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ANNALES
SCIENCES NATURELLES
CINQUIEME SÉRIE
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BOTANIQUE
Paris, — Imprimerie de E. Marniner, rue Mignon, 2,
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CINQUIÈME SÉRIE
BOTANIQUE
COMPRENANT
L’'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION
DES VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE
MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE
TOME III
PARIS
VICTOR MASSON ET FILS,
PLACE DE L’ÉCOLE-DE-MÉDECINE
1865
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ANNALES
DES
SCIENCES NATURELLES
BOTANIQUE
ÉTUDES
SUR
LA VÉGÉTATION DU SUD-EST DE LA FRANCE
A L'ÉPOQUE TERTIAIRE,
Par M. le comte Gaston de SAPORTA (1).
DEUXIÈME PARTIE.
]
INTRODUCTION A LA DEUXIÈME PARTIE.
Avant de poursuivre la marche de la végétation tertiaire, au
point où nous l'avons laissée, nous croyons devoir nous arrêter un
moment pour jeter un regard en arrière sur le chemin déjà par-
couru et tâcher de nous rendre compte de l’enchaînement des
diverses périodes entre lesquelles se partage la série des ancien-
nes flores. Il est bien entendu qu'en envisageant les siècles écou-
lés nous négligerons entièrement la partie la plus ancienne de
l’histoire des êtres organisés pour nous attacher aux temps qui
furent comme la première aube de l’époque tertiaire.
Essayons d’abord de définir ce que nous entendons par période
(4) Voyez 4° série, t. XVII, p. 491 ;t, XIX,p. 5, .
6 GASTON DE SAPORTA.
végétale. C’est, à nos yeux, un espace chronologique dont la
durée est indéterminée, mais pendant lequel l’ensemble de la
végétation conserve, sans variations notables, les mêmes caractè-
res généraux, soit dans sa physionomie, soit dans le mode de
groupement de ses éléments principaux, soit enfin par la pré-
sence d’un certain nombre de formes distinctives dont la nature
et le rôle peuvent être précisés assez clairement pour fixer l’at-
tention. |
Nous attachons ainsi une très-grande importance à la manière
dont les éléments végétaux se trouvent combinés, à leur prépon-
dérance relative, enfin à tout ce qui touche à leur marche et à
leur développement. Nous croyons aussi que toute période végé-
tale, lorsqu'elle est bien connue, revêt une physionomie spéciale,
en sorte que le même faciès, ainsi que nous l’avons observé dans
notre première Introduction, peut devenir commun à l’ensemble
des espèces et fournir un caractère des plus précieux.
En suivant ces principes, on reconvait, en effet, l'existence
d'un certain nombre de périodes végétales, dont quelques-unes
sont bien définies, et dont les autres, à cause de la pauvreté des
documents, ne sont encore que très-vaguement accusées. D'un
autre côté, on peut reconnaître aussi que les limites respectives de
ces périodes n'ont rien d'absolu, et que notre ignorance est la
cause principale des divisions tranchées qui paraissent exister
entre les divers âges. À mesure que nos connaissances s'étendent
et se complètent, les lignes de séparation tendent à s’effacer ; les
périodes se touchent et se confondent à l’aide de périodes inter-
médiaires participant de la nature des deux époques auxquelles
elles servent de lien. On peut donc croire, sans s’écarter de la
vérité, que, si les observations, en se multipliant, pouvaient un
jour embrasser l'ensemble des végétalions antérieures , elles
finiraient, en comblant toutes les lacunes, par aboutr à un tout
composé de parties liées et solidaires, analogue à celui que forme
le règne végétal considéré dans l'univers entier. C'est aussi ce
que l’on remarque pour les époques les mieux connues, comme
ilen existe déjà quelques-unes. De là résulte la nécessité d'admet-
tre, à côté des grandes périodes, où une sorte d'unité harmo-
E SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. v:
nique rassemble en faisceau les éléments contemporains, l’exis-
tence des sous-périodes ou périodes intermédiaires, ou encore
périodes de transition, pendant lesquelles le passé tend à décli-
ner pour disparaître ensuite, quoiqu'il persiste partiellemen
tandis que se glissent et s’infiltrent les formes encore nouvelles
destinées à se développer dans l’âge suivant. Ce travail d’incu-
bation des germes de l'avemir, cette juxtaposition d'éléments
anciens et d'éléments nouveaux, constitue un phénomène qu’on
peut observer presque à tous les degrés de la série, plus particu-
lièrement à certains moments, mais qui résulte le plus souvent
d’un mouvement gradué quelquefois très-lent.
Les périodes végétales n'existent donc, en réalité, avec leurs
caractères distinctifs que considérées vers leur milieu; comme
les couleurs du prisme, elles s’effacent, se mélangent, et se déco-
lorent vers leurs points de contact. Ainsi, ce que nous avancions
plus haut au sujet de l'importance du mode de groupement des
végétaux et de la physionomie générale qui les caractérise recoit
une sanction évidente de la marche imprimée par le temps, et
l'on ne saurait concevoir en dehors de ces deux principes aucun
autre qui puisse servir de guide dans l'appréciation des évolu-
tions végétales. On conçoit cependant que ces évolutions consi-
dérées en elles-mêmes puissent varier en nombre et en durée,
suivant le point de vue que l’on adopte, c'est-à-dire, suivant que
l'on s'attache à considérer seulement les plus générales, ou à
décrire tous les mouvements partiels, et à décomposer, pour
ainsi dire, chacun des tours de roue qui ont contribué à faire
parcourir le chemm.
Mais la méthode la plus naturelle est d'observer également
tous les faits, et de faire ressortir les grandes révolutions
végétales, sans pour cela négliger les périodes transitoires qui
mènent insensiblement de l’une à l’autre. Il est presque imutile
d'ajouter que les divisions qui résultent de ces périodes, grandes
et petites, ne sont relatives qu’au seul règne végétal; nous ne
chercherons à les faire coïncider ni avec les étages purement
stratigraphiques des divers terrains, ni avec ceux qui ont été
fondés sur l'étude des mollusques, ou sur ces deux ordres de
8 GASTON DE SAPORTA.
phénomènes combinés, quoique cependant la possibilité absolue
d'un pareil résultat puisse à la rigueur se concevoir comme une
vaste synthèse de toutes les recherches entreprises en géologie.
Dans l’état actuel de la science, la plupart des étages, tracés à un
point de vue exclusif, s’'appuyent sur l’observation de faits rela-
tifs aux mouvements du sol ou à la présence d'animaux infé-
rieurs, dont l'existence est étroitement liée à la stabilité de ce
dernier: mais ce sont là des phénomènes dont la considération
ne saurait être appliquée à la végétation d'une manière immé-
diate, et par conséquent les résultats qu'on a déduits de leur
étude ne sauraient concorder complétement avec ceux que
révele l'étude des plantes fossiles. Il est bon, en effet, d’insister
sur ce point que les plantes, attachées au sol comme les Mollus-
ques, mais plus tenaces, vivant de l'atmosphère et plus libres en
réalité, ont dû se trouver, sauf les cas de submersion totale ou de
destruction violente, moins aisément et surtout moins immédia-
tement troublées dans les conditions nécessaires à leur existence ;
évidemment, elles n’ont dû subir qu'à la longue, à l’aide de
moyens plus lents et bien distincts, les influences perturba-
trices que les phénomènes géologiques de divers ordres leur ont
apportées.
Cependant, nous nous hâtons de le dire, comme ces mêmes
divisions par étages géologiques composent la série la plus com-
plète qui existe, il est de la plus haute importance, lorsque cela
est possible, de fixer par leur moyen l’âge relatif des diver-
ses flores, ou de contrôler cet âge s'il se trouve controversé ;
c'est par ce seul moyen, en effet, que l’on peut disposer d'une
manière certaine les végétaux de chaque région sur un horizon
fixe, avant de déterminer les rapports qui les unissent ou les
divisent, et de les réunir en périodes distinctes à l’aide de ces
notions relatives.
La végétation terrestre, dans l’état actuel des connaissances,
commence avec le terrain dévonien et s'étend, sans autre discon-
tinuité que les lacunes apparentes causées par la stérilité de cer-
taines couches, jusqu’à l’univers contemporain de l’homme.
Dès le moment où le sol des premières terres a dépassé la sur-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 9
face de l'Océan primitif, ce sol a été couvert de plantes; et depuis,
les continents successivement agrandis n’ont jamais cessé de
nourrir des végétaux appropriés, dans toutes les époques, à la
nature des circonstances extérieures qu'ils avaient à subir. Que
le mode de cette appropriation ait été lent ou brusque, que les
nouveaux éléments végétaux aient été introduits périodique-
ment par des moyens qui nous demeurent inconnus, ou qu'ils
aient été le résultat d’une élaboration ayant pour but de diver-
sifier leurs organes en les transformant, les compliquant ou les
appauvrissant, 1l n'en est pas moins évident que la vie végétale,
une fois manifestée, n'a jamais cessé d'animer le globe et que les
formes qu'elle a successivement revêtues ont suivi à travers bien
des phases une marche et un développement pour ainsi dire
réguliers. Il est également certain que les plus anciens types
végétaux ont seuls disparu complétement, et qu'à mesure que
l’on se rapproche de l'ère moderne on voit les végétaux être
d'abord semblables par la classe, par l’ordre, puis par la famille,
enfin par le genre avec ceux qui vivent aujourd'hui; ce n’est
pourtant qu'à une époque relativement rapprochée de nous
que l'on peut observer des plantes congénères de celles de
l'Europe actuelle, et, pendant longtemps, c’est dans les régions
les plus chaudes et les plus écartées du globe, et parmi les types
les plus restreints et les plus rares, qu'il faut aller chercher les
végétaux similaires de ceux qui vivaient alors sur notre sol. Ce
n'est pas tout encore : non-seulement, à l’origine, les végétaux
anciens n'avaient de commun avec les nôtres que la classe et
même l’embranchement ; mais les classes les plus répandues du
règne végétal actuel n’existaient pas, ou du moins, jusqu'à pré-
sent, on n'a pu en constater aucune trace même éloignée. C'est
ainsi que les Monocotylédones et les vraies Dicotylédones ne se
sont montrées que vers le moment où les Cryptogames vascu-
laires et les Gymnospermes commençaient à ne plus suffire au
rôle qui leur avait été dévolu jusque-là. Cet événement encore
enveloppé à son origine d’une profonde obscurité, mais dont
les conséquences devaient être immenses, partage en deux
grandes divisions l’histoire de la végétation tout entière.
40 GASTON DE SAPORTA.
C'est donc avec pleine raison que M. A. Brongniart, dans son
Tableau des genres des végétaux fossiles, a appelé règne des Angio-
spermes la période qui coïncide à son début avec l’arrivée des
plantes de cet embranchement. Tout ce qui précède cette épo-
que appartient encore à la végétation primitive, et malgré l’exis-
tence d'un assez grand nombre de formes particulières aux
divers étages du terrain secondaire , les Fougères n’y conservent
pas moins une grande place et en partie même la physionomie
qu'elles avaient lors du terrain carbonifère; elles constituent
ainsi un lien réel entre la végétation des derniers étages juras-
siques et les formes primitives destemps les plus reculés, sans que
le voisinage d’un nouvel ordre de choses se révèle encore aulre-
ment que par la présence probable, quoique bien confuse, des
premières Monocotylédones.
M. d'Ettingshausen, dans un travail considérable sur la Flore
wealdienne (1), en a fait ressortir le caractère demeuré archaï-
que dans plusieurs de ses parties. Avec cet étage, le dernier que
l’on rencontre en remontant la série. avant la Craie, nous tou-
chons au point qui marque les confins de l'ancien monde séparé
du nouveau par une sorte d'espace vide que d’'heureuses décou-
vertes combleront peut-être, mais que marquent maintenant
plusieurs étages entièrement dépourvus de plantes fossiles. La
flore wealdienne est, au contraire, une des plus riches et des
mieux connues des terrains secondaires. Elle a été étudiée à la
fois en Angleterre, dans l'Allemagne septentrionale et en Autri-
che. Elle peut donc donner la mesure exacte de ce qu'était la
végétation dans l’Europe centrale à cette époque intéressante; en
voici les principaux traits rapidement analysés.
M. d'Ettingshausen énumère en tout 72 espèces dont 4 algues
et 6 Carpolithes.
Les Cryptogames vasculaires sont au nombre de 30 dont
à Équisétacées, 26 Fougères, 1 Marsiléacée (?).
Parmi les Fougères dominent les Sphenopteris, puis les Peco-
pteris et les Cyclopieris. Les Sphénoptéridées ou Fougères à ner-
(4) Mémoires de l’Académie des sciences de Vienne, partie géologique, n. KE.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 41
vures divergentes et à segments flabellés s'élèvent à 14 contre
10 Pécoptéridées à nervures pinnées. Les formes les plus carac-
téristiques sont représentées par des Cyclopteris, Sphenopieris,
Tœniopteris, Jeanpaulia (Baiïera). Ce sont aussi des formes qui
rattachent cette flore aux flores antérieures du Jura et du Lias ;
au contraire, les formes qui servent de liaison vers celles de la
Craie n’ont rien de saillant; ce sont des VNeuropteris, Sphenopte-
ris, Polypodites, et surtout des Pecopteris ; elles sont au nombre
de 8 en tout ; tandis que M. d'Ettingshausen en compte 20 ana-
logues à celle du Jura. Ainsi en mettant de côté les Algues et les
Carpolithes, les Cryptogames vasculaires composent encore à
elles seules la moitié du nombre total des espèces.
Les Cycadées comprennent 19 espèces et les Pterophyllum
(9 espèces) dominent parmi elles. Il est vrai que les auteurs alle-
mands ont compris dans ce genre bien des formes qui ne corres-
pondent que très-imparfaitement à la définition de M. Bron-
gniart qui l'a fondé, entre autres le Pé. nervosum à nervures
convergentes vers le sommet de la pinnule; ces espèces seraient
bien mieux placées parmi les Zamites ou pourraient constituer
un genre nouveau. La plupart de ces Cycadées ont leurs
analogues parmi celles des terrains secondaires; il faut en
excepter pourtant le Cycadiles Brongniartii Rœm. forme
très-remarquable, quelques Pterophyllum et surtout les Zamios-
trobus qui ont plutôt leurs analogues dans les végétaux de la
Craie.
Les Conifères, au nombre de 10, se partagent en trois grou-
pes très-sallants : le premier offre, sous le nom générique de
Thuites, de véritables Cupressinées plus voisines, selon nous, des
Calhtris que des T'huya proprement dits, mais attestant, en tous
cas, la présence de cette section déjà revêtue de sa forme carac-
téristique.
Le second groupe se compose des #iddringtonites Kurria-
nus End. et Haidingeri Ett.; ce sont des conifères à feuilles
squamiformes ou légèrement recourbées en faux, imbriquées,
insérées dans un ordre spiral, qui ont la physionomie des vrais
W'iddringtonia, mais qu’on pourrait aussi comparer aux Arthro-
19 GASION DE SAPOREFA.
taxis et dont la véritable attribution demeure par conséquent
bien plus douteuse.
Les Araucarites qui constituent le dernier groupe paraissent
être de véritables Araucaria de la section Eutassa, et dont les
fruits connus sous le nom de Dammarites seraient les cônes.
Cette conjecture est devenue tout à fait probable depuis qu'un
exemplaire de ces derniers organes, dépouillé avec soin de la
gangue pierreuse qui l'enveloppait, a laissé voir les pointes épi-
neuses qui terminaient ses écailles ; cet exemplaire existe dans
la collection du Muséum de Paris.
À la suite de ces divers groupes nous plaçons trois monocotylé-
dones attribuées aux Graminées ? (Culmaites priscus Ett.), aux
Liliacées? (Clathraria Lyelli Brongt), aux Broméliacées?
(Palæobromelia J'ugleri Ett.). La seconde de ces attributions
est plus que douteuse selon M. Brongniart, la dernière a pour
fondement des empreintes fort singulières dont la véritable
nature ne nous paraît encore que très-imparfaitement expli-
quée (4); la première seule, quoique par elle-même elle n'ait
rien de saillant, paraît dénoter l'existence d’une véritable Mo-
nocotylédone ; ce sont des fragments de tige et peut-être de
feuilles, striés longitudmalement, analogues aux parties vagi-
nales des Graminées et de beaucoup d’autres Monocotylédones.
Les caractères les plus saillants de la flore wealdienne consis-
teraient donc, d'après l'analyse précédente, dans la prédomi-
nance des Cryptogames vasculaires et des Cycadées, ensuite des
Conifères, dans la présence d’un grand nombre de formes ana-
logues à celles des âges antérieurs, dans l'exclusion presque
complète des classes les plus élevées du règne végétal; et d'autre
part on remarquerait dans cette même flore une certaine liaison
avec les types les plus archaiques de la Craie, la présence de
Conifères probablement congénères de quelques-unes de celles
du monde actuel, et enfin l'existence constatée quoique très-
restreinte de quelques Monocotylédones.
(4) Ettingshausen, Ueber Palæobromelia aus den Abhandl. der k. k. geol., Reïchs, I,
Band III, Abtheil. n. 4, Vienne, 1852.
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LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 13
Les Monocotylédones existaient alors, au moins sous une de
leurs formes la plus généralement répandue depuis, la forme
rubanée, engaînante inférieurement, marquée de stries et de
nervures longitudinales sur une tige coupée par des nœuds
de distance en distance. |
Les Dicotylédones angiospermes existaient-elles également?
Rien n'autorise à le penser, sauf la présence de quelques fruits
d'une nature douteuse. On ne saurait pourtant affirmer leur
absence d'une manière absolue ; peut-être même vaut-il mieux
croire qu'elles existaient déjà, quoique encore imparfaitement
développées et dans un état de faiblesse et de subordination
qui admis obstacle à la conservation de leurs empreintes ou
les empêche d’être reconnues comme appartenant à cette
classe.
Quoi qu'ilen soit, c’est à la base du Cénomanien de d’Orbigny,
- vers l'horizon des Ostræa (Gryphæa, Exogyra) columba Desh..,
diluviana L., carinata Lam., à la hauteur de l'étage Carento-
men de M. Coquand, dans la Craie de Bohème, au sein des cou-
ches que M. Reuss, dans son grand ouvrage (1), désigne sous le
nom de Schistes argileux (Schieferthon) du Quadersandstein
inférieur (Untere Quader), que l’on rencontre les premières Dico-
tylédones représentées par des feuilles assez grandes, ovales (2),
ou allongées linéaires (3), ou largement linéaires (4), de texture
épaisse ou coriace, à nervures peu distinctes ou peu nombreu-
ses, obliquement dirigées, à réseau nerveux peu compliqué ou
invisible. Ces feuilles ressemblent plus à celles des Protea, Cono-
* spermum, Persoonia, qu’à toute autre parmi celles de la nature
actuelle. M. Corda, auteur de la partie phytologique de l'ouvrage
de Reuss, indique encore, comme appartenant au même étage,
une espèce reproduite sur la planche 50, fig. 7, avec sa
nervation grossie, et qu’il désigne sous le nom de Phyllites
(4) Reuss, Versteinerungen der Boehmischen Kreideformation, Stuttgart, 1845-
1846.
(2) Reuss, Verst., t. L, fig. 1-5.
(3) Tbid., t. L, fig. 6, 7, 8, 9.
(4) Ibid., t. L, fig. 40.
1% GASTON DE SAPORTA.
angustus Reuss. Cette même espèce a été depuis décrite par
M. d’Éttingshausen dans son travail sur les Protéacées fos-
siles (1), sous le nom de Grevillea Reussü. Ce serait donc là, si
cette attribution a quelque vraisemblance , la première Dico-
tylédone rapportée avec apparence de raison à l’un des genres
actuels.
Ainsi, c’est dans la période qui s'étend du Néocomien au Céno-
manien, pendant la durée des étages Urgonien, Aptien, Albien
de la classification de M. d’Orbigny, qu'il faut placer le temps de
l'apparition et du développement organique des premières Dico
tylédones. Un grand problème se rattache à ce phénomène
encore inconnu dans les circonstances qui concoururent à Île pro-
duire et à l'accompagner.
Les Dicotylédones offrent cette particularité dans leur marche
à travers les anciennes périodes que, représentées à l’origine
par un petit nombre de végétaux d'un aspect très-uniforme et.
d’une organisation assez simple, au moins relativement, elles ont
ensuite donné lieu à une foule de types destinés à se multiplier
successivement ; en effet, la variété des combinaisons, la multi-
tude croissante et le dédoublèment des types ramifiés à l'infini,
semblent former le caractère distinctif de cette classé dans son
mode de développement.
C'est là ce qui explique en même temps la difficulté contre
laquelle on est venu se heurter, en essayant de grouper à l’aide
de leurs affinités réciproques les divers ordresde Dicotylédones. Si
lés tentatives de ce genre ont toujoursété plus ou moins entachées
d’imperfection, c'est qu'au labeur déjà grand d’analyser la
valeur des caractères de relation vient s'ajouter l’incertitude où
l’on demeure forcément au sujet de l'existence possible d'anciens
groupes aujourd hui disparus, et qui permettraient de constater
peut-être certaines liaisons autrefois intimes, depuis effacées où
du moins voilées par des modifications organiques survenues
postérieurement. Ces changements ont pu dans le cours du
temps affecter simultanément toutes les parties d'un même
(4) Proteaceen der Vorwelt, p. 13
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. Â5
groupé, ou l'une d'elles seulèment, à divers degrés d'intensité,
tandis que maintenant on est bien obligé d'opérer les rappro-
chements en se fondant sur l’état actuel des caractères, le seul,
en éffet, qui nous soit connu.
Cette pensée d’un état antérieur différent de l’état présent
pour les principaux types de Dicotylédones, où du moins l’exis-
tence possiblé d'anciens groupes, points de départ originaires de
ceux d'aujourd'hui, $e trouve confirmée par la vue des soudures
ét dés avorlements qui paraissent avoir si puissament concouru à
la formation des organes floraux. L'étude de ces phénomènes
d’abord poursuivie théoriquement, comme donnant la clef de la
plupart des particularités de structure et dés anomalies appa-
rentes des végétaux, révèle, en effet, dans chacune des grandes
divisions végétales une remarquable unité de plan; mais elle
acquiert une importance toute spéciale, si l’on essaye de l’appli-
quer à l’histoire du développement des Angiospermes et en par-
ticulier des Dicotylédones. En effet, si toutes les combinaisons qui
différencient la structure florale de ces plantes sont le résultat des
soudures où de l'avortement des diverses parties qui composent
ces Organes, qui tous peuvent se rapporter, en dernière analyse,
à des feuillés modifiées, il s'ensuit qu'en remontant au delà des
soudures êt des avortements, on doit pouvoir affirmer, que les
prèmiers végétaux Dicotylédonés ont dû être en même temps les
plus simples, les moins compliqués, et que, par conséquent,
toutes les diversités qui composent maintenant cette classe n’ont
été que le résultat d'une série d'opérations ayant pour objet de
produire, au moyen de complications croissantes, une multipli-
cité de formes toujours croissante aussr.
Si l’on voulait, au contraire, isoler de toute application la
théorie des soudures et des avortements, on la frapperait de
moft, en la réduisant à n'être plus que l'expression d’une sorte
de symétrie apparente et trompeuse, et dès lors elle n'aurait pas
plus de raison d’être que l’ancienne hypothèse qui considérait
les fossiles comme des jeux de la nature destinés uniquement à
satisfaire là curiosité humaine. Il vaut mieux croire, comme
la raison y engage, que le seul énoncé de ces lois implique
16 | GASTON DE SAPORTA.
nécessairement l'existence d’un moment où le phénomène,
avant de se produire, a trouvé libres les organes sur lesquels
il allait s'exercer.
On peut théoriquement se figurer les premières Dicotylédones
comme pourvues d'organes appendiculaires comprenant un axe
accompagné d'une bordure ou limbe, réunissant entre elles les
ramifications du faisceau fibreux médian et se couvrant les
uns d'ovules, les autres de granulations polliniques. Dans cet
état primitif qu'on ne saurait définir que d’une façon conjectu-
rale, mais qui serait la plus grande simplification organique pos-
sible des Dicotylédones, ces végétaux ne seraient pas très-éloi-
gnés de certaines conifères comme les 4lbertia du grès bigarré
des Vosges et les Thinfeldia (1) du lias. Le passage de cette
structure idéale primitive, si toutefois elle a existé, à l’organisa-
hon actuelle si complexe a dû consister, d’une part dans l’expan-
sion et la diversification des organes foliacés, et de l’autre dans
ia transformation successive de ces organes pour constituer aux
parties de la fructification des enveloppes d’abord immédiates,
puis secondaires, destinées à compliquer graduellement la struc-
ture de l’appareil sexuel. Le repli de la feuille ovulifère pour
renfermer l'ovaire, le rapprochement d’une ou plusieurs spires
d'organes appendiculaires et leur réduction en verticilles floraux
conservant d’abord assez bien l’aspect des feuilles d’où ils déri-
vent, telle est la marche que la nature a dû suivre et qu'elle a
suivie en effet, ainsi qu'ou peut le prouver au moins indirec-
tement. Mais 1l semble que, dès l'abord, une différence tranchée
ait dû s'établir entre les appareils reproducteurs ainsi transfor-
més suivant leur position primitivement termmale ou axillaire.
Dans le premier cas, les organes floraux ont pu se multiplier
librement par l’adjonction successive de plusieurs séries de spi-
res foliacées ; dans le second cas, au contraire, l'avortement plus
(4) M. d'Ettingshausen a décrit et figuré, sous le nom de Thinfeldia speciosa une
Conifère (?) du lias de Steierdorf, dans le Banat autrichien, dont les feuilles subdécur-
rentes inférieurement, coriaces, lancéolées-linéaires, pourvues d’une nervure médiane
distincte et de nervures latérales obliques, simples ou bifurquées, ont un singulier
rapport avec celles de quelques Dicotylédones et s’éloignent en réalité de toutes les
formes de Conifères connues.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 17
ou moins complet du court ramule qui leur servait de support a
dù s'opposer à l'accroissement du nombre des parties florales et
les placer plus ou moins promptement à l’état de feuille carpel-
laire, située à l’aisselle d’une feuille bientôt changée en bractée
)Carpinus, Engelhardhia, types samariformes, Ulmus?). Ces
bractées fructifères ont pu se rapprocher de plusieurs manières,
se souder, se transformer, s’accroître ou avorter en partie; mais
leur rapprochement, lorsqu'il a eu lieu a dû causer souvent leur
étiolement, puis l'avortement des ovaires situés à leur base,
réduits à un petit nombre ou même à un seul (Quercus) devenu
terminal, tandis que les bractées pressées, confondues, plus ou
moins adhérentes, ont pu former un imvolucre susceptible lui-
même de se modifier pour donner lieu à un organe clos (Casta-
nea) conservant à peine des traces de son origine première et de
ses transformations successives.
On voit ainsi qu'une grande simplicité organique actuelle ne
doit pas être regardée comme l'indice assuré d’une organisation
demeurée toujours simple, et par conséquent très-anciennement
fixée ; mais, qu'au contraire, la simplicité apparente des organes
floraux peut s'expliquer par l'appauvrissement et la réduction
des parties, et n'être alors que le résultat d'une véritable com-
plication.
C'est ce qui existe, en effet, dans un grand nombre de Dicoty-
lédones Apétales, et surtout parmi les Diclines qu’on serait tenté
de regarder comme se rapprochant par la simplicité de leur
structure des types les plus anciens de la classe; tandis qu’en les
examinant de plus près on remarque souvent en elles des indices
d’une série de transformations, quelquefois tellement profondes
que si l’on remettait sous nos yeux l'appareil reproducteur de
ces groupes, tel qu’il existait originairement, 1l serait sans doute
difficile de le reconnaître comme se rattachant directement à
celui qui les caractérise à notre époque.
Une particularité de structure caractéristique pour les Dicli-
nes semble mettre en évidence cette transformation subie par les
végétaux en apparence les plus simples ; nous voulons parler de
la différence des organes reproducteurs mâles et femelles. Plus
5e série, Bor, T. III. (Cahier n° 4.) 2 2
N é
18 GASTON DE SAPORTA.
cette différence est profonde, plus on est en droit de supposer
l'existence de modifications apportées successivement aux deux
séries d'organes respectifs. À priori, il est naturel d'admettre
que les appareils mâles destinés à des fonctions plus rapidement
accomplies et dont le rôle se termine par la fécondation, ont dû
subir une plus légère transformation que ceux du sexe opposé.
Le rôle de ceux-ci est, en effet, bien différent puisqu'il com-
mence, pour ainsi dire, avec l'acte qui les soumet à l'influence
du sexe mâle ; 1l acquiert alors seulement toute son importance,
et de là résulte, comme premier effet d’une nouvelle évolution,
un accroissement de la feuille carpellaire fécondée, véritable
transformation qui l’amèêne enfin à l’état de fruit. Pendant cette
période se présentent toutes les chances pour que le fruit s’élot-
gne de plus en plus de la forme qu'il avait dans l'mflorescence à
l'état d’ovaire, par l'avortement des parties devenues mutiles, et
pour que les effets de cette série de modifications, une fois acquis,
se transmettent et se fixent héréditarement. Telle est la cause
probable des différences qui séparent dans les Diclmes les orga-
nes mâles des appareils fructificateurs. En théorie, 1l semble
naturel de supposer, ainsi que du reste bien des traces visibles
donnent le droit de le croire, qu’à un moment donné de leur vie
antérieure, les deux séries d'organes sexuels maintenänt ‘dis-
tincts, ont dû se trouver réunis sur la même mflorestence: et
par conséquent, même après l'avortement du sexe mâle dans
l'appareil femelle et vice versd, les deux appareils ont dû éonser-
‘ver longtemps encore une similitude de forme et de structure
plus ou moins complète; mais cette analogie a dû $effacer
ensuite à raison de la diversité des fonctions et produire dans les
appareils mâles cette sorte d'étiolement et d'amaigrissemient
qu’on y remarque, et qui semble l'effet d’une vie plus courte et
d’une séve moins abondante ; tandis que les organes femelles
s’éloignaient de plus en plus du type primitif en Subissant cette
“série de transformations variées, dont nous venons de faire eon-
naître là cause déterminante probable.
Ainsi, par une suite de combinaisons dont le nombre est fin,
l'organisation florale des Dicotylédones à pu passer Sans effort de
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 19
la simplicité première qu'on est en droit de lui attribuer à une
structure plus compliquée, susceptible de se modifier encore, et
de produire à l’aide du rapprochement des parties, de leur sou-
dure et de leur avortement, non pas Seulement une complica-
tion organique croissante, mais aussi une sorte de retour, par
voié d'appauvrissement, à une simplicité apparente bien éloi-
gnée, en réalité, de celle des types originaires.
Tous lestypes floraux, il est vrai, ne présentent point des indices
de modifications aussi profondes. Il en est qui doivent avoir peu
changé à partir du moment où ils ontété constitués, où du moins
n'avoir varié que dans des limites assez faibles. Leurs appareils
reproducteurs; en général hermaphrodites ou unisexués par
suite d'un avortement visible, sont pourvus de parties florales
limutées en nombre, régulièrement disposées, demeurées plus ou
moins distinctes. On observe de ces sortes de types dans toutes
les elasses et la stabilité de leur structure est en général attestée
paï deux sortes de preuves, d’abord par l’uniformité que présen-
tenit ces types dans l’intérieur des groupes nettement limités
qu'ils constituent, et ensuite par le caractère peu diversifié des
espèces fossiles qui s’y rapportent. Ces groupes constituent ainsi
des familles très-naturelles, quelquefois semblables à de grañds
genres et dans le sein desquelles les coupes génériques semblent
se fondre par des nuances insensibles; telles sont, par exemple,
les Laurinées, où l’uniformité résulte d'une symétrie exacte de
toutes lésparties de la fleur.
Nous ne pouvons passer sous silence les Protéacées, ce type
dicotylédoné le plus ancien de cettx dont il est possible de con-
stater là présence à l'état fossile, et dans lesquelles l’extrème
variété des combmaisons dans le fruit n'exclut pas une véritable
simplicité de plan. Ici la feuille carpellaire unique, répliée sur
elle-même et peu modifiée dans les Æmbothrium et Lomatia,
épaissie.et ligneuse dans les Hakea, sübit par suite dé groupe-
ment des fruits, de leur réunion en uf cône régulier composé
d'écailles bractéales, une série de chäñgements qui font varier sa
forine sans altérer essentiellement son type, puisque dans l’im-
mense majorité des cas la fleur conserve, avec une fixité remar-
29 GASTON DE SAPORTA.,
quable, toute la symétrie de sa structure caractéristique. Ce-
pendant, on conçoit parfaitement, pour les Protéacées fos-
siles et primitives, non-seulement l'existence de combinaisons
florales différentes de celles que l’on observe dans les Pro-
téacées actuelles, et par conséquent de coupes génériques sans
analogie avec celles de nos jours, mais encore la possibilité
d'une structure plus simple dans les organes reproduc-
teurs de celles qui paraissent le mieux correspondre aux
nôtres.
C'est dans la même catégorie que l’on doit ranger tous les
groupes dans lesquels la feuille carpellaire demeurant intacte ne
peut dès lors se plier qu'à des modifications secondaires de
forme, de consistance et de nervation, qui n’altèrent jamais ou
que très-rarement sa structure intime, tout en constituant des
genres très-naturels, très-nombreux et très-variés.
Dans les Légumineuses en particulier, l'irrégularité de la
corolle, les diverses soudures des pièces florales, et toutes les
complications provenant de l’inflorescence, ont dû être le résultat
de phénomènes successifs ; la fleur primitive, presque rosiforme,
semblable à celle des Cæsalpiniées, a dû présenter déjà le légume
caractéristique qui la fait aisément reconnaître ; les autres chan-
gements sont venus postérieurement, ainsi que le prouve l'arri-
vée tardive de la tribu où ils se font voir davantage, celle des
Lotées.
Il n’est pas nécessaire d’énumérer les groupes dont le type
plus complexe résulte, sans doute, d’une lente élaboration, et qui,
par conséquent, ne se sont montrés ou du moins n'ont acquis
tout leur développement que bien longtemps après les autres; ils
embrassent la majorité des familles et comprennent la plus
grande partie des formes du monde végétal actuel. Les Compo-
sées et la plupart des Gamopétales hypogynes, probablement
aussi le plus grand nombre des plantes herbacées et annuelles
des autres classes, sont dans ce cas; mais si la profusion de ces
plantes a lieu d’étonner dans la nature contemporaine de
homme, n'oublions pas que leur avénement, quoique plus
reculé qu'on ne l’a généralement supposé, est relativement
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 21
récent, qu’elles sont demeurées longtemps réduites à un petit
nombre d’espèces, isolées au milieu des autres, et compléte-
ment subordonnées. C’est seulement peu à peu qu'elles se sont
accrues en suivant une marche ascendante ; probablement aussi
elles n’ont revêtu que par degrés les caractères qui les distin-
guent, quoique les phases successives de leur état antérieur nous
demeurent parfaitement inconnues.
La même marche, les mêmes difficultés sont mhérentes à
l'étude des feuilles ou organes appendiculaires non transformés
en organes floraux. [ci, comme dans ces derniers, nous ne pou
vons guère remonter au temps des premières ébauches folia-
cées ; nous supposons pourtant, sans rien affirmer, que les feuilles
des Dicotylédones ne sont arrivées que progressivement aux
formes qui les caractérisent aujourd'hui, dans les végétaux cau-
lescents de cette grande classe. Mais en quittant le domaine des
hypothèses pour celui des faits, nous voyons clairement que les
premières feuilles dicotylédones, c’est-à-dire des végétaux de
la Craie inférieure d'Allemagne, ne diffèrent, en réalité par au-
cun caractère essentiel des feuilles actuelles.
Le limbe se trouve exactement limité et le pétiole existe. Si
quelque chose frappe dans ces feuilles, c’est plutôt l'absence de
caractères différentiels bien saillants. Cependant, cette absence
de complication, cette forme simple, entière sur les bords, qui
paraît être la seule marque distinctive des plus anciennes feuilles,
ne saurait être désignée non plus comme un caractère d'ar-
chaisme. Pour les feuilles comme pour les organes floraux, les
transiormations subies doivent être impossibles à reconnaître
dans l’état actuel, et il a pu s’opérer également chez elles un
retour apparent à la simplicité, résultat de rétrécissements ou de
soudures succédant à un état antérieur dont ils effacent les
traces ; en sorte que l'organe peut, en réalité, différer beaucoup
de ce qu'il était auparavant sans cesser pour cela de se rattacher
au même type. |
D'après ce qui précède, on doit comprendre la nature des
obstacles qui s'opposent à la détermination des plus anciennes
Dicotylédones. Ces obstacles sont pour ainsi dire insurmonta-
29 GASTON DE SAPOBTA.
bles, puisque d’une part nous ignorons si ces premiers types ne
différaient pas radicalement de tous ceux d'aujourd'hui, et que,
fussent-ils même analogues à ceux-ci, ils auraient pu revêtir à
l'origine des caractères assez éloignés pour les rendre difficile-
ment assimilables.
Nous avons dit plus haut que les premières Dicotylédones pro-
venaient du Quadersandstein inférieur de Bohème; il est vrai
que le nom de Quadersandstein a été appliqué, en Allemagne, à
une réunion d'étages confondus qui correspondent à une grande
partie de la série crétacée. Quoique le jour soit loin d’être fait à
cet égard, et qu'il soit impossible encore de rapporter exaele-
ment les diverses localités de cette formation où des plantes ont
été signalées à chacun des étages de notre terrain de Craie, tel
qu'il a été divisé en France par M. d'Orbigny, et dernièrement
par M. Coquand, cependant il est facile de reconnaître que,
parmi ces localités, il en est de plus anciennes que d’autres, et
même que toutes les plantes de chaque localité ne se rapportent
pas au même horizon géognostique, en sorte qu'il y a lieu d’exa-
miner toutes ces florules et de les distribuer dans un ordre qui
corresponde, au moins dans une certaine mesure, à leur position
relative, soit entre elles, soit vis-à-vis des étages admis dans
notre classification.
On a recueilli des plantes fossiles attribuées à la Craie, en
France : à l’île d'Aix, aux environs de Beauvais et du Mans;
en Angleterre, dans le Sussex; dans la Suède méridionale, en
Scanie; sur plusieurs points du Quadersandstein de Bohème
(Perutz, Msséno, Czenezic, Trziblitz, etc.), en Saxe, à Nieder-
schæna, en Silésie enfin (Tiefenfurth) ; nous négligeons à dessein
les environs de Blankenburg et d'Aix-la-Chapelle que nous
reportons dès maintenant à un niveau supérieur. Mais il est
bien des distinctions à faire parmi les localités citées en premier
lieu. |
La flore de l’île d’Aïx ne contient qu'un petit nombre de plan-
tes marines, Algues et Naïadées, et une conifère le Brachyphyl-
lum Orbignyanum Brngt, qui se rattache aux formes de l'ère
précédente. Elle est placée par M. Coquand dans son étage Gar-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 93
donien (1), vers la base du Cénomanien de d'Orbigny, sur un
horizon un peu plus ancien que celles dont nous allons parler,
et qu’elle précéderait ainsi dans la série.
M. Reuss (2) distingue plusieurs étages confusément carac-
térisés, soit par leur aspect pétrologique, soit par leur posi-
tion stratigraphique, soit par leurs fossiles; mais la liste de
ceux-ci comprend assez d'éléments discordants pour jeter des
doutes sur la légitimité de la classification proposée par l’auteur.
Il partage le Quadersandstem en quatre groupes qui sont, de bas
en haut: 1° le Quadersandstein inférieur; 2° les Marnes du
Planer (Planermergel) ; 3° le Calcaire Planer (Planerkalk) ;
L° le Quadersandstein supérieur.
Le premier groupe paraît correspondre, pris en masse, au
Cénomanien de d'Orbigny; le second au Sénonien du même
auteur et plus particulièrement à l'étage Suntonien de M. Co-
quand, le troisième au Campanien du même géologue, c’est-à-
dire au Sénonien supérieur et à la Craie blanche de Meudon, dans
le bassin de Paris.
_ Quant au dernier groupe (Obere Quadersandstein) sa position
paraît énigmatique à M. Reuss lui-même. I] repose, il est vrai,
sur le Quader inférieur, mais il présente une réunion de fossiles
dont plusieurs lui sont communs avec la formation qu’il recou-
vre, et d’autres avec la Craie blanche dont l’auteur allemand le
rapproche sous toutes réserves. Il semble donc qu'il devrait être
intercalé entre le premier et le second groupe; du reste, il ne
renferme pas de plantes fossiles. Celles-ci appartiennent presque
toutes au Quadersandstein inférieur ; mais elles se partagent en
deux zones distinctes, que l’on ne peut bien saisir si l’on ne se
rend pas compte des subdivisions de ce groupe inférieur. En
effet, M. Reuss y distingue 5 étages dont le plus inférieur, ser-
vant de base à tout le système, est désigné par lui sous le nom
de Quadersandstein inférieur proprement dit.
(1) Coquand, Synopsis des animaux et des végétaux fossiles observés dans les
formations secondaires de la Charente, de la Charente-Inférieure et de la Dordogne,
p. 40.
(2) Reuss, Verst., p. 115.
2h | GASTON DE SAPORTA.
C'est à la partie inférieure de cette formation que se trouvent
intercalés des lits d'argile schisteuse, bitumineuse (Schieferthon),
renfermant sur divers points, mais particulièrement à Msséno et
à Pérutz, une grande quantité de plantes terrestres qui consti-
tuent la flore la plus ancienne décrite par Corda. En y adjoignant
plusieurs Fougères trouvées dans les couches correspondantes du
Quadersandstein inférieur de Niederschæna en Saxe, elle com-
prend 13 à 15 espèces terrestres savoir : 2 Conifères (Cunningha-
miles), 6 à 8 Fougères (Pecopteris) et 5 Dicotylédones (Phyllites,
Grevillea Reussii Ett.). Au-dessus, M. Reuss Indique deux étages
consécutifs qu'il nomme l’un Grès à Exogyres (Exogyrensand-
stein) caractérisé surtout par la présence de l'Exogyraïcolumba
Gold., et l’autre Grès vert (Grünsandstein).
Ces deux étages présentent peu de plantes ; la plus importante
est le Crypiomeria primæva Corda (Geinitzia cretacea Endi.)
qui paraît être une vraie Séquoiée, et se retrouve QE sous
différentes formes.
Au-dessus de ces deux étages, M. Reuss place le Grès Planer
(Planersandstein), qui paraît pourtant se distinguer assez peu du
Quadersandstein inférieur, puisqu'il présente à peu près les
mêmes coquilles caractéristiques, et notamment l’Exogyra co-
lumba. Il est vrai que dans un mémoire de M. Roeminger, ana-
lysé par M. d'Archiac (1), l’ordre des étages du Quader inférieur
se trouve interverti, de sorte que le Grès Planer succède immé-
diatement au Quadersandstein inférieur proprement dit, et se
trouve par conséquent inférieur à l’Exogyrensandstein. Cet
ordre semblerait plus naturel. Quoi qu'il en soit, le Planersand-
sein renferme des plantes aux environs de Czenezic et surtout à
Trziblitz.
Cette seconde flore compte 8 espèces savoir : 2 Cycadées (Za-
. miostrobus et Microzamia), une Conifère, le Geinitzia cretacea et
5 Dicotylédones (Phyllites), dont deux au moins sont très-remar-
quables (fig. 4, 5 et fig. 9), la première par son ordonnance
palmatinerve, 3-5 lobée à lobes entiers mais bien prononcés, à
(4) D’Archiac, Histoire des progres de la géologie, t. V,p. 277 et suiv.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 25
nervures indistinctes, en dehors des principales qui sont très-
saillantes. La seconde feuille, grande, lancéolée-lméaire, entière,
de texture coriace, avec des nervures secondaires obliquement
dirigées, mais peu saillantes, présente vers la base des incisures
fort nettes, dont le caractère est singulier.
Cette flore, évidemment plus récente que celle du Quadersand-
stein inférieur de Pérutz, ne peut en être séparée, à cause de
l'absence de caractères différentiels, impossibles à établir sur un
aussi petit nombre d'espèces. Elles doivent composer provisoi-
rement, au-dessus de la Florule de l’île d'Aix, une première
période Crétacée moyenne, à laquelle on doit réunir aussi les
Cycadées (Zamostrobus) d'Angleterre et du Mans, les Ptero-
phyllum (Zamites) cretosum et saxonicum Reich. du Quader-
sandstein inférieur de Niederschæna, les quelques plantes du
Langsberg, près de Quetlimburg, décrites par Stiehler (1) (#7e1-
chsehia Ludovicæ St., Pierophyllum Ernestinæ St., Pandanus
Simildæ St.),et peut-être aussi les plantes de Scanie signalées par
Nilson (Cycadites Nülsonni Brngt, Comptonites antiquus Nils.,
Acerites? Salicites ?). Cette dernière adjonction, si elle se trouve
justifiée, serait importante par la coexistence sur un point aussi
septentrional d’une Cycadée et d’une Dicotylédone aussi tran-
chée de forme que le Comptonites antiquus. M. d'Ettinghausen,
dans son ouvrage sur les Protéacées fossiles (2), range ce dernier
parmi les Dryandra et le regarde comme très-analogue au
Dryandra (Comptonia) Meneghini Ung. de Monte Bolca; mais
cette attribution est infirmée par Unger (3), et dans le doute la
dénomination de Comptonites doit être préférée.
Le Quadersandstein inférieur se termine sur plusieurs points
par des bancs d'Hippurites, qui ont fait donner à la dernière
subdivision du groupe inférieur le nom d’Æippuritenschichten, et
qui sont immédiatement inférieurs aux Marnes du Planer ou
deuxième groupe. Le Quadersandstein de Saxe et de Silésie n’est
qu'un simple prolongement de celui de Bohème; mais il est
(4) Palæontogr.,t. V, p. 71, tab. 12-14.
(2) Proteaceen der Vorwelt, p. 31.
(3) Unger, Neu. Holland in Europa. Wien, 1861, p. 44.
26 GASTON DE SAPORTA.
impossible de reconnaître, d’après les indications confuses des
divers auteurs, auquel des nombreux étages que nous venons
d'énumérer se rattachent directement les plantes, la plupart
Dicotylédones, recueillies à Niederschæna et à Teschen d’une
part, et de l’autre à Tiefentfurth en Silésie, Cependant, ces
plantes par l’ensemble de leurs caractères et surtout par leurs
formes généralement plus accentuées, nous paraissent plus
modernes, et nous les plaçons provisoirement sur un horizon
intermédiaire entre celui donné par le Quadersandstein infé-
rieur de Bohême et celui des sables d’Aix-la-Chapelle, c’est-à-
dire vers le Turonien de M. d’Orbigny, en conseryant toutefois
beaucoup de doute touchant la réalité de leur position.
Si l'on réunit les espèces des couches supérieures de Nieder-
schæna à celles de Teschen et de Paulsdorf, et celles des localités
silésiennes décrites ou signalées par MM. Brongniart (1), Gei-
nitz (2), Gôppert (3), Unger, Ettingshausen, à celles de l'étage
des marnes du Planer (Planermergel) de Bohème qui correspond
à peu près au même horizon, on arrive à un total de 35 espèces
environ, qui se décompose ainsi qu'il suit: Algues, 7 à 40; Fou-
gères, 4, dont une arborescente (Protopteris Singeri Presl.) de
Silésie, mais son authenticité a depuis été fort Justement révo-
quée en doute (4); Conifères, 5, consistant surtout en Arauca-
ria, dont les Dammarites représentent probablement les fruits.
Les Monocotylédones présentent une seule espèce, très-sail-
lante, il est vrai, nous voulons parler du Flabellaria chamæropi-
folia Güpp. de Silésie, qui marque la prenuère apparition cer-
taine des Palmiers, puisque le Palmacites varians Corda, trouvé
dans le calcaire Planer (Planerkalk), se rapporte vraisemblable-
ment à un âge un peu plus récent.
(1) Brongniart, Tableau des genres de végétaux fossiles, p. 409-144.
(2) Geinitz, Characteristik der Sæchsisch-Bæhmischen Kreid.— Verstein., von Ober-
sachsen und der Lausitz.
(3) Gôppert, Ueber die foss. Flor. des Quadersandstein. — Zur Flora des Qua-
dersand. in Schlesien.
(4) Debey und Ettingshausen, Die urweltlichen Acrobryen des Kreidegeb. von
Aachen, p. 65.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 27
Les Dicotylédones sont au nombre de 16 au moins, et par
conséquent composent à elles seules la moitié de la flore. Elles
dépassent de beaucoup chacune des autres elasses prise en parti-
culier. Cette importance croissante est bien en rapport avec
l’âge moins ancien que nous attribuons à cette période. Elle
serait principalement caractérisée, si les éléments que nous
consultons ne trompent pas, par l'apparition des Palmiers, par
la présence d’Araucaria (Eutassa) pareïls à ceux de nos jours,
par la prépondérance très-marquée des Dicotylédones; et si l’on
examine ces dernières, on remarque parmi elles des Protéacées
d’une attribution assez probable (Grevillea Reussii et Banksia pro-
totypos Ett.), et enfin un genre longtemps confondu avec les
Credneria, d'affinité incertaine, à feuilles sulpalmatinerves, den-
tées-incisées sur les bords, présentant déjà le réseau veineux
caractéristique des Credneria, mais distinet par l'absence des
nervures basilaires horizontales, et que M. Stiehler en a séparé
dernièrement avec raison sous le nom de d’Ettingshausenia (1).
Les Ettingshausenia (Credneria) cuneifolia Brngt, eæpansa
Brngt, tremulæfolia Brngt, Sternbergi Brngt, sont les princi-
pales espèces de ce genre dont M. d'Ettingshausen a fait ressortir
l’analogie apparente avec plusieurs Cissus, en proposant de le
nommer Chondrophyllum, à cause de la texture coriace de ses
feuilles.
Ainsi l'existence de feuilles dicotylédones déjà plus compli-
quées de formes et de neryation est un des caractères de la végé-
tation de cette période, non-seulementen Saxe, mais en Silésie,
où le Phyllites Geinitzianus présente le type lancéolé à dents
marginales bien prononcées et acuminées de plusieurs Chênes
de l'Inde, de Java et du Mexique. La nervation bien visible
semblerait même favoriser ce rapprochement, mais cette
feuille doit être surtout remarquée parce qu’elle se confond
presque avec une de celles d'Aix-la-Chapelle que M. Debey a
désignées sous le nom de Dryophyllum (sp. 2), dans la collection
déposée au Muséum de Paris; en sorte que si elle n’est pas spéci- :
(1) Pal/æontographica, t. V, p. 66.
28 GASTON DE SAPORTA.
fiquement identique avec celle-ci, elle en est visiblement congé-
nère, nouvelle preuve de l’affinité des deux flores dans un assem-
blage aussi peu nombreux et à une distance considérable.
Cette liaison nous amène donc tout naturellement à la Flore
des sables d’Aix-la-Chapelle ou Aachensandstein des Allemands.
Cet étage est placé par M. d'Orbigny dans le Sénonien, par
M. Debey lui-même un peu au-dessous de la zone du Belemnites
quadratus, c’est-à-dire vers le Sénonien inférieur. D’après
l'opinion de notre ami M. Matheron qui l’a exploré tout derniè-
rement, il correspondrait, sans aucun doute, au Santonien de
M. Coquand et à la Craie marine supérieure du plan d’Aups et
de la Pomme en Provence. Toutes ces opinions concordent pour
définir les sables d'Aix comme inférieurs aux couches à Credne-
ria des environs de Blankenburg, dans le Harz, et pour rappor-
ter celles-ci, qui correspondent nettement à l'horizon du Belem-
nitella mucronata d'Orb., au Sénonien supérieur, et plus par-
ticulièrement à l'étage Campanien de M. Coquand.
Nous sommes donc parfaitement fixés au sujet de la place que
la remarquable flore d’Aix-la-Chapelle doit occuper dans la série
géologique ; le caractère de cette flore n'est pas moins accentué.
Comme elle est encore en grande partie imédite, nous avons
eu recours à M. Debey, qui a bien voulu nous transmettre à son
égard quelques détails plems d'intérêt pour lesquels nous
sommes heureux de lui témoigner 1er notre reconnaissance.
Le nombre des espèces connues dépasse 300, mais il doit être
ramené à peu près à ce chiffre ou même à un chiffre inférieur,
si l’on tient compte du double emploi amené forcément par la
description des divers organes d’une même plante et surtout
des fruits et des fragments d'épiderme, dont le nombre est con-
sidérable. En adoptant le chiifre de 300 et le décomposant par
grandes classes, on trouve : 24 Cryptogames cellulaires, Algues,
Lichens, Hypoxylées; 40 Cryptogames vasculaires ou acrogènes
consistant en Fougères, à l'exception d’une seule Mousse, la plus
ancienne connue; 40 Conifères, 25 à 30 Monocotylédones, et
200 Dicotylédones environ. Ainsi, les Dicotylédones à elles
seules comprennent les deux tiers des espèces, proportion
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 26
énorme si l’on se rapporte aux âges antérieurs et même au
précédent immédiat. À la suite des Dicotylédones viennent les
Fougères encore bien nombreuses, si l’on considère ce qu'elles
deviennent dans l’époque tertiaire, puis les Monocotylédones qui
ue forment (1) que 1/1 du nombre total et 1/12 des Phanéro-
games réunies, puis les Conmifères.
Les caractères généraux de cette végétation considérée dans
son ensemble sont : une variété de formes beaucoup plus grande
que dans les périodes antérieures; l’assimilation possible d'une
partie des espèces à des genres ou du moins à des familles du
monde actuel ; enfin la substitution, dans les Fougères, de types
tout à fait nouveaux, mais encore bien éloignés de ceux qui sont
les plus répandus maintenant, aux types qui avaient si longtemps
persisté.
En reprenant chacune des grandes classes, on reconnait
l’existence des caractères suivants : 1° les Algues se distinguent
par l’affluence des Chondrites et la présence des Delesserites, ce
qui les rattache plus particulièrement aux flores tertiaires du
flysch par le premier de ces genres, à Monte Bolca par le
second dont nous avons également constaté la présence dans les
couches Santoniennes de la Pomme (2), en Provence, contem-
poraines de celles d’Aix-la-Chapelle.
2° Les Fougères s'éloignent de celles des âges antérieurs ;
leurs frondes paraissent n’avoir eu, en général, que d'assez fai-
bles dimensions; elles se partagent en trois groupes : les unes
d'affinité incertaine constituent des types sans analogie avec ceux
de nos jours; M. Debey s’en est servi pour établir les genres
Bonaventurea, Carolopteris, Monheimia, Zonopteris, Benizia, Ra-
(14) En négligeant les Algues.
(2) L’empreinte que nous avons signalée dans l'introduction à la première partie de
nos études (Études sur la végétation tertiaire, t. 1, p. 18; Annales des sciences natu-
relles, t. XVII, p.326), comme étant celle d’une feuille dicotylédone voisine de l’un des
Dryophyllum de M. Debey, provient de la même couche et appartient probablement
au même genre de la classe des Algues. La présence d’une nervure médiane fort nette
et de nervures latérales explique notre erreur, que la découverte de plusieurs
empreintes analogues nous a aidé à reconnaître.
80 GASTON DE SAPORTA.
phaelia, et il a réuni les plus douteuses dans le genre Pterido-
leima qui comprend 22 espèces. Parmi ces Fougères, quelques-
unes se rattachent de plus où moins près aux Pecopteris de
Bohème, de Saxe et de Silésie signalés dans le Quadersandsteim
inférieur, plusieurs paraissent être des Polypodiacées analogues
aux Aspidium, Woodwardia, Doodia, Gymnogramma, mais
d’autres se relient plus naturellement aux Cyathacées, aux Marat-
tiâcées, Danæacées, ete. Le sécond groupe se rattache de fort
près aux Gleichéniées, aux Lygodiacées, aüx Danæacées de la
nature actuelle, c'est-à-dire aux tribus les plus exceptionnelles,
les plus exclusivement tropicales et australiennes de Fordre végé-
tal de notre temps. Le plus restremt et le dernier dés trois grou-
pes dénote de véritables Polypodiacées, mais il se réduit à 6 espé-
ces seulement, congénères des Asplenium et peut-être aussi des
Adiantum et des Pteris d'aujourd'hui.
8 Les Cycadées sont absentes, à ce qu’il paraît; mais lés
Conifères, tout à fait en rapport avec celles de l’âge antérieur, ne
comprennent que des Abiétinées d’affinité incertaine (Mitropi-
cea), ou des Araucaria (sect. Eutassa), des Sequoiées (Cyc4-
dopsis) qui ne font que continuer le genre Geinilzia, et enfin
un type tout à fait nouveau (Belodendron). Ici, la litisôn avec
les types tertiaires ne s'opère que par les Sequoïées.
h° Les Monocotylédones se distinguent, soit par déS types,
tout à fait isolés comme les genres Vechalea et Thälassocharis,
soit par des types dont l'assimilation f’est relative qu'à Pensemr-
ble d’une famille (Pandanées, Palmiers, Liliacées?), soït énfin
par plusieurs Naïadées (Zosterites) dont la présence est justifiée
par celle de couches déposées sous l'influence de li mer.
5° Nous trouvons les Dicotylédones revètues de caractères
tout spéciaux, mais qui sont le résultat du mouvement orga-
nique dont nous ayons signalé les premiers indices. L’énorme
prépondérance des Protéacées, qui comptent plus de 100 espèces,
en est le fait le plus saïllant. Ce groupe, le premier apparü, atteint
son développement définitif avant les autres, de même que nous
le verrons décliner le premier. Ici, la plupart des combinaisons
de forme qui distinguent les feuilles de cette famulle en Australie
LÉ SUD-EST DÉ LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 31
et au Cap se trouvent fidèlement reproduites, et l’analogie en fait
observer d’autres tout à fait inconnues aujourd'hui; tels sont les
Palæobanksia. |
L'existence de formes très-voisines des Leucospermum, Syna-
ph@a, Grevillea, Lomatia, Banksia, Dryandra, paraît d'autant
mieux établie que plusieurs d’entre elles sé sont ensuite long-
temps perpétuées sans variations considérablés ét persistaient
encore à l’époque du gypsé d'Aix ou même postérieurement.
Ainsi voilà le premier fait considérable : prépondérance incon-
testable des Protéacées. Le second, c’est la présence d’un certain
nombre de types trés-accentués, dont l’affimté par rapport à
quelques-unes des familles actuelles, surtout parmi les Apétales,
semblé probable, mais qu'il est impossible de leur assimilér
divéctement d’une manière sûre; on doit done les considérer
comme constituant des genres où même des familles distinctes
des nôtres et peut-être leur ayant servi de protolypes (4) et de
pomt de départ, tels sont les Dryôphyllumi qüe nous avons signa-
lés en Silésie, et que nous retrouvons à la bäse du terrain ter-
tiaire, dans le bassin de Paris ; tels sont encore les Credneria pro-
prement dits qui commencent à se montrer à Aix-la-Chapelle,
quoique très-rarement, et enfin ütie foule de Dicotylédones
encoré inédites que M. Bebey fera connaître plus tard. Quelqués-
uns de ces genres, comimé les Dryophyllum, ont une longue
existence; d’autres, comme les Crédneriæ, ne font que se montrer,
mais se trouvent remplacés dans les étages suivants par des types
très-analogues. Enfin, parmi les Dicotylédones d’Aix-la-Cha-
pelle, un bien petit nombre, ent dehors des Protéacées, semblent
se rattacher à quelques-uns des genres encore existants (Myrica,
Ficus? Eucalyptus?), mais ces assimilations ne laissent pas que
d'inspirer des doutes. Plusieurs familles que nous rencontrons
dans les étages suivants, par exemple les Légunimeuses, n’ont
laissé d'elles aucun indice.
Quant à la physionomie générale, elle est très-variable ; beau-
coup de feuilles étonnent par leur faible ditnenSion, et ce sont
(4) Ce qui nous engage à donner à ces végétaux le nom de végétaÿ# prototypiquese
82 GASTON DE SAPORTA.
justement celles, comme dans les Palmiers (Sciadum), Panda-
nées, Protéacées, dont l'attribution à des familles et à des genres
de l’ordre actuel peut être opérée avec le moins de doute.
D’autres, au contraire (Dryophyllum, Credneria), présentent
un développement remarquable, et ce sont plutôt celles qui ne se
rattachent que d’une manière indirecte aux types actuels. Nous
allons voir, à partir de l'étage suivant, les formes largement dé-
veloppées (feuilles platymorphiques) dominer à l'exclusion des
autres qui ne reparaîtront qu'après un assez long intervalle.
En résumé, la physionomie exotique et australienne des Fou-
gères, l'étrangeté de certaines Monocotylédones, la présence
des Pandanées et des Palmiers, des Araucaria et des Séquoiées, la
prépondérance des Protéacées, la diversité des formes, la diffi-
culté des assimilations, l'apparition des Credneria, la présence
de groupes (probablement apétales?), d’affinité incertaine, de
physionomie très-saillante, et particulièrement des Dryophyl-
lum, tels sont, à nos yeux, les principaux caractères de cette
curieuse végétation.
La flore des environs de Blankenburg doit lui être postérieure
de très-peu, et cependant il semble déjà qu’elle revête une phy-
sionomie différente. La connaissance en est due aux travaux de
Zenker (1), Dunker (2) et dernièrement de M. Stiehler (3).
Cependant le total des espèces décrites ou signalées ne s'élève
encore qu'à 23; mais, ainsi que l'explique M. Stiehler, c’est le
long d’une plage marine, au milieu des sables fins dont la conso-
lidation a formé le Quadersandstein, qu'ont été ensevelis les
restes des végétaux et surtout les feuilles de ce dépôt, en sorte
que nous n'avons, sous les yeux, que la dépouille des plantes
immédiatement littorales.
Quoi qu’il en soit, en réunissant les données fournies par ces
divers auteurs, on peut énumérer d'abord 5 Algues apparte-
nant aux genres Chondrites, Conferviles, Delesserites (h), puis
(4) Zenker, Beiträge, p. 17, t. Il et III.
(2) Palæontogr., t. IV, p.179.
(3) Palæontogr., ti. V, p. 47.
. (4) Le Delesserites Thierensis de la craie de Maestricht est compris dans ce nombre.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 35
5 Conifères, parmi lesquelles le Geinitzia (Cycadopsis ?) creta-
cea Endl., qu’on retrouve à tous les degrés de la série, marque
la persistance des Séquoiées à cette époque, non moims que les
Abietites Gæpperti, curvifolius et Hartigi Dunk., qui nous parais-
sent appartenir au même groupe, et représenter peut-être
plusieurs formes d'une seule espèce. Les monocotylédones se
réduisent à la mention faite par M. Stiehler d’un fragment de
tige très-voisin du Palmacites varians Corda.
Les Dicotylédones, au contraire, s'élèvent à 12, formant à elles
seules plus de la moitié du nombre total, et les 2/3 des plantes
terrestres, proportion conforme à celle que nous avons observée
dans la flore d’Aix-la-Chapelle ; parmi elles, on remarque deux
Salicites (S. fragiliformis Zenk. et Hartigi Dunk.) ; mais la dé-
nomination générique sous laquelle onles désigne ne doit pas faire
illusion touchant le peu de probabilité de l'attribution, fondée
uniquement sur la forme étroite et allongée des feuilles. Nous en
dirons autant du Cytisus cretaceus Dunk. (1), qui consiste en trois
empreintes de feuilles réunies vers la base, de manière à faire
croire qu'elles représentent les folioles d’une feuille digitée; si
cette appréciation se trouvait justifiée, ce qui n’a rien de cer-
tain, nous regarderions une assimilation avec certaines Aralia-
cées comme bien plus probable, puisque rien ne prouve la pré-
sence des Légumineuses à cette époque, encore moins du genre
Cytisus, un des plus modernes de la flore tertiaire.
L'espèce nommée par Dunker Castanea Hausmanni serait
mieux rangée parmi les Dryophyllum dont elle possède quel-
ques caractères ; on pourrait y Voir aussi, avec quelque raison
peut-être, une Protéacée analogue à certains Banksia, Knightia,
Xylomelum, et même assez voisine du Banksites aculeatus du
gypse d’AIx.
Mais le genre le plus important de cette petite flore est celui
des Credneria, dont les feuilles ont attiré depuis longtemps l’at-
tention des naturalistes. M. Stiehler, dans son mémoire sur la
flore crétacée de Blankenburg (2), énumère successivement les
(4) Palæontogr., IV, t. 34, fig. 3.
(2) Palæontogr., t. V, p. 57.
99 série, Bor. T. III. (Cahier n° 4.) 3 3
5h GASTON DE SAPORTA.
hypothèses mises en avant par divers auteurs au sujét de leur
attribution. Aucune conclusion un peu probable ne ressort de
cet examen, et il serait mutile de s’y arrêter, si M. Stiehler lui-
même, adhérant à l'opinion de son ami M. Hampe, ne regardait
les Credneria comme faisant partie des Polygonées et très-voisins
du genre Coccoloba.
Il nous est impossible d'admettre cette manière de voir, fondée
seulement sur la coïncidence amenée par la découverte d’une
tige fossile dont la structure est analogue, selon l’autéur, à celle
des tiges de Rheum, et enfin sur la présence dans quelques
feuilles de Coccoloba de nervures basilaires horizontales dirigées
dans le même sens que celles des Credneria.
Or, le rapprochement en question ne nous semble résulter
que d'une comparaison superficielle des empreintes fossiles et
des feuilles actuelles. Il est vrai que les feuilles du Coc. pubescens
ont des nervures très-saillantes inférieurement, comme celles
des Credneria, et que les feuilles du Coc. uvifera Se rapprochent
un peu du Credneria subtriloba par la forme de leur base; mais;
en réalité, il n'existe pas dans les feuilles de Coccoloba assez dé
fixité dans la nervation, assez d’analogie dañs là forme; pour
faire admettre, sur d'aussi faibles indices, une véritable affinité
entre eux et le genre si tranché des Credneria.
La difficulté n’est pas de retrouver dans l’ordre actüel des
formes présentant une nervation analogue à celle des Credneria;
on observe; en effet, ce mode de nérvation qui est fort simple
(nous parlons du mode de ramification des veines tertiaires par
rapport aux secondaires), non-seulement dans les Amentaeées
(Alnus, Corylus, Quercus) où il est très-ordinaire, mais dans les
Pipéracées, Morées, Artocarpées, dans plusieurs Populus; dans les
Hamamélidées, dans les Mélastomacées, dans la plupart dès Tilia-
céés, Malvacées, Dombevacées, etc. Quant aux nervures basilai-
res horizontales, elles se retrouvent également dans beaucoup dé
feuilles, où les nervures latérales inférieures plus développées
que les suivantes deviennent suüprabasilaires, et par conséquent
ce caractère isolé ne saurait à lui seul devenir un indice d’affi-
nité. En effet, c’est seulement dans la réunion des principaux
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 95
caractères distinctifs des feuilles de Credneria que l’on dévräit
puiser les éléments d’assimilation; inais il est probable que,
si un pareil type existait encore dans le mondé, il äurait
frappé les yeux des botanistes habiles qui se sont occupés de ce
setire de recherches; la divergence dés opinions mises en avant
ën démontre, au contraire, l'inanité; et nous devons plutôtcroire,
conformément à l'idéé que nous avons émise sur là marche ét le
développement originaire dés Dicotylédones, que les Crédneria
faistient partie d'un groupé qui, selon toute apparence, a
dispäïu d'autant plus complétement que l’époque de son
apparition à été plus hâtive et plus reculée. Il est égalé-
inéht probable que cêt ancien groupe n'était pas sans liaison
d’âüeune sorte avée ceux qui lui ont succédé, ét par ceux-ci avec
ééux qui existent encore. Mais pour retrouver dans l'ordré actuel
ühé famille liée à celle des Crednerïa, où dant conservé, plus
que les autres, quelques-uns des traits qui les distiigueñt, il
séräit naturel de $ attaché à uñ groupe pet nombreux, dispersé,
isolé âu filiét dés dutres, sans liäison directe avèc aucun, peu
iombreux En éspèces ét CÉmposé d'espèces où dé genres disjoints.
Féls Sont, éñ effet, les groupes auxquels M. A. dé Cändollé dans
Sa Géographie botanique, ét dernièrement dans son Mémoire sur
la eläSsification des Chênes, attribue les cäractères d’une tuitien-
hété relative plus ou moins grande.
C'est four cela que hoùs préférons de béaucoüp, à cét égard, à
toute äutre hypothèse, Celle que M. Brongniart à formulée Aépüis
lorigteinps (4), en faisarit ressortir l’analogie asséz étroite dés
Crétheria et des Hathämélidées. Ici l'affinité Supposée est fondée
à la fois sûr le rapport de là forme, sur l'ordonnance ét la diréc-
tiüii dés principales nervures, le déssth du réseati véineux, l’irré-
&üldrité des feuilles vérs léur basé ét disposition des nérvürés
éïnises sur le coté extérné des deux principales ; c’ést ce dont il
est facile dé s'assurer én comparant les feuilles du Pärrotià pêr-
Sica AVeé 18 Crédneria subtriloba Eéhk.; et celles du F'orhérgtila
älnifolia ét du Coryplosts Spicata avëc 18S Cheherflé déntiéutäta
(4) Brongniart, Tableau des genres de végétaux fossiles, p. 80.
36 GASTON DE SAPORTA.
Zenk., et subserrata Hampe. Quant aux nervures basilaires hori-
zontales, elles se montrent rarement dans les Hamamélidées, à
cause de la base ordinairement échancrée qui distingue les feuilles
de cette famille ; cependant elles se développent parfois, quoique
faiblement, dans tous les cas où les grandes nervures inférieures
ou l’une d'elles seulement deviennent accidentellement supraba-
silaires ; c’est ce que nous avons observé assez souvent sur les
feuilles de l’Hamamelis virginica. Du reste, on ne saurait préten-
dre que les Credneria aient été congénères des Hamamélidées, ni
même qu'ils aient appartenu à la même famille que ces plantes,
aujourd'hui dispersées par petits groupes dans les deux continents.
On rencontre, en effet, des Hamamélidées au Japon (Corylopsis),
en Perse (Parrotia), à Madagascar (Dicoryphe) , dans l'Afrique
australe (Trichocladus) et dans l'Amérique du Nord (Fother-
gilla); le genre Hamamelis se partage entre la dernière contrée
et la Chine. La plupart de ces végétaux, surtout les plus connus
(Hamamelis, Parrotia, Fothergilla), portent des feuilles caduques,
membraneuses, quoique assez fermes, peu en rapport. avec la
consistance visiblement épaisse et persistante de celles des Cred-
neria. Nous avons cherché à reconnaître si l’analogie signalée
par M. Brongniart ne se révélait pas davantage dans la petite
tribu des Bucklandiées qui habite l'Inde, où elle est représentée
par deux genres à une seule espèce, et dont les feuilles sont per-
sistantes et coriaces. Le Bucklandia populnea Griff. présente des
feuilles subcordiformes, tantôt entières, tantôt sublobées, qui
ont un rapport frappant avec celles de certains Populus et
Ficus ; mais en mème temps leur nervation saillante inférieure-
ment et ramifiée à angle droit, l'ordonnance subpalmée des prin-
cipales nervures, leur direction oblique recourbée ascendante,
enfin le développement des deux nervures inférieures aux prin-
cipales, étendues horizontalement, sont autant de traits qui rat-
tachent ces feuilles aux Credneria. Nous signalerons de plus le
renflement caractéristique du pétiole vers le point où il pénètre
dans le hmbe, et la manière dont se prononce le lobule latéral
unique dans les feuilles non entières. Celles-ci présentent alors
une grande ressemblance avec le Credneria triacuminata Hampe,
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 37
tandis que celles qui sont entières se rapprochent beaucoup des
Credneria integerrima Zenk. et acuminata Hampe.
Cette analogie des Credneria avec le groupe des Hamaméli-
dées n'est pas la seule que nous puissions signaler ; elle se mani-
feste encore à un assez haut degré avec les Populus etles Platanus
dans lesquels la ressemblance de la nervation se réunit à la pré-
sence des nervures basilaires caractéristiques. M. Brongniart
avait mentionne la ressemblance de forme avec les Populus, mais
pour bien saisir l’analogie du réseau veineux dans les deux gen-
res, 11 faut comparer les feuilles fossiles aux Peupliers à feuilles
larges et peu dentées, et surtout au Populus ciliata Wall.
espèce de l'Inde.
Le surexhaussement des nervures latérales inférieures s’ob-
serve surtout dans les Peupliers de la section Vigra (Margi-
nalæ Heer), où l’on voit se manifester en dessous des deux
nervures principales une ou plusieurs paires de nervures hori-
zontales, directement issues de la médiane et tout à fait pareilles
à celles des Credneria, quoique beaucoup plus déliées. Il suffit,
pour observer ce caractère, de choisir les feuilles les mieux déve-
loppées des Populus nigra, canadensis, virginiana, angulata. On
compte parfois jusqu'à à paires de ces nervures sur les feuilles de
la dernière espèce.
La même particularité de nervation est bien plus saillante dans
le genre Platanus, où elle constitue l’état normal de la forme nom-
mée PI. cuneata Wild. ; on peut observer sur les feuilles de cette
variété à à 4 paires de nervures basilaires, étendues horizonta-
lement dans la portion du limbe qui se prolonge inférieurement ;
de plus, la disposition des veines tertiaires offre dans ce même
genre d'assez grands rapports avec celles des Credneria.
On pourrait donc supposer, non sans quelque raison, que
les Credneria, tout en formant un genre ou une famille depuis
longtemps disparus, manifestent par les caractères que pré-
sentent leurs feuilles, des indices d’affinité assez sensibles avec
les Hamamélidées d’une part, les Salicinées et les Platanées
de l’autre, pour qu’il soit permis de penser qu’ils ont peut-être
servi de prototype et de point de départ à ces divers groupes ,
38 GASTON DE SAPORTA.
sans que l'on puisse pourtant rigoureusement définir la ngture
des liens qui rattachent les genres apparus en dernier lieu à
celui qui les a incontestablement précédés.
La flore des Credneria termine la série de la Craie dans l'Eu-
rope centrale. Située vers le Sénonien supérieur, elle ne se
trouye séparée du terrain Lertiaire que par la seule Craie de
Maestricht, qui correspond : à l'étage Dordonien de M. Coquand,
et se confond, à ce qu'il: semble, avec le Calcaire pisolilique du
bassin de Paris, et par conséquent avec le Danien de M. d'Or-
bigny.
La première flore que nous rencontrons, en poursuiyant notre
marche ascendante, est celle de Sézanne, comprise dans l'étage
de Rilly, placé par quelques-uns à la base même de la série ter-
tiaire (c'est l'opinion de M. Hébert, professeur de géologie : à la
Sorbonne, etdeM. Bayle, professeur de paléontologie à l École des
mines) ; mais qui devrait être reporté à à un niveau plus élevé, à la
partie supérieure des sables marins de Bracheux, si l’on adop{ait
le point de vue de M. Prestwich et de quelques : autres géologues.
L'âge de Rilly, d'après cette seconde hy othèse, serait cepen-
dant toujours : antérieur à celui des argiles . astiques ef des lignites
du Sojssonnais, Des explorations, suivies en dernier lieu par
MM. Matheron et Deshayes, tendraient à confirmer cette manière
de voir; mais il se pourrait que le calcaire lacustre de Rill fût
l'équivalent au MpIns partiel des sables de Bracheux. Il existe.
donc une lacune d un étage au moins, de deux au plus entre la
flore des Cr edneria et celle de Sézanne. Cette lacune, correspon-
dant à à l intervalle même qui sépare les deux époques, n'est rem-
plie que très- imparfaitement par les débris végétaux que nous
avons recueillis dans l'étage provençal des lignites de Fuveau.
Nous les avons partiellement décrits dans la première partie de
nos études (1); comme constituant la plus ancienne des flores
tertiaires de Provence.
Depuis lors de nouveaux documents sont venus compléter un
+ {1) Voy. Études sur la végétation tertiaire, I, p. 38 ; Annales des sciences natu-
re, h° série, Bor., 1, XVI, p. 191.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 39
peu cette végétation, et jeter sur elle une lumière plus vive. De
plus, notre ami M. Matheron observant la liaison intime qui
existe entre le groupe du lignite de Fuveau et la Craie Santo-
nienne sous-jacente, à l’aide d’un étage intermédiaire lacustre
et lignitifère, comme à la Brasque (plan d'Aups), aussi bien
que la Craie Santonienne elle-même (Giniez, plan d'Aups) , en a
conclu que la réunion en une série continue des trois étages, soit
marin, soit lacustres, ressortait naturellement de l'étude des faits.
En effet, d’une part, la présence constante de lits de combustible
à Chaque étage, jomte au passage insensible qui mène de l’un à
l'autre, donne à l’ensemble du groupe un caractère d'unité qui
motive leur fusion ; d'autre part, la Craie de Provence terminée
avec le Santonien se trouve ainsi complétée par l'adjonction de
deux étages d’eau douce correspondant aux étages marins qui
existent partout ailleurs, lorsque la série n'est pas interrompue.
Enfin, pour achever la démonstration de notre savant ami, 1
a observé que la suite si nombreuse des coquilles terrestres et
fluviatiles recueillies dans ces couches n’a rien de commun avec
les espèces tertiaires anciennes du bassin de Paris, tandis que,
par une coïncidence remarquable, ces mêmes coquilles se rap-
prochent par leur facies et par la présence de formes communes
de celles trouvées à Gosau, en Tyrol, dans des lits bitumi-
neux d'origine saumâtre, mtercalés entre deux étages marins
crétacés.
Telles sont les raisons qui militent en faveur de l'opinion de
notre ami, au sujet de l’âge réel du terrain à lignite inférieur.
Nous ayons dit dans notre première introduction qu’il se compo-
sait de deux puissantes assises, l’une inférieure en liaison directe
avec le Santonien, et représentant, par conséquent, la Craie de
Meudon et le Campanien de M. Coquand, correspondant ainsi à
l'étage des Credneria, et l'autre supérieure faisant suite à la pré-
cédente, renfermant les lignites principaux et qui doit être à peu
près l'équivalent de la Craie de Maestricht et du Calcaire pisoli-
tique dans le bassin de Paris.
Les plantes proviennent des lits qui supportent et accom-
pagnent le lignite; le nombre de celles que nous avons décrites
hO GASTON DE SAPORTA.
n'est que de 12; quoique ce nombre ait augmenté depuis, il ne
s'élève qu'à 20 environ; elles doivent être disposées ainsi qu'il
suit :
Cryptogames vasculaires 3.
FoucÈrEes. — Adiantites Vedensis (Filicites Vedensis Sap., vide supra,
Et. sur la végét. tert., 1, p. 49 et suiv. — Ann. sc. nat., L° série, Bor.,
1. 17, p. 193 et suiv.). Pinnules détachées (vallée de Véde); pinnules
adhérentes au rachis, fragment de fronde (hameau des Boyers, territoire
d’Auriol).
Adiantites lacerus (Filicites lacerus Sap., 1. c.), pinnules détachées
(vallée de Véde, hameau des Boyers, environs de Peynier).
Ces deux espèces, mieux connues par des empreintes plus
nombreuses et plus complètes, se rapprochent par leur forme et
le caractère de leur nervation de plusieurs Fougères anciennes
du groupe des Veuropteris ; mais elles rentrent aussi très-natu-
rellement dans le genre 4diantites de M. Debey, et se relient à
plusieurs genres de la tribu des Adiantariées et surtout aux
Pteris (Pt. falcata R. Br.), Allosorus, Cassebeera (C. pteroi-
des Pressl.), Adiantum (4. platyphyllum Poepp.). La forme des
pinnules, lancéolée obtuse, légèrement cordiforme, courtement
pédicellée dans la première espèce, oblongue-obovée, un peu
atténuée inférieurement, à venules plus obliquement dirigées
dans la seconde, les distingue suffisamment; elles rappellent
l Adiantites Casseberoides Deb. (1).
Pteridoleima Sp., pinnule détachée, linéaire, analogue au Carolopteris
asplenioides de M. Debey (2); elle paraît régulièrement lobée vers
la partie supérieure, comme le Bonaventurea cardinalis (3) de la même
flore.
Gymnospermes 2.
CYcADÉES. — Z'amites serotinus, pinnule encore adhérente au rachis qui
est mince, triangulaire et porte des traces de l’adhérence des autres pin-
(1) Die urweltiche Acrob., p. 45, t. IL, fig. 12-17.
(2) Jbid., t. IL, ‘fig. 29-33.
(3) Jbid., t. III, fig. 6, 7.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. A
nules ; la pinnule, mutilée dans une partie de son étendue, est coriace, lar-
gement linéaire, faiblement rétrécie vers la base, marquée de stries lon-
gitudinales peu distinctes. Cette empreinte, en mauvais état, il est vrai,
semble réellement dénoter l'existence d’une Cycadée voisine des Cera-
tozamia actuels (Zamia mexicana Hort.); elle se rapprocherait plutôt de
certaines formes du lias d’Alberstadt (Pferophyllum Z'inkerianum Germ.),
et surtout du Zamates distans Sternb., que des espèces de la Craie et des
vrais Pterophyllum.
Zamites Sp., pinnules détachées (environs de Peynier). Ce sont des pin-
nules elliptiques allongées, coriaces, à nervures très-fines, toutes égales,
rentrant naturellement dans le genre Zamites, mais d’une attribution
plus douteuse que l'espèce précédente.
Monocotylédones 8.
RHiZOCAULÉES. — Æhizocaulon macrophyllum Sap., L c.; de nouveaux
exemplaires montrent clairement la forme largement rubanée, amplexi-
caule à la base, des feuilles nettement terminées à la partie inférieure,
et par conséquent à la fin caduques. |
Rhizocaulon subtilinervium Sap., I. c.
TyrHAcÉEs. — 7yphæloiïpum primævum Sap., 1. c.: l'espèce citée à côté
de celle-ci sous le nom de Typh. rugosum, ne paraît être que la côte mé-
diane ou le pétiole de la suivante. R
MusacéEes. — Musophyllum longævum (hameau des Boyers), fragment
de feuille monocotylédone pourvue d’une côte médiane et de nervures
secondaires extrêmement fines, rapprochées, parallèles, obliquement
émises, puis recourbées, réunies par des veinules transverses, tout à fait
analogues à celles des Musa, mais sans mélange aucun de nervures de
divers ordres. |
Cette espèce se rapproche beaucoup plus du Musophylium
speciosum des gypses d'Aix que des Musa actuels.
Carpolithes.— Ces fruits dont nous avons décrit et figuré deux
espèces et qu’on pourrait nommer Affuvelites, en comprennent
au moins trois et peut-être davantage. Ils se composent d’une
masse ou noyau central dont la forme varie, selon les espèces, tan-
tôt arrondi, ou subcordiforme, ovale ou très-allongé. Les noyaux
sont revêtus d'une enveloppe filamenteuse, tantôt intacte et
finement striée, tantôt plus ou moins désagrégée. Ces organes
ont un grand rapport de structure avéc les Vipadites et les fruits
12 GASTON DE SAPORTA.
du Nipa fruticans et de l Hombronia edulis Gaud., sous des pro-
por tions très-réduites. Jls appartenaient probablement à Un genre
étemt du groupe des Pandanées, sans qu'on puisse nier leur
ressemblance avec les organes correspondants de certains Pal-
MIETS ; la connaissance nécessairement im arfaite que nous
avons de leur structure intérieure accroît les difficultés d'une
assimilation plus précise.
Dicotylédones 7.
Mynicées. — Myrica? Sp. (hameau des Boyers) ; feuille saliciforme pé-
tiolée, à nervures obliques, ascendantes, denticulée et sinuée le long des
bords, analogue au Myrica sinuata des gypses d'Aix.
PROTÉACÉES, — Conospermum ? ? Sp. (hameau des Boyers); feuille
coriace, étroitement linéaire, à trois nervures peu distinctes, un peu ana
logue : au Conospermum laziflorum Endi.
Grevillea ? obscura (Phyllites obscyrus Sap., 1. c.), feuille allongée,
entière, à nervures obliques que nous ayons signalée sous le non de
Ph. obscurus.
Anacanpiacées, — Anagcardites alnifolius Sap., L. c., pl. 2, fig. 4.
Anacardites? tenuis (Phyllites tenuis Sap., 1. c.); cette seconde feuille
présente à peu près le même mode de nervation que la première, On
pour rait la comparer à certains Anaphrenium ; elle est étroite et allongée.
Mynracies. — Eucalyptus £ Sp. (hameau des Boyers). Lambeau de
feuille largement linéaire, présentant la nervation caractéristique des
M yriacées et en particulier des Æucalyptus.
L'importance des Monocotylédones dans cette flore est un fait
local qui tient sans doute à la station humide et marécageuse des
anciennes plages.
On ne saurait tirer aucune conclusion générale de la nature
des Dicotylédones Lrop peu nombreuses et trop mal caractérisées.
Cependant la physionomie des espèces n'a rien de commun avec
les formes largement développées de l’âge des Credneria, et se
rapproche plutôt de celle des plantes d’ Aix-la-Chapelle où
M. Debey signale également des Protéacées, Myricées?, Myrta-
cées?. Mais la ] présence des Cycadées qui persistent dans l'Eu-
Fope méridionale, alors que l'onnen trouve plus de traces dans
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 5
le Nord, constitue un fait, dont l'importance est facile à
saisir . r "
Nous arrivons maintenant à l’époque de Rilly et à la helle
végétation de Sézanne dont voici le tableau approximatif (1)
Cryptosames 11.
HépaTIQUES. — Marchantites sezannensis Brngt. Tab. des genres de Vég.
foss., p. 115 ; espèce analogue au Marchantia polymorpha.
A côté de cette espèce, on peut en signaler une seconde à
fronde sinueuse, beaucoup plus étroite et plus allongée.
Foucères. — Lastrea thelypteroides (Polypodites thelypteroides Brngr,
ibid.), espèce voisine des Z. pulchella et Fischeri Heer, qui se trouvent à
la base de la mollasse suisse (voy. Heer., F1. tert. Helv.. I, p. 33 et 34).
Parmi les Fougères actuelles, les pe analogues paraissent
être les Lastrea crinila et stipulacea de li île Bourbon, le L. appen-
(1) La liste des espèces de Sézanne n'a jamais été publiée, à l'exception des Crypto-
games signalées par M. Brongniart ‘dans son Tableau des genres des végétaux fossiles ;
celle que nous donnons ici ne peut être que très- “imparfaite, soit par le manqne de
documents suffisants, soit par cette circonstance que les feuilles de cette localité ter-
tiaire étant pour la plupart fort grandes. elles se trouvent ordinairement tnquées ou
même nue en fragments, ce qui augmente la difficulté déjà si grande, qui s'at-
tache à leur détermination. Du reste, si nous avons pu parvenir à une connaissance
même ‘incomplète dé cètte ancienne et curieuse flore, nous le devons en grande partie
à l'intervention amicale de M. le marquis de Raincourt, géologue distingué, ainsi qu à
la complaisance de M. Delesse, ingénieur dés mines, qui à bien voulu nous communi-
quer les échantillons déposés à l’École normale ; M. Hébert, professeur de géologie à
la Sorbonne, nous a fait également part des siens ; enfin, M. Bayle a mis une grâce par-
faite à nous faciliter l'accès de ceux qui sont compris dans Ja riche collection de l'école
des Mines. Nous sommes heureux de témoigner ici à ces divers sayanfs notre vivé
reconnaissance. Tout tira de nouvelles recherc hes ont mis entre nos mains une
série d'échantillons qui accroissent, dans une notable proportion le nombre des espèces
de cette riche localité. 11 nous serait impossible de les mentionner icj, même incom-
plétement. La plupart, surtout les Dicotylédones, ne présentent que des éléments très-
incérfains d’assimilation. Nous nous contentons de signaler quelques-unes de ces
espèces nouvelles, en choisisant celles dont la détermination offre le plus de probabilité.
Plus tard peut-être, pourrons-nous les publier toutes, dans un travail d'ensemble sur la
Flore de Sézanne, si le temps nous permet d'aborder et de mener à bonne fin une
étude d’autant plus obscure qu’elle se rapporte à un âge déjà très-reculé, n ayant plus
avec le nôtre, et surtout avec la partie du monde que nous habitons, que des analogies
très-faibles et très-difficilemen t perceptibles.
li! GASTON DE SAPORTA.
diculata Pressl. (Asp. deltoideum Desv.), et plusieurs autres
Lastrea des régions tropicales de l’ancien comme du nouveau
continent.
Lastrea Pomelit (Pecopteris Pomelii Brngt, ibid.). — Pinnules plus
petites et plus profondément incisées que dans l'espèce précédente. Veines
simples ; les inférieures quelquefois bifurquées.
On peut comparer cette espèce au Lastrea concinna (Asp.
concinnum Meth., rivulorum Fée) et à plusieurs autres Lastrea.
Une troisième espèce se rattachant au même groupe présente
des pinnules faiblement incisées, occupées par des veinules
simples, peu nombreuses, et bien plus obliques que dans les
espèces précédentes.
Aspidium longævum. — Fronde ailée; pinnules allongées, faiblement
denticulées assez profondément incisées, toujours cependant plus ou
moins soudées par la base; nervation pinnée; veinules plusieurs fois
ramifiées-dichotomes, obliques; les inférieures de chaque pinnule s’ana-
stomosant avec celles de la pinnule voisine.
On peut comparer cette espèce à l'A. leuceanum Kunze des
Philippmes.
Athyrium Wegmanni (Asplenium Wegmanni Brngt., ibid.). — La pré-
sence des sores, jointe au caractère tiré de la nervation, permet de
déterminer génériquement cette espèce presque aussi sûrement que sielle
était vivante. Elle paraît voisine de l’Athyrium (Allantodia) umbrosum
Pressl.
Il existe à Sézanne un second Athyrium accompagné de ses
fructifications, et très-analogue à l'A. decuriatum Presl.
Asplenium sphenopteroides.— Fronde à divisions ascendantes, à subdi-
visions très-obliques, alternes, étroitement cunéiformes, décurrentes
inférieurement ; l'existence des sores de forme linéaire dénote un Asple-
nium; toutefois la comparaison fait ressortir une remarquable analogie
entre cette espèce et les Sphenopteris des terrains anciens, surtout ceux
des terrains secondaires.
La liste déjà longue des Fougères de Sézanne comprend encore
un Adiantites aux pinnules de texture délicate largement cunéi-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 6)
formes, et une grande espèce dont les divisions présentent des
pinnules partagées jusqu’à la côte médiane, mais adhérentes par
la base. L'absence de fructification s'oppose à une détermination
rigoureuse ; mais il serait naturel de reconnaitre un Pteris dans
cette dernière Fougère.
Monocotylédones 23
Cyperites? (coll. du Muséum). — Feuille linéaire, striée longitudinale-
ment, pourvue d’une nervure médiane en forme de carène.
Carludovica? — Petite fronde malheureusement mutilée d’un côté le
long de la nervure médiane; elle dénote soit un Palmier (Geonoma) de
très-petite taille ou imparfaitement développé, soit une Pandanée ana-
logue au Carludovica, soit enfin une Cannacée; toutefois, cette dernière
‘hypothèse semble la moins probable.
Dicotylédones 24.
a. Dicotylédones d’affinité incertaine, n'ayant avec les groupes de l’ordre actuel
que des rapports trop confus pour donner lieu à une attribution un peu probable.
Sezannia. — Feuilles amples, largement ovales, penninerves, à ner-
vures secondaires obliques, parallèles, atteignant les dentelures du bord,
soit directement, soit à l’aide de ramifications simples émises le long de
leur côté externe, les: inférieures, plus développées que les suivantes,
prenant naissance au-dessus de la base de manière à donner lieu à l’exis-
tence d’une nervure inférieure faiblement developpée, à peine oblique,
longeant le bord qui reste entier sur ce parcours ; l'intervalle qui sépare
les grandes nervures est occupé par des veines transversales, simples ou
bifurquées, reliées par des veinules courant dans le sens opposé; les unes
et les autres émises à angle droit. Ce genre est rare à Sézanne; il rappelle
évidemment les Credneria, dont il diffère par la forme aiguë des dente-
lures, et par des nervures basilaires plus faiblement prononcées ou même
nulles.
Sezannia Credneriæformis (coll. de l’École des mines).—S. foliis amplis,
late ovatis, margine argute sinuato-denticulatis; nervis secundariis sub
angulo 45 gr. emissis, suboppositis, rectis, parallelis, infimis duobus
supra-basilaribus extus ramosis; tertiariis transversis, simplicibus, vel
furcato-anastomosatis, venulis bus conjunctis.
Le sommet de la feuille manque dans le bel exemplaire de
l’École des mines. Cette espèce se rapproche du Credneria sub-
6 GASTON DE SAPORTA.
Serrata Hampe, et rappelle vaguemeht par Sa forme et l’ordon-
nance de Sa nervation certaines Artocarpées él Tiliacées.
Dryophyllum Deb. msc. Dryophyllum subcretaceum, foliis lanceolatis,
dentatis, nervis secundariis plurimis, suboppositis, paralielis, curvatis,
apice furcatis, venulis transversim decurrentibus.
Forme analogue à celle de plusieurs Quercus mdiens et mexi-
cains, mais que l’on observe à divers degrés dans bien d’autres
groupes comme les Artocarpées, Dilléniacées, Sapindacées, ete.
le Dr. subcretaceum est très-voisin spécifiquement du Phyllites
Geinitzianus Goepp. de la Craie de Silésie, et du Dryophyllum
n° 2 de M. Debey que nous avons déjà cité.
Dryophyllu lineare, forme plus allongée et plus étroitement linéaire.
Artocarpoides. — Feuilles penninerves, entières ou faiblement et indis-
tinctement denticulées çà et là sur les bords; à nervures secondaires
nombreuses, parallèles, recourbées le long des bords, se recouvrant
mutuellement, et änidstomosées à l’aide d’une Sérié d’afcedux décrois-
sants: les nervures tertiaires, toujours transvérsalés par rapport aux
secondaires, sont simples ou bifurquées. La véritable affinité de ces
feuilles est très-obscure; elles rappellent par leur nervation .et aussi par
leur forme certains A/nus, entre autres l’A/nus nepalensis, et beaucoup de
Chênes exotiques, comme le Q. argentata Korth., /ineata BI., ainsi que
le Castanea Roxburgii Hook et Th.; mais plus particulièrement certaines
Artocarpées des genres Coussapoa ëf C'onocephalus.
Artocarpoides perampla, foliis amplis, obovato-lanceolatis, acuminatis,
basi in petiolum attenuatis, margine parce remoteque tenuissime den-
ticulatis ; nervis secundariis numerosis, SeCUS marginem curvato-ascen-
dentibus ; vénulis parum EXpressis transversim decurrentibus.
Artocarpoides hervosa, folis late BvAUS, mitégriusculté, nervis Sechnidartis
subtus expressis, obtuse emissis, secus marginem arcu obtuso conjunctis.
B. Dicotylédones d'affinité générique incertaine; dénotänt proBablérent l'étistélfce
d'anciens groupes depuis disparus, mais qu’il semble possible de rattather à
des familles, où aù moins à des classés de l’ordre actuel.
his
MYRICRES:. — Myrici? rectinerois M. foliis lanceolato-linearibus, den-
tatis, utrinque acuminatis; nervis Sécundariis Sub angulo fere recto
emissis, sat distantibus, curvatulis.
Feuille plus analogue au Myrica cerifera L. ét aüx Dryan-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. h7
droides des divers autéuts ällemänds qu'aux Banksia, dont on
serait tenté de la rapprocher au prémier coup d'œil.
Lävminées. — Sassafras? primigenia. S. foliis triplinerviis, inciso-
trilobis, cæterum margine integerrimis, lobis lateralibus pärüm produe -
tis, quandoque latere uno obsoletis, medio productiore, breviter acu-
minato.
Les feuilles de cette espèce, assez comniune à Sézanné, sont
conforinés par tous leurs caractères à celles des Sassafras et de
certains Benzoin (Benzoin trilobum Sieb. et Zucc., Lindéra tri-
loba Blume).
Protodaphne Delessi. P. foliis amplis, late obovato-lanceolatis, valide
petiolatis, integerrimis, basin versus attenuatis, nervis subtus prominen-
tibus ; nervis secundariis alternis, curvatis, versus marginem reticulato-
ramosis.
Daphnogene Ung.; Daphnogéne Ruïñcourtii. Folis ovato-lañiceolätis,
obtusis, integerrimis, triplinerviis; nervis lateralibus basilaribus ultra
médium productis, Simplicibus, cu secundariis débilibus posted äta-
stomosantibus.
Si l’on ajoute à ces trois espèces une ou deux autres plus
douteuses; on aura la liste des empreintes de Sézantie susceptibles
d’être rangées parmi lés Laürinées ; cepeñtait, dé toutes CB
1421:
atifibutions, la premièré est la à rh qui paraisse réellement
probable.
HAMAMÉLIDÉES. — Hamamelites. Ce sont des feuilles analogues par leurs
caractères de forme et de nervation à celles des Hamamélidées et surtout
du Fothergilla alnifolia. Leur consistänce était évidemment coriace; il
serait encore possible de les comparer à celles des Celtis; des Urticées,
de plusieurs Rhamnées et Tiliäcées; cependant le rapprochement que
nous proposons est évidemment le plus naturel,
Hamamelites Fothergilloides. H. foliis petiolatis, nervis subtus fortiter
expressis, lanceolatis, argute dentatis ; nervis sécundariis infimis i inæqua-
liter productis, uno simplici, altero extus oblique ramoso, omnibus sécufi-
dariis obliquissime emissis, parällélis, simplicibus vel fürcätis, in dettes
pergentibus ; venulis numerosis simplicibus vel rca ina nosantibue
transversim decurrentibus. |
LS GASTON DE SAPORTA.
AMPÉLIDÉES. — Vitigene. Nous donnons ce nom à des feuilles que leur
forme et leur nervation rangent naturellement parmi les Ampélidées, à
côté des Vifis et des C'issus à feuilles simples.
Vitigene Cissoides. V. foliis late cordatis, basi emarginatis, angulato-
dentatis, nervis secundarus infimis cæteris productioribus, extus ramo-
sis, secundariis aliis oppositis, simplicibus, in dentes abeuntibus.
Cette espèce fort nettement caractérisée se rapproche du Cis-
sus adnata Mor., de plusieurs espèces du Zanzibar (M. Boivin),
de Manille (M. Callery), mais surtout du Cissus cordifolia L.,
d'Amérique.
ARALIACÉES. — Araliacites. Feuilles palmées, ou folioles de feuilles
digitées ressemblant par leur forme et l'ordonnance plus ou moins oblique
de leurs nervures à celles des Araliacées.
Araliacites (Oreopanaz‘? ) cordatus (coll. de l’Éc. normale). A, foliis late
ovato-cordatis, integris vel parce denticulatis, palmato-trinerviis, nervis
lateralibus parum divergentibus, extus breviter ramosis.
Feuille ressemblant à celles de l'O. catalpæfolius Dnc. et PI.,
et aux feuilles entières de l'O. fraternus Dnc. et PI., espèces de
la Nouvelle-Grenade.
Araliacites (Oreopanax) Aceroides. À. foliis palmato-subquinque nerviis ;
nervis primariis ‘inæqualiter productis, quinto sæpius vix expresso,
omnibus parum divergentibus, secundariis alternis, venulis oblique
ramosis.
Fragments de feuille toujours mutilés, analogues, autant
qu’on peut en juger, à l'Oreopanax lancifolius PI. et Lidl.
Araliacites Sezannensis. A. foliis digitatis? foliolis late lanceolato-
oblongis acuminatis, basi inæqualiter sinuatis, petiolatis, margine
dentatis; nervis secundariis obliquis, tertiariis oblique reticulato-ramosis.
Ce sont de grandes folioles à nervures principales saillantes
inférieurement, détachées probablement d'une feuille digitée,
analogue à celles d’un grand nombre d’Araliacées, surtout au
Panax arboreum Forst., aux Gymnaphtenia, à l'Or. digitata, etc.
Araliacites laurifolius. Folioles plus petites, ovales, lancéolées, acu-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. L9
minées, denticulées sur les bords, à nervures secondaires obliquement
réticulées.
MaLvoïpées. — La classe des Malvoïdées, ou Columnifères, comprenant
les Malvacées, Sterculiacées, Buttnériacées et Tiliacées, paraît être large-
ment représentée à Sézanne; du moins on observe dans cette flore toute
une série de feuilles remarquables par leur dimension, leur forme, et leur
nervation, qui semblent dénoter avec les feuilles de ces diverses familles
réunies une singulière affinité. A la suite de longues hésitations, après
avoir incliné d’abord à former de la plupart de ces espèces un groupe
d'attribution incertaine ; nous avons été amené à reconnaître l’existence
de cette liaison, dont le degré véritable est cependant très-difficile, sinon
impossible à préciser. En effet, si l’on considère la grande majorité de
ces espèces, elles paraissent revêtues d’une physionomie commune qui les
relie les unes aux autres, sans les rattacher plus spécialement à aucun des
genres ou des tribus de l’ordre actuel. On remarque encore, dans la plu-
part des feuilles dont il est question, l'existence d’un caractère particulier
qui consiste en ce qu'elles ne sont qu'imparfaitement palmatinerves; les
nervures inférieures principales se trouvant irrégulièrement développées,
parfois même désunies quoique rapprochées à leur point de départ com-
mun, C'est-à-dire ne rayonnant pas toutes immédiatement du sommet
du pétiole. Dans l’incertitude où nous sommes, au sujet de la nature
véritable de ces végétaux, nous réunissons ceux dont nous venons de
parler dans un genre distinct sous le nom de Grewiopsis D'autres feuilles
plus nettement palmatinerves seront décrites sous celui de Péerospermi-
tes; une dernière enfin se trouve placée parmi les Dombeyopsts. Il convient
d'ajouter que la présence de plantes du groupe des Malvoïdées à l’épo-
que de Sézanne n’a rien qui doive étonner, puisque, parmi les fruits de
l'argile de Londres, les Æightea ont été attribués à ce même groupe par
Bowerbank, et que ceux que cet auteur a décrits sous le nom de Cucu-
mites ont été depuis reconnus par M. Heer, avec juste raison, comme
très-voisins des Apeiba (Apeibopsis), et par conséquent comme faisant
partie des Tiliacées.
Grewiopsis. Ge sont des feuilles variant de forme et de grandeur, selon
les espèces, quelquefois très-amples, plus ou moins cordiformes, subpal-
matinerves, à nervures latéraies inférieures irrégulièrement développées,
partant du même point, ou quelquefois plus ou moins espacées, rameuses
extérieurement et plus ou moins recourbées ascendantes. Les autres ner-
vures ordinairement alternes, assez peu nombreuses, parallèles avec les
inférieures et entre elles, sont reliées par des veines tertiaires, émises à
angle droit, simples ou bifurquées, réunies à l’aide de veinules courant
en sens inverse, et dont l’ensemble compose un réseau très-analogue à
5° série. Bor. T, JIT. (Cahier n° 4.) 4 l
oÙ GASTON DE SAPORTA,
celui des feuilles de Credneria. Des anastomoses variées réunissent près
des bords les nervures secondaires ou leurs ramifications immédiates,
sans empêcher ces dernières d'atteindre directement la marge qui est
toujours dentée, sinuée ou même diversement lobée.
Ces feuilles peuvent être comparées à celles des Sida et des
Abutilon parmi les Malvacées, des Pterospermum et des Dom-
beya parmi les Buttnériacées, des Grewia, Sparmannia, Luhea et
même des Z'ilia parmi les Tihaciées. En dehors des Malvoïdées
on pourrait encore les rapprocher de certains Ficus et Populus;
mais la ressemblance est déjà plus lointaine.
Grewiopsis tiliacea. G. foliis amplis late ovato-cordatis, acuminatis,
sinuato-denticulatis, dentibus calloso-mucronulatis, subpalmato-triner-
viis, nervis lateralibus infimis curvatis, extus ramosis ; nervis secun-
dariis als altermis, curvatis; tertiarlis transversim undique decurren-
tibus, simplicibus aut rarius furcatis, numerosis, venulis angulo recto
emissis religatis, nervis venulisque subtus prominulis.
Feuille très-nettement caractérisée, analogue à celles du
T'ilia argentea Desf., du T. pubescens Vent., du Grewia indica L.,
_de plusieurs Luhea, du Pterospermum acerifolium, etc.,on pour-
rait aussi la comparer de plus loin à des espèces des genres
Ficus et Populus (Populus ciliata Wall., Ficus carica L.).
Grewiopsis sidæfolia. G. folüs cordatis, sinuato-denticulatis, nervis
lateralibus infimis approximatim emissis, suprabasilaribus, curvatis,
extus ramosis ; nervis tertiaris transversim decurrentibus, furcato-anasto- -
mosatis, nervis venulisque subtus prominulis.
Feuille bien plus petite, plus arrondie que la précédente,
dentée de la même manière mais différant par la nervation;
elle est conforme à celles de plusieurs Sida, Abutilon, Luhea
et surtout du L. paniculata Mart. Les quatre nervures secon-
daires inférieures sont rapprochées, mais distinctes à leur point
de départ.
Grewiopsis sparmannioides. G. foliis amplis, late ovatis, subpalmato-
quinquenerviis; nervis lateralibus infimis quatuor punctis diversis pro-
deuntibus, curvatis, extus ramosis ; nervis secundariis aliis alternis,
distantibus, curvatis: venis tertiariis transversim reticulatis, venulis
flexuosis religatis,
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 51
Feuille analogue à la précédente par le dessin du réseau vei-
neux, mais Construite sur de plus grandes dimensions, plus
allongée, peut-être lobée, ressemblant à celles des Sparmannia.
La mutilation des bords enlève la connaissance des dentelures
marginales et du mode de terminaison supérieure.
