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Full text of "Annales des Sciences Naturelles"

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| ANNÉE. — IX SÉRIE. D XEV ONE 46. 


ANNALES 


DES 


SCIENCES NATURELLES 


NEUVIÈME SÉRIE 


Pen BOTANIQUE 


COMPRENANT 


RS 


Ph | PANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION 
| Do 0 0 DÉS VÉGÉTAUX VIVANTS ET FOSSILES 

br à 

| L | A PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE 


M. PH. VAN TIEGHEM 


TOME XIV. — N°4 à 6. 


PARIS 
MASSON ET Cr, ÉDITEURS 


LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 


/ 


120, Boulevard Saint-Germain 


1911 


Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. 
vE Ce hit a été publié en Octobre 1911. 
Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. 


DL LE CL RL AS ET ST So 


Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles 


BOTANIQUE 


Publiée sous la direction de M. PH. VAN TIEGHEM. 


L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 
400 pages, avec les planches et figures dans le texte correspondant 
aux mémoires. 

Ces volumes paraissent annuellement en plusieurs fascicules. 


ZOOLOGIE 


Publiée sous la direction de M. Enmonp PERRIER. 


L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 
400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. 
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Abonnement annuel à chacune des parties, Zoologie ou Botanique 


Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. 


Prix des collections : 


PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (Rare). 
DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. 
TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, .20/ vol 2801 
QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. 
CiNQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 290 4r 
SIXIÈME SÉRIE (1874 à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. 
SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. 
HuiTiÈME SÉRIE (1895 à 1904). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. 
NEUVIÈME SÉRIE (1905-1906-1907-1908). Chaque année. 30 fr. 


ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES 
_ Dirigées par MM. Hégerr et A. Mizxe-EnwaRps. 


Toues I à XXII (14879 à 1891). Chaque volume .. ......... 15 fr. 
DAV OÏUMES LME ie er Er PRE - 330 fr. 


Cette publication a été remplacée par les 


Vas Mo dan des 5 2, à 


ANNALES DE PALEÉONTOLOGIE 
publiées sous la direction de M. M. Bouze 


Abonnement annuel : 


Paris et Départements. 93 fr. — Étranger. ..._. ...... 


TABLE DES MATIÈRES. 


Étude de la toxicité des sels qui pénètrent dans le proto- 
plasme à une faible concentration.......,7........... : 


Sels pénétrant aisément dans le protoplasme....... 

Sels pénétrant difficilement dans Le protoplasme.... 
Moxicitémdes acides et des bases) en Tr 

Toxicité des sels qui ne pénètrent pas dans le protoplasme 
atune faible Concentration Ur 0 ARE AN en 
HoNÉtaux lourds A... An. re 

Sels précipitant l’albumine............... nie 
Sels ne précipitant pas Palbumine 2... 

Conclusions relatives à la toxicité des métaux lourds. 

20 Sels d'aluminium, de glucinium et des métaux de 

LERRÉS ATOS Em AE APS RE RSA e 


Conclusions relatives aux courbes de toxicité............. 
Toxicité des radicaux et toxicité de la molécule. 


… CHAPITRE TROISIÈME. — Discussion des résultats et Conclusion : 


* Faits établis dans les expériences précédentes... ........... 
Conclusions relatives à la nature du proloplasme vivant. 
Conclusions relatives à la pénétration des sels dans le pro- 

MU LODIASMIE. 00 RU en RL 2 en cer NAT, 
Conclusions relatives\ à la toxicité... 2... 


ANN. SC. NAT. BOT., 9 série. : XIV, 49 


195 


D 
Pages. 


161 


161 
163 . 


165 


167 
167 
167 
167 
168 


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SE 


IN 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE ANATOMIQUE 


DÜ GENRE KALANCHOE 


Par André DAUPHINÉ et Raymond HAMET 


_ La monographie de la famille des Crassulacées entreprise 
par l’un de nous ayant nécessité la réunion de nombreux 
échantillons vivants, il était intéressant d’en faire une étude 
anatomique. Nous ne croyons pas devoir insister sur l’obliga- 
tion d'utiliser, pour la classification des Phanérogames, les 
caractères fournis par la morphologie interne : c’est aujour- 
d’hui une vérité incontestée. 

L’histologie de la famille des Crassulacées présentait un 
. intérêt tout particulier en raison du petit nombre de travaux 
publiés sur le sujet. 

Le genre Xalanchoe, notamment, auquel nous avons limité 
nos premières recherches, est presque entièrement inconnu 
au point de vue anatomique, puisque deux espèces seulement 
ont été décrites. Les À. Petitiana (— K. laciniata) et Bryophyl- 
lum calycinum (— K. pinnata) ont été étudiés par Mori (1) dans 
un travail d’un caractère toutarchaïque et dans lequel on ne peut 
trouver que des renseignements insuffisants. Le Pryophyllum 
calycinum a été, de plus, l'objet d’un copieux mémoire de Berge (2) 
dans lequel nous avons relevé de nombreuses inexactitudes. 

L’exposé de nos recherches comprend, d’une part, l'étude 
détaillée du Æ. crenata dans lequel nous avons suivi le déve- 
loppement anatomique des organes végétatifs, racine, tige et 
feuille; d'autre part, la description histologique des autres 
espèces étudiées. 

(1) À. Mori, Saggio monografico sulla struttura istologica delle Crassulacee, 
in Nuovo Giornale Botanico Italiano, t. XL, pp. 169-171 (1879). 


(2) H. Berge, Beiträge zur Entwicklungsgeschichte von Br. calycinum, 
Zürich, 1877. 


196 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


M. le professeur Van Tieghem a bien voulu s'intéresser 
à nos recherches et nous en faciliter l'exécution. Nous sommes 
heureux de lui témoigner ie1 notre vive et profonde gratitude. 


Kalanchoe crenata Raymond Hamet. 


Racine. — Les racines adventives, les seules que nous ayons 
eues à notre disposition, présentent une assise pilifère normale 
(Hg. 1). Le parenchyme cortical ne se divise pas en écorce 


Fig. 1. — Kalanchoe crenata. — Racine adventive jeune; ap, assise pilifère; ec, 
écorce ; e, endoderme ; p, péricycle : {, tubes criblés; v, vaisseaux ligneux alternes : 
m, moelle. G. — 216. 


externe et écorce interne. L’assise subéreuse ne se différencie 
pas, mais se trouve remplacée physiologiquement par l’endo- 
derme. En effet, celui-ci ne tarde pas à se subériser com- 
plèlement, isolant ainsi du cylindre central le parenchyme 
cortical tout entier qui entre bientôt en voie de dégénérescence 
et d’exfoliation. 

Le péricycle est formé primitivement d’une seule assise de 
cellules qui, lorsque l’'endoderme est entièrement subérisé, se 
dédoublent par une cloison tangentielle (fig. 2). Il forme alors 
une assise génératrice dont le fonctionnement est unilatéral, ne 
donnant du méristème secondaire que vers l’intérieur. Quelques 
assises de phelloderme s’établissent ainsi, constituant un péri- 
cycle secondaire plurisérié, dont les éléments se divisent ulté- 
rieurement par des cloisons radiales ou obliques qui font perdre 
à ce tissu l'alignement caractéristique des formations secon- 
daires (fig. 3). Plus tard, l’assise génératrice peut cesser de 
fonctionner et se subériser. L'endoderme se prête à l’accrois- 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 197 


sement du cylindre central par étirement de ses cellules 
dans le sens tangentiel. 

L'appareil conducteur est constitué généralement, à l’extré- 
mité d’une racine, par six faisceaux libériens et six faisceaux 


ÉCHENUE 


ph. - Gp 
1 aql 
(ET RER 
DE PT 
Fig. 2 — Kalanchoe crenata. — Racine adventive âgée ; ec, écorce en voie d’exfolia- 


tion ; e, endoderme entièrement subérisé; agp, assise génératrice péridermique 
d'origine péricyclique ; ph, phelloderme; /, liber, dont les premiers tubes criblés 
sont en voie de disparition; agl, assise génératrice libéro-ligneuse ; v, vaisseaux 
alternes, dont les premiers sont en voie de disparition; v', vaisseaux intermé- 
diaires ; m, moelle G. = 216. 
ligneux alternant régulièrement entre eux. Les tubes criblés 
apparaissent les premiers. Chacun d’eux se différencie direc- 
tement aux dépens d’une cellule du méristème primaire, sans 
recloisonnement et sans que l’on puisse constater la présence 
de cellules compagnes. La phase de différenciation centripète 
du bois est très courte; elle ne se trouve représentée que par 
deux ou trois vaisseaux. Ceux qui viennent ensuite amorcent 
déjà la phase intermédiaire (fig. 3). À ce moment l’assise 
génératrice libéro-ligneuse commence à fonctionner en dedans 
du liber, dans les rayons médullaires et en dehors du bois où 
elle prend naissance dans le péricycle plurisérié d’origine 
«secondaire ; elle donne rapidement un anneau continu formé de 
Lplusieurs assises de méristème secondaire dont les éléments 
ne se différencient que très lentement en liber et en bois 
superposés. En même temps, les tubes criblés et les premiers 
vaisseaux de la phase alterne commencent à s'atrophier et 
disparaissent progressivement (1). 


(1) La disparition sur place des éléments conducteurs a été démontrée par 


ue 


198 AMDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


La racine âgée possède la structure suivante : l'écorce 
n'est plus représentée que par l’endoderme qui constitue une 
assise subéreuse à la périphérie de la racine et qui est souvent 
parliellement désorga- 
nisé. Le péricycle d'o- 
rigine secondaire est 
composé de quatre à 
sept assises de cellules 
dont la plus externe 
peut se  subériser. 
La région conductrice 
constitue un anneau 
assez large de forma- 
tions superposées et 
secondaires (fig. 3). Le 
liber d’origine pri- 
maire a complètement 
disparu; le liber secon- 
daire, seul présent, 


est constitué par un 
Fig. 3. — Kalanchoe crenata. — Racine adventive ; 4 
très âgée; e, endoderme (l'écorce est complète- parenchyme cellulo 


ment exfoliée) ; agp, assise génératrice  péri- sique contenant de 

dermique ; ph. phelloderme ; {, liber; agl, 

assise génératrice libéro-ligneuse; v', vaisseaux place en place de pe- 

intermédiaires; v”, vaisseaux superposés. G. =  tifs îlots de tubes cri- 

Fe blés de très faible 
diamètre. Le bois alterne a plus ou moins complètement 
disparu, mais les vaisseaux intermédiaires persistent généra- 
lement. Enfin les vaisseaux superposés se différencient assez 
irrégulièrement au sein d'un parenchyme secondaire nette- 
ment aligné en files radiales. La moelle est bien développée 
et reste cellulosique. 

Les racines adventives peuvent donner naissance à des 
radicelles qui se forment régulièrement en face des faisceaux 
ligneux alternes et qui diffèrent des racines adventives par la 
réduction du nombre des faisceaux : trois, au lieu de six. 


M. Chauveaud (Recherches sur les tissus transitoires du corps végétatif 
des plantes vasculaires. Annales des Sciences naturelles, Botanique, série IX, 
t. XIT, 1910). 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 199 


Tige. — La tige est primitivement constituée, dans la 
gemmule, par un parenchyme homogène dans lequel s'orga- 
nise très rapidement, par recloisonnement des éléments, un 


Fig. 4. — Kalanchoe crenala. — Tige au-dessous de l'insertion des deux premières 
feuilles ; e, épiderme ; p, parenchyme ; pr, procambium en voie de formation ; 
t, tubes criblés ; agl, assise génératrice libéro-ligneuse ; v, vaisseaux. G. — 216. 


tissu procambial. Celui-c1 forme d'abord deux ilots correspon- 
dant aux deux premières feuilles (fig. 4), puis, après la différen- 
ciation de ces deux îlots en faisceaux, un anneau continu. La 
délimitation de l'écorce et du cylindre central n’a donc pas ici 
la netteté qu’elle a dans la racine où ces deux régions procèdent, 
comme on sait, d'initiales distinctes. lei, au contraire, leur 
origine est commune, et si nous employons, pour la commo- 
dité de la description, les termes écorce et cylindre central, 
ce sera avec cette réserve que nous entendrons désigner par 
ces expressions des régions comparables à celles de la racine 
par leur position et leur différenciation, non par leur origine. 

L'épiderme, dès le début, se distingue du parenchyme 
général par ses cellules plus régulières. Aucune cellule n'est 


200 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


prolongée en poil, et les stomates sont assez rares. Le paren- 
chyme cortical est formé de cellules de taille variable et qui 
s'arrondissent progressivement. Les deux assises sous-épider- 


Fig, 5. — Kalanchoe crenata. — Tige, troisième entre-nœud ; e, épiderme : c, collen- 
chyme périphérique; pe, parenchyme cortical; c/, collenchyme libérien; /, liber; 
agl, assise génératrice libéro-ligneuse : v, vaisseaux. G. = 216. 


miques deviennent légèrement collenchymateuses ; leurs élé- 
ments restent de plus petite taille que ceux de la région 
moyenne de l'écorce (fig. 5). Il en est de même pour les assises 
les plus profondes, mais cette différenciation assez irrégulière 
ne peut se comparer à celle d'un endoderme. Ce parenchyme, 
ainsi d'ailleurs que le parenchyme médullaire, contient une 
assez grande quantité de petits grains d’amidon légèrement 
ovoïides. Vers le quatrième ou cinquième entre-nœud, une 


4 


assise génératrice commence à s'établir dans la troisième 


| que du liège et pas de 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 201 


ou la quatrième assise sous-épidermique (fig. 6). Cette assise 
génératrice ne forme pas, dès le début, un anneau continu, 
mais des arcs de cercle 
qui sont d’abord séparés 
les uns des autres, puis 
qui se réunissent latéra- 
lement. Comme dans la 
racine, le fonctionne- 
ment de cette assise est 
unilatéral, mais en sens 
inverse : elle ne forme 


phelloderme. Il ya là une 


.* x À Fig. 6. — Kalanchoe crenala. — Tige, cinquième 
opposition a noter , dans entre-nœud: e, épiderme; c, collenchyme péri- 
la racine, l'assise péri- phérique:; $, première assise subéreuse: ag, 


Û ue : assise génératrice péridermique ; pc, paren- 
dermique d’origine pé-  chyme cortical. G. = 216. 


ricyclique, et par con- 

séquent profonde, ne donne naissance qu'à du phelloderme ;: 
dans la tige, où elle est périphérique, elle ne produit que 
du liège. L'épiderme et le collenchyme situés en dehors du 
liège sont rapidement exfoliés. 

L'appareil conducteur résulte de la différenciation des élé- 
ments du tissu procambial que nous avons vus se former au 
sommet de la tige. Les tubes criblés, qui apparaissent toujours 
les premiers, proviennent du recloisonnement d'une cellule 
procambiale externe (fig. 4). Ils forment de petits paquets et 
ontun faible diamètre. Dès que ces îlots libériens sont différen- 
clés, les cellules procambiales sous-jacentes commencent à se 
cloisonner tangentiellement ; l’assise génératrice libéro-ligneuse 
s établit ainsi avant qu'aucun élément ligneux ne se soit diffé- 
rencié. Les premiers vaisseaux du bois proviennent toujours 
des cellules les plus internes de l’assise ainsi formée ; les sui- 
vants se différencient régulièrement par voie centrifuge, aux 
dépens du méristème secondaire. Il n'existe donc, à aucun 
moment, une structure libéro-ligneuse vraiment primaire de 
la tige. Le premier entre-nœud présente deux faisceaux libéro- 
ligneux principaux diamétralement opposés. Ces faisceaux 
sont réunis par un anneau de formations secondaires, constitué 


202 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


extérieurement par un cercle à peu près continu de liber et 
intérieurement par un petit nombre de vaisseaux ligneux. Dans 
le second entre-nœud,. les faisceaux individualisés, au nombre 


Fig. T. — Kalanchoe crenata. — Tige adulte, portion de l'anneau libéro-ligneux ; 
cl, collenchyme libérien; 4, ilot de tubes criblés; agl, assise génératrice libéro- 
ligneuse; 7, fibres lignifiées: v', vaisseaux entourés de parenchyme cellulosique : 
v, vaisseaux anciens en voie de disparition. G. — 216. 


de quatre, sont disposés en croix; à parür du troisième entre- 
nœud, on en observe une douzaine, quelquefois davantage. 
Les formations libéro-ligneuses continuent à s’accroître, et on 
assiste bientôt à la dégénérescence et à la disparition sur place 
des vaisseaux apparus les premiers. En même temps, les tubes 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 203 


criblés du liber ancien disparaissent, et les éléments conjonc- 
tifs correspondants épaississent leurs membranes et forment 
un tissu collenchymateux contigu à celui que nous avons vu 
se différencier dans les assises les plus profondes du paren- 
chyme cortical. En général, à partir du quatrième entre-nœud, 
il y à un arrêt momentané dans la différenciation des vais- 
seaux ; les éléments du méristème secondaire correspondant 
à la région ligneuse continuent à se former et se lignifient. fl 
s'établit ainsi un anneau continu de tissu ligneux. L'arrêt 
que nous avons signalé dans la différenciation des vaisseaux 
n'est pas définitif; après la formation de quelques assises de 
{issu ligneux sans vaisseaux, ceux-ci recommencent à se diffé- 
rencier, assez irrégulièrement d’ailleurs. Quoi qu'il en soit, les 
éléments voisins de ces vaisseaux restent toujours cellulo- 
siques ; on trouve ainsi, au sein de l'anneau ligneux qui continue 
à se former, des îlots, parfois même des assises continues 
de parenchyme cellulosique entourant des vaisseaux (fig. 7). 
Les vaisseaux différenciés avant l'apparition de l'anneau 
ligneux continu sont tous annelés ou spiralés. Ceux qui se 
forment ultérieurement. sont aussi spiralés, mais avec de 
nombreuses anastomoses longitudinales ou diagonales entre 
les différents tours de spire. L’anneau ligneux est constitué par 
des éléments allongés, de même longueur que les éléments 
vasculaires ; leurs membranes présentent de nombreuses per- 
forations. 

La moelle est persistante et reste cellulosique. 

Insertion foliaire et pétiole. — Un peu au-dessous du niveau 
où les pétioles deviennent libres, la section de la tige, circulaire 
au milieu de l’entre-nœud, devient elliptique. La symétrie 
axiale fait donc place à une symétrie bilatérale. À ce niveau, 
on constate que les deux faisceaux situés aux extrémités du 
grand axe de l’ellipse font saillie vers l'extérieur du cylindre 
central en même temps que quatre faisceaux plus petits situés 
symétriquement de part et d’autre des deux premiers. À un 
niveau un peu supérieur, la forme de la section de la tige se 
modifie par suite de la différenciation progressive des pélioles 
qui se confondent avec la tige sur une certaine longueur. Les 
faisceaux que nous avons vus faire saillie vers l'extérieur de 


1O 


20% ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


l'anneau ligneux s'en détachent obliquement et se rendent, 
trois par trois, dans les parties correspondantes à chacun des 
pétioles. Ceux-ci continuent à s’individualiser et se déta- 
chent bientôt de la tige. Leur section, qui, à la base, est semi- 
circulaire très légèrement engainante, devient rapidement 
subcirculaire. 

L’épiderme du pétiole est formé d'une assise de petites cel- 
lules régulières et dont la membrane externe est légèrement 
cutinisée. Au-dessous de lépiderme, on observe une assise 
parenchymateuse composée de cellules polygonales régulières, 
de grandeur à peu près égale à celle des cellules épidermiques. 
Les éléments plus profonds du parenchyme s’agrandissent 
progressivement et s’arrondissent. | 

L'appareil conducteurest constitué, à la base du pétiole, par 
les trois faisceaux dont nous venons de voir l’origine. Le faisceau 
principal, qui occupe la partie médiane du pétiole, parcourt 
toute la longueur de cet organe sans se ramifier et en 
conservant une structure à peu près identique. Il est formé de 
dix à douze files de vaisseaux ligneux disposées en éventail et 
entremêlées d'éléments parenchymateux. L’assise génératrice 
sépare ces vaisseaux de la région libérienne. Celle-ci comprend, 
comme dans la tige, de petits îlots de tubes criblés disséminés 
dans un parenchyme cellulosique. Les parties les plus externes 
du liber épaississent leurs membranes et deviennent collench y- 
mateuses. Le même phénomène se produit dans les assises 
parenchymateuses qui entourent immédiatement le faisceau 
tout entier, mais avec plus d'intensité près du liber qu'au 
voisinage du bois. Les deux faisceaux latéraux, au lieu de 
rester simples comme le faisceau médian, se dédoublent au 
niveau où le pétiole se sépare de la tige. Chacune de ces 
divisions se ramifie bientôt et nous voyons ainsi, vers le milieu 
du pétiole, un nombre variable de très petits faisceaux dissé- 
minés dans le parenchyme. La structure des faisceaux latéraux, 
avant leur division, est à peu près identique à celle du faisceau 
médian. La structure de leurs ramifications est très simple. 
Elles présentent de une à trois files de vaisseaux et un petit 
ilot libérien. Quant au collenchyme circumfasciculaire, il est 
peu développé ou fait même entièrement défaut. 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 205 


Limbe.—Lelimbe d’une très jeune feuille de Xalanchoe crenata 
est constitué par un parenchyme homogène dans lequel on voit 


Fig. 8. — Kalanchoe crenata. — Limbe d’une très jeune feuille ; es, épiderme supé- 
rieur; v, premier vaisseau; ag, assise génératrice ; {, tubes criblés ; e?, épiderme 
inférieur. G. = 216. 


se différencier tout d’abord l'épiderme, puis des cordons pro- 
cambiaux analogues à ceux que nous avons vu se former dans 
la tige et dont la différenciation en éléments conducteurs 


ACC 
Fig. 9. — Kalanchoe crenata. — Limbe, épiderme inférieur; ce, cellules épider- 
miques ; cs, cellules stomatiques ; ca, cellules annexes. G. — 216. 


s'effectue de la même manière (fig. 8). Le limbe d’une feuille 
adulte présente un épiderme qui, en coupe transversale, est à 
peu près identique sur les deux faces: les cellules sontrégulières, 
a membranes minces très légèrement cutinisées sur leur face 
externe. En coupe tangentielle, les cellules épidermiques sont 
plus sinueuses sur la face inférieure que sur la face supé- 


206 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


rieure. Les stomates existent sur les deux faces de la feuille, 


$ 2 
Je | À T ] À | ] | 2e) Don | Bree ES MAIS sont plus 
OR le spdeus > es nombreux sur la 
a \ Ps  - face inférieure. Les 
f \ 


cellulesstomatiques 
sont accompagnées 
de trois cellules 
annexes (fig. 9). Le 
parenchyme foliaire 
ne présente pas la 
structure bifaciale : 
on n'y distingue ni 
tissu  palissadique 
ni tissu lacuneux 
‘fig. 10). 
L'appareil con- 
ducteur est consti- 
tué par un faisceau 
médian et ses divi- 
sions, ainsi que par 
les ramifications des 
faisceaux latéraux 
du pétiole. La struc- 
ture des faisceaux 
foliaires adultes est 
à peu près identique 
à celle des faisceaux 
du pétiole. Il con- 
| vient de noter pour- 
| he or tant que le collen- 
a | Oo He ei chyme, au lieu de 


Fig. 10. — Kalanchoe crenata. — Limbe, nervure mé- former. un anneau 
diane: es, épiderme supérieur ; s, stomate; m, méso- ,: : « 
phylle; b, région ligneuse ancienne à membranes circumfasciculaire ? 
épaissies et dans laquelle les vaisseaux ont disparu ; St réduit ici à un 
b', vaisseaux; ag, assise génératrice; l’, liber; Z, “tr d 
région libérienne ancienne à membranes épaissies et arc silué au-dessus 
dans laquelle les tubes criblés ont disparu ; eë, épider- du liber. 
me inférieur. G. = 135. 


Le limbe présente 
un certain nombre de stomates aquifères à structure normale. 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 207 


Un ou plusieurs faisceaux vasculaires prolongent leurs vaisseaux 
ligneux jusqu’au voisinage du bord de la feuille où ils se ter- 


minent dans un amas de petites cellules à membranes minces 
en face duquel se trouvent un ou plusieurs stomates. 


Kalanchoe teretifolia Deflers. 


A} 


Tige (jeune) à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. 
Collenchyme périphérique extrêmement différencié (fig. 11). 
Parenchyme cortical à élé- = 
ments parfois recloisonnés 
et présentant, de place en 
place, des petits faisceaux 
sans relation avec le cylindre 
central, parcourant verti- 
calement l'écorce sans se 
ramifier et pénétrant dans 
la feuille. Collenchyme pro- 
fond assez peu différencié. 
Région ligneuse composée 


- de nombreux vaisseaux dis- Fig. 11. — Kalanchoe teretifolia. — Tige, 


épiderme et collenchyme périphériqué. 


séminés dans un parenchy-  & = 26. 
me cellulosique. Moelle per- 
sistante et cellulosique. — Cylindre central envoyant dans la 


feuille un double système vasculaire, le premier comprenant un 
petit nombre de faisceaux (4 environ) émis à un ou deux 
niveaux, toujours au-dessus du millieu de l’entre-nœud immé- 
diatement inférieur, pénétrant dans la région inférieure de la 
feuille après s'être ramifiés dans l'écorce, le second comprenant 
trois faisceaux émis au niveau du nœud, traversant presque 
horizontalement l'écorce sans s'y ramifier et pénétrant dans la 
région centrale dela feuille. — Pétiole à épiderme n1 papilleux, 
n1 prolongé en poils. Parenchyme dépouvu d'oursins d’oxalate 
de calcium. 


Kalanchoe linearifolia Drake del Castillo. 


Tige... Hampe à épiderme ni papilleux, ni prolongé en 
poils. Assise péridermique d’origine épidermique, ne produi- 


208 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


sant que du liège. Collenchyme périphérique peu différencié. 
Parenchyme cortical à éléments non recloisonnés et ne 
présentant pas de petits faisceaux sans relation avec le cylindre 
central. Collenchyme profond non différencié. Région ligneuse 
composée intérieurement d’un assez petitnombre de vaisseaux, 
et exlérieurement d’un anneau de fibres à peu près régulières 
présentant de place en place un ou deux vaisseaux non entourés 
de parenchyme cellulosique. Moelle persistante, lignifiée en 
face des insertions foliaires, cellulosique ailleurs. — Cylindre 
central envoyant dans la feuille trois faisceaux émis un peu 
‘au-dessous du nœud, contigus à la base, traversant un peu 
obliquement l'écorce sanss’y ramifier. — Base de la feuille à 
épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Parenchyme 
dépourvu d’oursins d'oxalate de calcium. 


Kalanchoe Beauverdi Raymond Hamet. 


Tige à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Collen- 
chyme périphérique bien différencié. Parenchyme cortical à élé- 
ments non recloisonnés et ne présentant pas de petits faisceaux 
sans relation avec le cylindre central. Collenchyme profond 
peu différencié. Région ligneuse composée intérieurement d'un 
petit nombre de vaisseaux, et extérieurement d’un anneau de 
fibres à peu près régulières contenant de place en place des 
groupes de vaisseaux entourés de parenchyme cellulosique. 
Moelle non persistante et cellulosique. — Cylindre central 
envoyant dans la feuille trois faisceaux émis au niveau du 
nœud, traversant l'écorce presque horizontalement, le médian 
sans se ramifier, les latéraux se dédoublant à la limite de la 
tige et du pétiole. — Pétiole à épiderme ni papilleux, ni 
prolongé en poils. Parenchyme dépourvu d’oursins d'oxalate 
de calcium. 


Kalanchoe abrupta Bayley Ballour. 


Tige à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Assise 
péridermique d’origine périphérique, ne produisant que du 
liège. Collenchyme périphérique peu différencié. Parenchyme 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 209 


cortical à éléments généralement recloisonnés dans le sens 
radial et ne présentant pas de petits faisceaux sans relation avec 


7 


ou) 


Fig. 12. — Kalanchoe abrupta. — Tige, portion de l’anneau libéro-ligneux ; L, liber; 
ag, assise génératrice ; v, vaisseaux ; pe, parenchyme collenchymateux. 
à G. — 216. 


e cylindre central. Collenchyme profond non différencié. Région 
ligneuse composée de nombreux vaisseaux disséminés dans 
un parenchyme cellulosique à éléments alignés régulièrement 
en files radiales et épaissis dans les angles (fig. 12). Moelle per- 
sistante et cellulosique. — Hampe à épiderme ni papilleux, ni 
prolongé en poils. Collenchyme périphérique peu différencié. 
Parenchyme cortical à éléments non recloisonnés et ne présen- 
ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. XIV, 14 


210 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


tant pas de petits faisceaux sans relation avec le cylindre 
central. Collenchyme profond non différencié. Région ligneuse 


mme + 
Ve 


N 


Fig. 13. — Kalanchoe abrupta. — Hampe florale, portion de l’anneau libéro-ligneux g 
l, liber; ag, assise génératrice ; f, fibres lignifiées: v, vaisseaux; ps, parenchyme 
médullaire sclérifié. G. — 216. 


composée intérieurement de vaisseaux assez peu nombreux 
et extérieurement d'un anneau de parenchyme en voie de 
complète lignification (fig. 13). Moelle persistante, cellulosique 
dans son ensemble mais présentant pourtant quelques éléments 
lignifiés. — Cylindre central envoyant dans la feuille trois 
faisceaux émis au niveau du nœud, traversant l'écorce presque“ 


LE 
Ur. 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 211 


horizontalement sans s’y ramifier. — Pétiole à épiderme ni 
papilleux, ni prolongé en poils. Parenchyme dépourvu d’oursins 
d’oxalate de calcium. 


Kalanchoe Costantini Raymond Hamet. 


Tige à épiderme n1 papilleux, ni prolongé en poils. Collen- 
chyme périphérique assez peu différencié. Parenchyme cortical 
à éléments non recloisonnés, et ne présentant pas de petits 
faisceaux sans relation avec le cylindre central. Assise péri- 
dermique prenantnaissance dans la région moyenne de l'écorce, 
et ne produisant que du liège. Collenchyme profond non diffé- 
rencié. Région ligneuse composée intérieurement de vaisseaux 
peu nombreux, et extérieurement d'un anneau de fibres à peu 
près régulières, contenant de place en place des vaisseaux isolés 
non entourés de parenchyme cellulosique. Moelle persistante 
et cellulosique. — ... — Base du limbe à épiderme n1 papilleux, 
ni prolongé en poils. Parenchyme dépourvu d'oursins d’oxalate 
de calcium. 


Kalanchoe thyrsiflora Harvey. 


Tige à épiderme n1 papilleux, ni prolongé en poils. Collen- 


Fig.14. — Kalanchoe thyrsiflora. — Tige, faisceau cortical jeune; pe, parenchyme 
cortical : £, liber ; v, vaisseaux. G. — 270, 


chyme périphérique bien différencié. Parenchyme cortical 
à éléments non recloisonnés et ne présentant pas de petits 


219 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


faisceaux sans relation avec le cylindre central. Collenchyme 
profond assez bien différencié. Région ligneuse composée 
intérieurement de rares vaisseaux, et extérieurement d'un 
anneau de fibres à peu près régulières contenant de place en 


LOC 
) CG is ro 


Fig. 15. — Kalanchoe thyrsiflora. — Tige, faisceau cortical; ce, collenchyme ; , liber ; 

v, vaisseaux; }, fibres lignifiées. G. = 270. 
place quelques vaisseaux entourés de parenchyme cellulosique. 
Cylindre central envoyant dans la feuille un double système 
conducteur, le premier comprenant un assez grand nombre 
de vaisseaux émis à différents niveaux, le plus inférieur étant 
quelquefois situé au-dessous du nœud immédiatement inférieur, 
les uns traversant l'écorce verticalement sans s’y être ramifiés, 
les autres après s’y être ramifiés, d’autres enfin se fusionnant 
par deux, tous présentant primitivement un îlot libérien et 
quelques vaisseaux séparés par une assise génératrice ne fonc- 
tionnant d’abord qu'entre le bois et Le liber (fig. 14), mais se 
prolongeant bientôt latéralement de façon à former un anneau 
entourant les vaisseaux et produisant alors du liber et des fibres 
(fig. 15) ; le second... (1). — Base de la feuille à épiderme ni 
papilleux, ni prolongé en poils. Parenchyme dépourvu 
d'oursins d’oxalate de calcium. 


Kalanchoe rotundifolia Haworth. 


Tige à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Collen- 
chyme périphérique peu différencié. Parenchyme cortical à 


(4) Nous avons constaté la présence de faisceaux émis au voisinage du nœud, 
mais sans pouvoir préciser leur nombre et leur disposition. 


ÉTUDE ANATONIQUE DU GENRE KALANCHOE 213 


éléments non recloisonnés et ne présentant pas de petits 
faisceaux sans relation avec le cylindre central. Collenchyme 
profond inexistant. Région ligneuse composée intérieure- 
ment de vaisseaux peu nombreux, et extérieurement d’un 
anneau de fibres à peu près régulières. Moelle persistante, 
cellulosique dans son ensemble mais lignifiée en face des 
faisceaux foliaires médians. — Cylindre central envoyant dans 
la feuille trois faisceaux, le médian émis au voisinage du nœud, 
les deux latéraux émis au-dessous du médian, tous traversant 
l'écorce sans s’y ramifier, le médian presque horizontalement, 
les latéraux très obliquement, ces derniers présentant primi- 
üvement un îlot libérien et quelques vaisseaux séparés par une 
assise génératrice ne fonctionnant d’abord qu'entre le liber et 
les vaisseaux mais se prolongeant bientôt latéralement de façon 
à former un anneau entourant les vaisseaux, et produisant 
alors du liber et des vaisseaux. — Pétiole à épiderme ni 
papilleux, ni prolongé en poils. Parenchyme dépourvu d'oursins 
d'oxalate de calcium. 


Kalanchoe laciniata DC. 


Tige à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Collen- 
chyme périphérique peu différencié. Parenchyme cortical à 
éléments parfois recloisonnés et ne présentant pas de petits 
faisceaux sans relation avec le cylindre central. Collenchyme 
profond très peu différencié. Région ligneuse composée inté- 
rieurement de vaisseaux assez nombreux, et extérieurement 
d’un anneau de fibres à peu près régulières, contenant de place 
en place des vaisseaux non entourés de parenchyme cellulo- 
sique. Moelle persistante et cellulosique. Cylindre central 
envoyant dans la feuille trois faisceaux émis au niveau du nœud, 
le médian traversant l'écorce presque horizontalement sans s'y 
ramifier, les latéraux en se ramifiant dans les assises corticales 
les plus externes. — Pétiole à épiderme ni papilleux, ni prolongé 
en poils. Mésophylle dépourvu d’oursins d'oxalate de calcium. 


Kalanchoe Luciæ Raymond Hamet. 


Tige à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Collen- 


214. ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


chyme périphérique bien développé. Parenchyme cortical à 
éléments non recloisonnés et ne présentant pas de petits fais- 
ceaux sans relation avec le cylindre central. Collenchyme pro- 
fond peu développé. Région ligneuse composée de nombreux 
vaisseaux disséminés dans un parenchyme cellulosique à élé- 
ments épaissis dans les angles. — Cylindre central envoyant 
dans la feuille un double système conducteur, le premier 
comprenant un assez grand nombre de faisceaux émis à diffé- 
rents niveaux, le plus inférieur situé dans le voisinage du nœud 
immédiatement inférieur, les uns traversant l'écorce vertica- 
lementsans s’y être ramifiés, les autres en s'y ramifiant, d’autres 
enfin se terminant dans l'écorce, tous présentant primitivement 
un îlot de liber et quelques vaisseaux séparés par une assise 
génératrice ne fonctionnant d'abord qu'entre le bois et le liber, 
mais se prolongeant bientôt latéralement de façon à former un 
anneau produisant du liber et des vaisseaux, le second...(1).— 
Base de la feuille à épiderme ni papilleux, n1 prolongé en poils. 
Parenchyme dépourvu d’oursins d’oxalate de calcium. 


Kalanchoe prolifera Raymond Hamet. 


Tige à épiderme papilleux (fig. 16). Assise péridermique d'ori- 
gine épidermique, quelquefois plus profonde, ne produisant que 
\ du liège. Collenchyme 
périphérique très peu 
développé. Parenchy- 

_ me cortical à éléments 
recloisonnés dans le 
sens radial et présen- 


tant de place en place 


Fig. 16. — Kalanchoe prolifera. — Tige, épiderme - - 
RE de petits faisceaux 


sans relation avec le 
cylindre central ou avec l'insertion foliaire. Collenchyme 
profond bien développé. Région ligneuse composée de nom- 
breux vaisseaux disséminés dans un parenchyme cellulosique se 
sclérifiant par place. Moelle persistante et cellulosique. Cylindre 
central envoyant dans la feuille trois, quatre, cinq faisceaux, 


(1) Même remarque que p. 212. 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 245 


émis au niveau du nœud, traversant presque horizontalement 
l'écorce, le médian sans se ramifier, les deux latéraux extrêmes 
en s’y ramifiant à un niveau variable. — Pétiole à épiderme 
papilleux. Mésophylle dépourvu d'oursins d’oxalate de calcium. 


Kalanchoe pinnata Persoon. 


Tige à épiderme papilleux. Assise péridermique d’origine 
épidermique ne produisant que du liège. Collenchyme péri- 
phérique non différencié. Parenchyme cortical à éléments non 
recloisonnés, ne présentant pas de petits faisceaux sans rela- 
tion avec le cylindre central. Collenchyme profond assez bien 
développé. Région ligneuse composée intérieurement de vais- 
seaux peu nombreux et extérieurement d’un anneau de fibres 
à peu près régulières non sclérifiées dans leurs assises les plus 
internes et contenant de place en place des groupes de vais- 
seaux entourés de parenchyme cellulosique. Moelle persistante 
et cellulosique. — Cylindre central envoyant dans la feuille 
cinq faisceaux émis au niveau du nœud traversant l’écorce 
presque horizontalement sans s’y ramifier, les deux latéraux 
extrêmes des deux feuilles opposées pouvant avoir une origine 
commune et provenir de la bipartition d'un seul faisceau. — 
Pétiole à épiderme papilleux. Parenchyme dépourvu d'oursins 
d'oxalate de calcium. 


Kalanchoe marmorata Baker. 


Tige à épiderme ni papilleux, n1 prolongé en poils. Collen- 
chyme périphérique légèrement et irrégulièrement diffé- 
rencié. Parenchyme cortical à éléments généralement recloi- 
sonnés et ne présentant pas de petits faisceaux sans relation 
avec le cylindre central. Collenchyme profond assez bien diffé- 
rencié. Région ligneuse composée intérieurement de vaisseaux 
assez peu nombreux, et extérieurement d’un anneau de fibres 
à peu près régulières. Moelle persistante et cellulosique. 
Cylindre central envoyant dans la feuille un double système 
conducteur, le premier comprenant un assez grand nombre de 
faisceaux émis à différents niveaux, le plus inférieur étant situé 


216 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


un peu au-dessous du milieu de l’entre-nœud immédiatement 
inférieur, les uns traversant verticalement l'écorce sans s’v 


ane 
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ze < AK 
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Ur. ( : 


Fig. 17. — Kalanchoe marmorata. — Tige, faisceau cortical jeune; Z, liber; ag, assise 
génératrice; v, premiers vaisseaux en voie de disparition ; v”’, vaisseaux ; €, col- 
lenchyme. G. = 216. 


ramifier, les autres en s’y ramifiant, d’autres enfin se termi- 
nant dans l'écorce, tous présentant primitivement un îlot de 
à GA) RE 0e) 7 
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Fig. 18. Kalanchoe marmorata. — Tige, faisceau cortical; /, liber; ag, assise géné- 
ratrice ; v, vaisseaux; /, fibres lignifiées ; c, collenchyme. G. — 216. 


liber et quelques vaisseaux séparés par une assise génératrice ne 
fonctionnant d’abord qu'entre le bois et le Liber (fig. 17) mais se 
prolongeant bientôtlatéralement de façon à former un anneau 
entourant les vaisseaux et produisant alors du liber sur toute 
sa circonférence, mais ne donnant naissance à des fibres que 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 2417 


dans la partie située au-dessous et sur les côtés des premiers 


vaisseaux, donnant ainsi naissance à un croissant de fibres 
(fig. 18); le second comprenant cinq faisceaux émis au niveau 
du nœud, traversant presque horizontalement l'écorce sans s'y 
ramifier. — Base du imbe à épiderme ni papilleux, ni prolongé 
en poils. Parenchyme dépourvu d’oursins d’oxalate de calcium. 


