
perficie externa maculati maculis parvis irregularibus sæpissime inter 
nervos seriatis atro-purpurels. 

Peduneulus filiformis. striatus, glaber, folio æquilongus vel paulo 
longior. 

Ovarium in pedunculo rectum, gracile, elongatum, basi apiceque atte- 
nuatum unde subfusiforme, 6-costatum, glabrum, plus minusve ar- 
cualum. 

Calyx ovario recta insidens collo basilari brevissimo angustoque, inferne 
tumens in utriculum globoso-obconicum subdepressum æquilaterum 
0,007 longum totidemque latum, e cujus vertice assurgit tubus basi an- 
gustus sensim ampliatus recurvus 0,012 circiter longus, apice abrupte 
expansus in limbum 0°,02 longum unilabiatum complicatum e basi lata 
paululum angustatum inde apice spathulato-emarginatum ibique interne 
serentem papillas prominentes oblongas pubescentes. 

Columna stipitata, subobconica, superne ad tertiam usque longitudinis 
partem fissa in 6 lobos rectos latos crassos obtusos externe insculptos de- 
pressione triangulari marginata lineis stigmatosis strictis inferne inter sta- 
minum apices confiuentibus, hexandra antheris ovato-rectangulis basi tan- 
tum contiguis inde distantibus, dithecis thecis contiguis. 

Fractus ovoideo-hexagonus costis mediis valvarum valde prominentibus, 
transverse irregulariter rugosus, apice obtusus subumbonatus(si quid con- 
jectare fas est de forma ex inspectione valvarum disjunctarum), a basi 


= +) 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. on 
septicide dehiscens in 6 valvas explanatas costa media carinatas utraque 
extremitate lanceolatas, parti tertiæ superiori pedunculi 6-fidæ continuas. 
Dissepimenta lucida secus marginem axilem serie regulari minutorum fo- 
raminum insignita. Fructum tantum jam diu apertum vidi. 

Semina desiderantur. 
Habitat ad rupes circa Habannam ubi lecta a el. Ramon de la Sagra, 
Galeotti, etc. (Herbar. Mus. Paris., Delessert, DG.) V.S. 


A4. ArisrozacuiA GiBBosa, Dtre. (A. odoratissima? Benth. ; 
Plan. Hartweg., p. 82.) 


Glabra, caule volubili, gracih, trigono, e qualibet axilla flori- 
fero ; folis petiolatis, subrectangulo-cordatis sinu baseos an- 
œusto obtuso auriculisque magnis rotundatis, apice aeutis, peda- 
im 7-nervüs ; floribus una solitariis et in ramis axillaribus 
acemios laxos bracteatos efformantibus ; calveis reeti unilabiati 
utriculo basilari hine gibboso , tubo gracili brevi, limbo amplo 
eordato aeuto ; capsula ovoideo-fusiformi , hexagona , longe api- 
culata, 6-valvi. | 


Planta sarmentosa, undique glabra. 

Caulis gracilis, volubilis, trigonus, in qualibet facie longitudina- 
liter sulcatus; internoduis longis folio subæquilongis, e qualibet axilla 
florifer. 

Folia petiolata, estipulata. Petiolus gracilis, plerumque contorto-volu- 
bilis, canaliculatus, longitudinaliter striatus, basi more solito triplici linea 
prominula marginibus et carinæ continua decurrens. Limbus subrectan- 
gulo-cordatus , apice abrupte angustatus sæpe acuminatus basi cordatus 
sinu profundo angusto fundo rotundato lateribus parallelis vel convergen- 
tibus, auriculis magnis rotundatis sæpe interne dilatatis, integerrimus, 
pedatim 7-nervius nervis debilibus, 0",06-0",07 longus 0",04-0",045 
latus. 

Flores numerosi, modicæ magnitudinis, intense atro-purpurei glau- 
cescentes in planta exsiccata, bracteati. 

Inflorescentia duplex : etenim e fere qualibet axilla oriuntur inferne flos 
solitarius ebracteatus, superne racemus elongatus, laxus, bracteatus; in 
inferiore caulis parte quandoque solus adest flos solitarius. 

Rachis gracilis, flexuosa ad cujuslibet floris ortum leviter geniculata, 
quandoque 0",13-0",14 longa, 6-10 flores gerens. 


5l BP. DUCHARTRE. — TENTAMEN 


Bracteæ subrotundo-vel ovato-cordatæ, distincte petiolatæ, apice rotun- 
datæ cum vel absque acuminulo, nervatura folii, plerumque 0,015 longæ 
0",011-0",12 latæ. 

Pedunculus ex axilla bracteæ prodiens, gracilis, bractea longior. 

Ovarium gracile-elongatum hexagono-prismaticum vel subfusiforme, 
pedunculo recta continuum, 6 costis totidemque sulcis longitudinaliter 
notatum. 

Calyx ovario recta insidens disculo super quem adest breve collum vix 
contractum, inde tumens in utriculum ovoideum irregulare hine eximie 
oibbosum (multo minus tamen quam in À. inflata Kunth}) inde modice 
convexum 0,008 circiter longum et latum, e cujus lateris minus con- 
vexi vertice assurgit tubus gracilis brevis 0",005 tantum longus, abrupte 
expansus in limbum magnum cordiforme acutum canaliculato-complica- 
tum 0",025-0",028 longum. 

Columna breviter stipitata, subobconica, ab apice usque ad tertiam par- 
tem inferiorem divisa in 6 lobos lato-lanceolatos apice incurvos et obtusos 
facie externa late canaliculatos, in quorum depressione insunt totidem an- 
theræ] angustæ et eximie elongatæ fere usque ad partem eorum incurvam 
sese extollentes, valde distantes, dithecæ thecis juxtapositis. 

Fructus elongatus ovoideo-fusiformis basim et apicem versus sensim 
attenuatus longe apiculatus, 6-valvis, prismatico 6-costatus et 6-sulcus 
costis decurrentibus in pedunculi partem superiorem sub dehiscentia divi- 
dendam in totitem ramos ; dehiscentia basilaris. 

Semina (in unico fructu nondum dehiscente observata) parva, 0",002 
Tonga, plurima, exacte cordata, inferne et superne valde concava, unde 
margo crassus utramque paginam muri instar cireumdans, testacea, su- 
perne verrucosa verrucis distantibus inferne lævia, raphe haud promi- 
nente. | | ) 

Habitat in Mexico unde a cl. Hartweg anno 1837 missa. V. S. (Herbar. 
Mus. Paris., Deles., DC., Webb.) 


15. ARISTOLOCHIA ACUTIFOLIA, Dire. 


Caule gracili elongato, volubili, striato ; foliis breviter petiolatis, 
oblongo-lanceolatis, basi subcordatis, acutis , pedatim 5-nerviis 
costa prominente valida nervisque lateralibus infirmis , superne 

. glabris, subtus pubescentibus ; floribus in quahibet axilla cymoso- 
racemulosis, subsessilibus, minute bracteatis ; ealveis externe 


Lé 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 29 
pubescentis recti tubo infundibulari longiuseulo , labio oblongo- 
lanceolato acuto externe longitudinaliter nervoso. 

O 


Planta verisimiliter fruticosa, in fere tota superficie pube brevi vestita. 

Caulis gracilis, elongatus, volubilis, longitudinaliter striatus, internodiis 
folio brevioribus in parte caulis inferiore brevissimis, nodis nonnihil in- 
crassatis. 
 Folia breviter petiolata, estipulata. Petiolus plus minusve contorto-volu- 
bilis, superne canaliculatus, longitudinaliter striatus, basi triplici linea pro- 
* minente in caulem decurrens, 0",02 longus. Limbus oblongo-lanceolatus, 
ambitu subtriangularis, apice longe acutatus, basi subcordatus sinu parum 
profundo fundo angusto oreque late aperto ob divergentiam laterum, auri- 
culis brevibus parvisque obtusis, integerrimus , pedatim 5-nervius costa 
validiore nervis lateralibus minoribus, pagina superiore glaber inferiore 
pubescens, 0,09 longus 0",04 latus. 

Flores parvi, in axilla eujuslhibet fol cymoso-racemulost. 

Rachis brevis 0",02 longa, pubescens, ad ortum cujusque floris brac- 
teata bracteis minutis lanceolatis acutis pilosis, 

Pedunculus brevissimus vix 0",004-0",005 longus, ascendens. 

Ovarium obconicum, longitudinaliter 6-costatum et 6-sulcum, pu- 
bescens. 

Calyx externe pubescens subtomentosus interne glaber, basi tumens in 
,006 longum , e cujus vertice 


m 


utriculum ovoideum regulare parvum 0 
recta assurgit tubus rectus gracilis 0",015 longus, sensim ampliatus in 
faucem obconicam, productusque in labium oblongo-lanceolatum acutum 
externe longitudinaliter nervosum rectum tubum cum utriculo longitudine 
æquans, id est, circiter 0",02 longum. 

Columna elongata, longe stipitata, apice fissa ad mediam usque longitu- 
dinem in 6 lobos angustos lanceolatos elongatos facie externa exaratos 
_sulco medio profundo sibi invicem applicitos, hexandra antheris oblongis 
omnibus omnino contiguis verticillum densum eficientibus, dithecis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in America meridionali, verisimiliter secus fluvium La Plata, 
ubi reperta a cl. Poeppig qui eam n° 2913 signavit., V. S. (Herbar, Mus. 
Paris., Deles., DC.) 


16. ArisTozocia Pavoniana, Dire. 


Caule sublignoso, flexuoso, volubili?, tereti, glabro cum cireulo 
piloso ad cujuslibet folii ortum ; foliis petiolatis cordalis , acutis , 


96 BP, DUCHARERE, — TENTAMEN 
sinu baseos rotundato ore ampliato auriculisque subinæqualhibus 
rotundatis divergentibus, pedatim 7-nervis, superne glabris et 
lævibus, inferne reticulatis et puberulis ; pseudo-stipula axillari, 
orbiculari, subscariosa, undulata ; floribus parvulis, in ramus 
axillaribus foliatis racemosis ; calycis puberuli, nervosi, recti, 
unilabiati tubo gracili, labio angusto complicato obtuso. | 


Caulis sublignosus flexuosus, volubilis ?, glaber, teres, non striatus, 
internodis folio æquilongis vel longioribus', ad cujuslibet folii ortum cir- 
cumdatus linea cireulari angusta pilosa ex axilla oriente. 

Folia petiolata, pseudo-stipulata. Petiolus gracilis, verisimiliter brevis (in 
unicô specimine observato folia tantum exstant separata petiolo forsan non 
integro), anguste canaliculatus, pilis raris in maxima parte crebrioribus lon- 
gioribusque apice et superne præditus ut et nervi sinum basilarem foli 
marginantes, basi vix ac ne vix decurrens. Limbus cordatus, acutus , basi 
insculptus sinu vix ad quintam partem longitudinis penetrante modice lato 
fundo utrinque rotundato lamina vix in petiolum excurrente ore ampliato, 
auriculis subinæqualibus rotundatis divergentibus paululum elongatis , 
margine integerrimus, breviter et irregulariter ciliatus, pedatim septem- 
nervius nervorum basi brevissime marginante nervis a costa ad extimum 
imminutis, pagina superiore glaber et lævis inferiore eximie nervoso veno- 
soque reticulatus sub lente brevissime puberulus, 0*,06 longus 0,045 in- 
ter auriculas latus. 

Pseudo-stipula in axilla cujuslibet folii exstans cauli applicita, am- 
bitu orbicularis, subscariosa, integra valde undulata unde in planta exsiccata 
pluries complicata evadit, stipulam primo intuitu referens sed certe natura 
non vere stipulari ob ejus situm a folie separatum pedunculo floris axillaris 
solitarn et vigente ramo florifero. Ordo partium inde ita se habet : 1° fo- 
lium, 2° flos solitarius , 8° ramus florifer vel rachis inflorescentiæ, 4° fo- 
lium orbiculare vel pseudo-stipula, 5° caulis. Insuper hocce folium valde 
insigne videtur eo quod, in hac sola specie, forma omnino differt tum a 
foliis caulinis tum a foliis rami floriferi hic caulinis similibus et quæ, in 
omnibus aliis speciebusracemi-vel cymiferis, aliquo modo a foliis normalibus 
differunt et ideo bracteæ vulgo dicuntur; pseudo-stipula hæcce mihi nil 
aliud esse videtur quam primum folium seu rami floriferi seu ramuli non 
evoluti, quod absque dubio demonstrat plurium specierum investigatio. 

Flores parvi, racemosi. Racemi laxi, 10-12-flori elongati, usque ad 
0",15 longi (vel potius rami floriferi et foliati, cum nullumrevera discrimeñ 
cerni queat hosce inter ramos et caulem, et cum insuper gemma quoque 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 97 


exstet inter quemlibet florem et ramum) ; rachis (vel ramus) inferne recta, 
rigida, internodiis longioribus, superne ad ortum cujushibetflorisgeniculata, 
internodiis brevibus, tribus lineis prominentibus e basi cujusque folii flo- 
ralis ortis costulata, glabra sed sicut caulis insignita cireulis pilosis ex axilla 
rectiusve e gemma axillari ortis et apicem versus pubescens; folia floralia 
disticha, foliis caulinis similia, a basi rami apicem versus imminuta. 

Pedunculus proprius gracilis, rectus, longitudinaliter striatus, pubes- 
cens, 0%,02-0°,025 longus. 

__ Ovarium elongatum, gracile, vix pedunculo erassius, arcuatum, pubes- 

cens, 6-costatum, apice lateraliter productum in appendicem corniformem 
incurvam 0,001 longam, unde apexflorifer lateralis evadit, 0",042-0",015 
longum. 

Calyx externe puberulus, nervosus, in unico flore speciminis observati 
0,029 longus, ovario insidens angulo subrecto, rectus ipse et ob curvam 
ovarii simulque insertionis modum reflexus, ipsa basi contractus in breve 
collum, inde tumens in utriculum obovato-elongatum subimæquilaterum 
0",007 longum, e cujus vertice assurgit tubus gracilis subrectus utriculo 
æquilongus , abrupte ampliatus in faucem antice prominentem brevem, 
tandem productus in labium angustum complicatum obtusum dimidiam 
totius calyei; longitudinem efficiens. 

Golumna subsessilis, obconica, superne ad mediam usque longitudinem 
fissa in sex lobos lanceolatos angustos subacutos rectos facie externa exara- 
tos sulco medio angusto lineis stigmatosis strictis marginato, hexandra an- 
theris oblongis approximatis, dithecis thecis contiguis. 

Fructus et semina desiderantur. | 

Habitat in Mexico (in herbar. Barker-Webb exstat hujus speciei speci- 
men unicum ex herbario Pavon proveniens, cum schedula a Pavonio 
scripta : Aristolochia Nova spec. Nueva Espana). V. S. 


17. ARISTOLOCHIA CLAUSSENN, Dtre. 


Pumila ; caule erecto, gracili, tereti, simplici vel subsimplici, gla- 
bro; folis parvis , breviter petiolatis, sæpissime pendulis, reni- 
lormi-cordatis, ab ima ad summam plantam ex apice obtusissimo- 
emarginato ad subacutum sensim productis, sinu basilari angusto 
profundo obtuso auriculisque latis subtruncatis, pedatim 5-7-ner- 
vis, reticulato-venosis, superne glabris inferne puberulis ; flori- 
bus minutis, sæpissime solitariis, axillaribus, peduneulo gracili 


58 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN 


subfructu accrescente nsidentibus ; calyce recto unilabiato ; cap- 
sula globoso-hexagona, obtusa vel umbilicata. 


Planta, e speciminibus plurimis, pumila. 

Caulis erectus, rectus vel ad nodos subgeniculatus, gracilis, teres, strio- 
latus, simplex vel raro e nonnullis axillis ramulosus, internodiüis brevibus 
plerumque 0”,012-0",018 longis unde foliis imbricatis fere omnino vela- 
tus, glaber. 

Folia parva, breviter petiolata, subcoriacea, estipulata. Petiolus plus mi- 
nusve erectus, nonnihil sursum versus arcuatus , superne canaliculatus, 
glaber , basi tribus lineis prominulis decurrens, 0",008-0",010 longus. 
Limbus e petioli apice sæpissime pendulus, in ima tantum caulis parte reni- 
formis et emarginatus inde et ideo sæpissime reniformi-cordatus subacumi- 
natus apice rotundato obtusus quandoque subacutus non emarginatus, basi 
insculptus sinu angusto ad quartam longitudinis folii partem penetrante 
fundo rotundato vel truncato lamina in petiolum non excurrente lateribus 
parallelis et ore non ampliato, auriculis rotundatis subtruncatis parallelis 
rarissime incumbentibus, margine integerrimus, pedatim 5-7-nervius ner- 
vis inferne prominentibus basi breviter marginantibus, reticulato-venosus, 
pagina superiore glaber inferiore brevissime pubescens, latitudine lon- 
gitudinem subæquante in plerisque paulo majore in infimis reniformibus, 
plerumque 0",03-0",035 longus. 

Flores minuti, plerumque in axilla solitari rarius in ramulo. axillari fo- 
lioso quasi racemosi. | 

Pedunculus filiformis, striatus, sæpe post florum sterilium lapsum re- 
flexus, circiter 0°,01 longus sub fructu maturo dimidio longior, glaber. 

Ovarium in apice pedunculi plerumque arcuatim deflexum, parvum, 
fusiforme, 6-costatum, glabrum. 

Calyx insidens ovarii apici acutato collo brevi inferne excavato, inde tu- 
mens in utriculum parvum ovoideum subæquilaterum , e cujus vertice 
assurgit recta tubus gracilis rectus subæqualis, abrupte ampliatus in fau- 
cem parvam brevemque antice protensam, tandem productus in labium 
rectum lineare basi non angustatum obtusum complicatum ; calyx in inte- 
grum 0°,022 longus labio dimidiam hujus longitudinis partem æquante. 

Columna brevis et lata, breviter stipitata, cylindracea, apice breviter fissa 
. in 6 lobos latiores quam altiores obtusos externe exaratos sulco medio an- 
gusto marginato lineis stigmatosis crassis inferne supra staminum apices 
confluentibus, hexandra antheris brevibus et latis omnibus contiguis dithe- 
cis thecis ovatis. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 5) 

Fructus globosus, pisum volumine parum superans , sexcostatus et 
hexagonus, 6-suleus, apice obtusus vel umbilicatus, dehiscens septicide à 
basi in 6 valvas totitem partitionibus extremi pedunculi continuas, subco- 
riaceas, glabras. | 

Semina parva (0“,003 longa et lata), triangulari-obcordata, lævia, in- 
ferne convexa superne modice concava marginulata exarata lamina rapheos 
prominula (Deser. ex unico specimine imperfecte maturo). 

Habitat in Brasiliæ provincia Minas-Geraes, ubi vulgo dicta Jarimha do 
campo. Lecta a cl. P. Claussen. (Herbar. Mus. Paris., Deles., DC., Bar- 
ker-Webb.) V.S. 

Nota. Species affinis Aristolochiæ nummularifoliæ Kunth (in Humb. 
Bonpl. Nov. gen.) a qua differt : habitu, caule ‘breviore recto non pros- 
trato nec scandente, internodiis multo brevioribus foliisque ideo imbricatis, 
foliis cordatis potius quam reniformibus non emarginalis auriculis non 
imbricatis, forma floris obtusi, fructu non umbonato sed obtuso vel umbi- 
licato, etc. 


18. ARISTOLOCHIA ORBIGULARIS, Dire. (A. obtusifolia Mocino et 
Sesse in schedula herbarii Lambert.) 


Caule herbaceo, flaccido, volubili, hispidulo ; foliis longe petiolatis 
petiolo gracili, orbiculato-reniformibus obtusissimis sinu baseos 
profundo ore angustato auriculisque magnis rotundatis conver- 
gentibus, pedatim 5-nerviis nervis lateralibus basi marginanti- 
bus , utrinque hispidulis, eiliatis ; floribus parvis, solitariis, axil- 
laribus , ebracteatis ; calyeis externe hispiduli incurvi subrefracti 
unilabiati tubo gracili labioque angusto obtuso complicato. 


Caulis herbaceus, flaccidus, volubilis et tortuosus, nunc simplex nunc 
ramosus ramis gracilibus elongatis foliosis et floriferis in axilla florem inter 
et caulem enatis, internodiis folio subæquilongis, pilis brevibus et rariusçu- 
lis hispidus. ju 

Folia petiolata, éstipulata. Petiolus gracilis, contorto-volubilis, striatus, 
pilis brevibus hispidulus, basi decurrens tribus lineis vix prominentibus, 
0°,035-0",0/ longus in foliis caulinis duplo brevior in ramealibus. Limbus 
orbiculato-reniformis , apice rotundato obtusissimus vel emarginatus, basi 
insculptus sinu profundo ad tertiam folii partem vel paulo ultra penetrante 
fundo rotundato lamina vix in petiolum excurrente ore angustato ob auricu- 
las magnas rotundatas interne dilatatas convergentes, margine integerrimo 


60 P. DUCHARTRE, — TENTAMEN 

ciliatus , pedatim quinquenervius nervis lateralibus basi marginantibus 
extimo in auriculas descendente nervis omnibus gracilibus, utraque pagina 
præsertim vero inferiore ad nervos pilis brevibus hispidulus , in foliis 
caulinis 0°,055-0",06 longus 0",055 latus in rameis longitudine lati- 
tudineque plus dimidio minor. { 

Flores parvi, axillares, solitarii, ebracteati, in planta exsiccata pallide 
fulvi labio picto colore brunneo-purpureo abrupte prope faucem angulatim 
desinente. 

Pedunculus gracilis, subrectus, petiolo in caule breviorin ramis æqualis, 
striatus, hispidulus. 

Ovarium pedunculo rectilineum, fusiforme strictum , longitudinaliter 
6-costatum, hispidum. 

Calyx externe hispidulus, ipsa basi contractus in collum teres an- 
gustum 0",001 longum quo germini insidet angulo subrecto, inde tumens 
in utriculum subglobosum inæquilaterum 0",005 longum, e cujus vertice 
angulatim assurgit tubus gracilis cireiter 0",04 longus rectus vel nonnihil 
arcuatus, apice modice dilatatus in faucem parvam et brevem etinde por- 
rectus in labium elongatum e basi latiore lineare obtusum longitudinaliter 
canaliculatum et nervosum 0",02 vel paulo ultra longum. 

Columna subsessilis, ovoidea, insigniter supra antheras incrassata, ad 
mediam usque longitudinem fissa in 6 lobos rectos transverse angustos in 
directione radiorum carinatim complicatos ideo facie externa exaratos sulco 
angusto marginato lineis stigmatosis crassis inferne supra staminum apices 
confluentibus , hexandra antheris ovatis brevibus approximatis dithecis 
verticillum continuum efficientibus. 

Fructus et semina desiderantur. Adest unica capsula valde juvenilis 
ovoidea longe umbonata. 

Habitat in Mexico. Exstant : 1° in Herbar. Deles. specimen unicum ex 
herbario Lambert, a Mocino et Sesse lectum, sub nomine Arist. obtusifolia ; 
2° in herbario Barker-Webb duo specimina ex herbario Pavon oriunda). 


V.S. 


19. ARISTOLOCHIA BIROSTRIS, Dtre. 


Fruticosa, glabra; caule debili, elongato, volubili, ramosissimo ; 
fohis longe petiolatis, ovato-cordatis sinu basilari angusto auri- 
culisque rotundatis parallelis, junioribus acuminatis acutisve 
adultis subacutis vel obtusis vel imo emarginatis, pedatim 7-ner- 
viis nervis incurvis ; floribus parvis, axillaribus, solitariis, ebrac- 


| 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 61 


teatis, raris ; calycis subrefracti, unilabiati, labio incurvo rostri- 
formi dorso acutangule gibboso-mucronato ; capsula oblonga, 
hexagona, obtusissima ; seminibus submembranaceis, cuneato- 
cordatis. 


Planta fruticosa, glabra. 

Caulis elongatus, debilis, volubilis, ramosissimus ramis gracilibus di- 
varicatis volubilibus alte et anguste sulcatis, superficie rimoso-suberosa 
_albida vel testacea, internodiis superioribus folio longioribus. 

Folia longe petiolata, estipulata. Petiolus contorto-volubilis, flexuosus, 
canaliculatus, longitudinaliter striatus, basi carina lateribusque decurrens, 
0®,05-0%,06 in folio adulto longus. Limbus ovato-cordatus, apice acumi- 
natus vel tantum acutus in folio juniore in adulto subacutus vel obtusus 
cuspidatusque vel quandoque emarginatus, basi cordatus sinu angusto pro- 
fundo fundo obtuso lamina paululum in petiolum decurrente, auriculis ro- 
tundatis parallelis, integerrimus, pedatim 7-nervius nervis gracilibus in- 
curvis basi brevissime marginantibus, 0",08-0",09 longus, 0",055 latus. 

Flores parvi , axillares, solitarii, ebracteati. Planta parcissime florifera. 

Pedunculusgracillimus , petiolo plus duplo brevior, 0",02 tantum longus. 

Ovarium pedunculo subduplo crassius, eique recta sub flore continuum 
postea reflexum, 0",006 longum, prismatico-6-costatum et 6-sulcum. 

Galyx ovarii apici insidens disculo quem sequitur collum longiusculum, 
subinde tumens in utriculum obconicum pro longitudine floris magnum 
inæquilaterum 0",01 longum et fere æque latum, e cujus vertice angula 
tim assurgit tubus leviter arcuatus 0",01 longus antice desinens in pro- 
cessum prominentem,superne ampliatus in faucem dorso productam in pro- 
cessum acutum quodammodo aculeiformem, tandem areuatim porrectam in 
labium carinatim complicatum incurvato-incumbens apice rotundatum 
rostriforme. 

Columna parva, breviter stipitata, obconica , superne divisa in 6 lobos 
breves obtusos facie externa notatos depressione angusta angulum acutum 
efficiente marginata lineis stigmatosis crassissimis vix aut non antherarum 
vertice demissius descendentibus, hexandra antheris brevibus latisque ova- 
tis contiguis dithecis thecis sibi imvicem juxtapositis. 

Fructus oblongus, obtusissimus, hexagonus et 6-suleus, fere 0",04 lon- 
gus, septicide a basi dehiscens in 6 valvas medio costatas quarum costæ 
continuæ 6 filamentis peduneuli sub fructu aperto in dimidia superiore parte 
G-fidi. | 

Semina numerosa submembranacea, Cuneato-cordata, facie infera con- 


62 P, DUCHARTRE., —— TENTAMEN 


vexa verruculis distantibus aspera , facie supera valde concava Iævia cum 
rapheos lamina media prominente spongiosa, brunnea, raphe pallidiore. 

Habitat Bahia in America meridionali, ubi lecta a cl. Blanchet qui eam 
sub numero 2383 evulgavit (Herbar. Mus. Paris., Deles., DC., Webb). 
Vo... 


20. Arisrococaia Weppezzit, Dtre. 


Caule elongato, gracili, debili, acutangulo et sulcato, glabro; folis 
petiolatis, oblongo-lanceolatis, basi cordatis sinu obtuso ore am- 
pliato auriculisque brevibus rotundatis parallelis, pedatim 7-ner- 
vis, supra glabris tenuissime punetulatis subtus pallidis reticu- 
lato-venosis, nervis venisque scabrido-hispidis ; pseudo-stipula 
axillart, orbiculato - cordata ; floribus maximis et longissimis , 
solitarns, peduneulatis ; calycis glabri, refracti, bilabiati, utri- 
culo ventriculiformi maximo, tubo brevi, labio inferiore brevis- 
simo subnullo, superiore longissimo, angusto, lanceolato, acuto, 
carinato-undulato. 


Caulis elongatus, gracilis, debilis, acutangulus et sulcatus, internodiis 
plerumque folio longioribus (0",15-0",2 longis), glaber vel pilis raris tan- 
tum sub lente conspicuis puberulus, in ramulis subpubescens. 

Folia petiolata, pseudo-stipulata, ob longitudinem internodiorum in planta 
rara. Petiolus quandoque contortuplicatus subvolubilis, canaliculatus, lon- 
gitudinaliterstriatus, pis brevibus præsertim apicem versus hispidulus, basi 
triplici linea prominente decurrens, 0",03-0",04 longus.Limbus oblongo- 
lanceolatus marginibus primo subparallelis inde convergentibus usque ad 
apicem subobtusum, basi cordatus sinu parum profunde insculpto fundo 
angustato rotundato ore latiore , auriculis brevibus rotundatis parallelis, 
integerrimus margine in planta exsiccata revoluto, pedatim-septemnervius 
nervis quo ad ortum approximatis, pagina superiore glabra sub lente tenuis- 
sime punctulata inferiore pallida reticulato-venosa nervis "ns scabrido- 
hispidis, 0",1-0",11 longus 0",05-0",06 latus. 

Pseudo-stipulæ. In axilla cujuslibet folii adest pseudo-stipula (stipula 
auctorum) unica , pagina inferiore caulem spectans, orbiculata, basi cor- 
data, apice obtusissima vel emarginata, integra, utrnque glabra, 0",02 vel 
paulo ultra longa et lata, sita ita ut flos oriatur eam inter et folium et ut, si 
insuper ramulus exit, oriatur florem inter et pseudo-stipulam, unde 1° fo- 
lium, 2° flos, 3° ramulus, 4° pseudo-stipula, 5° caulis. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 6: 

Flores solitarii, maximi et longissimi, albidi sordido violaceo intenso re- 
ticulati (ex icone a el. Weddell ad vivum depicta), 0",5 circiter longi. 

Pedunculus primum rectus, sub anthesi apice deflexus ita ut ovarium 
peduneulo parallelum evadat, longitudinaliter sulcatus, hispidulus, 0",07- 
0" ,08longus. 

Ovarium diametro pedunculum æquans, ei recta continuum in flore juve- 
nili postea sub anthesi deflexum arcuatumque, unde flos adultus fit resupi- 
natus, apice nonnihil attenuatum ibique lateraliter productum in appendi- 
cem brevem. 

Calyx glaber, ovario insidens angulo recto et collo angusto brevi, basi - 
tumens in utriculum maximum ventriculiformem valde inæquilaterum 1d 
est latere inferiore insigniter inflatum superiore subrectilineum 0",06 lon- 
gum 0",035 latum, sub cujus apice exit angulo recto et superne tubus la- 
tus brevis sensim ampliatus in faucem duplo latiorem oreque bilabiatam : 
labium inferius brevissimum subnullum truncatum vel emarginatum mar- 
sine reflexum et sinuolatum, superius longissimum (circiter 0",4 longum) 
angustum (0,025 tantum basi latum) apice lineari-lanceolatum, carimato- 
undulatum, venis purpureis ubique reticulatum, interne pilos raros basim 
versus crebriores gerens. 

Columna stipitata, nonnihil obconica, apice scissa in 6 lobos breves mox 
basi latiore connatos lanceolatos subineurvos externe exaratos sulco an- 
gustissime sub ipsorum basi late ampliato in depressionem marginatam ut 
et sulcus lineis stigmatosis prominentibus strictis inferne ad mediam fere 
antherarum longitudinem descendentibus, hexandra antheris longis et an- 
sustis late distantibus dithecis thecis omnino contiguis, 0",01 es, 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in_Brasiliæ provincia Matto-Grosso secus Jauru flumen ubi re- 
perta esta el. Weddell florens julio et augusto 1845. V.S. (Herbar. Mus. 
Paris.) 


21. ARISTOLOCHIA PROSTRATA , Dire. 


Caule herbaceo, prostrato, flexuoso, simplici, trigono, hispido ; 
folis longissime petiolatis, seeundis , reniformibus sinu baseos 
lato profundo obtuso auriculisque latis rotundatis, pedatim 7-ner- 
viis nervis lateralibus basi longe marginantibus, supra scabrido- 
hirtulis subtus pallidis. hispidis ; floribus axillaribus, solitariis , 
ebracteatis, peduneulatis ; calycis externe hispidi, refracti, tubo 
angusto æquali, limbo peripherico orbieulari-cordato mueronato 


Gl P, DUCHARTRE. — TENTAMEN 


cihis subcarnosis apice incrassatis longissimis fimbriato ; capsula 
cylindraceo-hexagona, basi apiceque umbonato attenuata. 


Caulis herbaceus, prostratus flexuosus, simplex vel aliquot ramulos bre- 
ves in parte inferiore emittens, ad nodos angulum obtusum efformans, 
plerumque manifeste trigonus in qualibet facie 2 sulcis longitudinalibus 
exaratus, pilis rigidis subulatis hispidus , internodiis in inferiore caulis 
parte abbreviatis (0°,01-0",02) inde sensim magis ac magis elongatis 
usque ad 0",06-0",07 longitudinem. 

Folia longissime petiolata, estipulata, secunda. Petiolus superne cana- 
liculatus, basim versus carinatus, longitudinaliter striatus, flexuosus et 
quandoque volubilis , internodio longior 0",06-0",07 æquans, basi mani- 
feste triplici linea in caulem decurrens; petioli foliorum e latere caulis 
humi prostrato nascentium basi sese abrupte deflectunt ita ut caulem am- 
biant et sursum vadant. Limbus reniformis, apice et ambitu rotundatus, 
basi insculptus sinu lato usque ad quartam fol partem penetrante fundo 
utrinque rotundato lamina in petiolum manifeste et longiuscule excurrente 
ore lato lateribus parallelis, auriculis magnis rotundatis parallelis, integer- 
rimus, pedatim 7-nervius nervorum basi longe marginante, pagina superiore 
intense viridis sub lente scabrido-hirtulus, inferiore pallida nervosa non ve- 
nosa pilis rigidis subulatis ut caulis et petiolus hispida , 0",045 longus 
0",065 latus. 

Flores axillares, solitarii, ebracteati, tantum in superiore caulis parte 
enascentes, extus læte viridescentes, intus violaceo sordido levissime in 
limbo intense marginem versus picti, cum linea multo pallidiore secus 
ipsum marginem, ciliis intense sordide violaceis (secundum iconem ad 
plantam vivam a cl. Weddellio depictam). 

Pedunculus petiolo triplo quadruplo-ve brevior, longitudinaliter striatus, 
trigonus qualibet facie profunde bisulca, flexuosus, post fæcundationem 
dejectus ita ut fructus unicus a me visus terram recta petere videatur, pilis 
crebris hispidus, apice arcuatus. 

Ovarium peduneulo paulo crassius, longitudinaliter 6-costatum et 6-sul- 
eum, post anthesim spiraliter tortum, hispidum, apice refractum et latere 
in brevem gibbum productum. | 

Calyx externe hispidus ovarii apici insidens disculo quem sequitur col- 
lum breve modice contractum, subinde tumens in utriculum obovoideum 
inæquilaterum 0,12 longum, e cujus lateris brevioris vertice assurgit 
tubus gracilis infractus et arcuatus, 0°,015-0",02 circiter longus ore 
non ampliato, abrupte expansus in limbum rotundato-subcordiformem , 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA, 65 


apice breviter mucronatum, periphericum, margine consitum ciliis unise- 
riatis longis subcarnosis apice incrassatis, in flore emarcido non perspicuis 
ob eorum intra limbum complicatum reflexionem, pagina interna glabrum. 
Calyx emarcidus eximie reticulatim venosus. 

Columna stipitata , elongata, obconica, superne ad mediam fere longi- 
tudinem fissa in 6 lobos crassos , ovatos , apice rotundatos, facie externa 
super antherarum apicem insculptos fovea parvula lineis stigmatosis mox 
confluentibus marginata, 6-andra antheris elongatis dimidia parte columnæ 
longioribus basi contiguis apice distantibus dithecis thecis juxlaposilis. 

Fructus cylindraceus, æque apicem basimque versus subabrupte an- 
gustatus , umbonatus umbone crasso truncato , longiludinaliter 6-costatus 
et 6-sulcus costis rotundatis, 6-valvis, a basi septicide dehiscens , breviter 
hispidulus, 0",045 longus, 0",014 latus. 

Semina plurima, parva, triangulari-obcordata, submembranacea, mar- 
gine sursum muri instar elevato valde concava raphe verticaliter alato 
notata, subtus planiuscula nonnihil marginata sulco medio longitudinali 
exarata, 0,005 longa, 0,003 lata. 

Habitat in locis arenosis cultis et incultis Boliviæ in provincia Cordil- 
lera, ubi novembre et decembre 1845 a el. Weddellio reperta et in Cata- 
logo proprio sub numero 3698 inscripta. V. S. (Herbar. Mus. Paris.) 


22. ARISTOLOCHIA VARHFOLIA, Dire. 


Humilis, herbacea, biennis, villosa; caule ascendente, flexuoso , 
gracil, angulato ; foliis variiformibus cordatis vel cordalo-hasta- 
is vel hastatis unico vel utroque latere , sinu baseos angusto 
auriculisque subovalibus externe obtusissimis , apice acuminato 
acutis vel obtusiuseulis, utrinque scabrido-hispidulis ; floribus 
parvis, axillaribus, solitariis, peduneulatis peduneulo gracili 
apice bracteato; ealyeis externe bispido-pubescentis tubo sub 
apice geniculato, imbo peripherico ovato-subcordato mucronato. 


Planta herbacea biennis, villosa præsertim in petiolis folus junio- 
ribus et caule. | 
Caulis ascendens, flexuosus, gracilis, decurrentia petiolorum costato- 
angulatus , villosus et apicem versus subtomentosus , internodis brevibus 

im caulis parte inferiore longioribus, 0”,3 et paulo ultra altus, 
Folia petiolata , estipulata. Petiolus brevis , pilis albidis hirsutus , basi 
triplici linea decurrens, plerumque 0,04 longus. Limbus nunc in ma;ore 


4° série, Bor. T. II, (Cahier n° 2.) ! 5 


66 P. DUCHARTEE. — TÉNTAMEN 

et superiore caulis parte oblongo- vel elongato-hastatus, acüminatus acutus 
vel suhobtusus , basi insculptus sinu angusto plus minusvé profundo an- 
gulatim aperto vel lateribus parallelis, utroque latere Ssinuätus siiu alte 
exciso angulum acutum efficiente indeque auriculis divergentibus sub- 
ovalibus externe obtusissimis, nunc in parte caulis inferiore unico latere 
hastatus vel hastato-cordatus vel cordatus tuncque multo latior ratione 
habita longitudinis, pedatim 7-nervius costa validiore nervis 2 lateralibns 
suberectis cæteris patulis auriculas petentibus, integerrimus, duabus pa- 
ginis fere concolor, utrinque pilis brevibus scabrido-hispidulus , 
0%,045-0m,06 longus 0",045-0",03 latus. 

Flores parvi axillares, solitarii ; brunnei cum macula in limbo centrali 
ovata oreque tubi pallidis verisimiliter in planta viva luteis, externe villoso- 
hispidi, parvi, bracteati. | 

Pedunculus gracilis, angulatus, sub flore spiraliter contortus, hispidus, 
O®,01 vel paulo magis longus , apice gerens bracteam minutam, ovato- 
cordatam. 

Ovarium obovato-cylindraceum , pedunculo continuum nonnihil ärcua- 
tum, hispidum, 0°,005 tantum longum. 

Calyx externe hispido-pubescens , basi tumens in utriculum ovoideum 
regularem et æquilaterum 0",008 longum, e cujus vertice assurgit tubus 
0®,015 longus primo rectus inde apicem versus geniculatim deflexus, ver- 
tice nonmihil inflatus, tandem abrupte expansus in limbum periphericum 
ovato-subcordatum apice mucronatum interne glabrum 0”,018 longum, 
0®,011-0",012 latum. à 

Columna breviter stipitata , subconica, superne usque ultra medium fissa 
in à lobos elongatos, lanceolatos, in facie externa profunde quasi cari- 
natim complicatos , lineis stigmatosis marginantibus valde prominentibus , 
fissuris inter lobos usque infra antherarum apices penetrantibus, pentan- 
dra antheris 9 ovatis distantibus dithecis thecis juxtapositis. 

Fructus et semina desiderantur. 

Habitat in Mexici Cordillera (Oaxaca) secus mare Pacificum ubi detecta 


a cl. Galeotti (Collect. . Galeotti 1840, no 208. Herbar. Mus. Paris et 
Deles.). V. S. 


23. ArisrococnrA Gounorn, Dire. 


Rhizomate vertical, crasso, extus suberoso ; caule gracili, flexuoso, 
simplici, trigono , glabro; foliis longe petiolatis , tenuiter mem- 
branaceis, acuminatis mucronülatis, reniformi-cordatis ; sinü 


METHOÔDICÆ DIVISIONIS CÉNERIS ARISTÜLOCHIA. 67 
“Bases mägho Sémi-ciréulari Aüriculisque Magnis rôtundatis, 
pedatim 5-nervis nervis lateralibus palulis, reliculato-vénosis 
Supra &läbris , Subtus glauco-albidis ; floribus parvis, racemu- 
=. Josis, minute bractealis i calycis externe glabri, refracti, tubo 
lato 153 limbo peripherico cordato NDS. sb (i im- 
matura) oblonga, subclavata, apiculata. 


ÿ Rhizoma verticale subteres arcuatum utrinque angustatum inferne 
obtusum ,Superne nunc abrupte emittens (in uno specimine) caules 2 aëreos 
graciles, nunc (in alio specimine) sensim angustatum in caulem unicum 
primo crassum allius gracilem , tota superficie obtectum cortice suberoso 
Tim os0, e rimis emittens radices plerumque graciles, ramosas. 

Caulis aëreus gracilis, flexuosus , simplex, trigonus faciebus planis vel 
paululum concavis, in quaque facie exaratus duobus sulcis costulam me- 
diam cireumscribentibus, ut tota planta glaber, viridis, internodiis superio- 
ribus folio longioribus. 

Folia longe petiolaia, estipulata, tenuiter membranacea. Petiolus gracilis, 
contorto-volubilis, basim versus longitudinaliter sulcatus et superne cana- 
liculatus, carina sed lateribus vix conspicue decurrens , 0",055-0",05 lon- 
sus. Limbus reniformi-cordatus, apice acuminatus mucronulatus, basi in- 
sculptus Sinu lato latissime aperto lateribus divergentibus fundo éximie 
rotundato lamina in petiolum vix aut minime excurrente ad quintam usque 
..Partem longitudinis minusve penetrante, auriculis rotundatis magnis paral- 
lelis; margine integerrimus, pedatim quinquenervius nervis lateralibus 
costam æquantibus basi angulo fere recto patulis et longiuscule marginan- 
tibus, reticulatim in utraque pagina venosus, pagina inferiore glauco-albidus 
sub lente brevissime præcipueque ad nervos hispidulus, pagina superiore 
glaber i in areolis venarum sub lente punctulatus, 0®,09 longus et latus, vel 
paulo longior quam latior. 

Flores parvi , räcemulosi, breviter pedunculati, in planta sicca pallide 
fulvi cum venis brunneo-purpureis in utriculo et in parte inferiore tubi, 
atro-purpurascentes in parte superiore tubi, in limbo maculati maculis 
atro-purpureis magnis. 

Rachis brevis, 0",01-0",02 lonsa, pluries geniculata, àrticulis 0®,002- 
0" 003 longis, præsertim in parte superiore gracili, in quoque geniculo 
gerens bracteam minutam ovato-lancealatam 0,001 el paulo magis lon- 
gam e cujus axilla prodit flos solitarius. 

… Bracteæ distichæ, ideo et flores distichi. 


68 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN 


Pedunculus gracilis, rectus vel apice recurvus, longitudinaliter striatus, 
glaber, 0",012-0",015 longus. 

Ovarium pedunculo continuum, subfusiforme, longitudinaliter 6-costa- 
tum, glabrum, apicis latere productum in gibbulum vel breve corniculum. 

Calyx externe glaber,angulo recto ovario insidens, ipsa basi expansus in 
disculum inæquilaterum , subinde post collum breve tumens in utriculum 
obovoideum inæquilaterum 0",012-0m,015 longum e cujus vertice angulo 
fere recto assurgit tubus latus circiter 0®,01 longus, interne et præsertim 
basi vestitus pilis brevibus albis clavatis, tandem expansus in limbum peri- 
phericum cordatum apice acutum mucronulatum 0,02 longum. 

Columna obconica, stipitata, superne fissa in 6 lobos elongatos conicos 
divergentes, facie externa exaratos sulco angusto basi tantum latiore lineis 
stigmatosis marginato, hexandra antheris ovoideis in media parte contiguis 
dithecis thecis sibi invicem applicitis. 

Fructus adest unicus in speciminibus observatis, immaturus, sHtBEES, 
subclavatus, apiculatus apiculo in disculum desinente. 

Habitat Novam Granatam loco dicto Llano San-Martin ubhi detecta a 
beato Justino Goudot. (Herb. Mus. Paris). Vulgo dicta guuco. V.S$. 


2h. ARISTOLOCHIA MACROPHYLLA, Dtre. 


Fruticosa ; caule ramoso, ramis elongatis, gracilibus, volubilibus , 
glabris ; foliis magnis longisque, breviuscule petiolatis, oblongo- 
Janceolatis lateribus longe parallelis, acuminatis , basi cordatis. 
sinu profondo angusto auriculisque rotundatis parallelis, pedatim 
7-nervis, supra glaberrimis glaucescentibus lucidis tenuissime 
verruculosis, subtus fulvo-velutinis ; floribus..…..; capsula hexa- 
gono-prismatica elongata ; seminibus parvis, subcordatis, supra 

 concavis marginalis, subtus convexis. 


Planta fruticosa, ramis elongatis, gracilibus, volubilibus, glabris, stria- 
tis, internodiis a basi apicem versus sensim RTE sed semper folio 
brevioribus. 

Folia magna, breviuscule petiolata, estipulata. Petiolus arcuatus, sub- 
tortilis, superne basim versus canaliculatus, glaber, basi decurrens triplici 
linea prominula sensim subevanescente , 0",03-0,04 longus. Limbus 
oblongo-lanceolatus lateribus longe parallelis, sub apice longe angustatus 
et acuminatus, basi cordatus sinu profundo angusto fundo obtuso lamina 
in petiolum non excurrente lateribus parallelis vel paululum convergenti- 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 69 
bus, auriculis rotundatis parallelis, integerrimus, pagina superiore glau- 
cescens lucidus glaberrimus sub lente tenuissime et creberrime verrucu- 
losus, pagina inferiore velutinus pilis crebris brevibus sub lente capitellatis 
fulvo-ferrugineis reticulatim venosus venis prominentibus, pedatim 7-ner- 
vius nervis a Costa media valida pinnatim ramosa ad extimum debilem de- 
crescentibus nervorum ramis sæpissime anastomosantibus , 0",2 et ultra 
longus 0",06-0",08 latus. 

Flores desiderantur. 
 Fructus in specimine herbarii Delessert apertus, valvis omnino disjunc- 
tis angustis elongatis 0",003-0%,005 latis 0%,06-0m,07 longis (unde 
fructus nondum dehiscens certe forma angusto-elongata ) costa media va- 
lida prominente instructis, septicide dehiscens. 

Semina parva, subcordata, interne cuneata, externe rotundato-cordata, 
inferne convexa verruculosa, supèrne margine elevato valde concava, Iævia, 
instructa lamina media tenui rapheos prominente præsertim a medio ad 
basim, testa undique tenui ad marginem tantum paululum incrassata, atro- 
brunnea, albumine copioso. | 


Habitat prope Cayennam ubi reperta a cl. Leprieur anno 1839. V.S. 
imcompletam. (Herbar. Delessert.) 


25. ARISTOLOCHIA GARDNERI, Dtre. 


Glabra ; caule herbaceo , erecto , simplici; foliis breviuseule petio- 
latis, oblongo-triangularibus , acutis , basi subcordatis auriculis 
brevibus rotundatis, utroque latererectilineis, pedatim 7-nervüs, 
discoloribus pagina inferiore pallida lutescente scabrida ; floribus 
axillaribus, solitariis, ebracteatis, breviter peduneulatis; calyce.…; 
capsula oblonga, hexagona , umbonato - apiculata , transverse 
lineata; seminibus submembranaceis, supra concavis, subtus 
explanatis, triangulari-subcordatis. 


Planta glabra. 

Caulis herbaceus ipsa basi lignescens , erectus , simplex , lævis, sub in- 
sertione foliorum costatus, internodiis brevibus, ad nodos paululum incras- 
satus et compressus. 

Folia majuscula, numerosa et approximata, breviuscule petiolata, estipu- 
lata. Petiolus eximie canaliculatus , striatus, a foliis inferioribus ad supe- 
riora sensim brevior, in infimis 0w,03 in supremis Om,01 tantum longus, 
in prioribus flexuosus. Limbus oblongo-triangularis, acutus , basi subcor- 


70 P. DUCHARTRE. — TENTAMEN 


LG @ 

datus sinu parum mn utroque latere rotundato Jamina in petiolum 
insigniter excurrente late aperto, auriculis brevibus rotundatis, integerri- 
mus ; lateribus rectilineus , pedatim septemnervius neryis à Costa majore 
ad extimum imminutis basi marginantibus omnibus inferne prominentibus, 
venis anastomosantibus plerisque iransyersis reticulato-venosus nerYosus- 
que , ufraque pagina glaber, discolor pagina inferiore pallidus 1 lutescens 
scabridus, 0",09-0",1 longus Om .05- Om,06 latus. 

Flores axillares, solitarii, ebracteati desiderantur. 

. Pedunculus gracilis, glaber,. brevis petiolo brevior m ima planta el 
æquilongus i in superiore 0w,015- om" ,048 longus, Jongitudinaliter sulcatus, 
sæpe a folio directione aversus. 

Ovarium (post floris lapsum) g gracile, elongatum, arcuatum et in pedun- 
culo reflexum, 6-costatum costis in pedunculum decurrentibus, elabrum, 


apice HSE productun i in appendicem corniculiformem longiusculum. 


Calyx et. colümna desiderantur. 

… Fructus maturus et dehiscens, oblonous, hexagonus, basi apiceque an- 
gustatus, umbonatus apiculo post dehiscentiam in 6 mucrones valvarum 
diviso, 6-valvis valvis planiusculis costa media lata et depressa exaratis, 
tota superficie notatus lineis transversis prominulis irregulariter undula- 
tis, glaber, dehiscentia septicida, 0w,045 longus. 

Semina plurima, triangulari-subcordata interne cuneata externe rotun- 
dato-emarginata, submembranacea sed margine sursum valde recurvo na- 
vicularia, inde pagina inferiore subexplanata vel parum convexa perspicue 
marginala, superiore valde concava alte et abrupte marginata medio longi- 
tudinaliter carinata lamina verticali rapheos e cujus fere vertice utrinque 
eritur ala tenuis ; {esta castaneo-brunnea, verrucosa verrucis crebris bre- 
yibus truncatis, raphe ejusque alæ atro-violaceæ ; albumen in semine sicco 
fenuissimum. 

… Habitat Piahauy in America meridionali; lecta anno 1840 a beato 
Gardner qui eam n° 2299 signavit. V. S. (Herbar. Webb in quo exstat 
unicum specimen fructiferum. }) 


26. ARISTOLOCHIA FILIPENDULINA, Dire. 


Tuberosa, radicibus in media circiter longitudine incrassatis in 
inberculum ovoideum rarius subglobosum vel obconieum ; pilis 
* patulis rigidis hirsuta ; caule cl acih, tereti, volubili ; foliis longe 
 petiolatis , ovato- us SU profundo angusto auriculisque 
2 _Magnis QUES > APICe ohbtusis. vel r'arius acutatis apieulatis , 


| METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 71 
pedatim 5-nerviis nervis gracilibus, utrmque sed præcipue in 
pagina infera glauco-albida seeus nervos hirsutis ; floribus axil- 
laribus, solitariis, ebracteatis ; calÿce.….; capsula hexagono-sub- 
globosa longe umbonata. 


Rhizoma tortuosum, abbreviaium, in unico specimine gracile et 
0w,025 longum , in aliis speciminibus crassius et 0,02 longum , e CUJUSs 
apice oritur caulis, dum e fere tota ejus superficie oriuntur radices. 

Radices plures distinctæ , simplices in speciminibus observatis ( unico 
excepto ), rigidæ , in planta sicca angulatæ , conspicuæ verrucis irregula- 
ribus e quibus ortum quandoque ducunt radicellæ , sed quæ nullum vel sub 
lente squamarum vestigium ostendunt ; longissimæ radices 0w,015-0",016 
æquant, sed nulla non extremitate orbala; in media circiter longitudine 
omnes incrassatæ in tuberculum ovoideum 0",01-0",025 longum, 
Om,01 crassum. Unicum specimen omnibus partibus majus fert tubercula 
duplo crassiora sub eadem longitudine, inter quæ unum obconicum inferne 
acutum superne planum. 

Caulis volubilis, gracilis, esulcus, pilis patulis hirsutus, internodiis folio 
plerumque æquilongis et longioribus in superiore caulis parte. 

Folia petiolata , estipulata. Petiolus contorto-volubilis, gracilis, canali- 
culatus, longitudinaliter striatus, hirtus, 0",04-0",05 longus , basi carina 
præsertimque marginibus decurrens. Limbus ovato-cordatus, apice obtusus 
v. rarjus acutatus apiculatus, basi insculptus sinu profundo angusto fundo 
obtusato lamina vix in petiolum decurrente lateribus nonnihil angustato 
auriculisque magnis rotundatis, pedatim 5 nervius nervis gracilibus externe 
ramosis, integerrimus , utrinque sed præcipue inferne maximeque secus 
nervos hirsutus, pagina inferiore glauco-albidus, plerumque 0,07 longus, 
0" ,055 latus. 

N. B. Speciminis supra memorati folia majora sunt, apice rotundata, 
reniformi-cordata, 0,09 longa et lata. Forsan varietas major ? 
| Flores ‘axillares, solitarii, ebracteati, lilacini ex incolarum dictis, desi- 
derantur. 

Pedunculus petiolo paulo longior, longitudinaliter striatus, hirtus. 

Ovarium pedunculo continuum, elongatum, gracile , longitudinaliter 
6-angulare et 6-sulcum , flore delapso curvatum vel imo reflexum, valde 
hirtum. ST. a: 
 Calyx ignotus. 

Fructus subglobosus vel breviter ovoideus , longe umbhonatus , 6- “angu- 


pa P. DUCHARTRE, —- TENTAMEN | 
laris et 6-sulcus, 6-valvis, valvis medio valide costatis , septicide à basi 
dehiscens ita ut valvæ umbone apice integro inter se cohæreant et pedun- 
culus ad mediam usque longitudinem dividatur in 6 ramos graciles costis 
valvarum continuos , apice hirtus in reliqua superficie pilis delapsis sub- 
glaber, 0w,02 cum umbone longus fere 0,02 crassus. — Semina...… 
Habitat Salinas in Brasilia centrali, ubi vulgo dicta Jarrinha, 


Balatinha. Ejus radice purgante utuntur Indi. Detecta a cl. Weddell. 
(Herbar. Mus. Paris.). V.S. 


27. ArisroLocniA GaunicHauDir , Dire. 


Caule herbaceo ? contorto-volubili, smplici, vage trigono suleato , 
glabro ; foliis adultis amplis, petiolatis, subquadrato -hastatis au- 
riculis brevibus rotundatis divergentibus, acuminatis, junioribus 
basi subtruncatis, pedatim 7-nervis, reticulato-venosis, utrin- 
que glabris ; floribus minuseulis breviter peduneulatis, racemu- 
loso-cymosis, minutissime bracteatis; calyeis glabri, meurvi, 
unilabiati, tubo elongato gracili arcuato, fauce ampliata , labio 
subrotundo apiculato. 


Caulis herbaceus (?), contorto-volubilis, simplex, internodiis folio bre- 
vioribus, vage trigonus, longitudinaliter sulcatus, sulcis costisque obtusis, 
glaber. 

Folia petiolata, estipulata, adulta magna. Petiolus superne canaliculatus, 
longitudinaliter sulcatus , basi tribus lineis prominulis vix conspicuis de- 
currens, 0®,02-0%,023 longus. Limbus subquadrato-hastatus auriculis 
brevibus rotundatis divergentibus, apice acuminatus acutus , basi in foliis 
junioribus subtruncatus in adultis paulo altius insculptus sinu angusto et 
subangulato, integerrimus, pedatim septemnervius duobusnervis lateralibus 
costæ approximatis , reticulato -venosus venis majoribus inter nervos pri- 
marios transversis, utraque pagina glaber, in folio adulto 0,17 longus 
0" ,12 inter auricularum apices latus. In speciminibus observatis omnia 
folia cauli adhuc affixa multo minora sunt. 

Flores minusculi, axillares, breviter pedunculati, in planta exsiccata fer- 
rugineo-brunnei, in rhachi abbreviata 0",02 vel minus longa racemuli spe- 
ciem referentes sed revera cymosi, bracteati. 

Bracteæ minutissimæ , ovato-lanceolatæ, basi amplectentes , brevissime 
ciliatæ, quarum una basilaris caulem spectans rhachim inter et caulem 
axillaris, aliæ singulatim floribus oppositæ. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 73 

Pedunculus floris gracilis, apicem versus paululum incrassatus sensim 
in ovarium transiens ibique longitudinaliter sulcatus , 0",008 tantum 
longus. 

Ovarium peduneulo rectilineum eoque crassius , fusiforme apice con- 
strictum, longitudinaliter G-suleum, glabrum. 

Calyx glaber, forma insignis, ovario insidens collo elongato recto stipiti- 
formi basi in disculum dilatato, inde tumens in utriculum ovoideum basi 
apiceque angustatum 0,01 longum, sensim desinentem in tubum gracilem 
arcuatum 0,013 circiter longum, apice abrupte ampliatum in faucem date 
infundibularem utroque margine inflexam, productamque in labium sub- 
rotundum acuminulatum cum fauce 0®,015 longum. | 

Columna breviter stipitata, obconica, superne fere ad mediam usque 
longitudinem fissa in 6 lobos conicos distantes , ad quorum basim adsunt 
6 processus transversi margine libero transversoque stigmatosi inferne 
connati, infra medium hexandra sex antheris dithecis quarum thecæ latæ 
sunt et abbreviatæ basi et apice post dehiscentiam subtruncatæ omnes 
æque sibi invicem contiguæ. 

Fructus ignotus. 4 

Habitat in insula Australasiæ Rawak dicta, unde a claro Gaudichaud 
relata. (Herb: Mus. Paris. et Delessert). V.S. 


28. ARISTOLOCHIA MULTIFLORA , Dire. 


Caule herbaceo bast lignescente, elongato, volubili(?), smplici, tri- 
gono, glabro; foliüs breviuscule petiolatis, cordato - sagittatis 
sinu baseos angusto auriculisque interne dilatatis, apice acumi- 
nato complheatis et recurvis, subpalmatinervis, subcoriaceis, 
glabris, pagina infera reticulato-nervosa viridi-ferruginea disco- 
loribus ; floribus minuseulis, numerosissimis, cymoso-racemosis 
cymis elongatis sæpius 9-floris, bracteatis bracteis minutis oppo- 
siifloris ; calyeis glabri incurvi unilabiati tubo arcuato gracili, 
fauce abrupte ampliata, labio oblongo-spathulato emarginato ; 
capsula (immatura) hexagono-pyriformi, verruculosa. 


Planta videtur herbacea perennis. 

Caulis herbaceus, basi sublignosus , elongatus, verisimiliter volubilis, 
simplex, glaber, trigonus, in qualibet facie bisulcus sulcis costam latam 
circumscribentibus, internodiis plerisque folio subæquilongis, superne 
lantum longioribus. 


7l P, DUCHARTRE. — TENTAMEN 


. Folia breviuscule petiolata, estipulata. Petiolus sæpius contorto-volu- 
bilis, inferne et præsertim basim versus carinatus, superne canaliculatus, 
longitudinaliter striatus, carina marginibusque decurrens m tres lineas ; 
prominentes angulos ai inferioris eflicientes, glaber, 0,015 lon- 
gus. Limbus cordato-sagittatus, apice acuminatus complicatus et arcuatim 
deflexus, basi insculptus sinu angusto ad sextam vel septimam longitudinis 
partem penetrante fundo angulato ore sæpius angustato, auriculis rotunda- 
tis interne dilatatis, sinibus lateralibus vix excisis, integerrimus , sub- 
palmatinervius ob neryos laterales fere ex ipsa basi fol originem ducentes, 
subcoriaceus, inferne reticulatim nervosus et venosus, ambabus paginis 
fere concolor vel pagina inferiore paulo intensius coloratus subferrugineus, 
utrinque glaber, 0",075-0",08 longus 0,035 latus. re 

F lores 1 in planta exsiccata brunnei, minusculi, numerosissimi, cymos0- 
racemosi, cymis solitariis vel geminis e qualibet axilla orientibus. 

Cymæ laxæ, elongatæ, graciles, sæpius 9-floræ, rachi gracili glabra 
longitudinaliter striata recta vel levissime geniculato-flexuosa, ad ortum 
cujuslibet floris gerente bracteam parvam ovato-cordatam acutam flori 
oppositam. 

Pedunculus gracilis, sæpe contortus, glaber , apice gradatim in ova- 
rium transiens, brevis, 0",005-0",008 longus. 

Ovarium pedunculo recta continuum, gracile-obconicum, ipso apice 
nonnihil dilatatum in disculum cui inest conulus apiculiformis florem 
gerens. | 

Calyx glaber, ovario recta insidens disculo quem sequitur collum gra- 
cile fere 0w,02 longum, subinde tumens in utriculum globosum 0®,004- 
0",005 diametro æquans æquilaterum, e cujus vertice assurgit tubus 
gracilis vix 0®,001 latus reflexo-arcuatus circiter 0,01 longus, apice 
abrupte dilatatus in faucem infundibularem margine reflexam, produc- 
tam in labium oblongo-obcordatum basi angustatum 0,02 longum. 

Columna abbreviata, crassa, basi contracta in stipitem crassum, apice 
6-loba lobis conicis distantibus, paulo supra mediam longitudinem gerens 
processus 6 transversos margine stigmatosos lohis antherisque oppositos 
confluentes in membranam periphericam involucriformem 6-plicatam plicis 
inter antheras descendentibus, 6-andra antheris abbreviatis et latis dithe- 
cis distinctis thecis ejusdem antheræ contiguis. 
 Fructum unicum vidi nondum maturum, inanem, ovoideum subpyri- 
formem, apice obtusum, basi euneatim angustatum sensimque transeuntem 
in pedunculum incrassatum, 6-valvem valvis medio costatis transverse ve- 
nosis verruculosis, 0",04 fere longum 0°,02 latum. 


METHODICÆ DIVISIONIS GENERIS ARISTOLOCHIA. 75 


. Semina non vidi. 
"Habitat ad rupes in insula Mayotte ubi a beato Boivin detecta (Herh. 
Mus. Paris). V.S. 


29, ARISTOLOCHIA ALBIDA, Dire. 


Glauco-albida, glabra. Caule gracili, volubili- contortuplicato , ra- 
moso, sulcato ; foliis petiolatis, cordatis sinu basilari rotundato 
ore angustato 6 auriculas amplas rotundatas interne dilatatas , 
apice acuminulato obtusis, utroque latere sæpe subpanduratis , 
pedatim 5-nerviis; floribus cymoso-racemosis, bracteatis brac- 
teis suborbiculari- RUE opposilifloris ; calycis (in flore valde 
juvenili) tubo brevi recto, labio elongato recto apice obtuso ; 
capsula hexagono-obconica; seminibus magnis, planis, sub- 
membranaceis, triangularibus , margine crasso alatis , raphe 
utrinque alata. 


Planta herbacea? perennis. L HR 

Caulis gracilis, volubilis et contortuplicatus, ramosus, alte sulcatus, ut 
tota plañta glaber et glauco-albidus, internodiis folio brevioribus. 

-“Folià petiolata, estipulata, nisi bractea infima inflorescentiæ pro sti- 
pula falso habeatur. Petiolus volubilis et flexuosus, canaliculatus, basi 
pro more generis decurrens tribus lineis prominentibus, in folio adulto 
0®,05 longus. Limbus cordiformis , levissimis sinibus laterum sæpe sub- 
pariduratüs , apice subacuminatus et obtusus, basi insculptus sinu rotun- 
dato ore angustato, lamina in petiolum decurrente, auriculis rotundatis 
interne dilatatis et convergentibus, integerrimus, pedatim quinque-nervius 
costa validiore, nervis lateralibus basi marginantibus externe ramosis, pa- 
gina inferiore nervis prominentibus reticulatus, in folio adulto 0",14 lon- 
eus 0,11 latus. | 

Flores cymoso-racemosi, inflorescentiis solitariis fere e qualibet nil 
orientibus, laxis, bracteatis, A-6-foris. 

Rachis plerumque flexuosa, sulcata, 0",08-0",14 longa. 

Bracteæ rotundo-vel ovato-cordatæ, basi auriculis incumbentibus rachim 
amplectentes, sessiles, 0®,02 longæ et paulo minus latæ. Earum imfima 
axillaris, caulem inter et rachim sita; aliæ singulæ ad ortum cujusque 
floris, huicce oppositæ. | | 


Pedunculus gracilis, nunc rectus, nunc flexuosus, flore delapso erectus, 
0" ,025-0m. 03 longus. 


76 P, DUCHARTRE, — TENTAMEN, ETC. 


Ovarium (post florem delapsum) pedunculo recta continuum eoque du- : 


plo crassius hexagono-prismaticum, apice ipso paululum incrassatum, 
0®,008 longum. 

Calyx floris desideratur. Unicum alabastrum videre mihi contigit, valde 
juvenile, 0,003 in integrum tantum longum, in quo se præbuit calyx 
basi tumens in utriculum depressum æquilaterum, e cujus vertice assur- 
gebat tubus brevis rectus, productus in labium rectum, apice vbtuso pilo- 
sum, longitudine æquans tubum cum utriculo et ovario. 

Columna valde juvenilis ejusdem alabastri hexandra, e cujus forma an- 
tumo columnam adultam processibus stigmatosis transversis præditam esse. 

Fructus obconicus, apice obtusus, basi sensim transiens in pedunculum 
sub debiscentia in 6 ramos valvis continuos ad dimidiam usque partem vel 
ultra divisum, 6-gonus et 6-sulcus, 6-valvis. Valvæ dehiscentia septicida 
disjunctæ transversim rugosæ, costa media parum prominente. 


Semina magna, 0w,011 longa 0,009 lata, plana submembranacea, 


margine ampliato late alata, ala peripherica fragili, trianguli curvilinei 
formam referentia cum exscissura basilari e qua prodit funiculus acutus , 
pagina superiore nonnihil concava, notata raphe suberosa prominente 
in modum collis vertice truncati e cujus basi utrinque lateraliter exit ala 
tenuis. horizontalis semini parallela nucleum seminis latitudine æquans, 
pägina inferiore nonnihil convexa, pallide subfusca in medio intensius 
colorata ; nucleus ambitu cordatus ; testa tenuis, Iævis. 

Habitat in sylvis Bondou (Africa occidentalis) ubi rara dicitur a cl. Heu- 
delot, qui eam detexit anno 1836 fructificantem mense décembre. (Herb. 
Mus. Paris. et Delessert.) V. $. 


EXPLICATIO TABULARUM. 


Tabula 5a. Holostylis reniformis Dtre : 1, flos, magnit. natur.; 2, columna.— 
Aristolochia reticulata Nutt. : 3, flos auctus ; #, columna a latere visa; 5, co- 
lumnæ sectio verticalis dimidiata, — À. saccata Wall. : 6, columna. — 4. se- 
ricea Benth. : 7, calyx; 8, columna. — 4. micrantha Dtre : 9, flos cum brac- 
tea ; 10, columna ; 41, columnæ sectio transversa ; 42, frustulum cum fructu 
aperio ; 13, fructus apertus antice visus ; 14, semen inferne (4) et superne (B) 
visum ; 15, seminis sectio verticalis ut albumen et embryo appareant ; 16, se- 
minis sectio transversa ; 17, embryo. 

Tab. 61. Aristolochia dictyantha Dtre : 1, frustulum floriferum ; 2, columna. — 
A, Gaudichaudii Dire : 3, folium nondum adultum; 4, flos; 5, columna. 


oo 


SECOND MÉMOIRE 


SUR 


LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 


Par M. L.-R. TUÜULASNE, de l'Institut. 


(Planches VII-XII.) 


Depuis le Mémoire que j'ai écrit sur les Urédinées et les Ustila- 
ginées (1), ces entophytes ont été l’objet de nouvelles études de la 
part de plusieurs botanistes, parmi lesquels je dois surtout citer 
MM. Léveillé et Ant. de Bary. Cependant on ne sera point surpris 
qu'il soit encore possible d'ajouter beaucoup à leur histoire, car 
personne n’ignore combien d'efforts réunis, que de recherches 
longues et patientes sont nécessaires pour arriver à connaître, tant 
soit peu, même les productions les plus infimes de la nature, 
D'autre part, si, comme on n’en saurait douter, il n’est point d’être 
au monde, si petit, si obseur qu'il soit, qui n’ait sa place marquée 
parmi les créatures et un rôle défini à remplir, puisqu'il a été 
appelé à la vie, l'homme , interprète né de toute La nature , ne fait 

“point un vain usage de ses facultés quand il les applique à l’exa- 
men de tels objets. Omnis creatura, a dit un illustre anonyme, 
parva quidem et vilis, puris corde speculum vitæ est, et liber sanctæ 
doctrinæ. A ceux qui penseraient différemment , il a été maintes 
fois suffisamment répondu, et je me persuade avoir ici contre 
eux l’assentiment de tous les naturalistes sérieux. Entre toutes 
les considérations qui pourraient être invoquées en faveur de 


(4) Voyez les Annales des sciences naturelles, 3° série, t. VII (1847), 
pp. 142-127, pl. 2-7. Ce premier mémoire a été publié en commun avec mon 
frère , auquel sont dus tous les dessins qui l’accompagnent; il à bien voulu 
prendre la même part à celui-ci, et les mycologues, j'en suis sûr, ne lui en sau- 
ront pas moins de gré que moi-même. 


78 L.-R. ŒTULASNE. — MÉMOIRE 


nos études, et satisfaire au cui bono décourageant de certains 
critiques , 1l en est une qui ressort du sujet même que j'ai à traiter. 
On sait trop, en effet, quels fléaux sont devenus pour nos cultures 
divers Champignons parasites plus où moins analogues aux Urédi- 
nées , et quels dommages celles-ci peuvent elles-mêmes causer à 
nos moissons où aux légumes de nos potagers. Or, bien que nous 
n'ayons point encore reussi à mettre un obstacle à la multiplication 
de tous ces ennemis que leur commune petitesse dérobe si facile- 
ment à nos regards et met à l'abri de nos coups, personne n’oserait 
dire qu'il fut désormais inutile d'en tenter l’entreprise. Cela étant, 
qui pourra-mieux diriger de pareils essais et procurer leur succès , 
s’il nous est jamais donné de le voir, qu'une étude préalable et 


approfondie des êtres qu'il s’agit de combattre? Je lavoueraï- 


cependant, si j'ai dù espérer être utile, en me livrant aux recherches 
dont je publie aujourd’hui les résultats, ma préoccupation n ‘a nulle: 
ment été d'obtenir pour l’agriculture un profit immédiatement 
réalisable. Ce but sera plus facilement atteint par d’autres observa- 
teurs ; celui que nous avons poursuivi, mon frère et moi, était 
purement, spéculatif ou scientifique , l'expérience de ces dernières 
années nous ayant appris combien l'étude des êtres inférieurs, dans 
tous les ordres, peut procurer d'avancement à la science des corps 
organisés. | 

Deux questions de l’histoire des Urédinées m’occuperont spécia2 
lement ; ce Sont celles que j'ai abordées dans les notes présentées à 
l’Académie des sciences les 20 juin 1853 et 24 avril dernier. L'une 
et l’autre demandent évidemment à être étudiées plus complétement 
qu’ elles ne le sont dans ces courtes commünications ; mais je ne 
ine flatte pas, tant s’en faut, d'apporter ici tout ce qu’elles pro- 
mettent de faits, d'idées et d’aperçus nouveaux. Je Soübaiterais 
seulement que mon faible contingent déterminât quelques rnyto- 
ldguës à porter bien{ôt leurs investigations dans le nouveatt champ 
qu'elles ouvrent à la sagacité et à l’industrie patiente des obser- 
Valeurs. | 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 79 


I. 


Du dimorphisme des Urédinées. 


Il est dans l’histoire des Urédinées un fait singulier, connu de- 
puis longtemps , et qui a reçu diverses explications , sans qu'on ait 
encore épuisé néanmoins toutes celles dont 1l est susceptible. Je 
veux. parler de la cohabitation presque constante de la plupart des 
Uredo avec des Urédinées d’une organisation plus compliquée. Les 
hypothèses proposées pour rendre raison de cette circonstance bio- 
logique l'ont été surtout à propos des Phragmidium, que l’on sait 
être les hôtes ordinaires des Uredo orangés qui vivent aux dépens 
des Rosiers, des Framboisiers, des Potentilles et de quelques autres 
Rosacées. 


I. Persoon (Syn. Fung., pp. 215 et 230), Albertini et Schwei- 
nitz (Consp. Fung. Nisk., p. 134), M. de Schlechtendal (in Lin- 
nœa, !. 1, pp. 237 et 240) et d’autres observateurs se sont bornés 
à constater que l'aire de ces Uredo devenait souvent un lieu d’élec- 
tion pour les Phragmidium , mais ils ne semblent pas s'être autre- 
ment préoccupés du phénomène. J'ai rapporté sommairement, dans 
ma première dissertation sur les Urédinées (L\, les opinions de 
MM. Eysenhardt et Schwabe, qui s'accordent à supposer que ch aque 
grain d'Uredo s'accroît {ôt ou tard en un fruit de Phragmidium. 
(Voy. la Linnœa, t. HI [1828], pp. 104 et 278.)M. Unger se garde 
d'ajouter foi à une pareille métamorphose, et ne croit pas davantage, 
que les Phragmidium soient parasites des Uredo, où vivent de leurs 
détritus ; ce ne sont, dit-il, que des productions contemporaines et 
associées : «Beide Formen (Uredo w. Phragmidium), threr Ent- 
Stehung nach, als von einander unabhængige u. nur in ihrer 
£eillichen Entwicklung vereinte Bildungen angesehen werden mis- 
sen.» (Ung., Evanth. der Pf1., p.293.)M. Corda (2) et M. Fries(3) 


(1) Voyez les Ann. des sc. nat., 3° série, t. VII, pp. 74 et 72, 
(2) Zcon. Fung., t. IV (1840), p. 49. 
(3) Sum. veg. Scand., p. 507. 


80 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

ont préféré tenir les Phragmidium pour des parasites des Uredo(A |. 
Quant à nous, 1l nous avait paru, comme à M. Unger, que la trans- 
formation des grains d'Uredo en Phragmidium, et le parasitisme 
de ces Phragmidium sur ces mêmes Uredo étant également impos- 
sibles à admettre, 1l ne fallait voir dans la vie commune de ces ento- 
phytes qu’une association comparable à celle des diverses Grami- 
nées qui peuplent nos prairies. M. Ant. de Bary, dans l'ouvrage 
qu'il a publié l'an dernier sur les Urédinées, ne pense pas différem- 
ment (2). Il est vrai que M. Itzigsohn a depuis renouvelé l'opinion 
de MM. Eysenhardt et Schwabe; mais 1] ne me paraît pas lavoir 
appuyée sur des arguments nouveaux ou des observations plus 
rigoureuses (voy. la Bot. Zeit. de Berlin, t. XI[1853], p. 787)(3). 


A l'égard des Puccinies proprement dites, ou de celles dont les 


fruits sont ordinairement biloculaires, Bénédict Prévost a été l’un 
des premiers à signaler qu’elles vivent fréquemment aussi en com- 
pagnie d'Uredo ; mais il'eut le tort de croire que ces derniers 
représentaient les graines devenues libres des Puceinies, et qu'ils 
s’engendraient dans les logettes de celles-ci. (Voy. B. Prévost, 
Mémoire sur la cause immédiate de la carie ou charbon des 
Blés, etc. [Montauban, 1807, in-4°}, pp. 21-95 et passim.) 

M. Unger a indiqué sept ou huit espèces de Puccinies, qui sont 
habituellement accompagnées d'Uredo ; il déclare cependant ces 
productions indépendantes les unes des autres, et ne saurait 
admettre qu'un rapport nécessaire existe entre elles. (Exanth. der 


(1) C’est aussi le sentiment de M. de Schlechtendal (F1. Berolin., t. II [1824], 
p. 156)et de M. Léveillé. (Voy. le Dict. univ. d’hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII 
(18481, pp. 776 et 779.) 

(2) Voy. ses Untersuch. üb. die Brandpilze, etc. (1853), pp. 50 et 129-133, 

(3) M. Itzigsohn croit que les grains orangés mêlés au Phragmidium incras- 
satum Lk., sont les semences de ce champignon, et qu'en germant ils se trans- 
forment directement en fruits noirs et pluriloculaires : conséquemment il admet 
aussi que ces grains sont primilivement contenus dans de pareils fruits, dont 
l’épaisse membrane se décolorerait et se détruirait peu à peu, sous l'influence de 
l'humidité, pour les rendre libres et leur laisser l'aspect qu'on leur connaît. 
M. Itzigsohn n'attribue donc point, comme presque tous les autres observa- 
teurs, les grains en question à l’Epitea Ruborum Fr.; il les considère de la même 
manière que B. Prévost considérait les Uredo qui accompagnent les Puccinies. 


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SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 81 
Pfl., p. 293 etpassim.) M. Corda pense au contraire que les Puc- 
cinies sont, comme les Phragmidium, des parasites secondaires, 
c'est-à-dire qu'elles vivent aux dépens des Uredo qui les aceom- 
pagnent ou les ont précédées. (Zcon. F'ung., t. IV, p.9.) 


II. Ce court exposé montre qu'au jugement des observateurs les 
plus récents, les Uredo etles Phragmidium où Puccinia qui vivent 
dans les mêmes sores constituent des individualités végétales 
distinctes, et qui seraient tout au plus unies entre elles par les liens 
d'un parasitisme contestable. Les botanistes d'un autre temps ont 
tous cru, au contraire, que ces Uredo appartenaient au Phragmi- 
dium ou à la Puccinie qu’ils accompagnent; suivant les uns, ils 
représenteraient les graines de ces Urédinées plus complexes où 
leur appareil reproducteur femelle (voy. Prévost, Mémoire cité, 
chap. VE, p. 27 et passim) ; suivant d’autres, tels que Eysenhardt 
et Schwabe (1), la première forme ou le premier âge des fruits 
des mêmes Champignons. Ces opinions s'accordent avee le senti- 
ment des agriculteurs qui veulent que les rouilles orangées et les 
roulles noires des moissons ne soient que des âges différents d’un 
seul etmême parasite (2). Mais un tel sentiment se prête évidemment 
à plusieurs interprétations. De Candolle le comprenait, en 4807, de 
la même manière que Banks, quand il écrivait que la routlle « est 
» due à un Champignon parasite qui change d'aspect selon son âge. 
» Dans sa Jeunesse, ajoutait-1l, il est jaune, et à un pédicelle si court 
» qu'il a été pris pour un ÜUredo, et décrit... par Persoon sous le 
» nom d’Uredo linearis. Dans un âge avancé, il devient noirâtre, 
» et évidemment pédiculé ; il a été décrit « en cet état » sous le nom 
» le Puccinia graminum, qu'il devra désormais conserver (3). » 
(Ann. du Mus. d'hist. nat.,t. IX, p. 73. -— Encycl. méth., Bot., 
t. VITE, p. 249.) Quelques années plus tard, De Candolle abandonna 


(1) Voyez la LinnϾa, t. III (1828), p. 104 et 278. 

(2j Jos. Banks, en son mémoire On the Blight in Corn (London, 1805, in-4, 
pp. Set11}, semble incliner vers cette manière de voir; cependant il la voudrait 
mieux justifiée, etcite Fel. Fontana (Osservaz. sopra la Ruggine del Grano , Lucca, 
1767; in-8) qui était d'un avis différent. 

(3) Persoon autorisait un peu ces jugements, en disant d'abord de l'Uredo 

4° série. Bor. T. II. (Cahier n° 2.) ? 6 


82 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

cette manière de voir, en reconnaissant la présénce Simultanée, 
dans les mêmes sores, de l'Uredo linearis Pers. et du Puccinia 
Graminis Pers. naissant; mais avant de prendre à cet égard un 
parti arrêté , il s'était demandé si ces deux éntophytes he seraient 
point « deux états de la même espèce. » (Cfr. DC., F1. fr., &° ed. 
[1815], t. IT, pp. 223 et 233 [n° 596 et C24],ett. VI, pp. 60 
et 84 [mêmes n° 596 et624].) 

Ce soupçon (L) de l'illustre professeur de Genève, nous le tenons 
aujourd'hui pour l'expression dé la vérité. Après les nouvelles 
recherches auxquelles nous nous sommes livré, estimer quél'Uredo 
et la Puecinie qui babitent ensemble sont une seule et même planté, 
ne nous parait plus uné opinion aussi invraisemblable qué lors dé 
notre premier travail ; ét puisque la certitudé nous est actuellement : 
acquise qu’une foule de Champignons possèdent plusieurs sortes de 
corps reproducteurs , il est permis de croire , sans témérité , qué 
certaines Urédinées participent à cet avantage. 

Les associations dont il s’agit ne peuvent sure, en éffet, rece- 
voir que deux explications plausibles, si l’on rejette celle que nous 
apportons. Elles sont fortuites, accidentelles, sans caractère phy- 
siologique, ou bien déterminées par un parasitismé nécessaire. La 
première hypothèse , exelusive de la seconde , a contre elle 14 fré: 
quence incontestable du phénomène qu'il faut intérpréter, et 16s 
rapports nalurels qui existent manifestement entre les éntophiytes 
associés. À l'égard du parasitisme supposé, plusieurs considérations 
le rendent extrêmement improbable , sinon tout à fait Ivraiséem- 
blable. Il s’exércerait d’abord entre des êtres de nature identique ét 
presque de tout point similaires, ce qui seraitinout dans l’histoire des 
linearis : « Vereor ne junior plantula Pucciniæ graminis modo sit; » puis du 
Puccinia graminis : « Lineas parallelas nigras eœhibet, primo pulverulenta, flava.» 
(Cfr. Pers., Syn. Fung. [1801], pp. 216 et 228.) 

(1) «... Suspicio illa, disaient Albertini et Schweinitz,.… mere quidem hacte- 
nus hypothelica, sed urgentissima lamen : anne in plantis perquam mullis, Gra- 
minibus v. c., Juncis, Circæis, Polygonis, Faba, Galio, etc. Uredines fungulli ju- 
niores sint (dilulius colorali magisqué æslivi) tidem qui perfecti deinde (saturatiores 
et magis aulumnules) Pucciniæ audiant ? Digna ulique hypothesis, in quam repelilo 


examine ullerioreque observatione sludiose inquirantur. » (Consp. Fung. Lusat. 
sup. et agri Nisk. [1805], p. 134.) | 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 88 
êtres organisés ; car il y à toujours entre le parasite et son hôte, 
quels qu'ils soient l’un ét l’autre, des dissemblances considérables, 
essentielles, qui feraléñit ici entièrement défaut (1). En second lieu, 


(1) Je ne connais jusqu'ici qu'un petit nombre de Champignons qui Soient 
vraiment parasites des Urédinées. Quatre d’entre eux, l’Hendersonia Uredineæ- 
cola Desmaz. (in Ann. sc. nat., sér. 3, t. XI, p. 345), le Diplodia Uredi- 
neæcola ejusd. (ibid., t. XIV, p. 114), le Sphæria læpophaga Tul., dont je joins 
ici là description *, et une autre très petite Sphérie (Diplodia punclata Lév., in 
d'Orb., Dict. univ. d'hist. nat., t. XIT, p. 779) qué je n'ai encore rencontrée qu'à 
l'état de pycnide dans les pulvinules de divers Uredo (U. farinosà Pers., U. Sa- 
licis DC., U. Euphorbiæ Rebent., U. Epilobü DC., etc.), appartiennent à la 
famille des Hypoxylées. 

Le cinquième qu'il m'ait été donné de rencontrer a reçu autrefois de Ditmar 
le nom de Tubercularia persicina (voy. Sturm, Deutschl. Fl., III Abth., 
1er Band [1817], p. 99, pl. A9), ét plus récetimment de M. Desmaziéres celui 
d'Uredo lilacina (Desm., Pl. Crypt. de Fr., 2e édit., n. 4076, et Ann. des sc. 

al., 3° sér., t. VIII [1847],p. 11.— Lévis même réedeil t V[1846],p 272, 
et t, IX [1848], p. 246). Il croît dans les sores ou sur l'aire de divers Æcidium, 
tels que les Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC., Æ. Pericltymeni DC., Æ. Grossu- 
lariæ DC., Æ. Convallariæ Schum., Æ. Thesù Desv., et autres semblables, de 
méthé que sur les pulvinules du Péridermitm Pini Fr., après là dispersion des 
spores de cet entophyte. Ses spores bleues, lisses et sphériques, naissent iso- 

* SPHÆRIÀ LOEPOPTAGA + peridiis globosis, oblusissimis aut vix papillatis (papilla obtu- 
Sissia }; admodum exiguis, sessilibus, glabris, atris, sine nitoré, paucis congregatis, 
prorsus inter se liberis nudisque: paräphysibus linearibus, äliis interdum nodosis, aliis 
veluti ramulosis ; fhecis 6bovato-oblongis, obtusissimis, Subsessilibus, nonnihil flexuosis, 
octosporis, e membrana initio cräSsissimà pôsteaque summopere tenuata et quasi tota 
consumptà fâctis, Mâturaque ætate sporis acervatis ex integro repletis; sporis majus- 
culis, lineari-lanccolatis, utrinque acutissimis (appendicibus autem destitutis ), qua- 
dantenus arcuatis et torulosis, vulgoque propter septa transversalia 6-locularibus; epi- 
sporio levi, fusco et semipellucido, protoplasmate autem granoso. 

Provenit autumnali tempore in subiculo decolore sed adhuc vivo Peridermii Pini Fr. 
(foliicolæ), vere proxime elapso semina enixi, matricisque epidermidem rimatam 
(vivam aut subexSuécam) protrudens paulatim in lucem venit. Præterca etiam ejus 
Péridiis fréquens, ni étrâverim, substernitur Subiculum, conidiferum , atro-violaceum, 
litéäte, Substantià sclerotium mentiens, et Tuberculariæ pérsicinæ Ditm. statum s: 
Poôtius forriam loco definitam referens. Vivam legi et rarissimäm in Pinu Pinastro 
Lamb., Camposigli, prope Cæsarodunum, octobri ineunte anni vertentis 1854. 

Lœpophagam dixi quia e reliquiis Peridermü vescitur. Cui autem ex innumeris con- 
generibus propior accedat, eruere vix in præsenti valeo; Sphæriarum grezem S. deco= 


loranti Pers. affinium, ob subiculum sclerotiiforme conidiisque sphæricis et violaceis 
conspersum, verisimiliter sequitur, 


8! _ LR. TULASNE. — MÉMOIRE 


on ne saurait accorder, avec la vie prétendue parasite des Phragmi- 
dium ou des Puccinies, laquelle nécessairement ne pourrait être 
autre, celte circonstance facile à constater, que ceux de ces ento- 
phytes qui sont le plus souvent associés à un Uredo excluent fré- 
quemment de leurs sores toute trace de ce compagnon. D'autre part, 
enfin , il existe chez plusieurs genres d’Urédinées, comme je le 
montrerai bientôt , de telles relations organographiques et physio- 
logiques entre l'Uredo et la forme plus complexe qui lui est jointe, 
qu'il est impossible de voir un instant dans leur association celle 
d’un parasite avec son hôte. 


II, Le phénomène de cohabitation , le dualisme , ou mieux le 


dimorphisme dont il s’agit, ne se borne pas, à beaucoup près, au 


petit nombre d'exemples que les auteurs en ont cités. Une multi- 
tude de Puccinies, comme je m'en suis assuré par des observations 
scrupuleuses, vivent en commun avec des Uredo, avec ceux-là en 
particulier qui constituent les genres T'richobasis Lév. et Epitea 


lément ou en chapelets très courts au sommet de stérigmates linéaires et intime- 
ment unis. Dans sa jeunesse il ressemble beaucoup à un Uredo ; mais, plus tard, 
son coussinet prend le volume et la consistance d'un Tubercularia. C’est une 
production dont la place véritable dans la grande classe des Champignons est 
restée pour moi fort incertaine, jusqu'au jour où j'ai cru reconnaître qu'elle ne 
devait être autre chose que le subiculum conidifère de certaines Sphéries, telles 
que le Sphæria læpophaga dont je viens de parler. 

Le Xenodochus carbonarius Schlecht. (in Linnœa, t, ? [1826], p. 237, tab. 1m, 
f. 3; Fr., S. myc., III, 498), que l’on dit vivre sur l'Uredo miniata Pers. (San- 
guisorbæ officinalis), et le Torula Uredinis Fr., Syst. myc., HIT, 503 (Oidium 
Uredinis Lk., Sp. pl., VI, 1, 123), que Link a observé le premier sur l'Uredo 
Ruborum DC., sont rangés l’un et l’autre parmi les Sporidesmiées (Fr., S, v. 
Scand. , p. 505), et me sont, je le regrette, tout à fait inconnus. 

Quant au Botrytis ( Peronospora) parasitica Pers., qui semble bien vivre en 
parasite aux dépens de l'Uredo candida Pers. (Cystopus Lév.), on ne devrait 
peut-être pas le considérer comme tel essentiellement, car on le trouve assez 
souvent sur des feuilles ou des tiges qui ne portent aucune trace apparente de 
cette Urédinée. En tout cas , ce Botrytis est doué d'une organisation assez diffé- 
rente de celle du Cystopus candidus Lév., pour qu’en le supposant réellement pa- 
rasite de ce dernier, il justifie , loin de les infirmer, les réflexions générales que 
j'exprime ici, 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 89 
Fr. (Lecythea Lév.). Ce sont aussi, comme on le sait, des. Epitea 
qui accompagnent ou précèdent les Phragmidium. 

Entre les fruits cylindriques, pluriloeulaires et très obscurs de 
ces Phragmidium, et les grains arrondis et orangés des Epitea qui 
leur sont unis, il y à, sans doute, de grandes dissemblances, mais 
une même matière plastique rouge-orangée remplit tous ces corps, 
comme si les uns et les autres la puisaient à une source commune. 
La naissance printanière des £pitea, l’affaiblissement de leur végé- 
tation vers le milieu de l'été, c’est-à-dire vers le temps où les 
Phragmidium commencent à paraître dans leurs sores, et leur 
disparition successive’au fur et à mesure que ces Phragmidium 
acquièrent plus de développement, sont des faits assez connus pour 
qu’il suflise de les rappeler 1e1. Je notera seulement qu'il n’est pas 
rare d'observer dans le cours de l’automne une seconde végétation 
de l’Æpitea des Ronces (Uredo Ruborum DC.), laquelle n’est pas 
ordinairement accompagnée ou suivie de production de Phrag- 
midium ; de même qu’on rencontre facilement en été des sores 
de ces derniers tout à fait exempts d'EÆpitea (1), à côté d’autres 
groupes où les deux formes sont confondues dans des proportions 
diverses. | 

Chez les Puccinies, il est moins difficile de trouver des similitudes 
entre leurs fruits et les grains des Uredo qui les accompagnent. 
Ces ressemblances sont fréquemment très évidentes dans le Puc- 
cinia Graminis Pers: Là, les grains de l’Uredo (U. linearis Pers.) 
affectent une forme oblongue qui imite celle des jeunes fruits de la 
Pucenie , et il n’est pas rare d’en voir emprunter à ceux-ci leur 
couleur brune, du moins partiellement , de telle sorte qu’on peut 
facilement les tenir pour intermédiaires entre les formes normales 
de l’'Uredoet celles de la Puccinie. On trouverait encore de pareilles 
ressemblances dans les Puccinia arundinacea Hedw. fil. (Uredo 
Phragmihs Sehum. ![U. arundinacea Nouel ; Desm.] ef Puccinia 
socia), P. Vincæ Cast., PI. Mars., 1, 202 (Uredo Vincæ DC. cum 
Pucc.), P. Umbelliferarum DC. (Uredo Cynapii DC. simul sumpta 
cum Pucc. comte), P. Rumicum DC. (sub Uredine, Puccinia socia 
hactenus prætervisa) et beaucoup d’autres. 


(1 ) Ce fait est confirmé par M. de Bary dans son livre Ueb. die Br die , 
pp. 50, 130 et 131. 


86 L.-R. TULASNE. —— MÉMOIRE 


Les Uredo des Puccinia V iolæ DC., P. Polygonorum Schl., 
P. Betonicæ DC., P. Adoxæ DC. (1), P. Epilobii DC. (à savoir les 
Uredo Violarum DC., U. Polygonorum DC., U. Eabiatarum DC. 
et U. Epilobu DC.) et autres semblables, sont colorés en brun 
comme leurs fruits, mais moins obscurs, et ils les égalent ou 
dépassent même en volume. Dans le Puccinia Pruni DC., l'Uredo 
(U. Prunastri DC.) semble parfois une sorte de contraction de le 
Puccinie, et il est comme elle ponetué-hérissé. 

… Malgré ces rapports de similitude, il faut se hâter de reconnaitre 
que l’Uredo se distingue toujours facilement de la Puecinie. Ses 
grains sont, en effet, habituellement hérissés, même chezles Pueci- 
nies à fruits hisses ; leur cavité est indivise, etleur tégument qui est 


ousans couleur propre, ou moins coloré d'ordinaire que eelui de la - 


Puceinie, possède dans le nombre et la position de ses pores impar- 
faits (oseules, oscilla) des caractères qui ne permettent point de 
les confondre avec les fruits biloculaires des Puccinia. Ainsi que je 
l'ai dit ailleurs, ces pores sont le plus souvent au nombre de trois 
ou de quatre, et placés symétriquement à l’équateur du gran 
d’'Uredo. S'ils sont plus nombreux , ils sont distribués sur toute sa 
surface, et, dans ce cas, conservent encore entre eux des 
distances à peu près égales. (Voy. les Ann. des sc. nat,, 3° sér., 
t. VIE, p. 61 et suiv.) 

Les loges ou segments des Puccinies, comparés aux Uredo 
accompagnants, présentent deux dissemblances principales qui sont 
très constantes. D'abord ces loges n’ont qu'un pore, etil est termi- 
nal ; en second lieu, le protoplasma qui les remplit renferme tou- 
jours dens son sein un noyau sphérique plus transparent et moins 
coloré, que M. Corda regarde comme une cavité libre (2). Ce 
nucleus occupe ordinairement le centre de la loge, mais 1l est par- 
fois très excentrique, comme on le peut observer dans le Puceumia 
Menthæ Pers. 

On a vu chez les Phraginidium qu’en général la dernière forme 


(1) L'Uredo qui est joint au Puccinia Adoxæ DC. paraît avoir été regardé 
comme identique avec celui du Puccinia Saxifragarum Schlecht. 

(2) Voy. Corda, Je. Fung., t. IV (1840),p. 10. M. Unger donne à ce noyau 
je nom de sporidiolum, tant dans les Puccinies que dans les Uromyces (Exanth. 
der Pf., pp. 278, 281, 282, 284 et passim). 


EN 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 87 


du Champignon, ses fruits noirs et plurilaculaires, ne se produisent 
abondamment qu'après la disparition plus où moins complète de la 
forme initiale et moins parfaite ou de l'Uredo. Il en est à peu près 
de même de plusieurs Puceinies, telles que les Puccinia coronata 
Cord. et P. obtegens Lk. (sub Cæomate) qui succèdent aux Uredo Ru- 
bigo-vera DC. et U. suaveolens Pers. Le Puccinia Graminis Pers., 
auquel appartient l'Uredo linearis Pers., tarde moins à paraitre, et 
n'attend pas pour se mêler à celui-ci que sa fécondité soit épuisée. 
Chez un grand nombre d'espèces, telles que les P. Polygonorum 
Schl., P. Violæ DC., P. Pruni DC., P. Hieraci Mart. (Uredinis 
Cichoru DC. comes), P. Caricis Rebent. (Uredini Caricis Schum. 
mixla), P. Menthæ Pers. (U. Labiatarum DC. et P. Menthæ Pers. 
simul sumptæ), P. Gentianæ Lk: (Uredo Gentianæ DC. et Puccinia 
Genhianæ1k.), P. Valantiæ Pers. (Uredo Gal Dub. et Puccinia 
Galii-cruciah ejusd.), P. Noli - Tangeris Cord., P. Cerasi Cast. 
(PI. Mars.,1, 199)etbien d’autres, sansdoute (1), les deux formes de 
l’entophyte sont presque contemporaines. Néanmoins, on peut tenir 
pour constant que l’Uredo précède toujours, et parfois longtemps 
d'avance, la Puccinie ou l’Urédinée plus complexe qu'ilannonce, bien 
qu'en plusieurs ças il continue de fructilier, pendant que celle-ci se 
développe et donne elle-même ses semences. On remarquera aussi 
que, chez les plantes herbacées, T’Uredo naît plus volontiers sur les 
feuilles , tandis que la Puccinie (2) abonde davantage sur les tiges 
etles rameaux (ex. gr., Puccinia Polygoni Convolvuli Hedw. fil.). 

Les Puccinies à pulvinules épars , comme les P. Caricis DC., 
P. Asparagi DC., P. Echinopis DC. (3), P. Polygonorum Sehl., 


(1) Je ne cite ici et dans les pages précédentes que les espèces qu'il m'a été 
possible d'étudier moi-même; mais il en est d’autres dont l’association avec un 
Uredo a été signalée par divers auteurs : ce sont, par exemple, les Puccinia Saæi- 
fragarum Schlecht. (Prost in Dub., B. Gall., II, 891), P. Convolvuli Cast. (Cfr. 
Désmaz. , in Ann. sc. nat , Sér. 3, t. VIII, p.10). P. Luzulæ Lib. (Cfr. Desmaz., 
PL. Crypt. de Fr., 2° éd., n° 1360), P. variabilis Grev. (Cfr. Corda Icon. Fung., 
t. IV [1840], p. 18, pl. v, f. 64), P. Calthæ Lk. (Req. in Dub, Bot. Gall. IT, 
891), P. Asphodeli Dub. (ibid.), etc. 

(2) On peut dire la même chose des Uromyces comparés à leurs Uredo respec- 
üfs, et l'Uromyces appendiculatus Lév., en est un exemple vulgaire. 

(3) On n’a pas encore, que je sache , donné de nom particulier aux Uredo des 


88 L.-R. SMULASNE, —— MÉMOIRE 


P. Graminis Pers., P. Menthæ Pers., P. Pruni DC. et tant 
d’autres , renferment dans chaque pustule des proportions très 
diverses d’'Uredo ; ou bien 1ls se composent tout entiers , dans un 
moment donné, soit de grains d’Uredo exclusivement, soit des 
fruits biloculaires caractéristiques de la forme parfaite du Cham- 
pignon. J’ai eru reconnaitre que les Puccinies, dont les sores sont 
circinants, c'est-à-dire disposés en cercles sur un ou plusieurs 
rangs (ex. c. P. Dianthi DC., P. Glechomæ DC., P. Cnici oleracei 
Desmaz., P.Circeæ Pers.), n’offraientd’Uredo que très rarement ; 
quand cet Uredo se montre , il occupe d'ordinaire le centre même 
. de l’aire circulaire de la Puccinie, et c’est par lui que commence 
l’évolution centrifuge du système. On peut citer comme un exemple 
assez fréquent de cette circonstance le Puccinia Vrolæ DC., quoique 
ses pulvinules soient encore plus souvent épars que circinants. Ceux 
du P. Adoxæ DC. se voient également tantôt distribués sans ordre 
apparent, tantôt réunis en groupes circulaires à développement cen- 
trifuge. Les pustules, qui, chez ces deux espèces d'entophytes , 
échappent à tout arrangement symétrique , admettent généralement 
une notable quantité de grains d’Uredo parmi leurs fruits bilocu- 
laires, grains qui font, au contraire, défaut dans les sores circinants. 


IV. Les Uromyces représentent la loge terminale isolée d’une 
Puccinie ; aussi ont-ils été justement qualifiés de Puccinies à une 
loge par De Candolle (4). Leur cavité simple renferme, comme 
chaque moitié de celles-ci, unnucleus transparent, central ou excen- 
trique (ex. gr. Uromyces Phaseolorum DC. [sub Uredine] ) (2), 
ef s'ouvre, au temps voulu, par un pore unique et terminal. Il n’y 
a donc point lieu d’être surpris que presque tous les Uromyces 


Puccinia Echinopis DC. et P. Asparagi ejusd., non plus qu'à ceux des P. Impa- 
tientis Fr., S. v. Sc., p. 514 (P. Noli-Tangeris Cord., Ic. Fung., t. IV, p. 16, 
pl. v, f. 57) et P. Cerasi Cast. (Desmaz., PI. crypt., 2° éd., n° 1534) que j'ai 
cités plus haut. 

(1) Voy. De Cand., F1. fr., 3° éd., t. IT, p. 224. Je ne sais aucune Urédinée 
autonome qui puisse être regardée comme une Puccinie réduite à sa loge infé- 
rieure, et je ne devine pas quelles espèces d'entophytes M. Fries envisage de la 
sorte. (Cfr. Fries, Syst. myc., t. III, p.510.) 

(2) Uredo appendiculata + Phaseoli Pers., Syn. Fung., p. 222; Desmaz., PL. 
Crypt. de Fr., 2° édit., n° 360. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES,. 09 
soient, aussi bien que les Puccinies, accompagnés chacun d’un 
Uredo particulier (T'richobasis sp. Lév.), et qu'entre leurs fruits 
parfaits et les grains de ces derniers existent les mêmes signes 
distinetifs que nous avons indiqués chez les Puccinies , comparées 
à leurs compagnons uniloculaires. 

Les grains de l'Uromyces appendiculatus Lév. (Uredinis sp. 
Pers., Puccinia F'abæ Grev.) sont portés sur un long stipe, et se 
distmguent sans peine de l'Uredo (Uredo Fabæ Pers.) (4) qui leur 
est joint, dont les globules sont presque sessiles. Les fruits de l'Uro- 
myces Junci Tul. (Puccima J'unci Desmaz., PI. crypt. de Fr., 
2° éd., n° 170) sont également lisses et longuement pédiculés, tan- 
dis que ceux de l'Uredo qui leur appartient sont, comme l’Uredo 
Fabæ Pers., finement hérissés et pourvus de très courts stérig- 
inates. Il en est autrement des Uromyces Ficariæ Lév. (Uredinis 
sp. Alb. et Schw., Pucciniæ DC.), U. excavatus Tul. (Uredinis 
sp. DC.), U. Betæ Pers. (sub Uredine), U. apiculatus Lév. (Cæoma- 
hs sp. Schlecht.) (2) et de leurs semblables ; car leurs fruits uni- 
pores, très brièvement stipités, pourraient être pris pour des Uredo, 
si l’on n'avait égard aux caractères que nous avons notés plus haut. 
Je commis cette erreur, lorsque j’annonçai (à) que l’Uredo La - 
burni DC. vivait en compagnie d’un autre Uredo. Ce second Uredo, 
prétendu, à fruits percés d’un pore terminal (Ann. des sc. nat., 
ac sér.,t. VIE, pl. vu, f. 34), doit aujourd’hui recevoir le nom plus 
exact d'Uromyces apiculatus Lév., et l’'Uredo Laburni DC. (pl. 
citée sup., fig. 32 et 33) lui appartiendra au même titre que l’Uredo 
Fabæ Pers. appartient à l’'Uromyces appendiculatus Lév. 

L’Uredo qui habite les pulvinules de l’'Uromyces Ficariæ Le. 
(Pucciniæ sp. DC., Uredinis Dub., B. G., p. 900) y est souvent 
peu abondant, et pour ce motif, sans doute, n’a point jusqu'ici 
fixé l'attention des observateurs. Ses grains, ovoïdes où glo- 
buleux, sont bruns, mais plus pâles que les fruits proprement 
dits de l’Uromyces ; de petites proéminences hérissent leur surface, 
et, quand ils sont devenus libres , ils manquent de tout vestige de 


(1) Uredo Leguminosarum, var. Fabæ, Desmaz., Pl. Crypt. de Fr., 2° édit., 
La ME ne 2362. 

(2) Uredo apiculosa. var. Laburni, Desm., PI. Crypt. de Fr., 2° édit., n. 233. 

(3) Vovy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIL (1847), p. 70. 


90 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


pédicelle ; leur genèse est d’ailleurs exactement la même que celle 
de l’'Uromyces. La pustule mixte qu'ils coniposent ensemble est 
d’abord de couleur orangée, puis elle prend un ton brun et bigarré. 
Les groupes exclusivement formés de grains d'Uromyces sont, au 
contraire , d’un brun foncé uniforme. Ainsi que M. Unger (4), j'ai 
rencontré parfois sur les mêmes feuilles de Ficaire l'Uromyces dent 
il s’agit etun Æcidium (Æ. Ranunculacearum DC.) 

M. Unger, qui, dans la planche VIT de son livre sur les Exan- 
thèmes des plantes, à figuré les Uredo et Puccinia Fabæ de Gre- 
ville (Uromyces appendiculatus Lév.), lesquels sont bruns l’un et 
l’autre, y a dessiné également, dans leur société naturelle , les 
Uredo el Puccinia Phyteumarum de De Candolle(Uromyces P hyteu- 


marum Lév.), dont le premier a des grains orangés, et le second. 


des fruits d’un jaune brun. (Cfr. Unger, Exanth. der Pfl., p.281.) 
J'ai observé cet automne, sur les feuilles des Laiterons, le Puc- 
cinia Sonchi Rob. (2) dont je puis parler ici, parce qu'il n’est fré- 


(1) Cfr. Ung., Exanth. der Pfl, p. 248 ; là sont cités plusieurs autres exem- 
ples de la coexistence accidentelle sur les mêmes feuilles nourricières de divers 
Æcidium avec certaines Puccinies. Ces entophytes de genres différents restent 
d’ailleurs tout à fait étrangers les uns aux autres. (Ofr. etiam A. de Bary, 
Unters. üb. die Brandpilze, p. 131.) | 

(2) Pucernia Soncai Rob, pulvillis(soris, acervulis) perexiguis, papilli- s. puncti- 
formibus, obtusissimis, inter se æqualibus, fuscis, modo sparsis discretisque, modo 
Contra in globos sejunctos aut in orbes adgregatis, singulis tegmine fusco(e cellulis 
cylindricis obtusissimisquein membranulam brevem inferne coalitis) sub matricis 
epidermide instructis, ac propterea quasi obvallatis, homœæosporis v. sæpius hete- 
rosporis : sporis triplicis nature, mixtis v. segregatis : aliis, uredineis scilicet, dilute 
aureis, obovatis, minutissime echinulatis, in episporio tenuissimo subachrois et 
imperviis(saltem videtur); aliis intermediis, nempe uromyceis, itidem obovatis sed 
forma magis yaris, fuscis, levibus nucleoque pallido medio donatis, epispori crassi 
poro apicali ægre conspicuo ; aliis denique cæteris perfectioribus et crassioribus, 
S. puccinieis, oblongo-ellipticis (0"",03-04 longis, 0®",02-03 latis), in vertice 
obtusissimis . obtuse conicis, inæqualibus, 9-locularibus, in membrana modo 
subæquo crassiuscula levibus et dilute fuscis, poroque primitus occluso in vertice 
vix incrassato instructis ; seminum qualibet sorte, pariter, initio saltem, pedicel- 
lata, pedicello autem uredinis breviore achroo et mox pereunte, uromycis contra et 
pucciniæ longo dilute fusco atque persistente.— Puccinia Scnchi Rob.; Desmaz. 
in Ann. sc. nul., ser. 3, t. XI(4849), p.274 ; Crypt. de Fr., ed. alt., n°4530. 
 Provenit autumno in pagina postica, rarius antica, foliorum, necnon in cau- 


an.  p POUR OR SEE nn x à 


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CCR 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 91 


quemment qu'un simple Uromyces facilement. reconnaissable à 
l'exiguité habituelle de ses pulvinules. Un caractère particulier à 
cette Urédinée lui donne de l’intérêt entre toutes ses congénères ; 
elle est pourvue d'un appareil protecteur, qui forme comme une 
haie de poils ou de paraphyses brunes et eylindroïdes autour de ses 
sores , et ces poils sont soudés, surtout vers leur base, en une 
membrane qui imite un véritable peridium. 