Grewiopsis anisomera. G. foliis amplis, subpalmato-quinquenerviis,
irregulariter inciso-lobatis repande sinuato-dentatis ; nervis secundariis
alternis, infimis extus ramosis ; nervis tertiariis transversim decurrenti-
bus, distantibus, venulis angulo recto emissis, furcato-anastomosantibus,
religatis.
La nervation est surtout analogue à celle des Tihacées, spé-
cialement du genre Sparmannia. On peut aussi comparer cette
feuille au Pterospermum acerifolium.
Grewiopsis populina. G. foliüs ovato-cordatis, argute serratis; nervis
secundariis curvatis ascendentibus, venulis transversim emissis secus
marginem religatis, inferioribus approximatim prodeuntibus.
Feuille qui rappelle vaguement le type des Populus nigra et
laurifoha; elle se rapproche aussi de quelques Rhamnus, Zizy-
phus, Ceanothus ; mais 1l est encore plus naturel de la ranger
auprès des Grewia, des Luhea et de plusieurs autres Tiliacées.
Dombeyopsis Ung. — Dombeyopsis orbiculata. D. foliis parvis, ovato-
orbiculatis, sinuato-dentatis, nervo primario valido, nervis secundariis
oppositis, inferioribus approximatis, omnibus curvatis secus marginem
ramoso-anastomosatis ; tertiariis transversis, nervis nervulisque subtus
prominulis.
Feuille de petite taillé comparativement, analogue par sa
forme et sa nervation au Dombeya erythroxylum Hort. Kew.
Mais on pourrait la rapprocher aussi de bien d’autres genres,
entre autres des Rhamnus et du Viburnum lantana; circon-
stance qui rend son attribution au groupe du Malvoïdées fort
douteuse.
Pterospermites. Pterospermites inæquifolius. P. foliis amplis, longe
valideque petiolatis, petiolo ad apicem tumido, palmato-subquinque-
nervis ; Dervis principalibus externis sæpius inæqualiter productis,
mediis plus minusve-divergentibus extus ramosis, nervis secundariis
52 GASTON DE SAPORTA.
alternis vel rarius oppositis, omnibus in lobulos marginales pergentibus;
nervis tertiariis simplicibus vel furcatis transversim sub angulo recto
decurrentibus.
Feuilles comparables pour la forme et la nervation à celles de
plusieurs genres de la classe des Malvoïdées, mais surtout aux
Pterospermum et plus particulièrement au P. acerifolium L.,
ainsi qu'à plusieurs Tiliacées et Dombeyées. Elles constituent une
espèce très-répandue dans la flore de Sézanne.
CÉLASTRINÉES. Celastrinites (Evonymus ?) venulosus. E. folits lanceolatis,
acuminatis, penninerviis, nervis secundariis reticulatis ; tertiariis sub-
tiliter venulosis; margine tenuiter denticulato.
Feuille dont l'analogie ne saurait être méconnue avec un
grand nombre de Célastrinées des genres Celastrus, Élæoden-
dron, Hartogia, Wimmeria, Pterocelastrus, Maylenus, mais
plus encore avec les Evonymus W'allichii Ettingsh., et acumi-
nata Benth. (1).
RHAMNÉESs. Protolotus. Feuilles dentées, triplinerves, conformes à celles
des Zizyphus, C'eanothus, etc.
Protolotus Raincourtii. P. foliis ovato-lanceolatis, margine tenuiter
argute denticulatis, triplinerviis; nervis lateralibus parum curvatis,
margini subparallelis cum secundariis alternis, ultra medium conjunc-
tis extus tenuiter ramosis, venulis subtilibus transversim e nervo medio
prodeuntibus.
Cette feuille présente le type d’une Rhamnée à trois nervures,
elle ressemble au Z. Bœænkra Mungh., au Z. Ænoplia Mill, et à
plusieurs autres espèces du même genre; mais elle est aussi
analogue à certains Ceanothus (C'eanothus pubiflorus DC.) ;
enfin, on rencontre parmi les Urticées et les Tiliacées des feuilles
dont le rapport avec celle-c1 doit être également signalé.
Telle est, dans l’état des connaissances actuelles, la flore de
Sézanne, À l'inverse des lignites de Provence, elle se distingue
par la prépondérance énorme des Dicotylédones (2) sur les autres
{4) Voy. Ettingshausen, Nervation der Blätter der Celastrineen, tab. 8, fig, 5, et
t, 40, fig, 1
(2) On ne saurait juger de la proportion véritable des Dicotylédones dans la Flore
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L ÉPOQUE TERTIAIRE. 53
classes de Phanérogames ; mais ici, comme en Provence, cette
proportion n'est pas sans doute en relation avec la moyenne de
l’époque ; elle se rattache à des causes purement locales, et de
même que la situation marécageuse de l’ancienne contrée amène
en Provence une abondance inaccoutumée de Monocotylédones
aquatiques, de même, à Sézanne, la présence du Travertin
annonce des eaux de source limpides et courantes le long d’un.
ancien littoral, et par conséquent la prédominance d’une végé-
tation toute terrestre et forestière, analogue à celle qu’on observe,
malgré la différence des temps, dans les travertins de l’âge qua-
ternaire, où l’on rencontre si rarement des Monocotylédones.
Sézanne estsurtout caractérisé par la présence de nombreuses
Fougères congénères de celles de l'Europe actuelle, par l'am-
pleur et la physionomie exclusivement tropicale des formes, par
l'abondance des feuilles méquilatérales. On y remarque l’absence
des Protéacées; mais à côté de ce caractère négatif, on y recon-
naît l’existence de plusieurs formes similaires de celles des der-
niers étages de la craie; tandis qu’à côté de ces dernières on
voit se dessiner les premiers linéaments des genres modernes.
Au-dessus de Sézanne, et de l'étage des argiles plastiques,
dans les grès du Soissonnais, qui les surmontent immédiate-
ment, on découvre une nouvelle flore que nous avons signalée
dans la première partie de nos études (1). Cette flore, dont les
éléments ont été réunis par les soins de M. Watelet, doit être de
la part de ce géologue l’objet d'une publication qui permettra de
la connaître mieux. En attendant, nous ne pouvons en juger que
par un examen superficiel que nous en avons fait il y a plusieurs
années. Cette végétation conserve, en général, la physionomie
de celle de Sézanne, et présente en partie les mêmes formes.
Le Lastrea thelypteroides reparaït parmi les Fougères; nous
de Sézanne par le chiffre que nous donnons en tête des végétaux de cette classe, Nous
avons négligé volontairement un grand nombre d’espèces, tandis que toutes les fougères
ont été énumérées. Pour approcher de la vérité, il faudrait porter à 40 au moins le
nombre des Dicotylédones.
(4) Études sur la végétation tertiaire, t. 1. p. 39 (Ann, des sc. nat., 4° série, Bor.,
AVI, p/192):
5li GASTON DE SAPORTA.
croyons y retrouver également le genre Dryophyllum représenté
par de nouvelles espèces, des Daphnogène, enfin ne grande
feuille qui semble identique avec notre Protodaphne Delessi.
Les grandes Malvoïdées (Grewiopsis) ne se remarquent plus;
mais on rencontre en revanche plusieurs formes qui se retrou-
vent dans les étages suivants ou du moins qui s’en rappro-
chent beaucoup. Nous citerons le Dryandroides (Banksites),
Æmula Heer (4), qui a été signalé en Saxe, et dans les
grès de la Sarthe, un Ficus? à très-grande feuille voisin
du Fieus Giebelii Heer (2), espèce des mêmes dépôts, et enfin
des calices coriaces à cinq segments, appartenant très-proba-
blement au genre Diospyros, conformes à ceux qu'on ren-
contre à la Hamerie, près du Mans.
Parmi les espèces saïllantes appartenant en propre à cette
flore on observe de très-beaux Palmiers du genre Flabellaria, à
frondes flabellées multifides dont les segments larges ou étroits,
plus ou moins profondément bifides à leur sommet, selon les
espèces, sont pourvus d’une côte médiane en forme de ca-
rène. En y joignant une petite espèce à segments canalieulés,
dépourvus de médiane, on compte au moins trois espèces de
Palmiers. Un fruit se rapporte au groupe des Wipadites, et dénote,
par conséquent, l'existence de plantes voisines des Pandanus.
Les Séquoiées sont représentées par un ramule ayant l'aspect
de ceux du Sequoia sempervirens.
Les principales Dicotylédones paraissent être des Dryophyllum,
des F'icuüs, des Laurinées, des Cissus, des Araliacées? des Ana-
cardiacées? et enfin des Légumineuses. La présence des Légu-
mineuses annoncée par des empreintes de fruits, de très-grande
dimension, et dénotant au moins trois espèces de physionomie
toute tropicale, est à nos yeux le trait le plus saillant de cette
végétation qui termine la grande période des Dicotylédones pla-
tymorphiques et nous introduit aux portes d’un âge tout diffé-
rent. Ce nouvel âge s'étend du calcaire grossier Parisien et de
(4) Heer, Beïtr. sur Sächsisch-Thüring. Braunk., p. 7, t. V, fig. 14-17, et t: VE,
Gas )b à.
(2) Id., 2bid,, p. 6,t. IL, et t, V, fig. 8 et 9.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 99
l'argile de Londres jusque auprès de Fontainebleau, comprenant
l'étage Parisien et une partie du Tongrien. {ci le changement
parait avoir été fort brusque, les éléments de cette flore se trou-
vent. il est vrai, combinés dès l’abord dans des proportions anor-
males, puisque les fruits de l’île de Sheppey entrent pour un
tiers dans le nombre total des espèces, et que celles qui provien-
nent des environs de Paris ont été recueillies en assez petit nom
bre dans un terrain marin, circonstance qui explique suffisam-
ment la rareté comparative des plantes terrestres. Cependant, si
l’on s’attache à l’ensemble des espèces, on voit qu'elles affectent
des formes et un aspect bien différents de ce que nous avons
signalé jusqu'ici. Le rétrécissement du limbe, la rareté des
feuilles largement développées, la fréquence de celles qui sont
d'une faible dimension, coriaces, allongées, entières ou denti-
culées, à nervures fines, rapprochées, faiblement prononcées,
constituent un phénomène évident. L'ensemble végétal lui-
même se trouve autrement distribué. Les Palmiers et les Mono-
cotylédones arborescentes ont pris un grand essor; les Mipa-
dites, fruits rapprochés du petit groupe actuel des Nipacées,
caractérisent cette période; ils abondent dans l'argile dé Lon-
dres, mais on les rencontre aussi en Belgique, et ils ne sont pas
inconnus dans le calcaire grossier. d’où provenaient deux exem-
plaires en très-bon état (1) que nous avons observés dernière-
ment et que nous regardons comme des formes très-voisines des
Nipadites elliptieus et cordiformis Bow.
Les Dicotylédones de physionomie archaïque ont tout à fait
disparu ; les familles actueiles se distinguent bien, et parmi elles
les Protéacées jouent de nouveau un rôle considérable. Nous
citerons comme leur appartenant probablement deux espèces de
Dryandra voisines des Dryandra serra KR. Br., nivea R. Br.,
stuposa Limdl. dont nous avons recu communication par l'inter-
médiaire de M. le marquis de Raincourt. Ce sont plutôt des
Dryandra que des Comptonia, ainsi que l'indiquent la nervation,
peu distincte, il est vrai, l’incisure des lobes, la texture coriace
(1) Ces exemplaires ainsi que les suivants font partie de la collection de M. Munier-
Chalmas, géologue attaché à la Faculté des sciences de Paris.
56 GASTON DE SAPORTA.
et la forme du pétiole. Si l'on Joint à cet indice celui que four-
nissent les Petrophylloides de M. Bowerbank, on ne saurait
guère révoquer en doute la présence de véritables Protéacées
dans la végétation d'alors.
Cependant les Dialypétales de plus en plus distinetes des Apé-
tales luttent d'importance avec ces dernières, et les surpassent
en nombre non-seulement dans cet âge, mais dans les étages
suivants, pourvu que la flore soit bien connue. Les Légumineu-
ses naguère encore inconnues occupent rapidement une grande
place attestée par les fruits et graines de Sheppey, et même par
des empreintes du calcaire grossier parisien. Toute cette végéta-
tion revêt un caractère tropical très-prononcé ; mais ce caractère
est plutôt austro-indien qu'américain, et surtout il ne révèle
pas encore d’affinité avec les types boréalo-américains. Notons
encore la rareté comparative des Laurinées et du genre Cinna-
momum déjà existant cependant ; à côté de ces caractères nous
en trouvons un autre dans l'absence presque générale, mais mn
absolue ni complète, des formes de physionomie européenne
propres à l'hémisphère tempéré boréal; c'est ici, en effet, que
l’on doit placer le premier point de départ de ces genres et parti-
culièrement de ceux à feuilles caduques.
À partir du calcaire grossier parisien, les flores se succèdent
presque sans interruption, et toutes les phases de la végétation
peuvent être exactement appréciées. L'état où elle était par-
venue, dans la période qui comprend les dernières couches avant
celles du gypse de Montmartre, c'est-à-dire les grès de Beau-
champ et le calcaire de Saint-Ouen nous est révélé par les espèces
recueillies dans les grès de la Sarthe et des environs d'Angers.
par celles d’Alumbay dans l’île de Wight, et par la flore de Sko-
pau en Saxe, que M. Heer a publiée dernièrement; cette même
lacune est remplie dans le midi de l'Europe par le célèbre dépôt.
de Monte-Bolca, près de Vérone. Les différences assez saillantes
que l’on remarque entre ces deux groupes proviennent de l’in-
fluence déjà sensible de la latitude.
L'analyse de toutes ces flores nous entrainerait trop loin; elles
sont d’ailleurs assez bien connues par les travaux successifs de
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 97
MM. Sternberg, Brongniart, Heer (1) et Massalongo : nous nous
contenterons d’en fixer les principaux traits. Leur synchronisme
se révèle par l'existence d’un certain nombre d'espèces com-
munes énumérées par M. Heer. L’Aralia primigenia Delah., le
Ficus granadilla Mass., le Sterculia labrusca Ung., le Daphnogene
veronensis Mass., rattachent le dépôt d’Alumbay à celui de
Monte-Bolca, en laissant même de côté les espèces similaires,
qui, sans être absolument identiques, présentent une étroite
analogie de forme.
Si l’on s'attache aux seules localités de l’Europe centrale, on
voit les grès de la Sarthe se relier aux couches d’Alumbay par la
présence commune du Laurus Forbesi Delah., et par celle de
l’'Asplenium Martinsi Heer, très-voisin d'une espèce de ce dernier
dépôt; tandis que le Ficus Giebeli Heer, le Dryandroides æmula
Heer, un Diospyros voisin du D. vetusta du même auteur, et
uve empreinte pareille à celles que M. Heer identifie avec le
Quercus Drymeja (2), font reconnaitre leur affinité probable
avec Skopau en Saxe; d’un autre côté, Skopau et Alumbay
présentent à la fois le Daphnogene veronensis Mass., le Sterculia
labrusca Ung., le Laurus primigenia Ung. et le Ceralopetalum
myricinum Heer; c'est-à-dire qu'un ensemble d'espèces com-
munes réunit dans une même période ces trois localités. On y
voit poindre pour la première fois un assez grand nombre de
formes miocènes, et quelques-unes de celles que cite M. Heer
comme se trouvant à Alumbay remontent jusqu'à OEningen ;
il faut ajouter, cependant, que plusieurs des espèces miocènes
décrites par M. Heer dans sa flore de Skopau nous paraissent plus
que douteuses, entre autres le Glyptostrobus europœus. Les Lau-
rinées prennent décidément l'essor, ainsi que le prouvent plu-
sieurs espèces remarquables (Laurus Decaisnei Heer, L. For-
besi Delah., L. primigenia Ung., L. Apollinis Heer) dont l’attri-
bution par rapport à la famille nous paraît tout à fait probable.
C'est aussi à ce moment qu'il faut placer l'apparition des pre-
(4) Voy. Brongniart, Tableau des genres des végétations fossiles, p. 115 ; Heer,
Recherches sur le climat et la végétation tertiaire, trad. par Th. Gaudin, p. 76.
(2) Heer, Beitr. z. Süchsisch-Thüring. Braunkol, Berlin, 1861,
58 | GASTON DE SAPORTA.
miers Palmiers à pétiole prolongé en pointe dans l’intérieur d’une
fronde flabellée et par conséquent analogues aux Sabal de nos
jours, quoique rien ne prouve qu'ils en aient été réellement
congénères ; deux espèces des environs d'Angers, confondues à
tort avec le Flabellaria Lamanomis Brngt., présentent nettement
ce caractere. | |
Monte Bolca, comme l’a fait remarquer M. Heer (1), se distin-
gue par l’affluence des formes tropicales indo-australiennes et
particulièrement des Podocarpus, Ficus, Aralia, Myrtus,
Eucalyptus et des Dalbergiées, Cæsalpinées, Sapindacées, Ster-
culiaciées, qui donnent à cette flore un cachet particulier, en
assurant aux Dialypétales une prépondérance proportionnelle
incontestable. Les formes européennes ou boréales y sont presque
inconnues. Il est à remarquer que, dans cette période, nous
nous trouvons en présence de toute une série de genres actuel-
lement étrangers à l'Europe, absents des étages précédents, dont
le développement se rapporte à l’âge auquel nous sommes arrivé,
et dont il faut bien admettre l'existence, puisque tous les bota-
nistes paléontologistes se sont accordés à les signaler dans la
plupart des localités, à partir de cet étage jusqu'au déclin des
temps miocènes. Nous citerons plus spécialement les Cinnamo-
mum, les Grevillea, les Sapotées, les Diospyrées, les Myrsinées,
les Araliacées, les Sterculiacées, les Sapindacées, les Zantho-
xylées, les Zizyphus, Eucalyptus, Dalbergia, Cœæsalpinia, Cassia,
Acacia, etc.; et parmi les genres qui n'ont plus en Europe que
des représentants isolés, les Myrica, Laurus, Andromeda, Celas-
trus, Myrtus. C'est à ce moment que tous ces genres prirent
leur essor, se fixérent, se développèrent; mais c’est aussi à la
même époque que l'on doit placer la date de l'apparition des
genres de physionomie européenne, d’abord trop rares et trop
subordonnés pour avoir pu laisser de nombreuses traces,
mais dès lors assez bien limités dans leurs principaux caractères
pour être facilement reconnus.
(1ÿ Heer, Recherches sur le climat et la végétation tertiaire, trad, par Ch. Th. Gau-
din, p. 78.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 59
En effet, la période qui suit immédiatement, et qu'on ne
saurait regarder que Comme une continuation de la précédente,
comme une suite du même mouvement déjà un peu modifié
dans quelques-uns de ses éléments, est une preuve de la vérité
de ce point de vue. Cette période est celle des gypses d'Aix,
correspondant à l’espace géologique qui s'étend des gypses de
Montmartre à la base du grès de Fontainebleau, en y compre-
nant les couches d’origine saumâtre, à Cyclostoma plicatum,
Cyrena semistriata, etc., qui servent de base aux grès purement
marins.
Ainsi que nous l'avons démontré, le caractère tropical et indo-
australien se manifeste au plus haut degré dans la flore d’Aix;
seulement, l’évolution des types européens à feuilles caduques
se continue, et nous avons pu y constater la présence des Betula,
Ostrya, Populus, Ulmus, Cralæqus, etc. C'est, selon nous,
cette juxtaposition qui constitue le caractère le plus saillant de
cette nouvelle sous-période, puisqu'on y remarque en même
temps le développement parallèle des types tropicaux et subtro-
picaux, et surtout l'extension considérable prise de nouveau par
les Protéacées (Grevillea, Lomatites, Knightites, Banksites\ avant
le déclin définitif du groupe.
À partir de cet horizon les lacunes ne se font plus sentir, et par
conséquent les périodes ne peuvent plus avoir ces limites tran-
chées qui sont surtout l'effet de recherches incomplètes. La tran-
sition lente et progressive vers un nouvel ordre de choses s'opère
dans le temps qui correspond aux flores successives des environs
d'Apt et de Saint-Zacharie. Ce mouvement presque insensible
n’altère nila physionomie de l’ensemble, ni la combinaison de
la plupart des éléments végétaux; il donne seulement un peu
plus d'importance à l'élément indigène, et prépare ainsi les voies
à l'évolution future par laquelle cet élément doit prendre enfin
son essor. |
C'est donc ici le moment de préciser, si nous le pouvons, le
caractère vrai de la période végétale qui doit être l’objet de la
seconde partie de nos études sur les flores tertiaires du midi de
la France.
60 GASTON DE SAPORTA,
Cette période correspond partiellement à ce que les auteurs
suisses ont nommé le Tongrien, c’est-à-dire qu'elle embrasse la
moitié supérieure des grès de Fontainebleau, mais qu'elle
empiète aussi sur l'étage suivant, et par conséquent sur la base
de la mollasse Suisse (mollasse d’eau douce inférieure). Il ne faut
pas s'étonner de cette sorte de discordance; nous avons, en effet.
considéré les seuls phénomènes phytologiques comme devant
nous guider, et à ce point de vue, nous avons pu, malgré la
liaison constante qui réunit toutes nos flores locales et les dispose
comme autant d'anneaux d’une chaîne continue, circonscrire au
moins un certain espace de cette chaîne et lui reconnaitre des
caractères distinctifs. La longue revue que nous venons de passer
nous permet de formuler en quelques mots les traits généraux
qui servent à caractériser chaque végétation successive : Phy-
sionomie générale; distribution relative des éléments végétaux :
introduction et persistance, déclin et disparition de certains types ;
importance relative et groupement, présence ou absence de certaines
formes spécifiques ; telles sont les notions sur lesquelles on doit
s'appuyer pour définir une période quelconque. Ainsi, la période
qui va nous occuper est en réalité une période de transition.
C'est par elle que nous quittons l’âge qui commence avec le cal-
caire grossier et s étend jusqu'au grès de Fontainebleau, pour
pénétrer dans la période tertiaire moyenne ou ancien Miocène.
C'est le temps pendant lequel les types qui caractérisent cette
période moyenne s'introduisent successivement et se développent
en excluant ceux de l’âge précédent. Toutefois cette élimination
est éminemment successive; en sorte qu'au début la physiono-
mie générale de la végétation demeure celle de l’âge précédent,
dont la plupart des espèces existent encore ; mais déjà l’intro-
duction des formes nouvelles à commencé : c’est ainsi que les
Palmiers Sabal se substituent dès l'abord aux Flabellaria pro-
prement dits, que les T'huiopsis se placent à côté des Callitris,
que les Pinus de la section Strobus se développent, que les
Myricées et surtout les Comptonia se multiplient aux dépens des
Protéacées, avant que la flore elle-même, nous le répétons, ait
encore changé dans sa physionomie générale. En un mot, si la
ÎLE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 61
période prise dans son ensemble est une période de transition, la
première partie sert elle-même de transition vers cette période ;
c'est là ce qui constitue notre premier étage, celui des calcaires
marneua littoraux du bassin de Marseille, Avec l'étage suivant,
c’est-à-dire avec la flore d’Armissan, nous voyons s'achever et
se compléter l’évolution commencée. L'introduction des Sequoia
et des T'axodium et leur coexistence avec les Callitris, les Liboce-
drites et les T'huiopsis, la profusion des Pinus de toutes les
sections, des Myricées, des Ilicinées, le déclin définitif des Pro-
téacées, l'augmentation rapide de l'importance des genres
actuellement européens (Betula, Ostrya, Populus, Acer) font
toucher au doigt la révolution qui s’est opérée; mais elle est
surtout caractérisée à nos yeux, d'un côté par l'élimination de la
plupart des formes antérieures, de l’autre par l'ampleur qui
agrandit toutes les formes, mouvement qui suffit à lui seul pour
distinguer cette flore des précédentes ; enfin, par la persistance
ou l’arrivée d’une foule de types tropicaux ou subtropicaux,
mais plutôt américains, tandis que le nombre de ceux qui se
rattachent à l'Australie tend à diminuer; marquons encore, en
dernier lieu, la présence du Comptonin dryandræfolia Brngt
(Dryandra Schranki Heer), qui persiste pendant toute la
période, et ne se montre, ou du moins que très-rarement, ni
avant n1 après.
Considérée par rapport aux flores étrangères déjà connues,
notre période correspond sans doute en grande partie à Hæring,
à Sagor, à Monte-Promina, à Ralligen et probablement aussi
dans une certaine mesure au Monod et à Radoboj, ainsi que
l’atteste la présence répétée d’un assez grand nombre d'espèces
communes et caractéristiques.
IT
FLORE DES CALCAIRES MARNEUX LITTORAUX DU BASSIN
DE MARSEILLE.
Saint-Jean de Garguier. — Fénestrelle près d’Aubagne. — Montespin près d’Allauch.
— Gypse de Camoins-les-Bains. — Couches du bassin de carénage à Marseille.
Nous avons signalé la plupart de ces localités dans l’introduc-
62 | : GASTON DE SAPORTA. Ç
tion géologique qui précède la première partie de nos études (1) ;
elles se trouvent aussi mentionnées dans la carte dont elle est
accompagnée. Nous avons dés lors fixé la position stratigraphi-
que de ces couches en les regardant comme postérieures de très-
peu à celles de Samt-Zacharie et comme correspondant dans le
bassin d’Aix aux couches calcaires avec Helix, Planorbis, Neri-
tina, Cerithium, etc., qui surmontent immédiatement la grande
assise sableuse sans fossiles, superposée elle-même au gypse
d’Aix, et que M. Matheron (2) considère comme constituant un
dépôt contemporain de l’éruption basaltique de Beaulieu. Nous
n'avons pas besoin de revenir sur la fixation de cet âge qui nous
paraît pleinement en rapport avec le caractère même de la flore,
puisque celle-ci se range très-naturellement, si l'on interroge les
seules données phytologiques dans une position strictement
intermédiaire entre la flore de Sant-Zacharie et celle d’Armis-
san ; nous devons insister plutôt sur l’état actuel des couches à
empreintes végétales, et sur la configuration de l’ancienne con-
trée, dont elles servent à nous retracer l'aspect.
Notre carte (3), tout imparfaite qu'elle est, indique d’une
manière assez précise les sinuosités du lac tertiaire qui remplis-
sait les dépressions du bassin de Marseille à l'époque où nous
sommes parvenus. Ce bassin constitue maintenant la vallée infé-
rieure de l’'Huveaune, depuis Roquevaire Jusqu'à l'embouchure
de cette rivière ; il s'étend de l’est à l’ouest, et se trouve limité
par des massifs secondaires Jurassiques ou crétacés, dont les
sinuosités dessinent encore celles de l’ancien littoral lacustre. A
l'entrée du bassin, vers l’est, l'Huveaune y pénètre avec peine,
par un étroit défilé, aupres duquel s'élève la petite ville de
Roquevaire ; les escarpements dont elle est dominée s'étendent
jusqu'à Auriol et se soudent d'un côté aux contre-forts de la
(1) Études sur la végét. tert., t. I, p. 31, 32 (Ann. des sc. nat., 4° série, Bor.,
t. XVI, p. 339).
(2) Matheron, Recherches comparat. sur les dépôts fluvio-lacustres tertiaires, etc.,
p. 25 et 26.
(3) Voyez la carte placée en tête de la première partie (Ann. des sc. nat., 4 série,
Bor., t. XVI, pl. 47).
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE, 65
Sainte-Baume, et de l’autre à ceux de Garlaban et à la chaîne de
l'Étoile. Cette dernière montagne qui court de l’est à l’ouest sert
de limite au bassin tertiaire vers le nord.
Du côté de l’ouest ce bassin disparaît sous les flots de la Médi-
terranée qui nous dérobe sa véritable étendue. Cependant, il est
probable que dans cette direction la formation lacustre se pro-
longe sous la mer actuelle du côté du cap Pinède, de l'Estaque et
de Séon- Saint-Henry, et qu'au contraire ellese termine prompte-
ment vers la plage de Montredon ; puisque le rocher de Notre-Dame
de la Garde qui touche la ville de Marseille, visiblement continu
avec les îles Pomègue et Ratonneau, semble l'être également avec
les grands escarpements secondaires qui, du cap Croisette et de
la grotte Rolland, par Marseille- Veiïre, la montagne de Gineste
et le mont Ludoir, vont aboutir à Cujes, et de là par le mont
Cruvelier à la chaîne de la Sante-Baume. Cette ligne, presque
parallèle à celle que suit la chaîne de l'Étoile, borne vers le sud
le bassin tertiaire. Dans ces limites qui constituent l’ancien hit-
toral, c’est-à-dire le sol où croissaient les plantes tertiaires, s’é-
tendait l’ancien lac, dont notre carte montre les profondes sinuo-
sités. Entre Roquevaire, Camoïns-les-Bains et Allauch, les
masses secondaires s’avançaient de manière à resserrer l’espace
occupé par les eaux lacustres en le réduisant aux proportions
d’une baie étroite et profonde. Vis-à-vis Allauch et les Camoins
l’escarpement de Saint-Julien formait une île; puis le lac s’éten-
dait au pied de la chaîne de l'Étoile, pour aller dessiner une nou-
velle baie vers le nord, du eôté de Saint-Antoine, et atteindre
ensuite les Baux, non loin de l'Estaque, où il se confondait avec
la Méditerranée actuelle.
Ainsi que nous l'avons observé, des marnes avec poudingues
intercalés, d’une date relativement récente, occupent la partie
intérieure de l’ancien bassin et recouvrent presque partout les
calcaires marneux avec gypse subordonné qui constituent la for-
mation inférieure. Celle-ci se montre seulement le long des
anciens rivages, partout où les roches secondaires encaissantes,
soumises à un mouvement d’érection, ont accru leur ancien
relief et entrainé dans ce mouvement les couches tertiaires qui
654 GASTON DE SAPORTA.
leur étaient adhérentes, et qui ont été plus ou moins redressées,
quelquefois presque jusqu’à la verticale. Ces couches apparais-
sent ainsi comme de minces lisières ou cordons littoraux; elles
dessinent avec précision le contour et les accidents des plages
tertiaires, et Imdiquent même, si l’on tient compte du mou-
vement général du sol, quel était au moment de leur dépôt le
relief véritable de l’ancienne contrée. Quoique évidemment
beaucoup plus plate qu'aujourd'hui, elle semble avoir constitué
un pays relativement accidenté et bien en rapport avec la végé-
tation en grande partie terrestre et forestière dont on observe
les débris.
En partant de Roquevaire, si l’on suit le bord méridional de
l’ancien rivage, dans la direction des Géménos, on rencontre
bientôt à Saint-Jean de Garguier, petit hameau dépendant de
cette commune, un lambeau dont les lits adossés contre la mon-
tagne s’enfoncent rapidement sous les argiles de la plaine. Les
empreintes végétales sont fréquentes dans cette localité, quoi-
qu'il ne soit possible d'explorer que la partie des couches qui
vient affleurer sur le sol, et se trouve immédiatement contiguë à
l’ancienne plage. La flore que l’on y observe a beaucoup d’ana-
logie avec celle de Saint-Zacharie, et, en dehors même de la
physionomie générale qui est la même, la plupart des espèces
communes, entre les deux étages, proviennent de Saint-Jean
de Garguier. Toutefois le Pinus palæostrobus Ett., le Comptonia
dryandræfolia Brngt, et les Andromeda y abondent comme dans
les autres localités. Nous y avons observé aussi le Sabalites
oϾyrhachis et le genre AnϾctomeria (NymphϾites), en sorte que
Saint-Jean-de-Garguier, tout en se rapprochant de Saint-Zacha-
rie, ne diffère pas des autres localités du bassin de Marseille.
Toutefois, les Cupressinées, Myricées et Araliacées y abondent
plus qu'ailleurs.
Le premier dépôt que l’on rencontre, en poursuivant la même
direction, est celui quise trouve au sud d’Aubagne, dans le quar-
tier de F'énestrelle. Ici les couches affleurent à peine au-dessus
du sol arable; mais des travaux d'extraction les ont mises au
jour, et nous ont permis de les explorer. Elles sont très-riches
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 65
en débris végétaux de toutes sortes, et semblent annoncer une
localité plus fraiche que celle de Saint-Jean-de-Garguier. Les
Pinus à 2 et à 5 feuilles, les Callitris et Thuiopsis, les Betula,
Compionia, Andromeda, Diospyros, les Myrsinées, les Nym-
phéacées et Légumineuses, caractérisent surtout cette localité,
où le Complonia dryandræfolia est très-abondamment répandu.
En continuant à marcher le long du même littoral, on rencon-
tre non loin de Sainte-Marguerite un petit lambeau du même
terrain ; puis on atteint la plage de Montredon, et après avoir tra-
versé | Huveaune, si l’on contourne le massif de Votre-Dame-de-
la-Garde, à partir du Roucas-Blanc, on trouve une étroite bande
des mêmes couches qui dessine avec précision le rivage, et se
prolonge à travers la ville même de Marseille, jusque dans l’an-
cien port. <
C'est là qu'en creusant, 1i y a plusieurs années, le bassin de
Carénage, on trouva dans les calcaires et les marnes bleuâtres
qui les accompagnent un grand nombre d'espèces fossiles, mol-
lusques, poissons, végétaux, dont la plupart furent négligés et
perdus. Plusieurs belles frondes ou parties de frondes de Sabali-
tes major (Flabeillaria major Ung., Sabal major Heer) ont sur-
vécu, ainsi qu'un cône très-bien conservé du Pinus palæostro-
bus Ett.
Pour recueillir de nouveau des plantes fossiles, après avoir
rejoint le rivage tertiaire près de l'Estaque, 1l faut négliger le
lambeau des Baux, celui des Aygalades qui se prolonge vers
Saint-Antoine et atteindre Allauch. À partir de ce point, en se
dirigeant vers la T'reille, on retrouve l'ancien littoral formant un
défilé snueux, resserré par l’îlot secondaire de Saint-Julien qui
s'élève vis-à-vis à peu de distance. Les couches à empreintes
végétales recouvertes sur ce point par des lits crayeux d’une
blancheur éclatante affleurent çà et là, le long des champs culti-
vés, et près de Montespin nous avons pu recueillir un assez grand
nombre d'espèces, parmi lesquelles dominent toujours les Pinus
à 2 et à 5 feuilles et le Comptonia dryandræfolia. Un fragment
de fronde annonce la présence du Sabalites major.
Lorsque de la T'reille on se dirige en droite ligne vers Camoins-
5° série. Bor. T. HI. (Cahier n° 2 1 5
66 GASTON DE SAPORTA.
les-Bains, on traverse les mêmes couches, ainsi que l’atteste la
présence répétée des mêmes espèces, surtout du Comptonia
dryandræfolia et des Pinus. À Camoins, ces couches passent sous
des plaquettes Imprégnées de gypse et surmontées elles-mêmes
par le gypse autrefois exploité de cette localité. Les plaquettes
sont par conséquent un peu supérieures aux couches à Comptonia
et s’en distinguent par l'absence de cette espèce caractéristique ;
cependant la différence soit stratigraphique, soit phytologique,
est trop faible pour motiver une distinction réelle; le Pinus pa-
læostrobus reparaît dans ces plaquettes, quelquefois très-riches en
débris végétaux de toutes sortes. Les Callitris et Thuiopsis, les
Myricées, Protéacées, Myrsinées s’y montrent très-fréquemment
et annoncent une association végétale peut-être un peu diffé-
rente de celle des autres localités, remarquable par la faible
dimension des feuilles dicotylédones, mais qui trahit plutôt l’in-
fluence d'un courant venu d’un canton sec et sablonneux, que
l'existence d’une révolution végétale plus ou moins générale.
Tel est l'examen rapide que suggère l'exploration des diverses
localités littorales de l’ancien lac marseillais. Leur ensemble
dénote une remarquable harmonie végétale; les mêmes espèces
dominantes reparaissent partout ; elles se montrent presque tou-
jours associées dans des proportions déterminées et d’une
manière tres-uniforme. L’extrème rareté des Monocotylédones
aquatiques, la présence restreinte de la plupart des essences à
feuilles caduques (Acer, Ulmus, Carpinus, Populus) ou de celles
dont le limbe plus largement développé indique des plantes
amies de l'ombre, de la fraîcheur ou fréquentant le bord des
eaux, doit être pour nous un indice de laspect que présentait
cette ancienne végétation. Les plantes à feuilles coriaces, étroi-
tes, épineuses; les Protéacées, Myricées, Myrsinées, Araliacées,
Iicinées, abondent, ainsi que les Anacardiacées et les Légumineu-
ses à folioles maigres et petites. Les Laurimées et les Diospyros se
rencontrent pourtant assez fréquemment ; les Mousses, les Hépa-
tiques se montrent quelquefois, les Quercus, Betula, Acer,
quoique fort rares, ne sont pas inconnus. Enfin les Nymphéacées
ont laissé des traces multipliées de leur présence.
LE SUD-EST DE: LA FRANCE A L ÉPOQUE TERYIAIRE. 67
En recueillant ces divers indices, tout annonce la présence
d’une contrée forestière, couverte de bois composés de grands
arbres (Pinus, Podocarpus, Laurus, Cinnamomum, Diospyros) ;
mais surtout peuplée de plantes sarmenteuses (Smilax), d'arbris-
seaux (Callitris, Widdringtonia, T'huiopsis, Myrica, 4 ndromedua,
Aralia, Celastrus, [lex, etc.), très-variés de physionomie, de
feuillage et de port, parsemée de clairières garnies d’arbustes
et de buissons (Grevillea, Hakea, Myrica, Vaccinium, etc.).
Dans certaines stations, çà et là, se montraient quelques essen-
ces de taille médiocre analogues à celles de l'Europe moderne
(Betula, Carpinus, Acer). |
Les Nymphéacées (Nymphœa, Nymphœites), les Mousses, les
Hépatiques habitaient les endroits humides ou submergés; mais
ces retraites étaient assez peu nombreuses, et presque partout
le rivage était assez élevé pour permettre aux arbres et aux
arbustes de la forêt d'arriver jusque dans le voisinage des eaux.
La flore dont nous venons d’esquisser les principaux traits est
la dernière qui se montre, dans le midi de la France (4), avec
une physionomie qui rappelle l'Australie ou l'Afrique, plutôt que
l Amérique ou les régions tempérées du Japon et de l'Himalaya.
Nous allons voir cette physionomie s’altérer et disparaître dans
l'étage suivant pour faire place à des formes plus amples, plus
variées, à un mélange plus riche, mais peut-être moins origimal
et moins accentué, de toutes les formes qui habitent maintenant
la zone tempérée proprement dite et la zone tempérée chaude
et subtropicale.
(4) On doit fure une exception pour celle des environs de Bonnieux (Vaucluse),
dont la position stratigraphique n’est pas assez rigoureusement déterminée, dans la
série tertiaire, pour la faire entrer en ligne de compie. Elle est d’ailleurs assez mal
connue et ne compte qu'un petit nombre d’espèces, parmi lesquelles il faut citer le
Callitris Brongniartii. Cette Florule est surtout remarquabie par la présence d’une
Cycadée, le Zamites epibius Nob., que nous avons’signalé dernièrement à la Société
géologique, et dont la description, accompagnée d’une figure, a été insérée dans le
Bulletin de l'année 1861.
68 GASTON DE SAPORTA.
CRYPTOGAMÆ,.
HEPATICÆ.
MARCHANTITES Brngt, Tab. des genres de vég. fossiles, p. 12.
MARCHANTITES SINUATUS. (PI. I, fig. 2.)
M. fronde repente, gracili, hine inde vage ramosa, mediocri-
ter expansa, margine irregulariter undulato submeiso-smuata.
Allauch.
Le genre Marchantites a été établi par M. À. Brongniart pour
une espèce de Sézanne, dont l’affinité avec nos Marchantia
actuels n'a rien d'équivoque. L'espèce des environs d’Alauch
que nous décrivons ici appartient au même groupe et semble
très-voisine du Marchantia polymorpha ; les fragments de fron-
des réunis en assez grand nombre sur la même pierre à côté du
Muscites Tournalii Brngt, different par leur forme allongée,
étroite, moins ramifiée, de la plante de Sézanne, dont nous pos-
sédons plusieurs exemplaires; l’axe bien visible est accompagné
par une expansion membraneuse d'une faible largeur, non pas
festonnée, mais irréguliérement sinuée le long des bords.
MUSCI.
MUSCITES Brngt.
Muscires Tournazu Brngt, var. tenella. (PI. L, fig. 4.)
M. cauliculis simplicrusculis foliatis, folis subpatentibus,
laxis, scariosis, lanceolatis, subulatis, uninervüs.
Muscites Tournalit Brngt, Aist. végét. foss., 1, p. 93, pl. X, fig. 1-2.
Allauch.
Cette mousse est tellement voisine du Muscites T'ournalit d'Ar-
missan, que nous n'osons pas l'en séparer. Les petites tiges sont
cependant pourvues de feuilles plus étalées, et plus étroites vers
la base; elles ressemblent d’une manière frappante à l’Hypnum
complanatum L., espèce qui croît sur les murs, les troncs d'arbres
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 69
et les rochers, tandis que M. Brongniart compare la sienne à
l'A. riparium L., espèce aquatique. Effectivement, nos empreim-
tes, consistant en brins où ramules détachés, semblent provenir
d’une mousse terrestre, tandis que la mousse d’Armissan, accu-
mulée en débris pressés sur la même pierre, paraît avoir été
entraïnée en masse au fond des eaux. Quelle que soit la valeur
de ces différences, peu appréciables dans une plante fossile,
l'espèce d'Allauch et celle &'Armissan constituent en tout cas
deux formes très-rapprochées.
GYMNOSPERMÆ.
CUPRESSINEÆ.
CALLITRIS Vent.
Cazurrris H£gerit Sap., É6. sur la végét. Lert., 1, p. 185; Ann. sc. nat.,
L° série, Bor., t. XIX, pl. IT, fig. 2. (PL. 1, fig. 3.)
C. ramulis gracilibus, parvulis, dichotome divisis, alternis vel
quandoque oppositis; folis lateralibus tenuiter acuminatis,
rarius obtusatis et tune abbreviatis, facialibus angulo obtuso ter-
minatis. Strobili parvi valvis conniventibus, parum dissimilibus,
extus rugulosis, ommibus infra apicem appendiculatis.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle. — Gypse des Camoins.
L'espèce de Saint-Zacharie reparaît certainement à Saint-
Jean-de-Garguier (fig. 3 A, 3B, 3C), sans variations apprécia-
bles dans les principaux caractères. Une série de ramules bien
conservés ainsi qu'un fruit pareil à ceux qui sont décrits et figu-
rés dans la flore précédente le démontrent suffisamment. À Fé-
nestrelle, nous avons également recueilli des ramules (fig. 3D),
et un tres-beau fruit que la figure 3 E représente. de grandeur
naturelle et grossi (E'). Ces organes nous paraissent aussi devoir
être rapportés au Callitris Heerti. D'autres fragments se mon-
trent aussi dans le gypse des Camoins; mais, dans cette dernière
localité, le Callitris Brongniartü semble reparaître pareil à celui
des gypses d'Aix, et les deux formes mélangées sont quelquefois
70 GASTON DE SAPORTA,
difficiles à distinguer. À Saint-Jean-de-Garquier, comme dans
les autres dépôts, on doit signaler l'existence de deux formes ou
variétés du C. Heeri assez remarquables pour ne pas être passées
sous silence; nous allons les décrire sans chercher à leux attri-
buer une valeur spécifique qu'elles ne sauraient avoir.
Var. 6. Ramulis omnibus vel plerisque oppositis (fig. 3 À).
Cette disposition se montre accidentellement dans quelques
ramules du Callitris Brongniartii d'Aix et du C. Heeru de
Samt-Zacharie, mais elle y est très-rare.
Plusieurs ramules recueillis à Saint-Jean affectent, au con-
traire, avec une sorte derégularité ce mode de ramification (voy.
fig.3 A’, qui les rapproche de celui qui caractérise le Libocedrites
salicornioides Endi.; en sorte qu'on serait tenté de lesconfondre
avec ceux de cette dernière espèce, si la forme et l'agencement
des feuilles n'obligeaient d'y reconnaître une simple variété du
C. Heernu.
(Var. y. Foliis abbreviatis, apice obtusato, intus recurvis
(fig. 8 B).
Cette seconde variété se distingue par une distance propor-
tionnelle moins grande d’un article à l’autre. Les feuilles laté-
rales plus courtement acuminées se recourbent légèrement vers
l'intérieur en dessinant une sorte de crochet obtus ; les ramules
de cette variété, ramifiés, à divisions alternes et peu nombreuses, |
paraissent se rapporter aux jeunes pousses et aux parties termi-
nales de la plante. On l’observe à Saint-Jean comme à Fénes-
trelle. Dans cette dernière localité nous avons recueilli l’em-
preinte d'un fruit (fig. 8E et E’) dont les valves conniventes,
obtuses ou légèrement atténuées au sommet, presque égales, ne
différent des exemplaires de Saint-Zacharie que par des dimen-
sions un peu supérieures, et des rugosités longitudinales un peu
plus prononcées.
Cette variété se rapproche plus que les autres formes de Cal-
litris fossiles du €. quadrivalvis Vent. Dans celui-ci, les ramifi-
cations toujours alternes ne se trouvent Jamais opposées, comme
dans notre variété 8. Quant aux fruits, 1ls se rapprochent par la
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 71
forme et la dimension des valves de celui que nous reproduisons
fig. 3E ; mais les valves de ce dernier sont cependant plus égales
et plus profondément sillonnées.
CaLcirris BRONGNIARTIE Endl. (PI, IV, fig. 4.)
C. ramulis sæpius dichotome divisis, compressis; foliis latera-
libus, linearibus, obtuse acuminatis. Seminum nucleo obconico
lateraliter bialato, alis rotundatis superne emarginatis.
Gypse des Camoins.
L'espèce particulière au gypse d'Aix, avec les caractères qui
distinguent ses rameaux, reparaît dans les couches qui accom-
pagnent le gypse des Camoins. Une semence (pl. IV, fig. 1C)
réunie sur la surface d’une grande plaque avec une foule d’au-
tres débris végétaux, semble confirmer ce rapprochement qui n'a
rien que de naturel, puisque le dépôt d’Arnussan nous montrera
de nouveau le Callitris Brongniartii accompagné de ses divers
organes,
THUIOPSIS $Sieb. et Zucc.
La découverte récente d’un fruit et de plusieurs semences
pareils à ceux des T'huiopsis, recueillis dans les couches d’Armis-
san à côté des ramules de T'huites est venue démontrer, qu’une
partie au moins des plantes fossiles signalées sous ce nom, et
probablement celles qui ont été observées dans le succin par
M. Gœppert, doivent être réunies aux vrais T'huiopsis. Les
empreintes, très-peu nombreuses, 1l est vrai, que nous allons
décrire, sont tellement voisines de celles des environs de Nar-
bonne, et concordent si bien par leur aspect avec le Thuiopsis
dolabrata, que nous n’hésitons pas à les regarder comme faisant
parte du même genre. La présence d’une grame, semblable par
la forme à celle des T'huiopsis dans le gypse des Camoins, paraît
favoriser encore ce rapprochement. Il est intéressant d'observer
comment la plupart des genres de Conifères, propres au Japon
et aux rivages opposés de la Chine et de l'Amérique septen-
trionale, se retrouvent successivement dans la flore tertiaire. Les
72 GASTON DE SAPORTA.
Thuiopsis doivent, dès à présent, s'ajouter à cette liste déjà
longue, et destinée peut-être à se compléter encore davantage.
Tauiopsis MASSILIENSIS. (PI. F, fig. 6 et IV, fig. 2.)
T. ramulis alternis et oppositis, ancipitibus, compressis; foliis
quadrifariam imbricatis, squamæformibus ; lateralibus oblongis
curvato-falcatis, subadnatis, breviter acuminatis ; facialhibus
compresso dorso caripatis infra apicem glanduliferis obtusissime
productis utrinque amplectentibus. — Seminibus? (pl. IV, fig. 2)
compressis, ovato-orbiculatis, nucleo parvo elliptico ala tenuiter
membranacea sursum emarginata utrinque circumeincto.
Fénestrelle (ramule, très-rare), gypse des Camoins (ramule et semence ?).
Le ramule reproduit pl. L, fig. 6, et grossi en 6 À, pourrait être
confondu, au premier coup d'œil, avec ceux du Libocedrites sali-
cornioides Endl., ainsi que nous l’avions cru en premier lieu : il
en diffère cependant en réalité, comme il est aisé de s’en assu-
rer à l’aide de la figure 6 À qui le représente grossi. La forme,
l'agencement des feuilles, le mode de ramification sont eeux d’un
Thuia; deux ramules sont successivement émis sur un seul côté,
tandis que la partie terminale semble offrir les traces de trois
bourgeons nus, égaux ; cette dernière disposition ne s’observe, à
ce quil nous paraît, n1 dans les T'huia, ni même dans les Liboce-
drus, du moins à un degré aussi prononcé. Notre Cupressinée :
est en tout analogue aux espèces de Thuites, que M. Gœppert a
décrites et figurées dans son bel ouvrage sur les débris orga-
niques trouvés dans le Succin (1}. Cette ressemblance est surtout
frappante avec le Thuites Kleinianus (2); en sorte qu'on serait
tenté de réunir les deux espèces; pourtant la nôtre présente des
ramules plus larges, moins distinctement articulés; les feuilles
latérales sont moins recourbées en faux et moins rétrécies à la
base ; les faciales sont moins distinctement carénées; ce sont,
malgré ces différences, deux formes en réalité très-voisines.
(4) Gœppert, Organische Reste im Bernstein, p. 104-102, tab. IV, fig. 25-28,
tab. V, fig. 2-7.
(2) Gœppert, tbid., tab. V, fig. 6, 7.
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LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 18
Comparé aux espèces actuelles, notre T'huiopsis se rapproche
du Thuia occidentalis qui habite l'Amérique septentrionale, mais
il ressemble aussi par la forme et l'agencement des feuilles au
T'hruiopsis dolabrata , célèbre espèce japonaise; de plus, 1l est
très-voisin d'une espèce d’'Armissan dont nous possédons les
rameaux, les fruits et les semences, et qui se range naturelle-
ment par la structure de ces divers organes parmi les T'huio-
psis ; c’est ce qui nous engage à y rapporter également celle-c1.
La semence, représentée sur la planche IV, figure 2, a l'appa-
rence de celles des T'huiopsis ; elle est ovale-orbiculaire, com-
posée d’une aile marginale assez large, entourant de toutes parts
le nucléus, excepté vers le haut où elle est émarginée; malheu-
reusement, elle n'a laissé à la surface de la pierre qu'une
empreinte assez confuse.
WIDDRINGTONIA Endl.
WWIDDRINGTONIA ANTIQUA Sap., L'€. sur la végét. tert., 1, p. 185: Ann. se.
nat., L° série, Bor., t. XIX, p. 33, pL 3, f. 3. (PI. I, fig. 4.)
W.ramulis nudis, parvubis ; foliis squamæformibus, adpressim
linbricatis, acutis, approximatim alternis, quandoque oppositis
vel subternatis.
Saint-Jean-de-Garguier (assez commun).
Les petits ramules de cette espèce sont assez répandus dans
les couches de Saint-Jean-de-Garguier. On peut voir par les
figures 4 À, 4 À”, 4 A" de la planche E, qu'ils ne différent pas de
ceux que nous avons signalés précédemment dans la flore de
Saint-Zacharie et dont nous avons décrit les fruits. Ces derniers
organes n'ont pas encore été rencontrés à Saint-Jean-de-Gar-
guier, m1 dans les autres dépôts du bassin de Marseille.
JUNIPERITES Brngt.
JUNIPERITES AMBIGUUS Sap., Ét. sur la végét. tert., T1, p. 58; Ann. se.
nat., L° série, Bor., t. XVI, pl. 2, fig. 8. (PI. I, fig. 5.)
J. ramulis alterne ramosis, foliis squamæformibus, acutis,
adpressis, imbricatis, oppositis vel ternatis.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
7h GASTON DE SAPORTA,
Espèce qui devient fort rare; elle est représentée par de petits
fragments de ramule qui ne diffèrent pas, autant qu’on peut en
juger, des exemplaires de la flore d'Aix.
ABIETINEÆ.
PINUS L,
a. Foliis quinis (Srrosus, Endl.).
Pinus PALÆOSTROBUS Ettingsh. Tert. Fl. von Hæring, p. 35, t. VI,
fig. 22, 23, Heer, F7, tert. Helu., I, p. 36, t. 21, fig. 6. (PI. IT, fig. 1
et IV, fig. 3.)
P. foliis quinis, tenuibus, laxis, triquetris, evaginatis ; strobi-
lis ovato-subeylindricis, obtuse breviterque acuminatis, squama-
rum apophysi plana, longitudinaliter et leviter striata, umbone
crassiusculo terminali, obtuso ; seminum parvorum ala elliptica
basi et apice angustata, obtusiuscula.
Saint-Jean-de-Garguier.— Fénestrelle.— Allauch. — Gypse des Camoins.— Bassin
de Carénage (cône).
Les feuilles (pl. HE, fig. 1 À, 41B, 1 0) fines, flexibles, souvent
divariquées dès la base, quelquefois plus dressées, conniventes
(pl. IV, fig. 3 A) présentent une longueur totale de 1 décimètre
environ. Elles ont l'aspect et la consistance de celles de l'espèce
découverte à Hæring, et comme elles se trouvent associées, en
Provence, aux mêmes espèces caractéristiques que dans le Tyrol,
il est probable qu’elles appartiennent également à la même forme,
ou au moins à une forme très-voisine. La comparaison des cônes,
que M. d'Ettinghausen ne cite pas dans son ouvrage, serait pour-
tant nécessaire pour établir complétement le fait. Les cônes sont
très-rares en Provence. M. Matheron en possède un exemplaire
superbe recueilli par lui à Marseille, dans les argiles du bassin de
Carénage. L'attribution de ce cône isolé des feuilles pourrait
donner lieu à des doutes ; mais la découverte subséquente d’un
écaille détachée, encore munie de son apophyse, dans les mêmes
calcaires que les feuilles, à Saint-Jean-de-Garguier, doit les faire
cesser entièrement.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 75
L'exemplaire de M. Matheron est presque entier, et ce qui
manque est facile à suppléer. La figure LE, pl. F, le représente
avec son aspect ; la figure 4 E’ de la même planche en donne une
restauration très-exacte; 1l est oblong, presque cylindrique,
ovoide à la base, légèrement prolongé au sommet qui est atté-
nué, obtus. Il s'éloigne par sa forme et sa fable dimension
(7 à 8 centim. au plus, sur une largeur moyenne de 3 centim.) de
ceux du Pinus Strobus ; 1] serait plus voisin de ceux du P. ex-
celsa Wall. qui sont cylindrico-coniques, mais d’une taille bien
supérieure.
Les écailles, assez lâchement imbriquées, se touchent et se
recouvrent pourtant, peut-être à cause de la compression subie
par ces organes. Les apophyses sont planes, amincies vers les
bords, médiocrement renflées sur le milieu, terminées au sommet
en une protubérance obtuse, peu saillante.
L'écaille isolée (pl. IE, fig. 1 F) présente la face extérieure ;
on aperçoit à sa base l'onglet qui servait à la rattacher à l’axe
du cône. Elle est étroite, longue en tout de 3 centimètres, large
de moins de À centimètre , et rétrécie inférieurement. Il en ré-
sulte que les semences devaient être pourvues d’une nucule fort
petite et d’une aile étroite et longue, caractère bien en rapport
soit avec la graine reproduite sur la planche IV, fig. 3B, soitavec
la figure donnée par M. d'Ettingshausen (Flor. von Hæring,
t. VI, fig. 22); l’apophyse qui termine l'écaille, pareille à celles
que l’on observe sur le cône complet, est marquée de stries longi-
tudinales très-fines, obtuse, un peu déprimée au sommet, termi-
née en une protubérance assez peu saillante, de forme rhomboï-
dale et mutique.
Par l'ensemble de ses caracteres, ce Pin se rapproche du
P. excelsa Wall., espèce du Népaul, où elle croît par 2660 à
3900 mètres d'altitude, plutôt que du P. Strobus.
Les rameaux de Pin dépouillés de leurs feuilles que l’on trouve
à Saint-Jean sont de deux sortes, les uns rugeux par les cous-
sinets saillants ou bases persistantes des feuilles, les autres pres-
que lisses, légèrement rugueux et ne présentant que les traces
peu saillantes des cicatrices insertionnelles.
76 GASTON DE SAPORTA,
Ces derniers rameaux, dont la figure 4D de la planche HI
reproduit un bel exemplaire, se rapportent sans doute au Pinus
palæostrobus; du moins, on est amené à le croire, si l’on s’ap-
puie sur l’analogie de ces empreintes avec les rameaux actuels
des Pins de la section Strobus toujours plus lisses que dans les
autres sections du même genre.
B. Foliis binis (Pinasrer, Endl.).
PINUS PSEUDOPINEA. (PI. I, fig. 8.)
P. ramis basibus foliorum residuis prominentibus asperis;
fois binis, erectis, rigidis, basi in vaginam longe productam
integram, transversim sulcatam, conniventibus. — Amentis
masCulis bracteatis, oblongo-cylindricis, connectivo in proces-
sum obovatum, subrotundum, integriusculum antice producto.
— Strobili squamarum apophysi rhombæa, depresso-pyrami-
data, transversim leviter carinata, umbone centrali rhombæo,
plano, depressiusculo, medio umbonulato. — Seminum ala
latiuscula, recta, nucleum obovatum superante.
Saint-Jean de Garguier (feuilles, rameaux, cônes, semence). — Fénestrelle (feuilles?)
— Allauch (feuilles, semences, chatons mâles).
Cette espèce se trouve représentée par ses divers organes, à
Saint-Jean-de-Garguier, où elle est associée au P. palæostrobus,
dont elle diffère totalement; elle se montre également à Allauch
et peut-être aussi à Fénestrelle.
Les feuilles (fig. 8 À et 8 A’) réunies par deux, longues de
1 décimèêtre au moins, sont planes, larges d'environ 4 1/2 milli-
mètre, finement striées (voy. la nervation grossie fig. 8, en A'),
faiblement convexes sur leur face externe, roides, dressées,
piquantes, et assez longuement conniventes vers leur base où
elles se réunissent dans une gaine persistante, entière, longue
de 1 1/2 centimètre, marquée de stries ou rayures transversales.
Les écailles du cône, dont il n'existe qu’un fragment (fig. 8 E),
se terminent en forme d’écusson rhomboïdal ; leur apophyse est
constituée par une saillie pyramidale faiblement prononcée,
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. PI
arrondie sur les angles et les côtés, à surface lisse ou faiblement
sillonnée, légèrement carénée transversalement, à protubérance
centrale déprimée, un peu bosselée, mutique ou marquée d’un
point tuberculeux à peine distinct.
La nucule de la semence est ovoïde, presque carrée à son bord
supérieur qui est surmonté d'une aile membraneuse, assez large,
tronquée à son extrémité supérieure. Dans l'exemplaire figuré
8F, l'aile se trouve lacérée accidentellement.
La figure 8 C et 8D représente les chatons mâles trouvés à
Allauch, en même temps que des feuilles et une semence.
On observe assez souvent dans les couches de Saint-Jean-de-
Garguier des rameaux dépouillés de feuilles qui appartiennent
très-probablement à la mème espèce. Ces rameaux (fig. 8B et
B' grossi) sont hérissés par les coussinets saillants et persistants,
constituant des mamelons rhomboïdaux , où l’on distingue la
cicatrice en forme de fossette qui marque le point insertionnel des
anciennes feuilles ; inférieurement, la base décurrente et faible-
ment carénée de chaque mamelon indique la place de la bractée.
Par ses divers caractères, et surtout par la forme des écailles
de son cône, ce Pin montre une certaine affinité avecle P. pinea.
quoique la forme de ses graines le range naturellement dans les
Pinaster. Parnu les espèces de cette section, il semblerait voisin
d'une espèce japonaise, le P. densiflora Sieb. et Zuce.; mais les
rapprochements entre les Pins fossiles et ceux du monde actuel
sont toujours bien incertains, tant les premiers présentent
de formes Intermédiaires entre les sections établies parmi les
seconds.
Pinus MEGALOPHYLLA. (PI. IIE, fig. 2.)
P. folus binis, validissimis, erectis, prælongis, basi lata, trun-
cata, in vaginam brevem, transversim sulcatam conniventibus.
— ÂAmentis masculis ovato-cylindraceis, bracteatis, connectivo in
processum ovato-oblongum, margine scarioso fimbriatum, antice
producto. — Seminum ala elliptica, nucleum ovato-oblongum
duplo superante.
Fénestrelle, près d'Aubagne.
78 GASTON DE SAPORTA.
Les cônes sont encore inconnus; mais les feuilles (fig. 2 A
et 2B), par leur grandeur inusitée, annoncent une espèce bien
distincte de la plupart de celles du monde actuel. Leur dimen-
sion même est cause que nous n’en possédons que des fragments;
le plus complet mesure 18 centimètres de longueur, sans que
rien dénote une terminaison prochaine. Leur très-grande lar-
geur proportionnelle (2millim.) mdique également une étendue
en longueur qu'on ne saurait évaluer à moins de 25 à 30 centi-
mètres. Ces feuilles étaient planes sur leur face interne, faible-
ment convexes sur la face opposée, légèrement scabres sur les
bords, mais nullement serrulées ; parcourues par 6 à 8 nervures
longitudinales distinctes et assez espacées, dressées, peu diver-
gentes au sommet ; elles étaient assez longuement conniventes à
la base qui se termine carrément, et mesure une largeur de
5 milhmètres environ. La gaine est entière, courte, marquée de
stries et de rugosités transversales bien visibles, mais assez peu
prononcées.
Il est naturel de rapporter à la même espece des semences
recueillies dans les mêmes pierres. La nucule de ces semences
(fig. 2 c) dessine un ovale elliptique un peu simué sur un des
côtés; l'aile qui la surmonte ne présente aucune trace de stries
ou linéaments ; son tissu est trèes-délicat ; elle est droite, un peu
plus large que la graine, et dessme un elhpsoïde allongé qui
dépasse à peine deux fois le diamètre de celle-ci. Les affinités
de cette belle espèce avec celles du monde actuel sont très-
obscures ; mais, parmi les nombreuses espèces d’Armissan, 1l en
est une qui s'en rapproche évidemment.
TAXINEÆ,
PODOCARPUS Herit:
Popocarpus LiNDLEYANA Sap., Ét. sur la végét. tert., I, p. 63; Ann. sc.
nat., L° série, Bor., t. XVII, p. 316, pl. 3, fig. 7. (PL T, fig. 7.)
P. foliis submembranaceis, lanceolato-linearibus, bas in
petiolum gracilem sensim attenuatis; nervo primario stricto,
cæteris nullis.
Saint-Jean-de-Garguier (tres-rare).
|
|
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 79
La forme, la consistance et la dimension semblent se réunir
dans l’exemplaire reproduit pl. I, fig. 7, pour dénoter la pré-
sence, à Saint-Jean-de-Garguier, du Podocarpus Lindleyana. y
est très-rare, et se distingue du P. eocenica Ung., non-seulement
par sa nervure médiane plus fine, et par sa base plus longue-
ment atténuée sur un mince pétiole, mais aussi par une con-
sistance plus souple du tissu foliacé.
Popocarpus EOCENICA ? Ung., Gen. et Sp., PT, foss., p. 392; Ettingsh.,
Tert. Flor. von HϾring., p. 31,t.9, f. 4-18.
P. foliis subcoriaceis, linearibus vel lineari-lanceolatis, acutis
margine revolutis.
Saint-Jean-de-Garguier (tres-rare).
Un fragment de feuille, analogue aux figures de la flore
d'Hæring, est le seul indice de l'existence de cette espèce très-
polymorphe ou peut-être formée de la réunion de plusieurs
autres. Notre exemplaire, conforme à ceux de la flore d'Hæring,
figuré par M. d'Ettingshausen, s'éloigne par sa forme étroite
et linéaire de ceux de la mollasse suisse qui affectent de plus
larges dimensions.
MONOCOTYLEDONEÆ,
La rareté des empreintes de Monocotylédones, dans les cou-
ches littorales du bassin de Marseille, n’est pas due uniquement
à une circonstance accidentelle, puisqu'elle existe également
dans toutes les localités de cette région, que, d'ailleurs, le même
fait se répète, ainsi que nous le verrons, dans le riche dépôt d’Ar-
missan, et se reproduit aussi dans ceux du même âge qui sont les
plus éloignés de Provence, comme Sotzka, Hæring et Monte-Pro-
mina. Il serait donc naturel de reconnaître dans cette pauvreté
relative un phénomène d’un ordre général dont il est difficile,
cependant, de se rendre compte ; à moins d'admettre que la
configuration des lacs de l’époque ou la nature de leurs eaux
80 GASTON DE SAPORTA.
n'aient été contraires à la propagation des plantes aquatiques
monocotylédones. Ce serait à une explication assez plausible,
puisque la position subordonnée de la classe entière est due prin-
cipalement à l'absence presque complète des Cypéracées, Gra-
minées et Typhacées. La présence des Sabalites et de curieuses
Smilacées qui se montrent pour la première fois en Provence,
pourrait faire penser que l'exclusion dont nous parlons est loin de
s'appliquer aux Monocotylédones terrestres et arborescentes.
CYPERACEZÆ.
CYPERITES Lindl. et Hutt.
CYPERITES GRAMINEUS Sap., Ét. sur la végét. tert., 1, p. 191; Ann. sc.
nat., h° série, Bor., t. XIX, p. 37.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
Fragments de feuilles finement striées, graminiformes, pareils
à ceux que nous avons signalés précédemment dans la flore de
Saint-Zacharie.
CAREX L.
CaREx PALÆOCARPA. (PI. IV, fig. 6.)
C. fructibus minutis, ovatis, compressis, lævibus, striatulis,
apice breviter rostrato bifidis. |
Gypse des Camoins (très-rare).
Le fruit représenté pl. IV, fig. 6, et que les fig. 6 À et G A' re-
produisent grossi, offre toutes les apparences de ceux des Careæ.
[Il est petit, ovale, arrondi inférieurement, lisse et comprimé ; le
sommet est atténué en un bec très-court et profondément bifide.
Il se rapproche de ceux du Careæ vulpina L., qui sont cependant
plus grands et prolongés au sommet en un bec moins profon-
dément divisé.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 81
PAL\LE.
SABALITES.
rondes flabellatæ, radis plerumque plicato-carinatis, rhach1-
dis apice in acumen producto; rad medii secus appendicem
inæqualiter affixi, non omnes simul ad basim frondis conni-
ventes.
Flabellaria ex parte Sternb. vers. 1, 2, p. 27; Brngt, Prodr., p. 110;
Endl., Gen. pl., p. 257; Unger, Gen. pl. foss,, p. 329. Sabal Hecr,
F1. tert. Helv., 1, p. 86.
Nous réunissons, sous ce nom moins affirmatif que celui de
Sabal adopté par M. Heer, les frondes fossiles dont le pétiole se
prolonge au sommet en une pointe conique, acumimée, visible
surtout à la partie inférieure de la fronde, et le long de laquelle
une partie des rayons viennent s'insérer, tandis que les plus exté-
rieurs se réunissent de chaque côté sur le sommet du pétiole et
marquent le pot où le prolongement de cet organe pénètre dans
la fronde.
Cette organisation, dans la nature actuelle, n’est pas particu-
lière au genre Sabal, et peut aussi, dans les Palmiers fossiles,
avoir été commune à plusieurs genres distincts. Ce qui tendrait à
le faire croire, c’est que la flore encore peu connue des grès de
la Sarthe et des environs d'Angers, dont l’âge est antérieur à
- celui des gypses de Montmartre, renferme déjà les empreintes de
| deux Palmiers du groupe des Sabalites. De ces deux espèces con-
| fondues par M. Unger avec le Ælabellaria Lamanonis, lune
| parait très-voisine du Flabellaria (Sabalites) Hæringiana KEt-
| üngsh. (Sabal Hæringiana Heer) ; l'autre, par son large pétiole
brusquement rétréci en un prolongement étroit et acuminé, sem-
ble offrir un type tout nouveau. Dans tous les cas, on voit que les
| *Sabalites où Palmiers à pétiole prolongé au sommet jusque dans
l'intérieur du limbe datent d’une époque bien antérieure à celle
qui marque le temps de leur apparition dans les couches de
Provence.
9° série. Bot. T. LI, (Cahier n° 2.) 2 6
Lt
GASTON DE SAPORSA,
SABALITES OXYRHACHIS. (PI. IUT, fig. 3.)
S. petiolo tereti, latere superiore rotundato, subtus in apicem
lanceolatum, acutum, abeunte ; radis medus secus appendicem
decliviter insidentibus.
Palmacites oxyrhachis Siernb., vers. IF, p. 190, t. 42, fig. 2; Ælabella-
réa oxyrhachis Ung. in WMart. gen. palm., p. 61; Gen., PT. foss., p. 330;
Iconog., p.19, tab. 9, fig. 2-3 ; Flabellaria raphifolia, Kttingsh., Tert.
flor. v. HoϾring., p. 31, tab. 1, fig. 1-3, 8-9, tab. 2, fig. 2-3; exclusis,
fig. 4-7, tab. 1 et tab. 2, quæ ad Sabalitem Hæringianum spectant.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Einpreinte réduite à la partie supérieure du pétiole et à la
base des rayons avec leur insertion sur un sommet arrondi d’un
côté, prolongé de l'autre en une pointe aigue. Malgré son état
de mutilation,elle paraît identique avec le Flabellaria oxyrhachis
Ung., que M. d'Ettingshausen a décrit comme étant une simple
variété de son F.raphifolia (FT. Hæringiana Ung.). Ce qui semble
démontrer le peu de fondement de cette confusion, c'est que notre
parte de fronde ne présente de l'analogie qu'avec celles des figures
de la Flore d'Hæring qui reproduisent le Flabellaria oxyrhachis,
et presque aucune avec celles qui se rapportent au F. Hœrin-
giana Ung. (Sabal Hæringiana Heer), dont les pétioles sont plus
forts et terminés supérieurement par une ligne anguleuse. Cette.
espèce compte d'ailleurs un nombre de rayons plus considérable
que celle de Saint-Jean où 1ls paraissent limités à T8 environ de
chaque côte.
SABALITES MAJOR. (PI. [f.)
S. irondibus magnis, valide et inerme petiolatis, petioli apice
in appendicem acuminatam longe provecto, radus cireiter 50
secus rhachidis declivitatem .. lats, erectis, longe produc-
Us, plicato -costatis.
LE SUD-EST DE:EA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE. 59 *
Flabellaria major Ung., Cl. prot., p. 42, & 44%, fig. 2; Ettingshausen
Heœæring, p. 35, t 3, fig. 3-7; Ælabellaria maxima Ung., Ch prot.,
p. h1, t.12, 15, Üg. 1-2, t. 14, fig. 4; O. Weber, Palæont., 1, p. 158;
Sabal major Heer, FE. tert. flele., V, p. 88, t. 35 ct 36 fig. 1-2.
Calcaires du bassin de carénage. — Allaueh? — Environs d’Alais (collection de
M. Dumas, de Sommi®res,. — Gres ossiferes du bassin de l'Agoutf, carrière de la
Massale (collection de M. Noulet à Toulouse).
Les impressions de frondes flabellées, découvertes lors du creu-
sement du bassin de carénage de Marseille, sont déposées sur
d'épaisses plaques d'un caleaire marneux jaunâtre, d'un grain
assez grossier. Ces frondes ont été d’abord confondues avec
celles du Flabeliaria Lamanonis, dont elles s’éloignent beaucoup
en réalité; elles doivent être réunies au F{. major Ung. (Sabal
major Heer). Deux exemplaires, que nous avons sous les yeux, se
rapportent également à la face mférieure d’une fronde, mais 1ls
en reproduisent des endroits différents. L'un, qui appartient à
notre collection, comprend la partie moyenne d'une fronde; la
terminaison mauque ainst que la base, et l'empremte est en
outre assez fruste ; l’autre, provenant de Ia collection du
musée de Marseille, est dans un bel état de conservation,
mais 11 consiste seulement en une fronde réduite à sa base.
Ce fragment, reproduit fidèlement sur la planche IF, est
suffisant pour faire reconnaître l'espèce, qui se trouve con-
orme aux figures de la Flore tertiaire de Suisse, et surtout
à celle du Flabellaria maæima de Radoboj donnée par Unger
dans son Chloris protojæa. M. Heer regarde cette forme comme
identique avec le Flabellaria major du mème auteur. Le pétiole
se continue au centre de la fronde en un prolongement lancéolé
longuement acuminé, dont la largeur diminue insensiblement
jusqu à se réduire en une pointe étroite, qui se perd enfin dans le
rayon médian. Depuis la base mème de la fronde jusqu'à sa ter-
minason, ce prolongement mesure au moins 20 à 22 centime-
tres ; c'est à peu près la dimeusion de celui que l'on observe sur
la figure de Unger (CAL. prot., tab, 13), et sur celles de Heer
(F1, tert, Helv., tab, 35).
Sl GASTON DE SAPORTA.
Un magnifique exemplaire de cette même espèce, présentant
une fronde presque complète, existe dans le musée de la ville de
Lausanne, sous le nom de Flabellaria Lamanonis. Son origine
provençale etla nature de la pierre doivent faire penser qu’il pro-
vient de la même localité que les précédentes. Nous avons observé
plusieurs empreintes de Sabalites major dans la belle collection
de M. Dumas, de Sommières ; elles ont été recueillies à Mannas,
près d’Alais, dans un étage correspondant à peu près à celui du
bassin de Marseille. Enfin, pour compléter les notions que nous
possédons sur ce Palmier, un des plus répandus de l'Europe ter-
tiaire, nous ajouterons que M. Noulet, professeur à l'École de
médecine de Toulouse, possède plusieurs beaux spécimens de
Sabalites major recueillis dans le Tarn (bassin de l'Agout) sur
divers points, mais principalement dans les carrières de la
Massale où ils ont été observés par M. Caraven dans les
mêmes grès que le Palæolherium magnum et le Lophiodon lautri-
cense Noulet. Cette découverte feraii remonter l’origine du
Sabalites major à une époque bien antérieure à celle qui marque
son apparition en Provence et dans le reste de l'Europe tertiaire,
c'est-à-dire vers le temps du gypse de Montmartre. Les Sabalites
existant, ainsi que nous l'avons dit, dans les grès de la Sarthe,
antérieurs eux-mêmes au gypse de Montmartre, 1l semblerait
que ce genre s'est d'abord montré dans l'Europe centrale et
.oceidentale pour se répandre ensuite graduellement vers l’est et.
le sud.
SUILACEZÆ.
SMILAX Tourn.
SMILAX GARGUIERI. (PI. LE, fig. 4.)
S. foliis deltoideo-cordatis, obtusissime aurieulatis, rotunda-
üs, sursum breviter acumimatis; nervis lateralibus utrinque à,
externis in lobos curvatin arcuatis. venulis transvershn decur-
rentibus. |
EE
LA
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 85
Smilacites Garquieri Sap., Ex. anal., p. ki.
Saint-Jean-de-Garguier (collection de M. Matheron).
Forme très-voisine du Smnilax grandifolia Ung. (Ch. prolog..
tab. 40, fig. 3; Syll. pl. foss., tab. 2, fig. 5-8 ; Heer, FE. tert.
Helv., 1, p. 82, tab. 30, fig. 8), espèce de Radoboj, de Bin,
qui se retrouve en Suisse (Croizettes, dans Le canton de Vaud) et
en Italie; par conséquent, une des plus répandues de l'époque
tertiaire moyenne.
La feuilie de Saint-Jean se distiñgue du Sm. grandifolia par la
forme plus atténuée de son sommet; les nervures latérales sont
au nombre de trois au moins de chaque côté ; les extérieures
assez fortement recourbées en arc à leur base dessinent le même
contour que les lobes qui sont peu saillants et arrondis. La base
est large, faiblement échancrée en cœur; la feuille, après un
rétrécissement à peine sensible, se prolonge en une pointe obtu-
sément acuminée. Les nervures tertiaires forment un réseau
assez peu visible, dont les veines courent transversalement en
dessinant des lignes flexueuses dans l'intervalle des grandes ner-
vures. Le bord est enter et sans iraces de dentelure n1 d'aiguil-
lons; le pétiole est large à son point d'attache et les nervures
viennent s'infléchir pour se réunir sur ce point.
Parmi les espèces vivantes qui se rapprochent de celle-ci, la
plus voisine est encore le Sm. mauritanica Desf., dont les feuilles,
du moins d’après un exemplaire du Jardin des plantes de Paris (1),
ne difièrent de celle-ci que par un moindre prolongement du
sommet. Nous citerons encore le Sm. pendulina Law. de Madere,
qui ressemble au nôtre par la forme largement en cœur, acu-
minée de ses feuilles. Mentionnons encore, quoique le degré de
similitude soit déjà plus éloigné, Le $m. purpurata Labill. de |:
Nouvelle-Calédonie, et le $.oblongata Lew. des Antiiles.
(1) Kunth (voy. £nn. plant., t. V, p. 211) regarde le Smilux mauritanica du Jardin
des plantes de Paris, comme identique avec le Sn. alpini Wild, espèce de Grèce
S6 _ GASTON DE SAPORFA,
L
SMILAX ABSCONDITA. (PI. Hi, fig. 5.)
S. folis lanceolato-linearibus, acumimatis, basi leviter atte-
nuata brevissime subcordato-emarginatis, quinquenerviis, nervis
exterioribus tenuissimis marginantibus.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Empreinte isolée, mais bien complète et remarquable par son
caractère tranché. Elle se trouve sur la même pierre qu'une
branche dépouillée de Pinus palæostrobus, une feuille d’Andro-
meda et une de Grevillea. Cette association semble marquer la
place qu'occupait alors ce Smilax dans les bois tertiaires. La
feuille est lancéolée-linéaire, longue de 6 centimètres et demi,
large à peine de 7 millimètres. Elle est longuement atténuée
vers le sommet qui est acuminé et se terminait sans doute par
une pointe mucronée.
Les bords sont fortement marqués par une nervure marginale
qui pourrait bien avoir été hérissée de petites aspérités. La base
est un peu atténuée et paraît arrondie ; mais, en s’aidant d’une
loupe, on voit qu’elle est émargimée et légèrement cordiforme, à
lobes à peine saillants. Les nervures principales sont au nombre
de cinq; mais les intérieures sont bien plus prononcées que les
deux autres, qui se confondent presque avec le bord qu’elles
longent de fort près; des veines flexueuses courent dans l'inter-"
valle des nervures principales. Le Smilax elegans W., avec des
feuilles beaucoup plus larges, rappelle un peu cette espèce qui
s'éloigne sensiblement de toutes celles de nos jours.
TYPHACEX.
SPARGANIUM Tournef.
SPARGANIUM STYGIUM Heer, #7, tert. Helo.. 1; pe TUÛT, OR: AA
S. foliis Hinearibus; nervis longitudinalhbus septis transversis
conjunctis, interstitialibus 4 vel nullis.
Saint-Jean-de-Garguier, — Fénestrelle (rare),
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 87
Fragments de feuille; nous avons observé cette espèce à Aix
et à Saint-Zacharie, elle se retrouve à Armissan et dans la
mollasse suisse, et constitue une des formes les plus répandues de
la végétation tertiaire.
DICOTYLEDONEZÆ.
APETALÆ.
Les apétales, dans les couches littorales du bassin de Marseille,
présentent à peu pres les mêmes caractères que dans celles de
Saint-Zacharie. Seulement l'importance des Myricées augmente,
tandis que celle des Protéacées s'amoindrit de plus en plus. Les
Laurinées occupent une place plus considérable ; les Amentacées
demeurent stationnaires. La physionomie générale change peu.
Les formes sont toujours petites et en dehors des Myricées,
aucune n'acquiert une grande extension,
BETULACEZÆ.
BETOÜLA Tournef.
B£TULA OBLONGATA. [PI IT, fig, 6.)
B. folus breviter petiolatis, membranaceis, ovato-oblongis,
hasi apiceque attenuatis, dupliciter dentato-serratis, serraturis
acutis, penninervis; nervis secundarlis rectis parallelis, latere
uno obliquioribus, extus ramosis, infimis oppositis, tertiaris
transversim decurrentubus.
Allauch. — Saint-jeau-de-Garguier (rare),
Ce Bouleau dont les feuilles seules nous sont connues, semble
tenir le milieu entre le Betula ulmacea de Saint-Zacharie et >
Belula dryadum Brngt d’Armissan. La forme étroite et allongée,
la direction des nervures un peu plus ascendantes d’un côté que
de l’autre, etle dessin de la nervation, le rapprochent de l’espèce
de Samt-Zacharie; il en diffère par le contour atténué de la base
et la forme du pétiole qui le font ressembler aux plus petites
88 GASTON DE SAPORTA,
feuilles du Betula dryadum. H est très-analogue également au
Belula Brongniartii Ettingsh., signalé sur plusieurs points de
l'Europe tertiaire, à Vienne, à Radoboj, Parschlug, Swoszo-
wice, par M. d'Ettingshausen (1), ainsi qu'au Monod , en Suisse ,
par M. Heer (2); mais l'existence d’une seule empreinte bien
complète ne permet pas de déterminer la nature etle degré de
ces diverses affinités. Comparée aux Bouleaux actuels, notre
espèce ressemble au Betula lenta L. plus qu'à tout autre.
+ BETULA PULCHELLA, (PI. IL, fig. 7.)
B. foliis mediocribus, firmis, petiolatis, ovato-rotundatis,
dentato-crenulatis, breviter acuminatis; nervis secundariis sub
angulo semi-recto emissis, parallelis, apice ramosis ; tertiariis
transversim oblique reticulatis.
Fénestrelle (très-rare).
Feuille dont le type diffère totalement de celui de la précé-
dente ; le pétiole est grêle, assez long, le contour ovale-orbicu-
laire, terminé probablement par une pointe brusquement acu-
minée; mais cette partie a disparu. La dentelure se compose de
crénelures égales, pointues-obtuses, qui paraissent incisées au
moins dans quelques cas. La saillie de la dentelure diminue vers
la base ; aux approches immédiats du pétiole, le bord est même
tout à fait entier. La figure 7 A fait voir les détails grossis de la -
nervation qui est assez difficile à saisir.
Ce Bouleau, dont la détermination ne semble pas douteuse, se
rapproche, par la forme de sa feuille, de l'espèce que M. Unger
avait nommée à tort Betula dryadum, en la figurant dans son
Chloris protogæa (3), ainsi que dans l/conographia planta- :
rum (k). M. Andræ a relevé plus tard l'erreur de l'auteur alle-
mand relativementaux empreintes du puits de Radoboj, en impo-
(1) Ettingshausen, Flora von Wien, p. 12, t, I, fig. 18.
(2)/Heer,, FT. tert. helv. LL p. 39,.t. LXIL, feust.
(3) Unger, Chlor. prolog., tab. 34, fig. 5.
(4) Id.,'Tconog. plant., tab. 16, fig. 9.
1
2
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 3
sant à celles-ci le nom de Betula Ungeri Andr. (+). Nous croyons
que la même erreur s'applique aux feuilles de Parschlug qui
différent totalement de celles d'Armissan. Quoique l'empreinte
de Fénestrelle que nous venons de signaler se rapproche davan-
tage des premières, elle s'en écarte aussi par la forme ovale-
orbiculaire de son contour, tandis que ce contour est deltoide
dans la figure de l’auteur allemand. Nous croyons que notre
Betula pulchella constitue une espèce bien caractérisée, et très-
analogue, si on la compare aux Bouleaux actuels, au Petula
dahurica Pall., dont elle diffère à peine par la pointe plus acumi-
née qui termine ses feuilles.
CUPULIFERÆ.
CARPINUS L.
CARPINUS CUSPIDATA Sap., ZE. sur la vég. tert., X, p, 204; Ann. sc, nat.,
hésème. Bot. t XX: D. 50. DL.5. fig. 7.
Saint-Jean-de-Garguier (feuille). — Fénestrelle (involucre).
Une feuille assez intacte, et un fragment d’involucre recueillis,
il est vrai, dans deux localités différentes permettent pourtant,
à cause de la conformité des caractères, de croire à la présence
de cette espèce dans la végétation du bassin de Marseille ; elle à
été décrite précédemment d’après une série d'empreintes très-
bien conservées.
QUERCUS L.
Quencus £Læna Ung., Ch. protog., tab. 31, fig. 4: Heer, FL. tert. Helv.,
If, tab. 74, fig, 11-15; tab. 454, fig. 1-3. (PL HE, fig. 11.)
Q. foliis coriaceis, breviter petiolatis, elongatis, lanceolato -
linearibus, obiusis, basi in petiolum attenuatis, integerrimis ;
nervis secundariis angulo subrecto emissis, areolatis.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle,
Les feuilles peuvent être confondues aisément avec celles des
(4) Andræ, Foss, fl. Siebenburg. und der Bannat., p. 44, tab, 2, fig, 4-6,
90 GASTON DE S4PORTA.
Andremeda qui abondent dans les mêmes localités, et affectent à
peu près la même forme et la même apparence. Le dessin de la
nervation diffère complétement, mais il n’est pas toujours bien
visible. La figure 41 de la planche HT reproduit une empreinte de
cette espèce, toujours très-polymorphe, qui ne diffère par aucun
détail essentiel de celles de Saint-Zacharie (voy. 4° partie des
Études : Flore de Saint-Zacharie, pl. V, fig. 8). Cependant la
base paraît constamment plus atténuée, quelquefois d'une ma-
nière très-sensible. Certaines feuilles se distinguent par leur
petitesse ; elles paraissent pourtant appartenir toutes au même
type légèrement modifié.
Quercus xeRvOsA, (PI. IT, fig. 12.)
Q. foliis brevissime petiolatis, coriaceis, ovato-oblongis, inte-
gerrimis, penninervis; nervis secundariis alternis, curvatis,
ascendentibus; tertiariis numerosis, flexuosis, transversim de-
currentibus.
Saint-Jean de Garguier (rare).
La feuille est ovale-oblongue, assez petite, coriace, très-
entière et un peu ondulée sur les bords, obtusément sinuée à la
base et arrondie sur le pétiole qui est très-court, quoique
distinct. Les nervures secondaires sont alternes ou subopposées
vers la base, obliques, recourbées ascendantes, repliéesle long des
bords et reliées entre elles par un réseau de veines transversales
déliées et flexueuses, qui se résolvent en mailles trapéziformes
irès-fines.
Le facies et le grain de l'empreinte dénotent un Chène ana-
logue par la nervation et le contour extérieur aux espèces asia-
tiques à feuilles entières, comme Quercus cuneata Roxb. des
Indes, argentata Korth., lineata B1., Reinwarditii Korth. des îles
de la Sonde ; mais sous des proportions très-réduites.
Quercus arrinis. (PI. HE, fig. 10.)
Q. folis firmis, obovato-oblongis, lanceolatis, margine undu-
lato obscure dentato-sinuatis, basi in petiolum brevissimum
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 91
attenuatis; nervo primario valido, secundaris alternis, gracili-
bus, obliquis, curvatis, apice plerumque furcatis, infertoribus
obliquissimis ; venis tertiartis plurimis transversim decurren -
übus. |
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Forme voisine du Q. Gæpperti O. Web. ; cependant la feuille
recueillie en Provence est plus petite, d’une texture plus ferme,
probablement plus coriace ; les nervures secondaires inférieures
paraissent bien plus obliques, et le réseau vasculaire formé de
veines transversales »lus fines et plus rapprochées. Cependant,
ces différences qui n'ont rien d’essentiel pourraient être seule-
ment l'indice d'une variété locale. Les Quercus Hamadrya-
dum Ung. et furcinervis Heer, forment avec ceux-ci un groupe
particulier, distingué par des caractères communs, qui semble
limité à la partie inférieure des terrains miocènes.
La forme générale de notre feuille est obovale-lancéolée ; elle
se prolonge inférieurement en une base assez longuement atté-
nuée et enticre. Le bord de la partie supérieure est festonné
de dents obtuses à peine saillantes, équivalant presque à de
simples sinuosités. La forme de ces dents est irrégulière, et la
feuille devait finir par une pointe assez courte.
Les nervures secondaires faiblement marquées, par rapport à
la médiane qui est saillante, suivent inférieurementle mouvement
de la feuille ; elles deviennent alors très-obliques et longuement
développées. Alternes, parallèles, légèrement recourbées, elles
sont ordmairement fourchues vers le sommet. Chacune de leurs
branches va aboutir à une des incisures du bord; quelques-
unes, cependant, restent simples, mais c’est l'exception. Les ner-
vures tertiaires qui courent dans l'intervalle des secondaires sont
transversales, nombreuses, simples ou géniculées-bifurquées,
réunies par des veinules dirigées en sens inverse qui se résolvent
en un réseau à mailles carrées, trapéziformes ou hexagones.
Ce Chêne, dont nous regardons la détermination comme très-
naturelle, se rapproche, à notre avis, de tout un groupe meæi-
cain dont les feuilles caractérisées par la forme obovale, élargie
99 GASTON DE SAPORTA,
au sommet, sont entières ou le plus souvent garnies de dente-
lures peu profondes, et occupées par des nervures réticulées-
lugueuses sur les deux faces. Les Quercus rugosa Née, tomen-
tosa Lieb., spicata Kunth, ambiqua H.B.K., glaucescens H.B.K.,
pandurata H.B.K., crassifolia H.B.K., olcoides Schied., sont
les principaux de ce groupe. Notre espèce se distingue de
toutes celles que nous venons de citer, par sa base longuement
atténuée cunéiforme, et par la pointe qui parait avoir terminé son
sommet; mais l'aspect finement rugueux de l'empreinte dénote
une consistance analogue, et tous les détails de la nervation con-
firment ce rapprochement. C'est avec les Quercus spicala Kunth
et rugosa Née, de Santa-Rosa (Mexique), qu'elle montre le plus
d'affinité.
POLYGONEÆ,
POLYGONITES.
PoLyGoniTEs ULMACEUS. (PI. ILE, fig. 44.)
P. fructibus in alam triplicem utrinqué rotundatam infra
cordato-emarginatam late expansis; alis tenuissime reticulatis ;
nervis ad peripheriam undique radiantibus, furcato-anasto-
mosatis.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle,
On pourrait confondre ces fruits avec des samares d'Uimus
ou de Betula. Is se distinguent des premières par leur forme
particulière, des secondes par le réseau veineux très-délié, mais
bien distinct qui couvre l'expansion ailée. Il est naturel de
voir dans ces organes, dont il existe plusieurs exemplaires, des
fruits analogues à ceux des Polygonées. L'affinité est plus
grande avec ceux de l'Oxyria digyna qu'avec les fruits de Rumex
et d'Atraphaæis qui diffèrent beaucoup par le mode de réticu-
lation. Cependant, cette détermination est sujette à une grande
incertitude, puisqu'on observe également dans les Sapindacées
et plusieurs autres familles des fruits qui présentent la même
apparence extérieure (voy. la nervation grossie, fig. 4% A).
LE SUD-EST DE’LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 93
LAURINEÆ.
Les Laurinées sont un peu plus multiphiées dans la flore des
couches littorales du bassin de Marseille que dans celle de
Saint-Zacharie ; mais elles comprennent à peu près les mêmes
formes, et n’admettent pas, jusqu'à présent au moins, les espèces
nettement miocènes. Pour les voir paraître, 1l faut aborder la
végétation d’'Armissan qu'elles servent à caractériser.
LAURUS L.
LauRus PRIMIGENIA Ung., FT. von Sotzka, tab. 19, fig. 1-4.
(PI. HE, fig. 8.)
L. folis subcoriaceis, lanceolato-linearibus, acuminatis vel
obtusiusculis, penninervis ; nervis secundaris gracilibus, spar-
sis, curvabs, reticulato-ramosis ; rete venoso tenuissimo.
Laurus phœborides ? Ett., Foss. fl. von Wien, p. 17, tab. 3, fig. 3.
Saint-Jcan-de-Garguier.
C'est bien l'espèce que nous avons signalée successivement
dans les étages antérieurs. Lesexemplaires de Saint-Jean, en assez
petit nombre, sont d'une admirable conservation (voy. fig. 8 A.
la nervaton grossie). Ces feuilles sont toujours un peu plus grêles
que celles figurées par Unger dans sa flore de Sotzka, et surtout
que celles de Heer (4). Elles se rapprochent évidemment par ce
caractère du Laurus phæboides Ett. (2), et surtout de l’exem-
plaire figuré dans la flore de Vienne. Toutefois, un exemplaire
de Laurus primigenia du Monod (Suisse), que nous possédons,
paraît identique avec les nôtres, ou du moins ne s’en distingue
par aucun caractère appréciable. Nous avons probablement,
sous les yeux, un type très-polymorphe dont les dimensions et
même la forme ont pu varier selon les temps.
(PRES EltertrHelo.s Ep. 77, trib. 89, figeb46
(2) Voy. Etlingsh., Terf. FU von Hering, tab. 492, fig. 1.
Ok GASTON DE SAPORIA.
CINNAMOMUM Burm
CINNAMOMUM LANCEOLATUM Heer, F1. tert. Helv., VW, tab. 93, fig. 6-11.
C. foliis lanceolatis vel lanceolato-linearibus, acuminatis, tri-
plinervüs; nervis lateralhibus suprabasilaribus, ascendentibus,
simplhicibus, cum medio parallelis.
Saint-Jean-de-Garguier.
Les exemplaires, assez nombreux, recueillis à Saint-Jean-de-
Garguier sont exactement conformes à ceux de Suisse et d’Alle-
magne et ne difiérent pas sensiblement de ceux que nous avons
signalés dans les divers étages antérieurs à partir de celui des
_gypses d'Aix.
DAPHNOGENE Ung.
DaPHNOGENE TRANSITORIA. (PI. JTE, fig. 9.)
D. foliis lanceolatis, integerrimis, basi breviter attenuatis, tri-
plinerviis, nervis Intbatitits infimis vix suprabasilaribus, obli-
quis, cum margine non parallelis; secundariis aliis remotis,
oppositis; tertiariis parum conspicuis transversis.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Attribution incertaine à cause des nervures secondaires
opposées, caractère qui s'observe rarement dans les feuilles de
Laurinées.
DAPHNOGENE BASINERVIA. (PI. HF, Üg. 5.)
D. foliis ovato-ellipticis, breviter petiolatis, integerrimis,
triplinerviis ; nervis lateralibus infimis vix suprabasilaribus,
curvato-ascendentibus ; secundariis altis sparsis; terüarns plu-
rimis transversin decurrentibus.
Saint-Jean-de-Garguicr (très-rare).
Feuilie analogue à celles d’un grand nombre de Laurinées
à trois nervures. Le peu d'étendue des nervures latérales infé-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 90
rieures terminées bien avant le sommet empêche d'y recon-
naître un Cinnamomum. Les genres Daphnidium et Litsæa
rénferment des formes analogues, mais où les nervures laté-
rales sont presque toujours nettement suprabasilaires.
SANTALACEÆ.
LEPTOMERTA R. Br.
LEPTOMERIA DiSrANS Ett., loss. fl. von Hæring., p. 48, tab. 42, fig. 19.
(PI. IV, fig. 8.)
Saint-Jean-de-Garguier (çà et là).
Ramules aphylles? pareils à ceux que nous avons signalés dans
la flore de Saint-Zacharie (4), et conformes aux figures données
par M. d'Ettingshausen dans sa flore d'Hærmg.
PROTEACEÆ.
Les Protéacées des couches littorales du bassin de Marseille
s écartent peu, dans leurs principaux traits, de celles de Saint-Za-
charie ; elles comprennent en partie les mêmes espèces, et l’élé-
ment végétal qu'elles représentent conserve une importance
assez considérable. Ce groupe est cependant parvenu au moment
de son déclin, et l’étage actuel fixe la date de cette décadence
qui se précipite dans l’âge suivant de manière à devenir prompte-
ment complète. Nous nous sommes efforcé, dans les flores anté-
rieures, non-seulement de signaler toutes les Protéacées que
nous avons cru reconnaître comme telles, mais de mieux fixer
le caractère des espèces de ce groupe qu'on ne lavait fait
Jusqu'ici, et d'en éloigner les formes suspectes, ou du moins de
ne les admettre que sous toutes réserves. Cette méthode était
facile à suivre en présence d’un certain nombre de types appar-
tenant tres-légitimement au groupe des Protéacées, comme les
Lomaliles, certains Grevillea, plusieurs Banksites et Knightites ;
(4) Voyez précédemment, Études sur la végét. tert.yt. 1; p: 212; Ann, sc; nat.,
d® série, Bor., t. IX, p. 58,
96 GASTON DE SAPORTA.
mais le problème se complique à mesure que nous touchons au
temps où les Protéacées vont être rapidement élimimées pour
disparaître ensuite ; les formes douteuses semblent se multiphet ;
et dès-lors, pour éviter de fâcheuses erreurs, 1l devient néces-
saire d'examiner soigneusement les titres des derniers survivants
de ce groupe remarquable. Or, il existe sur les limites encore
indécises qui séparent les Protéacées de quelques familles voi-
sines, et surtout des Myricées, un assez grand nombre de formes
fossiles, à la fois saillantes et variées, que l’on voit reparaitre
uniformément dans tous les dépôts du même âge, et qui ont
été, suivant le penchant des divers auteurs, transportées suc-
cessivement des Cupulifères dans les Myricées, et de celles-ci
dans les Protéacées. Nous désignons ainsi des végétaux décrits
tour à tour sous le nom de Quercus, de Myrica, de Dryan-
droides, de Comptonia et de Dryandra par MM. Unger, d’Et-
tingshausen et Heer. M. A. Brongniart, dans une note lue à
l’Académie des sciences (1), a reconnu avec sa sagacité habi-
tuelle les difficultés mhérentes à la détermination de ces espèces,
en disant : « Ces hésitations et ces opinions diverses de savants
aussi distingués montrent combien il est difficile de fixer la limite
des genres et des familles sur les caractères seuls fournis par les
feuilles, à moins qu'ils n'aient quelque chose d’exceptionnel. On
peut dire, cependant, comme explication de ces doutes, que la
plupart des échantillons figurés, par MM. Unger et Heer, n'of-
fraient que des traces très-imparfaites de leur nervation, et que
la famille des Protéacées est tellement variée dans la forme et la
structure de ses feuilles, qu’on peut être porté à y classer bien
des formes diverses de feuilles fossiles.
» Cette distinction entre les Protéacées et les Myrica n’est pas
cependant sans importance au point de vue des affinités des
flores de l’ancien monde avec celles du monde actuel; les genres
de Protéacées auxquels on compare les espèces qui nous occu-
pent étant actuellement limités à la Nouvelle-Hollande, et les
(4) A. Brongniart, Note sur une collection de plantes fossiles recueillies en Grèce
par M, Gaudry (Comptes rendus de l’Académie des sciences, t, LIT, séance du
17 juin 1861).
= PS EN
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 97
Myrica, au contraire, étant des plantes cosmopolites qui ont des
représentants dans les deux hémisphères, aussi bien dans l'an-
cien que dans le nouveau continent. »
Le savant académicien conclut après un nouvel examen des
espèces rapportées de Koumi, que l'étude de leur nervation les
range plutôt parmi les Myricées que parmi les Protéacées, et que
même dans quelques cas on y reconnaît de petits tubercules sail-
lants qui rappellent les glandes aromatiques des Myrica. La plu-
part des espèces auxquelles M. Brongniart fait allusion se mon-
trent dans les étages d’Armissan et de Manosque, en exemplaires
magnifiques ; et plusieurs y sont accompagnées de fructifications
dont l'examen nous servira plus tard à résoudre la question de
leur attribution définitive, en reconnaissant en elles de vrais
Myrica. Nous avons eu soin de réserver notre opinion à ce
sujet, en signalant les premiers Dryandroides dans la flore de
Saint-Zacharie (1). Leur absence des couches littorales du bassin
de Marseille nous aurait dispensé de toucher à cette question
par avance, s'il ne se présentait dans ces mêmes couches une
espèce tout à fait caractéristique, analogue aux Dryandroides,
non-seulement par la position qu'on lui a généralement assi-
gnée dans la série des familles, mais aussi par les diverses
attributions auxquelles elle a donné lieu. Il s’agit du Comptonia
dryandræfolia, signalé sous ce nom, en premier lieu, par
M. Brongniart (2), qui faisait ressortir plus tard son affinité pos-
sible avec les Protéacées des genres Banksia et Dryandra (3).
De là, à l’attribuer à ce dernier groupe, il n’y avait qu'un pas, et
depuis, en effet, MM. d’Ettingshausen et Heer, l’un en Autriche,
l'autre en Suisse, ont regardé cette espèce, si répandue dans
| toute l'Europe tertiaire à l'époque moyenne inférieure, comme
étant un véritable Dryandra, qu'ils ont désigné, le premier sous
| le nom de Dryandra Brongniartii, le second sous celui de
: Dr. Schrankii.
(4) Voy. Études sur la végét. tert.,t. 1, p. 224 ; Ann, des sc. nat., L® série, Bor.,
| 6: EX, p.70.
(2) Brougniart, Prodr., p. 143, 214; Ann. des sc. nat., t. AV,4p, 49, pl, 3, fig. 7.
(3) Id., Tabl. des Genres de Végét. foss., p. 77.
5° série. Bot. T. LIL, (Cahier n° 2.) à 7
98 GASTON DE SAPORTEA.
La double affinité de cette forme curieuse avec les Dryandra
d’une part, et de l'autre avec l'unique Comptonia de l'époque
actuelle, est en effet si frappante, que la question aurait pu flot-
ter incessamment au gré des divers auteurs, si la découverte
récente d'un grand nombre de fructifications, dans le dépôt d’Ar-
missan, n’était venu démontrer que le prétendu Dryandra était
bien réellement un Comptonia congénère du €. asplenufoha, bien
qu’il en diffère à plusieurs égards. Les prévisions de M. À. Bron-
gniart se trouvent ainsi justifiées, et l'attribution définitive des
Dryandroides et du Comptonia dryandræfolia au groupe des
Myricées, réduit singulièrement le nombre des Protéacées ter-
tiaires, en leur enlevant toute une série d'espèces que l’on s'ac-
cordait généralement à réunir àelles. Nous donneronsles preuves
de cette solution en abordant la végétation d’Arnussan ; la pré-
sence du Comptonia dryandræfolia, dans les couches de Marseille,
nous oblige seulement à l’effleurer, et à faire ressortir le rôle
singulier de deux familles rivales, pour ainsi dire, quoique bien
inégalement développées, toutes deux tres-anciennes et remar-
quables par le parallélisme de formes qui fait que les Compto-
nia reproduisent trait pour trait le genre Dryandra. Ce parallé-
lisme serait-il l'indice d’un point de départ commun ou du moins
- d'anciennes affinités voilées plus tard par des divergences crois-
santes dans les organes reproducteurs diversement modifiés? On
serait tenté de le croire, lorsqu'on voit, suivant l'opinion de
M. Debey, les Myricées se montrer déjà aupres des Protéacées,
dans la flore d’Aix-la-Chapelle, et occuper à côté de celle-ci
une position toute subordonnée. Cette position respective des
deux groupes se serait maintenue jusqu à l'époque des gypses
d'Aix, c'est-à-dire jusqu'au moment ou les Protéacées commen-
cèrent à décliner par l'élimination successive des types qu'elles
comprenaient à l'origine, et dont la plupart avaient persisté sans
altération à travers plusieurs périodes successives. Les mêmes
causes qui amenérent la décadence des Protéacées paraissent
avoir favorisé le développement des Myricées; du moins, l'im-
portance du second groupe s'accroît à mesure que le rôle du
premier s'amoindrit; et celui-là tend à occuper la place que
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 99
celui-e1 laisse vide, non-seulement en se substituant à lui comme
élément actif de végétation, mais en présentant des formes simi-
laires qui produisent le même effet, et se distinguent même diffi-
cilement de celles du groupe opposé.
Pour faire mieux ressortir la physionomie et la nature de ce
genre de parallélisme, nous placerons les Myricées à la suite des
Protéacées, laissant à chaque famille les types qui paraïssent lui
appartenir en propre, et plaçant dans une position intermédiaire
ceux dont le caractère nous semblera indécis, lorsque nous er
remarquerons de pareils.
1. OBLIQUINERVIÆ.
Lé
PALÆODENDRON Sap., £4. sur la vég. tert., E, p. 96; Ann. sc. nat.,
h° série, Bor., t. XVIE p. 249.
Ce genre, si important dans la végétation de Saint-Zacharie,
ne présente plus que des empreintes rares et isolées, qui ne
différent pourtant des précédentes par aucun caractère appré-
clable.
PALÆODENDRON SALICINUM Sap., Et. sur la vég. tert., À, p. 214; Ann. s
nat., L° série, BorT., t. XIX,.p. 60, pl 1. fig. 1.
Saint-Jean-de-Garguier (assez rare).
Les feuilles paraissent un peu moins grandes et moins prolon-
gées au sommet que celles de Sant--Zacharie ; leur forme est
pareille, ainsi que le dessin de leur nervation. Elles sont peu
répandues et ordinairement assez mal conservées.
PALÆODENDRON LANCEOLATUM Sap., LE. sur la vég. tert., À, p. 214; Ann.
se. nat., L° série, BorT., t. XIX, p. 60, pl. 7, fig. 2.
Fénestrelle, près d’Aubagne (rare).
Une seule feuille qui paraît réunir les caractères distinctifs de
l’espèce de Saint-Zacharie.
GREVILLEA R. Br.
GREVILLEA MUCRONATA (pl. V, fig. 3).
G. folus sessilibus, coriaceis, ellhiptico-lanceolatis, integerri-
100 GASTON DE SAPORTA.
mis, mucronulatis ; nervo primario stricto, cæteris parum obli-
quis, secus marginem arcualis.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Espèce trés-voisine par tous ses caractères du G. myrtifolia
des gypses d'Aix ; mais ici la feuille est plus grande, plus ovale,
moins atténuée et un peu inégale inférieurement. Elle reproduit
le type des G. punicea et buifolia R. Br.