Kalanchoe beharensis Drake del Castillo. 


Tige ... — ...-— Pétiole à épiderme souvent prolongé en poils 
composés d'un pédicule bref, pluricellulaire, supportant trois 


{ 


Fig. 19. — Kalanchoe beharensis. — Tige, épiderme et poil, mâcle d’oxalate de cal- 
cium Gt — D; 


longues branches aiguës constituées par les ramifications 
d'une cellule unique (fig. 19). Parenchyme riche en oursins 
d’oxalate de calcium. 


Kalanchoe velutina Welwistch. 


al 


Tige à épiderme donnant naissance à des poils pluricellu- 
laires renflés en tête à leur sommet (fig. 20). Collenchyme péri- 
phérique à peine différencié. Parenchyme cortical à éléments 
non recloisonnés. Collenchyme profond presque nul. Région 


218 ANDRÉ DAUPHINÉ ET RAYMOND HAMET 


ligneuse composée intérieurement d'un petit nombre de vais- 
seaux, etextérieurement d’un anneau de fibres très irrégulières, 
certaines ayantun diamètre deux ou trois fois supérieur à celui 
des autres (fig. 21). Moelle persistante et cellulosique. — 
Cylindre central envoyant dansla feuille un double système vas- 
FES culaire, le premier comprenant 

ee un nombre variable de faisceaux 

| _ émis à différents niveaux. les uns 


SU D 
RTE 
SOLS 
= 


en 


p D 


7 | Mis Ov27 
Fig. 20, — ÆXalanchoe velutina. — Tige, Fig.21. — Kalanchoe velutina. — Tige, 
épiderme et poil. G. = 135. portion de l'anneau fibreux. G. — 216. 


traversant l'écorce presque verticalement sans s’y ramifier, 
les autres en s’y ramifiant, tous présentant primitivement 
un ilot de liber et quelques vaisseaux séparés par une 
assise génératrice ne fonctionnant d’abord qu'entre le bois 
et le liber, mais se prolongeant bientôt latéralement de 
facon à former un anneau entourant les vaisseaux et pro- 
duisant alors du liber et des fibres; le second comprenant 
trois faisceaux émis au niveau du nœud, traversant l'écorce 
presque horizontalement, le médian sans s’y ramifier, les laté- 
raux en sy ramifiant. — Pétiole à épiderme donnant nais- 
sance à des poils pluricellulaires, renflés en tête à leur som- 
met. Parenchyme dépourvu d’oursins d’oxalate de calcium. 


ÉTUDE ANATOMIQUE DU GENRE KALANCHOE 219 


Kalanchoe uniflora Raymond Hamet. 


Tige à épiderme ni papilleux, ni prolongé en poils. Assise 
péridermique d’origine épidermique ne produisant que du liège. 
Collenchyme périphérique très peu différencié. Parenchyme 
cortical à éléments non recloisonnés et ne présentant pas de 
petits faisceaux sans relation avec le cylindre central. Cellen- 
chyme profond inexistant. Région ligneuse composée intérieu- 
rement de vaisseaux peu nombreux et extérieurement d'un 
anneau de fibres à peu près régulières contenant de nombreux 
groupes de vaisseaux entourés de parenchyme cellulosique. 
Moelle persistante et cellulosique. Hampe à épiderme donnant 
naissance à quelques poils pluricellulaires renfiés en tête à leur 
sommet. Collenchyme périphérique peu développé. Paren- 
chyme cortical à éléments non recloisonnés et ne présentant 
pas de petits faisceaux sans relation avec le cylindre central. 
Collenchyme profond inexistant. Région ligneuse composée 
intérieurement de rares vaisseaux et extérieurement d'un an- 
neau de fibres à peu près régulières. — Cylindre central n’en- 
voyant dans la feuille qu’un seul faisceau émis un peu au- 
dessous du nœud, traversant l'écorce un peu obliquementsans 
s’y ramifier. — Pétiole à épiderme ni papilleux, ni prolongé 
en poils. Parenchyme dépourvu d’oursins d’oxalate de calcium. 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE 


DES BULBES D'OPHRYDÉES 


Par Noël BERNARD 


INTRODUCTION (1) 


Dans mes dernières publications (2), J'ai essayé de fixer les 
moyens de défense des Orchidées contre leurs champignons. 

Mon impression est que ces moyens sont divers, gradués, 
et J'ai pu les mettre en évidence, puisque je pouvais opposer 
à un même organisme des ennemis de plus en plus redoutables. 

Après les obstacles de la pénétration, la phagocytose est un 
des moyens efficaces, le seul pourrait-on eroire, tant qu'on 
envisage les maladies bénignes. 

Cependant, sous sa forme directe, ce n’est pas un moyen 
indéfiniment efficace. Quand on s'adresse à des microbes mieux 
adaptés, à des ennemis plus redoutables, la phagocytose ne 
suffit plus. C’est ce qu'on voit pour les animaux vaccinés, 
dans l’immunité acquise, et chez les plantes, sans doute, dans 
la symbiose, où l’immunité est acquise au cours de périodes 
géologiques de vie commune, ou plutôt par une évolution 


commune indéfiniment prolongée. 


(1) La mort vient d'enlever prématurément un jeune savant français des 
plus distingués, M. Noël Bernard. Les idées émises par lui dans les mémoires 
qu'il a publiés de son vivant étaient trop originales pour que l’on ne songeât 
pas à recueillir les notes sur les travaux qu'il poursuivait dans les derniers 
temps de sa vie. Ces notes ont été pieusement recopiées par Mme Bernard, et 
le travail des éditeurs s’est simplement borné à une mise en ordre de ces 
notes et à l'addition de quelques verbes partout où leur présence était 
nécessaire pour rendre les phrases lisibles. Mais le texte de Noël Bernard a été 
scrupuleusement respecté, et tout ce qui suit, en fait, a été strictement écrit 
et pensé par lui. ; CosTANTIN ET MaGrou. 

(2) Noël Bernard, l'Evolution dans la symbiose. Ann. Sc. Nat. Bot., 9° série, 


. &. IX, 1909. — Remarques sur l’immunité chez les plantes (Bull. Institut Pasteur, 


t. VIL, 1909). 


2929 NOEL BERNARD 


Je l'ai montré, et j'ai prévu ici le rôle de propriétés humorales 
que je n'avais pas pu directement démontrer. Je comble cette 
lacune, en vérité d'une manière incomplète. J'avais prévu des 
propriétés agglutinatives ; elles existent sans doute et sont 
efficaces. Mais j'ai mis en évidence des propriétés fungicides, 
d’une efficacité moins douteuse encore, que rien a priori ne 
m'avait fait prévoir et qui, elles aussi, ont un équivalent dans 
la pathologie animale. Elles constituent une nouveauté en 
pathologie végétale. 


Ï 


CAS DE L'ACTION DU BULBE DE Loroqlossum SUR LE Rhizoctonia 
ÿ 
repens DE L' Orchis Morio. 


$S 1. — J'ai pris comme objet d'étude quelques Orchidées 
indigènes à bulbes de la tribu des Ophrydées, qui forme, comme 
on sait, un groupe bien défini. 

Ces plantes offrent au point de vue de limmunité un problème 
assez particulier. Leurs bulbes sont des faisceaux de racines 
développées précocément sur un bourgeon. Or, tandis que les 
racines sont infestées, les bulbes sont indemnes, au moins 
dans leur masse, quand il y à des digitations. C'est cette 
immunité si rare d'organes radicaux dont je me proposais de 
chercher la cause, afin de voir si elle n'avait pas une origine 
humorale. 

S 2. — Les premiers essais, exécutés avec des bulbes pilés el 
filtrés, s’élant montrés infructueux, J'ai adopté la méthode 
par diffusion (1). Le principe en est très simple : au contact 
d'une masse limitée de gélose nutritive, on place un fragment 

(1) J'avais essayé la filtration de bulbes pilés de Loroglossum hircinum. A la 
presse à main, on n’en tire aucun liquide. J’ai dû ajouter environ trois parties 
d'eau pour une partie de bulbe. Dans ces conditions, on obtient à la presse 
une bouillie visqueuse, d’où j'ai tiré 20 centimètres cubes environ de filtrat 
limpide. 

Une partie de ce filtrat a été mise dans un tube de gélose au salep glucosé ; 
une autre partie à été ensemencée directement; une troisième partie a servi 
au même usage après quelques instants d’ébullition. 

Quatre jours après l’ensemencement, j'ai constaté que le champignon poussait 


parfaitement dans ce liquide filtré, mais sans montrer aucun phénomène par- 
ticulier, spécialement aucun pelotonnement. 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE DES BULBES D OPHRYDÉES 293 


de bulbe aseptique. Le champignon est semé à quelque distance. 

S 3. — Les premières expériences ont été faites uniquement 
avec des bulbes de ZLoroglossum et le champignon isolé de 
l'Orchis Morio (juin 1909) (1). 

J'ai choisi ces bulbes parce qu'ils sont gros et indemnes, et 
ce champignon parce qu'il appartient à une Ophrydée, et qu'il 
était le plus récemment isolé parmi ceux dont je disposais. 

L'expérience avec ces matériaux avait donné un résultat; je 
m'y suis limité, on verra d’ailleurs plus loin que les données 
ainsi acquises ont un caractère général. 

$ 4. — Le champignon de l'Orchis Morio correspond à la dia- 
gnose du ihizoctoniarepens. À partir du point de semis, il forme 
un voile uniforme, constitué sur son pourtour par des filaments 
rayonnants, rectilignes, ramifiés, s'étendant de plus en plus 
sur la gélose d’abord, sur le verre humide du tube ensuite. Le 
tube est complèment envahi en une douzaine de jours, ensuite 
le ‘cercle s’épaissit progressivement. Çà et là apparaissent des 
pelotons assez rares; puis enfin des granulations formées de 
bouquets de filaments moniliformes. 

$S 5. Obtention de fragments aseptiques de bulbe. — On doit 
employer des bulbes propres, flambés. On brûle superficielle- 
ment les lignes suivant lesquelles on doit faire des sections avec 
des instruments flambés. Pour les bulbes assez gros, après que 
l’on a fait une section, l'emploi des emporte-pièce estcommode. 
On peut faire usage de vide-pommes variés donnant des mor- 
ceaux cylindriques. Si ces morceaux sont courts et larges, on les 
pose au fond du tube, de telle sorte que les surfaces de section 
soient perpendiculaires à l'axe du tube ; s’ils sont Lin on les 
découpe en demi-cylindres. Des de L à 2 centimètres 
cubes suffisent el conviennent. 


(1) La isolements ont été faits sur un milieu renfermant 15 p. 1000 de salep, 
2 p. 1000 de glucose, et 12 p. 1000 de gélose. J'ai fait des semis avec des 
pelotons isolés de racines d’un Orchis Morio provenant de Saint-Benoît. J'ai 
obtenu plusieurs cultures, toutes ayant les caractères du Æhizoctonia repens. 

Les expériences suivantes présentent une lacune; elles ont été faites avec 
des bulbes de Loroglossum et divers champignons (celui de l'Orchis Morio et 
d’autres, comme on le verra plus loin), mais justement pas avec le champignon 
du Loroglossum, que je n'ai pu cultiver. N'y aurait-il pas une action spécifique 
particulière ? C’est peu probable, d’après ce que j'ai vu de la possibilité d'inter- 
Changer les champignons pour la germination des graines. Cette lacune a été 
en partie comblée par l'expérience décrite en note, p. 229 


224 NOEL BERNARD 


S 6. Milieu gélosé. — On prépare un milieu avec 12 p. 1000 
de gélose et 3 p. 1000 desalep. On en met10 à 12 centimètrescubes 
dans un tube, que l’on incline après stérilisation. Le morceau 
de bulbe est disposé au fond du tube, appuyé fortement sur la 
sélose. Il importe, pour que l’on n’ait bien à faire qu'à la 
diffusion, d'éviter tout mouvement de liquide dans les tubes. 

S'il y a initialement du liquide 
libre à la surface de la gélose, on le 
vide; ensuite on laisse les tubes 
inclinés et immobiles. 

S7. — Pour étudier l’action des 
produits diffusés du fragment de 
bulbe, celui-ci ayant été placé au 
fond, comme j'ai dit, je semai le 
champignon en même temps, vers la 
partie supérieure de la gélose. Le 
champignon commence à pousser 
comme à l'ordinaire, s’avançant, 
pour ainsi dire, à la rencontre des 
produits diffusés par le bulbe. Les 
choses vont ainsi quelques Jours, 
mais tôt ou tard, quand le bord du 
voile arrive à 1 ou 2 centimètres du 


Fig. 1. — Culture sur gélose du 


Rhizoctonia repens de l'Orchis 
Morio, en présence d’un frag- 
ment de bulbe de Loroglossum 
hircinum. — A, vue de profil: 
B, vue de face. — F, fragment 
de bulbe ; le semis initial est 
marqué par un point d'où 
s'irradient les filaments, le trait 
ovalaire marque la limite de 
leur développement. En A,on 
voit les filaments végétant sur 
le verre dépasser le fragment 
de Loroglossum sans cepen- 
dant l'atteindre. 


bulbe, sa croissance dans cette direc- 
tion s'arrête subitement, le voile se 
limite là par une ligne nette (fig. 1). 
Toute la partie inférieure de la gé- 
lose, sur laquelle est posé le bulbe, 
reste dès lors indemne, tandis que 
le voile mycélien continue à s'ac- 
croître vers le haut du tube et sur 
le verre humide, s’arrêtant partout 
au contact de cette région de la 


gélose où la présence du bulbe semble interdire toute végé- 
tation (1). 


(1) J'avais d’abord semé dans des tubes, sur le milieu dont la composition 
est indiquée ci-dessus, des fragments aseptiques de bulbe de Loroglossum, ou 
des raclures prises sur des bulbes cassés, et au voisinage du R. repens. Parmi 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE DES BULBES D OPHRYDÉES 2925 


$S8.— L'action des substances diffusées par le champignon est 
ainsi mise en évidence; elle se présente comme une action 
inhibitrice sur la croissance du mycélium qu'il reste à 
analyser. 

$ 9. — Quand on examine les conditions de l'arrêt, on note 
d’abord que le mode de végétation au bord du voile n'est pas 
modifié jusqu au moment où la croissance s’arrête. Les filaments 
ne changent pas de direction, ils ne semblent ni attirés, ni 
repoussés par le bulbe. L'extension du voile s'arrête parce que 
la croissance de chaque filament s'arrête. Sur chacun des 
filaments arrêtés dans leur croissance terminale, des ramifi- 
cations naissent eu arrière et reprennent bientôt la direction 
du filament principal, mais s’arrêtent bientôt de même 
sans avoir été loin. Cette ramification m'a paru souvent un peu 
plus abondante au point d'arrêt qu'ailleurs, et le long de la 
ligne d'arrêt, le voile en était rendu un peu plus opaque ; mais 
ec est peu de chose, et bien naturel, puisque, chez les végétaux, 
la ramification supplée à l'absence du sommet végétatif, par- 
| tout où il est supprimé. 
|  S10. — Peu de temps après l'arrêt, le contenu des filaments 
| dégénère; le protoplasma n’est plus massif, mais vacuolaire, 
. renfermant desgrauulations réfringentes. Plus tard, on constate 
* que les filaments sont vides jusqu à leur pointe, à l'exception 
| des corps réfringents (mélachromatiques) qui les remplissent (1). 


ces expériences une seule avait donné un résultat intéressant : dans un tube 
où avaitétéseméun grosfragment de bulbe de presque1 centimètre cube, le frag- 
| ment s’est entouré d’un produit d’excrétion muqueux. Le R. repens s’est arrêté 
| un peu avant la limite de ce liquide excrété, sans former de pelotons d’une 
| manière anormale ; il est toujours resté arrêté, dans la suite, à 6 millimètres 
du fragment de bulbe. Dans les tubes où l’on a mis seulement des raclures de 
pulpe de bulbes, rien d’analogue ne s’est produit ; le mycélium a traversé la 
| région de la gélose couverte de ces raclures comme si rien ne le gènait dans 
sa progression. 

J'ai recommencé l'expérience sur une plus vaste échelle, en mettant dans 
“| des tubes à essai ordinaires, préparés avec la gélose au salep, des fragments de 
: bulbe ayant environ 1 centimètre cube ; j'ai semé dans ces tubes Le R. repens isolé 

de l'Orchis Morio. Comme témoins, j'ai pris dans les mêmes conditions des 
! bulbes qui ont séjourné un quart d'heure à l’autoclave à 100, et des fragments 
“| vivants de tubercules de pomme de terre. Ces expériences ont donné un résul- 
| tat très net. Le R. repens a été arrêté à environ 2 centimètres des gros frag- 
— ments de bulbe vivant. Il n’a été nullement arrêté par les fragments de tuber- 
| cules de pomme de terre, ni par les bulbes de Loroglossum bouillis. 
| (4) Avant d'aller plus loin, notons que cela n’a rien à voir avec la mort par 


ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. XEVA LEO 


296 NOEL BERNARD 


Maislesmembranes restent intactes unan et plus ; iln’yaaucune 
digestion, le protoplasma seul est tué. La mort du champignon 
par ce fait est rapide et complète partout où la substance 
diffusible et fungicide a accès. Au bout d’un mois et demi, tout le 
voile sur la gélose d’un tube était mort, et depuis assez longtemps 
sans doute. Sur le verre, le développement du voile se continue 
avec les étapes successives de l’évolution naturelle : formation 
de pelotons et de filaments moniliformes. Au contraire, là où 
se produit l'arrêt de croissance du voile sur la gélose, on 
n'observe Jamais de pelotons ni de filaments moniliformes; le 
champignon est précocement tué avant l'apparition de ces 
formes successives caractéristiques de son développement. 

S 11. — En somme, l'expérience met en évidence l'existence 
dans les bulbes d’une substance capable de tuer rapidement le 
protoplasma du champignon. On reviendra tout à l'heure sur 
les propriétés de cette substance. L'expérience apprend du 
reste qu'elle est facilement diffusible, ce qui tendrait à lui 
faire attribuer une structure cristalloïde. 

S 12. — Dans l'expérience faite comme Je viens de le dire, 
les propriétés de cette substance fungicide sont mises en évi- 
dence d'une manière assez brutale. Je me suis demandé si, en 
augmentant la dilution de cette substance nocive, jusqu au voi- 
sinage de la limite où elle n’agirait plus, on n'observerait pas 
quelque phénomène nouveau qui permettrait de mieux com- 
prendre le mécanisme intime de son action. La réponse a été 
négative ; l'expérience permet de fixer un degré de dilution où 
cesse l’action, mais tant qu'elle se manifeste, c’est essentielle- 
ment de la même manière. Cependant les expériences dans ce 
sens sont instructives; J'en dis quelques mots. 

S 13. — Pour observer l’action de la substance fungicide à 
des degrés de dilution variable, j'ai préparé une série de tubes 
contenant la même quantité de gélose (10 centimètres cubes), 
dans lesquels je plaçais des fragments de bulbe de taille 


agglutination et digestion phagocytaire. C’est la forme de dégénérescence déjà 
observée dans les semis de pelotons qui ne poussent pas (elle est ici parfaite 
ment constante près du bulbe). La difficulté de l'isolement des champignons 
vient peut-être de ce que l’on sème avec eux de cette substance nocive éminem- 
ment diffusible sur un milieu gélosé. Les cultures en milieu liquide vaudraient 


mieux sans doute. 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE DES BULBES D OPHRYDÉES 227 


variable, de forme assez régulière pour qu'on puisse évaluer 
approximativement leur volume. La série des expériences ainsi 
conduites a montré que les fragments au-dessous de 1/2 centi- 
mètre cube sont sans action, la végétation du champignon ne 
paraît en rien dérangée n1 modifiée par leur présence. Avec les 
fragments d’un volume voisin de 1/2 centimètre cube, l'arrêt 
se produit comme à l'ordinaire, suivant une ligne bien nette 
où le mycélium est tué. Puis, quelque temps après, les filaments 
qui ont séjourné sur le verre, respectant souvent pendant plu- 
sieurs semaines la gélose, envahissent celle-ci, si bien que tout 
le tube est envahi, la ligne d'arrêt primitive restant cependant 
bien marquée (1). 

Cetenvahissement par étapes s'explique aisément. Examinons 
ce qui se passe en ces points de la gélose envahis secondaire- 
ment. 

D'abord concentration croissante tant que le bulbe contient 
un excès de substance diffusible. Puis, quand le bulbe est 
épuisé, l'équilibre de concentration doit s'établir dans toute la 
masse de gélose, c'est-à-dire que les régions les plus concentrées 
cèdent à celles qui le sont moins, s’appauvrissent, et rede- 
viennent propres à la vie du mycélium. 

Dans de rares cas, j'ai vu deux lignes d'arrêt successives, le 
bulbe lui-même restant indemne. 

Incidemment, cette expérience montre que la substance fun- 
gicide peut agir à un degré de dilution considérable. Dans les 
conditions limites que je viens d'indiquer la dilution de la sub- 
stance est définitivement 1/20. C’est à peu près Jusqu'à ce degré 
qu'elle est.-active. On n'est pas loin de la vérité en disant qu'un 
bulbe peut préserver de l’envahissement par les champignons 
une masse de matière vingt fois plus grosse que lui. 

$ 14. — Au cours de nouveaux essais faits avec le ÆRhizoc- 
tonia repens de l'Orchis Morio et des bulbes de Loroglossum 
jeunes ou vieux, chauffés ou non, j'ai constaté qu un fragment 
frais de jeune bulbe produisait l'arrêt, qu'un fragment de vieux 
bulbe le produisait mieux encore, et enfin qu'un fragment 


(1) J'ai examiné, huit mois après les semis, les fragments de bulbe dans les 
tubes ainsi envahis secondairement ; ils étaient encore apparemment en bon 


état, je n'y ai vu de mycélium que rarement, dans des cellules de certaines 


plages peu profondes du bulbe ; ce mycélium n'était ni pelotonné, ni digéré. 


228 NOEL BERNARD 


de jeune bulbe chauffé trente-cinq minutes à 55° n'avait 
aucun effet. Les vieux bulbes gardent donc leur pouvoir fun- 
gicide, ce qui explique qu'ils se vident sans s'infester, “et 
d'autre part le chauffage à 55° suffit à détruire la substance 
fungicide sans d’ailleurs faire apparaître d'agglutinine. 


Il 


VARIATION DE L'ACTION FUNGICIDE SUIVANT LA NATURE 
DU CHAMPIGNON. 


S15.— L'action nocive des bulbes ne s'exerce pas de la même 
manière sur des champignons quelconques et ne se constate 
même plus si l’on utilise, au lieu du Ahizoctonia repens, le 
fi. mucoroides isolé des Vanda. J'ai entrepris une série com- 
plète d'expériences avec des fragments de bulbes de Loroglossum 
ayant au moins ! centimètre cube, placés dans des tubes con- 
tenant 6 centimètres cubes de gélose au salep à 3 p. 1000 où J'ai 


semé divers champignons. L'expérience a duré trois mois et 


demi. 

Elle a donné des résultats divers, qui paraissent être les uns 
nettement positifs, les autres négatifs. 

S 16. — Résultat positif. — Avec l'Orcheomyces sambucinæ 
Burgelf (1), endophyte de l’Orchis sambucina, qui m'a été com- 
muniqué par M. Burgeff, et qui est à mon sens un À. repens (2), 
l'arrêt s’est produit à 2 centimètres 1/2 du bulbe, mais non sui- 
vant une ligne nette. Le verre était totalement envahi. Les 
filaments végétatifs en face du bulbe présentaient une fasciation, 
d’où 1l résultait que le voile superficiel n’était pas uniforme. 

Le Æhizoctonia repens que j'avais isolé en 1909 de l'Orchis 
Morio à élé arrêté à 1 centimètre du bulbe, sans présenter de 
fasciation manifeste, et suivant une ligne bien nette. 

L'O. masculæ Burgeff, de l'Orchis mascula, qui estun Rhizoc- 
tonia repens Lypique, s'est arrêté à 2 centimètres du bulbe, sui- 


(4) M. Burgeff appelle les champignons commensaux des Orchidées du nom 
d'Orcheomycetes, qu'il fait suivre du nom spécifique de l’Orchidée correspon- 
dante. (Burgeff, Die Wurzelpilze der Orchideen, 1909, p. 16.) 

(2) Malgré un léger duvet aérien, Le champignon a des filaments moniliformes, 
rampants, non anastomosés, comme le R. repens. 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE DES BULBES D'OPHRYDÉES 229 


vant une ligne assez nette, et en présentant 
visible (1). 

Avec l'O. apiferæ Burgeff, endophyte de 
lOphrys apifera, qui est vraisemblablement un 
R. repens (?), l'arrêt s’est produit à 3 centi- 
mètres du bulbe, suivant une ligne bien nette, 
avec une fasciation faible mais visible. 

L'O. conopeæ Burgeff, du Gymnadenia 
conopea, est une espèce à part, à mycélium 
rampant, à gros amas sclérotiques en plaques 
blanc jaunâtre; l'arrêt s'est produit à 1 centi- 
mètre du bulbe, suivant une ligne nette, sans 
fasciation. En avant du mycélium, on voyait 
une zone brunâtre. 

Avec l'O. chlorantæ Burgelf, du Platan- 
thera chloranta, espèce qui ressemble à À. 
lanuginosa mais qui en est distincte par ses 
filaments contournés, l'arrêt s’est produit loin 
du bulbe, bien manifestement. 

L'O. insignis Burgeff, du Cypripedium insi- 
gne, qui estun Z?. r'epens typique, a élé arrêté 
à 2 cenlimètres du bulbe, avec fasciation assez 
nette. La ligne d'arrêt n’était pas très régulière. 

Un Ahuzoctonia lanuginosa caractéristique, 
que j'avais isolé en 1909 d’un semis d'Odon- 
toglossum (sp) de Fanyau, à été arrêté nette- 
ment à 2 centiinèlres du bulbe, sans fascia- 
lion notable. 

L'O. sphacelahi Burgett, de l'Oncidium spha- 
celatum, a des scelérotes laineux, à texture 
lâche, blancs à l'état jeune. Il ressemble en 


(1) J'ai fait, Le 9 avril 1910, une expérience dans des 
tubes avec gélose au salep en me servant des bulbes 
d'Orchis mascula el du champignon de cette espèce, que 
m'avait procuré M. Burgeff. L'arrêt s’est bien produit. Le 
7 décembre, on voyait dans le tube une première ligne d’ar- 
rêt, puis, dans l’espace compris entre cette ligne et le 


| bulbe, une invasion secondaire par les filaments séjour- 


nant sur le verre, et une deuxième ligne d'arrêt si- 


une fasciation 


Fig.2.— Culture sur 


gélose du cham- 
pignon de l'Orchis 
mascula en pré- 
sence du bulbe de 
laméme espèce.— 
Le fragment de 
bulbe est le rec- 
tangle à la base ; 
le semis initial est 
le point d’où s’irra- 
dient les filaments 
du champignon; 
la première ligne 
d'arrêt est mar- 
quée par desrami- 
fications répétées ; 
les filaments sé- 
journant sur le 
verre produisent 
une invasion se- 
condaire de la 
gélose ; ils sont vi- 
sibles plus bas sur 
le tube et se ter- 
minent par une 
deuxième ligne 
d'arrêt. 


tuée à peu près à égale distance entre la première et le bulbe (fig. 2). 


230 NOEL BERNARD 


somme à mon /2 lanuginosa, mais le mycélium brunit tar- 
divement. Pour ce champignon, l'arrêt s’est produit à 2 centi- 
mètres du bulbe, avec fasciation, mais suivant une ligne assez 
nette. Dans la zone d'arrêt même,il y a une sécrétion 
brune. 

Enfin l'O. Loddigesi Burgeff, d'Acropera Loddigesi, qui est un 
BR. repens tvpique, s’est arrêté brusquement, par une ligne bien 
nette, à 2 centimètres du bulbe. Il forme un voile uniforme, 
sans fasciation apparente des filaments. Cependant, au 
microscope, on note bien une fasciation légèr: en face du 
bulbe, le voile étant un peu épaissi à la ligne d'arrêt. 

S 17. — Résultat négatif. — Le Rhizoctonia mucoroides du 
Vanda à poussé plus vite à l'opposé du morceau de bulbe que 
vers lui, mais au bout de quinze jours 1l avait gagné le fragment 
de bulbe et poussait à sa surface. 

J'avais isolé, par semis de fragments infestés de racines d'un 
Odontoglossum crispum que M. Fanyau m'avait envoyé, un 
Rhizoctonia duveteux, brun, donnant assez pauvrement de petits 
sclérotes, ressemblant plus en somme au À. mucoroides qu'au 
R. lanuginosa. De même que le Æ. mucoroides du Vanda, ce 
champignon, au bout de quinze jours, avait envahi le morceau 
de bulbe qui lui était offert, sans apparence de difficulté 
sérieuse. | 

L'O. Cavendishiani Burgeff, de l'Oncidium Cavendishianum, 
rattaché par Burgeff à À. mucoroides, mais en réalité plutôt 
intermédiaire entre À. mucoroides et lanuginosa, ne paraît pas 
avoir été arrêté du tout. - 

L'O. constricti Burgeff, de l'Odontoglossum constrictum, qui 
a des caractères analogues au précédent, paraît avoir été arrêté 
un moment, mais en définitive a gagné le bulbe. 

L'O. tenthrediniferæ Burgeff, de l'Ophrys tenthredinifera, 
a un mycélilum vigoureux, à croissance rapide, donnant des 
filaments aériens floconneux, à sclérotes brunâtres, en forme 
de pycnides, surles milieux humides. Il est analogue, en somme, 
au À. mucoroides, mais sans doute distinct. Il n’a été nullement 
arrêté et a envahi tout le bulbe. 

L'O. maculatæ Burgeff, de l’'Orchis maculata, est une espèce 
distincte, à sclérotes enfouis dans la gélose. Le mycélium de ce 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE DES BULBES D 'OPHRYDÉES 231 


champignon a été arrêté au début (1), mais en définitive il a 
envahi le bulbe, la ligne d’arrèt primitive restant cependant 
visible (2). 

$S 18. — Je me suis demandé si le pouvoir d'arrêter les 
Rhizoctones s’étendrait au 8. Solani. Deux tubes ont été préparés 
avec de gros morceaux de bulbe, mis sur gélose au salep. L'un 
de ces fragments était un demi-cyhindre de 4 centimètres de 
long sur 1 centimètre et demi de large. Aucun arrêt du /?. Solani 
n'a été observé. Le Rhizoctone dont il s’agit avait été isolé 
d'une pomme de terre depuis moins d’un an. 

— J'ai pu, deplus, faire la culture du À. Solani sur un morceau 
de bulbe de ZLoroglossum, placé simplement au fond d’un tube 
vide. 


HT 


INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS NÉGATIFS. 


$ 19. — Afin de voir si les résultats négatifs étaient valables, 
J ai entrepris une série d'expériences avec de plus gros fragments 
de bulbes de Loroglossum, provenant des plantes de M. Laber- 
gerie à Verrières, mais appartenant à des pieds bien infestés (3). 

Un morceau de bulbe, tailléen demi-cylindre de 58 millimètres 
de longsur 14 millimètres de diamètre, a été placé au fond d’un 
tube renfermant 4 centimètres cubes de gélose au salep. Dans 
deux tubes préparés de cette manière, l'arrêt de l'O. tenthredi- 
niferæ Burgeff s'est produit à 4 millimètres du bulbe et d'une 
façon très nette (4). Ainsi donc des morceaux de bulbe suffisants 
peuvent arrêter l'O. tenthrediniferæ. Le résultat négatif du 
$ 17 tenait par conséquent au volume insuffisant du morceau de 


bulbe. 


(4) Il y a donc au début résultat positif, dans ce cas et dans celui de 
NONconstrictis. | 

(2) Il résulte de cette série d'expériences que les divers champignons d’Ophry- 
dées ont des propriétés différentes. 11 paraît peu probable qu'il s'agisse d’un 
effet de l’âge, puisque le R. repens de l’Orchis Morio s’est comporté de la même 
manière au moment de son isolement et après un an de culture. 

(3) Sur les Loroglossum cultivés à Verrières, voir Appendice, I. 

(4) Dans le deuxième tube, le morceau de bulbe n'avait que #1 millimètres 
de long. 


232 NOEL BERNARD 


S 20. — J'ai opéré de même avec le Ahizoctonia mucoroides 
du Vanda tricolor, que j'ai semé dans deux 
tubes comparables aux précédents, renfer- 
mant des morceaux de bulbe de même lon- 
gueur (plus minces cependant) (1). 

Le résultat n’est pas net. Dans le premier 
tube, 1l y a une ligne brune bien marquée, 
à 4 millimètres en avant du bulbe, qui sem- 
ble indiquer un arrêt. Secondairement l’es- 
Fig.3. — Culture du : 17 

Bhisocionià ma Pace entre celte ligne et le bulbe a êté en- 

coroides âu Vanda  Vah1. Le morceau de bulbe lui-même parait 

tricolor en pré- . : à 

sence d’un frag- intact; on voit seulement quelques filaments 

ment volumineux pass - apr 1 CÈ TC ? 

de bulbe de Loro.  CTIENS; partis du verre, venir çà et là se fixer 

glossum hircinum.  SUT lui (fig. 3). 

On voit quel ° : RC 

es Dans le deuxième tube, il y à eu arrêt à 

partis du verre,  { centimètre en avant du bulbe, mais dans la 

venir çà et là se à MU : ne 

fixer surle bulbe. ZOne intermédiaire des filaments aériens ve- 
nant du verre se sont fixés çà et là en for- 

mant de petites griffes; le bulbe paraît intact, quelques fila- 


ments seulement, partis du verre, viennent se fixer sur lui (2). 


APPENDICE (3) 


L — Jnfluence de la mise en culture des Loroglossum sur le 
pouvoir fungicide de leurs bulbes. — Noël Bernard à cultivé à 
Verrières des Loroglossum hircinum, dans un terrain que 
M. Labergerie mettait à sa disposition. Il avait entrepris ces 
essais de culture pour obtenir, après des transplantations 
successives, la disparition de l’endophyte. Les Loroglossum ont 
été cultivés dans un carré spécial en 1909-1910, et replantés 


(4) Les morceaux de bulbe ont 58 millimètres dans le premier tube, et 
41 millimètres dans le second. 

(2) Si l’on se reporte à l'explication donnée au $ 13 au sujet de l’envahisse- 
ment par étapes, il est aisé de comprendre que l’action fungicide du bulbe est 
mise en évidence dès que l’on a pu constater une ligne d’arrêt. Il y a arrêt 
définitif ou envahissement par étapes, suivant le degré de dilution de la 
substance fungicide au moment où l'équilibre de concentration s’est produit. 
(Note des éditeurs.) 

(3) Rédigé par les éditeurs, d’après les indications fournies par les notes 
d'expériences de Noël Bernard. 


RE Ge PO ARR RTE —S 


nr SL nes 


| 


SUR LA FONCTION FUNGICIDE DES BULBES D'OPHRYDÉES 233 


en automne 1910 en terrain nouveau. Chaque tubercule avait 
été flambé avant sa mise en terre. 

Cette expérience est comme une reproduction sur une plus 
vaste échelle de celle qu'il avait faite autrefois sur l’Orchis 
maculata (Études sur la tubérisation, Revue générale de Bota- 
nique, t. XIV (1902), p. 23-24). Noël Bernard espérait obtenir, 
par cette culture, des Loroglossum non infestés, et sans doute 
alors des formes à bulbe réduit, ou des formes sans bulbe (1). 

Il à reproduit avec quelques bulbes de 1910 les expériences 
déjà décrites, pour voir comment les champignons réagiraient 
en présence de ces bulbes. Il décrit lui-même l’expérience en 
ces termes : 

« J'avais ensemencé des fragments de jeunes bulbes de 
1 à 2 centimètres cubes provenant d’un Loroglossum hircinum 
de Verrières, cultivé par M. Labergerie depuis un an, après 
transplantation sur un sol stérile. | 

«Ces morceaux de bulbe ont arrêté les champignons suivants: 
Champignon de lOrchis Morio, Orcheomycetes Loddigesi, sam- 
bucinæ, conopeæ. 

«J'en avais eu de la surprise parce que, au premier examen, le 
Loroglossum en question m'avait paru dépourvu de cham- 
pignons. Mais j avais gardé des racines, et, en Les réexaminant, 
Jai constaté qu'une de ces racines sur une douzaine étail 
infestée. Il suffit donc d’une infestation relativement minime de 
la plante pour que les bulbes aient leur pouvoir fungicide. » 

IL. — Résumé et Conclusion. — L'ensemble des expériences 
décrites ci-dessus montre que les bulbes des Ophrydées pro- 
duisent une substance fungicide, comparable à une « diastase ». 
Cette substance, facilement diffusible, est détruite par une 
élévation de température supérieure à 55°. 

Elle agit souvent à un degré de dilution extrême; mais 
cependant la diastase sécrétée par un bulbe donné n’exerce 
pas indifféremment son action de la même manière sur les 
champignons divers mis en culture au voisinage du bulbe. 

Il y a probablement là une action spécifique. 

Quoi qu'il en soit, cette propriété des bulbes d'Ophrydées 


(3) Voir, à ce sujet, l'expérience rapportée par Fabre (Ann. Sc. Nat., 4° série, 


nt. V, 1856). 


234 _ NOEL BERNARD 


met encore une fois en lumière ce qu'il y a de profonde vérité 
dans l'hypothèse de Noël Bernard : les Orchidées sont des 
plantes qui tolèrent leur hôtes en se défendant contre leur 
progression. On peut dire qu'elles vivent en « symbiose » avec” 
les champignons qu'elles hébergent, à condition d'entrevoirpar 
là une de ces désharmonies inévitables, peut-être nombreuses, 
qui sont compatibles avec la vie. 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 


Par Noël BERNARD 


INTRODUCTION 


Les étroites relations qui existent entre la formation des 
tubercules et la présence de champignons vivant dans les tissus 
des plantes ont élé bien mises en évidence, au moins dans le 
cas des Orchidées. Mais toutes les plantes à tubercules, et plus 
généralement même toutes les plantes vivaces à bulbes ou à 
rhizomes, sont-elles dans le même cas que les Orchidées? Devons- 
nous considérer aussi que les tubercules de nos pommes de terre 
sont en quelque sorte des productions pathologiques dues à une 
réaction de la plante contre un champignon qu’on doit s'at- 
tendre à trouver dans les racines ? 

Une première enquête sur le sujet est assez favorable à cette 
manière de voir. Depuis une vingtaine d'années, l'attention des 
botanistes a été attirée sur l'existence constante de champignons 
dans les racines d'un grand nombre de plantes, et, si l'on con- 
sulte les nombreuses études statistiques publiées à ce sujet, on 
acquiert la conviction que toutes les plantes sauvages à tuber- 
cules, bulbes ou rhizomes, à d'insignifiantes ou incertaines 
exceptions près, vivent ainsi en union intime, en symbiose, 
avec des champignons microscopiques. J’ai donc pensé depuis 
longtemps qu'on pourrait aborder avec fruit une étude de la 
pomme de terre en se plaçant à ce point de vue. | 

Cette étude s’est cependant montrée trèsingrate, et, tandis que 
mes recherches sur les Orchidées aboutissaient à des résultats 
encourageants, j'ai rencontré, en ce qui concerne la pomme de 
terre, de très grandes difficultés qui m'’auraient sans doute 
éloigné du sujet si je n'avais pas une ferme confiance dans la 
valeur des inductions générales que je viens de résumer. 