On possède encore un exemple d'Uromyces brun, à deux sortes 
de fruits, dans l'Uromyces scutellatus Lév. (Uredo scutellata 
Pers.), qui vit à la face inférieure des feuilles de l'£uphorbia 
Cyparissias L. (1). Cette Urédinée était assez abondante an com- 
mencement du mois de mai dernier, auprès du bel étang de Pont- 
Chevron dans le Gâtinais. Ceux de ses fruits, qu’on a seuls connus 
jusqu’à ce jour, sont comme chagrinés à leur surface, brièvement 
stipités, et pourvus d’un petit noyau central transparent qui manque 
aux corps reproducteurs secondaires de l’entophyte, e’est-à-dire aux 
grains qui devraient constituer l’Uredo associé. Ces grains sont plus 
globuleux que les autres, et ils les surpassent souvent en grosseur; 
leur couleur brune est moins foncée , et leur surface finement 
hérissée offre trois pores peu apparents. Jai vu plusieurs fois sur 
les mêmes feuilles, qui portaient l'Uromyces seutellatus Lév., 
l'Æcidium Cyparissiæ DC. ou ses spermogonies. Les feuilles qui 
nourrissent le premier de ces entophytes sont trois ou quatre fois 
plus larges et beaucoup plus épaisses que les feuilles sames ; elles 
coexistent d’ailleurs généralement avec ces dernières sur les mêmes 
tiges , dont elles occupent la partie supérieure. 
bus Sonchi oleracei L. et S. arvensis L. Copiosissimam legi prope Cenomanum 
(Marolles les Braux) et Cæsarodunum (Chimpceaux ) septembri et octobri 1854. 
Doctrinam de seminum apad Uredineos fungillos natura multiplici aptissime 
comprobat, namque Uredinem, Uromycetem Pucciniamque sub eodem tegmine 
conjungit. Vereor propterea ne Uromyceles sinceri pauci olim inveniantur, cum 
de eorum seminum quam perfeclissima structura accuratius inquisitum fuerit. 
Pucciniam Sonchi Rob., ejus suadente peridio, P. præcinctam s. vallatam primo 
obtutu salutaveram. 

In ïisdem Sonchi oleracei foliis Puccinia Sonchi Rob. et Coleosporium Res 
Lév. (longe dissimiles) commisti frequenter occurrunt. 

(1) L'Uredo excavata DC., qui, dans le midi de la France, croît sur diverses 


Euphorbes, et notamment, d'après M. Castagne (PI. de Mars., 1. 241), sur 
VE. serrata L., est évalement un Uromyces, ainsi que je m'en suis assuré, 


92 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE 


V. Le Pileolaria Terebinthi Cast. (PI. Mars., 1,204, pl. x1)(4) 
est une Urédinée curieuse, que M. Léveillé a décrite autrefois sous 
le nom d'Uredo Decaisneana (2), et qu'il a depuis regardée comme 
un type du genre Uromyces (3); l’étude que j’en ai faite m’a mon- 
tré qu’on devait lui rapporter l’Uredo Terebinthi DC. (Desm., PL. 
crypt. de Fr., 2 éd.,t. XXVIIE, n°1365), pour les mêmes raisons 
qui nous font regarder l'Uredo Fabæ Pers. comme une part de 
l’'Uromyces appendiculatus Lév. Les fruits, longuement pédiculés, 
du Pileolaria, s'observent ordimairemeut à la face supérieure de la 
feuille nourricière, où ils forment des sores volumineux et irrégu- 
hers. Au milieu d'eux, on trouve fréquemment une certaine quan- 
üité de grains ovoïdes-globuleux. presque sessiles et hérissés ; mais 


ces grains, qui sont ceux de l’'Uredo Terebinthi DC., composent 


plus souvent des sores particuliers, moins bruns que les premiers, 
et qui sont placés justement au-dessous d’eux à la face inférieure 
des feuilles. Cette correspondance constante, jointe à leur mélange 
plusieurs fois constaté dans le même pulvinule , ne permet pas de 
douter que les deux sortes de grains ou fruits dont il s’agit, n’ap- 
partiennent à une seule et même espèce d’entophyte. 


VE. Les rapports de cohabitation ou de succession , et les analo- 
oies de forme et de structure que j'ai signalées jusqu'ici entre les 
Uredo d’une part, etles Phragmidium (h), les Puccinia, les Uro- 
myces et le Pileolaria de l’autre, fournissent assurément de puis- 
santes raisons de croire aux relations intimes qu'il me semble 
découvrir entre ces entophytes ; néanmoins, l'exactitude des appré- 
ciations que je propose est peut-être encore mieux justifiée par 
l'organisation particulière aux Urédinées qui constituent les genres 
Coleosporium Lév., Melampsora Cast., Cronartium Fr. et Cysto- 
pus Lév. dont je parlerai successivement. SRI 

De tous les genres que M. Léveillé a formés , il y a quelques 


(1) Desmaz , PI. Crypt. de Fr., 2° édit., t. XXII, n° 1085. 

(2) Voy. Lév., in Demidoff, Voy. dans la Russie mérid., Bot., p. 129, pl. vi, 
fig. 2. | 
(3) Voy. d'Orbigny, Dicl. univ. d'hist. nat., t. XIT, p.786 (0° Uréninées). 

(4) On verra plus loin que les Triphragmium, qui sont fort analogues aux 
Phragmidium, sont aussi accompagnés d’un Uredo (Trichobasis). 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES,. 93 
années , aux dépens des Uredo, celui des Coleosporium est sans 
contredit, ainsi que ce savant mycologue en fait lui-même la 
remarque , un des mieux caractérisés. M. de Bary à consacré a 
ces Urédinées un chapitre de son livre (4); mais, de mème que 
M. Léveillé (2), il n’a su que la moitié de leur histoire, et il a juste- 
ment inaperçu ce qu'elle offre de plus intéressant pour notre thèse. 
Il est bien vrai, comme je l’a dit autrefois, en parlant des Uredo 
Senecionis DC., U. Rhinanthacearum DC. et autres analogues (3), 
que les spores globuleuses des Coleosporium sont primitivement 
soudées en sériés linéaires juxtaposées verticalement , ét plongées 
ensemble dans un mucilage incolore , puis qu'elles finissent par 
devenir libres et pulvérulentes ; mais il faut aussi observer que 
tous les pulvinules du même Champignon n’ont pas un sort égal, 
et même que beaucoup d’entre eux ne se resolvent jamais tout 
entiers en poussière reproductrice. Ces pulvinules particuliers, ou 
ces portions de pulvinules , imitent entièrement pour Faspect ceux 
qu'ils accompagnent; mais ils s’en distinguent à l’examen micro- 
scopique, en ce que les cellules obovales et allongées qui les com- 
posent restent entières , les loges ou articles dans lesquels elles 
sont partagées ne se dissociant jamais. Du reste, une gangue 
muqueuse , mcolore , comme celle qui retient d’abord les spores 
olobuleuses, enveloppe ausst toutes les cellules fixes et eloisonnées ; 
mais celles-ci sont remplies d’un protoplasma très oléagineux,dont 
la couleur rouge est beaucoup plus vive que chez les spores pulvé- 
rulentes. Pendant ou plus souvent après la dissémination de ces 
dernières, si le Ghampignon est placé dans des conditions favorables, 
on voit bientôt chaque article des cellules multiloculaires, adhérentes 


(4) Voy. A. deBary, Unters. ueb. die Brandpilze, pp. 24-28, pl. u, fig. 8-10. 

(2) Voy. d'Orbigny, Dict. univ. d'hist. nat., t. XIX, p. 786, v° Uréninées, 

(3) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIT (1847), p. 51. La cohérence 
initiale des spores pulvérulentes (précoces) des Coleosporium est indiquée par Link 
pour leurs principales espèces, telles que le Cœoma Rhinanthacearum Lk., le 
C. Campanularum Lk. et le C. compransor Schlecht. (Cfr. Lk., Sp. pl. Linn., 1. VI, 
p. x, pp. 12, 16 et 17.) M. de Bary a fait connaître cette organisation par de 
bonnes figures (Brandpilze, pl. 11, fig. 8-10), tandis que le dessin analytique de 
l'Uredo Tussilaginis Pers. (Coleospori sp. Lév.) publié jadis par M. Unger 
( Exanth., pl. v, fig. 26) la laissait tout à fait ignorer. 


94 LR. MULASNE: — MÉMOIRE 

à la planté nourricière, émettre un long tube qui reste simple, et 
produit à sôn extrémité une sporé réniforme. Les Coleosporiwm sont 
donc ; encore plus manifestement que les Puccinies ou les Phrag- 
midium, des Urédinées à double forme ; cat il est impossible, quand 
on lés a étudiées avec l'attention nécessaire, dé ne pas rapporter 
à une seule et même plante les spores libres pulvérulentes ét les 
cellules cloisonnées , finalement fructifères. (Voy. notre pl. VIH, 
fig. 41, et lés fig: 1- 9 de la pl: VIE) 


VI. L'organisation des Melampsora Cast. a de l’analogie avec 
celle des Coleosporium Lév.; mais leur végétation est beaucoup 
plus lente. Ces derniers aecomplissent tous les phénomènes de leur 


frucüfication dans le cours de l'été, et meurent avec les feuilles où 


_les tiges herbacées qui les ont nourris. Il en est autrement des 
Melampsora, dont les spores pulvérulentes naissent, à la vérité, en 
été ou en automne, et pendant la vie de la plante mère, mais dont 
le second pere de reproduction n'atteint toute sa perfection 
ou ne fructifie qu'au printemps suivant, quelquefois après avoir 
grandi, ce semble, aux dépens de tissus complétement privés de 
vie. Cet appareil reproducteur tardif est lé de telle manière au pre- 
mier, que M. Fries, avec sa perspicacité ordinaire, regardait autre- 
fois (1) nos Melampsora comme des Urédinées concrètes (Uredines 
concrelæ), comme des Selérotiacées ayant chacune son analogue 
parmi les Coniomycètes entophytes, et il allait jusqu’à dire qu'on 
ne se tromperait peut-être pas beaucoup si l’on prenait l'Urédinée 
et son Sclerotium correspondant pour des états différents d’un 
même type végétal, pro diversis ejusdem typi evolutionibus. Toute- 
fois, si j’entre bien dans la pensée du célèbre mycologue suédois , 
il n'entend point dire que l'Urédinée et le Sclerotium pourraient 
être un Seul et même Champignon; ear il ajoute, pour expliquer 
Sa proposition , que les mêmes types d’orgänisation se rétrouvent 
en des groupes naturels très différents , et qué c’est ordinäirémént 
par l'intermédiaire des plus simples d’entre ces types communs 
que les familles des êtres naturels se touchent de plus près, et s’unis- 
sent les unes aux autres. Le mot fype n’est done pas employé dans 


(4) Voy. son Syst. mycol., t. II (4822), pp. 261-263, 


pu -pue 


EE 


. ur Eee 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 95 

le passage cité comme synonyme d'espèce. D'ailleurs M. Fries a, 

jusqu’en ces derniers temps, continué d'associer les Melampsora 

aux Selérotiacées et aux Gymnomycètes , bién qu'il paraisse avoir 

éntrevu leurs affinités avec les Coleosporium. (Voy. sa Summa 
veg. Scand. [1849], pp. 482 et 512.) 

A. — Le Melampsora populina Lév. (L) est peut-être l'exemple 


(4) MezawpsorA roruzina Lev. (tab. nostra VIT, f. 10), hypophylla epiphylla 
v. bifrons, primitus tota flava s. aurantia; sporis æstivis (uredineis) obovato- 
oblongis , -déorsum attenuato-acutis v. truncatis, fulcimini breviet anguste cylin- 
drico primodum innixis, 0"",025-038 longis, 0"",013-022 latis, echinulatis ; 
paraphysibus iminixtis longe obovatis capitatis s. claviformibus, e membrâna 
superne maxime incrassata, in soro recenti raris aut nullis, in seniore abun- 
dantissimis : peridio e cellulis polygonis, irregulariter rupto et lacerato, ac 
persistente; pulvinis sclerotioideis s. melampsoreis initio luteo-fulvis, per men- 
ses hibernos nigrefactis, postea vero increscentibus, tumentibus, colorem læte 
cinnamomeum aut nitidius flaventem plerisque tandem induentibus, tuncque 
rotundatis aut oblongis sed discretis matricique semper pagina postica inte- 
gris hærentibus ; elementis s. cellulis quibus constant, prismalicis, arctissime 
coadunatis, 5-6-gonis, 0"®,04-05 longis, 0"",008-0095 latis, e membrana 
Subluteola levi et in vertice incrassata faclis, debitoque tempore tubum 
rectum, æqualem (0"",007-008 crassum), pallide aurantium vel flavum, 
vulgo simplicem et sterigmata 3-4 Secunda et subæqualia enitenteñm sin- 
gulatim e vertice medio agentibus; sporidüs sphæricis aureis levibus et 
On 01 diämetro æquantibus.-— Uredo longicapsula o. DC. (U. populina + Pers; 
U. cylindrica Str.), simul etSclerotium (Xyloma) populinum Er., S. M., U, 262 
(pro parte); Mazerio, PI. Crypt., ed. alt., n° 580, et plerisque mycologis. — 
Fungum ad Melampsoras trahendum fore merito æstimarunt cl. Leveilleus (in 
Ann. sc. nat., t. VIII [1847], p. 375), Friesius (S. Feg. Sc., [1849], p. 489), 
Mazerius (PI. Crypt. de Fr. [1850], n° 1647), et Castanius (PI. Mars., suppl. 
[1831], p. 80). 

Frequentissimus fungus est apud nos, præsertim in foliis Populi nigræ L. 
Sporas primigenas s. uredineas æstate spargit, postremas autem dissimiles 
(Sporidia) a februario in ver usque. 
 Merampsoran Treuuzæ Tul. (Sclerotium populneum Pers , Syn. Fung., p. 198; 
Moug. et Nestl., Stirp. V.-Rh., n. 385), quæ ad præcedentem proxima accedit, 
suflicienter ob sporas æstivas s. uredineas (Uredinem ovatam Str. ) ellipticas v. 
rarius obovatas ac multo minores, paraphyses graciliores, cellulasque melampso- 
réas apice haud incrassatas et paulo majores dissimilem arbitror. — Vulgaris 
provenit circa Parisios, Cæsarodunum, etc., in inferna pagina foliorum Populi 
Tremulæ L. Forma melampsorea in foliis quæ pube destituuntur præsertim 
nasCitur septembrique apparere incipit, uredine socia v. déficiente ; forma 


96 L.-R., TULASNE. —- MÉMOIRE 


le plus facile à rencontrer du genre singulier d'Urédinées dont nous 
parlons. Ses spores pulvérulentes , initiales, d'une belle, couleur 
d’or, constituent l’'Uredo Populi Mart. (U. longicapsula « DC. ); 
elles mürissent à la fin de l’été ou en automne, et ressemblent 
extrêmement aux cellules associées des pulvinules, qui sont desti- 
nés à attendre la fin de l'hiver pour terminer leur végétation. Il 
importe de faire remarquer que ces spores et leurs nombreuses 
paraphyses naissent dans une enveloppe propre, dans une sorte de 
peridium, qui reste indistinct, uniquement parce que sa membrane 
constitutive adhère tout entière à l'épiderme de la feuille nourri- 
cière, au temps même où elle se déchire irrégulièrement avec 
Jui. Les sores pulvérulents de l’entophyte sont mêlés aux pul- 


vinules solides où mélampsoriques (Sclerotium populinum Fr., : 


pro parte), et le même pulvinule est fréquemment pulvérulent ou 
Uredo pour une partie, et Melampsora ou solide pour l'autre. Le 
plus souvent, cependant, la pustule-Uredo est à la face inférieure 
de la feuille, et immédiatement au-dessus , sur la face supérieure , 
repose un pulvinule solide; c’est-à-dire qu'on observe 1er les 
mêmes rapports que nous avons indiqués entre le Pileolaria Tere- 
bintha Cast. et l’'Uredo Terebinthi DC. 

Les utricules oblongs, qui composent à eux seuls toute la masse 
des pulvinules-Melampsora, sont, en automne, remplis d’une huile 
orangée très abondante, et adhèrent très fortement les uns aux 
autres. Le coussinét, d’abord d’un jaune brunâtre à sa surface , 
s'obscurcit bientôt davantage, et semble cesser de végéter pendant 
les rigueurs de l'hiver. Mais avant la fin de cette saison, et dès le 
commencement de février, si la température est douce, il se gonfle 
peu à peu, et acquiert une teinte jaune-cannelle qui atteste sa nou- 
velle vie. Ses cellules constitutives se dissocient alors plus facile- 
ment quand on tente de les isoler ; leur contenu oléagineux a pis 
une consistance muqueuse-granuleuse, et l’on distingue au sein de 
cette matière plastique un petit noyau sphérique, pâle et transpa- 


autem tota uredinea in pubentibus foliis, durante æstate, copiosior observatur. 
Vix est ut moneam folia pubentia cordata simul et glabra orbiculata in eadem 
arbore ne dicam in iisdem ramis. occurrere. Uredo serotina in ipsis pulvinis 
melampsoreis media frequentissime gignitur, 


Ph RS RSS OS ne fe 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 97 


rent, exactement comme chez les Puccinies et les Uromyces. C’est 


alors que chacune de ces cellules se prend à germer , ainsi que je 
l’exposerai plus loin. 


2.— Les mêmes phénomènes de végétation que je viens de 
signaler s’opérent plus rapidement dans le Melampsora betulina 
Desmaz. (1), dont l’organisation imite d’ailleurs presque entière- 
ment celle du M. populina Lév. Dès la fin du mois de janvier, ses 
pulvinules solides, après avoir bruni, ont repris une teinte de 
jaune-orangé extrêmement vive, et se soulèvent alors au-dessus 
du parenchyme qui les porte, sans cependant s’en détacher entière- 
ment. Je les ai vus abondamment fructifiés avant le 40 février , 
et j'en ai rencontré en cet état jusqu'au milieu du printemps. 
Les spores estivales ou pulvérulentes de ce Melampsora betulina : 


(4) Mecampsora BETULINA Desmaz. (tab. nost. VIT, f. 8-9, et tab. VII, 
f. 40-12) hypophylla, totaque in principio nitide flava v. aurantia; sporis 
uredineis (æstivis) oblongo-cylindricis v. obovato-cuneatis, basi truncatis, 
brevissime stipitatis , echinatis, 0"",032-038 longitudine , 0"",016-019 au- 
tem diametro metientibus ; paraphysibus circumpositis vel immixtis, obovatis, 
levibus, hyalinis, inferne attenuatis, e membrana tenui ; peridio crasso e cel- 
lulis polygonis , ostiolo angusto et quasi ciliato pervio; pulvinis melampsoreis 
lineis rectis (venis matricis) initio plerisque definitis, per hiemem infuscatis 
s. obscuratis, tempore vero maturitatis iterum nitidissime aurantiis , tuncque 
globosis tumentibus et pro parte a matrice solutis; cellulis quibus con- 
stant eodem tempore facillime disjungendis, in membrana ubique tenui levique 
achrois (0"",03-05 longis, 0"",013-016 latis), et seu vertice seu basi tubum 
tortilem, simplicem aut bifurcum, protoplasmate aurantio refertum, moxque in 
segmenta 3-4 partitum et sterigmata totidem secunda agentem singulis exseren- 
tibus ; sporidiis sphæricis. — Melampsora betulinum Desm., PI. Crypt. de Fr., 
ed. alt., n° 1647 ; Moug., Stirp. Vog.-Rhen., t. XIII (1850), n° 1276.—Sclero- 
tium (Xyloma) betulinum Fr., Syst. myc., t. I, p. 262.—Sclerotium Betuli Lib., 
Crypt. ard., n° 336 (fide cl. Mazerii). — Simul et Uredo longicapsula 8 betulina 
DC. ; Duby, Bot. Gall., p. 895 (Lecytheæ sp. Leveilleo ). 

Provenit frequens prope Parisios, Cenomanum Cæsarodunumque, æstate et au- 
tumno, in pagina postica (glaberrima aut dense pubente in eodem ramo pri- 
mario) foliorum Betulæ albæ L. (præsertim junioris arboris et etiam surculo- 
rum s. virgarum [annotinarum bienniumve] quæ e truncis senioribus solo tenus 
excisis assurgunt), fructusque ultimos, nobis sporidia dicta, ab extremo januario 
in ver usque pro aeris conditione edit. Uredo recens odorem debilem quasi floris 
Primulæ veris L. spargit, ejusque semina laxe adglutinata sicut cirrhi s. fila 
aurea brevia contortaque e suis conceptaculis prodeunt. 

4° série. Bor. T. II. (Cahier n° 2.) 5 


1 


98 L.-R. MULASNE. — MÉMOIRE 

constituent, pour la plupart des mycologues , une variété (4) de 
l’'Uredo populina Pers.; on les peut observer jusqu'à la fin de 
novembre, dans le voisinage des premiers rudiments de l'appareil 
hibernal de fructification. Elles sont elliptiques ou oblongues , 
cunéiformes , finement verruqueuses , remplies d’un protoplasma 
orangé, et dépourvues du noyau décoloré, propre aux cellules qui 
germent au printemps , c’est-à-dire qu'elles ressemblent extrême- 
ment aux spores dé l’Uredo populina Pers. proprement dit. Les 
“paraphyses qui les accompagnent sont, au contraire, très différentes 
de celles du Melampsora populina Lév. Ce sont pour la plupart de 
grandes cellules obovales, presque vides de toute matière sohde ou 
colorée, et dont la membrane hyaline est uniformément mince. 


Chaque sore est pourvu d’un peridium distinct, dont il est facile de . 


reconnaître la texture celluleuse au travers de l’épiderme très aminci 
qui le recouvre en partie ; et, pour peu qu’on l’étudie avec une 
attention suffisante, on s'assure que ce tégument s'ouvre par un pore 
terminal et comme cilié, qui permet aux spores mûres de s’é- 
chapper en cirrhes donne (Voy. notre pi. VII, fig. 8.) Toute 
cette organisation était restée inconnue jusqu'ici, 

3. — Il naît aussi très communément sur les feuilles de certains 
Saules, tels que les Salix Capræa L. ét S. viminalis L., un 
Melampsora particulier (M. salicina Lév.) (2), qui a été jusqu'ici 


(1) C'est l'Uredo populina B betulina Pers., Syn. Fung., p. 219. 

(2) Merampsora saucixa Lév. (tab. nost. VII, f, 6-7), epiphylla aut hypo- 
phylla, soris $. acervulis uredineis vulgo sparsis, crassis vel exiguis, dilute 
aureis, nitide aurantiis aut cineraceis ; sporis ovato-globosis, 0"",016-019 dia- 
metro metientibus, echinatis, stipite gracili æquali nune longo nunce abbre- 
viato primitus suffullis; paraphysibus capitatis s. rarius obovato-claviformi- 
bus; peridio proprio nullo v. ineonspicuo; pulvinis melampsoreis sæpius 
epiphyllis, sparsis aut aggregatis, initio sordide luteis v. luteo-fuscis, mox 
autem magis infuscatis tandemque subnigrentibus , aliis exiguis rotundatis, 
als multo majoribus varüformibus et folium quasi bullatum efficientibus, aut 
maculas spar:as prominulasque fingentibus, cuncetis matrici semper maxime 
“hærentibus nec maturescendo lætius coloratis ; cellulis quibus struuntur 
oblongis, 5-6-gonis, sibi invicem arctissime junctis, 0%”,032-038 lon- 
gis, 0 ,013-016 latis, e mernbrana crassa dilute fusca formatis, proto- 
plasma granosum rubro-aurantium foventibus , debitoque tempore tubum erec- 
tum æ ualem brevem simplicem et sterigmata secunda , tria w. quatner, 


ee mb dés SE — maigres. 272 
he. — Qu: he à 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 99 


regardé comme un Sclerotium par la plupart des mycologues. Ce 
prétendu Sclerotium (S. salicinum DC.) (4) commence à paraître, 
comme ses congénères, vers la fin de l'été ou en automne, dans le 
voisinage de l’'U redo qui lui appartient, c’est-à-dire de l'Uredo qui 
a reçu le nom d’Uredo Epitea Kze (U. Viütellinæ DC., U. Salicis 
ejusd., U. mixta Steud.), sur les feuilles de l’Osier et autres Saules 
analogues , et celui d'Uredo Capræarum DC. sûr le Marceau. Les 
pulvinules de cette production sont d’abord à peu près de la même 
couleur jaune-orangée que l'Uredo ; mais ils ne tardént pas àbrunir, 
et deviennent souvent presque noirs. Pendant l'hiver, si la feuille 
qui les porte repose sur un sol humide, ils grossissent peu à peu, et 
commencent à fructifier vers là mi-février, mais sans abandonner 
leur teinte obseure, ni rien perdre soit de leur consistance, soit de 
leur étroite adhérence à la feuille. A cet instant , les cellules qui 
les constituent sont formées d’une membrane épaisse et brunâtre ; 
leur forme est celle d’un prisme à cinq ou six pans, et elles sont 
encore intimement unies entre elles. L'épiderme qui recouvrait 
primitivement le pulvinule est alors aminet, et paraît quelquefois 
s'être réduit à la cuticule ; il est d’ailleurs presque partout complé- 
tement soudé aux sommets épaissis des cellules dont je viens de 


0®®,043-046 longa ac vulgo monospora edentem, e vertice singulis agen- 
tibus ; sporidiis sphæricis pallide aureis, diametro 0®®,01 circiter æquantibus, 
pulvereque copioso pulvinulos obruentibus. — Uredo Caprœæarum et U. Sa- 
licis Candolleo (U. Epitea Kze.), necnon U. mixta Steud., quæ Lecytheis vel 
Podosporiis clar. Leveilleo annumerantur; simul et Sclerotium salicinum Pers. ; 
Fries, S. M., 1, 262 (inter Xylomata ); Moug. et Nestl, Stirp. V.-Rh., 
n° 386; Desmaz., PI. Crypt. de Fr., ed. alt., n° 953, = Fungillum ad Me- 
lampsoras ducendum fore arbitrat sunt cl. Leveilleus in Ann. sc. nat., ser. 3, 
t. VAL, p. 375; Friesius, Sum. Veg. Scand., p. 482, et Mazerius, PI. Crypt., 
ed. alt., n° 1647. 

Vulgaris nascitur circa Parisios in folis Salicum, præsertim S. Capreæ L. 
et S. viminalis L. Forma sclerotioidea s. melampsorea sub februarii finem 
semina gignere incipit. Eadem, ni fallor, sola sæpe generatur, forma uredineà 
deficiente ; quod imprimis apud Sulicem viminalem L. contingere mihi videtur. 
Sori uredinei in hac Salice vulgo minores, sporæque brevius stipitatæ et deor- 
sum acutaltæ deprehenduntur. 

(1) Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., n° 386; Desm., PI. Crypt. de Fr., 
2e éd., n. 953. 


400 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


parler, et semble faire corps avec eux, quoiqu'il reste très transpa- 
rent et à peu près incolore. 

Le Melampsora salicina Lév. est, à son origine, très fréquem- 
ment accompagné de lUredo que j'ai désigné plus haut; mais on 
le voit presque aussi souvent se développer à peu près seul, et en- 
vahir, sans obstacle, la face supérieure de la feuille, qu'il recouvre 
tout entière de ses coussinets inégaux et difformes. Ce cas s’observe 
surtout chez le Salix viminalis L. De son côté, l'Uredo n’est pas 
toujours suivi du Melampsora, et son abondance est alors d’autant 
plus grande, comme on le peut voir surtout dans le Saule Marceau. 
Les sores d'Uredo, qui, sur les feuilles de cet arbre, correspondent 
aux pulvinules naissants du Melampsora, sont généralement mal 
développés, de couleur cendrée et si petits, que les poils de l’épi- . 
derme les cachent presque entièrement. C’est un de ces sores ru- 
dimentaires que notre figure 6, planche VII, représente. Né à la 
face inférieure de la feuille, au-dessous du pulvinule solide ou 
mélampsorique, il est avec lui dans les mêmes rapports que ceux 
qui existent si fréquemment entre l’Uredo populina Pers. et le 
Melampsora populina Lév. Je n’ai pu reconnaitre de trace d’en- 
veloppe propre ou de peridium dans l’Uredo du Melampsora sali- 
cina Lév. 

h.— Dans le Melampsora Euphorbiæ Cast., qui a servi de type 
à la fondation du genre (1), les spores pulvérulentes (Uredo Eu- 
phorbiæ Reb., Lecytheæ sp. Lév.) sont globuleuses, et n’offrent 
aucune ressemblance avec les éléments cellulaires des pulvinules 
solides ou mélampsoriques qui les accompagnent. Ceux-ci, au 
moment de la dispersion des grains urédiniques orangés, sont sou- 
vent imparfaits, et consistent en taches noires ou brunâtres, qui 
entourent exactement Les pulvinules-Uredo, ou leur sont contigus 


(4) Voy. Castagne, PI. de Mars. (1845), p. 206, pl. v; Desmaz., PL. Crypt. 
de Fr., 2° édit., t. XXII, n°1086. C'est le Sclerotium (Xyloma) herbarum à Eu- 
phorbiæ Fr., S. M., II, 263. M. Léveillé n’admet qu'avec doute les Melampsora 
parmi les Urédinées, et il est même tenté de croire que ce ne sont point des 
Champignons véritables, mais seulement des portions altérées du tissu des 
feuilles. ( Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér.,t. VIII, p. 375, et le Dict. univ. 
d'hist, nat. de M. d'Orbigny, v° Unrépinées, t. XII [1848], p. 787.) 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 101 


par un point quelconque de leur pourtour (4). Ces taches deviennent 
promptement plus saillantes sans cesser d’être noires, et avant la 
fin de l’automne, on les trouve uniformément composées de cellules 
simples, identiques pour la forme avec celles que nous avons décrites 
chez les Melampsora populina et M. betulina ; seulement la mem- 
brane de ces cellules est colorée en brun foncé, et épaissie dans son 
sommet , comme le fruit de la plupart des Uromyces. Un pertuis 
terminal y est aussi très manifestement préparé pour la sortie future 
du germe. 

J'ai observé très fréquemment autour de Paris, dans le Maine 
et en Touraine, le Melampsora Euphorbiæ Cast., erû sur l’Eu- 
phorbia exigqua L. Tant sur les feuilles que sur les tiges et les 
rameaux de cette petite plante, on voit le mycelium plastique de 
l’entophyte déterminer çà et là par son développement sous-épider- 
mique des taches orangées, qui portent à la fois des tubercules pul- 
vérulents (Uredines), autour desquels l’épiderme rompu se relève, 
et des coussinets noirs (Melampsoræ), de forme irrégulière , qui 
s’engendrent sous cette membrane, et la conservent toujours pour 
organe protecteur (2). La connexion de ces deux sortes de pulvi- 
nules n’est pas moins évidente sur les feuilles de l’Euphorbia he- 
lioscopia L. qu'habite aussi fréquemment notre entophyte. 

9. — Si, chez les Coleosporium, on ne saurait nier le rapport 
étroit qui unit les sores pulvérulents à ceux que caractérisent une 
organisation et une fin différentes , il est également impossible de 
ne pas reconnaître les mêmes rapports entre les deux appareils 
reproducteurs qui constituent un Melampsora , quoique les fruits 


(1) Ces relations de position sont les mêmes que celles du Puccinia Alliorum 
Cord. (Xyloma? Allii DC.) avec son Uredo (U. Alliorum DC.), lesquelles ont été 
observées par De Candolle lui-même. (Voy. sa F1. fr., 3° éd., t. VI, pp. 82 
et 156.) 

(2) C'est probablement ce mélange de pulvinules noirs et de sores orangés qui 
a inspiré à M. Link les courtes observations qu'il ajoute à la description de son 
Cæoma punctosum Lk. (Sp. pl. Linn.,t. VI, part. n, p. 34), lequel est l’Uredo 
punctata DC. (Fi. fr., 3° éd., t. IE, p. 236); mais M. Léveillé a très bien 
reconnu que cette espèce prétendue n'était autre chose que l’Uredo (Lecythea) 
Euphorbiæ Rebent. habité par un Diploda parasite, ( Voy. le Dict. univ. d'hist. 
nat. de M. d'Orbigny, t. XII [1848], pp. 779 et 787.) 


402 L.-R. ŒULASNE, — MÉMOIRE 


tardifs de ceux-ci aient une autre structure que ceux des Coleospo- 
rium. À la vérité, M. Fries, qui dit avoir vu sur les feuilles du 
Populus balsamifera des tuberculés mi-partis Uredoet Melampsora, 
déclare néanmoins que eë sont à des productions distinctes , et 
même trop dissemblables ; pour être rangées dans la même fa- 
mille de Champignons (4); mais il eût certairiernent interprété 
autrement la circonstance vulgaire qu'il mentionne, si, usant du 
microscope, il avait comparé l’organisation inlime de toutes les 
parties des tubercules en question, et s’il avait suivi leur développe- 
ment jusqu'à sa dernière phase. Les Coleosporium et les Melampsora 
sont évidemment des ehtophytes tout à fait du même ordre, les 
premiers correspondant aux Puccinies, les seconds aux Uromyces. 
Les Coleosporium parviennent à leur maturité et fruetifient sur des | 
plantes vivantes, comme les Puccinia Dianthi DC., P, Circeæ 
Pers., P. Cerasi Cast., P. Glechomæ DC. et autres semblables ; 
tandis que les Melampsora imitent plutôt par leur végétation les 
Puccinia Polygonorum Schl., P, Graminis Pers. et leurs ana- 
logues , ou bien les Polystigma, les Rhytisma, et tous ces Champi- 
gnons épiphylles qui commencent leur vie en parasites véritables, 
c'est-à-dire aux dépens de tissus sains et vivants, mais qui ne 
peuvent compléter leur développement ou donner leurs fruits que 
longtemps après que ces mêmes lissus ont perdu toute vie propre. 

Il y a lieu, en outre, de faire, à l'égard des Coleosporium et des 
Melämpsora, quelques observations analogues à celles que nous 
avons consignées plus haut en parlant des Puceinies et des Uro- 
myces. Ainsi l'Uredo, ou l’état pulvérulent du Champignon, déter- 
miné par de grosses spores globuleuses ou oblongues, et munies de 
pores plus où moins distincts; cet état, comme nous l'avons vu, 
précède toujours l'apparition de la seconde forme de la plante, 
mais il peut aussi coexister avec elle. Cette dernière circonstance 
est la règle commune à tous les Coleosporium qui croissent en 
été ou en automne sur des plantes annuelles, ainsi qu’à plu< 
sieurs autres qui soht parasites dés végétaux vivaces. Seulement 
chez ces derniers, tels que le Colecsporiuin T'ussilaginis Lév., 


(4) Voy. Fries, Sum. Veget. Scand., p. 482, note 3. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 103 
les individus qui se montrent tout à fait à l'arrière -saison 
n'offrent souvent que la seconde forme du Champignon ou la plus 
parfaite. J'ai observé à la fin du mois de novembre de l'an der- 
nier (1853) des sores de ce Coleosporium Tussilaginis Lév. qui 
étaient encore en pleine végétation, et se couvraient incessamment 
de sporidies réniformes de la plus belle couleur rouge-orangée ; leur 
développement était centrifuge ,' et il n’y avait plus parmi eux la 
moindre trace d'Uredo. Celte dernière forme dénote au printemps 
les ecommencements de la plante, et se rencontre pendant tout le 
cours de l'été, soit seule , soit jointe à l'appareil auquel appartient 
une fécondité d’une autre espèce. Les sores de l’une et l’autre sorte 
peuvent être confondus et épars sans ordre sur la feuille, ou bien 
lormer des groupes circinants et distincts. En ee dernier cas, il 
existe fréquemment au centre des groupes cireulaires de tuber- 
cules solides et rougeâtres une ou plusieurs pustules pulvérulentes 
et orangées (Uredo Tussilaginis Pers.). | 


VIIL. On voit par tout ce qui précède combien l'étude des Coleo- 
sporium et des Melampsora est favorable à la doctrine du dimor- 
phisme chez les Urédinées ; je parlerai maintenant des Cronartium 
Fr., dont l'examen ne sera pas moins instructif. 

. Ce genre d’Urédinées a pour type le Cronartium asclepiadeum 
Fr., Champignon très commun en France , au milieu de l'été , à la 
face inférieure des feuilles du Dompte-Venin (Æsclepias F'ince- 
toæicum L.). L'épiderme de ces feuilles se trouve soulevé çà etlà par 
une multitude de très petites pustules obtuses , éparses ou groupées 
symétriquement , et dont l’évolution est en ce dernier cas mani- 
festément centrifuge. Au-dessus de chacune de ces proéminences, 
là membrane épidermique se perce bientôt d’une ouverture arron- 
die, autour de laquelle elle se colore peu à peu d’une teinte brune. 
L'examen de la pustule v fait découvrir un Uredo (U, Vincetoxicr 
DC., FE Fr., éd. 3, VI, 85) doré, à spores elliptiques-arrondies , 
finement verruqueuses, longues de 0"",022-099, larges d’envi- 
ron 0"",016-025, et portées chacune par une vésicule cylindrique 
Où obovale qui leur sert de pédicelle (stérigmate). Cet Uredo n'est 
point, comme on l’a cru jusqu'ici, uniquement protégé par lépi- 


404 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


derme de la plante qui le nourrit; aussi bien que les Uredo du 
Peuplier et du Bouleau , il possède un tégument propre; il est ren- 
fermé dans une sorte de bourse, dont les parois minces et trans- 
parentes sont formées de cellules tabulaires et polyédriques. Cette 
enveloppe particulière s'ouvre par un pore étroit qui correspond à 
la rupture de l’épiderme protecteur (4), et laisse échapper les spores 
de la même manière à peu près qu’on voit sortir celles des Sphéries 
par l’ostiole de leur conceptacle. Bien qu’elle reste entièrement 
incluse, c’est-à-dire qu’elle ne s'élève point au-dessus de l’épi- 
derme, à la manière du peridium des Æcidium, des Ræstelia ou 
des Peridermium, elle constitue évidemment un organe tout à fait 
analogue à ce peridium, et sa présence ici, comme chez les Uredo 
du Peuplier et du Bouleau , efface une des différences principales 
supposées exister entre les Uredo et les Æcidinées. Aussi en con- 
clura-t-on que les mycologues ont été mal inspirés, qui ont accordé 
tant d'importance à la présence ou à l'absence du peridium chez 
les Urédinées , et par suite réparti les genres de cette famille de 
Champignons , pourtant si naturelle, en des ordres extrêmement 
disparates (2). (Cfr. Corda, Anleit. z. Stud. der Mycol. [1842], 
pp. 8 et 73.) 

Pendant que les spores de l’Uredo du Dompte-venin se déve- 
loppent et se disséminent de la façon que nous avons expliquée , il 
naît du milieu de l’aire étroite qui les engendre une petite co- 
lonne ou ligule cylindrique qui s’accroit jusqu’à atteindre 2 milli- 


(1) M. Link a noté cette déhiscence particulière de l’Uredo Vincetoxici DC, 
(in Willdenow, Sp. pl. Linn., t. VI, p. 1, p. 14). 

(2) M. Fries condamne tout à fait l'alliance des Æcidinées avec les Gastéromy- 
cètes, « a quibus tota genesi et morphosi recedunt » ; aussi qualifie-t-il leur tégu- 
ment de pseudo-peridium. Il a tort toutefois de supposer cette enveloppe formée 
par l'épiderme de la plante qui nourrit l'entophyte. (Cfr. Fries, S. myc., t. III, 
pp. 511 et 512, et S. veg. Sc., p. 510, note 4.) En mettant les Æcidium et 
leurs alliés les plus proches au rang des Gastéromycètes, M. Corda se trouvait 
d'accord avec le sentiment que M. Meyen avait exprimé peu de temps aupara- 
vant sur les affinités réciproques de ces Champignons. M. de Bary a déduit quel- 
ques-unes des raisons qui doivent faire juger ces affinités plus apparentes que 
réelles. (Cfr. Meyen, Pflanzenpath. u. Pfl. Terat. [1841], p. 450, et À. de Bary, 
Untersuch. üb. d. Brandpilze, p. 94.) . 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 105 


mètres de longueur, sous un diamètre de 5 à 8 centièmes de milli- 
mètre. Cette columelle charnue , atténuée-obtuse à son sommet, 
est tout entière formée de cellules oblongues ou fusiformes , inti- 
mement soudées entre elles, et pourvues, comme le sont les loges 
d’une Puccinie, d’un noyau sphérique transparent. Une matière 
plastique, granuleuse et orangée, presque identique avec celle que 
contiennent les grains de l’Uredo, remplit indistinctement toutes ces 
cellules, et leur communique seule la couleur qu’elles présentent ; 
dans quelques-unes qui restent stériles, elle se convertit plus tard, 
au moins partiellement , en un liquide oléagineux décoloré. On a 
cru jusqu'ici que la ligule dont il s’agit était un conceptacle ou 
peridium (pseudo-peridium Fr.)tubuleux, destiné à engendrer dans 
son sein et à rejeter au dehors, par une ouverture terminale , les 
corps reproducteurs du Champignon (1); mais on s’est en cela 
singulièrement mépris sur ses fonctions et sa structure. Il n’est pas 
d’abord fort cifficile de s'assurer par des coupes en divers sens, 
pratiquées sous la loupe, et par un examen microscopique bien en- 
tendu , que l’organe en question est un corps solide, parfaitement 
clos , privé de tout canal intérieur, et n’offrant , en un mot, aucun 
des caractères d’un peridium quelconque. En second lieu , et c’est 
là ce qui a dû le plus facilement échapper à l’observation , toute la 


_ surface de ce corps baculiforme est un véritable kymenium , en ce 


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_ sens que les cellules qui le composent émettent successivement des 


espèces de germes ou processus cylindriques tout à fait analogues à 


ceux qui sortent , à un moment donné , des fruits biloculaires des 


Puccinies ou des Podisoma , processus qui de même se flétrissent 
après avoir produit un petit nombre de sporidies pédicellées. Tel 


(1) Cfr. Unger, Die Exanth. der Pfl., p. 303-304; Fries, Syst. myc., t. III, 


| p. 513 en note, et Sum. veg. Scand., p. 510. Voici la diagnose que M. Corda 


donne du genre Cronartium Fr. : « Sporangium membranaceum , tubulosum, dein 


| supra apertum ; stromate tenui ; sporis pulpæ immersis, conglutinatis, appendicula - 
| dis, simplicibus, episporio tenui , nucleo viscido, gutlulis oleosis repleto.» (Cord., 


Anleit. z. Stud. der Mycol., p. 73.) Schmidt et Kunze, dont M. Corda loue 


| l'exactitude, avaient également qualifié les ligules du Cronartium asclepiadeum 


Fr. de « tubi (pseudoperidia?) celluloso-membranacei... intus primo sporidiferi , 


| demum sporidiis conspersi. » (Mycol. Hefte, t. IL [1823], p. 98.) 


106 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE 


est done le rôle physiologique de la ligule des Cronartium, qu'il est 
impossible de ne pas y voir une analogie remarquable avec les 
Podisoma. Seulement chez les Cronartium , les cellules fertiles 
constituant la columelle sont dépourvues de pédicelle ; et n'ont 
point, à raison de leur agencement partieulier , l'apparence d’indi- 
vidualité qui appartient aux organes analogues dans les Podisoma. 
De plus les Cronartium possèdent ce qui parait manquer à ces der- 
mers, c'est-à-dire un appareil précoce dé corps reproducteurs 
globuleux, un Uredo, semblable à ceux qui précédent ou accom- 
pagnent les Puccinia Graminis Pers., P. ceoronata Cord:, P. La- 
biatarum DC. (sub Uredine), et tant d’autres. 

On a distingué en ces derniers temps du Cronartium asclepia- 
deum Fr. un Champignon absolument du même genre, qui vit à la 
face inférieure des feuilles des Pivoines , et M. Castagne l’a décrit | 
sous le nom de Cronartium Pœoniæ , en faisant la remarque qu’à 
l'instar du précédent, ilest précédé d’un Uredo (U. Pæoniæ Cast.), 
dont il pourrait aussi être regardé comme le parasite (voy. Castagne, 
PI. de Mars. [1845], pp. 211 et 217-218). M. Desmazières a de: 
puis publié ce même Uredo Pæoniæ Cast. sous la désignation 
d'Uredo Pæoniarum Desm. (4), et son association à un Cronartium 
(C. asclepiadeum. Fr. var. Pæoniæ Desm., PI. Crypt., ®% édit., 
n°1009 )ne lui a pas non plus échappé. Personne, j'imagine, ne sera 
plus désormais surpris qu’il en soit ainsi, puisque les Uredo men- 
tionnés ne sont réellement que les Cronartium eux-mêmes dans un 
état primordial particulier. L'étude de ces Urédinées montrera d’ail- 


(4) Voy. Desmaz., Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIII (1847), p. 11, et ses 
PI. Crypt. de Fr., 2° édit., t. XX VIH, n. 1364. M. Léveillé, en sa Description 
des Champignons de l'herb. du Mus. de Paris, donne une synonymie détaillée du 
Cronartium usclepiadeum Fr., qui ne croîtrait pas seulement sur le Dompte-venin 
et les Pivoines, mais encore sur les Thesium et les Ribes (voy. les Ann. des sd, 
nat. ; 3° sér., t. V, p. 272). Pendant mon séjour à Champceaux (Touraine), au 
mois de septembre dernier, j'ai étudié de nouveau le Cronartium du Pæonia. offi- 
cinalis Retz.; que j'avais vu autrefois avec M. Delastre au château de la Cour de 
Chiré (Poitou), et il m'a semblé trouver dans ses couleurs très vives et les di- 
mensions plus considérables de toutes ses parties des caractères suffisants pour 
le distinguer spécifiquement de celui du Dompte-venin. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 107 


leurs qu’elles se comportent à divers égards exactement comme 
celles dont nous avons déjà parlé. Ainsi l'Uredo est quelquefois le 
seul de leurs appareils de fructilication qui se développe, la ligule 
centrale avortant où restant imparfaite; en d’autres cas, celle-ci 
acquiert, au contraire, une valeur prédominante ; elle exelut l’Uredo 
ou ne lui laisse produire qu’une faible quantité de spores qui échap- 
peraent facilement à l'observateur, s'il ne les cherchait avec un som 
attentif. 

Il est vraisemblable que M. Unger aura , lui aussi, rencontré ces 
mêmes grains d'Uredo, en examinant le Cronartium asclepiadeum 
Fr. mais il les prend à tort pour un état initial ou imparfait des 
corps reproducteurs de ce Champignon : il eroit qu'ils sont nés 
dans le sein de la columelle (Balg où peridium pour M. Unger), et 
qu'ils y acquièrent avec le temps une forme allongée ( £xanth. 
der Pfl., p. 304). D’après le même auteur, ces prélendues spores 
perfectionnées , en s’échappant par l'orifice terminal supposé de la 
ligule, demeureraient adhérentes à sa paroi externe à cause de la 
viscosité qui les enduit (L. c:, et pl 1v, fig. 23, h;h). Quiconque 
observéra avec plus d'attention les objets dont il s’agit reconnaîtra 
que ces sporés singülières ne sont autre chose que les processus où 
germes dont nous avons parlé plus haut, et que les sporidioles que 
M. Unger en fait sortir (fig. cit., 2) sont les spores proprement dites 
nées suf ces mêries processus. Jusqu'à ce jour personne n’a, que 
je sache, redressé toutes ces inexactitudes. M. Corda, qui les pres- 
sentait, s’est justement eru autorisé à dire que les mycologues. 
étaient dans une complète ignorance de l’histoire du Cronartium(1), 
mais il n’a rien tenté pour les éclairer. M. Castagne s’est approché 
davantage de la vérité, car il a vu les ligules du Cronartium 
Pæomæ Cast. se couvrir d'une poussière blanche contenant des 
« rudiments de filaments, » et «une multitude de corpuscules arron- 
dis, » qu'il supposait avoir dû sortir de l'intérieur des ligules. 
(Voy. Cast., PI. de Mars., p. 218). MM. Albertini et Schweinitz 
avaient eux-mêmes , des l’année 1805 , fait une observation ana: 
logue : « Ostiola, écrivaient-ils, exoleta (Sphæriæ flaccidæ Alb, et 


(1) Voy. Corda, Anleil, 3. Stud. der Mycol., p. 73. 


108 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


Schw., scil. Cronartii Pæoniæ Cast. ) pube quadam alba byssina 
parasilica (quam nunquam deficientem vidimus) obteguntur. » 
(Consp. Fung. Agri Nisk., p. 82.) I y aura dans l'histoire des 
Cronartium un fait singulier à enregistrer, c’est que le Cronar- 
tium asclepiadeum Fr. à été par plusieurs botanistes, tels que 
Willdenow , Funck, M. Martius (1), M. Duby (2) et autres, rejeté 
hors de son groupe naturel légitime pour être associé aux Erineum, 
c’est-à-dire à des productions dont la nature fongine et l’autono- 
mie sont aujourd’hui encore fort mcertaines ; tandis que Schmidt 
et Kunze, Link (3) et M. Fries (4) le tiennent pour un allié des 
Æcidium et des Ræstelia , et que M. Unger (5) voit en lui l’expres- 
sion la plus élevée d’un Champignon urédiné. On peut contester aux 
Cronartium cette dignité relative ; mais dans le cas même où elle 
leur serait concédée , MM. Albertini et Schweinitz les estime- 
raient encore bien déchus , puisqu'ils les admettaient parmi les 
Hypoxylées (6). 


IX. Enfin il est encore un genre d'Urédinées très favorable à 
la thèse que nous soutenons : je veux parler du genre Albugo Pers. 
ou Cystopus Lév., qui a pour type l’Uredo candida Pers. L’organi- 
sation de cet entophyte a déjà été décrite par beaucoup de mycolo- 
oues ; les figures publiées , il y a quelques années, par M. Berke- 
ley (7), et celles plus récentes qu’on doit à M. A. de Bary (8), font 


(4) Voy. Funck, Crypt. Gewæchse des Fichtelgeb., VItes Heft (1806), n. 445, 
et Martius, Flor. Erlang. p. 347. 

(2). Bot. Gall., p. 909. 

(3) Sp. pl. Linn., t. VI, part. 2, p. 65 (Cæoma [Ceratites| cronartites Lk.). 

(4) Syst. myc., pp. 513-514, et S. veg. Scand. (1849), p. 510. 

(5) Exanth. der Pf., p. 246, 303 et passim. 

(6) Voy. Alb. et Schw., Fung. Nisk., p. 31, n. 94. On a de la peine à com- 
prendre comment ces auteurs ont pu voir dans le parenchyme des feuilles de la 
Pivoine officinale des conceptacles globuleux tels qu'ils les ont décrits et figurés 
(op. cit., pl. vn, f. 4), conceptacles dont les ligules du Cronartium n'auraient été 
que les ostioles linéaires. M. Fries a aussi partagé cette erreur (Syst. myc., t. II, 
p. 516, et Elench. Fung., t. II, p. 109). 

(7) Voy. son Mémoire On the white Rust of Cabbages, dans le Journal of the 
hortic. Society of Lond., t. III (1848), pp. 265-274. 

(8) Voy. ses Untersuch, üb. die Brandpilze, p. 20, pl. u, fig. 3-7. 


. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 109 


beaucoup mieux comprendre en quoi elle consiste , que le dessin 
incomplet donné jadis par M. Unger (Æ£æanth. der Pfl., pl. vi, 
fig. 32). Toutes ces figures cependant , ainsi que les descriptions 
publiées jusqu'ici des Cystopus , sont insuffisantes ; du moins lais- 
sent-elles ignorer le fait important que nous devons signaler, 
à savoir , l'existence simultanée en ce genre de Champignons, de 
deux sortes de spores. 

Tandis que le Cystopus candidus Lév. est tout entier de couleur 
blanche, le C. Portulacæ Lév.(Uredinis sp. DC.) est d’une teinte 
jaune pâle, qui imite assez bien celle des toiles de Nankin. Le 
premier croit surtout, comme on le sait, aux dépens des Crucifères 
et de diverses Composées (1), et de même qu'à M. de Barvy, il 
m'a toujours semblé identique avec lui-même, sur quelque plante 
que je l’aie observé. Jusqu'ici je n'ai rencontré le Cystopus Portu- 
lacæ (DC.) qu’à la surface des feuilles du Pourpier cultivé (Portu- 
laca oleracea L.), et je ne sache pas non plus qu'il ait jamais été 
vu parasite d’une autre plante. Son mycelium , composé de fila- 
ments très rameux, pâles et fort inégaux en diamètre, se développe 
abondamment au travers du parenchyme qui le nourrit, et de 
ses rameaux les plus superficiels naissent en faisceaux les cellules 
obovales ou brièvement claviformes qui engendrent les spores. 
La spore naissante n’est pas autre chose que le sommet très 
obtus de la cellule génératrice, lequel s’en détache peu à peu en 
prenant une forme globuleuse pour être aussitôt remplacé par 
un autre corps semblable à lui, et qui éprouve le même sort. Ces 
spores, ainsi successivement formées , demeurent quelque temps 
unies entre elles par des isthmes plus courts qu’elles - mêmes, 
et dont l’épaisseur s’amoindrit sans cesse de bas en haut du chapelet 
reproducteur, jusqu'à s’annihiler tout à fait, et permettre la sépara- 
tion ou la dispersion des semences de l’entophyte (2). Les figures 


(1) D'après M. Berkeley (Mémoire cité sup., pp. 266-267), le Cystopus candi- 
dus Lév. végéterait également sur les Amarantacées , les Caryophyllées, les Che- 
nopodées, les Convolvulacées, les Capparidées, les Malpighiacées et les Euphorbes. 

(2) Le mode de développement des spores des Cystopus rappelle celui des co- 
nidies des Eurotium, que M. Ant. de Bary a très bien fait connaître, c'est-à-dire 
la genèse des corps reproducteurs de l'Aspergillus glaucus Lk., et des productions 


410 L.-R. TULASNE. -—— MÉMOIRE 


ci-jointes (pl. VIT) montrent des séries continues de six à huit de 
ces semences. Chez l'Uredo candida Pers. , les mêmes cellules 
fertiles sont rattachées les unes aux autres par des isthmes plus 
courts , et elles sont le plus souvent tontes égales entre elles. Les 
pulvinules du Cystopus Portulacæ Lév. contiennent, au contraire , 
presque toujours deux sortes de semences : les unes, qui sont briè- 
vement cylindriques, et très obtuses aux deux extrémités, mesurent 
de 16 à 19 millièmes de millimètre dans un sens, et 13 environ dans 
l’autre : on les voit facilement réunies en longs chapelets, et, à 
l’état de liberté, elles constituent la plus grande part de la masse 
pulvérulente du Champignon. Leur contenu est ordinairement 
assez homogène et très pâle, leur tégument lisse et tantôt à peu près 
incolore, tantôt teinté de brunâtre. À ces spores sont mêlées, dans | 
des proportions très variables , d’autres corps reproducteurs aisé- 
ment reconnaissables à leur forme sphéroïde et trigone, à leur 
volume plus considérable, et eafin à leur teinte jaune-brun toujours 
plus ou moins foncée. (Voy. notre pl. VIH, fig. 2.) Ces corps se 
rencontrent le plus souvent libres ; ils sont surtout abondants 
à la partie supérieure du pulvinule qui vient de rompre l’épi- 
derme de la feuille nourricière , et ils sont appliqués en grand 
nombre à la face interne de cette membrane protectrice. Cette 
circonstance indique clairement qu'ils sont les derniers articles 
des chapelets fertiles de l’entophyte , et qu’ils mürissent les pre- 
miers, Des analyses attentives et multipliées me les ont effee- 
tivement montrés plusieurs fois attachés au sommet de ces chape- 
lets. J’imagine toutefois que les articles des séries ainsi terminées 
ne sont pas tous destinés à devenir successivement des spores 
sphéroïdes trigones et colorées. Je suis disposé à croire qu'il en est 
ainsi pour certains chapelets dont les cellules composantes renfer- 
ment un protoplasma granuleux, peu homogène ; mais il'est égale: 
ment très vraisemblable qu'une foule de chapelets ne produisent 
qu'une ou deux des spores particulières dont 11 s’agit, tous leurs 
autres éléments restant des spores cylindroïdes. 

Dans l’Uredo candida Pers., ainsi que je l'ai dit plus haut, les 


analogues. (Voy. la Botanische Zeit. de Berlin, t. XII [1854\, pp. 425 et suiv., 
pl. x) 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. a11 


spores sont habituellement toutes semblables entre elles ; cepen- 
dant il m'est arrivé plusieurs fois d’en distinguer quelques-unes un 
peu plus volumineuses que les autres et assez manifestement tri- 
quètres ; de sorte que le dimorphisme si évident dans le Cystopus 
Portulacæ (DC.) existe pareillement , quoique à un moindre PAR 
dans le C. candidus Lév. 

M. Léveillé, dans sa dernière classification des Urédinées, a associé 
les Cystopus aux Polycystis et aux Ustilago, c’est-à-dire aux Urédi- 
nées qui posséderaient, suivant le savant mycologue , un réceptacle 
filamenteux et non un clinode charnu (4). S'il m'est permis d’ex- 
primer ici une autre opinion sur les-affinités des Cystopus , je dirai 
que je les crois moins voisins des Ustilago que des Cœoma Tul. 
(Uredo Lév., pro parte), des Coleosporium (2) et surtout peut- 
être des Æcidinées , quoiqu'ils soient privés de peridium ; car par 
la genèse de leurs spores, ils imitent évidemment les Ræstelia, et 
s’éloignent des Ustilaginées proprement dites. 


X. S'il est impossible de refuser aux Cystopus deux sortes de 
spores, puisque ces semences s’engendrent simultanément les unes 
æt les autres des mêmes stérigmates , il suit de À une présomption 
extrêmement favorable à notre manière d'interpréter le dimor- 
phisme des autres Urédinées. Quiconque aura bien voulu suivre 
l'exposé que je viens de tracer des faits relatifs à ce sujet, recon- 
naîtra que les motifs principaux qui doivent faire regarder les Uredo 
comme des formes particulières, des états ou des organes sui 
generis , de diverses autres Urédinées d’une structure plus compli- 
quée , que ces motifs, dis-je, consistent dans des phénomènes con- 
stants de cohabitation où de précession, ainsi qu'en des ressem- 
blances de forme et des communautés d’origine non équivoques. 
On ne saurait infirmer les raisons déduites du premier de ces chefs 
en disant, à limitation de M. Unger, que les circonstances signalées 
ampliquent seulement les lois du développement respectif des pro- 
ductions dont il s’agit; car chacun peut aisément souscrire à une 
| (1) Voy. d'Orbig., Dicl. univ. d'hist. nat., t. XII, p. 787, v° Uréninées. 


(2) « Durch die Sporenbidung, écrit M. de Bary, schliesst sich Cystopus 
zunæchst an Coleosporium an. » (Brandpilze, p. 98.) 


419 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE 


telle proposition sans aucunement compromettre ou gêner la liberté 
de son jugement dans la question, quel qu’il doive être. La 
contemporanéité ou la succession des formes associées devient 
un fait très significatif dès l'instant qu'il est commun à uné 
multitude d'espèces de genres différents, et constant pour chacune 
d'elles. Il atteste plus que de simples particularités biologiques , 
et je me persuade facilement que sa portée ou sa signification 
a été méconnue jusqu’à présent. La cohabitation dont il s’agit a 
d’ailleurs lieu de telle sorte qu’on ne saurait en inférer un parasi- 
tisme réel. Que ce parasitisme n'existe point au profit de l’'Urédinée 
la plus parfaite, c’est ce qui ressort de toutes les considérations que 
nous avons exposées en leur lieu, et spécialement de ce fait que 
chez toutes les Urédinées dimorphes, sans exception, on trouve . 
toujours simultanément des pulvinules mixtes ou hétérospores , et 
des sores exclusivement.composés de fruits ou organes reproduc- 
teurs tous semblables entre eux. Le parasitisme de l’Uredo aux 
dépens de l’Urédinée plus complète est encore moins admissible , 
car il est toujours né avant la production qui lui est associée. 

Ilest, en outre, une remarque qui à sa place naturelle ici. Je 
veux dire que très vraisemblablement plusieurs Uredo ou ento- 
phytes analogues ne pourront être facilement rapportés à aucune 
autre Urédinée supérieure, soit qu’en réalité ces productions repré- 
sentent à elles seules autant d'espèces entières, soit qu’elles ne se 
complètent que dans des cas rares ou exceptionnels. D'autre part, 
nous connaissons déjà diverses Puccimies et plusieurs Uromyces 
toujours privés, ce semble, d'Uredo ; d'où l’on peut conclure que 
cette forme initiale du végétal n’est pas indispensable à sa propaga- 
tion ni à la perpétuité de sa race. Aussi ne faut-il point s'étonner 
que les Æcidium et leurs analogues (Ræstelia, Peridermium, etc.), 
les Cæœoma Tul., les Podisoma et les Ustilaginées n'aient encore 
présenté qu’un seul ordre de corps reproducteurs. Il en sera, 
sans doute, des Urédinées comme des Champignons théca- 
sporés, chez lesquels, comme on sait, beaucoup. n’offrent qu’une 
seule sorte de séminules , tandis qu’un grand nombre d'autres pos- 
sèdent plusieurs appareils distincts de multiplication qui, vraisem- 
blablement, se peuvent suppléer les uns les autres. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 115 

Si l’analogie ne nous trompe point, lUredo serait pour l'Uré- 
dinée qui le possède une sorte de pyenide , c’est-à-dire un système 
reproducteur précoce, de rang inférieur, et dont les éléments cor- 
respondraient aux stylospores des Champignons pourvus de thé- 
ques (1). Je ne me dissimule pas toutefois qu’une telle assimilation 
ne convient pas, d'une manière égale, aux grains de tousles Uredo, 
aussi bien ; par exemple , aux grains libres et pédiculés de l'Uredo 
des Puccinies ou des Uromyces, qu’à ceux de l’Uredo des Coleo- 
sporium, qui sont primitivement soudés entre eux et comme ses- 
siles ; mais j'imagine que les uns et les autres ont néanmoins une 
valeur égale ou de semblables fonctions à remplir dans la vie de: la 
plante. Il faut pareillement reconnaitre que la dénomination de 
stylospores appliquée à ces mêmes corps ne les distingue pas des: 
{ruits plus complexes, presque tous pédiculés, aussi heureusement. 
qu'elle différencie les séminules acrogènes des Diplodia d'avec les 
spores endothèques des Sphéries qui correspondent à ceux-ci. Les 
pages suivantes jusüfieront encore l'exactitude de cette remarque , 
en montrant que les deux sortes de graines des Urédinées hétéro- 
spores reproduisent différemment la plante mère, ou du moins 
qu'elles n’offrent pas ordinairement dans leur végétation respective 
là parité qui s’observe communément entre la germination des 


stylospores des Champignons thécasporés et celle de leurs semences 
endothèques. | 


EX. 


Des Spermogonies des Urédinées. 


Pour n’accorder aux Urédinées que deux appareils reproducteurs, 
comme je le faisais tout à l'heure, il faut ne pas tenir compte de 
| leurs spermogonies, c’est-à-dire des organes qui, chez elles, sem- 
| blent les analogues de ceux que j'ai désignés par ce nom en d’autres 
familles de Champignons, ainsi que dans les Lichens (2). M. Unger 


(1) Voy.; pour l'intelligence des termes stylospores et pycnides, les Ann. des 
| sc. nat., 3° sér., t. XV, p.378, ett. XVII, p.108. 
(2} Voy. les Ann. des sc. nat,, 3° sér., t: XV, p. 372, 377 et 378. 

#° série. Bor. T. IT. (Cahier n° 2.) “ 8 


A1 L.-R. ŒTULASNE, — MÉMOIRE 


estle premier observateur qui ait donné une attention sérieuse âux 
spermogonies des Urédinées. Il avait reconnu, dans les Æcidium 
etles genres voisins, qu'elles précèdent l'apparition des conceptacles 
sporophores, et, par suite, ilne voyaiten elles qu’une sorte d’ébauche 
de ces derniers, qu’une forme infime d’exanthème correspondant 
aux Æcidium et leurs alliés, de la même manière, sans douté, que 
les Uredo correspondent aux Puccinia. L'uniformité de leur struc- 
ture leur valut d’être rapportées toutes par cet ingénieux botaniste 
à un type unique, sous le nom d’Æcidiolum Exanthematum Ung. 
(Cfr. Ung.; Exanth. der Pfl. [1833], pp. 300-304, pl. HE, 
fig. 18-19.) 

Plus tard, M. Meyen, AT TE à l'étude des mêmes objets, 
ne craignit pas d'émettre la pensée qu'ils représentaient peut-être 
l'appareil du sexe masculin chez les Urédinées ; supposition 
hardie, sinon téméraire , alors que la sexualité des Champignons 
devait être regardée comme une thèse absolument neuvé, €t 
qu'elle n'avait pas même en sa faveur un commencement de preuve 
acceptable. Mais M. Meyen admit en même temps qu'il ne pouvait 
pas être question d’une fécondation véritable chez des végétaux tels 
que les Urédinées, ne s’inquiétant pas autrement de concilier cetté 
manière de voir avee l'appréciation précédente (4). La critique à 
facilement triomphé de cette contradiction, au moins apparente, et 
M. Schleiden en a pris occasion de plaisanter agréablemeéntle savarit 
professeur de Berlin (2). De même , lorsqu'en ces derniers temps 
M. Bonorden a écrit son Manuel de Mycologie, 1 n’a tenu aucun 
compte de l'opinion de M. Meyen, et a préféré ranger l'Æcidiolum 
de M. Unger parmi les Ræsteha, sous le nom de À. exanthematica 
Bonord. (5). 

Il ne semble pourtant pas possible d'accorder à M. Schleiden, 
non plus qu'à M. Unger, qu'il y ait une complète indépendance 
entre des productions telles qu'un Æcidium et l'Æcidiolum qui 
l'accompagne , que ce soient des Urédinées absolument étrangères 


(1) Cfr. Meyen, Pflanzenpath. u. Pfl. Terat. (1841), p. 143-447. 

(2) Cfr. Schleiden, Grundz. der wiss. Bot., 3° édit., t. Il, p. 40-41. 

(3) Cfr. Bonord. , Handb. der Mycol,, p. 54, pl. 1, fig. 20 ( empruntée de 
M. Unger). 


RL 


SUR LES URÉDINÉES EŸ LES USTILAGINÉES. 125 
l'une à l’autre, et autonomes au même titre. Leur position relative, 
l'ordre de leur développement respectif, sont des faits remarquables 
trop constants pour ne pas dénoter entre ces corps des rapports 
nécessaires , comme ceux qui existent entre les diverses parties 
essentielles d’une même plante. C’est du moins cé qui nous avait 
semblé, lorsque, au mois de mars 4854, nous rangions les Uré- 
dinées au nombre des Champignons pourvus de spermogonies (1). 

Depuis, notre sentiment a été partagé par le myvcologue qui, en 
cés derniers temps, s’est le plus occupé des mêmes entophytes. 
M. A. de Bary a, en effet, parfaitement reconnu le rôle de précurseur 
que joue l'Æcidiolim vis-à-vis dé chaque Æcidium ; 1 s’est assuré. 
qu'ils procèdent tous lés deux d’un seul et même mycelium , et le 
premier lui a semblé, comme à nous, offrir tant d’analogie avec les 
spermogonies des Lichens , qu'il ne fait pas difficullé de lui aecor- 
der le nom de cés organes et la même valeur physiologique, quelle 
qu'elle soit d’ailleurs. (Cfr. de Bary, Brandp., pp.57-65 et78-82.) 
Cette valeur est effectivement incertaine, et le séra sans doute long- 
temps encore. Il n’est pas invraisemblable, ainsi que le reconnait 
M: de Bary, que des fonctions fécondatrices soient dévolues aux 
spermaties des Urédinées ; mais on peut douter qu'il soit jamais 
possible de le constater d’une manière rigoureuse , et à l'abri de 
toute critique. Peut-être ces corpuscules ne différent-1ls point des 
spermaties que MM. Berkeley et Broome (2) seraient disposés à 
regarder comme une sorte particulière dé spores ; jusqu'ici, cepen- 
dant, je n'ai pu les voir germer. 

Ges incertitudes nous obligent évidemment à préparer, selon nos 
forces, aux mycologues à venir, les moyens de porter un jugement 
pluséclairé sur la nature et le rôle des spermogonies des Urédinées. 
On conçoit d'abord combien il importerait d'arriver à montrer que 
ees productions n’appartiennent point seulement à quelques genres 


(1) Voy. les Comptes rendus des séances de l'Acad. dessc.,t. XXXII, p. 472, et 
t. XXXVI, p. 1093(20 juin 1853). Je rectifie en ce dernier endroit l'erreur que 
j'avais précédemment commise en regardant le Tubercularia persicina Ditm., qui 
m'était alors inconnu , comme identique avec l'Æcidiolum Exanthematum Ung. 
M. de Bary a justement signalé cette méprise (Brandp., p. 59, note 3). 

(2) Cités par M. de Bary, Brandp., p. 78. 


416 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE 


d'Urédinées, et qu’au contraire elles se rencontrent chez tous, puis- 
qu’alors on ne pourrait plus guère douter qu’elles ne fussent réelle- 
ment des organes spéciaux de ces Champignons, et non des végé- 
taux autonomes. Jusqu'ici, elles sont connues dans les Æcidium , 
le Ræstelia cancellata Rebent. , les Centridium Chev., et quelques 
Uredo, tels que l’Uredo suaveolens Pers. (Cæomatis sp. Lk., Sp. 
pl., VI, u,19), VU. Orchidis Mart. (Cæoma Orchidum Ek., ibid., 
p. 9), et l’'U. gyrosa Rebent. (Cæomathis sp. Lk., l. c., p. 38). 
M. de Bary ajoute, avec doute, à ces espèces le Peridermium Pini . 
Fr. (Cæœoma [Peridermium] pineum Lk., vol. cit., p. 66), le 
Peridermium A bietis Fr. et l'Æcidium (Peridermium Lk.) colum- 
nare À. et Schw. (1). D’après mes propres recherches , plusieurs 
Urédinées analogues au Cæoma Orchidum Lk., par exemple le 
C. Mercurialis Lk., l’'Uredo Evonymi Mart. et l'U. pinguis 
DC. (Lk., {. c., p. 30), possèdent également des spermogonies. 
L'U. gyrosa Rebent. (Physonematis sp. Lév.), que j'ai étudié avec 
soin, ne diffère en aucune manière de l’U. Ruborum DC. (U. Rubi 
fruticosi Pers.), et conséquemment les spermogonies solitaires ou 
très peu nombreuses qu'il entoure de ses sores confluents appar- 
tiennent, ainsi que lui, au Phragmidium bulbosum Schm. et Kze. 
(P. incrassatum 6 Lk., op. cit., p. 85). A l'égard de l’Uredo sua- 
veolens Pers., comme il n’est, à mon sens, que la première forme 
d’une Puccinie analogue au Puccinia Compositarum Schlecht., les 
spermogonies , très abondantes, auxquelles il est souvent mêlé, 
devront être rapportées à cette Puccinie. Je conserverais peut-être 
des doutes sur la légitimité de ce rapprochement, s’il ne m'était 
arrivé de rencontrer chez une autre espèce du même genre, le 
Puccinia Anemones Pers., des spermogonies parfaitement carac- 
térisées, et dont la couleur, l’habitus, la position, ne permettent pas 
d’hésiter un instant à les attribuer à la Puccinie qu’elles accompa- 
gnent (2). J'ai encore reconnu la présence de nombreuses sper- 

(1) Cfr. À. de Bary, Brandpilze, p. 58. 

(2) Je dois à l’obligeance de M. le docteur Léveillé des échantillons de Puccinia 
Liliacearum DC. (in foliis Ornithogali pyrenaici L.) qui sont manifestement pour- 
vus d’abondantes spermogonies (groupées). C'est à cette même Puccinie qu'il 


faut, je pense, rapporter l’Uredo concentrica Desmaz. (PI. crypt. de Fr., 2° édit., 
t. XXII, n° 4078 [in folis Scillæ nutantis Sm.|). D'autres Puccinies, observées 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 117 
mogonies groupées dans l'espèce la plus connue du genre Tri- 
phragmium , le T. Ulmariæ LK. (op. cit., p. 8h), où elles imitent 
à beaucoup d’égards celles du Cæœoma pinque Lk. Enfin il m’a été 
permis de vérifier que le Peridermium Pini Fr. possède aussi, 
comme M. de Bary l'avait soupçonné, de très belles spermogonies, 
auxquelles leur isolement fréquent, leur forme très obtuse, et une 
belle couleur orangée , donnent une apparence particulière qui les 
fait aisément reconnaitre. 

Les spermogonies des Urédinées, celles du moins que j'ai pu 
examiner, sont toutes, ainsi que je l’ai dit ailleurs (1), d’une struc- 
ture très simple ; elles consistent en un tégument (peridium) plus 
ou moins défini, globuleux ou hémisphérique , et dont la paroi in- 
térieure est tapissée d’une épaisse forêt de filaments simples et 
dressés. Du sommet de ces filaments (stérigmates) naissent isolé- 
ment, ou associés en courts chapelets (2), des utricules (sperma- 
lies } ovoïdes ou oblongs, très petits, et dont la multitude remplit: 
bientôt la cavité simple de la spermogonie. Celle-ci sécrète, en 
outre, une matière visqueuse, qui se joint aux spermaties et s’é- 
panche avec elles hors de l’orifice unique du conceptacle. Suivant 
la fluidité de cette matière , variable , ce semble, avec l’état hygro- 
métrique de l'atmosphère, on voit tantôt des gouttes d’un liquide 


en divers herhiers, m'ont également présenté des spermogonies , mais je n'ose- 
rais l’affirmer pour chacune d'elles, avant de les avoir étudiées vivantes. 

(1) Voy. les Comptes rendus de l’Acad. des sc.,t. XXXVI, p.1095. 

(2) Je n’ai jamais vu les spermaties d'aucune Urédinée former de longues sé- 
ries telles que M. Unger en a figuré ( Exanth., pl. nr, fig. 18). Cet auteur est 
également inexact, si je ne me trompe, quand il représente tous les cils termi- 
naux de l'Æcidiolum passant au travers d’un stomate. Quoique l’ostiole des sper- 
mogonies des Urédinées soit une très petite ouverture , cependant il excède les 

dimensions ordinaires d’un stomate. La végétation des Urédinées ne semble pas 
d’ailleurs avoir avec les pores de l’épiderme qui la protége les mêmes rapports 
que celle d’autres Champignons entophytes, tels, par exemple, que les Peronospora 
Corda. À cet égard, plusieurs des figures données par J. Banks du Puccinia Gra- 
minis Pers., en son mémoire, déja cité, On the Blight in Corn, sont d’une exacti= 
tude contestable. M. Bonorden, qui a emprunté de M. Unger la figure de l'Æcidio- 
lum Exanthematum Ung. (Ræstelia exanthematica Bonord. ), l’a reproduite très 
altérée ; ily remplace les cils de l’ostiole par des chapelets de corpuscules sembla- 
bles à ceux du centre de la gerbe (Cfr. Bonord., Handb. der Myc., pl. 1, fig. 20). 


118 | L.-R. MULASNE. —— MÉMOIRE 


trouble, tantôt des cirrhes ou fils contournés sortir des spermogo- 
nies, c’est-à-dire que la matière spermatifère se comporte ici 
exactement comme chez une foule de Pyrénomycètes et de Discomy- 
cètes. (Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XX, p. 129.) Sa cou- 
leur est communément orangée; elle est brune dans le Puccinia 
Anemones Pers., dont les fruits ou spores sont, comme on sait, 
d’un brun très foncé. Il ne faudrait cependant pas induire de cette 
dernière circonstance qu'il y ait habituellement parité de coloration 
entre les spermaties et les spores du même entophyte ; ear le con- 
traire semble avoir plus souvent lieu. 

Les spermaties de la plupart des Æcidium , celles des Cœoma 
pinque Lk. et C. Ribesu Lk. mesurent rarement plus de 4 millièmes 
de millimètre dans leur plus grande dimension. Elles atteignent , 
dans le Triphragmium Ulmariæ Lk. et le Puccinia Anemones Pers., 
jusqu’à 0°",0065 en longueur, tandis que leur épaisseur est moitié 
moindre. Les plus volumineuses que j'aie rencontrées appartien- 
nent au Peridermium Pini Fr,; leur dimension longitudinale 
égale parfois presqu’un centième de millimètre , mais leur largeur 
ne dépasse guère 4 millièmes de millimètre. Tous ces corpuscules, 
ainsi que le liquide mucilagineux qui”les agglutine , répandent en- 
semble une odeur souvent très appréciable, et assez analogue à celle 
du pollen des Saules, Les spermogonies qui sont mêlées à l’Uredo 
Serratulæ Secham, exhalent surtout cette odeur, aussi Persoon 
donna-t-il à cette urédinée Le nom d’Uredo suaveolens(Pers,, Syn. 
Fung., p. 221), croyant qu'elle se distinguait par un tel caractère 
de toutes ses congénères. Son odeur, que Link trouve désagréable 
(Sp. pl. Linn., t. VI, p.u, p.19), est comparée par M. Léveillé 
au parfum des fleurs de l’Oranger , et par M. de Bary à celui des 
corolles dorées de l’OEnothera biennis L. (Brandp., p. 57, en note), 
M. Léveillé a reconnu une pareille odeur à lÆcidium Tragopogi 
Pers. (Lk., vol. cit., p. 50 ); mais il n'indique pas si elle appar- 
tient plutôt aux spermogonies qu'aux peridium sporophores (2). 

Les spermogonies, plongées dans le tissu de la plante nourri- 
cière, ne font parfois , conime chez les Phragmidium, presque au- 
" (4) Voy. le Diet. univ. d'hist, nat. de M. d'Orbigny, t, XIT, p. 775,02 Unré- 


DINÉES. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 119 
cune saillie au dehors , ou peuvent même figurer des ponctuations 
déprimées très peu visibles. Plus fréquemment elles se reconnais 
sent à la protubérance obtuse (Cæoma, Triphragmium, Perider- 
mium) ou longuement acuminée (Æcidium, Centridium, Puccinia) 
qui les surmonte. Ces apparences diverses sont surtout dues à la 
structure marginale de leur orifice , qui est quelquefois mutique ou 
muni de cils courts ( Cæoma, Phragmidium , Ræstelia), plus sou- 
vent, au contraire, orné d’un pinceau de longs poils (paraphyses 
de Bary ) raides et dressés , qui sont orangés ( Æcidium ) où bruns 
(Puccinia Anemones Pers.), comme les spermaties auxquelles ils 
livrent passage, Ces cils, que j'ai toujours vus simples, très étroits , 
privés de diaphragmes intérieurs et pointus, atteignent en longueur 
jusqu’à 7 centièmes de millimètre ; ils sont tels dans les spermogo- 
nies du Puccinia Anemones Pers. , et rappellent à plusieurs égards 
la frange de cellules tubuleuses qui forme la parte la plus apparente 
de l'enveloppe brune du Puccinia Sonchi Rob. (supra, p. 90). 

J'ai déjà signalé, dans ma première note sur l'appareil reprodue- 
teur des Champignons (4), les rapports de position qu’observent 
entre eux les sores et les spermogonies des Urédinées. Chez le plus 
grand nombre des Æcidium foliicoles, les sores sont disposés en un 
cercle plus ou moins régulier dont l'aire est occupée par un groupe 
de spermogonies ; en même lemps , sur le point correspondant de 
l’autre face de la feuille , observe-t-on fréquemment d’autres sper- 
mogonies, souvent même réunies en plus grand nombre (ex. gr. ap. 
Æ. Tussilaginis, Æ. Clematidis DC., Æ. Convallariæ Schum., 
Æ. Periclymenr DC., ete.). Les taches d’un rouge-orangé très 
vif, qui annoncent en automne la présence du Ræstelia cancellata 
Rebent. sur les feuilles des Poiriers, portent, comme on sait depuis 
longtemps (2), de petits tubercules brunâtres très abondants qui 


(1) Voy. les Comptes rendus de l'Acad. des sc., t. XXXILI, p.472, et les Ann. 
des sc. nat., 3° sér.,t. XV, p. 377. 

(2) Cfr. Rebentisch, Prodr. Floræ Neomurch. (1804), p. 350. Cet auteur dit 
de l'entophyte dont il s’agit : « Æstale in foliis ut macula dilule crocea et punctata 
apparet.… » (P. 351.) Cependant il ne lui attribuait point ces ponctuations épi- 
phylles qu’il veut mentionner; elles constituaient à ses yeux une individualité 
végétaic particulière, une sorte de Sphæria, qu'il décrit sous le nom deS. hypo- 


120 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

sont autant de spermogonies. Chez les Centridium , tels que les 
Æcidium cornutum Pers. et Æ. Amelanchieris DC., dont les fruc- 
üifications sont de même presque toujours hypophylles, les sper- 
mogonies reposent presque exclusivement sur le point opposé de la 
face supérieure des feuilles. 

Chez les Phragmidium , les spermogonies , qui sont, comme je 
l'ai déjà dit, solitaires ou très peu nombreuses, se voient aussi con- 
stamment, quand elles existent , à la face antérieure des feuilles , 
exactement au-dessus du sore, qui, sur le côté dorsal , se couvre 
successivement de spores jaunes et de fruits noirs. Les spermogo- 
nies du Triphragmium Ulmariæ LKk. sont, au contraire, ordinaire- 
ment hypophylles, et entourées soit par l’Uredo seul, soit en même 
temps par une génération de spores triloculaires. Celles du Peri- 
dermium Pini Fr. accompagnent en petit nombre ses peridium 
blancs comme la neige, ou naissent sur d’autres feuilles qu'eux ; en 
outre, elles offrent cela de particulier que leur développement n’est 
pas seulement printanier , comme celui de ces peridium ; parfois , 
en effet, elles reparaissent en automne sur les mêmes feuilles qui 
ont nourri leurs pareilles ou des conceptacles sporophores, au 
commencement de la belle Suson, et qui en portent encore des restes 
très reconnaissables. 

Les Urédinées qui constituent notre genre Cæoma (1) pré- 
sentent communément des sores cireinants autour d’un groupe de 
spermogonies, aussi bien que des Spermogonies opposites (ex. gr. 
C. Orchidum Lk., C. Ribesüi Lk., C. Mercurialis Lk., C. pingue 
Lk.); sous ce double rapport, elles imitent donc tout à fait la plu- 
part des Æcidium. La disposition circulaire de leurs sores est 
cependant moins régulière ou moins constante que celle des Æci- 
dium circinants, et, à cet égard, elles se rapprochent des Puccinia, 
des Coleosporium , des Triphragmium et autres genres, dont les 
pulvinules fertiles sont, dans la même espèce, tantôt distribués en 
cercles concentriques, tantôt simplement groupés ou épars sans 
aucune symétrie. 
phylla Rebent. (op. cit., p. 336, n° 1138). Cette méprise rappelle tout à fait 


celles dont les spermogonies des Lichens ont été si longtemps l'objet. 
(4} Vov: infr., p. 125. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 121 

Quand les tubereules sporophores ne conservent pas entre eux 
d'ordre appréciable , ainsi qu'il arrive pour l’Æcidium Euphorbiæ 
sylvaticæ DC., l'Æ. Cichoracearum DC., V'Æ. quadrifidum DC. ; 
les Puccinia suaveolens Pers. (sub Uredine)et P.Anemones Pers., 
alorsles spermogonies sontéparses au milieu d’eux, sans qu’on puisse 
douter qu’elles ne leur appartiennent. Cependantla dépendance qui 
les lie à ces tubercules est moins évidente que chez les Urédinées 
elremantes, où, indépendamment de leur rapprochement symé- 
trique des sores, elles reposent avec eux sur une tache commune, 
_ Qui est naturellement moins définie, où manque même tout à fait 
chez les Urédinées non circinantes. Iarrive aussi fréquemment, pour 
ces mêmes Urédinées à sores épars, que les spermogonies et les pul- 
vinules fertiles sont tres inégalement répartis sur la feuille nourri- 
cière, ou même dispersés sur des feuilles ou des individus différents, 
comme-s’il s'agissait des organesreproducteurs d’une plante dioïque. 

L'ordre du développement des spermogonies, par rapport à 
l'appareil sporophore, est important à noter. Il est facile de consta- 
ter, comme l'ont fait MM. Unger, Meven etde Bary, que ces organes 
apparaissent généralement avant les sores fructifères de l’'Urédinée, 
quelle qu’elle soit, qui les revendique. Cette précession s'observe 
surtout très bien chez les Æcidium , et peut être de plusieurs se- 
maines. Toutefois, même dans les espèces où cette précession est le 
plus caractérisée, on trouve facilement réunis des sores et des sper- 
mogonies fertiles, parce que le développement des uns et des 
autres est simultané pendant une grande part de la vie de l’ento- 
phyte. I n’en est done point exactement ici comme des anthéridies 
et des archégones des Fougères, qui paraissent coexister rarement, 
à l’état adulte ou parfait, sur le même individu. Les Urédinées , si 
leur sexualité était admise, seraient seulement un exemple de plus 
de la précocité qui, chez les végétaux, appartient, en général, à 
l'organe du sexe maseulin , quand on compare son développement 
à celui de l’organe femelle. 

Le développement des spermogonies, considéré en lui-même , 
est visiblement centrifuge lorsqu'elles sont groupées; sous ce 
rapport, elles ne diffèrent point des pulvinules ou des conceptacles 
sporophores qui sont dans les mêmes conditions. Si, quand elles 


122 LR. TULASNE. — MÉMOIRE 


sont éparses , leur développement est contemporain de celui de la 
feuille qui les porte , il le suit exactement ; ainsi, on peut voir au 
printemps que les spermogonies et les sores des Æcidium des 
Euphorbes (Æ. Euphorbiæ sylvaticæ et Æ. Cyparyssiæ de De 
Cand.), commencent à naître au sommet des jeunes feuilles , et 
s’avancent vers leur base à mesure qu’elles s’allongent, de manière 
à rendre très sensible le mode d’accroissement de ces organes. 

Par leur position centrale dans les groupes cireinants et opposite 
en d’autres cas, en même temps que par leur précocité relative, les . 
Spermogonies renouvellent les rapports que nous avons signalés 
dans les pages précédentes entre l’Uredo et l'appareil reproducteur 
plus complexe qu'il précède ou accompagne. Chezles Phragmidium 
et les Triphragmium où coexistent des spermogonies et un Uredo, 
les premières devancent celui-ci, qui, lui-même, précède les fruits 
pluriloeulaires, expression la plus élevée du végétal parasite. Mais 
l'apparition successive de ces divers éléments de l'espèce entophyte 
et leur durée relative sont telles, qu’ils se rencontrent fréquem- 
ment tous à la lois dans le même groupe ou sur la même feuille 
nourricière. | 

Je ne m’étendrai pas davantage sur les spermogonies des Urédi- 
nées, surtout après l’histoire détaillée qu’en a écrite M. de Bary. Je 
ferai seulement remarquer, en terminant, qu'aujourd'hui il serait 
peut-être imprudent de vouloir, avec cet auteur, distribuer tous les 
Champignons en deux catégories, suivant qu'ils posséderaient ou 
non des spermogonies (1). De ce partage résulteraient nécessaire- 
ment, dans l’état actuel, c'est-à-dire très imparfait, de nos connais- 
sances , des dissociations tout à fait regrettables, parce qu'elles 
seraient certainement contraires aux affinités légitimes ou les plus 
naturelles. La présence des organes en question dans les Phrag- 
midium, les Triphragmium et les Puccinia, montre déjà combien 
peu on eut été fondé à éloigner ces genres des Æeidinées, autant que 
le jeune mycologue de Francfort inclinait à le conseiller. Les Uré- 
dinées, encore très nombreuses, qui semblent privées de spermo- 
gonies , ne sauraient donc être actuellement, pour ce seul motif, : 


(1) Cfr. de Bary, Untersuch. üb. die Brandpilze, pp. 92-99. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES, 125 
séparées de celles qui en présentent; carilest probable qu'une telle 
disparité s’évanouira devant les découvertes futures des myco- 
logues, on y trouvera tôt ou tard son explication. 


HE. 


De la germination des Urédinées et des Ustilaginées. 


Les phénomènes de végétation dont j'ai entretenu l’Académie 
des sciences au mois de juin de l’année dernière (voy. les Comptes 
rendus de l’Académie, t. XXX VI, p. 1093) féront le sujet de la troi- 
sième partie de ce Mémoire. Bénédict Prévost parait avoir observé 
le premier de quelle manière la vie continue à se manifester dans 
les fruits ou spores des Urédinées, après qu'ils sont devenus libres ; 
les faits intéressants qu'il a publiés à cet égard sont relatifs aux 
Uredo linearis Pers., U. Alliorum DC. et U. candida Pers., ainsi 
qu'à l’Ustilago Carries DC. et VU. Carbo Tul. I ne dit rien de la 
germination des Æcidium, et il n’a pas vu davantage celle des Puc- 
cinies et des autres Urédinées à fruits pluriloculaires (4). 

J'ai exposé il y a quelques années, dans mon premier travail 
sur les Urédinées et les Ustilaginées, la germination de l’Uredo 
suaveolens Pers., de l’Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC., du 
Puccinia Cirsiorum Desm. et de quelques Ustilago (2). Ces obser- 
vations , et celles faites postérieurement par M. Ant. de Bary sur 
les Epitea Ruborum Fr. et E. populina Fr., ainsi que sur les 
Uredo linearis Pers. et U.suaveolens Pers., prouvaient bien que 
J. Banks, De Candolle et d’autres botanistes s'étaient trompés sur 
la véritable nature des fruits des Urédinées , en les considérant 
comme des capsules remplies d’une infinité de corps reproduc- 
teurs ; mais elles laissaient ignorer ce qu'étaient en réalité les 
germes issus de ces fruits et le rôle qu'ils avaient à remplir. Ces 
germes linéaires semblaient , en général, imiter si exactement les 
filaments qui sortent des spores ordinaires des Champignons, qu'il 


(4) Voy. son Mémoire sur la cause ünmédiate de la Carie ou Charbon des 
Blés, etc. (1807). 
(2) Voy.les Ann. des sc. nat,, 3° sér., t. VIT (1847), pp. 66 et suiv., pl. vi et vu. 


421 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


n’était guère possible de leur supposer d’autres fonctions que celles 
départies à ces mêmes filaments. Cependant il en serait autrement 
dans un très grand nombre de cas, suivant les nouvelles observa- 
üons qu'il m'est arrivé de faire l’an passé et dans le cours de l’été 
dernier. Pour mettre de l’ordre dans l’exposé de ces observations, 
Je les grouperai d’après le genre d'Urédinée auquel elles se rappor- 
feront, en commençant par les Urédinées proprement dites. 


IL —URÉDINÉES. 


41. Czoma Tul. (Cæomatum sp. Lk., Uredinum Lév.). 


Le groupe des Uredo, diminué des Ustilago et de leurs alliés, 
comprend, suivant la plupart des auteurs, toutes les Urédinées 
supposées privées de peridium , et dont les spores sont unilocu- 
laires. En avant. égard à la genèse de ces corps reproducteurs et à 
d’autres caractères secondaires, M. Léveillé a reparti ces ento- 
phytes en huit genres différents ainsi désignés : Uredo, Trichobasis, 
Uromyces , Coleosporium, Lecythea, Podosporium, Physonema et 
Cystopus (1). Les Trichobasis, Lecythea , Physonema et Podospo- 
rium, ainsi qu'il résulte des observations rapportées dans les pre- 
mières pages de ce Mémoire, sont des Urédinées dont la forme la 
plus parfaite a déjà reçu un autre nom dans la nomenclature, 
c’est-à-dire qu'ils font surtout double emploi avec les genres Puc- 
cinia, Phragmidium et Melampsora. Les genres Uromyces et 
Coleosporium peuvent conserver leurs noms respectifs, mais les 
caractères de chacun d’eux ont besoin d’être complétés ; ceux qu’on 
attribue aujourd’hui aux Coleosporium ne sont effectivement em- 
pruntés qu’à l’état le plus imparfait de ces Urédimées. Les Cystopus 
forment aussi un groupe naturel dont la distinction, comme on l’a 
vu plus haut, peut encore être légitimée par d’autres caractères que 
ceux qui lui ont été reconnus. Quant aux Uredo proprement dits 
de M. Léveillé, il en est, si je ne me trompe, qui devraient éprou- 
ver le sort des Trichobasis ou des Lecythea, tandis que d’autres 


(4) Voy. le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII (1848), 
pp. 785-787 (v° Uréninées). 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 125 
mériteraient davantage de composer un groupe ou genre par- 
ticulier. 

Je considérerais comme des types ou des espèces sincères de ce 
nouveau genre, qui pourrait recevoir le nom, aujourd'hui à peu 
près négligé, de Cœoma, les Uredo pinguis DC. (Rosæ, Poten- 
tillæ), U. Mercurialis Mart. (U. confluens DC.) (1), U. Evonymi 
Mart. (2), U. Orchidis Mart., et autres semblables. Par la genèse 
de leurs spores, ces Urédinées imitent les Coleosporium et les 
Æcidium ; le coussinet générateur y porte des séries verticales et 
linéaires de corps reproducteurs d’abord soudés entre eux, et dont 
le développement successif a lieu de haut en bas ; de façon que Ics 
spores les plus âgées, celles qui vont devenir libres les premières, 
occupent le sommet de chaque série. Ces séries sont, dans leur 
partie inférieure, d’une nature presque muqueuse , elles sont plus 
ou moins unies entre elles , et se confondent par leur base avec la 
substance même du pulvinule. Une autre ressemblance de nos 
Cæœoma avecles Æcidium naît de ce que, comme ces derniers , ils 
possèdent des spermogomies ; leurs sores, qui sont généralement 
cirenants, entourent une aire définie, quoique souvent irrégulière, 
et à la surface de laquelle s'ouvrent les ostioles de spermogonies 
ordinairement très abondantes. Cette surface, dans l’Uredo pin- 
guis DC. (Potentillæ Fragariæ Poir.), est de couleur jaune d’or, 
et rendue visqueuse par la matière semi-fluide qui s’épanche hors 
des spermogonies. L’orifice de ces dernières manque des cils 
dressés qui ornent les spermogonies des Æcidium ; je ne les ai 
pas vus davantage dans l’Uredo Evonymi Mart. 

Ces détails font reconnaitre que les Cœoma dont il s’agit sont 
peut-être plus voisins qu'aucun autre genre d'Urédinées des Æci- 
dium, puisqu'ils n’en différeraient, ce semble, que par le défaut 
d’enveloppe propre ou peridium autour de leurs sores. Leur ana- 
logie d'organisation avec les sores pulvérulents des Coleosporium 
est complète ; aussi M. Léveillé a-t-il associé l'Uredo pinguis DC: 
à ces entophytes (3). 

(1) Desmaz., PI, crypt. de Fr., éd. n,ifasc. XX, n° 955. 

(2) Desmaz., op. cit., fasc. XV, n° 722. 

(3) Voy. le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbigny, t. XII, p. 786. 


126 LiéB. TULASNE. — MÉMOIRE 


Je n'ai pu voir germer les spores des Cœoma, bien que je les 
aie plusieurs fois sournises aux mêmes épreuves qui ont eu plus de 
succès vis-à-vis d'autres Urédinées. 


2. Æciviu Pers. (pro parte). 
(Planche IX, fig. 24-33.) 


Je ne saurais omettre ici les Æcidium et leurs analogues , parce 
qu'il aura semblé à quelques mycologues que leur place légitime , 
dans la grande classe des Champignons, était moins à côté des 
Uredo et des Puccinia de Persoon que parmi les Gastéromycètes. 
Pour partager cette manière de voir, 1l faut, à mon sens, ne tenir 
aucun compte des affinités véritables ou les plus naturelles des Æci- 
dinées, et accorder systématiquement à l’enveloppe générale (peri- 
dium) qu’elles possèdent une importance évidemment exagérée. 
Les taxonomistes auxquels nous faisons allusion se sont certaine- 
ment mépris sur la valeur de ce peridium en tant que caractère de 
classification , car les Æcidium et leurs alliés les plus proches , tels 
que les Ræstelia, les Centridium et les Peridermium, sont des Uré- 
dinées, autant par toute leur structure que par leur mode constant 
de végétation, et n'ont presque aucune affinité réelle avec les 
Gastéromycètes. Il y a plus ; ces genres n’ont même pas dans leur 
peridium un signe distinetif qui leur soit exclusivement propre 
parmi les Urédinées, puisque nous avons rencontré un pareil tégu- 
ment dans une Puccinie (Puccimia Sonchi Rob.), chez les Me- 
lampsora du Peuplier et du Bouleau , et le Cronartium asclema- 
deum Fr. (1). | 

Les Æcidium sont le type principal du groupe des Æcidinées 
(Æcidiaceæ Cord., Anleit., p. 73); ils composent le genre le plus 
riche en espèces et celui dont l'organisation est le mieux connue, 
J'ai exposé autrefois la genèse de leurs spores , qui est tout à fait 
analogue à celle que nous avons observée chez les Cæoma Tul.; 
elle a été aussi, de la part de M. de Bary, l’objet d'observations 


(1) Voy. sup., pp. 90, 95, 97 et 404. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 127 
très exactes (L). Plus heureux que M. Meyen (2), j'ai obtenu Ja 
germination de ces corps, soit en les répandant sur une goutte 
d’eau sous un dé de verre, soit en renfermant dans une atmo- 

- sphère très humide ou en plaçant sur l’eau les feuilles mêmes 
qui les avaient nourris. Il m'est arrivé aussi bien des fois d’en 
rencontrer de germés naturellement à la surface de ces feuilles, 
autour des sores. J'ai toujours observé, dans le cours de mes 
expériences, que les spores plongées dans l’eau germaient plus 

_ difficilement que celles qui étaient restées dans l'air. Du reste , si 
les conditions où elles se trouvent sont suffisamment favorables , 
leur germination a lieu en peu d'heures, comme celle des corps 
reproducteurs de tant d’autres Urédinées. Jusqu'ici je n'ai vu dis- 
tinctement sur aucune d'elles des pores destinés au passage des 
germes au travers de l’épispore ; mais il m’a semblé plusieurs fois 
être fondé à en soupçonner l'existence, notamment chez l’Æcidium 
Ranunculacearum DC. Toutefois les spores de cet Æcidium, qu’on 
l’observe sur la Ficaire (F'icaria ranunculoides Mœnch.) ou sur le 
Populage (Caltha palustris L.), donnent rarement plus d’un germe 
qui atteint très promptement en longueur trente fois et plus le dia- 
mètre de la Spore, sous une épaisseur variable de 3 à 6 millièmes 
de millimètre. Ce filament reste ordinairement simple , il est sou- 
vent toruleux, et contourné en spirale allongée ; je lai vu aussi 
quelquefois se partager en deux branches presque égales et très 
écartées l’une de l’autre. La spore, en germant, se vide de son 
contenu plastique, se contracte et perd de son volume ; c’est alors 
surtout que son tégument incolore parait offrir plusieurs oscules , 
correspondant à autant de parties faiblement saillantes. 


(1) Voy. ses Untersuch. üb. die Brandpilze, pp. 65-72, pl. v-vrr. 

(2) M. Meyen dit avoir toujours inutilement semé les spores des Æcidium ; 
il doute qu’elles aient réellement part à la propagation de ces entophytes , et, 
par suite, n’ajoute, ce semble, qu'une foi médiocre à ce que rapporte M. Corda 
(Ze. Fung., t. IL, p. 46, pl. su, f. 45) de la germination de l'Æcidium Tussila- 
ginis Pers. Il s’étaie d’ailleurs de l'autorité de M. Unger qui n'avait non plus 
jamais vu germer les spores des Urédinées , et n’attribuait la multiplication de 
ces Champignons qu'à une génération équivoque ou spontanée (originaria s. 
æquivoca). (Cfr. Meyen, Pflanzenpath., p. 450, et Unger, Exanth. der Pf., 
$ 43, pp. 333-340.) 


198 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


Dans les mêmes conditions que les précédentes , les spores de 
l’'Æcidium crassum Pers. (Rhamni Frangulæ L.) émettent aussi 
de très longs germes qui décrivent des spirales dont les tours se 
rapprochent de plus en plus vers leur extrémité. De pareils fila- 
ments imitent tout à fait le mouvement volubile de la tige d’un 
Haricot ou d’un Liseron. Je n’ai rien observé de semblable dans la 
germination de l'Æcidium Cyparissiæ DC. ; ses spores, qui ont 
le même volume que celles de l’Æcidium de la Ficaire (Æ. con- 
fertum « Ficariæ DC.), produisent chacun un germe solitare et 
flexueux, qui bientôt se bifurque en deux rameaux très divariqués. 
Ces germes ont cessé de s’accroitre et se sont détruits, quand leur 
longueur dépassait à peine quinze fois le diamètre de la spore. 

Les grains de l’Æcidium Tragopogr Pers. ( Æ. Cichoracearum 
DC.), et ceux de l’Æ. Tussilaginis Pers., germent aussi très 
facilement sur l’eau, et donnent fréquemment naissance à deux 
tubes ou filaments épais. Ceux-ci ont un diamètre inégal, ils 
deviennent très flexueux , et poussent çà et là des branches nom- 
breuses courtes et diversement contournées. 

L’Æcidium Violæ Schum. (Æ. Vaolarum DC.) offre dans le 
phénomène de sa germination une particularité analogue à celle 
que nous aurons à signaler chez l’'Uredo Vincetoxici DC. Le 
germe unique qui sort des grains de cet Æcidium s’enroule fré- 
quemment vers son extrémité antérieure , en spirale lâche ou res- 
serrée, comme il arrive chez plusieurs des espèces ci-dessus men- 
tionnées ; mais, plus souvent encore, cette même extrémité sé renfle 
en une grande vésicule ovoïde, irrégulière, qui continue l’axe du 
filament-germe, ou qui fait avec lui un angle plus ou moins pro- 
noncé. En d’autres cas, la vésicule semble plutôt s'asseoir sur l’ex- 
trémité du filament que former cette extrémité même. De quelque 
manière qu’elle soit placée, elle attire à elle tout le protoplasma 
orangé qui se portait incessamment vers le bout du germe, et à 
peine cette matière s’y est-elle condensée que la cellule en 
question, dont la membrane est plus épaisse que celle du tube gé- 
nérateur, devient le point de départ d’un développement nouveau , 
car elle se prend à produire à son tour un filament-germe. Seule- 
ment ce filament de seconde formation est constamment beaucoup 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES, 129 
plus grêle que le germe initial, il est roide, et je ne l'ai pas vu <e 
ramifier. 

Les Æcidium dont j'ai parlé jusqu'ici imitent tous dans leur ger- 
mination les Trichobasis Lév. etles Æpitea Fr., c'est-à-dire les 
stylospores des Puccinia, des Uromyces, des Phragmidium et 
autres genres analogues ; mais il en est qui, sous le même rapport, 
ressemblent davantage aux fruits parfaits de ces Urédinées. Jus- 
qu'ici cependant je n’ai rencontré que l’Æcidium Euphorbiæ syl- 
valicæ DC., qui fut manifestement dans ce cas. Depuis le com- 
.mencement d'avril jusqu’en juin, cet entophyte est commun, autour 
de Paris , sur les nouvelles feuilles de l'£uphorbia sylvalica L.; 
ses sores séminifères sont épars aussi bien que ses spermogonies, 
et tantôt ces deux genres d'organes sont mêlés sur la même 
feuille, tantôt ils s’excluent réciproquement ; de façon qu’on trouve 
très fréquemment des feuilles et même des individus entiers d'£u- 
phorbia sylvatica L., quine présentent que l’un ou l’autre des appa- 
reils reproducteurs de notre Urédinée. Répandus sur l’eau, les 
fruits globuleux de cet entophyte émettent très rapidement un tube 
épais qui se courbe ordinairement en are de cercle, presque dès son 
origine , et qui atteint en longueur de trois à six fois le diamètre de 
la Spore ; puis de ce tube naissent quatre spieules qui produisent 
chacun une petite sporidie obovale et légèrement réniforme. La 
génération de ces sporidies absorbe toute la matière plastique que 
contenait le tube-germe, ce qui permet de reconnaitre aisément qu'il 
s'était partagé en quatre cellules, c’est-à-dire en autant de parties 
qu'il avait émis despicules. On voit en outre que ceux-ci sont presque 
tous nés vers l'extrémité antérieure des cellules auxquelles ils appar- 
tiennent. Comme les sporidies des Puccinies, dont je parlerai bien- 
tôt, celles de l'Æcidium Euphorhiæ sylvaticæ DC. germent très 
rapidement et de lamême manière. Par un point indéterminé de leur 
surface , elles émettent un germe filiforme flexueux et très délié 
que je n'ai pu voir dépasser en longueur trois fois le grand axe de 
la sporidie, mais qui très souvent s’allonge beaucoup moins, et 
reproduit à son extrémité une nouvelle sporidie peu différente pour 
la forme et le volume de, celle dont il procède. Cette sporidie de 


seconde formation devient à son tour un centre vital, et pousse un 
4° série. Bor, T. II. (Cahier n° 3.) ‘ 9 


150 LR. AULASNE. —— MÉMOIRE 

ou plusieurs germes linéaires , dont l'élongalion est encore parfois 
interrompue par la formation de nouveaux renflements vésieuleux 
ou sporidiomorphes. Il y a done à obsérver ici la même suecession 
de phénomènes que je signalerai plus loin chez les Puccinies et 
leurs analogues. Je dois prévenir qu'ils ne se produisent tous , 
comme je viens de les décrire, que dans l'air ; car si la spore glo- 
buleuse de l’'Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC. étant entièrement 
plongée dans l’eau (1), son filament-germe ne sort pas du liquide, 
il y reste stérile, et se détruit d'ordinaire sans produire ni spicules 
ni sporidies. 

La germination de l'Æcidium Cyparissiæ DC., si elle est con- 
stamment telle que je l'ai observée, n'offrirait aucun des caractères 
essentiels propres à celle de l'Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC... 
et conséquemment il n'y aurait point lieu d’icentifier ces deux 
Urédinées, comme l'ont fait plusieurs mycologues (Cfr. Duby, 
Bot. Gall., p. 907). La structure des Æcidium proprement dits 
est d’ailleurs tellement uniforme, le volume et la forme de leurs 
spores présentent si peu de diversité, que jusqu'ici l’on n’a guère 
su trouver de caractères réels, pour les distinguer les unsdes autres, 
que dans la disposition de leurs sores qui sont épars, groupés ou 
circinants. Peut-être est-il permis d'espérer que dorénavant leur 
mode de germination fournira quelques signes supplémentaires qui 
aideront à mieux définir chacun d'eux. 


3. Peninermium (inter Cæomata subgen.) Lk. 


(PL X, fig. 13.) 


Link a donné le nom de Peridermium à un petit groupe d'Æc- 
dium qui se disünguent des autres, moins par la forme , les dimen- 
sions et la déhiscence variables de leur peridium (2), que par leur 


(1j Avant leur parfaite maturité, les spores des Æcidium et du plus grand 
nombre des Urédinées sont facilement mouillables par l'eau; quand elles sont 
mûres, au contraire , elles semblent revêtues de quelque matière grasse qui les 
protége contre le contact de ce liquide, de façon qu'au lieu de s'y enfoncer, comme 
dans le premier cas, elles restent presque toutes à sa surface. 