GREVILLEA INERMIS (pl. IV, fig. 9).
G. folus brevissime petiolatis, coriaceis, elhiptico-linearibus,
apice obtusatis, subtus margine leviter revolutis, nervis secun-
darts tenuibus, oblique ramoso-reticulatis.
Gypse de Camoins-les-Bains (rare).
Feuille hnéaire-elliptique, très-courtement pétiolée, atténuée
inférieurement, obtuse et arrondie au sommet, où la nervure
médiane vient se terminer en un point calleux, non mucroné. Le
bord est légèrement replié inférieurement et les nervures secon-
daires obliquement réticulées. Cette espèce dont l'attribution
semble très-naturelle ressemble au Grevillea punicea R. Br., et
se rapproche parmi les fossiles du G. coriacea des gypses d'Aix,
dont la feuille est cependant bien moins linéaire et moins obtu-
sément terminée.
GREVILLEA RIGIDA (pl. V, fig. 2).
G. folis sessilibus, parvulis, coriaceis, punctatis, obtusis,
marginibus subtus revolutis, nervis secundariüs oblique reti-
culatis.
Gypse de Camoins-les-Bains (rare).
Feuille analogue à celles du G. buxifolia R. Br. et de plusieurs
autres espèces. Les bords sont fortement convolutés inférieu-
rement, la texture est coriace, et la surface ponctuée.
GREVILLEA ELÆOPHYLLA (pl. V, fig. 1).
G. foliis coriaceis, oblongis, basi apiceque obtuse attenuatis,
ne, je n
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 101
integerrimis ; nervo primario stricto; secundariis parum con-
spicuis, oblique decurrentibus.
Allauch'(très-rare).
Feuille très-analogue à celles des Grevillea de la section Olei-
fohæ Meisn., par la forme comme par la direction des nervures
secondaires.
LOMATITES Sap., É4. sur La vég. tert., 1, p.99 ; Ann. sc. nat., L° série,
Bor., t. XVII, p. 252.
L'existence de ce genre se prolongea beaucoup, puisque la
flore de Manosque nous montrera des Lomatites pareils à ceux
des gypses d'Aix ; l'espèce suivante s’en écarte davantage; elle
paraît cependant faire partie du même groupe.
LOMATITES ABBREVIATUS (pl. IV, fig. 10).
G. foliis brevissime petiolatis, coriaceis, lanceolato-linearibus,
basi obtuse attenuatis, versus apicem parce tenuissimeque den-
ticulatis ; nervis secundaris oblique reticulatis.
Gypse de Camoins-les-Bains.
Espèce bien distincte par la petite dimension de ses feuilles
lancéolées, linéaires, terminées par une pointe obtuse, faible-
ment et obscurément sinuées dentées le long des bords. Elle se
rapproche de la variété brevior du Lomatites aquensis ; mais
elle est beaucoup plus petite et à peine dentée. On pourrait aussi
la comparer à certains exemplaires du Grevillea Hærin-
giana Ett., dont les feuilles sont cependant plus grandes et tou-
Jours entières, et surtout au Grevillea Jaccardi Heer, qui est
quelquefois denté, mais dont la forme est plus étroite et plus
allongée. Parmi les Lomatia actuels nous ne connaissons que cer-
taines formes du L. polymorpha, dont les feuilles ressemblent un
peu à celles-ci.
102 GASTON DE SAPORTA.
HAKEAIY Schrad
æ. Folia,
Hakea piscerPra (pl. V, fig. 4).
H. foliis sessilibus, attenuatis, subquinquenerviis ; nervo
medio magis prominulo.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Fragment d’une feuille très-analogue à l’Æakea pluriner-
via Ett. (1), mais trop mutilée pour donner lieu à une véritable
attribution. Elle est plus atténuée vers la base, seule partie qui
soit conservée, que l'espèce d'Hæring. M. d’Ettingshausen com-
pare celle-ci aux Hakea laurina et cucullata R. Br. |
HAKEA OBSCURATA (pl. V, fig. 5).
H. folus breviter petiolatis, coriaceis, lanceolato-linearibus,
integriusculis, marginatis, apice obtuso callosis; nervo primario
stricto, secundaris sparsis, tenuissimis, oblique reticulatis.
Gypse de Camoins-les-Bains (rare).
Feuille petite et peu apparente, mais dont la forme, la con-
sistance et la nervation (Voy. fig. 5 À, la nervation grossie) sem-
blent dénoter un Zlakea analogue aux Hakea marginata R. Br.,
stenocarpa R. Br., oleifolia R. Br., et à plusieurs autres espèces.
B. Fructus.
HakEA? AupaiBOLA (pl. IV, fig. 5).
H.? fructu valide peduneulato, subrotundato, folliculari, ven-
tricoso, convexiusculo, corlaceo, extus leviter rugoso, apice
breviter rostrato recurvo.
Gypse de Camoins-les-Bains (très-rure).
Nous trouvons une ressemblance véritable entre les fruits des
Hakea et une empreinte curieuse fidèlement reproduite par la
figure 5 A (la fig. 5 B représente le même organe restauré). Elle
nous montre un organe de nature probablement coriace, forte-
(1) Ettingshausen, Foss. For, von Heæring, tab, 15, fig. 4, 2.
NT h
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 103
ment comprimé, mais n'ayant pas laissé dans le sédiment un
creux en forme de moule qui permette de le recomposer. La
forme de cet organe est arrondie; il est surmonté, à ce qu'il
semble, d’une pointe un peu récurve; la surface est iné-
gale, et marquée de rugosités bien distinctes et fines. On ne peut
saisir aucun autre détail appréciable; mais la présence de la
feuille décrite plus haut, sur le prolongement de la même plaque,
pourrait faire soupconner que noùs avons sous les yeux l’em-
preinte assez mal conservée d’un fruit de Hakea, assez semblable
à ceux de l'A. gibbosa R. Br.
2. RECTINERVIÆ.
Les Protéacéesappartenantà cette seconde section sont trop peu
nombreuses, et représentées par des fragments trop informes,
pour donner lieu à des rapprochements réguliers. Nous avons,
en premier lieu (1), signalé plusieurs Banksites; mais le prin-
cipal que nous avions nommé Bandksia neglecta, doit être reporté
avec sûreté parmi les Andromeda, malgré son analogie apparente
avec le B. integrifolia; une autre espèce, Banksites fagineus
(Banksia faginea Ex. anal.), consiste en un simple fragment de
feuille qui rappelle le Banksia coccinea R. Br. par sa forme et la
direction des nervures secondaires. Il ne reste, après ces retran-
chements, parmi les Protéacées à nervures secondaires obtusé-
ment émuses, que le seul genre Myricophyllum qui nous paraît
d’une attribution douteuse, quant à la famille. Nous le laissons
dans la position intermédiaire entre les Protéacées et les Myri-
cées, que ses caractères semblent devoir lui assigner.
Genus inter Proteaceas Myriceasque anceps.
MYRICOPHYLLUM Sap., ££. sur la vég. tert., 1, p. 102 et 219: Ann.
se. nal., k° série, Bor., t, XVIT, p. 255, t. XIX, p. 65.
MYRICOPHYLLUM ZACHARIENSE Sap., Et. sur la vég. tert., [, p. 220; Ann.
se. nat., L° série, Bor., t. XIX, p. 66, pl. 8, fig. 2.
Saint-Jean-de-Garguier (assez rare).
Cette espèce si répandue à Saint-Zacharie, devient assez rare
(4) Saporta, Examen anal. des Fl. tert. du midi de la France, p. M.
10/4 GASTON DE SAPORTA,
dans le bassin de Marseille où elle ne se montre que dans le seul
dépôt de Saint-Jean.
Les feuilles sont étroites, peut-être un peu plus petites que
celles de Saint-Zacharie, munies sur les bords de dents très-fines,
spinuleuses. Un exemplaire dont la nervation est admirablement
conservée accuse une grande affinité dans le dessin du réseau
veineux avec le Myrica æthiopica L.
MYRICOPHYLLUM OBTUSATUM Sap., É'f. sur la vég. tert., 1, p. 220; Ann. sc.
nat., L° série, Bor., t. XIX, p. 66.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Cette forme, déjà signalée à Saint-Zacharie, reparaît à
Saint-Jean-de-Garguier ; elle est reconnaissable par la termi-
naison obtuse presque tronquée du sommet, une texture plus
coriace et des dents moins fines. Elle ne présente ici que des
empreintes incomplètes et en très-pelit nombre.
MYRICEÆ.
MYRICA L.
a. COMPTONIA Banks.
MYRICA (COMPTONIA) DRYANDRÆFOLIA Brngt, Ann. sc. nat., t. IV, p. 49,
PI. 9, 06. 7 (DL Ÿ, ue, 8).
C. folis coriaceis, breviter petiolatis, elongato-linearibus,
pinnatipartitis; lobis subfalcatis, contiguis, breviter acuminatis
vel obtusiusculis, plerumque binerviis.
Aspleniopteris Schranki Sternb., Vers. [, p. 22, tab. 21, fig. 2; Dryan-
dra Brongniartii Ettingsh., Proteac. der Vorwelt., p. 26, tab. 3,
fig. 1-8; loss. fl. von Hæring., p. 55, tab. 19, fig. 1-26 ; FT. des Monte-
Promina, p.18, tab. 14, fig. 5-6; Dryandra Schrankit Heer., F1. tert.
Helv., NX, p. 96, tab. 98, fig. 20 et tab. 153, fig. 15-16.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle, près d'Aubagne. — Allauch.
L'espèce est bien identique avec celle qu’on retrouve en Suisse,
en Autriche et à Clermont en Auvergne. Elle s'éloigne du Comp-
tonia aspleniifolia par la forme des lobes, plus étroits, plus rap-
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 105
prochés, ordinairement contigus, légèrement falciformes, divisés
jusqu'à lanervure médiane, et par une texture évidemment roide
et coriace. Tous ces caractères la rapprochent du Dryandra for-
mosa R. Br., auquel MM. d'Ettingshausen et Heer l'avaient assi-
milé génériquement. Cependant la nervation (voy. fig. 8B' et
8 C' la nervation grossie) difficile à observer, il est vrai, dans la
plupart des exemplaires, ainsi que la forme du pétiole, dénotent
bien plutôt un Comptonia qu'une Protéacée; nous verrons plus
loin que la découverte des organes de la fructification, dans les
couches d’Armissan, est venue démontrer la justesse de l’affinité
proposée, en premier lieu, par M. Brongniart, en faisant voir
dans cette plante un Comptonia assez peu éloigné de l'espèce
moderne.
Myrica (COMPTONIA) oBTusiLoBA Heer, F1. tert. Helv., Il, p. 35, tab. 70,
fig. 10 (pl. V, fig. 7).
C. foliis firmis, lanceolato-linearibus, latiusculis, inciso-pin-
natifidis ; lobis obtusissimis, subrotundatis; nervo-primario sat
valido, cæteris fære mconspicuis.
* Allauch {très-rare).
Quoique la connaissance de notre espèce, comme de celle de
M. Heer, repose sur un exemplaire unique ; elle nous semble
présenter des caractères trop analogues à ceux qui distinguent la
feuille de Hohe-Rhonen pour devoir en être séparée. M. Rudolph
Ludwig, dans la description qu'il a donnée des plantes tertiaires
anciennes du bassin Rhénan (1), a figuré, sous le nom de Comp-
lonia incisa, une espèce qui se rapproche de celle-ci, mais dont
les lobes très-analogues de forme sont plus profondément inci-
sés. La nôtre s'éloigne beaucoup par sa disposition simplement
pinnatifide du Comptonia asplentfolia; mais on ne saurait rai-
sonnablement la rapporter à un autre groupe.
(1) Fossile Pflanzen aus der ältesten Abtheilung der Rheinisch-Wetterauer Tertiär-
| formation. — Palæontogr., VI, p. 96, tab. 30, fig. 7-19.
106 | GASTON DE SAPORTA.
b, MYRICA ;.L.
MyriCA ELONGATA Sap., Æt. sur la vég. tert., 1, p. 200: Ann. sc. nat.,
L° série, Bor., t. XIX, p. 46, pl. 5, fig. 2.
M. folis petiolatis, oblongo-lanceolatis, acuminatis, rigidius-
culs, punctulatis, acute dentatis, interdum subineisis ; nervis
secundariis plurimis, oblique furcato-ramosis.
Saint-Jean-de-Garguier.
Cette espèce de Samt-Zacharie reparait à Saint-Jean avec des
caractères qui ne permettent pas de la méconnaitre. Sur la partie
de l'empreinte qui correspond à la page inférieure, on aperçoit
à l’aide de la loupe des traces de ponctuations, petites, faible-
ment marquées, peu nombreuses. La forme, la nervation, le
mode d’incisure, distinguent bien cette feuille de celles des
espèces voisines. Elle ressemble au M. serrata Lam.
MYrICA SUBINTEGRA.
M. folus brevissime petiolatis, coriaceis, oblongo-lanceolatis,
infra attenuatis, tenuissime dentato-spinosis ; nervis secundariis
plurimis, subobliquis, rigidis ; rete venoso tenui interposito.
Gypse de Camoins-les-Bains (rare).
Feuille isolée, mais bien intacte, qui reproduit, avec quelques
variations dans la forme, le type du Myrica arguta de la flore
d'Aix, et par conséquent du 47. œthiopica L., si on la compare
aux espèces actuelles.
MYRICA BANKSIÆFORMIS (pl. V, fig. 9).
M. foliis petiolatis, coriaceis, rigidis, lanceolato-linearibus,
utrinque attenuatis, denticulatis; nervis secundartis plurimis,
angulo subrecto enussis.
Allauch (rare).
Feuille qui marque l'existence d’un Myrica de texture coriace,
analogue au M. œthiopica et aux feuilles les plus étroites du
M. serrata Lam.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 107
MyRICA ZACHARIENSIS Var. MINUTA Sap., LE. sur da vég. tert., J, p. 201;
Ann. sc. nat, h° série, Bor., t. XIX, p. 47 (pl. V, fig. 10).
M. foliis typo normali minoribus, ellipticis, lanceolatis, in
petiolum strictum breviter attenuatis, denticulatis, dentibus
parum prominulis; pagina inferiore punctulata.
Myrica gracilis Sap., Ex. anal., p. 41.
Saint-Jean-de-Garguier.
Les feuilles sont généralement plus petites, plus grêles, dentées
plus obtusément que la majorité de celles de Samt-Zacharie.
Toutefois, il existe dans ce dernier dépôt plusieurs empremtes
tout à fait pareilles à celles de Saint-Jean, et d'autres qui servent
de transition avec les formes plus grandes. Nous avons désigné
ces feuilles sous le nom de var. y minuta. C’est à cette même
variété quenousrapportons les empreintes recueillies àSaint-Jean-
de-Garguier. On peut juger de la valeur de ces différences en
comparant nos figures 10 A, 10B, 10€ à celles de la planche V
de la flore de Samnt-Zacharie. Les ponctuations résineuses qui
caractérisent les Myrica se trouvent bien visibles à la surface de
plusieurs exemplaires (fig. 10 A"). Cette forme locale s'éloigne du
M. californica, que nous avons regardé comme le type de la
feuille ordinaire pour se rapprocher d’une espèce du Népaul,
le M. esculenta Don, à laquelle elle ressemble, sous des propor-
tions réduites, par son contour elliptique et son mode de dente-
lures ; elle en diffère par des nervures en général plus obliques,
bien qu'elles le soient moins que dans l'espèce normale.
Myrica saciciNA Ung., /conog., p. 32, tab, 16, tig. 7; Heer, FL tert.
Helv., MW, p. 36, tab. 70, fig. 18-20, tab. 71, fig. 1-4 (pl. V, fig. 6).
M. folis petiolatis, coriaceis, integerrimis, lanceolatis, utrin-
que attenuatis, margme subtus leviter revolutis, subtiliter punc-
tulatis; nervis secundarus tenuibus, sub angulo 45 gr. emissis,
seeus marginem curvats ; tertiartis subtlissimis, oblique reticu-
lato-venosis. l
Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).
108 GASTON DE SAPORTA,
Feuille d’uneadmirable conservation. Ellenediffère que parune
forme plus étroitement lancéolée des figures données par M. Heer:;
mais elle présente le même caractère, et son attribution au
groupe des Myricées ne nous paraît pas douteuse. Seulement,
tandis que les détails de la nervation ne sont pas visibles dans les
exemplaires de Radobo]j et des environs de Lausanne, on peut
ici les étudier dans les plus petits linéaments. Les nervures secon-
daires très-fines, à peine distinctes des autres à la vue simple,
sont un peu ohliques, recourbées le long des bords, et forment
par leur réunion d'étroites bandes dans lesquelles serpentent
obliquement des veinules sinueuses, dont l’ensemble donne lieu
à un réseau d’une extrême ténuité, que la figure 6 A, qui le
représente grossi, ne rend que très-imparfaitement.
L'analogie de ce réseau avec celui des Dryandroides lævi-
gata Heeret lignitum Heer est très-remarquable; elle confirme
l'attribution de ces plantes au groupe des Myricées. Parmi les
espèces modernes de Myrica, l'affinité la plus grande nous
paraît exister avec le M. laureola, espèce nouvelle de la Loui-
siane, soit pour la forme du contour général, soit pour la consi-
stance du tissu foliacé, soit pour la finesse des ponctuations rési-
neuses. On peut citer encore le M. Burmanni Mey., du Cap, à
cause de l’analogie du réseau vemeux.
GAMOPETALÆ.
Des dix classes et des quarante-cinq familles qui composent
cette division des Dicotylédones, dans la méthode d’Endlicher,
deux classes et trois familles seulement se trouvent représentées
à l’état fossile, dans la flore des couches littorales du bassin de
Marseille, comme dans la plupart de celles qui se rapportent à la
même période. Il est singulier que ce soient justement les deux
dernières classes de la division, c’est-à-dire celles dont le carac-
tère gamopétale est moins prononcé, dont on constate l’exis-
tence, existence presque assurée, puisque, sur les six familles
que comprennent les deux classes des Petalanthæ et des Bi-
cornes, trois au moins, c’est-à-dire les Myrsinées, les Ébénacées
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 109
etles Éricacées, se distinguent par le nombre et la fréquence de
leurs espèces. Il ne faudrait pas conclure de ce fait que l'absence
des autres classes était alors complète. Les gypses d’Aix nous ont
fait connaître quelques Composées et une Solanée ou Borragmée.
Les Apocynéés se montrent assez souvent, et d'autres familles
comme les Bignoniacées ont été parfois signalées; 1l est plus
naturel de croire que l'existence de la plupart des familles Gamo-
pétales reposait alors sur un trop petit nombre de genres, d'es-
pèces et d'individus pour avoir laissé des traces de leur passage,
sauf dans des cas tout à fait exceptionnels. Il faut observer
encore que les familles Gamopétales dont nous observons des
vestiges certains et fréquents ne comprennent dans l'ordre actuel
que des végétaux ligneux, frutescents ou sous-frutescents, et que
les plantes herbacées s'en trouvent à peu près exclues, tandis
que ces mêmes plantes herbacées abondent dans les groupes
dont on remarque l'absence. Ne pourrait-on pas en tirer cette
conséquence que les essences herbacées ne formaient encore
qu un des moindres éléments de la végétation ? Cette conclusion
serait conforme avec la nature des Mammifères de l’époque, qui
ne comprennent presque que des Pachydermes vivant d’écorces,
de feuilles, de rameaux, de racines et de rhizomes succulents.
et non pas de véritables Herbivores comme les Ruminants, dont
l'arrivée et surtout la multiplication ne date que d’une période
postérieure, c'est-à-dire de la seconde moitié de la mollasse
suisse.
MYRSINEÆ..
MYRSINE L.
MYRSINE ceLasrroipes Ettingsh., Æoss. fl. von Hcæring., p. 60, tab. 21,
fig. 3; Heer, #7. tert, Helv., NI, p. 16, tab. 103, fig. 14 (pl V,
fig. 41). |
M. foliis coriaceis, subsessilibus, punctatis, obovato-cuneatis
vel ovato-lanceolatis, denticulatis ; nervulis ramoso-reticulatis.
Fénestrelle, près d'Aubagne. —. Allauch,
Ce sont des feuilles intermédiaires par la forme entre les
110 GASTON DE SAPORTA.
Myrsine africana L. et retusa Vent. (1); elles varient beaucoup,
tantôt obovées, cunéiformes, tantôt elliptiques-lancéolées par le
mode de dentelures ; elles sont plus voisines du Âf. africana L.
que de la seconde espèce. Des empreintes pareilles ontété signa-
lées à Hæring et au Monod en Suisse, Celles de cette dernière
localité que nous avons sous les yeux ne différent des nôtres par
aucun caractere. Il ne peut exister de doute sérieux touchant
l’attribution de ces empreintes au genre Myrsine, dont elles
reproduisent tous les caracteres (2).
MyrsiNe suBiNcIsA (pl. IV, fig. 13, et V, fig. 12).
M. folis coriaceis, breviter petiolatis, oblongis, basi attenua-
tis, apice obtusato tri vel paucidentatis, dentibus terminalibus
acute InCisis. |
Gypse de Caroins-les-Bains.
Cette seconde espèce diffère de la précédente par une forme
elliptique beaucoup plus allongée, atténuée inférieurement; le
sommet est obtus et distinctement incisé denté ; le restant des
bords est entier, ou parfois (fig. 12 A et A’) faiblement denti-
culé. Ce mode de dentelure retrace d’une manière frappante
celui qui distingue les feuilles du Myrsine retusa Vent. (pl. V,
fig. 11 « eta'), auxquelles les nôtres semblent avoir servi de
modèle en ce point, tandis que par la forme: de leur contour
elles ressemblent davantage au M. bifaria Wall. de l'Himalaya.
L'attribution que nous venons de faire de cette espèce au groupe
du Myrsine nous paraît parfaitement légitime.
MYRSINE CUNEATA.
M. folus firmis, obovato-cuneatis, apice obtusatis, subtrunca-
üs, denticulatis, dentibusacutis; nervis secundarüs obliquis, re-
ticulato-ramosis, cæteris tenuissime venulosis.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
(4) Voyez une feuille de cette espèce reproduite fig. 11 &, de grandeur naturelle et
grossie en w, pour servir de comparaison soit avec le Myrsine celastroides, soit avec
l'espèce suivante:
(2) Comparez la nervation grossie de l'espèce fossile fig. 11 A? avec celle de l'espèce
actuelle 44 &’.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE, 111
Feuille plus grande que les précédentes, d’une affinité plus
douteuse, quoiqu’elle présente les caractères de forme et de
nervation qui distinguent plusieurs Myrsine. Elle est très-voisine
du Myrsine Ruminiana Gaud. (4).
EBENACEÆ.
DIOSPYROS L. |
Diospyros varianS (pl. IV, fig. 44, et VI, fig. Li).
D. folis subcoriaceis, breviter petiolatis, petiolo transversim
rugoso, lanceolatis, ellipticis, oblongo-lanceolatis vel _ovato-
lanceolatis, basi parum inæqualibus, apice plus minusve atte-
nuatis; nervo primario valide expresso ; nervis secundariis tenui-
bus, reticulato-ramosis : tertiariis in rete flexuosum subtiliter
venulosum abeuntibus.
Saint-Jean ,de-Garguier. — Fénestrelle. — Allauch.
Une nombreuse série d'empreintes recueillies dans plusieurs
localités contemporaines du bassin marseillais, en nous faisant
connaître à fond cette espèce, nous met à même de juger com-
bien elle était polymorphe. Les feuilles varient tellement qu'elles
affectent les formes les plus diverses, tantôt lancéolées-elliptiques
(pl. IV, fig. 14) où même lancéolées-linéaires (pl. VI, fig. 4 B),
tantôt largement ovales (pl. VE, fig. 4 A), arrondies ou atténuées
vers la base, obtuses ou rétrécies et presque acuminées au
sommet. Elles diffèrent à peine de l'espèce de Saint-Zacharie,
que nous avons réume au D. Hæringiana Ett., par des veines
autrement dessinées, plus finement et plus capricieusement réti-
culées (voyez la nervation grossie, pl. IV, fig. 14 A. et pl. V,AB,
par une plus forte saillie de la côte médiane, et par un contour
plus ovale et plus elliptique. Toutefois ces différences sont si
faibles, que nous sommes loin d'affirmer la séparation des deux
espèces, dont nous avouons au contraire l’extrôme ressemblance.
La distance qui sépare notre D. varians du D. brachysepala
(4) Heer, Fl tert, Helv., { Ji, tab. 103, fig, 13,
119 GASTON DE SAPORTA,
À. Braun, dont la variété lancifolia présente avec lui une véri-
table analogie, est plus facile à saisir. La consistance des feuilles
recueillies en Provence est plus ferme; leur pétiole, beaucoup
plus court, est marqué de fines rugosités, qu'on ne remarque
pas dans celles de Suisse ; en outre, la disposition du réseau vel-
neux est sensiblement différente. M. Heer rattache son espèce
au type du Diospyros Lotus L. La nôtre, par son pétiole court et
rugueux, Sa Consistance coriace et glabre, et la finesse de sa
nervation, se rapproche davantage des espèces indiennes, par-
ticulièrement du D. lanceolata Roxb., et encore mieux d’une
espèce de Ceylan envoyée par M. Thwaites, et que nous avons
observée dans l’herbier du Muséum de Paris.
ERICACEZÆ.
ANDROMEDA L.
La réalité de l'existence des Andromeda, à l'époque tertiaire
moyenne, nous paraît de plus en plus démontrée. Les espèces que
nous allons décrire en fournissent des preuves, que viendront
bientôt confirmer des portions considérables d’inflorescence, re-
cueillies à Armissan. Ce qui crée, selon nous, de véritables diffi-
cultés dans l'appréciation de ce groupe, c’est plutôt l'extension
qu'il prend vers l'époque où nous sommes parvenus ; non-seule-
ment il est alorsfreprésenté par de nombreuses espèces, mais plu-
sieurs d’entre elles paraissent avoir occupé de vastes étendues, et,
de plus, une certaine umiformité d'aspect leur est commune, en
même temps qu'elles affectent un assez grand polymorphisme ;
de là résulte une confusion inévitable, puisque dans le cas où la
nervation est mdistincte, et les exemplaires peu nombreux ou
mutilés, ce sont les détails secondaires du contour et une ana-
logie superficielle de forme qui dirigent dans la détermination
de chaque espèce. Cependant, un examen approfondi serait d'au-
tant plus nécessaire que les Andromeda tertiaires, non-seulement
sont nombreux et variés en même temps que polymorphes, mais
qu’ils paraissent même devoir être rapportés à plusieurs sections
de ce genre, aujourd'hui répandu sur toute la surface du globe.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE, 113
Ainsi, pour revenir d'abord sur nos pas, l’espèce du gypse
d'Aix que nous avons décrite précédemment sous le nom d’An-
dromeda protogæa Ung., en exprimant quelque doute (1), nous
semble maintenant non-seulement différer des formes recueillies
en Allemagne et en Suisse et signalées sous le même nom, mais
encore comprendre peut-être deux espèces. L'une, que nousavons
reproduite fig. 8 et 8 B, tout en se rapprochant beaucoup par
sa forme du Leucothoe (Agaristai Don) salicifolia Benth. s’en
éloigne, ainsi que des autres Andromeda de la même section,
par des nervures secondaires plus recourbées, ascendantes et
moins confusément réticulées. Elle se rapproche davantage
par ce caractère des Andromeda des Indes orientales, dont on
a formé la section Püieris. Une seconde feuille de la même
localité confondue avec la précédente, mais dont la forme est
plus régulièrement elliptique, moins atténuée imférieurement,
à pétiole plus court et à texture plus coriace, présente, dans le
mode deréticulation de ses nervures, des caractères qui la rappro-
chent bien plus que la précédente espèce des Andromeda de l’île
Maurice et de l'Amérique équatoriale. Nous ne pouvons juger, à
cause del’'imperfection des figures, du degré d’affinité quirelie nos
espèces à celles d'Hæring et de Sotzka; cependant, une forme de
Saint-Zacharie nous a paru correspondre à une partie seulement
des empreintes rapportées par M. Unger à son Andromeda pro-
logæa, ce qui tendrait à faire croire que plusieurs espèces se
trouvent confondues sous cette dénomination.
Pour ce qui est des exemplaires de Suisse, 1l est également
probable que l'espèce ou la réunion de formes spécifiques publiée
par M. Heer sous le nom d’Andromeda protogæa n’est pas iden-
tique avec celle des savants autrichiens. Ce qui est certain, c’est
qu'un très-bel exemplaire du Locle que nousavons sous les yeux,
identique avec les figures 26 c, d, f, pl. 101, de la Flore tertiaire
| de Suisse, dénote, par tous les détails de sa nervation, un Andro-
| meda n'ayant rien de commun avec les espèces brésiliennes, aux-
(1) Etudes sur la végét. tert., LT, p. 113; Ann. des sc. nat., 4° série, Bor.,
| & XVIL, p. 266, pl. 11, fig. 8.
o° série. Bot. T, III. (Cahier n° 2.) 4 8
ail GASTON DE SAPORTA.
quelles M. Unger compare la sienne. Cette nervation, malgré la
forme allongée de la feuille, est au contraire analogue à celle de
l'Andromeda elliptica Sieb. et Zucc., espèce japonnaise de la sec-
tion Pieris Don, et même de FA. (Leucothoe) mariana DC. de
l'Amérique septentrionale. Les espèces du Midi de la France ont
l'avantage, sur celles que nous venons de citer, d'offrir une ner-
vation en général assez nette pour permettre une attribution
plus précise. À partir de la flore du bass de Marseille, elles
appartiennent en général à un type tellement voisin de celui des
Leucothoe (Agarista Don) des îles africaines ou de l'Amérique
tropicale, qu'il est permis de les ranger dans la même section.
Les détails de l’inflorescence confirment suffisamment cette
opinion, ainsi que nous en Jugerons plus tard.
ANDROMEDA (LEUCOTHOE) conIACEA Sap., Æf. sur la vég. tert., 1, p. 228;
Ann. sc. nat., h° série, Bor., t. XIX, p. 74.
A. foliis coriaceis, breviter petiolatis, ovato-lanceolatis, obtuse
acumipatis; venulis reticulatis, immersis, parum conspieuis.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
Espèce de Saint-Zacharie qui reparaît à Saint-Jean-de-Gar-
euier. Elle se distmgue à peine de la suivante par des dimensions
plus petites, une forme plus ovale, atténuée aux deux extrémités,
et une nervure médiane plus fine.
ANDROMEDA (LEUCOTHOE) NEGLECTA. (PI. TV, fig. 47.)
A. folüs coriaceis, breviter petiolatis, integris, ellipticis vel
lanceolatis, quandoque corrugatis, utrinque obiusis; nervo pri-
mario valido, cæteris subtiliter reticulato-venosis.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle.
Ce sont des feuilles dont la forme et la dimension varient
beaucoup. On les reconnaît à leur texture coriace, à leur pétiole
_médiocrement long, sillonné, rugueux, à leur forme elliptique,
à leur terminaison obtuse où un peu atténuée, à leur base légè-
rement inégale, à leur nervure médiane sallante inférieurement,
enfin au réseau fin et très-ramifié que forment les nervures,
LE SUD-EST DB LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. À159
visibles dans les empreintes qui correspondent à la page infé-
rieure, indistinetes dans les autres. On serait tenté de les confon-
dre soit avec les feuilles entières du genre Banksia, dont elles
affectent la physionomie, soit avec celles du Quercus elæna Ung.,
dont elles sont voisines par la forme générale; mais observation
du réseau veineux sert à les distinguer de ces deux types, et les
range évidemment parmi les Andromeda de la section Leucothoë,
auprès du L. buæifolia Benth. de l'île de la Réunion et de plu-
sieurs espèces brésiliennes.
ANDROMEDA (LEUCOTHOE) NERHFORMIS. (PI. IV, fig. 16.)
À. folis coriaceis, petiolatis, lanceolato-linearibus, acuminatis,
integerrinis, nervis secundariis immersis, tenuiter reticulatis,
Fénestrelle, près d’Aubagne (rare).
Espèce distinete par les principaux caractères ; le pétiole est
rugueux, médiocrement long, la texture coriace ; la forme lan-
céolée-linéaire, atténuée aux deux extrémités, acuminée au
sommet; les nervures finement réticulées sont peu visibles. I est
vrai que l'empreinte se rapporte à la face supérieure d'une
feuille. Elle est très-voisine d’un Leucothoë, sans now spécifique,
de la province de Minas-Geraës, que nous avons observ vé dans
l'herbier du Muséum de Paris.
ANDROMEDA (LEUCOTBOE) vENULOSA. (PL. IV, fig. 15.)
À. folus breviter petiolatis, subcoriaceis, linearibus vel lan-
ceolato-linearibus, bast obtuse attenuatis; nervo primario stricto,
subtus prominulo ; cæteris tenuissime reticulatis.
Saint-Jean-de-Garguicr. — Fénestrelle.
Espèce à peine distincte, ainsi que nous le verrons, de l’une
de celles qui caractérisent le: mieux la végétation d’Armissan.
Elle avait des feuilles allongées, linéaires, obtusément atténuées
à la base sur un pétiole assez court. Sa consistance était moins
coriace que celle des espèces précédentes ; les nervures visibles
sur les deux faces (voy. fig. 15B' la nervation grossie) s’éten-
daient à angle droit ou presque droit et se ramifiaient prompte-
4116 GASTON DE SAPORTA.,
ment, en donnant lieu à un réseau très-fin dont la figure 15B'
reproduit les combinaisons capricieuses. Plusieurs espèces bré-
siennes retracent fidèlement le même type.
ANDROMEDA MACILENTA. (PI. IV, fig. 12.)
A. fois breviter petiolatis, parvulis, linearibus, basi apiceque
obtusatis; nervis secundariis gracilibus, areolatis.
Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).
Petite feuille d'une détermination plus incertaine que les pré-
cédentes ; elle ressemble à l’Andromeda linearis des gypses
d'Aix (1); mais elle est obtuse et non pas atténuée vers les deux
extrémités comme cette espèce; elle aurait comme elle de l’ana-
logie avec l’Andromeda litioralis H. B. de Madagascar.
VACCINIUM S.
VACCINIUM MICROMERUM. (PI. IV, fig. 44.)
V. fois breviter petiolatis, membranaceis, parvulis, obovatis,
basi attenuatis ; nervulis obliquis, tenuissime reticulatis.
Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).
Feuille qui reproduit, sous de très-petites proportions, par sa
forme, sa consistance, et tous les détails de son réseau veineux,
le type du Vaccinium uliginosum L. de l’Europe septentrionale.
DIALYPETALÆ.
ARALIACEÆ.
Cette famille a peu changé depuis la flore de Saint-Zacharie ;
elle conserve la même physionomie, les mêmes formes, et en
partie les mêmes espèces.
(1) Voy. Études sur la végét, tert., t. T, p. 113 ; Ann. des sc. nat., 4° série, Bor.,
t. XVII, p. 266, pl. 11, fig. 9.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE, À17
ARALIA L.
a. Folia digitata, foliolis integerrimis.
ARALIA (SCIADOPHYLLUM?) ZACHARIENSIS Sap., É6. sur la vég. tert.,
[, p. 232; Ann. sc. nat., k° série, Bor., t. XIX, p. 78, pl. 5, fig. 2.
(PL VL, fig. 2.)
A. folus digitatis ?, foliolis coriaceis, glabris, oblongo-ovatis,
lanceolatis, breviter attenuatis vel obtusis, basi attenuatis; ner-
vis secundartis curvatis; tertiariis oblique angulato-reticulatis.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle (rare).
L'espèce paraît identique avec celle de Saint-Zacharie, si l'on
s'en rapporte au petit nombre des exemplaires recueillis. Celui
que représente la figure 2A provient de Fénestrelle ; 1l est très-
bien conservé: le sommet est plus acuminé, et les nervures
secondaires plus obtusément anastomosées et disposées en aréoles
plus larges que dans la plupart des empreintes de Saint-Zacharie ;
cependant l'étude de la nervation ne révèle aucune différence
sensible, et la forme générale se trouve exactement conforme.
AkALIA (ParaTRoplA?) Decaisnet Sap., É'4 sur la vég. tert., 1, p. 233 ;
Ann, sc. nat., L° série, BorT., t. XIX, p. 79, pl. 9, fig. 4.
A. folus digitatis?, foliolis coriaceis, marginatis, glabris,
oblongo-obovatis, basi breviter attenuatis, valide petiolatis,
petiolo ad apicem incrassato; nervo primario valido, secun-
darus obliquis, curvatis, immersis.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
La foliole paraît plus large, plus obtuse au sommet, et plus
grande dans toutes ses proportions que dans les exemplaires de
Saint-Zacharie. Elle reproduit pourtant avec fidélité le même
type, surtout par la forme de sa base et la proportion du pétiole ;
| elle appartient sans doute à la même espèce ou à une espece trop
| voisine pour en être distinguée dans l’état actuel.
| d 4
| ARALIA (CEPHALOPANAX?) SUBSPATHULATA. (PI. VI, fig. 5.)
|
| A, foliis digitatis?; foliolis coriaceis, glabris, oblongo-obova-
VES GASTON DE SAPORTA.
is, apice oblusato-rotundatis, basi sensim attenuatis, integerri -
inis; nervo primario valido; secundaris obliquis, eurvatis,
lininersis, fere INCONSPICUIS.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
Foliole remarquable par sa forme oblongue, insensiblement
élargie, subspathulée au sommet, par sa texture coriace, et son
faciès, qui concourt avec le peu que l’on saisit de la nervation
pour dénoter une Araliacée très-analogue au Cephalopanax pachy-
cephalus PI. et Lindi. de la Nouvelle-Grenade, et à quelques
autres espèces du même groupe.
BG. Folia composita, foliolis dentatis.
ARALIA ( Panax?) INQUIRENDA. (PI. VE, fig. 4.)
A. folüs digitatis?; folioïis subcoriaceis, petiolatis, elongaio-
lanceolatis, utrmque attenuatis, basi quandoque imæqualiter
cuneatis, margine dentatis ; nervo primario stricto, secundarus
obliquis, reticulato-ramosis ; tertiariis tenuissime venosis, obli-
que serpentibus. — Fructibus suhorbicularibus, compressis ,
didymis, marginatis, leviter sulcatis, disco epigyno depressius-
eulo superatis.
. Panax longissimumn ? Ung., loss. FT. von Sotzka, tab, 24, fig. 21-23.
Saint-Jean-de-Garguier.
Les feuilles devraient peut-être se réunir à celles de V4. reti-
culata de Sant-Zacharie dont elles se distinguent difficilement ;
peut-être aussi se montrent-elles déjà dans cette localité à côté
de la dernière espèce. Quoi qu'il en soit, les exemplaires de
Saint-Jean sont plus larges, plus élancés, plus irrégulièrement
tronqués en com vers la base ; ils ressemblent évidemment au
Panax longissimum de Unger, et nous les avions d'abord indi-
qués comme identiques avec la plante d'Hærmg et de Sotzka (1);
toutelois les figures de la flore allemande sont trop vagues pour
. donnerfleu à une assimilation définitive, et de plus elles se rap-
(4) Saporta, Æram, anal, p. 39.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 149
portent, suivant l’auteur, à une espèce à feuilles simples ; tandis
que la nôtre nous paraît représenter les folioles détachées d'une
feuille digitée. C’est là ce qui nous engage à décrire, Comme
distincte, une forme que tout nous porte à regarder comme tres-
voisine de celle d'Autriche.
La consistance, la nervation, le mode de dentelure de ces feuil-
les les rapprochent de celles de certains Panaæ, et spécialement
du Panax arboreum Forst, de la Nouvelle-Zélande. Toutefois,
l’analogie est encore assez éloignée pour rendre la détermination
générique bien incertaine. Ce qui tendrait pourtant à la confir-
mer, c’est la présence d’un fruit (Hg. À C) que sa structure range
parmi les Ombellifères ou les Araliacées, et qui retrace fidèle-
ment l'aspect de ceux de plusieurs Panaæ. Ce fruit placé à côté
de la feuille (fig. 4 A), à la surface de la même pierre, est petit,
un peu inégal, obové-orbiculaire, comprimé, didyme, marginé
latéralement, et partagé par une commissure médiane en deux
loges distinctes (voy. fig. 1€). La surface extérieure est plane,
glabre, lisse ou faiblement sillonnée par quelques rides; te som
met est occupé par un disque épigyne, nullement saillant,
déprimé, mais bien visible selon nous. M. Heer, dans sa flore ter-
liaire de Suisse (4), a figuré, sous les noms de Peucedanites specta-
bilis et de Cyclosperma circularis. des fruits très-voisins du nôtre.
Depuis la publication de son grand ouvrage, l'inflorescence com-
plète de l’une de ces espèces a été trouvée à OEmngen, et le
savant professeur de Zurich n'a pas hésité à y reconnaître les
fructifications d'une Araliacée voisine du genre Panax, qu'il a
signalée sous le nom de Panax circularis, et dont il à bien voulu
nous communiquer un dessin, Ces fruits pédonculés, agrégés en
ombelle imparfaite, articulés ainsi que les pédicelles sur un
pédoncule commun, sont un peu plus grands, plus étendus
transversalement, plus régulièrement orbiculaires que les nôtres,
auxquels 1ls ressemblent d'ailleurs assez pour dénoter l'existence
d'un même genre tertiaire, très-voisin du genre Panax actuel,
sinon identique avec lui.
(2) FU lert. helw., €. TIT, tab. 104, fig. 20, 2 ; Suppl, tab, 154, fig. 9. 40.
420 GASTON DE SAPORTA,
L'affinité de ces fruits est grande avec ceux des Panax arbo-
reum Forst., fruticosum L., fragrans Roxb. Les fruits d'OEnin-
gen, ressemblent beaucoup à ceux du Panax fragrans; le nôtre
rappellerait plutôt le Panaæ arboreum Forst. Il faut remarquer
la construction biloculaire, comprimée, didyme, de tous ces fruits
tertiaires, qui semblent avoir formé un groupe se liant d’un côté
aux Araliacées et de l’autre aux Ombellifères, par leur constante
analogie avec celles des Araliacées qui se rapprochent le plus
de ces dernières.
NYMPHÆACEÆ.
NYMPHÆA Neck.
NYMPHÆA POLYREHIZA Sap., É'4. sur la vég. tert., 1, p. 177 et 236'; Ann.
se. nat., h° série, Bor., t. XIX, p. 82, pl. 40, fig. 4. (PL VIE, fig. 3.)
N. pulvinulis prommentibus, epidermate tenuissime granuloso
vestitis, disco suborbiculari impressis, lacunis 6 majoribus et
infra radicularum cicatricibus plurimis crescenti serie notatis.
— Sepalis in flore exterioribus 3; fructu capsulari, magno,
sepalorum petalorumque, quandoque residuorum, insertionibus
cicatrisato, scissione irregulari parietum ad maturitatem solubili.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle. — (Rhizomes). — Les fragments de fruit,
fig. 3 B et C, proviennent des couches de Saint-Zacharie.
Les coussinets ou bases d'insertion des pétioles sur le rhizome
(fig. 3 A) se montrent, quoique assez rarement, à Saint-Jean et à
Fénestrelle. Ils diffèrent un peu des exemplaires de Saint-Zacha-
rie par une moindre saillie et des dimensions plus faibles; on
pourrait même les confondre avec les empreintes du Nymphæa
gypsorum de la flore d'Aix, si l'apparence finement grenue de
leur surface épidermique et le mode de groupement des radicu-
les ne les rattachait plus naturellemeut à la première des deux
espèces.
Ces portions de rhizome sont les seules traces qui dénotent
jusqu'ici la présence du N. polyrhiza dans les couches du bassin
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 121
de Marseille. Cependant, l'importance que nous attachons à la
connaissance des divers organes de cette espèce nous engage à
décrire ici une empreinte recueillie à Saint-Zacharie, fort sin-
gulière au premier abord, mais que nous avons tout lieu de
regarder, comme représentant la base et une partie des parois
externes du fruit de cette Nymphéacée tertiaire.
La découverte d'organes semblables, quoique non congénères,
dans le dépôt d'Armissan, et la comparaison que nous avons faite
de ces empreintes fossiles avec les fruits des Nymphæa actuels,
nous autorisent, nous le croyons du moins, à admettre ce rap-
prochement comme infiniment probable. Du reste, nous avons eu
soin de figurer sur la planche VIT (fig. 3 >) un fruit du Nymphæa
alba L., placé dans la position où nous supposons que l'empreinte
fossile (fig. 3B) se trouve elle-même, c’est-à-dire vu par dessous
et privé de son pédoncule. Une comparaison attentive des deux
organes permettra de saisir l’analogie de structure quiles ratta-
che l’un à l’autre, et de remarquer en même temps certaines
divergences partielles, dont 1l est difficile de fixer la valeur,
mais qui seraient suffisantes pour motiver l'établissement d’une
section nouvelle dans le genre Nymphæa, simon d'un genre
distinct.
Nous avons déjà signalé dans la graine de cette espèce (1) la
présence d'une ouverture béante à l'extrémité micropylaire et
d'un raphé latéral assez peu prononcé; 1l faut ajouter à ces deux
caractères la disposition en séries longitudinales des cellules
du tissu épidermique. Cependant, parmi ces caractères, qu'on
observe, il est vrai, dans la plupart des graines de Nymphéacées
de l'époque à laquelle nous sommes parvenu, tous ne nous pa-
raissent pas également clairs ni aisés à définir; afin de permettre
d'en juger, nous avons représenté sur la planche VIT (fig. 3D)
deux graines de grandeur naturelle recueillies à Saint-Zacharie,
dont l'une est grossie (3 D"). On voit que l'ouverture située
à l'extrémité micropylaire est faiblement prononcée (m), et
(4) Études sur la végét. tert.,t. I, p. 237; Ann. des sc. nat., !®° série, Bor.,
t11X, p. 83.
199 GASTON DE SAPORTA.
qu'il semble qu'elle laisse voir le micropyle sous la forme d’un
petit bouton saillant. Toutefois, il n’est pas certain que cette ou-
verture ou plutôt cet enfoncement ait été pourvu d’un opercule
destiné à tomber lors de la germination. Par sa forme comme
par sa dimension, cette semence semble mtermédiaire entre les
graines de Vuphar et celles du VNymphœa alba; elle s'éloigne
davantage des graines de Nymphæa de la section Lotus qui
sont plus petites et s'ouvrent à la germination, au moyen
d'une déhiscence valvaire très-prononcée ; c'est du moins
ce qui nous à paru en comparant les grames fossiles avec
celles du N. dentata. Ainsi ces organes, si l’on s'en tient aux
apparences, présenteraient des caractères ambigus qui ne per-
mettraient pas de les assimiler complétement aux organes cor-
respondants des véritables Nymphœæa. De plus, si l’on admet
comme légitime l'attribution au Nymphæa polyrhiza des portions
de fruit que nous allons décrire, les parties florales elles-mêmes
seraient loin d’être disposées dans le mème ordre que dans les
Nymphœa actuels, puisqu'elles seraient gouvernées par le nom-
bre trois, et qu'il existerait bien certainement trois sépales exté-
rieurs et peut-être trois autres à l’intérieur des premiers.
L'empreinte reproduite (pl. VIE, fig. 3B), avec une scrupu-
leuse exactitude, représente, selon nous, la base extérieure d'un
fruit de Vymphœa, tolalement comprimé, et provenant sans
doute de la scission irrégulière de cet organe, ouvert et divisé à la
maturité par un procédé pareil à celui qui existe dans les Nym-
phœa actuels. Nous avons nous-même rencontré des fragments
analogues en fouillant, au fond des eaux, dans les mares garnies
de ces plantes. L’empreinte en question est d'une parfaite con-
servation, elle est déposée à la surface d’une plaquette de marne
crayeuse d’un blanc jaunâtre. Comme les rhizomes, elle repro-
duit l'apparence extérieure et le relief de l'ancien organe,
jusque dans les moindres détails. La surface épidermique a
l'aspect finement granulé qu'on observe sur les coussinets ; coin-
cidence qui ajouie à la probabilité du rapprochement. Si l'on
veut maintenant se rendre compte de la portion de fruit repré-
senté (fig. 3B), il faut supposer qu’on le voit renversé, placé de
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 125
telle manière que le milieu de l'empreinte correspond au pont
d'attache du pédoncule; mais, ce dermier organe n’a laissé que
des traces très-vagues de son insertion, et la place même paraît
avoir subi des excoriations qui contribuent à l’effacer. Nous
décrirons plus tard une empreinte trouvée à Armissan, analogue
en tout à celle-c1, et où la marque de l'insertion du pétiole est
encore visible. L'espace central (fig. 3B en a) correspond, dans
notre opinion, à la partie du fruit des VNymphœa qui s'étend
depuis le sommet du pédoncule jusqu'aux premières pièces
florales. On voit par la figure 3 «, que cet espace forme, dans le
N. alba, une sorte de carré, cerné par un léger rebord, et en-
touré par les bases d'insertion des quatre sépales. Ces cicatrices
‘dessinent une crête en forme de croissant, et laissent entre elles,
vers leur point de contact, un petit intervalle dont la largeur varie,
quoique dans de très-faibles proportions. Dans l'empreinte fossile,
la même disposition se présente, seulement les proportions sont
plus grandes ; le disque central au lieu d’être carré affecte une
forme orbiculaire-elliptique ; il est cerné par un rebord fort net
qui s'abaisse, dans l'intervalle sensiblement inégal qui sépare les
cicatrices des pièces calvemales, trop visibles pour avoir besoin
d'être indiquées. Celles-ei sont au nombre de trois seulement, et
représentent par conséquent un calyce à trois sépales. En dehors
d'elles, on en distingue trois autres (intérieures dans la fleur
par rapport aux premières, mais extérieures en apparence par
suite de la manière dont se présente le fruit) exactement appli-
quées contre les premières dans l'intervalle qui les sépare, et
disposées, sauf le nombre ternaire, comme dans le NV. alba
(voy. la fig. 3x, où les quatre sépales sont accompagnés des
cicatrices des quatre premiers pétales). Plus loin encore, sur
l'exemplaire fossile, paraissent cinq autres cicatrices, et le com-
mencement d'une sixième placées dans un ordre spiral et à des
intervalles toujours plus écartés. Cette disposition est encore
pareille à celle que l’on observe en petit sur les fruits du W. alba,
considérés dans une position renversée. Nous aurions done sous
les yeux, si l'assimilation que nous proposons est vraie, la base
ou plutôt la calotte inférieure et extérieure d’un fruit de Nym-
124 GASTON DE SAPORTA,
phœa, fragment irrégulièrement limité sur les bords, et annon-
çant un mode de déhiscence analogue à celui des Nuphars
actuels. Nous insistons sur cette circonstance, parce que nous
verrons plus tard que le fruit de l’ÆAnæctomeria Nob. (Nymphæites
Brongniartii Caspary) s’ouvrait d’une manière toute différente,
par une déhiscence régulière et multifide des parois. Ainsi, on
pourrait dire que le N. polyrhiza est un vrai Nymphæa, si le
nombre des sépales et la structure des graines ne dénotaient en
lui des caractères différentiels suffisants pour le ranger dans une
section particulière.
Ün autre fragment (fig. 3 C) se rapportant aux parois latérales
du fruit nous montre deux pétales encore en place, ayant per-
sisté par conséquent après l’anthèse, et analogues, par la position
qu'ils occupent et l’aspect de leur base d'insertion, à ceux que
l’on observe, ayant en petit la même forme et la même nervation,
appliqués contre les parois moyennes et supérieures des fruits du
Nymphæa alba D. (voy. la figure 3 « où quelques-uns de ces
résidus de pétales figurent sur un des côtés du fruit). Ces rési-
dus persistent longtemps, réduits à l’état de membranes sca-
rieuses ; quelquefois même jusqu'à la maturité du fruit. La
grande dimension des pétales fossiles annonce une fleur triple
au moins de celles du Nymphæa alba, et cette proportion est en
rapport avec celles du fruit, qui dépassait évidemment de beau-
coup les organes correspondants de l'espèce européenne.
C'est en nous appuyant sur l’observation des deux empreintes
que nous venons de décrire que nous croyons être parvenu à la
connaissance des fruits du Nymphæa polyrhiza. Xs nous semblent
_trop conformes à ceux des Vymphœa actuels, pour ne pas justifier
l'assimilation générique de l'espèce fossile. D'un autre côté,
les différences que nous avons signalées sont remarquables par
la liaison qu'elles semblent établir entre la plante tertiaire et
le genre Nuphar.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 195
ANOECTOMERIA.
Ductus aeri principales in petiolo 4, duobus infimis multo
majoribus ; minutis alüs plurimis hine et hinc circuitim aggre-
gatis, quandoque obsoletis.
Nymphæites Sp. Caspary, Ann. se. nat., L° série, Bor., t. VI, p. 199.
Nous donnerons plus loin la définition et l'analyse complètes
de ce genre nouveau, en abordant la végétation d’Armissan ;
nous en ferons connaître alors les principaux organes, ainsi que
les affinités relativement aux autres Nymphéacées. Nous men-
tionnons ici seulement les caractères différentiels que fournis-
sent les coussinets ou bases d'insertion des pétioles sur le rhi-
zome, seule partie de la plante que nous ayons encore recueillie
dans les couches du bassin de Marseille. M. le docteur Robert
Caspary, auteur d'un mémoire sur les Nymphéacées fossiles,
est le premier qui ait connu ce type remarquable dont il a
décrit et figuré les rhizomes sous le nom de VNymphæites
Brongniartii.
ANOECTOMERIA BRONGNIARTI. (PI. VIT, fig. 4.)
C. pulvinulis transversim rhomboidalibus ; ductibus aërns
principalibus 4, approximatis, duobus infimis superioribus multo
majoribus, als minutis plurimis circuitim aggregatis, linearibus
quibusdam interpositis; radicellarum cicatricibus circiter 14
infra petiolum crescenti serie duplici dispositis.
Nymphœæa Arethusæ Brngt, Tab. des genres de vég. foss., p. 8h et 119
(quoad specimina ad Armissan pertinentia) ; Vymphæites Brongniarti
Caspary, Ann. sc. nat., h° série, Bot., t. VI, pl. 13; Heer, F1. tert.
Helv., WE, p. 195, tab. 455, fig. 20.
Saint-Jean-de-Garguier. — Fénestrelle.
Il est difficile de distinguer l'espèce du bassin de Marseille de
celle d'Armissan, surtout en étant réduit à la seule comparaison
| des rhizomes, les autres parties de la plante ne se montrant que
1
Î
126 GASTON DE SAPORTA.
daus ce dernier dépôt. Les coussinets, que nous avons soigneuse-
ment reproduits planche VIF, fig. 1 A (Saint-Jean-de-Garguier),
et 1 B (Fénestrelle), affectent la même forme rhomboïdale ; leur
dimension ne diffère pas sensiblement; cependant ils sont loin
d'égaler les grands exemplaires d’Armissan, et doivent au con-
traire être assimilés aux plus petits de cette localité. Leur saillie,
le sillon bien marqué qui les limite et les sépare, la forme du
disque qui correspond à l'insertion du pétiole, tous ces carac-
tères concordent bien avec ceux de l'espèce d’Armissan, en sorte
que l’on est amené à reconnaître, dans celle du bassin de Mar-
selle, une forme évidemment congénère, et trop voisine de la
première pour ne pas lui être réunie. Cependant 1l existe, à ce
qu'il nous semble, quelques différences que l’on doit noter. Les
coussinets ne sont pas obliques ou du moins le sont très-peu,
tandis que dans l'espèce d’Armissan cette obliquité est un carac-
tère assez saillant pour que M. Caspary ait cru devoir le signaler,
En second lieu, les radicules paraissent disposées dans un ordre
qui n'est pas exactement semblable; elles se divisent, à parür de
la plus petite, qui est la plus élevée, en deux séries croissantes
et contiguës, tandis que dans les empreintes d'Armissan les
petites radicules, au nombre de 9 à 13, sont plutôt groupées que
partagées en deux séries longitudinales comme les grandes.
Quant aux lacunes du pétiole, elles sont constamment au nombre
de quatre principales, dont les inférieures sont beaucoup plus.
grandes que les deux autres, et disposées -exactement comme
dans les exemplaires d’Armissan.
Nous ferons remarquer à ce propos, que c'est par erreur
que M. Caspary a indiqué seulement l'existence de deux grands
canaux aériens dans le pétiole, comme étant le caractère
distinctif du Vymphœites Brongniartii ; il est vrai que l’échan-
tillon conservé au Muséum, et publié par ce savant, malgré
sa remarquable beauté, ne présente sur chaque mamelon pétio-
laire que les traces visibles de deux grandes lacunes; mais on
doit attribuer cette circonstance à un accident de fossilisation ou
à un avortement partiel et accidentel des organes que présente
cet exemplaire ; ce qui est certain, c’est que les empreintes pro:
RE — — . . .. ,. E
ha «
Cul
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 127
venant d'Armissan, que nous avons eu l’occasion de voir, et celles
que nous avons sous les yeux et qui sont en très-bon état, pré-
sentent constamment quatre lacunes principales dont les infé-
rieures sont beaucoup plus grandes. Cette disposition doit être
regardée comme celle qui caractérise l'espèce êt la sépare des
Nymphæa proprement dits, tout en l'éloignant beaucoup moins
de ce genre que lorsque le nombre des grandes lacunes se
trouvait réduit à deux seulement.
Il existe encore dans les exemplaires marseillais une cir-
constance que nous devons signaler, comme pouvant ouvrir la
voie à ceux qui recherchent dans les plantes fossiles des transi-
tions graduées d’un type vers un autre. En effet, on y remarque
ce détail curieux que vers la base des deux plus grandes lacunes
(voy. fig. 1 B en aa) situées au-dessous des deux lacunes supé-
rieures plus petites, on distingue les traces bien visibles de
deux autres lacunes dont la cicatrice est dessinée par un are
de cercle quelquefois assez net inférieurement, mais qui s’efface
vers le haut, et se confond avec la grande lacune ; en sorte que
chacun de ces organes semble résulter de la réunion de deux
autres et qu'il serait aisé, en les divisant, de rétablir l’ordre que
nous avons observé dans les pétioles de Nymphæa des flores
antérieures, c'est-à-dire six grandes lacunes disposées en deux
séries , les intermédiaires étant un peu plus grandes que les
autres. I semblerait donc que l'espèce du bassin de Marseille gar-
dât encore les traces du changement opéré en elle, lorsqu'elle se
serait séparée du type qui l'aurait produite. Tout ceci n’est que
conjectural, puisque les éléments de comparaison font défaut en
l'absence des feuilles et des fleurs. Nous n'avons pas voulu,
cependant, passer sous silence une observation dont la portée
h échappera à personne, et qui peut ouvrir la voie à de nou-
velles recherches touchant l’origine et le dédoublement des
types.
NYMPHÆITES Sternb.
Nyupaæites microrgizus. (PI. VII, fig. 2.)
N. rhizomate parvulo, pulvinulis subrhombeis, orbiculatis,
198 GASTON DE SAPORTA,
prominulis; ductibüus aerüs principalibus 2, minore alio linear:
imtermedio ; cicatricibus radicalibus 1-2 infra petiolum notatis.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare, coll. de M. Matheron).
Nous verrons une forme voisine de celle-ci, construite sur le
même type se montrer à Armissan. Il est donc probable que toutes
deux se rapportent à un genre particulier, dont les feuilles sont
encore inconnues. Îl a dû se rapprocher, au moins par la peti-
tesse de ses dimensions du VNymphæa pygmæa Ait., charmante
miniature du genre, analogue aux Castalia, dont il s'éloigne
assez, par son ovaire dégagé presque entièrement du torus, à sa
partie supérieure, pour donner lieu à une section très-distincte
sous le nom de Chamænymphæa (1). Il faudrait pouvoir en com-
parer les rhizomes avec ceux de l’espèce fossile, dont 1l n'existe,
du reste, qu'un petit fragment recueilli par M. Matheron et con-
servé dans sa collection. Il est très-net dans sa petitesse (fig. 2),
et présente des coussinets disposés dans un ordre spiral fort obli-
que. Leur forme est rhomboïdale arrondie, leur saillie est assez
considérable relativement à leur faible étendue ; on y distingue,
vers le haut de chaque mamelon, les traces de deux canaux
aériens que sépare, dans quelques cas, une lacune de forme
linéaire très-peu marquée. Au-dessous on reconnait la cicatrice
d'une radicule peu marquée et fort petite.
ACERINEÆ.
ACER Moœnch.
ACER PRIMÆVUM Sap., £zx. anal., p. 22; Æ€. sur la vég. tert., p. 283;
Ann. sc. nat., L° série, Bor,, t, XIX, p. 64, pl. 10, fig. 6.
L’espècé de Sant-Zacharie dénote son existence dans les cou-
ches du bassin de Marseille, par une empreinte d’Allauch qui ne
paraît différer par aucun détail essentiel des feuilles que nous
avons déjà décrites précédemment. Du reste, l'Érable qui domine
dans la flore d’Armissan s'en rapproche tellement, qu'il n’y a
(4) Planchon, Flore des serres et des jardins de l'Europe, t. NI, p. 293.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 129
rien d'étonnant à retrouver le même type dans l’époque imter-
médiaire.
Allauch (tres-rare). — Saint-Jean-de-Garguier ?
ACER GARGUIERI (pl. VI, fig. 5).
A. folus firmis, tenuiter petiolatis, palmato-trinervis, inciso
trilobis; lobis lateralibus subpatentibus, medio brevioribus;
omnibus sinuato-lobulatis; nervis primarus gracihibus, latera-
hhus extus ramosis ; tertiarns subtiliter reticulatis, ramoso-ana-
stomosantibus.
Saint-Jean-de-Garguier (tres-rare).
La feuille de cet Acer, connue par l'empreinte unique, repro-
duite pl. VE, fig. 5, se distingue de l'espèce précédente par des
caractères assez saillants, quoique elle rentre évidemment dans le
même type. Les nervures sont autrement disposées, surtout
celles qui sont émises par les latérales primaires, le long de leur
côté externe ; elles suivent une direction bien moins oblique, et
sont réunies par des arceaux plus nombreux. Les nervures qui
prennent naissance des deux côtés de la médiane sont tout à fait
alternes ; enfin les lobules, au lieu de se prolonger en une pointe
obtuse, sont formés à l’aide de simples sinuosités. Cependant, on
ne peut douter de l'extrème affinité des deux espèces. Celle de
Saint-Jean, dont la détermination ne repose malheureusement
que sur un seul échantillon, se rapproche évidemment des Acer
saccharinum Lam. et macrophyllum Pursh. Elle est voisme du
premier par l'aspect de la feuille, la direction et le contour des
lobes; du second par la forme des lobes et des lobules ; mais
l'A. macrophyllum, comme l'indique son nom, porte de très-
grandes feuilles, et le nôtre s'écarte des deux espèces vivantes
que nous venons de citer, non-seulement par des dimensions
restreintes, mais aussi par ses nervures principales réduites à
trois seulement ; l'A. saccharinum présente cependant quelque-
fois des feuilles trinerves. |
ACER MASSILIENSE (pl. VI, fig. 6).
A. folis parvulis, petiolatis, membranaceis, palmato-5-ner-
5° série. Bor. T. IL. (Cahier n° 3) 1 J
150 GASTON DE SAPORTA.
vis, quinquelobis; lobis infimis parum productis, obtusis, inte-
oriusculis, cæteris smuato-dentatis, apice breviter acuminatis.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Petite feuille isolée qui se distingue des précédentes non-
seulement par sa taille réduite, mais surtout par son ordonnance
quinquénervée, la forme et la disposition de ses lobes. Les infé-
rieurs sont petits, très-divergents, les intermédiaires émis sous
un angle de 45 degrés; le médian assez peu développé. Ils sont
sinués, plutôt que dentés sur les bords, et se rattachent comme
la précédente espèce au type de l’Acer saccharinum Lam. ; mais
on peut aussi comparer Justement cette feuille fossile à certaines
formes méditerranéennes de LA. opulifolium, surtout à la variété
granatense de Boissier et à l’Acer Reginæ Amelie Orphan. et
Boiss. des montagnes de la Grèce, à laquelle elle ressemble par la
forme des lobes et la faible dimension du limbe. Nous verrons
plus tard une forme analogue, mais bien mieux caractérisée, se
montrer dans la flore de Manosque.
SAPINDACEÆ.
SAPINDUS L.
SAPINDUS INCONSPICUA.
S. foliis pmnatis ; foliolis brevissime petiolauis, basi inæqua-
libus, ovato-lanceolatis, imtegerrimis: nervis secundaruis obtuse
eMISSIS, CUrVAtS.
Saint-Jean-de-Garguier.
Foliole visiblement détachée d'une feuille pmnée ; la forme de
son contour, sa base très-inégale, atténuée d'un eôté, arrondie
de l’autre, munie d’un pétiole trés-court, la font ressembler
beaucoup aux plus petites folioles du Sapindus saponaria L.
biens nm. _
LE SUD-EST DE LAN FRANCE "A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 151
ILICINEE.
ILEX L.
ILEX CELASTRINA (pl. VIE, fig. 4).
1. foliis coriaceis, rigidis, brevissime petiolatis, ovato-lanceo-
latis, obtusis rartius obovatis, dentato-spinosis; nervo primario
valido ; nervis secundarus obliquis, numerosts, ramoso-reticula-
tis; tertiaris flexuosis oblique transversin decurrentibus.
Celastrus ulmaceus Sap., Ex anal., p. M1.
Saint-Jean-de-Garguier (commun).
Nous avons mentionné ces feuilles dans un premier travail sur
les flores fossiles de Provence, comme appartenant au groupe des
Célastrinées; mais le mode de réticulation des nervures secon-
daires, le dessin du réseau veineux et la forme des dents épineu-
ses qui garnissent le bord, dénotent plus probablement un Zlex
assez éloigné, il est vrai, de la plupart de ceux du monde actuel.
Le pétiole presque nul, quoique très-épais, le sommet obtus, les
dents marginales ordinairement fines et acérées, quelquefois
presque nulles ; la direction souvent oblique des nervures secon-
daires, anastomosées près du bord, le long duquel elles donnent
lieu à une ou plusieurs rangées d’aréoles, distinguent bien cette
espèce et lui donnent un ensemble tout particulier de caractè-
res; elle se rapproche de l'Zlexæ maderiensis Lam. plus que de
toute autre.
ÎLEX MICRODONTA.
1. foluis coriaceis, oblongo-ohovatis, apice obtusatis, margine
parce remoteque dentato-spinosis; nervo primario fortiter
expresso ; secundariis immersis, curvatis, areolatis.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Feuille petite, coriace, légèrement bombée à la surface, à ner-
| vures peu saillantes, obtuse et presque arrondie au sommet, pour-
. vue le long des bords supérieurs de dents épineuses, rares et peu
| prononcées; elle constitue, à ce qu'il semble, une espèce distincte
152 GASTON DE SAPORTA.
de la précédente, et se rapproche sous de petites proportions des
lex opaca Ait. et maderiensis Lam.
_ CELASTRINEÆ.
._ CELASTRUS Kunth.
: CELASTRUS SPLENDIDUS (pl. VIIL, fig. 2).
C. foliis coriaceis, breviter petiolatis, obovatis, apice subemar-
ginatis, dentatis, basi attenuatis ; nervo primario valido; secun-
dariis obliquis, ramoso-anastomosatis ; tertiariis flexuosis oblique
transversim decurrentibus, tenuiter reticulatis.
Fénestrelle {très-rare).
La remarquable conservation de cette feuille facilite beaucoup
son assimilation au groupe des Célastrinées auquel elle se rap-
porte par la plupart de ses caractères, surtout par la forme de la
dentelure et l'ordonnance des nervures de divers ordres. Malgré
son affinité incontestable avec le genre Celastrus en général, on
ne peut la rapprocher spécialement que d’un assez petit nombre
d'espèces. Elle nous paraît plus voisine des formes indiennes et
surtout des africaines que des autres. Son aspect rappelle le
Celastrus senegalensis L., mais elle reproduit surtout le type du
Celastrus Zellino Schimp. espèce d’Abyssinie. Il faudrait peut-
être laréunir au Celastrus Æoli Ett. de la flore d'Hæring (1), dont
la feuille est cependant beaucoup plus petite.
CELASTRUS NUMERANDUS.
C. foliis coriaceis, ovato-lanceolatis, obtusis, dentato-serratis ;
nervo primario valido, secundariis tenuibus, parallelis, ramoso-
reticulatis, parum conspicuis.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
Espèce analogue au Celastrus oxyphyllus Ung. de Sotzka (2),
ainsi qu'au C. cassinæfolius de Heer (3). Elle se distingue du
(4) Ettingsh., F/. von Hæring, p. 72, tab. 24, fig. 9-41.
(2) Ung., Foss. FI. von Sotzka, tab. 3, fig. 22-24.
(3) Hecr, F7. lert. helv., t. LIT, tab. 1214, fig. 24-25.
+.
LE SUD-EST DELA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 133
premier par sa forme régulièrement ovale-lancéolée, non acu-
minée au sommet, et du second par des dents régulièrement
espacées, qui s'étendent bien plus près de la base, malheureuse-
ment mutilée dans notre exemplaire. La forme des dents et la
vervation dénotent dans cette feuille des rapports avec les Cassine
capensis L.; mais l’analogie estencore plus forte avec les espèces
suivantes d'Abyssinie, telles que : Celastrus sinuato-dentatus
Hochst., obscurus A. Br. et Zellino Schimp. On peut citer encore
le C. buæifolius du Cap comme très-ressemblant.
ANACARDIACEÆ.
RHUS L. |
Raus DERELICTA (pl. VIII, fig. 3).
R. folus pinnatis?, foliolis oblongo-ovatis, basi obtusa mæqua-
_ libus, dentatis, penninerviis; nervis secundariis sparsis, curvatis,
ramosis; tertiariis tenuissimis, transversim oblique decurren-
tibus.
Fénestrelle (fig. 3 A, rare). — Allauch (fig. 3 B).
… Folholes dont l’une est mutilée et l’autre assez mal conservée ;
elles ont fait probablement partie d’une feuille pinnée analogue
à celles du Rhus typhina L., sous de plus petites proportions.
Raus prisca Ettingsh., Tert. fl. von Hæring, p.73, tab. 26, fig. 12-23.
R. foliis pinnatis, foliolis oblongis, lanceolatis, sessilibus, basi
inæqualibus, argute serratis.
| Saint-Jean-de-Garguier.
| Folioleisolée, semblable à celles d'Hæring et de Saint-Zacharie.
MYRTACEÆ.
CALLISTEMOPHY LLUM Ettingsh., Zert. fl. von Hæring, p. 83.
CALLISTEMOPHYLLUM PROXIMUM Sap., £'x. anal., p. A2.
C. foliis coriaceis, petiolatis, stricte lanceolatis, utrinque atte-
nuatis, ntegerrimis, marginibus leviter revolutis ; nervo prima-
154 GASTON DE SAPORTA.
rio, immerso, parum expresso, secundariis obliquis, simplicius-
culis, fere inconspicuis.
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
Espèce qui paraît voisine du Callistemophyllum melaleucæ-
folium Ett. d'Hæring; mais la texture en est coriace, et la ner-
vation difficile à observer ; circonstance qui s'oppose à une déter-
mination bien précise. M. d'Ettingshausen compare les feuilles,
qu'il a figurées dans sa flore, à plusieurs espèces de Callistemon
et de Melaleuca.
LEGUMINOSÆ.
Les légumimeuses de Saint-Jean-de-Garguier et des autres
localités contemporaines du bassin de Marseille diffèrent peu de
celles que nous avons signalées dans la flore de Sant-Zacharie.
Ce sont toujours des folioles détachées, de petite dimension,
assez peu diversifiées et fort rares; les espèces même sont en
partie identiques avec celles de ce dernier dépôt. On peut, selon
nous, en inférer cette conséquence probable, que la manière
dont les éléments de ce groupe se trouvent combinés n’est pas
due seulement à l'influence d’une cause locale et accidentelle ;
mais que ce phénomène dépend plutôt de la nature même des
choses, puisqu'il se reproduit avec des variations peu sensibles à
des distances de temps et de lieu assez marquées. Il est donc pro-
bable que les conditions, qui présidaient à l’ordonnance végétale
de l’époque, auront influé à la fois sur la physionomie et le rôle
des plantes du groupe des Légumineuses, en les dispersant au
milieu des autres végétaux, et les subordonnant à eux, de
maniere à amoimdrir le nombre et l'importance de leurs em-
preintes au milieu des couches en voie de formation.
Nous suivrons pour leur classement le mode que nous avons
adopté précédemment.
&. Dalbergieæ.
DREPANOCARPUS C. F. W. Meyer.
DrEPANOCaRPuSs PUNCTULATUS (pl. VII, fig. 4),
D. folis pinnatis, foliolis ovatis, coriaceis, sessilibus, integer-
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 139
_ rimis, leviter punctulatis, penninervis; nervis secundariis
tenuissimis, sub angulo recto emissis, secus marginem arcu
flexuoso obtusissimo anastomosatis, venulis in eumdem sensum
quem nervi seeundarii extensis, subtiliter ramulosis.
|
|
Allauch (très-rare).
L’empremte reproduite (fig. 3) est celle d’une fohole sessile,
coriace, ovale un peu oblongue, entière et légèrement repliée sur
les bords, un peu inégale inférieurement et marquée à la surface
de ponctuations fines, très-nombreuses. Il est naturel de la rap-
porter au groupe des Légumineuses ; mais il est bien moins aisé
de l’attribuer à l’un des genres de cette grande famille. Cepen-
dant la nervation présente un caractère très-saillant ; les nervures
qui partent de la médiane, dont la finesse est extrême, naissent
à angle droit et se réunissent le long des bords par des arceaux
très-obtus. Cette réunion donne lieu à des aréoles transversale-
ment allongées, au milieu desquelles s'étendent une ou plusieurs
vemes dirigées dans le même sens que les nervures principales
et reliées à elles par des vemules obliquement réticulées, per-
cepübles à laide d'une loupe. Un petit nombre de Légummeu-
ses, entre autres des Campsiandra et Copaifera dans les Cæsal-
pinées, quelques Trioptolema, Machærium, Dipteriæ, etc., dans
les Dalbergiées, présentent une nervation plus où moins analo--
œue à celle-ci; mais il nous a semblé la retrouver bien plus net-
tement accusée dans le genre Drepanocarpus, particulièrement
dans le D. ferox Mart., dont la figure 3x reproduit une foliole
comme terme de comparaison. Ier, les nervures secondaires se
trouvent dirigées et ramifiées comme dans l'empreinte fossile,
et l’on aperçoit à la loupe de très-fines ponctuations qui présen-
tent le même aspect que dans celle-ci; seulement, la foliole d’AI-
lauch est plus petite et obtusément atténuée inférieurement,
tandis que celle de l’espèce brésilienne est arrondie et presque
échancrée en cœur.
Le genre Drepanocarpus n’est pas mconnu à l’époque ter-
taire; il se montre à Monte-Bolca, où il est représenté par le
D. Dacampii Mass., dont on possède des feuilles entières et des
fruits. Sa présence, dans la flore du bassin de Marseille, n'aurait
136 GASTON DE SAPORTA,
rien qui dût étonner ; cependant l'attribution de notre Drepa-
nocarpus punctulatus soulève encore bien des doutes.
DALBERGIA L.
DaALBERGIA LEPTOLOBIANA (pl. VII, fig. 7).
D. fois pmnatis, foliohs subcoriaceis, fere sessilibus, ovato-
ellipticis, apice obtuse attenuato subemarginatis, integerrimis,
penninerviis; nervo primario gracil, secundariis tenuibus,
parum obliquis, curvato-anastomosatis ; nervulis plurimis eodem
sensu quo secundarii decurrentibus, flexuosis, oblique ramo-
sis, subtiliter reticulatis. |
Fénestrelle (très-rare).
Cette foliole, unique comme la précédente, détachée visible-
ment d'une feuille pinnée, peut être rapportée, sans incertitude,
au groupe des Légumineuses. La finesse de son réseau veineux
est trés-grande ; il est formé par des nervilles déliées, flexueu-
ses, obliquement rameuses, dirigées dans le sens des nervures
secondaires qui se distinguent à peine de celles de troisième
ordre, et semblent se réunir en aréoles, fermées par des arceaux
obtus le long des bords de la foliole. On observe un système ana-
logue de nervation dans un grand nombre de Légumineuses tro-
picales, surtout parmi les tribus aujourd'hui exotiques des Dal-
bergiées et, des Cæsalpinées.
L'espèce fossile affecte dans son contour une forme très-ana-
logue à celle de plusieurs Zeptolobium (L. tomentosum Vog.,
L. elegans Vog.), et comme cette ressemblance s'étend aussi à la
nervation on serait tenté de la réunir à ce genre. Cependant, 1l
nous à semblé que les détails du réseau veineux étaient bien plus
finement compliqués dans l'empreinte fossile que dans les folioles
des Leptolobium dont la consistance paraît aussi plus coriace.
Il existe, selon nous, une véritable conformité jusque dans les
moindres détails du réseau veineux entre la foliole de Fénes-
trelle et celles des Dalbergia et de la plupart des genres voisms,
qui n'en sont qu'un démembrement.
Quoique la forme en coin élargi et émarginé au sommet soit
la plus répandue parmi les folioles des Dalbergiées, elle n’y règne
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 137
pas exclusivement, et beaucoup d'espèces présentent des folioles
ovales-elliptiques ou même atténuées comme celles de l'espèce
fossile, dont le sommet est cependant obtus et légèrement émar-
giné, comme celles de la plupart des Dalbergra.
Les espèces les plus voisines seraient les Dalbergia rubiginosa
Roxb., confertifolia Benth., sympathica Nimm., cultrata Grah.
des Indes orientales, plusieurs espèces de Ceylan, et dans les
genres voisins le Trioptolema tomentosa, les Miscolobium viola-
ceum Vog. et Spruceanum Spr.; enfin le Commnulobium (Ptero-
don) polygalæfolium Benth.; la longue série de ces affinités par-
tielles montre pourtant combien il est difficile de se prononcer
autrement que d'une manière conjecturale au sujet des Légu-
mineuses tertiaires, lorsqu'on n’en possède ni des fruits, ni des
feuilles complètes, mais seulement des folioles éparses.
GB. Sophoreæ.
BOWDICHIA H. B.K.
BowpicaiA AMPHIMENIUM (pl. VIIL, fig. 6).
B. folis pinnatis, foliolis lanceolato-oblongis, breviter acumi-
natis, Integerrimis, coriaceis, subtus pubescentibus, penniner-
vis; nervo primario stricto, secundariis subtilissimis, obtuse
emissis vel subobliquis, areolatis ; tertiaruis flexuosis in rete veno-
sum tenuissime ramosum solutis.
. Fénestrelle, près d’Aubagne (très-rare).
Une seule fohole, mais dont la conservation est admirable
(voy. fig. 6 et 6 A), dénote l'existence de cette espèce, dont il est
difficile de déterminer la véritable place, à cause des affinités
multiples qui paraissent la relier à plusieurs genres bien distincts
de l’ordre des Légumineuses.
On trouve des formes très-analogues, non-seulement par le
contour des folioles, mais encore par tous les détails de la ner-
vation, parmi les Dalbergiées, les Sophorées et même les Cæsal-
piniées. Les genres IecastophyllumKunth, Amphimentum HBK..,
Miscolobium Vog., Andira Lam. dans les premières, Bowdichia
138 GASTON DE SAPORTA,
dans les secondes, Leptolobium dans les dernières, sont ceux qui
nous ont offert les points de comparaison les plus naturels.
L'Hecastophyllum foliosum Benth., l'Andira grandifiora F1.
Sénég., le Miscolobium Spruceanum Spr., ont plusieurs traits
de ressemblance avec la foliole fossile ; ilen est de même de quel-
ques Leptolobium et particulièrement des Leptolobium nitens
Vog., tomentosum Pohl. et étomenteilum Pohl. Cependant l’'ana-
logie augmente encore, et devient tout à fait frappante lorsqu'on
aborde les genres Amphimenium et Bowdichia. On remarque
dans les folioles de ces deux groupes le mode de nervation qui
distingue l'empreinte fossile, et se compose de nervures secon-
daires très-déliées, assez peu obliques,. anastomosées-rameuses,
réuuies en aréoles irrégulières, et donnant lieu, parles ramitica-
tions des veines tertiaires à un réseau capricieux, à mailles très-
déliées, dont la figure 6 A, où il est représenté grossi, montre
la disposition.
Si l'on considère les deux côtés de l'empreinte, on voit que
celui qui correspond à la face supérieure de la folole, laisse
apercevoir le réseau veineux dans les moindres détails, tandis
que ces détails sont beaucoup moins distincts sur la face infé-
rieure, sans doute à cause d’une légère pubescence. On recon-
nait aussi que les nervures n'avaient qu'une saillie très-peu pro-
noncée de ce côté. Ces caractères appréciables, malgré leur
insignifiance apparente, nous ont paru propres à nous diriger
dans le choix d’une affinité à indiquer. Plusieurs Amphimentum
se rapprochent, en effet, beaucoup de l’espèce fossile ; nous cite-
rons un Amphimenium du Brésil, voisin de l'A. cauliflorum,
qui existe dans l’herbier du Muséum de Paris, et surtout le
Pterocarpus australis End. (4), dont les folioles ont été figurées
par M. d'Ettingshausen dans son mémoire sur la nervation des
Papilionacées (2).
On voit par le dessin de lanervation, que cette dernièreespèce,
rangée avec doute dans les Pterocarpus par Endlicher qui n'en a
(1) Endl., Prodr. fl. Norfolkicæ, p. 94.
(2) Etting., Ueber die nerv. der Blett. d. Papilionacen, tab. 12, fig. 3-5.
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 139
pas observé le fruit, se place très-naturellement avec les Amphi-
mentium ; ici l'analogie, qui résulte de l'agencement des nervures
de divers ordres, est très-remarquable ; cependant cette espece,
comme tous les Amphimenium, a des folioles glabres sur les
deux faces (1) et des nervures saillantes, double caractère qui
n'existe pas, comme nous l'avons remarqué dans l'espèce fossile.
Le genre Bowdichia, au contraire, concorde avec elle sous tous
les rapports. Les folioles des trois espèces que nous en avons
rapprochées {Bowdichia major Mart., B. nitida Spr., B. pubes-
cens Benth.) présentent une forme elliptique allongée très-
analogue, mais seulement un peu plus arrondie à la base ; le
sommet est très-obtus dans les Bowdichia major et pubescens ;
mais il se termine presque comme celui de l'empreinte fossile,
dans le B. nitida. |
La nervation, dans ses principaux détails comme dans ses
derniers linéaments, offre la même ordonnance que dans la foliole
de Fénestrelle ; de plus, le réseau veineux, visible jusque dansses
moindres subdivisions sur la face supérieure qui est glabre, est
constamment peu marqué sur l’autre côté qui se trouve légère-
ment pubescent dans les trois espèces ; ici donc la conformité
est complète, et semble justifier le rapprochement que nous
avons adopté après de longues hésitations. Le Bowdichia nitida
Spruce, dont la figure 6 « reproduit une foliole comme terme de
comparaison, habite le Brésil comme ses congénères. La pré-
sence de ce genre dans la flore du bassin de Marseille n’a rien
qui doive surprendre, puisque, en dehors des Sophora et des
Cercis déjà signalés à l’état fossile, nous verrons bientôt le genre
Calpurnia se montrer à Armissan, représenté par ses divers
organes. Ainsi, les principaux types de la tribu des Sophorées
paraissent avoir existé en Europe, à l’époque où nous sommes
parvenu.
(1) La description d’Endlicher dit, en propres termes : « foliola..…."integerrima,
rigide coriacea, wtrinque glaberrima ».
4h0 GASTON DE SAPORTA,
g. Cæsalpinicæ.
CASSIA L.
CassIA BERENICES Ung., Foss. fl. von Sotzka, p. 58, tab. 43, fig. 4-10;
O. Weber, Paléont., IV, tab. 29, fig. 16-20; Heer, F7. tert. Helv.,
IT, p. 448, tab. 135, fig. 19-56.
C. foliis multijugis? foliolis ovato-ellipticis, acuminatis.
Fénestrelle, près d'Aubagne (très-rare)
o
Une empreinte de foliole très-inégale à la base, bien entière,
mais dont la nervation est invisible, paraît appartenir à cette
espèce très-répandue dans les dépôts tertiaires de l’âge moyen.
CÆSALPINITES Sap.
CÆSALPINITES 16NOTUS (pl. VIE, fig. 9).
C. foliis compositis ; foliolis oblongis, subcuneatis, apice obli-
que leviter emarginatis, integerrimis, penninerviis; nervis se-
cundariis oblique areolatis.
Saint-Jean-de-Garguier (très-rare).
Foliole voisine, par la forme, de celle que nous avons désignée
sous le nom de Cæsalpinites litigiosus dans la flore de Samit-
Zacharie (1); mais elle est plus allongée elliptique, moins cunéi-
forme, et distinctement émarginée au sommet. Elle ressemble
aux folioles de plusieurs Cæsalpinia; mais on pourrait aussi là
rapprocher, quoique de plus loin, de celles des Colutea, des Psora-
lea, des Edwardsia et de plusieurs autres genres de la famille
des Légumineuses. Elle rappelle beaucoup aussi le Cæsalpinia
Laharpii Heer (2), signalé au Monod, vers la partie inférieure de
la mollasse suisse.
CÆSALPINITES MICROMERUS (pl. VII, fig. 10).
C. foliis compositis, foliolis parvulis, oblongis, sessihbus, inæ-
(4) Voy. Études sur la végét. tert.,t. 1, p. 259; Ann. des sc. nat., 4° série,
Bor., t. X,p. 105. pl, 14, fig. 15.
(2) Heer, F1. tert. Helv., t. NI, p. 442, tab. 187, fig. 40,
LE SUD-EST DE LA FRANCE À L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 141
quilateralibus, apice obtusato emarginatis, tenuiter mucronu-
latis; nervis secundartis subobliquis, curvatis.
Gypse de Camoins-les-Bains (très-rare).
Petite foliole obliquement méquilatérale, légèrement tronquée-
émarginée au sommet, que l’on peut comparer à beaucoup de
Légumineuses, au Cæsalpinia Sappan L., au Poinsiana pulcher-
rima L., à plusieurs Cassia, surtout aux Cassia longisiliqua Lam.
et obtusifolia L. Cette dernière attribution semble la plus pro-
bable.
CÆSALPINITES COPAIFERINUS Sap., £6. sur la vég. tert., |, p. 259; Ann.
se. nat., L° série, Bot., t. XIX, pl. 11, fig. 12 (pl. VIIL, fig. 8).
C. foliolis coriaceis, ellipticis vel suborbiculatis, brevissime
petiolulatis, marginibus subtus leviter revolutis ; nervo primario
distincto ; secundartis numerosis, subtilibus, angulo fere recto
emissis, tenuiter reticulatis, immersis, parum conspicuis,
Saint-Jean-de-Garguier (rare).
Cette espèce, déjà signalée à Saint-Zacharie, se montre de
nouveau à Saint-Jean-de-Garguier, où elle est toujours for rare.
Son analogie de forme et de nervation avec le genre Copaifera
est très-remarquable ; elle se rapproche particulièrement des
Copaifera Langsdorffii Desf., glabra Vog. et de plusieurs espèces
non déterminées que nous avons observées dans l’herbier du
Muséum de Paris. Ces folioles devaient être glabres et lisses à la
surface ; et leur nervation, composée de veines naissant presque
à angle droit, finement rameuses anastomosées, avait peu de
salle ; car elle est difficile à observer, même avec l’aide de la
loupe.
SPECIES EXCLUSÆ,
UT NON LEGITIMÆ AUT CUM ALIIS CONFUSÆ VEL PENITUS DUBIX.
Ficus SrENorHYLLA Sap., x. anal., p. 41. — Diospyros varians. Var. foliis
minoribus.
Ficus RESPICIENDA Sap., £'x. anal., p. 41, Araliæ folioli fragmentum ?
1142 GASTON DE SAPORTA,
BanxsiA LaHarrn? Heer, Sap., £x. anal., p. 39. — Myricophyllum obtu-
satum.
BANKSIA FAGINEA Sap., £'x. anal., p. h1, folii fragmentum dubiæ affi-
nitatis. | :
BANKSIA NEGLECTA Sap., £x. anal., p. 11. — Andromeda neglecta Sap.
Var. foliis obtusioribus.
CALLISTEMOPHYLLUM MELALEUCÆFOLIUM Ett., Sap., £'x. anal., p. 39. — Pa-
leodendron salicinum? Var. folus strictioribus.
TABLE MÉTHODIQUE ET COMPARATIVE DES ESPÈCES DÉCRITES
DANS LA FLORE PRÉCÉDENTE.
| LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE
ESPÈCES FOSSILES. ;
étrangères. vivantes analogues, de ces espèces.
Pages
Hepaticæ. .... ...... 68
MarcHantitTEs Brngt.,... 68 |
Marchantites sinuatus Sap. 68/......,.|[Marchantia polymor-
Ne eo Er Ci 69 phat +. ire 412 |Eurépes
Muscires Brnglsu sis ste 109
Muscites Tournalii, Brngt. 69! aArmmissan,
près de Nar-
boune. . . .|HyYPnum complanatum
L. Hypnum riparium
IP, 79, 4 AU, .. | Europe.
Cupressineæ, ....,... 69
CALIITRIS VERE, o 2: «we es US
Callitris Heerii Sap...... 691... Callitris quadrivalvis
LE PP Afrique septentr.
Callitris Brongniartii Endi. 71 Hæring, Ra-
doboj,Mont-
rouge, dans
le bassin de
| À Paris, ete.
Tauiopsis Sieb. et Zucc... 71
Thuiopsis massiliensis Sap. 721... ... Thuya occidentalis. . .| Amérique septent.
Thuiopsis dolabrata
Sieb. et Zucc......|Japon.
WiDpDRINGTONIA Endl...., 73
Widdringtonia antiqua S. 731. ...... Widdringtonia cupres- \
soides Endl....... Afrique australe.
JUNIPERITES Brngi....…... 74
Juniperites ambiguus Sap. 741,.......|Juniperus phænicea L.
Juniperus excelsa...,|Région méditerr.
Abietineæ............ 74
PTS SN Lea s 1
Pinus palæostrobus Ett... 74 Hæring, Mo
| nod(Suisse)| Pinus cxcelsa Wall. [Népaul.
Pinus pseudopinea Sap... 76|,,,.,... Pinüs pinea L.
| Pinus pinaster L...,.|Europe méridion,
Pinus megalophylla Sap.. 78
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L ÉPOQUE TERTIAIRE.
15
ESPÈCES FOSSILES.
Taxineæ...
Popocarpus Herit. .....:
Podocarpus Lindleyana S.
006.
Podocarpus eocenica? Ung.
Cyperaceæ. _.....: ::
Cyrerrres Lindl. et Hutt..
Cyperites gramineus Sap...
Care, 4
Carex palæocarpa Sap....
Palmiæ....... D...
BABALITES. . « . « «2.
Sabalites oxyrachis Ung...
Sabalites major Heer. ...
4 + © à »
Smilaceæ. .......4 ..
Bmiracournels À : ....,
Smilax Garguieri Sap....
Smilax abscondita Sap...
Fyphaceæ. ..
SPARGANIUM Tournef.....
Sparganium stygium Heer.
Betulaceæ. .........,.
BETULA Tournef.........
Betula oblongata Sap....
Betula pulchella Sap... +
Cupulifereæ.
Carpnus. L.......
Carpinus cuspidata Sap..
ss...
...
Quercus L...
Quercus elæna Ung......
.
LOCALITÉS
étrangères,
Ralligen
(Suisse), Hcæe-
ring, Sotzka,
Bonner,Koh-
len,Radobo)j,
Cadibona,
Novale, etc.
80
80
80
80
SÛ0l Her.
81
81
82
82
Hæring .:
Hæring, Ra-
doboj, mol-
lasse suisse,
environs de
Castres,bas-
sin de l’A-
gout (Tarn),
carrière de
la Massal -
leitétess 1.
doter «9 es
86
86 |Paudéze,Ro-
chette, Eriz
(Suisse). .
....
Mollasse
suisse, Pars-
chlug, bassin
du Rhin, No-
vale, . .
+. |Podocarpus
. |[Carpinus
. .|[Qucrcus
ESPÈCES
vivantes analogues.
nerlfolia
R. Br. 28#..:4.
Podocarpus elongata
0 CE PRES
PATRIE
de ces espèces,
. [Népaul.
Afrique australe.
Carex vulpina L.....|Europe.
.[Raphis flabelliformis. .
Sabal umbraculifera
Jaea seras
Smilax mauritanica Df.
Smilax pendulina Law.
Smilax elegans Wall...
Sparganium natans L..
Petülx lénta L, 07...
Betula dahurica Pall..
orientalis
Lam, 42
fe 7 O8 e ve
H.B.K4,,
_._.....,
confertifolia
. [Amérique tropic.
Afrique septentr.
Madère.
Indes orientales.
Europe, Amériq.
Amérique septent.
Sibérie.
Carniole,Asie min.
Mexique.
Quercus cinerea Michx.| Louisiane,
Ah GASTON DE SAPORTA.
LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE
ESPÈCES FOSSILES.
\ étrangères. vivantes analogues. de ces espèces.
Pages
Quercus nervosa Sap.... 90|....... + [Quercusargentata Kort.|Iles de la Sonde.
Quercus affinis Sap:... . 1#90!-:..:4.. Quercus spicata Kunth.
Quercus rugosa N.. . [Mexique.
Polygoneæ. ......... 92
POLYGONITES Sap....... 92
Polygonites ulmaceusSap. 99
Laurineæ........... 93
DAURUS LE, .42: CLONE 93
Laurus primigenia Ung.. 93{Sotzka, mol-
lasse suisse,
Novale, Sal-
cedo, Cadi- ES: .
bona (Italie)| Laurus canariensisWebl|Îlles Canaries.
CixnaMOMUM Burm. .... 94
Cinnamomum lanceola-
tum Heer.. plus. . . + 94 |Sotzka, Sie-
blos, mont-
Promipna,
Sagor, Hæ-
ring, Mol-
lasse suisse
Cadibona,
Novale, ete,
DAPHNOGENE Ung. ..... 94
DaphnogenetransitoriaS. 94
Daphnogene basinerviaS. 941..... ...|Litsææ Sp.
Santalaceæ. -......: 95 |
LEPTOMERIA R. Br..... . 99
Leptomeria distans Ett.. 95|Hæring. . .|Leptomeria Billardieri
RDV EU, .. Tasmanie.
Proteaceæ. ........ 95
PALÆODENDRON Sap..... 99
Palæodendron salicinum
Sap. . AIN LR PL EU À au 109
Palæodendron lanceola-
LUN SAP. rends 0 99
GREVILLEA R. Br....... 99
Grevillea mucronata Sap. 991........ Grevillea punicea R.B.
Grevillea buxifolia R.B. Nouvelle-Hollande
Grevillea inermis Sap... 100!...,.... Grevillea punicea R.B./|Nouvelle-Hollande
Grevillea rigida Sap.... 1001........ Grevillea buxifolia R.B. INouvelle-Hollande
Grevillea elaiophylla Sap. 100!........ Grevillea oleoides Sieb.|Nouvelle-Hollande
LOMATITES Sap..... AR |
Lomatites abbreviatus
MAD eco ses uses dl rec Lomatia polymorphaR.
LR +2 RE ..../|Nouvelle-Hollande
HakEA Schrad......... 102
Hakea discerpta Sap.... 1021.,...... Hakea laurina R. Br../Nouvelle-Hollande
Hakea obscurata Sap... 1021........ Hakea marginata R.Br.
Hakea stenocarpa R.B. Nouvelle-Hollande
Hakea? amphibola Sap.. 1021........ Hakea gibbosa R. Br..|Nouvelle-Hollande
MYRICOPHYLLUM Sap.... 103
Myricophyllum Zacha-
riensé SAp...ti 4. 2,103. 4ert Myrica æthiopica L.../|Afrique australe.
Banksiæ Sp... Nouvelle-Hollande
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 4145
ESPÈCES FOSSILES,
Pages.
Myricophyllum obtusa-
(mms ape... si se2 (308
Myriceæ. .. ....... . 104
Mamie. :.. sise, 10
Myrica (Comptonia) dryan-
dræfolia Heer....... 104
Myrica (Comptonia) obtu-
1 1 COS SNNERE 105
Myrica elongata Sap.... 106|.
Myrica subintegra Sap.. 106
Myrica banksiæformis S. 106
Myrica Zachariensis Sap. 107
Myrica salicina Ung.... 107
Myrsineæ,....... ue MD
ane Le... ..,..: 109
Myrsine celastroides Ett.. 109
Myrsine subincisa Sap.. 110
Myrsine cuneata Sap.... 110
LOCALITÉS
étrangères.
ne et
Hæring,Mon-
te Promina,
Monod
(Suisse),
Auvergne,
Armissan,
près de Nar-
RE RS NP PR A + EE SRE OR EE
ESPÈCES PATRIE
vivantes analogues. de ces espèces.
bonne . . .|Comptonia aspleniifolia Amérique septent.
Partie infé-
férieure de
la mollasse
suisse . . .
.
Partie infé-
rieure de
-Ja mollasse
suisse, Ra-
doboj. . . .
Hæring, Mo-
nod (Suisse)
0.2. © :
Dryandra formosa R.B. [N ouvelle-Hollande
Comptonia aspleniifolia [Amérique septent.
. [Myrica serrata Lam... {Afrique australe.
Myrica æthiopica L... [Afrique australe.
Myrica æthiopica L... {Afrique australe.
. [Myrica californica Hort. | Amérique septent.
Myrica esculenta Don. [Nepaul.
Myrica laureola...... Louisiane.
Myrica Burmanni Mey. {Afrique australe,
Myrsine africana L...{Iles Canaries.
Myrsine retusa Vent.. {Iles Açores.
Myrsine retusa Vent..{lles Açores.
Myrsine bifaria Wall... Himalaya.
Ebenaceæ,.......... 411
Diospyros L. ..... dans. MEL
Diospyros varianus Sap... 111|.. .|Diospyros lanceolata
ROXD pres D ui Indes orientales.
Ericaceæ. ...... eu 2
ANDROMEDA L......... 112
Andromeda (Leucothoë)
done Sap,!....... ER 0) PMR ...|Leucothoè multiflora
DO .,2.. ces Brésil.
Andromeda (Leucothoë)
neglecta Sap........ 0 TN ARE ..|Leucothoë buxifolia{
Bent rr. ses ss .. |Réunion.
Andromeda (Leucothoë)
neriiformis Sap...... MS PES. Leucothdé Sp 066 244 Brésil.
Andromeda (Leucothoë)
venulosa Sap........ 2 À | acer e À Leuncotho& Sp....... Brésil,
3° série. Bor. T. HIT. (Cahier n° 3.) 2 10
1416 GASTON DE SAPORTA.
LOCALITÉS ESPÈCES PATRIE
ESPÈCES FOSSILES. |
étrangéres. vivantes analogues. de ces espèces.
Pages.
Andromeda macilenta S. 1161........ Andromeda littoralis
GE Code. Madagascar.
dascraum£L..,!.7...2. 116
Vaccinium micromerum
BAD Tele sé à TON EEEE Vaccinium uliginosum
Luntelaos. . ...- 2. Europe septentr.
Araliaceæ........... 116
ARALEA Le... ds denss » LI
Aralia (Sciadophyllum ?)
zachariensis Sap....… 11785268.4: Sciadophyllum Sp...,|Nouvelle-Grenade
Aralia (Paratropia?) De-
caisnei Sap;s....... eh: page Paratropia obliqua B1.|Java.
Aralia (Cephalopanax ?)
subspathulatalSap.... 1474...... 4. Cephalopanax pachyce-
phalus PI. et Lindl. [Nouvelle-Grenade
Aralia (Panax ?) inquiren-
dat Sap Po pion 440hquion, Panax arboreus Forst. Nouvelle-Zélande,
Rymphænaceæ.,...... 120
NymPHÆA Neck........ 120
Nymphæa polyrhiza Sap. 120
ANOECTOMERIA Sap...... 125
Anœctomeria Brongniartii
Sap. bb ve ent Eee 425 Partie infé-
rieure de
la mollasse
suisse, Ar-
missan.
Nymrazæites Sternb... . 127
Nymphæites microrhizus
LU TARENSUR CS OPETS 127
Acerinæ ,..,,..... 128
Acer Mœnch..,1....... 128
Acer primævum Sap.... 428|........|Acer hybridum Bosc..|Amériqueseptent.
Acer garguieri Sap.. ,- 1291-.-..... Acersaccharinum Lam. | Amérique septent.
Acer massiliense Sap.... 129]....... Acer granatense Boiss. Andalousie.
Acer Reginæ Ameliæ
Orph. et Boiss..... Grèce.
Sapindaceæ. ........ 430
SAPINDUS L.,.4..:."130
Sapindus inconspicua $.. 130
Hiicineæ. . .......... 131
DORE ET 131
Ilex celastrina Sap..... 131| Armissan,
un pi llex maderiensis Lam.|lles Madère et
Canaries.
Ilex microdonta Sap.... 131
Celastrineæ......... 132
Csrasrrus Kth, L. 0. .« 132
Cclastrus splendidus Sap. 1321........ Celastrus senegalensis
L'CREBL:. lEnéions Afrique tropicale.
CelastrusZellino Schpr.|Abyssinie.
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. 147
: LOGALITÉS ESPÈCES PATRIE
ESPÈCES FOSSILES. | |
étrangères. vivantes analogues. de ces espèces.
Re —
Pages.
Celastrus numerandus $. 132
Anacardiaceæ. .....: 133
OT ELLES
Rhus derelicta Sap
Rhus prisca Ett
Myrtaceæ
CALLISTEMOPHYLLUM Ett..
Callistemophyllum proxi-
mum Sap
Leguminosæ
Dalbergieæ
Dreranocarpus C. F. W.
1 134
Drepanocarpus punctula-
fus Saba e hu 1 Drepanocarpus ferox
. |Brésil.
Amériqueseptent.
DALBERGIA L
Dalbergia leptolobiana S. 136 Leptolobium tomento-
sum Vog., Dalber-
Indes orientales.
Sophoreæ
BowpircxiA H. B.K....
Bowditchia Amphime-
nium Sap Bowditchia nitida Spr. | Brésil.
Amphimenii Sp
Cæsalpinieæ. ..
Cassia L
Cassia Berenices Ung .. 140! Mollasse
suisse, Sotz-
ka,Reut,Bon-
uerkohlen,
Radobo;, Bi- ; .
lin, Saizedo. |Cassia tævigata W....|Amériqueseptent.
CÆSALPINITES Sap
Cæsalpinites ignotus Sap. 140
Cæsalpinites micromerus
.../Copaifera Langsdorffii
Desf., Copaifera gla-
Brésil.
4h68 GASTON DE SAPORTA,
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE 1.
Fig. 1. Muscites Tournaliï Brongt, var. tenella. À, tiges éparses à la surface d’une
pierre (Allauch). On voit sur la même pierre un lambeau de feuille dicotylédone
d'attribution incertaine (Diospyros?) ; A!, A!!, deux fragments de tiges, grossis.
Fig. 2. Marchantites sinuatus. À, B, C, fragments de fronde (Allauch); C?, l’un d’eux
grossi.
Fig. 3. Callitris Heerii. À, ramule de la variété B, grandeur naturelle (Saint-Jean) ;
A!, une partie du même, grossi; B, ramule de la variété y, grandeur naturelle
(Saint-Jean) ; B/, le même, grossi; C, D, type normal, ramules, grandeur naturelle
(Fénestrelle) ; E, fruit, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; E/, le même, grossi.
Fig. 4. Widdringtonia antiqua. A, ramule, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; A’, le
même, grossi ; A//, autre ramule, grossi.
Fig. 5. Juniperites ambiquus. Ramule, grandeur naturelle (Saint-Jean) ; A, le même,
gross.
Fig. 6. Thuiopsis massiliensis. Ramule, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; A,le même,
grossi.
Fig. 7. Podocarpus Lindleyana. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 8. Pinus pseudo-Pinea. À, feuilles, grandeur vwaturelle (Saint-Jean); A4’, frag-
: ment de feuille, grossi (Saint-Jean) ; B, rameau dépouillé de feuilles, grandeur natu-
relle, d’après un moulage (Saint-Jean) ; B/, une portion du même rameau, grossi
pour montrer la forme et la disposition des coussinets; C, D, chatons mâles, gran-
deur naturelle (Allauch); E, cône, fragment, grandeur naturelle, d’après un mou-
lage (Saint-Jean) ; F, semence, grandeur naturelle (Saint-Jean).
PLANCHE ©.
Sabalites major (Flabelluria major Ung., Sabal. major Heer). Partie inférieure et
médiane d’une fronde (grandeur naturelle), montrant la naissance des rayons et leur
insertion sur le prolongement supérieur du pétiole dans le limbe , d’après un exem—
plaire appartenant au musée de la ville de Marseille, et provenant des couches du
bassin de Carénage. Nous devons la communication de ce bel échantillon à l’obli- :
geance de M. Barthélemy Lapommeraie, conservateur du Musée d'histoire naturelle.
PLANCHE 3.
Fig. 4. Pinus palæostrobus Ett, A, feuilles, grandeur naturelle (Fénestrelle);
B, C, autres feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean); D, rameau dépouillé de
feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean); E, fruit, grandeur naturelle (bassin de
Carénage), d’après un exemplaire de la collection de M, Matheron; E/, même
|
|
|
|
|
|
|
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE, 119
organe, restauré; F, écaille isolée munie de son apophyse, grandeur naturelle,
d’après un moulage (Saint-Jean).