236 NOEL BERNARD 


Dans les racines de nos pommes de terre cultivées, on trouve 
des champignons dont la présence est en vérité un peu irrégu- 
hière et le développement faible. J'ai longuement étudié l'action 
de ceux qui se rencontrent le plus fréquemment (comme cer- 
tains Fusartum et Rhizoctonia). En répandant artificiellement 
certains d’entre eux dans le sol on peut bien obtenir (comme je 
l'ai montré pour un Fusarium) (1) une modification de la végé- 
tation, une production plus précoce de tubercules, mais non 
des résultats très saillants. D'autre part, quand ces champignons 
pénètrent les racines, ils n’y prennent pas l'aspect très typique 
qu'ont en général les champignons associés aux plantes vivaces 
sauvages. Après une très longue étude, j'ai dû admettre que 
c'étatent 1à des associations banales, sans permanence, sans 
fixité, sans etfet notable, non comparables en un mot à celles 
que J'espérais découvrir. 

Devant cette constatation, il faut admettre soit que les 
pommes de terre sont en général des plantes à tubercules 
exceptionnelles, vivant d'une façon autonome, soit que l'absence 
de champignons, si singulière en ce cas, est particulière à nos 
pommes de terre cultivées et qu’elle est un effet de leur mise en 
culture et de leurs transplantations constantes dans des terrains 
nouveaux (2). 

Il serait fort intéressant, pour résoudre cette question, 
d'étudier des pommes de terre sauvages, dans leurs stations 
naturelles sud-américaines, et de savoir si leurs racines sont ou 
non envabhies par des champignons commensaux du type ordi- 
naire, mais cela est resté hors de mes moyens. Il est heureuse- 
ment possible de se faire une opinion vraisemblable sur le 
sujet sans s'installer au Pérou. J'ai pu démontrer, dans le cas 

(4) Noël Bernard, Études sur la tubérisation. Revue gén. de Bot., t. XIV, 
se Il est déraisonnable de penser que la pomme de terre puisse être infestée 
dans la grande culture où on la transplante sans racines d'année en année dans 
des terrains nouveaux, alors que les Orchidées mêmes, si soignées pour leur 
compost et leurs rempotages, n'hébergent souvent dans les serres que des 
champignons sans virulence. Si même on peut trouver parfois des mycorhizes 
dans la pomme de terre cultivée, elles seraient dues, assurément, à des cham- 
pignons non virulents. Mais, en fait, j'ai cultivé sept ans, à Caen, des pommes 
de terre « Victor » dans le même terrain, sans que leur rendement baisse, et 


elles renfermaient à peine des traces de champignons n'ayant pas les carac- 
tères typiques des champignons de mycorhizes. 


| 
| 


| 
1 


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Eh he PT 


a —  — 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 297 


des Orchidées, que linfestation des racines par des champignons 
est en quelque sorte un caractère familial plutôt que personnel 
à chaque espèce : les plantes voisines d’un même groupe naturel 
hébergent des champignons identiques ou analogues et réagis- 
sent à leur action de manières comparables {1). On pouvait 
donc ici chercher si les Solanum vivaces et sauvages sont en 
général indemnes comme nos pommes de terre cultivées, ou 
s'ils présentent au contraire le tVpe commun d'infestation. 

Déjà Janse avait découvert dans le Solanum verbascifolium 
des forêts vierges de Java des champignons commensaux 
parfaitement caractérisés (2). J'ai entrepris une étude de nos 
Douces-amères indigènes, plantes fort voisines de la pomme 
de terre, et J'ai eu la satisfaction d’v rencontrer avec toute la 
netteté désirable des champignons habitant les racines et 
présentant tous les caractères des champignons qui vivent en 
symbiose avec la plupart des plantes vivaces. 

J'ai cherché ce champignon d’abord en vain; cela bent 
surtout à ce que les Solanum Dulcamara que je récoltais le plus 
facilement étaient de Jeunes boutures, provenant des produits 
d'émondage des haies aux environs de Poitiers. Du chemin des 
Sables, j'ai eu ainsi trois fois des Solanum Dulcamara grèles, 
à racines non infestées (et ceci même est très intéressant pour 
montrer que le champignon n'existe que sur les pieds bien 
établis, et ayant résisté à des années de lutte pour la vie) (3). 

M. Labergerie m avait d'abord envoyé un pied non infesté, 

(1) Noël Bernard, L'Évolution dans la symbiose. Ann. Sc. Nat. Bot., 9e série, 
t. IX, 1909. 

(2) Janse, Les endophytes radicaux de quelques plantes javanaises. Ann. 
Jard. Bot. de Buitenzorg, t. XIV. 

(3) Cependant il faut noter que pour ces pieds non infestés, comme pour 
ceux de pomme de terre, on finit, à force de recherches, par trouver cà et [à 
quelques champignons. Trois ou quatre fois, au cours de trois jours de recher- 
ches, j'ai trouvé dans des radicelles très grèles des plages infestées peu étendues, 
à sporangioles. Sans doute, ces pieds récemment établis rencontrent leurs 
champignons çà et là sous des formes non virulentes, incapables de donner 
des infestations étendues ; à la longue, les choses se régulariseraient si le 
pied restait en place. Dans les grosses racines, ici comme pour la pomme de 
lerre, on voit souvent des plages superficielles infestées par des champignons 
sans sporangioles, sans vésicules : il s’agit ici d'accidents ; d’une de ces plages 
infestées d’une radicelle assez grosse j'ai tiré un Aspergillus parfaitement pur. 
Jadis, de même, j'ai retiré des racines de pomme de terre des impuretés diverses 
de ce genre, mais ce sont là des infestations fort différentes des mycorhizes 
qui, en fait, chez les pommes de terre, font complètement défaut. 


238 NOEL BERNARD 


mais ultérieurement 1! m'en a fait tenir un, provenant d’un lieu 
humide de ses propriétés, où j'ai enfin vu mon espoir se 
réaliser. Les racines infestées se reconnaissent extérieurement 
à une belle teinte Jaune qui s'atténue dans l’eau à la lumière en 
quelques heures. Elles le sont admirablement, par plages 
successives et souvent confluentes ; on y voit parfaitement les 
sporangioles et vésicules décrites par Janse (1). | 

Voilà donc enfin le champignon capable d'infester les pommes 
de terre! J'ai eu en le trouvant une vive émotion. On va enfin 
pouvoir rendre aux pommes de terre leurs condilions de vie 
normale, avoir la clef des dégénérescences vues par de l'Escluse 
et Parmentier (2), el sans doute des mutations expérimentales 
et tout un avenir pour l’agriculture ! 

Dans la question si importante de la domestication des plantes 
sauvages et de ses résultats, nous sommes encore sous la 


(1) Sur les bords de l’île de Bonnillet et, sans doute, sur d’autres points des 
rives du Clain, il y a çà et là des Solanum Dulcamara. Ils paraissent provenir 
de boutures transportées par l’eau, car on trouve de jeunes pieds en pleine 
eau, sans aucune racine fixée, et, d'autre part, des pieds enracinés en terre, 
à la zone qu'atteignent les crues, marquée par des débris flottés accumulés, 
Nombre de ces pieds sont fixés au rivage, mais ont aussi des paquets de racines 
flottantes uniquement aquatiques (non infestées ?). Un pied que j'arrache avec 
précaution du sol me fournit un faisceau de racines jaune serin, bien infestées. 
En somme, les mycorhizes ne sont pas rares. Il y aura lieu de voir les carac- 
tères particuliers des racines à mycorhizes, il me semble qu’elles sont sans 
poils, et qu’au contraire les racines terrestres sans mycorhizes sont poilues. 
Il est à noter que la propagation suivant le cours des rivières rappelle assez 
bien la propagation le long des haies qu’on taille. Le bouturage est fréquent, 
mais les pieds s’installeraient seulement dans les cas où les mycorhizes se 
forment. — Le terme « sporangiole » a été employé par Janse (Loc. cit.). 

(2, Nous avons, en fait, des témoignages historiques montrant que la pro- 
priété que présentent les pommes de terre de produire des tubercules, n’a pas 
été maintenue sans peine. De l’Escluse (Rariorum plantarum Historia, Anvers, 
1601) rapporte qu'au temps où la pomme de terre venait d’être introduite en 
Europe, les graines qu'on semait dans les jardins botaniques donnaient parfois 
des plantes sans trace de tubercules, fleurissant dans l’année du semis, se 
comportant, en un mot, comme des plantes annuelles. Parmentier, de même, 
au moment où il propageait si vaillamment la culture de la pomme de terre 
en France, a pu constater, dans des cantons entiers, des cas de dégénérescence, 
se traduisant en dehors de toute maladie par la disparition des tubercules, 
tandis que les plantes produisaient encore des fleurs et des fruits (Parmentier, 
Mémoire lu à la Société royale d'agriculture, le 30 mars 1786). C'est grâce à 
des efforts méthodiques ou inconscients de sélection et de culture que les 
agriculteurs ont pu conserver à la plante sa propriété la plus utile, et il est 
fort probable qu'ici comme en d’autres cas les hommes ont substitué à des 
circonstances naturelles des conditions tout autres, bien que capables d’en- 
traîner des résultats équivalents. 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 239 


dépendance d'un assez grossier empirisme. C’est aux efforts 
méritoires mais dirigés sans règle consciente des peuples 
primitifs que nous devons la plupart de nos plantes utiles et, à 
bien prendre les choses, c'est à quelque Péruvien inconnu d’une 
époque reculée, autant qu'à Parmentier que nous devons la 
précieuse ressource d’une plante qui à fait disparaître les 
famines. 

IL est fort probable que linépuisable nature renferme encore 
des trésors inexploités ; sans doute quelques-unes de nos plantes 
banales, aussi insignifiantes pour nous que le furent ces Solanum 
sauvages des Andes à petits tubercules amers et immangeables, 
deviendraient une ressource alimentaire précieuse, si nous 
connaissions, pour les adapter à la culture, des procédés sûrs et 
rapides. Les scientifiques modernes sont arrivés à un degré de 
confiance assez grand dans l'existence des lois biologiques 
générales pour que l’espoir de résoudre de semblables questions, 
en les posant dans toute leur ampleur, soit devenu légitime et 
mérite de Jongs efforts. 


i 
ÉTUDE HISTOLOGIQUE DES MYCORHIZES DU Solanum Dulcamara. 


$S 1. — Æiude d'une vieille radicelle infestée (1) (fig. 1,2 et3). 
Répartition du champignon. — Dans les coupes exactement 


(1) La région infestée décrite est assez éloignée de la pointe de la radicelle. 
Il est à noter quesouvent les pointes de radicelles sont envahies juste jusqu'à 
‘la région de croissance, qui est très peu en arrière de la pointe. Dans plusieurs 
cas on voit sur les racines du mycélium avec renflements aux points de péné- 
tration. 

Techniques histologiques. — Pour la coloration des mycorhizes de Solanum, 
j'ai généralement employé l’une des trois techniques suivantes : 

1° Coloration vingt-quatre heures par une solution aqueuse saturée de rouge 
Magenta. 

Bien laver à l’eau. 

Différencier pendant cinq à dix minutes dans une solution à 2 p. 100 de vert 
lumière, additionnée d’un quart de solution concentrée d'acide picrique. 

Laver à grande eau. 

Passer sans hâte dans les alcools. 

Après l'alcool absolu, éclaircir au girofle. 

Monter au baume 

20 Coloration dans l’alcool-safranine 2/3, eau d’aniline 1/3 pendant au moins 
vingt-quatre heures. 


240 NOEL BERNARD 


axiales, on voit que le champignon occupe deux assises de 
cellules au-dessous de l'assise subéreuse, c’est-à-dire la zone 
externe de l'écorce. 

L'assise subéreuse est généralement indemne, ou traversée 
rarement par de gros filaments peu ou pas ramifiés, peu ou pas 
pelotonnés. 

Dans les assises infestées on trouve régulièrement des arbus- 


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Fig. 1. — Coupe tangentielle dans une vieille radicelle infestée de Solanum Dulca- 
mara, prise dans une station naturelle : as, assise subéreuse ; a, arbuscule ; s, spo- 
rangioles ; v, vésicules. 


Laver à l'alcool à 300. 

Différencier au picro-indigo-carmin quatre minutes au moins. 

Eclaircir au girofle. 

Ou bien encore : 

3° Coloration prolongée au Magenta: vingt-quatre heures à l’étuve ou 
trente-six heures. 

Picro-indigo-carmin, un quart d'heure à vingt minutes. 

Alcool absolu, un bon moment. 

Girofle, Le temps de bien mouiller. 

Les coupes ont été faites au 1/200 ou au 1/333 de millimètre, après enrobage 
des racines dans la paraffine à 550. 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 241 


cules ou des sporangioles, avec çà et là des vésicules, sans 
répartition particulière de ces éléments (fig. 1). 

Dans ces cellules, ce qu'on distingue toujours bien, e’est un 
enchevêtrement de gros filaments ; les troncs principaux sont 
ramifiés, pelotonnés un peu, {rès rarement cloisonnés. 

Les arbuscules sont rarement en bon état, montrant leurs 
ramifications très fines (aspect nuageux parfait). Communément 
ils sont plus ou moins dégénérés. 

Au degré inférieur de cette dégénérescence, l'extrémité des 
fins filaments est seule atteinte, etilse forme un grand nombre de 


IkFig. 2. — Cellules infestées dans une Fig. 3. — Cellule infestée d'une vieille 
vieille radicelle de S. Dulcamara : 5, radicelle de $S. Dulcamara : $, sporan- 
sporangioles ; v, vésicules; n, noyau. gioles ; v, vésicule; », noyaux. 

(GP, SO E 


très petites sporangioles, ce qui correspond à l'aspect granuleux 


| du contenu. 


Au degré supérieur les troncs principaux persistent seuls ; on 


ANN. SC. NAT, BOT., 9° série. XIV, 16 


242 NOEL BERNARD 


y voit attachées, çà et là, de grosses sporangioles de forme 
irrégulière, fortement colorées, et manifestement attachées 
aux filaments. Chaque sporangiole provient sans doute d’un 
système de rameaux dégénérés (fig. 2). | 

On distingue parfois, dans une même cellule, à côté des 
arbuscules et des sporangioles, des vésicules demeurées petites, 
et 1l est aisé de voir qu'elles sont terminales; 1l peut Ÿ en avoir 
plusieurs par cellule. D'autres fois, les vésicules grossissent 
beaucoup et finissent par remplir presque entièrement la 
cellule ; entre elles etla paroi cellulaire subsistent quelques fila- 
ments plus ou moins altérés portant des sporangioles (fig. 2 et3). 

Dans la coupe dessinée, les vésicules sont particulièrement 
nombreuses: dans certaines radicelles je n’en ai pas trouvé du 
tout. Cependant 1l semble bien que les vésicules ne se forment 
pas dans des cellules spéciales. 

Étude de la phase de pénétration. — Dans une racine âgée, 
à vésicules, on voit nettement sur une coupe tangentielle de 
la surface une griffe de gros filaments enkystés appliqués sur 
l'assise subéreuse. ramifiés, allant de cellule en cellule dans 
l'assise pilifère. À l'intérieur de quelques-uns de cesgros filaments 
semblent naître des filaments plus fins; ils en sortent cà et là, 
formant un nouveau lacis superposé au premier. Cette griffe 
ramifiée paraît le principal organe de réserve et de pérennance 
dans le sol. 


S2.— Étude d'une radicelle grêle, prise dans la serre après infes- 
tation expérimentale (1) (fig. 4). 

L'infestation est à son premier début; la plage infestée ne 
comprend que cinq ou six cellules. Elle est cependant éloignée 
de la pointe, ce qui prouve la possibilité d’une infestation de 
régions déjà accrues. 

Dans ces coupes il y a des arbuscules très nets, pas de vési- 
cules, pas de sporangioles. Les sporangioles et vésicules appa- 
raissent plus tard, comme le dit expressément et fort bien 
Gallaud (2). 

(4) Sur l’infestation expérimentale du Solanum Dulcamara, voir chapitre IV. 


(2) Gallaud, Études sur les mycorhizes endotrophes. Revue gén. de Bot. 
t: XVH,:4905: 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 243 


L’arbuscule dessiné est en voie de formation ; on voit bien 


dans sa partie la plus Jeune, que la ramifica- 
tion des filaments est latérale et non termi- 
nale (fig. 4). Cela est important, car les vési- 


ap as 
| Fig. 5.— Coupe dans une jeune 
| radicelle de S. Dulcamara, 
| montrant la phase de péné- 
| tration du champignon : ap, 
| assise pilifère; as, assise su- 
béreuse. 


eules sorliront plus 
lard des pointes de 
gros filaments. 

L’enchevêtrement 
des ramuscules est 
inouïi, le dessin est 
fatalement schéma- 
üque. — Il est ce- 
pendant certain que 
le diamètre des plus 
fins ramuscules est 
constant (0:,8 envi- 
ron), 1l ne décroît 
pas au delà de toute 
limite. 

Le noyau cellulaire 
est peu déformé, un 
peu peut-être par 
contact. Dans les cel- 
jules noniniestées de pe à 2 tre ce 
l'écorce externe, il a lule CHE Eee 

de S. Dulcamara 
à peu près les mêmes  infesté expérimen- 
caractères. talement, mon- 


trant un arbuscule 
La pénétration du en voie de forma- 
. : Uon 7, mOoyau: 
champignonnesefail Gr. —767. 
pas par les poils. 
L’assise pilifère est traversée sans 
difficulté. L’assise subéreuse offre 
plus de résistance, les filaments de- 
viennent énormes, forment des dis- 


ques adhésifs sur la membrane su- 


bérisée, l’invaginent d’abord, puis la traversent (fig. 5). 
Toi il s’agit bien d’une infestation récente, puisqu'elle corres- 
pond à une plage infestée peu étendue; c'est d’ailleurs le seul 


244 NOEL BERNARD 


point de pénétration observé dans cette série de préparations. 
Autant que je le vois ici, les filaments 
rampants superficiels sont bien plus 
grêles que ceux de l’assise subéreuse. 
Sur des préparations de racines 
âgées, on voit clairement qu'il peut y 
avoir pour une 
même plage infes- 
tée des points de 
pénétration multi- 
ples, successifs ou 
simultanés. Î n'y 
a pas vaccination. 
Dans une autre 
radicelle de mes 
plantes deserre,un 
peu plus infestée 
que celle qui vient 
d'être décrite, on 
voit des arbuscu- 
les, mais assezsou- 
vent aussi des dé- 
buts de sporan- 
Fig. 6. — Une cellule de s. g1oles, pas de vési- 
Dulcamara infesté expéri- culesencore (fig.6). | 


mentalement, montrant un : 
arbuscule et des sporan- Les sporangioles se 


gioles; s, sporangioles; #», 
Fo Gr. 767 colorent d'une fa- 
con intenseen vert 


dans les coupes traitées par le rouge de 
Magenta et le picro-indigo-carmin. Les 


noyaux des cellules à jeunes sporangioles Fig. 7. — Coupe dans 
POMRES Pen USE ure radicelle de S. Dul- 
sont parfois légèrement déformés. a on 


La figure 7 représente encore une infes- mentalement, montrant 
la phase d’envahisse- 


lation récente dans une jeune radicelle de ment des cellules par le 
mes plantules obtenues en serre. Le mycé- Mycélium et la défor- 
3 LR mation amœæboïde des 
l'um yest en général à la phase d’enva- noyaux n. Gr. = 767. 
hissement représentée par la figure. 


La déformation amæboïde des noyaux qui se moulent sur 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 245 


les filaments est généralement nette à ce stade. Le contenu de 
ces gros filaments est assez nettement fibrillaire. 

Les coupes tangentielles à la surface d’une radicelle infestée 
récemment montrent la portion pelotonnée du mycélium. Les 
noyaux du mycélium sont souvent altérés. 


Il 


ESSAIS DE CULTURE DU CHAMPIGNON. 


Dans une première série d'essais, l'ensemencement, sur gélose 
au salep à 30 p. 1000 (1) avec 2 p. 100 de glucose, de fragments 
d'écorce infestés, isolés sous la loupe, a donné, outre deux 
Fusarium el une moisissure grise, quatre champignons brun 
violacé, à corps métachromatiques abondants et à pelotons, et 
qui paraissent assez semblables. 

Un fragment de racine qui portait à sa surface un petit 
sclérote brun, donnant des filaments bruns inégalement 
épaissis et des filaments incolores pénétrant dans la racine, 
a élé semé sur gélose au salep ; il m'a fourni un Rhi- 
zoctone typique bien particulier par ses sclér otes qui, à l'état 
Jeune, ont une couleur jaune serin. | 

Les racines utilisées pour ces essais étant sans doute trop 
vieilles, J ai semé sur gélose au salep glucosée des fragments de 
racines au début de l'infestation, fournies par une bouture 
infestée expérimentalement en serre. J’ai fait quatre séries de 
ces essais (2), et, dans chaque série, j'ai obtenu plusieurs fois 
une Mucorinée, apparaissant très vite, trois à quatre Jours après 
le semis; les Jeunes filaments rampants, formant un voile épais, 
sont souvent un peu vésiculeux. Plus tard, il se développe des 
sporanges, parfois avortés, et germant, formant alors de véri- 
tables grosses vésicules. Enfin Les filaments aériens quiretombent 
sur le verre humide ou la gélose, à quelque distance du voile, 

(1) Sur la préparation des milieux au salep, voir Noël Bernard, L'Évolution 
dans la symbiose, Appendice, note I. 

(2) Plusieurs de ces semis ont été faits sur jus pressé de pomme de terre, un 
tiers, gélose 20 p. 1 000, après lavage des racines à l’acide tartrique à 2 p. 1 000. 


Pour la préparation du bouillon de pommes de terre, broyer des pommes de 
terre, presser, recueillir le jus, laisser décanter l’amidon. Étendre de deux tiers 


| d’eau, stériliser à l’autoclave à 1209 une demi-heure ; il y a un collage naturel. 


246 NOEL BERNARD 


donnent en abondance des rameaux ramifiés, grêles, rappelant 
les arbuscules. Le champignon donne des filaments à connec- 
tions grèles (filaments en saucisse). 

Cette Mucorinée pouvait bien être l’'endophyte. J’ai donc 
essayé de l’inoculer à une plantule de pomme de terre, en la 
semant dans un tube contenant une germination aseptique de 
. « Royal Kidney » sur coton imbibé de bouillon de pomme de 
terre. Mais je dois dire qu'après douze jours, la plantule ne pré- 
sentait encore aucune infestation de la racine principale mi 
d'une courte radicelle. 

J'ai de plus planté des boutures de Solanum Dulcamara dans 
du terreau coquillier stérilisé, avec ce même Mucor. Les racines, 
examinées au bout de dix-huit jours, ne présentaient aucune 
infestation. 


IT 


GERMINATION DES GRAINES DE Solanum Dulcamara 
SOUS L'INFLUENCE DE CHAMPIGNONS. 


Au moins en octobre-novembre, les graines de Solanum 
Dulcamara semées sur de la ce au bouillon de pomme 
de terre à 1 p. 30, ne germent pas à la température de 
16 à 20°. Les Micodnées étudiées précédemment les font germer 
dans ces conditions assez régulièrement (environ la moitié des 
graines germent). J'avais semé en septembre sur ce milieu une 
pulpe de fruit de Solanum Dulcamara avec ses graines; la Muco- 
rinée, ensemencée dans le même tube, s’est développée d’une 
manière exubérante, remplissant tout le tube d’un lacis de 
filaments gris, à sporanges (le développement n'est pas 
moindre dans les tubes témoins à pulpe bouillie). Au bout de 
trente-six Jours, j'ai constaté la germination d’une vingtaine de 
graines dans ce tube; ce sont, pour la plupart, des graines 
séparées de la pulpe et réparties sur la gélose. Un certain 
nombre de graines restant (une quinzaine environ), la plupart . 
agglomérées encore dans la pulpe, quelques-unes disséminées 
çà et là sur la gélose, ne germent pas. 

Les jeunes plantes sont contournées, à axe hypocotylé bien 


RE MURAT 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 247 


accru, à cotylédons commençant à se déplover. La racine prin- 
cipale est courte, non encore accrue, portant en général une 
ou deux jeunes radicelles de deuxième ordre. Ces racines 
plongent dans la gélose au contact du mycélium; elles ne sont 
pas infestées, pas plus que l'axe hypocotylé. 

Cette expérience suggère deux hypothèses : ou bien le mycé- 
lium vivant dégage du gaz carbonique qui, au lieu de tuer les 
graines agit comme excitant et provoque la germination (1), ou 
bien le Mucor serait bien l’endophyte, et peut-être dans ce 
cas agirait-1il sur les graines par sécrétion d’une diastase. 

L'action de ce Mucor est en Lout cas curieuse; 1l y a Heu de 
lui comparer l’action des Fusarium sur la pomme de terre, 
et d'étudier à ce point de vue d’autres champignons. 

Un WMucor du fumier, semé dans un tube, n'a donné aucun 
résultat, mais les essais n’ont pas éténombreux. — Un Fusarium 
pris sur des racines de Solanum Dulcamara à fa germer 
quelques graines et d’ailleurs tué assez vite les plantules. — Le 
Bhaizoctonia à sclérotes jaune serin a fait germer dans un tube 
deux graines sur dix sans nuire aux jeunes plantes. L'action 
de ces champignons, en particulier des Mucorinées isolées des 
racines de Solanum Dulcamara, est donc des plus nettes. 

Cette action favorisante s'exerce aussi sur les graines de 
pomme de terre ! Le 16 novembre, j'avais sur gélose des graines 
de pomme de terre « Royal Kidney » semées depuis le 
4 septembre et non germées (quelques graines germées précé- 
demment avaient été enlevées). Le semis des Mucor en question 
a produit une germination en quelques jours, rapide et assez 
complète. Voici les résultats tube par tube : 


dlubeMUucor 1 (2) 0. 00 21 graines 11 germinations. 
26 LS PNR NP Re OMR 6 — 
Do: lo 5 # 
Per (OPA On 14  — 5 — 
BEL: CIE ES GRR hs 2 Es 
Dotale es er 713 graines 29 germ. (plus de 1/3). 


(1) Cette germination des graines par «asphyxie » serait sans doute à rap- 
procher du développement des œufs non fécondés sous l'influence du gaz 
carbonique, observé par M. Delage (Delage, Etudes expérimentales sur la matu- 
ration cytoplasmique et sur la parthénogénèse artificielle chez les Echino- 
dermes, Arch. de Zool. expérim., t. IX, 1901) (Note des éditeurs). 

(2) Ces divers Mucors, ainsi distingués, ont été isolés de pieds différents de 
Solanum Dulcamara (Note des éditeurs). 


248 NOEL BERNARD 


Les graines de Solanum Dulcamara peuvent aussi bien 
germer “seules, si on les met à l’étuve à 30° environ; d'autant 
mieux qu'on les à lavées quelques jours à l'eau pour Cale 
pulpe (1). 

Dans la nature, cette température ne se réalise assurément 
pas; l’action des champignons du sol contribuant à putrélier les 
pulpes doit avoir une importance considérable, mais non abso- 
lument spécifique. 

Cela est intéressant à noter; les champignons qui ne sont 
pas agents de formation de mycorhizes peuvent avoir une 
importance et être des commensaux habituels utiles. Avec l'une 
de mes Mucorinées, il n’était pas rare que 9/10 des graines de 
Solanum Dulcamara germent, tandis que dans dix tubes témoins 
il n'y avait pas une seule germination. 


IV 


INFESTATION EXPÉRIMENTALE DES BOUTURES DE Solanum 
Dulcamara. 


Des rhizomes et des racines de Solunum Dulcamara infestés 
ont été déterrés et plantés côte à côte avec des Solanum Commer- 
sonu chez M. Labergerie, sur le bord d'un ruisseau. Les pommes 
de terre el les Douces-amères ont très bien poussé en mélange, 
mais 1] n° y à eu aucune infestation des unes n1 des autres. En 
somme, nous n'avons pas réussi par ce moyen à acclimater les 
champignons dans Le sol. 

En serre, J'ai essayé des choses analogues, mais sans plus de 
succès. L'expérience faite avec M. Labergerie prouve inci- 
demment la difficulté d’acclimater à la culture les champignons 
de mycorhizes. — Elle a eu le même résultat dans un autre 
essai fait par lui seul. | 

Les pommes de terre (Victor et S. Cominersoni sauvage), 
plantées dans de la terre infestée prise au pied de Solanum Dul- 
camara à Bonniiletne m'ont montré aucune infestation. À vrai 
dire, les pols tenus trop humides ont été mal soignés : la 


(4) Pour des semis faits en décembre, j'ai eu neue germinations Sseptiques 
à 48-200. 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 249 


plupart des racines pourrissaient précocement. Dans deux pots 
accidentellement ont poussé des boutures de Solanum Dulca- 
mara : l'une, prise trop tôt, n'avait pas de racines infestées ; la 
seconde, un mois après la plantation, avait des racines infestées 
au début de l'infestation. Ces racines ne sont pas encore jaunes; 
on ne peut les reconnaître qu’au microscope redresseur par 
l’opacité de l'écorce. Cela tend à prouver que la couleur jaune 
est due aux « corps de dégénérescence ». 

En tout cas, 1l est bien acquis qu'on pourra avoir des infes- 
tations par boutures en serre, ce qui m'a conduit à instituer 
ces cultures plus en grand. 


V 
GERMINATION DES VÉSICULES. 


Le fait étant bien établi (1) que les vésicules sont des 
formations tardives, des kystes à réserves, 11 paraît probable. 
qu'elles doivent germer. J'ai isolé et semé des 
vésicules venant de vieilles racines de Bon- 
nillet ou des Sables. | 

Les vésicules internes dans ces racines 
sont rares; leur recherche et leur isolement 
sont pénibles. Dans le cours de novembre- 
décembre, J'en ai isolé un assez grand nom- a 
bre (une vingtaine au moins) (2). cule  disséquée, 

Une seule a germé en goutte suspendue, et Montrant lenkys- 


l Ê : : tement ducontenu 
le mycélium est mort bientôt. Cette vésicule et son isolement 


(Hig. 9, A), isolée d’une racine grêle, encore ee is 
en bon état, de Bonnillet, avait été seméele 

26 novembre, en cellule humide, dans une goutte de bouillon 
de pomme de terre au douzième. Dans les deux premiers jours, 
il s’est développé une bactérie mobile, bientôt enkystée. La 
germination de la vésicule s’estproduite le 3 décembre (fig. 9, B). 
Le 4 décembre, les petits rameaux latéraux du filament prin- 


(1) Janse, Gallaud, loc. cit. | 
(2) La figure 8 représente une de ces vésicules disséquée. On y voit l'enkys- 
lement du contenu et son isolement du filament vide sous-jacent. 


250 NOEL BERNARD 


cipal se sont vidés (fig. 9, C et D). Le 6 décembre le proto- 
plasma du filament est devenu vacuolaire (fig. 9, F). Le 
lendemain, comme il n'y avait aucune croissance de plus, je me 
suis décidé à semer cette vésicule au contact d’une racine. Le 


Fig.9.— Germination d’une vésicule, isolée en goutte suspendue : A, la vésicule aussitôt 
après son extraction de la racine; B à F, phases successives de la germination, 
observées du 3 décembre (B), au 6 décembre (F). — Fig. A, Bet D grossies 367 fois ; 
fig. C, E et F grossies 86 fois. 


protoplasma était vacuolaire, il devenait probable qu'il ny 
aurait eu aucune croissance de plus. 

En semant les vésicules sur de la gélose additionnée de 
bouillon de pomme de terre au douzième, à la température 
de 16-20° ou de 25-309, je n'ai obtenu aucun résultat. Aucun 
résultat non plus en semant au contact de radicelles de Solanum 
Dulcamara, ce que j'ai fait une dizaine de fois, et parfois, en 
apparence, dans de très bonnes conditions. Peut-être une 
période de repos est-elle nécessaire. 

Il est à noter que l'isolement est difficile ; on écrase beaucoup 
de vésicules. 

J'ai découvert, par hasard, que des filaments extérieurs, 
fixés à des racines, peuvent donner dans le sol des vésicules. 
J'en ai vu trois exemples en quelques heures de recherches. 

Les vésicules formées ainsi dans le sol sont indubitablement 
analogues à celles qu'on trouve dans les racines, enkystées 
comme elles. Elles se rattachent à de singuliers filaments, à 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 251 


membrane épaissie inégalement, que J'avais déjà remarqués et 
qui sont ainsi sans aucun doute la forme libre de lendophyte. 

Cette existence d'une végétation et d’une reproduction à 
l'extérieur de la plante, dans le sol, est quelquechose d’important, 
qui différencie bien ce cas de celui des Orchidées. I fant se 
faire ici des idées toutes différentes. Voici celles auxquelles je 
parviens après une nouvelle étude de mes préparations : 

Il existe dans le sol des filaments chercheurs, relativement 
fins et non enkystés, qui viennent ramper à la surface de 
l’assise pilifère d’une racine encore indemne. La traversée de 
l’assise pilifère n’a rien de remarquable, autant que je sache, et 
elle se fait sans doute au début une seule fois, pour une même 
région infestée (dans les coupes de racines d’infestation récente, 
il y a peu de points de pénétration et souvent un seul). 

Dans l'assise pilifère, au contact de la surface externe de 
l’assise subéreuse, le mycélium prend des caractères nouveaux, 
et forme ces gros filaments à nombreux suçoirs, enkystés, 
surcolorables, d'apparence caractéristique. Cest là le début 
d’une griffe qui va s'étendre, pénétrant par des points de plus 
en plus nombreux, enserrant la surface de la racine dans un 
réseau qui est une sorte de mycorhize ectotrophe. 

Sur les vieux fragments infestés, particulièrement sur des 
coupes tangentielles et superficielles, l'extension progressive 
de cette griffe est tout à fait évidente. Il est clair que ce n'est 
pas, comme pense Gallaud (1), une partie morte; c'est une 
griffe de filaments enkystés dans lesquels on voit souvent, par 
régénération, repousser des filaments plus grèles. 

Cette griffe est Le support d'un appareil hbre et souterrain, 
qui s'attache à des branches toujours enkystées, s’élevant de 
la griffe, normalement à la surface de la racine (dans une de 
mes préparations, on voit une branche de ce genre sortir par 
un poil absorbant). 

En somme : griffe superficielle de plus en plus développée, 
à points de pénétration de plus en plus nombreux, donnant à 
l'intérieur des racines des arbuscules et tardivementou rarement 
des vésicules, et à l'extérieur tout un appareil végétalif qui peut 
aller contaminer d’autres racines. 

(4) Loc. cit. 


259 NOEL BERNARD 


Nous sommes loin du Rhizoctone des Orchidées !'Il s’agit 101 
d'un champignon beaucoup plus nettement parasite, dont le 
peu que je connais suggère des affinités avec les Péronosporées. 

Tous les essais pour bouturer les arbuscules étant stériles, 
c'est avec le mycélium extérieur qu'il faut travailler; peut-être 
ne poussera-t-il qu'au voisinage de plantules de Solanum 
Dulcamara. 


APPENDICE 


SUR LES MYCORHIZES DES POMMES DE TERRE SAUVAGES 
PAR MME NoEz BERNARD ET M. J. Macrou. 


Dans le présent travail, Noël Bernard insiste sur l'intérêt 
qu'il y aurait, pour résoudre la question de l’origine du Solanum 
luberosum, à étudier les pommes de terre sauvages dans leurs 
stations naturelles sud-américaines, et à voir si elles présentent 
ounon des mycorhizes. Parmiles nombreux Solanum tubérifères 
qui vivent à l’état sauvage dans le Nouveau-Monde, le 
Solanum Maglia se rapproche de la pomme de terre cullivée par 
des ressemblances particulièrement étroites ; 1l n'en diffère à 
vrai dire essentiellement que par le volume et la disposition 
de ses tubercules, qui, portés en général sur de longs stolons, 
sont pelits, à peau lisse et rougeâtre, à chair aqueuse et non 
comestibles. Les fleurs el les fruits sont à peu près identiques 
dans les deux espèces, si bien que Darwin a pu considérer le 
Solanum Maglia comme le type sauvage du Solanum tuberosum. 

C'était donc à l'étude de cette plante qu'il fallait recourir, 
pour vérifier l'hypothèse depuis longtemps formulée par Noël 
Bernard de l'origine parasitaire des tubercules chez les pommes 
deterre. M. le professeur Reiche, botaniste. du Musée National de 
Santiago, à bien voulu se charger d'envoyer à M. Bernard des 
racines de Solanum Maglia, qu'il a lui-même récoltées et fixées 
dans l’alcool, en septembre 1910, aux environs de Valparaiso, 
dans une station éloignée de toute culture. 

Les racines étant arrivées trop tard pour que Noël Bernard 
ait pu en faire lui-même l'examen, nous y avons pratiqué des 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 253 


coupes, après inclusion dans la paraffine, et nous avons eu la 
salisfaction d'y trouver des mycorhizes répondant au type 
décrit par Noël Bernard chez le Solanum Dulcamara el par 
Janse chez le Solanum verbascifolium. Les prévisions clairement 
formulées dans l'introduction du travail qu'on vient de lire se 
trouvent ainsi pleinement réalisées. 


1. — Les mycorhizes du Solanum Maglia. 


72 


Chez le Solanum Maglia, comme chezle Solanum Dulcamara, 
l'aspect de l’endophyte varie selon ‘que l'infection est plus ou 
moins ancienne. Dans les vieilles radicelles, l’infestalion forme 
des plages étendues. Sur les coupes axiales (fig. 10), elle 
apparaît nettement limitée à la région externe de l'écorce. Le 
champignon est toujours intracellulaire. 

Les trones mycéliens principaux sont enchevêtrés, ramifiés, 
et forment dans les cellules des pelotons généralement peu 
serrés. Ils ne sont pas cloisonnés. Ils donnent naissance à des 
rameaux plus grêles, qui se résolvent en arbuscules toujours 
plus ou moins dégénérés. 

Dans les cellules où les arbuscules sont encore peu altérés, ils 
se présentent sous l'aspect de masses floconneuses (fig 10, a). À 
un degré plus avancé de la dégénérescence, on ne voit plus que 
les troncs principaux, auxquels sont attachées çà et là de grosses 
sporangioles de: forme irrégulière, fortement colorées et très 
réfringentes (fig. 10, s). Enfin, au stade ultime de la digestion 
intra-cellulaire, 11 ne persiste plus que des vestiges des gros 
filaments, et la cellule est presque entièrement occupée par des 
corps de dégénérescence volumineux (fig. 10, c). 

Dans les radicelles Les plus fines, où l’infestation, limitée à 
un petit nombre de cellules, est manifestement plus récente, on 
peut voir quelques arbuscules encore non altérés, dont les fins 
rameaux sont bien distincts et forment un enchevêtrement 
inextricable. 

Nous n'avons pas, dans les racines que nous avons examinées, 
rencontré de vésicules, mais l'absence de ces éléments ne doit 
pas surprendre; on sait, en effet, que les vésicules sont des 
productions tardives et rares, et Noël Bernard déclare avoir 


254 NOEL BERNARD 


Fig. 10. — Coupe longitudinale dans une vieille radicelle infestée de Solanum Maglia, 
prise dans une station naturelle, au Chili : a, arbuscule en voie de dégénérescence; 
s, sporangioles; c, corps de dégénérescence. Gr. = 767. 


LES MYCORHIZES DES SOLANUM 255 


souvent vu des racines bien infestées de S. Dulcamara où elles 
faisaient complètement défaut. 


S 2. — Infestation expérimentale des Solanum tubérifères. 