(2) Cette remarque est justifiée par l'exiguité du peridium Ces Peridermium 
elatinum Lk. (Æcidii sp. Alb. et Schw., Conspect. Fung. Lusat. sup., p. 121, 
pl. V,f.3) et P. corruscans Fr., S. veg. Sc., p. 510 (Æcidium abietinum Alb. et 


LA 


SUR LES UBÉDINÉES LT LES USTILAGINÉES. 131 
comuun genre de vie aux dépens des Conifères. (Cfr. Lk., Sp. pl. 
Linn., VI, n, 66.) 

Le seul Peridermium qu'il m'ait été possible d'observer vivant 
est le P, pineum Link (Æcidium Pin Pers.; Alb. et Schw.; 
Peridermium Pini Fr., S. veg. Sc., p. 910), que j'ai rencontré 
très abondamment , pendant tout le cours du mois de mai dernier, 
sur les feuilles (âgées d'un an) du Pinus maritima Lam. (P, Pi- 
naster Lamb.), tant dans le Gâtinais (Écrignelles) que dans Anjou 
(Saumur) et la Touraine (Langeais, Champeeaux,. Les spores de 


* cet entophyte s’engendrent de la même manière que celles des 


“ 


Cœoma Tul. et des Æcidium ; elles forment des séries verticales 
unies latéralement les unes aux autres, et dans chacune desquelles 
on peut compter huit à dix spores superposées et soudées entre 
elles. L’accroissement de ces séries a lien de haut en bas, de facon 
que les spores les plus développées en occupent toujours le sonnnet. 
Au fur et à mesure qu'elles mürissent, ces spores se détachent du 
chapelet qu'elles terminaient ; elles sont alors ovoïdes ou presque 
sphériques et d’une belle couleur rouge de minium. Cette teinte est 
tout entière due à leur protoplasma, car leur tégument est inco- 
lore de mème que les proéminences globuleuses dont il est hérissé. 
Les cellules presque tabulaires dont se compose le peridium utri- 
forme qui renferme et protége ces spores, leur ressemblent pour 
la plupart; mais elles sont plus grandes, el ne confiennent aucune 
matière colorée. La blancheur éclatante de ce peridium doit, sans 
doute, être attribuée pour une partie à cette circonstance, mais pour 
une plus grande, à ce que son tissu est pénétré d’air et difficilement 
mouillable par l’eau. C’est du reste une membrane propre au 
Champignon , née de son mycelium au pourtour du stroma sporo- 
phore, et l’on se tromperait tout à fait si, à l'exemplede MM. Link (D), 
Schw., op. cil., p. 120, pl. V, f. 5), comparée aux dimensions considérables de 
celui des Peridermium pineum Lk. et P. columneum ejusd. (Æcidium columnare 
Alb. et Schw., op. cit., p. 121, pl. V,f. 4). ainsi que par les manières diverses 
dont ces téguments s'ouvrent pour donner issue aux spores. La note caracté- 
ristique des Peridermium ainsi conçue : « .... Pseudoperidium forma ‘utriculi 
excrescens, medio rumpens » (Lk., loc. cil.), ne parait s'appliquer exactement 
qu'au Cæœoma (Peridermium) pineum Lk. (Grev., Scot. crype. FI, t. X, pl. 4 
(4) Spec. Plant. Linn., ed. Willden. , t. VI, part. 11, p. 66. 


132 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

Duby (1) et autres mycologues , on la considérait comme formée 
par l’épiderme de la feuille nourricière de j’entophyte. Les spores 
répandues sur une goutte d’eau, sous un dé de verre, germent par 
un point quelconque de leur surface. Quelquelois deux germes iné- 
gaux sortent de la même spore. Après quarante-huit heures de vé- 
gétation dans l'air, les plus longs d’entre ces germes dépassaient 
encore à peine À demi-millimètre, ou quinze fois environ le 
grand diamètre du corps reproducteur; néanmoins la plupart 
avaient déjà émis une multitude de petites branches épaisses , 
simples ou rameuses , qui leur donnaient un aspect particulier que 
nous n'avons pas encore eu occasion de signaler (voy. notre pl. X, 

fig. 13). Je n'ai point observé la formation de spores secondaires ou 
de corps reproducteurs analogues. 


£. RosreziA Rebent.; Fries (S. veg. Sc., p. 510). 


Le Rœstelia cancellata Rebent. ( Æcidium cancellatum Pers.) est 
le seul, parmi ses congénères, dont j'aie étudié la structure d’après 
des individus vivants, et dont j'aie vu germer les spores. Celles-ci 
naissent en chapelets comme celles des Æcidium proprement dits ; 
mais au lieu d'être contiguës les unes aux autres , elles sont sépa- 
rées par des isthmes très étroits et beaucoup plus allongés que ceux 
qui réunissent les spores du Cystopus Portulacæ DC. (sub Uredine). 
Il résulte de là une organisation fort élégante que le défaut d'espace 
n'a pas permis d'illustrer dans les planches ei-jointes (2). Les 
spores müres sont revêtues d’un tégument très épais et coloré en 
brun foncé (3) ; elles germent assez facilement sur l’eau , et j'ai vu 
leur germe linéaire acquérir en longueur au delà de quinze fois leur 
diamètre. Ce filament s’enroule fréqueniment sur lui-même, ou dé- 
crit des courbes variées ; vers son extrémité 1l se charge de protu- 
bérances qui semblent des rudiments de rameaux , ou bien encore 


(1) Bot. Gall., p. 903. 

(2) On peut consulter à ce sujet les TARN üb. die Brandpilze de M. de 
Bary, pp. 73 et suiv., pl. vu. 

(3) C'est à tort que M. Fries dit du fæstelia cancellata Rebent. et des 
autres Æcidium des Pomacées : « Sporidia omnium subaurantiaca, » (S. myc., 
t&. LIT, p. 543.) 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 133 
il se termine par une grosse vésicule qui donne ensuite issue à un 
filament grêle, à peu près comme il arrive dans la germination des 
stylospores du Cronarlium asclepiadeum Fr. Il est facile de consta- 
ter sur le tégument de ces spores, surtout de celles qui ont germé et 
sont devenues par suite beaucoup plus transparentes, la présence de 
plusieurs pores ou ostioles arrondis qui semblent à peu près distri- 
bués dans le même ordre et en pareil nombre que sur les spores 
de l'Uredo Rosæ Pers. 


* 5. Mecamesora- Cast. (Uredines et Sclerotia Candolleo, ol mque Friesio ei discip.) 


(PL VI, fig. 6-10, et pl. VIII, fig. 10-12.) 


J'aurai peu de choses à ajouter à ce que j'ai dit précédemment 
(pp. 94-103) de l’histoire des Melampsora. La germination des 
fruits de leur appareil estival de reproduction , de celui qui con- 
stitue aujourd’hui pour les mycologues des espèces variées d'Uredo, 
de Podosporium ou de Lecythea, ne semble pas devoir présenter 
de caractères qui lui soient particuliers. Entre toutes ces spores, 
celles de l'Uredo Populi Mart. (Melampsoræ populinæ Lév. pars 
et celles de l'U. CaprϾarum DC., qui appartient, comme nous 
l'avons vu, au Melampsora salicina Lév., germent peut-être le 
plus facilement. Leur germe cylindrique s’allonge beaucoup sous 
un diamètre uniforme , et tantôt il reste presque simple , tantôt on 
le voit produire un grand nombre de branches divariquées d'un 
égal volume. ({Voy. notre pl. VIE, fig. 7 et 10.) 

A l'égard des pulvinules solides qui sont essentiellement quali- 
fiés du nom de Melampsora, par MM. Castagne, Desmazières , 
Fries et autres mycologues , et que M. Léveillé ne regarde qu'avec 
doute comme des Champignons véritables, leur fructification a lieu 
vers la fin de l'hiver ou au printemps. Ce phénomène consiste dans 
la production de tubes cylindriques, plus où moins allongés, qui sor- 
tent isolément par l'extrémité supérieure , ou plus rarement de la 
base des cellules prismatiques (2) dont est composée la masse du 

(1) Ces cellules sont appelées sporidies par M. Castagne {PL. de Mars., 1, 206) 


et M. Desmazières (PL. crypt. de Fr., fasc. XXI, n° 1086), et sporophores par 
M. Fries (S. veg. Scand., p. 482) ; M. Léveillé dit de elles du Melampsora 


434 “LR. TULASNE, — MÉMOIRE | 
Champignon. Cés tubes sont droits ou tordus, simples 6ù bifurqués, 
et chacun d'eux émet très rapidemérit quatre spicules monosporés, 
en même temps qu'il sé partagé ett autänt dé Cellules d’inégalé 
grandeur ; c’est dire qu’ils imiteit , pour la fornie généralé et les 
Fonctions , les tubes fertiles qué nous 6bserverons biéntôt Chez les 
Puccinia, les Phragmidium et leurs analogues. J'ai étudié la 
naissance et le sort final de ces filaments sporidiopliores, nôn- 
seulement dans les Melampsora populina LéY., M. Tremülæ Tul., 
M. betulina Desm. et M. salicina Lév., que j'ai décrits dans les 
premières pages de ce travail, inais éncore chez le Melampsora 
areolata Fr. (S.veg. Scand., p. 482) (4), où ils n’acquièrent 
relativement que de très faibles dimensions, je veux dire deux ou 
trois fois seulement la longueur de la cellulé génératrice qui les 
porte. Ce tubes sont, en outre, moitié plus grêles que ceux des 
autres Melampsora précités ; mais ils produisent dés sporidiés 
sphériques et lisses pareilles à celles de ces Champignons. 

Les pulvinules noirs du Melampsora Euphorbiæ Cast. possèdent 
exactement la même organisation que ceux des autres espèces, et, 


Euphorbiæ Cast., que ce sont « de petits tubes nüirs, parallèles, ..…. dans 18$- 
quels » il na « jamais observé là moindre apparence de Spore. » (An. des sc. 
nal., 3° sér., t, V [1846], p. 304, in fine.) 

(1) Desmaz., PL. cryp. de Fr., 2 édit., n° 1650 (ann. 1850). C'est le Xyloma 
areolatum de MM. Mougeot et Nestler (Stirp. V.-Rh., n° 883), et le Scleirotium 
arcolatum de M. Fries (S. 41.,t. IT, p. 263). Cette production est assez commune 
sur les feuilles du Prunus Padus L.; je n@ l'ai trouvée fructifiée (à Meudon, près 
Paris) que vers la fin de mars, alors que les feuilles qui la portaient étaient 
en grande partie détruites. À cette époque, les cellules-basides y sont très brunes, 
inégales, et fortement cohérentes entre elles; les sporidies sont petites et très 
pales. L'Uredo qui appartient à ce Melampsora se voit, en automne, à la face 
inférieure des taches brunes et définies que ses pulvinules naissants déterminent 
sur les feuilles. Il consiste en de très petites pustules coniques, d’un jauhe salé, 
rapprochées les unes des autres, et qui né laissent échapper qu'une faiblé quantité 
de spores; celles-ci sont ovoïdes, finement hérissées, longues d'environ 0"",02, 
et naissent dans un peridium sous-épidermique, formé de cellules polygonales bru- 
nâtres et très cohérentes entre elles, qui s'ouvre par un pore mutique et étroit. 
De nombreuses paraphyses obovales, £grändes, incolôres; tantôt sinplés, tantôt 
partagées en deux où trois cellules , &t formées tottes d'üné mëmbräné unifor- 
mément mince, entourent l'âire £énérâtrice des sporés où s8 Méléñt à cès corps. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 135 


quand vient le printemps, leurs cellules composantes ; plus ou 
moins grandies, ont aussi beaucoup perdu de leur adhérence prni- 
tive les unes aux autres. Pour ce qui est de leur germiration ou 
plutôt de leur fructification , elle a échappé jusqu'ici à mes re- 
cherches. Cependant je ne saurais mettre un instant en doute les 
rapports naturels qui unissent étroitement le Melampsora Euphor - 
biæ Cast. à ses nombreux congénères. | 

Il m'est impossible de comprendre les affinités très proches que 
M. Desmazières dit exister entre les Melampsora et les Blenno- 
ria (A); la structure de ces derniers, dont le PB, Buæi Fr. est le 
type, rappelle celle qui caractérise certains Cylispora et l'appareil 
reproducteur initial de plusieurs Discomycètes. Les B'ennoria sont 
done vraisemblablement des formes imparfaites d'autant de Cham- 
pignons théeasporés (2); tandis que les Melampsora, ainsi qu'on 
en peut facilement juger maintenant par tout ce que j'en ai fait 
connaître, appartiennent légitimement aux Urédinées. 


6. Coueosponium Lév. (Uredinum sp. velerib.) 


PI. VIL, fig. 41, et pl. VIIL, fig. 4-9. 
D P D 


Ainsi que je l'ai dit plus haut (p. 93), les Colcosporium Lév. ont 
une double manière d’être. Si l’on ne considérait en eux que leur 
forme fertile primaire, ils différeraient à peine des Cæoma Tul., car 
la génération de spores qui constitue cet état imparfait duChampi- 


(1) « Le genre Melampsora a de grands rapports avec le genre Blennoria à 
» côté duquel il doit être placé ; et la ressemblance des caractères de ces genres 
» est Lelle que la diagnose présentée pour le premier dans le catalogue ci-dessus 
» cité (des plantes de Marseille, par M. Castugne) est insuffisante pour le distin- 
» guer du Second... » Desmaz., (PL. crypt. de Fr., 2° édit , t. XXIT [ann. 1846], 
n. 1086.) Cette remarque est faite par le savant mycologue de Lille à propos du 
Melampsora Euphorbiæ Cast. Ce sont aussi, sans doute, les pulvinules solides de 
celte même Urédinée qui auront fait dire à M. Fries, à cause de leur association 
habituelle avec | Uredo Helioscopiæ DC , qu'il avait vu l'Uredo punctata DC., ou 
une espèce analogue, se transformer en Blennoria. (Cfr. Fries, Syst, myc., t. TT, 
p. 516, en note.) 

(2) M. Fries soupçonnait qu'il en était ainsi, car il dit des Blennoria : « Sticti- 
bus cognatum (genus), sed speciem primarium saltim,.…. nullius Slictis cognilæ 
anamorphosin esse cerli sumus. Crescendi modus vero Stictis phacidioïdis .….. » 
(S.myc.,t. AIT, p. 472.) 


4136 L.-R. TULASNE. -— MÉMOIRE 


gnon rappelle tout à fait ce que nous avons observé dans l'Uredo 
pinguis DC. et ses analogues. Mais tandis que certains pulvinules 
se résolvent en poussière reproductrice , d’autres , qui leur res- 
semblent extérieurement de tout point, demeurent entiers etsolides. 
Ces sores ou pulvinules spéciaux sont composés de cellules obovales 
et juxtaposées, que des cloisons transversales partagent en quatre 
ou cinq loges remplies d’une matière plastique rouge - orangée. Cet 
appareil de cellules est, en outre, enveloppé, à une certaine époque 
de son développement, d’une gangue muqueuse incolore qui forme 
quelquefois une part notable de la masse de chaque pulvinule. Peu 
après la dispersion des grains engendrés par les sores pulvérulents, 
ou en même temps qu'elle a lieu , chaque loge des cellules constitu- 
tives des autres pulvinules se prend à émettre un long tube qui reste 
habituellement simple, et produit à son extrémité une cellule repro- 
ductrice ou sporidie obovale - réniforme. Ces filaments fertiles 
atteignent dans le Coleosporium Melampyri Rebent. (sub Uredine) 
plus d'un cinquième de millimètre de longueur, sous un dia- 
mêtre assez uniforme d'environ 0°”,005 ; tous ont, pour en- 
trer dans l'atmosphère, à traverser la couche muqueuse qui re- 
couvre le pulvinule : leur membrane est imeolore et diaphane 
comme celle des cellules dont ils procèdent , et le protoplasma 
orangé, qu ils ont emprunté d’abord à ces dernières , est tout en- 
lier cédé par eux à la grosse sporidie acrogène , but et terme de 
leur végétalion. Cette sporidie mesure environ 1/50° de milli- 
mètre en longueur, et 0"",013 à 0"",016 en diamètre. Elle a à peu 
près le même volume dans le Coleosporium T'ussilaginis Lx. (Ure- 
dinis sp. Pers.). Le Co'eosporium qui vit sur l'Euphraise officinale 
(2. e. Uredo Euphrasiæ Schum.) et sur l'Euphrasia odontites L. ne 
me semble pas différer spécifiquement de celui du Melampyrum 
pratense L., et se trouve compris dans l'Uredo Rhinanthacearum 
DC. Sur les Laiterons nait aussi en automne un très beau Coleospo- 
rium ( Uredo tremellosa Sonchi Str.), qui est fort analogue à celm 
du Sencçon ( Uredo Senecionis DC.), mais qui est beaucoup moms 
riche en spores urédiniques (4). Chez tous ces Coleosporium, 11 est 

(1). Si, parmi les plantes phanérogames , c’est souvent une tâche très difficile 
que de distinguer sûrement, les unes des autres les espèces d'un même genre 


LE 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 137 
extrêmement fréquent de trouver des pulvinules mixtes , c'est-à- 
dire dont une partie devient tout entière pulvérulente, et se dissipe 
en spores sphériques et hérissées, tandis que l’autre partie persiste 
sur la feuille nourricière pour donner naissance à des sporidies 
réniformes et acrogènes telles que celles dont je viens de parler. 
De tels exemples , qui se rencontrent également dans le Coleospo- 
rium Campanulæ Lév. (Uredo Campanulæ Pers.), mettent hors 
de doute le dimorphisme de ces Urédinées. La coexistence des deux 
sortes de pulvinules sur les mêmes feuilles est constante pour 
_ chaque espèce à un certain moment de sa végétation , mais la 
proportion respective des uns et des autres est variable ; générale- 
ment les groupes pulvérulents abondent au commencement de l'été : 
les pulvinules sohdes se multiplient, au contraire, davantage vers 
l’arrière-saison, époque à laquelle ils existent même souvent seuls, 
les sores-Uredo ayant alors entièrement disparu. 

Les sporidies réniformes et acrogènes dont j'ai dit la genèse se 
prennent à germer en grand nombre dés qu’elles sont libres ; quel- 
ques-unes s’allongent en un filament qui reste simple et uniforme, 
mais plus habituellement leur germe se renfle bientôt à son extre- 
mité de façon à reproduire comme une seconde sporidie. Si elle ne 
s'isole pas pour jouir d'une vie indépendante, cette nouvelle cel- 
lule continue par son élongation rapide le filament primitif, et quand 
ce phénomène se réitère plusieurs fois, le germe issu de la pre- 
mière sporidie devient un tube toruleux ou renflé inégalement de 
distance en distance, et formé d’une telle succession d'axes diffé- 
rents qu'il peut être comparé aux rhizomes définis ou interrompus. 
(Voy. pl. VIE, fig. 5-9.) 


naturel, il ne faut pas être surpris qu'il en soit de même chez des végétaux aussi 
simples que les Urédinées. « Jnter omnes fungos in plantis vivis obvios, specierum 
delerminalio arbilraria est, » a écrit M. Fries (S. myc., IE, 478), et ailleurs : 
« Specierum limitatio inter Entophylos semper fluctuabit » (S.vey.Scand., p 514, 
note |); mais on sait aussi que cet illustre mycologue refuse une autonomie réelle 
aux Urédinées dont, suivant lui, nullæ adsunt species sensu genuino, modo aulem 
formæ definilæ, cerlæ matrici adscriplæ. {Cfr. Fries, Syst. myc., t. LE, p. 514, 
lin. ult., et S. veg. Scand., p. 509.) M. Link a dit autrefois, en parlant des Uré- 
dinées : « Certus sum species hasce non minus constantes esse ac reliquorum vege- 


A: 


tabilium. » (Diss. T in Ord. PI, p. 4.) 


138 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

A l'égard des spores initiales des Coleosporium , c’est-à-dire 
dés corps réproducteurs de leur Uredo, j'ai vu gérmer plusieurs 
fois celles des Coleosporium Senecionis Lév., C. Tussilaginis 
(Pers.), et C. Ranunculacearum (DC.), qui émettent sur l’eau dé 
très longs germes filiformes, tantôt sirnples , tantôt plus ou moins 
ramifiés , et toujours à peu près uniformes dans leur diamètre. 


7. Pucca Pers. non Mich. 


(PI. IX, fig. 1-14.) 


… Les Puccinia semblent occuper le premier rang parmi les Urédi- 
nées, au moins par la multitude de leurs espèces. Un très grand 
nombre, comme je lai déjà dit, possèdent deux sortes de corps re- 
producteurs(1) : les uns globuleux et uniloculaires ; les autres géné- 
ralement plus volumineux, plus colorés, et partagés en deux loges. 

Les premiers ontété attribués jusqu’à présent à des Urédinées au- 
tonomes , qui appartiendraient pour la plupart au genre Trichoba- 
sis Lév. Ils se développent en même temps que les fruits bilocu- 
laires, ou plus souvent ils les précèdent (2), pour disparaitre avant 
eux. Les uns doivent leur couleur jaune ou orangée à leur contenu, 


(4) Quand j'ai écrit ce chapitre, je ne connaissais pas encore le Puccinia 
Sonchi Rob. que j'ai décrit plus hayt (p. 90, note 2); cette curieuse espèce 
montre. en effet, qu'une Puccinie peut réunir trois sortes de corps reproducteurs, 
qui, pris à part, constitueraient pour les mycologues d'aujourd hui, trois entités 
végétales différentes, un Uredo ou Trichobasis, un Uromyces et un Puccinia. Les 
Urédinées ne sont donc pas moins riches en corps reproducteurs de diverses sortes 
que les Hypoxylées et les Discomycètes ; et nous aurions été surpris qu'il en fût 
autrement, car c'est une loi presque constante dans l'harmonie générale de la 
nature, que plus les êtres organisés sont petits, plus leurs races sont fécondes. 

(2) Cet ordre successif déjà remarqué, comme nous l'avons vu, par Albertini 
ët Schweinitz, n’a point échappé non plus à l'observation de M. Fries ; ce qui 
lui à fait écrire: « ..… Urédo est Puccinia evolulione prœcipilata. Nam were et 
œSlate, vi vitali prœævalida, Uredines, eadem versus auturnnum tabescente, Pucci- 
his, plante enituntur. » (Fr., Syst. myc , t. HE, p. 509.) Bénéd. Prévost avait 
äussi constaté lui-même « que les Puccinies ne se montrent en général au dehors 
qu'après les globules {Uredo), et qu’ainsi elles paraissent être le sécond âge de la 
plante; » mais il ajoutait, àtort, « que ce n'est là qu’une apparente, et que les 
globulés n'en ont pas moins été originairement renfermés dans des Puccinies. » 


(Voy. B. Prév., Mém. sur la cause imméd. de la Carie, ett., p. 25.) 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 139 
d'autres ont uni tégument brun qui laisse à peine reconnaitre la 
teinte du protoplasma intérieur. Ceux-là ont en général des pores 
ou oscules peu distincts ; les seconds en possèdent le plus souvent 
trois ou quatre, équidistants, sur leur équateur, Presque tous sont 
plus où moins hérissés de pointes ou d'aspérités , et tous, sans 
exceplion, naissent solitaires au sommet dé pédicelles libres, et 
habituellement peu allongés. 

Ces fruits précoces ou printaniers de la Puceinie se détachent de 
leur Support au fur et à mesure de leur maturité , et se laissent fa- 
cilement emporter par les vents ou la pluie. Il en arrive à peu près 
de même des fruits biloculaires de plusieurs espèces, telles que les 
P. Ribis DC., P. Prunt DC., P. Anemones Pers. (1), et autres ana- 
logues, que M. Fries proposait dé réunir sous le nom commun de 
Dicæoma (2). Cependant, chez le plus grand nombre des Pucei- 
nies , les fruits biloculaires demeurent attachés aux feuilles ou aux 
tiges herbacées qui les ont nourris ét ne s’en séparent jamais. On 
peut citer pour exemples de ces espèces les Puccinia CirceæPers., 
à ste DC., P. coronata Cord., P. Graminis Pers. 7e Caricis 

(Gi, P: Asieris Dub. etc. 

rer gerrdinatiofi des semences les roins parfaites, c’est-à-dire 
des graines de l'Uredo où du prétendu Trichobasis, s'obtient aisé- 
ent; répandus à la surface d’une goutte d’eau, dont l’évaporation 
est empêchée où retardée par un moyen quelconque, ces corps 
serment en peu d'heures : leur membrane interne se fait jour au 
travers d'un de leurs porés, et s’allünge en un tube qui tantôt dé- 


(4) Le Puccinia Thalictri Chev. (F1. des envir. de Paris, t. 1, p. 417) ne paraît 
pas différer du P. Anemones Pers. Chez l’un et l’autre, le caractère puccinique 
est très effacé; le nucleus central et le pore de chaque loge manquent ou sont à 
peine dessinés, de sorte que les fruits accidentellement uniloculaires, et on en voit 
beaucoup de els, pourraient être facilement confondus avec une spore d'Uredo. 
(Ofr. Corda, le. Füng., t. IV, p. 18, pl. V, f. 69.) 

(2) Cfr. Fries, Syst. myc., t. IL, p. 514, et S. veg. Scand., p. 514. C'est à 
propos de ces Dicæoma que M. Fries faisait une remarque peu encourageante pour 
l'étude des Urédinées, mais qui, si je ne m'abuse, a déjà beaucoup perdu de son 
exactitude. « Acuti omniho limites, écrivait-il, intra genera horum semivegetabi- 
lium (nempe Eñtophylorum), spéties señsu genuino haud offerentium, poni ne- 


queuñt.:» (S. myc , loc. cit.) 


140 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


meure rectiligne, et tantôt décrit, soit des courbes irrégulières , soit 
des spirales plus ou moins Aches ou resserrées. Le diamètre de ces 
tubes, qui est communément de 5 à 7 millièmes de millimètre, 
décroit à leur extrémité vers laquelle se porte toute la matière 
plastique qu'ils ont empruntée de la spore, et qui seule les colore. 
Ces sortes de germes s’accroissent beaucoup mieux dans l'air que 
dans l’eau, et ont acquis , huit ou dix heures après le semis, tout 
le développement qu'ils doivent attemdre , c’est-à-dire environ un 
millimètre ou un millimètre et demi de longueur. Parvenus à cet 
état, ils ne tardent pas à se détruire, parce que, sans doute , l'ali- 
ment dont ils auraient besoin alors pour continuer de végéter 
leur fait entièrement défaut. Je n’en ai vu aucun donner naissance 
à un organe particulier quelconque , ni acquérir une structure plus 
composée ; tous, au moment de leur destruction, sont encore: 
parfaitement continus, simples et-à peéu près uniformes dans leur 
diamètre. On voit par 1à qu'ils sont fort éloignés de se comporter 
comme les filaments - germes du plus grand nombre des spores 
des Champignons. Jai donné autrefois un exemple de la germi- 
nation dont je parle, en décrivant et figurant celle de l'Uredo sua- 
veolens Pers., qui appartient au Puccinia Compositarum Schl. ou 
à une espèce peu différente (1). M. de Bary a observé la germination 
du même Uredo et celle de l'Uredo linearis Pers. , que revendique 
le Puccinia Graminis Pers. (2). On observe aussi facilement la 
germination del'Uredo Rubigo vera DC. (Puccinia coronata Cord.), 
chez lequel les filam 'nts-gèrmes atteignent souvent en longueur , 
sans offrir de ramification, jusqu’à vingt-emq fois le diamètre des 
spores qui les produisent. Les spores de l'Uredo Polygonorum DC., 
qui appartient au Puccinia Polygonorum Schl., émettent aussi sur 
l'eau et dans l’air des germes très longs , simples, déliés, et quel- 
quefois renflés à la base, à peu près comme les germes de l’Uredo 
Vincetoæici DC. 

Les fruits biloculaires des Puccinies naissent, comme les grains 
dont il est question dans les lignes précédentes, sur autant de 
pédicelles distincts, allongés ou très courts, bruns où à peine 

(1) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér.. t. VII, p. 67. pl vr, fig. 40. 

(2) Voy. de Bary, Unters. üb. die Brandpilze, pp. 33 et 112,pl. 1, fig. 4 et 6. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 141 
colorés, et que l'on voit quelquefois procéder plusieurs ensemble 
d'un même filament générateur. Ces fruits sont toujours plus ou 
moins colorés, etils varient beaucoup pour la forme et les di- 
mensions. Tantôt ils égalent à peine la grosseur dés fruits globuleux 
et uniloculaires, ainsi qu'on l'observe dans les Puccima Volæ DC., 
P. Pruni DC., P. Adoxæ DC. et autres ; tantôt et plus souvent 1ls 
les surpassent en volume. Mais qu'ils soient globuleux ou allongés, 
chacune de leurs loges n'offre qu'un pore dont la position constante 
est telle que je l'ai indiquée jadis dans les Puccinia Cnici oleracer 
Desm. et P. Polygonorum Lk. (1); le pore de la loge supérieure 
traverse son sommet épaissi, celui de la loge inférieure s'ouvre 
latéralement au-dessous de la cloison, et souvent à l'extrémité d’un 
canal légèrement saillant (v. gr. ap. Pucc. Adoxæ DC., P. Gra- 
minis Pers., ete.). 

Je n’ai encore observé la germination d'aucune des Puecinies 
qui, aussitôt leur maturité, se détachent de la plante qui les a nour- 
ries, et tombent à terre; toutes celles de cette sorte que j'ai semées 
n'ont pas donné le moindre signe de végétation, et je soupçonne 
qu'elles ne doivent germer, pour la plupart, qu'au printemps de 
l'année suivante. 

Parmi les Puccinies qui demeurent toujours adhérentes à leur 
support, les unes germent dans le cours de l’été qui les a vues 
naître , les autres attendent le printemps suivant. Les Puccinia 
Dianthi DC., P. Circeæ Pers. (2), P. Glechomæ DC., P. Cirsu 
oleracei Desm., P. Cerasi Cast., P. Buxi DC., P. Asteris Dub. et 
beaucoup d’autres, sont dans le premier cas ; comme exemples 
du second, je puis citer les P. Gramainis Pers., P. Mohniæ 
Tul. (3), P. coronata Cord., P. Caricis DC., P. arundinacea 


(1) Voy les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIL, p. 65, pl, vu, fig. 19-21. 

(2) Ce sont des sores fructifiés de ces deux Pucciiia qu'a sans doute observés 
M. Unger, lorsqu'il les a vus recouverts comme d'une sorte de moisissure. ( Cfr. 
Ung., Exanth., p. 285 in fine.) 

(3) Puccnia Mouniæ + pulvillis punctiformi-lanceolatis, oblongis, linearibus 
vel quidem longissimis, centimetrum enim quandoque excedentibus, solitaris, 
Sparsis, aut parallele adgregatis et partim confluentibus, maturis fusco-atris, nu- 
dis et prominentibus ; fructibus s. sporis late ellipticis, utrinque obtusis, levibus, 
saturale fucatis, pediculo longo singulatim suffullis, e cellulis 2 subæqualibus 


142 __ LeR. SULASNE. -— MÉMOIRE 
Hedw. til., etc.; du reste, la germination de tontes ces Ürédinées, 
qu'elle soit estivale on printanière , offre absolument les mêmes 
caractères. Du pore de chaque lage de la Puecinie sort un tube 
claviforme qui atteint deux ou trois fois la longueur totale du fruit, 
et dont l'extrémité très obtuse se courbe plus où moins en manière 
de crosse. Ce tube, fait d'une membrane incolore parfaitement dia- 
phane, se remplit d’une matière plastique, grenue et très pâle, aux 
dépens de la cellule ou loge génératrice qui est promptement 
complétement vidée ; puis 1} donne naissance à quatre spieules ou 
courts filets, le plus souvent dirigés du même côté, et au sommet 
desquels se produit une cellule réniforme. Les quatre sporidies 
ainsi engendrées épuisent tout le protoplasma primitivement ren- 
fermé dans le germe , bien que leurs capacités réunies dussent 
évidemment être de beaucoup insuffisantes à le contenir ; aussi faut- 
il eroire que celte matière subit dans leur sein, au fur et à mesure 
qu'elle s’y condense, une élaboration particulière qui diminue son 
volume. Autant qu'il m'a paru, la maturité de ces sporidies com- 
mence en général par la plus éloignée du fruit, quoique leur déve- 
loppement à toutes soit souvent simul{ané et également rapide. Dans 
tous les cas, le spicule nait avant la sporidie qu'il va bientôt porter, 
et ila même acquis toute sa longueur quand celle-ci apparait. La 
forme de la sporidie, d’abord globuleuse, devient promptement 
ellipsoïde, et plus ou moins courbe. | 

Tous ces phénomenes de végétation s’accomplissent ordinai- 
rement en moins de douze heures , et, si le temps de leur mani- 
festation est arrivé, il suffit, pour les provoquer, d’humecter la 
Puccinie , et de la renfermer dans une atmosphère humide (4. 


et arctissime coalilis factis, aliquando etiam unilocularibus : germinibus (promy- 
celio) opsigenis, i. e. serotinis (vernis), pallidis, flexuosis et solito more 4-sporidi- 
feris : sporidiüs oboyato-reniformibus. (Cfr. Tab. nostræ IX, fig. 9-11.) 

_ Oritur æstate, prope Parisios et Versalias, in utraque pagina (postica præser- 
nr à foliorum, culmis, paniculisque Molinie cæruleæ Mæœnch., haug frequens. 

A Puccinia Gruminis Pers. et P. coronala Cord., itidem graminicolis, nullo 
negotio € distinguilur. Uredinis ellipticæ et echinulatæ vesligia rarissima in soris 
maturis hieme supersunt. 

. {1) J'ai surtout employé ce procédé vis-à-vis des Puccinies qui ne fructifient 


| SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 143 
Jamais je n'ai vu, dans ces etreonstances, les loges de ses fruits se 
séparer naturellement l'une de l’autre où abandonner leur pédi- 
celle, ni pu constater certainement si l’une des deux loges germait 
plus souvént la première que l’autre, leur entrée en végétation 
ayant habituellement lieu presque simultanément. 

Le germe qui a, de la manière indiquée plus haut, produit quatre 
sporidies , a accompli sa tâche et se détruit aussitôt ; quelques-uns 
seulement, qui restent fréquemment stériles, s’allongentplus que les 
autres, sous un diamètre moindre et plus uniforme, avant de périr. 
Vers le temps de la chute des sporidies, 1ls sont presque tous partagés 
en quatre grandes cellules inégales par des cloisons transversales 
et parallèles, que la disparition du protoplasma rend très visibles. 
Aucun d'eux ne se comporte de manière à faire soupçonner qu'il 
commencerait le mycelium ou la partie végétative d’une nouvelle 
plante. Leur forme définie, les bornes mises si promptement à leur 
accroissement, leur rapide destruction, et enfin la nature des corps 
qui en naissent, obligent peut-être à considérer ces germes comme 
appartenant encore à l'Urédinée qui a produit les fruits dont ils pro- 
cèdent. La vie de l'individu, qui sommeillait en ces fruits, se ma- 
nifeste une dernière fois dans les germes qui en sortent, et là elle 
s'épuise au profit des nouvelles individualités que conslitueront 
désormais chacune des sporidies issues des mêmes germes. En un 
mot, ces derniers organes semblent pouvoir être comparés au 
prothalhum des Fougères, des Équisetum ou des Lycopodiacées, 
et constituer une sorte de promycelium ; les sporidies nouvelles 
seraient, au contraire, autant d’embryons distincts, analogues, dans 
une certaine mesure, aux bourgeons-embryons qui s’engendrent 
dans le prothallium des Cryptogames foliigères ci-dessus désignées. 
Si l’on préférait admettre que les fruits bruns et biloculaires sont 
des corps reproducteurs multiples, tels que les spores des Opé- 
graphes et de tant d’Hypoxylées, leurs loges contiendraient cha- 


qu'à la fin de l'hiver. Quant à celles qui donnent leurs sporidies dans le cours 
de l'été, sur des feuilles ou tiges encore vivantes, il n'est ordinairement besoin 
d'aucun artifice pour obtenir leur fractification, car on les rencontre facilement 
dans la campagne couvertes de sporidies ; les sores fructifiés se reconnaissent à ce 
qu'ils semblent chargés d'une fine poussière blanche ou brunâtre. 


Ah . LR, TULASNE. —— MÉMOIRE 

eune l’individualité nouvelle dont le germe sporidifère à venir ma- 
nifesterait la première végétation ; ce germe correspondrait mieux 
alors au protonema d'une Mousse , et les pelites sporidies seraient 
des bourgeons non fixes , comme ceux de la Dentaire, des Lis 
bulbifères, des Aulx , etc., où comme les gemmes si variées des 
Mousses et des Hépatiques. 

Quelque sentiment qu'on adopte relativement à la nature des 
fruits ou spores des Puccinies , on remarquera qu'après leur 
germination ils n’ont rien perdu de leur forme et de leur vo- 
lume; leur couleur est seulement un peu moins obscure , parce 
qu'ils sont vides ; mais, pour bien constater cette circonstancé, 
il faut chasser l'air qui a remplacé leur protoplasma , el y substi- 
tuer de l’eau. Ces coques, désormais stériles, se conservent long- 
temps intactes, malgré les injures de l’air et les causes variées 
qui détruisent les corps organisés privés de vie. Ce caractère leur 
est commun avec le test des graines cotylédonées , les enveloppes 
des spores ou fruits du plus grand nombre des Champignons , et 
généralement toutes les membranes épidermiques, protectrices 
avancées de la vie organique contre les agents extérieurs. 

Quant à la végétation des sporidies des Puccinies, elle est, pour 
le mode et la promptitude avec lesquels elle à lieu , comparable 
à celle des mêmes corps chez les Coleosporium. Il est rare que 
ces sporidies émettent sur-le-champ un filament uniforme , qui 
puisse être pris pour le rudiment ou la première ébauche d’un 
mycelium ; le plus souvent, ce filament, qui peut naître sur un 
point quelconque de la sporidie, s’atténue très promptement à son 
extrémité, et y reproduit une nouvelle sporidie semblable à la pre- 
mière, mais généralement plus petite. Cette sporidie de seconde 
formation se détache ordinairement de son support avant de germer 
elle-même. C’est là évidemment le même phénomène que nous 
avons signalé dans le T'remella violacea Relh. (1), et je m'imagine 
y voir quelque chose d’analogue à cette substitution répétée de 
nouveaux axes à de plus anciens restés imparfaits, que M. Hof- 
meister nous a fait connaître chez les Lycopodiacées naissantes (2), 


(1) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XIX, p. 199-200, pl. x, fig. 42, 
(2) Voy. ses Vergleich, Untersuchungen der Keimung, Entfalt. u. Frucht- 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 145 
On l’observera surtout très facilement dans le Puccinia Graminis 
Pers., dont les fruits noirs, groupés en longs sores , se couvrent, 
quand ils viennent à germer , d’une végétation qui, à Pœil nu, 
simule une poudre blanche. 


8. Urowvcrs Lk.: Lév. (Uredinum et Pucciniarum sp. plerisque.) 


(PI. IX, fig. 12-14.) 


Les Uromyces sont des Puccinies réduites à une seule loge , 
des Pucemnioles, ainsi que L. Marchand (4) les appelait ; et l’on 
suppose qu'ils ont normalement ou constamment cette simplicité 
d'organisation. Néanmoins, il serait difficile de dire en quoi ils 
diffèrent des Puccinies qui sont accidentellement uniloculaires. Or 
il est peu de Puceinies dont les fruits n'aient été vus quelquefois 
amoindris par l'avortement d'un de leurs compartiments, celui 
de la loge inférieure. J'ai rencontré en cet état plusieurs fruits des 
Puccinia Asparagi DC., P. coronata Cord., P. Graminis Pers., 
P. Violæ DC., P. Scirpi DC. et d’autres espèces; chez le P. Son- 
chi Rob., les spores uromycètes ne sont pas à beaucoup près aussi 
rares, car elles sont souvent plus abondantes que les spores bilocu- 
laires ; et comme cette espèce n'est vraisemblablement pas seule 
dans ce cas, l'autonomie des Uromyces en est gravement mise en 
question. 

Les fruits des Uromyces sont ordinairement bruns comme ceux 
des Puceinies, lisses, verruqueux ou chagrinés à leur surface, 
très obus où terminés par une pointe arrondie, mais toujours , du 
moins que je sache, pourvus d'un pore unique qui traverse leur 
sommet. À ces spores qui constituent l'appareil reproducteur prin- 
eipal de l’entophyte, sont ordinairement mêlés, en proportions di- 
verses, des grains plus globuleux, moins colorés, et la plupart 
percés de trois pores à leur équateur, c'est-à-dire des spores pré- 


bild. hœh. Kryptog., p. 124, et ce qui en a été traduit dans ces Annales, 3° sér., 
t. XVIIT (1852), pp. 172-192, pl. vuretix. 

| (1) Cité par M. Léveillé dans le Dict. univ. d'hist. nat. de M. d'Orbigny, 
. t. XI, p. 786. 


4° série, Bor. T. If. (Cahier n° 3.) ? 10 


116 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE 

coces qui appartiendraient à des espèces variées de T'richobasis, 
dans le système de classification proposé pour les Urédinées par 
M. Lévéillé. 

Jusqu'ici je n'ai pu voir germer qu’un très petit nombre d'Uro- 
myces. Leurs graines urédinées ou à trois pores, de même que 
celles des Puccinies, germent facilement dès qu’elles ont atteint 
leur maturité. C’est du moins ce que j'ai constaté dans l’Uromyces 
Ficariæ Lév. (Uredo Ficariæ Alb. et Schw.), où les germes de ces 
graines sont de longs filaments parfois branchus. | 

La germination des fruits unipores est de tout point semblable à 
celle de la logé supérieure des Puccinies, et pour ce motif n’a pas 
besoin d’une description particulière. Je l’ai surtout observée chéz 
les Uromyces J'unci Tul. (Puccinia J'unci Désm.) et U. appendi- 
culatus Lk. (in Mag. f. d. neuest. Entdeck., VII, 28) (1), qui vé- 
gètent, celui-ei en automne, et le premier seulement à la fin de 
l'hiver. L’Uromyces apiculatus Lév. ne germe guère aussi qu’au 
premier printemps ; mais je ne l'ai point vu donner des sporidies. 


9. Paraëwimium Lk, (Pucciniarum sp. veterib.; olim Aregma Friesio.) 


(PL IX, fig. 15-23.) 


Il semblerait que les Phragmidium ne diffèrent des Puecinies 
que par le nombre plus considérable des cellules reproductrices 
qui entrent dans la composition de leurs fruits. Cette différence 
cependant n’est point la seule, ni même la plus essentielle, puisque 
fréquemment, ces fruits n'offrent, pour cause d’avortement, qu’une 
ou deux loges. Un caractère distinctif de plus grande valeur gît dans 
le nombre et la position des pores, où oscules, creusés dans la 
paroi de celles-ci. Ces pores, en effet, sont, pour chaque cellule, 
au nombre de trois ou de quatre, équidistants et toujours latéraux , 
même pour la cellule terminale; en sorte qu'ici, cette cellule ne 
diffère des autres que par sa forme (2). 


(4) Voy. notre planche IX, fig. 12-14. 
(2) M. Fries tient les Phragmidium pour des Champignons d'un dire beau- 
coup plus élevé, multo altioris dignitatis, que les Puccinies, et il :es range parmi 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 147 

La germination des fruits noirs des Phragmidium ne parait 
avoir lieu qu'au printemps; e’est dans le cours du mois de mars 
que j'ai observé pour fa première fois celle des Phragmidium 
incrassatum var. bulbosum Lk. et P. obtusum Schm. et Kze., 
quoique je les eusse semés bien des fois antérieurement , mais sans 
succès. Les spores multiloculaires de ces Urédinées ne se répandent 
pas toutes sur la terre en automne eten hiver ; beaucoup demeurent 
adhérentes, jusqu'à la suson nouvelle, aux feuilles qui les ont nour- 
ries ; ce qui permet de s’en procurer assez facilement vers l’époque 
où elles vont germer. Leur germination ressemble assez à celle des 
Puceinies ; cependant leur germe s’allonge moins, sans se recourber 
à son extrémité en forme de erosse, et les sporidies qui en naissent 
sont sphériques et orangées au lieu d’être réniformes et pâles 
(voy: pl. IX, fig. 15-23). Toute cette végétation ést d’ailleurs très 
rapide, et 1l serait bien difficile de s’en rendre témoin, si on ne 
l'obtenait chez soi. Le moyen d’y parvenir est aussi simple que 
pour les autres Urédinées dont j'ai déjà parlé ; il consiste à mainte- 
nir les petites plantes en question dans un état suffisant d'humidité, 
à l'époque où la nature les appelle à végéter. 

Dans le Phragmidium de la Ronce commune (P. bulbosum 
Schm. et Kze.; Puccinia Rubi Schum.), le germe de chaque loge 
atteint de une à trois fois la longueur du fruit, et son diamètre 
égale 7 à 10 millièmes de millimètre. La matière grenue ét 
rouge-orangée qui le remplit, passe bientôt tout entière dans les 
sporidies qui s’engendrent à l'extrémité de spicules pointus. Ces 
sporidies ont environ À centième de millimètre en diametre, et 
chaque sore en produit une très grande quantité. Après s'être 
vidés, les fruits verruqueux de l’Urédinée sont presque aussi 
obseurs qu'auparavant; mais on reconnait alors plus facilement 


les Fungi Sporidesmiacei. J'avoue que je n’aperçois pas les raisons qui ont pu dé- 
terminer un aussi habile observateur à isoler ainsi ces Urédinées de toutes les 
autres, surtout quand il laisse auprès des Puccinies les Triphragmium, dont l’af- 
finité naturelle avec les Phragmidium est manifeste. ( Cfr. Fries, S. M., t. IIT, 
p. 497, et S. veg. Scand., pp. 507 et 513.) M. Corda a donné de ceux-ci des 
figures analytiques dans ses /cones Fungorum (t. IV, pp. 20-21, pl V, 
fig. 70-72). 


148 LR. TULASNE. — MÉMOIRE 


les oscules percés dans leurs parois, et qui ont donné issue aux 
germes. Ces pores sont très fréquemment au nombre de quatre 
opposés en croix. (Voy. pl. IX, fig. 15-17.) 

Les fruits du Phragmidium obtusum Schm et Kze. (4) que l’on 
trouve sur les feuilles des Potentilla et spécialement, autour de 
Paris, sur celles du P. Fragaria Poir., sont généralement par- 
tagés en quatre compartiments; rarement offrent-ils trois ou 
cinq loges. Tous sont lisses, et renferment une matière orangée, 
dont la couleur vive devient d’un rouge lilas, et l'apparence 
grenue , quand ils sont sur le pomt de germer. Leurs germes 
atteignent jusqu’à 43 millièmes de millimètre en diamètre , et 
produisent des sporidies (2) sphériques dont le diamètre ne dé- 
passe guère L centième de millimètre. Avant la germination , les 
oscules sont à peine distincts ; après qu'elle a eu lieu, au contraire, 
on en reconnait aisément trois au pourtour de chaque cellule re- 
productrice. Ces cellules devenues vides se remplissent d’air, et 
l'eau , pour ce motif, n’y pénètre qu'avec peine ; je les ai toujours 
vues intimement unies entre elles. (Voy. pl. IX, fig. 18-23.) 

L'Uredo Potentillarum DC. (Epiteæ sp. Fr., Lecytheæ Lév. 
représente l'appareil reproducteur printanier de ce même Phrag- 
midium obtusum Sehm. et Kze.; ses grains jaunes, ellipsoïdes et 
finement hérissés, sont portés isolément sur des pédicelles longs et 
grèles, et de grandes paraphyses capitées entourent leurs $sores. 
L'Uredo Ruborum DC. (U. gyrosum Rebent. includens) appartient, 
au même titre, au Phraygmidium incrassatum var. bulbosum Lk.; 
la genèse et la structure de ses spores que j'ai fait connaître 
ailleurs (à) sont tout à fait conformes à l’organisation de lUredo 
Potentillarum DC. 

Lors de mes premières recherches sur les Urédinées , je n’avais 


(1) Puccinia Potentille Pers.; DC., F1, fr., t. VI, p. 54 ; Grev., Scot. crypt. 
Fi..4.4, plo 6 | | 

(2) Il arrive aussi parfois, de même que chez l'Uromyces apiculatus Lév. 
et certaines Puccinies, que les germes restent très grêles, et s’allongent extrême- 
ment, sans donner naissance ni à des spicules, ni à des sporidies. 

(3) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° :sér., t, VIT, pp. 60 et 64, pl. vr, 
fig, 11-18. | 


SUR LES URÉDINÉES ET. LES USTILAGINÉES. 119 
pu obtenir la germination des grains de l’Uredo Rosæ Pers. (Dub., 
B.G., p. 893) (1), qui sont des stylospores pour le Phragmidium 
incrassatum var. mucronatum Lk. (Puccinia Rosæ Schum.; DC.; 
Grev., Seot. crypt. F1., t. 1, pl. 15), et qui offrent la même 
structure que les spores de l’Uredo Ruborum DC. (2); mais 
depuis ce temps, j'ai constaté que ces grains émettent sur l’eau, 
ou dans Fair humide, de très longs germes tubuleux, ordinaire- 
ment arqués ou sinueux, assez épais, et qui se ramifient très 
irréguliérement. J'ai vu plusieurs de ces filaments produire, au 
heu de rameaux proprement dits, des sortes de poches obovales, 
très peu allongées , et au sein desquelles se eondensait la.matière 
plastique orangée qui était sortie de la spore pour se répandre dans 
le germe et favoriser son accroissement. De même qu'il arrive 
pour les autres stylospores des Urédinées , la végétation de ceux 
dont je parle prend fin très vite; car les circonstances dans 
lesquelles nous pouvons l’observer sont trop différentes de celles 
qui, seules , la pourraient entretenir, Il faudrait, en effet, qu'elle 
eut lieu à travers le parenchyme d'une plante vivante, et d’une 
de celles que l’entophyte affectionne spécialement. Je noterai, en 
outre, qu'il est rare de voir plus d’un filament naître des spores de 
l’Uredo Rosæ Pers., bien qu’elles possèdent, comme on sait, un 
assez grand nombre d’oscules (oscilla); quand le contraire a lieu, 
il n’y à guèrequ’un germe qui se développe complétement. 

J'ai aussi facilement obtenu sur l’eau, vers la fin de juillet, la ger- 
mination des spores de l'Uredo Ruborum DC. (Phragmidium in- 
crassatum Var. bulbosum Lk.), et j'ai vu la plupart de leurs fila- 
ments- germes se diviser irrégulièrement en deux ou trois rameaux 
assez allongés, ou en produire un plus grand nombre qui demeu- 
rent très courts. | 


10. Triraracmium Lk. (Pucciniarum sp. DC.) 


(PI. X, fig. 1448.) 


Voici un genre d'Urédinées dont on n'a connu pendant long- 
lemps que deux espèces fort analogues entre elles , les Triphrag- 

(4) Desmaz., PL. crypt: de Fr., 2° édit., n° 359 (fasc. VII). 

(2) Vov. les Ann. des sc. nal., 3° sér., t. VIE, p. 64-62, pl, vi, fig. 19, 


450 L.-R. TULASNE. —: MÉMOIRE 


mium Ulmariæ Lk.(L)etT. sopyri Moug.(2).Ce sont desplantules 
à peu près également alliées aux Phragmidium et aux Puccinies, et 
qui se distinguent des uns et des autres en ce que les cellules com 
posantes de leurs fruits, au lieu de s'associer en série rectiligne, se 
juxtaposent symétriquement, de manière à constituer un corps glo- 
buleux. Ces cellules, qui sont au nombre de trois, et quelquefois de 
deux ou de quatre par exception, se voient cependant, dans des cas 
très rares, réunies en une seule ligne, comme sont celles des 
Phragmidium. Mais ce qui pourrait encore distinguer ces fruits 
anorraux des véritables Phragmidium , ce serait leur germination 
qui ne décèlerait qu'un seul pore dans l'enveloppe de chaque loge. 
Chez les fruits régulièrement formés, ce pore existe dans la partie 
moyenne et la plus convexe de chaque cellule’, mais il n’y est facile- 
ment aperçu qu'après la germination. 

Le T. Ulmariæ Lk., le seul que, jusqu’à ce jour, j'aie pu obser- 
ver vivant, germe au printemps sur les feuilles desséchées de l'Ul- 
maire, quand elles sont humectées par la pluie. C’est un fait que 
j'ai constaté pour la première fois, à la fin du mois d'avril der- 
nier, à Écrignelles, dans le Gâtinais, où le Spiræa Ulmaria L. 
est excessivement commun (3). A la même époque on trouvait 
déjà sur les nouvelles feuilles de cette plante, mais cependant plus 
fréquemment sur celles qui avaient passé l’hiver sans périr, des 
sores récemment nés de Triphragmium. Les fruits de cette végé- 


(1) Voy. Link, Sp. Plant. Linn., ed. Willden., t. VE, part. 2, p. 84. Cet 
auteur semble dire que les fruits du Triphragmium Ulmariæ n'adhèrent pas par 
leurs pédicelles à la plante qui les porte; cependant il a reconnu qu'ils naissaient 
sous son épiderme, comme les fruits des Puccinies : cette circonstance leur est 
aussi commune avec les Phragmidium, malgré le sentiment contraire de M. Link 
(loc. cit.). M. Corda a publié des figures analytiques du Triphragmium Ulmariæ 
Lk. dans le tome LV de ses Zcones Fungorum (pl. vi, fig. 73). 

(2) M. Léveillé en a décrit, il y a quelques années, une troisième espèce, le 
T. echinatum Lev., qui croît, dans le Gévaudan, sur les tiges et les feuilles du 
Meum athamanticum Moris. (Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. IX, p. 247.) 

(3) J'ai également observé cette année, vers la fin de juin, le Triphragmium 
Ulmariæ Lk. sur les feuilles de la Filipendule (Spiræa Filipendula L.), au bois de 
Boulogne, près Paris; il y croissait en compagnie du même Uredo et du même 
appareil spermogonique que sur le Spiræa Ulmaria L. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 151 
tation printanière ne voulurent point germer, et il est probable 
qu'ils ne le devaient faire qu'un an plus tard. 

Les grains nés dans l'été de 1853, et que Je recueillis sur des 
feuilles sèches , ayant été humectés, produisirent en moins de dix 
heures une abondante végétation tout à fait analogue à celle des 
Phragmidium. Chaque cellule émit un long germe uniformément 
cylindrique, très obtus, et rempli d’un protoplasma brunâtre ; puis 
de ce germe naquirent quatre spicules, qui se couronnèrent chacun 
| d’une sporidie sphérique et lisse. Après la formation de ces vési- 
cules reproductrices acrogènes, le germe ridé et devenu incolore 
se vit très distinctement partagé en quatre ou einq compartiments 
par des diaphragmes transversaux. (Voy. pl. X, fig. 14-16.) 

A l'égard des grains orangés (Uredo Spirææ Sow., Engl. Fung., 
t, IE, pl. 398, fig. 7) (1) qui accompagnent les fruits triloculaires 
du T. Ulmariæ Lk., ils germent facilement sur l’eau dès qu'ils 
ent atteint leur maturité. Jai vu leur germe unique acquérir en 
longueur eimquante fois leur diamètre ; c’est un filament assez 
uniforme qui ne semble pas sortir par un point déterminé à l'avance 
dans la membrane du grain, car il est fixé tantôt vers la base de 
celui-ci, tantôt vers son sommet, ou bien encore sur l’un de ses 
côtés. De tels filaments se développent surtout dans l'air humide , 
et ils se peuvent souder ou agglntiner entre eux de manière à for- 
mer un réseau irrégulier. (Voy. pl. X, fig. 17-418.) 


(1) Sous le nom d'Uredo Ulmariæ Grev., M. Léveillé met au nombre des 
Uromyces (in d'Orbigny, Dict. univ. d’hist. nat., t. XII, p. 786, v° ÜRÉDINÉES) 
la production dont nous voulons parler ici. L'Uredo Potentillarum DC. {in foliis 
Spirææ Ulmaricæ L.), publié par M. Desmazières (PI. crypt. de Fr., 2° éd., 
n? 430), est aussi notre Uredo Spirææ Sow., que M. Duby (Bot. Gall., p. 894) 
et M. Greville (Scot. crypt. F1, &. 1, pl. 49) ont tort de donner comme un syno- 
nyme de l'Uredo pinguis DC. (Cæoma miniatum Schlecht., in Linnæa, t. I 
[1826], pp. 237 et 245; Uredo effusa Grev., loc. cit.). Sous le nom de CϾoma 
Potentillarum, M. Link (Sp. pl. Linn., VI, n, 31) confond l'Uredo Potentillurum 
DC., qui appartient au Phragmidium oblusum Schm. et Kze., et l'U. Spirææ 
Sow. (U. Ulmariæ Schum.; Mart.) que nous rapportons au Triphragmium Ulma- 
riæ Lk. 


F52 L.-R. TULASNE, —— MÉMOIRE 


14. Croxarrium Fr. (Erineorum v. Sphæriarum sp. velerib.) 


(Planche XI.) 


Les stylospores ou spores précoces du Cronartium asclepia- 
deum Fr., celles qui constituent l’Uredo Vincetoæici DC., doivent 
exclusivement leur brillante couleur d’or à la matière plastique 
granuleuse qu'elles renferment, car leur tégument est incolore. I 
m'a été donné plusieurs fois d'observer la germination de ces 
corps. Par un point quelconque de leur surface sort un filament 
grêle, un peu toruleux , continu , ordinairement simple , et qui ne 
tarde pas à se renfler à son extrémité en une cellule sphérique dans 
laquelle se condense tout le protoplasma orangé qu'il renferme ; 
puis, presque aussitôt, il continue de s’allonger au delà de cette 
vésicule, eten conservant la même direction. Mais il arrive fréquem- 
ment que la même vésieule met plus évidemment fin à la première 
végétation, et qu’elle en commence une nouvelle en produisant un 
ou plusieurs filaments qui ne semblent pas toujours des rameaux du 
premier germe. On remarque encore que celte vésicule se forme 
quelquefois au contact même de la spore , et qu'elle n'appartient 
qu'au seul germe destiné à vivre; car, indépendamment de celui- 
ei, il s’en développe presque toujours plusieurs sur d’autres points 
de la spore, et qui demeurent généralement rudimentaires. (Voy. 
pl. XL fig. 4, 7et8.) | 

A l'égard de la ligule du Cronartium, c’est à peme si elle à 
atteint ses dimensions normales quand elle se prend à fructi- 
fier de la manière que j'ai déjà expliquée (voy. supra, p. 105), 
imitant en cela les Puccinia Lychnidearum Lk. (Diss. IT in 
Ord. pl. nat., p. 5), P. Circeæ Pers., et autres espèces qui, 
de même, donnent leurs graines au milieu de l’été qui les à vues 
naître. Les tubes sporidiophores dont elle se couvre commencent 
habituellement à paraître vers son sommet; ils s’allongent per- 
pendiculairement à sa surface ou en des sens divers, et souvent 
beaucoup d'entre eux penchent ensemble vers sa base ; ils sont 
claviformes ou cylindriques , arqués , très obtus , et remplis d’une 
matière granuleuse pâle. Leur diamètre est d'environ 0°" ,015-046, 
et leur longueur ne dépasse guere celle des cellules-qui les produi- 


SUR LES URÉDINÉES. ET LES  USPILAGINÉES. 155 
sent, c'est-à-dire 4 à 5 centièmes de millimètre ; on les voit sort 
de ces cellules le plus souvent à peu de distance de leur sommet, et 
quelquefois de leur partie moyenne. A peine développés, ces tubes 
poussent du même côté, et presque simultanément, deux à quatre 
spicules sur chacun desquels se forme une sporidie sphérique et lisse 
dont le diamètre mesure À centième de millimètre ou à peme davan- 
tage. Ces sporidies ressemblent donc tout à fait à celles des Phrag- 
midium et des Triphragmium , seulement elles sont souvent plus 
piles, quoique en général leur teinte diffère peu de celle propre au 
protoplasma contenu dans les cellules de la ligule. En germant 
elles ne changent ni de forme ni de volume, et poussent un long 
filament uniforme et grêle que j'ai vu atteindre quinze fois leur 
diamètre. (Voy. pl. XL fig. 19-21.) 

Pendant que la ligule fructifie, elle perd beaucoup de son épais- 
seur , et l’on reconnait aisément que les cellules qui la composent 
se vident peu à peu de tout leur contenu. Les tubes qui naissent de 
sa portion inférieure sont fréquemment grêles et stériles, comme 
lindique la figure 16 de notre planche XT. 


12, Ponisoua Lk, (Puccinia Mich., partim. 


(PL. X, fig. 4-12.) 


Ce serait ici le lieu, après les lignes qui précèdent, de parler des 
Podisoma, dont l'appareil reproducteur offre de véritables analogies 
avec celui des Cronartium ; mais ce que j'ai dit de la structure et 
de la fructification de ces Urédinées, dans un précédent travail (L), 


(1) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. XIX (1853),p. 205. Depuisla publi- 
cation de ce Mémoire, principalement relatif aux Trémelles, M. Gasparrini m'a 
obligeamment envoyé de Naples de beaux spécimens du Podisoma du Juniperus 
phænicia L.,de celui qu'il avait étudié en 1848. Un peu contre mon attente, cet 
entophyte s’est trouvé ne point différer spécifiquement du Podisoma fuscum Cord. 
(Gymnosporangium fuscum DC.), que j'ai observé en Provence sur le Pin d'Alep 
et l'Oxycèdre. M. l'abbé Questier a recueilli en abondance, plusieurs années con- 
sécutives, ce même Podisoma fuscum Cord., sur les branches des Juniperus Vir- 
giniana L. cultivés au château de Thury en Valois (Oise), et il a bien voulu m'en 
communiquer de nombreux échantillons qui sont aujourd'hui conservés dans les 
herbiers du Muséum d'histoire naturelle, Cet établissement a aussi recu , en ces 


454 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE 


me permet de ne les mentionner aujourd’hui que pour mémoire. 
Toutefois j'ai eru devoir introduire, dans l’une des planches ei- 
jointes, des dessins qui aideront à l'intelligence des observations 
que les Podisoma m'ont fourni l'occasion de publier. 

J'ai vainement cherché à découvrir chez ces Champignons des 
corps reproducteurs analogues aux stylospores précoces des Cro- 
nartium , c'est-dire aux grains de l’Uredo qui précède le dévelop- 
pement de leur ligule. 


13. Cysrorus Lév. (Albugo Pers.). 


(Planche VIE, fig. 1-5.) 


D’après ce qui a été exposé précédemment (sup., pp. 108-114) 
de la structure et des aflinités des Cystopus, on ne sera pas surpris 
de trouver ici quelques notes relatives à leur germination, Un ob- 
servateur ingénieux que j'ai déjà cité plusieurs fois, et dont les re- 
cherches sur les Champignons parasites n’ont pas fixé l'attention des 
mycologues autant qu’elles le méritaient, Bénédiet Prévost , a écrit 
sur ce même sujet des choses fort extraordinaires dont j'ai cherché 
inutilement jusqu’iei à me rendre témoin ; mais leur singularité d’une 
part , et de l’autre l’habileté etla véracité de celui qui les rapporte, 
m’autorisent, je crois, suffisamment à les faire connaître aux lec- 
teurs des Annales, qui, pour fa plupart, n'ont, sans doute, jamais 
lu la brochure fort rare où elles sont consignées. Voiei done, 


derniers temps , des États-Unis d'Amérique, par les soins de MM. Ravenel et 
Curtis, des spécimens du Podisoma macropus Schw., espèce fort différente du 
P. fuscum Cord., bien qu'elle croisse également sur le Juniperus Virginiana L. 
On trouvera dans les Annals and Magazin of natural history (2° sér., t. TII 
[avril 18491], p. 521) une note empruntée au Gardeners’ Cluronicle de M. Lindley, 
et qui contient des observations intéressantes de MM. Berkeley et Broome sur la 
fructification du Podisoma fuscum Cord. Cette note, qui m'était inconnue lorsque 
je publiai mes recherches sur l'appareil reproducteur des Trémellinées , est 
accompagnée de bonnes figures. Les savants mycologues anglais n'accordent à 
tort que deux pores à chacune des loges des basides ou spores dimères de l'en- 
tophyte; ils n’ont point vu les tubes (cotyledonoid threads) qui en sortent pre- 
duire des spicules ou des sporidies ; peut-être cependant ont-ils donné de celles- 
ci une figure incorrecte (fig. 6), en les désignant comme des masses escaped from 
(he sporés. ua 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES: 155 
d'après B. Prévost, ce qui advient des spores de l’Uredo Portu- 
lacæ DC., quand on les à mises dans l’eau : « Une ou deux heures 
» après l’immersion, quelquefois seulement quarante ou quarante- 
» Cinq minutes, sans doute-selon la température, qui pendant que 
» je les ai observées , dit notre auteur, a varié de 412 à 46 degrés 
» (selon Réaumur ), l'extrémité la plus grosse et la plus convexe 
» s'ouvre de manière que le tout ressemble à une bouteille dont une 
» bonne partie du col aurait été enlevée. Bientôt on voit paraitre au 
» dehors un globule immédiatement suivi de trois, quatre, einq ou 
» six autres, qui se réunissent au moment même en un peloton , et 
» qui sé meuvent quelque temps ensemble, le peloton se balançant 
» Où tournant horizontalement sur lui-même, ou roulant dans le 
» liquide. Les globules se séparent ensuite pour l'ordinaire, mais 
» quelquefois ils demeurent {ous réunis, de manière même qu’on 
» ne se douterait pas, si l’on n’en avait vu d’autres, que ce fût un 
» assemblage de plusieurs individus. Quelquefois ils voyagent deux 
» où trois ensemble , se touchant immédiatement , ou retenus par 
»une espèce de lien. Ceux qui se séparent , et e’est le plus grand 
» nombre , sont quelquefois un peu anguleux ou tubereuleux , et, 
» si je ne me trompe, ereusés en nacelle ; ce qui fait que dans cer- 
» faines situations ils paraissent renfermer un autre globule. Ils 
» ressemblent à des Bursaires, mais ils sont très petits ; leur dia- 
» mêtre ne va qu'à la moitié ou au tiers de celui d'un gemme de 
» carie. Is se meuvent comme les pelotons , mais avec beaucoup 
» plus d’agilité. Ils ne laissent pas plus de doute sur leur nature 
» animale que la plupart des animaleules que l’on à appelés Infu- 
» Soires..…. Petit à petit le mouvement de ces globules se ralentit ; 
» Ils se fixent tôt ou tard ou à la surface de l’eau , ou au fond. Ces 
» derniers s’affaissent, s’élargissent, se vident, se déchirent, et 
» demeurent sous l'apparence d’un amas informe de granuseules. 
» Cette altération provient, sans doute, de leur extrême délicatesse , 
» qui ne leur permet guère de toucher à un corps dur sans se briser. 
» Quoi qu'il en soit, tel a été le sort du plus grand nombre de ceux 
» que j'ai observés. D'autres ont conservé leur forme globuleuse, 
» longtemps après avoir cessé de s’agiter. D’autres enfin, et ce sont 
» d'ordinaire ceux qui se fixent à la surface, prennentun peu plusde 


156 L.-R, TULASNE, — MÉMOIRE 

» largeur, deviennent moins diaphanes, ce qui n’est peut-être qu’une 
» apparence occasionnée par l’émersion, qui alors va toujours en 
» augmentant. Ensuite ils poussent une petite tige grêle, un peu 
» tortueuse ou ondulée, articulée ou grapulée, au bout de laquelle il 
» se forme un globule un peu plus petit que l’animaleule qui a pro- 
» duit la tige. Enfin ce globule s’allonge en une masse , qui prend 
» à peu près la forme de la bourse ou baie sèche qui renferme les 
» graines du Capsicum annuum L. Toute la tige a alors une lon- 
» gueur égale à 6 ou 7 diamètres de gemme de carie. Cette espèce 
» de végétation animale s’arrête 1à , au moins pendant la tempéra- 
» ture de 12 à 16 degrés où je lai observée. » (B. Prév., Mémoire 
sur la cause immédiate de la carie ou charbon des Blés, etc. 
pp. 38-39 [ Montauban, 1807, in-4°]'). 

B. Prévost ajoute qu'il a vu sur le Chou une production à peu 
près semblable à celle du Pourpier, et qui lui a présenté des phéno- 
mènes peu différents. Il veut évidemment parler de l'Uredo can- 
dida Pers. «dont les globules (spores), qui contiennent les animal- 
» cules deviennent dans l'eau plus généralement sphériques. Ces 
» animaleules sont un peu plus anguleux, surtout au moment où ils 
» se séparent. Au lieu de devenir plus grands, lorsqu'ils cessent de 
» se. mouvoir, il semble qu'ils soient alors plus petits. Ils tombent 
» presque tous au fond de l’eau en mourant , mais sans se résoudre 
» en granuseules comme ceux du Pourpier ; au moins cela n’arrive- 
» {11 qu’à un petit nombre. Les tiges qu'ils poussent sont plus re- 
» courbées et plus granuleuses ; lorsqu'elles atteignent l'air en vé- 
» gétant, elles se terminent par une masse allongée fort irrégulière. 
» L’animalcule, lorsque cette espèce de végétation est avancée, 
» n’est plus qu’un sac globuleux, si transparent qu'on l’aperçoit à 
» peine dans l'eau. On voit à l’intérieur un globule plus distinct, 
» beaucoup plus petit, et qui diminue à mesure que la tige prend 
» (le l’accroissement. » ( Méni. cité, p. 35.) Les Cystopus du Salsifis 
etde l’Amaranthus Blitum L. ont également été étudiés par notre 
auteur au même point de vue que les précédents, mais leur ger- 
inination s'obtiendrait beaucoup plus difficilement. 

Je suis obligé d’avouer, à mon grand regret , que je n'ai rien pu 
voir de tous les faits que raconte B. Prévost, bien que j’aie.semé 


SUR LES URÉDINÉES RT LES USTILAGINÉES. 157 
maintes fois les Cystopus Portulacæ et C. candidus Lév. dans 
des conditions favorables, ce semble, à leur germination. Les 
spores de ces entophytes, du moims les plus volumineuses , ont 
germé à la manière de celles des autres Urédinées. Quand, au mois 
de juillet, on répand sur une goutte d’eau, et sous un dé de verre, 
des spores mûres d'Uredo Portulacæ DC., les plus grosses , celles 
qui sont sphériques , colorées et marquées de trois sillons équi- 
distants, germent dans l’espace de huit à dix heures ; elles émettent 
un filament incolore, droit, uniforme dans son diamètre, et qui 
sort presque toujours de la région moyenne du corps reprodue- 
teur et du fond d’un de ses sillons longitudinaux {vov. notre pl. VIF, 
fig. 3-5). A l'égard des petites spores eylindroïdes et peu colorées, 
je ne suis pas assuré de les avoir jamais vues germer. Une seule fois 
j'ai cru reconnaître qu'une spore de cette sorte, appartenant au 
Cystopus candidus Lév., avait produit dans l’eau un assez long fila- 
ment; mais n'ayant pu depuis, malgré tous mes essais, renouveler 
une pareille observation, je ne puis en affirmer l'exactitude. 


Hi US TILAGINÉES., 
(PI. XIL.) 


J'arrive maintenant à la germination des Ustilaginées, qui , 
comme je lai annoncé dans ma Vote du 20 juin 1853, présente plu- 
sieurs particularités très dignes d'intérêt. Quoique j'aie semé un 
assez grand nombre d'espèces diverses de ces entophytes , et à 
plusieurs reprises, je n’en ai pu voir germer que quelques-unes. 

1. Déjà, dans mon premier travail sur les Urédinées , j'ai 
décrit et figuré la germination des Ustilago Carbo DC. (sub Ure- 
dine;. FI. fr., t. VE, p. 76) et U. antherarum (DC., tom. cité, 
p. 79)(4). Depuis j'ai semé de nouveau plusieurs fois les spores 
des mêmes Champignons, et presque toujours elles ont végété avec 
moins de promptitude que la plupart des spores des Urédinées. 

Le filament qui naît des spores de l’U. Carbo x vulgaris Tul. reste 
très court, et produit souvent néanmoins une ou deux branches qui 
s’allongent également peu. Au bout de plusieurs jours, le diamètre 


(1) Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. VIT (1847), p. 32 et suiv,, pl. m, 
fig. 9-10,et pl. 1v, fig. 48 et 19, 


158 L.-R. TULASNE. == MÉMOIRE 


de ces germés linéaires s’est plus où moins accru, et des sortes 
d’étranglements se sont produits çà et là; plus tard ces contractions 
se multiphent , et le filament initial , de même que les rameaux , se 
trouve partagé en tronçons à peu près d’égale longueur , rétrécis 
au milieu et renflés aux deux extrémités ; il m'a paru que ces seg- 
ments finissaient par s’isoler les uns des autres, et constituer autant 
de corps reproducteurs distinets, mais il ne m'a pas été donné 
d'observer leur végétation ultérieure. 

2.— La germination de l'Ustilago antherarum (DC.) n’est pas 
sans analogie avec la précédente. Ses germes linéaires, épais ou cla- 
viformes, dont la longueur égale à peine deux fois le diamètre des 
spores qui les produisent, ne tardent pas à se partager, d’une ma- 
nière plus où moins distincte, en deux et parfois trois cellules ; puis 
ils grossissent peu à peu, et se détachent tout entiers du eorps 
reproducteur. Ainsi isolés, ils continuent de grossir sans s’allonger 
dans la même proportion , et, après plusieurs jours , on peut con- 
stater que leur diamètre transversal est presque le triple de leur 
dimension initiale. Je ne saurais dire quel est le sort ultérieur de 
tels germes , mais j'en ài vu se conserver dans le même état, pen- 
dant près d’un mois, sans s'altérer. Mes observations de 1853 n’ont 
donc fait, en ce qui touche la germination de l’'Ustilago anthera- 
rum (DC.), que confirmer celles que j'avais publiées en 1847. 
Toutefois cette confirmation ne s’est pas étendue d’une façon satis- 
faisante aux phénomènes de mouvement dont j'ai parlé alors, et 
je crains que M. Thuret ne soit fondé dans l'explication qu'il en a 
donnée. (Voy. les Ann. des sc. nat., 3° sér., t. AVIT1851|, p. 15.) 

3. — Parmi tous les Ustilago que j'ai eu occasion d'étudier, 
l'Ustilago receptaculorum Fr. (Uredo Tragopogi pratensis Pers.) 
est un de ceux dont les spores sont le plus volumineuses ; et 
comme, d’autre part, ces corps germent facilement, on peut 
les signaler comme très favorables à l'examen des phénomènes 
de végétation primordiale dont nous nous occupons ici. Les di- 
mensions du germe qu'elles émettent varient entre deux et trois 
fois la longueur de leur diamètre. Ce germe est épais et ordi- 
nairement rétréci à sa base, comme si l’exosporium ne s’élait 
ouvert qu’à regret pour le laisser sortir ; il se remplit, au fur et à 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 159 


mesure de son élongation rapide , des matières plastiques peu colo- 
rées que renferme la spore, et celle-ci, en se vidant de la sorte, ne 
perd rien, ce semble, tant de son volume que de sa couleur obscure: 
Bientôt le germe, plus ou moins accru dans son épaisseur, se par- 
tage en quatre cellules (plus rarement en deux ou trois seulement, 
pär des cloisons transversales à peu près équidistantes. Puis de 
chacune de ces cellules, et le plus souvent vers leur sommet, nais- 
sent, presque sessiles, des utricules obovales qui, en grandissant, 
deviennent linéaires-oblongs, et se détachent de leur support quand 
ils ont atteint une longueur égale à deux fois ou environ le diamètre 
du germe. Ces nouveaux corps reproducteurs , au profit desquels 
toute la matière plastique du germe est à peu près absorbée, sont 
solitaires ou géminés sur la cellule génératrice ; parmi ceux qu’on 
voit libres, beaucoup sont réunis deux à deux par un isthme étroit 
et très court ; l’un des éléments de ces paires est ordinairement 
plus petit que l’autre, dont 1l ne serait vraisemblablement qu'une 
production ou prolation. Ces mêmes corps, s'ils ont acquis leur 
grandeur et leur forme normales, sont rectilignes ; plus jeunes ils 
sont parfois légèrement réniformes , à peu-près comme les spori- 
dies où spores secondaires de l’Æcidium Euphorbiæ sylvaticæ DC. 
Du reste, quand même cette ressemblance ferait défaut, il est 
impossible de ne pas voir en eux les analogues de ces sporidies 
et de celles des Puccinia ou des Phragmidium. Ce sont évidem- 
ment les produits constants et normaux du germe ou promycelium 
issu de la spore primaire colorée, germe qui, après les avoir en- 
gendrés , est entièrement vide de toutes matières plastiques, et ne 
tarde pas à se détruire. (Voy. pl. XIE, fig. 27-33.) 

J'ai étudié tous ces phénomènes à diverses reprises , l'an passé , 
au mois de juillet, en usant de spores d'Ustilago receptaculo- 
rum DC. (sub Uredine ; F1. fr., t. VE, p. 79), recueillies récem- 
ment dans les capitules du T'ragopogon pratense L.. 

h.— J'ai autrefois considéré l'Ustilago, qui envahit les capi- 
tules du Scorzonera humilis L., comme spécifiquement identique 
avec celui des T’ragopogon pratense L.. et T. porrifolium L.; mais je 
me trompais peut-être en cela. L'Ushlago de Ia Scorzonère (Uredo 
Tragopogi 8 Scorzoneræ Alb. et Schw., Consp., p. 150, n° 370) 


160 LR, TÜLASNE. — MÉMOIRE 
possède, à la vérité, la même couleur sombre, d’un violet ferrugi- 
neux, mais ses spores sont toutes beaucoup plus petites, car leur dia- 
mètre ne dépasse guère 1 centième de millimètre ; la surface de ces 
corps est d’ailleurs pareillement réticulée-épineuse (1). A la fin du 
mois d'avril dernier et dans le courant de mai, je semai sur l’eau, 
à diverses reprises , des spores de cette sorte fraichement recueil- 
lies. Au bout de peu d'heures, elles avaient produit chacune un 
germe droit et claviforine d'environ 0°",03 de longueur, et dont le 
diamètre transversal, au sommet, n’atteignait qu'à peme 6 mil- 
lièmes de millimètre. Ces germes ne dépassèrent point sensible- 
ment ces dimensions , et avant même de se partager distinetement 
en cellules, ils se prirent à produire latéralement de très petites 
sporidies oblongues et rectilignes, dont la plus grande dimension 
égalait environ le diamétre transversal du germe (voy. pl. XIE, 
fig. 34-10). Ces corpuscules sessiles devenaient promptement 
libres, et, après deux ou trois jours, leur quantité était innombrable 
dans la goutte d’eau où les spores colorées de l’entophyte avaient 
été semées. Je ne les ai point vus changer de forme ou de volume, 
ni donner le moindre signe de végétation, pendant une dizaine de 
jours que je les observai avec suite. Au fur et à mesure qu'ils en- 
gendraient de tels corps, les germes se vidaient de leur contenu 
plastique, et montraient plus distinetement les trois ou quatre eloï- 
sons qui avaient partagé leur cavité primitivement continue. Ces 
germes, devenus ainsi peu à peu d'une diaphanéité parfaite, conti- 
nuèrent néanmoins d’adhérer à la spore respective qui les avait 
produits; leur destruction, comme celle de la spore, n’a lieu 
vraisemblablement que très lentement, amsi qu'il arrive pour les 
spores des Pézizes qui ont germé. La germination de l'Ustilago de 
la Scorzonère présente done tout à fait les mêmes phénomènes que 
celle de l'Ustilago Tragopogi-pratensis Pers. (sub Uredine) dont 
il est question plus haut ; cependant je n’y ai jamais vu de sporidies 
. manifestement conjuguées, bien qu’elles soient parfois géminées 
sur la cellule mère. 

(1) C'est à tort que nous avons autrefois dans ce recueil (3° sér., t. VII, 


pl. 1v, F. 1) figuré les spores del’Ustilago Tragopogi ». Alb. et Schw. (sub Uredine) 
comme simplement réticulées,. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 161 

Ceux qui répéteront les observations que je rapporte remarque- 
ront aussi que'si les spores primaires ou violettes, soumises à la ger- 
mination, sont encore soudées et réunies en glomérules, ou que si, 
étant libres et toutes parfaitement mures, elles se groupent acciden- 
tellement plusieurs ensemble à la surface de Peau, les germes de 
ces spores associées s’écartent {ous du groupe comme les rayons 
d’une roue s’éloignent de l’essieu (voy. pl. XIT, fig. 37). Ce phéno- 
mène est reproduit par toutes les spores de Champignons qui ger- 
. ment dans de semblables circonstances, et lon en pourrait donner 
plusieurs explications. 

5. — Je parlerai en dernier lieu de l’entophyte qui cause la carie 
des Blés et celle de quelques Graminées non cultivées , c’est-à-dire 
de l'Uredo Caries DC. (Tilletia Caries Tul.). Sachant quelles 
observations, aussi nombreuses qu'intéressantes, B. Prévost 
avait publiées sur la germination de cette Ustilaginée , j'étais 
naturellement fort désireux de les renouveler, car les faits dont 
elles procuraient la connaissance étaient presque tous sans analogie 
avee ce qu'on savait alors des autres Champignons. Aussi m'en 
eoüta-t-il beaucoup, lors de mon premier Mémoire, d’être 
obligé d’avouer l’insuccès de mes tentatives pour obtenir la ger- 
mination des grains de la carie. Depuis ce temps j'ai été plus 
heureux, et il m'a été permis de constater par mon expérience 
personnelle l'exactitude de presque tout ce qu'avait avancé B. Pré- 
vost sur le sujet dont il s’agit. Répandues sur l’eau ou sur un corps 
humide, les spores fuligineuses du T'illetia Caries Tul. germent 
plus ou moins rapidement , suivant les circonstances dans les- 
quelles le semis en est fait; mais je dois dire qu’il m'a été le plus 
souvent impossible de m'expliquer les caprices ou les inégalités 
dé leur végétation. Quand la spore germe , son tégument réticulé se 
brise très distinctement en un point quelconque et sans régularité. 
(Voy. pl. XH, fig. 1-11.) L’endospore dont le gonflement a déter- 
miné cette rupture se produit au-dehors sous la formed’untube épais 
et flexueux qui s’allonge parfois jusqu’à atteindre près de quinze fois 
le diamètre de la spore. Souvent aussi ce tube-germe n’égale que 3 
où 4 centièmes de millimètre en longueur , et l’on en voit qui res- 
tent presque rudimentaires. Les plus longs sont généralement stés 

4e série. Bot. T. IT. (Cahier n° 3 ) ? 41 


462 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


riles, du moins ils ne semblent pas devoir multipher l’entophyte de 
la même manière que les autres, etleur cavité se partage en cellules 
distinctes au moyen de diaphragmes transversaux. Cette partition 
du tube-germe n’a pas toujours lieu, au contraire , chez celui qui 
ne dépasse pas deux fois Le diamètre de la spore. En revanche , ces 
germes courts manquent rarement de se couronner d’une gerbe ou 
d’un faisceau de spores secondaires, c’est-à-dire de ces productions 
que B. Prévost a signalées sous les désignations figurées de feuilles 
hliformes , d'aigrettes, de tiges en mèche ou tiges stupéiformes. Le 
nombre de ces sporidies semble déterminé; on en compte 
généralement huit où dix, toutes implantées au sommet du tube- 
germe, et plus souvent réunies en faisceau qu'étalées ou divari- 
quées (voy. pl. XIE, fig. 7-11). Ce sont des corps linéaires très 
grèles, qui mesurent 6 à 7 centièmes de millimètre en longueur, et 
dont le diametre tres étroit diminue imsensiblement de leur. base à 
leur sommet. B. Prévost n'avait pas reconnu que ces singuliers 
organes sont habituellement géminés, c’est-à-dire réunis deux à 
deux dans leur partie inférieure par une bride rigide et très courte, 
ce qui donne au couple la forme d’un H. (Voy. pl. XI, fig. 9-49.) 
Ces associations rappellent entièrement les paires de spores que 
nous avons observées dans l’'Ustilago receptaculorum Fr. (pl. XH, 
fig. 32-33), et je serais disposé à les interpréter de la même manière ; 
car il m'a souvent paru que des deux membres de ces couples, un 
seul était réellement attaché et continu au germe. Les organes en 
question ne se développent guère que dans Pair, ainsi que Prévost 
l'avait déjà remarqué; aussi la plupart des. germes qui naissent 
dans l’eau ne deviennent-ils fertiles qu’à la condition d'élever hors 
du liquide leur extrémité antérieure; ceux qui y demeurent plon- 
cés s'allongent indéfiniment, sans fournir aucune production 
normale: Si l’on a semé les spores du T'illehia sur dés grains 
de Blé humides ou tout autre corps imbibé d’eau, leurs germes 
dressés, nus ou fertiles, communiquent bientôt à ces objets une 
teinte ALU et un au velouté où pulvérulent, dont l'œil armé 
d’une loupe reconnait facilement la cause. | 
Les germes, après avoir müri leur bouquet de ht géminées, 
sont vides de toute matière solide ; leur diaphanéité est telle , qu'ils 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 163 
échappent facilement à la vue, et ils ne tardent pas à se détruire 
entièrement. Les couples reproducteurs s’isolent alors les uns des 
autres , et se répandent, sans se dissocier , à la surface des corps 
sous-jacents. Quelques-uns germent bientôt, et émettent, surtout 
vers leur sommet, des fils très ténus qui se ramifient prompte- 
ment ; d’autres en plus grand nombre donnent naissance à des 
sporidies secondaires, épaisses, oblongues, fortement arquées, et 
portées chacune sur un pédicelle conique plus où moins allongé. Ces 
nouvelles sporidies sont généralement trois ou quatre fois plus 
courtes que cellesén H qui les produisent ; B. Prévost, qui les a vues, 
les prend pour des sortes de fruits ou de Puccimies , après s'être: 
demandé si elles ne seraient pas plutôt peut-être des organes mâles 
ou-des parasites. (Mém. sur la Carie, ete., pp.8, 19, 20, 4h et 
passim.) Elles sont au bout de quelque temps extrêmement nom- 
breuses, là où l’on a semé les grains du Tulleha, et je les croirais 
volontiers les agents les plus importants de la multiplication de cet 
entophyte. Beaucoup germent en émettant un ou plusieurs fils trèsi 
ténus par des points quelconques de leur surface, mais le plus sou- 
vent voisins de leurs extrémités; d’autres en moindre nombre 
reproduisent une sporidie entièrement semblable à elles-mêmes, 
et qui conséquemment est une sporidie tertiaire. (Voy. pl. XIE, 
fig. 26.) 

Là se bornent ; je le dis à regret, mes observations sur la ger- 
mination des Ustilaginées ; car j'ai semé inutilement le Polycystis 
du Colchique (Sporisorium Colchici Lib.), celui de la Filipen- 
dule (1), et un assez grand nombre d’'Ustlago proprement dits. Les 


(4) Porvexsris Fueexpuzæt mycelio fertili copioso e filamentis exilibus multi- 
fariam intricatis, diversimode ramosis, saummopere flexuoso-contortis, fragilibus, 
utriculos, prima sporarum rudimenta, subsessilés, passim hinc et inde abundan-. 
tissime enitentibus ; cellulis hujus sortis increscendo multrpartitis, scilicet in 
glebam s. glomulum erassitudine varium totumque e sporis coalitis conflatum 
paulatim mutatis, tandemque in pulverem àtrum solutis ; sporis, pulveris istius 
partibus, globosis, ovatis, ovato-globosis v. breviter oblongis, paucis simplicibus 
s. unilocularibus, 0"",01-0"%%,013 ex omni parte, vel 0%,013-016 hine, 0®,014 
autem illine circiter metientibus, plerisque verum ex utriculo majori vel duobus 
paribus | solis fortasse fertilibus) simulque paucis { scilicet 2-3 ) minoribus ( ste- 
rilibus ? ) sibi e latere consociatis constantibus, nonnullis etiam ex utriculo medio 


16 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


exemples que j'apporte suffisent peut-être cependant à montrer les 
plus importantes circonstances du phénomène dont il s’agit. La 
spore primaire de l’entophyte , colorée et pourvue de deux tégu- 
ments, correspond évidemment aux fruits parfaits, simples ou plu- 
riloculaires, des Urédinées les plus complexes, telles que les Uro- 
myces, les Puccinia ou les Phragmidium, car ces fruits sont 
également colorés, et leur germe résulte aussi de l'extension d'un 
sac interne ou endospore. Ce germe où promycelium est seulement 
plus défini, dans ses formes et son rôle final, chez les Urédinées 
que chez les Ustilaginées ; néanmoins, le germe de celles-c1 n’a de 
même, le plus souvent, qu'une existence passagère, et transmet, 
immédiatement ou médiatement, à des corps qui l’exerceront seuls 
utilement, la puissance reproductrice que possédait la spore pri- 
maire. Il semble même qu'aucune des Urédinées que nous con- 
naissons puisse offrir, comme les Ustilagimées, cette étonnante 
multiplicité de formes secondaires, par lesquelles doit passer 
l'embryon contenu virtuellement dans la spore initiale de ces der- 
niers Champignons. 


minoribus pro maxima parte involuto fabricatis : episporio omnibus atro, crasso, 
levi; materie contenta pallida, oleoso-granosa, parca. 

Nascitur media æstate, prope Parisios (nempe Boloniæ ad Sequanam), in foliis 
(radicalibus imprimis) Spirææ Filipendulæ L. quorum propterea rachis et nervi 
primarii mirum in modum tument et infuscantur, deinque, per epidermidem 
varie disruptam et inquinatam pulverem atro-fuligineum ac copiosissimum fun- 
dunt. Mihi primum occurrit julio ineunte anni currentis 1854, fratre et amico 
H. Ferrand comitibus. 

Species hæc, ob sporas nunc simplices nunc contra pluriloculares, Polycystim 
cum Ustilagine (v. gr. U. hypogæa Tul., Fung. hypog., p. 196,t. XXI, f. xvu), 
aut Protomycete Ung., vix diverso, conjungere videtur. Tuburcinia Oroban- 
ches Fr. (S. myc., IT, 439) cujus specimen { nempe idem ipsum b. Pal. Belvisio 
olim obvium, cujus mentio fit in Meratii F1. par., ed. 4, t. I, p. 96, ac de quo 
disseruit Belvisius in cœtu Acad. scient. paris., ann. 1816, d. 7 septembris) 
in herbario beat. Meratäü (nunc e thesauris botanicis Musæi nostri parisini ) 
nuper observavi, vigendi modo eamdem Ustilaginem hypogæam Tul. prorsus 
imitatur , sed propter sporas tegmine multiloculari vulgo involutas, propius ad 
Polycystim (cujus typus est Uredo pompholygodes Schlecht.) venit, nec quidem 
sub signo altero fungillos inter Usricagineos militare meretur. Uredo Ornithogali 
Cast. (PI, de Mars., 1, 213), fungillus bypogæus, ad Polycystim etiam spectare 
videtur. 


SUR LES URÉDINÉES ET. LES USTILAGINÉES. 465 


LV. 


4 


Définition et coordination nouvelles des genres 
d'Urédinées. 


Si les observations qui précèdent renferment d’intéressants 
documents pour la physiologie des Ustilaginées , et l'intelligence 
de leurs affinités naturelles, elles sont encore trop peu nom- 
breuses et trop incomplètes pour motiver une revue des carac- 
tères distinctifs de leurs différents genres. Cette réserve à l'égard 
des Urédinées serait moins justifiée; aussi m’a-t-il semblé, en 
terminant ce travail, que je devais essayer de mettre à profit 
pour une meilleure définition, et une coordination plus satisfaisante 
des genres de ces petits Champignons , les données nouvelles , les 
conséquences diverses qui résultent de tous les faits récemment 
acquis à leur histoire. De ce que, par exèmple , la plupart des 
Uredo ne sont plus aujourd’hui, à notre sens du moins, des plantes 
complètes, il suit que presque tous les genres qui ont été faits à 
leurs dépens n’ont pas une raison d’être suffisante , ou ne sont 
encore caractérisés que d’une manière très imparfaite. Par suite 
aussi, plusieurs anciens genres, et des plus connus, sont également 
devenus incomplétement définis, depuis qu'ils revendiquent juste- 
ment quelques-uns de ces mêmes Uredo comme autant d'appareils 
reproducteurs qu'on avait en eux méconnus jusqu'ici. D'un autre 
côté, il y a désormais lieu de tenir compte des spermogonies , 
organes entièrement inconnus des mycologues il y a peu d’années, 
et dont les earactères particuliers n’ont pas encore été, que je sache, 
introduits dans la diagnose des genres. Toutes ces raisons m'ont 
donc déterminé à entreprendre l'essai descriptif qui va suivre, 
essai sans doute bien imparfait encore, mais qui représente peut- 
être avec assez de fidélité l’état actuel de nos connaissances relati- 
vement à l'organographie des Ürédinées, et qui signalera naturelle- 
ment aux futurs observateurs les lacunes à combler et les faits à 
éclaircir dans l’histoire de ces entophytes. 

Dans cette mise en œuvre de toutes les notions dont nous sommes 


27 


actuellement en possession , jai cru devoir conserver le nom 


4166 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

d’'Uredo pour désigner l'appareil initial de reproduction propre à un 
si grand nombre d’Urédinées, parce que cet appareil, considéré à 
tort comme genre particulier ou plante parfaite et autonome, était 
sénéralement connu sous une telle dénomination. En prenant 
ce parti, il m'a nécessairement fallu appeler, autrement que 
M. Léveillé, les espèces que j'ai empruntées à son groupe des 
Uredo proprement dits, et auxquelles jai imposé, comme on a déjà 
vu (sup. p. 125), le nom de Cœæoma, employé jadis avec une très 
grande extension, comme eelui d’Uredo (1), puisque M. Link l’ap- 
pliquait à toutes les Urédinées pourvues de spores uniloculaires. 
(Voy. le Sp. pl. de Linné, édit. de Willden., t. VI, part. 1, p. 1 
et Suiv.) 

UREDINEI. 


AnGiocarroruw fungor. genera, scil. Dermarrocarpr-GvymnosPermi (partim) Pers., 
Syn. Fung., p. xv. 

Cuawriexows , ordo IL ( pro parte, nempe gen. XXXII-XXXVI) DC., FI. fr., 
ed. 3, t. I, pp. 216-247, et t. VI, pp. 54-99. 

EnroPayrorux pars (minima) Fr., Syst. orb. veg., t. [, p. 188. 

Gvunouycerum genera Linkio, Sp. pl. Linn., t. VI, p.n, pp. 1, 1-85 et 127-128. 

Urenne (pro parte) et Mucenivearun gen. I, Dub., Bot. Gall., t. 1, pp. 881 et 
886-908. 

Coniowycerum gen. (nempe gen. Aregma e Sroropermieis et Hypopermit s. Enro- 
Payri, exClusa Ustilagine) Friesio, Syst. Myc., t. IX, pp. 460-464. 

Urépnées et Æcminées (exclusis Coryneo, Exosporio et Sporidesmio) Lev., in 
Ann. sc, nat., t. XI (1839), p. 16. 

Cæomacrarum, ParAGmIDIACEARUN, Æciniacearun et Corvnacearun genera Cordæ, 
Anleit. z. Stud. d. Mycol., pp. 8, 15-17, 73 et 165. 

Gymnouycerum (Corvxaceorum) gen. XXV et XX VI, eorumd. genus addit. A, Spo- 
RIDESMIACEORUM ( ex HapcomvceriBus ) gen. LXXII, et Hyronermn s. URepinet 
omnes (inter eosd. Hapcomyceres), præter.UsriLagneos, Friesio, S. veg. Scand., 
pp. 474, 482, 507 et 509-518. 

Cæowacer, Paraewinracer et Æcinracer (exclusis multis generib.) Bonord., Handb. 
“der Mycol., pp. 39, 45 et 52. | 


SPERMOGONIA (2) ex omnibus fungilli organis præcocissima , 
(1) Ces deux noms ont d’ailleurs le même sens étymologique, celui qu'expri- 
ment les mots xœiw, uro. 


(2) Majori volente, ut videtur, mycographorum numero, spermogonia nec 
spermogoniæ, sicut assueveram, hodie scripsi; vox Svermatogonium quibusdam 
usitata, syllaba peneïnutili augetur. Recens etiam prodiit de Lichenibus opusculum 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 167 
puñctiformia, 6btusa acutave, mutiea v. Im ore (apicaln) ciliata (cils 
cl. Baryo paraphysibus dictis), flava, aurantia, fusca aut nigrentia, 
pauca seu numerosissima, Sparsa, absque ordine certo adgregata 
v. circinantia, Singula e peridiolo tenui aut crassiore, subachroo, 
aurantio v. fusco, plus minus in parenchymate matrier conspicuo 
et discreto, uniloculart, sterigmatibus linearibus exilibus stipatissi- 
mis et vertice spermatophoris in interno pariete vestito, humoreque 
viscido Sæpius præterea referto ; spermaliis perexiguis , ovatis v. 
cylindroideis , rectis, muticis , simulque cum muco in quo hberis 
demerguntur tempore debito eructatis, nempe in cirrhos aureos 
v. fucatos aut in guttas dilute aurantias per ostolum receptaculi 
exeuntibus. | 

FRUCTUS (sporæ, sporidia et sporangia auetorib.) mire multi- 
farn S. multiplices ; ali ent præco ciores, simplices, moxquein 
pulverem soluti, uredinem s. apparatum secundarium , quasi e 
stylosporis factum , ali perfectioris et mulimodæ structuræ appa- 
ratuni primarium, simplicem duplicemve, varie nuneupatum, 
et sporas proprie dictas edentemi, sistentes; ambobus fructuum 
sortibus vulgo aliquandiu coætaneis ac modo consociatis, modo 
plus minus discretis ; alterutra frequenter sola præsente. 

UREDO alba, flava, aurantia, fusca aut nigrescens, e soris 
(acervulis) sive pulvinulis (tubereulis, pustulis) sparsis, congrega- 
saut gyrosis, spermogonis sine ordine declarato commistis vel 
ea in orbem constipata ambientibus constans , modo nuda nec nisi 
epidermide plantæ matricis tecta et eadem disrupta excepta s. caly- 
culata , modo peridio scil. tegmine proprio membranaceo, sicco 
e'astico aut mucoso, albido pallido sive fucato, nune ostiolato cilia- 
toque vel crenato-dentato, nune rimulis dehiscente aut varie lacerato 
destructoque , incarcerata. SryLosporæ ovatæ ellipsoideæ globo- 
sæve, unmiloculares, tum ab initio diseretæ, singulatim stipitatæ, 


(scilicet Geneacæna Lichenum, auctore A. Massalongo ; Veronæ, 1854), in quo 
Spermogonium spermatocalium, sterigmata erismata, et spermatia tromodoblastia 
dicuntur ; sed quid emolumenti ex his synonymis, ut de cæteris ibidem allatis 
taceam, scientiæ trahendum est non perspicio. Jamdiu oblivioni, nec immerito , 
dabatur barbara Wallrothii neologia; cui bono nec meliorem nec magis necessa- 
rlam novorum yocabulorum copiam iterum proferre, nisi ut litterati et intelli- 
gentes ab amabili plantarum studio præ fastidio avertantur ? 


168 _ LR, TULASNE. — MÉMOIRE 


tandemque nihilominus pleræque apodes, tum contra in series 
s. monilia polymera primitus coalitæ , tuneque superpositæ, ad- 
prime contiguæ aut isthmis contractis quasi filo transfixo cate- 
natæ, deinde tamen pariter liberæ et apodes ; episporio tenui aut 
crasso, tuberculifero v. spinescente, rarius levi, achroo pellucidoque 
s. varie fucato et quandoque penitus opacato, nunce oscillis (punctis 
tenuatis ) tribus, quatuor v. pluribus donato, nunc quoviscumque 
poro, saltem conspieuo, destituto et quasi impervio ; endosporio te- 
nuissimo, Indisereto, elauso ; protoplasmate granoso-oleoso, pallido 
flavido v. aurantio , absque nueleo discreto. Parapayses jam plane 
nulle, jam pulvini uredinei ambitum et penetralia quidem copio- 
sissimæ tenentes, obovato-lineares elaviformes seu capitatæ, rectæ 
aut incurvæ, e membrana achroa hyalina tenuique vel incrassata et 
uonnihil infuscata factæ , vacuæ aut protoplasmate parco, pallido 
flavido v. aurantio fartæ. GErmEx e stylosporis recentibus (v. an- 
notinis ?) pronascens tubulosum, lineare, simplex , bifurcum seu 
varie ramosum, æquale aut diversimode hine illinc tumefactum, 
vulgo tamen uniloculare, indefinite elongatum, myceltique exor- 
dium ; rarissime contra, ut videtur, definitum s. promycelium 
sistens , scilicet in modicam excrescens longitudinem , septorum 
ope eito 4-5-loculare totidemque subinde sporidiferum, vegetatione 
hoc modo absoluta ; sporidiüs (embryonibus non fixis) obovatis, le- 
vibus, sterigmatibus acutis singulatim primum suffultis, brevi 
liberis et in fila germinando abeuntibus. 

SPORÆ perfecliores nune plane discretæ, nune in pulvimos so- 
lidos s ligulas, integras aut varie partitas, adglutinato-consociatæ, 
tuneque basidia fingentes nec unquamdisjunetæ, cæterum simphices 
indivisæ aut pluriloculares, sessiles v. stipitatæ, pulveris instar 
labiles v. in matrice persistentes ; pulvinis quos struunt uredinis 
more sparsis congregatis V. circinatis , rarissime peridio membra- 
naceo primodum tectis, frequentius autem paraphysibus (uredmeis 
haud dissimilibus) consitis ; episporio tenuiachroo hyalino, autsæpius 
saturate fucato partimque opacato , de specie impervio v. oscillis 
paucis et numero definitis, mediis v. apicalibus, instructo, levi aut 
varie asperato ; endosporio incerto vix conspicuo aut magis mani- 
festo ; protoplasmale granoso-oleoso, palhido aurantio v. dilute 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 169 
fucato , nucleumque sphæricum pallidiorem, centralem s. excen- 
trieum fovente. GERMEN modo æstivale s. præcox, modo opsige- 
num i. e. serotinum (hiemale, vernum), 6e membrana hyalina 
tenuissima et protoplasmate pallido flavido v. aurantio fabricatum, 
tubuloso-cylindrieum v. elaviforme, obtusum, rectum flexuosumve, 
totum incurvatum aut apice tantummodo eirematum, simplex v. 
rarissime in brachia discedens , semper definitum s. promycelit 
vices gerens, nempe brevi absolutum tuncque uniloculare et apice 
-sporum, vel 3-4-septum et totidem sporidiferum ; sporidiis 
obovatis ovato-reniformibus aut sphæricis, levibus, pallidis v. au- 
rantiis, sterigmate acuto singulis primodum suffultis, Hberis autem 
penitus apodibus, alis germinando filum æquale et tenuissimum 
agentibus, aliis formas sporidioides quasi transfixas præterea in- 
novantibus. 


Fungilli ubique terrarum obvii, omnes entophyti et parasitigenuini, scili- 
cet in plantis vivis (folus, caulibus herbaceis ligneisve recentibus, neenon 
fructibus immaturis)tantummodo vigentes, hypodermii, sed quantum sciam 
et de fructuum generatione loquar, simul photobii s. lucipetæ. Ab UsriraGr- 
NEIS (Lev., in Ann. sc. nat., loc. cit., excluso Sepedonio; Tul., in eisd. 
collect., ser. 3,t. VIE, p. 73) proximis parique jure entophytis, eo imprimis 
discrepant quod formam magis definitam, structuramque longe magis mul- 
. tifariam obtineant ; matricis præterea extima tegmina sola occupant nec un- 
quam, USTILAGINEORUM lucifugo more, ejus penetralia hypogæasque partes 
sporulis infarciunt. Cæterum USTILAGINEI sporarum genesi et universa pul- 
verea morphosi UREDINEOS nonnullos imitantur , namque ex. gr. de hoc 
duplici argumento ab uredine Coleosporti v. ab Æcidineïis non longe 
recedunt, sporæ enim USTILAGINEORUM novellæ , licet mycologi nonnulli 
aliter senserint, sibi invicem arctissime et quasi ex omni parte cohærent 
glomulosque fingunt quorum in medio recentiores s. imperfectiores nidu- 
lantur; 1ta ut hæc partium evolutio centripeta dici queat, 1. e. undequaque 
glomeris centrum petat ; porro eadem prorsus apud Coleosportu uredinem, 
Cæœomata, Æcidia et consimiles, etsi basipeta tantum, quia ob pulvinuli 
figuram, fructuum series seu monilia in altum omnia tendunt, deprehen- 
ditur. Indubia hæc analogia UsTiLAGINEOS ab UrEpiNEIS longe amoveri 
vetat, nec discrimina tollit quibus dividuntur; quamobrem simul, ut 
opinor, erraverunt et Baryus (4) qui proximos USTILAGINEIS inter ÆTHA- 


(1) Cfr. illius librum de Entophytis jam multoties laudatum , pp. 98 et 100, 


470 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE 


LINOS quærere , et Leveilleus (1) qui illos cum UREDINEIS in unum eum- 
demque ordinem conjungere vellent. 

Cystopodis sporarum natura anceps est; Cæomatis autem, Æcidiorum 
et aflinium fructus, paucissimis exceptis , uredinea semina reliquorum ge- 
nerum potius quam perfectiora imitari videntur. Genera heterospora et 
affinia, plura prioribus, specierum copia eadem longe præstant. 

Qui UreniNsos nostrates inter se contulerit, eos mecum, donec plura 
de eorum structura et necessitudinibus innotescant, modo insequenti ordi- 
nare fortassis non negabit. | 


1. — Albuginer (candidis. melini, heterospori). 


I. Cysropus Lev. 


Genus hoc ambiguum s. recedens in limine ordinis versatur , sed ad 
Æcidineos ob sporarum genesin, ni fallor, accedit. 


2. — Æcidinei (peridiati, homæospori). 


[Æcidinei Lev., in Ann. sc. nat., loc. cit.; Baryo, Brandp., pp. 92 et 93 
(duabus exclusis ex Uredinibus citat.). — Æcidiaceæ Cord., Anleit., p.73 
(pro parte). ] 

IT. Czxoma mihi. 

TT. Æcmiuu Lk. 

IV. Roœsrezra Rebent.; Fr. 

V.  Permermium Lk. 

Cæoma etsi peridio destitutum, Æcidiis utique , Baryo ipso monente, 
affine est. Formam in cæteris generibus peridium obtinet, qua nec majo- 
rem nec præstantiorem apud reliqua confamiliaria exstare comperies. 
Spermogoniis omnia abundant. 


3. -— Melampsorei (solidi, pulvinati, biformes). 
[Uredinei seirospori (pro parte) Baryo, Brandp., p. 96:] 
VI. Merawpsora Cast. 


(1) Cfr. Ann. sc. nat., ser. 3, t. VII, pp. 372-373, et Orbinü Dict. univ. 
d'hist. nat.,t. XIL, p. 787. Clarissimus auctor Usracmeos ab Urenineis olim e 
contrario segregaverat (cfr. Ann. sc. nat., ser. 2,t. XI, p. 16); distinctos etiam 
habet Friesius in sua Summa vegetab. Scandinaviæ, p. 515. Baryo item judice 
(Brandp., pp. 98-100), Usnsaginer ordinem ab Urepieis ob structuram crescen- 
dique rationem longe diversum sisterent, quæ autem discrimina plus æquo ma- 
jora eum sibi finxisse futuris exploratoribus, ut arbitror, videbitur. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES,. 4 71 


Peridium in Melampsoris nonnullis adest, in sequenti genere penitus 
(hactenus saltem) desideratur. | 


VII. Corrosporium Lev. 


H. — Phragmidiacei (pulverulenti, biformes, infuscat ; 


e 


ordinis centrum). 