Fig. 2. Pinus megalophylla. À, B, feuilles, grandeur naturelle ; C, graine, grandeur
naturelle ; D, E, chatons mäles, grandeur naturelle (Fénestrelle).
Fig. 3. Sabalites oxyrhachis. Fragment de fronde, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 4. Smilax Garquieri. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 5. Smilux abscondita. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). À, partie
inférieure, grossie.
Fig. 6. Betula oblonga. Feuille, grandeur naturelle (Aïlauch).
Fig. 7. Betula pulchella. Feuille, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, détails de la
nervation, grossis.
Fig, 8. Laurus primigenia, Uug. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). À, détails
de la nervation, grossis.
Fig. 9. Daphnogene transitoria. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 10. Quercus affinis. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). A, détails de la
nervation, grossis.
Fig. 41. Quercus elæna Ung. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 12. Quercus nervosa. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 13. Daphnogene basinervia. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 14. Polygonites ulmaceus, Fruit samariforme, grandeur naturelle (Saint-Jean).
B, le même, grossi.
PLANCHE 4.
Les figures de 1 à 13 sont placées dans la position occupée par les organes fossiles
qu'elles reproduisent, à la surface d’une grande plaque provenant du gypse de Camoins-
les-Bains, dont notre dessin retrace fidèlement l'aspect et les contours. Il nous à paru
intéressant de faire voir la quantité de feuilles et d’organes de diverses sortes qui
peuvent être rassemblés dans un étroit espace, et la manière dont ces fragments se
trouvent associés. Ainsi, en suivant l’ordre de nos numéros, on découvre succes-
sivement :
1 Fig. 4. Callitris Brongniartii Endi. A, B, D, plusieurs fragments de ramule: ces
fragments pourraient appartenir aussi bien au C. Heerii; GC, semence ailée pareille
aux exemplaires du gypse d'Aix.
| Fig. 2. Thwiopsis massiliensis? Semence analogue à celle des Thuiopsis, par la forme
de l’aile, émarginée au sommet, qui entoure la nucule.
Fig. 5. Pinus palæostrobus Ett, À, feuilles, exemplaire remarquable par sa belle con-
servation. Les aiguilles conniventes sont plus fortes, plus roides et plus érigées que
| dans la plupart des empreintes de Saint-Jean-de-Garguier. B, semence de Pins
analogue à celles de la section Sfrobus, et qu'il est naturel, par conséquent, de rappor-
ter à la même espèce.
150 GASTON DE SAPORTA.
Fig. 4. Semence ailée, d’affinité incertaine, un peu analogue à celles du genre Hakeu.
Fig. 5. Hakea amphibola. À, fruit; la fig. 5 B montre le même organe restauré.
Fig. 6, Carex palæocarpa. Fruit; les figures 6 A et A’ montrent le même organe
grossi, d’après les deux côtés de la même empreinte.
Fig. 7. Organe d'une nature indéterminée, probablement un fruit ; la fig. 7 A le
montre grossi avec les stries dont il est sillonné et qui suivent de chaque côté le
mouvement des contours; le sommet est surmonté d’un bec tronqué; on observe des
fruits analogues parmi les Ombellifères.
Fig. 8. Leptomeria distans? Ett. Fragment de ramule aphylle ; il serait peut-être plus
naturel de faire concorder ce petit fragment avec le Leptomeria gracilis du même
auteur que l’on rencontre fréquemment à Manosque.
Fig. 9. Grevillea inermis. Feuille ; la fig. 9 À montre la même feuille, grossie.
Fig. 10. Lomatites abbreviatus. À, B, feuilles; les figures 10 A’ et B/ montrent les
mêmes feuilles grossies.
Fig. 11. Vaccinium micromerum. Feuille ; la même se trouve grossie en A.
Fig. 12. Andromeda macilenta. Feuille ; la même se trouve grossie en A.
Fig. 13. Myrsine subincisa. À, B, C, feuilles; la fig. 13 A montre l’une d'elles
grossie.
Outre les espèces que nous venons d'énumérer on remarque à la surface de la
même pierre : 4° quelques fragments de feuilles monocotylédones dénotant probable-
ment des Cypéracées ; ce sont peut-être les feuilles du Carex palwocarpa; 2° plusieurs
feuilles dicotylédones, d’affinité incertaine; 3° enfin, plusieurs débris de bois ou de
fragments de tige, dont il est difficile de reconnaître la nature véritable. On ne saurait
en tout évaluer à moins de 20 le nombre des espèces de toute sorte comprises dans
l’espace de 15 centimètres carrés environ que mesure la plaque. La plupart, sauf les
Monocotylédones, se rapportent à des espèces frutescentes, surtout à des arbustes ; on y
compte en résumé : 3 conifères, 4 à 2, peut-être 3 monocotylédones, 9 à 12 dicotylé-
dones, dont 6 présentent des éléments de détermination; parmi celles-ci 3 sont des
apétales et 3 des gamopétales; on peut y joindre probablement quelques folioles de
Légumineuses.
La présence caractéristique des Callitris, Pinus, Grevillea, Lomatites et Myrsine,
comme formes dominautes, semble annoncer une exposition sèche et chaude. Le limbe
des feuilles est remarquablement petit, maigre, de consistance coriace. Les arbustes et
les plantes sous-frutescentes dominaient évidemment dans le canton d'où proviennent
tous ces débris végétaux.
Fig. 14. Diospyros varians. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean). A, détails de la
nervation, grossis.
Fig. 15. Andromeda venulosa. A, B, feuilles, grandeur naturelle (Saint - Jean);
B/, détails de la nervation, grossis.
Fig. 16. Andromeda neriiformis. Feuille, grandeur naturelle (Fénestrelle).
Fig. 17. Andromeda neglecta. À, B, C, D, feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean).
LE SUD-EST DE LA FRANCE A L'ÉPOQUE TERTIAIRE. A51
PLANCHE D.
É
Fig. 2. Grevillea rigida. Feuille, grandeur naturelle (Camoins), A, la même, grossie.
g. 1. Grevillea elæophylla. Feuille, grandeur naturelle (Allauch).
_
Fig. 3. Grevillea mucronata. Feuille, grandeur naturelle (Saint Jean).
Fig. 4. Hakea discerpta. Fragment de feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
À, détails de la nervation, grossis.
Fig. 5. Hakeaobscurata. Feuille, grandeur naturelle (Camoins). A, la même, grossie.
Fig. 6. Myrica salicina Ung. Feuille, grandeur naturelle (Camoins). A, détails de la
nervation, grossis.
Fi
mi
g. 7. Comptonia obtusiloba Heer. Feuille, grandeur naturelle (Allauch).
Fig. 8. Comptonia dryandræfolia Brngt. Feuilles (Saint-Jean). A, empreinte d’une
feuille, grandeur naturelle ; B, C, D, E, feuilles, grandeur naturelle ; B/, C/, détails
de la nervation, grossis.
Fig. 9. Myrica banksiæformis. Feuille, grandeur naturelle (Allauch).
Fig. 10. Myrica zachariensis. Feuilles (Saint-Jean). A, feuille, grandeur naturelle ;
A/, la même, grossie ; B, C, D, autres feuilles, grandeur naturelle.
Fig. 11. Myrsine celastroides Ett, À, B, C, D, feuilles, grandeur naturelle (Fénes-
trelle) ; A/, une d'elles grossie. — 11 x. Myrsine retusa Vent. Feuille, grandeur
naturelle ; æ/, la même, grossie.
Fig. 12. Myrsine subincisa. Feuille, grandeur naturelle (Camoins). A, détails grossis.
PLANCHE 6,
Fig. 1. Arabia inquirenda. À, B, D, feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean) *
D’, détails de la nervation, grossis; CG, fruit, grandeur naturelle (Saint-Jean) ;
C!, même organe, grossi,
Fig. 2. Aralia zachariensis. À, foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; B, autre
foliole, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fi
mt
g. 3. Aralia subspathulata. Foliole, grandeur natureile (Saint-Jean).
Fig. 4. Diospyros varians. À, feuille largement ovale, grandeur naturelle (Saint-Jean);
B, autre feuille de la même localité, plus étroite ; B/, détails de la nervation, grossis.
Fig. 5. Acer garquieri. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 6. Acer massiliense. Feuille, grandeur naturelle (Saint-Jean).
PLANCHE 7.
Fig. 1. Anœæctomeria Brongniartii. À, partie d'un rhizome, grandeur naturelle (Saint-
Jean); B, autre fragment de rhizome, comprenant deux coussinets, grandeur natu-
relle (Féuestrelle). On aperçoit en a les traces de lacunes inférieures accolées et
confondues avec les deux lacunes majeures,
192 GASTON DE SAPORTA,
Fig. 2. Nymphæites microrhizus. Partie d’un rhizome, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 3. Nymphœa polyrhiza. À, empreinte de coussinet située à la surface d’une pierre
(Saint-Jean) ; B, empreinte de la partie inférieure d’un fruit, présentant les parois
externes de cet organe, grandeur naturelle (Saint-Zacharie); on voit en a la place
qu'occupait le pédoncule, et, tout autoyr, les cicatrices saillantes de l'insertion des
pièces florales ; G, fragment des parois externes d’un autre fruit avec deux pétales,
occupant leur place naturelle et insérés sur une base légèrement saillante, grandeur
naturelle (Saint-Zacharie); D,graines, grandeur naturelle (Saint-Zacharie) ; D’, l’une
d’elles grossie; on voit en » l’échancrure qui correspond à l’ouverture micropylaire.
— 3 a. Fruit du Nymphæa alba L., à une époque voisine de sa maturité, vu par
dessous après l'enlèvement préalable du pédoncule.
PLANCHE 8.
Fig. 1. Jlex celastrina. À, B, feuilles, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 2. Celastrus splentidus. Feuille, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, détails de
la nervation, grossis.
Fig. 3. Rhus derelicta. À, foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle) ; B, fragment de
foliole ? grandeur naturelle (Allauch).
Fig. 4. Drepanocarpus punctulatus. Feuille, grandeur naturelle (Allauch). —
L 4. Drepanocarpus ferox Mart. Foliole, grandeur naturelle, d’après un exemplaire
de l’herbier du Muséum de Paris.
Fig. 5. Lequminosites. Foliole d’affinité incertaine, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 6. Bowditchia amphimenium. Foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, détails
de la nervation, grossis,— 6 «. Bowditchia nitida Spruce. Foliole, d’après un exem-
plaire de l’herbier du Muséum de Paris.
Fig. 7. Dalbergia leptolobiana. Foliole, grandeur naturelle (Fénestrelle). A, la
même foliole, grossie.
Fig. 8. Cæsalpinites copaiferinus. Foliole, grandeur naturelle (Saint-Jean).
Fig. 9, Cæsalpinites ignotus, Foliole, grandeur naturelle (Saint-Jean).
DE L'HYBRIDITÉ
CONSIDÉRÉE COMME CAUSE DE VARIABILITÉ
DANS LES VÉGÉTAUX.
Par M. Ch. NAUDIN.
( Extrait des Comptes rendus des séances de l Académie des sciences,
numéro du 21 novembre 1864.)
Les altérations de la forme dans les espèces du règne végétal
sont, à bon droit, considérées aujourd'hui comme un des phé-
nomènes les plus dignes d'attirer l'attention des observateurs.
Longtemps reléguée parmi les questions de second ordre, celle
de la variabilité des espèces à pris depuis peu une importance
inattendue, et, sans parler des déductions philosophiques aux-
quelles elle a déjà donné lieu, on peut dire qu’elle s’'im-
pose au début même de tous nos travaux descriptifs. Depuis
bientôt dix ans, je lui donne toute mon attention, et, quoique
tenant grand compte des faits observés dans cette voie par mes
prédécesseurs, c’est cependant à mes propres expérimentations
que j'ai surtout demandé de m'éclairer sur cet obscur sujet. Je
n'ai pas la prétention d’avoir résolu toutes les difficultés qui s’y
rattachent, mais je crois être arrivé à des résultats qui, je
l’espère du moins, jetteront quelque lumière sur des points jus-
qu'ici très-embrouillés de la biologie des végétaux.
Dans un mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l’Aca-
démie il y a deux ans, j'ai établi ce fait, confirmé depuis par de
nouvelles expériences, qu'à partir de la deuxième génération les
hybrides végétaux, lorsqu'ils sont doués de fertilité, reviennent
très-fréquemment à l’une des deux espèces dont ils sont sortis.
Ce retour à des formes avouées par la nature n’est cependant
pas universel : rien n’est plus commun, en effet, que de trouver,
dans une collection d'hybrides de même provenance et de seconde
154 CH. NAUDIN.
génération, ou d'une génération plus avancée, à côté d'indi-
vidus qui rentrent dans le cadre des espèces productrices, un
reliquat d'individus, en nombre plus où moins grand, qui n’y
rentrent pas, ou même qui diffèrent plus de ces dernières que
n'en différaient les hybrides de première génération. Quelle
physionomie présentent ces hybrides réfractaires, et que devient
leur descendance ? C'est ce que je me propose d'examiner dans
le présent mémoire.
En 4862, j ai fait de nombreux croisements, tous heureux,
entre les Datura lœvis, ferox, Stramonium et quercifolia, quatre
espèces parfaitement caractérisées, entre lesquelles il n'existe
pas d’intermédiaires connus, et qui, de plus, ne paraissent pas
susceptibles de varier. Cependant, quoique fort distinctes, ces
espèces ont assez d'affinité pour se féconder réciproquement, et
donner lieu à des hybrides qui, pour être stériles dans une pre-
mière phase de leur vie, n’en deviennent pas moins très-fertiles
à une période plus avancée. Elles étaient done dans les condi-
tions les plus favorables pour le but que je me proposais : Fob-
servation de leurs hybrides pendant au moins deux générations
consécutives.
Pour bien faire saisir les faits qui vont suivre, je dois dire 1e1
que les Datura du groupe sous-générique auquel appartiennent
ces quatre espèces peuvent se répartir en deux séries : l'une dans
laquelle les plantes ont les tiges vertes et les fleurs blanches,
l’autre où les tiges sont plus ou moins brunes ou pourpre noir.ét
les fleurs violettes. Pour abréger, je les appellerai la série
blanche et la série violette. Les Datura Stramonium, lœvis et
ferox, appartiennent à la première; les Datura Tatula, querci-
folia et quelques autres, à la seconde.
Ainsi que je l'ai dit toutà l'heure, j'ai fait de nombreux croise-
ments entre ces espèces, qui tous ont réussi, et dans des condi-
tions d'isolement telles que je ne pouvais avoir aucun doute sur
les résultats obtenus. Je ne parlerai pas 1er de toutes ces expé-
riences, que Je réserve pour un mémoire plus étendu ; je ne veux
entretenir l'Académie que des phénomènes très-remarquables
de variation qui ont été provoqués par ces croisements, et en
DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 155
tirer devant elle les conclusions qui me paraissent en dé-
couler.
Les Datura lœvis et feroæ, les deux espèces qui différent le
plus dans la série blanche, ayant été fécondés l’un par l'autre et
dans les deux sens, j'ai pu,'en 1863, à l’aide des graines obtenues
de ce double croisement, élever soixante individus de Datura
lœvi-feroæ et soixante-dix de D. feroci-lævis, en tout cent trente
plantes hybrides, issues des mêmes parents, ayant alternative-
ment rempli les rôles de père et de mère. Toutes ces plantes ont
pris le plus beau développement, et elles ont été si parfaitement
semblables les unes aux autres que les deux lots auraient pu
facilement se confondre en un seul. C’est une nouvelle confir-
mation de ce que J'ai déjà annoncé dans le mémoire cité plus
haut : qu'iln y à pas de différence sensible entre les hybrides
réciproques de deux espèces, et qu'à la première génération les
hybrides de même provenance se ressemblent entre eux autant
que se ressemblent les individus d'espèces pures 1ssus d'un même
semis. À cette première génération, je le répète, la collection
entière des mdividus hybrides de même origine, quelque nom-
breux qu'ils soient, est aussi homogène et aussi uniforme que le
serait un groupe d'individus d'une espèce invariable, ou d'une
_ race pure et nettement caractérisée.
| Mais ces cent trente sujets hybrides présentaient un fait tout
| nouveau pour moi ; s'ils étaient parfaitement semblables les uns
aux autres, ils différaient étrangement des deux espèces aux-
quelles ils devaient le jour. Ce n'étaient ni la taille, ni le port, ni
| les fleurs, ni les fruits de ces dernières; ce n’était même rien
| d’intermédiaire entre leurs formes si connues et si tranchées.
| Quiconque aurait ignoré l’origine de ces hybrides n'aurait pas
| hésité à en faire une espèce nouvelle, et, chose à noter, il les
| aurait Classés dans la série violette, car tous avaient les fleurs de
| cette couleur et les tiges brunes. Cependant, ainsi que Je l'ai dit
| plus haut, les deux espèces productrices de ces hybrides appar-
tiennent à la série caractérisée par des tiges vertes et des fleurs
blanches.
En présence de ce résultat inattendu, on aurait pu être tenté
156 CH, NAUDIN.
de croire que deux espèces, en se mariant l’une à l’autre, peu-
vent donner à leurs produits des caractères qu’elles ne possèdent
pas elles-mêmes ; mais une telle conclusion était trop paradoxale
pour être acceptée sans un nouvel examen. Je résolus donc de
recommencer l'expérience l’année suivante, en observant de
plus près non-seulement les hybrides, mais aussi les espèces dont
ils provenaient.
- Cette année (1864), j'ai fait de nouveaux semis des D. lœvi-
ferox et feroci-lævis, et, à côté d'eux, de D. ferox et de D. lœvis
de race pure. Trente-six nouveaux pieds de D. lœvi-ferox et
trente-neuf de feroci-lævis reproduisirent identiquement tous les
traits de leurs pareils de l’année précédente. Comme ces der-
mers ils eurent les tiges brunes, les fleurs violettes et les fruits
épineux. Mais, ce que je n'avais pas remarqué jusque-là, c’est
que, chez le D. ferox de race pure, la tigelle, au moment de la
germination, est d'un pourpre violet foncé. Cette teinte si vive
s'étend de la racine aux cotylédons où elle s'arrête brusquement,
cédant la place à la teinte vert clair ; mais elle persiste pendant
toute la vie de la plante sur le point qu'elle occupe, et où elle
dessine un cercle coloré. Dès ce moment, tout m'était expliqué :
si les hybrides du D. ferox, alliés à une autre espèce de la série
blanche, ont les tiges brunes et les fleurs violettes, c’est que le
D. ferox lui-même porte le germe de cette coloration. Dans
l'espèce pure, la coloration reste à l’état rudimentaire, n’occupant
que le faible intervalle qui s'étend du collet aux feuilles sémi-
nales ; dans l'hybride, elle prend un accroissement énorme,
gagnant toutes les parties de la plante, et manifestant surtout
son action sur la fleur. Voilà donc un premier mode de varia-
tion amené par le croisement de deux espèces, et qui produit ses
effets sur la première génération hybride. La seconde généra-
tion va nous en offrir d’un autre genre et de plus remarquables
encore. |
Tous ces hybrides, quoique stériles dans les sept ou huit
premières dichotomies, furent très-fertiles dans les suivantes.
Quelques-unes de leurs graines, semées au printemps der-
nier (1864), m'ont donné, pour la deuxième génération, dix-
DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 157
neuf pieds de D. feroci-lævis et vingt-six de lœvi-feroæ. Les deux
lots se ressemblent encore, mais par un caractère diamétrale-
ment opposé à celui qui était le trait saillant de la génération
précédente. À la grande uniformité d'alors a succédé la plus
étonnante diversité de figures, diversité qui est telle que, sur les
quarante-cinq plantes qui composent les deux lots, on n’en trou-
verait pas deux qui se ressemblassent exactement. Elles diffèrent
par la taille qui varie du simple au quadruple, par le port, la
forme du feuillage, la coloration des tiges et des fleurs, le degré
de fertilité, le volume des fruits et leur spinescence. Sauf un seul
pied du lot /ævi-ferox, qui est complétement rentré dans le
D. lœvis, avec cette légère différence qu’il a encore le bas de la
tige cerclé de pourpre violet, aucune de ces plantes ne s’est bien
sensiblement rapprochée de cette dernière espèce, et il n'y ena
qu'un très-petit nombre chez lesquelles on saisisse de vagues
ressemblances avec le D. ferox ; la plupart même ressemblent
plus aux D. Stramonium et D. quercifolia, avec lesquels elles
n’ont aucune parenté, qu'aux espèces dont elles descendent. I y
en a qui ont les fleurs blanches et les tiges vertes, tantôt unico-
lores, tantôt colorées en pourpre à la base ; d’autres ont les fleurs
violettes de divers tons et les tiges plus. ou moins brunes,
quelquelois même d'un pourpre noir aussi foncé que dans le
D. iatula, qui est le type le plus parfait de la série violette ; les
fruits sont de toutes les grosseurs, depuis celle d’une aveline
jusqu'à celle d’une forte noix, et ces fruits sont les uns très-épi-
neux, les autres seulement couverts de tubercules ou presque
dépourvus d’épines; certains individus fructifient dès la première
dichotomie, certains autres seulement dans les dernières ; enfin
il y en à qui ue nouent pas un seul fruit. En somme, les qua-
rante-cinq plantes des deux lots constituent, pour ainsi dire,
autant de variétés individuelles, comme si, le lien qui devait les
rattacher aux types spécifiques s'étant rompu, leur végétation
s était égarée dans toutes les directions. C’est ce que j'appelle la
variation désordonnée, par opposition à une autre manière de
varier bien différente dont je parlerai plus loin.
Je pourrais citer beaucoup d’autres exemples de l’excessive
158 CH. NAUDIN,
variabilité qui se manifeste à la suite des croisements. Ne pou-
_vant pas donner à cette note toute l'extension que comporterait
. le sujet, je me bornerai aux suivants, qui m'ont aussi été fournis
par mes expériences.
En 1863, je reçus d’un amateur d’horticulture de Paris,
M. Chappellier, un pied déjà adulte de Mirabilis longifloro-
jalapa de première génération, et issu, comme le nom l'indique,
de la Belle-de-nuit commune, à fleurs pourpres, fécondée par le
M. longiflora. À cet échantillon était jointe une graine obtenue
du premier croisement des deux espèces, et qui devait me don-
ner un second pied hybride, pareillement de première généra-
tion. Les deux plantes cultivées à côté l’une de l’autre devinrent
énormes ; intermédiaires au même degré entre les espèces pro-
ductrices, qu'elles surpassaient de beaucoup par leur taille, elles se
ressemblérent aussi exactement que possible, ce qui devait être,
puisque toutes deux appartenaient à la première génération.
Elles furent moyennement fertiles, et, sur plusieurs milliers de
fleurs qu'elles ouvrirent dans un espace de près de trois mois,
elles donnèrent quelques centaines de graines parfaitement con-
ormées. |
La plus âgée de ces deux plantes ayant déjà fructifié l’année
précédente, et quelques-unes de ses graines m’ayant été remises
par le donateur, j'obtins dans la même année (1863) six autres
sujets hybrides, mais ceux-ci de deuxième génération. Aucun
d'eux n'atteignit à la grande taille des hybrides de première
génération ; aucun d'eux surtout ne leur ressembla. De ces six
plantes, 1l y en eut deux qui semblaient être la copie l’une de
l’autre, tant elles différaient peu ; c'était une exception; elles
fleurirent abondamment, mais, quoique très-développées et
très-vigoureuses , elles demeurèrent entièrement stériles. Une
_ troisième était presque rentrée dans les formes normales du
M. Jalapa, dont elle avait la taille, les feuilles, les fleurs et la
fertilité ; elle n'en différait que par un port un peu plus étalé et
le tube plus allongé de ses corolles. Les trois dernières étaient
des plantes basses, plus ou moims difformes, aussi différentes
entre elles d'aspect qu'elles l’étaient des hybrides de première
DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 159
génération ; de même que les deux premières, elles furent sté-
riles, ou du moins ne donnèrent que quelques fruits, dans les-
quels les graines ne s'étaient qu'incomplétement formées. Trois
nouvelles plantes de deuxième génération, cultivées en 1864,
présentèrent les mêmes diversités de physionomie ; elles ne res-
semblèrent pas plus à celles de l’année précédente qu'aux pre-
miers hybrides. L'une d'elles, qui se rapprochait tres-sensible-
ment du M. Jalapa, fut très-fertile ; les deux autres fleurirent
très-inégalement, et ne donnèrent pas une seule graine. Ce qui
ressort de plus clair de cette seconde expérience, c’est encore la
variation désordonnée des produits d’une plante hybride, lors-
qu'ils ne reprennent pas la livrée des espèces dont ils descendent.
On pourrait demander si cette propension des hybrides à varier
se continue à la troisième génération et aux suivantes, lorsqu'ils
conservent leur fertilité. Voici qui va répondre à cette question :
En 1863 et 1864, j'observais la sixième et la septième géné-
ration d'un hybride que je conserve depuis plusieurs années, le
Linaria purpureo-vulgaris, toutes deux représentées par quel-
ques centaines d'individus. Un bon nombre de ces derniers ren-
traient, les uns complétement, les autres partiellement, dans les
iormes du Linaria vulgaris à fleurs jaunes, un moindre nombre
dans celles du Linaria purpurea à fleurs pourpres. D’autres,
très-nombreux encore, n’inclinaient pour ainsi dire mi vers l’une,
ni vers l’autre de ces deux espèces, mais ne ressemblaient, pas
pour cela à l'hybride de première génération. On y trouvait
tous les genres de variation possibles : des tailles rabougries ou
élancées, des feuillages larges ou étroits, des corolles déformées
de diverses manières, décolorées ou revêtant des teintes insolites,
et de toutes ces combinaisons il n’était pas résulté deux indivi-
dus entièrement semblables. Il est bien visible qu'ici encore
nous avons affaire à la variation désordonnée qui n'engendre
que des individualités, et que l’uniformité ne s'établit entre la
descendance des hybrides qu'à la condition qu'elle reprenne la
livrée normale des espèces.
Des faits semblables, auxquels on n’a peut-être pas accordé
toute l'attention qu'ils méritaient, se sont produits et se pro-
160 CH. NAUDIN,
duisent journellement encore dans la pratique des horticulteurs
fleuristes. En voici un bien connu et bien authentique : 1l existe
dans les jardins deux espèces parfaitement caractérisées de
Pétunias , l’une à fleurs blanches (P. nyctaginiflora) , l'autre à
fleurs pourpres (P. violacea), sans variétés connues jusqu'ici,
mais se croisant avec facilité, et donnant par-là des hybrides
aussi féconds qu'elles-mêmes. A la première génération, tous les
hybrides se ressemblent: à la seconde, ils se diversifient de la
manière la plus remarquable, les uns retournant à l'espèce
blanche, les autres à l'espèce pourpre, et un large reliquat mar-
quant toutes les nuances entre les deux. Que ces variétés soient
fécondés artificiellement les unes par les autres, comme le font
quelques jardiniers, on en obtient une troisième génération
encore plus bigarrée, et, en continuant le procédé, on arrive à
des variations extrêmes, quelquefois monstrueuses, que la mode
régnante fait considérer comme autant de perfectionnements.
Ce qui est essentiel à noter ici, c'est que ces variétés sont pure-
ment individuelles et sans fixité. Du semis de leurs graines nais-
sent de nouvelles formes, qui ne se ressemblent pas plus entre
elles qu’elles ne ressemblent à celles qui les ont produites.
Si nous passions en revue les autres groupes de plantes d’agré-
ment où se sont trouvées, au début de la culture, deux ou plu-
sieurs espèces assez voisines d'organisation pour donner lieu à
des hybrides fertiles, nous y découvririons les mêmes faits de
variabilité mdividuelle et jamais collective que je viens de signa-
ler. Les Primevères et les Rosiers, pour n’en pas citer d’autres,
en sont des exemples mémorables. Mille et mille fois croisées les
unes par les autres, soit avec intention par les horticulteurs, soit
accidentellement par les insectes, les espèces de ces deux genres
ont donné naissance à des variétés si nombreuses qu’on peut à
peine les énumérer, et que les types primitifs des espèces, noyés
dans cette multitude confuse et toujours changeante, n’ont pour
ainsi dire plus qu'une existence de convention. Quelle que soit
la variété de Rosier ou de Primevère des jardins (si bien nommée
Primula variabilis) dont on sème les graines, on peut être assuré
d'avance qu'elle ne se reproduira pas identiquement, et qu'on
DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 161
verra paître du semis à peu près autant de variations nouvelles
que d'individus.
Ceci m'amène très-naturellement à jeter un coup d'œil sur nos
arbres fruitiers, les Pommuers et les Poiriers particulièrement,
dont les variétés se comptent par centaines, et je dirais même
par milliers, si l'on conservait toutes celles qu'on voit naître des
semis. Les arboriculteurs Imstruits sont unanimes à reconnaître
que ces variétés sont individuelles et sans permanence, et que la
greffe est absolument nécessaire pour les conserver et les propa-
ger, ce dont M. Decaisne à donné récemment la démonstration
expérimentale. Faut-il en conclure que ces variétés sont le résul-
tat de croisements entre espèces et races distinctes? La preuve
directe manque, mais j'oserais affirmer que c'en est bien là
effectivement la cause, et que sous cette multitude de formes
instables se cachent plusieurs types spécifiques primitivement
distincts, auxquels il n’est plus possible aujourd’hui d’assigner
leurs vrais caractères. Au surplus, quelque opinion qu’on se
fasse à cet égard, il faut reconnaitre que ces formes, non trans-
missibles par voie de génération, manquent par cela même du
caractère essentiel des espèces et des véritables races, qui est de
se perpétuer fidèlement par le semis et de faire nombre. Rigou-
reusement on peut dire que ces variétés ne sont encore repré-
sentées, quelques-unes après des siècles de durée, que par un seul
individu, toujours le même et toujours renouvelé par la greffe,
c'est-à-dire par le sectionnemeni indéfini de ses rameaux.
Mais si les croisements ont produit ces phénomènes de varia-
bilté irrégulière chez les plantes culuvées, ne serait-il pas pos-
sible que la même cause les eût fait naître chez des plantes
restées à l'état sauvage ? On est porté à le croire lorsqu'on jette
les yeux sur certains groupes génériques, comme ceux des
Saules, des Potentilles, des Rosiers, ete., où les espèces les mieux
caractérisées au premier abord se relient cependant l'une à
l'autre par des formes intermédiaires si nombreuses et si bien
graduées, qu'on en vient à ne plus savoir où placer les limites
de ces espèces ; aussi, malgré les études les plus laborieuses, ces
genres sont-ils restés un sujet de discorde pour les botanistes, Ce
5€ série. Bor, T. IE. (Cahier n° 3.) 11
162 CH. NAUDIN.
qui rend cette supposition vraisemblable, c’est que précisément
les espèces de ces divers groupes se trouvent dans les conditions
physiques les plus propres à favoriser leurs croisements. Or il
suffit 1c1 que deux espèces, en se croisant, donnent lieu à des
hybrides fertiles ne rentrant pas tous dans les types spécifiques,
pour que la variabilité désordonnée entre en jeu, et amène, au
bout de quelques générations, ce chaos de formes indécises
contre lequel échouent tous les efforts du botaniste descripteur.
Après avoir dit comment varient les hybrides, il est temps
d'examiner comment se conduisent les espèces pures de tout
alliage, lorsque leurs formes se modifient. Constatons d’abord
qu'au point de vue de la variabilité, elles sont très-inégalement
douées. Il ÿ en a qu'on ne voit jamais varier, du moins dans le
sens qu'on attache à ce mot ; il y en a d'autres qui varient, et
quelquefois dans des limites extrêmement larges. Nous ignorons
quelles causes déterminent ces variations ; 1l est permis de croire
cependant que le dépaysement et la culture n'y sont pas étran-
gers, car On voit naître à leur suite beaucoup de variétés remar-
quables. Mais les espèces, lorsqu'elles varient en vertu de leurs
aptitudes innées, le font d’une manière bien différente de celle
que nous avons constatée dans les hybrides. Tandis que chez ces
derniers la forme se dissout, d'une génération à l’autre, en
variations individuelles et sans fixité, dans l'espèce pure, au con-
traire, la variation tend à se perpétuer et à faire nombre. Lors-
qu'elle Se produit, il arrive de deux choses l’une : ou elle dispa-
raît avec l'individu sur lequel elle s’est montrée, ou elle se
transmet sans altération à la génération suivante, et dès lors, si
les circonstances lui sont favorables, et qu'aucun croisement
avec le type de l'espèce ou avec une autre variété ne vienne la
troubler dans son évolution, elle passe à l’état de race caracté-
risée, et imprime son cachet à un nombre ilimité d'individus.
C’est ainsi que je m'explique la formation de ces races de végé-
taux économiques si tranchées, si homogènes et si stables, que
là culture a vues naître, et qu'elle conserve avec tant de som.
À ne considérer que la régularité de leur marche, on les pren-
drait pour de véritables espèces ; mais leur fragilité, lorsqu'elles
/
DE L'HYBRIDITÉ DANS LES VÉGÉTAUX. 163
sont livrées au hasard des croisements, témoigne de leur véri-
table nature. Ce ne sont point des espèces dans le sens botanique
du mot, ce sont des catégories dans une espèce plus vaste, ou,
si l’on veut, des confréries d'individus semblables d'organisation,
et portant une livrée uniforme. Cette homogénéité et cette fixité
de caractères sont le-signe distinctif des vraies races, comme la
diversité et le défaut de permanence sont celui des aggloméra-
tious nées du métissage ou de l'hybridité. Les unes, entachées
d'illégitimité, sont le fruit de la variation désordonnée, les
autres celui de la variation réglée et normale de l'espèce ; je
dirais même plus volontiers qu'elles sont l'espèce elle-même
s’adaptant à de nouveaux milieux et à des finalités nouvelles.
J'ignore si des faits analogues à ceux que je viens de rapporter
ont été observés dans le règne animal, mais je ne serais pas sur-
pris que l’on vint un jour à reconnaitre que là aussi les croise-
ments entre races caractérisées sont une cause de variabilité tout
individuelle, et qu'ils sont impuissants à créer de nouvelles races,
c'est-à-dire des aggrégations uniformes et capables de durer im-
définiment. I ne serait certainement pas sans intérêt d'examiner
si, en S'alliant les unes aux autres, les races bien distinctes se
fondent en une nouvelle race mixte, mais homogène, ou si,
comme chez les plantes, le croisement a pour effet de diversifier
à l'infini les physionomies et les tempéraments. Mais c’est là un
sujet qui n est plus de ma compétence, et que j'ai hâte de laisser
aux zootechnistes de profession.
DISCOURS
PRONONCÉ A L'OUVERTURE DE LA 48° SESSION
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES
Par M. ©. HEER,
Président (1).
Messieurs, il est entré dans les habitudes de notre Société que
celui de ses membres auquel est dévolue l'honorable mission
d'ouvrir une des sessions annuelles, cherche à exposer à ses con-
frères, devenus des hôtes précieux, ce que l’histoire naturelle
de la localité présente de plus intéressant. Sous ce rapport,
avouons-le, le canton de Zurich n'offre rien de particulier. fl
manque de hautes montagnes, et, au point de vue de leur struc-
ture géologique comme à celui de leur forme, ses collines et ses
vallées présentent une analogie si grande avec le reste du plateau
suisse qu'elles ne peuvent prétendre à captiver votre intérêt au
même degré que ces puissants voisins qui bornent notre horizon
vers le midi. Cependant, je tenterai de vous faire connaître
notre flore zurichoise et d'attirer votre attention sur quelques
particularités intéressantes de son histoire. Elle est constituée
par trois éléments bien distincts :
1° La flore de la plaine ;
2° La flore de la région montagneuse et des Alpes :
3" Les plantes d’origine étrangère introduites par le fait de
l’homme.
La flore de la plaine est composée d’espèces répandues en
Suisse dans toute l’étendue du domaine molassique. C’est une
partie de cette vaste flore qui caractérise les zones tempérées de
(4) Tiré de la Bibliothèque universelle et Revue suisse (Arch. des sciences phys. et
nat., t. XXI, livraison de décembre 1864).
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 165
l'Europe et de l'Asie. Bien que chaque pays possède en propre
quelques espèces, le plus grand nombre d’entre elles sont dissé-
minées de l'Oural jusqu'en Angleterre et en Irlande. La trame
et la chaîne de ce tapis végétal de l’Europe centrale sont partout
les mêmes ; çà et là seulement quelques fleurs particulières sont
en quelque sorte brodées sur le fond du tissu. Dans le canton de
Zurich, la flore de la plaine est constituée par 829 espèces pha-
nérogames, que l’on retrouve presque en totalité dans le reste
dela Suisse.
À la frontière septentrionale de notre canton nous voyons
apparaître un certain nombre de formes germaniques, qui n’ont
pas pénétré plus profondément sur notre territoire. Elles se sont
établies dans le bas pays et dans les vallées de la Glatt, de la Tôss
et de la Thur,; nous en retrouvons également sur les collines
sèches de l’Irchel et de Läyern, mais elles ne s’avancent pas au
delà vers le midi. |
La flore des Alpes est fort différente de celle de la plane. Elle
nous présente une série de formes spéciales, constituées non-
seulement par des espèces, mais même par des genres particu-
hiers. Sans doute, nulle part dans notre canton cette flore n'appa-
raîit dans toute sa plénitude, et ce n’est que dans les hautes
régions de la Suisse qu'elle étale toutes ses richesses. De nom-
breuses plantes de la plaine ont aussi pénétré dans la montagne,
et plusieurs d’entre elles se sont élevées à des hauteurs considé-
rables ou elles s'associent aux hôtes charmants de ces hauteurs
éthérées. D'autre part, beaucoup de plantes des Alpes ont suivi
dans les vallées le cours des glaciers et des torrents et ne forment
dans les bas pays que de petites colonies, dont l'existence devient
permanente, grâce à l'apport Incessant de nouvelles semences
qui remplacent les mdividus à mesure qu'ils disparaissent. C’est
ainsi que, dans notre voisinage, au bord de la Sihl, nous rencon-
irons quelques fleurs de la montagne, qui y sont fixées ou n’Ÿ
apparaissent que sporadiquement lorsqu'ellés ne peuvent s’y
maintenir. La Thur et la Tôss présentent des faits du même
ordre ; quant à la Limmath, elle n’amène pas à sa suite des
plantes des Alpes, parce que leurs semences ne peuvent franchir
166 ©. HEER.
les lacs de Wallenstadt et de Zurich. Au débouché de la Linth
dans le premier de ces lacs, à Gäsi, les bords de la rivière sont
couverts de ces colons alpins, dont les semences ont été, sans
doute, entrainées des hauteurs avec les limons et Les sables qui:
se déposent en si grande quantité sur ce point. Les bancs de
sable et de gravier de l’ancien lit de la Linth présentent encore
cà et là de ces formes alpines qui ont déjà pu s'y maintenir,
bien que depuis cmquante ans elles aient cessé de recevoir des
renforts.
Chose étrange, ces colonies de plantes de la montagne et même
des Alpes existent également sur certaines collines de la plaine,
loin des rivières comme des Alpes elles-mêmes ; elles y apparais-
sent au milieu des habitants de la plaine comme des enfants
_égarés des hautes régions. Abstraction faite des espèces entraf-
nées fortuitement par les eaux, le canton de Zurich compte
123 de ces plantes de la montagne, parmi lesquelles 55 sont ori-
ginaires des Alpes seulement et ne peuvent être classées que
parmi les types alpins, et cependant la sommité la plus élevée
du canton de Zurich atteint à peine 4000 (3887) pieds au-dessus
de la mer. À vrai dire, cette chaîne de Hôrnli s’avance assez
loin dans la direction des Alpes, mais elle n'en reste pas moins
séparée d'elles par la large vallée du Toggenbourg. La chaîne
de l’Albis et celle du haut Rhonen sont tout aussi séparées des
Alpes, et l’Utliberg, l'Irchel et les Lävern en sont fort éloignés.
C'est dans la partie supérieure de la vallée de la Tôss, dans le
voisinage du Hôrnli et du Schnebelhorn qu'existe la plus peuplée
de ces colonies de plantes alpines, car sur 74 plantes de monta-
gne AO y sont alpines. C’est là que fleurissent dans des ravins
ombreux et humides le Rhododendron hérissé, la Violette jaune
des Alpes, le Mulgédium bleu des Alpes et la charmante Tozzie.
Sur les rochers du Härnli, près d’Allenweil, croissent l'Auricule
et la Saxifrage. Dans les pâturages de ces montagnes apparais-
sent la Gentiane à grandes fleurs, la Renoncule des montagnes,
l’Orchis noir à odeur de vanille, la Crépide dorée et la Potentille
dorée. La Bartsie, la jolie Soldanelle des Alpes, le Myosotis alpes-
tre aux fleurs d’un bleu foncé, et la blanche Dryade, s’y rencon-
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 167
trent également. Il y a plus : au Schnebelhorn nous sommes stu-
péfaits de trouver le Saule émoussé (Salix retusa) et la Véronique
des rochers, que nous ne sommes habitués à rencontrer que dans
les hautes Alpes.
Chacune des nombreuses collines arrondies, qui font le charme
des parties méridionales et orientales de notre canton, hébergent
un certain nombre de ces colons, et entre autres le Bachtel, si
renommé pour sa magnifique vue.
Le haut Rhonen est dans le mème cas, et compte parmi
36 plantes de montagne 18 formes alpines. L'Albis lui-même,
dont la hauteur ne dépasse pas 2800 pieds, nous en présente
encore quelques-unes. C'est ainsi qu'on trouve, au signal de
l’Albis, l’Aune vert qui joue un si grand rôle dans les hautes
régions et constitue le combustible par excellence dans la vallée
d'Urseren.
Il n’est pas jusqu'à notre petit Utlhiberg qui ne compte 6 for-
mes alpines sur 33 plantes des montagnes : le Lin bleu des Alpes,
l'Épilobe rouge de Fleischer et la Saxifrage faux Aizoon s’y trou-
vent dans les mêmes rapports de famille qu'au bord des torrents
et au flanc des glaciers; les blocs de rochers, résidus d’une
ancienne moraine, qui existent au sommet de cette colline, sont
tapissés de Campanules fluettes, et entourés de Rosiers des Alpes,
de Digitales à grandes fleurs, de Sauges glutineuses, d'Épiaires
des Alpes et d'Aconit tue-loup, comme les rochers de nos mon-
tagnes.
Il est encore plus surprenant que les Lävern et l'Irchel, qui
sont beaucoup plus éloignés des Alpes, en possèdent encore quel-
ques émigrés. Sur les Läyern, parmi 20 plantes de montagne,
nous signalerons l’Arabis et le Groseillier des Alpes, la Drabe
faux Aizoon et la Saxifrage Aizoon, et sur l'frchel, parmi 14 plan-
tes de montagne, l’Aune vert. Ainsi dans notre canton, sur la
flore de la plaine, qui constitue pour la plus grande part le tapis
végétal, vient se superposer un élément alpin, qui envahit les
sommités des collines et les ravins humides et ombragés, tout
en n'apparaissant en masse, que dans quelques rares localités.
Dans le canton de Glaris, cet élément est représenté par 83 espè-
168 0. HEER.
ces dans la région alpine, et par 45 dans la région inférieure des
neiges éternelles (7009 à 8500 pieds).
Chose singulière, les marais tourbeux de la plaine comptent
quelques plantes des Alpes, et leur ont offert une station dans
laquelle elles ont pu se maintenir. Nous y rencontrons entre
autres l’Aiïl civette, l’Aïrelle des tourbières (7/accinium uligino-
sum) et la Linaigrette des Alpes (Æriophorum alpinum). La
Scheuchzérie et le Carex à longues racines (C. cordorrhiza),
sans être précisément des plantes alpines, sont encore des types
septentrionaux.
Le troisième élément de la flore zurichoise est constitué par
les plantes introduites du fait de l'homme ou accidentellement.
La surface cultivée dans le canton constitue 67 pour 400 envi-
ron de l'aire totale, et un tiers de cette surface est occupé par
des végétaux d'origine étrangère, la plupart de pays plus chauds.
L'aspect du pays et celui de la végétation ont été, on le conçoit,
profondément modifiés par cette introduction d'éléments étran-
gers. Plus nombreuse encore est l’odieuse tribu des mauvaises
herbes qui ont été introduites avec les plantes cultivées, et qui,
malgré la guerre séculaire que l’homme leur fait sans pouvoir
s’en débarrasser, envahissent les champs, les jardins, voire même
les rues des villes et des villages. Ce sont en grande partie des
espèces répandues dans toute l'Europe, et beaucoup d’entre elles
ont accompagné l’homme sur toute la terre. Aujourd’hui le
canton de Zurich compte 255 de ces cosmopolites. ,
Les plantes cultivées et les mauvaises herbes forment dans
notre flore l'élément variable par excellence. Sans doute, les
végétaux alimentaires ne sont pas soumis à de grands change-
ments et, à l'exception de la Pomme de terre, il n’a pas été in-
troduit dans notre canton, depuis des siècles, une seule nouvelle
plante à fécule de quelque importance. Il en est autrement des
légumes et surtout des plantes d'ornement. Chaque année nous
vaut de nouvelles espèces, et toutes les parties du monde sont
aujourd'hui exploitées pour orner nos jardins de nouvelles fleurs.
Mais, en même temps, les plantes parasites se multiplient. H v a
cinquante ans que l'orobanche du Trèfle, qui fait aujourd’hui de
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 169
si grands ravages dans nos champs de Trèfle, était mconnue chez
nous, et, sans aucun doute, il nous est arrivé du midi de la
France avec des graines de cette légumineuse. D’autres plantes
s’introduisent probablement dans notre pays par l'intermédiaire
des sacs d'emballage auxquels leurs semences peuvent rester
adhérentes. C’est dans le voismage de notre gare que surgissent
ces plantes étrangères, et c’est de là que se propagent certaines
d’entre elles qui finissent par s’acclimater chez nous. Elles de-
viennent, en quelque sorte, dans la flore, les poteaux indicateurs
des routes commerciales, et la plupart d’entre elles nous sont
probablement arrivées du midi de l’Europe (1).
Les plantes de culture et les végétaux parasites forment ans
l’élément le plus mobile de notre flore; mais ce n’est pas à dire
que les'deux autres déjà désignés ne subissent aussi des change-
ments continus ; seulement, ces modifications surviennent beau-
coup plus lentement, de sorte qu'elles sont à peme appréciables
et passent facilement inaperçues pendant le court espace d’une
vie d'homme. Ceci s'applique entre autres aux rives du lac de
Zurich. Plus les villages s'étendent le long de ses bords, plus
ceux-c1 reculent dans le lac, dont les endroits peu profonds dis-
. paraissent peu à peu. La terre ferme s'approche de plus en plus
du bord abrupt, où la profondeur de l’eau augmente rapide-
ment. Les places peu profondes des rives et les marécages qui
s'y rattachent constituent l'habitat d’un grand nombre de plantes
qui disparaissent avec le dessèchement du sol. C’est ainsi que ces
dernières années, la destruction d’un fossé a fait disparaître de
notre flore une plante rare, la Limoselle aquatique. Les travaux
de comblement au Horn nous ont également valu la perte de
plusieurs autres plantes rares (Lysimachia punctata, Heleocharis
acicularis, Zannichellia, et Nitella syncarpa).
Naturellement les animaux qui vivent sur ces rivages peu pro-
(1) Les Trifolium resupinatum L., et T. hybridum viennent d’apparaître, cette année,
en abondance sur la route du chemin de fer et à la Lôvengasse, Récemment le Momor-
dhca Elalerium et VOxalis stricta se sont acclimatés ici. L'Amarantus retroflexus, ovi-
ginaire d'Amérique, se répand, depuis quelques années, et constitue une mauvaise herbe
des plus désagréables, toile
470 0. HEER,.
fonds et dans ces fossés subissent le même sort. Nous l'avons déjà
fait remarquer : la vie organique est intimement liée au peu de
profondeur des rives et elle disparaît quand l'épaisseur de la
couche d’eau augmente. À mesure que ces localités sont peu à
peu comblées, la flore et la faune de notre lac s’appauvrissent,
La nourriture est ainsi soustraite aux poissons, et de là leur
diminution dans nos eaux, depuis longtemps constatée, mais
souvent attribuée faussement à d’autres causes. Si l’on détruit les
endroits où les poissons s’alimentent et déposent leurs œufs, il
est difficile que les procédés du réempoissonnement artificiel
puissent produire d’heureux résultats. C’est ainsi que les progrès
de la civilisation interviennent comme éléments perturbateurs
dans la faune d’un pays et la modifient, non-seulement par la
destruction des grandes espèces dangereuses, mais aussi en pri-
vant de nourriture celles qui nous sont utiles. Cette influence s’est
également fait sentir sur de petites espèces sur lesquelles il sem-
ble que l'homme peut à peine exercer son action. Ainsi, depuis
que le bétail a cessé de pâturer en liberté et a été relégué dans
des écuries, la faune des insectes coprophages a en grande partie
disparu, et c'est en vain que nous cherchons à retrouver tout un
groupe d'insectes qui n'étaient pas rares ici à l'époque de Füssli.
Mais revenons-en au règne végétal de notre canton.
Nous avons constaté que, par le fait de l’homme, le nombre des
plantes cultivées et des plantes accidentelles tend à augmenter,
tandis que celui des végétaux indigènes est en voie de dimmu-
tion, Les vieux bourgeois sont peu à peu repoussés par les étran-
gers arrivés de tous les points du globe, Mais n’existerait-il pont
d’autres causes de changements, indépendantes des influences
humaines et intimement liées au développement même de la
nature tout entière, qui puissent modifier la flore? Certaines
espèces vieillies n’auraient-elles pas disparu et été remplacées
par d’autres pendant le cours des âges?
Les documeits historiques nous faisant défaut à cet égard, ce
sont les débris végétaux enfouis dans le sol que nous devons
consulter, et qui seuls peuvent projeter quelque lumière au milieu
des ténèbres de l’histoire du règne végétal. |
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. LA ,
Les singulières constructions sur pilos, enfoncées dans la
profondeur de nos marais tourbeux, ont assuré la conservation
de nombreux débris végétaux, qui nous fournissent des notions
sur la flore lacustre. A Rôbenhausen, près du lac de Pfüffikon,
nous trouvons représentés les trois éléments déjà signalés de
notre flore. Celle de la plaine nous apparaît avec les mêmes
espèces qu'aujourd'hui. Le Hêtre, le Tilleul et le Chêne consti-
tuaient déjà les bois à vraies feuilles, les Sapins, les Pins et les
Ifs formaient les forêts de conifères. Les Framboises et les Fraises
croissaient dans les forêts et servaient à la nourriture, comme
aussi les baies de Genièvre, ainsi que cela résulte de la masse de
semences qu'on rencontre par places sur l’ancien sol des habita-
tions lacustres aujourd’hui recouvert de tourbe.
La Noisette apparaît déjà sous les deux formes que nous lui
connaissons aujourd'hui, et 1l serait facile de citer encore un
grand nombre de plantes de la plaine, représentées surtout par
leurs semences et leurs fruits, quelquefois aussi par des fragments
de bois et des feuilles qui sont identiques aux types actuels, ce
qui légitime l’assertion qu'à cette époque la flore de la plame
était caractérisée par les mêmes espèces que maintenant, Toute-
fois une espèce de cette époque ne se retrouve plus dans la
contrée, c'est la Châtaigne d’eau (Z'rapa natans L.) qui, com-
mune en Suisse à l’époque lacustre, n’y existe plus aujourd'hui
que dans un petit lac du canton de Lucerne.
La flore de la montagne est représentée à Robenhausen par le
Pin de montagne et le petit Nénuphar jaune (Vuphar pumilum).
Cette espèce ne vit plus en Suisse que dans les lacs de Hutten et
de Greppel, dans le canton d’Appenzell, tandis que le Pin est
encore répandu sur toutes nos montagnes. L'Erable Sycomore
également, qui fait l’ornement des vallées de nos Alpes, existait
probablement à cette époque dans la plaine. A vrai dire, nous ne
l'avons pas encore obtenu des stations lacustres, mais ses feuilles
sont communes dans tous les tufs d’origine ancienne, chez nous
comme dans d’autres parties de la Suisse, d’où résulte le fait
qu'anciennement cet arbre jouait un tout autre rôle qu’au-
jourd'hui. |
1772 O0. MEER,
Les nombreux fruits carbonisés, recueillis surtout à Roben-
hausen, prouvent que l’homme cultivait déjà un assez grand
nombre de végétaux. Les lacustres de l’âge de pierre possédaient
déjà, à l'exception de l’Avomme et du Seigle, toutes les céréales
importantes, le Froment en deux variétés, le Froment dicoque
et le Froment locular, l'Orge et la Lentille.
Ce qu'il y a d’'intéressant, c'est que l'Orge à six rangs et le
Froment étaient les céréales les plus répandues, et que dans les
anciens tombeaux de l'Égypte on ne trouve que cette variété
d'Orge. Comme on rencontre aussi de plus gros fruits parmi les
petites pommes sauvages carbonisées, il est permis d’en conclure
que les lacustres n’en étaient pas réduits aux Pommes sauvages,
et possédaient déjà des arbres fruitiers. Une variété de Ein, dont
les petites capsules rappellent encore davantage celles du Lin
vivace que celle du Lin cultivé de nos jours, a fourni la matière
des différents tissus et filets qui ont été retrouvés à Roben-
hausen.
Les fruits d’un Silène des champs et du Pavot des champs qui
les décoraient déjà, témoignent la présence des mauvaises her-
bes. Il est à remarquer que ce fruit de Pavot est également car-
bonisé. Il se trouvait probablement parmi les grains de Blé lors-
qu'éclata l’incendie qui détruisit la station. Ces lacustres avaient
peut-être un bouquet de têtes de Pavot et d’épis suspendu dans
leur demeure. On sait que les Germains avaient l’habitude de
consacrer à Odin une gerbe d’épis ornée de Pavots et de fleurs
des champs ; c'était l'Odinsalva ou l'Osvald, et pareille coutume
s’est conservée jusqu à présent à Bàle-campagne.
De tout cela résulte que l'introduction du troisième élément de
la flore remonte à une haute antiquité, à une époque bien plus
reculée que celle à laquelle apparurent pour la première fois les
Helvètes sur la scène du monde. La culture de notre sol remonte
donc à la plus haute antiquité.
Sans doute, ce ne fut au début qu'aux bords des lacs et sur
de petites surfaces qu'eurent lieu les premiers défrichements et
que s établirent les premières cultures, alors que tout le reste du
pays était encore couvert d’obscures forêts vierges, habitéés par
SOCIËTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 173
le Bœuf sauvage, l’'Aurochs, l'Élan et le Cerf ; néanmoins la flore
locale était déjà constituée par les espèces actuelles. La différence
dans l'aspect du pays, due à la nature de la flore, consistait
essentiellement en ce que les plantes cultivées et parasites n°y
jouaient qu'un rôle secondaire, pendant que la végétation fores-
üère envahissait davantage la plaine, et présentait un plus grand
nombre de formes des montagnes, comme le prouve la présence
du Pin de montagne et de l'Érable Sycomore. «Toutes les espè-
ces que cette période a fournies à notre étude portent leur
cachet actuel, et rien ne peut faire supposer qu'il soit survenu
dès lors des modifications dans leurs caractères. »
Les restes des constructions sur pilotis sont enfoncés à Roben-
hausen sous une couche de tourbe de plusieurs pieds d'épaisseur,
au-dessous de laquelle on rencontre à Wetzicon, des couches de
sable et de gravier superposées à celles de lignites, qui sont plus
développées et connues dans les localités de Durnten et d'Utznach.
Ces couches de lignites nous présentent la même flore, et cepen-
dant le temps qui s'est écoulé depuis ces dépôts de végétaux car-
bonisés jusqu à la période lacustre peut bien être dix fois aussi
considérable que celui qui nous sépare de cette dernière. Natu-
rellement les plantes de culture y font défaut, car ni chez nous
mi ailleurs cette période ne présente de vestiges mdiquant l’exis-
tence de l’homme. Les débris d'industrie humaine trouvés en
France et en Angleterre dans des couches de graviers ou des
cavernes à ossements, et qui font aujourd’hui l'objet de tant de
discussions, datent d’une époque plus récente. D'autre part, les
deux autres facteurs de la flore actuelle se retrouvent dans les
lignites comme dans la tourbe lacustre. La plupart des espèces
appartiennent à la plaine, mais le Mélèze, le Pin de montagne et
l'Érable témoignent que la flore des montagnes était déjà repré-
sentée à cette époque.
Nous pouvons done admettre que la flore actuelle dans ses
deux éléments principaux, les types de la plaine et ceux de la
montagne, remonte à l'époque des lignites et y a ses origines.
L'importance de ce fait et sa signification, au point de vue de
l’histoire de la flore, deviennent saisissables dès que l'on consi-
174 ï 0. B£ER.
dère géologiquement la position de ces lignites. Ils sont inter-
calés entre deux formations glaciaires, l’une inférieure et plus
ancienne, l’autre supérieure plus récente. Il demeure hors de
doute aujourd’hui, que les formations erratiques qui couvrent la
plus grande partie du plateau suisse, sont le produit de l’action
et de la présence sur ces points d'énormes glaciers qui ont recou-
vert tout le plateau, et les mots allégués à l'appui de cette opi-
nion sont d’une force telle, que peu à peu toutes les oppositions
qu'avait fait naître cette manière de voir, au premier aspect si
bizarre, se sont évanoules.
Les galets alpins polis et striés qui, à Wetzikon, se trouvent
sous les lignites, attestent qu'avant le dépôt de ces débris végé-
taux carbonisés, les glaciers étaient déjà descendus des hautes
régions et avaient recouvert nos contrées. Plus tard, par suite de
modifications survenues dans les conditions climatériques, ces
glaciers sont entrés dans une période de retrait. Les surfaces
débarrassées de leur enduit glacé se sont peu à peu recouvertesde
végétation et nous savons, pour en avoir retrouvé les débris dans
les lignites, que ce furent des Sapims, Pins, Mélèzes, Ifs, Bou-
leaux et Chênes, des Érables et des Noisetiers qui recouvrirent
les premiers de leur verdoyant ombrage les solitudes délaissées
par la glace. Partout où les eaux se trouvérentarrêtées, de petits
animaux aquatiques commencèrent à pulluler, et leurs cara-
paces calcaires, lentement déposées au fond de ces bassins, en
cimentèrent le fond et y provoquèérent la formation de ces dépôts
tourbeux qui ont fourni la substance des lignites. Les plantes que
renferment ces charbons et les couches limoneuses qui les enve-
loppent nous disent que le climat était alors analogue au nôtre,
peut-être un peu plus froid qu'aujourd'hui. La puissance de ces
dépôts atteste que cet état de choses a dû durer quelques milliers
d'années. Pendant une période aussi longue, les plantes et les am-
maux ont évidemment eu le temps de se répandre et de se pro-
pager sur toute l'étendue de notre pays.
I survint ensuite un nouveau changement dans le climat. Les
glaciers redescendirent pour la seconde fois des montagnes dans
la plaine. Celui qui occupait la vallée de la Linth se réunit de
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIRNCES NATURELLES. 175
rechef à celui du Rhin, près de Wesen, et envahit nos contrées ;
il entraîna des Alpes les débris erratiques qu'il déposa sur les
dépôts de lignites. Notre pays a donc vu se succéder deux épo-
ques glacières séparées par celle de la formation des lignites, ce
qui ne peut nous surprendre, attendu qu’en Écosse et en Scandi-
navie on a également été conduit à admettre pareille opinion. Il
faut donc que l’époque diluvienne ait été très-longue et qu'à
deux reprises, dans l'hémisphère septentrional, le climat ait subi
une diminution de température suffisante pour que les glaciers
du nord aient envahi l'Écosse et l’Angleterre et atteint le nord de
l'Allemagne, où ils ont entrainé une quantité prodigieuse de
roches scandinaves. En même temps la ceinture de glace qui sui-
vait, en les recouvrant, les Alpes, le grand trait de relief de l'Eu-
rope centrale, s'élargissait assez pour envelopper notre pays et en
dépasser les frontières.
Si pareils changements de climat sont survenus, ils ont dû
nécessairement modifier profondément la faune et la flore locales.
Les lignites renferment quelques plantes dela montagne, mais
la majorité appartient à la plaine. On peut croire qu'il en était
autrement lorsque les glaciers occupaient tout le pays, et nous
pouvons supposer que les îles qui faisaient saillie au milieu de
cette mer de glace, et les moraines qui la sillonnaient sur plu-
sieurs lieues de leurs amoncellements de blocs, étaient ornées
des mêmes plantes alpines que l’on rencontre aujourd’hui dans
la région des neiges ; nous admettons également que les torrents
qui entrainaient les eaux de ces glaciers, pouvaient transporter
au loin les semences des plantes alpines, de manière à permettre
l'extension dans la plaine de la flore des glaciers. Cette hypothèse
est autoriséé par la découverte de squelettes de marmottes à
Montbenon, près de Lausanne, et à Berne, par la présence d'os
de chamois et de bouquetins déjà signalés dans la plaine, ainsi
que du renne du Nord et de l'élan qui vivaient alors chez nous.
Je ne dois cependant pas passer sous silence qu’on n’a pas encore
retrouvé de restes végétaux dans nos moraines. En revanche, un
autre document important affirme l'existence de la flore des
Alpes dans la plaine, et ce document, « ce sont précisément
176 Ô. REER.
ces colonies déjà signalées de plantes alpines dans notre can-
ton. » |
Nous avons déjà mentionné le fait que ces plantes ne se trou-
vant pas dans les thalvegs des rivières venues des Alpes, ce ne
sont pas elles qui ont pu nous les amener; il est tout aussi impos-
sible que leurs semences aient été transportées par la voie de
l'atmosphère, et cela ressort des faits suivants : deux üers des
colons alpins de notre flore ne possèdent pas de fruits ou de grai-
nes munis d'aigrettes, d'ailes ou d’autres appareils qui puissent
en rendre possible le transport aérien ; en second lieu, la distri-
bution de ces plantes alpines est en rapport avec la répartition
des terrains erratiques alpins à l’Uthiberg. Le Lin des Alpes et
l'Épilobe de Fleischer se rencontrent côte à côte comme sur les
moraines et sur les anciens fonds de glaciers de nos Alpes.
Il en est de même à l'Alhis, au Bachtel, et aux Læyern où les
débris erratiques originaires des Alpes atteignent précisément
les niveaux où se rencontrent les plantes alpmes. Sous ce rapport,
la manière dont se comportent nos deux rosages des Alpes est
très-riche en enseignements. L'espèce à feuilles ciliées (Rhodo-
dendron hirsutum) est surtout liée aux montagnes calcaires et
descend à des niveaux légèrement inférieurs à ceux du Rhodo-
dendrum ferrugineum. On devrait done rencontrer dans le
Jura (1) la première plutôt que la seconde ; mais, chose étrange,
c’est cette dernière seule qui l’habite «et c'est en même temps
celle qui se retrouve à l'exclusion de l’autre sur tous les massifs
qui s'étendent du Simplon au Saint-Bernard, massifs qui ont
fourni tout l’erratique du Jura. »
Il faut donc en conclure que ce rosage des Alpes a été entraîné
de sa patrie alpine sur le Jura, avec les masses incommensu-
rables de débris erratiques qui, de ces régions, sont arrivées sur
les flancs du Jura, portés par le glacier du Rhône. Chez nous,
le Rhododendron ferrugineux du Haut-Rhonen et des vallées de
(1) C’est par erreur que le Rhododendron hirsutum a été signalé comme habitant le
Jura. Les branches fleuries que M. Lamon en avait aperçues au Chasseral, dans une
métairie, provenaient probablement de plantes apportées des Alpes. (Voy, Godet, Flore
du Jura, p. 447.)
SOCIÈTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 177
la Tüss y est sans doute parvenu des Alpes glaronnaises septen-
trionales.
En troisième lieu, constatons que le règne animal nous pré-
sente des faits du même ordre, et que parmi les insectes nous
rencontrons dans le haut de la vallée de la Tôss, sur l’Utliberg et
les Læyern, un certain nombre de types des montagnes. Il y a plus,
au Tôsstock existe une espèce (Vebria Gyllenhalii) dont le lieu de
provenance le plus voisin est dans les Alpes d'Uri et des Grisons.
Tels sont, messieurs, les motifs qui, pour moi, rendent très-
probable que nos colonies de plantes alpines doivent leur origine
à l'époque glaciaire.
Ce fut le temps où la vie alpine envahissait la plaine, et tapis-
sait les morames et les pentes surplombant les glaciers de ces
charmantes fleurs que nous aimons à cueillir au milieu des soli-
tudes des mers de glace actuelles. Plus tard, lorsque, après le
retrait des glaciers, les lignites commencèrent à se former, la
flore de la plaine refoula vers les montagnes celle des glaciers, qui
redescendit à son tour dans le bas pays en même temps que les
glaces en reprenaient momentanément possession pour se retirer
encore une fois. La flore des Alpes constitue donc la portion la
plus antique de notre flore actuelle, qui, à deux époques diffé-
rentes se répandit probablement sur tous les points de la plaine
débarrassés de leurs neiges. Les changements survenus dans le
climat firent peu à peu battre en retraite cette flore des Alpes,
dont nous ne retrouvons quelques résidus que dans les sorges des
montagnes, sur leurs sommités, et dans les contrées froides et
marécageuses.
Les plantes qui vivent aujourd’hui dans le canton de Zurich, à
l’état sauvage, sont la continuation de celles de la flore de l’épo-
que diluvienne, mais leurs deux groupes, plantes de plaine et
plantes de montagne, ont eu un sort différent et ont lutté pendant
des siècles pour l'occupation exclusive du sol. Mais, me deman-
dera-t-on peut-être, ne serait-il pas possible de faire remonter
plus haut l’origine de notre flore? où a primitivement pris nais-
sance la flore alpine et d’où sont parties les plantes de la plaine ?
Ces problèmes sont encore enveloppés dans une profonde
9€ série, Bor. T, III. (Cahier n° 3.) 4 12
178 0. HEER.,
obeurité, et si j'ose les aborder ce n’est que pour montrer l’im-
mensité du champ qui s'ouvre à cet égard à l'exploration.
Toutes les chaînes alpines de l’Europe centrale ont leur origine
à l’époque pliocène qui a immédiatement précédé l’époque dilu-
vienne. À l'époque miocène, alors que se déposait notre mol-
lasse, il n'existait dans toute l'Europe centrale aucune région à
laquelle nous puissions attribuer un climat ayant quelque analo-
gie avéc celui de nos Alpes et qui eût pu présenter des conditions
d'existence à une flore alpine. Le climat était en moyenne de
8 à 9 degrés plus chaud qu'aujourd'hui, et, en outre, le merveil-
leux édifice des Alpes n'existait pas encore. D'où put donc procé-
der la flore qui couvrit les montagnes alpines nouvellement
émergées ?
La flore qui, à l'époque de la mollasse, recouvrait nos contrées,
est totalement différente de la flore alpine, avec laquelle elle ne
présente que peu de points de contact; 1l semble donc impos-
sible de faire dériver cette dernière de sa devancière. En cher-
chant en Europe un pays où les montagnes soient de très-
ancienne origine, nos regards se portent du premier abord sur
la Scandinavie. Nous savons par la flore du Surturbrand islan-
dais, qu'à l'époque de la mollasse la végétation de ces contrées
septentrionales ressemblait fort à celle de notre zone tempérée.
On pourrait donc présumer qu'il pouvait exister sur les som-
miiés voisines de la Scandinavie une flore alpine. Malheureu-
sement il ne nous est rien resté de cette flore ; et cependant, il est:
très-remarquable que dans l’ambre, qui provient probablement
en partie de ces régions, on ait constaté l'existence de quelques
formes boréales de végétaux qui démontrent l'existence de ces
types à l’époque de la formation de cette résine fossile.
Comme, à l’époque tertiaire, il n’est pas survenu dans les for-
mations scandinaves de changements aussi considérables que
dans l'Europe centrale, un développement lent et régulier de la
nature organique peut s’y être opéré, de sorte qu'au commen-
cement de l’époque diluvienne la flore actuelle pouvait y avoir
procédé de celle de l’époque précédente.
Ce fut donc dans cette période diluvienne qu'eut lieu l’épan-
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 179
chement des roches scandinaves sur l'Allemagne du nord, et les
masses immenses de pierres et de produits erratiques du nord qui
se déposèrent en Allemagne peuvent parfaitement avoir servi à la
végétation comme de chaussées pour pénétrer dans des zones
plus méridionales. A cet égard, je me permets de rappeler
qu'aujourd'hui la végétation de tous les pays septentrionaux
présente une uniformité frappante. Cette flore arctique forme à la
terre comme une ceinture partout composée des mêmes espèces.
De ces plantes du nord, un certain nombre atteignent les mon-
tagnes du nord de l'Allemagne, le Harz et les Sudètes, et y con-
stituent la flore des montagnes. La flore des Sudètes ne possède
pas une seule espèce propre, et doit toute sa richesse à la Scan-
dinavie. |
Un certain nombre d'espèces s’y sont arrêtées, mais la plupart
sont descendues plus au sud, et apparaissent dans nos colonies
alpes et sur nos hautes montagnes. Une espèce très-commune
dans le nord et dans le Harz, le Saxifraga cæspitosa L. s’est arrè-
tee dans les Vosges; une autre, l'Hierochloa borealis, se retrouve
encore sur une petite île de la Limmat, à une demi-lieue au-des-
sous de Zurich, localité unique dans toute la Suisse où elle occupe
en enfant perdu le poste le plus méridional de l'extension géo-
graphique de cette espèce boréale. La Suisse possède aujour-
d'hui environ 360 espèces de plantes alpines, parmi lesquelles
158 espèces, à peu près la moitié, appartiennent à la flore arcti-
que, et parmi nos colons alpins 42 peuvent être assimilés à ces
habitants du nord.
Le même phénomène a été constaté en Amérique et en Asie.
Pareilles plantes arctiques existent sur les montagnes rocheuses
et même sur celles de la Caroline du Nord. Il en est de même dans
l'Altaï, ainsi que dans l'Himalaya, situé beaucoup plus au Sud.
Ce sont, en majeure partie, des espèces qui se retrouvent égale-
ment dans nos Alpes, de sorte que nos montagnes possèdent en
commun avec celles d'Amérique et d'Asie un certain nombre de
types végétaux, émanés du nord, leur origine commune.
Tout cela rend fort probable le fait qu'à l’époque glaciaire, la
flore scandinave s'était répandue sur une notable portion de l’AI-
lemagne, et existait également dans nos contrées. Comme il n’y
180 O. REER,
avait que le grand glacier de la Suisse orientale qui pût atteindre
l'Allemagne, les autres venant s'arrêter au Jura, l'immigration
de la flore scandinave était plus favorisée par cette voie que par
toute autre, ce qui permettrait d'expliquer le phénomène si
étrange, que « dans la Suisse orientale, et spécialement dans les
Grisons, il existe un certain nombre de plantes et d'animaux
des régions boréales qui manquent absolument au reste de la
SUISSE (}: »
La flore scandinave nous fournit donc l’origine d’une portion
considérable des types alpins de notre pays, d’une moitié à peu
près de nos plantes alpines, mais l’autre moitié qui ne se retrouve
pas dans le nord, doit être arrivée chez nous par une autre voie,
Ou avoir pris naissance dans nos Alpes à l’époque diluvienne.
Je signalerai dans cette catégorie nos jolies Primulacées qui
décorent si gracieusement les arêtes les plus élevées de nos Alpes,
nos magnifiques Gentianes, et nos Rosages des Alpes. Ces plantes
font déjà défaut aux montagnes du nord de l'Allemagne et con-
sütuent un ornement tout spécial des Alpes. Les Rosages des
Alpes ne sont pas, à vrai dire, particuliers à la Suisse, on les
retrouve dans les Alpes de l'Autriche orientale, et 1ls sont repré-
sentés par une espèce dans les Pyrénées; cependant, nulle part
en Europe, ils ne sont aussi abondants que chez nous et ils carac-
térisent beaucoup mieux nos montagnes que le Gnaphalium leon-
lopodium, que les montagnards bavaroïis ont choisi comme leur
fleur nationale, bien qu'il appartienne à ce groupe de plantes
répandues dans toute l'étendue des zones arctique et alpine.
Le Rosage des Alpes est probablement apparu dans l'Europe
centrale au commencement de la période actuelle, et descendu
d'une espèce tertiaire dont le genre existait à l'époque miocène.
Cette plante constitue un de ces rares traits d'union, à nous
connus, de la flore alpine à une flore antérieure ; mais il faut
espérer qu'avec le temps on arrivera à découvrir les origines
encore obscures des autres plantes particulières et caractéristi-
_ (4) Ge sont : Thadictrum alpinum L., Juncus castaneus Sk., J. stygius L., Carex
Vahlii Schk., Trientalis curopæa L., et parmi les animaux : Leiochiton arcticum PK.
sp Cain angularis Gyl., Attalus Cardiacæ L., spec., Chelonia Quenselit Pk.,
Biston lapponarius Boic.
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE: DES SCIENCES NATURELLES, 161
ques de nos Alpes. En attendant, contentons-nous de savoir que
la moitié de notre flore alpine provient de la Scandmawvie, et
que l’autre a probablement revêtu son cachet actuel dans nos
contrées.
La flore de la plaine se comporte d’une façon différente. Elle
constitue une portion de cette grande flore qui couvre les zones
tempérées d'Asie el d'Europe, et occupe par conséquent un
immense territoire, à la surface duquel les espèces sont réparties
de toute facon. La comparaison de leurs zones d'extension avec
celles des espèces fossiles permettra d'arriver avec le temps à
leur assigner des points de départ. Toutes ces plantes ont acquis
leur facies actuel, alors que le double continent de l'Asie et de
l'Europe a pris sa forme moderne. À l'époque miocène, les espè-
ces différaient des types actuels, mais beaucoup leur étaient si
semblables que nous sommes autorisés à admettre la descendance
des uns aux autres. Permettez-mot d’éclaircir cette proposition
par quelques exemples.
Notre Noisetier est tres-semblable à une espèce miocène
perdue (Corylus Mac Quarrii Forb., spec.) qui avait alors une
aire d'extension assez analogue, avec cette différence qu'elle
s’avançait de 5 degrés de plus vers le nord. Probablement que
c'est d'elle que notre espèce a procédé à l’époque miocène, car à
cette période on la signale en Syrie et avec les lignites on la voit
apparaître chez nous dans ses deux variétés actuelles. Pendant
la seconde époque glaciaire, ce Noisetier disparait, puis il revient
etse conserve sans changement Jusqu'à nos jours.
Ien est de même du Hêtre. Une espèce extrêmement rappro-
chée de l'espèce actuelle (Fagus Deucahonis Ung.} était très-
répandue à l’époque miocène, et a pris dans la période pliocène
sa forme actuelle d'Italie. Elle ne se montre cependant chez nous
qu à l’époque laeustre et ne parvient que plus tard dans le nord
et l'ouest de l'Europe. En Normandie, dans les îles Britanniques
et en Hollande elle manque à l’époque antérieure aux Romains;
en Danemark elle est inconnue pendant l’âge de pierre, tandis
qu'aujourd'hui elle constitue dans toutes ces provinces l’un des
arbres les plus importants et les plus beaux. Nous pourrions éga-
lement remonter lagénéalogie de plusieurs de nos végétaux imdi-
182 0. HEER.
gènes jusqu à l'époque miocène et les faire dériver d'espèces qui
vivaient alors en Europe. Mais ce n'est pas le cas pour beaucoup
d'autres qui ne paraissent pas avoir eu leur point de départ dans
les mêmes régions de l’Europe. Je n'accorde pas beaucoup d’im-
portance à la circonstance qu'il n’est pas possible de faire descen-
dre la plupart de nos végétaux de types miocènes de nos con-
trées, parce que sous ce rapport chaque jour peut nous valoir de
nouvelles découvertes et combler les lacunes de nos connaissan-
ces ; mais le fait que la flore miocène de notre pays avait un tout
autre caractère que sa flore moderne, acquiert 1c1 une haute
signification.
La circonstance que cette flore miocène nous présente de
nombreuses espèces, dont on ne retrouve plus les analogues en
Europe, mais bien en Amérique et au Japon, montre quelles pro-
fondes modifications dans le revêtement végétal de la terre, et
dans la répartition des espèces, ont dû survenir depuis cette épo-
que ; là où les genres sont restés les mêmes, les espèces ont sou-
vent pris un facies tout différent. Ainsi notre flore miocène
compte de nombreuses espèces de Chênes, mais tous différent
absolument de l'espèce actuelle, tandis que le Chêne vert des
régions méditerranéennes (Q. lex) était représenté chez nous
par une espèce très-voisine à l’époque miocène. Le Chène rou-
vre (Q. Robur) apparaît d’abord à cette époque dans l'Europe
orientale (en Hongrie) par une espèce homologue, puis se montre
à l’époque diluvienne en Italie, en Suisse, en Allemagne et en
Angleterre, et s’est répandu dès lors sur une grande partie de
l’Europe. Il manque à l'Afrique, comme aux îles de l'océan
Atlantique, tandis qu'il envahit l'Asie. Cette espèce est donc
partie d'Orient pour arriver dans nos contrées. On peut en dire
autant de beaucoup d’autres plantes, ce qui rend probable l'ori-
gine orientale d'une grande partie de la flore de la plaine, et son
immigration à une époque où le climat était déjà redevenu doux
et où les glaciers s'étaient retirés dans les vallées des Alpes.
Notre flore de la plaine proviendrait donc du mélange d'espèces
en partie descendues d'espèces tertiaires de l'Europe moyenne,
et surtout émigrées d'Orient. Le troisième élément de la flore,
cette population mobile des végétaux cultivés et parasites, en
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES, 183
constitue la portion la plus moderne. Cependant, 1l est curieux
de constater chez nous la présence d’ancêtres de plusieurs de ces
végétaux. Ainsi un Noyer assez semblable au nôtre était com-
mun chez nous à l'époque miocène, puis 1l disparut pour se con-
server en Perse et sur les montagnes de l'Asie par une espèce
homologue. Cette espèce revint en Grèce, puis à Rome sous les
rois, et c'est de là qu'elle à retrouvé le chemin de nos contrées.
De même, un Platane assez difficile à distmguer de celui d’Amé-
rique, était jadis un arbre très-commun dans les forêts de notre
pays, comme aussi le Liquidambar et le Cyprès chauve. Ainsi les
ancêtres de beaucoup de nos végétaux cultivés ont été ancien-
nement indigènes chez nous; les grandes révolutions qui ont
bouleversé leur patrie et l'ont transformée, les ont chassés et ce
n'est que plus tard que leurs descendants ont fait leur rentrée
sans s'être modifiés. Ils semblent aujourd'hui des étrangers
parmi nous, et pourtant ce sont les descendants des vrais autoch-
tones qui témoignent ainsi des profondes modifications que peut
subir le tapis végétal. La flore de notre pays exprime, raconte
donc par sa composition, l'histoire de son passé, et la donne en
quelque sorte écrite dans sa trame elle-même en hiéroglyphes
difficiles à déchiffrer. |
Dans ces considérations, messieurs, nous sommes partis d’un
axiome, à savoir que les plantes actuelles descendent de plantes
d'une période plus ancienne, qu’elles en procèdent par voie de
filiation, tout en ayant pris un cachet nouveau et différent du
facies primitif. Cette supposition est la seule qui puisse être trai--
tée scientifiquement et qui soit de nature à nous fournir, sur
l'origine des espèces, des notions susceptibles d’être rattachées
à des phénomènes connus; mais elle laisse intacte la grande
question de savoir « si les modifications survenues dans les
caracteres de l'espèce ont été lentes, insaisissables et incessantes,
ou si elles ont eu lieu par crises à des époques déterminées. » La
première opinion est celle de Darwin et de ses adhérents. Dans
cette mamère de voir, les espèces passent les unes aux autres
d'une manière si insaisissable que si d'un seul regard on pouvait
embrasser tous les êtres qui vivent et ont vécu, il serait impos-
sible de distinguer une espèce d’une autre. De la Mousse au
418l O0. HEER,
Chêne, de la Monade à l'Homme, les passages auraient été si
insensibles que tracer une limite serait impossible. Ce que nous
appelons espèce ne serait qu’une forme momentanée d’un type
mobile, qu'on ne réussirait à distinguer d’une espèce voisine,
que parce que les intermédiaires auraient disparu, ce qui force-
rait à admettre que nous ne connaissons qu'une infime partie des
êtres qui ont revêtu cette forme toujours changeante,
Les faits que nous venons d’énumérer sont en contradiction
avec ces vues. À ceux qui disent que, depuis qu'il observe,
l’homme n’a vu apparaître aucune plante nouvelle, aucun ani-
mal nouveau, que les œuvres de peinture et de sculpture des plus
anciens peuples, comme aussi les restes végétaux des construc-
tions lacustres, reproduisent identiquement les productions de la
nature actuelle, on pourrait répondre avec raison que le temps
qui s’est écoulé depuis ces époques a été beaucoup trop court
pour avoir pu provoquer de pareils changements.
Mais, messieurs, cet argument peut-il s'appliquer à ce que
témoignent nos lignites, qui remontent au delà de la seconde
époque glaciaire et sont infiniment plus anciens que les plus anti-
ques monuments humains? N'est-1l pas frappant d'y rencontrer
avec leurs formes actuelles un grand nombre de plantes, d'y
trouver le Noisetier avec ses deux variétés qui tapissent aujour-
d’hui nos collines? Si de nombreuses plantes alpines et boréales
se sont propagées à partir des mêmes points, n'est-ce pas une
preuve de l’étonnante fixité des caractères des végétaux, de la
constance des espèces, puisqu'elles aussi remontent jusqu’à l’épo-
que diluvienne, et n'ont dès lors subi aucune modification ?
On a prétendu que les espèces ne restent longtemps invaria-
bles que, lorsque les conditions extérieures restant les mêmes,
elles ne donnent ainsi aucune occasion aux modifications d’inter-
venir; mais la flore polaire ne vit-elle pas dans des conditions
tout à fait différentes de celles de la flore alpine? Malgré l’ana-
logie de la température moyenne de l’année, la répartition de la
lumièreet de la chaleur est tout autre au nord que dans les Alpes,
et nonobstant les espèces sont restées les mêmes, les caractères
spécifiques se sont conservés intacts à travers des milliers de gé-
nérations! C'est avec raison que Darwin accorde une grande
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES NATURELLES. 185
importance aux associations d'espèces, aux influences récipro-
ques excessivement variées qu'elles exercent les unes sur les
autres, aux limites et obstacles qu’espèces et mdividus apportent
à leur extension réciproque, et qu'il croit avoir trouvé dans cette
concurrence de la vie un facteur important de la transmutation ;
mais encore ici tout cela devient insuffisant, car les colons alpins
vivent à l'Utliberg et au Bachtel au milieu d'un entourage tout
différent de celui que les mêmes espèces trouvent dans les Alpes,
au Spitzberg, en Islande, sur les Alleghanys et dans l'Altaï; et
malgré ces conditions toutes différentes dans la concurrence
vitale de ces espèces, elles sont restées identiquement les mêmes
et il est impossible de distimguer, les unes des autres, ces formes
végétales provenant des diverses parties du monde et déve-
loppées en de si différentes associations.
Les animaux marins témoignent des mêmes phénomènes.
Dans les profondeurs des Océans il existe aussi de ces colonies
datant de l’époque glaciaire, qui se sont maintenues dans cer-
tains endroits favorables où l’eau a pu conserver une basse tem-
pérature. Les écrevisses du nord qui vivent sur la côte de Dal-
matie dans les profondeurs du Quarnero, et les animaux marins
qui sont restés dans quelques lacs de Norwége, y trouvent assu-
rément un autre entourage que leurs similaires du nord, et
cependant ils y ont conservé leurs caractères spécifiques. Il était
temps, messieurs, de mettre ces faits en saillie, car l’idée que la
transmutation lente des espèces est un fait hors de doute s’est
emparée de beaucoup de gens, et l’on vient aujourd'hui nous
redire sérieusement la vieille fable de la transformation de
l’Ægilops en froment.
La constatation du fait que, d'une part, pendant de longues
séries de siècles, les espèces n’ont pas subi la moindre variation,
et que, d'autre part, aux limites des périodes géologiques les
espèces ne passent pas les unes aux autres, mais coexistent et se
superposent , infirme l'hypothèse d’une transmutation lente,
non interrompue et toujours égale dans sa marche, et nous con-
duit à l'idée que la modification des formes a eu lieu pendant des
périodes relativement courtes, et qu'il suffit d’un temps relative-
ment peu considérable pour qu'une espèce puisse se modeler
186 O0. HEER.
sous toutes ses formes possibles et s'adapter aux circonstances
extérieures pour rester ensuite immobile pendant des milliers
d'années, «de sorte que la période d'existence sous une forme
déterminée est beaucoup plus longue pour l'espèce que la pé-
riode de remaniement. » Nous avons adopté cette expression, de
remaniements des espèces (1), pour désigner ce phénomène qui
a, pour nous, une tout autre signification que la transmutation
ou transformation de Darwin. Les conditions et les circonstances
de ce remaniement des types sont encore pour nous, il faut
l'avouer, absolument obscures; nous ne savons pas s'il s'opère
par le fait de causes internes tenant à l'essence même de chaque
être, ou sous l'influence de causes externes et de modifications
dans les conditions vitales. Mais la doctrine de la transmutation
est aussi incapable de soulever un coin de ce voile, et elle nous
enlève, par l'accumulation des millions et des millions d'années
nécessaires à ces transformations, à des hauteurs si vertigmeuses
que notre esprit cesse de pouvoir les contempler.
Si j'ai essayé, messieurs, de vous présenter quelques traits de
l'histoire de la flore zurichoise, mon intention était de vous mon-
trer, par cet exemple, quels grands problèmes notre nature
suisse propose à nos investigations.
Notre Société s’est dès longtemps proposé, comme but essen-
tiel de ses travaux, l'étude complète de notre pays. Bien qu’elle
ait déjà réalisé de grandes choses, un champ immense s'étend
encore devant elle et devant nous tous. Plus nous y entrons et
plus nous y apercevons de nouveaux territoires. Il nous semble
contempler du sommet d’une montagne un horizon sans bornes,
couvert de brouillards qui s’évanouissent lentement, de sorte que
les pointes de montagnes que nous voyions d'abord isolées se
rapprochent à leur base pour constituer un système prodigieux
d’immensité et d'harmonie. Puisse notre Société continuer à cul-
tiver ce champ avec succès et que cette réunion, que je déclare
ouverte, nous soit pour tous comme une joyeuse impulsion vers
ce noble labeur !
(4) Voy. Flore tertiaire de la Suisse, t. III, p. 256.
En attendant qu'une meilleure expression surgisse pour rendre la pensée de l’auteur,
je traduis le mot Umprügung par remaniement, expression qui ne préjuge rien sur la
cause et le mode de cette crise dans la vie des espèces. (Note du traducteur.)
CONSIDÉRATIONS
LA FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE,
Par ME. Ad. BRONGNIART (1).
En présentant à l'Académie, sous le titre de Fragments d'une
flore de la Nouvelle-Calédonie, un premier fascicule de Notices
sur quelques parties de la flore de cette contrée, résultat des
études faites en commun par M. Arthur Gris et par moi, sur les
végétaux de ce pays, je lui demande la permission de lui exposer
brièvement quelques-uns des traits les plus saillants de la végé-
tation de cette grande île, tels qu'ils résultent de l'examen des
collections importantes, bien que fort incomplètes encore sans
doute, qui ont été réunies depuis quelques années dans cette
nouvelle colonie française ; collections qui ont un grand intérêt
par la nouveauté des végétaux dont elles nous révèlent l’existence
et par la rapidité avec laquelle elles se sont accrues, grâce au
zèle infatigable de quelques savants explorateurs.
On sait que la Nouvelle-Calédonie fut découverte et désignée
sous ce nom par Cook. Ce célèbre navigateur fit un court séjour
à Balade, dans le nord de cette île, pendant son second voyage
en 1774, voyage pendant lequel il était accompagné par les
naturalistes Sparmann, Remold et Georges Forster. Ce dernier
publia en 1786, onze ans après son retour, sous le titre de Flo-
rulæ insularum australium Prodromus, une énumération trés-
sommaire des plantes recueillies par lui dans les îles de l'océan
Pacifique et Austral. Cinquante-deux plantes de la Nouvelle-Ca-
lédonie et des îles qui l'environnent immédiatement figurent
dans cet ouvrage.
Vingt ans après le voyage de Cook, en 1794, pendant l’expé-
dition à la recherche de Lapeyrouse, sous le commandement de
(1) Lues à l’Académie des sciences, séance du 3 avril 1865,
188 AD, BRONGNIART.
d'Entrecasteaux, notre ancien confrère Labillardière visitait de
nouveau les mêmes lieux et, pendant'un séjour de trois semaines,
augmentait par ses recherches les matériaux de la flore d’un
point très-circonscrit de la Nouvelle-Calédonie. Mais ce ne fut
que trente ans plus tard, en 1824, qu'il publia sous le titre de
Sertum austro-caledonicum le bouquet, comme 1l l'appelait, des
plantes qu’il avait recueillies dans cette île. Elles étaient au nom-
bre de quatre-vingts, toutes étaient décrites et figurées avec
soin; onze d’entre elles étaient déjà comprises dans l’énuméra-
tion de Forster. C'était donc en tout 121 espèces connues dans
une ile aussi étendue.
Depuis lors jusqu’en 1860, c’est à peine si cinq ou six espèces
recueillies pendant les stations rapides de quelques voyageurs
ont été ajoutées à cette liste, et lorsqu'en 1853 le gouvernement
français prit possession de la Nouvelle-Calédonie, ce qu’on con-
naissait de sa flore n’atteignait pas le chiffre de 130 espèces.
Mais depuis cette époque, des recherches persévérantes ont eu
lieu et nous ont fait connaître un des ensembles de végétation
les plus remarquables ; les premières furent dues à M. Pancher,
ancien jardinier du Muséum d'histoire naturelle de Paris, chargé
de diriger les cultures du gouvernement, d’abord à Taïti, puis à
Port-de-France à la Nouvelle-Calédonie, qui, dès 1859, nous
adressait quelques plantes remarquables de ce pays. Vers la
même époque, M. Vieillard, médecm de la marine, s appliqua
avec une rare activité à réunir et à étudier les végétaux des
diverses stations que ses fonctions l’appelèrent à visiter successi-
vement; son collègue, M. Deplanche, apporta aussi son tribut
très-fructueux à cet accroissement de la flore de cette île ; enfin,
cette année même, M. Baudouin, capitaine dans l'infanterie de
marine, à la suite d'un séjour de trois années à la Nouvelle-Ca-
lédonie, a rapporté le produit des recherches faites par lui aux
environs de Port-de-France; recherches qui lui ont procuré plu-
sieurs plantes nouvelles fort intéressantes.
Les collections réunies par ces zélés et savants explorateurs
dans l’espace de quelques années et remises par eux, soit au
Muséum d'histoire naturelle de Paris, soit à l'exposition des colo-
FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 189
mes du Ministère de la marine, ont plus que décuplé le nombre
des plantes connues de la Nouvelle-Calédonie, car, de 130 espe-
ces, il à été porté à 1300 au moins, sans compter plus de
h00 espèces de Cryptogames, parmi lesquelles les Fougères
figurent en grand nombre.
Cependant la plus grande partie des côtes occidentales, les
régions intérieures et élevées de cette grande île ont été à peme
entrevues sur un petit nombre de points, et quelques plantes en
échantillons uniques, restées dans l’herbier de M. Vieillard, ainsi
que celles recueillies par le P. Montrouzier dans une petite île
voisine de la Nouvelle-Calédonie, sont restées en dehors de notre
relevé général.
Il est difficile de prévoir à quel chiffre pourra s'élever le nom-
bre total des plantes de la flore austro-calédonienne ; mais quand
on considère l'étendue de cette île, environ 80 lieues de long
sur 40 à 15 de largeur, la nature accidentée du sol, et la
variété des sites qui en résulte, ainsi que la petite étendue des
parties explorées souvent très-rapidement, 1l est difficile de ne
pas admettre que cette flore comprendra au moins 3000 espèces
de plantes phanérogames, c’est-à-dire plus du double de ce que
nous COnNaIssONns en Ce Moment.
Cependant il est probable, d’après la diversité des points où
ces plantes ont été recueillies par des botamistes qui ne s'atta-
chaient pas avec une prédilection spéciale à certaines familles en
parüculier, que la collection des plantes déjà réunies, quoique
incomplète, peut nous donner une idée assez juste de la végéta-
tion de cette contrée.
Ce qui frappe immédiatement lorsqu'on examine l’ensemble
de ces végétaux, c'est la réunion de plusieurs des caractères de
la flore de l'Australie à ceux des flores de l'Asie équatoriale.
La position de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances
sur les limites de la région intertropicale, entre le 20° degré et
le 22° 30" de latitude australe, et sa proximité du continent de
l'Australie, dont elle est cependant séparée par un espace de plus
de 1200 kilomètres, semblent rendre cette double analogie très-
naturelle ; mais quand on examine la manière dont elle se mani-
190 AD. RBRONGNIART.
feste, elle offre cependant des singularités très-remarquables
dont nous allons signaler les plus frappantes.
L'excellent travail du docteur Joseph Hovker sur la géogra-
phie botanique de l’Australie, publié en 1859 comme introduc-
tion à sa Flore de Tasmanie, nous permettra surtout d'intéres-
santes comparaisons avec la végétation des parties tempérées et
tropicales de ce continent.
Le caractère australien de la flore de la Nouvelle-Calédonie
repose principalement sur la présence de plusieurs familles ou
tribus naturelles assez nombreuses en espèces dans cette île qui
sont également abondantes dans l'Australie tempérée, qui dimi-
nuept rapidement dans les régions tropicales de ce continent, et
disparaissent presque complétement dans les grandes îles qui le
séparent du continent asiatique.
Telles sont :
1° Les Myrtacées à fruits capsulaires, si nombreuses dans la
flore de l'Australie tempérée, beaucoup plus rares dans l’Austra-
lie tropicale, et qui n'ont plus que quelques représentants épars
dans les îles asiatiques et dans la Polynésie.
A la Nouvelle-Calédonie, nous en comptons 34 espèces, dont
29 appartiennent à des genres nouveaux étrangers jusqu’à pré-
sent au continent australien (Fremya, Cloezia, Tristaniopsis et
Spermolepis); les autres, au contraire, rentrent dans les genres
Melaieuca, Callistemon, Metrosideros et Bæckea, très-abondants
en Australie. Mais on doit remarquer l'absence complète du :
genre Eucalyptus, le plus nombreux et le plus caractéristique
des genres de Myrtacées de la Nouvelle-Hollande.
Enfin, à côté de ces Myrtacées capsulaires analogues à celles
de l'Australie, se trouvent de nombreuses espèces de Myrtacées
à fruits charnus dont on trouve à peine quelques représentants à
la Nouvelle-Hollande et qui abondent au contraire dans les
régions équatoriales asiatiques.
2° Les Protéacées, au nombre de 27, offrent par la majorité
de leurs espèces une relation frappante avec la flore australienne,
tandis que par quelques-unes d'entre elles, constituant le nou-
veau genre Kermadecia, elles se relient aux Âelicia de l'Asie
FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. A91
tropicale et aux Rhopala de l'Amérique équatoriale. Mais on
peut s'étonner, lorsque les Grevillea et les Stenocarpus de
l'Australie s'y montrent sous des formes si variées, lorsque le
genre Cenarrhenes, jusqu'alors limité à la Tasmanie, c'est-à-
dire à l'extrémité australe de cette région, y possède deux
espèces, de n'y trouver aucun représentant des genres Banksia,
Dryandra, Hakea, Persoonia, si nombreux en Australie.
3° Les Épacridées, l’une des familles les plus exclusivement
circonscrites dans les régions australes, et dont à peine deux ou
trois espèces se retrouvent dans les montagnes des îles de la Poly-
nésie, sont 1c1 représentées par 14 espèces, et appartiennent
presque toutes aux genres les plus nombreux en espèces à la
Nouvelle-Hollande. |
Nous pouvons encore signaler comme rappelant la végétation
australienne, quoique sy rattachant moins directement : les
Cunoniacées, qui par leur nombre forment un des caractères
frappants de la flore austro-calédonienne ; les Rutacées, se rat-
tachant en général aux genres australiens ; les Casuarina, qui,
quoique peu nombreux en espèces, 4 à 5 seulement, sont une
forme essentiellement australienne; quelques Légumineuses de
ce groupe des Acacia à phyliodes, si nombreuses à la Nouvelle-
Hollande dont elles sont un des caractères de végétation les plus
frappants; les Dilléniacées, peu nombreuses il est vrai, mais
la plupart de formes australiennes.
Mais à côté de ces caractères communs à la flore de l’Austra-
he et à celle de la Nouvelle-Calédonie, nous devons être étonnés
de l'absence complète de plusieurs des groupes les plus nom-
breux à la Nouvelle-Hollande, et qui sembleraient devoir accom-
pagner ceux que nous venons de citer. Ainsi nous n'avons
jusqu'à ce jour aucune trace, parmi les Monocotylédones, des
Restiacées, des Hæmodoracées, des X'erotes, des Xanihorrhea,
et de plusieurs autres formes australiennes. Parmi les Dicotylé-
dones, les Goodénoviées proprement dites (à l'exception des Scæ-
vola), les Stylidiées, les Légumineuses des tribus des Podaly-
riées et des Génistées, si nombreuses en Australie, plusieurs des
genres de Composées si caractéristiques de la flore de ce conti-
192 AD. BRONGNIART.
nent, manquent complétement à la Nouvelle-Calédonie, et vien-
nent ainsi affaiblir les relations de la flore austro-calédonienne
avec la flore du continent australien. Ajoutons que, presque
jamais, nous n’avons trouvé d'identité spécifique entre les
plantes que nous avons étudiées et comparées avec soin et celles
de l'Australie (1), en faisant toutefois abstraction de certaines
espèces presque cosmopolites, qui se rencontrent sur les côtes de
toute la région intertropicale de l’ancien continent.
Il est probable que le petit nombre d'exemples d'espèces réel-
lement australiennes se retrouvant à la Nouvelle-Calédonie ira
cependant en s’accroissant lorsque cette flore sera étudiée plus
complétement, et surtout lorsque les espèces de la Nouvelle-
Hollande orientale tropicale seront mieux connues et pourront
être directement comparées avec leurs analogues de la Nou-
velle-Calédonie.
Aux différences que nous venons de signaler entre ces deux
flores, résultant de l’absence complète, à la Nouvelle-Calédonie,
de certaines formes végétales abondantes à la Nouvelle-Hollande,
s’en ajoutent d’autres en sens inverse. Ainsi M. J. Hooker signale
les familles suivantes de la flore asiatique comme manquant dans
les parties tropicales de la Nouvelle-Hollande : Clusiacées, Ara-
liacées, Myrsinées et Acanthacées. Ces familles ont de nom-
breuses espèces dans la flore si restreinte de la Nouvelle-Calé-
donie. Ce sont : Clusiacées 21. Araliacées 21, Myrsinées 15,
Acanthacées 10. D'autres familles sont mdiquées par le savant
botaniste anglais comme diminuant rapidement dans les régions
tropicales de l'Australie ; elles sont, au contraire, riches en espe-
ces à la Nouvelle-Calédonie, comme le montrent les nombres qui
suivent leur nom : Mvyrtacées 82, Cunoniacées 80, Rutacées 80,
Protéacées 27, Épacridées 14, Conifères 47.
Telles sont les analogies et les différences que nous pouvons,
dans l’état actuel de nos connaissances, signaler entre la végé-
tation de la Nouvelle-Calédonie et celle de l'Australie.
(4) Nous pouvons cependant citer le Duboisia myoporoides, arbuste de la famille
des Solanées, propre jusqu’à présent à la Nouvelle-Hollande tempérée, et trouvé à la
Nouvelle-Calédonie,
FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 195
On pourrait peut-être en conclure que plusieurs des formes
caractéristiques de la végétation de l'Australie tempérée s’éten-
dent d’une manière plus prononcée dans la Nouvelle-Calédonie
que dans la partie tropicale du continent même de l’Australie,
ce qu’on pourrait attribuer au climat plus tempéré et moims sec
de cette île comparé à celui du continent voisin.
La flore de la Nouvelle-Calédonie se lie d’un autre côté, ainsi
que nous l'avons dit, à la végétation des régions intertropicales
asiatiques, et surtout à celle des grandes îles qui unissent, pour
ainsi dire, le contment australien à l'Asie.
Les familles qui caractérisent essentiellement cette partie de
la flore austro-calédonienne sont : les Rubiacées, les Myrtacées
à fruits charnus, les Euphorbiacées, les Sapmdacées, les Clusia-
cées, les Méliacées et Aurantiacées, les Araliacées, les Sapotées,
les Myrsinées, les Morées par le genre Fcus, les Népenthes,
quelques Palmiers et Pandanées. Ces familles, soit par le nombre
des espèces qu’elles renferment, soit par la nature des genres
qui les représentent, donnent à la flore qui nous occupe son
caractère de végétation intertropicale. |
D’autres familles occupent, on pourrait dire, une position
intermédiaire, participant en même temps des caractères de la
végétation australienne et de la végétation tropicale : telles sont
les Graminées, les Cypéracées, les Orchidées, les Apocynées, les
Composées.
Enfin, 1l est quelques familles ou quelques genres qui sem-
blent présenter dans cette flore assez restreinte une prédomi-
nance relative qu'ils n'ont nulle part ailleurs, et qui donnent
ainsi à la végétation de ce pays un cachet tout particulier ; nous
pouvons citer comme exemples : 1° la tribu des Elæocarpées
dans la famille des Tiliacées, qui comprend 16 espèces, dont
15 appartenant au genre Ælæocarpus, et 3 au nouveau genre
Dubouzeha ; 2° la famille des Pittosporées, remarquable par le
nombre considérable des espèces du genre Pittosporum (16), et par
l'absence complète des autres genres si variés qui la représentent
à la Nouvelle-Hollande ; 3° la famille des Ombelliféres, qui nous
offre un genre arborescent comprenant déjà au moins 4 espèces,
5e série. Bot. T. IT, (Cahier n° 4.) 1 413
A94 AD. BRONGNIARAE.
et qui établit une relation encore plus intime entre cette famille
et celle des Araliacées. |
Parmi les faits singuliers que’ présente cette flore, on peut
encore signaler l'existence de quelques genres considérés jus-
qu'à présent comme exclusivement américains ; tels sont les
genres Rhopala et Adenostephanus, parmi les Protéacées ; telle
est surtout une belle espèce du genre Heliconia, de la famille des
Musacées.
Le nombre des espèces de plantes d’une flore, comparée dans
ses principaux éléments, classes où familles, a toujours été con-
sidéré comme offrant un intérêt particulier en mamifestant la
prépondérance de certaines formes végétales et déterminant
ainsi le caractère particulier de la végétation d’un pays.
Le nombre total des espèces de plantes de la Nouvelle-Calé-
donie comprises dans les collections que nous avons eues à notre
disposition s'élève, comme nous Pavons dit, à environ 1 300 Pha-
nérogames et à 400 Cryptogames, qui se répartissent ainsi dans .
les quatre grands embranchements du règne végétal :
Dicotyledones... . 180 de MP ... 1100 1300
Monod léones it, LL CE ARLES MARIE 200
Cryptogames acrogènes. .................,: 150 00
Cryptogames amphigènes (1)...... NS RÉRIS 1. 250
Ces chiffres donnent, pour le rapport des Monocotylédones
aux Dicotylédones, 4 à 5,5 proportion beaucoup plus faible que
celle indiquée pour la plupart des régions intertropicales, où il
atteint souvent 4 à 3. Si des recherches ultérieures ne le modi-
fiaient pas, il serait même inférieur à celui des régions tempé-
rées, qui est le plus souvent 1 à 5.
Les familles prédominantes par le nombre de leurs espèces ne
se rangent pas non plus dans le même ordre que celles des flores
d'Australie ou des Indes orientales. D’après le docteur $. Hooker,
neuf familles, les plus considérables en espèces, comprennent
(1) Ce nombre est évidemment très-inférieur à la réalité ; il représente les espèces
de Lichens et d’Algues déterminées par MM. Nylander et Kützing. Les collections de
Mousses et d'Hépatiques sont encore très-incomplètes et ne sont pas comptées dans
ces nombres,
FLORE DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 195
environ la moitié des plantes de ces flores ; treize familles, les
plus nombreuses en espèces, sont nécessaires pour comprendre
à peu près la moitié de la flore de la Nouvelle-Calédonie.
Le tableau ci-dessous indique l’ordre de prépondérance de ces
familles dans ces trois régions et le nombre de leurs espèces dans
la flore calédonienne, d’après nos collections actuelles.
Australie. Indes orientales. Nouvelle-Calédonie.
Légumineuses. Légumineuses. UMTS ac seu same. + 105
Myrtacées, Rubiacées. Myxtagées pis ARE AUX. 80
Protéacées. Orchidées. Euphorbiacées 6 «200 #5 002
Composées. Composées. Légumineuses........... PES 00
Graminées. Graminées. Graniinéess, ..nt. sde rer «cDZ
Cypéracées. Euphorbiacées. Apocynées et Asclépiadées.... 56
Epacridées. Acanthacées. CRM ELLE PON LRO. à LOUES
Goodenoviées. Cypéracées. Orchidéessr. ÆNMICANTEM Rs 38
Orchidées. Labiées. Gomposees. 2.4.2, 1 .f%' GE
Rutagées. age trade lea ÉCIEEO 30
NADINUACEC Se nr eme ee oc ee 30
Cunoniacées. ... ..... .... 30
Protéacées. . SERA T Te 27
656
Le caractère frappant de cette liste, en ce qui concerne la
flore de la Nouvelle-Calédonie, c’est le nombre considérable des
Rubiacées, qui occupent le premier rang, tandis qu’elles ne sont
pas comprises dans les familles prédominantes de la flore d’Aus-
tralle et qu'elles ne viennent qu'au second rang dans celle de
l'Inde.