Si le Solanum Maglia présente dans son pays d’origine des 
mycorhizes bien caractérisées, il n’en est pas de même lorsqu'il 
vit transplanté depuis longtemps loin de ses stations naturelles 
sud-américaines. Noël Bernard à examiné de nombreux pieds de 
S. Maglia cultivés depuis plusieurs années dans les propriétés 
de M. Labergerie, à Verrières, sans Jamais y découvrir de 
champignons commensaux. Cultivé en France dans les mêmes 
conditions, le Solanum Commersonu, plante à tubereules voisine 
du S.Maglha, qui vit à l’état sauvage dans l'Uruguay et les 
régions limitrophes, s’est toujours montré indemne d’endo- 
phytes. 

Noël Bernard s’est proposé de rendre à ces plantes leurs 
conditions de vie normale en leur restituant le champignon 
qu'il supposait être leur hôte habituel. A cet effét, 1l à semé 
des tubercules de S. Maglia et de S. Commersonu, dans de la 
terre prise aux environs de Poitiers et où avaient poussé des 
S. Dulcamara infestés. L'expérience à été faite à Poitiers, dans 
un jardin où la terre infestée avait été transportée. Les tuber- 
cules ont été semés le 20 mars 1910, et le 11 juillet, Noël 
Bernard a déterré et fixé dans le réactif de Bouin (1) un pied 
de l’une et l’autre espèce. | 

Ayant fait des coupes dans les racines de ces plantes, nous 
avons constaté dans les deux cas une infestation à ses débuts, 
mais manifeste, et présentant les mêmes caractères que l'infes- 
tation spontanée du S. Maglia ou du S. Dulcamara. 

La figure 11 représente une coupe transversale d'une jeune 
radicelle de S. Maglia ainsiinfestéeexpérimentalement. L'écorce 
est réduite à trois assises de cellules; l’assise pilifère ne ren- 
ferme pas de champignons. La plage infestée est strictement 


A] 


localisée à l’assise moyenne de l'écorce ; elle affecte la forme 


EN CITe AZO QUES een deu nee ce aie scies HCC: 
AUS CLICS ENT ER ERA ee R En à 10 cc. 
Formaline du commerce......................,.... 5 CC 


256 NOEL BERNARD 


d’un anneau presque complet, deux cellules seulement de l'assise 

infestée restant indemnes. 
On distingue dans chaque cellule des filaments mycéliens 

volumineux, pelotonnés et ramifiés. Ils apparaissent souvent 


Fig. 11. — Coupe transversale d’une jeune radicelle de S. Maglia infesté expérimen- 
talement : ap, assise pilifère; a, a’, arbuscules; n, noyau d’une cellule iufestée. — 
Ge==7600 À 


coupés transversalement. Les troncs principaux donnent nais- 
sance à des rameaux plus grêles, et finalement à des ramus- 
cules extrêmement fins, ramifiés et enchevêtrés en tous sens, 
formant ainsi des arbuscules caractéristiques. On voit en à, 4! 
(fig. 11) de tels arbuscules bien développés. Dans d’autres 
cellules, les ramuscules sont moins nombreux et leur enchevé- 
trement moins complexe, ce qui correspond apparemment 
à un stade moins avancé du développement de l’arbuscule. Il n°y 
a ni sporangioles n1 vésicules. Les noyaux cellulaires sont légè- 
rement déformés et répondent au type observé par Noël 


| 
PT 


LES MYCORHIZES DES 


SOLANUM 257 


Bernard chezle S. Dulcamara, à la même phase de l’infestation 


(ee Mn). 

Chez le Solanum Comimer- 
sont, l'infestation expérimen- 
lale répond à peu de chose 
près au même type. Dans une 
jeune radicelle coupée longi- 
tudinalement (fig. 12), on dis- 
üngue dans l’assise pilifère 
d'énormes filaments enkystés, 
fortement colorés, el présen- 
tant des dilatations vésiculeu- 
ses ; ces filaments sont parfois 
appliqués contre la paroi in- 
terne de la cellule. Dans les 
deux assises sous-Jacentes, le 
mycélium reprend ses dimen- 
sions et ses caractères nor- 


maux ; il est, comme à l'ordi- 


naire, ramifié et légèrement 
pelotonné, mais les arbuscules 
ne sont pas encore formés. 


À 


Fig. 12. — Coupe longitudinale d’une 
jeune radicelle de S. Commersonii in- 
festé expérimentalement : ap, assise 
pilifère, renfermant des filaments enkys- 
tés f ; n, noyaux des cellules infestées. 
— Gr. — 534. 


Dans ce cas, comme dans tous ceux où l'infestation est récente, 
le protoplasma du champignon à une structure fibrillaire. Les 
noyaux des cellules infestées sont plus ou moins déformés. 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL ET CONCLUSION 


19 Le Solanum Dulcamara, Solanée vivace de nos pays, a ses 
racines largement infestées par un champignon filamenteux 
répondant au type habituel des champignons de mycorhizes. 

20 Le rôle des vésicules que l’on a observées avec une extrème 
fréquence dans les mycorh1zes était resté Jusqu'à ce jour hypo- 
thétique. Noël Bernard, ayant isolé et semé purement en goutte 
pendante plusieurs vésicules extraites de racines de S. Dulca- 
mara, à observé nettement la germination de l’une d'elles. 
Cette observation démontre que les vésicules sont des organes 


reproducteurs de l'endophyte. 


ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. 


NIV 4e 


258 NOEL BERNARD 


30 Le Solanum Maglia, qui est sans doute l'ancêtre de nos 
pommes de terre cultivées, présente dans les conditions nor- 
males de sa vie une infestation caractéristique par un cham- 
pignon analogue à celui du S. Dulcamara. Ce fait fournit un 
nouvel argument à l'appui de la théorie de Noël Bernard relative 
au rôle de la symbiose dans la tubérisation de la pomme de terre. 

4° La mise en culture du S. Maglha et du S. Commersonü à 
pour effet de faire disparaître les champignons qui habitent 
normalement leurs racines. Mais chez ces Solanum ayant ainsi 
fait retour à la vie autonome, 1l est possible d'obtenir expéri- 
mentalement des mycorhizes en cultivant les plantes dans un 
sol qui renferme l’endophyte du S. Dulcamar«. 

Quoique incomplètes, les expériences de Noël Bernard sur 
les Solanum sont suggestives. Les conditions artificielles créées 
par la culture de la pomme de terre sont mal connues dans 
leurs effets ; il n’est pas douteux que des résultats d’une portée 
plus générale et plus haute seront atteints le jour où l’on aura 
placé la pomme de terre dans les conditions naturelles initiales, 
en lui redonnant son ancien commensal. 


Ce serait sans doute un moven de prévoir ou au moins d’ex- 


pliquer des mutations culturales dont l’origine est encore mys- 
térieuse (1). 

Questions théoriques, précisant l'origine de la pomme de 
terre et son évolution: questions d'ordre pratique, capables 
d'orienter les efforts des agriculteurs dans un sens nouveau, 
ces quelques pages de notes les soulèvent, en ouvrant aux cher- 
cheurs des voies fécondes. | 


M. Costantin a bien voulu nous offrir ses conseils etsa direction 
pour la publication de ces notes d'expériences. Nous lui avons 
une profonde reconnaissance pour l’activité qu'il a dépensée 
ainsi en souvenir de Noël Bernard. | 


(4) M. Labergerie, M. Heckel et M. Planchon, en soumettant à la culture le 
Solunum Commersonii et le Solanum Maglia, ont obtenu des mutations gem- 
maires ramenant ces types sauvages au type S. fuberosum (Labergerie, Le Sola- 
num Commersonit et ses variations, Paris, 1905: — Heckel, Sur les origines de 
la pomme de terre cultivée, Ann. de la Fac. des Sc. de Marseille, 1907; — 
Planchon, Mutation gemmaire du S. Commersonii Dunal, Ann. de la Fac. des 
Sc. de Marseille, 1909). 


QUELQUES MÉLASTOMACÉES 
DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 


Par MM. H. JUMELLE et H. PERRIER de la BATHIE 


On connaît actuellement à Madagascar un peu plus d'une 
centaine d'espèces de Mélastomacées, qui rentrent dans les treize 
genres Osbechia, Tristemma, Dichaetanthera, Dyonicha, Rhodo- 
sepala, Antherotoma, Amphorocalyx, Veprecella, Rousseauria, 
Phornothamnus, Medinilla, Gravesia et Memecylon. 

Les sept premiers genres sont des Osbeckiées (à appendices 
staminaux antérieurs) et appartiennent au groupe des Dermo- 
myélodesmes de M. Van Tieghem. 

Les quatre suivants sont des Oxysporées (à appendices sta- 
minaux postérieurs) et appartiennent aux Myélodesmes. 

Les Médinilla sont des Dissochétées (à appendices staminaux 
encore postérieurs, mais à fruits indéhiscents), du même 
groupe Myélodesme. 

Les Gravesia sont des Sonérilées (à appendices nuls ou très 
courts), et sont des Adesmes. 

Les Memecylon sont des Mouririées (à appendices posté- 
rieurs). 

Trois de ces genres sont spéciaux à Madagascar et ne sont, 
du reste, jusqu'alors représentés chacun que par une seule 
espèce : Rousseauria chrysophylla, Phornothammus thymoides, 
Amphorocalyx multiflorus. 

Deux autres n'ont aussi chacun qu'un représentant dans 
l’île, mais on en connaît des espèces différentes ailleurs : ce 
sont l’Antherotoma, dont l'espèce malgache, qui se retrouve 
sur le continent africain, est l’Antherotoma Naudin, et le 
Tristemma, dont l'espèce qui nous intéresse est le Tristenrma 
DrUsanum . 


260 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


Les dix-neuf Mélastomacées du nord-ouest que nous allons 
étudier ici rentrent dans les genres Dichaetanthera, Anthero- 
toma, Dyonicha, Tristemma, Amphorocalyx, Veprecella, Gra- 
vesia et Medinilla. 

Nous décrirons complètement toutes celles de ces espèces 
qui sont nouvelles, et nous compléterons, soit au point de vue 
biologique, soit au point de vue purement morphologiqne, en 
indiquant, par exemple, certains caractères qui ne peuvent 
être relevés que sur l'individu frais, les descriptions déjà don- 
nées, mais souvent tropbrièvement, pour les espèces anciennes. 

Nous ferons, en somme, pour ces Mélastomacées, une étude 
analogue à celles que nous avonsdéjà faites pour les Asclépiadées 
et pour les Clusiacées, et comme nous en ferons une également 
très prochainement pour les Palmiers. 


Dichaetanthera crassinodis Bak. 


Cette espèce de Baker est un arbuste rameux de 3 à 4 mètres 
de hauteur. Les fleurs apparaissent avant les feuilles. 

Les inflorescences sont de grandes panicules (10 centimètres 
de longueur) de cymes espacées, portées chacune sur un pédi- 
celle grêle assez long (1 à 2 centimètres). Les pétales, d’un 
rose foncé et fortement veinés, sont fugaces. Dans les grandes 
étamines épisépales, les filets, au-dessous de l'articulation, ont 
6 millimètres de longueur et sont rouges ; la partie du connec- 
lif située au-dessus, et qui se prolonge en avant en deux appen- 
dices grêles de 2 millimètres, est jaune et a une longueur de 
6 millimètres également ; les anthères ont 5 millimètres. Dans 
les petites étamines épipétales, les filets sont jaunes ; l’articu- 
lation est toujours à 6 millimètres de la base, mais la partie 
libre du connectif située au-dessus n’a que { millimètre ; les 
deux appendices ont encore 2 millimètres ; les anthères ont 
à millimètres. Le style, de 15 à 16 millimètres de longueur, 
estrouge, infléchi au sommet, et à stigmate ponctiforme. 

Depuis Mevatanana jusqu’au sud d'Andriba, l'espèce habite 
les bois rocailleux secs : et on la retrouve dans les bois ana- 
logues de l’Ankarafantsika, près de Marovoay. 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 261 


Dichaetanthera Rutenbergiana Baill. 


Cette espèce a été rapidement décrite par Vatke dans les 
Abhandlungen von naturwissenschaftlichen Vereine zu Bremen 
(IX, 1887) ; et l'auteur allemand n'a d’ailleurs reproduit qu'une 
note manuscriste de Baillon. C'est d’après un spécimen de 
l'herbier du Muséum de Paris que nous avons pu y rattacher 
nos échantillons. 

Par l'aspect, la plante diffère sensiblement des autres 
Dichaetanthera que nous déerivons ici; ses caractères floraux, 
et en particulier ceux des élamines, sont cependant bien les 
caractères du genre. 

C’est un arbuste de 2 à 4 mètres, rameux dès la base. 

Les jeunes rameaux, subtétragones, sont couverts de longs 
et fins aiguillons roux, qui leur donnent un aspect velu. Les 
feuilles sont caduques. Le pétiole, revêtu des mêmes aiguillons 
que ceux des rameaux, est court {1 centimètre) el épais. Le 
limbe est ovale-oblong, arrondi à la base, aigu mais non acu- 
miné au sommet, Jaune à sec; sur sa face supérieure, les ai- 
guillons, à base ovoide, sont plus gros et beaucoup moins serrés 
que sur la face inférieure, où, par leur finesse, ils ressemblent 
à des poils. Il y a sept nervures saillantes en dessous, de moins 
en moins fortes cependant de la région médiane versles bords ; 
les deux dernières sont tout à fait marginales et ne deviennent 
bien apparentes que sur les plus grandes feuilles. Ballon et 
Cogniaux ne signalent que cinq nervures, parce qu'ils n'ont vu 
— comme du reste le dit Baillon — que les feuilles jeunes, dont les 
limbes avaient au plus 6 centimètres de longueur et 2 centi- 
mètres de largeur. Les feuilles de nos échantillons ont jusqu'à 
11 centimètres de longueur et 6,5 de largeur. 

Les inflorescences ne sont pas des panicules corymbiformes, 
comme les indique Cogniaux ; ce sont, commeles a plus exacte- 
ment définies Vatke, d'après le manuscrit de Ballon, des grappes 
terminales de cymes pauciflores espacées. Elles portent le 
mème revêlement dense d’aiguillons ferrugineux que les ra- 
meaux el les pélioles; et le calice, à 4 dents aiguës bien mar- 
quées, à une vestiture semblable. Les pétales, onguiculés, 


2020 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


obovales, à sommet arrondi et comme tronqué (14 millimètres 
sur 8), sont roses. Dans les grandes étamines, le filet staminal a 
% millimètres de longueur au-dessous del’articulation. Au-dessus 
de celle-ci, le prolongement du connectif a une longueur égale ; 
etles deux appendices, quisont à bords irrégulièrement sinués- 
dentés, ont 5 millimètres. Dans les petites étamimes, le filet a 
encore # millimètres, mais le connectif n'a pas de prolonge- 
ment au-dessus de l'articulation ; les appendices, de 5 milli- 
mètres, sont donc immédiatement au-dessous des anthères. 
Celles-ci, dans les deux verticilles, ont 6 millimètres. 

L'ovaire, indépendant du calice, est couvert de fins aiguil- 
lons bruns, abondants surtout dans la moitié supérieure ; les 
quatre loges contiennent de nombreux ovules. Le style est 
glabre, long de 15 millimètres, terminé par un petit stigmate 
en forme de courte massue arrondie au sommet. 

La plante à été vue par l’un de nous sur les collines sèches 
et rocailleuses, à sol gneissique, de la vallée du Maivarano, dans 
la province d'Analalava. 


Dichaetanthera bifida nov. sp. 


Arbor 3-4 m. alta. Folia petiolata (1-2 centim.) ; petiolo lim- 
boque sparsim aculeatis ; limbo ovato, 10 centim. longo, 4 centim. 
lato. Petala chovata, 18 millim. longa, 9millim. lata, unquiculata. 
Staminum majorum filamenta 14 millim. longa; connectivum 
basi 14 millim. productum ; ante, 2 appendices 6 nullim. longae, 
usque ad medium bifidae. 


C'est un petit arbre de 3 à 4 mètres, à bois blanc, à feuilles 
caduques. 


Ces feuilles sont épaisses, assez brièvement pétiolées (1 à 


2 centimètres). Sur le pétiole et sur le limbe sont épars de petits 
aiguillons à base ovoïde. Le limbe est ovale, de 10 centimètres 
sur 4, arrondi ou très légèrement cordé à la base, aigu mais 
non acuminé au sommet. Il y a trois fortes nervures prinei- 
pales, puis deux marginales beaucoup plus fines, à 1 ou 2 mil- 
mètres des bords. Les nervures secondaires sont un peu obli- 
ques sur les nervures principales. Entre ces nervures secon- 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 263 


daires la nervation réticulée est très fine, à peine saillante. 

Les inflorescences sont des panicules de quelques cymes 
pauciflores, très espacées et Tâches. 

Le calice, parsemé d’aiguillons, est un peu campanulé, de 
7 millimètres de hauteur, et à dents deltoïdes aigues (5 mil- 
limètres sur 2). Les pétales sont roses, onguiculés, obovales, 
arrondis au sommet; ils ont 18 millimètres de longueur 
totale sur 9 millimètres de largeur. L’onglet à 5 millimètres 
environ et se continue par un élargissement progressif du 


. limbe. Dans les grandes étamines, les filets ont 14 millimètres 


au-dessous de l'articulation ; le prolongement du connectf à 
la même longueur et se continue en avant de l'articulation 
par deux appendices filamenteux de 6 millimètres, bifurqués 
chacun à leur tour, à partir du milieu environ de leur lon- 
gueur, en deux petits filets plus grêles, recourbés. D’où le nom 
de hifida que nous donnons à l'espèce, pour rappeler ce carac- 
tère assez particulier de la division des appendices. Les anthères 
ont 8 millimètres. Dans les petites étamines, les filets ont 
10 millimètres de longueur au-dessous de larticulation ; le 
prolongement du connecüf à 2 millimètres ; les appendices, 
dressés en face des anthères, ont les dimensions et la forme 
de ceux des grandes étamines ; les anthères ont 6 millimètres. 
Le style, de 20 millimètres, est rouge, avec un stigmate ponc- 
forme. 

L'espèce habite les bois secs dansle massif du Manongarivo. 
Elle est en fleurs en mars. | 


Dichaetanthera manongarivensis nov. sp. 


Arbor 3-6 m. alla, folüs persistentibus. Petiolus sparsim acu- 
leatus. Limbus ovato-lanceolatus, 8-10 centim. longus, 37,5 
latus, nervulis reliculatis subtus non prominentibus ; utrinque, 
aculeis paucis, sed parvis verrucis numerosis. Calyx campanulatus, 
brevissimis dentibus ; petala rosea,unquiculata,obovata, 14millim. 
longa, 19 mallim. lata. Staminum majorum connectivum basi 
2 centim. productum ; appendices 7? millim. ; antherae 7 millim. 
Ovarium superne setosum ; stylus apice inflexus. 


264 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


C'est un arbre de 3 à 6 mètres de hauteur, à feuilles per- 
sistantes. 

Le pétiole, de ! centimètre environ, est parsemé d° aiguillons : 
à son insertion sur le nœud il v à des aiguillons analogues. Le 
limbe est ovale-lancéolé, de 8 à 10 centimètres de longueur 
sur 3,9 de largeur: il est anguleux ou un peu arrondi à la 
base, aigu au sommet. Sur les deux faces, les aiguillons sont 
très espacés ; ils sont seulement un peu plus rapprochés sur 
les nervures de la face inférieure. Mais, en outre, sur ces deux 
faces, et Jusque sur les plus fines nervures, sont de nombreux . 
petits points verruqueux blanchâtres, visibles à la loupe, et 
surtout abondants sur la face inférieure. Les nervures prinei- 
pales sont au nombre de cinq : trois fortement saillantes, et 
deux marginales beaucoup plus minces. Entre les nervures 
secondaires qui les réunissent la nervation réticulée ne u oé- 
mine pas sensiblement. 

Les inflorescences sont des panicules (10 à 12 centimètres 
de longueur) de cymes espacées, très lâches et assez longue- 
ment pédonculées (2 centimètres environ). Axe et ramifica- 
üons sont parsemés des mêmes aiguillons que ceux des feuilles. 
On retrouve ces aiguillons sur le calice, qui est campanulé, de 
o millimètres de hauteur à peu près, à dents deltoïdes excessi- 
vement courtes. Les pétales, rose foncé vers le haut, plus pâles 
vers la base, sont onguiculés, largement obovales au-dessus 
de l'onglet, et ont 14 millimètres sur 12. Dans les grandes 
étamines, le filet a 1 centimètre de longueur, le prolongement 
du connectif 2 centimètres, et les appendices antérieurs 7 
millimètres ; les anthères, qui sont rouges, ont 7 millimètres. 
Dans les petites étamines, le filet a encore 1 centimètre, mais 
il n'y à plus, au-dessus de l'articulation, de prolongement 
visible du connectif, et les appendices, de 7 millimètres, sont 
juste au-dessous et en avant des anthères. Celles-ci ont 7 mil- 
limètres. L'ovaire est hirsute au sommet, où il est surmonté 
d'une petite cupule. Le style, rouge, de 20 millimètres de lon- 
gueur, est recourbé dans sa partie terminale. 

L'arbre croît dans les bois secs du massif du Manongarivo, 
à une altitude de 800 mètres. 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 265 


Dichaetanthera trichopoda nov. sp. 


Arbor 4-5 m. alta ; ramis breviter setosis. Foliu peliolatu 
(15-92 millim.), ovato-oblonga, 10-12 centim. longa, 4-5 centim. 
lata, basi acuta, apice acuta sed non acuminata, utrinque setulosa, 
sed tenuius densiusque subtus ; 5-7 nervis, transversalibus nervulis 
numerosis; nervis nervulisque sublus prominentibus. Petiolus dense 
setosus. Calyr dense setosus, tubo campanulato, 5 millim. longo, 
lobis trianqulis 3 millim. latis, 2°*,5 longis. Petala unguiculata, 
ciholata, 8 millim. longa et lata. Staminum majorum filamen- 
tum 8 millim. longum, connectivum ultra insertionem 19 millim. 
longum, aristue anteriores #4 maillim. Minorum  filamentum 
1 mullim.; connectivum 2 millim., aristae antice 4 millim. Ova- 
rium vertlice selosum. 


Cet arbuste, de 4 à 5 mètres de hauteur, croît, dans le Boina, 
dans les bois humides des environs de Mampikony. Les jeunes 
rameaux sont anguleux ou comprimés, couverts de fins aiguil- 
lons roux. Aux nœuds sont des aiguillons plus longs et plus forts. 

Les feuilles sont assez longuement pétiolées (15 à 22 milli- 
mètres), et le pétiole porte les mêmes aiguillons roux que les 
jeunes rameaux. Le lHimbe est ovale-oblong, de 10 à 12 centi- 
mètres sur 4 à 5, un peu en coin ou arrondi à la base, aigu 
mais non acuminé au sommet. [y a cinq nervures principales, 
saillantes en dessous et assez grosses, et deux nervures marginales 
tout à fait rapprochées des bords et beaucoup plus fines. Les 
nervures transversales reliant toutes ces nervures principales 
leur sont presque perpendiculaires ou, en tout cas, sont à 
angle supérieur très ouvert ; ces nervures transversales sont, 
à leur tour, reliées entre elles par des nervures plus fines, for- 
mant réseau dans leurs intervalles. Toute la nervation est his- 
pide, mais les aiguillons sont surtout gros, tout en étant plus 
espacés, sur la face supérieure. 

Les inflorescences sont des grappes dont l'axe ne porte que 
quelques cymes opposées très écartées. 

Le calice, dont la surface est parsemée de gros aiguillons 
semblables à ceux de la face supérieure du limbe, a une partie 


266 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


entière campanulée de 5 millimètres de hauteur, que surmon- 
tent quatre dents triangulaires de 3 millimètres de largeur 
sur 2*°,5 de hauteur. Les pétales sont onguiculés, ciholés ; ils 
s'élargissent brusquement au-dessus de l'onglet et sont ainsi 
presque aussi larges immédiatement à la base qu'au sommet, qui 
est très arrondi ; ils ont 8 millimètres de longueur et de largeur. 

Dans les plus grandes étamines, le filet à 8 millimètres au- 
dessous de l'articulalion ; le prolongement du connectif, qui, 
au-dessus de l'articulation, se continue par deux soies de # mil- 
limètres, a 12 millimètres de longueur ; les anthères ont 6 mil- 
limètres. Dans les plus petites, le filet a 7 millimètres et le 
prolongement connectival n’a que 2 millimètres ; les deux soies 
ont 4 millimètres, et les anthères 5 millimètres. 

L'ovaire est hispide au sommet ; le style, de 1 centimètre, 
est terminé par un stigmate ovoïde. 


Dichaetanthera brevicauda nov. sp. 


Arbor 2-4 m. alta. Folia juniora ovala, basi apiceque acuta ; 
petiolo T millim. longo, limbo 4°°,5 longo, 2°*,5 lato ; petiolo 
limboque, hoc praecipue subtus, setosis vel setulosis. Calyx urceo- 
latus, selosus, lobis trianqulis ; petala ungquiculata, oborata, 
13 millim. longa, 10 millim. lata. Staminum majorum filamen- 
um ? mallim. lonçqum ; connectivum basi 8 millim. productum ; 
ante, appendix unica, brevis (2 millim.), sed [ere usque ad basim 
bipartita, lohis dilatatis, apice interdum marginatis. Ovarium 
vertice setosum ; stylus flexuosus, 19 millim. lonqus. 


C’est un arbuste de 2 à 4 mètres, à feuilles caduques et à 
fleurs roses, du bassin supérieur de la Mahavavy. 

Nous n’en connaissons que les jeunes feuilles, qui sont ovales, 
aiguës aux deux extrémités. Le pétiole a7 millimètres, pour un 
limbe qui a 4,5 de longueur sur 2°*,5 de largeur. Ce pétiole 
est couvert d'assez gros aiguillons, qu'on retrouve disséminés 
sur la face supérieure du limbe; sur la face inférieure, les 
aiguillons sont plus fins et plus rapprochés. Il y a cinq nervures 
principales, saillantes inférieurement. 

Sur l'axe principal et les ramifications de l’inflorescence, qui 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 267 


est une assez large panicule de cymes espacées pauciflores et 
longuement pédicellées {1°°,5 au-dessous de la première bifur- 
cation), il y a les mêmes aiguillons que sur le pétiole. Ces ai- 
guillons sont aussi très nombreux sur le calice, qui est urcéolé, 
de 8 millimètres de hauteur, avec quatre dents triangulaires 
aiguës, de 6 millimètres de largeur sur 3 millimètres de lon- 
gueur. Les pétales sont onguiculés, obovales, arrondis au som- 
met, de 13 millimètres de longueur sur 10 millimètres de largeur. 

Dans les grandes étamines, le filet a 7 millimètres, le prolon- 
gement du connectif à 8 millimètres, et les anthères #4 milli- 
mètres ; en avant de l'articulation est un appendice d’abord 
unique, mais qui se divise très rapidement en deux languettes 
aplaties et un peu élargies au sommet, qui est même souvent 
émarginé. La longueur totale de cet appendice, y compris ses 
deux branches, est de 2 millimètres au plus. Par sa brièveté et 
l'élargissement des lobes il rapprocherait un peu l'espèce du 
genre Dissotis. 

Dans les petites étamines, l’appendice est semblable, le filet 
a 7 millimètres, mais le prolongement du connectif n'a que 
2 millimètres. 

L'ovaire est hispide supérieurement ; le style a 12 millimètres 
de longueur et est en crochet au sommet; le stigmate est ponce- 
huforme. 


Antherotoma Naudini Hook f. 


Le genre Antheroltoma n’est considéré par Cogniaux que 
comme une section du genre Osbeckia; l'Antherotoma Naudini 
est alors l’Osbeckia Antherotoma Naud. 

Cette petite plante annuelle a été plusieurs fois signalée à 
Madagascar ; on la retrouve d’ailleurs sur le continent africain, 
en Abyssinie, dans l’Angola et au Sénégal. 

Le calice est brun ; les pétales sont roses, à onglet jaune ; 
les filets staminaux sont jaunes; le style est rouge, avec un 
stigmate verdâtre. 

Dans le haut Bemarivo, la plante pousse sur les rocailles 
et dans les sables. Sur les rocailles elle fleurit pendant la 
saison des pluies; mais, entraînée par les eaux dans le sable des 
rivières, elle fleurit dans ces sables pendant la saison sèche. 


268 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


Tristemma virusanum Comm. 


Cette espèce est bien connue à Madagascar, à Maurice et à 
la Réunion. à 

Dans le Boina et dans l'Ambongo, elle se plaît dans les en- 
droits humides et même marécageux, et surtout en terrain si- 
liceux. ; 

C’est une plante de 1 mètre de hauteur au plus; elle est quel- 
quefois frutescente à la base, mais plus souvent complètement 
herbacée. La tige est fréquemment rougeâtre, ainsi que le ca- 
lice ; la corolle est violacée et les anthères sont jaunes. 

Le fruit est rouge ; il est comestible et a la saveur de la 
fraise. 


Dyonicha gracilis Cogn. 


Deux espèces de Dyonicha ont déjà été décrites, et toutes 
deux de Madagascar : l’une est le Dyonicha Bojeri Naud., et 
l’autre le Dyonicha gracilis Cogn. 

Nous n'avons pu voir la seconde de ces deux espèces, qui, 
d’après Cogniaux, se trouve dans l’herbier Delessert; et elle 
doit, d'ailleurs, être représentée par des échantillons assez in- 
complets, car Cogniaux n'en donne qu'une description très . 
écourtée. 

D'après l’auteur de la Monographie des Mélastomacées, ce 
serait un arbrisseau à rameaux grêles et flexueux, légèrement 
noueux,avecdesfeuilles assezlonguementpétiolées (1 Drag 
arrondies ou légèrement cordées à la base, de couleur jaune 
cendré en dessous, de # à 6 centimètres de longueur, sur 2,5 
à 4 centimètres de largeur, à 5 à 7 nervures. Les bractées sont 
subcoriaces, de 6 à8 millimètres de longueur ; le calice est large 
de 5 à 6 millimètres; les filets sont longs de 8 à 10. La capsule 
est subglobuleuse. 

Les échantillons de Goudot ont été récoltés dans la région de 
Tananarive. 

Ceux que nous possédons — et qui ont été recueillis sur les 
débris basaltiques du mont Tsitondraina — présentent des ca- 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 269 


ractères qui ne sont vraiment pas assez différents des précé- 
dents pour que nous puissions considérer notre plante comme 
distincte de celle de Cogniaux. 

C'est un arbuste à tiges grèles, subdressées. Les rameaux 
sont un peu noueux, et les nœuds présentent vers le sommet 
de rares petits aiguillons. Les feuilles ont une pétiole de 13 à 
25 millimètres, qui porte aussi de ces aiguillons. Le limbe est 
ovale, de 4 à 7 centimètres de longueur, arrondi latéralement, 
aigu au sommet, arrondi ou un peu cordé à la base, qui toute- 
fois, à l'insertion sur le pétiole, redescend un peu sur ce pétiole. 
Il y a de sept à neuf nervures principales. Sur les spécimens 
secs, la face inférieure est beaucoup plus pâle que la face 
supérieure ; elleest vert-Jaunâtre et porte sur toute sa nervalion 
de nombreux aiguillons plus fins et plus rapprochés que les 
aiguillons de cette face supérieure. 

Les inflorescences sont des grappes corymbiformes termi- 
nales. 

Le calice est campanulé, de 5 à 6 millimètres de hauteur et 
de largeur dans sa partie entière, qui est surmontée de quatre 
lobes larges et arrondis, de 6 millimètres de longueur et de lar- 
geur, caducs. 

Les quatre pétales dépassent de 10 à 13 millimètres le tube 
calicinal ; il sont roses, obovales, et larges de 6 millimètres 
environ vers le sommet, qui est irrégulier, un côté étant plus 
arrondi que l’autre. 

Les huit étamines sont égales ; leurs anthères ont 5 millimètres 
et sont jaunes, et leurs filets ont 6 millimètres et sont roses. 
Au-dessous de l’anthère, le filet porte deux petits filaments la- 
téraux courts (1°*,5). 

L'ovaire, semi-indépendant, à 4 loges, est hispide dans sa 
partie supérieure, où il présente une légère proéminence ter- 
minale cratériforme, à bord cilié, du centre de laquelle part 
un style de 13 millimètres, un peu infléchi au sommet. 


Dyonicha alba nov. sp. 


Arbuscula ramis, petiolo, limboque supra haud aculeatis. Pe- 
tiolus 15-20 millim. lonqus ; limbus ovatus, 5-6 centim. longus, 


270 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


15-20 millim. latus ; quinque nervis subtus sparsim setosis. Pani- 
culae parvae cymarum triflorum; calyx longe campanulatus, 
lois rotundis ; petala obovata, 9 millim. longa, apice rotunda. 
Stamina 8, aequalia ; ? appendicibus divaricatis, filiformibus, 
? millim. longis. Ovarium glabrum. 


Ce Dyonicha constitue certainement une troisième espèce du 
genre, car ce ne peut être le Dyonicha Bojeri. 

Les rameaux sont forls, à nœuds rapprochés, sans aiguillons. 
Ces aiguillons manquent d’ailleurs aussi sur le pétiole et sur la 
face supérieure du himbe ; et il n’y en a quelques-uns que sur 
les nervures principales de la face inférieure. Le pétiole est 
grêle et a 12 à 20 millimètres. Le Himbe est ovale-allongé, de 
» à 6 centimètres sur 15 à 20 millimètres, aigu au sommet, 
anguleux à la base ; il a cinq nervures principales, qui, à sec, 
tranchent en brun sur la face inférieure vert-pâle. | 

Les inflorescences ne sont pas aussi corymbiformes que dans 
l'espèce précédente ; ce sont de petites grappes (de 2 à 3 cen- 
timètres de longueur) de petites cymes ordinairement triflores. 
La partie campanulée du calice a 6 millimètres de hauteur et 
4 millimètres de largeur etest surmontée de quatre dents arron- 
dies, de 3 millimètres sur 4. Les pétales sont obovales, longs de 
9 millimètres, arrondis au sommet, où ils ont 8 millimètres 
environ de largeur. Les filets des huit étamines ont 6 millimè- 
tres de longueur, et les anthères 5°°,5 ; les deux petits appen- 
dices latéraux ont 2 millimètres. 

L'ovaire est glabre ; le style est long de 18 millimètres. 


Dyonicha triangularis nov. sp. 


Arbor 2-6 m. alta, folus caducis. Limbus ovatus, latior 
versus basim quam ad apicem ; supra, aculeis ubique disseminatis, 
praeler in propinquo nervorum primorum ; Sublus, neruis primus 
secundisque solis aculeatis. Calyx campanulatus, dentis trian- 
qulis, 5 mullim. longis latisque. Staminum appendices divari- 
catae, fiiformes. Ovarium tetragonum, apice 4 laminis aculeatis 
ornalum. 


Cette quatrième espèce est un petit arbre de 2 à 6 mètres de 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR DA 


hauteur, à feuilles caduques, et dont la tige, chez les jeunes 
pieds, se tubérise légèrement à la base. Les jeunes rameaux 
sont vaguement tétragones ; leurs nœuds portent de nombreux 
aiguillons. 

Le pétiole a de 2 centimètres à 2°*,5 de longueur; ses aiguil- 
lons sont clairsemés. Le limbe est ovale, de 8 à 10 centimètres 
sur 3 à 4, mais plus large dans sa moitié inférieure que dans sa 
moitié supérieure, très aigu au sommet, anguleux à la base ; il 
a cinq à sept nervures principales. Sur la face supérieure, il y 
a des aiguillons disséminés un peu partout, sauf au voisinage 
immédiat des nervures principales ; sur la face inférieure, il 
n ya, au contraire, d’aiguillons que sur les nervures primaires 
el secondaires. 

Les inflorescences sont des cymes corymbiformes, composées 
d'assez nombreuses fleurs. À la base de chaque fleur sont deux 
petites bractées ovales, ciliolées sur les bords. La partie entière 
du calice, campanulée, est haute de 5 à 6 millimètres et large 
de 4 à 5; les dents, à bords ciliés, ne sont pas arrondies 
comme dans les autres espèces du genre, mais sont {riangulai- 
res, à sommet oblus ou peu aigu, et ont 5 millimètres de hau- 
teur sur une largeur basilaire égale. Les quatre pétales sont 
blancs, largement obovales, de 9 à 10 millimètres sur 8*%%,5, 
très larges au sommet, qui est à bord arrondi ou même pres- 
que droit, retrécis vers la base. Les huit étamines, toutes sem- 
blables et rejetées postérieurement dans la fleur fraîche, sont à 
anthères obtuses, jaunes, de 5 millimètres ; le filet a 5 millimè- 
tres également et porte à son sommet deux filaments divariqués 
de 1 millimètre environ. 

L’ovaire est à quatre angles, et est hispide au sommet sur ces 
angles, avec lesquels alternent, d'autre part, quatre lames ter- 
minées par d'assez gros aiguillons. Le style, de 15 à 16 milli- 
mètres, et à stigmate ponctiforme, est recourbé en avant au 
sommet. Après la floraison, les Jeunes fruits sont réfléchis. 

Ce Dyonicha, qui était en fleurs en avril 1909, lorsque l’un 
de nous l’a trouvé, croît à 1 000 mètres d'altitude et au-dessus. 
dans les bois secs des montagnes du Sambirano. 


22 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


Amphorocalyx albus nov. sp. 


Dumus, 1 m.-1°,5 allus; qlaber, folis attamen sparsim 
aculeatis. Petiolus gracilis, 2 centim.-3%,5  longus ;  limbus 
ovatus, versus basim latior quam ad apicem. Paniculae breves, 
fere corymbiformes. Calyx urniformis, striatus, lobis rotundis, 
caducis ; petala alba, obovata, 4. Appendices divaricatae, 1 mil- 
lun. longae. Ovarium apice umbilicatum. 


Notre plante, qui pousse dans les ravins du haut Mampikonv 
(affluent de la Mahajamba), ne peut certainement être identifiée 
avec la seule espèce jusqu'alors connue, l'Amphorocalyx mul- 
tiflorus Bak., dont nous avons pu voir des rameaux dans l'her- 
bier du Muséum de Paris. 

C’est un arbrisseau de 1 mètre à 1*,50, poussant en buisson. 
Toutes les parties sont glabres ; 1l n'v a que quelques rares 
aiguillons sur le pétiole, surtout au voisinage de l'insertion du 
limbe, et sur les nervures principales de la face inférieure. 

Le pétiole est grêle, long de 2 centimètres à 3°*,5. Le limbe, 
de 10 centimètres sur 4 en moyenne, est ovale, mais plus large 
dans la moitié inférieure que dans la moitié supérieure, qui se 
rétrécit fortement vers le sommet. Celui-ci est très aigu ; la 
base tend à s'arrondir, tout en se prolongeant un peu vers le 
pétiole, au niveau de son insertion sur celui-ci. Comme dans 
tous les cas analogues chez les Mélastomacées, ce prolonge- 
ment anguleux du milieu de Ia base du limbe est dù à ce que 
les secondes nervures principales latérales viennent en cette 
région se rallacher aux premières nervures latérales plus haut 
que celles-ci ne rejoignent la nervure médiane. Il y a cinq ner- 
vures principales, plus deux nervures marginales excessivement 
fines. Entre la nervure médiane et chacune des deux premiè- 
res nervures principales latérales, les nervures secondaires 
transversales s'anastomosent entre elles, de facon très visible, 
sur la face inférieure, à égale distance à peu près des deux 
nervures principales. 

Les inflorescences sont des panicules courtes (5 centimètres 
de longueur), et parfois presque corymbiformes, de cymes 
multflores. 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 219 


La partie entière du calice, en forme d'urne, et striée lon- 
gitudinalement, à 5 millimètres sur 4; les lobes, rougeàtres, 
sont arrondis, de 3 millimètres de hauteur sur # millimètres 
de largeur, cadues. Les quatre pétales, frais, sont d'un blanc 
pur ; ils sont obovales et ont 8 à 10 millimètres de longueur 
sur 3 à 4 millimètres de largeur. 