[PuccinieiFr., S. veg. Scand., p. 512 (excl. Uredinuim parte). — Phrag- 
midiacei Baryo, Unters. üb. d. Brandp., pp. 96 et 97.] 


. VIII. Paracminiun Lk. 
IX. TriraraGuium Lk. 

VX.  Pucernra Lk. 
XI. Urowyczs Lk. 
XII. PrzeocariA Cast. 


La 


5. — Pucciniei (carnosi, ligulativ. tremelliformes, nudi et 


fructibus uniformes ; ordinis magnates). 


[Gymno sporangieæ Chev., FI. par., 1, 422 (excluso Coryneo.] 


XIII. Ponisoma Lk., Fr. 
XIV. Gyunosporaneium Lk., Nees., Fr. 


6. — Cronartier (peridiati, biformes, ligulati, omnium 
fortassis præ structura nobilissimi). 


XV. Cronarticu Fr. 


In Seribendis horum generum singulis diagnosibus, Albugineorum 
et Æcidineorum semina pro uredineis fructibus s. stylosporis, licet 
quædam repugnarint, habui ; apud Melampsoreos et Phragmidia- 
ceos, fructus perfectiores simul sumptos ipso generis cognomine, com- 
modæ brevitatis causa, plerumque designavi; Cronartii autem Podiso- 
matisque apparatum columnarem, ligulam s. columellam non dicere non 


licebat. 
F.. CYSTOPUS: 


Uredinis sp. (Albugo) Pers., Syn. Fung., p. 223. 

Uredinis sp. DC., F1. fr., IL, 237, et VI, 88.—Chev., F1. par., I, 408.—Dub., 
B. Gall., p. 892. — Ung., Exanth., p. 267, tab. mn, fig. 45, et tab. x, 
fig. 32. — Sowerb., Engl. Fung., p. 340. 

CϾomatis sp. Nees, Syst. d. Pilze, p. 16, tab. 1, f. 8. 

CϾomatis (Uredinis) sp. Linkio, Spec. plant., vol. cit., p. 37. 

Cystopus Lev., in Ann. sc. nat., ser. 3, t. VIII, p. 371.—Fries, S. veg. Scand., 
p. 512.—— De Bary, Untersuch. üb. d. Branñndp., p. 20, tab. n, f. 3-7. 


SPERMOGONIA ignota. UhEpo Sparsa V. cireinans et centrifugo 


172 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 

more.evoluta, peridio proprio simul et paraphysibus destituta, epi- 

aut hypophylla; sterigmatibus e mycelii copiosi ramis erassis et 

denseimplicatis natis, obovato-cylindroideis, erassis, obtusissimis ; 
sporis modo omnibus conformibus aut vix dissimilibus (pallidis, 
albidis melinisve), modo contra duplicis naturæ : aliis nempe 

(stylosporis ?) globosis s. globoso-eylindricis, e vertice sterigmatum 

subtus coarctato paulatimque summopore angustato, originem 

deinceps ducentibus, series s. monilia polymera quapropter sisten- 
übus, isthmis brevibus et eo angustioribus et fragilioribus quo 
senioribus discretis, tandemque liberis s. dissociatis, fungilli pul- 
vinulo quasi intcgro ex ns facto in pulverem soluto ; alus vero 
multo paucioribus (fructibus perfectioribus), elementis quorumdam 
monilium extremis (supremis), éæteris crassioribus, fucatis, sphæ- 

ricis, trigonis, trisulcatis ac verisimillime triforis (poris autem vix 

conspicuis) ; episporio in seninibus utriusque generis tenui levi- 

que , protoplasmate autem pallido granoso v. subhomogeneo ; ger- 
mine Sporarum majorum præcoci lineari vulgoque simplici, mino- 

rum pauci-ramoso (vix noto). (Cfr. tab. nostr. VIT, fig. 1-5.) 
Cystopus ob sporas affatim dissimiles ex eodem sterigmate progenitas , 

typus uredineus admodum peculiaris et quasi abnormis videtur ; earumdem 

ordine catenato Ræsteliam quodam modo imitatur. USTILAGINEOS, suadente 
el. Leveilleo , cum UREDINEIS, quibus autem multo propiorem arbitror, 
fortassis conjungit. 

Hujus generis prototypi sunt Uredo candida Pers. (Desmaz., PL. 
crypt. de Fr. [ed. all.|, n° 481 et 1079), et Uredo Portulacæ DC. 
(Desmaz., op. cit., n° 363). 

II. CÆOMA. 

Uredinum sp. Pers., Syn. Fung., p. 214.—Dub., Bot. Gall, p. 892.—Lev., in 
Ann. se. nat., ser. 3, t. VIII (xbri 1847 ), p. 371.— Fr., S. veg. Scand, 
p. 515.— De Bary, Brandp., p. 65. | 

Cœomatum [Uredinum) sp: Lk., op. cit:, pp. 80 et 35. 

Nequaquam Cæoma Bonord., Handb. der allgem. Mycol., p. 40 (quod entophy- 
tis sammopere dissimil. conflatur). 

SPERMOGONIA punetiformia, aurantiaca, absque certo ordine v. 
circinatim aggregata, hypo- simul et epiphylla, unilocularia, obtusa 
vulgoque mutica ; spermatiis ut solet acrogenis , ovoideis v. .cy- 
lindroideis, in humore viseido tandem natantibus ejusque ope forts 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 475 
diffluentibus. Urenis pustulæ pulviniformes, adpresse globosæ, 
deformes v. confluentes, ochraceæ, flavidæ v. nitide aurantiacæ, 
sparsæ, congregatæ spermogoniisque proximæ et sæplus quidem 
eadem cireulatim ambientes, peridio paraphysibasque destitutæ, 
nec nisi epidermide matrieis cireum cirea soluta ruptaque exceptæ 
et brevissime involueratæ ; sporis (stylosporis ?) in series longius- 
culas stipatissimas partimque coalitas contigue superpositis ac sibi 
tal modo mvicem hærentibus, supremis semper senioribus , ma- 
. tunis liberis, inter se paribus, globosis et nonnihil angulosis ; epi- 
sporio hyalino, achroo, plus minus echinulato et vix impervio 
(oscillis autem parum conspicuis); protoplasmate granoso, dilute 
flavo v. rubeo-aurantiaco ; germine.….. (videre non licuit). 

Sporarum genesi Cæoma (mihi) Coleosporti uredinem perfecte refert, 
proximeque ob eamdem causam et spermogonia ad Æcidium accedit. 


Pro ejus typis Uredinem Evonymi Mart., U. pinguem Dub., U. Orchi- 
dis Mart., et consimiles habeo. 


HI, ÆCIDIUM. 
Æcidium (partim) Pers., Syn. Fung., p. 204. 
Æcidü sp. DC., F1. fr., ed. 3,t. 11, pp. 237-246, et t. VI, pp. 89-97. — Dub, 

Bot. Gall., p. 903-908. 

Cæomatum subgen. IT (Æcidium) Linkio, Sp. pl. Linn., t. VI, p. 1, pp. 42-63. 
Æcidium Chev., F1. par., 1, 386. — Ung., Exanth. der Pfl., p. 297, tab. nr, 

f. 17-19, et tab.-1v, f. 21-22. — Cord., Anleit. 3. St. der Myc., p. 73 ; Ie. 

Fung.,t. LE, p. 45, tab. 11, Ê. 45. — Tul., in Ann. sc. nat., ser. 3,t. VII, 

pp. 48, 59, 66 et passim, tab. VIT, f. 29-31. — Fr., Sum. veg. Scand., 

p. 510. — De Bary, Brandpilze, p. 65, tab. v-vir. 

SPERMOGONIA aurantiaca, punetiformia, vulgo numerosissima , 
epi- et hypophylla, sparsa , adgregata, v. cireinatim ordinata; 
peridio immerso uniloculari, in ore longe ciliato, cils exilissimis ; 
sterigmatibus linearibus stipatissimis ; spermattis ovatis, solitarie 
acrogenis, etin cirrhos cum muco copioso eructatis. UREDO auran- 
tia, rarius alba, sparsa aut cireinans, spermogoniis commista,eadem 
ambiéns, v. longe ab is nata; pulvinulis ab invicem discretis, 
etsi sæpissime confertis, singulis peridio membranaceo elastico, 
. seissih, albido, initio globoso obtusissimo vesiculiformi integro et 
admodum elauso , postea autem late aperto calyculamque immer- 
sum in ore exserto recurvoqne dentato-fimbriatum referente , 


A7! L.=R, TULASNE. — MÉMOIRE 


instructis, totis in hoc vasculo reconditis simulque € paren- 
chymate materno facile integris evellendis; paraphysibus nul- 
lis; sporis (stvlosporis?) momlhia contigua et pro maxima parte 
connafa fingentibus, absque discrimine superpositis et codlitis, 
supremis cujuslibet catenulæ ætate provectioribus et prius liberatis, 
maturis globosis omnibus etæqualibus, interdum totis albis, sæpius 
autem , ob contenta granoso-oleosa , nitide aurantis ; episporio 
echinato , subachroo , hyalino, poris quandoque tribus médiis , 
sæpius indistinctis, pervio ; germine tubuloso brevique , s. longe 
filiformi, simpliei, bifurco aut varie ramifero , nune æquali septis- 
que destituto , nune in utriculum apicalem ovatum v. globüsum 
mox dilatato ultraque in filum multo tenuius exeurrente, rarissitie 
vero promyceli instar in loculos 8-4 e latere 1-sporidiferos 
dissepto ; sporidis istis (gemmis s. embryonibus) obovatis levibus 
coætaneis singulatimque e sterigmate s. spiceulo acutô natis: 


Genus vulgatissimum, plerumque phyllogeneum, plantis permultis ét di- 
versissimis infestum, e formis numerosissimis at vix dissimilibus, plerisque 
enim non nisi sede s. matrice sibi propria distinguendis ; unde 1ll. Friesius 
seripsit Æcidia singula describere immensum fore laborem, omneque eo- 
rum studium, præter physiologicum, sibi irritum videri ( Syst. Mye., 
t IE, p: 512). 

Æeidii peridium cum contentis, aeus et lentis ope, facillime e parenchÿ- 
mate fovente integrum purumque abducitur ; quum præterea apertum hinc 
frangitur, subito fasciolæ deplanatæ formam elastice obtinet. 


IV. ROESTELIA. 


Lycoperdi sp: Linn., Suppl. pl. syst. veg., etc. (Brunsvigæ, 1781), p. 453. — 
Müll.,in F1. Dan., fasc. XII, p. 6, tab. 704. — Jacq., Floræ Austr. Icon., 
t L p.:13, tabr-17. 

Æcidiorum sp. Pers., Syn. Fung., p. 205-206. — DC., F1. fr., ed. 3, t. I, 
p. 247, et t. VI, pp. 97 et 98. — Dub., Bot. Gull., p. 902. 

Cœomatum sect. IL (Ræstelia) Lk., in Mag. f. d. neuest. Entdeck., t. III, p: 6. 

Cœomatum e subg. LE (Ceratitum) pars, eidem Linkio, Sp. pl. Linn., VE, n, 64: 

Centridium et Ciglides Chev., Fl; par., t.1, pp. 383-384. 

Ræstelia Rebent., F1. Neom., p: 350. — Ung., Exanth. der Pfl, p. 301. — 
Cord., Anleit., p. 74; Icon. Fung., t. V, pp. 49 et 55, tab. mn, f. 29. = KE: 
S. veg. Scand., p. 510. — De Bary, Brandp., p. 73, tab. vu. 


SPERMOGONIA punetiformia, ex aureo fucata, submutica v. obsolete 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 475 
ciliata , cilis saltem sæpe caducis v. brevi pereuntibus , in macula 
vulgo epiphylla et nitide aureo-rubente congregata, v. obsolete cir- 
cimantia ; peridio uniloculari tandemque in membrana vix a matrice 
discreta fucato ; sterigmatibus spermatiisque Æcidiorum. Ureno in 
adversa pagina areæ spermogoniophoræ, parenchyma præter 
normam accretum, varié intumescens, Carnosum factum, amyloque 
insueto copiosissime refertum inhabitans, e peridiis numerosis pau- 
cisvé, ovatis ovato-oblongis s. lineari-tubulosis, discrétis et absque 
ordine nidulantibus, verticeque aliquando saturatius fucato paulatim 
ac plus minus emersis, quibusdam longe protractis ac fere totis ex- 
serüis ; harumce capsellarum membrana parietali nune peculiariter 
e basi scissili, in lacinias exiles quandoque apice inpervio coalitas 
cireum circa dissecta et pedetentim pereunte, nune contra diutius 
persistente tantumque (primitus saltem) in ore terminali varie den- 
tato-lacera ; paraphysibus sinceris forsitan nullis, sterigmatibus 
autem recentibus vel sterihibus (omnibus stipatissimis)eas quodam- 
modo mentienhibus ; sporis (stylosporis ?) novellis quasi fuleimenti 
longe linearis nodos s. tubera superposita, intervallo vario discreta 
fingentibus, pedetentim increscentibus, isthmisque eo brevioribus 
factis ab invicem separatis, tandem omnino disjunctis et liberatis ; 
episporio maturo crasso, 0paco , levi aut parce tuberculoso, satu- 
rate fucalo, porisque multis et impressis pervio, protoplasmate 
autem dilute aureo; germine (in R. cancellata Reb. solum obser- 
valo) præcoci, longe lineari, varie convoluto, quandoque apicem 
versus in utriculum dilatato ultraque exiliorti. 

Pro Restehæ typo Æcidium cancellatum Pers. (Syn. Fung.,p. 205), 
in foliis Pyri nostratis autumno frequentissimum, generis conditor habuit; 
illi postea Æcidium Oxyacanthæ Pers. CÆ. laceratum GB DC., F1. fr., 
II, 247.—Desm., PI. crypt. de Fr., ed. alt., n. 137) sub Ciglidis no- 
mine beat. Chevallier (FT. par., 1, 38h) consociavit. Ab Æcidio proximo 
ob peridi peculiarem variamque dehiscentiam, sporarum genesim ét co- 
lorem saturate fuscum ARæstelia præsertim‘discedit. Centridium Chev. 
(FU Par.,t. 1, p. 383, tab. x1, f. 2), Æcidium cornutum Pers., 
Æ: Amelianchieris DG. (F1. fr., ed. 3,1. VI, p. 97) et consimilia in- 
cludens (1), peridio vulgo longe tubuloso et in vertice Æcidii instar 


(1) Cfr. Desmaz., PI. crypt. de Fr., edit. alt., n. 877, 878, 1373, 1047, 
1018, 1117 et 11418. 


4936 L.-R, TULASNE. — MÉMOIRE 

dentato-fimbriato (pervio), a Ræsteliæ primaria specie quadamtenus 
discrepat; attamen non adeo recedit ut, me saltem judice (etsi multi et 
Linkius ipse in sua Dissert. IT in Ord. pl. nat. aliter senserint), pro typo 
distincto agnoscatur. Etenim ne sua commoda Linnæanæ s. bipartitæ 
rerum naturalium designationi omnia tollantur, genusque ultra modum 
vilescat, caute etiam cavendum est ne pretiosa affinium societas propter 
nugas, ut ita dicam, solvatur, totque genera proponantur quot formæ 
diversæ occurrunt. [l. Friesio et Linkio (primum opinanti) propterea assen- 
tior qui intra Ræsteliæ limites dilatatos cuncta PomaAcEARUM Æcidia huc 
usque cognila Congregaverunt. 


V. PERIDERMIUM. 


Lycoperdi sp. Willd., in J. Rœmeri et P. Usteri Magaz. für die Bot ,t. IT 
(manip. 1v;, ann. 1788), p.16, tab. rv, fig. 12. 

Æcidii sp. Pers., Syn. Fung., p. 213.—DC., F1. fr. (ed. mi), t. IF, p. 237. — 
Nees, Syst. d. Pilze, p. 2 (sub titulo primario Cæomatum), tab. 1, f. 4. — 
Dub., Bot. Gall., p. 903. — Grev., Scot. crypt. F1 ,t.1I, tab. 7. 

Cæomatum subgen. IV (Peridermium) Lk., Sp. pl. Linn., VI, u, 66. 

Peridermium Chev., FL par., 1, 385, tab. xr, f. 3, — Lev., in Actis Soc. Linn. 
par., t. IV (1826), p. 208, tab. XI, fig. 4-8. — Ung., Exanth. der Pf., 
p. 295.— Fr., S. veg. Scand., p. 510. — De Bary, Brandp., p. 72. 
SPERMOGONIA Sparsa V. Congregata , pauca, crassa, aurantiaca ; 

peridiolo e membrana indiscreta, globoso, sub epidermide materna 

tumente, uniloculari, rima angusta v. poro obsoleto et mutico per- 
vio ; sterigmalibus tenuiter linearibus, æqualibus, simplicibus, pal- 
lidis et confertissime stipatis ; spermatiis solitarie acrogenis, ovatis, 
demum liberis, in muco aurantio immersis simulque guttulatim 
exsudatis. Urepo sparsa v. laxe aggregata, hypo- aut epiphylla, 
necnon corticicola , spérmogoniorum socia vel ab tisdem remota ; 
pulvinulis omnino discretis, ovatis oblongis v. oblongo-lanceolatis, 
tumentibus, peridioque amplissimo, bursiformi s. conicoet obtusis- 

simo, membranaceo , tenui, niveo, fragili, modo irregulari et a 

latere sæpius disrupto et pervio, vulgoque etiam in basi cireumeirea 

tandem lacero et fimbriato sicque decidente aut pereunte, singula- 

im instructis ; pulvillo fertili incluso crasso, superne ob sporas 

maluras mtide aurantiaco et pulveroso; paraphysibus nullis ; sporis 

(stylosporis ?) novellis adprime superpositis, contiguis , catenatim 

coalitis, series stipalissimas, singulas cireiter 8-10-meras struenti- 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 177 
bus, imaturis autern dissociatis ovato-globosis crassis et saturate 
aurantiis ; episporio tubereulis confertissimis asperato, achroo aut 
vix fucato, atque imperforato (poris saltem inconspicuis) ; proto- 
plasmate granoso aurantiaco; germine præcocr, longe linear, 
flexuoso, passim dilatato v. inerassato et ramulos breves, simplices 
aut partitos, hine et inde nuimerosissimos agente. (Cfr. tab. X, 
fig. 13.) 


Non differt Peridermium ab Æcidio nisi peridio utriformi irregula- 
_riter et quasi circumscisse dehiscente. Fungillos foliicolas simul et cortici- 
colas, solisque GoniFERIS, ut videtur, infestos vindicat. Typus est Cæœoma 
(Peridermium) pineum Lk. (Peridermium Pini Fr.) ex quo generis cha- 
racterem desumpsi. (Cfr. not. 2 ad pag. 130, supra.) | 

Æcidium elatinum Alb. et Schw. (Moug. et Nestl., Stirp. Vog.-Rh., 
fase. IL, n° 285) priori vulgo consociatum, peridio exiguo haud promi- 
nente ac quidem vix conspicuo gaudet. Semivivum vidi in Abrete pectinata 
DC., e Plumbariis Vogesorum sub junii finem anni currentis ab amico 
Weddellio Parisiis allatum. 

Endophyllum Lev., in Actis Soc. Linn. Par., t. IV, pp. 205-208, 
tab. XI, f. 1-8, ïi. e. Uredo Sempervivi Schleich. (Ung., Exanth., 
p. 264, tab. V, f. 24. — Cæœoma Sempervivi Lk., Sp. pl., VI, 1, 28), 
ab Æcidio oris structura differt, etiamque, ni fallor, Æ. elatinum Alb. 
et Schw. quodam modo imitatur; vivum non vidi, quapropter ejus dia- 
gnosin omittere statui. 

Quod ad Graphiolam Poit. (in Ann. sc. nat., ser. 1, t. INT, p. 473, 
tab. xxvi, f. 2), fungillum palmicolam T'richodesmium etiam dictum (in 
Chevall., FT. par., t. 1, p. 382, tab. xx, f. 1 [iconib. a Poitæo mutuatis]), 
attinet, primam LYCOGALEIS, postea Æcidineis (cfr. Poitæi dissert. lau- 
dat., Cavalliert opus cit., et Cordæ {ntroduct. in Mycol., p. 74) annu- 
merata est; Dubyo judice (Bot. Gall., 11, 727), inter HypoxyLxos pone 
Phomata aptius militaret; aliis etiam Phacidii species arbitratur (cfr. 
Friesü Syst. Myc., t. Il, p. 572, et St. Endlicheri ÆEnchirid. bot., 
p. 19, gen. 372). Has inter sententias perquam dissimiles tutiorem eli- 
gere eo magis arduum mihi est quod fungillum vivum et perfectum examini 
attento subjiciendi usque adhuc defuerit occasio. Si cum UREDINET nostrates 
admiserint, sibi, ut opinor, Socium maxime abnormem ac de specie vix 
consentaneum, licet fortassis revera legitimum, adsciscent. Paucis ab hinc 
annis , clar. Friesius Graphiolæ autopsia edoctus, suadenteque, ut ait, 


&° série, Bor. T. II. (Cahier n° 3.) 4 12 


178 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 
illius habitu, fungillum hunc litigiosum ad PyRENOMYCETES non referre 


non potuit, et Depazeæ sub Phyllosticteorum titulo consociavit. (Cfr. 
laud. auctoris Elench. Fung., t. I, p. 135,.et S. veg. Scand., p. 422.) 


VI. MELAMPSORA. 


Sclerotiorum sp. Pers , Syn. Fung., p. 125. — Fr. Syst. Myc., t. II, pp. 261- 
263. 

Uredinum sp. Pers., Syn. Fung., pp. 245 et 219.—Dub., Bot. Gall.,pp. 893-896. 

Cæomatum (Uredinum) sp., Linkio, 1. cit., nis 404, 407-143. 

Uredines sporulis inæqualibus (duobus exclusis) Chev., F1. par., I, 408-410. 

Epitea(saltem pro parte) Fr., S. Myc., III, 510 ; Sum. veg. Scand. , p. 510-514 


(n. 7-11).— De Bary, Brandpilse, p. 40, tab. 1v, fig. 5-7. 

Melampsora Cast., Pl. Mars., p. 206, tab. v, et suppl., p. 80.—Lev., in Ann. 
sc. nat., ser. 3,t. VIII, p. 375.—Fr.,S. veg. Scand., p. 482. : 

Lecythearum spec. et Podosporium gen. Lev., in Ann. sc. nat., ser. 3, t. VIII, 
pp. 373 et 374, et in Orbinii Dict. univ. hist. nat., t. XII, p. 786. — Non 
autem Podosporium Schw., monente Friesio, S. veg. Sc., p. 512. 

Podocysiis Fr.,S. veg. Scand., p. 512. 


SPERMOGONIA 1gnota. UrEDo epi- aut hypophylla, vulgo sparsa , 
aurantiaca, nune peridio conspieuo destituta, nune contra tegmine 
membranaceo(e cellulis polygonis tabularibus), molli, continue, rite 
ostiolato (ostiolo dentato)v. varie disrupto lacero, involuta, semper 
véro paraphysibus numerosis late obovatis v. capitatis, achrois aut 
propter contenta aureis eonsita; stylosporis cuneatis obovatis vel 
ellipsoideis, echinatis, aurantiacis luteisve, primitus pedicellatis , 
demum apodibus, impervüs(poris saltem vix conspicuis) ; germine 
æsüvali, lineari, exih v. crassiore, simplici aut ramoso, ramis di- 
varicatis patentissimis.  Mecawrsora ( pulvinuli scilicet integri, 
firmi, colore saturatiores et æstate natali steriles ) sparsa, uredini 
commista, eamdem ambiens v. solitaria et uredinis expers, auran- 
tiaca fulva $s. nigrescens, e cellulis (spores, fructibus majoris 
dignitatis ) obovato-cuneatis, levibus, initio arctissime coalitis, 
tandem, quandoque salt, nullo negotio disjungendis, epidermide 
autem matricis (plus minus attenuato-consumpta) semper retectis ; 
harumce membrana crassiuseula, achroa v. infuscata, poro imper- 
fecto ac plus minus conspieuo in vertice pervia, protoplasmate au= 
tem granoso-oleoso, aurantio v. dilutiore, nucleumque pallidum 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 479 
sphæricum centralem v. excentrieum fovente; germine serotino 
(vernali), longe lineari, crassiusculo, simplicraut brachiato, recto, 
spiraliter contorto aut varie flexuoso, mox pluridloculari, sporidia- 
que 3-4 sphæriea et levia e sterigmatibus toudem distantibus eni- 
fente. (Cfr. tab. nostram VIE, fig. 6-49, et tab. VII, f. 10-12.) 


Fungilli in Cerasorum, Betularum , Salicum Populorumque folis, 
et in herbis nonnullis e variis ordinibus, Linis nempe ,. Euphorbiisque 
vigentes, solito crescendi modo necnon habitu Coleosportiis summopere 
affines, structura autem et inæqua seminum inæquæ naturæ maturitate 
longe dissimiles. Ratione peridi suæ uredinis habita, Melampsora ab 
Æcidineis in UREDINEOS centrales s. genuinos transitum demonstrare 
videtur. 


VIT. COLEOSPORIUM. 


Uredinum sp. Pers., Syn. Fung., pp. 217-218.—Dub., Bot. Gall., p. 893-895. 
—Ung., Exanth., p 267, tab. v, f. 26 (mala). 

Cæomatum (Uredinum) sp. Linkio, Sp. pl.. loc. cit., pp. 12, 46-17, 20. 

Coleosporium Lev.,in Ann. sc. nat., ser. 3,t. VILF, p. 373.—Fr.,S. veg. Scand., 
p. 512.— De Bary, Unters. üb. d. Brandpilze, p. 2%, tab. 11, f. 8-10. 


SPERMOGoNIA ignota (4). Urepo sæpius hypophylla, sparsa, ad- 
gregata v. rite cireinans, peridio sincero paraphysibusque desti- 
tuta, sed veluti indumento mucoso (fangillo ipsi privo v. originem 
ex epidermidis tegentis tela corrupta commutata partimque soluta 
ducente) sæpe obvoluta ; séylosporis (vix proprie sie dictis) primo- 
dum in series moniliformes quoad erescendi modum centripetas , 
inyicemque agglutinatas, arctissime consociatis, simgulis sua vice 
hberis (1. e. maturis ) tuncque ovatis v. ovato-globosis, aureis, 
echinatis et plane apodibus ; episporio achroo hyalino impervio 
(poris saltem indisüinetis) ; protoplasmate granoso-oleoso ; germine 
præcoct, longe lineari, simpliei aut ramoso, ramis abbreviatis. 
Cozrosroriu (pulvilli nempe integri solidi saturatiusque rubentes) 
modo uredini absque ordine commustum et contiguum , modo 
eamdem mediam ambiens aut eircinatim distributum, uredine peni- 
tus absente ; quolibet illius pulvino ex utrieulis obovato-oblongis, 
; (4) Uredini Compransori Schlecht. (Lk., Sp. pl. Linn., t. VI, p. 1, 


p. 17) quæ inter Coleosporia jure’ militat, olim spermogonia perperam tribui 
(Cfr., Ann. sc. nat. ser. 3, t. XV, p. 377). 


150 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE 

obtusissinis , 4-5-locularibus , et inter se, sæpius muci hyalini 
ope, arcte coalitis constante, utriculorum autem loculis s. cellulis 
mox in filum prælongum rectum simiplex (rarissime bifureum ) 
apiceque sporidiferum singulatim e vertice abeuntibus ; sporidiis 
solitariis crassis obovato-reniformibus levibus saturateque rubeo- 
aurantiis. (Cfr. tab. VIE, fig. A1, et tab. VIE, fig. 4-9. 


Coleosporia in variis herbis e GoMPosrTARUM grege, in RHINANTHACEIS, 
CAMPANULACEISque apud nos vulgatissima nascuntur, omnemque vitam in 
una eademque æstate explere solent. Eorum natura duplex manifestissima 
patet. Fungilli substantia quum in aqua aliquandiu conteritur aut frica- 
tur, colore sanguineo passim imficitur. 


VIIT. PHRAGMIDIUM. 


Pucciniarum et Uredinum sp. Pers., Syn. Fung., pp. 215,218, 229 , 230, etc. — 
DC... Fl. fr. ed.'3, t. IT, ppald8,tet &. YLépp. 56-66, 

Aregma Fr., Obs. myc. (ann. 1815), pp. 225-226. 

Uredines sporulis inæqualib. (pro parte) Chev., FI. par., 1, 409. 

Cæomatum (Uredinum) sp. et gen. Phragmidium Lk., Sp. pl. Linn , t. VE, p.u, 
pp. 30,31, 38, 84-85.—Dub., Bot. Gall., p. 886.—Ung., Exanth., p. 286, 
tab. vu, f. 36. — Cord., Anleit. z. St. d. Myc., p. 16: Icon. Fung., t. IV, 

. pp. 49-24, tab. V, fig. 70-72. — Tul., in Ann. sc. nat., ser. 3, t. VII, 
pp. 47 et seq., tab. vi, f. 41-19,et tab. vr, Ê. 1-16. — Fr., S. veg. Scand., 
p. 507.— De Bary, Brandp., p. 49, tab. 1v, f. 8-10. 

Aregmatum sp. Fr., Syst. Myc., t. IT, p. 497. 

Epitea (partim) Fr., Syst. Myc.,t. IL, p. 510; S. veg. Scand., p. 512 (n. 2-6). 

. — De Bary, Brandpilze, p. #0, tab. 1v, f. 3. 

Lecythearum et Physonematum sp. Lev.,in Ann. sc. nat., ser. 3, t. VITE, p. 374, 

et in Orbinii Lecic. univ. hist, nat.,t. XII, p. 786. 


SPERMOGONIA épiphylla, in médio maculæ rubicundæ vulgo con- 
oregata, pauca; peridioli unilocularis immersique ostiolo deplanato, 
mutico aut vix cilüfero ; spermatiis ovatis, muco liquido et flavido 
innmersis , gultatimque eructatis. Ureno vulgo hypophylla , areæ 
scilicet spermogoniophoræ dorsum tenens, multo rarius eamdem 
aream epiphylla ambiens (4), pulvillis solitariis aut paucis circi- 
naüim ordinatis; paraphysibus numerosissimis , late tubulosis, 

(4) Utriusque dispositionis exemplum præbet Phragmidium bulbosum Schm. et 


Kze. cujus uredo si fuerit hypophylla, Uredo Ruborum, si contra epiphylla, 
Uredo gyrosa, plerisque mycologis dicitur, 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 181 
obovato-linearibus , ineurvis, subvacuis , achrois diaphanisque 
denso ordine cireumstantibus, simulque pulvinuli uniuscujusque 
penetralia inter stylosporas occupantibus ; séylosporis globosis v. 
ovato-elliplicis, stipite anguste eylindrico, simpliet aut rarius bre- 
vissime brachiato (4), æquali et pallido primodum $suffultis, Hibe- 
ris autem vestigium ejus vix servantibus, episporio echinato , 
achroo, diaphano, poris multis sed vix discernendis pervio tectis, 
maleriemque aurearn mucoso-granulosam et oleosam foventibus ; 
germine longe tubuloso pauci-ramoso, ramis brevibus.  Frucrus 
pertectiores ( sporæ ) in ipsis uredinis puivillis nascentes v, 
acervulos diseretos (hypophyllos) passim sol struentes , tune- 
que iidem paraphysibus (prioribus baud dissimilibus ) stipati, 
sigulh stpitati (stipitemque etiam maturt retinentes), initio ob 
protoplasma incarceratum tegmenque achroum et pellucidum 
mhde auranti, postea autem, episporit infuscati et erassissimi 
causa, nigrefacti et opaci, cæterum quasi à prima ætate in loculos 
multos (2-12) æquales per septa tandem seissilia partiti, formamque 
cylhindricam, elongatam, reetam v. incurvam, faciemque levem aut 
tubereulosam obtinentes ; loculis singulis, supremo quidem, in 
medio pariete laterali 3-4-poris ; germine (promycelio) vernali 
tempore erumpente, brevi, tubuloso , obtusissimo , varie flexuoso , 
ob contenta rubeo -aurantiaco, mox 3-/4-loculato totidemque spori- 
dufero ; sporidus sphæricis levibus rubentibus, sterigmate primi- 
tus innixis moxque liberis. (Cfr. tab. IX, fig. 15-23.) 

Vigent Phragmidia ad huc nota nonnisi in folus plantarum e RosacEa- 
ROM familia, et a Pucciniis propinquis ob partes plures (numero apud va- 
rlas Species impares) in quas sporæ septis dividuntur, nec non oscilla terna 
quaternave cujusque loculi, discrepant; germen præterea s. promycelium 
quod ex istis poris tempore debito exit, vulgo non cireinatim incurvatur, 
sporidiaque sphærica nec reniformia enititur. Phragmidia, ni fallor, in 
UREDINEORUM genuinorum fastigio versantur. 


IX. TRIPHRAGMIUNM. 


Pucciniæ sp. DC., Ft. fr., t. VI, p. 56 (ed. 3). 
Triphragmium Lk., Sp. pl. Linn., t&. VI, p. un, p. 84.—Dub., Bot. Gall., p. 886. 


(1) Cfr. Ann se. nal., ser. 3, t. VIT (1847), tab. vi. fig. 13 et 14, 


482 | L.-R. TULASNE, —— MÉMOIRE 


—Cord., Anleit. 3. St. d. Myc., p. 17; Icon. Fung.,t. IV, p: 22, tab: vi, 74, 
— Fries, S. veg. Scand., p. 513. 

Uredinis sp. Sow., Engl. Fung., t. NT, tab. 398, £. 7. 

Uromycetis sp. Lev., in Ann. sc. nat., ser. 3,t. VIT, p. 3714, et in Orbinit Lexic. 
univ. hist. nat.,t. XII, p. 786. 


SPERMOGONIA Humerosissima, punetiforinia, aurantiaca tandem- 
que nigrentia, in Soros crassos oblongos v. eirculares aggregala , 
ostiolo mutico aut vix ciliato ; spermatriis ovatis, solito more acroge- 
nis, in muco Séni-fluido lberis natantibus et guttarum instar 
ejectis. Urepo aurantia, sæpius hypophylla, solitaria v. spermogo- 
nia ambiens, peridio paraphYsibusque destituta ; séylosporis ellipsoi- 
deis v. globosis, pedicello gracilt longiusculo et æquali. initio 
suffultis, demum apodibus, épisporio achroo diaphano echinato 
et impervio (poris Saltem inconspicuis), protoplasmate verum 
oranoso nitideque rubeo-aurantiaco ; germine æslüvali, longe li- 
neari, Simplici, et nonnunquam basi dilatato. Sporæ (s. fructus 
perfectiores) inter stylosporas natæ v. soros peculiares homæome- 
ros sistentes, pari modo pedicellatæ vestigiumque fulciminis quod- 
libet liberæ vulgo retinentes, globosæ simul et tripartitæ , lobis 
singulis unilocularibus et in medio 1-poris; episporio crasso, 
saturate infuscato , nigrente quidem et tubereuloso ; protoplasmate 
aurantiaco ; germine verno , crasso, tubuloso, aurantio-fusco (ob 
contenta }, recto, mox 4-5-locellato, sporidiaque 3-4 sphærica 
levia et aurantia e totidem sterigmatibus (singulis in loculorum 
apice solito more nalis) gignente. (Cfr. tab. X, fig. 14-18.) 


Triphragmia eximium sistunt UREDINEORUM genus, Pucciniarum 
simul et Phragmidiorum æmulum, peculiari autem s. tripartita et tri- 
fora sporarum structura facile dignoscendum. Nostratia in Zsopyro, Meo 
et Spiræis proveniunt. 


X: PUCCINTIA. 


Uredinum sp. et gen. Puccinia (pro parte) Pers., Syn. Fung., pp. 215 et seq., 
225 et seq. —DC., F1. fr., ed. 3,t.11, pp..218 et 226,ett. VI, pp. 56-87 
(passim). — Link., Sp. pl. Linn., t. VI, p. 1, pp. 67 et seq. — Dub., Bot. 
Gall., p. 887. — Ung., Exanth., p. 282, tab. vi, £ 34, et tab. vir, f. 37, 
38 et 40.,— Cord., Anleit..z. St. d. Myc., p. 15; Icon. Fung:, t. E, p. 6, 
n. 1-4, tab. n,f. 95-97, t. IL, p. Æ, tab. win, Ê. 49-21,.t. IV, pp. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 183 
tab. nt, f. 27-35, tab. 1v et tab. v, fig. 61-69, et t. V, p. 50, tab. nr, f. 44 
et 12 (exclusis Sepedoniis). — Tul., in Ann. sc. nat., ser. 3,t. VIT, pp.62, 64 
et seq.; tab. vi, f. 4-10, et tab. vir, Ê. 47-28.—Fr., S. veg. Scand., p. 543. 
— De Bary, Brandpilze, p. 36, tab. 1v, f. 1-2. 

Solenodonta Cast., PI. de Marseille, t. 1, p. 202, tab. 1. 

Trichobasium, Lecythearum, Uromycetumet Uredinum sp. Lev., in Ann. sc. nat., 
&. VIII, p. 372-376, et in Orbinii Lexic. unio. hist. nat.,t. XIT, pp. 785-786. 
SPERMOGONIA rara, Sparsa, épi- et hypophylla, singula e pert- 

diolo immerso, ostiolato et in ore longe ciliato, pallido, aurantiaco 

v. fusco, Sterigmatibus linearibus, diametro uniformibus, sperma- 

tisque acrogenis, ovatis ellipticisve , aureïs v. fuscis, muco hyalimo 

immersis et cirrhose eructatis. Ureninis sparsæ v. circinantis pul- 
vilh peridio sincero destituti, quandoquüe autem paraphysibus cras- 
sis,  Cylindricis obovatis v. capitellatis. cireumdati simul et consitt, 

rarissime etiam iisdem circumstantibus inferneque in membranam 
coalitis cincti ae propterea veluti peridio ciliato donati; séylosporis 
sterigmatibus linearibus, achrois, brevibus v. protractioribus, sim- 
plieibusque singulatim primitus innixis, tandem liberis et vulgo 
apodibus , tuncque ovatis v. globosis ac plus minus echinatis, 
cunctis e duplici factis membrana, externa scilicet ut plurimum 
incrassata, modo subachroa et pellucida, modo fulva aut saturatius 
fucata et subopaca , in medio poris 3-4 æquidistantibus, v. rarius 

hine et inde oscillis pluribus, singulis solito more tympanello s. 

hymene ad tempus clausis pervia, interna autem tenuissima levi 

hyalina clausa et protoplasma pallidum, luteum, aurantiacum v. 

subfuscum, mucoso-granosum simul et oleosum ineludente ; ger- 

mine longe lineari-tubuloso, simpliei, in brachia multa discedente 

V. pauci-ramoso, diametro æquali , æstivoque ut plurimum tem- 

pore, saltem videtur, e stylosporarum oseillis exeunte. Pucaniæ 

itidem sparsæ v. ciremantis pulvill homæomeri vel uredinem 
admittentes ideoque heterospori, tegmine proprio destituti, in- 
térdüm vero, uredinis imstar paraphysibus obvallati et consiti ; 
sports $. fructibus breviter longiusve pedicellatis, pediculo achroo 

v. colorato, 2-locularibus (abortu quandoque 1-locularibus ), 

oblongis v. globosis, in apice rotundato oblusis v. acuminatis, 

sæpe inæquo modo fucatis, levibus aut rarius echinatis, deciduis 

v. in matrice persistentibus, cujushbet loculo superno in vertice 


184 .…. LeR. MULASNE.. — MÉMOIRR 

(plerumque incrassato), inferno autem in latere summo (sub septo 
4-poris ; protoplasmate pallido v: aurantio, primitus pro maxima 
parte oleoso, postea mucoso-eranuloso, nucleumque pallidiorem 
sphæricum, medium v. excentricum fovente ; germine (promyce- 
lio) nune #æstivali hornisque fructibus progenito, nune tantum e 
sporis senioribus primo vere nato (1. e. opsigeno), longe tubuloso, 
superne incrassato et nonmhil ciremato , pallido , luteolo v. auran- 
tio (propler contenta), eito 3-h-loculari, sterigmataque totidem 
paulatim acutata demumque monospora agente; sporids ovato- 
reniformibus , levibus, pallidis v. dilute aurantis. {Cfr. tab. IX, 
fig. 1-11.) 


Pucciniæ ex omni parte virente et photobia plantarum, herbarum im- 
primis, nascuntur , graminibusque cerealibus nostris non mediocrem 
noxiam sæpissime afferunt; nonnullæ pro ætate colorem mutant, initio 
enim aurantiæ ob uredinem, fulvæ atræve cum senuerint , propter fructus 
biloculares maturos, evadunt. Cæteros inter UREDINEOS, innumera for- 
marum diversitate insignes sunt ac propter sporarum structuram, in per- 
fectis fungillis semper dimeram, nullo negotio à confamiliaribus dignos- 
cuntur. Fructus autem dimidiati, 1. e. sporæ uniloculares quas uromyceas 
libenter dixerim, interdum dimeris vix pauciores sunt, ac modo iisdem 
aut stylosporis, uredineis nempe semimibus, commisti, modo contra seor- 
sim geniti sorosque proprios s. homogeneos sistentes deprehenduntur. 
Puccinia Sonchi Rob. et fortassis P.Junct Desmaz., quam lromyceti- 
bus junxi, hujusce multimodæ fructificationis exemplo mycologos docent. 
Fructus dimeros septi verticalis causa triloculares vel quidem quadrilocu- 
lares factos nunquam reperi, qui in Puccinia variabilh Grev. (Scot. 
crypl. FT, 4. IL tab. 75. — Cord., ce. Fung.,t. IV, p. 28, tab. v, 
f. 64) taraxacicola generari dicuntur. Idemne sit hic fungillus atque 
P. Sonchi Rob. olim inquirendum erit. 

Paraphyses vidi tum in Puccima Prunorum DC.,tum in Puccinia qua- 
dam ex Poa nemorali L. nata et Pucciniæ gramims Pers. summopere 
proxima. Eadem organa apud P. Phragmitis Schum. jam abundare, jam 
e contrario pauca occurrere multoties compertus sum. Æpitea Loli Baryo 
(Brandp., p. Ah, tab. 1v, f. A), in Lolio perenni L. obvia, ad Pucci- 
miam prætervisam et prioribus analogam certe spectat. Paraphyses soris 
cireumpositas, basi connatas et peridii speciem struentes, in Puceinia 
Sonchi Rob. duntaxat observavi. 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 185 
XI. UROMYCES. 


Uredinum sp. Pers., Syu. Fung., pp. 220-221.— DC., Fi. fr, ed. 3, t. VI, 
p. 63 et seq. — Dub., Bot. Gall., pp. 896-900. — Tul., in Ann. sc. nal., 
ser :3, t. VII, p. 63 et 70, tab. vir, Î. 32-35. 

Cœomurus (Cæomatum divis. ult.) Lk., Obs. in Ord. pl. nat., Dissert. | (Magaz. 
für d. neuest. Entdeck., ann. m1 [1809], p. 7). 

Puccinies à une loge DC., FI. fr., ed. 3, t. IN, p. 224-225. 

Uromyces (Hypodermiorum subgen. 3) Lk., Obs. in Ord. pl. nat.; Diss. II (Der 
nat. Gesellsch. Freunde Mag. f. d. n. Entdeck., t. VIL [Berolini, 1816], p.28). 

Cæomatum (Uredinum) sp. eidem Linkio, Sp. plant. Linn., t. VI, p. 1 — Cord., 
oonelung., tt. T1, p, 2, tab. vur, f. 9 et 10,ett. IV, p. 8, tab, mn, f.,25, 

Uromyces Ung., Exanth. d. Pfl, p. 27%, tab. vu, fig. 35 et 39. — De Barvy, 
Brandpilze, p. 33, tab. nr, Ê. 6. 

Uromyces (partim) Lev., in Ann. sc. nat., ser. 3, t VIII, p. 370, et in Orbinü 
Lexic. univ. hist. nat., t. XI, p. 786. — Fr., S.veg. Scand., p. 514. 


SPERMOGONIA 1gnota. UREDO sparsa v. cireinans , peridio para- 
physibusque destituta ; stylosporis vulgo breviter stipitatis, moxque 
(hberis, solutis) apodibus, ellipticis, obovatis v. globosis, echinatis, 
8-poris in medio v. indistincte perviis, maturisque in tegmine externe 
sæpius plus minus infuscatis ; germine longe lineari, simphiei. Uro- 
MYCES 1tidem sparsus v. cireinans, omni peridit aut paraphysium 
vestigio sæpius destitutus, homoomerus +. propler uredinem com- 
mistam impalleseens ; sporis stipite æquali, brevi aut elongalo, 
achroo pellucidoque v. colorato, instructis, vulgoque 1llius partem 
lberis retinentibus, globosis obovatisve, ebtusissimis, quandoque 
etiam obtuse acuminatis, levibus aut rugosis ; episporio infuscato et 
in vertice sæplus erassiore 4-poro ; endosporie tenuisshno ; proto- 
plasmate pallido, luteo aurantiove, nucleumque pallidiorem sphæri- 
cum medium v. excentricum fovente ; germine nunce æstivo, nune 
verno duntaxat temipore prodiente, tubuloso, crasso, obtusissimo, 
nonnihil cireinatim incurvo, pallido v. aurantio, eitoque 4-5-loeu- 
lari et sterigmata 4 monospora, singula e summis loculis , agente ; 
sporidiis levibus et reniformibus. (Cfr. tab. IX, fig. 12-14.) 


Pucciniarum vivendi rationem Uromycetes penitus imitantur parique 
modo herbarum caules foliaque ex omni parte invadunt. Unusquisque eo- 
rum pro Puccinia uniloculari s. Puccinia imminuta , dimidiata, haberi 


186 L.-R. TULASNE. — MÉMOIRE 


potest ; quapropter Uromycetis character essentialis in fructus perfectioris 
assueta simplicitate, potius quam in spermogoniorum aut paraphysium 
defectu, sporarumque solita levitate, me saltem judice, versatur. Has enim 
notas solum hic adferre volui quæ speciebus mihi cognitis proprias depre- 
hendi; at nullo modo mirarer cur Uromyces echinatus , v. paraphysibus 
instructus, spermogoniisque sinceris stipatus olim occurreret. Cæterum 
Uromycetum autonomiam Pucciniis illis quæ sporis (de fructibus pérfec- 
tioribus loquor) biformibus donantur maxime infirmari nemo sane non 
videt, eosque omnes nonnisi totidem Pucciniarum statum imperfectum 
sistere, quidam, fortassis haud immerito, arbitrabuntur. 

Pileolaria Cast. (PI. de Mars., p. 204, tab. m1), nunc opinante cl. 
Leveilleo (2), genuinus Uromyces est; etenim ab Uromycete Lk. nonnisi 
stipitibus longissimis fortasse discrepat, quapropter illius characterem 
seorsim scribere supervacuum æstimavi. Donec melius innotescat, pro 
Uromycete dignissimo habeatur. 


XII. PODISOMA. 


Pucciniæ sp. Mich., N. gen., p. 213, tab. 92, f. 1.—Pers., Syn. Fung., pp. 228; 

_ Disp. meth. Fung., p. 38, tab. 2, fig. À, a-c. — Schmied.,/c. et anal. pl., 
manip. IT, p. 254, tab. 66. 

Tremellarum sp. Vill., Hist. des pl. du Dauphiné, t. III, p. 1007, tab. 56. — 
Pers.,Syn. Fung., p. 629.— Hoffm., Veget. crypt., t I, p. 33, tab. 7, f. 2:— 
Bull., Champ, p. 223, t. 427, f. 4. 

Gymnosporangium (partim) DC., F1. fr., IE, 217.— Schw., Fung. Carol., p. 48. 

Podisoma Link, Sp. pl. Linn., t. VI, p.u, p. 127. — Nees, Syst. d. Pilze, 
p. 18, tab. 1, F. 15.—Chev., F1. par., [, 423, tab. x1, fig. 14 (a Neesio mu- 
tuata). — Dub., B. Gall., 1, 881. — Fries, S. Myc., III, 507: S. veg. 
Scand., p.474. — Cord., Ic. Fung.,t. IT, p. 36, tab. vr, fig. 93 (2) ; Anteit. 
3. St, d. Myc., p. 165. —Tul., in Ann. sc. nat., ser. 3, t. XIX, p. 205 
et seq. (3) 


SPERMOGONIA ignota. UrEno nulla. Lieuza s. columella crassa, 


(1) Cfr. Ann. sc. nat., ser. 3, t. VITE, p. 374 , et Orbinü Lexic. univ. hist. 
nat., tt. XII, p. 786. 

(2) Podisoma Juniperi x minor Cordæ, Ic. Fung., t. I, p. 8, tab. 11, Ï. 229, 
fungillus epiphyllus, neutiquam, ni me omnia fallunt , hujus generis est, et 
vereor quidem ne illi Uredinea gens locum inter suos merito neget. 

(3) Duo e synonymis hic allatis, nempe Persoonianum (Disp. meth. Fung.), et 
Hoffmannianum, variis auctoritatibus confisus, notavi, quum libros citatos videre 
mibi ipsi non licuerit. | 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 187 
carnosa, flava, aurea v. fulvo-nigrescens, longe linearis, æqualis 
v. conico-elongata, obtusa acutave, integra et simplex aut bifurca 
varieque fissa ; rigida, pendula aut diversimode flexuosa, adultaque 
in superfieie quasi pulverosa ; cellulis(sporis, fructibus, basidiorum 
sortibus )} quibus stipitatis, implexis et consociatis tota struitur, 
eéllipsoideis v. oblongo-rhomboideis , utrinque obtusis, biloculari - 
bus , in medio 8-poris (oscillis cruciatim superpositis, 4 scilicet in 
basi cujuslibet loculi decussatim opposilis, cunctis solito more im- 
perfectis), levibus, aureis v. totis plus minus infuscatis, semipelluci- 
dis v. opacis, stipite autem cujusvis pallido crasso cylindrico solido 
et longissimo ; germinibus e cellularum fertihum oscillis, in quali- 
bet columellæ parte, citoexeuntibus, divaricato-patentissimis, longe 
tubulosis, clavuliformibus, superne cireinatim ineurvatis, flavis v. 
dilute aurantiacis moxque 3-4-locularibus, loculis singulis sterigma 
acutum Î-sporidiferum e vertice subito agentibus; sporidus 
ovato-reniformibus, levibus, crassiuseulis , filum exile germi- 
nando exserentibus. (Cfr. tab. nostr. X, fig. 1-19.) 


Podisomata cæteros UREDINEOS crassitudine longe præstantia apprimi 
cives $. magnates ordinis dici queunt, natura enim carnosa Fungos majores 
æmulantur, nec longe a vero discessisse etiam nune arbitror quum eos inter 
et T'remellas genuinas haud incertam necessitudinem agnoscere mihi visus 
sum. Cæteroquin vivendi ratione uredineos mores utique sequuntur, nec 
nisi in ramis vigentibus CONIFERARUM, quos per longos annos, mycelii in 
cortice latentis ope (1), diversis modis tumefaciunt (2), deprehenduntur. 
Pauca hactenus innotuerunt tum in Europa cum in America boreali, v. gr. 
.Podisoma J'uniperi communis Fr., P. fuscum Dub. (Cord.), et P. ma- 


(1) Mycelium Podisomatis Juniperi communis Fr., e filamentis exilibus, palli- 
dis aut dilute aureis, multifariam ramosis, implexisque compositum, in corticis 
vivi stratis natalibus, autumno, scilicet cum ligulæ novissimæ jam diu perierunt, 
futurarumque ne minimum quidem indicium nondum adparet, facilime animadver- 
titur; idem etiam hinc et inde copiosius conglobatum, nitide aureum, oculis vix 
armatis, venit. (Observabam Camposigli, prope Cæsarodunum, 5 octobris 1854.) 

(2) Eriosporangium Baccharidis Bert., mss. in Herb. Mus. par. (Uredo Bac- 
charidis Lev., in Ann. sc. nat., ser. 3,t. V [1846], p. 269), fungillus chilensis, 
simili modo caules ligneos, quorum corticem inhabitat, tumidos, deformes rimis- 
que alte exaratos efficit. 


188 L.-R. TULASNE, — MÉMOIRE 


cropus Schw., de quibus olim mentionem feci in Annalium Hist. natu- 
ralis loco sup. citato. Hæc omnia primo vere fructus edunt. 

Postquam ligula , sporidiis dimissis , ceciderit, area nuda disciformis 
(olim cum cortice desquamato discessura) diu superest, in qua (apud 
P. J'uniperi communis Fr. et P. fuscum Cord.) peridia punctiformia , 
atra, Hendersoniæ cujusdam (fungilli scil. e SPHÆRIACEIS imperfectis ) sæ- 
pissime provenire compertus sum; eadem prope Neapolim observasse cl. 
Gasparrinus adfirmat (in litteris). 

Gymnosporangium juniperinum Fr. (Syst. Myc., I, 506) pro typo 
generis peculiaris a Podisomate, quocum super structura interna eonvenire 
videtur, nonnisi forma multo magis irregulari, crassiore, et T'remellam ge- 
nuinam penitus referente discrepantis habetur. Ejus descriptionem celeb. 
Friesio editam (loc. cit.) adumbrationemque Neesianam (Syst. der Pilze, 
p.37, tab. 11, f. 23) tantummodo hactenus novi, quapropter satius æsti- 
mavi Gymnosporangii Fr. (Nees; DC., pro parte?) diagnosin essentialem 
hic omittere. 


XIII. CRONARTIUM. 


Cronartium Fr., Obs. Myc., L. I(ann. 4845), p. 220 : Syst. Myc., t. IN, p. 543, 
in nota ; S. veg. Scand., p. 810.— Schm. et Kze., Myc. Hefle, t. 11 (1823), 
p. 98. — Chev., FI. par., I, 676. — Dub., B. Gall., p. 909. — Ung., 
Exanth. d. Pfl., p. 303, tab. 1v, f. 23.—Cord., Anleit. x. St. d. Myc., p. 73. 

Sphæriarum sp. AÏb. et Schw., Consp. Fung. Lus. sup., p. 31. 

Erinei sp. Funckio, Crypt. Gew. d. Fichtelgeb., n° 145. Mart., Fl. Erlang., 
p. 347. 

Cæomaltis (Ceratitis) sp. Linkio, Sp. pl. Linn.,t. VI, p. u, p. 65. 


SPERMOGONIA nondum cognita. UREDINIS aurantiacæ et vulgo 
hypophyllæ sort sparsi, aggregati v. obsolete ciremantes, peridio 
membranaceo, tenui, poro apicali pervio aut varie lacero singu- 
latim instrugti, paraphysibus autem destituti; séylosporis ellipsoi- 
deis, stipite gracili et æqualt primitus <seorsim innixis, maturis 
apodibus et episporio hyalimo achroo echimato impervioque (ut 
videtur) tectis, nee non protoplasmate fartis granoso et aureo ; 
germine præcoci, longe lineari , initio simplici vel pauei-ramoso, 
basi aut apicem versus vulgo in modum sphærulæ ampliato, ger- 
minibusque abortivis sæpissime stipato. Lieuca S. columella longe 
conico-linearis, exilis, teres, levis, obtusa, simplex aut rarissime 
bifurea $. appendicibus brevissimis aucta , e media uredine vel 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES,. 159 
e medio peridio uredinis experte ereela assurgens , cellulisque 
(basidüs, fructibus s: sporis simplicibus coalitis | composila uni- 
locularibus, oblongis et utrinque truneato-oblusis, imperviis (poris 
indistinetis), plane apodibus, ae semper arctissime ex omi parte 
connatis ; harumce membrana levi achroa pellucida tenui, proto- 
plasmate autem initio nitide aurantiaco, dein pallescente, nueleum- 
que dilutiorem sphæricum et medium fovente ; germine ex 1slis cel- 
lulis sngulis; quasi e sporis indiscretis, æstivali tempore nascente, 


late tubuloso, æquali, brevi, areuato, obiusissimo, aurantio v. pal- 


lidiore, mox ob septa transversim directa A-loculart et subinde 
h-sporidüfero ; sporidiis sphæricis , dilute aureis, levibus , sterig- 
matibus acutis primum suffultis, Hberis apodibus et in fila germi- 
nando abeuntibus. (Cfr. tab. XE.) 


Cronartium , typus uredineus inter cæteros dignissimus et distinctis- 
simus, viget in foliis Vencetoxici nostratis, Pæoniarumque; in Ribe 
quodam apud Indos orientales (teste Jacquemontio im Herb. Mus. par.) 
etiam occurrit. Ejus cum Podisomate analogias. affinitas patentissima ; 
necessitudo autem cum UREDINEIS genuinis uredine socia demonstratur. 


EXPLICATION DES FIGURES. 


N. B. L'esquisse de toutes ces figures, sauf peu d’exceptions, a été obtenue 
à l’aide de la Camera lucida. 


PLANCHE VII. 


Fig. 4-5. Cwsrorus Porrucacx Lév. ( Uredo Portulacæ DC.). Dessins faits, en 
juillet 1854, d'après des Champignons vivants recueillis au Jardin des plantes 
de Paris sur les feuilles du Portulaca oleracea L. 

4. Fragment de l'entophyte grandi environ 370 fois en diamètre , et montrant à 
la fois son mycelium très ramifié m, les stérigmates épais ou cellules généra- 
trices des spores /,f, et des chapelets c de ces derniers corps. 

2. Spores qui terminent quelques-uns des chapelets , vues isolées et sous divers 
aspects ; elles sont trigones et marquées d’une sorte de hile qui indique le 
point par lequel elles s’attachaient à la spore placée au-dessous de chacune 
d'elles. 

3-5. Plusieurs de ces spores qui ont germé sur l’eau. Elles sont vues (comme les 
précédentes) grandies environ 370 fois en diamètre. 


Fig. 6 et 7. MeLcampsora saLiciNA Lév, (Sclerotium salicinum DC, et Uredo 


190 | LR. TULASNE. — MÉMOIRE 
Capræarum DC. ). D'après des Champignons vivants observés à Sèvres, près 
Paris, à la fin d'août 1854, sur les feuilles du Salix Capræa L. 

6. Coupe (grandie environ 260 fois en diamètre) de la feuille qui porte l'ento- 
phyte, pratiquée au travers d'un pulvinule solide pm encore appaciitement 
développé, et de l'Uredo hypophylle uu qui lui correspond. 

7. Spores de l'Uredo germées. 

XX 

Fig. 8-9. MrecampsorA BeruziNA Desmaz. (Sclerotium betulinum Fr. et Uredo 
longicapsula B betulina DC.) Dessins faits, en août 185 4, d’après des Champi- 
gnons vivants, observés sur les feuilles du Betula alba L. | 

8. Figures grandies d’un pulvinule solide ou mélampsorique pm, imparfait en- 
core , et d’un Uredo (u), dont le peridium a été partiellement retranché pour 
montrer l'appareil reproducteur qu'il protége; des stylospores s en grand 
nombre s’échappent par l'orifice de ce tégument ; e indique l'épiderme de la 
face inférieure de la feuille nourricière. 

9. Spores (stylospores) et paraphyses de l'Uredo dessinées à part, et grandies 
environ 370 fois en diamètre. 

XKX 

Fig. 10. Spore germée de l’Uredo du Merawpsora poruzixa Lev. (Sclerotium 
populneum Pers. et Uredo longicapsula « DC.) Cette germination a été obtenue 
en octobre 1854. 

kNek 

Fig. 11. Coupe verticale au travers d’un sore mixte de Coreosporium RHinaN- 
THACEARUM Lév. ( Uredo Melampyri Rebent. ), vu sur les feuilles du Melampy- 
rum pratense L., et observé au mois d'août 1854. L'Uredo (u), ou la partie pul- 
vérulente du sore, occupe le milieu de la figure ; les extrémités de celle-ci 
représentent, au contraire, la seconde forme de l’entophyte, celle qui semble 
la plus parfaite. Cette figure est grandie environ 260 fois en diamètre. 


PLANCHE VIII. 


Fig. 1-3. Cocrosportum Soncui Lév. ( Uredo tremellosa Sonchi Strauss. ) D’après 
des échantillons recueillis à Chaville, près Versailles, le 12 août 1853, sur le 
Sonchus oleraceus L. 

4. Portion grandie de la coupe d’un pulvinule solide fructifié, pratiquée perpen- 
diculairement à sa surface; les stérigmates f, f, nés des basides b,b, portent 
des spores ou sporidies s,s, à divers états de développement; beaucoup se 
sont entièrement vidés pendant la formation de ces corps ; d'autres, égale- 
ment vides, ont déjà donné leurs fruits : deux sporidies libres sont figurées 
à la surface du pulvinule. 

2. Une des cellules claviformes et multiloculaires ( spores, basides, b) qui com- 
posent le pulvinule solide de l'Urédinée ; ses deux loges supérieures ont émis 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 191 


chacune un long stérigmate chargé d'une grosse sporidie ; une loge inférieure 
est encore remplie de matière plastique, et n’eût pas tardé à fructifier. 

3. Sporidie qui à germé, le germe tubuleux m s'est brusquement terminé par 
un utricule ss sporidüforme , qui marque un arrêt temporaire de végétation. 
(Cette figure et la précédente montrent les objets qu'ils représentent grandis en- 
viron 460 fois en diamètre.) 


XX 

Fig. 4-9. Corosporium Tussiraginis Lév. (Uredo Tussilaginis Pers.) D’après 
des échantillons recueillis sur les feuilles du Tussilago Farfara L., à Meudon, 
près Paris, le 13 novembre 1853. 

4. Très petite parcelle empruntée par une coupe verticale à un pulvinule solide 
fructifié, et montrant au sein de la gangue muqueuse générale quatre des cel- 
lules-basides multiloculaires et fertiles (b). Deux de ces cellules n'ont point 
encore tenté de fructifier ; les stérigmates de la troisième sont remplis de ma- 
tière plastique, et n'ont acquis qu'une faible longueur ; enfin la quatrième a 
produit quatre tubes fertiles très allongés, et s'est entièrement vidée dans ce 
travail de végétation : un de ces tubes f (sorte de promycelium) est bifurqué 
vers son extrémité. 

5-7. Sporidies germées. 

8. Autre dont le germe s’est renflé vers son extrémité en une grosse vésicule, 
ébauche d’une sporidie secondaire. | 

9. Sporidie qui a produit une sporidie secondaire ss, bien formée, à l'extrémité 
d'un germe m très court. (Cette figure et les cinq précédentes sont grandies 
environ 370 fois en diamètre. 


KXX 

Fig. 10-12. Merawpsora seruzina Desmaz. {Uredo longicapsula B betulina DC., 
et Sclerotium betulinum Fr.) D'après des échantillons vivants recueillis, au 
commencement de février 1854, à Meudon, sur les feuilles du Betula alba L. 

10. Très petite portion d'un pulvinule solide fructifié, obtenue par une coupe 
verticale. Bien qu'encore partiellement recouvert par l'épiderme (e) altéré de 
la feuille nourricière, ce pulvinule s'était soulevé et détaché en grande partie 
du parenchyme (p} sur lequel il reposait ; les cellules-spores ou basides (b, b) 
qui le composent portent encore à leur base quelques rudiments (r,r) du myce- 

_ lium qui les a nourries, et un grand nombre d'entre elles ont produit, les unes 

par la base, les autres par le sommet, un germe {promycelium) flexueux et ra- 
mifié dont les extrémités engendrent des sporidies (s, s). 

41. Basides (b, b) fertiles dessinées à part; l’une et l’autre ont émis par la base le 
filament sporidiophore. 

12. Sporidies isolées qui commencent à germer ; le germe de l’une d’elles dépasse 
déjà 4 fois son diamètre. (Cette figure et la précédente sont grandies environ 
460 fois en diamètre.) 


1992 L.-H, FULASNE, —- MÉMOIRE 


PLANCHE IX, 


Fig. 1-8. PuccixA éraminis Pers. (Uredo linearis Pers. et Puccinia Graminis 
ejusd.) Dessins faits d’après des Champignons vivants (sur le Triticum re- 
pens L.), en mai 1853 et mars 1854. | 

4. Fruit (spore, baside) dont les deux cellules ont émis chacune un long tube cla- 
viforme: celui de la cellule supérieure , né le premier, a donné naissance à 
trois spicules ou stérigmates qui eussent porté chacun une sporidie ; le tube- 
germe de la cellule inférieure ne montre encore que trois mamelons qui sont 
les rudiments d'autant de spicules. 

2. Autre fruit également germé : le germe de la cellule supérieure était détruit ou 
a été retranché; celui de l'inférieure a produit trois stérigmates , dont le plus 
élevé porte une sporidie presque müre ; la sporidie qui termine l’un des deux 
autres est récemment née ; celle que le troisième avait produite s'en est déja 
détachée. 

3. Tube-germe (promycelium) séparé de la baside { spore, fruit ) qui le portait ; 
des quatre stérigmates nés vers son extrémité, deux seulement sont terminés 
par des sporidies d'âges différents. 

&. Sporidie isolée. 

5 et 6. Sporidies qui ont commencé de germer. 

7 et 8. Autres sporidies germées dont les germes ont produit chacun à leur ex- 
trémité un utricule sporidiomorphe (ss, ss), qui se fût sans doute bientôt allongé 
lui-même en un filament pour donner naissance au mycelium proprement dit de 
l’entophyte.—Les objets que représentent les figures 1-8 sont vus grandis 
environ #60 fois en diamètre. 

ke | 

Fig. 9-11. Puconia Mounix Tul., sup., p. 441, note 3. D’après des individus 
vivants observés le 10 mars 1854. (Grossissement : 460 diamètres.) 

9. Trois spores (fruits, basides) germées et dont les germes portent des sporidies 
à divers états de développement. 

10. Sporidies dessinées à part. 

11. Sporidie germée, et qui a produit une sporidiole ou sporidie secondaire ss. 

Fig. 12-14. Unomyces aprexpicuLatUs (Fabæ) Lk. (Uredo Fabæ Pers. et. Uredo 
appendiculata ejusd.) — D'apres des individus vivants observés à la fin de 
novembre 1853. (Grossissement de 460 diamètres.) | 

12. Deux spores ou basides chargées d'un germe ou promyceliumn sporidiophore. | 

13. Sporidie isolée. 

A4. Autre qui a commencé de germer. 


Fig. 15-17. Paracmmium sursosum Schmidt et Kze, (Uredo Ruborum DC., et 


SUR LES URÉDINÉES £T LES USTILAGINÉES. 193 


Phragmidium bulbosum Schm. et Kze.) — D'après des Champignons vivants 
observés sur les feuilles du Rubus fruticosus L. vers la mi-mars 1854. (Gros- 
sissement de 370 diamètres.) | 

45. Trois spores (fruits, basides) très inégales, dont les deux plus volumineuses 
ont produit quelques tubes sporidiophores ; l'une d'elles est uniloculaire, d'où 
l’on peut conclure que les Phragmidium peuvent subir le même genre d'avor- 
tement que les Puccinia. Les cellules de ces spores, qui n'ont point encore 
végété , sont remplies d'un protoplasma qui augmente beaucoup leur opacité. 

46. Sporidies isolées. 

17 Sporidie qui a germé et produit une sporidie secondaire ss. 

kEk 

Fig. 18-23. Paracmiorum ogsrusum Schm. et Kze. (Uredo Potentillarum DC. 
(saltém parlim) et Phragmidium oblusum Schm. et Kze.) (Grossissement : 
370 diamètres.) — D'après des individus observés, le 16 mars 1854, sur les 
feuilles du Potentilla Fragaria Poir., à Chaville, près Versailles. 

48. Fruit ou spore qui n a point encore végété. 

19-21. Autres spores qui ont produit des tubes fertiles, et qui, par suite, se sont 
plus ou moins complétement vidées des matières plastiques qu’elles contenaient. 

22-23. Sporidies germées. 

XX 

Fig. 24-33. Æcinium Eurnorsix syzvaricæ DC., FL, fr., 3° édit., t. I, p.241, 
n° 648. — D'après des individus observés vivants au commencement de juin 
(1853), à Chaville, sur les feuilles de l'£uphorbia sylvatica L. 

24. Spore qui a commencé de germer. 

25. Autre dont le germe s’est cloisonné et a produit quatre sporidies ; deux de 
celles-ci ont commencé de germer sans se détacher du promycelium. 

26-29. Autres spores dont les germes sont également chargés de sporidies. 

30. Sporidie isolée. 

31. Sporidie germée. 

32-33. Autres sporidies germées qui ont donné naissance à des sporidioles ou 
sporidies secondaires, et se sont vidées à leur profit; l’une d'elles a même pro- 
duit deux de ces sporidioles. — Toutes ces germinations ont été obtenues sur 
des gouttes d’eau déposées sur dés lames de verre. 


PLANCHE X. 


Fig. 1-42. Popisoma Junirert communis Fr.— D'après des individus vivants obser- 
vés sur le Genèvrier commun, le 29 avril 1853, et qui avaient été recueillis 
par M. le vicomte Héricart Ferrand à Erceville (Loiret). 

A. Portion grossie d’un rameau de Genèvrier chargé des ligules charnues du 
Champignon. | 

2. Lame mince du tissu d’une de ces ligules, obtenue par une section longitu- 
dinale. Le côté e de ce fragment appartenait à la surface de la ligule, et montre 

&e série. Bor. T. IT. (Cahier n° 4.) ! 13 


49h LR. TULASNE. — MÉMOIRE 


tous les tubes ou appendices sporidiophores qui sont sortis des basides ou 
spores biloculaires. 

3. L'une de ces basides dont les deux cellules composantes se sont dissociées , 
et ont commencé de produire leurs germes. 

&. Autre présentant deux germes ou tubes déjà très allongés. 

5. Autre dont la cellule inférieure s’est entièrement vidée au profit d'un germe 
claviforme sur lequel on voit poindre les stérigmates qui porteront des sporidies. 

6. Autre spore ou baside dont chaque cellule n’a produit qu’un germe peu allongé ; 
l'un de ces germes porte néanmoins quatre stérigmates qui n’eussent pas tardé 
à engendrer des sporidies. 

7. Baside dont l’un des germes extrêmement développé a donné naissance à si 
Spicules fertiles et à un troisième qui ne l’est pas encore. | 

8. Autre dont le germe unique présente deux sporidies à peu près müres. 

9. Tube ou germe sporidiophore détaché de la baside qui l'a produit. 

10. Sporidies isolées, dont l’une a germé. 

41, 129 et 122. Sporidies plus avancées dans leur germination. — Les figures 3 
à 42 sont vues sous un grossissement de 460 diamètres. 


#xx 
Fig. 43. Spore germée du Permermium Pin Fr. (grandie 370 fois én dia- 
mètre ), observée à Ecrignelles (Loiret) le 45 mai 1854, 


KXKX 
Fig. 44-18. Triruracmiun Uiuarix Lk. (Uredo Spirææ Sow, et Triphrag- 
© mium Ulmariæ Lk.) — D'après des individus observés à Ecrignelles (Loiret), 
au commencement de mai 4854, sur les feuilles du Spiræa Ulmaria L. 
43-16. Spores âgées d'un an, et qui viennent de produire de longs germes spo- 
ridiophores; ces germes et les sporidies qui en naissent rappellent tout à fait 
ceux du Phragmidium bulbosum Schm. et Kze. 
17. Spores récentes de l'Uredo (Uredo Spirææ Sow.) 


18. Une de ces spores qui a germé sur une goutte d'eau. — Les figures 44-18 
sont grandies 370 fois en diamètre. 


PLANCHE XI. 


CroxanTIüm ASGLEPIADEUM Fr. — Dessins faits dans la première quinzaine de juil- 
let 1854 d'après des Champignons vivants , observés sur les feuilles du Vitice- 
toæicum officinale Mænch, au bois de Boulogne, près Paris. 

4. Figure grossie de l'Uredo (U. Vincetoæici DC., F1. fr., t. VE, p. 85), dont le 
peridium , artificiellement dépouillé de l'épiderme e qui le recouvraïit, laisse 
échapper les spores (stylospores) s par son ostiole terminal. 

2-10. Plusieurs de ces spores qui ont germé sur l’eau , et dont le germe aal 
en un point quelconque de son étendue, et parfois, à sa base même, un rénfle- 


SUR LES URÉDINÉES ET LES USTILAGINÉES. 195 
ment globuleux qui est ordinairement le nœud d’une ramification. Indépen- 
damment de leur germe principal, plusieurs de ces spores en offrent quelques- 
uns de rudimentaires; toutes sont grandies environ 370 fois. | 
41. Jeune ligule encore stérile, entourée à sa base par l'Uredo dont le peridium 

à lé Ouvert et déchiré. Ces objets sont grandis environ 260 fois en diamètre. 

12. Portion de la coupe verticale d'un Champignon suivant l'axe de la ligule ; 
e, épiderme de la feuille nourricière ; p, peridium où enveloppe propre de l'en- 
tophyte. 

43 et 14. Parties inférieures de ligules qui n'étaient point accompagnées d’Uredo, 
ou dont l'Uredo n'avait pris qu’un très faible développement. Il n’en existe pas 
moins un peridium (p) autour de leur base renflée. 

15: Coupe transversale d’une ligule: figure destinée à montrer que ce corps est 
solide .et non tubuleux, comme on l'avait cru jusqu'ici. 

16. Ligule fructifiée ; les germes ou processus tubuleux de la partie: inférieure 
semblent rester stériles pour la plupart, ceux qui naissent plus haut produisent 
ordinairement quatre sporidies. Quelques grains d'Uredo sont retenus à la sur- 

- face de la ligule : ils y sont parfois très nombreux: 

17: Processus ou germes sporidiophores qui sortent des cellules constitutives de 
-la ligule, 

18. Un autre de ces germes sur lequel les quatre stérigmates naissants se pré- 
sentent comme autant de mamelons. 

19. Sporidies isolées commençant à germer. 

20:et 21. Autres germées. — Les figures 47 à 21 représentent les objets grandis 
460 fois environ. 


PLANCHE XIT. 


Fig. 1296, Tisveria Caries Tul. (Uredo Caries DC.)— Ces germinations ont toutes 
été obtenues avec la Carie du Froment : les unes en août 1853, les autres dans 
le cours du mois de janvier 4854. Elles sont figurées grandies environ 460 fois 
en diamètre. D" 

À: Spore dont le tégument réticulé vient d être brisé par le germe naissant. 

2. Autre dont l’endospore fait une saillie tubuleuse plus allongée. 

3 à 6. Germinations à des degrés divers de développement : à mesure que le fila- 
ment (promycelium) s’allonge, il charrie vers sa partie supérieure toute la ma- 
tière plastique granuleuse qu'il contient ; sa partie inférieure devient alors d’une 
extrême diaphanéité, et l’on y aperçoit ordinairement quelques cloisons très 
espacées. Le filament se ramifie parfois. 

7 et 8. Filaments-germes moins allongés que les précédents, et dont le sommet 
est cependant couronné par un groupe de sporidies naissantes. 

9 et 10. Dans ces deux exemples, les sporidies géminées ou en forme d’H sont à 
peu pres parvenues à leurs dimensions normales, mais adhèrent encore au tube- 
germe, maintenant vide, qui leur a donné naissance. 


496 L.=R. TULASNE. — MÉMOIRE, ETC. 


11. Germe sur lequel les sporidies semblent avoir avorté. 

42 à 14. Sporidies géminées vues isolées. 

45et16. Autres qui ont commencé de germer, en produisant vers leur extrémité 
un fil très ténu simple ou déjà ramifié. 

47 à 19. Autres sporidies qui ont produit des sporidies secondaires ss, ss, stipitées. 

20 et 21 Sporidies secondaires isolées. 

22 à 24. Autres qui ont germé. 

25 et 26. Autres qui ont donné naissance à des sporidies tertiaires st, st, briève- 
vement stipitées et inégalement accrues. 

#xk*x 

Fig. 27-33. Usriraco recerracuzoru Fr. (Uredo [Ustilago] Tragopogi pra- 
tensis Pers.) — D'après des échantillons observés à Chaville, près Versailles, 
en juin et juillet 4853, dans les anthodes du Tragopogon pratense L. (Gros- 
sissement: 460 diamètres. ) 

27. Spore germée dont le germe continu n'a encore produit aucun organe appen- 
diculaire. 

28-31. Autres dont les germes se sont partagés en plusieurs cellules, et ont, en 
même temps, donné naissance à des sporidies obovales, simples ou géminées. 
32-33. Plusieurs de ces sporidies isolées. — Il a semblé inutile de donner un 
numéro à toutes les figures. 

AR 

Fig. 34-40. Usriraco RecEPTACULORUM (Scorzoneræ humilis L.) Fr.; Scor- 
zonera pulverifera Moris. — D'après des'échantillons recueillis à Ecrignelles 
(Loiret), au commencement de mai 1854. 

34-35. Spores germées produisant des sporidies de chacun «s articles de leur 
germe qui varie très peu pour la forme et les dimensions. Ces sporidies , comme 
on voit, naissent presque toutes du sommet des cellules qui se partagent la 
cavité du germe ou promycelium. 

36. Spore dont le germe a épuisé toute la matière plastique qu'il contenait à pro- 
duire des sporidies, lesquelles se sont toutes détachées de lui successivement ; ce 
germeest maintenant entièrement vide de toute molécule solide et devenu d'une 
parfaite diaphanéité; 1l persiste longtemps en cet état sans se détruire. 

37. Groupe de spores qui ont germé sur une goutte d'eau ; tous les germes ont 
pris une direction centrifuge : deux sont encore indivis ; les autres, un peu plus 
âgés, sont partagés par des cloisons et plus ou moins riches en sporidies. 

38-40. Sporidies isolées, — Les figures 34 à 40 représentent les objets grandis 
environ &60 fois en diamètre. 


RECHERCHES 


SUR 


LA FECONDATION DES FUCACÉES, 


SUIVIES 
D'OBSERVATIONS SUR LES ANTHÉRIDIES DES ALGUES, 


Par M. G. THURET. 


Mes recherches sur la fécondation des Fucacées ont déjà été 
publiées dans deux recueils scientifiques (1). Je n’aurais pas osé re- 
venir une troisième fois sur ce sujet, si je n’avais pensé qu’il pouvait 
être utile de faire mieux connaître, à l’aide de quelques figures, un 
phénomène dont l’étude n’est malheureusement pas à la portée de 
tous les naturalistes , mais dont l'importance ne saurait, je crois, 
être méconnue par personne. En effet, de toutes les questions qui 
composent le domaine de la physiologie végétale, il n’en est point 
de plus dignes d’intérêt que celles qui concernent la fécondation ct 
la reproduction ; et cet intérêt semble augmenter encore, quand il 
s’agit de ces végétaux, qui, placés aux derniers rangs de l’échelle 
des êtres vivants, ont été si longtemps regardés comme entièrement 
dépourvus d'organes sexuels. Or, parmi toutes ces prétendues 
agames, il n’y en à aucune dont l'étude soit plus imstructive sous 
ce rapport que les Fucacées. Non-seulement ces plantes nous 
fournissent la preuve la plus péremptoire de l’existence d’une vé- 
ritable sexualité : mais de plus, les circonstances dans lesquelles la 
fécondation s'opère, permettent de suivre ce phénomène avec une 
précision, une netteté, une certitude de résultats, quine se rencon- 
trent nulle part au même degré dans le règne végétal. Ajoutons 


(1) Comptes rendus des séances de l'Académie des sciences, t. XXVI, p. 745, 
séance du 25 avril 4853 ; Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cher- 
bourg, t. I, p. 161, 


198 G. THURET. —— RECHERCHES 


enfin qu'il existe entre la fécondation des Fucacées et celle de 
quelques animaux inférieurs, des ressemblances extrêmement 
frappantes et bien dignes assur ément de toute l'attention des phy- 
siologistes (4). Ces quelques mots suffiront, je l'espère, pour me 
justifier de revenir encore sur un fait qui se rattache par tant de 
points aux questions les plus importantes de l’histoire naturelle. 

À la suite de ces recherches, je donnerai sur les anthéridies des 
autres Algues quelques détails destinés à compléter ce que j'ai dit de 
ces organes dans ce même recueil (2). 


PREMIÈRE PARTIE. 


(Planches 12, 13, 14 et 15.) 


On sait que la fructification des Fucacées est renfermée dans des 
cavités sphériques situées sous l’épiderme , qui s'ouvrent à la sur- 
face de la fronde par un petit pore ou ostiole. Ces cavités ou concep- 
tacles ( Scaphidies, J. Ag. ; Angiocarpes, Kütz.) contiennent deux 
sortes d'organes de nature très différente. Les uns sont de gros 
corps reproducteurs de forme ovoïde, de couleur ohivtre, fixés aux 
parois de la cavité par un court pédicule, qui, dans plusieurs genres 
(Pycnophycus, Himanthalia, Cystosira, Halidrys), restent indivis, 
dans quelques-uns se partagent en deux (Pelvetia), en quatre (Oz0- 
thallia), où en huit spores (Fucus). Les autres sont de petits sacs 
ovoïdes (Anthéridies), insérés sur les poils qui tapissent les parois ; 
ils contiennent un grand nombre de corpuscules hyalins (Anthéro- 
zoïcles) renfermant un granule rouge, lesquels , après leur sortie 
du sac, se meuvent avee vivacité dans l’eau au moyen de deux cils 
de longueur inégale. Pour plus de détails sur ces organes , je ren- 
voie à mon précédent mémoire sur les anthéridies. Ce que je viens 
de dire suffira, je pense, pour qu'en jetant les yeux sur les planches 
ci-Jointes, on puisse comprendre les observations qui vont suivre. 


(1) Voyez à sujet les Observations sur le mécanisme el les phénomènes qui 
accompagnent la formation de l'embryon chez l’Oursin comestible, par M. Derbès 
(Annales des sciences naturelies, 3° série, Zoozocie, t. VIII, p. 80, pl. 5). 

(2) Recherches sur les anthéridies des cryptogumes (Ann. des sc. nat., 3° série, 
tome XVI). 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES. 199 


Je dois encore rappeler que quelques espèces de Fucacées sont 
dioïques , c’est-à-dire que les spores et les anthéridies se trouvent 
dans des conceptacles et sur des individus différents. D’autres sont 
hermaphrodites , le même conceptacle renfermant à la fois les deux 
sortes d'organes. Ce sont les espèces dioïques de nos côtes qui 
m'ont permis d'obtenir, au moyen des fécondations artificielles , 
la preuve directe de la sexualité des Fucacées. Ces espèces sont au 
nombre de quatre , savoir : les Fucus vesiculosus et serratus, L.; 
l'Ozothallia vulgaris, Dene. et Thur. (Fucus nodosus, L.), et 
l'Himanthalia lorea, Lyngb. (1). 

Je prendrai pour exemple le Fucus vesiculosus, L., comme l’es- 
pèce la plus commune sur nos côtes, et celle, par conséquent , sur 
laquelle il sera le plus facile de vérifier les faits que je vais rappor- 
ter. Je donnerai d’abord quelques détails sur la structure et le 
mode d'évolution des corps reproducteurs , dont l’organisation 
compliquée mérite un examen particulier. 


Si l’on cherche à se rendre compte du premier développement 
des sporanges en disséquant de jeunes conceptacles femelles, on 
réconnaitra que ces organes tirent leur origine des cellules qui com- 
posent la paroi de la cavité conceplaculaire. Quelques - unes de ces 
cellules forment une petite protubérance ovoïde au-dessus des au- 


(1) M. J. Agardh semble croire qu'une même espèce de Fucacée peut être 
tantôt hermaphrodite, tantôt dioïque, ou renfermer tour à tour dans les mêmes 
conceptacles des spores ou des anthéridies (voy. Species Algarum, t. 1, p. 483 et 
seq.).Mes observations sur ce point sont en contradiction avec celles dece savant. 
Depuis plusieurs années que j'étudie les Fucacées de nos côtes, j'ai disséqué 
une quantité innombrable de conceptacles, et jamais je n'ai pu constater de va- 
riations de ce genre. J'ai toujours retrouvé les mêmes espèces dioïques ou her- 
maphrodites, telles que je les ai indiquées dans mes Recherches sur: les an- 
théridies. Je dois seulement corriger une inadvertance qui m'a échappé dans ce 
mémoire à propos du Fucus ceranoïdes , L., que je cite à tort parmi les espèces 
dioïques, mais dont les conceptacles renferment des bouquets d'anthéridies en- 
tremélés aux spores, comme ceux du Fucus platycarpus, N.: ce caractère fournit 
même un moyen sûr et facile, quand on a des réceptacles suffisamment déve- 
loppés , pour distinguer ces deux espèces de toutes les formes du Fucus vesicu- 
losus qui s'en rapprochent. 


200 G. TMURET, — RECHERCHES 


tres , et se coupent en deux par une cloison transversale : des deux 
nouvelles cellules ainsi produites, la supérieure , convertie en spo- 
range, se remplit d’une matière granuleuse d’un gris olivâtre , qui 
devient de plus en plus dense et plus foncée, en même temps que la 
cellule grossit et s’arrondit ; l’inférieure ne prend plus de dévelop- 
pement, et formera désormais le pédicule du sporange (voy. PI. 43, 
Fig. 6 et 7). Lorsque le sporange a atteint une certaine dimension, 
la matière qu’il renferme se segmente en huit parties. Quelquefois, 
surtout quand le contenu du sporange n’a pas pris une teinte trop 
foncée, on voit cette division s’annoncer par l'apparition de taches 
brunâtres ; chacune de ces taches correspond à l’une des huit spores 
qui seront le résultat de la segmentation (Fig. 7). Arrivé à son 
complet développement , le corps reproducteur ou octospore , ren- 
fermé dans le sporange , forme une masse ovale-arrondie, opaque, 
d’un brun grisätre, entourée d’un bord hyalin, sur laquelle les 
traces de la division octonaire se manifestent par des lignes poly- 
gonales (Fig. 8); la position de ces lignes n’a d’ailleurs rien de con- 
stant; car, bien que le contenu du sporange se divise régulièrement 
en huit spores de grosseur sensiblement égale , la manière dont 
cette division s'effectue et dont les spores sont groupées entre 
elles , varie à l'infini. La partie inférieure de l’octospore adhère 
au pédicule par un point circulaire ou hile, peu visible à cette 
époque, mais dont on retrouve l'empreinte bien marquée quand 
l’octospore est sorti du sporange. Le bord hyalin dont l’octospore 
est entouré, est formé par deux membranes, qui se confondent en 
ume étroite ligne transparente : la membrane externe ( Périspore , 
Dene., J. Ag.) appartient à la cellule ou sporange dans laquelle 
’octospore s’est formé; la seconde (Épispore, Dene.) n’est pas 
distincte de celle-ci, tant que l’octospore:est renfermé dans le spo- 
range, mais devient très visible quand le sporange crève et que 
l’octospore est mis en liberté. Celui-ei conserve alors sa forme pre- 
miére , grâce à cette seconde membrane qui relient les spores for- 
tement serrées entre elles (PI. 14, Fig. 10). On distingue nette- 
ment à sa base l’empreinte du hile. 
Une fois sortis du sporange, les octospores glissent jusqu’à l’ort- 
fice du conceptacle , et arrivés là, ou ils tombent au fond de l'eau, 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCAGÉES. 201 
ou bien , si la plante est exposée à l'air, mais dans une atmosphère 
humide , ils s'accumulent peu à peu à l’ouverture des ostioles, de 
sorte que. le réceptacle est bientôt parsemé de petits mamelons gra- 
nuleux, de couleur verdâtre, de consistance visqueuse, uniquement 
composés d'octospores. St alors on détache quelques-uns de ceux- 
ci avec une pointe fine et qu'on les mette dans une goutte d’eau de 
mer sous le microscope, on les verra successivement subir les 
modifications suivantes, que je vais essayer de décrire, mais qu'on 
ne pourra bien comprendre qu’en parcourant la série de figures où 
elles sont représentées (PI. 44, Fig. LL à 15). 

Peu après avoir été plongés dans l’eau, les octospores augmen- 
tent de volume. Les spores tendent à s’isoler et à s’arrondir 
(Fig. 11). En même temps la partie supérieure de l’épispore com- 
mence à se dissoudre. Les spores s’écartent du fond de l’épispore, 
et l'on s'aperçoit alors qu’elles ne sont point libres à l’intérieur de 
celui-ci, mais qu’elles sont encore enveloppées d’une membrane 
extrêmement délicate, qui revêt tout leur contour : cette membrane 
présente souvent, dans chaque intervalle que les spores laissent 
entre elles, une petite ligne fort fénue qui semble correspondre à 
une cloison, comme si chaque spore était renfermée dans un com- 
partiment séparé (Fig. 12). Il est possible toutefois que ces lignes, 
qui ne sont pas toujours visibles, ne soient que l'empreinte pro- 
duite sur la membrane interne par la segmentation de la matière 
sporacée dont j'ai parlé plus haut. Quoi qu'il en soit, à mesure que 
la partie supérieure de l’épispore se dissout , les spores tendent à 
sortir par ce côté, et s’éloignent de plus en plus de la base de l’épi- 
spore , entrainant avec elles la membrane interne , qui cependant 
reste fixée à cette base par le hile (Fig. 13). D'autre part, la por- 
tion inférieure de l’épispore, qui ne s’est point dissoute et dont le 
bord est nettement circonscrit, se replie sur elle-même pour livrer 
passage aux spores ; elle finit par s’en séparer complétement; le 
hile seul reste attaché à la membrane interne, et, entrainé par 
celle-ci, remonte à travers le fond de l’épispore (Fig. 14). Enfin la 
membrane interne se déchire, et les spores deviennent libres 
(Fig. 15). Toutes ces opérations s’accomplissent généralement en 
moins d’une heure, quelquefois beaucoup plus rapidement, L'épi- 


209 G. THURET. — RECHERCHES 


Spore persiste encore quelque temps , de même que le sac interne , 
qui se montre sous la forme d’une membrane très ténue, irréguliè- 
rement plissée. Ni l’une ni l’autre de ces membranes ne se colore 
en bleu par l’iode et l’acide sulfurique, même après avoir été traitées 
par la potasse caustique. des 
Les spores devenues libres sont parfaitement rondes, d’un jaune 
olivâtre : elles renferment chacune un globule central plus clair, qui 
est probablement un nucléus, mais que je n’ai pu réussir à isoler. 
Elles sont à cette époque absolument dépourvues de tégument, 
caractère qui semble général dans les spores des Algues, aussi bien 
dans celles des Floridées que dans les zoospores, mais seulement, 
bien entendu, au moment où ces corps sortent du sporange ; car, 
avant même que la germination se manifeste (et celle-ei a lieu 
souvent au bout de quelques heures), la formation d’une membrane 
de cellulose est déjà facile à constater. La forme globuleuse des 
spores des F'ucus est donc uniquement maintenue par la cohésion 
de la matière visqueuse, non miscible à l’eau, dont elles sont com- 
posées. Si on les presse légèrement entre deux lames de verre, on 
les voit se déformer, s’étirer dans divers sens, quelquefois se par- 
tager en plusieurs fragments qui prennent souvent eux-mêmesune 
forme arrondie en vertu de la même cause, c’est-à-dire de cette 
viscosité de la matière qui les constitue. Une pression plus forte 
écrase totalement la spore, qui alors s’éparpille en masses grume- 
Jeuses amorphes, composées de chlorophylle jaune-verdâtre et 
d’une matière visqueuse incolore : celle-ci prend, sous l’action du 
_suere et de l’acide sulfurique, une coloration rose qui indique la 
présence de la protéine. On ne trouve aucune trace de cellulose. 


Les expériences dont je vais parler maintenant ont eu pour but 
. d'établir ce que deviennent les spores dégagées de leurs enveloppes, 
selon qu’elles sont mises en contact avee les anthérozoïdes, ou 
qu'elles sont soustraites à leur action. Dans le premier cas elles 
sont fécondées et germent; dans le second, elles ne germent pas. 
Je vais examiner successivement ce qui se passe dans ces deux cir- 
cons{ances. 

Lorsque les frondes mâles, faciles à reconnaitre par la couleur 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES, 203 
jaunâtre de leurs réceptacles , sont placées quelque temps dans une 
atmosphère humide , il se produit un effet analogue à celui que j'ai 
décrit dans les plantes femelles. Les anfhéridies , expulsées en 
immense quantité hors des conceplacles , viennent, comme les 
octospores, former à la surface de la fronde, à l'entrée de chaque 
ostiole, de petits mamelons visqueux, de couleur orangée. Que l’on 
détache un peu de cette matière visqueuse avec une aiguille, et 
qu'on l’examine au microscope dans une goutte d’eau de mer, on 
verra qu'elle est entièrement composée d’anthéridies, qui presque 
aussitôt se vident des anthérozoïdes qu’elles renferment (PI. 42, 
Fig. 3); ceux-ci s’agitent avec la plus grande vivacité, et leurs mou- 
vements se prolongent quelquefois jusqu’au lendemain, mais en 
diminuant peu à peu d'intensité ; le troisième jour au plus tard, ils 
se décomposent. 

Pour féconder les spores et les mettre en état de germer, il suffit 
de mélanger à l’eau qui les baigne quelques anthéridies. Si l’expé- 
rience est faite sur une lame de verre, et que les anthérozoïdes 
soient en quantité assez considérable, on sera témoin d’un des plus 
curieux spectacles que l'étude des Algues puisse donner l’occasion 
d'observer. Les anthérozoïdes, s’attachant en grand nombre aux 
spores, leur communiquent au moyen de leurs eils vibratiles un 
mouvement de rotation quelquefois très rapide. Bientôt tout le 
champ du microscope est couvert de ces grosses sphères bru- 
nâtres hérissées d’anthérozoïdes, qui roulent dans tous les sens au 
wilieu du fourmillement de ces corpuscules. La figure 4 (PL. 42)est 
destinée à donner quelque idée de ce singulier phénomène. Après 
s'être prolongée environ une demi-heure, rarement plus long- 
temps , la rotation des spores cesse; les anthérozoïdes continuent 
encore de s’agiter quelque temps , mais avec moins de vivacité, 
jusqu’à ce qu’enfin fout mouvement s'arrête. 

Dès le lendemain du jour où les spores ont été mises en contact 
avec les anthérozoïdes, elles sont déjà revêtues d’une membrane 
dont la présence se reconnaît aisément, soit en écrasant la spore 
avec précaution, soit, cequi vaut mieux, en la mettant dans du sirop 
de sucre ; par ce moyen, le contenu de la spore se contracte bien- 
tôt assez fortement pour laisser voir nettement la membrane enve- 


204 G. THURET. —— RECHERCHES 


loppante. L’iode et l’acide sulfurique colorent cette membrane en 
bleu. Le même jour ou le jour suivant, au plus tard, paraït une pre- 
mière cloison, qui divise la spore en deux; en même temps, on 
distingue sur un point de la circonférence un petit épaississement 
de lamembrane, et la spore, formant une légère protubérance de ce 
côté, tend à devenir ovoïde ou piriforme. Cette élongation de la 
spore se fait presque toujours perpendiculairement à la première 
cloison dont je viens de parler. D'ailleurs la spore s’allonge quel- 
quefois sensiblement avant de se cloisonner ; ou bien, au contraire, 
elle se eloisonne plusieurs fois avant de s’allonger. Les nouvelles 
cloisons sont, en général, les unes à peu près parallèles à la pre- 
mière , les autres perpendiculaires à celles-ci, mais sans qu’il y ait 
rien de constant, ni dans leur position, n1 dans l’ordre selon lequel 
elles prennent naissance. Cependant la partie de la spore qui for- 
mait une protubérance, continue à s’allonger de plus en plus, et finit 
par se convertir en un filament hyalin, sorte de radicule, qui est 
presque entièrement dépourvu de chlorophylle, et ne renferme que 
quelques granules jaunâtres à son extrémité. Bientôt plusieurs de 
ces radicules naissent de la base de la spore, et servent à fixer soli- 
dement la jeune fronde (4). Celle-ci, dont les cellules continuent à 
se multiplier, s’allonge peu à peu en une petite expansion de forme 
obovale , de couleur brune. Puis un faisceau de poils hyalins se 
développe à son sommet dans une petite dépression du tissu, pre- 
mier indice de ces eryptes pilifères (Pores mucipares, Auct.; 
Cryptostomates, Kütz.), que l’on trouve sur la fronde de la plu- 
part des Fucacées (PI. 14 et 15, Fig. 18, 19). 
Quant aux spores qui n’ont point été mises en contact avec les 
anthérozoïdes, elles restent plusieurs jours sans présenter aucun 


(1) J'ai observé que ces radicules affectent la même tendance à fuir la lumière 
que les racines des végétaux supérieurs. Ainsi, lorsque les lames de verre qui 
portent les germinations sont placées devant une fenêtre, et qu’on a eu soin de les 
maintenir constamment dans la même direction , on verra que presque toutes les 
radicules sont tournées vers l’intérieur de la chambre. Si alors on-place les lames 
de verre en sens contraire, de manière à ce que les radicules soient tournées 
vers la fenêtre, elles continueront à s’allonger, mais en se recourbant peu à 
peu, jusqu à ce qu'elles aient repris leur direction première vers le côté le moins 
éclairé. | 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES. 205 
changement ; puis elles finissent par se décomposer. Il s’en trouve 
parfois quelques-unes qui se recouvrent d’un tégument, s'allongent 
et produisent des sortes de boyaux irréguliers, étranglés de distance 
en distance, de forme et de longueur variables , revêtus, comme la 
spore dont ils émanent, d’une membrane que l’iode et l'acide sul- 
furique colorent en bleu (PI. 45, Fig. 20). Mais ce développement 
imparfait, ces tentatives de germination, si je puis amsi parler, ne 
vont jamais plus loin. Au bout de dix à quinze jours, toutes les spores 
sont également en voie de décomposition. J'ai répété cette expé- 
rience un si grand nombre de fois sur toutes nos espèces dioïques , 
et elle m’a donné si constamment le même résultat, que je n’éprouve 
aucune hésitation à formuler la loi suivante : Les spores des Fuca- 
cées sont incapables de germer et de reproduire leur espèce sans 
le concours des anthérozoïdes. 

Tous les détails que je viens de donner sur le Fucus vesiculosus 
s'appliquent également au F'ucus serratus, dont la fructification est 
absolument pareille, sauf la forme du réceptacle. Il en est de même 
de l’Ozothallia vulgaris. Seulement, dans cette dernière espèce, le 
contenu du sporange se divise en quatre spores et non en huit, 
comme dans les vrais Fucus ; en outre l’épispore offre beaucoup 
moins de consistance et se dissout tout entier dans l’eau à l’excep- 
tion du hile, particularité que j’at observée aussi dans le Fucus 
platycarpus. Dans l’'Himanthalia lorea, le sporange ne renferme 
qu'une spore fort grosse, qui pourtant ne se partage jamais en 
quatre sporules, comme le dit M. Harvey (4). Au lieu d’un hile 
unique, elle est fixée à la base du sporange par plusieurs petits 
hiles. Lors de la germination , elle se divise en une quantité de pe- 
tites cellules, mais en conservant sa forme arrondie : quelques fais- 
ceaux de radicules naissent sur une partie de la circonférence : au 
bout de quelques mois, mes ieunes Himanthalia, au lieu de se 
développer en une fronde obovale, comme les Fucus, s'étaient 
convertis en une petite masse celluleuse turbinée , dans laquelle il 
semblait que l’on retrouvât déjà l’indice de la forme que présentera 
la fronde future. 


(4) Phycologia Britannica, tab. LXX VIII, 


906 G. THURET. —— BECHERCHES 

Plusieurs de nos Fucacées dioïques étant en fructification à la 
même époque, j'ai profité de cette circonstance pour essayer de 
féconder les spores d’une espèce avec les anthérozoïdes d'ime 
autre , et réciproquement. Ces expériences me semblent confirmer 
pleinement l’existence d’une véritable sexualité dans ces plantes. 
Ainsi, quand j'ai mélangé les spores de l'Ozothallia vulgaris avec 
les anthérozoïdes des Fucus serratus et vesiculosus , ou les spores 
de ceux-ci avee les anthérozoïdes de l'Oxothallia , je n’ai pont eu 
de résultat, et les spores se sont décomposées comme si elles 
n'avaient pas été fécondées. Dans quelques cas très rares, j'ai 
observé sur une ou deux spores un commencement de germina- 
tion, mais qui s’est arrêté presque aussitôt sans se développer da 
vantage. Les résultats négatifs que j'obtenais toujours dans ces 
essais, m'ont paru d'autant plus remarquables que les spores et les 
anthérozoïdes de ces trois espèces ont une parfaite ressemblance ; 
que d’ailleurs les anthérozoïdes S’attachaient en grand nombre aux 
spores et les faisaient tourner durant des heures entières; qu’en- 
fin , dans les expériences comparatives que j'avais soin de faire en 
même temps et dans les mêmes conditions, mais en mélangeant 
ces mêmes spores aux anthérozoïdes de leur propre espèce, toutes 
celles-ci germaient et se développaient avec leur promptitude ordi- 
naire. On ne peut done guère se refuser à reconnaitre ici un nouvel 
exemple de cette sorté de répugnance de la nature à produire des 
hybrides, qui semble une loi générale destinée à garantir la perma- 
nence des types spécifiques. Je n’ai point réussi non plus à fécon- 
der les spores de l’Æimanthalia lorea avec les anthérozoïdes de 
l'Ozothallia vulgaris et du Fucus serratus. Même insuccès quand 
j'ai mêlé les spores du Fucus serratus avec les anthérozoïdes du 
Fucus vesiculosus. Mais il n’en a pas été de même quand j'ai fait 
l'opération imverse. Toutes les fois, en effet, que j'ai mélangé les 
spores du Fucus vesiculosus avec les anthérozoïdes du Fucus ser- 
ratus, j'ai obtenu des germinations plus où moins nombreuses, qui 
se sont très bien développées. Or, il faut remarquer iei que les trois 
Fucacées , Ozothallia , Himanthalia et Fucus serratus , dont les 
spores ne paraissent pas susceptibles d’être fécondées par les an- 
thérozoïdes d'une autre espèce, sont toutes trois très conStañtes 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES. 207 
dans leur forme et ne présentent aucune variation notable : le 
Fucus vesiculosus, au contraire, comme le savent tous ceux qui se 
sont occupés d’Algues, à d'innombrables variétés et affecte dans 
une même localité des formes si diverses, qu'il est presque impos= 
Sible de déterminer quel est le vrai type spécifique de cette plante 
polymorphe. Ce ne Serait done pas une hypothèse dénuée de toute 
vraisemblance, que d'attribuer la grande variabilité de ee dernier à 
la facilité avec laquelle il s’hybriderait à ses congénères, facilité qui 
… est probablement plus grande encore avec les Fucus platycarpus 
et ceranoides ; car ces deux espèces, qui croissent souvent mêlées 
avec le Fucus vesiculosus, ont beaucoup plus de ressemblance avec 
Jui que n’en à le F'ucus serratus. 


Il me reste maintenant à traiter quelques points dont je n’ai pas 
voulu m'occuper dans les pages précédentes, pour ne pas inter- 
rompre l'exposé des faits relatifs à la fécondation par des détails 
d’une importance secondaire. 

Le granule orangé des anthérozoïdes se colore en vert sale par 
l'iode, en beau bleu par l'acide sulfurique. J'ai retrouvé cette réaction 
remarquable dans un grand nombre de substances de couleur rouge 
ou orangée, d'origines très diverses ; par exemple, dans le point ocu- 
laire rouge des Euglènes , des Rotifères et des Monocles, dans les 
granules rouges que renferment les anthéridies du Chara, dans 
ceux qui colorent les fleurs des Eschscholtzia , Calendula , Gorte- 
ria, ete. —Le sucre et l'acide sulfurique donnent aux anthéridies une 
teinte rose qui annonce la présence de la protéine : cette teinte est 
surtout facile à reconnaître dans les anthéridies incolores du Pel- 
velia (Fucus canaliculatus, T..), dont les anthérozoïdes n’ont point 
le granule orangé dont je viens de parler. 

Jai dit plus haut que je n'avais pu obtenir de coloration bleue par 
Piode et l'acide sulfurique, ni dans l’épispore, ni dans la membrane 
interné qui revêt immédiatement les spores. Le périspore seul , 
c’est-à-dire la membrane du sporange, présente la réaction ordi- 
naire de la cellulose. Mais dans le corps reproducteur du Pelvetia , 
il existe un organe particulier où la présence de la cellulose est bien 
évidente. Chez cette espèce, la matière que renferme le sporange 


r 


208 &. THURET. —- RECHERCHES 

se partage en deux spores. Entre l’épispore général qui rehe les 
deux spores ensemble, et le sac interne très délicat dans lequel 
chacune d'elles est contenue, se trouve une troisième enveloppe 
d’une structure fort remarquable. Elle forme autour de chaque spore 
un large limbe transparent, dont les bords présentent des lignes 
ou stries concentriques très fines et très nombreuses. Lorsque les 
spores sont placées dans l’eau de mer, elles ne tardent pas à s’ar- 
rondir en s’écartant l’une de l’autre , eten s'isolant des enveloppes 
dont je viens de parler. En même temps celles-ci se dilatent, les 
stries de leur contour s’effacent peu à peu, et bientôt chacune d’elles 
représente la moitié d'une coque ovale, transparente, qui semble 
toute couverte de cils (PI. 15, fig. 21). Je présume que cette apparence 
ciliée est due à la structure intime de cette singulière membrane, et 
peut - être à la désagrégation partielle des couches qui la compo- 
sent. Du moins est-il bien certain que ces prétendus cils ne sont 
pas produits par des parasites, comme le conjecture M. Schacht (4) ; 
car on les voit naître en quelque sorte, à mesure que les stries de la 
membrane disparaissent. Quoi qu'il en soit, cette enveloppe ciliée 
se colore en beau bleu par l’iode et l'acide sulfurique. 

De toutes les circonstances qui accompagnent la fécondation des 
Fucacées , la rotation des spores est peut-être celle qui frappera le 
plus l'attention des observateurs. Cependant il ne faudrait pas accor- 
der à ce fait, quelque curieux qu'il puisse être, une importance qu'il 
n’a pas. Il est bien certain que cette rotation n’est nullement né- 
cessaire à la fécondation des spores, et je ne crois pas qu'elle ait 
jamais lieu dans la nature. En effet, dans les Fucacées hermaphro- 
dites , où le contact des spores et des anthérozoïdes est à peu près 
assuré par l'habitation commune des deux organes dans le même 
conceptacle , les anthéridies expulsées avec les spores sont en très 
petite quantité, et, en conséquence, les anthérozoïdes ne sont pas 
assez nombreux pour faire tourner les spores ; cependant celles-ci 
germenttrès bien. Dans les Fueacées dioïques, le nombre immense 
des anthéridies et la quantité incaleulable d’anthérozoïdes qui se 
répandent dans le liquide ambiant, sont sans doute destinés à 


(1) Die Pflansenselle, p. 162. 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES, 209 
compenser la difficulté que l'éloignement dés plantes mâles et fe: 
melles oppose à la fécondation. Mais cet éloignement mème rend 
peu probable que les anthérozoïdes puissent jamais s'attacher aux 
spores en nombre suffisant pour leur imprimer un mouvement dé 
rotalion pareil à celui que j'oblenais dans mes expériences. Pour 
m'assurer d'alleurs que ce phénomène n’était pas essentiel à la 
fécondation, j'ai essayé de mêler des spores à des anthérozoïdes 
que j'avais déposés la veille sur des lames de verre, et dont les 


. mouvements élaient trop affaiblis pour communiquer aux spores 


une impulsion sensible ; un grand nombre d’entre elles ont néan- 
moins germé. Enfin, dans l’'Himanthalia lorea, le volume des 
spores est si considérable, que je n'ai jamais vu les anthérozoïdes 
parvenir à les déplacer , quelque nombreux qu’ils fussent. Cepen- 
dant j'ai obtenu des germinations qui se sont bien développées : 
elles étaient peu nombreuses, à la vérité ; mais la difficulté de réus- 
sir en ce cas peut bien être attribuée à ce que les spores de cette 
espèce, qui croit de préférence sur les rochers exposés au choc des 
vagues, ne trouvaient pas dans mon cabinet les conditions néces- 
saires à leur existence. 