Les Myrtacées y occupent le second rang, comme dans la flore
australienne, tandis qu’elles ne figurent pas parmi les familles
les plus nombreuses de la flore indienne.
Les autres familles confirment les rapports mixtes que nous
avons signalés entre la végétation austro-calédonienne et celle de
l'Asie tropicale d’une part et de l'Australie d'autre part.
Ce tableau général de la végétation de la Nouvelle-Calédonie
est loin de pouvoir la faire connaître sous tous ses rapports; nos
matériaux sont encore trop incomplets. Beaucoup de familles
naturelles n’ont encore été étudiées que d’une manière superfi-
cielle, suïfisante, cependant, pour permettre d'apprécier le
nombre de leurs espèces.
Nous nous sommes appliqués, M, Gris et moi, dans nos pre-
196 AD. BRONGNIART.
micres études, à examiner, soit les familles qui, par leurs rap-
ports avec la flore australienne, nous paraissaient les plus inté-
ressantes, soit les familles sur lesquelles nous possédions des
matériaux plus complets, attendant que de nouvelles collections
pussent donner plus de précision à nos travaux sur d’autres
groupes naturels.
Grâce aux recherches et aux efforts des zélés explorateurs que
nous avons Cités au commencement de cette notice, en cinq à
six ans, nos Connaissances sur la flore de la Nouvelle-Calédonie
se sont élevées de 130 plantes à 1700 ; et cependant les points les
plus rapprochés des établissements français ont pu seuls être
parcourus par des individus isolés et livrés à leurs seuls efforts
personnels.
Pour compléter nos connaissances sur cette nouvelle colonie
si intéressante au point de vue de l'histoire naturelle en général,
et à laquelle son climat si salubre et la variété de ses productions
présagent un avenir si prospère, 1l serait vivement à désirer que
le gouvernement, venant en aide aux efforts des hommes entre-
prenants qui, par leurs seuls moyens et malgré les entraves d'un
service publie, ont commencé avec tant de succès cette explora-
tion, püût les mettre à même d'étendre leurs recherches dans des
lieux plus reculés, sur les points à peine entrevus de la côte occi-
dentale, et dans les montagnes et les vallées de l’intérieur de
l'île.
De ces recherches, il résulterait, sans aucun doute, non-seu-
lement des découvertes pleines d'intérêt pour la science, mais
aussi celle de produits utiles pour l’industrie ou la médecine,
ainsi qu'une connaissance exacte des localités les plus favorables
à la colonisation, et des ressources que les productions naturelles
peuvent lui offrir.
OBSERVATIONS
SUR
DIVERSES PLANTES NOUVELLES OU PEU CONNUES
DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE,
Par MM, Ad. BRONGNIART et A. GRIS.
Suite (1).
DESCRIPTION DES PROTÉACÉES APPARTENANT AUX GENRES GREVILLEA,
STENOCARPUS, CENARRHENES ET KNIGHTIA.
Dans une première notice sur les Protéacées de la Nouvelle-
Calédonie, nous avons fait connaître plusieurs plantes de cette
famille qui devaient constituer un nouveau genre, ou rentrer
dans des types génériques étrangers à l'Australie, et nous avions
ajourné la détermination et la description des espèces apparte-
nant à des genres australiens : c'est le résultat de ces études que
nous publions aujourd'hui.
Le genre Knightia était déja représenté à la Nouvelle-Calé-
donie par une espèce que Labillardière avait décrite sous le nom
d'Embothrium strobilinum ; une seconde espèce est venue s’ajou-
ter à celle-ci, et indiquer un rapport de plus avec la végétation
de la Nouvelle-Zélande, à laquelle appartient la troisième
espèce de ce genre.
Les Stenocarpus qui n'ont pas de représentants à la Nouvelle-
Zélande, et sont rares en Australie, paraissent au contraire fort
nombreux à la Nouvelle-Calédonie où nous en connaissons onze
espèces. Cette île semble donc être leur centre principal de
création.
Les Cenarrhenes nous fournissent deux espèces nouvelles, dont
une surtout se présente avec un port très-singulier qui l’a fait
prendre par les botanistes qui l'ont recueillie pour un Statice. Il
(1) Voy. pour la première partie, Ann, des sc, nat., 5° série, t, 1, p. 334.
198 AD. BRONGNIARY ET A. GRIS.
est trèes-remarquable de trouver dans une île intertropicale un
genre dont la seule espèce connue était confinée dans la Tas-
mannie, c’est-à-dire à l'extrémité la plus australe de la région
australienne.
Les Grevillea sont assez nombreux à la Nouvelle-Calédonie :
en effet, les collections que nous avons reçues de cette colonie
comprennent déjà sept espèces de ce genre, sans compter le Gre-
villea exœul Lindl., qui, d’après la description très-incomplète
qu'on'en a publiée, serait voisin de notre Grevillea macrostachya.
Toutes ces espèces semblent appartenir à un même groupe ;
mais ce groupe n'est pas celui des Oleoideæ (Meisner in DC.,
Prodr., t. 14, p. 352), dans lequel M. Meisner a placé les Gre-
villea eœul et Gillivrayi. Par leur stigmate terminal, à peine
oblique dans quelques cas, par la forme de leurs follicules, et
enfin par leur inflorescence, nos espèces paraissent devoir se
rapporter à la section Cycloptera (loc. cit., p. 379), $ simplici-
foliæ. Le Grevillea polystachya R. Br., compris dans ce para-
graphe, a même une affinité très-intime avec notre Grevillea
heterochroma, comme nous l’indiquerons plus loin. Par leurs
longues grappes de fleurs serrées et souvent dirigées d’un seul
côté, les espèces austro-calédoniennes s’éloignent de la plupart
des espèces australiennes à feuilles entières, auxquelles on pour-
rait être tenté de les comparer ; toutes ont le stigmate terminal
ou à peine oblique, élargi en une sorte de disque avec un mame-
lon conique en son milieu. tandis que la plupart des Grevillea, à
feuilles entières de la section Lissostylis, ont le stigmate latéral.
Il nous paraît donc certain que les Grevillea de la Nouvelle-
Calédonie diffèrent de toutes les espèces connues jusqu'à ce
jour à la Nouvelle-Hollande, tout en se rapprochant davantage
de celles des parties tropicales de ce continent. |
L'examen des Protéacées austro-calédoniennes, qui porte le
nombre des espèces recueillies dans cette ile à vingt-sept, nous
montre sans doute des rapports remarquables entre la flore de ce
pays et celle de l'Australie proprement dite ; mais on doit cepen-
dant être frappé de l'absence complète de plusieurs des genres
les plus nombreux dans cette région; tels que les Banksia,
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 199
Dryandra, Hakea, Persoonia, et beaucoup d’autres qui font des
Protéacées un des groupes les plus caractéristiques de la végé-
tation australienne.
GREVILLEA R. Br.
1. GREVILLEA MACROSTACHYA.
G. foliis obovato-lanceolatis, basi longe attenuatis, et subspa-
thulatis, apice obtusis et submucronatis, superne lævibus, in-
ferne junioribus fusco-furfuraceis, demum glaberrimis, palli-
dioribus, trmervis et reticulato venosis ; racemis simplicibus vel
rarius basi ramosis, longissimis (sex pollicaribus), pedicellis
calycem subæquantibus, approximatis et sæpe fasciculatis, junio-
ribus calycibusque sericeo-pubescentibus, sepalis inflexis, ovario
stipitato styloque longissimo glaberrimis, stigmate terminali
conico, basi expansa ; fructibus obovatis, lignosis, compressis,
lævibus, stylo persistente superatis; semmibus elliptico-subro-
tundis, planis, anguste marginatis. |
An Grevillea eœul (Lindi., Hort. transact., 1852, p. 1%, in
nota).
Frutex. Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, n° 4116) ; Port-
boisé, baie de Ména, in Nova Caledonia australiore (Deplanche, 1865,
n°197).
Cette belle espèce est-elle distincte du Grevillea eœul, indiqué
par Lindley comme provenant de la côte orientale de la Nou-
velle-Calédomie, mais dont la description diffère à quelques
égards de celle de notre plante ? D'après Lindley, les feuilles du
Grevillea eœul sont oblongues, les grappes de fleurs sont pani-
culées et tomenteuses, l'ovaire est longuement stipité, caractères
qui ne se rencontrent pas dans la plante recueillie par les collec-
teurs français.
2. GREVILLEA GizcivrAyI (3. Hook, in J'ourn. of bot,, 1854,
p. 358 ; 1855, tab. 4),
200 AD, BRONGNIARE ET A GRIS.
G. folis breviter petiolatis, oblongis vel oblongo-lanceolats,
obtusis, breve mucronatis, 1-nerviis, laxe pinnatim reticulato-
venosis, membranaceis, margine recurvis, supra pallide viridi-
bus, glabris, subtus ramulisque sericeo-pubescentibus, adultis
glabris glaucescentibus ; racemis lateralibus breve pedunculatis,
simplicibus, elongatis, dense multifloris, rachi pedicellis calyci-
busque sericeis (albis vel flavescentibus), ovario pedicellato
styloque glabro, longe exserto, stigmate terminali vel vix obliquo,
basi expanso, medio apiculaio.
Frutex. Habitat in Nova Caledonia, ad flumen Boulare, floret Julio,
floribus candidis (Pancher, 1860); in summitate insulæ Pinorum (Mac
Gillivray et Mine, ex Hook., . c.).
3. GREVILLEA DEPLANCHEI.
G. foliis lanceolatis, vel obovatis, vel anguste oblongis, inte-
gerrimis, in petiolum brevem attenuatis, apice mucronulatis,
coriaceis, planis, margine revoluts, vix reticulato-venosis, et
nervo submarginali notatis, junioribus utrmque ramulisque
sericeo-pilosis, cinereis, vel fulvo-tomentosis; racemis termina-
libus et axillaribus, longissimis, angustis, densifloris, cmereo-
tomentosis; floribus breve pedicellatis, vix incurvis, pistillo
glabro, stylo calyce duplo longiori, stigmate terminal conico,
basi expanso. Fructibus ovatis, vix compressis, Iævibus, bast styli
apiculatis. |
Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Kanala (Vieillard,
n° 1113 ; Deplanche, 1861, n° 212 ; 1864, n° 99).
Cette espèce serait-elle une simple variété de la précédente ?
Les caractères distinctifs sont peu prononcés, et cependant la
contexture des feu'lles paraît très-différente; leur tissu coriace
laisse à peine entrevoir le réseau vasculaire secondaire plus ré-
gulier que dans le G. Gillivrayi, et formant le plus souvent deux
nervures latérales, submarginales.
h. GREVILLEA SINUATA.
G. folus glaberrimms, lanceolatis, bast in petiolum brevem
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 204
longe attenuatis, apice obtusis breve cartilagineo-mucronatis,
vel subspathulatis, margine sinuatis seu potius irregulariter uno
alterove latere obtuse et grosse dentatis, discoloribus, e basi tri-
plinerviis et laxe venosis; racemis terminalhibus elongalis, basi
foliatis, fohisque longioribus, glaberrimis ; pedicellis calyce bre-
vioribus ; calycibus pistillisque incurvis, glaberrimis; stigmate
terminali truncato, medio con1co.
Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Kanala (Vieillard,
PS GATE
5. GREVILLEA RUBIGINOSA.
G. foliis obovatis, vel obovato-oblongis, spathulatis, obtusis
vel plus minusve profunde emargimatis et subobcordatis, apice
cartilagineo mucronatüs, triplinerviis et reticulato-venosis, ner-
vis versus apicem confluentibus, superne glabris, lucidis, subtus
ramulis racemisque dense rubiginoso-tomentosis, adultioribus
glabrescentibus ; racemis terminalibus ramosis, paniculatis, sim-
plicibusve in axillis superioribus, elongatis, densifloris, ferru-
gineo-splendentibus; pedicellis calycem subæquantibus ; pistillis
glabris, stylis longissimis ; stigmate termimali expanso, medio
apiculato.
Frutex diffusus, 3-4-metralis, floribus candidis vel roseis, speciosis.
Floret mensibus nov. et dec. habitat in montibus Novæ Caledoniæ steri-
libus ferrugimosisque (Deplanche, 1861, n° 213); Mont-Dore (Vieillard,
n° 1114).
6. GREVILLEA HETEROCHROMA.
G. ramis erectis, foliis lanceolatis integerrimis, margine car-
tilagineo incrassatis, revolutis, trinerviis et laxe oblique venosis,
supra lucidis, subtus ramulisque sericeo-villosis, ferrugineis vel
cinereis ; racemis simplicibus, terminalibus, erectis, longissimis,
floribus secundis, pedicellis calycem subæquantibus sepalisque
cinereo-sericeis; pistillo glabro, ovario pedicellato, stigmate
terminali vel vix obliquo, late expanso, medio conico-apiculato.
Fructus obovatus lævis, basi styli acuminatus. !
202 AD. EBRONGNIART KT A, GRIS.
. Frutex. Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, n° 1117; Deplan-
che, n° 98).
Cette espèce est la seule parmi les Grevillées de Nouvelle-Calé-
donie, qui se rapproche très-mtimement de quelques espèces de
la Nouvelle-Hollande ; elle offre, en effet, beaucoup d’analogie
avec le Grevillea polystachya R. Br., et probablement avec le
G. gibbosa R. Br. que nous n'avons pas pu lui comparer direc-
tement. Ces deux espèces ont, en effet,-comme la plupart de
celles de la Nouvelle-Calédonie, de longues grappes de fleurs ter-
minales et des feuilles entières étroites; mais le G. polystachya
diffère évidemment par des feuilles beaucoup plus longues, très-
étroites, linéaires à trois nervures parallèles très-régulières, par
ses fleurs en grappes paniculées, moins longues que dans les
plantes de la Nouvelle-Calédonie.
Nous devons remarquer que cette espèce et celles qui s’en
rapprochent le plus, croissent dans la partie orientale et tropi-
cale de la Nouvelle-Hollande, par conséquent dans la région la
plus analogue, par son climat, à la Nouvelle-Calédonie.
7. GREVILLEA VIEILLARDI.
Frutex folus crassis coriaceis, obovatis, vel oblongis basi in
petiolum pollicarem attenuatis, apice obtusis vel rotundatis,
breve mucronatis, rarius subemarginatis, integerrimis, margine
cartilagineo incrassatis, nervo medio rigido, nervis pinnatis obli-
quis et reticulato-venosis ; Junioribus ramulisque utrinque sericeo
fulvo-villosis ; adultis discoloribus supra lævibus læte virentibus,
subtus cinereo vel fulvo-sericeis ; racemis axillaribus versus
apices ramorum approximats, erectis, vix foliis longioribus, ci-
nereo-villosis, pedicellis approximatis calycibus duplo brevio-
ribus ; stylis longissimis ovariisque glabris ; stigmate terminali
expanso, medio apiculato.
Var. 6. emarginata, folus obovatis, minoribus, emarginatis,
subtus ferrugineo vel fulvo-sericeis ; spicis gracilioribus.
Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard, n° 1112; Deplanche,
1864, n° 96). Var. B loco proprio ignoto (Vieillard, n° 1111).
L
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 203
CENARRHENES Labill.
A. CENARRHENES SPATHULÆFOLIA.
Folia alterna approximata glaberrima, integerrima, anguste
spathulata, apice rotundato-truncata, basi sensim attenuata
subsessilia, subenervia (nervo medio in speciminibus siccis vix
notato, superficie plicata subreticulata) nigrescentia.
Flores sepalis deciduis, brevi racemosis, racemis paucifloris
(6-8), receptaculo plano, symetrico, glandulis quatuor æqualibus
angustis subconicis.
Fructus. Nucula pollicaris compressa obovata vel elliptica,
externe suberosa, endocarpio lignoso crassissimo. Semen imper-
fectum. |
Species ab unica specie cognita, €. nitida Labill. e Tasmania
valde diversa forma foliorum et racemis florum brevioribus, sed,
etiam deflorata, certe congener forma receptaculi, imflorescen -
tia et colore nigrescente foliorum smgulart.
Frutex. Habitat in‘montibus prope Kanala (Vieillard, n° 1120).
2, CENARRHENES PANICULATA.
Folia approximata glaberrima cuneata, subtriangularia, basi
sensim angustata et in petiolum brevem attenuata, apice dilatata
subtruncata, grosse et obiuse tri-quinque dentata, supra basim
trinervia, nigrescentia.
Flores in paniculam terminalem laxam longe pedunculatam
dispositi, ramulis spicatis, floribus sessilibus, in præfloratione sub-
pyramidatis, bracteis floralibus parvis acutis margine scariosis ;
sepalis brevibus oblongo-angustatis, externe revolutis. Ovario
ovaio sessili, pilis candidis elongatis tecto.
Frutex humilis. Habitat in montibus excelsis prope M’Bée (Vieillard,
819); in Nova Caledonia australi (Baudouin, 1865).
204 AD. BRONGNIART ET A, GRIS.
STENOCARPUS R. Br.
À. SrEenocARPUS Forster R. Br.
Frutex glaberrimus, ramulis graciibus erectis, junioribus
angulosis compressis; foliis oblongo-lanceolatis obtusis vel
oblongo-spathulatis rotundatis, basi in petiolum brevemattenua-
üis, integerrimis, trmervis vel subenervis, coriaceis ; pedunculis
subterminalibus angulosis, folia subæquantibus, paucifloris
(6-10), pedicellis calyce sublongioribus compressis; bracteis
brevissimis ; folliculis elongato-fusiformibus.
Var. «. Forsteri, foliis mmoribus, sæpius oblongo-spathulatis
apice rotundats, suhenervus et subconcoloribus, pedunculis
pedicellisque gracihibus angulosis non complanatis (specimini
Forster: in herb. Mus. Paris conformis).
Embothrium umbellatum Forst., Gen., p. 16, t. 8 f, a, f.
Stenocarpus F'orsteri R. Br., Trans. linn., 10, p. 201,
Var. &. Billardieri, foliüs majoribus, obtuse lanceolatis apice
rotundaiis, discoloribus, distincte triplmervis, pedunculis pedi-
cellisque complanatis subancipitibus (an species propria ?) (spe-
cimini herb. Billardieri conformis). -
Stenocarpus Forsteri Labill., Sert. austr.-cal., p. 24, t. 26.
Habitat in Nova Caledonia ; var. à Mont-Dore (Vieillard, n° 1098), in
collibus ferrugineis prope Kanala (Deplanche, 1860, n° 204). — Var. G.
In cacumine montium prope Balade (Vieillard, n° 1094). In Nova Cale-
donia (Deplanche, 1865, n° 95).
2. STENOCARPUS INTERMEDIUS.
Frutex glaberrimus, ramulis diffusis, junioribus angulosis ;
foliis lanceolatis, basi longe attenuatis, obtusis nec rotundatis,
subenerviis vel obscure triplinerviis; pedunculis tenuibus fohis
brevioribus vel vix folia æquantibus paueï vel multifloris (numero
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALUDONIE. 205
8-15), pedicellis gracilibus calyce paulo longioribus, bracteis
minutis squamulæformibus.
Habitat in montibus prope Balade {Vieillard, n° 1096).
Obs. — Cette espèce se rapproche beaucoup du SF. Forsterr et particu-
lièrement de la var. B, mais les feuilles n’ont pas la forme oblongue-spa-
tulée et l'extrémité arrondie de celles de cette espèce; les nervures sont
à peine distinctes ; les pédoncules très-grêles diffèrent beaucoup de ceux
plus épais, anguleux, ou aplatis du S% forsteri. Par plusieurs de ces
caractères ce Séenccarpus ressemble au S4. gracilis, mais chez celui-ci, les
pédoncules longs et grèêles ne portent que deux à trois fleurs, et les brac-
tées, qui forment une sorte de collerette à ces ombelles, sont développées
en petites feuilles et non pas squamiformes comme dans les deux pre-
mières espèces.
3. STENOC RPUS GRACILIS.
Frutex glaberrimus, ramis gracilibus diffusis, jumioribus vix
angulosis, foliis lanccolatis vel ovaio-lanceolatis chtusis (nec
spathulatis nec rotundatis) triplinervus, discoloribus ; pedunculis
graclibus et subeanillaribus, foltis longioribus, 2-3-floris, brac-
teis inæqualibus pedicellos breves subæquantibus folnformibus ;
folliculis gracihibus cylindricis arcuaüs.
Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Yate (Vieillard, n° 1100).
H. STENOCARPUS LAURINUS.
Arbor vel arbuscula, folüs ellipticis, obovato-ellipticis, vel
ovato-elliptücis, apice acutiuseulis vel rotundatis, basi in petio-
lum sat longum attenuatis, triplinerviis, margine integris undu-
las, junioribus ramulisque ferrugimeo-tomentosis, deinde gla-
brescentibus ; pedunculis axillaribus et subterminalibus versus
apices ramorum numerosioribus, folia superantibus et subpani-
culatis, umbellis multifloris (sub 20-floris), peduneulis, pedicel-
lis calycibus ovariisque junioribus dense ferrugineo-tomentosis,
adultis glabris.
Var. «. Arbor, foliis ellipticis utrinque acutis.
Var. 6. Arbor, foliis obovato-ellipticis apice obtusis rotun-
datis, Sæpe obliquis difformibus.
206 AD. BRONGNIARYE ET A, GRIS.
Var. y. Arbuseula, foliis ovato-ellipticis obtusis.
Habitat. Var. « in montibus prope Balade (Vieillard, n° 4092). Var.
in üisdem locis (Vieillard, n° 1093). Var. y in insula Pinorum (Pancher,
1860, n°417).
Espèce très-variable par la forme des feuilles, qui semble se
rapprocher du Stenocarpus Moorii de Müller, que ce savant bota-
niste à considéré plus tard comme une simple variété du Steno-
carpus sahignus. Notre plante est très-différente des échantillons
de cette dernière espèce nommés par R. Brown, aussi bien que
de ceux envoyés par M. Müller lui-même, par ses feuilles beau-
coup plus larges, plus coriaces, toujours ondulées sur leurs
bords. Les inflorescences se ressemblent beaucoup dans ces deux
espèces, quoique plus longuement pédonculées dans le S. lau-
rinus, et Couvertes dans leur jeunesse d’un duvet ferrugineux
qui paraît toujours manquer dans le S. salignus.
5. STENOCARPUS RUBIGINOSUS.
Frutex, ramulis folisque (præsertim ad paginam inferiorem),
pube rubiginosa brevi caduca vestitis ; foliis elliptico-lanceolatis
obtusis integerrimis, marginerevolutis, planis, coriaceis, obscure
triplhinervus, basi in petiolum brevem attenuatis ; umbellis mul-
tifloris, pedunculis, pedicellis calycibusque ferrugineis.
Habitat in montibus prope Poila (Vieillard, n° 4095).
Cette espèce est voisine du $4. CunninghamiR. Br., qui en
diffère cependant par ses feuilles oblongues tomenteuses.
G. STENOCARPUS VILLOSUS.
Arbor, ramulis foliisque junioribus dense tomentosis ; foliis
adultis glabrescentibus, versus basim tantum villosis, obovato-
ellipticis rotundatis im petiolum attenuatis, triplinerviis, margine
_ revolutis, mollibus, concoloribus ; umbellis multifloris, peduncu-
lis foliis brevioribus sæpe geminis, pedicellis et calycibus dense
cinereo-tomentosis ; gynophoro grach glabro, ovario villoso.
Habitat prope Balade (Vieillard, n° 4140).
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUV&ÉLLE=CALÉDONIE. 207
7. STENOCARPUS TREMULOIDES.
Arbor, ramulis tomentosis, foliis ovato-subrotundis, basisæpius
subcordatis vel cordatis, petiolatis, e basi 3-5-7-nerviis, integris,
undulatis, coriaceis, subtus ferrugineo- vel cinereo-tomentosis ;
umbellis paucifloris, pedunculis fructiferis folio brevioribus,
pedicellis folhculisque cinereo-villosis.
Habitat in Nova Caledonia loco M’Bée dicto (Vieïillard, n° 40914).
a
8. STENOCARPUS HETEROPHYLLUS.
Frutex glaberrimus, ramulis gracilibus, foliis heteromorphis,
inteyris, trilobis, pluribusque bilohis (uno quadrilobo) ; integris
oblongis v. oblongo-lanceolatis obtusis, margine integerrimis,
corlacels enerviis lævissimis ; lobatis profunde partitis, trilohis
lobis laterahibus magnitudine variantibus, bilobis lobo unila-
terali; pedunculis gracilibus folio brevioribus (paucifloris), pedi-
cellis fructiferis subgeminis, folhculis glaberrimis.
Habitat ad montem dictum Mont-Dore Novæ Caledoniæ (Vieillard,
n° 4099).
9. SrenocARPus Muret 3. Hook.
Frutex glaberrimus, ramis gracilibus strictis, foliis pmnati-
fidis, longe petiolatis, plerumque sub 5-partitis, rarius 3-4-7-
partitis, lobis angustis linearibus obtusis subtruncatis opposits,
rachi valde obliquis, enerviis, margine revolutis, inferioribus
rarius lobatis ; pedunculis folio brevioribus, umbellis subsexflo-
ris ; folliculis gracilibus.
Lomatia Milnei Hook., Journ. bot., 1854, p. 359 ; 1855,
tab.2.
Stenocarpus Milnei Meisn. in DC., Prodr., 41h, p. 151.
Habitat in insula Pinorum Novæ Caledoniæ (Pancher, 1860, n° 418).
A0. STENOCARPUS ELEGANS.
Frutex glaberrimus, ramis gracilibus diffusis, foluis bipinna-
tifidis longe petiolatis, pinnulis primarus 4-5-jugis, superioribus
208 AD. BRONGNIART ET A, GRIS.
integris, inferioribus pinnatifidis, 2-3-5-lobis, lobis lineari-
lanceolatis obtusis patentibus, enerviis vel obscure 1-3-nerviis,
margine integerrimis planis vel paululum incrassatis ; peduncu-
lis foliis multo brevioribus paucifloris (4-5-floris).
Habitat in Nova Caledonia, loco dicto Mont-Dore (Vieillard, n° 4101:
Deplanche, n° 215).
Cette espèce se rapproche beaucoup de la précédente, mais
elle en difiere non-seulement par ses feuilles constamment bipin-
_natifides, mais surtout par la forme et la direction des lobes de
ces feuilles qui sont linéaires, allongés et très-obliques sur le
rachis dans le Stenocarpus Milnei; plus courts, élargis vers le
milieu, et formant un angle plus ouvert avec le rachis dans le
S. elegans. Le S. Milnei paraît Jusqu'à présent propre à l'ile des
Pins.
A1. STENOCARPUS DAREOIDES.
Frutex glaberrimus, foliis longe petiolatis, decompositis, tri-
pinnatifidis, lobis parvis angustis linearibus integris vel bi-trifi-
dis, coriacels, nervo medio tantum percursis, supra lucidis.
Habitat in montibus prope Kanala (Vieillard n° 1102).
Obs. — Cette espèce dont nous n'avons vu qu'un rameau sans fructifi-
cation, appartient cependant, sans aucun doute, au même groupe que la
précédente, mais ses feuilles très-divisées à lobes bifides ou trifides
comme ceux de certaines Fougères des genres Darea, Cheilanthes ou.
Gymnogramme, lui donnent un aspect tout particulier.
KNIGHTIA R. Br.
1. KNIGHTIA STROBILINA R. Br.
Arbor, folus alternisobovato-oblongis, obtusis, in petiolum lon-
gum basi attenuatis, Integerrimis, utrmque ramulisque glaberri-
mis, reticulato-penninerviis. Floribus spicatis, spicis axillaribus
peduneulatis foliüis brevioribus, strobiliformibus, bracteis imbrica-
tis,glaberrimis, mferioribusbrevioribus rotundis vel ellipücisimvo-
lucrantibus, superioribus flores stipantibus et superantibus oblon-
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 209
gis acutis; floribus breve pedicellatis, in axilla bractearum ge-
mins, glaberrimis (sepala, glandulæ, stamina et pistillum ut in
K. excelsa, sed glaberrima); foliculis lignosis fusiformibus
areuatis, basi styli superatis (non apertis).
Embothrium strobilinum Labill., Nov. Holl., 9, p. 410.
Knightia integrifolia À. Cunningh., in Ann, of nat. hist.,
I, p. 898.
Habitat in montibus prope Balade (Vieillard, n° 4118).
L'étude des fleurs de cette plante ne confirme pas l'opinion de
R. Brown, quelle pourrait constituer un genre distinct du
Knightia fondé sur le K. eæcelsa. L'organisation de ces deux
plantes est parfaitement la même, et il n’est pas probable que
le fruit, que nous n'avons pas observé complétement mûr,
puisse offrir des différences de quelque valeur.
9, Kauicuria Depzancuet Vieill. mss.
Frutex fois alternis parvis oblongo-spathulatis basi in petio-
lum brevem attenuatis apicem versus obtuse 3-5-7-crenatis, co-
riaceis, utrinque glaberrimis, discoloribus pinnatim et reticulate
nervosis; floribus spicatis, spicis terminalibus strobiliformibus,
bracteis exterioribus delapsis, interioribus oblongo-lanceolatis
acutiusculis margine ciholatis ; floribus dense approximatis ge-
minis breve pedicellatis, bracteis caducis longe superatis.
Habitat in montibus prope Balade (Vieillard, n° 719).
Nous n'avons vu de cette espèce qu’un seul échantillon assez
mal conservé, mais elle est si bien caractérisée qu'il est impos-
sible de conserver aucun doute, soit sur sa place dans le genre
Knightia dont elle offre tous les caractères, soit sur sa distinc-
tion spécifique, tant elle diffère des deux autres espèces de ce
genre.
ô€ série, Bot, T. IIT. (Cahier n° 4.) £ 14
MO AD. BRONGNIART ET A. GRIS.
OBSERVATIONS SUR LES MYRTACÉES SARCOCARPÉES ET SUR LE NOUVEAU
GENRE PILIOCALYX.
Nous avons décrit, dans une première notice sur cette famille,
les plantes qui se rangeaient dans la section des Myrtacées à
fruits capsulaires, formes analogues à celles qui prédominent
dans la végétation australienne. I nous restait à faire connaître
les Myrtacées à fruit charnu qui croissent en grand nombre à la
Nouvelle-Calédonie, et se rattachent pour la plupart aux genres
caractéristiques de la végétation des régions intertropicales
asiatiques. |
Presque toutes rentrent dans les genres bien connus de ces
contrées, Myrtus, Eugenia, Jambosa, Syzygium et Caryophyl-
lus. Cependant, aucune ne nous a paru pouvoir se rapporter
aux espèces déjà décrites dans les flores de l'Inde ou des grandes
îles asiatiques. Cette comparaison était, du reste, très-difficile à
cause du nombre considérable des formes appartenant à quel-
ques-uns de ces genres, et souvent par l'absence d'échantillons
authentiques.
Une espèce de Syzygium, seulement, nous a paru identique
avec une espèce des îles Viti, décrite par M. Asa Gray. Le voisi-
nage de ces îles et de la Nouvelle-Calédonie doit, d’ailleurs,
amener souvent une conformité spécifique des plantes apparte-
nant aux deux contrées, conformité que nous ont offerte déjà
d’autres familles, et que les études postérieures faites sur leur
végétation rendra probablement très-fréquente.
Nous avons adopté les genres Myrtus, Eugenia, Jambosa et
Syzygium dans les limites qui leur sont le plus souvent assi-
gnées. Cependant, l'absence des fruits nous a fait attacher à a
structure de l'ovaire une grande importance pour la distinction
des Myrtus et des Eugenia. Les Myrtus se distinguent, en eflet,
facilement des Eugenia par leurs fruits à graines petites et nom-
breuses, bisériées dans chaque loge, tandis que dans ce dernier
genre, les graines sont ordinairement réduites à une seule quiest
volumineuse, sphérique, et d’une organisation différente. Mais
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 211
l'ovaire lui-même sert à caractériser les deux genres par la dispo-
sition régulièrement bisériée des ovules dans les Myrtus, et par
leur réunion en un petit groupe arrondi et multisérié sur le
milieu de la cloison dans les £ugenia.
Les Jambosa diffèrent peu des Eugenia. Cependant, la prolon-
sation du tube calycinal (ou de l'hypanthium) au delà de l'ovaire,
permet de les distinguer aisément comme l'ont fait la plupart
des auteurs.
Quant aux Syzygium ils se rapprochent, sans doute, de ce
dernier genre, mais ils s’en distinguent par un aspect très-
différent, et par quelques caractères qui nous ont paru suffisants
pour maintenir la sépara.: on admise par beaucoup d'auteurs,
surtout dans un travail dans lequel nous n'avons pas pour but
de faire une révision du groupe des Myrtacées ; ainsi leur tube
calycinal, dont l'orifice est le plus souvent contracté et surmonté
d'un limbe très-court, leurs pétales petits, souvent imparfaits
et irréguliers, appliqués étroitement les uns contre les autres et
se détachant alors comme une sorte d’opercule, les caractérisent
sensiblement ; cependant ce dernier trait, considéré comme la
note distinctive du genre, nous a paru si diftiaile à bien appré-
cier sur les boutons de fleurs ou sur les fleurs un peu plus déve-
loppées, que nous n'avons pas cru devoir distinguer les Acmena
des Syzygium. Nous nous sommes bornés à ajouter le nom
d’Acmena aux espèces dans lesquelles nous avons pu observer les
pétales libres, persistants et régulièrement étalés.
M. Asa Gray, se fondant sur Les rapports intimes qui unissent
les Eugenia, Jambosa, Syzygium et Acmena, les à tous réunis
sous le nom d'Eugenia; mais cette fusion ne nous a pas toujours
paru très-naturelle et nous avons préféré suivre la nomenclature
généralement admise.
Les Caryophyllus sont bien caractérisés par la structure de
leur oyaire, de leur fruit et de leur graine. Nous ferons seule-
ment remarquer que le C. ellipticus décrit par La Billardière
n'a pas été retrouvé par les explorateurs modernes de la Nou-
velle-Calédonie, tandis que deux espèces sont venues s'ajouter à
ce genre peu nombreux jusqu’à ce jour en formes distinctes.
219 AD. ERONGNIART EN A. GRIS.
Sur quarante espèces de Mvyrtacées sarcocarpées, trente-cinq
rentrent dans les cinq genres déjà connus que nous venons de
citer. Les autres plantes de ce groupe semblaient, par la forme
singulière de leur calyce en facon d’opercule ou de coiffe, se
rapporter au genre Calyptranthes. Dans une de ces plantes cet
opercule était conique et acuminé. Ce caractère, et surtout la
structure de son ovaire biloculaire à ovules nombreux, bisériés
et ascendants, nous l'ont fait ranger dans le genre Acicalyptus,
fondé par M. Asa Gray pour une Myrtacée des îles Viti dont notre
_plante diffère spécifiquement.
Les quatre autres Myrtacées à calyce operculiforme différent
très-sensiblement de celle-ci par la forme de ce calyce très-dé-
primé ou en cône obtus, et par la structure de l'ovaire qui les dis-
tingue également des Acicalyptus et des vrais Calyptranthes amé-
ricains ; dans ces derniers l'ovaire biloculaire renferme dans
chaque loge deux ovules campylotropes hasilaires; dans les
plantes de la Nouvelle-Calédonie chacune des deux loges de
l'ovaire contient quatre à huit ovules orthotropes suspendus au
sommet de la loge. Cette organisation smgulière de l'ovaire les
distingue, non-seulement des autres Myrtacées à calyce calyptri-
forme, mais même de tous les genres décrits de cette famille.
Nous avons donné à ce genre le nom de Piriocarvx.
Le fruit de ces plantes ne nous est pas connu, mais on ne peut
douter, d'après la nature de l'ovaire, qu’il ne soit charnu et pro-
bablement fort analogue à celui des Syzygium.
MYRTUS L.
1. MyYRTUS RUFO-PUNCTATA Pancher mss.
Folia parva, elliptica vel elliptico-oblonga, breviter petiolata,
margine revoluta, glabra, vel, in juventute, infra puberula,
supra nitentia, subtus pallidiora et glandulis rufis, hinc 1lhine
prommentibus, conspersa, nervo medio tantum notata, nervis
secundartiis inconspicuis; flores axillares, solitarn, subsessiles;
fructus sphæricus, glaber vel vix puberulus, 3-locularis, loeulis
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 213
semina plurima, minima, subrotundata, compressa, angulo
interiori biseriatim superposita ineludentibus.
Frutex ramosus, ramis divergentibus.
Habitat ad rivorum ripas in Nova Caledonia interiori (Pancher, 1861-
1862), in montibus prope Kanala (Vieiülard, n° 510).
2. Mvrrus vaccinioipes Pancher mss.
Folia elliptico-lanceolata, apice acuta, vel acuminata, basi m
petiolum brevem attenuata, plerumaque margine revoluta undu-
lataque, supra nitida, infra sæpius cinerea, seilicet pube brevi
applicata plus minusve vestita. Flores solitarn, axillares, pedun-
culo gracili adscendente puberulo, apice curvato, folia sub-
æquante, suffulti; calyce ncano-pubescente ; fructus sphæricus,
lobis calyeinis superatus, glabratus ; semina multa, plus minus
irregulariter triquetra, ossea, basi excavata, embryone cylin-
drico, annulari. |
Frutex ramosus.
Habitat in Nova Caledonia prope Balade (Vieillard, nis 487, 488, 489,
490); Pancher, 1861-1862; Deplanche, n° 541.
9. MYRTUS EMARGINATA Pancher miss.
Folia ellipiica, basi in petiolum brevem attenuata, apice
emarginata, glabra (in juventute vix puberula) supra nitida,
subtus pallidiora et sub lente glandulis minutis, fuscis, conspersa ;
ner vis parum conspicuis, remote pinraüs. Flores axillares, soli-
tar, longe peduneulati, pedunculo nutante; calyx Imcano-
pubescens ; fructus subpuberulus, ovoideus, lobis calycinis per-
sistentibus incano-pubescentibus coronatus.
Frutex caulibus divergentibus.
Habitat in jugis altis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1860-1861).
h. MYRTUS ALATERNOIDES.
Folia elliptico-lanceolata, basi in petiolum brevem attenuata,
apice obtuso emarginata, margine revoluta, nitida, remote pen-
ninervia, nervis infra supraque paulo prominulis, infra pube
21h AD. BRONGNIART ET A. GRIS.
brevi vestita nigroque punctulata ; flores solitarn, axillares, bre-
viter pedunculati, pedunculis erectis bibracteolatis ; pedunculo,
bracteolis calyceque incano pubescentibus; semima minima ?,
reniformia, facie una convexa, altera plana, lucida; embryone
Curvo, apice spiral.
(E specimme imperfecto, deflorato ).
Frutex. Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard,
n° 495).
5. MyrTus BALADENSIS.
Fola elliptica, petiolata, margine revoluta, supra nitida, sub-
tus pallidiora, sub lente nigro punctulata et vix puberula, remote
penninervia ; flores cymosi, cymis axillaribus pedunculatis,
sæpius trifloris, ad apicem ramorum im corymbum multiflorum
confertis, pedunculis, pedicellis calyceque plus minusve incano-
pubescentibus; fructus oblongo-sphæricus, longitudmaliter tri-
sulcatus, transverse multi-striatus, albo-pubescens.
Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard,
nis 491 et 493) ; Pancher, 1860.
6. Myrrus ViEILLARDI.
_Folia sat magna, elliptica, apice obtuse acuminata, breviter
petiolata, margine revoluta subundulataque, glabra (jumoribus
puberulis) ex utraque facie subtilissime fusco-punctulata (glan-
dulis cæterum pellucidis), remote pennimervia; flores cymosi,
cymis axillaribus, longe peduneulatis, fola subæquantibus, plu-
rifloris, foliaceo-bracteatis, peduneulis, bracteis, pedicellis caly-
cibusque albo-pubescentibus ; calyx tubo infundibuliformi.
Frutex, Habitat in Nova Caledonia prope Kanala (Vieillard, n° 485).
Var. depauperata.
Cymis paucifloris vel unifloris, pedunculis calycibusque sub-
glabris.
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE=CALÉDONIE. 2415
EUGENIA Mich.
1. EuceniA LiTToRALIS Pancher mss.
Folia elliptica, margine undulato-crispa, brevissime petiolata,
apice plus minusve rotundata, basi obtuse subcordata, remote
penninervia, nervis tenuibus vix prominulis, discoloria, supra
vernicosa, subtus pallidiora, punetulis nigris conspersa et sub
lente puberula, secundum petiolum nervique medi basim pube-
scentia ; flores caulini, sessiles, albi, in fasciculos pluriflores con-
gesti;, calycis tubo campanulato, ferrugineo-tomentoso, limbo
h-lobo, lobis obtusis, erectis, mæqualibus ; fructus subsphæri-
cus, ferrugineo-puberulus, lobis calycnis persistentibus corona-
tus, mesocarpio carnoso, endocarpio solubili, fibroso-coriaceo,
biloculari; semina plerumque ?, reniformia, glabra, facie una
convexa, altera concava.
Frutex parum ramosus, fastigio denso.
Habitat in oris arenosis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1860-1861).
Var. 6. Deplancheai. Folis rotundatis vel ovatis, glabris vel in
juventute ferrugineo-puberulis (Vieillard, n° 478 prope Balade ;
Deplanche, n° 529, 529 bis),
2. EUGENIA MAGNIFICA.
Folia ampla, oblonga, apice sensim attenuata, plus minusve
obtusa, basi cordata, subsessilia, margine revoluta, remote pen-
ninervia, reticulato-bullata, supra nitida, infra pallidiora, hince
inc imcano-puberula, nervo medio plerumque ferrugineo-
tomentoso, pellucide punctulata ; flores caulini, inæqualiter pe-
dunculati, ramis vetustis tantum insidentes, in umbellam pluri-
floram, pedunculis elongatis gracilibus, dispositi; calycis tubo
infundibuliformi, primum incano-puberulo, demum glabro,
lobis 4 triangularibus, quorum duo majores.
Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis prope Kanala (Vieillard,
n° 480; Pancher, 1861; Deplanche, n° 539).
216 ‘ AD. BRONGNIART ET A. GRIS.
3. ÉUGENIA COSTATA.
Fola subsessilla, ovata, apice sensim attenuata obtusaque,
supra lucida, infra glabra, pellucide punctulata ; flores caulini,
in umbellas plurifloras, gracill peduneulo suffultas, dispositi ;
tubo calyeimo costs 8-9 eleganter ornato, glabro; lobis 4 reflexis,
tubo crciter triplo longioribus, oblongis, concavis, apice rotun-
datis et denticulatis, glanduloso-punctatis.
(E specimine jam deflorato et foliis plerumque depauperato).
Frutex. Habitat in Nova Caledonia circa Balade (Vieillard, n° 481).
h. EuGeniA pALUuDoSA Pancher mss.
Folia ampla, lanceolata, breviter petiolata, margine undulata,
apice obtusa, discoloria, supra nitida, infra pallidiora, mem-
branacea , haud punctulata, glabra ; flores bibracteolati im
cymas dichotomas, plurifloras, sat breves dispositi, caule nudo
impositi; calycis tubo campanulato im quatuor lobos (quorum
duo majores) late rotundatos expanso ; pedunculis, bracteolis,
calyceque ferrugineo-velutinis.
Frutex ramosus, patens, diffusus.
Habitat in sylvis paludosis prope Kanala (Pancher, 1861), in sylvis
prope Balade (Vieillard, n° 79).
5. EUGENIA OVIGERA.
Folia elliptica vel obovata, apice rotundata sæpissimeque
emarginata, in petiolum sat longum basi desinentia, margime
revoluta, glabra, supra lucida, infra pallidiora, remote penni-
nervia, nervis utrinque paulo prominulis. Flores albi im pedun-
culum brevem, axillarem, geminati (ex clar. Pancher);, fructus
solitarii, monospermi, ovoidei, glabri, lobis calyeimis 4 persis-
tentibus coronati.
Arbor ramosa. Habitat in Nova Caledonia et in insula Pinorum (Pan-
cher, 1861, Z. geminiflora mss.); vel ad ripas rivi prope Unia (Vieillard,
n°473), Deplanche, n° 537.
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE=CALÉDONIE, 217
6. EUGENIA STRICTA Pancher miss.
Folia obovata, basi in petiolum brevem attenuata, apice
emarginata, itaque sæpissime obcordata, margine revoluta,
coriacea, nitida, pennimervia, glabra (seu jumioribus puberulis),
glandulis minimis infra sub lente conspicuis conspersa; flores
ignoti, fructus solitarn axillares, breviter pedunculati, sepalis
l inæqualibus (quorum duo majora) coronati, monospermi.
Frutex parce ramosus, ramis strictis.
Habitat in Novæ Caledoniæ montibus ferrugineis (Pancher, 1860-1862).
7. EUGENIA HoRrIZONTALIS Pancher mss.
Folia parva, elliptica vel obovata, apice obtusiuscula, basi
sensim in petiolum subnullum attenuata, glaberrima, supra ver-
nicosa, infra pallidiora, punctis fuscis glandulosis conspersa,
nervis vix conspieuis. Flores albi, minimi, bracteolis alternis
duobus exiguis stipati, pedunculo gracili, elonguto, foluis fere
duplo longiori suffulüi, ad apicem ramorum ramulorumque
brevium solitarii vel aliquoties bini; sepala 4 (quorum duo
majora), subrotundata, glabra, tantum margine ciliolata, post
anthesim reflexa et tubum calycinum obtegentia ; discus stami-
ngerus {-angularis, pubescens.
Frutex ramosus, ramis horizontalibus virgatis.
Habitat in Nova Caledonia prope Port-de-France (Vieillard, n. 512), in
sylvis prope Balade (Vieillard, n° 513). — Pancher 1862.
8. EUGENIA MYRTOIDES.
Fola elliptica, breviter petiolata, remote penninervia, nitida,
infra, præcipue at nervum medium, puberula, petiolis incano-
pubescentibus. Flores solitarti, axillares, pedunculo gracili,
elongato instructi; calyx, tubo calycino campanulato limboque
pils sericeis vestito, lobis 5 rotundatis.
Frutex ramosus.
Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, n° 492).
218 AD. BRONGNIART ET A. GRIS.
9. EUGENIA DIVERSIFOLIA.
Folia in eodem ramo magnitudine formaque diversa, ovata,
rotundata, apice obtusa, basi cordata, petiolo brevissimo suf-
fulta, coriacea, vernicosa, creberrime penninervia, nervis utrin-
que parum prominubs. Flores albi, axillares, pedunculo gracili
elongato suffulti, solitaru, bini vel in cymas paucifloras con-
gesti; sepala 5, subrotundata, glabra, margine ciliolata, tubo
calyemo obconico, glabro, punctulato ; fructus globosus.
Frutex diffusus.
Habitat in Nova Caledonia ad sylvarum ores in collibus schistosis
(Pancher, 1862, Myrtus coriaceus mss.), circa Balade (Vieillard, n° 476).
10. EuceniA VIEILLARDI.
Folia elliptica, apice obtuse acuminata, in petiolum brevem
desinentia, infra supraque vernicosa, crebre penninervia, sub-
coriacea, pellucide punctulata. Flores cymosi, eymis axillaribus
paucifloris, foliis multo brevioribus; calyx tubo piriformi, albo-
-pubescenti, lobis 5 subæqualibus, obtuse cuneatis.
Arbor ramosa.
Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieillard, n° 48h).
11. EucextA PANCHERï.
Folia elliptica vel interdum obovata emarginataque, basi m
petiolum sat brevem desinentia, coriacea, glaberrima, supra
vernicosa, infra pallidiora, crebre penninervia, nervis primarns
secundariisque utrinque promimulis, glandulis nigrescentibus
conspersa, cæterum pellucide punctulata. Flores cymosi, cymis
ramosis terminalibus axillaribusque , folla haud æquantibus,
bracteis foliaceis sæpius stipatis ; calyx tubo subsphærico, lobis
5 persistentibus obtuse cuneatis coronato, albo-pubescens.
Arbor ramosa, cortice nigricanti exteriore a strato rubescente inte-
riore in lobulos secedente.
Habitat in montibus Novæ Caledoniæ prope Balade et Yate (Vieillard,
nis 508 et 526); Pancher 1861, Myrcia Caledonica mss.; Deplanche,
ns 530, 531.
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 219
12, EUGENIA CLUSIOIDES.
Folia obovata, in petiolum brevem basi attenuata, glaber-
rima, supra nitida foveolisque minutis sub lente conspersa,
infra pallidiora glandulisque prominuks notata, cæterum pellu-
cide punctata, crebre penninervia, nervis supra Infraque con-
spicuis. Flores sat magni in cymas terminales dispositi, peduncu-
lis bracteis subfoliaceis ovatis suffultis ; calyx tubo campanulato,
glabro, glanduloso, limbo 5-lobato, lobis imæqualibus, latis
rotundatis, margine præcipue pubescentibus; corolla petalis 9
(an semper?) forma magnitudmeque mæqualibus, pubescenti-
bus, e parte, in videtur, post anthesim persistentibus ; stamima
numerosissima, antheris dorsifixis, glandula ornatis ; ovarium
5-loculare.
Species sat ambigua. Hab. in Nova Caledonia (Deplanche, n° 525).
JAMBOSA Rumph.
1. JAMBOSA LONGIFOLIA.
Folia elongato-lanceolata, pedalia, apice obtuso sensim atte-
nuata, basi rotundata et subcordata, margine undulata, breve
petiolata, glabra, supra nitida, infra glaucescentia, nervis pin-
natis sat distantibus utrmque sed infra præcipue prommulis,
facie inferiore creberrime subtülissimeque sub lente foveolata ;
cymæ terminales erectæ, ramis sat elongatis sed folio multo bre-
vioribus, paucifloræ ; flores sessiles, magni ; staminum filamentis
inter se plus minusve coalitis et basi in annulum deciduum sub-
monadelphis.
Frutex ramis tetragonis margine alatis.
Habitat in sylvis montium prope Balade (Vieillard, n° 460).
2. JAMBOSA NERIIFOLIA.
Folia elongato-lanceolata , apice basique attenuata, breve
petiolata, margine revoluta, pellucide punctata, supra nitida,
uervis pinnatis utrinque conspicuis; cymæ erectæ paucifloræ,
2920 AD. BRONGNIART ET A, GRIS.
ramis gracilhibus folio brevioribus; flores sessiles, tubo calycmo
infundibuliformi, basi sensim graciliter attenuato, lobis sat
magnis Ovatis, aCutIS, Mmargine SCarlOsis.
Frutex ramis tetragonis, angulis alatis.
Hab. in Novæ Caledoniæ monte dicto Tiare (Vieillard, n° 474).
3. JAMBOSA BRACKENRIDGEI.
Folia oblongo-cuneata vel obovata, apice obtusa, basi in pe-
tiolum sensim desinentia, Coriacea, supra lucida, creberrime
penninervia, nervis utrinque paulo prominulis, margine sub-
revoluta ; cymæ multifloræ, erectæ, ramis post anthesim diva-
ricatis, terminales axillaresque, floribus sessilibus, rubescentibus
(ex clar. Pancher); calyx tubo infundibuliformi, lobis 5 late ro-
tundatis; corolla petalis 5-6 exterioribus majoribus rotundatis,
interioribus minoribus irregularibus; stamina antheris subbasi-
fixis.
Eugenia PBrackenridgei Asa Gray, Unit. Stat. explor. eæp.,
p. 521, t. 61.
Arbor altissima, trunco amplo, cyma patente, rotunda.
Habitat in vallibus ferrugineis Novæ Caledoniæ (Pancher, 1861) et ad
ripas rivi Unia dicti (Vieillard, n° 536).
LL. JAMBOSA PSEUDO-MALACCENSIS Vieillard mss.
Folia oblongo vel ovato-lanceolata, membranacea, breve pe-
tiolata, apice basique attenuata, nervis pinnatis sat distantibus,
infra nigro, cæterum pellucide punctulata; cymæ breves, erectæ
paucifloræ, in axilla foliorum delapsorum productæ, floribus
subsessilibus. Calyx tubo imfundibuliformi, lobis 4 late rotun-
tadis.
Arbor. Habitat in Nova Caledonia circa Balade et Poipo (Vieaillard,
n°/162).
D
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE, 221
dé sm
SYZYGIUM Gœrtn.
Î. SYZYGIUM MULTIPETALUM Pancher mss.
Folia sat magna, oblengo-obovata, apice rotundato-emargi-
nata, breve petiolata, coriacea, lucida, reticulato-nervosa, ner-
vis infra prominulis, margine paulo revoluta ; eymæ multifloræ,
erectæ, rigidæ, crassæ, terminales axillaresque, floribus sessili-
bus ; calyx tubo subcylindrico, sursum dilatato, apice constricto,
limbo truncato ; petala 6-8 inæqualia; antheræ dorsifixæ.
Arbor. Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum locis ferrugineis
(Pancher, 1861-1862). — Ad ripas rivorum propeM Bee (Vieillard, n° 537).
2. SYZYGIUM MACRANTHUM.
Folia elliptica, in petiolum brevem sensim attenuata, glabra,
supra vernicosa (in sicco rufescentia), nervis infra reticulatis
prominulis Instructa; flores cymosi magni, sessiles, cymis erec-
üs, tortuosis, breviter articulatis ; calyx tubo imfundibuliformi,
limbo smuato et subtruncato ; petala 3, mterno rostrato ; antheræ
dorsifixæ.
Arbor. Habitat in sylvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieil-
lard, n° 161).
3. SYZYGIUM DENSIFLORUM.
Foha lanceolata vel ellipico-lanceolata, breviter petiolata,
margine revoluta, nervis pinnatis sat distantibus, coriacea, supra
nitida, infra pallidiora nigroque creberrime punctulata : flores
cymosi, sessiles, cymis axillaribus terminalibusque versus ramo-
rum apicem in corymbum ramosissimum, strictum, erectum,
densiflorum congestis ; calyx tubo infundibuliformi, limbo 5-lo-
bato, lobis sat distinctis, laüs, obtuse cuneatis ; petala 5, inæ-
qualia ; antheræ basifixæ.
Arbor, Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Balade (Vieil-
lard, n° 535).
299 AD. BRONGNIART ET A. GRIS,
h. SYZYGIUM NITIDUM.
Folia ovata vel elliptica, apice obtuse acumimata, basi im pe-
tiolum sat longum desinentia, creberrime penninervia, nervis
utrinque paulo prominulis, coriacea, nitida, subtus punctulis
minimis conspersa ; cymæ multfloræ, terminales, rigidæ, erectæ,
floribus sessilibus ; calyx tubo conico, lobis 5 late triangularibus;
petala 5, interno rostraio ; antheræ basifixæ.
Arbor. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Unia (Vieillard,
n° 539); Deplanche, n° 533.
5. SyzvqiuM PANCHERI.
Folia elliptico-lanceolata, breviter petiolata, apice plus mi-
nusve obtusa, coriacea, lucida, margine revoluta, supra foveolis
minutis conspersa nervis VIX Conspieuis, lisdem infra pinpatis
paulo prominulis ; flores cymosi, breviter pedicellati, eymis multi
vel plurifloris, axillaribus terminalibusque, ramis gracilibus,
divaricatis ; Calyx tubo campanulato, limbo nullo; petala 2-3 in-
terno rostrato; antheræ dorsifixæ.
Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Yaté (Vieillard,
n° 515); Pancher 1861 (S. parviflorum mss.); Deplanche, n° 524.
G. SYZYGIUM TENUIFLORUM.
Folia parva, elliptica, basi cordata, apice obtusa, sessilia, pen-
ninervia, nervis infra tantum vix prominulis, membranacea,
glabra, supra vernicosa, infra punctulis minutis creberrime
conspersa : flores minutissimi, cymosi, pedicellati, cymis termi-
palibus vel axillaribus, multifloris, ramis elongatis, effusis, fili-
formibus; calyx tubo turbinato, limbo nullo; petala 3-4, Inæ-
qualia, externo latiore operculum sicut efformante, alus rostra-
tis ; antheræ subbasifixæ.
Frutex. Habitat in sylvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade
(Vieillard, n° 522).
Var. brevipes.
Foliis ovato-cordatis, pedunculis vix folio longioribus (Vieil-
lard, n° 521 !).
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 229
7. SYzYGIuM ( ACMENA ) LATERIFLORUM.
Folia lanceolata, elliptico-lanceolata, vel oblongo-obovata,
apice sæpissime acuminata, basi sensim in petiolum attenuata,
membranacea, creberrime penninervia, nervis infra supraque
promipulis, supra mitida, glandulis pellucidis eonspersa ; flores
eymosi, pedicellati, sat parvi, cymis plerumque ex axilla folio-
rum delapsorum nascentibus, ramoso-patentibus, multifloris ;
calyx tubo turbinato, limbo truncato; petala haud calyptratim
concreta, per anthesim persistentia; antheræ dorsifixæ.
Arbor ramosissima, diffusa.
Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum circa Kanala, Port-de-
France (Pancher, 1861-1862; Vieillard, n° 523).
8. SYZYGIUM ( ACMENA) FRUTESCENS.
Folia elliptico-lanceolata, basi in petiolum sat longum sensim
attenuata, glabra, penninervia nervis supra sat conspicuis, pel-
lucide punctata ; flores cymosi, sessiles, cymis terminalibus axil-
laribusque plurifloris ; calyx tubo mfundibuliformi, imbo 4-lo-
bat, lohis rotundatis sat conspicuis ; petala 4, haud calyptratim
concreta, per anthesim persistentia; antheræ dorsifixæ.
Frutex. Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope Balade
(Vieillard, n° 520 ; Pancher, 1860).
9. SYZYGIUM (AGMENA) PATENS Pancher, mss.
Folia obovata vel obcordata, apice rotundato integra vel emar-
ginata, basi in petiolum brevem attenuata, margine revoluta,
coriacea, glabra, nervis pinnatis infra sat prominulis ; flores
Cymosi, sessiles, cymis multifloris terminalibus; calyx tubo in-
fundibuliformi, lobis brevibus obtusis ; fructus ovoideo-globosus
lobis calycinis coronatus, monospermus ; petala 4 rotundata,
baud calyptratim concreta, post anthesim persistentia, patentia ;
_ antheræ dorsifixæ,
| Frutex ramis patentibus. Habitat in Novæ Caledoniæ collibus ferru-
| gineis (Pancher, 1861 ; Vieillard, nis 517, 518, loco dicto Mont-Dore).
221 AD, RRONGNISRT ET A. GRIS.
10. SyzyGiuM (ÂCMENA) AURICULATUM.
Folia ampla, elliptico-oblonga vel elliptica, basi rotundato
auriculata, sessilia, glabra, supra vernicosa, nervis primarts
pinnatis, distantibus, ex utroque latere conspicuis; flores cymosi,
parvi, pedicellati, cymis axillaribus terminalibusque floribundis,
ramis elongatis, gracihbus, erectis ; calyx tubo turbinato, lmbo
subtruncato ; petala 3-4 imæqualia, internis rostrats, distantia,
libera, ad anthesim persistentia.
Arbor. Habitat in sylvis montium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieil-
lard, nis 528, 532, 533).
11. SyzyGIuM (ACMENA) NEGLECTUM.
Folia elliptica vel obovata, basi sensim attenuata et in petio-
lum brevem desinentia, supra hitida, infra punctulis minimis
sub lente rufis cæterum pellucidis conspersa, penninervia, ner-
vis primariis sat distantibus, promimulis; flores brevissime pe-
dunculati, cymosi, cymis plurifloris, erectis folio brevioribus ;
calyx tubo turbinato, hmbo truncato; petala 8 ex parte saltem
ad anthesim persistentia. Antheræ dorsifixæ.
Arbor. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Balade (Vieillard,
n° 527).
CARYOPHYELLUS L.
À. CARYOPHYLLUS ELEGANS.
Folia lineari-lanceolata, in petiolum brevem attenuata, apice
obtusa, margine revoluta, glabra, sub lente foveolis minutissi-
mis COnspersa, nervo medio præcipue notata (nervis secundarnis
pinnatis parum conspicuis); flores cymosi, ad apicem ramorum
congesti, cymis axillaribus terminalhibusque folho brevioribus ;
calyx glaber, nitidus, glandulosus, tubo elongato, basi sensim
angustato, media parte inflato, dein rursus angustato et in cupu-
lam demum expanso, lobis 5 brevibus, remotis, triangularibus,
apice plus minus obtusis ; fructus fusiformis lobis calycinis supe-
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 225
ratus, nitidus, glaber, glandulosus ; semen unicum subfusi-
forme apice obtuso, basi sensim angustata.
Frutex ramis erectis. Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum in
montibus circa Poila (Vieillard, n° 509).
2. CARYOPHYLLUS BALADENSIS.
Folia obovata vel elliptica, in petiolum brevem attenuata,
glabra, supra nitida et foveolis minutissimis conspersa, reticu-
lato-penninervia, margine revoluta, coriacea; flores cymosi ad
apicem ramorum congesti; cvmuis (ut videtur e specimine incom-
pleto), termimalibus, paucifloris ; calyx glaber, tubo elongato,
cylindrico, apice dilatato, lobis 4 triangularibus, apice tuto
sicut mucronulato.
Arbor. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus circa Balade (Vieillard,
n° 540).
PILIOCALYX Ad. Br. et À. Gris.
Calyx, tubo ovario adhærente, ultra ovarium producto, Himbo
clauso operculiformi ad anthesim circumeisse deciduo. Corolla,
petalis plus minusve abortivis, minimis, inæqualibus, forma
varlabili, operculo adhærentibus. Stamina numerosa, libera,
margine superiore tubi calyeini plerumque bi-triseriatim inserta,
lilamentis apice subulatis, antheris introrsis, subdidymis, dorsi-
fixis. Ovarium inferum biloculare, placentis ex angulo centrali
superiorique loculorum nascentibus, ovula 4-6, orthotropa, pen-
dula gerentibus ; stylus rectus crassus, apice sensim attenua-
tus, stigmate parum conspicuo. Fructus ignotus.
Arbores vel frutices foliis plerumque oppositis, subsessilibus ;
floribus numerosis cymosis.
Genus insigne necnon paturale, ab Acicalypto et Calyptranthe
differt præcipue forma, numero imsertioneque ovulorum.
A. PiriocALYx ROBUSTUS.
Folia opposita, elhiptica vel elliptico-oblonga, sessilia, coria-
5e série, Bor. T. TI, (Cahier n° 4,) 9 15
296 AD, BRONGNIART ET A. GRIS.
cea, glaberrima, apice obtusa, basi rotundato - auriculata ,
ramum arcte amplectentia, margine revoluta, remote penniner-
via, nervis infra prominulis ; flores in cymas terminales multi-
floras, erectas, elongatas congesti; operculo calyéino comico,
apice obtuse acuminato.
Arbor ramosa, ramis glabris, nodosis, foliorum delapsorum cicatrici-
bus late sigillatis.
Habitat in Novæ Caledoniæ montium sylvis prope Balade (Vieillard,
nis 529 et 530; Pancher 1860).
2, PirioOCALYX LAURIFOLIUS.
Folia ampla, opposita, ternata vel alterna, oblongo-lanceo-
lata, in petiolum brevem desimentia, coriacea, nitida, glaber-
rima, supra foveolis minutis conspersa, marge revoluta, pen-
ninervia, nervis infra præcipue prominulis; flores numerosi in.
cymas axillares, ramosas, petiolo paulo longiores congesti, sicut
que capitati; opereulo calycino subcomplanato, apice breviter
obtuseque apiculato.
*Arbor ramosa. Habitat in Novæ Caledoniæ montibus prope Kanala
(Vieillard, n° 525 ; Deplanche, n° 523). |
à. PiLiocALYx BAUDOUINII.
Folia opposita, parva, sessilia, ovata, basi cordata, marge
undulata, nervis pinnatis infra vix pronnnulis; flores in cymas
terminales, paucifloras, sat breves, congesti; operculo calyemo
complanato, apiculato.
Frutex ramosus, glaberrimus, ramis gracilibus dichotome flabellatim -
que divergentibus. — Habitat in Nova Caledonia ad ripas rivorum circa
Port-de-France (Baudouin 1865).
h. PiLIOCALYX MICRANTHUS.
Folia opposita , elliptica, apice rotundato-acuminata, basi
sensim in petiolum brevem desinentia, nitida, creberrime pen-
_ninervia, membranacea, margine undulata, glaberrima. Flores
MINIMI, In Cymas axillares, vix pediolum æquantes, contractas,
paucifloras congesti ; operculo calÿcino plano, apiculato.
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 227
Frutex ramosus. Habitat in Novæ Caledoniæ sylvis montium prope
Balade (Vieillard, n° 5419).
ACICALYPTUS Asa Gray.
ACICALYPTUS NITIDA.
Folia elliptica, vel obovato-spathulata, sessilia seu in petiolum
brevissimum basi sensim attenuäta, margine subundulata revo-
lutaque, creberrime. penninervia (nervis primariis secunda-
risque in nervum.marginalem confluentibus, supra parum con-
spicuis, infra.paulo prominentibus), glaberrima, infra præcipue
punctulata, utrinque nitida ; flores numerosi, in cymas pluries
dichotomas ad apicem ramorum congesti ; tubo calycino subses-
sili, elongato, infundibuliformi, ultra ovarium producto, longi-
tudinaliter sulcato, glabro; calyptra calycina versus apicem sen-
sim angustata, acuta, sulcata, lævissima; ovarium plus minus
complete biloculare, ovulis numerosis in quoque loculo biseriatis
(nec ut in icone aliæ speciei ab Asa Gray producta (4) plurise-
riatis), stylo ut videtur persistente ; fructus immaturus.
Arbor ramis dichotomis, fastigiatis, glabris. — Habitat in sylvis mon-
tium Novæ Caledoniæ prope Balade (Vieïllard, nis 534 et 538).
SUPPLÉMENT AUX MYRTACÉES SCLÉROCARPÉES.
FREMYA Ad. Br. et À. Gris.
À. FREMYA MYRTIFOLIA.
Folia parva, elliptico-lanceolata, basi sensim longe attenuata,
sessilia, glabra, (junioribus albo-pubescentibus), supra nitida
foveolis minutis conspersa, infra rufo-punctata et nervis reticu-
lato-prominentibus ; flores tetrameri, axillares, solitarii, ad api-
cem ramorum congesti, pedunculis erectis pubescentibus, {olio
brevioribus, bibracteolatis, bracteolis elongatis, lineari-lanceo-
latis; calyx cupularis, pubescens, lobis triangularibus erectis,
acutis; petala plerumque elliptica, sepalis paulo longiora; ova-
rium glabrum.
Habitat in Nova Caledonia (Deplanche, 1865, n° 39).
(4) Acicalyptus myrtoides Asa Gray, Unit, Stat, expl, exped., p. 554, tab. 67.
DD) _ AD... BRONGNIART EE A. GRIS...
@ »)
9. FREMYA SPECIOSA.
Folia ampla, oblongo-obovata vel lato-lanceolata, basi sensim
attenuata, sessilia, glabra, sub lente punctulis conspersa, nervis
utraque facie reticulato-prominentibus. Flores in racemum ter-
_ minalem innovatione foliorum juniorum superatum dispositi,
_bracteis elliptico vel oblongo lanceolatis, pubescentibus stipati ;
pedunculi solitari ex axilla bractearum nascentes, bracteolis
h lanceolaüs, vel oblongo-lanceoalatis suffulti ; flores pentameri ;
calyx cupularis glaber, lobis triangularibus ; petala plerumque
obovata, breviter unguiculata ; ovarium glabrum.
Habitat in Nova Caledonia prope Kanala (Deplanche, 1865, n° 42).
TRISTANIOPSIS Ad. Br. et A. Gris.
TRISTANIOPSIS VIEILLARDII.
Folia oblongo-lanceolata, integra, petiolata, coriacea, supra
lucida, glabra, junioribus puberulis ; cymæ axillares, ramosæ,
plurifloræ, ad apicem ramorum congestæ; peduneuli erecti
fois bractealibus stipati ; flores pedicellati bracteolati; petalis
patentibus obovatis, sepala superantibus.
Tristania insularis Vieill., nrss.
Arbor. Habitat in Nova Caledonia prope Wagap (Vieillard, n° 2075).
METROSIDEROS R. Br.
METROSIDEROS LAURIFOLIA.
M. foliis sat magnis, oblongo-obovatis vel lanceolatis, ternatim
subverticillatis et ita spuria internodia efformantibus, apice plus
minusve obtusis, basi in petiolum sensim attenuatis, coriaceis,
glabris, margine revolutis, utrinque sub lente punctulatis, supra
nitidis; pedunculis cymosim trifloris sat elongalis adscenden-
tibus, rami parte foliorum denudata, scilicet verticillorum inter-
nodio, insidentibus ; calyce plus minusve puberulo, sepalis inæ-
qualibus, euneatis, obtusruseulis.
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE®CALEDONIE. 299
Arbor. Habitat in sylvis montium prope Balade (Vielard, nis 463,
543 et 515).
Var. Minor. folus oppositis, minoribus, hagd ‘punctulatis ;
capsula tubum calycinum superante.
Frutex. Habitat in montibus prope Wagap (Vieillard, ñ° 2086).
NOTICE SUR LE GENRE SOULAMEAÀ.
Le genre Soulamea a été fondé par Lamarck pour une plante
désignée par Rumphius sous le nom de Rex amaroris ou Soula-
moe des habitants de Ternate (Herb. Amb., I, p. 129, t. AA).
Lamarck (Dict. Bot., I, p. 449) en à donné une trés-bonne
description d’après un échantillon recueilli au port Praslin par
Commerson. On ne sait par quelle circonstance de Candolle,
dans le Prodromus (1, p. 335), en a présenté un caractère tout
différent quant à la fleur, tout en joignant à ses citations l’indi-
cation (v.s.) qui indiquerait des observations propres. Sa des-
eription qui transforme la fleur très-régulière et trimère du Sou-
lamea en une fleur irrégulière, à calyce pentamère et à pétale
unique, lui a fait placer ce genre parmi les Polygalées, avec les-
quelles 11 n’a de fait aucun rapport. Endlicher tout en revenant à
la description exacte de Lamarck, a laissé le Soulamea à la suite
des Polygalées comme genre anomal. Enfin, MM. Bentham et
J. Hooker dans leur Genera (p. 313), adoptant l'opinion déjà
émise par M. Planchon (1), l'ont placé avec raison dans la tribu
des Picramnieæ de la famille des Simarubeæ.
Jusqu'à présent ce genre ne comprenait qu'une seule espèce,
celle déjà figurée par Rumphius ; la Nouvelle-Calédonie nous en
fourni quatre nouvelles fort remarquables par des modifications
importantes dans l’organisation de leur fleur et par les feuilles
composées de trois d’entre elles ; la première (Soulamea Pancheri)
a tout à fait l'aspect du Soulamea amara Lk., sauf la forme plus
allongée de ses feuilles, mais ses fleurs sont tétramères au lieu
d'être trimères comme dans l'espèce primitive : l’organisation
(4) London Journ, of Botany, #846,t, V, p. 576,
230 AD. BRONGNIART ET A. GRIS,
générale de la fleur est tellement semblable à l'exception du
nombre des parties du calyce, de la corolle et de l’androcée,
qu'il est Impossible de séparer ces plantes dont les fruits sont par-
faitement identiques.
Dans une autre espèce (Soulamea fraxinifolia), la fleur offre
le type ternaire du Soulamea amara, mais les feuilles pinnées
donnent à cette plante un aspect tré iérent qui vient, cepen-
dant, confirmer ses rapports avec les Picramnia et d’autres
genres de cette tribu.
Enfin deux espèces réunissent les fleurs tétramères du Soula-
mea Pancheri et les feuilles pmnées du Soulamea fraæinifolia, et
montrent que ces plantes ne peuvent pas être séparées géné-
riquement.
SOULAMEA Lan.
1. SOULAMEA PANCHERI.
Folia simplicia, oblonga, integra, longe petiolata (petiolis plus
minusve ferrugineo-villosis) apice rotundata, breviter et obtuse
nervo medio rigido mucronata, basi sensim attenuata, supra
puberula, infra villosa reticulatoque venosa (nervis primariis
pinnatis utrinque conspicuis). Flores unisexuales in racemis et
stirpibus (?) distinctis, pedicellati, in racemum axillarem, elon-
gatum, folia duplo sæpius superantem , ferrugineo-velutinum
dispositi; femineis solitariis ; masculis fasciculatis, fascieulis :
alternis, brevibus, paucifloris, bracteatis. Lobi calyeini ovati 4 ;
petala totidem lineari-oblonga acuta; stamina 8, duplici serie
inserta, fertilia vel sterilia, antheris bilobis extrorsis; ovarium
(in floribus masculis nullum) basi pedicellatum, pedicello disei
h-obi margine interiore cincto, villosum, stigmatibus duobus
subsessilibus reflexis coronatum, biloculare, loculis 4-ovulatis,
ovulo semi-anatropo angulo interiori affixo, nucropyle superiore.
Fructus compressi, alati, subdidymi, apice emarginati, puhes-
centes, stylis persistentibus superati ; semina ovata, compressa,
integumento membranaceo, albumine carnoso tenui, cotyledo-
nibus plano-convexis, applicatis, radicula brevi, superiore.
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 231
Ailanthus simplex Panch., mss.
Frutex. Habitat in sylvis montium propre Balade (Viillard n° 243), in
locis sylvulosis humidis (Pancher, 1862).
2, SOULAMEA TOMENTOSA.
Folia imparipmnata, plurijuga, longe petiolata, petiolis flavo-
tomentosis, foliolis suboppositis, elhpticis vel oblongis, basi mæ-
quali rotundatis, apice obtusis; subemarginatis, margine imtegro
plus minusve undulatis, subsessilibus, supra puberulis, infra se-
cundum nervos primarios tomentosis, cæterum pubescentibus ;
nervis primaris pinnatis, secundarus tenuiter reticulatis, infra
præcipue conspicuis. Flores unisexuales tetrameri in racemis
et stirpibus (?) distinctis ; feminei (masculi desunt) pedunculati,
in racemum elongatum, folio tamen dimidio breviorem, dispo-
siti, rach1 communi tomentosa, fasciculos paucifloros alternatim
gerente ; lobi calycini 4 ovati, basi intus pilis rigidis et corpus-
culis claviformibus ornati ; petala 4 spathulato-lanceolata, apice
obtusa, glabra, sepalis duplo longiora; stamina sterilia 8;
fructus immaturi obcordâti, tomentosi.
Habitat in Nova Caledonia circa Port-de-France (M. Thiébaut, 1865).
9. SOULAMEA MUELLERI.
Folia imparipinnata, paucijuga , plerumque ternata, longe
petolata, petiolis puberulis, foliolis oppositis, præter nervum
medium vix puberulum glabris, terminalibus longe, lateralibus
breviter petiolulatis, ellipticis, basi mæquali parum attenuatis,
apice rotundatis, integris, margine subincrassatis revolutisque,
nervis primariis pinnatis, secundariis utrinque tenuiter reticula-
üs, infra præcipue areolatis. Flores unisexales, tetrameri vel
pentamert, in racemum elongatum folio paulo longiorem dispo-
siti; fructus compressi alati, obcordati, glabri (e spec. unico
imperfecto).
Habitat in Nova Caledonia (Mueller misit 1865).
9232 AD. BRONGNIART ET A, GRIS,
ÎL. SOULAMEA FRAXINIFOLIA.
Folia imparipinnata, plurijuga, longe petiolata, petiolis pube-
rulis, fololis suboppositis, oblongo-lanceolatis, Imtegris, petio-
lulatis, apice plus minusve obtusis, basi parum inæquali attenua-
tis, glabris, nervis pinnatis utrinque conspicuis, infra nigro-
reticulatis. Flores unisexuales trimeri in racemis et stirpibus (?)
distinctis; feminet (masculi desunt) in racemum elongatum,
folio dimidio breviorem, alternatim solitarii pedicellati; fructus
immaturi.
Habitat in Nova Caledonia (Pancher 1861).
SUPPLÉMENT AUX OMBELLIFÈRES.
MYODOCARPUS Ad. Br. et À. Gris.
1. MyopocarPus VIEILLARDI.
Folia simplicia, elliptica, longe petiolata (petiolo plerumque
limbum superante), plus minusve crenata vel late dentata, mar-
gine anguste revoluta, glabra. Florum umbellæ simplices, in
paniculam erectam dispositæ, peduneulis circiter 12 sat brevi-
bus, inæqualibus ; involueri plerumque pentaphylh foholis bre-
vibus, oblongis, apice obtusis, reflexis. Fructus elliptici, pericar-
pio tenui et vesiculis externe valde distinctis, ala dorsali e basi -
limbi calveis nascente, secundum totam longitudinem æqualiter
expansa, marginibus parallelis, inferne breviter et obtuse cor-
data ; sepalis erectis, triangularibus, acutis ; stylis divergentibus,
reflexis.
Arbor media. Habitat in montibus prope Balade (Vieillard, n° 612).
9. MYyoDOCARPUS FRAXINIFOLIUS.
Folia glabra, imparipinnata, foliolis 13 lanceolatis, late den-
tatis, breve petiolatis, nervis pinnatim reticulatis ; florum um-
_bellæ simplices, in paniculam amplam dispositæ, multifloræ ;
peduneulis erectis, elongatis, mæqualibus, involucri plerumque
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 239
hexaphylli foliolis oblongis, subacutis, reflexis ; calycis lobis acu-
tis; petalis subrotundis imbricatis ; ovario oblongo. Fructibus
Ignotis.
Herba. Habitat in Nova Caledonia australi circa Port-de-France (Bau-
douin, 1865).
Var. Thiebaulir.
Foliis minoribus, angustioribus, vix crenatis. Arbuscula ,
cyma diffusa, floribus albis.
Habitat in montibus excelsis Novæ Caledoniæ (Thiebaut, 1865).
DELARBREA Vieillard (4).
Calyx turbmato-appressus, brevis, basi cum ovario connatus,
limbo brevi quinquefido, laciniis obtusis erectis margine squar-
rosis ; æstivatione valvato-imbricata. |
Corollæ petala 5, disco summum calycis germinisque coronante
inserta, sepalis alterna et triplo longiora, basi attenuata, con-
Cava, extus pruinosa, Intus Costa prominula instructa, æstiva-
tione imbricato-valvata.
Stamina 5 cum petalis inserta et alterna, duplo longiora. Fila-
mentis exsertis subulatis, ante præflorationem geniculato-repli-
catis, sub anthesi digestis. Antheræ introrsæ, ovatæ, subdi-
dymæ, longitudinaliter dehiscentes.
Germen mferum biloculare ; gemmulæ in loeulis solitariæ pen-
dulæ. Styli 2 terminales basi in stylopodium germinis verticem
tegens connati, post anthesim divergentes ; stigmatibus laterali-
bus, crassis, sulcatis.
Fructus siccus, hmbo calycis stylisque persistentibus corona-
tus, oblongo-appressus, 5-6-subsulcatus, bilocularis; semima
Inversa.
(4) L'herbier du Muséum ne possédant pas les représentants des deux espèces qui
se rapportent à ce nouveau genre, nous reproduisons textuellement ici les descrip-
tions que M. Vieillard en a données dans le IX® volume du Bulletin de la Société
linnéenne de Normandie, afin de compléter ce qui se rapporte à la famille des Ombel-
lifères, dans la flore de la Nouvelle-Calédonie.
231 AD. BRONGNIART ET A GRIS,
Hoc genus ab araliaceis differt æstivatione corollæ imbricato-
valvata, filamentis exsertis geniculato-replicatis et inde accedit
ad Myodocarpum (Brongn. et À. Gris).
Dicavi illud 1llustrissimo Delarbre (ancien directeur de la Revue
coloniale).
A, DELARBREA COLLINA Vieillard.
Frutex subsimplex, truncus teres, rectus vel tortuosus, 2-4 met.
alt., cicatricibus foliorum delapsorum notatus, ad summum
foliosus ; foliis longis, alternis, imparipinnatis; foliolis alternis,
unilateralibus, oblique adscendentibus ovato-oblongis, integris,
aliquando in novellis lacimiatis, acutis, glabris, extus lucidis,
veuosis, breve petiolatis.
Corymbis terminalibus, longissimis, nutantibus, racemis basi
uni-bracteatis ; umbellis multifloris involucro herbaceo quinque-
fido cinctis. Floribus pedicellatis albidis.
Floret augusto.
Habitat in Nova Caledonia ad colles prope Wagap (Vieillard, n° 625).
9. DELARBREA PARADOXA Vieillard.
Frutex 4-5 met. altus, sæpius simplex aut parum ramosus ;
foliis ad summum confertis, alternis, erectis, imparipinnatis,
multijugis ; foliolis alternis, aliquando suboppositis, ascendenti-
bus, unilateralibus, coriaceis, lucidis, integris, oblongo-falcatis,
acutis, margine undulatis, sæpissime conduplicatis.
Inflorescentia longe racemosa terminali; peduneulo tereti,
striato, basi suberoso, amplexicauli, nutante; umbellis multi-
floris (25-30); floribus pedicellatis, 2-3 pedicello communi
sæpius fasciato congestis, minimis, herbaceis , staminibus exser-
tis; involucro tetraphyllo, squarroso, deciduo ; fructibus pyra-
midatis, siccis substriatis, stylis calycisque dentibus coronats.
Habitat in Nova Caledonia ad montes prope Wagap (Vieillard, n° 627).
PLANTES PEU CONNUES DE LA NOUVELLE?>CALÉDONIE. 299
DIDISCUS DC.
DipisCus AUSTRO-CALEDONICUS.
D. foliis longe petiolatis, 3-partitis, partitionibusque 2-3 parti-
tis,segmentis cuneatis plus minusve incisis, apice sæpius trifidis ;
ramis floriferis erectis, rigidis ; umbellis terminalibus, simplici-
bus, multifloris, capitulum sicut efformantibus, pedunculis sub-
æqualibus ; involucri polyphylli foliolis lineari-subulatis ; floribus
albis; fructibus didymis; mericarpiis æqualibus compressis,
lævibus, dorso carinatis, nervo laterali utrmque notatis. Stylis
minimis erectis. |
Herba ramosa, diffusa, glabra.—Habitat ad littora maris prope Balade
(Vieillard n° 610), et in insula Pinorum (Pancher).
HYDROCOTYLE Tournef.
HyDROCOTYLE ASIATICA L.
Habitat in pratis humidis et ad ripas rivorum Novæ Caledoniæ et in
insula Pinorum (Pancher, 1862); prope Balade (Vieillard, n° 609).
A speciminibus plerisque indicis paululum differt umbellulis
subsessihbus seu brevius pedunculatis, sed in speciminibus indicis
diversis peduneuli longitudine valde variant.
HELOSCIADIUM Koch.
Hecoscrapium LEPToPHYLLUM DC.
Habitat in. Nova Caledonia et in insula Pinorum (Pancher, 1862;
Deplanche, 1861). An introducta ?
TORILIS Spreng.
Toricis Noposa Gærtn., DC.
Habitat in Nova Caledonia (Pancher, 1862), An spontanea ?
236 AD, BRONGNIART ET 1. GRIS.
APIUM Hoffm.
APIUM PtztéôrME Hook.
Petroselinæm fiiforme À. Rich., voyage de l’Astrolabe,
Bot. . LE p. 278.
Var. 6. profundius dissectun.
Habitat ad littora maris in Nova Caledonïa et iù 4nSuta Pinorum (Pan-
cher, 1860 ; Deplanche, 1861).
SUPPLÉMENT AUX ÉLÆOCARPÉES.
11. ÉLÆOCARPUS PULCHELLUS.
Folia parvula obovata, in petiolum brevem atténuata, mar-
gine revoluto incrassatoque remote et obtuse crenata, crenis
mucrone brevissimo nigro superatis, glabra, supra nitida, infra
pallidiora, valde nervoso-reticulata; racemi axillares, folio bre-
viores, erecti ; flores parvi, nutantes, sepalis lanceolatis, pétalis
cuneatis, apice 4-5-partitis; stamimibus 45, antherarum valvula
postica paulo longiore, filis brevibus paucis superata.
Habitat in Nova Caledonia prope Port-de-France (Baudouin, 1865).
9. ELæocarpus vACCINIOIDES Ferd. Mueller mss.
Folia sat parva, obovata, in petiolum brevem attenuata, sub-
integra vel remote obtuseque crenulata, crenulis mucrone brevi,
arcuato, acuto, nigro superats, supra glabra, ad basim tantum
nervumque medium puberula, infra laxe reticulato nervosa! et
pube brevi vestita ; racemi axillares, erecti, folio paulo majores ;
flores parvi, nutantes, sepalis lineari-lanceolatis, petalis cunea-
tis apice inæqualiter 5-6 partitis; stamimibus 12, CAES
valvula postica paulo longiore, apice puberula.
Habitat in Nova Caledonia (Mueller misit 1865).
Obs. — Species Æ°. spathulato aïffinis differt, fois obtuse crenulatis cre-
nulis mucyonatis, subtus puberulis, venis laxioribus magisque promi-
nulis, in Z, spathulato tenuissimis et densioribus.
PLANTES PEU: CONNUES DE. LA NOUVELLE-CALÉDONIE. 237
13. EuxocarPpus BAUDOUIN.
Folia sat magna, obovata, basi sensim attenuata, longe petio-
lata, petiolis albo breveque pubescentibus, apice rotundata obtuse
acuminata, margine serrato-crenulata, supra mitida, mfra palli-
diora, puberula, mervis primartis pinnatis et secundarns tenuis-
sime reticulatis præcipue conspicua; racemi axillares, folio
longiores, erecti, albo-pubescentes ; flores parvi, nutantes;
sepalis lanceolatis ; petalis cuneatis, apice 7-8-crenatis ; stamini-
bus 15, valvula postica vix ultra anticam producta, apice obtusa
et pilis paucis, erectis, superata; fruetus ovoideus puberulus,
nucleo crasso subbiloculari.
Arbor maxima. Habitat ad ripas rivi Dombea dicti prope Port-de-
France (Baudouin, 1865).
Obs. — Species Æ£, rotundifolio affinis, forma foliorum et petalorum
- distineta.
4h. ELæocarpus Lenormanptr Vieillard, Bull. Soc. lin. de
Norm.,t. IX.
Folia elliptico-lanceolata, apice subobtuse acuminata, basi
attenuata, lénge petiolatæ, integra, coriacea, glabra præter fa-
ciém inferar vix puberulam, nervis infra præcipue conspicuis,
primarns remote pronats, secundariis tenuissime reticulatis ;
racemi axilläres, elongatr, sed foliis breviores, eretti, multiflori ;
fores parvi, nutantés, sepalis lanceolatis ; petalis euneatis apice
8-9-crenatis; stamimibus 15, antherarum valvul& postica apice
obtusa, ultra anticam vix produeta, pilis paucis, erectis, brevi-
bus supérata ; ovario glabro; fructu olivæformi uniloculari.
monospermo.
Arbor ramosissima ramis erectis. Habitat ad montes prope Wagap
(Vieillard, n° 2067).
15. Ezæocarpus micranTaus Vieillard.
«E. foliis longe petiolatis, limbo elliptico subacuminato,
margine crenulato, undulato, glaberrimo, nervis reticulato-pin-
nas; racenus erectis, petiolum subæquantibus, gracilibus ;
238 AD. BRONGNIART ET À. GRIS.
floribus parvulis, numerosis, sepalis länceolätis, subinconspi-
cuis, petalis cuneatis, brevissime crenatis ; staminibus 42, an-
theris linearibus, margine pilosiusculis. Fructibus...…. :
» Arbor ramosa, ramis erectis, apice folhosis; folia odo-
rem amygdal redolentia ; accedit ad sd rotundifolium
Brongn. et À. Gris. »
Habitat prope Wagap (Vieillard, n° 3168) ex Vieillard, Bull. Soc. linn.
de Norm., t. IX. £
| SUPPLÉMENT AUX ÉPAGRIDÉES.
6. DracoraviLum TrigBauri Ad. Brong. et A. Gris.,
D. foliis lanceolatis, gramineis, basi latis, dein sénsim angusta-
tis (apice tamen paululum obtuso) margine tenuiter serratis, gla-
bris ; racemo terminal, elongato, erecto, glabro, longitudina-
liter sulcato ; pedunculis unifloris, numerosis, in semi-verticillos
uni-seriatim dispositis, inter se basi plus minusve connatis, nudis
vel bracteolis duobus lateralibus lineari-filiformibus onustis ,
semi-verticillos alternatim superpositos efformantibus; sepalis 5
ovatis, glabris, parum concavis, margine superiore tenuissime
serratis ; Corollæ tubo cylindrico, glabro, lobis cuneatis, obtusis,
reflexis; staminibus exsertis, tubo corollino plus minusve adnatis;
aniheris per anthesim extrorsis; ovario glabro, 5-costato, 5-locu-
lari, placentis angulo Central appensis, facie anteriore plana |
nudis, infra multi-ovulatis ; fructu glabro, subsphærico, apice
depresso, calyce persistente sieut involucrato, stylo brevi crasso
superato, loculicide 5-valvi, placentis columnæ centrali adnatis.
Habitat in Novæ Caledoniæ montibus circa Arama (CI. Thiébaut, 4865).
%
SUPPLÉMENT
A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES,
Par MM. A. DE BARY et WORONINE
( Extrait des Comptes rendus de la Société des naturalistes à Fribourg en Brisqau,
vol. III, livraison II.)
Le Türavwacum officinale Wigg. présente parfois une anomalie
tout à fait particulière. Les parties vertes de la plante, tant les
deux faces des feuilles que le pédoncule et les bractées mvolu-
crales, se recouvrent d’un nombre plus ou moins grand de petits
tubercules de couleur orangée. Tant que le mal est peu déve-
loppé, l'aspect de la plante n’en souffre presque pas; dans le cas
contraire, les organes affectés se difforment, les limbes des feuil-
les se tordent et deviennent beaucoup moins larges qu’à l’ordi-
naire. On trouve souvent sur une même plante des degrés
très-variés de cet état anormal, de sorte que la plante présente
en même temps tous les degrés possibles de difformité et des
organes parfaitement sams. Les plantes fortement affectées se
reconnaissent de loin à leur couleur orangée et à leur difformité
marquée. Ordinairement, la formation des tubercules et les pre-
miers indices de la dégénérescence qui s'en suit paraissent dès le
premier âge de la plante. Ses parties non attaquées conservent
leurs qualités normales ; il arrive même que les pédoncules
fortement atteints portent néanmoins des fleurs et des fruits
parfaitement sains. Nous allons montrer plus loin qu’un trai-
tement approprié peut produire des feuilles saines sur une plante
malade. |
Les phénomènes en question s’observent ordinairement sur le
l'araxacum des terrains humides tels que les fossés des prairies,
des chaussées, etc. Dans les lieux secs, la plante n’est jamais
240 A. DE BARY ET WORONINE.
sujette à cette maladie. Si le Taraxacum croît en groupes, le
mal se répand ordinairement sur la plus grande partie des indi-
vidus et quelquefois même sur tous. Son apparition n’est pas liée
à une saison déterminée ; il s’observe aussi bien au commence-
ment du printemps qu'à la fin de l’été et de l'automne.
Au premier aspect ces tubercules ont quelque ressemblance
avec les Urédinées (notamment les Æcidinées) dans leur jeune
âge. Leur couleur est la même; comme celles- c1, 1ls sont enfon-
cés dans l’épiderme du végétal; mais des recherches scrupu-
leuses montrent une grande différence de structure entre les
premiers et les secondes.
Les tubercules à l’état de maturité, époque la mieux appro-
priée à leur examen, sont des petits corps sphériques ou quelque
peu allongés dans le sens de l’axe longitudinal de l'organe, for-
mant des saillies très-marquées sur les nervures des feuilles et
sur les pédoncules. Les plus grands ont à peu près de 1/4 à
1/2 millimètre, les plus petits sont à peine appréciables à l'œil.
Is présentent la structure suivante. Des petits corps compactes,
ronds ou allongés, comme il a été déjà dit, sont enfoncés dans le
parenchyme de l'organe; leur partie inférieure qui, en même
temps, est la plus grande, se trouve entourée des couches pro-
fondes du parenchyme refoulé, tandis que la partie supérieure et
saillante de ce corps n’est que partiellement recouverte d’épi-
derme. Le point le plus saillant, le sommet du tubercule, en est
dépourvu, et porte une membrane épaisse, de texture homogène,
se continuant dans les parois des cellules environnantes de l’épi-
derme (fig. 2). Le tubercule est enchâssé dans un sac qu'il rem-
plit complétement et qui, comme il est facile de s'en convaincre
par des préparations appropriées, n’est autre chose que la mem-
brane d’une seule cellule d’épiderme considérablement dilatée
dans sa partie inférieure enfoncée dans le parenchyme du végé-
tal. La membrane qui recouvre le sommet forme la paroi externe
de cette cellule. En observant la surface intacte d’un tubercule,
on en trouve la paroi supérieure tant soit peu aplatie, tandis que
celles des cellules environnantes sont renflées, de sorte qu'il se
{orme au sommet du tubercule une légère excavation. La mem-
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. PAIE
brane de la cellule épidermoïdale ainsi agrandie ne présente rien
de particulier ; il ne peut certainement être question d'un con-
tenu qui lui serait propre. Le tissu environnant conserve ses qua-
lités normales, si ce n’est que les cellules refoulées sont quelque-
fois légèrement comprimées. La cellule dilatée se trouve souvent
entourée, dans le parenchyme des feuilles, de plusieurs couches
de cellules contenant de la chlorophylle, plus petites et plus nom-
breuses que ces dernières ne le sont d'ordinaire dans le tissu des
feuilles, signe certain que ces cellules se multiplient avec une
rapidité exagérée dans la circonférence du tubereule. Il arrive,
comme exception, que les tubercules orangés se développent
dans la cellule basilaire d’un poil etqu'ils se trouvent ainsi placés
au-dessus de l'épiderme. |
Le corps orangé à l’âge adulte consiste en un assemblage de
cellules (fig. 1, 2) dont le nombre est très-variable. Nous en trou-
vames, par exemple, dans un tubercule de moyenne grandeur,
de 45 à 35; des individus plus gros en contenaient jusqu’à 50 et
plus; des individus peu développés n’en renfermaient pas plus
de 10, et 2 au minimum (fig. 3). Dans le dernier cas, les cel-
lules forment une seule couche, dans les deux premiers elles en
forment plusieurs. Leurs surfaces juxtaposées présentent ainsi
un tissu serré, c'est-à-dire sans iméats intercellulaires.
Les dimensions des cellules sont aussi très-variables sur un
même individu, comme le démontrent les figures 1-6 et particu-
lèrement la figure 4. Leur diamèêtre comporte, par exemple, de
6 à 12 parties du mieromètre oculaire, quelquefois les différen -
ces sont encore plus considérables (1). Non mois variables et
irrégulières sont les formes des cellules (fig. 4-6). Pour la plu-
part elles présentent des polyèdres irréguliers, à peu près isodia-
métriques ; leurs bords et leurs angles sont mégaux et saillants,
aigus ou obtus; les parois tantôt aplaties, tantôt convexes ; quel-
ques-unes sont allongées, d’autres ont la forme d’une bouteille
ou présentent un aspect tout à fait bizarre. Ce ne sont que les
parois extérieures des cellules de la couche périphérique du tuber-
(4) Dans nos expériences, une partie du micromètre correspond à 1/200 millim.
5° série. BoT. T. HIT. (Cahier n° 4.) 4 ” 40
212 A. DE BARY ET WORONINE,
cule qui retiennent leur forme primitive, et qui, en se juxtapo-
sant, donnent à la surface de ce dernier un aspect régulier,
sphérique ou elliptique.
Chaque cellule du tubercule (fig. 4) est munie d’une mem-
brane incolore plus ou moins épaisse aux angles et aux bords.
Une solution d'iode, ou bien l'iode joint à l’acide sulfurique
dilué, ne la colorent pas; l'acide seul la gonfle fortement. Le con-
tenu de la cellule est une masse finement granulée, d’une belle
couleur orangée, ayant une grande analogie avec le contenu des
cellules orangées des Urédinées. Comme ces dernières, il a la
propriété remarquable de réagir avec l'acide sulfurique par une
belle couleur bleue, passant peu à peu au vert (1). L'iode
colore ce contenu en vert sale, que l'influence de l'acide sulfu-
rique ne relève plus en bleu. Quelquefois on trouve dans la
cavité close des cellules une matière d’un rouge éclatant, sans
la momdre teinte jaunûâtre.
Les cellules dont se compose le tubercule sont enfermées —
indépendamment du sac épidermoïdal — dans une seconde
membrane incolore, qui se moule exactement sur les cellules
périphériques. Cette dernière membrane réagit avec l’iode par
une couleur jaune ; avec l'iode joint à l'acide sulfurique elle
donne une couleur brunâtre, tirant d’abord sur le violet. Elle est
assez tendre, de sorte qu'on réussit rarement à l’extraire intacte
avec son contenu de la cellule épidermoïdale. Le plus souvent
elle se rompt pendant cette opération, et les cellules devenues
libres se séparent les unes des autres.
La ressemblance entre ces corps et les Urédinées peut faire
supposer un mycélium qui présiderait à leur développement.
Cependant on n'en trouve pas les moindres Indices sur quelque
partie que ce soit du végétal, à aucune époque de son évolution ;
son développement s'opère plutôt de la manière suivante :
Si l’on plonge dans l’eau une partie du végétal portant les
corps en question, aussitôt les cellules du tubercule se transfor-
ment en zoosporanges, qui produisent des zoospores. Donc, ces
(4) Voyez le tome I, p. 222 de ces Comptes rendus.
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 213
corps sont des assemblages de sporanges, et nous leur donnerons
désormais le nom de sores (sori).
Le développement des zoospores se laisse le mieux étudier
dans l’eau sur des sporanges rendus libres par la rupture de leur
enveloppe commune. Les sporanges conservent au début leur
caractère primitif, déterminé principalement par le contenu
homogène qui tient en suspension une masse de granules aux-
quels il doit son opacité et sa coloration (fig. 4). Les premiers
symptômes de métamorphose sont marqués par le changement
d'aspect et de couleur du protoplasma. Ce dernier devient
plus transparent et la couleur tire de plus en plus sur le rouge.
Bientôt après on aperçoit aussi des changements dans la struc-
ture du contenu cellulaire. La matière homogène finement gra-
nulée se divise en petits flocons séparés par un réseau de stries
incolores et transparentes (fig. 5 a). Les granules äe chaque
flocon se rapprochent de plus en plus entre eux; on les voit
constamment diminuer en nombre et augmenter de volume,
tandis que les stries deviennent de plus en plus marquées ;
lorsque les granules ont atteint des dimensions qui permettent
d'apprécier exactement leurs contours et ceux des interstices
incolores, il est facile de se convaincre que la coloration du con-
tenu ne provient que de ces granules suspendus dans un proto-
plasma mcolore. Enfin, les granules de chaque flocon s’agglo-
meérent en un petit nombre de grams de couleur orangée ou
rouge, brillants comme des gouttelettes de graisse. Les grains
d'un sporange sont tous disposés dans le protoplasma à égales
distances l’un de l’autre (fig. 5 b). C’est alors que commence le
développement des zoospores ; le protoplasma se divise en por-
tions dont le nombre est à peu près égal à celui des grains et
dont chacune en contient un seul placé excentriquement (fig. 6 a);
quelques-unes, cependant, contiennent plusieurs grains à la fois.
Le contenu aimsi divisé se contracte et se réduit à un moindre
volume, de sorte qu'il se forme entre ce contenu et les parois de
la cellule, lesquelles jusqu'alors l’entouraient intimement, un
espace étroit et transparent. En même temps, les épaississements
aux angles de la cellule épidermoïdale se gonflent. Ce change-
2h! A. DE BARY EX YVORONINE.
ment s'opère tantôt en un seul endroit, tantôt en plusieurs à
la fois, mais toujours il y en à un plus gonflé que les autres,
aussi ce dernier point forme-t-il une saillie plus prononcée et sa
membrane épaissie prend-elle l'aspect bleuâtre d’une masse géla-
tineuse. Tout à coup la saillie est poussée en avant ; elle devient
tout à fait transparente, ses contours disparaissent et la cellule
crève à l’endroit gonflé ; l'ouverture ainsi formée comporte le
quart de la grandeur du sporange et au delà. Les phénomènes qui
suivent la rupture prouvent, jusqu’à l'évidence, que l’orifice n’est
pas ouvert, mais fermé par un bouchon gélatineux à contours peu
distincts. Les contours de la cellule une fois disparus, la masse
des zoospores, qui présentent déjà quelques signes de mouve-
ment, se dirige vers l'endroit gonflé, et l:s zoospores commen-
cent à sortir lentement, une à une, rarement deux à deux, par le
milieu de l’orifice, qu'on aurait pu croire très-large, On voit
donc que l’orifice n’est en réalité qu’un canal étroit, traversant le
bouchon gélatineux (fig. 6 c). Au début de la sortie des z0ospo-
res, celles qui restent dans le sporange forment un groupe serré,
mais quand la plus grande partie en est déjà sortie, les spores
restantes se séparent et se meuvent rapidement dans la direction
de l'orifice. En peu de temps le sporange est tout à fait vidé.
Dans les conditions normales, ce procédé ne dure pas plus de
trois heures, à partir des premiers indices de la formation des
spores.
Une fois dans l’eau, les zoospores y demeurent un instant
immobiles pour commencer ensuite une série de mouvements
rapides.
Les spores (fig. 6c, 7) ont, en général, une forme sphérique,
rarement ovale et allongée. Leur grandeur moyenne est de
1/300 millim. (4/360-1/250 millim.); on en trouve cependant
de beaucoup plus grandes (fig. 10). Quelquefois, mais dans des
cas très-rares, on peut voir à l’époque de la reproduction ces
grands individus se diviser en deux spores de grandeur ordi-
nare (fig. 9), ainsi que cela a été déjà observé pour les zoospo-
res des Saprolegnieæ (1).
(4)De Bary, dans Pringsheim’s Thrb., 11, p. 175.
SUPPLÉMENT A L HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 249
Le corps mollement enveloppé des zoospores se compose
d'un protoplasma homogène et incolore avec un grain rouge,
placé, comme il a été dit plus haut, excentriquement. La surface
de la spore porte un ou même parfois deux cils de la même lon-
gueur et naissant d’un même point plus ou moins rapproché du
grain. Au lieu d’un grain, les spores en contiennent quelquefois
deux ou même davantage. Les cils existent déjà lorsque les
spores sont encore renfermées dans l’intérieur du sporange ;
pendant la sortie, elles les traïnent après elles. Les spores se meu-
vent dans l’eau, se dirigeant tantôt en avant, tantôt en arrière,
ou bien elles exécutent des mouvements rotaloires ou des oscil-
lations saccadées ; tous ces mouvements sont, en général, très-
rapides et se succèdent alternativement. Ce ne sont que les indi-
vidus trop grands qui se meuvent avec lenteur.
En observant pendant quelque temps les spores nageant dans
une goutte d'eau, on en voit quelques-unes tomber au fond et y
ramper comme des amibes (fig. 8). Ce phénomène dure assez
longtemps, et quand il cesse la spore prend une forme sphé-
rique et devient immobile. Cependant il arrive quelquefois que
les spores, devenues ainsi'immobiles, remontent à la surface et
recouvrent leur mobilité.
Si l'on met dans l’eau une partie du Taraxacum portant des
sores mûrs et intacts, la formation des zoospores s'opère sans
séparation préalable des sporanges. Dans ces conditions, le déve-
loppement s’effectue même avec plus de facihité que dans des
sporanges séparés artificiellement, car la plupart de ces dermiers
dépérissent avant la formation des zoospores ou dans les pre-
mières phases de leur évolution. Dans les sores intacts, la forma-
tion et la sortie des spores se fait exactement de la maniere
décrite plus haut. Les sporanges accumulés en groupes se déve-
loppent et crèvent l’un après l’autre, rarement plusieurs à la fois ;
ceux qui occupent le sommet des sores mürissent les premiers ;
quant aux autres, ils ne suivent pas, à cet égard, un ordre déter-
miné. Il arrive quelquefois que l'évacuation des sporanges d'un
même sore ne se répète qu'après un intervalle de quelques jours.
Les enveloppes des sporanges devenues libres restent soudées
2h16 A. DE BARY ET WORONINE.
entre elles, offrant l'aspect d’un tissu réticulaire transparent. Le
mécanisme à l’aide duquel les zoospores quittent leur enveloppe
se réduit à l’action de l’eau sur la paroi externe de la cellule épi-
dermoïdale qui contient les sores. La rupture qui s'ensuit donne
lieu à une ouverture béante dont les bords se colorent souvent
en brun. Cette rupture est probablement due à la pression
exercée par le gonflement des sporanges. La cause du phéno-
mène na pu être cependant déterminée avec précision. Sans
l'action directe de l’eau la cellule épidermoïdale reste close.
Les spores sorties des couches profondes se pressent à travers les
mailles formées par les capsules vides des couches supérieures,
pour attendre l'orifice ‘de la cellule épidermoïdale.
Les destinées ultérieures des spores se laissent le mieux obser-
ver, si l’on met dans l’eau des fragments du T'araæacum portant
des sores. Déjà quelques heures après il n’y a pas de goutte d’eau
qui ne fourmille de zoospores. Douze à dix-huit heures plustard,
leur nombre est déjà si grand, que l’eau prend une couleur rou-
geatre. Deux ou trois feuilles suffisent pour colorer un assez grand
volume d'eau. Les zoospores conservées dans des vases plats
cherchent la lumière, et s'accumulent en groupes serrés dans les
parties du liquide les mieux éclairées. La mobilité des spores se
conserve assez lontemps ; on les voit, parfois, se mouvoir encore
vingt-quatre heures après leur sortie, maisaussi c’est le maximum
de la durée. On pourrait même supposer, etnon sans raison, que
cette longue durée de mobilité est due à ce que la formation des
premières spores, ainsi que celle des dernières, se fait à de grands
intervalles. En tout cas, les zoospores finissent par tomber au
fond, deviennent immobiles, perdent leurs cils et meurent.