Les huit étamines sont redressées en arrière ; Les filets sont 
Jaune-verdàtre, longs de 5 millimètres; et, au-dessous de 
l'anthère, qui est jaune, et longue de 5 millimètres, sont deux 
petits filaments de ! millimètre, divariqués comme ceux des 
Dyonicha. 

L'ovaire est ombilhiqué au sommet, plus court que la partie 
entière du calice ; le stvle, de 12 millimètres, est recourbé 
d’abord vers le bas, puis vers le haut. | 


Veprecella rubra nov. sp. 


Arbuscula 3-4 m. alta, glabra vel qlabrescens, floribus roseis 
vel rubris. Petiolus 2-3 centim. lonqus. Limbus anquste lanceo- 
lalus, trinervius, basi subacutus, apice acutus. Calyx 5-anqula- 
lus ; pelala ovata, apice oblusa. Stamina 10, jilamentis basi latio- 
ribus quam apice, leviter pilosis. Ænfra antheram  posterior 
appendix brenis, filifornus, 3-6 partita. Ovartum apice quinque 
lobis plus mainus connatis ornatum. 


Cetle espèce rentre dans le groupe des Veprecella riparia, V. 
lanceolata et V. hiformis de Cogniaux. 
C'est un arbuste de 3 à 4 mètres, à fleurs roses ou rouges, 


qui croît sur les cimes à lichens du Manongarivo, à 1 400 mètres 


d'altitude et au-dessus. 
Toutes les parties sont glabres ou glabrescentes. 

Le pétiole à 2 à 3 centimètres de longueur. Le limbe est lan- 
céolé, étroit, long de 10 à 15 centimètres, large de 2 à 3, aigu 
au sommet, subaigu à la base ; 1l est à trois nervures saillantes 
en dessous. Sur les plus grandes feuilles cependant il y à, en 
outre, deux fines nervures marginales. Les nervures secondaires 
unissant les principales sont tout à fait horizontales, et même. 
parfois, plutôt un peu obliques vers le bas. 

ANN. SC. NAT, BOT, 9e série. XIV, 18 


274 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


Les inflorescences sont de petites panicules (5 à 6 centimè- 
tres) de cymes espacées, longuement pédonculées et ordinaire- 
ment triflores. 

Le calice, campanulé, de 5°",5 de hauteur, est entier, mais 
à cinq angles, qui sont surtout saillants en haut, au voisinage 
du bord. Les cinq pétales sont ovales, de 11 millimètres sur 7, 
à sommet oblus, un peu retrécis tout à fait à la base. Les dix 
étlamines, toutes dirigées postérieurement, ont des filets de 
> millimètres, pluslarges à la base qu'au sommet, et des anthè- 
res de 3 millimètres. Le long du filet, surtout vers le haut, sont 
quelques poils. Immédiatementà la base del’anthère est unappen- 
dice postérieur, fiiforme, de 1*%,5, quise divise au sommet en 
3 à 6 petits filets plus grèles, imégaux. 

L'ovaire est surmonté d’une collerette de 3 millimètres de 
hauteur, formée de cinq pièces qui paraissent soudées seule- 
ment vers la base, et dont le sommet est tronqué et muni de 
quelques cils glanduleux. Le style, long de 11 millimètres, et à 
stigmate ponctiforme, est particulièrement épais dans ses deux 
tiers supérieurs ; à l'inverse des étamines, il est infléchi en 
avant. | 


Veprecella macrophylla Naud. 


Il nous semble qu'il faut rapporter à cette espèce de Naudin 
un arbuste rameux, de 50 centimètres à { mètre de hauteur, 
des bois rocailleux et à sol gneissique du massif du Sambirano. 

Les feuilles en sont grandes (16 à 17 centimètres sur 7, par 
exemple), ovales, acuminées el aiguës au sommet, retrécies 
vers la base, qui est arrondie ou un peu en coin. Le pétole est 
long de 4,5 de longueur. 

Les inflorescences sont des panicules de cymes lâches et espa- 
cées. Le calice, presque entier, haut de 4 millimètres, marqué 
de dix côtes, dont cinq un peu plus fortes, est épais, rosé à frais 
ainsi que le pédoncule. Les pétales, de 1 centimètre environ. 
sont épais, oblongs-lancéolés, très larges vers le sommet, qui 
est un peu aigu, atténués vers la base à partir du quart supé- 
rieur : 1ls sont roses. Les dix étamines, toutes semblables, sont 
à filets aplatis, assez larges à la base, de 5"*,5 de longueur : 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 275 


les anthères ont 3"*,5. En arrière de la base de chaque anthère 
est un éperon obtus, mais à peine indiqué (0,5), el bien visi- 
ble seulement à la loupe ou au microscope. 

L'ovaire est surmonté d’une cupule basse, composée de cinq 
pièces larges, à sommet tronqué et crénelé; le style, à stig- 
mate ponctiforme, a 10 millimètres. ; 

Dans le massif du Sambirano, à 800 mètres d’ altitude, la 
plante est en végétation pendant toute l'année. 

Au sujet du terme spécifique de macrophylla donné par 
Naudin, remarquons que ce qualificatif ne doit pas laisser pen- 
ser que c'est ce Veprecella qui présente les plus grandes feuilles 
du genre. Nous connaissons dans les endroits humides du 
Manongarivo, vers 1600 mètres d'altitude, un grand Vepre- 
cella herbacé, de 2 mètres environ de hauteur, que nous ne 
décrirons pas, parce que nous n'en possédons pas d’échantil- 
lons suffisamment complets, mais dont les limbes, à peu près 
aussi larges que longs, peuvent avoir 30 centimètres el plus 
dans les deux sens. 


Veprecella violacea nov. sp. 


Rami satis graciles, teretes, qglabri, radicantes. Petiolus 
gracilis, 1°%,5-€%,5 lonqus. Limbus utrinque glaber, ovatus, amce 
acutus sed non longe acuteque acuminatus, basi cuneatus vel 
oblusiusculus, margine sparsim aculeato-denticulatus, quinque- 
nervius. Flores capitellati, sessiles ; pedunculo communi ? centim. 
longo. Calyx apice breviter et acute dentatus, dentis non late 
cristatis. Petala violacea, ovata, acuta, glabra, 7-8 muallim. 
longa, 3 millim. lata. Staminum connectivum post brevissime 
calcaratum. Ovarium vertlice quinque lobis inaequaliter dentatis 
auclum. 


Cetle espèce, quinous semble voisine du Veprecella acuminata 
Cogn., dont la fleur n'à jamais été décrite, esl une petite 
plante à tige ligneuse, grêle et traïnante, garnie de racines 
qui partent des nœuds. 

Les feuilles sont longuement pétiolées (1%,5-4°",5), glabres; 
le limbe est ovale, en coin où un peu obtus à la base, aigu, 


270 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


mais non réellement acuminé, au sommet, plus large dans sa 
moitié inférieure que dans sa moitié supérieure, de 6 à 10 cen- 
timètres de longueur sur 2°,5 à 5 centimètres de largeur. Sur 
son bord sont de petits aiguillons espacés. Il y a de cinq à sept 
nervures principales, un peu saillantes sur la face inférieure, les 
deux marginales étant toutefois toujours beaucoup plus fines 
que les autres. Les nervures secondaires qui relient ces nervures 
principales forment avec elles un angle droit. 

Les inflorescences sont des cymes corymbiformes, dont Les 
quelques fleurs sont presque sessiles et sont, pär conséquent, 
serrées les unes contre les autres, au sommet d'un pédoneule 
commun, qui a 2 centimètres environ. 

Les boutons floraux sont aigus. Le calice, campanulé et rose, 
a # à o millimètres de hauteur etest à cinq petites dents aiguës 
et courtes, sans crête dorsale bien nette. Les cinq pétales, d’un 
beau violet, sont ovales, aigus, de 7 à 8 millimètres de longueur 
sur 3 millimètres de largeur, glabres comme le calice, plus 
élargis, par rapport à la ligne médiane, dans le sens de la 
{orsion. 

Les dix étamines sont égales; le filet à % millimètres de 
longueur, et l'anthère 2°*%,5. À la base de celle-ci, et en arrière, 
est un tout petit éperon obtus. L'ovaire est surmonté de cinq 
lobes à bords plus ou moins irrégulièrement dentés, formant 
une collerette du milieu de laquelle s'élève le style, qui est 
grêle (9 millimètres), blanc à frais, à stigmate ponctuforme. 

La plante croît dans les rocailles gneissiques, sur le bord des 
torrents, vers 1000 mètres d'altitude. 


Gravesia ramosa nov. Sp. 


Verisinuliter perennis, sed herbacea, ramosissuma, glabra. Folia 
breuissime petiolala (6-7 millun. ad summum); limbus ovato- 
lanceolatus, basi apnceque  acutissimus, 4-8 centim. lonqus, 
1 centim.-1®",5 lalus, 3-5-nervius. Cymae terminales, triflorae, 
breviter pedunculatae. Calycis tubus pentagonus, dentibus trian- 
qularibus, aculis, 2-3 millin. longis. Petala rosea, ovata, acula, 
fere acuminata, 11 millam. longa, 4 millim. lata. Infra connéc- 
lLioum appendix posterior calcarata, obtusa, 1 millim. longa. 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR AT 


Ovarium quinque lohis apice  inaequaliter dentatlis coronatum. 


Cette petite plante paraît vivace, mais, en tout cas, est her- 
bacée. Très rameuse, elle ne dépasse pas 40 centimètres de 
hauteur. Elle est glabre. 

Ses feuilles sont brièvement pétiolées (6 à 7 millimètres au 
plus), et le pétiole, vers lequelle limbe s'atténue insensiblement, 
est quelquefois presque nul. Le limbe est ovale-lancéolé, étroit, 
de 4 à 8 centimètres de longueur sur 1 centimètre à 1°°,5 de 
largeur, très aigu, où même un peu acuminé au sommet. Il y 
a trois nervures principales bien nettes, saillantes en dessous, 
et, en outre, deux nervures tout à fait marginales excessive- 
ment fines. 

Les inflorescences sont de petites cymes terminales triflores, 
très brièvement pédonculées. Le calice, de 5 millimètres de 
hauteur, est à cinqangles, alternantavec cinq parties rentrantes ; 
et les angles sont terminés par autant de dents étroites, trian- 
oulaires, aiguës, hautes de 2 millimètres. Les pétales, rose 
foncé, sont ovales, très aigus et presque acuminés, de 11 milli- 
mètres de longueur sur #4 millimètres environ dans leur plus 
grande largeur, qui correspond à peu près à [a partie médiane. 
Les dix étamines sont déjetées en face du style: les filets ont 
6 millimètres et les anthères 3"" 5. À la base et en arrière de 
chaque anthère est un petit éperon oblus, de ! millimètre en- 
viron. 

L'ovaire est couronné par cinq piècesirrégulhièrement dente- 
lées au sommet et formant cupule ; le style, à stigmate poncti- 
forme, à 8 millimètres. 


Medinilla violacea nov. sp. 


Suffrutescens, repens. Rami graciles, aculeati. Petiolus acu- 
leatus, 2%,5-4%,5 lonqus ; limbus ovatus, lanceolatus, 8-11 cen- 
Lun. longus, 2 centim.-2%,9, latus, basi apiceque acutus, tri- 
nervius, nervis aculealis. Flores cagntellati, pedunculo commun 
8 centim. longo, non vel vx aculeato. Calyx qlaber, truncatus, 
campanulatus. Petala 4 molacea, apice late rotundata. Stamina 
8 subaequalia; infra antheram, ? parvi lobi anteriores, et calcar 


278 H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 
posterius obtusum. Ovarium annulo 2 nullun. allo coronatum. 


C'est une plante suffrutescente à la base, et dont la souche 
rampe sur les rochers. 

Les rameaux, grêles, cylindriques, portent de nombreux at- 
guillons, longs et rougeâtres, qu'on retrouve sur le pétiole et 
sur les nervures de la face inférieure du limbe, mais qui man- 
quent ou sont beaucoup plus rares et plus courts sur l'axe de 
l’inflorescence. 

Les feuilles sont longuement pétiolées (2°*,5 à 4,5) ; le imbe 
est ovale-lancéolé, de 8 à 11 centimètres sur 2 centimètres à 
2% ,5, aigu aux deux extrémités. La nervure principale médiane 
est très saillante en dessous : les deux autres nervures latérales, 
plus fines, en sont très éloignées et, par suite, sont très rappro- 
chées des bords. Les nervures secondaires qui relient ces ner- 
vures latérales à la nervure médiane sont très obliques. 

Les inflorescences sont de petits capitules de quelques fleurs, 
au sommet d’un long pédoncule commun (8 centimètres), ter- 
minal. Le calice, haut de 3°°,5, est glabre, légèrement campa- 
aulé, et à bord presque entier. Les quatres pétales, d’un beau 
violet, le dépassent de 6 à 7 millimètres; 1ls sont un peu ré- 
frécis à la base, et à sommet large (6 millimètres) et arrondi. 
Les huit étamines sont subégales ; le filet à 5 millimètres et 
l’anthère 4. À la base de celle-ci sont, en avant, deux petites 
dents, et. en arrière, un éperon court, obtus. 

L'ovaire est surmonté d'une peüte collerette, de 2 millimètres 
de hauteur; le style, de 6 à 7 millimètres, est à stigmate ponc- 
tuiforme. | 

Sur les rocailles des torrents où la plante se plaît, on la trouve 
dans le massif de l'Antsatrotro et sur le mont Tsitondraina. 
ainsi que sur le mont Ambalamena, près de la rivière Androto, 
affluent du Ramena, dans la Grande-Terre. 


Medinilla rubripes nov. sp. 


Caulis brenis: repens. Petiolus 6-9 centim. lonqus, crassus, 
filamento-aculeatus, valde verruculosus. Limbus supra lismidissi- 
mus, late ovatus vel fere rotundus, 6-9 centim. lonqus latusque, 
apice obtusus, basi cordatus. Cymae pauciflorae corymhiformes, 


MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 279 


pedunculo communi 4-9 centim. Calyr lruncatus, campanula- 
lus; petala ovata, 12 nullim. longa, 8 millim. lata. Staminn 
S aequalia ; infra antheram, calcar posterius uncinatum. Ovarium 
annulo coronatum. 


Ce Medinilla est encore une plante basse dont la souche, très 
courte, est appliquée contre les rochers. 

Les feuilles sont à himbe vert-sombre, mais à pétiole rou- 
geûtre, ainsi que la hampe de l'inflorescence. Le pétiole, de 6 
à 9 centimètres de longueur, est épais et revêtu d’aiguillons 
filamenteux ; sa surface est, en outre, densement verruqueu- 
se, et cel aspeel est dû aux bases épaisses persistantes des 
aguillons tombés. Des aiguillons semblables rendent aussi très 
rugueuse et hispide la face supérieure du limbe ; sur toutes les 
nervures de la face inférieure, les aiguillons sont plus fins. Le 
limbe est largement ovale ou presque rond, de 6 à 9 centi- 
mètres dans les deux sens, arrondi ou obtus au sommet, cordé 
à la base. 

Chaque inflorescence est une petite cyme corymbiforme de 
quelques fleurs brièvement pédicellées, au sommet d’un pédon- 
cule commun de 4 à 9 centimètres. Le calice, haut de 4 nulli- 
mètres, est campanulé, à bord entier. Les 8 pétales, mauve 
foncé, le dépassent de 5 millimètres ; ils sont ovales, de 
12 millimètres sur 8. Les huit étamines sont Loutes semblables : 
à la base de l’anthère et en arrière est un éperon bien net, dont 
l'extrémité se recourbe extérieurement en crochet. L’ovaire est, 
comme dans lespèce précédente, surmonté d’une collerelte, du 
centre de laquelle émerge un style de 4 millimètres, à stigmate 
ponctüforme. 

L'espèce pousse dans le Sambirano, sur les grès liasiques, 
dans les lieux humides et très ombragés des basses allitudes. 


Medinilla macropoda nov. sp. 


Caulis brevis, repens. Peliolus aculealus, usque ad 90 rentim. 
longus. Limbus 20 centim. lonqus, 16 centim. latus, ovatus, 
7-nervius, in parte inferiori lalior quamin superiort, basi cordalus, 
margine laxe aculeato-denticulatus. Cymae corymühformes paurci- 
florae, pedunculo communi 10-93 centim.longo. Calyx truncatus, 


280 .. H. JUMELLE ET H. PERRIER DE LA BATHIE 


5 millim. allus, glaber ; pelala apice lata rotundaque. Stamina 
subaequalia, ante inflera ; infra antheram, breuissimum calcar 
oblusum. Ovarium annulo 4 millim. alto coronatum. 


Cette troisième espèce est aussi vivace et à souche courte, 
traînant sur les rochers ; et de son rhizome partent cinq ou six 
rameaux dressés qui sont eux-mêmes courts et, après avoir 
donné de ! à 4 feuilles, s'épaississent un peu en se terminant 
chacun par une inflorescence à très long pédoncule. | 

Le pétiole est couvert, sur les petites feuilles, de longs aiguil- 
lons, qui deviennent très rares sur les feuilles plus grandes. 
Il y a de ces mêmes aiguillons espacés sur les nervures dela face 
inférieure. Le pétiole peutavoir jusqu à 20 centimètres. Le Hmbe, 
qui a parfois 20 centimètres sur 16, est ovale, plus large dans 
sa moitié inférieure que dans sa moitié supérieure et est un peu 
aigu ou obtus au sommet el cordé à la base : ses bords sont 
dentés çà et là par de petits aiguillons. Îl v à sept nervures 
principales, réunies par des nervures secondaires presque hori- 
zontales, entre lesquelles les nervures d'ordres suivants forment 
un réseau bien visible inférieurement. 

Chaque inflorescence est une petite ceyme corymbiforme de 
quelques fleurs très brièvement pédicellées (3 à 4 mm.), portées 
par un pédoncule parfois rougeûtre, qui à de 10 à 23 centi- 
mètres de longueur. Le calice, de 5 millimètres de hauteur, et 
glabre, est en entonnoir, à bord entier. Les quatre pétales, 
rouge violet, et qui dépassent le calice de 7 millimètres environ, 
sont rétrécis vers la base, mais non onguiculés, larges et arron- 
dis au sommet. Les huit élamines sont subégales, courbées 
antérieurement, géniculées au-dessous de Panthère. A la base 
de celle-ci, et en arrière, est un court talon obtus. Les filets, 
qui sont blancs, ont 10 millimètres ; les anthères, jaunes, ont 
10 millimètres également et sont à sommet arrondi. L’ovaire, à 
quatre loges, est surmonté d'une haute (4mm.) collerette blanche 
et membraneuse. Le style, de 8 à 12 millimètres, est blane, un 
peu épais, oblus au sommet. | 

La plante a été trouvée en octobre 1908. par l’un de nous, sur 
les grès liasiques, dans les rocailles boisées des environs, de 
Bezefo, dans la province de l’Analalava. 


à 


RECHERCHES ANATOMIQUES 
SUR LES MÉLASTOMACÉES 
DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 


Par H. JACOB DE CORDEMOY 


INTRODUCTION 


Les Mélastomacées constituent certainement l'une des 
familles végétales qui, à cause des anomalies de structure deleur 
appareil végétalif, el particulièrement de la Uige, ont provo- 
qué le plus de recherches anatomiques. 

Parmi les travaux les plus complets et aussi les plus récents 
sur ce sujet, 1l faut surtout citer, par ordre de date, les impor- 
tants Mémoires de M. Hérail (1), de M. Lignier (2) et de 
M. Van Tieghem (3). On y trouve relatés et discutés les résul- 
tals des recherches antérieures d’autres auteurs, notamment de 
Vôchtüng et de Weiss. 

La feuille des Mélastomacées offre aussi des particularités 
intéressantes, pouvant être ulilisées dans la détermination des 
affinités entre les genres et les espèces, et, par suite, dans la 
définition des groupes naturels. Get organe a done spécialement 
aturé l'attention desanatomistes, tels que Pflaum, de Palézieux, 
Gottschall. Mais il nous suffira de mentionner ici le travail de 


(1) J. Hérail. Recherches sur l'Anatomie comparée de la tige des Dicotylédones 
(Ann. sc. nat. Bot. 7° série, t. Il. 1885, p. 203). 

(2) O. Lignier. Recherches sur l’Anatomie comparée des Calycanthées, des Mélas- 
tomacées et des Myrtacées. Paris, 1887. 

(3) Ph. Van Tieghem. Sur la structure et les affinités des Mémécylées et A ddi- 
tion aux Recherches sur la structure et les affinités des Mélustomacées (Ann. sc. nat. 
Bot. 7e série, &. XILE, 1891, p. 23 et 374). — Deuxième addilion aux Recherches 
sur la structure et les affinités des Mélastomacées (Ann. se. nat. Bot. 7e série, 
t. XV, 1892, p. 369). 


262 H. JACOB DE CORDEMOY 


M. de Palézieux (1) car seul il décrit la structure foliaire des 
genres dont nous nous sommes occupé (Dichætanthera, Medi- 
nilla, Veprecella), avec un certain nombre d'espèces de 
Madagascar, et même des plantes faisant partie de notre 
étude (Tristemma virusanum, Osbechia antherotoma). 

En ce qui concerne particulièrement la lige, c’est M. Van 
Tieghem qui en a fixé le plus largement les caractères anato- 
miques. Ayant pu soumettre à l'étude tous les genres de 
Mélastomacées, cet auteur les à, d’après leurs affinités de struc- 
ture, classés en deux tribus, six sous-tribus et seize séries. 

Seule la tribu des Mélastomées nous intéresse ici. Rappelons 
quelle à été subdivisée par M. Van Tieghem en quatre sous- 
tribus, suivant qu'il y à à la fois des méristèles dans l'écorce 
et des faisceauxsurnuméraires criblés ou cribro-vasculaires dans 
dans là moelle { Dermomyélodesmes) ; ou des méristèles corticales 
seulement {Dermodesmes) ; où seulement des faisceaux surnu- 
méraires dans la moelle (Myélodesmes) ; ou enfin, absence à la 
fois de méristèles corticales et de faisceaux médullaires (Adesmes) . 

M. Van Tieghem a ainsi tracé un cadre large où doivent 
tout naturellement prendre place désormais les recherches nou- 
velles sur l'anatomie des Mélastomacées. on 

Les espèces qui font l'objet du présent travail appartiennent 
à la flore du nord-ouest de Madagascar. Nouvelles pour la plu- 
part, elles nous ont été remises obligeamment par MM. Jumelle 
et Perrier de la Bâthie, qui les décrivent, du reste, en collabo- 
ralion, dans ce Recueil même. 

Nous avons eu ainsi à notre disposition des échantillons 
copieux, en excellent état de conservation ; et même, pour les 
petites plantes basses, à lige rampante, des individus entiers, 
comprenant rameaux dressés et rhizomes, feuilles et racines. 
En possession de tels matériaux, il nous à paru intéressant de 
rechercher s'il ne se produisait pas, dans les diverses parties de 
l'axe caulinaire, suivant le milieu, des modifications ou des 
variations destructure ; ou encore, si les caractères anatomiques 


(1) Ph. de Palézieux. Anatomisch systematische Untersuchung des Blattes der 
Melastomaeeen mit Ausschluss der Triben Microlicieen, Tibouchineen, Miconieen, 
Inaug. Dis. Munich. 1899 et Bul. de l'Herbier Boissier. Appendix n° V, 
Vol. VIL. 1899. 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 283 


des organes végélalifs n'étaient pas parfois en relation avec les 
conditions biologiques de ces plantes, soigneusement notées 
par M. Perrier de la Bâthie. 

Les résultats obtenus au cours de nos recherches, entreprises 
dans cet esprit, nous semblent dignes d’être exposés en détail. 
Les faits de variations de structure que nous avons consta- 
tés ne manquent point, croyons-nous, d'intérêt; de plus, nous 
avons pu, sur bien des points, compléter et préciser l'anatomie 
générale des Mélastomées. 

C’est dans cette tribu des Mélastomées qu'entrent les dix-neuf 
espèces, réparties dans huitgenres, que nous avons soumises à 
l'étude. 

Pour les décrire méthodiquement, nous les avons groupées, 
d'après la classification adoptée par M. Van Tieghem, dans 
l'ordre suivant : 

1. Dans la sous-tribu des Dermomyélodesmes, définie comme 
nous l'avons rappelé plus haut, et une seule série, celle des 
Osbeckiées, cinq genres : Dichætanthera (6 esp.), Dionycha 
(3 esp.), Amphor  . (1 esp.), Antherotoma [1 esp.), Tris- 
temma (1 esp. 

IL. Dans la sous-tribu des Mvélodesmes, deux séries : 

1° Série des Oxysporées, le genre Veprecella (3 esp.) 
2° Série des Dissochétées, le genre Medinilla (3 esp.) 

HI. Dans la sous-tribu des Adesmes et la série des Sonéri- 
lées, le genre Gravesia (1 esp.) 

Pour chaque & “enre, quel que soit le nombre des espèces, nous 
avons envisagé successivement : d'abord la tige, dans ses diffé- 
rentes parties, el la racine, quand il v avait lieu; puis la feuille, 
en étudiant toujours le pétiole dans sa région moyenne, et le 
limbe au niveau de la nervure principale médiane. 


Sous-TRIBU DES DERMOMYEÉLOBESMES 
Série des OSBECKIÉES 
Genre Dichætanthera. 


Six espèces étudiées : Dichætanthera Rutenbergiana Bail. : D. 
tricopoda Jum. et Perr.; D. brevicauda Jum. et Perr. ; D. crassi- 


284 H. JACOB DE CORDEMOY 


nodis Baker: D. hifida Jum. et Perr.; et D. manongarivensis 
Jum et Perr. | 

Tous ces Dichætantherasont des petits arbres ou des arbustes, 
dont nous allons décrire successivement la tige et la feuille. 


TIGE. 


Prenons comme premier exemple la tige de Ÿ. Rutenberqiana, 
qui va nous offrir un certain nombre de caractères communs, 
d'ailleurs, aux autres espèces. C'est un arbuste rameux, recueilli 
sur un terrain gneissique, sec et rocailleux. 

Lâ section du rameau est vaguement quadrangulaire (fig. 1). 
Toute sa surface est hérissée d'émergences de formes et de 
dimensions diverses : les unes sont coniques, d'autres evlin- 
driques, d’autres encore fusiformes (fig. 1 et 2, a). Elles ont 
toutes [a même structure générale : elles sont essentiellement 
constituées chacune par un massif de cellules parenchymateuses 
ou faiblement sclérifiées et allongées suivant l'axe, qui prend 
son origine et s'insère en quelque sorte dans la région externe 
de l'écorce. Ce massif cellulaire d’origine corticale est revêtu 
d'un prolongement de l'épiderme (fig. 2, e). Les éléments épi- 
dermiques qui recouvrent ainsi l'émergence font saillie en 
papilles coniques, scléreuses, droites ou recourbées, qui forment 
autant de pointes unicellulaires, dirigées dans tous les sens. 
Ce sont ces pointes épidermiques qui hérissent les émergences 
elles-mêmes. 

M. Lignier, dans son Mémoire cité plus haut, appelle con- 
stamment «poils » ces productions épidermo-corticales, très com- 
munes chez les Mélastomacées : il reconnait pourtant incidem- 
ment que ce sont plutôt de « véritables émergences ». D’autres 
auteurs les désignent sous le nom de « trichomes ». En réalité, 
d'après leur structure, et par définition, ce sont, d’une manière 
plus précise, des aiguillons, c'est-à-dire des productions corti- 
cales superficielles, pourvues d’un revêtement épidermique (1). 

(4) M. Lignier {Loc. cit. p. 169), a constaté dans certaines espèces, notam- 
ment dans le Monochætum sericeum, que ces « poils » qui « se trouvent sous 
les angles reçoivent quelquefois un très petit filet libéro-ligneux qui provient 
des faisceaux corticaux ». Nous n'avons rien observé de semblable ; mais, dans 


ce cas encore, ces émeérgences, recevant tous leurs éléments constituants de 
l'écorce et des méristèles corticales, resteraient, par définition, des aiguillons. 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 289 


Cependant il peut arriver que certains de ces aiguillons co- 
niques, quand ils sont courts ou grêles, soient dépourvus en 
leur centre de tout élément d’origine corticale et soient consti- 
lués uniquement par des cellules épidermiques accolées, plus 
ou moinssoulevées en pointes. [ls’agit alors de poils véritables, 
pluricellulaires, c’est-à-dire de productions purement épider- 
miques. Aussi M. Lignier remarque-t-1l très justement qu'il 
existe « toutes les transitions possibles entre les émergences des 
Mélastomacées et les poils coniques dérivés de l’épiderme seu- 
lement » (2). 

_ Entreles aiguillons, quisouvent sontgroupés en cerlains points 
et se touchent par leur base, s'étend l’épiderme, formé de cel- 
Jules parfois légèrement papilleuses, à cuticule finement striée 

L'écorce se compose de 10 à 12 assises de cellules (fig. 1et2, c). 


non NA 5e g Se 
Fig. 1. — Coupe transversale shimatiqe d'un entre-nœud de la tige de Dichætan- 


“ere Rutenbergiana. a , aiguillon: ce, écorce ; n, méristèle corticale; e, endoderme ; 
Liber: 0 \bois : 7", moelle, avec, à ‘la périphérie, la zone criblée périmédullaire, 
ét; au centre, deux faisceaux criblés. 


Elle est collenchymatleuse dans sa moitié externe; mais cette 


Peut-être pourtant pourrait-on les considérer alors comme des types particu- 
liers de passage entre les aiguillons et les épines, à cause de leur relation 
indirecte avec la stèle (Voy. À. Lothelier, Recherches anatomiques sur les épines 
ct les uiguillons des plantes. Rev. gén. de Bot. 1893). 

(2) Loc. cil., p. 169 (en note). 


286 H. JACOB DE CORDEMOY us 


couche de collenchyme est interrompue au niveau de la base 
d'insertion corticale des plus gros aiguillons. La partie interne 
de l'écorce est parenchymateuse, avec de grandes cellules 
polygonales minces, à petits méats triangulaires réguliers 
(fig. 2, c). On y voit disséminées de larges cellules scléreuses, 
d'aspect annulaire (s). | 

De plus, dans cette écorce, el au niveau de chacun des angles 
du rameau, se trouve un groupe de méristèles. Chaque groupe 
comprend deux ou trois méristèles, de dimensions différentes, 
et disposées à peu près radialement, la plus grosse étant con- 
stamment la plus profondémment située (fig. 1, n). 

Les méristèles corticales d’un même groupe diffèrent sensi- 
blement par leur structure. La grosse méristèle interne (fig.2, mc) 
comprend un faisceau ibéro-ligneux replové en une courbe fer- 
mée, en un anneau renfermant en son centre une sorte de 
moelle, qui esten réalité un massif criblé péridesmique, dont 
nous fixerons plus loin l'origine. Dans ce cas, 1l existe, entre 
le bois et le liber du faisceau annulaire, une zone génératrice 
qui produitparfois quelques éléments ligneux secondaires. Ces 
grosses méristèles sont d’ailleurs limitées chacune par un en- 
doderme souvent bien caractérisé par les plissements subérifiés 
latéraux de ses éléments. 

Si, dans les groupes de trois méristèles, on observe celle qui 
vient immédiatement en dehors de la plus grosse, et dont les 
dimensions sont moitié moindres, on note certaines modifica- 
tions. Le massif criblé péridesmique central est plus réduit; 
dans le hber périphérique du faisceau hbéro-higneux annulaire 
se sont développées, aux dépens des éléments de parenchvme, 
des fibres, en si grand nombre parfois qu'elles prédominent 
dans la couronne libérienne et constituent un cerele scléreux et 
presque complet doublant extérieurement l'anneau vasculaire. 

Quant aux petites méristèles externes (fig. 2, »e), leur struc- 
ture est concentrique, c’est-à-dire qu'elles se composent cha- 
cune d'un groupe de quelques vaisseaux situé au centre et 
entouré d’une mince couronne de hber. où les éléments fibreux 
peuvent prédominer de manière à la transformer en un cerele 
scléreux, comme précédemment. l 

Nous reviendrons d’ailleurs plus loin sur ces méristèles cor- 


que nous le verrons 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 287 


ticales de la tige des Osbeckices, en général, et nous explique- 
rons leurs différences de structure. Pour l'instant, continuons 
à décrire le rameau de D. Rutenberqiana. 

L’endoderme (fig. 
2, d), qui limite in- 
térieurement l'écorce, 
est bien caractérisé, 
avec de grandes cel- 
lules rectangulaires 
pourvues de  plisse- 
ments subérifiés laté- 
Taux. 

Le péricycle simple 
(p), à cellules rectan- 
gulaires, minces, al- 
ternes avec celles de 
l’'endoderme, n'offre 
encore aucun cloison- 
nement indiquant 
l'apparition de l’as- 
sise péridermique qui 
est péricyclique, ainsi 


dans les autres es- 
pèces du même genre. 

L'anneau  libéro - 
higneux est elliptique. 
Le liber {/), de faible 


épaisseur, est dépour- 


vu de fibres. Le bois Fig. 2. — Partie angulaire grossie de la tige de Di- 
secondaireest troisou chætanthera Rutenbergiana. a, aiguillon : €, épis 
ue à derme de revêtement; c, écorce; s, élément sclé- 
quatre fois plus épais reux annulaire : »#ce et me, méristèles corticales, 
PEAU interne et externe; d, endoderme:; p, péricycle : 
que zone Hbérien= ::} pére bois 
ne. Îl se compose de 
vaisseaux elde fibres à section quadrangulaire (4). Les vaisseaux 
sont surtout abondants au niveau des faisceaux hbéro-ligneux, 
tandis que dans les espaces interfasciculaires le bois secondaire 


/ 


est presque entièrementfibreux. 


288 H. JACOB DE CORDEMOY 


Les faisceaux criblés de Ja zone périmédullaire forment une 
série à peu près continue (fig. 1). Cependant ceux de ces 
faisceaux criblés qui correspondent au bois primaire des fais- 
ceaux libéro-Hgneux situés aux extrémités du grand axe de 
l'ellipse, ou latéralement, c'est-à-dire aux extrémités du petit 
axe de l'ellipse, sont notablement plus développés que les 
autres et constituent des masses qui proéminent comme des 
coins dans la moelle. 

Toute cette zone criblée ee est dépourvue de 
fibres propres ; etles éléments scléreux qui çà et là sont adossés 
à son bord interne appartiennent à la moelle. Celle-c1, formée 
d'un parenchyme à grandes cellules polvgonales, avec de petits 
méats triangulaires réguliers, montre, en effet, disséminées dans 
sa masse, de nombreuses cellules scléreuses annulaires sembla- 
bles à celles de lécorce, le plus souvent isolées, quelquefois 
eroupées par deux ou trois. 

Cette moelle (fig. 1, 22), relativement réduite, renferme, en 
outre, dans sa région centrale, des faisceaux exclusivement 
criblés, en nombre toujours restreint, d'ordinaire de un à trois. 
Ces faisceaux médullaires ne possèdent pas non plus de fibres 
propres ; et les éléments scléreux qui leur sont adossés appar- 
tiennent encore à la moelle. 

De la tige de D. Rutenbergiana 1 faut rapprocher celle de 
D). tricopoda, qui ne diffère de la précédente que par un cer- 
tain nombre de particularités ou de modifications que nous pou- 
vons noter plus brièvement. 

La section du rameau de Dichætanthera tricopoda est très 
vaguement quadrangulaire, presque ovale. Toute sa surface est 
également hérissée d’aiguillons plus courts que dans l'espèce 
précédente et de formes diverses : coniques, cylindriques, ou 
renflées en une tête arrondie supportée par un pédicule rétréer. 
Leur stracture et leur origine ont été décrites plus haut ; nous 
n'y revenons pas. Mais ici les pointes coniques formées par 
les papilles du revêtement épidermique sont peu saillantes : 
elles ne le sont et, par suite, les aiguillons ne se montrent 
hérissés que vers la base renflée de ces émergences coniques. 

L'écorce est très réduite parrapportà la moelle, qui est large. 
Cette couche corticale, épaisse de six ou sept assises cellulaires, 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 28% 


est parenchymateuse, et n'offre quelques éléments scléreux que 
dans sa dernière rangée interne, celle qui surmonte immédia- 
tement Fendoderme. 

La zone corticale présente quatre renflements angulaires 
qui correspondent à autant de côtes, d’ailleurs peu saillantes, 
du rameau. Dans chacun de ces renflements se trouve logée 
une grosse méristèle corticale, toujours unique. Sa structure 
est sensiblement la même que celle de la grosse méristèle interne 
du groupe existant, nous l'avons dit, au niveau de chacun 
des angles du rameau de D. Rutenberqiina. Pourtantilv a quel- 
ques légères différences: dans le D. tricopodu, le faisceau libéro- 
ligneux de la méristèle corticale est bien replové en une courbe 
fermée, mais l’anneau vasculaire est assez irrégulier, de sorte 
que le cordon criblé péridesmique central est moins bien limité, 
et, par suite, moins distinct. Le liber périphérique forme une 
mince couronne dépourvue de fibres. Le cercle endodermique 
qui entoure la méristèle est souvent bien caractérisé par les 
plissements subérifiés latéraux de ses éléments. 

L’endoderme général et le péricycle ont absolument les 
mêmes caractères que dans l'espèce précédente. 

Mais l'anneau lhibéro-ligneux, elliptique encore, offre quel- 
ques particularités. La zone libérienne a sensiblement Ia même 
épaisseur que le bois. De plus, contrairement à ce qui à lieu 
dans la première espèce, le Hiber primaire de la ge de D. 1ri- 
copoda, avec ses éléments à section polygonale, se distingue 
aisément du liber secondaire, dont les cellules de parenchyme 
sont disposées radialement, formant une couche régulière dans 
laquelle on voit de nombreux îlots criblés dus au recloisonne- 
des cellules du méristème secondaire. À la limite de ces deux 
régions, primaire et secondaire, du liber sont disséminées des 
fibres à membrane épaisse, sclérifiée, ainsique des cellules cris- 
talligènes à macles sphériques, qui toutefois prédominent dans 
le liber secondaire. 

Le bois se compose encoredefibresetde vaisseaux ; mais ceux- 
ci sont particulièrement nombreux et larges, disposés en files 
radiales régulières. 

Les faisceaux criblés périmédullaires forment une série pres- 
que continue tout le long du bord interne de l'anneau ligneux. 

ANN. SC. NAT. BOT., 9e série. XIV, 19 


290 __ H. JACOB DE CORDEMOY 


Is sont seulement un peu plus développés au niveau du bois pri- 
maire des faisceaux Hhéro-ligneux. En outre, parmi les éléments 
de parenchyme associés à ces faisceaux de la zone périmédul- 
laire, les uns se sont différenciés en fibres lignifiées, tandis que: 
d'autres renferment chacun une macle cristalline sphérique. 

Contre le bord interne de la zone criblée périmédullaire, on 
voit, d'autre part, adossées de nombreuses cellules scléreuses, 
appartenant en propre à la moelle. Dans celle-c1, d’ailleurs 
parenchymateuse et large, sont disséminés de nombreux élé- 
ments scléreux semblables aux précédents, ainsi que des 
cellules cristalligènes à macles sphériques. 

Cette moelle renferme 1ei de 10 à 12 faisceaux. Ces faisceaux 
médullaires sont. les uns exclusivement criblés. ou du moins 
dénués de toutélément vasculaire différencié. et les autres net- 
tement cribro-vasculaires. Ces derniers n'offrent du reste cha- 
cun qu'un seul très pelit vaisseau central et restent, en majeure 
parte, criblés. Contre ces faisceaux, dépourvus de fibres pro- 
pres, sont adossées fréquemment des cellules seléreuses médul- 
laires. 