Toatelois, si la rotation des spores n’a aucune influence sur leur 
germination, ee n’en est pas moins un phénomène important à étu- 
der ; ear il semble qu'il y a là autre chose qu'un fait accidentel, 
résultant de la rencontre des anthérozoïdes avec un corps flottant 
dans Peau. J'ai essayé plusieurs fois de mélanger des anthérozoïdes 
de Fucus avec des spores de Floridées, que leur volume et leur 
rondeur auraient permis à ces corpuscules de mettre facilement en 
mouvement ; j'ai vu quelquefois les anthérozoïdes se rassembler 
en assez grand nombre autour de ces spores, arrêtés, comme il 
m'a paru , par l'atmosphère mucilagineuse dont elles sont envelop- 
pées, surtout quand elles commencent à se décomposer. Mais jamais 


je ne les ai vus s'appliquer à leur surface , et leur communiquer ce 


mouvement de rotation si curieux dans les Fucacées. Fajouterai 

que souvent, dans mes expériences, j'ai mêlé des anthérozoïdes aux 

octospores récemment sortis des conceptacles, avant que les spores 

fussent dégagées de leurs diverses enveloppes. En ce cas, les 

anthérozoïdes s'attachaient au sommet de l'épispore qui commence 
4° série, Bot, T. If, ( Cahier n° 4.) 2? 14 


210 G. THURET, — RECHERCHES 
à se dissoudre, et bientôt s'y aggloméraient en si grand nombre, 
qu'ils formaient en cet endroit une sorte de calotte, qui empêchait 
l’évolution ultérieure de l’octospore (Pi. 14, Fig. 16). Presque 
toujours alors je voyais quelques anthérozoïdes qui avaient réussi à 
pénétrer jusque dans le sac interne, et qui cireulaient rapidement 
entre les spores. Il est difficile, quand on observe ces phénomènes 
avec attention, de ne pas se laisser aller à croire qu’une impulsion 
particulière dirige les anthérozoïdes vers les corps qu'ils doivent 
féconder. — Quant à la tendance des anthérozoïdes à se diriger du 
côté d’où vient la lumière, celle-là du moins est mcontestable, et 
tout aussi prononcée dans ces corpuscules que dans les zoospores. 
Les anthérozoïdes pénètrent -ils dans l’intérieur même de la 
spore , comme quelques observateurs croient avoir vu les sper- 
matozoïdes entrer dans l’œuf des animaux? Rien ne m'autorise à 
le penser. J’ai toujours vu les anthérozoïdes glisser à la surface de la 
Spore ; jamais ils ne m'ont semblé s’introduire dans sa substance. 
Lorsque toute espèce de mouvement avait cessé et que la germina- 
tion commençait, je retrouvais fréquemment dans mes expériences 
les restes des anthérozoïdes décomposés qui entouraient la spore , 
mais qui n'étaient point immédiatement appliqués sur elle; une 
étroite. couche mucilagineuse les séparait de celle-ci, et dessinait 
autour d'elle une aréole transparente (Fig. 48 et 19). Ce qui est 
peut-être encore plus décisif, c’est que, dans les spores de Pelveha 
dont j'ai décrit plus haut la structure, je n'ai jamais vu les anthéro- 
zoïdes arriver jusqu’à la spore elle-même. Ils m'ont toujours 
paru s'arrêter en dehors des enveloppes ciliées , à la surface du 
limbe mucilagineux produit par la dissolution de l’épispore (4). Et 
cependant ici, comme dans les autres Fucacées hermaphrodites , la 
germination des spores s'opère très régulièrement. 


En terminant l'exposé de mes recherches sur la fécondation des 
Fucacées, il ne sera peut-être pas inutile de dire quelques mots des: 
procédés que j'ai mis en usage. J'ai souvent senti moi-même le 
besoin d'indications de ce genre, quand j’ai voulu répéter les obser- 


(1) La fécondation des spores de Cystosira paraît s'accomplir de même sans 
qu'il y ait contact immédiat entre la spore et les anthérozoïdes. 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES. 211 
vations des autres. C’est ce qui m'engage à entrer dans quelques 
détails, dont l’utilité sera appréciée par ceux qui voudraient s’occu- 
per du même sujet. 

Ce sont les mois d'hiver (de décembre à mars) qui sont les plus 
favorables pour ces recherches. Les Fucus serratus et vesiculosus 
et l'Ozothallia vulgaris sont à cette époque en pleine fructifica- 
tion. Il suffit de récolter quelques individus dont les réceptacles 
soient bien développés, de les laver dans l'eau de mer, enfin de les 
placer à lab d'une évaporation trop rapide sous une cloche où 
entre deux assiettes, pour les voir se couvrir, au bout de quelques 
heures, de spores où d’anthéridies. Il est bon alors de ne point tar- 
der à commencer ses observations. Car, si on laisse les frondes en 
cet état durant trop longtemps , les spores crèvent et ne peuvent 
plus être détachées intactes de la surface du réceptacle ; les an- 
thérozoïdes ont perdu la faculté de se mouvoir; en un mot, les 
expériences que j'ai décrites ne peuvent plus être faites dans les 
conditions nécessaires à leur réussite. 

Pour bien voir les spores se dégager de leurs enveloppes , de 
même que pour observer la rotation produite par les anthérozoïdes, 
il faut éviter de recouvrir la préparation d’une lame de verre mince, 
comme on le fait ordinairement ; car la pression du verre déforme 
les spores et empêche leur évolution régulière. Un grossissement 
moyen du microscope est d’ailleurs suffisant pour ces observations, 
et offre l'avantage de permettre l'emploi de lentilles à long foyer, 
au moyen desquelles on évite tout danger de contactentre la prépa- 
ration et la surface de la lentille inférieure (4). Jai à peine besoin 
d'ajouter qu'ici, comme toutes les fois qu’on étudie sur le vivant 
l’organisation des Algues marines, il faut n’employer que de l’eau 
de mer, jamais d’eau douce; ear celle-ci produit sur-le-champ des 
altérations profondes dans tous les organes qu’elle pénètre (2). 


(1) On peut d’ailleurs , pour plus de sûreté, fixer à la lentille, au moyen de 
quelques atomes de cire vierge, une lamelle de mica bien plane et bien pure. 
Tel est le moyen que j'emploie, toutes les fois que j'ai besoin de me servir de 
réactifs dont le contact où les émanations pourraient altérer le poli du verte. 

(2) Je présume que c'est pour avoir négligé cette précaution si simple, que les 
analyses donriées par les auteurs, tant de la fructification que du tissu‘des Aloues 


LS 


21 6. TRURET, > RECHERCUES 

Les expeériènces destinées à vérifier l'action fécondanté des an- 
_thérozoïdes, à féconder les spores d’une espèce avec les anthéro- 
zoïdes d'une autre, etc., peuvent très bien se faire avec quelques 
vases remplis d'eau de mer, dans lesquels on dépose les deux sortes 
d'organes ensemble où séparément. Néanmoins, on pourrait 
craindre que l’eau ne contint déjà quelques anthérozoïdes, et, pour 
éviler cet inconvénient, il ne suffirait pas de la filtrer ; car les an- 
thérozoïdes passent à travers le papier à filtre. I vaut done mieux se 
servir de lames de verre, sur lesquelles on met quelques gouttes 
d’eau de mer dont on peut vérifier la pureté sous le microscope. Les 
spores germent très bien dans cette petite quantité de liquide, pourvu 
toutefois qu'on empêche l'évaporation. Je me sers à cet effet de 
petites étagères de verre ou de cuivre, sur chacune desquelles je 
puis placer une vingtaine de lames de verre. Je mets ces étagères 
dans une assiette avec un peu d’eau ou de sable mouillé, et je les 
recouvre d’une cloche. Ce petit appareil a le précieux avantage de 
permettre d'établir un grand nombre d'expériences simultanées , 
en rangeant côte à côte des lames de verre sur lesquelles on place 
des spores issues d'un même réceptacle, et dont les unes sont 
seules, les autres mêlées aux anthérozoïdes de leur propre espèce 
où à ceux d'une espèce différente. On a ainsi des expériences 
exactement comparatives , dont les résultats sont aussi concluants 
que faciles à vérilier. Afin d'empêcher l’altération de l’eau et le dé- 
veloppement des Infusoires, qui pourraient nuire à la germination 
des spores, 1l est bon de renouveler de temps en temps la goutte 
d’eau qui les baigne. Cette petite opération est facile quand les 
spores sont fécondées ; car elles adhérent alors assez fortement à la 
lame de verre, et l’on peut même laver celle-ci dans l’eau de mer 
sans crainte de les détacher. Les spores non fécondées, au contraire, 
marines, sont généralement peu conformes à la nature. C’est ainsi qu’un grand 
nombre des belles figures publiées par M. Kützing, dans son Phycologia genera- 
lis, représentent évidemment des organes plus ou moins altérés , lors même que 
l'auteur annonce avoir fait ses dessins sur le vivant. Je ne puis attribuer qu’à ce 
mode imparfait d'observation tant d'erreurs encore universellement admises, par 
exemple, dans une foule d'Algues olivacées où l’on décrit comme une spore 


unique l'amas de zoospores renfermés dans le sporange, dans les Floridées où 
l'on représente les tétraspores entourés d'ün large limbe transparent , etc., etc, 


SUR LA FÉCONDATION DES FUCACÉES. 213 
continuent à flotter hHbrement dans l’eau, et ne deviennent adhé- 
rentes que quand elles se décomposent, cu qu'elles sont revêtues 
d’un tégument. 

Déposées ensuite dans des vases remplis d'eau de mer, mes ger- 
minations se sont conservées vivantes depuis plus de quinze mois. 
Malheureusement, quoiqu'elles n’offrent encore aucune trace de 
décomposition, ilne semble pas que, dans des conditions pareilles, 
elles soient susceptibles de se développer au delà d'une certaine 
limite. Leur accroissement, qui était extrêmement rapide durant 
les premiers jours, n’a point tardé à se ralentir, et me parait à peu 
près arrêté, depuis qu'elles ont atteint une longueur de # à 2 milli- 
mètres. En cet état, d’ailleurs, elles offrent une parfaite ressem- 
blance avee les petites germinations de Fucus que l’on trouve en 
abondance au printemps, quand on examine avec attention la sur- 
face des rochers où végètent ces plantes. Aussi je ne doute nulle- 
ment que les produits de mes fécondations artificielles ne eonti- 
nuassent à croître comme celles-ci et ne parvinssent bientôt à leur 
grandeur normale, s'ils étaient placés dans les mêmes circon- 
stances. J'aurais voulu pouvoir fure quelque tentative de ce genre 
sur les hybrides supposés du l'ucus vesiculosus , dont il serait fort 
curieux de suivre le développement complet. Diverses difficultés 
d'exécution m'ont obligé d'y renoncer. Je souhaite qu'il se trouve 
quelque naturaliste plus heureux que moi, qui soit en position de 
pousser ces recherches plus loin, et de réaliser une expérience dont 
les résultats pourraient avoir un assez grand intérêt pour la phy- 
siologie végétale, 


EXPLICATION DES FIGURES. 


PLANCHE 192. 


Fig. 1. Coupe transversale d'un conceptacle mâle de Fucus vesiculosus, L, 
(Grossissement de 50 diamètres. ) 

Fig. 2. Poils rameux articulés, détachés de la paroi du conceptacle, et portant 
des anthéridies à divers degrés de développement (Grossissement de 160 dia- 
mètres.) À 

Fig. 3. Anthéridies représentées au moment où elles se videntdes anthérozoïdes 
qu'elles renferment. (Grossissement de 330 diamètres.) 


21! G. THURET. — RECHERCHES , ETC. 


Fig. 4. Spores et anthérozoïdes. Deux des spores tournent avec rapidité, entrai- 
nées par les anthérozoïdes qui sont appliqués sur leur surface. (Grossissement 
de 330 diamètres.) 


PLANCHE 13. 


Fig. 5. Coupe transversale d’un conceptacle femelle de Fucus vesiculosus, L. 
(Grossissement de 80 diamètres.) 

Fig. 6. Fragment de la paroi interne du conceptacle, portant deux très jeunes 
sporanges. (Grossissement de 160 diamètres.) 

Fig. 7. Sporanges plus âgés. (Même grossissement.) 

Fig. 8. Sporange complétement développé. (Même grossissement.) 

Fig. 9. Sporange vide. (Même grossissement.) 


PLANCHE 1/1. 


(Toutes les figures de cette planche sont représentées à un même grossissement 
de 160 diamètres.) 

Fig. 40. Octospore de Fucus vesiculosus, L., représenté au moment où il vient 
de sortir du sporange. 

Fig. 44,42,13, 1%, 15. Ces cinq figures sont destinées à montrer la manière 
dont les spores se dégagent successivement de leurs enveloppes, peu après que 
l’octospore a été plongé dans l’eau de mer. 

Fig. 16. Octospore dont les anthérozoïdes ont arrêté l’évolution régulière, en 
s’agglomérant sur la partie supérieure de l'épispore qui commençait à se 
dissoudre. 

Fig. 17. Spores et anthérozoïdes. 

Fig. 18. Germinations à divers degrés de développement. 


PLANCHE 19. 


{ Toutes les figures de cette planche sont représentées à un même grossissement 
de 160 diamètres.) 

Fig. 19. Germinations plus avancées. 

Fig. 20. Spores qui n'ont point été fécondées, mais qui cependant se sont revé- 
tues d'un tégument et ont émis un prolongement de forme irrégulière. 

Fig. 21, Dispore du Pelvelia canaliculata , Dene et Th. 


DE LA 
FÉCONDATION NATURELLE ET ARTIFICIELLE DES ÆGILOPS 


PAR LE TRITICUM, 


Par M. GODRON. 


Bien que l'attention des naturalistes soit éveillée, depuis plus 
d’un siècle, sur l'hybridité dans le règne végétal , la recherche des 
plantes hybrides développées spontanément a été longtemps négli- 
oée. Cependant cette étude est non-seulement très intéressante en 
elle-même, mais elle offre , en outre , une importance scientifique 
incontestable. 

D'une part, ces croisements adultérins rendent souvent très liti- 
gieuses certaines espèces végétales , et leur détermination devien- 
drait à peu près impossible si l'on ne distinguait pas avec-soin les 
formes dues à l’hybridité de celles qui constituent de véritables 
types spécifiques. C’est ainsi que MM. Alex. Braun, Koch, Wim- 
mer, Fries, Nægeli, Lang , ete., sont parvenus à élucider certains 
genres de plantes jusque-là à peu près inextrieables, et qui faisaient 
le désespoir des botanistes descripteurs. Nous pouvons citer comme 
exemples les genres Cirsium , Carduus, Mentha, Verbascum, 
Polygonum , Salix. 

D'une autre part, les plantes hybrides, lorsqu'elles sont fertiles, 
tendent à revenir, après un certain nombre de générations, à l’un 
des deux types qui leur ont donné naissance ; et comme les croise- 
ments peuvent avoir lieu en sens inverse, on rencontre quelquefois 
des séries complètes d'intermédiaires entre deux espèces parfaite- 
ment distinctes lune de l’autre. C'est ainsi que M. Grenier (4) à 
recueilli dans une prairie des environs de Pontarlier une semblable 
série de formes entre lés Varcissus pseudo-narcissus et poeticus ; 


(1) Annales des sciences naturelles, 3° série, t. XIX, n° 3, 


216 GODRON. —— FÉCONDATION 


que M. Le Jolis (1) a observé également à Cherbourg une suite com- 
plète d'individus présentant toutes les modifications qui peuvent 
exister entre les Uleæ nanus el europæus, et comprenant au milieu 
d'elles l'Ulex Gallii, On pourrait citer d'autres exemples parfaite- 
ment semblables. 

L’observateur qui aurait sous les yeux une de ces séries qui 
semblent réunir et confondre deux espèces végétales Imcontestable- 
ment distinctes, serait naturellement conduit, s'il méconnaissait 
l’origine hybride de ces formes intermédiaires , à considérer, par 
exemple,le Varcissus pseudo-narcissus comme une simple méta- 
morphose du Varcissus pocticus , ou, en d’autres termes , à ad- 
mettre la transformation d’une espèce en une autre espèce, quelle 
que soit la valeur morphologique des caractères qui séparent ces 
deux types. 

L'étude des hybrides, qui se produisent simultanément, est done 
utile à la botanique descriptive, mais elle a une importance bien 
plus grande au point de vue de la fixité de l'espèce. Les observa- 
tions et les expériences, dont nous allons rendre compte , feront 
ressorlir encore mieux les considérations qui précèdent. 

L'origine du Blé cultivé, qui n’a été retrouvé jusqu'ici à l'état 
sauvage sur aucun point du globe, a déjà préoccupé les naturalistes 
anciens, et fut même attribuée par les Grecs à un Ægilops. Cette 
opinion a été reproduite de nos jours par plusieurs botanistes , et, 
en dernier lieu, par M. Fabre, d'Agde, et par M. le professeur Du- 
nal (2). Ces deux habiles observateurs ont An moins produit, ce 
qu'avaient négligé leurs devanciers, des faits à l'appui de leur ma- 
nière de voir, et il nous semble indispensable de rappeler 11 le 
résultat de leurs observations. 

Chacun sait que l’épi de l'Ægilops ovata se rompt à sa base à la 
malurité, qu'il ne se désagrége pas, et qu'il conserve ses graines 
étroitement fixées aux enveloppes florales. Cet épi s’introduit en 
terre tout d’une pièce, et les quatre graines qu’il renferme donnent 
naissance , l’année suivante , à quatre pieds d'Ægilops distincts les 


(1) Mém. de la Soc. des sc. nat. de Cherbourg, 1852. 
(2) Mém. de l'Acad. des sciences et lettres de Montpellier, 1853. 


DES ÆGILOPS PAR LE TRITICUM, 217 
uns des autres, mais qui entrecroisent leurs racines, et, par leur 
réunion, forment un petit gazon. Ces graines reproduisent toutes 
ordinairement la plante mère; mais quelquefois lune des graines 
donne naissance à une plante bien distincte de la première , et qui, 
par son port, rappelle le Froment cultivé : c’est l'Ægilops triti- 
coides. Ce fait si intéressant, constaté par M. Fabre, a été souvent 
vérifié par moi autour de Montpellier. M. Fabre a eu l’idée de semer 
les graines de l’Ægilops triticoides, et a suivi pendant douze géné- 
rations successives les produits fournis par les graines recueillies 
primitivement sur cette Graminée sauvage. La plante a pris peu à 
peu une taille plus élevée, l’épi est devenu plus gros, il a cessé 
d'être cassant à sa base, ses glumes ont perdu l’une des deux arêtes 
qui distinguent lÆguops triticoides ; en un mot, cette plante a pris, 
en partie du moins, les caractères du Blé. 

Faut-il maintenant conclure de ces faits que le Froment cultivé 
tire son origine de l’'Ægilops ovata? Cetle opinion a été exprimée , 
de la manière la plus formelle, par le savant doyen de la Faculté des 
sciences de Montpellier. Cette conclusion nous parait srave , et l’on 
se demande si l'opinion émise par M. Dunal résulte en réalité d’une 
déduction rigoureuse des faits observés par M. Fabre. Pour juger 
cette question avec maturité, il faut, avant tout, Ce nous semble, 
avoir égard non-seulement au fait principal , mais aussi aux circon- 
stances au milieu desquelles il se produit ; toutes pouvant avoir de 
l'importance , aucune ne doit être négligée , surtout lorsqu'il s’agit 
de se prononcer sur un sujet qui à une si haute portée scientifique. 
L'examen de ces circonstances va nous conduire à une solution que 
l’expérimentation directe viendra ensuite confirmer. 

Et d’abord, où croit habituellement l'Ægilops triticoides? Nes 
observations , faites dans diverses localités du midi de la France, 
nous ont démontré que c’est toujours aux bords des champs de Blé 
ou dans leur voisinage que se rencontre l’Ægilops trihicoides , et 
jamais dans les lieux stériles éloignés des cultures de céréales. 
M. Fabre toutefois dit l'avoir recueilli à Agde dans un lieu meule 
complétement entouré de Vignes. Cela est vrai; mais il faut ajouter 
que des champs de Blé d’une grande étendue existent à une fable 
distance. 


218 GODRON. — FÉCONDATION 

Nous ferons aussi remarquer que lÆgilops triticoides n’est ja- 
mais très abondant nulle part, mais se trouve disséminé çà et là 
comme s’il éfait réellement le résultat d’un accident. 

D'une autre part, cette plante, recueillie par M. Fabre à Agde, 
affecte dès la première année de culture absolument le port du Blé 
Touzelle, généralement cultivé aux environs de cette ville, et cette 
circonstance remarquable a été observée par M. Fabre lui-même. 
On se demande dès lors si la Touzelle, au lieu d’avoir pour origine 
l’Ægilops ovata transformé en Ægilops triticoides, comme le pense 
M. Dunal, ne serait pas, au contraire , pour quelque chose dans la 
production de cette dernière plante. Mais il y a plus : là où l’on cultive 
le Blé sans barbes, l'Ægilops triticoides a lui-même ces organes à 
peu près rudimentaires ; il est, au contraire, pourvu de barbes là où 
l’on cultive le Blé barbu. Ilest dès lors constant que lÆgulops triti- 
coïdes varie; et puisque ces variations sont en rapport avec celles 
que présentent les Blés cultivés dans chaque localité, c'est que vrai- 
semblablement le Blé n’est pas sans influence sur la production de 
cet Ægilops. 

Lorsque M. Fabre a, pour la première fois, semé des graines 
d’Ægilops triticoides sauvage, il a observé que peu de pieds ont 
donné des graines et n’en ont fourni qu’une petite quantité. Nous 
avons également , dans le but de reproduire la série d'expériences 
faites par cet ingénieux observateur, semé, en automne 1852, des 
graines d'Ægilops triticoides sauvages. Cés semences ont parfaite- 
ment germé , et, bien que ces plantes aient fleuri , elles ne n'ont 
donné aucune graine ; et cependant plusieurs autres espèces d’Ægi- 
lops, semées tout à côté, ont au contraire très bien fructifié. 

Une autre circonstance qui ne peut rester inaperçue est celle-c : 
le même épi d’Ægilops donne naissance à la fois à des pieds d’Ægi- 
lops ovata et d’Ægilops triticoides, c’est-à-dire à deux plantes tel- 
lement distinctes et tellement bien caractérisées , que jusqu'ici per- 
sonné n'avait hésité à les considérer comme des espèces légitimes. 
Mais cet épi ne donne jamais naissance à autre chose, jamais il n'a 
produit d'intermédiaires entre ces deux plantes. IT s'agissait done 
ici d’une transformation toujours brusque, toujours également sail- 
lante. Jamais cette prétendue métamorphose ne se fait par degrés, 


DES ÆGILOPS PAR LE TRITICUM. 219 
et n’exige pour se compléter la longue période de temps que les 
partisans les plus déclarés de la variabilité des espèces admettent 
cependant comme une condition indispensable. Jamais on n’a vu, 
même la culture, ee modificateur si puissant, développer dans les 
plantes des changements aussi importants et surtout aussi rapides. 
Nous ne pouvons done pas admettre qu’il y ait à une simple trans- 
formation d’une espèce en une autre espèce. 

Mais la science est aujourd’hui riche de faits semblables à celui 
qu'a découvert M. Fabre ; ils nous fournissent l'explication bien 
simple de l'origine de l’Ægilops triticoides, et des modifications par 
lesquelles 1l passe ensuite pour se rapprocher du Froment et presque 
se confondre avec lui. L’'Ægülops triticoides présente tous les carac- 
tères des plantes hybrides : production brusque d’une plante qui 
tient à la fois par ses caractères de deux espèces distinctes ; influence 
des variétés et des races sur le produit intermédiaire ; naissance 
accidentelle çà et là au milieu des parents ; action fécondante peu 
développée dans cette plante et retour des individus fertiles vers 
le type mâle après plusieurs générations. Aueun caractère ne fait 
défaut, et ilnous semble évident que l'Ægilops triticoides n’est pas 
autre chose qu’une hybride, résultant de la fécondation acciden- 
telle de l’Ægilops ovata par le Triticum vulgare. 

Bien que les faits ei-dessus indiqués me semblent justifier ri- 
goureusement la conclusion que j'en ai déduite, je devais cepen- 
dant, en présence d’une opinion différente émise par un savant 
qui fait autorité dans la science, recourir à l’expérimentation di- 
recte et donner ainsi à cette conclusion le caractère d’une dé- 
monstration complète. J'ai tenté, dès lors, de reproduire l’Ægtilops 
triticoides par la fécondation artificielle des Ægilops par les Tri- 
heum, et il me reste à faire connaître ées expériences et les résul- 
tats qu’elles ont produits. 

J'ai procédé de trois manières. Dans une première expérience, 
j'a cherché à opérer la fécondation artificielle sans castration des 
fleurs de FÆgilops ovala, soumettant ainsi eette plante , À Ta fois, 
à l'action de son pollen propre et à celle de son pollen étranger. 
Dans une seconde tentative, la castration n’a été que partielle ; dans 
la troisième, elle a été complète. Ces essais de fécondation ont été 


2 


220 GODRON, -— FÉCONDATION 

faits à Montpellier pendant le mois de mai 1853, et les produits 
obtenus ont été plantés dans des vases à Besancon, le 27 mars 1854, 
el soustraits à l’action des derniers froids de l'hiver. 

Première expérience. — Le 20 mai 1853, j'ai répandu sur six 
épis d’Ægilops ovata, qui se préparaient à fleurir, du pollen de 
Triticum vulgare mulicum, Xoulant ainsi placer lÆgilops dans les 
mêmes conditions où il se trouve, lorsque végétant sur le bord 
d'un ehamp de blé, ilest accidentellement atteint par la poussière 
fécondante de cette céréale. Le pollen étranger pénètre d'autant 
plus facilement dans la fleur, qu’à cette époque de la vie dé la plante 
et jusqu'après l’anthèse, les balles de l'Ægilops ovala s’écartent 
naturellement d'un millimètre environ les unes des autres. Ces six 
épis ont été recueillis au moment de leur maturité et plantés au 
printemps de cette année, ils ont donné le résultat suivant : cinq de 
ces épis ont reproduit exclusivement l’Ægilops ovata ; le sixième 
a fourni également plusieurs tiges de cette graminée, mais une des 
graines à donné naissance à deux tiges bien plus élevées que celles 
de la plante mère, et leurs épis présentent la ressemblance la plus 
parfaite avec ceux de la variété d’Ægulops triticoides dont les arêtes 
sont demi-avortées et pour ainsi dire rudimentaires. Cette variété, 
que j'ai recueillie à l’état spontané autour de Montpellier, est donc 
le résultat de la fécondation de l'Ægilops ovata par le blé sans 
barbes. 

Deuxième expérience. — Ne pouvant prévoir à l'avance le succès 
de l'expérience précédente et désirant reproduire le fait si curieux 
de deux plantes distinctes sortant d'un seul et même épi d'Ægilops 
ovala, j'ai eu recours à la castration et à la fécondation artificielle 
que j'ai opérées sur deux fleurs seulement de chaque épi de cel 
Ægilops. 

L'enlèvement des anthères, avant que la fécondation naturelle ait 
pu avoir lieu et alors que ces organes sont encore renfermés dans 
la fleur, semble, au premier abord, une opération très délicate à 
exécuter. Il n’en est rien cependant, si l’on suit le procédé opéra- 
toire que j'ai adopté et qui n’exige d’autres instruments que les 
doigts et une petite pince à branches très étroites. Je tiens d'autant 
plus à décrire ce mode opératoire, qu'il est extrèmement simple et 


DES ÆGILOPS BAR LE TRITICUM. 22 
que sa connaissance permettra à tous les batanistes de reproduire 
ét de contrôler mes expériences. Il consiste à saisir étroitement , 
entre le doigt indicateur placé en dessous et le pouce placé en des- 
sus, les barbes de la glumelle externe le plus près possible de leur 
origine, puis de presser avec la pulpe du doigt médius sur la base 
de l'épi, de manière à lui imprimer un léger mouvement de bas- 
eule, ce qui permet en même temps de fixer l’épi solidement entre 
ee doigt et l'indicateur. Par ce mouvement, la glumelle externe est 
assez fortement courbée en dehors, la fleur est largement ouverte 
et l’on distingue facilement ses organes sexuels. Je dois prévenir 
toutefois que la glumelle externe entraine quelquefois, dans son 
mouvement, la glumelle interne ; mais, comme cectte dernière est 
simplement membraneuse et qu'elle fuit saillie au-dessus de l’ex- 
terne, il est on ne peut plus facile de l’écarter. On procède alors à 
l'enlèvement des étamines et on les extrait une à une en les saisis- 
sant par leur filet au moyen d’une pete pince. On substitue immé- 
diatement à ces organes une anthère de froment, choisie parmi 
celles qui commencent à s'ouvrir et on la place transversalement 
au-dessus des stigmates. On rapproche ensuite l’une de l'autre les 
enveloppes de la fleur par une pression légère. L'anthère de fro- 
ment laisse échapper successivement son pollen; elle met en outre 
obstacle par sa présence à ce que le pollen propre de l'Ægilops 
puisse atteindre les stigmates des fleurs soumises à la castration, 
ce qui assure le succès de l'opération. 

J'ai procédé de cette manière sur quatre épis d’Ægilops ovata, et 
j'ai tenté la fécondation sur deux fleurs de chacun d'eux, par le 
pollen du Triticum vulgare barbatum. J'ai obtenu, de ces quatre 
épis plantés entiers et à distance les uns des autres, un certain 
nombre de tiges d'Ægilops ovata et neuf échantillons d’Ægilops 
triticoides, qui ne différent de ceux recueillis à Agde par M. Fabre, 
que par leur taille plus élevée (l'été a été pluvieux), par leur épi 
plus lâche et complétement vert. Mais la variété de blé qui m'a 
servi à opérer la fécondation, se sépare précisément du blé T'ouxelle 
par ces deux derniers caractères. 

J'ai opéré, le même jour et de la même manière, sur deux épis 
d'Ægilops triaristala, et sur deux fleurs de chacun de ces épis j'ai 


222 GODRON. — FÉCONDATION, ETC. 

remplacé les anthères propres par des anthères de Triticum durum 
barbatum. L'un de ces épis a reproduit exclusivement lÆgilops 
triaristata ; l’autre m'a donné trois échantillons d’une hybride re - 
marquable par ses longues barbes, et qui, à ma connaissance, n’a 
jamais été observée. 

Troisième expérience. — Le 25 mai 1853, j'ai opéré la castra- 
tion complète sur quatre épis d’Ægilops ovata, dont j'ai enlevé l’é- 
pillet supérieur qui ne renferme que des fleurs mâles. j’ai placé 
dans chaque fleur hermaphrodite une anthère de Triticum spelta 
barbatum commençant à s'ouvrir. J’ai obtenu deux tiges d’une 
hybride nouvelle, et pas un seul représentant de la plante mère. 

De tous ces faits, on peut déduire les conclusions suivantes : 

1° L’hybridité peut se produire spontanément dans les Graminées, 
et l’Ægilops triticoides est le premier exemple connu d’une hybride 
observée dans cette famille. 

% Les Ægilops doivent être réunis génériquement aux Triti- 
cum, ce que confirme du reste la forme de leur caryopse, organe 
qui fournit, dans la famille des Graminées, des caractères géné- 
riques bien plus importants que la conformation des enveloppes 
florales. 

3° Les observations faites par M Fabre sur l’'Ægülops triticoides 
ne prouvent, en aucune façon, que le blé cultivé ait pour origine 
l’Ægilops ovata, ni qu'une espèce puisse se transformer en une 
autre espèce. 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE, 


Par M. Thém. LESTIBOUDOIS , 


Membre correspondant de lPlustlitut, etc., etc, 


Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Acadé- 
mie (4), je me suis efforcé de démontrer que la disposition des 
feuilles sur la tige et les rapports symétriques qu'elles ont entre 
elles dépendent du nombre, de l’arrangement, du mode d'expansion 
des faisceaux fibro-vasculaires des tiges et des rameaux. J'ai mon- 
tré aussi que les diverses dispositions des feuilles ne sont que des 
modifications les unes des autres. J’ai prouvé, enfin, que les or- 
ganes floraux sont analogues aux feuilles, sont formés comme elles 
et disposés comme elles. 

Aucun doute ne peut s'élever quant aux sépales et aux pétales, et 
même aux étamines ; la sépalotaxie et la pétalotaxie nous présentent 
les mêmes faits, reposent sur les mêmes principes que la phyllo- 
_taxie. Il est moins bien établi que le fruit est formé d’expansions 
analogues aux feuilles. La complexité de cet organe fait obstacle à 
ee qu'on reconnaisse facilement sa structure primitive ; il est formé : 
par le pistil fécondé, développé et profondément modifié, constitué 
lui-même par des parties diverses, l'ovaire, le style, le stigmate. 
On sait que le péricarpe est formé d’une seule ou de plusieurs pièces 
ou carpelles, lesquels proviennent d’une seule fleur ou de plusieurs 
fleurs différentes. Ces carpelles sont parfois distinets, parfois sou- 
dés, et constituent un fruit composé de parois ou valves, de cavités 
ou loges, de cloisons ou prolongements membraneux séparant les 
loges du fruit, de trophospermes ou placentas qui donnent msertion 
aux graines ; de podospermes, division des placentas, qui fournis- 
sent les vaisseaux des graines ; d’arilles , prolongements du podo- 
sperme autour du hile, ou point d'insertion des vaisseaux sper- 
miques. 


(1) Phyllotaæie anatomique, in-4°, 1848 (Ann. des sc, nat., 3° sér., t. X). 


29! LESTIROUDOIS. 

Toutes ces parties différent par la forme, par le nombre, la con- 
sistance, le degré de soudure, le mode de séparation à la maturité, 
les positions respectives. 

Le nombre des carpelles est défini ou indéfini ; ils sont en cercle 
ou en tête. Le nombre des graines que renferment ceux-e1 est aussi 
très variable. | 

La consistance du péricarpe présente mille nuances, depuis le 
plus sec jusqu'à celui qui est le plus charnu, depuis celui qui est 
membraneux jusqu'à celui qui estosseux. 

Les soudures sont quelquefois nulles ou à peine apparentes ; 
d’autres fois elles sont si profondes, qu’on ne peut plus discerner 
les parties confondues. 

La désunion est, en certains cas , impossible, même à la matu- 
rité; d'autres fois , elle s'opère plus ou moins complétement : les 
fruits se partagent en pièces entièrement closes ou débiscentes; ou 
bien les carpelles restent unis par les cloisons, par l'axe central, et 
s'ouvrent à l'extérieur, à l’intérieur, au sommet, à la base, par des 
trous, par des fentes, par des dents. 

Les positions des parties carpellaires apparaissent diverses par 
leur étendue respective, par les soudures opérées , et la variété du 
mode de séparation. Ainsi les trophospermes sont basilaires , api- 
cellaires , axiles, centraux, pariétaux , et ceux-ci sont intra-sutu- 
raires, valvaires (marginaux où médians), intervalvaires. 

C'est au milieu de cette diversité de conformations qu’il faut re- 
chercher les lois fondamentales de la structure du fruit, saisir les 
analogies qu'il peut présenter avec les autres organes, montrer les 
altérations successives que subissent les parties qui le constituent, 
et indiquer comment les altérations d'un type uniforme produisent 
les aspects si changeants qu'affectent les péricarpes. C’est ce que je 
me propose de faire ; si quelques lois générales ont été formulées , 
il est nécessaire de les sanctionner par des preuves directes ; 1l est 
utile surtout d’y assujettir tous les modes de structure : les principes 
ne sont utiles que s’ils président à la coordination de tous les faits. 

Je vais tenter d'établir, en exposant rigoureusement les faits, 
que les péricarpes sont formés par les mêmes faisceaux vasculaires 
que les feuilles ; que ces faisceaux ont les mêmes modes d'expan- 


CARPOGRAPIHE ANATOMIQUE, 229 


sion ; que, par conséquent, les carpelles ont essentiellement l'or- 
ganisation des feuilles, et que cette organisation normale peut se 
reconnaitre au milieu des conformalions multiples des espèces 
variées de fruits. De cette donnée fondamentale doit ressortir 
une idée exacte et rigoureuse de la structure générale des péri- 
carpes ; il faudra de plus qu’elle nous fasse comprendre les arran- 
gements et les altérations qui sont restés obscurs , inexpliqués où 
faussement appréciés, et qu'elle nous permette de poser les bases 
d’une classification naturelle des fruits, dont tout le monde a senti 
la nécessité, et que personne encore n’a complétement formulée. 
En même temps elle nous fera comprendre l’urgence de renoncer 
à la pensée de créer une série d'espèces distinetes de fruits renfer- 
mant toutes les modifications que peut offrir le système carpellaire. 

Pour arriver à ces résultats, je vais examiner : 

4° La configuration générale des carpelles ; 

2 Leurs arrangements symétriques ; 

9° Leur mode de formation ; 

h° Les allérations de leur structure primitive. 

Alors il sera possible d’établir les lois de la classification des 
fruits. 

Conformation générale des Carpelles. 


Je rappelle d'abord , en adoptant l'opinion du plus grand nombre 
des botanistes, que les carpelles, ou divisions du gynécée, ont exté- 
rieurement la conformation des organes foliaires, quand ily a plu- 
sieurs ovaires dans la fleur : chacun d'eux représente une feuille , 
qui serait repliée longitudinalement suivant la ligne médiane , de 
manière à rapprocher ses bords du côté interne, et à les unir pour 
former une cavité ou loge , renfermant les graines attachées aux 
bords de la suture interne. La nervure médiane semble se prolonger 
pour former le style; les nervures latérales, souvent plus volumi- 
neuses, circonscrivent les bords de la feuille, constituent les tro- 
phospermes, qui servent de point d'attache aux graines, et se 
mettent en communication avee le sügimale. 

La même organisation est encore manilesie quand les carpelles , 
au lieu de se séparer, comme le sont les feuilles épanouies , restent 


! 


4e série Bor. T. IT. (Cahier n° 4.) 5 15 


996 LESTIBOUDOIS,. 


unis, de manière à former un seul ovaire. Dans ce cas, si l'ovaire 
unique renferme plusieurs loges, il apparaît à tous les yeux qu'il 
est formé par la simple soudure des carpelles plus ou moins nom- 
breux qui ont greffé leurs surfaces en contact. 

Quand l'ovaire unique a une seule loge, portant les graines atta- 
chées aux sutures que présentent ses parois, la nature des feuilles 
carpellaires reste encore plus évidente ; elles ont conservé tous 
leurs caractères ; elles sont restées planes; elles n’ont pas formé 
de cavités partielles, elles ont seulement soudé leurs bords avec 
ceux des carpelles voisins : au lieu de s’isoler et de s'épanouir 
comme les feuilles ordinaires , elles restent unies par les tissus 
dans lesquels se forment les faisceaux foliaires. Dans tous les cas, 
les carpelles conservent done la conformation des feuilles : 1ls en 
conservent aussi les dispositions. 


Arrangementdes Carpelles (carpellotaxie). 


Nous avons dit (Phyll. anat.) que les calices , les corollés , les 
étamines des dicotylédones affectent habituellement Ia symétrie qui- 
naire , parce que les expansions florales ne représentent que des 
feuilles, et que les faisceaux qui forment les spires foliaires sont assu- 
jettis au nombre cmq. La spire des cinq feuilles décrit deux cycles, 
c'est-à-dire fait deux fois le tour de la tige ; conséquemment, avant 
le développement, quand les feuilles se pressent, deux d’entre elles 
appartenant au premier cycle sont extérieures ; la troisième est 
demi-extérieure ou demi-recouverte ; les deux dernières , formant 
la fin du deuxième cyele, sont complétement recouvertes. La même 
disposition se retrouve dans le calice et la corolle. La seule diffé- 
rence qu’on remarque dans la fleur, qui est le dernier épanouisse- 
ment des faisceaux de la tige, quiest un bourgeon terminé, c’est 
que les faisceaux foliaires et les faisceaux réparateurs, qui sont 
placés entre ceux-ci, s'épanouissent à la fois , de sorte que le récep- 
tacle ne porte pas, comme la tige , une seule série de feuilles spi- 
ralées dont les parties respectives se correspondent ; il porte réelle- 
ment deux séries de feuilles spiralées : les parties propres à chacune 
se correspondent entre elles, mais alternent avec celles de l’autre 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. ‘ 997 
série. Ainsi les feuilles calicales alternent avee les feuilles corol- 
laires ; les feuilles staminaires, qui dépendent des mêmes fais- 
ceaux que les feuilles calicales, correspondent à celles-er. 

Les carpelles viennent prendre leur place dans cet arrangement 
symétrique. Dans l'ordre régulier ; les fleurs sont isocarpellées , 
c'est-à-dire que les feuilles carpellaires sont en même nombre que 
les sépales et les pétales. Dans ce cas les carpelles sont habituelle- 
ment placés vis-à-vis les pétales, comme les étamines sont opposées 
aux sépales. Ces dispositions du système carpellaire se remarquent 
dans les plantes dans lesquelles les carpelles ne contractent aucune 
soudure, comme dans les Crassula, les Sedum, ou dont les carpelles 
sont unis par une soudure partielle, comme dans les Cotyledon, ete. 
Elles s’observent de même dans les plantes dans lesquelles les 
carpelles, par leur union complète, constituent un fruit unique : 
ainsi les loges sont en même nombre que les divisions des enve- 
loppes florales dans les Rhododendron, les Azalea, les Oxalis, les 
Pelurgonium, ete:, ete. Dans les monocotylédonés , on trouve des 
dispositions analogues. Dans le Butomus, le Damasonium, ete., le 
calice est formé de six sépales (trois pétaloïdes), et les carpelles 
sont au nombre de six. Si l’on considérait les monocotylédonés 
comme ayant un calice à trois sépales et une corolle à trois pétales, 
on trouverait le Scheuchzeria , quelques T'riglochin qui ont trois 
carpelles ; le T'ulipa, l'Agapanthus, le Lilium, ete., ete., qui ont 
un fruit à trois loges. 

Mais ici une remarque est à faire : nous venons de dire qu'en 
général les carpelles sont opposés aux pétales, comme les éta- 
mines sont opposées aux sépales ; dans certaines plantes cepen- 
dant, dans les Nigella, les Aquilegia, par exemple , les carpelles , 
au lieu d’être opposés aux pétales sont opposés aux sépales , 
comme on voit les étamines , placées vis-à-vis les divisions de la 
corolle, au lieu de répondre aux divisions du calice, quand les fibres 
dépendant des faisceaux ealieaux avortent, tandis que la division des 
faisceaux corollaires va se multipliant, Dans le Tulipa, l’Ayapan- 
thus, le Lilium, l'Iris, les Narcissus, etc., les carpelles sont 
opposés aux sépales extérieurs; de sorte que si l’on considérait 
ces derniers comme représentant un ealice, et les divisions inté- 


CO 


228 LESTIROUDOIS. 


ricures comme conslituant une Corolle, les carpelles répondraient 
encore aux sépales. | 

Quelquefois les carpelles deviennent plus nombreux , et alors il 
arrive que les spires qu'ils forment sont si rapprochées, qu'ils pa- 
raissent insérés sur un seul cercle : c’est ec qu'on voit dans le 
Malva, le Stegia, l'Althœa ; mais d’autres fois ils forment des 
spires bien apparentes, et alors ils suivent dans leurs arrangements 
les mêmes lois que les feuilles. Leurs spirales contiennent les 
mèmes nombres d'expansions que les spirales foliaires, c'est-à- 
dire 5,8, 15, 21 , ete., et les situations respectives des parties 
sont les mêmes. 

Dans certains cas, on voit les spires des feuilles, des sépales, des 
élamines, des carpelles, rester toutes composées d'éléments en 
même nombre ; mais aussi, de même que nous avons vu la spira- 
tion des feuilles varier, et les diverses spires s’engendrer les unes 
les autres, on peut voir les carpelles présenter successivement les 
diverses spires qui sont dérivées du nombre fondamental. Aïnsi , 
dans les Magnolia, on voit les spires caulhinaires et les diverses 
spires florales ne pas affecter les mêmes chiffres. Les feuilles for- 
ment habituellement des spires de 8: c'est ce qu’on voit, par 
exemple, sur la tige du M. tripetala ; les sépales unis aux pétales 
forment aussi des spires de 8 dans les M. granchflora et purpurea. 
Dans le M. Yulan, la spire de 8 est dépassée d’un pétale ; dans le 
M. tripetala elle est presque doublée. Les étamines forment.une 
spire de 21 dans le M. Yulan, ainsi que dans le M. grandiflora, 
d’une manière un peu irrégulière cependant , et les carpelles for- 
ment des spires de 15. 

Les fleurs de ces arbres ont la préfloraison convolutive ; leurs 
sépales ou pétales se recouvrent généralement selon l’ordre de leur 
évolution. Ils présentent cependant une singulière anomalie : quel- 
quefois un pétale est entaillé sur le bord, de telle façon que la 
partie supérieure est recouverte par le pétale que la partie infe- 
rieure recouvre. Exemple : Magnolia purpurea. On peut done 
être trompé sur l’ordre d'évolution des pétales; 1l peut varier, 
d’une manière apparente au moins, par le développement inégal 
des bords des divers pétales, ete, 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 2929 

Si le nombre des carpelles peut s'accroitre, 11 peut aussi des- 
cendre au-dessous du nombre normal : le nombre des carpelles 
est de quatre dans les Labiées et dans beaucoup de Borraginées. 
Dans le plus grand nombre des dicotylédonés , le fruit n’est plus 
formé que de trois où de deux carpelles, soudés en un fruit 3-lo- 
culaire ou 2-loculaire. 

Enfin le nombre des carpelles peut se réduire encore ; le fruit 
peut n'être plus formé que par une feuille carpellaire , comme la 
dernière spire foliaire d’un rameau peut se réduire à une seule 
feuille. Les spires corollaires et staminaires, bien que n'étant pas 
la terminaison des expansions des faisceaux fibro-vasculaires, peu- 
vent elles-mêmes ne présenter qu'un seul phylle. Ainsi, par avor- 
tement, quelques Renoncules, lAmorpha, n’ont qu'un pétale ; les 
V'aleriana ont de une à cinq étamines, ete. ; les carpelles, à plus 
forte raison, peuventsubir, en vertu es mêmes causes, les mêmes 
réductions. 

L'avortement des carpelles semble parfois n'avoir lieu que gra- 
duellement. Ainsi, dans les Valerianella, le fruit a trois loges ; 
mais une seule est fertile, deux sont vides. Dans les Centranthus , 
les deux loges avortées ne sont plus représentées que par des côtes 
saillantes placées sur l’une des faces du fruit; dans la famille des 
Composées, qui a une plus grande affinité avec celle des Vale- 
rianées, on trouve souvent les mêmes côtes, qui attestent que fon- 
damentalement leur fruit est tricarpellure : on voit ces côtes dans 
l’Hyoseris , le l'anacetum, le Matricaria, le Pyrethrum, etc. 
Lorsque le fruit n’a plus de trace de carpelles avortés, le carpelle 
restant est au moins inéquilatère, car une feuille pliée a une 
figure insymétrique : c'est ce qu'on remarque dans les drupes des 
Rosacées , ele. Un fruit mullicarpellaire n’est symétrique que par 
l'assemblage régulier de parties insymétriques en elles-mêmes. 

Toutes ces dispositions montrent que les carpelles ont les mêmes 
arrangements que les autres spires florales et foliaires ; et si les 
spires carpellaires éprouvent des altérations , ces allérations se 
retrouvent dans les spires.des autres expansions foliacées. On peut 
même dire que le mode d'évolution des feuilles est Ja cause immé - 
diate de la réduction ordinaire du nombre symétrique des carpelles. 


250 LESTIBOUDOIS. 
En effet, nous avons dit que dans la spire quinaire, qui est celle 
qu'affectent le plus fréquemment les dicotylédonés, les deux pre- 
mières feuilles sont extérieures ; la troisième est à moitié extérieure, 
à moitié intérieure; la quatrième et la cinquième, formant la fin du 
deuxième eyele, sont intérieures. Si donc les feuilles carpellaires 
ne se séparent pas , si elles restent soudées en un fruit unique , les 
carpelles extérieurs auront la facilité de se développer, tandis que 
les éléments des carpelles intérieurs resteront eonfondus avec ceux 
des premiers ; le fruit aura done deux ou trois loges. Ainsi l'anoma- 
lie apparente qu’on observe dans la symétrie du fruit trouve sa 
cause dans la disposition même qui appartient aux feuilles spiralées. 
On est done autorisé à considérer les expansions carpellaires 
comme tout à fait analogues aux feuilles ; mais leur nature ne se 
révélera d’une manière parfaite que si l’on peut constater qu'elles 
sont formées par les mêmes faisceaux vasculaires, et qu’elles sui- 
vent le même mode d'évolution. C’est à démontrer cette vérité 
que nous voulons spécialement nous appliquer. 


Mode de formation des Carpelles. 


Lorsqu'on examine les carpelles au moment où ils apparaissent, 
on constate qu'ils se présentent de même que les feuilles, comme 
de simples mamelons, d’abord transparents, qui s’allongent, s’élar- 
oissent, s'amincissent, sans former de cavités entièrement closes et 
sans offrir d'ovules. Ce n’est que plus tard que leurs ovules se 
montrent, et que les cavités formées par les expansions carpellaires 
se ferment. Exemples : Æsculus Hippocastanum, Pœonia, Digi- 
talis, Geranium Robertianum , Pelargonium zonale, Brassica, 
Bryonia, pl. 16, fig. 11-20 ; Cucumis melo, pl. 16, fig. 3-7. 
Les mamelons carpellaires sont tout à fait semblables à ceux qui 
représentent les sépales, les pétales et les étamines à leur origine. 

Les mamelons carpellaires sont formés par le tissu parenchyma- 
teux, etles vaisseaux des faiscetix fibro-vasculaires des pédon - 
Te Une simple dissection, mettant à nu les cordons vasculaires 
des earpelles, montre bien qu'ils proviennent des ‘mêmes fais- 
ceaux qui ont constitué les autres parties de la fleur et les feuilles , 
et atteste ainsi , d’une manière décisive , qu'ils sont réellement les 


CARPOGRAPIIE ANATOMIQUE, 231 
analogues des feuilles, comme l'indique leur apparence extérieure, 
et leurs arrangements normaux. 

Les faisceaux foliaires forment les sépales et les étamines , les 
faisceaux réparateurs les pétales et les carpelles ; chaque faisceau 
fournit ainsi deux expansions successives : il en fournit un plus 
grand nombre lorsque les fleurs sont, par exemple, diplostémones, 
ou que leurs organes sont en spires multiples. 

Ces dispositions deviendront évidentes par les exemples que nous 
allons successivement mettre sous les Yeux. 

Dans le Cotyledon crassifolium, la symétrie est parfaitement 
quinaire : la fleur a cinq sépales, eimq pétales, dix étamines , 
et, en même temps, cinq carpelles. Le pédoncule présente dix 
faisceaux, dont cinq sont un peu plus extérieurs. Les faisceaux 
extérieurs du pédoncule se portent au dehors pour former les sé- 
pales et les étamines sépaliques ; les faisceaux intérieurs s'épa- 
nouissent plus haut pour former les pétales et les étamines péta- 
liques, puis les carpelles. Dans le Ruta , les carpelles , les pétales 
et les sépales sont aussi en nombres égaux ; les carpelles sont sou- 
dés par la base , de sorte que le fruit tient le milieu entre ceux qui 
ont les carpelles distincts et ceux qui les ont soudés ; on reconnait, 
si l’on fend perpendiculairement un ovaire, que les faisceaux sé- 
paliques, corollaires et carpellaires ont là même origine que dans 
l'exemple précédent. 

Dans les fruits dont les carpelles sont complétement soudés , 
dans les monocotylédonés comme dans les dicotylédonés, les 
mêmes dispositions peuvent s’observer. 

Dans certaines plantes, tous les faisceaux qui doivent former les 
cycles floraux s'unissent, comme s’anastomosent les faisceaux cau- 
linaires au point d’épanouissement des feuilles : c’est ce qu’on con- 
state dans le Ruta. Si l'on coupe transversalement le pédoncule de 
cette plante, on voit les faisceaux fibro-vasculaires serrés formant 
un cercle presque continu ; mais st la section est faite plus haut, on 
voit que les fibres s’agglomérent en faisceaux épais vis-à-vis les 
points où s’épanouiront les sépales. Ces points sont au nombre de 
cinq dans les fleurs à cinq sépales, qui naissent entre les premières 
divisions des pédoneules dichotomiques, au nombre de quatre seu- 


252 LESTIBOUDOIS, 

lement dans les fleurs qui n’ont que quatre sépales. Pu milieu de 
ces faisceaux sortent les nervures principales des sépales, et celles 
les étamines correspondantes, de sorte que les faisceaux se trou- 
vent par cela même partagés en deux, De l'intervalle des faisceaux 
sortent les fibres, qui se rendent aux pétales et aux étamines oppo- 
sitives et aux carpelles ; on les voit si l’on coupe transversalement 
le disque podogyne. Les parties restantes des faisceaux consti- 
tuent les nervures trophospermiques; il semble done que les fais- 
ceaux des diverses expansions florales sont successivement formés 
par les fibres émanées de deux faisceaux principaux, eomme les 
faisceaux foliaires sont reconstitués par les faisceaux réparateurs. 
Mais ici les expansions sont en nombre double; la réalité est donc 
que tous les faisceaux s'unissent, que les fibres des spires alternes 
s’échappent du cercle commun, qu'il reste entre elles les divisions 
latérales ou trophospermiques des feuilles carpellaires, qui sont si 
considérables qu'elles semblent former la continuation des faisceaux 
principaux partagés en deux. 

Au lieu de s'unir et de se confondre sous la fleur, les faisceaux 
vasculaires des expanstons florales peuvent, au contraire, se séparer 
bien avant le point où ils s’épanouissent. Les monocotylédonés ont 
des faisceaux vasculaires essentiellement isolés, de sorte que eeux 
qui forment les expansions successives ne sortent pas les uns des 
autres; on devra donc trouver les fibres florales isolées même 
dans les pédoncules. Ainsi la section dx pédoncule du Tulipa, 
du /Varcissus poeticus, de l'/ris flavescens, de l’'Hemerocallis 
flava (Phyll. anat., pl. 4, fig. 27), ete., ète., montre à la circon- 
férence des faisceaux nombreux épars ; ces faisceaux extérieurs se 
rendent aux sépales externes et internes ; au centre sont d’autres 
faisceaux plus volumineux qui semblent rapprochés trois à trois. 
Chacun de ces groupes est séparé par un faisceau plus petit ; de sorte 
qu'ils sont assez généralement au nombre de douze. Ces faisceaux 
intérieurs se rendent aux étamines et aux valves carpellaires en 
même temps. Six de ces faisceaux forment d’abord les étamines, 
puis se continuent pour former les faisceaux carpellaires ; les divi- 
sions restent done au nombre de douze : trois sont les nervures 
médianes , elles répondent au milieu des valves; trois sont les 


‘) 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 299 
nervures latérales , elles répondent au bord extérieur des cloisons, 
et sont communes à deux carpelles voisins ; six sont les nervures 
marginales , et répondent aux trophospermes ; ces derniers sont 
fort rapprochés , les deux bords :carpellaires étant unis. Malgré la 
tendance qu'ont les monocotylédonés à tenir leurs faiseeaux isolés, 
on voit cependant chez quelques -uns d’entre eux les soudures 
que nous avons précédemment signalées. Le pédoncule de l'A ga- 
panthus (Phyll., pl. 4, fig. 18 à 20) présente aussi les douze 
faisceaux centraux et quelques autres extérieurs. Ces faisceaux 
se réunissent en trois gros faisceaux au-dessous de la fleur 
(fig. 24) pour former les divers cycles floraux ; aux faisceaux volu- 
mineux correspondent les sépales externes et les étamines externes ; 
à leurs intervalles, les fibres qui forment les sépales internes et les 
étamines qui leur correspondent (fig. 22, 23). Après avoir fourni 
ces expansions, les faisceaux primitifs reprennent leur position ; 1ls 
sont divisés en trois, et chacun des groupes va former un carpelle. 

La même disposition se retrouve exactement dans le Tradescan- 
ha erecta (Phyll., pl. 4, fig. 24-25); seulement les faisceaux cen- 
traux n’abandonnent pas leur place primitive, et ne vont pas se 
confondre avec les fibres sépaliques, ete. (fig. 25). 

Les dispositions que nous venons d'indiquer montrent que les 
feuilles carpellaires reçoivent normalement, comme les feuilles 
ordinaires , des faisceaux qui forment : 1° leur nervure médiane, 
ou celle qui occupe la partie moyenne des valves; 2 des nervures 
latérales , qui constituent les valves elles-mêmes et les cloisons, 
occupant fréquemment le point où les valves s’infléchissent pour 
former les cloisons ; 3° des nervures marginales qui, parcourant les 
bords des valves, constituent spécialement les trophospermes. 

Dans le Soya, chacun des deux carpelles qui compose le fruit 
présente très nettement le faisceau de la ligne médiane des valves, 
les faisceaux latéraux, le faisceau du point d’inflexion des valves et 
les faisceaux des bords trophospermiques. 

Mais ees dispositions sont fort sujettes à changer. 

Dans le Ricin, le faisceau médian des valves est divisé en deux ; 
dans l’Iris, dans le Gladiolus Daleni (Phyll., pl. k, fig. 30), dans 
lesquels l'ovaire est mfère, et dans lesquels les valves correspondent 


251, LESTIBOUDOIS, 
aux sépales et aux étamines externes , trois faisceaux occupent la 
ligne médiane des valves. 

Dansle Ruta, dans le Cotyledon, les faisceaux valvaires sont très 
peu marqués ; mais les faisceaux trophospermiques sont plus 
visibles dans le dernier genre, très développés dans le premier. 

Au point d'inflexion des valves, on voit plusieurs petits faisceaux 
dans le Ricin, on en voit trois dans le Gladiolus Daleni (Phylt. 
anat., pl. 4, fig. 30). Dans le Tulipa, pl. 16, fig. 22, dans le 
Lilium (Phyll. anat., pl. k, fig. 47), dans le Narcissus, pl. 16, 
fig. 23, dans l’Iris, dans le Gladiolus (Phyll. anat., pl. 4, fig. 30), 
il n'y a qu'un faisceau au point où les valves s’infléchissent, les fais- 
ceaux correspondants des carpelles voisins s'étant confondus en 
un seul dans la soudure de ces earpelles. 

Les cordons trophospermiques, qui occupent les bords des 
feuilles carpellaires, restent distinets dans le Tulipa, pl. 16, 
fig. 22, dans le Lilium et l’'Hemerocallis (Phyll. anat., pl. 4, 
fig. 17 et 28); ils sont soudés avec les faisceaux correspondants des 
carpelles voisins dans le Ricin, dans le Varcissus, pl. 16, fig. 22, 
dans l’fris, dansle Gladiolus (Phyll. anat., pl. 4, fig. 30) ; de sorte 
que dans ces plantes, au lieu de trouver deux faisceaux placés de 
chaque côté de l’angle interne des loges, on trouve un faisceau 
unique correspondant à chaque cloison. 

Dansles Pelargonium, les deux faisceaux trophospermiques, au 
lieu de se souder avec ceux des carpelles voisins, se soudent entre 
eux ; de sorte qu’au lieu de former des faisceaux correspondants'aux 
valves , ils forment des faisceaux correspondants à l’angle interne 
des loges. 

Aïnsi, dans le Pelargonium macranthum, si l’on coupe le basi- 
gyne, pl. 17, fig. 12, on trouve cinq faisceaux, d’où naissent les 
fibres valvaires et les faisceaux trophospermiques considérables 
qui semblent la continuation des faisceaux principaux, et sont pla- 
cés vis-à-vis l'angle interne des carpelles. La même disposition 
s’observe dans l’Alcea, dans le Stegia. 

Mais dans ces plantes, au-dessus de Fattache des graines , les 
faisceaux marginaux se séparent; ils ne laissent plus qu'une fibre 
sans Importance vis-à-vis la suture interne ; ils se soudent avec les 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 239 
faisceaux marginaux des carpelles voisins, et forment des faisceaux 
entre les carpelles. Exemple : Pelargontum , pl. 47, fig. 18. 

Les faisceaux trophospermiques , dévenus nécessairement cen- 
traux quand le fruit est formé de carpelles closet soudés entre eux 
par toutes leurs faces correspondantes, paraissent, en raison de leur 
volume, la continuation des faisceaux principaux du pédoncule, et 
semblent constituer un axe, regardé par beaucoup de botanistes 
comme un organe spécial, auquel on a donné des noms particuliers 
comme celui de columelle ; mais dans le plus grand nombre des cas, 
on peut constater qu'ils ne sont que des dépendances des faisceaux 
carpellaires. Ils n'existent plus au centre, dès que les trophospermes 
cessent d'être centraux ; ils ne constituent d'ailleurs pas un corps 
unique, mais sont disposés cireulairement , et leur nombre esten 
concordance avec celui des faisceaux qui constituent le cercle 
vasculaire et avec celui des carpelles. 

Des faits précédemment exposés , il résulle que les faisceaux 
pédoneulaires forment les feuilles carpellaires, aussi bien que Îles 
feuilles sépaliques, pétaliques et staminaires ; que ces faisceaux for- 
ment toutes les expansions florales, comme les faisceaux caulinaires 
forment les feuilles; que seulement ils ne se distinguent pas en 
faisceaux foliaires formant des feuilles en spires successives dont 
les parties se correspondent, et en faisceaux réparateurs qui recon- 
stituent les premiers, quand ils ont fait éruption au dehors. Tous les 
faisceaux pédonculaires s'épanouissent à la fois, formant amsi une 
double spire dont les parties alternent ; les faisceaux foliaires for- 
ment habituellement les sépales et les étamines, et les faisceaux 
réparateurs forment les pétales et les earpelles , cet ordre pouvant 
varier cependant , chaque ordre de fibres pouvant fournir un plas 
grand! nombre de divisions ou d’expansions. 

Dans quelques plantes , les fibres qui forment les diverses spires 
florales se séparent au-dessous du réceptacle ; dans d’autres , les 
faisceaux se réunissent, de sorte que les faisceaux des diverses 
expansions florales semblent sortir d’un même cerele ; les fibres de 
chacune des divisions florales semblent quelquefois formées par les 
fibres de deux faisceaux voisins, comnie les feuilles. 

Les faisceaux des expansions carpellaires se divisent prompte- 


256 LESTIBOUDOIS, 

ment, et leur fournissent habituellement une nervure médiane, des 
nervures latérales et des nervures marginales ou {rophospermiques. 
Les nervures médianes sont quelquefois peu apparentes, quelque- 
fois divisées où multiples; les nervures latérales présentent les 
mêmes variations : dans les fruits formés de plusieurs carpelles 
soudés, elles se confondent souvent avec celles des carpelles voi- 
sins, de sorte qu'il n’y à qu'une nervure principale vis-à-vis le 
bord extérieur des cloisons formées par la réunion des carpelles. 
Les nervures trophospermiques, le plus souvent d’un volume plus 
considérable que les autres, semblent, dans beaucoup de cas, la 
continuation des faisceaux floraux, qui paraissent, par cette raison, 
constituer un axe spécial. Ces faisceaux conservent quelquefois leur 
position au bord des valves ; quelquefois les deux faisceaux des 
bords rapprochés d'un même carpelle se soudent en un faisceau 
unique, placé vis-à-vis la suture interne ; d’autres fois les faisceaux 
trophospermiques se soudent avec ceux des carpelles voisins , 
constituant un faisceau unique placé au bord interne des eloisons ; 
enfin les faisceaux trophospermiques de certains carpelles , après 
s'être réunis pour former un faisceau vis-à-vis la suture interne, 
se séparent pour s'unir avec eeux des carpelles voisins, et former 
un faisceau vis-à-vis la cloison. 

Dans les fruits que nous avons examinés, le nombre des car- 
pelles est pareil à celui des expansions des autres spires florales ; 
mais nous avons dit que ce nombre diminue dans une multitude de 
plantes. Dans les Borraginées, pl. 17, fig. 23-28, dans les Labiées, 
le nombre des carpelles est de quatre; dans le Riein, il est de 
trois ; dans les Valerianella, 11 y a naturellement trois carpelles , 
mais deux sont souvent dépourvus de graines ; quelquefois les car- 
pelles avortés sont réduits à l’état de simples stries comme dans le 
Centranthus. Dans les Composées le fruit n’a jamais qu’un carpelle 
fertile ; mais il est inéquilatère , et porte souvent des stries sur 
une face comme le fruit du Centranthus. Dans le Datura, pl. 46, 
fig. 1-2, il n’en a que deux, mais chacun est subdivisé en deux 
parties ; dans le Soya, les Ombellifères, ete., il y a deux carpelles 
non subdivisés ; il n’y en a plus qu'un seul dans l’Astragalus, 
pl. 17, fig. 17-18 ; le Lotus, pl. 17, fig. 44-16, etc. 


Lo 


CARPOGRAPHIR ANATOMIQUE. 97 

Le plus fréquemment les carpelles, dans les dicotylédonés, sont 
au nombre de deux ; 1ls sont encore assez souvent au nombre de 
trois. 

Dans un grand nombre de plantes qui paraissent avoir quatre 
carpelles , il n’y en a réellement que deux qui ont été subdivisés : 
c’est ce qui semble exister dans les Labiées et les Borraginées. Le 
stigmate n'a que deux divisions, les carpelles sont rapprochés deux 
à deux, et les faisceaux vasculaires sont quelquefois communs à 
deux carpelles. Ainsi dans le Salvra , on voit le style à deux divi- 
sions séparant, par sa base saillante inférieurement , les carpelles 
en deux paires. Si l’on examine la coupe transversale de la base du 
disque, on voit qu’elle présente deux faisceaux vasculaires , qui se 
prolongent dans le style; on les reconnait dans la coupe de celui-ci. 
Ce sont donc les faisceaux médians de deux feuilles carpellaires. De 
chaque eôté sont seulement deux faisceaux allongés, qui , un peu 
plus haut, commencent à se partager, et qui, plus haut encore, 
sont entièrement séparés ; chaque division fournit à chaque locelle 
une fibre valvaire et un faisceau trophospermique. 

On peut donc considérer les faisceaux latéraux comme formés 
par l’union des fibres trophospermiques de deux earpelles voisins , 
qui se séparent ensuite l’un de l'autre, en même temps que les car- 
pelles se partagent sur leur ligne médiane. 

Dans les Borrago, on voit dans la coupe, faite tout à fait au point 
où les loges se séparent, planche 17, figure 28, que les faisceaux 
carpellaires se rapprochent aussi deux à deux ; mais les lobes du 
stigmate correspondent à l'intervalle des earpelles rapprochés. 
Le rapprochement des faisceaux et la division du stigmate con- 
duisent encore à penser que le fruit est vraiment bicarpellaire, 
et l’on est confirmé dans cette pensée parce qu'on trouve dans les 
Borraginées des fruits biloculaires. Dans le Borrago, il est bien 
évident que les cordons trophospermiques ne sont que des émana- 
tions des faisceaux carpellaires ; ces cordons se recourbent pour 
gagner la partie interne des carpelles. C’est ce qu'on constate par- 
faitement en coupant perpendiculairement le fruit, planche 17, 
figure 26. Lorsque ces carpelles, en se développant, s’allongent par 
leur base en même temps que la portion du disque qui les porte , 


238 LESTIBOUDOIS. 

figure 27, ces cordons se recourbent davantage pour gagner la partie 
inférieure des carpelles. Lorsque, comme dans le Cynoglossum, 
pl. 17, fig. 28-24, c'est la base du style qui s’allonge, les cordons 
trophospermiques remontent jusque près du sommet des carpelles, 
et s’insèrent au point 2, figures 24 et 25. 

Le fruit du Datura, qui partage ses deux loges et ses deux 
valves, indique bien comment s'opère la division des deux carpelles. 

Ce fruit montre encore d’une manière parfaite comment les 
fleurs à symétrie quinaire ont des fruits bicarpellés. Cette plante , 
en même temps, met en évidence complète le mode de formation 
de toutes spires florales et leur étroite connexion ; elle mérite done 
d’être étudiée avec quelque attention, d'autant plus qu’on peut 
obtenir avec facilité une préparation complète de son système vas- 
culaire. 

Si on laisse à la pluie, pendant un hiver, le fruit de cette plante 
accompagné du ealice, le tissu cellulaire est entièrement détruit par 
l’action de l'humidité et de l’air ; il ne reste que le lacis des vais- 
seaux, et l’on voit distinetement, planche 16, figures 4-2 , les deux 
cercles vasculaires formés par les cinq faisceaux foliaires et les cinq 
faisceaux réparateurs. 

Les faisceaux a, a, a, a, a S'anastomosent en arcades pour former 
un cerele extérieur ; les faisceaux 6, b, b, b,b, pour former un cercle 
plus intérieur uni au précédent. Chacun des faisceaux a se rend à 
une division du calice, et produit intérieurement un petit faisceau 
qui forme une étamine ; chacun des faisceaux b produit extérieure- 
ment un petit faisceau qui répond à un lobe de la corolle, et va 
former ensuite les carpelles. Dans ce cas les phylles corollaires, en 
raison de leur petite dimension relativement aux carpelles, ne sem- 
blent plus que des appendices de ces derniers; mais, en réalité , 
nous voyons toujours cinq phylles ealicaux avee leurs étamines 
axillaires, cinq phylles corollaires avec les faisceaux carpellaires 
dans leur aisselle. Les faisceaux carpellaires conservent donc leur 
symétrie, c’est-à-dire restent au nombre de cinq, quoique le 
nombre des carpelles soit réduit; nous allons voir comment ces 
carpelles sont organisés , et comment einq faisceaux n'arrivent 
plus à former que deux carpelles. Le fruit se compose de deux 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 239 
phylles carpellaires , munies de nervures médianes ; elles ont aussi 
des faisceaux latéraux aux points d’inflexion des valves et au centre 
du fruit, Ensuite les bords de chaque phylle se prolongent encore 
dans les loges, en s’unissant pour former les corps trophosper- 
miques, qui ont au centre leur cordon vasculaire; les corps tro- 
phospermiques forment une saillie assez considérable pour se sou- 
der à la ligne médiane des feuilles carpellaires, de manière à 
subdiviser les loges en deux parties , dans chacune desquelles fait 
saillie un des bords trophospermiques. Cette soudure n’a leu que 
dans les deux tiers inférieurs du fruit ; supérieurement la soudure 
n'a pas lieu, et les loges conséquemment ne sont pas partagées au 
sommet. Au moment de la déhiseence, les portions extérieures des 
feuilles péricarpiques se séparent des cloisons vraies et des cloisons 
fausses , et se fendent vis-à-vis le bord externe de ces dernières ; 
de sorte que le péricarpe présente quatre valves. Dans certains 
fruits, pl. 16, fig. 4, b,b,b,b,b, quatre des faisceaux vasculaires 
du péricarpe répondent au milieu des valves, le cinquième répon- 
dant à un intervalle des valves (ligne médiane d’une feuille carpel- 
laire); dans d’autres fruits, au contraire, les faisceaux répondent 
aux intervalles des valves (lignes médianes et bords infléchis des 
feuilles carpellaires), le cinquième faisceau répondant au milieu 
d’une des valves. Dans ces deux cas, l’une des feuilles carpellaires 
répond à trois faisceaux corollaires ou carpellaires et à deux cali- 
eaux , l’autre répond à deux faisceaux corollaires et trois calicaux ; 
seulement, dans le premier cas, ce sont deux faisceaux sépalaires 
qui sont interposés entre les feuilles carpellaires ; dans le second, 
ce sont deux faisceaux corollaires. 

Les variations qu'on observe dans la corrélation des feuilles 
péricarpiques et des faisceaux qui les forment sont fréquentes , 
lorsque le nombre de ces feuilles n’est plus le même que celui des 
faisceaux. Ainsi, dans l’Helleborus viridis, les trois carpelles, qui 
sont placés dans un calice pentasépale , affectent des positions très 
différentes relativement à chacun de ces sépales , et correspondent 
tantôt aux sépales, tantôt à leurs intervalles (2). 


(1) Dans une fleur, un carpelle répondait à l'intervalle d'un sépale externe et 


240 LESTIROUDOIS., ; 


On trouve dans Île fruit du Séramonium la preuve évidente que 
les cordons trophospermiques ne sont qu’une dépendance des fais- 
ceaux qui constituent les valves. La figure 2, planche 16, nous 
montre que les faisceaux latéraux des valves €, €, qui fournissent 
des fibres nombreuses à la vraie cloison, produisent à la base un 
gros rameau vasculaire d, d, qui se recourbe en bas et en dedans ; 
bientôtil se partage en deux parties : l’une, e, s’unit à la partie sem- 
blable du côté opposé de la feuille carpellaire, pour former le fais- 
ceau qui occupe la partie centrale du fruit, l’autre se subdivise 
en deux fibres, f et g, qui se rendent l’une à l’origine, l’autre au 
centre du trophosperme , et S'anastomosent au sommet avec les 
fibres semblables de l’autre côté de la feuille carpellaire. 

Ainsi l'étude anatomique de cette plante remarquable montre, de 
la manière la plus nette, la structure simple de la fleur : elle est formée 
par l'épanouissement presque simultané de tous les faisceaux qui 
composent le cercle vasculaire du pédoncule, qui se sont préalable- 
ment unis Sous le réceptacle. Cinq de ces faisceaux constituent les 
sépales ét les étamines ; cinq autres , alternant avec les précédents , 
forment les pétales et les carpelles. 

Les expansions carpellaires ne sont pas en nombre correspon- 
dant aux faisceaux; celles qui sont dans le eyele extérieur de la 
spire peuvent seules se développer ; mais les faisceaux fondamen- 
faux conservent leur nombre normal, et s'unissent diversement 
pour composer les carpelles en nombre réduit. Ceux-ci prennent 
la forme des expansions foliaires ordinaires à nervures centrales , 
latérales et marginales , ou trophospermiques. 

Dans certaines plantes, le nombre des faisceaux vaseulaires des 
carpelles se réduit réellement, soit par avortement, soit par soudure. 
En effet, dans le Salvia que nous avons cité, on voit qu'il n’y a que 
quatre faisceaux ; à la vérité le nombre des faisceaux s'accroît en- 
suite, mais seulement par la subdivision des faisceaux primitifs ; et 


d'un interne, un à l'intervalle d'un sépale demi-externe et d’un interne, le troi- 
sième au deuxième sépale externe. Dans une autre fleur, un carpelle répondait à 
un sépale externe, un au sépale demi-externe , le troisième à l'intervalle d'un 
sépale externe et d'un interne; enfin, dans une autre fleur, les carpelles répon-. 
daient au sépale demi-externe et aux deux internes. 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 21 
lorsque ceux-ci ont fourni les faisceaux valvaires et trophosper- 
miques , ils sont au nombre de dix, comme si le péricarpe avait 
emprunté tous les faisceaux des deux spires florales pour se former. 

Les ovaires infères emportent naturellement dans leur tissu les 
faisceaux de ces deux spires , puisque le péricarpe est soudé avec 
le calice , la corolle et les éfamines. Alors les fruits, même lors- 
qu'ils sont bicarpellaires , présentent les dix faisceaux dans leurs 
parois ; ils ont, en outre, les faisceaux trophospermiques, divisions 
des faisceaux péricarpiques. Ainsi les Ombelliféres, dont la fleur 
est pentasépale et pentapétale, ont un ovaire qui porte dix fais- 
eeaux, cinq pour chaque carpelle, formant des stries saillantes. 
Exemple : Æthusa , pl. 17, fig. 9, à, b, c, d,e. On a remarqué 
que les stries correspondaient alternativement aux sépales, et à 
leurs intervalles ou aux pétales ; de telle sorte que l’un des carpelles 
portait trois faisceaux sépaliques et deux pétaliques, et que l’autre 
carpelle portait deux faisceaux sépaliques et trois pétaliques. Toute- 
fois la correspondance n’est pas absolue, parce que souvent les 
faisceaux qui correspondent aux bords des carpelles se rapprochent 
beaueoup, et rappellent ainsi d’une manière exacte les dispositions 
que nous avons observées dans le Séramonium. Sur la face interne 
de chaque carpelle est un faisceau trophospermique , Æthusa, 
pl. A7, fig. 9, &; Laserpitium, pl. 17, fig. 10, £, qui forme une 
des branches de l’axe qui se partage en Y. 

Entre les faisceaux vasculaires sont des vaisseaux propres ou des 
lacunes souvent pleines de gomme-résine jaune, qui ne descendent 
pas toujours jusqu’à la base des fruits, et qui manquent quelque- 
fois. Exemple : Æthusa, pl. 17, fig. 9,f, g, h,2. Deux lacunes 
semblables existent sur la face interne, entre les faisceaux vaseu- 
laires occupant le bord du fruit et les cordons trophospermiques : 
Æithusa, pl 17, fig. 9,7,7; Laserpitium, pl. 47, fig. 40, 7, 7. 
Les lacunes paraissent le plus souvent enfoncées entre les côtes 
vasculaires , et pour cette raison elles ont été appelées vallecule ; 
mais celte expression est impropre, parce que quelquefois ce sont 
les points correspondants aux vaisseaux propres qui se relèvent en 
côtes et même en ailes. Ainsi dans le Laserpitium , pl. A7, fig. 10, 


les ailes /, g, h, à correspondent aux vaisseaux propres, et non aux 
&° série. Bor. T. Il. (Cahier n° 4.) 4 16 


242 LESTIBOUDOIS. 


fibres vasculaires. Pour cette raison elles sont au nombre de quatre 
et non au nombre de cinq sur chaque carpelle, et, par conséquent, 
au nombre de huit pour le fruit entier ; dans ce cas les ailes latérales 
ne correspondent plus exactement aux bords des carpelles. Il faut 
encore remarquer, parce que ces faits ont causé des erreurs dans les 
descriptions, que les fruits des Ombellifères peuvent paraitre avoir 
huit côtes au lieu de dix par une autre cause : les côtes qui forment 
les bords des carpelles peuvent s'appliquer étroitement contre celle 
du carpelle opposé , et paraître ne plus former avec eux qu'une 
seule côte. C’est ce qu’on voit dans l’Æthusa cynapium, pl. 17, 
fig, 9, a,e. Ainsi, dans les Ombellifères, les côtes saillantes ne 
sont pas toujours formées par les inêmes organes, et conséquem- 
ment leur nombre et leur position varient ; de plus elles peuvent 
paraitre se réduire à huit par des causes distinctes, ce qui n'a pas 
été remarqué, 

Je ne mulüplierai pas davantage les exemples pour mettre en 
évidence la structure intime des carpelles ; ceux que nous avons 
cités suffiront pour démontrer que leurs éléments organiques sont 
les mêmes que ceux des feuilles, et que leur mode d'expansion et la 
disposition des parties sont identiques. L'anatomie vient done don- 
ner la preuve de cette vérité que les apparences extérieures avaient 
fait entrevoir : les carpelles sont de véritables feuilles ; leur confor- 
mation extérieure, leur arrangement symétrique, l’origine de leurs 
vaisseaux, le mode d'expansion de ces vaisseaux, les dispositions 
essentielles qu'ils affectent, sont les mêmes que dans les feuilles. 
Ces vaisseaux forment une nervure médiane et des nervures laté- 
rales , et parmi ces dernières , les marginales ou trophospermiques 
prennent une importance particulière parce qu’elles portent les 
graines. 

Le fruit ne renferme pas d'autre organe que des feuilles carpe!- 
laires, constituant un assemblage plus ou moins complet et régulier. 
L’axe ou columelle qu’on a admis dans certains péricarpes , et qu’on 
a considéré comme un organe spécial et distinct, autour duquel 
seraient disposées les autres parties , n’est pas étranger à Ja feuille. 
ILest formé par les cordons trophospermiques ou marginaux qui 
prennent une importance plus ou moins grande , ef des positions 


CARPOGRAPHIE ANATOMIQUE. 13 
diverses par des soudures. On peut done considérer comme anato- 
miquement démontré que les carpelles sont des feuilles. 

Ce principe reconnu vrai doit jeter des lumières sur les struc- 
tures si diverses des fruits ; 1! doit indiquer leurs analogies et leurs 
dissemblances, dévoiler le secret des structures anormales qui 
sont mexpliquées , les rattacher toutes au type fondaniental de la 
structure primitive , permettre enfin de les répartir dans une elas- 
silication naturelle. Ce sera done utiliser le principe posé, et en 
même temps le confirmer, que de faire ressortir par son application 
le véritable caractère des différentes espèces de fruits admises par 
les botanistes. On rencontrera là la partie la plus essentielle de 
l'étude carpologique. 


PLANTES NOUVELLES 
RECUERILLIES 
PAR M: P. DE TCHIHATCHEFF, EN ASIE MINEURE, 


ET DÉCRITES 


PENDANT L'ANNÉE 1854 


Par M, E. BOISSIER, 
D 


IBERIS GLAUCESCENS , l. Sp. 


l. perennis glabra {ola glaucescens, rhizomate lignoso tortuoso 
ramoso ramos announos. alios brevissimos steriles dense foliosos 
alios floriferos paulo longiores edenti, foliis anguste elliptico-li- 
nearibus acutis basi longe attenuatis carsosulis margine sub lente 
scabridulis ramulorum sterilium confertis floriferorum sparsis, 
racemis términalibus florileris....... fructüferis  ovato - oblongis 
laxiuseulis, pedicellis basi strictis dein curvatis siliculæ subæqui- 
longis, siliculis ovatis basi apiceque obscure emarginatis lobis 
teriminalhibus brevibus obtusis sinu angustissimo fissuræformi 


2h E. ROISSIER. — PLIXTES NOUVELLES 

sejunetis, stylo emargimatura subbreviori, — Hab. prope Kizildagh, 
ad radices montis Akdagh declivitatem borealem montis Bul- 
ghurdagh Ciiciæ constituentis ubr legit cl. P. a Tcehthatcheff. 


Planta 2-3 pollicaris quoad flores non satis nola omnino referens speci- 
mina minora £. saxatilis a qua differt silicuhs paulo minoribus quarum 
lobi terminales subcontigui sunt fissura angusta vix perspicua sejuncti nec 
divergentes sinu intermedio lato sæpe rotundato. Habitus quoque Euno- 
miæ tberideæ sed semina pleurorrhizea. 


ALYSSUM CONSTELLATUM, N. Sp. (sect. Odontarrhen«. 


A. perenne lotum indumento stellato squamoso in parlibus 
junioribus denso cano in velustioribus sparso canescens pallide vi- 
rens, eaulibus basi suffruteseentibus ascendentibus vel procum- 
bentibus dein rectis corymbose ramosis sparse foliosis, foliis 
oblongo-spathulatis acutiuseulis in petiolum longe attenuatis, ra- 
meis minoribus subsessilibus, racemis florum densis umbelliformi- 
bus ad ramorum apicem 3-5 breviter peduneulatis corymbosis, 
foribus intense aurets, filamentis majoribus ultra meditnn alatis alæ 
parte libera filamento breviori apice bidentata, filamentis minoribus 
basi squama lanceolata eis Guplo breviori auctis, racemis fructiferis 
non elongatis subumbellatis densis strictis, pedicellis tenuibus 
fructu sublongioribus, siieulis elliptieis basi et præsertim apice 
attenuatis acutiusculis squamulis stellatis sparsis conspersis stylo 
recto eis dunidio breviori terminatis , loculis uniovulatis, semini- 
bus apteris.— Hab. prope Rizildagh ubi legit cl. P. a Tchihatcheff. 


Caules 6-9 pollicares, folia caulina cum petiolo fere pollicaria 2 lineas 
lata. Affine À. serpyllifolio Desf. quod differt indumento omnium partium 
densissimo cano, foliis confertis minoribus abbreviatis sæpe recurvis, flori- 
bus pallidioribus, siliculis densissime canis apice minus acutatis imo sæpe 
oblusis. 


DiANTHUS MUTABILIS, Sp. nov. (sect. Armeriastrum). 


D. perennis , radice crassa longa vertical, caudiculis suffrutes- 
centibus denudatis abbreviatis prostratis ramos steriles brevissimos 
foliosos cæspitosos caulesque floriferos tenues ascendentes simplices 


REGUEILLIES EN ASIE NINEURE. 2h45 
vel apice paree ramosos edentibus, foliis intense viridibus brevissi- 
mis rigidis lanceolatis acutis trinerviis ad nervos et margines plus 
minus scabridis ramorum sterilium confertis subrosulatis eaulium 
floriferorum angustioribus strictis internodio multo brevioribus, 
floribus ad caulium vel ramulorum apicem 2-3 aggregatis brevis- 
sime peduneulatis foltis summis à basi lanceolatis Tineari-setaceis 
squamas sæpe æquantibus bractealis , squanis calyeinis quaternis 
pallide rufescentibus e basi oblonga obsolete nervosa in eaudas 
lineari-setaccas tubum calyeis subæquantes productis, calveis tubo 
eylindrico abbreviato parte superiort rubello nervoso dentibus 
lanceolatis ciliatulis, petalorum laminis parvis anguste oblongo- 
spathulatis acute denticulatis glabris primum lutescenti-virentibus 
dein purpureis. — Hab. inter Kadjimanvailasst et Farach Cataonia 
CL. P. a Tehihatcheff. 


Folia semipollicaria ramealia basi sæpe lineam lata. Caules floriferi 
h-5 pollicares superne 1-3 fasciculos florum ferentes. Calyces 6-7 lineas 
longi. Species pulchella affinis D. viscido B. et Ch. à quo caulibus glabris 
humilioribus, folus abbreviats rigidis glabris, squamis calyeinis non infla- 
üs tenuius longiusque aristatis, petalis minutis versicoloribus eximie 
diflert. 


DranTaus ocuLarus, n. sp. sect. Caryophyllum. 


D. perennis totus glaucescens ad folia eaulesque scaber sub lente 
papillosus, radice verticali tenui fascieulum foliorun: unicum cau- 
lesque floriferos plures erectos elatos flexuosos nodoso-incrassatos 
superne dichotome ramosos edenti, foliis elongatis gramineis sub- 
lus plarinerviis longe apice setaceo-acunnnatis flexuosis, fascieuli 
sterilis angustioribus rigidioribus caulinis pro longitudine latioribus 
internodia inferiora subæquantibus vagina basilart fol Tatitudine 
sublorgiori, floribus magnis ad ramulorum apicem subsolitaris, 
Squamis calycinis octonis stramineis adpressis oblongis breviter et 
tenuiter acuminatis membranacco-marginalis calvee triplo brevio- 
ribus, calyeis longe cylindrici glaucescenti-virentis tenuiter striati 
dentibus lanceolatis elongatis basi purpurascentibus extrenutate 
pallidis margine puberulis, petalorum lamina oblongo-cuneata 
acute denticulata extus lutescenti intus purpurea areola central 


216 E. BOISSIER. — PLANTES NOUVELLES 

papillosa oculo semicireulart purpureo-nigro picta. — Hab. in Cili- 
cia trachea boreali et in Cutaonia inter Hadjin et Gæksyn. el. P. a 
Tehihatcheff. HAN I 


Collum basi dilatata foliorum vetustorum squamosum. Caules pedales 
sesquipedalesque superne dichotome ramosi, folia inferiora bipollicaria, 
calyces fere pollicares. Collocandus juxta D. viridescentem Vis. a quo 
differt scabritie, folus elongatis angustatis , calyce ejusque squamis non 
longe setaceo-acuminatis, floribus majoribus , corolla ad faucem eximie 
nigro-oculata. 


TUNICA XYLORRHIZA, D. Sp. 


T. perennis tota mdumento velutino papilloso glanduloso-viscido 
obsita pallide virens, rhizomate erassissimo lignoso tortuoso in 
fasciculos hibrosos tandem soluto caules numerosos nudiuseulos 
rubellos erectos superne opposite vel dichotome ramosissimos in- 
tricatos edente, foliüs abbreviatis lineari-lancéolatis aculis suban- 
thesi in parte inferiort caulium jam destruelis ad ramorum ramu- 
lorumque ortum tantum obvis, floribus rarius solitariis sæpius in 
fasciculos axillares et terminales breviter peduneulalos 2-4 floros 
secus ramulos dispositis paniculatis basi squamatis, squamis ealv- 
cinis senis breviter lanceolatis herbaceis viscidis superioribus ca- 
lyce dimidio brevioribus, calyeis eylindrico-campanulati glandu- 
loso-velutini nervis 5 latis viridibus dentibus lanccolatis acutis 
subæqualibus , petalorum unguibus in laminas oblongo-lineares 
retusas albidas 3 nervis rubellis percursus sensim abeuntibus, sta- 
minibus 10, ovario ovato, stylis duobus, capsula..….…. — Hab. in 
locis montosis sylvaticis Ponti meridionalis inter pagum 4/mas et 
urbem Niksar CI. P. a Tehihatcheff. 


Rhizoma pollice sæpe crassior, caules tenues inferne præsertim nodosi 
9-6 pollicares flores numerosi, fasciculati magnitudinis eorum S. hirsutæ 
La Bill. Species quoad genus ob semina ignota subdubia habitu cum 
Saponaris subgeneris Bolanthi sat congruens sed calycibus hasi squa- 
matis discedens et T'unicæ potius adnumeranda. An ex nomine specifico 
eadem ac F. ortegioides F. et M. in Ann. sc. nat. 1851 nimis incomplete 
descripta? sed in hac flores dichotomiorum sessiles, petala crebre reticu- 
lata dieuntur quæ T1; Xylor#hisæ non conveniunt: 


RECUEILLIES EN ASIE MINEURE, 247 
ALSINE TomimaTeHewu, n. sp. (sect. Minuarticæ). 


À. perennis cæspitosa caudiculis denudatis tenuibus prostratis 
caules numerosos pumilos ascendentes dense foliosos breviter pu- 
bescenti-scabros edentibus, foliis tenuiter setaceis strictis oblique 
mucronatis basi membranaceo -dilatata connatis rarius glabris 
sæpius breviter puberulis, axillis omnibus fasciculos foliorum ju- 
niorum edentibus , floribus 2-3 in fasciculos axillares brevissime 
peduneulatos dispositis racemos breves interruptos formantibus, 
pedicelhs florum brevissimis puberulis, ealyce glabro vel hirtulo 
post anthesin clauso oblongo-eylindrico basi subtruneato, sepalis 
lanceolatis æqualibus valde acuminatis fascia viridi inferne nervo 
albo bipartita marginibus albo-seariosis paulo angustiori percursis, 
petalis oblongis calyce 2 + PE brevioribus, staminibus 10 petalorum 
longitudine , capsula ealyce breviori ad basin trivalvi semimibus 
reniformi subcompressis emarginatis eximie muriculato-tubercula- 
is. — Hab. in monte AntiTauro Catauniæ meridionalis CI. P. a 
Tchihatcheff. 


Caules 2-8 pollicares, folia caulina 3-4 lineas longa stricta tenuissima 
basissubtrinervia, flores magnitudinis eorum A. Jacquini quæ radice 
annua alusque notis discedit. À. setacea ab ea discedit inflorescentia laxe 
corymbhosa, petalis calyce longroribus. 


ARENARIA GLUTINOSA, Sp. nov. (sect. Euthaha). 


À. perennis cæspitosa, radice fibrosissima, foliis seeus sureulos 
steriles abbreviatos et partem inferiorem caulium densissime con- 
fertis setaceo-subtriquetris rigidis strictis oblique mueronatis suba- 
cerosis margine scabridis infimis abbreviatis sæpe subtetrastiche 
imbricatis , axillis fasciculos densos foliorum juniorum edentibus, 
cauhbus floriferis Supra basin dense foliosam ad apicem usque 
elutinosissimis remote foliosis ad nodos incrassatis superne ter 
quaterve dichotome trichotomeque ramosis, folus caulinis latiort- 
bus abbreviatis internodio 3-4°® brevioribus, ramulis pedicellisque 
fliformi-capillaribus eis flore paulo longioribus, bracteis minimis 


218 E, BOISSIER, -— PLANTES NOUVELLES 
membranaceis triangularibus acuminatis, calyee subgloboso, sepalis 
coriaceis ovatis acuminatis COnCavIs Carina erassa viridi obtusa per- 
cursis margine membranaceis miüdis, petalis albis oblongis obtusis 
calyce duplo longioribus, capsula oblonga apice sexdentata calyce 
paulo longiori. -— Hab. in Cilicia Trachea CI. P. a Tchihatcheff. 


Planta dense cæspitosa. Caules inferne parte dense foliifera vix pollicares 
foliis tenuissimis 3-4 Tineas longis dein laxe et remote foliosi semipedales 
divisione priori dichotomi dein trichotomi vel dichotomi cum flore in di- 
chotomia. Calyces À + lineam vix longi. Affinis À. Ledebourianæ Fenzl. 
a qua differt caulibus multo procerioribus glutinosis nec glabris, inflores- 
centia multo magis composita, floribus fere dimidio minoribus, sepalis 
abbreviatis nec oblongo-lanceolatis. À. acerosa B. et Heldr. foliis crassio- 
ribus abbreviatis, inflorescenñtia contracta, calyce glandulosa etr. longius 
differt. 


COUSINIA HUMILIS, D. Sp. 


C. tota indumento araneoso plus minus cana, eaule nano à bast 
amoso folioso dense corymboso, fois lanceolato-linearibus vix 
coriacets supra glabrescentibus pallide virentibus subtus araneoso- 
canis infimis ultra medium superioribus breviter pmnatilobatis lobis 
triangularibus in spinas tenues flavidas abeuntibus, caulinis in alam 
brevein dentato-spinosam decurrentibus , capitulis parvis approxi- 
mats breviter peduneulatis ovatis folüis floralibus anguste lanceo- 
lato-subulatis spinulosis suffultis, involueri araneoso-eani squamis 
anguste lanceolatis subcarinatis rectis apice in spinam glabram 
flavam abeuntibus, flosculis parpurascentibus, achentis junioribus 
corrugatis obsoletissime coronulatis, pappi setis seabris achenio 
æquilongis, — Hab. in Cappodocia orientali CI P. a Tehihatchelf. 

Planta 3-4 pollicaris polycephala. Folia sesquipollicem longa 3-4 lineas 
latä capitula multiflora cum floribus circiter sex lineas longa. Valde affi- 


nis €. brachypteræ DC. quæ differt foliis pinnatipartitis inflorescentia 
minus contracta involueri phyllis brevius spinosis patulo-subrecurvis. 


Mezcenium PonTicun, n. sp. (sect. Azalma,. 


M. perenne radice abbreviata præmorsa subtus fibras longas 
cylindricas edenti, folis glabris radiculibus petiolo gracili cis æqui- 


RECUEILLIES EN ASIE MINEURE. 249 
longo vellongiori suffultis subæquilateraliter hastato-triangularibus 
cireumeirea acute crenatis lobis lateralibus divaricatis, caulinis im- 
ferioribus ad petiolum dilatatum oblongam vaginæformem limbo 
minimo irregulariter triangulari acute denticulato superatum reduc- 
tis, superioribus sessilibus à basi lanceolata caudato-acuminatis 
olanduloso- ciliatis, caule gracili erecto inferne glabro superne glan- 
duloso-hirto in corymbum laxum paueiflorum abeunti, bracteis lan- 
ceolato-linearibus peduneulisque floris æquilongis vel brevioribus 
hirsutissimis, involueri nigricantis phyllis exterioribus 3-/ irregu- 
lariter brevioribus parce glandulosis , interioribus 8-9 linearibus 
planis glabriusculis pappum æquantibus, flosculis cæruleis, ache- 
mis angulatis striatis apice vix angustatis ecoronatis pappo sor- 
descenti eis æquilongo superatis. — Hab. in montosis humidiuseu- 
lis sylvaticis Pont centralis inter Seleyailassi et Ketchderessi CL. P. à 
Tchihatchelf, 


Semipedale pedaleve, folia radicalia 4 5-2 pollices longa lataque. 
Corymbus 3-10-florus. Involueri phylla interiora 5 lineas longa lineæ 
‘ lata. Species elegans affinis AZ. cacaliæfolio quod est planta multo major 
caule ramoso foliorum petiolis late appendiculatis et M. azureo quod 
pappo niveo, foliis lyratis, etc., differt. 


Rosa Payçra, n.sp. (sect. Caninæ|. 


R. ramis elongats crebro et breviter ramulosis glabris nitidius- 
culis rubellis, aculeis sparsis validis valde adunceis basi subeumpres- 
sis, stipulis late linearibus parte libera triangulari ovatis glandu- 
loso-ciliatis folis 5-7 jugis ad margines faciem inferiorem et secus 
petiolos glandulis breviter süpitatis crebris adspersis, foliolis minu- 
is ovalis acute et crebre a basi ad apicem biserratis dentibus glan- 
duliferis, floribus ad apicem ramulorum solitariis binisve pedunculo 
ovario subæquilongo suffultis, bracteis obovatis crenulatis breviter 
mueronatis, ovario glabro ovato-oblongo, laciniis calyeinis e basi 
lanceolata longe caudatis simplicibus vel pinnatifidis stipitato-glan- 
dulosis petala lutea subæquantibus. — Hab. in Phrysia occidental 
CI. P. à Tchihatcheff. 


Species foliis floribusque minutis, indumenti natura juxta Rosam ru- 


250 E. BOISSIER, -— PLANTES NOUVELLES 


biginosam collocanda ab ea et affinibus petalis ut in R. eglanteria flavis 
distinctissima. Fructus infausto casu desunt. 


Lotus MACROTRICHUS, n. sp. (sect. Eulotus). 


L. annuus {otus indumento longo patulo albo hispidus pluri- 
caulis, caulibus ascendentibus pumilis alïis simplicibus aliis a basi 
ramosis ut et rami erecto-patuli medulla farctis, stipulis magnis basi 
valde obliqua ovatis acuminatis petiolum æquantibus superanti- 
busve, petiolo complanato angusto, foliolis obovato-ellipticis utrin- 
que attenuatis foliorum inferiorum obtusis spathulatis superiorum 
acuminatis lateralibus duobus sæpe obliquis, floribus 3-5 magnis 
capitatis peduneulo axillarifolio duplo longiori suffultis, involueri 
triphylli foholis elliptico-lanceolatis acuminatis calycibus sæpius 
brevioribus, calyeis longissime et patule hirsuti lacimis lineari- 
setaceis tubo triplo longioribus vexillo subduplo brevioribus, co- 
rolla aurantiaca , vexillo obovato , alis obovatis latis carinæ subtus 
angulo recto eurvatæ longe rostrato-attenuatæ æquilongis, stylo 
edentulo , stigmate minutissime capitato , leguminibus junioribus 
angustis linearibus longissimis rectis vel subineurvis. — Hab. in 
declivitate septentrionali montis Metosis CL. P. a Tchihatcheff. 


Caules 3-6 pollicares, flores majores eis L. corniculati. Habitus 
L. Ægeiet sulphurei qui differunt radice perenni, hic dentibus calycinis 
lanceolatis ille leguminibus multo brevioribus latioribusque. 


OxoBrycHis PiLosA, n. sp. (sect. Hymenobrychas. 


O. perennis, caulibus elatis flexuosis simpliciuseulis teretibus 
patule hispidis, stipulis liberis vel superioribus latere exteriori 
breviter connatis triangulari-lanceolatis acuminatis, foliis longius- 
cule petiolatis 5-6 jugis petiolis longe hirsutis griseis , foliolis 
omnibus subæqualibus petiolulatis oblongo-ellipticis obtusis mu- 
cronulatis supra glabris subtus adpressiuscule et longe hirsutis, 
racemis axillaribus longis foho longioribus , bracteis lanceolatis 
pedicello longioribus , floribus.…… , calyeis dense hirsuli grisei la- 
cinus lanceolatis longe acuminatis tubo duplo longioribus, legu- 
mine faleato suborbieulato nitido ad areolam eentralem et margines 


RÉCUEILLIES EN ASIE MINEURE. 251 
breviter crispolanato areolkæ centralis scrobiculata im 4-6 aculeos 
inæquales producta, erista marginali radiata margine denticulata 
areola centrali angustiori. -— Hab. in Anti Tauro meridiopali CI. 
P. a Tchihatcheff. 


Planta pedalis, folia eum petiolo fere semipedalia, foliola 9-10 lineas 
longa, 3-4 lata. Legumina diametro majori 6-7 lineas lata. Affinis mdu- 
mento et foliolorum forma et magnitudine O. vaginali G. À. M. quæ differt 
Stipulis infimis vaginantibus cæteris longe nec breviter acuminatis legumi- 
nis densius {omentosis areola centrali tuberculata nec aculeata. Flores 
ignoti. 

CAMPANULA STRIGILLOSA, HN. Sp. (sect. Medium). 


C. tota pilis retrorsum adpressis brevibus albis strigillosa canes- 
cens basi procumbenti suffruticosa ramosissima ramis rigidis 
intricalis abbreviatis simplicibus vel superne patule ramulosis, 
lolis omnibus caulinis rameisque lanceolato - linearibus linea- 
ribusque imferioribus  basi subattenuatis omnibus acutiusculis 
imargine revolutis Scaberrimis, floribus minulis ad extremitatem 
ramorum ramulorumque laxe racemosis sessilibus bracteis basila- 
ribus duabus oblonèo-lanceolatis altera minima altera tubo calyeis 
paulo breviort , ealyeis valde albo-strigillosi tubo obconico lobis 
triangularibus acutis tubo paulo brevioribus, sinubus appendieibus 
reflexis oblongo-triangularibus obtectis, corollæ pallide cæruleæ 
extus valde strigillosæ ad 3/4-partitæ lacintis linearibus , eapsula 
sulcata brevi apice truncata poris basilaribus dehiscenti. — Hab. 
in Cappadoeia orientali CI. P. à Tchihatcheff. 


Gaules inferne suffrutescentes sæpe prostrati denudati ramos numerosos 
inter se intricatos vix semipedales-edentes, folia strigosissima patula vel 
reflexa 8-9 lineas longa 2-3 lata. Flores omnino Phyteumatum a sec- 
tione Podantho quibus habitu omnino accedit sed calyce appendiculato 
capsulæque dehiscentia basilari Campanulis Medis hæc strips curiosis- 
sima adnumeranda est. 


ANCHUSA ASPERA, N. Sp. 


A. perennis pallide virens tota secus eaules et folia setis densis 
basi tubereulats ascendentibus adpressiuseulis altis minoribus sæpe 


252 E, BOISSIER. — PLANTES NOUVELLES 

intermixtis strigosissima , radice vertical simpliciuseula eaule 
unico inferne præsertim densiuscule folioso superne parce ramoso, 
foliis infimis lineari-spathulatis inferne attenuatis cæteris linearibus. 
aeutis omnibus integerrimis, florum racemis sub anthesi scor- 
pioides subeapitatis fructiferis Taxis abbreviatis, pedicellis brevibus 
rectis, calvce setis adpressis strigoso chconico ad 2/3 longitudinis 
in lacinias lineares obtusas partito, fructifero subpatenti vix accreto 
corollæ glabræ primum carneæ dein cæruleo-violaceæ tubo calyce 
duplo longiori Hmbi infundibuliformis lacinis oblongis rotundatis, 
fornicibus oblongis dense aurantiaco-papillosis, nuculis griseis 
obsolete tuberculatis dorso areolato-angulatis à basi annulari in- 
trorsum curvalis extremitate acutis sublus carinatis, stylo calycem 
et nuculas excedente. — Hab. in littoribus Ciliciæ pediæ CL P. a 
Tehihatcheff. 


Planta pedalis, folia inferiora cum petiolo tripollicaria superne tres li- 
neas lata cætera breviora et angustiora, Calyx 2 5 lineas vix longus, 
corolla 7-8 lineas longa. Nuculæ minutæ. Habitu affinis À: leptophyllæ 
R. et Sch. quæ differt indumento multo molliori e setis tenuioribus lon- 
gioribus adpressioribus constanti, calyce multo longiori ad tertiam partem 
tantum fido tubum corollæ æquanti fructifero accreto subinflato. À. li- 
nearifolia Urv. eodem indumento tenui non strigoso foliisque apice acu- 
minatis differt. 


ORIGANUM LÆVIGATUM, n. Sp. (sect. Enoriganum. 


O. elaberrimum cauhibus interne longe denudatis procumbenti- 
bus ascendentibusque dein erectis foliosis superne in paniculam 
oblongam ob ramos tenues erecto-patulos gracillimam abeuntibus, 
foliis pallide virentibus subcoriaceis glabris subtus punctis depres- 
sis obsitis integris brevissime petiolatis ovato-oblongis acutiusculis 
basi subeuneato-rotundatis, floribus ad apicem ramorum paniculæ 
spicas paucifloras capituliformes laxiuseulas ercetas formantibus , 
bracteis anguste lineari-lanceolatis tandem rubellis acutiusculis 
calyces æquantibus superantibusve, calyeis eylindrico-coniei gla- 
bri glanduloso-punetati nervoso-costati rubelli dentibus lanceolatis 
tubo triplo brevioribus æquilongis , fauce intus villosa , corollæ 


RECUEILLIES EN ASIE MINEURE. 253 
purpureæ hirtæ tubo subexserto. — Hah. in Cataonia meridionali 
et AnhiT'auro. C1. P. a Fehihatcheff. 


Caules pedales longioresve graciles tenues, folia majora 6-7 lineas longa 
k lata, panicula 4-5 pollicaris sæpe brevior depauperata spicæ 3-7-floræ, 
corolla fere 3 lineas longas. Species distinctissima habitu et floribus magnis 
Origanos sectionis Anatolicon referens sed ab eis spicis erectis, calvcis- 
que dentibus æquilongis discedens. À speciebus Euorigant glabritie, brac- 
teis angustis, spicis laxiuseulis paucifloris calvcibus floribusque longioribus 


distmctissima. 
Taymus PrüNosUS, n. sp. (sect. Serpyllum). 


T. totus dense et brevissime papilloso-pruinosus eanescens a 
collo suffrutescenti eæspitoso-ramosissimus, radice erassa vertiealr, 
ramis basi denudatis procumbentibus dein erectis densiuseule fo- 
liosis pumilis , fois parvis anguste linearibus obtusis subtus mar- 
oine revolutis impunctatis præter indumentum pruinosum inferne 
sparsim ciliatis, floribus subsessihbus capitula pauciflora terminalia 
formantibus, folis floralibus conformibus calyce subbrevioribus , 
calyeis campanulati pruinoso - velutini dentibus labii superioris 
ovato-triangularibus acuts, inferioris duobus sublongioribus li- 
neari-lanceolatis, fauce albo-hirsuta coroilæ albæ birtæ tubo sub- 
exserto. — Hab. in planitiebus excelsis lapidosis Cappadociæ 
orrentalis inter pagos Gurum et Mandjalik. CI. P. a TehibatchefT. 


Suffruticulus dense cæspitosus ramis via bipollicaribus, foliis strictis 
1 5-2 lineas longis. Flores minimi Calyx linea vix longior. Affine 
T'. cappadocico Boiss. Diagn. quod differt defectu indumenti pruinosi fo- 
lus majoribus subtus elevatim uninerviis glanduloso-punctatis , calycinis 
dentibus plumosis. 


CALAMINTHA NIVEA, n. sp. (sect. Clinopodium). 


C. perennis Lota indumento erispo-lanato brevi denso secus cau- 
les subdetersili pannosa nivea, rhizomate procumbente, caulibus 
numerosis ascendentibus foliosis, foliis parvis sessilibus ovatis in- 
tegerrimis obtusis, floralibus diminutis verticillastro multo brevio- 
ribus, verticillastris 3-5 multifloris subsessilibus remotis, floribus 


25/ E. BOISSIER. — PLANTES NOUVELLES 
subunilateraliter confertissimis, braeteis linearibus minimis, calveis 
cylindrici albo-velutini glanduloso-punetati basi subgibbi obseure 
bilabiati fauce albo-villosa dentibus omnibus brevissimis superio- 
ribus tribus triangularibus acutis villo faucis occultatis, inferiori- 
bus duobus suBduplo longioribus lanceolatis acutis , corollæ roseæ 
velutino-hirtæ tubo breviter exserto, filamentis styloque longe 
exsertis, acheniis minutis oblongis obtusis insertione hirtulis. — 
Hab, in Cappadocia centrali mter Ketche-Mesara et Guruno locis 
montosis lapidosis CE. P. a Tehihatcheff. 