Les phénomenes prennent un tout autre caractère quand des
fragments sains du Taraxacum, où même des plantes entières,
sont immergés dans de l’eau contenant des zoospores. Ces der-
nières s’attachent alors très-rapidement à la surface de la plante
et s’y fixent souvent avant qu’une heure se soit écoulée. St la
partie de la plante présente les conditions nécessaires, Îles
z0ospores pénètrent dans les cellules de l’épiderme pour y subir
des transformations nouvelles, Les meilleures conditions pour ce
SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 217
phénomène sont offertes par les jeunes feuilles du T'araxacum,
c’est-à-dire les feuilles à peine sorties des bourgeons terminaux,
longues d’un demi à 4 centimètres, encore roulées en crosse et
colorées en vert jaunâtre. On peut présumer que les pédoncules
et les involucres se comportent de la même manière à l'égard du
développement des sores, quoique nous n’ayons pas fait d'expé-
riences sur ces parties du végétal. Les spores peuvent pénétrer
dans les plis des feuilles non complétement épanouies ; au con-
traire, tous les organes parfaitement déployés, non plus que les
feuilles encore cachées dans les bourgeons, ne sont jamais atta-
qués par le parasite.
L'exactitude de ces faits est appuyée par les expériences
d'inoculation du parasite que nous avons faites en grand nombre.
Notre premier som consistait naturellement à nous procurer des
exemplaires de T'araxacum parfaitement sains et sansles moindres
indices de maladie antérieure. A cet effet, nous expérimentämes
sur des exemplaires cultivés dans une chambre, avec une solli-
citude particuhère, depuis deux ans pour d’autres buts, ainsi que
sur des plantes tirées d’endroits secs de l’arboretum du jardin
botanique de Fribourg, où parmi des centaines d'individus on
n'en trouve pas un seul attaqué par le parasite.
Les expériences les plus instructives sont celles qui ont été
faites de la manière suivante. Des plantes, portant une ou plu-
sieurs jeunes feuilles, sont déracinées, puis lavées et enfin plon-
gées dans de l’eau contenant des zoospores de telle manière que
toutes les feuilles y soient immergées. Quelque temps après les
plantes sont retirées, plantées dans des pots et soumises à la cul-
ture ordinaire. On laisse les gouttes d’eau attachées aux feuilles
pendant quelques heures, en plaçant la plante dans une atmos-
phère saturée de vapeur d’eau, ou on les laisse lentement s'éva-
porer, ou bien encore on les enlève tout de suite avec du papier
brouillard. Toutes les expériences, sans exception, donnèrent le
même résultat : les feuilles déjà épanouies restent parfaitement
saines et exemptes du parasite, tandis queles jeunes feuilles, ainsi
que la base des limbes à demi étalés, montrent au microscope les
symptômes du mal. Les organes affectés se développent avec
218 A. DE BARY EX WORONINE.
rapidité et, avant de s'épanouir complétement, montrent déjà à
l'œil nu leurs faces toutes parsemées du parasite. Les feuilles
sorties des bourgeons après l'immersion restent de nouveau
intactes.
Dans une autre série d'expériences les feuilles de la plante ont
été tout simplement humectées avec de l’eau contenant des
zoospores. Ici, le parasite ne se développait également que sur
de jeunes feuilles, et seulement dans les points humectés; les
vieilles feuilles restaient inaltérées.
Nous avons expérimenté enfin avec l’inoculation du parasite
sur des feuilles détachées de la plante de divers âges, et conser-
vées fraiches sous des cloches de verre. Les résultats ont été les
mêmes, sinon que le parasite n'a pu se développer complétement
à cause du dépérissement rapide des feuilles.
Nous abordons maintenant les phénomènes du développement
du parasite même. Le mode de sa fixation se laisse directement
observer à l’aide du microscope. A cet effet, on met sur le porte-
objet de petites parcelles de feuilles dans une goutte d’eau con-
tenant des zoospores libres. La spore se précipite d'abord vers la
surface du limbe ; elle rôde en oscillant autour d’une cellule d’é-
piderme comme si elle y cherchait le point le moins résistant,
puis s’écarte subitement pour revenir un instant plus tard. Après
avoir exécuté une série de mouvements de ce genre, elle s’atta-
che aux parois de la cellule, oscille encore pendant quelques
instants ou rampe comme une amibe, et, enfin, elle reste immo-
bile. Le cil est toujours dirigé contre les parois de la cellule, et
c'est avec son aide que la spore semble s’y fixer. Souvent plu-
sieurs spores s’attachent à une seule celluie. Devenue immobile,
la spore prend une forme sphérique à contours plus prononcés.
il se forme au milieu du protoplasma une seule grande vacuole
ou plusieurs petites; dans le dernier cas elles sont séparées par
des stries radiales ; le grain orangé ne subit aucun changement
(Eg. 14 a, fig. 11).
Sur des feuilles complétement épanouies les spores restent
dans cet état pendant quelques jours, puis meurent.
Nous n'avons pas pu observer toutes les phases de l’évolution
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 219
du parasite sur un seul et même individu, parce que les organes
détachés de la plante dépérissent rapidement sur le porte-objet.
Il est facile, au contraire, d'observer le développement dans ses
différentes phases en examinant les parties affectées d’une même
plante à divers intervalles après l’inoculation.
Dans nos expériences d’inoculation les spores se fixaient ordi-
nairement sur les parois de la cellule dans l’espace de deux
heures. L'examen suivant, qui n’était effectué que seize heures
après l'moculation, nous montra des spores attachées aux parois
extérieures des cellules épidermoïdales; elles n'avaient pas
encore changé d'aspect ou n'étaient que légèrement aplaties
(fig. 11, 12). En examinant plus attentivement et plus long-
temps, on remarque pourtant que la spore pousse dans l'inté-
rieur de la cellule épidermoïdale, à travers ses parois, une saillie
plus ou moins arrondie et qui est d’une bien moindre épaisseur
que la spore même. Cette excroissance diffère néanmoins de la
partie extérieure de la spore en ce qu’elle est remplie de proto-
plasma, tandis que celle-ei ne contient qu'un hiquide transparent
dans lequel on aperçoit un ou plusieurs grains rouges. Sur des
fragments d’épiderme détachés de la surface des feuilles, et éta-
lés horizontalement sur le porte-objet, ces phénomènes s’obser-
vent nettement au microscope. Il nous est arrivé une fois de voir
en profil une spore perforant la base d’un jeune poil (fig. 12).
Huit heures plus tard (vingt-quatre heures après l’inocula-
tion), la pénétration des spores dans l’intérieur des cellules était
bien plus avancée (fig. 13). La cavité de ces dernières renferme
alors un corps sphérique entouré d’une membrane molle, ayant
la grandeur des spores antérieurement fixées ou la dépassant un
peu. Ce corps se compose d’un protoplasma finement granulé
renfermantquelquefoisune grande vacuole. Les seules traces de la
spore qui se trouvent encore sur les parois de la cellule consistent
en un petit Corps arrondi, communiquant avec la spore inté-
rieure par un cordon court et très-tendre. Sa nature originelle
se trahit par un granule orangé. Quelques individus ne présen-
tent que des traces de ce granule, etil y en a d’autres même qui
en sont complétement dénués. Le corps sphérique placé à l’in-
250 A. DE BARY ET WORONINE.
térieur ne contient jamais de granules orangés ; 1l s'ensuit que
ces derniers se décomposent ou se dissolvent pendant la perfo-
ration de la cellule.
L'examen des parties affectées, quarante-huit! heures après
l'moculation (il importe cependant de remarquer que ces expé-
riences ont été faites à une température plus élevée que les pré-
cédentes), laisse voir encore des traces de la partie extérieure de
la spore sous forme d’un corps rond enveloppé d’une membrane
à peine distincte, et montre le cordon comme un point assez
marqué ou comme une strie. La partie. intérieure est devenue
deux ou quatre fois plus grande qu’elle ne l'était auparavant
(fig. 2h, c,d). Les traces de la spore à la surface de la cellule
épidermoïdale étaient à cette époque souvent tout à fait Invi-
sibles ; dans les périodes ultérieures, elles disparaissent com-
plétement.
Il résulte donc des phénomènes décrits plus haut que la spore
devenue immobile perfore la paroi de la cellule épidermoïdale ;
qu'ensuite sa partie extérieure s’atrophie jusqu'à disparition, et
que la partie, qui a pénétré dans l'intérieur de la cellule, s’ac-
croit.
Le plus souvent une cellule épidermoïdale ne contient qu'une
seule spore, quelquefois davantage. Le temps que la spore met
à pénétrer dans l'intérieur de la cellule épidermoïdale ne peut
être précisé au Juste. Le meilleur moyen pour attemdre ce but
serait d'immerger des feuilles dans de l’eau contenant des
zoospores, de les en tirer à différents intervalles, puis de les
essuyer, et d'observer enfin si le parasite va se développer ou
non. Des expériences de ce genre ont montré que le développe-
ment du parasite se manifeste sur les feuilles après une heure de
contact avec l’eau contenant des zoospores. Cependant pour
obtenir le parasite en grand nombre, il faut laisser les feuilles
immergées pendant deux à huit heures.
Les globules provenant des spores à l'intérieur de la cellule
sont les commencements de nouveaux sores. On peut done leur
donner le nom de globules primaires (Primordialkugeln), quoi-
qu'ils présentent plus tard des écartements de la forme sphérique,
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 251
Dans le premier temps après leur pénétration, ils croissent len-
tement. Le sixième et le septième jour après l'inoculation, ils
sont de six à douze fois ou même quinze fois plus grands que les
zoospores, dont ils sont provenus. Sur des feuilles détachées
où, comme nous l'avons déjà dit, le développement se fait
beaucoup plus lentement, les globules n’ont vers ce temps que le
double ou le triple du volume de la spore. Arrivés à ce degré, les
plus grands individus sont tout aussi mollement enveloppés que
les autres, et une membrane propre ne peut y être découverte.
Dans cet état, les globules se composent d’un protoplasma trans-
parent, parsemé d’une masse de granules assez volummeux. Le
protoplasma est plus dense dans les couches périphériques qu'à
l’intérieur; il est le plus souvent encore incolore à cette époque,
mais quelquefois on le trouve coloré en rouge clair (fig. 15-17).
Les transformations ultérieures consistent pendant les jours sui-
vants en un accroissement notable du globule et dans l'augmen-
tation du nombre des granules ; son contenu devient en mème
temps moins transparent et plus vivement coloré (fig. 18).
Le développement des jeunes parties de la plante n’est nulle-
ment entravé par la pénétration des spores. On voit ces parties,
ainsi que les cellules épidermoïdales qui les recouvrent, s’ac-
croître dans toutes les dimensions. Les premiers jours apres
l'moculation, 11 n'y a en général aucune différence marquée
dans le développement des cellules renfermant le parasite et celui
des cellules intactes ; mais vers le cinquième jour ou vers le
sixième, on trouve ordinairement les premières agrandies, sur-
tout dans leurs parties intérieures et latérales. Dès ce moment,
leur accroissement devient si fort, que bientôt elles forment ces
saillies à la surface de la plante, ou bien ces sacs implantés dans
l'intérieur du parenchyme, que nous avons décrits plus haut en
parlant des sores mûrs (fig. 15-18). Le contenu des cellules
malades ne subit aucun changement appréciable dans le premier
temps qui suit la perforation de leurs parois par les spores, sinon
qu'il devient quelquefois plus riche en granules opaques (gra
nules de graisse?). À mesure que le volume des cellules aug-
mente, le protoplasma qui y est contenu augmente aussi. Les
239 A. DE BARY ET WORONINE.
globules primaires s’entourent bientôt d’une couche continue de
protoplasma, traversée d’un réseau de stries changeant sans
cesse de forme et de dimensions. Ces stries se dirigent vers les
parois de la cellule, et ne sont que des courants du protoplasma
(fig. 17, 18). On ne trouve jamais des signes de mort ou de dé-
composition dans les cellules affectées.
Nous n'avons jamais vu l'accroissement de la cellule et de son
globule marcher parallèlement, le dernier augmentant de vo-
lume beaucoup plus vite que la première (dans les premières
phases du développement). Quarante-huit heures après l’inocu-
lation (fig. 14), les globules opposés excentriquement aux parois
de la cellule en occupaient presque la moitié. Dans les périodes
ultérieures, le rapport entre l'accroissement de la cellule et celui
de son globule change en sens inverse : c’est alors la cellule qui
augmente de volume plus rapidement que son globule, de sorte
que ce dernier se détachant des parois de la cellule se place à
son centre, suspendu pour ainsi dire dans le réseau du proto-
plasma. Quand la cellule épidermoïdale est arrivée à la forme
utriculaire, le globule primaire qu’elle renferme recommence à
saccroître rapidement; son contenu devient de plus en plus gra-
nuleux, etsa couleur orangée de plus en plus vive. Bientôt vient
le moment où le globule refoule le contenu de la cellule et la
remplit entièrement (fig. 18). Son protoplasma est alors en tout
point semblable à celui des sporanges mürs que nous avons
décrits. Il est enveloppé d’une membrane tendre — capsule
future du sore — apparaissant dans un temps difficile à préciser
sur les jeunes globules, à cause de la couche de protoplasma
dont 1ls sont entourés.
IL est difficile de dire si la cellule continue encore à s’accroître
après s'être complétement remplie de globules, car, même à cet
état de maturité parfaite, les dimensions des cellules sont encore
très-variées.
; Le dernier acte du développement est la division du proto-
plasma coloré en sporanges. Ce phénomène vient Immédiatement
après la fin de l'accroissement du globule, car, à l’époque où ces
derniers occupent toute la cavité de la cellule, on les trouve rare-
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 253
ment sans traces de division. Autant qu'il a été possible d’ob-
server, tous les sporanges semblent se développer simultané-
ment. Il importe cependant de remarquer que parfois on ren-
contre dans des individus bien développés un contenu divisé en
cellules-filles (Tochterzellen), dont les contours sont peu mar-
qués, et qui néanmoins correspondent par leur nombre, leur
forme et leurs dimensions, aux cellules-sporanges. Il y a même
des cas où les globules mûrs, tant qu'ils sont plongés dans l’eau,
ne présentent aucune trace de division ; mais il suffit de les trai-
ter avee de la glycérine pour que la division apparaisse ; les
cellules-filles se séparent les unes des autres probablement par
suite de leur contraction ; aussi, dans ces cas, les cellules-filles
ne différaient-elles toujours des sporanges mûrs que par l’ex-
trème délicatesse de leurs contours. Nous n'avons rien vu qui
puisse faire supposer que la division se fasse par dédouble-
ment progressif. Quoique nous ayons observé des individus
divisés en deux, quatre, etc., cellules-filles, ces exemplaires
étaient toujours petits, et les cellules-filles s'y trouvaient déjà
munies de la membrane épaisse des sporanges plus âgés; nous
en vimes même de tout à fait mûres contenant des zoospores
développées.
Il arrive même de voir chez les petits individus une absence
complète de division; le globule primaire de la cellule épider-
moïdale se développe alors en un seul sporange.
Les sporanges une fois formés, la membrane épaisse dont
nous avons parlé plus hautse développe à leur surface, et la for-
mation du sore, qui nous a servi de point de départ dans notre
description, est achevée.
La durée du développement complet d’un sore est à peu près
celle du déploiement total de la partie de la plante qui porte le
parasite. Tous les exemplaires du parasite se trouvant dans une
seule et même feuille suivent tous dans leur évolution, à peu
d'exceptions près, une marche égale. Le temps compris entre la
perforation de la cellule épidermoïdale par la zoospore et la
maturité des sores est de douze à quatorze jours. Dans nos expé-
riences d'inoculation faites pendant de belles journées d’été, le
25h V. DE BARY ET WORONINE.
parasite était visible à l'œil nu neuf à douze jours (une fois même
huit Jours) après l’inoculation ; done, en tout cas, il touchait à
cette époque à son développement complet. Il s'ensuit donc que
le développement du parasite est bien plus rapide dans ses phases
ultérieures que dans les précédentes, qui suivent immédiate-
ment l'inoculation.
Il est aisé d'observer que sur les plantes qui croissent en plein
air les phénomènes décrits suivent le même cours que dans
nos essais de culture. Après la rosée ou la pluie, on voit ordi-
nairement les gouttelettes d’eau, attachées aux parties de la
plante qui portant des sores mürs, fourmiller de zoospores. Ces
gouttes sont quelquefois d'un rouge vif, et l’on trouve alors les
sporanges en partie évacués, et les spores sortant par l’orifice de
la cellule. L'eau qui découle sert de véhicule aux zoospores, et
les répand sur les jeunes feuilles et sur les plantes voisines. En
arrosant le Taraxacum à l’état sauvage avec de l’eau qui con-
tient des zoospores, on obtient des effets d’inoculation en tout
pareils aux précédents. Les phénomènes d'évolution du parasite
s’accordent parfaitement avec ceux que nous avons étudiés sur
nos plantes cultivées. On conçoit facilement, d'après ce qui vient
d'être dit, pourquoi le parasite se multiplie si rapidement sur les
plantes des terrams humides, et ne se trouve guère dans des
lieux secs ; pourquoi 1} diminue pendant un temps sec; enfin il
devient clair qu'une plante affectée ne peut donner des feuilles
saines qu'autant qu'elle est soustraite à l'influence de la pluie et
de la rosée.
Tant que les organes du T'araxacum conservent leur fraîcheur,
leurs sporanges conservent la faculté reproductrice, même sil
se passe des semaines entières sans les conditions nécessaires au
développement des zoospores. Mais quand l'organe affecté se
dessèche et dépérit, les sores mûrs meurent aussi bientôt après.
Si alors on les met dans l’eau, on les voit se décolorer et périr.
Donc il ne peut être supposé que le parasite puisse se conserver
sous cette forme pendant longtemps, qu'il puisse par exemple
passer l'hiver.
Si le parasite ne dépérit pas en hiver, c’est que sans doute il
SUPPLÉMENT A L' HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 255
existe une forme particulière d'organes sous laquelle 1] se con-
serve, Organes que nous n'avons pas encore abordés, et que nous
désignerons sous le nom de cellules stables (Dauerzellen) (pl. ,
fig. 1-7). A la première apparition du parasite, nous n'avons pas
trouvé cette forme, peut-être aussi nous a-t-elle échappé ; mais
à partir du mois de mai, les cellules stables deviennent de plus
en plus nombreuses. Sur les parties de la plante portant le para-
site mûr, on peut souvent remarquer parmi les sores orangés des
petits corps qui, à un examen superficiel, présentent l'aspect de
sores incolores ou jaunâtres. Ils sont en général beaucoup moins
nombreux que les sores. Ces corps se composent d’une cellule
épidermoïdale en tout pomt semblable à celles qui renferment
les sores véritables. Dilatée en guise de sac, elle s'enfonce comme
celles-ci dans le parenchyme, et n’en diffère ordinairement que
par sa moindre grandeur. Le sac renferme généralement une
cellule incolore et opaque, de forme irrégulière, sphérique ou
ovale. Celle-ci reste suspendue dans le réseau du protoplasma,
qui plus tard se liquéfie de plus en plus (fig. 2, 3). La cellule
rappelle done plus ou moins l’état où se trouvent les sores, en-
viron le septième jour de leur développement. La seule diffé -
rence entre les deux formes consiste en ce que le nouveau corps
est enveloppé d’une membrane résistante à double contour,
laquelle, d’abord incolore et simple, se sépare ensuite en deux
couches; l’interne, plus épaisse, reste incolore, tandis que la
couche externe prend une teinte brun jaunâtre. Le contenu in-
colore de ce corps, rendu opaque par une multitude de granules
de graisse, laisse voir au centre un petit espace transparent de
forme sphérique (vacuole ou nucléus ?) (fig. 2-h),.
Le corps qui vient d’être déerit est la cellule stable du parasite.
Sa maturité est caractérisée par la couleur brun jaunâtre. On ne
remarque d'abord aucun changement dans son aspect ; sa gran-
deur est à peu près celle des plus grands sporanges d’un sore.
Les cellules stables sont toutefois moins volumineuses que les
cellules épidermoïdales qui les renferment. Les dernières n’en
contiennent pour la plupart qu'une seule, moins souvent deux et
rarement trois ou quatre (fig. 1-3).
256 A. DE EARY ET WORONIKE.
Les premières phases du développement des cellules stables
sont identiques avec celles des sores. Dans les individus âgés de
sept jours, tous les globules primaires ont absolument le même
aspect, la même délicatesse des contours et la même position au
centre de la cellule. Une grande partie d'entre eux se trans-
forme en sores ; le reste se développe très-lentement en cellules
stables, ainsi que le montrent plusieurs formes transitoires faciles
à observer. Les globules primaires, destinés à devenir cellules
stables, s’'Imprégnant de plus en plus de granules de graisse,
deviennent opaques, et s’entourent bientôt d’une membrane pour
prendre ainsi la forme définitive d’une cellule stable (fig. 1).
Donc 1l est probable au plus haut degré que les sores et les
cellules stables proviennent d’un seul et non de deux parasites
associés. Cette manière de voir est, en outre, confirmée par
l'existence de formes transitoires entre les sores et les cellules
stables. Les sporanges de couleur orangée, remplissant, comme
nous l'avons vu plus haut, complétement leurs cellules épider-
moïdales, et provenant directement d’un globule primaire non
divisé, doivent être considérés comme étant ces formes.
Entre les sporanges et les cellules stables on rencontre encore,
quoique rarement, une autre forme transitoire, notamment une
cellule parfaitement semblable à la cellule stable, mais ayant un
contenu orangé.
L'identité générique des corps en question peut être bien
mieux prouvée par les expériences d'inoculation, si toutefois on
est sûr d'inoculer des zoospores exemptes d’autres organismes.
Pour en être sûrs, nous ne prenions pour l’imoculation que des
fragments de feuilles, lesquelles, soumises préalablement à l’exa-
men microscopique, ne présentaient aucun indice d’autres for-
mations parasites, excepté les sores mûrs. La première expé-
rience nous fournit déjà un résultat définitif : huit jours après
l'inoculation, les jeunes feuilles affectées présentaient déjà une
masse de sores rouges; et dix jours plus tard, un examen scru-
puleux découvrait parmi ces sores une masse de cellules stables.
Puisqu'il est impossible de poursuivre pendant longtemps le
développement d’un même individu, 1} ne pouvait être décidé si
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 257
les zoospores, destinées à devenir sores ou cellules stables, dif-
fèrent entre elles avant ou pendant l’époque de leur pénétration
dans l’épiderme ; ou bien s'il y a quelque rapport entre la desti-
née future des zoospores et la différence dans leurs dimensions et
le nombre de leurs cils.
La signification des cellules stables ne peut être révoquée en
doute, si l’on fait attention au mode de leur développement ulté-
rieur. Les cellules stables, qu'on supposait mûres, étant prises
sur une plante vivante et plongées dans l’eau, n’offraient pas de
transformation appréciable, et dépérissaient peu à peu. Au con-
traire, les cellules stables, conservées pendant deux mois envi-
ron sur des feuilles et des pédoncules morts spontanément et
devenus secs, montrèrent une série de transformations après
qu’elles eurent été déposées sur la terre humide. Le parenchyme
des feuilles se putrétia ; les cellules stables au contraire persis-
tèrent (fig. 4). Huit à douze Jours plus tard, l’espace transparent
au centre (le nucléus?) de la cellule disparaît, le contenu devient
uniformément granuleux et prend une temte rougeâtre. La colo-
ration devient de plus en plus prononcée, et peu de jours après
le contenu de la cellule a déjà l'aspect de celui d’un sporange
ordinaire (fig. 5). Si l'on met alors ces cellules dans une goutte
d’eau, elles donnent naissance aux zoospores, égales à celles des
sporanges des sores (fig. 6, 7). De même que dans un sporange,
les zoospores sortent 1c1 par la rupture d'un point gonflé de la
cellule. Les zoospores dans les deux cas sont absolument iden-
tiques (fig. 7). Sans aucun doute, les spores provenues des cel-
lules stables peuvent perforer l'épiderme des jeunes organes du
Taraxacum, quoique nous n’ayons pas fait d'expériences en ce
sens. Il importe de noter encore que la membrane brun jaunâtre
des cellules stables se déchire avant que le contenu ait atteint
une coloration rouge, en lambeaux qui se détachent peu à peu
de la couche intérieure ; dans d’autres cas, la membrane colorée
persiste cependant jusqu'à la sortie des zoospores.
Il résulte des observations que nous venons de détailler, que
les cellules stables sont des formes sous lesquelles notre parasite
peut survivre à l'époque où il ne trouve pas les conditions néces-
5° série. Bor. T. IT. (Cahier n° 5.) 1 17
258 A. DE SARY ET WORONINE.
saires à son développement ; done, les cellules stables sont. dés
formes sous lesquelles il peut hivernér.
Les phénomènes du développement de notre parasite indi-
quent clairement sa parenté avec le genre Chytridium, décrit en
premier lieu par A. Braun, et lui assignéït une placé dans la
famille des Chytridiacées, laquelle comprend encore le Rhizi-
dium d'A. Braun (Î). Dans cette famille, 1l est le représentant
d'un troisième genre que nous désignerons sous le nom de Syn-
chytrium, et l'espèce qui vient d’être décrite sous celui de Synchy-
trium Taraæaci. Ce genre est caractérisé par la division simult4-
née des globules primaires en un grand nombre de sporanges
agglomérés en sores, tandis que, chez le Chytridium, ces glo-
bules restent non divisés et forment un seul sporange; chez lés
Rhizidium ces globules se divisent en deux cellules : une cellule
basilaire ramifiée et un zoosporange placé dessus. Sous tous les
autres rapports le Synchytrium est identique avec les déux
genres mentionnés. Il faut noter, cependant, que les observations
sur les cellules stables du Ahizidium sont encore trop peu nom-
breuses (2). L'espèce Chytridium roseum, dont nous traiterons
plus loin, montre que la coloration du protoplasma n’a que péu
d'importance dans la distribution des genres. |
Le Synchytrium Taraæaci ne se développe que sur le Taraæa-
cum ordinaire. Les recherches futures devront montrer si notre
parasite peut se développer également sur quelques autres
Chicoracées. Dans les prairies et suf les pelouses où on le trouve
en masse, le parasite n'attaque aucune autre plante que le
(4) Botan. Zeit., 4858, Beil., p. 96; Ueber Chytridium und Rhizidium ; À. Braun,
Monatsber. d. Berlin. Acad., juin 1855, décembre 1856; Abhanñdl. dér Acad,
4855, p. 21; Schenk, dans les Verhandl. d. physic. medic. Gesellsch. Würzb:, Beil.
VIIT, p. 235, 246 ; Schenk, Ueber d. Vorkomm. contractil. Zellen im Pflanzenreiche,
Würzb., 1858. — D'après les observations de Kloss, Ciencowsky et Schenk, le mode
de perforation de l’épiderme par les spores des Chytridinées est tout à fait semblable
à celui que nous avons décrit pour ie Synchytrium.
(2) D’après A; Braun (Berlin. Monatsb., 1856, p. 588, n° 591), on n'a trouvé jus-
qu'à présent les cellules stables que chez le Chytridium anatropum et le Rhizidium
mycophilum, et encore dans ces derniers les transformations de ces cellules n’ont pas
été observées.
SUPPLÉMENT A L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 299
T'aracæacum. 1 y a des raisons pour supposer, au contraire, que
le Synchytrium Taraæaci n’est pas la seule espèce du genre, et,
en effet, nous pouvons en citer une seconde, le Synchytrium
Succisæ. Cette dernière espèce fut trouvée, en 1852, dans un
pré humide, aux environs de Berlin, sur les feuilles et la tige
du Succisa pratensis, mais nous avons vainement cherché à le
retrouver. La description du parasite vivant et les dessins faits
d'après nature, en 1852, montrent une parfaite analogie entre
les sores et les sporanges de cette espèce et ceux de S. Taraæaci.
La même analogie existe entre les cellules stables que nous avons
observées sur des plantes séchées et conservées depuis lors. Mais
les organes de ces deux parasites, ainsi que les cellules épider-
moïdales qu’ils habitent, présentent quélques différences con-
stantes dans les deux espèces. Il importe pourtant de remarquer
que cette question ne peut être complétement résolue que par
des observations sur les individus vivants; nous ne toucherons
pas maintenant à ces détails. Il suffit, quant à présent, de mettre
en avant la raison principale qui nous fait croire que le S. Suc-
cisæ et le S. Taraæaci forment deux espèces distinctes : c’est
l'insuecès de nos tentatives pour inoculer les spores du S. Ta-
raæaci Sur le Succisa pratensis.
Le Synchytrium présente un intérêt particulier en ce qu'il
végète sur des plantes terrestres, et ne reste, durant son déve-
loppement, que peu de temps sous l’eau; tandis que tous les
parasites connus jusqu'à présent sous le nom de Chytridium
demeurent constamment sous l’eau.
Il parait, cependant, que le Synchytrium n’est pas le seul
représentant des Chytridinées terrestres, et que le nombre de ces
dernières est au contraire assez grand. Une série d’observa-
tions, pour ainsi dire fortuites, dont nous n’extrairons que les
plus complètes, va nous en donner la preuve.
Arrètons-nous d'abord sur le parasite de l ÆAnemone nemorosa.
que de Candolle a désigné sousle nom de Dothidea Anemones (1),
(1) Fries, Syst. myc., Il, p. 563.2 11 ne peut être décidé si le Septoria Anemones,
cité avec le nom de dé Candolle par Fries, dans « Summa veget. Scand,», se rapporte
260 A. DE BARY ET WORONINE.
et qui est cité, sous le même nom, par Mougeot et Nestler (Crypt.
Vogeso-Rhenan, n° 87), et par Kneïff et Hartmann (Crypt.
Magn. Duc. Badens., n° 188). La même forme se trouve dési-
gnée sous le nom de Sphæria Anemones (1) dans Klotzsch’s Her-
bar. mycolog., n° 847, et sous le nom d’'Urocystis Anemones dans
Jack, Leiner et Stitzemberger’s Cryptogam Badens, n° 51
(du moins dans l'exemplaire de cette collection que nous avons
eu en main). Notre parasite n’a rien de commun avec l'Uro-
cystis, et il n’a qu'une ressemblance tout à fait superficielle
avec le Dothidea et le Sphæria.
Le parasite (pl. 10, fig. 8-16) végète sur tous les organes
de l'Anemone, souvent sur le calice et quelquefois même sur les
jeunes pousses du rhizome, mais principalement sur les feuilles,
les pétioles et les pédoncules de la plante. Il forme à la surface
du végétal de petits tubercules colorés ordinairement en violet
foncé ou presque en noir ; il arrive cependant que ces tuber-
cules sont à peu près incolores. Leur nombre est très-variable,
quelquefois il est si grand, que l’une ou l’autre partie de la
plante en est entièrement couverte. Chaque tubercule con-
siste principalement en une, ou plutôt en plusieurs cellules épi-
dermoïdales, dilatées comme dans le Synchytrium en forme de
sacs. Les parois des cellules affectées présentent ordinairement
peu de changements au dehors, mais leurs parties internes s’en-
foncent dans le parenchyme, et refoulent les cellules voisines en
les soulevant un peu (fig. 8, 9). La forme des cellules est pour la
plupart sphérique; leur membrane épaisse est traversée par de
longs pores; la surface de ces cellules est souvent colorée en
brun, mais reste d'ailleurs parfois incolore. Chez les jeunes
individus ces cellules renferment une seconde cellule de moindre
volume parfaitement semblable aux cellules stables du Synchy-
à la même forme, puisque l’Anemone présente en effet les formes des Septoriæ. Dans
son Syst. mycol., Fries cite ensuite les exemplaires de Mougeot et Nestler, et ceux-ci
présentent à coup sûr la même forme que le Dothidea.
(4) D’après H. Hoffmann, Zadex mycologicus, la centurie correspondante de l’Herbar.
mycolog. n’a pu être consultée dans le moment. Le parasite en question est désigné
également sous le nom de Sphæria Anemones dans Babenhorst (D. crypt. Flora).
SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 261
trium. Elle a une forme plus ou moins sphérique, une enveloppe
incolore et épaisse, enfin un contenu incolore, troublé par une
masse de granules de graisse qui y sont suspendus. Au milieu de
ce contenu on voit souvent un espace rond et transparent
(fig. 8, 10). La cellule qui vient d'être décrite est entourée d'un
réseau de courants protoplasmatiques renfermant quelquefois
dans ses mailles de grosses gouttes de graisse colorées en jaune.
La coloration foncée des tubercules provient non des corps
décrits, mais d’une matière colorante violette dissoute dans le
liquide des cellules épidermoiïdales saines, voisines de celles qui
sont affectées. Dans les périodes avancées de leur évolution, on
trouve ces corps plus volumineux et remplissant presque entière-
ment la cavité des cellules. La membrane de ces corps s’entoure
en même temps d'une croûte épaisse, brune, qui envoie des
excroissances épineuses dans les pores de la cellule épidermoï-
dale. Comme le dernier phénomène s'opère graduellement, on
peut l’observer dans ses différentes phases, et les formes inter-
médiaires montrent clairement que la croûte provient du dessé-
chement du contenu des cellules épidermoïdales.
En observant les parties malades de l’Anémone, on ren-
contre souvent des cellules épidermoïdales qui renferment
évidemment le parasite, sans être pour cela agrandies. Les
cellules du parasite sont naturellement petites dans ce cas, et
leur forme correspond à celle de la cellule épidermoïdale. Sous
tous les autres rapports, les petits individus ne diffèrent en rien
des grands (fig. 10).
C'est sous cette forme qu'on rencontre ordinairement le para-
site, quand l’Anémone se flétrit et meurt spontanément. Une
formation de zoospores, où un autre développement ultérieur
n a pas été observé jusqu'à présent. En raison d’une parfaite
ressemblance entre la structure des corps parasites de l’Ané-
mone et celle des cellules stables du Synchytrium, attendu,
comme nous le verrons plus loin, que cette forme doit être con-
sidérée comme correspondant à l’état de repos du parasite
(dont les organes reproducteurs correspondant aux zoosporanges
doivent être cherchés à l'époque où la plante déploie ses feuilles
262 A. DE BARY ET WORONINE.
etses pédoncules), nous nous croyons autorisés de donner à cette
forme le nom provisoire de Chytridium ? Anemones.
Une autre observation à mentionner ici se rapporte à une
forme parasite qui envahit le Taraxacum en même temps que le
Synchytrium, {orme parasite que nous avons vue quelquefois et
à laquelle nous donnerons le nom de Chrytridium (Olpidium)
simulans. Les sporanges de ce parasite (pl. 10, fig. 41-16) sont
renfermés dans des cellules qui, pour la plupart, conservent leur
iorme et leur grandeur primitives (fig. 41, 14); quelquefois
cependant elles sont dilatées (fig. 12, 18). Une cellule épider-
moïdale renferme ordinairement un seul sporange, qui la remplit
entièrement. Dans le cas où il en existe deux ou plusieurs dans
une même cellule, les corps du parasite se rejoignent l’un à l’autre
par leurs surfaces aplaties (fig. 14). L’enveloppe des sporanges
est incolore et si tendre, qu'au premier aspect, on ne peut la
distinguer que difficilement de celle de la cellule épidermoïdale,
à l'endroit où les cellules se touchent. Il est clair, d’après ce qui
vient d'être dit, que la surface du sporange ne présente pas ici ces
fils ramifiés qui jouent, pour ainsi dire, le rôle de racines et carac-
térisent plusieurs espèces voisines. Les sporanges en question pos-
sèdent."à l’endroit où ils adhèrent à la membrane de la cellule
épidermoïdale, une ou plusieurs (chez les grands individus }
(fig. 11 a) excroissances de forme cylindrique ou arrondie, qui
perforent la paroi de la cellule, mais dépassent à peine la surface
de cette dernière ; donc la longueur de ces excroissances est à
peu près égale à l’épaisseur des parois de la cellule épidermot-
dale. Si l’on examine des fragments d’épiderme en face, ces
excroissances apparaissent sous forme de corps ronds, à doubles
contours (fig. 11-15). Ils ont le même aspect trouble que les
longs cols de Chytr. entophyllum À. Br., et d’autres semblables
espèces du genre Chytridium.
Le contenu des sporanges est incolore, demi-transparent, gra-
nuleux (fig. 12), et renferme souvent une multitude de vacuoles.
L'apparition des dernières semble être toujours l'indice de la for-
mation des zoospores ; mais nous n'avons pas pu nous en convaincre
définitivement. Pendant la formation des zoospores, observée par
SUPPLÉMENT À L' HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 263
nous sur quelques individus plongés dans l'eau, le protoplasma se
divise en petites fractions entourées d’une membrane très-déliée,
les cols s'ouvrent et le contenu divisé sort par leurs ouvertures.
Une fois nous avons vu les spores sortir par deux cols à la fois.
L'évacuation du sporange s'effectue rapidement. Les zoospores
sont des corps incolores, d’une forme le plus souvent elliptique,
quelquefois sphérique ; leur grandeur moyenne est de 1/200° de
millimètre. A l’une de leurs extrémités on voit ordinairement une
petite tache réfractant la lumière plus fortement que le reste du
corps, et à côté de celle-ci (il nous a été impossible, à défaut de
matériaux, de préciser la chose plus nettement) deux cils diver-
gents (fig. 16). Les mouvements très-viis des zoospores consis-
tent en rotation ou translation rectiligne ; les mouvements sacca-
dés des autres Chytridmées leur manquent. La pénétration de ce
parasite dans la plante, ainsi que les premiers degrés de son
évolution, enfin ses cellules stables, n’ont pas été observés jusqu'à
présent. La présence simultanée de deux formes parasites sur
une seule et même plante (le Taraxacum) pourrait faire croire
que les zoosporanges récemment décrits ne sont que desorganes
particuliers du Synchytrium. Nos expériences ne confirment
cependant pas cette manière de voir, et d’abord, puisque l’ino-
culation du Synchytrium ne nous a jamais fourni de forme
pareille au parasite décrit, nous le considérons donc comme le
représentant d'une espèce particulière. Les propriétés de ses
zoospores, bien que des recherches minutieuses manquent
encore, font même présumer que ce parasite appartient à un
genre distinct du Chytridium.
La troisième forme à mentionner ici se rapporte à une espèce
qui végète sur la terre,et ne peut par suite de cela être regardée
comme parasite. On pourrait nommer cette forme Chytridium
roseum (section Rhizophydium Schenk) (pl. 40, fig. 17-90).
Elle fut trouvée, en 1862, sur des pois à fleurs remplis de ter-
reau et tenus humides pendant plusieurs semaines. La surface de
la terre était cà et là colorée en rose, et déjà à l’œil nu on pou-
vait voir que cette coloration était due à une masse de granules
roses qui, au microscope, se montrèrent être des sporanges. Ces
961 A. DE BARY ET WORONINE.
sporanges à l’âge mür sont grands de 1/45° de millimètre, mais
ils sont aussi de moindre dimension, et quelquefois même ils
n'atteignent que la grandeur de 1/300° de millimètre. Ils sont
composés en majeure parte d'une cellule plus ou moins sphé-
rique (quelquefois ovale ou claviforme), qu’on doit nommer son
corps. Chez les petits mdividus, ce corps ne porte qu’une seule
excroissance (les grands en ont plusieurs disposées sans aucun
ordre), en forme de col cylindrique ou conique élargi à son
extrémité extérieure (fig. 17, 18 a).
Le corps en question est rempli d'un protoplasma finement
granulé et coloré en rose vif. Son enveloppe est une membrane
dure, glabre et incolore chez les petits individus, jaunâtre et
parsemée d’une masse de petits points transparents (comme des
piqûres d’épingle) chez les grands.
La membrane enveloppe exactement le protoplasma du corps,
de sorte même que ce dernier est séparé des cols mentionnés
plus haut par des cloisons convexesà l'extérieur. Chacun des cols
est couvert sur les côtés d’une membrane qui se continue dans
celle du corps ; mais la première est ordinairement moins épaisse
que la seconde. A l'extrémité du col, la membrane est béante et
l'ouverture laisse voir une goutte gélatineuse d’un aspect trou-
ble, remplissant le col en guise de bouchon (fig. 17, 18 a). La
surface du sporange porte quelquefois, outre les cols, des fils
cylindriques, tubuleux et transparents, environ deux fois plus
minces que les cols. Leurs parois sont souvent à l'état de colla-
bescence (fig. 17). Nous les avons trouvés quelquefois aussi
longs que le sporange même, et encore dans ces cas ils étaient
toujours rompus.
En mettant un sporange dans l’eau, on peut immédiatement
observer le développement des zoospores. Le protoplasma se
divise de la même manière que chez le Synchytrium ; sa colora-
tion perd de sa vivacité et prend une teinte brun rougeätre
(fig. 18 b). La masse des zoospores nouvellement formées se con-
tracte ; la cloison qui sépare le col du corps devient concave ; la
masse gélatineuse remplissant les cols disparait; enfin, on voit
se former au milieu de la cloison une petite ouverture par
SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 9265
laquelle les zoospores se dirigent dans les cols une à une ou deux
à deux : ici elles demeurent un instant immobiles, pour commen-
cer ensuite les mouvements saccadés des Chytridinées (fig. 18 c).
Lesspores ont une forme sphérique et une grandeur de 1/300° de
millimètre ; leur structure paraît être celle de la plupart des Chy-
tridinées. À l'endroit d’où naît le cil, le protoplasma est plus épais
et sa couleur plus foncée ; il renferme, en outre, un petit corps
arrondi plus réfringent et pareil au grain luisant de la plupart
des spores des Chytridinées, mais il est moins apparent que
celui-ci (fig. 19).
Les mouvements saccadés des spores ne durent pas plus d’une
heure. Placées sur le porte-objet dans une goutte d’eau, et exa-
minées au microscope, elles finissent par tomber au fond et se
meuvent alors, rampant comme des Amibes et traînant après
elles leurs cils. En même temps elles augmentent de volume.
Quelques heures plus tard elles sont déjà immobiles ; leur corps
prend une forme sphérique, les contours deviennent distincts ;
quelques-unes commencent même à émettre des excroissances
filformes. |
Plus tard, à peu près dix-huit heures après leur sortie, les spores
cultivées sur le porte-objet augmentent encore de volume (de
à à A iois de leur volume primitif), et laissent voir quelques glo-
bules au milieu d’un protoplasma homogène. Le corps pousse
des saillies filiformes et ramifiées, tantôt d’un seul côté, tantôt
de deux {fig. 20).
À cette époque, toutes les zoospores conservées sur le porte-
objet périssaient ordinairement, même celles qui avaient été ino-
culées aux Algues vivantes ou mortes (OEdogonium, Oscillaria).
Mises en contact avec les Algues, les zoospores devenues immo-
biles rampaient sur la plante, poussaient leurs saillies, mais ne
se fixaient jamais, c'est-à-dire ne perforaient jamais la surface
de la plante.
Les phénomènes du développement de cette espèce n’ont pas
été étudiés plus loin. Cependant il est bien probable que le
corps sphérique formé par la zoospore se développe à son tour
en sporange. Une partie des excroissances filiformes se changent
266 A. DE BARY ET WORONINE.
peut-être en cols, leur bout effilé périt, et la base prend alors la
structure décrite plus haut. Le reste des excroissances pourrait
se transformer en poils transparents qui sont attachés aux spo-
ranges mûrs.
SUPPLÉMENT A L'APPENDICE.
Le Synchytrium Taraxaci a été inséré par nous dans les édi-
tions de M, Rabenhorst : 4° Die Algen Europa’s, cahier. dou-
ble, déc. 57 et 58, n° 1579, Dresden, 1863 ; »° Fungi euro-
pæi eæsiccali, editio nova, series secunda, cent. VIE (1864),
n° 698.
EXPLICATION DES FIGURES,
PLANCHE 9.
Synchytrium Taraxaci.
Fig. 4. Sore sphérique mür, détaché de la plante. (Le dessin est un peu réduit sur un
grossissement de 190.)
Fig. 2. Sore mür allongé, renfermé dans une cellule épidermoiïdale dilatée d’un pédon-
cule du Taraxacum. Le sore remplit complétement la cavité de la cellule, de sorte
que sa membrane est indistincte, (Gross. 490.)
Fig. 3. Contours des sores mürs, contenant de 2 à 7 cellules. (Gross. 190.)
Fig, 4, Sporanges mûrs, tirés d’un sore vigoureux. (Gross. 190 ; le dessin est cepen-
dant un peu agrandi.) )
Fig. 5 a. Sporange mür après un séjour d’une demi-heure dans l’eau. Le protoplasma,
\ us transparen S gre ë TÉ or s anguleux sépa-
devenu plus transparent, montre les granules agglomérés en groupes angul ép
rés entre eux par des interstices transparents,
Fig. 5 b. Même sporange, une heure et demie plus tard. Les groupes granuleux sont
réunis en grains rouges d’un volume plus grand, distribués symétriquement dans un
protoplasma incolore. Dans cet état le sporange mourut. (Gross. 390.)
Fig. 6. Sporange de moindre volume, pendant la formation et l'évacuation des z00-
spores (Gross. 390). a, formation des zoospores par voie de division récemment ter-
minée. La membrane commence à se gonfler aux deux angles. — D, peu de temps
après. La masse des zoospores est refoulée sur elle-même. Le gonflement de la mem-
brane est plus marqué. — c, zoospores s’échappant par l’un des angles gonflés de la
cellule (quelques minutes plus tard que b).
SUPPLÉMENT A L’HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 267
Fig. 7, Zoospores tuées par une solution très-diluée d'iode. (Gross. un peu au delà de
_ 390.)
Fig. 8. Formes successives d’une z00spore rampant comme une Amibe, (Gross, de la
fig. 7.)
Fig. 9. a,zoospore exceptionnellement grande ; b-d, sa division en deux spores de
volume normal ; division accomplie. (Gross. 390.)
Fig. 10. Spores de forme et de volume anormaux à l’état de repos. (Gross, 390.)
Fig. 11. Fragments d’épiderme d’une feuille humectée d’eau contenant des zoospores
seize heures après l’inoculation. On voit sept spores immobiles ; la plus grande
partie de leur corps reste encore à la surface de l’épiderme; dans le dessin elle est
représentée par des figures rondes et contient un protoplasma tantôt tout à fait trans.
parent, tantôt trouble et renfermant une ou plusieurs vacuoles. Les sept exem-
plaires renferment encore un ou deux grains rouges. Tous présentent une petite
saillie remplie de protoplasma poussée dans l'intérieur de la cellule. Cette excrois-
sance est représentée par un cercle à l'intérieur auprès .des contours de la spore,
(Gross. près de 700,)
Fig. 42. Fragment de la base d’un jeune poil (pris sur l’exemplaire de la fig. 44),
qui montre en profil la perforation de l’épiderme par la spore. (Gross. près de 700.)
Fig. 43. Fragment d’épiderme de la même feuille qui est représentée dans les fig. 44
et 12, mais vingt-quatre heures après l’inoculation. a, spore qui s’est fixée, mais n'a
pas encore perforé l’épiderme; b, spore dans le même état que dans la figure 11 ;
en cet en d, l'entrée de la spore est presque terminée. La plus grande partie se
trouve déjà à l’intérieur de la cellule, tandis que l’autre, contenant encore en c un
granule rouge, reste à sa surface, (Gross, environ 700,)
Fig. 14. Fragments d’une autre jeune feuille quarante-huit heures après l’inoculation.
(Gross. 720). a, b, spores qui se sont fixées, mais n’ont pas encore perforé l'épi-
derme. En b, le grain rouge a déjà disparu ; en c, d, au milieu de la cellule épider-
moïdale, se trouve un corps arrondi (globule primaire) consistant en un protoplasma
granulé. À la surface de la cellule, en c et en d, on voit encore une partie de la spore
qui n’a pas pénétré à l’intérieur de la cellule; en €, on voit (par en haut), sous forme
d’un point, Le cordon qui perfore la membrane,
Fig, 15 et 16. Fragments d’épiderme de la nervure médiane d’une feuille, Le septième
jour après l’inoculation du Synchytrium (Gross. 390). La membrane de la cellule
épidermoïdale est représentée par une seule ligne. Le contenu n’est pas dessiné,
Dans la figure 45 on voit trois cellules épidermoïdales dilatées ; l’une d’elles ren-
ferme deux globules primaires, les autres n’en renferment qu'un.
La figure 16 montre deux cellules semblables. La troisième s’est dilatée plus forte-
ment à l’intérieur, et son globule est plus grand que les autres. a représente la paroi
externe de la cellule ; ses parois latérales se trouvent placées sous les cellules voi-
sines.
Fig. 17. Épiderme de la nervure médiane d'une feuille détachée d’une plante de
Taraxacum non cultivée. La cellule occupant le milieu est dilatée et renferme un
jeune globule primaire du Synchytrium, suspendu dans le réseau du protoplasma.
(Gross. 390.) À ù
268 A. DE BARY ET WORONINE.
Fig. 18. Fragment d'épiderme pris sur un pédoncule de Taraxacum à peine déve-
loppé (Gross. environ 200). Des deux cellules épidermoïdales, fortement dilatées,
l’une renferme un globule primaire beaucoup moins développé que l’autre; les deux
globules sont entourés de courants protoplasmatiques.
PLANCHE 10.
Fig. 1-7. Synchytrium Taraxact.
Fig. 1. Fragment d’épiderme du pédoncule, montrant six cellules dilatées qui ren-
ferment de jeunes cellules stables. Ces dernières diffèrent des jeunes sores par leur
contenu incolore et trouble. Une de ces cellules (a) est déjà recouverte d’une mem-
brane. (Gross. 190.)
Fig. 2 et 3. Fragments d’épiderme d’une feuille épanouie. Une cellule fortement dila-
tée renferme une cellule stable presque müre. (Gross. 190.)
Fig. 4. Cellules stables müres. (Gross. 490.)
Fig. 5. Cellule stable desséchée depuis longtemps, mise pendant dix jours sur de la
terre humide. Le contenu est granuleux, d’un rouge éclatant ; la couche externe
brunâtre de la cellule s’est détachée. (Gross. environ de 300.)
Fig. 6. Cellule stable dans laquelle les zoospores commencent à se développer (Comp.
pl. 1, fig. 5 b, et 6).
Fig. 7. Zoospores sorties d’une cellule stable. (Gross. 320.)
Fig. 8-10. Chytridium? Anemones.
Fig. 8. Épiderme du pétiole de l'Anemone nemorosa.|La cellule qui se trouve au milieu
(elle n’est indiquée que par un trait sur le dessin) est dilatée à l’intérieur en guise de
: sac, et renferme une cellule stable à moitié développée au milieu des courants proto-
plasmatiques. (Gross. 390.)
Fig. 9. Croquis de la coupe transversale du pédoncule de l’Anemone nemorosa, avec
deux cellules épidermoïdales dilatées qui avaient renfermé des cellules stables. Les
exemplaires sont moins grands que ceux de la figure 8. (Gross. 1490.)
Fig. 10. Épiderme détaché de la base d’un pétiole adulte. Dans une cellule de grandeur
presque normale on voit une cellule stable du parasite. (Gross. 190.)
Fig. 41-16. Chytridium simulans, dans l’épiderme des nervures des feuilles du
Taraxacum. (Gross. 300-390.)
Fig. 11. Deux cellules épidermoïdales à peine dilatées, contenant chacune un spo-
range qui la remplit entièrement. a possède trois cols; l’autre en a un. En 6, corps
ovoide à l’intérieur d’une cellule épidermoïdale; peut-être un jeune sporange du
parasite.
Fig. 12-13. Sporanges dans l’intérieur d’une cellule épidermoïdale fortement dilatée.
La figure 42 montre plusieurs petites vacuoles dans le protoplasma. a, enveloppe
d’un sporange évacué.
Fig. 44. Contours d’une cellule épidermoïdale renfermant sept sporanges placés à
côté l’un de l’autre.
SUPPLÉMENT À L'HISTOIRE DES CHYTRIDINÉES. 269
Fig. 45. Membrane propre du sporange évacué, ne remplissant pas complétement la
cavité. de la cellule épidermoïdale. h, col béant ; p, trois globules granulés à l’inté-
rieur du sporange, peut-être des zoospores réduites à l’état de repos.
Fig. 16. Zoospores dessinées pendant leurs mouvements; les cils sont plus marqués
sur le dessin qu'ils ne l’étaient en réalité.
Fig. 17-20. Chytridium roseum.
Fig. 17. Sporange mür muni d’un côté de deux cols, et de l’autre d'un filtransparent :
l'extrémité est rompue. (Gross. 190.)
Fig. 148. Exemplaire plus petit, à un seul col. a, sporange mûr avant sa division;
b, formation des zoospores par voie de division. La masse des zoospores est contrac-
tée. c, la sortie des zoospores. (Gross. 190.)
Fig. 19. Zoospores. (Gross. 390.)
Fig. 20. Zoospores réduites à l’état de repos et sur le point d'évolution ultérieure,
dix heures après leur sortie du zoosporange. (Gross. 390.)
PRODROMUS
FLORÆ NOVO-:GRANATENSIS
ou
ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE LA NOUVELLE-GRENADE
AVEC DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUVELLES,
Par MM. J. TRIANA ET J. E. PLANCHON
SELAGINELLEZÆ.
Auctore Alexander BRAUN.
I. — SELAGINELLA.
(Spring, in Regensb. bot. Zeit., 1838, 1, p.148; Monograph. Lycopod.,
IT, 1848, p. 52.)
Macrosporangia 4-spora, rarius 2- vel 8-spora. Microsporan-
gia polyspora. Macrosporæ et microsporæ rotundato-tetraedricæ.
À. Homotropæ (Homæophyllæ Spring). Folia homomorpha, undique directa.
(Habitus lycopodioideus.)
a, PorysricHÆ. Folia polysticha.
« CYLINDROSTACHYæ. Bracteæ polystichæ (desunt in Flora Novo-Gra-
natensi).
B. TETRAGONOSTACHYÆ. Bracteæ tetrastichæ.
À. SELAGINELLA RUPESTRIS Spr., Monogr., Il, p. 55.
Lycopodium rupestre L. var. brevipila À. Br.
Selaginella rupestris & tropica Spr., I. c., ex part.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 271
Ad ripam fluminis Marañon prope Jaen de Bracamoros (Humb. et
Bonpl. in h. Berol.); paramo de Mucuchies et Merida (Moritz in h. Ber.);
Soacha, Bogota, altit. 2600 metr. (Lindig. n. 1593); in Andibus Quiten-
sibus, altit. 627000 ped. (Jameson in h. Hook. ex Spring); prope Soña
(Purdie in h. Hook, ex Spr:.).
Obs. — Différt a forma typica furculis gracilioribus, elongatis, laxius
eæspitosis ! foliis angustioribus, margine ciliis numerosioribus (utrinque
9-10) brevioribus antrorsum diréctis obsitis, mucrone vix piliformi brevi
(vix 1/2 millim. longo) rigido flavescente sublævi terminatis, bracteis
margine dense fimbriato-dentatis, macrosporis quaternis. Forma typica
Selaginellæ rupestris, longe per orbem terrarum, imprimis Americam
Septentrionalem divulgata, folia habet margine ciliis remotioribus longio-
ribus patülis obsita, pilo longiore albo molli grosse dentato terminata,
nec nôn bracteas remotius, et longius ciliatas. Macrosporas in hac ple-
rütque binas observavi, cæterum ut in varietate brevipila luteas densé
sed parum conspicue reticulato-rugulosa.
AbNot.— Sub S. rupestris B tropiea Spr. plures militant varietates, imo
formæ nonnullæ, quæ specierum dignitatem affectant, e. gr. Sel. torti-
- pila À: Br: foliis subintegerrimis, dorso sub apice gibbis, pilo albo lon-
gissimo contorto subdenticulato terminatis, bracteis subintegerrimis,
macrosporis quaternis laxius reticulatis dipicta, quam in Carolina
australi legit Dr. Curtis, in Carolina septentrionali Rugel.
b. TETRASTICHÆ (desunt).
B. Dichotomæ (Heterophyllæ Spr.). Folia tetrasticha, dimorpha, bifariam
expansa. (Habitus jungermannioideus. )
a. CoNTINUZ. Caulis continuus, radices posticæ.
x. TETRAGONOSTACHYÆ. Bracteæ homomorphæ vel subhomomorphæ ,
spicæ tetragonæ.
* Repentes. Surculi prostrati, undique radicantes,
à. SELAGINELLA MICROPHYLLA Spr., l. C., 80, p. 88.
Lycopodium microphyllum Kunth.
Species foliis supra convexis, siccitate deorsum convolutis
valde insignis.
Provincia Popayensis (Humb;,et Bonpl. im h. Berol.) ; Merida (Moritz
in h. Berol.). Choachi, prov. Bogot. (Lindig., n. 1519); Ecuador ad mon-
tem Pichincha (Jameson in h, Boiss.).
272 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (A. ERAUN\).
3. SELAGINELLA CAVIFOLIA À. Br. — Surculi tenelli, re-
pentes, humo adpressi, undique radiculosi, alternatim ramu-
losi, ramulis brevibus simplicibus vel pauci divisis, nonnullis
elongatis surculo primario simihbus. Caulis tenuissimus, a dorso
subcompressus, obscure tetragonus, pleurotropus, antice sub-
sulcatus. Folia pallide viridia, diaphana, subtus albonitentia,
undique dimorpha, paululum distantia vel subcontigua, versus
apices ramulorum imbricata : lateralia postica, subangulo fere
recto patentia, late ovata vel suborbiculata, obtusiuscula, basi
utrinque rotundata, superiore magis dilatata caulem obtegentia,
margine remotiuscule denticulata, supra obtuse carinata et mar-
ginibus elevatis concava, subtus secus nervum late canaliculata,
cæterum convexa. Folia intermedia duplo minora, subdiver-
gentia, recta vel paululum introrsum curvata, suboblique ovata
vel oblonga, basi exteriore deorsum producta, breviter acumi -
nata, denticulata, inde a basi carinata ! Spicæ ramulos breviores
terminantes, ramulorum plano latiores, breves, a dorso sub-
compressæ. Bracteæ subhomomorphæ, posticæ paulo majores et
pallidiores, omnes e basi gibba ovatæ, brevissime acuminatæ,
denticulatæ, obtuse carmatæ; macrosporæ 1/5 mm. vel paulo
ultra crassæ, tuberculis irregularibus minutissimis et confertis-
simis asperæ, luteæ, vertice aurantiacæ. Microsporæ rubræ, ele-
vato-reticulatæ (?).
Salto de Tequendama (Triana); Boqueron, Bogota, altit. 2700 metr.
(Lindig., n. 1511).
Obs. — Selaginella serpente Spr. n° 47, quam habitu æmulatur, tene-
ritate ovariorum partium, colore, foliorum forma et excavatione, ciliarum
elongatarum defectu, nec non macrosporarum indole, quæ in $. serpente
albæ et lævigatæ sunt, valde differt.
ADNOT.— S. serpens Spr. (vera, in hortis passim sub nomine S$. varia-
bilis, mutabilis, argenteæ et jamaïicensis culta), nonnisi insulas Indiæ
occidentalis, Cubam, Jamaicam et St-Domingo incolit ; plantam mexica-
nam herbarii Berol., quam cl. Spring sub $. serpente citat, sub nomine
S. Schiedeanæ (Ind. sem. h. Ber., 1857, app. p. 14) distinxi. Altera spe-
cies mexicana, hucusque cum S$. serpente confusa et sub hoc nomine
inter plantas Sartorianas et Schaffnerianas a cl. Schultz Bip. distributa,
est S. saccharata À. Br., quæ, præter alias notas, surculis fructiferis
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 273
adscendentibus, foliis lateralibus acutiusculis, intermediis basi tantum
ciliatis et utrinque auriculatis, præsertim vero macrosporis et microspo-
ris dense et irregulariter tuberculatis, quasi saccharo obductis, distingui-
tur. Huic denique proxima est $S. delicatissima À. Br., Znd., 1. c., p. 43;
Ann. des sc. nat., 1. c., 60. Cujus patria ignota est et quæ per decennium,
fere in horto bot. culta fructificationem nondum protulit.
h. SELAGINELLA TRUNCATA À. Br., Znd. sem. h. Berol., app.,
p. 15; Ann. sc. nat., h° série, t. XII, p. 65, in adnot. ad
S. Breynii. — Surculi solo arcte adpressi, radiculis teneris
affixi, laxe ramosi, ramis erecto-, inferioribus subhorizontaliter
patentibus, pauciramulosis. Caulis a dorso compressus, facie
bisulcatus medio et margine carimatus, dorso convexus et (sicci-
tate) leviter exaratus. Folia undique dimorpha et dense conferta,
subcontigua, versus apicem surculorum imbricata, atroviridia,
subtus subaureo-nitentia ; lateralia postica, rectangule patentia,
planum horizontale vel supra concaviusculum 8-10 mm. latum
formantia, lineari-oblonga, antce latiora, truncato-rotundata,
obiusissima, margine anteriore infra medium denticulis longio-
ribus instructa, cæterum minutissime serrulata, margine poste-
riore basi cils paucis instrueta, dein subintegerrima, apice
minutssime denticulata, basi oblique adnata, antice dilatata et
rotundata, caulis dorsum tegentia ; intermedia triplo minora,
adpressa, plana, vix nervo carinata, apicibus convergentia,
oblique ovata, brevissime acuminata, obtusa, albo-marginata,
latere exteriore rotundato basi breviter ciliato superne denti-
culato, mteriore leviter curvato denticulato. Spicæ ramos ramu-
losque terminantes, nonnunquam geminatæ, ramulorum plano
quadruplo angustiores. Bracteæ ovato-triangulares , acutius-
culæ, denticulatæ, carmatæ, carina superiorum aspera. Micro-
sporæ rufescentes, 4/33 mm. crassæ, remote tuberculatæ,
macrosporæ albæ, 4/4 mm. crassæ, laxe et subreticulatim ru-
gOs0-exasperatæ.
Bogota (Karsten, h. Bcrol.); prov. Bogota, Susumuco, alt. 1000 metr.
(Triana).
Ab affini S. Breynii Spr., |. c. 64, p. 119, facile distinguitur foliis
5€ série. Bor. T. III, (Cahier n° 5.) 2 18
27 4. FRIANA EF J,-E. PLANCHON (A. BRAUN).
lateralibus apice truncato-rotundatis, folüis intermediis brevissime et
obtusiuscule acuminatis, nec aristatis. S. Breynii hucusque in Guyana
et Brasilia tantum observata est; quæ sub hac specie a cl. Spring, in Cor-
dilleris chilensibus citatur (Lycopodium atrovirens Presl.), foliis latera-
libus basi superiore auriculatis, intermediis basi oblique cordato-auricu-
latis a planta genuina difiert et S. campylatis nomine distinguatur.
5. SELAGINELLA CALOSTICHA Spr., |. C., 145, p. 206.
In provincia Caracas, altit. 5000 ped. (Funck. et Schlim., coll. Linden.
n. 3321). |
À Selaginella jungermannioide Spr., L c., 62, p. 117, cui valde
similis est, præter folia lateralia non ciliata, præsertim caule dorso carina
mediana instructo differt, quamobrem in Springii monographia contra
rectum naturæ locum ab illa remotissimum tenet. Alteram e contubernio
Selaginellæ jungermannioidis speciem caule dorso carinato gaudentem in
Peruvia prope St-Gavan detexit Lechler (coll. Hohenacker, 2405), S. appla-
natam À. Br., quæ folüs lateralibus, ciliatis a S. calosticha differt et
S. jungermannioidi propius accedit; tertiam his affinem, cui nomen
S. Homaliæ propter similitudinem quandam cum Æomalia trichoma-
noide imposui, el. R. Spruce prope Panure, ad rio Uaupes legit (n° 2534).
** Adscendentes. Sureuli plus minusve eriguntur, radices ex inferiore
parte demittentes, plerumque a basi ramosi.
6. SELAGINELLA CHRYSOLEUCA Spr., |. C., 137, p. 197.
Selaginella Sprucei Hook., Select. cent. of Ferns, t. 83.
Obs. — In herbario Berolinensi sub nomine imedito S. platystichæ
Klotzsch specimen unicum a cl. Karsten prope Puerto Cabello lectum
asservatur,.quod non sine dubio pulcherrimæ huic speciei adnumero.
Planta Karsteniana omnibus partibus paulo minor est quam genuina in
Peruvia à d’Orbigny et Spruce lecta, lætius colorata, subtus albo-nitens ;
folia lateralia paulo breviora, 6 millim. longa (in planta genuina 7-9),
intermedia ovata, vix acuminata, parallele biseriatim imbricata (in plant.
gen. evidentius acuminata, conniventia). Spicarum rudimenta, quæ
adsunt, lateralia. An species propria ?
7. SELAGINELLA SPECIOSA À. Br. — Priori simillima, sed spe-
ciosior, subtus aureo-bombyemo-nitens. Folia lateralia 10 mm.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 245
longa. Folia intermedia, quæ in S. chrysoleuca subæquilatera
sunt, in hac specie maxime inæquilatera, latere exteriore semi-
orbiculari, mteriore semilanceolato, longe cuspidata. Spicæ im
ramis elongatis terminales et laterales apici approximatæ, gemi-
natim vel ternatim congestæ, nec omnes laterales et ab apice
remotæ, ut in præcedente.
Bogota (Triana).
ApNoT.— In contubernium Selaginellæ chrysoleucæ præter hanc perti-
nere videtur S. bombycina Spr., 130, p. 191, quæ secundum descriptio-
nem auctoris habitu caulescente, ramis pinnatim ramulosis, foliis latera-
libus basi superiore, intermediis basi exteriore ciliatis distinguitur.
$, articulata Spr., 149, p. 211. Statura quidem similis est, sed caule
articulato, radiculis anticis et spicarum indole longe diversa est.
8. SELAGINELLA INCRESCENTIFOLIA Spr., |. €., 52, p.106, ex p.;
Mett., Fil. h. Lips., p. 123; À. Br., End. sem. hort. Ber., 1. c.,
p.16; Ann. sc. nat., L° sér., t. XIE, p. 69. :
Pichincha (Jameson, h. Hooker) ex Spr., IL. c.; Venezuela (Kunze, /nd.
Fil, in hort, cult.), |
Equidem specimina spontanea hujus speciei non vidi. CI. Spring hanc
et sequentem speciem commiscuit, hine loco natalia, quæ indicat, ambi-
gua sunt. Planta d'Orbignyana e Bolivia, quam sub hac specie citat,
speciminibus authenticis examinatis, varietatem angustifoliam sequentis
speciei sistit, Planta inde ab anno 1848 (sec. Kunze) in hortis culta et a
me Î. c. descripta, de cujus patria et introductione nihil certi habeo, inter
species hujus generis quam maxime singulares pertinet, quippe quæ sola
inter cognitas bulbillis propagetur. Rami ramulique inferiores, nec non
superiorum nonnull, flagelli instar attenuantur in prolongationes fili-
formes tenuissimas foliis minimis remotis obsitas et apice denique in bul-
billes minimos (1-3 millim. crassos) subglobosos foliis squamiformibus
minimis vestitos intumescunt. Imo spicæ nonnumquam ex apice hujusce
modi bulbillos, pedunculo cernuo insidentes, emittunt. Surculi tot:
quotannis emoriuntur, bulbillis solis hiemem perdurantibus. Bractesæ, ut
in sequente, subdimorphæ, ex ovato longe acuminatæ, margine ciliato-
denticulæ, superiores carina acutiore elevata instructæ. Sporas bene ma-
turatas nondum vidi. Præter bulbillos a sequente specie fohis lateralibus
tinerviis, argute denticulatis, sed vix ciliatis, tuto distinguitur.
976 3. URIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).
9. SecaGinertaA ciLIATA À. Br., Ind. sem. h. Ber., 1. c., p. 16;
Ann. se. nat., h° sér., t. XI, p. 68.
Lycopodium ciiatum Willd., Sp. pl., V, p. 38 (non Desv.).
Lycopodium Novæ-Hollandie Sw., Syn. Fil., p. 18h et 110.
Selaginella Novæ-Hollandiæ Spr., 1. c., 147, p. 208.
Selaginella increscentifolia ejusd. |. c., ex part.
In devexo Andium Quitensium, altit. 1000 metr. (Francis Hall. in
herb. Kunth. nunc Berol. et Jameson in herb. Boiss.), Paime, Chimbe et
Villeta, altit. 41-4400 metr. (Lindig., n. 1517). (In Costa Rica quoque
legit C. Hoffmann, h. Ber.).
Obs.— Species tenella, rigidiuscula, parvifolia, a simili præcedente præ-
sertim foliis lateralibus, margine anteriore longius ciliatis et propagandi
more distincta. In speciminibus spontaneis stolones filiformes elongatos
ex infima caulis parte progredientes vidi, in planta hortensi a cl. de War-
scewicz e Nova Granata introducta (S. Warscewiczii Klotzsch in h. Ber.),
cæterum cum planta spontanea congruente, propagula breviora cylin-
drica vel clavato-incrassata, carnosa, e carneo rufescentia ex apice ramo-
rum superiorum vel inferiorum orta, rarius stolones paulo longiores e
ramis infimis progredientes, sed mox simill modo incrassatos observavi.
Microsporæ (sec. specim. Lindigiana) rubræ 1/40-1/30 millim. crassæ,
læves vel vix granulatæ. Macrosporæ lacteo-albæ, 1/5-1/4 millim. crassæ,
reticulato-tuberculatæ.
10. SELAGINELLA MOLLIS À. Br. — Similis S. cihalæ, a qua
differt surculis flaccidioribus, in eodem plano bipmnatim ramo-
sis, Circuitu anguste lanceolatis, plumæfornubus ; caule mol-
liori, ad basin usque sulcato ; foluüs mollioribus, lateralibus vix
inæquilateris, in caule primario latioribus, late ovatis, brevis-
sime et obtusiuscule acumimatis, in ramis ramulisque e contrario
angustioribus, omnibus utroque margine reflexis, 1ta ut ciliæ la-
teris anterioris immarginati retrorsum versus nervum medianum
folii dirigantur ; porro folüs imtermediis latioribus, basi exteriore
minus longe productis, angustius marginatis, brevius denticu-
latis. Stolones filiformes e parte infima caulis, nec non rami
infimi nonnulli apice in stolones excrescentes, ut in S. ciliata ;
spicæ breves, ramulorum plano non angustiores. Bracteæ anticæ
et posticæ magnitudine æquales, sed posücæ pallidiores.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 277
In provincia Ocana, altit. 4000-6000 ped. (Schlim., n. 1029 in coll.
Lindeniana h. Boiss.).
*** Caulescentes. Surculi°e basi stolonifera erecti, inferne simplices,
superne flabellatim ramosi frondem compositam stipitatam for-
mantes, Folia in stipite homomorpha.
A1. SELAGINELLA SPRUCEI À. Br. (non Hook.). — Sureul elati,
erecti,alte stipitati, superne in frondem oblongam, laxe bipin-
natam, ad basin subtripmnatam expansi (basi stolontfer1?). Stipes
ulirapedalis, validus, 4 mm. et ultra crassus, strammeus, go-
notrope obtuse tetragonus ; in rhachide et ramis frondis caulis
angulo dorsal depresso pentagonus evadit, supra bicanalicu-
latus. Rami frondis utrinque 6-7, erecto-patentes, utrmque 7-9-
ramulosi. Folia in stipite subhomomorpha, adpressa, squamifor-
mia, ovata, breviter acuminata, apice denticulata, altero mar-
gine prope basin, altero ultra medium ciliis tenuissimis elongatis
unicellularibus barbatula. Folia frondis heteromorpha, supra
saturate viridia, subopaca, subtus albo-nitida, in rachide remo-
tiuscula, in ramis ramulisque contigua, demum imbricata et
versus apicem ramorum vix decrescentia : lateralia postica,
erecto-patentia, 6-7 mm. longa, oblongo-lanceolata, subfalcato-
incurva, acutiuscula, superne subæaquilatera, a basi ad tertiam
longitudinis partem aatice in alam membranaceam albo-hyali-
nam cilis tenuissimis elongats barbatulam et caulis dorsum
tegentem dilatata, cæterum margine anteriore tenuissime serru-
lata, posteriore integerrima et plerumque revoluta, apice minute
denticulata, nervo subtus prominulo, supra subimpresso. Folia
intermedia triplo minora, adpressa, apicibus lateraliter incurvis
conniventia, imo in ramulis decussantia, oblique ovata, valde
inæquilatera, latere scilicet exteriore angustata, basi oblique
adnata (non producta), breviter acuminata, præter apicem den-
ticulatum integerrima, supra basin exteriorem cils nonnullis
barbata, dorso nervo incurvo obtuse carinata. Frucüficatio
ignota.
In Andibus Ecuadorensibus (Spruce, n. 4780, sub nomine S. flabel-
latæ, h. Boiss.), ŒISE *
9278 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).
Descriptio ad specimen unicum, sterile. Planta speciosa, quæ habitu
et characteribus medium tenere videtur inter S. bombycinam et flabel-
latam, a priore præter surculos evidentius caulescentes et frondiformes
præsertim foliis intermediis breviter acuminatis (nec aristato-cuspidatis),
ab ulteriore ramificatione laxiore, ramulis vix decrescentibus, foliis late-
ralibus longioribus minus rigidis antice versus basin membranaceo-alatis
et ciliis longioribus et tenuioribus instructis distincta.
12. SELAGINELLA FLABELLATA Spr., L. €., 115, p. 175.
Lycopodium flabellatum L.
Rio Cuello Mariquita (Linden, coll. n. FM re ds ); Panama
(h. Hooker, ex Spr.); Tovar (Fendler, P/. Venez. Lu Venezuela (coll.
Funk et Schlim, n. . 57).
Species per Americam meridionalem et Indiam occidentalem latius
divulgata, valde polymorpha. Specimina Fendleriana varietatem pro-
priam sistunt (S. flab. var. latifrons AL. Br.), frondis amplitudine et
foliorum magnitudine insignem. Hæc folia lateralia, hæc angustiora ovato-
lanceolata, minus acutata, usque ad 8 millim. longa, in ramulis
ultimis ad 4 millim. decrescentia (in forma typica 3-4 millim. longa, ad
2 millim. decrescentia); intermedia latiora, brevius acuminata, plana,
nervo vix ad apicem subcarinato. Spicæ angustæ, 2 millim. latæ. Micro-
sporæ (ut in forma typica) ochraceo-fuscæ, 1/33 millim. crassæ, verrucis
sparsis exasperatæ. Macrosporæ albæ, 1/4-1/3 millim. crassæ, evidentius
reticulatæ. Planta in hortis culta (/nd. sem. h. Berol., 1. c., p. 18) varieta-
tem laxam humiliorem, minus concinne pinnatam et remotifoliam sistit,
qualem spontaneam hucusque non vidi.
Specimina collectionis Funk et Schlim, n. 57, foliis versus apicem nisi
tenuissime serrulatis transitum ad speciem sequentem, rectius forte cum
S$. flabellata denuo conjungendam, efformant.
13. SELAGINELLA ANCEPs Presl, Abh. d. bœhm. ges. d. Wass.,
UE, p. 581.
Lycopodium anceps ejusd., Rel. Hænk., 1, p. 90.
Selaginella flabellata B expansa Spr., 1. c., p. 175.
Nova Granada (coll. Linden, n. 1004, herb. Boissier); la Vega et Muzo,
altit. 1200 metr. (Lindig. n. 1515) ,/Estrecho, inter Tuquerres et Barba-
coas, altit. 900 metr., et prov. Bogota (Triana). ? |
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 279
Sel. flabellatæ valde affinis, sed foliis lateralibus versus apicem et in
margine posteriore integerrimis, basi superiore in auriculam minutam
productis facile distinguenda. In Peruvia (Lechler, n° 2159) et insulis
Philippinis quoque occurrit.
Ah. SELAGINELLA viricucosA Klotzsch, Flor. Ͼquin. in Lin-
nœæa, XNI, p. 524; Spr., 1. c., 126, p. 186 ; À. Br., Ind.
hort. Ber., 1. c., p. 18 ; Ann. sc. nat., L° sér., t. XIE, p. 75.
Prope Caracas (Moritz, h. Ber.; Goilmer, h. Ber.; Fendier, n. 322) ;
Galipan, altit. 5000 ped. (Linden ex Spr.; Moritz, h. Ber.); la Guayra
(E. Otto, h. Ber.; Gollmer, h. Ber.); Puerto Cabello (Karsten, h. Ber.) ;
Chagres (Sinclair, h. Hooker ex Spr.).
15. SELAGINELLA HARTWEGIANA Spr., !. c., 128, p. 188.
In declivitate Andum prope Nanegal (Hartweg, n° man prope Baños
et ad Pillyhum (Jameson, h. Hooker ex Spr.); Quito (Ded. Cuming,
h. Ber.).
Sel. viticulosæ affinis, sed foliis distantioribus, rigidioribus, lateralibus
longius acuminatis et evidentius falcatis, basi tantum breviter, ciliatis
intermediis basi exteriore auriculatim productis facile distinguenda.
16. SELAGINELLA LEPTOBLEPHARIS À. Br. — Surculi (e basi
repente stolonifera) erecti, in frondem brevius stipitatam, laxius
brpinnatam oblongam basi interruptam expansi. Rachis stricta ;
rami ramulique erecto-patentes. Caulis goniotropus, angulo
antico explanato et subexarato, postico valde obtusato fere hexa-
gonus, angulis lateralibus acute prominentibus anceps. Folia im
basi stipitis homomorpha, adpressa ; superiora dimorpha ; late-
ralia omnino postica, erecto-patentia, recta, ovato-oblonga ;
superiora late lanceolata, paululum inæquilatera, acutiuscula,
basi obliqua obtusa, propter particulam mediam baseos adnatam
specie excisa, margine anteriore ultra medium ciliata, superne
denticulata, margine posteriore versus Dasin ciliata, superne
subintegerrima, nervo recto supra prominulo subtus subsulcato
percussa. Folia intermedia duplo-quadruplo minora, adpressa,
plana, late ovata, subito in aristam laminam æquantem acumi-
nata, utroque margine ültra medium ciliata, versus apicem den-
280 3, TRIANA ET 49.-E, PLANCHON (4. BRAUN).
üculata. Ciliæ foliorum unicellulares, elongatæ, tenuissimæ,
molles et subflexuosæ, passim denticulis minoribus intermixtæ.
Spicæ in ramulis ultimis brevioribus, ramulorum plano duplo
angustiores, bracteis paululum dimorphis, superioribus paulo
longioribus et acutius carmatis, omnibus ovatis, sensim acutatis,
utroque margine remote denticulatis. Microsporæ rufescentes,
1/59 -1/45 mm. crassæ, remoie verruculosæ, macrosporæ luteo-
albæ, 1/4 mm. et paulo ultra crassæ, reticulatim rugulosæ.
Salto de Tequendama (Triana); la Vega, altit. 2400 metr. (Lindig.
n. 1506).
Obs. — Affinis Sel. viticulosæ et Hænkeanæ Spr., a quibus præsertim
differt frondibus rigidioribus, foliis lateralibus rectis, nec falcatis, inter-
mediis longius cuspidatis, bracteis subdimorphis.
17. SELAGINELLA ERYTHROPUS Spr., L. C., 97, p. 155.
Lycopodium erythropus Martius, Zcon. sel, PI. crypt., p. 39,
L20,L8
Tocaima, altit. 400 metr. (Lindig. n. 1510); Guayaquil (Jameson,
h. Hooker; Gaudichaud, h. Deless. ex Spr.); insula Gorgona (Hind,
h. Hooker ex Spr.); Ocana (coll. Schlim., n. 660); bague (Goudot).
Specimina novo-granatensia pleraque hujus speciei, quæ in Brasilia et
regno chilensifquoque occurrit, ad varietatem minorem pertinent. Maxime
speciosa, 1-1 1/2 pedalis, in hortis evadit (/xd. sem. h. Ber., 1. c., p. 18),
et rarius spontanea occurrit. Specimina collectionis Schlim., n. 660, ad
hanc formam majorem pertinent.
18. SELAGINELLA HÆMATODES Spr., L. C., 98, p. 196.
Lycopodium hœæmatodes Kunze, in Linnæa, IX (1834), p. 9, et
Farnkr. in color. Abbild., X, p.61, t. 30.
Selaginella filicina Spr., I. c., 129, p. 489.
Selaginella Karsteniana Klotzsch, ined.
Im provincia Caracas (Funk. et Schlim., coll. Linden, n. 3313 ex Spr.;
prope Guarena, coll. Funk. et Schlim., n. 327; prov. de Carabobo, coll.
Funk., n. 777; Fendler, P{. Venez., n° 461); mter Puerto Cabello et Valen-
cia, altit, 2000-3000 ped. (Linden, n° 327); Puerto Cabello (Karsten);
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 281
la Palma, Muzo, Minas, altit. 700 metr. (Lindig. n. 1509). Susumuco,
Andium Bogotensium, altit. 1000 metr. (Triana).
Species pulcherrima, frondium tripinnatorum amplitudine, colore
caulis roseo-coccineo, foliorum lætissime viridi insignis. In cl. Spring
monographia bis describitur, primo loco inter species caule pleurotropo
gaudentes sub nomine %$. Aæmatodis, secundo inter goniotropas sub
nomine $. filicinæ, altera Peruviana, altera præsertim Columbica; sed
comparatis utriusque speciminibus authenticis omnino identicas esse
certior factus sum. Caulis revera octogonus est, planorum directione
una caulis pleurotropi et goniotropi characterem præbens. Colitur in
hortis (/nd. sem. h. Ber., 1. c., p. 18, nec non 1859, p. 22; Ann. sc. naf.,
Le sér., t. XII, p. 74).
FFT Rosuldtæ {Circinatw Spr.). Surculi ordine spirali succedentes,
circa sympodium centrale abbreviatum erectum rosulati, ple-
rumque a basi ramosi et siccitate circinatim involuti.
19. SELAGINELLA CONVOLUTA Spr., 1. c., 11, p. 69.
Lycopodium convolutum Wallr. Arnott in Mem. of the Wern.
Dean Vip. 199.
« In sylvis siccis Novæ Granatæ prope St Marta (Purdie, h. Hooker) »,
Spr., L.c.
In Brasilia et Guyana vulgatior; in hortis sæpe sub nomine Se/. para-
doxæ culta.
20. SELAGINELLA CuspIDATA Link, Fülic. hort. Ber., p. 158;
Spr., L. c.,9, p.66 ; A. Br., In. sem. h. Ber., 1. c., p. 20; Ann.
sc. nal., h° sér.,t. XHIE, p. 8.
Lycopodium cuspidatum Link, Hort. Ber., Il, p. 161.
Lycopodium pallescens Presl, Relig. Hænk., 1, p. 97.
B. elongata Spr., I. c.
Selaginella cordifolia Hort.
Selaginella Avilæ Karst., ined.
Selaginella sulcangula Spr., 1. c., 104, p. 163.
Li
282 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).
Caracas (Ed. Otto, h. Ber., «etf; Moritz, n. 382, h. Ber., «: Plée, H. M. P..
B S. sulcangula ex Spr.; Fendler, P/. Venez., 321, :); Galipan (Gollmer,
h. Ber., var. B; Funk. et Schlim. in coll. Linden, n° 3317, «, ex Spre);
Valencia et Merida (Moritz, n. 315 et 376, var. 8); S® Martha (Purdie,
h. Hooker, «, ex Spr.) ; Nevado de S'* Martha (Purdie,h. Hooker, £s.,
Sel. sulcangula ex Spr.).
Species præterea per Americam centralem et regnum Mexicanum divul-
gata, maxime variabilis. Formæ extremæ, surculis in « a basi concinne
ramosis, circumscriptione oblongis, in rosulam humilem et depressam
expansis, in G erectis et ad altitudinem pedalem et ultra elevatis, longius
stipitatis et superne in frondem ampliorem dilatatis, habitu adeo inter
se differunt, ut vix ejusdem speciei esse credideris, fisi forméæ. intermes:
diæ exstarent. Hinc cl. Spring error quoque explicandus est, qui varie-
tatem GB suam iterum sub nomine S. su/cangulæ à forma typica longe
remotam et in contubernium S. caulescentis translatam descripsit.
B. PLaTysTICHÆ. Bracteæ dimorphæ, plerumque anticæ majores bifariam
expansæ, posticæ minores adpressæ ; hinc spicæ quasi resupinatæ.
* Repentes vel adscendentes, flagelliferæ.
21. SELAGINELLA CLADORRHIZANS À. Br., S. caudala Moritz, in
Sched., Herb. (non Spr.). — Pusilla, tenera, flaccida, pallide
viridis, diaphana. Surculi prostrati, laxe et patenter ramosi,
rhacheos primariæ et ramorum majorum apicibus plerumque in
flagella filformia microphylla demum radicantia excurrentibus.
Folia lateralia postica, sed caulis dorsum parum tegentia, re-
motiuscula, sub angulo fere recto patula, oblongo-lanceolata,
paulo mæquilatera, antice versus basin latiora, obtusiuscula vel
acutiuscula, non acuminata, ima basi paululum atteñuata,tevi-
denter marginata, denticulis in margine anteriore remotis lon-
gioribus, in posteriore minoribus inconspicuis instructa, prope
apicem confertius minute denticulata, lucr objecta celluhis scle-
renchymaticis valde elongatis longitudinahier striata. Folia in-
termedia quadruplo minora, divergentia, ovata, dorso carinata,
in aristam laminam subæquantem asperam acumimata, basi
attenuata, oblique adnata, marginata et remote denticulata,
denticulis utrinque 6-8. Spicæ ramulorum plano duplo angus-
tiores, fere tetragonæ. Bracteæ anticæ erecto-patentes, rectæ
+ «
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 283
(non falcaitæ), carina dorsali superne in cristam subdentatam
producta ; posticæ vix minores, dilutius virides, carina vix cris-
tata gaudentes. Microsporæ rubræ, 1/33 mm.'crassæ, tuberculis
elongatis obtusis laxe muriculatæ, macrosporæ albidæ, 1/4 mm.
crassæ, reticulatim rugosæ,
Ad coloniam Tovar (Moritz, 4l8 ; Fendler, 324 mixta cum S. ambigua
et Moritziana).
Obs. — Confundebatur hucusque in herbariis eum S. Zychnucho, quæ
flagellis omnino caret et præter habitum diversum foliis immarginatis,
margine anteriore longius ciliatis, striis sclerenchymaticis foliorum
parum conspicuis, bracteis evidentius dimorphis satis differt.
Ad S. cladorrhizam pertinet S. marginata Breutel. in sched. ex insula
St Kitts, nonnisi denticulis prope basin marginis posterioris foliorum
lateralium magis elongatis paululum recedens. Specimen mexicanum in
herb. Berol. asservatum (ex collectione Uhde) formam majorem hujus
speciei sistit. |
Speciei huic quam maxime affinis est S. albonitens Spr., 1. c., 22,
p. 80 (S. mollis l'Hermin. ined.), insulas St Domingo, Guadualupam,
Cubam(Wright, n. 940) incolens, surculis adscendentibus, anguste pyra-
midatis, e basi tantum stolones tenuissimos flagelliformes emittentibus ;
folüs lateralibus paulo angustioribus, basi magis attenuatis, margine
posteriore subintegerrimis; striis foliorum magis etiam conspicuis hya-
linis; macrosporis denique minoribus, 1/5 millim. crassis discedens.
29. SELAGINELLA Morirziana Spr., |. c., 187, p. 249. —
Præcedente major et firmior, plerumque saturatius colorata et
minus diaphana. Surculi cæspitosi, repentes aut omnino pro-
strati, aut e basi prostrata adscendentes, varie ramosi, ex infima
præsertim parte ramos plus minus flagelliformes et microphyl-
los plerumque epigæos emittentes. Folia lateralia postica, caulis
dorsum valde tegentia, remotiuscula vel conferta, erecto- vel
subhorizontaliter patentia, ovata, basi utrinque subito dilatata,
valde mæquilatera, antice latiora et versus basin rotundata,
acute vel plus minusve acuminata, non conspicue marginata,
margine anteriore denticulis numerosis versus apicem sensim
minoribus et confertioribus instructa, posteriore prope apicem
denticulata, versus basin integerrima et plerumque anguste
28 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (A. BRAUN).
revoluta. Folia intermedia duplo triplove minora, parallela vel
‘subdivergentia, dorso carinata, brevius vel brevissime acuminata
(non aristata), basi oblique adnata, marginata, denticulata, den-
ticulis in latere interiore 12-20, in latere exteriore paucioribus.
Spicæ plerumque breves, ramulorum plano paulo angustiores
vel latitudine subæquales, evidentius complanatæ et supra
planæ. Bracteæ latius vel angustius ovatæ, sensim acuminatæ,
anticæ paulo majores, longius acuminatæ, rectæ vel subfalcatæ
vel apice Imcurvæ, Carina plerumque anguste cristata et versus
apicem dentata instructæ ; posticæ minus intense virides vel pal-
lidæ et diaphanæ, carina elevata aspera sed vix cristata instructæ.
Microsporæ rubræ 1/33-4/30 millim. crassæ, læves vel sublæves.
macrosporæ 1/3-2/5 millim. crassæ, albidæ, vertice ex auran-
tiaco fuscescentes, dense et irregulariter rugoso-tuberculosæ,
asperæ.
Species maxime variabilis, difficile circumscribenda, cujus
varietates sequentes distimguendæ sunt.
a. normalis. Firmior, minus diaphana, e viridi subfuscescens.
Surculi e basi repente adscendentes, duplicato-ramosi, ramis
pauci-ramulosis , ramis inferioribus nonnullis flagelliformibus
epigæis. Folia lateralia remotiuscula, erecto-patentia, caulis
dorsum valde tegentia, breviter acuminata. Denticuli m margme
anteriore c. 25. Margo posterior revolutus, lævis. Nervus supra
sulcatus, subtus prominulus. Folia intermedia duplo minora,
breviter acuminata, convexiuscula et valde carinata. Spicæ ra-
mulos latitudine æquantes. Bracteæ anticæ anguste cristatæ.
Merida (Moritz, 377, h. Ber.).
B. conferta. Priori similis, sed minor, pallidior, densior. Folia
lateralia contigua et imbricata, supra convexiuscula. Nervus
parum conspicuus, neque supra, neque infra evidenter pro-
minulus.
Ad coloniam Tovar (Fendler, in h. Boiss. sine numero).
y. laxa. Tenera, læte viridis, magis diaphana, flaccida, sur-
culis omnino repentibus, laxissime et subsimpliciter ramosis.
Rami nonnulli inferiores, nec non surculus primarius, passim
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 285
flagellatim excurrentes. Folia lateralia longius remota, basi an-
gustiora, caulem minus tegentia, longius acuminata. Denticuli
in margine anteriore €. 20, ad-apicem usque laxe dispositi.
Margo posterior (nec non interdum anterior) revolutus. Nervus
plerumque supra subprominulus. Folia intermedia anguste
ovata, longius acuminata. Bracteæ angustiores, longius acu-
minatæ.
In Venezuela leg. H. Karsten (H. Ter.).
d. elongata. Præcedente major et paulo firmior. Sureuli
omnino prostrati, elongati, laxe et breviter ramosi, ramis pa-
tulis simplicibus vel pauciramulosis, mfimis nonnullis subflagel-
liformibus. Folia lateralia remota, sub angulo recto patentia,
basiantice minus dilatata, dorsum caulis vix tegentia, acuta (nec
acuminata). Denticuli m margine anteriore c. 20, margo poste-
rior anguste revolutus, asper. Nervus supra (!) promimulus,
subtus sulcatus. Folia intermedia triplo minora, brevissime acu-
minata, plana, anguste carinata. Spicæ ramulorum plano an-
gustiores. Bracteæ anticæ brevius acummatæ, latius cristatæ.
Habitus fere $. serpentis.
Ad coloniam Tovar (Fendler ni 322 et 323), Bogota (Lindig.,n. 4505).
e. pseudopoda. Humilior, flaccidior, adscendens (?), parce et
simpliciter ramosa, habitu fere S. apodæ. Flagella vel stolones
non vidi. Folia lateralia basi valde dilatata, sensim acutata, vix
acuminata, concaviuscula et siccitate sæpe sursum involventia.
Denticuli in margine anteriore c. 20, inferiores quam in reliquis
varietatibus paulo longiores et patentiores. Margo posterior ple-
rumque non revolutus, basi denticulis 1-3 instructus. Nervus
supra prominulus. Folia intermedia angustius ovata, breviter
acuminata, basi exteriore paulo magis producta et denticulis
nounullis deorsum directis mstructa. Bracteæ anticæ angustio-
res et anguste cristatæ.
Manzanos, altit. 4700 metr. (Lindig., n. 1518).
Obs. — Aliam porro hujus speciei varietatem (suberectam) in Costa
Rica legit C. Hoffmann (n° 84 et 609 in h. Ber.), formæ normali proxi-
mam, sed surculos basi subterraneos et stolones filiformes albidos subter-
286 3. 'TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (A. BRAUN).
raneos emittentibus, e parte repente subito adscendentibus, triplicato-
ramosis et late pyramidatis, foliis lateralibus latissime ovatis, brevissime
acuminatis, denticulatis in margine anteriore numerosioribus c. 30 dis-
tinguendam.
Speciem $. Moritzianæ valde ducs mexicanam pr. Vera-Cruz detexit
Sartorius, $. porphyrosporam À. Br., flagellis ramigenis, ut in S. clador-
rhizante; foliis duris, vix diaphanis, atroviridibus ; lateralibus anguste
ovatis, sensim acuminatis, margine anteriore parce et inconspicue denti-
culatis, posteriore revolutis asperis ; folus intermediis in aristam lamina
breviorem acuminatis, parcissime denticulatis; microsporis macrospo-
risque denique atropurpureis insignem.
23. SELAGINELLA AMBIGUA À. Br. — Media quasi inter præce-
dentes, foliorum lateralium forma S. Moritzsianæ, foliorum tene-
ritate, colore et plerisque alus notis S. cladorrhizanti similior,
habitu proprio gaudens. Surcul elongato-pyramidati, minus
laxi, procumbentes, ramis infimis, rarius e rhachi primaria fla-
gellatim excurrentibus. Folia pallida, diaphana ; lateralia late
ovata, in caule primario basi subcordata, in ramis angustiora
basi rotundata, inæquilatera et acuminata ut in S. Moritziana,
evidenter marginata ut in $. cladorrhizante. Denticuli in mar-
gine anteriore c. 20, superiores sensim minores et confertiores,
in margine posteriore plano minus numerosi, ad basin fere des-
cendentes. Folia intermedia late ovata, in aristam asperam la-
mina paulo breviorem acuminata, denticulis utrinque 7-8.
Bracteæ anticæ angustiores et magis divergentes quam in
S, Moritsiana et cladorrhizanti, longe acuminatæ et apice ple-
rumque ineurvæ, Caripa in cristam mediocrem asperam pro-
ducta. Bracteæ posticæ triente breviores, adpressæ, pallidæ,
nervo carinato sed vix cristato percursæ. Microsporæ et macro-
sporæ iis $. cladorrhizanti similes.
Vidi specimina pauca inter S. cladorrhizantem Fendlerianam
(h. Boiss., etc.) et specimen unicum e quebrada del Impossibile, prov.
Cumana None, n. 2%,inh. Ber.).
Obs. — Hujus sectionis et numero specierum americanarum porro
sun :
S. cordifolia Spr. 48, p.103. fex insulis St Domingo, Porto-Rico, etc.,
By Mr.
XI
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 287
evidenter platystachya! S. ambiguæ habitu et foliorum forma haud absi-
milis, sed foliis lateralibus evidentius cordatis, margine anteriore longius
ciliatis facile distinguenda. In monographia cl. Spring hæc species in
Columbia quoque indicatur « Caracas (Moritz, n° 67 teste Klotzsch) », sed
in herb. Ber. planta à el. Klotzsch citata non adest, neque in aliis her-
bariis veram S. cordifoliam e Columbia vidi.
S. flagellata Spr., 146, p. 207, e Guyana gallica ; surculis regulariter
pinnato-pyramidatis flagellatim excurrentibus, foliis parvis, lateralibus
basi truncatis vel subcordaiis, intermediis falcato-incurvatis conniven-
tibus aliisque notis facile distinguitur.
S. deltoides Al. Br., prope Panuré, ad rio Uaupès detecta (Spruce,
n. 2532 et 2535), quamvis flagellis careat, tamen ad consortium S. Mo-
ritzsianæ pertinere videtur. Habitus fere S. serpentis. Folia rigida, parum
diaphana, lateralia ovato-deltoidea, acutissima, margine anteriore versus
basin breviter ciliolata, posteriore integerrima anguste revoluta et aspera.
Folia intermedia late ovata, in aristam laminam subæquantem acu-
minata. Bracteæ anticæ posticis longius acuminatæ, dorso anguste
cristato-carinatæ. Microsporæ rubræ laxe granulatæ. Macrosporæ albidæ
1/4 millim. crassæ, grosse rugoso-tuberculatæ. |
** Adscendentes vel erectæ, flagellis stolonibusque expertes.
2h. SELAGINELLA LYCHNUCHUS Spr., |. C., 186, p. 247. —
Tenera, surculis e basi breviter repente adscendentibus simplici-
ter vel composite ramosis, elongato-pyramidatis, ramis erecto-
patentibus. Folia pallide viridia, plus minusve diaphana, cellulis
sclerenchymaticis minus distincte striata : lateralia postica, erecto-
patentia, remotiuscula, lata, superne angustius lanceolata, recta,
subinæquilatera, antice versus basin paululum dilatata, sed
caulis dorsum parum tegentia, prope basin attenuata, acutius-
cula, præter basm anteriorem immarginata, margine anteriore
inferne ciliolata, superne remote, apice confertim denticulata,
margine posteriore à medio ad basin integerrima, nervo parum
conspicuo versus apicem evanescente. Folia intermedia quadru-
plo minora, ovata, in aristam laminam æquantem arcuato-
patulam denticulatam acuminata, versus apicem carinata, mar-
ginata, utrinque denticulata, denticulis nonnullis interdum in
cilias elongatas productis. Spicæ ramulorum plano paulo an-
288 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (A. BRAUN).
. gustiores, bracteis anticis eleganter pectinato-distichis. Bracteæ
valde dimorphæ ; anticæ ovato-lanceolatæ, longe acuminatæ,
subfalcatæ, carina dorso superne in cristam latam dentatam
produeta ; posticæ plus quam triente breviores, hyalinæ, ovatæ,
cuspidatæ, carina non cristata. Microsporæ rubræ, 1/30 millim.
crassæ , granulis oblongis adspersæ. Macrosporæ luteæ, vix
4/4 millim. crassæ, satis grosse rugosæ.
a«. flaccida Spr.,l. c., tenerior, pallidior et magis diaphana.
B. rigidiuscula Spr., L. c., firmior, intensius colorata et minus
diaphana, cilus foliorum longioribus.
0. pusilla À. Br., humilior (1-2-pollicaris), simpliciter et
pauciramosa, fous lateralibus sub angulo recto patentibus,
falcato-subrecurvis, margine posteriore ad basin usque denticu-
latis ; spicarum bracteis superioribus longius cuspidatis, falcato-
recu VIS.
Galipan (Moritz, 71, h. Ber., var. &); Merida (Moritz, 318, h. Ber.,
var. G); Caracas (Gollmer, h. Ber., var. y).
Obs. — Huic accedit S. portoricensis À. Br., surculis robustioribus,
firmioribus ad sequentes species accedens; foliis lateralibus ovato-lanceo-
latis, antice magis dilatatis, dorsum caulis valde tegentibus, marginatis,
utroque margine ad basin usque denticulatis, denticulis ad apicem fohi
remotis, nec confertis; foliis intermediis ovatis, in aristam laminam
æquantem acuminatis; bracteis minus evidenter dimorphis, anticis
anguste cristatis et structura anatomica ab omnibus affinibus distinctis,
æquilateris.
25. SELAGINELLA KARSTENIANA À. Br. — Surculi e basi bre-
vissime decumbente erecti, elatiores (fere pedales), ex inferiore
tantum parte radiculas demittentes, anguste pyramidati, ramis
erecto-patentibus, brevibus, pauciramulosis. Caulis quam in
præcedentibus robustior et firmior, inferne teretiusculus, su-
perne pleurotrope obtuse tetragouus, antice bisulcatus, medio
carinatus. Folia saturate viridia, subtus pallhidiora et nitida,
subdiaphana, inde a basi heteromorpha ; lateralia postica, cau-
lis dorsum valde tegentia, ovata, valde mæquilatera, antice la-
tiora et rotundata, sensim acuminata, ipso apice obtusiuscula,
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 289
margine anteriore marginata et denticulata, posteriore immargi-
nata et subintegerrima, prope apicem utrinque mtegerrima (!).
Nervus in utraque pagina parum conspieuus. Folia mtermedia
triplo minora , ovato-oblonga, in aristam Jlamina breviorem
lævem (!) acumimata, oblique adnata, dorso carinata, utrmque
denticulata. Spicæ breves, sæpe geminatæ, ramulorum plano
paulo angustiores, vix complanatæ. Bracteæ minus evidenter
dimorphæ, ovatæ, sensim acuminatæ ; anticæ longius cuspidatæ
et dorso angustissime cristatæ, cuspide cristaque lævibus (!).
Microsporæ tuberculis elongatis laxe adspersæ. Macrosporæ
luteæ, 41/3 millim. crassæ, dense et minute verrucoso-tuber-
culatæ.
Puerto Cabello (H. Karsten, n° 174, H. Ber.).
26. SELAGINELLA LEPTOSTACHYA À. Br. — Surculi (e basi pro-
cumbente?) adscendentes, elatiores (palmares), regulariter py-
ramidati, e basi tripinnatim ramosa decrescentes, apice longius
producti et simpliciter pinnati. Rami erecto-patentes. Rhachis
recta, superne subflexuosa. Radiculæ tenues, ad axillas ramo-
rum inferiorum posticæ. Caulis stramineus, dorso convexus,
antice trisulcatus. Folia undique heteromorpha, læte viridia,
subtus pallidiora nitidula, paulo flaccidiora et magis diaphana
quam in præcedente, striis sclerenchymatücis brevioribus et mi-
nus distinctis notata ; lateralia inferiora remotiuscula subhori-
zontahter patentia, superiora subcontigua erecto-patentia, 3
superiora 2 millim. longa, postica, séd caulis dorsum paululum
tantum tegentia nec latus oppositum attimgentia, oblonga, inæ-
quilatera, antice latiora et linea convexa cireumscripta, postice
linea fere recta terminata, basi antericre rotundato-angustata,
posteriore paululum produeta truncata, acuta, utrinque margi-
nata, remotiuscule prope apicem confertius denticulata, mar-
gine posteriore præter regionem apicalem integerrima, nervo
supra subsuleato, subtus prominulo percursa. Folia intermedia
triplo minora, apicibus convergentia, oblique ovata, basi sensim
attenuata et oblique adnata (latere exteriore parum decurrente),
in aristan lamima breviorem asperam acuminata, derse carinata,
5 série. Bot. T. IL, (Cahier n° 5) 8 19
9290 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).
marginata et utrinque denticulis minutis remotis (6-8) instructa.
Spicæ partim terminales (ia caule primario et ramis), partim
laterales, aut ramulis abbreviatis insidentes, aut (superiores 3-4)
omnino sessiles, graciles et elongatæ (2 decim. vel ultra longæ),
ramulorum plano paulo angustiores (2 1/2 millim. latæ). Bra-
cteæ magnitudine et colore quidem non multum diversæ, sed
tamen evidenter dimorphæ, anticæ paulo longiores, magis pa-
tulæ vel subfalcato-squarrosæ, ovato-lanceolatæ, sensim longe
acuminatæ, dorso crista elevala aspera munitæ, marginatæ,
remote denticulatæ ; posticæ magis adpressæ, pallidiores, bre-
vius acuminatæ, carina aspera vix cristata præditæ. Microsporæ
rubræ, 1/45 millim. crassæ, breviter et confertim tuberculatæ.
Macrosporas non vidi.
W
Muzo Minas, altit. 700 metr. (Lindig. 1514).
Obs. — Unicum tantum hujus speciei specimen in herb. Metten. exa-
minare mihi licuit, sed ab affini præcedente adeo distinctum ut de
valore specifico non dubitandum sit. Differt præsertim foliis lateralibus
apice confertim denticulatis (nec apice integerrimis), foliis intermediis
obliquis, bractearum angustiorum crista dentato-aspera (nec lævi). Præ-
terea species tres huic et præcedenti affines ex America australi cognitæ
sunt, scilicet : |
Selaginella brasiliensis À. Br.; Lycop. brasiliense Radd. Fil. Brasil.
(1825), p. 82, tab. I, £ 4 (saltem ex parte); S. apus B tetragonosta-
chya Spr., 1. c., p. 77; S. crassinervia ejusd., 19, p. 77 (var. nervo sub-
tus incrassato subatrato); S. polysperma ejusd., 20, p. 78 (var. brevi-
caulis spicis elongatis); S. pallida Beyrich. in sched.; S. Beyrichii A. Br.
Ind. sem., 1857, p. 13. Vulgatissima in Brasiliæ prov. Rio de Janeiro,
Bracteis evidenter dimorphis a S. apoda, quacum hucusque confunde-
batur, longe distat; a præcedentibus facile distinguitur surculis repen-
tibus, vel parum adscendentibus, foliis lateralibus ovatis vel ovato-oblon-
gis, antice valde dilatatis subcordato-rotundatis, plerumque acutis, ad
apicem usque denticulatis ; foliis intermediis in aristam scabram lami-
nam æquantem excurrentibus; bracteis anticis longe cuspidatis, crista
mediocri dentata carinatis; microsporis tuberculis elongatis obsitis ;
macrosporis laxe reticulato-rugosis et angulo circulari distincto coro-
natis.