À ces caractères s'ajoute la présence, dans la tige de D). tri- 
copoda, d'un appareil sécréteur à tanin, lequel se retrouve du 
reste chez d’autres espèces du même genre. Un semblable appa- 
reil, tel que nous l’avons observé, c'est-à-dire constitué par un 
groupement défini d'éléments différenciés à sécrétion tannique, 
paraît avoir échappé aux anatomistes qui se sont occupés de la 
structure des Mélastomacées. 

M. Lignier, après avoir constaté que le tanin est très répan- 
du chez ces plantes et qu'on en trouve dans le parenchyme 
cortical, dans les poils, remarque, à propos du £asiandra mi- 
crantha, que « toutefois cette matière est plus spécialement Lo- 
calisée dans le Liber ». Mais il ne précise pas davantage ses ob- 
servations à cet égard et ne décrit aucun appareil sécréteur 
spécial. 

Donc, dans la tige de 2). {ricopoda, le tanin forme un abon- 
dant contenu dans les cellules de parenchyme : du Hber 
normal; de la zone criblée périmédullaire: et aussi du 
bois primaire des faisceaux libéro-ligneux. Ces cellules tan- 
nifères s anastomosent pour constituer, comme des sortes de 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 291 


lalicifères, deux réseaux : l’un situé en dehors et l’autre en de- 
dans de l'anneau ligneux. De plus, en traitant les coupes par 
une solution faible de perchlorure de fer, on voit que les élé- 
ments lhignifiés des nombreux rayons, unisériés pour la plupart, 
qui traversent le bois secondaire, sont également remplis de 
tanin. Comme les éléments de ces ravons secondaires ont leur 
membrane pourvue d'abondantes ponctuations permettant 
entre eux une facile communication, 1l s'ensuit que les deux 
réseaux de laticifères à Lanin sont, par leur intermédiaire, mis 
en relation à travers le bois secondaire. : 

En outre, les cellules de parenchyme de tout le tissu criblé 
qui compose les faisceaux exclusivement eriblés ou eribro-vas- 
culaires de la moelle sontaussi remplies de tanin. Or, comme on 
sait qu'aux nœuds ces faisceaux de la moelle s'inclinent en dehors 
pour aller s'accoler aux faisceaux criblés périmédullaires et pas- 
ser avec eux dans la feuille, 11 en résulle, on le voit, que les 
cordons tannifêres faisant partie des faisceaux médullaires 
communiquent, au niveau des nœuds, avec le réseau sécréteur 
périmédullaire. 

En résumé, l'appareil sécréteur à Lanin que nous venons de 
décrire se compose de trois parties distinctes, mais communmi- 
quant toutes entre elles : le réseau hbérien ou extraligneux 
et le réseau périmédullaire ou intraligneux, communiquant 
entre eux par l'intermédiaire des rayons secondaires ; enfin, en 
troisième lieu, les cordons tannifères faisant partie des fais- 
ceaux de la moelle, qui se mettent en relation, au niveau des 
nœuds, avec le réseau périmédullaire (1). | 


(1) Il est intéressant de faire remarquer que, dans ses deux premières parties, 
l'appareil sécréteur à tanin de la tige des Mélastomacées offre de grandes 
analogies avec celui que nous avons décrit chez les Myristicacées (H. Jacob de 
Cordemoy, Recherches sur l'appareil sécréteur à Kino des Myristicacées, An. 
Musée col. de Marseille, 1907, p. 147), avec cette différence toutefois que, chez 
ces dernières plantes, les deux réseaux tannifères, libérien et périmédullaire, 


communiquent à travers les rayons secondaires devenus tubuleux par suite 


de la résorption des parois tangentieiles. C'est cette disposition particulière 
que, antérieurement, M. Thouvenin, dans une courte Note sur la structure des 
Myristicacées (Bul. de la Soc. des sc. de Nancy, 2e série, €. VITE, 1886), avait 
par erreur, interprétée, en disant que « fréquemment on voit un tannifère de 
la moelle, vis-à-vis d’un rayon médullaire, se courber presque à angle droit 
et traverser ce rayon dans toute sa longeur pour venir s’aboucher avec l’un 
de ses congénères de l’écorce !... » 


292 H. JACOB DE CORDEMOY 


Un appareil sécréteur à tanin tout à fait semblable au pré- 
cédent s’observe dans la tige de Dichætanthera brenicauda, qui 
est aussi un arbuste de 2 à 4 mètres. Il nous suffira donc de le 
signaler. Nous insisterons seulement sur les autres caractères 
de structure caulinaire de cette espèce. 

Examinons d'abord des sections pratiquées dans le second 
entre-nœud d'un rameau de D. bremicauda. Elles sont plus ou 
moins irrégulièrement quadrangulaires. À la périphérie s’ob- 
servent, en nombre réduit toutefois, des aiguillons coniques et 
scléreux. L'écorce, d'épaisseur très faible par rapport à [à 
moelle, estcomplètement dépourvue deméristèles. Cette couche cor- 
ticale, composée de quatre à cinq assises de cellules, est presque 
entièrement collenchymateuse. 

La première assise corticale externe, sous-épidermique, ou 
exoderme, offre une particularité intéressante. La plupart des 
cellules de cette assise renferment chacune une macle sphéri- 
que d’oxalate de ealcium, et la membrane, tout en restant 
cellulosique, s'est fortement épaissie en dedans et sur les côtés, 
de manière à former une sorte de cupule ou d’alvéole qui en- 
chàässe étroitement la sphère cristalline. Cette cupule se montre 
nécessairement sous forme d'un arc épais, sur les coupes trans- 
versales. En d’autres termes, l’exoderme s'est différencié ici 
en une assise cristalligène que M. Van Tieghem a nommée un 
« cristarque », et dont il a indiqué le rôle physiologique chez 
certaines plantes, notamment les Ochnacées (1). Cependant il 
faut faire remarquer certaines différences : dans le 1. breri- 
cauda, Île cristarque s’est différencié dans lexoderme, et 
non dans l’assise sous-jacente à celui-ci, comme dans les 
Ochnacées : el, en second lieu, les épaississements de la 
membrane des cellules cristalligènes sont simplement cellu- 
losiques, et non lignifiés. Mais on observe, dans notre Mé- 
lastomée, des cellules corticales sclérifiées, qui, isolées ou 
par peuls groupes, s'appuient contre le bord interne du eris- 
larque. 

Tout le reste de l'écorce est privé de cristaux. L’endoderme 

(4) Ph. Van Tieghem. Le cristarque de la tige et la feuille des Ochnacées (Bul. 


du Museum d'Hist. Nat.,t. VILLE, 1902, p. 266); et Sur les Ochnacées (Ann. sc. 
nat. Bot., 8=“série} 1. XW1.1902, p.167). 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 293 


est bien caractérisé, avec de larges cellules rectangulaires, à 
plissements subérifiés latéraux. 

Le péricycle sous-jacent à dejà çà et là agrandi ses éléments, 
mais aucun cloisonnement n°v indique encore l'apparition de 
l’assise péridermique. 

Les faisceaux libéro-ligneux sont localisés aux angles. 
L'anneau libéro-ligneux secondaire est encore peu développé. 

Les faisceaux criblés périmédullaires n'existent qu'au niveau 
du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux angulaires; il ne 
s'en est pas encore formé dans les espaces interfasciculaires, en 
dedans du bord interne du bois secondaire. 

Dans la moelle, très large, formée de cellules polvgonales 
minces, à pelits méats triangulures, et dont beaucoup renfer- 
ment des macles cristallines sphériques, se trouvent disséminés 
de nombreux faisceaux, exclusivement criblés pour la plupart. 
(Juelques-uns pourtant sont cribro-vasculaires el présentent en 
leur centre un très pelit vaisseau spiralé. 

Voyons maintenant les moditficalions qui se produisent dans 
la structure des parties plus âgées de ces rameaux de 1). breri- 
cauda, dans les quatrième et cinquième entre-nœuds, par 
exemple. 

L’écorce, toujours très réduite par rapport à la moelle, reste 
entièrement privée de méristèles. Les gros aiguillons coniques 
sont assez fréquents à la périphérie. L'assise cristalligène 
exodermique subsiste en certains points. L’endoderme a ses 
membranes subérifiées et même parfois sclérifiées. 

Toute cette écorce, d’ailleurs, où sont disséminées des cellules 
scléreuses, isolées ou groupées, est en voie de dislocation et 
d'exfoliation par suite de la constitution d'un périderme, déjà 
épais, dans le péricvele. 

Ce périderme péricyclique se compose de huit assises de 
liège, disposées très régulièrement en séries radiales, alternes 
avec les cellules de lendoderme, et en assises concentriques. 
Ces assises subéreuses sont formées alternativement d'éléments 
aplatis et carrés ; ceux-ci sont souvent recloisonnés radiale- 
ment ou tangentiellement, mais leur membrane demeure 
partout mince. 

Dans le hiber, riche en cellules eristalligènes à macles sphé- 


294 : qe H. JACOB DE CORDEMOY 


riques, se sont différenciées en grand nombre de grosses fibres 
à paroi épaisse, striée concentriquement et finement canali- 
culée. | 2h : 

Les fibres du bois secondaire sont aussi très épaisses. 

Les faisceaux criblés périmédullaires forment maintenant 
une bande à peu près continue en dedans de l'anneau ligneux ; 
mais ils sont plus développés au niveau du bois primaire des 
faisceaux lhibéro-ligneux des angles, où ils forment autant de 
coins qui proéminent dans la moelle. Leurs cellules de paren- 
chyvme sont çà et là différenciées en fibres ou en éléments 
machfères. | 

Les gros cristaux sphériques sont du resté abondants dans 
toute la moelle. Celle-ci est parenchymateuse, mais un grand 
nombre de ses cellules se sont fortement sclérifiées, avec une 
paroi très épaisse, striée concentriquement et canaliculée. 

Les faisceaux médullaires, au nombre de sept ou huit, offrent 
exactement les mêmes caractères que dans la partie plus jeune 
du rameau ; ils sont pour la plupart criblés, quelques-uns 
cribro-vasculaires. 

Le Dichætanthera crassinodis, qui est un arbuste habitant 
généralement les bois rocailleux secs, possède dans sa tige, 
comme les deux espèces précédentes, un appareil sécréteur 
à tanm bien différencié. 

La tige de cette espèce offre, d’ailleurs, bien des analogies 
avec celle de D. brericauda. WU faut pourtant noter d'abord une 
différence importante : ilexiste, au moins dans les entre-nœuds 
supérieurs des rameaux de A. crassinodis, quatre petites 
méristèles corticales. La recherche de ce caractère est rendue 
très difficile par ce fait que le périderme périeyclique étant, 
dans cette espèce, très précoce, l'écorce est plus ou moins 
complètement exfoliée, même aux extrémités des rameaux. 
Néanmoins, des sections faites au niveau du premier entre- 
nœud d'un court rameau nous ont montré, en dehors d'un 
périderme péricyclique dont le liège comprenait déjà six assises 
d'éléments carrés et aplatis, souvent sclérifiés, une écorce 
primaire, épaisse seulement de cinq rangs de cellules, et renfer- 
mant quatre petites méristèles correspondant à autant de côtes 
légèrement saillantes. Ces méristèles corticales ont une structure 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 295 


concentrique, avec chacune un groupe de trois ou quatre 
vaisseaux au centre et hber périphérique. 

La tige de Dichætanthera bifida, pelit arbre des bois secs du 
massif du Manongarivo, ne diffère pas beaucoup, par sa struc- 
ture générale, des types précédents. Aussi n’insisterons-nous 
que sur ses seules particularités, dont quelques-unes n’appa- 
raissent que par l'étude comparée des rameaux à différents 
élats de développement, c'est-à-dire étudiés dans les entre- 
nœuds successifs. is 

Les sections de ces rameaux de D. hifida sont quadrangu- 
lires. L'écorce, dépourvue de collenchyme et de tout élément 
cristalligène, est toujours d'épaisseur très faible par rapport à 
la moelle très large. À la surface on observe de gros See 


. courts el on 


Cette écorce présente quatre angles obtus, au niveau de 
chacun desquels sont deux méristèles, de dimensions différentes. 
La grosse méristèle corticale, la plus profondément située, à 
une structure que nous connaissons déjà : son faisceau libéro- 
ligneux est reployé en anneau, enveloppant un cordon eriblé 
péridesmique central: et l’endoderme particulier qui l'entoure 
est le plus souvent assez net, avec des plissements subérifiés 
latéraux. Quant aux petites méristèles, externes, elles ont une 
structure variable suivant les angles où on les observe : tantôt 
elles sont constituées com- 
me les précédentes, mais 
avec tous leurs éléments 
réduits ; tantôt elles sont 
concentriques avec grou- 
pe vasculaire central et 
mince couronne libérien- 
ne périphérique. 

L'endoderme général, 


ue pe JC CU Fig, 3. — Coupe transversale de la tige de 
toujours bien cfér de Dichætanthera bifida. ce, écorce parenchyma- 
offre toutefoisune particu-  teuse: e, endoderme; p, périeycle, avec les 


S EME ; bremiers cloisonnements péridermiques; /, li- 
larité intéressante. Dans Le Ù À 


lesentre-nœudssupérieurs 
et jeunes de la tige, où l’assise péridermique ne s’est pas encore 
formée dans le péricycle, l’endoderme se compose de cellules 


296 H. JACOB DE CORDEMOY 


rectangulaires à plissements subérifiés latéraux ; mais dans les 
entre-nœuds situés plus bas, où se sont déjà produites deux ou 
trois assises de liège péricyclique, les cellules de l’endoderme 
prennent des épaississements en UÜ et sont alors remplies de 
tanin (fig. 3). Finalement, par suite de l'augmentation de 
l'épaisseur du liège, cel endoderme se dissocie el s’exfolie, de 
même que toute l'écorce et ses méristèles. 

L'anneau libéro-lhigneux n'offre rien de particulier, sauf des 
fibres isolées ou par petits groupes dans le liber. 

Les faisceaux criblés périmédullaires, pourvus aussi de fibres 
propres, forment une série à peu près continue en dedans de 
l'anneau ligneux. 

La moelle, large, parenchymateuse, avec descellulesscléreuses 
isolées ou par petits groupes, renferme de nombreux faisceaux, 
eriblés pour la plupart, où se sontencore différenciées des fibres 
propres. Quelques-uns de ces faisceaux médullaires pourtant sont 
eribro-vasculaires, et possèdent chacun un petit vaisseau central. 

Toute cette tige est dépourvue de cellules cristalligènes. Elle 
ne présente pas non 
plus, comme les pré- 
cédentes, d'appareil 
sécréteur à tanin lo- 
calisé et spécialisé. 
La sécrétion tanni- 
que v est diffuse. 

Ilen est de même 
pour l'espèce suivan- 
te : le Dichætanthera 
anonGArIvENSIS, AT- 
bre de3 à 6 mètres de 
haut, qui croit aussi 
dans les bois secs du 


Fig. 4. — Aiguillon conique et scléreux de la tige de massif du Manonga- 
Dichætanthera  manongarivensis. e, épiderme; x tal 
a, éléments scléreux; €, écorce parenchymateuse. rivO, à une altitude 

de 800 mètres. 


Les sections de rameaux sont quadrangulaires (fig. 5). Elles 
offrent à la périphérie, surtout au voisinage des nœuds, de gros 
aiguillons coniques, scléreux (fig. #). 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 297 


L'écorce est de faible épaisseur (fig. 5, c); elle est collenchyma- 
Leuse dans sa moitié externe et renferme, disséminés, des cellules 
scléreuses et des éléments cristalligènes à macles sphériques. 
Elle présente, en outre, au niveau de chacun de ses quatres angles 
arrondis, une seule grosse méristèle arrondie (fig. 5, mc). Celle-ci 


e+° 


R Ce a Po Are @ù re ru el 


Fig. 5. — Coupe transversale schématique d’un entre-nœud de la tige de Dichælan- 
thera manongarivensis. a, aiguillon; €, écorce; e, endoderme; p, péricyele, 
avec les premiers cloisonnements péridermiques ; mc, méristèle corticale; /, liber; 
b, bois; fe, faisceau de la zone criblée périmédullaire ; m, moelle, avee nombreux 
faisceaux médullaires. 


a la structure déjà décrite; son faisceau libéro-ligneux est reployé 
en un anneau complet, circonscrivant un cordon criblé péri- 
desmique dont une ou deux cellules de parenchyme contiennent 
chacune une macle cristalline. L’endoderme particulier limitant 
la méristèle est parfois bien caractérisé, avec ses éléments 
épaissis en Ü, comme l'endoderme général lui-même. 

Cette assise endodermique générale est, en effet, dans cette 
espèce, très caractéristique. Ses cellules prennent, d’une manière 
très précoce, avant même la formation du périderme péricv- 
clique, des épaississements en U ou en croissants, fortement 
sclérifiés et ponetués ; elles sont, de plus, remplies de tanin. 

Le liège péricyclique se compose, comme dans les autres 
Dichætanthera, d'assises alternativement constituées par des 
éléments aplatis et carrés. 


298 ‘H. JACOB DE CORDEMOY 


Le liber de l'anneau hibéro-lhigneux offre, ici encore, des fibres 
et des cellules cristalligènes. 

Les faisceaux cri- 
blés périmédullaires 
sont en série presque 
continue, en dedans 
de l'anneau ligneux ; 
ils sont accompagnés 
de fibres et d’élé- 
ments cristalligènes. 

Dans la moelle, 
abondante, s’obser- 
vent des cellules sclé- 
reuses et des cellules 
à grosses macles sphé- 


Fig. 6. — Faisceau criblé médullaire de la tige riques. 
de Dichætanthera manongarivensis. m, moelle; Les faisceaux mé- 
{, groupe criblé du faisceau; €, élément eristalli- . : 
gène; $, élément scléreux. dullaires (Hg. 6) sont 


nombreux. Ils parais- 
sent tous exclusivement criblés et renferment, dans leur paren- 
chyme, des fibres propres el des macles sphériques. 


FEUILLE. 


Nous examinerons successivement le pétiole et le limbe de 
Dichætanthera manongarivensis, pris comme type auquel les 
autres espèces seront brièvement comparées. 

Pétiole. — En section transversale (fig. 7}, le pétiole de 
D). manongarivensis est presque arrondi, avec seulement une 
petite goutlière supérieure; on voil, à sa surface, de gros 
aigwllons scléreux, verruqueux ou coniques. Dans le tissu con- 
jonctüif fondamental, différencié extérieurement en collen- 
chyme sous-épidermique, sont disséminés de nombreuses 
cellules maclifères et des éléments seléreux annulaires. On Y 
observe sept méristèles disposées en un arc ouvert en haut. La 
grosse méristèle médiane et inférieure de l'arc ({rin) montre : un 
faisceau hibéro-ligneux reployé en fer à cheval; une zone géné- 
‘atrice intercalée entre le bois et le liber de celui-ci ; des fais- 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 299 


ceaux criblés péridesmiques supraligneux ; et enfin, dans son 
conjonctif péridesmique, des faisceaux criblés (fm), qui sont 
les prolongements de ceux de la moelle de la tige. Éléments 
scléreux et cristaux sont disséminés dans ces diverses régions, 
de la même manière que dans la tige. 

Les méristèles (14) placées immédiatement sur les côtés de 


Fig. 7. — Structure schématique de la feuille de Dichætanthera manongarivensis. 
— |. Coupe transversale du pétiole : a, aiguillon verruqueux : e, épiderme; d, pa- 
renchyme fondamental; mn, ma, mc, méristèles pétiolaires ; fm, faisceaux péri- 
desmiques d'origine médullaire. — If. Coupe transversale de la nervure médiane 
et du limbe; es et ei, épidermes supérieur et inférieur ; q, exoderme; p, tissu 
palissadique ; {, tissu lacuneux ; 0, nervure. 


la méristèle médiane ont une structure différente. Elles sont ar- 
rondies ; leur faisceau libéro-ligneux est reployé en un anneau 
complet, dont le centre est occupé par un cordon eriblé péri- 
desmique pourvu de quelques fibres et cristaux. La zone géné- 
ratrice Hibéro-ligneuse est encore iei assez active. 

Les deux méristèles suivantes sont plus petites, mais ont 
sensiblement la même structure générale. Cependant, l'anneau 
hbéro-ligneux est plus irrégulier, le cordon criblé péridesmi- 
que central plus réduit, et la zone génératrice moins active. 

Enfin les deux méristèles extrêmes (#c) de l'arc sont con- 
centriques avec bois central, exclusivement vasculaire et 
liber périphérique. 

Les méristèles sont limitées chacune par un endoderme dis- 
üunct, complet ou partiel. 

Le pétiole de D. hifida offre les mêmes caractères, avec celte 
seule différence que l’arc de méristèles comprend onze éléments 
au lieu de sept. 

Dans le pétiole de D. tricopoda, nous constatons déjà une 


300 H. JACOB DE CORDEMOY 


simplification. Les aiguillons coniques de la surface sont très 
fins, comme ceux de la tige. Il existe encore sept méristèles 
disposées en un arc ouvert en haut. Mais les méristèles, sauf 
les deux extrêmes qui sont concentriques, ont leur faisceau 
libéro-ligneux reployé en arc, Jamais en anneau. De plus, outre 
ses faisceaux criblés péridesmiques supraligneux, la grosse 
méristèle médiane ne renferme qu'un seul faisceau criblé d'ori- 
gine médullaire. 

Enfin une simplification plus grande encore apparaît dans le 
pétiole de D. brevicauda (fig. 8). Celui-ci est creusé supérieu- 


Fig. 8. — Coupe transversale schématique du pétiole de Dichætanthera brevicauda. 
a, aiguillon scléreux; €, collenchyme : 4, conjonctif fondamental: #1, méristèles. 


rement en une large gouttère et pourvu de gros aiguillons 
coniques ou verruqueux, scléreux (4). Dans le conjonctif fon- 
damental on n’observe plus que cinq méristèles le long d’un arc 
largement ouvert en haut. Dans chacune de ces méristèles, le 
faisceau libéroligneux est lui-même simplement reployé en 
arc. La grosse méristèle médiane comprend, comme les autres 
d'ailleurs, des faisceaux criblés péridesmiques supraligneux. 
Mais il n'v existe pas de faisceau péridesmique d’origine 
médullaire. Dans cette espèce, les faisceaux criblés mé- 
dullaires de la tige ne se prolongent donc pas dans le 
pétiole. 

Tels sont les principaux tvpes de structure réalisés dans le 
pétiole des Dichælanthera. 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 


301 


Limbe. — I faut ÿ distinguer la nervure principale médiane 


et le limbe proprement dit. 


La méristèle que renferme cette nervure a généralement les 
mêmes caractères que la méristèle médiane du pétiole. Comme 
dans celle-ci, le faisceau libéro-ligneux est reployé en are, et ül 
existe des faisceaux criblés péridesmiques supraligneux. Mais 
la présence des faisceaux criblés péridesmiques d’origine 
médullaire n’est pas constante. Ces faisceaux, prolongements 
de ceux de la moelle de la tige, s’observent dans la nervure de 


D. manongarivensis (fig. 7), 
de D. hfida, de D. tricopoda, 
de D. Rutenbergiana, avec les 
mêmes caractères que dans 
le pétiole, mais ils font défaut 
dans la nervure de D. brevi- 
cauda. 

Le hmbe est bifacial. Sous 
l’'épiderme supérieur, dans 
toutes les espèces examinées, 
il existe un exoderme (hypo- 
derme), constitué, suivant les 
cas, par une où deux assises 
de cellules à membrane min- 
ce. Les petites nervures sont 
généralement reliées à l’exo- 
derme, d’une part, et à l’é- 
piderme inférieur, d'autre 
part, par deux lames fibreu- 
ses, plus où moins épaisses. 
Cette disposition est surtout 
très marquée chez D. manon- 
garivensis (fig.7) et D. bifida. 
De plus, dans ces deux espè- 
ces, les aiguillons sont rares 
aux deux faces du limbe:; et, 
dans le mésophylle, le tissu 


Fig. 9. — Coupe transversale du limbe de 


la feuille de Dichætanthera Rutenber- 
giana. as, aiguillon de la face supérieure, 
e, exoderme (hypoderme) ; n, nervure; 
p, couche palissadique:; /, tissu lacuneux: 
a, aiguillon de la face inférieure. 


lacuneux est bien différencié, avec de larges lacunes. 
Le limbe de D. Rutenbergiana (fig. 9) à une structure un 


302 H. JACOB DE CORDEMOY ue 


peu différente. Il est mince ; le tissu lacuneux n'offre que de 
simples méats intercellulaires, sans lacunes proprement dites. 
Il existe des aiguillons sur les deux faces du limbe, Ceux de la 
face supérieure (as) sont gros, coniques ; leur massif cellu- 
laire central, parenchymateux, provient de la prolifération 
localisée de cellules de Fexoderme. Les aiguillons de la face in- 
férieure (4), beaucoup plus nombreux, sont coniques aussi, mais 
longs et grèles ; leur massif cellulaire central, parfois faible- 
ment sclérifié, prend son origine dans le mésophylle inférieur. 
Ils sont, en outre, hérissés de pointes épidermiques, qui man- 
quent à la surface des gros aiguillons supérieurs. 

On trouve, d'une manière générale, les mêmes caractères 
dans le limbe de D. {ricopoda. Les dissemblances les plus 
importantes avec le D. Rutenbergiana sont les suivantes : le 
mésophvyile inférieur est différencié en Ussu lacuneux : les 
aiguilons sont à la fois moins nombreux et plus courts, aussi 
bien ceux de la face supérieure que ceux de la face inférieure : 
les premiers étant parfois hérissés de pointes coniques à leur 
base, et les seconds se montrant surtout nombreux sur les ner- 
vures. 

Enfin, le limbe du D. Urericauda, où l'exoderme supérieur 
est particulièrement développé, offre encore le même type de 
structure. Mais, outre les aiguillons nombreux sur les deux 
faces de la feuille, les épidermes portent eà et là des poils 
courts, pluricellulaires et capités, qui paraissent glanduleux, 


Genre Dionycha. 


Trois espèces étudiées : Dionycha triangularis Jam. et Perr. ; 
D. alba Jum. et Perr. , et D. gracilis Cogniaux. 

Ce sont encore des petits arbres ou des arbustes, dont nous 
allons décrire la tige et la feuille. 


TIGE. 


Le Dionycha triançqularis est un petit arbre de 2 à 6 mètres 
dont les rameaux, au niveau des entre-nœuds supérieurs les 
plus Jeunes, sont vaguement tétragones, tandis que, à leur base, 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 303 


dans les entre-nœuds plus âgés, cette forme se régularise et 
devient exactement tétragone. 

[l'est intéressant d'observer la structure de la bee à ces dif- 
férents niveaux et de noter les modifications qui peuvent s'v 
produire. La figure 10 les montre clairement. 

La section du rameau, pratiquée dans un entre-nœud supé- 
rieur, le second ou le troisième, est vaguement quadrangulaire, 
irrégulièrement losangique (fig. 10, 1). L'épiderme est glabre ; 


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Fig. 10. — Structure schématique comparative de la tige Dionycha trianqularis. — 


I. Rameau jeune (?e entre-nœud); Il. Rameau plus âgé (5° entre-nœud) ; «, aiguil- 
lon; e, écorce; e, endoderme; {, Liber: D, bois primaire; bs, bois secondaire: 
: m, moelle et faisceaux médullaires ;: p, périderme péricyclique. 


il existe seulement çà et là quelques aiguillons coniques, 
scléreux (a). L’écorce, à exoderme un peu collenchymateux, est 
épaisse de 5 à 6 rangs de cellules. On y voit quatre méristèles 
très petites (mc), situées assez irrégulièrement le long des côtés 
du losange. Ces méristèles sont concentriques avec groupe 
vasculaire central et hiber périphérique. Le parenchyme cortu- 
cal qui les entoure est lacuneux. 

L'endoderme {e) est caractérisé par des cellules rectarnigu- 
lares à plissements subérifiés latéraux. 

L’anneau libéro-ligneux, elliptique, n'offre rien de particu- 
lier. Les faisceaux criblés périmédullaires n'existent iei qu'au 
niveau du bois primaire des faisceaux lhibéro-ligneux, situés aux 
extrémités des deux axes de Pellipse. 

Dans la moelle parenchymateuse, privée de cellules cristalli- 
gènes comme les autres régions, sont disséminés 10 à 12 fais- 
ceaux cribro-vasculaires (mn) constitués chacun par un à trois 
pelits vaisseaux centraux et une couronne de lissu criblé. 


304 H. JACOB DE CORDEMOY 


Le rameau âgé, étudié, par exemple, au niveau du cinquième 
entre-nœud, a une section quadrangulaire, avec les angles ar- 
rondis et les faces déprimées (fig. 10, ID). Les modifications 
observées dansles caractères du rameau sont les suivantes. Dans 
l'écorce, toujours peu épaisse par rapport à la moelle, se trou- 
vent des méristèles plus nombreuses que dans les entre-nœuds 
supérieurs. Ces méristèles {#2c) sont localisées aux angles 
arrondis du rameau. Dans chacun de ces angles on voit donc 
de trois à cinq méristèles corticales placées côte à côte en 
ligne tangentielle, dans la région moyenne ou interne de 
l'écorce. Elles sont toutes concentriques, avec groupe vasculaire 
central et Liber périphérique. Autour d'elles le parenchyme 
cortical est lacuneux. 

L'endoderme ({e) est caractérisé comme précédemment par 
ses cellules rectangulaires à plissements subérifiés latéraux. 
Toutefois il est déjà en partie dissocié par le périderme péricy- 
clique (p) sous-jacent, dont le liége se compose, comme dans 
les Dichætanthera, de rangées régulières d'éléments alternati- 
vement aplatis et carrés. Mais dans le 1). trianqularis, de 
même que dans les autres espèces du genre, les éléments 
subéreux aplatis ont une tendance à épaissir et à sclérifier 
leur membrane. 

L'’anneau libéro-ligneux est quadrangulaire, ses faces étant 
parallèles à celles du rameau lui-même. Il est notablement plus 
épais aux angles, où sont situés les faisceaux hibéro-ligneux. Le 
liber contient des fibres nombreuses, isolées ou par petits 
oroupes. Le bois secondaire ne forme de vaisseaux nombreux 
et larges qu'au niveau des faisceaux angulaires {bs) ; dans les 
espaces interfasciculaires, 1l est presque exclusivement fibreux. 

Les faisceaux criblés périmédullaires, accompagnés de quel- 
ques fibres, forment une série à peu près continue le long du 
bord interne de l’anneau ligneux ; mais ils sont plus développés 
au niveau du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux angu- 
laires. 

Danslamoelle, large, parenchymateuse, dépourvuedecristaux, 
comme les autres régions du rameau, sont disséminés un grand 
nombre de faisceaux cribro-vasculaires (72). Mais ceux-c1 n’ont 
pas tous la même structure. Les uns n'offrent en leur centre 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 309 


qu'un à trois petits vaisseaux, comme dans les entre-nœuds 
supérieurs ; d’autres présentent un groupe vasculaire central 
plus important, composé de sept à huit vaisseaux de diamètre 
variable, el une couronne criblée mince, contenant quelques 
fibres. Dans ce dernier cas, les faisceaux cribro-vasculaires 
médullaires ont l'aspect des méristèles corticales. 

La tige d'une seconde espèce, le Dionycha alba, va nous offrir 
encore des variations remarquables de structure dans les entre- 
nœuds successifs. Le second entre-nœud à une section qua- 
drangulaire. Il n’y à ni poils, ni aiguillons. L’écorce est très 
réduite par rapport à la moelle, trèslarge. L’exoderme est diffé- 
rencié en cristarque, c’est-à-dire en assise cristalligène dont 


les cellules, épaissies en cupules où en alvéoles, renferment 


chacune une macle cristalline sphérique ; mais ces épaississe- 
ments son et paraissent rester cellulosiques. 

D'ailleurs toute la moitié externe de l'écorce est collenchy- 
mateuse. 

Dans chacun des quatre angles de l'écorce se trouvent une et 
parfois deux méristèles d’inégale grosseur. Ces méristèles cor- 
licales sont concentriques, avec bois vasculaire central, comme 
dans l'espèce précédente. Elles sont toujours entourées de 
larges lacunes intercellulaires creusées dans le parenchyme de 
la région moyenne de l'écorce. 

L'endoderme est caractérisé aussi comme précédemment. 

Le périeycle, très distinct, n'est pas encore cloisonné pour 
former le périderme. 

L'anneau libéro-ligneux et les faisceaux criblés périmédul- 
laires offrent les mêmes caractères indiqués pour l'autre espèce, 
sauf qu'ici le liber contient, non seulement des fibres, mais 
aussi des cellules cristalligènes à macles sphériques. 

La moelle parenchymateuse, également pourvue de nombreux 
éléments maclifères, renferme un grand nombre de faisceaux 
cribro-vasculaires, avec chacun un ou deux petits vaisseaux au 
centre et des fibres ou cellules cristalligènes dans la couronne 
criblée. 

La tige plus âgée, étudiée, par exemple, dans le quatrième 
ou cinquième entre-nœud, a une section carrée, aux angles ar- 
rondis. Dans l'écorce, toujours de faible épaisseur, le cristarque 

ANN. SC. NAT. BOT., 9 série. | XIV, 20 


306 H. JACOB DE CORDEMOY 


exodermique subsiste avec les mêmes caractères que plus 
haut; mais 1l n'existe ici ni méristèles corticales, n1 lacu- 
nes. 

L'endoderme, caractérisé comme nous l'avons dit, commence 
à se dissocier sous la poussée du périderme périevclique, dont 
le liège comprend déjà quatres assises, alternativement formées. 
d'éléments carrés et aplatis, ceux-ci avant une tendance à 
épaissir et sclérifier leur membrane. 

Dans le liber, fibres et cellules cristaligènes se sont multi- 
phées. 

Mais un fait très remarquable, c'est que les faisceeux criblés 
périmédullaires, contrairement à ce qui a heu chez les Dicheæ- 
tanthera, restent localisés et en petit nombre au niveau du bois 
primaire des faisceaux libéro-ligneux : il ne s’en forme guère 
dans les intervalles. 

La moelle et les faisceaux cribro-vaseulaires ont les carac- 
tères déjà mentionnés. 

Aïinsi donc, le fait le plus saillant dans la une de la 
tige des deux Dionycha que nous venons d'étudier consiste 
dans les variations numériques qu'offrent les méristèles cor- 
ticales dans les entre-nœuds successifs. Ces variations se mani- 
festenten sens inverse dans l’une et l'autre espèce. Dans le 2. 
triangularis, ces méristèles existent partout, mais leur nombre. 
réduit dans les entre-nœuds supérieurs, augmente dansles entre- 
nœuds de Ia base des rameaux. Dansle 2). alba, on n’en observe, 
au contraire, que dans les entre-nœuds supérieurs : elles dispa- 
raissent dans les entre-nœuds plus âgés. 

De la tige de À). alba doit être rapprochée celle de D. gracilis. 
L'existence de méristèles corticales est encore, dans cette der- 
nière, inconstante dans les entre-nœuds successifs. 

Les sections des rameaux de D. gracilis sont quadrangulaires. 
L'épiderme porte quelques rares poils pluricellulaires capités. 
Les aiguiilons mes L'exoderme est cristalligène et forme 
un éristarque. Dans l'écorce de certains rameaux nous avons 
trouvé quatre méristèles, à structure concentrique, avec bois 
central, et correspondant à quatre angles peu saillants de la 
tige. Dans d’autres entre-nœuds, les méristèles corticales font 
défaut. ; 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 9307 


Les autres caractères caulinaires ne diffèrent pas sensible- 
ment de ceux de l’espèce précédente. 


FEUILLE. 


Nous étudierons successivement le pétiole et le limbe. 
Pétiole. — En section transversale, Le pétiole de Dionycha 
triangularis (Hig. 11) est épais el creusé d’une large gouttière 
supérieure. Sur son pourtour s’observent quelques aiguillons 


Fig. 11. — Coupe transversale schématique du pétiole de Dionycha triangularis. à, ai- 
guillon; ce, collenchyme; d, conjonctif fondamental ; mn, méristèle médiane de 
l'arc supérieur, avec, en son centre, des faisceaux péridesmiques d'origine mé- 
dullaire ; ml, méristèles latérales ; me, méristèle concentrique de l'arc inférieur. 


courts et coniques (a&). Dans le parenchyme fondamental, diffé- 
rencié extérieurement en une couche de collenchyme sous- 
épidermique (c) et parsemé de nombreuses cellules maclifères, 
se trouvent deux ares superposés de méristèles. 

L'arc supérieur, normal, se compose de cinq à neuf méris- 
tèles, desquelles se détachent parfois des branches plus petites, 
irrégulièrement situées. Dans chacune des méristèles, le faisceau 
libéro-ligneux est lui-même simplement recourbé en arc ou 
en fer à cheval avec faisceaux criblés péridesmiques suprali- 
sneux. De plus, la grosse méristèle médiane (m2) renferme 


308 : H. JACOB DE CORDEMOY 


constamment, dans son conjonctif péridesmique d’origine mé- 
dullaire, un ou deux faisceaux cribro-vasculaires, qui sont les 
prolongements de ceux de la moelle de la tige. 

Les méristèles latérales (#17) sont entourées d’un parenchyme 
lacuneux. 

L’arc inférieur est constitué par des méristèles (mc) à 
structure concentrique, au nombre de deux à six, de dimen- 
sions différentes et disposées symétriquement par rapport au 
plan médian de symétrie du pétiole. Elles sont les prolonge- 
ments, dans le pétiole, des méristèles corticales de la tige. 

Cet arc inférieur de méristèles n'existe pas dans le pétiole de 
Dionycha alba et de D. gracilis. I n°v a donc, dans ces deux 
espèces, qu'un seul arc de méristèles correspondant à l'arc supé- 
rieur du pétiole de D. triangularis et ayant la même structure. 

En ce qui concerne le limbe, il faut examiner successive- 
ment la nervure médiane principale et le limbe proprement dit. 

Dans la nervure principale médiane de D. triangularis on 
n'observe plus aucune de ces méristèles corticales formant l’are 
inférieur du pétiole ; elles ne se prolongent donc pas au delà 
de celui-ci. Cette nervure offre une seule large méristèle dont le 
faisceau libéro-ligneux est recourbé en fer à cheval et renferme 
dans son conjonctif médullaire péridesmique deux ou trois 
faisceaux provenant de la moelle ; en d’autres termes, cette 
méristèle est organisée comme la méristèle médiane (mn) de 
l'are pétiolaire, dont elle est le prolongement dans la nervure 
principale. 

Le lhimbe est bifacial. II n°v a pas d’exoderme. Au niveau des 
nervures secondaires, reliées aux deux épidermes par des lames 
fibreuses, sont insérés, à la face inférieure, quelque aiguil- 
Jlons coniques, scléreux, qui se rencontrent du reste plus nom- 
breux sur les nervures principales. Les très petites nervures 
sont comprises dans le mésophylle, sans relation avec les épi- 
dermes, et entourées chacune d’une assise endodermique par- 
üiculière. Dans le mésophylle sont disséminées de nombreuses 
cellules arrondies à macles sphériques. 

Ces macles cristallines sont également répandues dans les 
cellules du mésophylle du limbe de D. gracilis ; mais elles sont 
exodermiques dans la nervure médiane principale, absolument 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DÙÜ NORD-OUEST DE MADAGASCAR 309 


comme dans le pétiole et la Uige. Sur les nervures saillantes à 
la face inférieure du limbe de cette espèce sont implantés de 
nombreux aiguillons, les uns coniques et hérissés à leur base, 
les autres cylindriques et hérissés de pointes à leur extrémité 
bre. 