Caules 1-1 + pedales. Folia majora 6 lineas longa 3 lata. Verticil- 
lasti invicem pollicem vel sesquipollicem distantes, calyx 2 1/4 lineas lon- 
ous. Species indumento pannoso niveo calycisque dentibus vix perspicuis 


tubo 6-8-plo brevioribus insignis prope C. origanfolium collocanda. 


€ 
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mn” 


THESIUM HETEROPHYLEUM, nn. Sp. 


T. monocarpicum? radice vertieali filiformi subsimplici, folus 
radicalibus subrosulatis sessilibus oblongo-lanceolatis acutiusculis 
basi attenuatis pinguibus subenerviis margine apicem versus cal- 
loso-papillosis caulibus plurimis sub rosula et inter ejus folia oriun- 
dis procumbentibus a basi latere superiori folosis , decurrentia 
nervi medii foliorum angulatis , folüs lineari-subfalcatis acutis 
margine papilloso-denticulatis basi cum peduneulis fasciculorum 
floralium breviter coalitis fasciculos longe superantibus, floribus 
basi pluri-bracteatis 3-5 in fasciculos breviter pedunculatos con- 
gestis a basi caulium racemum subunilateralem laxum formantibus, 
bracteis denticulato-papillosis basi subtus carinatis acutis altero 
flore longiori cæteris brevissimis triangularibus, filamentis anthera 
ovata longioribus drupa ereeta sicca ovata nervoso-reticulata peri- 
gouii laciniis persistentibus rectis lineari-lanceolatis ea brevioribus 
superata. — Hab. in locis elatis sterilibus Cappadociæ inter urbes 
A lbistan et Gurum CI. P. a Tchihatcheff. 


Folia radicalia pollicaria 3-8 © lineas lata. Caules à basi floriferi se- 
mipedales prostrati foliis caulinis 6-9 lineas longis vix lineam latis. Bracteæ 
basilares numero probabiliter abortu florum superiorum irregulares forsan 


RECUEILLIES EN ASIE MINEURE. 299 
normaliter tribracteatæ. Species foliis heteromorphis floribusque fascicula- 
tis notabilis prope T'. kumile et T'. maritimum Meyer collocanda. 


AGrosris Pisipica, n. sp. 


A. annua multäicaulis glabra, radice fibrosa, culmis erectis vel 
basi ascendentibus foliosis foliorum vagina tenuiter striata ligula 
oblonga acutiuseula imbo anguste linear: superne setaceo-attenuato 
flexuoso brevi siccitate convoluto , panicula e folio supremo brevi 
subexserta oblonga nebulosa multiflora, ramis verticillatis pedicel- 
lisque captllaribus flexuosis apice merassatis spicula pluries lon- 
gioribus Iæviusculis, spiculis minimis oblongis, glumis æqualibus 
lævibus nitidis viridibus margine pallidioribus submembranaceis 
oblongis acutis exteriori trinervia interiori L-nervia, flosculo gla- 
berrimo mutico glumis sublongiori paleis virentibus obsolete ner- 
vosis Sublente scabridulis exteriori concava acutiuscula interiori 
subbreviori lineari obtusa. — Hab. in colhbus herbosis Pisidiæ 
boreahs inter T'chukur et pagum a hyrkor ad extremitatem meri- 
dionalem lacus Ægirdir CI. P. a Tehihatcheff. 


Gaules pedales, panicula sæpe semipedalis 2-3 pollices lata. Affinis ha- 
bitu et spiculärum magnitudine À. nebulosæ B. etR. quæ ab ea bene distin- 
guitur ramis paniculæ pedicellisque scabridis, floseulo glumis dimidio bre- 
viori, etc. 


AFFINITÉS 
ET 
SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES NOUVEAUX 
OU PEU CONNUS, 
Par M. J.-E. PLANCHON. 


Plusieurs des notes suivantes datent de l’époque où j'avais le soin 
de l’herbier de sir William Hooker. Comme , après un intervalle 
d'au moins six ans, des remarques neuves alors ne l’étaient sou- 
vent plus aujourd'hui, j'ai dû soumettre toutes ces notes à un tra- 
vail de révision pour exelure celles qui sont publiées ailleurs , ou 
compléter ce que d’autres offraient d’arriéré par rapport à la seience 
du jour. Malgré le soin que j'ai mis à ce travail, je n'ose me flatter 
de l'avoir toujours préservé d'erreur. En tout cas ce ne seraient 
pas des erreurs de négligence, mais les omissions inévitables qui 
résultent de la dissémination des documents dans les mille publi- 
cations de botanique systématique. 

Un travail tel que celui-ci ne comporte pas un ordre régulier. Je 
parlerai donc des plantes à mesure qu’elles se présenteront ; mais 
une table alphabétique mise à la fin de la série facilitera les recher- 
ches en indiquant les numéros d'ordre des divers articles. 


À. OcnranTHE arGuTA, Lindl. Bot. reg., t. 1819 (decemb. 1835 |. 
— Staphylea simplicifolia, Gardn. et Champ., in Hook., Kew 
Journ. of Bot., 1, p. 309. — Æyrea vernalis, Champ. et Benth., 
in Hook., Kew Journ. of Bot., IT, p. 331. 


Après avoir fait d'abord du genre Ochranthe une famille parti- 
culière d’affinité très douteuse, le docteur Lindley l’a joint plus tard 
(Feget. kingd.) aux Cunoniacées. Il y a longtemps que la vue seule 
de la figure et la lecture de la description m’avaient fait reconnaitre 


AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 257 
dans cette plante une vraie Staphyléacée, peut-être génériquement 
identique avec le T'urpinia de Ventenat ou le Darymplea de 
Roxb., deux types dont les limites ne ‘sont pas encore nettement 
définies. 

A l'égard de l’affinité des Staphyléacées , je partage pleinement 
l'avis de M. Bentham, en regardant ce groupe comme voisin des 
Sapindacées, auxquelles il me parait se lier par l'intermédiaire des 
Acérinées et des Hippocastanées. 


2. Cosræa cuBensis, Ach. Rich., F1. Cub., I, p. 75, tab. 53. — 
Purdiæa cubensis, Planch. 


Il n’est pas difficile de reconnaitre dans cette intéressante plante 
une seconde espèce de mon genre Purdiæa , décrit en 1841 sur un 
arbuste de la Nouvelle-Grenade. Achille Richard, en plaçant son 
genre Costæa tout à côté de Cyrilla dans la famille des Ericacées, 
confirme implicitement les affinités que j'avais signalées entre ces 
plantes. 


9. Zucca. Commers. in herb. Deless. Zucca Commersoniana , 
Seringe in DC., Prodr. — Momordica mixla, Roxb.!— Wight 
et Arn., Prodr. F1. pen. ind., 1, p. 819. 


M. Aug. de Saint-Hilaire , en rapportant le premier le Zucca 
aux Cucurbitacées, faisait observer avec raison que la bractée de 
ce genre correspondait exactement à celle des Momordica Cha- 
ranhia et Balsamina. C'était pressentir avec sagacité la détermi- 
nation que la vue d'exemplaires authentiques m'a rendue facile. 


h. MexyanTHes nympHoines, Thunb., F1. jap. Fide specim. ex herb 
Lugd.-Batav. in herb. Mus. Par. non L. Limnanthemum pelta- 
tum, Griseb. in DC., Prodr. = Hydropeltis! 


Ne se distingue pas par les feuilles de l’Æydropeltis purpurea. 
L'exemplaire porte une fleur trop peu développée pour servir à 
caractériser l'espèce. En tout cas, il est intéressant de retrouver 
au Japon un genre signalé déjà à la Nouvelle-Hollande aussi bien 
que dans l’Amérique septentrionale. 

£® série. Bor. T. II. {Cahier n° 5.) 1 17 


258 J.-E. PLANCHON. 
5. BazanTEeæ, End. — Rem. Synops. 


Le genre Balanites, type unique de cette petite famille, com- 
prend deux espèces jusqu'ici confondues, et pourtant bien faciles ? à 
distinguer, savoir : 

_ 1° Balanites ægypliaca , Delile, caractérisé par ses pétales gla- 
bres : c’est l'espèce d'Égypte, Eos l , de Nubie et du 
Sénégal ; | 

2% Balanites Roxburgui, Planch. ( Balanites Ͼgyptiaca , Roxb.; 
Wight, non Delile), à pétales velus. C’est l'espèce de la péninsule 
de l’Inde. Par une singulière inadvertance , on avait donné à ce 
genre un albumen abondant. M. Wight a montré que cette sub- 
stance n'existe pas dans ses graines. 

L’aftinité du genre est extrêémement obscure. Cependant on ne 
saurait l’éloigner beaucoup, ce me semble, des Méliacées. Les 
fleurs ressemblent singulièrement à celles des Soymida ; mais le 
fruit est entièrement différent. 


6. Parasremon , Alp. DC. in Ann. des sc. nat., sér. n, p. 96. — 
Embelia urophylla, Wall. fide Alp. DC. 


D’après des exemplaires incomplets, l’auteur avait rattaché 
avec doute ce genre aux Olacinées. Grâce à des matériaux plus 
io ba (fleurs et fruits) que renferme l’herbier de sir W. Hooker, 
j'ai pu reconnaitre dans cette singulière plante une véritable Chry- 
sobalanée. 


7. LepuroreraLow, Elliott., Endl. Gen., n° 4637. 


Les placentas occupent dans ce genre la portion médiane ou dor- 
sale interne de chaque carpelle, et non, comme on l’a cru, les 
bords mêmes des feuilles carpellaires. Par ce caractère il se rap- 
proche beaucoup des Parnassia, dont plusieurs espèces, par exem- 
ple, le Parnassia Kotzebuei du nord-ouest de F Amérique , ont 
l'ovaire très manifestement adhérent par sa base avec le calice. 
Rappelons à cette occasion un rapport déjà signalé par M. R. Brown 
entre le Parnassia et les Saxifrages. 


AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 25u 


8. Gyranpra, Wall, List. = Daphniphyllum, Blume. Bijdr., 

1153. 

Type extrêmement curieux, qui me paraît devoir se placer à côte 
du genre Scepa, LindI. , dans le petit groupe des Scépacées. Une 
espèce japonaise existe dans l’herbier de Kæmpfer au British Mu- 
sewm ; mais je ne trouve plus la note où j'en avais marqué 
le nom. 


9. AneniLemA, Blume. Bijdr., p. 1120. 


Ce genre , que l’on a laissé jusqu'ici parmi les Saxifragées , me 
paraît appartenir évidemment à la section des Spiréacées parmi les 
Rosacées. Je n'ai pas vu la plante de Java, mais bien une ou deux 
espèces inédites de l'Inde septentrionale , que j'ai pu, sans hésita- 
tion , rapporter au même type générique. 


40. Anawra, Wall. F1. Nep., h6, tab. 36. 


Je pense que ce nom devra céder la place à celui des Dichroa : 
Loureir. (F1. Cochinch., p. 801), resté perdu jusqu'ici parmi les 
genres d’affinité douteuse. C’est à regret néanmoins qu’à une déno- 
mination générique , justifiée par une excellente description et une 
bonne figure, on devrait en substituer une dont l’objet ne nous est 
connu que par une description très imparfaite. 


A1. Carica Pyrirormis, Hook. et Arn. non Willd. — CI. Gay, FT, 
: Chil.,. p. M3, t. 25 (mala).= Fasconcellea chilensis, Planch. 


L'ovaire de cette plante est à quatre ou cinq loges. Les graines . 
dans le fruit mür, sont le plus souvent solitaires dans chaque loge, 
et s’attachent, non à l'angle interne, mais à l’intérieur de la portion 
dorsale du carpelle, caractère saillant du genre Fasconcellea. Aussi, 
bien que l’on ne connaisse pas les fleurs mâles de la plante chi- 
lienne, on ne peut guère douter de son identité générique avec 
l'espèce origmale que M. Aug. Saint-Hilaire découvrit jadis au 
Paraguay, et que j'ai étudiée sur le vivant dans le jardin botanique 
de Gand, | | 


260 J.-E. PLANCHON. 


19. Mackaya, Arn. in Jardine’s, Magaz. of zool. and Bot., I, 
p. 551 (1838). — Endl., Suppl., II, n° 5148. — eu 
palum, Blume, Bijdr., 921, — Endl., Gen., n° 5148. - 
Mackaya APE Arn., l. c.= 2 A bn: 14 
Planch. 


Genre tout à fait anomal et devant faire une famille à part (Ery- 
thropaleæ), dont il n’est pas facile de saisir les affinités. L’estivation 
des pétales est valvaire. Le fruit ne renferme qu’une graine , dont 
l'albumen est charnu et l’embryon petit, droit, avec une longue 
radicule cylindrique regardant le haut de la loge et deux petits 
cotylédons. Du sommet de la loge unique de l'ovaire pendent trois 
ovules anatropes. On sait que le port de la plante est celui des 
Modecca. 

Le genre Balingayum, Blanco, F1. de F'ilip., p. 187, est peut- 
être le même type mal décrit ; cependant le nombre de graines que 
l’auteur porte à six semble s'opposer à cette réunion. 


13. AnTaozoma, Labill. Vouv.-Holl., Il, 1921. — Voyage, 
tt. AA. — Choisy, in DC., Prodr., 1, p. 565. — Endl., Gen., 
n° 5462. 


Placé contre toute évidence entre les Margraviacées , ce genre 
appartient au groupe des Tiliacées-Elæocarpées. 


Ah. Acrinopñora FRAGRANS, Wall., List, n° 4163. — R. Br. in 
Horsf., PI. Jav. rar., IN, p. 289, it. 46 (ann. 1852). — Schou- 
tenia ovata, Korthals in De Vriese, Vederl. Kruidk. Arch., 
1, p. 313, ann. 18/5. 


Il ne peut guère y avoir de doute sur l'identité générique de ces 
. deux plantes. Les différences qui se remarquent dans les descrip- 
tions, notamment pour le fruit, tiennent probablement à ce que 
M. Korthals a décrit cet organe avant sa complète maturité. Une 
espèce voisine, sinon la même, existe, ce nous semble, dans les 
collections de Griffith que renferme l’herbier Hooker, où je l'avais 
autrefois étudiée. 


AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 26 1 
/ 


15. SocenanrHa, G. Don. Syst., Il, p. 39. 


S'il est permis d’en juger par la description , ce genre, au lieu 
d'appartenir à la famille des Rhamnées , serait tout simplement 
un double emploi du genre Hymenanthera , Rob. Br. , qui me pa- 
raît être une Violacée, ainsi que l’a reconnu le docteur J.-D. Hooker 
(F1. of N. Zel., I, p. 17). L’ovaire est, en réalité, uniloculaire. 


16. Eucrypia, Cavan. 


M. Claude Gay, dans la Flora Chilena, 1, p. 348, fait de ce 
genre une famille particulière, qu'il rapproche encore des Hypéri- 
cinées, comme on l'avait fait le plus généralement jusqu’à lui. Avant 
de connaitre la singulière espèce chilienne dont les feuilles sont 
pinnées, j'avais été frappé des ressemblances de végétation et de 
caractères qui se présentent entre ce type et les Saxifragées-Cuno- 
niacées. Les rameaux et les feuilles (dans l'espèce pinnée ) sont 
comme chez les Feinmannia ; les étamines rappellent celles des 
Belangera : les capsules ont la déhiscence et la structure du groupe 
en question , auprès duquel je n'’hésiterais pas à placer les Eu- 
crypluées, malgré l'insertion hypogynique des pétales et des éta- 
mines. 


17. Hereronenpron , Desf. in Mem. du Mus., IV, 8, tab. 3. — 
Endl., Gen., n° 5955. 


Doit rentrer, sans aucun doute, dans la famille des Sapindacées , 
à côté du Cupania. Le disque interposé aux pétales et aux étamines 
est un des traits caractéristiques de cette famille, et ne se retrouve 
pas chez les Térébinthacées. 


18. DipcocaLyx cHRYSOPHYLLOIDES, ACh. Rich. F1, Cub., II, p. 81, 
tab. 54. 


L'auteur rapporte ce genre supposé nouveau à la famille des 
Sapotées. Je crois y reconnaître une espèce de Schæpfa (Sch. chry- 
sophylloides , Planch. ), dont la structure a été mal représentée , 
surtout en ce qui touche au mode d'insertion des ovules. 


262. J.-E, PLANCHON. 


A9. Sarcorneca, Blume. Mus. Lugd.-Bat., 1, p. 241. = Rou- 
cheria, Planch. in Hook. Lond. Journ. of bot., VI,p. 144. 


L'identité de ces deux genres me parait évidente. M. Blume à 
rapporté sa plante aux Hugoniacées : c’est aussi près de l’Hugonia 
que j'avais placé le même type, mais en considérant les Hugonia- 
cées comme une simple section des Linées , opinion dans laquelle je 
crois devoir persister , aussi bien que dans l’idée de l’affinité étroite 
des Linées avec les Erythroxylées. 


20. Arrasia, Loureiro, Cochinch., 107.— DC., Prodr., WE, 399. 
Endl., Gen., n° 5150. 


Ce genre, décrit d’une manière tout à fait inexacte et sur des 
éléments de plantes disparates (au moins en ce qui regarde le fruit), 
a été mis provisoirement à la suite des Cueurbitacées. L’échantillon 
authentique de Loureiro , dans l’herbier du Muséum , n’a que des 
boutons ; mais on ne saurait douter que ce ne soit tout simplement 
une espèce de Vitex ( Vitex Allasia, Planch. ). Les rameaux, le 
dessous des feuilles, les cymes et les calices sont couverts d’un 
tomentum épais de couleur rousse. Il est probable que cette espèce 
est très voisine du Vitex lanigera, Schauer in DC., Prodr., XI, 
p. 695 , qui croit dans l’île de Madagascar, c’est-à-dire non loin 
de la côte de Mozambique, patrie de l’Allasia Payos , Lour. 


21. XyLopia uNpuLara, Pal. Beauv., F1. d'Ow., I, p. 27, tab. 16 
(Icon pessima), fructu excluso. — Monodora Myristica, Dun. 
— Bot. mag., tab. 3059 (Saltem Monodoræ sp.). 


Depuis longtemps le Xylopia undulata de la Flore d’Oware 
reste, comme beaucoup d’autres plantes de cet ouvrage plus bril- 
lant qu’exact, une énigme indéchiffrée. Les caractères de la fleur 
empêchaient évidemment de le laisser parmi les Xylopia , et sur 
les renseignements erronés que l’auteur avait publiés, on s’explique 
aisémen que M. Dunal et De Candolle en aïent fait une espèce 
d’'Unona. La vérité me paraît être dans la synonymie qui commence 
cette note, et je n'hésite pas à croire que le prétendu Xylopia , tel 
que de Beauvois le représente, est formé d’une branche fleurie de 


AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 263 
Monodora Myristica, sur laquelle on à greffé le fruit d’un vrai 
Xylopia , probablement de la Maniguette ou Poivre de Guinée. 

J'ai sous les yeux, dans la collection Delessert, les fragments de 
l’exemplaire très imparfait de la plante de Beauvois : il ne s’y 
trouve pas un seul fruit. On peut même aisément soupçonner que 
le fruit figuré sur la branche v aura été fixé par l'imagination du 
dessinateur ; car ce fruit porte un numéro comme les détails analy- 
tiques isolés. 

En confrontant la figure du X'ylopia undulata et celle du Bota- 
nical magazine qui représente le Monodora Myristica, 11 faut se 
rappeler que le coloris des planches de la Flore d'Ovvare est le plus 
souvent fantastique. Si, d'autre part, on n’aperçoit pas sur la figure 
du Monodora la bractée qui se voit sur le pédicelle des fleurs du 
soi-disant X'ylopia, cette bractée est mentionnée dans la descrip- 
lion que trace sir William Hooker. Les autres différences s’effa- 
ceront probablement par la comparaison des exemplaires des deux 
types. 

Si l'identité que je signale ici se trouve définitivement établie , 
on aura confirmé le soupçon émis depuis longues années, par la 
sagacité de M. Rob. Brown, sur l’origine africaine du Monodora 
Myristica. Cet illustre botaniste suppose que l'arbre en question 
a pu être transporté par les nègres de la côte occidentale d'Afrique 
dans les Indes occidentales, où il n'existe que cultivé. 

Le genre Xylopia , bien caractérisé par l’estivation des pétales 
et par le fruit (et renfermant, comme l’a reconnu Ach. Richard, 
les genres Cælocline et Habzeha, DC. fil.), n'existe pas seulement 
en Amérique et dans l'Afrique tropicale. J’en ai reconnu dans 
l’herbier de sir William Hooker plusieurs espèces encore inédites 
et sans nom, appartenant aux Flores de Ceylan et de Malacca. 


29. Ononranpra AcuMINATA, Humb. et Bonpl. in Rœm. et Schult., 
Syst., V, p. 511. Nov. gen. et sp., VII, p. 229. 


L’apparence de la plante est tout à fait celle d’un Zeica à feuilles 
unfoliées. L’estivation de la corolle est valvaire comme dans les 
Icica, près desquels ce genre doit probablement se ranger. 


264 À  J.E, PLANCHON. 


23. Acrossanraus, Presi. Bot. Bemerk., p. 22. — Walp., Annal. 
bot., 1, p. 129. = Fismiæ sp. 


L'auteur rapporte sa plante aux Guttifères ; il est évident, d’après 
la description même, qu’il s’agit tout simplement d'un Fisma. 


2h. Garraria, Zoll. et Moritzi, Verzein. der auf Jav. versamm. 

 Pflanz., p. 19 (ann. 1845-1846). — Walp., Ann., I, p. 633. 
— Cremostachys, Tul. in Ann. sc. nat., sér. m, vol. XV, 
p. 299. — Bennetia, Rob. Br. in Wall., List, n° 8555 A. B. 
C. D., et in Horsf., PI. Javw. rar., p. 245, tab. 50. 


L'identité de ces trois genres est positive. Mais il y a là une 
question de priorité très délicate que je ne prends pas sur moi de 
décider, savoir : si les noms autographiés dans le catalogue de l’her- 
bier de la Compagnie des Indes , herbier distribué dans les grands 
centres d'étude de l’Europe, doivent ou non être préférés à des 
noms publiés avec l’accompagnement de descriptions. Il est no- 
toire, du reste, que M. R. Brown, avant de faire paraitre la des- 
cription du Bennetia, avait communiqué ce genre à ses amis de 
Londres, de Paris et probablement d'Allemagne. 


25. Curisraxraus, Hook. fil., in Hook. Zcon. pl., t. VIII (1848), 
… 101. 779. = Candelabria, Hochst. in Regensb. Flora, ann. 1843, 
pe 7 


Euphorbiacée voisine du Briedelia, certainement très différente 
des Passiflorées et des Samydées , parmi lesquelles on a rangé le 
genre Candelabria.—Cleistanthus polystachyus, Hook. fil. = Can- 
delabria polystachya , Planch. 


26. PenrapayLax, Gardn. et Champ. in Hook. Journ. of Bot. and 
Kew. Gard., Misce., 1 (1849), p. 244-245.—Champ. in Trans. 
Soc. Linn., 1853, vol. XXI, p. 114, tab. 12. 


Ce singulier genre de Ternstræmiacées , avec ses anthères ou- 
vertes par des pores , me paraît apporter une preuve nouvelle à 
l'appui du rapprochement intime des Ternstræmiacées et du groupe 
des Bicornes. 


AFFINITÉS ET SYNONYMIE DE QUELQUES GENRES. 265 


27. Scepa, Lindi. Zntrod., ed. 1, p. 44A.-—Endl., Gen., n°1897. 
— Confer : Aporosa, Blume, Bidr., p. 514. — Endl., Gen., 
1877. 


Si cette identité que nous signalons est confirmée, le nom d’Apo- 
rosa, publié en 1825 , devra prévaloir sur celui de Scepa , posté- 
rieur à 1830. Dans ce cas, on devrait changer le nom de ScEPACEZ, 
Lindl. en celui d’Aporosez, Lindl. (sub Scepaceæ). 


28. Lozania, Seb. Mutis. — DC. Prodr., II, 30. — Endl., Gen., 
n° 6074. 


Genre mal connu , évidemment étranger aux Vochysiacées. Je 
pense , d’après la description , que ce n’est rien autre que le Laci- 
stema de Swartz. Les Lacistémées me paraissent assez justement 
placées par le docteur Lindley à côté des Flacourtianées. 


29. ArisroTeLia, Herit. = Friesia, Auct. (pro parte). . 


Voir ce que dit à ce sujet (F4. of N. Zeland., T, p. 38) le docteur 
J.-D. Hooker, dont je me plais à reconnaître la parfaite loyauté, 
lorsqu'il a parfois occasion de faire usage des rapprochements opé- 
rés par moi, dans l’herbier de sir William Hooker, entre des genres 
litigieux. G. Don, d’après le docteur Hooker, aurait signalé le pre- 
mier la ressemblance des anthères entre les Aristoteha et les 
Elæocarpées. Mais c’est bien par moi (et non par G. Don) qu'a été 
constatée l’identité générique entre l’Aristotelia et le Friesia, au 
moins en ce qui regarde le Friesia racemosa, All. Cunningh. 
(Dicera ? serrata, Forst. Aristoteha Forsteri, Planch. mss. in 
herb. Hook. Aristotelia racemosa, Hook. fil.). C’est bien moi qui, 
sans connaitre le passage de Don, ai mis dans l’herbier Hooker l’4- 
ristotelia parmi les Tiliacées-Elæocarpées. 

A l’époque déjà ancienne où je reconnaissais ces affinités, j’éta- 
blissais aussi dans mes notes celle des Trémandrées avec les Élæo- 
carpées, rapprochement que M. Steetz a confirmé sans connaître 
mes idées , en plaçant les Trémandrées à côté des Lasiopétalées, 
c'est-à-dire dans la classe qui renferme les Tiliacées et les Mal- 
vacées. | 


266 J.-E. PLANCHON. — AFFINITÉS, ETC. 


30. CHEIRANTHERA , AI Cunningh.— Bot. Reg., tab. 1719. — 
Brongn., Voy. de Duperr., Bot.,t. 77.-— Hook., Zcon., t. 47. 
— F1. des serr., tab. 856. 


Ce genre est un de ceux par lesquels s’établit, de la manière la 
plus évidente, l’affinité trop méconnue entre les Pittosporées (dont 
il fait partie) et les Violacées. 


91. ANISOSTEMON TRIFOLIATUS, Turezan. in Bull. de Moscou, XX, 
p. 454. = Connarus polyanthus, Planch. in Linn. trans., 
XXIIT, p. 4928. 


L'auteur rapprochait ce genre , supposé nouveau , du Pegia et 
du Solenocarpus, qu’il ne connaissait pas, mais qu'il pensait appar- 
tenir aux Térébinthacées. C’est bien évidemment un Connarus, 


92, Dapania, Korthals in De Vriese, Nederl. Kruidk. Arch.,185h, 
p. 884. 


L'auteur place ce nouveau genre dans la famille des Chrysobala- 
nées, dont il s'éloigne par son insertion hypogynique, son fruit à 
cinq loges , ses graines pendantes et pourvues d’albumen. On s’é- 
tonne d'autant plus de cette détermination, contraire à toute évi- 
dence, que M. Korthals signale les rapports du Dapania avec les 
Connaracées, d’une part, et les Oxalidées de l’autre. C'est, en 
effet, à côté de l’Averrhoa que ce type doit se placer. Je le connais- 
sais depuis longtemps dans les collections de feu Griffith (Herb. 
Hooker) , et le regardais alors, aussi bien qu'aujourd'hui, comme 
une vraie Oxalidée par 1es caractères carpiques et floraux, mais en 
même temps comme le lien évident de cette famille avec les Con- 


naracées. 
(La suite à un prochain numéro.) 


SUR LES CYSTOLITHES , 


OÙ 
CONCRÉTIONS CALCAIRES DES URTICÉES 


ET D'AUTRES VÉGÉTAUX , 


Par M. H.-A. WEDDELL, 


Aïde-naturaliste au Muséum. 


Vers l’année 1827, J. Meyen découvrit, dans les feuilles du 
Ficus elastica, et dans celles de plusieurs autres espèces du même 
genre, certains corpuscules pédicellés qu'il supposa formés de 
gomme ou d’une matière analogue ; 1l constata que ces corpuscules 
grossissaient par la superposition de nouvelles couches, et qu'ils 
se couvraient enfin de dentelures composées d’une matière cris- 
talline calcaire , soluble avec effervescence dans les acides (car- 
bonate de chaux }. 

Longtemps après la découverte de Meyen , M. Payen entreprit 
l'étude des mêmes corps, dont il démontra la présence dans un 
grand nombre d’autres plantes de la famille des Urticées, et il con- 
clut de ses recherches que leur matière constituante, regardée par 
Meyen comme étant de nature gommeuse , était de la cellulose, 
et que celle-ci y formait non des couches concentriques , mais de 
véritables cellules réunies en grappes, et destinées chacune à la 
sécrétion d’une certaine quantité de carbonate de chaux. Cette 
manière de voir, adoptée par plusieurs botanistes, a été combattue 
par quelques autres. Aïnsi M. Schleiden, qui s’éleva, le pre- 
mier, contre elle, semble penser que les corpuscules qui nous 
occupent sont analogues à ces dépôts qui obstruent à la longue la 
cavité de quelques poils, chez les Boraginées, par exemple, et que 
l'on voit, notamment dans le Figuier ordinaire, former un pro- 
longement dans la cavité du bulbe de ces mêmes poils. Les cellules 
dans lesquelles prennent naissance les corpuscules seraient même, 
dans l'opinion de M. Schleiden , des poils urticants dont la base 
seule se développerait. Le seul argument qu'il soit nécessaire d'op- 


268 H,-A, WEDDELL. 

poser à cette théorie, c'est que les corps en question apparaissent 
souvent bien au-dessous de l’épiderme, et même dans la moelle elle- 
même. Le dépôt contenu dans les poils du Figuier s’y forme d’ail- 
leurs d’une tout autre façon que les corps gommo-calcaires pédi- 
culés de Meyen, et se comporte avec les réactifs d’une manière très 
différente (1). 

Plus récemment encore, la théorie de M. Payen a trouvé un 
antagoniste dans M. Hermann Schacht, auquel on doit un Mémoire 
fort étendu sur ce sujet. Je me contenterai de dire ici qu’il n’ajoute 
absolument rien d’essentiel à ce que Meyen nous avait déjà dit de 
la constitution anatomique des corps dont on lui doit la découverte. 
M. Schacht partage d’ailleurs tout à fait l'opinion de M. Payen 
relativement à leur constitution chimique, et nous les montre, en 
outre, caractérisant le tissu d’une autre grande famille de plantes, 
les Acanthacées, où leur présence paraît avoir été d’abord consta- 
tée par M. Gottsche d’Altona. 

Enfin, j'ai eu, moi-même, l’occasion, il y a quelques années, 
d'étudier ces singuliers petits corps ; et le résultat de mes observa- 
tions a été également tout à fait d'accord avec celui auquel était 
arrivé Meyen, du moins quant à la constitution de la partie renflée 
des corpuscules. Frappé alors des différences qui me semblaient 
exister entre ces corps développés dans des cellules spéciales et 
toutes les autres sécrétions minérales des végétaux, je leur donnaiï 
le.nom de cystolithes (de xôoru, vessie et Abo, pierre). Ces con- 
crétions jouent d’ailleurs dans la physionomie des végétaux où 
ils se rencontrent un rôle plus important qu'on ne serait d’abord 
tenté de le supposer, et peuvent fournir pour la diagnose des 
caractères précieux ; il était donc utile qu’on püt les désigner plus 
clairement qu'on ne l’avait fait jusque-là. Leur figure la plus ordi- 
naire est celle d’un sphéroïde; mais dans un grand nombre d'Urti- 
cées, et dans beaucoup d’Acanthacées (2), ils affectent une. forme 


(1) Ce n’est pas à dire cependant que les cellules épidermiques, au sein des- 
quelles naissent les corps pédicellés, ne puissent prendre plus ou moins la forme 
de poils. Ce cas est même normal chez certains Figuiers (fig. 2). 

(2) J'ai constaté, après MM. Gottsche et Schacht, la présence de cystolithes 
dans la. plupart des genres de cette famille : elle y est. cependant moins 


SUR : LES CYSTOLITHES. 269 
oblongue ou plus ou moins linéaire, atténuée vers les extrémités ; 
d’autres fois celle d’un arc, ou plus rarement d’un fer à cheval. 
Dans la plante vivante, ils ne sont visibles que par la dissection ou 
par transmission de la lumière ; les feuilles qui les recèlent pré- 
sentent alors, étant vues à la loupe, des lignes ou des points trans- 
lucides, dont on aurait cependant de la peine à tirer des caractères 
diagnostiques précis. Il n’en est plus de même lorsque la plante est 
desséchée. En effet, les cystolithes ne subissant pas, par l’évapora- 
tion, le même mouvement de retrait que le reste du tissu de la 
feuille ou de la tige, sont en quelque sorte poussés au dehors, et 
le tissu mince et membraneux qui les recouvre se moule si exacte- 
ment sur eux, qu'on à de la peine à croire, en les voyant ainsi 
(fig. 11), qu'ils étaient cachés, auparavant, dans l’épaisseur de 
l'organe. Beaucoup de botanistes, trompés alors par leur forme 
souvent linéaire, par leur couleur blanchâtre , et, en particulier, 
par leur relief remarquable, les ont décrits comme des poils adnés, 
d’autres comme des poils malpighiacés, ou enfin comme de simples 
tubercules. Gaudichaud (Voyage de l'Uranie, part. bot.) est le 
premier qui ait reconnu leur nature minérale ; seulement il les 
regardait comme de véritables raphides : opinion adoptée depuis 
par plusieurs auteurs, mais qui ne peut soutenir un examen sérieux. 
Toujours est-il que les eystolithes, rendus visibles à l’exté- 
rieur par la dessiecation, fournissent des caractères spécifiques et 
même génériques , bien précieux dans une famille aussi naturelle 
que celle des Urticées. Parmi les genres de ce grand groupe, où ces 
petits corps fournissent surtout de bons caractères, je citerai ici, en 
particulier, le genre Pilea , dont les espèces connues s’élèvent au- 
jourd’hui à plus de cent ; et le genre Elatostema qui en compte près 
de quarante. Un autre genre d’Urticées , portant le nom de Myrio- 
carpa , peut être reconnu au premier abord, et en l’absence des 
organes de la fructification, par la disposition rayonnante des 


constante dans les plantes de ce groupe que chez les Urticées. M. Schacht 
fait, en effet, remarquer, et avec raison, qu'ils manquent complétement dans un 
ou deux genres d’Acanthacées, tandis que les nouvelles études que j'ai eu occa- 
sion de faire sur les vraies Urticées me portent à croire qu'aucune espèce de 
cette famille n’en est dépourvue. 


270 H.-A. WEDDELL, 


cystolithes autour de la base des poils qui hérissent la surface supé- 
rieure de ses feuilles. Dans toutes ces plantes , les corpuscules cal- 
caires sont généralement plus ou moins fusiformes ou linéaires ; 
dans la plupart des Orties piquantes , au contraire, dans les Parié- 
taires et les Boehmériées, ils sont presque constamment sphéroï- 
daux, et se présentent à l'œil, dans la plante desséchée, sous forme 
de points saillants , qui, souvent, donnent à la feuille une certaine 
aspérité que l’on chercherait en vain sur la plante vivante. 

Toutes les fois que j'ai cherché à étudier le développement des 
eystolithes sphéroïdaux, il ne m’a pas été difficile d’apercevoir leur 
pédicule, bien qu’il soit quelquefois d’une grande ténuité ; mais 
cette ténuité du filament suspenseur est poussée encore plus loin chez 
les cystolithes linéaires, à tel point que M. Schacht avoue l'avoir 
cherché en vain. I n’est cependant pas douteux qu'il n'existe, au 
moins dans la première période du développement du corpuseule , 
car si on regarde la cellule de dehors en dedans, on aperçoit toujours 
un petit point sur sa paroi extérieure, trace évidente de l'insertion de 
ce pédicule. Il peut arriver d’ailleurs que le suspenseur se trouve, 
à la longue, complétement dissimulé par les couches nouvelles 
ajoutées successivement au corps de la conerétion, qui semble être 
sessile sur la paroi de la cellule qui lui à donné naissance. Elle 
simule, en quelque sorte, alors, un poil malpighiacé développé 
dans l'intérieur d’une cellule. 

Le volume des cystolithes est extrêmement variable ; ceux dont 
la forme est linéaire ou fusiforme atteignent cependant ordinaire- 
ment de bien plus grandes dimensions que les autres. Pen ai ob- 
servé dans plusieurs espèces de Pilea, dont la longueur était de 
plus de 4 millimètre. Il y en a, d'autre part, de forme sphéroïdale, 
dont le diamètre est à peine de 2 ou à centièmes de millimètre. 

J'ai pu maintes fois constater, et, à ce qu'il m’a paru sans pos- 
sibilité d'erreur, la disposition par couches concentriques de la 
substance du corps des cystolithes (fig. à et 10); mais, dans aucun 
cas , le pédicule ne m'a présenté les couches superposées figurées 
par Meyen et M. Schacht; il m'a toujours semblé être un appen- 
dice parfaitement homogène de la paroi cellulaire, de lépaississe- 
ment eirconserit et non interrompu de laquelle il est résulté 


SUR LES CYSTOLITHES. 271 


(fig. 1,2, ete.); aussi sa substance se comporte-t-elle avec les réac- 
tifs exactement de la même façon que la substance de cette paroi, si 
ce n’est que l’iode y décèle plus fréquemment des traînées de ma- 
tières azotées. C’est là un fait que M. Payen n’a pas manqué d’indi- 
quer ; et il n’est guère douteux que cette matière ne soit pour 
quelque chose dans le rapide développement de ces corps. Peut- 
être le pédicule , dirigé vers le centre de la cavité cellulaire , y 
agit-1l à la manière d’un corps étranger , autour duquel se dépose- 
rait la matière calcaire. Quoi qu’il en soit, la concrétion et son pédi- 
cule restent toujours organiquement bien distincts (fig. 3). 

Quant au rôle physiologique des eystolithes considérés dans leur 
ensemble, il est difficile de le déterminer avec précision ; si cepen- 
dant on a égard à leur situation , à l’époque où ils acquièrent leur 
complet développement (le moment de la chute des feuilles), et 
enfin, à leur composition, on est amené à les regarder plutôt comme 
un genre d’excrétion, que comme une sécrétion utile à quelqu’une 
des fonctions du végétal. Sous £e rapport, les eystolithes peuvent 
donc fort bien être assimilés aux autres matières minérales que l’on 
rencontre dans les cellules végétales, et en particulier à l’état de 
cristaux. On sait que Link a comparé ces derniers aux calculs que 
l’on rencontre chez les animaux ; mais l’analogie entre certains de 
ces calculs et les cystolithes me parait être bien plus remar- 
quable. 
EXPLICATION DES FIGURES. 


PLANCHE 18. 


N. B. Les lettres suivantes servent à désigner les mêmes objets dans toutes les 
figures. 
ep : épiderme. 
c: cystolithe. 
p : pédicule d'un cystolithe , ou corps destiné à en devenir un. 


Le chiffre qui suit le numéro d'ordre de la figure indique le nombre de dia- 
mètres dont l’objet a été grossi. 


Fig 4 (850 d.). Cellules épidermiques de la face supérieure d'une feuille d’un 
Figuier exotique (Ficus salicifolia ?) ; de la paroi supérieure de l'une d’elles, 
plus développée que ses voisines, est né un appendice claviforme homogène , 
dont l'extrémité libre deviendra le noyau d’un cystolithe. 


272 H.-A. WEDDELL. — SUR LES CYSTOLITHES. 


Fig. 2 (550 d.). Cellule épidermique d’une feuille de Ficus montana (Hort. 
par.), dont la paroi développée, d'un côte, en un poil très court, a donné nais- 
sance, de l’autre, à un appendice analogue à celui présenté par la figure 
précédente. 

Fig. 3 (200 d.). Cystolithe de l'épiderme d'une feuille de Ficus bengha- 
lensis , privé de son élément calcaire par l'action lente d’un dissolvant; les 
couches concentriques (c") qui composent la concrétion sont ainsi rendues 
visibles par transparence, de même que l'indépendance de l’appendice clavi- 
forme, dont l'extrémité libre lui a servi de noyau. 

Fig. 4 (300 d.). Coupe verticale de la feuille du Boehmeria nivea. Une 
cellule très développée et légèrement proéminente de l’épiderme supérieure 
renferme un cystolithe lobulé d'une grande élégance. 

Fig. 5 (550 d.). Cystolithe globuleux d'une feuille de Pariétaire commune, 
arrivée à son complet développement et suspendue par un pédicule extrême- 
ment grêle; sa surface est tuberculeuse. 

Fig. 6 (550 d.). Cystolithes jeunes de la même plante; leur surface ne 
s'est pas encore hérissée de tubercules ; l’épiderme de la face inférieure de la 
feuille porte un poil crochu. 

Fig. 7 (250 d.). Cystolithes d'une feuille du Pilea decora, vus, par trans- 
parence, à travers l’épiderme de Ja face supérieure. En p' se remarque un 
petit point au-dessous duquel est inséré le pédicule de la concrétion; 
st, stomate. 

Fig. 8 (250 d.). Coupe tangentielle d'une feuille du Püilea decora, ana- 
logue à celle représentée par la figure précédente, mais vue en dessous; la 
forme des cellules, très développées inférieurement, qui renferment les cysto- 
lithes, y est mise en évidence. 

Fig. 9 (550 d.). Cystolithe arqué d'un Pilea (P. densiflora? ), pendant de la 
paroi supérieure d'une cellule dont il n’a été représenté qu'une petite 
partie. 

Fig. 10 (550 d.). Coupe transversale de la concrétion pions, montrant la 
disposition concentrique de ses couches. 

Fig. 41 (60 d.). Petite partie de la surface supérieure d'une feuille desséchée de 
Pilea ; on y remarque, en c’, l'apparence présentée par les cystolithes, lors- 
que, par le retrait du parenchyme, ils sont poussés au dehors, n'étant plus re- 
couverts alors que par le tissu membraneux qui s’est moulé sur leur surface. 


MÉMOIRE 


SUR LES 


FORMATIONS SECONDAIRES DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 


ET SUR LES 


FORMATIONS SPIRALES , ANNULAIRES ET RÉTICULÉES, 


EN PARTICULIER, 


(Lu à l'Académie des sciences dans les séances du 26 juin et du 6 novembre 1854.) 


Par M. A. TRÉCUL., 


De toutes les parties de l’anatomie végétale , celle sur laquelle 
on a le plus discuté, et sur laquelle on est encore le moins d'ac- 
cord, c’est la structure et l’histoire des vaisseaux, 

DC., Org. ves., t.l, p. 31. 


Les formes si élégantes et si variées de ces jolis organes ont vive- 
ment intéressé les botanistes depuis bientôt deux siècles ; mais les 
formes spirales sont celles qui ont le plus excité l'admiration, 
Chacun voulut les connaître et chacun les décrivit, aidé souvent de: 
moyens amplifiants bien imparfaits ; aussi existe-t-il sur leur struc- 
ture.et leurs fonctions les opinions les plus différentes ; et c’est des 
trachées surtout que l’on peut dire qu'iln’est pas possible d'émettre 
sur leur structure une idée qui n’ait été formulée. En effet, sont- 
elles constituées par une simple fibre contournée en hélice , allant. 
soit à droite , soit à gauche, ou ici dans un sens, là dans un autre ? 
La fibre est-elle plate, cylindrique, plus ou moins déprimée, creusée 
en gouttière ou tubuleuse à l'intérieur? Est-elle accompagnée ou 
non d’un tube membraneux ? Ce tube environnie-t-1l la spiricule, ou 
est-il entouré par elle ? Ou bien y a-t-1l seulement une membrane 
interposée entre les tours de spire ? La spire est-elle adhérente à 
la membrane ou libre dans sa cavité ? Y a-t-1l deux membranes, 
l’une interne par rapport à la spirieule , l’autre externe? 

Les opinions ne sont pas moins nombreuses sur les autres par- 

£° série. Bor. T. II, ( Cahier n° 5. ) ? 18 


271 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 

ties du sujet; aussi faut-il avoir une grande confiance dans ses 
observations pour se décider à écrire sur une pareille question, et 
surtout pour émettre des idées nouvelles. C’est pourtant ce que je 
me propose de faire dans ce travail. Je sais bien que l’on pourra me 
dire : Osez-vous prétendre faire prévaloir, mieux que ceux qui vous 
ont précédé, votre opinion personnelle ? Je n'hésite pas à répondre 
que oui, parce qu'il ÿ a aujourd'hui une multitude d'excellents in- 
struments répandus dans un grand nombre de mains exercées , et 
que la vérification des faits séra, par conséquent , prompte. L’Aca- 
démie sait d’ailleurs que je ne fais jamais une asserlion sans avoir 
à ma disposition les objets susceptibles de prouver ce que j'avance. 
Aujourd'hui done , comme toujours, je suis en mesure de donner 
des preuves capables de porter la conviction dans les esprits. 

Avant de donner la description des faits qui font le sujet de ce 
mémoire, je ferai, d'une manière assez étendue , l’histoire de l’im- 
portante question que je me propose de traiter. 

C'est un micrographe anglais qui, le premier, a parlé des vais- 
seaux spiraux. Il montra les trachées du Noyer à la Société royale 
de Londres, dans sa séance du 48 mars AC61, etil fit voir qu’elles 
s’allongent en hélice. On trouve à cette date, dans le procès-verhal 
de la séance (The history of the royal Society of London, by Birch., 
1756, t. L'", p. 37), la phrase suivante : «17. Ienshaw exhibitel 
the spirals of nut-lrees, shewing, that lhey grow snailwise. » 

Ce qu'il y a de singulier, c'est que Grew, qui était membre de la 
Société royale , et qui, dix ans plus tard , publiait son Anatomy of 
plants, en T67L, ne parait pas avoir eu connaissance de ce fait, 
dont il ne dit rien dans son ouvrage. Il ne parle pas de ces spirales 
si intéressantes pourtant, et qu'il s'applique à décrire avec tant de 
détail dans son édition de 1682. Dans la première, il signale seule- 
ment deux sortes de pores dans le corps ligneux du bois, et une 
troisième espèce beaucoup plus petite qui lui a été montrée par 
M. Hook, membre aussi de la Société royale; mais il ne dit rien 
qui dénote la connaissance de la structure intime de ces vaisseaux 
et de ces fibres ligneuses ; car, sous le nom de pores, il comprenait 
les uns et les autres. | 

Si c’est à Henshaw qu'appartient la découverte des vaisseaux 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 275 
Spiraux c'est à Malpighi que revient l'honneur de les avoir décrits 
le premier et de les avoir appelés trachées, à cause de leur analogie 
avec celles des insectes. HS se trouvent décrits dans son Anatomes 
plantarum idea, Lond., 1675 ; et dans ses Opera omnia, Lugd. 
Bat., 1687, Malpighi dit (Anatomes plantarum idea, page 3) qu'il 
y a dix ans qu'il étudie les vaisseaux spiraux (spirales fistulæ), et 
qu'il les à trouvés dans les parties ligneuses de toutes les plantes. 
Ils sont moins nombreux, continue-{-1l, que les fibres ligÿneuses , 
mais plus gros qu'elles, de manière que leur ouverture se voit 
distinetement sur des eoupes transversales de la tige, dans laquelle 
ils occupent des positions diverses; cependant 1l pense que le plus 
souvent ils sont placés en cercles concentriques autour de l’axe du 
végétal. Ces canaux spiraux n'ont pas toujours la même forme ; 
mais le plus souvent elle est oblongue et tubuleuse , et se rétrécit 
un peu çà et là, de telle sorte qu'ils sémblent autant d’utricules 
s'ouvrant lesunes dans les autres ; d’autres fois ce sont désutricules 
polygonales formant un tube continu. . 

Malpighi a vu (Anal. plantarum, page 9) que, dans le Chêne, 
les plus grands vaisseaux spiraux contiennent des espèces de vési- 
cules pulinonaires, dont il donne une excellente figure planche VI, 
figure 21 , en M : ce sont des cellules quelquefois de forme ovale, 
dit-il , fermées par un bout, et s’ouvrant les unes dans les autres, 
de manière qu'elles paraissent peu différentes des vésicules pulmo- 
naires des insectes. 

il est bien évident, par ses deseriptions et par ses figures , que 
Malpighi appelait indifféremment spirales fislulæ , tracheæ, tous les 
vaisseaux du bois. Les vésicules pulmonaires qu'il observa dans les 
plus gros vaisseanx du Chêne sont de là nature des cellules qui se 
développent assez souvent dans ces organes chez un grand nombre 
de végétaux. 

« Les canaux spiraux (Anat. plantarum idea, page 3) sont com- 
posés d’un ruban étroit, ténu, transparent, de la couleur de lar- 
gent, disposé en hélice, et soudé par les côtés de façon à constituer 
un tube un peu rude à l'extérieur et à l’intérieur ; l'extrémité du 
ruban ou de la trachée étant tirée, celle-ci, chez lés plantes et chez 
les insectes, ne se résout pas en anneaux séparés comme la trachéé 


976 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


des animaux parfaits ; mais elle se divise en un ruban unique par 
la traction. Dans les herbes et dans quelques arbres, surtout en 
hiver, on est témoin d’un joli spectacle, quand on rompt avec pré- 
caution une tige ou un rameau vert; il reste à l'extrémité des frag- 
ments des portions de trachées déroulées, qui conservent quelque- 
fois pendant longtemps une sorte de mouvement péristalhique , 
duquel il est possible de déduire peut-être le mouvement observé 
dans le Mimosa pudica. » 

Il dit aussi ( Anat. plant., p. 9) que la lame grêle, de couleur 
d'argent et contournée en spirale, est revêtue de corpuscules squa- 
meux comme la peau des poissons. 

Comme il regarde aussi les vaisseaux ponctués comme des 
trachées , il est probable qu'il a pris les ponctuations pour des 
écailles. 

Neb. Grew (Anatomy of plants, 1682) appelle vaisseaux à air 
(aer-vessels) tous les vaisseaux du bois. I les considère (p. 417 e 
suiv. ) comme très souvent formés par une bandelette de largeur 
variable, ou fréquemment aussi par un fil cylindrique contourné en 
hélice. Que l’on se figure, dit-il, un étroit ruban roulé en spirale 
autour d’un bâton, on aura l’image d’un vaisseau à air, lorsque 
après avoir retiré le bâton, le ruban restera seul. Mais ce vaisseau, 
qui semble composé d’un fil disposé en spirale , est en réalité, sui- 
vant Grew, formé de deux sortes de fibres : les unes courent paral- 
lëlement en spires, et ne sont point adhérentes entre elles ; les au- 
tres courent en travers de celles-ci, et les lient les unes aux autres, 
de manière que les premières représentent la chaine d’un tissu , et 
les dernières la trame. DE 

Comme dans un üissu les fibres de la chaîne et celles de la trame 
peuvent être de différente grosseur, si ce sont celles de la chaîne 
qui sont beaucoup plus grosses, et, par conséquent , plus fortes que 
celles de la trame, le vaisseau se déchire en spirale. Les fibres de la 
trame peuvent être elles-mêmes plus où moins grosses ; là où elles 
sont plus fortes, comme dans la racine, il faut une plus grande 
quantité de chaîne, c'est-à-dire une plus large bandelette ou fibre 
pour les surpasser en force ; tandis que où elles sont beaucoup plus 
petites, comme dans les tiges et les feuilles , un fil de la chaine , 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 277 
c'est à-dire une seule fibre spirale, sera assez forte par elle- 
même. 

Grew distingue dans les plantes (p. 118 ) deux parties substan-- 
tiellement différentes : l’une médullaire, l’autre ligneuse ou textile. 
Les vaisseaux sont de même substance que la moelle et les autres 
parties parenchymateuses ; 1] à reconnu dans celles-ci la même 
texture. Aussi pense-{-il que beaucoup de vaisseaux, au moins ceux 
qui ne sont pas nés avec la semence, tirent leur origine des éléments 
parenchymateux. Ceux-ci semblent, par une certaine altération dans 
la qualité , la position et la texture de leurs fibres , avoir été trans- 
formés en vaisseaux aériens. Et comme la moelle elle-même, par 
la rupture et la contraction de plusieurs rangées de vésicules, de- 
vient souvent tubuleuse , lacuneuse , de même il est possible que 
dans d’autres parties du parenchyme , une seule rangée ou file de 
vésicules régulièrement et perpendiculairement empilées, puissent 
souvent, par la contraction de leurs fibres horizontales , communi- 
quer les unes avec les autres, et former une cavité continue où 
un tube. 

A-t-on aujourd’hui une autre idée de la constitution des vais- 
seaux ? À part sa manière de voir sur la texture de la membrane 
uiriculaire , nous professons à peu près les mêmes opinions. Et si 
l'on remarque que Meyen (et plus récemment M. Krüger) admettai: 
que la membrane utriculaire était composée de fibres longitudi- 
nales , et que les anatomistes les plus modernes reconnaissent que 
cette membrane est doublée à l’intérieur, à l’origine des formations 
secondaires, d’une ou plusieurs fibres roulées en hélice , doit-on 
s'étonner beaucoup que Grew ait cru ces fibres entrelacées comme 
celles d’un tissu? Avec les mstruments amplifiants que possédait 
Grew, on conçoit très bien que certaines formations réticulées , 
rayées ou ponctuées , lui aient inspiré la pensée de ces fibres de 
largeur variable dans la chaine et dans la trame , qu'il s’imaginait 
reconnaître dans les vaisseaux. Toujours est-1l que c’est lui qui , 
le premier, avec Malpighi qui l'avait déjà indiquée, a vu sous son 
véritable jour la composition utriculaire des vaisseaux, sur laquelle 
on a cependant beaucoup discuté depuis. 

Sarrabat, dit de Ja Baisse, en 1733, fit monter des sues colorés 


978 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


dans les plantes, et Bonnet, qui connaissait ses expériences, les 
renouvela en 1754 (4); mais c'est Reichel (Diss. de vasis spirali- 
bus, præs. C.-R. Reichel, resp. G.-C. Wagner. Lips., 1758, in-8) 
qui annonça que les vaisseaux spiraux peuvent être remplis par ees 
liquides colorés. Il les considère comme composés de fibres rondes, 
et comme ayant quelquefois des étranglements qui ne sont pas des 
valvules, mais qui sont dus à des spires plus serrées. 

Duhamel (Physique des arbres, 1758, 1. I‘), après avoir décrit 
(page 42) les trachées comme constituées par un ruban roulé en hé- 
lice, ajoute (page 43) après quelques observations : « Si,cela est, les 
trachées formeraient une grande partie du corps ligneux ; je dis 
olus : peut-être qu'en examinant avee plus d'attention ces tra- 
chées , on trouvera qu'elles deviennent de vraies fibres ligneuses, 
et que ces fibres forment par leur agrégation les gros vaisseaux 
dont on aperçoit les orifices sur l'aire de la coupe d'un morceau 
de bois. » Nous verrons plus tard que cette idée sera reprise par 
quelques auteurs, et développée par eux de manières différentes. 
A la page 4h, Duhamel exprime des doutes sur les fonctions que 
Malpighi attribue aux trachées. 

Van Marum ( Diss. philosophica inauguralis de motu fluidorum 
in plantis, ete. Groningue, 1773) pense que les vaisseaux aérifères 
sont composés de fibres roulées en spirales , de sorte que leurs 
bords sont contigus et ferment un tube. Cette organisation s’observe 
dans toutes les parties ligneuses des arbres ; elle est facile à voir 
dans le Tilleul et dans la Vigne. La partie intérieure de ces vais- 
seaux est tout à fait revêtue de petits follicules ( ce sont, sans doute, 
les ponciuations que présentent ces vaisseaux). 

J.-H.-D. Moldenhawer (De vasis plantarum, 1779) croit que 
les vaisseaux spiraux sont formés d’un ruban roulé en spirale, dont 
les bords sont soudés au moyen de fibres longitudinales extrême- 
ment minces. Ils conduisent la séve. 


(1) C'est à tort que cerlains auteurs ont attribué à Magnol l'emploi des li- 
queurs coloré:s pour étudier la circulation dans les végétaux. Aux endroits 
cités, on ne trouve rien qui indique qu'il ait entrepris de telies expériences. On 
voit seulement dans l'Histoire de l'Académie d2s sciences , 1709, p. 45 et suiv., 
qu'il a combattu l'opinion émise par Perrault sur ce phénomène. (Note de l'auteur.) 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 219 

Ilest clair que ce savant a pris pour des fibres isolées les linéa- 
ments qui parcourent souvent la membrane de certains vaisseaux, 
et qu'il n'a pas aperçu cetie membrane. 

Mustel (Traité théorique et pralique de la végétation , 1781; 
pages 68 et 61) dit : « On ne peut douter que la jeune pousse ne soit 
contenue dans le bouton à bois, comme les fleurs et les fruits le 
sont dans les boutons à fruits ; toutes les parties ne peuvent qu'être 
extrêmement resserrées, et plites étroitement dans un si petit 
espace, car entin elles y sont toutes. I faut, pour formerune branche, 
une préparation de fibres ligneuses , qui doivent , dans leur déve- 
loppement, prendre une longueur assez considérable. Admirons 
comment s’y prend la nature. Ces parties ligneuses , rudiments du 
bois qui doit se former, sont pliées dans le bouton en spirale, 
comme le serait un tire-bourre, dont les hélices seraient très com- 
primées ; la finesse et la ductilité de ces tendres fibres s’y prêtent 
aisément. Le bouton s'ouvre, et le tire-bourre sort tout replié ; la 
partie inférieure de l’hélice, qui ent aux fibres ligneuses du bois, 
dont, sans doute, elle a été formée, s’allonge la première en pous- 
sant toujours en avant le paquet des spirales. Lorsque le premier 
tour de l’hélice s'est totalement allongé de ce point-là , la branche 
ne peut plus s’allonger ; et, en effet, l'expérience prouve qu’elle 
ne s'allonge plus. » | 

Cette théorie de Mustel ne parait être que le développement dé 
l'idée émise avec doute par Dahamel. La fibre ligneuse étant creuse, 
il en résulte que, dans cette théorie , la spiricule doit être creuse. 
Mustel ne s’est pas expliqué à cet égard , mais d'autres vont le dire. 

Mayer (Mém. sur les vaisseaux des plantes, dans les Mém. de 
l’Acad. des sc. de Berlin, 1788 et 1789 ) soutient une opinion con- 
traire à celle de Mustel. D'après plusieurs passages de son mémoire, 
ce seraient les vaisseaux spiraux qui tireraent leur origine des 
fibres ligneuses , qu'il nomme vaisseaux fibreux. I dit, page 56 : 
que les vaisseaux spiraux, qu'on nommait autrefois trachées , res- 
semblent à un cylindre entouré d'un fil très mince, qui fait des 
contours spiraux , et qu'on à présentement reconnu comme un 
canal. Les tours ou révolutions de ce canal spiral sont plus ou 
moins étroits, et s'ils s'approchent tellement qu'ils puissent pro- 


280 A, TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 


duire un vaisseau spiral , 1ls sont unis entre eux par un tissu mu- 
queux très mince , et paraissent même avoir de petits pores dans la 
cavité du vaisseau spiral ; mais je ne suis pas tout à fait sûr de ce 
dernier fait. ». 

Il a reconnu aussi des vaisseaux spiraux à spires dilatées , dans 
lesquels la spiricule est entourée d’une meMbrane très mince. 

Voici le passage où Mayer indique leur origine probable, sui- 
vant lui. Il parle des vaisseaux fibreux ( fibres ligneuses ) : « Leur 
direction est droite, et ils sont rangés en long dans la proximité des 
vaisseaux spiraux et sur ces vaisseaux mêmes, dont plusieurs 
d’entre eux semblent tirer leur origine ; on peut les remplir aussi 
bien que les tuyaux spiraux des trachées par le moyen de liqueurs 
colorées employées pour la nutrition des plantes. Leur diamètre 
égale le diamètre des tuyaux spiraux des trachées, et ils ressemblent 
à de pareils tuyaux qui n'auraient pas encore élé contournés. » 

Ne semble-t-il pas que l’idée de la cavité de la spiricule vienne 
de l’origine fibreuse supposée de celle-ci émise par Duhamel pour 
la première fois. 

C’est donc à tort que l’on attribue à Hedwig la découverte de la 
cavité de la spirieule ; car il ne parait pas du tout certain que lui et 
ses prédécesseurs l’aient vue. Voici comment Pyr. De Candolle 
s'exprime à ce sujet en parlant d'Hedwig : « Remarquons (Org. , 
1837, page 35) qu'un tube n’a été vu que par un petit nombre 
d’observateurs, et qu'Hedwig lui-même semble l'avoir moins vu 
que conçu par la théorie; car, malgré son habileté comme dessi- 
nateur, il n’a pas osé en donner la figure. » 

Quoi qu'il en soit, Hedwig (De fibræ vegetabilis et animalis ortu, 
Lips., 1790, pag. 20 et suiv. ) regarde la trachée comme formée 
d’un tube membraneux central autour duquel est enroulée la fibre 
spirale. Le premier contient de l'air; la seconde, qui est aussi un 
tube creux, renferme le sue nutritif. C’est pour cela qu'il nomme la 
trachée ductus pneumatochymiferus, le tube central ductus pneu- 
matophorus , et le tube spiral ductus adducens spiralis et ductus 
chymiferus hydrogerusque. 

C'est , suivant Hedwig (Fondamentum historiæ naturalis 
muscorum frondosorum , Lipsiæ, 1782, 1" partie, page 56), ce 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 231 
conduit (chymifére) spiral qui se teint par les liqueurs colorées ; 
car il a vu dans le Cucurbita, et dans quelques autres plantes, que 
tout le vaisseau est rougi quand les spires sont très serrées (lieu 
eité pl 2, fig. 9, c), et que la membrane du tube central ne l’est 
pas quand les spires sont écartées (loc. cit., fig. 9, dete). 

Hedwig pensait aussi, comme Mustel et Duhamel, que ces petits 
conduits succigères s’allongeaient pour se transformer en fibres 
ligneuses (De fibræ veg. et anim. ortu, pag. 28 et suiv.). Des mo- 
Jécules terreuses sont déposées, dit-1l, sur leurs parois ; et réunies 
par une matière oléo -glutineuse ; ce qui rend le transport du suc 
de plus en plus difficile, de manière que bientôt les cavités sont 
presque entièrement remplies, et les chymifères consolidés changés 
en fibres. De celles-ci naissent continuellement d’autres vaisseaux 
qui s’allongent et se consolident comme les premiers. D’autres 
paeumato-chymifères sont aussi envoyés pendant toute la vie du 
collet de la racine; ils s’allongent sous l'influence de la chaleur et 
des sues qu'ils transportent. 

L'élongation de ces organes se fait alternativement par en haut 
et par en bas, suivant les saisons. Ainsi un arbre ne peut croître 
par la partie supérieure pendant l'hiver ; mais, à la faveur de la cha- 
leur souterraine, il s’allonge par en bas , et renouvelle ses organes 
de succion ou ses radicelles. 

Suivant Senebier (Physiol. vég., 1. F*, p. 103), la trachée est 
formée par un fil presque cylindrique contourné en hélice ; mais la 
section de ce fil est quelquefois ellipsoïde. 

Il fait des objections à la théorie d'Hedwig sur la transformation 
de la spiricule en fibres ligneuses. 

Sprengel (Anleitung zur Kenntniss der Gewächse, Halle, 1802, 
t. I, p. 97 et suiv.) combat Hedwig. Il prétend que la fibre spirale 
n’est pas creuse, qu'elle n’est qu’une lame qui n’est accompagnée 
d'une membrane ni à l’intérieur ni à l'extérieur. Une ou deux fibres 
spirales constituent la trachée. 

Il divise les vaisseaux spiraux en deux classes : les trachées et les 
fausses trachées. Les trachées se changent peu à peu en fausses tra- 
chées ; et celles-ci ne différent des premières que parce qu'elles ne 
Diriiéné que des canaux à fentes transversales. 


282 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 

De Mirbel ( Traité d'anatomie et de physiologie végétale, an x) 
pense (page 66 ) que le fil tourné en spirale de droite à gauche , et 
qui constitue la trachée, n’est pas un tube, comme l'ont avancé plu- 
sieurs auteurs. n'a pas remarqué non plus d’étranglements dans la 
longueur des trachées , comme l'ont dit Malpighi et Reichel; et:il 
croit que les fentes et les pores sont bordés de petits bourrelets. Il 
prétend aussi qu'il existe de tels bourrelets sur les bords de la 
spricule des trachées ( Exposition de la thévrie sur la végétation, 
p. 74). 

Dans un mémoire communiqué à la classe des sciences de l’In- 
sütut en 1804, et publié dans les Mémoires de l’Institut , tome IX, 
il dit, page 111, que les trachées ne sont que des tubes fendus 
de telle façon qu'ils peuvent se dérouler comme un tire-bourre ; 
que les fausses trachées sont des tubes coupés de fentes et qui ne 
peuvent se dérouler. 

Il crovait que la substance mucilagineuse , appelée cambium par 
Duhamel, se transformait immédiatement en vaisseaux ; car 1l dit, 
page 314 : « Les trachées pénètrent visiblement dans le petit bou- 
ton ; mais leur extrémité s’efface, et n’est plus pour notre œil, armé 
des verres les plus forts, qu'une légère trace de substance mucila- 
gineuse. » Et page 319 : « Dans la troisième colonne , la substance 
mucilagineuse est transformée en vaisseaux. » 

Cependant il dit un peu plus loin qu'il est porté à croire que les 
vaisseaux ne doivent leur existence qu'aux nombreuses modifica- 
tions du tissu cellulaire, qui, lui, naitrait dans la substance muei- 
lagineuse. | 

Il combat ensuite l'opinion d'Hedwig sur la nature de la trachée, 
et sur la transformation de celle -ei dans les autres formes de 
Vaisseaux. 

Bernhardi, d’après la traduction donnée par M. de Mirbel ( Beo- 
bachtungen üeber Pflanzen Gefässe, page 21, 1805), dit que le fil 
spiral est contenu dans un tube. Suivant lui, les vaisseaux des 
plantes sont de deux sortes : les pneumatiques et les propres. Les 
pneumatiques sont formés par une membrane qui n'a nt pores, ni 
ouvertures visibles, mais qui est garnie de bourrelets dont la fonc- 
tion consiste à tenir les tubes dilatés pour que Pair et les fluides y 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 233 
puissent pénétrer. Ces bourrelets sont quelquefois attachés à la 
membrane, d’autres fois ils sont libres, Dans ce cas, ils forment , 
soit des filets roulés en hélice, voilà les trachées ; soit des anneaux 
placés les uns au-dessus des autres, voilà les vaisseaux annulaires. 
Lorsque ces bourrelets adhèrent aux tubes membraneux , ils sont 
divisés en portions plus ou moins longues, de là les vaisseaux nom- 
més poreux el les fausses trachées. 1 arrive aussi que les bourre- 
lets d’un même tube se montrent alternativement en petites por- 
tions fixées sur la membrane, et en fil continu détaché : ce sont 
les vaisseaux mivles de M. de Mirbel. 

Les bourrelets ne forment done pas de vaisseaux par eux-mêmes, 
comme on pourrait le croire par l'inspection de la lame de la tra- 
chée. Ils ne sont que des portions accessoires, et les véritables 
vaisseaux sont des tubes membraneux parfaitement entiers. Tous 
les physiologistes ont pensé, depuis que Mirbel a appelé leur atten- 
tion sur la structure des fausses trachées, que les vaisseaux étaient 
coupés de fentes ; c’est-une erreur. Les fausses trachées sont des 
tubes relevés de bourrelets Saillants , et ces bourrelets ont été pris 
généralement pour des ouvertures. Si ces tubes étaient fendus ainsi 
qu'on le suppose, les fluides se répandraient de tous côtés; et les 
moyens pour l'œuvre de la végétation ne seraient plus en harmonie 
avec les résultats, ce qui implique une contradiction. » 

Voici maintenant la réfutation abrégée de M. de Mirbel (Exp. de 
la théorie de la végét., 1809, p.73): « Lorsque les fentes des fausses 
trachées sont très prolongées, eliacun de ces vaisseaux parait com- 
posé d’une suite d’anneaux placés les uns au-dessus des autres. 
C'est là ce qu’a très bien vu M. Bernhardi ; mais ce savant n’a pas 
reconnu l'identité de ses vaisseaux annulaires avec mes fausses 
trachées..…. Non-seulement il nie, avec quelques phystologistes , 
l'existence des tubes poreux ; mais encore il soutient , contre tous, 
que les fausses trachées ne sont point coupées de lentes transver- 
sales, et il ne s'aperçoit pas que ce sont ces fentes mêmes qui 
forment ses vaisseaux annulaires. » 

Il est évident aujourd'hui qu'il y a de l’exagération dans les deux 
opinions. On reconnait maintenant avee M. de Mirbel qu'il y a 
réellement des organes poreux et fendus , et que les fentes appa- 


28k A. MRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 

rentes des vaisseaux ne sont point dues à des bourrelets comme le 
pensait Bernhardi, mais que très souvent aussi ce ne sont ni des 
pores ni des fentes ; que ce sont seulement des parties où la paroi 
utriculaire à moins d'épaisseur , ainsi que M. Ad. Brongniart l’a 
démontré le premier. 

Treviranus (Jon inwendigen Bau der Gewächse und von Sajt- 
bewegqung in denselben. Gættingen, 1806, in-8) admet trois espèces 
de vaisseaux spiraux : les vaisseaux spiraux vrais, les vaisseaux 
spiraux faux, et les vaisseaux spiraux ponctués. 

Les vaisseaux spiraux vrais sont composés d'un canal membra- 
peux, à l'intérieur duquel s’enroule une fibre élastique ronde. 
Quelquefois plusieurs fibres contiguës forment une sorte de ruban. 

Les vaisseaux spiraux faux sont de gros canaux marqués de lignes 
transversales plus ou moins longües, formées par des fibres circu- 
laires, mais non spirales. Il à reconnu que les vaisseaux annelés 
sont constitués par des anneaux éloignés les uns des autres, et 
sans Communication réciproque. 

Les vaisseaux ponetués consistent en des membranes minces, 
sur lesquelles une infinité de points sont dispersés. Il a vu que dans 
plusieurs plantes , ces ponetuations sont autant de pores qui quel- 
quefois sont aréolés. 

Rudolphi (Anatomie der Pflenzen , 1807, in-8 , p. 180 et suiv.) 
dit que les trachées sont composées de petits fils un peu aplatis 
et roulés étroitement en spirale de manière à former un tube. 
Une , deux ou plusieurs fibres, réunies en une sorte de ruban, 
peuvent entrer dans la composition du vaisseau. 

Les vaisseaux scalaires sont formés par la soudure des fibres 
spirales , qui s'unissent au point que les parois vasculaires devien- 
nent membraneuses , de fibrillaires qu'elles étaient ; mais il y reste 
cependant des traces de leur constitution primitive. De petites lignes 
ou seulement des points, dans les vaisseaux les plus âgés, indi- 
quent les places où les filets étaient contigus , et dans ces endroits- 
là , les fibres ne semblent pas encore bien soudées. 

Link (Grundlehren der Anatomie und Physiologie der Pflanzen, 
Gœttingen, 1807, p. 46 et suiv. ) pense que le vaisseau spiral est 
seulement formé d’une lame hélicoïde dont les bords sont relevés 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 285 
en gouttiére à l’intérieur. Les tours de la spire, quelquefois éloi- 
gnés les uns des autres, ne sont pas unis par une membrane, Cette 
hélice est souvent composée de plusieurs lames tournant dans le 
même sens ; il y en a jusqu'à sept dans le Musa paradisiaca. I à 
reconnu que dans là même plante, la lame spirale tourne tantôt à 
droite, tantôt à gauche, et que le même vaisseau est quelquefois 
formé par deux lames roulées en sens opposé. Il'admet aussi 
la métamorphose des vaisseaux spiraux en vaisseaux scalaires , 
ponctués et annulaires. Les lames spirales se soudent par les bords 
qui , relevés à l'intérieur dans la trachée , s’aplatissent peu à peu. 
La pression des parties voisines produit les lignes transversales , et 
les intersections de deux lames produisent les points. Les vaisseaux 
annulaires sont formés par des fragments de la spire , qui, adhé 
rente au tissu cellulaire voisin, se casse lorsque celui-ci prend 
un accroissement trop prompt. | 

Moldenhawver (Beitr., 1812, p. 203) considère la trachée comme 
formée par une membrane qui contient à l’intérieur une lame spirale. 

Kieser ( Mémoire sur l’organisation des plantes , Harlem, 1844 ) 
s'exprime à peu près en ces termes à la page 120 : Les vaisseaux 
Spiraux simples ne sont composés que par une ou plusieurs fibres 
spirales contiguës. [ls n’ont jamais de membrane entourant la fibre 
spirale, ni entourée par elle, ni entre les tours de spire. Les spires 
laissent bien quelquefois un espace entre elles ; mais alors la paroi 
du vaisseau n’est close que par les parois des cellules adjacentes. 

(Page 121.) Les vaisseaux annulaires sont composés d’anneaux 
superposés sans membrane comme les vaisseaux spiraux simples. 

(Page 123 et suiv.) Les vaisseaux ponctués sont des vaisseaux 
spiraux ou annulaires dont les spires s’écartent dans un âge avancé, 
et dans les interstices desquelles vient s’interposer une membrane 
marquée de points elliptiques , tantôt sombres , tantôt percés et 
transparents. La membrane étant plus mince que les spires , celles- 
ci sont proéminentes à l’intérieur et à l'extérieur. 

(Page 127.) Les vaisseaux réticulairesetles ramifiés n’ont pas de 
membrane ; ils sont formés par les vaisseaux spiraux dont les spires, 
d’abord contiguës , s'éloignent , et se soudent entre elles par des 
rameaux qu'elles émettent. Les vaisseaux ramifiés sont ceux dont 


286 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


les spires ne sont encore unies que par un petit nombre de rami- 
fications. | 

Cas ini (Opuscules phytologiques, 18926, 1. If, p. 518) pense que 
les canaux qui sont pleins de séve et découpés en hélice, ont été 
improprement nommés trachées ; il propose de les appeler héli- 
cules. 

Amici ( Ann. sc. nat., Are série , 1894, t. IN, p. 226 ):c J'ai 
démontré (Mém. soc. atal., vol. XVII) que les trachées, et les 
vaisseaux poreux du Symphytum offjicinale et de différentes autres 
plantes, ne renfermaient aucune espèce de sue, et ne contenaient 
que de l'air ou du gaz.» (Page 248. )« Quant à l’autre discussion, si 
la spire de la trachée est creuse ou non à l’intérieur, et si elle forme 
un canal pour le suc, je me bornerai à répondre que cette question 
reslera indécise tant qu'on n'aura pas de moyens d'optique, que 
probablement nous ne posséderons jamais , capables de faire voir 
la structure de la membrane des végétaux; car Ia dimension de la 
spire de la trachée ne surpasse pas la grosseur de la membrane des 
autre: tubes, dans laquelle aueun observateur n’a jamais cru pou- 
voir découvrir les canaux pour le transport des liquides. » 

Pyr. De Candolle ( Organ. véqg., 1827 ) ne croit pas ( page 86) 
que la spire des trachées soit contenue dans un tube particulier. I] 
ne pense pas, comme Mustel, Mayer et Hedwig l'ont cru, que la 
spiricule soit tubulense , mais il partage l’avis de M. de Mirbel ; 
elle lui parait plane avec deux bords plus opaques, et probablement 
un peu plus proéminents. 

Théod. Bischolf ( De vera vasorum spiralium plantarum strue- 
tura et indole. Diss. inaug. Bonnæ, 1829, in-8) établit que le tube 
membraneux des vaisseaux spiraux n’est nien dedans ni en dehors 
de la spirale, soit continue, soit interrompue ; mais que celle-ci est 
sur le même plan que la membrane, de manière qu'elle y fait saillie 
sur les deux parois interne et externe. 

« Cette opinion me parait certaine pour les vaisseaux rayés, ponc- 
tués ou réticulés, dit De Candolle dans l'extrait qu'il a donné du tra- 
vail de Bischoff, dans la Bibliothèque universelle de Genève, 1830, 
tome XXXIV, page 69; elle me parait, ajoute-t1l, avoir besoin de 
quelques preuves ultérieures pour les vraies trachées, et, en géné- 


L 
DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 287 
ral, ilme semble prématuré d'affirmer complétement l'identité des 
trachées avec les autres vaisseaux. » 

Bischoff combat l'hypothèse de M. Schulfz, qui considère les 
ponctuations des vaisseaux comme des espèces de globules animés. 
C'était aussi à peu près là l'opinion de Dutrochet, ainsi que nous le 
verrons bientôt. 

Link (Sur les trachées des plantes, dans Ann. sc. nat., 1" série, 
1834, t. XXI). Nous avons vu plus haut qu'en 1807 Link crovait 
que la spiricule était une lame creusée en gouttière, c'est-à-dire à 
bords relevés à l’intérieur ; dans le mémoire que je viens de citer, il 
abandonne cette première opinion pour adopter en partie celle 
d'Hedwie. I dit, page 145, en parlant de lui : «IT s’est trompé dans 
ce qui regarde l'usage de ces vaisseaux, mais 1l ne s’est pas trompé 
sur la structure de ces organes. » Et page 150 : «Cest le tube entier 
qui conduit la séve ; ce n’est pas le tube en spirale, comme le pré- 
tendait Hedwig. On le voit très distinctement planche 6, figures 1 
et 2. Cependant l'opinion de cet auteur n'est pas tout à fait inexacte : 
la fibre spirale est vraiment un vaisseau; je l'ai vue très souvent 
colorée dans son intérieur, comme le fait voir la figure 3. Cette 
figure représente un morceau d'une racme de Phœænix dactylifera, 
coupé longitudinalement. On voit en b des trachées modifiées qu’on 
appelle fausses trachées, dont les restes du tube spiral sont colorés, 
comme l’est le tube entier en a. » (Page 151.) «On voit Ia même 
chose à la figure 4, qui représente un morceau d’une feuille d’Ana- 
nas coupé longitudinalement. En a, on trouve une trachée dont le 
tube spiral est coloré... ;: ene c'est encore un fube droit. » 

«Il y a done un système de vaisseaux minces, tantôt droits, tantél 
lournés en spirale, qu'on peut appeler vaisseaux Iymphatiques.…. 
J n'y a pas de différence réelle entre les trachées, les fausses tra- 
chées, les tubes poreux et les vaisseaux annulaires. Tous ces or- 
ganes sont des vaisseaux qui conduisent la séve, et qui la répandent 
dans toute la plante. On peut les colorer en bleu tous de la même 
manière, que je viens d'exposer. » 

Je ferai remarquer que Link admet pour la trachée la structure 
décrite par Hedwig ; c’est-à-dire un tube membraneux, autour du- 
quel tourne la spiricule creuse. D'un autre côté, il représente en b, 


288 A. TRÉCUL. —- FORMATIONS SECONDAIRES 

figure 3, une trachée modifiée , dont les restes du tube spiral sont 
colorés. Le vaisseau figuré est un vaisseau rayé, à raies courtes et 
larges. Ce sont ces raies qui sont remplies de matière colorante ; ce 
sont ces dépressions de la membrane qu’il considère comme des 
fragments, des restes du tube spiral. De plus , Link rapproche la 
spiricule, de prétendus tubes droits très minces, qu'il a vus se co- 
lorer comme elle. Ces tubes, d’après sa figure, neme semblent être 
que des méats intercellulaires. 

Lindley (Zntroduction to Botany, London, 1832)définit (page 17) 
les vaisseaux spiraux : « des tubes membraneux terminés en cône, 
avec une fibre roulée en spirale dans leur intérieur, et susceptible 
de se dérouler avec élasticité. » 

(Page 23.) Il regarde les vaisseaux annulaires et les vaisseaux 
réticulés comme des modifications des précédents. Les vaisseaux 
annulaires sont formés par le fil spiral brisé, et disposé en anneaux 
dans l’intérieur du tube membraneux qui les unit les uns aux 
autres. « 

Dans les vaisseaux réticulés, la fibre spirale s’anastomose çà et 
là, de manière à prendre l'apparence d’un réseau ; ou bien elle se 
divise en fragments courts, qui, adhérant à la membrane, consti- 
tuent ce que l’on considère comme des fentes ou des pores. 

M. de Mirbel {dans ses Recherches sur le Marchantia polymorpha, 
page A7) compare la formation des trachées à celle des élatères de 
cette plante. Il s'exprime ainsi : « Les utricules allongées en tubes 
ne différaient d’abord des autres utricules que par la forme; elles 
avaient donc une paroi membraneuse , mince, unie, diaphane, 
entière, incolore ; mais elles ne tardèrent pas à s’épaissir, à perdre 
leur transparence ,-et elles se marquèrent tour à tour, dans toute 
leur longueur, de deux stries parallèles très rapprochées et tracées 
en hélice. Puis elles grandirent, et leurs stries devinrent des fentes 
qui découpèrent d’un bout à l’autre la paroi de chacune en deux 
filets , etles circonvolutions des filets s'écartérent, imitant les eir- 
convolutions du tire-bourre..…..… L'identité organique est notoire 
entre les élatères du Marchantia polymorpha et les tubes découpés 
en hélice, que Grew a nommés aer-vessels, et Malpighi trachées. » 

Après avoir décrit l’évolution des cellules fibreuses des antheres, 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 289 
il ajoute, page 58 : « Ainsi, dans les anthères, les utricules percées 
de trous comme les tubes poreux , fendues comme les fausses tra- 
chées, partagées en anneaux éomme les tubes annulaires , décou- 
pées en hélice comme les trachées, ont été originairement des 
utricules membraneuses et closes, et ne sont après leur métamor- 
phose que les analogues des tubes poreux, des fausses trachées, 
des tubes annulaires ou des trachées , lors même qu’elles ne s’al- 
longent pas. » 

Le 28 août 1837 (Comptes rendus), il démontre l'origine cellu- 
laire des vaisseaux. H a vu dans les racines les utricules de la partie 
centrale former des séries longitudinales, et s’accroitre en longueur 
et en largeur. Pendant quelque temps, ces utricules ne changerent 
pas d'aspect, puis tout à coup leur partie supérieure et leur partie 
inférienre disparurent sans qu'il en restât de traces. Les cavités 
des grandes utricules , séparées jusqu'alors par des diaphragmes, 
communiquerent entre elles. Il en résulta un grand tube continu , 
dont la paroi s’elargit et s’ouvrit de fentes transversales parallèles 
disposées en plusieurs rangées longitudinales. 

Henri Slack (£xposilion des issus élémentarres des plantes, avec 
quelques exemples de circulation végétale , Ann. sc. nat., 2° série, 
1854, t. [°*) considère tous les organes élémentaires des plantes 
comme «composés d’une membrane délicate, transparente, qui 
parait imperforée, et qui forme une cavité ou sac fermé, sphérique, 
dodécaédrique , fusiforme,..….. ou allongé en tube , terminé en 
cône comme dans la fibre ligneuse , les vaisseaux, et la membrane 
qui entoure la fibre ou le fil des vaisseaux spiraux ; dans le tissu 
cellulaire et la fibre ligneuse, le sac est ordinairement parfaitement 
simple : mais, dans les vaisseaux spiraux et dans la plupart des 
autres vaisseaux , il se développe dans l’intérieur une fibre parti- 
cuhière où un fil qui affecte diverses formes. On peut montrer, dans 
beaucoup de cas, que les vaisseaux réticules et ponclués, et les vé- 
sicules du tissu cellulaire qui présentent le même caractère, résul- 
tent de l’adhérence du fil primitif développé en spirale. » Aïnsi, 
pour M. Slack comme pour Bernhardi, les pores, les raies, les 
anneaux, les réticulations, auraient pour origine [a spire qui se se- 
rait fragmentée ef soudée à la membrane utriculaire. «On rencontre 

4° série. Bor. T. IT. (Cahier n° 5.) 5 19 


290 A. TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 

cependant, ajoute-t1l, des exemples de tissu cellulaire, de fibre 
ligneuse , et peut-être quelques vaisseaux ponctués , dans lesquels 
les ponctuations ne peuvent en aucune manière être rapportées à 
cette cause , mais paraissent dues à des corps adhérents à la mem- 
brane, et non à des ponetuations ou à des perforations dans sa sub- 
Stance. » | 

M. Girou de Buzareingues (Sur la distribution et le mouvement 
des fluides dans les plantes, dans Ann. sc. nat., 2° série, 1836, t. V, 
p. 226) : Toute membrane utriculaire est composée de deux cel- 
lules , dont l’une contient l’autre. L’intérieure contient du gaz, et 
l’espace qui les sépare est occupé par un liquide ou par les concré- 
tions qui en naissent. Partant de ce principe, M. Girou de Buza- 
reingues admet que tous les vaisseaux ont une composition ana- 
logue. 

(Page 230.) « Les vaisseaux spiraux se composent aussi d'une 
tunique interne contenant du gaz, et d’une tunique externe à laquelle 
la spire est attachée, et sous laquelle est le liquide. » 

(Page 232.) « Le corps spiralé m'a paru tubulé...... Le corps 
spiralé m'a paru contenir un liquide. » 

(Page 234.) M. Girou pense que le gaz renfermé dans la tunique 
intérieure du vaisseau se dilate et se meut de bas en haut; qu'il 
exerce une pression du centre à la circonférence sur les tuniques , 
et que cette pression fait monter le liquide qui les sépare. La spirale 
tient lieu de valvule ; elle est une valvule continue, qui soutient le 
liquide et l'empêche de descendre. 

(Page 235.) « Le vaisseau annulaire se compose de deux tuniques 
comme le vaisseau spiralé , et la distribution des fluides y est la 
même. Je n'ose affirmer, dit-il, cependant, que l'anneau soit tubulé, 
et contienne un liquide... L’anneau n'est pas soudé vers les deux 
extrémités de la ligne courbe qui le forme , et il permet au liquide 
de s'élever ; mais 1l devient un obstacle à ce qu'il descende, et il 
remplit réellement les fonctions d’une valvule. » 

(Page 238.) « Jamais la trachée, même à sa naissance, ne s’est 
montrée à moi comme formée d’une suite d’utrieules posées bout à 
bout. Elle est pour l'ordinaire, dès son origine, ou cylindrique, ou 
conique , ou fusiforme; il n’en est pas de même de la fausse tra- 


DANS LES CELLULES VÉGÊTALES. 291 
chée. » Cependant l’auteur ajoute, en note, une remarque qui est 
Ja condamnation de son opinion ; il dit: « On doit se garder de 
prendre pour des séries d’utricules les trachées devenues monili- 
formes par les obstacles que certaines circonstances ont apportés 
à leur développement. » 

Pour M. Girou de Buzareingues, les trachées et les vaisseaux 
annulaires servent à l'ascension de la séve ; et les fausses-trachées, 
ou les vaisseaux réticulés etles ponctués, conduisent la séve descen- 
dante. Leur structure est analogue à celle des vaisseaux décrits pré- 
cédemment ; mais dans les raies et dans les ponctuations la mem- 
brane est si mince, que l’on peut même douter si elle y existe. C’est 
par ces ouvertures ou ces mailles, qui figurent des ponctuations ou 
des raies, que s'échappe la séve descendante, qui est ainsi distri- 
buée latéralement. » 

Duirochet dit (Mémorres, t. {er) d'abord (page 108) que lexis- 
tenee de la tubulure de la spire , admise par Hedwig, n’a point été 
confirmée par les observations faites avec les meilleurs micro- 
scopes ; que l'existence d’un tube membraneux intérieur ou exté- 
rieur à la spire, de laquelle il serait distinet, n’est point démontrée 
non plus. Cependant il dit, page 409 : « Les spires des trachées ne 
sont pas toujours immédiatement appliquées les unes sur les 
autres ; souvent 1} existe entre elles un espace plus où moins consi- 
dérable, qui est rempli par une membrane transparente. Cela se 
voit facilement sur les trachées du Solanum tuberosum , dissociées 
et isolées par la cuisson dans l'acide nitrique..……. On voit claire- 
ment par ce moyen que les espaces qui séparent les spires ne sont 
pas des fentes en spirale, comme le pense M. de Mirbel , mais que 
ces espaces transparents sont occupés par une membrane dia- 
phane, mtermédiaire aux spires qui sont opaques. Ordinairement, 
c’est cette membrane intermédiaire aux spires qui se déchire, lors- 
que, par une fraction mécanique, on déroule les trachées ; mais 
il arrive quelquefois aussi que cette membrane est résistante ; 
alors le déroulement de la trachée s'opère par le décollement 
de deux lames spirales, dont l'association forme la spire géné- 
rale. » 


C’est pour cela que la spirale lai apparaît comme un ruban bordé 


9299 A. TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 


de chaque côté par un rebord opaque et saïllant dans le Sambucus 
nigra. 

Nous avons vu plus haut que de Mirbel et De Candolle admet- 
faient que la spiricule était toujours bordée de deux bourrelets. Ces 
deux opinions erronées ont une même source que jindiquerai plus 
tard. | 

Suivant Dutrochet (page 116 et suiv.), les vaisseaux rayés et 
ponctués ne sont dus n1 à des fentes, ni à des pores, nià des amin- 
cissements de la membrane (1), mais que ce sont de petits organes 
utriculares, cylindriques ou globuleux, qui constituent les raies et 
les pores. Dans ses Recherches anatomiques et physiologiques sur 
la structure intime des animaux et des végélauæ et sur leur motilité, 
1824, in-8, Dutrochet cherche à démontrer que ce sont des cor- 
puscules nerveux (page 16), des cellules globuleuses nricroscopiques 
remplies de substance nerveuse. 

Ach. Richard (Élém. de bot., 1838, p. 57, et édit. de 1846, 
p. 83) semble croire à la constance d’un tube extérieur dans la tra- 
chée ; car il s'exprime ainsi : 

« XXIX. Les trachées sont des tubes cylindriques contenant un 
corps mince et fillforme nommé spiricule, roulé en hélice dans 
leur intérieur. 

» XXX. L'existence de ce tube n’est pas toujours évidente. ILest 
presque impossible de le constater, quand les tours de la spire sont 
très rapprochés et contigus. Quand, au contraire, ils sont écartés, 
son existence ne saurait être niée 

» XXXI. La spiricule est plane, et tantôt sous la forme d’une 
lame très étroite , tantôt cylindrique et filiforme. 

» XXXIT. Malgré les assertions contraires de plusieurs observa- 
teurs, la spiricule m'a toujours paru pleine et non creuse intérieu- 
rement. » 

Jusqu'ici nous avons vu que les spires, les anneaux, les raies, Les 
réticulalions et les pores ou ponctuations, étaient attribués à des 


(4) M. Ad. Brongniart a démontré que, dans beaucoup de cas, il y a une 
membrane obturatrice beaucoup plus mince que la membrane du vaisseau ou de 
l'utricule ; ce qui fait que, dans ces cas mêmes, il semble y avoir une perfora- 
tion. (Note de l'auteur.) 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 295 
bourrelets en hélice, annulaires ou réticulés, à des fragments de la 
spire restés adhérents à la surface interne de la membrane ; ou à 
des fentes spiroïdales, annulaires, ou en réseau, ete., opérées dans 
cette membrane elle-même ; ou bien encore à des corpuseules vé- 
siculeux, comme le croyait Dutrochet. Des observations plus ré- 
centes ont faut la part de chacune de ces opinions; elles ont fait voir, 
par exemple, que les anneaux, les raies et les ponctuations, n'ont 
point une origine commune, là spiricule, ainsi que l'avait cru 
Bernhardi ; elles ont montré que les anneaux sont réellement des 
parties proéminentes dans l’intérieur des tubes membraneux, quand 
il y a une membrane ; mais que les raies et les points sont dus , au 
contraire, à des dépressions et même à des ouvertures ; de manière 
que le système de M. de Mirbel serait aussi beaucoup trop exclusif. 
On peut admetire avec lui l'existence d'ouvertures dans l'épaisseur 
de la membrane dans un grand nombre de cas; mais il ne faut pas 
non plus accepter que les mailles de toutes les réticulations , 
toutes les raies, tous les points et même les anneaux, soient réel- 
lement des perforations de [a membrane. | 

[ci apparaît une théorie nouvelle, qui a été émise par Valentin 
en 4835 (Repertorium für Anat. and Phys., 1 Heft, 1835), mais 
dont on trouve le germe dans Hedwig, qui pensait que les spiri- 
eules étaient transformées en fibres ligneuses par des dépôts effec- 
tués dans leur intérieur. 

Nous avons vu qu'il a souvent été question précédemment du 
passage d’une forme vasculaire à une autre, de la transformation 
des vaisseaux spiraux en vaisseaux réticulés, annelés, rayés ou 
ponctués, par la soudure et par la fragmentation des spires. Cette 
opinion a eu des partisans jusque dans ces derniers temps ; Link, 
Meyen, etc., l’ont défendue. Il y aurait dans ce cas une véritable 
métamorphose, | 

Dans ces dernières années, on a attaché à celte expression méta- 
morphose des vaisseaux spiraux une tout autre idée, qui n’a rien de 
commun que le nom avec l’ancienne théorie. 

M. Schleiden la résume en ces termes dans son mémoire inti- 
tulé : Observations sur les formalions spirales dans les cellules végé- 
lales , dans Flora, 1839, et Ann. sc. nat., % série, 1840, €. XIE. 


29/4 A. ERÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


p. 865) : « Les couches qui se déposent sur la membrane cellulaire 
primaire homogène offrent partout, comme forme primitive , lors 
de leur première apparition, une disposition en un ruban spiral (ou 
fibre), et c’est de cette forme primitive que se développent, de dif- 
férentes manières, toutes les modifications de ce qu’on appelle 
parois vasculaires et parois cellulaires, mais sans que ces diverses 
formes puissent être considérées comme des états de transition. » 

Voici, au reste, l'exposition abrégée de la théorie propre à 
M. Schleiden sur le développement des divers organes dont il est 
ici question. Suivant ce célèbre physiologiste, la vie des cellules 
végétales offre deux périodes : celle de la formation et de l’acerois- 
sement, et celle de l'apparition des organes subséquents. (Page 366.) 
Dans cette seconde période, «il se dépose une couche nouvelle sur 
la surface intérieure de la paroi cellulaire ; sans exception aucune, 
cette couche se présente sous la forme d’un ou plusieurs rubans 
contournés en spirale bien dense, en sorte que les spires, sans 
être continues, offrent néanmoins généralement la contiguïté la 
plus parfaite. » Ces spires correspondent à des courants ascendants 
et à des courants descendants de la matière formatrice muqueuse. 

« C'est de cette structure que se développent tous les organismes si 
variés des cellules et des parois vasculaires, selon l'influence diverse 
des circonstances...» Ces organismes se divisent en deux groupes 
principaux : les spiroïdes et les poreux. 

« À l’époque où commence l’épaississement de ses parois par 
des dépôts spiraux, la cellule a déjà atteint son parfait développe- 
ment, ou ne l’a pas encore atteint... Dans l’un et dans l’autre 
cas (page 867), «la fibre déposée se soude avec la paroi cellulaire, 
et les spires de la fibre se grellent entre elles. » 

«a. Si la cellule s'étend encore beaucoup après la naissance de 
la fibre, quelques spires se soudent de bonne heure avec elle; 
d’autres se déchirent et se transforment en anneaux ; de là les 
vaisseaux annulaires. » M. Schleiden décrit cette formation à la 
page 373 ; il suppose la spiricule distendue , et formant çà et à 
deux tours de spire contigus qui se soudent en anneaux , bientôt 
isolés par la résorption des portions de la fibre spirale qui les 
unissait d’abord. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 295 

» b. Si la dilatation de la cellule est encore assez considérable, et 
que la fibre ou les fibres se soudent peu ou point avec la paroi cel- 
lulaire , il en résulte les vaisseaux spiraux déroulables, à spires 
éloignées. 

» €. Si l'extension de la cellule, à laquelle la fibre simple où mul- 
üiple est en général intimement soudée , est peu notable , on a les 
vaisseaux spiraux déroulables à spires rapprochées. 

» d. Si l'extension de la cellule est médiocre , et si les spires se 
soudent entre elles sur quelques points, on a les vaisseaux spiraux 
ramaifiés, réliculés, striés et scalariformes. » 

Quand, à l'époque où les dépôts commencent à se former , la 
cellule à déjà atteint sa parfaite extension , la formation du dépôt 
peut être précédée de celle de bulles d’air sur la paroi extérieure de 
la cellule, entre celle-ci et Ta voisine ; les spires qui se forment sont 
très rapprochées; elles s’écartent en fente vis-à-vis de chaque bulle 
d'air, et s'entre-soudent 1à où l’écartement n’a pas lieu. La fente , 
d'ordinaire étroite, peut s’arrondir par un dépôt de matière forma- 
trice. C'est ainsi que M. Schleiden explique l'apparition de tous les 
Organismes poreux. 

Je ferai immédiatement remarquer qu'il y a beaucoup de cellules 
et de vaisseaux poreux, dont les membranes contiguës ne sont pas 
écartées vis-à-vis des pores ; et qu'au moment de la formation des 
ponetuations, chez certaines plantes au moins, 1 n°v à pas de bulles 
gazeuses interposées, attendu que toute Ta surface des membranes 
est parfaitement transparente. J’aurai l’occasion plus loin de reve- 
nir sur ce point important, et de montrer que M. Sehleiden a géné- 
ralisé quelques faits particuliers. Je reprends l'exposé de sa théorie, 

Les dépôts spiraux se continuent dans certains cas presque au- 
tant que le permet le volume de la cellule. (Page 369.) « Dans ce 
cas, on peut établir la règle que les dépôts subséquents se règlent 
absolument d’après les premiers, de quelque manière que ceux-ci 
soient modifiés par les influences indiquées plus haut, en sorte que 
les points de la paroi cellulaire, que le dépôt originaire n’a point 
recouverts, ne le sont pas non plus par les dépôts opérés plus tard 
(ex. : les fibres annulaires et spirales de Mamillaria, ete. ). » 

«On reconnait cependant déjà quelques exceptions intéressantes 


296 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 

à cette règle, en.ce que, après que le premier dépôt spiral est change 
par l’extension de la cellule, une nouvelie couche vient s'appliquer 
sur toute la face intérieure, sans distinction de fibre ni de membrane 
cellulaire primaire ; mais, comme cette seconde couche se trouve 
dans un autre rapport à la paroi cellulaire primaire que la première, 
elle affectera , conformément à ce qui a été dit, une autre forme , 
c’est-à-dire elle se fera poreuse (ex. : Taæus baccata, Tilia euro- 
pœa, Prunus Padus, etc.). » En sorte que, suivant cette théorie , 
les pores aréolés du T'axus baccata naïtraient après les fibres spi- 
rales. Nous verrons plus loin que c’est le contraire qui a heu; car 
les aréoles apparaissentles premières. Il est vrai que l’on rencontre 
de jeunes fibres ligneuses munies de spires où d’anneaux et dé- 
pourvues de pores ; mais c’est que ces derniers ne doivent pas se 
développer. Nous verrons aussi que les cellules des Mamilla- 
ria,etc.,ne sont pas soumises à la loi qui régirait leur développe- 
ment, suivant l'opinion de M. Schleideu. 

M. Hugo Mohl (Recherches sur la structure des vaisseaux annu- 
laires, dans Flora, 1839, p. 673 ; Ann. sc. nat., 2° série, 1840, 
t. XIV, p. 244) : « Celui qui aura examiné le développement des vais- 
seaux spiraux et des cellules spirales, et qui aura reconnu l’analogie 
constante de ces deux organismes entre eux et avec les cellules 
ponctuées , n’hésitera pas un instant à voir dans la fibre des vais- 
Seaux Spiraux non un organisme particulier existant par lui-même, 
mais bien la membrane secondaire de l’utricule vasculaire divisée 
dans une direction spirale en une ou plusieurs bandelettes. » 
« Dans le mémoire cité ci-dessus (Sur l’organisation de la membrane 
cellulaire) j'ai exposé les raisons qui militent en faveur de l'opinion 
queles membranessecondaires possèdent une organisation fibreuse, 
reconnaissable par des stries, par la plus grande facilité à se déchi- 
rer dans la direction spirale, par des enfoncements et des sillons se 
dirigeant dans le même sens, et plus particulièrement par des fentes 
qui pénètrent à travers toute l’épaisseur de la membrane cellulaire. 
Tous ces phénomènes, qui se voient si fréquemment sur les points 
de la membrane cellulaire situés entre les ponetuations des cellules, 
se montrent aussi dans les fibres des vaisseaux spiraux dérou- 
lables ; mais on les y reconnait moins fréquemment, soit qu'à cause 


DANS LES CELLULES VÉGETALES. 297 
du peu de largeur de la fibre spirale on les observe plus difficile- 
ment, soit que fréquemment, et malgré les grossissements les plus 
forts, la fibre spirale se présente à l'œil comme homogène. Lorsque, 
au contraire, la fibreoffre une largeur considérable, en sorte qu’elle 
ressemble plutôt à un ruban aplati qu'à un fil demi-rond où qua- 
drangulare , elle ne présente pas naturellement , dans un grand 
nombre de eas, un aspect homogène ; mais on y observe des sillons 
plus ou moins profonds, qui se dirigent dans le sens de la fibre soit 
par rangées, soit les uns à côté des autres , et, dans ce dernier cas, 
ils Lui font prendre un aspect rétiforme. » 

M. Mohl s'est aperçu que les anneaux sont souvent parcourus 
par des lignes qui, quelquefois, les partagent en deux parties annu- 
lures, qui semblent des anneaux superposés. « La direction que 
prend cette ligne de partage est parallèle aux bords latéraux de l’an- 
neau, dit-11 page 248, puisque, par cette fente, l'anneau se trouve 
partagé en deux anneaux superposés, qui tantôt se touchent im- 
médiatement, et tantôt se trouvent placés à une petite distance l’un 
de l’autre. Selon Schleiden, cette ligne de partage proviendrait de 
ce que les spires de la fibre spirale sont plus où moins soudées 
ensemble , et toujours par deux. On reconnait facilement que, dans 
ce cas, la ligne de partage devrait se diriger en spirale d’un bord de 
l'anneau vers l’autre, et qu’elle ne saurait être parallèle à ses bords. 
Or, comme ce dernier cas se présente constamment , il faut reje- 
ter cette explication sur l'origine et la valeur de la ligne de par- 
tage. » L’objection de M. Mobl est fort juste ; mais nous verrons 
bientôt que ce qu'il regarde comme une fente, M. Schleiden comme 
la jonction de deux tours de spire soudés , et MM. de Mirbel et 
De Candolle comme une dépression entre deux bourrelets, cette 
ligne médiane plus claire, que Dutrochet regardait, dans le Su- 
reau, Comme une membrane entre deux spiricules, est une cavité 
tupbuleuse dans l’intérieur de l'anneau ou de la spiricule, s'il s’agit 
d’une trachée. 

(Page 250.) Dans cette ligne qui partage un anneau par la moi- 
üé, M. Mohl ne voit à qu'une formation transitoire de l'anneau 
simple à deux anneaux situés à d'assez grandes distances lun de 
l’autre. « Une organisation absolument analogue se rencontre aus 


298 A. XRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 

dans la fibre spirale , dit-il; car on trouve des vaisseaux spiraux 
dont la fibre est parcourue au milieu par une fente étroite, dans la- 
quelle la décomposition de cette fibre spirale simple en deux fibres 
placées à une certaine distance, parallèlement l’une à l’autre, ne se 
trouve qu'indiquée. » 

M. Mohl établit ensuite que la forme annulaire et la réticulée ne 
sont point une transformation de la forme spirale, mais que la 
membrane secondaire se dépose, dès le principe , sous la forme 
qu'elle doit conserver. | 

Je crois avec M. Mohl qu’il est un très grand nombre de vais- 
seaux réticulés et ponctués, ete., dans lesquels il en est évidemment 
ainsi. Les vaisseaux ponctués du Paulownia imperialis ne provien- 
nent certainement pas d’un dépôt effectué en spires, qui se seraient 
soudées en quelques parties et écartées en d’autres. Il apparaît 
immédiatement à la surface interne de la cellule une sorte de ré- 
seau à mailles très petites, régulières, quelquefois arrondies dès le 
début, souvent un peu polyédriques, dont la forme se modifie par 
l’épaississement ultérieur de la membrane. 

Iest inutile de multiplier ici les exemples. 

Si je reconnais avec M. Mobl qu’il en est amsi le plus ordinai- 
rement, je dois dire aussi qu'il me paraît mdubitable que certains 
gros vaisseaux fendus et rayés de l’Zmpañens fulva, ete., par 
exemple, ont été primitivement spiraux ; mais que, par un chan- 
gement ultérieur survenu dans la membrane, et que je décrirai plus 
loin , celle-ci a donné naissance aux ramifications qui unissent les 
spires, el qui sont ordinairement perpendiculaires à l'axe de celles- 
ci. Ces spires sont parfaitement continues dans quelques-uns de ces 
vaisseaux ; la production des ramifications qui s’anastomosent avec 
elles, ainsi que je viens de le dire, ne les a pas fait dévier de leur 
direction primitive. 

Unger (Mémoire sur l’origine des vaisseaux spiraux, dans Lin- 
nœa, 1841, p. 885, et Ann. sc. nat., 2° série, 1842, t. XVID. 

(Page 234.) « La formation des vaisseaux en général peut donc 
se réduire aux points suivants : | 

» L'utricule vasculaire naît d’abord sous la forme d’une cellule 
à parois minces, dont la membrane est parfaitement homogène, 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 299 
et ne présente pas la moindre trace de stries ou de formation 
fibreuse. 

» C’est sur cette membrane tendre que, plus tôt ou plus tard, 1 
se dépose à l’intérieur, sous forme d’anneaux superposés, de fibres 
contournées en spirale, ou bien de lamelles réticulées ou en tamis, 
une seconde couche de matière de nature analogue ou identique, 
ou bien la formation fibreuse passe, par suite d’un dépôt postérieur 
encore de cette matière, de la forme spirale à la forme réticulaire. 

» En même temps que ce dépôt se fait à l’intérieur , une forma- 
tion de couches semblables du côté extérieur résulte de l’épaississe- 
ment des parois des organes élémentaires contigus, et détermine 
la disposition des places perforées. 

» La membrane secondaire, enfin, ne commence à se former 
qu’alors que l’utricule vasculaire a atteint presque son parfait déve- 
loppement. » 

Pour M. le comte de Tristan (Ann. sc. nat., 2° série, t. XVI, 
page 63), « la membrane des trachées est formée par le mucus 
épaissi, et, avant qu'elle se forme, les filets spiraux sont libres. » 

(Page 61.) Ayant vu que la spiricule se terminait en pointe, 
il considéra cette pointe comme l'extrémité naissante du filet. 

(Page 62.) Il croit qu'au moins dans quelques cas, les filets qui 
constituent une même trachée ne sont pas contemporains. « Le 
même organe, dit-il, m'a montré un filet terminé par un globule, 
qui, sous mes yeux, à beaucoup diminué. Jai pensé que ce filet 
était creux , qu’il avait été rompu , qu'il en était sorti une goutte de 
fluide. » 

Il reconnait, dans ce que l’on appelle trachée , deux sortes d’or- 
ganes : les uns sont, dans l’origine, un tube simple qui se découpe 
en hélice ; il les nomme gyrocopes ; les autres n’ont jamais été une 
membrane ; ils sont forniés d'un où plusieurs filets qui s’allongent 
ou s’enroulent en hélice, et qui quelquefois sont réunis ensuite par 
une membrane formée par le mucus environnant ; il les appelle 
gyronèmes. 