S. anocardia À. Br., cum præcedente in herbaris sæpe confusa et ex
üsdem locis proveniens, distinguitur surculis laxius ramosis ; foliis remo.
tioribus, lateralibus obtusioribus, evidentissime semicordatis, præter
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 291
basin superiorem immarginatis, parcius denticulatis ; intermediis brevius
cuspidatis ; bracteis anticis brevius acuminatis, crista lata superne grosse
dentata ornatis; macrosporis dense reticulato-rugosis.
S. anomala Spr., 1. c., 185, p. 247, e Guyana gallica et anglica S. bra-
siliensi maxime affinis est, sed surculis gaudet plerumque magis adscen-
tibus et pyramidato-ramosis, folis lateralibus obtusioribus, intermediis
brevissime acuminatis nec aristatis, bracteis anticis crista latiore ornatis.
Macrosporæ lis S. brasiliensis omnino similes.
27. ? SELAGINELLA STENOPHYLLA À. Br., Ind. sem., 1. c.,
p. 22; Ann. sc. nal., |. c., p. 83. — Hujus speciel, à præce-
dentibus longius ist quæ in hortis botanieis ubique colitur
et quam genuinam e regno mexicano habemus, esse videtur
specimen sterile in herb. Ber. asservatum, a cl. Fée communi-
catum, Qui patria «Columbia » adseripta est. |
b. ARTICULATÆ, Caulis ad ramorum originem articulatus; radices anticæ,
Omnes tetragonostichæ, bractea plerumñque unica (infima) macrospo-
rangium, reliquis omnibus microsporangta foventibus.
* Repentes et adscendentes, neque caulescentes neque stoloniferæ, undique
heterophyllæ.
28. SELAGINELLA MARGINATA Spr., Monogr., I, 150, p. 212.
Lycopodium marginatum Humb. et Bonpl. in Wuld. sp. pl.,
V,p. Al.
Ad flumen Orinoco (Humboldt in herb, Wild.) ; (in Bragiliæ provincia
Minas Geraes et Goyaz legerunt Poll et Claussen).
Caule obtuse tetragono goniotropo, foliis lateralibus et intermediis pel-
tatum affixis uniauriculatis, lateralium auricula elongata calcariformi
facile distinguitur. Habitu $. sfoloniferam (Sw.) Spr., 148, p. 210, insulas
. Indiæ occidentalis habitantem æmulatur, quæ præsertim foliis lateralibus
evidenter biauriculatis differt. Caulis indole et foliorum insertione porro
his accedunt $. distorta Spr., 151, p. 212, et S. excurrens Spr., 452,
p. 214, utraque brasiliana.
ApNOT.— Patria plantæ Humboldtianæ in Monogr. ci. Spr. « In sylvis
Mmexicanis » indicatur, quod erroneum esse puto, quum in schedula spe-
292 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4, BRAUR).
ciminis in herbario Willdenowiano asservati € Orinoco » ab ipsa manu
Humboldtii scriptum legitur.
299, SELAGINELLA SULCATA Spr., Monogr., UE, 153, p. 214.
._Lycopodium sulcatum Desv.in Ænc. bot. suppl., HE, p. 549.
« In Columbia (Cuming in h. Hook.), Guayaquil (Hall in h. Hook.) »,
Spor. LC.
ApNot.— Specimina Novo-Granatensia huie speciei a el. Spring adscri-
pta nulla vidi et vereor ne ad sequentem speciem pertineant. S, sulealu
vera, per plures Brasiliæ partes longe vulgatissima, valde insignis est sur-
culis adscendentibus radices validas demittentibus, caule tetragono pleu-
rotropo, supra profunde bisulcato, folüs lateralibus anticis vel potius
exacte lateralibus biauriculatis, auricula superiore descendente elongato- ‘
calcariformi decolorata et breviter ciliata, folis intermeditis peltatim
affixis late uniauriculatis.
30. SELAGINELLA HORIZONTALIS À. Br.
Lycopodium horizontale et Lycopodium marginatum Pres,
Rel. Hœnk., À, 78.
Plurimus notis cum præcedente convenit, sed statura minore,
habitu laxiore, caule radicibusque tenuioribus primo adspectu
discedit. Surculi steriles longe repentes, remote pinnati, ramnis
paucidivisis ; fertiles adscendentes. Caulis tetragonus et superne
sulcatus, ut in præcedente. Folia lateralia paulo angustiora,
oblongo-lanceolata, acutiuscula, apice et maïgine superiore
serrulata, biauriculata, auricula inferiore minuta et inconspi-
Cua, superiore maxima, decurva, quam in præcedente latiore et
multo longius ciliata, ciliis unicellularibus 4/2-2/3 millim. lon-
gis ! Folia mtermedia oblique ovata, acuminaia, margine exte-
riore serrulata, interiore parce serrulata vel subintegerrima,
basi peltatim affixa et uniauriculata, auricula magis angustata
quam in præcedente, cilis nonnullis instructa, Macrosporæ üs
$. sulcatæ minores, fere 1/2 millim. erassæ, albidæ, laxius ele-
vato-reticulatæ. Microsporæ fuscescentes 3/00 nullim, erassæ,
muricalæ,
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSES, ous
Porto Bello (Billberg in h. Ber.). (In vallibus Cordillerarum Peruviæ ;
Hienke in herb. mus. Bohem.).
ADNOT.— Lycop. horizontale Presl., plantam sterilem repentem, L. snar-
ginatum ejusdem plantam fertilem adscendentem sistit. CL. Spring, hanc
cum Sel. Pœppigiuna commiscuit (Monogr., IE, p. 78), illam inter species
iinus notas enumerat (p. 217).
Species tertia S. su/catæ et horizontali cognata hucusque nondum
descripta est. #. eurynota je Costa Rica (C. Hoffmann, n° 907) caule sub-
erecto dorso valde dilatato, foliis remotioribus, lateralibus revera anticis,
basi superiore brevius auriculatis et brevius ciliatis, intermediorum auri-
cula magis etiam angustata et elongata distinguitur.
31. SELAGINELLA HumgozpriAna À. Br. — Habitu et caulis
indole cum S. sulcata convenit, differt autem folis flaccidiori-
bus, siccitate sursum convolventibus; lateralibus acutioribus,
evidentius marginatis, basi superiore auricula multo breviore
vix dimidiam fol latitudinem æquante pallida et breviter ciliata,
basi inferiore auricula muito longiore latitudinem folii æquante
vel superante descendente calcariformi acuta munitis ; interme-
diis basi peltatis et late uniauriculatis (ut in S. sulcata), sed lon-
gius cuspidatis.
Ad flumen Orinoco (Humboldt, in herb. Beroi., ubi specimen unicum,
olim in herb. Kunthiano asservatum adest).
92. SELAGINELLA MICROTUS À. Br. — An S. lingulata Spr.,
Monogr., 161, p. 224 ?.
Surculi procumbentes, undique radicantes, valde elongati,
laxe ramosi. Caulis complanatus, anceps, dorso leviter convexus
vel plamusculus, facie media elevatus bisulcatus et tricarinatus.
Folia m caule primario longe remota inque ipsis ramulis remo-
tiuscula, opaca, subtus parum nitentia ; lateralia omnino antica !
sub angulo fere recto patentia, oblonga, recta et subæqualitera,
f-5 millimi. longa, 1 1/2-2 millim. lata, obtusiuscula, utraque
basi subæqualiter minute cordato-auriculata, margine superiore
serrulata, inferiore integerrima, ad apicem utrinque minute et
confertim denticulata, versus basin ad auriculas breviter ciliata,
nervo supra paululum prominente, subtus subsulcato. Folia
29% s. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (4. BRAUN).
intermedia triplo-quadruplo minora, plerumque convergentia,
præter cuspidem adpressa, oblique ovata, margine exteriore
rotundato-curvato, interiore fere rectilineo, utroque margine
serrulata, apice in cuspidem angustam denticulatam lamina
breviorem acuminata, basi peltatim affixa et in auriculam uni-
cam magnam longitudine laminam dimidiam æquantem et dimi-
dio fere angustiorem repando-rotundatam ciliolatam expansa,
dorso versus apicem nervo prominente anguste carimata. Cilræ
auricularum unicellulares, 0,07-0,09 millim. longæ. Spicas non
vidi, |
In provincia Guayaquil prope Balao (Jameson, n° 374, in h. Boiss.).
Habitus fere Selaginellæ Galeottii, caulis S. eurynotæ, folia intermedia
S. sulcatæ et affinium, a quibus omnibus foliorum lateralium forma et
auriculis minutis subæqualibus facile distinguitur.
ADNOT. — Clar. Spring S. lingulatæ suæ, a cl. Jameson in monte
Pichincha lectæ, folia lateralia acuta et integerrima nec non imtermedia
integerrima et basi latere exteriore valde producta adscribit, quamob-
rem de identitate cum specie supra descripta dubius sum.
233. SELAGINELLA SERTATA Spr., Monogr., 9, p. 104.
In Panama (Sinclair, H. Hook., sec. Spr., L. c.).
: ADnoT.— CI. Spring huic speciei, quam videre mihi non licuit, æque ac
S. diffusæ (de qua infra), locum inter Selaginellas cauke continuo gauden-
tes attribuit, sed ob radices anticas sectioni articulatarum eam inserere
non hæsitavi. Quoad descriptionem autoris insuper cum præcedente spe-
cie adeo convenire videtur ut maxime ei affinem, nisi forte cum ea
identicam, esse crediderim.
3h. SELAGINELLA PoPPIGIANA Spr. in Flora, 1858, 1, p. 185
(exclusa planta Pœppigiana) et Monogr., 155, p. 217 (ex
parte).
Lycopodium Pæœppigianum Hook. et Grev., Ind. Fil. in Bot,
Misc. UT (1833), p. 106.
Lycopodium stoloniferum 1bid., I (1831), p. 360 (exclusa
planta Guyanensi).
Surculi longe prostraii, demum adscendentes, valde ramosi,
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 295
ramis sæpe expansis. Caulis tetragonus, pleurotropus, dorso con-
vexus vel planus, facie minus profunde trisulcatus. Folia inferne
longe remota, nec non superne et in ramulis parum distantia,
opaca, subtus paulo pallidiora et vix nitentia ; lateralia «antica »
(potius exacte lateralia), sub angulo fere recto patentia vel (in
caule primario) parum retrorsum directa, 4-5 millim. longa,
4 1/2-2 4/2 millim. lata, oblonga, inferiora latiora et evidentius
inæquilatera, superiora angustiora, margine superiore versus
basin dilatata, usque ad medium remote denticulata, margme
inferiore integerrima et revoluta, obtusa vel acutiuscula, prope
apicem minute et confertius denticulata, basi superiore adnata
(nee auriculata), inferiore paululum excisa et rotundata, supra
convexiuscula, nervo (præsertim versus apicém fol) prominente.
Folia axillaria lateralibus paulo breviora, sed non angustiora,
ovata, subæquilatera, exauriculata. Folia intermedia inferne
duplo, superne triplo-quadruplo minora, obovata, margine in-
teriore remote denticulata, exteriore subimtegerrima, apice in
aristam lamina breviorem incurvam subintegerrimam attenuata,
dorso versus apicem subcarinata, basi biauriculata, auriculis
dilatatis rotundatis, exteriore plerumque majore, mteriore non-
nunquam denticulis nonnullis instrueta. Spicæ ramulis breviori-
bus (supremis brevissimis) insidentes, breves. Braciteæ ovato-
triangulares, sensim acuminatæ, obtuse carmatæ, serrulatæ.
Macrosporæ (in var. peruviana tantum observatæ) 0,85-0,90
millim. crassæ, albidæ, demum fusco-cinerascentes, angustius
elevato-reticulatæ. Microsporæ fuscescentes, 0,03 millim. crassæ,
dense muriculatæ.
In Andibus Quitensibus (Jameson in h. Boiss.); ad montem Pichincha
(Jameson sec. Hook. et Grev.), in suburbanis Quitensibus (Francis Hall.
in b. Ber.); in Andibus Ecuadorensibus (R. Spruce, 4585, in h. Boiss.) ;
prope Tocarema altitudine 2500 metr. (Lindig., n. 1508).
Species, ut videtur, polymorpha. Varietas peruviana (Lechler, P1.
Peruv. ed. Hohenacker, n° 2015, prope Tabina lecta) differt habitu den-
siore, sureulis magis adscendentibus, ramis minus expansis, foliis latera-
libus toto margine superiore denticulatis, nec non margine inferiore
remotissime denticulatis basi inferiore potius angulatis quam rotundatis,
foliis intermediis in cuspidem latiorem vix aristiformem abeuntibus,
296 J. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (4. BRAUN).
utroque margine subæqualiter denticulatis, auriculis valde inæqualibus,
exteriore magna, elongata et subpeltatim affixa, interiore brevissima.
ApNor. — Hook. et Grev. hanc speciem olim pro S. stolonifera Sw.
habuerunt, S. stoloniferam genuinam autem, a el. Pœppig. in insula Cuba
lectam, nomine S. Pœppigianæ salutaverunt. Postea de Swartziü planta
certiores facti nominibus commutatis S. Pæppigianæ nomen speciei attri-
buerunt, quam celeberrimus Americæ meridionalis perscrutator neque
detexit nec unquam imvenit. CI. Spring in monographia sub nomine
S. Pœppigianæ plures species commiscuit. Zycop. marginatum Presi.,
inter synonyma S. Pœppigianæ citatum, est S. horizontalis supra des-
cripta ; planta peruviana a cl. Pœppig. lecta, quam cl. Kunze et Spring
ad S. Pœppigianam duxerunt, est S. Æunzeana, infra describenda; planta
mexicana prope Jalapam a cl. Schiede lecta secundum specimina
herbarii Berolinensis ad $S. Galeottii pertinet; plantam Guyanensem
sub nomine $S. affinis distinguo, brasiliensem denique comparare mihi
non licuit.
S. affinis À. Br. (S. Pœppigiana y, Guyanensis Spr., Monogr., p. 218),
a S. Pœppigiana differt surculis mox adscendentibus, foliis minus remo-
tis, ramulorum subeontiguis, lateralibus angustioribus, lanceoiatis, sub-
falcatim incurvis, margine superiore parum dilatatis et evidentius serru-
Jlato-denticulatis, posteriore integerrimo non revolutis, basi posteriore
leniter excisis, foliis axillaribus dimidio brevioribus et angustioribus lan-
ceolatis, intermediis quadruplo ad quintuplo minoribus paulo brevius
acuminatis, spicis in ramis-ramulisque elongatis terminalibus, macro-
sporis denique laxius et grossius reticulatis. Cum hac omnino convenire
videtur planta in hortis sub nomine S. rigidæ obvia (S. Pæppi-
giana À. Br. in /nd. sem. h. Ber., 1859, p. 23; Ann. des sc. nat., 1. c.,
p. 94), difficile colenda et hucusque sterilis. Altera species Guyanensis
S. affint proxima et valde similis est S. epirrhizos Spr., Monogr., 156,
p. 218 (S. Pœppigiana Kunze in Hostm. et Kappl., P/. Surin., n° 3), quæ
facile distinguitur ramis flaccidioribus elongatis, foluis majoribus, latera-
libus superne magis dilatatis et ultra mediam longitudinem versus mar-
ginem membranaceis et decoloratis, basi inferiore evidentius cordato-
auriculatis et denticulatis, foliis intermediis brevius et latius acuminatis,
basi brevius et subæqualiter biauriculatis.
39. SELAGINELLA KUNZEANA Al. Br.
Lycopodium radiculosum Knze in sched., coll. Pœppigianeæ.
Selaginella Pœppigiana Knze in Linnœa, IX (183), p. 11.
Præcedente omnibus partibus debilior et laxior. Caulis dorso
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 297
magis dilatatus, hinc foliorum lateralium insertio omnino autica.
Folia lateralia angustiora, lingulato-lanceolata, recta vel paulu-
lum falcatim recurva, acutiuscula, evidenter marginata, margine
superiore serrato-denticulata, posteriore præter basin et apicem
subintegerrima, basi super iore adnata, inferiore evidenter auri-
culata, auricula margini :inferiori parallela vel plus minusve
sursum ineurvata. Folia axillaria lateralibus minora, lanceolata,
toto margine serrato-denticulata. Folia intermedia oblique ovala
vel oblonga apice in cuspidem aristiformem denticulatam atte-
nuata, basi biauriculata, auricula exteriore majore rotundata
denticulis nonnullis instructa. Spicæ laterales, ramulis brevis-
simis suffultæ vel subsessiles, nonnunquam elongatæ. Macro-
sporæ 0,58-0,60 millim. crassæ, grosse elevato-reticulaiæ.
Microsporæ 0,03 millim. crassæ, aculeolis longioribus mu-
ricatæ.
Prope la Palma (Triana, n° 3) et Muzo, Minas, altit. 700 metr. (Lindig.,
n. 14513);? prope Quito etad montem Pichincha (Jameson, h. Hook.,
sec. Spring sub S. suaut) ;? Panama (Hinds, H. Hook., sec. Spring, tbed.).
Præterea in Peruvia (Pavon, h. Boiss.); ad Pampayaco Peruviæ (Pœæppig.,
n° 495, h. Ber., etc.).
Apnor. — Cl. Spring hanc speciem partim cum $. Pæœppigiana, partim
cum $. suavi, inter quas medium tenet, confudit. Vera S. suauis Spr.,
Monogr., 154, p. 216, quæ Brasiliæ australi propria esse videtur, distin-
guitur babitu magis concinno, surculis mox adscendentibus, superne cu-
neatim vel subflabellatim ramosis, foliis lateralibus sulco laterali insertis,
approximatis, pulchre pectinatim dispositis, falcatim subincurvis, acutio-
ribus, margine superiore versus basin dilatatis membranaceis et decolo-
ratis, ad basin inferiorem auricula elongata angusta extrorsum deflexa et
descendente instructis.
86. SELAGINELLA LanpiGn Al. Br.— Habitus fere S. Kun-
zeanæ. Surculi prostrati, elongati, laxe ramosi, demum adscen-
dentes. Caulis tetragonus, pleurotropus, dorso leviter convexus
vel planus, facie bi- vel passim trisulcatus. Folia inferiora valde
remota, superiora quoque remotiuscula, duriuscula , læte viri-
dia, subtus nitentia : lateralia sulcis lateralibus inserta, angulo
fere recto patentia, 3-3 1/2 millim. longa, oblique ovata, ovato-
298 9, TRIANA ET J.=E. PEANCHON (A, BRAUN).
lanceolata vel lanceolata, plerumque falcatim subrecurva, valde
inæquilatera, margine anteriore dilatato et valde arcuato linea
pallida cimeta (marginata) et denticulata, margine posteriore
rectlineo integerrima revoluta, apice minutissime et confertim
denticulata, basi minute biauriculata, auricula superiore paulo
majore oblonga incurva obtusa caulis dorso adpressa breviter
ciliolata, inferiore brevissima recta subintegerrima in sulco
caulis laterali occulta. Ciliolæ unicellulares, rigidæ, 0,05-0,06
millm. longæ. Nervus infra prominulus. Folia axillaria latera-
libus vix breviora, æquilatera, æqualiter biauriculata, auriculis
oblongis ciliolatis. Folia intermedia duplo-triplo minora, ad-
pressa, nervo Carinata, ovata, superiora oblonga, acuminata,
recta vel apice parum incurva, marginata, ad apicem usque
denticulata, margine exteriore’ versus basin integerrima,
eximie biauriculata,auriculis longitudine laminam dimidiam
fere æquantibus divaricatis, exteriore dilatata rotundata vel
subtruncata subintegerrima , interiore angustata fere lineari
prope apicem ciholis 2-6 rigidis plerumque reversis munita.
Spicæ ramulos breviores terminantes, breves. Bracteæ ovato-
triangulares, nervo crasso carinatæ, serrulatæ. Macrosporæ
albidæ, 0,60-0,72 millim. crassæ, reticulatim rugosæ. Micro-
sporæ fuscescentes, 0,03 millim. crassæ, muriculatæ.
Im "(a Granata, loco speciali non indicato, alt. 1600 metr. (Lindig.
n° 1507); Andes de Bogota, el Salto Tequendama, altit. 2559 metr.
(Triana, n° 4); in Andibus Ecuadorensibus (R. Spruce, n. 4798, sub
nomine S. lingulatæ, h. Boiss.).
Variat foliorum latitudine. Specimina Spruceana varietatem latifoliam
sistunt, insuper foliis durioribus, macrosporis paulo majoribus, micro-
sporis aculeosis longioribus obsitis msignem.
97. SELAGINELLA SERICEA Al. Br.— Surculus primarius repens,
secundarios adscendentes pedales ad sesquipedales laxe fastigia-
tim ramosos emittens. Caulis validus, 2 1/2 millim. crassus, tri-
gonus, plano dorsali dilatato-convexo, vel si mavis goniotrope
tetragonus, angulo dorsali evanido, superne (siccitate) compres-
sus anceps facie dorsoque sulcatus. Folia undique dimorpha,
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 299
inferne remotiuscula, superne pulchre coneimna et imbricata,
rigida, coriacea, flavo-viridia, demum aureo-fuscescentia, sub-
tus pallidiora, utrmque sericeo-nitida : lateralia postica et cau-
lis dorsum tegentia, subhorizontaliter vel erecto-patentia, dorso
convexiuscula, ovato-lanceolata vel lanceolata, 8-7 (superiora
ramorum 6-7 millim. longa, à 4/2-2 millim. lata, recta vel pau-
lulum sursum falcata , obtusa, inæquilatera, latere superiore
supra basim dilatata et zona lata membranacea albo-marginata,
specie Imtegerrima, sed sub microscopio margine superiore et
apice minutissime serrulata, basi subæqualiter biauriculata,
auriculis latissimis rotundatis, superiore inferiorem sæpe obte-
gente, nervo recto, supra evidentius, infra paululum promi-
nente. Folia axillaria lateralibus multo minora, æquilatera,
eodem modo biauriculata. Folia intermedia duplo-triplo minora,
adpressa, apicibus plus minusve conniventibus decussata, oblique
ovata, margine exteriore valde curvata acuminata, nervo valde
curvaio versus apicem subcarinata, pallide marginata et incon-
spicue serrulata, basi biauriculata, auricula exteriore paulo
majore, utraque lata et rotundata, altera alteram partim obte-
gente. Spicæ in ramis elongatis terminales, necnon prope api-
cem ramorum laterales, hine specie geminatæ vel ternatæ,
graciles, 2-2 1/2 millim. crassæ. Bracteæ e basi subcordata elon-
gato-triangulares, obtuse carinatæ, minutissime et inconspicue
serrulatæ. Macrosporæ 0,80-0,90 millim. crassæ, in fundo
fuscescente vel demum nigricante albo-reticulatæ, reticulo satis
angusio, elevato, passim irregulari et meandriformi ; micro-
sporæ fuscescentes, 0,03 millim. crassæ, muriculatæ,
Quito (Cuming, n° 82, h. Ber.); in Andibus Ecuadorensibus (R. Spruce,
n. 4786, sub nomine S. bombycinæ var.,h. Boiss.).
Ut videtur varietates duæ distinguendæ sunt : latifolia (Cumingiana)
{oliis lateralibus margine superiore late membranaceis, intermediis bre-
vius acuminatis ét minus curvatis, auriculis foliorum se invicem late
obtegentibus, et angustifolia (Spruceana) foliis lateralibus margine supe-
riore minus evidenter membranaceis, intermediis longe acuminatis et
apice valde inCur vis, auriculis foliorum 5e invicem vix tegentibus,
Descriptio fructificationis ad var. secundam pertinet.
200 J.'TRIANA ET JE, PLANCHON (4. BRAUN,
Apot.— Inter speciosissimas generis pertinet nec ulla affinitate arctiore
cum reliquis hujus sectionis speciebus connectitur. S. articulata Kunze
(Spr., Monogr., 149, p. 211), e Peruvia statura speciosa quidem accedit,
sed foliis lateralibus caulis dorsum minus tegentibus (lateraliter insertis)
margine superiore herbaceis et integerrimis, auficulis foliorum latera-
lium et intermediorum multo minoribus et inæqualibus aliisque notis
longe distat. S. bombycina Spr., jam supra commemorata, ad Selaginellas
caule continuo gaudentes pertinet. S. membranacea Spr., 113, p. 178,
species insulis Africæ orientalis propria, auricularum evolutione nec non
foliorum margine membranaceo similitudinem quandam cum S$. sericea
præbet, sed præter caulem continuum toto habitu et reliquis characte-
ribus valde diversa est.
38. SELAGINELLA MNIOIDES Al. Br.
Lycopodium mnioides Sieber in Flor. mixta, n° 395 ; Hook. gt
Grev. Enum. Fil. in Bot. Miscell., H (1831), p. 394.
Selaginella mnioides G. cihiala Spr., Monogr., 160, p. 224.
Selaginella ciliauricula ejusd., 157, p. 249.
Selaginella cirrhipes ejusd., 159, p. 221.
Surculi prostrati, expanse ramosi, undique radicantes. Caulis
obtuse tetragonus, pleurotropus, dorso convexus vel planus, facie
bisulcatus, carina media plus minusve elevata sæpe iterum sulco
exarata. Folia undique remotiuscula, opaca vel subtus parum
nitentia : lateralia insertione aut exacte lateral, aut magis in
dorsum conversa gaudentia, subhorizontaliter patula, ovato-
lanceolata, mæquilatera, superne versus basin latiora, obtusius-
cula vel acuta, basi breviter cordato-auriculata, auricula supe-
riore latiore rotundata, mferiore breviore et angustiore suban-
gulata, marginata, margine superiore à basi ad medium usque
longe et molliter ciliata, basi inferiore eilüs paucis instructa,
prope apicem minutissime denticulata, cæterum integerrima.
Folia intermedia duplo-quadruplo mimora, ovata, plus minusve
acuminata, plus minusve curvata et conniventia, biauriculata,
auricula exteriore magna ovata subangulata, inferiore duplo vel
triplo breviore et angustiore, marginata, à basi ultra medium
PRODROMUS. FLORÆ NOYO-GRANATENSIS. 901
molliter ciliata, superne ad apicem usque denticulata. Ciliæ
foliorum tenues et subflexuosæ, 0,50-6,70 millim. longæ, e
cellulis 3-4, nonnunquam 5-8 compositæ ! Spicæ in ramulis par-
tim terminales, partim laterales subsessiles. Bracteæ ovaio-
triangulares, vix acuminatæ, dense serrulatæ, macrosporæ
0,60 millim. crassæ, albidæ, grosse et irregulariter reticulatæ.
Microsporæ fuscescentes, 0,03 mullim. crassæ, dense muricu-
latæ. Variat :
x. minor (S. cirrhipes Spr.). Surculis brevioribus; caule radi-
cibusque tenuioribus ; foliis confertioribus opacis, lateralibus
subposticis planis vel denique supra concaviuseulis, acutioribus,
ner vo supra VIX COnspicuo, infra subprominulo, auricula infe-
riore minus distincta pareissime ciliata ; folus intermedus lon-
gius et angustius acuminatis, magis curvatis et conniventibus,
auricula interiore minus evoluta vel subnulla.
B. major (S. ciliauricula Spr.). Sureulis longioribus ; caule
crassiore; radicibus valhdis ; folits inferne remotioribus, latera-
lLbus exacte lateralibus supra subeonvexis, subtus nitidioribus,
obtusioribus, nervo supra evidenter prominulo, subtus subsul-
cato ; foliis intermediis brevius acuminatis, vix Curvatüis, eviden-
tius biauriculatis.
Utraque varietas præsertim in provincus septentrionalhibus divulgata
esse videtur. Var. minor lecta est pr. Galipan (Moritz, 379, h. Ber. ; Funk.
et Schlim, in coll. Linden., 335); ad coloniam Tovar (Fendler, P4. Venez.,
319); Bogota (Karsten, h. Ber.); in prov. Bogota prope Susumuco, altit.
1000 metr. (Triana), nec non in Costa Rica (Hoffmann, 569, h. Ber.);
var. major, pr. Merida (Moritz, 360, h. Ber.); Ocana, alt. 5000-6000 ped.
(Linden, 493, h. Boiss.); Quindiu, altit. 2300 metr. (Triana), nec non in
insula Trinitatis (Crüger, in h. Kunze).
ADNOT. — S. ciiauriculam Spr. et S. cirrhipedem ejusd. certis limitibus
separare frustra tentavi, cum priore omnino Convenit Zycopod. mnioi-
des Sieberi, secundum specimina Sieberiana jampridem a el. Hooker et
Grev. descriptum, quod ci. Spring, singulari modo deceptus, cum
Sel. Kraustana Kunze (hortensi Mett.), specie capensi longe diversa, in
hortis ubique culta, commiscuit. Patria plantæ Sieberianæ ab auctoribus
in insula Mauriti indicatur, quod certo certius erroneum est, quum spe-
cimina Siebertana cum Crügerianis ex insula Trinitatis omnino congruant
302 3. TRIANA ES J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).
et Sieberum plantarum collectiones in hace insula instituendas curavisse
cognitum sit.
Sel. mnioidi valde affinis et forsan varietatis loco habenda est S. ma-
gis) et latioribus, pallidioribus et magis diaphanis, intermediorum auri-
cula interna evanida, externa ciliis destituta distinguenda. A. el. Spring
cum $. Galeottit confundebatur.
89. SELAGINELLA DIFFUSA Spr., Monogr., 50, p. 104.
Lycopodium diffusum Presl, Rel. Hœnk., I, p. 78.
Præcedenti valde similis, differt autem foliis lateralibus evi-
denter posticis, caulis dorsum tegentibus, acutissimis, versus
basin superiorem maxime dilatatis et membranaceis, In auricu-
lam longiorem descendentem productis. Folia intermedia bi-
auriculata, late et breviter acuminata, ut in præcedenti varietate
majore. Ciliæ in folorum lateralium parte dilatata, nec non in
auriculis foliorum imtermediorum longissimæ (4 millim. longæ),
e cellulis 5-8 compositæ !
Panama (Hænke, h. mus. Ber., et Fendler, 382).
ADNOT. — CI. Spring hanc speciem inter Selaginellas caule continuo
gaudentes recensuit, sed radices anticæ sunt, nec caulis articulatio deest,
geniculis, ut in præcedente, parum tumidis.
RO. SELAGINELLA GALEOTTI Spr., Monogr., 158, p. 220;
AT. Br., Znd. sem. 1657, p. 21. et Afin. Sc. nal., ser.
t. XIIE, p. 82.
Maxime affinis S. ciliauriculæ, quacum plurimis notis, inpri-
mis foliorum clis multicellularibus convenit. Differt præsertim
folus remotioribus, lateralibus minus inæquilateris et plerumque
obtusioribus, ad auriculam superiorem (rarius mferiorem) cuis
paucioribus et brevioribus instructis. Folia intermedia quoque
cils paucioribus ad basin interiorem et auriculas gaudent.
In Panama (Sinclair, h. Hooker, sec. Spr., L. c.).
ADNOT. — Specimine e loco indicato non vidi. In regno Mexicano
abundat et in hortis botanicis ubique colitur.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 303
*** Caulescentes. Surculis frondiformibus stipitatis, e basi stoloniferis,
foliis deorsum homomorphis.
1. SELAGINELLA GENICULATA Al. Br.
Lycopodium geniculatum Pres, Relig. Hænk.,{ (1830), p. 80.
Selaginella geniculata Spr., Monogr., 164, p. 227.
Selaginella ferruminata, ibid., 167, p, 230.
Selaginella conduplicata, 1bid., 166, p. 229.
Selaginella elongata Klotzsch in Linnæa, XVI (4844), p. 522.
Inter cognatas hujus sectionis species excellit fronde alte
stipitata, late pyramidata, tripinnata ; ramis multiramulosis ;
ramulis brevibus bifidis vel simplicibus ; caule pleurotropo,
dorso plano, nodis articularibus acute prominentibus et (in sicco)
circumsulcatis ; foliorum lateralium insertione exacte laterali ;
folis lateralhbus erecto-patentibus, subfaicatim incurvis ovato-
oblongis vel oblongo-lanceolatis, apice attenuatis sed obtusius-
culs, basi superiore adnatis vel minutissime subauriculatis,
inferiore latioribus excisis cordato-subauriculatis, nonnisi mar-
gine superiore denticulatis, inferiore et apice integerrimis ; fols
intermedus breviter et late acuminatüis, peltatim affixis et in au-
riculam magnam rotundatam ad latus internum lobulo breviori
plerumque auctam productis. Variat :
a. elongata (Klotzsch, L c.; S. ferrumainaia Spr., 1. ce.)
Fronde plana (?), ramis angustioribus valde elongatis ; foliis
lateralibus angustioribus, evidentius falcatis, acutioribus, mar-
gine superiore ultra medium denticulats, basi superiore subau-
riculatis, inferiore latius rotundatis.
B. conduplicata (Spr., 1. c.). Fronde secundum Spr, in for
mam nidi complicata, ramis latioribus, fois lateralibus majo-
ribus, latioribus, obtusioribus, minus falcatis, margine superiore
versus basin tantum denticulatis vel undique subintegerrimis,
basi superiore adnatüs, inferiore auriculam minorem forman-
tibus.
Var. & lecta ‘est prope Esmeraldas (Hall, h. Hook, sec. Spr.) ;
ad pedem Andium versus Guayaquil (Jameson, h. Boiss. ! h, Hook.);
90! J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (4, BRAUN).
ad la Vega (Lindig., 1522, h. Mett.); in isthmo Panamæ (Fendler, 383,
h. Mett.); præterea in Peruvia (Pœppig., 189, h. Ber., et Mathews,
h. Hook.) et in Brasilia ad flumen Amazonum (de Buren, h. Neocom.).
Var. BG prope Porto Bello (Billberg, h. Ber.), nec non in Costa Rica
(Hoffmann 803, h. Ber.), Guyana gallica (Perrott. et Leprieur sec. Spr.),
et Brasiliæ provincia Para ad flum. Amazonum (v. Martius, sec. Spr.).
ADNoT. — Cl. Presl. S. geniculatam suam insularum Philippinarum
incolam esse tradit, sed specimina Hænkeana in museo Bohemico asser-
vata nullo modo a planta Americana serius sub nomine S. ferruminatcæ
descripta differunt. Hinc errorem quemdam in indicatione patriæ sub-
repuisse crediderim, quod eo facilius fieri potuit quum plantæ Hæn-
keanæ post mortem collectoris dispositæ et determinatæ sint, quodque
eo certius admittendum est quum neque hæc, neque ulla alia hujus
sectionis species ab aliis collectoribus extra Americam reperta sit.
h2. SELAGINELLA TOMENTOSA Spr., Monogr., 168, p. 231.
In insula Gorgona (Hinds, h. Hook., sec. Spr.).
Species mihi ignota, quæ caule tomentoso valde simgularis esse
videtur.
Anxor. — Ad Selaginellas articulatas caulescentes demum pertinent
species complures in Americæ meridionalis regionibus vicinis detectæ,
sed intra fines Novæ Granatæ nondum repertæ, quarum paucis men-
tionem facere haud inutile duxi :
S. Parkeri Spr., Monogr., 163, p. 226 (emend.); Lycopod. Parkerr
Hook. et Grev., Enum. Fil. in Bot. Mise., H (1831), p. 388; S. lucidi-
nervia Spr., Enum. Lycop.in Bull. 4cad. Brux., X, 1(1843), p. 230.5 pe-
cies valde speciosa, foliorum magnitudine insignis. Rami frondis pyram!-
datæ longe pinnati; ramuli plurimi simplices pulchre pectinati. Caulis
goniotropus. Folia lateralia postica, oblonga, versus apicem falcatun
incurva, acuta, nervo diaphano percursa, margine superiore ultra
medium pallida et serrulata, basi utrinque cordato-auriculata, auricula
superiore minima. Folia mtermedia basi peltata. Spicæ in ramulis soli-
tariæ. Macrosporæ rugis elevatis anguste reticulatæ. Microsporæ breviter
tuberculato-muricatæ. In Guyana gallica (Leprieur, etc.) et anglica (Par-
ker, Appun, n° 48).
S. euryclada A1. Br., a præcedente differt statura validiore, ramifica-
tione frondis minus composita, ramis pauciramulosis, ramulis simplici-
bus valde elongatis latissimis ad apicem attenuatum spicas plures spicatim
congestas gerentibus; foliis lateralibus longioribus et angustioribus, mar-
gine superiore nonnisi prope basin serrulatis, nervo non diaphano, sed
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 909
obscuro percursis, ad basin superiorem vix auriculatis. Prope Panuré ad
rio Uauyés detexit R. Spruce (2540).
S. pedata KI, FT. æquin. in Zinnœæa, XVI (1844), p. 521; S. nodosa
Kunze in Kappler, PL. Surin.; S. Parkeri Spr. ex parte. Ab affini S. Par-
keri differt foliis minoribus, basi inferiore in auriculam parum elongatam
productis, macrosporis laxius grosse meandriformi-reticulatis, micro-
sporis tuberculis longioribus muricatis. In Guyana anglica (Schomburgk,
118) et gallica (Sagot, 750); Surinam (Kappler, 1744) et Brasiliæ, pro-
vincia Para ad cataractas fluminis Aripecura (R. Spruce, 549).
S. fragilis AL. Br., a simili præcedente differt fronde apice haud raro
in sarmentum elongatum excrescente, caulibus tenuioribus fragilibus ;
folis remotioribus, lateralibus basi superiore adnatis, inferiore in auri-
culam angustam sursum uncinato-curvatam productis; intermediüs bi-
auriculatis, auricula exteriore dilatata peltata, interiore angusta patula.
Prope San Gabriel et Panuré ad rio Uaupés detexit R. Spruce (2533).
S. calcarata Al. Br.; ZLycopodium stellatum Will. herb. ex parte;
S. stellata Spr., in Endl. et Mart., #7. Bras., I, p. 129, tab. 8; Monogr.,
165, p. 288. Habitu inter caulescentes et repentes medium tenet, haud
raro ex apice frondis stolonifera. Folia lateralia acutissima, biauriculata,
auricula superiore longiore descendente calcaritormi; folia intermedia
auricula exteriore dilatata et rotundata, interiore elongata lineari patula
calcariformi instructa. In Guyana gallica (Leprieur), Surinam (Kappler),
in Brasilia, pr. Para (Hoffmannsegg, Martius, Berchtold, Spruce, n° 27).
Nomen Willdenowianum lapsu calami ortum est ; in tota planta nihil
stellati reperitur. |
S. asperula Spr. in Endl. et Mart., F7. Bras., À, p. 127, Monogr., 162,
p. 225; Lycopodium asperulum Mart., mss. Surculis rigidioribus, foliis
lateralibus dense mmbricatis, ovatis, acutis, biauriculatis, auriculis majus-
culis rigide denticulatis facile distinguitur. In Peruvia (Mathews, de
Buren), in Brasiliæ provincia Rio Negro pr. Barra et Panure (R. Spruce,
1317) et provincia Paraënsi (Martius). Specimina e Brasiliæ prov. Bahiensi
(Martius) non vidi.
IL. — ISOETES.
L., Iter scan. (4751), p. 420.
À Selaginella præter habitum differt macrosporangiis poly-
sporis et microsporis oblongis, nec globoso-tetraedris. De sectio-
nibus hujus generis conferatur Al. Braun in Monatsber. Bert.
ot série, Bor. T. IL. (Cahier n° 5.) 4 20
306 J. TRIANA EF J.-H. PILANCAHON (a. BRAUN).
Akad., 1863, p. 598. In Nova Granata species unica sectionis
primæ hucusque observata est.
À. Aquaticæ. Folia lacunis amplis prædita, stomatibus, fasciculis fibrosis et
phyllopodiis carent. Vegetatio submersa, continua.
Isoxres KarsTeni Al. Br., in Ÿ’erhandl. d. Brandenb. bot.
V'ereins, IV (1862), p.332. — Rhizoma bilobum. Folia crassa,
rigida, ad dimidiam fere longitudinem fusco-membranaceo-
marginata. Velum clausum. Lingula brevis, cordato-triangu-
laris, obtusiuscula. Macrosporæ albæ, læves. Microsporæ muri-
culatæ, |
In lacu montano prope Merida, altit., c. 8000 ped., anno 1853 detexit
H. Karsten.
ADNOT. — Àb affini specie peruviana, Z. Lechleri Mett. (Fil. Lechler.,
fasc. II, p.36; A. Br., loc. cit., p. 331), differre videtur statura minore,
foliorum marginibus membranaceis minus alte accurrentibus, micro-
sporis muriculatis, nec minute tuberculatis, convenit autem velo clauso
et macrosporis lævibus.
LYCOPODIACEZÆ Sw. ; DC.
LYCOPODIUM L.
4. LycoPopium Saururus L.; Spring, Monogr. Lycop., I, p. 21;
Il, p. 6.
Bogota; Andes de Antiochia, Paramo de Ruiz (Triana); Tolima,
prov. Mariquita (coll. Linden. n, 1003).
2. Lycoponium RurEscENs Hook., Zc. plant., I, t. 36; Spring,
Monogr., 1, p. 24; IE, p. 9.
Paramo de San Urban, prov. Pamplona (coll. Linden. n. 1235); las
Cruces, prov. Pamplona (coll. Funck. et Schlim. n. 1474); Ocana,
(Schlim. n. 341); Paramo de Ubaque, prov. Bogota (Goudot); Pitayo
(Hartweg. n. 1475). |
Auctore G. Mettenius.
8, Lycoponiuu myrTuosum Spring, Monogr., UE, p. 7.
Rio Magdalena (Purdie) ex Spr.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 407
h. Lycoponium Firmum M. — ‘Truncus crassitiem pennæ
cygneæ adæquans, 4-2" longus, adscendenti-erectus bis dicho-
tomus, firmus, ramis erectis. Folia multifaria densa, summis
erecto-fasciculatis exceptis. Feflexo-imbricata coriacea nitida,
3" 1/2 longa, 1/2" lata, lanceolata sensim attenuata acuminata,
nervo supra leviter prominulo tenuiter carinata, infra basi leviter
sulcata, versus apicem manifestius carinata, fertilia sterilibus
conformia, basi vix latiora margine tenuissime callose dentata.
La Peña, Bogota, altit. 2900 metr. (Goudot, coll. Lindig. n. 4521).
Obs. — Inter Z. myrtuosum Spr. et reflezum L. collocandum, habitu
et trunci crassitie priori, foliorum directione posteriori comparandum.
9. LYCOPODIUM REFLEXUM Lam.; Spring, Monogr., E, p. 25;
Il, p.10.
Tocarema, prov. Bogota (coll. Lindig. n. 1503); Nova Granada (Har-
tweg. n. 1480) ex Spr.; prope Ocana (Schlim. n. 57); Popayan (Hartweg.
n. 1480).
6. Lycopopium TErTRAGONUM Spr., Î. €.
Popayan (Hartweg. n. 1467).
7. Lycopopium sARMENTOSuM Spring, Monogr., IE, p.13, n. 120.
Paramo Tolima (Goudot); Popayan (Hartweg. n. 1464).
8. LyCOPODIUM LINIFOLIUM L.; Spring, Monogr., E, p. 30 ; I,
p. 12. |
La Trocha, Quindio (Goudot); super arbores, in Andibus Popayanen-
sium (Hartweg. n. 1469); Ocana (Schlim. n. 1031, 470, 597, 642, 6m);
Manzanos, altit. 2800 metr. (coll. Lindig. n. 1520); Bogota ; prov. de
Choco, altit. 2000 metr. (Triana) ; Tolima, prov. Mariquita (Linden.
n. 14001).
9. Lycopopium manpioccanum Radd.; Spring, Monogr., I,
p. 4h; IL, p. 20.
Popayan (coll. Hartweg. n. 1478) ex Spr.; Ocana (Schlim. n, 473),
las Cruces, Pamplona (Funck. et Schlim. n. 1473).
10. Lycoroniüm crusnrum Spring, Monogr., U, p. 34.
Nova Granada (Purdie) ex Spr.
O0S J. RIANA ET J.-E. PLANCHON (4. BRAUN).
11. Lycoronium cernuum L.; Spring, Monogr., 1, p. 79; I,
P. 97.
Santa Anna, prov. Mariquita (Lewy); Muzo, altit. 1600 metr. (coll.
Lindig. n. 1516).
Var. Caule foliisque ubique setis minutis asperulis.
Prov. de Choco, Acostadero, altit. 2500 metr. (Triana).
12. Lycoronium TrickiaTuM Bory; Spring, Monogr., 1, p. 91;
IL, p. 45. |
La Peña Nueva, Bogota (Goudot); Cipacon, altit. 2800 metr. (coll.
Lindig. n. 1501).
13. LycopopiuM contiGuum Spring, Monogr., I, p. 43.
Nova Granada (Purdie) ex Spr.; Pasto (Hartweg. n. 1479).
4h. Lycoronium vesrirum Dsv.; Spring, Monogr., 1, p. 94; IF,
p- Ah.
Nova Granada ex Spr.
B. herbaceum Spring, Monogr., IL, p. 45.
Prov. de Tuquerres, altit. 3000 metr. (Triana).
15. Lycopopium PARADOxUM Mart.; Spring, Monogr., I, p.99;
Il, p. 47.
Nova Granada (Purdie) ex Spr.
46. LycopoDiuM coMPLANATUM L.; Spring., Monogr., I, p.101:
Il, p. 47.
Bogota, altit. 2700 metr. (Goudot, coll. Lindig. n. 1502; Triana) ;
Paramos Ocana (Schlim. n. 390).
17. Lycoropium Jussieur Dsv.; Spring, Monogr., 1, p. 106:
Il, p. A9.
In Paramo de Guanacas, prov. Popayan (Hartweg. n. 1475); Boque-
ron, Bogota (Goudot); Zumbador, Pamplona (coll. Linden. n. 1346);
Bogota, altit. 2750 metr. (Triana).
PRODROMUS FLORÆ NOYO—-GRANATENSIS. 309
15. LycopopiuM vEeRTICILLATUM L.; Spring, Monogr., I, p. 46;
Il, p. 21.
Santa Martha (Purdie) ex Spr.
49. Lycoropium TENUE Humb. Bonpl.; Spring, Monogr., I,
p. 47; Il, p. 21.
Pasto (Jameson) ; Ocana, Paramos (Schlim. n. 342).
20. LycopopiumM PASSERINOIDES HBK., Nov. Gen., I.
Paramos, Ocana (Schlim. n. 506).
24. LycopopiuM ECHINATEM Spring, Monogr., IE, p. 24.
Nova Granada (Purdie) ex Spr.; Pasto (Jameson.
22, Lycoronium Linoenu Spring, Monogr., I, p. 27.
Paramo, Tolima, prov. Mariquita (coll. Linden. n. 1002).
23. LycopobiuM carLcirricHæFroriuM M. — Caulis tener pen-
dulus flaccidus, foliis margine costaque decurrentibus tenuiter
striatus, e basi pluries dichotomus. Folia tetrastiche inserta bifa-
ria verticalia subrectangule patentia, subapproximata, 2 1/2-3"
longa, 4°” 1/2 lata, obovato-oblonga, basi attenuata adnata,
apice obtusa s. brevissime apiculata ; costa tenera. Amenta plu-
ries dichotoma gracilia. Bracteæ imbricatæ s. laxe imbricatæ ;
ovaiæ s. late ovatæ acutæ, dorso carinatæ. Sporangia bracteas
superantia.
Bogota (Triana).
Obs. — L. Aquatupiano Spr., proximum, forma et directione foliorum
abunde recedens.
24. LycoPoprum susuzarum Dsv.; Spring, Monogr., I, p. 71;
Il, p. 32.
In ascensu ad Sorata, prov. Popayan (Hartweg. n. 1476); el Boqueron,
Bogota (Goudot); Monserrate, altit. 2900 metr. (coll. Lindig. n. 1504);
Paramos, Ocana (Schlim. n. 468, 474, 475); rio Hacha, Sierra Nevada
(Schlim. n. 881); Pasto (Jameson).
25. LYCOPODIUM ALOPECUROIDES.
Sierra Nevada, rio Hacha !Schlim. n. 880); Paramos, Ocana (Schlim.
n. 470).
le]
910 3. TRIANA ET S.-E. PLANCHON (A. BRAUN).
RHIZOCARPEZÆ Batsch.
[. — MARSILEACEÆ A. Bronen. d
I. — MARSILEA L.
MARSiLEA STRIATA M. — Foliola integerrima ; nervi flabellati
in maculas elongatas angustas anastomosantes, ultimi arcu intra-
marginal confluentes; striæ fuscæ in medio longitudinali macu-
larum in pagina inferiore superficiales. Sporocarpia plerumque
bina distincta, 1" supra basin petioli inserta et 4" inter se distan-
tia, 2 1/2 longa, ad 4" 4/2 lata, oblonga obtusa longitudina-
liter obtusé quinquangularia, basi dentibus destituta, pedun-
culata, pedunculo ad 4" 1/2 longo, primitus erecto, denique
horizontal.
Aposentos, Ilano de Ibague, prov. de Mariquita, altit. 500 metr.
(Triana).
Obs. — Inter species, quarum sporocarpia supra basin petioli plerum-
que bina pedunculis distinctis, rarius singula, emergunt (Conf.,
À. Braun., Ueb. Marsilea und Pilularia in Sitzungsb. der Berl.-Académie,
1863, p. 419, n. 5-10) et quarum pedunculi erecti seu adscendentes
dicuntur, absentia dentium in basi sporocarpiorum insignis; directione
pedunculi erecta s. horizontali ab M. deflexa A. Braun (oc. cit., 4 41),
quæ proxima et sporocarpiis edentatis longitudinaliter obtuse quinquan-
gularibus nostræ non absimilis videtur, diversa.
In Ÿ. deflexa pedunculi perpendiculariter deflexi, longitudiné sporo-
carpiis sesquilongiores dicuntur.
De nervatura sporocarpiorum pauca addenda sunt.
Costa, e continuatione fasciculi vasorum pedunculi orta et in dorso
sporocarpii decurrens, utrinque nervos circiter 10 emittit, nervi isti
paralleli decurrunt, macularum series 2 efformant, radiosque abbreviatos
indivisos s. furcatos, rarissime anastomosantes versus süturam ventra-
lem sporocarpii emittunt; maculæ sériei uniuscujusque sunt æquilongæ,
seriei superioris ceterum sunt breviores et cellulis post dehiscentiam spo-
rocarpiorum gelatinose tumentibus obteguntur ; maculæ seriei inferioris
sunt longiores et soris occupantur ; nervus receptaculi sororum plerum-
que ex arcu externo macularum superiorum, rarlus e basi arcuum late-
ralium macularum seriei secundæ originem ducit.
Striæ foliorum fusco colore imbutæ, supra indicatæ, quæ specie m
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 311
« striatam » nominare jubent, in pagina inferiore leviter prominent ;
stomatibus sunt destitutæ et cellulis epidermidis rectis subelongatis for-
mantur; epidermis parenchymatis adjacentis contra e celluiis parietibus
lateralibus flexuosis formatur et stomatibus crebris obsita est.
Striæ tales, mihi nisi in A. mutica, M. notæ, non sunt confundendæ
cum striis pellucidis, quæ in foliolis M, Coromandelianæ W., eum I. tri-
chopoda Lepr., M. distorta À. Br. et M. muscoide Lepr., occurrunt; hæ
lamellas s. septula in parenchymate foliolorum effingunt et cellulis elon-
gatis subcallosis componuntur.
SALVINIACEÆ Baril.
AZOLLA Lam.
AZOLLA MAGELLANICA Willd., Spec.. V, p. 51.
Bogota, altit. 2600 metr. (Humb. et Bonpl., Goudot, coll. Lindig.
n. 4500, Triana).
ADNoOT. — Saluinia lœvigata W., Spec., V,p. 527; Kunth in Humb.
Bonpl., Nov. Gen., 1, p. 44; Syn., p. 101; Schlecht., ZLinn., V, 624,
delenda est; specimina Humboldtiana Trianœam bogotensem Karst., Linn.,
XXVIIE, p. 424, 425 ; mexicana Lemnam sistunt.
EQUISETACEZÆ DC.
EQUISETUM L.
1. Equiserum BoGoTENSE HBK., Nov. Gen., E, p. 42.
Prov. de Tuquerres, altit. 3000 metr. (Triana); Cipacon, Bogota, altit.
2700 metr. (coll. Lindig. n. 1512); crescit prope Bogota ad vies et prope
alto del Roble in quercetis, altit. 2700 metr. (Humb. et Bonpl.).
2. EQuiserum ciçanreuu L., Willd., Spec., V, p. 9 (4).
Tena, prov. de Bogota et Quindio, altit. 2650 (Triana).
(4) Ex recensione clarissimi Dr. Milde,
OBSERVATIONS SUR LE PISTIL
OU
LE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS,
Par M. D. CLOS.
I. — L'’axe et l’appendice dans le pistil du genre Pavot.
En 1862, l'étude d’une monstruosité du Papaver orientale et
de quelques faits signalés chez des Pavots par M. Hugo de Mohl
d'une part (1), et M. Morière de l’autre (2), m'avaient conduit
à cette conclusion opposée aux principes jusqu'alors admis en
morphologie, savoir : que de vraies cloisons peuvent naître du
milieu de la feuille carpellaire et correspondre aux stigmates
(Deuxième fascic. d'observ. térat., dans Mém. de l’ Acad. des sc.
de Toulouse, 5° sér., t. IV, p. 51-70).
J'ignorais à cette époque une observation de même genre
publiée, en 1845, par MM. Trécul et Paty, dans le Journal de
pharmacie, reproduite par la Revue botanique, t. 1°, p. 294
et 295, et qui avait conduit ces botanistes à un résultat identique
avec le mien, et ainsi formulé par eux : « Le placenta repré-
sente la nervure médiane, et non les bords des feuilles soudés
entre eux ou avec le prolongement de l'axe, comme le pensent
les botanistes. »
Deux conclusions aussi semblables, basées l’une et l’autre sur
des faits, pouvaient-elles laisser quelque doute sur la significa-
(4) La théorie d'après laquelle les placentas représentent le bords des carpelles, dit
M. de Mohl, a été exprimée d’une manière beaucoup trop générale, et est sujette à de
nombreuses exceptions : Der Satz, dass die Placenten der Carpellarrändern entspre-
chen, viel zu allgmein ausgesprochen wurde und vielfache Ausnahmen erleidet (Ver-
mischte Schriften, p. 44).
(2) M. Morière a publié, sous ce titre, en 1862: Transformation des étamines en
carpelles dans plusieurs espèces de Pavots, un intéressant travail accompagné de
2 planches.
SUR LE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS, 313
tion des cloisons de l'ovaire des Pavots? Mais elles n'en sont pas
moins restées comme non avenues, Car je ne sache pas que
depuis cette époque aucun botaniste ait pris soin de soumettre la
question à un nouveau contrôle ; et cependant peu de pistils sont
de nature à susciter autant d'intérêt, puisqu'on peut se deman-
der tout d’abord s'ils rentrent dans la classe des pistils de nature
carpellaire ?
Ouvrez le Traité d’organogénie de Payer, et comparez la des-
cription du développement floral du Pavot à celui des autres
genres de la famille des Papavéracées. À propos de ces derniers,
il y est mention de mamelons carpellaires devenant promptement
cornés pour constituer un sac plus ou moins allongé. Il en est
autrement pour le Pavot; l'auteur ajoute bien, lorsqu'il résume
le développement floral des Papavéracées : « Dans les Papaver,
les Argemone..…, cenombre des mamelons est toujours plus con-
sidérable (p.220). » Mais comment concilier ces conclusions avec
le passage suivant du même ouvrage relatif au genre Pavot :
«L’extrémité du réceptacle est recouverte par le pistil, sorte
d'enceinte circulaire continue, des parois intérieures de laquelle
partent des placentas, pl, qui tendent vers le centre »(n. 22h) ;
et les figures 19 et 20 de la planche 47 montrent les placentas
correspondant au milieu des crénelures, de ce qui a été considéré
jusqu'ici comme autant de feuilles carpellaires.
J'ai pu vérifier moi-même l'exactitude de cette dernière asser-
tion. Le 26 avril dermier, j'ai choisi sur des pieds de Papaver
Rhœas les plus jeunes boutons de la plante ; ils avaient 2 milli-
mètres, et l'ovaire, d’une longueur moitié moindre, s’y montrait
sous la forme d’une soucoupe verdâtre, ouverte au centre, un
peu crénelée à son bord libre, offrant à l’intérieur de petites
côtes longitudinales, mdices des cloisons futures. Le style et le
stigmate faisaient défaut.
Le Pavot n'a donc point de mamelons carpellaires primitifs.
Faut-il admettre que son pistil est de nature tigellaire? On sait
combien M. Schleiden a voulu étendre le nombre de ces pistils,
qu'il appelle Stengel pistil (Stengelfruchtlnoten), puisqu'il y com-
prend, parmi les Superovariés, ceux des Légumineuses, des
910 D. CLOS.
Passiflorées et des Liliacées, mais il ne signale pas ceux du
Pavot (Grundzüge d. Wissensch. Botan., 3° édit., p. 315).
On objectera peut-être les cas assez nombreux où l’on trouve
dans la fleur des Pavots des pistils surnuméraires libres occu-
pant la place d’un certain nombre d’étamines. Mais ces faits me
paraissent au contraire venir confirmer mes conclusions, De
Candolie figure dans son Organographie (t. I, pl. 89) une
monstruosité de Papaver somniferum, dont une étamine porte,
à la place de l’anthère, un petit fruit semblable au fruit central et
à Siigmate pellé et crénelé. La Revue horticole de 1860 a donné
aussi (p. 294) une figure de fleur de cette même espèce de
Pavot, où la plus grande purtie des étamines a élé changée en car-
pelles plus ou moins formés (Grœnland), et chacun de ces pré-
tendus carpelles est couronné d’un stigmate discoïde à 3-7
rayons (1). Si une étamine est le représentant d’une pièce florale,
comment peut-elle produire à elle seule un pistl, qui, dans les
idées reçues concernant le Pavot, doit être formé d'autant de
CARPELLES quil y à de doubles crêtes stigmatiques sur le style
discoïde (2)? |
Payer à constaté pour la formation des pistils dans les genres
Bocconia, Macleya, Chelidonium, Eschscholtzia, Glaucium,l'exis-
tence originelle de deux bourrelets distincts devenant prompte-
ment cornés en {ormant un sac allongé (Loc. cit.); il y aurait donc
chez les Papavéracées deux sortes de pistils : les uns, peut-être,
de nature foliaire, et dont les éléments naîtraient isolés ; les
(4) Toutefois il en est autrement dans une monstruosité de Papaver bracteatum figu-
rée par Turpin (Atlas de l'Histoire naturelle de Gæthe, t. 1V, fig. 23), où les étamines
voisines du pistil s'étaient transformées en carpelles uniloculaires ; les filets s'étaient
épaissis et creusés, et ils produisaient des ovules pariétaux situés du côté intérieur.
Les anthères, en se crispant, avaient pris la forme de stigmates sessiles, analogues à
ceux qui couronnaient l'ovaire central.
[(2) On lit en effet dans les Leçons élémentaires de botanique de M. Le Maout (4'tédit.,
t. 11, p. 468), à la description du pistil du Coquelicot : «Chaque cloison vous montre
les ovaires de deux carpelles différents repliés à l’intérieur.» Et à la page suivante :
«Le fruit du Coquelicot est formé de plusieurs ovaires soudés ensemble.» M. Kirschleger
_ commence à son tour de la sorte la description de la tribu des Papavérées : « Capsule
composée de 4 à 21 carpelles. » (Flore d'Alsace, ?. T; p. 32.)
SUR LE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS. 319
autres, peut-être, de nature axile, apparaissant sous forme de
cupule, et propres au genre Papaver (y compris très-probable-
ment le Meconopsis cambrica) (1). Ce résultat tendrait à affaiblir
beaucoup l'importance en tant que caractère de la nature ou de
la signification du pistil.
Toutefois la transformation des étamines en carpelles dans le
Pavot semble au premier abord peu favorable à cette distinction,
car il résulte des intéressantes observations de M. Morière que,
dans ce cas, le filet se creuse pour former l'ovaire, tandis que les
valves de l’anthère, en s’étalant, produisent un stigmate sessile
à deux ailes ou deux rayons (2). Ce fait a bien sa signification ;
sans doute, on pourrait invoquer, à l'appui des idées émises dans
la présente note, l'opinion d’Agardh et d'Endlicher, qui regar-
deñt le filet comme un axe et l’anthère comme représentant
deux feuilles opposées. Mais cette interprétation de l’étamine,
repoussée du réste par la plupart des botanistes, ne saurait être
admise d’une manière générale. La transformation accidentelle
des étamines en pistils chez les Pavots suffit-elle à y démontrer
une communauté d’origine à l’état normal entre ces deux sortes
d'organes ? Je pose la question sans y répondre. C’est le propre
de la morphologie végétale de laisser toujours à la suite d’un
problème résolu un nouveau problème à résoudré.
(1) La tribu des Papavérées est diversement limitée. Endlicher la compose de
huit genres; MM. Bentham et Hooker y comprennent onze genres, tandis que
M. Grach la réduit à ceux-ci : Papaver, Meconopsis et Argemone. L'organogénie
pourait éclairer sur la question de savoir si ce dérnier a un pistil dé même nature que
celui des Pavots et doit ou non appartenir à la même tribu que lui. Celui de l’Arge-
mone ochroleuca, examiné alors qu'il n’avait encore que 14 millimètre de long, s’est
montré sous la forme d’un petit corps urcéolé à cinq côtes, et je n’ai pu y découvrir
les traces des cinq stigmates.
(2) M. Morière figure (/oc. cit., pl. 2, fig. 3 et 8) de nombreux caryelles (?) prove-
nant aussi de la transformation des étamines, mais soudés par 2, 3, 4, jusqu’au som-
met du stigmate, de manière à former des ovaires représentant parfois, dit-il, à s’y
méprendre et dans des dimensions plus ou moins grandes, des ovaires à l’état normal.
Y a-t-il bien dans ce cas soudure? La figure déjà citée de la Revue horticole nous
représente fous les pistils provenant de la transformation des étamines (et ils sont nom-
breux) surmontés chacun d’un disque (style et stigmate) à plusieurs rayons, et rien
n'indique que chacun de ces pistils provienne de la soudure de plusieurs.
316 D. CLOS,
IT. — Du fruit des Citrus.
Les mnombrables bizarreries que présentent les fruits dans le
genre Cîtrus ont fait dire aux deux monographes de ce groupe :
«Ce n’est que dans la famille des Orangers qu’on trouve très-
fréquemment de ces jeux de la nature : de tout temps, les phi-
losophes ont cherché à les expliquer, mais jusqu'ici aucun n'est
parvenu à satisfaire pleinement la physiologie à cet égard. »
(Risso et Poiteau, Histoire naturelle des Orangers.)
Le fruit des Citrus est, en effet, un de ceux qui varient le
plus (1), un de ceux qui ont exercé le plus les mvestigations des
physiologistes. On à interrogé tour à tour la tératologie et l'or-
ganogénie ; mais, malgré les précieuses données fournies par
elles, il reste encore quelques points à éclaircir, et c’est princi-
palement à dévoiler la nature de l'écorce des Orangers que cette
note est destinée.
Au mois de janvier dernier, j'observais au centre d'une
Orange, parfaitement conformée quant à ses autres caractères,
un corps ovoide-conique composé de trois petites côtes, en tout
semblables aux extérieures, à part la grosseur, et que l’on pouvait
facilement isoler.
Cette circonstance me fit vivement désirer d'étudier les
Oranges fœtifères ou enceintes signalées par Ferrari, parGallesio,
par Risso, etc. Je dois à l’obligeance de M. l'abbé Montolivo
(de Nice) d’avoir pu me satisfaire, ce botaniste ayant bien voulu
se procurer, pour me les offrir, une douzame de ces sortes
de fruits. |
Le seul caractère extérieur qui les distingue des Oranges
ordinaires est un ombilic terminal et circulaire, orifice d’une
cavité sous-jacente, fermé par de petites excroissances jaunes
et de la nature de l’écorce, au nombre de 2 à 5, diversement
(4) On peut consulter, pour l’étude de ces anomalies, les nombreuses planches des
Hesperides de Ferrari (in-fol., 1646), celles de l'ouvrage cité de Risso et Poiteau ; et
aussi l'Atlas de l'Histoire naturelle de Gœthe par Turpin, les Lecons de botanique par
Le Maout (37° étude), the Vegetable Kingdom de Lindley, p. 457.
SUR LE FRUIT DES GENRES PAPAYER ET CITRUS. 917
mcurvées et unies par leur base, et qui quelquefois font légère-
ment saillie au-dessus de cet ombilic.
L'écorce de ces Oranges ne diffère pas de celle des autres ;
son ablation montre un cercle de côtes normales, mais dont la
suture ventrale, au lieu de représenter une ligne droite, est
fortement incurvée pour pouvoir s'appliquer sur un second rang
de côtes intérieures à dos également convexe, mais de moitié
plus courtes. Généralement ces deux cercles alternent, l’arête
intérieure des côles externes correspondant aux lignes de sépa-
ration des côtes du rang interne, et l’un et l’autre renferment
quelques graines.
Un gros faisceau cellulo-vasculaire et blanc occupe l’axe ver-
üical du fruit, envoyant des ramifications sur ces deux rangs de
côtes; 1l vient s'épanouir au-dessous des excroissances jaunes
terminales dont 1l a été question, englobant en ce point trois
(plus rarement quatre) petites côtes, composées comme lesautres
de vésicules jaunes à suc doux, mais dépourvues de graines, et
tellement adhérentes entre elles et aux tissus ambiants, qu’on ne
les obtient guère que par voie d’énucléation (1).
On ne saurait douter que les excroissances terminales ne
soient /« peau ou l'écorce de ces petites côtes, cette peau s'étant
développée là seulement où celles-ci ont pu recevoir l’action de
l'air et de la lumiere.
Cette orgamisation des Oranges fœtifères soulève le dilemme
suivant :
Ou le zeste n’est pas une partie intégrante essentielle du péri-
carpe, puisqu'il fait absolument défaut à la partie dorsale du
second cercle intérieur de côtes.
Ou bien celles-ci, par suite même de leur développement à
l'abri du contact de l'air et de la lumière, ont perdu leur épi-
derme, comme il arrive aux feuilles des plantes naturellement
submergées.
(1) Ce fait de la production de carpelles supplémentaires à l’intérieur du fruit se
retrouve dans une plante cultivée, la Tomate (Lycopersicum esculentum Dun.). Là
aussi le nombre des carpelles est variable, et l’on voit souvent le cercle extérieur de ces
organes s'écarter au sommet ou au point de convergence, pour laisser voir une sorte
d'ombilic à deux ou trois mamelons.
318 D. CLOS.
Ce qui plaiderait en faveur de cette seconde interprétation,
c’est la présence d’une écorce sur le cercle sous-omhilical des
petites côtes signalées en dernier lieu, et seulement aux points
de ce troisième rang de côtes exposés à l'air et à la lumière.
Mais, d'autre part, des faits bien avérés démontrent qu'eæcep-
tionnellement l'écorce peut se produire à l’intérieur de l'Orange,
et dans des cavités parfaitement closes. Je citerai les sul-
vanis :
a. On dit que, dans la monstruosité de l’Orange appelée mel-
larose ou bizarrerie, de petites Oranges jaunes, conformées, aux
dimensions près, comme les Oranges ordinaires, occupent dans
chaque tranche ou loge, et au sein du parenchyme succulent de
celles-ci, la place des graines (4).
b. Le docteur Perrier a vu dans l’intérieur d’une Orange un
second fruit de la grosseur d’une forte aveline, recouvert à sa
base d’une enveloppe diaphane analogue à celle qui tapisse les
carpelles avec lesquels elle est en contact, et, dans sa moitié supé-
rieure, d’une écorce épaisse, d'un beau jaune orangé, doublée sur
elle-même à l'instar des enveloppes séreuses. Notre confrère ajoute :
« La face mterne ou fongueuse de l'écorce du fruit supplémen-
taire est donc en rapport, d’un côté avec l'enveloppe transpa-
rente de ses carpelles, de l’autre avec la face interne de l'écorce
de l’Orange nourricière. » (Dans Bulletin de la Sociélé lin-
néenne de Normandie, t. IX [1865], p. 109-113.)
c. On doit encore à M. Eudes-Deslongehamps la connaissance
d’un cas d'Orange fœtifère ainsi décrit dans le même volume
(page 41h) : « L'Orange parasite, quoique prenant aussi son ori-
gine au pédoncule de l'Orange enveloppante, se déviait de la
direction de l'axe et venait se placer de côté entre les carpelles ;
la peau particulière de lOrange parasite n'était pas retroussée
comme dans le cas observé par M. Perrier, mais enveloppait ta
petite Orange d’une manière régulière ; sa surface était intacte,
et n’adhérait point aux parties environnantes ; elle était jaune,
(4) La mellarose, que je n'ai pas eu l’occasion d'étudier, est décrite avec détail
däns les ouvrages déjà cités de Turpin et de M. Le Maout.
SURLE FRUIT DES GENRES PAPAVER ET CITRUS. 219
granulée comme celle des Oranges ordinaires, bien qu'elle fût
environnée de toutes parts, et ne fût point en contact avec l'air
et la lumière. »
d. À ces faits je puis en ajouter un observé sur deux de mes
Oranges fœtifères de Nice. Une des côtes du rang placé sous la
peau, semblable aux autres par ses caractères extérieurs, offrait,
au milieu de sa pulpe peu abondante, une lame épaisse de la
nature du zeste, jaune et subcartilagineuse comme lui, et qui
paraissait devoir son origine à la fine pellicule blanche (endo-
carpe) eirconscrivant la côte ; car les deux lames de cette pellt-
cule, au lieu de s’arrèter et de se confondre à leur point d'union,
rentraient dans l'intérieur de la côte par une sorte d'invagina-
tion, et donnaient ainsi naissance à cette écorce, qui, comme
celle de l’'Orange, montrait un cercle de vésicules entourant une
substance jaune coriace.
La conclusion de ce fait n'est-elle pas que, dans certaines cir-
constances spéciales, l’endocarpe peut aussi donner naïssance au
zeste de l'Orange? Toutefois, dans la très-grande majorité des
cas, les deux pellicules péricarpiques externe et interne du genre
Citrus (épicarpe et endocarpe) engendrent des tissus addition-
nels celluleux trés-différents au point de vue des sucs qu'ils éla-
borent. |
L'organogénie ne peut guère éclairer sur la nature du zeste
de l’Orange, car le développement du tissu cellulo-glanduleux
commence dès l'apparition des carpelles (4).
Il est étrange que, de l'avis de Risso et Poiteau, ce soit le
zeste, c'est-à-dire un tissu accessoire, qui fournisse, par la forme
des vésicules oléifères, le meilleur caractère distinctif des
Oranges et des Bigarades, ces vésicules étant extérieurement
convexes dans les premières, concaves dans les secondes.
Si l'interprétation donnée dans cet écrit, du péricarpe des
Citrus, est exacte, il conviendra de conserver à ce fruit la déno-
(4) M. Lestiboudois, qui a publié dans les tomes II et TITI de la 4° série des Annules
des sciences naturelles, un grand mémoire sur les fruits, figure la coupe d’un jeune
péricarpe de Citrus (t. IT, pl. 17, fig. 30), mais ne se prononce pas sur la nature
des couches de ses parois.
920 | D. CLOS.
mination d'hespéridie (a bon droit préférée à celle d’hespéri-
dion proposée par Desvaux en 1812), et sur l’utilité de laquelle
les auteurs sont loin de s’accorder. C’est qu’en effet cet organe
s'éloigne de tous les autres, non-seulement par des caractères
bien manifestes, mais encore par le double développement d’un
üssu cellulaire accessoire à la face externe de l’épicarpe, à la face
interne de l’endocarpe.
Qu'il me soit permis, en terminant ces considérations, de
signaler quelques points d'analogie entre les genres Papaver et
Citrus. Dans les deux, on avait fait intervenir dans la constitu-
tion du pistil une couche étrangère, le torus ; dans les deux, on
a constaté l'existence de carpelles surnuméraires, tantôt exté-
rieurs et tantôt intérieurs; dans les deux, on cite des cas de
transformation d’étamines en carpelles; dans les deux, enfin, la
nature des placentas suggère quelques doutes.
= 0 ee ht
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES,
Far NE. J. DECAISNE.
Malgré les travaux importants auxquels le groupe des Péda-
linées a donné lieu, la répartition des espèces dans les genres
qui le constituent laissait beaucoup à désirer. Ceux-ci, en effet,
bien que très-naturels, sont, dans les ouvrages de botani-
que descriptive, un assemblage d'espèces fort dissemblables que
jai cherché à mieux répartir. Jai été conduit à cette étude
par l'examen des fruits d’une nouvelle espèce d’Harpagophytum
recueillis sur la côte occidentale de Madagascar, Quant à l’or-
ganographie, elle lasse peu à désirer, puisque, à l'exception des
Pedalium, dont la structure des graines mériterait une étude
suivie, que je n'ai pas eu l’occasion de faire sur le vivant, elle a
donné lieu aux travaux importants de R. Brown, d'Endlicher,
et tout récemment à ceux que M. Bureau à publiés dans sa
Monographie des Bignoniacées.
Quoique de formes très-différentes dans la série des genres, le
fruit des Pédalinées peut néanmoins se rapporter à un même
type, si l'on conçoit le nucule discoïde du Pretrea comme un
fruit déprimé de Pedalium, et le fruit de ce dernier comme un
modèle réduit des gros fruits cornus des Proboscidea.
Le tableau ci-dessous démontrera, en peu de mots, les carac-
tères de chacun des genres réunis actuellement dans le groupe
des Pédalinées, dont j’exelus les genres Eccremocarpus et Tour-
retia que M. Bureau y a joints, malgré leur mode différent de
végétation, la structure de leurs graines et la forme de leur
embryon étant identiques avec ce que nous voyons dans les
Bignoniacées, auxquelles ces deux genres doivent, à mon avis,
r'ester assoClés.
9€ série, Bor, T. 11L, (Cahier n° 6.) ! a
329 J, DECAISNE,
SYNOPSIS GENERUM PEDALINEARUM.
A. == FLORES RACEMOSI.
* Corollæ tubus ventricosus ; fructus rostralus.
Marrynia. Calyx alte 5-fidus.
PROBOSCIDEA. Calyx spathaceus.
** Corollæ tubus gracilis, longissimus; fructus ovatus suberostris.
CRANIOLARIA. Calyx spathaceus.
B, — FLORES AXILLARES.
*** Colyx parvus, corollæ tubus cylindraceus v. ventricosus.
_
HarracoPayTuM. Fructus harpagonibus instructus.
PepaLium. Fructus ovato-pyramidatus, inferne acuminibus 2-h
instructus.
JoseriniA, Fructus rotundatus, undique verrucoso-spinüulosus.
PRETREA. Fructus depressus, pelviformis, in medio tubereulis
v. acuminibus instructus.
Preroniscus. Fructus compressus, 4-pterus, m medio verfucosus.
MARTYNIA Lin.
Calyx alte quinquefidus v. pentaphylius, segmentis submer-
branaceis inæqualibus, exterioribus latioribus, bibracteatus, brac-
teis majusculis submembranaceis calyei subæquahbus. Corolla
ringens, tubo ventricoso calyeem superante, fauce campanulata,
lmbo 5-lobo lobis patentibus. Siamina fertilia 2 v. 4, didynama,
quiato rudimentario ; antheræ oblongæ, didymæ. Stylus stamina
superans. Fructus ovatus, rostro brevi v. elongato unematus,
loculis mono-v, polyspermis, — Herbæ annuæ, viscidæ, odore
stramoni v. uicotianæ ; folia cordata integra v. sublobulata.
À. Marrynia pranprA Willd.
M. annua; foliis cordatis, angulatis v. repando-dentatis v. Cor-
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 928
dato-orbiculatis, dentatis, pubescenti-viscidis ; foliolis calycinis
ovaüs, subæqualibus ; floribus roseis, labis in medio violaceo
maculatis, 2-andris; fructibus ovatis pollicaribus breve rostratis.
Martynia diandra Glox., Obs., p. 4h, tab. 1; Ehr., Pic,
tab. 1, fig. À et analys.; Jacq. Schœnb., vol. I, p. 20, tab.
289; Willd., Spec., I, p. 263; Bot. Reg., vol. XXII, app.,
tab. 2001; ÆHerb. amat., W, tab. 193; Descourt., Antill., vol. IV,
p. 180; Andr., Bot. Repos., vol. XCE, p. 575, t. 576,
Martyna angulosa Lamk, Encycl. IE, p. 112; Turp. Dict.,
tom. X, p. 456, tab. | |
Hab. in Louisiana et Imp. Mexicano, circa Veram Crucem, prope Tan-
toyuca, prov. Huasteca (Ervendberg., n° 114). Vulgo Griffe-de-Chat,
Bicorne, Cornaret.
9. Martynia LUTEA Lindi.
M. annua, diffusa ; foliis suborbicularibus, cordatis, integris,
interdum subobliquis, majusculis pubescenti-viscidis; calyeinis
foholis latitudme inæqualibus, exter. latioribus, bracteis binis
ovalibus stipats; corolla tube curvato calycem superante, lutea;
fructu longe rostrato, incurvo.
Martynia lutea Lindi., Bot. reg., 93h ; DC. Prodr., EX,
p. 295. |
3, MARTYNIA MONTEVIDENSIS Cham.
M. foliis subrotundis, cordatis, subangulatis, dentatis, denti-
bus inæaualibus brevibus mucronulatis, sinubus arcuatim excisis
interjectis ; calycibus pentasepalis, foliolis lanceolatis obtusis.
— Habitu, viscositate floribusque affinis W. diandræ; folia
20-25 centim. longa et lata. Corolla 4 centim. longa.
Martynia montevidensis Cham., in Linn., 1832, p. 791:
DC. Prodr., IX, p. 254.
Hab. in Brasiliàa-meridionali, prov. Cisplatina.
32 J. DECAISNE,
PROBOSCIDEA Schm.
Calyx spathaceus, subeucullatus, submembranaceus, antice
fissus, inæqualiter 5-lobus, basi bracteolatus, bracteis calyce
brevioribus lineari-lanceolatis. Corolla ringens, tubo ventricoso
calycem vix superante, fauce campanulata, limbo 5-lobo, lobis
patentibus v. superioribus reflexis. Stamina fertilia 4 didynama,
faucem æquantia, quinto rudimentario ; antheræ cohærentes.
Stylus stamina superans. l’ructus ovatus, plus mmusve rostratus.
— Herbæ annuæ viscidæ, ramosæ, patulæ ; foliis oppositis v.
alternis, cordatis v. suborbiculari-cordatis, integris v. obscure
lobulatis, graveolentibus.
1. ProBoscipeA Jussiær Schmid.
P. folus suborbicularibus, integris v. obscure simuatis, bas
cordatis ; corolla pallidissime rubente v. sordide Hlacina, macu-
lata, lacinia inferiore introrsum ad faucem barbata; fructu
longe rostrato, uncimato, viscido.
Proboscidea J'ussiæi Schm., Zcon., p. 49, tab. 12 et 13 (1793).
Martynia annua L., Sp., p. 862; Gært., Fruct., Il, p.131,
tab. 110.
Martynia caule ramoso, foiiis cordato-ovatis pilosis, Mill.,
Icon., tab. 286.
Marhynia proboscidea Willd., Sp., vol. IE, p. 264; Ait,
Kew., W, p. 339; Glox., Obs., p. 14; Bot. Mag., 1056;
DC., Prodr., IX, p. 255.
Martynia allernifolia Lamk; Encycl., WE, p. 142.
Hab. in Louisiana, Carolina, etc.
2. PROBOSCIDEA ALTHÆIFOLIA +.
P. foliis alternis, cordato-ovatis, simuato-3-7-lobis ; calyce
obliquo, 5-lobo, corollæ tubo plus duplo breviore. — « Herba
rudis, viscosa ; folia omnia alterna. Calyx utin Proboscideu Jussiær
sed multo minor, vix 2 centim. longus, corollæ tubus 3-4 centim.
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 825
Jougus. Drupa rostro neglecto 6 centim. longa, rostro 42 cen-
tim. longo, incurvo. »
Martynia altheæfolia Bth., Sulf., p. 37, n. 127.
Hab. in Magdalenæ sinu.
3. PROBOSCIDEA FALLAX +.
P. glanduloso-pubescens, viscidula ; foliis cordato-ovatis ,
obtuse 5-lobis, crenulatis ; corollæ tubo campanulato, eurvulo.
basi breviter attenuato ; cornibus drupam subæquantibus, —
Drupa e basi attenuata ellipsoidea, seminibus rhombeis com-
pressis.
Martynia fallax Kunze, Ind. Sem. Hort. Lips., 1848.
Cramolaria fallax Alph. DC., Prodr., VX, p. 254.
Hahe..…
. PROBOSCIDEA UNIBRACTEATA +.
P. caule perenni?; folius cordatis, subangulatis, dentatis,
corollæ tubo longitudine calycis unibracteati , limbo patente
5-lobo, lob. inferiore paulo majore. — Herba 1-1 1/2 metralis,
corolla pallide sulphurea, in fundo punctis purpureis picto.
Craniolaria unibracteata Nees et Mart., Nov. Act. nat.
Cur., vol. XI, p. 67, tab. 4.
Holoregmia viscida Nees, Bot. Zeit., 1861, Bd. F, p. 800 et
990 ; Nees, Brasil. Reis. Neuw., Bd. I, D. 239 et 34h; DC.
es -Ei p:25/1.
Hab. in Brasilia circa Cahueram et ad Rio das Contas.
9. PROBOSCIDEA VIOLACEA +.
P. annua ; foliis alternis, cordatis, repando-sinuatis, acute
denticulatis, glabriusculis ; bracteis lanceolatis calyce obliquo
infra usque ad basin fisso dimidio brevioribus ; rostro pericar-
pium superante. — Folia 12-18 centim. longa et vix latiora, in-
LA
326 3. DECAISNE,
conspieue sinuato-lobata v. dentata; flores rubentes violaceo
maculati, mag. ill. Martyniæ diandre.
Martynia violacea Engelm., Sketch of the Bot. of Wislic.
Exped. adnot., p. 17; Torr., Emory eæped., p. 110.
Hab. in Novo Mexico, ad lacum Encinillam prope Chihuahua,
6. PROBOSCIDEA ARENARIA +
P. annua, glanduloso-pilosa ; foliis alternis, cordatis, 3-5-7-lo-
batis, lobis rotundatis repando-denticulatis ; bracteis lanceolatis
calycem infra fissum dimidium &quantibus ; rostro pericarpium
æquante. --- Folia 46 centim. longa; flores lutei, intus fusco
maculati, paulo minores quam in Proboscidea Jussiæi.
Martynia arenuria Engelm., Sketch of the Bot. of Wislic.
Exped. adnot., p.16; Torr., Emory exped., p. 110.
Hab. in Novo Mexico, locis sabulosis infra EI Paso.
7. PROBOSCIDEA FRAGRANS +.
P. annua ; foliis cordatis, angulatis v. grosse dentatis, viscidis ;
calycibus campanulatis subvesiculosis bracteisque plus minusve
violaceis ; corollæ tubo calycem vix superante. Corolla formosa,
violacea,
Martynia fragrans Lindi., Bot. Reg., 1861, Misc. 206.
tab, 6; Bot, Mag., 1292.
Cramolaria fragrans Dene, Ind, sem. hort. Par., 1852,
8. PROBOSCIDEA TRILOBA +.
P. foliis pseudo-oppositis, apices versus alternis, oblongo-
deltoideis, omnino evolutis trilobis, lobo medio maxime pro-
ducto, basi inæqualibus subcordatis, margme smuatis undulatis
et obsolete denticulatis ; floribus tetrandris ; calycibus breviter
bibracteolatis, 5 lobis, obliquis, antice fissis.
Martynia triloba Schlt. et Cham.,.Zinn., 1830, p. 121;
DC. Fredr IX, ii 253,
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES, 397
Hab, in Mexico, circa Veram Crucem.
9. ProBosGiDEA BOTTERI +.
P. sublignosa, viscidula ; foltis oppositis v. alternis, cordato-
hastatis, plus minusve 3-lobatis, marginibus mæqualiter denti-
culatis, denticulis acutis; calyce corollæ tubo breviore; fructu
uneinato, recurvo. — Caulis erassitudine pennæ anserinæ, sub-
lignosus ; folia 9 cent. longa, 6 lata, viscidula, longe petiolata ;
corolla ut videtur violacea. Valde aff, P. trilobæ si non eadem.
Hab. in fmperio Mexicano circa Orizabam (CI. Botteri, n° 797, Herb,
Mus. Par..
Obs. — J'ai adopté pour la plupart des plantes disséminées entre les
Martynia et les Craniolaria le nom générique établi par Schmidel, par
la raison que l’épithète de proboscidea rappelle très-heureusement la
forme des fruits de toutes les espèces du groupe, et que le nom spéci-
fique (Proboscidea Jussiær), admis par ce célèbre botaniste, ne laisse plus
de place à la confusion à laquelle avait donné lieu le nom de Martynia
annua, appliqué à des plantes de genres différents.
CRANIOLARIA Jacd.
Calyæ Spathaceus, submembranaceus, antice fissus, inæqua-
liter 5-lobus, bast bracteatus, Corolla tubo gracili longissimo,
fauce campanulata, limbo patente 5-lobo inæquali. Stamina h
didynama, subexserta, quinto rudimentario, Stylus stamina
superans, stigmatibus 2. Fructus drupaceus, ovatus, suberostris.
— Herbæ americanæ, radice alba tenera eduli, vulgo Escor-
zonera; toliis integris v. cordato-5-7-lobatis, lobis repando-
dentatis ; floribus albis.
1. CRANIOLARIA ANNUA Jacq., Am., p. 173, tab, 410.
Martynia Craniolaria Willd., Sp., t. HT, p. 264; Swartz,
Obs., 230; Gloæ., Obs., p. 14.
Martynia annua villosa el viscosa aceris folio, flores alba tubo
ongissimo. Ehrt., Pict., tab. 4, fig. 2,
928 J. DECAISNE.
Hab. prope Carthagenam Americæ, Nova Granata, in insula Sanctæ
Crucis, et seçus flumina Magdalenam et Ormocum.
9. CRANIOLARIA INTEGRIFOLIA Cham.
C. « foltis integris cordatis reniformibus subrotundis acute
acuminatis obsolete mucronulato-denticulatis. Calyx spathaceus
membranaceus. Corolla semipedalis et ultra, tubo gracili 4 4/2
-poll. longo, fauce late campanulata, limbo expanso diametro
bipollicari majorique. Fructus €. annuæ ut a Jacq. descriptus,
rostra nucis valida, brevia, acutissima antrorsum uncinata. »
Craniolaria integrifolia Cham., Linn., 1832, p. 725; DC.,
Prodr., IX, p. 255.
Hab. in Brasilia meridionali.
HARPAGOPHYTUM DC.
Calyæ 5-partitus, lobis linearibus subæqualibus. Corolla tubo
ventricoso v. ventricoso-tubuloso, limbo 5-lobo inæquali. Sta-
mina h fertilia didynama, quinto effœto rudimentarlo. Fructus
ovatus, plus minusve depressus, lignosus v. pergamaceus, har -
pagontbus pluribus instructus ; loculis oligo-v. polyspermis.
Semina ovata v. compressa, integra v. margine denticulato-
erosa. — Herbæ africæ australis v. Madagascariæ, humifusæ,
pruinoso-glaucæ, foliis lobato-incisis, e bast 3-5-nerviis. Flores
purpurel.
1. HARPAGOPHYTUM PROCUMBENS DC.
H. caulibus pruinosis, glaucescentibus; foltis ovatis v. ovato-
oblongis, inciso-lobatis ; floribus ventricoso-tubulosis ; fructibus
cartilagineis, harpagonibus compressis, margine spinoso-den-
tatis, uncis inæqualibus; seminibus oblongis, rugosis, nigres-
centibus. Flores purpurei, 3 centim. longi, lobis subæqualibus.
Harpagophytum procumbens DC., Prodr., vol. IX, p. 257;
Deless., Icon. select., vol. V, tab. 94, fig. 12 (aliæ exclusæ).
Uncaria procumbens Burch., Trav., 1, p. 556 et 539, Icon.
fruct.
Ÿ
e
7)
1
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES, 320
2, HARPAGOPHYTUM ZEYHERI +.
H. cauhibus rugulosis, fuscescentibus ; foliis ovatis v. ovato-
rotundis, Inciso-lobatis ; fructibus rotundatis, sublignosis, harpa-
gonibus brevissimis compressis marginibusque uncimato-spino-
sis.— Flores 6 centim, longi. Fructus suborbicularis, à centim.
longus.
Harpagophytum procumbens DC. (partim), in Deless., Zcon.
select., vol. V, fig. 1-11 (excel. fig. 12) ; coll. Zeyher, n° 1205.
Hab. in Africa aust.; Macalisberg (Burch. Herb. Kew. et Zeyh. Herb.
Par.).
d. HARPAGOPHYTUM Burcaezzu Dene.
H. ...fructibus lignosis, ovatis, antice compressis, harpago-
nibus gracilibus teretibusque apice uncinatis.
Harpagophytum Burchelhii Dene in Duchart., Rev. bot.,
vol. I, p. 516.
Hab. in Africa austr., ad Kalagari (Coll. Delessert).
h. HARPAGOPHYTUM LEPTOCARPUM+.
H. .….fructibus pergamaceis, ovatis, antice in laminas bifidas
attenuatis, harpagonibus gracilibus teretibusque apice uncinatis;
seminibus compressis, subcordatis, margine denticulatis.
Hab. Madagascar, in ora occidentali (Herb. Mus. Par. CI. Monestier).
Obs. — La planche 94 des /cones selectæ qui représente l’Æarpagophy-
tum procumbens offre plusieurs inexactitudes : ainsi la figure 12 se rap-
porte seule à la plante de Burchell; le rameau fleuri et tous les détails
analytiques qui s’y rattachent appartiennent, au contraire, à notre
H. Zeyheri. De plus, le dessinateur, en représentant la fleur de grandeur
naturelle (fig. 1), a renversé la corolle de manière à placer le lobe inférieur
à la place du supérieur ; enfin, la structure des anthères n’est pas repré-
sentée avec plus d’exactitude, comme on pourra s’en assurer en Compa-
rant mes analyses à celles de Heyland.
330 J. DECAISNE.
PEDALIUM D. Royen.
Calyæ parvus, 5-partitus, laciniis subæqualibus, superiore
breviore angustioreque. Corolla tubulosa, tubo inferne parum
incurvo et constricto, limbo 5-fido, lobis rotundatis, infimo ma-
jore. Stamina 5; quatuor fertilia didynama, quintum effœtum
rudimentarium ; antheræ rotundatæ reniformes. Stylus filifor-
mis; stigma bifidum. Fructus nucamentaceus, exsuccus, inde-
hiscens v. superne parum dehiscens, ovato-pyramidatus, des-
siccatione subtetragonus, spinis 2-4 conicis ad basin siipatus,
3-h-locularis, loculis 2-spermis. Semina pendula, anatropa ; testa
arido-membranacea, quasisacecata, granulosa ; membrana interna
tenuis. Embryo cotyledonibus ovatis. — Herbæ mdicæ v. afri-
canæ, annuæ, succulentæ, odorem moschi fundentes mucilagi-
neque scatentes ; folia petiolata, ovato-rotunda, dentato-ineisa,
basi trinervia et subeuneata ; flores breviter pedicellati, axillares,
ad basin glandulis nigris carnosulis stipati, bracteolis se taceis
destituti. |
A. Peparium Murex L.
P. glaucum; foliis rotundatis v. ovato-rotundis, sinuato-
erenats v. dentatis, basi cuneata trinerviis ; floribus axillaribus,
subsessilibus, solitartuis, flavidis, fauce introrsum fusco lineolata ;
fructibus semipollicaribus , subpyramidato-tetragonis, cornibus
vel spinis 4 infra medium mstructis; seminibus testa tenui cru-
stacea pallide fusca obtectis. — Herba parva, 10-20 centim.
Pedalium Murex L., Sp., 892; Burm., F1. Ind., p. 139,
tab. A5, fig. 2, pessima quoad floris positionem ; Gært., Fruct.,
E, p. 276, tab. 58; DC., Prodr., IX, p. 256. à
Cacu-Mullu Rheed, Malab., 40, tab. 72.
Hyoscyamus maritimus, fructu Tribuli aculeato, monospermo.
Burm., Thes, Zeyl., p. 122.
Hab. in India orientali, etc.
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES, 331
2, Peparium ROGERIA +.
P, folus latiusculis, trilobatis v. rotundato-sinualis, dentibus
glandulosis v. apieulo crassiusculo instructis, basi cuneatis tr1-
nerviisque ; floribus axillaribus, subsessilibus, aggregato-cymosis;
fructibus pollicaribus, subpyramidato-tetragonis, acuminatis,
cornibus v. spinis 6 inæqualibus ab basin instructis, ab apice
ad basin longitrorsam dehiscentibus ; seminibus testa crustacea
nigra, maturitate bivalvi. — Herba annua, erecta, 2-3-metralis,
vix ramosa; flores magni, A-cent. longi, purpureo-violacei;
fructus 3 cent. longus, basi calyce persistente stipatus.
Rogeria adenophylla J. Gay, Ann. sc. nat, A" série, 1824,
p. 457; Delil., Cent. pl. Meroë voyag. Caill. p. 78, tab. 63,
fig. 3, optima.
Pedalium Caillaudii Hochsti., in PE. Kotschy It. Nub., n. 174;
fide Alph. DC., Prod.
Obs. — En réunissant le Æogeria aux Pedalium je n'ai fait qu'adopter
la manière de voir de Delile, qui avait déjà reconnu, avec sa sagacité ordi-
naire, l'identité des deux genres, mais afin de ne pas faire complétement
oublier le premier, je l'ai conservé comme nom spécifique et avec d'autant
plus de raison que les feuilles de tous Les Pedalium présentent des glandes,
S. PEDALIUM LONGIFLORUM +.
P. folnis ovatis v. ovato-rotundis, basi cunealis, trinerviis,
sinuato -repandis v. obscure dentatis, dentibus glandulosis ; flori-
bus axillaribus, subsessilibus, solitariis ; fructibus 6-7 centim.
longis, oblongis, acuminatis, superne tantum dehiscentibus,
inferne hinc 2-cornutis. |
Kogeria longiflora X. Gay, !. e.; DC., Prodr., vol. IX, p. 257.
Martynia longiflora L., Syst., p. 559, edit. Murr.; Willd.,
Sp., I, p. 265 ; Au. Kew., IV, p. 20.
Martynia capensis Glox., Obs. T, p. 13.
Hab, in Africa australi,
399 J. DECAISNE,
l. P&DALIUM MIGROCARPUM <-.
P. herba erecta, nana, glabra ; caule, petiolis, fructibus et
foliis junioribus parce puberulis, lepidibus minutissimis niveis
intermixtis obtectis, dein nudis ; folüs flabelliformibus, grosse-
dentatis, basi in petiolum longum attenuatis, subtus pallide
viridibus; floribus axillaribus, brevi-pedicellatis, in alabastro
dense lepidotis ; calycis laciniis lanceolato-acuminatis ; corollis
flavidis, subinfundibuliformibus; fructibus parvis, 4-spinosis.
Rogeria microcarpa Kltzsch., in Peters, Reise mossamb., 1,
D. 190.
Hab. Rios de Sena.
Obs. — Endlicher donne le Xogeria longiflora conne le type du genre
Carpoceras À. Rich.; mais il me semble que Richard à eu en vue une
autre plante, si l’on en juge par le passage suivant, extrait du rapport fait
par Mirbel à l’Académie des sciences sur le mémoire, resté inédit,
d'A. Richard, ayant pour objet les plantes à placentas pariétaux.
« …. Ce dernier genre (Martynia) établi par Linné comptait autrefois
trois espèces, le À. perennis, le proboscidea et l'angulata ; aujourd’hui
M. Richard démontre que la plante nommée W. angulata non-seulement
n'appartient pas au Martynia, mais même qu'elle doit être classée dans
une autre famille. Il le renvoie aux Pédalinées de M. R. Brown, sous le
nom de Carpoceras. » (Noy. Bull. Ferrus., 1830, t. XXE, p. 98, et Rich.,
Elem. bot., 186, p. 706.)
JOSEPHINIA Vent.
Calyx 5-partitus, subæqualis. Corolla tubo brevi, fauce magna
campanulata; limbo 5-lobo patente, labni inferioris lacinia media
longiore. Stigma h-fidum. Fructus L-8-locularis, echinatus,
indehiscens, loculis monospermis. Semina ovata, testa tenui
saccata, cotyledonibus ovatis, radicula infera.-- Herbæ diffusæ.
lFolia integra. Flores albidi purpureo-punctati, v. lilacini.
A. JOoSEPHINIA IMPERATRICIS Vent.
J. folis Tinearibus v. lanceolato-ellipticis, acutis, subtus caule-
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 999
que pubescentibus ; calvcibus æqualibus ; fructibus 4-locula-
ribus, pubescentibus.
Josephinia imperatricis Vent., Malm., tab. 103; KR. Br.,
Prodr., p. 520 ; Dene, ÆHerb. Tim., p. 76.
Josephinia grandiflora R. Br., !, c., var. 5, DC. Prodr.
Josephinia celebica BI., Bijdr., p. 779.
PRETREA J. Gay.
Calyx 5-parütus, fohohis lnearibus subæqualibus. Corolla
campanulato-rmgens; tubus supra basin constrictus, subgib-
bosus, introrsum ad basin annulatim glanduloso-pilosus ; limbus
5-lobus, lobo superiore breviore bifido, mferiore longiore por-
recto. Stamina 5 ; quatuor fertilia didynama, quintum effœtum
rudimentarium ; antheræ sagittatæ. Fructus pelviformis, supra
medioque cornibus 2 x. tubereulis instructus. Semina ascenden-
lia, tesla crustacea quasi saccata, membrana interna tenu;
embryo cotyledonibus ovatis carnosis. — Herbæ afficanæ, ra-
mosæ, ramis graclibus humifusis; foha smuato-pinnatifida
v. ovato-lobulata, subtus glaucescentia; flores roser, glandulose -
puberuli, longe pedicellati, axillares, solitarn ; pedicelli ima bas
bracteolis setaceis glandulisque carnosulis haud raro stipat.
1. PRETREA ZANGUEBARICA J. Gay.
D. ramulis,puberulis v. glabratis; foliis ovatis v. oblongis,
pinnatilobatis, lobis mæqualibus, obtusis, supra glabriusculis,
subtus glauco-papillosis ; floribus longe pedicellatis ; calycinis
foliolis lanceolatis; corollæ limbo oblique 5-lobo, inæqual ;
fructibus glabratis, semipollicaribus, superne tuberculatis et
in medio bicornibus.
Pretrea zanguebarica J. Gay, Ann. sc. nal., À" série, vol. F,
p. 4957 (182h).
Pretrea Bogeriana Deue in Duchtr., Rev. bot., vol. E, p. 517.
331 J. DECAISNE,
Pretrea artemisiæfolia Kitzsch., in Peters, Reise mossamb., X,
p. 189, tab. 31.
Pretrea senecioides Kltzsch., 1. c., p. 189, tab. 32.
Dicerocaryum sinuatum Boj., Ann. sc. nal., 2° série, 1835,
vol. IV, p. 269, tab. 10,
Martynia zangueburica Lour., Coch., p. 386 (Herb. Mus.
Par.).
Hab, in sabulosis maritimis insulæ Zanzibar (Loureiro, Bojer, Boivin).
9. PRETREA FORBESI +.
P, ramulis pubescenti-hirtis; folis ovatis, duplicato-smuato-
lobatis, obtusis, supra hispidulis, subtus glauco-papillosis nervis-
que hispidulis ; floribus longissime pedicellatis, pedicellis hispi-
dulis ; foliolis calycinis lineari-lanceolatis ; corollæ limbo oblique
5-lobo, lobo inferiore porrecto ; fructibus superne bicornibus,
cupula magna cartilaginea. |
Hab. ad sinum Delagoa Africæ australis (CL Forbes, 1822, Herb, Soc.
Hort. Lond. et Mus. Par. ).
3, PRETREA LOASÆFOLtA Kltzsch.
P. herbacea, hirsuto-pubescens ; foliis cordato-ovatis, obtusis,
brevibus, sinuato-dentats, supra saturate viridibus, subtus in-
canis, utrinque hirsuto-pubescentibus ; calyeinis foliolis plosis,
dense et minutissime albido-lepidotis ; corollis brevibus, villosis ;
fructibus maximis (3 centim. Im diametro), hirtis.
Pretrea loasæfohia Kitzsch., L. c., p. 188.
Hab. Inhambane Mozamb.
h. PrerRea ErtocARpa Düne,
P, ramulis pubescentibus ; foliis ovalibus v. rotundato-ovatis,
sinuato-lobatis, obtusis, supra tenuissime papilloso-puberulis,
subtus glauco-papillosis, nervis hispidulis ; floribus pedicello
pubescente gracih; calycinis foholis lineari-lanceolatis ; eorollæ
REVUE DU GROUPE DES PÉDALINÉES. 999
hmbo oblique 5-lobo, lobo infer. longiore ; fructibus Junioribus
dense rufo-villosis, superne ad medium bicornibus.
Pretrea eriocarpa Dene in Duchtr., Rev. Bot., vol. I, p. 517.
Hab. Africa australis circa Litakoun (CI Lemue, Miss, evang., Herb.
Deless. et Mus. Par.).
Obs. — Les deux P. loasæfolia et Forbesii, que je viens de caractériser
aussi nettement que possible, seront peut-être réunis un jour en une
seule espèce, mais le manque de bons échantillons ainsi que leur
différence d'aspect et d’origine m'ont engagé à les séparer.
PTERODISCUS Hook. |
Calyæ parvus, alte 5-partitus. Corolla intundibulformis, limbo
patente 5-lobo, lobis rotundatis subæqualibus. Stamina 5 ; qua-
tuor fertilia didynama, quintum effœtum rudimentarium ; an-
theræ per paria cruciatim affixæ, loculis duobus triangularibus
poris oblongis dehiscentibus. Ovarium ovatum, dorso basi sub-
gibboso, Fructus coriaceus, capsularis, mdehiscens, subrotundo-
compressus, marginibus late bialatus, disco subtuberculatus,
bilocularis v. pseudo 6-locularis, loculis duobus seminiferis; se-
mina soltaria, pendula, oblonga, tereti-compressa, margine
superne producta subulata, subutriculosa. Embryo inversus ;
cotyledonibus oblongis, hemisphæricis. — Herbæ Aïfricæ austra-
lis, radice tuberosa; foliis oppositis oblongo-sinuato-dentatis,
petiolis brevibus utrinque uniglandulosis; floribus axillaribus,
solitartis, speciosis, purpureis,
À. Preroniscus sreciosus Hook.
P. foliis lanceolatis v, oblongo-lanceolatis, sinuato-dentatis,
breviter petiolatis, petiolis utrinque ad basin glandulosis ; corollis
roseis vel purpureis. |
Pterodiscus speciosus Hook., Bot. Mag., tab. 4117; Van
Houtt., F1, des serres, vol. I, tab. 6 ; Zeyh., £æsic., n° 1203,
Hab. in Afr. austr. ad Macalisberg,
296 J. DECAISNE.
2. Preropiscus GAYI +.
D. foliis obovato-spathulatis, obtusis, denticulato-repandis, m
pelolum brevem attenuatis, Junioribus pruimoso — glandulosis,
glandulis rotundatis depressis juxta petiolum stipatis; corollis
infundibulhiformibus, purpureo-violaceis.
Rogeria brasiliensis J. Gay, Ann. se. nat. 1"° série, 1894,
D. h57; DC., Prodr., IX, p. 257. à
Martynia longiflora. Quipungo ; Novembr. (Schedul., H. Mus.
Par.). |
Obs. — C'est par erreur que cette plante a été indiquée comme étant
originaire du Brésil. Le mot (uipungo indique une localité de la côte
occidentale d'Afrique.
EXPLICATIO TAB. 11.
Fig. 1. A, Harpagophylum procumbens. Klos mag. nat.
LISS 2 H. procumbens. Fructus mag. nat. coll. Delessert,
Fig. 3. B, H. Zeyheri, Flos mag. nat.
Fig H. Zeyheri. Antheræ et filamenta superne tantum papillosa.
5) H. Zeyheri. Siamen abortivum filamento villoso.
6 H. Zeyheri. Ovarü sectio horizontalis,
Fig. 7, C, Harpagopliytum Burchellit, Dene. Fructus mag. natural.
8
. D, Harpagoghytum leplocarpum, Dene. Fruct. mag. natural.
PRODROMUS
FLORÆ NOVO-GRANATENS
OU
ÉNUMÉRATION DES PLANTES DE LA NOUVELLE-GRENADE
AVEC DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUVELLES,
Par MM. J. TRIANA ET J. E. PLANCHON
MUSCI.
Exposuit E. HAMPE.
A. — CLEISTOCARPI.
I. — SYSTEGIUM Schpr.
Sysrecrom Lannien Hpe. — Monoicum, subacaule, mini-
mum, aggregato-ramosum, intense viride, cirrato-crispulum.
Folia conferta, patula, carinata, lanceolata, obtusiuscula, inte-
gerrima ; nervo solido, apice evanido, cellulis angulato-rotun-
datis, weissioideis subhyalinis, versus apicem foliüs flavescentibus.
Theca in ramis segregatis solitaria, breviseta, subrotunda, api-
culata. Calyptra cucullata, apice attenuata fusca.
Bogota, Guadalupe, alt. 3100 metr., inter Wielichoferias, augusto 1863
leg. A. Lindig.