La structure générale du limbe de D. alba est, à peu de 
chose près, la même que dans les deux autres espèces. Les 
seules differences notables sont les suivantes : toutes les nervu- 
res sont comprises dans le mésophyille, sans relation avec les 
épidermes. Les aiguillons sontrares au niveau de ces nervures. 
Le tissu palissadique contient de grosses cellules arrondies, 
contenant chacune une volumineuse macle eristalline sphérique. 


Genre Amphorocalyx. 


Une seule espèce étudiée : Amphorocalyx albus Jum. etPerr., 
arbrisseau de un mètre à un mètre et demi, poussant dans des 
r'AVIDS. 

IL y à, au point de vue anatomique, de remarquables analo- 
oies entre cet Amphorocalyx el certains de nos Dionycha. 


TiGE. 

On y constate également des variations de structure dans les 
entre-nœufs successifs. 

Les sections faites dans le second entre-nœud sont quadran- 
gulaires (fig. 12). L’écorce (c), assez épaisse, est renflée aux 
niveaux des quatres angles arrondis. Ses deux ou trois assises 
externes sont collenchymateuses (n) ; lexoderme est différencié 
en un eristarque à épaississements cellulosiques. 

Dans la région moyenne, lacuneuse, de l'écorce sont échelon- 
nées 26 méristèles, disposées sur un seul rang. La plupartde ces. 
méristèles, celles à plus large diamètre (#2), sont localisées au 
niveau des angles, au milieu d’un parenchyme à larges lacunes ; 
les autres occupent deux des faces opposées du rameau. Ces 
méristèles ont une structure variable: les plus petites sont 
concentriques, à groupe vasculaire central; les plus grosses, 
celles des angles, offrent, comme celles des Dichætanthera, cha- 
cune un faisteau libéro-ligneux reployé en anneau, .moins 


310 H. JACOB DE CORDEMOY 


régulier toutefois, avec un cordon criblé péridesmique, au 
céntre. 

L’endoderme {e) est caractérisé par des cellules rectangulaires 
à plissements subérifiés latéraux. 

L’anneau libéro-ligneux est elliptique; il est plus épais en 


CALE ENS 


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Fig. 12. — Coupe transversale schématique d’un entre-nœud supérieur de la tige de 
Amphorocalyx albus. n, collenchyme sous-épidermique ; c, écorce: mc, méristèle 
corticale: e, endoderme:; /, liber : 6, bois; fp, faisceaux criblés périmédullaires : 

: mn, moelle, avec faisceaux médullaires. 


face des quatres angles, où sont situés les faisceaux libéro- 
hgneux et où seulement le bois secondaire différencie des 
vaisseaux en files radiales, ses portions interfasciculaires étant 
presque exclusivement fibreuses. 

Les faisceaux criblés périmédullaires forment une bande à 
peu près conlinue en dedans du bord interne de la couche 
ligneuse. | 

Dans la région centrale de la moelle parenchymateuse (”2) 
sont répartis six faisceaux cribro-vasculaires, ne comprenant 
chacun qu'un ou deux petits vaisseaux au centre. 

Les sections pratiquées plus bas, dans le cinquième entre- 
nœud, sont vaguement quadrangulaires. L’écorce, de faible 
épaisseur, composée seulement de quatre à cinq assises cellu- 
laires, dontles plus externes sont collenchymateuses, ne ren- 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 31 


ferme aucune méristèle. Le cristarqueexodermique subsiste. Cà 
et là s’observent quelques lenticelles. 

L’endoderme a les mêmes caractères que dans lentre- oud 
précédent. Mais il est en partie dissocié par le périderme péri- 
cyclique, dont le liège compte six assises d'éléments alternative- 
ment carrés et aplatis, ces derniers ayant une tendance à arrondir 
leur contour, en sclérifiant leur membrane. 

L’anneau libéro-ligneux est elliptique. Le liber contient de 
nombreuses cellules maclifères, et, dans sa partie moyenne, 
des fibres isolées. Le bois secondaire, à fibres retativement peu 
sclérifiées, ne différencie guère de vaisseaux qu'au niveau des 
faisceaux hbéro-ligneux. 

Les faisceaux criblés périmédullaires forment une bande à 
peu près continue, plus large cependant en face du bois primaire 
des faisceaux libéro-ligneux. Ils sont accompagnés de fibres 
propres et de cellules à macles eristallines. 

Dans la moelle relativement large, pourvue de nombreuses 
cellules cristallines à macles sphériques, sont disséminés douze 
à treize faisceaux cribro-vasculaires, composés chacun d’un à 
trois petits vaisseaux centraux entourés d’une couronne criblée 
dont les éléments de parenchyme sont souvent épaissis en 
fibres. 


FEUILLE. 


Pétiole. — Le pétiole offre un collenchyme sous-épidermique 
composé de trois à quatres assises, dont l’externe ou exoderme 
ne renferme que d'assez rares eristaux sphériques. L’are de 
méristèles est presque fermé. Ces méristèles ont toutes leur 
faisceau libéro-ligneux simplement recourbé ; elles ne contien- 
nent que des faisceaux criblés péridesmiques supraligneux, 
qui s'appauvrissent progressivement depuis la grosse méristèle 
médiane, dépourvue d’ailleurs de tout faisceau d’origine mé- 
dullaire, jusqu'aux petites méristèles extrêmes, qui ne présen- 
tent chacune qu'un faisceau collatéral. Les faisceaux eribro- 
vasculaires de la moelle de la tige ne se prolongent donc pas 
dans le péliole. 

Le long des bords du péliole le conjonctif fondamental est 
lacuneux. 


342 H. JACOB DE CORDEMOY 


Limbe. — Dans la nervure principale médiane on trouve 
une grosse méristèle organisée comme la méristèle médiane de 
l'arc pétiolaire. 

Lelimbe est bifacial, dépourvu d’aiguillons. Il n°ya pas d’exo- 
derme. Les nervures sont plongées dans le mésophylle, sans 
relation avec les épidermes. Dans le tissu palissadique se ren- 
contrent fréquemment de larges cellules arrondies, remplies 
chacune par une grosse macle cristalline sphérique. 

On voit, d'après ces descriptions, les analogies existant entre 
l'Amphorocalyx albus etle Dionycha alba. Dans là tige de ces 
deux espèces, en effet, on observe, dans les entre-nœuds supé- 
rieurs, des méristèles corticales qui manquent dans les entre- 
nœuds de la base. En second lieu, dans le limbe de la feuille, 
le tissu palissadique est également pourvu de grandes cellules 
maclifères. 


Genre Antherotoma. 


Une espèce étudiée: Antherotoma Naudini Hook. f. 

Cette petite plante annuelle pousse, dans le Haut-Bemarivo, 
où elle à été recueillie, sur les rocailles et dans les sables. | 

La tige de Antherotoma Naudini Hook. f. (Osbeckhia Anthe- 
rotoma Naud.) a été étudiée par M. Van Tieghem (1). D'autre 
part, les caractères anatomiques les plus essentiels de la feuille 
ont été décrits par M. de Palézieux (2). 

Nous nous bornerons, par conséquent, à rappeler briève- 
ment, d’après nos propres observations, la structure de la tige 
de cette espèce. Celle-ci, sur la section transversale (fig. 13), 
montre une écorce épaisse seulement de trois à quatre rangs de 
cellules et prolongée en quatres ailes courtes, dont le bord libre 
est un peu scléreux, comme le montre la figure. Sous lépi- 
derme (e) pourvu de stries cuticulaires longitudinales, lexo- 
derme faiblement coilenchymateux, offre quelques rares cristaux 
sphériques, avec épaississement interne cellulosique de chacun 
des éléments cristalligènes. 

Dans la partie moyenne ou externe de la couche corticale (c) 


(1) An. Sc. nat-SérIe, t.1XTT-4891; p.71: 
(2) Loc. cit., p. 33. 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 313 


se trouvent quatre petites méristèles (m) situées à la base des 
quatre ailes. Ces méristèles corticales, très réduites, compren- 
nent chacune un 
sroupe de deux ou 
trois vaisseaux très 
étroits, entouré de 
quelques éléments 
criblés. 

L’endoderme (d) 
est bien caraclé- 
risé, avec ses cel- 
lules étirées tan- 
sentiellement, à 
plissements subé- 
rifiés latéraux. 

L’'anneau hbéro- 
ligneux est arron- 
di. Le bois secon- 
daire est six à sept 
fois plus épais que | du 

: a Fig. 13. — Coupe transversale de la tige d’Antherotoma 
le liber, qui forme Naudini, au niveau de l’une des ailes. e, épiderme; 
une mince cou- ce, écorce; $, éléments scléreux du bord libre de l'aile ; 


1 } m, méristèle corticale; d, endoderme; p, péricyele ; 
ronne | périphéri-  & liber. | 


que. 

Les faisceaux criblés périmédullaires constituent quatre 
groupes distincts, qui correspondent aux quatre faisceaux libéro- 
ligneux disposés en alternance avec les ailes. 

La moelle parenchymateuse étant constamment détruite en 
grande partie, nous n'avons pu compter exactement les fais- 
ceaux médullaires, dont deux ou trois pourtant subsistaient 
encore parfois el nous ont paru exclusivement criblés. 


Genre Tristemma. 


Une espèce étudiée : Tristemma virusanum Comm. 

C'est une plante de un mètre de haut, qui, dans le Boina et 
l’'Ambongo, où elle a été recueillie, habite les endroits humides, 
marécageux, et surtout en Lerrain siliceux. 


314 H. JACOB DE CORDEMOY 


TIGE. 


Qnadrangulaire sur les sections transversales, cette 
üge (fig. 14) est prolongée aux angles en quatre ailes longues, 
s’amincissant généralement de leur base vers leur bord libre. 
Ces ailes, prolongements de l'écorce revêtus de l’épiderme. 
sont remplies d’un paren- 
chyme à cellules arron- 
dies. parfois lacuneux. 
ES Elles renferment chacune 
SE. trois méristèles corlicales 
OMS. | arrondies, de dimensions 
Ê x différentes : la plus grosse 
est située à la base et la 
plus petite vers l’extré- 
mité de l'aile. Celle-ci 
présente d'ordinaire deux 
renflements (7) au niveau 
des deux méristèles mo- 
yenne et externe de Ja 
rangée radiale. 

Si l’on considère l’un 
Fig. 14. — Coupe transversale schématique de des aTroupes de trois mé- 

ne are de aetilons risioles “occupant une aile, 

n, méristèle corticale : e endoderme; 4, liber; on voil que leur structure 

b, bois: m, moelle renfermant de nombreux ces 2 

en diffère. La grosse méris- 

ièle (7) a son faisceau 
hbéro-ligneux reployé en un anneau complet entourant 
un cordon criblé péridesmique central. Entre le bois et le 
hber du faisceau libéro-ligneux s’observe une zone géné- 
ratrice assez active. En outre, un endoderme particulier, 
parfois bien distinct, limite extérieurement cette grosse méris- 
tèle interne. La constitution de la méristèle moyenne est 
encore sensiblement la même, mais son diamètre est plus petit ; 
le cordon criblé péridesmique central est plus réduit, et la 
zone génératrice bibéro-ligneuse ne manifeste plus qu'une acti- 
vité très faible. Enfin la méristète externe, la plus petite, 
est concentrique, avec groupe vasculaire central et min- 


LE" 


R SR A ALLIE VoA (EA | KG 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 315 


ce couronne hibérienne, sans aucune Zone génératrice. 

Les aiguillons (a) coniques, scléreux, grêles, réduits souvent 
à leurs seuls éléments épidermiques, et par conséquent trans- 
formés morphologiquement en poils, hérissent la surface de 
cette tige, aussi bien ses faces que ses ailes. L’écorce est collen- 
chymateuse dans sa moitié externe, parfois dans sa lotalité, 
entre les ailes. L’exoderme, au niveau des faces caulinaires, 
est formé d'éléments à épaississements cellulosiques en cupules, 
mais non cristalligènes. Cet exoderme ainsi différencié se pro- 
longe jusque sur la base des ailes. 

L’endoderme est caractérisé par de grandes cellules rectan- 
gulaires, à plissements subérifiés latéraux. Aucun des rameaux 
examinés n'offrait encore de périderme, qui est probablement 
péricyclique. 

L’anneau libéro-ligneux est quadrangulaire. Le lhber (/), 
moins épais que le bois (4), est dépourvu de fibres etne possède 
que quelques cellules maclifères. Le bois se compose de fibres 
lignifiées à membrane relativement mince et de larges 
vaisseaux répartis uniformément dans tout le bois secon- 
daire. 

Les faisceaux criblés périmédullaires forment une bande à 
peu près continue, mais très saillante au niveau du bois primaire 
des faisceaux libéro-ligneux. Ils sont dénués à la fois de fibres 
et de cristaux. 

Dans la moelle, large, parenchymateuse, à grandes cellules 
polygonales, séparées par des méats triangulaires, sont dissé- 
minés de nombreux faisceaux, qui paraissent exclusivement 
criblés, | 


FEUILLE. 


Pétiole. — En section transversale, le pétiole figure une sorte 


de triangle aplati dont la base est courbe et forme le fond d'une 


large goutltière supérieure. Sa surface est hérissée d'aiguillons 


coniques, scléreux, généralement assez grèles. Comme nous 


l'avons fait remarquer pour la tige, la plupart de ces émer- 


g#ences sont bien des aiguillons. c’est-à-dire des prolongements 
9 O 


du parenchyme cortical externe, revêtus d’épiderme; mais 


d’autres, particulièrement gréles, sont réduits à leurs seuls 


316 H. JACOB DE CORDEMOY 


éléments épidermiques et ne sont plus, par définition, que des 
poils coniques. | 

Dans le parenchyme fondamental, à nombreuses cellules 
maclifères, on trouve, disposées en un arc ouvert en haut, 
11 à 13 méristèles. Les trois méristèles médianes de l'arc, Îles 
plus grosses, ont constamment leur faisceau Hbéro-ligneux 
replové simplement en demi-cercle; elles n’offrent, en outre, 
que des faisceaux criblés péridesmiques supraligneux, sans 
aucun faisceau péridesmique d’origine médullaire. 

Quant aux autres méristèles de l'arc, latéralement et symé- 
triquement situées par rapport aux précédentes, elles ont tout 
à fait les caractères des méristèles corticales occupant les ailes 
de la tige, et que nous avons décrites. 

Ainsi donc, sauf l'absence des faisceaux péridesmiques 
d'origine médullaire, les caractères de structure de ce pétiole 
de 7. virusanum sont ceux déjà mentionnés pour certains 
Dichætanthera étudiés plus haut. 

Limbe. — La nervure principale médiane porte des 
coniques semblables à ceux du pétiole et présente en son centre 
une méristèle dont Je faisceau libéro-ligneux est reployé en 
une courbe presque fermée, avec des faisceaux criblés pérides- 
miques supraligneux et de grosses cellules machfères dans 
le conjoncüf péridesmique central. 

Le limbe est bifacial. Les nervures parcourent la ue 
moyenne du mésophyile, sans relation avec les épidermes. II 
n'existe pas d'exoderme. 

Les deux faces du limbe portent des poils et des aiguillons. 
Les émergences dela face supérieure sont d'origine épidermique, 
c'est-à-dire proviennent du cloisonnement de certaines cellules 
de l’'épiderme, et doivent être considérées comme de gros poils 
scléreux et coniques. Les émergences de la face inférieure sont 
au contraire, pour la plupart, de véritables aiguillons, coniques 
et scléreux également, qui prennent leur origine dans le méso- 
phvlle inférieur, surtout au niveau des nervures, où les lacunes 
de ce tissu sont nulles ou très réduites. 


Remarques sur l'origine et le parcours des faisceaux médullaires 
et sur les méristèles corticales des Osbeckiées. — Les observations 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 917 
que nous venons d'exposer nous amènent à préciser l’origine 
et le parcours des faisceaux de la moelle et des méristèles 
corticales dans la Uige et de leurs prolongements dans la 


feuille des espèces décrites de la série des Osbeckiées. 


On sait que les faisceaux médullaires, qu'ils soient eriblés où 


cribro-vasculaires (1), parcourent les entre-nœuds de la tige, et 


qu'aux nœuds, ils s'inchinent pour aller, après un trajet 


presque horizontal, s'accoler aux faisceaux criblés périmédul- 


laires et passer avec eux dans la feuille, en même temps que 


les faisceaux foliaires détachés de l'anneau libéro-ligneux 
te) 


normal. 

Les relations entre ces différents éléments du système con- 
ducteur de la tige et de la feuille d’un certain nombre de 
Mélastomacées à faisceaux médullares ont été exactement 
établies par M. Lignier. 

Ces faisceaux criblés ou cribro-vasculaires existent d’une 
manière constante dans toutes nos Osbeckiées. Mais 11 faut 
faire remarquer que ces faisceaux médullaires, même chez celles 
de ces plantes où ils sont nombreux, ne se retrouvent pas 
toujours, du moins à l’état indépendant, autonome, dans le 
pétiole et, à plus forte raison, dans les nervures principales du 
limbe de la feuille. 

Il y à, parmi les Osbeckiées que nous avons étudiées, d’inté- 
ressantes distinctions à faire à cet égard. Ainsi, en ce qui 
concerne tout d'abord le genre Dichætanthera, on trouve, chez 
la plupart des espèces (D. manongarivensis, D. hjida, 
D. tricopoda, D. Rulenberqgiana), dans le conjonctif pérides- 
mique d'origine médullaire de la grosse méristèle médiane du 
pétiole, des faisceaux criblés ou cribro-vasculaires, qui sont la 
continuation, dans la feuille, des faisceaux du même type qui 
parcourent [à moelle de la tige; et ces faisceaux se prolongent, 
avec les mêmes caractères, dans la méristèle de la nervure 
principale médiane. Il en est de même pour les Dionycha 
(D. trianqularis, D. alba, D. gracilis.) 

Cependant ces faisceaux péridesmiques provenant de la 
moelle de la tige font défaut dans le pétiole et le limbe de Dichæ- 


(1) Ph. Van Tiechem. Sur les tubes criblés extralibériens et les vaisseaux 
extraligneux. Journal de Botanique, t. V, 1891, p. 117. 


318 H. JACOB DE CORDEMOY 


lanthera brericauda ; en d’autres termes, chez cette espèce, les 
faisceaux médullaires de la tige ne se continuent pas, à l’état 
indépendant, autonome, dans la feuille. 

Il en est de même pour la feuille d'Amphorocalyx albus et 
de Tristemma virusanum. | 

En second lieu, considérons les méristèles corticales de nos 
Osbeckiées. M. Van Tieghem, dans son étude générale des 
méristèles corticales de la tige (1), n’a pas défini et classé 
celles des Mélastomacées. 

M. Hérail a donné à tort ces méristèles (faisceaux corticaux) 
comme étant « de véritables faisceaux indépendants, sans rela- 
tion aucune avec les faisceaux foliaires ». C’est là une assertion 
complètement erronée, ainsi qu’on va le voir. 

Pour M. Lignier, « les massifs Hbéro-ligneux corticaux sont 
toujours indépendants de la couronne normale ». Mais, «ilexiste, 
d'après lui, dans le nœud de toutes les tiges pourvues de massifs 
angulaires corticaux, un réseau libéro-ligneux cortical trans- 
versal qui met en communication les massifs angulaires et les 
faisceaux sortants (foliaires) d’un même côté de la tige ». En 
d'autres termes, M. Lignier admet que les méristèles corti- 
cales sont, chez les Mélastomacées qui en sontpourvues, indé- 
pendantes de la stèle centrale, normale ; mais que, auxnœuds, 
ces méristèles prennent part à la constitution du système des 
méristèles de la feuille. 

Si l’on adoptait cette manière de voir de M. Lignier, :1l fau- 
drait conclure que ces méristèles sont « caulinaires » et répon- 
dent à la définition donnée de cette sorte de méristèles par 
M. Van Tieghem ; c'est-à-dire que, séparées de la stèle de la 
tige près de sa base, elles cheminent dans l'écorce, à côté de 
la stèle dans toute sa longueur, en envoyant seulement, à 
chaque nœud, chacune une branche dans la feuille correspon- 
dante ; que leur présence est donc permanente à côté de la 
stèle, et que, au même litre que celle-ei, elles sont parties in- 
tégrantes de la tige... Et comme conséquence dernière, la 
üge des Mélastomacées serait « mésostélique ». 

Or nos observations nous conduisent à des conclusions très 


(4) Ph. Van Tieghem. Sur les diverses sortes de méristèles corticales de la tige. 
An2sc. nat#Bot.-Jeserie «t-4. 1905.03: 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 319 


différentes. Nous avons montré, en effet, que les méristèles 
corticales peuvent varier de nombre dans les entre-nœuds suc- 
cessifs d’un rameau, exister dans les uns et manquer dans les 
autres (Dionycha, Amphorocalyx albus) ; et même faire entière- 
ment défaut dans la tige de certaines espèces d’un genre oùl’onen 
rencontre d'ordinaire (Dichætanthera brevicaudar. De tels faits 
prouvent déjà que ces méristèles corticales des Osbeckiées ne 
sont pas « parties intégrantes » de la tige, et surtout que leur 
présence n’est nullement « permanente » à côté de la stèle, et 
que, par suite, il ne s'agit pas de stèles caulinaires. En consé- 
quence, la tige des Osbeckiées ne réalise pas le type de struc- 
ture que M. Van Tieghem a nommé « mésostélique ». 

D'après nos constatations, les méristèles corticales chez 
ces plantes sont foliaires, c'est-à-dire, d’après la définition 
qu’en à donnée M. Van Tieghem, qu’elles se séparent de la stèle 
vers la base ou le milieu d'un entre-nœud, séJournent temporai- 
rement à l’intérieur de l'écorce, dans le parcours d’un ou plu- 
sieurs entre-nœuds, et finalement passent tout entières dans la 
feuille du nœud supérieur. Habituellement, il est vrai, après ce 
départ total des méristèles corticales, « la stèle, dit M. Van 
Tieghem, sépare aussitôt tout autant de nouvelles méristèles 
pour les remplacer ». Mais ii peut en être autrement : les nou- 
velles méristèles séparées de la stèle dans les entre-nœuds 
supérieurs peuvent être en nombre moindre (Dionycha trian- 
qularis), ou plus élevé, les entre-nœuds inférieurs pouvant 
même en manquer (Amphorocalyx albus). Ainsi s'expliquent 
aisément les variations numériques constatées. 

Mais nous avons pu nous assurer par l'observation directe 
que les méristèles corticales, chez nos Osbeckiées, se séparent 
de la stèle à la base des entre-nœuds, et qu'il s’agit bien par 
conséquent de méristèles foliaires. En effet, des coupes prati- 
quées vers la base d’un eéntre-nœud d’un rameau de Dionycha 
triangularis nous ont montré des faisceaux libéro-ligneux 
se séparant de l’anneau libéro-ligneux de la stèle pour passer 
dans les méristèles corticales. Nous avons figuré (fig. 15), 
notamment, l’un de ces faisceaux contenu tout entier dans le 
liber normal et ayant repoussé en dehors l’endoderme (d) el 
le péricyele (p) de la stèle. Ce faisceau libéro-ligneux, observé 


320 H. JACOB DE CORDEMOY 


ainsi pendant son trajet intrastélique, forme un anneau com- 
plet, au centre duquel comme le montre la figure 15, se trouve 
une sorte de mœælle constituée, en réalité, par un petit cordon 

criblé péridesmique ; 


D Rue une assise généra- 
Cr re _. trice libéro-ligneuse 


Re NE e y fonctionne assez 
activement ; son an- 


neau ligneux se com- 
pose du bois pri- 
maire interne à lar- 
ges Vaisseaux arron- 
dis et d’une couche 
de bois secondaire 
(bm) presqueentière- 
ment fibreux ; de 
même le liber péri- 
phérique, à éléments 
aplatis et élirés tan- 
_gentiellement, com- 
prend, en partie du 
moins, du lhber se- 


Fig. 45. — Section pratiquée à la base d’un entre-nœud condaire. Cette as- 
a la tige de Dionyena triangularis et montrant un sisegénératrice (am) 
aisceau libéro-ligneux en voie de quitter la stèle Û a 
pour entrer dans la constitution d'une méristèle cor- active au momentoù 
ticale. e, épiderme; c, écorce; o, lacune ; d, endo- fa SU Le Ë 
derme général de la tige ; p, péricycle; /, liber du 6 IAISCEAU SE SCpare 
faisceau sortant: bm, son bois secondaire; gm, sa de l'anneau libéro- 
zone génératrice ; gs, assise génératrice et bs, bois 
secondaire de l'anneau libéro-ligneux de la stèle. ligneux normal de la 


stèle et chemine à 
l'intérieur de celle-ci, cesse progressivement de fonctionner, 
quand le faisceau, après avoir quitté la stèle, est entré dans la 
consüilion d'une méristèle qui parcourt l'écorce. Et c'est pour 
cette raison que, chez les Dionycha du moins, les méristèles 
corlcales ont leur faisceau libéro-ligneux dépourvu de toute 
zone génératrice et réduit à des éléments exclusivement pri- 
maires. 

D'ailleurs, en nous basant sur ces observations directes faites 
chez les Dionycha, nous pouvons interpréter, d’une manière 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 321 


générale, les faits relatifs à la structure des méristèles 
corticales, structure que nous nous sommes borné à dé- 
erire, sans l'expliquer, dans tous les genres précédemment 
étudiés. 

On sait, suivant les notions si précises introduites dans la 
science par M. Van Tieghem, que la méristèle corticale 
complète, telle qu’elle se sépare de la stèle, se compose d’au 
moins un faisceau hbéro-ligneux et d’un péridesme, c’est-à-dire 
d'une gaine de conjonclif provenant à la fois des rayons, du 
péricycle et de la moelle. Or lorsque, comme cela à lieu chez 
les Mélastomacées, la stèle renferme des faisceaux criblés ou 
cribro-vasculaires, situés les uns dans la zone périmédullaire et 
et les autres dans la moelle, la constitution de ce péridesme 
prend un intérêt tout particulier. 

En général, dans nos Osbeckiées, le faisceau libéro-higneux 
de la méristèle corticale se reploie de manière à rejoindre ses 
bords et à former une courbe fermée, un anneau: et cet anneau 
circonscrit, au centre de la méristèle, une sorte de moelle 
formée, en réalité, par un petit groupe de tissu criblé péri- 
médullaire ; c'est ce groupe que nous avons constamment 
appelé, dans nos descriptions, le cordon criblé péridesmique 
central des méristèles. 

Mais le diamètre, et par conséquent l'importance de ce 
cordon criblé péridesmique des méristèles corticales, varie sin- 
gulièrement parmi les Osbeckiées observées. Il est facile, con- 
naissant la structure de la tige, d'en comprendre la raison. 
Chez les Dionycha, par exemple, nous avons vu que la zone des 
faisceaux criblés périmédullaires est réduite, et que ces fais- 
ceaux se trouvent localisés, en nombre restreint d’ailleurs, au 
niveau du bois primaire des faisceaux hibéro-higneux. Il en 
résulte qu'il en passe très peu dans le péridesme des méristèles ; 
et, comme ce groupe criblé péridesmique tend à se réduire 
pour finalement diparaître durant le parcours cortical ascen- 
dant des méristèles, 1l s'ensuit que celles-e1 en sont très souvent 
dépourvues. 

Aussi avons-nous vu que ces méristèles corticales des Diony- 
cha sont concentriques, avec bois central et liber périphérique; 
el comme, d'autre part, la zone génératrice hbéro-ligneuse y 

ANN. SC. NAT. BOT, 9e série. XIV, 21 


329 H. JACOB DE CORDEMOY 


perd rapidement son activité, leur structure est,en somme, d'une 
grande simplicité. 

Très simples et très réduites sont également, pour les mêmes 
raisons, les méristèles de l'Antherotoma Naudini. 

Ilen est tout autrement chez les Dichætanthera (sauf le 
D. brevicauda), Y'Amphorocalyx albus et le Tristemma virusa- 
num. Dans la lige de ces plantes, nous l'avons vu, la zone des 
faisceaux criblés périmédullaires est à peu près continue et par- 
ticulièrement développée au niveau du bois primaire des fais- 
ceaux libéro-ligneux. Comme conséquence de ce fait, 1l passe 
dans le péridesme des méristèles corticales qui se séparent de la 
stèle, en même temps que les faisceaux libéro-ligneux cor- 
respondants, des groupes toujours relativement importants 
de tissu criblé périmédullaire. D'où la structure particulière, 
décrite plus haut, des plus grosses méristèles de l'écorce de ces 
plantes, à savoir : le faisceau libéro-ligneux reployé de manière 
à former une courbe fermée, un véritable anneau, au centre 
duquel on voit une sorte de moelle constituée, en réalité, par le 
massif criblé péridesmique. En outre, ces grosses méristèles 
offrent souvent une zone génératrice plus ou moins active inter- 
-calée entre le bois et le liber. Ce sont, en effet, dans ce dernier 
cas, des méristèles observées au voisinage de leur origine, peu 
après leur passage de la stèle dans l'écorce. 

Lorsque les angles de la tige renferment chacun plusieurs 
méristèles placées côte à côte, en une rangée tangentielle, les 
grosses méristèles, caractérisées comme nous venons de le dire, 
sont médianes (Amphorocalyx albus). Lorsque la tige est 
allée, et que chacune des ailes renferme plusieurs méristèles 
diposées radialement, la plus grosse méristèle, avec ces 
mêmes caractères, est la plus profondément située (Tristemma 
orusanum) . 

Les autres méristèles faisant partie des groupes occupant 
les angles ou les ailes sont de plus en plus petites et à structure de 
plus en plus simplifiée, à mesure qu'on les observe vers les extré- 
mités des rangées tangentielles des angles ou des files radiales 
des ailes. En même temps que les dimensions diminuent, des 
modifications destructure se produisent, quiconsistent : d’abord 
dans laffaiblissement progressif de l’activité de la zone généra- 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 393 


trice libéro-hgneuse ; ensuite dans la réduction, progressive 
également, du groupe criblé péridesmique central, qui finit 
par disparaître entièrement dans les petites méristèles 
extrêmes. Celles-ci ont donc une structure toujours concen- 
trique, avec bois au centre et hber périphérique ; elles sont, de 
plus, constamment privées de Loute assise génératrice. 

Ces modifications sont en relation avec l'éloignement de 
plus en plus grand de ces méristèles de leur point d’origine ; 
elles se produisent au fur à mesure que les méristèles che- 
minent el s'élèvent dans l'écorce. On peut donc dire que 
dans les groupes de méritèles qui occupent les angles ou les 
ailes de Ia tige, au niveau d’un entre-nœud, en rangées tangen- 
lielles ou en files radiales dans l'écorce, les grosses méristèles, 
médianes ou internes, ont une structure complète, c’est-à-dire 
qu'elles offrent les caractères essentiels de la stèle dont elles 
se sont séparées au voisinage du nœud immédiatement infé- 
rieur ; tandis que les autres méristèles, latérales ou externes, qui 
prennent naissance à des niveaux situés plus bas, deviennent 
progressivement incomplètes par réduction de leurs éléments 
conducteurs, dans leur trajet ascendant à l’intérieur de l'écorce. 

On voit donc tout d'abord que les méristèles corticales ne 
sont nullement «indépendantes » de la stèle normale, amsi que 
le pensait M. Lignier. En second lieu, les méristèles corticaies 
de la tige des Osbeckiées (et il en est vraisemblablement de même 
des autres Mélastomacées dermomyélodesmes, c’est-à-dire des 
Tibouchinées), ces méristèles sont folaires. Il en résulte que 
la tige de ces Mélastomacées ne réalise nullement le type mé- 
sostélique, tel que l’a défini M. Van Tieghem, mais qu'elle 
n'offre, étant donnée la présence momentanée et, d’ailleurs, 
inconstante de ces méristèles foliaires sans son écorce, qu'une 
modification du type monostélique normal. 

A chacun des nœuds, ces méristèles corticales de la tige 
pénètrent dans le pétiole de la feuille, avec la ou les méristèles 
émises par la stèle au nœud même. Il peut n'y avoir, dans le 
pétiole, qu'une méristèle de cette dernière origine ; mais géné- 
ralement il paraît en exister trois, une médiane et deux laté- 
rales, toutes simplement reployées en arcs et munies de fais- 
ceaux criblés péridesmiques supraligneux ; tandis que la 


324 H. JACOB DE CORDEMOY 


médiane seule, dans certaines espèces que nous avons citées, 
comporte en outre, dans son péridesme, des faisceaux d’ori- 
gine médullaire, eriblés ou cribro-vasculaires (Dionycha, ete.). 

Dans le pétiole, les méristèles d’origine corticale se placent 
latéralement, par rapport aux méristèles précédentes, issues 
directement de la stèle. Elles forment, dans la plupart des 
espèces, avec les caractères mêmes que nous leur avons déerits 
dans la tige, les deux extrémités de l’are unique, plus ou moins 
fermé en haut, des méristèles du pétiole. 

Nous avons pourtant constaté une seule exception intéres- 
sante à cette règle: elle nous a été fournie par le Dionycha 
triangularis, dont le pétiole offre deux arcs superposés de 
méristèles : l’un, supérieur, normal; l’autre, sous-jacent, com- 
posé exclusivement de méristèles corticales d’origine caulinaire, 
avant même structure que celles-ci et occupant, en outre, une 
situation tout à fait homologue. 


Sous-rRIBU Des MYÉLODESMES 


Série des OXYSPORÉES. 
Genre Veprecella. 


Trois espèces étudiées : Veprecella rubra Jum. et Perr. ; V. 
macrophylla Naud, et V. violacea Jum. et Perr. 

De ces Veprecella, deux sont des arbustes : l’'un,le V. rubra, a 
3 ou # mètres, et croît sur les cimes à lichens du Manongarivo, 
vers 1400 mètres d'altitude; l’autre, le V. macrophylla, 
atteint environ un mètre de hauteur, dans les bois rocailleux et 
à sol gneissique du massif du Sambirano, à 800 mètres d’alti- 
lude. 

La troisième espèce, V. siolacea, est une petite plante à tige 
grêle, ligneuse, rampante, dont la base traînante porte des 
racines insérées aux nœuds. Cette espèce a été recueillie dans les 
rocailles gneissiques, sur le bord des torrents, vers 1000 mètres 
d'altitude. 


Tic. 


Sur des sections transversales, les entre-nœuds supérieurs et 
eunes des rameaux de Veprecella rubra sont de forme générale 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 395 


quadrangulaire, mais bilobée, par suite de l'existence de deux 
profonds sillons sur deux faces opposées (fig. 16, 1). On n’ob- 
serve n1 poils n1 aiguillons. L’épiderme est assez fortement cu- 
licularisé. L'écorce est entièrement parenchymateuse, avec des 
cellules à macles cristallines sphériques. L’endoderme est bien 
caractérisé avec des éléments à plissements latéraux subérifiés. 
L'anneau libéro-ligneux a sensiblement la même forme que le 
contour extérieur du rameau ; sauf le Liber très réduit, il n'offre 


Fig. 146. — Structure schématique comparative de la tige de Veprecella rubra. 
I. Entre-nœud supérieur jeune d’un rameau {coupe transversale). — II. Entre- 
nœud plus âgé (coupe transversale). €, écorce : e, endoderme: /b, anneau libéro- 
ligneux ; m, moelle avec faisceaux cribro-vasculaires. 


rien de particulier. Les faisceaux criblés périmédullaires for- 
ment une zone continue en dedans du bord interne du bois. 
Dans la moelle parenchymateuse, à cellules maclifères, on voit, 
au centre, deux massifs cribro-vasculaires qui paraissent dus 
à la réunion d’un certain nombre de faisceaux, dont chacun ne 
comprend qu'un seul petit vaisseau au centre du tissu criblé 
prédominant. 

Un entre-nœud plus âgé, en coupe transversale (fig. 16, Il), 
offre encore la même forme générale quadrangulaire, avec deux 
simples dépressions plus ou moins profondes sur deux faces 
opposées. L'épiderme conservesa euticule épaisse finementstriée. 
Les ares de périderme apparus sont sous-épidermiques.L’écorce, 
un peu collenchymateuse, avec de petits épaississements cel- 
lulosiques angulaires, renferme de nombreuses cellules à macles 
sphériques, ainsi que de grosses cellules scléreuses isolées et 
disséminées dans sa partie profonde.L'endoderme {e) reste bien 
caractérisé avec ses éléments à plissements subérifiés latéraux. 


396 H. JACOB DE CORDEMOY 


L'anneau libéro-ligneux est quadrangulaire, et de même épais- 
seur à peu près sur toute son étendue. Le liber offre de nom- 
breuses fibres épaisses, isolées ou par petits groupes. Dans le 
bois fibreux également, les vaisseaux sont à peu près uniformé- 
ment réparüis et disposés en files radiales assez régulières. Les 
faisceaux ciblés périmédullaires sont parfois accompagnés de 
groupes fibreux. La moelle (»), en grande parte encore paren- 
chymateuse, offre de grosses macles cristallines et de nom- 
breuses cellules en voie de sclérification ; elle contient, en son 
centre, quatre où cinq faisceaux cribro-vasculaires, composés 
chacun d’un groupe central de plusieurs vaisseaux, entouré 
d’une couronne périphérique de tissu criblé. 

La tige de V. macrophylla offre exactement les mêmes carac- 
tères que celle de l'espèce précédente. Mais on n'observe, au 
centre de la moelle, que trois faisceaux cribro-vasculaires. 

La structure caulinaire de V. violacea va nous offrir des par- 

ticularités intéressantes, qui sont en relation avec les carac- 
tères morphologiques mentionnés plus haut. Il convient, en 
effet, d'examiner successivement dans cette petite espèce, la 
partie dressée et la partie rampante, rhizomateuse, garnie de 
racines, de la tige. 
_ La tige dressée est à section carrée, avec quatre angles sail- 
lants, arrondis (fig. 17, 1). L'épiderme porte des poils pluri- 
cellulaires, quelques-uns capités. Les arcs péridermiques appa- 
rus sont sous-épidermiques et localisés aux angles. L'écorce se 
compose de sept à huit assises de cellules, dont les trois ou 
quatre externes sont collenchymateuses ; tandis que toute la 
moilié corticale interne est à grandes cellules minces. Les 
éléments maclifères, à grosses macles sphériques, sont nom- 
breux dans toute l'écorce. 

L’endoderme (e) est toujours bien caractérisé par ses cellules 
rectangulaires, à plissements subérifiés latéraux. L’anneau 
libéro-ligneux à une forme carrée, à angles arrondis. Le liber, 
très réduit, est dépourvu de fibres et de cristaux. Le bois, très 
fibreux, renferme des vaisseaux peu nombreux, assez régulière 
ment répartis, sauf sur deux faces opposées où ils sont très 
rares dans le bois secondaire. 

Les faisceaux criblés périmédullaires sont très réduits ; ils 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 327: 


forment des groupes ceunéiformes localisés au niveau du bois 
primaire des faisceaux libéro-ligneux. 

La moelle parenchymateuse (m#), avec de nombreuses cel- 
lules à grosses macles cristallines sphériques, contient, en son 
centre, un massif cribro-vasculaire, formé de la réunion de 
quatre ou cinq faisceaux partois distincts (fig. 17),offrantchacun 


Fig. 17. — Structure schématique comparative de la tige de Veprecella violacea. — 
I. Coupe transversale de la tige dressée, aérienne. — I[. Coupe transversale de la. 


tige trainante, rhizomateuse. c, écorce; e, endoderme ; / et b, liber et bois de. 
l'anneau libéro-ligneux; m, moelle, réduite ct ne contenant qu’un seul faisceau 
eribro-vasculaire en II. 


un ou deux vaisseaux centraux et du tissu criblé prédominant. 
A cette tige dressée comparons maintenant la tige rampante, 
rhizomaleuse. Celle-ci a une section vaguement quadrangu- 


aire (fig. 17, IT) ; Les côtes saillantes ont disparu. L’épiderme 


porte encore des poils pluricellulaires, capités. L’écorce (c) est 
de faible épaisseur, dépourvue de cristaux, composée seulement 
de quatre à cinq assises de cellules, dont les deux externes sont 
collenchymateuses, et les deux ou trois internes allongées tan- 
gentiellement, à membrane mince, et cloisonnées radialement. 