(Page 63.) L'auteur croit avoir vu spécialement dans le Cucur - 
bita | mais aussi dans beaucoup d’autres plantes , que le filet ou les 
filets, au lieu de s’enrouler autour d’un vide , entourent de leurs 


900 A, MBÉCUL, -— FORMATIONS SECONDAIRES 

replis un corps evlindrique composé de cellules allongées. M. de 
Tristan ayant bien reconnu l'existence des raies marquées sur là 
membrane, je ne sais ce qui lui à donné l’idée de ces gyronèmes 
pleins. Je les ai beaucoup cherchés dans le Cucurbita Pepo, et je 
ne suis pas parvenu à les découvrir. 

(Page 77.) «Il arrive souvent que le spiroïde, lorsqu'il a la forme 
d'un ruban où membrane mince, s'applique à la membrane pri- 
maire, et y adhère seulement par ses bords, tandis que sa ligne mé- 
diane n’y adhère pas. Il résulte de là une espèce de conduit, quel- 
quefois très remarquable, qui circule autour du tube. » 

(Page 78.) « Mais je ne sais pas si ces deux mots dépôts et 

-concrétrons sont bien correctement l'expression de ce qui se passe. 
Je suis porté à croire que, dans bien des cas, les molécules appor- 
iées sur la membrane par ces courants qui circulent de diverses 
manières y sont plus que déposés ; elles y sont identifiées ; elles la 
nourrissent; elles soutiennent sa vie et y prennent part : cela ne 
peut s'appliquer au eas où le spiroïde n’adhère point à la mem- 
brane (1). » 

M. de Tristan assure (page 88) avoir vu nettement la cavité des 
anneaux d'un vaisseau du Ligushicum Levisticum. 

Il y a dans les travaux de M. le comte de Tristan de bonnes ob- 
servations ; mais elles y sont mêlées à des erreurs graves, qui les 
ont fait méconnaitre. La manière surtout dont elles ont été pré- 


(1) Cette opinion avait déjà été formulée plus exactement, je crois, en 1840, 
par MM. Payen et Brongniart. Celui-ci, dans un rapport sur un mémoire de 
M. Payen, s'exprime comme il suit (Ann. sc. nat., 2° série, t. XIII, p. 309): 
« Ainsi l'on peut conclure, tant des recherches consignées dans le mémoire de 
M. Payen que de celles auxquelles il s’est livré sur la demande de vos commis- 
saires, que les matières incrustantes qui s'ajoutent à la cellulose, dont les jeunes 
cellules sont d’abord uniquement formées, ne se déposent pas comme une véri- 
table incrustation à la face interne de ces parois, mais pénètrent dans le tissu 
même qui les constitue, en très petite quantité dans la partie déjà formée précé- 
demment, en très forte proportion, au contraire, dans la zone intérieure qui se 
développe postérieurement, zone dont le réseau essentiel est encore la cellulose 
imprégnée seulement d'une quantité plus ou moins considérable de ces matières 
particulières qui distinguent les tissus ligneux du parenchyme celluleux ordi- 

naire. » (Note de l'auteur.) 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 301 
sentées à contribué d'autant plus à les faire rejeter, qu'elles sont 
arrivées quand MM. Mohl et Schleiden, qui avaient la confiance 
_des botanistes, venaient de publier leurs travaux sur les formations 
spirales, annulaires , ete. Mais en élaguant ses gyronèmes pleins , 
ses filets errants, l'isolement primitif des spiricules qui s’allongent 
par leur extrémité amincie, et dont les spires sont ensuite réunies 
par du mueus qui produirait la membrane de ces vaisseaux ; en né- 
oligeant tout son système de nomenclature , il reste l’idée de la ea- 
vité des spiricules, émise avec doute, il est vrai, de celle des 
anneaux, et de cette lame ployée sur sa face externe, et soudée par 
les bords à la membrane utriculatre. Cette dernière idée , quelque 
bizarre qu'elle paraisse, mérite cependant de fixer l'attention des 
anatomistes, parce qu’il est des cas où 1l y a réellement apparence 
d’un tel ruban. En multipliant ses observations à cet égard, M. de 
Tristan n'eut pas manqué de découvrir la vérité, 

Je ne puis omettre de parler ieï de la théorie de M. Hartig sur la 
formation de la cellule; elle fut publiée, en 1844, dans les Annales 
des sciences naturelles, 3° série, E. F7, 

Selon cette théorie , la cellule est formée de trois membranes : 
une interne, que l'auteur appelle ptychode ; üne externe, qu'il 
nomme eustathe : et une intermédiaire aux deux précédentes, à la- 
quelle il donne le nom d'asfathe. Le ptychode nait le premier , 
l’astathe vient ensuite, l’eustathe apparait le dernier ; celui-ci est 
toujours intimementuni, soudé avec leustathe des cellules voisines. 
Les trois membranes constituantes de la cellule se développent 
done, suivant M. Hartig, de l’intérieur à l'extérieur. 

Ce botaniste distingue quatre périodes dans la vie de la cellule : 
celle de la multiplication, celle de la consolidation, celle de l’aubier et 
celle de la lignification. 

(Page 857.) « Au commencement de la période de consolidation, 
les membranes primitives simples (ptychodes)des cellules adjacentes 
sont appliquées l’une contre l’autre, et s'unissent à des places limi- 
lées, arrondies, hexagonales ou en bandes. Ces surfaces d'union 
sont toujours disposées suivant une spirale plus ou moins interrom- 
pue qui suit toute la paroi de la cellule, (Page 358.) Alors ch: que 
cellule séerète des matières, qu'elle dépose à à l'extérieur entre les 


302 A. ÆTRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


membranes adjacentes. Les premières sécrétions sont des gaz, aux- 
quels succède une humidité qui se colore en bleu par l’action de 
l'acide sulfurique et de l’iode ; c’est l’astathe naissant. 

« Ordinairement, bientôt après l’apparition des premières couches 
d’astathe, le plus souvent longtemps avant qu’elles soient à l’état 
parfait, on voitse produire, à la limite du dépôt d’astathe de deux 
cellules voismes, un ciment commun qui est l’eustathe. » 

Les membranes primaires ou intérieures de cellules contiguës 
sont restées adhérentes, ai-je dit, à des places déterminées, tandis 
que les autres parties ont été écartées par les dépôts de l’astathe et de 
l’eustathe ; ce sont les points d’adhérence qui figurent les ponctua- 
tions, les raies ou les réticulations. 

(Page 360.) « La fibre spirale déroulable n’est pas autre chose 
quele mur de séparation entre deux séries de ponctuations con- 
fluentes. Par conséquent, la spiricule n’est pas creuse ; elle ne se 
compose pas d’une seule substance, mais bien d'un astathe enve- 
loppé et soutenu par le ptychode. » 

Nous verrons bientôt ce qu'il y à de vrai dans cette dernière idée. 
Pour le moment, je me contenterai de faire quelques objections à la 
théorie de M. Hartig sur la constitution de la spiricule. D'abord il 
est impossible, d’après la théorie, que la spiricule ne soit composée 
que de deux parties, l’une contenant l’autre. Elle devrait être for- 
mée de trois substances : par le ptychode ployé en gouttiére sur sa 
face externe, dont la cavité serait remplie par l’astathe recouvert de 
l’eustathe du côté de la face externe du vaisseau. 

Comment expliquer ensuite la consütution de la spiricule dans les 
vaisseaux à spires écartées, et munis d’une membrane à l'extérieur. 
La spiricule, dans ce cas, a la même structure que celle des trachées 
déroulables. Pour envelopper complétement le filet hélicoïde 
d’astathe, le ptychode serait obligé de se replier autour de lui, et de 
se souder par les bords des deux replis opposés, en s’introduisant 
entre la membrane et la spiricule. Ce phénomène n'a pas lieu, 
comme le prétend M. Hartig, dans les vaisseaux que j'ai examinés, 
et dans les cellules fibreuses des Cactées. 

Mais ces dépôts d’astathe ne s'effectuent (toujours suivant la 
théorie) que 1à où les ptychodes des cellules adjacentes ne sont pas 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 905 
soudés entre eux, et des modifications semblables sont produites 
sur les parties correspondantes de ces cellules. On conçoit bien 
cela pour les ponetuations , mais on ne le comprend pas quand il 
s’agit des spiricules. En effet, il y aurait d’après cela un dépôt spiral 
semblable sur toutesles cellules qui entourent une trachée. Il est 
clair que ceci ne s'accorde pas avec l’observation. Cela serait-il 
exact que les replis du ptychode seraient obligés de s’interposer 
entre ces deux dépôts contigus. Comment concevoir , en outre , la 
concordance de toutes les spires des cellules voisines? Quoi qu'il en 
soit, 1 n’y aurait pastei d’eustathe ; car la membrane de ces vais- 
seaux spiraux est simple quand elle existe. J'aurai l'occasion, par 
la suite, de parler encore de la théorie de M. Hartig, qui n’a aperçu 
qu'un point de l’accroissement en épaisseur des cellules, et qui l’a 
généralisé. Je décrirai quelques phénomènes qui sont en contra- 
diction manifeste avec son opinion, mais je citerai aussi quelques 
exemples qui viennent justifier en partie ses assertions. 

Dans ses premiers travaux, M. Hugo Mohl admettait la théorie 
de Valentin, celle qui fut acceptée par MM. Schleiden, Unger, ete. , 
depuis par la plupart des botanistes , et qui consistait dans la for- 
mation de couches secondaires déposées sur la face interne de la 
membrane primaire par les liquides renfermés dans la cellule : 
mais la publication du mémoire de M. Hartigengagea M. Mobl à faire 
de nouvelles recherches, dont le résultat a été publié en 184 
(Hall. Bot, Zeit., p. 273), et dans les Annales des sciences natu- 
relles, 3° série, 1845, t. HE, sous le titre suivant : Observations sur 
la structure de la cellule végétale. 

L'auteur y admet en principe (page 71) que les parois (des cel- 
lules et des vaisseaux) sont composées d’une membrane primaire 
extérieure imperforée, et d’une membrane secondaire, munie or- 
dinairement d'ouvertures , et formée de couches superposées. Ce- 
pendant M. Mohl admet dans ce mémoire (page 73) l'existence 
d’une, cellule primordiale, qui n’est pas la membrane primaire, et 
qui nait avant cette dernière ; car elle est la partie Ia plus interne 
de lutricule, comme le ptychode de M. Hartig, et la membrane 
primaire est au contraire la plus externe. C’est une sorte « d’am- 
poule parfaitement close, semblable à une cellule à parois minces, 


30/4 A, TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 

qui , sur la plante fraiche, s'applique exactement à la face inté- 
rieure de la cellule, et la fait échapper à l'observation, tandis que, 
sur les pièces conservées dans l'alcool , elle se trouve contractée , 
et s’est plus ou moins détachée de la membrane, sur laquelle elle 
se trouvait d’abord appliquée. » 

(Pace 791... En général, à mesure que la cellule avance en 
âce, et que les parois s’épaississent par le dépôt des couches secon- 
daires, l’utricule primordiale tend à disparaitre. Deux modifications 
se présentent dans ce ças : ainsi l’utricule primordiale se trouve 
ou intimement attachée , et recouvrant la face interne des cellules 
Agées sous la forme d’une sorte de membrane ténue, granuleuse, 
que l’iode teint en jaune; ou on la rencontre, ainsi que dans les 
cellules plus jeunes, détachée de la membrane cellulaire, non plus 
sous la forme d’une cellule close, mais avec celle d’un réseau 
irrégulier, composé de bandelettes ou de fils plus ou moins larges, 
membraneux , couverts de petites granulations ; réseau semblable 
à celui de la substance mucilagimeuse, qu'on voit s'étendre fré- 
quemment sur Ja paroi intérieure des cellules de nouvelle forma- 
tion, et que l’iode colore en jaune. » | 

Je crains bien que M. Hugo Mobl n'ait confondu deux choses 
la membrane interne de la cellule qu'il décrit fort bien dans le 
Pinus, et la substance mucilagineuse contenue dans les cellules. 
Toutes ses descriptions, et surtout ce qu'il en dit page 81, m'inspi- 
rent cette crainte. En effet, que penser du passage suivant : «I 
résulte de ce que j'ai exposé que la présence de l’utricule primor- 
diale est très répandue , mais que, cependant, son rôle est passa- 
“er , et que sa part dans la formation cellulaire des Phanérogames 
n’est pas constante ; ainsi que le nucléus, elle est un organe passa- 
ver, lié à la formation de la cellule. On doit se demander si l’on doit 
considérer ici l’utrieule primordiale comme une membrane cellu- 
laire, ou si l’on ne doit pas la rapporter de préférence au contenu 
des cellules, et y voir un enduit mucilagineux et coagulé de la 
membrane cellulaire. » | 

Je regrette de ne pouvoir suivre ici l’auteur dans sa discus- 
sion sur l’origine de cette utricule primordiale, qu'il distingue 
avee douie, comme on le voit, de la membrane cellulaire et 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 305 


du contenu de la cellule. Je crois cependant, en raison de l’im- 
portance de la question, et de la haute considération qui s’attache 
aux observations de M. Mohl, devoir examiner quelques points 
de cette discussion. En voici un , par exemple, qui montre 
encore l’incertitude de ce savant. (Page 77) « ....…. Si l’on pou- 
vait démontrer maintenant avec certitude que, dans les cellules 
observées à l’époque de leur multiplication, on observe deux 
utricules primordiales placées l’une à côté de l’autre, avant la 
formation d’une cloison qui tendrait à les séparer, il serait prouvé 
pour la couche de cambium (couche génératrice de quelques 
auteurs) , aussi bien que pour l’extrémité du tronc et de la racine, 
qu'à ces places la formation de l’utricule primordiale précède celle 
de la cellule, et le nom que je lui impose serait justifié. » Je ne com- 
prends pas bien que deux utricules primordiales puissent exister 
dans une cellule sans qu'une cloison les sépare. Je ne concois pas 
davantage que M. Hugo Mohl se soit servi de la dénomination 
d’utricule primordiale, sans être assuré de la primogéniture de cet 
organe. Il est vrai qu’un peu plus loin, M. Mohl est plus précis ; 
car 1] dit, page 79 : « M. Schleiden fait précéder cette dernière du 
nucléus , sur lequel elle serait appliquée comme le verre d’une 
montre, et veut que le nucléus forme une partie de la cellule déve- 
loppée elle-même. J’admets, au contraire, dit M. Mohl, que la sub- 
Stance cellulaire enveloppe constamment le nucléus sous la forme 
d’une vésicule close, qui, dans certains cas, me semble placée à 
quelque distance de cet organe, de manière à ce que le nucléus 
n'offre aucun point de contact immédiat avec la membrane cellu- 
laire (4). Le second point sur lequel nous différons porte sur la 
nature de cette première membrane cellulaire. Selon M. Schleiden, 
cette dernière constituera par la suite la membrane la plus exté- 
rieure de la cellule. Pour moi, au contraire, elle me paraît être 
l’atricule primordiale. » 

Il résulterait de là que, suivant M. Mohl, il y aurait une cellule 
primordiale correspondant au ptychode de M. Hartig ; qu'il se dé- 
velopperait ensuite sur sa face externe (l’auteur ne dit pas comment" 


(1) Je partage complétement en cela l'opinion de M. Mo]. (Note de l'auteur.) 
£° série, Bor. T. J1. (Cahier n° 5.) 4 20 


306 A. TRÉCUL, -— FORMATIONS SECONDAIRES 


une membrane primaire , à l’intérieur de laquelle se déposeraient 
les couches secondaires ; que , pendant que les dépôts secondaires 
s’effectueraient, la cellule primordiale, qui est à l’intérieur , ten 
drait en général à disparaître ; que cependant on la trouve quel- 
quefois intimement attachée et recouvrant la face interne des cel- 
lules âgées, sous la forme d’une membrane ténue, granuleuse, que 
l’iode teint en jaune. 

Malgré les incertitudes de M. Hugo Mobhl, on voit qu'il s’est 
aperçu que, dans certaines cellules, la membrane interne n’est pas 
toujours la plus jeune, comme il l'avait pensé d’abord, et comme le 
croient MM. Schleiden, Unger, et avec eux la plupart des bota- 
uistes. 

Voici comment s’exprimait M. Ad. de Jussieu en parlant des 
vaisseaux spiraux dans son Cours élémentaire de botanique : 
« Les observations les plus exactes, à l’aide des imstruments les 
plus parfaits que nous possédions maintenant, font voir ce fil (la 
spirale) toujours plein, mais variant de forme, suivant les places et 
les parties dans lesquelles on l’a pris ; 1l est quelquefois aplati en 
ruban , plus souvent épaissi, et sa coupe présente un cerele , une 
ellipse ou un quadrilatère… 

« L'écartement des tours de spire entre eux varie, et générale- 
ment chaque tour touche immédiatement les deux tours les plus 
voisins au-dessus et au-dessous de lui. Alors dans leur mtervalle, 
pour ainsi dire nul, la membrane extérieure ne peut s’apercevoir ; 
sans doute, unie au fil, elle le suit en se déchirant, lorsqu'on le tire 
et le déroule. D’autres fois, les tours laissent entre eux un inter- 
valle apercevable quelquefois, et même beaucoup plus grand que 
l'épaisseur du fil; et c'est seulement dans ce cas qu’on peut voir un 
peu nettement la membrane extérieure. » 

L'ouvrage de M. Ad. de Jussieu était, quand il parut, un excel- 
lent résumé de l’état de la science ; il est encore aujourd’hui le re- 
présentant des idées dominantes ; c’est pour cela que j’ajouterai la 
citation du passage dans lequel M. de Jussieu décrit la cause des 
divers aspects que prennent les cellules par l'apparition des for- 
mations secondaires. 

« Cet examen, dit-il, nous apprend que la cellule , au moment où 


DANS LES CELLULES YÉGÉTALES, 307 
nous commençons à l'apercevoir comme un organe distinet, est un 
petit sac formé par une membrane simple, parfaitement continue et 
homogène, dont la substance, d’abord molle et humide, se sèche et 
dureit peu à peu ; elle peut persister à cet état en changeant seule- 
ment de volume et de forme. Mais d’autres fois, à une certaine 
époque ultérieure, sur toute la surface intérieure du sac, il s’en 
forme une seconde. Cette nouvelle membrane ne parait pas iden- 
tique avec la première dans son mode de développement; car , au 
lieu de s'étendre en une toile continue parfaitement correspondante 
à la premiere, elle se rompt en divers points, peut-être paree que 
le sac intérieur, plus jeune et plus mou que l'extérieur, ne peut pas 
toujours le suivre assez vite dans son développement. Dans ces 
points, le premier n’est pas doublé par le second , et de là résulte 
cette inégalité d'épaisseur à divers endroits de la surface. On pour- 
rait supposer que la membrane interne ainsi distendue s’éraille en 
un grand nombre de points, et détermine ainsi les ponctuations 
qu'on aperçoit sur beaucoup de cellules ; mais, le plus souvent, une 
merveilleuse régularité parait présider aux solutions de continuité 
de l'enveloppe intérieure, qui se déroule du bas en haut de la cel- 
lule en un 5 ou en un ruban spiral. Si les tours de cette spire sont 
éloignés l’un de l’autre par un intervalle appréciable , on a deux 
zones spirales parallèles : l’une où la membrane externe est doublée 
par Pinterne, l’autre où elle est à nu. Siles tours se touchent exacte- 
nent, leur intervalle n’est plus indiqué que par une strie extrême- 
inent fine, où cessant même d’être perceptible. Mais souvent ils 
s'écartent un peu de distance en distance , laissant la membrane 
extérieure à nu dans les espaces qui, pour notre œil, n’excèdent 
pas en étendue un point ou une courte ligne. De là peut-être la ré- 
gularité et la direction qu'on observe fréquemment dans ces points 
et ces lignes, dont la cellule se montre toute parsemée. Les bandes 
eù anneaux où en réseau paraissent susceptibles d’une explication 
analogue... » 

« L'épaisseur des parois de la cellule peut être successivement 
augmentée par la formation d’un troisième sac qui se dépose à l’in- 
térieur du second , d’un quatrième qui se dépose à l'intérieur du 
iroisième, et ainsi de suite. S'il arrivait que le troisième ne se mou- 


908 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


lât pas exactement sur le second, mais vint tapisser les intervalles où 
celui-ci a laissélamembrane primitive à nu, on conçoitqu'il pourrait 
être aperçu dans ces intervalles, et caché dans tous les autres en- 
droits où elle se trouvait déjà doublée. Quelques auteurs ontexpliqué 
ainsi l’apparence en quelque sorte composite de certaines cellules, 
par exemple, celles sur lesquelles se dessine un réseau dont les 
aréoles sont ponctuées ; le réseau appartient à la seconde mem- 
brane ; les ponctuations appartiendraient à la troisième. Mais ordi- 
nairement la seconde membrane sert de moule à celles qui se 
développent successivement à l’intérieur ; elles la suivent dans tous 
ses contours, et s’interrompent aux mêmes endroits. » 

M. Ad. de Jussieu ne croyait pas à la métamorphose des vais- 
seaux. « En suivant le développement d’un vaisseau, dit-il, on n’en 
trouve pas qui, dans ses diverses phases , ait représenté tous les 
autres ordres de vaisseaux , et la même chose peut se dire des utri- 
cules. » 

Depuis son dernier mémoire sur cette question, M. Hugo Mohl a 
donné sur la cellule végétale un travail général publié, en 1850, 
dans le quatrième volume du Handwôrterbuch der Physiologie von 
R. Wagner. I reconnait encore une utricule primordiale, autour 
de laquelle se forme une membrane primaire , et puis sur la surface 
interne de celle-ci des couches secondaires , d'autant plus jeunes 
qu'elles sont plus centrales. 

Ayant déjà discuté cette opinion, je ne m'y arrêterais pas davan- 
tage, si elle n'avait été adoptée par M. Schacht dans son livre inti- 
tulé : Die Pflanzenzelle, der innere Bau und das Leben der Gewächse. 
publié à Berlin en 1852. Voict, en résumé, l’opinion de ce savant 
anatomiste : 

(Page 34.) L'utricule primordiale est la membrane la plus in- 
térieure de la cellule ; elle est très mince, et non composée de cel- 
lulose; elle est vraisemblablement azotée comme le protoplasma , 
dont elle parait naitre. Il lui attribue les mêmes caractères que 
M. Mohl. Ainsi, la solution diode, et l'iode et l'acide sulfurique la 
teignent en jaune, et cet acide ne la dissout pas. Elle se trouve 
dans toutes les jeunes cellules végétales, et aussi, bien que non 
toujours développee au même degré, dans toutes les cellules vi- 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 909 
vanies; on la cherche en vain dans les cellules déjà remplies 
d'air (4). L'utricule primordiale nait de deux manières, soit spon- 
tanément autour d’un nucléus, soit de la division d’une utricule pri- 
mordiale déjà existante. 

La paroi cellulaire s’épaissit par l’excrétion de la cellulose sé- 
crétée par l’utricule primordiale ; il en résulte une membrane pri- 
maire, qui est bientôt revêtue à l’intérieur par des couches secon- 
daires formées aussi de cellulose et de la même manière, et qui 
sont d'autant plus jeunes qu’elles sont plus intérieures, et plus rap- 
prochées par conséquent de l’utricule primordiale. 

La membrane primaire constitue un sac fermé, aui est nulle 
part originairement troué ; seulement, dans les cellules vasculaires 
et dans les cellules des Sphagnum, de véritables trous naissent 
par résorption. Les couches secondaires où d’épaississement, au 
contraire, ne se déposant pas sur toute la surface de la membrane 
primaire, 1l en résulte des pores, des fentes ou des spirales. 

M. Schacht ne confond pas l’utricule primordiale avec la mem- 
brane de cellulose la plus interne, qui tapisse souvent les canaux 
qui donnent lieu à l'apparence de ponctuations ; car il dit, page 13 : 
« Cette pellicule de cellulose se dépose aussi dans les canaux des 
pores. » 

Cette confusion, s'il l’eût faite, eût été favorable à son sys- 
tème, car cette pellicule, ainsi que nous le verrons plus loin, 
est souvent, sinon toujours, plus âgée que les couches externes 
qui la séparent de la membrane primaire, dont elle a été écartée 
dans les endroits où il n’y a ni raies n1 ponetuations. 

Une autre objection grave se présente d’abord tout naturelle- 
ment, relativement aux fonctions de la prétendue utricule primor- 
diale. 

MM. Hugo Mohl et Schacht admettent que c’est l’ufricule pri- 
mordiale qui produit, qui excrète la membrane primaire ou externe 
et les couches secondaires ou d’épaississement , qui, toutes, ont 
pour base la cellulose; d’un autre côté, ils prétendent que l’utricule 


(1) Note de l'auteur. Elle disparait done comme le protoplasma et avec lui, 
dont elle ne me paraît pas différer. 


310 A. MRÉCUL. -—- FORMATIONS SECONDAIRES 


primordiale ne contient pas de cellulose (4). FE v a ici une incompa- 
tibilité : si Putricule primordiale sécrète de la cellulose, si elle 
donne naissance à des membranes qui en sont composées, elle doit 
en contenir; si elle n’en renferme pas, c'est que ce n’est pas elle 
qui sécrète cette cellulose ou les membranes qui en sont formées. 

M. Schacht combat, avec raison, l'opinion de Meven et de 
M. Krüger, suivant laquelle les membranes cellulaires séraient 
formées de l’agrégation de prétendues fibres primitives. 

Selon cetanatomiste, l’espace lenticulaire qui sépare fréquemment 
les canaux des pores de deux cellules voisines, est revêtu d’une 
membrane cellulaire propre (c'estune cellule particulière), qui em- 
pêche toute communication immédiate entre les cavités de ces deux 
cellules (Pinus sylvestris, P. maritima, Taxus baccata, ete.). Si 
l’opinion de M. Schacht était vraie, la membrane primaire étant, 
suivant lui, ordinairement imperforée , 1l devrait y avoir deux 
membranes de chaque côté de la vacuole lenticulaire ; or, il n’en 
signale qu'une seule. Qu'est donc devenue la membrane pri- 
maire? Il pourrait même y avoir trois membranes, si la couche la 
plus interne tapissait, comme 1l le dit page 13, le fond des canali- 
cules des ponctuations. 

Les prétendues membranes obturatrices, que M. Schaeht consi- 
dère comme dépendant d’une cellule particulière , sont regardées 
par M. Hugo Mohl comme formées par les membranes primaires 
des deux cellules contiguës , qui ont été écartées dans ces points. 
M. Mohla raison en cela; la cavité lenticulaire est environnée par 
les membranes primaires ; mais en étudiant plus attentivement la 
structure du Pinus pinea, qu'il a figurée, en 1850, dans son travail 
sur la cellule végétale (loc. cit., p. 182, fig. 32), et les Pinus 
sylvestris, P. maritima, Taæus baccata , Ginko biloba, ete., ete., 
il acquerra la conviction que, lorsqu'il voyait une membrane obtu- 
ratrice, c’est que sa coupe ne passait pas par le centre des pores; 
elle passait très probablement près de la cireonférence de la petite 
ouverture , qui s'étend sans interruption de la cavité d’une cellule 
à celle de l’autre dans des organes complétement développés. 
| (1) Hugo Mohl, 1850, Die vegelabilische Zelle. L. 1.,p. 1499 ; Schacht, 1852, 
Die Pflanzenselle, der innere Bau und das Leben Gewächse, p.34. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 941 

Je ne dirai rien de plus de l’opinion de M. Schacht, qui ne diffère 
ouère de celle de M. Mohl que par ce dernier pont. 

Telles sont les théories qui ont été émises sur le développement 
des cellules et des vaisseaux. F’ai cru devoir rapporter textuellement 
certains passages qui résument le mieux l'opinion des auteurs, sur- 
tout des plus modernes. Cette méthode, qui entraîne peut-être dans 
quelques longueurs, a deux avantages qui rachètent bien cet mcon- 
vénient. D'abord on ne peut être soupçonné d’avoir mal interprété 
leurs idées, ainsi que je l'ai déjà dit ailleurs , et ensuite le lecteur 
peut juger quelle à été la manière de procéder de chacun d’eux. 

Je passerai maintenant à la description des faits qui font le sujet 
de ce mémoire. Mes prémières observations m'ont été fournies , 
par ce que l’on appelle fibres ligneuses spirales et annulaires chez 
les Cactées. 

Ces plantes, dont les formes sont généralement si remarquables, 
ont un système fibro-vasculaire central, qui, à la première vue, 
semble ne pas différer de celui des autres végétaux dicotylédonés ; 
mais les espèces qui ont la tige globuleuse principalement , comme 
les Echinocactus , les Mamillaria , les Melocactus , etc., ont une 
structure qui n’a pas d’analogue chez les autres végétaux. Les fibres 
ligneuses ordinaires y sont très souvent remplacées par des cel- 
lules oblongues , à parois minces, transparentes, qui renferment 
tantôt une lame spirale contournée comme un escalier à vis, tantôt 
des anneaux ou des disques percés d’un trou au milieu, et placés à 
des intervalles réguliers en travers de ces utricules. Ces éléments 
divers sont mélangés dans Ia même plante avec des vaisseaux spi- 
raux, qui s’en distinguent surtout par leur spiricule plus étroite. 

Cette curieuse structure a été étudiée d’abord par Meyen , puis 
elle fut connue de Robert Brown; enfin M. Schleiden (4) ét 
M. Ad. Brongniart (2) l’étudièrent simultanément. Depuis cette 
époque, M. Miquel en a aussi parlé dans son Mémoire sur la struc- 


(1} Mémoires de l'Académie des sciences de Saint-Pélersbourg, 6° série, 
4. AV: | 

(2) Archives du Muséum d'histoire naturelle de Paris, 4840, t. I, p. 442 et 
suiv. Observations sur la structure intérieure du Sigillaria elegans comparée à 
celle des Lepidendron et des Stigmaria, et à celle des végétaux vivants. 


312 A, TRÉCUL. -—— FORMATIONS SECONDAIRES 


ture des Melocactus , dont il a été donné une traduction dans les 
Annales des sciences naturelles, 2 série, t. XIX. 

J'ai moi-même déjà décrit, dans les Comptes rendus de l’Acadé- 
mie, le mode de développement et la structure intime de ces or- 
ganes , dont l’étude jette un jour tout nouveau sur les formations 
spirales , annulaires et réticulées des cellules végétales, des vais- 
seaux des plantes, sur la production et la structure desquels il règne 
encore, comme on vient de le voir, beaucoup d’obscurité. En effet, 
de toutes les opinions citées précédemment laquelle admettre? Les 
trachées, par exemple, ne sont-elles que le résultat de la découpure 
en spirale d'une membrane utriculaire, ainsi que le pensait M. de 
Mirbel ? Ou bien cette découpure en spirale ne s'est-elle opérée 
qu'après que des formations secondaires sont venues se déposer en 
hélice à la surface interne de la membrane utriculaire primitive, 
qui, en se dilatant ou se déchirant, aurait donné lieu à l’écartement 
des fils qui constituent cette hélice déliée, ainsi que le pensent géné- 
ralement les botanistes de notre époque, avec MM. Mohl, Schlei- 
den, Unger, etc.? Quelle est la forme de cette spiricule ? Est-elle 
aplatie ou cylindrique ? Ou bien encore est-elle creusée en gouttière 
dans toute sa longueur , ainsi que Link l’a cru autrefois ? Ou bien 
faut-il, avec Hedwig, considérer la spiricule des trachées comme 
un vaisseau roulé en hélice autour d’un tube membraneux ? Bien 
que- cette dernière opinion soit généralement abandonnée aujour- 
d’hui, nous verrons bientôt qu’elle mérite quelque considération en 
ce qui concerne, au moins, la cavité de la spiricule. 

Des observations déjà anciennes , mais incomplètes , m'avaient 
suggéré des doutes sur la valeur de plusieurs des opinions propo- 
sées ; mais l'examen des formations spirales et annulaires chez les 
Melocactus , les Echinocactus et les Mamillaria, et l’étude de leur 
développement, ont dissipé pour moi tous ces doutes. De nouvelles 
observations, nombreuses aujourd’hui, sont venues confirmer mes 
premiers résultats. 

En cherchant l’origine des fibres ligneuses, spirales et annu- 
laires des plantes que je viens de nommer, j'ai remarqué qu’elles 
naissent absolument comme les fibres ligneuses ordinaires. Dans 
un jeune Échinocactus et dans un petit Mamaillaria quadrispina, je 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 513 
les ai trouvées, comme elles, à la face interne de la couche appelée 
communément génératrice (pl. 19, fig. À a) par les botanistes, sous 
la forme de cellules oblongues, à parois minces, lisses et transpa- 
rentes, dépourvues de nucléus, et disposées en séries horizontales 
rayonnantes. Les plus jeunes que j'aie observées m'ont paru si m- 
timement unies qu’elles semblaient provenir d’une même cellule ; 
mais je n'ai pu constater iei cette division comme je l'ai fait ailleurs ; 
cependant il y en avait, à l’extérieur de celles-ci, de plus larges, 
qui semblaient se dilater pour se diviser plus tard. Les cellules e, 
figure 1, peuvent en donner une idée. Chaque série horizontale de 
ces cellules, dans la couche génératrice, était composée de quatre, 
cinq ou six utricules ou jeunes fibres oblongues. D'abord intime- 
ment liées entre elles, comme je l’ai dit tout à l'heure , à peu près 
rectangulaires , elles s’arrondissaient ensuite par leurs extrémités. 
Ainsi arrondies par leurs deux bouts (fig. 3), toute trace de leur 
origine commune et de la cellule mère a disparu. Quand toute la 
série rayonnante de ces jeunes éléments fibreux a pris cette forme, 
on voit dans la cellule la plus rapprochée du cylindre fibro-vascu- 
laire , dans celle qui est à son contact, on voit, dis-je, se dessiner 
une ligne spirale très ténue (fig. 4, s) sur la membrane qui était 
d’abord lisse comme dans la figure 3. Cette spiricule, à peine per- 
cephble, d'une teinte plus elaire que le reste de la membrane, sans 
bords nettement accusés, a ses tours de spire très écartés les uns 
des autres dès le principe; ses bords se fondant insensiblement dans 
la matière environnante, à l’époque de son apparition, se dessinent 
bientôt avec plus de netteté; elle semble alors une hélice déliée , 
déposée à la face interne de la cellule (fig. 1 b). En examinant avec 
beaucoup d'attention, on découvre qu'à la vérité elle fait saillie dans 
l'intérieur de l’utricule ; mais aussi on s’aperçoit qu'elle occupeune 
partie de l'épaisseur de la membrane (fig. 5), dont elle est évidem- 
ment une dépendance, et non un simple dépôt secondaire formé sur 
la paroi interne de la cellule primitive. 

A cet âge de la spiricule, la membrane de la cellule qui lui donne 
naissance est encore unie extérieurement sur toute son étendue ; 
un peu plus tard, ayant sans doute un accroissement plus prompt 
que la spiricule, cette membrane se renfle (fig. 5, p) dans les par- 


o1/ A. TRÉCUL. —- FORMATIONS SECONDAIRES 

ties (qui alternent avee le filament hélicoïde : la cellule est donc par- 
courue à cette époque par un sillon qui suit à l'extérieur les con- 
tours de l’hélice. Cette structuré est d'autant plus remarquable que, 
plus tard encore , on observe souvent une disposition mverse , 
c'est-à-dire que la membrane est rentrante, et que la spiricule fait 
saillie (fig. 8). On remarque aussi fort souvent que cette membrane 
primiivement unie, sans ondulations, qui est devenue ensuite on- 
dulée, redevient sensiblement rectiligne ; c’est que la spiricule, 
dans son accroissement en largeur, n’a pas suivi la dilatation de Ia 
membrane cellulaire; elle s'est élargie avec plus de lenteur. 
D'abord simple linéament à la face interne de l’utricule , elle s’est 
élargie progressivement au point d'occuper fréquemment presque 
tout le rayon de la cellule, et de figurer une lame contournée comme 
un escaher à vis (fig. Le; fig. 6, 7, 8 et 10). 

J'ai observé depuis sur quelques autres individus, qui étaient 
plus âgés que les deux plantes que j'ai nommées, que cette alter- 
nance dans l'accroissement de la membrane et de la spiricule n’est 
pas constante. Ainsi j'ai vu des cellules de différents âges, à la sur- 
face desquelles on ne remarquait pas les éminences et les dépres- 
sions Spiroïtdales que j'ai signalées. 1 serait possible que ce phéno- 
mène fut du à là très grande activité de la végétation des jeunes 
plantes que j'ai d’abord examinées. Tout, du reste, était semblable 

J'ai remarqué que, pendant l'accroissement de cette spirieule, 
rien ne semblait annoncer qu'il se fit par des dépôts successifs de 
la matière contenue dans la cellule. I paraïssait s’accomplir , au 
contraire , par la dilatation de la spiricule, par une véritable nutri- 
tion, par intussusception. Sa structure, que j’exposerai plus loin 
avec plus de détail, viendra confirmer cette opinion. 

Dans un âge avancé de l'organe , la membrane qui avait donné 
naissance à la Spiricule, qui l'avait nourrie pendant son développe- 
ment, Soit d’abord directement, c’est-à-dire par les substances 
qu'elle s'était assimilées , soit ensuite indirectement par les matières 
que renfermait sa cavité, et que la spiricule, jouissant d’une vie 
propre, pouvait absorber immédiatement et s’assimiler, cette 
membrane, dis-je, a quelquefois disparu (fig. 10) ; il ne reste RE 
alors que des spiricules à côté les unes des autres. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 019 
Les jeunes fibres de la couche génératrice subissent suecessive- 
ment toutes ces modifications, à mesure qu'elles avancent dans leur 
développement ; mais les tours de leurs spiricules ne sont pas tou- 
jours aussi écartés que je les ai vus dans les plantes qui ont fourni 
les observations que je viens de décrire ; je les ai quelquefois trou- 
vés assez rapprochés dans quelques parties de certains Mamillaria. 
La formation des fibres annulaires présente des phénomènes 
analogues ; seulement ce sont des anneaux qui naissent à la place de 
la spiricule. Leur origine est la même. On a souvent des fibres 
annulaires et des fibres spirales superposées ou à côté les unes des 
autres (pl. 49, fig. 4, d). Malgré cette analogie de développement, 
je dois cependant entrer dans quelques détails sur la formation des 
fibres annulaires. Elles constituent, dans le principe , comme les 
précédentes , de simples cellules oblongues, lisses et-transparentes. 
De même qu'il est né de la membrane de celles-ci une spiricule fai- 
sant un nombre de tours de spire variable, de même il naît à des 
distances sensiblement égales un nombre variable aussi d’anneaux 
dans chacune des utricules annulaires. Ces anneaux commencent , 
comme des lignes plus claires, au milieu de la substance plus grise 
de la membrane cellulaire (pl. 20, fig. 44, à); ils semblent alors 
autant de cloisons qui vont diviser l’utricule. Quand 1ls commencent 
à être nettement dessinés autour de la membrane, on voit la cellule 
se gonfler dans les intervalles (fig. 49, 43 et 14), comme elle s’est 
distendue entre les divers tours de l’hélice des fibres spiralées. Son 
apparence devient telle, alors, qu’il serait impossible de s'imagimer 
qu'il y a à une simple cellule, si on ne l'avait vue se modifier ; ou 
plutôt cette utricule a tout l'aspect d’une éellule mère, qui vient de 
se partager par des cloisons pour produire plusieurs autres cel- 
lules (2). 
Ces anneaux, primitivement fort étroits, s'élargissent peu à peu ; 
tantôt ils n'acquièrent qu'une largeur minime ; tantôt ils arrivent à 
ne laisser dans l’axe de ia cellule qu’une ouverture excessivement 


(1) Je dois répéter ici ce que j'ai dit des fibres spirales; c'est que ce gonfle- 
ment, qui était constant pour toutes les fibres naissantes des jeunes Æ£chinocactus 
et Mamillaria que j'ai cités, ne m'a pas été offert par d’autres individus plus 
âgés, dont les membranes cellulaires restaient rectilignes. (Note de l'auteur.) 


516 A. TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 

réduite (fig. 15 et 19). Comme la spiricule , chaque anneau se di- 
late, et finit par effacer les tuméfactions que la membrane a présen- 
tées peu de temps après sa naissance. Aussi mince à son origine 
que la membrane de la cellule elle-même , il prend une épaisseur 
beaucoup plus considérable qu'elle en grandissant; car celle-ci 
conserve à peu près la même ténuité à tous les âges. 

Les anneaux ont par conséquent une consistance bien plus grande 
que celle des membranes ; c’est pourquoi, par la compression que 
les cellules exercent les unes sur les autres, pendañt leur accrois- 
sement, les anneaux refoulent les parois des cellules voisines vers 
le centre de chacune d’elles. Les spiricules des cellules à hélice 
offrent la même résistance que les anneaux ; elles pressent de même 
les cellules contiguës; aussi les trouve-t-on souvent toutes enche- 
vêtrées les unes dans les autres, quand les membranes de leurs 
cellules génératrices ont disparu en vieillissant. 

La compression que les cellules exercent les unes sur les autres 
a encore une autre influence ; elle empêche les anneaux et les spi- 
ricules de se développer régulièrement. En effet, si cette compres- 
sion n'existait pas, ces spirieules ou ces anneaux grandiraient dans 
des cellules à peu près cylindriques ; les anneaux seraient toujours 
cireulaires (pl. 20, fig. 14,15 et17), et les spiricules auraient un bord 
externe régulièrement convexe dans toute son étendue, comme 
dans les figures 7, 8 et 10. Au contraire, suivant que la pression 
des cellules latérales est plus ou moins grande, les anneaux présen- 
tent sur leur pourtour des échancrures qui leur donnent une figure 
variée. Ainsi ils peuvent offrir quatre ou cinq échancrures alter- 
nant avec autant de.parties saillantes (pl. 20, fig. L8 et 19), si quatre 
ou cinq cellules les comprimaient latéralement; d’autres fois, la 
pression étant venue principalement d’un côté, ils n’ont qu’une seule 
échancrure (fig. 20); le reste de leur contour est arrondi; ils 
figurent une sorte de croissant percé d’un trou. Les spiricules su- 
bissent des modifications analogues. La figure 9, planche 19, repré- 
sente une telle spiricule des plus remarquables, déformée par la 
compression, et qui est double dans les deux tiers de sa longueur. 

Tels sont les phénomènes qui accompagnent l’évolution de ces 
organes. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 317 


J'ai omis avec intention la description d’un point très important 
de la structure des organes dont je viens d’esquisser le développe- 
ment. La découverte du phénomène dont je vais parler a eu pour 
résultat de me conduire à d’autres observations du plus haut intérêt. 
J'ai vu, en effet d’abord dans des fibres qui avaient été soumises à 
la macération , ensuite dans des organes frais, que leur spiricule, 
qui était considérée comme formée d’une substance homogène, 
déposée à la face interne de la membrane utriculaire, j'ai vu, dis-je, 
que’cette spiricule est formée de deux substances : d’un tube creux, 
à parois minces, bien définies, d’une couleur différente de celle de 
la substance qu’il contient , et qui parait avoir le plus souvent la 
consistance d’une gelée (pl. 20, fig. 22, 25, 26 et 29 en o). On voit 
quelquefois cette dernière sortir par le petit pertuis, quand la spiri- 
cule est fracturée. 

Pour observer nettement la cavité, j'engagerai à prendre d’abord 
des tissus de Mamillaria, d'Echinocactus, ete., avancés en âge, qui 
auront macéré ou qui auront été desséchés. Il sera bon de la cher- 
cher d’abord dans les spiroïdes ou vaisseaux spiraux des racines , 
bien que la spiricule y ait un plus petit diamètre (fig. 25, 0) ; elle 
sera néanmoins plus favorable , parce que sa paroi se casse ordi- 
nairement avec plus de netteté. La spiricule des fibres de la tige, au 
contraire, étant très mince et plus large, offre souvent une cassure 
très inégale qui nuit à l'observation ; assez fréquemment aussi, les 
bords de la membrane se rapprochent, et ferment l’ouverture de la 
cavité tubuleuse. Quand la cassure est nette, et que l'ouverture se 
présente bien de face sous le microscope, on reconnaît que ce petit 
pertuis à une forme elliptique ou lenticulaire (fig. 26, en o), et qu'il 
est arrondi dans la spiricule des trachées (fig. 25). En renouve- 
lant souvent cette observation sur des tissus qui ont macéré ou 
qui avaient été préalablement desséchés, ainsi que je l'ai dit plus 
haut, on ne peut douter de la nature tubuleuse de la spiricule. On 
reconnaitra ensuite avec plus de facilité la tubulure dans des fibres 
fraiches. Dans tous les cas, il est important d’avoir des tranches ou 
une cassure bien perpendiculaire à l'axe de la spiricule. 

Une observation attentive prouve aussi que les anneaux sont 
creux, comme le filament ou la lame hélicoïde de ces fibres singu- 


318 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


lières. Comme 1l est très rare d’avoir des coupes convenables des 
grands disques fournis par la tige, je conseille d'étudier les anneaux 
bien plus petits que contiennent les racines (lig. 23 et 24). Dans 
les plantes qui ont macéré ou dans celles qui ont été desséchées, on 
arrive très facilement à un résultat satisfaisant. Les figures 23, 24 
et 25 représentent des éléments de la racine du Mamullaria doli- 
chocentra (4). 


4) Suivant M. Schleiden, ces anneaux ne se développeraient point ainsi que 
je l'ai décrit, et ils auraient une structure bien différente. 1ls proviendraient tou- 
jours, ainsi qu'on l'a vu dans l'exposé de sa théorie, d'une spiricule qui se divise- 
rait en fragments, dont chacun, en se contractant et se soudant , formerait un 
anneau composé de deux tours de spire. J'ai décrit et figuré plusieurs fois un 
phénomène analogue à celui qui est généralisé à tort par M. Schleiden. Je dis 
à tort, parce qu'ici, et probablement dans beaucoup d’autres eas, les anneaux 
apparaissent immédiatement sous la forme annulaire. M. Schleiden ne semble 
pas avoir suivi le développement de ces anneaux ; il paraît l'avoir déduit, par 
analogie, d'observations faites sur d’autres plantes. Ce qui a induit en erreur le 
célèbre anatomiste allemand, c'est que l’on trouve quelquefois des cellules qui 
renferment simultanément des anneaux et une spiricule. J'ai vu aussi quelquefois, 
dans les mêmes cellules. des anneaux incomplets, n'occupant que la moitié ou 
les trois quarts de la circonférence; ils figuraient un croissant peu avancé 
(pl. 20, fig. 16, c), 

« Suivant Meyen, dit M. Schleiden, la fibre (spiricule), de même que l'épais- 
sissement dans d'autres cellules, se composerait de plusieurs couches, visibles 
seulement à un grossissement de 1000 à 2000 fois. Je n'en ai rien pu aperce- 
voir à un grossissement de 940 fois... » «Néanmoins, l'histoire du développe- 
ment démontre clairement qu'il doit en étre comme l'indique Meyen, continue 
M. Schleiden, parce que, dans le cambium {couche génératrice), des fibres (spi- 
ricules), qui plus tard deviennent larges etdistantes, sont d’abord à peine visibles. 
Quelquefois l'épaississement de ces fibres va si loin que l'anneau devient un 
disque, au milieu duquel ne subsiste plus qu'un petit pertuis. » 

IT est donc bien clair que, pour M. Schleiden et pour Meyen, l'épaississement 
des spiricules et des anneaux se fait par des couches qui s'ajoutent suecessive- 
ment de l'extérieur à l'intérieur. En parlant de la composition primitive des 
anneaux, quil regarde, ainsi que je l'ai dit plus haut, comme formé de deux 
convolutions , de deux tours de spire soudés , M. Schleiden assure que « quel- 
quefois ils se décomposent en leurs couches constituantes ; » et il donne de ce 
phénomène une figure (planche VIIT de son mémoire, figure 7 en A), dans la- 
quelle un de ces anneaux paraît présenter, à la fracture, ces deux couches super- 
posées. On pourrait comprendre, à la rigueur, que deux tours de spire simple- 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 919 

Je n'ai point borné mes observations à l'étude de ces organes 
chez les Cactées. Je les ai renouvelées sur un grand nombre 
d’autres espèces. Partout où j'ai trouvé des spiricules suffisamment 
grosses et des anneaux assez volumineux; partout ; dis-je, j'ai vu 
une cavité centrale , renfermant tantôt un liquide, tantôt une ma- 
tire de consistance gélatineuse, quelquefois tout à fait solide. 

Voiei une liste des plantes sur lesquelles j'ai trouvé l’observation 
plus facile, parmi les espèces que j'ai examinées : Phytolacca de- 
candra, Impatiens Balsamina, 1. fulva, 1. Royleana, Cucurbita 
Pepo, C. perennis, Atropa Belladona, Nicotiana Tabacum, Sam- 
bucus nigra, Allium Cepa, un Y'ucca, Glaucium flavum , Ara- 
ha edulis, Hydrophyllum virginicum , Batatas edulis, Phar- 
batis violacea, Cobæa scandens (les plus grosses trachées), Datura 
Stramonium , Lycopersicum esculentum , :Solanum dulcamara , 
S. tuberosum, Lavatera arborea, Althœæa officinalis, À. rosea, 
A. laurinensis, Beta vulgaris, Rheum Rhaponticum, Æsculus 
Hippocastanum, Helianthus annuus, Carthamus tinclorius, Cen- 
taurea Jacea, Hieracium murorum, Campanula rapunculoides, 
OEnothera macrocarpa, Cuphea lanceolata, Bryonra dioica, San- 
guisorba canadensis, Nolana prostrata et N. atriplicifolia. 

Chez toutes ces plantes, la cavité n’est pas toujours également 
visible ; il faut quelquefois choisir leurs plus gros anneaux ou les 
plus grosses spiricules. 


ment soudés pussent se séparer plus tard, mais ce que l'on concevrait plus dif- 
ficilement, c'est que toutes les couches ajoutées après la soudure, parallèlement 
à un plan vertical, pussent elles-mêmes se partager en deux lames horizon- 
tales. 

Voici probablement ce qui a eu lieu : Ces anneaux discoïdes, aplatis par con- 
séquent, sont creux, ai-je dit ; ils ont donc une paroi supérieure et une infé- 
rieure ; une Cassure inégale aura montré ces deux parois ou membranes à 
M. Schleiden, qui les aura prises chacune pour un tour de la prétendue spire 
originelle. 

On serait porté à croire, d'après les citations que je viens de faire, que des 
grossissements très considérables soient nécessaires pour bien étudier ces or- 
ganes. Cependant, avec un bon instrument de Georges Oberhaeuzer, donnant 
400 diamètres, on verra facilement tout ce que j'ai décrit jusqu'ici. (Note de l'au- 
teur, 


{ 


920 A. TRÉCUL. —- FORMATIONS SECONDAIRES 


L'Impatiens fulva est particulièrement favorable à ce genre de 
recherches. Ses vaisseaux, soit déroulables, soit munis d’une mem- 
brane , m'ont donné des coupes , sur lesquelles j’ai pu reconnaître 
avec facilité la structure que je viens de signaler. Très souvent, la 
spiricule des trachées de cette plante étant cassée, j'ai pu voir un 
petit cylindre solide sortant de la cavité de la spiricule. J'ai fait la 
même observation sur les trachées d’un pétiole d’Æsculus Hippo- 
castanum. Dans ce dernier cas , le cylindre central sortait longue- 
ment du tube membraneux. 

J'ai aussi très fréquemment aperçu une goutte de liquide recou- 
vrir l'extrémité du tube , ou bien s’épancher au milieu de l’eau pla- 
cée sur le porte-objet; cette liqueur , ordinairement d'apparence 
mucilagineuse, contenait souvent des granulations inégales en 
suspension, ou peut-être plutôt, elle formait des granulations en se 
divisant dans l’eau. 

Pour reconnaitre plus facilement la membrane tubuleuse qui 
constitue la spiricule, je choisis des coupes minces des rameaux de 
l’Impatens fulva, dans lesquelles les spiricules ou les anneaux 
sont coupés transversalement ; je les place sur une lame de verre, 
dans de la teinture hydralcoolique d’iode préparée comme il suit : 
teinture alcoolique d'iode saturée, 1 partie; eau, 5 parties; 1l se 
fait un précipité d’iode qui maintient la solution à l’état de satura- 
tion. Après quelques instants de contact avec cette teinture , J'a- 
joute de l’acide sulfurique, qu’il convient quelquefois d’affaiblir 
un peu, suivant l’état de la membrane utriculaire, de la spirale ou 
de l'anneau. L’acide dilate ces organes, dont les parois ont été 
colorées par l’iode en un beau jaune d’or ou orange plus ou moins 
foncé; on voit alors très distinctement une cavité souvent assez con- 
sidérable, environnée par la membrane. 

Il est très bon aussi d'isoler les vaisseaux par la macération de la 
plante dans l’eau pendant quelques jours. On les dégage facilement 
ensuite du tissu cellulaire qui les entoure; on les fragmente le plus 
possible, et on les soumet ensuite au traitement de l’iode et de 
l'acide sulfurique. Après quelques moments, on les place sous le 
microscope , et il n’est point rare de voir quelques extrémités des 
fragments se présentant convenablement, et montrant de la manière 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 321 
la plus nette l’ouverture de la cavité de la spiricule (pl. 20, 
fig. 29, o). | 

Quand celle-ci est ainsi gonflée , on peut même reconnaitre en- 
core aisément la tubulure , par transparence, à travers la mem- 
brane (fig. 29, d), en plaçant le vaisseau de manière que le plan 
qui passe par son axe soit au foyer de l'instrument. On a, dans ce 
cas, l’image d’une coupe longitudinale, et l’on distingue avec pré- 
eision la paroi interne et la paroi externe du tube spiral, à peu près 
comme l'indique la figure 29 en o. 

Bien que ce dernier moyen ne laisse aucun doute dans lPesprit 
de celui qui a l’habitude de ces observations, 1l faut cependant voir 
une section transversale del’hélice, comme en o, afin d'obtenir une 
certitude parfaite de n'avoir pas été trompé par une simple appa- 
rence; ce qui, du reste, n’est pas possible dans cette circonstance. 
On peut juger de la même manière de la structure des anneaux. 

Toutes les plantes, lors même qu'elles ont de grosses spirales et 
d’épais anneaux, ne sont pas également favorables pour ces re- 
cherches. Bien que le Cucurbita Pepo, par exemple, soit la pre- 
mière plante étrangère à la famille des Gactées que j'aie examinée, 
et sur laquelle j’aie constaté le phénomène dont je m'occupe en ce 
moment, je ne conseillerais pas de Fexaminer d’abord , parce que 
la membrane de ses spiricules est assez mince, et exige beaucoup 
d'attention pour être aperçue sans le secours de l’iode et de l'acide 
sulfurique ; et même, après leur action, elle reste encore très 
mince, tandis que la cavité qu’elle environne est spacieuse. Il faut 
donc iui préférer l’Impatiens fulva. 

Les anneaux du Maïs, de l'Arundo donax, de l'Elymus euro- 
pœus, et de quelques autres Graminées que j'ai étudiées, présentent 
le même inconvénient, bien qu'ils soient plus volumineux encore 
que les grosses trachées du Cucurbita Pepo. 

Cet inconvénient, au reste, n’est pas grand ; car les spiricules et 
les anneaux à membranes épaisses sont très nombreux. Ce sont ces 
spiricules et ces anneaux qui ont été regardés par MM. de Mirbel et 
De Candolle comme bordés de bourrelets (pl. 20, fig. 25). C'estdans 
ces organes que M. Dutrochet voyait deux spiricules unies par une 
membrane plus mince. Ce sont ces anneaux qui ont fait croire à 

4e série. Bor. T. LL. (Cahier n° 6.) ! 21 


329 A. TRÉCUL, —- FORMATIONS SECONDAIRES 


M. Schleiden que chacun d'eux est composé de deux tours de 
spire ; et qui ont porté M. Hugo Mohl à penser qu'il y avait à deux 
anneaux superposés , séparés par une fente à leurs points de jonc- 
tion, Il voyait de même deux spiricules contiguës et soudées dans 
celles qui ont l'aspect représenté par la figure 25. En effet, le tube 
central se dessine fréquemment avec beaucoup de netteté à l’exté- 
rieur, à travers la membrane qui l’enserre. La substance qu'il ren- 
ferme a une couleur différente de celle de cette membrane ; elle 
est ordinairement brillante, d'un bleu léger, argentin, presque 
blanche , tandis que les parois de la spiricule ont une teinte plus 
foncée. Cette différence de teinte est très sensible dans l{mpatiens 
fulva, le Pharbitis violacea, et la plupart des plantes que j'ai nom- 
mées plus haut. 

L'erreur dans laquelle sont tombés les botanistes que je viens de . 
désigner eût pu être évitée, s'ils avaient examiné les anneaux paral- 
lèlement à l’axe du vaisseau dont ils faisaient partie, c’est-à-dire 
perpendiculairement à leur diamètre ; ils auraient souvent trouvé, 
sinon toujours, non plus deux anneaux superposés, mais deux 
anneaux concentriques, comme l'indique la figure 24, séparés aussi 
par une ligne brillante, exactement semblable à celle qu'ils avaient 
observée dans l’autre sens. Il est bien clair que, pour que ces deux 
lignes soient également épaisses , il faut que la section transversale 
de l'anneau représente un cercle. Si l'anneau était déprimé paral- 
lèlement à l’axe du vaisseau, la ligne médiane, ou mieux la cavité de 
l'anneau aurait une largeur moindre dans cette direction. Si, au 
contraire , l'anneau était comprimé dans le plan perpendiculaire à 
l'axe du vaisseau, comme les anneaux représentés figures 17, 48, 
19, 20, la cavité aurait dans ce sens une plus grande dimension; 
aussi ne verra-t-on qu'une bordure ténue dans les figures 17et 18, 
indiquant l'épaisseur de la membrane, Il arrive assez souvent que, 
dans ces anneaux des Cactées, on n’aperçoit pas nettement l'épais- 
seur de lamembrane autour du pertuis central (fig. 49 et 20); c'est 
que la membrane de l'anneau va graduellement en s’épaississant 
de ce côté, et la cavité, par conséquent, en se resserrant peu 
à peu. 

Maintenant que j'ai étudié la structure de la spiricule, je ne crois 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 323 
pas inutile de dire quelques mots sur la constitution générale des 
VaiSSCaux SpIr'aux. | 

Cette spiricule seule compose-t-elle Le vaisseau tout entier, comme 
l'onteru beaucoup d'observateurs? Ou bien est-elle toujours accom- 
pagnée d’une membrane? Quelle est la position de ectte membrane 
par rapport à la spiricule? Y a4-1l quelquefois deux membranes, 
l’une intérieure, l’autre extéricure, entre lesquelles serait placée la 
spiricule ? 

Telles sont les questions qui ont été agitées, sans que l’on soit 
tombé d'accord sur aucun de ces points. Ces divergences d’opi- 
ion sont presque toujours dues à ce que les observateurs n’ont 
examiné qu'une face de la question. Ils ont jugé d’après un fait, 
qu'ils se sont empressés de généraliser. 

Presque toutes les plantes élevées en organisation contiennent 
des vaisseaux spiraux qui ne sont munis de membrane ni à l’exté- 
rieur , ni à l'intérieur de la spiricule (pl. 20, fig. 22) ; celle-ci seule 
les constitue, Je parlerai plus loin de leur développement. H serait 
bon, je crois, de ne se servir du mot de crachées que pour désigner 
ces seuls vaisseaux, et d’appeler fausses trachées ceux qui sont 
pourvus d’une membrane. Car les vaisseaux spiraux qui en sont 
munis (et je prends ce terme de vaisseau spiral dans son acception 
la plus restreinte) ne sont pas moins nombreux queles précédents. 
Eh bien, dans ce cas, la membrane, toutes les fois que j'ai bien 
constaté son existence, élait placée à l'extérieur ; elle entonrait la 
spiricule qui y était ordinairement adhérente (pl. 20, fig. 29, et 
pl. 21, fig. 32). 

Celie adhérence est plus ou moins forte ; quelquefois elle est si 
considérable que la séparation des deux parties du vaisseau , de la 
membrane et de la spiricule, ne peut s'effectuer sans la déchirure 
de l’une ou de l'autre. J'ai figuré (pl. 24, fig. 32) un vaisseaut qu 
avait lé isolé par macération, dans lequel la fermentation avait 
distendu beaucoup la membrane entre les tours de spire qui claient 
très écartés ; la spiricule, ne pouvant suivre ce mouvement d'exten- 
sion en largeur de lamembrane, s'était séparée en partie de celle-ci, 
en laissant à sa surface un peu de sa substance (voyez en s, fig. 32). 

Quand la membrane d’un vaisseau, à spires très écartées , est 


92! A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 
ainsi très inégalement dilatée, elle peut donner lieu à une cause 
d'erreur. Il semble quelquefois que la spiricule soit extérieure , et 
qu'elle comprime ainsi la membrane entre ses contours sinueux. 
Avec un peu d'attention , je suis parvenu à m’assurer , dans quel- 
ques circonstances, qu'elle était réellement à l’intérieur. 

Cependant la détermination de la place qu’occupe la membrane 
m'a quelquefois embarrassée ; elle me semblait être insérée entre 
les spires. En plaçant ces vaisseaux dans de l’acide sulfurique, soit 
seul, soit après les avoir imprégnés de teinture hydralcoolique 
d’iode pour le colorer , j'ai vu plusieurs fois la membrane se déta- 
cher du pourtour de la spiricule, et devenir évidemment extérieure 
par rapport à celle-cr. 

Dans quelques autres circonstances , j'ai vu des vaisseaux spi- 
raux non déroulables, et des vaisseaux annulaires de l’Zmpatens 
fulva, etce., dont les spires et les anneaux, qui étaient très rappro- 
chés les uns des autres, étaient tous en relief à l'extérieur , et ne 
présentaient aucune apparence de membrane de ce côté ; mais je ne 
suis point parvenu à distinguer s’il y en avait une à l’intérieur , ou 
si la membrane génératrice était interposée entre les tours de spire 
et les anneaux. N'ayant pu éonsacrer que peu de temps à l'examen 
de ce phénomène, j'espère, dans le courant de l'été prochain, être 
en mesure de me prononcer sur cette question. 

Nous venons de voir qu’il y a des vaisseaux qui ont une mem- 
brane, et qu'il en est aussi qui n’en ont pas du tout ; en existe-t-il 
qui en aient deux? M. Girou de Buzareingues pense qu'il y en a 
deux partout : une à l’extérieur, et l’autre à l’intérieur de la spiri- 
cule, des anneaux ou des réticulations , etc. En observant certains 
vaisseaux, j'ai Cru aussi quelquefois qu’il y en avait deux ; mais par 
un examen attentif, en élevant et abaissant alternativement le vais- 
seau pour mettre successivement divers points de sa surface au 
foyer du microscope, je me suis convaincu que j'étais dupe d’une 
illusion. Voici ce qui m’induisait en erreur. La membrane de ces 
vaisseaux ({mpatiens, Cucurbita, ete.) est très souvent marquée de 
lignes longitudinales (fig. 29 et 32), et quelquefois de transversales, 
sullantes au dehors, dont la disposition rappelle ordinairement 
la forme des cellules adjacentes. Quand ces lignes longitudinales 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 329 


s'étendent beaucoup sans présenter de lignes transversales, il peut 
arriver que le vaisseau soit placé de manière qu’elles paraissent à 
sa surface, près de ses côtés, comme les lignes a et b dans la fig. 29, 
soil en dessous comme @, soit en dessus comme b, Si l’on n’observe 
pas avec beaucoup d'attention, il est facile de s’y tromper ; on peut 
prendre ces lignes pour une membrane interne. Mais , en élevant 
et abaissant l’objet avec précaution , on acquiert la conviction que 
les lignes représentant cette prétendue membrane interne sont un 
peu plus élevées ou un peu plus basses que celles que donne la 
membrane externe du vaisseau, quand l’axe de celui-ci est au foyer 
du microscope ; ce qui ne pourrait avoir lieu s’il y avait deux mem- 
branes. Dans ce dernier cas, en effet, les deux lignes seraient 
exactement à la même hauteur. 

Les vaisseaux spiraux proprement dits et les vaisseaux annulaires 
ne sont pas les seuls dont les productions secondaires offrent une 
cavité à l’intérieur, car beaucoup de vaisseaux réticulés offrent 
une disposition analogue. 

L’Echinocactus Brongniartii m'a fourni trois formes de réticu- 
lations. Dans l’une, la membrane primitive est entière, unie à 
l'extérieur, et paraît doublée à l’intérieur d’une seconde membrane 
d'une teinte plus claire, et interrompue de manière à figurer des 
réticulations ou des raies : c’est la forme connue des botanistes. 
Dans la seconde, la paroi vasculaire offre des renflements sur ses 
deux faces interne et externe (pl. 20, fig. 21 et 27, r); de sorte 
que, sur une coupe longitudinale , on aperçoit une série de dila- 
tations et de contractions, comme l’indiquent ces deux figures. 

Les contractions donnent lieu à l'apparence de raies ou de fentes 
qui existent quelquefois réellement, car la membrane cellulaire 
peut être résorbée dans ces endroits-là. 

Les dilatations , de même que les spiricules, présentent à E. 
pourtour une Do mince, mais bien apparente, qui renferme 
ordinairement une substance gélatiniforme et paraissant aussi 
quelquefois avoir beaucoup moins de densité ; on croirait alors la 
cavité dépourvue de toute substance solide. Il me paraît que, dans 
ce cas, il n’y a qu'un liquide, comme je l’ai souvent constaté de la 
manière la plus évidente dans les spirieules et dans les anneaux. 


326. A, TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


La figure 21 m'a été donnée par un vaisseau du Cucurbita Pepo, 
et la figure 27 par un Echinocactus Brongniartii, dans le tige du- 
quel les vaisseaux de cette sorte étaient très abondants. 

La troisième forme réticulée que m'a fournie la tige de cet Echi- 
nocactus est celle qui est représentée figure 28. Les mailles sont 
très larges, et les branches ou fils du réseau très étroits. Ces 
branches coupées transversalement offrent le même aspect que 
celles des spiricules et des anneaux, c’est-à-dire qu'elles sont tubu- 
leuses (fig. 28, £), et renférment une substance dont la consistance 
peut varier aussi, 

Dans le vaisseau figuré , la membrane avait entièrement disparu 
des larges mailles qu'il formait. Bien que son aspect seul me l’in- 
diquât, je m'en suis néanmoins assuré en le mettantdans de la tein- 
ture d’iode ; les mailles restèrent parfaitement incolores, tandis que 
toutes les autres parties devinrent d’un beau jaune doré. 

Jai aussi trouvé une fois un véisseau semblable dans une jeune 
tige de Cucurbita Pepo ; mais ce joli vaisseau, dont les réticulations 
étaient également tubuleuses, était muni de sa membrane cellulaire 
qui paraissait interposée aux branches du réseau. J’ai obtenu égale- 
ment de l'{Zmpatñens fulva et de quelques autres plantes des vais- 
seaux réticulés dont les branches étroites , coupées transversale- 
ment, avaient exactement la même composition. 

Dans cette dernière plante , l’{mpatiens fulva, une autre forme 
est bien plus commune. La coupe transversale des branches du 
réseau, au lieu d’être arrondie ou ellipsoide comme dans les 
exemples précédents, est convexe du côté interne 2, figure 34, 
planche 24, et plane du côté externe e. Cette figure 34 représente 
seulement un côté du vaisseau, l’espace ne m'ayant pas permis 
d’en figurer davantage. Vers l’intérieur, la membrane du vaisseau, 
bien qu’assez mince, est cependant très apparente; vers l’exté- 
rieur, au contact des cellules voisines, il m'a été plusieurs fois 
impossible d’en bien constater l'existence; mais dans quelques 
vaisseaux (fig. 33 et 34) comme dans la figure 27 en b, on distingue 
nettement les deux membranes à l'extérieur et à l’intérieur. Ces 
vaisseaux étaient traversés de larges fentes , où la membrane avait 
le plus souvent disparu complétement ; dans quelques parties rares, 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 227 


elle avait été conservée , et se colorait par liode, au heu que les 
fentes réelles restaient tout à fait incolores, la membrane ne s’y 
trouvant plus. 

Comme dans les spiricules et dans les anneaux, on remarque sur 
les bords du réseau les parois de la membrane, qui avaient fait 
croire aussi à l'existence de bourrelets autour des mailles, des 
fentes et des ponctuations. Autour des fentes des vaisseaux de 
l’Impatiens fulva, il reste souvent une étroite bordure de la mem- 
brane qui n’a pas été entièrement résorbée , et c’est cette bordure 
mince qui donne lieu à l’aréole que présentent souvent ces fentes. 

Tous ces faits singuliers s'accordent peu avec les idées régnantes 
sur l'accroissement en épaisseur des cellules. Is ne peuvent être 
expliqués par la théorie des dépôts secondaires opérés successive- 
ment à l'intérieur les uns des autres par le liquide renfermé dans 
les cellules ; ils ne s'accordent pas non plus avec la théorie de 
M. Hartig. Quel est alors le mécanisme de leur développement ? 
J'ai déjà décrit plus haut la naissance de la spiricule et des anneaux 
dans les cellules fibreuses des Cactées ; j'ai dit qu’elles commencent 
dans l'épaisseur même de la membrane utriculaire; qu’elles y appa- 
raissent d'abord sous la forme de lignes plus claires que le reste de 
la membrane ; qu’elles s’épaississent et deviennent saillantes à 
l'intérieur de la cellule. J'ai dit aussi que cet épaississement, au 
lieu de se faire par des dépôts successifs qui s’effectueraient de la 
circonférence au centre , s’accomplit sous l'influence d’une véri- 
table nutrition par intussusception ; ce qui le prouve, c’est que ces 
spiricules et ces anneaux se creusent, et renferment un peu plus 
tard une substance d’aspect différent de celle qui constitue leur 
membrane extérieure ; de manière que la spirieule est une véritable 
cellule hélicoïde, dont la cavité se fait par une sorte de dédouble- 
ment de la substance primitive de l’héliee ou de l'anneau, qui, en 
se dilatant, se creuse, et remplit le canal qui en résulte d’une 
matière qu’elle sécrète, qu’elle élabore. 

On conçoit très bien ce phénomène ; mais comment comprendre 
la formation des spiricules qui ne sont pas accompagnées d'une 
cellule enveloppante , et dont il a paru si difficile de saisir l’évolu- 
tion. N’en connaissant pas la structure , il n’était pas aisé de voir 


528 A. TRÉCOUL, —- FORMATIONS SECONDAIRES 


dans son développement autre chose que ce qu’en à dit M. de Mir- 
bel, qui croyaitque la spiricule d’une trachée était tout simplement 
le résultat de la découpure en spirale d’une membrane utriculaire. 
Quand la spiricule est dépourvue de membrane, c’est probablement 
que celle qui lui a donné naissance a été résorbée dans les inter- 
valles qui séparent les tours de spire. Comme ces tours de spire 
sont très rapprochés, il n’est pas étonnant que M. de Mirbel n'ait 
vu là qu'une simple découpure. Au reste, il n’a décidé cette question 
que par analogie, ainsi que nous l'avons vu plus haut ; et nous 
verrons plus loin combien il est imprudent de déduire le développe- 
ment &’un organe de celui d’un autre, quand même il a avec lui 
une ressemblance plus où moins marquée. 

L'étude de ce phénomène est très délicate, et mérite à elle seule 
de faire l’objet d’un travail spécial. Un résultat satisfaisant ne pourra 
être obtenu que par des coupes convenablement dirigées. Ce tra- 
vail devant probablement exiger beaucoup de temps, je n’ai pas 
cru devoir suspendre mes autres observations pour continuer 
immédiatement cette recherche, qui, d’ailleurs, après les faits dont 
j'ai l'honneur de donner la description à l’Académie, n'a plus qu'un 
intérèt secondaire. 

Quant aux réticulations, elles sont produites par un mode ana- 
logue à celui qui donne naissance aux spirieules ; seulement Ja 
sécrétion, au lieu de se faire en hélice, s'effectue en réseau plus ou 
moins dilaté, et quelquefois en une couche presque continue, 
comme cela se voit dans les fibres ligneuses représentées figures 30 
et 81 de la planche 20 (1). 

Avant d'aller plus loin , il faut que je m'explique sur le sens que 
j'attache aux mots sécrétion et dédoublement que j'emploie très sou- 
vent dans le cours de ce mémoire. Je dis qu'il y a dédoublement 
d'une membrane, quand celle-ci, après s'être épaissie par l’assimi- 
lation ou plutôt par l’organisation de molécules semblables à celles 
qui laconstituent, vient à se partager en deux membranes de même 


(1) D'autres fibres ligneuses de la même plante (Echinocactus Brongniartiü) , 
plus avancées dans leur développement, offraient une troisième couche plus 
épaisse, interposée entre la membrane interne et la membrane externe qui étaient 
plus minces. (Note de l'auteur.) 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 329 


nature. Il y a sécrétion d’une membrane, ou peut-être mieux 
excrétion, quand les molécules qui la composent ont été organi- 
sées , sécrétées par la membrane préexistante, et rejetées ensuite 
soit à l'extérieur, soit à l’intérieur de cette membrane forma- 
trice. 

Mais , quand la végétation est très active, il n’est pas toujours 
facile de distinguer s’il y a eu dédoublement ou seulement excré- 
tion, car les deux phénomènes semblent se confondre. En effet, 
quand la sécrétion est très prompte , l’accumulation des molécules 
nouvelles dans l’intérieur de la membrane sécrétante lui donne un 
air de jeunesse qu’elle n’a pas dans toute autre occasion ; alors elle 
diffère peu de la membrane excrétée, qui prend vite la même appa- 
rence qu'elle. 

Dans un grand nombre de cas où la sécrétion et par conséquent 
l’excrétion se font avec plus de lenteur , il n’en est point ainsi ; la 
membrane excrétée a , dès le principe, un aspect tout différent de 
la membrane qui lui a donné naissance, etce sont ces cas très nom- 
breux qui ont fait croire aux formations de dépôts effectués par les 
liquides contenus dans les cellules. 

En effet, quand une cellule vasculaire à acquis une certaine 
étendue , elle commence à s’épaissir. On découvre souvent alors à 
sa face interne une couche mince, brillante, plus claire quelquefois 
que la membrane primitive. Cette couche peut être partielle ou cou- 
vrir toute la surface de l’utricule. Le plus souvent elle est partielle ; 
alors les parties où elle ne se forme pas simulent des ponctuations , 
des raies ou les mailles des réticulations. 

J'ai dit tout à l'heure que la membrane sécrétée n'avait pas tou- 
jours une teinte différente de celle de la membrane sécrétante. J'ai 
observé fréquemment , dans les vaisseaux réticulés de l’Zmpatiens 
fulva , que les deux membranes sont complétement Semblables , 
de telle sorte qu’elles paraissent plutôt résulter du dédoublement 
d’une même membrane que de la sécrétion de l’une par l’autre, 
d'autant plus que la membrane génératrice est simple , 1à où il n’y 
a pas eu d’épaississement très marqué (fig. 33, a). Assez fréquem- 
ment (non dans l’!mpatiens fulva), l'accroissement en épaisseur de 
la membrane s'arrête là; mais très souvent aussi, le plus ordinai- 


330 A, TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 


rement peut-être, surviennent des modifications que fera bien 
comprendre l'explication des figures 27, 33, 34 et 35. 

Le vaisseau d’après lequel a été dessinée la figure 33 était 
bordé d’un côté par une fibre ligneuse, à paroi peu épaisse f ; c’est 
le côté du vaisseau appuyé à cette fibre que je représente dans cette 
figure, l’espace ne me permettant pas de donner tout le diamètre 
de l'organe. La membrane vasculaire est çà et là très étroite et 
simple dans ces parties rétrécies, ou mieux non dilatées (a) ; où elle 
est tuméliée, il y a deux membranes séparées par une substance 
semi-liquide et de même nature que celle qui est contenue dans les 
spiricules. 

À l'endroit des contractions, sur le côté adjacent à la fibre 
ligneuse, il y a de petits espaces semi-cireulaires, v, vides de toute 
matière liquide ou solide, tels qu’on en observe vis-à-vis des ponc- 
tuations chez certaines plantes ; mais iei la cellule fibreuse est par- 
faitement rectiligne , ce qui prouve une fois de plus que, contre 
l'opinion de quelques anatomistes, une modification sur un organe 
n'entraine pas nécessairement une modification semblable sur la 
cellule adjacente. Dans la figure 34, et en b figure 27, la tuméfac- 
tion ne s’est faite que du côté interne du vaisseau. Le dédouble- 
ment a été complet partout ; il y a deux membranes bien distinctes, 
1 même où il n'y à pas eu épanchement (fig. 34, €), sécrétion de la 
matière qui détermine l’écartement des deux membranes. 

La figure 35 représente, d’un côté du vaisseau, le même phéno- 
mène sous une forme un peu différente. Au-dessus des fentes dont 
la paroi vasculaire est perforée, on aperçoit en p cette paroi compo- 
sée de deux membranes séparées par la même substance semi-fluide 
ou gélatineuse ; de l’autre côté du vaisseau, les branches du réseau 
avaient été coupées transversalement, de manière que l'on voyait 
très bien se dessiner le petit cercle membraneux au pourtour de 
quelques-unes d’entre elles en o. Toutes ces figures ont été don- 
nées par un des rameaux supérieurs de l’Zmpatiens fulva (à la fin 
d'octobre). 

Dans la fig. 27, tirée de la tige de l’Echinocactus Brongniartii, 
on voit les mêmes phénomènes. La paroi utriculaire est partagée 
en deux membranes concentriques , qu’une matière de teinte un 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 991 
peu différente, 6à et Ià plus abondante, sépare l’une de l’autre. Dans 
quelques points, les deux membranes sont encore contiguës, et l'on 
reconnait que ce sont ces parties où la sécrétion ne s’est pas opé- 
rée qui constituent les raies du vaisseau, La membrane de ces 
raies avait aussi disparu comme dans le vaisseau de lImpatiens 
fulva que je viens de décrire. Je ferai observer ici que, lorsque les 
fentes ou perforations sont larges, comme dans cet Zmpatiens, elles 
sont fréquemment bordées d’une aréole étroite, due à l’amincisse- 
ment de la membrane autour de l'ouverture. 

Les solutions de continuité qui se sont faites ici suivant des 
lignes interrompues, peuvent ailleurs alterner avec des découpures 
en spirales ; c’est alors que l’on a des vaisseaux à larges spirales 
rayées ou réticulées. 

Ce qui se passe dans l’intérieur de ces membranes vasculaires 
primitives parait tout à fait analogue à ce que j'ai observé dans la 
production de la cavité de la spiricule. Celle-ci est d'abord homo- 
sène comme ces membranes, puis elle se creuse en se remplissant 
d’une matière liquide ou gélatiniforme, qui même peut devenir 
solide. Cependant il ne faut pas s'empresser de généraliser un phé- 
nomène qui peut être vrai seulement dans certains cas, parce que, 
comme l'indique cé que je viens de dire de l’exerétion et du dédou- 
blement, on peut arriver à des formes semblables par l’un et autre 
moyen. Cette proposition deviendra plus évidente’par la suite. 

Un phénomène du même ordre que ces dédoublements se pré- 
sente dans la paroi commune à deux cellules adjacentes , qui ont 
une mème origine, qui toutes les deux proviennent de la division 
par cloisonnement d'une cellule mère. 

On a souvent pensé que, dans ee dernier cas, il y a originairement 
deux membranes réunies. Je ne erois pas que cela soit, parée que 
les moyens qui nous servent à déceler deux membranes, là où elles 
existent réellement, ne réussissent pas ici, quand les cellules sont 
suffisamment jeunes. Je ne vois à qu'une membrane qui plus tard 
se partage en deux parles progrès de la végétation. 

Pourquoi répugne-t-il de croire au dédoublement d’une mem- 
brane utrieulaire ? Comprend-on mieux la multiplication, la divi- 
sion d’une cellule en deux , où même en plusieurs utricules, de 


392 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


quelque manière qu'elle se produise ? Et cependant on ne peut la 
nier. Dans un mémoire spécial sur la multiplication utriculaire , je 
donnerai d’autres exemples du dédoublement des membranes cel- 
lulaires. | 

La nature , qui a le moyen de faire deux cellules d’une seule, a 
aussi celui de faire deux membranes d’une membrane primitive. 

Pour que la science fasse des progrès , il ne faut pas nous laisser 
conduire par notre seule raison ; il ne faut pas rejeter ce qu’elle ne 
comprend pas, par cela seulement qu'elle ne le conçoit pas ; il faut 
accepter les faits, et n’en déduire que les conclusions qu'ils peuvent 
rigoureusement donner ; car lorsque l’on veut aller au delà de ces 
faits, on se laisse souvent entrainer par l'imagination ; l’histoire de 
la question que je traite en ce moment nous prouve assez que l’on 
doit toujours être guidé par. l'observation directe, et ne pas s’em- 
presser de généraliser quelques observations isolées . 

La membrane qui sépare deux utricules naissant par division est 
donc simple dans le principe, suivant mon opinion. 

C'est une pareille division des utricules qui détermine la multi- 
plication des fibres ligneuses ; c’est au moins ce que j'ai observé 
dans le Paulownia imperialis et dans l’Ulmus rubra (1). La dispo- 
sition des jeunes fibres ligneuses dans les autres végétaux me porte 
à croire que c’est par le même mode de génération qu'elles sont 
produites. Toujours est-il que ce n’est jamais par un liquide circu- 
lant entre le bois et l'écorce que sont engendrées les nouvelles 
couches de bois et d’écorce. Je crois avoir surabondamment prouvé 
cela par les divers mémoires que j'ai eu l'honneur de présenter 
à l’Académie dans ces dernieres années. 

Les fibres ligneuses des Conifères sont dans leur jeunesse, 
comme celles du Paulownia, comme celles de tous nos arbres di- 
cotylédonés , disposées en séries rayonnantes. Toutes ces jeunes 
cellules sont séparées de leurs voisines par une membrane unique, 
ainsi que l’indique le fragment de la couche génératrice du Taæus 
baccata, représenté planche22, figure46. Non-seulement les parois 


(1) Voyez mon mémoire intitulé : Origine et développement des fibres ligneuses 
dans le tome XIX des Annales des sciences naturelles, 3° série ; et celui qui a pour 
titre : Reproduction du bois et de l'écorce par le bois décortiqué (même volume). 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 299 
qui séparent les cellules d’une même série offrent cette conforma- 
lion, mais aussi celles qui appartiennent aux utricules de deux 
séries adjacentes. Ce serait là le cas de soutenir la duplicité de la 
membrane utriculaire ; car, puisque ces cellules se multiplient par 
séries horizontales rayonnantes, on peut supposer que chaque 
série, au moins, doit avoir ses membranes particulières. Eh bien, 
dans ce cas-1à même, quand la végétation est très active, cette com- 
position ne s’observe pas (1). Je dis quand la végétation est très 
active, car toutes les parties d’une même couche ligneuse de 
l’année , également éloignées du centre, ne sont pas à un même 
degré de développement, On observe fréquemment, par des coupes 
perpendiculaires au rayon, faites dans ce que l’on appelle la couche 
génératrice, que çà et là sont des séries rayonnantes plus ou moins 
avancées que leurs voisines. On comprend alors que leurs parois 
doivent être distinctes; mais quand ces séries sont à un même 
degré de végétation, et que celle-ci marche vite, on ne distingue pas 
de ligne de démarcation entre leurs parois. Ce n’est qu’un peu plus 
tard que le dédoublement s’accomplit ; et il se fait entre les séries 
parallèles (en p, fig. 47, pl. 22), avant de s’opérer entre les cel- 
lules d’une même série en c. La figure 48 montre la séparation 
accomplie dans les deux directions, et les cellules sont environ- 
nées d’un peu de matière intercellulaire. Ce n’est quelquefois que 
beaucoup plus tard que les cellules d’une même série se disjoi- 
gnent ; d’autres fois, au contraire, leur disjonction a lieu de très 
bonne heure, comme l'indique la figure 48 que je viens de citer. 

Ce dédoublement des membranes cellulaires des séries parallèles 
contiguës est fort intéressant à suivre dans les Conifères que j'ai 
examinées, eten particulier dans le T'axæus baccata. 

Quand la plante est en pleine végétation, si l’on fait, dans la 
couche génératrice, des coupes minces perpendiculairement aux 
rayons médullaires , on voit d’abord dans les coupes les plus ex- 
ternes, faites à travers les cellules naissantes, que les cellules de 
deux séries adjacentes n’ont qu'une paroi commune, simple, recti- 
ligne (fig. 36, p, p); sur des coupes un peu plus profondes, on voit 

(1) Quand je dis qu’une membrane est simplé, je ne veux pas dire qu'elle le 
soit essentiellement, mais qu'elle l'est anatomiquement. (Note de l'auteur.) 


991 A. RÉCUL, —— FORMATIONS SECONDAIRES 
la membrane commune se renfler, s’épaissir par places, de manière 
à simuler une série de nodosités et de contractions alternantes 
(fig. 37 et38). Les parties renflées sont de longueur variable (mêmes 
figures en a et b). On pourra assez souvent remarquer dans les ren- 
flements d, d (fig. 37) que la membrane estencore simple, comme 
dans les parties non tuméfiées s, s; mais À un état de développement 
un peu plus avancé, la membrane épaissie se divise longitudinale- 
ment €, €, etde la matière intercellulaire s’interposeb; et fréquem- 
ment celle-ci est partagée elle-même en longueur en deux lames 
qui tapissent chaque eellule adjaëente (fig. 38, a et b), de façon 
que chaque cellule, dans ees parties, parait avoir une double mem- 
brane : l’intérieure, plus mince et plus compacte , est formée par la 
membrane primaire; l'extérieure, plus épaisse et moins dense, 
l'est par la matière intercellulaire. Celte matère intercellulaire, 
incluse dans des espaces circonserits, semble done sécrétée par les 
membranes environnantes , avec lesquelles elle est d’abord eon- 
fondue, ainsi que le montrent les parties renflées à leur début 
(d, d, fig. 87). D'autres exemples montreront aussi que ces produe- 
tions extracellulaires appartiennent réellement aux cellules conti- 
guës, par lesquelles elles sont sécrétées. Nonimées 1natières anter- 
cellulaires, paree qu'on n’en connaissait pas l’origine, on les a con- 
sidérées comme une substance à part, tandis qu’elles constituent 
en réalité une formation secondaire à l'extérieur de la cellule , 
analogue à celle qui se fait à l’intérieur. 

La composition élémentaire est semblable à celle des cellules qui 
l'ont produite. Ainsi que l’a démontré M. Paven, elle a pour base 
la cellulose ; mais si ce sont des fibres ligneuses qui l’ont produite, 
elle jaunit comme elles par l’action de la temture hydralcoohique 
diode et de l'acide sulfurique ; car ilestrare queles fibres ligneuses 
deviennent inmeédiatement bleues sous l'influence dé ees réactifs, 
éme :en parle, Je dis même en parie, parce que je n'ai point vu 
ce que M. Hartig appelle l’astathe prendre cette couleur bleue , 
quand le ptychode et l’eustathe deviennent jaunes. Dans quelques 
cas rares , dans le Tilleul par exemple , j'ai vu cet astathe devenir 
bleu clair ; mais le ptvchode, où membrane interne, était d’un bleu 
foncé très intense. La caractère donné par M, Hartig, el foudé sur 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 390 
la composition chimique déterminée au moyen des réactifs que je 
viens d'indiquer, ne peut donc être pris en considération. 

Quand, au contraire, la matièreintercellulaire, où mieux les for- 
mations secondaires externes ont été produites par le tissu paren- 
chymateux, elles bleuissent immédiatement. 

Dans le tissu cortical du T'axus baccata, elle se développe abso- 
Jlument de la même manière qu’à la surface des jeunes cellules li- 
gneuses. Le dédoublement des utricules estle même ; elles ont leurs 
renflements et leurs partiès non tuméfiées. Dans d’autres tissus, il se 
fait aussi de la mème façon ; mais les formations secondaires externes 
(matière intercellulaire) y sont bien plus abondantes. Dans le tissu 
subépidermique où épidermique (peu importe le nom que lon 
veuille adopter) du Cereus peruvianus , le développement de cette 
matière est fort remarquable. Les cellules contiguës n’ont dans le 
principe qu'une membrane commune (pl. 24, fig. 42enc); puisleur 
séparation se fait d’abord entre les séries parallèles à la cuticule en p, 
ensuite entre les cellules composant ces séries , c’est-à-dire dans 
les parois perpendiculaires à la euticule. La matière intercellulare 
produite dans la première direction p, p est déjà très abondante, 
comme on le voit par l'inspection de la figure 42, quand il n°v en 
a pas du tout encore dans la seconde d, d. Souvent même on ne re- 
marque pas en ce moment le dédoublement de la membrane 
comme en €,C. 

Ces formations secondaires externes, de même que les internes, 
ne se développent pas sur toute la surface des cellules ; il y a des 
points où il ne s'en produit pas (fig. 43, e). Les membranes des 
cellules contigués, restant fortement adhérentes dans ces dernières 
parties, sont refoulées vers l’intérieur de leurs cellules respectives, 
là où la matière intercellulaire 2, à est plus ou moins abondante. Si 
elle esten grande quantité, il en résulte des sortes de tubes plus ou 
moins allongés, qui simulent des ponctuations quand on les voit 
parallèlement à leur axe, et qui correspondent aux parties adhé- 
rentes des membranes. 

Quand la végétation de ces utricules est très active, il arrive 
quelquelois que leur membrane primaire se confond en partie avec 
les productions secondaires qu’elle sécrète, Ce fait, et un autre dont 


390 A. TRÉCUL. --— FORMATIONS SECONDAIRES 


je parlerai bientôt, démontrent, 1l me semble, que c’est réellement 
cette membrane qui sécrète, qui engendre cette substance, qui s’en 
recouvre à l’extérieur, de la même manière que d’autres cellules 
se revêtent à l’intérieur. 

Je crois qu’en y regardant de plus près qu’on ne l’a fait, on trou- 
vera que les cellules subépidermiques des Beta vulgaris, tri- 
gyna, etc., se comportent comme celles que je viens de décrire. Je 
pense que l’on reconnaîtra que la membrane interne est la mem- 
brane primaire, et non la membrane tertiaire. Je ne voudrais rien 
affirmer à cet égard , parce que je n'affirme pas , quand je n’ai pas 
vu la naissance , l’évolution d’un organe ; mais la structure de ces 
cellules indique qu’il en doit être ainsi. Lamembrane primaire que 
M. Mohl croit avoir vue en £,t, figures 44 et 45,n’y existe point. 
C'est une ligne brillante due à la moindre densité du bord de la 
matière intercellulaire , que l’on observe après avoir fait réagir 
l'iode et l'acide sulfurique, que ce savant a prise pour la membrane 
primaire, séduit qu’il fut par une idée préconçue, conforme à sa 
théorie sur la constitution de la cellule. 

L'action de l’acide sulfurique sur ce tissu isole souvent toutes les 
cellules qui le composent , et chacune d'elles entraine avec elle la 
matière intercellulaire qu'elle a sécrétée. Cette matière, comme sur 
les cellules du Cereus peruvianus, n’est pas répartie également sur 
toute l'étendue des utricules ; il n’y en a pas où ces cellules sont 
restées ‘adhérentes (fig. 44); ce qui fait qu'après leur isolement, 
ces cellules sont doublées sur quatre , cinq ou six de leurs côtés 
d’une masse épaisse de cette substance, dans laquelle on remarque 
des stries parallèles à sa surface (fig. 45). Dans le Cereus, la ma- 
üère intercellulaire se partage de mème ; chaque cellule, en se sé- 
parant, emporte avec elle la moitié correspondante de la couche 
environnante, mais celle-ci n’est pas distribuée avec la même re- 
gularité que dans le Beta vulgaris ou dans le B. érigyna. Tout 
cela vient à l’appui de l’opinion que j'ai émise relativement à 
l’origine de la matière intercellulaire. 

Je suis persuadé aussi que l’on trouvera la même chose pour les 
cellules du périsperme du Phytelephas, quand on en pourra suivre 
le développement 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 99 1 


A côté de ces formations secondaires externes viennent se ran- 
ger d’autres formations, qui paraissent tout d’abord n'avoir avec 
elles aucune ressemblance. Ce sont les cellules spiralées que ren- 
ferment les feuilles de certaines Orchidées. Les feuilles épaisses de 
quelques Pleurothallis, de certains Stelis, du Physosiphon Loddi- 
gesù, du Lepanthes cochlearifolia , etc., ont une structure mani- 
festement différente de celle des feuilles des autres plantes de la 
même famille. Cette dissemblance consiste dans l’existence , sur 
les deux faces de la feuille, d’une couche de cellules dépourvues de 


_chlorophylle, placée entre l’épiderme et le parenchyme qui con- 


tent la matière colorante verte. A la face inférieure , 1l n’y à ordi- 
nairement qu'une couche de grandes cellules spiralées, tandis qu’à 
la face supérieure il v a, immédiatement au-dessous de l’épiderme, 
deux, trois ou quatre rangées de cellules incolores de moyenne 
grandeur , ét, au-dessous d'elles, en contact avec les cellules mu- 
nies de chlorophylle , on trouve un rang de cellules beaucoup plus 
grandes que toutes les autres , et allongées perpendiculairement à 
l'épiderme. Ce sont fréquemment ces dernières cellules, mais sur- 
tout celles de la rangée voisine de l’épiderme inférieur, qui ont la 
structure que j'ai signalée, et dont je veux décrire l’évolution. 
Dans quelques Stelis, etc., ces cellules spiralées sont aussi disper- 
sées au milieu du parenchyme vert, 

Les spiricules, que l’on voit très bien se contourner en colima- 
con vers les extrémités des utricules, sont saillantes à l’intérieur de 
celles-e1 ; assez souvent, les tours de spire sont séparés les uns 
des autres par la résorption de la membrane qui les unissait d’abord. 
Assez fréquemment aussi, surtout dans les très longues cellules de 
la face supérieure de la feuille, il n’y a point de spiricules propre- 
ment dites ; mais les membranes sont simplement plissées en hé- 
lice , sans qu'il y ait de productions secondaires comme celles que 
je vais décriré. 

Ces cellules, quand elles sont munies de spiricules, ont donc 
beaucoup d’analogie avec les vaisseaux spiraux et les cellules des 
Cactées dont jai parlé précédemment ; mais si, de l’évolution de 
ces derniers organes, on voulait préjuger celle des autres, on Lom- 


berait dans une erreur bien grande. En effet, tandis que les Spiri- 
4° série. Bor. T. II, ( Cahier n° 6. }2 29 


298 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


cules des cellules fibreuses des Cactées , etc., appartiennent évi- 
demment aux formations secondaires internes, celles des cellules 
spiralées des feuilles des Orchidées, dont il s’agit ici, se rangent 
parmi les formations secondaires externes (4). 

Voici comment leur développement s'accomplit. Ce que je vais 
dire se rapporte surtout au Lepanthes cochlearifohia et au Physosi- 
phonLoddigesii, dans lesquels j'ai étudié ce phénomène avec le plus 
de facilité. Les cellules qui le présentent sont, dans leur jeunesse, 
séparées par une membrane commune à deux cellules. La produc- 
tion des spiricules peut commencer dès cette époque ; c’est ce qui 
m'a paru avoir lieu le plus souvent dans le Lepanthes cochleari- 
folia ; mais fréquemment, surtout dans le Physosiphon Loddigestü, 
leur évolution commence lorsque la membrane de chaque utricule 
est distincte. 

Si le développement se fait quand la cloison , ou membrane qui 
sépare deux cellules, est simple, la modification peut s'effectuer 
sur l’un ou l’autre côté de la cloison seulement, ou sur les deux côtés 
à la fois. Supposons d’abord, ce qui arrive fort souvent, qu'il ne 
naisse de spiricule qu’à la surface de l’une des deux cellules que 
sépare cette cloison. On voit alors , sur des coupes transversales , 
que la membrane s'épaissit du côté de cette cellule à des intervalles 
réguliers. Comme l’épaississement s'opère dans l’intérieur de la 
cloison, il en résulte que la membrane fait dans la cavité de la cel- 
lule des saillies ou des ondulations alternant avec des parties dépri- 
mées, tandis que la surface interne de l’autre cellule est restée rec- 
tiligne. Quand ces éminences , qui décrivent une hélice dans 
l’intérieur de la cellule, sont arrivées à une certaine dimension, on 
reconnait que l’épaississement se divise en deux parties : l’une, 
mince, circonserit la cavité de la cellule , c’est la membrane utri- 
culaire ; l’autre, qui ressemble à de la matière intercellulaire, rem- 
plit les tubulures formées par les ondulations dues à l’écartement 
de la membrane. 


(1) Meyen, qui a signalé ces cellules spiralées dans l'Oncidium maæimum, 
l'O. juncifolium, le Vanda teretifoliu, jugeant &e leur développement par leur 
apparence, s était imaginé que la spiricule était à la face interne de la membrane 
cellulaire. (Voyez Meyen, Physiologie, t. 1°", p. 435.) (Note de l’auteur.) 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. . 399 

Ce qui s’est produit d’un seul côté de la cloison peut s’opérer sur 
les deux, c’est-à-dire sur les deux cellules adjacentes. Alors les 
ondulations de l’une des cellules sont rarement opposées à celles 
de l’autre; elles sont plus fréquemment alternes, de manière, au 
contraire, que les dépressions d’une cellule correspondent aux 
éminences ou spiricules de l’autre. Le produit de la sécrétion d’une 
cellule est donc parfois bien distinct de celui de la sécrétion de sa 
voisine ; et les ondulations, ou renflements, sont quelquefois sépa- 
rées par de courts espaces, dans lesquels la membrane primaire 


n’a pas été modifiée , épaissie ; mais quand la végétation est très 


active, la sécrétion peut être assez abondante pour que les matières 
épanchées entre les deux parois soient confluentes : il n’y à pas 
alors de ligne de démareation entre l’épanchement fourni par l’une 
et par l’autre cellule. Toute la formation secondaire à , dans ee cas 
primeipalement, les caractères de la matière intercellulare , telle 
que les botanistes la comprennent ordinairement. 

Quand, au contraire, des l’origine de ces formations secondaires 
externes, les membranes des cellules contiguës sont distinctes. là 
phénomènes généraux sont les mêmes ; mais on distingue mieux 
encore ce qui appartient à chacune des utricules. Le Physosiphon 
Loddigesu, dans cette circonstance, est très favorable à l’observa- 
tion, bien que ce phénomène soit aussi bien souvent apparent dans 
d’autres espèces. Dans ce cas, done , de même que dans le précé- 
dent, il arrive très fréquemment que l’une des deux cellules seule- 
ment est active. On la voit se plisser régulièrement, en s’écartant 
à des intervalles égaux de sa voisine , au contact de laquelle elle 
demeure dans les parties où il ne se fait pas d’excrétion. À mesure 
que l’écartement a lieu , les petits espaces intercellulaires se rem- 
plissent d’une matière fluide, dont la densité est manifestement 
plus grande près de la cellule formatrice. Si les deux cellules sont 
écartées par la section en préparant l'objet, la cellule active em- 
porte avec elle ce qu’elle a produit, et l’on voit distinctement que la 
malière sécrétée, qui est nettement délimitée, n’est bordée à l’exté- 
rieur par aucune pellicule qui puisse résulter d’un dédoublement 
de la membrane mère, analogue à celui que j'ai représenté figure 33, 
planche 21, par exemple, en r,r. Mais, à une époque un peu plus 


3/0 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 

avancée, on s'aperçoit que la sécrétion acquiert plus de densité vers 
sa limite externe ; une pellicule d’abord d’une très grande té- 
nuité apparaît; elle augmente insensiblement et finit par atteindre 
l'épaisseur de la membrane mère, qui a été refoulée vers le centre 
de la cellule. 

Une production semblable peut naître aussi de l’autre côté de 
la cellule adjacente. Dans ce cas, la sécrétion des deux cellules 
voisines est distincte, même avant l’apparition de la pellicule ex- 
terne ; car les deux sécrétions contiguës sont séparées à leur point 
de contact par une ligne noire très déliée, suivant laquelle naissent 
bientôt les membranes externes. Celles-ci paraissent quelquefois 
unies comme le serait l’eustathe de M. Hartig, auquel elles corres- 
pondent évidemment; mais dans un âge plus avancé encore , cet 
eustathe, ou mieux ces deux membranes tertiaires externes se 
séparent, ce qui n'aurait point lieu d’après la théorie de M. Hartig. 

Bien que les parties constituantes de ces cellules spiralées appa- 
raissent de l’intérieur à l'extérieur, leurs spiricules n’ont cependant 
pas la composition que cet anatomiste attribue aux spiricules en 
général; car, suivant lui (Ann. se. nat., 8° série, . I‘, p. 860), 
la spiricule est formée d’un astathe environné et soutenu par le 
Ptychode, tandis que nous avons, dans les spiricules des feuilles des 
Orchidées mentionnées ici (en adoptant les termes de M. Hartig), 
le ptychode, l’astathe et l’eustathe. Ainsi, dans ce cas spécial même, 
qui diffère au plus haut point des spiricules des Cactées et des vais- 
seaux spiraux décrits précédemment, la spiricule n’a pas, je le ré- 
pète, la composition que M. Hartig a cru trouver dans les vaisseaux 
Spiraux en général, bien que la production de cette spiricule 
s'accorde avec sa théorie sur l'accroissement de la cellule. 

Voilà des faits qui justifient à peu près complétement l'opinion de 
ce savant, si on la considère comme l'expression de quelques cas 
particuliers ; malheureusement ce botaniste, croyant pouvoir gé- 
néraliser quelques observations isolées , a cité des exemples, tels 
que le Taæus baccata, etc., qui ne sont pas du tout conformes à sa 
théorie, ainsi que je vais le démontrer maintenant. 

Cette digression sur les formations secondaires externes m'a 
éloigné un peu des fibres ligneuses des Conifères, ou plutôt du. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. ali 
Taæus baccata ; mais elle était indispensable pour montrer l’analo- 
gie qui existe dans l’origine des formations secondaires internes, 
ou prétendus dépôts intérieurs, avec ce que je désigne par forma- 
tions secondaires externes. 

Je reviens maintenant à ma description des fibres ligneuses du 
Taæus. Je disais donc que les très jeunes cellules qui les consti- 
tuent, d’abord intimement unies entre elles (pl. 22, fig, 46), com- 
mencent à se séparer les unes des autres dans la direction paral- 
lèle, aux rayons médullaires (fig. 47, p,p), et ensuite, quelquefois 
beaucoup plus tard, perpendiculairement à ces rayons, en c, en 
émettant chacune une couche mince de la substance dite intercel- 
lulaire (fig. 48), comme si elle était tout à fait mdépendante des 
cellules qu’elle environne, comme si elle n’en était qu’un moyen 
d'union venu on ne sait d’où. 

Pendant que ces phénomènes se passent à l'extérieur, on en ob- 
serve d’autres à l’intérieur des cellules ; mais ils sont un peu plus 
tardifs. Je dis qu'ils sont un peu plus tardifs, parce qu'ils n’appa- 
raissent qu'après la disjonction des cellules parallèlement aux 
rayons médullaires ; souvent aussi on les aperçoit longtemps avant 
la séparation des utricules qui se fait dans le sens opposé en c, 
fig. 47. Je veux parler des formations secondaires internes. 

Pour bien étudier leur apparition , il faut examiner surtout des 
coupes parallèles aux rayons médullaires, au moment où la végéta- 
tion est très active. On découvrira , dans le bois de l’année précé- 
dente, toutes les fibres parfaitement isolées les unes des autres, 
unies ou non par de la matière intercellulaire , car celle-ci dispa- 
rait quelquefois (fig. 51 et 52). Chacune d’elles est alors composée 
de trois membranes (fig. 51) : une extérieure p, qui représente 
l’eustathe de M. Hartig; une intérieure s, qui correspondrait au 
ptychode de cet auteur ; et une intermédiaire a, qui serait l’équi- 
valente de son astathe. Si la formation secondaire externe à n’a 
pas été résorbée , elle sera commune à deux cellules voisines , et 
il y aura deux membranes de plus que M. Hartig ne le pense. Dans 
tous les cas, ces fibres seront toujours séparées les unes des autres, 
soit par de la matère intercellulaire (fig. 51, 2,2), soit que cette 
substance ait disparu (fig. 52). 


3112 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


Dans le bois de l’année, on pourra observer la même structure ; 
les fibres pourront être isolées complétement ; on bien, quoique 
munies de leurs ponetuations aréolées, de leurs spires ou de leurs 
anneaux , elles pourront encore être soudées entre elles par leurs 
membranes primaires, comme l'indique la figure 49 en p,p, 
planche 22 ; l’astathe, ou membrane moyenne, pourra avoir aussi 
une assez grande épaisseur (comme en”, m, fig. 49). Je me ser- 
virai des termes de M. Hartig, parce qu’ils peuvent être employés 
ici sans inconvénient. 

Dans des cellules plus jeunes, on ne distinguera plus les anneaux, 
ni les spires (fig. 49, K,R,T,X,Z); mais il pourra y avoir 
encore les ponctuations imparfaites, représentées par des cercles 
assez larges, bordés d’une très petite aréole 0,0. Ces cercles sont 
remplis d’une matière qui contient des granulations en suspension. ‘ 
Dans ces cellules, l’astathe et le ptychode ne sont pas encore dis- 
tinets l’un de l’autre ; il n’y à qu’une couche homogène et épaisse 
(kg, fd) à la face interne de la membrane primaire p,p. Le pty- 
chode, ou membrane interne, n’est indiqué que par une densité 
plus grande, et une légère teinte du bord interne de la membrane. 
Cette teinte, bien délimitée autour de la cavité de la cellule , se fond 
peu à peu vers l’intérieur de cette membrane secondaire. L’épais- 
seur de celle-ci ne parait pas sensiblement moindre dans des cel- 
lules arrivées au degré de développement dont je parle (fig. 49, X), 
que dans les fibres plus vieilles m, m ; mais dans des fibres moins 
avancées encore, elle est notablement moins épaisse fd, cb; son 
bord interne est souvent un peu sinueux d, c,b, et, chose remar- 
quable, son épaisseur n’est pas égale sur tout le pourtour de la 
cellule fd, cb ; elle est plus petite du côté externe, c’est-à-dire du 
côté de l'écorce e que du côté interne ou de la moelle. Ces cel- 
lules X, R, T ont aussi des disques aréolés avec granulations. Plus 
à l’extérieur encore , la cellule X est marquée de même de disques 
aréolés et granulés; mais la cellule Z, plus jeune que les précé- 
dentes, n’a plus de traces de l'apparition des ponctuations. Par 
l'examen de ces cellules d’âges différents , on peut s'assurer que 
la membrane secondaire interne diminue d'épaisseur à mesure 
que l’on observe des cellules moins âgées , et que le côté externe 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 313 
est ordinairement plus mince que l’interne, ainsi que je l'ai dit plus 
haut. Dans la cellule X, cette membrane interne est encore sen- 
Sible vers l’intérieur de l'arbre en a ; elle ne l’est plus du côté de 
l'écorce ou de la cellule Z. Dans cette cellule Z, il n’v a pas de 
traces de la membrane secondaire. Il ne reste plus, ou mieux il 
n’y à que la membrane primaire qui soit développée, celle qui est 
la plus extérieure dans la fibre parfaite, celle que M. Hartig regarde 
comme la plus jeune, et qui est en réalité, comme on le voit, née la 
première. Les autres apparaissent donc à la face interne de celle-e1, 
d’abord sous la forme d’une couche inégale, dont le bord interne 
paraît refoulé vers l’axe de la cellule par une substance qui s’m- 
terpose entre lui et la membrane primaire ; ce qui prouve que c’est 
encore celle-ci qui élabore ces productions internes , comme elle 
paraît donner naissance à la matière intercellulaire , ou formation 
secondaire externe. 