Ab omnibus notis exiguitate differt, oculis nudis vix discernendum.
Pauca specimina lecta sunt.
Il. — SPORLEDERA Hpe,
A. SPORLEDERA SUBENERVIS Hpe. — Monoica, erecta, sinplex,
lutescens, laxe cespitosa. Caulis basi attenuatus, apice patentim
foliatus. Folia inferiora breviora, lanceolata, cuspidata, appresse
imbricata ; superiora longiora, oblongo-lanceolata, cuspidata,
5€ série, Bor. T. III, (Cahier n° 6,)2 22
338 J. TRIANS ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
patentia, integerrima ; nervo obscuro, dilatato, e cellulis densius
agsregatis notahii; cellulis basilaribus tetragono-cylindricis
amplioribus pellucidis, superioribus dense aggregatis lineari-
bus translucentibus. Theca globosa, subsessilis, apiculata; ca-
lyptra minima, mitriformis, latere excisa.
Bogota, Pacho, alt. 2200 metr., ad Barrancas inter ///ecebrariam pauea
specimina a Lindigio lecta.
A Sporledera palustre m. proxima differt : Caule strictiore, foliis
caulinis appressis, perichætialibus magis patulis fere recurvis, nervo
indistincto subevanescente et calyptra minima breviori.
2, SPoRLEDERA LinpiGiANA Hpe. — Monoica, pusilla, subacau-
lis, interdum e ventre adaucta, flavescens, laxe cespitosa, gre-
garia. Folia inferiora abbreviata, minora, patentia, tandem re-
curva, carinata, lanceolato-subulata, integerrima, nervo obscuro
ad apicem producto, cellulis minoribus densioribusque intense
rufescentibus ; superiora flexuosa, concava, latiora, oblongo-
lanceolato-subulata, integerrima, cellulis basilaribus anguste
pentagono-linearibus rufescenti-diaphanis, mtermediis elongatis
pellucidis pallidioribus in subula linearibus, omnibus interstitiis
tenuioribus notatis lutescenti-diaphanis. Theca elliptico-rotun-
data, obtuse acuminata; calyptra brevissima campanulata styli-
fera, basi lacera glabra.
Bogota, Pacho, alt. 3200 metr., inter //lecebrariam, julio 1863 leg.
À. Limdig.
Sporlederæ Schwægrichensi nostræ proxima ; differt : foliis superiori-
bus latioribus, magis pellucidis, nec subula opaca.
B. — STEGOCARPI.
I. ACROCARPI.
Ï. — LEUCOBRYACEZÆ.
1. — OCTOBLEPHARUM Hedw.
OcToBLEPHARUM ALBIDuM Hedww. — Ab Lindigio tres formæ
lectæ sunt :
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 339
1.) Compacta strictior.
Ad saxa arenaria, San Juan, alt. 1400 metr., jun.
2.) Folus pateutibus demum recurvatis.
Ad arbores, Honda, alt, 500 metr.; Pie de Cuesta, alt, 4200 metr., et
ad flumen Magdalenæ. Decemb.
3.) Laxior, foliis majoribus violaceis.
Ad Barrancas umbrosas, Muzo Minas, alt. 700 metr, Sterilis.
IF. — LEUCOBRYUM Hpe.
1. LEUCOBRYUM VULGARE Hpe.
Monte del Morro, alt. 2200 metr., cum Orthodontio sterile leg. À. Lindig,
2. Leucorryum Martianum Hpe.
Bogota, Chucuri, alt. 1400 metr., in sylv. cum /icrano sterile leg.
À, Lindig.
I. — SCHISTOMITRIUM Dozy et Molkb.
SCHISTOMITRIUM OBTUSIFOLIUM C. M. — Folia anguste oblongo-
lanceolata, profunde canaliculata, substricta, seniora perfecte
obtusata, apicem versus margine conniventia mempbranaceo-
cucullata, basi membranaceo-limbata et cellulis longis flavidis
decurrentia ; calyptra mitriformis.
Santa Martha, Minca, alt. 1200 metr., in sylv. super truncos arborum
leg. Funck et Schlim, in collect. Lindeniana n° 913, Steriie.
I. — FÜNARIACEX,
I. — AMPHORITHECA Hpe,
Calyptra cueullata, peristomium nullum. Auctorum sectio
Entosthodontis (nomen contrarium) eperistomati.
1. AMPHORITHECA LUTESCENS Hpe.— Monoica, humilis, aggre-
gata, lutescens; caulis basi auctus ; fructifer major, basi atte-
540 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
puatus, superne rosulatus. Folia oblongo-ovata, acuminata, inte-
gerrima, margine cellulis condensatis limbata, nervo lutescente
apice evanido, cellulis amplis pellucidis, interstitiis crassis cir-
cumdatis lutescentibus. Seta caulem duplo superans; theca
breviter piriformis, ore erecto patulo, operculo plano.
Bogota, San Fortunato, alt. 2900 metr., inter alia parce leg. A. Lindig.
À cæteris affinibus foliis integerrimis difert,
2. AMPHORITHECA PSEUDO-MARGINATA Hpe. — Monoica, pallide
flavescens, humilis, gregaria, basi parce ramosa. Caulis basi
attenuatus, foliis parvis remotis patulis obsitus. Folia superiora
in rosulam congesta, flaccida, humida planiuscula, sieca ceri-
spata, oblongo-ovata cuspidata, margine sublimbata, cellulis
flavidis prominentibus, rude dentata, nervo flavescente ante
apicem evanido, cellulis amplis, versus apicem minoribus pellu-
cidis. Seta erecta, caulem triplo superans ; theca erecta, urni-
gera, ad basim attenuata, operculo plano.
Bogota, Tequendama, alt. 2500 metr., ad Barrancas, martio leg.
A. Lindig.
3. AMPHORITHECA UNDULATA Hpe. — Monoica, elatior, intense
viridis, aggregata , basi e radicibus fuscis adaucta, ramosa.
Caulis basi attenuatus, nudiusculus. Folia superiora in rosulam
congesta, firmiora, valde undulato-flexuosa, humida nec plana,
elongato-oblongo-lanceolata, breviter acuminata, margine cellu-
larum serie unica flavicantium sublimbata, cellulis amplioribus
basi subelongatis, mtermedis latioribus, superioribus in acumine
minoribus densioribusque subrhomboiïdeis, nervo flavido apice
evanido. Seta erecta, caulem duplo vel triplo superans. Theca
parum obliqua, piriformis, sicca apophysata, ore parum con-
tracta, operculo umbonato planiuseulo.
Bogota, Guadalupe, alt. 3200 metr., inter alias parce legit A. Lindig.
L. AMPHORITHECA Jamesont Hpe. — Physcomitrium Tayl.
Paramo de San Fortunato, alt. 2900 metr.; Bogota, Pacho, 3200 metr.,
ad Barrancas umbrosas, julio leg. A. Lindig.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, al
5. AmPuoriTHecA LainniGit Hpe. — Monoica, in terra nuda
dispersa, lutescens. Caulis brevissimus, erectus. Folia concava,
laxe imbricata, Immarginata, oblongo-lanceolata, longe acumi-
nata, quasi pilifera, integerrima, nervo aureo superne evane-
scente; cellulis laxis, elongatis, flavescenti-diaphanis ; gemma
mascula radicalis. Seta crassa, adscendens. Theca piriformi-
clavata, operculo plano.
Bogota, Pacho, alt. 3200 metr., ad Barrancas, julio leg, A. Lindig.
Physcomitrio apophysato Tayl. æmula, sed Amphorithecæ Jamesoni
magis affinis, difiert : foliis longe cuspidatis, quasi piliferis.
IL — FUNARIA Schreb.
A. FUNARIA HYGROMETRICA Hedw.
Bogota, Guadalupe, alt. 3200 metr., ad Barrancas, aug. leg. A. Lindig.
2. FuNARIA CALVESCENS Schwægr.
Bogota, rio Arzobispo, alt. 3200 metr., leg. junio A. Lindig. Prov.
Ocana, alt. 1000 met., augusto leg. Schlim. |
IT. — SPLACHNACEÆ.
I. — TAYLORIA Hook.
TavyLoriA Morirzrana C. M.
Bogota, Tequendama, et in sylv. Manzanos, alt. 2500-2700 metr., jul.,
aug. leg. Lindig.
II. — DISCODON Grev. et Arn.
Discopon scaABriseTus Grev. et Arn.
Bogota, Tequendama, alt. 2500 meir., in sylvis ad truncos putridos
parce leg. À. Lindig.
Variat : gracilis, seta graciliore elongata thecaque minore,
in societate formæ normalis.
342 J. TRIANA EN J.-E. PLANCHON (E, HAMPE).
IV. — POTTIACEZÆ.
Tri. I. — CALYMPERES.
1. — CALYMPERES Sw.
CazvmPeREs LinpiG Hpe. — Dense cespitosum, humile,
usque unciale, Intense viride. Caulis subsimplex, parce ramosus,
basi fusco-tomentosus, subfastigiatus, dense foliosus, rigidus.
Folia decussata, laxe imbricata, humida concava erecto-patula,
sicca laxe accumbentia, late spathulato-lanceolata, obtusa, im-
marginata, integerrima, margine plus minusve revoluta ; nervo
rufescente, crasso, excedente, apice incrassato, globulifero, cel-
lulis laxis angulato-quadratis, versus apicem minoribus, omnino
lutescenti-diaphanis ; cætera desunt. |
Bogota, Pacho, ad rad. arb., inter Fabroniam, sterile, leg. A. Lindig.
Statura C. Richardi sed C. disciformi C. M. proximum, differt : foliis
immarginatis et cellulis lævibus.
IL. — SYRRHOPODON Schwæegr.
Sect, I, — HyoPxiLipium.
1. SYRRHOPODON FRAGILIS Hpe. — Laxe cespitosus, humilis,
simplex vel diviso-ramosus, gracilis, fere uncialis, rufescens.
Caulis erectus, basi fusco-tomentosus, laxe foliatus. Folia e basi
vaginante latiore oblonga, carinata, lanceolato-linearia, elon-
gata, acuta, integerrima, humida erecto-patentia apice incurva,
sicca complicata involuto-cirrata, nervo lutescente percursa et
apiculata; cellulis in basi vagimante pentagono-quadratis vel
abbreviato-parallelogrammicis, hyalinis, in lamina dense con-
densatis, punctatis, fere opacis. Seta gracilis, semi-uncialis.
Theca erecta, cylindrica, deoperculata.
In sylv. Santa Marta, alt. 2000 metr., leg. L. Schlim.
Bogota, Tequendama, inter Macromitria parce lectus A. Lindigio,
quoque ad Pacho.
PRODROMUS FLORÆ NOVO=GRANATENSIS, SE
Sect. II, — ORTHOTHECA,
2. SYRRHOPODON LYCOPODIOIDES Brid.
Rio Hacha, alt. 3100 metr., leg. L. Schlim.
Sect. III. — EusyrrH1oPopon.
3. SYRRHOPODON PROLIFER SChWægr.
Bogota, Tequendama, Pie de Cuesta et in monte del Morro inter alia,
alt. 2200 metr., sterile, leg. A. Lindig.
Tri8. If. — EUPOTTIACEZÆ,.
UT. — HYOPHILA Brid.
Hyopaica Lapin Hpe. — Dense cespitosa, compacta, in-
tense rufescens. Caulis humilis, 2-3" longus, erectus, inferne
laxe, superne stellato-foliatus. Folia canaliculata, lanceolata,
obtusa, integerrima, humida patula, sicca involuto-uncinata
crispula, nervo crasso rufescente ad apicem producto, cellulis
basilaribus subquadratis laxioribus hyalinis, interstitiis tenuissi-
mis, versus apicem folii minoribus, demum subrotundis, fere
opacis. Seta gracilis, fere uncialis. Theca anguste ovata, sub
ore Gontracta , hymenostoma, operculo brevi conico subulato
obliquo, calyptra angusta longissima operculum duplo supe-
rante.
Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., ad Barrancas, augusto 1863 les.
À. Lindig.
Ab 7. caripensi proxima differt, foliis angustioribus et theca breviore
hymenostoma,
IV. — ANACALYPTA Rœhl.
ANACALYPTA SUBCESPITOSA Hpe. — Monoica, laxe cespitosa,
humida croceo-viridis. Caulis humilis, diviso-ramosus, erectus,
subfastigiatus, Folia brevia, anguste ovato-lanceolata, involuto-
344 S.'FRIANA ET 9.-E, PLANCHON (E. HAMPE).
carinata, obtusa, undique patentia, sicca crispula ; cellulis basi-
laribus oblongo-quadratis diaphanis, superioribus condensatis
rotundatis opacis; folia perichætialia convoluta, majora et te-
nuiora, magis perspicua, Omnia integerrima, nervo ad apicem
produeto. Seta erecta, flavescens, cespites quadruplo superans.
Theca oblongo-cylindrica ; opereulo brevi conico rostrato ; den-
tüibus peristomn brevibus, lanceolato-subulatis, apice bifidis,
parce nodulosis, flavescentibus, annulo maximo cinctis, calyptra
angusta glabra.
Bogota, los Laches, alt. 2800 metr., ad Barrancas, julio leg. A. Lindig.
Ex habitu ab À. cespitosa Br. differt : foliis angustioribus, obtusis, humi-
dis croceo-viridibus, theca oblongo-cylindrica dentibusque peristomii
angustioribus. |
V. — TRICHOSTOMUM, Hedw.
L. Tricaosromum Scazimn C. M., Botan. Zeitung, 1857. —
Dioicum, humile, gracile, parce ramosum, intense viride. Folia
sicca spiraliter torta, humida stellatim patentia, flexuosa, an-
guste linearia, carinata, margine erecto integerrimo, obscure
_viridia, nervo pallidiore in apiculum producto ; cellulis parvis,
quadratis, in basi vaginante rectangularibus, flavescentibus, pel-
lucidis. Seta gracilis, tortilis, erecta. Theca erecta, cylindrica,
operculo brevi conico-subulato obliquo.
Bogota, Guadalupe, alt. 3100 metr., inter Polytrichum, augusto leg.
à. Lindig. Prov. Santa Martha, Minca leg. Schlim, in collect. Linden. -
à, 914, pauca specimina intermixta ab auctore et me ipso inventa sunt.
2. TRICHOSTOMUM CAMPYLOCARPUM C. M., Synopsis.
Bogota, Cipacon, Chiquinquira, Guadalupe, Tequendama et Pacho,
altit, 2200-3100 metr., leg. jul., aug., sept. A. Lindig copiose.
Sect. LeproponTium Hpe.
3. TRICHOSTOMUM FILESCENS Hpe. — Dioicum, dense aggrega-
tum, intense rufescens, minus. Caulis gracilis, innovationibus
filiformibus auctus. Folia laxe disposita, inferiora minora abbre-
viata, versus apicem accrescentia majora, sicca accumbentia
inflexa, humida flaccida patula, ovata et oblongo-lanceolata,
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 2119
acuta, apice denticulata, margine anguste revoluta, basi con-
tracta biplicata, nervo lutescente percursa, celluhis basilaribus
laxioribus luteo-diaphanis, cæteris dense aggregatis papillosis
subopacis ; perichætialia, longiora convoluta, cellulis laxioribus
magis diaphana. Seta erecta, flavescens. Theca erecta, cylin-
drica, operculo brevi conico-acuminato, peristomi dentibus
T. fleæifolii Sm. Calyptra longa, thecam fere involvente, apice
scabriuseula.
Bogota, Guadalupe, 2900 metr., ad Barrancas, paramo Choachi in
tectis, alt. 3600 metr., aug., sept. leg, A, Lindig.
Tr. flexifolio maxime affine, tamen surculis filescentibus rufescen-
tibusque primo visu discernendum.
h. Tricaosromum LuTEuM Hpe. — Didymodon Taylor. — Ela-
tum, innovando-ramosum, croceo-lutescens. Caulis inferne nu-
diusculus, tandem laxe foliatus, elongatus, subæqualis. Folia cau-
lina breve vaginantia, ovato-lanceolata, basi margine revoluto
integerrima, versus apicem denticulato-serrata, flaccide patula,
sicca flexuosa crispula, superiora tandem spiraliter contorta ;
nervo lutescente percursa, apiculata ; perichætialia subconfor-
mia, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, intense aureis,
imtermedus elliptico-hnearibus lutescentibus, in pagina superiore
dense aggregatis rotundatis subopacis. Seta solitaria, vel binis
ternisque flavescentibus uncialibus. Theca elliptico-cylindrica
erecta, operculo breve conico-subulato, dentibus peristomi
intense aureis, 32 per paria approximatis, subulatis, parce no-
dulosis, calyptra flavescente angusta lævi.
Bogota, Guadalupe et la Penna, altit. 2900-3100 metr., inter frutices,
augusto leg. A. Lindig.
VI. — BARBULA, Hedw,
Sect. IIT. — SENOPHYLLUM.
4. Nervo ad apicem producto.
1. BARBULA LONGIROSTRIS Hpe. — Monoica, gregaria, hbumilis,
lucide viridis. Caulis erectus, e basi parce ramosus, laxe folia-
tus. Folia caulina accumbentia, canaliculato-involuta, uncinata,
346 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
torta, brevia, e basi concava late ovata lanceolata, obtusa, inte-
gerrima, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, secundis angu-
lato-subrotundis pellucidis, in lamina superiore dense aggrega-
tis, omnino opacis ; nervo crasso lutescente ad apicem producto.
Seta gracilis, erecta, caulem pluries superans. Theca parva,
erecta, anguste ovata vel elliptico-cylindrica, operculo longis-
simo thecam subæquante, conico-subulato, recto ; peristomium
longissimum, sinistrorsum, intense aurantiacum, calyptra an-
gusta longissima flavescente.
Monte del Morro, altit. 2200 metr., in terra nuda, julio leg. A. Lindig,
parce in statu vetusto.
Ab Barbula puludosa confinis longe diversa.
2. BARBULA NOVO-GRANATENSIS Hpe. — Dioica, cespitosa, dense
aggregata, rufescenti-viridis. Caulis brevis, gracilis, mnovatio-
nibus subfastigiatis adauctus ; folia sicca accumbentia erecta,
humida undique imbricata erecto-patula, e basi ovata subito
attenuato-lanceolata, margine arcte reflexo integerrima, nervo
crasso rufescente ad apicem producto, perichætialia longiora
laxe convoluta, superiora accumbentia late oblongo-lanceolata,
longe acuminata, cellulis basilaribus laxis hyalinis, versus api-
cem decrescenti-minoribus, demum dense aggregatis papilloso-
punctatis, nervo crasso percursa. Seta gracilis, elongata, uncialis,
erecta , theca anguste ovato-cylindrica ore rubro cincta, oper-
culo conico-subulato erecto, dentibus peristomii pluvies contortis
opacis, basi membrana brevi tessellata conjunctis, annulo lato
circumdatis.
Bogota, Cipacon, altit. 2500 metr., A. Lindig.
Var. gracilior, densior, foliis magis erectis subappressis,
innovationibus gracilibus notabilis.
B. teretiusculæ Schimp. æmula ; an propria ?
Bogota, Cipaquira, ad rad. arborum, septembr. 1863 leg. A. Lindig.
An Barbula rectifolia Tayl..….? |
3. BARBULA srenocarpa Hpe. -- Monoica, subhumilis, laxe
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 317
cespitosa, olivaceo-viridis. Caulis siperne diviso-ramosus, ramis
brevibus subfastigiatis ; folia canaliculata, margine reflexo inte-
gerrima, inferiora breviora, superiora elongato-lanceolata obtu-
siuseula, humida patentia, superiora recurva, sicca inflexa
tertilia, cellulis basilaribus quadratis hyalinis, Intermediis rotun-
datis papillatis, supremis densioribus subopacis, nervo crasso
flavescente ad apicem producto ; seta gracilis, rufo-fusca, erecta ;
theca anguste elliptico-cylindrica, operculo subulato-elongato,
peristomio longissimo dentibus, didymis flavidis glabris pluries
tortis. Calyptra fuscata, lævis, basi pallidiore.
Bogota, la Penna, altit. 2800 metr., in terra umbrosa, april 1865,
vetustam parce legit A. Lindig.
Barbulæ fallaci affinis, theca angusta et operculo aciculari satis
diversa.
4. BARBULA GLAUCESCENS Hpe. — Dense aggregata, pulvina-
tim cespitosa, subcompacta. Caulis gracilis, semiuncialis, nferne
fuscescens, superne diviso-ramosus, ramis teretibus subfastigia-
tis glaucescentibus. Folia spiraliter accumbentia, madefacta
erecto-patentia, anguste ovato-lanceolata, apice cucullato-con-
tracta, margine revoluta, nervo crasso rufescente percursa ;
cellulis basilaribus elongatis, alaribus et intermedus quadratis
diaphanis, versus apicem sensim densioribus minoribusque
subrotundatis, fere opacis, perichætialia pauca appressa stric-
tiuseula erecta longiora, omnia integerrima ; seta gracillima
caulem fere duplo superans, subuncialis, apice flavescens ; theca
ovato-cylindrica rufescens ; operculo conico-subulato parum
curvato, tertiam aut fere dimidiam partem thecæ metiente,
dentibus peristomii parce nodulosis aurantiacis, in membrana
brevissima tessellata connexis, parum superne tortis. Calyptra
lævis, rufescenti-fuscata.
Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., ad rupes augusto leg. A, Lindig.
2. Nervo excurrente.
9. BARBULA APICULATA Hpe. — Dioica, laxe cespitosa, aggre-
gala, croceo-viridis. Caulis semiusque sesquiuncialis, bas
QJIte J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
fuscescens attenuatus, apice plus minusve fastigiato-ramosus
croceo-viridis ; folia undique laxe imbricata, erecto patentia,
sicca spiraliter accumbentia, concava, brevia, ovato-lanceolata,
obtusa, margine arcte revoluto integerrima, nervo crasso per-
cursa, apiculata, cellulis alaribus quadratis hyalinis, intermedis
elongatis lutescenti-diaphanis, versus apicem folii densissimis
rotundatis opacis ; perichætialia e basi vaginante longiora, sub-
conformia. Seta brevis, gracilis, erecta, semi vix uncialis ; theca
elliptico-cylindrica, subapophysata, fuscata, operculo conico-su-
bulato, peristomii dentibus albicantibus contortis basi membrana
laxe reticulata brevi connexis, annulo angusto.
Bogota, la Penna et la Sabana, altit. 2600-2800 metr., et Fontibon,
altit. 2600 metr., ad muros et Barrancas, mart., april. leg. A. Lindig.
Barbulæ unguiculatæ affinis ; firmior, jam foliis siccis spiraliter accum-
bentibus differt.
Sect. IV. — HyopPxizina.
6. BARBULA DECOLORANS Hpe. — Dense aggregata, subfasti-
glata, olivaceo-viridis, decolorans. Caulis innovando-ramosus,
innovationibus laxe apice stellato-foliatis. Folia canaliculata,
lanceolata, margine revoluto-integerrima, humida patula, sicca
uncinato-tortiha, cellulis basilaribus laxioribus elongato-qua-
dratis teneris limpido-hyalinis, versus apicem sensim breviori-
bus, demum in apice fol rotundatis, fere opacis ; perichætialia
conformia patula, nervo crasso lutescente apice evanido. Seta
caulem æquans, flavescens, demum fuscata, erecta, ob innova-
tiones sæpe pseudo-lateralis ; theca rufescens elliptico-cylin-
drica, operculo conico-subulato concolore, peristomi dentibus
pallide aurantiacis longis didymis superne parce tortis.
Bogota, Guadalupe, altit. 3100 metr. ad Barrancas aug. 1863, leg.
A. Lindig,.
Sect. V. —: SYNTRICHIA.
7. BARBULA FRAGILIS Tayl.
Bogota, los Laches et Fuquene, altit. 2700-2800 metr., les. A. Lindig,
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRZNATENSIS. 319
8. BARBULA AFFINIS Hpe. — Dioica, fusco-viridis, subhumilis,
dense cespitosa. Caulis subsimplex vel parce ramosus, subfasti-
glatus ; folia sicca complicato-incurva tortila, humida plana,
lngulata, basi vaginante tenera, integerrima ; nervo flavescente
apiculata : cellulis basilaribus latere quadratis, mtermediis elon-
gatis hÿalinis, in pagina superiore cellulis densissimis minimis
papillosis griseo-viridibus opaca, margine cellulis prominentibus
muricata; seta semiuncialis vel paulo longior, gracilis, flaves-
cens, erecta; theca’elliptico-cylindrica, erecta, parum curvata ;
operculo conico-subulato erasso, peristomi dentibus subulatis
flavidis glabris apice parum tortis, basi membrana brevissima
connexis.
Bogota, la Penna, in sylv., altit. 2700 metr., et los Laches, leg.
A. Lindig.
A priore differt foliis latioribus lingulatis.
9. BaRBULA BOGOTENSIS Hpe. — Dioica, dense cespitosa,
tomento fusco connexa, adscendenti-erecta, rigida, subfastigiata,
fusco-viridis elatior. Caulis diviso-ramosus, attenuatus, tomento
interrupto foliatus, striatus. Folia caulinia fragilissima, carinato-
concava, e basi vaginante hyalina lato-lanceolata, obtusiuscula,
integerrima, humida patula, sicca complicato-inflexa crispata,
cellulis basilaribus elongato-quadratis hyalinis, versus apicem
foli decrescenti-abbreviatis, tandem condensatis angulato-rotun-
datis papillosis griseo-viridibus transparentibus, nervo lutes-
cente versus apicem attenuato in aristam parce dentibus hyalinis
adauctam producto, perichætialia subconformia evidenter pili-
fera. Seta caule brevior, flava, fere uncialis, erecta ; theca e basi
parum obliqua elliptico-cylindrica, brunnescens, nitida ; oper-
culo subulato, fere dimidiam thecam metiente; peristomni flavidi
dentibus gracihbus, nodulosis, usque ad basim partitis, parce
contortis ; calyptra intense rufescente, apice fuscata, lævi.
Bogota, Guadalupe, altit. 2900 metr., in nemorib., august. 1863 leg.
Lindig.
B. piliferæ MHook. affinis et cum Z. crinata Sch., et B. tasmanica
Nob. confertim fragilitate, 2. fragili Tayl. et Z. Trianæ C. M. proxima.
290 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
10. BarBura Trianæ C. M. — Dioica, cespitosa, tomentosa,
elata, mollis. Caulis parce ramosus ; folia laxe imbricata, maxime
fragilia, rufescentia, e basi angustata sensim oblongo-acuminata,
nervo purpureo Crasso, In aristam brevem rufescentem patulam
denticulatam producto, folia margine supra basin paulisper
revoluta, flexuosa, profunde canaliculato-concava, baseos mar-
gine cellulis angustoribus, quasi marginata, cellulis omnibus
minoribus vel angustioribus, multo lævioribus quam in B. andi-
cola ; theca in pedunculo torso erecta, cylindracea, elongata,
subcurvata, longe subulato-operculata.
In Nova Granada leg. J. Triana. Thecam immaturam observavit
auctor. Ab 2. andicola Mont. proxima diversa.
11, Bareuca Gounoru Hpe. — Dioica, dense cespitosa, elon-
gata, biuncialis, basi ferrugineo-tomentosa, fusco-viridis, sub-
concolor. Caulis erectus, apice diviso-ramosus, fastigiatus. Folia
inferiora erecto-patentia, late oblongo-ovato-lanceolata, planius-
cula, breve acuminata, pilifera, margine revoluta , superiora
accumbentia erecta, parum flexuosa, longius acuminata, nervo
rufescente percursa, pilo hyalino dentato coronata, cellulis basi-
laribus laxis, oblongo-quadratis, hyalinis, latere intense aureis,
in lamina superiore dense aggregatis angulato-rotundatis parce
papillosis rufescenti-opacis, in acumine hyalino elongatis ; folia
perichætialia subconformia. Seta erecta, uncialis; theca cylin-
drica, curvata, ore rubro notata, operculo conico-subulato
flavescente, peristomii dentibus subulatis flavidis sub lente gri-
seis lævioribus pyramidato-conniventibus parce contortis; caly-
ptra fuscata. |
Bogota; Tolima ad truncos, sub n° 37, leg. Goudot.
Barbulæ affint proxima, sed differt : caule elatiore, inferne ferragineo-
tomentoso, foliis piliferis (nec fragilibus) et structura interna. Ab
B. andicola Mntg. foliis lævioribus nec scaberrimis et seta longiore et
peristomio diversa.
VII. — STREPTOPOGON, Wies |:
"wie
À. Srreprorogon £RYTHRODONTA WiH. — Barbula Tayl. Laxe
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 391
cespitosus, erectus, olivaceo-lutescens, uncialis, fere biuncialis.
ramosissimus, flaccidus. Folia erecto-patentia, elongato-lanceo-
lata, acuminata, marginata, apice serrulata, nervo percursa
longe excedente setaceo-apiculata; theca breviseta, exserta,
elliptico-cylindrica, evacuata flavescens, peristomio cmnabarino
concolore ; calyptra scabra.
Bogota, Pacho, altit. 2200 metr.; rio Arzobispo, altit. 3700 metr. ;
paramo Choachi ad ramos, altit. 3000 metr., julio, augusto, novembr.
leg. A. Lindig.
2. STREPTOPOGON Lanpiqis Hpe. — Laxe cespitosus, erectus,
olivaceo-lutescens, humilior. Caulis rigidiusculus, parce ramo-
sus, subfastigiatus. Folia latiora, minus acuminata, marginata,
parce apice dentata, nervo percursa, setaceo-apiculata, pungen-
ta; theca ampla, elliptica, breviseta, in folis perichætialibus
recondita. Peristomium miniatum, basi decolorans, albidum.
Calyptra læviuscula, vix scabra.
Bogota, Pacho, altit. 2200 metr., in sylv. cum priori sociatim.
Ab priore differt : caule humiliore rigidiusculo, minus ramoso, foliis
latioribus minus acuminatis, nervo excedente longiore aristatis, theca
ampliore breviseta, nec exserta et peristomio bicolore.
V. — WEISSIACEÆ.
I — WEISSIA, Hedw.
4. WeissiA vIRIDULA Brid. — Var. canaliculata differt : colore
croceo, statura minore, minus ramosa, foliis constanter involuto-
canaliculatis, cellulis basilaribus tenuioribus.
Bogota, los Laches et Fuquene, altit. 2800 metr., leg. A. Lindig.
2. WeissiA Bocorensis Hpe.—Elatior, laxe cespitosa, rufes-
cens vel intense crocea. Caulis basi parce radiculosus, fusces-
cens, tandem irregulariter ramosus, semi usque sesquiuncialis,
subfastigiatus. Folia cirrato-crispula, humida, laxe, imbricata
-erectiuscula, canaliculato-concava, elongate lanceolato-lingulata
392 J. FKIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE).
vel elongato-lanceolata, obtusa, apice muricato-denticulata ;
nervo valido, ad apicem producto, cellulis basilaribus oblongo-
quadratis pellucidis, versus apicem folii sensim minoribus, inter-
stitiis nodulosis, superne papillatis, fere opacis. Seta lutescens,
erecla, apice incrassata ; theca lævis, elliptico-ovata, sub ore
contracta, basi strumulosa, operculo brevi conico rostrato pal-
lido; peristomit dentibus late lanceolato-subulatis, integerrimis
vel irregulariter hinc inde fissis, valde trabiculatis, basi pur-
purescentibus, apice rufis; calyptra glabra, dimidiam thecam
attimgente.
Bogota, la Penna, altit. 2900 metr., ad latera umbrosa, maio leg.
A. Lindig.
Sect. RHABDOWEISSIA.
3. Waissia LinpiGiANA Hpe.— Humilis, dense cespitosa, sub-
fastigiata, basi parce fibrilloso-fuscata, superne flavescenti-viri-
dis, sicca crispula. Caulis ramosissimus, dense foliatus, vix semi-
uncialis. Folia humida patula vel subrecurva carinata, parce
flexuoso-lineari-lanceolata , elongata, acuta, subintegerrima ;
cellulis basilaribus elongato-quadratis hyalinis, interstitiis angus-
tioribus, secundis abbreviatis, superioribus angulato-rotundatis
subpapillosis ; lamina tota flavescenti-diaphana; nervo rufes-
cente ad apicem producto. Seta brevis, pallida, erecta, tortilis ;
theca elliptico-ovata, suberecta, parvula, parce apophysata,
humida striata pallescens, ore angulo angusto rubro ornata,
sicca sub ore parce contracta, evidenter sulcata ; operculo conico-
rostrato, thecam dimidiam paulo superante ; peristomii dentibus
elongatis, sanguineis, basi vix latiore capillaribus, remote arti-
culatis. Calyptra angusta, flavescens, glabra, apice fuscaia,
Bogota, rio Arzobispo, in umbrosis humidis, altit. 2804 moe junio
1863 parce leg. À. Lindig.
ADNoT. — Weissiæ fugaci Hedw. simillima, sed differt primo visu :
theca angustiore, ovato-elliptica.
IL — CERATODON, Brid.
CerAropon Novo-GRANATENSIS Hpe. — Dioicus, humilis,
usque uncialis, superne ramosus, rufescens, basi fusco-tomen-
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 399
tosus, bicolor. Folia caulina ovato-lanceolata, integerrima, mar-
gine reflexa, nervo crasso virente pereursa, cellulis basilaribus
pentagono-oblongis, intermediis subquadratis, superioribus
angulato-rotundis, folia lutescenti-diaphana; perichætialia in-
teriora e basi late ovata abrupte acuminata, cellulis penta-
gono-ellhipticis, in acumime angulato- rotundis, pellucida. Seta
gracillima junior flavesceus. Theca angusta, basi strumulosa,
cylindrica, curvata, siccitate corrugato-plicata, operculo brevi
conico acuto, peristomii deutibus croceis gracihbus elongatis
subulatis glabris, basi dense trabiculatis, per paria connexis.
Bogota, Guadalupe, altit. 2900 metr., in sylvis ad Barrancas; Boque-
ron, 2700 metr.; Tequendama, altit. 2500 metr.; martio et augusto, la
Penna, altit. 2900 metr., leg. A. Lindig; rio Hächa, leg. L. Schlim.
Variat, theca breviore et longiore; prius cum C. sfenocarpo commuta-
tus, peristomi indole recedit, ex habitu €. chloropodi Hornscheapensi
consimilis.
TriB. — SELIGERIACEXÆ.
HE — BRACHYODUS, Fürnr.
BRACHYODUS FLEXISETUS Hpe. — Dioicus, gregarius, pulvi-
natim expansus, humilis, intense rufescens, nitidus. Folia undique
imbricata, erectiuscula, parce flexuosa, e basi vaginante ovata,
subito acuminato-subulata, obtusiuscula , integerrima, nervo
-obscuro, superne in subula imdistincto, cellulis basilaribus sub-
quadratis diaphanis, in subula condensatis opacis. Seta flexuosa,
adscendens vel incurva, flavescens. Theca ovata striata flaves-
cens; opereulo subulato subrecto, thecam dimidiam metiente :
calyptra mitrata conico-subulata bast 9-40-lobata, peristomii
dentibus erectis brevibus solidioribus annulo cmetis.
Bogota, la Penna, ad saxa riparum, altit. 2900 metr., august. leg.
A. Lindig.
IV. — SELIGERIA, Ar. et Ich.
SELIGERIA ANDIGIANA Hpe.—Dioica, gregaria, laxe cespi-
losa, expansa, humilis, rufescens. Caulis simplex, erectus vel
5€ série, Bor, T. INT. {Cahier n° 6,)5 23
354 4. TRIANA ET J.-E, PLANCHON (E. HAMPE).
superne diviso-ramosus, attenuatus ; folia carinata, subappressa
stricta, inferiora laxe disposita breviora ovato-lanceolata, coma-
lia dense conierta longiora et acutiora integerrima, nervo
lutescente valido apicem attingente percursa, cellulis basila-
ribus elongato-quadratis pellucidis, versus apicem folii decres-
centi-minoribus, flavescenti-diaphana. Seta lutescens, parum
tortilis, erecta, apice incrassata, theca erecta parva ovato-rotun-
data nitida rufescens, operculo brevi subulato obliquo, peri-
stomii dentibus brevibus lanceolato-subulatis mtegris croceis.
: Bogota, Socorro et Pie de Cuesta, altit. 1260-1400 metr., ad Barran-
cas in umbrosis, sept. 1863 leg. À. Lindig.
S. Kunzeanæ C. M. affinis, sed robustior, seta et operculo breviore
et peristomii dentibus non perforatis.
Tri. — ANGSTROEMIACEÆ.
V. — ILLECEBRARIA, Hpe.
Calyptra cucullata; theca gymnostoma, annulo maximo præ-
dita. (Gymnostomum julaceum Hook.)
ILLECEBRARIA JULACEA Hpe.
Bogota, los Laches et Guadalupe, altit. 2700-3200 metr.; ad Barrancas
copiose leg. A. Lindig mense augusto.
VI. — ANGSTROEMIA, C. M.
Sect. I. — EUANGSTROEMIA.
A. ANGSTROEMIA ACEROSA Hpe. — Dioica, laxe cespitosa,
rufescens; caulis erectus, subsimplex, usque uncialis, gracilis,
omnino folius obvallatus, teres; folia remota, e basi latissima obo-
vata, amplexicauli-arcte appressa, subito im subulam canalicu-
latam patentem producta, integerrima, nervo rufescente dilatato
obseuro percursa, cellulis im vagina lutescenti-pellucidis paral-
lelogrammicis, in subula opaca cellulis minimis condensatis
punctatis ; seta gracilis caulem superans, rufescens, apice parum
PRODROMUS FLORÆ NOVO—GRANATENSIS. 999
incrassata, erecta; theca adscendenti-erecta, ovato-elliptica,
aureo-splendens, vetusta fuscata, opereulo conico-subulato obli-
quo subconcolore, thecæ longitudinem fere æquante ; peristomii
dentibus longissimis, apice conniventibus, profunde partitis, lan-
ceolato-subulatis nodulosis rufis, calyptra angusta glabra.
Bogota, altit. 2800 metr., ad Barrancas umbrosas, cum Pryis com-
mixtam martio parce leg. A. Lindig.
Species memorabilis, Angstræmiæ Gayanæ GC. M. affinis, transitum ad
Dicranellas vaginatas indicans. AD À, Gayana differt : foliorum apicibus
magis productis aceroso-patentibus et seta elongata gracili. Ab Angstræ-
mia vaginata C. M. proxima, differt : caule subsimplici et foliis arcte
vaginantibus appressis nec apice patulis, quoque colore lætiore.
Sect. II, — CAmPyYLOPODIUM.
2, ANGSTROEMIA CURVISETA Hpe.— Pusilla, gracilis, rufescens ;
caulis humilis, laxe foliatus, erectus, simplex; folia undique
erecto-patentia, e basi concava subvaginante lanceolato-subu-
lata, canaliculata, imtegerrima; nervo rufescente percursa
subulam totam occupante, folia superiora longiora e basi ob-
ovata latiore subito canaliculato-subulata, cellulis basilaribus
elongato-quadratis lutescenti-diaphanis, nodulis splendentibus
clausis, versus apicem fol sensim minoribus et in subula stria-
tis, fere opacis. Seta primo deflexo-curvata, flavescens, tandem
flexuoso -adscendens ; theca breve elliptico-ovata, operculo
tenui subulato, peristomii dentibus brevibus profunde divisis,
valde trabiculatis, sanguineis, apice palhidioribus. Calyptra basi
truncCata.
Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., pauca specimina inter alia
leg. A. Lindig.
Angstræmiæ euphorocladæ C. M. affinis, sed diversa.
Sect. III. — DiICRANELLA.
Folia homomalla, theca callosa,
3. ANGSTROEMIA CRASSINERVIS Hpe.— Dioica, dense pulvina-
tim cespitosa, rufescens, nitens; caulis subsimplex, humilis vel
396 J. 'FRIANA ET J,-E. PLANCHON [(E. HAMPE),
“interrupte innovationibusramosus, inferne laxe, superne densius
foliatus ; folia homomalla, falcata, e basi latiore caviuscula lan-
ceolata, in subulam canaliculatam educta, subintegerrima vel vix
apice imciso-dentata ; nervo crasso fere tertiam folii partem basi
metiente, cellulis basilaribus oblongo-quadratis, interstitnis
crassis viridibus receptis, diaphanis, in subula cum nervo con-
flatis opacis. Seta erecta, semiuncialis vel paulo longior, gracilis,
rufescens; theca curvato-adscendens, oblique ovata, intense
rufescens, basi callosa, operculo conico-subulato rostrato theca
paulo breviore; peristomium magnum ferrugimeum, dentibus
basi integris, valde trabiculatis, superne fere ad medium bifi-
dis, laciniis parce nodulosis, calyptra brevi thecam vix attingente.
In sylvis Manzanos ad Barrancas, altit. 2700 metr., julio leg. À. Lindig.
Ex habitu A. heteromallæ C. M. nervo crasso et theca callosa facile
d'scernenda.
h. ANGSTROEMIA STRUMULOSA pe. — Dioica, dense pulvi-
natim cespitosa, rufescens. Caulis basi attenuatus, fusco-tomen-
tosus, superne diviso-ramosus, gracilis, subfastigiatus ; folia in-
feriora erecta, superne parce secunda, falcata, e basi vaginante
cuneato-obovata, subito subulata, subula apice canaliculata inte-
gerrima, nervo basi vix quartam partem fol, subulam vero
totam occupante, cellulis basilaribus anguste oblongo-quadratis,
flavicanti-diaphanis, versus apicem folii abbreviatis, minoribus,
in subula condensatis opacis. Seta brevis, erecta, gracilis, flava,
theca anguste ovata oblique erecta, basi callosa, substrumulosa,
operculo conico-subulato obliquo fere longitudine thecæ, peri-
stomio mediocri; dentibus profunde divisis, basi aurantiacis,
apice pallidioribus ; calyptra longiore, fere thecæ basin attin-
gente.
In sylv. Manzanos, altit. 2700 metr., julio.
Var. minor subsimplex, foliis parum secundis et seta lougiore;
in monte del Morro, altit. 2200 metr., ambæ formæ ab A. Lin-
dig Julio lectæ.
Ex habitu Angstr. subulatæ C. M. ob thecam strumulosam A. cervicu-
latæ proxima.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 9391
5. ANGsrrogMiA pirissim\ Hpe. — Dioica, dense aggregata,
contigua, fere uncialis, ditissime fructifera, rufescens, aureo-
micans. Caulis gracilis, basi simplex, superne mnovationibus
brevibus auctus. Folia laxe imbricata, erecta, superiora longiora
homomalla, e basi latiore brevi ovata lanceolato-subulata, cana-
liculata, integerrima, nervo lato ad basin tertiam foli partem,
subulam vero totam occupante lutescente, cellulis, basilaribus
angustis, interstitits parce uodulosis aureo-splendentibus, fere
tota folia intense lutescentia. Seta brevis, erecta, apice parum
incrassata; theca ovata, suberecta, minime callosa, operculo
conico, oblique rostrato, thecæ longitudine vel paulo breviore ;
dentibus peristomii profunde bifidis, basi purpurascentibus,
apice pallidioribus. |
In sylvis Manzanos, altit. 2800 metr., ad Barrancas, april. leg.
A. Lindig.
Theca estrumosa.
6. AnGsrRoemiA Bocotensis Hpe. — Bioica, humilis, sub-
simplex, rufo-fusca. Caulis basi attenuatus, inferne remote
superne densius foliatus, parce incrassatus. Folia erecta, comalia
seeunda, ovato-lanceolato-subulata, subula canaliculata mteger-
rima, nervo valido fusco percursa subulam fere totam occu-
pante, cellulis pentagono-elliptieis, interstitiis noduloso-clausis,
rufescenti-diaphanis. Seta rubens, caulem superans ; theca par-
vula, ovata, oblique adscendens, peristomii dentibus crassis bre-
vibus apice divisis inflexis cruentibus. Operculum deest.
Bogota, altit. 2800 metr., ad Barrancas, inter alias, martio deopercula -
tam parce leg. À. Lindig.
Angstræmiæ rufescenti affinis ; diflert foliis firmioribus et rigidioribus,
subula angustiore, cellulis angustioribus, magis nodulosis et theca obli-
qua nec recta,
SECT. IV. — Follis crispulis.
7. ANGSTROEMIA MuraALIS Hpe. — Monoica, humilis, cespi-
tosa, ramosa, rufescens. Caulis basi adaueto-ramosus, dense
358 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
foliatus, brevis. Folia humida patula, circa flexuoso-crispula, a
basi latiore concava lineari-lanceolata, carinata, nervo flavescente
ante apicem evanido, cellulis inferioribus laxis pellucidis, inter-
stituis tenuioribus noduloso-clausis, intermedis minoribus nodu-
loso-punctatis in acumine folii confluentibus, lutescenti-dia-
phana; folia perichætialia basi latiora, pellucida, interiora
majora, apice parce dentata. Seta ad basin aperta, pallide flaves-
cens, erecta, à-4-linearis, apice parce incrassata ; theca parvula
cvata, vetusta elliptico-cylindrica, sub ore contracta, operculo
curvirostro, pallido, peristomi annulo maximo cireumdati den-
tibus lanceolatis basi aurantiacis usque infra medium divisis,
cruribus teneris subulatis elongatis pallidis.
Bogota, Pacho, altit. 1900 metr., ad muros, julio 1863 leg. A. Lindig.
À. tenuirostræ C. M. affinis, sed minor, rufescens, cellularum interstitiis
tenuioribus, et peristomio aurantiaco dentibus brevioribusque differt.
Sect. V. — Foliis strictis.
8. ANGSTROEMIA PUSILLA Hpe. — Dioica, gregarie dispersa,
exigua, rufo-flavescens. Caulis pusillus, erectus, subsimplex vel
innovando-auctus. Folia carinata, erecto-patentia, sicca accum-
bentia, inferiora breviora, superiora longiora, ovato-lanceolata
obtusa integerrima, nervolutescente percursa, cellulis basilaribus
laxioribus elongato-quadratis lutescenti-pellucidis , in superiore
lamina foli dense aggregatis, minoribus, subopacis. Seta flave-
scens, erecta, parum apice Incrassata, flexuosa, caulem duplo vel
triplo superans; theca parvula, adscendenti-erecta, oblique ovato-
elliptica, deoperculata sub ore cimgulo rubro notata contracta ;
operculo conico-subulato, obliquo, pallido, thecæ longitudine
interdumque longiore ; peristomin dentibus lanceolato-subulatis,
tenerrimis , basi croceis, apice pallidioribus, fere usque ad basin
divisis.
Bogota; Pie de Cuesta, altit. 1200 metr., ad Barrancas, sept. 1863
leg. A. Lindig.
A. exiqua G. M. affinis, colore saturatiore, theca longius pedicellata et
peristomii dentibus longioribus differt.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 399
SECT. VI. — Foliis patentibus squarrulosis.
9. ANGSTROEMIA CALLOSA Hpe.— Dioica, dense cespitosa, rufo-
fusca. Caulis erectus, elongatus, gracilis, usque sesquiuncialis,
apice parce innovationibus auctus, basi fuscus, superne rufes-
cens. Folia undique laxe imbricata, subsquarruloso-patentia, e
basi obovata amplexicauli latiore sensim subulata, mtegerrima,
subula canaliculata, cellulis basilaribus anguste elongato-qua-
dratis flavescenti-diaphanis, intermedis brevioribus, summis
cum nervo conflatis opacis. Seta erecta, mediocris, fere uncialis,
flavescens, demum fuscata ; theca curvata, adscendens, oblique
obovata, basi callosa, operculo erasso conico brevi recto, peri-
stomii dentibus rubris inflexis apice bifidis brevibus.
Bogota, Sincha, Salto, altit. 2600 metr., febr. leg. À. Lindig.
- Ex habitu A. AA TRS ARE sed foliis squamoso-patulis , theca BE
inclinata et operculo brevi conico satis differt.
10. ANGSTROEMIA VAGINATA C. M. — Dicranum Hook.
In convallibus Andium Granatensium, inter Aimaguer et Pasto, altit.
2400-3000 metr., leg. Humboldt et Bonpland.
VII. — SYMBLEPHARIS Mont.
SYMBLEPHARIS LANDiGt Hpe. — Monoica, laxe cespitosa,
4-2-uncaalis, fusco-crocea. Caulis parce ramosus, adscendens,
basi fusco-tomentosus, apice croceus. Folia undique imbricata, e
basi latiore vaginante appressa, reflexo-patula, lanesolato-stibu:
lata, eanaliculata, cirrata, integerrima, nervo lutescente apice
evanido, cellulis basilaribus anguste elongato-quadratis, versus
apicem fol cellulis minoribus rotundatis, parce incrassatis, folia
tota lutescenti-transparentia. Seta brevis, erecta, lutescens, basi
folus perichætialibus involuta ; theca cylindrica, erecta, operculo
subulato recto; calyptra longa, fere basin thecæ attingente ;
peristomii dentibus lanceolatis cuspidatis per paria approximatis
integris vel parce fissis, columella sæpe exserta.
Bogota, paramo Choachi, altit. 2600 metr., ad ramos, septembr. leg.
A. Lindig.
æ
360 4, 'ARIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
S. Œrstedianæ C. M. similis, differt : monoica, foliis subintegerrimis, -
nec valde serrulatis.
VII. — LEPTOTRICHUM Hpe.
LepTOTRICHUM RUFESCENS Hpe. — Dioicum, pulvinatim ces-
pitosum, subfastigiatum, rufescens, sericeo-aurescens. Caulis
brevis, parce ramosus, inferne pallide fibrilloso-fuscus, superne
comoso-foliosus, erectus. Folia Inferiora breviora, erecto-patula,
superiora longissima patenti-flexuosa, parce homomalla, e basi
latiore subito sabulato-elongata; subintegerrima ; nervo dilatato
percursa subulam tolam occupante, canaliculata, cellulis basi-
laribus latioribus, angulato-ellipticis, cæteris angustioribus
lineari-ellipticis rufescenti-aureis subdiaphanis ; perichætialia
breviora, e basi lanceolata subulata, magis diaphana, integer-
rima. Seta flavescens, gracillima, usque uncialis, caulem supe-
rans, erecta, apice parce incrassata ; theca ovato-elliptica, tan-
dem curvula, obliqua, ore cimgulo rubro notata, operculo conico-
subulato, peristomii dentibus subulatis didymis longis.
Bogota, la Penna, Paramo, San Fortunato, Bogota, Guadalupe, altit.
2800-3200 metr., ad Barrancas, jan., aug., octobr. leg. A. Lindig.
IX. — CYNODONTIUM Schwægr.
CynononrTium Bocortense Hpe. — Dioicum, pulvinatim cespi-
tosum, elatum subfastigiatum, basi fusco-tomentosum, su-
perne rufescens, aureo-micans. Caulis adscendens, plus mi-
nusve elongatus, 1-8-uncialis, parce ramosus, gracilis. Folia
homomalla, inferiora breviora patentia, superiora longiora fal-
cala, e basi lanceolata sensim elongato-subulata, canaliculata,
apice planiuscula, parce dentata, nervo dilatato percursa quar-
tam partem fol basi, subulam vero totam occupante, cellulis
elongato-quadratis angustis flavescenti-diephanis, intermedis
brevioribus, in subula cum nervo conflatis rufescenti-transpa-
rentibus. Seta erecta, lutescens, subuncialis ; theca e basi parum
latiore cvlindrica, brunnescens, opereulo brevi conico-attenuato
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 361
obtusiusculo; peristomi dentibus lanceolato-subulatis, valde
trabiculatis, pertusis vel irregulariter fissis.
Bogota, la Penna, altit. 2900 metr., junio les. A. Lindig.
Trig. — BLINDIACEÆ.
À. — SPHÆROTHECIUM Hpe.
Peristomium simplex, minutissimum, internum ; dentes
breves 16 angusti simplices, annulo maximo protuberante cir-
cumdati. Calyptra cucullata basi eleganter fimbriata.
SPHÆROTHECIUM COMOSUM Hpe. — Dioicum, laxe cespitosum,
humile, phascoideum. Caulis erectus, basi attenuatus, fuscus,
superne incrassatus, Comoso-ramosus, rigidus, viridis. Folia
stricta, lanceolato-subulata, canaliculata, apice subdenticulata,
comalia latiora et longiora, nervo lutescente dilatato striato ad
basin tertiam partem folii, subulam vero fere totam occupante,
cellulis alaribus angulato - rotundatis incrassatis fusco - luteis
subopacis, lateralibus subquadratis, versus apicem folii ovalibus
sensim minoribus, flavescenti-pellucidis, in subula condensatis
subopacis. Seta brevis, incurvata; theca parva, subrotunda,
recondita vel parum exserta, operculo minutissimo apiculato
obtuso.
Bogota, los Laches, altit. 2800 metr., ad terram, august. leg.
A. Lindig.
Var. elatius, unciale, coma longiore f. comosum.
Bogota, Cipaquira, altit. 2600 metr. inter Polytricha pauca specimina
ab Lindigio intermixta lecta. Campylopodia nana æmulans, peristomii
indole magis Zlindiis affine.
Syn. Thysanomitrium phascoides in schedulis.
XI — PILOPOGON Schwæsgr.
1. Piopocon GRacis Schw. — Valde variabilis, uncialis et
triuncialis, gracillimus vel comosus, omnes varietates folia apice
362 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
dentata nervo percursa evanido habent (ex icone Schwægri-
chenïii integerrima), in locis humidis et siccioribus obviæ.
Bogota, altit. 2900 metr.; la Penna, altit. 3000 metr.; Manzanos, altit.
2700 metr.; Bogota, Pacho, altit. 2000 metr.; monte del Morro, altit.
2200 metr.; Cipaquira, altit. 2600 metr.; los Laches, altit. 2700 metr.,
aug., sept. leg. Lindig.
2. Piropocon anus Hpe.— A priore differt caule humiliore,
rigido, folis caulinis brevioribus, nervo crassiore, seta breviore,
crassiore, torquata, et theca minore folia perichætialia vix supe-
rante.
Bogota, los Laches, altit. 2800 metr.; Guadalupe, altit. 3200 metr.,
parce statu juniore et thecis vetustis, leg. Lindig.
An varietas sequentis ?
8. PizoroGon Picirerus Hpe.— Laxe cespitosus, humilis, uncia-
lis vel sesquiuncialis, fusco-lutescens, nitidus. Caulis subcom-
pressus, erectus, basi attenuatus fusco-nigricans, superne diviso-
ramosus lutescens, ramis attenuatis vel comosis. Folia undique
imbricata, arcte appressa, erecta vel erecto-patentia, Imferiora
oblongo-lanceolato-acuminata, apice canaliculata, integerrima,
superiora comalia apice canaliculato-hyalino pilifera, pilo ser-
rato-dentato, nervo dilatato striato rufescente basi tertiam par-
tem folii occupante, subulam fere totam obtingente, cellulis
alaribus anguste pentagonis ellipticis rufescenti-diaphanis, late-
ralibus tenuioribus brevioribus subhyalinis noduloso-clausis,
cæteris ad marginem superiorem anguste ellipticis rufescenti-
diaphanis, in subula condensatis opacis. Folia perichætialia con-
voluta, e basi latiore subito longe subulata, apice pilo hyalino
striato-dentato instructa. Seta gracilis, exserta, erecta; theca
subcylindrica, erecta, operculo subulato, thecam dimidiam
superante.
Bogota, Boqueron, altit. 2800 metr., in siccioribus, febr. 1863, statu
vetusto leg. À. Lindig.
Var. prolifero-comosus.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 308
Bogota, Tequendama, altit. 2800 metr., in sylv., mart. 1863, in statu
vetusto leg. À. Lindig.
XII. — THYSANOMITRIUM Schwægr. emend.
Peristomium simplex, internum; dentes 32 filiformes, erecti
carnosi, basi per paria approximati. Calyptra mitriformis, basi
sursum dense fimbriata.
TaysanomirRiom MuerLert Hpe. — Dioicum, dense cespito-
sum, rigidum, dense foliatum, robustum, diviso-ramosum, basi
nigricans, apice lutescens. Caulis fructiferus simplex, crassus,
dense foliatus, attenuatus, superne comoso-capitatus ; sterilis
elongatus, sæpe divisus, elevato-acutus. Folia caulina accumben-
ti, humida patenti-erecta, dense imbricata, rigida; comalia pa-
tentia, e hasi convoluta oblongo-lanceolata, longe subulata, cana-
heulata, mtegerrima, pilo stricto dentato-serrato terminata, nervo
dilatato striato subulam totam occupante, cellulis alaribus angu-
lato-rotundatis crassis sæpe fuscatis opacis, intermediis in lamina
inferiori anguste parallelogrammicis , interstitiis crassis coar-
ctatis, in lamina superiori minoribus condensatis ellipticis rufe-
scenti-diaphanis; setis aggregatis rugulosis crassis brevioribus
flexuosis nigricantibus ; theca anguste elliptica, lævi, horizontali,
brunnescente, operculo conico-subulato recto rubro; calyptra
brevis, mitriformis, tota glabra, opaca, basi dense sursum fim-
briata, lacmus albescentibus.
Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., ad Barrancas, aug. 63, sterile
leg. À. Lindig.; prope Paramo, Cipacon, altit. 3000 metr., fertile leg.
J. Triana.
Obs. — Thysanomitrium Richardi Schwægr. nobis, solum ex icone
(tab. 118) notum ; multo gracilius, foliis brevioribus, setis longioribus et
gracilioribus, etiam calyptra apice scabra a nostro distat.
An auctor peristomium perfectum vidit? dubito. Operculo deficiente
dentes certe abrupti erant. Amicissime C. Müller in Synopsi confessus
est specimina Columbiana statura diversa ; peristomium bene vidit.
An Campylopus lævis Tayl. in Andium monte Pichincha, prope Quito
36/4 3. 'RIANA ET J.-E. PLANCHON (FE. HAMPE).
ab Jamesonio lectus, cum planta nostra congruit? Hujus loci (genere)
certe erit, et Thysanomitrium Taylor: esse potest.
XII, — HOLOMITRIUM Brid.
Hocomirrium LONGIFOLIUM Hpe.— Caulis adscendenti-erectus,
tomentosus, apice diviso-ramosus, sesquiuncialis. Folia e basi
concava vaginata, longiora obovata, integerrima, lanceolato-
subulata, canaliculata, elongata, patentia, cirrato- -crispula ,
superne remote spinuloso-dentata, nervo solidiore ” percursa,
cellulis in angustiore parte folii minus condensatis, laxioribus,
magis diaphanis. Theca angustior, cylindrica.
Alto del Trigo, altit. 2000 metr., julio 1860, in sylv. ad arbor., sub
n° 2116 leg. A. Lindig.
In schedulis sub Æalonutrio crispulo editum, differt : statu graciliore
minus rigido, foliis longioribus minus crispatis, basi elongata obovata
sensim lanceolato-subulatis, superne latioribus, cellulis laxioribus, magis
diaphanis; in 7. crispulo minimis dense condensatis fere opacis. Hæc
species Weissiæ calycinæe Hedw affinior.
XIV. — DICRANUM Hedw.
4. Seta erecta, theca curvata. — ScoPARIA.
4. Dicranum FRiGiDuM C. M.; D. validum Hpe prius. — Dioi-
cum. elatum, lutescenti-viride. Caulis tomentosus, adscendens,
diviso-ramosus. Folia plus minusve secunda, falcata, parce
undulata, e basi concava apice convoluta, ovato-lanceolata,
subulata, elongata, subula costaque argute serrata, nervo basi
dilatato-striato obscuro, in subula angustato-spissiore percursa,
apiculala, cellulis alaribus elongato-quadratis dense congestis
rufescenti-aureis, Intermedus laxe reticulatis hyalinis, cæteris li -
nearibus diaphanis; perichætialia convoluta, late oblongo-ovata,
subito in acumen lanceolato-subulatum producta, apice parce
dentata, nervosa. Seta erecta, uncialis et altior., lævis: theca cur-
vato-oblongo-cylindrica, operculo umbonato subulato theca bre-
viore, dentibus peristomii lanceolatis sangumeis valde trabicu-
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 209
latis ad medium bifidis vel subtrifidis, cruribus subulatis
torulosis, calyptra glabra straminea.
Bogota, Tequendama, la Penna, Guadalupe et Chiquinquira in sylv.,
altit. 2600-3100 metr., aug. et septbr. leg. A. Lindig. et J, Triana.
2. Seta et theca erecta. — ORTHODICRANUM.
9, DicRANUM LonGiserum Hook.
Bogota, Fusagasuga, in sylvis leg. Humboldt et Bonpland.
Dom. A. Lindig Dicranum longisetum in pluribus formis
variantibus parce legit, quæ cum icone Hookeriana minus con-
gruentes tamen vix separandæ sunt :
a. Laxius cespitosum, foliis magis falcatis longioribus, seta
flavescente, uncialis et supra.
Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in sylvis, augusto.
8. Densius cespitosum, fois minus falcatis, setis brevioribus
vix uncialbus. |
| Bogota, Guadalupe, altit. 3200 metr., in sylvis, augusto, et in monte
del Morro, altit. 2200 metr., sept.
Nomen ex comparatione cum Picranella heteromalla Schp. ortum,
tamen minus aptum.
3. DicranuMm Gouporit Hpe. — Dioicum, laxe cespitosum,
gracile, sesquiunciale, basi fusco-tomentosum, rufescenti-viride.
Caulis adscendenti-erectus, parce diviso-ramosus, interrupte
tomentosus, laxe foliatus, apice parce falcatus vel comoso-
erectus. Folia erecto-patentia, parum flexuoso-secunda, ovato-
lanceolata. longe subulata, subula canaliculata, sicca tortili,
summa apice cum nervo rufescente striato percursa confluente,
parce denticulata, cellulis alaribus pentagono-quadratis lutes-
cenübus, interstitiis fuscis receptis, in lamina elongatis lineari-
bus, in subula condensatis ellipticis, folia tota lutescenti-dia-
phana; perichætialia convoluta, e basi oblongo-lanceolata
Concava, subito lanceolato-subulata, subula breviore, nervo
obsoleto. Seta erecta, subuncialis, apice tortilis ; theca erecta,
366 J. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E, HAMPE).
ovato-elliptica, lævis, opaca, rubens, ore rubro, operculo conico-
subulato subrecto flavescente; peristomii dentibus rubris brevi-
bus lanceolatis apice fissis ; calyptra fuscata.
Bogota, Tolima, in truncis, sub n. 34 leg. J. Goudot, 1844.
Dicrano interrupto aliquid æmulans sed robustius, inter Dicrana ortho-
carpa memorabile, caule masculo prolifero-ramoso, foliis latioribus.
h. Dicranum maAcropon Hook.
Bogota, Aserradero et Manzanos, altit. 2500-2700 metr., in sylv., ad
rad. arb., julio leg. À. Lindig.
5. Dicranrm sPeciosum Hook.
Patria, Nova-Granada, Purdie. — N. v.
Sect. I. — CAmPyLOPus.
4. Calyptra nuda, nec fimbriata.
a. Foliis epilosis.
6. Dicranum PpauPERuM Hpe. — Dioicum, pulvinatim cespi-
tosum, humile, rufescenti-lutescens, aureo-micans. Caulis
inferne attenuatus, parce fusco-tomentosus, interdum prohfer,
apice incrassatus, rosulato-congestus. Folia inferiora erecto-
accumbentia, superiora longiora, parum flexuosa, undique
patentia, interdum subsecunda, e basi vaginante latiore lan-
ceolato-subulata, canaliculato-concava, apice parce dentata,
nervo dilatato striato tertiam vel basi quartam folit partem,
subulam vero fere totam occupante ; cellulis alaribus incrassatis,
amplis, intense rufescentibus, intermediis elongato-quadratis,
superioribus lateralibus ovalibus, in subula condensatis minimis,
lutescenti-diaphana. Seta brevis, flavescens, varie flexuosa ; theca
gibbosa, oblique ovata, striata, curvula, operculo brevi umbo-
nato-acuminato, rostro brevi; peristomii dentibus lanceolatis,
rubris, supra medium fissis, laciniis subulatis hyalinis, calyptra
cucullata basi truncata nuda.
In sylvis Manzanos, altit. 2700 metr., julio 1860 leg. Lindig sub
n° 2013.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 367
Var. minus, brevicaule, caule nec apice rosulato.
In monte del Morro, altit. 2200 metr., inter C{adontias, parce jul. 1863
leg. A. Lindig. 3
7. Dicranum PRoPINQUuUM Hpe. — Dioicum, dense pulvinatim
cespitosum, humile, rufescenti-lutescens. Caulis basi fusco-
tomentosus, erectus, parce attenuatus, superne ramosus, fastigia-
tus. Folia longa, capillaria, erecto-patentia, flexuosa, superiora
latiora et longiora comosa, parce secunda, caulina lanceolato-
subulata elongata canaliculata, apice plus minusve spinuloso-
dentata, nervo et structura interna priori simile, seta paulo-lon-
giore, theca magis gibbosa, deoperculata corrugata cylindrica,
evidenter strumulosa ; operculo longiore, dentibus peristomii
lanceolatis, basi sanguineis apice hyalinis fere ad medium fissis.
Calyptra cucullata, basi nuda.
In sylv. Manzanos, altit. 2700 metr., ad Barrancas, julio 1860, sub
n° 2119 leg. A. Lindig.
Priori maxime affine, caule graciliore, foliüs longioribus capillaceis,
theca magis strumulosa et operculo longiore differt.
8. Dicranum susconcoLor Hpe. — Dioicum, pulvinatim
cespitosum, basi fuscescenti-tomentosum, superne pallescenti-
fusco-viride, sesqui-usque biunciale, subfastigiatum. Caulis
adscendens, erectus, inferne attenuatus, superne incrassato.…
diviso-ramosus. Folia e basi latiore ovata lanceolato-subulata,.
canaliculata, summo apice parce dentata, nervo latissimo fusco-
lutescente, basi tertiam partem fol, subulam vero totam occu--
pante; cellulis alaribus amplioribus, interstitiis crassis nodulosis
cinctis, pellucidis, intermediüs elongato-quadratis crassis, ad
marginem linearibus tenuissimis hyalinis, superne cum nervo
conflatis, striatis, opacis, seta solitaria, vel aggregatis, flexuoso-
erectis, brevibus; theca elliptico-ovata, parce callosa, humida
lævis, erecta, fuscata ; operculo conico-subulato, obliquo, thecam
dimidiam æquante vel paulo longiore; peristomi dentibus
cruentis, fere ad medium divisis, lacinuüs subulatis pallidis.
368 J. TRIANA ET J.-K. PLANCHON (E. HAMPE.
Calyptra cucullata, dimidiam thecam involvens, basi truncata
nuda.
Bogota, la Penna, altit. 2900 metr., in sylvis ad Barrancas, maio leg.
A. Lindig..
Ex habitu 2. concoloris Hook. differt : seta longiore, theca erecta,
humida lævi, operculo longiore et calyptra basi nuda. |
2. Calyptra basi fimbriata.
9. DicranuM rosuLATUM Hpe. — Dioicum, laxe cespitosum,
sesqui- vel biunciale, basi fusco-tomentosum, rufescenti-flaves-
cens. Caulis strictiusculus, erectus, attenuatus, diviso- vel proli-
fero-ramosus, superne rosulato-incrassatus, interdum innovatio-
nibus caudatis auctus. Folia caulina dense imbricata, erecta,
comalia patentia, inferiora lanceolata convoluto-subulata, apice
parce dentata ; nervo latissimo striato, partem tertiam folii basis,
subulam vero totam occupante ; cellulis alaribus laxis, intersti-
tiis crassis cinctis, lutescentibus, ad latera linearibus, versus api-
cem condensats parvis ellipticis incrassatis, demum cum nervo
conflatis, subopacis; folia comalia latiora, nervo angustiore,
cellulis paulo laxioribus, in cæteris conformia, setis aggregatis
brevibus emergentibus curvato-flexuosis lutescenti-furcatis
apice parce Incrassatis ; thecis parum curvatis, oblique oblongo-
cylindricis, corrugato-striatis, basi strumulosis ; operculo brevi
conico-subulato, dimidiæ thecæ longitudine ; dentibus peristomii
solidis, fere ad dimidium fissis, cruentis, apice pallidis. Calyptra
cucullata, basi fimbriata, mediam thecam attingente,
Bogota, la Penna et Pacho, altit. 2200 metr., ad Barrancas, in sylv.,
julio et aug. leg. Lindig.
D. exasperatum GC. M. æmulans, inter Campylopodes nec piliferos sin-
gulare.
10, Dicranum concoLor Hook.
Bogota, Chiquinquira, altit. 2700 metr., in sylv. sept. 1863; Bogota,
Pacho; altit. 2200 metr., julio; B. Guadalupe, altit. 2800 metr, et
2015 metr. leg. Lindig ; in alto de Aranda prope Pasto, altit. 3000 metr.,
leg. Humboldt et Bonpland prius et J. Triana deinde.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS, 369
A1. DicraxumM Jameson: Hook.
Bogota, Guadalupe, altit. 2900 metr., inter frutices, ‘aug. sub n°2015,
parce leg. A. Lindig.
12. Dicranum cuionopxizum C. M. Synops.
Bogota, Canoas, Cipacon, Chiquinquira, Guadalupe et Tequendama,
altit. 2500-2900 metr.
VI — BARTRAMIACEZXÆ.
Ï. — GLYPHOCARPA R. Br.
4. Philonotula, Ships.
1. GLypnocarpa Livnien Hpe. — Hermaphrodita, parvula,
flavescenti-viridis, subfastigiata, laxe cespitosa, vix semiuncia-
lis. Caulis erectus, basi parce fusco-fibrillosus , attenuatus ,
superne fasciculato-ramosus, ramis gracilibus parum curvatis.
Folia parva, undique imbricata, lanceolata, erecta vel parum
secunda, supra medium denticulato-serrata, nervo lutescente
solido percursa, cellulis subquadratis, interstitus crassis nodulo-
sis cinctis, lutescenti-pellucidis, in acumine folii cum nervo con-
flatis, densioribus, subopaca. Seta lutescens, apice incurvata,
ramos superans; theca nutans vel horizontalis, subglobosa,
leptoderma, humida lævis, sicca corrugata; opereulo planiusculo
umbonato, sicco collapso, medio excavato-nunctato; calyptra
cucullata, straminea, apice fuscatà.
Bogota, la Penna et rio Arzobispo, altit. 2700 2800 metr., sub n 2144,
in dechivibus locis leg. A. Lindig.
Minima generis, G/. Roylii Hook. fil. proxima sed minor, foliis bre-
vioribus et cellulis laxioribus differt ; ab G/. cycnea Mont., inflorescentia
hermaphrodita distat.
2, Bartramidula Schpr. & longiseta.
2. GLypaocaRPA srRuMOsA Hpe. — Hermaphrodita, cespitosa,
humilis, subfastigiata, lutescens. Caulis subsimplex vel diviso-
ramosus, basi fusco-fibrillosus, adscendens, ramis binis fastigia-
ts undique foliatis parum flexuosis. Folia rigida, erecto-paten-
5° série. BorT. T. IIL. (Cahier n° 6} 4 24
970 3. TRIANA ET 9.-E. PLANCHON (E. WAMPE).
tia, apice parum recurvata, e basi vaginante cuneato-quadrata,
e cellulis elongatis flavescentibus diaphanis tenuiora, subito lan-
ceolato-subulata, convoluto-canaliculata, toto margine muricu-
lata, apice parce dentata; nervo dilatato-striato, flavescente, in
subula opaco, cum cellulis densissimis papillosis conflato, per-
cursa. Seta gracilis, Semi-usque uncialis, erecta, caulem duplo
vel triplo superans; theca erecta, plicato-siriata, subrotunda,
basi strumoso-producta, primo breve piriformis, deoperculata
basi truncata ; operculo brevi conico obtuso.
Bogota, Guadalupe, Pacho et rio Arzobispo, altit. 2800-3200 metr., ad
Barrancas, julio et aug. leg. A. Lindig.
Glyphocarpæ compactæ capensi proxima, sed thecæ formæ, primo
adspectu, ab omnibus notis differt.
Bartramidula B breviseta.
3. GLypaocarpA TayLort Hpe.— Bartramia subsessilis Tayl.
Bogota, las Laches et Guadalupe, altit. 2800-3200 metr., aug. et sept.
leg. A. Lindig.
IL. — CRYPTOPODIUM Schwægr.
Crypropopium Hookerr Hpe. — Leucodon bartramioïdes
Hook.; Bartramia viridissima C. M. Syn. I, 196.
Bogota, Guadalupe et la Penna, altit. 2900-3200 metr., malo, aug.
leg. A. Lindig. |
III. — BARTRAMIA Hedw.
SuBGEN. — PHILONOTIS Brid.
A. BARTRAMIA FonNTANELLA Hpe. — Dioica, dense cespitosa,
2-l-uncialis, basi fusco-tomentosa, superne lutescens. Caulis
basi attenuatus, superne fasciculato-ramosus, ramis subteretibus
dense foliatis apice parum curvatis. Folia undique dense imbri-
cata, erecto-patentia, interdum paulisper secunda, late ovata,
acuminata, biplicata, fere sursum denticulato-serrata ; nervo
rufescente crasso percursa, cuspidata, cellulis basilaribus penta-
gono-quadratis perspicuis, superioribus densioribus angustato-
linearibus flavescenti-diaphanis ; folia omnia interstitus nodu-
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. o71
losis dissite punctata; perichætialia appressa, subconformia,
tenuiora, fere ad apicem hyalina, plicato-striata. Seta gracilis,
flexuosa, adscendens, canaliculata, unctalis et paulo longior.
Theca basi gibba, dorso amplior, obliqua, subrotunda, horizon-
talis, plicato-striata; operculo plano-convexo, mamillato-apicu-
lato, peristomi dentibus exterioribus lanceolato-subulatis valde
trabiculatis sanguineis inflexis, interiorum membrana lutescente
plicata laciniata normal.
Bogota, Boqueron et Guadalupe, altit. 2800-3000 metr., ad rivulos
julio et augusto leg. A. Lindig.
Bartramieæ fontane simillima, setis gracilioribus, thecæ textura tenuiore
et operculo plano primo visu facile dignoscitur.
2. BARTRAMIA GRACILENTA Hpe. — Dioica, dense fasciculato-
cespitosa, fusco-tomentosa, superne rujescens, 1-3-uncialis,
fastigiata. Caulis gracilis, strictiusculus, usque ad ramos radiato-
fasciculatos fusco-tomentosus ; ramis brevibus, erectis vel apice
parum curvaüs. Folia caulina tomento connexa, elongato-lan-
ceolata, margine inferiore minute, superiore argutius dentata,
nervo rufescente percursa, evidenter cuspidata, cellulis qua-
dratis, versus apicem minoribus, omnia nodulis parvis ornata,
lutescenti-diaphana. Folia ramorum conformia, strictiora, ma-
gis nodulosa, pareius diaphana, perichætialia interiora e basi
ovato-lanceolata , nervo percursa et aristata, cellulis laxioribus
hyalhinis Iævibus imtegerrima. Seta canaliculata, flexuoso-erecta,
apice parum incrassata, subuncalis ; theca e basi truncata sub-
globosa horizontalis, sicca corrugato-plicata ; operculo subplano,
obtuse mamillato, pallido, mammilla sicca collapsa, medio fo-
veolaio ; peristomium duplex, exter. dentibus lanceolatis brevi-
bus cruentis, inter. membrana pallidiore plicata laciniis lan-
ceolatis æquilongis, calyptra normalis.
Bogota, Cipaquira, altit. 2600 metr., sept., et in monte del Morro,
altit. 2200, forma minor ab A. Lindig lecta.
Ex habitu 2. marchiræ, sed foliis aristatis differt.
3. BARTRAMIA VERSIFOLIA Hpe. — Dioica, dense cespitosa,
humilis, 1/2-2°, rufescens. Caulis basi fusco-fibrillosus, tenuis.
372 J. MRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. HAMPE).
laxe foliatus, superne fasciculato-radiatus ; ramis brevibus, gra-
cilibus, subeurvatis. Folia caulina inferiora ovato-lanceolata ,
margine parce revoluto superne denticulata, nervo crasso per-
cursa et cuspidata, cellulis basilaribus subquadratis hyalinis, ver-
sus apicem rectangulis longioribus, omnibus lævioribus, flaves-
centi-pellucidis. Folia ramorum minora, sicca appressa, humida
erecto-patentia, minus cuspidata, cellulis omnibus conformibus
quadratis, interstitiis noduloso-granulatis, lutescenti-diaphana,
apice obscuriora. Folia perichætialia longe cuspidata, hyalima,
lævia. Seta canaliculata erecta, fere uncialis, apice parum im-
crassata, flavescens; theca parce gibbosa, subrotunda, parvula,
adscendenti-horizontalis, striata ; operculo umbonato-apiculato.
Peristomium duplex, ext. dentibus arcte trabiculatis, lanceolatis
ferrugineis, apice incurvis, inter. membrana plicata crocea,
cruribus carinatis, cilis subulatis interpositis. Calyptra flaves-
cens glabra.
Bogota, Boqueron, altit. 2700 metr., in humidis, febr. 1863, leg.
A. Lindig.
Bartramiæ tenellæ affinis, sed structura foliorum diversa.
BL. BARTRAMIA CURVATA Hpe. — Androgyna, minor, gracilis,
fasciculato-ramosa, basi parce fusco-tomentosa, superne rufes -
cens. Caulis brevis, fasciculato-ramosus, ramis gracilhbus brevi-
bus recurvatis. Folia undique laxe imbricata,'lanceolata, erecta,
sursum fere usque ad basin remote denticulato-serrata, nervo ru-
fescente percursa et breve cuspidata, cellulis basilaribus hyalinis
oblongo-quadratis, secundis angustioribus elongatis nodulosis in
apice folli cum nervo conflatis densioribus, lutescentia. Seta
canaliculata, gracilis, subradicalis, ramos longe superans,uncalis
et longior, erecta, apice parum incrassata ; theca e basi parce
gibbosa, oblique globosa, adscendenti-horizontalis, adulta am-
pla plicato-striata, operculo pallido umbonato-plano mamil-
lato ; peristomium duplex, exter. dentibus late lanceolatis acu-
tis sanguineis, inter. cruribus late carinatis integris croceis ;
calyptra normalis.
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 3/9
Bogota, Tequendama, altit. 2500 metr., in humidis locis, aug. 4861
les, A. Lindig.
5. BARTRAMIA ELEGANTULA Tayl. — fB minor.
In sylvis Manzanos, altit. 2600 metr., in humidis locis, julio leg.
À. Lindig.
6. BARTRAMIA MINUTA Tayl.
Bogota, Cune, altit. 1100 metr., julio leg. A. Lindig.
SUBGEN. — BRENTELIA Schamp.
7. BARTRAMIA PINNATA Hpe. — Gracilis, basi rufescenti-to-
mentosa, prolifero-ramosa. Caulis capitato-fasciculatus, deinde
ramis lateralibus pinnatus. Folia ovato-lanceolata, nervo-flaves-
cente percursa et cuspidata, apice denticulata, cellulis chloro-
phyllosis tuberculatis ubique aspera, subdiaphana, margine
cellulis promimentibus muriculata ; folia perichætialia lanceo-
lato-subulata, longe setacea, piliformia, cætera desunt.
Bogota, Tolima, Sammita, in regione nivali, leg. sub. n° 10, 3. Goudot.
Ex habitu proprio, ramis pinnatis, vix altis Phtilonotibus affinis.
8. BARTRAMIA SUBARCUATA C. AÏ., Synops. — In exempl.
nostris theca breve piriformis !
Bogota, los Laches, altit. 2700 metr., in nemoribus, junio leg.
À. Lindig.
9. BARTRAMIA MACROTHECA Hpe. — B. macrocarpa ejusd. —
Dioica, subdendroidea, elata, 3-4-uncialis, rufescenti-flaves-
cens, mtidula. Caulis adscendenti-erectus, valde ferrugineo-
tomentosus ; latere parce, coma radiato-ramosa. Folia erecto-
patentia, e basi pluries plicata, oblongo-ovata, lanceolata, nervo
lutescente tenui setaceo-cuspidata, basi margine anguste reflexo,
superne remote denticulata, cellulis alaribus angulato-oblongis
hyalinis limpidis, intermediis anguste ellipticis, versus apicem
folii sensim angustioribus abbreviatis dense condensatis, nodu-
lis punctaus splendentibus clausis, folia tota lutescentia. Seta
brevis, canaliculata, erecta,apice parce incrassata, curvata ; theca
leptoderma, e basi brevissime piriformi-globosa, magna, adscen-
971 3. TRIANA ET 9.-E. PLANCUON (E. HMAMPE).
denti-horizontalis, lævis, sicca corrugata ; operculo minuto,
umbonato, apiculato ; peristomium parvum, inflexum, dentibus
exter. solidis lanceolatis acutis intense aurantiacis; membrana
inter. lutescens, cruribus lanceolatis noduloso-trabiculatis.
In sylv. Manzanos, altit. 2600 metr., in terra umbrosa julio (sub
n° 2115) leg. A. Lindig.
B. tomentosæ aïfinis, sed differt : statura robustiore, foliis erecto-patu-
lis nec squarrosis, theca ampliore, e basi breve piriformi globosa, et
foliüis perigonialibus firmioribus.
10. Barrramia Triaxæ Hpe.— B. scopariæ ex habitu proxima,
sed robustior et densiusramulosa, minus tomentosa. Folia latiora,
dense imbricata, subsecunda et erecto-patentia, e basi contracta
pluries plicata, ovato-lanceolata, margine imferiore revoluta,
superne remote denticulata, nervo rufescente angusto cuspidata,
in summo argutius dentata; cellulis lateralibus laxis, elongato-
quadratis, interstitiis fuscis receptis pellucidis, intermediis linea-
ribus, versus apicem folii abbreviatis, densioribus, minutissime
noduloso-punctatis, folia tota lutescenti-diaphana ; folia peri-
gonialia firmiora, e basi latiore late ovato-lanceolata, plicata,
nervo percursa et brevius cuspidata, parcius denticulata. Cætera
desunt.
Bogota, Paramo, Cipacon, altit. 3000 metr., pauca specimina sterilia
leg. J. Triana.
Ab 2, scoparia Schwægr., habitu robustiore et foliis latioribus dense
imbricatis satis difiert.
SuBGEN. — EUBARTRAMIA. Ser. II, syn.
44. BartramrA Bocotensis Hpe. — Hermaphrodita, laxe ces-
pitosa, humilis, lutescenti-viridis, pallescenti-glaucescens. Cau-
lis basi fusco-fibrillosus, undique foliatus, parce ramosus, erec-
tus, rigidulus. Folia erecto-patentüa, sicca accumbentia rigida, e
basi vaginante cuneato-oblonga, quadrata, tenera, integerrima,
cellulis elongatis limpido-hyalina, subito lanceolato-subulata ,
subula canaliculata, argute denticulato-serrata, cellulis conden-
satis papillatis;opaca ; nervo basi dilataio-striato, viridi, in subula
PRODROMUS FLORÆ NOVO-GRANATENSIS. 379
obseuro, percursa. Seta adscendens, erecta, semiuncialis, cana-
liculata ; theca basi callosa, adscendenti-horizontalis, oblique
subglobosa, corrugata, plicata ; opereulo parvulo, umbonato-
conico, obtuso; dentibus peristomii exter. inflexis, cruentis,
trabiculatis, integris, lanceolatis, inter. membrana fugax.
Bogota, Guadalupe, altit. 3100-3200 metr., ad Barrancas, augusto
leg. A. Lindig, parce obvia.
B. flavicanti Mitten proxima videtur. Interdum theca inclinata, more
Conostomi memorabilis.
12. BartRamiA sugparens Hpe. — B. patenti Brid, similis,
sed differt : vagina foliorum oblongo-cuneata nec superne
dilatata, valde rotundata, et theca brevius pedicellata minore nec
magna.
Bogota, Chiquinquira, altit. 2700 metr., inter alia pauca specimina
imperfecta leg, A. Lindig.
13. Bartramra Porosica Monig.
In cacumine montium, Montaña Herveo, regionis nivalis, Tolima,
leg, sub n° 36, etiam sterilem, Goudot,
VII. — GRIMMACEÆ.
L — GUEMBELIA Hpe.
1. GuemgeLiA Bocotexsis Hpe.— Dioica, pulvinatim expansa,
fastigiata, griseo-viridis. Caulis basi attenuatus, fusco-fibrillo-
sus, superne diviso-ramosus, strictus vel parum spiralis. Folia
inferiora fuscata mutica, superiora undique imbricata, humida
erecto-patula, carinato-sulcata , elliptico-lanceolata, integer-
rima, nervo pereursa, pilo longo denticulato hyalino coronata,
cellulis basilaribus oblongo-quadratis, fusco-viridibus, laterali-
bus limpido-hyalinis, versus apicem folii sensim mimoribus, ca-
tenulatis; summis densissimis, punctatis, subopacis. Seta brevis,
erecta, tenera ; theca vix emersa, parva, elliptica, basi calloso-
truncata, lævis, junior flavescens, adulta cuprea, sub ore rubro
parum contracta; opereulo croceo, obliquo, comco-rostrato,
brevi ; peristomii dentibus rubris, lanceolato-subulatis, mtegris,
876 3. TRIANA ET J.-E. PLANCHON (E. WAMPE).
annulo dentato croceo cinctis; calyptra demum cucullata, dorso
basi pluries fissa.
Bogota, los Laches et Boqueron, altit. 2800 metr., ad rupes, febr. et
julio leg. A. Lindig.
G. montanæ similis, differt : seta breviore vix pilos superante, theca
basi calloso-truncata, dentibus peristomii rubris angustioribus integris.
II, — RACOMITRIUM Brid.
1. RacomwiTRiuM cucuLLaTirozium Hpe. — Laxe pulvinatim
cespitosum, deinde prostratum, fusco-croceum, plus minusve
nigrescens. Caulis gracilis adscendens, diviso-ramosus, uncialis
et altior. Folia accumbenti-erecta, humida undique patentia,
carinata, apice cucullato-contracta, e basi utroque latere hastato-
producta, parce amplexicauli-ovato-lanceolata, obtusiuscula,
margine paulsper reflexo integerrima, nervo concolore crasso
percursa, Canaliculata, cellulis alaribus subquadratis, basilaribus
angulato-ellipticis, cæteris minoribus catenulato-seriatis punc-
tatis, tota folia crocea; perichætialia convoluto-appressa, confor-
mia. Seta gracilis,'erecta, vix uncialis, fusco-lutea ; theca elliptico-
cylindrica, lævis, brunnescens, ore rubro ornata, operculo e basi
umbonato-subulato, recto, peristomi dentibus usque ad basin
fissis subulatis fusco-luteis annulo circumdatis ; calyptra an-
gusta, apice scabriuscula, basi lobata mitriformis.
Bogota, la Penna et Chapinero, altit. 2700-3000 metr.; aug. et octob.
ad rivulos leg. A. Lindig.
R. fasciculari Similis, sed gracilior et foliis apice cucullato-contractis
ab affinibus differt.
2. RACOMITRIUM CONTERMINUM.
Grimmia contermina C. M., Synops., Il, 655.
Nova Granada, sime loco natali, verosimiliter in regione temperata
montosa, leg. J. Triana, collect. Linden, n° 94.
3. RACOMITRIUM LANUGINOSUM Brid.
Tolima, Summita, sterile leg. Goudot.
ADDITION A LA FLORE BRÉSILIENNE,
Par M. Ladislaù NETTO,
Directeur de la section de botanique et d'agriculture au Muséura impérial de Rio de Janeiro,
(Partie botanique du rapport (sous presse) sur le bassin du haut San Francisco.)
M. Liais, que J'ai accompagné en 1862, lors de l'expédition
scientifique qu'il a dirigée dans la province de Minas-Geraës,
m'ayant permis de partager mon temps entre nos travaux géné-
raux et la récolte des plantes de cette province, j'ai pu, pendant
le court séjour que nous y avons fait, recueillir une petite collec-
tion qui, réunie à quelques plantes des environs de Rio de
Janeiro, constitue aujourd'hui un herbier peu considérable, 1l
est vrai, mais contenant un nombre relativement assez grand de
plantes de ces deux provinces. La flore brésilienne passe pour
être inépuisable. En effet, pour peu qu'il s'éloigne de Rio de
Janeiro, et à la porte même de cette ville, le botaniste est presque
sûr de trouver des plantes nouvelles, et à plus forte raison si,
comme moi, après avoir franchi les chaînes de la Mantiqueira et
d'Ouro-Branco, il suit la vallée de l’un des grands affluents du
San Francisco.
La province de Minas-Geraës n’est pas pourtant, aujourd’hui,
un champ inexploré; car, depuis le père Velloso, le correspon-
dant de Vandelli, elle a été le rendez-vous de tous les natu-
ralistes qui ont visité le Brésil. M. Claussen y a même séjourné
pendant près de trente ans ; d'Orbigny l’a également habitée
quelques années, et le docteur Lund, à qui de Candolle a dédié
un genre de Bignoniacées, y habite encore. Mais telle est, d’une
part, l'étendue de cette province, et, de l’autre, la richesse végé-
tale du Brésil, que la croyance des botanistes passe de plus en
plus à l'état de vérité démontrée. Il était à prévoir que, dans la
collection que j'ai rapportée de cette province, il y aurait des
espèces nouvelles. C’est ce qu'il m'a été facile de constater, après
l'avoir comparée avec celle des plantes brésiliennes de l’herbier
du Muséum de Paris. La publication äe ces nouvelles plantes
devait être faite un peu plus tard et tout d’une fois, mais étant
378 L, NETTO.
obligé d'envoyer à M. de Martius, ‘pour sa flore classique du
Brésil, toutes les Mélastomacées que j'ai récoltées, j'ai dû me
hâter de publier la seule espèce nouvelle de cette famille qui
s'y trouvât, réservant pour un autre moment, qui n’est d’ail-
leurs pas éloigné, la publication des autres.
{. TREMBLEYA PrAposrAnA Nett.
T. fructicosa, erecta, ramosa, floribunda, undique hispidula ;
caule ramisque subquadrangulis ; foliis late ovalibus, acutis, bre-
viter petiolatis, 3-5-nervis, insigniter ciliatis; floribus parvulis,
ut videtur roseis purpurascentibusve. Planta circiter semi-
metralis, erecta, ramis patentim hispidis, supremis floriferis,
floribus in paniculas breves foliosas bracteatasve digestis, Calyx
suburceolatus, déntibus angustis. Corolla vix centimetrum lata,
rosea aut purpurea? Stamina 10 ; 5 majora connectivo ultra
filamenti insertionem in appendiculam cordatam producto,
5 minora connectivo fere castrato. Capsulæ maturæ calyce ur-
ceolato vestitæ, 1lliusque dentibus coronatæ, 5-valves, Semima
irregulariter ovoidea, hine excavata, illinc curvula, subtiliter
scrobiculata,
Habitat in campis ad flumen Rio das Velhas, propre vicum
Trahiras, in parte centrali provinciæ Minas Geraes, ad altitudi-
nem 600 metr. supra Oceanum, Mense maio florentem leai,
Je dédie cette Mélastomacée à M. le baron de Prados, savant
brésilien, à qui je dois de nombreux rensergnements sur la flore
de Minas-Geraës, et surtout d'excellents conseils qui ont beau-
coup encouragé mes premiers essais dans la carrière botanique.
Obs. — Les poils qui entourent abondamment le bord des feuilles de
cette plante sont assez caractéristiques. Son ovaire, ordinairement à
5 loges, très-rarement à 4, m'a fait considérer le nombre 5 comme l’état
normal. Je ne me rappelle pas la couleur des fleurs, mais la tige dessé-
chée ayant conservé une teinte pourpre, ce caractère indique presque
à coup sûr que telle était aussi, à quelques nuances près, la couleur des
fleurs.
Un autre caractère qui paraît appartenir aussi à ce Trembleya, c’est
que l’un des deux rameaux opposés, près de chaque nœud, s’atrophie et
périt sur la tige adulte, épuisé par le développement de l’autre,
ADDITION À LA FLORE BRÉSILIENNE. 379
C'est dans la province de Minas-Geraës que l’on a trouvé jusqu'ici la
presque totalité des espèces qui composent le genre 7rembleya, et dont
deux ou trois seulement ont été récoltées dans les provinces voisines. Le
T. Pradosiana est la treizième espèce connue aujourd’hui (4). La région où
je l'ai trouvée, quoique appartenant aux Campos ou aux plaines du Sertao,
très-explorées des botanistes, n'avait été visitée que par M. Claussen, plus
de vingt ans avant moi. Je n’ai moi-même exploré cette région que très-
superficiellement, n'y ayant pas séjourné, et surtout n’ayant guère pu
consacrer à chaque herborisation que trois heures par jour.
Il faut donc espérer que le genre Trembleya, qui paraît concentré dans
cette partie du Brésil, s’augmentera encore de quelques espèces, lorsque
de nouveaux botanistes se trouveront à même de la visiter mieux que je
n’ai pu le faire.
EXPLICATION DE LA PLANCHE 12,
Fig, 4. Rameau du Trembleya Pradosiana.
Fig, 2, Pétale détaché.
Fig. 3, Une des grandes étamines.
Fig. 4. Une des petites étamines.
Fig. 5. Fruit arrivé à tout son développement, grossi au triple de son diamètre.
Fig. 6. Coupe longitudinale du même, un peu moins grossie.
Fig. 7. Coupe transversale du même, grossie au triple.
Fig. 8 Graine fortement grossie d’un fruit mûr.
RECHERCHES
SUR
LA FLEUR FEMELLE DU PODOCARPUS SINENSIS,
Par M, Ernest FAVRE,.
La fleur femelle du Podocarpus a été interprétée de différentes manières
par les botanistes. La science est aujourd’hui encore partagée entre di-
verses opinions sur sa nature, et ce problème semble avoir d'autant plus
d'intérêt, que sa solution pourra peut-être jeter quelque jour sur le sens
morphologique des organes de fructification des autres Conifères.
En 1838, l’illustre Rob. Brown (2) considérait la fleur du Podocarpus
(4) Voy. Naudin, Monogr. des Mélastomacées, in Ann. des se. nat., Le série, t. IL,
p.194; e6t XIE, p. 264.
(2) G. Bennett et R. Brown, P/antæ Javanicæ rariores, 1838 : « Flores feminei,
» squamula fructifera, testæ seminis inversi omnino adnata, »
380 E. FAVRE,
comme un ovule orthotrope renversé, soudé dans toute sa longueur à une
écaille fructitère. Il insistait de plus sur la présence de deux enveloppes
autour du nucelle de l’ovule.
Peu de temps après, Endlicher (1) regardait ce même organe comme
formé d'un disque charnu portant un ovule anatrope à micropyle
inférieur ; mais, en 1847 (2), il revenait entièrement à l'opinion de
R. Brown.
L. C. Richard (3), dans son Mémoire sur les Conifères et les Cycadées,
admet que la fleur renversée est soudée dans toute sa longueur à un
disque charnu, et qu’elle présente un pistil enveloppé d’un calyce.
Enfin, Payer (4) décrit cette même fleur comme formée d’un ovaire
supère surmonté d’un style. Cet ovaire est, selon lui, uniloculaire et con-
tient un seule ovule sans enveloppe, attaché au fond de sa cavité.
Ayant eu récemment l’occasion de faire l'étude de la fleur femelle du
Podocarpus sinensis, il ne me semble pas inutile de présenter ici en quel-
ques mots le résultat de mes observations, faites, du reste, en dehors de
toute idée préconçue.
Le rameau fructifère de cette plante se termine par quatre écailles
opposées deux à deux; les deux inférieures, peu développées, alternen
avec les supérieures, qui sont renflées, charnues et soudées ensemble dans
presque toute leur longueur. La plus volumineuse des deux porte, non
loin de sa partie supérieure, l'organe de fructification libre, mais adossé à
un prolongement de cette écaille. La partie la plus intérieure de cet
organe est une sorte de cône lisse, très-large à sa base et tronqué au som-
met. Il est creusé d’une vaste cavité contenant un sac embryonnaire. Le
cône lui-même est par conséquent un nucelle, et comme le sac embryon-
naire s'étend bien au-dessous du point où le nucelle devient libre, il faut
reconnaître que ce corps est adhérent, dans sa moitié inférieure environ,
avec sa tunique enveloppante.
Cette tunique se compose de deux couches de tissu cellulaire distinctes.
La couche interne, soudée au nucelle dans sa moitié inférieure, circon-
scrit une cavité tubuleuse qui se termine en un petit entonnoir dont les
bords sont frangés.
La couche externe, formée de cellules plus grandes, est intimement unie
dans presque toute son étendue avec la couche interne; elle s’en détache
et devient libre seulement vers son extrémité inférieure, pour constituer à
(1) Endlicher, Genera Plantarum, 1840, p. 262 : «Ovulum unicum, disci lobo
» postico insertum, anatropum, raphe lata, chalaza apicali, rostelliformi, micropyle
» infera. »
(2) Endlicher, Synopsis Coniferarum, 1847.
(3) L. C. Richard, p. 125, tab. 29.
(4) Payer, Familles naturelles des plantes, p.60,
FLEUR FEMELLE DU PODOCARPUS SINENSIS. 981
son tour un entonnoir extérieur à bords dentelés, qui embrasse et dépasse
l'orifice du tube formé par la couche cellulaire interne.
Le nucelle est donc protégé par une double enveloppe, dont la plus
externe fixe à l’écaille l'ensemble de la fleur. Un faisceau trachéen partant
de cette écaille s’élève dans l’épaisseur du tégument externe pour s’épa-
nouir un peu au-dessous du sommet de l’organe.
Il se divise là en un grand nombre de ramifications qui s'étendent cir-
culairement dans le plan de séparation des deux téguments, et forment
ainsi, autour de l’enveloppe interne, une cupule vasculaire quise prolonge
jusqu'au point où cesse l’adhérence du nucelle.
Cette expansion trachéenne est donc plus rapprochée du centre que le
faisceau ascendant.
Des coupes longitudinales et transversales nous ont complétement
éclairé sur cette disposition. |
Un organe ainsi constitué ne peut laisser aucun doute dans l'esprit
d'un observateur attentif. Il présente, sans aucune hésitation possible,
tous les caractères d’un ovule anatrope, dont je viens de décrire succes-
sivement le nucelle, la secondine et la primine parcourue par un raphé.
On peut facilement reconnaître, dans les organes que L. C. Richard (1)
nomme « l’écaille dorsale florifère et le calyce», les téguments de l’ovule ;
« le sommet du calice perforé » devient le micropyle, très-nettement
composé d’un exostome et d’un endostome; enfin, « la partie supérieure
» libre de l'ovaire » n’est autre chose que le nucelle semi-adhérent.
Mais où trouver dans cet ovule la moindre analogie avec l'ovaire et le
style dont parle M. Payer?
Nous n’avons enfin reconnu aucune trace de l’écaille dorsale fructifère
signalée par quelques auteurs, car c’est à peine si la primine offre du
côté du raphé un léger épaississement ; elle est d’ailleurs, dans toute son
étendue, d'unestructure parfaitement homogène. L’ovule orthotrope ren-
versé de ces auteurs devient donc un ovule anatrope dressé.
Cet organe présente, il est vrai, certaines anomalies de structure. Les
deux téguments sont soudés dans la plus grande partie de leur surface. Le
nucelle est semi-adhérent, et la secondine est entourée d’une expansion
chalazienne particulière,
Mais ces faits ne sont point en opposition avec l'opinion que je viens
d'émettre et servent plutôt à les corroborer, car cette structure donne à cet
ovule une frappante analogie avec celui du Ricin, si bien décrit par M. Ar-
thur Gris (2). L’ovule du Ricin présente, en effet, un nucelle semi-adhé-
rent et une expansion chalazienne quientoure la moitié inférieure de ce
(1) Richard, Loc. cit., explication de la planche I.
(2) A. Gris, Note sur le développement de la graine du Ricin (Ann. des sc. nat.,
L° série, t. XV).
389 | E. FAVRE.
corps. Qu'une soudure s'opère sur une partie des téguments, et que la
chalaze, au lieu d’envelopper directement le nucelle, revête la secondine,
nous aurons exactement l’ovule du Podocarpus.
Les deux enveloppes, quoique presque entièrement unies, semblent
cependant conserver une indépendance relative. Nous avons déjà vu
que le tissu de [a primine est différent de celui de la secondine;
l'expansion chalazienne du raphé s'étend entre elles. Enfin, dans le
jeune âge de l’ovule, la secondine, plus développée, fait saillie au dehors,
la primine ne formant alors qu'un bourrelet extérieur; puis celle-ci,
s'accroissant à son tour, finit par recouvrir entièrement l’endostome.
C'est, en général, de cette manière que l’évolution ovulaire s'opère chez
les Angiospermes. |
En résumé, on peut donc conclure sans hésiter, de ces observations,
que l'organe de fructification du Podocarpus est un ovule anatrope
dressé, parcouru par un raphé qui se termine en une expansion chala-
zienne, et que cet ovule présente :
1° Une primine; 2° une secondine soudée à la primine dans presque
toute son étendue ; 3° un nucelle semi-adhérent.
. J'hésite d'autant moins à établir ces conclusions, que M. Ad. Bron-
gniart a tiré de mes préparations, qu'il a bien voulu examiner, les mêmes
déductions,
eh, chalaze ; r, raphé ; , nucelle ; end, endostome ; ex, exostome.
FIN DU TROISIÈME VOLUME.
TABLE DES ARTICLES
CONTENUS DANS CE VOLUME.
ORGANOGRAPAIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES,
De l'hybridité considérée comme cause de variabilité dans les végétaux, par
0. 5 à os te eo à Got
Supplément à l'histoire des Chytridinées, par MM, A, DE Bary et WORONINE.
Observations sur le pistilou fruit des genres Papaver et Citrus, par M. D. CLos. .
Recherches sur la fleur femelle du Podocarpus sinensis, par M. Ernest FAYRE. .
FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE.
Considérations sur la flore de la Nouvelle-Calédonic, par M. An. BRONGNIART.
Observations sur diverses plantes nouvelles ou peu connues de la Nouvelle-
Calédonie, par MM. Ad. BRONGNIART et A. GRIS, + , : . . 4
Prodromus Floræ Novo-Granatensis, ou Énumération des plantes de la Nouvelle-
Grenade. — Selaginellæ, auctorce Al. BRAUN.
"Rhizocarpeæ, auctore METTENIUS - à 4 4 4 + : 4 à . à
NE AUCIOré HAMPE: « 1. À th, 2
Addition à la Flore brésilienne , par M. Ladislau NETTO, . , 4, . , .
PALÉONIOLOGIE VÉGÉTALE.
Études sur ja végétation du sud-est de la France à l’époque tertiaire, par M. je
Eomie-Csion de SAPORTA., : . 0 ab eno etbsen o 0ta
MONOGRAPHIES ET DESCRIPTIONS DE PLANTES,
Revue du groupe des Pédalinées, par M. J. DECAISNE. 4 à . 4 , à à
MÉLANGES,
Discours prononcé à l'ouverture de la 489 session de la Société helvétique des
sciences naturelles, par M. O. HEEer. ;
153
239
312
379
187
197
270
310
337
377
3241
164
TABLE DES MATIÈRES
PAR NOMS D'AUTEURS.
Bary (A. DE). — Supplément à l'é-
tude des Chytridinées.. . . . . .
BRAUN (Alex.). — Prodromus Floræ
Novo-Granatensis.— Selaginelleæ.
BRONGNIART (Ad.). — Considérations
sur la Flore de la Nouvelle-Calé-
donie. ME
— et A. Gris. — Observations sur
diverses plantes nouvelles ou peu
connues de la Nouvelle-Calédonie.
CLos (Dom.). — Observations sur le
pistil ou fruit des genres Papaver
et Citrus.
DECAISNE (J.). — Revue du groupe
des Pédalinées; essil ratée
FAVRE (E.). — Recherches sur la fleur
femelle du Podocarpus sinensis.
Gris (Arth.). Voy. BRONGNIART.
Hawpg (Ernest). — Prodromus Floræ
Novo-Granatensis : Musci
Hger (Oswald).—: Discours prononce
à l'ouverture de la 48e session de
la Société helvétique des sciences
naturelles.
MerTenius (Georg. Heinr.). — Pro-
dromus Floræ Novo-Granatensis :
Lycopodiaceæ, Equisetaceæ, etc.
NauDiN (Charles). — De l’hybridité
considérée comme cause de varia-
bilité dans les végétaux. . . . . .
Netro (Ladislaü). — Addition à la
Flore-bresilienne. + . . 44.
312}PLAncuoN (J. E.). Voy. BRAUN, MET-
TENIUS, etc. |
321|SaporrTa (comte Gaston DE). — Etu-
des sur la végétation du sud-est
de la France à l’époque tertiaire.
TRIANA (José). Voy. BRAUN, METTE-
NIUS, elc.
337| WoronINE (Mich.). Voy. BARY (DE).
239
270% Mmaturelles.h:.. J.-M
187
197
379
TABLE DES PLANCHES
RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME.
Planches 1 à 8. Plantes fossiles du terrain tertiaire de la Provence.
9, 10. Organisation des Chytridinées.
— 11. Harpagophytum procumbens, Zeyheri, Burchellii ct leptocarpum.
— 12. Trembleya Pradosiana.
ERRATA.
Page 271 ligne
6, furculis /isez surculis
— 271 — 16, reticulato-rugulosa Zsez reticulato-rugulosas
— 271 — 21, dipicta Zisez distincta
— 272 — 18, majores lisez minores
— 273 — 5, 60. cujus lisez 60, cujus
— 273 — 27, ovariorum lisez omnium
— 276 — 21, lacteo-albæ lisez luteo-albæ
— 278 — 16, hæc lisez habet
— 285 — 21, pseudopoda lisez pseudapoda
— 286 — 34,et lisez ex
Paris, — Imprimerie de E, MarTiINET, rue Mignon, 2.
153
377
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