Les ares de périderme qui apparaissent aux angles sont sous- 
épidermiques. 

L’endoderme (e) est très bien caractérisé, avec des éléments 
à plissements subérifiés latéraux. 

L’anneau libéro-ligneux est elliptique. Le liber (/) forme 
encore une couche de faible épaisseur, dépourvue de fibres et 
de cristaux. Le bois (b), par contre, très fibreux, à vaisseaux 
étroits, est de huit à dix fois plus épais que le hber. 


3928 H. JACOB DE CORDEMOY 


Dans la zone périmédullaire, on ne rencontre que quatre ou 
cinq faisceaux criblés, eux-mêmes très réduits, localisés au 
niveau du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux. 

La moelle, étroite, parenchymateuse, privée d'éléments eris- 
talligènes, ne présente en son centre qu'un seul petit fais- 
«eau cribro-vasculaire, avec une mince couronne de tissu criblé. 

Ainsi donc, les modifications les plus importantes que l’on 
constate dans cette tige de V. violacea, lorsqu'on passe de la 
partie dressée supérieure à la partie inférieure traînante, sont: 
l'augmentation de la couche ligneuse secondaire par suite de la 
production beaucoup plus grande de bois que de hiber par 
l'assise génératrice libéro-ligneuse; réduction du diamètre de 
la moelle, du nombre des faisceaux eriblés périmédullaires et 
des faisceaux cribro-vasculaires médullaires, qui ne sont plus 
représentés que par un seul très petit faisceau central. 

Des modifications de même ordre nous apparaîtront bientôt, 
et plus nettement encore, chez les Medinilla, avec lesquels le 
Veprecella violacea offre d’ailleurs de grandes analogies 
morphologiques. 


FEUILLE. 


Le pétiole a, à peu de chose près, les mêmes caractères dans 
nos trois Veprecella. L'épiderme porte les mêmes poils pluri- 
cellulaires, souvent capités, signalés dansla tige ; ils sont parti- 
culièrement abondants dans V. siolacea. Le collenchyme sous- 
épidermique forme généralement une couche épaisse. Dans le 
parenchyme fondamental, où l’on voit dissiminées des cellules 
maclifères fréquentes, sont disposées, le long d’un arc ouvert 
en haut, des méristèles en nombre variable suivant les espèces : 
cinq dans V. rubra; dix dans V, macrophylla, en deux 
groupe de cinq, situés chacun dans une des deux parties laté- 
rales du pétiole divisé en deux lobes par: un sillon de la face in- 
férieure ; sept enfin, dans V. violacea. Comme 1l n'existe jamais 
de méristèles corticales dans la tige, les méristèles foliaires 
se détachent toutes de la stèle au nœud même. Toutes ces mé- 
ristèles ont leur faisceau Hbéro-ligneux plus ou moins reployé 
en arc et sont pourvues de fascicules criblés péridesmiques 
supraligneux. Les faisceaux péridesmiques d’origine médullaire 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 329 


font constamment défaut; en d’autres termes, les faisceaux 
cribro-vasculaires de la moelle de la tige ne passent pas 
dans la feuille, du moins ne S'y trouvent pas à l'état de 
faisceaux distincts et indépendants. 

Dans la nervure principale médiane du limbe on observe ; 
dans le V. rubra, une grosse méristèle recourbée en arc et deux 
ou trois petites méristèles supérieures, asymétriquement dispo- 
sées el qui ne sont que des ramifications de la précédente ; dans 
le V. violacea, un arc régulier de trois méristèles, comprenant 
une grosse médiane et deux pelites occupant symétriquement 
les deux extrémités de l’are ; chez le V. macrophylla, dont la 
nervure est très saillante inférieurement, un arc analogue, 
composé de cinq méristèles à disposition symétrique. Toutes 
ces méristèles ont la même structure que celles du pétiole. 

Le limbe est bifacial. L’épiderme supérieur est papilleux dans 
V. macrophylla et V. violacea. Il n'existe pas d’exoderme ({hy- 
poderme). Le tissu palissadique, dans le V. rubra, renferme 
de grandes cellules arrondies, contenant chacune une grosse 
macle cristalline sphérique. 


Série des DISSOCHÉTÉES. 


Genre Medinilla. 


Trois espèces étudiées : Medinilla macropoda Jum. et Perr. ; 
M. rubripes Jum. et Perr.; M. violacen Jum. et Perr. 

Ces trois Medinilla — comme le Veprecella violacea — sont 
des petites plantes vivaces, basses, dont la tige offre à considé- 
rer deux parties généralement distinctes : l’une, dressée, plus 
ou moins rameuse; l’autre, r'hizome ousouche,trainante, appli- 
quée sur les rochers, el portant des racines insérées aux nœuds. 

Ces analogies morphologiques entraînent, nous allons le voir, 
des analogies également dans les caractères anatomiques des 
parties correspondantes de la tige de ces Medinilla et du V.c10- 
lacea. 


TIGE. 


Nous commencerons parle M. macropoda, dont nous avons 
pu étudier la tige d’une manière très complète. C'est une es- 


330 H. JACOB DE CORDEMOY 


pèce vivace, dont le rhizome traîne, appliqué sur les rochers : 
de ce rhizome partent des rameaux courts, dressés, terminés 
chacun par une inflorescence. 

Examinons d’abord le rameau dressé. Sa section transver- 
sale est irrégulièrement ovale (fig. 18, 1). L'épiderme, finement 
cuticularisé, porte de nombreux poils pluricellulaires, unisériés, 
dont la cellule terminale est renflée en tête glanduleuse, à con- 
tenu tannique, brunâtre. Cà et là, à la périphérie de la coupe, 
s’observent aussi quelques rares aiguillons, courts et coniques, 
parenchymateux. 

L'écorce se compose de six assises de cellules ; sa moitié ex- 
terne est légèrement collenchymateuse, el sa moitié interne 
parenchymateuse, à grandes cellules minces, arrondies. On n y 
voit pas d'éléments cristalligènes. 

L'endoderme est très distinct, caractérisé par des cellules 
rectangulaires ou vaguement hexagonales, à plissements subé- 
rifiés latéraux. Quelques-uns des éléments de cette assise endo- 
dermique ontleur membrane épaisse et scelérifiée fig. 18, I, e). 

Le péricyele simple, sous-jacent à l'endoderme, est également 
très distinct, avec ses cellules rectangulaires minces, alternes 
avec celles de la rangée endodermique. 

L'anneau libéro-ligneux est elliptique, d'épaisseur inégale. 
Le liber (/) est très réduit, avec des fibres étroites généralement 
isolées. Le bois secondaire est surtout constitué par des fibres 
rectangulaires, épaisses, et ne renferme qu'un petit nombre de 
vaisseaux étroits, irrégulièrement distribués dans la masse 
fibreuse. 

Les faisceaux criblés périmédullaires sont surtout développés 
au niveau du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux, où 1ls 
forment des coins proéminant plus ou moins dans la moelle. 
Dans les espaces intermédiaires et en dedans de l'anneau ligneux 
secondaire, on ne rencontre que de rares fascicules criblés. 

Dans Ia moelle parenchymateuse (m), dépourvue de tout élé- 
ment cristalligène, on ne voit, un peu excentriquement, qu'un 
seul faisceau cribro-vasculaire comprenant, en son centre, un ou 
deux petits vaisseaux spiralés et une couronne assez large de 
tissu criblé, Parfois on rencontre, en outre, dans ce parenchyme 
médullaire, un nodule de deux ou trois cellules pierreuses, à 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 391 


membrane épaisse, fortement sclérifiée et finement canaliculée. 
À la structure de ce rameau dressé comparons maintenant 
celle du rhizome, en y pratiquant des coupes successives, depuis 
la base des rameaux dressés jusqu’à l'extrémité même de la 
souche qui s'applique contre les rocailles. On observera alors 
des modifications intéressantes. 
L'épiderme et l'écorce, dans les coupes où ils subsistent 


Fig. 18. — Structure comparative de la tige dressée et rhizomateuse de Medinilla 
macropoda. I. Tige dressée. II. Tige rampante, rhizomateuse. a, aiguillon; 
e, écorce; /, liber; b, bois: e, endoderme ; m, moelle, pourvue d’un seul faisceau 
cribro-vasculaire et d’un nodule scléreux en I et dépourvue de tout faisceau en If: 
s, liège; {, liber; b, bois. III. Début des formations péridermiques dans le péri- 
cycle (p) du rhizome. 


encore, offrentles mêmes caractères que dans le rameau précé- 
demment étudié. Mais l’endoderme {e) est encore plus nette- 
ment différencié ; ses plissements latéraux sont fortement subé- 
rifiés; d'ailleurs, un grand nombre de ses éléments ont leur 
membrane totalement épaissie, hignifiée et ponctuée. 

Le péricycle sous-jacent à ses éléments minces, rectangu- 
laires, agrandis ; et on y voit bientôt apparaître les cloisonne- 
ments tangentiels qui marquent le début des formations péri- 
dermiques (fig. 18, IL, p). 

Dans ce rhizome le périderme est done péricyclique, profond. 

L’anneau libéro-ligneux est elliptique. Le liber est toujours 
de faible épaisseur, avec des fibres beaucoup plus nombreuses, 


332 H. JACOB DE CORDEMOY 


isolées ou par petits groupes. Par contre, la couche ligneuse 
secondaire est très développée, de sept à huit fois plus épaisse 
que la zone hibérienne ; elle est encore constituée par dé petites 
fibres rectangulaires, fortement sclérifiées, et d’un nombre rela- 
tüvement restreint de vaisseaux étroits, irrégulièrement répartis. 

Les faisceaux criblés périmédullaires sont disposés comme 
dans le rameau dressé ; mais, dans le rhizome, ils sont accom- 
pagnés de fibres différenciées aux dépens de leurs éléments de 
parenchyme. : 

La moelle est plus étroite; elle reste parenchymateuse et le 
faisceau cribro-vasculaire unique subsiste dans cette partie 
supérieure du rhizome. 

Mais si l'on examine les coupes faites de plus en plus bas, 
vers l'extrémité du rhizome, les modifications s’accentuent 
encore. Le périderme péricyclique est définitivement constitué et 
comprend sept à huit assises de liège (fig. 18, IF, s). L’écorce et 
l’endoderme lui-même sont le plus souvent entièrement exfohés. 

Le hber (/), avec ses éléments en files radiales régulières 
et ses îlots criblés, offre de nombreuses fibres. Ce hber est 
bordé extérieurement d’une couche subéro-phellodermique (s). 
Mais un fait remarquable, c'est que, dans l'anneau ligneux. 
toujours très développé, les fibres rectangulaires sont moins 
épaisses, el les vaisseaux, plus larges, sont aussi beaucoup 
plus nombreux. Ces particularités nous paraissent en relation : 
d'une part, avec la position de la souche, couchée sur les 
rocailles, ce qui a entraîné un moindre développement des 
éléments de soutien ; et, d'autre part, avec la présence, à ce 
niveau, des racines latérales, ce qui explique l'importance 
plus grande prise par l'appareil vasculaire de conduction. 

Les faisceaux criblés périmédullaires, dépourvus de tout 
élément fibreux, sont exclusivement localisés au niveau du bois 
primaire des faisceaux libéro-ligneux. 

La moelle parenchymateuse, devenue très étroite, est privée 
de tout faisceau. Le rhizome finit donc par devenir adesme, 
par suite de la disparition de son faisceau cribro-vasculaire 
médullaire. 

Le Medinilla rubrines — qui est encore une petite plante 
dont la souche, très courte, est appliquée sur les rocailles 


| 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 333 


formées de grès liasiques, dans les endroits humides — va 
nous offrir également, dans sa tige, des modifications ana- 
logues. Nous avons, de plus, étudié ses racines latérales. 

Examinons d’abord des sections faites dans la partie cauli- 
naire dressée de ce M. rubripes. L'épiderme a ici sa cuticule 
pourvue de stries longitudinales (fig. 19, e) ; outre des stomates, 
il porte, comme l'espèce pré- | 
cédente, des poils pluricellu- 
laires unisériés, dont la cellule 
terminale est renflée en une 
tête glanduleuse (p). 

L'écorce comprend huit à 
neuf assises de cellules. Les 
trois ou quatre assises exter- 
nes, à épaississements cellu- 
losiques angulaires, forment 
une couche collenchymateuse 
(c), interrompue seulement au 
niveau des stomates. Toute la 
moitié corlicale profonde est 
formée de grandes cellules Fig: 19,2. Coups anormale gosse de 
minces, allongées tangentielle-  Medinilla rubripes. e, épiderme à cu- 

p TAC ticule striée ; p, poil glanduleux; €, col- 
ménthel iréquemment divisées, ‘jsnchyme: s, nodule scléreur: 
par des cloisons radiales. 

Dépourvue de cristaux, cette écorce contient de véritables 
cellules pierreuses à parois très épaisses, fortement sclérifiées 
et finement canaliculées (s). [solées, ou en nodules plus ou moins 
volumineux, elles occupent d'ordinaire la partie moyenne de 
‘écorce, celle qui forme la limite des deux zones collenchy- 
mateuse et parenchymateuse. 

L’endoderme est, comme dans l'espèce précédente, caracté- 
risé par des cellules rectangulaires ou hexagonales à plisse- 
ments subérifiés latéraux; mais beaucoup de ces éléments 
endodermiques sont cloisonnés radialement ou ont leur mem- 
brane entièrement sclérifiée. : 

L'anneau libéro-ligneux est elliptique. Le liber, dépourvu 
ici de fibres, a le tiers de l'épaisseur du bois constitué par des 
fibres rectangulaires épaisses et des vaisseaux relativement 


334 H. JACOB DE CORDEMOY 


larges, particulièrement abondants dans la moitié externe de 
la couche ligneuse secondaire. 

Les faisceaux criblés périmédullaires sont surtout développés 
au niveau du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux, où ils 
forment des coins plus ou moins proéminents dans la moelle : 
les deux plus saillants de ceux-e1 sont situés aux extrémités du 
petit axe de l’ellipse. Mais, en outre, 1l existe toute une série 
de petits fascicules criblés périmédullaires dans les espaces 
interfasciculaires, en dedans du bord interne de l'anneau 
ligneux secondaire. 

Dans la région centrale de la moelle parenchymateuse, for- 
mée de cellules polygonales à petits méats triangulaires, se 
trouvent un ou deux faisceaux cribro-vasculaires, composés 
chacun, en son centre, d’un groupe de quatre ou cinq vaisseaux, 
séparés les uns des autres par de petites cellules polygonales, 
minces ;et, à sa périphérie, d’une couronne de tissu criblé. En 
dehors de ces faisceaux cribro-vaäsculaires, entre eux et la zone 
périmédullaire, se voient un ou deux nodules scléreux inégaux, 
constitués par des cellules prerreuses à parois épaisses, forte- 
ment lignifiées et canaliculées. 

Passons maintenant au rhizome. Celui-ci est protégé exté- 
rieurement par un périderme déjà très développé, dont le liège, 
très épais, a beaucoup de ses éléments sclériliés. Nous n'avons 
pu observer, comme nous l'avons fait pour l'espèce précédente, 
l'origine de ce périderme; mais nous considérons comme très 
probable qu’elle est encore péricyclique. Toute l'écorce primaire 
a donc été exfoliée. La couche, en grande partie parenchyma- 
teuse, qui est située au-dessous du liège est, par suite, formée 
par un peu de phelloderme superposé au liber. La partie 
secondaire de ce liber est formée de files radiales d'éléments, 
et renferme cà et là des fibres et des îlots criblés distincts. 

L’anneau de bois secondaire est très épais, de cinq à six fois 
plus que la région libéro-phellodermique. Comme dans l'espèce 
précédente, et pour les mêmes raisons, les fibres ligneuses sont 
à parois relativement minces et les vaisseaux sont ré no 
larges et nombreux. 

Les faisceaux criblés périmédullaires setouchent latéralement 
et forment une zone à peu près continue lelong du bord interne 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 339 


du bois. La moelle est excessivement réduite ; elle ne renferme 
aucun faisceau et n'offre en son centre qu'un nodule de grosses 
cellules scléreuses, à parois épaisses et canaliculées. Le rhizome 
est donc adesme. 

Des nœuds de ce rhizome se détachent, avons-nous dit, des 
racines latérales. Des coupes pratiquées à leur base montrent 
que ces racines ont, à peu de chose près, là même structure 
secondaire que le rhizome lui-même. Les vaisseaux du bois sont 
toutefois pluslarges et plus nombreux encore. Quant à la moelle, 
plus réduite que dans le rhizome, elle est entièrement sclérifiée 
et ne renferme aucun élément conducteur. La racine est donc 
adesme, comme le rhizome, et est, en outre, dépourvue de fais- 
ceaux criblés périmédullaires. 

Enfin le Medinilla violacea, qu'il nous reste à décrire, est une 
petite plante dont la tige paraît presque entièrement rhizoma- 
teuse et repose sur les rochers des torrents. À défaut de partie 
dressée, nous avons étudié la hampe florale. Notons seulement 
que celle-ci possède, en dedans du bordinterne de son anneau 
ligneux, une série presque continue de faisceaux criblés péri- 
médullaires, et, dans sa moelle parenchymateuse, deux faisceaux 
cribro-vasculaires à structure concentrique, avec chacun un 
groupe de trois pelits vaisseaux au centre. Elle est donc 
myélodesme. | 

Quant aux rhizomes, ils sont de grosseur différente. Les plus 
petits, avant 2 millimètres de diamètre, sont dénués de tout 
faisceau médullaire et sont, par conséquent, adesmes. Les plus 
gros, quiontenviron 4 millimètres de diamètre, répondent bien 
au type myélodesme, comme la hampe florale. 

Voici les caractères anatomiques de ces derniers. 

Le périderme qui protège le rhizome est ici superficiel, 
sous-épidermique. L'écorce primaire sous-jacente est épaisse, 
comprenant de 12 à 14 assises de cellules parenchymateuses, 
et contient : des cellules arrondies à grosses macles sphériques, 
et, dans sa région profonde, des nodules de cellules scléreuses. 
L’endoderme est bien caractérisé, avec ses éléments rectangu- 
laires, à plissements subérifiés latéraux. 

L'anneau libéro-ligneux est elliptique ; le liber, formant une 
couche mince, est dépourvu de fibres et de cristaux. Le bois 


330 H. JACOB DE CORDEMOY 


secondaire est six ou sept fois plus épais que le liber; il est 
très fibreux et peu vasculaire. Les faisceaux criblés périmédul- 
laires forment une série presque continue en dedans du bord 
interne de l'anneau ligneux. La moelle parenchymateuse ren- 
ferme, outre des cellules maclifères arrondies, trois faisceaux 
cribro-vasculaires composés chacun d'un groupe de vaisseaux 
au centre et d’une couronne criblée périphérique ; ils sont ali- 
gnés suivant le grand axe de l'ellipse. Ces faisceaux médul- 
laires sont accompagnés de deux ou trois nodules inégaux de 
grosses cellules scléreuses, pierreuses, déjà décrites. 

Tout le parenchyme cortical et médullaire est rempli de 
grains d'amidon. 

Nous avons, encore dans cette espèce, examiné les racines 
latérales sur des sections pratiquées à leur base. Leur structure 
secondaire offre, dans ce cas encore, de remarquables analogies 
avec celle du rhizome. Le périderme est superficiel ; le liège a 
beaucoup de ses éléments sclérifiés. L’écorce primaire, paren- 
chymateuse, dont les éléments sont fréquemment cloisonnés 
dans le sens radial, présente de nombreuses cellules scléreuses 
isolées où par petits groupes. L'endoderme et l'anneau libéro- 
ligneux ont sensiblement les mêmes caractères dans le rhizome, 
sauf toutefois que le bois secondaire se compose de fibres 
épaisses et de vaisseaux plus larges et plus nombreux. La 
moelle, excentrique, est, absolument comme dans le V. ruw- 
bripes, très étroite, entièrement sclérifiée et privée de tout 
faisceau. Dansle V.#olacea, comme chez l'espèce précédente, 
la racine est, par conséquent, à la fois adesme et dénuée de fais- 
ceaux criblés périmédullaires. 


FEUILLE. 


Le pétiole a sensiblement les mêmes caractères que dans 
les Veprecella. On peut les résumer brièvement. À la péri- 
phérie des sections se retrouvent les mêmes poils pluricellu- 
laires ou les mêmes aiguillons que sur la tige. Dans le Medi- 
nilla rubripes les aiguillons pétiolaires sont parenchymateux 
et particulièrement longs. Par suite de leur longueur même, 
il arrive parfois que ces aiguillons sont sectionnés accidentel- 
lement à une distance plus ou moins grande de leur base. 


| 
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SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 391 


Les tronçons qui restent se terminent alors par un tissu 
cicatriciel, avec subérification de sa couche superficielle. 

Sous l’épiderme s'étend un collenchyme plus ou moins épais. 
Dans ce tissu, de même que dans tout le parenchyme fonda- 
mental, sont disséminées de nombreuses cellules à grosses 
macles cristallines sphériques; 1l s’v ajoute parfois les mêmes 
gros nodules seléreux que dans l’écorce et la moelle de la üige 
(M. rubripes). 

Les méristèles, en nombre variable, sont disposées le long 
d'un arc ouvert en haut: il en existe neuf dans M. mrolacea el 
onze dans M. rubripes. s’agit de méristèles détachées de la stèle 
au nœud même, comme dans les Veprecella, puisque, pas plus 
que dans ceux-e1, il n'existe de méristèles corticales caulinaires. 
Elles ont toutes leur faisceau libéro-ligneux reployé en are, el 
sont pouvues de faisceaux criblés péridesmiques supraligneux : 
mais on n’observe pas de prolongements, dans le pétiole, des 
faisceaux médullaires de la tige. 

Dans la nervure principale médiane, on compte toujours 
plusieurs méristèles, comme dans le péliole, Jusqu'à neuf, plus 
ou moins soudées latéralement chez M. rubripes. 

Le limbe est bifacial. Il n'existe pas d'exoderme. Dans 
M. rubripes, la face supérieure du limbe est hérissée de gros 
aiguillons coniques, parenchymateux, qui s'insèrent dans la 
couche palissadique et prennent, par suite, leur origine dans 
la partie supérieure du mésophylle. L'épiderme inférieur, à 
cuticule finement striée, porte de nombreux poils pluricellu- 
laires unisériés, glanduleux, à extrémité toujours recourbée. 

Dans MW. macropoda, les nervures, qui font saillie à la face 
inférieure du limbe, portent de nombreux aiguillons, longs et 
coniques. | 

Enfin dans A7. miolacea, dont le limbe paraît dépourvu à la 
fois de poils et d’aiguillons, le tissu palissadique contient, en 


grand nombre, de grosses cellules arrondies renfermant 


chacun une grosse macle cristalline sphérique. Les mêmes 
cellules maclifères, un peu plus petites toutefois, se trouvent 
abondamment répandues dans tout le mésophylle, partieulière- 


ment à sa partie inférieure. 


[AS 
{© 


ANN. SC. NAT. BOT., 9° série. XIV, 


338 H. JACOB DE CORDEMOY 


SOUS-TRIBU DES ADESMES 
Série des SONÉRILÉES. 
Genre Gravesia. 


Une espèce étudiée : Graresia ramosa Jum. et Perr. 

C'est une petite plante herbacée, qui paraît vivace; très 
rameuse, sa taille ne dépasse pas 40 centimètres. 

Nous nous sommes borné à l'étude de la tige, la seule partie 
vraiment imtéressante dans ce genre. 

D'une manière générale, on sait que la tige des Sonérilées 
est dépourvue à la fois de méristèles corticales et de faisceaux 
médullaires. Ce sont des Mélastomacées à structure caulinaire 
normale, 

Mais on connaît depuis longtemps de nombreuses exceptions 
à cette règle. Certaines espèces ont été même citées comme 
pouvant offrir à la fois deux types de structure, puisqu'elles 
peuvent avoir des faisceaux médullairesdans certaines branches, 
tandis que ces faisceaux manquent dans la moelle des rameaux 
grèles. [l en est ainsi notamment : dans Arphiblemma cymo- 
sum, d'après Vüchtng ; dans Phyllagnathis rotundifolia, 
d'après M. Lignier; dans Calvoa sinuata, d’après M. Van 
Tieghem. | | 

C'est aussi le cas pour notre Gravesiu ramosa, mais sans 
qu'il v ait de relation apparente entre la présence ou l'absence 
de faisceaux médullaires et la grosseur des rameaux. 

Les caractères anatomiques de ces rameaux sont les suivants 
(fig. 20). Leur surface offre quatre côtes (7) arrondies plus ou 
moins saillantes, à disposition d’ailleurs irrégulière. IT n'existe 
ni poils, n1 aiguillons. Sous l'épiderme, à cellules rectangulaires 
et finement cuticularisées, s'étend l'écorce parenchymateuse (c), 
à nombreux éléments maclifères, et dont les assises profondes 
sont cloisonnées radialement. Les arcs de périderme déjà 
apparus sont sous-épidermiques. 

L’endoderme est bien caractérisé avec ses eat rectangu- 
laires aplatis, à plissements subérifiés latéraux. 

L'anneau libéro-ligneux est arrondi ou un peu elliptique. Le 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 339 
liber (/), très réduit, à éléments fortement aplatis, dépourvu à 
fois de cristaux et de fibres, est de 10 à 12 fois moins épais 
que la couche ligneuse secondaire qui à sensiblement la même 


Fig. 20. — Coupe transversale schématique de la tige de Gravesia ramosa. c, écorce ; 
r, côte ;: e, endoderme; L, liber ; 6, bois: m, moelle avec un seul petit faisceau 
cribro-vasculaire. 


structure que dans les Medinilla, avec ses vaisseaux étroits et 
peu nombreux. 
. Les faisceaux eriblés périmédullaires se succèdent en une: 
| série à peu près continue en dedans du bord interne de l'anneau 
| ligneux ; mais ils sont notablement plus développés et consti- 
| tuent des masses cunéiformes au niveau du bois primaire des: 
| faisceaux libéro-ligneux. 

La moelle {m), relativement peu développée, est parenchyma-. 
teuse, avec de nombreuses cellules à macles sphériques. Dans. 
quelques rameaux, elle ne renferme aucun faisceau; dans 
d’autres, on y trouve un ou deux petits faisceaux cribro-vascu: 
laires concentriques, avec un groupe central de vaisseaux et 
une très mince couronne de tissu criblé. | 
C'est donc là un exemple d'espèce réalisant à la fois les deux: 
types de structure caulinaire, sans qu'il soit possible de saisir 
quelle est la cause déterminante de cette double manière d'être. 


340 H. JACOB DE CORDEMOY 


RÉSUMÉ GÉNÉRAL 


Les fails principaux qui se dégagent des descriptions précé- 
dentes sontles suivants. Ils ne concernent que des Mélastomées. 

Les Osbeckiées, de la sous-tribu des Dermomyéiodesmes, 
que seules nous avons examinées, sont des arbres ou des ar- 
bustes dont la tige et la feuille ont été étudiées. Ces deux 
membres sont pourvus, à la surface, d’émergences dont la véri- 
table nature n'avait pas encore été bien définie. Ce sont des 
aiguillons, c'est-à-dire des productions corticales superticrelles, 
saillantes, revêtues d’épiderme. 

Parfois le revêtement épidermique de l’aiguillon est lisse 
(Dichætanthera manongarivensis); d’autres fois, ses éléments 
font eux-mêmes saillie en pointes papilleuses, coniques, et les 
aiguillons sont hérissés (Dichætanthera Rutenbergiana). Quant 
au parenchyme d’origine corticale qui forme la partie centrale 
de l’aiguillon, 1lest souvent plus où moins lignifié; et l'aiguillon, 
conique ou arrondi et verruqueux, est alors scléreux. Remar- 
quons, en outre, qu'il existe certains aiguillons coniques grêles, 
dans l’intérieur desquels tout tissu cortical peut manquer : ils 
sont réduits à leurs seuls éléments épidermiques; de tels aiguil- 
lons sont dès lors, par définition, de véritables poils (Tristemma 
cirusanum). Tous les intermédiaires s'observent donc entre les 
vrais aiguillons, productions épidermo-corticales, et les poils, 
productions épidermiques. 

Les Osbeckiées, étant dermomyélodesmes, possèdent à la fois 
des méristèles corticales, des faisceaux criblés périmédullaires 
et des faisceaux médullaires. On observe toutefois, à cet 
égard, des variations remarquables. 

Les faisceaux de la moelle sont criblés ou cribro-vasculaires. 
Îls existent d'une manière constante dans toutes nos plantes de 
ce groupe. Mais leur nombre est variable suivant les espèces, 
et, dans une même espèce, suivant l’âge des entre-nœuds des 
rameaux observés. 

On constate aussi toujours des faisceaux criblés dans la zone 
périmédullaire ; et, dans toutes les espèces, ils prédominent 
en face du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux. 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 341 


Par contre, la présence des méristèles corticales est incon- 
stante dans la tige de nos Osbeckiées. Dans certaines espèces (Di- 
chætanthera, Dionycha), on en trouve bien dans tous les entre- 
nœuds, mais leur nombre varie dans tous les entre- 
nœuds successifs des rameaux. Aïlleurs, les méristèles se ren- 
contrent dans l'écorce de certains entre-nœuds, et manquent 
dans d’autres. Enfin la tige peut être complètement dépourvue 
de méristèles corticales, et la plante devient, par suite, myélo- 
desme (Dichætanthera brevicauda). 

Ces méristèles corticales des Osbeckiées, d’après nos obser- 
vations, sont foliatres. Elles se séparent de la stèle vers la base 
des entre-nœuds, occupent lesangles (Dichætanthera, Dionycha, 
Amphorocalyr albus) ou les ailes (Tristemma virusanum) de 
l'écorce, y cheminent en un trajet ascendant et passent tout 
entières dans la feuille, en même temps que les méristèles 
issues directement de la stèle, au nœud. Dans ce parcours, 
elles offrent une structure variable que nous avons décrite en 
détail et expliquée : complètes dans le voisinage du niveau 
où elles se séparent de la stèle, elles deviennent progressive- 
ment incomplètes par réduction de leurs éléments conducteurs, 
durant leur parcours ascendant à l’intérieur de l'écorce. 

Exceptionnellement, les méristèles corticales de l'Antherotoma 
Naudini sont constamment très réduites. 

_ En conséquence, la tige des Osbeckiées — et probablement 
aussi celle des autres Mélastomacées dermomyélodesmes, c'est- 
à-dire des Tibouchinées, — ne réalise pas le type mésostélique, 
mais n’est qu'une modification du type monostélique normal. 

Les autres caractères caulinaires de ce groupe sont: exis- 
tence, chez quelques espèces, d'un cristarque exodermique, avec 
épaississements simplement cellulosiques des membranes des 
éléments cristalligènes ; endoderme à éléments rectangulaires, 
avec plissements subérifiés latéraux, ou épaissis en U ou en crois- 
sants, et sclérifiés; périderme péricyclique, à liège formé d’'élé- 
ments alternativement aplatis et carrés, parfois selérifiés (Dio- 
nycha). | 

Enfin, nous avons décrit dans la tige de certaines espèces de 
Dichætanthera un appareil sécréteur à tanin bien différentié et 
localisé dans tout le tissu criblé, c'est-à-dire dans le hber, dans 


349 H. JACOB DE CORDEMOY 


la zone des faisceaux criblés périmédullaires et dans les fais- 
ceaux également criblés de la moelle. D'où, dans cet appareil 
tannifère, trois parties (libérienne, périmédullaireetmédullaire), 
qui communiquent toutefois entre elles (Dichætanthera trico- 
poda, D. brenrcauda, D. crassinodis). 

Les caractères de structure de la feuille de nos Osbeckiées 
sont, d’une manière générale, en corrélation avec ceux de la 
tige. Les méristèles corticales de la tige étant foliaires passent 
donc tout entières dans la feuiile, en même temps que les mé- 
ristèles séparées seulement de la stèle, au nœud. En règle géné- 
rale, ces dernières occupent la partie médiane de l'arc des 
méristèles du pétiole ; tandis que les méristèles foliaires, pro- 
venant de l’écorce de la tige, se placent latéralement et conser- 
vent dans le pétiole leurs caractères caulinaires, ce qui permet 
de les distinguer (Dichætanthera manongarivensis, D. hifida, ete.). 

Une exception intéressante à cette règle nous est fournie par 
le Dionycha triangqularis, dans le pétiole duquel les méristèles 
foliaires, provenant de l'écorce de la tige, forment un arc dis- 
tinct, situé au-dessous de l'arc normal supérieur ; de sorte que, 
dans le pétiole de cette espèce. il existe deux arcs superposés 
de méristèles. 

Par contre, la structure du pétiole de Dichætanthera breni- 
cauda offre une grande simplification. Les méristèles foliaires 
n'existant pas dans l'écorce de la tige, l'arc des méristèles du 
pétiole ne comprend que celles qui proviennent directement 
de la stèle au nœud, comme chez les Mvélodesmes. 

Quantaux faisceaux médullaires, eriblés ou cribro-vasculaires, 
on sait que, aux nœuds, ils s’accolent aux faisceaux criblés 
périmédullaires pour passer avec eux dans la feuille, en même 
temps que les faisceaux des méristèles qui pénètrent directement 
dans ce membre. Mais, bien que leur existence soit constante 
dans la moelle de la tige de toutes nos Osbeckiées, on ne re- 
trouve ces faisceaux médullaires à l’état indépendant, auto- 
nome, que dans la feuille des Dichætanthera (sauf le D. brericauda) 
et des Dionycha, où ils occupent le conjonctif péridesmique 
d'origine médullaire de la méristèle médiane de l'arc pétiolaire 
et de la méristèle, prolongement de la précédente, qui parcourt 
la nervure de honele médiane du limbe. 


SUR LES MÉLASTOMACÉES DU NORD-OUEST DE MADAGASCAR 349 


Dans la sous-tribu des Myélodesmes, chez les Veprecella, de 
de la série des Oxvysporées, ainsi que chez tés Medinilla, de la 
série des Dissochétées, 1l Ÿ a, d’une manière constante, absence 
de méristèles dans l'écorce de la tige. Par contre, comme dans 
la sous-tribu précédente, les faisceaux criblés périmédullaires 
existent toujours, au moins ceux qui correspondent au bois pri- 
maire des faisceaux hbéro-ligneux. 

Quant aux faisceaux médullaires, qui sont partout cribro- 
vasculaires, ils subissent des variations suivant les parties de 
la tige que l’on envisage. Ces variations sont particulièrement 
remarquables dans les espèces de petite taille, herbacées, à 
tige traînante reposant sur les rochers, et qui possèdent des 
rameaux dressés et un rhizome rampant. Tels sont le Vepre- 
cella molacea et les Trois Medinilla étudiés. Chez ces espèces, les 
parties dressées de la tige offrent, dans la moelle, des faisceaux 
cribro-vasculaires, en nombre d’ailleurs toujours assez restreint. 
Mais lorsqu'on passe à l'examen du rhizome, on y constate les 
modifications suivantes : l'anneau ligneux s’épaissit ; la moelle 
devient de plus en plus étroite ; les faisceaux criblés périmédul- 
laires se réduisent à des groupes distincts correspondant au 
bord interne du bois primaire des faisceaux libéro-ligneux ; 
et enfin les faisceaux médullaires diminuent progressivement 
de dimensions et de nombre pour disparaître finalement dans la 
partie extrême du rhizome. En d'autres termes, myélodesme, 
si l'on considère la partie dressée de la tige, la plante devient 
adesme, si l’on observe le rhizome. | 

De telles variations de structure ne paraissent pas avoir été 
signalées par les anatomistes dans la tige des Mélastomacées de 
ce groupe des Myélodesmes. 

Parmi les autres caractères caulinaires, 1} faut noter : l'exis- 
tence de poils pluricellulaires unisériés glanduleux et des no- 
dules scléreux dans les parenchymes cortical et médullaire 
(Medinilla), ainsi qu’un périderme péricyclique dans le rhizome 
de Medinilla macropoda et probablement aussi dans celui de 
M. rubripes. 

Les faisceaux médullaires de la tige ne pénètrent pas dans 
la feuille, ou du moins ne s’y retrouvent pas à l'état Indépendant 
el autonome. 


344 H. JACOB DE CORDEMOY 


Dans la série des Sonérilées, appartenant à la sous-tribu des 
Adesmes, la seule espèce étudiée est le Graveisia ramosa. Dé- 
pourvus constamment de méristèles corticales, ses rameaux 
sont, les unsprivés, en outre, de tout faisceau médullaire, tandis 
que certains autres possèdent dans la moelle un petit faisceau 
cribro-vasculaire. 

On connait du reste, chez les Sonérilées, plusieurs exemples 
de ces variations concernant les faisceaux médullaires. Nous 
ne faisons donc qu’en signaler un nouveau cas. 


TABLE DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE VOLUME 


Recherches sur la respiration des diverses pièces florales, par Madame 
GAMME de eut. 
Étude anatomique de deux bois éocènes, par P.-H Frirec et René VicuiEr. 
Remarques à propos dé quelques Fougères mésozoïques, par F. PEeLourpne. 
Recherches sur la pénétration des sels dans Le protoplasme et sur la 
nature de leur action toxique, par J. ne Rurz DE LavisoN.............. 
Contribution à l'étude du genre Kalanchoe, par À. DavPminé et R. Hamer. 
Sur la fonction fungicide des bulbes d'Ophrydées, par Noël BERNARD... 
Les Mycorhizes des Solanum, par Noël BERNARD. ................,...... 
Quelques Mélastomacées du Nord-Ouest de Madagascar, par H. JuuELce et 
RER EURE LAC DHIE 2e 00 à eau ee deu dan ion emo core uk orales à 
Recherches anatomiques sur les Mélastomacées du Nord-Ouest de Mada- 
Lasea par Jde CORDEMOY. . 4... 1... DRE re : 


TABLE DES PLANCHES 
ET DES FIGURES DANS LE TEXTE 


CONTENUES DANS CE VOLUME 


Planche [. — Structure de deux bois éocènes. 

Figures dans le texte 1 à 6. — Structure de quelques Fougères mésozoïques. 
Figures dans le texte 1 à 21. — Structure des Kalanchoe. 

Figures dans le texte 1-2. — Fonction fungicide des bulbes d'Ophrydées. 
Figures dans le texte 1 à 12. — Mycorhizes des Solanum. 

Figures dans le texte 1 à 20. — Structure des Mélastomacées. 


TABLE DES ARTICLES 


PAR NOMS D'AUTEURS 


BErxarD (Noël), Sur la fonction cées du N.-0. de Madagascar. 259 
fungicide des bulbes d'Ophry- Maice (Mme G.), Recherches sur la 
HÉCSN  eee 221 | respiration des diverses pièces 
— — Les Mycorhizes des Sola- florales 22072209 Re 1 
AUTRE ETES EN er ee 235 | PELOURDE (F.), Remarques à pro- ; 
Corpeuoy (J. ne), Recherches ana- pos de quelques Fougères mé- 
tomiques sur les Mélasto- SOZ0iques HR RER 81 
macées du N.-0. de Madagas- PERRIER DE LA Batnie (H), 
CRE Ro De 281! Voir JUMELLE. | 
DauPHiE (A), Contribution à Rurz DE Lavisox (J. pe), Re- 
l'étude du genre Kalanchoe... 193| cherches sur la pénétration des 
FriteL (P.-H.), Étude anatomique sels dans le protoplasme et 
de deux bois éocènes........ 63| sur la nature de leur action 
Hamer (R.), Voir Daupniné. toniqué 25e ES RNERRS D 
JuELtE (H), Quelques Mélastoma- | Vieuier (R.), Voir FRITEL. 


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