La couche secondaire interne, d’abord simple, comme je viens 
de le dire, se divise en deux quand elle a acquis à peu près l’épais- 
seur qu'elle doit avoir. La plus intérieure est mince, l'autre beau- 
coup plus épaisse. Au moment où s'opère cette division se montrent 
les spiricules ; elles naissent, comme celles des Cactées que j'ai 
décrites , sous la forme de lignes très grêles, plus claires que le 
reste de la paroi cellulaire, et dans l'épaisseur de celle-ci; elles 
s’accroissent insensiblement, et finissent par faire saillie dans lin- 
térieur de l’utricule. Aïnsi, cette membraneinterne ou le ptychode, 
formant dans le principe le bord libre, plus dense et un peu coloré 
de la production secondaire, a été sécrété avant l’astathe ; et tous 
les deux tirent leur origine de lamembrane externe, ou eustathe de 
M. Hartig, qui serait par conséquent primaire et non tertiaire (4). 

(1) Quand je dis que la membrane interne ou ptychode et la membrane 
moyenne ou astathe tirent leur origine de la membrane externe ou primaire, je 
ne veux pas dire que l'astathe naisse immédiatement de celle-ci; mais je crois, 
au contraire, qu'elle naît du ptychode ou membrane interne. Ainsi, je pense que 
la membrane primaire sécrète la membrane interne, et que celle-ci à son tour 
produit l'astathe ou membrane médiane, parce que toutes les fois qu'une mem 
brane en sécrète une autre, la densité va ordinairement en diminuant de l'organe 


sécréteur à la surface de la partie sécrétée, quand cette différence est encore 
sensible , car il arrive un moment où elle ne l’est plus. (Note de l'auteur.) 


ol A. ‘'TRÉCUL, — FORMATIONS SECONDAIRES 

Si, après avoir examiné des coupes longitudinales parallèles aux 
rayons médullaires, on étudie de nouveau des coupes perpendicu- 
laires à ces rayons, on observe des phénomènes semblables à ceux 
que je viens de décrire pour ce qui concerne les formations secon- 
daires internes, à mesure que les coupes seront faites plus profon- 
dément. On verra aussi que, dans l’intérieur même de l’aubier, les 
deux membranes primaires p,p (fig. 39, pl. 21) des cellules voi- 
sines pourront rester enchâssées dans les formations secondaires 
interne as et externe t, en conservant leurs dilatations et leurs con- 
tractions, ou mieux leurs parties entre lesquelles la matière inter- 
cellulaire 2,2 ou formation secondaire externe sera plus où moins 
abondante. 

Cette structure communique aux tissus le plus singulier aspect, 
et il faut absolument les avoir vus naître pour s’en rendre un compte 
exact. Il serait impossible de comprendre à la première vue ce que 
sont ces lignes sinueuses qui courent au milieu de la substance de 
la paroi utriculaire. Quand , au contraire, on a vu ces parois cellu- 
lairesréduites à ce que montrent les figures 36, 37 et 38, planche 24, 
en p,p, ce phénomène , qui semble d’abord inexplicable ; devient 
de la plus grande simplicité. On n'hésite plus à reconnaitre dans ces 
lignes sinueuses les membranes primaires des deux cellules ou fibres 
ligneuses adjacentes, séparées par de la matière intercellulaire, et 
enveloppées par leurs couches respectives de formation secondaire 
interne. On remarquera quelquefois aussi, sur des coupes perpen- 
diculaires aux rayons médullaires, un autre phénomène intéressant. 
J'ai dit plus haut que toutes les jeunes cellules collatérales , mais 
appartenant à des séries rayonnantes différentes , ne sont pas tou- 
jours au même degré de développement dans la couche génératrice. 
J'ai trouvé des exemples fort remarquables de ce fait dansle Taœus 
baccata, et je les représente dans les figures 40 et 41, planche 21..A 
côté de fibres parfaites (fig. 41, F), déjà munies de spiricules très 
développées, de couches secondaires très épaisses «, s, j'ai remar- 
qué quelquefois, dis-je, d’autres cellules B,C,c, dans lesquelles 
la formation secondaire était nulle ou extrêmement réduite ; voyez 
en C,s',s', où elle ne consistait qu’en une couche fort mince qui 
revêtait les membranes primaires p’, p'ravec leurs renflements plus 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES, 309 
ou moins prononcés. Les deux membranes des cellules adjacentes 
n'étaient même pas toujours séparées æ. La coupe, représentée par 
cette figure 41, offrait aussi deux pores 0, 0, dont la deseription est 
digne d'intérêt. ILy avait perforation complète, communication d’une 
cavité cellulaire à l’autre, et, ce que j'ai vu avec surprise, c’est que 
la membrane interne d’une cellule B était parfaitement continue avec 
la membrane interne de l’autre F, de même que celle de cette cel- 
lule F était continue avec la membrane interne de la cellule D. Fai 
vérifié ce fait par un grand nombre d’autres observations. Je ferai 
remarquer que, dans cette figure qui représente des fibres jeunes 
encore , et dans quelques autres coupes de tissus jeunes et vigou- 
reux aussi, l’espace lenticulaire o qui sépare ordinairement les 
fibres à l’endroit des ponctuations, comme ceux que montre la coupe 
transversale figurée sous le n° 52, planche 22, et les coupes longi- 
tudinales (fig. 53, 54, 55, 56, et pl. 21, fig. AO), cet espace len- 
ticulaire, dis-je, n'existait pas dans la coupe qui a donné la 
figure 41. D'où il suit que ce n’était pas le renflement causé à 
l'intérieur des cellules par la production de cette vacuole, qui avait 
déterminé l'absence de dépôt secondaire sur la paroi interne des 
cellules, puisqu'iln’y avait pas eu épanchement de gaz comme le 
pense M. Schleiden. Je m'empresse d'ajouter cependant que l'opi- 
non de ce célèbre anatomiste sur l’origine de cet espace lenticu- 
laire n’est pas sans fondement, ainsi que je le montrerai plus loin. 

Nous avons vu précédemment que les ponctuations, ou mieux 
les pores, vus sur des coupes parallèles aux rayons médullaires , 
commencent par des cereles remplis d’une substance mucilagi- 
neuse tenant des granules en suspension (fig. 49 en 0,0); que ces 
cercles apparaissent en même temps ou un peu avant les forma- 
tions secondaires internes. Peu à peu les disques granulés dimi- 
nuent de largeur, tandis que les aréoles environnantes augmentent, 
et bientôt le disque est réduit à une ponctuation arrondie , envi- 
ronnée d’une autre aréole plus petite, ronde également , et quel- 
quefois aussi d’une troisième plus petite encore, mais elliptique. 
Ces granulations sont dues, sans doute, à la désorganisation de la 
membrane, qui détermine la formation des ouvertures. 

Bien que, ainsi que je viens de le dire , j'aie vu très souvent, 


36 A, TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


au printemps, des perforations complètes avant l'existence des 
espaces lenticulaires , il m'est arrivé dernièrement, au mois d’oc- 
tobre, en cherchant à vérifier encore une fois mes observations, de 
trouver que , entre des membranes cellulaires encore nunees, il y 
avait des séries de ces petits espaces remplis de gaz, sans commu- 
nication avec les cavités des cellules, ainsi que l’a décrit M. Schlei- 
den; mais on voit, par ce que l’on vient de lire, que ce ne sont 
point ces cavités lenticulaires, je le répète, qui font que la paroï ne 
s’épaissit pas dans les endroits où des ponctuations doivent appa- 
raître, puisqu'il y a souvent dans de jeunes tissus des ouvertures 
sans ces espaces intercellulaires. | 

Il est évident déjà que ces perforations, que quelques anato- 
mistes ont niées, ne se forment point comme on l’a prétendu; ce 
que je vais ajouter achèvera de le démontrer. Puisqu'il y a perfora- 
tion complète, il n’y existe pas de membrane primaire obturatrice ; 
et, de plus, les membranes internes des deux cellules voisines 
sont parfaitement continues à travers les ouvertures (fig. 41, 55 
et 56 en o) ; et cela ne se voit pas seulement dans les organes très 
Jeunes, mais encore dans des fibres de l’aubier, lorsque la séparation 
des membranes primaires n’a pas été entière, comme le montrent 
les figures 52 et 54 en u, u. C’est ordinairement près de ces espaces 
lenticulaires que la scission des deux cellules se termine. Avant 
qu’elle soit complète, on suit très bien autour des vacuoles lenticu- 
laires la continuité de ces parois, que je n’ai trouvée interrompue 
que lorsqu'il y avait un peu de matière intercellulaire (fig. 53, 2), 
ou entre des fibres plus âgées, dont la disjonction des membranes 
primaires était entièrement opérée. Après cette séparation totale 
des deux fibres, on observe aussi que la membrane externe de 
chacune est en continuité manifeste avec sa membrane interne, et 
il résulte de là que ce qui a été appelé astathe par M. Hartig est tout 
à fait enclavé , comme dans une tunique, dans ce que j’ai désigné 
par membrane primaire et membrane secondaire la plus interne 
dans mes descriptions. Il semblerait à cette époque tardive, d’après 
cette structure , que la membrane primaire s’est dédoublée , ainsi 
que je l'ai dit pour les vaisseaux réticulés de l’Zmpatiens fulva , et 
qu'entre ces parties dédoublées s'est épanchée une matière demi- 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 347 
liquide, mucilagineuse. Mais le phénomène ne s’est pomt accompli 
de la sorte : la membrane primaire, vue pendant le développement 
des autres, ne paraissait pas s'être dédoublée , et e’est iei que le 
mot sécrétion où excrélion peut être employé avec justesse; car 
dans le tissu, par exemple, qui m'a fourni la figure 40, planche 24, 
la membrane primaire p, p enveloppant la matière intercellulaire 2, 
presque confondue avec elle, avait une consistance très grande, 
l'aspect argentin un peu bleuâtre des jeunes utricules , tandis que 
la formation secondaire s’,s’ avait complétement l’apparence gé- 
latineuse. Ici, comme on le voit, il y avait, à côté de l’une de 
l’autre , deux fibres à un degré de développement différent. Dans 
l’une , la membrane interne était déjà munie de ses spiricules F, 
tandis que l’autre € en était dépourvue. Cette membrane, avec 
spiricules s, était consistante , mais moins que la membrane pri- 
maire p, avec laquelle elle était continue à l'ouverture de la per- 
foration o. On remarquait une certaine dissemblance dans leur 
teinte, dans leur densité ; mais on n’observait pas de discontinuité 
bien manifeste. Dans l’autre cloison , la différence de densité entre 
les membranes primaires p',p’ et la formation secondaire s, s’ qui la 
revêt, était bien plus sensible encore, car cette dernière avait tout 
à fait l'aspect gélatineux. 

J'ai dit tout à l'heure que c’est au pourtour des vacuoles lenticu- 
laires (Tüpfelraum des anatomistes allemands) que la séparation 
des membranes primaires des cellules adjacentes s'opère en dernier 
lieu. Il résulte, de cette scission tardive en ce point, qu'avant qu’elle 
soit entièrement accomplie, comme en w,u, figures 52 et 54, 
planche 22, chaque vacuole est entourée d’une membrane continue. 
Ce reste d’adhérence a probablement contribué à faire croire à 
M. Schacht que ces vacuoles(ou T'üpfelraum) sont des cellules mu- 
nies d’une membrane propre. Par un nouvel examen, M. Schacht 
s’apercevra certainement qu'il n’en est pas ainsi; 1l reconnaitra que 
souvent , sur des coupes soit transversales , soit longitudinales , il 
n'y à plus adhérence que d’un côté de la vacuole comme en 0’, 
ligures 52 et 54; il s’apercevra enfin que ces espaces lenticulaires 
ne sont limités que par les membranes primaires des deux cellules 
VOIsines. 


318 A. RÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES 


J'ai aussi acquis la certitude que ce T'üpfelraum, ou espace len- 
ticulaire, contient, à son début, une matière d'apparence gazeuse, 
ainsi que l’a dit M. Schleiden , et non un liquide renfermant des 
oranules, comme le pense M. Schacht. Cette substance granuleuse 
se trouve dans l'épaisseur de la membrane, pendant que celle-ci se 
résorbe pour produire les ouvertures ou perforations que je viens 
de décrire. 

Je terminerai ce mémoire en reconnaissant qu'il m’a élé impos- 
sible jusqu'ici de voir l’évolution complète de ces perforations. Je 
n'ai pu saisir , n1 sur des coupes transversales , n1 sur des coupes 
longitudinales, les premiers indices de leur apparition ; mais la 
disposition des parties qui les environnent me porte à croire que 
c’est dans ces endroits où les membranes primaires n’ont pas été 
séparées que se développent ces pores. 


Conclusions générales. 


Des principaux faits renfermés dans ce mémoire, je conclus : 


1° Que la cellule végétale peut produire des formations secon- 
daires externes et des formations secondaires internes ; 

2° Que certaines cellules ne donnent naissance qu’à des fofma- 
tions secondaires externes ; 

9° Que d’autres cellules ne produisent que des formations secon- 
daires internes ; 

L° Qu'il est des cellules qui réunissent à la fois ces deux sortes 
de formations ; 

5° Que les spiricules des vaisseaux, les réticulations, les an- 
neaux , etc., sont engendrés par la membrane primaire qui les a 
précédés ; 

6° Que les spiricules sont toujours trouvées creuses , et renfer- 
mant une substance liquide ou mueilagineuse, ou tout à fait solide, 
suivant l’âge auquel on l’examine, toutes les fois qu’elles sont suffi- 
samment grosses pour être bien observées ; 

7° Que les anneaux des vaisseaux annulaires sont également tu- 
buleux et remplis d’une substance analogue à celle que contiennent 
les spiricules ; 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 319 

8° Que les vaisseaux réticulés présentent trois formes différentes, 
quant à leur structure intime : 4, les uns sont formés de deux 
zones, d’une membrane primaire qui est à l’extérieur , et d’une 
membrane interne sécrétée par la précédente ; elle est çà et à inter- 
rompue, et figure de larges mailles ou de simples raies, ou seule- 
ment des ponctuations ; B, d’autres vaisseaux semblent aussi for- 
més de deux membranes réunies aux fentes , aux pores où aux 
dépressions qui les simulent, mais elles sont séparées dans les 
autres parties par de la substance semblable à celle que j'ai signalée 
dans les spiricules ; €, dans la troisième forme, les branches du 
réseau sont étroites, et ne constituent que de petits tubes grêles , 
anastomosés, contenant la même matière que les autres vaisseaux ; 

9 Que les fibres ligneuses de plusieurs végétaux que j'ai étudiés 
ont une structure et un mode de développement analogues ; 

10° Que , dans le T'aæus baccata par exemple , les jeunes fibres 
contiguës ne sont séparées que par une membrane simple qui se 
dédouble, et sécrète de la matière intercellulaire à l'extérieur, et 
les membranes secondaires des auteurs à l'intérieur; 

41° Que la plus interne de ces membranes n’est pas la plus jeune, 
comme on le croit généralement, mais que c’est la médiane qui 
apparait la dernière ; 

12° Que les cavités des fibres contiguës communiquent entre 
elles par des perforations de leurs parois ; 

13° Que, dans les fibres adultes, la membrane interne de chacune 
est en continuité parfaite avec sa membrane externe ; et que, dans 
des fibres plus jeunes, les membranes internes des deux cellules 
adjacentes sont aussi continues , intimement réunies à travers les 
ouvertures; 

14° Que, par conséquent, la membrane médiane qui est la der- 
mère formée est enveloppée de toutes parts par les deux autres ; 

15° Enfin que, de tous ces faits , il résulte que ces membranes 
secondaires ne sont pas dues à des sédiments abandonnés par les 
liquides contenus dans les cellules végétales. 


850 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


EXPLICATION DES FIGURES. 
PLANCHE 19, 


Fig. 4. Coupe longitudinale d'une partie de la tige de l’Echinocactus Courantii, 
montrant en c de jeunes cellules fibreuses spiralées parfaites ; en d, une cellule 
munie d'anneaux; en b, de jeunes cellules garnies de spiricules très peu dé- 
veloppées ; en a, des cellules de même nature non encore munies de spires 
ou d'anneaux ; en e, des cellules plus larges qui, en se dilatant transversale- 
ment, puis se divisant longitudinalement, devaient reproduire des cellules 
semblables aux précédentes ; f, jeunes cellules corticales. 

Fig. 2. Coupe transversale des parties représentées figure 1: c, couche fibro- 
vasculaire ; b, cellules à spiricules; d, cellules à anneaux; a, jeunes cellules 
fibreuses de la couche génératrice, réduites encore à la membrane primaire ; 
f, cellules corticales ; r, r, rayon médullaire, 

Fig. 3. Une des jeunes cellules fibreuses représentées en a dans les figures 1 
et 2, isolée et réduite à la membrane primaire. 

Fig. 4. Même cellule un peu plus âgée; on y aperçoit la spiricule naissante. 
Cette spiricule ne se distinguait d'abord de la membrane qu'en ce qu'elle avait 
une teinte plus claire que le reste de celle-ci, dans l'épaisseur de laquelle elle 
naît. 

Fig. 5. Cellule de même nature, montrant la spiricule un peu plus avancée que 
celle de la figure #4. On voit en à, i, que la spiricule commence dans l'épais- 
seur de la membrane primaire. 

Fig. 6. Cellule fibreuse du même Echinocactus Courantii, renfermant une spiri- 
cule plus âgée. 

Fig. 7. Cellule fibreuse munie d’une spiricule plus dilatée encore transversa- 
lement. 

Fig. 8. Cellule fibreuse spiralée, dont la membrane s’infléchit à l’intérieur. 

Fig. 9. Cellule fibreuse à spiricule bifurquée dans les deux tiers supérieurs de 
sa longueur , et développée irrégulièrement sous l'influence de la compression 
exercée latéralement par les cellules voisines. La membrane primaire est 
résorbée. 

Fig. 40. Spiricule développée normalement , et privée de sa membrane primaire 
qui a été résorbée. 


PLANCHE 20. 


Fig. 41. Jeune cellule fibreuse montrant en a,a des anneaux naissants ; elle 
fut obtenue d'un très jeune Mamillaria quadrispina. 

Fig. 42. Jeune cellule à anneaux un peu plus avancés: ils naissent dans l’épais- 
seur de la membrane comme les spiricules. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 351 


Fig. 43. Jeune cellule annelée plus avancée encore. 

Fig. 14. Cellule plus âgée que les précédentes: ses anneaux sont déjà très 
larges. | 

Fig. 45. Cellule fibreuse dont les anneaux sont parfaits. 

Fig. 416. Cellule fibreuse contenant à la fois une spiricule s, des anneaux com- 
plets «, et des anneaux incomplets offrant la figure du croissant c. 

Fig. 47. Anneau d'une de ces cellules développé normalement. 

Fig. 48. Anneau développé en carré sous l'influence de la compression des cel- 
lules voisines. 

Fig. 19. Anneau comprimé de cinq côtés pendant son accroissement. 

Fig. 20. Anneau développé sous l'influence d’une compression unilatérale. 

Fig. 21. Fragment d'un vaisseau rayé tiré du Cucurbita Pepo. Ce genre de vais- 
seau est bien plus fréquent dans l'Echinocactus Brongniartiüi. Les parties qui 
séparent les raies sont renflées à l'extérieur et à l'intérieur r,r, et formées 
d'une membrane interne et d'une membrane externe entre lesquelles est une 
substance gélatiniforme. 

Fig. 22. Vaisseau spiral du Cucurbita Pepo, dont la spiricule est formée d’un 
tube contenant une substance gélatineuse, quelquefois liquide, suivant l'âge. 
La spiricule a été coupée transversalement en 0,0; cette section fait voir la 
structure tubuleuse de cette spiricule. 

Fig. 23. Portion d'anneau tiré de la racine du Mamillaria dolichocentra, mon- 
trant que cet anneau est tubuleux comme la spiricule de la figure précédente. 

Fig. 24. Anneau entier tiré de la même racine; il est vu par transparence, et 
montre la cavité centrale remplie d’une substance d'aspect différent de celle 
qui constitue les parois. 

Fig. 25. Fragment d'une spiricule tirée de la même racine du Mamillaria ds - 
chocentra. On voit en 0, o, les ouvertures du tube, et dans les parties inter- 
médiaires on aperçoit par transparence la substance centrale. 

Fig. 26. Fragment de spiricule d’une cellule fibreuse de l’Echinocactus Couran- 
ti. On voit en o, sur les tranches, que cette spiricule est tubuleuse comme les 
précédentes ; elle contient une substance gélatineuse. 

Fig. 27. Coupe longitudinale d'un vaisseau rayé de l’Echinocactus Brongniartii. 
On voit qu'il est composé de deux membranes , l’une interne, l’autre externe, 
entre lesquelles est une substance d'aspect gélatineux. On voit en r que les 
deux membranes sont parfaitement continues dans les fentes. 

Fig. 28. Portion de vaisseau réticulé tiré de la tige de l’Echinocactus Bron- 
gniarti. On voit en 1, t que les ramifications du réseau sont tubuleuses, 
comme les spiricules citées plus haut. 

Fig. 29. Fragment de vaisseau tiré de l’Impaliens fulva. La membrane primaire 
est extérieure à la spiricule, et parcourue longitudinalement par des lignes 
saillantes. Cette figure a pour but de montrer que ces lignes, dans certaines 
positions du vaisseau sous le microscope , peuvent faire croire à deux mem- 


302” A. TRÉCUF. — FORMATIONS SECONDAIRES 


branes : l'une interne et l’autre externe par rapport à la spiricule. C’est lors- 
que deux de ces lignes occupent la position des lignes a et b. En plaçant le 
vaisseau de manière que son axe soit au foyer du microscope, les lignes a et b, 
si elles appartenaient à une membrane interne, devraient être sur le même 
plan que les lignes p, p', représentant la membrane externe; mais en élevant 
et abaissant successivement le porte-objet, on reconnaît que la ligne b est plus 
haut que p, et que a est plus bas que p'; elles sont donc à la surface de la 
membrane extérieure à la spiricule. Cette spiricule est tubuleuse 0, d, d. 

Fig. 30. Portion d’une fibre ligneuse normale de l’Echinocactus Brongniarlii. 
La membrane était composée de deux couches; l'interne était plus claire que 
l'externe. D'autres fibres avaient trois couches ; la médiane était plus épaisse 
que les deux autres. La partie inférieure à de cette fibre ligneuse s'était 
moulée sur un vaisseau rayé. 

Fig. 31. Fibre ligneuse de la même plante; elle a pris la forme des intervalles 
dans lesquels elle s’est moulée. 


PLANCHE 91. 


Fig. 32. Portion d'un vaisseau d'Impatiens fulva, qui avait été séparé par la 
macération dans l’eau. La macération ayant été trop prolongée, la membrane 
de ce vaisseau avait été distendue par la fermentation, et la spiricule, ne pou- 
vant suivre cette extension de la membrane, s’en était détachée, en laissant à 
la surface de celle-ci des traces de sa déchirure, Comme on le voit en s. La 
spiricule était aussi tubuleuse. 

Fig. 33. Portion d'une membrane pariétale d'un vaisseau de l’Impatiens fulva. 
Cette figure a pour but de montrer comment la membrane primaire peut sé 
dédoubler pour donner naissance à des réticulations ou à des raies. f est un 
fragment d'une jeune fibre ligneuse contiguë au vaisseau ; a, a, Sont des pär- 
ties de la mémbrane vasculaire dans lesquelles elle n’a pas été dédoublée : 
r,r, Sont dés parties de la même membrane, dans lesquelles elle a été dédou- 
blée ; de la matière gélatiniforme est interposée entre les deux membranes 
qui résultent de ce dédoublement; v, v, petits espaces intercellulaires. 

Fig. 34. Portion d'une membrane pariétale d’un autre vaisseau de l’Impatiens 
fulva. Dans ce vaisseau, la membrane était dédoublée dans toute son étendue, 
dans les parties déprimées c, c, aussi bien que dans les parties renflées à, à, où 
il y avait seulement eu sécrétion de la matière gélatiniforme. 

Fig. 35. Portion de vaisseau rayé de l’Impatiens fulva coupée longitudinale- 
ment. On voit en p,p, la composition de ce vaisseau dans un intervalle de 
deux séries de raies; il y a deux membranes pariétales, une interne et une 
externe, entre lesquelles est une substance d'aspect gélatineux ; en 0, 0, on 
voit la structure tubuleuse des branches qui séparent les raies. 

Fig. 36. Taxus baccata. Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons médul- 
laires de jeunes fibres ligneuses, prise dans la couche génératrice. p, p, mem- 


— 


DANS LES CELLULES VÉCÉTALES. 3D9 


brane simple commune à deux cellules adjacentes ; c,c, cavités de ces cellules; 
0,0, ponctuations aréolées naissantes : un cercle de matière granuleuse dû, 
sans doute, à la résorption de la membrane, est environné d'une aréole étroite ; 
r,r, cellules d’un rayon médullaire. 

Fig. 37. Taœus baccala, Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons mé- 
dullaires , faite dans un tissu un peu plus âgé. Les membranes communes à 
deux cellules, qui étaient d’abord simples partout, comme dans la figure pré- 
cédente, se dédoublent, et de la matière intercellulaire qu'elles sécrètent est 
çà et là interposée ; f, f, cavités des cellules remplies d’une matière liquide qui 
contient beaucoup de granules en suspension. La membrane encore simple 
dans les parties s, s, est épaissie dans les espaces d, d; elle est tout à fait 
dédoublée dans les endroits ce, c; et l’on voit que de la matière est interposée 
dans les endroits a, b, b. Le dédoublement ne se fait donc pas avec uni- 
formité, ce qui permet de mieux constater l’origine des diverses parties de la 
paroi de la cellule fibreuse ; r, r, cellules d'un rayon médullaire. On voit que 
les membranes de celles-ci sont d'abord confondues, intimement unies avec 
celles des cellules fibreuses voisines. 

Fig. 38. Coupe de même sorte faite dans un tissu un peu plus âgé; f, cavité 
d'une fibre ligneuse ; p, p, parois qui la séparent des cavités des fibres voi- 
sines. Ces parois sont simples en s, s; elles sont dédoublées dans les autres 
points , et les deux membranes qui résultent du dédoublement sont séparées 
par de la matière intercellulaire ; en a et b, cette matière est séparée longitu- 
dinalement en deux parties par un espace vide de toute substance solide; 
r, r, cellules des rayons médullaires. 

Fig. 39. Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons médullaires du bois du 
Taxœus baccala; p, p, membranes primaires représentées dans les figures 36, 
37 et 38 ; à, i, matière intercellulaire; s, s, membranes secondaires qui ont 
produit les spiricules ou les anneaux qui environnent les cavités f, f des fibres 
ligneuses ; a, a, membrane tertiaire formée comme l’indiquent les figures 40 
et #l;r,r, rayon médullaire. 

Fig. 40. F, partie de la cavité d’une fibre ligneuse adulte : C, cavité d’une fibre 
ligneuse plus jeune ; p,p’, membranes primaires ; à,à, matière intercellulaire ; 
s, membrane secondaire revêtue de ses anneaux dans la fibre adulte ; a, mem- 
brane tertiaire ; la cavité de la fibre C n'est encore revêtue que d’une couche 
secondaire s’, s', plus épaisse du côté de la fibre plus âgée, adulte F, que de 
l’autre côté, où cette couche secondaire est fort mince; 0, o/, ouvertures 
simulant les ponctuations aréolées; elles établissent la communication entre 
les cavités des fibres ligneuses voisines. 

Fig. 41. Taxus Laccata. Coupe longitudinale perpendiculaire aux rayons médul- 
laires ; R, cellules d’un rayon médullaire ; F, cavité d'une fibre ligneuse 
adulte ; B, C, c, cavités de fibres moins avancées dans leur développement ; 
æ, membrane primaire simple non épaissie, comme dans la figure 36; p,p, 

4° série, Bor, T. 11. (Cahier n° 6.) 5 23 


551 A. TRÉCUL. —— FORMATIONS SECONDAIRES 


membranes primaires épaissies, mais non dédoublées ; p', p', membranes pri- 
maires dédoublées ; ces dernières p', p’ et x sont revêtues d’une couche $econ- 
daire mince s', s', qui n'existe pas encore en n dans les cavités c; ©. Cette 
couche secondaire, en s’épaississant, prend plus de densité à sa face interne 
libre qui devient lamembrane secondaire interne s, revêtue de spiricules comme 
en F, ou d’anneaux, tandis que l’autre partie, plus jeune et moins dense, forme 
la membrane tertiaire a, qui sépare la membrane interne ou secondaire $ de 
la membrane externe ou primaire p. 

Fig. 42. Coupe du tissu épidermique ou subépidermique du Cereus peruvianus , 
montrant le développement de la matière intercellulaire; a, euticule; c; c, 
cloisons qui séparent des cellules de l’épiderme ; ces cloisons sont formées par 
une membrane simple; d, d, sont des cloisons dans lesquelles la membrane , 
d’abord simple comme dans les cellules précédentes , est dédoublée, mais sans 
matière intercellulaire ; cette matière existe déjà en petite quantité dans les 
cloisons e, e; elle est bien plus abondante dans les cloisons p, p, qui séparent 
des cellules appartenant à des séries différentes. 

Fig. 43. Même tissu du Cereus peruvianus, mais plus avancé; a, Cuticule ; €, c, 
cavités cellulaires; i, i, matière intercellulaire; e, e; endroits däns lésquels 
la matière intercellulaire ne s’est pas développée entre les membranés pri- 
maires. 

Fig. 44. Coupe transversale du tissu subépidermique de la tige du Beta trigyna ; 
c, c, cavités cellulaires entourées par les membranes primaires ; 1, i, matière 
intercellulaire ; chaque masse est divisée en autant de parties qu'il y à de cel- 
lules adjacentes. Lorsque l’on met ce tissu en contact avec de l’acide sulfu- 
rique un peu étendu d’eau; la matière intercellulaire se gonfle et refoule vers 
l'intérieur de chaque cavité cellulaire la membrane primaire. Les céllules 
s'isolent même quelquefois complétement, comme le montre la figure 45, 
emportant avec elles la matière intercellulaire qu'elles ont sécrétée. 

Fig. 45. Une des cellules du tissu représenté dans la figure précédente est isolée 
par l'action de l'acide sulfurique. La membrane primaire p est entourée par 
la matière intercellulaire à, ou formation secondaire externe qu'elle a sécrétée. 


PLANCHE 29. 


Fig: 46. Coupe transversale de jeunes fibres ligneuses prisés dans la couche 
génératrice du Taæus baccata. Les cavités des céllules adjacentes sont sépa- 
rées par une cloison ou membrane simple. 

Fig. 47. Coupe transversale de fibres ligneuses du Taxus baccala un peu plus 
agées. Les séries de cellules fibreuses sont séparées parallèlement aux rayons 
médullaires, en p, p, et séparées par de la matière intercellulaire. 

Fig. #8. Coupe transversale de jeunes fibres ligneuses de la même plante, qui 
toutes sont séparées les unes des autres par de la matière intercellulaire, après 
que les membranes ou cloisons primitives simples ont été dédoublées. 


DANS LES CELLULES VÉGÉTALES. 399 


Fig. 49. Coupe longitudinale du Taœus baccata ; montrant un peu de l'écorce 

interne et un peu de l’aubier; e, partie de l'écorce; Q, portions de jeunes 
fibres ligneuses de la couthe génératrice, réduites à la membrane primitive où 
cloison simple P, P, représentée transversalement en p, p, dans la figure 46. 
La jeune fibre Z n'a qu'une membrane primaire P, P commune aux cellules 
voisines ; elle ne renferme pas de trace de formation secondaire interne. La 
cellule X est dépourvue aussi de formation secondaire du côté de la cellule 
plus jeune Z, mais une couche secondaire mince a revêt la membrane primaire 
p du côté de la cellule un peu plus âgée T. Cette cellule T est munie d’une 
couche secondaire sur toute sa surface interne, mais cette couche est un peu 
ondulée et plus épaisse du côté de la cellule plus âgée À que du côté de la 
cellule plus jeune X. La cellule R a une couche secondaire beaucoup plus 
épaisse que la cellule T, mais elle est plus mince du côté de cette dernière 
cellule que du côté de la cellule Æ qui est plus vieille ; elle est encore ondulée 
en d ; elle est unie en f, ce qui indique que de ce côté elle est plus rappro- 
chée de l'état adulte. La cellule X à une couche secondaire de l'un et de 
l'autre côté g, h. À mesure que ces formations secondaires avancent en âge, 
on voit le bord qui limite la cavité utriculaire prendre une densité plus grande. 
Enfin, on aperçoit des anneaux ou des spiricules naissant de ce bord plus dense 
8, S, qui finit par former une membrane distincte. Quand la végétation est 
très active, cette membrane secondaire interne s,s, paraît séparée de la mem- 
brane primaire p par une matière fluide qui se condense plus tard ; la fluidité 
de cette matière fait même qu’en s'épanchant elle cache quelquefois la mem- 
brane primaire, que l’on découvre cependant en élevant un peu l'objet; 0, o, 
ponctuations ou perforations aréolées à divers degrés de développement. 
Cette figure montre que les ponctuations paraissent avant les spiricules et les 
anneaux. 

Fig. 50. Cette coupe, faite dans le même sens que la précédente, montre des 
fibres munies de spiricules et d’anneaux sans ponctuations : c'est que celles-ci 
ne devaient pas se développer. 

Fig, 51. Coupe transversale fournie aussi par la tige du Taæus baccata qui était 
arrêtée dans son développement. Æ, tissu cortical interne; /, fibres ligneuses les 
plus jeunes ; toutes sont parfaitement isolées les unes des autres et séparées 
même par la matière intercellulaire, comme les représente la figure #8 sur une 
coupe transversale aussi ; mais elles n'ont pas encore de formations secondaires 
internes ; f", fibres ligneuses parfaites, séparées par de la matière intercellu- 
laire à et pourvues de leurs formations secondaires internes «, s; s, membrane 
secondaire ; a, membrane intermédiaire sécrétée après la membrane s. 

Fig. 52. Coupe transversale d'un petit fragment du Taxus baccata adulte. I n'y 
a pas ici de malière intercellulaire interposée ; chaque fibre ligneuse est formée 
de ses trois membranes ; la membrane interne est parfaitement continue avec 
l’externe à travers les perforations, comme on peut le voir en 0, 0. [ne peut 


396 A. TRÉCUL. — FORMATIONS SECONDAIRES, ETC. 


donc y avoir de membrane obturatrice près de la cavité lenticulaire qui sépare 
les perforations de deux fibres adjacentes. 

Fig. 53. Coupe longitudinale montrant la structure de ces ouvertures ou préten- 
dues ponctuations ; 0, o, cavité lenticulaire; les perforations qui établissent 
leur communication avec l’intérieur de chacune des fibres, vont en s’évasant 
vers la cavité de celle-ci : il y a un peu de matière intercellulaire à, à, entre 
les deux fibres figurées. 

Fig. 54. Coupe longitudinale des parties représentées dans la figure précédente ; 
mais il n’y a pas de matière intercellulaire entre les deux fibres, dont la cloi- 
son primitive ou membrane primaire est seulement dédoublée. On voit en u, u 
que le dédoublement ne s'étend pas toujours à l'âge de ces organes jusqu'à la 
cavité lenticulaire o. C'est probablement ce qui a fait dire à M. Schacht que la 
cavité lenticulaire était pourvue d'une membrane particulière ; la continuité de 
la membrane interne avec l’externe est très apparente aussi. 

Fig. 55. Coupe longitudinale des mêmes parties, mais moins avancées encore 
que dans la figure 54. La membrane primaire p, p n’est pas du tout dédoublée. 
I y a end, d, une séparation accidentelle de la membrane primaire et des 
formations secondaires. 

Fig. 56. Coupe longitudinale de même nature ; 0, cavité lenticulaire et perfora- 
tions sur les côtés; p, membrane primaire non dédoublée; s, s, membranes 
secondaires non Laine encore d'anneaux ou de spiricules : a,a matière géla- 
tineuse interposée ; 0’, cavité lenticulaire coupée excentriquement. 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION, 
Par M. BOUSSINGAULT. 


(Extrait présenté à l'Académie des sciences , séance du 2 octobre 1854.) 


Ce Mémoire est divisé en trois parties Dans la première, je fais 
voir que, dans une atmosphère limitée et qu’on ne renouvelle pas, 
la végétation s'accomplit d'une manière normale, si le sol renferme 
tous les éléments nécessaires à la vie des plantes. Dans la seconde 
partie, je recherche si un végétal, vivant dans une atmosphère 
continuellement renouvelée, condense et fixe le gaz azote. Dans 
la troisième partie, je détermine quelles ont été les quantités d’azote 
absorbées par des plantes qui ont véeu à l'air hbre, mais à l'abri 
de la pluie, et suffisamment éloignées des émanations du sol. 


PREMIÈRE PARTIE. 


Dans un précédent Mémoire, j’ai constaté que trois plants de 
Cresson alénois, venus dans une atmosphère confinée, ont porté 
des fleurs et des graines, et j'ai fait remarquer que les organes 
développés dans cette condition n’avaient pas atteint à beaucoup 
près les dimensions ordinaires. Ainsi les tiges, bien que très 
droites , étaient aussi déliées qu’un fil très fin, et ne dépassaient 
pas une hauteur de 14 centimètres. La surface des feuilles était 
tellement réduite, qu’on en traçait le périmètre dans une circon- 
férence de 2 à à millimètres de diamètre. Comme le sol avait été 
suffisamment pourvu de substances minérales exigées par la végé- 
tation, que l'atmosphère renfermait plusieurs centièmes de gaz 
acide carbonique qu’on renouvelait au besoin, j'attribuai l’exiguité 
des organes et des fruits à l’absence de la matière azotée assimi- 
lable, de l’engrais, qu'on avait exclu à dessem. Si cette explication 
était juste, on devait faire disparaitre les différences observées 
entre les produits de la culture confinée et ceux de la culture nor- 
male , en donnant à la plante enfermée un sol où seraient réunis 
tous les éléments de la fertilité, 


298 BOUSSINGAULT. 


Le 17 mai 1854, j'ai rempli un pot à fleurs avec 3 kilogrammes 
de bonne terre prise dans le jardin. J'ai mis un poids égal de la 
même terre dans un vase cylindrique de verre , d’une capacité de 
68 litres. La terre était humide, mais bien égouttée. De part et 
d'autre, j'ai semé à graines de Cresson. Le vase de verre a été 
bouché , au moyen d’un liége et d’un manchon de caoutchouc, 
par un ballon contenant 2 litres d'acide carbonique. Un mois 
après , le 16 jui, les plantes venues dans l’appareil avaient une 
hauteur double de celle des plantes qui avaient poussé dans le pot 
à fleurs, à l’air libre ; les feuilles étaient beaucoup plus larges. 

Dès le commencement de cette expérience, j’eus l’occasion de 
faire une remarque assez curieuse : quand le temps se maïintenait 
au beau, la terre enfermée dans le vase de verre devenait, le jour, 
aussi sèche à la superficie que le sol du jardin; généralement elle 
redevenait humide pendant la nuit. Cependant il arrivait quelque- 
fois que, le matin, elle n’était pas encore complétement imbibée , 
car on apercevait çà et là des places circulaires que l’eau n’avait 
pas encore envahies. Pendant la pluie , cette dessiccation superfi- 
cielle ne se manifestait pas , dessiccation qu’on explique d’ailleurs 
par les températures si différentes qui régnaient dans l'appareil le 
jour ou la nuit, et, par suite, par les diverses quantités de vapeur 
aqueuse que l’atmosphère confinée devenait capable de retenir... 

Le 45 juillet, le Cresson enfermé était couvert de belles fleurs ; 
sa tige la plus haute atteignait 64 centimètres ; les tiges du Cresson 
poussant à l’air libre ne dépassaient pas en hauteur 34 centimètres, 
et elles portaient moins de fleurs. 

Le 15 août, les plants ont été arrachés; les tiges du Cresson 
confiné avaient alors 72 à 79 centimètres de longueur, et 3 à 4 mil- 
limètres de diamètre : elles ont fourni 210 graines. 

Les tiges du Cresson venu à l'air libre avaient 40 à 42 centi- 
mètres de longueur, 2 à 3 millimètres de diamètre ; on en a retiré 
369 graines. Le Cresson venu à l'air libre, bien qu'avant eu, en 
apparence , une végétation moins vigoureuse , des fleurs moins 
abondantes, a cependant rendu plus de graines que le Cresson dé- 
veloppé dans l’appareil. La différence entre les rendements des 
deux récoltes est peut-être due en partie à cette circonstance, que 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 359 


la terre du pot à fleurs a toujours été tenue parfaitement nette, 
tandis que, dans l’impossibilité eù l'on se trouvait de pouvoir sar- 
eler, la végétation confinée a été envahie par des mauvaises herbes. 
C'est ainsi qu'il s’est développé dans le vase de verre trois touffes 
de Fromental, hautes de 23 centimètres, et deux plants de Mou- 
ron, dont chacun portait une vingtaine de semences. 

Cette expérience établit de nouveau qu’en vase clos une plante 
accomplit toutes les phases de la vie végétale , et, de plus , qu’elle 


*, peut y atteindre un accroissement comparable à celui qu’elle acquiert 


dans les conditions ordinaires de la culture, quand le sol qui la 
supporte et l'atmosphère qui l’environne réunissent en proportion 
suffisante les principes nécessaires à son existence. 


DEUXIÈME PARTIE. 


Dans cette série d'expériences , les graines placées dans un sol 
préalablement calciné, mêlé de cendres et humecté avec de l’eau 
pure, se sont développées dans une cage de 104 litres de capacité, 
et formée par l'assemblage de plusieurs glaces fixées sur des châssis 
de‘fer verni. L'appareil, scellé sur un socle de marbre , était en 
relation, d’un côté, avec un grand aspirateur établi près d’une 
source , et, de l’autre , avec un système de tubes présentant une 
longueur de 1",50. Les tubes étaient remplis avec des fragments 
de ponce imprégnés d'acide sulfurique , sur lesquels l’air devait 
passer pour parvenir dans la cage, quand l’aspirateur fonctionnait. 
Une disposition très simple permettait de mêler à l'air aspiré, avec 
la régularité d’une horloge, des quantités déterminées d’acide car- 
bonique, de manière que l’atmosphère où vivaient les plantes con- 
tint toujours 2 à à pour 100 de ce gaz (1). 

La ponce caleinée qui recevait les graines était contenue dans des 
pots à fleurs de 4 décilitres de capacité ; on les chauffait au rouge 
avant de s’en servir : cette précaution est indispensable ; chaque 
pot disposé pour une expérience reposait dans un vase de verre 
évasé, dans lequel se trouvait de l’eau... 


(1) Les planches et les détails que ne comporte pas cet extrait se trouvent 
dans le Mémoire qui a paru dans les Annales de Chimie, 3° série, vol. XLIIT. 


360 BOUSSINGAULT. 

: J'ai fait tous mes efforts pour ne faire intervenir dans ces re- 
cherches que des cendres exemptes de charbon , parce que j'ai eu 
l’occasion de remarquer que les cendres alcalines dans lequelles 
il reste du charbon contiennent souvent de fables proportions 


Sans doute, le charbon n’exerce pas par lui-même une action 
bien prononcée ; mais si sa présence devient l'indice d’un principe 
azoté, il y a une raison suffisante pour ne faire usage que de cendres 
qui en soient exemptes; et s’il n’est pas possible de les obtenir 
entièrement blanches, même par une incinération ménagée, on ne 
doit pas négliger de les soumettre à l'analyse pour y rechercher et, 
s'il y a lieu, pour y doser Pazote..…… 

Pour doser l’azote dans les cendres, j'ai fait usage d’une li- 
queur normale décime', dont 10 centimètres cubes équivalent à 
05",0175 d'azote; quand on emploie un acide aussi dilué, qui per- 
met de doser l’azote à de faibles fractions de milligramme, il faut 
s’entourer de beaucoup de précautions, et commencer par déter- 
miner celui que contient presque toujours l'acide oxalique purifié, 
dont on se sert pour opérer le balayage des tubes... 

Les cendres que j'ai ajoutées à la ponce , dans les expériences 
faites cette année, ont été obtenues en brülant un mélange de tiges 
etde feuilles de Haricots et de Lupin ; malgré le soin que j'ai mis à 
les préparer, elles ont conservé une teinte grise, et elles se sont 
frittées par suite de leur richesse en potasse : l’analyse a indiqué 
que À gramme de ces cendres renfermait 058,1 d'azote. Dans les 
cendres plus chargées de charbon , j'ai dosé de plus fortes propor- 
tions d'azote. En voici quelques exemples : 

Cendres de Foin. — J'ai brülé une botte de Foin provenant de 
prairies hautes (non irriguées). Une partie de la cendre a été mise 
dans un creuset, et maintenue au rouge pendant quelques heures; 
la matière prit une consistance pâteuse, qui rendit impossible la 
combustion du charbon : elle était presque noire, et fortement 
frittée. Dans À gramme de cette cendre, il y avait À milligrammes 
d'azote, dont une partie se trouvait certainement à l’état de eyanure 
de potassium. En effet, en ajoutant à la lessive de cette cendre assez 
d'acide acétique pour la rendre légèrement acide, séparant la silice 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 961 
gélatineuse précipitée , et versant dans la liqueur filtrée du sulfate 
de fer, il y eut un précipité blanc abondant, qui, peu à peu, prit 
une tente bleue oecasionnée par l'apparition du bleu de Prusse. La 
réaction du sulfate de cuivre fut encore plus nette, en ce que le pré- 
cipité produit présenta tout de suite la belle couleur cramoisie de 
cyanolerrure de cuivre, ce qui prouve que, dans la cendre, il ÿ avait 
du prussiate jaune de potasse. 

Cendres de Froment. — On a brülé sur une plaque de tôle une 
gerbe de Blé; les grains carbonisés pendant la combustion de la 
paille avaient conservé leur forme. Après avoir broyé la cendre, 
on l’a chauffée au rouge dans un creuset, sans qu’on ait pu détruire 
le charbon qui lui communiquait une teinte grise. Dans 1 gramme 
de cette cendre , on a dosé 5""8,8 d'azote. Je n'ai pu y déceler la 
présence d’un eyanure alealin. On a chauffé sous la moufle pendant 
trois heures, avec beaucoup de ménagement, une petite quantité de 
cette cendre ; la matière devint d’un gris très clair : dans À gramme 
on ne trouva plus qu'une proportion douteuse d'azote, 0,07. 

Cendres de Pois. — On les a préparées en brülant des Pois dans 
un creuset. La première cendre, riche en charbon, a été broyée 
et chauffée, en élevant graduellement latempérature jusqu’à ce que 
la matière commençât à devenir pâteuse. La cendre était grise ; on 
y apercevait quelques particules de charbon. Dans 1 gramme, il y 
avait 3"illis 1 d'azote. 

Cendres d'A voine. — Obtenues en brülant 1 litre de graines au 
rouge obseur ; elles étaient d’un gris clair : à la loupe, on y dé- 

couvrait du charbon. Dans 1 gramme de cendres, on a trouvé 
7millis 5 d'azote. 

Dans les cendres dé Pois et d’Avome, d’ailleurs peu alcalines, il 
n’y avait pas de cyanure. 

Cendres de Chiendent. — On a mis le feu à un gros tas de Chien- 
dent qu’on avait extirpé d’une Vigne. Il en est résulté un brélts ou 
cendres noires, que l’on considère avec raison comme un excel- 
lent amendement. Dans À gramme de cette cendre , mêlée , on le 
conçoit, à beaucoup de terre, il y avait 358,5 d'azote... … 

Je désignerai sous le nom de cendres mixtes les cendres prove- 
nant de la combustion de plantes de Haricots et de Lupins ; comme 


862 __ BOUSSINGAULT, 
je l’ai dit, elles n'étaient pas exemptes d'azote; mais, en raison de 
leur forte alcalinité, je n’ai pu les employer dans mes expériences 
que dans'une proportion très limitée. Je leur ai donné, comme 
supplément, des cendres lavées de fumier de ferme... 
Dans les graines semées, il y avait en azote pour 400 : 
gr. 


Haricois uns. - -s … -N Ulis UE 
DÉDRS  U de ad see ONU. IE 
Première expérience. — Végétation du Lupin pendant deux 


mois et une semaine. 

Une graine pesant 05,337, devant contenir 05,0196 d'azote, a 
été plantée le 12 mai 1854. Ajouté à la ponce : 0*,05 de cendres 
mixtes. 

19 juillet. — La plante porte onze feuilles ; les cotylédons sont 
flétris. 

Dans cette expérience, il est passé dans l’appareïl 37 000 litres 
d'air. 

gr. 
Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0187 


Dans la exaine 1 at t +5. DID 
Durant la culture, perte en azote. . . . 0,0009 
Conclusion. — Il n’y a pas eu d’azote fixé pendant la végéta- 


tion. 

Deuxième expérience. — Yégétation d’un Haricot pendant deux 
mois et dix jours. 

Une graine pesant 05,720, devant contenir 05,0322 d’azote, a 
été plantée le 14 mai 1854. Ajouté au sol , 05,01 de cendres mixtes 
et 5 grammes de cendres lavées. 

22 juin. — La plante a six feuilles normales d’un vert foncé ; les 
feuilles séminales sont fortes et charnues. 

2 juillet. — Les cotylédons et les feuilles séminales sont fanés. 


20 juillet. — Trois feuilles situées vers le bas de la tige sont 
tombées ; la floraison commence. 
25 juillet. — La plante porte quatre fleurs épanouïies ; douze 


feuilles développées d’un vert pâle, et trois feuilles naissantes d’un 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 363 


vert foncé ; la tige a 28 centimètres de hauteur. La plante , dessé- 
chée à l’étuve, a pesé 2 grammes. 
Durant cette expérience, il est passé dans l'appareil 42 500 litres 
d'air. 
gr. 
Résumé : Dans la plante recoltée et dans le sol, azote. 0,0325 
PAR dh graine. : . - .:.:.,..,. :W0IN1E 0,0898 


Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0003 


Conclusion. — Iln’y à pas eu une quantité appréciable d'azote 
fixée pendant la végétation. 

Troisième expérience. — Végétation d’un Haricot tbe trois 
mois ; production de graines. 

Une graine pesant 05,748, devant contenir 05°,0335 d'azote , a 
été plantée le 4/4 mai 1854. Ajouté au sol : 05,2 de cendres mixtes 
et 1 gramme de cendres lavées. 

12 juin. — Les feuilles séminales sont fortes et charnues ; 1l y a 
six feuilles normales , dont la couleur est presque aussi foncée que 
celle du Haricot du jardin ; les cotylédons sont jaunes. 

1° juillet. — Depuis la chute des cotylédons, les feuilles ont pris 
une teinte pâle ; la plante porte huit fleurs. 

15 juillet. — II y a deux gousses formées, ayant chacune 3 cen- 
timètres de long. Depuis la floraison, les feuilles sont encore deve- 
nues plus pâles ; plusieurs sont tombées ; il en reste vingt et une, 
dont douze assez petites. 

2h juillet. — Une des gousses a pris un développement remar- 
quable , l’autre s’est détachée. 

12 août. — On ne voit plus apparaître de nouvelles feuilles; 
la gousse, qui était d’un vert foncé le 24 juillet, a pris une couleur 
jaune. 

47 août. — La gousse est müre ; la plante est extraite de la cage. 
La tige a 28 centimètres de tntbte et 6 millimètres de diamètre à 
la base; la gousse, 6 centimètres en longueur et 7 millimètres en 
largeur. On en a retiré deux Haricots blancs parfaitement confor- 
més , mais très petits : ils ont pesé 6 centigrammes. La plante 
sèche, y compris toutes les feuilles tombées qu'on avait recueillies 


564 ROUSSINGAULT . 
avec le plus grand soin, a pesé 25,847 : la totalité de la récolte a 
été analysée en deux opérations. 
Durant cette expérience, il est passé dans l'appareil 54 000 litres 
d'air. 
gr. 
Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0341 


Bansla.grainme. .. . :. + .. , - nuisse 00998 


Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0006 


Conclusion. — Il n’y à pas eu une quantité appréciable d’azote 
fixée pendant la végétation. 

Quatrième expérience. — Végétation d’un Haricot pendant trois 
mois et demi. 

Une graine pesant 05,755, devant contenir 0#,0339 d'azote , a 
été plantée le 10 mai 1854. Ajouté au sol : 05,5 de cendres mixtes 
et gramme de cendres lavées. 

22 août. — La plante porte deux gousses : l’une müre, l’autre, 
encore verte , provient d’une fleur apparue tardivement. De la 
gousse on a extrait un Haricot blanc bien conformé pesant 4 centi- 
grammes. La tige a 30 centimètres de hauteur. 

Pendant cette expérience, ilest passé dans l'appareil 58 000 litres 
d'air. 


gr. 

Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0329 
Dans Hargrainés : s0hdlçmet auce zaraizsilo0,: 0388 

Durant la culture, perte en azote. . . . 0,0040 


Conclusion.— Il n'y à pas eu d’azote fixé pendant la végétation. 

Cinquième expérience. — Végétation de deux Haricots pendant 
trois mois et une semaine. 

Deux graines pesant 45,510, devant contenir 0:",0676 d'azote, 
ont été plantées le 12 mai 1854. Ajouté au sol : 05,3 de cendres 
mixtes et à grammes de cendres lavées. | 

17 juillet. — Les deux plantes portent vingt-six feuilles et treize 
fleurs. 

25 juillet. — Quatre petites gousses dont la couleur, d’un vert 
très foncé, contraste avec la päleur des feuilles, 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 365 

10 août. — Deux gousses se sont développées. 

19 août. — On retire des gousses trois Haricots blanes sembla- 
bles , à la grosseur près, à la semence qui les a produits : les trois 
Haricots ont pesé 7 centigrammes ; la plante sèche 55,45. 

Pendant cette expérience, il est passé dans l'appareil 55 500 litres 
d'air. 


Résumé : Dans les plantes récoltées et dans le sol, azote.  0,0666 


Mneries gaines + ‘se: . nn. 00070 
Durant la culture, perte en azote. . . . . 0,0010 


Conclusion. — Il n’y à pas eu d'azote fixé pendant la végétation. 


TROISIÈME PARTIE. 


Dans cette série d'observations, rien n’a été changé aux dispo- 
sitions adoptées dans les recherches précédentes, en ce qui concer- 
nait le sol, les cendres ajoutées et l’eau. Les pots à fleurs ont été 
abrités dans un appareil de verre, où l’air cireulait avec la plus 
grande facilité , à ee point que , pour peu que le vent se fit sentir, 
les feuilles étaient agitées sans qu’on eùt à craindre que celles qui 
se détacheraient fussent entraînées au dehors. L'appareil était établi 
sur un balcon, à 10 mètres au-dessus du sol. 

Première expérience. — Végétation d’un Haricot pendant trois 
mois et demi à l'air libre. 

Une graine pesant 08,78, devant contenir 05°,0349 d'azote, a été 
plantée le 27 juin 1851. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. 

12 octobre. — La plante porte une gousse dans laquelle 11 y a 
une graine encore imparfaite. 


Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0380 
and lasaraine, 144. be us rl etant 0:03 49 


Durant la culture , gain en azote. . . .  0,0034 


Deuxième expérience. — Végétation d’un Haricot pendant trois 
mois, à l'air libre. 
Un‘ Haricot flageolet pesant 0,537, devant contenir 05,021 


866 BOUSSINGAULT. 
d'azote ( 3,97 pour 100 ), a été planté le 10 mai 1852. Ajouté au 
sol : de la cendre de fumier: 

l juillet. — La plante porte six belles fleurs. 

LL juillet, — Les fleurs sont tombées sans laisser de gousses. 

- 22 juillet, — Il apparaît trois fleurs nouvelles. 

12 août. — Il s’est formé une gousse longue de 8 millimètres ; 
depuis la floraison les feuilles pâlissent et se détachent , 1l n’en reste 
plus que sept : la tige a 24 céntimètres. La plante sèche, y compris 
les feuilles et les fleurs détachées, à pesé 25", 11, 


gr. 
Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0238 
Dans AS ETES. : (Luce Met VEUU UE 
Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0025 


Troisième expérience. — Végétation de l’Avoine pendant trois 
mois et demi, à l’ar hbre ; production de graines. 

Quatre graines d’Avome pesant 0%,151, devant Contenir 
05",0031 d'azote, ont été plantées le 20 mai 1852. Ajouté au 
sol : de la cendre de fumier. 

L® septembre. — Les plants ont de six à neuf feuilles, et chacun 
a un jet latéral ; les tiges sont très droites, rigides ; chacune d'elles 
porte une graine müre, bien formée, mais très petite : les Cinq 
graines ont pesé 2 centigrammes ; les plants secs 05,67. 

Les graines semblables à celles qui avaient été semées et la 
récolte ont été analysées, en faisant usage de la même liqueur 
normale décime. 


gr. 

Résumé : Quatre grains d’avoine, pesant 08r,151, contenaient en azote. 0,0031 
Les plantes récoltées et le sol. . 21; uusvust ane se1e00084 

Durant la culture, gain en azote. . . . . . . . . 0,0010 


Quatrième expérience. — Végétation d'un Lupin pendant trois 
mois, à l’air libre. 

Une graine pesant 05,368, devant contenir 05',0214 d'azote, a 
été plantée le 18 mai 1853. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. 

7 juillet. — La végétation est remarquable. 

6 août. — Les cotylédons sont tombés. 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 367 
La plante a perdu des feuilles qui ont été remplacées par de 
nouvelles pousses. 
22 août. — Depuis le 6, les feuilles ont pris une teinte très pâle. 
La plante porte onze feuilles ; desséchée, elle a pesé 1,585. 


gr. 
Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote,  0,0256 
Dhs fn Érhiné:, 92 4, 2 gaulois tan ONE 
Durant la culture, gain en azote, . . . 0,0012 


Cinquième expérience, — Végétation d’un Haricot nain pendant 
deux mois et demi, à l’air libre. 

La plante a été arrosée avec de l’eau chargée d’acide carbonique. 

Une graine pesant 0,655 , devant contemir 05,0293 d’azote, a 
été plantée le 17 mai 1853. Ajouté au sol : de la cendre de fumier. 

9 juillet. — La plante a sept fleurs épanouies. 

20 août. — Les fleurs n’ont pas donné de fruit ; la tige a 33 cen- 
limètres de hauteur, elle porte quinze feuilles : les cotylédons et 
les feuilles séminales sont flétris, mais ils adhèrent encore. La 
plante ést dans toute sa vigueur : desséchée, elle à pesé 28,72, 


gr. 


Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0270 
Dans laerainéna Late 4 L'air Line. race 10: 0808 
Durant la culture, perte en azote. : . . 0,0023 


Sixième expérience. — Végétation d’un Lupin pendant deux 
mois et trois semaines, à l’air libre. | 

Une graine pesant 0% ,34L, devant contenir 08,0200 d'azote, a 
été plantée le 15 mai 1854. Ajouté : 05,1 de cendres mixtes , et 
2 grammes de cendres lavées, 

La plante a été arrosée avec de l’eau chargée d'acide carbonique. 

23 juillet. — Le Lupin a treize feuilles, dont quelques-unes sont 
très pâles : les cotylédons sont flétris. Un Lupin , planté le 45 mai 
dans de la terre du jardin, a vingt-cinq feuilles d’un beau vert, et 
ses cotylédons charnus d’un vert foncé. 

7 août. — Les feuilles les plus âgées commencent à se détacher : 
le Lupin a 47 centimètres de hauteur. Desséché, il a pesé 45,96. 


368 BOUSSINGAULT . 


gr. 


Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0229 
Dans: la(craine MP... 2 : œe, + ‘1600000 


Durant la culture, gain en azote, . . . 0,0029 


Septième expérience. —Végétation de deux Lupins pendant deux 
mois , à l’air libre. Deux graines pesant 0,630 , devant contenir 
&,0367 d'azote, ont été plantées le 30 juin 1854. Ajouté au sol : 
2 grammes de cendres lavées. 
5 septembre. —Chaque Lupin a huit feuilles : les cotylédons sont 
flétris, les plants ont 11 centimètres de hauteur. 


er, 


Résumé : Dans les plantes récoltées dans le sol, azote. 0,0387 
Dane is érames" US 2 à Us 


Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0020 


Huitième expérience. — Végétation d'un Haricot pendant deux 
mois et demi, à l’air libre : la plante a été arrosée avec de l’eau 
chargée d’acide carbonique. Une graine pesant 0#,710, devant 
contenir 05,318 d'azote, a été plantée le 14 mai 1854. Ajouté au 
sol : 05',1 de cendres mixtes, et 4 grammes de cendres lavées. 

24 juillet. — La plante porte quatre fleurs épanouies, dix-huit 
feuilles : sa hauteur est de 29 centimètres. Après dessiccation elle 
a pesé 25,20. 


gr. 
Résumé : Dans la plante récoltée et dans le sol, azote. 0,0350 
Dans .la,grainehus. es Gysank veau dt COM 


a 


Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0032 


Neuvième expérience. —Végétation du Cresson alénois pendant 
deux mois, à l'air libre ; production de graines : 0”,50 de Cresson 
contenant, d’après l’analyse, 05°,0259 d'azote, ont été semés le 
15 juillet 1854. Ajouté au sol : 0,1 de cendres mixtes et 1 gramme 
de cendres lavées. La plante a été arrosée avec de l’eau chargée 
d'acide carbonique. 

2h juillet. — Les feuilles séminales sont développées. 

30 juillet. — Apparition des feuilles normales. 

6 août. —- Les feuilles séminales sont flétries : on recueille, pour 
les conserver, celles qni tombent. 


RECHERCHES SUR LA VÉGÉTATION. 369 

18 août. — Commencement de la floraison : les feuilles sont très 
petites si on les compare à celles du Cresson de jardin ; les tiges 
sont très grèles, mais elles ne fléchissent pas. 

28 août. — Depuis le 18 , la floraison à continué; les feuilles 
fixées sur le bas des tiges se fanent à mesure qu’il en surgit de nou- 
velles à la partie supérieure : il y a déjà quelques graines. 

15 septembre. — Chaque tige porte une graine très petite, bien 
que le fruit qui la renferme ne diffère pas beaucoup , en grosseur, 
de celui du Cresson du Jardin. 


gr. 
Résumé : Dansles plantesrécoltéeset dans lesol, azote. 0,0572 
Dans les 05r,5 de graines. . ,. . _. . 0,0259 
Durant la culture, gain en azote. . . . 0,0012 


Ainsi, dans les conditions où ces expériences ont été faites , la 
quantité d’azote acquise par les plantes à toujours été tellement 
faible , que, véritablement, elle reste comprise dans la limite des 
erreurs inhérentes à ce genre d'observation ; néanmoins , comme , 
à une exception près, l'assimilation s’est constamment manifestée , 
je discute, dans mon Mémoire, si cette faible proportion d’azote 
provient du carbonate d’ammoniaque ou des corpuscules organisés 
transportés par l'atmosphère, et dont la présence s’est constamment 
révélée dans les observations faites à l'air libre, par l’apparition d’une 
substance verte qui s’attachait à l'extérieur des pots à fleurs , en 
formant çà et là des taches superticielles. Je n'ai jamais vu cette 
végétation cryptogamique colorer les vases des appareils dans les- 
quels les plantes vivaient enfermées ; mais je l’ai remarquée maintes 
fois, en filaments verdâtres, dans l’eau recueillie au commencement 
d’une pluie et qu’on avait conservée dans un flacon. C’est sur ces 
Cryptogames que , tout récemment, un professeur de la Faculté de 
Lyon, M. Bineau, a fait une découverte physiologique d’un baut 
intérêt, en constatant que, « sous l’influence de la lumière solaire , 
» ils absorbent et décomposent les sels ammoniacaux dont ils assi- 
» milent les éléments ; de sorte qu’une eau pluviale cesse bientôt de 
» contenir de l’ammontaque quand elle est en contact avec eux... » 

Je termine ce Mémoire par quelques considérations sur le rôle 
que paraît remplir dans la végétation la substance organisée azotée 


4e série. Bor. T. FE. (Cahier n° 6.) 4 94 


370 FR. LIEBMANN. —— INDEX SEMINUM 


qui préexiste dans la semence ou qui est formée par le concours des 
engrais. À cette occasion, j'expose les recherches que j'ai faites sur 
le développement d’un végétal provenant d’une graine dans laquelle 
il n’y a qu’une quantité à peine pondérable de cette matière orga- 
nisée, puisqu’une telle graine ne pesait quelquelois que 4/68° de 
milligramme. Le résultat de ces recherches est peut-être la preuve 
la plus frappante, par cela même qu’elle est la plus facile à acquérir, 
que l'azote gazeux de l'atmosphère n’est pas directement assimilable 
par les plantes. 


INDEX SEMINUM IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSI, 


ANNO 1894 COLLECTORUM, 
Auctore Fr, LIEBMANN. 


ADNOTATIONES AUCTORE LANGE. 


CiRSIUM MICROGEPHALUM , Lange, ad int. 


Affine C. lanceolato foliis decurrentibus, supra hispido-scabris, subtus 
tomentosis, sed differt foliüis margine subrevolutis, pagina superiore multo 
minus aspera, calathiis duplo minoribus in axillis superioribus singulis 
sessilibus inque apice caulis congestis, junioribus ovato-cylindricis, adultis 
ovatis, achæniis minoribus tereti-subcompressis sectione transversali ovali 
(nec elliptico-lanceolata). 

Spinæ foliorum flavicantes , habitu aliquantulum ad C. ttalicum DC. 
accedit, sed hujus folia brevius decurrentia, folia involucralia calathia 
longe superantia. À €. lanceolato nostro satis recedit; an tamen ejus 
forma australis ? Hybrida proles minime censenda, cum copiosissima adesset 
sine ullo vestigio €. lanceolati typici. 

In campis asperis ad oppidum Bilbao, oct. 1854. 


Ecnium ROSULATUM , Lange. 


Perennis v. biennis ; infra rosulam foliorum radicalium centralem 
oriuntur caules satis numerosi, adscendentes v. dein longissime diffusi , 
pilis brevioribus adpressis satisque rigidis albidis e glandula atropurpurea 
surgentibus vestiti ; foliis radicalibus lanceolatis , obtusiusculis, breviter 
petiolatis, nervo medio valido , nervis secundartis conspicuis; foltis cau- 
linis sessilibus, basi breviter angustatis, oblusis ; racemis denique valde 
elongatis , floribus remotis , inferioribus extra-axillaribus ; calyce fere ad 
basin quinquefido , laciniis mæqualibus (interiori minori); corollæ tubo 
limbo breviore , calveis fere longitudine ; corolla externe pubescente , Ju- 


IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSI. 571 


niore rosea, adulta cærulea (labio inferiore pure cæruleo, supériore vio- 
laceo-striato ); filamentis plus minusve pilosis ; nuculis ovatis.; abrupte 
acumina{is, dorso subeonvexo, ventre acutangulo in vivo tesselato-punctato 
(siccato sublævi). 

Inflorescentia denique sparsiflora floribusque inferioribus sæpe extra- 
axillaribus ad Æ. calycinum, Viv., et £. arenarium, Guss., accedit, à 
quibus autem rosula foliorum centrali, calyce non acoresénte , corolla 
magna, filamentis pilosis abunde differt, E. plantagineum L. differt Co- 
toile externe vix et nonnisi apice pilosa, foliorum nervis lateralibus magis 
prominentibus, foliis caulinis basi amplectentibus, caule erecto et Et 
dente; Æ. maritimum Willd., foliis multo asperioribus, racemis densi- 


floris, filamentis glabris need Reliquas species £chui nobis notas cum 


hac commutare non licet. 
In Gallecia præsertim littorali, ad vias et in campis , satis frequens. 
Aug.-Sept. 1852. 


Fumaria APICULATA, Lange, 

Foliorum lacinüs elliplicis, acutiusculis ; racemiis 10-19-floris : 
pedhcellis semper crectis, bracteas Janceolato-lineares subæquanti- 
bus ; sepalis lanceolato-ovatis, utrinque 4-2-dentatis acutiusculis; 
latitudine corollam paulo superantibus, longitudine tertian partem 
corollæ subæquantibus ; fructu compressiusculo, ovato-globoso , 
styli basi insigniter apieulato, superne bifoveolato , in vivo longi- 
tudinaliter striato, sicco obsolete rugoso. 

fl. Pettcri, Rchb. differt bracteis pedicello multo brevioribus, pedicellis 
post anthesin curvatis, fructibus obtusis muçronulatis tubereulatis. Fructus 
forma proxime accedit ad F. parvifloram Lam. , quacum cæterum nihil 
commune habet. #. Reuterr, Boiss., nobis ignota, describitur foliorum 
laciniis minutis anguste linearibus, fructu minuto acutiusculo ovoideo vix 
compresso. An nihilominus planta nostra ad hanc speciem pertineat, donec 


adsint specimina authentica non dijudicare ausus sum. 
In sylvis montanis montium Carpetan. ad Æscorial et Guadarrama , 


_junio 1852. 


LiNaRiA LILACINA, Lange. 


Planta pulcherrnna , perennis , proxime affinis L. verticillatæ , 
Boiss., a qua disünguitur corolla pallide Hlacma striis atroviolaceis 
(nee flavo-virente), calcare sordide luteo corolla breviore (nee eum 
corolla concolore eaque paullo longiore), labio superiore ultra me- 


dium bifido (nee ad tertiam partem bilobo ), palato lilacino reticu- 


latim striato (nec vitellmo v. aurantiaco), fauce solum intus auran- 
haco-velutina; seminibus undique marginatis (nee submarginatis). 


272 FR. LIEBMANN. — INDEX SEMINUM 

Semina cæterum variant disco Iævi et obsolete granulato-punetato 
(quod idem in L. glaciali observavit el. Cosson\, ita ut non lævis- 
sima appellari possimt. 


L. anticaria, Boiss. et Reut., affinis quidem , sed hæc tota glaberrima 
( partibus floralibus exceptis ), fauce intense cærulea, seminibus tubercu- 
latis, etc., differt, et sec. specimina authentica in Mus. Par. comparata 
RD ASS NE Ur HN 
habitu prorsus aliena. Cum reliquis speciebus nobis notis non confundi 
É 


potest. 
In fissuris rupium circa urbem J'aen satis frequens, majo 1852. 


NoONNEA MICRANTHA, Boiss. et Reul., & COERULEA. 


N. Bourgæi, Coss., fide ipsius autoris ad eamdem speciem pertinet, 
sed differt corolla ochroleuca, ideoqne B ochroleuca dicenda. In specimi- 
nibus nostris ut in Cossonianis fornices ciliato-barhatæ, nec, ut in descri- 
ptione Boissieri indicatur, glabræ. An igitur hic character variabilis. 

In collibus glareosis ad Granatam urbem lect. Apr. 1852. 


SPEGULARIA CASTELLANA, Lange. — Specularia falcata B scabra , 
DC., Prodr., VIE, p. 490? 


Caule erecto, a basi inde sæpius ramoso, ramis diffusis ; foliis crenato- 
undulatis, inferioribus obovatis basi attenuatis, superioribns ovato-lanceo- 
latis semi-amplexicaulibus ; floribus remotis, in spicam elongatam dispo- 
sitis ; calycis laciniis linearibus , sub anthesi patentibus, rectis v. apice 
reflexis, tubi tertiam partem v. ejus dimidium æquantibus ; corollæ tubo 
brevissimo, limbo calyeis lacinias subæquante (paulo breviore v. longiore) ; 
seminibus rotundato-lenticularibus. Tota herba, præsertim foliorum pagina 
inferior, scabra. À 

Sp. falcata differt caule apice nec hasi ramoso, calycis lacinüs lon- 
gissimis lanceolatis tubum æquantibus , corollæ duplo longioribus ( lobi 
col. 6-8 lin. longi, falcati, latiores quam in Speculo DC. ), denique tota 
herba glabra v. caule scabriuseulo. 

S. falcata B scabra, DC. e Madera (Lowe), quæ describitur « caule, 
calycibus nervisque foliorum scaberrimis hirtellis, lobis calycinis corolla 
vix duplo longioribus » forsan ad nostram pertinet. 

In campis siccis utriusque Castiliæ satis frequens. 


SPECIES NOVÆ AUCTORE LIEBMANN. 


ANrauriuM KunTHianum, Liebm. 


Acaule; folüs breviter petiolatis obovato -oblongis acutiuseulis 
basin versus longe et anguste attenualis coriaceis nitidissimis pen- 
ninervis , nervis utrinsecus 10-15 intra marginem arcuato-con- 
Muentibus , costa antice acutangula, postice rotundata , ad basin 


IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSI. 919 
luminæ geniculato-merassatis suberosis , petiolis antièee subplanis 
v. leviter canaliculatis, dorso acutangulis v. rotundatis ; peduneulo 
longitudinem fol æquante teretiusculo longitudinali percurso , 
spadice eylindrico digitum erasso apicem versus attenuato, spatha 
late lanceolata acuta reflexa cucullata e callositate hemisphærica 
exeunte. 


Folia ad geniculum petioli 30 longa, 6 À-9" lata, petiolus 4-5”, pedun- 
culus 30”, spadix 5”, spatha 2” 5 longa, 4" lata. 

Species ab À. mexicano , Liebm. , differt nervis folii intra marginem 
confluentibus, costa et petiolo postice rotundatis, pedunculo sulco longitu- 
dinali percurso. lisdem notis ab À. Schlechtendalii Hovk. et ab À. cras- 
sinervio distincta. 


BiLBERGIA PALLIDIFLORA, Liebm. 


Acaulis ; foliis longissimis ligulatis canaliculatis coriaceis spinuloso-ser-- 
rulatis furfuraceo-squamulosis ; scapo centrali foliis breviore vaginis con- 
volutis membranaceis lanceolatis acutis obsito ; floribus laxe spicatis pa- 
tulis bractea minutissima scariosa lato -lanceolata suffultis ; perigoni 
sexpartiti laciniis 3 exterioribus calyciformibus erectis obtusis ecarinatis 
convolutis virentibus ; laciniis 3 interioribus petaloideis multo longioribus 
flavo-virentibus lato-linearibus obtusis canaliculatis patulis demum reflexis ; 
staminibus 6 ima basi perigonii adfixis æquilongis et lacinias interiores 
perigonii subæquantibus ; filamentis trigonis apice subulatis virescentibus 
cæterum concoloribus ; antheris basifixis linearibus arcuatis incumbenti- 
bus flavidis ; stylo trigono trisulcato crassiusculo ; stigmate profunde tri- 
partito, lacmiis linearibus lividis leviter torts apice modo papillosis ; 
ovario infero, obsolete trigono-ovato rugoso albo- -pulverulento. 

Folia bipedalia, 2-2 5" lata; scapus 16”; spica 6”; vagina scapi 4-5” ; 
perigonii lac. int. 16" longæ, 27 latæ ; filamenta pollicaria ; anthere 
3” 2; stylus 9”; stigmatis laciniæ 6”; ovarium 6”, 

Specimina viva e Nicaragua reportavit D' Œrsted. 

MapvicrA, Liebm. — Nov. Gen. Bromeliacearum. (In honorem viri 
celeberrimi F.-N. Madwig, prof. philologiæ dicatum). 

Perigonii superi sexpartiti laciniæ ext. 3 calycinæ , erectæ , carinatæ , 
ovatæ, acutæ, tubo trigono duplo breviores, extus parce furfuraceæ , hya- 
linæ; interiores petaloideæ, usque ad basin liberæ et annulo epigyno 
insertæ, nudæ, albæ, exterioribus duplo longiores, elongato-lanceolatæ , 
deorsum longe attenuatæ, æstivatione convolutiva patulæ. Stamina 6, 3 cum 
petalis connata et longe decurrentia ; 3 libera, annulo epigyno inserta. Fila- 
menta petalis parum breviora, teretia , superne incrassata , glabra , alba. 
Antheræ dorso affixæ, introrsæ, lineares, basi bifidæ, erectæ, demum sub- 
horizontaliter arcuatæ , biloculares, longitudinaliter dehiscentes ; pollen 
albidum. Ovarium inferum, triloculare. Ovula plurima, in placenta e locu- 


27 FR, LIEBMANN. —— INDEX SEMINUM 


lorum angulo centrali prominula, horizontalia, anatropa. Stylus longitudi- 
nem staminum æquans, exsertus, teres, superne incrassatus. Stigmata 3, 
subpetaloidea, recurvata, canaliculata, margine papilloso-fimbriata, alba. 

Genus a Bromelia differt : staminibus 3 Jiberis, 3 cum petalis connatis , 
filamentis superne incrassatis, stylo longo tereti elavato, stigmatibus sub- 
petaloideis canaliculatis recurvis. | 


Maovicia pensirLorA, Liebm. 


Subacaulis stolonifera. Folia dense rosulata, vaginantia. coriacea, pa- 
tulo-reflexa, lato-linearia, longe acuminata, acutissima, enervia, subcana- 
liculata, margine undulata aculeato-denticulata , dentibus parvis falcatis 
subhyalinis, supra glabra nitida, subtus albo-furfuracea. Flores dense fasci- 
culati, in axillis foliorum superiorum sessiles, inflorescentia prolifera. Flos 
Spatha hyalina arcte adpressa vaginante lanceolata acutata suffultus, albus. 

Sub nomine Bromeliæ humilis olim ab Horto Utrechtiano accepimus, 


Diocox, Liebm. — Nov. genus Papilionacearum. 


Calyx bibracteolatus, eampanulatus , bilabiatus, ciliatus ; labio 
superiore bidentato ; inferiore trifido : lobo infimo productiore. 
Corollæ papilionaceæ vexillum suborbiculatum , reflexum, basi ad 
costam canalieulatam bicallosum ; alæ unguiculatæ, lato-faleatæ , 
obtusæ, carinam æquantes ; carinæ petala antice connata, ungui- 
culata, falcata, obtusa. Stamina 410 , diadelpha. Filamenta filifor- 
mia , glabra. Antheræ globosæ, dorso affixæ, biloculares , flavæ, 
longitudinaliter dehiseentes. Ovarium plariovulatum , glabrum. 
Stylus incurvus, antice lineis duabus barbatis notatus. Stigma ca- 
pitatum , basi ciliatum. Legumen süipitatum, compressum , ensi- 
forme, apiculatum, glabrum, 4-5-spermum. Semen strophiolatum, 
subglobosum, nitidum, fascum, nigro-punctatum. 


Dipocox éLyanoines , Liebin. 


Frutex volubilis, ramis teretibus cortice rugoso fusco tectis, ramulis 
pilosulis. Folia petiolata, trifoliolata ; foliolo intermedio remotiori, avato- 
rhomboïdali , obtuso , mueronulato , supra nitido, suhtus glauco ciholato , 
stipellis 2 setaceis suffulto; lateralibus oppositis, breve petiolatis , oblique 
ovatis, obtusis, mucronulatis , utroque stipella lanceolata ciliata suffulto , 
petiolo communi canaliculato, parce pilosulo; stipulis oblique lanceolatis, 
semi-amplectentibus, ciliatis. Flores axillares, racemosi. Peduneulus folio 
sus multoties longior, angulatus, striatus, pilosulus. Pedicelli pilosi, flore 
breviores. 

Folia 2-2” 1 longa, petiolus communis 4”, foliorum intermedium 1” lon- 
gum latumque , lateralia 42-14" longa 9-10 lata, petioluli 1’. Pedun- 


IN HORTO ACADEMICO HAUNIENSL. 279 
culus 4-5”, pedicelli 2°”, calyx 2”, vexillum 5-6” longum latumque, alæ 
5” longæ 2//' latæ, carinæ petala 5°” longa 2/5 lata. Legumen subpolli- 
care, superne 3” latum, deorsum attenuatum. 

Semina e Brasilia missa nobis communicavit cl. Hofmann-Bang. Genus 
affine Glycinæ. 


Purvniun Ruevezn, F. Didr. 

Glabra. Costa vix puberula. Capitulo ovali. Phrynio velutino (Pœpp.) 
valde affine. Ex Horto imperiali San-Christoväo prope Rio-J'aneiro. 
Fusiorem descriptionem vide in Naturhist. Forenings videnskabelige 


 Afhandlinger. 


Æcamea Weizsacaun, F. Didr. 

Habitu Æchmeæ discoloris, Bot. Mag., 4293. Scapo bracteisque coc- 
eineis, ovarlo rubello, laciniis perigoni exterioribus cœruleis immutatis , 
interioribus pallide earneis demum nigris. Legi 1847 in monte Corcovado 
prope Rio-J'aneriro. Descriptionem vide in op. cit. 


INDEX SEMINUM HORTI BOT. HAMBURGENSIS , 


ANNO 1854, 
Auetore LEHMANN. 


NOVITIÆ PLANTÆ. 

BROWALLIA PULCHELLA, Lehm. 

Caule erecto, suffruticoso, humili; folus alternis, inferioribus 
ellipticis oblongisve, in petiolam elongatun aftenuatis, utrinque 
elabris ; foralibus lanceolatis bracteiformibus puberulis viseo- 
sisque ; floribus parvis : infimis intrafoliaceis v. oppositifohis, reli- 
quis in racemis terminalibus solitartis v. conjugatis ereetis pube- 
rulis viscosis bracteatis ; calycibus longitudme pedicellorum erectis, 
infundibulhformibus , decemangulatis : lacinns ovaüis acutiusculis 
latissimis patentissimis, quinta reliquis majore ; corollæ tubo gra- 
cili, inferne tenuissimo , calyce duplo longiore , Himbo explanato 
(intus violaceo, extus albido), lobis subæqualibus ovatis acutiusculis. 


B. abbreviata, Hortul. non Benth. 

PB. abbreviata (Hook.?) W. Neubert, Deutsch. Mag. für Garten-und 
Blumen-Kunde, 1854, fase. 5,p. 142, cum icone. — Lehm., in E. Otto, 
(Grarten-und Blumen. — £eit., X, p. 375. 


376 LEHMMANN. —— INDEX SEMINUM, ETC. 

Isozoma KmRamerIANa, Lehm. ï 

Caulibus erectis, teretiusculis, herbaceis, carnosis, petiolisque 
patenter piloso-villosis ; folnis petiolatis, ternatis, oblongis, utrinque 
acutis, basi subinæquilateris, simpliciter crenatis, molliter sericeo- 
pubescentibus ; peduneulis axillaribus bracteatis, 1-5-floris, ra- 
cemum elongatum formantibus ; calycinis lobis ovatis, acutis, 
brevissimis ; corollis tubuloso-campanulatis, ore constrictis, mi- 
niato-cinnabarinis, externe villoso-hirsutis, interne sanguineo- 
maculatis æqualiter quinquelobis, lobis patentissimis brevibus 
ovatis obtusis pilis glanduliferis ; genitalibus melusis. 

Gesneria mollis, Hortul. (ex parte). Non Humb. et Kunth. 

Proxime accedit ad Gesneriam (Æsolomam) Linkianam Klotsch et 


Bouch., a qua facile distinguitur pedunculis bracteatis et petiolis patenter 
piloso-villosis. 


PorenTizLa THURBERI, Asa Gray, Mss. 

Saturate viridis; caulibus adscendentibus petiolisque patenter 
pilosis ; foliis inferioribus longe petiolatis septenatis quinatisque, 
superioribus quinatis ternatisque , floralibus subsimplicibus , utrin- 
que glabellis v. pilis brevibus raris adspersis ; foliolis obovato-oblon- 
g1s, basi integerrima cuneatis , reliquo margine grosse serratis : 
serraturis æqualibus, ovatis, obtusis ; stipulis caulinis bi-v. triden- 
tatis, superioribus foliaceis ; sepalis subæquilongis, oblongo-lan- 
ceolatis : externis acutiuseulis, reliquis acumimatis ; petalis obcor- 
dato-rotundatis, calycem fere æquantibus, atrosanguineis. 

Discus fere P. palustris ; carpophora fructifera magna scrobiculata ; 
petala 3 lineas longa. (Asa Gray, in litt.) 

Prope Sancta-Rita del Cobre (in Novo Mexico) collegit Georgius 
Thurber. Floret Augusto. 

Proxime accedit ad P. Nepalensem, Hook. — Differt præsertim folüs 


inferioribus septenatis, glabritie foliorum et corollis multo minoribus atro- 
sanguineis. (Lehm., in E. Otto, Gart-Zeit., X, p. A59.) 


ENUMERATIO SEMINUM REGIL HORTI BOT. TAURINENSIS, 
AaxxO 1854, 


Auctoribus F.-H, MORIS, Bot. Prof., et F. DELPORTE, Horto Adst, 


ARTHROCNEMUM MACROSTACHYUM, Mor. 


Salicorria macrostachya, Moric. FT. Ven., 1, p. 2. (Ex ejusd. 
specimin. e littore veneto in herb. DC. ) — Guss. FE, Sic. Syn., 
I, p. 7. —Tenor. F1. Nap., IV, p. 161. 


Salicornia fruticosa (non Linn.!}) Koch, Syn. FT. Germ. 2, p. 693, 
et generatim auctorum quibus, inter cæteros characteres, semina descripta 
traduntur glabra et tuberculato-scabra. 

Arthrocnemum fruticosum q. macrostachyum, Moq. Chenop. En., 
p422;.et in DC., Prodr. 15, p. 151. 

Nedum specie at genere Salicornia macrostachya, Moric., differt à 
Salicorma fruticosa, Linn. 

In S. macrostachya seminum integumentum duplex, testa crustacea , 
tuberculato-foveolata, glabra, nigra ; embryo semi-annularis v. hemicycli- 
cus ; albumen farinaceum, copiosum, centrale et laterale. In $. fruticosa 
seminum integumentum simplex, membranaceum, fulvum, hirtum ; embryo 
conduplicatus v. annularis, et albumen carnosum pareum prorsus cireum- 
cingens. — In $. macrostachya calyx fructifer transversim superne nec 
carinatus , nec alatus ; in $. fruticosa transversim carinato-alatus. — In 
S. macrostachya flores ex area orbiculari-obovata , concava , neutiquam 
obsoleteve trifoveolata, nec non ex internodii Himbo semi-exserti. In S. fru- 
hicosa flores singuli propria foveola, in ipsis internodiis exseulpta , arctim 
nidulantes, nec ex ipsa foveola exserti. 

Quamobrem Salicornia macrostachya spectat ad Arthrocnemum , 
Moq., Chenop. En , p. 111. Salicornia autem fruticosa , Linn., a ge- 
nere Salicornia, Moq., 1. c., p. 213, sejungi nequit, 


INDEX SEMINUM HORTI BOT. NEAPOLITANI 1855, 


ADNOTATIONES 


Auctore TENORE. 


ZurLoa, Ten. (F'amilia Meliacearum.) 

Flores hermaphroditi, decandri, monogyni. Calyx urceolatus , 
quinquedentatus. Corolla pentapetala, hypogyna; petalis subro- 
tundo-ellipticis, æstivatione valvari. Tubus stamineus in centro 


378 ŒENORE. — INDEX SEMINUM 

floris , ex filamnentis Connatis conflatus, apice 10-dentatus , ore 
pervio, intus totidem antheris instructus. Antheræ biloculares , 
ellipticæ , adnatæ. Pistillum basi diseo carnoso insidens. Ovarium 
simplex, quinquesuleatum. Stylus conieus. Stigma pelviforme. 
Capsula subrotunda , turbinata , 5-angulata, 5-valvis , 5-locularis, 
corticosa , loculicida. Semina solitaria , exarillata , ovalia , nigra, 
castaneæ magnitude. 


ZURLOA SPLENDENS, Ten. 


Arbor sempervirens : foliis alternis , impari-pinnatis; foliolis integerri- 
mis, subretusis, glaberrimis, lueidis; floribus (albo-roseis) in amplam 
paniculam terminalem dispositis ex racemis alternis compositam. 

Sub nomine Afzeliæ splendentis hæc planta in Horto regio advecta est, 
absque alia nota. 

Vide Ragquaglio de’ lavori della Reale Academia delle scienze, N a- 
poli 1841.— Catal. del R. Orto Bot. nap., 184, p. 99. — Ati della 
R. Acad., t. VI, p. 141, cum icone. Napoli, 1694. 

Dixi in honorem J'osephi Zurlo, scientiarum fautoris bene meriti. 

O8s. In descriptione Zurloæ (1. e.), früetus rudimentum ad baccam 
referre putavi. Fructus maturos nec postea vidi, quamvis planta pluries 
floruisset, adeuntem usque annum, quo floret Majo, inde fructum unicum, 
octo post menses ad maturitatem pertulit. Quapropter fructificationis cha- 
racteres reformare atque complere necessarium duxi. 

Genus hoc ad Meliacearum familiam, tribus Trichihiarum, proeul dubio 
pertinet. Guareæ Linnæi afline. 


PITCAIRNIA AURANTIACA, Ten. 

Folüs inermibus loriformibus undulatis scapo tripedali longiori - 
bus; spica strobiliformi bracteis foliaceis imbricatis pallide viren- 
tibus; floribus semisuperis; perigonti sexpartitt laciniis tribus 
exterioribus calyeinis persistentibus pubeseentibus albo-virentibus, 
tribus interioribus petaloideis croceis convolutis apice galeatis in- 
cumbentibus, basi squania bifida instructis ; staminibus annulo 
perigyno insertis. 

Ab affinibus P. Altensteinii et P. undulata differt inprimis petalis 
aurantiacis nec coccineis (ut in P. Altensteinti) v. albis (ut in P. undu- 
‘ lata), sepalis viridibus. Sub nomine Puyæ Altensteinii ad nos missa fuit. 
In Horto regio Julio floruit, sed fructus rudimentum tantum protulit. 

Puyæ genus, pro unica sua P. chilensi a Molina conditum, à Pitcairnus 


ovario omnino libero differre videtur ; idcirco hæc nostra ad Pitcairniam 
rite referre oportet. 


HORTI BOT, NEAPOLITANT 1999. 879 

PriTcaiRNiA HumMiLS, Ten. 

Folis linearibus eanaliculatis, scapo subpedali brevioribus, den- 
ticulato -spinosis; floribus racemosis; racemo laxo paucifloro ; 
peduneulis subpollicaribus ; perigonii semisuperi laciniis tribus 
exterioribus calycinis fusco-rufis, tribus interioribus petaloideis 
subconvolutis coccineis, calyce triplo longioribus , basi squama 
bifida instructis. 

Pitcairnia humilis quædam ex auctoribus nomine tantum cognita est. 
 Hæc nostra quæ ob scapi brevitatem revera humilis dici potest ab affini- 
bus differt : videlicet, a P. pruinosa foliis linearibus canaliculatis læte 
virentibus 4-5 lineas latis, nec lanceolatis planis 15-16 lineas latis albo- 
pruinosis, nec non ob corollam calyce triplo nec duplo longiorem. À P. an- 
gustifolia bracteis minimis v. nullis, racemo duplo breviore, foliis angus- 
tissimis. À P. Redouteana peduneulis patentibus calycem æquantibus 
(8-10 lin. longis), foliorum spinis exiguis albidis apice nigricantibus , 
racemo duplo breviore paucifloro. 


Pinus MaDERIENSIS, Ten. 


Ramis pyramidatis perennantibus ; foliis geminis ternisve elon- 
galo-patulis ( 6-7 pollices longis) strobilo duplo longioribus ; stro- 
bilo solitario ovato (2 5-8 pollices longo, 2 { pollices lato ); apo- 
physi depressa inæquilatera transverse carinata concolore fusca 
nitida , umbone centrali tuberculato subuneinato ; seminibus suh- 
apteris ovato-angulatis, dorso plerumque gibbis, testa lignosa 
(8-9 lin. long. 4 lin. lat.); albumine fatuo. 


À P. Pinea differt apophysi maxime inæquilatera, umbone tubereulato 
subuneinato nec plano , folüs duplo longioribus quandoque ternis, ramis 
non fastigiatis sed illis P. Pinastri similibus, cujus habitu gaudet. 

E. seminibus a cl. Fox-Strangways acceptis, eum schedula inscripta 
Pinus ex Madera, hæc arbor obtenta est, quæ in viginti circiter annorum 
periodo vix ad 18 pedum altitudinem se extulit, et in ultimo bienno tan- 
tum unum v. duos conos protulit. 


SALVIA MENTHÆFOLIA, Ten. 
© Caule suffruticoso eæspitoso; ramis floriferis cernuis bifariam 
pilosis ; foliis ovaus, basi oblique rotundatis erenatis (4 poil. longis, 
8 hp. latis), petiolo duplo longioribus ; verticillastris nudis, floribus 
2-6 deciduis; calycibus labio superiore integro ovato, inferiore 
bifido laciniis euspidalis ; corolhis (2 poll. long. ) calyee triplo lon- 
a1oribus , coceineis, fauce maxime inflata, tuba exserto, lahio 


900 | REUTER . 
inferiore dilatato lateribus revolutis, prope basim dentibus 4-2 
aucto ; connectivis longitudinaliter connatis loculum cassum feren- 
übus ; stylo barbato exserto. 

S. chamædryfoliæ romine in hortis colitur, a qua differt glabritie, folus 


floralibus nullis, calycibus minus profunde sectis, corollis calyce triplo 
longioribus coccineis nec cœruleis. 


CATALOGUE DES GRAINES 


OFFERTES EN 1854 
PAR LE JARDIN BOTANIQUE DE GENEVE, 


Auctore REUTER. 


AQUILEGIA NEVADENSIS, Boiss. et Reul., mss. 

Pubescenti-viscosa ; foliis radicalibus longe petiolatis biternato- 
partitis subtus præsertim petiolisque molliter puberulis, partitioni- 
bus subrotundis trilobis : lobis apice 4-5-lobulatis ; caule ramoso 
striato-viseoso ; floribus pallide et sordide cœrulis ; sepalis paten- 
üibus oblongo-lanceolatis apice virescenti longe attenuatis ; calcari- 
bus rectis apice vix incurvis, Himbo truncato-rotundatolongioribus ; 
gentalibus exsertis ; antheris ovato-oblongis ; stylis stamina supe- 
rantibus; carpellis rectis viscoso-puberulis transverse rugosis ; 
seminbus semi-ovatis angulatis nitidulis tenuiter punctatis. 

Habitat ad rivulos Sierra Nevada Regni Granatensis, ubi semina legi 
julio 1849. — À. viscosa, Gouan, differt caule breviore minus ramoso, 
floribus majoribus , sepalis latioribus ovato-lanceolatis, calcaribus brevio- 


ribus apice incurvatis, carpellis brevioribus ventricosis , stylis extus valde 
curvato-attenuatis. 


ANTIRRHINUM Huet, Reut, 


Caule glabro apice villoso-glanduloso demum ramosissimo tor- 
tuoso ; foliis glabris plerisque oppositis lanceolatis, basi in petiolum 
longe attenuatis , apice obtusiusculis minute mucronulatis; floribus 
magnis laxe racemosis; sepalis bracteisque oblongis obtusis glan- 
duloso-villosis ; corolla ochroleuca leviter rubello-striata palato 
citrino, extus sparse et tenuiter villosa, basi valde gibbosa ; labu 


CATALOGUE DES GRAINES. 981 
superioris lobis quadratim et oblique truneatis leviter emarginatis ; 
capsula ealyce duplo v. triplo longiore, dense glanduloso-villosa, 
apice angustata ; seminibus profunde serobiculatis atris. 

Habitat in Pyrenæis orientalibus prope Villefranche , unde specimina 
seminaque retulit cl. Alfred Huet.-— Antirrhino latifoho , DC., valde 
affine. Differt foliis longioribus angustioribusqu, basi et apice angustatis ; 
sepalis bracteisque magis oblongis ; corolla labiis amplioribus ; capsula 
apice magis angustata seminibusque submaJoribus. 


ANTIRRHINUM LATIFOLIO-SICULUM , Reut. 

Caule glabro, apice glanduloso-villoso ; foliis plerisque oppositis, 
oblongo-lanceolatis glabris, basi in petiolum longe attenuatis ; flori- 
bus magnis laxe racemosis ; bracteis ovatis, sparse villoso-hirtellis ; 
sepalis ovatis inæqualibus pedicellisque villaso-glandulosis ; corolla 
basi gibbosa, extus sparse villosa, carneo-rubella , striis mtensio- 
ribus picta, inferne et ad faucem ochroleuca palato citrino ; capsula 
villoso-glandulosa, superne angustata imeurva, calvee duplo lon- 
giore ; Seminibus atris, profunde scrobiculatis. 

Stirps hybrida inter A. latifolium et A. siculum, sponte enata, 
præcedenti facie valde similis; caules foliaque purpureo suffusi ; flores 
magnitudine eis À. majoris; corouæ labiis magnis : superioris lobis 
emarginatis, tubo sæpe monstrose hinc ad basin usque fisso; capsula 
magnitudine nucis avellanæ minoris. 


ZANNICHELLIA TENUIS, Reul. 


Caules capillares tenuissimi ramosi albidi repentes, fibris longis 
simplicibus radicantes, in eœno vel arena sepulli. Folia tenuissima, 
lineari-subulata , acuta fusco-viridia , nervo tertiam partem latitu- 
dinis æquante ad apicem usque percursa, sub aqua erecto-patentia. 
Stipula intrapetiolaris membranaceo-hyalina convoluto-vaginæfor- 
mis caulem basinque foliorum juniorum arete involvens, cito de- 
structa, Flores axillares, plerique fœminer. Carpella 2-4, erecta. 
Stigma ovatum , oblique peltatum , obsolete repandum , dense et 
tenuissime celluloso-areolatum, stylo longius triploque latius. Sta- 
men unieum in flore hermaphrodito, primumi longitudine stylorum, 
demum eos triplo superans. Anthera ovata, bilocularis, apice bre- 
viter apiculata. Carpella 2-4, plus minusve ereeto-patentia, areuatim 
leviter incurva, eompressa, dorso præsertim eristato-denticulata, 


382 REUTER. —— CATALOGUE DES GRAÎNES, 


rostro lenui quartam parte suæ longitudinis æquanti superata. 
Caulés 4-2 pollices longi ; folia cireiter À pollicem longa, vix milli- 
metr. lata ; Carpélla cum rostro cireiter lineam longa. 


Habitat copiose in stagnulis minus profundis ad littus Lemani lacus, 
prope Geneva, infra ostium fluvii la Versoix, ubi mense septembri 1854 
detexi. — Z. brachystemon Gay (repens, Rchb., palustris auctorum 
ex parte}, quæ& in Rhodano infra Genevam abunde crescit, differt statura 
omnium partium multo majore, caulibus plusquam semipedalibus fluitan- 
tibus tantum basi radicantibus fili crassitie ; foluis patentibus læte viridibus 
nervo medio quarta parte diametri angustioris percursis ; contextu areo- 
lari majore; stigmate orbiculari, margine sinuato, contextu laxo papillari. 


FIN DU DEUXIÈME VOLUME, 


oo ot ie 
a TE —_—_——— _— nn a —— 


TABLE DES ARTICLES 


CONTENUS DANS CE VOLUME. 


ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES. 
Mémoire sur les glandes nectarifères de l'ovaire dans diverses familles de 


plantes monocotylédones, par M. Adolphe BroxGnraRt, . . 5 
De la nécessité de faire disparaitre de la nomenclature botanique les mots 
Torus et Nectaires , par le docteur CLos. . , 23 
Recherches sur la fécondation des Fucacées, suivies d observations sur r les 
anthéridies des Algues, par M. Gustave Taurer. . . 197 
. De Ia fécondation carole et arülicielle des Ægilops par le Tritiour par 
M. Goprox. . . .… _ <mitihiedlles 248445 
Carpographie anatomique, par M. Thém. Lesmiodnois. Ai 223 
Sur les Cystolithes ou concrétions calcaires des Urticées et d’ autres végé- 
taux, par M. H.-A. WeppELL. . . 267 
Mémoire sur les formations secondaires dans les cellules végétales, et sur 
les formations spirales, annulaires et réticulées, par M. T RACU EE 1 6 10 @ 4 à 


Recherches sur la végétation, par M. F.-B. Boussineauzr. 
MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES, 


Tentamen methodicæ divisionis generis Aristolochia , additis descriptio- 
nibus complurium novarum specierum novique ap Holostylis ; auc- 


tore P. DucmarTRE . . 29 
Second Mémoire sur les Urédinées et les Ustilaginées , pas M. a _R. Te 

LASNE, . LT 
Plantes nouvelles ce par M. P. DE Beat en Asie Mineure , 

et décrites par M. E. Bossier. . . £ 243 
Affinités et synonymie de quelques genres nouveaux ou 1 peu COnnus , par 

M. J.-E. PrancHon. . . FL TO 
Index seminum in horto botanico Hans anno S 854 collectortm : auc- 

tore Fr. LieBmann . . ie CAS OV. PCSI 
Index seminum horti bot. bent E anno 1854 4; auctore LEHmanx. . 375 
Enumeratio seminum regi horti bot. Taurinensis anno 1854 ; auctoribus 

Mons, DELPORTE. . an UT 
Index seminum horti bot. Neapolitani 1853 : ie M. Te pue M A 


Catalogue des graines du jardin botanique de Genève, par M. Reurer. . 380 


TABLE DES MATIÈRES 
PAR NOMS D'AUTEURS. 


Bossier (Edm.).— Plantes nou- faire disparaître de la nomen- 
velles recueillies par M. P. de clature botanique les mots To- 
Tchiatcheff en Asie-mineure. 243 PUS. GE NACRE - À Le 23 

Boussineauzr (J.-B.). — Recher- Decporte (F.) et K. H. Morris. 
ches sur la végétation. . . — Enumeratio seminum re- 

Broxentarr (Adolphe).—Mémoire . gui horti botanici Taurinensis 
sur les glandes nectarifèresde AO PE = : CT | 977 
l'ovaire dans diverses familles. Ducaarrre (P). — Tentamen me- 
de plantes monocotylédonées. 5 thodicæ divisionis generis A ri- 


Czos (D, )— De la nécessité de stolochia, additis descriptio- 


361 . TABLE 
pibus cumplurium novarum 
specierum novique generis Ho- 
lostylis. ; 

Gopron.— De la fécondation na- 
turelle et artificielle des GET 
lops par le Triticum. 

LEsmanN. — Index seminum 
horti bot. Hamburgensis anno 
1854. DIVERS 

Lesrisoupois (Tem. ). — Carpo- 
graphie anatomique. 

Liesmanx (Fr.).—Index seminum 
in horto bot. Hauniensis anno 
1854 collectorum. 

Moris (F.-H.).—Voy. Dezporre, 

PLancox (J.-E.). — Affinités et 
synonymie de quelques genres 
nouveaux ou peu connus. 

Reurer — Catalogue des graines 
récoltées au jardin botanique 
de Genève. . 


DES PLANCHES, 


Texore (Mich.). — Index semi- 


num hort. bot. Neapolitani 
1855. 


sur " fécondation des Fuca- 
cées, suivies d'observations 
sur les anthéridies des Algues. 
Trécur (Aug )}. — Mémoire sur 
les formations secondaires 
dans les cellules végétales, et 
sur les formations spirales, an- 
nulaires et réliculées. . . 
Tuzasxe (L.-R.). — Second Mé- 
moire sur les Urédinées et les 
| TISSU EMÉES PETER ER 000067 
Weppece (H.-A.).—Sur les Cy- 
stolithes, ou concrétions cal- 
caires des Urticées et d’autres 
végétaux. 


| 
bc: Taurer (Gust ). — Recherches 
| 


370 


#5 


380 


TABLE DES PLANCHES 
RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. 


4, Glandes septales de l'ovaire dans les Liliacées. 

2. Glandes septales de l'ovaire dans les Amaryllidées. 

3. Glandes septales de l'ovaire dans les Broméliacées. 

4. Glandes septales de l'ovaire dans les Cannées et les Musacées. 


5. Holostylis reniformis, Dtre.; Aristolochia retliculata, Nutt.; 


A. sericea, Bth.; À. micrantha, Dtre. 


6. Aristolochia dictyantha, Dtre. ; 


A. Gaudichaudii, Dtre. 


3717 


197 


267 


A. saccata, Wall. : 


7. Cystopus Portulacæ, Lév.; Melampsora salicina, Lév.; M. beltulina, Dsmz. ; 
M. populina, Lév.; Coleosporium Rhinanthacearum, Lév. 
8. Colcosporium Sonchi, Lév.;C. Tussilaginis, Lév.; Melampsora betulina, Dsmz. 


9, Puccinia Graminis, Pers. ; 


(Fabæ), Lév. ; 


Phragmidium bulbosum , Schm et Kze. ; 


P. Moliniæ, Tul.; 


dium Euphorbiæ sylvaticæ, DC. 


10. 
Ulmariæ, Lnk. 


Podisoma Juniperi communis, 


Fr.; Peridermium Pini, Fr.; 


11. Cronartium Asclepiadeum (Vinceloæici), Fr. 


12. 

taculorum (Scor sonere), Er. 
19, 
15. 


Tilletia caries, Tul.; Ustilago receptaculorum (Tragopogonis), Fr 


13 et 14. Fucus vesiculosus, L. 
Fucus vesiculosus et Pelvelia canaliculata, Dcne. et Thuret. 


16 et 17. Carpographie anatomique. 


18. Cystolithes des Urticées. 
19, 20,2 


Deux planches portent, 


FIN 


DE 


, 22. Formations secondaires dans les cellules végétales. 


ERRATUM. 
par erreur, 


le n°12: 


LA TABLE. 


Uromyces appendiculatus 


P. obtusum, Æci- 


Triphragmium 


.; U. recep- 


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Pot. Jom. 2. ART, 


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mél. = >: Si, À», es à re. 


Glandes septales de l'ovaire dans les Liliacées. 


WAemond imp. r. des Noyers. 65. L'arir . 


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des Seienc. nat. L° Serte. Bot. Tom. 2. PL, 2. 


Fe & r s: 
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——_— M Pouliot sc. 


Glandes soplales de l'ovaire dans Les Amaryllidees. 


NW. Aémond EmpT. des Noyers.66.7arts . 


FL. 3. 


Bot. Tom. 2. 


A7 Doulot se. 


L4 


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re dans Les Proméele. 


Clandes seplales de L'ov 


V Aemond imp. r. des Noyers. 65. Parts . 


{ 


Jom.2. 1. 4. 


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es Seienc. nat. 4°Serte. 


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Glandes soptales de l'ovaire dans Les (années et les Musacees 


NW. Ztemond imp. r. des Noyers. 65. Zarts. 


LÉ nt Le AL Sn 


id 
 Ann.des Seine. rat. Z°Serte . Bot. Tome 2. 7L,5. 


D. del. HT Douliot sc. 
—… Æoboslyles reniformis Dire. 1-2)  Aristolochia reticulata Nutt /3-5/ 


Mu T saccata Wa ft), À. sericeæ Benth. /r-8): À pucrantha Dire [o-7) 


Wfemond inp.r.des Woyers, 65. Lart. 


ee, Jecene. rat. 4° Serre. Bot. Tome 2. 71.6. 


| M Douliot se. 
Il 


Anestolochia dictyantha Dre.jis) À. Ceudihaid; Dére. [3-5/ 


Nemond 2np. r des Noyers, 65. Juris. 


| 1tt Rd Lune es 


n. des Seience.nat. 4° Serre. Bot. Tom.z2. ?L 7 


JT. Thomas 


1-2 Cvstopus Portulacæ Ze». 6-7 Melampsora salicima Ze». 


7-9 Melampsora betulina Zeomex. 70 M. populina Zv. 7 Colcosporium Rhinanthacearum Ze. 


N. Remond tmp. r. des Noyers. 65. Jarus . 


|; Lie 


FE. 


Jom: 2. 


Pot. 


certe. 


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ae. des Seiene.nal. 4° 


Z. Zhomas sc. 


INA 2ernax, 


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À. Zemond tmp. r, des Noyers. 65, fers. 


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34 -40 Usulago receplaculorum (Scorzoneræ )#s. 


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